Skip to main content

Full text of "Oeuvres inédites. Découvertes et publiées sur les manuscrits du Cabinet du roi et des bibliothèques Nationale, de l'Arsenal, etc."

See other formats


a  r  V 


'AD 


OEUVRES    INÉDITES 


DE 


J.-B.  BOSSUET 


MACOW,    IMPRIMERIE   TTPOOEAPHIQUE  BT    LITHOGRAPHIQUE    PROTAT   PROBES 


l/.Myaud  /Miu-i^r  ,lu  l. 


i3  1^  O  O  L,'  r^  i 

Dans  son  cabinet  de  travail  au  Louvre 
(Aujounj]Jiui  salle  des  Dievut.  antiquités  orientales  5.) 


ŒUVRES  INÉDITES 


DE 


J."B- 


DÉCOUVERTES  ET  PUBLIÉES 


MANUSCRITS  DU  CABIXET  DU  ROI  ET  DES  BIBLIOTHÈQUES 
NATIONALE,  DE  L'ARSENAL,  ETC. 


Auguste- Lotis    MEiNARD 


T  O  M  E       J 

LK 

COURS  ROYAL  COMPLET 

SUR 

JUVÉNAL 

PARIS, 
LIBRAIRIE    DE    FIRMIN-DIDOT    et    0% 

IMPRIMEt'RS    DE   l'iNSTITUT,    RUE   JACOB,    56. 

1   881 
Vous  droits  réservé». 


/àr/ 

CI 


A  M.  JULES  GREVY 

PRÉSIDENT     DE     LA     KÉPLHLIQUE     FRANÇAISE 


AU  REPRESENTANT  DE   LA    FRANCE   NULA  ELLE 

CETTE  OKLVRE   RETROUVÉE 

DUN    DES    PLUS   GRANDS    GÉNIES 

DE  L'ANCIENNE   FRANGE 

EST    DÉDIÉE    RESPECTUEUSEMEX 1 

PAR  LES  ÉDITEURS. 

AuGrsTE-Lofis  MENARD.  FIRMIN-DIDOT. 


LKS 

SEIZE  SATIRES  DE  JUVÉNAL 

LUES   AU   FILS   DE  LOUIS   XIV 

PAR    CORDEMOY,    sox    lkctkur  . 

COMMENTÉES    ET    APPLIQUÉES    AUX    MŒURS    DU    SIÈCLE 
p\R  BOSSUET.   SON  précepteur. 


AYEC  LA  TABLE   DES  MATIÈRES  ,  LE  VOCABULAIRE  DES 
MOTS  DIFFICILES  .  ETC. 

PAR    HUET.    SON'    SOUS-PRÉCEPTEUR. 


INTRODUCTION 


Le  25  mars  1876  ,  dans  un  ancien  manoir  abbatial  voi- 
sin'des  ruines  du  château  de  Richelieu,  des  ignorants 
trouvent ,  avec  d'autres  livres  et  papiers  précieux  ,  deux 
volumes  manuscrits.  Ils  me  les  font  voir.  Je  les  examine  ; 
j'en  pressens  l'intérêt  immense,  je  leur  olîre  de  les  acheter 
et  ils  me  les  vendent. 

Que  contenaient-ils  donc?  —  Une  Traduction  vivante 
de  Juvénal  et  de  Perse  disséminée  dans  le  commencement 
des  Remarques  et  dans  un  traité  des  Mots  difficUes ,  lors- 
qu'elle manque  à  ['Interprétation;  des  Commentaires 
mythologiques,  historiques,  littéraires  et  philologiques; 
tout  un  trésor  ^ï Applications  politiques ,  philosophiques  et 
morales. 

Parfaitement  reliés,  velus  d'un  beau  vélin,  le  Juvénal 
moucheté  de  rouge  sur  la  tranche ,  surmonté  d'une  croix , 
ces  deux  superbes  in-quarto  de  896  pages  m'intriguent.  Je 
dévore   quelques  passages   :   le  style   du  grand   siècle  me 


XVf 

sai<.il  ;  je  fcuillelto  ,  j'aperçois  la  dale  1G84  :  un  frisson  de 
plaisir  d'archéologue  nie   passe  sur  le  cœur  :  je  lis .  et  je 
retrouve  des  membres  de  phrase  de   loraison  funèbre  de 
Condé  .  ([ui    leur   est   postérieure.    Une  idée  me   traverse 
alors  l'esprit  ;  «  C'est  du  Bossuet  inédit  !  »  Je  tourne .  je 
retourne  cette  admirable  interprétation   de  Juvénal  et  de 
Perse  :  soudain  je  découvre  dans  la  pâte  du  papier  le  fili- 
grane du  roi.  je  distingue  les  LL  couronnés^  enguirlan- 
dés  de  fleurs   de  Us.   Mais,  pensai-je,  cela  provient  des 
Archives    royales    et    a    dû    servir    à    l'instruction    d'un 
membre  de  la  famille  royale.  Or.  à  cette  époque,  Bossuet 
était  précepteur  du    fils  de  Louis  XIV  :   voyons  donc  sa 
lettre  à  Innocent  XI  .  dans  laquelle  .  sur  la  demande  de  ce 
pape,  il  rend  compte  de  l'éducation  de  son  royal  élève  : 
«   Il  faudrait,  m'apprend-elle  .  faire  un  gros  volume  pour 
«  rapporter  tontes  les  Remarques  que  nous  avons  faites 
<f  ensemble    sur    chaque  auteur.   »   Je    me   rappelle  que 
Juvénal  et    Perse    ont   fait    partie    de    l'Explication    des 
Autheurs  (1),  et  que  La  Fontaine  (lettres  à  sa  femme  )  a  fait 
cette  description   de  notre   défuul  chàleau  de  Richelieu  ; 
«  Il  est  plein  des  originaux  des   Titien .  des  Poussin  .  des 
«  Michel-Ange...    plein  de  nos  rois  et  de   nos  reines,  des 
u  grands  seigneurs,  des  grands  pei-sonnages  de  France   : 
«  enfin ,  c'est  V histoire  de  la  nation  que  ce  cabinet  ! . . .   « 

Cette  lecture  achève  donc  de  m'éclairer  ;  ces  deux  pré- 
cieux manuscrits  ont  passé  des  archives  du  Louvre  à  la 
bibliothèque  de  Richelieu.  En  effet ,  le  uianiuisd'Hierville, 
auteur  du  Chartrier  français,  et  M.  Saige ,  des  Archiver 
nationales .   me   renseignent  dans   ce  sens  :  la  signature 

•1)  i   Privilège  Ju  Hoy   Louis..,  à  Léoii.-ird...    .•Vutlieurs  pour  l'Instructii'ii  <le  uolre  flls... 
Juiénaltt  PtTêt      Juvenalii.  I G  fi  k,  aux  armes  du  Roi.  B  Sat    13C'. 


XVII 

B.  Compaing.  scrip.  (scripsit)  qu'on  devine,  quoique 
grattée ,  sur  le  vélin  de  Perse  ,  et  qu'on  retrouve  in  extenso 
au  bas  de  deux  satires,  est  celui  de  Bourse  trouvée  de 
Compaing ,  gentilhomme  de  Touraine ,  capitaine  des 
gardes  du  Louvre  et  Scribe  du  Dauphin.  Il  fit  recueillir 
sténographiquement  par  les  divers  copistes  (il  y  a  quatre 
sortes  d'écritures  dans  nos  manuscrits)  tout  le  cours  oral 
de  Bossuet.  Il  acheva  lui-même  la  mise  au  net  des  trois 
dernières  satires  de  Perse ,  contenant  comme  les  autres , 
d'ailleurs,  des  répétitions  du  même  mot,  de  grosses  fautes 
de  sens,  qu'un  auteur,  même  médiocre,  ne  peut  faire,  de 
ces  méprises  homophoniques  qu'un  sténographe  ou  copiste 
n'évite  jamais  ;  peut-être  conserva- t-il  chez  lui  ces  volumes, 
de  même  que  le  valet  de  chambre  de  Fénelon  s'appropria  le 
Télémaque  dans  la  môme  situation.  Plus  tard,  son  fils  , 
commandant  militaire  de  la  place  de  Richelieu ,  les  aurait 
communiqués  au  duc  de  Richelieu  qui ,  par  vanité ,  tenta 
de  faire  copier  pour  son  héritier  l'Education  du  Grand 
Dauphin. 

Pour  confirmer  ces  preuves  qui  déjà  me  paraissent 
indiscutables ,  je  parcours  toutes  les  traductions  de  Juvé- 
nal  et  de  Perse ,  antérieures  k  celle  de  nos  manuscrits  ; 
toutes  m'apparaissent  d'une  infériorité  saisissante.  Enfin , 
l'édition  de  1684  ,  faite  par  les  soins  de  Louis  Desprès  ,  me 
démontre  visiblement  notre  Bossuet  inédit. 

En  effet ,  à  la  fin  des  Remarques  de  Juvénal,  on  lit  dans 
notre  manuscrit  :  mens,  septembri  1684  (époque  où 
V enseignement  liQ  faisait  exclusivement  en  latin),  et, 
d'un  autre  côté,  d^  Juvénal  et  Perse,  tout  en  latin,  ad 
usv/m  Delphini ,  de  Ludovicus  Prateus ,   s'achevait  d'im- 


XVIII 

primer   le    l**''  Juin    1084.  Voilà  donc  deux  œuvres  faites 
simultanémenl  !  Quel  est  leur  degré  de  parenté  ? 

L'auteur  de  la  seconde  vous  le  dit  à  la  première  page 
dans  sa  lettre  au  Grand  Dauphin  : 

Sois  content,  Sérénissime  Dauphin,  d'avoir  approfondi  nos 
deux  satiriques.  Plus  les  exemples  de  ton  père  et  ton  bon  naturel 
le  portent  au  bien,  plus  le  charmeront  encore  leur  constant  éloge 
de  la  vertu  ,  leur  perpétuelle  condamnation  de  vices  qui  malheu- 
reusement sont  nôtres  aussi.  Tu  te  délecteras  des  styles  divers  de 
Juvénal  et  de  Perse,  te  souvenant  dans  l'un  des  uraclos  de  la 
sagesse,  dans  l'autre  des  maximes  de  la  raison.  Partout  tu  remar- 
queras ici  i)SiV  Appticatiuns  les  grandeurs  de  Louis,  apprenant  chez 
nous  que  mieux  et  plus  les  rois  philosophent ,  plus  et  mieux  ils 
régnent. 

Là,  Desprès  cite  deux  passages  de  Juvénal ,  ayant  fourni 
le  thème  à  ces  deux  de  nos  applications  : 

«  Courage  donc ,  sauante  jeunesse ,  la  générosité  du  Hog  doit  vous 
«  inspirer  une  ardeur  nouuelle ,  sa  bonté  cherche  les  occasions  de 
«  vous  combler  de  bienfaits  (page  420  de  notre  Juvénal). 

«  Lorsque  le  Soleil  vient  a  paroitre  il  ramène  l'espérance.  » 
(  Page  448  du  même.  ) 

Puis,  dans  sa  pi'élàce ,  Desprès  ajoute,  nommant  celui 
dont  il  vient  de  citer  en  latin  les  deux  seules  applications 
qu'on  lui  ait  laissé  connaître  : 

Je  sentais ,  je  comprenais ,  rédigeant  mon  édition  latine  de 
Juvénal  et  de  Perse ,  quelles  sages  et  lumineuses  idées  avaient  eues 
les  maîtres  qui  m'ordonnaient,  me  pressaient  (jubebant ,  urge- 
banlque)  de  la  faire.  Tout  le  monde  les  connaît  ces  éminents  per- 
sonnages ;  le  duc  de  Montausier,  Bossuct ,  jadis  évoque  de  Condom, 
aujourd'hui  de  Meaux,  le  très  docte  abbé  Huet ,  a  qui  Louis  le 
Grand  a  confié  l'instruction  et  l'éducation  du  sérénissime  Dau- 
phin. Sois  convaincu  ,  lecteur,  que  les  lumières  de  ces  trois  grands 
hommes  te  feront  désormais  pénétrer  l'impénétrable  pensée,  saisir 
l'àme  insaisissable  de  nos  deux  satiriques.  Leurs  remarques  sont 


XIX 

aussi  achevées  [accuratée)  que  concises.  Je  devais  à  la  gloire  de  ces 
grands  hommes  de  les  nommer,  puisque  c'est  par  leur  ordre  et 
d'après  leurs  instructions  que  j'ai  travaillé  (1). 

André  Bail  le  t  (2)  dit  aussi  : 

C'est  sous  la  conduite  de  M.  le  duc  de  Montausier,  de  Bossuet, 
évèque  de  Condom ,  et  suivant  les  avis  de  M.  Huet,  que  les  inter- 
prètes et  scholiastes  dauphins  ont  tous  travaillé. 

Aussi  les  deux  éditions  :  la  nôtre ,  royale ,  particulière  , 
celle  de  Desprès,   scolaire,  publique,  — .se  ressemblent- 
elles  toujours  par  le  sens ,  souvent  par  les  explications  , 
quelquefois  même  par  les  renvois  ;    mais  Louis  Desprès 
n'a  connu  que  le  côté  didactique  de  nos  chefs-d'œuvre ,  les 
documents  fournis  à   Huet   par  une  vraie  académie ,  les 
trente  Instituteurs  Dauphins .  et  il  les  a  surchargés  de  son 
érudition  universitaire ,  au  lieu  de  les  draper,  comme  Bos- 
suet ,  dans  la  majesté  d'une   éloquence  pénétrante.  Son 
prétentieux  fatras  latin  n'est  point  relevé  par  ces  vu,es  sou- 
daines, si  pittoresques,  par  ces  pensées  profondes,  parce 
cachet  si  grandiose  d'âpre  vérité ,  monopole  du  maître  de 
la  chaire  ;  or,  comme  «  Bossuet ,  précepteur,  donnait  seul 
«  les  leçons  ,  Huet ,  sous-précepteur,  ne  venait  qu'appelé 
«  pour  suppléer  Bossuet  empêché ,  »  et  que  Desprès  n'a 
profité  que  des  matériaux  du  cours  oral ,  donc ,  grâce  aux 
scribes  du  Louvre ,  nous  possédons  l'âme  même  de  ce  génie 
qui  se  consacra  dix  ans  à  faire  passer  la  quintessence  de 
l'antiquité  profane  dans  le  jeune  esprit  du  Dauphin.  Son 
coup  d'oeil  d'aigle  perce  toutes  les  ténèbres  ;  de  la  bouche 
d'or  du  dernier  père  de  l'Eglise  coulent  avec  calme  et  impé- 
tuosité des  flots  d'une  éloquence  soutenue,  et  de  ses  impro- 

(1)  Juvenalis. 

(2)  Jugement  des  saoanls ,  tmue  II .  p.  Ô88. 


XX 

visations  sublimes  jailliront  pour  tous  des  torrents  de 
lumière. 

Si  Huet  Iburnissait  la  «  silvam  rerum  et  Taisait  la  table 
des  matières  »  ,  comme  il  le  dit  dans  ses  Mémoires ,  Mon- 
tausier,  absorbé  en  même  temps  par  une  haute  charge 
militaire,  faisait  la  rédaction  des  «  mots  difticiles  »,  où  nous 
avons  partout  retrouv(''  ses  gallicismes  si  heureux,  et  ren- 
dait en  très  beaux  vers  des  satires  entières,  dont  nous  venons 
de  découvrir  les  autographes  à  la  Bibliothèque  de  l'Arsenal  ; 
mais  Bossuet  s'est  approprié  l'ensemble  de  l'œuvre  par  le 
sceau  inimitable  du  style,  qui  est  l'homme,  a-t-on  dit 
profondément ,  et  qui ,  croyons-nous  pouvoir  ajouter,  fait 
r  œuvre. 

Après  cela,  y  a-t-il  un  doute  possible?  Le  hasard  fait-il 
de  ces  miracles?  Est-ce  même  imaginable  qu'en  1684  un 
inconnu  eût  fait  copier  par  divers  scribes  du  Louvre ,  sur 
les  deux  classiques  les  plus  difficiles ,  un  gigantesque  tra- 
vail de  génie  qui  suivît  non  seulement  le  programme  com- 
mandé par  Bossuet  à  un  professeur  ,  mais  encore  sa 
méthode  personnelle ,  exposée  dans  sa  lettre  particulière  à 
Innocent  XI ,  publiée  seulement  en  1709,  lettre  où  il  est 
question  mot  pour  mot  des  fameuses  Applications  aux 
mœurs  du  siècle  (1),  applications  qui  n'ont  point  été  com- 
muniquées à  Desprès. 

La  consécration  matérielle  d'authenticité ,  plus  irréfu- 
table encore ,  s'il  est  possible ,  eut  lieu  à  la  Bibliothèque 
nationale;  j'y  trouvai ,  dans  la  collection  des  manuscrits  de 
Bossuet,  plusieurs  volumes,   entre  autres  un,  le  27^  vol. 

\l)  '•  Il  ;ipproiiaitparc(i;iir  les  plus  agréables  et  les  plus  utiles  endroits  des  autours  latins 
(I  ci  surtwit  des  poètes;  il  les  récitait  souvent  et  dans  les  oroasions  il  les  appliquait  à  pro- 

0  pos  aux  sujets  nui  se  i)réscntaient   {atque  occasione  data  rébus  ipsi  quœ  inciderent,  apte 

1  accomodaretj 


XXI 

manuscr.  n"  12837.  Bossuet.  Hist.  universelle ,  3^  ms.  ou 
mise  au  nette  [sic],  du  même  format,  relié  de  même,  ayant 
une  physionomie  identique  jusque  dans  le  plissement  du 
papier,  avec  le  titre  écrit  de  la  même  main.  Enfin  ,  en  étu- 
diant déplus  près  les  miens,  j'y  trouvai  encore  quelques 
corrections  autographes  de  Bossuet. 


II 


Ainsi  fixé  sur  l'importance  de  ma  découverte,  j'en  fis 
part  à  plusieurs  littérateurs  éminents  qui  me  firent  l'hon- 
neur d'en  entretenir  le  public  dans  quelques  journaux  (1). 
Une  petite  polémique  s'engagea  à  ce  sujet ,  on  rompit  des 
lances  pour  quelques  questions  de  détail,  mais  en  définitive 
le  fond  de  la  chose  a  été  admis. 

Je  crus  alors  devoir  consigner  moi-même  par  écrit  le 
résultat  de  toutes  mes  investigations  pour  établir  la  nou- 
velle physionomie  de  Bossuet ,  puis,  armé  de  pied  en  cap  , 
j'allai  chez  MM.  Didot,  imprimeurs  et  libraires  de  l'Insti- 
tut de  France  ,  qui  voulurent  bien  s'intéresser  immédiate- 
ment à  ma  découverte  et  publièrent  ma  notice  :  Bossuet 
inconnu ,  avec  fac-similé ,  dont  un  olfrant  la  correction 
autographe  de  Bossuet,  et  avec  pièces  justificatives  (3). 

Trois  ans  se  sont  écoulés  depuis  notre  démonstration  ; 
elle  a  fait  le  tour  du  monde  lettré,  et  ni  en  France  ,  patrie 


(1)  Etliuond  Aljout  :  Deux  manuscrils  de  Bossuet,  dans  le  XIX'^  Siècle,  22  juin  1876,  et 
Bossuet  inédit,  ibicl.,  7  juillet  suivant.  —  Bossuet,  Juvénal  et  il.  Àbout,  dans  la  Défense, 
S  juillet  1876. —  F.  Sarcey  :  Juvénal,  Bossuet,  Dupanloup,  dans  le  XIX"  Siècle,  10  juillet, 
—  Rt'ponse  à  cet  article  dans  la  Défense,  11  juillet.  —  L.  Drapeyron  :  les  Sources  profanes 
de  Bossuet,  dans  la  Revue  politique  et  littéraire,  15  juin  1876. 

(2)  Je  n'ai  pas  cru  devoir  donner  ici  ces  six  fac-similé , que  les  curieux  trouveront  dans 
la  notice  précitée.  (Paris,  Firmin-Didot ,  1877;  10-4".) 


\XII 

des  lïondcurs ,  ni  en  Angleterre ,  pays  des  sceptiques  ,  ni 
en  Allemagne ,  terre  des  chercheurs,  un  seul  contradic- 
teur ne  s'est  levé  :  partout  elle  a  éveille  le  plus  vif  intérêt 
et  recueilli  lapins  sincère  approbation. 

Pendant  ce  temps ,  j'ai  étudié  la  vie  et  les  œuvres  de 
Bossuet  et  de  tous  ses  collaborateurs  à  l'œuvre  de  l'instruc- 
tion du  Dauphin  ;  ni  livre  ni  manuscrit  ne  m'ont  sciem- 
ment échappé,  et  je  crois  pouvoir  dire  que  j'ai  entrevu  tel 
qu'il  fut  ce  cours  royal  incomparable  qui  prit  les  meilleures 
années  des  plus  importants  personnages  littéraires. 
«  Jamais  prince  n'eut  de  pareils  maîtres  »  ,  a  dit  Voltaire. 
Bossuet ,  c'est  l'éloquence  ;  Montausier,  c'est  le  goût  ; 
Huet,  c'est  l'érudition. 

Les  deu.\  premiers  volumes  que  nous  publions  de  ce 
cours  comprennent  le  Juvénal  et  le  Perse  ,  en  prose  et  en 
vers,  de  ce  triumvirat  illustre  (  Bossuet  en  fut  le  dictateur), 
l~»uis  divers  fragments  précieux,  entre  autres  les  Maximes 
de  César  ;  le  tout  sur  autographes  ou  copies  authentiques. 
l<iou^lGS  'puh\ion'&  diploynatiquement,  c'est-à-dire  sans  le 
moindre  changement,  comme  dans  la  reproduction  des  vieu.x 
diplômes.  On  verra  donc,  pour  la  première  fois  peut-être  , 
l'orthographe  delà  Cour  réglée  étymologiquement  (/w?nc, 
homo)  :  le  Louvre ,  où  siégea  d'abord  l'Académie ,  fut  le 
berceau  et  du  style  et  de  l'orthographe. 

Les  bibliophile^  pourront  voir  tout  à  loisir  ceu.x  des  ori- 
ginau.x  susdits  qui  appartiennent  à  l'Etat  (nous  en  avons 
exprès  indiqué  les  numéros)  ;  mais  comme  ils  voudront 
aussi  cire  édifiés  sur  notre  monument ,  hier  inconnu  même 
matériellement,  qu'ont  sans  doute  liallotté  nos  tempêtes 
révolutionnaires ,  ou  les  dévastations  des  guerres  civiles  , 
et  qu'en   tout  cas  deux' siècles  enveloppent   de  mystère, 


XXIII 

voici  quelques  détails  intimes  sur  la  physionomie  de  nos 
manuscrits. 

Le  filigrane  de  leur  papier  est  une  Fortune  en  Folie.  On 
le  dirait  inspiré  de  la  page  4 1 8  de  notre  Juvénal  :  «  La 
fortune  caresse ,  embrasse  ses  enfants  ;  mais  c'est  pour  s'en 
donner  la  comédie.  »  Après  l'examen  des  autographes  de 
1670  à  1690,  et  des  fac-similé  des  spécialistes  français, 
anglais  ,  allemands  ,  je  n'ai  retrouvé  cette  marque  que  dans 
les  Mémoires  autographes  de  Louis  XIV  {}). 

Mais  le  plus  important ,  c'est  le  filigrane  de  28  feuillets 
de  la  fin,  formant  blason  et  contre-blason.  Dans  le  premier, 
se  trouve  un  serpent ,  bien  différent  de  la  givre  héraldique  ; 
c'est  l'emblème  de  la  satire  .  suivant  ce  distique  du  temps  : 

«  Serpent  sifflant ,  emblesme  do  Satire  , 
«  Au  chiffre  de  Louis  plus  grand  qu'on  ne  peust  dire.  » 

Quatre  L  couronnés,  enguirlandés  de  Heurs  de  lis  ,  l'en- 
tourent ,  servant  de  chaîne  à  la  croix  du  Saint-Esprit  ;  ces 
armes  sont  de  grandeur  exceptionnelle  ;  elles  ont  10  centi- 
mètres de  haut  et  8  de  large.  Je  ne  l'ai  trouvé  que  dans  une 
copie  faite  pour  l'éducation  du  Dauphin  ,  sous  la  dictée , 
d'après  le  cours  ou  sur  le  brouillon  disparu  de  Bos- 
suet  (2).  Or,  d'après  les  savants  Midoux  et  Matton  (3),  a  une 
marque  permet  d'assigner  souvent  avec  certitude  une 
origine  »  ,  d'autant  plus  que  «  Louis  XIV  rédigea  en  1671 
un  règlement  pour  empêcher  le  désordre  et  rétablir  la 
fabrique  du  papier  en  toute  sa  perfection  (4),  »  et  que, 


(1)  Bibliothèque  nationale ,  n'>6919. 

(2)  Bibliothèque  nationale  ,  n»  12835. 

(3)  Éludes  sur  les  fiUgranes  ;  Paris ,  1868. 

(4)  Ibid. ,  préface. 


NXtV 

d'après  ValleLde  Viriville  (l),  «  la  critique  littéraire,  dans 
son  horizon  le  plus  étendu  ,  peut  y  recueillir  (  par  les  fili- 
granes) des  notions  précieuses.  » 

Il  faut  aussi  noter  que  la  copie  a  été  subitement  inter- 
rompue, sans  doute  par  ordre  (2),  aux  deux  tiers  des  pages, 
et  que  malheureusement ,  après  les  deux  feruillets  suivants  , 
déjà  plies  pour  les  marges  de  la  copie,  quatorze  autres 
feuillets ,  dont  il  reste  à  tous  des  vestiges ,  ont  été  ancien- 
nement déchirés.  Là,  sur  ce  papier  à  lettre  royal,  exclusi- 
vement personnel ,  pouvaient  se  trouver  quelques  réflexions 
un  peu  franches  du  Dauphin ,  —  «  le  roi  le  considérait 
comme  le  premier  de  ses  sujets  (3)  »,  —  qu'aurait  jugé 
prudent  de  faire  disparaître  le  dernier  copiste ,  ou  qu'au- 
rait anéanties ,  par  haine  aveugle  de  la  monarchie ,  quelque 
spoliateur  de  93.  De  môme,  les  derniers  feuillets  de  Perse 
ont  été  jadis  lacérés.  D'ailleurs  ,  il  ne  manque  pas  un  seul 
fragment  à  la  mise  au  net  du  texte  oral,  recueilli  d'abord 
en  1679  par  les  scribes  du  Louvre  ,  dans  la  salle  d'études 
du  Dauphin ,  dite  aujourd'hui  des  antiques. 

