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'AD
OEUVRES INÉDITES
DE
J.-B. BOSSUET
MACOW, IMPRIMERIE TTPOOEAPHIQUE BT LITHOGRAPHIQUE PROTAT PROBES
l/.Myaud /Miu-i^r ,lu l.
i3 1^ O O L,' r^ i
Dans son cabinet de travail au Louvre
(Aujounj]Jiui salle des Dievut. antiquités orientales 5.)
ŒUVRES INÉDITES
DE
J."B-
DÉCOUVERTES ET PUBLIÉES
MANUSCRITS DU CABIXET DU ROI ET DES BIBLIOTHÈQUES
NATIONALE, DE L'ARSENAL, ETC.
Auguste- Lotis MEiNARD
T O M E J
LK
COURS ROYAL COMPLET
SUR
JUVÉNAL
PARIS,
LIBRAIRIE DE FIRMIN-DIDOT et 0%
IMPRIMEt'RS DE l'iNSTITUT, RUE JACOB, 56.
1 881
Vous droits réservé».
/àr/
CI
A M. JULES GREVY
PRÉSIDENT DE LA KÉPLHLIQUE FRANÇAISE
AU REPRESENTANT DE LA FRANCE NULA ELLE
CETTE OKLVRE RETROUVÉE
DUN DES PLUS GRANDS GÉNIES
DE L'ANCIENNE FRANGE
EST DÉDIÉE RESPECTUEUSEMEX 1
PAR LES ÉDITEURS.
AuGrsTE-Lofis MENARD. FIRMIN-DIDOT.
LKS
SEIZE SATIRES DE JUVÉNAL
LUES AU FILS DE LOUIS XIV
PAR CORDEMOY, sox lkctkur .
COMMENTÉES ET APPLIQUÉES AUX MŒURS DU SIÈCLE
p\R BOSSUET. SON précepteur.
AYEC LA TABLE DES MATIÈRES , LE VOCABULAIRE DES
MOTS DIFFICILES . ETC.
PAR HUET. SON' SOUS-PRÉCEPTEUR.
INTRODUCTION
Le 25 mars 1876 , dans un ancien manoir abbatial voi-
sin'des ruines du château de Richelieu, des ignorants
trouvent , avec d'autres livres et papiers précieux , deux
volumes manuscrits. Ils me les font voir. Je les examine ;
j'en pressens l'intérêt immense, je leur olîre de les acheter
et ils me les vendent.
Que contenaient-ils donc? — Une Traduction vivante
de Juvénal et de Perse disséminée dans le commencement
des Remarques et dans un traité des Mots difficUes , lors-
qu'elle manque à ['Interprétation; des Commentaires
mythologiques, historiques, littéraires et philologiques;
tout un trésor ^ï Applications politiques , philosophiques et
morales.
Parfaitement reliés, velus d'un beau vélin, le Juvénal
moucheté de rouge sur la tranche , surmonté d'une croix ,
ces deux superbes in-quarto de 896 pages m'intriguent. Je
dévore quelques passages : le style du grand siècle me
XVf
sai<.il ; je fcuillelto , j'aperçois la dale 1G84 : un frisson de
plaisir d'archéologue nie passe sur le cœur : je lis . et je
retrouve des membres de phrase de loraison funèbre de
Condé . ([ui leur est postérieure. Une idée me traverse
alors l'esprit ; « C'est du Bossuet inédit ! » Je tourne . je
retourne cette admirable interprétation de Juvénal et de
Perse : soudain je découvre dans la pâte du papier le fili-
grane du roi. je distingue les LL couronnés^ enguirlan-
dés de fleurs de Us. Mais, pensai-je, cela provient des
Archives royales et a dû servir à l'instruction d'un
membre de la famille royale. Or. à cette époque, Bossuet
était précepteur du fils de Louis XIV : voyons donc sa
lettre à Innocent XI . dans laquelle . sur la demande de ce
pape, il rend compte de l'éducation de son royal élève :
« Il faudrait, m'apprend-elle . faire un gros volume pour
« rapporter tontes les Remarques que nous avons faites
<f ensemble sur chaque auteur. » Je me rappelle que
Juvénal et Perse ont fait partie de l'Explication des
Autheurs (1), et que La Fontaine (lettres à sa femme ) a fait
cette description de notre défuul chàleau de Richelieu ;
« Il est plein des originaux des Titien . des Poussin . des
« Michel-Ange... plein de nos rois et de nos reines, des
u grands seigneurs, des grands pei-sonnages de France :
« enfin , c'est V histoire de la nation que ce cabinet ! . . . «
Cette lecture achève donc de m'éclairer ; ces deux pré-
cieux manuscrits ont passé des archives du Louvre à la
bibliothèque de Richelieu. En effet , le uianiuisd'Hierville,
auteur du Chartrier français, et M. Saige , des Archiver
nationales . me renseignent dans ce sens : la signature
•1) i Privilège Ju Hoy Louis.., à Léoii.-ird... .•Vutlieurs pour l'Instructii'ii <le uolre flls...
Juiénaltt PtTêt Juvenalii. I G fi k, aux armes du Roi. B Sat 13C'.
XVII
B. Compaing. scrip. (scripsit) qu'on devine, quoique
grattée , sur le vélin de Perse , et qu'on retrouve in extenso
au bas de deux satires, est celui de Bourse trouvée de
Compaing , gentilhomme de Touraine , capitaine des
gardes du Louvre et Scribe du Dauphin. Il fit recueillir
sténographiquement par les divers copistes (il y a quatre
sortes d'écritures dans nos manuscrits) tout le cours oral
de Bossuet. Il acheva lui-même la mise au net des trois
dernières satires de Perse , contenant comme les autres ,
d'ailleurs, des répétitions du même mot, de grosses fautes
de sens, qu'un auteur, même médiocre, ne peut faire, de
ces méprises homophoniques qu'un sténographe ou copiste
n'évite jamais ; peut-être conserva- t-il chez lui ces volumes,
de même que le valet de chambre de Fénelon s'appropria le
Télémaque dans la môme situation. Plus tard, son fils ,
commandant militaire de la place de Richelieu , les aurait
communiqués au duc de Richelieu qui , par vanité , tenta
de faire copier pour son héritier l'Education du Grand
Dauphin.
Pour confirmer ces preuves qui déjà me paraissent
indiscutables , je parcours toutes les traductions de Juvé-
nal et de Perse , antérieures k celle de nos manuscrits ;
toutes m'apparaissent d'une infériorité saisissante. Enfin ,
l'édition de 1684 , faite par les soins de Louis Desprès , me
démontre visiblement notre Bossuet inédit.
En effet , à la fin des Remarques de Juvénal, on lit dans
notre manuscrit : mens, septembri 1684 (époque où
V enseignement liQ faisait exclusivement en latin), et,
d'un autre côté, d^ Juvénal et Perse, tout en latin, ad
usv/m Delphini , de Ludovicus Prateus , s'achevait d'im-
XVIII
primer le l**'' Juin 1084. Voilà donc deux œuvres faites
simultanémenl ! Quel est leur degré de parenté ?
L'auteur de la seconde vous le dit à la première page
dans sa lettre au Grand Dauphin :
Sois content, Sérénissime Dauphin, d'avoir approfondi nos
deux satiriques. Plus les exemples de ton père et ton bon naturel
le portent au bien, plus le charmeront encore leur constant éloge
de la vertu , leur perpétuelle condamnation de vices qui malheu-
reusement sont nôtres aussi. Tu te délecteras des styles divers de
Juvénal et de Perse, te souvenant dans l'un des uraclos de la
sagesse, dans l'autre des maximes de la raison. Partout tu remar-
queras ici i)SiV Appticatiuns les grandeurs de Louis, apprenant chez
nous que mieux et plus les rois philosophent , plus et mieux ils
régnent.
Là, Desprès cite deux passages de Juvénal , ayant fourni
le thème à ces deux de nos applications :
« Courage donc , sauante jeunesse , la générosité du Hog doit vous
« inspirer une ardeur nouuelle , sa bonté cherche les occasions de
« vous combler de bienfaits (page 420 de notre Juvénal).
« Lorsque le Soleil vient a paroitre il ramène l'espérance. »
( Page 448 du même. )
Puis, dans sa pi'élàce , Desprès ajoute, nommant celui
dont il vient de citer en latin les deux seules applications
qu'on lui ait laissé connaître :
Je sentais , je comprenais , rédigeant mon édition latine de
Juvénal et de Perse , quelles sages et lumineuses idées avaient eues
les maîtres qui m'ordonnaient, me pressaient (jubebant , urge-
banlque) de la faire. Tout le monde les connaît ces éminents per-
sonnages ; le duc de Montausier, Bossuct , jadis évoque de Condom,
aujourd'hui de Meaux, le très docte abbé Huet , a qui Louis le
Grand a confié l'instruction et l'éducation du sérénissime Dau-
phin. Sois convaincu , lecteur, que les lumières de ces trois grands
hommes te feront désormais pénétrer l'impénétrable pensée, saisir
l'àme insaisissable de nos deux satiriques. Leurs remarques sont
XIX
aussi achevées [accuratée) que concises. Je devais à la gloire de ces
grands hommes de les nommer, puisque c'est par leur ordre et
d'après leurs instructions que j'ai travaillé (1).
André Bail le t (2) dit aussi :
C'est sous la conduite de M. le duc de Montausier, de Bossuet,
évèque de Condom , et suivant les avis de M. Huet, que les inter-
prètes et scholiastes dauphins ont tous travaillé.
Aussi les deux éditions : la nôtre , royale , particulière ,
celle de Desprès, scolaire, publique, — .se ressemblent-
elles toujours par le sens , souvent par les explications ,
quelquefois même par les renvois ; mais Louis Desprès
n'a connu que le côté didactique de nos chefs-d'œuvre , les
documents fournis à Huet par une vraie académie , les
trente Instituteurs Dauphins . et il les a surchargés de son
érudition universitaire , au lieu de les draper, comme Bos-
suet , dans la majesté d'une éloquence pénétrante. Son
prétentieux fatras latin n'est point relevé par ces vu,es sou-
daines, si pittoresques, par ces pensées profondes, parce
cachet si grandiose d'âpre vérité , monopole du maître de
la chaire ; or, comme « Bossuet , précepteur, donnait seul
« les leçons , Huet , sous-précepteur, ne venait qu'appelé
« pour suppléer Bossuet empêché , » et que Desprès n'a
profité que des matériaux du cours oral , donc , grâce aux
scribes du Louvre , nous possédons l'âme même de ce génie
qui se consacra dix ans à faire passer la quintessence de
l'antiquité profane dans le jeune esprit du Dauphin. Son
coup d'oeil d'aigle perce toutes les ténèbres ; de la bouche
d'or du dernier père de l'Eglise coulent avec calme et impé-
tuosité des flots d'une éloquence soutenue, et de ses impro-
(1) Juvenalis.
(2) Jugement des saoanls , tmue II . p. Ô88.
XX
visations sublimes jailliront pour tous des torrents de
lumière.
Si Huet Iburnissait la « silvam rerum et Taisait la table
des matières » , comme il le dit dans ses Mémoires , Mon-
tausier, absorbé en même temps par une haute charge
militaire, faisait la rédaction des « mots difticiles », où nous
avons partout retrouv('' ses gallicismes si heureux, et ren-
dait en très beaux vers des satires entières, dont nous venons
de découvrir les autographes à la Bibliothèque de l'Arsenal ;
mais Bossuet s'est approprié l'ensemble de l'œuvre par le
sceau inimitable du style, qui est l'homme, a-t-on dit
profondément , et qui , croyons-nous pouvoir ajouter, fait
r œuvre.
Après cela, y a-t-il un doute possible? Le hasard fait-il
de ces miracles? Est-ce même imaginable qu'en 1684 un
inconnu eût fait copier par divers scribes du Louvre , sur
les deux classiques les plus difficiles , un gigantesque tra-
vail de génie qui suivît non seulement le programme com-
mandé par Bossuet à un professeur , mais encore sa
méthode personnelle , exposée dans sa lettre particulière à
Innocent XI , publiée seulement en 1709, lettre où il est
question mot pour mot des fameuses Applications aux
mœurs du siècle (1), applications qui n'ont point été com-
muniquées à Desprès.
La consécration matérielle d'authenticité , plus irréfu-
table encore , s'il est possible , eut lieu à la Bibliothèque
nationale; j'y trouvai , dans la collection des manuscrits de
Bossuet, plusieurs volumes, entre autres un, le 27^ vol.
\l) '• Il ;ipproiiaitparc(i;iir les plus agréables et les plus utiles endroits des autours latins
(I ci surtwit des poètes; il les récitait souvent et dans les oroasions il les appliquait à pro-
0 pos aux sujets nui se i)réscntaient {atque occasione data rébus ipsi quœ inciderent, apte
1 accomodaretj
XXI
manuscr. n" 12837. Bossuet. Hist. universelle , 3^ ms. ou
mise au nette [sic], du même format, relié de même, ayant
une physionomie identique jusque dans le plissement du
papier, avec le titre écrit de la même main. Enfin , en étu-
diant déplus près les miens, j'y trouvai encore quelques
corrections autographes de Bossuet.
II
Ainsi fixé sur l'importance de ma découverte, j'en fis
part à plusieurs littérateurs éminents qui me firent l'hon-
neur d'en entretenir le public dans quelques journaux (1).
Une petite polémique s'engagea à ce sujet , on rompit des
lances pour quelques questions de détail, mais en définitive
le fond de la chose a été admis.
Je crus alors devoir consigner moi-même par écrit le
résultat de toutes mes investigations pour établir la nou-
velle physionomie de Bossuet , puis, armé de pied en cap ,
j'allai chez MM. Didot, imprimeurs et libraires de l'Insti-
tut de France , qui voulurent bien s'intéresser immédiate-
ment à ma découverte et publièrent ma notice : Bossuet
inconnu , avec fac-similé , dont un olfrant la correction
autographe de Bossuet, et avec pièces justificatives (3).
Trois ans se sont écoulés depuis notre démonstration ;
elle a fait le tour du monde lettré, et ni en France , patrie
(1) Etliuond Aljout : Deux manuscrils de Bossuet, dans le XIX'^ Siècle, 22 juin 1876, et
Bossuet inédit, ibicl., 7 juillet suivant. — Bossuet, Juvénal et il. Àbout, dans la Défense,
S juillet 1876. — F. Sarcey : Juvénal, Bossuet, Dupanloup, dans le XIX" Siècle, 10 juillet,
— Rt'ponse à cet article dans la Défense, 11 juillet. — L. Drapeyron : les Sources profanes
de Bossuet, dans la Revue politique et littéraire, 15 juin 1876.
(2) Je n'ai pas cru devoir donner ici ces six fac-similé , que les curieux trouveront dans
la notice précitée. (Paris, Firmin-Didot , 1877; 10-4".)
\XII
des lïondcurs , ni en Angleterre , pays des sceptiques , ni
en Allemagne , terre des chercheurs, un seul contradic-
teur ne s'est levé : partout elle a éveille le plus vif intérêt
et recueilli lapins sincère approbation.
Pendant ce temps , j'ai étudié la vie et les œuvres de
Bossuet et de tous ses collaborateurs à l'œuvre de l'instruc-
tion du Dauphin ; ni livre ni manuscrit ne m'ont sciem-
ment échappé, et je crois pouvoir dire que j'ai entrevu tel
qu'il fut ce cours royal incomparable qui prit les meilleures
années des plus importants personnages littéraires.
« Jamais prince n'eut de pareils maîtres » , a dit Voltaire.
Bossuet , c'est l'éloquence ; Montausier, c'est le goût ;
Huet, c'est l'érudition.
Les deu.\ premiers volumes que nous publions de ce
cours comprennent le Juvénal et le Perse , en prose et en
vers, de ce triumvirat illustre ( Bossuet en fut le dictateur),
l~»uis divers fragments précieux, entre autres les Maximes
de César ; le tout sur autographes ou copies authentiques.
l<iou^lGS 'puh\ion'& diploynatiquement, c'est-à-dire sans le
moindre changement, comme dans la reproduction des vieu.x
diplômes. On verra donc, pour la première fois peut-être ,
l'orthographe delà Cour réglée étymologiquement (/w?nc,
homo) : le Louvre , où siégea d'abord l'Académie , fut le
berceau et du style et de l'orthographe.
Les bibliophile^ pourront voir tout à loisir ceu.x des ori-
ginau.x susdits qui appartiennent à l'Etat (nous en avons
exprès indiqué les numéros) ; mais comme ils voudront
aussi cire édifiés sur notre monument , hier inconnu même
matériellement, qu'ont sans doute liallotté nos tempêtes
révolutionnaires , ou les dévastations des guerres civiles ,
et qu'en tout cas deux' siècles enveloppent de mystère,
XXIII
voici quelques détails intimes sur la physionomie de nos
manuscrits.
Le filigrane de leur papier est une Fortune en Folie. On
le dirait inspiré de la page 4 1 8 de notre Juvénal : « La
fortune caresse , embrasse ses enfants ; mais c'est pour s'en
donner la comédie. » Après l'examen des autographes de
1670 à 1690, et des fac-similé des spécialistes français,
anglais , allemands , je n'ai retrouvé cette marque que dans
les Mémoires autographes de Louis XIV {}).
Mais le plus important , c'est le filigrane de 28 feuillets
de la fin, formant blason et contre-blason. Dans le premier,
se trouve un serpent , bien différent de la givre héraldique ;
c'est l'emblème de la satire . suivant ce distique du temps :
« Serpent sifflant , emblesme do Satire ,
« Au chiffre de Louis plus grand qu'on ne peust dire. »
Quatre L couronnés, enguirlandés de Heurs de lis , l'en-
tourent , servant de chaîne à la croix du Saint-Esprit ; ces
armes sont de grandeur exceptionnelle ; elles ont 10 centi-
mètres de haut et 8 de large. Je ne l'ai trouvé que dans une
copie faite pour l'éducation du Dauphin , sous la dictée ,
d'après le cours ou sur le brouillon disparu de Bos-
suet (2). Or, d'après les savants Midoux et Matton (3), a une
marque permet d'assigner souvent avec certitude une
origine » , d'autant plus que « Louis XIV rédigea en 1671
un règlement pour empêcher le désordre et rétablir la
fabrique du papier en toute sa perfection (4), » et que,
(1) Bibliothèque nationale , n'>6919.
(2) Bibliothèque nationale , n» 12835.
(3) Éludes sur les fiUgranes ; Paris , 1868.
(4) Ibid. , préface.
NXtV
d'après ValleLde Viriville (l), « la critique littéraire, dans
son horizon le plus étendu , peut y recueillir ( par les fili-
granes) des notions précieuses. »
Il faut aussi noter que la copie a été subitement inter-
rompue, sans doute par ordre (2), aux deux tiers des pages,
et que malheureusement , après les deux feruillets suivants ,
déjà plies pour les marges de la copie, quatorze autres
feuillets , dont il reste à tous des vestiges , ont été ancien-
nement déchirés. Là, sur ce papier à lettre royal, exclusi-
vement personnel , pouvaient se trouver quelques réflexions
un peu franches du Dauphin , — « le roi le considérait
comme le premier de ses sujets (3) », — qu'aurait jugé
prudent de faire disparaître le dernier copiste , ou qu'au-
rait anéanties , par haine aveugle de la monarchie , quelque
spoliateur de 93. De môme, les derniers feuillets de Perse
ont été jadis lacérés. D'ailleurs , il ne manque pas un seul
fragment à la mise au net du texte oral, recueilli d'abord
en 1679 par les scribes du Louvre , dans la salle d'études
du Dauphin , dite aujourd'hui des antiques.
Enfin, le contre-blason, signe exclusif des armes person-
nelles, consistant en la couronne royale superposée à des
lettres indéchiffrables , destinées à empêcher toute contre-
façon, comme dans la banque moderne, est collé à la
reliure , pour faire reconnaître le propriétaire ou le desti-
nataire.
(1) Gaiette des Beaux-Arts , tome II (IS.i'J) , page 230.
(2) (I On fit tout ce (lu'ou put pour anéantir le TéKinaque (l'ablx' Maury). n o 11 est
" impossible d'avoir mieux combiné tous les détails pour déconcerter les allusions. »
.\rt. FÉNELON , par Villemain , dans la Biographie utàverseUe.
(3) Mémoires de Saint-Simon. Table : Dauphin ; Bossuet.
XXV
III
Je crois avoir sutïisamment démontré que, par son earac-
tère extérieur, matériel , notre Juvénal et Perse ne peut
être que celui préparé par Bossuet pour l'Education du
Grand Dauphin ; je vais maintenant l'établir par l'examen
des caractères intrinsèques de cette œuvre.
« Le style est-il celui de Bossuet , disait un publiciste
émérite, M. Edmond About'(l), dès qu'il eut connaissance
de ma découverte, l'authenticité de l'œuvre est prouvée. »
Et il ajoutait : « C'est dans les Applications qu'on recou-
rt naît, à n'en pouvoir douter, le style inimitable de Bos-
suet. » Puis , sur quelques fragments cités au hasard, plu-
sieurs critiques célèbres s'écriaient : « Ce n'est pas là une
interprétation ordinaire , c'est une conquête merveilleuse :
c'est Juvénal et Perse enflammés de l'éloquence de Bos-
suet : c'est sur l'antique un cours encyclopédique d'ins-
truction princière ! »
c( Les deux volumes que M. Ménard a trouvés, dit
« notamment M. Sarcey, auront cet avantage de prouver
« mieux encore ce que l'on savait déjà , que Bossuet avait
« largement puisé dans l'antiquité tout entière aussi bien
« que dans la Bible ; qu'il avait ramassé de toutes parts
« cette masse énorme de lieux communs de la morale
« antique et qu'il les avait à pleines mains rejetés dans le
« magnifique courant de son style. »
Et d'où vient cet enthousiasme unanime ? — De la force
de la vérité ! Lisez seulement V application suivante (p. 453).
(1) Le l/X"^ Siècle, 22 juin IS?*) ; Deux manuscrits de Bossuet , et 7 juillet 1876, Bossuet
inédit.
XXVl
Laiglc anime la l'oudrc, ni jo défie que 1 on respire , si peu
qu'on ait de sens littéraire et artistique, avant la fin de
cette peinture . de cette musique ;
MÉCHANTS.
m simt qui trcpidant , et ad otnnia fulgura patient
Les méchants ne sont jamais en sûreté ; ils pâlissent à tous les
éclairs , ils sont à demi morts dès qu'ils entendent gronder le
tonnerre , comme si la foudre n'était pas portée par le hasard ou
par la fureur des vents , mais comme si elle haïssait les crimes et
no tombait qu'en discernant les coupables.
Dans cette période sublime , on entend le tonnerre rou-
ler majestueusement dans les cieux, on l'entend frapper la
terre , on voit la foudre sillonner la nue , on en voit rejaillir
les éclats.
Que dis-je , ce n'est pas seulement l'âme même du style
de Bossuet qui éclate dans nos deux manuscrits ; ce sont
ses expressions, ses tournures, ses membres de phrase
qu'on y retrouve.
Nous allons faire ({uelques rapprochements entre cer-
tains passages tirés des œuvres authentiques de Bossuet et
ceux empruntés à nos manuscrits.
Supposez , dit le poète , qu'on vous présente des épées nues d'un
costé, c'est-à-dire la mort, et de l'autre le théâtre, quel choix
scroitle meilleur?... Il fait voir par là l'infàmie qu'il y avoit pour
un homme de qualité de représenter des comédies et que ceux qui
avoient ttn peu d'honneur dévoient mieux aimer mourir que de se
déshonorer par cest endroit. (P. 217. )
Or, voici ce que dira Bossuet, beaucoup plus lard,
dans ses Maximes et Réflexions sur la Comédie (1694) :
Quelle mère . je no dis pas chrétienne, mais tant soit peu hon-
nête , n'aimeroit pas mieux voir sa fille dans le tombeau que sur le
théâtre.
XXVII
Nous lisons dans notre Juvcnal (page 402) :
Spectacles publics dangereux : Dans ces vastes galeries où l'on se
promène, dans toutes les assemblées qui se font pour voir les spec-
tacles (l), y a-t-il quelque chose que tu puisses aimer sans crainte et
dont tu puisses faire un choix sans hazard ?
La mémo pensée est exprimée par Bossuet dans ses
mêmes Maximes :
Outre les autres inconvénients des assemblées de plaisir, on
s'excite et on s'autorise les uns les autres par le concours des
acclamations et des applaudissements, et l'aii^ même qu'on y respire
est plus malin.
Cette phrase de notre .hivénal (p. 166) :
* Un langage (lateur a autant de force que les mains et il fait sur
la concupiscence ce que leur mouvement pourroit faire... Le langage
(lateur done des émotions quelque vieux qu'on soit,
à pour corollaire une période semblable dans les mêmes
Maximes :
Nous pouvons tenir pour malhonnête tout ce qui flatte la
concupiscence de la chair... des mouvements mettent en few tout le
parterre et toutes les loges... les tendres discours pénètrent le cœur
par les oreilles et en réveillent l'ardeur qui n'est jamais tout à fait
éteinte... Ces commotions où consiste tout le plaisir de la comédie...
On lit dans notre Juvénal (p. 355) :
Les cytoiens romains ne peurent pas être fouetés pendant que
Rome feut gouvernée par des consuls, mais après que les empe-
reurs se feurent acquis une entière domination sur elle et qu'ils
eurent fait oublier ce nom de liberté autre foix .si chéri , on perdit ce
privilège qu'on avoit conservé inviolable l'espace de tant de siècles.
Dans l'oraison funèbre d'Henriette d'Angleterre , Bossuet
s'exprime ainsi :
(1) Cela ne peut même s'appliiucr qu'à la vaste galerie de la salle des Glaces et qu'à la
scène de Versailles.
xxvni
Quand une fois on a trouvé le moyen fie prendre la multitude
par l'appât de la liberté , elle suit en aveugle pourvu qu'elle entende
seulement Ir nom... ceux-ci, occupés des premiers objets qui les
avoient transportés , alloient toujours sans regarder qu'ils alloient à
la servitude.
Trois articles de la lettre à Innocent XI me rappellent
certains passages de ressemblance frappante :
Nous lui faisons connaître par les mystères abominables des gentils
et par les fables de leur théologie, les profondes ténèbres où les hommes
demeuraient plongés ensuivant leurs propres lumières. Il voyait que
les nations les plus polies et les plus habiles adoraient les plus
monstrueuses créatures.
Ce passage ne rappelle-t-il pas à la lettre les llagellations
de la Bonne Déesse et d'autres, fréquentes dans Juvénal ,
et la page 75 de Perse :
Cela fait voir jusqu'où peut aller la philosophie d'un simple
païen qui n'est conduit que par les lumières de la raison ; par les
mystères abominables des gentils , par les fables de leur théologie; il
montre : les profondes ténèbres où les hommes demeurèrent plongés
ensuivant leurs propices lumières... Aristophane reprochait à iSocm/^
de n'adoxer que les nuages.
Cet autre :
11 y a vu les trompeuses amorces de la volupté et des femmes
(muliercularum] ,
dénonce vingt endroits de Juvénal et notamment, p. 432 :
« Si vous êtes l'esclave de la volupté , la noblesse de vos ancêtres
sera contre vous. »
Cette phrase :
• « Nous reprenions les endroits licencieux, «
est un programme exécuté , la réflexion de notre page 47 :
Il serait à désirer qu'elle (cette satire) ne feut point salie par des
expressions trop deshonêtes ; ce n'est pas pourtant pour inspirer la
XXIX
débauche que Juvénal l'a nomée quelquefois , puisqu'il la reprend
toujours avec beaucoup d'aigreur.
Mais c'est surtout ilans les principaux chefs-d'œuvre de
l'Aigle de Meaux , le Discours sur l'Mstoire et les Orai-
sons que je retrouve le vol impétueux, l'envergure formi-
dable, les coups d'aile superbes qu'il déploie en nos Appli-
cations. Sur le cercueil de la royale Henriette, il s"écrie :
« Venez voir le peu qui nous reste... Il ny aura plus
« aucun vestige de tout ce que nous sommes. . . tant il est
« vray que tout meurt; » et chez nous, 'devant le conquérant
Alexandre, il retrouve jusqu'aux expressions funèbres : « Il
« ne faudra qu un cercueil pour l'enfermer, tant il est vray
« que la mort seule nous apprend que tout ce que nous
« sommes est peu de chose. » (Juvénal , p. 442.)
Le catafalque glorieux de Gondé , la course triomphale
d'Annibal l'ont-ils mieux inspiré que le texte de Juvénal ?
Comparons :
Annibal est celui que les déserts, les mers , les fleuves, les mo?î-
tagnes ne sont pas capables d'arrêter... Il traverse l'Ebre, les Pyré-
nées , toute la Gaule et les Alpes et tombe comme en un moment
sur l'Italie. (Hist. }
Venez , princes , venez maintenant voir le peu qui nous reste
d'une si auguste naissance, de tant de grandeur, de tant de
gloire... des titres, des inscriptions, vaines marques de ce qui
n'est plus... De fragiles images d'une douleur que le temps
emporte avec tout le reste... Des colonnes qui semblent vouloir
porter jusqu'au ciel le témoignage de notre néant. (Gondé.)
Voilà certes du style sublime. : mais vous frémirez d'une
nouvelle et plus vive admiration en retrouvant à la fois
dans notre Juvénal (p. 440-441) les mêmes mouvements
grandioses de l'orateur et les mêmes mélancolies magni-
fiques du philosophe :
XXX
Pesez maintenant Annibal. Ah! de quel poids est ce grand,
cest illustre capitaine ; c'est luy que toute l'Afrique qui n'est bor-
née que par l'Océan et par le Nil ne i^eut arrêter ; il ajoute aux
victoires qu'il a remportées sur les Ethyopiens et à toutes ses
autres conquêtes l'Espaigne ; il vole au delà des Pyrénées, il sur-
monte les Alpes et les neiges dont elles sont couvertes , il sépare
les rochers, il renverse les montaignes par le secours du vinaigre
et du feu, il marche triomphant au milieu des campagnes d'Italie,
mais il n'est pas encore au bout de ses entreprises. Mes victoires
sont imparfaites , dit il , si après tant de combats je ne vois cette
superbe ville en ma puissance , ou si je ne plante mes drapeaux
triomphants au milieu de Rome. Que son visage étoitfier, que l'on
eût bien fait de le peindre monté sur un éléphant , que le portrait
en auroit été beau, bien qu'il n'eut plus qu'un œil. Mais qu'arrive
t'il?0 gloire d' Annibal, qu'êtes vous enfin devenue? il est contraint
de chercher sa seureté dans une fuite précipitée , et pendant son
exil ce grand et admirable capitaine est réduit à faire la cour à un
roy barbare et d'attendre son réveil. La fin de cette illustre vie qui
avoit remply tout l'univers d'admiration et de crainte n'arrive
point dans une bataille , ce n'est point le beau sort des armes qui
la termine , c'est un anneau qui venge tant de sang répandu , tant
de carnage des Romains î Que te sert il d'avoir parcouru toutes les
Alpes , passé les Pyrénées , enfin toutes ces victoires que devien-
dront elles? Le sujet d'un livre ou d'une harangue que l'on douera
à faire a ceux qui étudient l'éloquence.
Ce morceau , le plus parlait que je connaisse dans la
prose française, réunit sans le moindre effort les deux plus
beaux passages de V Histoire et de V Oraison.
De ces deux textes frères, l'aîné, le nôtre , j ose le dire ,
est le plus beau , car Bossuet se double du génie de Juvé-
nal , le chrétien se grandit du stoïcien. C'est au point
qu'un illustre académicien, lin connaisseur, M. Désiré
Nisard , emporté par le souffle , le rhythme identique dans
les deux splendides périodes, nous disait ; « Dans vos textes,
il s'exclame, il interroge, il prêche, il pérore, il tonne, il
foudroie connue dans la chaire : on est forcé de s'écrier
XXXI
avec lui : « Qui croiriez- vous voir, Messieurs ; Annibal ,
Alexandi'c ou le prince de Gondé ? »
Ah ! si vous comparez les autres interprètes du grand
satirique latin ! Prenons pour le passage cité quelques
lignes correspondantes du meilleur d'entre eux :
Mets Annibal dans une balance ! Combien trouves-tu de livres
pesant de ce grand capitaine ? C'est celui-là pourtant à qui n'a pu
suffire l'Afrique , battue d'un costé par la mer des Maures , qui
est arrosée de l'autre des eaux tièdesduNil et qui, derechef, s'étend
jusqu'à l'Ethiopie qui nourrit des grands éléphants. L'Espagne fut
encore ajoutée à son empire. Cette âme qui a troublé toute la terre
ne sera pas éteinte par les épées. par les cailloux.
Eh bien , ce traducteur, l'érudit abbé de Marolles , peut-
il être comparé à notre auteur ?
Voici encore deux de ses remarques correspondantes à
celle de togalas (vers 3), et Mollis (vers 8) de la première
satire :
« 1" Ses comédies Latines : carj'ay traduit logatas par
latines, au lieu de longue robe, parce que sous ce mot toga-
tas , le poète entend latines ou romaines ;
» 2" Des rochers d'Eolie : il entend le mont Etna et ses
gouffres pleins de feu et de fumée qui sont en Sicile. »
Quel abîme entre cela et les deux belles pages 7 et lU
du commentaire de Bossuet dissertant sur l'art dramatique
latin à propos du mot togatas, et décrivant l'Etna à l'occa-
sion de celui &' Mollis !
Enfin , on y trouve des personnalités et des allusions
évidentes à Louis XIV, à la famille royale, à la cour,
Juvénal , page 394 :
Il n'y a point de louange qui ne soit agréable à ceux qui
exercent icy un pouvoir semblable à celuy des dieux.
XXXII
Juvénal, page 16 :
De quoi sert-il d'étaler les statues de tant dei,'rands hommes (1),
si l'on mène une méchante vie devant Scipion (•2) qui vainquit
Numance après qu'elle eut longtemps résisté (3)?
Juvénal , page 389 :
11 faut icy de la magnificence dont le prix excède notre pouvoir
et pour satisfaire à la vanité . il faut emprunter de toutes parts.
Juvénal , page 396 :
Fais ton compte en premier lieu que lorsqu'un des grands à qui
tu rends tant de devoirs te dit d'un ton superbe de fasseoir unr
fois à sa table, il croit te donner une grande récompense.
Amère rétlexion qui fait songer au dîner de Louis XIV"
avec Molière , ftiveur unique qui iri'ita violemment le
prélat.
Juvénal, page 429 :
Apprenez que parmi les hommes on rencontre des orateurs (4)
dont les plus nobles emploient souvent le secours pour la défense
de leur bien et de leur vie (5), et que de ces sources obscures
sortent des esprits éclairés qui savent découvrir la lumière au tra-
vers de l'ombre des lois et qui peuvent résoudre les doutes les plus
difficiles.
Ce conseil, digne d'un parlait démocrate de droit divin,
donné au Dauphin, a été suivi à la lettre par son père,
(|ui ainsi a (ail le grand siècle.
IV
Voyons donc maintenant conmient Bossuel a tenté de
l'aire passer, dans l'esprit inappli({U(' du lils de Louis XI"V",
(1) VersaillBS.
(2) Le cardinal de Ridielieu.
(3) Ll- sié^e de La Rorhclle.
(4) Pélisson.
(5) Fouquet.
XXXIII
Juvénal armé d'épouvante contre les turpitudes de la déca-
dence , Perse , enveloppé de dédain pour les bassesses de
notre nature. Et d'abord, où fît-il le cours royal?
Ce fut au Louvre, au milieu de la maison civile et militaire
liu Dauphin, ([ue Bossuet lui expliqua les grands classi(fues,;
ce l'ut laque, sous ses ordres, une section de l'Académie
française naissante , installée sur les marches du plus glo-
rieux trône de l'univers, prépara au jeune Dauphin le lait
de la science et de la sagesse. Bossuet dit ici, page 422 :
Quand on n'a point d'argent dont le corps a besoin jour et nuit...
on n'est point susceptible de cette divine fureur qui élève et
embellit l'esprit...
Louis XIV, comprenant cela, ouvrait aux beaux-arts les
deux portes de son palais, et non seulement les maîtres de
la chaire, de la scène, de la satire, gravitèrent autour de
lui comme des planètes autour de leur soleil , maitj môme
le bonhomme sublime , presque sauvage à force d'indé-
pendance, dédia au Dauphin ses Fables. Cette centralisa-
tion de toutes les muses autour du prince montre l'im-
portance du cours royal. Mais passons à notre cours
particulier sur Juvénal et Perse.
Le lecteur du prince, M. de Gordemoy (1), lisait lente-
ment et comme tout d'une haleine (2) la satire entière ;
comme l'élève entendait le latin , le maître en conmientait
les passages saillants, fondant l'étude des mots avec la
(i) Fervent cartésien , c'est par là qu'il fut connu do nussnet , qui lui-niCMue favorisait
cette philosophie. Cependant il dissimulait assez adroitement, dans le public, son i^oùt a
cet égard. (Huet, Mémoires, trad. Nisard, p. 185.)
(2) Lettre à Innocent XI. n Nous n'avons pas jugé ii propos de lui faire lire les ouvrages
lies auteurs par parcelles. Nous lui avons fait lire chaque ouvrage entier, de suite et
et comme tout d'une haleine, afin qu'il s'accoutumât peu à peu, non à considérer diaque
chose eu particulier, mais à découvrir tout d'une vue le but principal d'ini ouvrage et
l'enchaînement de tontes ses parties. »
XXXIV
connaissance des choses (1). Si le Dauphin laissait entre-
voir quelque hésitation , Bossuet reprenait , comme le
témoignent nos additions; le texte ainsi éclairé, ils en
faisaient des applications aux sujets qui se présentaient (2).
iJans ces échappées intimes, Bossuet s'associait les sati-
riques latins, et , de ce croisement, jaillissait, toute i'rau-
çaise , une critique de la cour, fort précieuse pour l'histoire.
Notons que , dans ce tête-à-tête illustre dont s'entretien-
dront les siècles , il n'existe aucune intimité entre le dis-
ciple et le précepteur. Il y a bien certaines personnalités
évidentes , connue celle-ci adaptée au Dauphin en com-
pliment d'une cordialité et d'une délicatesse exquise :
Hune optent generum rex et regina ; pueUœ
Hune rapiant ; quidquid calvaverit hic, rosa fiât.
Que les plus grands rois \iv, la terre souhaitent de l'avoir
pour gendre, (jue les princesses mêmes les plus accomplies
en deviennent amoureuses.
Mais elles ne détruisent point l'appréciation du cardinal
de Beausset (3) :
Dans cette éducation, on ne voit que Bossuet... Son élève
paraît n'avoir été que le témoin impassible de tant de soins et de
travaux ; le précepteur était tout , l'élève n'était rien.
C'est à propos de ce monologue sublime , comme l'appelle
aussi M. Demogeot, qu'il faut signaler ce que M. Nisard
avait pressenti avant notre découverte :
Bossuet, le plus grand de nos écrivains en prose, en qui se
résument toutes les grandeurs de l'esprit français avec le moindre
mélange de défauts... En lui confiant l'Education du Dauphin,
(1) Lettre à Innocent XI.
(2) Ibidem.
(3) Vie de Bossuet. ( oDuvivs louiplctes , Gauiiii;,;
XXXV
Louis XIV le plaça sur le seul théâtre où son génie put recevoir sa
perfection. Les devoirs de sa place de précepteur l'obligeaient à
eiUver pleinemejit , sans contrainte et sans scrupule, dans toutes les
réalités de la vie ; à revenir à l'antiquité négligée. Dans ces études
recommencées, la part des poètes parait avoir été la plus grande.
Bossuet y trouvait plus en relief deux genres de beautés où il excelle
lui-même : la vérité des peintures et la hardiesse de l'expression qui
est le privilège de la langue poétique... Cette fréquentation assi-
due des auteurs anciens était nécessaire même à Bossuet, comme
elle l'a été à tous les écrivains du xviie siècle. Aucun écrivain n'a
plus complètement représenté ï union des deux antiquités et de
l'esprit moderne. Il admet tout , s'assimile tout, mais à sa manière ,
sans mêler les philosophies , sans associer des pensées contradic-
toires , sans s'emporter d'aucun côté , avec une fermeté et une
liberté d' esprit dont V histoire des lettres . dans aucun pays, n'offre un
si bel exemple (1).
Il est incontestable , en efi'et , surtout depuis notre décou-
verte , que le i.;Tand écrivain catholique, le seul qui vive
dans nos mémoires et sur nos lèvres . doive cette immorta-
lité à son commerce assimilateur avec les chefs-d'œuvre
du paganisme.
Nous, quel fruit pouvons-nous retirer du cours royal?
Quelques spécimens vont nous l'apprendre.
Bossuet nous dit. dans sa lettre à Innocent XI, qu'en
lisant les autheurs Un auctoribus perlegendis) il a fait
servir toutes ses études à acquérir la connaissance des
mœurs . de la politique, de la religion, de la géographie .,
de la philosophie, de l'amour de la^ patrie, des devoirs des
princes , etc. J'extrais donc de notre Juvénal et de Perse
quelques passages relatifs à ces divers sujets.
Connaissance des moeurs. — Remarque digne d'être couchée
dans nos annales, circonstance notable en l'histoire de nos jours,
^1) Hht. de lu littérature française, tonit; III.
un paii'ail honnoste home s'est rencontré i»;u-niy l'hypocrisk'
universelle. (Juvénal, p. M, 48. 383.)
Femme curieuse. — Elle sait toutes les nouvelles ; ce (jue font les
Thraces ot les Scythes, les démêlés les plus segrets d'une belle-
mère avec ses enfants, les intrigues d'amour de toute une ville , le
nom d(^ celuy dont cette veuve est devenue passionnée, de combien
de mois elle est grosse , à quel signe on ouvroit sa porte à son
galand , enfin toutes les circonstances singulières ; elle a veu la
première cette comète qui menace le roy d'Arménie ft les Parthes ;
elle va chercher toutes les nouveautés et' elle les attend à la porte
de la ville pour estre la première à les recevoir ; je ne sçais ce
qu'elle conte d'un Ueuve qui a inondé de certains peuples, que
toute la campagne est abîmée sous les eaux, que les villes tremblent,
que les montaignes s'abaissent, que tout y périt. (Juvénal. p. 413.)
La Vertu , c'est la Liberté. — Jeunes gens, ot vous , vieillards ,
adonnez-vous à la vertu qui est le soutien de tous les âges ; ne
remettez pas à demain, car ce jour de demain , quand nous l'au-
rons perdu ne se pourra jamais recouvrer ; l'home a besoin de se
procurer une liberté asseurée ; ce qui l'empesche de pratiquer la
vertu, c'est qu'il est esclave des vices : le péché estant un véritable
esclavage et la vertu une véritable liberté ; aussy un des principaux
points de la morale des Stoïciens est celuy ci : Solutn sapienteni
liberum esse!... (Perse.)
L'IcNORANCE, c'est l'Esglavage. — Le défaut de liberté semble
faire des homes , des bestes incapables d'aucune fonction où il
entre du jugement, ny leur permettre l'usage de la vie qui s'écoule
viste. (Perse. )
Religion. — Le luxe nous a appris à mettre en masse la poudre
Je l'or pour on faire îles lingots et pour servir après cela à d'autres
usages condamnables, puisqu'il est mesme inutile aux vases pré-
cieux dans les temples!... Il seroit bien mieux d'y apporter une
conscience qui ne feut souillée d'aucun crime , comme le portent
ces deux vers qui font voir jusqu'où peu aller la philosophie d'un
simple payen qui n'est conduit que par les lumières de la raison :
Gompositum jus , nie.
Perse auroit pris cette idée de la Loy des Vl Tables , cap. I ,
tit 1 , qui detï'end d'employer de la dépense pour obtenir des
flioux co qu'on lour demande : opes amovenlo , de peur, dit Gicé-
ron , que la pompe dos sacryflces et la trop grande magnificence
des temples ne corrompe ces semences d'humilité que la veue des
autels a accoutumé d'inspirer et n'cmpesche aux pauvres d'offrir des
sacryfîccs aux dieux, f Perse. )
0 âmes basses qui ne respirez que pour les choses do la terre ,
sans songer à celles du ciel , croyez-vous que les dieux ayent les
mesmes pensées que nous, qu'ils approuvent une chose parce que
nous l'approuvons , qu'ils ayent de l'ambition comme nous, qu'ils
ayment toutes nos vaines magnificencos , ces parfums précieux
qu'on brùlo en leur honneur, le luxe des ornements dont on les
couvre, les perles arrachées do leurs nacres dont on les pare et
tant do bions qui viennent de la corruption de notre nature et que
produisent l'impiété et le désordre de nos mœurs? (Porse.)
Philosophie. — Chose étrange que la mort qui devroit nous
faire changer de vie serve à nous entretenir dans le vice et que le
souvenir de ce dernier moment qui doit nous faire tout
oublier, excepté le salut de nostre âme, soit une raison pour nous
obligera la recherche des voluptés !
Rejetez loin de vous les honneurs qui ne vous appartiennent pas ;
faites un peu de reflection à la bassesse des flatteries de cette popu-
lace esclave qui n'a que l'adulation en bouche pour tout le monde
et surtout pour ses souverains ; rentrez en vous mesme : vous ver-
rez que les qualités dont vous tirez tant de vanité ne sont rien ;
songez combien de choses vous manquent pour estre un excellent
home ; enfin , contentez vous du témoignage de vostre cons-
cience ; si elle ne vous reproche rien , croyez que vostre conduite
est à couvert de la médisance et vivez en repos au dedans de
vous mesme. ( Perse. )
L'Epee de D.vmoclès et l.\ Conscience coupable. — Damoclès ,
parlant un jour â Denis . tyran do Siracuse , de la grandeur de ses
richesses, de sa puissance presque infinie', de ses armées, de la
valeur des soldats qui les composoient et de tout ce qui peut
rendre recommandable la majesté d'un souverain , soutint" qu'on
ne pouvoit estre heureux, sans avoir tous ces avantages ; Denis qui
vouloit luy faire comprendre la bassesse de ce qu'il eslimoit tant,
offrit de luy faire part de sa fortune . s'il le vouloit bien ou qu'il
la luy donneroit mesme toute entière , s'il en avoit tant de fantai-
W.WIII
sie ; Damoclès , surpris d'une Icllo proposition, no. délibéra pas
long tcms, il accopla lo party ijuc lui olîroit le tyran, de
sorte qu'il fcut placé avec toute sorte de magnificences dans le
plus superbe appartement du palais où l'on no voyoit que
diamants, pierres précieuses, or et argent et mille autres raretés
qui passoient tout ce qu'on avoit jamais veu sur la terre , servy à
table partons les officiers de la couronne, parmy la bonne chère
ot toutes sortes de plaisirs ; enfin , il occupoit la place de Denis le
tyran et estoit reconnu par tout le moudo pour le véritable
prince ; Damoclès se croyoit le plus iieuroux des hommes , rien ne
manquoit à sa bonne fortune, lorsque levant les yeux au plancher,
il vist attachée à un petit filet une épée nue qui regardoit précisé-
ment sa teste, de telle sorte que, la pour l'ayant saisi, il ne prist
plus garde à tout ce qu'on faisoit pour le divertir, ny à tant de
choses qu'il avoit souhaité si passionnément ; il pria le tyran de le
décharger do cotte importune grandeur qui le menaçait do la porte
de sa vie, ne voulant pas estrc heureux à cette condition.
Le poète dit donc qu'il n'est pas si cruel de voir incessamment
une épée preste à vous oster la vie que de sentir continuellement
los remords d'une conscience criminelle. (Perse.)
Patrie. — La gloire de la patrie est do produire de bons
citoyens. ( a II n'y a plus de joie pour un bon citoyen quand sa
patrie est ruinée » , dit Bossuet, dans la Politique de l' Ecriture
Sainte; son chap. Amour de la patrie est textuellement pareil à
diverses pages de Juvénal. )
La patrie vous est obligée de luy avoir donné un citoyen, si
vous faites en sorte par une bonne éducation qu'il luy soit utile ;
car enfin , tout le bien qu'on en peut attendre dépend de la manière
dont vous l'élevés et des exemples qu'il voit chez vous ! (Juvénal ,
p. 456.)
Vraie noblesse. — Peut on dire que celuy qui dément son
origine et qui n'a pour gloire que celle de ses ayeux ayt aucune
véritable noblesse? C'est rire de la petitesse d'un nain que de le
nommer un Atlas ; ne craignez-vous pas que ce soit do cette sorte
qu'on vous nomme Scipion ou Gamerin ! (Juvénal, p. 428.)
Le sang de vos ancestres vous entto d'orgueil, come si vous
aviez contribué quelque chose à la gloire de vostro naissance
et que ce feut un effet de vostre mérite d'estre né du sang des
Césars, plutôt que de qufil([uunc de ces misérables qui gaignent
leur vie à filer, étant exposées au vent et à la pluye. (Juvénal,
p. 428. >
Pourquoy estime-t-on un animal plus qu'un autre ? Est-ce la bonté
que nous y considérons ou la race dont il est? Vous voyez que l'on
fait état de la vitesse d'un cheval qui remporte la victoire; de
quelque lieu qu'il soit , c'est luy qui est le plus estime ; mais la
postérité de Gorythc ou d'Hirpin est vendue presque pour rien,
sans qu'on ait de respect pour les ombres de ses nobles aïeux!...
(.Tuvénal, p. 429.)
Royauté. — Si un païsan maladroit et grossier demandoit le
gouvernail d'un vaisseau et vouloit tout d'un coup s'ériger en
pilote, sans avoir jamais esté sur la mer, ny sans connoistre les
étoiles , la courtisane Mélicerte s'écrieroit qu'il n'y a plus de
pudeur dans ce monde , que tout est renversé et qu'on n'y com-
prend plus rien.- ( Perse. )
Ecole DKs rovs. — Sur quelle raison appuyez-vous la justice de
vostre gouvernement? Quelles "qualités avez vous pour vous en
acquitter dignement ? (Perse. )
Ce qu'il faut pour bien gouverner. — Etes vous capable de
marquer avec un caractère noir qu'il faut que le vice soit puni ,
d'ordonner contre le crime les peynes qu'il mérite ? Avez vous
assez de prudence et de conduite pour rendre bonne justice à tout
le monde? (Perse.)
Devoirs des princes. — Apprenez, qui que vous soyez, ce que
c'est que la vie naturelle ; songez un peu à ce que vous estes , pour
quel dessein les dieux vous ont mis au monde , le rang que vous y
tenez , quels sont vos ancestres ; avec combien de vitesse s'écoule
le plus beau temps de la jeunesse , avec combien d'adresse la mort
nous surprend , avec quelle modération il faut souhaiter les
richesses, quels sont les fruits que les richesses et les grandeurs
produisent, à quelles occupations les dieux ont dessein de vous
employer et en un mot ce que vous estes dans le monde ? ( Perse.)
XL
V
Voilà une idoo <lu cours royal sur -luvriuil <M r*erse.
Catholiques et libres j)enseurs ont salué la nionunionlalc
importance de notre découverte : mais la justice historique,
la conscience littéraire nous font un devoir, à nous qui
avons eu entièrement la délicate primeur de ces 896 pa^cs
immortelles . de déclarer ([ue nous y avons moins admiré
l'auteur des Oraisons, voilant d'un nua^j^c d'encens dos
invectives étudiées , que le prédicateur osant dire en plein
Versailles : « Confondez- vous , rois et conquérants!
(c Plus de litres î plus de couronnes ! plus de halustres !
« plus de vaines magnificences! (1). » Oui , nous y avons
partout retrouvé l'humaniste qui ne nommait jamais Homère
sans l'appeler le divin; le juste ([ui. mourant, refusa
d'entendre les Psaumes de la Pénitence et se fît lire les
Odes d'Horace « comme pour s'en passer l'envie (2) » ; le
philosophe qui , au nom de la raison . commande aux
maîtres « de s'élever au-dessus de leur propre éléva-
fion »... « sous le plus glorieux empire, les sujets sont nés
(( poui- être libres » ; l'anthropologiste . qui voyait .
comme la science contemporaine , le berceau de l'huma-
nité dans les Indes (apud Gangcm) ; l'émule de Pascal qui
y proclame « les indispensables bienfaits de la religion
f( jus({ues dans les superstitions païennes, mais d'une reli-
« gion vraie d'esxDritetdc vertu ; » l'avocal iuallcndu des idées
justement libérales danslesanctuairemême de l'absolutisme.
(Ij Sermon iiour le jour iIp l'âqucs.
(2) Leiliou ; Mànoires cl Journal sur la oie el les ouvrages de Bossuel , publics par iabbé
Guettée; Taris, Didier, 1866-57 , i vol. in-8".
Ce n'est plus révOnuo de Meaux, poiitifiaul (lovant le grand
Roy ; c'est le sage répétant à l'héritier du trône que les
plus belles royautés sont le génie et la vertu ; c'est liinita-
leur du grand justicier de l'antiquité, appliquant le fer
rouge des textes latins aux gangrènes naissantes de la déca-
dence française , à la chienne lascive impériale Messaline ,
comme au plébéien aboyeur de vers , Codrus; c'est le prélat
grand seigneur dans sa majesté pensive . l'homme de
cour avec son tlair d'observateur; c'est le théologien-philo-
sophe, le plus paternel de tous les maître^s, ([ui donnait
au fils unique de Louis XIV, en familiers et puissants
entretiens , plutôt qu'en leçons pédagogiques , ces maximes
de morale et de politique chrétiennes :
No cherche point de juge au dehors de toy.
Il s'était révélé comme par échappée , ce créateur de la
satire en prose sous des noms anciens . qui , dans l'allée
des philosophes , commentait avec La Bruyère et Fénelon ,
déjà désignés par lui pour sa double succession , les Nuits
de Salomon (1), les Châtiments d'Isaïe, les Tragiques de
Juvénal ; qui , vêtu comme un simple ecclésiastique , leur
montrait, avec une liberté digne des premiers évêques, à
travers la plus brillante surface, les misères, le scepti-
cisme , l'agitation , l'immoralité, la corruption qui éclate-
ront dans les saturnales de la Régence (2).'
Nous avions aperçu . dans ses pathétiques imprécations,
le frondeur sourdement bouillonnant : désormais nous
(1) Bibl. nat. , n" 12811, manuscrit du Cantique des Cantiques, frère des nôtres, où sur
les marges il y a des renvois à Virgile , Juvénal , Catulle, Martial : « Belle comme la
lune, oui, je suis noire, mais belle... > Les nôtres ont même des renvois paginés à celui
de la Bibliothèque , et réciproquement.
(2) Saint-Simon. — L'abbé Receveur : Biographie universelle, art. Rossuet. — De
Chanipagny : l'Homme àl'écok de Bossuet; Paris, 1847 , 2 vol. in-12.
VLII
poiUTons coiUumpJcr le sccn'l Jiiili;iteur dos fleux (-(Uèbres
peintres de mœurs sous un masque anti(iue ; c'est Bossuet
qui , le premier, à la suite de notre interprétation, trace des
portraits, des taldoaux du temps; et ses deux élèves, La
Bruyère et Fénelon , l'onl imité après leur traduction de
Théophraste et d'Homère. Enfin, ((u'il nous soit permisde
le dire, nous nous sommes réjoui jusqu'aux larmes en
découvrant dans deux manuscrits ignorés la source sacrée
de chefs-d'œuvre inuiiorlels. tant, dans notre patriotisme,
dans notre religion du hon et du beau . nous étions ravi
de voir s'échelonner ces trois grands honniies qui, comme
des montagnes , pyramident dans notre glorieux passé.
11 serait trop long de citer l'intuitil Sainte-Beuve qui
devança mon 'aperçu (en Sainte-Beuve on voudrait tout
citer); mais M. de Lapommeraye, dans Molière et Bossuet ,
a suivi judicieusement ce sens ; et sans parler d'autres
critiques distingués, je donne un extrait de l'article déjà
cité de M. Drapeyron , professeur d'histoire au lycée Char-
lemagne (1) :
Jusqu'ici, on avait cru que Bossuet ne s'était inspiré que des
saintes Ecritures. Grâce à la découverte de M. Ménard , on verra la
pensée do Bossuet creusant, pour ainsi dire, le texte de Juvénal .
le transformant, se l'appropriant en quelque sorte pour l'amalga-
mer plus tard avec d'autres textes d'une source moins humaine et
en faire un clief-d'œuvrc indescriptible. Une citation de la lettre à
Innocent XI montre le cas qu'il faisait, des anciens au point de vue
moral et religieux : « Nous lui faisions remarquer (au Daupliin)
que les Gentils , ])ieu qu'ils se trompassent , avaient néanmoins
un profond respect pour les choses qu'ils estimaient sacrées, per-
suadés que la ndigion était le soutien des Etats. Les exemples de
modération que nous trouvons dans leurs histoires nous servaient
à confondre^ tout chrétien qui n'aurait pas le courage de pratiquer
(1) Revue poUtique et littéraire , lo juillet IP76.
VLHI
la vortu , après que Dieu mômo nous l'a apprise. » Voilà comme
Bossuet croyait encore l'aire œuvre de chrétien dans les applications
que nous avons indiquées et dont M. Ménard révélera un grand
nombre.
Dès 1858, Genin, le savant philologue , avait remarqué
que toujours l'homme intime est l'opposé du prélat (1);
nous étudierons cette thèse dans la préface de notre édition
du Cantique des Cantiques , expliqué par Bossuet en prose
et en vers à M""*^ de Luynes, et conservé en manuscrit à la
Bibliothèque nationale , mais nous déclarons d'avance que
nos découvertes , môme sur sa vie privée , ne t'ont que le
grandir devant la philosophie impartiale et lui dresser un
piédestal à la face du monde moderne.
Citons seulement un fait qui couronnera la gloire de
Bossuet, aux yeux de notre chère France actuelle, dont
le cœur hat pour la liberté , dont l'esprit afl'ranchi
commence à raisonner, aux yeux de Paris qui lui doit
encore une statue. A la fin de 1695, l'Université de Paris,
cette éternelle ennemie des jésuites, « qui tient l'auc-
thorité du Concile par-dessus le Pape » . nomme Bossuet
Conservateur de ses privilèges ; elle s'était proposé de lui
en donner le titre -dès 1679 , pendant l'éducation du Dau-
phin : mais M. de Harlay. archevêque de Paris (celui-là
môme qui refusa .d'enterrer Molière), ne permit pas à
r Université de suivre son mouvement, et elle préféra laisser
la place vacante plutôt que de taire tomber son choix sur
un autre. Devenue libre enfin parla mort de M. de Harlay,
elle déféra le titre de Conservateur de ses privilèges à
Bossuet , dans une assemblée générale , présidée par le
célèbre Rollin, le 2 janvier 1696.
(1) Lexique de la langue de Molière.
Il csl donc étcruollomonl rogrctlahlc (jii'un Harlay , do
Paris (les lanatiqucs y oui trop souvcnl Irùné!), ail
oiitravr dans son ]xilriolismo religieux le signataire de la
Déclaration dos droits dn riorgé do France, le voyant
histori([no (jui l'ôlicilait ,l('sns davoir ô(('' l)on citoyen; car
])our n'avoir point sn (Mro gallicane , c'est-à-dire cordialo-
ment nationale , tcUo quo la rêvait Bossuet , l'Eglise de
France n'est plus florissante.
VI
Résumons-nous. Le dernier ))oro do TÉglise n'est au
l'ond qu'un dilettante de toute poésie et de \on\o élo-
quence , et la splendour profane de notre cours aussi
éminemment savant ((uartislique . reliant désormais le
successeur de saint Thomas au rival de Démosthène , le
grand Bossuet dépouillera pour les siècles l'absolu cléri-
calisme de sa physionomie traditionnelle. Sans doute il
préconise intlexiblement les hic-rarcliios séculaires (et non
sans raison , car nous avons tous vu dans ([uels abîmes
mènent les utopies !), mais aussi il célèbre avec conviction
même sous les lambris du Louvre la vraie Liberté^ Er/alité,
Fraternité (l), bien avant ([u'ou en aùt inscrit les mots
magi([uos sur les ruines des Tuileries. Sa largeur de vues
qu'on aporooii déjà dans la Politique de l'Ecriture sainte ,
s'accentue dans ces trente exemples d'écriture que nous
venons de trouver inédits à la Bibliothè(|ue de l'Arsenal
(n° 2324).
(1) Ces trois dogmes contemporains ont ctc, pour le l'onrl ot ménic pour l.i forme, nette-
ment exposés par Bossuet , comme rattcstent les trois citations authentiques de cette
préface. (Papes xxxvi, xl, xlvi. )
XLV
EXEMPLES
DONNÉS A MONSEIGNEUH LE DAUPHIN LORSQU IL APPRENOIT
A ÉCRIRE.
jer EXEMPLE.
Dieu est votre Maître et votre luge ; c'est un luge sévère , bien
redoutable et siirtout pour les Roys.
Le prince est établi roy pour être le ministre de Dieu, il règne pour
luy obéir le premier, et pour le faire obéir par tous les autres.
lie EXEMPLE.
C'est Dieu qui vous a donné la puissance , votre force vient du
Très-Haut ; un prince est véritablement l'image de Dieu lorsqu'il
est juste et qu'il ne règne que pour faire régner la vertu.
me EXEMPLE.
Il seroit contraire à tout ordre qu'un prince prétendit régner et
n'être point fidèle à Dieu.
ive EXEMPLE.
Le premier caractère de la grandeur du prince est d'être consacré
au bien public (1); semblable à l'astre qui nous éclaire , il doit
répandre la fécondité partout , éclairer, animer et vivifier le corps
entier de l'Etat.
Ve EXEMPLE.
Si Dieu fait part au Prince de sa Puissance et de sa Majesté , il
doit conserver le respect et la crainte d'un sujet devant le Roy des
Roys.
vie EXEMPLE.
Le Prince est établi de Dieu pour être aux autres hommes le
modèle de toutes les vertus.
vue EXEMPLE.
Sachez et n'oubliez jamais que les Lois divines assujettissent
également le Berger dans sa cabane et le Monarque sur le trùne.
(1) (1 Dieu u'a fait des grands que pour protéger les petits; il u'a dduué sa puissance que
pour procurer le bien public. Le prince n'est pas uc pour lui-même, maispourie bienpublic. »
{PoUUque Urée de l'Ecriture Sainte , liv. 111, proposition II.)
XLVI
Vllie EXEMPLE.
Vous estes absolument égal par la nature aux autres hommes,
et, par conséquent, vous devez être sensible à tous les maux et à
toutes les misi'res do l'humanité (1).
ixe EXEMPLE.
La première idée de Puissance qui ait été parmi les hommes est
celle de la Puissance paternelle. L\)n a fait les Roy s sur le modèle
des pères.
Xe i:XE.\II'LE.
La bonté est donc le caractère le plus naturel des Roys, la bonté
et l'humanité sont donc des qualités royalles et le vrai apanage de
la grandeur des Princes (2) .
Xie EXEMPLE.
Le Roy est le père commun des citoiens, le chef d'une nom-
breuse famille ; Dieu l'a fait pour les peuples et non pas les
peuples pour lui.
Xlie EXEMPLE.
Fils de saint Louis , soyez semblable à votre père , imitez sa foy,
son zèle pour la religion, soyez saint, juste et bon comme luy.
X[Iie EXEMPLE.
Les Roys sont véritablement heureux s'ils gouvernent avec jus-
tice les peuples qui leur sont soumis , si leur élévation ne les
empêche pas de se souvenir qu'ils sont des hommes mortels ;
XlVe EXEMPLE.
S'ils font servir leur puissance à étendre le culte de Dieu et à
faire révérer cette majesté infinie ;
XVe EXEMPLE.
S'ils craignent Dieu , s'ils l'aiment de préférence à tout , s'ils
l'adorent avec le plus profond respect ;
XVie EXEMPLE.
S'ils sont lents à punir, et au contraire prompts à pardonner,
s'ils exercent la vengeance publique non pour se satisfaire eux-
mêmes, mais pour le bien général de l'Etat (jui a besoin nécessai-
rement de cette sévérité;
(11 « La prcmii'ro idée do commandement et (Pautorité liuniaine est venue anx hommes Je
l'autorité paternelle... » [Poliliqua Urée de l'Ecriture Sainte, \[y. 11, i)roposition III.)
(2) (. L'autorité rovale est paternelle et son propre caraetère, c'est lu bonté. ii(/W(i, liv. lli,
art. 111.)
XLvn
XVIie EXEMPLE.
Si le pardon qu'ils accordent tend à l'amandement de ceux qui
font mal et non à l'impunité des mauvaises actions;
XVIIie EXEMPLE.
Si, lorsqu'ils sont obligés d'user de rigueur, ils prennent soin de
l'adoucir autant qu'ils peuvent par des bienfaits et par des marques
de bonté ;
Xixe EXEMPLE.
Si leurs passions sont d'autant plus réprimées qu'elles peuvent
être plus libres, s'ils aiment mieux se commander à eux-mêmes et
à leurs mauvais désirs, qu'aux nations qui leur sont soumises;
XX"-' EXEMPLE.
S'ils sont portés à taire toutes ces choses non par le sentiment
d'une vaine gloire , mais pour obéir et pour plaire à Dieu ;
XXie EXEMPLE.
S'ils offrent tous les jours à Dieu pour leurs péchés un sacrifice
agréable de saintes prières , de compassion pour les maux que
souffrent les autres hommes et d'humilité profonde devant la
majesté du Roy des Roys.
XXIie EXEMPLE.
Les Roys et les princes qui suiveront ces maximes seront heu-
reux en cette vie par l'espérance et le seront un jour en etïet ,
quand la gloire que nous attendons sera arrivée.
XXIIie EXEMPLE.
La dureté est de tous les vices le plus odieux, mais la fermeté
est de toutes les vertus la plus nécessaire aux Roys.
XXIVe EXEMPLE.
Le présent le plus précieux que le Ciel puisse faire à un Roy,
c'est un cœur docile à la vérité et aux bons conseils , lors même
qu'ils ne sont pas agréables.
XX Ve EXEMPLE.
Le princi! est né pour l'action, pour le travail, et non pour le
plaisir, la mollesse et l'oisiveté.
XXVie EXEMPLE.
Un prince ne doit se divertir et s'amuser qu'après s'être exacte-
ment acquitté de ses devoirs, et seulement le tems nécessaire pour
délasser l'esprit, fortifier le corps et entretenir la santé.
\Lvnr
XXVIie KXEMPLK.
Les vrais amis du prince sont ceux qui luy disent la vérité et qui
ont le courage de luy faire connoitre ses fautes.
XXVIIie EXEMPLE.
Le plus cruel et le plus dangereux ennemi du prince , c'est un
tlatteur qui le loue, Taplaudit sans cesse, approuve ses vices et
luy aplanit le chemin du crime.
XXIxe EXEJIPLK.
Un prince dcjit avoir un cœurnoble et généreux, mais il ne peut
être trop économe des revenus de l'Etat : ils appartiennent à
l'Etat, il n'en est que l'administrateur et Dieu lui en demandera
un compte exact et rigoureux.
XXXe EXEMPLE.
Un trône est inébranlable lorsqu'il a pour fondement la raison
et la justice , qu'on punit tout ce qui est mal et que l'on récom-
pense tout ce qui est bien.
Voilà les modèles d'écriture du fils de Louis XIV : ces
uiuximcs , faites sous la royauté absolue , seraient, quant
au fond, très applicables dans une démocratie sérieuse (1);
voilà comme l'épigraphe des magnifiques leçons (jue don-
nera la suite inédite du Cours Royal, l'ail aux Dauphins
de France par les Maîtres de notre langue. J'ose promettre
au public ce monument splendide , car il me semble que
l'Etude éclairée puisse faire remercier l'aveugle Hasard de
m'avoir choisi pour être l'ambassadeur du grand Bossuet
et de ses illustres Collègues (2).
La Reynoi'ie (Champigny-sur-Veude).
Auguste-Louis MÉNARD.
(1) V n n'y II aucune forme ilc gouvernement, ni am-un établissement humain qui n'ait ses
inronvénients ; de sorte (ju'il faut demeurer dans l'état auquel un long temps a accoutumé le
peuple. C'est ponrijuoi Dieu i)renil en sa proteetioii tous les trouvernements légitimes en
quelque forme qu'ils aient été établis : qui entreprend de les renverser n'est pus seulement
ennemi publie, mais ennemi de Dieu... Il semble qu'au eommencement les Israélites
vivaient dans une sorte de République... 'Vous les hommes sont frères.» {PoKlique tirée de
VEcritute Sainte, passim.}
(2) <i Ceux de l'Université, de la Faculté et tous les gens de lettres furent ravis de voir
si près du trône ( la reine le suivoit iiartont) un liomme (Bossuet) qui les mainticudruit à
la cour dans l'estime oii le cardinal de Riclielieu les avoit mis; ce qu'il a fait toute sa vie. »
(Note inédite LEDiEf , Journal, Bossuet, man. liil). nat. Supl. franc. "2808.)
JUVENALIS
Il (Bossuet) avait acheté exprés, pour Véducatiun
du Dauphin, toutes les éditions appelées variorum,
et on observa qu'il n'y avait pas une seule paiçe
qui ne fût marquée de son crayon.
( L'abbé Ledieu : Mémoires <»(>• Biffiiel. \
SATYRA I
1 Semper ego audilor tantuni? nunquamne reponain
2 Vexalus loties rauci Theseide Codri ?
3 Impune ergo milii recitaverit ille togafas ,
4 Hic elegos ? impune dievi comumserit ingens
5 Telephus , aut summi plenajam margine libri
c Scriptus , et in tergo , nec dwn fini tics , Orestes Y
' Nota magis nuUi doinus est sua, quain milii lucus
8 Martis , et JLoliis vicinum rupihus antruin
9 Vulcani. quid agant venti , quas iorqueat ambras
10 jEacus : unde alius furtivée devehat auriim
11 Pelliculx , quantas jaculetur Monyckus ornos -.
12 Frontonis platani , convulsaque niannora clamant
13 Semper, et assiduo ruptas lectore columnx.
14 Expectes eadeni à summo minimoque poêla.
15 Et nos ergo manum ferulse suhduximus , et nos
iG Consilium dedimus Syllx , privatus ut altum
17 Dormiret stulta est clementia ,, cura lot ubique
18 Vatibus occuras , periturs parcere charte.
l'j Cur tamen hoc potius libeat decurrcre campo ,
■20 Per quem magnus equos Auruncx flexit alumnus :
•21 Si vacat , et placidi rationem admit titis , edam.
22 Quum tener uxoreni ducat spado , Mwvia Tuscum.
23 Figat apruin , et niida teneat venabula mamma :
24 Patricios omnes opibus cum provocet unus ,
!'•'> (Jiio londente gravis juveni viihi barba sonabal :
■-"i Qiium pars Niliacx plebis , quwn verna Canopi
27 Ci'ispimis ^ Tyrias humero revocante lacernas
-•s Venlilet a;stimini digitis sudantibus aurum ,
•i» Nec suffrrrc queat uiaioris pondéra geinuue :
30 Difficile est Satyram non scribere. nam quis iniquse
31 Tarn patiens urbis , lam fcrreiis, ut teneat se?
32 Caussidici nova cum vcniat lectica Malhonis
33 Plena ipso; posf, hune magni delalor amici ,
31 Et cito rapturus de nobilitatr coniesa
35 Quodtsuperest , quein Massa timet , qucm laiinrrr palpât
3c Carus , et à trépida Thymele summissa Latino -.
37 Qiium te summoveant , qui lestamcnta merentur
38 Noctibus in cœlum quos evehit optima summi
39 Nunc via processus , vetulx vesica beatx ?
40 Unciolam Proculeius habet , sed Gillo deuncem :
'il Parieis quisque suas ad mensuram inguinis hœres ,
vi Accipiat sane mercedem sanguinis, et hic
13 Palleat ut nudis pressit qui calcibus alignent. ,
Ai Aut Lugdunensem rhetor dicturus ad aram.
45 Quid referam , quanta siccmn jecur ardeat ira :
4G V^im populuui grcgibvs coiniluni preiuat hic spolialor
17 Pupilli proslaniis ? et hic damnatus inani
'.8 fudicio (quid enirn salvis infaniia nummis?)
18 Exul ab octava Marins bibit , et fruitur Diit
ôo Jralis : at tu victrix provincia ploras.
51 Nxc ego non crcda)ii Venusina digna lucerna?
■>2 Uœc ego non agitem? sed iiuid magis Iferarleas ,
53 Aut Diomedeas , aut niugitum Labgrinlhi ,
54 Et mare percussum puer 0 , fabrumque volantein :
55 Cum leno accipiat mœchi bona, si capiendi
5c lus nullum. uxori, dodus spectare lacunar,
57 Doctus et ad calicem vigilanti stertere naso :
58 Cum fas esse pulet curam sperare cohortis ,
5ÎI Qui-bona donavii prxsepibus , et caret omni
';o Majoriim censu , dum pervolat axe citato
fil Flaminiam : puer Automedon nam. lova tenrbal ,
«2 Ipse laccrnatx cum se iactaret amicx.
«3 Nonne libet medio ceras implere capaces
>>i Quadrimo : cum jam sexla cervicc feratur
Gft Hinc atque inde païens , ac nuda pwne cathedra ,
ofi Et multum referens de Mxcenate supino
i>7 Signator, falso qui se lautiim , atque beatuui
68 Exiguis tabulis , et gemma feccrat uda?
60 Occurrit matrona polens , quae molle Calenum
70 Porreclura viro miscet sitiente ruhelam ,
71 Instiluitquc rudes melior Locusta propinquas ,
72 Per famam, et populum nigros efferre maritos.
73 Aude aliquid brevibus Gyaris et carcere dignum ,
74 Si vis esse aliquis : Probitas laudatur et alget.
75 Criminibus debent horlos , prxtoria , mensas ,
76 Argentum velus , et stanlem extra pocula caprum.
77 Quem palitur dormire nuriis corruplor avarse ,
78 Quem spoiux lurpes , et prêetextatus adulter ?
79 Si natura negat , facit indignalio versum ,
80 Qualemcunque polesl : qualeis ego , vel Cluvienus.
SI Ex quo Deucalion nimbis toUentibus œquor
82 Navigio moiitem ascendil , sorteisque poposcil ,
83 Paullatimque anima caluerunt mollia saxa ,
84 Et maribus nudas ostendit Pyrrha puellas :
85 Quidquid agunt homines , votum , timor, ira, voluptas ,
86 Gaudia, discursus , nostri est farrago libelli.
87 El quando uberior vitiorum copia? quando
88 Major amrilix patuil sinus? aléa quando
89 Hos animos ? neque enim loculis comitantibus itur
90 Ad casum tahulx , posita sed ludilur arca.
91 Prwlia quanta illic dispensalore videbis
92 Armigero! simplexne furor sestertia cenlum
93 Perdere , et horrenli tunicam non redderc servo ?
94 Quis tolidem erexit villas? quis fercula septem
95 Secreto cenavit avus ? nunc sportula primo
96 Limine parva sedet , turbx rapienda togatse.
97 Ille tamen faciem prius inspicit ; et trépidai , ne
98 Suppositus venias , ac falso nomine poscas.
99 Agnitus accipies , iubet à prsecone vocari
100 Ipsos Trojugenas nam vexant limen et ipsi
101 Nobiscum da Prœtori , da deinde Tribuno.
102 Sed libertinus prier est, prior inqiiit , ego adsum.
103 Cur timeam ? dubitemne locum defendere ? quamvis
104 Nattis ad Euphratem , molles quod in aurc fenestrx
105 Arguerint , licet ipse neyem? sed quinque tabernw
io« Quadringenta parant, quid confert purpura major
107 Optandam, si Laurenti custodit in agro
108 Conductas Corvinus oveis ? ego possidco plus
lo'.i P allante , et Licinis. cxspectent ergo trihuni :
110 Vincant divitix : sacro nec cédai honori ,
111 Nuper in hanc urhem pedibus qui venerat albis :
H'i Quandoquidcm inter nos sanclissima divitiarum
113 Majestas ; etsi fiinesta pecunia templo
114 Nondum habitas, nullas nummorum ereximus aras ,
lift Ut colitur pax, atque fides , Victoria , virtus,
iiti Quwque salutatio crépitât Concordia nido.
117 Sed cum sumnius honos finilo computet anno ,
118 Sportula quid referai , quantum rationibns addat :
IV.) Quid facient comités , qiiibus hinc toga., calceus liinc est,
120 Et panis , fumusque domi ? densissima centum
121 Quadrantes Icctica petit , sequiturque maritum
122 Languida, vel pt\i'gnans , et circumducitur uxor.
123 Hic petit absenti, notajam callidus arts,
124 Ostendens vacuam, et clausam pro conjuge sellani.
125 Gallam.ea est, inquit. citius dimitte. moraris?
i2(i Profer Galla caput, noli vexare , quiescit.
127 Ipse dies pulcro distinguitur ordine rerum
128 Sportula , deinde forum, jurisque peritus Apollo ,
129 Atque triumphales .^ inter quas ausus habere
180 Nescio quis titulos Acgyptius , atque Arabarches :
131 Cujus ad efflgiem non tantum mejere fas est.
132 Vestibulis abeunt veteres , lassique clientes,
133 Votaque dcponunt , quanquam longissima, cenœ ,
134 Spes homini. caulis miseris , atque ignis emendus.
135 Optima silvarum interea , pélagique vorabit
13G Rcx horum , vacuisque loris tantum ipse jacebil.
137 Nam de tôt pulcris, et latis orbibus , et tam
138 Antiquis, una comedunt patrinionia mensa.
139 Nulius jam parasitus erit. sed quis feret istas
140 Luxurise sordes ? quanta est gula , qux sibis lotos
141 Ponit apros , animal prnpter convivia natum !
142 Pœna tamen prwsens , cuni tu deponis amiclus /
143 Turgidus , et cnidum pavonem in balnea portas .
144 Hinc subilx mortes , atqiie intestata senectus.
145 It nova , nec tristis per cunctas fabula cenas :
146 Bucitur iratis plaudendum fiinus amicis .
147 Nil erit ulterius , quod nostris moribus addat
148 Posteritas : eadem cupient , facientque minores.
149 Omne in prascipiti vitium stetit . utere velis :
150 Totos pande sinus dicas heic forsitan , unde
151 Ingcnium par materix ? unde illa priorwn
152 Scribendi quodcunque aninio flagrante liberct
153 Simplicitas , cujus non audeo dicere nomen ?
154 Quid refert diclis ignoscat Mucius , an non ?
155 Pone Tigillinuin , teda lucebis in illa .^
156 Qua s tantes ardent , qui fixo gutture fumant ,
157 Et latum média sulcum diducit arena.
158 Qui dédit ergo tribus patruis aconila ; veltaiur
159 Pensilibus plumis , atque illinc despiciet nos :
160 Cum veniet contra , digito compesce labellum :
161 Accusator erit , qui verbuni dixerit, hic est,
162 Securus licet Aenean , Rutilumque ferocem
163 Committas : nulli gravis est perculsus Achilles ,
164 Aut multum qusesitus Hylas , urnamque secutus .
165 Ense velut stricto, quoties Lucilius ardens
166 Infremuit , rubet auditor cui frigida mens est
167 Criminibiis , tacita sudant prxcordia culpa.
168 Inde irx, et lacrgmx. tecuin prias ergo voluta
169 Hxc , animo ante tubas : galeatum sero duelli
170 Pœnilet. experiar, quid concedatur in illos,
171 Quorum Flaminia Icgitur cinis , atque Latina.
SATYRE I"
SUIET.
luuenal fait voir dans cette satyre qu'il a vécu long tems
sans écrire, qu'il ne peut se résoudre a traiter des vains
suiets corne les autres poètes , et que s'il écrit des satyres il
ne s'en faut prendre qu'aux desordres de Rome que l'on
ne peut conoitre sans les condamner.
Theseide Codri (vers 2). — Codrus êtoit un méchant
poète qui fit une tragédie de Thésée , il parle encore de ce
poète dans la satire 3".
Togatas ( vers 3 ). — Comédies qui s'apeloiut ainsy parce-
qu'elles se representoint auecles habits des Romains , celles
qui se representoint aucc les manteaux des Grecs s'apeloiut
PalUatse. Il y en auoit de quatre sortes : 1° Prœtextatas :
c'êtoint des comédies semblables aux tragédies , elles repre-
sentoint des Empereurs, des Roys et des capitaines, qui
traitoint des affaires de la republique , elles ont prins leur
nom de la robe apelée prxtexta dont on se seruoit dans
les représentations , ou bien du mélange qui s'y faisoit des
actions des Empereurs auec celles des magistrats ; 2° Taber-
narise : elles ont pris leur nom de la bassesse des
persones représentées et du suiet; Taherna signifie une
cabane dont l'habitant s'apele Tabernarius , et la comédie
représentée par des semblables gens : Tabernaria
3° Attcllanx : la ville d'AttcUa l'eut la 1"' qui prit des
suiets pour diuertir les gens a la manière des fables
satyriques des Grecs , en donant comencement a ces
comédies cette ville leur dona son nom 4° Planipedae :
dont les acteurs êtoint nuds pieds, et ou les persones
représentées êtoint de basse extraction.
Elegos (vers 4). — Ce sont des vers inégaux, un de six
mesures ou hexamètre, l'autre de cinq ou pentamètre ; ces
vers feurent inuentés pour plaindre la mort des persones
que l'on aymoit ; on s'en seruit en suite a décrire les peynes
que l'amour causoit , ces vers n'ayant toùiours que la
tristesse pour obiet, ils retinrent le nom que la compassion
leur auoit doné Xeto i'ay compassion , c'est a cause de cela
que Sapho l'apele olegi flebile carmen.
Ingens Telep/ms (vers 4 et 5). — C'est une tragédie de
Telephe qui feut fils d'Hercule et d'Auges. Il feut fort aymé
de Teutrante Roy de Mysic qui le choisit pour son succes-
seur a l'empire. Durant la guerre de Troye , il voulut
éloigner les Grecs de la Mysie , ce qui lui attira une blessure
par Achyllo ; il feut consulter l'oracle sur la playe , et l'oracle
luy dit qu'il ne gucriroit iamais s'il n'ètoit frappé une
2" fois par le même qui l'auoit blessé , il s'en feut trouuer
Achylle qui le guérit en effet par les mêmes armes qui
luy âuoint causé la playe , il en tira un peu de raclure ,
dont il fit un emplâtre qu'il luy appliqua a la cuisse, aiusy
il receut le mal et la guerison du môme endroit , c'est sur
ce Thelephe qu'on a fait une comédie intitulée Telephe.
Orestes (vers 6). — C'est une tragédie d'Oreste, il êtoit
fils d'Agamennon Roy de Mycene ; Cly-temnostre êtoit sa
mère, ayant sceu que son père après le retour de la guerre
de Troye auoit été tue par sa mère et par Egyste son
— 9 —
gaiand, etquils auoint des méchants desseins contre luy
même, il sceut si Lien prendre son tems qu'il les tua, cette
mort causa tant de trouble dans son esprit qu'il en deuint
furieux, il luy semhloit que Glytemnestre sa mère le pour-
suiuoit continuelement auec des torches allumées a la
main. Pylade si célèbre par l'amitié mutuelle qu'il auoit
pour Oreste , luy conseilla de se réfugier dans le temple
d'Apollon, il suiuit ce conseil, mais lors qu'il voulut en
sortir, les 3 furies , Alecto , Megera , Tysiphone se présen-
tèrent a luy , il s^en deliura enfin , et s'en ala dans la
Taurique, ou Iphigenie sa sœur êtoit près tresse de Diane,
il enleuale palladium, et s'enfuit auec sa sœur dans l'Italie.
Néron l'empereur déclama cette tragédie sur le théâtre,
elle est intitulée Oreste parcequ'Oreste en est le héros,
par la même raison qu'on apelle auiourduy une des plus
belles tragédies de notre théâtre Mytridate, parceque
Mytridate en est le héros.
Lucus Martis{\evs 7 et 8). — C'est a dire l'hystoire de
l'origine de Rome, car Rea Syluia vestale de Rome se
trouuant enceinte, feut enfermée par son oncle Amulius
dans une maison qui se trouuoit dans cette forest ou elle
enfanta Romulus et Rhemus, qu'elle dit auoir conçu du
dieu Mars, c'est sans doute la raison qui fît consacrer ce
bois a ce dieu ; il êtoit dans la voye Appia.
Lucus Martis. — Le sens est
Il y a dit luuenal un si grand nombre des poètes qui
me recitent leurs ouurages qu'il n'est personc qui scache
mieux les fables que moy ; il marque par la la multitude des
poètes, et fait voir a même tems qu'il peut bien écrire
puisqu'il y en a tant qui ecryuent et qui apparement ne
sont pas tous des fort habiles gens.
£■/, /Eoliis vicimtin rupibus antrmn Vulcani (vers 8 et 9).
— L'antre de Vulcain est le mont Elhna (jui luy êtoit
consacré , les payens creurent que le feu êtoit une diuinité
qu'ils apelerent Vulcain et corne le mont Ethna dans la
Sicile vomit des fiâmes , ils creurent que c'êtoit le seiour
de ce dieu , les poètes ont dit que les liâmes qui en sortent
sont le soufle de la bouche de Vulcaiai. Cette montaigne est
voisine des Isles Eolienes remplyes de rochers , on les
apele Ephestiœ , ou Vulcaniœ , a cause de la comunicatiou
qu'on croyoit que le dieu du feu eut auec ces Isles, parce-
qu'en effet le feu du mont Ethna y passe par des petits
canaux , elles sont 7 : Liparis , Niera , Strongilé , Dydimé ,
Eriphusa , Euonimos , Phgenicusa.
Eole en êtoit le Roy dans le tems d'Ilion ou de Troye,
c'est luy qui leur doua ce nom, luuenal dit donc qu'il
n'est persone qui conoisse sa maison, aussy bien qu'il
conoit le mont Ethna et les fiâmes qui en sortent, a cause
des descriptions continueles qu'il entend reciter ; on peut
doner un autre sens a cela : il y a quelques autheurs qui
disent qu'il y auoit a Rome 3 fameuses cauernes, celle du
Gyclope , celle de Vulcain , et celle de Gacus , c'êtoint trois
endroits ou les poètes auoint accoutumé de reciter leurs
ouurages, luuenal aloit les entendre sonnent et conoissoit
de cette manière les lieux de déclamation.
Quas torqueat umbras Macus (vers 11 et 10). — Les
murailles de Fronton retentissent des descriptions de l'Enfer
et des peynes des malheureux. Eacus êtoit iuge dans les
Enfers auec Minos et Radamanthe , ces deux derniers
êtoint d'Asie, et ne iugeoint a cause de cela que les Asia-
tiques , le premier êtoit d'Europe et iugeoit les Européens ,
ces 3 iuges auoint été des Roys fort iusles , leur Equité
— 11 —
lit croire au peliple qu'ils iugeroiut daus les Enfers parce-
qu'ils auoint Lien iugé sur la terre.
Undealius furtiiiœ deuehat aurum Peliiculae (vers 10 et
11). — C'est l'expédition des Argonautes par lason, il êtoit
fils d'Alcimede et d'Eson roy de Thessalie qui se trouuant
cassé de vieillesse dona le gouuernement de son royaume
a Pelias son frerc qui se trouua trop bien de sa courone
pour ne tacher pas de sel'asseurer; il persuada a lason qu'il
acquerroit beaucoup de gloire s'il aloit h Colchos enleuer la
Toison d'or; lason ne pénétrant pas le dessein de son oncle
ne songea plus qu'a préparer une tlote qui feut apelée des
Argonautes, parcequ Argus dont la prudence a fait dire
qu'il auoit 100 yeux en êtoit le gouuerneur ou parceque
la plus part de ces gens la êtoint de la vilJc d'Argos. Cette
toison d'or êtoit la peau d'un mouton sur lequel Pbryxus
fils d'Atamas s'en êtoit enfuy auec sa sœur Helle pour
s'éloigner d'Inus leur marâtre qui les maltraitoit conti-
nuelement , ce mouton étant arriué au Pont qui est un
bras de mer s'y ietta pour passer a la nage ceux qu'il
portoit , mais Helle, ayant eu peur des vagues , s'étourdit et
y tomba dedans, cette mer s'apele depuis ce tems la
l'Hellespont. Phryxus ayant eu un meilleur sort , s'en ala
ches iEtas Roy de Colchos , il en feut extrêmement bien
reçeu , pour en remercier les Dieux il consacra son bélier a
lupiter et a Mars qui l'enleuerent parmy les astres , Phryxus
appendit la toison d'or a un arbre dans une foret consacrée
au dieu Mars ou l'on mit des taureaux qui voomissoint des
fiâmes et un dragon qui ne dormoit iamais pour garder
cette toison. lason arriué a Colchos feut demander la toison
au Roy qui y consentit a condition qu'il dompteroit les tau-
reaux, et qu'il tueroit le dragon dont il semeroit les dents, et
— \-2 —
dcl'airoit l'armce qui en uaistroil , lason accepta cette dange-
reuse condition, ou il auroit péri immancahlement sans le
secours de Medée fille du Roy magicienne, elle n'eut pas
plutôt veu lason qu'elle en deuint amoureuse , et ne songea
qu'a le sauuer, son art magique ne luy feut pas inutile,
elle en tira des moyens qu'elle dona a lason pour venir a
bout des taureaux et du dragon , ces moyens feurcnl
heureux et ce prince se vit bientôt on possession de la toison ,
aussy bien que de Medée qu'il enleua sans beaucoup de
peyne ; ces deux amants n^ayant plus rien a souhaiter dans
la Golchyde partirent' promptement , le Roy auerti de ce
départ , les suiuit deprés , mais il feut retardé a ramasser
les membres de son fils Absyrte que Medée auoit mis en
pièces et qu'elle dispersoit a dessein. lason arriua glorieu-
sement a Argos , il trouua son père extrêmement vieux ,
Medée le rajeunit auec des herbes , les filles de Relias char-
mées de ce prodige , creurent rendre le même scruice a leur
père , elles le mirent en pièces a l'exemple de Medée qui
auoit fait le même du père de lason , mais le succès
feut tout différent car tous les remèdes de ces filles ne
peureut faire reuiure Relias; le seruice de Medée n'empêcha
pas que lason ne se dégoûtât d'elle, il la quitta pour
épouser Creuse fille de Greon Roy de Gorynthe , Medée se
vengea de ce mépris en étranglant aux yeux de lason deux
garçons qu'elle en auoit eu , sa vengeance ne feut pas
neagmoints satisfaite , pour la mieux continuer , elle fit
semblant d'être apaisée , et pour en douer des marques elle
cnuoya une belle robe qu'elle auoit a Creuse , qui ne s'en
feut pas plutôt parée qu'elle et tout le palais feut réduit en
cendres par l'enchantement de cette robe fatale.
Quankis jaculetur Monychus ornos (vers 11). —
_ 13 —
Monychus est un des centaures qui combatirent contre
les Lapythes peuples de Thessalie. Pyrithous épousant
Hyppodamie inuita tous les dieux aux nopçes, excepté
Mars qu'il refusa qui feut fâché de cette distinction, et se
vengea en enuoyant a ce repas les Centaures qui eurent
bruit auec les Lapythes , ils y feurent même vaincus. Mony-
chus vient du mot grec (xovo'ç solus et de ovu^ unguis, parce-
qu'ils n'auoint qu'une ongle corne les chenaux auxquels
ils ressembloint de la ceinture en bas , du reste ils ressem-
bloint a l'home.
Frontonis platani (vers 12). — G'êtoit la maison
d'Horace , elle êtoit très belle , et les poètes y aloint reciter
leurs ouurages.
Platani (vers 12). — G'êtoit un arbre extrêmement
beau à cause de la quantité des feuilles qui le couuroint
et qui faisomt un ombrage merueilleux, on l'arrosoit auec
du vin , ayant remarqué que l'arbre s'en portoit beaucoup
mieux. Il faut entendre par cet arbre le luxe et la magni-
ficence de Fronton.
Eœpectes eadem (vers 14). — C'est la première raison
qui le détermine a écrire des satyres, de voir que les igno-
rants se mêlent d'écrire auec autant de hardiesse que les
scauants.
Et nos ergo manv/m (vers 15). — Le sens coupé exprime
bien l'indignation que le poète a de voir que tout le monde
ecript pendant qu'il ne fait rien; le sens de ce vers qui
partage asses les autheurs est, quoy ay ie donc quitté les
Ecoles , ay ie apris la Rhétorique pour ne rien faire.
Consilium dedimus Syllx (vers 16). — luuenal montre
par la qu'il aprit l'art de persuader , et que dans le tems
qu'il l'aprenoit il fit plusieurs oraisons pour s'exercer, il
en lit une ou il couseilloil a Sylla île quitler la dictalure,
pour goultM- le repos qui ne se trouue guère dans Tembarras
que done une charge -considérable. Sylla feut cboisy des
Romains pour comander l'armée qu'ils enuoyoint a l'Hel-
lespont contre Mythridate, il ne feut pas plutôt party que
les Romains mirent Marins a sa place , Sylla reuint a la bâte
pour venger cet affront , et ayant trouué Marins a la porte
Colline auec plus de 70000 homes, il les mit tous en pièces,
et entrant dans la ville il en trouua 4000 qui n'êtoint pas
armés et a qui neagmoints il ne fit pas plus de quartier
qu'aux autres, il porta un arrêt pour faire mourir les
principaux de Rome , il fit un rolle qui en contenoit deux
mille tous des gens choisys qu'il condamuoit a mort ou
au banissement ; son esprit feut si fort agité pendant les
troubles qu'il en tomba malade a Puteoles après auoir quitté
la dictature, sa maladie êtoit pediculaire, il tachoit de la
dissimuler par un someil feint, auquel luuenal semble
faire allusion.
Cur tamen hoc poîius (vers 19). — Il done des raisons
pourquoy il ecript des satyres plutôt que tout autre
chose.
Auruncœ magnus alumnus (vers 20). — C'est une
périphrase pour exprimer Lucile qui êtoit d'Arunce ville
des Rhntuliens , il a été le premier des Latins qui a ecript
des satyres.
Quum tener uxorem (vers 22). — C'est une des raisons
qui le portent a écrire des satyres, il fait voir encore d'autres
suiets, ce qui l'engage a faire une seuere censure des
desordres de Rome, corne s'il ne parloit etî'ectiuemcnt que
pour se mètre a couuert luy môme du reproche que l'on
mérite quand on se porte a condamner les autres plutôt
par le chagrin et la malice d'un esprit, mal t'ait ([ue par
une cause raysonable.
Ducat spado (vers 22). — C'est une indignation contre
l'impudicité des femes qui epousoint leurs galands pour les
mètre à couuert des peynes imposées par une Loy que
Domitien auoit fait contre eux, parmy ces galands il y
en auoit d'eunuques qu'elles epousoint aussy bien que les
autres, luuenal se mocque a même teras de cette Loy
qu'on auoit trouué moyen d'éluder.
Mœuia Tuscicm (vers 22). — C'est une autre indignation
contre l'impudence des femes qui aloint a la chasse du tems
de Domitien, et qui se meloint dans les combats de théâtre.
Mseuia est le nom d'une courtisane , et marque toutes les
femes impudentes.
Patricios omnes... unus... (vers 24). — Le poète parle
de Cynamus qu'il auait conu barbier, et qui feut extrême-
ment aymé d'une feme dont il récent des presens suffisa-
ment pour auoir de quoy être cheualier, il feut a la fin
condamné a l'exil.
Patricios (vers 24). — Les gens de la l""" qualité qui
decendoint des Sénateurs apelés Patres par Romulus qui
après auoir fondé Rome choisit les cent principaux habi-
tants pour prendre soin de la republique, on eut tant du
respect pour ces sénateurs, et ces Employs deuindrent si
honorables que les Roys voulurent y être admis , on les
apela Patres Conscripti parcequils êtoint ecripts auec les
autres, ce nom passa aux Sénateurs même dont les Enfants
feurent apelés Patricii.
Cri/spinus (vers 27). — Gryspin êtoit un ^^gyptien qui
s'acquit les bones grâces de Domitien, il êtoit de basse
extraction de laquelle il s'eleua a Fhonneur de Cheualier,
— Ifi —
luuenal le maltraite sonnent corne a la sat. 4*' : Ecce
iterum Crijsp. cet.
Canopi ( vers 26). — Ganope est nne ville d'Egypte qui a
pris le nom de Ganope gouuernenr de Menelaus qui y
feut enseuely.
Numéro reuocante lacernas (vers 27). — Reietant son
manteau sur les épaules ; il marque deux choses par la ,
le luxe d'être vctu d'ecarlate et la délicatesse de Gryspin de
craindre d'être incommodé de la chaleur.
Tyrias (vers 27). — De pourpre. Tyr est une ville de
Phœnicie, elle est célèbre par des poissons qu'elle a dont
le sang sert a teindre la pourpre.
Lacerna (vers 27 ). — Casaque contre le froid et lapluye.
Aurum œstiuum (vers 28). — Des bagues pour l'été;
le luxe des Romains êtoit venu iusques la qu'ils auoint des
bagues pour l'iiyner et des plus légères pour l'été.
Mathonis (vers 32). — Mathon êtoit un Auocat qui s'en-
richit par ses crimes.
Noua (vers 32). — Nouuelle ; le mot marque que Mathon
êtoit riche depuis peu , et qu'auparauant il êtoit panure.
Delator (vers 33). — Le dénonciateur; il parle de
Marcus Regulus qui tacha de faire périr beaucoup des gens
de qualité par les rapports qu'il faisoit a Domitien.
Magni amici (vers 33). — G'est a dire de l'empereur
dont il apele ailleurs l'amitié magna aniicitia.
In quorum facie misera; tnagnxque sedebat
Pallor amicitix.
Il montre par la que les amys même de l'empereur
n'êtoiut pas a couuert des dénonciations.
Quem Carus , quem Massa timet (vers 35 et 36). — Il
reprend particulièrement la coutume de déférer a l'empereur
— 17 —
ceux que 1 on vouloit perdre , Domitien prenoit tant de
plaisir a entendre les rapports que persone n'êtoit en
seureté. Massa les craint, Carus les preuient en donant des
presants aux plus insignes délateurs, Latinus en est eflrayé
et il cherche sa seureté en donant sa feme Thymele a l'Em-
pereur , on croiroit peutêtre que ce sont les noms des plus
illustres de la Republique que leur dignité ne scauroit
mètre a couuert , cependant Massa êtoit le fou de Domi-
tien ; Carus et Latinus êtoint deux comédiens ; c^est ainsy
qu'il se mocque du pouuoir qu'ils auoint auprès de l'em-
pereur.
Quem Massa timet (vers 35). — Massa qui fait le métier
d'accusateur auprès de Domitien^ aprehande quelque autre
accusateur qui luy fasse perdre son crédit et tout cela a
cause du plaisir que Domitien prenoit a ouir faire des rap-
ports, même de ses plus grands fauoris.
Ci(/m te summoueant (vers 37). — Il y auoit des gens
qui faisoint la cour a des vieilles , leur amour êtoit recom-
pensé par des testaments qu'elles faisoint en leur faueur,
c'est le segond motif qui porte luuenal a écrire des satyres.
Cum te summoueant (vers 37). — Lors que ceux qui
n'ont des successions que par des moiens infâmes, en
éloignent ceux a qui seuls elles appartienent.
Unciolam Proculeius habet (vers 40). — Les Romains
diuisoint leur patrimoine en 12 parties, le tout s'apeloit
Vas, assis , sol, quand on faisoit quelqu'un héritier de tous
ses biens on se seruoit du terme, Eœ asse hœres esto, c'est
a dire ex toto. Le sol est diuisé en 12 parties, sextans qui
en est la 6^ partie, quadrans qui en est la 4% triens qui
en est la 3^.
Gillo Prooukius '^^vers 40). — Le premier êtoit fort
— 18 —
vigoureux en amour, le segoud ne l'ètoil .^ueres, c'est par
ce seul eudroil {|u'on les conoit auiourihiy.
Eu hic jmlleat (vers 42 et 43). — La pâleur de ces
galands venoit ou du comercc trop souueut réitéré ou do
l'attente de la recompense que la crainte inséparable de la
pâleur accompagne ordinairement.
Ad arani Lugdunensem (vers 44). — A l'autel de Lyon.
Galigula institua des ieux a Lyon ou l'on iaisoit une dispute
deloquence en grec et en latin, les vaincus êtoint obligés
de doner des prix aux vainqueurs et de faire leur éloge ,
et ceux qui reussissoint extrêmement mal etiaçoint leur
discours auec une éponge ou auec leur langue, autrement
on les iettoit dans le Rhône, ce qui faisoit que ceux qui
entroint en dispute palissoint dans l'incertitude du succès.
Quid referam (vers 45). — Le S" motif du poêle sont les
vols qu'on faisoit sur les pupilles et sur les prouinçes, ou ne
scait pas de qui luuenal veut parler , il ne parle pas neag-
moints en gênerai car le mot hic fait asses voir que celuy
qu'il entend êtoit conu de tout le monde.
Premat populum (vers 46). — Qu'il embarrasse le
peuple, c'est principalement ce qui irrite le poète de voir
que le voleur ne se sert des de])Ouilles d'un pauurc pupille
que pour le luxe.
At hic damnalus Mariusinani iudicio (vers 47 et 48). —
Mais Marins condamné par un iugement inutile; ce Marins
êtoit venu d'Espagne a Rome, ou il feut fait proconsul
pour la prouince d'Affri([ue, pendant le tems qu'il y resta
il lit des voleries extraordinaires. Les Affricains s'en plai-
gnirent a la fin, et Gornutus TertuUus qui êtoit considé-
rable dans Rome condamna Marins a mètre au trésor public
70000 sesterces et a être bany de Rome, et de l'Italie.
— 19 —
Marius neagmoints aiioit pillé tant des richesses qu'il luy
en resta asses pour se bien diuertir. luuenal marque en
cet endroit deux choses, l'auarice des Romains qui mirent
dans le trésor de l'épargne ce ({u'ils deuoint rendre a la
prouince d'Aiirique , il marque aussy Te-xcés des voleries
de Marius qui rendit inutile le iugement puis qu'il n'en
lent guère moins a son aise.
Quid enim saluis infamia nummis (vers 48). — Quel
mal fait l'infamie pourueuque l'on garde son bien; c'est
pour preuenir ceux qui pourroint luy dire que la condam-
nation de Marius n'étoit pas inutile puis qu'elle l'a diffamé,
a quoy il respond par auance que l'infamie ne fait pas grand
mal a des certaines gens qui sont trop contents s'ils peuuent
conseruer leur bien , cette morale fait voir que la mauuaise
réputation n'est pas capable de retenir les méchants dans
leur penchant.
Fruitur cliis iratis (vers 49 et 50). — Celuy la est dit
frui diis iratis qui malgré ses crimes ne laisse pas de se
diuertir, sans ressentir les effets de la colère des dieux.
Marius donc quoyqu'enemy des dieux ne laissoit pas de
passer sa vie ioyeusement. lunon se plaint dans Seneque
qu'Hercule se mocque de sa colère. Superat et crescit malis
iraque mea fruitur , in laudes suas mea vertit odia.
Prouincia victriœ (vers 50). — La prouince d'Affrique
est victorieuse parcequ'elle o])tint la condamnation de Marius
sans obtenir neagmoints le bien quHl luy auoit enleué,
c'est pour cela qu'elle se plaint, plorat.
Venusina digna lucerna (vers 51). — Venusina lucerna,
c'est a dire les vers d'Horace qui êtoit de Venuse. luuenal
apele les vers d'Horace lucerna lumière parceque Horace
a fait des satyres dans lesquelles il semble qu'un poète se
— -20 —
serue d une lumière pour ilecouurir les vices des homes.
Le sens de ces mots est : quoy ne croyray ie point que les
desordres de mon siècle sont dignes des satyres d'Horace
qui a reprins auec autant de délicatesse que de force les
deffauts de son tenis.
Heracleas [vers, 52). — Les trauaux d'Hercule, et les
fables qu'on a faites. Hercule se dit en grec Hpax»,? composé
de Hpdc lunon xXsoç gloire , la gloire de lunon qui feut cause
qu'Hercule se rendit si illustre par les difficultés qu elle luy
opposa, de ce mot composé on a fait Heracleas qui signifie
les trauaux d'Hercule.
Aut Diomedeas (vers 53). — Les fables qu'on a inuentées
touchant Diomcde et ses compagnons. Diomede êtoit fils
de Tydée et de Deiphile Roy d'Etholie , il se trouua au siège
de Troyeou il blessa Venus a la main lors (ju'elle tachoil de
doner du secours a son fils JEnée ; cette déesse voulut s'en
venger et rendit Egyale feme de Diomede ex traord inaire -
ment amoureuse de Sthcnele que. Diomede auait laissé dans
sa maison pour prendre soin de ses affaires, il en prit telle-
ment soin que la feme même s'en ressentit et s'accordèrent
si bien que le pauure mary étant reuenu du siège de Troye
ils ne voulurent pas le receuoir, la honte le chassa de son
pays et le fit aler ches Daunis Roy de la Fouille ou il bâtit
Arpos et Renouent , ensuite il s'en ala nauiger dans les
Isles qui sont dans la Moditleranée, il y périt auec ses com-
paignons , on creut que la déesse Pallas les auoit changés
en oyseaux qu'on apela Diomcdav.
Aut mugitum Labyrinthi (vers 53). — C'est a dire la
fable de Thésée. Androgéc fils de Minos Roy de Crète
aymoit extrêmement la Incte , et come Athènes êtoit l'en-
droit du monde le plus propre pour ce plaisir, il y vint dans
— si-
lo tems qu'Egée en êtoit Roy , on eprouua bientôt l'adresse
de cet étranger qui venoit aisément a bout de tous les
athlètes, le succès luy attira l'amitié des fils de Pallante qui
étoit une famille fort puissante dans Athènes. Egée apreanda
de cette amitié cjue si Androgée donoit du secours a ses amys
on ne le chassât du royaume, cette crainte luy tit prendre
des desseins qui coûtèrent la vie au panure Androgée. Minos
n'en feut pas plutôt informé qu'il déclara une cruele guerre
aux Athéniens qu'il vainquit. Apres cette victoire il leur
ordona de tirer au sort 7 garçons et autant des filles pour
douer tous les ans au Minotaure pendant qu'il viuroit, le
sort tomba malheureusement sur Thésée iils d'Egée, il
l'enuoya donc a Crète , mais auant de partir son père luy
comanda que si quelque dieu luy faisoit la grâce de
reuenir de melre dabort des voyles blanches a la place des
noires qui marquoint la tristesse du voyage de Thésée.
Thésée par le secours d'Ariadne fille de Minos euita la
Minotaure . il enleua A.riadne qu'il laissa ensuite dans une
Islc, et reuint chez luy sans mètre les voyles blanches par
un oubly que sa précipitation ou le plaisir d'être hors de
péril luy auoit causé , son père ayant aperceu de fort loin
les nauires auec leurs voyles noires se ietta dans la mer et
luy doua le nom d'Egée par sa mort.
Lahyrinthi (vers 53). — Le labyrinthe étoit un bâtiment
auec tant de détours et des tours qu'il êtoit fort difiîcile d'en
sortir lors qu'une foix on y êtoit entré. Dédale qui êtoit
un ouurier fort habile en bâtit un dans la Crète pour le
Roy Minos , il y en a eu 4 fort célèbres, celuy d'Egypte,
celuy de Crète , celuy de Lemnos , et un dans l'Italie.
Et mare percussum puero (vers 54). — C'est la fable de
Dédale et de son fils Icare. Dédale êtoit d'Athènes fils de
Mition , il ètoit fort cclel)re archylecte et iiij^enieux dans tout
ce qu'il entreprenoit , il fit quelque l'auto qui obligea les
iugcs de l'aréopage de le banir. C'est qu'il eleuoit Talus
fils de sa sœur, qui par une force d'esprit extraordinaire
inuenta la roue a faire des pots, et ayant veu les dents d'un
serpent il prit un morceau do bois auec quoy il imita
l'arrengement de ses dents et iuuenta de cette manière la
scie. Dédale se voyant surpassé par ce ieune home en
conceut une grande enuic qui le porta enfin a le luer,
étant obligé de quitter sa patrie, il s'en vint ches Minos ,
roy de Crète dont il fout bien recou a cause des belles
qualités qu'il auoit: il faillit a être trop habile, car
Pasiphae étant deuenue amoureuse d'un taureau, il luy
dona le moyen d'en iouir en la metant dans une vache de
bois qui imitoit si fort le naturel que le taureau y fut
trompé , le Minotaure nacquit de ces amours monstrueuses.
Minos informé de tout , et du seruice que Dédale auoit rendu
a Pasiphae le fit enfermer dans le labyrinthe auec son fils
Icare, il trouua le moyen d'en sortir auec des aisles qu'il fit
pour tous deux, ils prirent l'essor, mais Icare alant un peu
trop haut s'aprocha tant du soleil que la cire de ses aisles
en feut fondue , il tomba dans la mer apelée Icariene
depuis sa cheute , c'est par cest enfant qu'elle feut frapée,
percussuon mare j^uero .
Fabrumque volanfem (vers 54). — C'est Dédale; tout ce
qui a été dit iusqu'icy sur Dédale est fabuleux ; ce qu'il y
a de véritable c'est que Dédale et Icare inuenterent la uaui-
gation et que le dernier y périt.
Ciom leno ( vers 55 ) . — Le sens est : quoy ie m'iray auiser
de décrire les fables lors que ie puis reprendre tant de desor-
dres, como de voir qu'unmary vent les plaisirs de sa feme.
Si capiendi ms nullum icxori (vers 55 et 56). — Domi-
tien ayant veu qu'il naissoit beaucoup de desordres des co-
merces amoureux, et que beaucoup des galands priuoint
leurs entants de leur bien pour le doner a leurs maîtresses ,
fit une loy qui deffendoit aux courtisanes de prendre les
héritages de leurs galands; on se mocqua de cette loy et on
trouua moyen de contenter les femes en douant le Ijien
aux marys.