Enfin,  le  contre-blason,  signe  exclusif  des  armes  person- 
nelles, consistant  en  la  couronne  royale  superposée  à  des 
lettres  indéchiffrables  ,  destinées  à  empêcher  toute  contre- 
façon, comme  dans  la  banque  moderne,  est  collé  à  la 
reliure ,  pour  faire  reconnaître  le  propriétaire  ou  le  desti- 
nataire. 


(1)  Gaiette  des  Beaux-Arts ,  tome  II  (IS.i'J) ,  page  230. 

(2)  (I  On  fit  tout  ce  (lu'ou  put  pour  anéantir  le  TéKinaque  (l'ablx'  Maury).  n  o  11  est 
"  impossible  d'avoir  mieux  combiné  tous  les  détails  pour  déconcerter  les  allusions.  » 
.\rt.  FÉNELON ,  par  Villemain ,  dans  la  Biographie  utàverseUe. 

(3)  Mémoires  de  Saint-Simon.  Table  :  Dauphin  ;  Bossuet. 


XXV 


III 


Je  crois  avoir  sutïisamment  démontré  que,  par  son  earac- 
tère  extérieur,  matériel ,  notre  Juvénal  et  Perse  ne  peut 
être  que  celui  préparé  par  Bossuet  pour  l'Education  du 
Grand  Dauphin  ;  je  vais  maintenant  l'établir  par  l'examen 
des  caractères  intrinsèques  de  cette  œuvre. 

«  Le  style  est-il  celui  de  Bossuet ,  disait  un  publiciste 
émérite,  M.  Edmond  About'(l),  dès  qu'il  eut  connaissance 
de  ma  découverte,  l'authenticité  de  l'œuvre  est  prouvée.  » 
Et  il  ajoutait  :  «  C'est  dans  les  Applications  qu'on  recou- 
rt naît,  à  n'en  pouvoir  douter,  le  style  inimitable  de  Bos- 
suet. »  Puis  ,  sur  quelques  fragments  cités  au  hasard,  plu- 
sieurs critiques  célèbres  s'écriaient  :  «  Ce  n'est  pas  là  une 
interprétation  ordinaire ,  c'est  une  conquête  merveilleuse  : 
c'est  Juvénal  et  Perse  enflammés  de  l'éloquence  de  Bos- 
suet :  c'est  sur  l'antique  un  cours  encyclopédique  d'ins- 
truction princière  !  » 

c(  Les  deux  volumes  que  M.  Ménard  a  trouvés,  dit 
«  notamment  M.  Sarcey,  auront  cet  avantage  de  prouver 
«  mieux  encore  ce  que  l'on  savait  déjà ,  que  Bossuet  avait 
«  largement  puisé  dans  l'antiquité  tout  entière  aussi  bien 
«  que  dans  la  Bible  ;  qu'il  avait  ramassé  de  toutes  parts 
«  cette  masse  énorme  de  lieux  communs  de  la  morale 
«  antique  et  qu'il  les  avait  à  pleines  mains  rejetés  dans  le 
«  magnifique  courant  de  son  style.  » 

Et  d'où  vient  cet  enthousiasme  unanime  ?  —  De  la  force 
de  la  vérité  !  Lisez  seulement  V application  suivante  (p.  453). 

(1)  Le  l/X"^  Siècle,  22  juin  IS?*)  ;  Deux  manuscrits  de  Bossuet ,  et  7  juillet  1876,  Bossuet 
inédit. 


XXVl 

Laiglc  anime  la  l'oudrc,  ni  jo  défie  que  1  on  respire  ,  si  peu 
qu'on  ait  de  sens  littéraire  et  artistique,  avant  la  fin  de 
cette  peinture  .  de  cette  musique  ; 

MÉCHANTS. 

m  simt  qui  trcpidant  ,  et  ad  otnnia  fulgura  patient 


Les  méchants  ne  sont  jamais  en  sûreté  ;  ils  pâlissent  à  tous  les 
éclairs ,  ils  sont  à  demi  morts  dès  qu'ils  entendent  gronder  le 
tonnerre ,  comme  si  la  foudre  n'était  pas  portée  par  le  hasard  ou 
par  la  fureur  des  vents  ,  mais  comme  si  elle  haïssait  les  crimes  et 
no  tombait  qu'en  discernant  les  coupables. 

Dans  cette  période  sublime ,  on  entend  le  tonnerre  rou- 
ler majestueusement  dans  les  cieux,  on  l'entend  frapper  la 
terre ,  on  voit  la  foudre  sillonner  la  nue ,  on  en  voit  rejaillir 
les  éclats. 

Que  dis-je ,  ce  n'est  pas  seulement  l'âme  même  du  style 
de  Bossuet  qui  éclate  dans  nos  deux  manuscrits  ;  ce  sont 
ses  expressions,  ses  tournures,  ses  membres  de  phrase 
qu'on  y  retrouve. 

Nous  allons  faire  ({uelques  rapprochements  entre  cer- 
tains passages  tirés  des  œuvres  authentiques  de  Bossuet  et 
ceux  empruntés  à  nos  manuscrits. 

Supposez ,  dit  le  poète ,  qu'on  vous  présente  des  épées  nues  d'un 
costé,  c'est-à-dire  la  mort,  et  de  l'autre  le  théâtre,  quel  choix 
scroitle  meilleur?...  Il  fait  voir  par  là  l'infàmie  qu'il  y  avoit  pour 
un  homme  de  qualité  de  représenter  des  comédies  et  que  ceux  qui 
avoient  ttn  peu  d'honneur  dévoient  mieux  aimer  mourir  que  de  se 
déshonorer  par  cest  endroit.  (P.  217.  ) 

Or,  voici  ce  que  dira  Bossuet,  beaucoup  plus  lard, 
dans  ses  Maximes  et  Réflexions  sur  la  Comédie  (1694)  : 

Quelle  mère  .  je  no  dis  pas  chrétienne,  mais  tant  soit  peu  hon- 
nête ,  n'aimeroit  pas  mieux  voir  sa  fille  dans  le  tombeau  que  sur  le 
théâtre. 


XXVII 

Nous  lisons  dans  notre  Juvcnal  (page  402)  : 

Spectacles  publics  dangereux  :  Dans  ces  vastes  galeries  où  l'on  se 
promène,  dans  toutes  les  assemblées  qui  se  font  pour  voir  les  spec- 
tacles (l),  y  a-t-il  quelque  chose  que  tu  puisses  aimer  sans  crainte  et 
dont  tu  puisses  faire  un  choix  sans  hazard  ? 

La  mémo  pensée  est  exprimée  par  Bossuet  dans  ses 
mêmes  Maximes  : 

Outre  les  autres  inconvénients  des  assemblées  de  plaisir,  on 
s'excite  et  on  s'autorise  les  uns  les  autres  par  le  concours  des 
acclamations  et  des  applaudissements,  et  l'aii^  même  qu'on  y  respire 
est  plus  malin. 

Cette  phrase  de  notre  .hivénal  (p.  166)  : 

*  Un  langage  (lateur  a  autant  de  force  que  les  mains  et  il  fait  sur 
la  concupiscence  ce  que  leur  mouvement  pourroit  faire...  Le  langage 
(lateur  done  des  émotions  quelque  vieux  qu'on  soit, 

à  pour  corollaire  une  période  semblable  dans  les  mêmes 
Maximes  : 

Nous  pouvons  tenir  pour  malhonnête  tout  ce  qui  flatte  la 
concupiscence  de  la  chair...  des  mouvements  mettent  en  few  tout  le 
parterre  et  toutes  les  loges...  les  tendres  discours  pénètrent  le  cœur 
par  les  oreilles  et  en  réveillent  l'ardeur  qui  n'est  jamais  tout  à  fait 
éteinte...  Ces  commotions  où  consiste  tout  le  plaisir  de  la  comédie... 

On  lit  dans  notre  Juvénal  (p.  355)  : 

Les  cytoiens  romains  ne  peurent  pas  être  fouetés  pendant  que 
Rome  feut  gouvernée  par  des  consuls,  mais  après  que  les  empe- 
reurs se  feurent  acquis  une  entière  domination  sur  elle  et  qu'ils 
eurent  fait  oublier  ce  nom  de  liberté  autre foix  .si  chéri ,  on  perdit  ce 
privilège  qu'on  avoit  conservé  inviolable  l'espace  de  tant  de  siècles. 

Dans  l'oraison  funèbre  d'Henriette  d'Angleterre ,  Bossuet 
s'exprime  ainsi  : 

(1)  Cela  ne  peut  même  s'appliiucr  qu'à  la  vaste  galerie  de  la  salle  des  Glaces  et  qu'à  la 
scène  de  Versailles. 


xxvni 

Quand  une  fois  on  a  trouvé  le  moyen  fie  prendre  la  multitude 
par  l'appât  de  la  liberté  ,  elle  suit  en  aveugle  pourvu  qu'elle  entende 
seulement  Ir  nom...  ceux-ci,  occupés  des  premiers  objets  qui  les 
avoient  transportés ,  alloient  toujours  sans  regarder  qu'ils  alloient  à 
la  servitude. 

Trois  articles  de  la  lettre  à  Innocent  XI  me  rappellent 
certains  passages  de  ressemblance  frappante  : 

Nous  lui  faisons  connaître  par  les  mystères  abominables  des  gentils 
et  par  les  fables  de  leur  théologie,  les  profondes  ténèbres  où  les  hommes 
demeuraient  plongés  ensuivant  leurs  propres  lumières.  Il  voyait  que 
les  nations  les  plus  polies  et  les  plus  habiles  adoraient  les  plus 
monstrueuses  créatures. 

Ce  passage  ne  rappelle-t-il  pas  à  la  lettre  les  llagellations 
de  la  Bonne  Déesse  et  d'autres,  fréquentes  dans  Juvénal , 
et  la  page  75  de  Perse  : 

Cela  fait  voir  jusqu'où  peut  aller  la  philosophie  d'un  simple 
païen  qui  n'est  conduit  que  par  les  lumières  de  la  raison  ;  par  les 
mystères  abominables  des  gentils  ,  par  les  fables  de  leur  théologie;  il 
montre  :  les  profondes  ténèbres  où  les  hommes  demeurèrent  plongés 
ensuivant  leurs  propices  lumières...  Aristophane  reprochait  à  iSocm/^ 
de  n'adoxer  que  les  nuages. 

Cet  autre  : 

11  y  a  vu  les  trompeuses  amorces  de  la  volupté  et  des  femmes 
(muliercularum] , 

dénonce  vingt  endroits  de  Juvénal  et  notamment,  p.  432  : 

«  Si  vous  êtes  l'esclave  de  la  volupté ,  la  noblesse  de  vos  ancêtres 
sera  contre  vous.  » 

Cette  phrase  : 

•    «  Nous  reprenions  les  endroits  licencieux,  « 

est  un  programme  exécuté ,  la  réflexion  de  notre  page  47  : 

Il  serait  à  désirer  qu'elle  (cette  satire)  ne  feut  point  salie  par  des 
expressions  trop  deshonêtes  ;  ce  n'est  pas  pourtant  pour  inspirer  la 


XXIX 

débauche  que  Juvénal  l'a  nomée  quelquefois ,  puisqu'il  la  reprend 
toujours  avec  beaucoup  d'aigreur. 

Mais  c'est  surtout  ilans  les  principaux  chefs-d'œuvre  de 
l'Aigle  de  Meaux  ,  le  Discours  sur  l'Mstoire  et  les  Orai- 
sons que  je  retrouve  le  vol  impétueux,  l'envergure  formi- 
dable, les  coups  d'aile  superbes  qu'il  déploie  en  nos  Appli- 
cations. Sur  le  cercueil  de  la  royale  Henriette,  il  s"écrie  : 
«  Venez  voir  le  peu  qui  nous  reste...  Il  ny  aura  plus 
«  aucun  vestige  de  tout  ce  que  nous  sommes. . .  tant  il  est 
«  vray  que  tout  meurt;  »  et  chez  nous, 'devant  le  conquérant 
Alexandre,  il  retrouve  jusqu'aux  expressions  funèbres  :  «  Il 
«  ne  faudra  qu  un  cercueil  pour  l'enfermer,  tant  il  est  vray 
«  que  la  mort  seule  nous  apprend  que  tout  ce  que  nous 
«  sommes  est  peu  de  chose.  »  (Juvénal ,  p.  442.) 

Le  catafalque  glorieux  de  Gondé ,  la  course  triomphale 
d'Annibal  l'ont-ils  mieux  inspiré  que  le  texte  de  Juvénal  ? 
Comparons  : 

Annibal  est  celui  que  les  déserts,  les  mers ,  les  fleuves,  les  mo?î- 
tagnes  ne  sont  pas  capables  d'arrêter...  Il  traverse  l'Ebre,  les  Pyré- 
nées ,  toute  la  Gaule  et  les  Alpes  et  tombe  comme  en  un  moment 
sur  l'Italie.  (Hist. } 

Venez ,  princes ,  venez  maintenant  voir  le  peu  qui  nous  reste 
d'une  si  auguste  naissance,  de  tant  de  grandeur,  de  tant  de 
gloire...  des  titres,  des  inscriptions,  vaines  marques  de  ce  qui 
n'est  plus...  De  fragiles  images  d'une  douleur  que  le  temps 
emporte  avec  tout  le  reste...  Des  colonnes  qui  semblent  vouloir 
porter  jusqu'au  ciel  le  témoignage  de  notre  néant.  (Gondé.) 

Voilà  certes  du  style  sublime.  :  mais  vous  frémirez  d'une 
nouvelle  et  plus  vive  admiration  en  retrouvant  à  la  fois 
dans  notre  Juvénal  (p.  440-441)  les  mêmes  mouvements 
grandioses  de  l'orateur  et  les  mêmes  mélancolies  magni- 
fiques du  philosophe  : 


XXX 

Pesez  maintenant  Annibal.  Ah!  de  quel  poids  est  ce  grand, 
cest  illustre  capitaine  ;  c'est  luy  que  toute  l'Afrique  qui  n'est  bor- 
née que  par  l'Océan  et  par  le  Nil  ne  i^eut  arrêter  ;  il  ajoute  aux 
victoires  qu'il  a  remportées  sur  les  Ethyopiens  et  à  toutes  ses 
autres  conquêtes  l'Espaigne  ;  il  vole  au  delà  des  Pyrénées,  il  sur- 
monte les  Alpes  et  les  neiges  dont  elles  sont  couvertes  ,  il  sépare 
les  rochers,  il  renverse  les  montaignes  par  le  secours  du  vinaigre 
et  du  feu,  il  marche  triomphant  au  milieu  des  campagnes  d'Italie, 
mais  il  n'est  pas  encore  au  bout  de  ses  entreprises.  Mes  victoires 
sont  imparfaites ,  dit  il ,  si  après  tant  de  combats  je  ne  vois  cette 
superbe  ville  en  ma  puissance  ,  ou  si  je  ne  plante  mes  drapeaux 
triomphants  au  milieu  de  Rome.  Que  son  visage  étoitfier,  que  l'on 
eût  bien  fait  de  le  peindre  monté  sur  un  éléphant ,  que  le  portrait 
en  auroit  été  beau,  bien  qu'il  n'eut  plus  qu'un  œil.  Mais  qu'arrive 
t'il?0  gloire  d' Annibal,  qu'êtes  vous  enfin  devenue?  il  est  contraint 
de  chercher  sa  seureté  dans  une  fuite  précipitée  ,  et  pendant  son 
exil  ce  grand  et  admirable  capitaine  est  réduit  à  faire  la  cour  à  un 
roy  barbare  et  d'attendre  son  réveil.  La  fin  de  cette  illustre  vie  qui 
avoit  remply  tout  l'univers  d'admiration  et  de  crainte  n'arrive 
point  dans  une  bataille ,  ce  n'est  point  le  beau  sort  des  armes  qui 
la  termine ,  c'est  un  anneau  qui  venge  tant  de  sang  répandu ,  tant 
de  carnage  des  Romains  î  Que  te  sert  il  d'avoir  parcouru  toutes  les 
Alpes ,  passé  les  Pyrénées ,  enfin  toutes  ces  victoires  que  devien- 
dront elles?  Le  sujet  d'un  livre  ou  d'une  harangue  que  l'on  douera 
à  faire  a  ceux  qui  étudient  l'éloquence. 

Ce  morceau ,  le  plus  parlait  que  je  connaisse  dans  la 
prose  française,  réunit  sans  le  moindre  effort  les  deux  plus 
beaux  passages  de  V Histoire  et  de  V Oraison. 

De  ces  deux  textes  frères,  l'aîné,  le  nôtre  ,  j  ose  le  dire  , 
est  le  plus  beau ,  car  Bossuet  se  double  du  génie  de  Juvé- 
nal ,  le  chrétien  se  grandit  du  stoïcien.  C'est  au  point 
qu'un  illustre  académicien,  lin  connaisseur,  M.  Désiré 
Nisard  ,  emporté  par  le  souffle  ,  le  rhythme  identique  dans 
les  deux  splendides  périodes,  nous  disait  ;  «  Dans  vos  textes, 
il  s'exclame,  il  interroge,  il  prêche,  il  pérore,  il  tonne,  il 
foudroie   connue  dans  la   chaire  :  on   est  forcé  de  s'écrier 


XXXI 

avec  lui  :  «  Qui  croiriez- vous  voir,  Messieurs  ;  Annibal , 
Alexandi'c  ou  le  prince  de  Gondé  ?  » 

Ah  !  si  vous  comparez  les  autres  interprètes  du  grand 
satirique  latin  !  Prenons  pour  le  passage  cité  quelques 
lignes  correspondantes  du  meilleur  d'entre  eux  : 

Mets  Annibal  dans  une  balance  !  Combien  trouves-tu  de  livres 
pesant  de  ce  grand  capitaine  ?  C'est  celui-là  pourtant  à  qui  n'a  pu 
suffire  l'Afrique ,  battue  d'un  costé  par  la  mer  des  Maures  ,  qui 
est  arrosée  de  l'autre  des  eaux  tièdesduNil  et  qui,  derechef,  s'étend 
jusqu'à  l'Ethiopie  qui  nourrit  des  grands  éléphants.  L'Espagne  fut 
encore  ajoutée  à  son  empire.  Cette  âme  qui  a  troublé  toute  la  terre 
ne  sera  pas  éteinte  par  les  épées.  par  les  cailloux. 

Eh  bien  ,  ce  traducteur,  l'érudit  abbé  de  Marolles ,  peut- 
il  être  comparé  à  notre  auteur  ? 

Voici  encore  deux  de  ses  remarques  correspondantes  à 
celle  de  togalas  (vers  3),  et  Mollis  (vers  8)  de  la  première 
satire  : 

«  1"  Ses  comédies  Latines  :  carj'ay  traduit  logatas  par 
latines,  au  lieu  de  longue  robe,  parce  que  sous  ce  mot  toga- 
tas ,  le  poète  entend  latines  ou  romaines  ; 

»  2"  Des  rochers  d'Eolie  :  il  entend  le  mont  Etna  et  ses 
gouffres  pleins  de  feu  et  de  fumée  qui  sont  en  Sicile.  » 

Quel  abîme  entre  cela  et  les  deux  belles  pages  7  et  lU 
du  commentaire  de  Bossuet  dissertant  sur  l'art  dramatique 
latin  à  propos  du  mot  togatas,  et  décrivant  l'Etna  à  l'occa- 
sion de  celui  &' Mollis  ! 

Enfin ,  on  y  trouve  des  personnalités  et  des  allusions 
évidentes  à  Louis  XIV,  à  la  famille  royale,  à  la  cour, 

Juvénal ,  page  394  : 

Il  n'y  a  point  de  louange  qui  ne  soit  agréable  à  ceux  qui 
exercent  icy  un  pouvoir  semblable  à  celuy  des  dieux. 


XXXII 

Juvénal,  page  16  : 

De  quoi  sert-il  d'étaler  les  statues  de  tant  dei,'rands  hommes  (1), 
si  l'on  mène  une  méchante  vie  devant  Scipion  (•2)  qui  vainquit 
Numance  après  qu'elle  eut  longtemps  résisté  (3)? 

Juvénal ,  page  389  : 

11  faut  icy  de  la  magnificence  dont  le  prix  excède  notre  pouvoir 
et  pour  satisfaire  à  la  vanité .  il  faut  emprunter  de  toutes  parts. 

Juvénal ,  page  396  : 

Fais  ton  compte  en  premier  lieu  que  lorsqu'un  des  grands  à  qui 
tu  rends  tant  de  devoirs  te  dit  d'un  ton  superbe  de  fasseoir  unr 
fois  à  sa  table,  il  croit  te  donner  une  grande  récompense. 

Amère  rétlexion  qui  fait  songer  au  dîner  de  Louis  XIV" 
avec  Molière ,  ftiveur  unique  qui  iri'ita  violemment  le 
prélat. 

Juvénal,  page  429  : 

Apprenez  que  parmi  les  hommes  on  rencontre  des  orateurs  (4) 
dont  les  plus  nobles  emploient  souvent  le  secours  pour  la  défense 
de  leur  bien  et  de  leur  vie  (5),  et  que  de  ces  sources  obscures 
sortent  des  esprits  éclairés  qui  savent  découvrir  la  lumière  au  tra- 
vers de  l'ombre  des  lois  et  qui  peuvent  résoudre  les  doutes  les  plus 
difficiles. 

Ce  conseil,  digne  d'un  parlait  démocrate  de  droit  divin, 
donné  au  Dauphin,  a  été  suivi  à  la  lettre  par  son  père, 
(|ui  ainsi  a  (ail  le  grand  siècle. 


IV 


Voyons  donc  maintenant  conmient   Bossuel  a  tenté  de 
l'aire  passer,  dans  l'esprit  inappli({U('  du  lils  de  Louis  XI"V", 

(1)  VersaillBS. 

(2)  Le  cardinal  de  Ridielieu. 

(3)  Ll-  sié^e  de  La  Rorhclle. 

(4)  Pélisson. 

(5)  Fouquet. 


XXXIII 

Juvénal  armé  d'épouvante  contre  les  turpitudes  de  la  déca- 
dence ,  Perse ,  enveloppé  de  dédain  pour  les  bassesses  de 
notre  nature.  Et  d'abord,  où  fît-il  le  cours  royal? 

Ce  fut  au  Louvre,  au  milieu  de  la  maison  civile  et  militaire 
liu  Dauphin,  ([ue  Bossuet  lui  expliqua  les  grands  classi(fues,; 
ce  l'ut  laque,  sous  ses  ordres,  une  section  de  l'Académie 
française  naissante ,  installée  sur  les  marches  du  plus  glo- 
rieux trône  de  l'univers,  prépara  au  jeune  Dauphin  le  lait 
de  la  science  et  de  la  sagesse.  Bossuet  dit  ici,  page  422  : 

Quand  on  n'a  point  d'argent  dont  le  corps  a  besoin  jour  et  nuit... 
on  n'est  point  susceptible  de  cette  divine  fureur  qui  élève  et 
embellit  l'esprit... 

Louis XIV,  comprenant  cela,  ouvrait  aux  beaux-arts  les 
deux  portes  de  son  palais,  et  non  seulement  les  maîtres  de 
la  chaire,  de  la  scène,  de  la  satire,  gravitèrent  autour  de 
lui  comme  des  planètes  autour  de  leur  soleil ,  maitj  môme 
le  bonhomme  sublime ,  presque  sauvage  à  force  d'indé- 
pendance, dédia  au  Dauphin  ses  Fables.  Cette  centralisa- 
tion de  toutes  les  muses  autour  du  prince  montre  l'im- 
portance du  cours  royal.  Mais  passons  à  notre  cours 
particulier  sur  Juvénal  et  Perse. 

Le  lecteur  du  prince,  M.  de  Gordemoy  (1),  lisait  lente- 
ment et  comme  tout  d'une  haleine  (2)  la  satire  entière  ; 
comme  l'élève  entendait  le  latin  ,  le  maître  en  conmientait 
les  passages   saillants,   fondant  l'étude  des  mots  avec  la 


(i)  Fervent  cartésien  ,  c'est  par  là  qu'il  fut  connu  do  nussnet ,  qui  lui-niCMue  favorisait 
cette  philosophie.  Cependant  il  dissimulait  assez  adroitement,  dans  le  public,  son  i^oùt  a 
cet  égard.  (Huet,  Mémoires,  trad.  Nisard,  p.  185.) 

(2)  Lettre  à  Innocent  XI.  n  Nous  n'avons  pas  jugé  ii  propos  de  lui  faire  lire  les  ouvrages 
lies  auteurs  par  parcelles.  Nous  lui  avons  fait  lire  chaque  ouvrage  entier,  de  suite  et 
et  comme  tout  d'une  haleine,  afin  qu'il  s'accoutumât  peu  à  peu,  non  à  considérer  diaque 
chose  eu  particulier,  mais  à  découvrir  tout  d'une  vue  le  but  principal  d'ini  ouvrage  et 
l'enchaînement  de  tontes  ses  parties.  » 


XXXIV 

connaissance  des  choses  (1).  Si  le  Dauphin  laissait  entre- 
voir quelque  hésitation ,  Bossuet  reprenait ,  comme  le 
témoignent  nos  additions;  le  texte  ainsi  éclairé,  ils  en 
faisaient  des  applications  aux  sujets  qui  se  présentaient  (2). 
iJans  ces  échappées  intimes,  Bossuet  s'associait  les  sati- 
riques latins,  et ,  de  ce  croisement,  jaillissait,  toute  i'rau- 
çaise ,  une  critique  de  la  cour,  fort  précieuse  pour  l'histoire. 
Notons  que  ,  dans  ce  tête-à-tête  illustre  dont  s'entretien- 
dront les  siècles ,  il  n'existe  aucune  intimité  entre  le  dis- 
ciple et  le  précepteur.  Il  y  a  bien  certaines  personnalités 
évidentes  ,  connue  celle-ci  adaptée  au  Dauphin  en  com- 
pliment d'une  cordialité  et  d'une  délicatesse  exquise  : 

Hune  optent  generum  rex  et  regina  ;  pueUœ 
Hune  rapiant  ;  quidquid  calvaverit  hic,  rosa  fiât. 

Que  les  plus  grands  rois  \iv,  la  terre  souhaitent  de  l'avoir 
pour  gendre,  (jue  les  princesses  mêmes  les  plus  accomplies 
en  deviennent  amoureuses. 

Mais  elles  ne  détruisent  point  l'appréciation  du  cardinal 
de  Beausset  (3)  : 

Dans  cette  éducation,  on  ne  voit  que  Bossuet...  Son  élève 
paraît  n'avoir  été  que  le  témoin  impassible  de  tant  de  soins  et  de 
travaux  ;  le  précepteur  était  tout ,  l'élève  n'était  rien. 

C'est  à  propos  de  ce  monologue  sublime ,  comme  l'appelle 
aussi  M.  Demogeot,  qu'il  faut  signaler  ce  que  M.  Nisard 
avait  pressenti  avant  notre  découverte  : 

Bossuet,  le  plus  grand  de  nos  écrivains  en  prose,  en  qui  se 
résument  toutes  les  grandeurs  de  l'esprit  français  avec  le  moindre 
mélange  de  défauts...   En  lui  confiant  l'Education  du   Dauphin, 

(1)  Lettre  à  Innocent  XI. 

(2)  Ibidem. 

(3)  Vie  de  Bossuet.  (  oDuvivs  louiplctes ,  Gauiiii;,; 


XXXV 

Louis  XIV  le  plaça  sur  le  seul  théâtre  où  son  génie  put  recevoir  sa 
perfection.  Les  devoirs  de  sa  place  de  précepteur  l'obligeaient  à 
eiUver  pleinemejit ,  sans  contrainte  et  sans  scrupule,  dans  toutes  les 
réalités  de  la  vie  ;  à  revenir  à  l'antiquité  négligée.  Dans  ces  études 
recommencées,  la  part  des  poètes  parait  avoir  été  la  plus  grande. 
Bossuet  y  trouvait  plus  en  relief  deux  genres  de  beautés  où  il  excelle 
lui-même  :  la  vérité  des  peintures  et  la  hardiesse  de  l'expression  qui 
est  le  privilège  de  la  langue  poétique...  Cette  fréquentation  assi- 
due des  auteurs  anciens  était  nécessaire  même  à  Bossuet,  comme 
elle  l'a  été  à  tous  les  écrivains  du  xviie  siècle.  Aucun  écrivain  n'a 
plus  complètement  représenté  ï union  des  deux  antiquités  et  de 
l'esprit  moderne.  Il  admet  tout ,  s'assimile  tout,  mais  à  sa  manière , 
sans  mêler  les  philosophies  ,  sans  associer  des  pensées  contradic- 
toires ,  sans  s'emporter  d'aucun  côté  ,  avec  une  fermeté  et  une 
liberté  d' esprit  dont  V histoire  des  lettres  .  dans  aucun  pays,  n'offre  un 
si  bel  exemple  (1). 

Il  est  incontestable  ,  en  efi'et ,  surtout  depuis  notre  décou- 
verte ,  que  le  i.;Tand  écrivain  catholique,  le  seul  qui  vive 
dans  nos  mémoires  et  sur  nos  lèvres .  doive  cette  immorta- 
lité à  son  commerce  assimilateur  avec  les  chefs-d'œuvre 
du  paganisme. 

Nous,  quel  fruit  pouvons-nous  retirer  du  cours  royal? 
Quelques  spécimens  vont  nous  l'apprendre. 

Bossuet  nous  dit.  dans  sa  lettre  à  Innocent  XI,  qu'en 
lisant  les  autheurs  Un  auctoribus  perlegendis)  il  a  fait 
servir  toutes  ses  études  à  acquérir  la  connaissance  des 
mœurs .  de  la  politique,  de  la  religion,  de  la  géographie  ., 
de  la  philosophie,  de  l'amour  de  la^  patrie,  des  devoirs  des 
princes  ,  etc.  J'extrais  donc  de  notre  Juvénal  et  de  Perse 
quelques  passages  relatifs  à  ces  divers  sujets. 

Connaissance  des  moeurs.  —  Remarque  digne  d'être  couchée 
dans  nos  annales,  circonstance  notable  en  l'histoire  de  nos  jours, 

^1)  Hht.  de  lu  littérature   française,  tonit;  III. 


un  paii'ail    honnoste    home    s'est  rencontré    i»;u-niy    l'hypocrisk' 
universelle.  (Juvénal,  p.  M,  48.  383.) 

Femme  curieuse. —  Elle  sait  toutes  les  nouvelles  ;  ce  (jue  font  les 
Thraces  ot  les  Scythes,  les  démêlés  les  plus  segrets  d'une  belle- 
mère  avec  ses  enfants,  les  intrigues  d'amour  de  toute  une  ville  ,  le 
nom  d(^  celuy  dont  cette  veuve  est  devenue  passionnée,  de  combien 
de  mois  elle  est  grosse  ,  à  quel  signe  on  ouvroit  sa  porte  à  son 
galand  ,  enfin  toutes  les  circonstances  singulières  ;  elle  a  veu  la 
première  cette  comète  qui  menace  le  roy  d'Arménie  ft  les  Parthes  ; 
elle  va  chercher  toutes  les  nouveautés  et' elle  les  attend  à  la  porte 
de  la  ville  pour  estre  la  première  à  les  recevoir  ;  je  ne  sçais  ce 
qu'elle  conte  d'un  Ueuve  qui  a  inondé  de  certains  peuples,  que 
toute  la  campagne  est  abîmée  sous  les  eaux,  que  les  villes  tremblent, 
que  les  montaignes  s'abaissent,  que  tout  y  périt.  (Juvénal.  p.  413.) 

La  Vertu  ,  c'est  la  Liberté.  —  Jeunes  gens,  ot  vous ,  vieillards  , 
adonnez-vous  à  la  vertu  qui  est  le  soutien  de  tous  les  âges  ;  ne 
remettez  pas  à  demain,  car  ce  jour  de  demain  ,  quand  nous  l'au- 
rons perdu  ne  se  pourra  jamais  recouvrer  ;  l'home  a  besoin  de  se 
procurer  une  liberté  asseurée  ;  ce  qui  l'empesche  de  pratiquer  la 
vertu,  c'est  qu'il  est  esclave  des  vices  :  le  péché  estant  un  véritable 
esclavage  et  la  vertu  une  véritable  liberté  ;  aussy  un  des  principaux 
points  de  la  morale  des  Stoïciens  est  celuy  ci  :  Solutn  sapienteni 
liberum  esse!...  (Perse.) 

L'IcNORANCE,  c'est  l'Esglavage.  —  Le  défaut  de  liberté  semble 
faire  des  homes ,  des  bestes  incapables  d'aucune  fonction  où  il 
entre  du  jugement,  ny  leur  permettre  l'usage  de  la  vie  qui  s'écoule 
viste.  (Perse.  ) 

Religion. —  Le  luxe  nous  a  appris  à  mettre  en  masse  la  poudre 
Je  l'or  pour  on  faire  îles  lingots  et  pour  servir  après  cela  à  d'autres 
usages  condamnables,  puisqu'il  est  mesme  inutile  aux  vases  pré- 
cieux dans  les  temples!...  Il  seroit  bien  mieux  d'y  apporter  une 
conscience  qui  ne  feut  souillée  d'aucun  crime ,  comme  le  portent 
ces  deux  vers  qui  font  voir  jusqu'où  peu  aller  la  philosophie  d'un 
simple  payen  qui  n'est  conduit  que  par  les  lumières  de  la  raison  : 
Gompositum  jus  ,  nie. 

Perse  auroit  pris  cette  idée  de  la  Loy  des  Vl  Tables  ,  cap.  I  , 
tit    1  ,  qui  detï'end   d'employer  de  la  dépense    pour  obtenir  des 


flioux  co  qu'on  lour  demande  :  opes  amovenlo  ,  de  peur,  dit  Gicé- 
ron ,  que  la  pompe  dos  sacryflces  et  la  trop  grande  magnificence 
des  temples  ne  corrompe  ces  semences  d'humilité  que  la  veue  des 
autels  a  accoutumé  d'inspirer  et  n'cmpesche  aux  pauvres  d'offrir  des 
sacryfîccs  aux  dieux,  f  Perse.  ) 

0  âmes  basses  qui  ne  respirez  que  pour  les  choses  do  la  terre  , 
sans  songer  à  celles  du  ciel ,  croyez-vous  que  les  dieux  ayent  les 
mesmes  pensées  que  nous,  qu'ils  approuvent  une  chose  parce  que 
nous  l'approuvons  ,  qu'ils  ayent  de  l'ambition  comme  nous,  qu'ils 
ayment  toutes  nos  vaines  magnificencos ,  ces  parfums  précieux 
qu'on  brùlo  en  leur  honneur,  le  luxe  des  ornements  dont  on  les 
couvre,  les  perles  arrachées  do  leurs  nacres  dont  on  les  pare  et 
tant  do  bions  qui  viennent  de  la  corruption  de  notre  nature  et  que 
produisent  l'impiété  et  le  désordre  de  nos  mœurs?  (Porse.) 

Philosophie.  —  Chose  étrange  que  la  mort  qui  devroit  nous 
faire  changer  de  vie  serve  à  nous  entretenir  dans  le  vice  et  que  le 
souvenir  de  ce  dernier  moment  qui  doit  nous  faire  tout 
oublier,  excepté  le  salut  de  nostre  âme,  soit  une  raison  pour  nous 
obligera  la  recherche  des  voluptés  ! 

Rejetez  loin  de  vous  les  honneurs  qui  ne  vous  appartiennent  pas  ; 
faites  un  peu  de  reflection  à  la  bassesse  des  flatteries  de  cette  popu- 
lace esclave  qui  n'a  que  l'adulation  en  bouche  pour  tout  le  monde 
et  surtout  pour  ses  souverains  ;  rentrez  en  vous  mesme  :  vous  ver- 
rez que  les  qualités  dont  vous  tirez  tant  de  vanité  ne  sont  rien  ; 
songez  combien  de  choses  vous  manquent  pour  estre  un  excellent 
home  ;  enfin ,  contentez  vous  du  témoignage  de  vostre  cons- 
cience ;  si  elle  ne  vous  reproche  rien  ,  croyez  que  vostre  conduite 
est  à  couvert  de  la  médisance  et  vivez  en  repos  au  dedans  de 
vous  mesme.  (  Perse.  ) 

L'Epee  de  D.vmoclès  et  l.\  Conscience  coupable.  —  Damoclès , 
parlant  un  jour  â  Denis  .  tyran  do  Siracuse  ,  de  la  grandeur  de  ses 
richesses,  de  sa  puissance  presque  infinie',  de  ses  armées,  de  la 
valeur  des  soldats  qui  les  composoient  et  de  tout  ce  qui  peut 
rendre  recommandable  la  majesté  d'un  souverain ,  soutint"  qu'on 
ne  pouvoit  estre  heureux,  sans  avoir  tous  ces  avantages  ;  Denis  qui 
vouloit  luy  faire  comprendre  la  bassesse  de  ce  qu'il  eslimoit  tant, 
offrit  de  luy  faire  part  de  sa  fortune .  s'il  le  vouloit  bien  ou  qu'il 
la  luy  donneroit  mesme  toute  entière ,  s'il  en  avoit  tant  de  fantai- 


W.WIII 

sie  ;  Damoclès  ,  surpris  d'une  Icllo  proposition,  no.  délibéra  pas 
long  tcms,  il  accopla  lo  party  ijuc  lui  olîroit  le  tyran,  de 
sorte  qu'il  fcut  placé  avec  toute  sorte  de  magnificences  dans  le 
plus  superbe  appartement  du  palais  où  l'on  no  voyoit  que 
diamants,  pierres  précieuses,  or  et  argent  et  mille  autres  raretés 
qui  passoient  tout  ce  qu'on  avoit  jamais  veu  sur  la  terre  ,  servy  à 
table  partons  les  officiers  de  la  couronne,  parmy  la  bonne  chère 
ot  toutes  sortes  de  plaisirs  ;  enfin  ,  il  occupoit  la  place  de  Denis  le 
tyran  et  estoit  reconnu  par  tout  le  moudo  pour  le  véritable 
prince  ;  Damoclès  se  croyoit  le  plus  iieuroux  des  hommes ,  rien  ne 
manquoit  à  sa  bonne  fortune,  lorsque  levant  les  yeux  au  plancher, 
il  vist  attachée  à  un  petit  filet  une  épée  nue  qui  regardoit  précisé- 
ment sa  teste,  de  telle  sorte  que,  la  pour  l'ayant  saisi,  il  ne  prist 
plus  garde  à  tout  ce  qu'on  faisoit  pour  le  divertir,  ny  à  tant  de 
choses  qu'il  avoit  souhaité  si  passionnément  ;  il  pria  le  tyran  de  le 
décharger  do  cotte  importune  grandeur  qui  le  menaçait  do  la  porte 
de  sa  vie,  ne  voulant  pas  estrc  heureux  à  cette  condition. 

Le  poète  dit  donc  qu'il  n'est  pas  si  cruel  de  voir  incessamment 
une  épée  preste  à  vous  oster  la  vie  que  de  sentir  continuellement 
los  remords  d'une  conscience  criminelle.  (Perse.) 

Patrie.  —  La  gloire  de  la  patrie  est  do  produire  de  bons 
citoyens.  (  a  II  n'y  a  plus  de  joie  pour  un  bon  citoyen  quand  sa 
patrie  est  ruinée  »  ,  dit  Bossuet,  dans  la  Politique  de  l' Ecriture 
Sainte;  son  chap.  Amour  de  la  patrie  est  textuellement  pareil  à 
diverses  pages  de  Juvénal.  ) 

La  patrie  vous  est  obligée  de  luy  avoir  donné  un  citoyen,  si 
vous  faites  en  sorte  par  une  bonne  éducation  qu'il  luy  soit  utile  ; 
car  enfin  ,  tout  le  bien  qu'on  en  peut  attendre  dépend  de  la  manière 
dont  vous  l'élevés  et  des  exemples  qu'il  voit  chez  vous  !  (Juvénal , 
p.  456.) 

Vraie  noblesse.  —  Peut  on  dire  que  celuy  qui  dément  son 
origine  et  qui  n'a  pour  gloire  que  celle  de  ses  ayeux  ayt  aucune 
véritable  noblesse?  C'est  rire  de  la  petitesse  d'un  nain  que  de  le 
nommer  un  Atlas  ;  ne  craignez-vous  pas  que  ce  soit  do  cette  sorte 
qu'on  vous  nomme  Scipion  ou  Gamerin  !  (Juvénal,  p.  428.) 

Le  sang  de  vos  ancestres  vous  entto  d'orgueil,  come  si  vous 
aviez  contribué  quelque  chose  à  la  gloire  de  vostro  naissance 
et  que  ce  feut  un  effet  de  vostre  mérite  d'estre  né  du  sang  des 


Césars,  plutôt  que  de  qufil([uunc  de  ces  misérables  qui  gaignent 
leur  vie  à  filer,  étant  exposées  au  vent  et  à  la  pluye.  (Juvénal, 
p.  428. > 

Pourquoy  estime-t-on  un  animal  plus  qu'un  autre  ?  Est-ce  la  bonté 
que  nous  y  considérons  ou  la  race  dont  il  est?  Vous  voyez  que  l'on 
fait  état  de  la  vitesse  d'un  cheval  qui  remporte  la  victoire;  de 
quelque  lieu  qu'il  soit ,  c'est  luy  qui  est  le  plus  estime  ;  mais  la 
postérité  de  Gorythc  ou  d'Hirpin  est  vendue  presque  pour  rien, 
sans  qu'on  ait  de  respect  pour  les  ombres  de  ses  nobles  aïeux!... 
(.Tuvénal,  p.  429.) 

Royauté.  —  Si  un  païsan  maladroit  et  grossier  demandoit  le 
gouvernail  d'un  vaisseau  et  vouloit  tout  d'un  coup  s'ériger  en 
pilote,  sans  avoir  jamais  esté  sur  la  mer,  ny  sans  connoistre  les 
étoiles ,  la  courtisane  Mélicerte  s'écrieroit  qu'il  n'y  a  plus  de 
pudeur  dans  ce  monde ,  que  tout  est  renversé  et  qu'on  n'y  com- 
prend plus  rien.-  (  Perse.  ) 

Ecole  DKs  rovs.  —  Sur  quelle  raison  appuyez-vous  la  justice  de 
vostre  gouvernement?  Quelles  "qualités  avez  vous  pour  vous  en 
acquitter  dignement  ?  (Perse.  ) 

Ce  qu'il  faut  pour  bien  gouverner.  —  Etes  vous  capable  de 
marquer  avec  un  caractère  noir  qu'il  faut  que  le  vice  soit  puni , 
d'ordonner  contre  le  crime  les  peynes  qu'il  mérite  ?  Avez  vous 
assez  de  prudence  et  de  conduite  pour  rendre  bonne  justice  à  tout 
le  monde?  (Perse.) 

Devoirs  des  princes.  —  Apprenez,  qui  que  vous  soyez,  ce  que 
c'est  que  la  vie  naturelle  ;  songez  un  peu  à  ce  que  vous  estes  ,  pour 
quel  dessein  les  dieux  vous  ont  mis  au  monde ,  le  rang  que  vous  y 
tenez ,  quels  sont  vos  ancestres  ;  avec  combien  de  vitesse  s'écoule 
le  plus  beau  temps  de  la  jeunesse  ,  avec  combien  d'adresse  la  mort 
nous  surprend ,  avec  quelle  modération  il  faut  souhaiter  les 
richesses,  quels  sont  les  fruits  que  les  richesses  et  les  grandeurs 
produisent,  à  quelles  occupations  les  dieux  ont  dessein  de  vous 
employer  et  en  un  mot  ce  que  vous  estes  dans  le  monde  ?  (  Perse.) 


XL 


V 


Voilà  une  idoo  <lu  cours  royal  sur  -luvriuil  <M  r*erse. 
Catholiques  et  libres  j)enseurs  ont  salué  la  nionunionlalc 
importance  de  notre  découverte  :  mais  la  justice  historique, 
la  conscience  littéraire  nous  font  un  devoir,  à  nous  qui 
avons  eu  entièrement  la  délicate  primeur  de  ces  896  pa^cs 
immortelles  .  de  déclarer  ([ue  nous  y  avons  moins  admiré 
l'auteur  des  Oraisons,  voilant  d'un  nua^j^c  d'encens  dos 
invectives  étudiées ,  que  le  prédicateur  osant  dire  en  plein 

Versailles  :    «  Confondez- vous  ,   rois  et  conquérants! 

(c  Plus  de  litres  î  plus  de  couronnes  !  plus  de  halustres  ! 
«  plus  de  vaines  magnificences!  (1).  »  Oui ,  nous  y  avons 
partout  retrouvé  l'humaniste  qui  ne  nommait  jamais  Homère 
sans  l'appeler  le  divin;  le  juste  ([ui.  mourant,  refusa 
d'entendre  les  Psaumes  de  la  Pénitence  et  se  fît  lire  les 
Odes  d'Horace  «  comme  pour  s'en  passer  l'envie  (2)  »  ;  le 
philosophe  qui ,  au  nom  de  la  raison .  commande  aux 
maîtres  «  de  s'élever  au-dessus  de  leur  propre  éléva- 
fion  »...  «  sous  le  plus  glorieux  empire,  les  sujets  sont  nés 
((  poui-  être  libres  »  ;  l'anthropologiste  .  qui  voyait  . 
comme  la  science  contemporaine  ,  le  berceau  de  l'huma- 
nité dans  les  Indes  (apud  Gangcm)  ;  l'émule  de  Pascal  qui 
y  proclame  «  les  indispensables  bienfaits  de  la  religion 
f(  jus({ues  dans  les  superstitions  païennes,  mais  d'une  reli- 
«  gion  vraie d'esxDritetdc  vertu  ;  »  l'avocal  iuallcndu  des  idées 
justement  libérales  danslesanctuairemême  de  l'absolutisme. 

(Ij  Sermon  iiour  le  jour  iIp  l'âqucs. 

(2)  Leiliou  ;  Mànoires  cl  Journal  sur  la  oie  el  les  ouvrages  de  Bossuel ,  publics  par  iabbé 
Guettée;  Taris,  Didier,  1866-57  ,  i  vol.  in-8". 


Ce  n'est  plus  révOnuo  de  Meaux,  poiitifiaul  (lovant  le  grand 
Roy  ;  c'est  le  sage  répétant  à  l'héritier  du  trône  que  les 
plus  belles  royautés  sont  le  génie  et  la  vertu  ;  c'est  liinita- 
leur  du  grand  justicier  de  l'antiquité,  appliquant  le  fer 
rouge  des  textes  latins  aux  gangrènes  naissantes  de  la  déca- 
dence française  ,  à  la  chienne  lascive  impériale  Messaline  , 
comme  au  plébéien  aboyeur  de  vers  ,  Codrus;  c'est  le  prélat 
grand  seigneur  dans  sa  majesté  pensive .  l'homme  de 
cour  avec  son  tlair  d'observateur;  c'est  le  théologien-philo- 
sophe, le  plus  paternel  de  tous  les  maître^s,  ([ui  donnait 
au  fils  unique  de  Louis  XIV,  en  familiers  et  puissants 
entretiens  ,  plutôt  qu'en  leçons  pédagogiques  ,  ces  maximes 
de  morale  et  de  politique  chrétiennes  : 

No  cherche  point  de  juge  au  dehors  de  toy. 

Il  s'était  révélé  comme  par  échappée ,  ce  créateur  de  la 
satire  en  prose  sous  des  noms  anciens .  qui ,  dans  l'allée 
des  philosophes ,  commentait  avec  La  Bruyère  et  Fénelon  , 
déjà  désignés  par  lui  pour  sa  double  succession ,  les  Nuits 
de  Salomon  (1),  les  Châtiments  d'Isaïe,  les  Tragiques  de 
Juvénal  ;  qui ,  vêtu  comme  un  simple  ecclésiastique ,  leur 
montrait,  avec  une  liberté  digne  des  premiers  évêques,  à 
travers  la  plus  brillante  surface,  les  misères,  le  scepti- 
cisme ,  l'agitation  ,  l'immoralité,  la  corruption  qui  éclate- 
ront dans  les  saturnales  de  la  Régence  (2).' 

Nous  avions  aperçu  .  dans  ses  pathétiques  imprécations, 
le   frondeur  sourdement  bouillonnant  :    désormais   nous 


(1)  Bibl.  nat. ,  n"  12811,  manuscrit  du  Cantique  des  Cantiques,  frère  des  nôtres,  où  sur 
les  marges  il  y  a  des  renvois  à  Virgile ,  Juvénal ,  Catulle,  Martial  :  «  Belle  comme  la 
lune,  oui,  je  suis  noire,  mais  belle...  >  Les  nôtres  ont  même  des  renvois  paginés  à  celui 
de  la  Bibliothèque ,  et  réciproquement. 

(2)  Saint-Simon.  —  L'abbé  Receveur  :  Biographie  universelle,  art.  Rossuet.  —  De 
Chanipagny  :  l'Homme  àl'écok  de  Bossuet;  Paris,  1847  ,  2  vol.  in-12. 


VLII 

poiUTons  coiUumpJcr  le  sccn'l  Jiiili;iteur  dos  fleux  (-(Uèbres 
peintres  de  mœurs  sous  un  masque  anti(iue  ;  c'est  Bossuet 
qui ,  le  premier,  à  la  suite  de  notre  interprétation,  trace  des 
portraits,  des  taldoaux  du  temps;  et  ses  deux  élèves,  La 
Bruyère  et  Fénelon ,  l'onl  imité  après  leur  traduction  de 
Théophraste  et  d'Homère.  Enfin,  ((u'il  nous  soit  permisde 
le  dire,  nous  nous  sommes  réjoui  jusqu'aux  larmes  en 
découvrant  dans  deux  manuscrits  ignorés  la  source  sacrée 
de  chefs-d'œuvre  inuiiorlels.  tant,  dans  notre  patriotisme, 
dans  notre  religion  du  hon  et  du  beau  .  nous  étions  ravi 
de  voir  s'échelonner  ces  trois  grands  honniies  qui,  comme 
des  montagnes ,  pyramident  dans  notre  glorieux  passé. 

11  serait  trop  long  de  citer  l'intuitil  Sainte-Beuve  qui 
devança  mon  'aperçu  (en  Sainte-Beuve  on  voudrait  tout 
citer);  mais  M.  de  Lapommeraye,  dans  Molière  et  Bossuet , 
a  suivi  judicieusement  ce  sens  ;  et  sans  parler  d'autres 
critiques  distingués,  je  donne  un  extrait  de  l'article  déjà 
cité  de  M.  Drapeyron  ,  professeur  d'histoire  au  lycée  Char- 
lemagne  (1)  : 

Jusqu'ici,  on  avait  cru  que  Bossuet  ne  s'était  inspiré  que  des 
saintes  Ecritures.  Grâce  à  la  découverte  de  M.  Ménard  ,  on  verra  la 
pensée  do  Bossuet  creusant,  pour  ainsi  dire,  le  texte  de  Juvénal  . 
le  transformant,  se  l'appropriant  en  quelque  sorte  pour  l'amalga- 
mer plus  tard  avec  d'autres  textes  d'une  source  moins  humaine  et 
en  faire  un  clief-d'œuvrc  indescriptible.  Une  citation  de  la  lettre  à 
Innocent  XI  montre  le  cas  qu'il  faisait,  des  anciens  au  point  de  vue 
moral  et  religieux  :  «  Nous  lui  faisions  remarquer  (au  Daupliin) 
que  les  Gentils ,  ])ieu  qu'ils  se  trompassent ,  avaient  néanmoins 
un  profond  respect  pour  les  choses  qu'ils  estimaient  sacrées,  per- 
suadés que  la  ndigion  était  le  soutien  des  Etats.  Les  exemples  de 
modération  que  nous  trouvons  dans  leurs  histoires  nous  servaient 
à  confondre^  tout  chrétien  qui  n'aurait  pas  le  courage  de  pratiquer 

(1)  Revue  poUtique  et  littéraire ,   lo  juillet  IP76. 