Naso vigilcmti (vers 57). — faisant semblant de dormir,
et ronflant , alin de doner le tems aux galands de sa feme
do la caresser; cette infâme prostitution fait voir a quels
excès l'intheret porte les auares.
Qui bona donauil' (vers 59). — Il semble designer
Cornélius Fuscus qui seruit de cocher a Néron lors qu'il
êtoit fort ieune , cest Empereur prenoit plaisir a conduire le
carrosse luy même , les persones de la 1 ''^ qualité pour faire
leur cour faisoint la même chose; ce Cornélius feut préfet
d'une cohorte sous Domitien , il combatit contre les Daces
et mourut dans ce combat, c'est ce que luuenal dit
ailleurs.
El qui vuU'Uribus seruabal viscera Bacis
Fuscus inarmofca lacdicatus prielia villa.
Cohortis (vers 58). — C'est la dixième partie d'une
légion.
Dum peruolat (vers 60). — Le sens est que Fuscus a
mangé le bien de ses ayeux lors que pour plaire a Néron il
faisoit l'office de cocher.
Flaminiam (vers 61). — C'est une rue que Caius
Flaminius collègue de Lepidus fit bâtir de Rome iusqu'a
Arimini après qu'il eut vaincu les Liguriens.
Puer Autoînedon (vers 61). — C'est a dire Fuscus.
Auiomedon feut fils de Diorée et cocher d'Achille , les poètes
douent le nom d'Automedon a tous les cochers.
Quum se iactaret (vers 62). — C'est a dire lors que
Néron accompagnoit Sporus et le caressoit conac s'il auoit
été une fille; iactare se alicui , c'est se douer a quelqu'un,
s'insinuer dans ses bones grâces ou attirer le cœur ou les
yeux de ce que l'on ayme.
Amicae lacernatx (vers 62). — C'est Sporus que luuenal
traite de maîtresse parceque Néron l'aymant extraordinai-
rement il le fit chastrer pour tacher de le conucrtir en
feme , après quoy il l'épousa dans toutes les cérémonies
d'un véritable mariage; le poète l'apele a/mica lacernata,
c'est a dire maîtresse qui portoit un habit dhome , car
lacerna êtoit un manteau d'ecarlate pour les homes , il se
mocque par la de Ncron, et lui reproche d'auoir une mai-
tresse qui êtoit home.
De Mecsenate supino (vers 66). — Il n'entend point
parler de Mecsenas précisément, la comparaison seroit
odieuse, le charactere de Mecsenas étant bien différent de
celuy dont il parle. Mais il entend parler de son protecteur,
et en un mot de son Mecsenas. Il n'en faut point croire
a Seneque sur le suiet de Mecsenas.
Ceras (vers 63). — Tabletes de cire; les anciens auoint
acoutumé d'écrire sur des tabletes dont les feuilles êtoiut
couuertes de cire , ils auoint même une planche qui en êtoit
couuerte, qu'ils metoint dans leur lit pendant la nuit,
pour y marquer les pensées dont ils n'auroint peu se
ressouuenir pendant le iour.
Eœiguis tobulis (vers 68). — Des testaments courts.
Lors qu'on donoit tout son bien a un home on ne metoit
que très peu des paroles dans le testament.
Matrona (vers 69). — Le poète parle d'Agryppi ne qui fit
mourir par Je poison l'empereur Claude son mary après
qu'il eut adopté Néron fils d^Agryppine ; le poète parle
souuent de ceux qui ne viuent plus, corne il le dit luy
même dan» la tin de cette satyre, et par coneequent il peut
parler d'Agryppine quoyqu'elle ne feut plus. i^i^^lfy*^
Calenum (vers 69). — C'est un vin de la Campagnie
qui prend le nom de Gales qui est une de ses villes.
Rubctam (vers 70). — C'est un poison fait auec le venin
d'un crapaut qui sapele rubeta parcequ'il demeure ordi-
nairement parmy les ronces qu'on apcle en latin rubus.
Locusta (vers 71). — Locusta feut une empoisoneuse
fort célèbre a qui Néron ordona de préparer un poison fort
subtil qu'on doua au panure Britannicus dans un repas ^ il
ne l'eut pas plutôt pris qu'il feut mort.
Rudes propinquas (vers 71 ). — Le poète fait allusion a
Ihystoire qui dit que Néron voulant recompenser Locusta
luy dona beaucoup du bien, et outre cela des disciples a
instruire, come étant une très habile maitresse.
Breuibus Gyaris (vers 73)-. — Gyarus est une petite isle
des Sporades , il prend cette isle pour marquer l'exil des
criminels qu'on enuoyoitdans des petites isles.
Et extantem extra pocula caprwm (vers 76). — Et
le bouc qui est audehors des verres ou des coupes sur les-
quelles on grauoit plusieurs figures et particulièrement
celle du bouc pour faire une espèce de sacryfice a Bacchus ,
car cest animal luy êtoit fort agréable.
Quem patitur (vers 77). — C'est a dire quel poète
peut garder le silence; le poète reprend deux choses dans
ce vers, les beaux pères qui étoint asses débauchés pour
corrompre leurs belles filles, et les belles filles qui êtoiut
— -?a —
asses auarcs pour se laisser gaigiioi- i)ar des présents qu'elles
en receuoint,
Quem sponsx turpes (vers 78). — Quel poète ces épouses
infâmes laissent elles en repos; il parle des mariages qui se
contractoint auec toutes les ccrenionies du mariage entre
deux homes. C'est une chose que Néron lit et beaucoup
d'autres, le poeto dit (ju'il est fort difficile de garder le
silence a la veue d'un tel desordre et c'est auec raison qu'il
traite ces épousées de mariage monstrueux, sponsœ turpes.
Y eut il iamais rien de si abominable.
Quem prxtextatus adulter { vers 7S ). — Quel est le poète
qui peut garder le silence lors qu'il voit qu'un icune home
est adultère auant mêuic iju'il n'ayt quitté la robe puérile
apelée prœtexta. Ce nom lui venoit de ce qu'on la bordoit
de pourpre. Prœtexere signifie border. Tarquinius Priscus
la mit en usage pour les enfants de la T^ qualité, car
faisant la guerre aux Sabins son fils qui n'auoit encore que
14 ans tua leur chef, son père luy doua dabort le coller
et cette robe qui n'êtoit auparauant que pour les magis-
trats; selon l'institution de Tullus Hostilius. le coller
êtoit pour les vainqueurs, les persones de la 1'" qualité
prirent de la occasion de faire poi-tei- a leurs enfants le
colier et la roi)e iusqu'a l'aage de 14 ans.
Quales ego vel Cluuienus (vers 80). — luuenal s'humilie
pour mieux draper Cluuienus qui êtoit un méchant poète,
quand on veut mépriser quelqu'un , on fait semblant de se
mètre de leur nombre.
Ex quo Deucalion, (vers 81). — Dans le toms que Deu-
calion et Pyrrha sa feme regnoint dans la Thessalie il y eut
un déluge uniuersel qui les obligea de chercher un azile
sur le somet des montaignes pour attendre que les eaux
l'eussent écoulées, lors que tout feut a sec ils consultereat
l'oracle sur la réparation du genre humain qui auoit péri ,
l'oracle leur repondit qu'ils prissent les os de leur grand
mère et qu'ils les jettassent en arrière, l'obscurité de cette
reponçe les embarassa quelque tems , mais a la fin Deucalion
fit reflcction que la terre êtoit la mère de toutes choses, et
les pierres êtoint ses os, ils en prirent tous deux, et les
iettânt de la manière que l'oracle leur auoit ordoné, Deu-
calion fit naitre des homes do celles qu'il auoit ietté et
Pyrrha des filles ; la vérité de tout cela c'est que beaucoup
des gens alerent sur Iji montaigne du Parnasse aucc Deu-
calion, la postérité entendant parler de cela creut que ce
Roy leur auoit doné naissance; le sens est... tous les
desordres qu'il y a eu parmy les homes depuis Deucalion
seront la matière de mon liure , il parlera de toute sorte
de vices, et il les reprendra auec aigreur.
Quando maior auaritix patuit sinus (vers 88). — Quand
est ce que le voyle de l'auarice a été plus ouvert. C'est
une métaphore prise d'une voyle de nauire qui ne va iamais
si viste que lors qu'elle est Lien étendue, parce qu'elle prend
plus de vent , cela nous représente fort bien l'auarice , lors
qu'elle a beaucoup de cours.
Aléa quando hos animos (vers 88 et 89)., — Supp.
magis vexauit.
Prœlia quanta ilLic dispensatore videhis armir/ci'o
(vers 91 et 92 ). — Combien de combats verres vous en cet
endroit lors que l'ecuycr aura doné a son maitrc les armes
qu'il luy porte; c'est une métaphore, quand les grands
seigneurs se preparoint pour combattre , leur ecuyer leur
portoit le bouclier, l'epée et tout le reste de leurs armes,
de même quand ils aloint dans des académies pour iouer,
— 28 —
ils faisoint porter à leurs eciiyers tout l'argent qu'ils auoint,
corne l'epée cet. sout les armes dont on se sert a la guerre,
l'argent et l'or sont les armes dont on se sert au ieu.
Sesiertia (vers 92). — Une sesterce est aiquiualente à
mille ecus. Du genre neutre.
Sportula (vers 95). — Sportula est un diminutif de
sporta qui signifie un panier, une corbeille ; cv. mot est icy
prins pour les metz que Ton metoit dans la corbeille, et que
les grands de Rome faisoint doner dans le vestibule de la
maison a leurs clients lors qu'ils ne vouloint pas qu'ils
mangeassent auec eux.
Turke togatae (vers 96). — C'est a dire les clients qui
ôtoint panures; toga êtoit la robe du peuple tant pour les
homes que pour les femes.
lubetvocari Troiugenas (vers 99 et 100). — Celuy qui
distribue les metz fait apeler par les huissiers les gens de
qualité dont la pluspart decendent des Troyens (/ Troi/anis
fjeniti, c'est principalement ce qui irrite le poète de voir
qu'on donc ces metz a d'autres qu'aux pauures pour
lesquels neagmoints on a êtably de faire la charité.
Ille to.men (vers 97). — Celuy qui distribue.
Da Pnrlori [ vers 101 \ — Ce sont les paroles de celuy
qui distribue , il comande qu'on doue au prêteur, il marque
par la l'auarice des Romains, puis que les gens de qualité
aloint a la porte de ceux qui faisoint doner pour en prendre
leur part, un prêteur êtoit celuy qui comandoit quelque
compagnie de guerre, son nom venoit de ce qu'il aloit
deuant, Prœiro aler deuant, Pr.rtor , corne qui diroit
Prœitor.
On apeloit encore prêteur celuy que le Sénat choisissoit
pour rendre iustice dans la ville , et a qui il êtoit permis de
— -29 —
taire des nouuelles ordouances el d'abroger celles qui
êtoint deia laites. Il portoit les marques de souueraineté
come les Consuls a la reserue qu'il u'auoit que six licteurs
deuant luy; on établit ces sortes de iuges, lors que les
guerres étrangères obligèrent les Consuls de sortir de
Rome pour aler comander les armées et on apeloit celuy la
prsetor urbanus.
La puissance de la republique croissant dans Rome de
iour en iour on feut obligé de créer des nouuelles charges
de prêteur, et les étrangers y abondant de toutes parts , on
apela un de ceux lu prxtor peregrinus , parce qu'on l'auoit
créé pour rendre iustice aux étrangers , on en mit ensuite
dans toutes les prouinces de Fcmpire.
Tribiino ( vers 101). — Il y auoit de deux sortes de tribuns,
les tribuns du peuple et les tribuns des soldats, ils êtoint
apelés tribuns , parcequ'on en prenoit 3 de trois tribus
pour les enuoyer dans les armées, ou ils prenoint le soin de
faire faire l'exercice aux soldats, de les punir de leurs fautes
et de tout ce qui pouuoit les regarder, de leur douer leur
solde d'où ils feurent apelés œrarii. Les tribuns du peuple
feurent créés par le peuple même sur le mont sacré ou
palatin pour le deÔendre contre le sénat dont ils s'étoint
séparés après que les Roys feurent chassés.
Libertinus prior est (vers 102). — Ce sont les paroles du
poète qui se mocque des affranchys qui auoint l'insolence de
se préférer aux prêteurs et aux tribuns, auant lesquels
ils vouloient leur part de donée.
Quamvis natus ad Eupliratem [vers 103 et 104). — Le
sens est : quoyque ie sois de basse condition; ce sont les
paroles de l'affranchy, qui veut passer deuant le prêteur.
L'Arménie fournissoit beaucoup de valets aux Romains,
— 'M) —
c'est i)Our cela que l'allranchy dit, quoyque ie sois né aux
bords de l'Euplirate qui est un lleuue de l'Arménie qui
sort du mont Niphare et se iette dans la mer rouge après
auoir passé a Babilonc ({u'il partage.
Molles quod in aure fenestrœ arguerint (vers 1 04 et 1 05).
— On auoit accoutumé dans l'Orient de porter des perles aux
oreilles qu'ils perçoint, a cause de cela , on apcloit les pier-
reries qu'on y portoit maures. Moyse en parle dans le
Pentatheuque lors qu Aaron dit, Toiiite inaures aureas
de uxorum fUiomniqne el, filiarum vestrarum auribiis el
afferte ad me.
Laurenti m agro (vers 107). — Laurcntum êtoit une
petite ville dans l'ancien Latium.
Coruinus {vers 108). — Valerius Coruin étoil un home
de la r" qualité, il viuoit sous le consulat de Gamillus fils
de Furius Gamillus , il se bâtit en duel contre un Gaulois
fort redoutable, et qui l'auroit vaincu sans le secours qu'il
récent d'un courbeau qui sala mètre sur son casque don il
s'elançoit sur le Gaulois qui feut enfin vaincu ; Valerius prit
le nom de Goruinus en mémoire de la victoire remportée
par le secours du courbeau et contribua do beaucouj) par celte
action et par beaucoup d'autres a l'eclaf de la iamille des
Gorbins qui feut extrêmement illustre.
Quid confert (vers 106). — La noblesse n'a garde d'être
si illustre ny de si grand proffit que les richesses , puisque
Valerius Goruinus qui êtoit de famille si illustre na pu se
garantir de la pauureté, et qu'il a été obligé de garder
luy même ses troupeaux, s'il auoit eu a choisir sans doute
qu'il auroit préféré les richesses a la noblesse, et les biens a
la gloire.
' Pnllante et Lieinis (vers 109). — Pallas et Licinus
— 31 — -
l'eurent les l*''daiis la cour de Claudius Gsesar, ils n'êtoint
que des affranchys ; ueagmoints Claudius les ayma si fort
qu'il leur dona le gouuernement de toutes ses affaires.
Pallas, qui êtoit Arcadien feut fait prêteur et receut de
l'empereur des fort grandes marques d'amitié par les
richesses qu'il en eut , elles luy causèrent enfin la mort car
Néron le fit empoisoner pour le dépouiller des biens dont
une trop longue vieillesse le priuoit. Licinus êtoit de
Germanie, il amassa beaucoup des richesses, et mourut
enfin sous Tybere.
Exspectent ergo tribuni (vers 109). — C'est le poète qui
parle et qui a de l'indignation contre l'impudence de ces
afFranchys qui enflés de leurs richesses veulent passer
plutôt que les prêteurs et les tribuns, il faut prononcer ces
mots en se mocquant.
Ut colitur pax (vers 115). — Vespasien et Titus son fils
firent bâtir un temple fort magnifique qu'ils consacrèrent
a la paix, il feut embelli par Domitien au raport de
Pline, In eo vasa templi Hierosolymitani constituit.
Atque fides (vers 115). — Numa Pompilius le plus reli-
gieux des Roys romains fonda un temple a l'honeur de
la foy qu'il croyoit être une déesse. Dabort que ce temple
feut baty , ce prince comanda a quelques pbretres d'y aler
sur un char trainé par deux chenaux et d'y faire le sacryfice
la main couuerte iusques aux doits pour marquer que la
foy êtoit même dans les mains et qu'on l'y deuoit garder.
Victoria {yers, 115). — Les Arcadiens bâtirent un temple
a la victoire sur le mont Auentin.
Virtus (vers 115). — Marcus Marcellus bâtit un temple
a l'honeur et a la vertu.
Concordia [vers 116). — Les Romains adoroinl la déesse*
concorde sous l'image de la cicognc , cest oiseau a une
affection singulière pour ceux a (jui il doit la vie, il les
nourril autant de tems qu'il en a été nourry ; les Romains
bâtirent 3 temples a cette déesse, Gamillus bâtit le l"en
mémoire d'une victoire qu'il remporta sur les Etruriens .
Ouide en parle au liure des fables.
Candida se niueo posuil Lux proxima Trmplo
Qud feri sublimes alla monela grains.
Furius anliquum Populi superator Hetrusei
Vouerat et voti fecerat illc fidem.
Gneius Flauius fils d'un affranchy, et greffier d'Appius
Gœuius, fit bâtir le segond, Tibère le 3^, l'explication litté-
rale de ce vers est , on adore la concorde , et on luy a bâti
un temple que la cicogne, qui est l'image de la concorde,
fait retentir par ses crys, lors qu'elle va au nid de ses petits
qu'elle faisoit dans quelque trou du temple.
Sed cum summus honos (vers 117). — Il marque l'aua-
rice des Romains , le sens est, si les ricbes content a la fin
de l'année ce que leur a valu la corbeille ; c'est la douée
que doiuent faire les panures (|u'il désigne sous le nom de
Comités qui étoint ceux que l'on faisoit suiure quand on
aloit en quelque endroit ; ce sont les parasites.
Hinc (vers 119). — C'est a dire de la donée qui fournissoit
a tous leurs besoins.
Densissima centum qnac/rantcs lectica petit (vers 120
et 121). — Il marque très bien l'auarice des Romains qui se
seruoint de finesse lors qu'ils aloint a la donée, ils mettoint
leurs femes dans une litière, elles feignoint d^être malades,
et ainsy elles auoint quelque chose de plus. Densissima
ne marque pas le nombre des persones qui étoint dans une
litière qui contenoit asses peu de gens, mais ce mot la
— 33 —
marque le grand nombre des litières qui exprime tort Lien
l'auarice des Romains. Quadrans est le même que sportula.
Profer Galla caput (vers 126}. — Ce sont les paroles
de celuy qui done , il veut voir si Galla est dans la litière de
peur d'être trompé.
Noli vexare (vers 126). — C'est le mary qui repond et
qui apreande qu'on ne voye que sa feme n'est point malade.
Ipse clies {vers 127}. — Il marque l'auarice des Romains
et leur oysiueté , il dit qu'ils aloint suiure les portes des
grands, et après cela ils aloint dans les places voir les
spectacles et ainsy ils perdoint les iournées entières.
Sportula (vers 128}. — Il faut enlQnAvQ petitur , c'est a
dire on va a la donée.
lurisque peritus Apollo (vers 128). — Par Apollo , il
entend le barreau qu'Auguste fit bâtir ou il fit mètre une
statue d'yuoire qui representoit Apollon , il y auoit encore les
statues de ceux qui auoint remporté quelque fameuse victoire.
Inter quas (vers 129). — Parmy ces statues on auoit mis
celle de Gryspin, Mgyptius le fait asses entendre; cela
done de l'indignation au poète qui ne peut souffrir qu'un
home de si basse extraction eut cette honeur, il le méprise
asses par ce mot de Nescio guis , ce qui est cause qu'il dit
JEgyptius aut Arabarches. L'Egypte et l'Arabie sont fort
voisines , le poète fait semblant de ne sauoir pas distinguer
quelle est sa patrie , il peut encore l'apeler Arabarches
parceque ce mot signifie prince des Arabes, l'Arabie four-
uissoit force valets a Rome , le poète apele Gryspin le prince
de ces valets dont il êtoit le plus considérable.
Nam de totpulcliris, ect. (vers 137). — Car quoyque vous
voyes sur la table de ce riche beaucoup de plats, et une
grande magnificence, ne croyes pas pour cela qu'il y ayt
3
— 34 —
plus de monde , il ayme a manger seul et il fait préparer
pour luy un repas qui suffîroit pour une inlinité de
persones, aussy mange til tout son patrimoine dans un
seul iour.
Vestibulis abeunt (vers 132 ), — C'est un siiiet d'indigna-
tion pour le poète de voir que ceux qui auoint accompagné
les grands et qui leur auoint rendu des scruiçes n'en
êtoint pas recompensés, et qu'ils êtoinl contraints de se
retirer après s'être lassés d'attendre a leur porte.
Votaque, ect. (vers 133). — Voicy la construction, et vota
ceux deponunt, quanquam longissinia. Quoiqu'ils ayent
attendu long tems qu'on leur fit douer a diuer, ils sont
obligés de se retirer chcs eux a ieun et ils n'ont l'espérance
que d'y trouuer des choux qu'ils font cuire auec un peu de
l'eau et leur nécessité est si grande qu'ils sont obligés
d'achepter iusques au feu pour les faire cuire.
Lnxuriss sordes (vers 140). — Ces deux mots sont
opposés, iuxuria signifie profusion et sordes auarice,
luuenal les attribue aux Romains sans contradiction , ils
êtoint auares a l'égard de leurs clients et n'epargnoint rien
pour leur plaisir , le concours de ces deux vices est la chose
du monde la plus détestable.
Propter conuiuia (vers 141). — Pour les grands repas.
Crudum pauonem (vers 143). — L'indigestion. Le paon
empêche la digestion , il doue a cette quantité prodigieuse
de viandes qu'ils auoint mangées le nom de paon, parce
qu'elles empechoint la digestion par leur quantité.
Utere velis (vers 149). — Le poète s'exorte luy même
par une métaphore prise des matelots qui êtendoint leurs
voyles lorsqu'ils trouuoint le vent fauorable; le seus est,
puisque ie trouue , dit luuenal, une matière vaste il faut
— 35 —
écrire, il faut m'abandoner a la satyre, c'est ce qu'il apele
Pandere totos sinus.
Priorum (vers 151 ). — r C'est a dire les poètes anciens, il
entend Lucille qui viuoit auant ces Empereurs , c'êtoit uu
poète satyrique qui disoit franchement et simplement les
défauts des Romains, il nommoit les choses par leur nom,
c'est ce que luueual apele Simplicitas scribendi.
Cuius non audeo dicere nomen (vers 153). — C'est a
dire cuius simplicitatis ou libertatis scribendi. Lucille
auoit de son tems la liberté d'écrire contre tous ceux qu'il
vouloit, luuenal plaint cette liberté qui cessa lorsque les
Empereurs comaucerent d'être a Rome, ils ne perme-
toint pas qu'on fit la moindre chose que par leur ordre, le
poète marque par la la malheureuse condition de son tems
ou on ne pouuoit rien faire qu'au gré de l'empereur, non
pas même reprocher un peu ouuertement leurs défauts aux
vitieux : le sens est, cette liberté a été tellement éteinte que
ie n'ose plus la nommer; de peur sans doute de se faire des
afi'aires auec l'empereur.
Simplicitas (vers 153). — La liberté d'écrire. Il ne faut
pas chercher des termes choisis pour reprendre les vices,
mais il faut le faire simplement et sans art.
Mutins (vers 154). — C'est Mutins Sceeuola contre qui
Lucille fit des vers et contre un certain Lupus , luuenal dit
qu^on ne se metoit guère en peyne que Mutius s'en fachat
ou non parcequ'on auoit la liberté de tout dire , il touche
par la la contrainte de son tems ou un seul vers auroit fait
des affaires a un poète.
Pone Tygillinuni (vers 155). — Fulcinius Tygillin êtoit
originaire d'Agrygentc, c'êtoit ua ieune home fort bien
fait, il vint a Rome ou Lycinius et Domitius l'aymerent
— 36 —
autant qu'une maîtresse, Agryppine et Fuluie leurs ternes
en l'eurent extrêmement irritées et le firent chasser de
Rome , pendant son exil il inuenta une raachyne pour la
pèche, elle plut si ibrt qu'on le rapela , a condition neag-
moints qu'il ne coucheroit pas aucc Lycinius et Domitius.
Pour mieux destourner son esprit de ce comerce, il
s'appliqua a nourrir des cheuaux de carrosse et a les dresser,
il fit par la sa cour a Néron sous le règne duquel il t'eut fort
puissant, il est aisé de voir qu'il eut été fort dangereux de
l'aire des satyres contre luy , il s'en seroit vengé d'une
manière proportionée a son pouuoir.
Fulcinius Tygillinus obscuris jMrentibus, fœda pueritia ,
impudica senecta, prwfecturam vigilum et pnetorii et
aliaprœmia virtutum, quia velocius erat vitiis adeptus ,
crudelitatem mox, deinde auaritiam et virilia scelera exer-
cuit, corrupto ad omne facinus Nerone , qioœdam ignaro
aus'us, ac postremo eiusdem desertor ac proditor. Tygilli-
nus, accepta apud sinuessanas aquas supremœ necessi-
tatis nuntio, inter stupra concubinaruvfi et oscula et
déformes moras , sectis nouacula faucibus , infamem vitam
fœdauit etianv exitu fero et inhonesto . (Tacit., Hisl., lib. 1,
cap. 72. )
Lucilius fit des vers contre Mutins qui valoit bien plus que
Tygillin , cependant il est dangereux d'en faire contre celuy
cy, et on court risque d'expier son indiscrétion par le feu.
Quâ stantes ardent (vers 156), — C'est a dire si vous
oses faire des satyres contre Tygillin on vous empallera,
c'êtoit un supplice des Romains.
Et sulcutn média diducit arenâ{vQv% 157), — Il parle
d'un autre supplice des Romains qui faisoint brûler les
criminels au milieu de l'emphyteatre, le sens est, si vous
faites des vers contre Tygilliii il vous arrivera de même
qu'a ceux qu'on fait Jjruler au milieu de l'emphytcatrc.
Diducere sulcum ne signifie pas être hrulé mais seulement
tracer un rayon dans la terre, il signifie icy être traîné,
prenant une circonstance pour la chose même come les
poètes font souuent. Les Romains faisoint traîner les cri-
minels au supplice auec un crochet et come le feu êtoit une
suite infaillible, il prend l'un pour l'autre, et diducere
sulcum signifiera être brûlé.
Ce vers reçoit bien des explications. Il y en a qui au lieu de
diducit lisent deducit, si vous voulez reprendre les vices
de Tygillin^ vous vous exposes a être brûlé après qu'on
vous aura encore empalé , et un si cruel supplice sera inutile
puisqu'il ne changera point Tygillin ; vous laboures du
sable, c'est a dire votre peyne ne vous sert de rien , faisant
allusion au prouerbe grec qui se dit de ceux qui prenent de
la peyne pour une chose (jui ne leur seruira de rien , a[j^[j.ov
fjLSTpetç c'est a dire arenam metiris. Il y en a qui lisent
qui ducit , vous bruleres encore plus cruelement que celuy
qui laboure du sable et des vastes pays couuerts de sable
ou le chaud est excessif. Cette explication pourtant n'ex-
plique qu'imparfaitement la pensée du poète, n'y ayant
point de comparaison entre le feu et la chaleur qu'on
souffre dans les pays même les plus chauds. Juste Lipse
ex ver. eod. lit.
Et lattis mecliam sidcus diducit arenam.
Sulcus par concequent seroit le trou ou l'on metoit ceux
qu'on aloit brûler.
Qui dédit crgo tribus patruis aconita (vers 158). — Il
entend Tygillin qui au raport de Probus empoisona 3 de
ses oncles pour auoir leur bien.
— 38 —
Le sens est , puisque les poètes ne peuuenl pas reprendre
les vices, il faut laisser les méchants triompher dans la
pourpre et la magnilicence et insulter aux honetosgens, c'est
une figure de rhétorique par laquelle le poète sem])le
permetre ce qu'il» ne peut pas reprimer, il parle touiours
de Tygillin qui êtoit mort sous Othon , mais cela n'empêche
pas qu'il ne parle de luy puisqu'il dit a la fin de cette satyre
qu'il s'en prendra aux morts, ne pouuant attaquer les
viuants, de crainte de la vengeance que les poètes satyriques
s'attirent ordinairement.
Aconitum (vers 158). — C'est une herbe qui cmpoi-
sone ; elle nait parmy les pierres,
Pensilibus plumis (vers 159). — C'est a dire une litière
suspendue sur les épaules des porteurs , c'est la partie pour
le tout , on metoit des licts de plume dans les litières, il les
prend pour la litière même et les apele pensiles c'est a
dire un lict fort mol , parceque un monceau des plumes par
leur grande légèreté semblent être suspendues les unes sur
les autres, car elles ne se touchent presque pas.
Digito compesce labellum (vers 160). — Ce sont les
paroles d'un amy de luuenal qui l'auertit de garder le silence
sur les persones aussy puissantes que Tygillin, et que
le moindre mot pourroit luy faire des affaires auec
luy.
Accusator erit qui verbum dixerit; hic est (vers 161).
— Le sens est , luuenal , dit l'amy , si vous faites des vers
contre Tygillin , lorsque vous le trouueres , il se rencontrera
quelqu'un auec luy, qui luy dira, voyla le poète qui a
l'insolence de parler de vous ; on peut expliquer cest endroit
d'une autre manière faisant dire a luuenal par son amy,
qu'il prcne bien garde en ecriuant de ne pas fâcher les
— 30 —
grands parceque le moindre mot qu'on dit d eux est un
crime , accusator signifiera icy accusé condamné.
Securus licet JLneam (vers 162). — L'amy continue de
parler et de dire a luuenal qu'il peut sans danger écrire le
combat de Turnus et d'Enée, mais non pas les desordres
de son tems.
Committas (vers 163). — Pour commiUere.
Nulligraids est perculsus Aciiy lies (vers 163). — C'est la
même pensée, persone, dit l'amy, ne s'oflensera si vous
decriucs les playes d'Achylle que Paris blessa dans le temple
d'Apollon Tymbrée, ou il aloit épouser Polixene qu'il
aymoit beaucoup. La déesse Thetis voulant rendre son fils
Achylleinuulnerablc le prit par le talon et le trempa dans la
mer, l'eau de la mer ne fit pas d'effet sur ce talon parce
qu'elle ne le toucha pas, Paris par le secours d'Apollon
luy décocha une flèche précisément a cet endroit, cette
blessure le fit mourir.
Aut multum guœsitus Hylas (vers 164). — Il faut
entendre nulli grauis est , Hylas n'est fâcheux a persone,
c'est a dire persone ne s'offense si vous decriues l'hystoiro
de Hylas; cest Hylas etoit fils de Thyodamas roy des
Driopes, Hercule nauigeant auec les Argonautes tua Thyo-
damas parcequ'il luy auoit refusé des viures , il l'enuoya un
iour au fleuue Ascanius chercher de l'eau , les nimphes de
ce fleuue le trouuerent si bien fait qu'elles l'enleuerent ;
Hercule le fit chercher fort long tems mais inutilement,
c'est pourquoy il institua des sacryfices ou Ton cryoit Hylas.
Urnamque secutus (vers 164). — Hylas ayant voulu
puiser de l'eau dans le fleuue Ascanius s'y laissa cheoir d'où
il feut retiré par les nimphes qui l'ayraoint, et qui le
cachèrent a Hercule.
— 40 —
Ense velul stricto (vers 165). — Lorsque Lucilius come
s'il auoit l'epéc a la main, c'est a dire armé des traits perçants
de la satyre. L'amy de luiienal semble vouloir le détourner
d'écrire en luy représentant la colère et la vengeance de
ceux qui voyent decouurir leurs crimes segrets.
Tecum prius (vers 168). — Son amy lui done un conseil
de bien prendre garde a ce qu'il va faire.
Ante tubas (vers 169). — Gome il n'est plus tems de
reculer lors qu'on a coraencé de se mêler dans une bataille
et qu'il est plus dangereux pour lors de fuir que de ne pas
faire son deuoir, ainsy il faut bien prendre garde a ce qu'on
fait auant que de s'y ietter et consulter ce qu'on a a faire
auant que les trompetes et les tambours n'ayent doné le
signal de la bataille, l'application en est facile.
Duelli (vers 169). — Pour belli.
Experiar (vers 170). — luuenal repond aux auis de son
amy, puisque, dit il , il y a tant de danger a écrire contre
ceux qui viuent , i'ataqueray les morts dont il empruntera
les noms pour designer les puissants de Rome.
Flaminia et Latina (vers 171 ). — G'êtoint deux chemins
qui auoint de chaque coté des sepulchresoul'on enseuelissoit
tous les Romains. Il faut entendre via. Puisqu'on me
deffend de parler contre les viuants, ie vay m'attaquer aux
morts, parcequ'il n'y a rien a craindre.
FIN
DE LA 1" SATYRE.
SATYRA II
I UUra Sauvomalas fufjere liùic lihct, cl (jlmialcm
■2 Oceanum , quoties aliquid de morihus audent
3 Qui Ciirios simulant , et Bacchanalia vivunt ,
4 Indocti primum : quanquam plcna omnia gypso
5 Chrysippi inventes, nam perfectissimus horum est ,
6 Si quis Aristotelem similcm , vel Pittacon cnUt ,
7 El jubel arclietypos pluteum servare Clcanthas.
s Frontis nulla fides. quis enim non vicus abundal
9 Tristibus obscenis ? castigas turpia , cum sis
10 Inter Socraticos notissima fossa cinasdos :
11 Hispida membra quidem, et durée per brachia selx
12 Promittunt atrocem animum : sed podice lœvi
13 Cœduntur tumidx medico ridente , mariscx.
u Rarus sermo illis , et magna libido tacendi ,
15 Atque supercilio brevior coma, verius ergo ,
16 Et magis ingénue Peribomius : hune ego fatis
17 Impuio , qui vultii morbum , incessuque fatetur.
18 Horum simplicitas miserabilis , his furor ipse
19 Dat veniam : sed pejorcs , qui talia verbïs
20 Herculis invadunt , et de virtute locuti
21 Clunem agitant, ego te ceventem ,'*Sexte , verebor,
22 Infamis Varillus ait? quo deterior te?
23 Loripedem reclus derideat , Aethiopem albus.
24 Quis tuterit Graccos de sedilione querenteis ?
25 Quis cœlum terris non misceat , et mare cœlo ,
26 Si fur displiceat Verri ? homicida Miloni ?
27 Clodius accuset mœchos , Catilina Cethegum ?
28 In tabullam Sullse si dicant discipuli très ?
29 Qualis erat nuper tragico pollutus adulter
30 Concuhilu : qui tune leges rcvocabat atnaras
31 Omnibus aiquc ipsis Vencri, Marliquc limendas ,
32 Cum toi aborlivis fecunclatn Iulia vulvam
35 Solveret , et palruo simileis cffundcret offax.
34 Nonne igitur jure , ac merilo vitia ultinia fictos
30 Contemnimt Scauros , et castigata remordenl ?
36 Non tullit ex illis torimm Laronia qucndam
37 Clamentem loties, urbi nunc Lcx Julia ? dormis ?
38 Atque ita subridens. felicia tempora ; qtix le
39 Moribus opponunt. Iiabeat jam Roma pudorem.
40 Tertius è cœto cecidil Calo. sed tamen unde
41 Hxc émis ; hirsulo spiranl opobalsaina collo
42 Quw tibi ? ne pudeat dominum monslrare labcr)ias
43 Quod si vexantur legcs , ac jura : cilari
44 Antc omneis débet Scantinia. rcspicc pri}nuiii
45 Et scrulare viras, faciicnt lii plura : sed illos
46 Défendit numcrus, jiuiclxque umbone phalanges.
47 Magna inler molleis concordia. non cril ullum
48 Exemplum in iiostro lam detcslabiJe sexu.
49 Twdia îioii lambil Cluviam, nec Flora Calullam.
50 Hippo subit juvenes , et morbo pallet ulroque.
51 Nunquid nos agimus caussas , civilia jura
52 Novimus , aul ullo strepilu fora vestra movemus ?
53 Luclanlur pocw : comedunt coliphia paucx.
64 Vos lanam trahitis , calathisque peracta re fer lis
55 Vellera : vos tenui priegnantem staminé fusum
56 Pénélope melius , leviiis torquetis Arachne ,
57 Horrida qiiale facit residens in codice pcllcx.
58 Notum est , cur solo tabulas impleverit Hisler
59 Liberlo , dederil vivus cur mulla puellx.
m JHves cril , magno qux dormit terlia lecto.
61 Tu nube , alque lace, donant arcana ci/lindros.
62 De nobis posl h^c trislis sentcnlia ferlur.
63 Dat veniam. corvis , vexai censura columbas.
64 Fugerunl ircpidi vera, ac manifesta canenlem
65 Sloicidx. qiiid enim falsi Laronia ? sed quid
66 Non facienl alii , cum lu mullieia sumas
67 Cretice , cl Imnc vestem piopulo mirante pérores
68 In Proculas; et PoUitas ? est mœcha Fabulla.
— -ïd —
69 Damnetur si vis , eliam Garfinia : lalem
70 Non sumet damnata togain. scd luliiis ardet ,
71 Acstxio. mtdus agas : minus est insania turpis.
72 En liabitum , quo te leges , çic jura ferenlem
73 Vulneribus crudis populus modo victor, et illud
74 Montanum positis audiret vulgus aratris.
75 Quid , non proclames , in corpore jiidicis ista
76 Si videas ? quairo an deceani multicia testem.
77 Acer, et indomilus , libcrtatisque magister
78 Cretice perluces. Dédit hanc contagio labcm ,
79 Et dabit in plurcis : sicut grcx totiis in agris
80 Unius scabie cadit , et porrigine porci ,
81 Uvaque conspecta livorem ducit ab uva.
82 Fœdiiis hoc aliquid quandoque aiidebis amictu.
83 Nemo repente fiât tta^pissimiis. accipient te
84 Paulatim , qui longa domi redimicula sumunt
85 Frontibus , et toto posuere monilia coUo ,
86 Atque bonam tenerae plaçant abdomine porcs
87 Et magno cretare Deam : sed more sinistro
88 Exagitata procul non intrat femina limen.
89 Solis ara Dese maribus patet. ite profanée ,
90 Clamatur : nullo gémit heic tibicina cornu.
91 Talia sécréta coluerunt Orgia teda
92 Cecropiam soliti Bapta; lassare Cotgton.
93 Ille supercilium madida fuligine tactum
94 Obliqua producit acu , pingitque trementes
95 Altollens oculos : vitreo bibit ille Priapo ,
96 Reticulumque comis auratum ingentibus implct
97 Cxrulea indutus scutulata , aut galbina rasa ,
98 Et per lunonem , domini jurante ministro.
99 Ille tenet spéculum patici geslamen Othonis ,
100 Actoris Arimci spolium : quo se ille videbat
101 Armât um , cum jam tolli vexilla juberet.
102 Res memoranda novis annalibus , atque recenti
103 Historia, spéculum civilis sarcina belli.
104 Nimirum summi Ducis est occidere Galbam ,
105 Et curare cutem summi constanlia civis ;
106 Bebriaci campo spolium affectare Palati ,
107 Et pressum in facie digitis extendere panem ,
- '\k —
108 Quod nec in Assijrio pharelrala Semiramis orbe ,
lott Mxsla nec Acliaca fecil Cleopalra carina.
110 Heic nullus verbis pudor, aut revercnlia mcnsœ.
111 Hic turpis Cybeles , et fracta voce loqiiendi
112 Liberias , et crine senex planaticus aibo
113 Sacrorwn anlistes , rarum , ac memorabile magni
114 Giitturis exemplum , conducendusque magisler.
115 Quid lamcn exspectant ; Phri/gio quos tempus eral jatn
116 More supervacuam cultris abruinpere carnem ?
117 Quinquagenta dédit Graccus sestertia , dotem
118 Cornicini : sive hic recto cantaverat wre.
119 Signâtes tabula : dictum féliciter, ingens
120 Cœna sedet : gremio jacuit nova nupta mariti.
121 0 proceres , censore opus est, an aruspice nobis ?
122 Scilicet horreres , majoraque monstra pulares ,
123 Si mulier vitulum , vel si bas ederet agnum ?
124 Segmenta, et longos habilus , et flamea sumil ,
125 Arcano qui sacra ferens nutantia loro
120 Sudavit clypeis ancilibus. 0 paler urbis ,
127 Unde nefas tantum Latiis pastoribus ? unde
128 Uxc tetigit, Gradive , tuos urtica nepoles?
129 Traditur ecce viro clarus génère , atque opibus vir ;
130 lYec galeam quassas , nec terram cuspide puisas ,
131 Nec quereris patri? vade ergo , et cède scveri
132 Jugeribus campi , quem negligis. officium crus
133 Primo sole mihi peragenduni in valle Quirini.
134 Quw caussa officii? quid quxris ? nubit amicus ,
135 Nec multos adhibet. liceat modo vivere : fient ,
136 Fient ista palam , cupient et in acta referri.
137 Interea tormentum ingens nubentibus hœret ,
138 Quod nequeunt parère , et partu rctinere maritos.
139 Sed melius , quod nil animis in corpora juris
140 Natura indulget stériles moriuntur, et illis
isi Turgida non prodest condita pyxide Lyde,
142 Nec j)rodest agili palmas prxbere Luperco.
143 Vicit et hoc monstrwn tunicali fuscina Gracchi ,
144 Lustravitque fuga mediam gladialor arenam ,
145 Et Capitolinis gcnerosior, et Marcellis ,
146 Et Catulli , Pautliquc minoribus , et Fabiis , et
— 45 —
147 Omnibus ad podiinn spectantibus. his licet ipsum
148 Admoveas, citjus tune munere relia misit.
149 Esse aliquos maneis , et subterranea régna ,
150 Et contum, et Stygio ranas in gurgite nigras,
151 Atque una transire vadum tôt millia cymba ,
152 Nec pueri credunt , nisi qui nondum xre lavantur.
153 Sed tu vera puta. Curius quid sentit , et ambo
154 Scipiadx ? quid Fabricius , manesque Camilli ?
155 Quid CremeriJB legio , et Cannis consumta juvcntus ,
156 Tôt bellorum animas , quoties hinc talis ad illos
157 Umbra venit ? cuperent lustrari , si qua darentur
158 Sulfura cum tœdis , et si foret humida laurus.
159 Illuc, heu, miseri traducimur. arma quidem ultra
160 Litora luvernx promovimus , et modo captas
161 Orcadas , ac minima contentos nocte Britannos ,
162 Sed quêe nunc populi fiunt victoris in urbe ,
163 Non faciunt illi , quos vicimus : et tamen unus
164 Armenius Zelates cunctis narratur ephebis
165 Mollior ardenti sese induisisse Tribuno.
166 Adspice quid faciant comnikrcia. venerat obses.
167 Hic fiunt homines. nam si mora longior urbem
168 Induisit pueris , non unquam deerit amator :
169 Mittentur braccz , cultelli, frena, flagellum :
170 Sic prxtextatos referunt Artaxata mores.
SATYRE II
SUIET
Il semble dabort qu'il préfère de s'aler cacher a l'extré-
mité du monde plutôt que de condamner les mœurs de son
siècle, corne neagmoints il en paroit fort irrité, il se doue
l'occasion de se iustifier de la condemnation qu'il en fait ;
come s'il êtoit plutôt deffendeur en cette cause , que
demandeur ; il parle contre les hypocrytes qui étant fort
méchants au dedans veulent paroitre des gens de bien au
dehors, cette satyre n'est pas une simple narration come la
1 ^""^ , le poète y fait paroitre des personages, et ainsy elle est
mêlée de prosopopée qui est une figure qui conuient parti-
culièrement a la satyre. Il seroit a désirer qu'elle ne feut
point salie par des expressions trop deshonetes, ce n'est
pas pourtant pour inspirer la débauche que luuenal l'a
nomée quelquefoix, puis qu'il la reprend toûiours auec
beaucoup d'aigreur.
Sauromatas (vers 1). — Ce sont les Sarmates peuple
de Scythie près des marais Meotides du coté de l'occean , ils
tirent leur origine des Amazones ; la Sarmatie aussy bien
que la mer glaciale sont des lieux as«es inhabités, c'est pour
cela que le poète les choisit plutôt que d'autres , car il est
si indigné de voir les desordres des homes qu'il voudroit
— 48 —
en être entièrement séparé et senfuir a l'exlremité de la
terre ; ce mouiiemunt d'indignation est fort éloquent et done
dabort une grande auersion pour Thypocrysie qui le cause,
et qui est un vice bien détestable; on peut expliquer ccst
endroit autrement, les Sarmates et les Scythes sont les
peuples fort cruels et par concequent abandonés a bien des
crimes, luuenal veut s'enfuir chez eux, corne s'ils ôLoint
moins vitieux que les Romains; cette préférence fait paroi tre
a un grand point la corruption de leurs mœurs.
Qui Curios simulant (vers 3). — C'est a dire ceux
(jui copient Gurius ou qui font semblant d'être aussy gens
de bien que luy. Gurius Dentatus êtoit un home fort sage,
et qui aymoit fort la pauureté, il en dona des marques dans
la reponçe qu'il fit aux ambassadeurs des Samnites qui
venoint luy offrir de l'or, Malo, inquit, hic in fictilihus meis
esse et aurum habentibus imperare.
Bacchanalia (vers 3). — C'est un nom au lieu de
l'aduerbe bacchanaliter , qui veut dire, come dans les
fêtes de Bacchus qu'on celebroit pendant la nuit ou Ton
cometoit mille infamies.
Chrysippi (vers 5). — Ce Chrysippe êtoit fils d'Apollo-
nius et disciple de Zenon ou de Cleanthe , il êtoit fort habile
et sur tout dans la dispute , pour laquelle il auoit tant de
subtilité que l'on disoit que si les dieux vouloint se seruir
de la logique ils n'en prendroint pas d'autre que celle de
Ghrysippus. Chrysippe par l'attachement qu'il eut a la
logique en ccriuit luy seul plus de trois cens volumes
mais il en diminua la force pour y vouloir trop raffiner.
Chrijsippus eneruauit virilem phylosophiam suis argutis.
(Sen. ) Ce feut luy et ses successeurs qui les premiers
mirent en voffue les formalités et les distinctions virtueles.
— 49 —
Perfectissimus horum (vers 5). — Supp. est.
Aristotelem similem (vers G). — C'est a dire une statue
d'Aristote qui feut disciple de Platon, autheur de la secte
des Peripateticiens et précepteur du grand Alexandre.
■Pittacon (vers G). — Pittacus êtoit un des sept sages de
la Grèce ,11 êtoit de Mitilene.
Pluteum (vers 7). — Pupitre, tabletes ; dans Gesar il
signifie une machyne de guerre pour alcr a couuert saper
les murailles , dans Suétone le cheuet d'un lict, icy et dans
Perse un pupitre ; on peut l'expliquer par cabinet prenant
le lieu pour ce qui est accoutumé d'y être.
Kt iubet archetijpos, ect. (vers 7). — Ce vers est équi-
voque , il m'a fait souuenir de celuy de Terence dont
Quintilien se sert pour prouuer la nécessité qu'il y a de
parler netement et sans equiuoque :
Chremetem audiui percussisse Bemeam ,
ou bien celuy cy encore de luuenal :
Nobilitas sola est atqice iinica virtus.
Dans ce vers dont il est question , on ne scoit s'il veut dire
qu'il a confié a son cabinet le soin de garder les statues de
Gleanthe ou bien, qu'il a confié aux statues de Gleanthe la
garde de son cabinet , c'est presque une même cbose , mais
il faut euiter qu'un même vers ne recoiue deux sens. Voicy
le passage de Quintilien. Yitanda iïnprimis ambiguitas ,
non hœc solum quie incertum intellectum facit, ut Chre-
metem audiui percussisse Detneam, sed illa quoque qu3e
etiarn si turbare non potest sensum, in idem tamen verbo-
rum vitiu/m incidit , ut si quis dicat visum a se hominein
Librum scribentem , nam etiam, si librum ab homine scribi
pateat, maie tamen composuerat feceratque ambiguiom
— 50 —
quantum in ipso fuit. Apres cola je ne crois point. (|u'il y
ayt d'equiuoquo (|ui se puisse (leUcndre.
Cleanlhas (vers 7). — C'est un accusalil' grec qui sert
d'adiectif h Arclietijpos , l'original de Cleanthe, qui êtoitun
phylosophe stoicien successeur de Zenon.
Et iubet (vers 7). — Supp. qui.
Castigas turpia (vers 9). — C'est le suiet de la colère du
poète, qu'il y a des gens qui s érigent en censeurs pour
reprendre les vices qu'eux même l'ont en segret.
Fossa (vers 10). — 11 apele le censeur une i'osse de
crimes parcequ'il e)i éloit remply.
Socratlcos cinxdos (vers 10). — 11 entend ces débau-
chés qui étant suiets a des plaisirs infâmes l'ont neagmoints
les sages; il apele ces gens la Socraticos , parceque Socrate
feut le 1" qui parla de morale, auant luy, les Phylosophes
s'êtoint entièrement apliqués a la conoissance de la na-
ture , ils auoiut négligé les mœurs , Socrate s'appliqua a
doner des règles pour les corriger. 11 y en a qui disent
Sotadicos , d'un certain poète nommé Sotades qui feut le
1'^'' qui fit des vers sur des matières impudiques. Ce mot
ciniudos vient du grec de xtve'œ m,oveo , xal atSoTa pudenda,
ce mot ainsy composé signilie impudique, il faut l'apli-
quer a diuerses sortes d'impudicités.
Hispida memhra quidem, cet. (vers 11). — Tout cela se
prent dans le figuré. Leur seuerité apparente il est vray
promet beaucoup , elle peut tromper bien des gens et sur-
tout ceux qui ignorent les desordres de leur vie , mais ceux
qui les conoissent s'en mocquent, ils leur font pitié, leurs
vices sont d'autant plus dangereux qu'ils sont plus cachés,
tout le monde ne les conoit pas, de la vient la réputation
de leur sagesse, ceux qui ont dccouuert les maladies segretes
— 51 —
de leur ame se mocquent du soin qu'ils prenent de les
cacher, et se rient de leur vaine affectation.
Medico ridente ( vers 13). — luuenal rend bien ridicules
ces censeurs qui sont obligés a la fin de se mètre entre les
mains des médecins , pour se faire guérir des maux que les
débauches segretes leur ont causées , c'est alors que l'on rit
de leur vaine apparançe et auec raison.
Verius ergo Perihomius ( vers 1 5 et 1 6 ) . — Il faut entendre
facit , c'est a dire que Perihomius y va plus franchement,
et que s'il est débauché il ne le dissimule pas , c'est par la
seulement qu'on le conoit.
Fatis (vers 16). — Il parle dans l'opinion de ceux qui
disent que c'êtoit par nécessité que les choses arriuoint.
Ducunt volentem fafa , nolentem, trahunt. Ghrysippe donc
une définition du destin de cette manière, Fatum est sem-
piterna quœdam et indecMnabiUs séries rerum^ et catena
vokiens semetipsam, sese et implicans per seternos conce-
quentiœ ordines et quibus apta connexaque est.
Supercilio breuior coma (vers 15). — Pour en faire
mieux accroire, ils portent la tête rasée. G etoit un proverbe
ancien, Nullus comatus qui cinxdus non sit. D'autres
l'expliquent autrement. Ils ont plus de sourcil, c'est à dire
plus d'brgueil qu'ils n'ont de cheucux a la tête. Le sourcil
a toùiours été le siège de l'orgueil.
Et de virtute locuti clunem agitant (vers 20 et 21 ). — Et
qui malgré les beaux discours de vertu dont ils rompent la
tête a tout le monde, ne laissent pas de s'adoner a l'im-
pureté.
Ego te ceuentem, Sexte, vereboi\ ect. (vers 21 ). — Quoy
dit l'infâme Varillus a Sextus qui s'êtoit auisé de luy faire
la leçon, croiray ie ce que vous me dites de votre vertu,
— 52 —
moy qui scais (]iio vous êtes un infâme et mille ibix plus
deLauché que moy... c'est pour l'aire voir aux censeurs des
vices qu'ils en doiuent être exempts eux même, pour ne
pas se l'aire mocquer et pour ne pas prêcher inuti-
lement.
Quis tulerit Gracc/ios (vers 24). — Qui ne se facheroit
si les Gracches se plaignoint des séditions; il marque par la
que pour reprendre un défaut, il faut en être exempt soy
même. Les Gracches tirent les loix agr arias, cela irrita la
noblesse, et a la lin on les tua.
DispUceat Verri (vers 2G). — C'est la même pensée; sous
le consulat de Pompée et de Marcus Grassus, il l'eut ques-
teur dans la Sicile ou pendant 3 ans il pilla beaucoup
d'argeant , on mit Metellus a sa place , et dabort les Sici-
liens se plaignirent des voleries de Verres contre qui Giceron
fit plusieurs oraisons.
Homicida Miloni (vers 26). — Milon tua Pub. Glodius,
c'est le suiet de l'oraison de Giceron pour Milon,
Clodius accuset mœc/ios (vers 27). — Glodius s'habilla
en feme pour entrer dans les sacryfices qu'on faisoit a la
bonne déesse ou les seules lemes auoint permission d'en-
trer , il y leut receu et y vit Pompeia pour laquelle il y
ôtoit aie ; on l'accusoit encore d'auoir violé sa sœur.
Catilina Cethegum (vers 27). — Gatilina conspira contre
la republique , Gethegus feut du party ; le poète dit donc
que Gatilina auroit mauuaise grâce d'accuser Gethegus puis
qu'ils êtoint tous deux coupables du même crime.
In tabulam Syllx (vers 28). — Sylla après auoir vaincu
Marius feut le 1*^'' qui proposa la proscription; quelque
tems après, Auguste, Lepide et Anthoine ou auant eux
Gesar, Pompée et Grassus l'imitèrent, et tirent un catalogue
— 53 —
dans loquel ils condaninoint au banissement leurs aduer-
saires , ce poète les apele donc discipulos Si/Hœ, c'est a dire
imitateurs de Sylla.
Qualis erat (vers 29). — 11 entend Domitien qui dé-
baucha Iulie fille de son frère Titus ; cest empereur voulant
cacher un crime si abominable comanda a sa nièce de se
taire auorter de quoy elle mourut ; après cest inceste et cette
mort dont il êtoit cause, il osa bien accuser Gornelic Maxi-
mille vestale et la condamna (sans vouloir l'ouir) au sup-
plice institué pour les vestales qui êtoit d'être enseuelies
en vie; d'autres disent que le poète entend Glodius qui après
la mort de Messaline épousa Agryppine mère de Néron , qui
se faisoit auorter pour ne pas doner a son fils un compa-
gnon a l'empire.
Leges amaras (vers 30). — C'est la loy lulia que Domi-
tien fit contre les adultères qui êtoint punis rigoureusement
s'ils contreuenoint a la loy ; il eu fit encore une autre pour
empêcher qu'on ne fit des eunuques, le poète apele ces loix
amaras parcequ'on punissoit seuerement ceux (|ai conLre-
venoint a ces toix.
Atque ipsis Veneri Mar tique (vers 31 ). — Mars et Venus
l'eurent surprins en adultère par Vulcain qui les exposa dans
cet état aux yeux de tous les Dieux,
Scauros (vers 35). — M. yEmilius Scaurus ôtoii un
home d'une grande intégrité ; c'est pour cela que le poète
apele Scauros les gens qui affectoint une grande sagesse, et
qui cependant n'êtoint que fort méchants.
Fictos Scauros (vers 34 et 35 ). — Salluste dit qu'/Emilius
Scaurus êtoit un méchant home quoyque sorty d'une des
plus anciennes familles de Rome; ambitieux, toûiours
disposé a conspirer contre sa patrie ; mais il auoit beaucoup
d'adret>se a cacher ses vices, de sorte qu'il passoit pour
vertueux auprès de ceux qui ne le conoissoint pas.
Castigata (vers 35). — Ceux qui font les hypocrytes.
Laronia (vers 36). — G ètoil une riche veufue que
luuenal introduit pour reprendre les débauches 'des
homes dans la persone d'un hypocryte. Laronia même
quoyque débauchée ne peut soulrir que des adultères s'aui-
sent de se plaindre de ce que la loy Iulia de adult. n'est
pas obseruée , elle se mocque de leur hypocrysie. Le reste
est une ironie.
Habeat iam Borna pudorem (vers 39). — Laronia dit
par contreuerité par laquelle Laronia apele ce phylosophe
un 3" Caton ; il y en auoit eu deux qui ètoint fort scueres
reformateurs des moeurs, le l*"" êtoit le Censeur et le 2°'^ Caton
d'Utique qui s'ouurit une veine pour se faire mourir. Il y
a eu il est vray plusieurs Catons à Rome ; mais les princi-
paux feurent : Caton le censeur qui ecriuit De f agriculture
et Caton d'Utique qui après la bataille de Pharsale se
tua pour ne pas tomber entre les mains de Iules César
son enemy.
Opobalsamum (vers 41). — C'est un arbre qu'on ne trouue
que dans la ludée , si on le coupe un peu auec du verre ,
auec une pierre ou auec un couteau d'os, il rend un suc
préférable a tous les autres.
Leges ac iura (vers 43). — La loy est come la mère du
droit ciuil , car le droit ciuil selon la dellinition de Papinien
est, quid legibus, pkbiscitis senatusconsuUis decretis prin-
cipium aucloritate prudentum venit. La loy selon la def-
finition d'Aristote est apelée : omnis ciuitatis consensus qui
scriptis prœcipit quomodo lonumquodque agendwm sif.
Scantinia (vers 44). — Scantinius porta une loy contre
les Sodomites que le poeto attaque presque dans toute cette
satyre.
lunctxqiie umbone 'phalanges (vers 46), — La méta-
phore est prise de l'ordre de la bataille ou les soldats se
defFendenl a l'envy de l'enemy ;,le mot de phalange n'est
pas un nom affecté aux Macédoniens corne plusieurs Tout
creu , mais on apele phalan.r les troupes dont on serre les
rangs pour être mieux en état de fondre tout d'un coup sur
l'enemy ; Gesar se sert souuent de ce mot pour l'exprimer,
Facta phalange. Gurce même en parle ainsy, Macedones
phoÂangem vocant peditum stabile agmen, quum vir viro,
arma annis conserta sunl.
Non erit ullum (vers 47). — C'est toûiours Laronia qui
parle.
Numquid nos agi) nus oaicssas (vers 51 }. — Pourquoy
faites vous des actions qui n'appartienent qu'a la condition
des femes, nous n'en faisons pas de même , et nous n'alons
pas playder au barreau come vous faites. Les femes qui
faisoint ce métier la êtoint infâmes.
Novimus (vers 52). — Supp. ne.
Colyphium (vers 53). — Le pain dont se nourrissoint les
athlètes pour être plus robustes, ce mot est composé du grec
xwXov membre et 'tcptç force, c'est a dire qui fortilie les membres.
Pénélope ( vers 56). — Pénélope êtoit fille d'Icarius et de
Policaste, feme d'Ulysse; sa chasteté l'a rendue fort fameuse
aussy bien que sa fidélité enuers son mary, elle eut beau-
coup de peyne a le voir partir pour le siège de Troye et
tacha d'en adoucir l'absence en s'occupant a faire de la toile
({u'elle defaisoit pendant la nuit pour tromper ainsy l'impor-
tunité de ses amants., a qui elle auoit promis de se marier
dabort qu'elle auroit acheué son ouurage.
— 56 —
Arachne (vers 56). — G'etoit une fille de Lydie, elle
êtoit si habile a la broderie , qu'elle osa disputer auec
Minerue, la déesse des arts qui de dépit d'auoir été vaincue
changea la pauure Arachné en araignée.
Hister (vers 58). — Hister Pacuuius s'enrichit en faisant
sa cour a des gens riches qui firent des testaments en sa
faueur, la débauche suiuit ses richesses , il faisoit coucher
auec luy un affranchy qui tenoit la place de sa feme qui
etoit assez auare pour consentir a cela a cause de quelques
présents que son mary luy auoit faits.
Tu nuhe atquc lace ( vers 61). — Maries vous , o femes !
mais gardes le silence lors que votre mary fera coucher un
garçon auec luy dans votre lict, et qu'il se metra au milieu
de vous deux , ce sera par ce moyen que vous aurcs ses
biens.
Stoicidœ (vers 65). — C'est a dire ces débauchés qui
faisoint semblant d'être sages , et c'est pourquoy le poète
leur done par contreuerité le nom de Sloicidse , qui êtoint
les disciples de Zenon, dont ils portoint le nom , mais par-
cequ'ils aprenoint la phylosophye dans une galerie en se
promenant , ils feurent apelés Stoicidiv du grec cazo t^ç arwaç
galerie.
Cretice (vers 67). — Il est difficile de sauoir qui est ce
que le poète entend parmy trois a qui on done le nom de
Greticus. Le 1" Metellus Greticus apelé ainsy pour auoir
subiugé la Grete; le poète peut designer par la tous les l*""'
de Rome; le 2™* est Minos roy de Grete et grand iuge, sous
le nom duquel il peut designer les Sénateurs; le 3"*" Iulius
Greticus fameux auocat.
Talem nonsumet, ect. (vers 69 et 70), — Quoyque Gar-
finia, FabuUa, ect. passent pour des adultères, elles n'ose-
— 0/ —
roint pourtant porter ces habits magnifiques et ef reminés
que vous portes. Talem tor/am, supp. qiialem tu.
Sed Iulius arclet ( vers 70 ), — Geluy qu'il introduit sous
le nom de Greticus repond a luuenal et luy dit pourquoy
n'aprouvcs vous pas que ie porto des habits simples et
déliés puis que la chaleur du mois de iuillot me brûle
entièrement.
Nudus agas (vers 71), — Aies tout nud, repond luue-
nal.
Minus est insania turpis ( vers 71). — luuenal tombe
bien d'accord que ce seroit une folie d'aler tout nud dans les
rues , mais il dit qu'elle seroit moindre que celle de ce
Greticus ; c'est pour preuenir leur obiection .
Minus insania ticrpis{versll). — Supp. quant mollities.
En habitmn (vers 12). — Ge sont des paroles d'indigna-
tion contre les habits efféminés des Ptomains , come si le
poète disoit voyla des habits d'un iuge, et qui auroint sans
doute plù a l'ancien peuple Romain ; il marque par la la
corruption des homes et des Romains qui auoint abandoné
la simplicité de leurs ancêtres dans leurs habits come dans
tout le reste. En liabitum : c'est précisément l'habit qu'il
vous auroit fallu dit le poète pour vous faire écouter des 1 "'"'
Romains qui auroint quitté leur charrue et leur joug pour
vous entendre faire des leçons de sagesse habillé si molle-
ment.
Montanum vulgus (vers 74). — Des paisans.
Fœdius aliqidd arnictu (vers 82). — Vous ne vous
contenteres pas de porter des habits efféminés et indignes
de votre qualité , vous porteres vos excès plus loin.
Accipient tepaulatim{\QVQ 83 et 84 ) . — Il faut sauoir que
Domitien auoit fondé une maison pour les sacryficateurs de
— TxS —
Mincriie , ou ils viuoiiif dans une niollo oysiucté ; pour
représenter iusqu'a quel poinct ils ayraoint les plaisirs , il
leur suppose qu'ils y faisoint des sacryticcs à la bone
déesse, ce qui u'étoit permis (ju'aux feraes.
More sinistro (vers 87). — Les femes par une coutume
contraire n 'entroint pas dans les sacryfices que les homes
faisoint a la l)one déesse: lo poète dit par une coutume con-
traire parceciu'elles ne soulroint aucun home non pas même
leurs portraits, lors qu'elles sacryfioint ailleurs : c'est ce que
le poète dit ailleurs ,
TesticuU conscius nnde fiigit mus.
Ile profane (vers 89). — C'est pour faire voir les
débauches des homes plus grandes que celles des femes ; les
femes ne pouuoint pas entrer auec les homes dans le lieu
ou ils sacryfioint a la hone déesse sous quelque prétexte,
c'eut été un crime liorrible pour elles , cependant les
homes ne laissoint pas d'entrer dans ceux qu'elles faisoint a
la même déesse.
Orgia (vers 91 ). — C'êtoint proprement les sacryfices de
Bacchus apelés ainsy du mot grec opyta^oj, crlrbro : on dona
ce nom a tous les autres sacryfices.
Bapt/r (vers 92). — Phretres d'Athènes fort eficminés ;
lors (fu'ils étoint rcceus a cette charge on les lauoit auec de
l'eau chaude, c'est pour cela qu'ils feurent apelés Bapfie
du mot grec paTTTw, ie laue ; luuenal compare la mollesse
des ])bretres Romains auec celle dos pbretres Athéniens.
Cotilon (vers 92). — G'étoit une loueuse d'instruments
que les Athéniens crcurcnt être une déesse après sa mort ,
ainsy ils l'adoroint etluy faisoint des sacrylices, ou ils adme-
toinluno danseuse, a laquelle ilsdonoint le nom de Cntjtnn
pour représenter la déesse, et la faisoint danser iusques a ce
— 59 —
qu'elle n'en pouuoit plus; les sacryfices des pbretrcs de
Mincrue institués par Domitien sont semblables a ceux delà
déesse Gotiton d'Athènes ou se l'aisoint mille abominations.
Cecropia (vers 92). — Athènes fcut apelée Cccropia de
Cecrops son Roy.
Ille supercilium (vers 93). — Il attaque toûiours la
mollesse des pbretres Romains qui ne prenoint pas moins
de soin de leurs visages que les femes.
Pinçjitque trementes oculos, ect. (vers 94 et 95). —
L'affectation et la mollesse des Romains aloint si loin
qu'ils changeoint la couleur des yeux a force de peindre
le dessus.
Per lunonem (vers 98). — ^11 marque par la la mollesse
de ces pbretres qui imitoint leurs femes iusques dans leurs
iurements; elles ne iuroint point par les dieux, mais par
quelque déesse, c'est ce que les efféminés faisoint a leur
imitation.
Actoris Arunci spolîum (vers 100). — Il entend Turnus
qui ola une belle epée a un capitaine contre qui il se
battoit, luuenal apele le miroir qu'Othon auoit accoutumé
de porter a la guerre, la dépouille de Turnus, il se mocque
par la de ce prince a qui une epée auroit mieux conuenu a
la guerre qu'un miroir.
Actoris^ ect. C'est pour se mocquer de ces efféminés qui
au lieu d'une epée portoint un miroir au coté corne l'empe-
reur Othon. Spolium actoris Arunci, c'est la dépouille de
ce capitaine que Turnus tua, et dont il prit les armes
pour prix de sa victoire ; celuy cy donc dit le poète porte
a son coté un miroir qui feut la dépouille de ce capitaine
tué par Turnus; on voit bien que c'est une ironie et qu'il
raille la mollesse de ces gens la.
— 6(1 —
Annal/Mus atquc reccnti Imloria (vers 1U"2 cl 103). — La
differançe de l'hystoire et des annales consiste en cecy, les
annales contiencnt des faits de plusieurs années dont l'ordre
est régulièrement obserué , elles ne ibnt que dire les choses
simplement, et sont plutôt le suiet d'une hystoirc qu'une
hystoire même qui doit être plus (Hcnduc, et dont le style
doit être plus étudié et plus pathétique; les annales sont
proprement des mémoires quo l'hystoire digère mieux et
met dans la perfection.
Belli alvilis (vers 103). — C'est la guerre entre Othon
et Vitellius au village de Bedriac eutre Crémone et Vérone
ou Othon feut défait deux Ibix, il se tua entin après auoir
régné 3 mois et deux iours.
Nimirum (vers 104). — Le poète attaque la mollesse
d'Othon qui êtoit fort efféminé , l'empereur Galba vouloit
l'adopter, mais parcequ'il ne s'en trouua pas fort satisfait
il changea de dessein et mit Pison a sa place , cette prefc-
rance lui coûta la vie, et Othon se saisit de l'empire iusqu'a
ce qu'il combatif contre Vitellius thuis hi campagne de
Bedriac.
Hic (vers 111). — Il attaque encore une foix ces pbretres
efféminés.
Turpis Cybeles (vers 111). — La honteuse Cybele se
ti'ouue la, c'est a dire qu'on y fait des choses infâmes corne
on auoit accoutumé d'en faire dans les sacryfices de
Cybele.
Seniiramis [yqvs 108). — Semiramis, Reyne de Babilone
feme de Ninus roy des Assiriens ; son courage egaloit son
eleuation , elle en doua des mar([ues après la mort de son
mary, car son fils étant trop ieune pour gouuerner un
royaume , elle changea d'habit auec luy , la ressemblance
— 61 —
qui êtoit entre eux fauorisa leur dessein , et la Ht régner
iuconue pendant long tems et auec beaucoup de succès ; son
fils s'apeloit Ninus.
Cleopatra (vers 109). — Gleopatre êtoit reyne d'Egypte,
elle feut célèbre par sa beauté qui luy attira force galands.
Iules César luy fit sa cour, et ensuite Marc Anthoine qui
l'aymoit extrêmement et luy prometoit l'empire de l'univers
pour lequel il dona une bataille près du promontoire
d'Actium contre Auguste; la fuite de ce qu'il aymoit
l'obligea a quitter ses gens sus l'espérance de la victoire et
a suiure Gleopatre qui feut faite prisoniere et toute l'armée
mise en déroute ; elle se fit mourir par la picqueure de deux
vipères, de crainte de seruir au triomphe.
Gracchus (vers 117). — G'étoit un home de la famille
des Gracques qui êtoit fort illustre a Rome, Gracchus êtoit
pbretre; il s'adona a des débauches si abominables qu'il
contracta mariage auec un home que luuenal fait semblant
de ne conoitre pas pour en faire mieux voir la bassesse , il
le traite de loueur de cor ou d'un trompeté. Corniciniioueuv
du cor. Sive recto cantauerat xre ou qu'il eut ioué de la
trompeté. J?5 rectum trompeté qui est droite.
Quinquagenta sestertia (vers 117). — C'est a dire dix
mille ccus qui êtoit le reuenu que deuoit auoir un cheualier
romain ; l'infamie de Gracchus paroit dauantage en ce qu'il
donoit le reuenu d'une année a ce loueur de cornet pour '
se marier auec luy.
Signatsd tabulsB (vers 119). — Supp. sunt. On passe le
contrat de mariage, on signe de part et d'autre. Dictum
féliciter, supp. est, on a dit le mot de féliciter, c'est à dire
que ce mariage soit heureux.
Cœna (vers 120). — C'est a dire, cœnantimn ordo , ou
— 6-2 —
bien eiicori' mieux, on pre|)are un lestin magnifique pour
la cclebratioii des uopces.
Nova nupta (vers 120). — Le ioueur de cornet ou le
trompeté.
Censorc opus est (vers 121). — luuenal aggraue l'infa-
mie de ces uopces par le doute qu'il lait paroitre s'il faut un
censeur pour reprendre un crime si détestable ou un arus-
pice pour l'expier.
Aruspex (vers 121 ). — Celui qui consultoit les antrailles
des animaux, et par les mouuements qu'il y remarquoit il
predisoit i'auenir, et s'il arriuoit quelque prodige . il TexpiGit
par un sacrytice.
Flammea (vers 124). — Eloit un voyle iauue dont on
couuroit la tête de la nouuelle mariée.
Clypeis ancUibus (vers 126). — Pendant le règne de
Numa Pompilius, un petit bouclier d'airain tomba du ciel,
et l'on entendit a même tems une voix qui disoit que Rome
seroit une ville fort puissante pendant qu'on garderoit ce
bouclier; le Roy le fit mètre dans le temple de Mars, et
pour une plus grande seureté, il en fît faire onze semblables
aceluy la parMamurra fameux ouurier, afin qu'on ne peut
pas distinguer quel êtoit le céleste; il y auoit 12 pbretres
consacrés a Mars qui le porloinl par la ville en dansant,
d'où ils feurent apelés salil , a salie)ido, sautant.
Clypeis ancilibus. On apele un bouclier ancilis parce
qu'il êtoit roigné de tous cotés , de façon qu'il n'y auoit
point de coin de quelque côté qu'on regardât.
( Ov. de Fast. )
AtquG ancile vocani quod ab omiii parle rccisuni est
Quamque oculis spcctes angulus oiiinis abcsl.
Arcano loro (vers 125). — Les pbretres portoint les
— fi;^ —
boucliers auec des liens que le poète apele segrels, parce
qu'il n'y auoit (jue ces pbretres ([ui peussent les toucher, ou
parcecjue les liens ètoient derrière les boucliers, et ainsy on
ne pouuoit pas les voir.
Sacra ferens nutantia (vers 125). — Supp. ancilia, le
pbretre qui portoit les boucliers tombés du ciel.
Il n'attaque pas toute sorte de pbretres, mais ceux de
Mars, et par concequent de qualité, parceque les pbretres de
Mars qu'on apeloit Saliens , ètoint toûiours des principaux
de Rome.
Sacra nutantia ^vers 125). — C'est a dire la volonté des
dieux. Nutare, faire signe marque la volonté; ces pbretres
portoint en quelque façon la volonté des dieux dans les
boucliers dont la durée prometoit celle de l'empire.
0 Pater Urbis (vers 126). — C'est Mars père de Remus
et Romulus qui bâtirent Rome.
Latiis pastoribus ( vers 127). — D'où vient qu'une abomi-
nation si grande s'est glissée parmy des gens dont les an-
cêtres n'êtoint que des bergers.
Gradlue (vers 128). — Mars le dieu de la guerre ou
l'on marche fort lentement et par degrés; c'est de la qu'il est
apelé Gradiuus.
Nec quaereris patri (vers 131). — Pouues vous vous
empêcher de vous plaindre a lupiter votre père des
débauches des Romains.
Campi seueri ( vers 131 et 1 32 ) . — C'est le champ de Mars
qui apartenoit a Tarquin le Superbe qui feut chassé de Rome
et son champ consacré a même tems au dieu Mars ; c'est la ou
l'on creoit les magistrats, et ou l'on disciplinoit les troupes ,
c'est pour cette raison que le poète Fapele le champ seuere
pour faire voir que la seuerité de la discipline y regnolt.
— 64 —
Officium (vers 134). — Ces deux vers sont contre l'aljo-
mination de son tems ou les homes se raarioint entre eux ;
il y a une persone qui parle du seruice qu'il doit rendre a
un de ses amys qui doit se marier a un esclaue.
Jn valle Quirini (vers 133). — Dans le temple de
RoniLilus apelé Quirinusdu mot quiris qui signifie en langue
Sabine picque ({ue Romulus auoit accoutumé de porter ;
c'est de luy que les Romains prirent le nom de Quirites.
Fient, fient (vers 135 et 136 ). — Cette répétition est fort a
propos, on ne sauroit la prononcer qu'auec un soupir qui
marque le chagrin de luuenal contre les desordres de Rome.
Cupient et m acta referri (vers 136). — Ces infâmes ne
se contentent pas de se marier en segret auec des esclaues de
leur sexe , mais ils sont si amoureux de ce qu'ils font qu'ils
veulent rendre leur mariage public , et le faire enregistrer
dans les archiues de la ville.
Lyde (vers 141 ). — Lyde ôtoit une de ces vilaines femes
qui ont asses de raport auec les sorcières qui se mêlent de
guérir beaucoup des maux , celle cy faisoit des remèdes auec
beaucoup de superstitions, elle en faisoit pour la fécondité.
Afjili Luperco (vers 142). — G'êtoint des pbretres; les
Romains en mémoire du bienfait qu'ils auoint receu de
Lupa nourrisse de Romulus, instituèrent des ieux apelés
Lupercalla. Les pbretres qui yfaisointles sacryfices êtoint
apelés Luperci , Lupercaux qui couroint tous nuds dans
les rues en portant (juclques peaux dont ils frappoint les
femes qu'ils rencontroint croyant que cela les faisoit deuenir
fécondes ; il êtoit permis aux homes et aux femes de courir
la ville de la môme manière, c'est pour cela qu'Anthoine se
fit traîner tout uud, pendant les ieux par des femes et des
filles.
— fir> —
Palmas (vers 142). — li hml enlenàre verhcrandas, pour
être frappées par des Lupercaux; les femes leur presentoint
les mains sur lesquelles les pi)retrcs donoint (juelques
coups, on croyoifc devenir fécond par la; les lionies même
qui se marioinla d'autres homes auoint inutilement recours
a ces moyens.
Vicit et hoc monstrum (vers 143). — lusqu'icy le poète
a parlé des debauclies des pbretres et de leurs infamies , il
les quitte pour parler de quelques persones de qualité qui
sans considération de leur noblesse se mêloinl auec les
gladiateurs et les comédiens.
Tunicati fuscino Gracchi {vers 143). — luuenal parle
du combat de gladiateurs qui se faisoit entre deux homes
dont l'un portoit des filets et un bâton a 3 dents , c'êtoit
retiarius; l'autre porloit un casque dont le ])out represen-
toit un poisson, cetoit mirmillo sur lequel le T'' iettoit
les filets en disant pisccm, peto, non te peto ; ces combats
ne se faisoint que par des gens de très basse extraction , il y
eut neagmoints des gens de la l^"** qualité qui firent ce tort
a leur noblesse que de se mêler parmy cette canaille;
c'est contre cette canaille que le poète crye.
Vicit et hoc monstrum tunicati fuscina Gracchi (vers
143). — Le iavelot du gladiateur Gracchus a vaincu ce
monstre, c'est a dire il est plus honteux a Gracchus de faire
le métier de gladiateur qu'a ces pbretres dont nous auons
parlé de se marier auec des garçons , ces pbretres ne faisoint
tort qu'a eux môme , et Gracchus a cause de sa noblesse
faisoit tort aux gens de qualité par l'infâme métier de gla-
diateur.
Hoc monstrum (vers 143). — Cette abomination des
pbretres Saliens.
— 60 —
Gladiator (vers 144). — C'est toûiours Gracchus, dont
la lâcheté rendoit l'infamie plus grande.
Lustrauit onediam arenam {vers 144). — La fuite de
Gracchus a en quelque façon purgé l'amphyteatre ; elle
a fait raison a la noblesse du tort (juo cet iufanic luy l'aisoit.
Nec pueri credunl (vers 152). — Le sens est que l'im-
piété règne si fort qu'on ne croit pas même les principes
de la religion, ou s il y a quelqu'un qui les croye, ce ne
sont que des enfants et même ceux dont on ne prend point
de l'argent aux bains, c'êtoint les plus petits.
Et Capitolinis (vers 145). — La famille des Capitolins
êtoit fort illustre dans Rome , elle venoit de ce Marins
Manlius qui dell'cndit le Capitole contre les Gaulois qui
l'escaladoint une nuit, mais Marius heureusement eueillé
par un oison les repoussa, ce qui luy mérita le nom de
protecteur de la patrie qu'il changea par son ambition en
celuy d'enemy de la patrie, dont il vouloit s'emparer et
deuenir maitre de l'empire ; sa témérité feut punie et il
feut précipité du haut du mont Tarpeie.
Capitolinis generosior (vers 145). — Quoyqn'il se dit
plus braue que les Capitolins.
Marcellis (vers 145). — La famille des Marcellcs feut
illustre par le consul et par celuy qui vainquit Annibal.
Catuli (vers 146). — La fameuse maison des Catules
êtoit encore fort illustre, sa noblesse venoit de Quintus
Catulus Luctatius qui dans la T"'''" guerre puni(|ue partit
auec 300 nauires contre les Carthaginois qu'il vainquit et
rétablit le Capitole qui auoit été brûlé.
Paioli{vcTS 146). — Les Paul tiroiiit leur origine de
Paul Emile disciple de Pythagore; il s'apeloit Emile du
mot grec o(jiY)Xiaç conversation, ou il reussissoit très bien; il
— 67 —
y eut encore deux autres Paul qui rendirent leur famille
fort illustre , l'un mourut a la bataille de Cannes préférant
la mort a une fuite qui n'auroit pourtant pas été honteuse
a un blessé tel qu'il êtoit; l'autre vainquit Persée roy de
Macédoine et le mena en triomphe auec sa fcme et ses
enfants; le fils de celuy cy feut adopté par Scipion l'Afi'ricain,
c'est celuy qui détruisit Garthage.
Fahiis (vers 146). — La famille des Fabiens êtoit aussy
illustre que nombreuse , ils êtoint 300 tous braues , ils com-
batirent souuent auec succès contre les Veiens , ils feurent
tués a la fin par les enemys. Ouide en parle dans ses
annales :
Una dies Fabios ad bellum miserai oimies
Ad hélium missos perdidit una dies.
His (vers 147 ). — C'est a dire par ce que je vay dire des
enfers.
Ipsum admoueas (vers 147). — Joignes y encore celuy la
par la libéralité duquel Gracchus decendit dans Famphy-
teatre en qualité de gladiateur; quelques uns entendent
Néron , d'autres Domitien ; ie ne scay si admoneas ne seroit
pas mieux , l'expression seroit plus claire.
Stygio varias in gurgite nigras (vers 150). — La fiction
est toute du poète qui n'a pas voulu qu'il y eut des fleuues
en enfer sans qu'a même tems il y eut des grenouilles.
Tôt millia (vers 151). — Il faut entendre animarum,.
Sed tu ver a puta ( vers 153). — luuenal parle a Domitien
sous le règne duquel il viuoit dans sa jeunesse ; il luy parle,
quoyqu'il feut deia mort ; les poètes se douent bien d'autres
licences, outre que c'êtoit pour toucher les autres par cet
exemple.
Curius, quid sentis (vers 153). — 0 Curius, et vous
— i;8 —
0 Scipions, ect., qui êtes présentement dans les Champs
Elysées , quelle est votre surprise lors (jue vous y voycs
venir tant de scélérats,
Totbellorum animœ (vers 156). — Fameux par tant de
victoires.
Cuperent lustrari (vers 157). — Le poète représente
très bien les desordres et les vices de son tems en disant
que si quelque débauché vient a mourir son ame souille
les ombres des enfers, et que les grands homes qu il marque
sous le nom de Gurius voudroint se purifier si on le pouuoit
dans les enfers.
Talis umbra (vers 157). — L'ame de Domitien et des
autres infâmes come luy.
Cum tsedis (vers 158 ). — Tseda êtoit un arbre qui portoit
la résine.
Arma quidem ultra , ect. (vers 159). — A quoy nous
sert d'auoir étendu nos conquêtes iusques au delà de l'An-
gleterre puisque Rome est remplie d'abominations dont
les peuples même que nous auons vaincus sont exempts,
llluc (vers 159). — Et malheureux que nous somes,
après notre mort , nous irons rendre compte de notre vie
aux iuges des enfers, quoyque nous ne croyions pas qu'il y
en ayt.
luberna (vers 160). — C'est une isle d'Angleterre située
dans l'occean , elle est ^sses près desOrcades qui sont 30.
Minimd contentas nocle Britannos (vers 161). — Les
nuits sont courtes en Angleterre.
Et tamen unus Armenius Zelates (vers 164). — 11 vient
de dire que dans les pays conquits par les Romains , il n y a
pas tant des desordres que dans Rome, ce qui est fort
honteux; il semble icy se reprendre de ce qu'il a dit, il fait
— 69 —
voir qu'un certain Zclates que les Arméniens auoint doué
en otage aux Romains êtoit entièrement débauché , et qu'il
s'êtoit abandoné a un capitaine qui en êtoit amoureux ; le
poète désigne les étrangers sous le nom de Zclates, et pour
excuser les desordres des Romains il fait voir qu'il y en a
aussy chcs les étrangers, mais aussy loin de les excuser par
la, il les condamne dauantage, car il dit que s'il y auoit de
la corruption dans les mœurs des étrangers, elle êtoit
venue de Rome.
Aspicc quid faciant coinercia (vers 166). — Voycs les
malheurs qu'attirent ces comerces infâmes. Zelates auoit
été doné en otage par les Arméniens, peut être êtoit il sage
dans son pays , mais qui est ce que le seiour de Rome n'a pas
corrompu.
Hic (vers 167). — A Rome; ils devienent icy des scé-
lérats.
Prsctexlatos mores {vers 170). — Les vices des ieunesgens
de qualité qui portoint une robe apelée prœteœta.
Artaxata ( vers 170). — Ce nom est au nombre plurier, et
signifie une ville d'Arménie près du fleuue Araxes; elle feut
ruinée par Néron Gorbule lors qu'il faisoit la guerre contre
Mytridate.
FIN
DE LA 2™" SATYRE.
SATYRA III
1 Quamvis dUjressu veteris confmus amici ,
■2 Laudo tamen vacuis qiiod sedem ftgere Cumix
i DesLinet , atque unum civem donare SyhiUx,
4 lanua Boiarum est , et gratem litus amœni
5 Successus. ego vel Prochytam prxpono Suburra;.
6 Nam quid tam miserum, tam solum vidùnus , ul non.
7 Deterius credas horrere incendia , lapsus
8 Tectorum assiduos , ac mille periciila ssevse
9 (Jrbis , et Augusto recitantes mense poëtas?
10 Sed dum tota domus rhcda componitur una ,
11 Substitit ad veleres arcus , madidamque Capenam :
12 Hic iibi nocturnx Nimia constituebat amicx.
13 Nunc sacri fontis nemiis , et delubra locantur
14 ludxis : quorum cophinus , fenumque supellex.
15 Omnis enim populo mercedem pendere jussa est
16 Arbor, et ejectis mendicat silva Camœnis.
17 In vallem Egeriœ descendimus , et spelwïcas
18 Dissimiles veris . quanto prsestantius esset
19 Numen aqux , viridi si inargine cluderet undas
20 Herba . nec ingenuum violarent marmora tophum ?
21 lieic tune Umbricius , quando artibus , inquit , honestis
22 Nullus in icrbe locus, niilla emolunienta laborum ,
23 Res hodie minor est, hère quam fuit , atque eadem cras
24 Deteret exiguis aliquid : proponimus illuc
25 Ire, fatigatas ubi Dedalus exuit alas ,
26 Dura nova canities , dum prima et recta senectus ,
27 Dum superest Lacliesi quod torqueat , et pedibus me
28 Porto meis , nullo dextram subeunte bacillo.
29 Ccdamus patria : vivant Arturius istic
30 Et Catulus; itianeant qui iiigrum in candida ver t tint ,
31 Queis facile est iedem conducere , flumina , portus ,
32 Siccandam eluviem, portandiun ad biisla cadaoer,
:i3 Et prœbere caput domina vénale sub liastd.
34 Quondam hi cortiicines , et niunicipalis arenx
35 Perpetui comités , nolseque per oppida buccse ,
36 Munera nunc edunt , et verso pollice vxdrji
37 Qucmlibet occidunt populariter : inde reversi
38 Conducunt foricas. et car non omnia : cum sint ,
39 Qualeis ex humili magna ad fastigia rerum
40 Extollit, quoties volait Fortuna jocari?
41 Quid Romx faciam ? menliri nescio : libruin
42 Si malus est, nequeo laudare et poscere : moins
43 AstroriDii ignoro : funus promittere patris
44 Nec volo , nec possum : raiiarwn visccra nunquam
45 Inspexi. ferre ad nuptam , qux mittit adulter,
46 QucV mandat norinl alii : at, me nemo ministro
47 Fur eril , atque ideo nulli cornes exeo , tanquam
48 Manciis , et extinctx corpus non utile dextrx.
49 Quis nunc dlligitur, nisi conscius , et cui fervens
50 jEstuat occuUis animus , se}nperque tacendis?
51 Nil tibi se debere putat , nil conferit unquam ,
52 Participem rui te secreti fecit honesti.
53 Carus erit Verri, qui Verrem tempore , quo vult ,
54 Accusare potest. tanti tibi non sit opaci
55 Omnis arena Tagi, quodque in mare volvitur aurum ,
56 Ut somno careas , ponendaque prœmia sumas
57 Tristis , et à magno semper timearis amico.
58 Quœ nunc divitibus gens acceptissima nostris ,
59 Et quos prœcipue fugiam, properabo fateri ,
60 Nec pudor obstabit. non possum. ferre , Quirites ,
61 Grœcam urbem, quamvis quota porlio fxcis Aclixée?
62 Fam pridein Sginis in Tiberim de/luxit Orontes ,
63 Et linguam , et mores , et cum libicinc chordas
64 Obliquas , nec non gentilia tympana secum
65 Vexit , et ad circwn jussas proslare pucllas.
66 Ite, quibus grata est picta lupa Barbara mitra.
67 Rusticus ille tuus sumit trechedipna , Quirine ,
68 Et ceromatico fert niceteria collo.
69 Hic alla Sicyone, ast hic Amionc relicta ,
70 HicAndro, iUe Saino , hic Trallibus , mil Alabandis ,
71 Exquilias , dictumque pelant à viininc collcm ,
72 Viscera magimrum doniuum , doininigue f'uturi.
73 Ingenium velox, audacia perdita , serino
74 Promtus , et Isxo torrentior. ed<> , quid iUum.
75 Esse putes? qucmvù homineiii secum atiulit ad nos.
76 Grammaticus , rhetor, géomètres , pictor, aliptes ,
77 Augur, schœnobate^ , medicus, magus : omnia nooit.
78 Grxculusesuriem in cœlum, jusseris, ibit.
79 Ad summam non Maurus crat , neque Sarmala , nec Thrax.
so Qui sumpsit pennas , mediis sed natus Athenis.
81 Horuui ego non fugiaui conchylia ? me prior ille
82 Signabit , fultusque Uioro , meliore recumbct
83 Advectus Romain , quo pruna , et coctona vento y
84 Usque adco nihil est , quod nostra infantia cœtum
85 Hausit Aventini bacca nutrita Sabina f
86 Quid, quod adulandi gens prudenlissima laudat
87 Sennonem indocti, facicm dcformis ainici ,
88 Et longum invalidi collum cervicibiis œquat
89 Ilerculis, Antxum procuù à tellure tenentis?
90 Miratur vocem angustani , qua deterius nec
91 Illesonal, quo mordelur gallina marito .
92 Hœc eadem. licet et nobis laudare : sed illis
93 Creditur, an melior cuni Thàida sustinet , aut cum
94 Uxorem comœdus agit, vel Dorida nullo
95 Cultam palliolo ? mulier nempe ipsa videtur,
96 Non persona loqui : vacua, et plana omnia dicas
97 Intra ventriculum , et tenui distantia rima.
98 Nec tamen Antiochus , nec erit mirabilis illic
99 Aut Stratocles , aut cum molli Demetrius , Uxmo.
100 Natio comœda est. rides ? majore cachinno
101 Concutitur : flet , si lacrymas compexit amici ,
102 Nec dolct : igniculum brumes si tempore poscas ,
103 Accipit oidromidem : si dixeris , asstuo , sudat.
104 Non sumus ego pares : melior qui semper, et omni
105 Nocte , dieque polest alienum sumere vultum ,
106 A fade jactare manus , laudare paratus
107 Si bene riictavit , si rectum minxit amicus,
108 Si trulla inverso crepitum dcdil aurea f'undo.
109 Prwtcrca -sanclwa niliil cil, cl ab infjuine tutiim :
110 Non malrona Laris , non filia virgo nr(juc ipse
111 Sponsrts Ixvis adhuc , non filins anlc. pudicus.
112 Ilorunt ,si niliil est, aulam rrsupinat aniici.
113 Scire volunt sécréta domus , atque in.de tiuieri.
11 i El quoniam cœpit Grxcorum mentio , transi
115 Gymnasia, atque audi fascinus majoris abollje.
116 Stoicus occidit Bareani. delator amicuni ,
117 Discipitlumqve senex, ripa nutritus in illa ,
118 Ad quani Gorgonei delapsa est penna caballi.
uït Non est Roniano cuiquam locus heic , ubi reqnat
120 Protogenes aliquis, vel Diphilus , aut Erimantlius :
121 Qui gentis vitio , nunquam partitur, amicuni
122 Solus habet. nam, cum facilem. stillavit in aurrm
123 Exiguum de naturse , jmtriœque veneno ,
124 Limine summoveor : perierunl tempora longi
125 Serviiii : nusquam minor est jactura clientis.
126 Quod porrn officium , ne nobis blandiar, aut quod
127 Pauperis hic nieritum : si curet nocle logalus
128 Currere , cwn Pr.vior lictorem impellat , et ire
129 Prxcipilcm jubeal dudum vigilantilnis orbis ,
130 Nec jnior Albinam , et Modiam collega saluter ?
131 Divitis /lie servi ctudil talus ingemioniin
132 Filius : aller enivi , quantum in legione Tribuni
133 Accipiunt , donal Calvinx , vel Catiemv ,
134 Ul semel, atque iierum super iUam palpitet : al lu ,
135 Cum libi vesliti faciès scorli placel , lucres,
136 Et dubilas alla Chionem deducere sella.
137 Da lesteni Roms , iam sanctum quam fuit liospes
138 Numinis Idxi : procédât vel Numa, vel qui
139 Servavit trepidam flagranti ex œde Minervatn ;
lio Protinus ad censum , de moribus ultima fiet
141 Quœslio : quoi pascit servos , quot possidet agri
142 Jugera , quam multa , magnaque paropside cenat ?
143 Quantum quisque sua nummorum serrât in arca,
144 Tanlum habet et fidei. jures licet et Samotracum ,
Uh Et nostrorum aras , contemnere fulmina pauper
146 Creditur, atque Deos , Diis ignoscentibus ipsis.
147 QuUl , quod materiam prœbet caussasque jocoriim
U8 Omnibus hic idem, si fœda et scissa lacerna,
.110 Si toga sordidula est , et rupta calceus aller
lôo Pelle palet : tel si comuto vulnere crassum ,
loi Atque recens linum ostendit non una cicatrix ?
152 Nil habet infelix paupertas durius in se ,
iô3 Quam quod ridiculos homines facil. exeat , inquit ,
154 Si pudor est , et de puloino surgat cquestri ,
155 Cujm res legi non sufflcit , et sedeant lieic
156 Lenonum pueri quocunque in fornice nati.
157 Hic plaudat nitidi Pr.cconis /ilius inter
158 Pinnirapi cultos juocnes , juvcncsque lanislœ.
15!) Sic libitum vano , qui nos distinxit , Othoni.
160 Quis gêner heic plaçait censu rninor, atque puelUo ■
161 Sarcinulis impar ? quis pauper scribitur hœres :
162 Quando in consilio est .Edilibus ? agmine facto
163 Debuerant olim tenues migrasse Quiritcs.
164 Haud vxGihv^ emergunt , quorum virtutibus ubslal
165 Res angusta domi. sed Romas durior illis
166 Conatus : magno hospitium miserabile , magno
167 Servorum ventres , et frugi cenula magno.
168 Fictiiibus cenare pudet, quod turpe negavit
169 Translatus subito ad Marsos , mensamque Sabellam ,
170 Contentusque illic Veneto, duroque cucullo.
171 Pars magna Italie est, si verum admittimus. in qua
172 Nemo logam sumit, nisi mortuus. ipsa dierum
173 Festorum herboso colitur si qtiando theatro
174 Majestas, tandemque redit ad palpita notant
175 Exodium , cum personx pallcntis Idatum
176 In gremio mat ris formidat riisticus infans :
177 Mqualeis habitus illic, similesque videbis
178 Orchcstram , et populum : clari velamen honoris ,
179 Sufficiunt tunicse summis Mdilibus albx.
180 Heic ultra vireis habitus nitor : lieic aliquid plus,
181 Quam salis est : interdum aliéna sumitur arca.
182 Commune id vitium est : heic vivimus ambitiosa
183 Pauper taie omnes. quid te moror ?Omnia Romœ
184 Cum pretio. quid das, ut Cossum aliquando saintes :
185 Ut le respiciat clauso Vcjento labello ?
— 76 —
186 /lie metit barbam, crinem liic deponil amali.
187 Plena domiis lihis venalibiis. accipe, et isiud
188 Fermentum tibi habe. pnestare trihuta clicnks
189 Cofjimiir, et cullis augerc pcculia servis.
190 Quis timet , aut tiinuit gelida Prwnestc ruinam,
191 Aut posilis nemorosa inler juga Volsiniis , aut
192 Simplicibus Gahiis, aut proni Tihuris arce'f
193 Nos urbem colimus lenui libicine fultam
191 Magna parle sui. nam sie labentibus obslat
195 Villicus, et veleris ri)nw contexit hialum :
196 Securos pendente jubet dorrnire ruina.
197 Vivendum est illie, ubi nulla ineendia, nulli
198 Nocte metus. jani poscit aquam, jam frivola trans/'eii
199 Ucalegon : tabulata tibi jam ter lia fumant.
•200 Tu nescis. nain si gradibus trépidât ur ab irais :
201 Ultimus ardebit, quem tegula sola tuelur
202 A plitvia, molles ubi reddunl ova columbœ.
203 Lectus erat CodroProeiila niinor, ureeolisex,
204 Ornamentum abaci, nec non et jwrrulus infra
205 Cantharus, et recubans sub eodem marmore Chyron.
206 laniqiie vêtus Grwcos servabat cista libellas,
207 Et divina Opici rodebant carmina mures.
208 Ml habuit Godrus. quis enim negat ? et tamen illitd
209 Perdidit infelix totum nihil : ultimus autem
210 jErumniB cumulus, quod nudum, et frusta rogantem
211 Nemo cibo, nepio hospitio, leetoquejuvabit.
212 Si magna Asturici cecidit domus : horrida mater,
213 Pullali proceres, diff'ert vadimonia Prxlor.
214 Tune gemimus casus urbis, tune odimus ignem.
315 Ardet adimc? et jam aecurrit qui marmora donei ,
216 Conférât impensas, hic nuda, et eandida signa.
217 Hic aliquid praiclarum Euphranoris , et PoUclcli ,
218 Phiveasianoriim vetera ornamenta JJeorum ,
219 Hic libros dabit, et forulos, medianujue Minervant ,
220 Hic utodium argenti : meliora, et plura reponit
221 Persicus orborum lautissimus, et merilo jant
222 Suspectus, tanquain ipse suas incenderit xdcs.
223 Si potes avetli circensibus, nptima Sor,r.
221 Aut Fabralcrix domus , aut Frusinone paralur.
225 Quanti mine tenebras unum condxicix in annwn l
226 Hortulus lieic, puteusque biTvis, ner reste movendus ,
227 In tenueis plantas facili defundilur hauslu.
228 Vive bidentis amans, et culli xnllieus horti :
229 Unde epulum possis centum dare Pythagorxis.
230 Est aliquid quocunque loco, quocicnque recessu
231 Unius sese dominum fecisse lacertx.
232 Plurimus lieic seger moritiir vigilando : sed illum
233 Languorem peperit eibus imper fectus , et hœrens
234 Ardenti stomacho, nam quse meritoria somnum
235 Admittunt ? magnis opibus dormitur in urbe.
236 Inde caput morbi : rhedarutn transitus arcto
237 Vicorum inftexu, et stantis convitia mandrse
238 Eripient somnum Druso, vitulisque marinis.
239 Si vocat officium : turba eedente vehetur
240 Dives, et ingenti eiirret super ora Liburno.
241 Atque obiter leget, aut scribet, vel dormiet intiis.
242 Namque facit somninn clausa lectica fenestra.
243 Ante tanem veniet : nobis properantibus obstat
244 Unda prior : magno populus premit agmine Inmbos
245 Qui sequitur : ferit hic ciibito, ferit assere dura
246 Alter : at hic tigjium capiti incutit, ille metretam.
247 Pinguia crura luto, planta mox undique magna
248 Calcor, et in digito clavus mihi militis hseret.
249 Nonne vides quanto celebretur sportiila fumo ?
250 Centum convivse : sequitur sua quemque culina.
251 Corbulo vix ferret tôt vasa ingentia, tôt res
252 Impositas capiti, quas recto vertice portât
253 Servulus infelix^ et cursu ventilât ignem.
254 Scinduntur tunicx sartœ : modo longa coruscat
255 Sarraco veniente abies, atque altéra pinum
> 256 Plaustra vehunt, mitant altœ, populoque viinantur.
257 Nam si procubuit, qui saxa Ligustica portât
258 Aûcis, et eversum fudit super agmina montem ,
259 Quid superest de corporibus ? qms membra , quis ossa
260 Invenit? obtritum vu Igi périt omne cadaver
261 More animx. domus interea secura patellas
262 lam lavât ^ et bucca foculum excitât, et sonal unctis
263 Striyilibus, et pleno componil lintea gutto.
_ 78 —
•i6i Hxc inler pucros varie prnpcranhir : al illc
afif) la))} sedct in ripa, tetrwnque 'novicius horrel
soc, Poriliitira, )ier sperai cœnosi gurgitis almim
207 Infclix, nec habel quem porrif/al are Irientem.
2CH Rcspicc nunc alia , ac divrrsa pcricula noctis :
269 Quod spalitnii Icclis siibliinilni<!, unde cerehrum
270 Testa ferii, quolics rimosa, cl curla fenestris
271 Vasa cadunt, (/uatito pcrcussuni pondère signent ,
•2~'2 El l.rdant siliccDi. possis ignarus haheri,
273 Et subili rasus improvidus, ad. cœnam si
274 Intestatus cas. adco toi fata, quoi illa
'2To Nocte paient vigiles, te pnetcreunlc . fencstiw.
276 Ergo optes, votwnquc fera iniserabile tecuni ,
277 Ut sint contentx patulas defundcre pelveis.
278 Ebrius ac petulans, qui nullum forte cecidit ,
279 Dat pœnas , noctem patitur lugeiitis amicum
280 Peleidx, cubât in faciem, ntox deinde supinus :
281 Ergo non aliter polerit dormire. quHmsdam
282 Sommim, rixa facit : sed quamvis improbus annis ,
283 Atque mero fervens, cavet hune, quem coccina txna
28'. Vitari Jubet , et comitum longissimus ordo :
285 Multum pra'terca pammprum, et xnea lampa^s.
28fi Me, quem Luna solet deduccre, vel brève hnnen
287 Candelx , ciijus dispenso , et tempero filuni ,
288 Contemnil. miserx cognosce proœmia rixx ,
289 Si rixa est vlii tu jxtlsas, ego vapiild Idiilinii.
290 Stat contra, starique jul)et, parère necesse est.
291 Nam quid agas : cum te furiosus cogat, et idem
292 Forlior?unde venis? exclamai, cujiis acclo ,
293 Cujtis conche tûmes ? quis tecum sectile porrum
294 Sutor et elixi vervecis labra comedit ?
295 Nil mihi respondes ? aut die, aut accipe calccm.
29fi Ede , .ubi consistas , in qua te qiiiero proseuca
297 Dicere , si tentes aliquid , tacitusve recédas ,
298 Tantundem est : feriunt pariter : vadimonia deinde
299 Irali faciunl , libertas pauperis hœc est .
300 Pulsatus rogat, et pugnis concisus adorât ,
301 Ut liceat paucis cum dentibus inde revcrti.
302 Nec tamen li^c tantum metiias : 7mm qui spoliel te
— 79 —
303 Non deerit . clausis domibus postquam omnia ubique
304 Fixa catenaLr silnil compago tabernx
305 Interdum et ferro subitus grassator agit rem ,
306 Armato quoties tulx custode teneniur.
307 Et Pontina palus , et Gallinaria pîniis.
308 Sic inde hue omnes tanquam ad vivaria currunt.
309 Qua fornace graves , qua non incude catenx ?
310 Maximus in rinclis ferri modus, ut timeas, ne
311 Vomer deficiat, ne marne, et sarcula desint.
312 Felices proavorum atavos , felicia dicas
313 Seculas qu% quondam sub regibus, atque tribunis
314 Viderunt une contentam carcere Romam.
315 His alias poteram , et plureis subnectere caussas :
316 Sed jumentavocant, et Sol inclinât; eimdum est.
317 Nam mibi commota jam dudum muliovirga
318 Adnuit : ergo vale nostri memor : et quoties te
319 Roma tuo reftd properantem reddet Aquino ,
•?2o Me quoque ad Eluinam Cererem , vestramque Diana)ii
321 ConveUe à Cumis : satijrarwn ego , ni pudet illas ,
322 Adjutor gelidos veniam caligatus in agros.
SATYRE III
SUIET
Il ne parle dabort que de son amy qui sort de Rome et
pour auoir lieu de luy en faire dire tout ce qu'il pense, il
choisit le tems et le lieu. Le tems est celuy de son départ
ou les passions se font le plus sentir , le lieu est le bois ou
Numa parloit a ^gcrie et ou le souuenir d'un tems si
heureux luy done occasion de parler des misères et des
désordres de son tems.
Amici (vers 1 ). — Cet ami est Umbrice qui êtoit arus-
pice ; cela est deia expliqué.
Cumis (vers 2). — Gumes est une ville de la Gampauie ,
la plus anciene de celles d'Italie et de Sicile ; elle feut
bâtie par Hyppocles Gumœus ; c'est aussy de luy qu'elle
prend son nom.
Vacuis (vers 2). — C'est a dire que Gumes est une ville
vuide des desordres et des embarras de Rome ; c'est une raison
fort bone qui oblige Umbritius d'y aler habiter.
Sybillœ (vers 3). — Il y auoit a Gumes une sybille
apelée Gumée a cause de cela; c'êtoit une fille qui auoit fait
vœu de virginité et en recompense elle predisoit l'auenir ;
c'est des prédictions qu'elle prend le nom de Sybille, du grec
6
— 82 —
Aïo; cliou et pouXr, coiîseil , conseil des dieux, pareequ'elle en
expliquoit la volonté.
Baiarum ( vers 4). — Bayus est un village sur la cote Je
la mer ou il y auoit des bains fameux pour le plaisir et pour
la santé; il falloit passer a Cumes pour y aler ; c'est pour
cela que le poète apelle Cumes : fa /ma Ba/aram, le
passage.
P-ri^hytam prœpono Suburrie (vers 5). — Juuenal
repond par auance a ceux qui pourroint lui dire que son
amy a tort de quitter Rome pour aler a Cumes qui est un
endroit peu habité ; il dit a cela qu'il aimeroit mieux être
dans l'endroit du monde le moins habité qu'a Rome ou l'on
voit tant des desordres; il se sert de Prochyte et deSuburra
pour exprimer sa pensée parceque Prochyte est une isle
fort déserte sur la cote de Campauie et Suburra étoit un
des plus beaux quartiers de Rome.
Nam quicl tam miserum (vers 6). — Car y a t il place
au monde si misérable (H si déserte qui soit si horrible que
la cheute des toits, l'horreur des embrasements, ect.
Ut non credas deterius horrere incendia (vers 6 et 7). —
Que ce ne soit encore une chose plus horrible de voir les
embrasements comme on en voit asses souuent a Rome.
Recitantes (vers-'J). — Supp. audire.
Augusto mense (vers 9). — Les poètes sont si amoureux
de leurs ouurages qu'ils les recitent même au mois d'aoust
quoyque la ville soit moins peuplée pour lors et que
l'automne attirât les Romains a la campagne.
Toôa domus (vers 10 ). — Piuidant qu'on chargeoit sur un
charriot tous les meubles de mon ami Umbritius. Il marque
par la la frugalité d'Uml)rilius dont tous les meubles pou-
voint se mètre sur un seul charriot, ou bien disant
— 83 —
qu'Umbritius faisoit porter a Gumes tout ce qu'il auoit des
biens a Rome ; il veut dire par la qu'il n' auoit pas dessein
d'y retourner et qu'il l'abandonnoit entièrement.
Veteres arcus f vers 11). — Romulus fit bâtir des arcs de
l)rique a la porte Gapene ; les Romains dans leur haute
puissance les réparèrent , et pour immortaliser l'ouurage de
leur autheur ils les firent de marbre.
MacUdamque Capenam (vers 11 V — La porte Capene
êtoit celle ou l'on passoit pour aler a Gapoue : il y auoit
sous cette porte des acqueducs pour les fontaines de Rome ;
c'est pour cela que le poète l'apele Madida.
Hic ubi nocturnœ Numa constituebat arnicas (vers 12).
— Ou Numa parloit durant la nuit auec une Nymphe ;
Numa faisoit accroire au peuple qu'il parloit toutes les nuits
auec la Nymphe ^gerie et il est vray qu'il les passoit effec-
tivement dans un bois qui lui êtoit consacré; mais le poète
fait entendre que pour ne pas s'y ennuyer , il donoit
rendes vous a une maîtresse qu'il ne voyoit qu'en ce
tems la.
Omnis silua (vers 15 et 16). — Gest a dire tous les
^Egyptiens qui habitent dans les bois et qui demandent
l'aumône.
Eiectis camœnis (vers 16). — Apres auoir aboly les
sacryfices qu'on auoit accoutumé d'y faire en l'honeur des
Muses.
Eiectis camœnis mendicat silua (vers 16). — Les luifs
sont si misérables qu'ils sont obligés de demander l'aumône.
Silua est pris la pour ceux qui l'habitoiut , c'est a dire les
luifs.
Speluncas dissimiles veris (vers 17 et 18). — Nous
decendons ensuite dans ces cauernes , autrefoix si célèbres,
- 84 —
mais dont la beauté naturelle a lait place a la vanité des
statues de marbre qu'on y a mises.
Quanto prseslantius esset , 7iumen aqiuc (vers 18 et 19).
— luucual lait voir ([ue le luxe des Romains deplaisoit aux
dieux ; ils auoint changé la simplicité des fontaines qu'ils
auoint ornées de marbre; les Nymphes qui président aux
fontaines leur êtoint moins fauorahles, parcequ'ils auoint
violé en quelque manière les eaux par les ornements au-
quels elles prefcrent l'état naturel de ces sources.
Res hocUe riimor est (vers 23). — Il faut répéter quando.
Exiguis (vers 24). — Sous entendu rébus, et ([ue chaque
iour mon reuenu diminue.
Ubi Dœdal'us exidt alcis (vers 25). — C'est Cumes ou
Dédale s'ala poser forsqu'il echapa du Labyrinthe de Minos
auec son fils Icare a la faneur des aislcs que son génie
extraordinaire luy auoit fourny pour euiter la colère de ce
prince dont l'équité et la seuerité ont fait croire qu'il êtoit
iuge dans les enfers.
Dum noua canities (vers 26). — A présent que ie
comence a entrer dans la vieillesse.
Dum prima et recta senectus (vers 27 ). — Pendant que
ma vieillesse est encore vigoureuse.
Arturius et Catulus (vers 29 et 30). — Ce sont les noms
de deux homes de fort basse extraction dont ils s'eleucrent
a une grande puissance. luuenal se plaint de ce que des
gens come ceux la feussent plus aymés que beaucoup
d'honêtes gens.
Istic (vers 29). — A Rome.
Queis facile est œdem conducere ( vers 31). — Quels
pour quibus. Il s'emporte contre ceux qui pour deuenir
riches de quelque manière que ce feut prenoint des comis-
— 85 —
sioiis infâmes et qui les deshonoroint, comme de rebâtir
des maisons.
Conducere flumina (vers 31). — Faire porter de l'eau
pour vendre ou faire conduire des fontaines.
Portus ( vers 31 ). — Les reuenus qui se tiroint des ports ;
c'est a dire ils afiFermoint ces reuenus et l'impôt que
payoint les vaisseaux du port.
Et prmbere caput domina vénale sub hastâ (vers 33). —
Ceux qui ont la charge de vendre les csclaues a l'encan; on
metoit dans les places ou l'on faisoit les encans, une picque
qui êtoit corne un signe de l'encan ; sous cette picque on
metoit ce que l'on vouloit vendre et comme cette picque
êtoit eleuée au dessus de tout cela^ luuenal l'appelle hasta
domina.
Et prsebere (vers 33). — De stat. hom. Serui in domi-
nium nostrum rediguntur aut iure ciuili aut iure gentium ,
iw^e ciuili si guis maior 20 annis se ad pretium partici-
pandum venire passus est , ect. On vendoit sa liberté pour
auoir sa part du gain que le maitre faisoit.
Municipulis arenae perpetui comités (vers 34 et 35). —
Ce sont ceux la même que nous auons vu n'aguere loueurs
de cornet sur les arènes de l'amphyteatre ou se faisoint les
combats des gladiateurs.
Notœgue per oppida buccx (vers 35 ). — Buccse veut dire
proprement ioues; leurs ioues sont conues dans les autres
villes , c'est a dire l'enfleure de leurs ioues lors qu'ils louent
du cornet. Ils ne se contentoint pas de iouer a Rome ; ils
s'en aloint encore iouer par toutes les villes d'Italie pour
gaigner leur misérable vie.
Verso pollice vulgi (vers 36). — Ces loueurs de trompeté
se sont si fort enrichis par leurs artifices qu'ils douent des
— 8H —
spectacles et exposent des gens aux perilt; de l'amphytcatre
ou l'on auoit accoutumé de faire comLatre des honacs contre
des bêtes ; ces trompetes donoint ces spectacles avec l'applau-
dissement du peuple qui prenoit plaisir a ces combats et (jni
en donoit des marques en elcuant les mains.
Pollice qui signifiée le pouce est prins icy pour toute la
main selon la coutume des poètes qui prenent la partie
pour le tout.
Verso pollice vulgi quemlibet occidunt (vers 36 et 37).
— Par cette figure des doigts le peuple temoignoit vouloir
la mort du gladiateur vaincu. Pressus pollex seruoit a
demander grâce pour luy et empecber qu'il ne feut égorgé.
Ces loueurs de cornet se sont eleués a une si haute fortune,
et ont acquis tant de pouuoir sur le peuple qu'ils disposoint
de la vie et de la fortune des homes a leur fantaisie, et
excitent des séditions pour se venger dos principaux qu'ils
font mourir sous ce prétexte.
Foricas (vers 38). — 11 faut entendre purçjandas.
Et cur non omnia (vers 38). — Il faut entendre facerent
sordidissima , pourquoy est ce que les gens qui n'etoint
autrefoix que des trompetes ne faisoint toute sorte des
bassesses et des choses viles.
Quid Romx faciam (vers 41). — Umbrice parle.
Poscere (vers 42). — Le demander a ceux qui l'ont fait
come pour le lire auec plus de loisir ou pour en tirer une
coppie.
Motus astrorum ignoro (vers 43). — le ne conois pas,
dit il , le mouuement des astres pour pénétrer dans l'auenir
et faire des prédictions come l)eaucoup des magi tiens et des
Ghaldeens qui s'enrichissoint par la. luuenal censure ces
prophètes qui êtoint des grands charlatants et a même tems
— 87 —
il en done aux grands de Rome qui êtoint asses mal aduisés
pour croire a ces sottises.
Funus promittere patris (vers 43). — C'est contre les
enfants qui êtoint asses dénaturés pour souhaiter la mort a
leurs pères et pour aler consulter ces astrologues (|ui
llattoint la ieunesse la dessus et eu tiroint beaucoup
d'argent.
Ranarum viscera (vers 44). — Pline dit que les
entrailles des grenouilles come la rate, le cœur, la langue,
ect. seruoint a beaucoup d'impiétés. Lib. 3. Hist. nat.
Atque ideo nulU cornes exeo (vers 47). — C'est Umbrice
qui parle et qui dit que les métiers que l'on fait a Rome ne
luy plaisent pas ; ie quitte Rome, dit il, et ie la quitte sans
être accompagné de persone, parceque tout le monde me
méprise come n'étant point propre a ce que l'on fait dans
cette ville pleyne des desordres.
Tanqitmn mancus (vers 47 et 48). — Veut dire como
n'ayant point des mains ; il exprime par un deflaut de corps
son peu de talent aux fourberies^ et a l'art de gaigner des
maîtresses.
Carus erit Verri, ect. (vers 53). — Celuy la sera cher a
Verres qui pourra l'accuser quand il voudra, c'est a dire
Verres aymera celuy a qui il a fait confidence de ses crimes,
il le caressera de peur qu'il ne les découvre.
Arena Tagi opaci (vers 54 et 55). — Le Tage fleuue
d'Espagne rouloit autrefoix du sable d'or ; le poète apele
ce fleuue sombre, parcequ'il est bordé d'une grande quantité
d'arbres.
Tariti tibi non sit (vers 54). — Quoyque, dit Umbrice,
les confidents rccoiuent force présents pour les obliger a
garder le segret , ne souhaites iamais d'auoir un tel employ,
— 88 —
parcequ'un segret done beaucoup de chagrins par la dilli-
culté qu'il y a a le garder, ou par la vengeance que l'on prend
sur ceux même qui ne l'ont pas decouuert, lors qu'il vient
a être conii.
A magno semper timearis amico (vers 57). — Et gardes
vous bien de vous faire craindre d'un ami puissant , c'est a
dire gardes vous bien d'être le confident des crimes d'un
home puissant ; outre la honte que vous auries de faire un
si vilain métier, vous courries même danger de votre vie.
Grœcam urhem ( vers 61). — Umbrice ne peut pas sou-
frir, dit il , la ville de Grèce, c'est a dire les corruptions de
Rome qu il représente sous le nom de ville de Grèce parce
que les Grecs êtoint fort corrompus.
Quota portio fœcis Achaede. (vers .61 ). — Quoyqu'il y ait
peu de Grecs dans Rome , qu'il apele Fsex Achxa. Il leur
done ce nom par mépris. Achœiis vient d'Achymis et celuy
cy vient à'Achya qui est une partie de la Grèce au Peloponese
depuis l'Isthme. Quoyqu'il y ait , dit il , peu de Grecs a
Rome, ils l'ont neagmoints remplye de tant des vices qu'on
ne la reconoit plus et on peut l'apeler une ville grecque.
Orontes (vers 62). — L'Oronte est un flcuue qui sépare
la Syrie d'Anthioche ; il a pris son nom d'Oronte qui fcut le
l*"" qui ioignit ce fleuue auec le pont Euxin.
la/mpridem Syrus in Tiberim defluxit Orontes (vers 62).
— Maintenant le fleuue Oronte s'est déchargé dans le Tibre.
Les Syriens remplissent la ville de Rome aussy bien que les
Grecs.
Chordas obliquas (vers 63 et 64). — C'est un instrument
dont les cordes ne sont droites come celles de la guittare ,
mais courbes ; c'est peut être une harpe; les Grecs portèrent
a Rome cet instrument.
— 89 —
Ad circum jussas prostare puellas (vers 65). — Et qui
ont fait bâtir au cirque une maison ou les filles de leur nation
se prostituent pour de l'argent.
Rusticus ille tuus (vers 67), — 0 Romulus, ton cytoien
autrefoix si grossier prent maintenant des longs manteaux a
la grecque après qu'il s'est exercé a la lucte.
Niceteria (vers 68). — Prix que l'on donoit aux vain-
queurs dans les ieux publics.
Hic alla (vers 69), — Il va parler contre ceux qui êtoint
venus de diuers pays de la Grèce ; ils s'ingeroint dans les
maisons des grands ou ils faisoint toute sorte des bassesses
pour faire leur cour.
Sycione (vers 69). — H y a dans l'Achaye une ville de
ce nom , et dans la mer Egée une isle fort eleuée vis a vis
d'Epidaure.
Amione (vers 69). — C'est une des isles Sporades.
Andros (vers 70). — Isle dans la mer Icariene ou l'on
rendoit un culte particulier a lunon.
Trallihus (vers 70). — Tralles est une ville de la
Phrygie.
Alabandis (vers 70 ). — Ville d'Ionie.
Hic (vers 70). — Celuy cy, c'est a dire les Grecs.
Exquilias (vers 71 ). — Mont Esquilin, une des 7 mon-
taignes de Rome.
Collera dictiom a vimine (vers 71). — Apelée ainsy de
lupiter Viminien ou a cause de la grande quantité d'osier
qu'on y voit.
Viscera magnarum dormmm ( vers 72 ) . — Les Grecs par
leurs llateries s'insinuoint si bien dans les grandes maisons
qu'ils y êtoint les maîtres et en sauoint tous les segrets.
— ÎK) —
Viscera exprime f'orl bien, ils portoiiil les segrets de ces
ces maisons.
Dominique futuri (vers 72). — Ils sont confidents de
tous les segrets des grands cl ils ont tant de pouuoir dans
leurs maisons qu'ils en seront bientôt les mailres absolus.
Isasus (vers 74). — H y a eu deux persones dans l'anti-
quité qui ont porté ce nom ; l'un de ceux la a été orateur
dans Rome et l'autre précepteur de Demosthenc.
Ede quid illum esse putes (vers 74 et 75). — Il veut faire
voir l'adresse des Grecs a s'insinuer ches les grands.
Aliptes (vers 76). — G'êtoit celuy qui frottoit les athlètes
a la sortie de la lucte.
Schœnobates (vers 77). — A verbo paiVo asccndo, et
(T/oiwç funis.
Horum ego non fugiam conchylia (vers 81). — Quoy
n'euiteray ic pas ces gens la qui portent des robbes de
poui'pre. Conchylium est toute sorte de coquillage et
particulièrement ce poisson coquille que les Latins apelent
Murex d'où se tiroit ce suc précieux pour l'aire la pourpre.
Quo pruna et coctona vento (vers 83). — Cet infâme
Syrien venu a Rome pour y vendre ses prunes de Damas
et ses figues.
Baccanutrita Sabina (vers 85). — Umbrice se plaint de
ce que les étrangers sont i'ort aymés a Rome et que ceux
qui y sont nés et nourrys n'y trouueut que du mépris.
Bacca Sabiiia qui signifie les fruits des Sabins exprime
l'éducation de Rome parceque les Romains ol les Sabins
êtoint unis sous le même empire.
Quid (vers 86). — Il faut entendre dices. Que ne diries
vous pas. Il va parler de la tlaterie des Grecs corne d'une
chose fort basse.
— 91 —
Quid (vers 86). — Supp. dices. Que dires vous encore
si, ect.
Antcvum (vers 89). — Anthée êtoit iils de la Terre, il
êtoit redoutable a la lucte; Hercule voulant eprouuer ses
forces , il les trouua inuincibles parceque la Terre sa mère
luy donoit une nouuelle vigueur pourueu qu'il peut la
toucher. Hercule s'êtaut aperceu de ce secours , prit Anthée
entre ses bras , l'eleua de terre et l'etoufa.
Hsec eadem licet et nobis laudare (vers 92). — Il nous est
bien permis d'user des mêmes flateries, mais nous sommes
si fort au dessous de ces infâmes Grecs qu'on n'aiouteroit
pas même foy a ce que nous dirions.
An melior (vers 93). — 11 faut lire cela auec interroga-
tion pour marquer come un Grec est propre a toutes choses, •
a représenter une dame, une courtisane, ou une déesse.
Thaïda (vers 93). — C'est le nom d'une courtisane ches
Terence.
Dorida (vers 94). — C'est une déesse marine, fille de
rOccean et de Thetis feme de Nerée.
Non persona (vers 96). — Vous croyries véritablement a
les ouyr parler que ce sont des feroes et non pas des homes
qui louent le rolle des femes , ou bien on est si facilement
porté a croire que ce sont des femes, qu'ils n'auroint
pas besoin de porter ce voyle qui leur couure le visage et
qui sert a faire paroitre la voix plus déliée. Ce voyle s'apele
persona.
Nec tamen Antiochus (vers 98). — Et ne vous imagines
pas qu'il n'y a qu Antiochus, Stratocles, Demetrius et Hemus
qui soint des bons comédiens.
Antiochus, Stratocle, Demetrius, Hemus (vers 98 et 99).
— Ils êtoint tous quatre comédiens Romains.
— 02 —
Natio comœda est (vers 100). — Cette qualité leur est
comunc auec toute la nation ; elle est entièrement corae-
diene , c'est a dire dissimulée et portée a la flatcrie, pares
in adulando.
A facie iactare manus (vers 106). — Sortir la main de
son visage. Il y en a qui en saluant baisent la main pour
témoigner plus d'affection ; les anciens Grecs selon Pline
auoint accoutumé de toucher la barbe a ceux (ju'ils
saluoint ; peut être que les Grecs du tems de luuenal en
faisoint de même.
Si trulla inuerso (vers 108). — Les sentiments des inter-
prètes sont partagés sur cet endroit ; ces Grecs donc sont
toûiours prêts a flater un amy, soit qu'ils, ect...., si le vase
d'or a fait du bruit étant renuersé s'il a bcu tout le vin
qui êtoit dans le verre de sorte qu'il l'ayt renuersé et qu'en
acheuant de boire il ayt fait du bruit auec les lèvres en
acheuant le vin ou bien si pour iuger de ramitié de sa
maîtresse , il a ietté du vin ou de l'eau a terre ou selon le son
qu'elle faisoit, il iugeoit de l'amitié de sa maîtresse. C'est
un ieu qui se practique encore.
Ab inguine tutum (vers 109). — Des Grecs.
Stoicîcs occidit Baream (vers 116). — Umbrice fait voir
son indignation contre la perfidie des Grecs, parmy lesquels
ceux qui faisoint profession d'une plus grande sagesse, se
laissoint corrompre par l'argent pour perdre leurs plus
intimes amys; il en désigne un sous le nom de Stoicus. C'est
Publius i^gnatius qu'on gaigna par quelque argent pour le
faire seruir de faux témoin contre Soranus Bareas, son
amy et son protecteur, qui feut accusé auprès de Néron par
Torius Seuinus, cheualier Romain, de ce qu'étant proconsul
dans l'Asie, il auoit decouuert la coniuration des Pisons et
— 93 —
i'auoit t'omentée bien loin de la reprimer ; cette accusation
irrita Néron contre le panure Bareas Soranus qui êtoit
innocent : on dona conoissance au sénat de cette atî'aire
dans laquelle on embarrassa Sernilie, parcequ'elle auoit
doné quelque argent pour deliurer son père; on fit venir
des témoins parmy lesquels yEgnatius se trouua pour doner
un faux témoignage qu'on luy auoit achepté; c'est contre cela
qu'Umbrice s'irrite.
Gorgonei cahalli (vers 118). — C'est le chenal Pégase
qui nacquit du sang de Méduse, Gorgone, dont la tête
êtoit entourée de serpents au lieu de cheueux ; Persée qui
voulut deliurer l'uniuers d'un tel monstre, la luy coupa, et
le cheval Pégase ou aislé nacquit du sang qui en découla, il
ne feut pas plutôt né qu'il s'enuola vers le mont Hélicon ; il
broncha au bout d'un rocher et en fit sortir une source
apelée ches les Latins fons caballinus, et par les Grecs
Hijppocrene , c'est dans la Beotie.
Penna caballi (vers 118). — Pars pro toto.
Protogenes, Diphilus, Erimanthus (vers 120 ). — G'êtoint
3 Grecs qui êtoint venus a Rome ; la conoissance n'en est
pas nécessaire.
Amicum solus habet (vers 121 et 122). — Il veut employer
pour luy seul le crédit d'un puissant amy.
Exiguum de naturse patrixque veneno (vers 123). — •
Lorsque ce Grec a soufflé dans l'oreille de ce riche un peu
de ce venin, c'est adiré une partie de la médisance comune
a ceux de sa nation.
Nusquam {\evs 125). — En aucun endroit du monde
autant qu'a Rome.
Quod porro officium (vers 126). — Mais pour ne pas
nous flater, dit Umbrice , quels services rendons nous aux
— 94 —
grands; c'est pour se reprendre en quelque manière de ce
qu'il vient de dire, ({uau moindre raport que l'on faisoit
des clients Romains , on les chasse après ([u'ils ont rendu des
seruices considérables. Mais quels scrnices , dit il ; il est vray
que nous les accompagnons auant le iour, lors ([u'ils vont
faire leur cour a des riches veutucs pour auoir leur héritage ;
mais ces seruices sont trop peu de chose , quoyqu'ils nous
coûtent bien de la peyne et des chagrins ; il lait voir par la
l'auarice des Romains qui êtoint pauures ; il leur done le
nom de Tof/atics parcequc les grands lors qu'ils les menoint
a leur suite leur l'aisoint porter une longue robbe.
Aut quod pauperis hic meritum (vers 126 et 127). —
Et nous qui somes pauures , de quel usage pouuons nous être
auprès des grands , quand même nous suiurions le prêteur,
lors qu'il va doner le boniour a des riches veufues dont il
attend la succession.
Togo tus (vers 127). — Ayant mis la liurée pour accom-
pagner son maitre.
Albina, Media (vers 130). — C'êtoint des veufues fort
riches et sans enfants ; c'est pour cela qu'on leur faisoit la
cour.
Alter (vers 132). — C'est a dire un de ces valets qui
accompagnent les nobles pour leur faire honeur ; c'êtoint des
valets qui êtoint deuenus fort riches et qui faisoint de
grandes dépenses pour des courtisanes.
Caluina, C aliéna (vers 133). — Courtisanes.
Ai lu (vers 134). — C'est a dire, o toy, luuenal; il désigne
par la les autres Romains.
Al tu (.vers 134). — Mais vous, dit luuenal a Umbrice ou
Umbrice a luuenal.
Cum Hhi veslili faciès scorti placel ( vers 135). — Pendan t
— 95 —
que ces valets des grands seigneurs donent aux courtisanes
autant d'argent que les tribuns en ont de leur paye, vous
hésites , lors que quelque courtisane vous plait et tout cela a
cause de votre pauureté. Il fait voir par la que ceux qui auoint
beaucoup d'argent a Rome êtoint en une telle considération
auprès des femes qu'il n'y en auoit que pour eux et les
panures ne pouuoint pas conoitre la dernière et la plus
prostituée de toutes les femes.
Chione (vers 136). — C'est le nom d'une courtisane.
Et duhitas (vers 136). — Et vous balances, et vous n'oses
pas faire leuer Chione de sa chaise, c est a dire vous n'oses
pas rien proposer a Chione a cause de votre pauureté.
Da testem Roime (vers 137 . — - Il se plaint qu'a Rome on
n'en croit pas aux panures, mais seulement aux riches
quelques scélérats qu'ils soint.
Hospes numinis Idsei (vers 137 et 138). — G est Scipion
Nasica , dont la probité le fit choisir par le sénat pour garder
dams sa maison la statue de Cybele , mère des dieux , que Ton
auoit porté de la Phrygie ; on la mit ches Nasica , en
attendant qu'on lui bâtit un temple ; c'est ce Scipion
Nasica qui oprima Tyberius Gracchus qui vouloit faire les
loix des champs.
Qui seruauit (vers 138 et 139). — C'est Metellus qui
sauna la statue de Minerue du milieu des fiâmes, lors que le
feu se prit a son temple ; c'est une action mémorable , mais
qui luy conta cher, car le feu luy brûla les yeux.
Protinus ad censum (vers 140). — Il faut entendre
devenitur ; c'est le suiet de l'indignation du poète contre,
les Romains qui ne consideroint pas le témoignage d'un
home par sa probité mais par ses richesses.
Quo/m multa tnagnaque paropside cenat (vers 142). —
A combien de seruices se fait il traiter ches luy.
— 96 —
Samotracum (vers 144). — La Samotrace est une isle
de la mer Egée ou le culte pour les dieux ôtoit extraordi-
naire.
Samotracum cl nostrorum aras (vers 144 et 145). —
Quoyque vous iuries par les diuinités de la Samotrace et
même par les premiers on ne vous croira pas parceque vous
êtes panures. Par les dieux de Samotrace, il entend les
dieux pénates que Dardanus porta de la Samotrace en
Phrygie et de Phrygie ^Enée les porta en Italie.
Contemnerc fulmina pauper creditur (vers 145 et 146).
— On estime si peu les pauures a Rome qu'on s'imagine
que les dieux ne songent pas même qu'ils soint au monde
et qu'ainsy ils peuuent les offenser sans danger.
Quid (vers 147). — Supp. dicam. Que diray ie du
mépris qu'on fait des pauures.
Hic idem (vers 148). — Le pauure est a tout le monde
un suiet de diuertissement et de raillerie.
Exeat inquit (vers 153). — Il fait voir la misère des
pauures parce qui leur arriuoit au théâtre ou tout le monde
êtoit assis auant qu'Othon tribun ne portât cette loy qui
ordonoit qnil y auroit des places particulières aux cheua-
licrs au rang desquels on n'êtoit pas reccu qu'on n'eut
40 sesterces ; toute la colère du poète est contre Domitien
qui renouuelle cette loy ({ui êtoit dans l'oubly. Inquit^ celuy
qui a soin de faire obserucr les rangs au théâtre.
De puluino equestri (vers 154). — De ces 14 bancs
reserués pour les cheualiers.
Hic (vers 157). — Icy, a Rome.
Plaudat (vers 157). — Qu'il se mette dans les rangs des
cheualiers seulement parcequ'il est riche et qu'il applaudisse
aux combatarits.
— 07 —
Quis gêner (vers 160). — Le poète se plaint du mépris
que l'on a pour la pauureté quoyqu'elle se trouue auec le
mérite ; il en porte plusieurs exemples.
Quando in concilio est .Edilibus (vers 162). — Quand
est-ce que le panure a été apelé au conseil des aediles quoy
que ce soint les derniers magistrats.
.Edilis (vers 162). — L'edilité étoit une charge qui
obligeoit a prendre soin de toutes les choses qui regardoint
la propreté et le bon ordre de la ville come la réparation
des maisons d'où les sediles ont pris leur nom du mot ,vdes,
maison.
Agmine facto (vers 162). — Le peuple romain se sépara
autrefoix des grands qui le priuoinl de toute sorte d'auan-
tages, il sala réfugier sur le mont sacré ou il se defï'endit
• quelque temps , il se laissa ramener neagmoints par les auis
d'Agryppa. luuenal blâme ce retour a la veue des misères
que les panures soufroint a Rome pendant que les étrangers
auoint tout ce qu'ils vouloint.
Agmbie facto (vers 162). — Les pauures de Rome autre-
foix eurent raison de se séparer des grands qui les tyrani-
soint, mais ils eurent enfin tort de se laisser ramener si
facilement, parcequon leur promit d'établir des magistrats
pour leur seureté qui feurent les tribuns du peuple.
Emergunt (vers 164). — Supp. e miseriis.
Conatus ad victum (vers 166). — Mais les pauures ne
pouuant pas paruenir aux dignités ont plus de peyne a
viure.
Magno (vers 166). — Il faut entendre constat ; tout est
tort cher a Rome et par concequent le seiour n'est pas
fauorable aux pauures.
7
_ !)fi —
Translatus ad Morsos {wn^ 1 H9 ). — C'est fairius Dcntatus
laineux par sa frugalité.
Pars magna' Italiie (vers 171). — 11 y a encore une
grande partie de l'Italie ou il n'y a que ceux qu'on porte au
tombeau qu'on fasse accompagner par cette quantité prodi-
gieuse de clients ou de valets.
Nitor (vers 180 ). — Il faut entendre est.
Hic (vers 182). — A Rome dans les maisons des grands
ou les valets n'ont pas le tems de prendre le someil a
cause des continuelles occupations qu'on leur done.
Clauso labello (ver's 185). — Sans même qu'il daigne
desserrer ses leures . ny faire le moindre mouuement pour
le saluer.
nie metit barba/m (vers 186). — Les Romains auoint
accoutumé de consacrer a quelque dieu le premier poil de.
la barbe qu'ils se faisoint couper et les cheueux de la tête.
Plena domus libis venalibus (vers 187 ). — La misère est
montée a un si grand excès que s'il arriue que le tîls de
quelque grand seigneur consacre aux dieux les 1 ^" poils de
sa barbe et les l''" cheueux de sa tête, qu'il fait couper,
dabort sa maison est pleine de présents qui vienent la
pluspart de panures misérables qui sont obligés d'exercer
ces sortes de libéralités pour s'atirer la protection des
grands , et ce qu'il y a de fâcheux , c'est que les maîtres a
qui on fait ces présents n'en voyent rien, il n'y a que les
valets qui en profitent o\ <[ui les vendent à l'insceu de tout
le monde.
Et cultis augere pecidia sentis (vers 189). — Non seule-
ment nous somes obligés de faire des présents aux grands
mais encore a leurs valets. Peculium, est le salaire d'un
valet.
— 99 —
Simplicibus Gabiis (vers 192'. — luuenal t'ait allusion .1
cest endroit de l'hystoire romaine qui dit que Tarquin le
Superbe ire pouuant pas vaincre les Gabins, fit semblant de
maltraiter son fils qui s'en ala demander asyle aux Gabins
contre la feinte cruauté de son père ; les Gabins se laissèrent
persuader et luy douèrent le comandement de leur armée ;
il se seruit de son pouuoir a l'aire mourir les principaux des
Gabins; luuenal a raison d'apeler simples des gens qui
receurent si facilement un home suspect.
Sub eodem, marmore Chyron (vers 205). — C'est a dire
qu'il y auoit sous le vase une figure de marbre qui repre-
sentoit Chyron le Centaure, précepteur d'Achylle.
Mures Opici (vers 207). — Des rats ignorants; la méta-
phore est prise de certains peuples d'Italie apelés Opici qui
viuoint dans une très grande ignorance ; ce mot est donc
pris la pour se mocquer de ceux qui ne sauoint pas la
langue latine et qui par concequent u'estimoint pas les
ouurages d'esprit come ils le méritoint; il apele dans la
6* satyre une feme Opica, c'est a dire a peu près ignorante
du latin.
Asturici (vers 212 ). — Si la maison d'Astur qui êtoit un
home fort riche, vient a se brûler, tout le monde va luy
doner du secours , et si la même chose arriue à un pauure ,
persone ne se remue ; c'est un grand suiet d'indignation
pour le poète.
Horrida mater ^vers 21 2y. — Rome, ou les dames
romaines qui pleuroint l'infortune d'Asturius come une
calamité publique ; il faut entendre videtur.
Euphranorifi et Policleti (^vers 217). — C'êtoint deux
ouuriers d'Athènes , le T'' fameux peintre et le 2'"'" excellent
statuaire.
— loi) —
Deuruin Phivcasloiiorum (vers 218}. — Les dieux (fue les
Phœcasiens, pbrelres d' Athènes et d'Alexandrie adoroint;
/^//ci'cos/a sont des souliiers grossiers que portoint ces pbrctres
et auec lesquels on representoit ces dieux.
Persicus (vers 22 1\ — C'est le nom d'un riche.
Si potes aicclli circensibus (vers 223). — Si vous aues
asses de force pour quiter Rome et les ieux du cinjue.
Soi^a, Frabateria, Fntsinone (vers 223 et 224V — 3 villes
des Volsques dans la Gampanie.
Tenebras (vers 225). — Pour auoir a Rome une maison
obscure.
Reste (vers 226). — Supp. longa.
Ëpulum dare Pytliagoneis (vers 229). — C'est a dire des
feues, car Pythagore ayant dctiendu a ses disciples de
manger de la viande , ils ètoint obligés de manger des
légumes, surtout des feues.
Doniuiuni se fecisse lacer ta; ^^vers 231). — D'être le
maitre d'un lézard; c'est un prouerbe pour dire : être le
maitre de quelque chose ; on dit encore unius vermiculi.
Ardenti stomacho (vers 234). — L'estomac brûlant a
cause de l'indigestion qui atire la heure.
Conuitia mandriB (vers 237). — Conuitium^ blasphème,
iniure^ cry ; inatidra, troupeau de iumcnts; ainsy on ne
peut pas dire conuitia rnandnv , les crys des iuments ; mais
on dira les crys des muletiers que la lenteur des iuments
leur faisoit faire.
Druso (vers 238). — 11 y a plus d'apparence qu"il y a
Urso , parceque le poète voulant exagérer le tintamarre de
Rome, dit que le someil le [)lus profond en seroit interrompu ;
or le someil de l'ours et des veaux marins est le plus
dillicile a troubler; oi i)eut neagmoints dire que Drusus
— Illl —
êtoit un dormard ; l'esprit du poète ne seroit pas neagmoiiits
si iuste de prendre un home et une béte pour son expression ;
2 bêtes font mieux.
Curret super oraingenti Liburno (vers 240). — Ce riche
se fera porter sur les épaules d'un esclaue de Liburnie,
frontière de la Dalmatie , il venoit de ce pays la a Rome
beaucoup d'esclaues qu'on prenoit pour porteurs de chaises
a cause de leur belle taille et de leur force.
Ante (vers 243). — Supp. )ios.
Tignum (vers 246). — II est pris la pour tout ce qui sert
a bâtir une maison ; on apele les charpentiers fahri
tignarii.
Clauus militis (vers 248). — Les caualiers Romains
portoin t des bottes ou il y auoit des clous pour les attacher.
C entum conuivœ {\ei's 250). — Supp. adsunt.
Corbulo (vers 251 ). — C'est a dire un home fort robuste
et fort vigoureux; il se sert du nom de Corbule pour le
représenter parceque Corbule étoit d'une force extraordi-
naire; il viuoit sous Néron et se rendit illustre dans
l'Arménie ou il fit beaucoup des belles actions.
Saxa ligustica (vers 257). — Ce sont des pierres de la
Ligurie.
Périt cadauer more animiB (vers 260). — Le corps
disparoit aussy bien que l'ame ; il ne faut pas prendre cecy
au pié de la letre, car dans le sentiment même de
luuenal, l'ame n'êtoit pas détruite ; mais come l'ame paroit
corne si elle n'êtoit pas, luuenal se sert de cette expression
pour exprimer de quelle manière l'on êtoit quelquefoix
écrasé a Rome, ou par la cheutc d'une maison ou de
quelques pierres, de manière qu'il ne restoit aucune figure
d'home a celuy qui êtoit tué.
— loe —
Secura domus (vers 261). — Le reste de la famille
ari'iuce deia au logis ignorant le malheur de celuy qui a été
écrasé.
Gutto (vers 263), — Petit vase de corne d'où l'ou i'aisoit
dégoûter de l'huyle sur ceux qui êtoint dans le bain : cette
manière de verser l'huyle luy a doné le nom.
Porthmea (vers 266). — Gharon le nautonier ; porthmos
veut dire frctum, et porthmis , porth midis , petit bateau.
Sperat crenosi gurgitis alnum (vers 266). — Ce panure ,
lors qu'il vient a être écrasé et qu'il est arriué sur le riuage
de l'enfer, il n'espère pas de trauerser le lleuue Styx, parce
que son corps qui a été mis en poudre par la cheute de cette
pierre n'a pii être enseuely ; les anciens croyoint que les
âmes de ceux dont les corps êtoint sans sépulture n'êtoinl
pas rcceus dans les enfers.
Nec habcl, guem (vers 267). — Triens êtoit une espèce
de petite monoye ([u'on inetoit dans la bouche de ceux
qui êtoint morts corne pour leur seruir au passage du Styx
pour payer Gharon.
Teclis sublimibus (vers 269). — G'est a dire e tectis
sublimibus in terram.
PeleidcV (vers 280 ). — Achylle , fils de Pelée et de Thotis .
et bon amy de Patrocle dont il pleura la mort.
Non ailler (vers 281). — G'est a dire niillo percusso ,
sans auoir maltraité quelque passant.
^7iea lampas (vers 285). — Un chandelier d'airain de
Gorinthe rcserué pour les riches.
Cuius aceto (vers 292). — Gela fait voir la misère de celuy
qui est battu.
Quis sutor (vers 293 et 294) — Quel sauetier. Tout cela
sert a faire voir la misère de celuy qui est battu.
— 103 —
Q'usero (vers 296). — Pour quœrere potero.
Proseuca (vers 296). — Endroit ou les pauures auoinl
accoutumé de demander l'aumône ; ce mot vient du grec
TrpoaeuxsfJTai , prier. luueual est le seul qui s'en sert.
Pontina palus (vers 307). — Marais dans la Gampanie.
Gallinaria (vers 307). — Forest a Gunies.
Sic (vers 308). — C'est a dire ces voleurs ne pouuant
détrousser les gens dans le marais Pontin et dans la forest
Gallinaire, ils s'en vienent a Rome , liuc.
Qua fornace graues (vers 309). — Supp. fabricantur.
Refici (vers 319), — C'est a dire reficiendi causa.
Aquina (vers 319). — Ville des Volsques sur la voye
Latine près de laquelle passe le fleuue Melphys.
Tîco (vers 319). — luuenal êtoit de la ville d'Acquine.
Cererem Eluinam (vers 320). — Il y auoit auprès
d'Aquin une fontaine apelée Eluine; on la voit même
auiourduy auec les masures d'un temple consacré a la déesse
Gères qu'on apeloit a cause de cela : Eluina Ceres.
Vestramque Dianam (vers 320). — Il y auoit encore a
Aquin un temple de Diane; cette déesse y êtoit fort
vénérée.
Caligatus (vers 322). — Caliga êtoit une espèce de
souUier que portoint les soldats. Caligatus veut dire la
portant auec moy de quoy composer beaucoup do satyres.
FIN
DE LA 3™" SATYRE.
SATYliA IV
I Eccc ilcridii Urispiini.s adrsi niilii swpe V(tro.iidus
■-' Ad parleis, )t}on.slruiit. itidla rirtute rrdcinluDi
■i A vitiis, xger, solaqiœ Hbidinc f'orUx :
î DeUcias viduw laiilioii sprnuilnr aduUrr.
■"> Quid refcri itjilur ijiutntis JKinnda faUf/rl
li Porlicibus, quanta iinnofitni vectetur in uinbra .
-, liKjem quoi V'icina foru , quas cmcrit œdes ?
s Neiiiu malus fcl.i.r^ miiiiiiir rurruplDr. et idem
it Incesius, ruin quu iiupcr villaia jaccbul
10 Sanyuine adimc vivo levraui subitum saccrdos.
H Sed iiunr de faclis Icviovibus : rt taiiirn aitcr
12 .V* fecissel idem , cadcret sub judice uioruui.
13 Nain qmd iurpc bonis , Tilio , Scioqiie , drccbal
14 Crispimini . (juid uqus : ru ni diru. ri prdior ouini
15 Orimine personu est? mulluui sr<r luillibus ruiii ,
16 JËquantvm sane paribus xcsteiiln libris ,
17 Ut 'perliil)enl, qui de nunjnis luujiird loquuuiur.
is Vonsiliuin laudo urli/icis, si luu/iere tantn
1'.) Prwcipuain in tabutis reram senis ubstulil orlii.
■20 Est ratio idterior, nuiqnw si inisJt ainicw ,
■21 Qiias vrhitiir clauso latis speeularibus anlro.
2-2 Nil taie exspectes : émit sibi. multa vidernus ,
23 Qiia; miser et frugi non fccil Apicius. hoc lu
•li Succinetus patriu quondavi Vrispine papyro ,
25 Hoc pretio squavueY potuil (or lasse minoris
■2(1 Piscalor , quam piscis euii. provincia tanti
27 Vendit agros : sed majores Apnlia vendit.
28 Qualeis tune epulas ipsum giutissr putamus
2'." Indupei'atoreui : eum tôt sestertia, parteui
— 106 —
3(1 Exiijiuun, fl inodine suinltun de ntuiyi/ic rame
n Purpurcits niaf/zii niclavil scurva Palatl ,
M lain princcps Equiiutn, )na(jna qui voce solebal,
■VA Vendcvi' municiprs /'racla dr iiicrec .siluro.s !
ai Inripc Calliopc, livcl ri rnnsidor. non csl
■iô Canlanduiii , /vv rcru afjilur. narratc pucllx
•■>« Plier ides : pritsil milii vos di.n'sse puellas.
;i7 ('uni jain srtniuiiiiiutni larcrarrl Flavius urbrin
■i» Ulli)nus , el calvo srrvircl lionui Ncroni ,
M!» Inridit Adriaci spalium admirabile rliombi
Kl Atitr doiHHiii Vcneris , qtiuin Dorira suslinrl Ancon ,
41 hnplcvitque sinus : ncqur eniiii iirinor hœsrral illis ,
'ii Quos operit (jlacies Mwolica , ruptaque tandem
53 Solibus effundil lorprnUs ad ostia Punti
a Desidia tardas, el luntju frigore pingueis.
45 Destinât hoc inonstriim cymbw, Unique niagistcr
ii; Pontifici sunnno , qiiis enim proponere lalem ,
il Aut emere audcrct { cuin plena el litora multo
•4R Delalore forent : dispersi prolinus algx
•49 Inquisitores agerent cum rémige nudo ,
50 Non dubitaturi fugitivum dicere piscem ,
51 Depastumque diu vivaria Cxsaris : inde
52 Elapsiun velerein ad do)ninum debere reverti?
53 Si quid Palfurio , si crcdimus Ariuillato ,
54 Quicquid compicuum, pulcrumque csl wquorr loto ,
55 Res fisci est, nbicunqur natal : dunabitur rrgo,
56 Ne pereat , jatn lelifero cedenle p?'uinis
57 yiutuntno ,jaiii (juarlanaia sprranlibas ;rg)is.
58 Stridebat deformis hiems , pra'dainque recenteui
59 Sercabat : taiiien Jiic properal , velut urgeat Ausler.
1)0 Utque lacus suherani . ubi quanquaui dirula, serval
oj Igneni Troianum , el Vrslai)i colil Alba minornu ,
'!2 Obslilit intranti miralri.c turba parumper ,
tiii Ut ccssit : facili patuerunt cardine valva: .
'14 Exclusi spectanl adinissa opsonia patres.
«5 Itur ad Atreideni. luni Picrns^ accipe , di.iit ,
HH Privatis majora focis ; Genialis agatiir
«7 Iste dies , propera stomachum laxare saginis .
6« Et tua servatwn consume in siecula rkombum.
— 107 —
fit! Ipsf capi votuil. quid aperlius!' rt tamen illi
7(1 Surgebant crislx ^ nihil est , quod credere de se
71 Non possit , cuin laudalur Diis wqua potestas.
7i Sed deerat pisci patina niensura. vocantur
73 Ergo in consilium proceres , quos oderat illc ,
74 In quorum facie miserie , magnwquc sedehal
7ô Pallor amicitia.'. primus , clamante Liburno ,
7« Currite, jam sedit , rapta properabat abolla
77 Pegasus , attonilx posUus modo viliicus urbi.
78 Anne aliud? lune Pru'fecli , quorum optimus , alquc
79 Interpres legum sanctissimus , omnia quanquain
80 Temporibus diris Iractanda pulabat inenni
81 luslilia : venit et Crispi jucunda senectus ,
82 Cujus cvanl mores qualis facundia, mite
83 Ingeniuin. maria , ac terras, populosque regenli
84 Quis cornes utilior : si clade , et peste sub illa
85 SsBvitiam damnare , et honestum afferre liceret
86 Consilium? sed quid violentius aure tijranni :
87 Cum quo de pluviis , aut œstibus , aut nimboso
88 Vere locuturi fatum pendebat amici ?
89 lUe igitur nunquam direxit brachia contra
'jo Torrentem :' 7iec civis eral , qui libéra posset
91 Verba animi proferre , et vitam impendere vero.
92 Sic militas hiemes , atque octogesima vidit
93 Solstitia. his armis , illa quoque tutus in auta
94 Proximus ejusdem properabat Acilius œvi
95 Cum juvene indigno , quem mors tam sœva mancret ,
'■in Et domini gladiis tam festinata : sed olim
97 Prodigio par est cum nobilitate senectus :
98 Unde fit, utmalim fraterculus esse Giganlis.
99 Profuit ergo nihil misero , quod cominus ursos
100 Figebat Numidas , Albana nudus arena
101 Venator, quis enitn jam non intelligat arteis
102 Patricias ? quis priscwn illud miratur acumen
103 Brute tuum ? facile est barbato imponere Régi.
104 Nec melior vultu quamvis ignobilis ibat
105 Rubrius , offensx veteris reus , atque tacendw ,
106 Et tamen improbior Satgram scribente cinsedo.
107 Montani quoque venter adest abdomine tardus ,
— lus —
""* Et )nalittinu sudans (Jrispinit.s ainomo ,
Km (Jtianliim n.r rvdoknl duo ftinrra. s.Tvinr illv
iiii J'uiiijicius Innii JHi/uliis a/irrirc siisarru.
lii Et , qui vuUuvihus scrvabat visceru Dacis
112 Fusons, mannorra mrdilalus jirwlia villa :
i\-i El ciiiii niorlifi/d i>ri(de)ts Vriento Calullo,
iii (Jiii numiuani vis;f /laf/rabat amoir pucllu- ,
ii'i (i)-andi' , cl coiispicuuiii )wsiro quoque leinpore ntunstruni^
lui Ccvcus adiilator, dirusqur à pontr satelks .
ii7 IHqnus Aricios qui moidicaret ad axes ,
1.1 *< Blandaque devc.Tx jactarel hasia rhedn-.
Il'-' Ncmo magis rhombum stupuit : nampluriniu didit
i-'t> //) Lvvum conversas : at ilii dextra jacebui
i-'i Bcllua : sicpugnas Cilicis laudabal ', ci ictm ,
122 Et pwqma, ci pueros inde ad vclaria raptos.
123 Non cedit Veiento : sed ut phanaticus œslro
i2i Percussus Bellona tuo divinat et ingens
125 Omen habcs , inquit, magni , clarique Iriuinphi.
126 Regem aliqucm capies , aut de temonc Bri tanna
127 Excidcl Arviragus. peregrina est bellua. cernis
128 Ereclas in lei^ga sudcs Y hoc de/'uit unuui
11'.) Fabricio . patriani ul rJtouibi ))irmorarcl , cl annos.
130 Quidnain igiiur censcs ? coiicidiliir Y ahsit ab illo
131 Dedccus hoc, Montunas ail. Icsla alla paretur ,
132 Quc'c tenui muro spaiiosum colligal orbcut.
133 Ik'belur iiiagiius p(ili/i,-c, siibihisqur Pi-omelheus.
134 Argillam , atqiie rolam cilius pvopcvaie : sed ex hoc
135 Tempore jani , Crsar, figuli liia caslra scquanlur.
i3r. Vici digna viro scnlcntia : norcral illc
137 Luxuriam inipcrii velereui , noclesqtic Ncivnis
138 Jam médias, aliainquc fa)neni cuiii puhno Falerno
139 Arderel. nulli ntajor fuit usas cdcndi
140 Tempestalc uiea. Circxis nala furoil , an
141 Lucrinum ad saxiint , Butupinove édita fundn
142 Ostrea.^ callcbat primo deprenderr morsu .
143 Et seinel adspecti litus diccbat echini
144 Surgilur, et misso proceres exirejubcnhir
145 Concilio : quos Albanani du.r magnus in anmi
)4fi Traacrat altonilos, et festinarc coactos .
— 10!) —
147 Tanquaifi de Callis aliquid , lorvisque Sycatnbris
148 Dicturm, tanquam et diversis partibus orbis
1 iy Aiuia prœcipiti venisset epislola pinna.
150 Atque utinam his potius niigis'tota illa dedissèl
151 Te)npora St'eviliœ : clavas quibus abslulit urbi ,
i.')-> Illiistresquc animas impunc , et vindice nullo.
153 Sed periii , postquain cerdonibiis esse timendus
loi Cœperat : hoc nocuit Lamiarum cxde madenti .
SATYRE IV
SUIET
La complaisance et la tlaterie des courtisans de Domitieii
.sont le suiet de la satyre 4% dans laquelle Gryspin se pré-
sente luy même ; ce n'est pas elle qui le cherche , Ecce
iterum Cryspinus adest : il paroit que le pocte n'y pensoit
pas et que c'est le favory luy même qui vient a luy et qui
l'engage, a écrire.
Ecce iterum Cryspinus adest (vers 1 ). — C'est le même
dont il dit dans la l" satyre, Pars Niliacse pLebis verna
Canopi ; Cryspinus êtoit d'Egypte; il ôtoit venu esclaue
a Rome ou il auoit comencé a s'eleuer sous Néron ; mais
il n'y eut plus de bornes a sa puissance sous Domitien ; il
semble qu'il n'en parle que parcequ'il le rencontre dans son
chemin et qu'il satire luy même tout le mal qu'il va écrire,
témoignant même qu'il luy pardoneroit , s'il voyoit en luy
quelque ombre de vertu ; mais y a t il rien de plus satyrique
que de dire que l'on cherche a excuser et qu'il est impos-
sible d'y paruenir, nulla virtute redemptum a vitiis.
Vittata sacerdos (vers 9 et 10). — Une vestale apelée
ainsy d'im ornement de tête, vitta, que ces religieuses ins-
tituées par Numa, auoint accoutumé de porter; elles êtoint
— 1 1 0 —
obligées de ganlei- la viruiiiité sous peyne d'tHre enterrées
eu vie.
Arlificis {\evs 18). — De Cryspin.
Si misitamicx (vers 20). — C'est a dire lalem inuluni.
Apicius (vers 23). — G'êloit un home ({ui ne songeoit
iamais (|u'a la bonc chère, il dépensa tout son bien en
repas et mourut enlin accablé de debtes ((ne la seule gour-
mandise luy auoit fait faire.
Miser et frugi (vers 23). — Apicius qui peut passer pour
pauure et pour ménager si on le compare a Cryspin.
Palrià papijro (vers 24 ^ — C'est une herbe cjui croit
dans l'Egypte et qui est propre a l'aire des voyles de nauire
et même des habits, Cryspin êtoit Egyptien et corne il
êtoit de basse extraction, il peut se faire qu'il anoit des
habits de cette herbe en arriuant a Rome.
Hoc (vers 25). — Supp. fecistl.
Squamic (vers 25 \ — Il faut entendre eintmtur.
Proidncia laiiti vendit agros (vers 26 et 27). — Il y a des
endroits en prouince ou l'on n'achepte pas a plus haut prix
des domaines tout entiers et dans la Fouille même il s'en
trouue des plus étendus a ce prix la.
Picrpureus (vers 31). — luuenal doue un habit de
pourpre a Cryspin a cause de ce ([u'il a dit auparauant,
IJryspitnis Ttirids hiinio-o rcnncoiilr hii-cniiis.
Demerce fracta ^yavs 33 ). — De sa marchandise qu'il ne
vendoit pas en gros come un riche marchand , mais en
détail conie un [)etit mercier.
SU uros {vers, 33 \ — Espèce de poisson (jui ne se trouue
que dans le Nil.
Caliiope ( vers 34 ). — Une des neuf muses, apelée ainsy
de quelque mot j^rec pour exprimer la hontr de sa voix qui
L^oit la meilleure.
Incipe Calliope (vers 34). — C'est pour se mocquer de
Domitien que luucnal inuoque les Muses, come s'il auoit
besoin de secours céleste pour décrire la grandeur de ce
poisson.
No7i est cantandum, (vers 34 et 35). — Ce n'est plus le tems
de badiner, il n'est plus tems de rire, puisque la chose est
trop importante pour ne pas- la traiter grauement.
Pyerides (vers 36). — On done ce nom aux Muses
parceque dans la Thessalie le mont Pierus leur êtoit consa-
cré.
Caluo Neroni (vers 38). — Il apele Domitien Nerou, a
cause de leurs mœurs; Domitien êtoit chauue au raport
de Suétone ; il s'oflensoit même lors qu'on reprochoit ce
défaut a un autre , come si par la on auoit voulu se
mocquer de luy.
Quam Dorica sustinet Ancon (vers 40). — Lequel temple
de Venus est baty dans la ville d'Ancone fondée par les
Grecs ; c'est pour cela qu'elle est apelée Dorique d'une
partie de la Grèce qui s'apeloit ainsy.
Flauius orhem. ultimus (vers 37 et 38). — Ce Flauius
dernier des Césars êtoit Domitien frère de Titus et fils de
Vespasien ; il nauoit aucune des honcs qualités de son père,
non plus que de son frère.
PonHfici summ,o (vers 46). — Les Empereurs êtoint
souuerains pontifes ; s'il done en cet endroit a Domitien
cette qualité , c'est pour montrer la disproportion qu'il y
auoit entre cette charge et ses mœurs.
Dispersi protdnus nlgs> inquisUores ogerent cum, rémige
nudo (vers 48 et 49). — Alga signifie la mousse qui croit
— 114 —
dans les marais ou au bord des riuicres cl ([ui s'attache
aussy aux pierres que l'on trouue au riuage de la mor. lu-
uenal pour se mocquer de ces commis de mousse, dit qu'ils
feroint une adaire auec un pécheur tout nud et tout panure
qu'il est.
Csesaris (vers 51 ). — C'est a dire Domitien.
Elapsum (vers 52 ). — Le poisson cleué et nonrry dans
les viuiers de Gcsar y deuoit être remis.
Palfurius et Armillaius (vers 53). — Ils ètoint tous
deux dans les bones grâces de Domitien ; le zèle qu'ils
auoint pour ses intérêts leur faisoit faire les dénonciateurs
et même interpréter les loix a son auantage.
Ne pereat (vers 56}. — Le pécheur done ce grand
poisson de peur qu'on ne luy fasse des affaires.
Donabitur ergo (vers 55). — Ces paroles sont du ])oete
qui se mocque de l'interprétation que Palfurius et Armillatus
donoint aux loix.
Letifero cedente pruinis Autumnn (vers 5G et 57 s —
Le pécheur est obligé de faire présent de ce grand poisson
a l'Empereur de peur qu'il ne se corrompe : quoyqu'il peut
le conseruer, l'ayant pris sur la fin do l'automne au comen-
cement de l'hyver, tems propre pour cela; cependant la
peur d'être inquiété le fait passer sur toutes ces considéra-
tions. Velut urgent auster , il fait corne si le vent de bise
souffloit, les choses se corrompant pour lors.
Quartanam sperantibus ;vgris ( vers 57 \ — Sur la tin de
l'automne ou la fleure tierce se change ordinairement en
quarte.
Sperantibus , par le contraire timentibus, l'espérance est
toiiiours mêlée de crainte soit que ce soit pour le mal ou pour
le bien.
Hic (vers 59). — Pisrator.
Utque (acus suberant (vers GO). — C'est a dire après
(jue le pécheur eut passé le lac qui étoit près d'Albe.
Ignem Troianum (vers 61 ;. — C'est le feu perpétuel qui
venoit de Troye ; yEuée Taucit porté dans 1 Italie auec les
dieux Pénates: les Vestales auoint soin de le conserver,
parceque les Romains croyoint que la durée de 1 empii-e
dependoit de la durée de ce feu.
Vestam Tninorem (vers 61 \ — Le temple de Vesta qui
êtoit a Albe: le poète l'apele petit pour le differentier de
celuy que Numa fît bâtir a Rome.
Exclusi patres; (vers 64 \ — Les sénateurs qui n'avoint
pas l'entrée au palais de l'Empereur, pendant qu'il est tout
ouuerta un misérable pécheur, parcequ il porte un turbot.
Ad Atridem (vers 65 \ — A Domitien surnomé ainsy
parcequil voulut être apelé capitaine des capitaines come
Agamennon fils d'Atrens : on peut douer a cet endroit
une autre explication ; le poète a deia comparé Domitien a
Néron et come Néron peut être apelé Atrides , parcequ'il fit
mourir sa mère Agryppine come fit Oreste petit fils
d'Atrens et fils d'Agamennon qui tua sa mère Clytemnestre
pour se venger de la mort de son pore, ou peut aussy apeler
Domitien Atrides par raport a Néron dont il mérite bien les
noms puisqull en auoit tous les vices.
Picens (vers 65). — Le pécheur apelé ainsy de son pays.
Priuatis tnoiora focis (vers 66 \ — Il faut entendre
mwnera ^ receuez, o grand Empereur, un présent trop con-
sidérable pour être présenté a un particulier.
Seruatum in saecula (vers 68). — Ce poisson qui n'a
voulu se laisser prendre que pour vous et qui sètoit reserué
pour paroi tre sous votre empire.
— 1 1 fi —
Quid aperlius (vers G9). — C'est contre la tlaterie de ce
pécheur qui est fort grossière, parcequ'elle est fort ouuerte.
Surgebant cristœ (vers 70). — Quelque grossière que
feut celte flalerie, Domitien y êtoit fort sensible; cela est
exprimé par une métaphore prise d'un coq qni témoigne sa
ioye eu leuant sa crête.
Nihil est (vers 70). — Les princes prenent beaucoup de
plaisir aux tlateries ; Alexandre n'en êtoit pas exempt, il
êtoit charmé que ses fauorys le fissent decendre de lupiter,
il en parut neagmoints le contraire, car ayant été blessé, il
leur dit, Omnes iuront m,e esse louis jftlium, sed vubius
hoc liominem esse me clamât.
Magnx amicitùu (vers 74). — L'amitié de l'Empereur
que les sénateurs craignoint et auec raison ; en effet il
faisoit mourir ses meilleurs amys.
Liburno (vers 75). — Il venoit de la Liburnie des préfets
et des pécheurs.
Io.m sedlt (vers 76). — C'est a dire l'Empereur deia
throsne.
Pegasus (vers 77). — Célèbre iurisconsulte du tems de
"Vespasien par lequel il feut fait préfet de la Ville ; il l'apele
"Villicus c'est a dire préfet et gouuerneur.
Pegasus (vers 77). — Pegasus feut un iurisconsulte
fameux du tems de "Vespasien qui le Ht préfet de la
Ville ; le poète apele ce gouuerneur Villicus pour mar-
quer le peu de pouuoir qu'auoint les préfets de Rome
sous l'empire de Vespasien a cause de son auarice. Étoint
ils autre chose que des petits gouuerneurs de nom qui
n'auoiiit nulle aullioiité , semblables aux luges de village.
Pegasus n'en anoit point daduantage, quoyqu'il feut le
meilleur de tous.
— 117 —
Omnia quanquam (vers 79) — Quoyqu'il feut un vray
honête home, il ne laissoit pas de s'accomoder au tems
come les autres et de faire seruir la iustice a la volonté de
l'Empereur.
Cnjspi (vers 81). — C'est Cryspus Tibius qui repondit a
un home qui liiy demandoit s'il y auoit quelqu'un dans le
cabinet de l'empereur qu'il n'y auoit pas même une mouche,
car Domitien se faisoit un grand plaisir de les tuer auec un
poinçon.
Nec ciuis erat (vers 90). — Cet endroit fait voir la
cruauté de Domitien a qui persone n'osoit dire son senti-
ment.
Acilius (vers 94). — Il êtoit consul sous le règne de
Domitien ; ce cruel empereur fit mourir son fils en sa
présence pour luy faire sentir les peynes qu'un père souffre
en cette occasion.
Domini (vers 96). — Domitien.
Olini (vers 96). — C'est a dire sous le règne de Domi-
tien ; cela fait voir que luuenal n'a pas écrit ses satyres du
tems de cet empereur.
Clade sub illa (vers 84). — Sous son empire.
Ille (vers 89). — C'est a dire Cryspus. Vidit c'est toûiours
Cryspus.
His annis (vers 93). — Auec la prudence qu'il auoit de
dissimuler ce qu'il pensoit de la cruauté du règne de
Domitien.
Giganium (vers 98 ). — Des gens de basse extraction, par-
ceque les geans êtoint les enfants de la terre et par conce-
quent propres a marquer les roturiers.
Profuit ergo nihil (vers 99). — Le fils d' Acilius com-
batoit contre des betes dans l'amphy teatre , il croyoit par
— 1 1 s _
le plaisir qu'il donoil à Doniitieu cuiler sa cruauté; mais
cest Empereur ((ui couoissoit par (juel niotil'on a^'issoitne se
laissa point Uechir.
Bizute (vers 1U3). — Brutus voyant (jue Tarquin Priscus
son oncle auoit fait mourir son Irere, parcequ'il le surpas-
soit en esprit, cacha ses belles qualités sons une tblic teinte
qui le mit a counert de la cruauté de Tarquin , ({ui n'étant
pas capable d(^ trouuer l'inucntion de se taire raser ne
1 etoit guère pour pénétrer dans les desseins de Brutus
Melior vultu (vers 104). — ■ C'est a dire que Rubinius
quoyqu'il ieut sans qualité auoit neagmoints beaucoup de
crainte lors qu'il venoit chez l'empereur, il ajireandoit qu'il
jie le fit punir d'un crime qu'il auoit comis dans sa ieunesse
en débauchant Tibia.
Cynxdo (vers lOG). — (J'est a dire Néron qui ecriuit des
satyres contre Quintianus, il épousa un esclaue apelé
Doryphorus. Cynicdua signilie un maryé de cette nature ,
ou un home (jui luy ressemble par sa débauche.
Pompeius ( vers 110). — C'est a dire que Pompeius venoit
auec les autres chez Domitien ; c'est ce Pompeius Rutl'us
dénonciateur de Domitien.
Fuscus (vers 112). — C'est Cornélius Fuscus qui feut
préfet d'une cohorte sous le règne de Domitien.
Tenu! iutjulus operire susurra dockts {y cvs 110). —
Pompée qui auoit été la cause de la mort de plusieurs par
ses secrètes calomnies, il mourut a la guerre (|u'il faisoit
contre les Daces.
Marmorea meditatus (vers 112). — Fuscus qui n auoit
iamais été a la guerre, mais qui s'ètoit contenté de faire de
beaux proiets dans sa belle maison de campaigne touchant la
guerre des Daces a la((uelle il deuoit aler.
— II'.) —
CatuUo mortifcro t^vors 113). — Catulle Mcssalin étoit
un dénonciateur de Domitien , c'est pour cela (jue le poète
i'apele mortifero ; il êtoit aueugle.
Prudens Veiento (vers 1 13). — Veienton étoit l'auory de
Nerua qui ne laisoit mal a persone, il a mcrité aussy d'être
apelé par luuenal Prudens sage ; le poète en parle dans la
6* satyre, ou il dit qu'Hyppia sa feme teut assez débauchée
pour le quitter atin de suiure un gladiateur qui s'en aloit
en Egypte.
Qui nunquam visas (vers 114). — Catulle étant aueugle
ne pouuoit être amoureux de persone en particulier pour sa
beauté ; les yeux sont nécessaires pour faire cette distinction.
Satelles à ponte (vers 116). — Catulle êtoit un garde
digne du pont, c'est a dire qu'il moritoit de demander
l'aumône sur le pont. luuenal le traite ainsy a cause de ses
tlateries.
Axes Aricios {vera 117\ — C'est a dire aux charriots
({ui s'en aloint aux fauxbourgs d'Aricie.
Rhedœ deuexœ\veTS 118). — Catulle meritoit de deman-
der Taumone a ceux qui aloint en carrosse a Aricie; le poète
apele le carrosse r/ieda prenant la partie pour le tout, il
I'apele deuexa parceque ce carrosse passoit dans quelque
penchant, ce penchant luy-méme s'apeloit rheda dans
l'opinion de quelques uns.
Nemo mugis rhombum stupuit (vers 119). — 11 n'y en
eut pas qui admirât plus que Catulle la grandeur de ce
turbot.
Bellua (vers 121). — Le poisson.
Cilicis (vers 121 ). — Des gladiateurs venus de Gilicie.
Paegma (vers 122). — C'êtoit une machine de bois dont
ou se seruoit dans les triomphes, elle êtoit laite auec tant
d'ai'tirtico (|ue ceux qui ètoiiit dedans êtoiat portés en l'air
et courroint partout sans aucun danger de leur persone.
Guietaapliqué apa-gma ce qui ne deuoil l'être qu'a velaria
qui sont ces toiles en forme de voyles de nauire qui couurent
les théâtres.
Yeiento (vers 123 ). — C'est ce même Veienton dont il est
parlé dans la 3" satyre et qui auoit pour feme cette Hyppia
qui le quitta pour suiure Sergius gladiateur ; l'hystoire en
est décrite satyre 6.
Tiio œstro (vers 123). — C'est a dire iuu furore.
Œslrum est le même que atilus eu latin qui est une espèce
de mouche fort picquante qui picque si sensiblement le
bétail qu'elle le rend corne furieux.
Phanaticus (vers 123). — Les pbretres de Cybele ou de
Bellone s'apeloint par une epythete fort propre phanatici
parcequ'êtant inspirés par cette déesse ils deuenoint furieux
et dans cette fureur ils predisoient l'auenir.
Aruiragus (vers 127). — Roy de la Bretaigne.
De temone excidet (vers 126}. — Pour dire que le roy
Aruirague sera pris, il dit qu'il tombera de son charriot,
parceque les Bretons s'en seruoint a la guerre. Temo
signifie un timon , et par concequent un charriot puisqu'il
en est une partie.
Fabricio (vers 129). — Veienton s'apeloit encore
Fabricius.
Quidnam igitur censés (vers 130). — Ce sont les paroles
de Veienton a l'Empereur.
Quidnam igitur censés (vers 130). — (,)ue pensez vous
dit luuenal qu'on fit de ce poisson. . .
Prometheus (vers 133). — Promethée pailrit l'home du
limon, et l'anima auec le feu qu'il auoit derrobé du ciel par
— 1-21 —
le secours de Pallas; le poêle se sert icy de Promethée pour
exprimer un habile potier.
Noctesque Neronis iam médias (vers 138). — L'Empe-
reur Néron aymoit Ibi-t les plaisirs de la table ; il prolongeoit
souueht ses soupei^ iusqu'a minuit. Mon tan ètoit souuent
de la partie.
Aliam famem (vers 138). — Supp. prouocandain.
Circœis (vers 140). — Le mont Gircé est dans la Campa-
uie , il y auoit une ville de même nom.
Ad saxum Lucrinum (vers 141 ). — Le lac Lucrin est
encore dans la Gampanie.
Rutupino (vers 141 ). — La mer de la Bretaigne prenoit
ce nom d'une ville qu'elle auoit sur ses riuages.
Attonitos (vers 146). — Etonés de crainte a cause de la
cruauté de l'Empereur.
Cattis (vers 147). — Natioa dAiemaigue.
Sed periit (vers 153). — Pendant que Domitien ne lit
mourir que des gens de qualité persone ne luy dit mot, mais
quand on vit qu'il s'en prenoit au peuple on fit dabort une
conspiration contre luy et on font le tuer dans sa chambre.
Madenti {vers 154). — A Domitien qui êtoit encore tout
moite du sang des Lamies qu'il venoit de faire mourir.
Cœde Lamiarum ( vers 1 54). — Du sang des nobles , qu'il
fit mourir et qu'il représente sous le nom de Lamies dont il
condamna a la mort yElius Lamia pour une bagatelle ; la
noblesse des. Lamies êtoit fort considérable ; elle venoit de
Lamus qui auoit régné a Gaieté.
FIN
DE LA 4""^ SATYRE.
SATYRA V
1 Si te ijropositi iiondum pudet, alqiie cadeni est mens ,
■-' Ut bona summa putes aliéna vivere quadra ,
3 Si potes illa pati, qux nec Sarmenlus iniquas
i Cxsaris ad memas, nec vilis Gabba lulisset ,
5 Qiiamvis jiwato metuam libi credere testi.
« Ventre nihil novi fruqalius : hoc tatnen ipsum
7 Defecisse puta. quod inani suf/icit alvu.
■s Niilla crcpido vacat f nusqHani pans, et teyetis pars
H Dimidia brevior ? tantinc injuria cenx?
10 Tarn jejiina famcs cura possis liuncstius illic
11 Et treinere , et sordes farris mordere canini f
12 Primo fige luco , qnod tu discumbere jussus
13 Mcrcedcm solidam veterum capis officiorum.
14 Fructus amicitvf magnat; cibiis . imputât hune Rex^
1-^ Et quamvis rarurn , lamen imputât, errjo duos pas t
k; .SV iibuit mcnseis ncyteclum adhibere clienlem ,
M Tertia ne vacuo cessaret culcitra lecto ,
18 Unasimus , ait. votorum summa : quid ultra
19 Quxris? habet Trebius propter quod rumperc soutnum
■20 Debeat , et ligulas dimittere , sollicitus , Jie
•21 Tota salutatrix jam turba compleverit orbem
22 Sideribus dubiis ,. aut illo tempore , quo se
23 Frigida circumagunt pigri sarraca Bootw
24 Qualis cena tamen ? linum quod succida nolil
25 Lana pati : de conviva Corybanta videbis.
2t; lurgia proludunt : sed mox et pocula torques
27 Saucius, et rubra deterges vulnera mappa :
28 Inter vos quoties ^ liber torwnque cohortem
29 Pugna Sagunlinu fervet comtnissa lagena :
30 Ipse capiUalo Ui//'usu)n con.sule potat ,
31 Calcataïaque tenct hellis socialibus uvani ,
32 Cai'diaco nunquain cyalhum missurus amicu.
33 Oras hibet Albanis aliquid de monlibus, aut de
3t Setinis, cujus patriain. litulwnque senectiis
35 Delevit multa veleris fuligine tcsl.r :
36 Quale coronaii Thrasea , Helvidiusque bibebant,
37 Brulorum , et Cassii nalalibus. ipse capaccs
38 Heliadum crustas, et inxquales benjllo
3!) Virro lenet pliialas : tibinon committilur aurum.
io Vel si quando datur : custos affixus ibidem ,
41 Qui numeret gemmas , ungueisquc observet acutos'.
42 Va veniam : prwclara itlic lauâatur laspis.
43 Nam Virro , ut utiilli gemmas ad pocula transfert
44 A digitis : quas in vaginœ fronte solebal
45 Ponere zelotypo juvcnis prxlatus lliarbx.
■iti Tu Beneventani suloris nomen habentem
47 Siccabis caliccm nasorum quattuor, acjam
48 Quassatum , et rupto jjoscentem sulfura vitro ,
49 Si stomachus domini fervet vinoque, cibuque :
50 Frigidior Geticis petitur décoda pruinis.
51 Non eadem vobis poni modo vina querebar :
52 Vos aliam potatis aquam. tibi pocula cursor
53 Gwtulus dabit , aut nigri manus ossea Mauri ,
54 Et eut per mediam nolis occurrere noctem ,
55 Clivosx veheris dum per monumenta Latinw.
56 Flos Asise ante ipsum pretio majore paratus ,
57 Quant fuit et Tulli census pugnacis , et Anci :
58 Et ^ ne teneam, Romanorum omnia Regum
59 Frivola. quod cum ita sit , tu Gxtulum Ganijmedcm
60 Respice , cum sities. nescit tôt millibus emtus
61 Pauperlbus miscere puer : sed forma, sed œtas
62 Digna supcrcilio. quando ad te pcrvenit ille ?
63 Quando vocatus adest calidw , gelidxque minister y
64 Quippe indignatur vctcri parère clienti ,
65 Quodquc aliquid poscas , et quod se slante recumbas.
6G Maxima quxque domus servis est plena superbis.
67 Eccc alius quanlo porrexit murmure panoit
68 Vix fractum , solidw jaui mucida frusta farimv^
— \■2-^ —
•;'j (Jit<f geniiiiiiDi miilrnl , non adinillrnlia laorsum.
70 Sed tener, pI niveux, nioUique sUigine factus
71 Servaliir domino, dextram cohibere mémento.
72 Salva sit artoptœ reverentia : ftnge tamen te
73 Improbulum, superest illic qui ponere cogat.
74 Vis tu consuetù audax conviva canistris
"ô Impleri, panisque tut novisse colorem ?
"fi Scilicet hoc fuerat, propter quod ssepe relicta
77 Conjuge, pcr monlem adversum. gelidasque cAicurri
7ft Exquilias , firmerrt sxva mm grandinc vernus
'•■< Juppitcr, d. miilfo stillaret p/enula nimbo
so Adspicc quant, longe disfendat peclorr lancem ,
SI QuiT fertiir domino , squilla , et quibus undiqrie xepta
«2 Asparagis , qua dexpiciat convivia cuiida ,
S3 Cum verni exceisi manibus sublata ministri.
Si Sed tibi diniidio comlrictux cammarux ovo
55 Ponitur, cxigua feralis cena patelin .
56 Ijjse Venafrano piscem perfundit : at hic, qui
s- Pallidus adfertur misero tibi caulis , olebit
ss Laternam , illud enitn vesiris datur alveoïis , quod
S9 Canna Mycipsarum prora subvexit acuta :
!to Propter quod Hom.r cum Bocchare nemo lavatur,
m Quod tutos eliam facit a serpentibux Afros.
9-2 Multos erit domini.^ quem misit Corsica , vel quem
93 Taui'ominitanrp rupes, quando omne peractum est :
94 Et iam defecit nostrum mare, dum gula s;nnl
9.') Retibus assiduis penitus scrutante macello
90 Proxima, nec patimur Tyrrhenum crescere piscem.
97 Instruit ergo focum provincia : sumitur illinc
95 Quod captator emat Lenas, Aurélia vendat.
99 Virroni mursena datur, quae maxima venit
ino Gurgite de Siculo : nam, dum se continet Auster,
101 Dum sedet , et siccat madidas in carcere pennas ,
102 Contemnunt mediam- temeraria lina Carybdim..
103 Vos anguilla manet longx cognata cnlubra; ,
loi Aut glaeie aspersus maculis Tiberinus, et ipse
lo.'i Vernula riparum pinguis torrente cloaca ,
lofi FJ solitus médise cryptam penetrare Suburr.r.
10" [psi pauca velim , facilem si pr/pbeat aurem
— l-ic. —
108 Nrmo petit . modicis qwf niiltrba/itur amiris
109 A Seneca, qu.r Pi.io bonus, qwr l'otta solehat
110 Larf/iri : nainqur et iilulis. cl fascihu'i tilim
m Major hahebatur donandi fjloria : soliim
112 Poscimxm, ul cènes cirilile)\ hoc face, et cstn :
113 Esto, lit uunc )nul.ti. diva tibi, pauper amicis.
iiî Anseris arite ipsioii mafini jecnr, ansrrihiis prrr
ii'> Allilis, et flavi dignns frrrn Meteaqri
110 SpWD.at apcr : posl hune Iraihniliir liilirj-a , si ver
117 Tune crit , ri facirni nphilti lonilri/n crnas
iiB Majores, libi hnbe friniirnliini Allrdiiis iii<iiiil.
Il M 0 Libye; disjunç/e boves, du m lnhcra niittas.
i-'o Slriictorem. interea . ne i/iki indignalio desil ,
i-'i Sallantem spectes. el eliiiroiiDitiuiitavolnnti
V2i Cultcllo, donec peragal diclaia uiagistri
123 Omnia : nec minimo snne discrimine refert ,
i2i ' Quo geslii lepores, et qiio f/allina seeeti(i\
i2.'i Duceris planta, relut ictus ab Hercule Gacus ,
120 El pnnere furis, si <iind lentareris unquam
127 lliscere lanijuam liabe/is tria nmiiina. (luamln pnipinal
128 Virro libi, suniitqtie tuis conincla labellis
129 Pocula? guis vestru)n tcnierarius usque advo, quis
130 Perdilus^ ul dirat rer/i , bibe'! pluriina sunt, qv.r
131 Non audent linmines perlnsa direve la-nu.
132 Quadrinçicnta tibi si quis Deiis, aut similis Diis
133 Et mrlior l'alis donarel^ liotinniriixiuunlus
i3'i Ex nihilo fieres, quanlus l'irronis rnnieus !
135 [)a Trebio. pone ad Trebium. ris fralrr ub ipsis
130 Ilibus? 0 nummi, rnbis hune prxstat Imnoron,
137 Vos estis fratres. dourinus lumen, et domini rer
138 Si vis tu fieri nullus libi iiurimlus au lu
i:i!i Liisrrit .Eneas, nec filia dulcior ilh».
l'io lucunduin, el cariDu sle)-ilis facit ii.inr auiieuiii .
m .SV^ tua nunc Mi/rulr purin l licct, et pueros treis
H2 In gronium palris fundat siniul. ipse loquaci
H3 Gaudebit nido : viridcm Ihoraca jubebit
ni Auferri minimasqve nures , ussemque roqulum .
nr) Ac niensain. qiioties parasilus venerit infans.
I4fi ViHbus ancipites fungi ponentur ainicis .
— Ii?7 —
147 Boletus domino : serf qualeui Claudim cdil
148 Ante illum uxoris. posl quein nil amplius edil :
149 FùTo sibi, et reliquis Virronibus illa jubebit
150 Pâma dari , quorum solo pascaris odere :
151 Qualia perpetuus Phxacwn antumnus habebat ,
152 Gredere quœ posais surrepta sororibus affris :
153 Tu scabie frueris mali, quod in aggere rodit ,
154 Qui tegitur parma, cl galea. metuensque flageUi
155 Discil ab hirsuio jaculniii torquere Capella.
i5fi Forsiian impensœ Virrone))i parcere credas.
157 Hoc agit, itt dolcas. nani qua^ coiDwdia, nriiDus
158 Qiiis melior, plorante gula ? ergo omnia fiunl.
159 Si nescis . ut, per tacrymas effunderc bilcni
160 Cogaris. prcssoqiic diu stridcre tnolari
161 Tu tibi liber horno , et régis conviva videris :
162 Captum le ni dore su,v putat ille crilinx :
163 Nec maie conjectat. guis enim tam nudiis. ul iUuni
164 Bis ferai , Helruscum puero si contigit auruni , ,
165 Vel nodus tantum, et signum de paupere loro '!'
166 Spes bene cenandi vos decipit. ecce dabit jam
167 Semesiim, leporem , atque aUquid de clunibus apri.
168 Ad 710S jani véniel minor aUilis : inde parato,
169 Intactoque omnes, et stricto pane tacetis.
170 Ille sapit , qui le sic utitur. omnia ferre
171 Si potes, et debes : pulsandum vertice raso
172 Prœbebis quandoque capui , nec dura timebis
173 Flaqra pati. his epulis, et tali dignus aniico.
SATYRE V
SUIET
Il va parler contre les parasites, et il s'adresse a un des
plus célèbres , mais il proteste qu'il ne peut croire qu'il n'ayt
du repentir et de la honte d'une vie si basse , il se done
ainsy lieu de dire tout ce qui luy plaira , et il fait paroitre
que c'est pour se venger du superbe dédain des riches qu'il
entreprend le détail de tout ce que l'on soufre a leur place ;
au reste il y a de 3 sortes de satyres a les considérer par la
manière dont elles sont écrites , les unes ne sont que des
simples récits ou le poète parle tout seul, il y en a d'autres
ou il n'y a que des prosopopées , et qui consistent en perso-
nages, enfin il y en a qui sont mêlées des récits et des proso-
popées. Celle cy est de la 1"*' sorte et le poète y parle seul,
car come il ne s'agit que de ce qui se passe a un repas il
n'êtoit pas nécessaire d'auoir recours au style dramatique,
il en faut reseruer les figures pour des suiets plus eleués ,
et c'est dans ce ménagement ou l'on reconoit bien que
luuenal auoit bien compris ce que c'êtoit que l'éloquence.
4.liena quadra (vers 2). — A la table des autres. Quadra
êtoit un plat ou l'on metoit la viande qu'on auoit coupée
et qui êtoit prête a seruir.
9
— 130 —
Sannentics ( vers 3). — Ce Sarmenlus dont il parle dabort
est celuy dont Horace se mocquc aussy dans la satyre 5" du
1" liurc. Gabba ou Galba êtoit come luy un parasite dont
Martial a souuent parle dans ses Epigrammes.
Quamuis iuralo (vers 5). — Vousauez beau me dire que
vous n'aucz nul repentir de la vie que vous uienez , ie n'ay
garde de le croire non pas même quand vous y employeriez
les serments.
Crepido (vers 8). — Lieu eleué dans les grands che-
mins ou les mendiants se plaçoint pour demander l'aumône.
Dimidia (vers 9). — Pour dimidio, capable seulement
de vous contenir.
Tantine iniuria cerne (vers 21 ). — Supp. est. Aves vous
si peu du ressentiment des affronts que l'on vous fait aux
repas ou vous alez sans être inuité.
lllic (vers 10). — Sur cette eleuation des grands che-
mins, sur ce point.
Imputât hune Rex (vers 14). — Celuy qui-donoit a
manger chez luy s'apeloit Reœ conuiuii.
Si lihuit (vers 16). — Supp. Régi.
Trebius (vers 19). — Nom du phylosophe parasite.
Habet Trebius (vers 19). — Ma foy Trebius a bien raison
de se douer tant de peine pour atraper un repas. Il est bien
nécessaire qu'il aille pour cela interrompre son someil.
Compleuerit orbern (vers 21). — C'est a dire que -le
parasite apreande que les autres parasites n'ayent remply
le nombre des places.
Aut illo tempore quo se frigida circumagunt pigri
sarraca Bootœ (vers 22 et 23). — Les astrologues ont
remarqué près du pôle 7 étoiles qui ressemblent a un
charriot attelé, conduit par un bouuier, c'est pour cela
— l.il —
qu'on a doné a ce signe le nom de Bootes qui signifie
bouuier ; ce signe ne paroit qu'en hyuer.
Corybanta (vers 25). — Les Gorybantes etoint des
pbretres qui prirent soin de lupiter lorsqu'il êtoit au
berceau, au tour duquel ils iouoint des tymbales pour
empêcher que les crys de lupiter ne feussent entendus de
Saturne qui auoit accoutumé de deuorer ses enfants maies,
de peur d'être dethroné.
Tertia ne vacuo cessaret culciira lecto (vers 17). —
C'êtoil la coutume des anciens de manger sur des licts a la
manière des Grecs, car auant que les Romains eussent été
corrompus par les mœurs des étrangers , ils mangeoint assis
selon le témoignage de Varron et de Seruius, et ce ne feut
que fort tard que les femes ne feurent plus assises dans les
festins; on ne metoit que 3 licts autour de la table, c'est
pourquoy on apeloit le lieu ou l'on mangeoit Triclinium,
sur chaque lict il n'y auoit place que pour 3 pour y être a
son aise, c'est pourquoy Horace marque come une chose
extraordinaire que quatre feuçsent sur un même lict.
ScBpe tribus lectis videos cœnare quaterno.
Come le suiet de cette satyre done lieu de remarquer
encore la manière dont ils étoint couchés pour manger, luste
Lipse qui a recherché les ancienes coutumes dont la conois-
sance sert a entendre les autheurs, nous aprend qu'ils
s'appuyoint sur le bras gauche n'ayant que la main droite
libre , que leur tête êtoit soutenue sur des carreaux, et que
lors qu'ils êtoint 3 sur le même lict le i""" auoit la tête sur
le cheuet, étendant ses pieds derrière le dos du segond,
qu'il y auoit un quarreau sur lequel celuy cy appaioit sa
Icte vis a vis du sl-ui ilii 1'', el i|ue h; '.>'' cl le i'' rluiiit dispo-
sés de la même manière
De conulua Corybanta .videbis (vers 25). — Il faut se
mètre en colère corne un Gorybante; il faloit sans doute que
ces parasites t'eussent exposés a des grandes indignités et que
ceux qui leur donoint a manger non seulement ne fissent
aucun cas d'eux mais qu'ils prissent plaisir a les faire mal-
traiter par leurs esclaues, ce qui lait bien voir iusqu'ou ils
portoint leur orgueil, car quand il est grand il est certain
qu'il est toùiours accompagné de cruauté ; ce n'est que le
faste et la fierté qui font que ces homes qui n'usent pas de
la grandeur auec modération traitent si cruelement ceux
qui leur sont soumis. Tybere, Néron, Domitien, êtoint fiers
et cruels tout ensemble.
Ipse capillato (vers 30). — J^ucilius Opimius étant consul
il y eut une si grande abondance de vin qu'on en garda dans
des barriques qui se beuuoint 200 ans après si l'on en doit
croire Pline^ iib. 14, hist. nat. c. 4. Il apele Lucilius
Opimius consul capillatus a cause que de son tems les
Romains portoint encore les cheucux longs, et l'on ne se fit
raser que long tems après. Il faut entendre sub.
Bellis socialibus (vers 31). — Cette guerre feut sous le
consulat de Iules Gesar, et de M. Phylipe ou de L. Opicius
selon le témoignage de Florus, Iib. 3, ch. 17, ce qui fait
bien voir de combien d'années êtoit ce vin que Virron
beuuoit du tems de Domitien.
Saguntinâ la gêna (vers 29). — On faisoit à Sagunte,
ville d'Espagne, des vases de terre fort beaux, on y faisoit
des bouteilles de même.
Iniquas mensas {\evs 3 et 4). — Cela est au comancement
de la satyre et s'explique dans la suite ; car au lieu que le
• — 133 —
maitre auoit d'excellent vin et qu'il en beuuoit dans des
coupes enrichies de diamant, qu'on luy sert de l'eau a la
glace, qu'on luy done du pain blanc et tendre , le parasite
n'a que du vin des esclaues, un verre a demi cassé, de l'eau
qui n'est point IVeiche, du gros pain; il faut donc prendre
ces iniquas pour inégales. Selon nos mœurs, il n'y a rien
de plus choquant que cette inégalité.
Cardiaco (vers 32). — Kapoi'a veut dire cœur et cardiacus
qui a mal au cœur, c'est a dire qui a quelque faiblesse
d'estomac ; le vin est un souuerain remède pour ces sortes
d'accidents.
Aut de Settinis (vers 33 et 34). — Le mont Setin dans la
Gampanie fertile en bon vin.
Thrasea Heluidiusgue bibebant (vers 36). — Le 1*"" êtoit
de Padoue, il feut sénateur. Tacite dit que lors qu'on deut
iuger Agryppine il sortit du palais , qu'il s'atira par la la
colère de Néron ; ce Thrasea aymoit fort la liberté de la
patrie, il êtoit fort bon amy d'Heluidius a cause du raport
qui se trouuoit entre eux. Tacite nous en fait un portrait
auantageux et qui les aproche extrêmement, ils feurent
également ardents pour la liberté de leur patrie.
Capaces heliadum crustas (vers 37 et 38). — Il désigne
ce que les Latins apeloint electrum, qui est un métal com-
posé d'or et d'argent, mais auec cette différence que de six
parties il y en auoit les cinq d'argent et l'autre êtoit d'or.
Brutorurn (vers 37). — C'est lunius Brutus qui chassa
Tarquin le Superbe après qu'il eut violé Lucrèce, et Brutus
qui tua Gesar.
Cassii (vers 37). — Gassius feut un des meurtriers de
Gesar, l'amour de la liberté publique le porta a exécuter
cette entreprise.
— i;ji —
Heliadum crustas (vers 38). — C'est l'ambre qui se
trouuoit selon la fable près du fleuue Eridan sur les peupliers
de la métamorphose des sœurs de Phaeton. Ces tilles voyant
tomber leur frère en feurent si fort alUigées que les dieux
en ayant compassion, les changèrent on peupliers, leurs
larmes neagmoints ne finirent pas, elles les changeoint tous
les ans en croûtes d'ambre dont on faisoit des vases fort
précieux.
Phialas inxquales (vers 38 et 39). — Pline dit que les
vases dont on se seruoit pour boire auoint six angles, de
sorte que par la reuerberation qu'ils faisoint , ils en parois-
soin t plus beaux.
Da veniam (vers 42). — Excusez pourtant ces précau-
tions.
Virro (vers 43). — Nom d'un riche; il est sans doute
inuenté.
luuenis (vers 45). — C'est ^née que Didon préféra a
Hyarbas roy de la Mauritanie.
Tu Beneuentani sutoris (vers 46). — 11 y auoit un
cordonier a Beneuent apelé Vatinius , il auoit un nés
extraordinaire ; c'est a cause de cela que l'on donoit le nom
de Vatinien a des certains verres a quatre coins dont
chaquun ressembloit au nos de Vatinius.
Venafrano (vers 86). — Huile de Venafry, le pays en
portoit beaucoup.
Canna Mycipsarum, (vers 89). — C'est a dire un uauire
des Alï'ricains qui êtoit fait des roseaux qu'on apeloit
cannse ; les Allricains sont apelés Mijcipsœ , de Mysipca roy
des Numidiens et fils de Massinissa , il laissa en mourant
son roiaume a ses 3 enfants Adherbal , Hycmpsal , et a
lugurtha fils de son frère qu'il auoit adopté.
— 13.-. —
Bocchare (vers 90). — C'est a dire un Numidien qui
prend ce nom de Bocchar roy des Maures du tems que
Massinissa l'êtoit des Nuraidiens.
Taitrominitanas rupes (vers 93). — La Sicile qui con-
tient beaucoup des montaignes auxqueles la ville de Tauro-
minium done le nom.
Lenas (vers 98). — Lenas êtoit un home qui faisoit sa
cour aux riches veufs sans enfants et aux vieillards même ;
c'est ce que captator signifie. Aurelie êtoit une veufue a qui
il faisoit la cour.
Lina Canjbdim (vers 102). — Le poète exagérant la
gourmandise des Romains, dit qu'elle auoit épuisé la mer
de poissons, et que les pécheurs êtoint obligés d'aler
pendant le beau tems dans des pays éloignés et même dan-
gereux come a Garybde qui est un ecueil entre la Sicile et
l'Italie.
Seneca (vers 109). — C'est Seneque le phylosophe que
son mérite fit choisir pour être précepteur de Néron ; après
auoir doué l'éducation a ce prince^ il feut de la coniuration
que Pison fit contre luy, il apreanda que l'empereur ne le
fit mourir come le reste de ses complices ; pour le preuenir
il s'ouurit les veynes et se laissa mourir de cette manière.
Seneque auoit été fort libéral enuers ses amys.
Piso bonus ( vers 109 ). — -C'est l'auteur de la coniuration
contre Néron , a laquele il done le nom de Pisoniene ; il
êtoit fort honete home et libéral a ses amys.
Cotta (vers 109). — C'est ce Cotta dont il est parlé
ailleurs.
Ei spes cl ratio,
Quis libi Mxccnas ? quis tune erit aut Proculeius ,
Aut Fabius? quis Cotta iterum ? quis Lenticlus aller ?
— I3li —
Cotta rcssembloit l'oit a ces deux 1"' par sa libéralité.
Ciuiliter (vers 112). — Sans faire des allronls a ceux qui
vous Ibut la cour.
MelciKjri (vers 115). — /Enous père de Meleagre s'êtoit
moc(|ué de Diane dans les sacrytices qu'on luy faisoit, cette
déesse luy enuoya un sanglier de la tbrcst d'Erymanthe pour
le deuorer, son fils Meleagre quoyqu'il feut asscs ieunc le
dcliura de ce monstre.
Alledius {y(iv?> 1 18). — G'êtoit un home l'ort riche et qui
aymoit auec excès les plaisirs de la bouche.
Chyronuino'nta (vers 121 ). — C'est un mot grec composé
de /Eip main , vo[i.6<; loy. Ce mot ainsy composé signifie un
home qui coupe quelque chose auec des gestes étudiés, et
come obseruant quelques règles.
Saltantem spectes et churonomonta (vers 121). — Conie
la manière dont ils etoint a table ne leur permetoit pas de se
seruir eux même, ils auoint un ecuyer pour couper les
viandes apelé icy structor, dans Apulée , diribitor^ ou
carptor, scisso7\ insertor. S'il aioute saltantein et chyrono-
monta c'est pour se mocquer de cette grande affectation de
gestes qu'ils êtudioint pour Ijion seruir, ce (jui peut faire
entendre un autre endroit d'Ulmœa cœna , car les ecuyers
s'exercoint sur des oiseaux et des poissons de bois, pour
s'accoutumer a trancher de bone grâce.
Dictai a magistri (vers 122). — 11 y auoitaRomedesgens
qui enseignoint a couper la viande de bone grâce, come un
leuraut, un chapon, ect. Ces maîtres faisoint exercer leurs
écoliers sur des animaux de bois.
Cacm (vers 125). — Cacus étoit un berger qui feut
charmé des bœufs qu'Hercule auoît amenés d^Espagne après
auoir tué lerion , il usa de finesse pour les dcrrober, car
— i;j7 —
apreandant que la trasse ne decouui-it son larcin , il prit les
bœufs par la queue et les fit aler dareculons dans sa maison.
Hercule y fut trompé iusqu'a ce qu'il eut entendu mugir ces
animaux, il courut ou ils ôtoint, et prit Cacus par les
pieds qu'il ietta de cette manière hors de la cabane.
Tanqimin haheas tria nomina (vers 127), — Auec la
liberté d'un cytoien Romain, car il n'apartenoit qu'aux
cytoiens d'auoir 3 noms dont l'un êtoit le nom personel qui
se metoit deuant celuy de la famille et le surnom,
prsBnomen ^ nomen^ agnomen.
Ante illum uxoris (vers 148). — Agryppine fit mourir
l'empereur Glaudius son mary auec un mousseron préparé.
Phxacum (vers 151 ). — Une des plus belles choses que
l'antiquité ayt admirée feurent les iardins d'Alcinoiis roy
de Gorcyre; cette isle feut ainsy apelée de la maîtresse de
Neptune. Phgeacus qui nacquit de leurs amours changea le
nom a l'isle , aussy bien qu'aux habitants qui feurent apelés
depuis Pheaciens.
Sororibm A/fris (vers 152). — Les sœurs afi'ricaines
êtointles Hesperides filles d'Hesperus frère d'Atlas et fils de
lapet; ces 3 filles .'îlgle , Aretuse et Espertuse auoint dans
une isle de la Mauritanie un des plus beaux iardins du
monde, ou regnoit le printems et l'automne continu élément.
Il y auoit des pomes d'or gardées par un dragon qui veilloit
toûiours, Hercule les enleua après auoir tué le dragon.
Ab hirsuto Capella (vers 155). — C'est un endroit fort
difficile et auquel on done force explications; la 1"" et la
meilleure est qae Capella hirsutus signifie un capitaine qui
peut s'apeler ainsy pour 2 raisons, la l**"^ que la sueur et
le trauail que les capitaines endurent leur cause une
puanteur sous les aise! es qui aproche fort de celle des boucs,
— i:{8 —
la 2* que le trauail fait venir les gens de guerre fort velus.
Voyla pourquoy on peut douer le nom de CapcUa a un
capitaine. Capella hirsictus peut encore signifier une corde
de poil de cheure que l'on mctoil aux arcs pour décocher les
flèches, ou bien un canjuois couuert de poil de cheure.
Aurum lietruscum (vers 164). — Lisière d'or pour
marque de la liberté, inucntée par Tullus Hostilius après
auoir vaincu les Hetrurieus.
Nodus et signutn de loro (vers 165). — Lanière de cuir
qui distinguoit les alTranchys.
FÎN
DE LA 5™* SATYRE.
SATYRA VI
I Credo pudicitiam Saiurno Rege moratam
■i In terris, visamque dm : cum frigida parvas
3 Prxheret spelunca doinos, ignemque , laremque ,
i Et pecus , et dominos communi clauderet umbra.
5 Silvestrem montana torum cum sterneret uxor
6 Frondibus et culmo, vicinarumque ferarum
7 Pellibus : haud similis tibi Cynthia, 7iec tibi cujus
8 Turbavit nitidos extinctus passer ocellos :
9 Sed potanda ferens infantibus ubera magnis , .
10 Et ssepe horridior glandem ructante marito.
II Quippe aliter tune orbe novo , cœloque recenti
12 Vivebant hommes : qui rupto robore nati ,
13 Compositivc luto nullos habuere parentes.
14 Multa pudicitia veteris vestigia forsan ,
15 Aut aliqua extiterint , et sub love, sed love nondum
16 Barbato nondum Grœcis jurare paratis
17 Per caput alterius, cum furem nem.o timeret
18 Caulibus, et pomis, et aperto viveret horto.
19 Paullatim deinde ad superos Astrxa recessit
20 Hac comité, atque duo; pariter fugere sorores
21 Antiquum, et vêtus est alienum Posthume lectum
22 Concutere, atque sacri genium contemnere fulcri.
23 Omne aliud crimen mox ferrea protulit xlas.
24 Viderunt primas argentea secula mœchos.
25 Conventum tamen, et pactum, et sponsalia, nostra
26 Tempestate paras, jamque à tonsore magislro
27 Pecteris , et digito pigjius fartasse dedisti.
28 Certe sanus eras. uxoreyn Paslhwne ducis?
29 Die qua Tisiphone , quibus exagitare colubris ?
— I 'l(l —
30 Ferre potes dominam suivis toi reslibus ullam ?
31 6'?/»/ puleanl allœ. caliganlcsque fencslrse?
32 Cuin libi ricinitm se prwbeal ^milius puns f
33 Aut si de vuillis niilliis plavel exiliis , illud
34 Nonne putas melius, (jnod lecuni piisio dormit,
35 Piisio qui noclii non lilif/at ? cxigit a le
36 Nulla jacens illie munusciila, ncc querilur. quod
37 Et lateri parcas . ncc, qiianiuni jiissit, aniieles.
38 Sed placet Ursidio lex hilia : tollere dulcem
3!» Cogilat heredem carilurns turture magno ,
40 Mullorurnqve jubis, et capiatore ntacello.
41 Quid fieri non passe putes, si jungitiir ulla
42 Ursidio ? si mœchorum notissimus olim
43 Stulta maritali jam porrigit or a capistro .
44 Qiiem loties ie.vit perituri cista Latini?
45 Quid, quod cl antiquis uxor de moribus illi
46 Quxritur? o medici mediam pértundite venam.
47 Delicias hominis. Tarpeinm iimen adora
48 Promis, et auralam, lunoni cœde juvcncant ,
4'J Si tibi contigerit capitis matrona pudici.
50 Paucx adeo Cereris villas contingere dignœ ,
51 Quarum non iiineal pater oscula. necte coronani
52 Posiibus, et densos pev li))rina tende corymbos.
53 Unus Iberime rir sufficit. ocyus illud
54 Exlorquebis, ul luec oculo contenta sit hno.
55 Magna lumen fuma est cujusdam rare palerno
56 Vivenlis : vivat Gabiis , ut vixit in agro :
57 Vix'ut Fidenis, et agello cedo palerno.
58 Quis lainen affirmât, nilactum in montibiis, aut in
59 Spehincis ? udeo senucrunl lupiter et Mars?
60 Porticibusne iibï monslraiur feminu voto
61 Digna tua ? cuneis an habent speclucula totis
62 Quod securus âmes, quodque inde excerpere possis ?
63 Chyronomon Ledam molli saltunlc liutyUo
64 Tuccia vesicse non imperat : Ainila gannil ,
65 Sicul in amphxu : suhitum et miserabile longum
66 Allendil Thymele : Thymeh luncruslica discil.
67 Asl aliw, quolies aulxa rccondila cessant,
68 Et vacuo, clausoque sonant fora sola Ihealro .
— 141 —
«» Al(jiie aplebns lon^e Megalesia. ti-ixtes
70 Per.ionam, thyrsumgue tenent , et subligar Acci .
a Urbicus exodio risum movet AUellame
72 Gestibus Autonoês : hune diligit Mia paupev.
73 Solvitiir his magno coinœdi fibula : sunt qua
74 Chnjsogonum canlare vêtent : Hispulla tragœdo
75 Gaudet -. an exspedas, ut Quintilianus ametur?*
76 Accipis uxorem, de qua citharedus Echion,
77 Aut Glaphyrm fiât pater , Ambrosiusque vhoraules.
78 Longa per angustos figamus pulpita vicos ,
79 Orneniur postes, et grandi janua lauro,
80 Ut testudineo tibi, Lentule, conopœo
81 Nobilù Euryalum myrmillonem exprimai infans.
82 Nupta, Senatori comitata est Hippia ludum
83 Ad Pliaron, et Nilum, famosaque mœnia Lagi.
«4 Prodigia et mores urbis damnante Canopo.
85 Immemor illa domus, et conjugis, aique sororis.
86 mi patrie induisit, plorantesque improba gnatos,
87 Utque magis stupeas, ludos Paridemque reliquit.
88 Sed quanquam in magnis opibus, plumaque paterna.
89 Et segmentatis dormisset parvula cunis ,
90 Contempsit Pelagus : famam contetnpserat olim ,
91 Cujus apud molles minima est jactura cathedras.
92 Tyrrhenos igitur fluctus, lateque sonantem.
93 Pertiilit lonium constanti pectore, quamvis
94 Mutanditm loties esset mare, justapericli
95 Si ratio est, et honesta , timent, pavidoque gelantur
96 Pectore, jiec tremulis possunt imistere planlis :
97 Fortem animum prwslant rébus, quas ticrpiter audenl.
98 Sijubeat conjux, durum est consce7idere navim:
99 Tune sentina gravis, tune summus vertiticr aer :
100 Qux mœchum sequitur. stomacho valet, illa marituw
101 Convoyait : hxc inler nautas et prandet, et errai
102 Per puppeni, et duros gaudet tractare rudenteis.
103 Qua lamen exarsit forma quod capta juventa
104 Hippia? quid vidit, proptèr quod ludia dici
105 Sustimiit ? nan Sergiolus jam radere guttur
106 Cœperat, et secto requiem sperare lacerto.
'07 Prxterea multa in facie deformia ; sicul
— l'»-2 —
108 Allrilus galca, mcdiisqup in narihus ingens
10!» Gil)hus, et acre malum senipcr stillantis ocelli.
1111 Scd (jladialor cral. facii liur illos Hyacinthos :
111 Hoc pueris, patrixqxie, hoc prœliillit illa sororl,
112 Atque viro. fernim est quod a)nant. hic Sergius idem
113 Accepta rude cœpisset Veiento vider i.
114 Quid privata do)MiS. quid feccril Hippia curas?
115 Respice rivales Divorum. Claudius aitdi
iiB Quse tulerit. dormire virum cum senserat uxor,
117 Ausa Palatino legetem prxferre cubili.
118 Sumere noctùrnos meretrix Augusta cucullos,
119 Linquebat comité ancilla non amplius una :
120 Sed nigrum flavo crinem ahscondente galero ,
•121 Intravit calidum veteri centone lupanar ,
122 Et cellam vacnam, atque suam : tune nuda papilh's
123 Prostitit auratis, tituluni mentita Lyciscx,
i2i Ostcnditque luum , generose Britannice, ventrem.
125 Excepil blanda intranleis. atque xra poposcit :
i2f) Et rcsupina jacens multorum absorbuit ictus.
127 Max, lenonc suas jam di)nittenle pucllas .
128 Tristis abil : sed quod potuit, iamen nltima cellam
129 Clausit, adhuc ardens rigiclœ tintigine vulva",
130 Et lassât a viris, necdum satiata recessit .
131 Obscurisque genis turpis, fumoque luceriur
132 Fœda lupanaris tulit ad putvinar odorem.
133 Hippomanes, carmenque loqnar, coctumque venenwn,
134 Privignoque datum ? faciunt graviora coactr
135 Impcrio sexus, mininiumque libidine peccani .
136 Optima. sed quare Cesennia leste marito ?
137 Bis quingenta dédit, tanti vocat ille pudicam,
138 Nec pliaretris Veneris macer est, aut lampade fervet.
139 Inde faces ardent, veniunt a dote sagilt.r.
140 Libertas emiiur : coram licet innuat, atque
141 Bescribat, vidiia est, locuples quai niipsit avaro.
142 Cjur desiderio Bibulx Sertorius ardet ?
143 Si verum excutias, faciès, non uxor amalur.
\u Très rugx subeant, et se cutis arida laxet,
145 Fiant obscuri dentés, oculique minores :
146 Collige sarcinulas dicetjiberlus , et exi;
— 143 —
147 lam gravis es nobis, et sœpe emungeris, exi
143 Ocyus, et ■propera : sicco venit altéra iiaso.
149 Interea calet, et régnât, poscitqiie maritum
150 Pastores, et ovem Canusinam , ulmosque Falernas.
151 Quantulum in hoc ? pueros omneis, ergaslula tota ,
152 Quodque doini non est, et habet vicinus, ematur.
153 Merise quidem brwnw, quo jam mercator lason
154 Clausus, et armatis obstat casa candida nantis,
155 Grandia tolluntw cryslallina, maxima rursus
156 Myrrhina, deinde adamas notissimus, et Bérénices
157 In digito factus pretiosior : hune dédit olim.
158 Barbarus incestœ, dédit hune Agrippa sorori,
159 Observunt ubi [esta mero pede sabbata Beges ,
160 Et vêtus indulget senibus clementia porcis.
161 Nullane de tantis gregibiis tibi digna videtur?
162 Sit formosa, decens, dives, fecunda, vêtus tos
163 Porticibus disponat avos , intactior omni ,
164 Crinibns effusis, bellum dirimente Sabina
165 Ràra avis in terris , nigroque simillima cycno.
166 Quis feret uxorem, cui constant omnia? malo ,
167 Malo Venusinam, quam te Cornelia mater
168 Graccorum, si cum magnis virtutibis adfers
169 Grande supercilium, et numeras in dote triumphos ,
170 Toile tuum precor Hannibalem , victumque Syphacem
171 In castris , et cum tota Carthagine migra.
172 Parce precor, Pxan et tu depone sagittas ,
173 Nil pueri faciunt , ipsam configite matrem ,
174 Amphion clamât : sed Pxan contrahit arcuni.
175 Extulit ergo gregos naloruni, ipsumque parentem,
176 Bum sibi nobilior Latonx gente videtur ,
177 Atque eadem scrofa Niobe fecundior alba.
178 Quês tanli gravitas, qux forma, ut se tibi semper
179 Imputet ? hiijus enim rari summique voluptas
180 Nitlla boni, quoties animo corrupta superbo
181 Plus aloës quam mellis habet. quis deditus autem
182 Usque adeo est , ut non illam , quam laudibus effert ,
183 Horreat, inque diem septenis oderit horis?
184 Quœdam parva quidem, sed non toleranda maritis.
185 Nam. quid rancidius, quam quod se nonputatulla
— l'i'l —
is« F())i)i(i.iani, nisi tju.v de Tusca gr.rrula favla ml :
ifi/ De St(h)io}}C»si meiu Cecropis? omiiin Gnece.
i8« Ciiiti sit turpe magis nnslris nexcire Lnlinc.
i«!» Hoc sermoiie pavent, hoc irani, gaudia. niras,
190 Hoc cutu'la elJ'undunl animi. sécréta, quid ultra?
l'u Concumbiint Gtwce. dones tanien ista puelUs :
rij Tune etiam, quani seMus et oetogesimiis annux
i'.>:t Puisât, adhuc Gnece? non est hic sermo pudicus
VM In retula, quoties Lascivuin intervenit illud, '
H''- ZUH KAl ^'VXH modo sub lodice relielis
\W' Uteris in turha. quod enim non excitet inguen
lit; Vo.r blanda, et nequam? digitos habet, ut tamen nwnes
i!>8 Sul)sida]it pennie. dicas liwc mol tins ^Emo .
!!•!• Quanquam el Cai'pophoro, faciès tua computat onnos.
200 Si tihi legitimis partam, junctamque tabellis
201 Non es amaturus : ducendi nulla videtur
202 Gaussa : nec est, quare cenam, et mustace.a perdas
203 Labente officio, crudis dunanda : nec ilhid,
20i Quod prima pro nocle datur, cum lance beata
205 Dacicus, et scripto radiât Germanicus auro.
20(! 5?" tibi simplicitas uxoria, d,editus uni
207 Est animus : summite çaput ceriice parala
208 Ferre juguni : niillam invenies, quœ parcat amanti.
209 Ardeat ipsa licet, tormentis gaudet amantis,
210 Et spoliis. igitur longe minus utilis- illi
211 Uxor, quisquis erit bonus, optandusque maritus.
212 Nil unquam. invita donabis conpige : vendes
213 Hac obsianle nihil : nihil, hœc si nolet, emeiur.
2ii Hmc dabit afj'ectus : ille exctudatur amicus
215 lam senior, cujus barbam tuajanua vidit.
2i« Tcstandi cum sit lenonibus , atque lanistis
217 Libertas, et juris idem eontingat arcna: ,
218 Non unus iibi rivalis dictabitur licres.
219 Pone crucem servo. meruit quo crimine servus
220 Supplicium ? quis testis adest? quis delulit? audi ,
221 Nulla unquam de morte hominis cunctalio longa est.
222 0 démens, ita servus hnmo est? 7iil fecerit. esta.
223 Hoc volo, sic jubeo, sit pro ralione voluntas.
224 Imperat crgo viro : sed mnx hxc régna relinquit.
- 145 —
•xih Pernmtatqtte domox, et flammea conterit : inde
22G Advolat, et spreti repetit veatigia lecti.
227 Ornatas paiiUo ante fores , pendentia tinquit
228 Vêla domus, et adhuc virideis in limine ramos.
22!» Sic crescit numerus, sic ftunt octo mariii.
230 Qitinque per auluninos : titulo res digna sepulcri.
231 Desperanda tibi salva concordia socru :
232 Illa doçet spoliis nudi gaudere mariti :
233 Illa docet, missis a corruptore tabellis,
234 Nil rude, nec simplex rescribere : decipit illa
235 Custodes , aut sere domat : tune corpore sano
236 Advocat Archigenen , onerosaque pallia jactat.
237 Abditus interea latet, et secretus adulter,
238 Impatiensque morx silet et prxputia ducit.
239 Scilicet exspectas, ut tradai mater honestos,
240 Atque alios mores, quam quos habet? utile porro '
241 Filiolam turpi vetulx producere iurpem.
242 Nulla fere caiissa est, in qua non femina litem
243 Moverit accusât Manilia, si rea non est.
244 Componunt ipse per se, formantque libellas,
245 Principium, atque locos Celso diclare paratai.
246 Endromidas Tyrias, et femineum ceroma
247 Quis nescit? vel quis non vidit vuinera pâli?
248 Quem cavat assiduis sudibus, sctitoque lacessit ,
249 Atque omneis implet numéros dignismna prorsus
250 Florali matrona tuba, nisi si quid in illo
251 Pectore plus agitât, verœque paratur arense.
252 Quem prsBstare potest mulier galeata pudorem,
253 Qux fugit a sexu, vires amat? hxc tan\en ipsa
254 Vir nollet fieri. nam quantula nostravoluptas?
255 Quale decus rerum, si conjugis auctio fiât,
256 Balteus, et manicx, et cristse, crurisque sinistri
257 Dimidium tegmen , vel si diversa movebit
258 Prxlia, tu felix ocreas vendente puella.
259 Use sunt, qux tenui sudant in cyclade, quarum
2G0 Delicias et panniculus bombycinus urit.
261 Adspice, quo fremitu monstratos perferat ictus,
262 Et quanto galea curvetur pondère, quanta
263 Poplitibus sedeal, quam denso fascia libro,
10
— I'.(i —
l'isi Kl ride pusilis scapliiuiii cuin suniiLur annis.
•->(;.■) Diciic vos neples Lepidi, cxcive Meteili,
2G6 Gurgitis aul Fabii , qiue ludia sMmpseril uwiuani
267 Hos habitus ? quando ad paliim gemal uxor A.si/Ui Y
268 Semper habet liteis, alternaque jurgia ledics,
2fi3 In quo 7iupta jacet : miniwum dormilur in illo.
270 Cwn gravis illa viro. tune orba tigride pejor,
271 Cuin si))iu\al gcniilus dcrulli conscia facti.
272 Aut odil pucros, aul ficla pcUice ploral
273 Uberibus semper lacrymis, semperque paratis
27i In stalione sua, alque cxspecianlibus illam ,
275 Quo jubeat manare modo : tu credis amorem ,
27fi Tu tibi lune eurruca plaees, fletumque labellis
277 Exorbes, quas seripta, et quas leclure tabcllas.
278 Si tibi zelolypw relegantur scrinia mœchse !
279 Sed jacet in servi eomplexibus, aut Equitis. die,
280 Die aliqiiem sodés, hic Quintiliane colorem.
2R1 HcBremus. dicipsa. olim eonvcnerat, inquit,
282 l]l faceres tu quod velles; nec non ego possem
283 Indulgere milii : clames licet, et mare cœlo
284 Confundas, homo sum. nihil et audacius illis
285 Deprensis. iram alque animos a crimine sumunt.
28fl U7ide hwe uionstra lamen, vel quo de fonte requiris?