VLHI 

la  vortu ,  après  que  Dieu  mômo  nous  l'a  apprise.  »  Voilà  comme 
Bossuet  croyait  encore  l'aire  œuvre  de  chrétien  dans  les  applications 
que  nous  avons  indiquées  et  dont  M.  Ménard  révélera  un  grand 
nombre. 

Dès  1858,  Genin,  le  savant  philologue ,  avait  remarqué 
que  toujours  l'homme  intime  est  l'opposé  du  prélat  (1); 
nous  étudierons  cette  thèse  dans  la  préface  de  notre  édition 
du  Cantique  des  Cantiques ,  expliqué  par  Bossuet  en  prose 
et  en  vers  à  M""*^  de  Luynes,  et  conservé  en  manuscrit  à  la 
Bibliothèque  nationale ,  mais  nous  déclarons  d'avance  que 
nos  découvertes ,  môme  sur  sa  vie  privée ,  ne  t'ont  que  le 
grandir  devant  la  philosophie  impartiale  et  lui  dresser  un 
piédestal  à  la  face  du  monde  moderne. 

Citons  seulement  un  fait  qui  couronnera  la  gloire  de 
Bossuet,  aux  yeux  de  notre  chère  France  actuelle,  dont 
le  cœur  hat  pour  la  liberté ,  dont  l'esprit  afl'ranchi 
commence  à  raisonner,  aux  yeux  de  Paris  qui  lui  doit 
encore  une  statue.  A  la  fin  de  1695,  l'Université  de  Paris, 
cette  éternelle  ennemie  des  jésuites,  «  qui  tient  l'auc- 
thorité  du  Concile  par-dessus  le  Pape  » .  nomme  Bossuet 
Conservateur  de  ses  privilèges  ;  elle  s'était  proposé  de  lui 
en  donner  le  titre -dès  1679  ,  pendant  l'éducation  du  Dau- 
phin :  mais  M.  de  Harlay.  archevêque  de  Paris  (celui-là 
môme  qui  refusa  .d'enterrer  Molière),  ne  permit  pas  à 
r Université  de  suivre  son  mouvement,  et  elle  préféra  laisser 
la  place  vacante  plutôt  que  de  taire  tomber  son  choix  sur 
un  autre.  Devenue  libre  enfin  parla  mort  de  M.  de  Harlay, 
elle  déféra  le  titre  de  Conservateur  de  ses  privilèges  à 
Bossuet ,  dans  une  assemblée  générale ,  présidée  par  le 
célèbre  Rollin,  le  2  janvier  1696. 

(1)  Lexique  de  la  langue  de  Molière. 


Il  csl  donc  étcruollomonl  rogrctlahlc  (jii'un  Harlay  ,  do 
Paris  (les  lanatiqucs  y  oui  trop  souvcnl  Irùné!),  ail 
oiitravr  dans  son  ]xilriolismo  religieux  le  signataire  de  la 
Déclaration  dos  droits  dn  riorgé  do  France,  le  voyant 
histori([no  (jui  l'ôlicilait  ,l('sns  davoir  ô((''  l)on  citoyen;  car 
])our  n'avoir  point  sn  (Mro  gallicane  ,  c'est-à-dire  cordialo- 
ment  nationale ,  tcUo  quo  la  rêvait  Bossuet  ,  l'Eglise  de 
France  n'est  plus  florissante. 


VI 


Résumons-nous.  Le  dernier  ))oro  do  TÉglise  n'est  au 
l'ond  qu'un  dilettante  de  toute  poésie  et  de  \on\o  élo- 
quence ,  et  la  splendour  profane  de  notre  cours  aussi 
éminemment  savant  ((uartislique .  reliant  désormais  le 
successeur  de  saint  Thomas  au  rival  de  Démosthène  ,  le 
grand  Bossuet  dépouillera  pour  les  siècles  l'absolu  cléri- 
calisme de  sa  physionomie  traditionnelle.  Sans  doute  il 
préconise  intlexiblement  les  hic-rarcliios  séculaires  (et  non 
sans  raison ,  car  nous  avons  tous  vu  dans  ([uels  abîmes 
mènent  les  utopies  !),  mais  aussi  il  célèbre  avec  conviction 
même  sous  les  lambris  du  Louvre  la  vraie  Liberté^  Er/alité, 
Fraternité  (l),  bien  avant  ([u'ou  en  aùt  inscrit  les  mots 
magi([uos  sur  les  ruines  des  Tuileries.  Sa  largeur  de  vues 
qu'on  aporooii  déjà  dans  la  Politique  de  l'Ecriture  sainte  , 
s'accentue  dans  ces  trente  exemples  d'écriture  que  nous 
venons  de  trouver  inédits  à  la  Bibliothè(|ue  de  l'Arsenal 
(n°  2324). 

(1)  Ces  trois  dogmes  contemporains  ont  ctc,  pour  le  l'onrl  ot  ménic  pour  l.i  forme,  nette- 
ment exposés  par  Bossuet ,  comme  rattcstent  les  trois  citations  authentiques  de  cette 
préface.  (Papes  xxxvi,  xl,  xlvi.  ) 


XLV 


EXEMPLES 


DONNÉS    A    MONSEIGNEUH    LE    DAUPHIN    LORSQU  IL    APPRENOIT 
A    ÉCRIRE. 


jer    EXEMPLE. 

Dieu  est  votre  Maître  et  votre  luge  ;  c'est  un  luge  sévère  ,  bien 
redoutable  et  siirtout  pour  les  Roys. 

Le  prince  est  établi  roy  pour  être  le  ministre  de  Dieu,  il  règne  pour 
luy  obéir  le  premier,  et  pour  le  faire  obéir  par  tous  les  autres. 

lie    EXEMPLE. 

C'est  Dieu  qui  vous  a  donné  la  puissance  ,  votre  force  vient  du 
Très-Haut  ;  un  prince  est  véritablement  l'image  de  Dieu  lorsqu'il 
est  juste  et  qu'il  ne  règne  que  pour  faire  régner  la  vertu. 

me    EXEMPLE. 

Il  seroit  contraire  à  tout  ordre  qu'un  prince  prétendit  régner  et 
n'être  point  fidèle  à  Dieu. 

ive    EXEMPLE. 

Le  premier  caractère  de  la  grandeur  du  prince  est  d'être  consacré 
au  bien  public  (1);  semblable  à  l'astre  qui  nous  éclaire ,  il  doit 
répandre  la  fécondité  partout ,  éclairer,  animer  et  vivifier  le  corps 
entier  de  l'Etat. 

Ve    EXEMPLE. 

Si  Dieu  fait  part  au  Prince  de  sa  Puissance  et  de  sa  Majesté ,  il 
doit  conserver  le  respect  et  la  crainte  d'un  sujet  devant  le  Roy  des 
Roys. 

vie    EXEMPLE. 

Le  Prince  est  établi  de  Dieu  pour  être  aux  autres  hommes  le 
modèle  de  toutes  les  vertus. 

vue    EXEMPLE. 

Sachez  et  n'oubliez  jamais  que  les  Lois  divines  assujettissent 
également  le  Berger  dans  sa  cabane  et  le  Monarque  sur  le  trùne. 

(1)  (1  Dieu  u'a  fait  des  grands  que  pour  protéger  les  petits;  il  u'a  dduué  sa  puissance  que 
pour  procurer  le  bien  public.  Le  prince  n'est  pas  uc  pour  lui-même,  maispourie  bienpublic.  » 
{PoUUque  Urée  de  l'Ecriture  Sainte ,  liv.  111,  proposition  II.) 


XLVI 

Vllie    EXEMPLE. 

Vous  estes  absolument  égal  par  la  nature  aux  autres  hommes, 
et,  par  conséquent,  vous  devez  être  sensible  à  tous  les  maux  et  à 

toutes  les  misi'res  do  l'humanité  (1). 

ixe  EXEMPLE. 

La  première  idée  de  Puissance  qui  ait  été  parmi  les  hommes  est 
celle  de  la  Puissance  paternelle.  L\)n  a  fait  les  Roy  s  sur  le  modèle 
des  pères. 

Xe     i:XE.\II'LE. 

La  bonté  est  donc  le  caractère  le  plus  naturel  des  Roys,  la  bonté 
et  l'humanité  sont  donc  des  qualités  royalles  et  le  vrai  apanage  de 
la  grandeur  des  Princes  (2) . 

Xie     EXEMPLE. 

Le  Roy  est  le  père  commun  des  citoiens,  le  chef  d'une  nom- 
breuse famille  ;  Dieu  l'a  fait  pour  les  peuples  et  non  pas  les 
peuples  pour  lui. 

Xlie    EXEMPLE. 

Fils  de  saint  Louis  ,  soyez  semblable  à  votre  père  ,  imitez  sa  foy, 
son  zèle  pour  la  religion,  soyez  saint,  juste  et  bon  comme  luy. 

X[Iie    EXEMPLE. 

Les  Roys  sont  véritablement  heureux  s'ils  gouvernent  avec  jus- 
tice les  peuples  qui  leur  sont  soumis  ,  si  leur  élévation  ne  les 
empêche  pas  de  se  souvenir  qu'ils  sont  des  hommes  mortels  ; 

XlVe    EXEMPLE. 

S'ils  font  servir  leur  puissance  à  étendre  le  culte  de  Dieu  et  à 
faire  révérer  cette  majesté  infinie  ; 

XVe    EXEMPLE. 

S'ils  craignent  Dieu  ,  s'ils  l'aiment  de  préférence  à  tout ,  s'ils 
l'adorent  avec  le  plus  profond  respect  ; 

XVie    EXEMPLE. 

S'ils  sont  lents  à  punir,  et  au  contraire  prompts  à  pardonner, 
s'ils  exercent  la  vengeance  publique  non  pour  se  satisfaire  eux- 
mêmes,  mais  pour  le  bien  général  de  l'Etat  (jui  a  besoin  nécessai- 
rement de  cette  sévérité; 

(11  «  La  prcmii'ro  idée  do  commandement  et  (Pautorité  liuniaine  est  venue  anx  hommes  Je 
l'autorité  paternelle...  »   [Poliliqua  Urée  de  l'Ecriture  Sainte,  \[y.   11,  i)roposition  III.) 

(2)  (.  L'autorité  rovale  est  paternelle  et  son  propre  caraetère,  c'est  lu  bonté. ii(/W(i,  liv.  lli, 
art.  111.) 


XLvn 

XVIie   EXEMPLE. 

Si  le  pardon  qu'ils  accordent  tend  à  l'amandement  de  ceux  qui 
font  mal  et  non  à  l'impunité  des  mauvaises  actions; 

XVIIie  EXEMPLE. 

Si,  lorsqu'ils  sont  obligés  d'user  de  rigueur,  ils  prennent  soin  de 
l'adoucir  autant  qu'ils  peuvent  par  des  bienfaits  et  par  des  marques 
de  bonté  ; 

Xixe    EXEMPLE. 

Si  leurs  passions  sont  d'autant  plus  réprimées  qu'elles  peuvent 
être  plus  libres,  s'ils  aiment  mieux  se  commander  à  eux-mêmes  et 
à  leurs  mauvais  désirs,  qu'aux  nations  qui  leur  sont  soumises; 

XX"-'    EXEMPLE. 

S'ils  sont  portés  à  taire  toutes  ces  choses  non  par  le  sentiment 
d'une  vaine  gloire ,  mais  pour  obéir  et  pour  plaire  à  Dieu  ; 

XXie    EXEMPLE. 

S'ils  offrent  tous  les  jours  à  Dieu  pour  leurs  péchés  un  sacrifice 
agréable  de  saintes  prières  ,  de  compassion  pour  les  maux  que 
souffrent  les  autres  hommes  et  d'humilité  profonde  devant  la 
majesté  du  Roy  des  Roys. 

XXIie    EXEMPLE. 

Les  Roys  et  les  princes  qui  suiveront  ces  maximes  seront  heu- 
reux en  cette  vie  par  l'espérance  et  le  seront  un  jour  en  etïet , 
quand  la  gloire  que  nous  attendons  sera  arrivée. 

XXIIie     EXEMPLE. 

La  dureté  est  de  tous  les  vices  le  plus  odieux,  mais  la  fermeté 
est  de  toutes  les  vertus  la  plus  nécessaire  aux  Roys. 

XXIVe    EXEMPLE. 

Le  présent  le  plus  précieux  que  le  Ciel  puisse  faire  à  un  Roy, 
c'est  un  cœur  docile  à  la  vérité  et  aux  bons  conseils ,  lors  même 
qu'ils  ne  sont  pas  agréables. 

XX Ve    EXEMPLE. 

Le  princi!  est  né  pour  l'action,  pour  le  travail,  et  non  pour  le 
plaisir,  la  mollesse  et  l'oisiveté. 

XXVie  EXEMPLE. 

Un  prince  ne  doit  se  divertir  et  s'amuser  qu'après  s'être  exacte- 
ment acquitté  de  ses  devoirs,  et  seulement  le  tems  nécessaire  pour 
délasser  l'esprit,  fortifier  le  corps  et  entretenir  la  santé. 


\Lvnr 

XXVIie    KXEMPLK. 

Les  vrais  amis  du  prince  sont  ceux  qui  luy  disent  la  vérité  et  qui 
ont  le  courage  de  luy  faire  connoitre  ses  fautes. 

XXVIIie    EXEMPLE. 

Le  plus  cruel  et  le  plus  dangereux  ennemi  du  prince ,  c'est  un 
tlatteur  qui  le  loue,  Taplaudit  sans  cesse,  approuve  ses  vices  et 
luy  aplanit  le  chemin  du  crime. 

XXIxe   EXEJIPLK. 

Un  prince  dcjit  avoir  un  cœurnoble  et  généreux,  mais  il  ne  peut 
être  trop  économe  des  revenus  de  l'Etat  :  ils  appartiennent  à 
l'Etat,  il  n'en  est  que  l'administrateur  et  Dieu  lui  en  demandera 
un  compte  exact  et  rigoureux. 

XXXe     EXEMPLE. 

Un  trône  est  inébranlable  lorsqu'il  a  pour  fondement  la  raison 
et  la  justice ,  qu'on  punit  tout  ce  qui  est  mal  et  que  l'on  récom- 
pense tout  ce  qui  est  bien. 

Voilà  les  modèles  d'écriture  du  fils  de  Louis  XIV  :  ces 
uiuximcs ,  faites  sous  la  royauté  absolue ,  seraient,  quant 
au  fond,  très  applicables  dans  une  démocratie  sérieuse  (1); 
voilà  comme  l'épigraphe  des  magnifiques  leçons  (jue  don- 
nera la  suite  inédite  du  Cours  Royal,  l'ail  aux  Dauphins 
de  France  par  les  Maîtres  de  notre  langue.  J'ose  promettre 
au  public  ce  monument  splendide ,  car  il  me  semble  que 
l'Etude  éclairée  puisse  faire  remercier  l'aveugle  Hasard  de 
m'avoir  choisi  pour  être  l'ambassadeur  du  grand  Bossuet 
et  de  ses  illustres  Collègues  (2). 

La  Reynoi'ie  (Champigny-sur-Veude). 

Auguste-Louis    MÉNARD. 


(1)  V  n  n'y  II  aucune  forme  ilc  gouvernement,  ni  am-un  établissement  humain  qui  n'ait  ses 
inronvénients  ;  de  sorte  (ju'il  faut  demeurer  dans  l'état  auquel  un  long  temps  a  accoutumé  le 
peuple.  C'est  ponrijuoi  Dieu  i)renil  en  sa  proteetioii  tous  les  trouvernements  légitimes  en 
quelque  forme  qu'ils  aient  été  établis  :  qui  entreprend  de  les  renverser  n'est  pus  seulement 
ennemi  publie,  mais  ennemi  de  Dieu...  Il  semble  qu'au  eommencement  les  Israélites 
vivaient  dans  une  sorte  de  République...  'Vous  les  hommes  sont  frères.»  {PoKlique  tirée  de 
VEcritute  Sainte,  passim.} 

(2)  <i  Ceux  de  l'Université,  de  la  Faculté  et  tous  les  gens  de  lettres  furent  ravis  de  voir 
si  près  du  trône  (  la  reine  le  suivoit  iiartont)  un  liomme  (Bossuet)  qui  les  mainticudruit  à 
la  cour  dans  l'estime  oii  le  cardinal  de  Riclielieu  les  avoit  mis;  ce  qu'il  a  fait  toute  sa  vie.  » 
(Note  inédite  LEDiEf ,  Journal,  Bossuet,  man.  liil).  nat.  Supl.  franc.  "2808.) 


JUVENALIS 


Il  (Bossuet)  avait  acheté  exprés,  pour  Véducatiun 
du  Dauphin,  toutes  les  éditions  appelées  variorum, 
et  on  observa  qu'il  n'y  avait  pas  une  seule  paiçe 
qui  ne   fût    marquée  de  son   crayon. 

(  L'abbé  Ledieu  :  Mémoires  <»(>•  Biffiiel.  \ 


SATYRA    I 


1  Semper  ego  audilor  tantuni?  nunquamne reponain 

2  Vexalus  loties  rauci  Theseide  Codri  ? 

3  Impune  ergo  milii  recitaverit  ille  togafas , 

4  Hic  elegos  ?  impune  dievi  comumserit  ingens 

5  Telephus ,  aut  summi  plenajam  margine  libri 

c  Scriptus ,  et  in  tergo ,  nec  dwn  fini  tics ,  Orestes  Y 
'  Nota  magis  nuUi  doinus  est  sua,  quain  milii  lucus 

8  Martis ,  et  JLoliis  vicinum  rupihus  antruin 

9  Vulcani.  quid  agant  venti ,  quas  iorqueat  ambras 

10  jEacus  :  unde  alius  furtivée  devehat  auriim 

11  Pelliculx ,  quantas  jaculetur  Monyckus  ornos  -. 

12  Frontonis  platani ,  convulsaque  niannora  clamant 

13  Semper,  et  assiduo  ruptas  lectore  columnx. 

14  Expectes  eadeni  à  summo  minimoque  poêla. 

15  Et  nos  ergo  manum  ferulse  suhduximus ,  et  nos 
iG  Consilium  dedimus  Syllx  ,  privatus  ut  altum 

17  Dormiret  stulta  est  clementia ,,  cura  lot  ubique 

18  Vatibus  occuras ,  periturs  parcere  charte. 

l'j  Cur  tamen  hoc  potius  libeat  decurrcre  campo , 
■20  Per  quem  magnus  equos  Auruncx  flexit  alumnus  : 
•21  Si  vacat ,  et  placidi  rationem  admit titis ,  edam. 

22  Quum  tener  uxoreni  ducat  spado ,  Mwvia  Tuscum. 

23  Figat  apruin  ,  et  niida  teneat  venabula  mamma  : 

24  Patricios  omnes  opibus  cum  provocet  unus , 


!'•'>  (Jiio  londente  gravis  juveni  viihi  barba  sonabal  : 
■-"i  Qiium  pars  Niliacx  plebis ,  quwn  verna  Canopi 
27  Ci'ispimis  ^  Tyrias  humero  revocante  lacernas 
-•s   Venlilet  a;stimini  digitis  sudantibus  aurum  , 
•i»  Nec  suffrrrc  queat  uiaioris  pondéra  geinuue  : 

30  Difficile  est  Satyram  non  scribere.  nam  quis  iniquse 

31  Tarn  patiens  urbis ,  lam  fcrreiis,  ut  teneat  se? 

32  Caussidici  nova  cum  vcniat  lectica  Malhonis 

33  Plena  ipso;  posf,  hune  magni  delalor  amici , 
31  Et  cito  rapturus  de  nobilitatr  coniesa 

35  Quodtsuperest ,  quein  Massa  timet ,  qucm  laiinrrr  palpât 
3c  Carus ,  et  à  trépida  Thymele  summissa  Latino  -. 

37  Qiium  te  summoveant ,  qui  lestamcnta  merentur 

38  Noctibus  in  cœlum  quos  evehit  optima  summi 

39  Nunc  via  processus ,  vetulx  vesica  beatx  ? 

40  Unciolam  Proculeius  habet ,  sed  Gillo  deuncem  : 

'il  Parieis  quisque  suas  ad  mensuram  inguinis  hœres  , 

vi  Accipiat  sane  mercedem  sanguinis,  et  hic 

13  Palleat  ut  nudis  pressit  qui  calcibus  alignent. , 

Ai  Aut  Lugdunensem  rhetor  dicturus  ad  aram. 

45  Quid  referam  ,  quanta  siccmn  jecur  ardeat  ira  : 

4G  V^im  populuui  grcgibvs  coiniluni  preiuat  hic  spolialor 

17  Pupilli  proslaniis  ?  et  hic  damnatus  inani 

'.8  fudicio  (quid  enirn  salvis  infaniia  nummis?) 

18  Exul  ab  octava  Marins  bibit  ,  et  fruitur  Diit 
ôo  Jralis  :  at  tu  victrix  provincia  ploras. 

51  Nxc  ego  non  crcda)ii  Venusina  digna  lucerna? 
■>2  Uœc  ego  non  agitem?  sed  iiuid  magis  Iferarleas , 

53  Aut  Diomedeas ,  aut  niugitum  Labgrinlhi , 

54  Et  mare  percussum  puer 0 ,  fabrumque  volantein  : 

55  Cum  leno  accipiat  mœchi  bona,  si  capiendi 
5c  lus  nullum.  uxori,  dodus  spectare  lacunar, 

57  Doctus  et  ad  calicem  vigilanti  stertere  naso  : 

58  Cum  fas  esse  pulet  curam  sperare  cohortis  , 
5ÎI  Qui-bona  donavii  prxsepibus ,  et  caret  omni 
';o  Majoriim  censu ,  dum  pervolat  axe  citato 

fil   Flaminiam  :  puer  Automedon  nam.  lova  tenrbal  , 
«2  Ipse  laccrnatx  cum  se  iactaret  amicx. 
«3  Nonne  libet  medio  ceras  implere  capaces 


>>i  Quadrimo  :  cum  jam  sexla  cervicc  feratur 

Gft  Hinc  atque  inde  païens  ,  ac  nuda  pwne  cathedra , 

ofi  Et  multum  referens  de  Mxcenate  supino 

i>7   Signator,  falso  qui  se  lautiim  ,  atque  beatuui 

68  Exiguis  tabulis  ,  et  gemma  feccrat  uda? 

60  Occurrit  matrona  polens  ,  quae  molle  Calenum 

70  Porreclura  viro  miscet  sitiente  ruhelam  , 

71  Instiluitquc  rudes  melior  Locusta  propinquas , 

72  Per  famam,  et  populum  nigros  efferre  maritos. 

73  Aude  aliquid  brevibus  Gyaris  et  carcere  dignum , 

74  Si  vis  esse  aliquis  :  Probitas  laudatur  et  alget. 

75  Criminibus  debent  horlos ,  prxtoria ,  mensas , 

76  Argentum  velus  ,  et  stanlem  extra  pocula  caprum. 

77  Quem  palitur  dormire  nuriis  corruplor  avarse , 

78  Quem  spoiux  lurpes ,  et  prêetextatus  adulter  ? 

79  Si  natura  negat ,  facit  indignalio  versum , 

80  Qualemcunque  polesl  :  qualeis  ego ,  vel  Cluvienus. 
SI   Ex  quo  Deucalion  nimbis  toUentibus  œquor 

82  Navigio  moiitem  ascendil ,  sorteisque poposcil , 

83  Paullatimque  anima  caluerunt  mollia  saxa , 

84  Et  maribus  nudas  ostendit  Pyrrha  puellas  : 

85  Quidquid  agunt  homines  ,  votum  ,  timor,  ira,  voluptas , 

86  Gaudia,  discursus ,  nostri  est  farrago  libelli. 

87  El  quando  uberior  vitiorum  copia?  quando 

88  Major  amrilix  patuil  sinus?  aléa  quando 

89  Hos  animos  ?  neque  enim  loculis  comitantibus  itur 

90  Ad  casum  tahulx ,  posita  sed  ludilur  arca. 

91  Prwlia  quanta  illic  dispensalore  videbis 

92  Armigero!  simplexne  furor  sestertia  cenlum 

93  Perdere ,  et  horrenli  tunicam  non  redderc  servo  ? 

94  Quis  tolidem  erexit  villas?  quis  fercula  septem 

95  Secreto  cenavit  avus  ?  nunc  sportula  primo 

96  Limine  parva  sedet ,  turbx  rapienda  togatse. 

97  Ille  tamen  faciem  prius  inspicit  ;  et  trépidai ,  ne 

98  Suppositus  venias ,  ac  falso  nomine  poscas. 

99  Agnitus  accipies ,  iubet  à  prsecone  vocari 

100  Ipsos  Trojugenas  nam  vexant  limen  et  ipsi 

101  Nobiscum  da  Prœtori ,  da  deinde  Tribuno. 

102  Sed  libertinus  prier  est,  prior  inqiiit ,  ego  adsum. 


103  Cur  timeam  ?  dubitemne  locum  defendere  ?  quamvis 

104  Nattis  ad  Euphratem ,  molles  quod  in  aurc  fenestrx 

105  Arguerint ,  licet  ipse  neyem?  sed  quinque  tabernw 
io«  Quadringenta  parant,  quid  confert  purpura  major 

107  Optandam,  si  Laurenti  custodit  in  agro 

108  Conductas  Corvinus  oveis  ?  ego  possidco  plus 
lo'.i  P allante ,  et  Licinis.  cxspectent  ergo  trihuni  : 

110  Vincant  divitix  :  sacro  nec  cédai  honori , 

111  Nuper  in  hanc  urhem  pedibus  qui  venerat  albis  : 
H'i  Quandoquidcm  inter  nos  sanclissima  divitiarum 

113  Majestas  ;  etsi  fiinesta  pecunia  templo 

114  Nondum  habitas,  nullas  nummorum  ereximus  aras , 
lift   Ut  colitur  pax,  atque  fides  ,  Victoria  ,  virtus, 

iiti  Quwque  salutatio  crépitât  Concordia  nido. 