287 Pr^estabat caslas humilis forluna Latinas
■-'88 Quondam, nec vitiis cotUingi parva sinehant
289 Tecla labor, som7iique brèves, et vellere Tuseo
290 Vexat,T, duncque manus, ae proxi)iius urbi
291 Hannibal^ cl stanles Collina lurre mariti.
292 Nunc palimur longx pacis mata : s.vvior armis
293 Luxuria incubuit, vïctumque ulciscitur orbem.
■29i NuHuni criiarn abcsl, facinusque libidinis, ex quo
295 Paupertas Honiana î)e)il : liinc fluxit ad istos .
296 Et Sybaris colleis : hinc et Rhodos, cl Milclos,
297 Alque çoronatum, et petulam, madiduuique Tarentum,
298 Prima peregrinos obscena pecunia mores
299 Intulil, et lu7'pi (Yege7'U7it saccula luxu
300 Divitia; molles, quid enim. Venus ebria curât ?
301 Inguinis, et capitis qux sint discrimi/ia, nescit :
302 Graixdia qux mediis jam noctibus ostrea mordet ^
303 Cuni perftisa mero spumeni unoncntu Fuleyno ,
30{ Ciim bibilur eoncha, cum jam veriifiine tcctitm
305 Ambiilat , et goninis exsurç/it nienxa hicernis ;
300 / niinc et dubita, qua sorbeal aëra satina
307 TuUia, quid dicat nota; collactca Maurx,
308 Maura pudicitise veterem cum pneterit aram.
309 Noctibus heic. ponuni lecticas, miclnriunt heic,
310 Effigiemque Dex hmgis siphonibm implenl,
311 Inque vices equitant, ac Lima teste moventur.
312 Inde domos aheimt : tu calcas liice reversa
313 Conjugis urinam magnos visurus amicos.
314 Nota bonx sécréta Dex , cum tibia lumbos
31.') Incitai, et cornu pariter, vinoque feriintur
310 Attonilx , crinemque rotant, ululantque Priapi
317 Mxnades , o quantus tune illis mentibus ardor
318 Coticubitus ! qux vox saltante Ubidine! quantus
319 Ille meri veteris per crura madentia torrens!
320 Lenonum ancillas posita LaiifeUa corona
321 Pr avocat , attollit pendentis prxmia coxx :
322 Ipsa Medullinx frictum crissantis adorât.
323 Palmam intcr dominas virlus natalibus xquat.
324 Nil ibi per ludiim simulabitur, omnia fient
325 Ad verum , quibiis incendi jam frigidus xvo
32S Laomedontiades, et Nestoris hernia possit.
327 Tune prurigo morx impatiens, tune femina simplex ,
32S Et loto pariter repetitus rlamnr ab antro.
329 lam fas est : admitte viros. jam dormit adulter 'f
330 Illajubet sumto juvenem. properare cucullo.
331 Si nihil est, servis incurrilur . absiuleris spem
332 Servorum , véniel conductus aquarius. hic si
333 Quxritur, et désuni homines : mora nulla per ipsam
334 Quo minus imposiio clunem submilat asello.
335 Alque ulinam ritus veteres , et publica saltem
336 His inlacta malts agerenlur sacra : sed omnes
337 Noverunt Mauri, alque Indi, qux psallria penem
338 Majorem, quam simt duo Cxsaris Anticalones ,
339 Illuc , testiculi sibi conscius unde fugit mus ,
340 Intulerit , ubi velari piclura jubetur ,
341 Quxcumque allerius sexus imitata figurant est.
— 148 —
342 Et quis tune hominum contemtor numinis ? aut quis
343 Simpuvium riclere Niimœ , nigrumque catinum ,
344 Et Vaticano fragileis de monte palellas
345 Ausus erat ? sed mine ad quas non Clodius aras?
346 Audio quid veteres oliin moneatis amiei :
347 Pane seram : cohibe. sed quis custodiet ipsos
u» Custodes? eauta est, et ab illis incipit uxor.
349 lamquc eadem summis pariter minimisque libido :
350 Nec meiior, siliceni pedibus qxue eonterit utrum ,
351 Quam qua" longorum vckitxir cerviee Syrorum.
302 Ut speetet lu dos , condiicit Ogulnia vestern ,
353 Conducit comités, sellam, cervical, arnicas,
354 Nutricem , et flavam , cui det inendata, puellani ,■
355 IIxc tanien argcnli supcrest quodcumque paterni
356 Lxvibus aihletis, ac rasa novissima donat.
357 MuLïis l'es angusta domi : sed nuUa pudorem
358 Pauperlatis habel , nec se metilur ad illum,
359 Quem dédit hase, posuitque modum. tamen utile quid sit
360 Prospiciunt aliquando viri : frigusque, famemque
361 Formica tandem quidam cxpavere magistra.
362 Prodiga non sentit pereuntem femirùa censum :
363 At velut exhausta redivivus pullulet arca,
364 Nummus, et a pleno tollatur semper acervo,
365 Non unquam reputani , quanti sibi gaudia constent.
366 Sunt quas eunuchi imbelles , ac mollia semper
367 Oscula délectent, et desperatio barbx,
368 Et quod abortivo non est opus. illa voluptas
369 Summa tamen, quodjam calida viatura juventa
370 Inguina tradunlur medicis, jani pectine nigro.
371 Ergo exspcclatos, acjussos, crescerc primum
372 Testiculos, postqua^a cœperunt esse bilibres,
373 Tonsoris damno lantum rapil Heliodurus.
374 Compieuus longe, cunctisque notabilis inlrat
375 Dalnea, nec dubie custodem vitis , et horti
376 Provocal, a domina faclus spado. dormiat ille
377 Cum domina, sed tu jain durum , Postume , jamque
378 Tundendmn. eunueho liromium. co)nmittere noli.
379 Si gaudet cantu : nullius fibula durât,
380 Vocem vendentis Prxtoribus : orqana semper
— 149 —
381 In manibus : demi radiatU testudinc tola
382 Sardonyches : crispo nwnerantur pectina; cliords ,
383 Quo tener Hedymeles opéras dédit : hune tenet^ hoc se
38i Solatur, gratoque indulgel basia plectrn.
385 Quxdam de numéro Lamiarum , ac nominis Appi ,
386 Et farre , et vino lanum , Vestamque rogabat ,
387 An Capitolinam deberet Pollio quercum
388 Sperare , et pdibus promitlevc. quid faceret plus
389 jEgrotante vîro ? medicis quid tristibus erga
390 Filiolum? stelit ante aram, nec tiirpe putavit
391 Pro 'cilhara vclare caput, dictataque verba
392 Pertulit, ut vios est, et aperta paUuit agna.
393 Die mihi nunc, quxso , die antiquissime Divûm ,
394 Respondes his lane paterY magna otia cœii ,
395 1^071 est, ut video, non est, quod agatur apud vos.
396 Hxc de comœdis te consulit : illa tragœduni
397 Commendare volet , varicosus fiel haruspex
398 Sed cantet potius , quam totam pervolet iirboa
399 Audax, et cœtus possit qu3B ferre virorum ,
400 Cumque paludatis Ducibus, pressente marito ,
401 Ipsa loqui recta [acte, strictisque mamillis.
402 Hœc eadem novit, quid loto fiât in orbe ;
403 Quid Seres , quid Thraces agant : sécréta novercœ ,
404 Et pucri : quis aniet , quis decipiatur aduller.
405 Dicel quis viduam prxgnantein fecerit, et quo
106 Mense : quibus verbis concumbat quxqiie, modis quot.
407 Instantem Régi Armenio , Parthoque cometeni
408 Prima videt : fainaui, rwnoresque illa recenteis
409 Excipit ad portas : quosdam facit isse Niphatem
410 In populos, magnoque illic cuncta arva ieneri
411 Diluvio : nutarc urbes , subsidere terras,
412 Quocunque in trivio, cuicunque est obvia narrât.
413 Nec tamcn ad vitium magis intolerabile , qnani quas
414 Vicinos humileis rapere , et concidere loris
415 Exorata solet. nain si latratibus alti
416 Rumpuntur somni : fustes hue ocyus, inquit,
417 Adferte ; atque illis dominum jubet ante feriri,
418 Deinde canem : gravis occursu , leterrima vullu
419 Balnea nocte subit : conchas , et castra moveri
— i:.i) —
•120 Nock jubcl : inaijnu yaiiiUi sudarc lumullu ,
•iai Cum iassata gravi cecidcrunl brachia massa ,
422 CalUdus et crist.v digilos hnprcssil allples,
i23 .le summum dominw fémur exclamarc coëgit.
A-ii Convivx miseri iiilerea somnoquc , famequc
120 Urgcnlur : landciu illa vejnl rubicuiidiila , lnlum
i2H UEnophoruin siliciis , plena quod Icnditur urna
i27 Admotum pedibiis , de quo sextarius aller
428 DuciUtr anlr cibum , rabidam faclurus orexim ,
429 JJum redit, ei loto terram ferit intcsiino.
130 Marmoribus rivi propcrant , aurata Falernum
431 Pelvis ulet ; nam sic , lanquam alla in dolia longus
432 Deciderit serpens, bibit, et vomit, ergo maritus
433 Nauseat alquc oculis bilem subslringit opertis.
434 Illa tamen gravior, qux cum discumbere cœpit,
436 Laudat Virgilium , peritune ignoscit Elisx ,
436 Gommittit vates et comparât , inde Maronem ,
437 Atque alla parte in trutina suspendit llomerum.
438 Cedunt grammaiici, vincuntiir rlietores, omnis
439 Turba jacet, nec caussidicus , necprxco loquatur,
440 Altéra nec mulier : verborum Initia cadit vis
441 Tôt pariter pelves, lot linlinnabula dicas
142 Pulsari. jam neiiw lubas, nemo œra fatiget :
443 Una laboranli poterit succurrere Lunœ.
444 Imponil finem- sapiens et rébus lionestis.
445 Nam quœ ducla nimis cupit, el facuiida videri ,
446 Crure tenus medio tunicas succingcre débet ,
m Cxdere Siieano porcum quadrante lavari.
448 Non habeal matrnna , tibi qu;c juiicla recuinbit .
449 Dicendi gcnus , aut curvum sermone rotato
450 Torqueat enthymema , nec Uistorias sciât omncis.
451 Sed quxdam ex libris et non intelligat. odi
452 Hanc ego , quw repetit, volvitque Palxmonis arlcm
453 Servata semper lege , et ralione loqucndi,
454 Ignotosque mihi lenet antiquana versus,
465 Nec curanda viris opicx castigat amicx
466 Verba. solœcismum liccat fecisse marito.
457 Nil non permittit mulier sibi : turpe putat nil ,
458 Cxim virideis gemmas collo circumdedit , et cum
— 151 —
459 Aiin'bus cxtentis mag7ios commisit elenclios.
460 Intolerabilius nihil est, qiiam femina clives.
461 Interea fœda adspectu , ridendaque miUto
462 Pane tumet faciès , aut pinguia Poppwana
463 Spirat, et hinc iniseri viscanlur labra niariti.
464 Ad mœchum Iota veninnt cute. quando videri
465 Vult formosa doini ? machis foliata paraniur
466 His eniitur quidquid graciles hic niittitis hidi.
467 Tandem aperit vultuni, et lectoria prima reponii
46.S Incipit agnosci, atque illo lacté fovetur,
46!» Proptcr qiiod secum comités ediicit asellas ,
470 Exiil hyperhoreiim si dimittatur ad axem
471 Sed qitx mutatis inducitur, atque fovetur
472 Tôt viedicamiiiibus , coctxque siUgincs offas
473 Accipît , et faciès madidas dicetur, an ulcus ?
474 Est pretium curx penitus cognoscere , toto
475 Quid faciant, agitentqtie die. si noctc maritus
476 Aversus jacuit : periit libraria , ponunt
477 CosmetsB tunicas , tarde venisse Liburnus
478 Dicitur, et pœnas alieni pendere somni
479 Cogitur. hic frangit ferulas ; rubet ille fragello ,
480 Hic scutica. sunt quw tortoribus annua prœstent.
isi Verberat , atque obiter faciem Unit; audit arnicas,
482 Aut latum piclx vestis considérât auriim,
483 Et cœdit ; longi rclegil transversa diurni ,
484 Et cwdit , doncc lassis cxdenlibus , exi
485 Intonet horrendum , jam. cognitione peracta ,
486 Prœfeclura dormis Sicula non mitior aula.
487 Nam si constituit , soliloque decentius optât
488 Ornari, et properat , jamque exspectalur in hortis ,
489 Aut apud Isiacw poilus sacraria leme :
490 Disponit crinem laceratis ipsa capillis ,
491 Nuda liumero Psecas infelix, nudisque mamillis.
492 Altior hic quare cincinnus? taurea punit
493 Continuo flexi rrimen, facinusque capilli.
49i Quid Psecas admisil ? queenam est hic culpa puellêe
495 Si tibi displicuit nasus tuus ? altéra Uevum
496 Extendit , pectitque comas , et volvit in orbem.
497 Est in consilio matrona , admotaque lanis
— l.K' —
i'js Enicrila (jiia; cessât acu : sentenlia prima
•199 Hujus crit : posl hanc ;etate, alqnc arte minores
500 Censebimt, tanquam fam/c discrime7i agalun,
ôoi .Aut animse : tanta est quœrendi cura decoris.
502 Toi promit ordinibus, toi adhuc compagihus altum
503 jEdificat caput. Andromarhen a fronte videbis :
501 Posl minor est : eredas aliam. cedo , si brève parvi
505 Sorlila est lalcris spalium, breviorrjue videtur
506 Virginw Pjjgmœa , nullis adjuta colhurnis ,
507 Et levis erecta consurgil ad oscula planta.
508 NuUa viri cura interca, nec nientio fiet
5oy Damnorum : vint tanquam vicina mariti.
510 Hoc solo propior, quod amicos confugis odit,
511 Et servos. gravis est rationibus. ecce furentis
5r-> Bêlions;, mairisquc Deûni ciiorus intrat , et ingens
513 Scmivir, obsceno faciès reverenda minori ,
51 î Mollia, c[iii rapta secuit genitalia testa
515 lam pridem cui raiica cohors, cui tympana cedunt
516 Plebeia , et Phrygia vestitur bucca tiara ,
517 Grande sonat, metuique jiibet Septembris , et Austri
518 Adventum , nisi se centum lustraverit ovis ,
519 Et xerampclinas vetercs donaverit ipsi ,
520 Ut quidquid subili, et magni discriminis inslat ,
521 In tunicas eat , el totum scmel expict annum.
522 Jlibernum fracta glacie desccndet in amnem .
523 Ter maiuiino Tiberi mergetur, et ipsis
524 Verlicibiis timidum caput abluct : inde siiperbi
525 Tolum régis agrum nuda, ac Iremebunda cruentia
526 Erepct genibus : si candida jusscrit lo,
o27 Ibit ad Mgyptifinem, calidaque petitas
528 A Mero'c portabil aquas, ut spargat in xdcm
529 Isidis, anliquo qux proxinia surgit ovili.
530 Crédit enim ipsius domina se voce moneri.
531 Enanimam, et mentem, cum qua DU noctc loquanlur.
532 Ergo hic prasciputim swnmumejue meretur honorem,
533 Qui grege linigero circumdatus, et grege calvo
534 Plangentis populi cunnl derisor Anubis.
535 nie petit veniam , quotics non abstinet uxor
536 Comubiiu, sacris, observandisque diebiis,
537 Magnaqm debetur violalo pœna cadurco.
538 Et viovisse capiil visa est argentea serpens
ft39 IlUus lacrimis, meditataqiie murmura prxstant ,
ôio Ut veriiam culpx nonabnual, anscre magno
541 Scilicet, et tenui popano corruplus Osiris.
542 Cum dédit ille locum : copliino , fœnoquc rcticto ,
543 Arcanam ludxa tremens mendicat in aurem,
544 Interpres legum Solimarum, et magna sacerdos
545 Arboris, ac summi fida interniintia cœli.
546 Implet et ilta manum, sed parcius xre minulo.
547 Qualiacunque voles ludwi somnia vendunt.
548 Spondet amatorem teneriim, vet divitis orbi
549 Testamcnium ingens, calidx pulmonc coiumbx
550 Tractato, Armenius, ml Commagenus haruspex.
551 Peclora pullorum rimabitiir, exla calelli ,
552 Interdinn et pueri : facict quod déferai ipse.
553 Chaldxis sed major erit fiducia : quidquid
554 Dixerit Astrologus, credent a fronlc relalwn
bob Hammonis : quoniam DelpJtis oracula cessant,
556 Et genus liumanuvi damnât caligo futuri.
bbi Prxcipuus tamen est horum, qtii ssepius exuL
558 Cujns amicitia, conducendaque tabella
559 Magnus civis obit , et formidatus Otiioni.
560 Inde fides artis , sonuit si dextera ferro ,
561 Lxvaque si longo castrorum in carcere mansit.
562 Neino mathematims Genium indemnatus habebit :
563 Sed qui pxne périt, cui vix in Cyclada mitti
564 Contigit, et parm tandem caruisse Seriplio.
565 Consulit ictericsB lento de funere matris,
566 Ante tamen de te, Tanaquil tua; quando sororem
567 Efferat, et patruos : an sit victurus aduUer
568 Post ipsam. quid enim majus darc Numitia passant?
569 Hœc tamen ignorât quid sidus triste minetur
570 Saturni, quo IMa Venus se proférai aslro,
571 Qui mensis damnis, quse dentur tempora lucro.
572 Illius occursus eiiam vitare mémento ,
573 Incujus manibus, ceupinguia succina, tritas
bTi Cernis ephemeridas : qux nullum consulit, etjam
575 Consulitur : quse castra viro, patriamque petente
•^'6 Non ihit paritcr nuiitevis )'('vucala Thras[/lli.
577 Ad priinuin lapidein vcclari cu)n placet, horo
hi>< Sumilur ex lihro : si pruril frictiis iurlli
•i7!» Anguhis , inspecta rjenesi cotlyria poscit.
o8o .fgra lied jaccal, cnpiendo nulla vidrlur
ô8i Aplior liora eibo, nisi quain drderil Petosiris.
■')82 Si vu'diocris cril : spaliwn Imlrabil ulrinque
583 Metarum, et sorteis ducet, f'rontemtfue )i)anwnqur.
584 Prxbeblt vati crebrum ])oppi/sina royanti.
585 Divitibus responsa dabunt Phrijx aicfjur, et Indus
586 Conductus, dabit astvorion, mundiiiuc peritus,
587 Atque aliquis senior, qui publica fulgura condit.
588 Plebeium m circo positiiin est et in aggere fatum,
589 Qu3B nudis longuin ostendit cervidbus aurum :
590 Consulit ante Phalas, Delphinorumque coluinnas,
591 ,4n saga vendenti nubat caupone relieto.
592 HiBC tamen et partus subeunt discrimen, et oinneis
593 Nutricis tolérant fortuna urgente labores;
594 Sedjacet aurato rix ulla puerpera lecto.
595 Tantum artcs Itujus, lantum medicamina possunt ,
596 Qux sleriles facit, atque homines in ventre nBcandos
597 Conducit : gaude infelix, atque ipso bibendum
598 Porrige quidquid erit : nom si distendere vcllet,
599 Et vexai'c uterum pueris salicntibus, esses
600 JEthiopis fartasse pater : inox decolor lueres
601 hnplercl tabulas, nunquant, libi niancvidcndus.
602 Transco suppositos, et gaudia volaque sœpe
«03 Ad spurros dcccpta laciis, atque inde petitos
fiOi Ponti/ives Salies, Scaurorum nomina falsn
605 Corpore laturos. stat Fortuna improha noctu,
606 Arridens 7iudis infantibus. hoc fovet ontncis,
607 Involvitque sinu : domibus tune porrigit altis,
608 Secretumque sibi mimuni parai . hosamal, his se
609 Ingerit, utque suos ridens producit alumnos .
610 Ilie magicos adfert cantus, hic Thessala vendit
611 Philtra, quibus valeat mentcm vexare mariti,
612 Et soleapulsare natcs. Quod desipis, inde est,
613 Inde animi caligo, et tnagna oblivio rerum,
«14 Quas )nodo gessisti. tamen hoc lolerabile, si non
— !55 —
liia Et furcre incipias ; uL avunculus ille Neronis.
«16 Cui tolam tremuli fronton Cxsonia puUi
617 Infudit. qwe nonfaciet, quod principis uxor f
«18 Ardebant cuncta, et fracta compagc ruebant,
619 Non aliter, quam si fecisset luno maritum
620 Insannm, minus erg o nocens crit Agryppinx
«21 Boletiis : siquideiit unius prœcordia pressit
622 Ille senis, Ircinulwnque caput descendere jussit
623 In cœlwn , et lonrja vianantia labra saliva.
621 Hxc poscil feri'um, atque igneis, lia'c patio torquet :
625 Hœc lacérât mi.vtos equitum cum sanguine patres.
626 Tanti parlus eqiuc, quanti una venefica constat.
627 Oderunt natos de pellice : nemo repxignet,
628 Nemo vetet : jain jain privignum occidere fas est.
629 Vos ego pupilli moneo, quibus amptior est res ,
630 Cuslodite animas, et nulli crédite mensx.
631 Livida mater no fervent adipata veneno.
632 Mordent ante aliquis : quidquid porrexerit ilta,
633 Qux pcperit tumidus prsegustet pocula papas.
634 Fingimiis hœc, altum satyra sumente cothurnum ,
635 Scilicet, et ftnem egressi, legemque prioruni,
636 Grande Sophocleo carmen bacchamur hiatu
637 Montibus ignotum Rutulis, cœloque Latino. ^
638 Nos utinaia vani : sed clamât Pontia, feci,
639 Confiteor, puerisque mets aconita paravi,
640 Qux deprensa patent, facinus tanicn ipsa peregi.
641 Tu7ie duos una sxvissima vipera cena ?
642 Tune duos, septem, si septeni forte fuissent.
643 Credamus tragicis, quidquid de Colehidc torva
644 Dicitur, et Procne. nit contra conor, et illa
645 Grandia monstra suis audebant temporibus : sed
646 Non propter nummos. minor adiniratio summis
647 Debetur monslris , quoties faeit ira nocentem
648 Hune sexum. rabie jecur incendente feruntur
649 Prxcipites : ut saxa jugis abrupta , quibus nions
650 Subtrahiticr, cUvoquo latus pendentc recedit.
651 Illam ego non tuterim, qux computat, et scelus ingens
652 ^ana facit. spectant subeuntem fata mariti
653 Alcestini, et similis si pcrmutatio delur
— 156 ~
6ô4 Mo7'le viri cupiani animam servare calcUx.
fi55 Occurrenl muUx tibi Belides, atque Eriphylse :
656 Mane Clytemnestram nullus non vicus habebil.
fin? Hoc lanlum rcfert, quod Tifndaris illa bipennem
fiss Insulsam, et faiuam dextra, Ixvaque tenrbat :
659 At nunc res agitur tenui pulmone rubetx
660 Sed tamen et ferro, si prwgustabit Atrides
661 Pontica ter vicli oautus mcdicamina Régis.
SATYRE VI
SUIET
Cette satyre est particulièrement contre les adultères.
luuenal comance par dissuader son amy Ursidius de
prendre une feme ; de la il fait naitre l'occasion de dire les
desordres qui arriuent dans le mariage, il loue dabort le
règne de Saturne et par cette comparaison satyrique il
comance la condemnation du mariage et des femes.
Cynthia (vers 7). — G'êtoit la maîtresse de Properce qui
s'apeloit Hostye, mais le poète luy change le nom en celuy
de Gynthie.
Nec tihi (vers 17). — Il parle a Lesbie, maîtresse du
poète Catulle; elle pleura fort la mort d'un petit passereau
qu'elle auoit. Catulle en a fait la description qui comance
Liigete Vénères, Cupidinesque.
Astrsea (vers 19). — Astrée êtoit fille du géant Astrée et
de l'Aurore; ses bones qualités et particulièrement son
équité firent croire après sa mort qu'elle presidoit a la
iustice , et passa ainsy pour une déesse et pour la sœur de
l'Innocence.
— lÔR —
Genium sacri fuleri (vers 22). — (Tost a dire riioneur
du mariage ; le génie êloit un dieu qui prcsidoit a la géné-
ration de toutes choses.
Mmilius pons (vers 32). — yEmilius Scaurus fit bâtir
un ])onl sur le Tybre près de la voie Flaminiene, le pont
porta le nom de son autheur.
Pùsio qui noctu non litigat (vers 35). — Ce n'est pas un
conseil qu'il done, mais c'est come s'il disait qu'il y en a
beaucoup qui sont dans ce desordre , c'est une manière
satyrique de le reprendre.
Lex Iulia (vers 38). — Loy faite par Domitien contre
les adultères.
Cariturus turture magno (vers 39). — C'est a dire
qu'Ursidius ayma mieux se marier qu'auoir des présents,
parcequ'on n'en enuoyoit point a ceux qui êtoint mariés ,
du moins s'ils auoint des enfants , parcequ'alors persone ne
pouuoit espérer d'auoir part au testament.
Latini (vers 44). — Latinus dont il est parlé dans la
l*""* satyre ctoit un comédien du tems de Domitien, qui
craignant les raports des dénonciateurs auprès de cet
empereur, leur enuoyoit sa feme Thymele. Le poète luy
done le nom àeperîturi jiour exprimer la crainte ou il êtoit
continuelement.
Tarpeium limen adora (vers 47). — luuenal dit a
Ursidius Posthumus que s'il trouue une feme honete, il luy
conseille d'aler au temple de Jupiter ou de lunon pour les
remercier; le poète veut dire par la qu'il esl fort diiîicile de
trouver des femes honôtes.
Tarpeium (vers 47). — Le temple de lupiter Capitolin
etoit sur le montTarpeie, ainsy apelé d'une fille que les
Sabins y firent mourir qui portoit le nom de Tarpeia.
— 159 —
Cereris vidas contingere (vers 50). — C'est a dire sacry-
tier a Ceres, en prenant uno circonstance pour la chose
même, parcequo dans les sacryfices de cette déesse, les
pbretres auoint accoutumé de porter de certains rubans a
la tête.
Iberinœ (vers 53). — C'est Ursidius qui repond, et dit
qu'Iberine est une feme lionête et qui se contente d'un seul
home.
Gabiis (vers 56). — Ville du Latium ou Remus et Romu-
lus feurent eleués.
Fidenis (vers 57). — Autre ville du Latium.
Batyllus (vers 63). — Batteleur.
Batyllo molli saltante Ledam chyronomon (vers 63). —
C'est a dire pendant que Batylle le comédien représente
une danse auec des gestes des mains , les femes les plus
sages en sont touchées et se sentent entraîner a l'amour ; il
exprime par la la corruption des femes et de son siècle. Leda
êtoit une sorte de danse , elle est apelée Chyronomon parce
qu'elle se faisoit auec beaucoup des gestes des mains.
Tuccia, Apulla, T/iymele (vers 66). — La conoissance
de ces femes est inutile , la pensée du poète n'étant que de
marquer que les plus honêtes femes , telles que sont les
femes qui viuent dans les petites villes se peruertissenL aux
spectacles de Rome.
Subitum, m,iserabile, longum (vers 65). — Ce sont les
noms des gestes que les danseurs faisoint.
Megalesia (vers 69). — leux du cirque qui se celebroint
a l'honeur de la mère des dieux, ils feurent inuentés par
lunius Brutus ; leur nom vient du mot grec (^eyaç grand ,
parcequ'ils êtoint pour la mère des dieux qui êtoit la plus
grande des déesses.
— IHO —
Thyrsum, (vers 70). — Houleto couiierle de pampre; les
Bacchantes la portoint dans les saci'yfices de Bacchus, les
comédiens les imitèrent en suitte.
Suhligar (vers 70). — Vêtement de comédien pour
couurir les parties (|uc Ihoneteté deffend de nomer, moins
encore de laisser a decouiiert.
Acci (vers 70). — Nom de comédien.
Urbicus (vers 71 ). — Autre nom de comédien.
Exodio (vers 71). — Exodia êtoint des plaisanteries
mêlées aux vers pour exciter les gens a rire.
AttellansB ^^vers 7 1 ). — Attellana signifie comédie parceque
la ville d'Attella chez les Osques feut la 1 '"'■'■ qui en fît
représenter.
Gestibus Autonoës (vers 72). — Pendant quil représente
Autonoës, fille de Gadnms roy de Thebes et mère d'Acteon,
métamorphosé en serf et deuoré par ses chiens pour aiioir
veu Diane dans le bain.
^lia pauper {yer& 72). — C'est a dire JElia qui est de
qualité et qui est pauure, dénient neagmoints amoureuse
d'un comédien. Le poète fait voir par la que les panures
femes êtoint dans le desordre aussy bien que les riches. La
famille des ^liens ôtoit fort noble et fort pauvre a même
tems.
Fibula (vers 73). — On boucloit les comédiens afin que
le comerce des femes ne gatat pas leur voix.
Magno (vers 73). — C'est a dire magno pretio.
Cantare vêtent (vers 74). — 11 y a des femes qui
empêchent Chrysogone de chanter parcequ'elles en êtoint
amoureuses , et par le comerce t(u"elles auoient auec luy, sa
voix se gâtoil.
Tragœdo (vers 74). — Hispula ayme un comédien; il
— ICI —
faut voir par la le désordre des Romaines ([iii aynioiiil dos
homes dune condition fort peu honête.
Quintilianus (vers 75). — Il est pris icy pour un home
sauant et sage, éloigné par concequent de toute sorte de
vice; les fenies n'aymoint point de telles gens, il faloit être
vitieux pour leur doner de l'amour.
Choraules Echion, Glaphyrus (vers 76 et 77). — Musi-
ciens, ioueurs de flûte, x°p°Ç chœur, aùXo'ç flûte, parcequ'ils
en iouoint dans les assemblées. Ambrosius, diuin, immortel.
Comitata est Hippia ludiuin [vers 82). — Ludium, c'êtoit
dahort le nom des comédiens ou des danseurs, mais on le
dona ensuite aux gladiateurs et aux athlètes , bien que ie
m'en sois serui indifféremment ; il est vray neagmoints que
l'athlète êtoit celuy qui combatoit a la lucte, et le gladiateur
ne combatoit qu'a l'epée en escrimant , et corne nous par-
lons auiourduy en tirant des armes.
Tune summus vertitur aer (vers 99). — L'air se change,
il se forme un orage , le ciel se couure est le véritable sens
de ce passage , bien que les interprètes lui en donent un
autre.
Propter quod ludia dici sustinuit (vers 104 et 105). —
Il faut entendre la feme d'un gladiateur, il n'étoit plus
ieune.
Nani Sergiohts iam radere çiulUtr
Cceperat.
Les vieillards ne se coupoint la barbe que sous le
menton.
Et secto requiem spemre lacerto.
Car un gladiateur n' êtoit pltis obligé de combatre lors
qu'il auoit été mutilé. Ce gladiateur a été nomé Ludius qui
11
— 162 —
est le nom de sa profession , au même Leuis le poêle le nome
Sergiolus. Ludia n'est pas un nom projirc come on le
iugeroit par la traduction.
Accepta rude (vers 113). — Ayant rcceu son congé , car
c'êtoit une des cérémonies en douant la liherlé (jiic le
prêteur mit une verge sur la tète de celuy (|u'il mctoil en
liberté , et cette verge se nomoit rudis parcequ'elle ètoit
sans façon.
Hune dédit olim Barbarus incesta; (vers 157 et 158). —
Ce Barbare est Agryppa (jui dona le diamant a Bérénice
qui est l'incestueuse dont il est parlé, parcequ'elle auoil
été mariée auparauant a son frère Herode.
Longa per angustos (vers 78). — Il faut lire tout cecy
par contreuerité. Soyons ioyeux, dit le poète aux marys,
couronons nos portes de laurier , pour marquer la ioye a
la naissance d'un enfant dont quelque musicien sera le
père.
Conopœwn (vers 80). — C'êtoit proprement un A'oyle
dont on se scruoit en Alexandrie pour mètre autour des
licts, afin d'en détourner les moucherons qui s'apelent
xwvwt]; en grec. Le poète done a ces licts l'epythete de testu-
dineum parcequ'ils êtoint en forme de voûte qui s'apele
testudo en latin.
Lentuie (vers 80). — Il s'apele Ursidius Pothumus,
Lentulus êtoit le nom d'un maitre d'armes, ces femes
attiroint dans leurs maisons tant des gladiateurs qu'il
sembloit que leurs marys feussent des maîtres d'armes.
Hippia (vers 82). — Feme de Fabricius Veienton séna-
teur sous le règne de Domitien. Elle (|uilfa son mary pour
suiure un athlète en Egypte,
Pharon (vers 83). — Pharos esit une isle vis a vis
— 16."^ —
d'Alexandrie, il y a uuc luui- an somel de lai|Uéll(; ou licnl
une lampe pour éclairer les matelots.
Maenia Lagi ( vers 83 ). — C'est Alexandrie dont Ptolomée
fils de Lagus feut roy , et c'est la ou comence l'empire des
Lagytes détruit quelques années après la mort de Cleopatre.
Canopo damnante prodigia et mores urbis (vers 84). —
Ganope ville d'Egypte fort déréglée condamnant la corrup-
tion de Rome , c'est a dire quoyque les Canopiens feussent
extrêmement déréglés , ils l'êtoint beaucoup moins que les
Romains. La ville de Ganope prit son nom de Ganope
gouuerneur de Menelaus ([ui feut enseueli dans cette ville;
elle est éloignée d'Ale.xandrie de "220 stades.
Paris (vers 87). — Gomedien.
Apud molles cathedras (vers 91 ). — Ghez les femes que
leur mollesse fait tenir ordinairement sur des chaises de
commodité.
Facit hoc illos Hyacinthos (vers 110). — Gette qualité les
rend des Hyacinthes , c'est a dire que les Romaines aymoint
les gladiateurs quelque laids qu'ils feussent , come s'ils
auoint été aussy beaux qu'Hyacinthe qui ctoit un beau
garçon aymé d'Apollon et du Zephyre qui ôtoit fâché de la
préférence d'Apollon. Un iour que le dieu iouoit au palet
auec Hyacinthe , le vent employa toute sa force pour pousser
le palet contre la tête de cet enfant qui mourut de ce coup ,
et feut métamorphosé en une fleur qui porte son nom.
Ferrura est quod amant (vers 112). — Les femes aymoint
ceux qui manioint le fer parcequ'ils en êtoint vigoureux plus
que les autres.
Cœpisset Veiento videri (vers 113). — G'est a dire que les
femes n'aymoint les gladiateurs que parcequ'ils auoint
cette qualité , et que Hipjjia auroit cessé d'aymer Sergius
s'il auoit changé d'état.
— 164 —
Respice rivales diuorum (vers 1 15). — Le poète veut laii-e
voir que non seulement les femcs médiocres, mais encore
celles (le la 1 "" qualité utoint débauchées , il prouue cela par
l'exemple de Messaline.
Linquehat (vers 119). — Il faut enlendrc mai'itwm,
Messaline laissoit son mary et s"en alnit courir les rues d(^
Rome pendant la nuit.
Lycisca (vers 123). — Nom d'une courtisane.
Britannice (vers 124). — Il êtoit fils de Messaline et de
Glaudius, son l*"nom fut Germanicus. Néron fit empoiso-
ner ce braue prince par le conseil de sa mère Agryppine ,
afin qu'il ne lui disputât pas l'empire.
Hyppomanes (vers 133). — Morceau de chair au front
du poulain , on s'en seruoit pour faire des phyltres.
Ouem Canusinam (vers 150). — Des brebis de la Fouille
ou étoit la ville de Canuse qui donoil. le nom a ses brebis et
a leur laine fort pretieuse.
Ulmos Phalernas (vers 150). — Des vignes sur le mont
Fhalerne , dans la Gampanie , on y attachoit les vignes aux
ormeaux, c'est pour cela que lun est pris pour l'autre.
Mercator lason (vers 153). — Le poète a mis icy lason
pour tout autre marchand, faisant allusion a lason de
Thessalie qui enleua a Golchos la toison d'or.
Senibus porcis (vers 160). — Les luifs ne mangeoint pas
de chaii" de porçeau selon la loy de Moyse , cela dona
occasion a Auguste de dire un i>nn mot, lors qu'Herode a la
venue du Messie fit égorger tous les petits enfants iusqu'a
l'aage de deux ans sans épargner son propre fils, melius est.
dit il , Herodis porçum esse quamfdium.
CorneUa{\evè 167). — Fille du grand Affricain ; elle eut
2 enfants de Tyberiiis Gracchus, Gaius et Tyberius. G'êtoit
une feme entêtée de sa qualité.
— 165 —
ToUe tuum j^iecor Annibalem (vers 170). — Scipion
père de Gornelie vainquit Annibal, Sciphax roy de la
Numidie et Garthage ville d'Afrique, et de la luy vint le
nom d'Afli'icain.
Parce precor Pœan (vers 172). — Niobe fille de Tantale
et feme d'Amphyon roy de Thehes eut 14 enfants; a cause
de cette fécondité , elle insultoit les femes Thebaines dans
les sacrytices qu'elles faisoint a Latone pour auoir des
enfants ; Apollon et Diane indignés que la superbe Niobe
se préférât a leur mère , tuèrent a coups de flèche tous les
enfants de Niobe que les dieux changèrent en rocher.
Psean (vers 172). — ' Ce mot vient du grec irateiv lancer;
on le done a Apollon qui ôtoit le soleil parcequ'il lancoit ses
rayons come autant de flèches.
Albascrofa (vers 177). — C'est la truye blanche qu'iEnée
trouua a Lauinium ; elle fit a la fois 30 marcassins, on creut
que cela presageoit qu'une ville serait batye dans 30 ans ,
cela feut vray et on done a cette ville le nom d'Albe a cause
de la blancheur de sa truye.
De Thusca grœcula facta est (vers 186). — C'est a dire
si elle n"a changé de mode, si elle n'a quitté la mode
romaine pour prendre la grecque.
De Sulmonensi (vers 187). — C'est a dire d'italiene.
Sulmo êtoit une ville d'Italie.
Cecropis (vers 187). — Atheniene. Athènes ôtoit apelée
Cecropia de Gecrops son roy.
Omnia Grœce (vers 187). — 11 faut entendre loquuntur^
les femes ne parlent que grec.
ZÛH KAI WrXH (vers 195). — C'est a dire ma vie et mon
ame.
Modo sub lodicG relictis {\er& 195). — luuenal dit qu'il
— 166 —
lie peut pas soulïir les vieilles (jui louL l'aiiiour et (jui se
sèment des termes lascifs pour caresser leurs galands; il
dit que l'impudence de ces ternes aloit a ce point qu'elles se
seruôinl en public des leriiics (|u'eiU's leur doiioint dans un
tête a tète.
Digitos habet (vers 197). — C'est a dire qu'un langage
llateur a autant de force que les mains et ([u'il fait sur la
concupiscence ce que leur mouuement pourroit faire.
Ut tamen omnes subsidant pennae (vers 197 et 198). —
Le langage flatourdone des émotions quehpie vieux qu'on
soit. La vieillesse est icy représentée par une métaphore
prise des oiseaux (fui ont leurs aisles fort ahbatucs quand
ils sont vieux.
jEmus, Carpop/iorus (vers 198 et 199). — Comédiens.
Dacicus {vers 205). — C'est Domitien apelé ainsy parce
((u'il remporta une victoire sur les Daces.
Arense (vers 251). — C'est a dire les gladiateurs pour
les persones qui ont coutume d'y être.
4rcliigenes (vers 236). — Médecin grec dont Galien fait
souuent mention dans ses écrits.
Praeputia ducit (vers 238). — C'est un amant caché qui
se doue des émotions • en se touchant deshonetement.
Prœputium est la peau (fui couiire le bout du membre
viril, c'est cette peau (|uc les luifs font couper dans la
circoncision ; c'est pour cela que dans Horace un circoncis
s'apele apella c'est a dire sine pelle.
Mcmilia (vers 243). — Le poète représente sous le nom
de Manilia toute feme ({ui ayme les procès. Cette Manilia
êtoit une courtisane qui ietta pendant la nuit des pierres a
Hostilius Mancinus œdile. qui Iny en ayant fait une affaire
feut repoussé cruelement par une accusation (ju'elle fit
— 167 —
contre luy d'aiioir voulu monter aux t'enetres de sa maison
pour la violer.
Celsus (vers 245). — Fameux auocat.
Tyrias (vers 246). — De pourpre, parcequon prenoit
dans l'isle de Tyr des poissons dont le sang seruoit a la
teinture de la pourpre.
Vulnera jjali (vers 247). — Il y auoit dans la place du
cirque un pieu contre lequel on s'exercoit a combatre , les
femes débauchées voulurent du même exercice.
Femineum ceroma (vers 246). — Certaine huile com-
posée de cire dont les athlètes se frotoint. On voit bien par
la que bien que le mot d'athlète soit grec, il y auoit
neagmoints des athlètes a Rome , et même il y a un vers un
peu après qui le marque distinctement.
LsBuibus atliletis ac vasa nouissima donant.
Ce qui doue lieu d'admirer la critique d'un moderne qui
prétend qu'on n'a pas lieu de croire qu'il y en eut a Rome.
Dicite vos neptes Lepidi (vers 264 ). — Lepidus, Metellus
et Fabius Gurges êtoint tous 3 des gens fort sages ; le poète
cite leurs petites filles pour faire honte aux femes de son
siècle.
Lepidi (vers 265). — C'est M. ^Emilius Lepidus que les
censeurs choisirent pour le 1 ^'^ et le chef du Sénat a cause
de sa probité. Auant de mourir il comanda a ses enfants de
le faire enseuelir sans pompe ; il auoit été 2 foix consul ,
grand pontife et censeur auec Fuluius Flacchus.
Cœciue Metelli (vers 265). — C'est ce Metellus qui se
ietta au milieu des fiâmes qui brûlèrent le temple de Vesta,
il en remporta le palladium ; cette action luy coûta la veue
— 168 —
en luy acf|iiciaul mu- li'raiulc veiieraliou pariiiy les
Romains.
Gurgitis (vers 266). — Fabius Gur^es (|ui condamna a
laniande quelques dames accusées demeschante vie. Il fit
hafir un temple a Venus auec l'argent que ces dames feurent
obligées de payer.
Asijlus (vers 267). — Nom de gladiateur.
Curruca (vers 276). — Oiseau dans le nid du([ucl le cocu
t'ait SCS petits , et le curruca prend soin de les eleuer ;
d'autres disent ({ue c'etoit le nom d'un comédien fort
etourdy et complaisant au.x galands de sa teme.
Collina (vers 291). — La porte Colline.
Sijbaris (vers 296). — Ville de Grèce dont les habitants
êtoint extrêmement voluptueux.
Wiodos (vers 295). — Capitale de l'islc du même nom ;
la mollesse y regnoit beaucoup.
Miletos (vers 296). — Ville d'Ionie, patrie du phylosophe
Thaïes, dans l'Asie mineure.
Tarentum (vers 297). — Ville de la Calabre.
Coronatum et madidum (vers 297 ). — Le poète done ces
deux epythetes a la ville de Tarento , ])arceque les habitants
extrêmement voluptueux ])orloiul des courones de laurier
dans leurs festins.
Petulans ( vers 297 ). — Le poète apele la ville de Tai-ente
hardie parceque non seulement ils ne voulurent pas rendi-e
les marchandises des Romains ([uïls auoint prises dans
leur port , mais encore ils maltraitèrent un ambassadem"
([ue les Romains auoient enuoyé pour se faire rendre ce
ipii leur apartenoit. Juucnal a raison de les apeler hardis
puis qu'ils ozoint choquer le peuple de l'uniuers le plus
puissant.
Sécréta bonae dex (vers 314). — Sacrytices que les femes
faisoiiit a la bone déesse chez le grand ponlile ; il n'êtoit pas
permis aux homes d'y entrer.
Mœnades (vers 317). — Le poète done ce nom aux
Romaines débauchées . parcequ' elles ressembloint fort par
leur fureur dans la deijauche aux Bacchantes qui s'apeloinL
Mœnades du mot grec {j(.atvo(jiat qui veut dire être furieux;
ainsy Mxnades voudra dire furieuses.
Priapi (vers 316). — Dieu des vergers et de l'amour.
Laufella (vers 320). — Fameuse débauchée.
Lenonum ancillas (vers 320). — luuenal s'emporte contre
les trybades.
Cox3s jysndentis (vers 321). — C'étoit la posture de la
trybade qui se metoit dessous.
Ipsa (vers 322). — C'est a dire Laufella.
Adorât frictum (vers 322). — La trybade qui se metoit
dessous sembloit se prosterner deuant l'autre.
Medullinœ crissantis (vers 321). — Medullina qui se
donoit des moimements. Crissari exprime ceux des femes
et ceuere ceux des homes.
Palmmn inter dominas virtus natalibus mquat (vers
323). — Il n'y a point de differance parmy ces trybades ;
leur adresse dans cet exercice infâme fait que celle qui
remporte la victoire est égale a celles qui ont de la nais-
sance.
Laomedontiades (vers 326). — C'est a dire Priam fils de
Laomedon ; par Priam et Nestor luuenal entend les gens les
plus aagés.
Nestor (vers 326 ). — Fils de Nelée roy de Pile ; au raport
d'Homère il vequit 3 aages.
Quce psaltria (vers 336). — C'est Claudius qui entra
— 17(1 —
sous 1 habit d'une chuiilcuse dans la maison de Gesar. (]ui
se mêla dans la troupe des femes qui celebroint les mys-
tères de Gybele, et qui y comit adultère auec Pompeia feme
de César.
Anticatones (vers 338). — César lit deux libelles diffa-
matoires contre la vie de Caton ; on a accoutumé de rouler
ces liures , ce qui a doné lieu a la comparaison de luuenal
aussy bien qu'au nom d'un liure volumen.
Tune (vers 342). — Dans les 1'"''' tenis.
Simpuuium (A^crs 343). — Vaisseau d'argile etably par
Numapour seruiraux sacryfices; les pontifes auoint accou-
tumé de s'y lauer ensemble , de la vient le nom de
simpuuium, quod simul hibehant; aussy apele t on simpu-
uiatrix une feme qui présente a boire dans le verre ou elle
a beu.
Clodius aras{\evs 345). — 11 faut sous entendre accedit,
dans quel temple est ce que Clodius ne vient pas; il désigne
par la les adultères.
Nûuisssima vasa (vers 356). — Les derniers vases qui
iuy restent de l'héritage de ses parents.
Illa voluptas suinma tamcn (vers 368 et 369). — C'est
une réponse a ceux qui pourroint dire ([ue les femes ne
peuuent pas trouuer du plaisir auec les eunuques ; luuenal
dit qu'il y en a auec ceux qui n'ont été châtrés ([u'a la tlour
de leur aagc.
ConspicvAis et notabilis (vers 374). — C'est a dire
remarquable par le membre viril, car ceux ((ui l'êtoint par
cet endroit ctoint obserués |)ar ceux qui aymoint les
garçons.
Cusfodem vitis et horti (vers 375). — C'est Priape que
l'on adoroil corne le protecteur des vignes et des iardins :
— 171 —
on croyoit ([uil etoit iils de Dioiiysius et de Venus , par-
ceque ceux qui aymenl le vin ont aussy du panchanl a
l'amour. 11 y en a qui disent que les anciens voulant doner
un nom couuei't aux parties de l'home leur douèrent
celuy de Priape.
Bromium (vers 378). — Beau garçon.
Nullms fibula durât (vers 379). — 11 n'y a point de
boucle de comédien qui puisse subsister. On boucloit les
ieunes garçons qui chantoient bien afin que leur voix se
conseruat ; luuenal dit la dessus que lors que les lemes
venoint amoureuses de ces comédiens, elles les obligeoint
a se déboucler.
Crispo (vers 382). — Cette epythete conuient a l'archet,
parcequ'elle signifie ondoyé , crêpé , et c'est ce que l'archet
fait sur les cordes d'un violon.
Hedimeles (vers 383). — Nom de loueur d'instrument.
PoUio (vers 387). — loueur de luth.
Quercum capitolinam (vers 387). — Gourone de chêne
que l'on donoit au Gapitole a celuy qui reussissoit le mieux
a iouer de quelque instrument.
Pro citharâ (vers 391 ). — Pour un chanteur.
Dictata verba (vers 391 ). — Les paroles que le sacryfi-
cateur disoit.
Apertâ agnâ (vers 392). — On ouuroit des brebis dont
on consultoit les entrailles pour conoitre l'auenir, le bon
ou le mauuais succès que l'on en coniecturoit donoit de la
peur ou de la ioye.
lanus (vers 394). — Le plus ancien de tous les dieux.
Thraces (vers 403). — Peuples septentrionaux.
Niphates (vers 409). — Fleuue d'Arménie.
Graui massa (vers 421 ). — Auant d'entrer aux bains les
KoiiKiins iuioiiiL iiccoLiLimic fie se proinuiicj- lorL vile auec un
poids ;i i;i main , ccsl exercice les iaisoit suer beaucoup el
leur Iaisoit du ])ien.
AUpies (vers 422). — Froleur d'athlctes , du grec aXei'cpw
ie rrottc.
Cristie (vers 422). — Parlies honlcuses.
OEnophorum (vers 426). — Bouteille , oTvo? vin, cpépco ie
porte, vase a porter du vin.
Dum redit (vers 429). — C'est a dire lors que le vin
renient ; Icsfemes vomissoint le vin auant le repas, parceque
ce vomissement leur donoit de Tappetit.
Elisse (vers 435). — Didon.
jEra fatiget (vers 442). — Les anciens croyoint que la
Lune soufroit beaucoup dans son eclypse ; a cause de cela
on faisoit beaucoup du bruit auec des tambours et autres
diuers instruments pour luy doner du secours dans son
eclypse.
Na/ni qux docta nimis et facunda videri ci*pï^ (vers 445).
— luuenal se mocque de quelques femes sauantesqui dis-
couroint de tout come si elles auoient été des homes , il dit
qu'il ne leur restoitqu'a prendre une robe de phylosophe.
Crure tenus medio (vers 446). — Quintilien dit que
l'habit dun orateur ne descendoit que iusqu'a la cuisse.
Cœdere Syluano porcum (vers 447). — Les poètes et les
gens de letres sacryfioint a Syluanus dieu des bois , ou les
gens de letres trouuoint le repos ([ui est nécessaire pour
l'étude.
Quadrante lauari (vers 447). — A petit prix; les phylo-
sophes ne payoint guère aux bains parcequ'ils êtoint
ordinairement panures.
Palxmonis (vers 452). — Grammairien précepteur de
Quintilien.
— IT.J —
Poppœanuni (ver? 4()^). — Du fard iiiuenté par Poppaea
terne de Néron.
Graciles Indi (vers 466). — Le grand chaud des Indes
fait que les habitants sont toûiours maigres.
Axem hyperboreum (vers 470 1. — Dans les pays septen-
trionaux ou est le pôle que le poète apele hyperboreum du
mot grec uTOp sur, ^opÉaç vent de bise; l'origine de ce vent
semble être sous le pôle.
Liburnus (vers 477). — Porteur de chaise; la Liburnie
en enuoyoit beaucoup a Rome.
Sicula non mitior aula (vers 486). — Elle nest pas
moins cruelle que Phalaris roy de Sicile , qui s'êtudioit a
inuenter de nouueaux supplices pour auoir le plaisir de
voir soufrir des criminels ou des innocents ; ce feut pour
tlater cette cruelle passion ([ue Perillus fit un taureau
dairain ([u'il présenta au tyran, on y metoit un home
dedans qui venant a sentir l'ardeur du feu que ion metoit
dessous crioit de même qu'un taureau parceque les organes
de cette machyne êtoint tellement disposés que la voix se
changeoit et ressembloit a celle d'un taureau, Phalaris feut
charmé de cette inuention , mais pom- en faire l'expérience
il fit mètre Tautheur dedans.
Isiacm lense (vers 489). — Les Egyptiens auoint une
déesse apelée Isis , les Romains bâtirent un temple a son
honeur, dans lequel la galanterie donoit lieu a beaucoup
d'adultères ; c'est pour cela que le poète l'apele lena-
macquerele.
Pseca (vers 494). — Feme de chambre.
Ecce furentis Bellonse matrisque demn (vers 511 et 512).
— Le poète reprend la folle superstition des femes
Romaines qui croyoint trop facilement ce que les pbretres
- 174 —
lie Cybelo.lenr ilisoiiit. (lyhrlc. Hcllonc et Isis , c'est la
inènie chose, c'esl pour cela que les mêmes pbretres
sacrytioinl a ces 3 déesses ou a cette déesse sous 3 noms
différents.
Chorus Bellonx furentis (vers 511 et 5 1 2 ). — C'est a dire
une assemblée de pbretres de Bellone(ini s'ai^iloiiit si fort
dans les sacryfices qu'ils deuenoint furieux et repandoint
incme de leur propre sang a l'honeur de cette déesse.
Obsceno ininori (vers 512). — Aux eunuques inférieurs;
le poêle leur done cette epythete parcequ'ils etoint fort
impudiques.
Secuit genitalia (vers 514). — On ne pouuoit pas être
receu pbretre de Gybele ([u'on ne se feut fait coui)er aupa-
rauant.
Tyrnpana plebeia {\cvii 515 et 510). — Ces derniers
pbretres qui iouoint du tambour et d'autres instruments ;
c'est pour cela que le poète prend leurs instruments pour
eux même.
Phrygia vestitur buccâ tiarâ (vers 516). — Le supérieur
des pbretres de Cybelc portoit une thyare dont les pen-
dants couuroint les ioues; cette mode êtoit venue des
Phrygiens.
Si candida iusserit lo (vers 526). — Les Romaines
etoint si crédules (|ue (juand le pbretre leur auroit
comandé d'aler a l'extrémité de l'Egypte elles l'auroint
fait. Le poète done le nom de la déesse a ses pbretres.
lo êtoit lillc d'Inachus roy d'Argos; les Phœniciens l'enle-
uerent et la portèrent dans l'Egypte; Osyris l'épousa, il
uKMinil (iurl([ue tenis après et laissa son roiaume a lo qui
après sa mort feut regardée corne une déesse ; les Romains
luy balirenl un temple près du Cbanap de Mars ; on établit
— 175 —
des pbretres qui couroiiit dans les rues vêtus de blanc et
répandant des larmes ; ils changeoint ensuite cette tristesse
en une fort grande ioie , ils taisoint cela en mémoire de ce
que Isis chercha long tems les os de son mary tué par
Typhon son frère, et ne les trouuant pas elle pleuroit
beaucoup ; ses larmes touchèrent les égyptiens et les
portèrent a chercher les os qu'ils trouuerent a la fin près
du tleuue Scyene , cela leur doua une ioye extrême.
Meroë (vers 528). — Isle du Nil.
Ouili (vers 529). — Bergerie de Romulus ou il auolL
accoutumé de tenir ses troupeaux du tems qu'il êtoit berger.
Gela peut encore signifier son palais que le poète apele
ouile parceque Romulus êtoit berger.
Grege linigero (vers 533). — Les pbretres d'Isis qui
êtoint vêtus de blanc parceque lo que la ialousie de lunon
auoit fait métamorphoser en vache êtoit blanche dans cet
état.
Dominas (vers 530). — D'Isis.
Plangentis populi (vers 534). — Le peuple couroit dans
les rues en pleurant a la mort d'Osiris.
Anubis (vers 533). — Le poète done ce nom au J"'"
pbretre , parcequon croyoit que c'êtoit come l'ambassa-
deur de la- déesse a ces femes. Anubis ^igmûe ambassadeur;
les ^Egyptiens adoroint un dieu sous ce nom.
Ille petit veniam quoties non abstinet uxor concubitu
(vers 535 et 536). — Les Romaines ne pouuoint pas
couche^' auec leurs marys pendant les fêtes de Gybele qui
(luroint 9 iours.
Violato cadurco (vers 536). — Cadurcum signifie une
toile de lin que l'on faisoit a Gahors, sa blancheur la
faisoit fort estimer des Romains, ils en couuroint leurs
— ITfi —
licls; c est. pour cela (|in' !<• ixirii- |ii<'iii| ccih' luilf itoiir le
licl mémo.
Magna dcbetur pœna (vers 537). — (Jost une suite du
mot quoties, toutes les foix ([ue les femes ont mérité une
grande peyno en coucliaiit auec leurs marys , ce qu'elles ne
pouuoinl |)as lairt' pendant !) ioiirs(|nf' duroint les fêtes de
Gybele.
Serpens argenlea (vers 538). — On re]u-esenloit Osiris
sous la figure d'un serpent.
Quum dédit ille locum (vers 542). — Lors que les
pbretres d'Isis et de Cybele se sont retirés les Juifs
vienent. aux superstitions desquels les femes croyoint
beaucoup.
Legurii Solimarum (vers 544). — Les loix que les luifs
receurent de Moyse sur le mont Sinai ; le poète leur donc
le nom de Hierusaleni . Solinie, parcequ'elles y feurenl
religieusement obseruées.
Commagenus (vers 550). — De Syrie; la Comagene en
est une partie entre le mont Taurus et l'Euphrate.
Faciet quod déférât ipse (vers 552). — Le deuin tuera
un enfant, et si un autre le faisoit, il Faccuseroit luy
même.
Ammonis (vers 555). — De lupiter Anmion. Il y auoit
un temple dans la Lybie dédié a lupiter, ce dieu y |)ronon-
çoit des oracles.
Delphis (vers 555). — Delpbos êtoit une ville dans la
Phocide , les oracles qu'Apollon y prononçoit l'ont rendue
célèbre.
Conducenda tabella (vers 558). — Prédictions (pie l'on
marquoit sur des tables: le poète done par contre vérité
l'epythete de cnnducendo, aces tables; conducendus signifie
— i:: —
i[ui jiierile d'être acheplé ; le pooif ((ui méprise extremomeiil
les prédictions ne peut leur iloiici' que le contraire de
œnducendus.
Magnus aivis (vers 559). — C"est Tempereur Galba qui
teut tué par Othon. Le poète dit qu'Othon l'apreandoit
espérant d'être adopté, cette espérance luy donoit quelque
crainte parceque Pison êtoit fauorisé , et Othon voyant a la
fin que Pison êtoit fauorisé coniura contre Galba et luy ota
l'empire auec la vie.
Caruisse Seripho (vers 564). — D'être rapelé d'exil.
Seriphe est une des isles Cyclades, elle est fort déserte,
c'est pour cela qu'on y enuoyoit les criminels en exil.
A7ite tamen de te Ta.naquil tua -vers 566 \ — Tanaquil
feut la feme du vieux Tarqiiin qui auoit des conoissances
fort particulières de l'astrologie , et dont Plutarque raporte
une auanture extrêmement curieuse dans son traité d'Isis
et d'Osiris sur un salamandre qui aymoit une de ses filles
qui en deuint grosse . et qui en eut TuUus Hostilius. Le
poète done le nom de Tanaquil a la feme dont il parle par
contreuerité . car Tanaquil êtoit une feme de grande probité.
Thrasylli (vers 576). — Fameux mathématicien que
Tybere fit venir a Roiue pour enseigner les mathéma-
tiques.
Hoj^a sumitur ex libro (vers 577 et 578). — Les Romains
auoint des liures d'ephemerides qui donoint la conoissance
des astres et par lesquels ils se regloint pour voyager,
parcequ'ils trouuoint la dedans si le tems deuoit être beau ;
c'êtoit a peu près corne nos almanachs.
Petosiris (vers 581 ). — Célèbre astrologue.
Si mediocris erit (vers 581 ). — Si c'est une bourgeoise.
12
— 17« —
Spaliuin iiii'lannn vers r>S-,' rt '^H'^ . — Lt- ciiMiiK- im il
y auoil 2 bornes.
Vati roqanti crehruw poppysma (vors 584). — Lps
(IfMiins (|ui demandoint a la louchor lon^ lems. Poppysnio
signitie maniement.
Indus (vers 585). — Bracmane , peuple des Indes.
Aliquia senior 'vers 5871. — Qnehiiio vieux sarryH-
cateur.
Publico fulgura ( vers 587 •. — Les anciens eroyoint (ju'il
Y auoit des tbudi'es pour punir Ifs particuliers cl d'antres
pour punir le public.
Phalse (vers 590). — Tours de bois dans le cirque ou les
spectateurs se metoint.
Delphinorumquecolumnas ( vers 590 ). — C"est le temple
que Doniitien lit batii' ilans le cirque: il y auoit sur le
marbre des néréides sur des dauphins.
Quse nullum aurum ostendit (vers 589). — G'êtoint
celles (|ui n'ctoint point parées, c'est a dire les femes des
artisans .
Ad> spurcos lacus ( vers 603). — Au lac de Velabre ou
Ton exposoit les bâtards.
/m/c pctilos ponti/iccs salios (vers 603 et 604). —
Sonnent les bâtards (bi lac de \'elabre êtoinl (deués a des
grands employs.
Scaurorum (vers 60 't). — Des nobles corne l'eurent les
Scaures.
AuuncuLus Neronis (vers 615). — Caligula qui se
renuersa l'esprit ]iar un breuuage (luil roceut de Csesonia
sa feme.
Fracta compage (vers 618). — Cette métaphore prise de
la chute des toits exprime la cruauté de Caligula.
— 170 —
Parfiis ci/ua' (vers 626). — MorcfHii «If cfiair au IVoiil
• lu poulain ; il soruoit aux enchantements.
Fingimus liœc (vers 634). — luuenal repond a ceux qui
pourroint luy dire que c'est par un esprit satyrique.
Hiatu Sophocleo (vers 636). — Style de Sophocle , poète
grec qui a écrit des tragédies ; c'est pour cela que luuenal
done a ce style le nom de hiatus qui signifie ouuerture ,
enlleure . parceque le style de la tragédie doit être eleué et
presque enflé.
Rutuli (vers 637 '^ — Peuples d'Italie dont Turnus rtoit
roy.
Pontia (vers 638 i. — Elle est ronue pour aiioir ompoi-
soné deux de ses enfants.
De Colchide (vers 643 . — Do Medée tille du roy de
Golchos ; elle égorgea ses enfants aux yeux de leur père
lason qui vouloit épouser Creuse.
Procne (vers 644). — Fille de Pandion roy de Thebes,
feme de Terée ; elle tua son fils Itis . et le fit manger a son
mary pour venger Philomele sa sœur qu'il auoit violée.
LoÀus recedit (vers 650'). — Lors qu'un rocher tombe il
semble que l'autre partie s'éloigne , come il semble aussy
que c'est le riuage de la mer, et non pas le nauire qui
s'éloigne.
Pendente cliuo (vers 650). — Lors que le rocher est sur
le point de tomber.
Alcestim (vers 653). — Admete roy de Thessalie étant
attaqué d'une dangereuse maladie . fit consulter l'oracle "
qui repondit qu' Admete mourroit si quelque autre ne vou-
loit mom-ir pour luy ; sa feme Alceste dona sa vie pour
eonseruer celle de son mary. Les Romains representoint une
tragredie sur ce suiet.
— 180 —
Siiiiilis si. pennulatio dclur (vers G53y. — C esl a dire
si l'occasion se presentoil a ces femes de mourir pour leurs
marys.
Belides (vers 655). — Les Danaides. Elles ôtoint 50 sœurs
filles de Danaus; elles feurent mariées auec les 50 fils
d'yEgyptus ; Danaus leur comanda de tuer leurs marys la
1*" nuit des nopces; elles obéirent toutes excepté Hyperm-
nestra qui épargna Lincus son mary, elle l'auertit et le fit
sauuer.
Eriphylx (vers 655). — Feme d'Amphiaraus. Elle indi-
qua son mary qui s'êtoit caché pour ne pas aler au siège de
Troye ; il y ala enfin et y receut la mort dont sa feme feut
la cause.
Clytemnestra (vers 656)." — Fille deTyndare et de Leda.
Elle tua Agamennon son mary ; Egyste , galand de Clytem-
nestre , contribua a ce meurtre. Le sens de ce vers est que
Ton rencontroit dans Rome beaucoup des femes semblables
a celles cy parcequ'elles faisoint mourir leurs marys par le
poison.
Tyndaris illa (vers 657). — Cette fille de Tyndare, c'est
a dire Glytemnestre.
Atrides {vers 660). — Agamennon lils dAtreus et mary
de Glytemnestre , laquelle le fît périr; il est mis icy en
gênerai pour un mary (|iii est e.xposé aux embûches de sa
feme.
Pontica medicamina (vers 661). — L'antidote que
Mitridate roy du Pont prenoit contre le poison. Pline dans
• le 1. 23 ch. 9 dit que Gneius Pompeius trouua dans un
manuscrit de Mitridate que l'antidote se laisoit auec 2 noix
sèches 2 figues 20 feuilles de rue , tout cela pillé ensemble
auec un grain de sel, et que ce remède pris a ieun empêchoit
l'effet du poison.
^ _ 181 —
Ter victi (vers 661). — Mitridate leut vaincu 3 foix,
premièrement par Sylla . après par Lucullus et ensuite par
Pompée.
FIN
DI-: L.\ 6""" S.\TYRE.
SATYHA VII
1 Et spcs , el ralio sludiorum in Cxsare Uintuin :
■2 Solus enim tristeis hac tempestate Camœnas
3 Respexit, cuni jani célèbres, nolique poctx
4 Balneolum Gahiis, Roms conducere furnos
o Tentarent : nec fœdum alii, nec iurpc putarent
*i Prwcunes fieri, cuin, desertis Aganippcs
7 ValUbus, esuriens migraret in alria Clio.
^ Nain si Picria quadrans tibi nullus in umbra
'•• Ostendatur, amcs nomen oictumqiie MachxrsB,
10 Et vendus potius, commissa qiiod auctio vendit
11 Stantibus : œnophorum, tripodes, armaria, cistas,
12 Alcithoën Pacci, Tliebas et Terea Faiisti.
13 Hoc satius, quam si dicas sub Indice, vidi,
14 Quod non vidisti. faciant équités Asiani ;
15 Quanquam et Cappadoces faciant equitesque Bithyni
16 Altéra quos niido traducit Gallica ialo.
17 Nemo tamen studiis indignum ferre laborem
18 Cogetur posthac, nectil quicunque canaris
vj Eloquium vocale modis, laur unique momordil.
20 Hoc agite, ôjuvenes : circumspicil et stimulât vos,
21 Materiamque sibi Ducis indulgentia quserit.
22 Si qua aliunde putas rerum spectanda tuarum
23 Prxsidia, atque idco crocex membrana labcllx
24 Impletur : lignorum aliquid posce ocyus, el, qua.'
25 Componis. dona Vcneris, Telesine, marito;
2fi Aut clude, et positos tinea pertunde libellos.
27 Frange miser calanios, xngilataque prselia dele,
28 Qui facis in parva sublimia car mina cella,
29 Ut dignus venias ederis, et imagine macro.
— 184 —
■jo ^pcs iiLiLla tiUc/'iur : didicii Jaiii dives acarus
31 Tanlum admirari, tantum laudare diserlos,
32 Ut pueri lunonis avem. sed Uefluit xlas
33 Et pelagi patien.s, et cassidis, alque ligonis.
34 Txdia tune subeunt aaiinos, tune seque, suamque
35 Terpsichorcm odil facunda cl niida senectus.
36 Aecipe mine arteis. ne quid tibi eonfcrat istc
37 Quem colis, et Musaruin, et Appolinis xde relieta.
38 Ipse faeit versus, alque uni cedit I/oniero
39 Proptcr mille annos. et si dulcedine /'ani.r
«0 Succcnsus récites, Maculonis comviodal œdes ,
41 H3BC longe ferrata domiis servire jubehir,
m In qua sollicitas iinilatur janua portas.
13 Scit dare libertos cxtrema in parte sedenteis
a Ordinis, et magnas comitum disponere voces.
45 Nono dabit regum. quanti subsellia constent',
46 Et quœ conducto poidenl anabathra tigillo,
47 Quxque reportandis posita est orchestra cathedris.
48 Nos tamen hoc agimus, tenuique in pulvere sulcos
4!» Duciinus, et lit us sterili versant us aralro.
ôo Nam si discedas, laqueo tcnct ambiliosi
51 Consueiudo mali : tenet insanabile mutins
52 Scribendi cacoëthes, et xgro in corde senescil.
53 Sed vatem egregium, cui non sit publica venu,
54 Qui nil exposilum soient deducere, nec qui
hh Communi feriat carmen triviale moneta :
56 Hune qualeni nequeo monstrare, et sentio lanlum,
57 Anxietate carens animus facil, oninis acerbi
58 Impatiens, cupidus silearum, aptusque bibendis
59 Fontibus Aonidum : neqiie enim cantare sub an Ira
6(1 Pierit), Thgrsumve potest contingere mxsta
61 Pauperlas, alque œris inops, quo nocte diequr
62 Corpus egel. salur est, cum dicii Uo?-atius, Euoe.
63 Quis locus ingenio : nisi cum se carminé solo
64 Vexant, et dominis Cirrhx, Nysœque feruntur
65 Pectora vestra, duas non admitlenlia curas y
66 Magns mentis opus, nec de todice paranda
67 Attonitx, currus, et equos, f'aciesque Deorum
68 Adspieere, et qualis Ihitulum confundal Ergnnis.
— 185 —
«9 Nain si Viryilio puer, et tolcrabile deessel
70 Hospitiuin, aidèrent omnes a crinibus liydri :
71 Surda nihil gemerel grave buccina. poscimus, ut sil
72 Non iniaor anliquo Rubrenus Lappa cothurno ,
73 Cujus et alveolos, et Uenam pignerat Atreiis.
74 JVon habet infelix Nwuitor, quod mittat amico :
73 Quintilla; quod do/tet, habet, nec de fuit illi ,
76 Unde enierel mulla pascendum carne leuneiii
77 lam dondtuin : constat leciori bellua sumtu
78 Nimirum, et capiunt plus inteslina poeta:.
79 Contentas fama Jaceat Lucanus in hortis
80 Marmoreis : atSerrano, tenuique Saleiu
81 Gloria quanlalibet. quid eril, si gloria lantuvi est ?
82 Curritur ad vocem jucundain^ et carinen aniicx
83 Thebaidos, Istam fecit cum Statius urhein.
Si Promisitque dieni : tanta dulcedine captos
85 Afficit ille animos, tantaque libidine vulgi
86 Âuditur : sed cum f régit subsellia versu,
87 Esurit, intactam Paridi nisi vendat Agauein.
88 Ille et militisd multis largitur honoreni,
89 Semestri vatuia digitos circumligat auro.
90 Quod non dant proceres, dabit histrio. tu Gamerinos.
91 Et Baream , tu nobiliuni, magna airia curas.
9-2 Pru-fectos Pelopeia facit, Philoinclu Tribwnos.
93 Haud tamen invideas rali , qucm pulpita pascunt.
■>i Quis tibi Mxcenas f quis nunc erit aut Proculeius ,
95 Aut Fabius? quis Gottu iteruin t quis Lentutus alter?
96 Tune par ingenio pretium : lune utile multis
97 Pallere, et vinum loto nescire Decembri.
98 Vester porro labor fecundior historiuruin
99 Scriptores : petit hic plus teniporis atque olei plus :
100 Namquc oblita modi inillesima payina surgit
101 Omnibus, et crescit mulla damnosa papgro.
102 Sic ingem rerum numerusjtibet, atque operum lex.
103 QusB tamen inde seges? terras quis fructus apertœ f
104 Quis dabit historico, quantum daret acta legenti ?
105 Sed genus ignaoum, quod lecto gaudet et umbra.
106 Die igitur quid caussidicis civilia prxstent
107 Ofjicia , et magno comités in fasce libelti f
— I8(i —
lOR Ipsi magna sonanl : sed lime cuin rrcdilor ntidit.
lOH Prœcipuc, vel, si letigil laLus ai-rior illu,
Md'Qui venit ad dubiwii grandi cum codice nomen,
ui Tune irnmensa cavi spiranl mendacia folles,
11-' Conspuilurque sinus, veraiii deprendere Diessein
ii-i Si lihct : hinc ccnUoii patriinonia caussidicoruni .
114 Parle alla soluin russaii pone Lacernit.
11* Consedere Duces : surgis tu pallidus Aja,r
116 Dicturus dubia pro libertate Bubulcu
117 Indice, rumpe miser tensumjecur, ul libi Uissu
118 Figantur viridas, scalarum gloria,palmx.
ir> Quod vocis pretium? siccus petasunculus, et va.y
i-'o Pelamydum : aut veteres , Mauroruut epimcnia. bulbi
i-'i Aut vinum Tiberi devectum, tjtiinque lagenœ.
i'ii Si quater egisli . si contigil aureus unus,
iTA Inde cadunt partes, ex f'œderc pragrnalicorum .
124 /Emilio dabitur, quanluui petet, et melius nos
i-.'ô Egimus : hujus cnim slat currus aëneus, alti
I-''! Quadrijuges in vestibulis, atque ipse feroci
i-'7 Bellatore sedens curvalum hastile minatur
i-is Eminus, et statua medilutur prœlia lusca.
i-"j Sic Pedo conturbal. Mallio déficit : c.vitus hic est
130 Tongilli, inugno cum rliiaocerote lavari
131 Qui solet, et vexai lululenla balnca lurba,
132 Perque forum juvenes longo premit assere Medos
133 Ëmturus pueras, argentum, murrhitia, villas.
134 Spondet enim Tijrio filataria purpura filo.
135 Et tamen est illis hoc utile : Purpura vendit
136 Caussidicwn, vendunt amethgstina : conrejiit illis
137 Et strepitu, et facicmajoris vivere census.
138 Sed finem impensx non servat prodiga lioinu.
i3!t Fidiinus eloquio y Ciceroni nemo ducentos
140 Nunc dederit nummos, nisi fulserit anulus ingens.
111 Respicit hxc primum, qui liiigat an libi servi
142 Octo, decem comités, an post te sella, togati
143 Antc pedcs. ideo conducta Paullus agebat
iii Sardongchr, alquc ideo pluris. quam Gnltus agetml ,
115 (Jua)u Uasilus. Hara in lenui facnndia panno.
liii Quando licei Basile /Icnieui produccre Dtalrnn y
— 187 —
U7 Quà bene diccntem Basilum ferai f accipial le
148 Gallia tel potius nutricula caussidicorum
H9 Af'nca, si placuit mercedctn poneve liiu/iuf.
lôo Declamare doces, 6 ferrea pectora Vetti.
151 Oum perimit sœvos classis numerosa tyrannos.
152 Nant quœcuaque sedeiix modo legerat, lnec cadein alans.
153 Perferet atque eadem cantabit versibus iisdein.
154 Occidit miseros crambe repetita magistros.
155 Quis color, et quod sit caussw yeniis, atque ubi suinjua
156 QvjBstio, qucE veniant dive)'Sie forte sagittit,
157 Nosse velint omîtes, mercedem solvere nemo .
158 Mercedem appellas ?* quid enim sciof culpa docenlis
159 Scilicet arguitur, quod Ixvu in parte mamillx
160 Nil salit Arcadico juveni, cujus miki sexta
161 Quaque die miserum dirus caput Hannibal implet.
162 Quidquid id est, de quo délibérât, an petat urbem
163 A Gannis, an post nimbos, et fulmina cautus
164 Circumagat madidas a tempestate cohorteis.
irtô Quantum vis siipularc, et protinus accipe. quid do,
iti« Ut totiens illuia pater audiat. hœc alii sex
i«7 Vel plures uno conclamant ore sophistn;,
168 Et veras agitant liteis, raptore relicto :
169 Fusa venena silent, malus ingralv^que marilus.
170 Et qux jam veteres sanant niortaria cxcos.
171 Ergo sibi dabil ipse rudem, si nostra i)toi:ebunt
172 Consilia, et vitx diversum iter ingredietur,
173 Ad pugnam qui rhetorica descendit ad umbra,
174 Summula ne pereat . qua cilis tessera venit
175 Frumenli. quippe hœc merces lautissima. tenta
i7ti Chrysogonus quanti doceat, vel Pollio quanti
177 Lautorum pueros^ artem scindens Theodori.
178 Balnea sexcentis, et pluris porticus, in qua
17!) Gestetur dominus^ quolies piuit, anne serenum
180 Exspectet, spargatque lutojumentarecenti?
181 Heic potius : namquc heic mundœ nitet ungula mulx
182 Parte alia longis Numidarum fulta columnis
183 Surgat, et algentem rapiat cenatio solcm.
184 Quanticunque domus, veniet qui fercula docte
185 Coinponat, veniet qui pulmentaria candi t.
— 188 —
18« Hos inler sumtus seslertia Quinliliano,
187 Ul multum, duo suf'ficienl : rcs nitlla minorh
188 Constabil palvi , (jiiam filius. undc igitur toi
180 Quintilianus habel salins f exempta novorum
i»o Fatoruin transi : f'eUx, et pulcer et acer :
191 Félix, et sapiens^ et nobilis, et generosus
192 Ad positam nif/r.r Lunam subtexit alut:c :
193 Félix, orato)- quoque maximus, et jaculator.
i9i l^t siperfri^it, cantat bene. distat enini: quie
l'Jô Sidéra le excipiant modo primos incipientem
196 Edere vagitus, et adhuc a mater rubentem.
197 Si fortuna volet, fies de rhetore consul :
198 Si volet hsBC eadem, fies de consule rhetor.
199 Ventidius quid enim ? quid Tullius ? annc aliud quatn
-'«<» Sidus, et occulti miranda potenlia fati '
-'"1 Serois régna dabunt, captivis fata triumplium
•202 Félix i lie tamen; corvo quoqiie rarioralbo,
iO'i Pœnituit multos varw, sterilisque cathedra;.
-'04 Sicut Tlirasimaclii probat exitus , atque Secundi
■i05 Carrinatis, et hune inopem vidistis Athenx.
■i0^i Nil prxter gelidas ausœ conferre ciculas.
307 DU majormn umbris tenuem, el sine pondère lerram,
-'08 Spiranteisque crocos, el in iirna perpetuum ver,
-'09 Qui prsBceptorein sancU voluerc parentis
-'10 Esse loco. rnetuens virgw jain grandis Achilles
■-'11 Cantabat patriis in nionlibus : el cui non tune
■-'12 Eliceret risuDi cilhunedi cauda magistii y
2IH Sed Riifum, atque alios c/edit sua quœqae juvenlus :
21 i Rufum, quem loties Ciceronem Allobroga dixit.
210 Quis gremio Celadi, doclique Palwmonis adferl
216 Quantum grammaticus meruit labor? el tamen ex hoc,
217 Quodcunque est (minus est autcm, quani rheloris ,xra'
218 Discipuli custos prxmordel Acœnonwt'ua .
219 El, qui dispensât , frangit sibi. cède Palœ mon ,
2-'o El patere inde aliqiiid decrescere : non aliter, quam
221 Instilor hiberna: tegelis^ niveique cadurci :
222 Dum viodo non pereat, medix quod noctis ab boni
22:5 Sedisti, qua nemo faber. qua nemo sederel
■.'•-' i Qui docet obliquo lanam dedurere ferra :
— 189 —
2i''> Duiii modo non peveal totideni nl/'ecissc lucenias.
22t; Quot stabant pueri, cu»i lotus decolor esse l
m Flaccus, et hœreret nUjro fuligo Maroni.
-'28 Rara tamen merces, quse cognitione Tribuni
-'23 Non egeat. sed vos sœvas imponite leges,
230 Ut prxceptori verborum régula constet;
231 Ut légat historias. auclores noverit omneis.
232 Tanquam ungucis, digitosque siios, ut forte rogatiis
233 I)um petit aut thermos, aut Phxbi balnea, dicat
234 Nutricem Anchisw, nomen, patriamque novercr
235 Archemori : dicat quot Acestes vixerit annos,
23C Quot Siculus Phrijgibus ri)ii donaverit urnas.
237 Exigite, ut mores teneros ceu pollice ducat.
238 Ut si quis cera vultum facit ; exigite, ut sit
239 Et pater ipsius cœtus, ne turpia ludant,
240 Ne faciant vicibus. non est levé tôt puerorum
241 Observare manus, oculosque in fine trementeis.
242 Haec inquit, cura, sed cum se verterit annus,
243 Accipe, victori populus quod postulat, aurum .
SATYRE Vil
SUIET
Dans cetlf T*" satyre luuenal parle au poète Telesine et
se plaint de la stérilité des trauaux des pfens de letres ; c'est
de la qu'il prend occasion de reprendre l'auarice de son
tems, il loue ncagmoints la libéralité de Traian qui aymoil
les gens de letres, il dit ([u'on doit tout espérer de ce
prince ; ceux qui veulent qu'on entende Domitien n'ont pas
raison . puisque Domitien êtoit mort lors que luuenal
ecriuoit ses satyres, on ne pouuoit pas par concequent
mètre son espérance en luy ; d'ailleurs Domitien n'aymoil
pas les belles letres conie on le voit dans Pline dans son
panégyrique de Traian. Quum sihi vitiorum, O'ïnnium
conscius princeps ^ mimicas mtiis artes non odin mogis
f:/ua7n renerentia reler/orcL
Àganippes ( versfi}. — Fontaine dans la Beotie consacrée
aux Muses.
Clio (vers 7). — Une des neuf Muses; elle se prend icy
pour les poètes même.
In umbrâ pieriâ ou ?n orcâ (vers 8). — Parmy les
Muses qui s'apeloint Piérides d'un rocher de la Macédoine
près du mont Parnasse apelé Pirris parce que le poète
Pierias y sacryfioit aux Muses.
— l9-> —
MnchcPm' {\evs 9). — (Irirm' |)iililic.
Aiictio commiaaa (vers lO,. — LCmaii (|U(' l'on mel
entre les mains (\\\ crieur public ou l'encan dans lequel il
y a toûiours ((ucl(|iie dispute entre ceux (|ui veulent
achepler.
Alnjonrin Bdcrhi {\cx?^ 12'). — La lablc ilo Tlicbas écrite
par le poclo Fauslus. Thebas fils d'OEdyppus se maria auec
sa mère, lorsqu'il reconut son malbeur il se lua; il laissa
de ce mariage Eteocle et Polinice qui s'entretuerent.
Therea Fausti (vers 12'j. — Tragédie de Terée mary de
Progné; le même Faustus l'auoit écrite.
Equités (vers 15). — Esclaues de diuers pays qui
s'êtoint eleués a la dignité de cheualier par leurs crimes.
Altéra Grxcia (vers Ki). — La Grèce qui êtoit une
prouince des Gaules.
Laurumque momordit (vers 19). — Gecy est a l'imita-
lion de ce ([ue dit Horace [)0ur expriniei- l'apiication des
poètes.
Swpp tripiil sr/'ihrrrl , ri uns ri rodcrcl uiif/UPX
NiT (Imimrsos snprl vnçines.
Les poètes rl()iiii coiiiout's de iaui'ier consacré a Apol-
lon ; dans leur Liraudc aplicalioii ils ninrdoinl et rongeoini
le hunier coinc on se roui;è les oniiles. (|iiaii(l on l'ait des
vei's.
Duels (vers 2\ j. — De iCnipcreur.
Hoc aqite (vers 20). — C'est a dire ;qi|>li(|ii('s vous a
l'étude.
Tabellse croce^ (vers 23). — Des l.dijeties de (^edre qui
est de la couleur du safran.
Marito F^;?pr/.ç (vers 25). — \'iilcain.
— 193 —
Pertunde (vers 26.. — Laissés manger vos liures aux
vers. Pertundere signifie percer, cest ce que des petits vers
font aux liures, c'est percer une chose que delà laisser
percer ou de permetre qu'on la perce.
Imagine macra (vers 29). — Les anciens dressoint des
statues a la mémoire des poètes ; luuenal done l'epythete
de maigre a la statue dont il parle parceque la pauureté
des poètes leur causoit de la maigreur.
lunonis auem (vers 32). — Le pan qui ètoit l'oiseau de
lunon, parceque Argus a 100 yeux qui êtoit son berger
feut métamorphosé en cet oiseau pour s'être laissé endor-
mir par Mercure lors qu'il gardoit lo, mai tresse de lupiter.
Terpsichorem (vers 35). — Une muse qui prend son nom
du plaisir qu'elle done aux assemblées ; TÉp-l^iç plaisir, /.«po?
assemblée.
Musarum et Appolinis sede relictâ (vers 37). — C'est a
dire a ce riche dont vous préfères la protection a celle des
Muses et d'Apollon même. Auguste fit bâtir un temple a ce
dieu des belles letres , il y auoit une très belle bibliothèque
en grec et en latin. Martius Phylipus en fit bâtir un autre
aux Muses.
Maculonus commodat asdes (vers 40). — Quelques uns
lisent Maculonis ; quoyqu'il en soit il prétend montrer que
l'on prête un grand logis , et c'est précisément ce que i'ay
expliqué étant aisé d'ailleurs de coniecturer que ce
Maculonus êtoit riche et auare.
Orchestra (vers 47). — G'êtoit l'endroit du théâtre ou
l'on dansoit et ou l'on chantoit, c'êtoit aussy quelquefoix
ou êtoint les places les plus honorables.
Tenui in puluere sulcos subducimus et litus tenui
venamus aratro (vers 48 et 49). — Cette expression de la
13
— 104 —
Stérilité des champs represtMitc fort Ijien la slf>rilité lies
études du temps do luuenal.
Aptusque bibendis fontibus (vers 58 et 59). — C'est a
dire qu'un esprit doitauoir du naturel pour la poésie. L'art
n'est conté pour rien lors({u"il est soûl.
Aonidum (vers 59). — Des Muses ; la Beotie ou il y a
beaucoup dos fontaines consacrées aux Muses s'apeloit
Aonia de quelques peuples barbares qui y Ainrent habiter;
ce nom passa aux Muses parcequ'elles êtoint fort reuerées
dans ce pays.
Sub antro Pierio (vers 59 et 60). — Dans la cauerne des
Muses ; elles s'apeloint Piérides d'un endroit du Parnasse
apelé Pieris.
T/iyrsum co7iting 67^6 {vers 60). — Entrer dans la fureur
poétique. Thyrsum etoit un bâton couuert de pampre ; les
bacchantes le portoint dans les sacryfices de Bacchus ; elles
s'agitoint durant co tems la iusqu'a deuenir furieuses.
Euoë (vers 62). — C'est a dire Bacchus.
Doniinis Cirrse , Nysœque (vers 64). — Apollon et
Bacchus; le l^'a ce nom parcequ'il rendoit les oracles a
Delphes dans la Phocide près de la ville de Cyrra d'où il
est apelé Cyrrxus. Bacchus est apelé maitre de Nysa
parcequ'il feut eleué par les nymphes dans la cauerne Nysa
entre la Phœnicio et le Nil.
Magnx mentis (vers 66). — Il entend "Virgile qui fait
des descriptions de tout ce qui suit.
Rutulum (vers 68). — Turnus roy des Butuliens.
■ Erynnis (vers 68). — Furie, c'est Alecto ; les autres deux
êtoint Tysiphone et Megere.
Caderent a crinibus hydri (vers 70). — Virgile met
des serpents a la tête d' Alecto ; luuenal dit que si le poète
— lyô —
auoit été panure ii nauroit pas fait toutes res belles des-
criptions.
Ri(hrr)ms Lappa (vers 1-2). — Poète du tems de luuenai,
qui êtoit panure ; tons les poètes panures sont représentés
par celuy cy.
Antiquo cothurno (vers 72). — A l'ancien style, aux
anciens poètes.
Pignerat Atreus (vers 73). — La comédie qnc Rubrenus
fit sur Atrée feut cause qu'il engagea ses meubles parcequ'il
employa le tems a la composer au lieu de songer a gaigner
sa vie.
Non habet infelix Numitor (vers 74). — luuenal insulte
a un riche qui ne donoit rien a ses amys et donoit beau-
coup a Quintilla courtisane.
Serranus et Saleius (vers 80). — Poètes du tems de
luuenal fort panures.
Agauem intactam (vers 87). — Tragédie qui n'auoit pas
été recitée sur Agaue fille de Gadmus fondateur de la ville
de Thebes , et mère de Penthée , qu'elle tua dans les sacry-
fices de Bacchus pendant qu'elle êtoit en fureur croyant
que c'étoit un sanglier.
Paridis (vers 87). — Comédien fauory de Domitien.
Semestre aurum^ (vers 89). — Anneau d'or que les
cheualiers romains portoint. Semestris veut dire rond come
Luna semestris veut dire la lune ronde.
Camerinos Bareas (vers 90 et 91 ). — Il entend les gens
de qualité.
Pelopeia (vers 92). — C'est une tragédie de Poplée fille de
Thyeste auec laquelle son père auoit couché ; d'elle nacquit
Egyste amant de Clytemnestre avec laquelle il tua
Agamennon.
— 196 —
Philomela (vers 92 "i. — Tragédie de Fhylomele et de
Progne sœurs.
Proculeius (vers 94j. — ChcLuilier Romain lauory d'Au-
guste ; il aymoit fort les gens de letres.
Fabius (vers 95). — C'est coluy a (jui Oiiide etriuit
quatre lelres pendant son exil : il est aisé d'inférer ([u'il
aymoit fort les gens de letres.
Cotta (vers 95 ). — 11 en fait le caracthere ailleurs.
Qua; Piso bonus, quw Cotta solebat
Largin.
Sescire vinum toto decembri (vers 97). — 11 dit cela a
cause des fêtes de Saturne que Ton celehroit dans le mois
de décembre pendant cinq iours , on y faisoit beaucoup de
débauche.
Intactam Paridi nisi vendat Agauem (vers 87). — Les
cinq vers qui suiuent et qui sont contre le comédien Paris
firent des atfaires a luuenal ; ce Paris êtoit fort bien auprès
de l'empereur ; pour se venger du poète sans qu'il peut se
plaindre de luy, il luy fit doner le comandement d'une
cohorte pretoriene en Egypte ou quel(}ues uns ont creu qu'il
êtoit mort , mais il vécut long tenis après Domilien et selon
la coniecture de quel({ues uns iusqu'a Nerua, Traian et
Adrien.
Inde (vers 103). — De l'hystoire.
TerraB apertm (vers 1 03 ). — De l'hystoire bien expliquée.
Sed genus ignauum quod lecto gaudeat et umbrâ ^^vers
105). — C'est une obiection (juc luuenal se fait faire. On
ne doit pas être surpris de ce que les hystoriens ne gaignent
rien puisqu'ils sont toùiours dans le cabinet ou au lict, et
— 197 —
qu'ainsy ne se faisant pas conoilre ils n'ayent pas de
recompense. Genus ignauum signifie que cette sorte des
gens ne se donoint pas la pcyne de taire leur cour, et qu'ils
aymoint mieux être dans le cabinet.
Acrior (vers 109). — Le débiteur qui est toùiours plus
ardent lorsqu'il nie une debte que le créancier qui la
demande.
Russati pone Lacernx (vers 114). — G'êtoit le cocher de
Domitien ou un simple soldat vêtu de rouge come c'êtoit
la coutume ; les vers qui suiuent ne peuuent bien s'entendre
qu'en les prononçant auec des sons différents tels que
demande le sens interrompu du discours.
Consedere Duces (vers 115). — C'est le comancement des
harangues d'Aia.x et d'Ulisse dans Ouide.
Surgis tupallidus Aiaor (vers 115). — C'est pourquoy il
luy plait de nomer Aiax celuy qui se leue pour haranguer :
les deux mots consedere duces sont pris du 1 3^ Hure de la
métamorphose ;
Consedere duces vulgi s tante corona
Àia.T pallidus (vers 115). — C'est a l'âuocat que cela
s'adresse ; âuocat tu palis lors que tu deffens une cause ;
autant que palissoit Aiax lors qu'il disputoit les armes
d'Achylle deuant les princes grecs.
Pedo (vers 129). — Auocat.
Matho (vers 129). — Autre âuocat.
Cum rhinocerote (vers 130). — Auec un vase fait de la
corne d'un rhinocéros; les riches s'en seruoint dans les
bains, ils y tenoint de l'huyle dont ils se frotoint ; les
pauures auoint un vase de corne de taureau.
— in?^ —
Basiliis , Gallus (vers 115). — Noms des pauures
âuocats.
An post nimbas et fulmina (vers 163\ — C'est un des
suiets de déclamation qu'ils prcnoinl; il semble dire
qii'Annibal ayant été surpris d'un orage après qu'il eut
remporté la victoire de Cannes ne peut auancer iusqu'a
Rome , les eaux de la petite rivière d'Anio rtant deuenues
extraordinairement grosses.
Classis pcrimit Tyrannos (vers 151). — Lors que toute
la classe s'exerce a l'aire des déclamations sur la mort des
tyrans.
In Iseuâ parte mamillx (vers 159). — C'est a dire dans
le cœur qui selon quelques phylosophes êtoit le siège de
l'entendement; c'est pour cela qu'il dit nil salit, il n'y a
point de sagesse.
Durus Annihal (vers 161 ). — Déclamation sur Annibal.
Raptore (vers 168). — lason.
Adpugnam (vers 173). — Pour venir au barreau.
Chrysogonus (vers 176). — C'est ce musicien dont il a
parlé ailleurs. luuenal dit icy que des gens de ceite nature
êtoint préférés a ceux ([ui enseignoinl les belles letres. et
par la il condamne l'aueuglemcnL des gens de son siècle.
Rapiat a Ig ente in solem (vers 183). — Pour y prendre le
soleil durant l'hyver ; d'autres suiuent une pensée toute
contraire , et prétendent que c'est pour prendre le Iraix en
été ; au reste prendre le soleil ou prendre le traix a été une
expression littérale.
Subtexit Lunam nigr<x aliUiu (vers 192). — Les cheua-
liers Romains porloint des souliers noirs auec une pointe
faite en croissant.
Ventidius (vers 199). — luuenal prouue par l'exemple
— 199 —
de Ventidius el de Tullius que le bonheur des homes
dépend de la l'ortuuo ; le 1" etoit de fort basse extraction,
Pompée Strabon père du grand Pompée le voyant entre les
bras de sa mère eut enuie de le faire eleuer ; il y réussit si
bien qu'après qu'il eut passé dans les dignités les plus
eleuées il posséda l'amitié de César et feut enfin prêteur.
Tullius (vers 199). — C'est Seruius Tullius roy des
Romains quoyque né d'une seruante.
Trasimachi et Carrinatis (vers 204 et 205). — G'êtoint
deux orateurs qui feurent obligés de cesser d'enseigner par
le peu de profit qn'ils y trouuoint. Thrasimaque se pendit a
Athènes.
Inopem (vers 205). — Socrate le grand phylosophe qu'on
fit mourir a Athènes auecde la ciguë.
DU (vers 207). — Il feut entendre date.
Cauda magistri (vers 212). — Il parle de Chyron que
les poètes disent auoir été moytié home et moytié cheual.
Patriis montibus (vers 211). — Dans la Thessalie.
AcœnonMus {yers 218). — Nom propre.
Acestes (vers 235). — Fils de Criminisius fleuue d'Italie
et de la troiene Segesta ; il feut roy de Sicile et c'est luy
qui dona a Enée tant des vases de vin dont il est parlé dans
l'Enéide.
Quod populus postulat victori (vers 243). —Dans les
ieux le peuple auoit accoutumé de demander a haute voix
que l'on donat quelque chose au vainqueur ; on peut appli-
quer cecy aux crys que l'on faisoit au barreau en faueur de
celuy qui gaignoit auec iustice.
Citharaidi cauda magistri ( vers 212). — C'est de Chyron
que le poète parle ; on dit qu'il êtoit moitié home et moitié
cheual.
— 200 —
Quos loties Ciceronem Àllobroga dixit (vers 214). — Qui
le traita d'Allemand : la geographio vont que les Allobroges
soint les Sauovards.
FIN
DE LA 1' SATYRE.
SATYRA VIII
1 Steninmla quid faciunl, quid prodesL, Pontice, longe
•2 Sanguine censeri, pictosque ostendere vultus
3 Majorum, et stantes in curribus Mmilianos,
i Et Curios jam dimidios, humerosque minorem
5 Corvinuin, et Galbam auriculis nasoque earentem ?
6 Quis fructus generis tabula jactare capaci
7 Corvinuin , posthac inulta contingere virga
8 Fumosos cquitum cum Dictatorc inagistros,
9 Si coram Lepidis maie vivitur? effigies quo
10 Tôt bellatorum., si luditur aléa pernox
11 Alite Numantinoa ? si dorrnire incipis ortu
12 Luciferi, quo signa Duces, et castra movebant ?
13 Cur Allobrogicis , et magna gaudeat ara
14 Natus in Herculeo Fabius Lare, si cupidus , si
là Vanus, et Euganea quantumvis tuollior agna :
i« Si tenerum attritus Catinensi pumice lumbrum
17 Squalenteis traducit avos, cmptorque veneni
18 Frangenda iniseram. funestat imagine gentem ?
19 Tota licet veteres exornent undique cers
20 Atria, nobilitas sola est atque unica, virtus.
21 Paulus, vel Cossus, vel Drusus moribus esto :
22 Hos ante effigies majorum pane tuorum :
23 Prascedant ipsas illi te Consule virgas :
24 Prima milii debes animi bona. sanctus liaberi,
25 lustitixque tenax factis, dictisque mereris :
26 Agnosco procerem. salve Getulice, seu tu
27 Syllanus, quocunque alio de sanguine rarus
28 Civis, et egregius patrix contingis ovanti.
29 Exciamare libet populiis quod clamât Osiri
— 20-2 —
30 InvenUt. quis eniiii gcncrosum dixeril hune, qui
31 Indignus gnip.re, el prxclaro nomine tantum
32 Insignis? manuni cujusdam, Atlanta vocamm ;
33 jElhio'pem, cycnum : pravam extortamque puellam ,
34 Europen. canibus pigris scabiequc vclusta
35 Lxvibus, et siccx lambentibus ora lucernx,
36 Nomen erit pardus, tigris, leo, si quid adhuc est,
37 Quod fremat in terris violentius. ergo cavebis,
38 Et metues, ne tu sis Creticus, aut Gamerinus.
39 His ego quem monui ? tecum est mihi sermo Rubelli
40 Plante, tûmes alto Driisorum stemmate, tanquam
SI Feccris ipse aliqiiid. propler quod nobilis esses.
42 Ut te conciperet, qux sanguine fulget luli,
43 Non qu3B ventoso conducta sub aggere texit .
44 Vos humiles, inquis, vulgi pars ultima nostri,
45 Quorum nemo queat patriam monstrare parentis :
4H Ast ego Cecropides. vivas, et originis hujus
57 Gaudia longa feras : tatnen ima plcbe Quiritem
48 Facundum invenics. solcl hic dcfendere caussas
49 Nobilis indocti. veniet de plèbe togata,
50 Qui juris nodos, et legum xnigmalo salvat.
51 Hic petit Euphraten Juvenis, domitiqite Batavi
52 Custodes aquilas, annis indnstrius : al tu
53 Nil nisi Cecropides, Iruncoque simillimus Hennx.
54 Ntillo quippe alio vincis discrimine, quam quod.
55 Illi marmoreum caput est, tua vivit imago.
56 Die mihi, Teucrorum proies, animalia muta
57 Quis generosa putet, nisi for lia? nempe volucrem
58 Sic laudamus equum, faciii cui plurima palma
59 Fervet, et exsultet rauco Victoria circo.
60 Nobilis hic, quocunque venit de gramine, cujus
61 Clara fuga anle alios, et primus in xquore pulvis :
62 Sed vénale pecus Corythx, posteritas et
63 Hirpini, si rara jugo Victoria sedit.
64 Nil ibi majorum respectus, grotia nulla
65 Umbrarum, dominos pretiis mutare jubentur
66 Exiguis, trito ducunt epirhedia collo
67 Segnipedes, dignique molam versare Nepotis.
«8 Ergo, ut miremxtr te, non tua; primum aliquid da
— ?03 —
69 Quod possim titulis iiicidere pneter honores,
70 Quos illis damus, et dcdimus, quitus omnia debes.
71 Hxc satis adjuvenem, quem nobis fama superbum
72 Tradit, cl inflatum^ pknumque Nerone propinquo.
73 Rarus cniin ferme sensus commioiis in illa
74 Fortuna. sed te cemeri lande luorum,
75 Pontice, nolueriin, sic ut niltil ipso futurs
76 Lundis ar/as. Miserum est aliorum. incumbere farnx.
77 Ne collapsa ruant subdudis tecta columnis.
78 Stratus humi patinas viduas desidcrat ulmos.
79 Esto bonus mites, tutor bonus, arbiter idem
80 Integer. ambigux si quando citabere testis
•SI Incertasque rei, Phalaris licet imperet, ut sis
82 Falsus, et admoto dictet perjuria tauro.
83 Summum crede nefas animam prxferre pudori,
84 Et propter vitam vivendi perdere causas.
85 Dixjnus morte périt, cœnet licet ostrea centum
86 Gaurana, et Cosmi toto mergatur aëno.
87 Exspectata diu tandem provincia cum te
88 Rectorem accipet, pone irêe frena, modumque,
89 Pone et avaritiee : miserere inopum sociorum.
90 Ossa vides regum vacuis exsuda medullis.
91 Respice quid inoneant leges, quid curia mandet ,
92 Pr^mia quanta bonos maneant, quam fulmine jus to
93 El Capito, et Numitor ruerint damnante Senatu
94 Pèiratx Cilicinn. sed quid dumnatio confert ,
95 Cum Pansa eripial, quidquid tibi Natta reliquit ?
96 Prasconem Chxrippe luis circumspice pannis,
97 lamque tace. Furor est post omnia perdere naulum.
98 Non idem gemitus olim, neque vulnus erat par
99 Damnorum, sociis florentibus, et modo victis.
100 Plena domus tune omnis, et ingens stabat acervus
101 Nummorum, Spartana chlamys, conchylia Ooa,
102 Et cum Parrhasii tabulis, signisque Myrrhonis
103 Phydiacum vivebat ebur, nec non Polycleli
104 Multus ubique labor : rarse sine Mentore mensse.
105 Inde Dolabella est, atque hinc Antonius, inde
106 Sacrilegus Verres ; referebant navibus altis
107 Occulta spolia, et ptures de pace Iriumphos.
— 204 —
los Nunc sociis juga pauca boum, gre.r parrus equarum,
109 El palcr armenli capto eripiator agello :
110 Ipsi deinde Lares, si quod spectabile signum ,
111 Si guis in œdicula Deiis unicus. hsec etenim sunt
112 Pro summis : nam swit Iwc maxima. despicias tu
113 Forsitan imbelleis Rhodios, undamque Corinthum :
114 Despicias merito. quid resinalajuventus,
115 Cruraque totius facient tibi Ixvia gentis ?
116 HorHda vitanda est Hispania, Gallicus axis^
117 Illyricumque latus. parce et messoribus illis.
118 Qui saturant urbem , Circo, scenseqne vacantem.
119 Quanta autem inde feres tain dine prœmia culpœ.
120 Cum tenues nuper Marins discinxerit Afros ?
121 Curandum in primis. ne magna injuria fiât
122 Fortibus, et miseris. tollas licet omnc quod usquam est
123 Auri, alque argenti : scutiim, gladiumque relinques,
i2i Et jaculum, et galeam : spoliatis arma supersunt.
125 Quod modo proposui non est senlentia ; verum est.
126 Crédite me vobis folium recitare Sibyllœ.
127 Si tibi sancta cohors comitum, si nemo tribunal
128 Vendit Acersecomes. si nullum in conjuge crimen,
129 Nec per conventus .^ et cunclaper oppida curvis
130 Unguibus ire parât nummos raptura Cwleno :
131 Tune licet a Pico numeres genus, attaque si te
132 Nomina délectant , omnem Titanida pugnam
133 Inter majores, ipsumque Promethea ponas.
134 De quocunque voles proavum tibi sumito libre.
135 Quod si prxcipitem rapit ambitio, atqiie libido,
136 Si frangis virgas sociorum in sanguine, si te
137 Délectant hebetes lasso lictore secures :
138 Incipit ipsorum contra te stare parentum
139 Nobilitas, claramque faccm pr.rferre pudendis.
140 Omne animi vilium tanto conspeclius in se
141 Crimen habet, quanto major, quipeccat, habetur.
142 Quo miJii tesolitum falsas signare tabellas
143 fn templis, qux fecil «rm-, statuamque parentis
144 Ante triumphalem ? quo, si nocturnus adulter
145 Tempora Santonico vélos adoprrta rucullo '
146 Prxter majorum cineres. atque ossa volucri
— 205 —
147 Carpento rapitur pi?iguù Laleranus, et ipse,
148 Ipse rotam stringit multo suflamine Consul :
149 Xocte quidem : sed Lima videl, sed sidéra testeis
150 Intendunt ocidos. finitum. tenipus hono7Us
151 Cum fuerit, clara Laleranus luce flagellum
152 Snmet, et occursum nu>iquaia trepidabit amici
153 lam senis, ac virga prior annuel, atque maniplos
154 Solvet, et infundet jumentis hordea lassis.
155 Interea, dum lanalas, torvumque juvencum
156 More Nurme rxdil lovis ante altaria, jurai
157 Solam Hipponam, et fades olida ad prxsepiapictas.
15S Sed cum pervigileis placet instaurare popinas ;
159 Obvius assiduo Syrophœnix udus amomo
160 Currit, Idwnex Syrophœnix incola ports,
161 Hospitis affeclu dominum, Regemque salutat,
162 Et cum venali Cyane succincta lagena.
163 Defensor culpm diret mihi, fecimus et nos
164 Hœc juvenes. esto : desisli nempe, nec ultra
165 Fovisti errorem. brève sit, quod turpiter audes.
166 Quœdamcum prima resecentur crimina barba ,
167 Indulge veniampueris. Laleranus ad illos
168 Thermarum calices, inscriptaque lintea vadit
169 Maturus bello Armenise, Syriœque tuendis
170 Amnibus, et Rlieno, atque Lstro. prxstare Neronem
171 Securum valet hsec setas. mille ostia Cssar,
172 Mille : sed in magna legatum quœre popina.
173 Invenies aliquo cura percussore jacentem
174 Permistum nantis, et furibus, ac fugitivis,
175 Inter carnifices, et fabros sandapilarum,
176 Et resupinati cessantia tympana Galli :
177 Mqua ibi liberlas, communia pocula, lectus
178 N'on alius cuiquam, nec mensa remortior ulli.
179 Quid facias talem sortitus, Ponlice, servum ?
180 Nempe in Lucanos, aut Tusca ergastula mittas.
181 Al vos Trojugena! vobis ignoscitis, et qu<e
182 Tunpia cerdoni, Volesos, Brutumque decebunt.
183 Quid, si nunquam adeo fœdis, adeoque pudendis
184 Utimur exemplis, ut non pejora supersint?
185 Consumtis opibus vocem Damasippe locasti
— 206 —
isfi Sipariu. claniosum ageres ut pliasmu (Uitulli.
i«7 Laureolum velo.r etiam bene Lentuliis egit.
i«s Indice me, dignns rera cruce. nec tamen ipsi
is'.t Ignoxcas populo : popiiH frons dunor hujus.
190 Qui sedet, et spectat trisctirria patriciorum :
191 Planipedes audit Falnos, ridere potest qui
192 Mamercorum alapas. quanti sua funera vendant ,
193 Quid refert ? vendunt nullo cogente Nerone,
194 Nec duhilanl Celsi Prwlorix rmdere ludis.
195 Finge taiiien gladins indc, alque hinc pulpita pone :
i9t; Quid satius? nxorleni si quisquavi exhorruit. ut sil
197 Zelotgpus Tliymcles, stupidi coUega Cnrgntlii?
19S lies Iiaud mira tamen, cytharxdo Principe mimus
199 Nobilis. hsc ultra, quid erit nisi ludus ? et illic
200 Dedecus urbis habes. nec mirmillonis in armis,
201 lYer clypeo Gracchuni pugnanlem, aut falce supina,
202 (Damnât cnim taleis habitus, sed damnât et odii
203 Nec galea faciem. abscondil ; movet eccc iridentem,
ioi. Postquam librata pende nlia retia dextra
205 Nequicquam efpudit, nudum ad spectacula vultwn
206 Erigit, et tota fugit agnoscendus arena.
20" Cedamus tunicœ, de faucilms aureacwn se
208 Porrigat, et longo jactetur spii'a galero.
209 Ergo ignominiam gravinrem pertiilit onini
210 Vulnere ciim Graccho jussus pugnare secutor.
211 Libère si dentur populo suffragia, quis tam
212 Perditus, ut dubitet Senecam pneferre Neroni,
213 Cujus supplicio non debuit una parari
214 Simia, nec serpens unus, nec culeus unus?
215 Par Agamemnonids", crimen : sed caussa facit rem
216 Dissimilem. quippe ille Deis auctoribus ultor
217 Patris erat cœsi média inler pocula : sed nec
218 Electrx jugulo se pnlluit, aut Spartani
219 Sanguine conjugii, nullis aconita propinquis
220 Miscuit, in scena nunquam contavit Orestes,
221 Troica non scripsit. quid en i m Virginius armis
222 Debuit uleisci magis, aul cum Vindice Galba ?
223 Quid Nero tam sieva, vrudaque Igrannidc fecit ?
224 Hsec opéra, atque hwc sunt gêner osi Principis artes,
— 207 —
225 Gaudentis fœdo peregrina ad pulpita cantu
226 Prostitui, Graùeque apium meruisse coron/e.
227 Majorum effigies habeant insignia vocis,
22S Ante pedes iJûmili longum tu poiie Thijests;
229 Syrma, vel Antigonw, seti personam Menalippes,
230 Et de marmoreo Githaram suspende Colosso.
231 Qiiid Catilina tuis natalibus, atque Cethegi
232 Inveniet quisquam sublimius ? arma tamen vos
233 Nocturna, et flammas domibus, templisque parastis.
234 Ut Braccatorum pueri , Senonumque minores,
235 Ausi quod iiceat ttinica punire molesta.
236 Sed vigilat Consul, vexillaque vesira coercet.
237 Hic noms Arpinas, ignobilis, et modo Rom^
238 Municipalis Eques galeatum. ponit ubique
239 Praesidium atUmitis, et in omni gente laborat.
240 Tantum igilur muros intra toga contuUt illi
241 Nominis, et tituli. quantum non Leucade, quantum
242 Thessalix campis Octavius abstulit udo
243 Casdibus assiduis gladio. sed Roma parentem,
'iu Borna patrem patrie Cicero)iem libéra dixit.
245 Arpinas alius Volscorum in monte solebat
246 Poscere mercedes alieno lassas aratro ;
247 Nodosam post hœc frangebal vertice vitem,
248 Si lentus pigra muniret castra dolabra :
249 Hic tamen et Cimbros, et summa pericula rerum
250 Excipit, et sohis trepiclantem protegit urbem.
251 Atque ideo, postquam ad Cimbros, stragemque volabant,
252 Qui nunquam. atligerant majora cadavera, corvi,
253 Nobilis ornatur lauro collega secunda.
254 Plebeiae Deciorum animse, plebeia fuerunt
•2hh Nomina : pro totis legionibus hi tamen, etpro
256 Omnibus auxiliis ; atque omni pube Latina
257 Sufficiunt Diis infernis, Terrxqueparenti.
258 Pluris enim. Decii, quam qux servant ur ab illis.
259 Ancilla natus trabeam, et Diadema Quirini,
260 Et fasceis meruit Begum uliimus ille bonorum.
261 Prodita laxabant portarum claustra tyrannis
262 ExsuUbus juvenes ipsius Consulis, et quos
263 Magnum aliquid dubia pro libertate deceret,
— 208 —
264 Quod lairarelur cum Cocliie Mucius, el quj-
•265 Imperii fineis Tiberinum virgo natavit.
26f> Occulta ad patres produxit crimina scrvux
267 Matronis lugendus : at illos verbera justis
268 Afficiunt pœnis, et legum prima securis.
269 Malo paler tibi sit Thersiles, dummodo tu sis
270 .'Eacidœ similis, Vulcaniaquc arma capessas,
271 Qiiam te Thersitœ similon producat Achilles.
272 Et tamen ut longe répétas, longeque revolvos
273 Nomen, ah infami gentem deducis asylo.
274 Majorum primus quisquis fuit ille tuorum,
27.) Aut pastor fuit, aut illud. quod dicere nolo.
SATYRE VIII
SUIET
Cette satyre est contre ceux qui s'apuyant sur leur qua-
lité négligent les belles qualités et croyent que la vertu leur
seroit inutile.
jEmilianos stantes in eurribus {\ev?' 3). — C'est a dire
lès statues du triomphe des ^miliens. Paul Emile fils de
celuy qui t'eut tué a la bataille de Cannes vainquit les Ligu-
riens et les Perses.
Curios (vers 4). — C'est le grand Curius dont il a été
parlé ailleurs.
Coruinum (vers 5). — La famille des Coruins : il en
a été parlé ailleurs.
Lepidis (vers 9). — C'est ^EmilinsLepidus qni feutdeu.x
foix consul . grand pontife et censeur.
Effigies tôt bellatorum (vers 9 et 10). — De quoy sert il
d'étaler les statues de tant des grands homes, si on mené une
méchante vie deuant Scipion qui vainquit Numançe après
qu'elle eut long tems résisté.
Allobrogicis (vers 13.) — Des biens dans la Sauoye ou
des victoires remportées dans ce pays.
Fabius natus in Lare Herculeo (vers 14). — La famille
des Fabiens decendoit d'Hercule , c'est pour cela qu'on
14
— -210 —
auoil soin de son lonii)Ie, elle y avoil même son lo^'emenl.
Ce Fabius etoit fils de Quinlus Maximus ; il t'eut fort
débauché et dissipa son bien.
Agnâ Euganeâ (vers 15). — Une Ijrebis de Padoue ou
de Venise ; il y auoit dans leur voisinage des peuples apelés
Eufjanei.
Pumice Catinensi (vers 16). — Pierre ponse de Sicile ;
ce nom luy vient de la ville de Gatane près du mont CElna
qui iette beaucouj) de ces pierres que les fiâmes ont cuites,
elles seruent a polir et oter le \)0\\ en se frôlant, les
Romains efleminés s'en seruoint.
Miser am (vers 18). — Le poète donc cette epythete a ces
grands homes par quelque compassion qu'il auoil qu'ils
eussent un successeur indigne d'eux.
Paulus (vers "21 ). Paul Emile qui vainquit Perse roy de
Macédoine et le mena en triomphe auec ses entants ; ses
bones mœurs et sa frugalité le rendirent encore plus illustre
que cette victoire, il feut tué à la bataille de Cannes.
Cossus (vers 21 ). — C'est Cossus Getulicus qui feut coni-
batre les Etruriens par l'ordre d'Auguste et les vainquit.
Drusus (vers 21 ). — Claudius Drusus qui prit ce nom
pour auoir lue Drusus capitaine, ou bien Drusus Néron
qui tua Asdrubal près du fieuue Mesaure, ou encore Drusus
frère de Tybere Néron qui étant enuoyé par Auguste dans
la Germanie prit le nom de Germanicus après auoir gaigné
une victoire ; ce sont les noms de ces illustres Romains qui
ont fuit un si grand boneur a leui' patrie que nous auons
encore une haute estime de leur vertu , bien que nous ne
puissions pas ignorer que les actions les plus éclatantes de
ces grands homes n'êtoint pas sans detfaut.
Syllanus (vers 27). — Il feut ambassadeur a Garthage et
— -211 —
vainquil Magon capitaine dans l'Espagne ; il prit Hannon
gênerai d'armée. Le poêle montre ces gens la par leurs
belles actions, et cache leur origine come inutile a leur
vertu .
Osiri inventa [yers 29 et 30). — Les Egyptiens cele-
broint auec grande ioye la fête d'Osiris qui leur auoit ensei-
gné l'art de semer et de recueillir le bled ; ils crurent que
lors c[u"Osiris mourut son ame passa dans le corps d'un
bœuf, c'est pour cela qu'ils auoint touiours un bœuf qu'ils
reueroint come Osiris, et quand il utoit fort vieux on le
ïaisoit mourir dans la fontaine des pbretres , après quoy ils
en cherchoint un semblable auec des pleurs qu'ils ne finis-
soint qu'en le trouuant.
Patriae ouanti (vers 28). — La ioye de la patrie est
d'auoir des braues cytoiens.
Creticus (vers 38 ). — Metellus qui subiugua la Crète.
Camerinus (vers 38). — Publius Sulpicius Camerijius
d'une famille fort anciene , il feut enuoyé a Athènes auec
Posthumus Albus et Aulus Manlius pour écrire les loys de
Solon et porter les coutumes des principales villes de la
Grèce.
Plantus {\eT& 40). — Ce Plantus êtoit de qualité du coté
de sa mère qui decendoit de Jules Gesar.
Cecropides (vers 53). — De la race de Cecrops roy
d'Athènes ; il se prend icy pour un home de qualité.
Trunco Hermse (vers 53). — Statues de Mercure ; ce dieu
s'apeloit Hermès c'est a dire interprète parcequ'il êtoit
l'ambassadeur des dieux.
Hirpine, Corythe (vers 62 et 63). — Chenaux fameux.
Nepotis (vers 67). — Nom propre d'un meusnier.
Plialaris (vers 81 ). — -Tyi-an de Sicile.
— 212 —
Et proptrr vitanr perdere causas viuendi {veii^ 84). —
On dislin^'uo deux sortes de vie , celle du oorps et celle de
l'esprit. Vila77i est prise icy pour celle du corps et causas
viuendi qui est la gloire et Timmortalité.
Ostrea Gaurana [vers 85 et 86). — Huistres du lac Lucrin ;
le nom de Gaurana leur vient du voysinage d'une mon-
taigne de la Gampanie asses proche de Bayes.
Cosmi (vers 86). — Parfumeur.
Expectata diu (vers 87 ). — Le poète enseigne a Ponti-
cus ce qu'il doit faire dans le gouuernemenl d'ime prouince,
il censure a même tems l'auarice des gouuerneurs.
Ossa regwm [xç.v's, 90). — Les Romains enuoyoint ches
leurs roys tributaires des gouuerneurs qui pilloint tout ce
qu'ils pouuoint.
Ca/)ï^o (vers 93). — Gendre de Tygeliu ; il feut gou-
uerneur de la Gilicie qu'il pilla , il feut accusé deuant le
sénat et condamné a môme tems a la restitution.
Numitor [yQ.v'à 93). — Il feut condamné pour la même
raison que Gapito.
Pansa (vers 95). — Il faut entendre le trésor public que
Pansa gouuernoit apparement. Lors que quelque gouuer-
neur êtoit accusé de concussion la restitution aloit au tré-
sor public et non pas aux prouinces qui avoint été pillées.
Natta (vers 95 ). — Gouuerneur de prouince.
Chœrippe (vers 96). — 0 Gilicien ; il est dillicile de sauoir
pourquoy le poète donc ce nom au Gilicien.
Furor est post omnia perdere naulum (vers 97). — G'est
une folie quand un nautonier a perdu ses marchandises de
perdre encore le payement de ceux qui sont dans son nauire.
Le sens figuré est que c'est une folie quand on a perdu son
bien de s'exposer a perdre la vie.
— -213 —
Conchylicb Coa (vers 101 ). — Habits d'écarlate teinte du
sang des poissons dans l'isle de Co.
Parrhasius {\evs 102). — C'est ce fameux peintre qui
disputa auec Zeuxis.
M//rr/)on (vers 102). — Excellent statuaire.
Phydias (vers 103). — Statuaire.
Polyclete (vers 103). — C'est ce Polyciete de Sycione
habile pour les statues.
Mentor (vers 104). — Fameux graueur.
Inde Dolahella est{Yers 1 05 ). — A cause de ses richesses ;
plusieurs se laissent entraîner aux voleries, come firent
Dolabella , Anthoine et Verres qui pillèrent les prouinces
dont ils êtoint gouuerneurs ; il y eut deux du nom de
Dolabella , César accusa celuy qui êtoit en Sicile et Scaurus
celuy qui êtoit proconsul en Asie.
Et plures de pace triumphos [vei'ii 107). — C'est a dire
qu'après que le tems du gouuernement auoit fini , les
gouuerneurs remportoint tant des dépouilles qu'ils sem-
bloint reuenir en triomphe.
Resinata iuuentus (vers 114). — Les ieunes gens auoint
soin de leur poil et de se rendre la peau douce et délicate
en se seruant de résine , ce qui est bien exprimé par une
ieunesse mole et délicate.
Horrida vitanda est Hispaiiia [vers 116). — 11 ne faut
pas dit luuenal a Ponticus exciter le ressentiment de
l'Espagne parcequ'elle se vengeroit, ayant eu asses de force
pour résister aux Romains , particulièrement les Numan-
tins qui défirent L. Pompeius , M. Pompilius et Hostilius
Mancinus. Scipion les vainquit a la fin , mais cette géné-
reuse nation pour ne pas tomber entre les mains du vain-
queur se ioignirent auec toutes leurs richesses dans un
— •21'. —
bûcher ; Scipion n'eut que le titre de Numance vaincue
({uand il entra dans Rome : il n'èloit pas reste un seul
Numanlin.
Gallicus axis (vers 1 KJ). — Les charriots cl les armes
de la Gaule ; il niarf[uc par la sa valeur et sa résistance ;
César mit dix ans a la subiuguer, elle remua encore sous
Vilellius et Vespasien.
Messoribus illis (vers 117). — Les AiVricains qui cueil-
loint force bled dans leurs terres.
Caeleno (vers 130). — C'est le nom d'une des Harpies ;
les poètes feignent qu'elles etoint trois sœurs (jui enleuoint
tout ce qu'elles pouuoint atraper, elles etoint fort sales.
Picus (vers 131). — Le 1"'' roy des Romains, père de
Faunus, fils de Saturne.
Ipsum Promethea (vers 133). — Il prend Promethée a
cause qu'il êtoit fort ancien , il etoit fils de Saturne père de
Deucalion , roy de la Thessalie , sous le règne duquel
arriua le déluge. L'antiquité a feint que Promethée pétrit
l'home de limon, et ([u'il l'auoit animé auec le feu (ju'il
auoit dérobé du ciel.
Quo mihi te solitum (vers 142). — Il faut entendre
iactas, pourquoy ventes vous les actions de vos ayeux.
Cucullo Santonico (vers 1 i5). — Chappe a la mode des
Gaulois ; les Saintongeois etoint un peuple de la Guienne
près de l'occean.
Si nemo tribunal vendit Acersecomes {\evs 127 et 128).
— Un fauory ; cela exprime la pensée de l'autheur bien
qu' Acersecomes veuille dire un ieune home a (jui on n'a pas
encore coupé les cheueux , c'est un terme grec àx£p(iexo|jiY]ç.
Ipse rotam stringit multo su/lamine Consul {\ers 148),
— Les consuls même font gloire de les retenir dans les
débauches. Suflainen est une roue de fer dont on enraye
les roues d'un carrosse a la décente d'une montaignc.
Hipponam (vers 157). — Déesse qui presidoit aux
ecueries.
Syrophœnix (vers 159). — Ce mot est composé de Syrus
Syrien , et de Phœni.r Phœnicien ; on le donoit aux parfu-
meurs parcequ'ils receuoint la plus part de leurs marchan-
dises de la Syrie ou de la Phœnicie.
Portée Idumex (vers 160). — Porte de Rome apelée ainsy
parceque beaucoup de Syriens y êtoint logés ; l'Idumée est
une partie de la Syrie.
ûamasippus ou Lateranus (vers 167). — Il représente
sous ces noms tous les gens de qualité.
Inscripta lintea (vers 168), — Les courtisanes metoint
leurs noms sur les portes de leurs maisons.
Armenix bello (vers 169). — Sous l'empire de Néron
l'Arménie vouleut secouer le ioug ; Gorhulo Magistenas y
feut enuoyé et apaisa les troubles en punissant les rebelles
qui soutinrent quelque guerre de laquelle le poète parle icy.
Syrigs amnibus (vers 169 et 170). — L'Euphrate, le
Tygre , l'Oronthe.
Tympana cessantia Galli (vers 176). — Parmy les
pbretres de la déesse Gybele , il y en auoint qui couroint la
ville corne des Bacchantes , ils sonoint quelques clochettes
et autres instruments a l'honeur de la déesse Gybele, qu'ils
deshonoroint en suite par leur méchante vie.
hi Lucanos (vers 180). — Il y auoit dans la Lucanie partie
de l'Italie beaucoup des prisons pour les esclaues qu'on
enfermoit come des betes pour leur l'aire cultiuer la terre.
Volesos {yqts 182). — Famille fort anciene , elle decen-
doit des Sabins parmy lesquels il y auoit un Valesus.
— 216 —
Quid (vers 183). — Il faut entendre dicas.
Phasma clamosum (vers 1 86). — Nom d'une comédie de
Catulle ; on y representoit sans double quelques prodiges
qui ètoint la cause qu'on y cryoit beaucoup.
Lentulus {vers 187). — Home de qualité.
Laureolum (vers 187). — Tragédie écrite par Neuius;
on y representoit un home qu'on faisoit pendre.
Mamercorum alapas (vers 192). — C'est a dire les sou-
flets que les Mamerques donoint dans une comédie ; la
famille des Mamerques êtoit fort anciene , elle decendoit
d'iEmilius Mamercus qui étant dictateur vainquit les Fide-
nates qui s'êtoint reuoltés.
Sua funera{Yers 192). — Les nobles ne se contentoint
pas de paroitre sur le théâtre, ils se mcloint parmy les
gladiateurs ; il est vray que Néron les y auoit obligés , mais
le poète est indigné que la coutume perseuere lors que la
même contrainte ne s'y trouue plus.
Celsi (vers 194). — Lors que le prêteur êtoit aux spec-
tacles, il auoit une place fort eleuée.
Zelotypus Thymeles (vers 197). — Représenter une
comédie dans laquelle il fasse l'amant de Thymele feme de
Latinus, dont il a été parlé dans la l*"" satyre.
Corynthus (vers 197 ). — Méchant comédien.
Cytharxdo principe (vers 198). — Néron paroissoit
souuent sur le théâtre pour représenter des comédiens ou
loueurs d'instruments.
Gracchum (vers 201). — La famille des Gracques êtoit
fort anciene.
Tridentem (vers 203). — La fourche des gladiateurs
qui portoint les filets pour prendi-e le Mirmillo.
Cedamus tunicae (vers 207). — Faisons place a ce gia-
— 217 —
diateur ; il y auoit un habit particulier pour les gladiateurs
lors qu'ils combatoint.
Finge tamen gladios (vers 195). — Supposes, dit le
poète, qu'on vous présente des epées d'un coté, c'est a dire
la mort , et de l'autre le théâtre , quel choix seroit le meil-
leur. He quoy, dit il, aues vous asses de crainte pour la
mort pour aymer mieux être ialoux de Thymele , c'est a dire
pour être comédien ; il fait voir par la l'infamie qu'il y
auoit pour un home de qualité de représenter des comédies,
et que ceux qui auoint un peu d'honeur deuoint mieux
aymer mourir que de se deshonorer par cest endroit, Zelo-
typus Thymeles, que de faire le personage de comédien
Latinus qui êtoit ialoux de sa feme.
Secutor (vers 210). — LeMirmillon qui n'ayant pas peu
être pris par le retiarius le poursuiuoit a son tour.
Pertulit ignominiam grauiorem vulnere (vers 209 et
210). — Le gladiateur n'ayant a combatre que contre un
noble qui est ordinairement délicat et peu propre aux com-
bats se sentoit deshonoré, et croyoit que l'on faisoit tort a
sa force et a son adresse.
Cuius supplicio non debuit una parari simia (vers 213
et 214). — Le singe , le serpent et le sac êtoint les instru-
ments du supplice des parricides que l'on iettoit dans le
Tybre en les enfermant dans un sac auec un singe et un
serpent.
Par Agamemno7iid3B crimen (vers 215). — Néron fit
mourir sa mère Agryppine ; ce crime ressembloit a celuy
d'Oreste fils d'Agamennon qui auoit fait mourir sa mère
Clytemnestre.
Coniugii Spartani (vers 218 st 219). — De sa feme
Hermione.
— -21 H —
Troica non scripsit (vers 221 ). — Ncron fil melrc le feu
a la ville de Rome pour se représenter rembrasemenl de
Troye ; ce cruel prince s'ala placer sur la tour Maeotique
pour regarder ce triste spectacle pour en faire en même
tems la description (juil apcla Troica par rapport a
l'embrasement de Troye *
Quid enim (vers 221). — Virgilius. lulius, Vindex et
Galba se reuolterent contre Néron et le dépouillèrent de
l'empire qui resta a Galba.
Peregrina ad pulpita (vers 225). — Sur un théâtre de
comédiens étrangers a Naples.
Apium Graix coronx (vers 226). — Les Grecs donoint
au vainqueur a la lucte ou dans quelque autre exercice
une courone ; cette coutume passa ches les Romains . ils
en donoint même a celuy qui chantoit le mieux ou
iouoit le mieux des instruments dans quelque concert.
Domiti (vers 228). — Domitius sénateur.
Syrma ThyestaB (vers 228 et 229). — Symarre auec
laquelle on auoit représenté le Thyeste tragédie ; le suiet est
conu parcequ'il en a été dict au suiect d"Antigone fille de
Laomedon roy des Troyens , laquelle ayant eu la témérité
de préférer sa beauté a celle de lunon feut changée en
cicogne par le pouuoir de cette déesse irritée.
Menalippes (vers 229 ). — Comédie sur Menalippe.
Colosso marmoreo (vers 230). — C'est le colosse que
Néron fit eleuer dans le vestibule de son palais ; cette statue
auoit 120 ])icds de hauteur ; on la consacra au Soleil après
la mort de ce prince ; Zenodotus Gaulois en auoit été
Touurier.
Quid Catilina (vers 231). — Le poète lait voir par
l'exemple de Catilina et de Gethege , que ceux la ne doiuent
— ilî) —
pas être apelés nobles dont la vie ne repond pas a la
noblesse. Catilina et Celhege auec quelques autres des 1"'
de Rome conspirèrent contre la Republique ; Ciceron
decouurit leurs complots.
Ut Braccatorum pueri Senonumque minores (vers 234).
Les successeurs des Gaulois qui ayant été contraints
d'abandoner leurs terres a cause de leur stérilité , t'eurent
assieget la ville de Glusium sous la conduite de Rrennus ;
le sénat leur enuoya dabort 3 ambassadeui-s pour leur
douer auis de se retirer ; un des trois ambassadeui"S ayant
été mal satisfait d'un de leurs capitaines s'auançe contre le
di'oit des gens et le tua ; cette action irrita les Gaulois et
les détermina a attaquer la ville d'assaut ; ils deffirent
l'armée romaine près du tleuue yElias, après quoy ils
entrèrent dans Rome. Dabort la ieunesse s'en ala auec
Manlius se réfugier au Capitole ou elle l'eut assiégée et
deliurée a même tems par le braue Gamillus. Le poète dit
donc que Catilina auec les autres coniurateurs en agirent
a l'égard de la republique conie firent les Gaulois dans
cette occasion ; ils sont apelés Braccati d'un habit qu'ils
portoint pour douer de la terreur, il ètoit de diuerses cou-
leurs et sans poil.
Tunicâ molesta (vers 235). — Par le feu ou par une
robe préparée afin que les criminels feussent plutôt brûlés.
Hic nouus Arpinas (vers 237). — Ciceron étoit de la
ville d'Arpin , il decouurit la coniui-ation de Catilina et
l'eteignit.
Leucade (vers 241). — A la bataille d'Actium, César
Auguste combatit contre Anthoine et Cleopatre près du
promontoire d'Actium et de l'isle de Leucade.
Co/mpis Thessalix (vers 242). — Dans la bataille de
Pharsale ou César deffit Pompée.
— 220 —
Arpinas alius (vers 245). — Marins (|ui laboiiroit la
terre ; il quitta ragdcultiire pour aler a la guerre seruir
d'ouurier.
Collega nobilis (vers 253). — Gatullus Luctatius n'eut
presque pas de part a la deflaite des Gimbres ; Marius qui
n'êtoit pas de qualiti' fil tout ; aussy lui doua t ou les
honeurs. il en fil part neagmoints a son collègue, et t'eut
cause qu'il entra en triomphe après luy.
Plebeix Deciorum animœ (vers 254). — Les Decies père
et fils se deuouerent pour le salut de la republique , le père
dans la guerre des Latins , le fils contre les Ethruriens, les
Samnites et les Gaulois; ils y moururent tous doux.
Trabeam, {xers 259). — Robe de pourpre pour les roys.
Tite Liue : Seruius cwn trabea et lictoribus pro Pline :
Trabeis uso accipio reges Dionisius Hali. , lib. 2 : Circmn
distinctam dicit fuisse illam vestem sub tegmine puniceo,
vestemque fuisse gentllem Romanis honorificam.
Ancillâ natus (vers 259). — Tullus Hostilius G'' roy,
après lequel régna Tarquin le Superbe dont la vie t'eut
aussy corrompue que celle de Tullus auoit été illustre.
Diadcma (vers 259). — Du mot grec StaSeto, i'atache a
l'entour, car diadema êtoit une bande d'etofe dont les roys
se ceignoint la tête. Seneque a Lucillc : Vides illum
Scythisd Sarmatîseque regem insigni capitis décore si vis
illum, aestimare, totumque scire qualis sit, fasciam soiue ,
multum mali sub illa latet.
luuenes ipsius consulis (vers 2G2), — Le poêle l'ail voir
par l'exemple des enfants de Brutus et d'Aquilius , et de
quelques autres gentilhomes, corne il a fait voir par l'exemple
de Gatilina et de Gethege, que ceux f{ui trahissent leur
patrie ne doiucnt pas être apelés nobles. Apres qu'on eut
— ■2->\ —
chassé les Tarqiiins, les deux entanls de lunius Brutiis
consul , et quelques autres de qualité conspirèrent dans la
maison des Aquiliens pour rapeler les roys ; Vindex esclaue
des Aquiliens decouurit la coniuralion ; on prit les cou-
pables et on les punit ; Brutus n'épargna pas même ses
enfants , il voulut être spectateur de leurs supplices , selon le
témoignage de Tite Liue , de Plutarque , de Pline et de Florus.
Ipsius consulis (vers 262). — De Brutus qui feut le 1®""
consul après qu'on eut chassé les Tarquins.
Mutins (vers 264). — Mutins Scseuola. ieune Romain de
qualité et d'une grande valeur; étant indigné que Rome-
feut assiégée par les Etruriens , prit un poignard sous son
iuste corps et s'en feut dans le camp des ennemys pour leur
tuer leur capitaine Porsenna, mais ayant trouué un des
principaux ministres , il le prit pour luy même et le tua ;
on conduisit dabort Mutins a Porsenna qui n'eut qu'une
responce fiere du criniinel. lem'apele Mutins, luy dit il, ie
te voulois te tuer corne mon enemy, mais n'ayant pas peu
y réussir, ie n'ay pas moins de constance et d'intrépidité a
soufrir la mort que i'auois du courage pour attenter sur ta
vie. Il n'eut pas plutôt dit cela qu'il mit sa main dans un
feu allumé pour le sacryfice , il la laissa brûler pour doner
des marques de son courage, qui ietta Porsenna dans
l'admiration , et l'obligea de renuoyer ce braue Romain
sans luy faire du mal ; sa main brûlée luy fit doner le nom
de Scaeuola ; ce mot vient sans doubte de quelque mot grec.
Horatiiis Codes (vers 264). — Horace le borgne fit une
action merueilleuse dans la même guerre de Porsenna ; ce
prince entrant dans la ville auec toute son armée , Horace
courut siu- le pont du Tibre et arrêta seul toute cette armée
iusqu'a ce qu'on eut coupé le pont , après quoy il se ietta
— 2-2-2 —
dans le TiUre (jifil i)assa a la iiaj^e sans auoir receii aucune
blessure; ou lui eleua une slaluc publi((ue dans la place ;
il teul apelé Codes poui- auoii- perdu un œil dans une
bataille.
Virgo (vers 265). — C'est. Glelie ([ui l'eut douée en otage
a Porsenna auec (luchfues aulres filles de ijualité; elle
trompa les gardes et prit ses compagnes auec iesqueles elle
passa le Tibre a la nage sur des cheuaux. Porsenna en lent
fâché et redemanda Glelie ; on la luy enuoya , mais
Porsenna charmé de la vertu et du courage de cette géné-
reuse lîUe luy dona dabort son congé , et la permission de
prendre parmy les otages ceux qu'elle voudroit ; elle
choisit les ieunes enfants que l'aage rendoit innocents.
Serims (vers 266). — C'est Vindex.
Matronis lugendus (vers 267). — Vindex en decouurant
la trahison de ceux qui vouloint rapeler Tar([uin auui'i
empêché qu'on ne le fit ; il meritoit par la d'être pleuré par
les femes qui luy auoint de l'obligation a sa mort par l'in-
terest qu'elles prenoint a Lucrèce violée par ce prince, et
qu'elles êtoint déliuréesde la crainte d'une pareille action.
Legum prima securis (vers 268). — Le 1®'' consulat dans
lequel on comança a porter des haches , comc une marque
de iustice.
Thersites (vers 271 ). — C'etoit un Grec lâche sans mérite
et sans qualité ; il ôtoit au siège de Troye ou au lieu de son-
ger a faire quelque belle action il s'étudioil a diuertir les
capitaines ; il y reussissoit si mal qu'a la lin Ulisse le tua
d'un coup de sceptre.
Macidai similis (vers 270). — Achille êtoit petit iils
d'iËaque, père de Pelée duquel nacquit Achille.
Vulcania arma (vers 270). — Homère écrit que Vulcain
a la prière de Thetis fît des armes pour son tils Achille.
— -223 —
Aut illud quod dicere nolo (vers 275). — Romulus et
Rhemus êtoiiiL fils de Mars et de Rhea Syluia , ils f eurent
nourris par une louue ; en disant qu'il ne veut pas dire ce
qu'ils êtoint il done lieu a decouurir l'infamie de leur
naissance cachée sous cette fable.
FIN
DE LA H** SATYRE.
SATYRA IX
1 Scire velim quare loties iiiihi, Nxvole, tristù
■2 Occiirras fronte obducta, ceu Marsya vicias.
3 Qiiid tibi cuiii vullu, qualein deprensus habebal
i Ravola, dum lUiodopes uda lerit i/ii/uina barba ?
0 Nos colaphum incutiinus lainbenti crustulaservo.
G Non erat Imc fade miserabilior Vreperejus
7 PoUio. qui IripHcem usuram prœstare paratus
8 Circuit, et fatuosnon invenit. unde repente
9 Tôt rugx ? certe modico contentus agebas
10 Vernam eqintem , conviva joro mordente facetus ,
u El salibus vehemens intima pomœria natis.
12 Omnia nunc contra : viil tus gravis , horrida sicca;
13 Silva comœ , nullus tota nitor in cute, qualem
14 Bruttia prsestabat calidi tibi fascia visci :
15 Sed fruticante pilo negleela, et squalida crura.
ic Quid macies ;egri veleris, quein teinpore longo
17 Torret quarla dies, olimque domestica febris?
i« Deprendas animi tormenla latentis in legro
19 Corpore, deprendas et gaudia : sumit utrumque
20 Inde Jiabituin faciès, igitur flexisse videris
■il Proposituni , et vitse contrarius ire priori.
22 Ntiper enim , ut repeto , fanum Isidis , et Ganyrnedem
23 Pacis et advectse sécréta palatia matris ,
24 Et Cererem (nam quo non proslat femina templo ?)
25 Notior Aufidio mœchus scelerarc solebas ,
26 Quodque laces, ipsos eliam inclinare maritos.
27 Utile et hoc multis vitx genus : at mihi nullurn
28 Inde operx pretium pingueis aliquando lacernas.
15
2-26
•-'» Muniinetila loy,T , duri, vriussiquc coloris
:îo El iiiak percus.sax textoris pectine Galli
31 Accipimus, lenue argcntwn , renwque secundée.
32 Fata regunt liomincs : fatum est et partibus ilHs ,
33 Quas sinus abscondil. nam si tibi sidéra cessant,
34 Nil faciet longi mensura incognita nervi ,
3ô Quamvis te nudum spwnanti Virro labello
36 Viderit , et blandw assiduw , densœque tabellse
37 Sollicitent. Autoç yàp IcpsXxExai avopa xi'vatSoç.
38 Quod tamen ulterius momtrum, quam mollis avarus
39 Hœc tribut, deinde illa dedi, mox plura tulisti.
io Computat , ac cevet. ponatur calculus, adsint
a Cum. tabula pueri. mimera sestertia quinque
a Omnibus i)i. rcbus : numcrenlur deinde labores.
43 An facile, et pronuui est agere intra viscera penem
a Legitimum ^ atqiie illic hesternœ occurrcre cœna;?
45 Servus eril minus ilte miser, qui foderit agrum ,
40 Quam dominum. sed tu sune tenerum et puerum te
47 Et pulcrum , et dignum. cyatho, cœloque putabas .
48 Vos liumili adseculw, vos indulgebitis unquam
4i) Cultori , jam née niorbo donare parati ?
50 En , cui tu viridem, umbellam , cui succina niittas
■'■1 Grandia, natalis quoties redit , aut madidum ver
ô2 Incipit. et strata posilus , longaque cathedra
.■)3 Munera fœmineis tractas sécréta Kalendis.
ô4 Die passer, cui tôt monleis , tôt prsedia servas
55 Apula tôt niilvos intra tua pascua lassos ?
56 Te Trifolinus ager fecundis vitibus implet ,
57 Suspectumqtie jugum Cumis , et Gaurus inanis.
58 Nam quis plura Unit victuro dolia musto ?
59 Quantum erat exhausti lumbos donare clientis
lio lugeribus paucis ? nieliusne liic rusticus infans
61 Cum matre, et casulis , et conlusore catello
62 Cymbala pulsa/itis legalum fiet amici?
63 [mprobus es , cum poscis , ait. sed pensio clamât .
64 Posce : sed appcllal puer unicus , ut Polyphemi
65 Lata acies , per quam sollers evasit Ulisses.
66 Aller emendus erit : namque hic non sufficit : ambo
67 Pascendi. quid agam bruma spirante ? quid , oro ,
— 227 —
>îR Quid dicam scapulis puerorum Aquilone Decembri .
«59 Et pedibus ? durate , a[que exspectate cicadas ?
70 Verum ut dissimules , ut mittas cxtera , quanto
71 Metiris pretio , qiiod ni tibi deditiis essem ,
72 Devoiusque cliens , uxor'tua virgo manerel ?
73 Scis certa quibus ista modis , quam sxpe rogaris ,
74 Et qus pollicitus. fugientem ssepe puellam
75 Amplexu rapui : tabulas quoque ruperat , et jam
76 Signabat. tota vix hoc ego nocle redemi
77 Te plorante foris. testis mihi lectulus , et tu,
78 Ad quem pervenit lecti sotius, et dominas vox.
79 Instabile , ac dirimi cœpttim , et jam psene solutum
80 Conjugium in multis domibus servavit adulter.
81 Quo te circumagas? qux prima, aut ultima panas?
82 Nullum ergo meritum. est ingrate, ac perfide, nullum ,
83 Quod tibi filiolus , vel filia nascitur ex me?
84 Tollis enim. . et libris actorum spargere gaudes
85 Argumenta viri. foribus suspende coronas ,
88 lam pater es : dedimus quod famx opponere possis.
87 lura parenlis habes , propter m,e scriberis hères ,
88 Legatum omne capis, nec non et dulce caducum.
89 Commoda praeterea jungentur multa caducis ,
90 Si numerum , si treis implevero. justa doloris
91 Nsevole caussa lui. contra lumen ille quid adfert ?
92 Negligit , atque alium bipedem sibi quwrit asellum.
93 Hsec sali commissa tibi cxlare mémento ,
94 Et tacitiis nostras intra te fige querelas.
95 Nam res mortifera est inimicus pumice lasvis.
96 Qui modo secretum commiserat , ardet , et odit ,
97 Tanquam prodiderim quidquid scio. sumere ferrum ,
98 Fuste aperire caput , candelam apponere r^alvis
99 Non dubitat. nec contem.nas , aut despicias , quod
100 His opibus nunquam cara est annona veneni.
101 Ergo occulta teges, ut curia Marlis Athenis.
102 0 Corydon, Corydon , secretum divitis ullum
103 Esse putas? servi ut ta-ceant : jumenta loquentur,
104 Et canis , et postes , et marmora. claude fenestras ,
105 Vêla tegant rimas, junge ostia, toUite lumen
106 E medio, taceanl omnes, prope nemo recumbat :
— e-^s —
107 Quod iamen ad cantum galli facil illc secundi ,
108 Proximus ante diem caupo sciet , audiel et qua;
109 Finxerunt pariter Ubranus , archimagiri ,
110 Carptores. quod enim dubitanl componere crimen
111 Fn dominos, quoties rumoribus ulciscuntur
112 Baltea ? nec deerit qui Le per compila quxrat
113 Nolentem, et miseram vinosus incbriet aurem.
114 Illus ergo roges quidquid pauLo ante petebas
115 A nabis, taceant iUi : sed prodere malunt
116 Arcanum , quam subrepti potare Falerni,
m Pro pupulo facicns quantum Laufelta bibebat.
118 Vivendum recte est cum propter plurima , lune his
ii'j Prœcipue caussis , ut linguas mancipiorum
120 Contemnas. nam lingua mali pars pessima servi .
121 Deterior tamen hic , qui liber non erit illis
122 Quorum animas et farre suo custodit , et mre.
123 Iccirco ut possim linguam conte innere servi ,
124 Utile consilium modo , sed commune , dedisti :
125 Nunc mihi quid siiades post damnum tetnporis , et spes
126 Deceptas? Festinat enim decurrere velox
127 Flosculus angustx , miserseque brevissima vitas
128 Portio : duin bibimus , dum serta , unguenta, puellas
129 Poscimus , obrepit noninlellecla. seneclus.
130 Ne trépida, nimquam. pathicus tibi deerit ainicus ,
131 Stanlibus, et suivis his collibus. undique ad illos
132 Convenient et carpenlis , et navibus omnes ,
133 Qui digilo scalpunt uno caput. altéra major
134 Spes superest : tu tan lui) t Erucis imprime dentem
135 Hsec exempla para felicibus : al mea Clolho
130 Et Lachesis gaudent , si pascitur inguine venter.
137 Û parvi , nos trique Lares: quos Ikure minulo,
138 Aut farre, et lenui soleo exorare corona,
139 Quando ego ftgam aliquid. quo sit mihi lula seneclus
140 A legete et baculo? viginti millia fœnus
141 Pignoribus positis , argenti vascula puri ,
142 Sed qusB Fabricius censor nolet , et duo fortes
143 De grege Mxsorum , qui me cervice locala
144 Securum jubeant clamoso insistcre Circo,
145 Sit mihi prxlerea curvus celator et aller,
— 2-20 —
146 Qui muUas fades fingit cito : sufficiunt hxc.
147 Quando ego pauper ero ? votum miserabile , nec spes
148 His saltem. nam cumpro me Fortuna rogatur,
149 Adfixit ceras illa de nave petitas .
150 Quw Siculos cantus effigit rémige surdo.
SATYRE IX
SUIET
Il t'ait rendre conte a Neuole de ce qu'il a fait dans la
débauche pour en représenter les véritables misères qui
sont inséparables d'une vie déréglée.
Marsyas (vers 2). — Marsyas êtoit tils d'Hyagins de qui
il auoit appris parfaitement la musique , et come il viuoit
dans un siècle grossier, il se fît une grande réputation ; il
eut asses de vanité pour ozer disputer auec Apollon qui le
vainquit et le punit de sa témérité.
Rauola (vers 4). — Adultère.
Nos colapkuîn (vers 5). — C'est une acclamation pour
aprendre a châtier les grands crimes puisqu'on châtie les
moindres fautes dans un valet.
Rhodopes (vers 4). — Courtisane.
Pollio Greperius (vers 6 et 7). — C'ètoit un home fort
riche ; les dépenses pour la table le firent deuenir si pauure
qu'il feut contraint de demander Taumone.
Siccâs comâB (vers 12 et 13). — Cheueux sans essançe.
Aduectce matris (vers 23 ). — On bâtit a la mère des
dieux un temple dans le palais de l'empereur.
Aufidius (vers 25). — Il n'est conuquepar ses adultères.
Argentum venas secundœ (vers 31). — Argent de la
moindre valeur, come on dit panis secundarius pain bis.
Veriiam cquitem (vers 10). — Vous viues si content
— -232 —
qu il seiiilili-' quo vous soyes né dans la inaisou d'un chcua-
lier. Les Romains apidoinl imia C(/in'.s un lionic rontenl.
Virro (vers 35). — (yèloit un honi»' lichc (|ui aynioit les
garçons.
Auto; y*? icpÉXxexai avSpa xîvaiûoç (vers 37). — G est a dire
qu'il y a beaucouj) de plaisir d'aymer les garçons.
Sed tu sane tener (vers 4G). — C'est Virron {|ui parle
pour dire qu'il a raison de ne rien douer a Xeuolc puis-
qu'il nètoit pas asses beau pour iuy douer du plaisir.
Dignum cyatlio (vers i7). — Digne dedoner a boire au.x
dieux, c'est a dire plus beau que Ganimede.
Vos (vers 48). — 0 riches, puisque vous ne doues rien
aux garçons qui vous douent du ])Iaisir il ne faut pas que
vos clients espèrent rien de vous.
Morbo (vers 49). — A voire passion , c'est a dire a ceux
qui contentent une passion déréglée.
Madidum ver incipit (vers 51 et 52 ). — Aux calandes de
mars ou le printems comence et les pluyes sont fort fré-
quentes ; dans les calandes on enuoyait des présents aux
femes , conie au mois de décembre pendant cinq iours les
homes s'en enuoyoint entre eux.
Die passer (vers 54). — Neuole parle.
Trifolinus (vers 56). — Dans la Campanie.
Gaurus {xeva 57). — Montaigne dans la Campanie près
de Bayes et du lac Auerne.
Jugum suspectum Cwmis (vers 57 ). — Cap de Myssene
que l'on voit de Cumes auaut.
Meliusne hic rusticus in fans (vers 60). — Le sens est
que le gain que faira un enfant au seruice d'un pbretre de
Gybele sera plus grand que celuy de Neuole. L'ordre de la
construction est ainsy ; Infans rusticus citm matre et casu-
— 233 —
lis et cum catello Lusore qui pauperrimus est et nihil habet
quam matrern et casulam et catellum ne fiet (nonne fiet),
hic (Romae), melius (cum rnaiori emolumento), legatus ,
internuntius amici pulsantis Cymbalas (sacerdotis Cybe-
lei). Ces pbretres ètoint d'uiie vie t'orl déréglée.
Improbus (vers 63). — Paroles de Virrun.
Sedpensio (vers 63). — Neuole.
Euasil misses {ver^ 65). — Ulisse. coiiie ecril Homère
9 liu. de rOdissée . ayant ôlé tourmenté pendant 9 iours
par une rude tempête dans le tenis ([uil pensoil arriuer
ches luy, il arriua ches les Lothophages peuples d'Affrique.
Ses compagnons ayant goûté des fruits du pays qui êtoint
des alisiers , lotus , lotos , ne vouloint pas suiure ; neag-
moints Ulisse les obligea daler auec luy ches les Gyclopes
dans la Sicile dont la terre produisoil sans être cultiuée ;
ils y arriuerent donc, Ulisse y decendit dabort pour
conoitre le lieu et les habitants : il entra tlans la cauerne
de Polypheme qui faisoit paitre ses troupeaux pendant ce
tems la ; ils trouuerent beaucoup de fromage , force
agneaux; dabort les compagnons d' Ulisse le prièrent de les
laisser charger de ces prouisions et de s'en retourner a
leurs nauires. Ulisse voulut attendre Polypheme dans
l'espérance d'en receuoir quelque présent par droit d' hospi-
talité ; le Gyclope arriue auec ses troupeaux et ferma
dabort la porte de l'étable avec un rocher ; il demanda fiè-
rement a ces Grecs qui ils êtoint , ils luy repondirent qu'ils-
êtoint de Grèce et de la flotte d'Agam^nnon. Polypheme
sans les interroger dauantage en prit deux et les deuora.
Ulisse eut recours a son adresse ordinaire ; il auoit
aporté de fort bon vin que Manon pbretre d'Apollon luy
auoit doné ; il en présenta au Gyclope qui le trouua de
.X.
^.tj(>j
^V
— 234 —
son goût, et promit en reconoissance de ne manger Ulissc
que le dernier, mais les vapeurs de ce vin ayant causé un
profond someil a Polypheme, Ulisse luy creua son œil
avec un cheuron ([uil luy laissa dans la playc : la douleur
l'eueilla et luy Ht laire des crys qui eueillerent tous les
autres Cyclopes. Polypheme ne laissa pas de mener paitre
ses troupeaux ; Ulisse attacha chaqu'un de ses compagnons
sous le ventre d'une brebis , il s'y attacha luy même et sor-
tit sans que Polypheme y prit garde.
Durate (vers 69). — C'est Neuolc qui parle.
ûedimus quod famiE opponere possis (vers 86). C'est a
dire ie t'ai doné de quoy te mètre a couuert de ceux qui
croyent que vous aymies les garçons et que vous ne voyies
pas votre terne.
Scribitur liwres (vers 87). — La loy Papia priuoit les
enfants d'une partie de leurs biens. Arcadius et Honorius
abrogèrent cette loy.
Legatum omne capis nec non et duloe caducimi (vers
88). — Caducum se dit de tous les biens qui passent du
légitime héritier entre les mains d'un autre. Cadtica
hsereditas, héritage vacant faute de possesseur. Cadu^ca
bona, fonds de main niort(^ (fui vienl au seigneur. Legatum
un legs, ce qui a êtédoni' jtar testament.
Si très impleuero (vers UO). — Coluy qui auoit 3 enfants
a la ville ou o en Italie ou sept en prouince êtoit exempt de
tutele.
Curia Martis (vers 1U1 ). — (Test Tareopage ou Mars fut
iugé par 12 dieux et absous du crime d'homicide dont il
êtoit accusé. On iugeoit dans celte cour pendant la nuit et
sans lumière afin qu'on ne prit pas garde a ceux (|ui par-
loint mais seulement a ce qu'on disoil.
— 235 —
0 Corydon (vers 102). — 0 Neuole. Ce nom est pris icy
pour celuy d'un fou a cause d'un vers de Virgile.
0 Corydon , Corydon , qiue te deinenlia cœpii.
LaufeLla [\ei-^ 117). — Elle aynioil iVtrl !•■ viii. c'est par
la seulement qu'on la conoil.
Deterior tamen (vers 121). — Un niailr(' débauché est
au dessous de son valet étant obligé de le ménager atin
qu'il ne decouure pas ses crimes.
Clotho, Lachesis , Atropos (vers 185 et 136). — Ce sont
les 3 Parques ; on feignoit qu'elles iiloint la vie des homes,
c'est pour cela qu'on prend les 3 Parques pour la vie même.
Fabricius (vers 142). — Pendant qu'il ôtoit encore cen-
seur, il accusa son collègue deuant le Sénat parcequ'il auoit
une bouteille d'argent qui pesoit plus de dix liures. ce qui
auoit été deffendu aux senateuis.
Mœsorum (vers 153). — La Mcesie enuoyoit a Rome des
porteurs fort vigoureux : ce pays est sur le Danube près du
pont Euxin et près de la Pannonie.
De naue petitas (vers 1 49 ). — Les Syrenes étoint 3 sœurs
filles d'Achelous et de la muse Calliope : elles habitoint sur
le riuage de la Campanie : les nauires ([ui passoint la fai-
soint presque tous naufrage parceque les matelots attirés
par la douceur du chant de ces Syrenes se iettoint dans la
mer. Ulisse pour euiter ces eccueils tit boucher les oreilles
de ses compagnons auec de la cyre et se tit attacher au mat
du nauire , après leur auoir ordoné de ne pas le détacher
quelque signe qu'il leur fit.
FL\
I) V. LA î)*' S.\T VUE .
SATURA X
1 Omnibus in terris , qux sunt a Gadibus usqiie
2 Auroram , et Gangern , paiici dignoscere possunt
3 Fe?'a bona , atque illis multuni diversa , remota
i Erroris nebula. quid enim ratione timemus ,
ô Aut cupimus ? quid tam dextro pede concipis , ul te^
6 Conatus non pœniteat , votique peracti?
1 Evertere domos iolas optantibus ipsis
8 DU faciles, nocitura toga , nocitiira petuntvr
!» Militia. torrens dicendi copia rnultis
10 Et sua viortifera est facundia. viribus ille
1 1 Confisus periit , admirandisque lacertis.
12 Sed plureis nimia congés ta pecunia cura
13 Slrangulal, et cicncta exsuperans patrinionia census ,
1 i Quanta Delphinis balxna Britannica major.
lô Temporibus diris igitur, jussuque Neronis
iH Longinum, et magnos Senecas prasdivitis hortos
17 Clausit , et egregias Lateranorum obsidet aides
18 , Tota cohors : rarus venit in cienacula miles.
19 Pauca licet portes argenti vascula puri ,
-'0 Nocte iter ingressus , gladiwu , contumque timebis.
■il Et motœ ad Lunam trepidabis arundinis umbram :
22 Caniabit vacuus coram latrone viator.
23 Prima fere vota, et cunctis notissima templis
24 JHvitia;, crescant ut opes, ut maxima loto
25 Nostra sit arca foro. sed nulla aconita bibuntur
2G Fictilibus : tune illa tiine, cum pocula sûmes
27 Gemmata , et lato Setinum ardebit in auro.
2» lamne igitur laiidas, quod de sapientibus alter
29 Ridebat, quoties de limine moverat unum ,
— 238 —
30 Protuleratque pedem : /lebal contrarius auctor '*
31 Sed facilis cuiins rigidi censura cacinnni :
32 Mirandum est, unde ille ocuUs suffeceril humor.
33 Perpétua risu pulmonem agilare solebat
34 Democrilus , quanquam non essent urbibus illis
35 Prxlexta, et trabœ, fasces, lectica, tribunal.
36 Quid, si vidisset prxtorem curribus altis
37 Exstantem, et medio sublimem in pulvere Circi
38 In tunica lovis , et pictx Sarrana ferrentem
39 Ex humeris aulxa tog/e , magnœque coronx
'lO Tantum. orbem , quanta cervix non sufficit ulla ?
41 Quippe tenet sudans kanc publicus , et sibi consul
i2 Neplaceat, curru servus portatur eodem.
43 J)a nunc et volucrem , sceptro qux surgit eburno ,
44 lUinc cornicines , kinc prsecedentia longi
'i5 Agminis officia, et niveas ad frena Quirites ,
46 Defossa in laculis, quos sportula fecit amicos.
47 Tum quaque materiam risus invetiit ad omneis
48 Occursus hominwn , cujus prudentia monstrat
49 Summos passe viras, et magna exempta daturos
50 Vervecum in patria, crassoque sub aère nasci.
51 Ridebat curas, nec non et gaudia vutgi :
52 Interdum et lacrgmas, cuni fortunœ ipse minaci
53 Mandaret laqueum, mediumque ostenderet unguem.
54 Ergo supervacua aut pernitiasa petuntur,
55 Propter quw [as est genua incerare Deoruin.
56 Quosdam précipitant subjecta potentia magna;
57 Invidix, mergit l.onga atque insignis honorum
5S Pagina, descendant statuar restemqtie sequuntur.
59 Ipsa'i deinde rotas bigarum. impacta securis
60 Cxdit, et immeritis franguîitur crura caballis.
61 lam strident ignés, jam follibus atque caminis
62 Ardet adoratum populo caput , et crepat ingens
63 Seianus : deinde ex fade loto orbe secunda
64 Fiunt urceoli, pelves, sartago patellx.
65 Pane dumi laurus , duc in Gapitolia magnum .
66 Gretatumque bovem : Seianus ducitur unco
67 Spectandus : gaudent omnes. qux labra ? quis illi
68 Vultus erat? nunquon, si quid milii credis, aniavi
— 239 —
«» Hune Itominem . sed quo cecidit sub criiinne ? quisnam
70 Delator'^ quibus indicibm , quo teste probavit y
71 Nil horum : verbosa et (jrandis epiitola venit
VI A Capreis : bene liabet; nil plus interrogo. Sed quid
73 Turba Rémi? sequilur forlunani, ul semper, et odit
74 Damnatos. idem populus, si Nurtia Thusco
7r> Favisset , si oppressa foret secura senectus
76 Principis , hac ipsa Seianwn diceret hora
77 Aiigustum. jam prideni, ex quo suffragia nulli
78 Vendiiniis, e/fudit curas, nain qui dabat olim
79 Imperium, fasceis, legiones, omnia, nunc se
•^0 Continel, atque duas tanlutn res anxius optât.
81 Panem, et Circenses. perituros audio multos
82 Nil dubium : magna est fornacula : pallidulus mi
83 Brutidiiis meus ad Martis fuit obvius aram.
84 Quam timeo, victus ne pœnas exigat Aiax,
85 Ut maie defensus ! curramus précipites , et ,
86 Dum jacet in ripa, calcemus Cœsaris hostem.
87 Sed videant servi, ne quis neget, et pavidum in jus
88 Cervice obstricta dominwn trahat. hi sermones
89 Tune de Seiano, sécréta hœc murmura vulgi.
90 Vis)ïe salutari sicut Seianus, habere
n Tantundem, atque illi summ,as donare curuleis ?
32 Illum exercitibus pneponere ? tuior haberi
93 Principis Augusta Caprearum in rupe sedentis
94 Ciim grege Chaldœo ? vis certe pila , cohorteis ,
95 Egregios équités, et castra domestica ? quid ni
96 HsBc cupias ? et qui nolunt occidere quenquam ,
97 Posse volunt. Sed quw prwclara , et prospéra tanti ,
98 Ut rébus laelis par sit mensura malorum ?
99 Hujus, qui traliitur, pnetextam sumere mavis :
100 An Fidenarum, Gabiorumque esse potestas,
101 Et de mensura jus dicere. vasa minora
102 Frangere pannosus vacuis Mdilis Ulubris ?
103 Ergij quid optandum foret, ignorasse fateris
104 Seianum. nam qui nimios optabat lionores ,
105 Et nimias poscebat opes : numerosa parabat
106 E.:relsm turris tabulata, unde altior esset
107 Casus, et impulsx pneceps immane ruiniB.
— 540 —
08 Quid (Jrassox , (juid Pompeios evertit Y et ilhiiri ,
Oit Ad sua qui dotinios deduxil flaçira Quiritesy
10 Summus ■nempe locus nuJla non arle petitus ,
n Ma(/naque numinibus rota cxaiidita malignis.
1-' Ad generum Cereris sine cwde , et vulnere pauci
13 Uesoendunt lièges, et sicca morte tyranni.
14 Eloquium, aut f'amam Demosthenis, aut Ciceronis
lô Incipil optare, et totis Quinquatribus optât,
16 Quisquis adlmc uno partant colil anse Minervani ,
17 Quevi sequilur custos angustx vernula caps,r
is Eloquio srd uterque périt orator : xitrumque
19 Largus , l't cnindans letho dédit ingenii fons.
20 fngenio inanus est, et cervix crsa, nec unquani
21 Sanguine caussidici maduerunt rosira pusilti.
22 0 fortunatain iiatain. ■tue consule Rotnam.
23 Antoni gladios potuit contetnncre, si sic
24 Oituiia dixisset. ridenda poëniata titalo ,
25 Qiiam te conspicuie divina Philippica famœ ,
26 Volveris a pritna qux proxittta. sxvus et iltwtt
27 Exitiis eripuit, queiti mirabantur Athenx
2s Torrentetn, et pleni moderantem frena theatri.
29 Diis ille adversis genitus, fatoque sinistro,
30 Quem pater ardentis massx fuligine lippus
31 A carbone, et f'orcipibus, gladiosque parante
32 Inciide, et luteo Vulcano ad rltetora misit.
33 Bellorwti extivise, truncis affixa tropxis
34 Lorica , et fracta de casside buccula pendcns ,
35 Et rurtuitt temone jugum, victxque triremis
36 Apiustrc, et suiitmo tristis captivus in arcu,
37 Hutnanis tttajora bonis credunlur : ad hoc se
38 lioinanus, Graiusque, ac Barbarus induperator
39 Erexit : caussas discrititinis , alque laboris
40 Inde habuit. Tanto ttiajor famw sitis est, quatn
41 Virtulis. Quis Emyi virtutem amplectitur ipsam,
42 Prœtaia si toi tas ? palriatn tanien obruit olim
i3 Gloria paucoruit} , et taudis, tittitique cupido
44 Hxsuri saxis cineruttt ciistodibus : ad quœ
45 Bisculienda valent sterilis titalu robora ficus :
46 Quandoquideiit data stmt ipsis quoque fata sepulcris.
— -241 —
u" Expende Hannibale)u : quoi libras in Duce suintno
14S Jnvenies? hic est, qiiem non capit Africa Mauro
149 Percussa Oceano, Niloque admota tepenti.
130 Rursm ad .'Ethiopion populos, altosque elephantos
151 Additur imperiis liispania : Pyrenxum
152 Transilit. opposuil natura Alpemque, nivemque :
153 Didiicit scopiilos, et montem rumpit aceto.
154 lam tenet Jtaliaiii : tamen ultra pcrgere tendit.
155 Actum, inquit, niliil est, nisi Pœno milite portas
156 Frangimus, et média vexillumpotio Suburra.
157 0 qualis faciès, et quali digna tabella,
158 Cum Getula diicem portaret bellua luscum !
159 Exitus ergo quis est? o gloria! vincitur idem
160 Nempe, et in exsilium prxceps fugit, atque ibi fnag/tun
161 Mirandusque cliens sedet ad prsetoria Régis ,
162 Donec Bithyno libeat vigilare tyranno.
163 Finera aniime, quée res humanas miscuit olim .
164 Non gladii, non saxa dabunt, nec tela, sed ille
165 Gannarum vindex, et tanti sanguinis ultor
166 Anulus. i, démens, et saevas curre per Alpeis ,
167 Ut pueris placeas, et declamatio fias.
168 Unus Pelleo jtiveni non sufficit orbis :
169 jEstuat infelix, angusto limite mundi ,
170 Ut Gyarae clausus scopulis, parvaque Seripho.
171 Cum tamen a figulis munitam intraverit urbem ,
172 Sarcophago contenlus erit. Mor^ sohx fatetur,
173 Quantula sinl hominurn corpuscula. creditur olim
174 Velificatus Athos, et quidquid Grxcia mendax
175 Audet in historia : constratiim classibus iisdem.
176 Suppositumqiie rôtis solidum mare, credimus altos
177 Defecisse amneis, epotaque flumina Medo
178 Prandente , et madidis cantat quie Sostratus alis.
179 [lie tamen, qualis rediit Salamine relicta ,
180 In Corum, atque Eurum solitus swvire flagellis
181 Barbants, Molio nunquam hoc in carcere passos ,
182 Ipsum compedibus qui vinxerat Ennosigœum ?
183 Mitius id sane, quod non et stigmate dignum
184 Credidit huic quisquam vellet servi r e Deorum!
185 Sed qualis ridiil ? nempe una nave cruentis
Iti
— •24i> —
)>*« Pliiclibus. (ir larda per detisa cadavcra prura.
1H7 Has loties opUUa exegit (jloria pœnas.
188 I)a spathun vitœ, multos da luppiter annos :
189 Hoc recto vultu solum hoc et palUdiis optas.
mo Scd cjiiam continuis, et quantis longa senectus
191 Ptetia malis : deformem, et tetrum anie omnia rultum
192 Dissimik'inque sui deformem pro cute pellem.
103 Pendenteisqiic gênas, et tnleis adspice riigas,
194 Qualeis umbrifcvos uhi jiandit Tabraca sattus,
i9j In xH'Àula scatpit jam mater simia bucca.
i9i; Ptnriina sunt juvenum dixcriinina : pulcriur illr
ii'7 Hoc, aiqnc illr alio : iiiiiIIkih hic mbusUor illo.
195 IJiia scmim faciès, cum voce trnnenlia membra.
199 El Jani Lrve caput, madidiqiie infantia nasi.
■-'00 Frangendus misera gingiva panis inermi.
-'01 Usque adeo gravis u.vori, gtialisqne, silnqar.
•-'02 Ut captatori moiieat fastidia Cosso.
203 Non eadem rini, atqnc cibi torpente palato
204 Gaudia : nam. coitusjata longa oblivio : vêlai
205 Coneris , jacet c.viguus cum ravice nervus ,
206 Et, quamvis tota palpetur nocle, jacchit.
■i(i'i Anne aliquid sperare potest Jtxc inguinis xgri
208 Canities ? quid, quod nierito suspecta libido est.
209 Qiue Venerem affectât .mie viri bus? adspice partis
210 Nunc damnnm altrrius., nam qiue cantante volupta.s :
211 SU licct e.rimius cilliar.rdo sire Seleuco
212 Et qidbus aurata mos est fulgere lacernay
213 Quid rcferl magni sedeat qua parte Ihealri .
21 i Qui vi.r cornicines craiidie'. alque tubarxim
215 Concentus? clamore opiis est, ut sentiat auris,
216 Qucm dicat vrnisse puer, quot nunciet horas.
217 Pr.etcrea oiinimus gelidojam in corpore sanguis
21K Febre calet snla : drcumsilit agmine facto
219 Morborum omne genus : quorum si nomina quseras,
220 Promtius expediam. quoi amaverit Hippia mœchos,
221 Quot Themison segros auturano occiderit uno,
222 Quot Basglus socios , quoi circumscripserit Hyrrus
223 Pupillos : quot longa viras cxsorbeat tino
224 Maura die . quoi discipulos inrlinet H ami Uns ,
■>i!> Percurrani citivs, naot villas posaideal mine,
•226 Quo tondzntc gravis javeni niihi barba sonabal.
227 Ille Jiuuiero, hic lunibis, hic coxa debilis, ambos
228 Perdidit ille oculos, ei luscis invidet. hujus
229 Pallida labra cibiim accipiunt digitis alienis.
230 Ipse ad conspectwn cenx! diducere rictum
231 Stietus, hiat tantum, ceu puUus hirundims, ad qunn
232 Ore volât pleno mater jejuna. sed onini
233 Membrorum damno major demoUia : qu;e nec
234 Nomma servonim, nec vulttim agnoscit aniicî.
235 Cum (juo pr^tcrita cenavit noctc, nec illos
236 Quos genuit, quos eduxii. nam codicc sxvo
237 Heredes vetat esse suas, boiia tota frnmtur
238 Ad Phjialem : tantum arlificis valet lialitus oris,
■-'39 Quod steterut )indHs i)i carccre fornicis annis.
240 Ut vigeant sensus animi ducenda lamen sunt
211 Fiineru gnatorum, rogiis adspiciendus amatx
242 Conjugis, et fvairis, plcnxque sororibus urufe.
243 Hœc data pœna diu viventibus, ut renovata
244 Semper clade domus multis in luctibus, inque
245 Perpetuo mœrore, et nigra veste senescani.
2'.fi Rex Pylius , magno si quidquam credis Homero,
247 Exemplum vitœ fuit a comice secimdx.
248 Félix 7iimirum, qui lot per sascula mortem
249 Distulit , alqtie suas jani dextra computat annos ,
2."io Quique novum loties mustum bibit : oro, parumper
251 Attendas, quantum de legibiis ipse queratur
252 Fatorum, et nimio de staminé, cum videt acris
253 Antiloqui barbam ardenlem : cum quxrit ab omni,
254 Quisquis adest socius : cur hsec in tempora durel ,
255 Quod facinus dignum tam longo adiaiserit sevu.'
256 H/pc eadeni Peleus, raptum cum lugct Achillem,
257 Atqtie alitis, cui fas Ithacum lugere nalantem..
25a Incolumi Troia Priamus venisset ad umbras
259 Assaraci magnis solennibus , Hectore funus
260 Parlante, ac reliqtds fralrum cervicibus , inter
201 Iliadum lacrymas, ut primas edere planctus
262 Cassandra inçiperët, scissaque Polyxena palla :
263 Si foret exstinctus diverso tempore quo non
■2M Cœperat audaces Paris aidificare carinas.
2CÔ Longa dies igilur quid conlulit ? omnia vidit
•i66 Evcrsa, et flammis Asiam, ferroque cadenteni
267 Tune miles tremulus jiosila lulit arma liara ,
■268 Et mit ante aram sumini lovis, ut vetulus bos,
269 Qui domini cultris tenue, et miserabile collum
270 Prœbet, ab inçirato jam fasliditus aralro.
-'71 Exitns iUe utcunique hominis : sed torva raninu
272 Latravil rirtu, qux pust hune vixerat, uxor.
273 Festino ad nostros , et Regem transeo Ponti .
274 Et l'rœsu)!!, quem. voxjusti facunda Solonis-
275 Respichre ad long/e Jussit spatia ullima vit3e.
27fi Exilium, et earcer Mintwnarumque paludes ,
277 Et mendicatus victa Carthagine punis ,
278 Hinc caussas habuere. quid illo cive tulisset
279 Natura in terris, <juid Roma beatius unquam^
280 Si circumducto captioorum agniine , et omni
281 Bellorum- pompa, animam exhalasset opimam.
282 Cum de Teutonico vellet descendere curru ?
283 Provida Pompeio dederat Campania febreis
284 Optandas : sed multse urbes , et piiblica vota
285 Vicerunt igitur fortuna ipsius , et urbis
28fi Servatum victo capul abstulit. hoc cruciatu
287 Lentulus, ac pœna caruit, ceciditque Cethegus
288 Integer, et jacuit Catilina cadavere toto.
289 Formam optât mcdico pueris, majore puellis
290 Murmure, cum Veneris farum videt anxia mater
291 Usque ad delicias votorum , cur tamen , inquit ,
292 Corripias f paiera guudel Latona Diana.
293 Sed vetat uptari facieni Lucretia, qualem.
294 Ipsa habuil. cuperet Rutila; Virginia Gibbum
295 Accipere, atqùe suam. Rulilse dure, /llius autem
•296 Corporis cgregii, niiseros, trepidosque parentes
297 Semper habet. R.\ra est adeo coneordia formx,
298 Atque pudicitise, sanctos licet horrida mores
299 Tradiderit domus , ac veteres imitata Sabinas :
300 Prwterca eastum ingenium, vultumque modesto
301 Sanguine ferventem tribuat natura benigna
302 Larga manu 'quid enim puern conferre potest plus
— -245 —
303 Custode, et cura natura potentior omni?)
304 Non licet esse viros : nam prodiga corruptoris
305 Improbitas ipsos audet tentare parentes.
306 Tanta in nunieribus fiducia nuUus epliebuui
307 Deformem sxua castravit in arce tyrannus :
30S Nec pnetextatum rapuit Nero loripedeni^ nec
300 Strumosum, atque utero pariter, gibboque Iwnentem.
310 1 mine, et juvenis specie Ixtare tui, quem
311 Majora expcctent discrimina, fiet adulter
312 Publicus, et pxnas metuet, quascunque inariti
313 Irati debent : nec erit felicior astro
314 Martis, ut in laqueos nunquam incidal. c.rigit autem
315 Intcrdum ille dolor plus, quam lex ulla dolori
316 Concessit, necat hic fcrro, secat ille cruentis
317 Verheribus, quosdam mœchos, et nmgilis intral.
318 Sed tuas Endijmion dilcctôe fiet adulter
31» Matrona' : inox cum dederit Servilia numinos,
320 Fiet et itlius , quam non amat : exuet omnem
321 Corporis ornatiim. quid enim ulla negaverit udis
322 Inguinibus , sive est héec Hyppia, sive Catulla ?
323 Deterior totos habet illic femina mores.
324 Sed casto quid forma nocet? quid prof ait immo
325 Hyppolito grave propositum ? quid Bellerophonti ?
326 Erubuit nempe hsec, ceu fastidita repulso.
327 Nec Sthenobœa minus quam Cressa excanduil, et se
328 Concussere ambx. Mulier sœvissima tune est,
329 Cum stimulas odio pudor admovet. elige quidnaiu
330 Suadendum esse putes, cui nubere C'csaris uxor
331 Destinât, optimus hic , et formosissimus idem
332 Gentis patricix rapilur miser extinguendus
333 Messalinœ ocuHs : dadum sedet illa parato
334 Flameolo, Tyriusque palam Genialis in horlis
335 Sternitur, et ritu decies centena dabuntur
336 Antiquo : veniet cum signatoribus auspex.
337 Hxc tu sccrcta, et paucis commissa putabas .
338 Non, nisi légitime, vult nubere : quid placcai, die :
339 Ni parère relis, pereundum erit ante lucernas.
349 Si scelus admittas, dabitur moraparcula, dum res
341 Nota nrbi el populo conlingat Principis aureis
— 246 —
342 Dedecus ille domiis sciel uUivius : iiUerea lu
343 Obsequere imperio, sit tanti vita dierum
344 Pauconoii , quidquid melius. leviusque piilaris,
345 Prœhenda est (jladio pulcra hiec, et cundida cervix.
346 Nil ergo optabunt hontiaes? si consilium vis,
347 Permutes ipsis expendere Numinibits , quid
348 Conveniat nobis , rebusque sit utile noslris.
34!» Nam pro jiicundis aptissima qu^rque dahiint DU.
350 Carior est illis homo, quam sibi. nos animovum
351 Impulsu , et cxca , magnaque cupidine ducii ,
352 Conjugium petimus , partumque uxoris : at illis
353 Notum, qui pueri qualisque futura sit uxor.
354 Ut lamen et poscas aliquid, vovcasquc sacellis
355 Exta, et candiduli divina tomacula porci :
356 Orandum est , ut sit mens sana in corpore sano.
357 Fortem poscc animum , mortis terrore carentem :
358 Qui spatium vitx extremum inter numera ponal
359 Naturx , qui ferre queal quoscunque labores ,
360 Nesciat irasci , ciipiat niliil , et potiores
361 Herculis xrumnas credat, sxvosque labores,
362 Et Vencre, et cenis, et pluma Sardanapali .
363 Momtro , quod ipse tibi possis dare. Semita cerlc
364 Tranquillœ per virtutem palet unica vitic.
365 Nullum Numcn habes , si sit pvudenlia : nos te
366 Nos facimiis, Fovtuna , Deam , cœloque locamus.
SATYRE X
ïsUIET
luueiial fail voir dans cette satyre la vanité de nos désirs
et l'inconstance de la fortune.
Qua'. sunl a (jadibiis nsque (vers I ~. — Gades est une
ville d'Espagne apelée maintenant Gadis que Ciceron dans
l'oraison pour Coni. Balbus apele la fin des trauaux
d'Hercule parcequ'elle est i)roche du détroit de Giljraltar qui
en est la véritable tin.
Gangem (vers 2). — Le plus grand llcuue des Indes qui
les sépare parle beau milieu et entraine auec luy un sablon
d'or inestimable : il t'eut apelé Ganges de Gange roy des
Ethyopiens. On croit que son origine vient du paradis ter-
restre parceque les Grecs Tapelent Phison et que la Sainte
Ecriture dit que c'est un de ceux qui en sortent ; il arrose
toutes les années la campagne voisine de même que le Nil ,
et sort selo n quelques uns des montaignes des Scythes et
qu'il deuient plus rapide dans sa course par la quantité
d'eau que 30 Ileuues luy douent : sa plus petite largeur est
de 8000 pas et sa plus grande de 20000.
Longimim (vers 16). — Néron fit tuer Cassius Longin
et Seneque pour auoir leurs richesses : il lit la môme chose
a Lateran qui êtoit consul.
— 248 —
Setinum (vers 27). — \^in de la (lampaiiic
Alter de sapientibus (vers 28). — Dciiiocnto lioit en
sortant de ches liiy, Heraclite au i-unliairf pleuroit ; les
actions des homes paroissoinl a liiii di.'s misères el a laulrc
des folies.
Medimn et crepat inge/is Seianus [\ei's 62 et 63). —
Seian etoit fauory de Tybere et t'eut consul auec luy, il eut
la charge de préfet du prétoire , et on auoit eleué dans Rome
beaucoup de ses statues; le crédit (|u'il auoit auprès de
l'empereur etoit si .maiid (|U(^ l'on celehroit un<- l'èle au iour
de sa naissance
Quid (vers 36 ). — Il faut entendre f'ecisset.
Ne sibi placeat (vers 41 et 42). — Les Romains vou-
lurent que celuy qui entreroit en triomphe dans Rome eut
sur son char un esclaue pour le faire souuenir ([uil ètoit
home afin (juil n'eut pas de la vanité.
Volucrem (vers 43). — L'aigle romaine.
Ad frena Quirites (vers 45). — Il y auoit des Romains
qui menoint par la bride les chenaux du char de triomphe ;
ces Romains êtoint vêtus de blanc, niuei.
In patria Vcruecuni {\tY^ 50). — Dans la Bœotie ou
Democrite auoit sa patrie , dAbdere lieu désert et fait plutôt
pour les animaux que pour les homes.
Mandaret iaqiieum , niediumquc oslenderct unguem
(vers 53). — Democrite enuoyoit une corde a la fortune
pour se pendre , et luy montroit le doit du milieu qui êtoit
une manière de mocquerie.
Quosdam prsecipitant {\Q^i'9, 56). — luueual lait voir par
l'exemple de Seian que les grandeurs sont souuent la cause
de la perte des homes.
Pone domi lauros (vers 65). — Ces paroles sont du
— 24!» _
peuple qui insulte a Seian , elles s'adressent a Tybere pour
luy témoigner le plaisir qu'il a de le voir deliuré de son
ennemy, car il vouloit s'emparer de toute sa puissance.
A Capreis (vers 72). — Isle de la Campanie ou Tybere
se plaisoit fort.
Sed quid (vers 72). — C'est le poète qui parle ; il faut
entendi'e fecit, come l'on fait souuent lors que quid est
seul auec interrogation.
Thusco (vers 74). — Seian ètoit Etrurien ou Toscan.
lam pridem ex quo (vers 77 ). — Le sens est , il ne faut
pas s'étoner que le peuple eut doué l'empire a Seian si
Tybere êtoit mort , et qu'il n'eut pas pris pour luy même le
gouuernement de la republique , parceque depuis qu'il êtoit
sous le ioug il auoit oublyé sa liberté . il ne se metoit plus
en peyne que des ieux du cirque . de ceux de Pan ou
Lupercaux.
Perituros (vers 81 ). — Ce sont les paroles du peuple qui
croit que les amys de Seian périront.
Magna est fornacula (vers 82). — Cecy regarde la colère
de Tybere, et l'explication est, l'empereur est enflamé de
colère , ou bien il y a beaucoup des gens qui périront come
Seian , (|ui seront dans la même fournaise . dont les statues
seront brûlées.
Brutidius (vers 83). — C'est un nom inuenté.
Aiax{yQv^ 84). — Fils de Talemqn et d'Hesione ; il dis-
puta les armes d'Achille contre Ulisse , mais ayant été
vaincu il se tua de chagrin.
Chaldœo (vers 94). — Tybere consultoit souuent le
mathématicien Trasyle sur l'auenir, il êtoit Chaldeen. *
Ukobî^is (vers 102). ^ — Petite ville d'Italie fort déserte.
Quid Crassos (vers 108). — Crassus le père et le fils
— ■2:^^\ —
feurenl. eimoyés (;uiiUc les l*ai'lli(.'r5 , ils y icurciiL vaincuti ;
le père eut la tôle tranchée a laquelle on Ht âualer de l'or
l'ondu pour se veii<;er du désir iiisalialdc i[u il auoit poiu'
les richesses des Parlhes ; le tils l'ui encore la tète tranchée
([u'on exposa a la veue du camp de Crassus.
Pompeios {\ers 108). — Pompée l'ut vaincu par Gesar
dans les champs de Pharsalc et tué ])ai- Ptolomée roy
d'Ef^ypte ; ses enfants Cneins et Sextus (|ui arnioiut lorte-
inent en Espaitiic près de la \ ille de Monda j'i-ui'eiil encore
delfaits par Gesar.
Ad sua qui domitos deduxil flagra Quirites (vers 109).
— Il parle de Sylla , de Ginna ou plutôt de Jules Gesar qui
feut tué dans le Sénat de 23 blessures par Brutus et Gassius.
Generum Cereris (vers 112). — Gest Pluton.
Totis quim/iiafr/hii.s (vers Hô). — Ces fêles l'eurent
instituées a l'honeur de la déesse iVIinerue ; elles duroint
cinq iours.
Anfonii gladios poluii contcinnerc- (vers 123). —
Popylius Lena l'ut employé par Anthoine pour couper les
mains et la ti^te a Giceron (|ui l'eurent exposées au uiènie lieu
ou il auoit harangué contre M. Anthoine.
Quem mirabmilur Athenœ {\ev» 127). — Gest Demos-
thene qui ayant apris Tarrinée d'Antipater et de Graterus
s'enfuit dans la Thracc ou étant poursuiuy iuscju'a un
autel de Neplune ou il s'étoit mis en seureté , il s'empoi-
sona luy même pour ne pas toud)cr entre les mains de ses
enemys.
Suburra {vers 156). — Lîn des heaux (|uarli(>rs de Rome
fîomcrm/5 (vers 138). — .Iules Gesar, Marc Anthoine.
GroAusque (vers 138). — ■ Themislocle. Myltiade qui
eurent une hn funeste.
— -J.M —
Barbarus (vers 138). — AnnUbal.
Getula bellua (vers 158). — Elephanl.
ûonec Bijthino Libeat vi(/i(are ti/ra/i/w i vers i62). —
Anuibal ayant été vaincu i)ar Scipion dans l'Âtlrique feut
chassé de sa patrie Carthage , et contraint de se retirer près
d'Antyochus roy de Syrie , c[ui l'abandona après qu'il eut
été vaincu par les Romains dans une guerre qu'il auoit
entreprise par son conseil : ensuite il se retira près de Pru-
sias roy de Bythinie: mais Flaminius le demandant pour
le mener a Rome, et Prusias n'ozant le refuser aux
Romains, il se lit mourir par un poison qu'il gardoil sous
l'agneau dune bague.
Pelleo iu'ueniiverà 168 . — Alexandre, parceque Pellée
est une ville de Macédoine. Plutarquc di! ([ue lephylosophe
Anaxarque ayant long lems parlé deuant Alexandre pour
prouuer ([u il y auoit plusieurs mondes . ce ieune prince
témoigna de la douleur a ses fauorys de ce qu'il y auoit tant
de peyne a se rendi-e maitre de celuy cy.
Cum tamen a figuUs munitam intrauerit iirbern (vers
171). — La ville de Semiramis; c'est Babilone que Semira-
mis lit bâtir de brique : c'est pouu{uoy il l'apele a figutis
munitam. Alexandre y mourut empoisoné par la conspira-
tion d'Antipater (|u'il auoit laissé irouuerneur en Macé-
doine.
Qui vinxerat Enn usi (/cmi/ni [vei-i^ \S-2). — Qui auoit lié
Neptune ; c'est un terme grec qui signitie qui ébranle
la terre.
Athos (vers 174). — Montaigne de la Macédoine qui
s'étend iusqu'a la mer ^gée. Xerces venant dans la Grèce
la fît percer pour y faire passer la mer et sa fiole.
Solidum mare (vers 176). — Un pont sur l'Hellespont
que Xerces y lit buLii- depuis iScslus lusqucs a ALydos,
auiourduy les Dardaiieles.
Sostratus (vers 178) — Hystorien grec.
Carcere ^olio {xern 181). — Les isles yEolienes. /Eole
fils de lupiter et d'Acesto y régna ei ctnno il predisoit a ses
peuples les orages (|iio les vents dcnoiiit cansfM- : nn creiit
(ju'il en ètoit le rnailrc et ([u il les l(.'nuit on prisun.
Barbarus {\evs 181). — Xerces.
Trabaca{\ers 194). — Ville d'Atlriciue.
Seleucus (vers 211). — loueur de harpe tort habile.
Themison (vers 221'). — Gelse dil ([ue cétoit un fort
habile médecin.
Basi/lus (vers 222). — Méchant àuocat.
Hyrrus (vers 222). — Tuteur lort panure.
Hamillus (vers 224). — Maitre d'école.
Quo tondente (vers 226). — Licinns qui de barbier
deuint sénateur ; il en est parlé dans la 1 '"'^ satyre come une
des raisons (|ui le porte ])lutôt a la satyre ([n'a toute autre
chose.
PhyalcHi [vers 238). — (jourtisanc
Antilaqui barham (vers 253). — AMtil(»(|U(' : dcia aagé.
Il l'eut lue jiar Mcuuion lors «pi il ala douer du secours a
son père au siège de Troye.
Peleus (vers 256). — C'est Achyllc (ils de Pelée vl de la
déesse Thetis : Paris le tua lors ipi'il aloit épouser
Polyxene.
Ithacum (vers 257). — IJlisse est apelé ainsy de sa
patrie Ithaque (|ui rtoit dans une isle de in(Mii{' nom aupi-es
de Corynthe ; il ètoit lils de Laerce.
Atque suos iam dcxtra compulat amios (vers 2i'J). —
11 s'agit icy de l'aage de Nestor, il vit trois générations dit'-
— 25.S —
ferentes; il esl dans l'hysloire piophane l'exemple d'une
longue vieillesse , conie Mathusalem Test dans Thystoire
sainte ; on comptoit sur la main gauche iusqu'a cent ans et
sur la droite tout ce qui êtoit au delà.
Assaracus (vers 259). — Tros t'eut père d'Assaracus,
Assaracus d'Ilion, et Ilion de Laomedon père de Priani.
Z/ror (vers 272). — Hecube changée en chien.
Begem Ponti (vers 273). — Mytridate qui se fît tuer par
un soldat gaulois apelé Bythacus ne pouuant pas s'empoi-
soner pendant i[u'il êtoit assiégé dans son palais par son
fils Pharnace.
Solonis (vers 274). — Solon êtoit un des 7 sages de la
Grèce , sa patrie êtoit Salamine , et Athènes le lieu ou sa
vertu parut auec le plus d'éclat.
Exilium et carcer {vers 276). — C'est de Marius qu'on
doit l'entendre.
Minturnarumque paludes {\er& 276). — Les marais de
Minturne sont entre Formies et Sinuesse.
Prouida Pomp&io (vers 283). — Plutarque écrit
qu'auant la guerre ciuile Pompée feut malade a Naples, que
l'on fit des prières publiques pour sa guerison qui ne seruit
qu'a le reseruer a beaucoup des malheurs, car après la
iournée de Pharsale qui lui feut si funeste , il s'enfuit en
Egypte ou Ptolomée luy fit trancher la tête qu'il enuoya a
Gesar.
Campania (vers 283). — Naples êtoit une ville de la
Campanie.
Urhis vers 285). — La guerre civile causa beaucoup des
malheurs a Rome.
Lentulus (vers 287). — Publius Lentulus dans la
coniuralion de Gatilina feut pris auec Gethege un des chefs
et égorgé dans la prison.
— -254 —
l'atHinii :V('rs 288 ;. - — (laliliiKi inniiriii dans le combat
que causa la coniiii'alion (If'coiiiicrtc pai- l'adresse de
Giceron.
Virginia (vers 294). — Elle, èloil. tille de V'irginius cen-
turion ; Appius la A*ioIa : son père qui combatoit pour lors
en Ali^i(l<' aia a Home «'I liia sa lillc doiil il ])(»rla le corps a
rannéc pour animer sou lionriii-; ils créèrent dix trijmns
sur le mont Avantiii et obliLierent les deceniuirs a se
demetre de hnu's charges; il les enuoyerent tous en exil,
ou on leur til soufi-ir la mort ; Appius mourut enfin en
prison .
Veteres Sah/nas (vers 299 i. — Les Sabines passointpôur
un excniplc de chasteté.
Nuil'us ephebum (vers 306). — Les beaux garçons
etoint suiets a bien d'accidents ; on les laisoit châtrer pour
garder le lict des dames.
Mugilis (vers 317). — Poisson ([ue l'ou t'aisoil entrer
dans le ventre d'iui adulteiv- ])ar les parties intérieures.
Endymion[\evs 318). — Tenue chasseur si bien fait que
Diane Tayaut un iour Irouué endormy voulut hieu oublyer
sa pudeur pour le caresser.
Seruilia (\ev^ 319). — Feme lubri([ue. luuenal tait
allusion a Seruilie mère de Brutus sœur de Caton , auec
hujuelle César auoit eu eouierce d'amour selon le raport de
Plutarriue.
Hippia (vers 322). — Feme riche ou de qualité.
Catulla ( vers 322). — Feme panure et de basse extrac-
tion.
Hijjjpolito (vers 325). — IMieiIre ayiuoit extraordinaire-
ment Hy|)p(dile, ((uoycju'elle feul. sa belle mère; elle
trouua dans ce ieune prince une résistance qui l'irrita ;
— 255 —
AU' sala plaiiidiv a Tlieséo sou luary (jue sou 111s auoit
voulu luy laire violeuce ; Thésée pria Neptune de venger
cet outrage. Hyppolite se promenoit alors en carrosse Sur
le riuage de la mer JEgée , il en sortit dabort un monstre
qui ellraya si fort les chenaux que le carrosse versa et
feut dans des précipices ; le panure Hyppolite y péril mal-
heureusement. 11 lait rcmarifuer que Phèdre êtoit de Crète
fille du roy Minos.
BeUerophonti (vers 325'). — Bellerophoon , fils de Glau-
cus , roy de Gorynthe , étant venu ches Prœtus , fils d'Abas
roy des Argyens , feut eperdnement aymé de Stoenofée ,
feme de Prœtus ; il résista a ses caresses ; cette feme
apreandant i[ue son mary ne sceut ce qui s'êtoit passé,
voulut le preuenir en accusant Bellorophoon ; Prœtus (jui
l'aymoit beaucoup ne voulut pas le punir luy même , il
Tenuoya ches lobâtes son beau père afin qu'il le fit deuorer
a la Chymere. Il la tua pourtant et de son sang naquit le
chenal Pégase . il y monta et s'êtant un peu trop eleué dans
les airs. la. crainte le saisit et le précipita. Cette fable est
décrite par Hyginus dans son traité des astres et par Homère
dans riliade.
Cui nubere Cxsaris uxor destinât (vers 330 et 331 ). —
Le mariage de Silus et de Messaline est une des auentures
les plus surprenantes de toute l'hystoire. Messaline êtoit
feme de l'empereur Claude, elle eut la hardiesse d'épouser
publiquement dans les iardins de Lucullus , Caius Silus et
d'obliger l'empereur a consentir a ce mariage sous' pré-
texte que ce n'ètoit qu'une feinte pour decouuvrir plus aisé-
ment des coniurations qui se formoint contre luy ; elle sou-
frit neagmointsdans la suite que le même Silus qu'elle auoit
tant avmé feut tué.
— ^^C) —
Imperio (vf^rs :'>\'A . — De Messaline.
Dedecus /lie t/oiniis srirl iilt/nms (xo.v?. ',]'{-2). — Il garnit
que rEnipciTiii' ne sauoit que le dernier l'étrange mariage
de Messaline.
FIN
UK LA \ 0" S ATYKK.
SATYRA XI
1 'Atticus eximie si cenat, lautus habetur :
2 Si Rutilus, démens, quid enim majore cachinno
3 Excipitur vulgi , quam pauper Apicius? omnis
4 Convictus, thermx, stationes, omne theatrum
r> De Rutilo. narn duin valida, ac juvenilia memhra
6 Sufficiunt galex, dunique ardens sanguine fertur,
7 Non cogente quidem, sed nec prohibente Tribuno
8 Scripturus leges^ et regia verba lanista.
9 Multos porro vides , quos ssepe elusus ad ipsuni
10 Créditer introitum solet exspectare macelli ,
11 Et qidbus in solo Vivendi caussa palato est.
12 Egregius cenat, meliusque -miserrimus horum,
13 Et cito casurus jam perlucente ruina.
14 Interea giistus elementa per omnia qusrunt ,
15 Nunquam animo pretiis obstantibus : interius si
16 Attendas, magis ihhAJuvant, quœ pluris emuntur .
17 Ergo. haud difficile est, perituram arcessere summam
18 Lancibm oppositis. vel matris imagine fracta ,
19 Et quadringentis nummis condire gulosum
20 Fictile : sic veniunt ad miscellanea ludi.
21 Refert ergo, quis hsec eadem paret : in Rutilo nam
22 Luxuria est, in Ventidio laudabile nomen
23 Sumit, et a censu famam trahit, illum ego jure
24 Despiciam, qui soit quanto sublimior Atlas
25 Omnibus in Lybia sit montibus : hic tamen idem
26 Ignoret, quantum ferrata distet ab arca
27 Sacculus. è cœlo descendit yvoiôi ffsauTov,
28 Figendum , et memori tractandum pectore , sive
29 Conjugium quxras, vel sacri in parte senatus
— ■>r^s —
M Esse velis nec enim loricani poscil AchiUis
31 Thersiles , in qua se traducebat Ulysses.
32 Ancipiteia seu tu inagno discrunine caussam
33 Protegere affectas ; te consule, die tibi quis sis ,
■u Orator vehemens, an Curtius, et Matho buccx.
35 Noscenda et mensura sut spectandaque rebiis
36 In summis, minimisque : etiam cura piscis emetur,
37 Ne niullum cupias. cuin sit tibi gobio lantwn
38 In loculis. quis envn te déficiente emmena,
39 Et cresvenle gula , inanet exitus , iero paterno
40 Ac rébus inersis in ventrem , fenoris , atque
41 Argenti gravis, et pecurum, agrorumque capacein Y
4-2 Taiibus a dominis post cuncta novissinius exit
43 Anulus, et digito mendicat Pollio nudo.
44 Non prxmaturi cineres , nec funus acerbum
4â Luxurix, sed morte magis metuenda senectus.
46 Hi plerumque gradus ; conducta pecunia Romœ,
47 Et coram dominis conswnitur , inde ubi paulhmi
48 Nescio quid superest, et pallet fenoris auctor,
4!» Qui vertere solum, Baias, et ad ostrea currunt.
00 Cedere nainque foro jam non est deterius , quam
51 Esquilias a ferventi migraine Suburra.
ôi Ille dolor solus patriant fugicntibus , illa
■13 Mœstitia est , caruisse annu circensibus unu.
54 Sanguinisin facie non lueret gui ta : uiorantur
55 Pauci ridiculuin effugienleyn ex urbe pudoreni.
56 Experiere hodie, nunquid pulccrrima dictu,
57 Persice non prœstem vila, vel moribus, et re.
58 Sed laudem siliquas occultus ganeo, pultes
69 Coram aliis dictem puero , sed in aurc placentas.
60 Nam cuin sis conviva mihi promissus, habebis
61 Euandrum, venies Tyrynthius, aut minor illo
o'j Ilospes , et ipse tamen contingcns sanguine cœlum :
63 Aller aquis, aller flammis ad sidéra missus.
64 Ferciila nunc audi nullis ornata niacellis.
65 De Tiburtino véniel pinguissimus agro
66 HwduUis , et loto grege mollior, inscius herbx .,
67 Necdum ausus virgas humilis mordere salicti :
68 Qui plus laclis habet, quam sanguinis ; et montani
— 259 —
•)« Asparagi, pusito quos legit villica f'uso.
70 Grandia prwlerea, tortoque calentia fœno
71 Ova adsunt ipsis cuni matribus , et servatse
72 Parle anni, quales fuerant in vitibus, uvx :
73 Signinum, Syriumque pijrum, de corbibus iisdem
74 ^'Emula Picenis, et odoris mala recentis,
75 Nec inetuenda tibi , siccatum frigore postquain,
76 Autumnum, et crudi pusuere pericula succi.
77 HsBC oUrn nostrijam luxuriosa senatus
78 Cena fuit. Curius, parvo quas logerai horto,
79 fpse focis brevibus ponebat oluscula : qux nunc
80 Squalidus in magna fastidit compede fossor,
81 Qui meminit, calidw sapiat quid vulva popinsd.
82 Sied terga suis, rara pendatia crate,
83 Moris erat quondam festis servare diebus,
84 Et natalidwa cognatis ponere lardum,
85 Accedente nova , si quani dabat hostia, carne.
86 Cognatorum aliquis litulo ter consulis, atque
87 Gastrorum imperiis , et Dictatoris honore
88 Functus., ad has epulas solito inaturius ibat.,
89 Erectum doinito referons a monte ligoneut..
90 Gum tremerent autent Fabios ; durumque Catonem
91 Et Scauros , et Fabricios , poslremo severos
92 Censoris mores etiam collega limeret :
93 Nemo inter curas , et séria duxit habendunt ,
94 Qualis in Occeani fluctu testudo nataret ,
95 Clarum Troiugenis factura ac nobile fulcrum :
96 Sed nudo latcre, et parvis frotis xrea lectis
97 Vile coronati caput ostendebat aselli,
98 Ad quod lascivi ludebant ruris alumni.
99 Taies ergo cibi, qualis domus, atque supellex
100 Tune rudis , et Graias miraid nescius arteis ,
101 Urbibus eversis prasdarum in parte reporta
102 Magnorum artificum frangebat pocula miles,
103 Ut phaleris gauderet equus, cxlataque cassis
104 Ronmtex simulacra ferœ mansuessere jussœ
105 Imperii fato, geminos sub rupe Quirinos,
106 Ac nudain effigiem clypeo venientis, et hasta,
107 Pendentisque Deiperituro ostenderet hosti.
— iOO —
108 Argenti quod erat, su lis fulyebat in armis.
loy Ponebant igitur Tiisco ferrala catino
110 Oinnia tune : qiabus invideas, si lividulus sis.
111 Templorwn quoquc majestas prxsentior, et vox
112 Node fere média, mediamque audita per urbon
113 Litlore ab occeani Gaîlis venientibus, et Dits
114 Officiwn vatis peragentibus , lus monuit 7ios.
115 Hanc rébus Latiis curam prxstare solebat
116 Fictilis, et nullo violatus luppiter auro.
117 lUa domi natus^ noslraque ex arbore mensas
118 Tempora viderunt : hoc lignum stabat ad usus,
119 Annosam si forte nucem dciecerat Eurtis. ■
120 At nunc divitibus cenandi nulla voluptas,
121 Nit rhombus, nil dama sapit : putere videtiir
122 Unguenta, atque rosœ, latos nisi sustinet orbeis
123 Grande ebur, et magno sublimis pardus hiatu ,
124 Dentibus ex illis , quos mittit porta Sienes ,
125 Et Mauri celeres, et Maure obscurior Indus,
126 Et quos deposuit Nabathœo beliua saltu ,
127 lam nimios, capitique gravcis. hinc surgit orexis,
128 Hinc stomacho vires : nam pes argenteus illis
129 Annulus in digito quod ferreus. ergo siiperbum
130 Convivaia caveo, qui me sibi comparât, et l'es
131 Despicil exiguas. adeo nulla uncia nobis
132 Est eboris, nec tessellx, nec caiculus ex hac
133 Materia : quin ipsa manubria cultellorum
134 Ossea : non tamen his ulla iinquam opsonia fiunt
135 Rancidula, aut ideopejor gallina secatur.
136 Sed nec structor erit, cui credere debeat omnis
137 Pergula, discipulus Trypheri doctoris, apud quem
138 Sumine cum magno lepus, atque aper, et pygargus,
139 Et ScythicsB* volucres , et pliœmcopterus ingens,
140 Et Gxtulus oryx, hebeti lautissima ferro
141 Cœditur, et tota sonat ulmea cena Suburra.
142 Nec frustum caprex subducere, nec latus Afrw
143 Novit avis noster tirunculus, ac rudis omni
144 Tcmpore, et exigux furtis imbu tus ofellx
145 Plebeios calices, et paucis assibiis emios
146 Porriget incultus puer, atque a frigore tutus,
— :^()l —
147 Non Phryx, aul Li/ciiis, nonu viangone petitus,
148 Quisquam erit in magno. cum posées, posce Latine.
149 Idem habitus cunctis, tonsi, rectique capilli,
150 Atque hodie tantum propter convivia pexi.
151 Pastoris duri est hic fîlius : ille bubulci
152 Suspimt longo non visam tempore matrem,
153 Et casulam, notos tristis desiderat hxdos.
154 Ingenui vultus puer , ingenuique pudoris ,
165 Qualeis esse decet, quot ardens purpura vestit ,
15G Nec pupillareis defert in balnea raucus
157 Testiculos, nec vellendas jam prxhuit alas,
158 Crassa nec opposite pavidus tegit inguina gutto.
159 Hic tibi vina dabit, diffusa in montibus illis ,
160 A quibus ipse venit^ quorum sub vertice lusit :
161 Namque una, atque eadem est vini patria, atque ministri.
162 Forsitan exspectes, ut Gaditana canoro
163 Incipiant prurire choro, plausuque probatw
164 Ad terram treniulo descendant dune puellx ,
165 Irritamentuni Vcneris languentis, et acres
166 Divitis urtic3B : major tamen ista voluptas
167 Alterius sexus : inagis ille extenditur, et mox
168 Auribus, atque oculis concepta urina movetur.
169 Non capit lias nugas humilis domus : audeat ille
170 Testarum crepitus cum verbis, nudum olido stans
171 Fornice mancipium quibus abstinet : ille fruatur
172 Vocibus obscenis , omnique libidinis arte ,
173 Qui Lacedemoniwn Petteumate lubricat orbem :
174 Namque ibi fortunée veniam damus. aléa turpis ,
175 Turpe et adulterium mediocribus : hxc eadem illi
176 Omnia cum. faciant hilares, nitidique vocantur.
177 Nostra dabunt alios hodie convivia ludos :
178 Conditor Iliados cantabilur, atque Maronis
179 Altisoni dubiam facientia carmina palmam
180 Quid refert , taleis versus qua voce legantur ?
181 Sed 7iunc dilatis averte negotia curis,
182 Et gratam. requiem dona tibi, quando licebit
183 Per totam cessare diem ; no7i fcnoris ulla
184 Mentio, nec, prima si luce egressa reverti
185 Nocte solet , tacilo bilem tibi conlrabat uxor,
— 262 —
186 Humida suspectis referens nnillicia rugis,
1R7 Vexalasque comas, et vuUum, auremque catentem.
188 Prolinus anle incuni, (jiddijtiid dolet, cxue limen ;
189 Pone dotnum , et scrvos , et quidquid frangilur illis
190 Aiit périt : ingratos ante omnia pone sodaleis.
191 Interea Megalesiacse spectacula mappx,
192 Idxum solemne cohint , similisque triumpko
193 Prwda caballorum prsetor sedet : ac, mihipace
194 ImmenssË , nimixque licet si dicere plebis,
195 Totam hodie Romam Circiis capit , et fragor aiireni
196 Percutit, eventum viridis quo colligo panni.
197 Nam si deftceret : mxstam, attonitamque videres
198 Hanc urbem^ veluti Cannarum in pulvere victis
199 Consulibiis. spectent juvenes , quosclamor, et audax
200 Sponsio, quos cxdtx decet assedisse puellx
201 Spectent hoc nnpix juxta recubante maiHto,
202 Quod pudeat narrasse aliqucm prœsentibus ipsis :
203 Nostra bibat vernu)n contracta cuticula solem,
204 Effugiatque togam. jam niinc in balnea, salva
205 Fronte licet, vadas, quanquam solida ho7^ supersil
206 Ad sextam. facere hoc noti possis quinque diebus
207 Continuis : quia sunt talis quoquc Ixdia vitse
208 Magna. Voluptates commendat rarior usus.
SATYRE XI
SUIET
C'est une excellciiLe instruction pour régler la dépense
(ju'on doit faire, mais il attache cette importante leçon a de
si beaux exemples (]ue Ton ne s'aperçoit presque pas que
c'est un phylosophc (fui doue des règles de modération.
Regia verba lanista (vers 8). — Il les nome de cette
sorte parceque les maitres d'armes ne se seruent que des
termes de comandement , atolle, déclina , percute , cœde ,
Lirge , pares, pousses, frappes, presses, en garde.
Ad miscellanea (vers 20). — Ce mot signilie un
mélange; il peut signifier icy le mélange des metz ou celui
des comédiens, ou encore celuy des exercices qu'ils prati-
quoint.
Se traducebat ancipitem (vers 31 et 32). — Ulisse en
portant les armes d'Achylle faisoit douter s'il n'ètoit pas
Achylle luy même.
Gobio (vers 37). — C'est un poisson a bon marché et
mulus est celuy qui est trop cher ; il en parle dans la sat. i.
Pollio (vers 43 ). — Il êtoit cheualier ; la grande dépense
(ju'il auoit faite le réduisit a mandier son pain.
Euandrum (vers 61 ). — Euander feut fils de Carmenta ;
étant contraint de quitter le Peloponese, il s'en vint dans
— 264 —
l'endroil ou est présentement Rome , il youueniu tout le
pays ; c'est ce roy frugal qui récent ches luy ^née et le
traita aussy fort frugalement aussy bien qu" Hercule lors
qu'il rcuint d'Espagne vainqueur de Gerion.
Thyrijnthius (vers 61 ). — Hercule apelé ainsy de la ville
de Tyrynthe ou ses actions pareurent auec le plus d'éclat.
Hospes{\ers 62). — Muée.
Aller aquis (vers 63). — ^uée après auoir régné 3 ans
en Italie se neia.
Aller flammis (vers 63). — Hercule qui ayant pris un
habit que sa feme Deianire luy doua sur le mont OEta feut
brûlé dans le moment.
Signinum (vers 73). — Poires de Tarante fort estimées.
Rigidi Censoris (vers 92). — C'est Fabricius qui siicquit
le nom de Maximus pendant qu'il l'eut censeur auec Publius
Decius , qu'il menaça souuent de priuer de sa charge s'il
ne s'appliquoit a corriger les deffauts des cytoiens ou du
moins a soufrir qu'il les corrigeât. Decius y consentit.
Romulesd ferx (vers 104). — C'est la louue qui nourrit
Rhemus et Romulus.
Dei (vers 107). — De Mars père de Romulus.
Pendentis (vers 107). — Mars etoit graué sur le casque ;
il ne pouuoit donc être qu'en penchant.
Tusco (vers 109). — Des pots de terre parcequ'on eu
faisoit beaucoup dans l'Etrurie.
Templorum quoque maiestas prxsentior (vers 111 ). —
luuenal impute au desordre des Romains le silence des
oracles et des dieux; c'est ce qu'il dit encore autre part.
Et genus humanum damnât caligo futuri.
Littore ah occeani Gallis venientibus (vers 113). — Cette
hystoire est raportée par Tite Liuc au liu. 5 de sou
— 265 —
hystoire , que Marcus Geditius entendit dans le Gapitole
une voix plus ibrte et plus intelligible que celle d'un home
qui donoit auis de l'irruption des Gaulois.
Sienes porta (vers 124). — G'est une ville dans Tisle de
Siene a l'extrémité de l'Ethyopie , il y a beaucoup d'ele-
phants, on les passe dans cette ville pour les enuoyer
dans les pays étrangers ; c'est pour cela que cette ville
s'apele porte ou passage.
Nabathseo (vers 126). — D'Arabie; ce uom est écheu a
un peuple d'Arabie voisin de la Syrie, de Nabath l*"" enfant
mâle d'Ismael selon le témoignage de l'Ecriture sainte.
Scythicœ voUbcres (vers 139). — Phaisans ; ce mot leur
vient du fleuue Phasis ou il y en a quantité.
Gaditana {\ci's 162). — Fille de Gadis.
Qui LacedemoniumPetteumate lubricat or6em(vers 173).
— Le mot de Petteumate rend ce vers fort difficile , et
l'opinion des interprètes est fort partagée ; il signifie danse
ches quelques uns du mot grec itviSyijjia. Il y en a lui veulent
que orbis signifie la un anneau inuenté par les Lacede-
moniens, on le mouiiloit auec de la saline pour le faire rou-
ler ; d'autres disent qu'au lieu de Petteumate il faut Piti-
lismate, et que c'êtoit un exercice ou l'on glissoit corne les
enfants sur la glace ; il y a plus d'apparence que Pet-
teuma signifie danse , de sorte que ce vers désignera les
gens riches qui auoint les chambres panées de marbre. Sur
le même suiet, sentiment de La Valterie ; i'ay suiuy, dit il,
la pensée de Muret qui lit Petteumate ; l'opinion comune des
interprètes qui laissent Pytismate , qui signifie le vin que
l'on reiete après l'auoir goûté, done un autre sens a ce vers,
mais il y a moins de suite auec ce qui suit, aléa turpis, ce
qui m'a obligé de suiure la coniecture de Muret, et même
— 2ti(; —
a ne l'aire pas d'attention a une autre veue que Ion a eue
sur le même mot en lisant Pedemate , qui cloit une danse
lacedemoniene.
Megalesiacx specktvala niappic (vers 191 ). — Les ieux
du Cirque ; une action de Néron dona occasion de les no-
mer ainsy ; étant a table et voyant que le peuple demandoil
auec empressement (pi'on les comancat , il se leua et ietta
par la fenêtre la seruiette dont il s'essuyoit encore ; ainsy
quand on vouloil l'aire entendre qu'on êtoit prêt de coman-
cer on disoit par manière de iirouerLe i(u"on auoit veu la
seruiette ou la nappe. Ces ieux s'apeloint megalesiaci du
mot grec [leyoîkiioç grand, parce qu'on les celebroit a l'honeur
de la grande déesse ou de la mère des dieux.
Idasum solem?ie (vers 192). — La deese GyLeleauoit été
portée du mont Ida ; cela a été veu ailleurs.
Victis consul i bus (vers 198 et 199). — Paul us yEmilius
et Terentius Varron etoint consuls du tems de la bataille de
Cannes ; Paulus .'Emilius v l'eut tué. Titc Liue , liu. 22.
FIN
DE LA I 1 S.\TYRE
SATYKA XII
1 Natali , Oorvine , die miki dulcior lnec lux ,
2 Qua festits promissa Deis animalia cespes
3 Exspectat : niveam Reginai cedimus agnam :
■i Par vellus dabilur pugnanti Gorgone Maura.
ô Sed procul exlenswn pelulans quatit hostia fimetit ,
6 Tarpeio servata lovi , frontemque coruscat :
7 Quippe ferox vitulus, templis maturus, et arx,
8 Spargenditsque ntero, quem jam pudet ubera niatris
'•» Ducere, qui vexât nascenti robora cornu.
10 Si res ampla domi, similisque adfectibus esset,
11 Pinguior Hispulla irahereiur taurus, et ipsa
12 Mole piger, nec ftnitima niitritus in herba,
13 Lseta sed ostendens Clitumni pascua sanguis
14 Iret, et a grandi cervix ferienda ministro,
15 Ob reditum trepidantis adhuc, horrendaque passi
16 Nuper, et incolumem sese mirantis amici.
17 Nam prsBter pelagi casus, et fulguris ictum
18 Evasi, densx cœlum abscondere tenebrm
19 Nube una, subitusque antennas impulit igms ,
20 Cum se quisque illo percussum crederet, et mox
21 Attonitus nullum conferri posse putaret
22 Naufragium velis ardentibus. omnia (iunl
23 Talia , tam graviter, si quando poetica surgit
24 Tempestas. genus ecce aliud discriminis : audi ,
25 Et miserere iterum , quanquam sint cetera fortis
26 Ejusdem : pars dira quidem, sed cognita multis,
27 Et quam votiva testantur fana labella
28 Plurima. pictores quis nescit ab Iside pasci ?
29 Accidit et nostro similis fortuna Catullo.
— ;>(WS —
30 Cum plcnus fiiictu 7nedius forci alveus, et jaiii
31 Aller num puppis Mus everlenlibus iindis
32 Arboris incertse , nuUam prudentia cani
33 Rectoris conferret opem : decidere jactu
34 Cœpit cum ventis, imilalus Oaslora, qui se
35 Eunuchum ipse facit , cupiens evadere damna
36 Tesiiculorum : adeo medicatum intelligit inguem.
37 Fundite quœ mea sunt , dicebat , cuncta , Catullus :
38 Prxdpitare volens cliam pulcerrima , vcstem
39 Purpuream teneris quoque Mxcenalibus aptam ,
40 Atque alias , qiiarum generosi graminis ipsum
Il Infecit nalurapecus, sed cl egregius fons
42 Viribus occultis, et Bethycus adjuvat aer.
43 lUe nec argentum dubitabat mittere, lances
u Parlhcnio fadas , iirn.v cratera capacem
4f> Et dignum siliente Pliolo, vcl conjuge Fusci.
46 Adde et bascaudas, et mille escaria, mulluin
47 Gxlati, biberat quo pallidus emptor Olynlhi
48 Sed quis nunc alius, qua mundi parte , quis audet
49 Argento prwferre caput, rebusque salutem ?
50 Non propter vita)ii faciunt palrimonia quidam ,
51 Sed vicio cxci pvopter palrimonia vivunt.
52 lactatur rerum utilium pars maxima : sed nec
53 Damna levant, iiuic, adversis nrgcntibus, illuc
54 Recidit ut malum ferra summilleret , ac se
55 Explicat angustum, discriminis ultima quando
56 Prwsidia affcrimus, navem factura minorcm.
57 / nunc, et ventis animam committc, dolato
58 Confisus ligna, digitis a morte remotus
59 Quatuor, ac septem, si sit latissima tieda.
60 Mox cum reticulis, et pane , et ventre lagenx
61 Adspicc sumendas in lempcstalc sccureis.
62 Sed postquam jacuit planum mare, tempora poslquam
63 Prospéra vectoris , fatumque valentius Euro .
64 Et pclago postquam Parcx mcliora bcnigna
65 Pensa manu ducunl hilares, el staminis albi
66 LanificsB : modice nec mulhim fortior aura
67 Ventus adest : inopi miserabilis arte cm-urril
68 Vestibiis extentis, et, quad superaverat uniim,
— 269 —
69 Velo prora suo : jam deficienlibus Austris .
70 Spes vitx cum Soli redit : tuni gratus lulo,
71 Atque novercali sedes prxlata Lavino ,
72 Conspicitur suhlimis aspcx : cui candida nomcn
73 Scrofa dédit, lœtis Phrygibus mirahile sumen
74 Et nunquam visis triginta clara mamillis.
75 Tandem intimât posilas inclusa per sequora moles ,
7G Tyrrenumque Pharon , porrectaque bracida rursuni ,
77 Qua; Pelago currunt medio, longeque relinquunt
78 Italiam. non sic igitur mirabere portus,
79 Quos natiira dédit ? sed trunca puppe magister
80 Interiora petit Daianœ pervia Cymbœ
81 Tuti stagna sinus, gaudent ibi vertice rasu
82 Garrula securi narrare pericula nautw.
83 I te igitur pueri, linguis animisque faventes,
84 Sertaque delubris, cl farra imponite cultris,
85 Ac molleis ornate focos, glebamque virentem :
86 lara sequar, et sacra , quod prœstat , rite peracto
87 Inde domum répétant , gracileis ubi parva coronas
88 Accipiunt fragili simulacra nitentia cera.
89 Hic nostrum placabo Jovem , Laribusque paternis
• 90 Tiira dabo, atque omneis violse jactabo colores.
91 Cuncta nitent , longos erexit janua ramos ,
92 Et matutinis operatur festa lucernis.
93 Nec suspecta tibi sint hœc, Corvine : Catullus .
94 Pro cujus reditu tôt pono altaria, parvos
95 Très habet heredes libei exspectare, quis œgram,
96 Et claudentem oculos gallinam impendat amico
97 Tain sterili. verum hxc nimia est impensa : coturnix
98 Nulla unquam pro pâtre cadet, sentire calorem
99 Si cœpit locuples Gallita, et Paccius, orhi :
100 Légitime fixis vestitur Iota tabellis
101 Porticus. existunt qui promittant hecatomben.
102 Quatinus hic non sunt nec vénales elephanti ,
103 Nec Latio, aut usquam sub nostro sidère talis
104 Bellua concipitur : sed furva gente petita
105 Arboribus Rutulis , et Turni pascitiir agro
106 Csesaris armentum, nulli servire paratuyri
107 Privato : siquidem Tyrio parère solebant
lOR Annibali, et 7iostris ducibus, regique Molussu.
109 Horiim majores, ac dorso ferre cohorteis,
110 Partem aliquatn belli et euntem in prwlia turrem.
111 Nulla igitur moraper Novium, mora nulla per htram
112 Pacuvium , quin illud ebur ducatur ad aras ,
113 Et cadal ante Lareis Gallitx victima sola , •
111 Tantis digna Deis, et captatoribus horum.
115 Alter eninï^ si concédas maclare, vovebit
ne De grege servorwn magna, aut pulcerrima qriœque
117 Corpora, velpueris, et frontibus ancillarum
118 Imponet vittas, et, si qua est nubiiis ilU
11!» Iphigeneia domi, dabit liane allaribiis, etsi
1-20 Non speret tragiccV furtivapiacula cervx.