117  Sed  cum  sumnius  honos  finilo  computet  anno , 

118  Sportula  quid  referai ,  quantum  rationibns  addat  : 

IV.)  Quid  facient  comités ,  qiiibus  hinc  toga.,  calceus  liinc  est, 

120  Et  panis ,  fumusque  domi  ?  densissima  centum 

121  Quadrantes  Icctica  petit ,  sequiturque  maritum 

122  Languida,  vel  pt\i'gnans  ,  et  circumducitur  uxor. 

123  Hic  petit  absenti,  notajam  callidus  arts, 

124  Ostendens  vacuam,  et  clausam  pro  conjuge  sellani. 

125  Gallam.ea  est,  inquit.  citius  dimitte.  moraris? 
i2(i  Profer  Galla  caput,  noli  vexare ,  quiescit. 

127  Ipse  dies  pulcro  distinguitur  ordine  rerum 

128  Sportula  ,  deinde  forum,  jurisque  peritus  Apollo  , 

129  Atque  triumphales  .^  inter  quas  ausus  habere 

180  Nescio  quis  titulos  Acgyptius  ,  atque  Arabarches  : 

131  Cujus  ad  efflgiem  non  tantum  mejere  fas  est. 

132  Vestibulis abeunt  veteres ,  lassique  clientes, 

133  Votaque  dcponunt ,  quanquam  longissima,  cenœ , 

134  Spes  homini.  caulis  miseris  ,  atque  ignis  emendus. 

135  Optima  silvarum  interea ,  pélagique  vorabit 

13G  Rcx  horum  ,  vacuisque  loris  tantum  ipse  jacebil. 

137  Nam  de  tôt  pulcris,  et  latis  orbibus ,  et  tam 

138  Antiquis,  una  comedunt  patrinionia  mensa. 

139  Nulius  jam  parasitus  erit.  sed  quis  feret  istas 

140  Luxurise  sordes  ?  quanta  est  gula ,  qux  sibis  lotos 

141  Ponit  apros ,  animal  prnpter  convivia  natum  ! 


142  Pœna  tamen  prwsens ,  cuni  tu  deponis  amiclus      / 

143  Turgidus ,  et  cnidum  pavonem  in  balnea  portas . 

144  Hinc  subilx  mortes  ,  atqiie  intestata  senectus. 

145  It  nova ,  nec  tristis  per  cunctas  fabula  cenas  : 

146  Bucitur  iratis  plaudendum  fiinus  amicis . 

147  Nil  erit  ulterius ,  quod  nostris  moribus  addat 

148  Posteritas  :  eadem  cupient ,  facientque  minores. 

149  Omne  in  prascipiti  vitium  stetit .  utere  velis  : 

150  Totos  pande  sinus  dicas  heic  forsitan ,  unde 

151  Ingcnium  par  materix  ?  unde  illa  priorwn 

152  Scribendi  quodcunque  aninio  flagrante  liberct 

153  Simplicitas ,  cujus  non  audeo  dicere  nomen  ? 

154  Quid  refert  diclis  ignoscat  Mucius  ,  an  non  ? 

155  Pone  Tigillinuin ,  teda  lucebis  in  illa  .^ 

156  Qua  s  tantes  ardent ,  qui  fixo  gutture  fumant , 

157  Et  latum  média  sulcum  diducit  arena. 

158  Qui  dédit  ergo  tribus  patruis  aconila  ;  veltaiur 

159  Pensilibus plumis ,  atque  illinc  despiciet  nos  : 

160  Cum  veniet  contra  ,  digito  compesce  labellum  : 

161  Accusator  erit ,  qui  verbuni  dixerit,  hic  est, 

162  Securus  licet  Aenean ,  Rutilumque  ferocem 

163  Committas  :  nulli  gravis  est  perculsus  Achilles , 

164  Aut  multum  qusesitus  Hylas  ,  urnamque  secutus . 

165  Ense  velut  stricto,  quoties  Lucilius  ardens 

166  Infremuit ,  rubet  auditor  cui  frigida  mens  est 

167  Criminibiis ,  tacita  sudant  prxcordia  culpa. 

168  Inde  irx,  et  lacrgmx.  tecuin  prias  ergo  voluta 

169  Hxc  ,  animo  ante  tubas  :  galeatum  sero  duelli 

170  Pœnilet.  experiar,  quid  concedatur  in  illos, 

171  Quorum  Flaminia  Icgitur  cinis ,  atque  Latina. 


SATYRE    I" 

SUIET. 

luuenal  fait  voir  dans  cette  satyre  qu'il  a  vécu  long  tems 
sans  écrire,  qu'il  ne  peut  se  résoudre  a  traiter  des  vains 
suiets  corne  les  autres  poètes ,  et  que  s'il  écrit  des  satyres  il 
ne  s'en  faut  prendre  qu'aux  desordres  de  Rome  que  l'on 
ne  peut  conoitre  sans  les  condamner. 


Theseide  Codri  (vers  2).  —  Codrus  êtoit  un  méchant 
poète  qui  fit  une  tragédie  de  Thésée ,  il  parle  encore  de  ce 
poète  dans  la  satire  3". 

Togatas  (  vers  3  ).  —  Comédies  qui  s'apeloiut  ainsy  parce- 
qu'elles  se  representoint  auecles  habits  des  Romains ,  celles 
qui  se  representoint  aucc  les  manteaux  des  Grecs  s'apeloiut 
PalUatse.  Il  y  en  auoit  de  quatre  sortes  :  1°  Prœtextatas  : 
c'êtoint  des  comédies  semblables  aux  tragédies ,  elles  repre- 
sentoint des  Empereurs,  des  Roys  et  des  capitaines,  qui 
traitoint  des  affaires  de  la  republique ,  elles  ont  prins  leur 
nom  de  la  robe  apelée  prxtexta  dont  on  se  seruoit  dans 
les  représentations ,  ou  bien  du  mélange  qui  s'y  faisoit  des 
actions  des  Empereurs  auec  celles  des  magistrats  ;  2°  Taber- 
narise  :  elles  ont  pris  leur  nom  de  la  bassesse  des 
persones  représentées  et  du  suiet;  Taherna  signifie  une 
cabane  dont  l'habitant  s'apele  Tabernarius ,  et  la  comédie 
représentée  par    des    semblables  gens    :    Tabernaria 


3°  Attcllanx  :  la  ville  d'AttcUa  l'eut  la  1"'  qui  prit  des 
suiets  pour  diuertir  les  gens  a  la  manière  des  fables 
satyriques    des    Grecs ,    en   donant  comencement    a    ces 

comédies  cette  ville  leur  dona  son  nom 4°  Planipedae  : 

dont  les  acteurs  êtoint  nuds  pieds,  et  ou  les  persones 
représentées  êtoint  de  basse  extraction. 

Elegos  (vers  4).  —  Ce  sont  des  vers  inégaux,  un  de  six 
mesures  ou  hexamètre,  l'autre  de  cinq  ou  pentamètre  ;  ces 
vers  feurent  inuentés  pour  plaindre  la  mort  des  persones 
que  l'on  aymoit  ;  on  s'en  seruit  en  suite  a  décrire  les  peynes 
que  l'amour  causoit ,  ces  vers  n'ayant  toùiours  que  la 
tristesse  pour  obiet,  ils  retinrent  le  nom  que  la  compassion 
leur  auoit  doné  Xeto  i'ay  compassion ,  c'est  a  cause  de  cela 
que  Sapho  l'apele  olegi  flebile  carmen. 

Ingens  Telep/ms  (vers  4  et  5).  —  C'est  une  tragédie  de 
Telephe  qui  feut  fils  d'Hercule  et  d'Auges.  Il  feut  fort  aymé 
de  Teutrante  Roy  de  Mysic  qui  le  choisit  pour  son  succes- 
seur a  l'empire.  Durant  la  guerre  de  Troye ,  il  voulut 
éloigner  les  Grecs  de  la  Mysie ,  ce  qui  lui  attira  une  blessure 
par  Achyllo  ;  il  feut  consulter  l'oracle  sur  la  playe ,  et  l'oracle 
luy  dit  qu'il  ne  gucriroit  iamais  s'il  n'ètoit  frappé  une 
2"  fois  par  le  même  qui  l'auoit  blessé ,  il  s'en  feut  trouuer 
Achylle  qui  le  guérit  en  effet  par  les  mêmes  armes  qui 
luy  âuoint  causé  la  playe ,  il  en  tira  un  peu  de  raclure , 
dont  il  fit  un  emplâtre  qu'il  luy  appliqua  a  la  cuisse,  aiusy 
il  receut  le  mal  et  la  guerison  du  môme  endroit ,  c'est  sur 
ce  Thelephe  qu'on  a  fait  une  comédie  intitulée  Telephe. 

Orestes  (vers  6).  —  C'est  une  tragédie  d'Oreste,  il  êtoit 
fils  d'Agamennon  Roy  de  Mycene  ;  Cly-temnostre  êtoit  sa 
mère,  ayant  sceu  que  son  père  après  le  retour  de  la  guerre 
de  Troye  auoit  été   tue  par  sa  mère  et  par  Egyste  son 


—  9  — 
gaiand,  etquils  auoint  des  méchants  desseins  contre  luy 
même,  il  sceut  si  Lien  prendre  son  tems  qu'il  les  tua,  cette 
mort  causa  tant  de  trouble  dans  son  esprit  qu'il  en  deuint 
furieux,  il  luy  semhloit  que  Glytemnestre  sa  mère  le  pour- 
suiuoit  continuelement  auec  des  torches  allumées  a  la 
main.  Pylade  si  célèbre  par  l'amitié  mutuelle  qu'il  auoit 
pour  Oreste ,  luy  conseilla  de  se  réfugier  dans  le  temple 
d'Apollon,  il  suiuit  ce  conseil,  mais  lors  qu'il  voulut  en 
sortir,  les  3  furies ,  Alecto ,  Megera ,  Tysiphone  se  présen- 
tèrent a  luy  ,  il  s^en  deliura  enfin ,  et  s'en  ala  dans  la 
Taurique,  ou  Iphigenie  sa  sœur  êtoit  près  tresse  de  Diane, 
il  enleuale  palladium,  et  s'enfuit  auec  sa  sœur  dans  l'Italie. 
Néron  l'empereur  déclama  cette  tragédie  sur  le  théâtre, 
elle  est  intitulée  Oreste  parcequ'Oreste  en  est  le  héros, 
par  la  même  raison  qu'on  apelle  auiourduy  une  des  plus 
belles  tragédies  de  notre  théâtre  Mytridate,  parceque 
Mytridate  en  est  le  héros. 

Lucus  Martis{\evs  7  et  8).  —  C'est  a  dire  l'hystoire  de 
l'origine  de  Rome,  car  Rea  Syluia  vestale  de  Rome  se 
trouuant  enceinte,  feut  enfermée  par  son  oncle  Amulius 
dans  une  maison  qui  se  trouuoit  dans  cette  forest  ou  elle 
enfanta  Romulus  et  Rhemus,  qu'elle  dit  auoir  conçu  du 
dieu  Mars,  c'est  sans  doute  la  raison  qui  fît  consacrer  ce 
bois  a  ce  dieu  ;  il  êtoit  dans  la  voye  Appia. 

Lucus  Martis.  —  Le  sens  est 

Il  y  a  dit  luuenal  un  si  grand  nombre  des  poètes  qui 
me  recitent  leurs  ouurages  qu'il  n'est  personc  qui  scache 
mieux  les  fables  que  moy  ;  il  marque  par  la  la  multitude  des 
poètes,  et  fait  voir  a  même  tems  qu'il  peut  bien  écrire 
puisqu'il  y  en  a  tant  qui  ecryuent  et  qui  apparement  ne 
sont  pas  tous  des  fort  habiles  gens. 


£■/,  /Eoliis  vicimtin  rupibus  antrmn  Vulcani  (vers  8  et  9). 
—  L'antre  de  Vulcain  est  le  mont  Elhna  (jui  luy  êtoit 
consacré ,  les  payens  creurent  que  le  feu  êtoit  une  diuinité 
qu'ils  apelerent  Vulcain  et  corne  le  mont  Ethna  dans  la 
Sicile  vomit  des  fiâmes ,  ils  creurent  que  c'êtoit  le  seiour 
de  ce  dieu ,  les  poètes  ont  dit  que  les  liâmes  qui  en  sortent 
sont  le  soufle  de  la  bouche  de  Vulcaiai.  Cette  montaigne  est 
voisine  des  Isles  Eolienes  remplyes  de  rochers ,  on  les 
apele  Ephestiœ ,  ou  Vulcaniœ ,  a  cause  de  la  comunicatiou 
qu'on  croyoit  que  le  dieu  du  feu  eut  auec  ces  Isles,  parce- 
qu'en  effet  le  feu  du  mont  Ethna  y  passe  par  des  petits 
canaux ,  elles  sont  7  :  Liparis  ,  Niera ,  Strongilé ,  Dydimé , 
Eriphusa ,  Euonimos ,  Phgenicusa. 

Eole  en  êtoit  le  Roy  dans  le  tems  d'Ilion  ou  de  Troye, 
c'est  luy  qui  leur  doua  ce  nom,  luuenal  dit  donc  qu'il 
n'est  persone  qui  conoisse  sa  maison,  aussy  bien  qu'il 
conoit  le  mont  Ethna  et  les  fiâmes  qui  en  sortent,  a  cause 
des  descriptions  continueles  qu'il  entend  reciter  ;  on  peut 
doner  un  autre  sens  a  cela  :  il  y  a  quelques  autheurs  qui 
disent  qu'il  y  auoit  a  Rome  3  fameuses  cauernes,  celle  du 
Gyclope ,  celle  de  Vulcain  ,  et  celle  de  Gacus ,  c'êtoint  trois 
endroits  ou  les  poètes  auoint  accoutumé  de  reciter  leurs 
ouurages,  luuenal  aloit  les  entendre  sonnent  et  conoissoit 
de  cette  manière  les  lieux  de  déclamation. 

Quas  torqueat  umbras  Macus  (vers  11  et  10).  —  Les 
murailles  de  Fronton  retentissent  des  descriptions  de  l'Enfer 
et  des  peynes  des  malheureux.  Eacus  êtoit  iuge  dans  les 
Enfers  auec  Minos  et  Radamanthe ,  ces  deux  derniers 
êtoint  d'Asie,  et  ne  iugeoint  a  cause  de  cela  que  les  Asia- 
tiques ,  le  premier  êtoit  d'Europe  et  iugeoit  les  Européens , 
ces  3  iuges  auoint  été  des  Roys  fort  iusles ,   leur  Equité 


—  11  — 

lit  croire  au  peliple  qu'ils  iugeroiut  daus  les  Enfers  parce- 
qu'ils  auoint  Lien  iugé  sur  la  terre. 

Undealius  furtiiiœ  deuehat  aurum  Peliiculae  (vers  10  et 
11).  —  C'est  l'expédition  des  Argonautes  par  lason,  il  êtoit 
fils  d'Alcimede  et  d'Eson  roy  de  Thessalie  qui  se  trouuant 
cassé  de  vieillesse  dona  le  gouuernement  de  son  royaume 
a  Pelias  son  frerc  qui  se  trouua  trop  bien  de  sa  courone 
pour  ne  tacher  pas  de  sel'asseurer;  il  persuada  a  lason  qu'il 
acquerroit  beaucoup  de  gloire  s'il  aloit  h  Colchos  enleuer  la 
Toison  d'or;  lason  ne  pénétrant  pas  le  dessein  de  son  oncle 
ne  songea  plus  qu'a  préparer  une  tlote  qui  feut  apelée  des 
Argonautes,  parcequ  Argus  dont  la  prudence  a  fait  dire 
qu'il  auoit  100  yeux  en  êtoit  le  gouuerneur  ou  parceque 
la  plus  part  de  ces  gens  la  êtoint  de  la  vilJc  d'Argos.  Cette 
toison  d'or  êtoit  la  peau  d'un  mouton  sur  lequel  Pbryxus 
fils  d'Atamas  s'en  êtoit  enfuy  auec  sa  sœur  Helle  pour 
s'éloigner  d'Inus  leur  marâtre  qui  les  maltraitoit  conti- 
nuelement ,  ce  mouton  étant  arriué  au  Pont  qui  est  un 
bras  de  mer  s'y  ietta  pour  passer  a  la  nage  ceux  qu'il 
portoit ,  mais  Helle,  ayant  eu  peur  des  vagues ,  s'étourdit  et 
y  tomba  dedans,  cette  mer  s'apele  depuis  ce  tems  la 
l'Hellespont.  Phryxus  ayant  eu  un  meilleur  sort ,  s'en  ala 
ches  iEtas  Roy  de  Colchos  ,  il  en  feut  extrêmement  bien 
reçeu ,  pour  en  remercier  les  Dieux  il  consacra  son  bélier  a 
lupiter  et  a  Mars  qui  l'enleuerent  parmy  les  astres ,  Phryxus 
appendit  la  toison  d'or  a  un  arbre  dans  une  foret  consacrée 
au  dieu  Mars  ou  l'on  mit  des  taureaux  qui  voomissoint  des 
fiâmes  et  un  dragon  qui  ne  dormoit  iamais  pour  garder 
cette  toison.  lason  arriué  a  Colchos  feut  demander  la  toison 
au  Roy  qui  y  consentit  a  condition  qu'il  dompteroit  les  tau- 
reaux, et  qu'il  tueroit  le  dragon  dont  il  semeroit  les  dents,  et 


—    \-2   — 

dcl'airoit  l'armce  qui  en  uaistroil ,  lason  accepta  cette  dange- 
reuse condition,  ou  il  auroit  péri  immancahlement  sans  le 
secours  de  Medée  fille  du  Roy  magicienne,  elle  n'eut  pas 
plutôt  veu  lason  qu'elle  en  deuint  amoureuse ,  et  ne  songea 
qu'a  le  sauuer,  son  art  magique  ne  luy  feut  pas  inutile, 
elle  en  tira  des  moyens  qu'elle  dona  a  lason  pour  venir  a 
bout  des  taureaux  et  du  dragon ,  ces  moyens  feurcnl 
heureux  et  ce  prince  se  vit  bientôt  on  possession  de  la  toison , 
aussy  bien  que  de  Medée  qu'il  enleua  sans  beaucoup  de 
peyne  ;  ces  deux  amants  n^ayant  plus  rien  a  souhaiter  dans 
la  Golchyde  partirent'  promptement ,  le  Roy  auerti  de  ce 
départ ,  les  suiuit  deprés  ,  mais  il  feut  retardé  a  ramasser 
les  membres  de  son  fils  Absyrte  que  Medée  auoit  mis  en 
pièces  et  qu'elle  dispersoit  a  dessein.  lason  arriua  glorieu- 
sement a  Argos ,  il  trouua  son  père  extrêmement  vieux , 
Medée  le  rajeunit  auec  des  herbes ,  les  filles  de  Relias  char- 
mées de  ce  prodige ,  creurent  rendre  le  même  scruice  a  leur 
père ,  elles  le  mirent  en  pièces  a  l'exemple  de  Medée  qui 
auoit  fait  le  même  du  père  de  lason ,  mais  le  succès 
feut  tout  différent  car  tous  les  remèdes  de  ces  filles  ne 
peureut  faire  reuiure  Relias;  le  seruice  de  Medée  n'empêcha 
pas  que  lason  ne  se  dégoûtât  d'elle,  il  la  quitta  pour 
épouser  Creuse  fille  de  Greon  Roy  de  Gorynthe ,  Medée  se 
vengea  de  ce  mépris  en  étranglant  aux  yeux  de  lason  deux 
garçons  qu'elle  en  auoit  eu ,  sa  vengeance  ne  feut  pas 
neagmoints  satisfaite ,  pour  la  mieux  continuer ,  elle  fit 
semblant  d'être  apaisée ,  et  pour  en  douer  des  marques  elle 
cnuoya  une  belle  robe  qu'elle  auoit  a  Creuse ,  qui  ne  s'en 
feut  pas  plutôt  parée  qu'elle  et  tout  le  palais  feut  réduit  en 
cendres  par  l'enchantement  de  cette  robe  fatale. 

Quankis    jaculetur    Monychus   ornos    (vers    11).   — 


_  13  — 

Monychus  est  un  des  centaures  qui  combatirent  contre 
les  Lapythes  peuples  de  Thessalie.  Pyrithous  épousant 
Hyppodamie  inuita  tous  les  dieux  aux  nopçes,  excepté 
Mars  qu'il  refusa  qui  feut  fâché  de  cette  distinction,  et  se 
vengea  en  enuoyant  a  ce  repas  les  Centaures  qui  eurent 
bruit  auec  les  Lapythes ,  ils  y  feurent  même  vaincus.  Mony- 
chus vient  du  mot  grec  (xovo'ç  solus  et  de  ovu^  unguis,  parce- 
qu'ils  n'auoint  qu'une  ongle  corne  les  chenaux  auxquels 
ils  ressembloint  de  la  ceinture  en  bas  ,  du  reste  ils  ressem- 
bloint  a  l'home. 

Frontonis  platani  (vers  12).  —  G'êtoit  la  maison 
d'Horace ,  elle  êtoit  très  belle ,  et  les  poètes  y  aloint  reciter 
leurs  ouurages. 

Platani  (vers  12).  —  G'êtoit  un  arbre  extrêmement 
beau  à  cause  de  la  quantité  des  feuilles  qui  le  couuroint 
et  qui  faisomt  un  ombrage  merueilleux,  on  l'arrosoit  auec 
du  vin ,  ayant  remarqué  que  l'arbre  s'en  portoit  beaucoup 
mieux.  Il  faut  entendre  par  cet  arbre  le  luxe  et  la  magni- 
ficence de  Fronton. 

Eœpectes  eadem  (vers  14).  —  C'est  la  première  raison 
qui  le  détermine  a  écrire  des  satyres,  de  voir  que  les  igno- 
rants se  mêlent  d'écrire  auec  autant  de  hardiesse  que  les 
scauants. 

Et  nos  ergo  manv/m  (vers  15).  —  Le  sens  coupé  exprime 
bien  l'indignation  que  le  poète  a  de  voir  que  tout  le  monde 
ecript  pendant  qu'il  ne  fait  rien;  le  sens  de  ce  vers  qui 
partage  asses  les  autheurs  est,  quoy  ay  ie  donc  quitté  les 
Ecoles ,  ay  ie  apris  la  Rhétorique  pour  ne  rien  faire. 

Consilium  dedimus  Syllx  (vers  16).  —  luuenal  montre 
par  la  qu'il  aprit  l'art  de  persuader ,  et  que  dans  le  tems 
qu'il  l'aprenoit  il  fit  plusieurs  oraisons  pour  s'exercer,  il 


en  lit  une  ou  il  couseilloil  a  Sylla  île  quitler  la  dictalure, 
pour  goultM-  le  repos  qui  ne  se  trouue  guère  dans  Tembarras 
que  done  une  charge  -considérable.  Sylla  feut  cboisy  des 
Romains  pour  comander  l'armée  qu'ils  enuoyoint  a  l'Hel- 
lespont  contre  Mythridate,  il  ne  feut  pas  plutôt  party  que 
les  Romains  mirent  Marins  a  sa  place ,  Sylla  reuint  a  la  bâte 
pour  venger  cet  affront ,  et  ayant  trouué  Marins  a  la  porte 
Colline  auec  plus  de  70000  homes,  il  les  mit  tous  en  pièces, 
et  entrant  dans  la  ville  il  en  trouua  4000  qui  n'êtoint  pas 
armés  et  a  qui  neagmoints  il  ne  fit  pas  plus  de  quartier 
qu'aux  autres,  il  porta  un  arrêt  pour  faire  mourir  les 
principaux  de  Rome ,  il  fit  un  rolle  qui  en  contenoit  deux 
mille  tous  des  gens  choisys  qu'il  condamuoit  a  mort  ou 
au  banissement  ;  son  esprit  feut  si  fort  agité  pendant  les 
troubles  qu'il  en  tomba  malade  a  Puteoles  après  auoir  quitté 
la  dictature,  sa  maladie  êtoit  pediculaire,  il  tachoit  de  la 
dissimuler  par  un  someil  feint,  auquel  luuenal  semble 
faire  allusion. 

Cur  tamen  hoc  poîius  (vers  19).  —  Il  done  des  raisons 
pourquoy  il  ecript  des  satyres  plutôt  que  tout  autre 
chose. 

Auruncœ  magnus  alumnus  (vers  20).  —  C'est  une 
périphrase  pour  exprimer  Lucile  qui  êtoit  d'Arunce  ville 
des  Rhntuliens ,  il  a  été  le  premier  des  Latins  qui  a  ecript 
des  satyres. 

Quum  tener  uxorem  (vers  22).  —  C'est  une  des  raisons 
qui  le  portent  a  écrire  des  satyres,  il  fait  voir  encore  d'autres 
suiets,  ce  qui  l'engage  a  faire  une  seuere  censure  des 
desordres  de  Rome,  corne  s'il  ne  parloit  etî'ectiuemcnt  que 
pour  se  mètre  a  couuert  luy  môme  du  reproche  que  l'on 
mérite  quand  on  se  porte  a  condamner  les  autres  plutôt 


par  le  chagrin  et  la  malice  d'un  esprit,  mal  t'ait  ([ue  par 
une  cause  raysonable. 