121 Laudo vieum civem , nec comparo testamento
122 Mille rates : nain si Libitinam evaserit xgcr
123 Delebil tabulas, inclusus carcere nassœ.
124 Post meritum sane mirandum, atqiie omnia soJi
125 Forte Paciivio breviter dabit. ille super bus
126 Incedet victis rivalibus. ergo vides quam
127 Grande operx pretium faciat jugulata Mycenis :
128 Vivat Pacuviiis. qiiwso, vel Nestora totum
129 Possideal, quantum rapuit Nero : montibus auru)n
130 Exœquet, nec amet qiiemquam, nec ametur ab ullo.
SATYRE XII
SUIET.
Juuenal écrit cette satyre a Coruiii pour luy dire qu'il
doit faire des sacrytices pour remercier les dieux d'auoir
sauué son amy Catulle d'un naufrage; de la il prend occa-
sion de blâmer ceux qui ne sont amys que par intherest.
Reginœ (vers 3). — A Junon.
Pugnanti (vers 4). — C'est une périphrase pour expri-
mer Minerue ou Pallas , déesse de la guerre , qui portoit
sur son bouclier la tête de Méduse.
Gorgone Maura (vers 4 ). — C'est a dire la tête de Méduse
attachée sur la poitrine et sur le bouclier de Minerue. La
fable dit qu'il y eut 3 Gorgones filles de Phonus et de
Gestie, la T" s'apeloit Stenno, la 2* Euriale, et la 3*^
Méduse. Mêla écrit qu'elles habitoint les isles Gorgones
dans la mer Atlantique , c'est de la que leur est venu le nom
d'Atlantiques et de Gorgones. Les poètes feignent qu'elles
n'auoint qu'un œil qu'elles se pretoint dans le besoin ; ils
disent encore que Méduse se promenant sur le riuage de la
mer inspira de l'amour a Neptune et qu'elle eut comerce
auec luy dans le temple de Minerue ; cette déesse irritée de
voir son temple prophané, changea les cheueux de Méduse en
autant de serpents qui auoint la vertu de changer en rochers
— -272 —
ceux qui les legardoinl ; Fersée fils de lupiler et de Danai"
luy coupa la tcte ; le cheual Pégase naquit du sang répandu.
Tarpeio loui (vers 6). — lupiler Capitolin ; la place du
Gapitole s'apeloit le mont Tai-peien parceqne la Sabine Tar-
peia y icut tuée.
Grandi ministro [\oa'<, 14). — C'est a dire par le premier
des sacryficateurs.
Clitumni poscua (vers 13). — Fleuue de Toscane dont
les eaux beues par les l)œut's les l'ont deuenir blancs selon
Pline.
Si quondo poetica surgit tempestas (vers 23 et 24). —
Parceqne c'est une description ou tous les poètes s'exercent,
mais il n'y en a pas des plus belles que celles dHomère
dans rOdissée et de Virgile dans le l*"" liu. de l'iEneide.
Pictores quis ncscit ab Iside pasci (vers 28). — Gome il
a dessein de se mocquer de la superstition des homes , il
parle plutôt d'Isis ([ue d'une autre diuinité, parceqne les
égyptiens qui l'adoroint etoint extrêmement superstitieux.
Nostra regio tam pnosentibus plena est numinibus ut faci'
lius possis deum quara hominem, inuenire, c'est lin des
bons mots de Pétrone sur ce suiet.
Bethycus ( vers 42. ). — Belhys est un fleuue de l'Espagne
ultérieure qui s'apele a cause de cela Bethyca.
Urnae cratera capacem (vers 44). — Une coupe de la
grandeur d'une cruche ou d'une urne qui contenoit qua-
rante huit hcmines ; l'hemine est le demy setier tel qu'il
est a Paris si on en veut croire a une nouuelle supputation.
Pholus est le nom d'un centaure grand buucur, et appare-
ment on conoissoit au tems (]o luuenalque la feme de Fus-
cus aymoit aussy a boire.
Emptor Olynthi (vers 47). — Olynthe est une ville de
— -273 —
Thrace ou s'assembla la flote des Grecs pour le siège de
Troye ; Phylippe père d'Alexandre l'achepta a son amy
Lasthenes qui n'y trouua guère son conte, puisque luuenal
done l'epythete de callidus a Phylippe.
Nouercali Lauino (vers 71). — La ville d'Albe qu'As-
cagne fils d'^Enée fit bâtir après auoir doné a sa marâtre
celle de Lauinium.
Intrat moles (vers 75). — Le port d'Ostye que Claude
Csesar fit bâtir.
Tyrrenumque Pharon (vers 76). — Tour ou phare que
Ga?sar fit bâtir dans le port d'Ostye a l'imitation de celle
d'Alexandrie.
Baianœ peruia Cymhx (vers 80). — Ou" les moindres
barques peuvent voguer en séureté, parceque Baies êtoit
un séiour agréable ou l'on auoit beaucoup des petites
barques pour se promener sur la mer.
Furua génie (vers 104 ). — Des Indiens ou des Mores.
Tyrio Annibali (Vers 107 et 108). — Annibal Carthagi-
nois , parceque Didon fondatrice de Carthage êtoit venue
de Tyr.
Régi Molosso (vers 108). — Pyrrhus roy des Epirotes et
des Molosses.
Per Nouium et Pacuuium (vers 111 et 112). — Ils fai-
soint tous deux leur cour a ceux qui n'auoint point d'en-
fants, pour auoir leur succession.
Tragicx piacula ceruœ (vers 120). — Lors qu'Agamen-
non preparoit le sacryfice d'Iphigenie , Diane substitua a
la place de cette fille une biche qui expia par sa mort les
crimes des Grecs ; les poètes tragiques ont écrit la dessus
come Sophocle et Euripide , et des modernes même.
Laudo meum ciuem (vers 121). — • luuenal dit cela par
18
conlreuerité , corne s'il disoil mon cytoien Pacuue n'est il
pas bien sage , hiy qui est prêt de sacryfier sa fille pour le
salut de son amy, car il préfère un testament à tous les
vaisseaux d' Agamennon , pour lesquels il vouloit sacryfier
sa fille Iphigenie.
Nam si Libitinam euaserit (vers 122). — Dans Suétone
il signifie Proserpine parceque l'on vendoit dans son temple
les choses nécessaires pour les funérailles ; dans Valere
Maxime, le métier d'enseuelir les morts. Multa pars met
vitabit libitinam,^ dit Horace.
Inclusus carcere nassx (vers 123). — C'est une méta-
phore prise des poissons ; nassa est une espèce de panier
ou ils s'enfermoint.
lugulata Mycenis (vers 127). — Mlle du Peloponese ,
capitale du royaume d'Agamennon , Argos. Pour ce qui est
d'Iphigenie fille d'Agamennon , qui fut présentée en sacry-
fice sur le port d'AuIide, c'est une chose conue , mais il
paroit bien (jue le poète se mocque de la superstition
d'Agamennon.
FIN
D K I. A I ■.'*' SA 1' YKK
SATVHA XIII
1 Exemplo quodcumque inalo committitur, ipsi
•i Displicet auctori. prima est hsec ultio, quod se
3 ludice, nenio nocens absolvitur, improba quamvis
4 Gratia fallaci Prxtoris mcerit urna.
5 Quid senlire putas omneis, Calvine, recenti
6 De scelere, et fidei violatw crimine ? sed nec
~ Tarn tenid census tibi contigit^ ut mediocris
s lacturœ te mergat onus : nec rara videmus ,
9 Quœ pateris. casus multis hic cognitus, ac jani
10 Tritus, cl e mcdio fortuiix ductus acervo.
u Ponamiis nimios gemitus : flagrantior œquo
12 Non débet dolor esse viri, nec vulnere major.
13 Te quamvis leviiim minimam , exiguamque malorum
14 Particulam vix ferre potes, spumantibus ardens
15 Visccribus sacrum tibi quod non reddat amicus
iG Depositum. stupet hxc, quijampost terga reliquit
17 Sexaginta annos Fonteio consule natus ?
18 An nihil in melius tôt rerum proficis usu ?
13 Magna quidem , sacris qu3e dat prwcepta libelUs ,
20 Victrix fortune sapientia. Ducimus autem
21 Hos quoque felices, qui ferre incommoda vitœ,
22 Nec jactare jugum vita didicere magistra.
23 Qux tam festa dies, ut cesset prodere furem,
24 Perfidiam, fraudes, atque omni ex crimine lucrum
25 Quœsitum, et partos gladio, vel pyxide nummos?
20 Rari quippe boni; numerus vix est totidem, quot
27 Thebarum ports, vet divitis ostia Nili.
28 Nunc œtas agitur, pejoraque sœcula ferri
29 Temporibus : quorum sceleri non invenit ipsa
— 276 —
30 Noiiien, et a nullo posuil nalura métallo.
31 Nos hominwn , Vivunique fideiu clamore cinnns ,
32 Quanto Fœsidiwn laudat vocalis agenlei/i
33 Sportula. die senior bulla dignissime, nescis ,
34 Quas habeal Vénères aliéna pecunia ? nescis ,
35 Que))i tua simplicitas risum vulgo moveat , 'cuin
3c Exigis a quoquam nepejeret, et put et ullis
37 Esse aliquod munen teinplis, arxquc rubcnti?
38 Quondam hoc indigenx vivebant more, prius quant
39 Sumeret agrestem posito diademate falcem
îo Saturnus fugiens, tune, cum virgimcula luno,
41 Et privalus adhuc Idœis lupiler antris,
42 Nulla super nubes convivia Cxlicolarum ,
43 Nec puer Iliacus, formosa nec Herculis îixor
44 Ad cyathos, et jam siccato nectare tergens
4j Brachia Volcanus Liparsea nigra taberna.
46 Prandebat sibi quisque J)eus , nec turba deorum
47 Talis, ul est hodie, contentaque sidéra paucis
48 Numinibus , miserum urgebant Atlanta minori
49 Pondère, nondum aliquis soriitns triste profundi
50 Imperium, aut Sieula torrus cum conjuge Phiton.
51 Nec rota, nec Furix, nec saxurn aut vulturis atri
52 Pœtia : sed iiifernis hilares sine regibus Umbne.
53 Improbitas illo fuit admirabilis xvo.
54 Credebanl hoc grande nefas , et morte pian dum ,
55 Si juvenis vetulo non assurrexcrat , et si
5C Barbato cuicumque puer, licet ipse videret
57 Plura domi fraga , et majores glandis acervos.
58 Tarn venerabile erat prœcedcre quatuor annis,
59 Priniaque par adeo sacrx lanugo senectœ.
(io Nunc, si depositum non inficielur amicus,
«1 Si reddat vcterem cum tota œruginc follcm,
G2'Prodigiosa fides , et Thuscis digna libellis ,
G3 Quxque coronata lustrari debeat agna.
04 Egregium, sanctumque virum si cerna, himcmbri
65 Hoc monstrum puera, vel mirandis sub aratru
66 Piscibus invcntis, et fœtx comparo miilas
67 Sollicitus, tanquam lapides effuderit imber,
«8 Examenque apium longa consedcrit nva
— 277 —
69 Culmine dclubri, tanquam in mare fluxerit amnix
70 Gurgilibus miris , et ladis vorlice torrens.
71 Intercepta deccm quereris sestertia fraude
72 Sacrilega. quid si bis centum perdidit aller
73 Hoc arcana modo? majorem tertiits illa
74 Summam, quam paiulx vix ceperat angulus arcx?
75 Tarn facile, et pronum est superos contemnere testeis,
76 Si mortalis idem nemo sciât, adspice, quanta
77 Voce neyet , qux sit ficti constantia vultus.
78 Per solis radios , Tarpeiaque fulmina jurai ,
79 Et Martis frameayn, et Cirrhxi spicula vatis :
80 Per calamos venalricis pharetramque puellx,
81 Perque tuum pater jEgxi Neptune tridentem :
82 Addit et Herculeos arcus, hastamque Minervœ,
83 Quidquid habent telorum armamcniaria cœli
84 Si vero et pater est, comedam, inquit, flebile gnati
85 Sinciput elixi, Pliarioquc madentis aceto.
86 Sunt in Fortune qui casibus omnia ponant ,
87 Et nulle credant mundum redore moveri
88 Natura volvente vices et'lucis , et anni ,
89 Atque ideo intrepidi quâscumquc ait aria tangunt.
90 Est alius metuens , ne crimen pœna sequatur :
91 Hic putat esse Deos, et pejerat, atque ita secum :
92 Décernât quodcumque volet de corpore nostro
93 Isis, et irato feriat mea lumina sistro,
94 Bummodo vel cœcus teneam , quos abnego , nummos.
95 Et phthisis, et vomicse putres, et dimidium crus
96 Sunt tanti? pauper locitpletem optare podagram
97 Nec dubitet Ladas, si non egct Aniycira , nec
98 Archygene. quid enim velocis gloria plantes
99 PréBstat, et esuriens Pisxse ramus olivx?
100 Ut si magna , tamen certe lenta ira deorum est.
101 Si curant igitur cunctos punire nocenteis,
102 Quando ad me venîent ? sed et exorabile numen
103 Fartasse experiar : solet lus ignoscere. multi
104 Committunt eadem diverso crimina fato :
105 Ille crucem sceleris pretium tulit., hic diadema.
106 Sic animum dirx trepidum formidine culpse
107 Confirmant , tune te sacra ad dctubra vocantem
— -278 —
lOK Pvxccdii , traliere iiiiino ullfo , ac vexare paratus.
109 Nain ciun magna malx superest audacia caussx ,
110 Credliur a iiiultis fiducia. minium agit ille ,
111 Urbani (jualem fugitious sciirra Catulli :
112 Tu miser exclamas, ut Stenlora vincere possis,
113 Vel polius, quantum Gradivus Homericus. audis
114 lupiter fixe, nec labra inoves, cum mittere vocem
115 Debueras vel marmoreus, vel wneus ? aut ciir
116 In carbone tuo carta pia tura soluta
117 Ponimus, et sectum vitulijecur, albàquc porci
118 Omenta? ut video, nuUum discrimen habendum est
119 Effigies inler vestras, statuasque Batylli.
120 Accipe qux contra valeat solatia ferre ,
121 Et qui nec Cynicos, nec Stoica dogmata legit
122 A Cynicis timica distantia, non Epicurum
123 Suspicit exigui Lvtum plantaribus horti.
124 Ciirentur dubii medicis majoribiis segri :
125 Tu venam vel discipulo committe Philippi.
126 Si nullum in terris tam detestabile factum
127 Ostendis, iaceo, nec pugnis cxdcre pecius
128 Te veto, nec plana faciein contundere paima :
129 Quandoquidem accepta claudenda est janua damno ,
130 Et majore domus gemitu majore tumultu
131 Planguntur nummi, quam funera. nemo dolorem
132 Fingit in lioc casii , vestein diducere siimmam
133 Contcntus, vexare oculos, Ininiore coacto.
134 Ploralur lacrymis amissa pecunia veris.
135 Sed si cuncta vides simili fora plena querella :
136 Si decies lectis diversa in parte tabellis
137 Vana siipervacui dicunt chcirographa ligni,
138 Arguit ipsorum quos iittera, gemmaque princeps
139 Sardonychum, loculis quœ ciistoditur eburnis :
140 Te nunc , delicias ! extra communia censés
141 Ponendum : quia tu gallinx filius albsd,
142 Nos viles pulli nati infelicibus avis.
143 Rem pateris inodicam, et mediocri bile ferendam.
144 Si ftectas oculos majora ad crimina confer
145 Conductum latronem, incendia sulfure aepta ,
U6 Atquc dolo , primas cum janua calligit igneis :
— -279 —
147 Confer et lias veleris qui lollunt grandia lempli
148 Pocula adorandœ robiginis, et populorum.
149 Dona, ml antiquo positas a fiege coronas.
150 Hœc ibisi non sunt, minor exstat sacrilegus, qui
loi Radat inaurati fémur Hcrculis , et faciem ipsam
152 Neptuni, qui bracteolam de Castore ducat.
153 An dubitet solitus totium conflare Tonantem ?
154 Confer et artifices, mercatoremque veneni,
155 Et deducenduin corio bovis in mare , cum quo
156 Clauditur adversis innoxia simia fatis.
157 Hoc quota pars scelerum, qwe custos Gallicus urbis
158 Usque a Lucifero , donec lux occidat , audit 'f
159 Humant generis mores tibi liasse volenti
160 Sufficit una domus. paucos consume dies , et
161 Dicere te miserutn , postquam illinc veneris, aude.
itj2 Quis tumidum guttur miratur in Alpibus ? aut quis
163 In Meroë crasso majorem. infante mamillam Y
164 Cœrula quis stupuit Germani Iwaina, flavam
165 Cxsariem, et madido torquentem cornua cirro ?
166 Nempe quod hxc iliis natura est omnibus una.
167 Ad subitas Thracum volucres, nubemque sonorani
168 Pygmœus parvis currit bellator in armis :
169 Mox impar hosti, raptusque per aéra curvis
170 Unguibus a sseva fertur grue, si videas hoc
171 Gentibus in nostris, risu quatiare : sed illic,
172 Quanquam eadeni assidue spectentur prœlia, ridet
173 Nemo, uhi tota coliors pede non est altior uno.
174 Nullaneperjuri capitis, fraudisque nefandx
175 Pœna erit ? abreptum crede hune graviore calcme
176 Protinus, et nostro (quid plus velit ira?) necari
177 Arbitrio. manetilla tamen jactura , nec unquam
178 Depositum tibi sospes erit : sed corpore trunco
179 Invidiosa dabit minimus solatia sanguis.
180 At vindicta, bonum vita jucundius ipsa.
181 Nempe hoc indocti , quorum prxcordia nullis
182 Interdum, aut levibus videas flagrantia caussis.
183 Quantulacumque adco est occasio, sufficit irx.
184 Chrysippus non dicit idem, nec mite Thalelis
185 Ingenium, dulcique senex vicinus Hymetto,
— 280 —
isi; Qui parlcm acceptée swva inler oincla cicuUr
187 Acrusalori nollct darc, phtrima felix
188 PauUatim vitia , atque errores cxuit omneis ,
189 Prima docens rectum sapientia : quippc minuli
l'jo Semper, et inftrmi^ exiguique volupiax
191 Ultio. continua sic colligc, quod vindicla
192 Nemo magis gaudet , quam femina, cur lamen lias tu
193 Evasisse putes : quos diri conscia facti
194 Mens habet aitonitus , et surdo vcrbcre ciedil
195 Occultwn quatiente animo tovlore flagetluin !
196 Pœna autem vchemcns, ac miiUo sœmor illis,
197 Quas el CxdHius gravis invenit, et Rhadamanlas
198 Nocte, dieque suwn gcstare in pectore testem.
199 Spartano cuidam respondit Pythia vales :
200 Haud impunilum quondam fore, quod dubitaret
201 Dcposituin reiinere, et fraudem jure tueri
202 lurando : quœrebat eniin qux Numinis esset
203 Mens , et an hoc illi faciniis suaderet Apotlo.
204 Reddidit ergo metu, non moribus, et tamen omnem
205 Vocem adijti dignam templo, veramque probavit :
206 Exstinctus totapariter cum proie, domoquc,
207 Et quamvis longa deductis gente propinquis.
208 Has patitur pœnas peccandi sola voluntas
209 Nam scelus intra se tacitum qui cogitât ullum,
210 Facti crimen habet. cedo , si conata peregit ?
211 Perpétua anxietas, necmensse temporc cessât ,
212 Faucibus ut morbo siccis, interque molareis
2J3 Difftcili crescente cibo. sed vina misellus
214 Exspuit : Albani veteris pretiosa senectus
215 Displicet. ostendas melius, densissima ruga
216 Cogitur in frontem , velut acri ducta Falcrno
217 Nocte brevem. si forte induisit cura soporcm,
218 Et loto versata toro jam moabra quicscunt :
219 Continuo templum , cl violati Numinis aras ,
220 Et quod prœcipuis menlem sudoribus urget ,
221 Te videt in somnis. tua sacra et major imago
222 Humana turbat pavidum, cogitque fateri,
223 Hi sunl qui trépidant, et ad omnia fulgura pallcnl.
224 Cum ionat : exanimes primo quoqiie murmure cœli :
— 281 —
225 Non quasi for tuilus, ncc vciitoru»! raine, sed
22(; Iratus cadat in terras, et judicet ignis.
'i'ii Illa niliil nocuit, cura graviore tiineiur
228 Proxima tempestas : velul hoc dilata sereno,
•229 Pneterea, lateris vigili ciim febre dolorem
230 Si cœpere pâli, missum ad sua corpora morbuia
2-31 Infesto credunl a Numine : saxa Deonuu
232 Hxc, et iela putant. pecudeia spondere sacelto
233 Balantem, et Laribus cristam prommittere galli
234 Non audent. quid enim sperare nocentibiis œgris
235 Concessum ? vct qiix non dignior liostia vita ?
236 Mobilis, et varia est ferme nattera malorwn.
237 Cum scelus admittunt, superest constantia ; quod fas,
238 Atque nefas, tandem incipiunt sentire peracHs
239 Criminîbus. tamen ad mores natura rccurrit
240 Damnatos, fixa, et mutari nescia. nam quis
241 Peccandi finem posuit sibi ? quando recepit
242 Ejectum semel attrita de fronte ruborem ?
243 Quisnam liominum est, quem tu contentum videris uno
244 Flagitio ? dabit in laciueum vestigia noster
245 Perfidus, et ?iigri patietur carceris imcum,
246 Aut maris Mgsei rupem, scopulosque frequenteis
247 Exsulibus magnis. pœna gaudebis amara
248 Nominis invisi, tandemque fateberc Ixtus
249 Nec surdum, nec Tyresiam quemquam esse deorum.
SATYRE XIII
SUIET
Omnes improbos esse miseras , c'est le dessein de cette
satyre qui est une des plus belles ; il console dabort son
amy sur le déplaisir qu'il a de ce qu'on luy dénie un depost
considérable , et de la il entre dans le principal suiet de son
discours de montrer que le vice n'est iamais impuni. C'est
ainsi qu'il mêle de petite hystoires aux instructions qu'il
donc pour se rendre d'autant plus utile qu'il ne semble
point qu'il ayt dessein de douer des maximes.
Gratia fatlacis Prœtoris vicerit urnam {\er& 4). — Ou
l'on metoit les cendres des morts et ou l'on ietoit aussy les
billets de ceux qui donoint leurs sufrages pour l'élection
d'un magistrat ; icy U7iia se met pour le sufrage du prê-
teur, parcequ'on donoit aussy son sufrage par billets dans
les procès.
Nona setas agitur (vers 28 ). — Il fait voir que les crimes
des homes ont si fort augmenté qu'il semble que ce siècle
soit deux foix plus méchant que celuy de fer, il double tous
les autres , car il n'y en a eu que quatre.
Viœ est totidem quoi Thebarum portse (vers 26 et 27).
— Il y a eu 2 Thebes , l'une d'Egypte , et celle cy qui etoit
— -284 —
eu Bcolio (|iii auoit 7 porles iiue Slacc uoiiie toutes au
liu. 8 de sa Thebaide.
Vcl diuitis ostialSiii (vers '2.1). — Le Nil se iellc dans la
mer par 7 emboucheures ; le nombre de 7 est marque par
raport a celuy des 7 sages de la Grèce dont Ausonc a eu
soin de recueillir les principales maximes.
Et a nullo posuit natura 'métallo (vers 3U). — Les
Latins ne parlent de i aages que par comparaison aux \
métaux les plus considérables ; les Grecs en contoint autant
que de métaux, et c'est selon leur conte que le poète dit
qu'il n'y a pas asses de métaux pour exprimer iusqu'a quel
point de corruption on en est venu.
Bulla dignissime (vers 33). — Ne meriteries vous pas
d'être traité en entant, parceciue biilla ètoit une médaille
qu'on laisoit porter aux icunes entants de (qualité , et c'est
peut être de la qu'on a apelé les brefs du pape des bulles ,
parce(|u'il y a une médaille de plomb au bas , marquée aux
figures de saint Pierre et de saint Paul.
Sportula (vers 33). — Des chycns ({ui vont applaudir
aux playdoiers de Ftesidius parcequ'ils sont payés pour
cela ; les gages sont pris icy pour ceux qui les reroiucnt .
Arœ rubenti (vers 37). — Cette epythcte conuient aux
autels que le sang des victimes laisoit rougir.
IndigeniB (vers 38). — Ceux ([iii (Moint d'Italie. Inde
geniti.
Adhuo prmatus {\ei's 41). — Q)ui n'auoit pas encore oté
le royaume a son père.
Puer Iliacus {\evs 43). — Ganimede.
Hercuiis uxor (vers 43). — Hebo lille de lupiter cl de
lunon , qu'Hercule épousa lors ([u'il l'eut parmy les dieux ;
elle leur versoit le nectar, mais lupiter tit enleucr Gani-
mede par une aigle pour le mctrc a sa place.
— -285 —
Coniuge Sicula (vers 50). — Proserpine que Plnlori
enleua pendant qu'elle cueilloit des fleurs sur le mont
Œthna.
Rota (vers 51 ). — La roue ou Ixion êtoit attaché dans les
enfers.
Furiœlwers 51 ). — Alecton, Tysiphone et Megerc, filles
de la Nuit et de l'Acheron.
Nec saxwm (vers 51). — C'est le rocher que Sysiphe
montoit sur une montaigne pour le laisser rouler et le
remonter ensuite ; il auoit mérité cette peyne parceque du
tems qu'il êtoit a l'isthme , il voloit les passants qu'il ohli-
geoit ensuite a luy lauer les pieds dans la mer ou il les
precipitoit. Thésée le tua.
Vulturis atri (vers 51 ). — Le vautour qui mangeoit le
foye de Tytius. Tibulle en parle eleg. 3 , liu. 1 .
Pon^ectiisque nouem Tytius per iugera terras
Assiduas atro viscère pascit oues.
Lorsquil est couché sur la terre il tient l'espace de neuf
arpents.
Thuscis Uhellis (vers 62 ). — Liures remplis de merueilles
et surtout de la science de prédire l'aduenir par les entrailles
des bêtes , qui auoint été dictés par Tragenes miraculeuse-
ment dans un chaliip d'Hetrurie ou tout le monde courut
dabort en foule pour écouter les belles choses que ce ieune
garçon disoit , on les ecriuit et on apela ce liure la le liure
des merueilles.
Pater jEgei (vers 81 ). — vEgée , roy d'Athènes, frère de
Thésée , fut fils de Neptune.
Et fœtx compara mulse (vers 66). — Il raille de beau-
coup des choses incroyables qu'on trouuoitchez les anciens.
— 286 —
Bimembri piiero , le Minotaure ; mirandis sub aratro pis-
cibus (loul parle Pline au liii. !) . eh. 57; larfis rnrticr lor-
rens , come dit Oiiide.
Fltnnltm lain lavlis iani flwnina nectar i x ibanl.
Ça été le detfaiU particulier des plus grands poètes d'auoir
dit des choses trop incroyables, voulant paruenir au
merueilleux qui est a la vérité fort nécessaire dans la »rande
poésie lors qu'il n'est pas trop enflé.
Phario (vers 85). — D'Egypte, a cause de l'isle de
Phare vis a vis Alexandrie.
Si non cget Antijcira (vers 07). — Ce sont les paroles
du pariiu-e. Ladas ne craindroit pas d'auoir la goûte pour-
veu qu'il çleut être riche et qu'il ne feut pas fol. Antycire
êtoit une isle apelée autrefoix Cypainssus, mais elle chan-
gea de nom pour prendre celuy d'un compagnon d'Her-
cule ; il y auoit beaucoup d'hellébore dans cette isle, c'est
pour cela qu'on y enuoyoit les ibis.
Ladas (vers 97). — Fangeux a la roin'se ou il auoit
souuent remporté la victoire.
Archygene (vers 98). — Médecin.
Pisa [\(iv?> 99). — Pisa et Ilis, villes du Peloponese,
entre lesquelles il y auoit un chanq> Ibrl vaste apelé Olim-
pia ou l'on celebroit les ieux ([ui ont été apelés a cause de
cela Pisxi , j^Elei , Olimpici , Olimpli.
Irato ferlât mea lumina sistro (vers 93). — C'est une
sorte d'instrument de musique a 3 cordes , un sistre ; i'ay
Iradiiil de ces cymbales bien ([ue ce ne soit pas la même
chose , mais ie ne pouuois pas mètre un sistre , il laut
alleudre ((uc «'(^ Icrnio soit l'cceu come coluy de conopée et
d'iivdrie.
— 287 —
Ut Stentora vinccre possis vel potius quantum Gradiuus
Homericus (vers 112 el 113). — Stentor ou plutôt Mars.
N'y a fil pas une finesse satyrique dans cette correction
pour reprendre Homère d'auoir lait la voix de Stentor plus
forte que celle de 50 homes , ce qui ne peut conuenir a un
mortel , mais ce qui conuient très bien au dieu de la guerre
quand ce ne seroit que pour mieux exprimer par cette
image le bruit epouuan table des ai-mes.
Catulli (vers IH ). — C'ètoit un poète qui fit quelque
comédie.
Batylli (vers 119). — Beau garçon aymé d'Anacreon et
du tyran Polycrate ; ce dernier luy fit eleuer une statue dans
le temple de lunon a l'isle de Samos.
Cynicos (vers 121). — Secte des phylosophes établye
par Antistene , Athénien ; il enseignoit près d'un lieu apelé
Gynosargin , de la vient le nom de Cynique.
Stoicorurti (vers 121 ). — Zenon feut le chef de cette secte
qui s'apeloit stoique du mot cToa, c'est a dire galerie ou
ils ecriuoint.
Diuersa in parte (vers 136). — C'est a dire contre le
débiteur.
Gallinds filius albds (vers 141). — G'êtoit un prouerbe
parmy les Romains pour marquer un home heureux.
Nati infelicibus ouis (vers 142). — C'est un autre
prouerbe opposé au l*"" ; il doit s'entendre des œufs de cor-
beau en faisant allusion a celuy qui dit m,ali corui malum
ouum.
Custos Gallicus (vers 157 ). — Prêteur sous Domitien.
Tumnlum guttur in Aljjibus (vers 162 ). — Les habitants
des Alpes auoint la gorge fort enflée. Pline remarque au
liu. 1 1 que les eaux leur causoint cela.
— -288 —
In Merop (vers 163). — Isl(> d'Egypte près de celle de
Siene ; les femes de cette islc auoiiil les iiianieles extraor-
dinairement grosses.
Volucres suhitas (vers 167). — Les grues.
Nullane (vers 174). — (Juluinius parle.
Nempe hoc indocti (vers 181 ). — luuenal parle ; il faut
entendre dicunt ou sentiunt.
Chrysippus non dicet idem (vers 184 ). — C'est a dire un
home sage ne sera pas de ce sentiment de croire que la ven-
geance est un bien. luuenal preii,d Ghrysippe pour expri-
mer un home fort sage , parce que c'etoit un phylosophe
d'une grande vertu ; sa patrie ôtoit Tharse , son père Apol-
lonius ; ce sage phylosophe ôtoit si habile que si les dieux,
come on disoit, eussent voulu aprendre la phylosophye ils
eussent apris celle de Ghrysippe , surtout sa logique.
Mite Thaletis ingenium (vers 184 et 185). — G'êtoit un
des sept sages de la Grèce. Laerce a écrit que Thaïes Mile-
sien , celuy dont nous parlons, rendoit grâces a la Fortune
pour 3 raisons; la l'"'" d'être né home et non pas bête,
home et non pas feme , et Grec plutôt qu'étranger.
Accusatori (vers 187). — Socrate eut 3 accusateurs,
Anitus , Lycon , Melitus.
lias (vers 192). — Les pariures.
Ccvditius {vers 197 ). — luge du tems de luuenal.
Hhadamantus (vers 197). — Roy fort équitable et après
sa mort iuge dans les enfers.
Spartano cuidam (vers 199). — luuenal l'ail voir qu'il
est impossible que celuy qui retient le bien d'autruy soit
exempt des peynes ; il le prouue par l'exemple de Glauque
raportépar Hérodote, ch. 6. Glauque c'toit de Lacedemone,
sa vie luy attira l'estime de tout le monde; un Milesien
— -289 —
crut inetre son argent auec seureté entre les mains de
Glauque , les guerres qui agitoint alors l'Ionie luy donoint.
de la crainte. Glauque receut ce dépôt qu'il eut enuie de
garder quelque tems après , il t'eut pour cela consulter
l'oracle qui luy repondit qu'il auoit fait autant de mal de
penser a retenir ce Lien que si en eflet il l'auoit retenu , et
que toute sa famille periroit.
Pythia vates (vers 199). — Pbrelresse d'Apollon apelé
Pythius parcequ'il tua le serpent Python.
Tyresiam (vers 249 ). — C'est a dire qu'il n'y a point de
dieu aueugie. Tyresias êtoit Thebain ; il décida une contes-
tation entre lunon et Jupiter qui disputoint sur le plaisir
de l'amour, s'il êtoit plus grand du coté de la feme que du
coté de l'home ; Tyresias tint pour la feme; de rage lunon
• luy arracha les yeux.
FIN
UE LA 13'' SATYRE.
ly
SATYRA XIV
1 Plurima sunt , Fuscine, et fama digna sinistra ,
2 Et nitidis maculam hœsuram figentia rébus ,
3 QucB monstrant ipsi pueris, traduntque parentes .
4 Si damnosa senem juvat aléa : ludit et hwres
5 Bullatus , parvoque eadem movet arma fritillo.
6 Nec melius de se cuiquam sperare propinquo
7 Concedet juvenis : qui radere tubera terrs ,
8 Bolutum condire , et eodein jure natenteis
9 Mergere ficedulas didicit nehulone parente ,
10 Et cana monstrante gula. cum septimus annus
11 Transierit puerum, nondum omni dente renato^
12 Barbatos licet admoveas mille indc magistros ,
13 Hinc totidem , cupiet lauto cenare paratu
u Semper et a magna non degenerare culina.
15 Mitem animum , et mores modieis erroribus œquos
16 Prsecipit, atque animas servoriim, et corpora, nostra
17 Materia constare putat , paribusqiie eîementis :
18 An sœvire docet Rutilus ? qui gaudet acerbo
19 Plagarum strepitu, et' nullam Sirena flagellis
20 Comparât, Anliphates trepidi Laris, ac Polyphemus ?
21 Tum felix, quoties aliquis tortore vocato
22 Uritur ardenti tuo propter lintea ferro.
23 Quid suadet juveni Ixtus stridore catenx,
24 Quem mire afficiunt inscripta ergastula , carcer
25 Rusticus ? exspectas, ut non sit adultéra Largx
26 Filia : quw nunquam maternos dicere machos
27 Tarn cito nec tanto poterit contexere cursu,
28 Ut non ter decies respiret ? conscia matri
29 Virgo fuit : ceras nunc hac dictante pitsillas
— -^o-i —
3» Implel , el ad mœclnun dal risdein ferre rynsedis.
:n Sic naturajubet : velocius, et ci tins nos
•!•-' Corrunipunl vilioriun exempta domestica , niagnis
^3 Cum suhcunt anitnos aucloribiis. unus , et alter
34 Forsilan h/vc spernant jicvenes , quibus arte benigna ,
35 Et inetiorc hito fui.xit prcxcordia Titan :
30 Sed reliquos fugienda patriun vesligia diicunt ,
37 Et monslrata.diu vetcris trahit orbita culpœ.
38 Abslineas igitur damnandis. hujus enim vel
39 Una potens ratio est, ne crimina nostra seqnantur
ii> Ex 7iobis geniti : quoniaui dociles iniitandis
■11 Turpibus, ac pravis omnes sumus, et Catilinam
42 Quocumque in populo videos, quocumque siib axe :
43 Sed nec Brutus erit, Bruti nec avimculiis iisquam.
u Nil dictq fœdum, visuque hxc limina tangat,
40 Intra quse puer est. procul hinc, procul inde puellx
4fi Lenonum, et cantus pernoctantis parasiti.
47 Maxirna debetur puero reverentia. si quid
i8 Turpe paras, nec tu pueri contemseris annos :
49 Sed peccaturo obsistat tibi filius infans.
50 Nam si quid dignum Censoris fecerit ira,
51 Quandoqiie , et similem tibi se non corpore tantum ,
52 Nec vuUu dederit , moruyn quoque filius, et^qui
53 Omnia deterius tua per vesligia peccet ,
54 Corripies nimiruin , et castigabis acerbo
55 Clamore , ac post lixc tabulas mutare parabis.
56 Unde tibi frontem, libcrtatemque parcntis,
57 Cum facias pejora senex, vacuumque cerebro
58 lampridem caput hoc ventosd cucurbita quxrat?
59 Hospite venturo, cessabit nemo tuoriun :
60 Verre pavimentiini : nitidas ostende columnas :
61 Arida cum tota descendat aranea tela :
62 Hic lœve argentum ; vasa aspera tergeat alter :
63 Vox domini furit instanlis, virgamque tenentis.
64 Ergo miser trépidas, ne slercore fœda canino
65 Atria displiceant oculis venientis amici ,
60 Ne pcrfusa luto sit porticus ; et tamcn une
67 Semodio scobis hsec emcndat servulus unus :
08 Illud non agitas, ut sanctam filius omni
— 293 —
69 Adspiciat sine labe do)num, vitioque carentetn y
"0 Gratum est, quod patrix civem, populoque dedisti.
71 Si facis , ut patrUe'sit idoneus , utilis agris ,
72 Utilis et bellorum, et pacis rébus agendis.
73 Plurimum enim intererit, quibus artibus, ci quibus hune tu
74 Moribus instituas, serpente ciconia pullos
75 Nutrit , et inventa per dévia rura lacerta :
7fi lUi eadein sumptis quserunt animalia pinnis.
77 Vultur jumento, etcanibus, crucibusque relictis ,
78 Ad fétus properat, partemque cadaveris affert.
79 Hic est ergo cibus magni quoque vuliuris, et se
80 Pascentis , propria cum jam facit arbore nidos.
81 Sed leporem, aut capream famulœ lovis, et gencroscV
82 In saltu venantur aves : hinc prxda cubili
83 Ponitur : inde autem, cum se matura levaret
84 Progenies stimulante famé , festinat ad illam .
85 Quam primum prsedam rupto gestavcrat ovo.
86 jEdificator crat Cetronius, et, modo curvo
87 Litore Cajetœ , summa mine Tiburis arec ,
88 Nunc Pnenestinis in montibus, alla parabat
89 Culmina villarum, Grsecis, longeque petitis
90 Marmorihus, vincens Fortunx, atque Herculis xdem :
91 Ut spado vincebal Capilolia nostra Posides.
92 Dum sic ergo habitat Cetronius , imminuit rem ,
93 Fregit opes, nec parva tamen }nensura relicta;
04 Partis eraC: totam hanc turbavit filius amens,
;t5 Dum meliore novas attollit marmore villas.
'■)6 Quidam sortiti metucntem sabbata patrem ,
97 Nil prwter nubes, et cœli numen adorant.
98 Nec distarc putant liumana carne suillam,
99 Qua pater abstinuit, mox et prxputia ponunt .
100 fiomanas autem soliti contetnnere leges,
ICI ludaicum ediscunt. et servant, ac inetuunt jus,
102 Tradidit arcano quodcunque volumine Moyses.
103 Non momtrare vias , eadcm nisi sacra colenti :
104 Quœsitum ad fontem solos deducere verpos.
105 Sed pater in caussa : cui septima quœque fuit lux
106 Ignava, et partem vilx non alligil ullam.
107 Sponte tamen Juveues inutnnlu)- crtera : solam
— 2:)'i —
os Inviti quoquc avantiani e.vercere jubentur.
09 FaltH enim viUinn specie virlutis, et umbra,
10 Cu))i sil triste liabilu, vultuque, et veste severuin,
11 Nec (lubie tanquam frugi laudetur avarus.
12 Tanquam parcus homo, et rcnan tutela suarum
13 Certa Diagis, qiiam si fortuna servct easdem
14 Ilesperidutn serpens, aut Ponticus. adde quod hune, de
15 Qu(j loquor, egregiwn populus pulat adquirendi
16 Artifteeni : quippe his crescunl patriiaonia fabris.
17 Sed crescunt quocunque modo, majoraque fttint
18 Incude assidua, semperqite ardente camino.
19 Et pater ergo animi felices crédit avaros,
20 Qui miratur opes, qui nulla exempta beati
21 Pauperis esse pulat : juvenes hortatur, ut illam
22 Ire viam pergant, et eidem incumbere sectw.
23 Sunt quxdam. vitiorum elementa : his protinus itlos
24 Imbuit, et cogit minimas ediscere sardes :
25 Mox adquirendi docet insatiabile votum.
20 Server um ventres modio castigat iniquo,
27 Ipsc quoque esuriens : neque enim omnia sustinet unquam
28 Mucida cœrulei panis consumere frusta ,
2î) Hesterniiin solitus viedio servare minutai
30 Septembri, nec non differre in tcmpora cenœ
31 Alterius, conchem xslivam cum parte lacerti
32 Signatam , vel dimidio , putrique siluro
33 Filaque seclivi numerata includcre porr^.
34 Invitatus ad hwc aliquis de ponte, negavil.
35 Sed quo divilias hœc per tormenla coaclas ,
36 Cum furor haud dubius, cum sil manifesta phrenesis,
37 Ul locuplcs moriaris, egentis vivere fato ?
38 Interea pleno cum iurget sacculus ore ,
39 Crescit amor nummi , quantum ipsa pecunia crevit ,
40 Et minus hanc optât, qui non habet. ergo paratur
41 Altéra villa tibi, cum rus non sufficit umim,
42 Et pro ferre libet fineis , majorque videtur,
43 Et melior vicina seges. mercaris et hanc, et
44 Arbusta, et densa montem qui canet oliva.
45 Quorum sipretio dominus non vincitur ulio,
46 Nocte boves macri, lassoque famelica collo
_ oOn —
147 Iiimenta ad virideis hujus mitientur arislas .
148 TVcc prius inde domum , qtiam tota novalia sœvos
149 In ventres abeant, ut credas falcibm aclum.
150 Dicere vix possis, quam multi talia plorent,
151 Et qiiût venaleis injuria facerit agros.
152 Sed qui sermones ? quam fœdsB biiccina famx ?
153 Quid nocet hase, inquit. tunicain mihi malo lupins,
154 Quam si me toto laudet vicina pago
155 Exigui ruri^ paucissima farra secantem.
156 Scilicet et morbis , et debilitate carebis ,
157 Et luctum . et curam effugies , et iempora vitœ
158 Longa tibi postluec fato meliore dabuntur :
159 Si tantiim ciiltu soUs possederis agri,
160 Quantum sub Tatio populus Romamis arabat.
161 Mox eiiam fractis xtate , ac Punica passis
162 Prœlia vel Pijrrhum immanem gladiosque Molossos ,
163 Tandem pro muUis vix jugera bina dabantur
164 Vulneribus. merces hœc sanguinis, atque laboris.
165 Nullis visa unquam meritis minor, aut ingratœ
166 Curta fides patriv. saturabat glebula talis
167 Patrem ipsum, turbamque casse : qua fêta jacebat
168 Uxor, et infantes ludebant quatuor, unus
169 Vernula, très domitii : sed magnis fratribus horum
170 A scrobe , vel sulco redeuntibus , altéra cena
171 Amplior, et grandes fumabant pultibus ollse.
172 Nunc modus hic agri nostro non sufficit horto.
173 Inde fere scelerum caussœ, nec plura venena
174 Miscuit, aut ferro grassatur ssepius ullum
175 Humant mentis vitium, quam saeva cupide
176 Immodici census. nam dives qui fieri vult,
177 Et cito vult fieri. sed quse reverentia legum. ,
178 Quis metus, aut pudor est unquam properantis avari?
179 Vivite contenu casulis, et collibus istis
180 0 puerî, Marsus dicebat et Hernicus olim
181 Vestinusque senex : paneni quxramus aratro
182 Qui satis est mensis : laudant hoc îiumina ruris,
183 Quorum ope , et auxilio , gratx post munus aristse ,
184 Contingunt homini veteris fastidia quercus.
185 Nil vetitum fecisse volet , quem non pudet alto
— 296 —
186 Pcr ijlacieni peronc legi, qui suinmovet Euros
1R7 Pellibus inversis. percgrina, ignotaquc nobis
188 Ad scelus, atquc ncfas, quxcunquc est, purpura ducit.
189 Hiec un veteres prxcepta minoribus : at nunc
190 Post finem autumni média de nodc supinum
191 Claraosus juvenem jyater excitât : accipeceras,
192 Scribe puer, vigila, caussas âge, perlege rubras
193 Majorum leges, aul vitem posée iibello.
19'. Sed caput inlaclwn buxo , naresquc pilosas
195 Adnotet, et grandes miretur LsbUus alas.
196 Diruc Maurorum attcgias, castella Brigantum,
197 Ut locupletem aquilam tibi sexagesimus annus
198 Ajferat. aut , longos castrorum ferre labores
199 Si piget, et trepidum solvunt tibi cornua ventrem
200 Cum lituis audita , parcs , quod vendere possis
201 Pliiris dimidio, nec le fastidia mercis
202 UUius suheant ablegandse Tiberim ultra,
203 Neic credas ponendum aliquid discriminis inter
204 Unguenta, et corium. Lucri bonus est odor ex rr
205 Qualibet. illa tua sententia semper in ore
206 Versetur, Dits, atque ipso lovi digna poetx :
207 Unde habeas quxrit'nemo, sed oportet haberc.
208 Hoc monstrant vetulas pueris repentibus assx :
209 Hoc discunt omnes ante alpha et bêla puellw.
210 Talibus instantem monitis, quemcunque parentem
211 Sic possem adfari : die, 6 vanissime, qiiis te
212 Festinare jubet? meliorem prœsto magistro
213 Discipuliim. securus abi : vinccris, ut Ajax
214 Prseteriit Telamonem, ut Pelea vicit Achilles.
216 Parcendum est teneris. nondum implevere medullas
216 Naturx mala. nequitia est. cum pecterc harbam
217 Cœperit, et longi mucronem admittere cultri,
218 Falsus erit testis, vcndet perjuria snmma
219 Exigua, et Cereris langens aramque pcdcmquc.
220 Elatamjam crede nurum, si limina vestra
221 Mortifera cum dote subit, quibus illa premetur
222 Per somnum digitis! nam qux terraqiie manque
223 Acquirenda putas, brevior via conferet illi.
224 NuLLUS enim magni scelcris labor. hœc ego nunquam
— 297 —
■225 Mandavi, diccs uiim, nec talia suasi :
■226 Mentis caicssa mata; tamen est , et origo pencs te.
227 Nam quisquis magni census pvxcepit amorem ,
228 Et Ic'i'vo monitu pueros producit avaros ,
229 Et qui per fraudes patrimonia conduplicare
230 Dat libertatem, et totas effiindit habenas
231 Curriculo : quem si revoces , subsistere nescit ,
232 Et te contempto rapituv, metisque relictis.
233 Nemo satis crédit tantwn delinqiiere, quantum
231 Pcrmittas : adeo indulgent sibi latins ipsi ,
235 Cum dicis juveni, stultum, qui donet amico,
236 Qui paupertatem levet, attollatque propinqui :
237 Et spoliare doccs , et circumscribere , et omni
238 Crimine divitias acquirere, quarum amor in te,
239 Quantus erat patrix Deciorum in pectore, quantum
240 Dilexit Thebas, si Grœcia vera, Menxcxus ;
241 In quarum sulcis legiuncs dentibus anguis
242 Cum clypcis nascuntur, et horrida bella capcssunt
243 Continuo, ta)iquam et lubicen surrexerit una.
244 Ergo ignem, cujus scintillas ipse dedisti ,
245 Flagrantem. late, et rapientem cuncta videbis.
246 Nec tibi parcetur misera, trepidumque magistrum
247 In cavea magno fremitu leo tollet alumnus.
248 Nota mathematicis genesis tua : sed grave tardas
249 Exspectare colus. morieris staminé nondwn
250 Abrupto. ja)n nunc obstas, et vola moraris :
Toi lam torquet juvcnem longa, et cervina senectus.
roi Ocyus Archigenem quxre, atque eme, quod Mithridates
253 Composuit , si vis aliam decerpere ficum ,
254 Atque alias tractare rosas. medicamen habendum est,
255 Sorbere ante cibum quod debeat , et pater, et Rex.
256 Monstro voluptatem egregiam; cui nulla theatra,
257 Nulla xquare queas Prxtoris pulpita lauti ,
258 Si spectes quanta capitis discrimine constent
259 Incrementa domus , airata multus in arca
360 Fiscus, et ad vigilem ponendi Castora nummi,
261 Ex quo Mars ultor galeam quoque perdidit , et res
262 Non potuit servare suas, ergo omnia Flors:,
263 Et Cereris licet, et Cybeles aulxa relinquas.
— 298 —
2G1 Tanin majores liumana nri/olia ludi.
265 An magis obleclant animum jactala petaiiro
266 Corpora, quique solet rectum descendere fiinem ,
207 Quam tu Conjcia semper qui puppe moraris ,
268 Atque habitas, Coro semper tollendus, et Austro,
2cn Perditus , ac vilis sacci mercator olentis :
270 Qui gaudes pingue antiqux de litore Cretœ
271 Passum, et municipes lovis advexisse lagenas ?
272 Hic tamenancipiti figens vesligia planta
273 Victum illa mercede parât , brumamque, famemqur
274 Illa reste cavet : tu propter mille talenta ,
275 Et cantum villas lemcrarius aspice portiis,
276 Et plénum magnis trabibus mare : plus hominum est jam
277 In jjelago. véniel classis quocunque vocarit
278 Spes lucri, nec Carpathium, Gelulaqtie tantum
279 Mquora transiliet : sed longe Calpe relicta,
280 Audiel Ilerculeo stridentem gurgite solem.
281 Grande opi'rx pretium est, ut tenso folle reverti
282 Inde domum possis, tumidaque superbus alula
283 Oceani monsira , et juvcnes vidisse marinos.
284 Non unus menteis agitai furor : ille sororis
285 In manibus vultu Ëumcnidum terretur, et igni :
2SG Hic bove percusso mugire Agamemnona crédit,
287 Aut Ithacum. parcat tunicis licet , atque lacernis ,
288 Guratoris cget, qui navem mcrcibus implct
289 Ad summum lalus, et tabula distinguilur unda :
290 Cum, sit caussa mali tanti , et discriminis hujus ,
291 Concisum argenlum in titulos , faciesque minutas.
292 Occurrunt nubes, et fulgura : solvite funem
293 Frumenti dominus clamât, piperisque coempti.
294 Nil color hic cœli, nil fascia nigra minatur :
295 ^stivicm tonat. infelix, hac forsitan ipsà
296 Nocte cadit fractis trabibus, fluctuque premetur
297 Obrutus^i et Zonam Uvva, morsuque tenebit.
298 Sed, ciijus votis modo non suffecerat aurum,
299 Quod Tagus, et rutila volvit Pactolus arena,
300 Frigida sufficicnt vêlantes inguina panni ,
301 Exiguusque cibus, mersa rate naufragus assem
302 Bum rogat, et picta se tempestate ttietîir.
— 200 —
303 Tantis parla malis, cura majore, metuquc
301 Srrvantur. Misera est magni custodia censiis.
305 Disposais prxdives hamis vigilare cohortem
306 Servorum noctu Licimis jiibet , attonitus pro
307 Electre, signisque suis , Phrygiaque columna,
308 Atqtie ebore, et lata testudine. dolia midi
309 Non ardent Cynici .- si fregeris, altéra fiet
310 Gros domus, aut eadem plumho commissa manebit.
311 Sensit Alcxander , testa cum vidit'in illa
312 Magnum habitatorem, quanlo felicior hic, qui
313 Nil cuperet, quam qxii Intum sibi posceret orbem,
214 Passurus gestis .vqmnda pericula rébus.
315 Nullum numen habcs, si sit prudcntia : nos te
316 Nos facimus, Fortwia, Dcam. mensura lamen qux
317 Sufficiat census, si quis me consulat, edam,
318 In quantum sitis, atque famés, et frigorn poscwit,
319 Quantum, Epicure, libi parvis suffecit in Iwrtis,
320 Quantum Socratici ceperunt ante pénates.
321 Nunquam aliud naiura, atiud sapientia dicit.
322 Acribus exemplis videor le éluder e. misce
323 Ergo aliquid nostris de moribus : effice summam
324 Bisseptem ordinibus , quam lex dignalur Othonis.
325 Hœc quoque si rugam trahit, extenditque labellum :
326 Sume duos équités, fac tertia quadringenta.
327 Si nondum implevi gremium, si panditur ultra :
328 Nec Crœsi fortuna unquam, nec Persica régna
329 Siif/icient animo, nec diviticV Narcissi,
330 Induisit Cœsar qui Clandius omnia, cujus
331 Paruit imperiis uxorem occidere jussus.
SATYRE XIV
SUIET
Cette satyre contient un des plus beaux suiets de la
morale . et luuenal a employé tout ce qu'il auoit de Télo-
quence pour le bien traiter ; ainsy on peut la regarder corne
une pièce très utile , puisqu'il s'agit de doner une bonne
éducation aux ieunes gens , et come un ouurage fort
agréable ou il y a peu de beaux endroits ailleurs qui ne
soint soutenus d'une manière forte qui conuient a la satyre
auec la délicatesse et l'exactitude.
Hutilus (vers 18 i. — Ce nom est mis en gênerai pour
exprimer un parent cruel : Rutile auoit beaucoup de bien .
il le consuma et se fit ensuite gladiateur.
Antiphates (vers 20). — Roy des Lestrigons dans la
Campanie , près de Gaieté ; ce roy et ses suiets êtoint si
cruels qu'ils tuoint des homes pour les manger.
Titan (vers 35). — Promethée petit fils de Titan, car il
nacquit d'Asie et de lapet fils de Titan.
Auimculus Bruti (vers 43). — Caton d'Utique, frère de
Seruilie , mère de Brutus.
Posides (vers 91 ). — Affranchy de Claude.
Nilpneter nubes (vers 97). — N'adorent que le dieu du
ciel. Ai-istophane reprochoit aussy a Socrate de n'adorer
— :U)-J —
que les nuages, mais jjeul être le poêle fonde son reproche
sur ce que Dieu se rendit visible a Moyse dans un nuage
lors qu'il lùy dona la loy.
Tradidit arcaiio {vers 102). — 11 nomme les liures de
Moyse des liures sacrés , parceque les luifs ne les comuni-
quointpas aux prophanes.
Marsus (vers 180). — Peuple voisin des Sabins.
Hernicus {vers 180). — Voisins de Lauinium etd'Aibe.
Vestinus [vers 181 ). — Voisins des Sabins et des Marses.
Vitem (vers 193 ). — C'est a dire un employ de centurion
qui portoit une branche de vigne pour fraper les soldats.
Brigantuin (vers 19G). — Peuples de la Bretaigne , ce
sont les Anglois. ■
Menœcœus (vers 240). — Thebain , fils de Greon, qui
ayant apris du deuin Tyresias que la ville de Thebes seroit
toùiours libre s'il mouroit volontairement pour son salut .
se tua généreusement luy même.
In quarum sulcis (vers 241 ). — C'est Thystoire de
Gadmus, fils d'Agenor, qui étant aie dans la Bœotie pour
chercher sa sœur Europe enleuée par lupiter se mit a bâtir la
ville de Thebes , et voulant faire quelque sacryfice il enuoya
quelques uns de ses compagnons chercher de l'eau a une
fontaine ; ils y feurent tous deuorés, ce qui effraya extrême-
ment Gadmus aussy bien que ce que luy prédit l'oracle qu'il
seroit luy môme métamorphosé en serpent auec sa feme
dans sa vieillesse ; l'oracle luy dit encore qu'il faloit semer
les dents de ce serpent ; il le fit et dabort une armée en
naquit dont les soldats s'entretuerent presque tous.
Ad vigilem Castora (vers 260). — Il y auoit une place
près du temple de Castor, ou des banquiers gardoint l'argent
des cytoiens corne Ton fait a Venise.
— 303 —
Eœ quo Mars (vers 261) — Siielone écrit qu'Auguste fil
bâtir un barreau auec un temple consacré a Mars : il y auoit
des gens dans ce temple qui gardoint l'argent des cytoiens
lors qu'il y auoit dan.yer do le perdre ; il arriua que ces
gardes feurenl volés et les ornements même des dieux
feurent pris ; c'est pour cela quo l'on prit le temple de Cas-
tor a la place de celuy la.
Corycia puppe (vers 267 ). — Dans un nauire de pyrate ;
c êtoit le métier des habitants de Corycie, ville de la Gilicie.
Le poète veut faire voir qu'un auare est toùiours corne dans
un nauire pour prendre du bien d'un côté et d'autre.
CarpathiuTïi (vers 278). — Mer qui est entre Rhodes et
l'isle de Carpathe qui lui donc le nom; c'est une des
Sporades.
Lucri bonus est ndor ex re qualibet (vers 278). — Sué-
tone raporte que Vespasien voyant que son fils Titus
n'aprouuoit pas qu'il eut mis des impots sur les urines luy
fit sentir le 1 ^'" argent qu'il en tira, luy demandant si l'odeur
en êtoit suportable et que Titus luy ayant repondu qu'il ne
s'aperceuoit pas que cet argent eut aucune mauuaise sen-
teur, Vespasien luy répliqua en riant qu'il sortoit neag-
moints de l'urine. Cet endroit est asses remarquable et done
lieu à l'allusion que fait icy le poète et qui conuient parfai-
ment a un auare.
lactata petauro corpor'a ( vers 265 et 266 ). — Petau-
rwm est une machyne a voler dont se seruent les danseurs
de corde apelés dans Martial petauristœ. le n'ay pas suiuy
neagmoints cette explication , i'ay traduit qui passent tout
leur corps dans un cerceau. Turnebe et Scaliger ne desa-
prouuent pas cette manière d'expliquer, et come elle est
— 304 —
Jiisée ie l'ay preferéo a cotte machyno dont parlent los aiiti-es
interprètes.
Municipes louis aduexisse lagc/ias (vers 271 ). — Parce-
qu'elles êtoint de Crête ou lupiter fut nourry. On n'ose
guère censurer laulhour (jue l'on traduit, ic puis dire
neagmoints qu'il y a souuent dans luuenal des métamor-
phoses rudes , des expressions trop ibrtes , des epy thetes
d'une trop grande energye , mais quand on a un peu de bon
goût pour leloquence on euite ces dérèglements d'une ima-
gination viue ; municipes louis aduexisse lagenas en est
un exemple.
Dolia nudi non ardent Cynici (vers 308 et 309).' —
Diogene est ce cynique , et ce qui est aiouté d'Alexandre
fait aisément venir ce qui se passa entre ce roy et co phylo-
sophe.
Ille (vers 284). — C'est Oreste qui après auoir tué sa
mère croyoit auoir deuant les yeux les Furies.
Eumenides (vers 285). — Les Furies ; ce nom leur est
doné par contreuerité , £u[avivyiç veut dire doux.
Hic (vers 286). — C'est Aiax Talemon qui ayant été
vaincu par Ulisse dans la dispute pour les armes d'Achylle
en deuint furieux (3t croyoit batre Agamennon en bâtant
des bœufs.
Macwm( vers 287 ). — Ulisse dont la patrie êtoit ltu([ue.
Pactolus (vers 299). — Fleuue de la Lydie qui rouloil
dans ses flots du sable d'or.
Bis septem ordinibus (vers 32 4). — Faites une sorne
qui puisse nous mener iusqu'au 1 i'"" l'ang du théâtre qui
ètoit la place des cheualiers.
Cresus (vers 328). — Roy des Lydiens, le plus riche
prince de son tems.
— 305 —
Narcissus [YGvs 329). — Affranchy de Claude Gcsar.
Auec Pallas Narcisse decoiiurit l'adultère de Messaline
qu'elle auoit comis auec Silius , et fcut ainsy cause do sa
mort.
FIN
DE LA 14" SATYRE,
20
8ATYRA XV
1 Quis nescii, Volu.si Bithynice. qualia démens
2 jEgyptus portenta colat ? crocodilon adorât
3 Pars lixc ; illa pavet saturam scrpentibus fbirn.
4 Effigies sacri nitet aurea cercopitheci ,
5 Dimidio magicœ résonant ubi Memnone cliordx,
fi Atque vêtus Thebx centumjacet obruta partis.
7 Illic cxruleos, hic piscem fluminis, illie
8 Oppida tota canetn venerantur , nemo Dianam.
s Porrum, et cèpe nefas violare et frangere morsu.
10 0 sanctas genteis, quibus hœc nascuntur in hortis
11 Numina! lanatis animalibus abstinet omnis
12 Mensa. nefas illic fetum jugulare capellx :
13 Carnibus humanis vesci licet. attonito cum
14 Taie super cenam facinus narraret Ulysses
15 Alcinoo , bilem, aut risum fortasse quibusdam
16 Moveral, ut mendax aretalogus. in mare nemo
17 Hu7ic abicit, sasva dignum, veraque Carybdi,
18 Fingentem immaneis Lxstrygonas, atque Cy dopas ?
19 Nam citius Scyllam, vel concurreniia saxa
20 Cyanea , plenos et tempestatihus utreis
21 Crediderim , aut tenui percussum verbere Circes .
22 Et cum remigibus grunnissc Helphenora porcis.
23 Tarn vacui capitis populum Phaeaca putavit?
24 Sic aliquis meritonondum ebrius, et minimum qui
•2b De Corcyrsea temeium duxerat urna :
26 Solus enim' hoc Ithacus nullo sub teste canebat.
27 Nos miranda quidem , sed nuper consule lunio
28 Gesta super calidse referemus mœnia Copti,
29 Nos vulgi scelus, et cunctis graviora cothurnis.
— .iUH —
;io Nani sceliis , a Pi/rrha qnaaquam omnia syrmata volvas
31 Nullm apud Iragicos popitltis facit. accipe nostro
Zi Dira quod exemplum ferilas produxerit wvo.
33 Inter finitimos , vctus , nique antiqua sitmiltas ,
u Immortale odium^ et nunquam sanabile vulnus
3& Ardet adluic , Ombos et Tentyra. summus vtrinque
36 Inde furor rulgo, quod Numina vicinorum
37 Odit uterque locus , mm xolos credat habendos
38 Esse Beos, quos ipsecolit. scd tempore festo
39 AUerins populi rapienda occasio cunctis
40 Visa inimicorum primoribus, ac ducibus : ne
41 Lxtum, liilaremque diem, ne maqnœ gaudia cens:
42 Sentirent posilis ad templa, et compita mensis,
43 Pervigilique toro, quem nocte. ac luce jacentem
44 Septimus inlerdiim Sol invenit. horrida sane
45 jEgyptus : sed luxuria, quantum ipse notavi.
4G Barbara famoso non cedit turba canopo.
47 Adde quod et facilis Victoria de madidis , et
48 Blassis atque mero titubantibus. inde virorum
49 Saltatus nigro tibicine, qualiacunque
50 Unguenia, et flores , multxque in f rente coronx :
51 Hinc jéjunum odium. sed jurgia prima sonare
52 Incipiiint animus ardcntibus : hœc tuba rixs-.
53 Dein clamore pan concurritur, et vice teli
54 Sxvit nuda manus : paucxsine vulnere mala' ,
55 Vix cuiquam, aut nulli toto certamine nasus
5fl Inleger. aspiceres jam ciincta per agmina vultus
57 Dimidios , alias faciès , et hiantia ruptis
58 Ossa genis, picnos oculorum sanguine pugnos.
59 Ludere se crcdunl ipsi tamen, et puerileis
60 Exercere acics, quod nullacadavera calrent.
fil Et sane quo tôt rixantis millia turbx,
C2 Si vivant omnes? ergo acriorimpetus, et jam
63 Saxa inclinatis per liumum quœsita lacertis
«4 Incipiunt torquere, domestica seditioni
65 Tela. nec hune lapidem, qualeis et Turnm , et Ajax,
66 Vel quo Tydides percussit pondère coxam
67 ,Eneœ : sed quem valeant emittere dextrx
68 mis dissimiles , et nostro tempore iialx.
— ;{Oii —
69 Nam genus hoc vivo jam decrescebat Homtro.
70 Terra malos homines nunc educat, atque piisillos.
71 Ergo Deus quicunque aspexit, ridct, et odil.
72 .4 dtverticulo repclalur fabula, postquam
73 Subsidiis aucti pars altéra promere ferrum
74 Audet, el infestis pugnam instaurare sagitiis :
~i'o Terga fugse céleri prsestantibus omnibus, imtant
76 Qui vicina colunt umbroscB Tentyrapalmx.
77 Labitiir hinc quidam , nimia formidine cursum
"S Prœcipitans, capilurque : ast illum in plurima sectum
79 Frusta, et par lieu las , ut multis mortuus unus
80 SufUceret , totum corrosis ossibus edit
81 Victrix turba, nec ardenti decoxit aëno,
82 Aut verubiis : longum usque adeo, tardumque putavit
83 Exspectare focos, contenta cadavere crudo.
84 Hic gaudere libet, quod non violaverit ignem,
85 Quem summa cœli raptum de parle Prometheus
86 Donavit terris, elemento gratulor, et te
87 Exultare reor. sed qui mordere cadaver
88 Sustinuit, nil unquam hac carne libcntius edit.
89 Nani scelere in tanto ne quxras, et dubiles, an
90 Prima voluptatem gula senserit : ultimus autem
91 Qui stetit absumpto jam toto corpore, dicctis
92 Per terram digiiis, aliquid de sanguitie gustat.
93 Vascones, ut fama est, alimentis talibus olim
94 Produxere animas : sed res diversa. sed illic
95 Fortunœ invidia est, bellorumque ultima, casus
96 Extremi , longx dira obsidionis egeslas.
97 Hujus enini, quod nunc agitur miserabile débet
98 Exemplum esse cibi. sicut modo dicta mihi gens
99 Post. omnes herbas , post cuncta animalia quidquid
100 Cogebat vacui ventris furor, hostibus ipsis
101 Pallorem, ac macieni, ac lenueis miser anlib us art as,
102 Membra aliéna famé lacerabant , esse parati
103 Et sua. quisnam hominum veniam dare, quisve Deorum
104 Viribus abnuerit dira, atque immania passis,
105 Et quibus illorùm poterant ignoscere Mânes ,
106 Quorum corporibus vescebantur? melius nos
107 Zenonis prxcepta monent. nec enim omnia , (juxdam
— ;jio —
108 Pro vila facienda putat. sed L'antaber unde
109 Stoicus, anlitjui pr.rscrlim aetate Metelli'i'
110 Nunc talus Graias, noslrasque habet orbis Athenas.
111 Gallia caussidicos docicit facnnda Britannos ,
112 De conducendo loquitur Jam rhetorc Thyle.
113 Nobilis ille tameti populùs, quem diximus, el par
114 Virtute , atque ftde : sed major cladc Saguniiis.
115 Taie qiiid excusât Mxotida ssevior ara
116 JEgyptus ? quippe illa nefandi Taurica sacri
117 Inventrix, homines, utjamqux carmina tradunt
118 Digna ftde credas , tantiim immolât : ulterius nil ,
119 Aut gravius cultro timet hostia. quis modo casus
120 Impulit hos? qux tanta famés, infestaqiie vallo
121 Arma co'ègerunl, tam detestabile monstrum
122 Audere ? anne alium terra Memphidite sicca
123 Invidiam faceret nolenti surgere Nilo ?
124 Qua nec terribiles Cymbri, nec Dritones unquam ,
125 Sauroinalwque truces, aut immanes Agathyrsi ,
126 Hac sxvit rabie imbelle et inutile vulgus ,
127 Parvula ficlilibus solitum dare vêla phaselis,
128 Et brevibus pictw remis incumbcre teslsc.
i2!t Nec pœnam sceleri invenies, nec digna parabis
130 Supplicia his populis , in quorum mente pares sunt
131 Et similes, ira, atque famés, mollissima corda
132 Huma?io generi dare se natura fatetur.
133 Qux lacrymas dédit, hxc nostri pars optima sensus.
134 Plorare ergo jubet caussam dicentis amici,
135 Squaloremque rei, pupillum ad jura vocantcm
136 Circumscriptorem , cujus manantia flelu
137 Ora puellares faciunt incerta capilli.
138 Naturse imperio gemimus , cum funus adultsB
139 Virginis occurrit, vel terra clauditur infans,
140 Et minor igné rogi. Quis enim. bonus et face dignus
141 Arcana , qualem Cereris vult esse sacerdos,
142 Ulla aliéna sibi credat mala ? séparât hoc nos
143 A grege mutorum , atque ideo venerabile soli
144 Sortiti ingenium , divinorumque capaces,
145 Atque exercendis, capiendisque artibus apti
146 Sensum a cœlesli d&missum traximus arce,
— 311 —
147 Cujus egent prona, et terram spectantia. mundi
148 Principio induisit communis conditor illis
149 Tanlum animas, nobis animum quoque , mutuus ut nos
150 Adfed us peter e auxilium , et prxstare juberet ,
151 Dispersas trahere in populum, migrare vetusto
152 De nemore et proavis hahitatas linquere silvas :
153 jEdificare domos, Laribus conjungere nostris
154 Tectum aliud, tutos vicino limite somnos
155 Ut collata daret fiducia : protegere armis
156 Lapsum , aut ingenti nutantem vulnere civem ,
157 Communi dare signa tuba, defendier iisdem
158 Turrihus, atque utia portarum clave teneri.
159 Sed jam serpentum major concordia : pareil
160 Cognatis maculis similis fera, quando leoni
161 Fortior eripuit vitam leo ? que nemore unquam
162 Expiravit aper majoris dentibus apri ?
163 Indica tigris agit rabida cum tigride pacem
164 Perpetuam : sxvis inter se convenit ursis.
165 Ast homini ferrum lethale incude nefanda
166 Produxisse pariim est, cum rastra, et sarcula tantum
Î67 Adsueti coquere, et marris, ac vomere lassi
168 Nescierint primi gladios extendere fabri.
169 Aspicimus populos , quorum non sufficit irse
no Occidisse aliquem; sed pectora, brachia, vultum
171 Crediderint genus esse cibi. quid diceret ergo,
172 Vel quo non fugeret , si nunc hxc monstra videret
173 Pythagoras : cunctis animalibus abstinuit qui
174 Tanquam komine , et ventri induisit non omne legumen ?
SATYRE XV
SUIET
Cette satyre est contre les superstitions des Egyptiens ;
il semble que le poète ne parle que contre eux , mais tout
ce qu'il fait n'est que pour blâmer Gryspin qui êtoit
d'Egypte. Cernantes , secrétaire du duc d'Albe , ayant été
traité auec mépris par le duc de Lerme , premier ministre
de Philippe III roy d'Espagne , ecriuit par un autre tour
satyrique le romande Dom Quichote de la Manche pour
rendre ridicule la noblesse d'Espagne qui s'ètoit entêtée de
cheualerie. Toutes les deux manières sont une très fine
satyre de ceux que l'on ne veut pas nomer ; dans l'an-
ciene , sous le nom d'une nation , on dit tout ce que Ton
veut d'un particulier qui en est ; dans la nouuelle , en par-
lant d'un particulier, on peint a sa fantaisie tous les défauts
d'une nation.
/6m (vers 3). — Oiseau particulier d'Egypte ; il deuore
les serpents, et corne l'Egypte en est infectée, elle adore
cest oiseau.
Ubi résonant dimidio Memnone (vers 5). — Il entend la
Thebes d'Egypte ou il y auoit une grande statue de Memnon
qui rendoit un son harmonieux lors qu'elle êtoil frapée du
soleil.
— 314 —
Attonito (vers 13). — Ulisse après la ruine de Troye,
reuenant dans sa patrie Itaque , feut agité de la tempête
pendant 7 ans ; a la (in il fit naiilVage au riuage de Gorycie
ou il trouua Nausicaa, fille du roy Alcinous , a qui il dona
un habit pour se couurir et feut la présenter a son père ou
il racontoit pendant le repas ses auantures.
Concurrentia saœa {vers 19). — Il y a "dans le Bosphore
des isles apelées Simplegades qui semblent combatre les
unes contre les autres ; le poète les apele les isles de Gyanes,
xuotvo; noir.
Helphenora (vers 22). — Ulisse raconte dans Homère
quHelphenor auec quelques autres de ses compagnons
feurent métamorphosés par Gircé en pourceaux, de manière
neagmoints qu'ils conseruerent le raisonement ; ils recou-
urerent enfin la forme humaine.
Copti (vers 28). — Ville comune aux Arabes et aux
Egyptiens , dans l'extrémité de l'Egypte et par concequent
fort chaude.
Terra malos homines nunc educat atque pusillos (vers
70). — II n'épargne ny Homère ny Virgile qui ont fait
leurs héros au delà de ce qui pouuoit conucnir aux mortels.
Hummia transtulere addeos, mallem diuina ad nos. Un
sauant critique s'est aussy mocqué dans sa poétique de cette
grosse pierre qui seruoit de borne que Virgile fait ieter par
^née contre Turnus ; il n'est pas neagmoints impossible
de iustifier ces grands homes, en disant seulement (|u'ils ne
donoint pas une force incroyable a leurs héros , puisqu'ils
les representoint touiours accompagnés d'une puissance
diuine ; ainsy leurs actions sont merueilleuses par elles
même , et vray semblables par le secours qu'on leur attribue.
Turnus (vers 65). — Virgile dit dans le 12™'' Hure
— 31.-) —
qu'^née ietta une pierre contre Turnus que six homes
n'auroint sceu leuer.
Àiax {vers 65). — Aiax en ietta une semblable contre
Hector.
Tydides{yeYS 66). — Diomede, fils de Tydée et d'Argie,
ietta contre JEnée une pierre prodigieuse ; Venus en empê-
cha le coup.
Antiqui Metelli (vers 109). — Dans le tems que les Gas-
cons êtoint assiégés par Sertorius, L. Metellus combatoit
contre Sertorius ; c'est ce Metellus qui fit la guerre a lugur-
tha, roy de la Mauritanie.
Sed Cantaher stoicus (vers 108 et 109). — Le sens est :
les préceptes des Stoïciens sont fort bons . mais coment est
ce que les Gascons pouuoint auoir de tels préceptes, corne
s'il disoit que les Gascons ignoroint les préceptes des phy-
losophes, et ainsy l'on ne doit pas être surpris s'ils man-
geoint de la chair humaine ; le poète les veut encore excuser
par la pour auoir plus de raison de décrier les Egyptiens.
Nunc totus Graias (vers 110). — Dans notre siècle, dit
il , tout le monde scait la phylosophye des Grecs et des
Latins , et ainsy il n'y a point d'excuse pour ceux qui
mangent de la chair himiaine.
Thyle (vers 1 12). — Isle d'Ecosse.
Ara Masotida (vers 115). — Il y auoit aux marais Maeo-
tides un temple de Diane ou l'on sacryfioit les homes en
vie.
Terra Memphidite (vers 1 22). — D'Egypte , dans laquelle
est la ville de Memphis.
Anne inuidiam faceret (vers 122 et 123). — Si le Nil ,
dit il, ne vouloit pas inonder les campagnes d'Egypte, les
Egytiens pourroint ils faire quelque chose de plus cruel
— 316 —
pour 1 obliger a repaiidrt; ses eaux. C ètoit la coutume parmy
eux d'inuiter le fleuue par quelque cruauté : Busiris feut le
l"' (|ui sacryfia un home pour cela.
Cymbri (vers 124). — Peuples de Germanie.
Agathyrsi (vers l'^5\ — Scythes apelés ainsy d'Aga-
thyrse, fils d'Hercule.
Vascones ut fama est{\Qvs, 93). — Les uns disent qu'ils
feurent prel^sés par Annibal ; les autres prétendent que ce
feut par Metellus au tems de la guerre qu'il fit contre Ser-
torius, ce qui est plus conforme a ce qu'il aioùte : xtate
Metelli. Voyes Plutarque, Appien et Florus; il n'est pas
neagmoints nécessaire au dessein du poète d'entrer dans ce
détail hystorique.
Fera similis maculis cognatis (vers 160). — Tygre ,
parcequ'il est marqueté.
Pythagoras (vers 173). — Pythagore tenoit la transmi-
gration des âmes dans les corps des animaux ; c'est pour
cela qu'il s'abstenoit de leur chair et ses disciples de même,
ne mangeant que des legumages.
Etminorigne rogi(\evs 140). — Qui meurt trop jeune
pour être porté sur le bûcher. Pline done lieu de traduire
ainsy, car il dit au liu. 7 qu'il n'ètoit pas permis de brûler
les enfants qui mouroinl auant que les dents leur feussent
venues.
FIN
DE LA 1 5'"'" SATYRE.
SATYRA XVI
1 Quis numerare queal felicis prœmia , Galle,
■2 Militis' ? nam si subevntur prospéra castra ,
8 Me parvidwn excipiat tironeni porta secundo
4 Sidère : plus etenim fati valet hora benigni
5 Quam si nos Veneris commendet epistola Marti ,
6 Et Samia genitrix qusB delectatur arena.
7 Commoda tractemus primum communia , quorum
8 Haud minimum illud erit , ne te pulsare togatus
9 Audeat : immo et si pulsetur, dissimulet, nec
10 Audeat excussos prœtori ostendere denteis ,
11 Et nigram in fade tumidis livoribus offam,
12 Atque oculum medico nil promittente relictum.
13 Bardiacus judex datur hxc punire volenti
H Calceus, et grandes magna ad suhsellia surse,
15 Legibus antiguis castrorum, et more Camilli
16 Servato, miles ne vallum litigei extra,
17 Et procul a signis. justissima centurionum
18 Cognitio est igitur de milite, nec mihi deeril
19 Ultio, si jiistff^ defcrticr caussa querels!.
20 Tota cohors tamen est inimica , omnesque manipli
21 GonsensH magno efficiunt curabilis ui sit
22 Vindicta, et gravior quam injuria : dignum erit ergu
23 Derlamatoris murino corde Vagelli ,
24 Cuin duo crura habeas, offendere tôt caligas, tôt
25 Milita clavorum. quis tam procul absit ab urbe?
26 Prœterea quis tam Pylades, molem aggcris ultra
27 Vt reniât ? lacrymsB siccentur protinus, et se
28 Excusaturos non sollicitemus amicos.
29 Da testem, judex cum dixerit : audeat ille
— MH —
30 Nescio quid, pugnos qui vidil, divcre, vidi,
31 Et credain diqmnii barba, dignumque capillis
32 Majorutn. rilius falsitm produrere testera
3R Contra paganum possis, quam vcra loqurntem ,
34 Contra fortnnam armali, conlraque pudorem.
35 Prœmia nunc alia, atque alla emolumenta notemus
36 Sacramentorum . convallem j'uris avili
37 Improbiis, aut cavipuni mild si viciniis ademil.
38 Et sacrum effodit medio de limite saxum,
39 Quod niea ciim patulo coluit puis annua libo,
40 Debitor aut sumptos pergit non reddere nummos,
41 Vana supcrvacui dicens chirographa ligni :
42 Espectandus erit, qui lites inchoat, annus
43 Totius popiili : sed tune quoque mille ferenda
44 Tmdia, mille morse, loties svbsellia tantum
45 Sternuntur , ium facundo ponente lacernas
46 Cœdicio, et Fusco jam micturiente, parati
47 Digredimiir , lentaque fori pugnamiis arena
48 Ast illis, quos arma tegunt, et balteus ambit,
49 Quod placitum, est, ipsis prxstatur lempus agendi.
50 Nec res atteritur longo subflamine litis.
51 Solis prseterea teslandi militibus jus
52 Vivo pâtre datur : nam quœ sunt parla labore
53 Militix, placuit non esse in corpore reîisus.
54 Omne tenet ciijus regimenpater. ergo Coranum
65 Signorum comitem , caslroriimque sera merentem,
66 Quamvis jam tremulus, captai pater : hune labor œquus
57 Provehit , et pulcro reddit sua dona labori.
58 Ipsius certe ducis hoc referre videtur,
59 Ut qui fortis erit, si felicissimus idem,^
60 Ut Iceli phaleris omnes , el lorquibus omnes.
SATYRE XVI
SUIEÏ.
De militia , un mot de la 1 5""" satyre marque qu'elle est
écrite quelque temps après le consulat de C. lunius Rusti-
cus, qui feut consul auec l'empereur Adrien la 3™^ année
de son empire ; ainsy on peut croire qu'il ecriuit celle cy
pour se mocquer de la profession des armes ou il feut
engagé sous prétexte d'un employ qu'on luy dona en
Egypte pour l'éloigner de Rome ou ses satyres un peu
libres lui auoint fait des enemvs.
Porta (vers 3 ). — Il y auoit '2 portes dans le camp , celle
du prêteur qui regardoit du coté d'orient , elle s'apeloit
prœtoria , et l'autre par laquelle on faisoit sortir les soldats
qu'on vouloit châtier, on l'apeloit decumana.
Genitriœ {vers G) . — C'est lunon, mère de Mars, qu'elle
conceut en sentant une fleur dans le iardin de Flore ; cette
déesse êtoit adorée dans l'isle de Samos, c'est pour cela
qu'elle aymoit fort ce pays la.
Bardiacus datur (vers 13 ). — Considères un peu , dit le
poète , les auantages de la guerre ; si vous voules accuser un
soldat qui vous aura batu , un autre soldat sera son iuge, et
par concequent vous n'y gaigneres rien; par ces mots de
bardiacus, calceus . de grandes sune , il décrit le centurion
— .•{■.>(l —
qui aiioil accouluiiH' de porter un iuslaucorps de laine
grossière apelé cucullus ho/rdiacus dun peuple gaulois
apelé Bardi.
Camilli (vers 15). — Camille établit une coutume qui
ne vouloit pa? quiin soldat Peut apelé en iustice hors de son
camp.
Dignum orii ergo corde murino Vagelli (vers 22 et 23).
— Vagellus de Murine fut du tems de luuenal ; c'etoit un
âuocat fort hardy qui entreprenoil les causes le plus dan-
gereuses.
Offendere tôt caligas totmillia clauormn {yeis 24 et 25).
— Espèces de bottes dont les soldats se seruoint , qui êtoint
garnies de clous ; c'est pourquoy Seneque a dit Marins a
Caligula ad consulatum peruenit; et Caligula prit le nom
de cette chaussure qu'il auoit portée dans le camp des les
premières années de sa vie.
Quis tam Pylades (vers 26). — C'est une manière de
prouerbe pour dire un bon amy, parceque l'antiquité a
parlé de l'amitié d'Oreste et de Pylade come d'une mer-
ueille.
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ADDITIONS
AVX
REMARQVES SVR JVVÉNAL
SATYRE I
. Cum pars Niliacsd plebis (vers 26). — Le Nil est un
fleuue d'Egypte apelé ainsy du roy Nilus; il prend sa
source dans une montaigne de la Mauritanie tout près de
rOccean , et fait un grand lac dans la Mauritanie Gesa-
riene ; après auoir traversé un désert de l'Ethyopie long
de 20 lieues , il se diuise en diuerses branches qui font
des isles fort considérables , la principale desquelles est
l'isle de Meroe ou l'on voit une ville de même nom, et se
iette ensuite dans la Méditerranée pa>' 7 bouches ou bras
apelés de ces 7 noms Canopicus, Bœhiticus, Sebeniticus ,
Pharnaticus , Mendescius , ToMiticus et Pelusiaticus. C'est
de tous les tiennes du monde celuy qui a les eaux les plus
douces , et l'empereur Perennius Niger auoit bone grâce
de dire a un soldat qui luy demandoit du vin dans la
guerre d'Egypte : Nilum habetis , et vinum quœritis, pour
marquer la bonté de ses eaux ; son inondation qui arriue
régulièrement toutes les années rend l'Egypte un des
pays du monde les plus fertiles.
21
— 322 —
Pax, Fides, Virtus, Co/icordia, Victoria (vers 1 1 5 et 116),
— La Paix auoit un temple a Athènes et dans d'autres
endroits du nioiule, mais le plus magnifique de tous feul
celuy que Fempereur Claudius (-omança a Home et que
Vespasien aclieua : il leut reduil en cendres sous l'empire
de Commode. — La Foy auoit un temple a Rome proche
de celuy de Jupiter Capitolin , consacré a cette déesse par
Numa Pompilius ; on ne repandoit point du sang dans
ses sacryfices , mais ses pbretres les faisoint la tête cou-
uerte du linge blanc ; son symbole l'eut la figure d'un
chien ou de deux mains iointes. — La Vertu eut un
temple a Rome baty par M. Marcellus ; ses sacryfices se
faisoint la tête decouuerte auec un habit de vieillard. —
La Concorde auoit diuers temples ches les anciens ; son
symbole êtoit deux mains iointes come celuy de la Foy. —
La Victoire êtoit représentée sous la figure d'une ieune
fille qui auoit des aisles auec lesquelles elle voloit sur
ceux a qui elle vouloit se doner.
Crudum pauonem. (vers 143). — Parcequ'il est de dif-
ficile digestion.
SATYRE II
Herculis (vers 20). — Fils de lupiler et d'Alcmene,
que sa force mit au rang des dieux ; les Irauaux et les
fatigues que la hayne de lunon excita contre luy ont
rendu son nom célèbre ; ce n'est pourtant pas qu'il ayt
fait toutes les actions mémorables qu'on luy atribue , car
ce sont beaucoup d'autres de même nom. Il est pourtant
seur qu'il a fait des choses qui surpassent les forces de la
nature, et on peut luy en atribuer quelques unes auec
iustice, sans parler de ses 12 trauaux come on les apele
comunemeni ; il périt par la trahison de sa feme
Deianire.
Varillus (vers 22). — Il est conu par ses infamies.
Cluuiay Flora, Catulla (vers 49). — Courtisanes.
Sed Iulius ardet (vers 70). — C'est le mois de juillet ,
pendant lequel les chaleurs sont excessiues
Bonam Deam (vers 86 et 87). — C'est Minerue a qui
Domitien rendoit des cultes un peu trop superstitieux, et
ses pbretres n'en faisoint pas moins que les femes romaines
a la bone déesse parcequ'il le vouloit ainsy.
More Phrygio (vers 115 et 116). — Selon la coutume
des pbretres Phrygiens.
Latiis pastoribus (vers 127). — Aux bergers des pre-
miers siècles.
- ;^>4 —
Viro (vpi's 129). — (l'osl Dmipliorus anVaiichy. ((ui se
maria auec un garçon.
Nec quiereris patri {\tn-^ 131;. — Osi lii])itci-.
Omnibus a,d podium spectantibus (vers 147). — C'est a
dire pendant que les gens de qualité êtoinl dans la place
la plus honorable. Podium est l'ondroit du théâtre le plus
proche de l'orchestre.
Ambo Scipiadœ (vers 153 et 154). — Cest a dire les
deux Scipions, 1*'' et 2""' ; le T"" etoit fils de Scipion Corné-
lius qui dona comencenieni a la race des Scipions ; celuy
dont nous parlons èloil de ses ieinies ans rn si grande
vénération parmy le pcuph^ ([non croyoil (.[ue lupiter
parloit a luy dans le temple. Il suiuit son père dans la
2ine gQgppg punique et le sauua d'entre les mains des
enemys qui Tauoint blessé mortelement. La victoire qu'il
remporta en Espagne le rendit illustre , et celle qu'il gai-
gna sur les mornes Carthaginois et sur Annihal f[ui feut
suiuifi de la [)rise de Cartilage lo Ht atteindre au comble
de la gloire et luy dona le surnom dAffricain. Scipion
TÎlmilien êtoit fils de l'^milien Paulus ; il feut adopté par
Scipion le Grand , et il ne seruit pas de peu dans la prise
de Carthago et dans colle de Numance ; il feut tué corne il
dormoi! lorsqu'il otoit encore Ibrtieune.
Curius (vers 153). — V. page 48. Tout ce qu'on peut
aiouter c'est qu'il vain([uit les Sabins et chassa Pyrrhus
de ritalie après l'auoir défiait dans une bataille ; il diuisa
les terres conquises au peuple sans rien garder pour luy
disant : Nem,inom esse debere dvcemcui non tantum csset
quantum militi sufficeret. Les premières paroles qui! dit
au peuple après la bataille l'eurent celles cy : Tantum
agrornm cep? vl solitudo fuprit futura , nisi tantum,
— :V?5 —
hominum cepissem ; tantum hominuui porro cepi , ut
famé essent perituri nisi tantum agri cepissem.
Fahricius (vers 154). — Sa frugalité l'a rendu illustre,
elle luy tit mépriser dans une pauureté extrême les pré-
sents des Samnites, et sa vertu ({ui t'eut la règle de celle
des Romains l'eut si grande que Ion n^ vit iamais ches
luy qu'un vase d'argent qui n'êtoit reserué que pour le
culte des dieux. Pyrrhus ne peut iamais l'obligera prendre
son party quoyqu'il le llatat de la qualité de son 1"
ministre et qu'il le comblât de présents. 'Non hoc tibi con-
ducibile esse, dit il a Pyrrhus, nam si Epnotx ambo nos
tiorint a me régi quam abs te mallent. Sa fille t'eut mariée
des deniers publics : Virgile parle -de la frugalité de cet
homme, ^En. , liu. (J.
Paniu pulcidem Fabi'cciiiin.
Manesque Camilli (vers 154). — Camillus feut le plus
braue capitaine de son tems ; son coup d'essay feut la
prise de la ville des Veiens qui auoit résisté a dix ans de
siège ; il deliura le Capitule de l'irraption des Gaulois qui
l'auoint assiégé, et malgré leurs efforts, suivy de la plus
braue ieunesse de Rome . il les chargea et les contraignit
d'abandoner Rome et l'Italie : il feut ensuite créé dicta-
teur et deû'endit la ville de Latrique alliée des Romains
contre la violence des Latins ; sa probité luy fit refuser la
2* dictature que le peuple luy auoit douée d'un comun
consentement ; son grand aage feut la seule cause qui l'en
dispensa. Son dernier exploit de guerre feut une deuxième
deffaite des Gaulois qu'une deuxième irruption auoit
attirés deuant Rome ; il mourut aaii;é de 80 ans.
— 3i>(i —
Quid Cremene legio (vers 155). — Les Fabiens tués a
la bataille de Gremere. (V. page 67).
Et Cannis consumpta iuuentus (vers 155). — Cannes
est un bourg flans la Fouille fameux par la victoire
d'Annibal sur l'armée des Romains comandée par Paul
Emile et Terentius Varron , consuls ; toutes leurs forces y
feurent défaites, 40000 hommes mis en pièces, et un si
grand nombre de cheualiers tués (ju'on rem[)lit 3 muils de
leurs anneaux pour les enuoyer a Garthage. Lucain parle
de cette bataille liu. 7.
Non illum pœnus humator
Consulis , et Lybica succensa lampade Cannœ
Compellunt hominum ritus ut seruet in liostes.
Modo captas Orcadas {\'cvs 160 et 161). — Les Orcades
sont des isles de l'Occean septentrional au nombre de 30
^ soumises a l'empire romain par l'empereur Claude , et a
presant sous la domination du roy d'Angleterre.
SATYRE III
Iudâsis{vers 14). — Les luifs feiirent chassés de Rome par
Domitien qui leur permit de rester dans la forest d'Ari-
cine consacrée aux Muses par Numa. Cette prophanation
est le suiet de la colère du poète. Les Juifs ont eu diuers
noms selon les diuers tems ou ils ont vécu , tantôt Hebreus,
Israélites . ect. Ils êtoint autrefoLx le peuple choisy' de
Dieu , mais a presant ils sont l'exécration de tout le
monde.
Invallem Egerige (vers 17). — C'est la forest d'Aricine
dont nous venons de parler, elle a pris son nom de la
nymphe Egerie a qui Numa feignoit de parler toutes les
nuits ; les femmes grosses luy sacryfioint parce qu'elles
croyoint qu'elle rendroit leurs couches heureuses. Il y
auoit une fontaine a Rome qui portoit le nom de cette
nymphe ; elle êtoit dans la forest de Camene proche la
porte Capene. Ouide dit qu'Egerie feut changée en fon-
taine après la mort de Numa.
Dum superest Lachesi quocl torqueat (vers 27). —
Lachesis est une des Parques ; ce mot Adent du grec Xay/ovetv
sortiri ou sors, parcequ'on croyoit que le hasard ou le
sort auoint beaucoup du pouuoir sur elle.
Carus erit Verri (vers 53). — Verres êtoit un méchant
home ; il feut questeur et prêteur dans Rome ; il succéda
— :V2S —
a C. Sacei'dos qui exciroit la j)releure (laii> la Sicile : il
l'eut accusé rie concussion [)ar les Siciliens , et ce feut pour
cela qu'a leur prière Ciroroii déclama contre luy.
Ad circum jussas prostare pueLlas (vers 65). — C'êtoint
des courtisanes qu'on dchauchoit dans le cinfuo qui otoit
l'endroit ou se faisoinl les expectacles.
Picta lupa barbara mitra (vers 66). — C'est Syra ,
courtisane grecque, (pii [)ortoit selon la coulunie de son
pays la tôte couuerte d'une toile peinte.
Trechedypna (vers 67). — G'êtoit une sorte d'habit
dont on se seruoit pour saluer les gens en courant (a et
la ; il vient d'un mot grec rpÉyo) curro, et os'îTrvov ciena,
parceque ceux ({ui le portoint couroint partout et laisoint
ensuite des repas magnifiques.
Nicetcria (vers 68). — La récompense (pi'on donoit a
celuy qui auoit remporté la victoire.
Samo (vers 70). — C'est une isle sur les cotes de
rionie ou lunon prit naissance et ou elle épousa lupiter ;
ses habitants auoint un culte "particulier pour cette déesse.
Il y a deux isles de môme nom, la 1" auoisine l'P^pire
apelée autrelbix Gephanelica ; la 2""^ est entre la mer
^gée et la Thrace apelée Samotrace par Ptolomée.
Non Mattrus erat, nec Sarmata . nec Thrax (vers 79).
— La Mauritanie est une prouince d'Allrique proche le
deltroit de Gibraltar, ou l'on dit que régna autrefoix le
géant Anthée tué par Hercule ; elle est apelée Mauritanie
d'un mot grec à^îb toû [ji.aupoû (jui veut dire obscur ou noir,
parceque ses habitants le sont extrêmement ; c'est auiour-
duy le roiaume de Maroc. — La Sarmatie est un vaste
pays qui s'étend depuis l'Allemaigne et la Vistule iusqu'a
l'Hircanie ; il v a deux Sarmaties, la T*" qui est vei'S le
— 320 —
couchanl est dans lEurope, la 2""" vers le leuaiil dans
l'Asie ; elles ont toutes deux des peuples farouches et
enemys de tous les autres , ils se nourrissent auec du
sang de chenal et du lait, et d'autres mangent de la chair
humaine auec de la farine détrempée dans du sang de
chenal : le pays est maintenant compris sous le nom de
Poloigne , Russie et Tartarie, — La Thracc n'est pas
moins étendue que la Sarmatie , elle auoisine la Macé-
doine et prent son nom selon (pieiques uns de Thraces,
fils de Mars . ou pour mieux de la rudesse de sa situation
que les Grecs apelent Tpax.uT7]Ta, son air est des plus méchants
du monde et ses montaignes inaccessihles sont des
marques de sa stérilité.
Athenis (vers 80). — Athènes est une ville de Grèce,
entre la Macédoine et rAchaye ; elle feul fondée par
Gecrops ; les dieux voulurent luy douer un nom , Pallas
et Neptune disputèrent a qui luy doneroit le sien , mais
ne pouuant être d'accord sans quelque milieu , ils con-
uinrent que celuy qui inuenteroit une chose qui feut plus
utile a l'home l'une que l'autre luy doneroit son nom ;
Neptune inuenta le chenal et Pallas l'oliuier : par le
iugement des dieux cette dernière l'emporta et luy dona
son nom. Elle a long tems fleury dans toutes les sciences
et n'a pas manqué d'éloquents orateurs et de sauants
phylosophes. Virgile en parle.
Nunc hic Cecropiœ , varris spevtantibus Athenw
Carminibits , gaudentquc sui vidricc Mineruœ.
Cum prœtor lictorem impellat (vers 128). — Il y a eu
ches les Romains beaucoup de différentes charges de prê-
teur ; le 1 *•■ qu'ils apeloint urhanns seu iudicialis. conois-
— ;]3u —
soit des affaires des particuliers, des ieiix publics: il
donoit la lilDcrté aux esclaues el aux prouiuces entières
auec le consentcnient i\u sciiat ou de Tempereur. il auoit
le pouuoir d assembler b; scuat a lajjsence de l'empereur
ou des consuls; il y en aiioil (|u On apeloit po^er/rini ; le
I" conoissoit des ailaircs qw. les étrangers auoint dans la
ville et n'en sortoit iamais : le 2™" auoit la iurisdiction
sur les voyageurs; le 3™" admiulslroit la iuslice dans les
prouinccs : le 4™'-" rtoit ceiuy ({uon apcloil praefectus prœ-
torii , il auoit le gouuernement de plusieurs prouuinces
ensemble dans lesquelles il portoit les ordres des empe-
reurs par lesquels il no pouuoit pas même être rapelé :
son pouvoir s'êtendoit sui' les affaires ciuiles, criminelles
et sur celles qui regardoiul la discipline militaire. Tl y
auoit encore d'autres prêteurs bors de la ville de moindre
importance que ceux la, corne le prêteur de l'armée
nauale duquel le premier nauire portoit le nom de p)\vJn-
ria, ; prêteur de l'armée de terre, prêteur qui accompagnoit
la persone de l'empereur ((ue Ton apeloit palatinus et
praefectus prsetorii, Augiistalis . ([ui rcndoit iustice dans
le i)alais de remjicreur ; c'est de celny la (|u"esl venu le
nom de cohortes pretorienes, (jui etoint comises a la garde
de l'empcrein' et qui auoint droit a])res sa mort d'en élire
un autre conie il leur plaisoil auec le consentement du
sénat.
Cossum (vers 181). — Il ciiicuil par Cossus tous les
gens de qualité qu'on auoit de la pcyne a voir sans payer.
Gelida Prenesle (vers 190). — C'est une ville d'Italie
apelée ainsy de Praenestus. tils de Latinus et neueu
d'Ulisse et de Girce ; il y auoil un temple dédié a la For-
tune fort magnifique ; elle est apelée gelida a cause de la
quantité de ses eaux qui sont extrêmement froides, ou
peut être a cause de sa situation eleuée.
Volsiniis (vers 191 ). — C'est une ville de lEtrurie fort
riche auant que la foudi'e ne la réduisit en cendi-es ; elle
êtoit située sur le somet d'une montaigne , au milieu d'une
forest , et elle dona son nom a un lac ou il y auoit abon-
dance de poisson.
Ucalegon {\evs 199). — Il est pris pour un voisin.
Phsecasianorum (vers 218). — Ce sont les dieux que les
pbretres athéniens et alexandrins reueroint particulière-
ment et a qui ils sacryfioint ; on apeloit ces pbretres
Phaecasiens a cause de la propreté de leur chaussure.
Phœcasia veut la dire des souliers grossiers auec lesquels
on peignoit les dieux grecs.
Mediamque Mineruam (vers "219). — Un Luste de
Minerue : Minerue êtoit la déesse des sciences , des beaux
arts et de la guerre ; née sans mère du cerueau de lupiter ;
elle est apelée Minerue a minando , parcequ'on la repré-
sente toùiours la lance a la main et auec des armes
capables de porter la terreur partout ; elle inuenta Folinier
et garda toùiours sa virginité. Il y eut cinq Minerues de
même nom , la 1 ""^ êtoit la mère d'Apollon , la 2™^ que les
Egyptiens reueroint êtoit sortie du Nil , la 3™^ est celle
dont nous parlons , la 4™® est fille de lupiter et de Corphes,
fille de rOccean, la 5™^ fille de Pallants qu'elle tua pour
auoir voulu la forcer.
SATYRE l\
Titio Seioque (vers 13). — Deux cyloiens illustres par
leur vertu.
Artificis (vers 18). — C'est Gryspiii.
Apulia (vers 21). — La Fouille est une prouince
d'Italie , vers la nier Adriatique , qui auoisine la Calabre :
Beneuent est sa principale ville , et Bari qui est la capitale
delà terre de Bari (|ui lail j)arlie delà Fouille y tient un
rang considérable.
Caluo Nero7ii {xevii 38). — C'est une epythete que Néron
s'êtoit attirée par ses débauches. Ausone en parle.
QuciiL di.ril caliiKin. sua Roma Neroncm.
AdrioAici rhombi (vers 39). — D'un jKjisson de la mer
Adriatique. La mer,- Adriatique prent son nom d'Adria .
ville de Grèce qui osa faire la guerre aux Vénitiens, mais
ses armées t'eurent si bien jjattues par Othon d'Urgelle,
Vénitien , qu'elles n'eurcnl plus d'enuie d'y reuenir.
C'est auiourduy le goH'e de Venise.
Glacies mœotica (vers 42). — Les Palus Mœotides dans
le septentrion ou est le Bosphore qui se congelé tous les
hyuers ; le Tanais est dans ce pays la auec une infinité
d'autres riuieres qui se iettent dans le Pont Euxin. On a
doné a celto mer diiiers noms, ccliiy de Blaucho par les
François, el C(.'luy délia Tanna par les Italiens.
Vehit urgeat Austcr (vers 59). — Le venL du midi cor-
rompt les poissons pres(|ne des ([u"ils sont hors de l'eau.
Picois {\crs 65). — C'est le pescheur que le poète sup-
pose porter son poisson de la ville de Pycene qui est sur
le golfe de Venise.
Populosque regenii (vers 88). — C'est de l'empereur
qu'il parle.
Cladeei peste sv h illa (vers 84). — Sous l'empire de
Domitien.
Ursos figebat Niunidas, Alband nudus arenâ (vers 99 et
100). — C'est a dire des lions, parceque la Numidie est
un pays trop chaud pour nourrir des ours qui ayment le
pays froid. La Numidie est une partie de l'Affriquè, entre
la Mauritanie Césarienne et Carthage , dont les habitants
sont apelés Numides par les Latins et Nomades par les
Grecs ; ils exercent la piraterie sur les cotes d'AfTrique et
n'épargnent aucun vaisseau de ceux qu'ils peuuent ren-
contrer. Cette prouince abonde en marbre excellent, ce
qui la rend considérable. Albe est une ville de Lombardie
qui fait partie de l'Italie , près du lac Fuccin , son
amphyteatre l'a rendue célèbre.
Amomo (vers 108). — Onguent précieux (fu'on faisoit
auec les fleurs d'amome.
Dacis (vers 111). — Les Daces êtoint des peuples voi-
sins du Danube et de la forest d'Hercynie ; ils habitèrent
autrefoix une partie de la Hongrie et se retirèrent en suite
sur les cotes de la Norvège.
Cilicis (vers 121). — La Cilicie apelée auiourd'huy
Caramanie ou Turchomanie est une partie de l'Asie
— :i34 —
Minoiiro. Pompée la subiugua el s'en seruit en suite tort
utilement dans les guerres qu'il eut contre Cœsar.
Bellona (vers 124). — C'est Minerue sous ce nom.
déesse de la guerre.
Sicambris (vers 1 47). — Ce sont des peuples Alemands
qui habitoint ce que nous apelons auiourduy le duché de
Gueldres.
SATYRE V
Geticis pruinis (vers 50). — La Getie est la même que
la Scythie qui est un pays de longue étendue vers le sep-
tentrion ; il se divise en Europeane et Asiatique, l'Euro-
peane s'étend depuis les riues du Tanais suiuant toùiours
les cotes des Palus Mœotides et du Pont Euxin iusqu'a
l'Histrie ; l'Asiatique est renfermée entre le mont Taurus
et rOccean ; toutes ces deux prouinces sont extraordinai-
rement peuplées de gens plus propres a la guerre qu'aux
belles letres , ils n'ont point de villes ny de maisons par-
ticulières, mais ils se seruent des cabanes roullantes ou ils
se retirent pendant la nuit pour se mètre a couuert des
bêtes saunages ; ils ne méprisent pas moins l'or et l'argent
que les autres nations le recherchent , et leur nourriture
qui consiste en lait et en miel leur fait mépriser toutes les
autres commodités de la vie. Le nom de Scythie vient de
Scythe, fils d'Hercule, qu'on croit le 1" auoir doné le
segret de se seruir de l'arc et des flèches dont les Scythes
se seruent admirablement bien.
Mauri (vers 53). — V. pag. 328.
Quamfuitet Tulli census pugnacis et Anci (vers 57). —
G'êtoint deux roys romains , 3""" et 4™'' ; le premier diuisa
les terres au peuple romain et les leur dona en propriété ,
il institua les licteurs , la robe peinte et celle qu'on apeloit
— 33H —
prrPir.rta; le -2""' tMoil iieufii de Niiina ^^)Illpiliu^^, il vain-
• liiil les Latins ti fiilorina ilaiis Hoiii»' l(,'s montaignes
frAm'iiliii ri (le Marliiis ; il jialil Oslic cl rlciidit fort loin
la (loniinalion du peuple romain.
Gœtuluni Ganimedem (vers 59). — Cètoit Techanson
des dieiix enleué par l'aigle de lupiter a cause de sa beauté,
come il taisoit paitre ses troupeaux sur le mont Ida.
Arptopta {vers 72). — C'est le panetier.
Corsica (vers 92). — C'est l'isle de Corse dans la
Meditteranée ligurienne , a la republique de Gènes ; elle
est remplie de montaignes inaccessibles, et celles qui ne
sont pas si rudes sont habitées par des brigants qui sur-
passent en cruauté les botes les plus farouches , leur taille
est plus grande que celle du comun des homes a cause de
la grande quantité de miel qu'ils mangent.
Taurominitanse rupes (vers 93). — V. pag. 125.
Gurgite de Siculo (vers 100). — Du golfe de Sicile,
c'est a dire de Scylla et de Gharybdis ou les vaisseaux font
naufrage.
Suhurrse (vers 106). — Le plus beau quartier de Rome.
0 Lybie (vers 119). — 0 Alfricain. L'Affrique est apelée
ainsy d'Aphrus qui la subiugua; elle s'étend depuis le Nil
iusqu'au deltroit de Gibraltar ou elle est en partie remplie
des bêtes farouches come lions , léopards , crocodyles, ect.
Ses habitants ayment tellement la piraterie qu"i] est diffi-
cile de voguer sur la mer Meditteranée en seureté.
SATYRE VI
lunoni (vers 48). — V. pag. 319.
lupiter [vers 59). — V. pag. 272.
Mars (vers 59). — Fils de lupiter et de lunon ; il feut
apelé le dieu de la guerre et les anciens auoint accou-
tumé de l'inuoquer deuant le combat ; l'adultère qu'il
comit auec Venus l'exposa a la risée des dieux, lors que
par les segretes practiques de Vulcain, mary de Venus, ils
feurent surpris ensemble et liés par ce ialoux d'un nœud
indissoluble, iusqu'a ce qu'a la prière de Neptune ils
feurent mis en liberté. Bellone êtoit sa sœur, et tous deux
auoint des pbretres qu'on apeloit Saliens et Martiaux.
Lentule (vers 80). — Nom de gladiateur qui deuint
noble dans peu de tems.
Euryalum, Mi/rmillonem, , Pharin^ Nilum (vers 81 et
83). — V. pag. 162, 321.
Famosaque mxnia Lagi (vers 83). — Les fameux rem-
parts d'Alexandrie apelés ainsy de Lagus , père de Ptolo-
mée qui succéda a Alexandre dans l'Egypte.
Canopo (vers 84). — V. pag. 16.
Immemor illa domus ( vers 85 ). — C'est a dire Hyppia.
Ludos (vers 87). — Les ieux du cirque.
Paridemque reliquit (vers 85). — Paris êtoit fauory de
Domitien ; le ressentiment qu'il eut des libertés que luue-
22
— 338 —
aal prenoil dans ses satyres attira sa colère sur ce poète
qu'il enuoya en exil dans l'Egypte.
lonium (vers 93). — On apelc mer loniene cette étendue
de mer qui s'étend sur les cotes du golfe de Venise depuis
l'isle de Sicile iusqu'a l'isle de Crète , ou come veulent
quelques uns jusqu'au Peloponese ; son nom vient d'un
certain lonius , fils de Dynachus , qu'Hercule ayant tué
imprudament iettadans cette mer pour éterniser la mémoire
du malheureux lotiius.
Hyacinthos (vers 110). — Hyacinthus est pris la pour
tous les homes bien faits tel qu'etoit Hyacinthe le digne
obiet de l'amitié d'Apollon.
Uxor (vers 116). — C'est Messaline, feme de l'em-
pereur Claudius.
Britannice (vers 124). — Il ètoit fils de Messaline;
Néron le fit empoisoner.
Myrrhina [\evs 156). — C'est une façon de vase fait de
myrrhe.
Bérénices (vers 156). — Bérénice etoit fille d'Herode
Ascalonite , roy de ludée ; elle feut mariée a Agryppa son
frère, c'est pour cela que le poète l'apele incesta soror.
Agryppa (vers 158). — C'ètoit un roy des luifs , 2™^ du
nom, qui dona un précieux diamant a Bérénice lors qu'il
l'épousa.
Bellum dirimente Sabinâ {yers 164). — Les Sabines
feurcnt autrefoix le suiet de la guerre des Romains auec les
SaLins et a même tems de leur alliance , car elles se mirent
au deuant des armes des deux partys pour les empêcher de
sebatre lors qu'elles eurent été enleuécs par les Romains,
et consentirent de deuenir femes de ceux cy pour le repos
de ces peuples , et ainsy elles mirent fin a une guerre qui
ne pouuoit être que sanglante.
— 339 —
Venusinam levers 167). — Il entend par la toute sorte
de femes de basse extraction.
Ipsam matrem (vers 173 ). — C'est a dire Niobé,
Amphyon (vers 174). — Il etoit fils de lupiter et d'An-
tiope , laquelle ayant été mariée au roy Lycus feut débau-
chée par Epaphius , de sorte que Lycus la répudia et ne
voulut plus la voir. lupiter en deuint amoureux et la rendit
grosse , ce que voyant Dyrcé , 2"" feme de Lycus , elle creut
que son mary auoit encore comerce auec elle et la fit enfer-
mer dans une prison ou elle resta iusqu'a ce que les
accouches pressant , elle t'eut deliurée par lupiter qui la fit
retirer sur le mont Gytheron ou elle enfanta deux gémeaux,
Amphyon dont nous parlons et Zetus ; les bergers en
eurent soin et vengèrent bientôt Antiope de l'iniure qu'elle
auoit receue de Dyrcé , en l'attachant a la queue d'un tau-
reau indompté qui la mit en pièces ; Bacchus emeu a la
veue d'un si terrible spectacle changea ses os fracassés en
fontaine. Amphyon feut un si célèbre loueur d'instruments
qu'il mérita de receuoir un luth de la main de Mercure, qui
lui seruit a bâtir la ville de Thebes, car a mesure qu'il
iouoit les pierres s'assemblèrent et bâtirent cette grande
ville. Horace en parle. Art poet.
Diclus et Amphyon Thebanœ conditor tirbis
Saxa mouere sono testudinis et prece hlandâ.
Gente Latonse (vers 176). — C'est Apollon et Diane que
Latone eut de lupiter.
Nec illud quocl prima pro nocte datur (vers 203 et
204). — Le marié faisoit un présent a la mariée le lende-
main des nopces pour la consoler de la perte de sa virginité.
Dacicus et scripto radiât Germa^iicus auro (vers 205).
— :uo —
— C'est la monoye marquée a la ligure de Doniitien apelé
Dacicus et Germanicus a cause de quelque victoire qu'il
remporta sur ces peuples.
Cuius barbam tua ianua vidit (vers 215). — C'est a
dire qu'il est votre client depuis son enfance.
Porte crucem seruo (vers 219). — La feme parle.
Meruit quo crimine seruus supplicium (vers 219 et
220). — Le mary repond.
Titulo res digna sepulchri (vers 230 ). — C'est par ironie
qu'il parle. On auoit accoutumé de grauer sur le tombeau
des femes le nom de leurs mary s.
Crurisque sinistri dimidium tegmen (vers 256 et 257).
— Les soldats romains auoint accoutumé dans le combat
d'auancer le pié gauche et de le couurir de leurs armes pour
arrêter les coups des enemys.
Cyclada (vers 259). — C'est une façon d'habit fort
simple.
Panniculus bombycinus (vers 2G0). — C'est un autre
habit fort léger.
Fabii (vers 266). — V. pag. 67.
Ludia (vers 266). — Feme d'un batteleur.
Quintilianx (vers 280). — C'est ce fameux Quintilien
qui nous a laissé de si beaux préceptes pour l'acquisition
de l'éloquence.
Colorem (vers 280). — C'est a dire dones nous quelque
raison ou quelque apparence de raison pour excuser ce
crime.
Homo sum (vers 284 ). — Dit la feme , parcequ'elle a les
qualités et le pouuoir d'un home, en ayant sur son mary.
Vdlere Thusco (vers 289). — De la laine d'Etrurie fort
estimée.
— 341 —
Proœimus urbi Annibal (vers 290 et 291). — Lors
qu'Annibal eut planté son cump a trois iets de pierre de
Rome.
Priapo (vers 316). — V. pag. 169.
Mauri atque Indi (vers 337). — V. pag. 328.
fUuc (vers 339) — Dans la maison du prêteur ou l'on
celebroit les l'êtes de la bone déesse.
Ogulnia (vers 352 ). — Feme pauure mais d'une ambi-
tion démesurée.
Zmmaru /7i (vers 385). — V. pag. 121.
lanum Vestamque (vers 386). — lanus le premier des
dieux que les Romains adorèrent êtoit un roy d'Italie qui
receut ches luy Saturne chassé du ciel par son fils lupiter,
il luy fit part de son royaume en reconoissance de ce qu'il
luy auoit enseigné l'agriculture. Ils l'eurent les premiers
qui comancerent a batre la monoye , ou ils nfetoint d'un
coté la figure d'un nauire et de l'autre celle de lanus ([ui
feut un des plus sages princes de son tems et estimé digne
d'être mis après sa mort au rang des dieux , a qui les
Romains bâtirent un temple qu'on fermoit pendant la paix
et qu'on ouuroit pendant la guerre ; la raison de cette cou-
tume, selon quelques uns, vient de ce que Romulus com-
batant contre les Sabins qui auoint deia mis son armée en
déroute prit de l'eau chaude de l'endroit ou êtoit le temple
de lanus et la ietta contre les Sabins , ce qui causa une telle
epouuante dans leurs troupeaux qu'ils quittèrent leurs
rangs come furieux et laissèrent le champ de bataille a
Romulus ; de sorte que dans la suite les Romains sous
l'espérance d'un semblable secours dans les dangers qu'ils
couroint , n'aloint iamais a la guerre sans auoir ouuert les
portes de ce temple. On représente lanus auec deux visages
— 342 —
depuis l'alliance de Tatiiis , roy des Sabins , et de Romu-
lus. — Il y a deux filles du nom de Vesla , la f* mère de
Saturne et la 2""' sa fille et d'Opis ; c'est de la dernière
dont nous entendons parler, a qui Numa fit bâtir un temple
et établit des pbretresses qu'on apela Vestales ; on n'adme-
toit a cette qualité que les filles vierges depuis Taage de
6 ans et 1 0 , qui auoint soin d'entretenir un l'eu continuel
sur l'autel de cette déesse ; que si par négligence on le
laissoit éteindre , on ne pouuoit pas l'alumer auec d'autre
feu naturel, mais auec celuy qu'on faisoit au soleil auec des
matières combustibles ; ces pbretresses êtoint obligées de
garder la virginité iusqu'a l'aage de 30 ans , après lequel
tems elles pouuoint se marier, que si elles y manquoint on
les enseuelissoit viues.
Part ho (vers 407). — Les Parthes sont des peuples
d'Asie autrefoix enemys du peuple romain , sous le ioug
duquel ils ne ployèrent iamais, au contraire ils remportèrent
des signalées victoires sur eux et sur les généraux qu'ils
enuoyoint; Crassus y feut tué et toute son armée taillée
en pièces ; leurs plus fortes armes consistent aux flèches
dont ils se seruent admirablement bien dans la retraite et
dans la fuite.
Andromachen (vers 503). — Fille d'Eetion , roy de
Thebes ; elle feut mariée a Hector, Troyen , qui en eut un
fils apelé Astyanax, ([ue Pyrrhus amena en Grèce après la
prise de Troye auec sa mère de laquelle il eut Molossus ;
quelque tems après il luy dona là moitié de son royaume et
la maria auec Helenus, fils de Priam.
Pygmseâ virgine (vers 506). — Une fille aussy petite
qu'un Pygmée , qui habitoint les montaignes des Indes et
qui n'excedoint pas la hauteur du coude.
— 343 —
Xerampelinas (vers 519). — C'est une robe de couleur
de rose flétrie ou sèche , ou de la feuille de souche sur la
fin de l'automne, lors qu'elle est morte.
Superbl totum régis agrum (vers 524 et 525). — C'est
le champ de Mars , qui n'clant auparauant (|u'un simple
champ apartenant a Tarquin le Superbe , feut dédié a Mars
par Brutus.
Isidis (vers 529 ). — V. pag. 173.
Antiquo qiiœ proxima surgit ovili (vers 529). — Qui est
voisine de la bergerie bâtie par les Romains, proche du
champ de Mars, en mémoire de Romulus et de Rhemus
qui y faisoint paitre leurs troupeaux.
Derisor Anubis (vers 534). — Le chef qui soutient la
persone d' Anubis , fils d'Osiris.
Osiris{\e,v^ 541 ). — V. pag. 176.
Cophino ^ fœnoque relicto (vers 542). — Apres que les
Juifs eurent quitté les paniers et le foin. Ce ne feut pas
tant une marque de leur frugalité que d'une anciene cou-
tume qu'ils pratiquèrent en Egypte , la ou par une dure
seruitude ils portoint dans des paniers toutes les immon-
dices d'une ville dehors , et tout ce qu'il faloit pour ba'tir
des maisons ; ils le faisoint peut être en mémoire de la faim
qu'ils soufrirent lorsque Pharaon lespoursuiuoit , et qui les
obligea a manger le foin destiné pour les chenaux.
Chaldaeis (vers 553). — Aux astrologues Siriens et
Babiloniens. Les Chaldeens sont des peuples d'Asie apelés
autrefoix Cepheniens , de Cepheus , père d'Andromède ; ils
s'adonent depuis leur bas aage a l'astrologie dans laquelle
ils ont decouuert des segrets inconus aux siècles précédants ;
ceux qui restent a Babilone sont ceux qui en ont le plus de
conoissance.
— 344 —
Venus (vers 570). — V. pag. 53.
Ephemeridas (vers 574 ). — Liure d'astrologie qui montre
le cours des astres.
Phryx augur (vers 685). — Un astrologue ou un phylo-
sophe indien , gymnosophiste , Phrygien , ou brachmane
habile en cet art.
Quxnudis longum ostendit ceruicibus aurum {vevs 589).
— Une courtisane ({ui fait parade des bagues et des autres
présents qu'elle a receus pour recompenser ses impuretés.
Phalas (vers 590). — De magiciens ou sorciers qui se
metoint deuant les tours qu'on eleuoit dans le cirque pour
faire placer le peuple.
jEthiopis (vers 600). — L'Ethiopie est une prouince
d' Affrique apelée ainsy d'Ethiops , fils de Vulcain , habitée
auiourd'huy par les Abyssins et le pbretre lean.
Agryppinœ boletus (vers 620 et 621). — Champignon
auec lequel Messalino ou Agryppine empoisona l'empereur
Glaudius pour faire régner Néron . fils de son premier
mary.
Auunculus ille Neronis cui totam tremuli frontem
Cœsonia pulli infudit (vers 615, 616 et 617). — Galigula,
a qui Gsesonia sa feme dona un bouillon amoureux , mais
qui loin de lui douer de l'amour le remplit de fureur et luy
dona la mort au bout de quelque tems.
Ardebant cuncta (vers 618). — La cruauté de Galigula
causée par le bouillon de Gœsonia , depuis lequel tout
paroissoit renuersé par les supplices que Galigula faisoit
soufrir aux principaux sénateurs et l'empire romain êtoit
dans un desordi-e epouuantable.
SATYRE VU
In Csesare tantafn{vev& 1). — C'est Domitien qui fauo-
risoit les gens de letres quoyqu'il feut pour tout le reste un
très méchant prince.
Clio{vers 7). — V. pag. 191.
Cappadoces equitesque Bithyni (vers 15). — Des
esclauesde Cappadoce et de Bithynie qui s'êtoint eleués a la
dignité de cheualiers par leurs intrigues. La Cappadoce est
une prouince du Pont, voisine de l'Arménie et de la Coma-
gene qui s'étend iusqu'au mont Taurus et est séparée en
cest endroit de l'Arménie par l'Euphrate. La Bithynie est
une prouince de l'Asie Mineure voisine de la Thrace et de
la Troade, ainsy apelée du roi Bithynius. Lybissa ou est le
tombeau du fameux Annibal est une de ses principales
villes. On croit que les Thyniens abandonant l'Europe
vinrent habiter ce pays qui en a pris son nom selon
Claudien.
Thyni , Thraccs erant qux nunc Bithynia fertur.
. Cassidis atque ligonis (vers 33). — De la guerre et de
l'agriculture.
Musarum (vers 37). — V. pag. 113.
Thehaidos (vers 83). — La Thebaide des Latins.
— 346 —
Mœcenas ,(vers 94). — 11 est conu pour le fauory d'Au-
guste et pour l'inclination qu'il auoit aux belles Ictres dont
il dona des marques dans l'amitié singulière qu'il eut pour
Horace et pour Virgile , de manière qu'auiourduy on donc
le nom de Mœcenas a une personequi prenl les Ijelles letres
sous sa protection.
Bubulco (vers 110). — C. Attilius Bubulcus, consul.
Aut vinum Tiberi deuectum (vers 121 ). — C'est adiré
du vin d'au delà le Tybre ou du meilleur vin d'Etrurie.
jEmilio (vers 124). — Riche auocat.
iMedos (vers 132). — Les porteurs de Medie dont on se
seruoit a Rome. La Medie est une vaste prouince d"Asie
entourée de l'Hircanie, Arménie, Assyrie et Perse ; elle est
apelée Medie de Medus , fils d'^geus et de Medée ; elle feut
diuisée en grande et petite ; la capitale de la première ètoil
Ecbatane , et la segonde feut apelée Atropatie d'Atropatus
son roy qui la deffendit contre les Macédoniens. C'est un
pays plein de montaignes et extrêmement stérile presque par-
tout excepté dans cette partie qui est proche des portes Cas-
pienes qui abonde en toutes les choses qui sont nécessaires
a la vie ; c'est dans cette région si fertile ou paissoint autre-
foix 50000 cheuaux qui apartenoint au roy de la Medie,
au milieu de laquelle il y a un lac dont les eaux étant beues
douent la mort si on s'aproche après ça du leu.
Myrrhina {xers 133). — V. pag. 336.
Amethystina (vers 136). — Robe violete de la couleur
de l'améthyste , pierre pretieuse.
Veteres [xers 170). — Les anciens orateurs si fameux
corne Crassus, Anthoine et Ciceron.
Paulus (vers 143.). — Auocat.
Sardonyche (vers 144). — C'est l'anneau ou l'on metoit
la pierre pretieuse.
— 347 —
Africa (vers 149). — V. pag. 336.
Arcadico iuueni (vers 160). — Un ieune home hebeté,
de dure conception et qui n'a nul esprit.
Theodori (vers 177). — Theodorus Gadareus, rhéteur.
Numidarum columnis (vers 182). — C'est a dire les
colonnes faites auec de la pierre de Numidie excellente
pour ce trauail.
Quintiliano (vers 186). — Rhéteur précepteur de son
fils.
Athenœ[\Qv^ 205). — V. pag. 329.
Rufu7n{yers 214). — Précepteur.
Enceladi, Palxmonis (vers 215). — Grammairiens.
Flaccus , Maroni (vers 227 ). — Horace, Virgile.
Nutricem Anchisœ (vers 234). — C'est Néron.
Nouerca (vers 234). — Elle est apelée Casperie dans le
X* liure de l'/Eneide.
SATYRE VIII
Galbam auriculis nasoque carentem (vers 5). — Des
vieilles statues corne celles de Galba a qui le tems auoit
rongé le nez et les oreilles.
Numantinos (vers 11). — C'est a dire iEmilius Lepidus
et Scipion yEmilien apelés Numantins pour auoir subiugué
cette ville.
Atlanta (vers 32). — • G'ôloil un géant . lïere de Prome-
thée, roy de la Mauritanie; il feuL changé en rocher.
Europen (vers 34). — Fille d'Agenor. roy des Phœni-
ciens , que lupiter enleua sous la figure d'un bœuf et amena
en Crète.
De plèbe togata (vers 49). — De la lie du peuple.
Euphraten (vers 50). — V. pag. 29.
Domitique Bataui (vers 51). — Les Hollandois vaincus
par Domitien.
Teucrorum proies (vers 56). — Rubellius Plancus.
Bhodios (vers 113). — Rhodes est une isle de la mer
Meditteranée ; ses habitants êtoint extraordinairement ado-
nés aux plaisirs ; elle est ainsy apelée de Rhodia , nymphe
ardament aymée d'Apollon. Rhodes, capitale de cette isle
auoit une académie ou l'on aprenoit toute sorte de sciences ;
son colosse ([ui êtoit une des 7 merueilles du monde a
répandu la gloire de son nom dans tout l'uniuers. Solyman
— 349 —
empereur des Turcs , 2""" du nom , enleua cette isle aux
cheualiers de Saint-Iean de Hierusalem en 1522, et les
contraignit de se retirer dans l'Italie ou par la bonté de
l'empereur Charles Quint ils eurent l'isle de Malthe qu'ils
ont conserué iusqu'icy malgré les efforts de deux armées
otthomanes qui êtoint venues l'assiéger ; pour la 1 *" elle
gémit encore sous la tyrannie du Turc.
CorinthuTïi (vers 113). — Gorynthe est une ville de
Grèce dont les habitants êtoint extrêmement voluptueux ;
son arc , sa fontaine apelée de Pyrene et sa montaigne de
même nom enfermée dans ses murailles l'ont rendue
célèbre.
Illiricum lattis {\evs 117). — L'Illirie est une prouince
au bord delà mer Adriatique oposée a l'Italie, ainsy apelée
d'IUirius fils de Cadmus , qui la bâtit ; elle a de très bons
ports et tout ce qui sert aux comodités de la vie , excepté la
partie septentrionale qui est remplye de montaignes cou-
vertes de neige pendant toute l'année et ou le froid est
presque insuportable ; ses habitants êtoint autrefoix adonés
au brigandage , mais a presant ils se sont pollicés ; la capi-
tale du pays est Raguse , autrefoix Epidaure.
Marins discinxerit Affros (vers 120). — V. pag. 18.
Sihyllx (vers 126 ). — Des femes qui interpretoint l'aue-
nir, come qui diroit AïoêouXat, c'est a dire interprètes des
volontés de Jupiter. Elles êtoint dix , Persica , Libyca ,
Delphyca , Curnsea , Erysthrsea,^ Samia, Hellespontiaca ,
Tyhurtina, Albunea et Cumana ; cette dernière composa
les liures qu'on apela de leur nom.
Omneni Tylai^ida pugnam (vers 132). — Le combat de
Titan , fils du Ciel et de Vesta et frère ayné de Saturne, a
qui il céda son droit parcequ'il coneut que sa mère et sa
— 350 —
sœurauûint plus du pariclianl pour luy. a condition que
Saturne pour ne pas être obligé de doner son roiaume a
ses enfants n'en nourriroit point de masles et qu'il lecede-
roit a ceux de Titan ; mais corne par le bon office d'Opis ,
lupitcr, Neptune et Pluton , fils de Saturne , eurent été
arrachés d"entre les bras de ce père cruel qui vouloit les
deuorer, et que dans la suite ils eurent débusqué Saturne ,
Titan furieux et enragé contre Saturne de cette action et de
ce qu'il vit ses enfants priués de la succession qui leur
êtoit deue , les ioignit auec luy et liura une rude guerre a
Saturne qu'il vainquit auec sa mère et sa sœur et les fit
prisonniers , iusqu'a ce que lupiter vengea son père et ter-
rassa d'un coup de sa foudre ces téméraires qui voulurent
s'en prendre a luy après la victoire qu'ils remportèrent sur
Saturne.
Maiorum cineres (vers 146). — Les cendres des ayeux
d'une auguste naissance qu'on auoit accoutumé d'enseuelir
sur la voye Flaminiene et Latine.
Damasyppus (vers 185). — C'est le nom d'un home de
qualité qui aymoit a conduire un charriot ou a picquer des
chenaux.
Hypponam (vers 157). — Déesse qui presidoit aux
cheuaux et aux écuries.
Portœ Idumœœ (vers 160). — Portes ludaiques ainsy
apelées depuis que Vespasien et son fils Titus reuenant
triomphants après la prise de la ville de Hierusalem
entrèrent dans Rome par cette porte. L'Idumée est une
prouince de la ludée.
Rheno (vers 170 ). — Le Rhin est un dçs fleuues les plus
rapides et les plus larges de l'Europe qui sépare la France
de l'Allemaigne ; il sort des Alpes et se diuise ensuitte a
— 351 —
son emboucheure in 3 bras et se décharge dans l'Occean :
ces trois bras s'apelcnt auiourduy Leua , Wallis et Isella ;
n'y en aiioit aiitrefoix que deux , mais Drusus fit faire le
3™^ pour arrêter les courses des Alemants qui couroint aupa-
rauant tout le pays de deçà ; il ne faut donc pas s'etoner si
Virgile l'apele Bicornis , puisque ce 3™" bras dont nous
parlous n'etoit pas fait de son tems. Le Rhin passe aux
villes de Coire , Bregens, Lindau , Constance ou il trauerse
le lac de même nom, Scaphouse, Basle, Brisac, Golmar,
Strasbourg , Phylisbourg , Spire , Vomies . Maiance ,
Goloigne, luliers, Cleues et Utrech.
Islro (vers 170). — Le Danube ; c'est le plus large, le
plus long et le plus rapide fleuue d'Europe et peut être du
monde entier ; il sort d'une montaigne d'Allemaigne apelée
Arnobe , proche de Scaphouse ; après auoir arrousé une
infinité de prouinces, receu 60 grands fleuues, il se iette
dans le Pont Euxin ou mer Noire par 7 bouches ; les villes
les plus considérables ou il passe sont Ulm , Donauert ,
Ratisbone , Passau , Lints , Ems , Krems , Viene , Pres-
bourg , Komorre ou il fait une grande isle , Neuhausel ,
Tran, Bude, Colocza, Essek , Belgrade, Semandrie,
Fetslan , Riz , Nigeboli , Tutracan , Braila , Derostero et
Kilia noua.
Troiugense (vers 181 ). — Les Romains , parcequ'ils des-
cendent des Troyens.
Fahios (vers 191). — C'est a dire les gens de qualité.
Nullo cogente Nerone (vers 193). — Néron est pris la
pour Domitien qui n'obligeoit par les gens de qualité a
paroitre sur le théâtre come Néron qui y fit decendre 400
sénateurs et GOOcheualiers.
Ignominiam grauiorem (vers 209). — On se mocquoit
— 352 —
d'un home de qualité lors qu'il êtoit balu par un gladiateur
dans le théâtre.
Senecam (vers 212). — Seneque est pris la pour un
home de bien, mais qui n'a pas de la naissance. V. Seneque,
pag. 135.
Neroni (vers 212). — Néron est pris pour un home
extrêmement débauché , mais de qualité.
Par Agamemnonidae crimen (vers 215). — Oreste, qui
tua sa more Clytemnestre ; il auoit été condamné a cause
de ce parricide par l'aréopage , mais les dieux le déclarèrent
innocent par la bouche de Minerue qui se trouua la pour
vuider le différend des dieux dont la moitié tenoit pour
Oreste et l'autre contre luy.
Sed nec Electrx iugulo se polluit (vers 217 et 218). —
Parlant d' Oreste, il reproche par la a Néron la mort de son
frère Britannicus empoisoné par son ordi-e.
Aut Spartani sanguine coniugii ( vers 2 1 8 et 2 1 9 ) . — Il
parle encore d' Oreste qui ne tua pas sa feme Hermione ,
fille de Menelas , roy de Sparte . pour reprocher finement a
Néron la cruauté qu'il eut de faire mourir ses 3 femes l'une
après l'autre : Octauia , Anthonia , Poppœa.
Nullis aconita propinquis miscuit (vers 219 et 220). —
Corne Néron a Britannicus et a Domita sa maîtresse.
In omni gente ^«ôom«( vers 239). — C'est a dire que
Ciceron par ses practiques et par les intrigues qu'il auoit
auectous ceux que Catilina et Cethegus coniurateurs conois-
soint, decouurit leur entreprise et la fit auorter.
Tyrannis (vers 261). — Les Tarquins qu'on vouloit
rapeler.
Aut illud quod dicere nolo (vers 275). — Ou un adul-
tère , ou un homicide , ou un voleur.
SATYRE IX
Isidis (vers 22 ). — VTpftig. 1 7:^
Apulia (vers 55). — V. pag. 332.
Fugientem puellam (vers 74). — C'est a dire sa feme.
Et iam signabat (vers 75 et 76). — C'est a dire qu'elle
auoit dessein de se remarier a un autre et qu'elle auoit
deia comancé a signer.
His colUbus (vers 131). — C'est a dire Rome située au
milieu de sept montaignes.
Undique ad illos conueniunt {\ers 131 et 132). — A
Rome.
Carpentis etnauibus (vers 132). — Sur terre et sur mer.
SATYRE X
Viribus ille confisus periit (vers 10 el 11). — Ses propres
forces luy donerent la mort , come a Milon Grotoniate qui
trauersant un'bois lors qu'il êtoit dans la vigueur de son
aage voulut eprouuer iusqu'ou pouuoint aler ses forces en
acheuant de fendre un chêne qui êtoit deia comancé ; il ne
peut iamais en venir a bout et les efforts qu'il fit pour cela
ayant été inutiles , le tronc d'arbre lui serra tellement les
mains qu'il ne peut plus les en sortir, de sorte qu'il feut la
proye des bêtes saunages.
Sibi consul ne placeat curru seruus portatiir eodem
(vers 41 et 42). — Lors que quelque consul ou gênerai
d'armée entroit en triomphe dans Rome on metoit a ses
cotés un esclaue qui portoit la courone triomphale , et qui
le faisoit souuenir a tous moments qu'il êtoit home , de peur
qu'il ne soubliat dans une si grande eleuation. Respice ,
luy disoit il , post te , hominem te esse mémento.
Prascedentia longi agminis officia (vers 44 et 45). —
Les amys et autres seruiteurs de celuy qui entroit en
triomphe.
Et niueos ad frena Ouirites (wers 45). — Et les Romains
habillés de blanc qui entouroint le charriot.
Pagina descendunt statusB (vers 58). — C'est a dire
qu'on a renuersé les statues de ceux qui êtoint conuaincus
— 355 —
(le quelque grand crime , corne rlo lezemaiesté ou de cons-
piration contre la republique.
Ipsas rotas (vers 59 ). — C'est a dire les statues des che-
ualiers romains, les chars de triomphe ou les cheuaux
d'airain.
lam stridunt ignés (vers 61 ). — Le feu qu'on allumoit
pour fondre les statues de ceux qu'on auoit renuersés.
Cretatum bouem {vers 66). — C'est a dire un bœuf blanc
qu'on sacryfioit a lupiter ; on n'en sacryfioit que des noirs
aux dieux infernaux.
Turha Wiemi {vevs^ 73). — Les Romains.
Nurscia (vers 74). — Déesse des Etruriens.
Qui dabat olim (vers 78). — C'est a dire le peuple.
Cœsaris fiostem (vers 86). — C'est Seian.
Sell'as curules (vers 91 ). — C'est a dire les sièges ou les
.magistrats apelés Urhani se metoint pour administrer la
iustice au peuple.
Cum grege Chaldxo (vers 94). — Auec Thrasile , mathé-
maticien ; il etoit Chaldeen.
Fidenarum, Gahiorum esse potestas (vers 100). —
C'êtoint deux villes d'Italie qui iouissoint des mêmes pri-
uileges que la ville de Rome.
VacLiis Ulubris (vers 102). — Apres auoir abandoné la
ville des Volsques dans la Campanie.
Deduxit flagra (vers 109). — Les cytoiens romains ne
peurent pas être fouetés pendant que Rome feut gouuernée
par les consuls , mais après que les empereurs se feurent
acquis une entière domination sur elle et qu'ils eurent fait
oublier ce nom de liberté autrefoix si chéri , on perdit ce
priuilege qu'on auoit conserué inuiolable l'espace de tant
de siècles , et on feut suiet aux mêmes châtiments que tous
les autres peuples.
— 356 —
Ad generum Cereris (vers 112). — Plutoii.
Eloquium ac famam Demosthenis et Ciceronis incipit
optare {vers 114 et 115). — C'est un ieune écolier qui
comance a s'adoner a Tètude des belles letres et qui sou-
haite même dans ce tems la d'acquérir par son éloquence
autant de réputation que Ciceron et Demosthene.
Eoriguo asse colit Mineruam (vers 116). — C'est a dire
qu'il est dcuenu sauanl a peu de fraix.
Custos capsœ (vers 117). — Qui veut dire capsarius ,
qui ctoit celuy qui porloit les liures de ce ieune home a
l'echole.
Manus est et ceruix cœsa (vers 120). — Lors que Ciceron
eut ôté tué par l'ordre de M. Anthoine, il fit clouer ses
mains et sa tète aux rostres ou il auoit parlé contre luy auec
tant de force.
Diuina Phylipica (vers 125 ). — La 2'^""' Phylipique.
Pater lyppus (vers 130). — C'est le père de Demosthene
qui ôtoit maréchal.
Truncis offixa trophxis lorica {vers 133 et 134). — On
auoit accoutumé de piailler les dépouilles des enemys sur
un pieu dans l'endroit ou ils auoint été tués pendant la
fuite.
In <77'cu (vers 136). — Sur la pierre triomphale qu'on
eleuoit au milieu du champ de bataille.
Ficus (vers 145). — Le figuier saunage qui perce les
plus dures pierres pour croître. Martial le témoigne 1. X,
ep. 2.
Marmara Messalœ findit capriftciu.
' Africa (vers 148). — V. pag. 336.
Mauro (vers 148). —V. pag. 328.
— 357 —
Nilo{vers 149). — V. pag. 284, 321.
Occeano( vers 149). — L'Occean êtoit fils du Ciel et de
Vesta , il feut le dieu de la mer, mary de Thétis et le père
de toutes les riuieres et de toutes les fontaines du monde ;
il est pris auiourduy pour C(;tte vaste étendue de mer qui
entoure la terre ; il est apelé Occean d'un mot grec wxu;
qui veut dire velox; il prent diuers noms selon les prouinces
qu'il arrouse , tantôt Persique, tantôt Arabique, tantôt
Atlantique , ect. Cette epythete de velox n'est pourtant pas
iuste , come le voyage de Cristophe Colomb le iustifie ,
car dans la decouuerte des Indes occidentales il trouua la
mer qui entoure les Isles fortunées calme , et il ne vit en
nulle part cette vitesse qu'on luy attribue.
Mthiopum 2Jopulos (vers 150). — V. pag. 342.
Alpem (vers 152). — Les Alpes sont des montaignes
extrêmement eleuées qui séparent l'Italie de la France et
d'Allemaigne ; elles ont 100000 pas de longueur de l'une
a l'autre mer. Annibal les trauersa entièrement , mais ce
feut long tems après que les Gaulois eurent frayé le chemin.
Lucain parle de ce passage des Gaulois.
Gallia per médias rabies effunditur Alpes.
Portas (vers 155). — Les portes de Rome.
Ducem luscum (vers 158). — Annibal que les veilles et
les autres fatigues rendirent borgne.
Suppositum rôtis solitum mare (vers 176). — C'est le
pont de batteaux que Xerces roy de Perse fit faire sur les
roues de ses charriots pour ioindre l'Europe et l'Asie.
Medo (vers 177). — Une armée de Medes.
Salamiîie (vers 179). — Isle dans la mer Euboique ou
Xerces feut deffait par Themistocle.
— 358 —
Corum atque Eurum (vers 180). — Les vents (jui ren-
uerscnt le pont que Xerces auoit fait bâtir.
Compedibus qui vinxerat Ennosigxum (vers 182). —
Xerces vouloit mètre la mer sous sa domination ; il luy fit
doner 300 coups de Ibuet et icter dedans une infinité de
chaînes et des manotes corne pour l'enchainer et luy faire
subir le ioug de son empire.
Per densa cadauera (vers 186). — Parmy les corps de
ses soldats , parlant de Xerces.
Codicc Siuuo hœredes vetat esse suos (vers 236 et 237). —
Testament par lequel un père déshérite ses enfants et fait
héritier un étranger.
Rex Pylius (vers 246 ). — C'est Nestor qui selon Homère
vécut 300 ans, presqu'autant qu'une corneille qui en vit
400, 500, iusqu'aOOO.
Hectore (vers 259). — Hector etoit fils de Priam et
d'Hecube ; ce feut le plus braue de tous les Troyens , il def-
fendit vaillament Troye contre les Grecs , mais il feut
enfin tué par Achylle et trainé dix iours tout au tour des
murailles de cette ville. Priam le rachepta des mains
d' Achylle et luy fit doner tous les honeurs de la sépulture.
Apres sa mort , Troye né feut plus en état de résister, selon
la prédiction de l'oracle ; il eut pour feme Andromache de
laquelle il eut un fils apelé Astyanax , qu'Ulisse précipita
d'une haute tour en bas de peur qu'il ne vengeât un iour
tous les malheurs qu on auoit fait soufrir a sa race.
Iliadum, [vers 261 ). — Des Troyenes.
Cassandra, Poli/Tena ( vers 262). — Filles de Priam ; la
l*""® prédit la ruine de Troye en déchirant ses habits au sou-
uenir de ce qui deuoit arriuer a cette ville infortunée.
Cœperat audaces Paris aedificare carinas (vers 264 ). —
Lorsque Paris amena ses vaisseaux pour enleuer Hélène.
— 359 —
Asia7n{\ei"6 266). — C'est a dire la plus grande partie de
l'Asie.
Minturnarumque patudes (vers 276 ). — C'est de Marius
qu'il parle qui étant vaincu par Sylla aux marais de Min-
turnes feut pris prisonier et t'eut obligé de uiandier ensuite
son pain en Affrique.
Captiuorum agmine {\erë 280). — Des Cimbres ou des
Teutons.
Latona, Diana (vers 292). — V. pag. 103.
Sed vetat optari faciem Lucretia qualem ipsa habuit
(vers 293 et 294). — Il est dangereux pour une feme d'être
aussy belle que Lucrèce qui l'eut violée par Tarquin ; elle se
tua de regret.
Rutilss (vers 294 ). — Pour exprimer des filles laides.
Martis (vers 3 1 4 ). — V, pag. 9 , 53 , 6^ , 335.
Hsec ceu fastidita repuisa (vers 326). — C'est a dire
Phèdre , fille de Minos , roy de Crète.
In hortis (vers 334). — Dans les iardins de Lucullus.
Principis (vers 341 ). — Claudius.
Candiduli dluina tomacula porci (vers 355). — Des
sacryfîces qu'on faisoit auec de la saucisse de chair de pour-
ceau qu'on apeloit du mot grec Tspoj.
Herculis xrumnas (vers 361 ). — V. pag. 20.
Sardanapali (vers 362). — Dernier roy des Assyriens
extrêmement efféminé , iusque la qu'on le trouuoit souuent
parmy ses courtisanes la quenouille a la main ; ses suiets
ne peurent plus soufrir un roy si indigne de l'être , et ele-
uerent a sa place Arbases , grand capitaine qui se fit décla-
rer roy. Sardanapale voyant la tempête qui menaçoit ses
iours , voulut la preuenir et se ietta auec sa feme et ce qu'il
auoit de plus pretieux dans un bûcher ou il feut réduit en
cendres.
SATYRE XI
Atticus (vers 1 ). — Home de qualité et riche.
Rutilus (vers 2). — Dissolu qui auoit mangé son bien.
Apicius [vev^ 3). — Apicius ctoit un autre gourmand
dont il est parlé dans la 4™'' satyre , que les plaisirs qu'il
aymatrop réduisirent a une extrême pauureté.
Thermx statioiies i^vers 4). — G'ctoint des sièges dans
les places publiques ou l'on s'assembloit ; il y en auoit de
trois sortes ; pour les sénateurs , pour la ieunesse et pour
les étrangers qui auoint les mômes priuileges que la ville
de Rome.
Ventidius (vers 22). — Home riche.
Atlas (vers 2 4). — Montaigne de la Mauritanie ainsy
apelée d'Atlas , roy des Maures ; il y a deux montaignes de
môme nom , Tune proche les colonnes d'Hercule , et l'autre
au fond de la Lybic; on ne sauroit voir la hauteur de celle
cy parceque les nues n'en sortent iamais ; les habitants
disent que c'est une colonne du ciel et qu'Atlas . roy de la
Mauritanie , feut changé en cette montaigne.
Curtius (vers 34). — Médiocre auocat.
Coram dominis (vers 47). — Deuant les créanciers.
Ad Ostia (vers 49). — Ostie est une ville a l'embou-
cheure du Tybre bâtie par Ancus Martius, roy des Romains.
TVoi'M.ç'em* (vers 95). — Aux Romains.
— 361 —
Paruis frons inrea lectis, vile coroiiati oo/pui ostendebat
aselli (vers 96 et 97 ). — La coutume des Romains êtoit de
mètre aux pies des licts une tète d'asne couronée dun bou-
quet de fleurs, et ils croyoint que cette superstition que les
Etruriens leur auoint aprise empechoit les grêles et les
autres dangers qui pouuoint faire du mal aux moissons.
Discipulus Triplieri doctoris (vers 137). — Il y auoit a
Rome une école publique dans la rue de Suburra ou un
certain Tripheriusmontroita couper toutes sortes de viandes
proprement et iaisoit exercer ses disciples sur des oiseaux
et autres bètes faites de bois ; c'est ce que nous apelons
auiourduy ecuyer ti-anchant.
Exigux fruslis imbutus ofellœ [vers 144). — C'est a
dire qui a long tems distribué la chair de pourceau sans
profit.
Mancipium ( vers 171 ). — Semante de mauuaise vie.
Dubiam facientia carmina palmam (vers 179). — Ceux
qui disputent qui l'emporte d'Homère ou de Virgile.
Pone domum (vers 189). — Quittes tous ces soins qui
vous chagrinent.
Prxda caballorum prœtor sedet (vers 193). — Un prê-
teur iniuste qui ne recompense pas le véritable mérite , ou
bien un prêteur qui obligeoit ceux qui auoint des beaux
chenaux a les luy vendre au prix qu'il vouloit.
SATYRE XII
HispuUa (vers 11). — Feme extrêmement grasse.
MsBcenatibus (vers 39). — Aux gens efféminés tels
qu'êtoit Msecenas.
Atque alias (vers 40). — C'est a dire des habits faits auec
de la laine d"Espi\gne.
Parthenio (vers 44). — Excellent ouurier.
Pholo ( vers 45 ). — Centaure grand beuueur.
Coniuge Fusci (vers 44). — Feme qui aymoit a boire
extraordinairement .
Bascaudas (vers 46 ). — Des vases d'Angleterre.
Cœlati (vers 47). — C'est a dire de l'or et de l'argent.
Sublimis apex (vers 72 ). — Le mont Alban . ou Ascanie
fils d'^née , bâtit la ville d' Albe , ainsy apelée d'une tryue
blanche qu'on trouua sur cette montaigne.
Simulacrum (vers 88). — Les dieux pénates.
Calorem (vers 98 ). — La heure.
Hecatomben (vers 101 ). — Sacryhce de 100 bœufs.
Arboribus Rutulis et Turni pascitur agro (vers 105). —
Au traiet de Lauinium en Etrurie ou Turnus regnoit
autrefoix.
Cœsaris armentum {vers 106). — Les éléphants de l'em-
pereur.
Aller enini (vers lloj. — Pacuuius.
— 363 —
Imponet vittas [vei^ 118';. — Des couronnes dont on
ornoit la tète des victimes.
Iphigenia domi (vers 1 19 \ — IJ entend par la une lille
qu'on deuoit innnolcr telle qu'Iphigenie . iille (TAgamen-
non ; celuy cy ayant lue a la chasse un cheureau consacré a
Diane , cette déesse en f eut si fort fâchée qu'elle arrêta la
flote des Grecs qui aloint assiéger Troye et l'empêcha de
sortir du port d'Aulide ou elle etoit retenue. Les oracles
consultés la dessus repondirent que Diane deuoit être apai-
sée auec le sang de la fille d'Agamennon qu'Ulisse enleua a
Clytemnestre sa mère par surprise , feignant de vouloir
l'épouser. Corne on êtoit sur le point de l'exécution et qu'on
aloit immoler Iphigenie , la déesse en eut pitié et enuoya
une biche a sa place pour être sacryfîée et transporta Iphi-
genie dans la Taurique ou elle feut sa pbretresse ; ce feut la
ou elle receut son frère Oreste , parricide de Clytemnestre sa
mère, et ou elle tua le roy Thoante pour s'enfuir auec son
frère en Italie , ou ils portèrent le simulacre de Diane qu'ils
auoint enleué dans la Taurique.
Testamento (vers 121). — Au testament d'un home
riche.
Rapuit Nero (vers 129). — L'empereur Néron qui contre
les droits diîiins et humains . enleuoit les biens du public
et des particuliers.
SATYRE XIIT
Recenti de scelere (vers 5 et 6). — C'est a dire de celuy
qui ne vous a pas rendu votre dépôt.
Victrix Fortunx sapientia (vers 20). — La morale qui
aprend aux homes a préférer la vertu aux biens que la for-
tune leur présente.
Sicato necùare tergens brachia Vulcanus Liparxa nigra
taherna (vers 44 et 45). — C'est a dire lors que Vulcain
eut cessé de seruir d'echanson aux dieux et qu'il eut repris
son premier métier qui etoit celuy de forgeron. Vulcain
êtoit fils de lupiter et de lunon ; sa laideur feut cause qu'ils
le ietterenl d'un coup de pié du ciel en terre ; cette cheute
luy cassa la ianibe et l'obligea a se retirer tout blessé qu'il
êtoit dans l'isle de Lemnos, ches Eurynome, lîlle de
rOccean et de Thetis. Quelque tems après il établit son
seiour dans le mont yEtna en Sicile , ou l'on dit qu'il for-
geoit la foudre de lupiter, assisté de ses Gyclopes qui
n'auoint qu'un œil placé au milieu du front.
Atlanta (vers 48). — Atlas, roy de la Mauritanie, qui
porte le ciel sur ses épaules , si on en doit croire a l'anti-
quité fabuleuse.
Aliquis sortitus triste profundi imperium (vers 49 et
50 ). — Neptune , qui eut en partage le royaume des eaux.
— 365 —
Hoc modo (vers 78). — C'est a dire le depol que vous
aues confié a la bone foy de celuy que vous croyes votre
amy.
Tarpeia fulmina (vers 78). — Les foudres de lupiter qui
auoit un temple sur le mont Tarpeie.
Martis frameam (vers 79). — La courone de laurier
que portoit Mars.
Cyrrhœi spicula vatis (vers 79). — D'Apollon, auquel on
rendoit un culte particulier dans la ville de Cyrrha.
Per calamos venatricis puellœ (vers 80). — Par les
flèches de Diane.
In carbone tua (vers 116). — Dans son encensoir.
Dogmata a cynicis tunica distantia ( vers 121 et 122). —
La dillerence des Stoïciens et des Cyniques n'ctoit pas dans
leurs opinions . car ils les auoint semblables , mais dans le
nombre de leurs manteaux ; car les premiers n'en portoint
qu'un simplement, el les autres n'en portoint iamais
moins de deux.
Discipulo Philipi (vers 125). — C'est a dire un ieune
médecin qui n'a pas encore l'expérience que son art
demande.
Si nullum in terris tam detestabile factum ostendis
(vers 126 et 127). — Gome le tour que vous a ioué celuy
a qui vous aues confié votre dépôt.
Fémur Herculis (vers 151). — La cuisse de la statue
d'Hercule.
Tonantem (vers 153). — La statue de lupiter.
Deducendum corio bonis in mare ( vers 1 55 ). — Les par-
ricides qu'on metoit autrefoix dans un sac de cuir pour les
ieter en cette posture dans la mer, car les anciens ne
croyoint pas que les peynes qu'on ordonoit contre le
— 366 —
eomun des criininels finissent a sso? rriH'lU's })our |»iiiiiruu
si horrible criine.
Sufficit una domus (vers 160). — C'est a dire celle de
Rutilius , dont il est parlé auparauant sous le nom de
custos gallicus.
Aude (vers 161 ). — Entreprenes le si vous le pouues.
Quis twmidum giittur iniratur in Alpibus (vers 162). —
Qui est ce qui est surprins de voir la gorge enflée aux
habitants des Alpes , parceque c'êtoit ainsy qu'ils l'auoint
généralement ; cest pour dire qu'on ne doit pas s'êtoner
de voir dos desordres dans Rome . puisque l'habitude les
entretient.
Nubem sonoram [wei'S 167). — Une compagnie de grues
qui l'ont retentir l'air de leurs crys.
Senex vicinus Hymeto (vers 185). — Socrate.
Sapientia (vers 189). — La morale qui aprend la
sagesse et la vertu aux homes.
Reddidit ergometus (vers 204). — Aux tils deMilesius
qui auoint déposé contre Socrate.
Albani veteris pretiosa senectus (vers 214). — Du vin
vieux de la ville d'Albe , qui auoit le goût délicieux.
Templuni urget (vers 219 et 220). — Le souuenir du
temple ou il auoit doné sa foy luy renient dans la mémoire
et le gène cruellement.
Maior imago (vers 221 ). — Lombre d'un home paroit
au soleil leuant et couchant plus grande que l'home qui la
fait.
Cogit fateri{vevs 222). — Il faut entendre crimen.
Ad omnia fiUgura palleiit {\er?< 223). — Il entend par
la Galigula qui trembloit lors qu'il entendoit le tonerre
gronder.
— 367 —
Non fortuitu (vers 225 ]. — Corne rauoil creu Epicure.
Nec ventoruw rabie (vers 225). — Ou selon l'opinion
du vulgaire.
Pecudem spondere saello balantem (vers 232 et 233).
— Offrir aux dieux un agneau pour recouurer la santé.
Laribus crystam promittere galli (vers 233). — A
Esculape auquel on otTroit un coq dans la même veue de
recouurer la santé.
SATYRE XI \
Puer bullotus ^vers 4;. — Un ieune enfant qui porte
encore la robe de l'enfance qu'on apeloit bulla onprxtexta.
Nec de se melius cuiquam sperare propinquo (vers 6).
— Il faut entendre quam de pâtre.
Ficedulas (vers 9). — Des oiseaux apelés ainsy parce
qu'ils mangeoint les feuilles des figuiers.
Flagellis (vers 19). — C'est a dire soni tu flageUorum.
Meliore luto finxi j}r3ecordla Titan (vers 35). — Pro-
raethée , fils de Titan , qui forma les homes auec de la
boue après le grand déluge que les dieux enuoyerent sur
la terre.
Catilinam (vers 41 ). — Il désigne par la tous les
méchants homes qui ont voulu se rendre maîtres de la
republique.
Ira censoris (vers 50). — Digne de la colère ou de la
cry tique du censeur.
Unde tihi frontem lihertatemque parentis (vers 56). —
Supp. .mm es.
Famulx louia generosœ aues (vers 81 et 82). — De
l'aigle.
Curuo littore Caietœ (vers 86 et 87). — C'est une ville
et un port proche l'emboucheure de Baies, apelé ainsy de
Curuus qui est le même que Caiete selon les Lacoaiens
— ;Ui9 —
qui lui douent ce nom , non pas du nourrissier d'^^née ,
corne l'a voulu Virgile.
Tiburis arce (vers 87). — Ville d'Italie située sur une
montaigne dans le pays des Sabins , a un port de mous-
quet de Tiuoli.
Graecis longe petitis (vers 89). — D'Egypte et de
Numidie.
Fortunse (vers 90). — A Rome ou a Praeneste.
Herculis xdem [yers 90). — A Tibur ou a Rome.
Hesperidum serpens aut Ponticus (vers 114). — Un
dragon que les filles d'Hesperius , fils d'Atlas , auoint mis
sur la porte de leurs iardins pour garder la pome d'or
qu'elles y auoint mise . ou ce dragon si fameux que lason,
chef des Argonautes , tua en enleuant la toison d'or a
Colchos.
Concham signatam (vers 131 et 132). — C'est a dire
ou l'on met une certaine marque pour conoitre lors que
les valets y ont touché.
Aliguis de ponte negabit (vers 134). — Il faut entendre
mendicus.
Tatio (vers 160). — Tatius êtoit roy des Sabins auec qui
Romulus partagea Rome.
Punica prselia (vers 161 et 162). — Les combats des
Romains auec les Carthaginois, en Affrique, en Sicile, en
Espagne et en Italie.
Pyrrhum et Molossos (vers 162). — Pyrrhus, roy des
Epirotes et des Molosses qui faisoint une partie de ses
suiets.
Très domini (vers 169). — Les fils de famille nés
ingénus.
24
— 370 —
A scrobe redeuntibus (vers 170). — Reuenaul de labou-
rer la terre.
Grandes fumabant pull ibus ollx (vers 171). — Cer-
taine viande en forme du pain dont se seruoint les pre-
miers homes , faite de farine , eau , miel , fromage et œufs
cuits.
Non inodus hic (vers 172). — C'est a dire de deux
arpents.
Numina ruris {\ers, 182). — Bacchus et Ceres.
Lxlius [vers 195). — L'empereur.
Tyberim ultra (vers 202). — Les conuoyeurs se tenoint
au delà du Tybre.
Dignapoetx (vers 20G). — D'Ennius.
Exlgua Cercris tanjens (vers 219). — La coutume de
ceu.x qui juroint cLoiLde mètre la main sur l'auLel de Ceres
ou de quelque autre dieu.
Quibus (vers 221 ). — C'est a dire par le venin.
Dsclorum in pectorc (vers 239). — Les Deciens père et
fils se douèrent aux légions romaines pour la deffençe de
la republique.
Quod Mythridates composuit (vers 252 et 253). — Du
contre poison.
Aliam decerpere ficum (vers 253). — Vivre encore une
année.
Pater (vers 255). — C'est a dire le père qui a des
enfants vicieux.
Rex ciii nulla theatra (ver 256). — Un roy qui a des
suiets portés a lareuolte.
Flora; (vers 262). — C'est la déesse des fleurs et des
iardins ; elle ètoit auparauant feme de mauuaise vie , mais
enfin ennuyée d'un tel métier et ayant acquis des richesses
— 371 —
immenses , elle fit héritier le peuple romain , a la charge
qu'on celebreroit toutes les années le iour de sa nais-
sance ; c'est dans ces ieux ou Ton voyoit régner la plus
effrontée impudicité , car sans parler des paroles quelle^
qu'elles feussent qu'il ctoit permis de proférer, les courti-
sanes couroint les rues de Rome nues a la prière du
peuple , et l'on faisoit encore mille autres choses de celte
nature.
Cereris et Cijbeles (vers 263). — Les ieux qu'on faisoit
a l'honeur de Ceres et de Cybele.
Calpe{yers 279). — C'est le détroit de Gibraltar ou sont
plantées les colonnes d'Hercule.
Stridentem solem [xevs 280). — Les poètes ont feint que
dans la mer occidentale le soleil faisoit le môme bruit que
fait le fer chaud lors qu'il est trempé dans l'eau.
luuenes marlnos (vers 283). — Les Tritons et les
Sy renés.
Tarjus (vers 299). — Fleuue d'Espagne qui roulloit de
For dans ses flots.
Picta se tempestale tuetur (vers 302). — Ceux qui
auoint fait, naufrage demandoint l'aumône en portant sur
leurs épaules la figure d'un vaisseau coulé a fond par
l'impétuosité des flots.
Lycinus (vers 306). — Il est pris la pour tous les riches.
Magnum habitatorem [vers 312). — Diogene ; on sait
asses ce qui luy arriua auec Alexandre.
Quantum Epicure tibiparuis su[[icit in hortis (vers 319).
— Epicure viuoit du reuenu que ses iardins lui portoint
et se croyoit auec cela plus heureux que Jupiter.
S jcratis Pénates (vers 320), — La frugalité de Socrate.
Sume duos équités (vers 326). — C'est a dire vendes
deux cheuaux.
SATYRK X\
Vêtus Tliebe {xevs 6). — Thebes est une ville d'Egypte
bâtie par Busiris ; elle auoit 140 stades de circuit auec
lUÛ portes d'où elle t'eut apelée Hecatompylos ; ses basti-
ments et ses somptueux ediffices l'ont rendue célèbre.
Laestrigonas et Cyclopadas (vers 18). — G'êtoint des
homes cruels habitants de l'Italie et de la Sicile qui man-
geoint de la chair humaine.
De Corcyrœa urna (vers 25). — De Tisle de Gorfou.
Consuls lunio (vers 27). — lunius Sabinus consul auec
Domitien.
Cot}mrnis{\er&'29). — Des tragédies représentées auec
des brodequins.
A Pyrrhâ (vers 30). — Depuis le déluge.
Ombos (vers 35 ). — Ville d'Egypte ou le crocodile êtoit
adoré.
Tentyra (vers 35). — Ville d'Egypte ou l'on tuoit tous
les crocodiles qu'on pouuoit trouuer et ou les oiseaux de
proye êtoint en une particulière vénération.
Alterius populi (vers 39). — Des habitants de la ville
d'Ombos.
SolMgijptus (vers 44 et 45). — Cette partie de l'Egypte
ou sont les villes d'Ombos et de Tentyre.
De madidis (vers 47 ). — Des habitants d'Ombos yures.
— 373 —
Virormn saltatus (vers 48 et 49). — Les Arabes et les
^Ethiopiens.
Quem summa cœli raptum de parte Prometheus donauit
terris (vers 85 et 86). — Promethée êtoit fils de lapet et
d'Asie, et il feut père de Deucalion, ce fameux restaura-
rateur du genre humain. Les poètes feignent qu'il forma
le premier home de boue et que Minerue surprise de sa
capacité luy offrit tout ce qui pouuoit luy manquer pour
la perfection de son ouurage ; Promethée luy repondit
qu'il se seruiroit volontiers de ce qu'elle lui pretoit si elle
pouuoit luy procurer la veue des choses célestes pour
prendre la dessus ses mesures ; de sorte qu'ayant été
aporté au ciel par le secours de Minerue , il vit l'admi-
rable structure des corps célestes, come quoy ils êtoint
animés et qu'ils paroissoint auoir une ame chaqu'un en
son particulier ; il s'auisa d'un stratagème pour faire réus-
sir le dessein qu'il auoit médité depuis long tems de créer
l'home ; il enleua auec une baguette qu'il auoit eu le soin
d'aporter auec luy un peu du feu céleste pour animer la
boue qu'il auoit formée auec de la saline; son dessein
réussit , mais lupiter ialoux de l'inuention de Promethée
dona a sa feme Epimetheis la fameuse boete de Pandore
sans luy decouurir ce qu'il auoit résolu d'en faire. Prome-
thée l'ouurit sans penser a rien moins qu'a ce qui deuoit
luy arriuer, et dabort la senteur que cette boete exala dans
l'air causa une telle infection dans le monde que tout le
genre humain faillit a creuer des maladies qu'elle leur
causa. Pour Promethée , Mercure le relégua par l'ordre de
lupiter sur le mont Caucase , ou l'on dit qu'une aigle luy
deuore continuellement le foye.
•Elemento (vers 86). — Au feu.
— 374 —
Zenonis prxcepta mo)ient {weis, 107). — Zenon êloil le
prince de la secte des Stoïciens ; il enseignoil qu'il ne
faloit pas employer toutes ses forces pour s'empcchcr de
mourir.
Ciiliis egcnt (vers 147). — Il faut entendre ;;(?ci<c?(?6".
Pijthcif/oras cunctis animaUbus abstlniiit [vcvs 173). —
Pythagoreny ses diiciplos ne mangeoint point de chair des
animaux, mais seulement des légumes et principalement
des feues.
SATYRE XVI
Cicrabitis {xeYS 21). — Il faut entendre o togati.
Mihi (vers 37). — Supp. togato.
Sacrum effodit medio de limile saxum (A-ers 38). —
C'ctoit une chose exécrable d'oter les limites d'un champ.
Coranum (vers 54). — Vaillant soldat qui combatoit
sous le drapeau des légions de l'empereur.
Ducis (vers 58). — De l'empereur.
FIN
DES REMARQVES SVR LES SATYRES DE JVVENAL.
TROIS VERS
DONT CHAQVE MOT RÉPOND AV SVJET DES SEISE
SATYRES DE IVVÉNAL
Vates , Ilypocrytx, Romaiirbs. Rhombus , Parasiti ,
Nvpta, Ars sordet , Nobilitas, Vera , impia Vola,
Cœna , Redux , Deposta , Parens , Mgyptia , Miles.
APPLICATIONS
DES
SATYRES DE JVVENAL
SATYRE I
PALEVR.
Palleat ut nudis pressit qui catcibus anguem ,
Aut Lugdunensem rhetor dicturus ad aram.
Qu'il deviene plus pasle qu'un voiageur à l'aspect d'un
serpent qu'il a foulé aux pieds sans y penser ou qu'un
orateur qui va faire l'épreuue de son éloquence deuant
l'autel redoutable de Lyon.
ARGENT.
Quid enim suivis infamia nummis ?
Quel mal fait l'infamie pourueu qu'on garde son bien !
CONTRE LES MARYS COMMODES.
Hsc ego non credam Ventisina digna lucerna ?
Cum leno accipiat mœchi bona
dodus spectare lacunar,
Doctus et ad mlicem vigilanti stertere naso.
Ne croyrai ie pas que ces choses sont dignes du style
— 378 —
d'Horace pendant qu'un niary commode reçoit le prix
du plaisir que done sa feme , parcequ'il scait faire le reueur
en regardant aucc attention le plancher ou parcequ'il feint
d'être yurc et de dormir le nez sur le verre.
DÉPENSER SON BIEN POVR AVOIR DES EMPL0Y3.
Cum faf cssc putct curam spcrarc cohortis ,
Qui bona donavit pr^csepibus , et carcl omni
Majonim censu , diun pervolat axe cilalo.
En ce tcms , l'on espère les premières charges pour auoir
dissipé tout son Lien en vaincs depences, pour auoir abimé
les reuenus de ses aycux, pour s'être fait traîner dans un
carosse magnifique.
LA LIBERTÉ Qv'ON PREND DE REPRENDRE LES VICES NOVS
NVIT SOVVENT.
Aude aliquid brcvibus Gyaris ci carcere dignum ,
Si vis esse aliquis : PnouiTAS laudalur et alget.
Voules VOUS VOUS cleuer a quelque rang considérable,
entres hardiment dans les intrigues les plus dangereuses ,
sans craindre ny prison ny exil ; on loue les gens de bien,
mais on ne laisse j^as de les voir périr de misère sans en
être touchés de compassion.
LES MECHANTS AGQVIERENT LE BIEN QV'iLS ONT PAR
LEVRS CRIMES.
Criminihus debent Iwrtos, prœloria , moisas ,
Argentum velus , et slantem extra pocula caprum.
Ces beaux iardins , ces palais , ces tables , ces meubles
pretieux, ces vases ciselés et ces belles figures d'or sont
auiourdhuy la recompense des plus grands crimes.
— 379 —
l'avarice, le IEV , LE VICE.
Et quœido uhci'ior vilionim copi2?quando
Major avarilÙT patuil sinus ? alex quamlo
IIos aiiïnwi ? nequc cnim loculis cjDiitaniibus itur
Ad casum labiilx , posita scd tudilur arca.
A l'on iamais veu un plus grand nombre de crimes?
Quand est ce que l'auarice a eu plus de cours? Quand est
ce que le ieu a dauantage tyrannisé les esprits ? On ne se
met pas seulement au hazard d'y perdre sa bourse , mais
on y ioue tout son bien.
IEV.
Siniplexne furor sestertia centum
Perdere, et horrenti tunicam non reddere servo?
Vous perdes cent sesterces et vous plaignes un habit a
un valet qui périt de froid en vous attendant toute la nuit
a une porte.
LES RICHESSES SONT ADORÉES.
Quandoquidem intev nos sanctissima divitiarum
Majeslas ; elsi funesta pecunia
Nous adorons auiourduy les richesses quoyqu'elles nous
soint funestes.
ON s'ennvie d'attendre vn repas trop long tems.
Vestibulis abeunt veteres, lassiqite clientes ,
Votaque deponunt , quanquam longissima , cenx,
Spes homini
Les anciens amys de la maison, las d'attendre inutile-
ment , sont contraints de se retirer, quoyqu'il n'y ait rien
que l'on attende auec plus de patience qu'un bon repas.
- 380 —
VOLVPTVEVX.
L'na comedunt patrimonia mensa.
Ils mangent en un seul repas des patrimoines entiers.
LE MONDE EST AV COMBLE DE LA CORRVPTION.
Nil erit uUerius quod nostris moribus addat
Posteritas : eadem cupient, facientque minores.
Omne inprwcipiti vitium stetit
La postérité n'aioutera rien a la corruption de nos
mœurs ; nos decendants ne scauroint faire que ce que nous
faisons , en ce siècle tous les vices sont arriués au dernier
excès.
IL FAVT SOVVENT TAIRE LES DÉFAVTS DES AVTRES.
Cum veniet contra , digito compesce labellum :
Accusator erit, quiverbum dixerit , hic est.
En le voyant , douez vous bien de garde d'ouuhr la
bouche ; c'est un crime de dire seulement : Le voyla.
LA COLERE ET LA VENGEANCE NOVS SAISIT LORS Qv'ON
NOVS REPROCHE NOS CRIMES.
Rubet audilor cui frigida mens est
Criminibus , lacita siidant prxcordia culpa.
Inde irx , et lacrymal
L'auditeur pâlit en voyant decouurir les segrets de sa
conscience ; de la nait sa colère et la vengeance qu'il
médite.
REPENTIR INVTILE.
Galeatum sero duelli
Pœnitet
Quand on est dans la mêlée , il n'est plus tems d'auoir
du repentir de s'y être engagé.
satyrp: II
CONTRE LES HYPOCRYTES.
Ultra Sauromatas fugere hinc libet, et glacialem
Oceanutn , quoties aliquid de moribus audent
Qui Curios simulant et Bacchanalia vivunt.
Lors que ie rencontre ces hypocrytes qui sous l'appa-
rence d'homes de bien, osent déclamer contre l'inconti-
nence , quoyque leur vie ne soit qu'une continuelle suite
de desordres , ie suis animé d'un dépit si violent qu'a
peyne puis ie ne pas abandorier Rome pour aler chercher
l'innocence et la simplicité parmy les Scythes et les Sar-
mates.
LE VISAGE TROMPE.
Frontis nulla fides. quis enim non vicus abundat
Tristibus obscenis ?
Certes , le visage est un tableau bien trompeur du mérite
des homes , car tout est plein de ces sérieux qui viuent
dans les plus honteux plaisirs.
ON NE PEVT REPRENDRE LES VICES DES AVTRES Qv'ON n'eN
SOIT EXEMPT.
Loripedem reclus derideat , Aethiopemalbus.
Il faut être sans tache pour accuser les deffauts des
— 382 —
autres ; celuy qui ne chancelé pas peut rire des démarches
mal asseurées d'un boiteux , cl un François peut se moc-
querd'un Maure.
FAVX SAGE DONT ON VEVT SE MOCQVER.
Felicia tempora ; qxix te
Moribus opponunt. habeal jam Roma pvdorem ,
Tertius c cœio cecidit Calo
Que ce siècle est heureux de te voir naitre pour la refor-
mation des mœurs. Rome , il est tems que tu rougisses de
honte; lo ciel soigneux de ton innocence t'a doné un troi-
sième Gaton.
LE GRAND NOMBRE DES COVPABLES LES DEFFEND CONTRE
LA IVSTICE.
Sed illos
Défendit nunierus , juncLvfjue umbonc phalanges.
Magna inler niolkis concordia
Mais le nombre des coupables les met a couuert des sup-
plices ; ils composeroint des bataillons entiers , ou plutôt
des armées pour delcndrc leurs vices , car il y a beaucoup
d'intelligence et d'accord parmy ces clïeminés.
LA CENSVRE s'eN PREND A CEVX QVI LE MERITENT LE MOINS.
Dat veniam corvis , vexât cenmra columbas.
La censure attaque auec iniustice des persones plus
pures et plus innocentes que les colombes , tandis qu'elle
épargne ceux qui sont plus noirs et plus infâmes que les
corbeaux.
— 383 —
LES COMPAGNIES DEUAVCHÉES NVISENT.
Dédit hanc conlagio labcm ,
sicul grex lotu^ in agris
Uniiis scabic cadil , et porvigine ir)vc.i ,
Ucaqtic conspccta livorcm ducit ab uva.
Le comerce des méchants porte la contagion auec luy, de
môme que nous voyons a la campaigne que des troupeaux
entiers se corrompent par la comunication du mal d'une
seule bute, et de môme encore qu'un raisin se gâte étant
proche d'un autre deia trop meur ou pourri.
ON SE DEIiAVCHE PEV A PEV.
Nemo repenlc fiât turpissinius
Pei-sone ne tombe tout d'un coup dans le dernier excès.
CHOSE MEMORABLE.
Res memoranda novis annalibus , atque recenti
Ilistovia
Remarque digne d'être couchée dans les annales, cir-
constance notable en l'hystoire de nos iours.
EFFEMINE QVI FARDE SON VISAGE.
Et curare cutem summi constantia civis.
Est ce l'action d'un cœur généreux de s'amuser a se
polir le visage.
LES PLVS GRANDES REYNES DV MONDE NE l'oNT PAS FAIT
QVOYQVE VOLVPTVEVSES.
Et curare culcin su<nmi conslanlia dois ;
Et prcssum in fdcic digilis c.iiendere pancm ,
Quod ncc in As^yrio phxrutraia Samiramis orbe ,
Mxsta nec Actiaca fccit Cleopatra carina.
- 384 —
Est ce l'action diiii cœur généreux de s'amuser a se
polir le visage et de se barbouiller de pâte pétrie pour se
tenir le teint Frais, curiosité honteuse qui n'est iamais tom-
bée en l'esprit de cette voluptueuse reyne des Assyriens la
fameuse Semiramis, ny de Cleopatre même qui eut tant de
douleur de la perte de la bataille d'Actium.
CtEns barbares et incivils.
Hn'c nullus rerbis pridor, aut reverentia mensce.
Les loix de rhoneleté ne sont point conues parmy eux .
non pas même pendant le repas.
EXEMPLE DE fiOVRMANDISE .
Rarum , ac mcmorabile magni
Gutturis exemplwn , conducendusque magister.
C'est un rare exemple de gourmandise et capable de tenir
le premier rang parmy les plus célèbres débauches.
CHOSE SVRPRENANTE.
Scilicet horreres , majoraque monsira putares,
Si mulier vîtiilum , vel si bos ederet agnitm ?
Seroit ce une chose plus monstrueuse si une feme engen-
droit une bête , ou si un agneau prenoit naissance d'une
vache.
COMMERCE.
Adspice quid faciani cominercia
Voyla les effets du comerce.
SATYRE [II
LA SOLITVDE EST PLVS AGREABLE QVE LE BRVIT DES VILLES.
Ego vel Pruchytam prœpono Suburra;.
Nam quid tain miserum , tam solum vidimus , ut non
Deterius credas horrere incendia, lapsus
Tectorum assiduos , ac mille pericula sœvcB
Urbis
Pour moy ie préfère le désert le plus abandoné tel que
celuy de l'isle de Prochyte a Suburre cette belle rue de
Rome , car les horreurs de la plus afireuse solitude ne
sont elles pas plus suportables que des embrasements, que
des cheutes de maisons , que mille fâcheux accidents qui
arriuent tous les iours dans la ville.
LA FORTVNE N0V8 ELEVE.
Cum sint ,
Qualeis ex humili magna ad fastigia rerum
Extollit , qiioties voluit Fortuna jocari.
AIAL PROPRE AVX INTRIGVES KT A TROMPER.
Ferre ad nuptam qux mittit adulter
Qux mandat norint alii , al me nemo ministro
Fur erit
le laisse a d'autres a porter les présents et les letres de
la part des amants ; ie ne suis propre ny a tromper ny a
ayder a tromper persone,
25
— 386 —
LES CRIMKS FONT CONSIDERER.
Quis nunc diligitur, nisi conscius , et cui fervens
£sluat occultis, animus semperque tacendis ?
Voules vous être considéré , entres dans les intrigues du
monde ; il faut pénétrer les segrets et conoitre tout ce
qu'il y a de caché.
l'home capable de tovt faire.
Ede , quid illum
Esse putes? quemvis hominem secum attulit ad nos.
Grainmaticus , rhetor, géomètres, pictor. aliptes ,
Augur, schœnobates , medicus , magus
Voules vous sauoir ce que c'est que cet home ; il est tout
seul tout ce que sont beaucoup d'autres ensemble , il est
grammairien, rhéteur, géomètre, peintre, froteur d'athlètes,
deuin , danseur de corde , médecin , magicien . il est
capable de tout.
la faim est la MERE DES INVENTIONS.
Omnia novit.
Grxculus csiiriens in cœlmn, jusseiHs. ihit.
Un home pressé de la faim est capable d'entreprendre les
choses les plus difficiles ; il trouueroit le moyen de voler
dans l'air si vous l'en pries.
FLATEVRS LOVENT PAR COMPLAISANCE CE QVI LE MERITE
LE MOINS.
Adulandi gens prudentissima laudal
Sermoncm indocti , faciem deformis amici ,
Et longum invalidi collum cervicibus xquat
Herculis , Antxumprocul à tellure tenentis
Miratur vocem angustam , qua deterius nec
IIU sonat , quo mordetur galUna marito.
— 387 —
Les flateurs sauent applaudir au discours d'un ignorant ,
ils ont des louanges ou des excuses pour les laideurs du
visage , ils comparent la foiblesse d'un délicat aux forces
d'Hercule qui êtoufe entre ses bras le géant Anthée, ils
admirent la voix importune d'un amy, quoyqu'elle soit
plus aigre que celle d'un coq.
COMPLAISANTS RmiCVLES.
Natio comœda est. rides? majore cachinno
Concutitur : flet , si lacrymas conspexit amici ,
Nec dolet : igniculum brwnss , si tempo re poscas ,
Accipit endromidem -. si dixeris, xstuo, sudat.
Nocte , dieque potest alienum sumere vultum.
C'est une nation née pour tout ce qui luy plait ; quand
ils voyent rire ils rient plus haut que ceux qui ont la ioye
la plus sensible ; s'ils remarquent de la douleur dans les
yeux de leurs amys, ils pleurent auec eux, quoyqu'ils
n'ayent aucun chagrin ; si pour euiter les premiers froids
de l'hyuer on demande un peu de feu , ils prenent leurs
robes fourrées ; si on se plaint de la chaleur, il s'écrient
qu'ils sont tout en sueur ; ils sauent en tous lieux et en
tout tems exprimer sur leur visage des passions qu'ils ne
sentent pas.
SE FAIRE CRAINDRE D VN AMY QVAXD ON SCAIT SON SEGRET.
Scire volunt sécréta domus , atque inde timeri.
Ils tachent de pénétrer les segrets domestiques pour se
faire craindre par la conoissance qu'ils eu prenent.
OVBLV DES SERVICES.
■.:. Perierunt tempera longi
Servitii
— :{88 —
Kn un uionioiil Je somienir îles plus lon;<s seruices
s'tnianouit.
ON s'eNQVIERT des richesses d'vN home pnVR I.E FAIRE
SERVIR DE TEMOIN.
Protinus ad censum , de moribus ultima fiel
Quœstio : quoi pascit servos , quoi possidet agri
lugera
On s'enquiert premièrement quelles sont les richesses,
et l'on ne s'inl'ormo des mœurs qu'après que l'on conoit le
bien ; on voul plutôt sauoir le reuonu df ses terres et le
nombre des esclaues qu'il entretient .
LES RICHESSES FONT TROVVEli DE LA CONFIANCE.
Qv A\T vsilquisquc sua ninnrnorum serval in arca ,
TanhDii habel et. fidei
On ne croit un lioine qu'autant qu'il est riche.
IL EST FACHEVX A VN PAVVRE d'ÊTRE MOCQVÉ.
Maleriam prsebet caussasque jocorum
Omnibus hic idem , si fœda et scissa lacerna ,
Si toga sordidula est , et rupta calceus aller
Pelle patel : vel si consulo vulnere crassum ,
Atque recens linum ostendit non una cicatriwy
Nil habet infelix paupcrtas durius in se ,
Quam quod ridiculos homines facit
On se mocque d'un home si son manteau est taché ou s'il
est rompu , si sa robe n'est pas nette , si ses souliers sont
percés, ou s'il paroit du lil grossier sur les trous qui
vienent d'être recousus ; il n'y a rien de plus fâcheux
lorsqu'on est pauure que d'cMre suiet a soufrir les mépris et
les railleries.
— ;î80 —
VN PAVVRE EST MÉPRISÉ.
Quis gêner heic plaçait censu minor, atque puellx
Sarcinulis impar ? quis pauper scribitur hœres ?
Un père dans le choix d'un gendre préfère t'il la vertu a
la fortune , et ne refuse lil pas celuy qui n'a pas tant de
bien que sa tille : quel exemple auons nous qu'on ayt insti-
tué un panure, héritier.
LA PAVVRETÉ EMPECHE L ELEVATION.
Hauû fagilk emergunt , quorum virtutibus obstat
Res angusta domi
Geluy dont la vertu est captiue sous les rigueurs de la
nécessité ne peut presque s'eleuer.
ON EMPRVNTE POVR s'eNTRETENIR^DANS LE LVXE.
Heic ultra vireis habitus nitor ; heic aliquiid plus ,
Quam satis est : interdum aliéna sumitur arca.
Il faut icy de la magnificence dont le prix excède notre
pouuoir, et pour satisfaire a la vanité il faut emprunter de
toutes parts.
PAVVRETÉ ORGVEILLEVSE.
Heic vivimus ambitiosa
Paupertate omnes
Nous somes fiers dans notre pauureté , et sans mesurer
ce que nous pouuons , nous entreprenons au delà de nos
forces.
TOVT A LA VILLE AVEC l'aRGENT.
Omnia Rom£
Cum pretio
Tout se vend a la ville.
— 390 —
ON NE PEVT RIEN FAIRE SANS ARGENT.
Quid das , lit Cossum aliquando saintes :
Ut te respiciat clauso Vejento labello ?
N'espere point rentrée ches Cossus qu'en payant ; que
doneras tu pour être regardé de Veienton sans qu'il deserre
seulement les leures pour te parler.
LA SOLITVDE ET LE REPOS.
Vivenduyn est illic , ubi nulla incendia , nulli
Nocte metus ,
Cherchons a passer notre vie en des lieux écartés ou la
crainte du 'feu et des autres accidents ne puisse troubler
le someil que nous prenons pendant la nuit.
LES POETES SONT SOVVENT SVIETS A LA PAVVRETÉ :
EXEMPLE.
Lectus erat Codro Procula minor, urceoli sex,
Ornamentum abaci , nec non et parvulus infra
Canthariis , et recubans sub eodem marmore Ghyron,
lamquc velus Grœcos servabat cista libellas ,
Et divina Opici rodcbant carmina mures.
Nil habiiit Codrus. guis enim negat ? et tamen illud
Perdidit infelix totuin nihil : ultimiis autem
Mrumnx cumulus, quod nudum , et frusta rogantem
Nemo cibo , ncmo hospitio , tectoque juvabit.
Codrus n'auoit pour tous meubles qu'un lict trop étroit
pour sa feme et pour luy, six petites cruches qui seruoint
d'ornement a un buffet , auec un vase de terre a deux anses
dont le pié d'étail representoit Ghiron le Centaure, un
vieux coffre ou il gardoit ses liures ou les rats ne laissoint
pas d'entrer et de ronger ses vers admirables , enfin tout le
monde conuient que Codrus n'auoit rien , il perdit neag-
— 391 —
moints ce rien qui êtoiL tout ce qu'il auoit au monde, et
dans cette extrémité il implora vainement la compassion
des homes , il ne se trouua persone qui voulut soulager sa
misère , et qui eut la bonté de luy doner du pain ou de luy
offrir sa maison.
LE PLAISIR QV'ON A DE POSSEDER QVELQVE CHOSE.
Est aliquid quocunque loco , quocunque recessu,
Unius sese dominum fecisse lacertx.
C'est un plaisir d'auoir quelque chose a soy et d'être le
maître en quelque endroit que l'on viue.
IL EN COVTE CHER DE RESTER DANS LES VILLES.
Magnis opibus dormitur in urbe.
Inde caput morbi : rhedarum transitiis arcto
Vicorum inflexu , et stantis convitia mandrx
Eripient somnum
Il faut être riche et auoir des grandes richesses a la
ville pour y dormir ; voyla la cause de tous nos malheurs ,
le bruit des carrosses , les crys des muletiers interrompent
le someil.
LES QVERELES DONENT DV PLAISIR A CERTAINES GENS.
. . . . , Quibusdam
Somnum rixa facit
Il y a des gens qui ne trouuent du repos qu'a exciter des
quereles.
I
VN PAVVRE MALTRAITÉ DEMANDE ENCORE PARDON.
Libertas pauperis hmc est.
Pulsatus rogat . et pugnis concisus adorât.
— 30': —
La liberté d'un pauure est qu'après auoir souffert des
iniures , il est encore obligé de demander pardon.
LA CORRVPTION MOINDRE DANS LES SIECLES PASSÉS.
Felices proavorum atavos , felicia dicas
Secula quw quondam sub regibus, atgue Iribunis
Viderunt uno contenlam carcere Romam.
Heureux les premiers siècles qui ont passé sous le gou-
uernement des roys et des tribuns , puisqu'alors une seule
prison êtoit sulïisante a Rome pour enfermer tous les cri-
minels.
SATYRK n
INFAME.
Monstrum nulla virtule redemtum
A vitiis
Il n'y a pas une seule vertu dans cest home qui cache en
quelque sorte la laideur de ses vices.
LES MECHANTS NE PEVVENT ÊTRE HEVREVX.
Nemo malus felix, minime corruptoi', et idem
Incestus
Un méchant home ne peut iamais être heureux , bien
moins un adultère, un incestueux, un infâme.
LE CREOrr ET LES RICHESSES METENT A l'aBRI DE TOVT.
Et tttinen alter
Si fecisset idem , caderet sub judice morum
Nam quod turpe botiis , Titio , Seioque decebat
Grispinum ,
Si un autre en auoit l'ait autant, il seroit condamné a
la mort, mais ce qui oteroit l'honeur a Titus et a Seius ne
fait point de preiudice au grand Cryspin.
folle prodigalité.
Hoc pretio squamse /* potuit fartasse minoris
Piscator, quam piscis emi. provinda tanti
Vendit agros ,
— 394 —
Quoy, a ce prix la des poissons ; le pécheur auroit moins
coûté , et. il y a des prouinces qui doneroint a ce prix la
une terre.
APPROCHES DE I/AVTOMNE ET DE l'hYVER.
. [am letifero cedcnle p7uiini.s
Autunuio, jam quartanam sperantibus ssgris.
Stridebat deformis hiems
C'êtoit en la saison ou Tautomne comence d'auoir les
premières pluyes , et ou les malades voyant que l'hyuer
aproche , ne peuuent plus espérer que fleure quarte; on
ressentoit delà ces premiers froids.
LES LOVANGES QV ON DONE AVX GRANDS LEVR PLAISENT.
Nihil est , quod credere de se
Non possi't , cwn laudatur Dits œqua potestas.
Il n'y a point de louange qui ne soit agréable a ceux qui
exercent icy un pouuoir semblable a celuy des dieux; ou
bien : il n'y a point de louange qui ne soit agréable aux
homes lors qu'on les compare aux dieux.
IL NE FAVT PAS SE DECLARER LORS Qv'iL EST DANGEREVX
DE LE FAIRE.
Omnia quanquam
Temporibus diris tractanda putabat inermi
Justitia
Il ne faut pas s'armer de la seuerité des loix dans un
tems dangereux et ou il n'est pas trop seur de se déclarer
auec trop de vigueur contre le vice.
HOME PROPRE AV MANIEMENT DES AFFAIRES.
Cujus erant mores qualis facundia , mile
Ingenium. maria, ac terras , populosque regenti
Quis cornes utilior
— 305 —
IL NE FAVT PAS ÊTRE CONTRAIRE A LA VOLONTÉ d'vN
PRINCE CRVEL.
Qnid violentiiis aurc tijranni.
Qui oseroit doner un l)Ou ("ouseil a un prince qui s'effa-
rouche aussy tôt qu'on s'oppose a ses violences.
CEDER AV TEMS.
Nunquam direxit brachia contra
Torrentem
Il ne faut iamais s'opposer au torrent.
CYTOIENS HARDIS.
Cm.<! erat, qui libéra posset
Verba animi proferre , et vitam impendere vero.
C'est un de ces généreux cytoiens qui ont la force de dire
la vérité et de sacryfier leur vie pour la défense de la iustice.
SATYRE V
LA NATVnE SE CONTENTE DE PEV.
Ventre nihil novi fruyalius
Il n'est rien de plus lïugal que la nature.
A VN CtOVRMAND QVl A PKRDV VN REPAS Qv'iL CROYOIT
TENIR.
Tantine injuria cerne ?
Tarn jejuna famés
La perte cVun repas est elle si considera])le, faut il tant
des choses pour satisfaire les besoins , ou bien : a t'il si
long tems que vous n"auez rien mangé.
VN REPAS OV VNE MOINDRE CHOSE EST LA RECOMPENSE QVE
DONENT LES GRANDS.
Primo fige loco, quod lu discumbere Jussus
Mercedem solidam veterum capis officiorum
Fructus amiciliœ magnx , cihus : imputât hune Rex,
Et quamvis raruin, tamen imputât
Fais ton conte en premier lieu que lors quun des grands
a qui tu rends tant des deuoirs te dit d'un ton superbe de
t' asseoir une foix a sa table , il croit te doner une grande
recompense et prétend qu'un repas soi! le pri.\ de tes
— 397 -
longues assiduités ; bien qu'il ne te fasse cest honeur que
rarement , il ne laisse pourtant pas de le mètre au nombre
de ses bienfaits.
LES VALETS DES CtRANDS SONT SVPERBES.
Maxima quxque domus servis est plena superbis.
Toutes les maisons des grands sont remplyes de superbes
esclaues.
LIEV INFECT.
Quod tutus t'tiam facit a serpentibus Af'ros.
Cela est si puant que les serpents même en fuyent la
mauuaise odeur.
PARTISAN OV VOLEVR PVBLIC.
Instruit ergo focum provincia
C'est la prouince qui fournit a sa cuisine.
LIBÉRALITÉ.
Titulis , et fascibus olim
Major habebatur donandi gloria
On preferoit autrefoix la libéralité aux titres les plus
glorieux, et a la magistrature même.
AVARE A SES AMYS.
Esto , ut nunc multi , dives tibi , pauper amicis.
Il est corne bien d'autres , riche pour luy même et res-
serré pour ses amys.
TRVFES, METS DELICIEVX.
Facient optata tonitrua cenas
Majores
— 398 —
Les trufes , que lo pluyes et les orages de l'automne
produisent, sont les im-ts les i)lus délicieux des tables.
VN HOME PAVVHE OVI PAIILE TROP EST PLVTOT CRIMINEL
QV'VN AVTRE.
Plurima sunt , qiue
Non audent homines pertusa dicere Ixna.
Il y a beaucoup d'actions et des paroles innocentes que
la nécessité et les trous d'une robe déchirée rendent crimi-
nelles.
l'argent invoqvé.
0 nummi , vobis hune prsestat honorem,
Vos estis fratres
C'est donc a vous, adorables ecus. qu'il rend cet honeur,
c'est vous qui êtes les amys.
FEME STERILE ACQVIERT DES AMYS.
lucundum, et carum sterilis facit uxor amicum.
La Stérilité d'une feme doue souuent des amys.
IL y A PLAISIR DE VOIR VN HOME AFAMÉ.
Qu3B comœdia mimus ,
Quis melior, plorante gula
Est il rien de plus diuertissant que de voir les postures
d'un home pressé de la faim.
VN HOME QVE FLATE L ESPERANCE d'vN BON REPAS.
Spes bene cenandi vos decipit. ecce dabit Jam
Semesum leporem, atque aliquid de clunibus apri ,
Ad nos jam venict minor allilis; inde parato
Intactoque omnes , et stricto pane lacetis.
— 399 —
Vous vous fiâtes d'une vaine espérance lors que vous
vous prometes qu'il vous douera bientôt ce reste de
ieuraut , ou quelque tranche de sanglier, ou que vous dites
en vous même ; peut être faira t'il passer iusqu'icy l'une
de ces volailles , et dans cette attente vous ne touches point
a votre pain.
SATYRE VI
PVDEVR.
Credo pudicitiam Saturno Rege moratam
In terris, vimmque diu : vum frigida parvas
Prxheret spelunca domos , ignemque, laremque,
Et pecus, et dominos communi clauderet umbra.
Silvestrem montana torum cum sterneret uxor
Frondihus et culmo, vicinarumque f'erarum
Pellibus : haud similis tibi Cynthia, nec tibi cujus
Turbavit nitidos extinctus passer ocellos :
Sed polanda ferens infantibus ubera magnis,
Et sxpe horridior glq,ndem ructante marito.
PREMIKH AArxE DV MONDE.
Quippe aliter lune oi'be novo, cœloque recenti
Vivebant homines : qui rupto robore nali ,
Compositive lulo nullos habuere parentes.
Multa piidicitia veleris vesligia forsan,
Aut aliqua extiterint, et sub love, sed love nonditm
Barbato nondum Grœcis jurare paratis
Per caput alterius, cum furem nemo iimeret
Caulibus, et pomis , et aperto viveret horto.
Paullatim deinde ad superos Astr3;a recessit
Hoc comité, atque dux pari ter fugere sorores.
Je demeure d'accord que l'honeteté lit autretbix un long
seiour sur la terre , pendant les beaux iours du règne de
Saturne, lors qu'une caucrne seruoit de maison aux pre-
— 401 —
miers homes ou ils se leliroint auec leurs troupeaux cl
auec leurs dieux, une terne accoutumée au Irauail n'auoit
que de la paille el que des feuilles auec quelques peaux
pour en préparer un licl a son mary ; ce n'ètoint pas des
délicates corne Gynthie , elles n'êtoint pas corne vous ,
Lesbie , qui aues baigné vos beaux yeux de larmes pour
pleurer la mort d'un passereau.
i.'advlterk est ancien.
Antiquum el velus est alienum, Poslhume, lectuin
Concutere . atque sacri geniuin conteinnere fulcri.
Ce nesl pas une chose nouuelle de violer l'honeur des
mariages.
LK MÊME.
Viderîint prinius argenlea srnila machos.
Les premiers adultères sont des le siècle d'argent.
FEMES HOXÉTES SONT RARES.
Quid, quod et aniiquis uxnr de moribiis illi
Quxritur ? 0 medici mediam pertundite venam.
Delicias domini
Mais on luy trouuera une fenie ([ui aura l'honeteté des
1^" siècles , on la cherche ; ah ! ie iure qu'il perd l'esprit ;
il faut ordoner au plutôt ([u'on luy ouure la veine ; voyes
un peu l'agréable pensée de cet home.
FEME A PLVSIEVRS MARVS.
Vnus Iberinse vir sufficit. ocj/vs illud
Extorquehis , ut h,rrorulo ronlenta xit imo.
Vous obtiendres d'elle plus aisément la chose du monde
qui luy deplairoit le plus , par exemple de n'auoir qu'un
œil , que de n'auoir qu'un mary.
26
— •40-J —
sovpçoN d'impvdicitk
Qiiis tamen affirmât, nil acliim in monlibus , mil in
Speiiincis ? adco senuerunt lupiter et Mars.
Mais aux champs même qui t'a asseuré qu'il ne s'est rien
passé dans une cauerne; lupiter et Mars sont ils trop
vieux , ne craint on plus leurs surprises?
SPECTACLES PVBLICS DAXGEREVX.
Porticibusne tibi moiistratur femina volo
IHgna tuo ? cuneis an habenl speclacula totis
Qiiod scninis âmes , quodque inde excerpere possis ?
■ Dans ces vastes galeries ou Ton se promené, dans toutes
les assemblées qui se font pour voir les spectacles, y a t'il
quelque chose que tu puisses aymer sans rrainto ot dont
tu puisses faire un choix sans hazard ?
ENTREPRISES HONTEVSES ENTREPRISES HARDIMENT.
Fortem animum prœslant rébus , quas turpiier audenl.
ils entreprenent auec courage des choses honteuses.
KAVSSE PERSVASION.
Farit hoc illns Hyacinihos
Us sont a ses yeux phis beaux c[ue Hyacinthe.
ADVLTERES UE MESSALINE.
Dormire virum cum senserai uxor.
Ausa Palatino tegetem prseferre cubili ,
Sumere nocturnos meretrix Augusta cucullos,
Linquebat comité ancilla non amplius i^ma :
Scd nigruin flavo crinem abscondenle galero ,
Inlravil calidum vetcri cenlonc lupanar,
Et ccllam vacuain , aUjue suavi : tune nuda papillis
Proslilil auralis. litulum mcnlila Lyciscx ,
— 4US —
Ostenditqiie tuum , ge^ierose Britannice , venlrein.
Excepit blanda mtranteis , alque xra jyoposcit :
Et resupina jacens inuUorum absorbuit ictus..
Mox, lenone suas jam dwiUtente puellas ,
Tristis abit : scd quod potuit , tame?i uLtima cellam
Clausit, adhuc ardens rigidsi tentigine vulvx ,
Et lassata viris , necdiim satiata recessU ,
Obscurisque genis iurpis , fumoque hicernx
Fœda lupanaris tulit ad pulvinar odorem.
Messaline voyani lempereur Glaudius assoupy dans un
profond someil , préférant un licl malpropre a celuy de
l'empereur, se couuranl d'une cape pour ne paroitre pas
ce qu'elle etoit et n'ayant qu'une fille a sa suite, aloit
courir les rues de Rome ; elle cachoit ses cheueux noirs
sous une cheuelure blonde ; elle entroit dans les lieux les
plus infâmes , et la sous le nom de Lycisca dont elle auoit
loué la chambre , étant parée le sein decouuert , elle aban*
donoit aux yeux de tout le monde le ventre dont tu es
sorty, généreux Britannicus ; elle receuoit auec des
caresses ceux que la débauche y atiroit et leur demandoit le
prix de sa prostitution ; quand le maitre de cest horrible
comerce fermoit sa maison , elle ne s'en retiroit qu'a regret
et ne l'abandonoit que la dernière ; il n'y auoit iamais
pour elle asses de débauche , elle en desiroit toùiours plus
qu'elle n'auoit pu en prendre , et sortoit plutôt lasse de ses
excès que satisfaite des plaisirs qu'elle auoit eus ; elle
retournoit toute pasleau lict de l'empereur, et n'auoit pas
honte d'y raporter les odeurs du lieu infâme ou elle auoit
passé la plus grande partie de la nuit a la lueur des lampes.
SE MARIER PAR INTHEREST.
Nec pharelris Veneris macer est, mit lampade fervet.
Inde faces ardent , veniunt a dote sq,gittx.
-^ 404 —
Les flèches ou le llambeau de raniour ne l'ont ny blessé
ny brûlé, 100000 ecus de dot ont cté le flainbean et les
flèches dont il a été atteint.
VEVFVE MARIKIv A VN AVARE.
Vidua csl locuples qux nupsii avaro.
Une feme riche ayant épousé un auare qui n"ayme que
l'argent est aussy libre que si elle êtoit veufue.
LA BEAVTÉ FAIT AYMEH VNE FEME.
Faciès , non uxor amaiiir.
On aynie une feme non pas parcequ'elle est honéte, mais
parcequelle est belle.
QVALITÉS d"v.\E FEME HONETE.
Sit formosa, decens, dives, fecunda, vetuslos
Porticibus disponat avos, intadior omni,
Crinibus effusis, bellnm dirimcnte Sabina.
Il faut qu'une l'enie soit belle, de bone grâce, riche,
féconde , d'une naissance illustre et plus honête que ces
ancienes Sabines qui . ayant les cheueux epars au milieu
de deux armées , arrêtèrent auti-efoix la fureur de leurs
frères et de leurs marys.
CHOSE RARE.
Rara avis in terris, nigroqne simillima cycno.
C'est une chose bien rare et qui ne se trouuera que lors
qu'on verra des cygnes noirs.
FEME ORGVEILLEVSE.
Quis feret nxorem
si cum magnis virtutibiis adf'ers
Grande superciHwn, et numeras in dote tritimphos.
— 40 n —
Qui pourioit soulïir l'orgueil d'une feme qui auroit
droit de se venter de ses auantages, si auec ses vertus elle
auoit beaucoup de fierté et si elle contoit les belles actions
de ses aveux au lieu de sa dot.
VN BIENFAIT EST SOVVENT DKSA(iREAIU.E .
Hujus cnvn rui'i swwniquc volaptas
NuUa boni, quoUes animo corrupta siipcrho
Plus aloës quam jnelJis liabet
La iouissance du plus grand et du plus extraordinaire
de tous les biens peut être désagréable lors que le dédain
et le mépris d'un esprit fier y mêle plus d'amertume qu'il
n'y a de douceur.
LANGAGE FLATEVR.
Quod enim non excitet inguem
Vax blanda, et nequam ? digitos habet, ut iarncn omnes
Subsident pennée
Car qui est ce qui résiste aux charmes d'un langage fla-
teur ? Il a autant de. force que les caresses les plus tou-
chantes , et il empêche le cœur d'être insensible.
ON LIT SVR LE VISAGE LE NOMBRE DES ANNÉES.
Fades tua computat annos.
■Votre visage est un fidelle témoin du nombre de vos
années.
BEAVTÉ CRVELLE.
Tormentis gaudct amantis ,
Et spoliis
Elle ne se plait qu'a faire soufrir et a piller ceux qui
l'ayment.
— 'lUli —
CAPTIVITÉ DES MARYS COMPLAISANTS.
Quisquis cril bonus, oplandusquc marilus ,
Nil unquaiii, invita donabis conjngc : vendes
Hoc obstante niliil : niliil , liœc si noiet, oneiiir.
Hxc dabil affeclus
Le mariage n'est guère utile a ceux qui ont de la com-
plaisance et de l'honcteté ; si une terne vous conoit d'une
humeur aisée, quand vous voudres iaire une chose, c'est
iustement ce qui ncluy plaira pas. si elle ne veut pas que
vous donies vous n'ozerez l'aire la moindre libéralité , si
vous voules vandre elle s'y opposera , si clic ne le veut
pas vous n'acheteres rien , ce sera elle même qui sera la
maîtresse et qui ordonera ce qui luy plaira , vous n'aures
aucune passion que par elle.
LA MORT d'vN home EST d'vN GRAND POIX.
Nuila unquaia de morte hominis cunctatio longa est.
Lors qu'il s'agit de la mort d'un home, la deliheration
n'est iamais trop longue.
VOLONTÉ absolve.
Hoc volo, sic jubeo, sil pro mtionc volunlas.
le veux cela , ie l'ordone , laut il autre raison que ma
volonté ?
CHOSE MEMORABLE.
Titulo rcs digna sepiilcri.
(Test une chose qui mérite d'être grauée sur son tombeau.
belle MERE INCOMMODE.
Desperanda libi salva concordia socru.
— 4(17 —
N'espère poiiil d aiioir la paix dans la maison pendant
la vie d'une belle niere.
FEM1-; UKH.WCHKK.
llla duvet, inissis a vorvaptore label lis ,
Nil rude, nec simplcx rescribere : decipil il la
Custodes, aut ;vrc domat
Elle done des leçons pour repondre aux letres des amants,
sans y mêler quelque chose de rude qui les rebute ; elle
surprend la vigilance de ceux qui sont comis a sa conduite.
AVERTISSEMENTS d'vNE MERE NE SERVENT SOVVENT DE RIEN.,
Scilicet exspectas, ut tradal mater honeslos ,
Atque alios mores, quain qiios hahet ?
Attendries vous qu'une mcre inspirai a sa lille une con-
duite honète qu'elle n'a iamais eue.
MERE COMMODE.
Utile porro
Filiolam lurpi vetulse producere turpem.
Il est utile a une mère deia vieille d'entrer dans les
intrigues amoureuses de sa lille et de luy être lauorable.
FEMES PL.WDEVSES.
Nulla f'erc caussa est , in qua non feinina lilem
Moverit
Il n'y a point de suiet ou une l'eme ne vous fasse des
atVaires.
SVR LE MÊME SVIET.
Nulla l'ère caussa est , in qua non femina titem
Moverit. accusât Manilia, si rea non esi.
Oompomint ipsx per se , formanlque libellos ,
Principiimi , atque locos Celso dictare paraix
— 408 —
Y a l il un procès dans le barreau ou uuc renie ne soit
partie ? Manilie accuse quand ou ne la poursuit pas ; elles
composent leurs roijuctos sans Taydc de leurs auocats
qn'elles sont prêtes d'instruire , étant/ capables de doner des
leçons a (jclse (juchiue habile qu'il soit.
FKMK nU'VniQVE.
QueiH itvxstare potcst inulicr gaimta pudorem .
Qux fugit a sexu, vires amnt ?
Quelle pudeur se doit ou proiuptre d'une leme armée
qui fuit la modeslie de son sexe.
SVR [>E MÊME SVIET.
Hw sunt . qu,i' tenui sudanl in cyclade , quarum
Delicias et panniculus bombijcinm urit.
Ce sont elles qui se plai^^neiil de la chaleur quoyqu" elles
ii'ayent qu'une robe fort déliée ; une légère etofe de soye
les échauffe et les incommode.
M.MU.\GE SVIET .\ DES CH.UJRLNS.
Sempev hahet lileis , nllernaquc jurgia lectus .
In quo nupta jacet : minimum dormitur in illo.
Tl y a toùiours quelque suiet de chagrin dans le mariage.
FEME IMI>\U10VE.
Cum gravis illa vira , tune orba tigride pejor,
Cum simulât gemilus occulti conscia facti.
Aut odit pueros, aut ficia pellice plorat
Uberibits semper lacrijmis , semperque paratis
In statione sua, atque cxspectantibus illam ,
Quo jubeat manare modo : lu credis amorem ,
Tutibi tune eu rruea places , flctumque labellis
Exsorbes , qiur scripta et quas Icelurc tabcllas ,
Si tibi zelotypx retegantur scrinia mœchx !
— 409 —
Mais il y a loùiours quelques iiouueaux suiets de cha-
grin dans le mariage ; on ne peut dormir en repos auprès
d'une feme dans le tems qu'elle est infidelle a son ma^y,
qu'elle est dans un comerce segret auec son amant ; elle est
pire qu'une tygresse , elle hayt ses esclaues , elle se plaint
que son mary a des maîtresses . elle a des larmes de
comande qui coulent quand il luy plait ; son mary croit
que ce sont des larmes de tendresse , le panure sot est rauy
de se croire aymé , il la rasseure de la crainte qu'elle scait
si bien feindre, et essuyé ses larmes par ses baisers ; mais
quelles letres , quels billets ne liroit il pas s'il ouuroit la
cassette de cette infidelle qui feint une si grande ialousie.
svRPRis svn l'action.
Niliil cl aiulacius iilis
Deprensis. iram algue animas a criminc sumunl.
Il n'est rien de plus hardy que ceux ([u'on surprent dans
une méchante action, il semble qu'ils ont plus de droit de
se mètre en colère et de parler hardiment.
FEMES DES PREMIERS SIECLES S.-VGES.
Pr^estabat castas humilis fortuna Latinas
Quondam , nec viliis contingi parva sinebant
Tecta lahor, somnique brèves , et vellerc Thusco
Vexatx , durxque manus
Autrefoix les femes ètoint honètes parcequ'elles n'etoint
que dans une très petite fortune ; le trauail ou elles s'em-
ployoint dans leurs cabanes , le peu de someil qu'elles pre-
noint , leurs mains endurcies a la peyne chassoint loin
d'elles tous les vices.
— ild —
AMOVH CAVSE DES DESORDHES.
Nulluin crimcn abest facinusquc libidinis , ex quo
Pnupertas péril
Il n'y a point (\r désordre ijue l'aniour iriulroduise,
depuis qu'on n'est plus panure.
LE VIN GAVSE DES UKSOllUllES.
Quid envii Venus ebria curai f
Inguùiis, et capitis qux sint discrimina, nescit.
Y a t'il (juelque chose (|ui retiene les homes dans leur
dcuoir particulièrement dans le vin ; ils ne conoissent plus
quelle differançe il y a entre la raison et les sens.
LES KICHESSES ONT PORTÉ LE LVXE.
Prima peregrinos obscena pecunia mores
IntuUt , et turpi fregenint swcitla luxu
Divitiêe molles
Le honteux usage de l'argent a porté la corruption des
mœurs , et les richesses et le luxe ont atfoibly la vertu des
premiers siècles.
VVUOUiNES
Ja)n verligine lecluni
Ambulal , et geminis exsurgit mensa lucernis^
Ilsbeurent si Tort ((u'iis croyoint (jue tout tournoit dans
la maison . et qu'ils y voyoinl toutes choses doubles.
LA VERTV EGALE LES PAVVRES AVX RICHES.
Palmaui inter dominas virliis nalalibus lequat.
La vertu égale les panures a ceux ({ui ont beaucoup de
naissance.
SCELERAT.
Sed nunc ad quas non Olodids aras
Mais y a til auiourduy des autels ou Clodius nayt porté
sa profanation ?
P^EME IMPVDIQVE QVI TKO.MPE SES GARDES,
Pone seram , cohibe ; sed quis custodiet ipso.s
Custodes ? Cauta est, et ab illis incipit uxor.
Il i'aut l'enfermer, empêches la de sortir ; mais qui gar-
dera les gardes que ie luy doneray ? Il n'est rien de plus
fin qu'une feme, c'est en trompant ou en corrompant ses
gardes qu'elle comancera a me tromper moy même.
LE VICE EN GENERAL.
lamque eadein sumtnis pariler niinimisque libido.
Le desordre n'est plus seulement dans la vie des grands,
il a passé iusqu'au moindre bourgeois.
ON N A PAS DANS LA PAVVRETÎ LA MODERATION Qv'iL FAVT
AVOIR, SVRTOVT LORSQv'ON A VNE FEME PRODIGVE.
MuLTis res angusta domi : sed nuUa pudoreni
Paiipertatis habet, née se metitiir ad illum ,
Quem dédit hœc, posuitque modum. tamen utile quid sit.
Prospiciunt aliquando viri; frigusque , famemqiie
Formica tandem quidam expavere magistra.
Prodiga non sentit pereuntem femina ccnsum :
At velut exhausta redivivus pulliilet arca,
Nummus , et a pleno toUatur semper acervo ,
Non unquam reputant, quanti sibi gaudia constent.
II y a partout asses de pauureté , mais il n'y en a point
qui ayent la reserue et la modération que l'on doit auoir
quand on n'a pas des grandes richesses , et qui se règlent
— i I ■■: —
sur la mesure du peu de bien qu'ils possèdent ; on voit quel-
quefoix des homes qui pensent enfin a ce qui leur est utile,
qui prouoyent l'auenir et qui sur l'exemple de la fourmi se
prémunissent contre la faim et contre le IVoid , mais quand
une fcme comançe a rtre prodigue , elle ne s'aperçoit pas
que son bien diminue , et come si l'argent croissait tous les
iours de nouueau dans sou cofre , et qu'en y prenant tous
les iours il restât plein et inépuisable , elle ne rentre iamais
en elle même pour considérer combien elle achepte tousses
plaisirs.
PIUEKES IMPIES.
Die mihi nnnc , quxso , die anliquissime Divûm .
Respo)idcs lus lanc pater? magna otia caii
Non est , ut video, non est . quod agatur apiid vos.
Père lanus le plus ancien de tous les dieux , dites moy,
ie vous prie , repondes vous a ces prières ? Si cela est, votre
loisir est ])ien grand dans le ciel , ouy, ie le vois bien . que
vous n'y aues pas de fort grandes occupations.
FEMK CVIUEVSK.
Hxc eadem novit, quid toto fiat in orbe;
Quid Seres , quid Thraces agant : sécréta novercx .
Et pueri; quis amet , quis decipiatur adulter.
Dicet quis viduam prsegnantem fecerit , et quo
Mensc; quitus verbis concumbat qiiseque, ynodis quot.
Instanteni Régi Armenio, Parthoqne cometem
Prima videt; famam , riimoresque illa recenteis
Excipit ad portas; quosdam faeit isse Niphatem
In popidos , magnoquc illic cuncta arva teneri
Diluvio : nutare nrbcs , subsidcre terras ,
Quocunque in trivio , cuicunque est obvia narrât.
— 41.S —
Elle sçait toutes les nouuelles , ce que t'ont les Thraces
et les Scythes , les démêlés les plus segrels d'une belle mero
uuec ses enfants . les intrigues d'amour de toute une ville .
le nom de celuy dont cette veufue est devenue passionée ,
de comljien de mois elle est grosse . a quel signe on ouuroit
la porte a son galand , enlin toutes les circonstances singu-
lières ; elle a veu la première cette comète qui menace le
roy d'Arménie et les Parthes , elle va chercher toutes les
nouueantés et elle les attend a la porte de la ville pour estre
la première a les receuoir ; ie ne scay ce qu'elle conte d"un
fleuue qui a inondé de certains peuples, que toule la cam-
pagne estabimée sous les eaux , ([ue les villes tremblent,
que les montaignes s'abaissent . que tout y périt. On la
rencontre en tous les quartiers de la ville ou elle s'arrête a
conter tous les bruits a la première persone qu'elle trouue.
FEME QVI SE CROIT HABILE.
llla tamen gravior, qux cum discwnbere cœpit,
Laudat Virgilium. , perilurœ ignoscit Elisée ,
Committit vates et comparât , inde Maronem ,
Atque alia parte in irutina suspendit Homerum.
Cedunt granmiatici , vincuntur rhetores , omnis
Turba jacet , nec caussidicus , nec prxco loquatur^
Altéra nec mulier ; verborum tanta cadit vis
Tôt pariter pelves , tôt tintinnabula dicas
Pulsari
Une autre plus incommode , aussy tôt qu'elle est a table
parle de vers et de poètes , elle trouue Virgile fort ioli, elle
excuse Didon , elle compare les poètes les uns auec les
autres , et après les auoir opposés , elle balance la gloire
des Latins auec celle des Grecs ; il n'est point de grammai-
rien qui ne feut obligé de luy céder, les rhéteurs les plus
— 414 —
éloquents seroinl vaincus; ([uc l'auocal . (jue le crieur
j)ul)lic no prétende pas eleuer pins liant la voix, ny
quelque autre feme que ce soit ; c'est un torrent de paroles,
vous croiriez entendre le bruit de tous les marteaux sur
l'airain.
SAGE.
Iiiiponit fineni sapiens et rébus honestis.
Le sage raisone df' la tiu el du jjut de toutes les actions
honêtes d'un ton grane et sérieux.
FEME S.WANTE INCOMMODE.
Non habeat malrona, Ubi quw Juncta recumbit ,
Dicendi genus, aut curvum sermone rotato
Torqueat enthipnema, nec historias sciât omneis.
Si vous aymes votre repos , ne prenes point une de ces
ternes sauantes qui sçauent ce que c'est que le style , qui ont
conoissance du syllogisme et de l'enthymeme, ou qui ont
leu les hystoires ; il vaut mieux qu'elle soit un peu igno-
rante et qu'elle n'entende pas tous les liures.
SVR LE MEME SVIET.
Odi
liane ego, qux repetit , volvitque Palxmonis artein
Servata semper lege, et ratione loquendi ,
Ignotosque mihi tenet antiquaria versus ,
Nec curanda viris opicse castigat amiae
Verba : solœcismiim liceat fecisse marito.
Pour moy, ie hairais beaucoup une feme ((ui n'aurait
dans la tête que les règles de Palemon , ([ui parleroit toû-
iours selon les plus exactes remarques qu'il a faites sur la
langue, (|ui m'entretiendroit des vers de quelque ancien
poêle que ie ne conoitrois , (]ui reprend ses amyes et qui les
— 415 —
traite de grossières ([iiand ollos manquent a un mot ou ie
inanquerois moy même , en un mot ie veux qu'il soit per-
mis a un mary de faire en toute seureté un solécisme en
présence de sa feme.
FEME FIEHE ET RICHE.
Nil non pernuttit mulier sibi : lurpepulat nil ,
Cum virideis gemmas collo circumdedit , et cum
Auribus extentis magnos commisit elenchos.
Intolerahilius nihil est, quam femina dives .
Il y a des femes qui se croyent tout permis des le
moment qu'elles peuuent auoir un colier de perles et des
pendants d'oreille : il n'est rien de plus insuportable qu'une
femme qui se croit riche.
FEME F.ARDÉE.
•. Fœda adspectu , ridendaqiic multu
Pane tiimet faciès , aut pinguia Poppxana
Spiral, et liinc miseri viscantur labra mariti.
Tout laide qu'elle est , elle a soin de se couurir le visage
auec de la pâte ; elle l'aura gras et reluisant du fard de
Poppée , et un mary sera surprins en la baisant de sentir
ses leures colées contre sa peau gluante.
SVR LE MÊME SVIET.
Marins foliata paranlur.
C'est pour plaire aux galands, c'est pour eux que les
femes préparent un teint uni.
SVR LE MÊME SVIET.
Sed qux mutalis inducitar , ulque fovelur
Tôt medicaminibus , coct,Tquc siligines o/fas
Accipit , et faciès madidie dicelur^ an ulcus Y
— 4 Mi —
Mais (lilos moy ie nous prio. si ce qui est couiierL de tant
(les (h'ogucs, ce ([ui est entretenu de tant des pales, ce qui
est graissé de tant des manières différentes osl un visage ,
ou si ce n'est pas plutôt quelque ulcère.
FEME MAI, SATISFAITE DE SON' MARY.
Si nocte maritus
Avei'siis jaciiit : pcriil libraria , ponunl
Cosmeta' tunicas, tarde venisse Liburnus
Dicitur, et pœnas alieni pendere somni
Cogitur. hic franyit ferulas : ruhet ille flaqeUn,
Hic scutica
Si leur niary a dormi tluraul ioule la nuit. s"il ne s'est
point tourné de leur coté, c'est l'ail de la l'enie de chambre,
les esclaues n'ont (ju'a decouurir leurs épaules, les porteurs
sont venus trop tard , il faut que toute la maison soit punie
de ce que le niary a dormi trop tranquillement ; on rompt
un bâton sur le dos de celuy cy, cest autre a le sein déchiré
de coups de fouet.
FEME QVI \E SONGE Ov'a PLAIRE E'I' A CACHER SES DEFFAVTS.