Ducat  spado  (vers  22).  —  C'est  une  indignation  contre 
l'impudicité  des  femes  qui  epousoint  leurs  galands  pour  les 
mètre  à  couuert  des  peynes  imposées  par  une  Loy  que 
Domitien  auoit  fait  contre  eux,  parmy  ces  galands  il  y 
en  auoit  d'eunuques  qu'elles  epousoint  aussy  bien  que  les 
autres,  luuenal  se  mocque  a  même  teras  de  cette  Loy 
qu'on  auoit  trouué  moyen  d'éluder. 

Mœuia  Tuscicm  (vers  22).  — C'est  une  autre  indignation 
contre  l'impudence  des  femes  qui  aloint  a  la  chasse  du  tems 
de  Domitien,  et  qui  se  meloint  dans  les  combats  de  théâtre. 
Mseuia  est  le  nom  d'une  courtisane ,  et  marque  toutes  les 
femes  impudentes. 

Patricios  omnes...  unus...  (vers  24).  —  Le  poète  parle 
de  Cynamus  qu'il  auait  conu  barbier,  et  qui  feut  extrême- 
ment aymé  d'une  feme  dont  il  récent  des  presens  suffisa- 
ment  pour  auoir  de  quoy  être  cheualier,  il  feut  a  la  fin 
condamné  a  l'exil. 

Patricios  (vers  24).  —  Les  gens  de  la  l"""  qualité  qui 
decendoint  des  Sénateurs  apelés  Patres  par  Romulus  qui 
après  auoir  fondé  Rome  choisit  les  cent  principaux  habi- 
tants pour  prendre  soin  de  la  republique,  on  eut  tant  du 
respect  pour  ces  sénateurs,  et  ces  Employs  deuindrent  si 
honorables  que  les  Roys  voulurent  y  être  admis ,  on  les 
apela  Patres  Conscripti  parcequils  êtoint  ecripts  auec  les 
autres,  ce  nom  passa  aux  Sénateurs  même  dont  les  Enfants 
feurent  apelés  Patricii. 

Cri/spinus  (vers  27).  —  Gryspin  êtoit  un  ^^gyptien  qui 
s'acquit  les  bones  grâces  de  Domitien,  il  êtoit  de  basse 
extraction  de  laquelle  il  s'eleua  a  Fhonneur  de  Cheualier, 


—  Ifi  — 

luuenal   le    maltraite   sonnent  corne  a  la  sat.    4*'  :  Ecce 
iterum  Crijsp.  cet. 

Canopi  (  vers  26).  —  Ganope  est  nne  ville  d'Egypte  qui  a 
pris  le  nom  de  Ganope  gouuernenr  de  Menelaus  qui  y 
feut  enseuely. 

Numéro  reuocante  lacernas  (vers  27).  —  Reietant  son 
manteau  sur  les  épaules  ;  il  marque  deux  choses  par  la , 
le  luxe  d'être  vctu  d'ecarlate  et  la  délicatesse  de  Gryspin  de 
craindre  d'être  incommodé  de  la  chaleur. 

Tyrias  (vers  27).  —  De  pourpre.  Tyr  est  une  ville  de 
Phœnicie,  elle  est  célèbre  par  des  poissons  qu'elle  a  dont 
le  sang  sert  a  teindre  la  pourpre. 

Lacerna  (vers  27  ).  —  Casaque  contre  le  froid  et  lapluye. 

Aurum  œstiuum  (vers  28).  —  Des  bagues  pour  l'été; 
le  luxe  des  Romains  êtoit  venu  iusques  la  qu'ils  auoint  des 
bagues  pour  l'iiyner  et  des  plus  légères  pour  l'été. 

Mathonis  (vers  32).  —  Mathon  êtoit  un  Auocat  qui  s'en- 
richit par  ses  crimes. 

Noua  (vers  32).  — Nouuelle  ;  le  mot  marque  que  Mathon 
êtoit  riche  depuis  peu ,  et  qu'auparauant  il  êtoit  panure. 

Delator  (vers  33).  —  Le  dénonciateur;  il  parle  de 
Marcus  Regulus  qui  tacha  de  faire  périr  beaucoup  des  gens 
de  qualité  par  les  rapports  qu'il  faisoit  a  Domitien. 

Magni  amici  (vers  33).  —  G'est  a  dire  de  l'empereur 
dont  il  apele  ailleurs  l'amitié  magna  aniicitia. 
In  quorum  facie  misera;  tnagnxque  sedebat 
Pallor  amicitix. 

Il  montre  par  la  que  les  amys  même  de  l'empereur 
n'êtoiut  pas  a  couuert  des  dénonciations. 

Quem  Carus ,  quem  Massa  timet  (vers  35  et  36).  —  Il 
reprend  particulièrement  la  coutume  de  déférer  a  l'empereur 


—    17  — 

ceux  que  1  on  vouloit  perdre ,  Domitien  prenoit  tant  de 
plaisir  a  entendre  les  rapports  que  persone  n'êtoit  en 
seureté.  Massa  les  craint,  Carus  les  preuient  en  donant  des 
presants  aux  plus  insignes  délateurs,  Latinus  en  est  eflrayé 
et  il  cherche  sa  seureté  en  donant  sa  feme  Thymele  a  l'Em- 
pereur ,  on  croiroit  peutêtre  que  ce  sont  les  noms  des  plus 
illustres  de  la  Republique  que  leur  dignité  ne  scauroit 
mètre  a  couuert ,  cependant  Massa  êtoit  le  fou  de  Domi- 
tien ;  Carus  et  Latinus  êtoint  deux  comédiens  ;  c^est  ainsy 
qu'il  se  mocque  du  pouuoir  qu'ils  auoint  auprès  de  l'em- 
pereur. 

Quem  Massa  timet  (vers  35).  —  Massa  qui  fait  le  métier 
d'accusateur  auprès  de  Domitien^  aprehande  quelque  autre 
accusateur  qui  luy  fasse  perdre  son  crédit  et  tout  cela  a 
cause  du  plaisir  que  Domitien  prenoit  a  ouir  faire  des  rap- 
ports, même  de  ses  plus  grands  fauoris. 

Ci(/m  te  summoueant  (vers  37).  —  Il  y  auoit  des  gens 
qui  faisoint  la  cour  a  des  vieilles ,  leur  amour  êtoit  recom- 
pensé par  des  testaments  qu'elles  faisoint  en  leur  faueur, 
c'est  le  segond  motif  qui  porte  luuenal  a  écrire  des  satyres. 

Cum  te  summoueant  (vers  37).  —  Lors  que  ceux  qui 
n'ont  des  successions  que  par  des  moiens  infâmes,  en 
éloignent  ceux  a  qui  seuls  elles  appartienent. 

Unciolam  Proculeius  habet  (vers  40).  —  Les  Romains 
diuisoint  leur  patrimoine  en  12  parties,  le  tout  s'apeloit 
Vas,  assis  ,  sol,  quand  on  faisoit  quelqu'un  héritier  de  tous 
ses  biens  on  se  seruoit  du  terme,  Eœ  asse  hœres  esto,  c'est 
a  dire  ex  toto.  Le  sol  est  diuisé  en  12  parties,  sextans  qui 
en  est  la  6^  partie,  quadrans  qui  en  est  la  4%  triens  qui 
en  est  la  3^. 

Gillo   Prooukius  '^^vers  40).   —  Le  premier  êtoit  fort 


—    18  — 

vigoureux  en  amour,  le  segoud  ne  l'ètoil  .^ueres,  c'est  par 
ce  seul  eudroil  {|u'on  les  conoit  auiourihiy. 

Eu  hic  jmlleat  (vers  42  et  43).  —  La  pâleur  de  ces 
galands  venoit  ou  du  comercc  trop  souueut  réitéré  ou  do 
l'attente  de  la  recompense  que  la  crainte  inséparable  de  la 
pâleur  accompagne  ordinairement. 

Ad  arani  Lugdunensem  (vers  44).  —  A  l'autel  de  Lyon. 
Galigula  institua  des  ieux  a  Lyon  ou  l'on  iaisoit  une  dispute 
deloquence  en  grec  et  en  latin,  les  vaincus  êtoint  obligés 
de  doner  des  prix  aux  vainqueurs  et  de  faire  leur  éloge  , 
et  ceux  qui  reussissoint  extrêmement  mal  etiaçoint  leur 
discours  auec  une  éponge  ou  auec  leur  langue,  autrement 
on  les  iettoit  dans  le  Rhône,  ce  qui  faisoit  que  ceux  qui 
entroint  en  dispute  palissoint  dans  l'incertitude  du  succès. 

Quid  referam  (vers  45).  —  Le  S"  motif  du  poêle  sont  les 
vols  qu'on  faisoit  sur  les  pupilles  et  sur  les  prouinçes,  ou  ne 
scait  pas  de  qui  luuenal  veut  parler ,  il  ne  parle  pas  neag- 
moints  en  gênerai  car  le  mot  hic  fait  asses  voir  que  celuy 
qu'il  entend  êtoit  conu  de  tout  le  monde. 

Premat  populum  (vers  46).  —  Qu'il  embarrasse  le 
peuple,  c'est  principalement  ce  qui  irrite  le  poète  de  voir 
que  le  voleur  ne  se  sert  des  de])Ouilles  d'un  pauurc  pupille 
que  pour  le  luxe. 

At  hic  damnalus  Mariusinani  iudicio  (vers  47  et  48).  — 
Mais  Marins  condamné  par  un  iugement  inutile;  ce  Marins 
êtoit  venu  d'Espagne  a  Rome,  ou  il  feut  fait  proconsul 
pour  la  prouince  d'Affri([ue,  pendant  le  tems  qu'il  y  resta 
il  lit  des  voleries  extraordinaires.  Les  Affricains  s'en  plai- 
gnirent a  la  fin,  et  Gornutus  TertuUus  qui  êtoit  considé- 
rable dans  Rome  condamna  Marins  a  mètre  au  trésor  public 
70000  sesterces  et  a  être  bany  de  Rome,  et  de  l'Italie. 


—  19  — 
Marius  neagmoints  aiioit  pillé  tant  des  richesses  qu'il  luy 
en  resta  asses  pour  se  bien  diuertir.  luuenal  marque  en 
cet  endroit  deux  choses,  l'auarice  des  Romains  qui  mirent 
dans  le  trésor  de  l'épargne  ce  ({u'ils  deuoint  rendre  a  la 
prouince  d'Aiirique ,  il  marque  aussy  Te-xcés  des  voleries 
de  Marius  qui  rendit  inutile  le  iugement  puis  qu'il  n'en 
lent  guère  moins  a  son  aise. 

Quid  enim  saluis  infamia  nummis  (vers  48).  —  Quel 
mal  fait  l'infamie  pourueuque  l'on  garde  son  bien;  c'est 
pour  preuenir  ceux  qui  pourroint  luy  dire  que  la  condam- 
nation de  Marius  n'étoit  pas  inutile  puis  qu'elle  l'a  diffamé, 
a  quoy  il  respond  par  auance  que  l'infamie  ne  fait  pas  grand 
mal  a  des  certaines  gens  qui  sont  trop  contents  s'ils  peuuent 
conseruer  leur  bien  ,  cette  morale  fait  voir  que  la  mauuaise 
réputation  n'est  pas  capable  de  retenir  les  méchants  dans 
leur  penchant. 

Fruitur  cliis  iratis  (vers  49  et  50).  —  Celuy  la  est  dit 
frui  diis  iratis  qui  malgré  ses  crimes  ne  laisse  pas  de  se 
diuertir,  sans  ressentir  les  effets  de  la  colère  des  dieux. 
Marius  donc  quoyqu'enemy  des  dieux  ne  laissoit  pas  de 
passer  sa  vie  ioyeusement.  lunon  se  plaint  dans  Seneque 
qu'Hercule  se  mocque  de  sa  colère.  Superat  et  crescit  malis 
iraque  mea  fruitur  ,  in  laudes  suas  mea  vertit  odia. 

Prouincia  victriœ  (vers  50).  —  La  prouince  d'Affrique 
est  victorieuse  parcequ'elle  o])tint  la  condamnation  de  Marius 
sans  obtenir  neagmoints  le  bien  quHl  luy  auoit  enleué, 
c'est  pour  cela  qu'elle  se  plaint,  plorat. 

Venusina  digna  lucerna  (vers  51).  —  Venusina  lucerna, 
c'est  a  dire  les  vers  d'Horace  qui  êtoit  de  Venuse.  luuenal 
apele  les  vers  d'Horace  lucerna  lumière  parceque  Horace 
a  fait  des  satyres  dans  lesquelles  il  semble  qu'un  poète  se 


—  -20  — 
serue  d  une  lumière  pour  ilecouurir  les  vices  des  homes. 
Le  sens  de  ces  mots  est  :  quoy  ne  croyray  ie  point  que  les 
desordres  de  mon  siècle  sont  dignes  des  satyres  d'Horace 
qui  a  reprins  auec  autant  de  délicatesse  que  de  force  les 
deffauts  de  son  tenis. 

Heracleas  [vers,  52).  —  Les  trauaux  d'Hercule,  et  les 
fables  qu'on  a  faites.  Hercule  se  dit  en  grec  Hpax»,?  composé 
de  Hpdc  lunon  xXsoç  gloire ,  la  gloire  de  lunon  qui  feut  cause 
qu'Hercule  se  rendit  si  illustre  par  les  difficultés  qu  elle  luy 
opposa,  de  ce  mot  composé  on  a  fait  Heracleas  qui  signifie 
les  trauaux  d'Hercule. 

Aut  Diomedeas  (vers  53).  —  Les  fables  qu'on  a  inuentées 
touchant  Diomcde  et  ses  compagnons.  Diomede  êtoit  fils 
de  Tydée  et  de  Deiphile  Roy  d'Etholie  ,  il  se  trouua  au  siège 
de  Troyeou  il  blessa  Venus  a  la  main  lors  (ju'elle  tachoil  de 
doner  du  secours  a  son  fils  JEnée  ;  cette  déesse  voulut  s'en 
venger  et  rendit  Egyale  feme  de  Diomede  ex  traord  inaire - 
ment  amoureuse  de  Sthcnele  que.  Diomede  auait  laissé  dans 
sa  maison  pour  prendre  soin  de  ses  affaires,  il  en  prit  telle- 
ment soin  que  la  feme  même  s'en  ressentit  et  s'accordèrent 
si  bien  que  le  pauure  mary  étant  reuenu  du  siège  de  Troye 
ils  ne  voulurent  pas  le  receuoir,  la  honte  le  chassa  de  son 
pays  et  le  fit  aler  ches  Daunis  Roy  de  la  Fouille  ou  il  bâtit 
Arpos  et  Renouent ,  ensuite  il  s'en  ala  nauiger  dans  les 
Isles  qui  sont  dans  la  Moditleranée,  il  y  périt  auec  ses  com- 
paignons ,  on  creut  que  la  déesse  Pallas  les  auoit  changés 
en  oyseaux  qu'on  apela  Diomcdav. 

Aut  mugitum  Labyrinthi  (vers  53).  —  C'est  a  dire  la 
fable  de  Thésée.  Androgéc  fils  de  Minos  Roy  de  Crète 
aymoit  extrêmement  la  Incte ,  et  come  Athènes  êtoit  l'en- 
droit du  monde  le  plus  propre  pour  ce  plaisir,  il  y  vint  dans 


—  si- 
lo tems  qu'Egée  en  êtoit  Roy  ,  on  eprouua  bientôt  l'adresse 
de  cet  étranger  qui  venoit  aisément  a  bout  de  tous  les 
athlètes,  le  succès  luy  attira  l'amitié  des  fils  de  Pallante  qui 
étoit  une  famille  fort  puissante  dans  Athènes.  Egée  apreanda 
de  cette  amitié  cjue  si  Androgée  donoit  du  secours  a  ses  amys 
on  ne  le  chassât  du  royaume,  cette  crainte  luy  tit  prendre 
des  desseins  qui  coûtèrent  la  vie  au  panure  Androgée.  Minos 
n'en  feut  pas  plutôt  informé  qu'il  déclara  une  cruele  guerre 
aux  Athéniens  qu'il  vainquit.  Apres  cette  victoire  il  leur 
ordona  de  tirer  au  sort  7  garçons  et  autant  des  filles  pour 
douer  tous  les  ans  au  Minotaure  pendant  qu'il  viuroit,  le 
sort  tomba  malheureusement  sur  Thésée  iils  d'Egée,  il 
l'enuoya  donc  a  Crète ,  mais  auant  de  partir  son  père  luy 
comanda  que  si  quelque  dieu  luy  faisoit  la  grâce  de 
reuenir  de  melre  dabort  des  voyles  blanches  a  la  place  des 
noires  qui  marquoint  la  tristesse  du  voyage  de  Thésée. 
Thésée  par  le  secours  d'Ariadne  fille  de  Minos  euita  la 
Minotaure  .  il  enleua  A.riadne  qu'il  laissa  ensuite  dans  une 
Islc,  et  reuint  chez  luy  sans  mètre  les  voyles  blanches  par 
un  oubly  que  sa  précipitation  ou  le  plaisir  d'être  hors  de 
péril  luy  auoit  causé ,  son  père  ayant  aperceu  de  fort  loin 
les  nauires  auec  leurs  voyles  noires  se  ietta  dans  la  mer  et 
luy  doua  le  nom  d'Egée  par  sa  mort. 

Lahyrinthi  (vers  53).  —  Le  labyrinthe  étoit  un  bâtiment 
auec  tant  de  détours  et  des  tours  qu'il  êtoit  fort  difiîcile  d'en 
sortir  lors  qu'une  foix  on  y  êtoit  entré.  Dédale  qui  êtoit 
un  ouurier  fort  habile  en  bâtit  un  dans  la  Crète  pour  le 
Roy  Minos ,  il  y  en  a  eu  4  fort  célèbres,  celuy  d'Egypte, 
celuy  de  Crète ,  celuy  de  Lemnos ,  et  un  dans  l'Italie. 

Et  mare  percussum  puero  (vers  54).  —  C'est  la  fable  de 
Dédale  et  de  son  fils  Icare.    Dédale  êtoit  d'Athènes  fils  de 


Mition ,  il  ètoit  fort  cclel)re  archylecte  et  iiij^enieux  dans  tout 
ce  qu'il  entreprenoit ,  il  fit  quelque  l'auto  qui  obligea  les 
iugcs  de  l'aréopage  de  le  banir.  C'est  qu'il  eleuoit  Talus 
fils  de  sa  sœur,  qui  par  une  force  d'esprit  extraordinaire 
inuenta  la  roue  a  faire  des  pots,  et  ayant  veu  les  dents  d'un 
serpent  il  prit  un  morceau  do  bois  auec  quoy  il  imita 
l'arrengement  de  ses  dents  et  iuuenta  de  cette  manière  la 
scie.  Dédale  se  voyant  surpassé  par  ce  ieune  home  en 
conceut  une  grande  enuic  qui  le  porta  enfin  a  le  luer, 
étant  obligé  de  quitter  sa  patrie,  il  s'en  vint  ches  Minos , 
roy  de  Crète  dont  il  fout  bien  recou  a  cause  des  belles 
qualités  qu'il  auoit:  il  faillit  a  être  trop  habile,  car 
Pasiphae  étant  deuenue  amoureuse  d'un  taureau,  il  luy 
dona  le  moyen  d'en  iouir  en  la  metant  dans  une  vache  de 
bois  qui  imitoit  si  fort  le  naturel  que  le  taureau  y  fut 
trompé  ,  le  Minotaure  nacquit  de  ces  amours  monstrueuses. 
Minos  informé  de  tout ,  et  du  seruice  que  Dédale  auoit  rendu 
a  Pasiphae  le  fit  enfermer  dans  le  labyrinthe  auec  son  fils 
Icare,  il  trouua  le  moyen  d'en  sortir  auec  des  aisles  qu'il  fit 
pour  tous  deux,  ils  prirent  l'essor,  mais  Icare  alant  un  peu 
trop  haut  s'aprocha  tant  du  soleil  que  la  cire  de  ses  aisles 
en  feut  fondue ,  il  tomba  dans  la  mer  apelée  Icariene 
depuis  sa  cheute ,  c'est  par  cest  enfant  qu'elle  feut  frapée, 
percussuon  mare  j^uero . 

Fabrumque  volanfem  (vers  54).  —  C'est  Dédale;  tout  ce 
qui  a  été  dit  iusqu'icy  sur  Dédale  est  fabuleux  ;  ce  qu'il  y 
a  de  véritable  c'est  que  Dédale  et  Icare  inuenterent  la  uaui- 
gation  et  que  le  dernier  y  périt. 

Ciom  leno  (  vers  55  ) .  —  Le  sens  est  :  quoy  ie  m'iray  auiser 
de  décrire  les  fables  lors  que  ie  puis  reprendre  tant  de  desor- 
dres, como  de  voir  qu'unmary  vent  les  plaisirs  de  sa  feme. 


Si  capiendi  ms  nullum  icxori  (vers  55  et  56).  —  Domi- 
tien  ayant  veu  qu'il  naissoit  beaucoup  de  desordres  des  co- 
merces  amoureux,  et  que  beaucoup  des  galands  priuoint 
leurs  entants  de  leur  bien  pour  le  doner  a  leurs  maîtresses , 
fit  une  loy  qui  deffendoit  aux  courtisanes  de  prendre  les 
héritages  de  leurs  galands;  on  se  mocqua  de  cette  loy  et  on 
trouua  moyen  de  contenter  les  femes  en  douant  le  Ijien 
aux  marys. 

Naso  vigilcmti  (vers  57).  —  faisant  semblant  de  dormir, 
et  ronflant ,  alin  de  doner  le  tems  aux  galands  de  sa  feme 
do  la  caresser;  cette  infâme  prostitution  fait  voir  a  quels 
excès  l'intheret  porte  les  auares. 

Qui  bona  donauil'  (vers  59).  —  Il  semble  designer 
Cornélius  Fuscus  qui  seruit  de  cocher  a  Néron  lors  qu'il 
êtoit  fort  ieune ,  cest  Empereur  prenoit  plaisir  a  conduire  le 
carrosse  luy  même ,  les  persones  de  la  1  ''^  qualité  pour  faire 
leur  cour  faisoint  la  même  chose;  ce  Cornélius  feut  préfet 
d'une  cohorte  sous  Domitien ,  il  combatit  contre  les  Daces 
et  mourut  dans  ce  combat,  c'est  ce  que  luuenal  dit 
ailleurs. 

El  qui  vuU'Uribus  seruabal  viscera  Bacis 
Fuscus  inarmofca  lacdicatus  prielia  villa. 

Cohortis  (vers  58).  —  C'est  la  dixième  partie  d'une 
légion. 

Dum  peruolat  (vers  60).  —  Le  sens  est  que  Fuscus  a 
mangé  le  bien  de  ses  ayeux  lors  que  pour  plaire  a  Néron  il 
faisoit  l'office  de  cocher. 

Flaminiam  (vers  61).  —  C'est  une  rue  que  Caius 
Flaminius  collègue  de  Lepidus  fit  bâtir  de  Rome  iusqu'a 
Arimini  après  qu'il  eut  vaincu  les  Liguriens. 

Puer  Autoînedon  (vers  61).  —    C'est   a  dire  Fuscus. 


Auiomedon  feut  fils  de  Diorée  et  cocher  d'Achille ,  les  poètes 
douent  le  nom  d'Automedon  a  tous  les  cochers. 

Quum  se  iactaret  (vers  62).  —  C'est  a  dire  lors  que 
Néron  accompagnoit  Sporus  et  le  caressoit  conac  s'il  auoit 
été  une  fille;  iactare  se  alicui ,  c'est  se  douer  a  quelqu'un, 
s'insinuer  dans  ses  bones  grâces  ou  attirer  le  cœur  ou  les 
yeux  de  ce  que  l'on  ayme. 

Amicae  lacernatx  (vers  62).  —  C'est  Sporus  que  luuenal 
traite  de  maîtresse  parceque  Néron  l'aymant  extraordinai- 
rement  il  le  fit  chastrer  pour  tacher  de  le  conucrtir  en 
feme ,  après  quoy  il  l'épousa  dans  toutes  les  cérémonies 
d'un  véritable  mariage;  le  poète  l'apele  a/mica  lacernata, 
c'est  a  dire  maîtresse  qui  portoit  un  habit  dhome ,  car 
lacerna  êtoit  un  manteau  d'ecarlate  pour  les  homes ,  il  se 
mocque  par  la  de  Ncron,  et  lui  reproche  d'auoir  une  mai- 
tresse  qui  êtoit  home. 

De  Mecsenate  supino  (vers  66).  —  Il  n'entend  point 
parler  de  Mecsenas  précisément,  la  comparaison  seroit 
odieuse,  le  charactere  de  Mecsenas  étant  bien  différent  de 
celuy  dont  il  parle.  Mais  il  entend  parler  de  son  protecteur, 
et  en  un  mot  de  son  Mecsenas.  Il  n'en  faut  point  croire 
a  Seneque  sur  le  suiet  de  Mecsenas. 

Ceras  (vers  63).  —  Tabletes  de  cire;  les  anciens  auoint 
acoutumé  d'écrire  sur  des  tabletes  dont  les  feuilles  êtoiut 
couuertes  de  cire ,  ils  auoint  même  une  planche  qui  en  êtoit 
couuerte,  qu'ils  metoint  dans  leur  lit  pendant  la  nuit, 
pour  y  marquer  les  pensées  dont  ils  n'auroint  peu  se 
ressouuenir  pendant  le  iour. 

Eœiguis  tobulis  (vers  68).  —  Des  testaments  courts. 
Lors  qu'on  donoit  tout  son  bien  a  un  home  on  ne  metoit 
que  très  peu  des  paroles  dans  le  testament. 


Matrona  (vers  69).  —  Le  poète  parle  d'Agryppi ne  qui  fit 
mourir  par  Je  poison  l'empereur  Claude  son  mary  après 
qu'il  eut  adopté  Néron  fils  d^Agryppine  ;  le  poète  parle 
souuent  de  ceux  qui  ne  viuent  plus,  corne  il  le  dit  luy 
même  dan»  la  tin  de  cette  satyre,  et  par  coneequent  il  peut 
parler  d'Agryppine  quoyqu'elle  ne  feut  plus.  i^i^^lfy*^ 

Calenum  (vers  69).  —  C'est  un  vin  de  la  Campagnie 
qui  prend  le  nom  de  Gales  qui  est  une  de  ses  villes. 

Rubctam  (vers  70).  —  C'est  un  poison  fait  auec  le  venin 
d'un  crapaut  qui  sapele  rubeta  parcequ'il  demeure  ordi- 
nairement parmy  les  ronces  qu'on  apcle  en  latin  rubus. 

Locusta  (vers  71).  —  Locusta  feut  une  empoisoneuse 
fort  célèbre  a  qui  Néron  ordona  de  préparer  un  poison  fort 
subtil  qu'on  doua  au  panure  Britannicus  dans  un  repas  ^  il 
ne  l'eut  pas  plutôt  pris  qu'il  feut  mort. 

Rudes propinquas  (vers  71  ).  —  Le  poète  fait  allusion  a 
Ihystoire  qui  dit  que  Néron  voulant  recompenser  Locusta 
luy  dona  beaucoup  du  bien,  et  outre  cela  des  disciples  a 
instruire,  come  étant  une  très  habile  maitresse. 

Breuibus  Gyaris  (vers  73)-.  —  Gyarus  est  une  petite  isle 
des  Sporades ,  il  prend  cette  isle  pour  marquer  l'exil  des 
criminels  qu'on  enuoyoitdans  des  petites  isles. 

Et  extantem  extra  pocula  caprwm  (vers  76).  —  Et 
le  bouc  qui  est  audehors  des  verres  ou  des  coupes  sur  les- 
quelles on  grauoit  plusieurs  figures  et  particulièrement 
celle  du  bouc  pour  faire  une  espèce  de  sacryfice  a  Bacchus , 
car  cest  animal  luy  êtoit  fort  agréable. 

Quem  patitur  (vers  77).  —  C'est  a  dire  quel  poète 
peut  garder  le  silence;  le  poète  reprend  deux  choses  dans 
ce  vers,  les  beaux  pères  qui  étoint  asses  débauchés  pour 
corrompre  leurs  belles  filles,  et  les  belles  filles  qui  êtoiut 


—  -?a  — 

asses  auarcs  pour  se  laisser  gaigiioi-  i)ar  des  présents  qu'elles 
en  receuoint, 

Quem  sponsx  turpes  (vers  78).  — Quel  poète  ces  épouses 
infâmes  laissent  elles  en  repos;  il  parle  des  mariages  qui  se 
contractoint  auec  toutes  les  ccrenionies  du  mariage  entre 
deux  homes.  C'est  une  chose  que  Néron  lit  et  beaucoup 
d'autres,  le  poeto  dit  (ju'il  est  fort  difficile  de  garder  le 
silence  a  la  veue  d'un  tel  desordre  et  c'est  auec  raison  qu'il 
traite  ces  épousées  de  mariage  monstrueux,  sponsœ  turpes. 
Y  eut  il  iamais  rien  de  si  abominable. 

Quem  prxtextatus  adulter  { vers  7S  ).  —  Quel  est  le  poète 
qui  peut  garder  le  silence  lors  qu'il  voit  qu'un  icune  home 
est  adultère  auant  mêuic  iju'il  n'ayt  quitté  la  robe  puérile 
apelée  prœtexta.  Ce  nom  lui  venoit  de  ce  qu'on  la  bordoit 
de  pourpre.  Prœtexere  signifie  border.  Tarquinius  Priscus 
la  mit  en  usage  pour  les  enfants  de  la  T^  qualité,  car 
faisant  la  guerre  aux  Sabins  son  fils  qui  n'auoit  encore  que 
14  ans  tua  leur  chef,  son  père  luy  doua  dabort  le  coller 
et  cette  robe  qui  n'êtoit  auparauant  que  pour  les  magis- 
trats; selon  l'institution  de  Tullus  Hostilius.  le  coller 
êtoit  pour  les  vainqueurs,  les  persones  de  la  1'"  qualité 
prirent  de  la  occasion  de  faire  poi-tei-  a  leurs  enfants  le 
colier  et  la  roi)e  iusqu'a  l'aage  de  14  ans. 

Quales  ego  vel  Cluuienus  (vers  80).  —  luuenal  s'humilie 
pour  mieux  draper  Cluuienus  qui  êtoit  un  méchant  poète, 
quand  on  veut  mépriser  quelqu'un ,  on  fait  semblant  de  se 
mètre  de  leur  nombre. 

Ex  quo  Deucalion,  (vers  81).  —  Dans  le  toms  que  Deu- 
calion  et  Pyrrha  sa  feme  regnoint  dans  la  Thessalie  il  y  eut 
un  déluge  uniuersel  qui  les  obligea  de  chercher  un  azile 
sur  le  somet  des  montaignes  pour  attendre  que  les  eaux 


l'eussent  écoulées,  lors  que  tout  feut  a  sec  ils  consultereat 
l'oracle  sur  la  réparation  du  genre  humain  qui  auoit  péri , 
l'oracle  leur  repondit  qu'ils  prissent  les  os  de  leur  grand 
mère  et  qu'ils  les  jettassent  en  arrière,  l'obscurité  de  cette 
reponçe  les  embarassa  quelque  tems ,  mais  a  la  fin  Deucalion 
fit  reflcction  que  la  terre  êtoit  la  mère  de  toutes  choses,  et 
les  pierres  êtoint  ses  os,  ils  en  prirent  tous  deux,  et  les 
iettânt  de  la  manière  que  l'oracle  leur  auoit  ordoné,  Deu- 
calion fit  naitre  des  homes  do  celles  qu'il  auoit  ietté  et 
Pyrrha  des  filles  ;  la  vérité  de  tout  cela  c'est  que  beaucoup 
des  gens  alerent  sur  Iji  montaigne  du  Parnasse  aucc  Deu- 
calion, la  postérité  entendant  parler  de  cela  creut  que  ce 
Roy  leur  auoit  doné  naissance;  le  sens  est...  tous  les 
desordres  qu'il  y  a  eu  parmy  les  homes  depuis  Deucalion 
seront  la  matière  de  mon  liure ,  il  parlera  de  toute  sorte 
de  vices,  et  il  les  reprendra  auec  aigreur. 

Quando maior  auaritix patuit sinus  (vers  88).  — Quand 
est  ce  que  le  voyle  de  l'auarice  a  été  plus  ouvert.  C'est 
une  métaphore  prise  d'une  voyle  de  nauire  qui  ne  va  iamais 
si  viste  que  lors  qu'elle  est  Lien  étendue,  parce  qu'elle  prend 
plus  de  vent ,  cela  nous  représente  fort  bien  l'auarice ,  lors 
qu'elle  a  beaucoup  de  cours. 

Aléa  quando  hos  animos  (vers  88  et  89).,  —  Supp. 
magis  vexauit. 

Prœlia  quanta  ilLic  dispensatore  videhis  armir/ci'o 
(vers  91  et  92  ).  —  Combien  de  combats  verres  vous  en  cet 
endroit  lors  que  l'ecuycr  aura  doné  a  son  maitrc  les  armes 
qu'il  luy  porte;  c'est  une  métaphore,  quand  les  grands 
seigneurs  se  preparoint  pour  combattre ,  leur  ecuyer  leur 
portoit  le  bouclier,  l'epée  et  tout  le  reste  de  leurs  armes, 
de  même  quand  ils  aloint  dans  des  académies  pour  iouer, 


—  28  — 
ils  faisoint  porter  à  leurs  eciiyers  tout  l'argent  qu'ils  auoint, 
corne  l'epée  cet.  sout  les  armes  dont  on  se  sert  a  la  guerre, 
l'argent  et  l'or  sont  les  armes  dont  on  se  sert  au  ieu. 

Sesiertia  (vers  92).  —  Une  sesterce  est  aiquiualente  à 
mille  ecus.  Du  genre  neutre. 

Sportula  (vers  95).  —  Sportula  est  un  diminutif  de 
sporta  qui  signifie  un  panier,  une  corbeille  ;  cv.  mot  est  icy 
prins  pour  les  metz  que  Ton  metoit  dans  la  corbeille,  et  que 
les  grands  de  Rome  faisoint  doner  dans  le  vestibule  de  la 
maison  a  leurs  clients  lors  qu'ils  ne  vouloint  pas  qu'ils 
mangeassent  auec  eux. 

Turke  togatae  (vers  96).  —  C'est  a  dire  les  clients  qui 
ôtoint  panures;  toga  êtoit  la  robe  du  peuple  tant  pour  les 
homes  que  pour  les  femes. 

lubetvocari  Troiugenas  (vers  99  et  100).  —  Celuy  qui 
distribue  les  metz  fait  apeler  par  les  huissiers  les  gens  de 
qualité  dont  la  pluspart  decendent  des  Troyens  (/  Troi/anis 
fjeniti,  c'est  principalement  ce  qui  irrite  le  poète  de  voir 
qu'on  donc  ces  metz  a  d'autres  qu'aux  pauures  pour 
lesquels  neagmoints  on  a  êtably  de  faire  la  charité. 
Ille  to.men  (vers  97).  —  Celuy  qui  distribue. 
Da  Pnrlori  [  vers  101  \  —  Ce  sont  les  paroles  de  celuy 
qui  distribue ,  il  comande  qu'on  doue  au  prêteur,  il  marque 
par  la  l'auarice  des  Romains,  puis  que  les  gens  de  qualité 
aloint  a  la  porte  de  ceux  qui  faisoint  doner  pour  en  prendre 
leur  part,  un  prêteur  êtoit  celuy  qui  comandoit  quelque 
compagnie  de  guerre,  son  nom  venoit  de  ce  qu'il  aloit 
deuant,  Prœiro  aler  deuant,  Pr.rtor ,  corne  qui  diroit 
Prœitor. 

On  apeloit  encore  prêteur  celuy  que  le  Sénat  choisissoit 
pour  rendre  iustice  dans  la  ville ,  et  a  qui  il  êtoit  permis  de 


—  -29  — 
taire  des  nouuelles  ordouances  el  d'abroger  celles  qui 
êtoint  deia  laites.  Il  portoit  les  marques  de  souueraineté 
come  les  Consuls  a  la  reserue  qu'il  u'auoit  que  six  licteurs 
deuant  luy;  on  établit  ces  sortes  de  iuges,  lors  que  les 
guerres  étrangères  obligèrent  les  Consuls  de  sortir  de 
Rome  pour  aler  comander  les  armées  et  on  apeloit  celuy  la 
prsetor  urbanus. 

La  puissance  de  la  republique  croissant  dans  Rome  de 
iour  en  iour  on  feut  obligé  de  créer  des  nouuelles  charges 
de  prêteur,  et  les  étrangers  y  abondant  de  toutes  parts ,  on 
apela  un  de  ceux  lu  prxtor  peregrinus ,  parce  qu'on  l'auoit 
créé  pour  rendre  iustice  aux  étrangers ,  on  en  mit  ensuite 
dans  toutes  les  prouinces  de  Fcmpire. 

Tribiino  (  vers  101).  —  Il  y  auoit  de  deux  sortes  de  tribuns, 
les  tribuns  du  peuple  et  les  tribuns  des  soldats,  ils  êtoint 
apelés  tribuns ,  parcequ'on  en  prenoit  3  de  trois  tribus 
pour  les  enuoyer  dans  les  armées,  ou  ils  prenoint  le  soin  de 
faire  faire  l'exercice  aux  soldats,  de  les  punir  de  leurs  fautes 
et  de  tout  ce  qui  pouuoit  les  regarder,  de  leur  douer  leur 
solde  d'où  ils  feurent  apelés  œrarii.  Les  tribuns  du  peuple 
feurent  créés  par  le  peuple  même  sur  le  mont  sacré  ou 
palatin  pour  le  deÔendre  contre  le  sénat  dont  ils  s'étoint 
séparés  après  que  les  Roys  feurent  chassés. 

Libertinus prior  est  (vers  102).  —  Ce  sont  les  paroles  du 
poète  qui  se  mocque  des  affranchys  qui  auoint  l'insolence  de 
se  préférer  aux  prêteurs  et  aux  tribuns,  auant  lesquels 
ils  vouloient  leur  part  de  donée. 

Quamvis  natus  ad  Eupliratem  [vers  103  et  104).  —  Le 
sens  est  :  quoyque  ie  sois  de  basse  condition;  ce  sont  les 
paroles  de  l'affranchy,  qui  veut  passer  deuant  le  prêteur. 
L'Arménie  fournissoit   beaucoup   de  valets  aux  Romains, 


—   'M)   — 

c'est  i)Our  cela  que  l'allranchy  dit,  quoyque  ie  sois  né  aux 
bords  de  l'Euplirate  qui  est  un  lleuue  de  l'Arménie  qui 
sort  du  mont  Niphare  et  se  iette  dans  la  mer  rouge  après 
auoir  passé  a  Babilonc  ({u'il  partage. 

Molles  quod  in  aure  fenestrœ  arguerint  (vers  1 04  et  1 05). 
—  On  auoit  accoutumé  dans  l'Orient  de  porter  des  perles  aux 
oreilles  qu'ils  perçoint,  a  cause  de  cela ,  on  apcloit  les  pier- 
reries qu'on  y  portoit  maures.  Moyse  en  parle  dans  le 
Pentatheuque  lors  qu  Aaron  dit,  Toiiite  inaures  aureas 
de  uxorum  fUiomniqne  el,  filiarum  vestrarum  auribiis  el 
afferte  ad  me. 

Laurenti  m  agro  (vers  107).  —  Laurcntum  êtoit  une 
petite  ville  dans  l'ancien  Latium. 

Coruinus  {vers  108). —  Valerius  Coruin  étoil  un  home 
de  la  r"  qualité,  il  viuoit  sous  le  consulat  de  Gamillus  fils 
de  Furius  Gamillus ,  il  se  bâtit  en  duel  contre  un  Gaulois 
fort  redoutable,  et  qui  l'auroit  vaincu  sans  le  secours  qu'il 
récent  d'un  courbeau  qui  sala  mètre  sur  son  casque  don  il 
s'elançoit  sur  le  Gaulois  qui  feut  enfin  vaincu  ;  Valerius  prit 
le  nom  de  Goruinus  en  mémoire  de  la  victoire  remportée 
par  le  secours  du  courbeau  et  contribua  do  beaucouj)  par  celte 
action  et  par  beaucoup  d'autres  a  l'eclaf  de  la  iamille  des 
Gorbins  qui  feut  extrêmement  illustre. 

Quid  confert  (vers  106).  —  La  noblesse  n'a  garde  d'être 
si  illustre  ny  de  si  grand  proffit  que  les  richesses  ,  puisque 
Valerius  Goruinus  qui  êtoit  de  famille  si  illustre  na  pu  se 
garantir  de  la  pauureté,  et  qu'il  a  été  obligé  de  garder 
luy  même  ses  troupeaux,  s'il  auoit  eu  a  choisir  sans  doute 
qu'il  auroit  préféré  les  richesses  a  la  noblesse,  et  les  biens  a 
la  gloire. 
'    Pnllante  et  Lieinis  (vers    109).  —   Pallas   et  Licinus 


—  31  —  - 
l'eurent  les  l*''daiis  la  cour  de  Claudius  Gsesar,  ils  n'êtoint 
que  des  affranchys  ;  ueagmoints  Claudius  les  ayma  si  fort 
qu'il  leur  dona  le  gouuernement  de  toutes  ses  affaires. 
Pallas,  qui  êtoit  Arcadien  feut  fait  prêteur  et  receut  de 
l'empereur  des  fort  grandes  marques  d'amitié  par  les 
richesses  qu'il  en  eut ,  elles  luy  causèrent  enfin  la  mort  car 
Néron  le  fit  empoisoner  pour  le  dépouiller  des  biens  dont 
une  trop  longue  vieillesse  le  priuoit.  Licinus  êtoit  de 
Germanie,  il  amassa  beaucoup  des  richesses,  et  mourut 
enfin  sous  Tybere. 

Exspectent  ergo  tribuni  (vers  109).  —  C'est  le  poète  qui 
parle  et  qui  a  de  l'indignation  contre  l'impudence  de  ces 
afFranchys  qui  enflés  de  leurs  richesses  veulent  passer 
plutôt  que  les  prêteurs  et  les  tribuns,  il  faut  prononcer  ces 
mots  en  se  mocquant. 

Ut  colitur pax  (vers  115).  —  Vespasien  et  Titus  son  fils 
firent  bâtir  un  temple  fort  magnifique  qu'ils  consacrèrent 
a  la  paix,  il  feut  embelli  par  Domitien  au  raport  de 
Pline,  In  eo  vasa  templi  Hierosolymitani  constituit. 

Atque  fides  (vers  115).  —  Numa  Pompilius  le  plus  reli- 
gieux des  Roys  romains  fonda  un  temple  a  l'honeur  de 
la  foy  qu'il  croyoit  être  une  déesse.  Dabort  que  ce  temple 
feut  baty ,  ce  prince  comanda  a  quelques  pbretres  d'y  aler 
sur  un  char  trainé  par  deux  chenaux  et  d'y  faire  le  sacryfice 
la  main  couuerte  iusques  aux  doits  pour  marquer  que  la 
foy  êtoit  même  dans  les  mains  et  qu'on  l'y  deuoit  garder. 

Victoria  {yers,  115).  —  Les  Arcadiens  bâtirent  un  temple 
a  la  victoire  sur  le  mont  Auentin. 

Virtus  (vers  115).  —  Marcus  Marcellus  bâtit  un  temple 
a  l'honeur  et  a  la  vertu. 

Concordia  [vers  116).  —  Les  Romains  adoroinl  la  déesse* 


concorde  sous  l'image  de  la  cicognc  ,  cest  oiseau  a  une 
affection  singulière  pour  ceux  a  (jui  il  doit  la  vie,  il  les 
nourril  autant  de  tems  qu'il  en  a  été  nourry  ;  les  Romains 
bâtirent  3  temples  a  cette  déesse,  Gamillus  bâtit  le  l"en 
mémoire  d'une  victoire  qu'il  remporta  sur  les  Etruriens . 
Ouide  en  parle  au  liure  des  fables. 

Candida  se  niueo  posuil  Lux  proxima  Trmplo 

Qud  feri  sublimes  alla  monela  grains. 
Furius  anliquum  Populi  superator  Hetrusei 

Vouerat  et  voti  fecerat  illc  fidem. 

Gneius  Flauius  fils  d'un  affranchy,  et  greffier  d'Appius 
Gœuius,  fit  bâtir  le  segond,  Tibère  le  3^,  l'explication  litté- 
rale de  ce  vers  est ,  on  adore  la  concorde ,  et  on  luy  a  bâti 
un  temple  que  la  cicogne,  qui  est  l'image  de  la  concorde, 
fait  retentir  par  ses  crys,  lors  qu'elle  va  au  nid  de  ses  petits 
qu'elle  faisoit  dans  quelque  trou  du  temple. 

Sed  cum  summus  honos  (vers  117).  —  Il  marque  l'aua- 
rice  des  Romains ,  le  sens  est,  si  les  ricbes  content  a  la  fin 
de  l'année  ce  que  leur  a  valu  la  corbeille  ;  c'est  la  douée 
que  doiuent  faire  les  panures  (|u'il  désigne  sous  le  nom  de 
Comités  qui  étoint  ceux  que  l'on  faisoit  suiure  quand  on 
aloit  en  quelque  endroit  ;  ce  sont  les  parasites. 

Hinc  (vers  119).  —  C'est  a  dire  de  la  donée  qui  fournissoit 
a  tous  leurs  besoins. 

Densissima  centum  qnac/rantcs  lectica  petit  (vers  120 
et  121).  —  Il  marque  très  bien  l'auarice  des  Romains  qui  se 
seruoint  de  finesse  lors  qu'ils  aloint  a  la  donée,  ils  mettoint 
leurs  femes  dans  une  litière,  elles  feignoint  d^être  malades, 
et  ainsy  elles  auoint  quelque  chose  de  plus.  Densissima 
ne  marque  pas  le  nombre  des  persones  qui  étoint  dans  une 
litière  qui  contenoit  asses  peu  de  gens,  mais  ce  mot  la 


—  33  — 
marque  le  grand  nombre  des  litières  qui  exprime  tort  Lien 
l'auarice  des  Romains.  Quadrans  est  le  même  que  sportula. 
Profer  Galla  caput  (vers  126}.  — Ce  sont  les  paroles 
de  celuy  qui  done ,  il  veut  voir  si  Galla  est  dans  la  litière  de 
peur  d'être  trompé. 

Noli  vexare  (vers  126).  — C'est  le  mary  qui  repond  et 
qui  apreande  qu'on  ne  voye  que  sa  feme  n'est  point  malade. 
Ipse  clies  {vers  127}.  — Il  marque  l'auarice  des  Romains 
et  leur  oysiueté ,  il  dit  qu'ils  aloint  suiure  les  portes  des 
grands,  et  après  cela  ils  aloint  dans  les  places  voir  les 
spectacles  et  ainsy  ils  perdoint  les  iournées  entières. 

Sportula  (vers  128}.  —  Il  faut  enlQnAvQ  petitur ,  c'est  a 
dire  on  va  a  la  donée. 

lurisque  peritus  Apollo  (vers  128).  —  Par  Apollo  ,  il 
entend  le  barreau  qu'Auguste  fit  bâtir  ou  il  fit  mètre  une 
statue  d'yuoire  qui  representoit  Apollon  ,  il  y  auoit  encore  les 
statues  de  ceux  qui  auoint  remporté  quelque  fameuse  victoire. 
Inter  quas  (vers  129).  —  Parmy  ces  statues  on  auoit  mis 
celle  de  Gryspin,  Mgyptius  le  fait  asses  entendre;  cela 
done  de  l'indignation  au  poète  qui  ne  peut  souffrir  qu'un 
home  de  si  basse  extraction  eut  cette  honeur,  il  le  méprise 
asses  par  ce  mot  de  Nescio  guis ,  ce  qui  est  cause  qu'il  dit 
JEgyptius  aut  Arabarches.  L'Egypte  et  l'Arabie  sont  fort 
voisines  ,  le  poète  fait  semblant  de  ne  sauoir  pas  distinguer 
quelle  est  sa  patrie ,  il  peut  encore  l'apeler  Arabarches 
parceque  ce  mot  signifie  prince  des  Arabes,  l'Arabie  four- 
uissoit  force  valets  a  Rome ,  le  poète  apele  Gryspin  le  prince 
de  ces  valets  dont  il  êtoit  le  plus  considérable. 

Nam  de  totpulcliris,  ect.  (vers  137).  —  Car  quoyque  vous 
voyes  sur  la  table  de  ce  riche  beaucoup  de  plats,  et  une 
grande  magnificence,  ne  croyes  pas  pour  cela  qu'il  y  ayt 

3 


—  34  — 
plus  de  monde ,  il  ayme  a  manger  seul  et  il  fait  préparer 
pour    luy    un    repas    qui   suffîroit  pour    une   inlinité  de 
persones,  aussy  mange  til   tout  son  patrimoine  dans  un 
seul  iour. 

Vestibulis  abeunt  (vers  132  ),  —  C'est  un  siiiet  d'indigna- 
tion pour  le  poète  de  voir  que  ceux  qui  auoint  accompagné 
les  grands  et  qui  leur  auoint  rendu  des  scruiçes  n'en 
êtoint  pas  recompensés,  et  qu'ils  êtoinl  contraints  de  se 
retirer  après  s'être  lassés  d'attendre  a  leur  porte. 

Votaque,  ect.  (vers  133).  —  Voicy  la  construction,  et  vota 
ceux  deponunt,  quanquam  longissinia.  Quoiqu'ils  ayent 
attendu  long  tems  qu'on  leur  fit  douer  a  diuer,  ils  sont 
obligés  de  se  retirer  chcs  eux  a  ieun  et  ils  n'ont  l'espérance 
que  d'y  trouuer  des  choux  qu'ils  font  cuire  auec  un  peu  de 
l'eau  et  leur  nécessité  est  si  grande  qu'ils  sont  obligés 
d'achepter  iusques  au  feu  pour  les  faire  cuire. 

Lnxuriss  sordes  (vers  140).  —  Ces  deux  mots  sont 
opposés,  iuxuria  signifie  profusion  et  sordes  auarice, 
luuenal  les  attribue  aux  Romains  sans  contradiction  ,  ils 
êtoint  auares  a  l'égard  de  leurs  clients  et  n'epargnoint  rien 
pour  leur  plaisir ,  le  concours  de  ces  deux  vices  est  la  chose 
du  monde  la  plus  détestable. 

Propter  conuiuia  (vers  141).  —  Pour  les  grands  repas. 

Crudum  pauonem  (vers  143).  —  L'indigestion.  Le  paon 

empêche  la  digestion ,  il  doue  a  cette  quantité  prodigieuse 

de  viandes  qu'ils  auoint  mangées  le  nom  de  paon,  parce 

qu'elles  empechoint  la  digestion  par  leur  quantité. 

Utere  velis  (vers  149).  —  Le  poète  s'exorte  luy  même 
par  une  métaphore  prise  des  matelots  qui  êtendoint  leurs 
voyles  lorsqu'ils  trouuoint  le  vent  fauorable;  le  seus  est, 
puisque  ie  trouue ,  dit  luuenal,   une  matière  vaste  il  faut 


—  35  — 
écrire,  il  faut  m'abandoner  a  la  satyre,  c'est  ce  qu'il  apele 
Pandere  totos  sinus. 

Priorum  (vers  151  ).  — r  C'est  a  dire  les  poètes  anciens,  il 
entend  Lucille  qui  viuoit  auant  ces  Empereurs ,  c'êtoit  uu 
poète  satyrique  qui  disoit  franchement  et  simplement  les 
défauts  des  Romains,  il  nommoit  les  choses  par  leur  nom, 
c'est  ce  que  luueual  apele  Simplicitas  scribendi. 