Nam si constitua , soliloque decenlius optât
Ornari , et properat , jamqitc crspcctatur //? ho7His ,
Disponit crinem laceratis ipsa capillis ,
Nuda humero Psecas infelix, nudisqxie mamillis
Altior hic quare cincinnus ? taurea punit
Continuo /lexi crimen , facinusque capilli.
Quid Psecas admisit ? quxnam est hic culpa puellse .
Si libi displicuit nasus tuus ? altéra txvum
Extendit, pectitque comas , et volvit inorbem.
Est in consilio matrona , ad)nolaquc lanis
Emerita quw cessât acu : sententia prima
Hujus erit ; post hanc wtate , atque arte minores
Censebujit , tanqnam faw,r discrimen agatur,
— 417 —
Aut animx : tanta est quxrendi cura decoris.
Totpremil ordimbus , tôt adhuc compagibus altum
jEdificat caput ; Andromachen a fronte videbis ,
Post minor est : credas aliam. cedo , si brève parti
Sortita est lateris spatium , breviorque videtur
Virgine Pygmxa , nullis adjuta coUmrnis ,
Et levis erecta consurgit ad oscula planta.
Nulla viri cura interea, nec mentio fiet
Damnorum ; vivit tanquam vicinâ mariti.
Hoc solo propior, quod amicos conjugis odit ,
Et servos. gravis est rationibus
Mais si elle a un rendes vous , si elle veut y aler plus
parée qu'a l'ordinaire , si l'heure est venue que Ton attend
aux iardins, la malheureuse Psecas n "a qu'a decouurir ses
épaules pour être hatue , elle luy arrache les cheueux si
elle manque a la bien friser ; pourquoy cette boucle trop
haute ? luy dit elle ; un nerf de bœuf punit aussi tôt le
crime quelle a fait d'auoir manqué a la jjien aiuster;
mais en vérité est ce la faute de votre coifeuse si votre
visage ne vous plait pas, est elle obligée de vous rendre
belle si vous ne Têtes pas ? une autre étend et peigne ses
cheueux et les replie sur la tête en diuers rangs de boucles ;
une vieille feme qui a soin de partager la laine aux tapis-
series et qui ne peut plus trauailler, est présente pour dire
son auis, c'est elle qui prononce la première, et les autres
suiuent après selon l'ordre de l'aage , auec autant de sérieux
que s'il s'agissoit de l'honeur ou de la vie , tant elle a de
désir de se doner par artifice la beauté qu'elle n'a pas ;
elle étale sur sa tête tant des cheueux, elle y bâtit tant des
rangs de boucles, elle les eleue si haut que pardeuant elle
a la maiesté d'Andromaqae , mais par derrière elle est
petite, on croiroit que c'est une autre persone, elle a la
taille fort basse , si elle n'auoit pas des souliers fort hauts
27
— 418 —
on la prendroit pour une pygmée , et il faut qu'elle s'eleue
sui- la pointe de ses pies quand elle veut baiser quelqu'un ;
cependant elle ne pense point a son mary, elle ne se met
point en peyne de la depençe qu'elle luy fait , elle est dans
sa maison corne si elle n'en êtoil pas, elle n'en est en eflet
que pour liair les amys de son mary, pour batre ses esclaues,
pour angmenter la depençe et se rendre insuportable.
IGNORANCE.
Et genus humanum damnât caligo futuri.
L'ignorance que nous auons des choses futures condamne
le genre humain.
FORTVNK.
Stat Fortuna improba noctu .
Arridens midis infantibus. hoc fovet omneis ^
Involvitqiie sinu : domibus tune porrigit altis ,
Secretumqiie sibi mimum parât, hos amat , his se
Ingerit , utque suos ridens producit alumnos.
La fortune sourit a ses enfants , elle les caresse , elle les
embrasse , elle les fait entrer dans les premières maisons ,
elle les ayme et eleue ainsy par ses faneurs ceux qui sont
véritablement ses enfants, se mocquant cependant de ce
qui se passe et s'en douant la comédie.
FEME COLERE.
Minor admiratio summis
Debetur monstris, quoties facit ira nocentem
Hune sexum. rabie jecur incendente feruntur
Précipites ; ut saxa jugis abrupta , quibus nions
Subtrahitur , clivoque latus pendente recedit.
lUani ego non tulerim. quœ computat , et scelus ingens
Sana facit
— 4in —
On ne doit pas être si surpris de voir les femes s'empor-
ter dans les plus grands excès quand la colère et la fureur
les enflame . il n'y a point de crimes ou elles ne se préci-
pitent , telles que des rochers qui n'étant plus arrêtés sur le
panchant d'une montaigne tombent auec violence dans une
vallée ; mais ie ne puis soulïir celle qui suppute ce que son
crime luy vaudra, qui délibère sur l'ordre qu'elle doit tenir
et qui l'exécute sans pâlir.
LES FEMES AVAIENT PEV LEVRS MARYS.
Spectant subeuntem fata mariti
Alcestim, et similis sipermutatio detur
Morte viri cupiant animam servarc catells.
Les femes admirent lamour d'Alceste qui par sa mort
dona la vie a son mary, mais si l'occasion d'une pareille
échange se presentoit , elles refuseroint de conseruer la vie
de leurs marys par la mort d'une petite chiene qu'elles
aymeroint.
SATYRE \Il
SAVANT , lEVNESSE.
Nemo taine/i studiis indignuin ferre laborern
Cogetur poslhac , nectit quiciinque canoris
Eloqidwn vocale modis , laurumque momordit.
Hoc agite , ô juvenes ; circumspicit et stimulât vos,
Materiamque sibi Ducis indulgentia quxrit.
Mais quiconque scait composer en mesures agréables un
beau discours, quiconque a mérité la couronede laurier sur
le Parnasse , ne sera pas contraint a l'avenir de s'abaisser
a un trauail indigne de ses muses. Courage donc , sauante
ieunesse , la générosité du roy doit vous inspirer une ardeur
nouuelle , sa bonté cherche les occasions de vous combler
de bienfaits.
Didicit jam dires avarus
Tantum admirari, tantum laudare disertes,
Ut pueri lunonis aveni
Un riche auare saura vous admirer, vous doner mille
louanges , come les enfants ont accoutumé d'admirer un
pan qu'ils n'auront iamais veu , mais ils ne vous done-
ront rien.
— 421 —
TEMS.
Définit xias.
Le tems passe , l'aage se passe.
VIEILLESSE.
Terpsirhnrriii odit facunda et nuda senectus.
Quelque sauauL que Ion soit deuenu , voyant que l'on a
vieilli et que l'on a rien gaigné on se plaint de soy-même
et on se met en colère contre les muses.
TERRE INFRVCTVEVSE.
Tenuique in pulvere sulcos
Ducimus , et litus sterili versamus aratro.
Nous cultivons une terre ingrate , nous espérons en vain
recueillir quelque chose sur un riuage stérile.
COVTVME.
Laqueo tenet ambitiosi
Consuetudo mali
et œgro in corde senescit.
La coutume nous retient dans des chaynes dont l'éclat
nous plait , et que nous croyons nous être glorieuses
quand le cœur est attaqué de cette maladie il n'en guérit
iamais , au contraire elle y vieillit.
ENVIE d'eGRIRE.
; Tenet insanabile multos
Scribendi cacoëthes
Plusieurs ont une démangeaison d'écrire qu'ils ne peu-
uent surmonter.
— 4-22 —
CONFIANCE AV PRINCE.
Et spes , et ratio studiorum in Cxsarc tantum.
Nous inetons toute notre espérance et toutes les peynes
que nous prenons en la confiance (|uc nous auons en César.
BON POETE.
Sed vatem egregium , eut non sit publica lena .
Qui nil expositum soleat deducere , nec qui
Communi feriat carmen triviale moneta :
Hune qiialem nequeo monstrare, et sentio tantum,
Anxietate carens animus facit, omnis acerbi
Impatiens , cupidits silvarum , aptusque bibendis
Fontibus Aonidum; neque enivi cantare sub antrn
Pierio, Thyrsumve potest contincfere msesta
Paupertas , atque seris inops , quo nocie dieque
Corpus eget. salur est, mm dicit Horatius , Euoë
Quis locus ingenio : nisi cum se carminé solo
Vexant, et dominis Cirrhx , Nysseque feruntur
Pectora vestra , duas non admittentia cura,'; ?
Pour être un poète excellent dont la veine ne soit pas
comune , qui n'ayt point de coutume d'aler toùiours sur les
traces d'autruy, qui ne nous done point des vers d'un cha-
ractere triuial, enfin qu'il soit tel que ie conçois, mais que
le ne puis exprimer, il ne doit auoir nulle inquiétude , son
esprit doit être content et libre, il faut qu'il se done d'inno-
cents plaisirs , qu'il ayme la solitude , et que se trouuant a
son aise il ne pense qu'au Parnasse et aux agréables fon-
taines des Muses. Quand on sent bien que l'on est pauui'c ,
quand on n'a point d'argent dont 'le corps a besoin iour et
nuit , on ne peut chanter dans la cauerne des Piérides , on
ne peut auoir nulle liberté , on n'est point susceptible de
cette diuine fureur qui eleue et embellit l'esprit ; Horace
— 'r23 —
nêtoit pas a ieun lors qu'il chantoit si gayement les
louanges de Bacchus. L'esprit peut il paroitre, si non lors
que l'on n'a point d"autre soin que celuy de la poésie , et
que Bacchus et Apollon s'en rendent les maîtres pour en
chasser toute autre inquiétude.
HOME PAVVRE MAL PROPRE AVX LETRES.
Mag/uc mentis opus , nec de lodice paranda
Atlonitx , currus , et equos, faciesque Deorum
Adspicere, et qualis Riitulum confundat Erynnis.
Nam si Virgilio puer, et tolerabile deesset
Hospitium, caderent omnes a crinibus hydri :
Surda nihil gemeret grave buccina
C'est l'ouurage d'un esprit grand et éleuéqui n'est pas
distrait par le besoin ou d'un repas ou d'un lict de se mêler
auecles dieux, de voir ces chars, ces chenaux et cette ter-
rible furie qui met en desordre et qui trouble le roy des
Rutuliens ; car si enfin Virgile n'auoit pas eu quelque petit
esclaue , s'il n'auoit pas eu un logement suportable, toutes
les hydres n'auroint' point été a la tête d'Alecton , sa trom-
peté n'auroit eu qu'un son enroué . il n'auroit eu rien de
grand .
GLOIRE.
Gloria quantalibet , quid erit, si gloria tantum est ?
La plus grande gloire si elle n'est enfin que gloire ne sert
pas de beaucoup.
BEAVX ESPRITS.
Tune par ingenio pretium : tune utile muUis
Pallere
— \2\ —
Dans ce teins il y a des recompenses pour les beaux
esprits, c'est une chose utile aux sauants de pâlir sur les
liurcs.
TItOMI'KVH.
Iinincnsa cai'i spiranl nicndacia fulks,
Conspiiiturque sinus
Ses larges poumons débitent la fraude , et le mensonge .
et sa robe est baignée de l'écume (fue iette sa bouche en
furie.
APPARENCES.
Spondet enim Tyrio filataria purpura filo.
Purpura vendit
Caussidicum, vendunt amethystina ; convenit illis
Et strcpitu^ et facie majoris vivere census.
Une robe magnifique lait croire qu'on peut achepter ; la
pourpre fait valoir un aduocat, les pierreries le font achep-
ter plus cher : il est auantagcux de faire du bruit et viure
corne s'ils auoint un plus grand reuenii quils n'ont en effet.
PAVVRE.
Rara in Lenui facundia panno
Qui est ce qui croit qu'on ayl dç l'éloquence quand on
n'est couuert que d'une mauuaise robe.
DEGOVT d'vNE MÊME CHOSE.
Occidil miseros crambe repetita magistros.
L'on a du degout quand on ne mange que d'une viande.
APRENDRE SANS QV'iL EN COVTE RIEN.
Nossevelint omnes, mercedem solvere nemo.
— 4-25 —
On veut sauoir des belles choses, maison ne se met
guère en peyne de vous satisfaire. '
SOT EGOLIEH.
Culpa clocentis
Scilicet arguitur, quod Ixva in parte mamillx
Nil salit Arcadico juveni
On croit que c'est la faute du niaitre lors que l'ecolier n'a
point d'esprit , qu'il est asue.
PREGEPTEVR A BOX MARCHÉ.
Hos inter sumtus sestertia Quinliliano,
Ut muUiiin , duo sufficient ; res nulla minorix
Constabit patri , quani filius
Dans toute cette despence on ne done que deux sesterces
au précepteur, c'est asses pour le plus habile ; il n'y aura
rien qui coûte moins dans la maison qu'un maitre, un père
ne voudra auoir bon marché ([ue lors qu'il s'agit de l'édu-
cation de son hls.
BONHEVK.
Félix, et pulcer, et acer ;
Félix, et sapiens , et nobilis, et generosus.
Quand on est né heureu.x, on est beau , on a du cœur,
on est sage . on est noble.
SVR LE MÊME SVIET. ASTRES.
Félix, et pulcer, et acer;
Félix, et sapiens, et nobilis , et generosus,
Félix, orator quoquc maximus , et jaculator ;
Et si perfrixit , cantat bene ; distat enim, quse
Sidéra te excipiant modo primos incipientem
Edere vagitus, et adhuc a matre rubentem.
Quand on est né heureux, on est beau , on a du cœur,
— 'r2fi —
on est sage , on est noble , qui est né heureux est orateur,
phylosophe ; s'il est enrhumé , il ne laisse pas d'auoir la
voix belle , car il n'est pas indiffèrent d'être né sous de cer-
tains astres.
KORTVNE.
Si fortuna volet, fies de rhetore consul ;
Si volet h3dc eadem, fies de consule rh'etor.
S'il plait a la fortune , d'un pédant elle peut faire un
consul, et s'il luy plait aussy, d'un consul elle peut faire
un pédant.
DESTIN.
V Quid Tulliiis ? anne aliud quant
Sidus, et occulti miranda potentia fati ?
A quoy peut on imputer le bonheur de TuUius qu'au
pouuoir admirable de leur destin.
DESTIN.
Servis régna dabunt , captivis fata triumphum.
Le destin a doné des roiaumes a des esclaues , il a fait
triompher ceux qui auoint gcmy long tems dans les fers.
PRECEPTE VJI.
DU niajorum umhris tenuem , et sine pondère terram .
Spiranteisque crocos, et in urna perpetuum ver,
Qui prxceptorem sancti voluere parentis
Esse loco
Que les dieux donent aux ombres de nos ancestres un
tranquille repos sous la terre, que les fleurs parfument
leurs tombeaux, qu'il y règne un printemps perpétuel .
ayant voulu que l'on eut pour un précepteur autant de res-
pect que pour un père.
SATYRE Vin
NOBLESSE , AYEVX.
Quis fructus generis tabula jadarc capaci
Corvinum, posthac miilta contingere virga
Fumosos equitum cum Dictatore magistros,
Si coram Lepidis maie vivitw ?
Que sert il de remonter par une longue suite iusqu'a
Goruin , de distinguer toutes les différentes branches des
dictateurs et des généraux de la caualerie qui en sont sortis,
si en leur présence vous menés une vie indigne de ces
grands noms.
VERTV.
Nobilitas sola est atque unica , virtus.
Il n'y a que la vertu qui soit la véritable noblesse.
NOBLE.
Prima mihi debes animi bona. sanctus haberi,
lustitixque tenax factis, dictisqiie mereris :
Agnosco procerem
Ce sont les biens de l'esprit , ce sont les vertus que nous
attendons de vous ; êtes vous sans reproche , aymes vous la
iustice, toutes vos par(des, toutes vos actions sont elles d'un
home de bien ? ie vous reconois pour noble.
— 'i28 —
NOBLESSE , LOVANGES FAVSSES.
Quis enim gcnerosum dixerit hune, qui
Indignus génère , et prxclaro nomine tantum
Insignis ? manum cujusdam , Atlanta vocamus :
.Ethiopem, cycnum; pravam cxtortamque puellam
Europen. canibus pigris scabicque vetiista
Lsvibus, et sicae lambenlibm ova lucernx ,
Nomen erit par dus, tigris , leo, si quîd adhucest,
Quod freinât in terris violentiits. ergo cavebis,
Et metues, ne tu sis Cirticus, aut Camerinus.
Car enfin peut on dire que celuy qui dément son origine
et qui n'a pour gloire que celle du nom de ses ayeux ayt
aucune véritable noblesse. — C'est se rire de la petitesse
d'un nain que de le nomer un Atlas , de dire qu'un More est
blanc come un cygne, qu'une fille qui est laide et boiteuse
est belle come Europe , de doner le nom de léopard , de
tygre , de lion ou de quelque autre chose plus terrible s'il y
en a a des chiens pelés de vieillesse et qui ne sont plus
propres qu'a lécher les bords d'une lampe. Ne craignes
vous pas que ce soit de cette sorte qu'on vous nome Scipion
ou Gamerin.
AYEVX.
Tûmes alto Driisorum stemmate , tanquam
Feceris ipse aliquid , pr-opter quod nobilis esses.
Ut te conciperet, qux sanguine fulget luli.
Non qiix ventoso conducta sub aggere texit.
Le sang de vos ancêtres vous enfle d'orgueil , come si
vous auies contribué ([uelque chose a la gloire de votre
naissance , et que ce fcul un effet de votre mérite d'être né
d'une mère du sang des Césars , plutôt que de quelqu'une
de ces misérables qui gaignent leur vie a filer étant au vent
et a la pluye.
— 429
INCONVS.
fma plèbe
Facundum inverties, solet hic defendere caussas
Nobilis indocli
Aprenes que parmy les inconus on rencontre des ora-
teurs , dont les plus nobles implorent souuent le secours
pour la deÔençe de leur bien et de leur vie , et que de ces
sources obscures sortent des esprits éclairés qui sauent
decouurir la lumière au trauers de l'ombre des loix et qui
peuuent résoudre les doutes les plus difficiles.
NOBLESSE.
Animalia muta
Quis generosa putet , nisi fortia ? nempe volucrem
Sic laudamus eqiium , facili cui plurima palma
Fervet , et exultct rauco Victoria circo.
Nobilis hic quocunque venit de gramine, cujus
Clara fuga ante alias, et prinius in wquore pulvis ;
Sed vénale pecus Corythst!, poster itas et
Hirpini , si rara jugn Victoria sedit.
Nil ibi majorum respectus , gratia nulla
Umbrarum , dominos pretiis mutare jubentur
Exiguis, trito ducunt epirhedia collo
Segnipedes , dignique molam versare Nepotis.
Pourquoy estime ton un animal plus qu'un autre '( est
ce la bonté que nous y considérons ou la race dont il est ?
Vous voyes que l'ont fait état de la vitesse d'un chenal qui
remporte la victoire . qui fait paroitre en courant le plus de
vigueur, qui se couure le premier de poussière auançant
plutôt que les autres dans une longue carrière ; de quelque
lieu qu'il soit c'est luy qui est le plus estimé , mais la pos-
térité de Corythe et de Hirpin , si ce n'est qu'une rosse qui
— 430 —
n'a presque iamais vaincu a la course, est vendue presque
pour rien et va tirer la charrue ou tourner la meule, sans
auoir du respect ou d'égard pour les ombres de ses nobles
ayeux.
NOBLESSE, COMANCER PAR SOV MÊME.
E}'go, Ut inirctimr te, non tua, prUnum aliquid da
Quod possiin titulis incidere prwter honores,
Quos mis damus , et dedimus , quibus omnia debes.
Si vous voules donc mériter l'estime du monde, ne faites
point une vaine montre d'une gloire qui n'est pas a vous,
dones vous quelque chose qui vous apartiene et que nous
ne puissions imputer a ceux qui ont été deuant vous.
RICHES.
Rarus enini fei'me sensus conmiunis in illa
Fortuna
Il n'y a guère de raison dans ceux que la fortune eleue
au dessus des autres.
s'appvyer svr avtrvy.
Miseruni. est aliorum incombere famx,
Ne collapsa ruant subductis tecta cohimnis.
Stratus humipalmas viduas desiderat ulmos.
Qu'est ce enfin que de s'appuyer sur la réputation d'au-
truy, et que dénient on si on vous otc cest appuy ? En vain
la vigne s'ètoit eleuce iusqu'aux branches d'un arbre, aussy
tôt qu'il est a bas , il faut qu'elle soit rempante suv la terre.
HOME de bien , MECHANT.
Esto bonus miles, tutor bonus , arbiter idem
Integer. ambiguse si quando citabere testis
hicertœque rei, Phalaris licei imperet , ut sis
— 431 —
Palsus, et admoto dictet perjuria iauro,
Summum crede nefas animam prwferre piidori ,
Et propter vitam vivendi perdere causas.
Dignus morte périt, cœnet licel ostrea centum.
Soyes ferme et courageux dans les périls , conserues auec
fidélité le bien de vos mineurs , soyes bon iuge , si vous êtes
témoin dans des affaires obscures et difficiles ; quand Phalaris
vous menaceroit encore de son taureau , croyes que c'est une
insigne lâcheté de préférer la vie a l'honeur, et pour se
conseruer quelque moment renoncer a la gloire et a l'im-
mortalité qui est la recompense de la bone vie , celle d'un
méchant s'euanouit en un instant, encore que ses repas
soint autant de festins , qu'il se rassasie des mets les plus
délicats , et qu'il soit plongé dans tous les plaisirs.
xMORT.
Ossa vides regum vacuis exsucta medullis.
La mort n'épargne pas les têtes couronnées.
OBSERVER LES LOIX ET LES RÈGLES DE LA VERTV.
Respice quid moneant leges , quid curia mandet ,
Prxmia quanta bonos maneant , quam fulmine justo
Ruerint
Obserues les loix et les arrêts de la cour, considères les
recompenses de la vertu et la iuste punition des méchants.
PROCÈS.
Furor est post omnia perdere naulum.
C'est une folie de consomer le reste de ses biens a la
poursuite d'une affaire dont le succès ne peut être fauorable.
— 432 —
SK SKHVI» DK TOVT SON PDVVOIR.
Curandum in pj'imis , ne magna injuria fiai
Fortibus, et iniseris. tùllas licet omjie quod usquam est
Auri, atque argenti : sciitu)n , gladiumque relinques ,
Et jaculum , et galea>n . spoliatis arma supersunt.
Il t'sl (laiig'ereux d'iisor de. trop do violence enuers ceux
que l;i misère nempeche pas d'être courageux, car après
la perte des biens et des richesses , il leur reste encore
des boucliers et des epées . des iauelots et des casques , la
vengeance et le desespoir metent aisément les armes a la
main a ceux qui sont maltraités.
HOME SANS REPROCHE.
Si tibi sancta cuhors comitum , si nemo tribunal
Vendit Acersecomes , si nullum in conjuge crimen ,
De quocunque voles proavum tibi siimito libro.
Si la vie de vos amys et de vosesclaues est sans reproche,
si vous ne rendes pas la iustice au gré de quelque fauory,
si la conduite de votre feme est généreuse , vous pourras
choisir dans l'hystoire tels héros que vous voudrez.
LE VICE OBSCVRCIT L.4 NOBLESSE.
Quod si prxcipitem rapit ambitio , atque libido ,
Incîpil ipsorum contra te stare parenliim
Nobilitas , claramque facem pra: ferre pudendis.
Ovine animi vitium tanto conspcctius in se
Crimen habet, quanto major, qui peccat . habetur.
Si vous êtes Tesclaue de la volupté ou de l'ambition,
alors la noblesse de vos ancêtres sera contre vous , et leurs
belles actions seront des lumières éclatantes qui decouuri-
ronl dauantage vos vices , et qui seront d'autant plus
blâmables ([ue votre naissance vous eleue plus considérable.
— 433 —
MAVVAISK ENTREPRISE ; lEVNES (lEXS.
Brève sit . qiiod turpiter audes.
Quœdam cum prima resecentur crimina harba .
Indulge veniam pueris
On ne peut Hnir trop tôt ce que Ion n"a pas eu raison
d'entreprendre ; ce n'est pas que l'on ne doiue auoir quelque
condescendance pour (|uelques liberlés (jue se douent les
ieunes gens.
I.IBEHTK ENTIERE.
jEqua ibi libcrlas , communia pocula , lectus
Non alius cuiquam , nec mema remotior itlli.
Il y a lu une entière lijjerlé . tout le monde y est égal ,
on y boit dans les mêmes verres . on est dans les mêmes
licts , et ou mange a la même table.
GENS DE QVALITÉ.
Atvos Trojuge)i3s vobis ignoscilis , et qusd
Turpia cerdoni, Voiesos^ Brutumque decebunl.
Mais vous autres gens de qualité vous vous liâtes dans
VOS desordres et vous condamnes en des esclaues et en des
artisans ce que vous aj^prounes au sang des Voleses et des
Brutes.
NOBLESSE.
Malo paier tibi sit TItersites . dummodo tu sis
jEacids: similis , Vulcaniaque arma capessas ,
Quam te Thersilœ similem producat Achilles.
J'ayme mieux que ton père ayt été aussy lâche, que
Thersyte pourueu que tu sois généreux corne Achylle et
que tu aymes come luy les armes et la gloire, que s'il
auoit été Achylle , et que tu ne t'eusses toy même qu'un
Thersite.
26
SATYRE IX
CONTRE LA VIE ET LES MOEVRS DES . DEBAVCHÉS. RAILLEVK.
Tripliceni usuram prxstare paratus ,
Et salibus vehemens intra pomœria natis.
Il raille agréablement dans les festins , il dit des bons
mots, etauec une viuacité qu'on ne trouue point autre part
que dans la ville.
VISAGE.
[Jeprendas animi tormenta latentis in asgro
Corpore , deprendas et gaudia ; sumit utrumque
Inde habilwn fades :
On decouure sur un visage les inquiétudes segretes d'un
cœur agité, on y decouure la ioye, il prend l'air des pas-
sions que l'on sent.
DESTIN-
Fataregunt homines
Toute la vie de l'home dépend du destin.
SEGRET.
Qui modo secretum commiserat , ardet , et odit ,
Tanquam prodiderim quidquid scio
La plus part des gens après vous auoir fait part de leurs
segrets vous craignent et vous baissent ; ils voudroint vous
— i35 —
perdre parcequils croyent que vous publies tout ce que
vous saues de leurs desordres.
VIE SANS REPROCHE. VALETS.
Vivendum recte est cum propter plurima , tune his
Prxcipue caussis , ut linguas mancipiorum
Contemnas. nam linguamali pars pessima servi.
Il faut pour beaucoup des raisons mener une vie sans
reproche , mais principalement pour mépriser tout ce que
peuuent dire des domestiques , car leur langue est extrê-
mement dangereuse.
.lEVNESSE. MOLLESSE. TEMS.
Festiaat enim dccurrere velox
Flosculus angusts- , miserssqiie hrevissima vit,!e
Portio : dum hihimus , diim séria, unguenta, puellas
Poscimus, obrepit non intellecta senecius.
La plus belle saison de la vie sécoule . le nombre trop
court de nos iours diminue , nous consumons inutilement
notre aage en festins et en intrigues, a nous parfumer et a
nous parer, et la vieillesse qui nous suit pas a pas s'empare
peu a peu de nous.
SATYRE X
BIENS. CHAIXTE.
Pauci dignoscere possunt,
Vera bona , atque illis mulluni diversa , remota
Ërroris nebula. quid enim ratione timeinus ,
Aut cupimus ?
Qui iuge sans erreur du véritable Lien et de ce qui luy
est opposé? Un epaix nuage repend des ténèbres sur l'es-
prit des homes. En etï'el , qu'y a t'il de raisonable dans nos
craintes ou dans nos désirs ?
VOYArrEVU. PAVVRE.
Pauca licet poires argenti vascula puri ,
Nocte iter i7igressus , gladium , contumque timebis.
Et motse ad Lunam trepidabis arundinis umbram:
Cantabit vacuu.s coram latrnne vialor.
On tremble au mouucnient d'un roseau que l'on voit
branler a la clarté de la lune quand on est en chemin
durant la nuit, bien qu'on n'ayt qu'un peu d'argent, mais
un voyageur qui n'a rien a perdi-e n'aura point ces vaines
frayeurs, la crainte des voleurs ne l'empêchera pas de
chanter.
POISON.
Nulla aconila bibuntur
Pictilibus : tune illa time , cuin pocula sûmes
Oeiiiinata,
'. ')■
Ce n'est point dans des vases de terre que l'on boit le
poison , craignes le lors que vous prendres les coupes d'or
enrychies des pierres précieuses . ou brille le vin le plus
délicat.
ENVIE. VA.NITÉ. '
Quosdam précipitant subjecta potentia magn,r
InvidisB , mergit longa atquc insignis honorum
Pagina
L'enuie a souuent abbatu les puissances les plus eleuées,
une longue page de titres, de noms, d'honeurslesa abimés.
IlIGHES.
Turba sequitur fortunani, ut semper, et odit
Damnatos
Les homes suiuent touiours la fortune et ne sont iamais
pour ceux qui sont condamnés.
VENGEANCE.
Qui notunt accidere quenquani
Posse volunt
Ceux môme qui ne veulent pas se venger de leurs enemys
sont bien aises de le pouuoir.
pROsPERrrÉ.
Sed quie prwclara, et prospéra lanti.
Ut rébus Iwtis par sit mensxira malorum ?
La plus grande prospérité ne mérite pas tant d'être
admirée, puisque la grandeur des maux se mesure par
celle des biens ou Ton ètoit eleué.
— 4.38 —
HONEVnS , RICHESSES. CHEVTE DES CtRANDEYRS.
Qui iiimios oplahat honores ,
Et nimias poscebat opes : numcrosa parabat
ExcelssB lurris tabukila, iinde altior esset
Casus , et impulsa' prxceps immane ruime.
Tous les honcurs, loutes les richesses que Ion recherche
sont corne autant des degrés qu'on eleue l'un sur l'autre
pour monter au faite de toutes les grandeurs d'où sa cheute
deuoit être plus funeste, et le précipice ou il est tombé plus
terrible.
GRANDS.
Ad ijenerum Cereris sine cxde, et vulnere pauci
Descendtmt Reges, et sicca marie iyranni.
Il y a peu de grands qui descendent a la triste demeure
de Pluton sans y être précipités par une mort violente.
ESPRIT.
Largus, et exundans letho dédit ingenii fons.
Ingénia manus est , et cervix cn'sa , nec unquam
Sanguine caussidici maduerunt rosira piisilli.
L'esprit fait souuenl perdre la vie ; iamais le barreau n'a
été arrousé du sang d'un médiocre orateur. Giceron auoit
fait un m'auuais vers sur le bonheur de Rome pendant son
consulat ; s'il n'eut pas uté plus grand orateur qu'il êtoit
poète il auroit été en seureté.
ELOQVENGE.
Sasvns et illum
Exitus eripuit quem ndrabantur Atheme
Torrentem , et pleni moderantem frena theatri.
— 't39 —
Ce fut une violence qui ota la vie a ce grand home la
merueille^ d'Athènes , qui corne un torrent emporte les
auditeurs ou il vouloit , cl (|ui dans la Coule des assemblées
ployoit les homes a son gré ; s'il n'eut pas ôlc né malheu-
reux il auroit vécu dans la forge de son père , il y auroit
battu l'enclume auec luy, il n'auroit pas été mis entre les
mains d'un rhéteur.
ELOQVENGE. IGNORANCE.
0 fortnnataui natam me consule Romam.
Antonî gladios potiiit contemnere , si sic
Omnia dixisset ; ridenda poëmata malo ,
Quant te conspicux divina Philippica famse ,
Volveris a prima qux proxima
Ciceron auoit lait un mauuais vers sur le bonheur de
Rome pendant son consulat ; s'il n'eut pas été plus grand
orateur qu'il êtoit poète il auroit vécu en seureté ; i'ayme-
rois donc mieux être l'autheur de quelque mauuais poème
que d'une pièce aussy diuine que la 2"*' Phylipique.
VERTV , HONEVR.
Tanio major famse sitis est , quam
Virtutis Quis enim virtulem amplectitur ipsam ,
Prxmia si tollas ?
On cherche bien moins la vertu que l'honeur, car qui est
ce qui aymeroit la vertu si la gloire n'en êtoit pas touiours
la recompense.
DVRER TOVIOVRS.
Quandoquidem data sunt ipsis quoque fata sepulcris.
Puisqu'enfin les marbres même et les sepulchres ne dure
ront pas toùiours.
— -iU)
VAILLANT CAPITAINE.
Expende Hannibalem : qtiot libras in Duce suiudio
Inverties : quem non capil Africa
Pesés maintenaul Aunibal ; ah ! de ({uel poids est ce
grand, cesl illustre capitaine ; c'est luy que toute TAffrique
qui n'est Itoruée que [)ar rOcceau cl par le Nil ne peut
arrêter.
SVK LE MEME.
Expende Hannibalem , quoi libras in Duce summo
Invenies ; hic est, quem non capit Africa Mauro
Percussa Occano, Niloquc admota fepcnti.
Ricrsiis ad .Elhiopum populos . altosqiie elephantos
Additur imperiis Hispania : Pijrenœum
Transilit. opposuit natura Alpemque , nivemque ;
Diducil scopulos , et montem rumpit aceto.
lam tenet Italiam : tamen ultra pergere tendit.
Actum , inquit , nihil est , nisi Pœno milite portas
Frangimiis , et média vexillum pono Suburra.
0 qualis faciès , et quali digna labella ,
Cum Getula ducem portaret bellua luscum !
Exitus ergo quis est? 0 gloria ! vincitur idem
Nempe , et in exsilium prxceps fugit , atque ibi magnus
Mirandusque cliens sedet ad prxtoria Régis ,
Donec Bithyno libeat vigilarc tyranno.
Finem animx , qux res humanas miscuit olim ,
No7i gladii , non saxa dabunt , nec tela , sed ille
Cannarum vindex, et tanti sanguinis ultor
Annulus. i, démens , et sxvas curre pcr Alpeis ,
Ut pueris placeas , et declamatio fias.
Pesés maintenant Annibai ; ah ! de quel poids est ce
grand , cest illustre capitaine ; c'est luy que toute l'Affrique
qui n'est bornée que par TOccean et par le Nil ne peut arrê-
ter ; il aioùle aux victoires qu'il a remportées sur les
— i'il —
Ethyopiens eL a loules ses autres conquêtes l'Espaignc ; il
vole au delà des Pyrénées , il surmonte les Alpes et les
neiges douL elles sont couuerles, il sépare les rochers, il
renuerse les montaignes par le secours du vinaigre et du
feu, il marche triomphant au milieu des campagnes
d'Italie , mais il n'est pas encore au bout de ses entreprises.
Mes victoires sont incomplètes , dit il , si après tant de
combats ie ne vois cette superbe ville en ma puissance , ou
si ie ne plante mes drapeaux triomphants au milieu de
Rome. Que son visage etoit lier, que l'on eut bien fait de
le peindre monté sur un éléphant , que le portrait en auroit
été beau bien qu'il n'eut plus qu'un œil. Mais qu'arriue
t'il ? 0 gloire d'Annibal qu'êtes vous enfin deuenue ? il est
contraint de chercher sa seureté dans une fuite précipitée ,
et pendant son exil ce grand et admirable capitaine est
réduit a faire la cour a un l'oy barjjare et d'attendre son
reueil. La fin de cette illustre vie qui auoit remply tout
l'uniuers d'admiration et de crainte n'arriue point dans une
bataille . ce n'est point le beau sort des armes qui la ter-
mine , c'est un anneau qui venge tant de sang répandu ,
tant de carnage des Romains ; que te sert il d'auoir par-
couru toutes les Alpes , passé les Pyrénées , enfin toutes
ces victoires que deviendront elles ? Le suiet d'un Hure ou
d'une harangue que l'on douera a faire a ceux qui étudient
l'éloquence.
AMBITION . MORT.
Unus PcUeo Juveai non sufficit orbis ;
Mstuat infelix, angusto limite mundi ,
Ut Gyarx clausus scopulis , parvaque Seripho.
Cum tamen a figidis munitam intraverit urbem ,
Sarcophago contentus erit . Mors sûla fatetur,
Quantula sint hominum corpuscula
— \i2 —
Un seul monde ne suffit pas aux vastes désirs du ieune
Alexandre , son ambition ne peut être bornée par les limites
de l'uniuers ; il se dona de l'inquiétude come s'il êtoit
arrêté sur les ecueil de Gyare ou dans la petite isle de
Seriphe ; mais quand il aura aiouté a ses conquêtes la ville
de Semiramis, il ne faudra qu'un cercueil pour l'enfermer,
tant il est vray que la mort seule nous aprend que tout ce
que nous somes est peu de chose.
AMBITION.
Toties optata exegii gloria pœnas.
L'ambition nous cause souuent des grands maux.
VIEILLESSE.
Sedquam qontiauis , et quantis longa seneclus
Plena malis ; deformem , et tetrum ante omnia vultum
Dissimilcmque siii deformem pro cute pellem ,
Pendenteisque gênas , et taleis adspice rugas ,
Qualeis umbriferos ubi pandit Tabraca saltiis .
Invetula scalpit jam mater simia bucca.
Mais helas ! a combien des maux une longue vieillesse
n'est elle pas exposée ; il n'y a plus sur le visage que des
traits usés , la peau en est flétrie , les ioues sont sèches ou
pendantes, il n'y a pins ([uc des rides telles que l'on en
voit a un vieux singe dans les épaisses forets de lAtTrique.
lEVNESSE . VIEILLESSE.
Plurimasunt juveniim discrimina : pulcrior ille
Hoc, atqueille alio : multum hic robustior illo.
Una senum faciès , cum voce trementia membra ,
Frangendus misero gingiva panis inermi.
Non eadem vini , atque ribi torpenie palato
Gaudia
— 443 —
La ieunesse se distingue par des characteres différents ,
les uns ont plus de beauté , les autres ont plus de force ,
mais les vieillards indilTerament sont tous semblables et
suiets aux mêmes défauts ; ils ont des membres foibles et
tremblants come la voix ; a peyne leur reste t'il quelque
grosse dent pour manj^er du pain . ils ne sont plus touchés
du plaisir de boire ny de manger.
BEAVTÉ .
Sed vetat optari faciem Lucreiia , qualem
Ipsa habuit
Lucrèce nous aprend qu'il est dangereux d'auoir autant
de beauté qu'elle en eut.
PVDEVR. BE.AVTÉ.
Rara est acleo concordia f'ormx ,
Atque pudicitix
La pudeur et la beauté ne se rencontrent gueres ensemble.
COLERE DES FEMES.
Millier sievissima tune est,
Cum stimulos odio pudor admovet
La colère des femes ne reçoit point des bornes, principa-
lement lors que la honte d'auoir été méprisée en augmente
la violence.
l'home est cher avx dievx.
Pennittes ipsis expendere Numinibus , quid
Conveniat nobis , rebusque sit utile nostris.
Nam pro jucundis aptissima quxque dabunl DU.
Garior est illis homo , quani sibi
— 444 —
Laisses a Dieu a iuger ce qui nous conuient et ce qui
est notre véritable bien , car au lieu de tout ce qui peut
nous être agréable , il nous douera précisément ce qui nous
est nécessaire , l'home leur est plus cher (ju'il ne l'est a
luy même.
ESPRIT, SANTÉ.
Orandum est, ut sil mens sana in corpore sano.
Il faut demander un esprit raisonable auec une heureuse
santé.
VERTV.
Semita certe
TranquillsB per virtutem palet imica vitœ.
La vertu est l'unique voye par laquelle nous pouuons
arriuer au véritable bonheur de la vie.
SATYRE XI
BONE TABLE.
Attîcus eximie si cenal, lautus habetur ;
Si Butilus , démens, quid enim majore cachinno
Excipitur vulgi
On loue Atticus de ce qu'il a toùiours bone table , mais
on ne loue pas Rutilius d'y faire la même depençe. En
eti'et, y a t'il quelqu'un dont on se mocque dauantage.
BONE CHERE.
Et quihus in solo vivendi caussa palato est.
Ce sont des gens qui nayment la vie que pour trouuer
de quoy contenter la délicatesse de leur goût.
ACHEPTER CHEREMENT.
Magis iLL.\. juvant , qux pluris emuntur.
Il n'y a rien qui semble meilleur que ce qu'on achepte
bien cher.
DEPENSE, PRODIGALITÉ.
Refrrt ergo , quis hsec eadem paret : in Ruiilo nam
Luxuria est , in Ventidio laudabile nomen
Sumit , et a censu famam trahit
Il faut donc iuger de la dépense selon les persones qui
la font ; ce qui est un e.\ces , une profusion pour Rutilius
— 446 —
ne l'est pas pour Ventidius, au contraire c'est une magni-
ficence digne de luy, ses richesses douent ce beau nom a sa
table.
E cœlo descendit
Figendum , et memori tractandum peclorc , sive
Conjugium quieras, vel sarri in parte senalus
Esse veb's
VOLVPTVEVX .
Quis enim te déficiente crumena ,
Et crcscente gula , manet exitus , sere paterno
Ac rébus mersis in ventrem
Considère ce que tu deuiendras si la dépense de ta bouche
croit a mesure que l'argent de ta bourse diminue, abimant
ton patrimoine dans ton ventre.
VIEILLESSE.
No7i prxmaluri cineres , nec funus acerbum
LuxuricB , sed morte magis metuenda senectus.
Ce n'est point une mort auancée, ce n'est point un
bûcher qui doit faire pour a ces prodigues , mais ils doiuent
craindre la vieillesse plus que le tombeau.
CHEVREAV.
Veniet pinguissimus agro
Hxdulus , ei loto grege mollior. insciiis herbsp ,
Necdum ausus virgas humilis mordere salicti .
Qui plus lactis habet quam sanguinis . .^
lay un cheureau qui n'a pas été a l'herbe , qui n'a point
brouté les bourgeons des arbres , qui a plus du lait que du
sang , qui est gras , qui a la chair blanche et délicate . et
qui a été choisy dans tout son troupeau.
— 447
FRVGALITE.
Superbum
Convivam caveo, qui me sibi comparât , et res
Despicit exiguas
le me done bien de garde de doner a manger a un de ces
dédaigneux qui attendroit trop de moy et qui mepriseroit le
peu que ie luy presenterois.
RICHES.
Fortuna' veniam damus. aléa turpis ,
Turpe et adulterium mediocribu.i : hxc eadem illi
Omniacumf octant hilares , nitidique vocantur.
On pardone les excès aux riches ; les ieux de hasard ,
les adultères ne sont des crimes que pour ceux qui ont une
fortune médiocre , quand ils font les mêmes choses que
nous , au lieu que nous en somes punis , ils en passent
pour honetes gens qui ne sont point enemys des plaisirs.
RARETÉ DES PLAISIRS.
VoLUPTATES commendat rarior usus.
Quand les plaisirs sont un peu rares , ils sont beaucoup
plus grands.
SATYRE XII
niCHES.
Nonpropte)' vilam faciunl patrimonia quiduin,
Sed vicio cxci propter patrimonia vivunt.
Ce n'est pas pour ioiiir de la vie qu'il y en a qui amassent
des grandes richesses , mais ils ne viuen[ lanl ils sont
aueugles que pour deuenir riches.
DANGERS SVR LA MER.
/ mine , el venlis aniinain comniitte , dolatu
Oonfisus ligno , digitis a morte remotus
Quatuor, ac septem , si sit latissima txda.
Aies maintenant et fies vous a la mer, aux vents et a un
peu de bois aplany, qui ne vous éloigne de la mort que de
quatre doigts ou de sept au plus , si les planches sont un
peu hautes.
ESPERANCE.
Spes vHw cuni Sole redit
Lorsque le soleil vient a paroitre il ramené l'espérance.
SATYRE Xlli
MAVVAIS EXEMPLE, MAVVAIS IVGE.
Exemple quodcumque malo conimittitur, ipsi
Displicet auctori. prima est hsec ultio , quod se
Indice , nemo nocens ahsolvitur, improba quamvis
Gratta fallaci Prxtoris vicerit urna.
On ne done ianiais de maunais exemple qu'on n'en ayt
aussitôt du repentir et de la douleur ; la première punition
de Finiustice vient de celuy la même qui l'a commise , la
faueur qui a corrompu les suffrages du prêteur ne peut cor-
rompre le témoignage de sa conscience qui lui reproche
d'auoir eu trop de complaisance lors qu'il deuoit être seuere.
DEPLAISIR.
Flagraiitior xquo
Non débet dolor esse viri , nec vulnere major.
Un home raisonable ne se laisse iamais surmonter par
la douleur, son déplaisir ne doit pas être plus grand que le
mal.
SACtESSE , VIE.
Magna quidem, sacris qun' dai pr.rcepta libellis,
Victrix fortume sapientia. Ducimus aulem
Hos quoque felices , qui ferre incommoda vitse .
Nec Jactare jugum vita didicere magistra.
29
— 450 —
le tais grand cas de la sagesse el de loiiles les diuines
instructions qu'elle done dans les liures des phylosophes.
le scay bien que c'est elle qui est victorieuse de la Ibrtune ,
mais enfin i'estime aussi que c'est un grand bonheur
d'auoir appris par son expérience ce que c'est que la vie ,
que l'on en doit suporter les malheurs , et que c'est en
vain qu'on voudroit secouer le ioug qui est imposé a tous
les homes des leur naissance.
HOMES DE niEN RARES
Rari qiiippe boni ; iiumerus vix est totidem . quoi i
Thebarum porlœ , vel divitis ostia Nili.
Les gens de bien sont rares , et leur nombre est a peyne
aussy grand que celuy des portes de Thebes ou des embou-
cheures du Nil.
ARGENT.
Nescis
Quas habeat Vénères aliéna pecunia ? . . . .
Ne saues vous pas combien l'argent d'autruy a des
charmes.
PREMIERS TEMS.
Jmprobitas illo fuit admirabilis svo.
Credebant hoc grande nefas , et morte piandwn ,
Si juvenis vetulo non assurrexerat , et si
Barbato cuicuvique puer
C'est en ce tems la que l'iniustice eut paru quelque
chose d'êlonanl : ils croyoinl qu'un ieune home auroit
comis le plus grand de tous les crimes, s'il n'auoit pas
honoré un home plus vieux que luy, quand il auroit eu
ches luy beaucoup de bien.
— 451 —
HOME SANS DEFFAVT.
Egregium, sanctumque virum si cerno , bimembn
Hoc monstrum puero , vel mirandis sub aratro
Piscibus inventis , et fœtœ compara mula;.
Lors que ie rencontre un home sans deffaut ie ne suis
pas moins surpris que si ie voyois quelque monstre , ou si
i'entendois dire qu'on a trouué des poissons sous le soc
d'une charrue ou qu'une mule est pleine.
MEPRISER LES DIEVX.
Tani facile , et pronum est superos contemnere testeis ,
Si mortalis idem nemo sciât
Tant il est vray qu'il est facile de mépriser le témoignage
des dieux, lors qu'on ne craint point celuy des homes.
CRIMES.
Committunt eadem diverso crimina fato ;
nie crucem sceleris pretium tulit , hic diadema.
Les mêmes crimes ont eu souuent un sort bien diffé-
rent ; il est vray que l'un a eu pour recompense une mort
honteuse , mais un autre par la même voye est monté sur
le throne.
MALADES.
Curentur dubii medicis majoribus xgri.
Ceux qui sont dangereusement malades doiuent être
traités par les plus grands médecins.
ARGENT. PERTE DE SES PARENTS.
Et majore domus gemitu majore tumuUu
Planguntur nummi , quam fanera, nemo dolorem
Fingit in hoc casu
— 45-2 —
Le deuil est bien plus grand quand on perd son argent
que lors qu'on n'a perdu que quelqu'un de ses parents ;
persone ne dissimule sa tloulcm- dans un tel accident.
ARlUvNT.
Ploralnr lacnimis amism perunia verix.
On pleure tout de bon el Ion esl touché d une douleur
véritable quand on a perdu son argent.
VENGEANCE.
At vindicta , bonwn. vita jucundius ipsa.
Mais la vengeance a des douceui'S plus grandes que la vie
même.
PHYLOSOPHIE.
Plurima felix
Paullatim vitia. atque errores exuit omneis.
Prima doccns recium sapientia
La phylosophie decouui-e aux esprits les beautés de la
iustice , et les deliure des vices et des erreurs du peuple.
VENGEANCE.
Minuti
Semper, et infirmi esl animi , exiguique voluptas
Ultio
La vengeance n"adcs charmes (jue pour les petits esprits.
FEMES VINDICATIVES.
Vindicta
Neino magis gaiidet quam femina
Les tomes se laissent emporter beaucoup plus que les
homes au plaisir de se venger.
MECHANTS.
Quos diri conscia facti
Mens habet attonitos , et surdo verbere cxdit
Occultum quatiente animo tortore flagellum?
Pœna autem vehemens
Nocte, dieque siiiim geslare in pectore teslem.
Les méchants ne sont ils pas ctonés de l'image affreuse
de leur crime , leur conscience n'est elle pas pour eux un
impitoiable bourreau qui. les tourmente par les remords
dont ils sont incessament agités ? Y a t'il un plus grand
supplice que de porter iour et nuit un seuere témoignage
contre soy même ?
FORMER VN DESSEIN INIVSTE.
Nam scelus intra se tacitum qui cogitât ullum ,
Facti crimen habet; cedo, si conata peregit?
Perpétua anxietas , nec mansse tempore cessât ,
Faucibus ut iiiorbo siccis , interque molareis
Difficili crescente cibo
Celuy qui forme dans son cœur un dessein iniuste est
deia capable d'iniustice ; il est aussy lot tourmenté d'inquié-
tudes continueles , la crainte trouble son repas , et son
gozier est aussy sec et aride que celuy des malades brûlés
des ardeurs de la fleure ; il ne peut aualer les meilleures
viandes qui semblent croître sous ses dents et sont désa-
gréables dans sa bouche.
MECHANTS.
Hi sunt qui trépidant , et ad omnia fulgura pallent ,
Cum tonat , exanimes primo quoque murmure cœli ;
Non quasi fortuitus , nec ventorum rabie , sed
Iratus cadat in terras, etjudicet ignis.
Les méchants ne sont iamais en seureté , ils palissent a
tous les éclairs . ils sont a demi morts des qu'ils entendent
gronder le toneiie , conime si la foudre n'êtoit pas portée
par le hazard ou par la fureur des vents , mais corne si elle
haissoit les crimes et ne tomboit qu'en discernant les cou-
pables.
SVH LE MÊME SVIET.
Quid enim sperare nocentibus sgri$
Concessum ?
Car quelle espérance peuuent auoir les méchants.
SVR LE MÊME SVIET ET SVR LE MAL.
Mobilis, et varia est ferme natura malorum.
Cum scehis admittunt , superest constantia ; quod fas ,
Atque ne fas , tandem incipiunt sentire peractis
Griminibus. tamen ad mores natura recurrit
Damnatos , fixa , et mutari nescia. nam quis
Peccandi finem posiiit sibi ? quando recepit
Ejectum semel attrita de fronte ruborem ?
Les méchants ont de l'inconstance et de la vanité dans
toute leur conduite , ils ont de la hardiesse lors qu'ils
entreprenent une iniustice , mais a peyne est elle comise
qu'ils en ont du repentir et que la beauté de la vertu et la
laideur du vice se présentent a leur esprit ; toutefoix après
auoir condamné le mal ils y retournent , leur penchant les
entraine aux mômes desordres dont ils ont eu honte ; car
enfin qui est ce qui a iamais fini ses dérèglements auxquels
il s'est accoutumé , qui est ce qui est deuenu honete home
après auoir violé les loix de l'honeteté ?
CRIME.
Quisnam hominum est , quem tu contentum. videris uno
Flagitio ?
Aues vous iamais veu un home qui après avoir comis un
grand crime en soit demeuré la.
SATYRE XIV
DE L EDVCATION DES ENFANTS. MAVVAIS EXEMPLE
d'vNE MERE.
Exspectas, ut non sit adultéra Largm
Filia; qux nunquam maternos dicere mœchos
Tarn cito nec tanto poterit contexere cursu ,
Ut non ter decies respiret ? conscia matri
Virgo fuit
Espères vous que la fille de Larga soit honete ? Ne sauez
vous pas qu'elle ne peut conter les amants de sa mère sans
qu'elle reprene haleine ? Elle êtoit encore fort ieune fille
lors qu'elle êtoit sa confidente.
EXEMPLES DOMESTIQVES.
Velocius, et citius nos
Corrumpunt vitiorum exempta domestica , magnis
Cum subeunt animos auctoribus
C'est un penchant naturel et qui nous emporte plus
aisément et plus promptement vers le mal, dont nous
auons des exemples domestiques, et qui nous touchent
d'autant plus que nous auons du respect pour ceux qui nous
les douent.
MAL.
Dociles imitandis
Turpibus , ac pravis omnes sumus
Rien ne s'aprendauec plus de docilité que le mal.
lEVNES (lAHÇONS.
Nil oictu fœdum visuque h.xclimina langat
Inlra qux puer est
Maxima debetur piiero revercntia
Qu'aucune parole troj) libre ne se prononce, qn'aucune
action trop hardye ne se fasse dans une compagnie on il y
a des entants on doit auoir de grands égards pour leurs
tendres années.
EDVCATION.
Gratuni est, quod patriv civem, populoque dedisti,
Si facis , ut patrise sit idoneus
Plurimum enim inteverit, quibus artibus, et quibus hune tv
Morihus instituas
La patrie vous est obligée de luy auoir doué un cytoien
si vous laites en sorte par une l»one éducation qu'il luy soit
utile ; car enfin tout le bien qu'on en peut attendre dépend
de la manière dont vous l'eleues et des exemples qu'il voit
ches vous.
VN FILS SVIT L KXEMl'l.K l)'vN PERE.
Serpente ciconia pullos
Niitrit , et inventa per dévia rura lacerta :
Illi eadcm sumptis quœrunt animalia pinnis.
Sed leporem aut capream famulv lovis, et generosm
Insaltu venanlur aves ; hinc prœda cubili
Ponitur : inde aiitem , cum se matura levaret
Progenies stimulante famé , festinat ad illam,
Quam primum prxdain rupto gcstaverat ovo.
La cicogne nourrit ses petits de serpents et de lézards
qu'elle cherche dans des lieux écartés ; lors qu'ils ont des
ailes asses fortes; ils cherchent aussy la même nourriture,
— 457 —
le vautour aporte aux siens quelque partie d un cadaure
Les aigles , les eperuiers , les faucons ne fondent que sur
les Heures, les cheureaux, les perdrix, et lorsque leurs
petits sont asses forts, ils ne s'eleucnt en l'air que pour
aler a cctle chasse (|ui les a nourris des 1p moment qu'ils
ont été eclos.
VICE.
Fallit enim vitiiwi specic virtutis , et umbra ,
Cum sit triste habitu , vuUuqxie et veste severum.
Le vice a sonnent les apparences de la vertu, il en a les
habits et les manières , on y est trompé.
VICE.
Su?it qiiwdam vitiorum elementa
Il y a dans le vice come dans les sciences de certains
principes par lesquels on doit comencer.
RICHE AVARE.
Sed qiio divitias hxc per tormenta coactas ,
Cum furor haud dubius , cum sit manifesta phrenesis ,
Ut locuples moriaris , egentis vivere fato ?
Mais que seruent les richesses ({u'on amasse auec tant de
peyne! N'est-ce pas une folie manifeste, une phrenesie
euidente de viure dans toutes les incomodités de la dernière
pauureté pour laisser de grandes richesses en mourant.
AVARE.
Crescit amor nummi quantum ipsa pecunia crevit ,
Et minus hanc optât qui non habet
Plus un auare a du hien , plus il en désire ; ceux qui
n'en ont point du tout en désirent moins que luy.
— 'ir>8 —
lALOVSIE . ENVIE.
Majorque videtiir.
Et melior vicina seges
La moisson du voisin paroit toùiours plus belle.
DESIR d'amasser DES RICHESSES.
Nam dives qui fteri vult.
Et cito vult fieri. sed qu;e reoei'enlia leguin ,
Quis metus, aut pudor est unquam properantis avari ?
Geluy qui veut deuenir riche veut aussy le deuenir
promptement , et dans l'ardeur qui le presse , il n'est point
de loy qui le retiene, il n'est point de crime dont il ayt
honte.
OVAND ON NE DORT PAS, ON VOVDROIT QVE TOVT LE MONDE
VEILLAT.
Nunc
Post jînem autumni média de nccte supinum
Glamosus juvenem pater excitât : accipe ceras ,
Scribe puer, vigila , caussasage, perlege rubras
Majorum leges
Présentement un père qui ne scait ce que c'est que le
someil vient eueiller son fils et le fait leuer a minuit dans
l'hyver même. Debout, crie t'il , debout, prens tes liures,
écris , trauaille, il faut entreprendre quelque cause, étudie
bien les loix de nos anciens.
GAIN.
LucRi bonus est odor ex rc
Qualibet
L'odeur du gain de quelque endroit qu'il puisse venir
est toùiours bone.
— 45!) —
BIEN MAL AGQVIS.
Unde habeas quwrit nemo , sed oportet habere.
Persone ne demande ou lu ou as pris, mais si tu en as.
GRIMES AISÉS.
NuLLUs enim magni sceleris labor
Il n'y a point de peyne a cometre les plus grands
crimes.
OBEISSANCE POVR LK MAL.
Nemo satts crédit tantum delinquere , quantum
Permutas ; adeo indulgent sibi latius ipsi.
Qui est celuy la qui croit faire mal quand il ne fait que ce
qui luy est permis , qui est ce qui ne passe au delà des
bornes qu'on luy a prescrites.
VIEILLESSE.
lam torquet juvenem longa et ccrvina senectus.
Cette vieillesse de cerf, ce long aage done de la peyne
au ieune home.
FVREVRS DIFFERENTES.
Non unus menteis agitât fur or
A quelles différentes fureurs les homes ne sont ils pas
suiets.
DANGERS DE LA MER.
Curatoris eget , qui navem mercibus implet
Ad summum latus, et tabula distinguitur unda.
Celuy qui remplit un vaisseau de marchandises , qui
n'est éloigné de la mort que de l'épaisseur d'une planche
a besoin de curateur.
- '.*iO —
HICHESSES.
Tanlis parla maiis , cura majore , meluque
Servantur. Misera est magni cuslodia censiis.
Helas ! ce que l'on acquiert auec tant de peyne on ne le
conserue aussy que par des soins continuels, et même auec
beaucoup plus d'inquiétude ; c'est une grande misère que
d'auoir des grandes richesses a conseruer.
CONTENT DE l'EV.
Quanlo felicior hic, qui
Nil cuperet , quam qui loium sibi posceret orhem. _
Celuy qui voudroit con(juerir tout l'uniuers seroit moins
heureux que celuy qui ne desireroit rien.
RICHESSES.
Mensura tamen quse
Sufficiat census , si quis me consulat , edam .
In quantum sitis , atque famés , et frigora poscunt.
Si quelqu'un me demaudoit quelles mesures ie donne
aux richesses , ie repondray de bone foy qu'il en faut auoir
autant que demandent les besoins de la vie . la soif . la faim
et le froid.
SAGESSE, NATVRE.
Nunquam aliud natura , aliud sapientia dicit.
La nature et la sagesse ne demandent rien dauantage ,
quand Tune dit c'est asses, l'autre ne dit iamais c'est trop
peu.
SATYRE XV
DE LA SVPERSTITION ET DE LA CRVAVTÉ DES .EGYPTIENS.
QVERELE . COMBAT.
lurgia prima sonare
Incipiunt animis ardentibus : hœc tuba rixse
Dein clamore pari concurrilur , et vice teli
Saevit nuda manus ; paucse sine vulnere malx ,
Vix cuiquam , aut nulli toto certamine nasus
Integer. aspiceres jam cuncta per agmina vultus
Dimidios , alias fades , et hiantia ruptis
Ossa genis , plenos oculorum sanguine pugnos.
Il n'y eut dabort entre eux que des reproches dont ils
s'attaquèrent auec une extrême furie ; ils n'eurent point
d'autre tempête pour s'animer au combat ; ensuite eleuant
de part et d'autre de terribles crys, ils vienenl aux mains,
leurs poings leur seruent d'armes , il n'y eut guère de
ioues qui n'en receussent quelque coup et quelque playe ;
entre tant d'homes qui se battoint. a peyne y en eut il un
seul ou pour mieux dire il n'y en eut point du tout a qui
le nés restât entier ; vous n'eussies veu de tous cotés que
des mâchoires cassées , des ioues meurtries , des yeux
pochés , des mains dégoûtantes de sang . en un mot des
visages qu'on n'auroit pu conoilre.
VIE.
Nec eniia omnia , quiedani
Pro vita facienda .
— \ii2 —
SiJ y a beaucoup de choses que Ton peut taire pour se
conseruer la vie , il ne s'ensuit pas que tout soit permis.
GULERE , FAIM.
Pares suni
El similes , ira , atcjue famés
La colère el la faim sont deux passions du même cha-
ractere.
SENTIMENTS DE TENDRESSE.
Mollissima corda
Humano generi dare se natura fatetur,
Qux lacrymas dédit, hxc iioslri pars optima sensus.
La nature qui nous a doné des larmes montre bien
qu'elle ne done pas aux homes un cœur endurcy ; il n'y a
rien de meilleur en nous que les sentiments de tendresse.
VNION DES PREMIERS SIECLES , CRVAVTÉ DES HOMES DANS
CEVX CY.
Princlpiii induisit communis condilor illis
Tantiim animas , nobis aniinum quoque , mutuus ut nos
Adfectus pctere auxiliunt , et pru'stare jiiberei
Dispersas tralicrc in populum , tnigrare vctusto
De nemorc , et proavis hahitatas linquere silvas :
Mdiflcare doinos , Laribus conjungere nostris
Tectwn aliud , tiitos vicino limite somnos
Ut collata daret fiducia : protegere armis
Lapsum , aut ingenti mdantem vulnere civem ,
Communi dare signa tuba . defendier iisdem
Turribus , atque una portarum clave leneri
Sed jam serpentum major concordia : pareil
Cognatis maculis similis fera, quando leotii
Fortior eripuit vilam leo Y quo nemore unqiiam
Expiravit aper majoris dentibus apri ?
Indica tigris agit rabida cum tigride pacem
Perpetuam; swvis inter se convenit ursis,
Ast homini ferrum lethale incude nefanda
Produxisse parum est
— 463 —
Le comuii auLbeur de toutes choses a doué la vie aux
bêtes, mais il n'a doué la raison qu'aux bornes, afin
qu'elle leur enseignai a se demander les uns aux autres
du secours et a se le doner, a s'assembler dans les mêmes
lieux, a se retirer des forets qui ont été leur première
demeure , a bâtir des maisons , a les ioindre les unes aux
autres , afin que la seureté qu'ils se donoint en s'appro-
chant ainsy, leur donat un someil plus tranquille, a proté-
ger par la force leurs voisins ou les cytoiens de la même
ville , a se ranger sous les mêmes drapeaux au même son
des trompetes , a se deffendre dans les mêmes murailles .
et a être enfermés sous la même porte , mais auiourduy il
y a plus d'union et de paix parmy les serpents , un tygre
ne fait point la guerre contre un tygre ; quand est ce qu'un
lyon puissant a oté la vie a un lyon plus foible ? En quelle
forest un sanglier a t"il été deuoré par un sanglier plus
fort que luy ? N'y a t'il pas une paix perpétuelle entre les
betes les plus faroucbes? Les ours s'accordent bien
ensemble ; il n'y a plus que les bomes qui ne peuuent
plus vivre les uns auec les autre sans péril , il ne leur suf-
fit pas d'auoir forgé sur des enclumes criminelles des
armes pernicieuses.
SATVHK X\l ET UKKXrERh;
DE LA GVERRE. DESTIN.
Plus elenim fati valet hora benigni
Quam si nos Veneiis commendet epistola Marti
Et Samia genitrix
Le destin a plus de pouuoir dans la guerre que Venus
et lunon quelques amyes qu'elles soint de Mars.
AMV.
Quis tam Pylades
Qui trouiiera t on semblable a Pylade?
OVVERTVRE DES AVDIANÇES.
Exspectandus erit. qui lites inchoat. annus.
SOLDATS , TESTAMENTS.
Salis prœlerea testandi militihus jus
Vivo pâtre datur
11 est permis au.x soûls soldats de faire testament pen-
dant la vie de leur père.
BIENS ACQVIS A LA GVERRE.
Qn,T suiit parla lahnrf
Mililia; , plac.uit non esse in corpore ce/isus ,
, Orrine tenet cujus reyimen pater
— 't65 —
Les biens qu'on acquiert pendant la guerre ne sont pas
compris dans les biens dont un père a l'administration.
GENERAL d'aRMÉE.
Ipsius certe ducis hoc referre videtur,
Ut qui forlis erit , sit felicissimus idem
Ut Isethi phaleris omnes , et torquibus omnes.
C'est le deuoir d'un gênerai d'armée de doner des
recompenses a ses plus vaillants soldats , par les armes
glorieuses dont il doit les honorer corne des témoins illustres
de leur valeur.
FIN
DE LA XVr ET DE LA DERNIERE SATYRE.
30
TABLE DES PRINCIPALES MATIERES
DES
REMARQVES DE JVVENAL
A
Aconite, p. 38.
Achylle, p. 39 . 10-2.
Aclium, p. 219.
Affrique , p. 336,
Agryppine, p. 25, 137.
Agatyrsus , p. 316.
Agryppa, p. 338.
Aiax, p. 197, 304.
Allobroges, p. 200.
Alè.xandre , p. 251 .
Albe, p. 273.
Alpes , p. 287 , 357.
Ammome, p. 333.
Amphyon , p. 339.
Amethystina, p. 346.
Androgée, p. 20.
Annales , p. 60.
Anthoine, p. 250.
Annibal, p. 251.
Anti loque , p. 252.
Antycira, p. 286.
Antyphates, p. 301.
Ancus Martius , p. 335.
Andromaque , p. 342.
Apollon, p. 33, 194. 337
Apicius, p. 112.
Argonantes , p. 11 .
Aristote, p. 49.
Arachne, p. 56.
Aruspice . p. 62.
Artaxate, p. 69.
Arménie , p. 2J5.
Aréopage , p. 234.
Arabie, p. 265
Archygene , p. 166, 286.
Aristophane, 301.
Arptopta, p. 336.
Assaracus, p. 253.
Athos , p. 251.
Athènes, p. 329.
Atlanta, p. 348, 364.
Atlas, p. 360.
Autel de Lyon , p. 18.
Automedon , p. 23.
B
Bacchanales , p. 48.
Baptae , p. 58.
Bayes, p. 82.
— 468 —
Bareas , p. 92.
Batyllus, p. 159.
Babilone, p. 251.
Bacchus , p. 194.
Basylus, p. 198, 252.
Batyllus, p. 287.
Bascauda , p. 362.
Bellone, p. 173.
Bœotie, p. 248.
Bellerophoon , p. 255.
Bethys, p. 272.
Bérénice, p. 162, 338.
Bedriac , p. 60.
Bythinie, p. 251 , 345.
Bouc, p. 25.
Bouclier d'airain; p. 62.
Bocchar, p. 135.
Bone déesse , p. 169, 323.
Brutus, p. 118-, 133; 221.
Bromium , p. 171.
Bracmanes , p. 178.
Brigantes, p. 302.
Britannicus , p. 164 , 338.
Bulla, p. 284.
G
Ganope, p. 16, 163.
Carus , p. 16.
Gales , p. 25.
Garinatus, p. 199.
Gamerinus, p. 211.
Capito , p. 212.
Gamille, p. 219, 325.
GatuU. Luctatius , p. 220.
Cap de Myssene , p. 232.
Gassius Longin , p. 247.
Gaprea, p. 249.
CatuUa, p. 323.
Carpophorus, p. 166.
, Galon, p. 270, 301.
Gahors, p. 175.
Galigula, p. 178, 344.
Gatilina, p. 52,
Gapitolins , p. G6.
GatuUes, p. 66.
Gatulus, p. 84.
Galuiena, 94.
Gatiena , p. 94.
Calliope , p. 112.
Gat. Messalin, p. 119.
Gattes, p. 121.
Gassius , p. 133.
Garybde , p. 135.
Gacus, p. 136.
Ganuse, p. 164.
Gadmus , p. 302.
Garpatium , p. 303.
Gluula , p. 323. .
GatuUa, p. 254.
Cannes, p. 326 .
Gappadoce , p. 345.
Gapsarius , p. 356.
Gassandre, p. 358.
Gaieté, p. 368.
Galpe, p. 371.
Gœditius, p. 288.
Genturion, p. 319.
Gelsus, p. 167.
Geroma , p. 167.
Gœleno , p. 214.
Gethegus , p. 52.
Gecropie, p. 59.
Ghamp de Mars, p. 63 , 341.
Ghaldeens , p. 343.
Ghyron, p. 99, 199.
Ghyronomonta, p. 136.
Ghoraules , p. 161.
— '.60
Chrysogonus, p. 19S
Ghrysippus, p. 48.
Giceron, p. "219.
Glitumnus , p. 272.
Gilicie, p. 333.
Gleanthe, p. 50.
Glodius, p. 52.
Cleopatre, p. 61.
Glaudius, p. 169.
Clytemnestra , p. 180.
Glio, p. 19t.
Glelie, p. 222.
Gorycie, p. 303.
Coptium, p. 314.
Goncordia, p. 31 , 322.
Gorse, p. 336.
Corynthe, p. 349.
Coranus , p. 375.
Goryte , p. 211.
Cosmus , p. 212.
Go, p. 213.
Gorynthus, p. 216.
Gornelia, p. 164.
Goliina, p. 168.
Gomagene, p. 176, 343.
Gossus, p. 210.
Greticus, p. 56.
Gryspin , p . 1 5 , 111.
Grasses , p. 249.
Gresus, p. 304.
Gustos gallicus, p. 287.
Gurius , p. 324.
Gurruca, p. 168.
Gurius Dentatus , p. 48 , 98.
Gumes , p. 81 .
Gryspus , p. 117.
Gynthie , p. 157.
Cyniques, p. 287.
Gyclopadse, p. 233
D
Danaides , p. 180
Daces , p. 333.
Damasyppus , p. 350.
Danube , p. 351.
Demosthene , p. 250.
Dédale, p. 21, 22, 84.
Deucalion , p. 26.
Destin, p. 51.
Demetrius .p. 91
Delphos, p. 176.
Deciens, p. 220.
Democrite, p. 248.
Diomede , p. 20.
Diogene , p. 304.
Diphylus, p. 93.
Diane, p. 103.
Domitien, p. 53, 113, 115, 166.
Do rida , p. 91.
Dolabella, p. 213.
Domitius, p. 218.
Doriphorus, p. 1 18.
Drusus. p. 100, 210.
E
^acus , p. 10.
yEdililé, p. 97.
^gerie, p. 81 , 83.
^Egyptiens , p. 83.
.Egée, p. 21,285,
Elégie, p. 8.
iElius Lamia, p. 121.
.Elia, p. 160.
Elis, p. 286.
Ecuyer tranchant , p. 36 1 .
^mil. Scaurus , p. 53.
/Emus, p. 166.
— 470
Endymion, p. 254.
^née, p. 134, 264.
Œnophoron .p. 172.
Ephemerides, p. 177, 344.
Epicure , p. 371.
^ole , p. 252.
Erymanthus, p. 93.
Eryphile, p. 180.
Esculape , p. 367.
Espaigne , p. 213.
Œtna, p. 10.
JEihyopïe, 344.
Etrurie, p. 264.
Euoë, p. 194.
Euganei , p. 210.
Euander,^p. 263.
Europe, p. 348.
Euphrate , p. 29.
Euphranor, p. 99.
F
Fabiens, p. 67.
Fabius Gurges, p. 168.
Fabius, p. 196, 209.
Fabricius, p. 235, 264.
Feu perpétuel, p. 115.
Fidene, p. 159.
Fides, p. 322.
Ficedula, p. '368.
Flaminie, p. 23.
Flora, p. 370.
Fouet, p,355.
Foy, p. 31, 322.
Fronton , p. 13.
Frabateria, p. 100.
Forest d'Aricine , p. 327.
Frusinone, p. 100.
Furies , p. 194, 285.
G
Gabiens, p. 99.
Gallinaria, p. 103.
Galba, p. 177.
Gaurus, p. 232.
Gades, p. 247.
Gange, p. 247.
Gaulois, p. 264.
Gillo, p. 17.
Gyare, p. 25.
Gobbio, p. 263.
Gorgones, p. 271.
Gladiateurs , p. 65.
Glauque , p. 288.
Gracchus , p. 61.
Gracques, p. 52.
H
Heraclite, p. 248.
Hamillus, p. 252.
Hercule, p. 20, 264, 323.
Hebe, p. 284.
Hernicus, p. 302.
Hector, p. 358.
Hécatombe, p. 362.
Hemus, p. 91
Heluidius, p. 133.
Hesperides, p. 137.
Hedimeles, p. 171.
Hystoire , p. 60.
HispuUa, p. 160, 362.
Hirpinc, p. 211.
Hippone , p. 215.
Hirrus , p. 252.
Hippia, p. 162 . 254.
Hylas. p. 39.
Hister Pacuuius , p. 56.
Hyacinthes , p. 163.
Hippomanes , p. 164.
Hierusalem , p. 176.
Horace, p. 19.
Horat. Codes , p. 221
Homère , p. 287.
Hollandois , p. 348.
Huistres , p. 212.
lanus , p. 171.
Ibis, p. 313.
Icare, p. 21.
Jeux du cirque, p. 266.
leux lupercaux , p. 64.
lUirie. p. 349.
lo, p. 174.
Isaeus, p. 90.
Isis, p. 173.
Isle de Siene, p. 265.
Iphigenie , p. 273 , 363.
lurements, p. 59.
luberne, p. 68.
luifs, p. 164.
lup. Ammon , p. 176.
lup. Capitolin, p. 272.
lunon , p. 319.
Latinus , p. 158.
Lanterne de Venuse, p. 19.
Labyrinthe , p. 21.
Laurentum, p. 30.
Latina via, p. 40.
Larronia, p. 54.
Lac Lucrin, p. 121.
Laufella, p. 169, 235.
471 —
Lac de Velabre , p. 178.
Laureolum , p. 216.
Ladas, p. 286.
Lesbie , p. 157.
Lentulus , p. 162, 253.
Lepidus, p. 167. 209.
Ijeucade , p. 219.
Lestrigonse , p. 372.
Lenas, p. 135.
Lycisca, p. 164.
Licinus, p. 30, 252.
Libitina, p. 274.
Limites, p. 375.
Lyde, p. 64.
Liburnie , p. 101, 116.
Locusta , p. 25.
Loy Iulia, p. 53, 158.
Loy Pappia, p. 234.
Lucille, p. 35.
M
Mars, p. 9, 53 , 63 , 337.
Matthon , p. 16.
Marc. Regulus , p. 16.
Massa, p. 16.
Marins , p. 18.
Mariages d'homes , p. 26, 64.
Marcelles , p. 66,
Manilia, p. 166.
Macheraî, p. 192.
Mamerques , p. 216.
Marsyas , p. 231.
Marais deMinturnes, p. 253.
Marse, p. 302.
Maeuia, p. 15.
Media, p. 94.
Metellus, p. 95, 167.
Meleagre, p. 136.
— 47-2 —
Megalesia, p. 159.
Mœnades, p. 169.
Meroë, p. 175 . 288
Medée, p. 179.
Mercure , p. 211.
Mentor, p. 213.
Menalippe, p. 218.
Mœsie, p. 235.
Messaline, p. 255.
Méduse, p. 271.
Menecœus , p. 302.
Mer Adriatique, p. 332.
Mer loniene, p. 338.
Maecenas , p. 24, 346.
Medie, p. 346.
Milon, p. 52.
Mysipsa, p. 134.
Milet, p, 168.
Mytridate, p. 180, 253.
Myrrhon , p. 213.
Myltiade, p. 250.
Minerue, p. 271.
Missene, p. 274.
Myrrhina, p. 336.
Milon Grotoniate , p. 354.
Mont Esquilin, p. 89.
Mont Girce, p. 121.
Mont Setin, p. 133.
Moyse, p. 302.
More, p. 328.
Monychus, p. 13.
Mont Alban, p. 362.
Mut. Scœuola, p. 35.
Mugilis, p. 254.
N
Nata, p. 212.
Naples, p. 253.
Nassa, p. 274.
Narcissus , p. 305.
Naufrage , p. 371.
Néron , p. 118.
Nestor, p. 169, 252.
Niobe , p. 165.
Nil, p. 284, 321.
Numa Pompilius , p. 83.
Numitor, p. 212.
Numidie , p. 333.
Nurscia , p. 355.
O
Ogulnia, p. 341 .
Occean, p. 357.
Olynthe, p. 272.
Ombos, p. 372.
Opobalsame , p. 54.
Oreste, p. 8, 304.
Orgie, p. 58.
Oronthe, p. 88.
Orchestra , p. 193.
Orcades , p. 326.
Osiris, p. 176.
Ostia, p. 273, 360
Othon, p. 59.
Patrices , p. 15.
Pallants , p. 30.
Paix, 31, 322.
Pauls , p. 66.
Papyrus, p. 112.
Palfurius , p. 114.
Paris, p. 163.
Palœmon, p. 172.
Pan, p. 193.
— 473 —
Pacuuius , p. 273.
PacLolus, p. 304.
Palus Mœotides, p. 332.
Parques , p. 235.
Parthes , p. 342.
Paulus, p. 344.
Parthenius, p. 362.
Petteumate, p. 265.
Petaurum, p. 303.
Pégase, p. 93.
Persicus, p. 100.
Pegasus, p. 116.
Paean, p. 165.
Petosiris , p. 177.
Peribomius, p. 51.
Pénélope , p. 55.
Phaeacie, p. 137.
Pharos, p. 162.
Phalerne, p. 164.
Phalaris, p. 173.
Phalae, p. 178.
Phaisants, p. 265.
Pholus, p. 272.
Pheecasiani , p. 100, 331,
Pyrrhus, p. 273.
Pisa, p. 286.
Pythagore, p. 100, 374.
Pylades, p.
Pygmœes, p. 342.
Pyerides, p, 113.
Pison, p, 135.
Pittacon. p. 49.
Polyclete, p. 99.
Pompeius , p. 118.
Pollio, p. 171.
Poppaeanum , p. 173.
Pontia, p. 179.
Poplée, p. 195.
Pots de terre, p. 264.
Pouille, p. 332.
Pùlixene , p. 358.
Proserpine , p. 285.
Promethée, p. 120, 214, 373.
Prêteurs, p. 28, 329.
Preneste, p. 330.
Proculeius , p. 17.
Praetexta, p. 26.
Pbretres de Minerue, p. 58.
Prochyte , p. 82.
Protogenes, p. 93.
Proseuca, p. 103.
Priape, p. 169, 170.
Progné, p. 179.
Pseca, p. 173.
Pub. u^Egnatius , p. 92.
Pansa, p. 212.
Parrasius, p. 213.
Parricides, p. 217.
Parques, p. 235.
Phylomela, p. 196.
Phasma clamosum , p. 216
Pharsale , p. 219.
Phyale, p. 252.
Paul .'Emile, p. 209.
Pedo, p. 197.
Picus, p. 214.
Pierre ponce, p. 210.
Plancus, p. 211.
Porte Idumée , p. 215, 350.
Porte Gapene , p. 83.
Pollio Greperius, p. 231.
PoUio, p. 261.
Pompée, p. 250 , 253.
Proculeius, p. 196.
Q
Quinquatres, p. 250.
Quintillien, p. 347.
— 474 —
R
Rauola .p. -231.
Rhodes, p. 168, 348.
Rhinocéros, p. 197.
Romulus, p. 223.
Rhemus, p. 223.
Rhodopes , p. 231.
Rhadamanthe , p. 288.
Rhin , p. 350.
Rubete, p. 25.
Rubinius, p. 118.
Rutupinus, p. 121.
Rutuliens, p. 179.
Rubren-Lappa, p. 195.
Rutilus, p. 301.
Sarmatos , p . 47,318.
Samotrace. p. 96.
Sarmentus, p. 130.
Sagunte, p. 132,
Saleius , j). 195.
Saintonge, p. 214.
Sabines, p. 254. 338.
Samos, p. 328.
Sardoniche , p . 344.
Salamine, p. 357.
Sardanapale, p. 359.
Setin, p. 248.
Seian, p. 248.
Seleucus, p. 252.
Seruilie, p. 254.
Sesterce , p. 28.
Semiramis, p. 60.
Syrophœnix, p. 215.
Sirènes , p. 235.
Sylus, p. 255.
Signum, p. 264.
Sisiphe, p. 285.
Sistrum, p. 286.
Simplegades , p. 314.
Sira, p. 328.
Sicambres, p. 334.
Scythie, p. 335.
Sicile, p. 135.
Scipion , p. 165.
Seneque, p. 135.
Sybaris, p. 168.
Seriphe, p. 177.
Seranus, p. 195.
Seruius TuUius, p. 199.
Simpuuium, p. 170.
Sillanus, p. 310.
Sora, p. 100.
Sophocle , p. 179.
Socrate, p. 199.
Scipion Nasica , p. 95.
Sylla, p. 13. 52.
Sybille, p. 81 . 349.
Sicyone , p. 89.
Sostrate, p. 252.
Selon, p. 253.
Soleil , p. 371.
Sporus. p. 24.
Scantinius . p. 54.
Scaurus, p. 53.
Sloiciens,, p. 56.
Stratocles, p. 91.
Subligar, p. 160.
Suiino, p. 1()5.
T
Tablettes de cire , p. 24.
Tage, p. 87.
Tarpeie, p. 158.
475
Tarente, p. 168.
Tanaquil , p. 177.
Térée, p. 192.
Terpsicore, p. 193.
Terent. Varron, p. 266.
Telephus, p. 8.
Thraseas , p. 133.
Thésée, p. 20.
Tatius, p. 369.
Tentyra, p. 373.
Thyle, p. 315.
Thaida, p. 91.
Trechedypna, p. 328.
Thraces, p. 171.
Theod. Gadareus , p. 347.
Thermes, p. 360.
Tygimn,p. 35.
Tygre, p, 316.
Titan, p. 349.
Thersites, p. 222.
Thrasimacus , p. 199.
Themistocle, p. 250.
Themison, p. 252.
Thebes, p. 283.
Thaïes, p. 288.
Thiresias, p, 289.
Tyr, p. 16.
Toga, p. 28.
Togatae, p. 7.
Truye d'Albe, p. 165.
Trasille, p. 177, 249.
Trabea, p. 220.
Trabaca, p. 252.
Tragenes, p. 285.
Tullus Hostilius, p. 22(1.
Tribuns, p. 29.
Turnus , p. 59.
V
Vatinius, p. 134.
Vagellus. p. 320.
Vestinus , p. 302.
Vertu, p. 31 , 322.
Vent du midi , p. 333.
Verres, p. 52.
Venus, p. 53.
Vestale, p. 111.
Vesta, p. 115, 342.
Veiento, p. 119, 120.
Venafran , p. 134.
Ventidius . p. 198.
Ulabre, p. 249.
disse, p. 233, 252, 304.
Victoire, p. 31, 322.
Virro, p. 134, 232.
Vindex, p. 222.
Virginie, p. 254.
Volsinium, p. 331.
Voleses, p. 215.
Umbrice, p. 81.
Urna, p. 283.
Ubicus, p. 160.
Vulcain, p. 222, 364.
X
Xerces, p. 251 .
Xerampelinas , p. 343.
Z
Zélates , p. 68.
Zenon, p. 374.
MOTS DIFFICILES DE JVVENAL
SATYRE I
Reponere, rendre la pareille.
Vacuiis, qui s'enroue a force de
reciter.
Consumere diem , faire perdre le
tems.
Ingens, long.
Summus , ecript de tous cotés.
Unde , de quel pays.
Clamare , retentir.
Conuulsus , qui s'arrache a force
de crier.
Assiduo lectore , par la presse des
auditeurs.
Altum dormire, goûter un pro-
fond repos.
Priuatus , éloigné des charges
publiques.
Stulta clementia, sotte bonté.
Parcere, épargner.
Campus , lice, carrière.
Flectere , guider.
Si vacat, s'il vous plait de m'en-
tendre.
Edere, dire.
Tener, lâche.
Venabulum , epieu.
Figere , percer de ses traits.
Nudâ mamniâ , la gorge decou-
uerte.
Cum , auiourduy que.
Prouocare opibus, être plus riche.
Barba grauis , poil incomode.
Sonare , tomber.
Verna , esclaue.
Reuocare humero , redresser d'un
coup d'épaule.
Lacerna , manteau de pourpre.
Ventilare , tourner entre ses
mains.
Iniquus , corrompu.
Quis tam patiens , qui est ce qui
peut soufrir auec patience.
Ferreus , insensible.
Tenere se , ne murmurer pas.
Comesus , qu'on a comencé de
ronger.
Palpare munere , tacher de gai-
gner par les présents.
Trepidus, qui craint.
Nodibus , par un seruice rendu
de nuit.
Vesica, passion amoureuse.
- 'f78 —
SuriDiius processus, agrandisse-
ment.
Via oplima , le moyen le plus
seur.
Beatus , riche.
Unciola, la douzième partie.
Inguem , plaisir.
Rhetor, orateur.
Ad, deuant.
Quid referam, que sert il de vous
dire.
Grèges comitum , équipage.
Prostajis , abandoné.
Premere , embarasser.
Diis iratis . malgré les dieux.
Victrix, quoyque victorieuse.
Plorare , gémir.
Venusina lucerna, style d'Horace.
Agitare , reprendre.
Leno , mary commode.
Bonum , prix.
Doctus , qui scait.
Spectare , regarder.
Lacunar, plancher.
Stertere, dormir, ronfler.
Donare bona pr,vscpibus , dissiper
son bien en cheuaux.
Peruolare cuve , se faire traîner
sur un char.
Citatus , loger.
Tenere lora , auoir les renés en
main.
Se iactare , s'abandoner aux
caresses.
Lacernata amica , gar(;on.
Cerx capaces , volumes entiers.
Quadriuium , carrefour.
Sexta cervice , a six porteurs.
Païens , qui se fait voir de toutes
parts.
Ref'erre , espérer.
Signator falso , faussaire.
Lauiiis, hcalîts, riche.
Exiguœ tabules , testament sup-
posé.
Gemuia , cachet.
Potcns , riche.
Mollis , delitieux.
Rubeta , venin de crapaud .
Instituere , aprendre.
Melior, plus habile.
Propinqua , amie , voisine.
Per famam el populum , sans se
mettre en peyne de ce qu'en
dira le monde.
Efferre aliquem . se deffaire de
quelqu'un.
Niger, noir a cause du poison.
Velle esse aliquis, vouloir s'eleuer
a quelque rang considérable.
Audere , entreprendre.
Alger e , auoir froid.
Prxtorium , palais.
Uormire , être en repos.
Nurus , belle fille.
Pr.etextatus , enfant qui n'a pas
encore quitté la robe.
Ex qno , depuis que.
Nimbus , orage.
Nauigium , arche.
Poscere sortes, consulter l'oracle.
Mollis , amolli.
Galère , se chauffer.
Discursus , ambition.
Farago, matière confuse, mêlée.
Copia wtenor, plus grand nombre.
Aléa , ieu.
Loculus , bourse.
Ludere positd arcd , iouertout son
bien.
479 —
Armiger, ecuyer.
Simplex, grand , étrange.
Horreîis , qui meurt de froid.
Cœnare fercula septem , souper a
sept seruices.
Turbo togata . les premiers dp la
ville,
Trepidare, craindre.
Venire suppositiis , se présenter
sous le nom d'un autre.
Prsco , crieur public.
Vexare lirnen , être assidu a la
porte des grands.
Mollis , petit.
Taberna , maison
Quadringenta parajr , porter
10000 ecus de reuenu.
Honor sacer, tribunal
Conductus, qui n'est pas a quel-
qu'un.
Pedibus albis , a pied.
Nuper, depuis peu.
Quandoquidem , car.
Summus honor, ceux qui pos-
sèdent les premières charges.
Computare , mettre en ligne de
compte .
Ratio, reuenu.
Comités , pauures.
Densissimus , tout plein.
Lectica, litière.
Languidm, malade.
Sella , litière.
Meiere, salir.
Cliens, amy.
Veteres , qui sont la depuis long
tems.
Rex, riche.
Vacuis toris , seul a table.
Optima , les mets les plus e.Kquis.
Or bis . plat.
Lattis, vaste.
Utiâ mensâ , dans un seul repas
Ferre , supporter.
Luxurix sordes, profusion infâme.
Quanta gula , quel excès.
Totus , entier.
Sibi ponere , se faire seruir.
Turgidus , fou.
Balneum, bain.
Hinc , de la vienent.
Fabula noua , nouuelle .
Funus plaudenduni , funérailles
qu'on regarde auec plaisir.
Ducere, faire.
Iratus , a qui on n'a rien laissé.
Mores , crimes.
Prseceps , dernier excès.
Stetit, est paruenu.
Uti velis , aler a toutes voiles.
Tntos pandere sinus , doner car-
rière a la satyre.
Siinplicitas , naiueté , facilité.
Animus flagrans. auec plaisir et
liberté.
Ignoscere , pardoner.
Dictum , raillerie.
Ponere, nomer.
Fumare fixo gutture, être em-
pallé.
TsBda , feu.
bave aconita , empoisoner.
Pensilis , suspendu.
Venire contra , se présenter.
Compescere labellum digito , n'ou-
urir pas la bouche.
Securu^ , en toute seurete.
Comittere, faire quereler.
— 480
Nulli grauis , qui ne fait mal a
persone.
Percussus , vaincu.
Urfia , cruche.
Velut , toutes les foix que.
Ensestricto , la plume a la main.
Ardens, en colère.
Frigida mens criminibus , home
noircy de crimes.
Tacitus , segrei.
Prœcordium , remords, souuenir.
Volutare animo , repasser dans
sa mémoire.
Galeatus , soldat armé de toutes
pièces.
f)i , contre.
SATYRE 11
JJe moribus audere , déclamer
contre l'incontinence.
Gypsus , portrait de plâtre.
Horiim, entre eux.
Artstoteles similis , statue d'Aris-
tote.
Archetypus , original.
Pluteus , cabinet.
Frons , visage.
Abundarc , être plein.
Tristis , sérieux.
Obscenus , qui vit dans les plai-
sirs honteux.
Castigare turpia, faire le seuere.
Sela, poil.
Leuis , sans poil.
Atrox animus , vie austère.
Tumida marisca , tumeur du
sang.
Libido , désir, passion.
[ncessus , démarche.
Simplicilas, franchise.
Dare veniam, excuser, mériter le
pardon.
Furor, nécessite.
Peior, plus coupable.
Quo , par quel endroit.
Inuadere, attaquer.
Loqui de virtute , protéger la
vertu par des discours étudiés.
Ceuens, qui ayme les femes.
Verere , auoir du respect.
Loripes , boiteux.
Tabula, proscription.
Reclus , qui ne chancelé pas.
Miscere cœlum terris et mare cœlo,
s'indigner.
Dicere in , blâmer.
Qualis , tel.
Reuocare , remetre en usage.
Amarus , dont la seuerité done
de la crainte.
Timendus , redoutable, fâcheux-
Gum , encore que.
Soluere vuluam , se faire avorter.
Similis . qui a l'impression des
traits.
ûlfa , pièce de chair.
Vitici uUima, les plus, perdus.
Castigatus , censure.
4.^1
We»io?Y/f?"t',c()nuaincre des mêmes
defïauts.
Clamare, s'écrier a iuiule voix.
Mores , crimes.
Opponi moribus , naitre ])our la
reformation des mœurs.
Habere pudorem , rougir de
honte.
Opobalsamiim , parfum.
Hirsiitvs , qui se iierisse.
Dominus tabernœ , parfumeur.
Vexare leges ac iiira, apeler a son
secours l'autorité des loix.
Deffenderc , mètre a couuert.
Umbo , bouclier.
Mollis , efféminé.
Concordia, intelligence, accord.
Siibire iuuenes , tenir la place de
feme et de mary.
Subire , aprocher , agendo et
patiendo.
Morbiis uterque , double dé-
bauche.
Mouere strepitu , faire retentir.
Ludari, faire le métier de gla-
diateur.
Colyphia , pain des pugiles.
Trahere lanam , filer la laine.
Yellus peraclum- , peloton.
Calathus, corbeille.
Torqiiere fiisum , tirer le fiUet de
la quenouille pour en grossir
le fuseau.
Leuius , plus délicatement.
Pellex horrida, vieille seruante.
Codex , banc.
Cur, pour quelles considérations.
Implere tabulas, être l'héritier
uniuersel.
Cylindrus , perles , bien.
Tnstis senle)iiia, iugement se-
uere.
Dare veniam , épargner.
Trepidus , cimfus.
Mullilia, robe de soye.
Perorare , déclamer.
hilius ardet, il fait chaud.
Agere midis , aler tout nud.
Ferre leges, administrer la iustice.
Proclamare, dire.
Crudus , récent.
Acer, qui doit obseruer rigou-
reusement les règles de la
bienséance.
Indomitus , insensible aux atta-
ques de la volupté.
Magister libertatis , qui dispose
de la vie et de la liberté des
homes, partisan de la liberté-
Gontagio , comerce, mauuais
exemple.
Totus , entier.
In agris , a la campagne.
Gadere , se corrompre.
PoîTïga, teigne.
Ducere liuorem , se gâter.
Quandoque , quelque iour.
A inictus , mollesse.
Tiirpissimus , qui est tombé dans
le dernier excès.
Accipient tepaulatim, vous vous
meleres parmy ceux.
Redimiciilum , coiffure.
Momie , collier de perles.
Abdomen, ventre.
Tener, ieune.
Sinister, nouueau.
Exagitalus, chassé.
31
482
Ara , temple.
Ile , retires vous.
Tibicina , ioueuse de cornet.
Colère, célébrer.
T.vda secrcta , dans l'obscurité de
la nuit.
Ille, ille, les uns et les autres.
Producere , coucher.
Fuligo madida , suye mouillée.
Attollere oculos trementes , siller
les yeux.
Reticulum , coiffe de reseuil.
Indutus , paré.
Scutulata , du linge ouuré.
Galbina rasa, étoffe rase.
Minister, esclaue.
Pathicus , efféminé.
Historia recens, histoire de nos
iours.
Sarcina , partie du bagage.
Nimirum , aussy.
Constantia , marque de valeur.
Spolium palati , la dépouille de
l'empire.
Affedare, souhaiter auec ardeur.
Panis , fard.
Orhis , roiaume.
Carina Actiaca, bataille d'Ac-
tium.
Hic, entre eux.
Pudor, retenue.
Heiierenlia , considération , mo-
destie.
Turpis Cijbeles , la licence des
pbretres de Gybele.
Fracta vox, voix efféminée.
Phanaticiis, semblable aux pbre-
tres gaulois.
Sacrorum antistes, grandpbretre.
GutUir, gourmandise.
Maqixler vonducendvs , digne
d'être imité.
Cornicinus , loueur de cornet.
JEs rectum , trompeté.
Signala tabula, contract de
mariage.
Ingens cœna, grand nombre d'in-
vités.
Proccres , les premiers de la ville.
Horrere, être plus surpris.
Monstrum, prodige.
Edcre, enfanter.
Segmentum, habit de feme.
Longus , efféminé.
Scilicet, eh quoi.
Sacra nutantia , le secret et la
durée de cet empire.
Tradi, se prostituer.
Lorum, courroye, lien.
Arcanus , caché.
Urtica, abomination, impureté
Tangerc, prendre son origine.
Tradi, être doné en mariage.
Clarus génère, d"une naissance
illustre.
Galeam quassare, s'emporter.
Cîispis , lance.
Ccdcrc, abandoner.
Primo sole , des la pointe du
jour.
Causa officii , raison pour rendre
seruice.
Multos adhibere, fuir la présence
de trop de gens.
Lireat viuere , si nous viuons
encore quelque tems.
In acta refende, faire enregistrer.
Tormentum , inconuenient.
— 483
Hœrere , se présenter.
Retinere- marilos , se conseraer
l'amitié d'un mary.
Non indulgere , ne doner aucun
pouuoir.
Pixis, boete, remède, enchantc-
tement.
Turgida, grosse, vilaine.
Tunicatus , en habit de gladia-
teur.
Fuscina , iauelot.
Podium , galerie.
Mânes, enfers.
Contus , perche des mariniers
pour sonder l'eau.
Ctjmba , barque.
Humidus, arrosé d'eau.
Arma proniouere , étendre ses
conquêtes.
Mollior, plus etleminé.
Sese indulgere , s'abandoner.
Ardcns, épris d'un amour infâme.
Indulgere , s'abandoner.
Mittere , quitter.
BraccsB, sayc , arme.
Frenum, bride.
SATYRE III
Confus us , affligé.
Destinare , résoudre.
Sccessus , retraite.
S3SUUS , dangereux.
Conslituere , doner rendez-vous.
Guphinus . panier d'osier.
Supellex, meuble.
Fœnum, botte de paille.
Mcrcedem pendere , porter du
reuenu.
Populus , Romains.
Verus , naturel .
Margo , mousse.
Vnda , fontaine.
Tophus , pierre couuerte de
mousse.
Ingéniais, naturel.
Quando , puisque. '
Ars honesia, honête exercice.
Exiguus , modique.
Subire , appuyer.
Cedere patria, quitter son pays.
Dum noua canilies , pendant que
mes cheueux ne font que
blanchir.
Eluuies , egout, cloaque.
Buslîim , tombeau.
Cornicen , loueur de cornet.
Arena municipalis , amphyteatre,
petite ville.
Munera edere , doner le spectacle
d'un combat de gladiateurs.
Populariter, auec les applaudis-
sements du peuple.
Conducere , traiter.
Forica , lieu couiun.
Mandare, doner des ordres.
Fur, adultère.
Conscius, confident de quelque
crime.
Msiuat , est en suspens.
Feruens , impatient.
48^
Conferre, iaire des présents.
Ponendus , qu'il faut rendre.
Acceptissimus , bien venu.
Qiiotus , petit.
lam prideni , il y a long tenis.
Gentilis , barbare.
Lupa , infâme putain.
Pictus , couuert.
Mitra ^ ornement de tète.
Collum ccromaticum , le col
mouillé de l'huyle des atbletes.
Viscera macjnarum dotniium, con-
fident des secrets des maisons
des grands.
Ingenium velox, esprit subtil.
Audacla perdita, hardiesse effron-
tée.
Torrentior, plus véhément.
Edere , dire.
Putare , vouloir.
Schœnobates , danseur de corde.
Ad siDiimam , car, au reste.
Signare , signer les actes publics.
Torwn , sable.
FuUus, appuyé.
Haurire cœlum, viure sous le ciel.
Anguslus , enroué.
Sonare, chanter.
Melior, plus adroit.
Sustincre , faire le personage.
Cachinnwn , ris démesuré.
Tempore brumx, durant l'hyvcr.
Endromis , robe de chambre.
Rectum meierc , aller souuont a
celé.
Leuis, qui n'a pas encore de la
barbe au menton.
Resupinarc, bouleuerser.
Abolla, manteau de phylosophc.
Gijmnasium, académie des phylo-
sophes.
Partiri , partager la iaueur de
quelqu'un.
Clicns , bon seruiteur.
Glaudere latm, marcher a coté.
Paropsis, plat.
Lacerna, robe.
Consutum vulnus, trou fermé.
Linum , fil.
Cicatrix^ trou.
Fornix, bordel, comerce honteux.
Prxco, crieur public.
Nilidus , riche.
Pinnirapm, gladiateur.
luuencs , fils.
Cititus, riche.
Sarcinula, dot.
Hospitium, maison.
Venter, seruice , depençe.
Cœniila, petite table , repas.
Cuciillus, cape.
Maies tas, solemnité.
Theatrum herbosum, gason.
Exodium, farce.
Notus , attendu.
Pulpita, bancs.
Hiatus, visage.
Habitus , place.
Velamen honoris , marque de
dignité.
Nitor, luxe , propreté.
Aliéna arca , aux dépens des
autres.
Satutarc , parler, voir.
Liba, présents.
Acciperc, soufrir sans se plaindre.
Fermcntuui, subiet d'une iuste
indignation. Fcrmentxnn a fer-
mento quod intumescit.
4«0 —
Promis, sur le haut d'un rocher.
Tibicen , pillier.
Villicus , controlleur des bâti-
ments de la ville.
Contexere, enduire.
Hiatus, ouuerture.
Friuola, les plus chetifs meubles.
Tabulatum, plancher.
Trepidari, se brûler.
Gradus primus, premier étage.
Tegula, toit.
Molles, tendres.
Urcealus, cruche.
Abacus , bufifet.
Cantharus, vase a anses.
Gista, armoire.
Pullatus , habillé de deuil.
Vadimonium, audience.
Conferre impensas , ayder de sa
bourse.
Ornamentum, statue.
Fondus, armoire propre a mètre
des liures.
Médius, qu'on doit mettre au
milieu.
Modius, muyd , boisseau.
Orbus, qui n'a ny feme ny
enfants.
Conducere, doner.
Breuis , qui n'est pas profond.
Restis^ corde.
Jmperfectits, qui n'est pas digéré.
Meritorium, maison de louage.
Ardus infiexus, passage étroit.
Unda , foule.
Asser, barre.
Metreta, vase.
Pinguis , salli .
Gulina , batterie de cuisine.
Venlilare , soufler.
Sartus , appier-é.
Sarracum, litière.
Coruscare , chanceler.
Fundere, renuerser.
Domiis, famille.
Pueri, valets.
Noiiitius, nouueau venu.
Gurtiis, mutilé.
Silex, caillou.
Ignauus, mal auisé.
Subili casiis improuidus , igno-
rant du péril qui le menace.
Fatum, mort.
Peliiis , pot a pisser.
Petulans , querelleux.
Cauere, n'auoir garde de s'en
prendre a quelqu'un.
Lsena coccina, manteau d'ecarlate.
Temperare , ménager.
• Filum , mèche.
Proœmium, comancement.
Si rixa est, si l'on doit apeler
seulement combat.
Stai'e, s'arrêter.
Concha, feues , légumes.
Tumescere, s'enfler., manquer.
Veruex, mouton.
Elixus , bouilly.
Porrum sectile , feuilles de pour-
reau.
Consistere, habiter.
Proseucha, quartier de gueu.x.
Tantumdem est, tout cela est la
même chose.
Vadimonium, information.
Compago, cadenas.
Grassator, brutal.
Viuarium, lieu de retraite.
i8C) —
Modus , quantité.
In vinclis, pour faire dos cliaines.
Marra, soc.
Sarculiim, bêche.
Mulio, cocher.
Adnuere, auortir.
lieftci . se divertir.
SATYRE IV
Vocari ad parles , tenir sa place.
jEger, foible d'esprit etde corps.
Decere , faire honeur.
Boni , gens de bien.
Mulltis, poisson.
Sestertia , le poids de 1 argent
qu'il a coûté.
Artifex, fourbe.
Cera, légat.
Ratio uUerior, a plus forte raison.
Antrum, litière.
Specularia , glaces.
SqiianM, écaille.
Induperator , empereur.
Ructare , engloutir , deuorer ,
dépenser.
Scurra, boutfon.
Mimiceps, de son pays.
Lacerare , gouiierner.
Semianimus, languissant sous sa
tyrannie.
Spatimn rhombi, un poisson
d'énorme grandeur.
Incidere, paroitreou tomber dans
les filets du peschcur.
Sinus, filets.
Minor lixrere, être moins grand.
Operire, couurir.
Soles, rayons du soleil.
Efjfundere, ietter.
Torpens, glacé.
Tardus desidia , engourdy par la
paresse.
Magistercymbx Unique, pescheur.
Proponerc , mettre en vente.
Agere, faire une affaire.
Stridere, régner.
Hiems, les froideures de l'hyuer.
Seruare , pouuoir conseruer et
preseruer la corruption.
Siibii'e,
.Obsistere, fermer le passage.
Ut, des que.
Cedere , se retirer.
Valua, porte.
Obsoma, mets.
Laxare, vuider.
Sagina, viande.
Consunierc, manger.
Palinx mcnsura, un plat asses
grand.
Abollu, robe d'auocat.
Cornes , ministre.
Violcnlius, plus impitoiable.
Impendere vitam vero^ sacryfîer
sa vie pour la défense de la
vérité.
Manere, attendre.
Prodigio par est, cela tient du
prodige.
487 —
Artes patricias, l'adresse des gens
de condition .
Acumen, sage folie.
Barbatiis, qui ignore l'art de se
raser.
Abdoinine tardus, qui a de la
peine a marcher a cause de
l'épaisseur de son ventre.
Sudans, parfumé.
Redolere, embaumer.
Satelles diriis, un infâme men-
diant.
Axis, coche.
Dasia iactare , employer des
basses tlateries,
Sudes, arêtes.
Testa, vaisseau de terre.
Or bis, vaisseau.
Spaliosiis, profond.
Ex hoc lempore, des a présent.
Figulus, potier.
Vêtus hivuria imperii, les dé-
bauches de la vieille cour.
Ardere, être echaufé.
IJsus edendi, adresse a choisir les
bons morceaux.
Tempestate mea, do mon tems.
Ostreum, huitre.
Echiniis, hérisson de mer.
Pi7ina prxcipiti , en diligence.
Cerdo, populace.
SATYRE V
Aluns, ventre.
Inanis, vuide.
Sordes, arêtes.
Far, pain.
Figere primo loco, remarquer en
premier lieu.
Cibus, repas.
Imputare , mètre en ligne de
conte.
Adhibere, inuiter.
Cessare, rester vuide.
Gulcita, carreau.
Summa, fin.
Tigulas dimittere , n'auoir pas le
tems de nouer les aiguillettes
de ses souliers.
Sideribus dubiis, lors qu'a peyne
il est iour.
Succidus, qui n'a pas encore été
laué.
lurgia, querele.
Proludere, comançer.
Torquere, ietter a la tète.
Bellum sociale, ligue.
Cyathus, verre.
Beryllus, pierre précieuse.
Committere aurum, doner a
boire auec des vases d'or.
MAÇON , IMP. PROTAT FRERES.
TABLE DES MATIERES
Pages
LsTHOULLirOX XV
Satihe I. — TeKle latin l
— Remarques 7
Satirk II. — Texte latin 41
— Remarques 47
Satire III. — Texte latin 71
Remarques 81
Satirk IV. — Texte latin 10r>
— Remarques » 111
Satire V. — Texte latin 123
— Remarques 129
Satire VI. — Texte latin 1 39
— Remarques 1 57
Satire VII. — Texte lalin 183
— Remarques 191
Satire VIII. — Texte latin 201
— Remarques 209
Satire IX. — Texte latin 225
— Remarques 23 1
Satire X. — Texte latin • 237
— Remarques 247
Satire XL — Texte latin 257
— Remarques 263
— 49U —
Pages
Satirk Xll. — Te.xto lalin 267
— Remarques il\
Satire XIII. — Texte lalin 27 5
— Remarques "283
Satire XIV. — Texte latin 291
— Remarques 301
Satire XV. — Texte laiin 307
— Remarques 313
Satire XVI. — Texte lalin 317
— Remarques 319
Addition.s aux Remarques. — Satire 1 321
— Satire II 323
— Satire III 327
— Satire IV 332
— Satire V 335
— Satire VI 337
— Satire VII 345
— Satire VIII 348
— Satire IX 353
— Satire X 354
— Satire XI 3GU
— Satire XII 362
— Satire XIII 364
— Satire XIV 368
— Satire XV 372
— Satire XVI 375
Applications des Satires. — Satire I 377
— Satire II 381
— Satire III 385
— Satire IV 393
— Satire V 396
— Satire VI 400
— Satire VII 420
^ Satire VIII 427
— Satire IX 434
— Satire X 43ô
— Satire XI 44 5
— iOI —
Pages
ArPMCATioNs DES S.vTiRKs. — Satire XII 448
— Satire XIII 449
— Satire XIV 455
— Satire XV 461
— Satire XVI 464
Table det; principales matières des Remarques 467
Mots difficiles de .Tuvéïial 477
NOTE DES IMPRIMEURS
Chargés par M. Ménard de l'exécution t idéo-
graphique des deu.r volumes du Cours royal
fait par Bossuet au fils de Louis XIV, nous
avons religieusement respecté l'oiHhographe et la
ponctuation du texte latin, lu par le lecteur
du Prince sur Védition dite Variorum : Juvenalis
et Persiiis f Lugd.-Batav., C. Sckrevel iOli), et
nous avons copié lettre pour lettre le texte
français recueilii sténographia/ uement par tes
scribes dit Louvre et par eux mis au net en
deux volurhes , pour les archives /'o gales.
Cependant aux additions marginales con-
tenant quelques divergeîices orthographiques
foutes personnelles aux scribes , nous avons,
d'accord avec M. Ménard, appliqué If orthographe
fort bien soute7iue et raisonnée de l'ensemble.
Qua7it aux citations latines des Applications,
servant elles-mêmes ds Satires, citations faites
presque toujours de mémoire par Bossuet et
parfois mal saisies par les sténographes , elles
con/enaient certaines di/féî'ences non voulues par
l'évcque de Meaux et capables parfois de nuire à
l'intelligence du texte. Après en avoir conféré
avec M. Ménard, nous a,vons rétabli le texte de
ir>lL
Signalons un erratum sans importance, p. 20^),
lig. 18, lisez : ft y en a qui veulent, et non : Il ij
en a lui veuleîit; et un aut7'e , p. 't'ii , lig. H, au
lieu de incomplètes, lisez : imparfaites.
PROTAT Frères.
PLEASE DO NOT REMOVE
CARDS OR SLIPS FROM THIS POCKET
UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY
PQ Bossuet, Jacques Bénigne
1726 Oeuvres inédites
M46
1881
t.l
••r' '•^i-t.C^îfiM