Cuius  non  audeo  dicere  nomen  (vers  153).  — C'est  a 
dire  cuius  simplicitatis  ou  libertatis  scribendi.  Lucille 
auoit  de  son  tems  la  liberté  d'écrire  contre  tous  ceux  qu'il 
vouloit,  luuenal  plaint  cette  liberté  qui  cessa  lorsque  les 
Empereurs  comaucerent  d'être  a  Rome,  ils  ne  perme- 
toint  pas  qu'on  fit  la  moindre  chose  que  par  leur  ordre,  le 
poète  marque  par  la  la  malheureuse  condition  de  son  tems 
ou  on  ne  pouuoit  rien  faire  qu'au  gré  de  l'empereur,  non 
pas  même  reprocher  un  peu  ouuertement  leurs  défauts  aux 
vitieux  :  le  sens  est,  cette  liberté  a  été  tellement  éteinte  que 
ie  n'ose  plus  la  nommer;  de  peur  sans  doute  de  se  faire  des 
afi'aires  auec  l'empereur. 

Simplicitas  (vers  153).  —  La  liberté  d'écrire.  Il  ne  faut 
pas  chercher  des  termes  choisis  pour  reprendre  les  vices, 
mais  il  faut  le  faire  simplement  et  sans  art. 

Mutins  (vers  154).  —  C'est  Mutins  Sceeuola  contre  qui 
Lucille  fit  des  vers  et  contre  un  certain  Lupus ,  luuenal  dit 
qu^on  ne  se  metoit  guère  en  peyne  que  Mutius  s'en  fachat 
ou  non  parcequ'on  auoit  la  liberté  de  tout  dire ,  il  touche 
par  la  la  contrainte  de  son  tems  ou  un  seul  vers  auroit  fait 
des  affaires  a  un  poète. 

Pone  Tygillinuni  (vers  155).  —  Fulcinius  Tygillin  êtoit 
originaire  d'Agrygentc,  c'êtoit  ua  ieune  home  fort  bien 
fait,  il  vint  a  Rome  ou  Lycinius  et  Domitius  l'aymerent 


—  36  — 

autant  qu'une  maîtresse,  Agryppine  et  Fuluie  leurs  ternes 
en  l'eurent  extrêmement  irritées  et  le  firent  chasser  de 
Rome ,  pendant  son  exil  il  inuenta  une  raachyne  pour  la 
pèche,  elle  plut  si  ibrt  qu'on  le  rapela ,  a  condition  neag- 
moints  qu'il  ne  coucheroit  pas  aucc  Lycinius  et  Domitius. 
Pour  mieux  destourner  son  esprit  de  ce  comerce,  il 
s'appliqua  a  nourrir  des  cheuaux  de  carrosse  et  a  les  dresser, 
il  fit  par  la  sa  cour  a  Néron  sous  le  règne  duquel  il  t'eut  fort 
puissant,  il  est  aisé  de  voir  qu'il  eut  été  fort  dangereux  de 
l'aire  des  satyres  contre  luy ,  il  s'en  seroit  vengé  d'une 
manière  proportionée  a  son  pouuoir. 

Fulcinius  Tygillinus  obscuris  jMrentibus,  fœda  pueritia , 
impudica  senecta,  prwfecturam  vigilum  et  pnetorii  et 
aliaprœmia  virtutum,  quia  velocius  erat  vitiis  adeptus , 
crudelitatem  mox,  deinde  auaritiam  et  virilia  scelera  exer- 
cuit,  corrupto  ad  omne  facinus  Nerone ,  qioœdam  ignaro 
aus'us,  ac  postremo  eiusdem  desertor  ac  proditor.  Tygilli- 
nus, accepta  apud  sinuessanas  aquas  supremœ  necessi- 
tatis  nuntio,  inter  stupra  concubinaruvfi  et  oscula  et 
déformes  moras ,  sectis  nouacula  faucibus ,  infamem  vitam 
fœdauit  etianv  exitu  fero  et  inhonesto .  (Tacit.,  Hisl.,  lib.  1, 
cap.  72.  ) 

Lucilius  fit  des  vers  contre  Mutins  qui  valoit  bien  plus  que 
Tygillin ,  cependant  il  est  dangereux  d'en  faire  contre  celuy 
cy,  et  on  court  risque  d'expier  son  indiscrétion  par  le  feu. 

Quâ  stantes  ardent  (vers  156),  — C'est  a  dire  si  vous 
oses  faire  des  satyres  contre  Tygillin  on  vous  empallera, 
c'êtoit  un  supplice  des  Romains. 

Et  sulcutn  média  diducit  arenâ{vQv%  157),  —  Il  parle 
d'un  autre  supplice  des  Romains  qui  faisoint  brûler  les 
criminels  au  milieu  de  l'emphyteatre,  le  sens  est,  si  vous 


faites  des  vers  contre  Tygilliii  il  vous  arrivera  de  même 
qu'a  ceux  qu'on  fait  Jjruler  au  milieu  de  l'emphytcatrc. 
Diducere  sulcum  ne  signifie  pas  être  hrulé  mais  seulement 
tracer  un  rayon  dans  la  terre,  il  signifie  icy  être  traîné, 
prenant  une  circonstance  pour  la  chose  même  come  les 
poètes  font  souuent.  Les  Romains  faisoint  traîner  les  cri- 
minels au  supplice  auec  un  crochet  et  come  le  feu  êtoit  une 
suite  infaillible,  il  prend  l'un  pour  l'autre,  et  diducere 
sulcum  signifiera  être  brûlé. 

Ce  vers  reçoit  bien  des  explications.  Il  y  en  a  qui  au  lieu  de 
diducit  lisent  deducit,  si  vous  voulez  reprendre  les  vices 
de  Tygillin^  vous  vous  exposes  a  être  brûlé  après  qu'on 
vous  aura  encore  empalé ,  et  un  si  cruel  supplice  sera  inutile 
puisqu'il  ne  changera  point  Tygillin  ;  vous  laboures  du 
sable,  c'est  a  dire  votre  peyne  ne  vous  sert  de  rien ,  faisant 
allusion  au  prouerbe  grec  qui  se  dit  de  ceux  qui  prenent  de 
la  peyne  pour  une  chose  (jui  ne  leur  seruira  de  rien ,  a[j^[j.ov 
fjLSTpetç  c'est  a  dire  arenam  metiris.  Il  y  en  a  qui  lisent 
qui  ducit ,  vous  bruleres  encore  plus  cruelement  que  celuy 
qui  laboure  du  sable  et  des  vastes  pays  couuerts  de  sable 
ou  le  chaud  est  excessif.  Cette  explication  pourtant  n'ex- 
plique qu'imparfaitement  la  pensée  du  poète,  n'y  ayant 
point  de  comparaison  entre  le  feu  et  la  chaleur  qu'on 
souffre  dans  les  pays  même  les  plus  chauds.  Juste  Lipse 
ex  ver.  eod.  lit. 

Et  lattis  mecliam  sidcus  diducit  arenam. 

Sulcus  par  concequent  seroit  le  trou  ou  l'on  metoit  ceux 
qu'on  aloit  brûler. 

Qui  dédit  crgo  tribus  patruis  aconita  (vers  158).  —  Il 
entend  Tygillin  qui  au  raport  de  Probus  empoisona  3  de 
ses  oncles  pour  auoir  leur  bien. 


—  38  — 

Le  sens  est ,  puisque  les  poètes  ne  peuuenl  pas  reprendre 
les  vices,  il  faut  laisser  les  méchants  triompher  dans  la 
pourpre  et  la  magnilicence  et  insulter  aux  honetosgens,  c'est 
une  figure  de  rhétorique  par  laquelle  le  poète  sem])le 
permetre  ce  qu'il» ne  peut  pas  reprimer,  il  parle  touiours 
de  Tygillin  qui  êtoit  mort  sous  Othon  ,  mais  cela  n'empêche 
pas  qu'il  ne  parle  de  luy  puisqu'il  dit  a  la  fin  de  cette  satyre 
qu'il  s'en  prendra  aux  morts,  ne  pouuant  attaquer  les 
viuants,  de  crainte  de  la  vengeance  que  les  poètes  satyriques 
s'attirent  ordinairement. 

Aconitum  (vers  158).  —  C'est  une  herbe  qui  cmpoi- 
sone  ;  elle  nait  parmy  les  pierres, 

Pensilibus  plumis  (vers  159).  —  C'est  a  dire  une  litière 
suspendue  sur  les  épaules  des  porteurs  ,  c'est  la  partie  pour 
le  tout ,  on  metoit  des  licts  de  plume  dans  les  litières,  il  les 
prend  pour  la  litière  même  et  les  apele  pensiles  c'est  a 
dire  un  lict  fort  mol ,  parceque  un  monceau  des  plumes  par 
leur  grande  légèreté  semblent  être  suspendues  les  unes  sur 
les  autres,  car  elles  ne  se  touchent  presque  pas. 

Digito  compesce  labellum  (vers  160).  —  Ce  sont  les 
paroles  d'un  amy  de  luuenal  qui  l'auertit  de  garder  le  silence 
sur  les  persones  aussy  puissantes  que  Tygillin,  et  que 
le  moindre  mot  pourroit  luy  faire  des  affaires  auec 
luy. 

Accusator  erit  qui  verbum  dixerit;  hic  est  (vers  161). 
—  Le  sens  est ,  luuenal ,  dit  l'amy ,  si  vous  faites  des  vers 
contre  Tygillin ,  lorsque  vous  le  trouueres ,  il  se  rencontrera 
quelqu'un  auec  luy,  qui  luy  dira,  voyla  le  poète  qui  a 
l'insolence  de  parler  de  vous  ;  on  peut  expliquer  cest  endroit 
d'une  autre  manière  faisant  dire  a  luuenal  par  son  amy, 
qu'il    prcne  bien  garde  en  ecriuant  de  ne  pas  fâcher  les 


—  30  — 

grands  parceque  le  moindre  mot  qu'on  dit  d  eux  est  un 
crime ,  accusator  signifiera  icy  accusé  condamné. 

Securus  licet  JLneam  (vers  162).  —  L'amy  continue  de 
parler  et  de  dire  a  luuenal  qu'il  peut  sans  danger  écrire  le 
combat  de  Turnus  et  d'Enée,  mais  non  pas  les  desordres 
de  son  tems. 

Committas  (vers  163).  —  Pour  commiUere. 
Nulligraids  est  perculsus  Aciiy  lies  (vers  163).  — C'est  la 
même  pensée,  persone,  dit  l'amy,  ne  s'oflensera  si  vous 
decriucs  les  playes  d'Achylle  que  Paris  blessa  dans  le  temple 
d'Apollon  Tymbrée,  ou  il  aloit  épouser  Polixene  qu'il 
aymoit  beaucoup.  La  déesse  Thetis  voulant  rendre  son  fils 
Achylleinuulnerablc  le  prit  par  le  talon  et  le  trempa  dans  la 
mer,  l'eau  de  la  mer  ne  fit  pas  d'effet  sur  ce  talon  parce 
qu'elle  ne  le  toucha  pas,  Paris  par  le  secours  d'Apollon 
luy  décocha  une  flèche  précisément  a  cet  endroit,  cette 
blessure  le  fit  mourir. 

Aut  multum  guœsitus  Hylas  (vers  164).  —  Il  faut 
entendre  nulli  grauis  est ,  Hylas  n'est  fâcheux  a  persone, 
c'est  a  dire  persone  ne  s'offense  si  vous  decriues  l'hystoiro 
de  Hylas;  cest  Hylas  etoit  fils  de  Thyodamas  roy  des 
Driopes,  Hercule  nauigeant  auec  les  Argonautes  tua  Thyo- 
damas parcequ'il  luy  auoit  refusé  des  viures ,  il  l'enuoya  un 
iour  au  fleuue  Ascanius  chercher  de  l'eau  ,  les  nimphes  de 
ce  fleuue  le  trouuerent  si  bien  fait  qu'elles  l'enleuerent  ; 
Hercule  le  fit  chercher  fort  long  tems  mais  inutilement, 
c'est  pourquoy  il  institua  des  sacryfices  ou  Ton  cryoit  Hylas. 
Urnamque  secutus  (vers  164).  —  Hylas  ayant  voulu 
puiser  de  l'eau  dans  le  fleuue  Ascanius  s'y  laissa  cheoir  d'où 
il  feut  retiré  par  les  nimphes  qui  l'ayraoint,  et  qui  le 
cachèrent  a  Hercule. 


—   40  — 

Ense  velul  stricto  (vers  165).  —  Lorsque  Lucilius  come 
s'il  auoit  l'epéc  a  la  main,  c'est  a  dire  armé  des  traits  perçants 
de  la  satyre.  L'amy  de  luiienal  semble  vouloir  le  détourner 
d'écrire  en  luy  représentant  la  colère  et  la  vengeance  de 
ceux  qui  voyent  decouurir  leurs  crimes  segrets. 

Tecum  prius  (vers  168).  —  Son  amy  lui  done  un  conseil 
de  bien  prendre  garde  a  ce  qu'il  va  faire. 

Ante  tubas  (vers  169).  —  Gome  il  n'est  plus  tems  de 
reculer  lors  qu'on  a  coraencé  de  se  mêler  dans  une  bataille 
et  qu'il  est  plus  dangereux  pour  lors  de  fuir  que  de  ne  pas 
faire  son  deuoir,  ainsy  il  faut  bien  prendre  garde  a  ce  qu'on 
fait  auant  que  de  s'y  ietter  et  consulter  ce  qu'on  a  a  faire 
auant  que  les  trompetes  et  les  tambours  n'ayent  doné  le 
signal  de  la  bataille,  l'application  en  est  facile. 

Duelli  (vers  169).  —  Pour  belli. 

Experiar  (vers  170).  —  luuenal  repond  aux  auis  de  son 
amy,  puisque,  dit  il ,  il  y  a  tant  de  danger  a  écrire  contre 
ceux  qui  viuent ,  i'ataqueray  les  morts  dont  il  empruntera 
les  noms  pour  designer  les  puissants  de  Rome. 

Flaminia  et  Latina  (vers  171  ).  —  G'êtoint  deux  chemins 
qui  auoint  de  chaque  coté  des  sepulchresoul'on  enseuelissoit 
tous  les  Romains.  Il  faut  entendre  via.  Puisqu'on  me 
deffend  de  parler  contre  les  viuants,  ie  vay  m'attaquer  aux 
morts,  parcequ'il  n'y  a  rien  a  craindre. 


FIN 

DE     LA      1"     SATYRE. 


SATYRA  II 


I    UUra  Sauvomalas  fufjere  liùic  lihct,  cl  (jlmialcm 
■2   Oceanum ,  quoties  aliquid  de  morihus  audent 

3  Qui  Ciirios  simulant ,  et  Bacchanalia  vivunt , 

4  Indocti  primum  :  quanquam  plcna  omnia  gypso 

5  Chrysippi  inventes,  nam  perfectissimus  horum  est , 

6  Si  quis  Aristotelem  similcm ,  vel  Pittacon  cnUt , 

7  El  jubel  arclietypos  pluteum  servare  Clcanthas. 

s  Frontis  nulla  fides.  quis  enim  non  vicus  abundal 
9   Tristibus  obscenis  ?  castigas  turpia  ,  cum  sis 

10  Inter  Socraticos  notissima  fossa  cinasdos  : 

11  Hispida  membra  quidem,  et  durée  per  brachia  selx 

12  Promittunt  atrocem  animum  :  sed  podice  lœvi 

13  Cœduntur  tumidx  medico  ridente ,  mariscx. 
u  Rarus  sermo  illis ,  et  magna  libido  tacendi , 

15  Atque  supercilio  brevior  coma,  verius  ergo , 

16  Et  magis  ingénue  Peribomius  :  hune  ego  fatis 

17  Impuio ,  qui  vultii  morbum ,  incessuque  fatetur. 

18  Horum  simplicitas  miserabilis ,  his  furor  ipse 

19  Dat  veniam  :  sed  pejorcs ,  qui  talia  verbïs 

20  Herculis  invadunt ,  et  de  virtute  locuti 

21  Clunem  agitant,  ego  te  ceventem  ,'*Sexte ,  verebor, 

22  Infamis  Varillus  ait?  quo  deterior  te? 

23  Loripedem  reclus  derideat ,  Aethiopem  albus. 

24  Quis  tuterit  Graccos  de  sedilione  querenteis  ? 

25  Quis  cœlum  terris  non  misceat ,  et  mare  cœlo , 

26  Si  fur  displiceat  Verri  ?  homicida  Miloni  ? 

27  Clodius  accuset  mœchos  ,  Catilina  Cethegum  ? 

28  In  tabullam  Sullse  si  dicant  discipuli  très  ? 

29  Qualis  erat  nuper  tragico  pollutus  adulter 


30  Concuhilu  :  qui  tune  leges  rcvocabat  atnaras 

31  Omnibus  aiquc  ipsis  Vencri,  Marliquc  limendas , 

32  Cum  toi  aborlivis  fecunclatn  Iulia  vulvam 

35  Solveret ,  et  palruo  simileis  cffundcret  offax. 

34  Nonne  igitur  jure ,  ac  merilo  vitia  ultinia  fictos 
30  Contemnimt  Scauros  ,  et  castigata  remordenl  ? 

36  Non  tullit  ex  illis  torimm  Laronia  qucndam 

37  Clamentem  loties,  urbi  nunc  Lcx  Julia  ?  dormis  ? 

38  Atque  ita  subridens.  felicia  tempora  ;  qtix  le 

39  Moribus  opponunt.  Iiabeat  jam  Roma  pudorem. 

40  Tertius  è  cœto  cecidil  Calo.  sed  tamen  unde 

41  Hxc  émis  ;  hirsulo  spiranl  opobalsaina  collo 

42  Quw  tibi  ?  ne  pudeat  dominum  monslrare  labcr)ias 

43  Quod  si  vexantur  legcs  ,  ac  jura  :  cilari 

44  Antc  omneis  débet  Scantinia.  rcspicc  pri}nuiii 

45  Et  scrulare  viras,  faciicnt  lii  plura  :  sed  illos 

46  Défendit  numcrus,  jiuiclxque  umbone  phalanges. 

47  Magna  inler  molleis  concordia.  non  cril  ullum 

48  Exemplum  in  iiostro  lam  detcslabiJe  sexu. 

49  Twdia  îioii  lambil  Cluviam,  nec  Flora  Calullam. 

50  Hippo  subit  juvenes ,  et  morbo  pallet  ulroque. 

51  Nunquid  nos  agimus  caussas ,  civilia  jura 

52  Novimus  ,  aul  ullo  strepilu  fora  vestra  movemus  ? 

53  Luclanlur  pocw  :  comedunt  coliphia  paucx. 

64  Vos  lanam  trahitis  ,  calathisque  peracta  re  fer  lis 

55  Vellera  :  vos  tenui  priegnantem  staminé  fusum 

56  Pénélope  melius ,  leviiis  torquetis  Arachne , 

57  Horrida  qiiale  facit  residens  in  codice  pcllcx. 

58  Notum  est ,  cur  solo  tabulas  impleverit  Hisler 

59  Liberlo ,  dederil  vivus  cur  mulla  puellx. 

m  JHves  cril ,  magno  qux  dormit  terlia  lecto. 

61  Tu  nube ,  alque  lace,  donant  arcana  ci/lindros. 

62  De  nobis  posl  h^c  trislis  sentcnlia  ferlur. 

63  Dat  veniam.  corvis  ,  vexai  censura  columbas. 

64  Fugerunl  ircpidi  vera,  ac  manifesta  canenlem 

65  Sloicidx.  qiiid  enim  falsi  Laronia  ?  sed  quid 

66  Non  facienl  alii ,  cum  lu  mullieia  sumas 

67  Cretice ,  cl  Imnc  vestem  piopulo  mirante  pérores 

68  In  Proculas;  et  PoUitas  ?  est  mœcha  Fabulla. 


—   -ïd   — 

69  Damnetur  si  vis ,  eliam  Garfinia  :  lalem 

70  Non  sumet  damnata  togain.  scd  luliiis  ardet , 

71  Acstxio.  mtdus  agas  :  minus  est  insania  turpis. 

72  En  liabitum ,  quo  te  leges  ,  çic  jura  ferenlem 

73  Vulneribus  crudis  populus  modo  victor,  et  illud 

74  Montanum  positis  audiret  vulgus  aratris. 

75  Quid ,  non  proclames ,  in  corpore  jiidicis  ista 

76  Si  videas  ?  quairo  an  deceani  multicia  testem. 

77  Acer,  et  indomilus ,  libcrtatisque  magister 

78  Cretice  perluces.  Dédit  hanc  contagio  labcm  , 

79  Et  dabit  in  plurcis  :  sicut  grcx  totiis  in  agris 

80  Unius  scabie  cadit ,  et  porrigine  porci , 

81  Uvaque  conspecta  livorem  ducit  ab  uva. 

82  Fœdiiis  hoc  aliquid  quandoque  aiidebis  amictu. 

83  Nemo  repente  fiât  tta^pissimiis.  accipient  te 

84  Paulatim  ,  qui  longa  domi  redimicula  sumunt 

85  Frontibus ,  et  toto  posuere  monilia  coUo  , 

86  Atque  bonam  tenerae  plaçant  abdomine  porcs 

87  Et  magno  cretare  Deam  :  sed  more  sinistro 

88  Exagitata  procul  non  intrat  femina  limen. 

89  Solis  ara  Dese  maribus  patet.  ite  profanée , 

90  Clamatur  :  nullo  gémit  heic  tibicina  cornu. 

91  Talia  sécréta  coluerunt  Orgia  teda 

92  Cecropiam  soliti  Bapta;  lassare  Cotgton. 

93  Ille  supercilium  madida  fuligine  tactum 

94  Obliqua  producit  acu  ,  pingitque  trementes 

95  Altollens  oculos  :  vitreo  bibit  ille  Priapo , 

96  Reticulumque  comis  auratum  ingentibus  implct 

97  Cxrulea  indutus  scutulata ,  aut  galbina  rasa , 

98  Et  per  lunonem ,  domini  jurante  ministro. 

99  Ille  tenet  spéculum  patici  geslamen  Othonis  , 

100  Actoris  Arimci  spolium  :  quo  se  ille  videbat 

101  Armât um  ,  cum  jam  tolli  vexilla  juberet. 

102  Res  memoranda  novis  annalibus  ,  atque  recenti 

103  Historia,  spéculum  civilis  sarcina  belli. 

104  Nimirum  summi  Ducis  est  occidere  Galbam  , 

105  Et  curare  cutem  summi  constanlia  civis  ; 

106  Bebriaci  campo  spolium  affectare  Palati , 

107  Et  pressum  in  facie  digitis  extendere  panem , 


-  '\k  — 

108  Quod  nec  in  Assijrio  pharelrala  Semiramis  orbe , 
lott  Mxsla  nec  Acliaca  fecil  Cleopalra  carina. 

110  Heic  nullus  verbis  pudor,  aut  revercnlia  mcnsœ. 

111  Hic  turpis  Cybeles ,  et  fracta  voce  loqiiendi 

112  Liberias ,  et  crine  senex  planaticus  aibo 

113  Sacrorwn  anlistes ,  rarum  ,  ac  memorabile  magni 

114  Giitturis  exemplum  ,  conducendusque  magisler. 

115  Quid  lamcn  exspectant  ;  Phri/gio  quos  tempus  eral  jatn 

116  More  supervacuam  cultris  abruinpere  carnem  ? 

117  Quinquagenta  dédit  Graccus  sestertia ,  dotem 

118  Cornicini  :  sive  hic  recto  cantaverat  wre. 

119  Signâtes  tabula  :  dictum  féliciter,  ingens 

120  Cœna  sedet  :  gremio  jacuit  nova  nupta  mariti. 

121  0  proceres ,  censore  opus  est,  an  aruspice  nobis  ? 

122  Scilicet  horreres  ,  majoraque  monstra  pulares , 

123  Si  mulier  vitulum ,  vel  si  bas  ederet  agnum  ? 

124  Segmenta,  et  longos  habilus ,  et  flamea  sumil , 

125  Arcano  qui  sacra  ferens  nutantia  loro 

120  Sudavit  clypeis  ancilibus.  0  paler  urbis  , 

127  Unde  nefas  tantum  Latiis  pastoribus  ?  unde 

128  Uxc  tetigit,  Gradive ,  tuos  urtica  nepoles? 

129  Traditur  ecce  viro  clarus  génère  ,  atque  opibus  vir  ; 

130  lYec  galeam  quassas ,  nec  terram  cuspide  puisas , 

131  Nec  quereris  patri?  vade  ergo  ,  et  cède  scveri 

132  Jugeribus  campi ,  quem  negligis.  officium  crus 

133  Primo  sole  mihi  peragenduni  in  valle  Quirini. 

134  Quw  caussa  officii?  quid  quxris  ?  nubit  amicus , 

135  Nec  multos  adhibet.  liceat  modo  vivere  :  fient , 

136  Fient  ista  palam ,  cupient  et  in  acta  referri. 

137  Interea  tormentum  ingens  nubentibus  hœret , 

138  Quod  nequeunt  parère ,  et  partu  rctinere  maritos. 

139  Sed  melius ,  quod  nil  animis  in  corpora  juris 

140  Natura  indulget  stériles  moriuntur,  et  illis 
isi   Turgida  non  prodest  condita  pyxide  Lyde, 

142  Nec  j)rodest  agili  palmas  prxbere  Luperco. 

143  Vicit  et  hoc  monstrwn  tunicali  fuscina  Gracchi , 

144  Lustravitque  fuga  mediam  gladialor  arenam  , 

145  Et  Capitolinis  gcnerosior,  et  Marcellis  , 

146  Et  Catulli ,  Pautliquc  minoribus  ,  et  Fabiis ,  et 


—  45  — 

147  Omnibus  ad  podiinn  spectantibus.  his  licet  ipsum 

148  Admoveas,  citjus  tune  munere  relia  misit. 

149  Esse  aliquos  maneis ,  et  subterranea  régna , 

150  Et  contum,  et  Stygio  ranas  in  gurgite  nigras, 

151  Atque  una  transire  vadum  tôt  millia  cymba  , 

152  Nec  pueri  credunt ,  nisi  qui  nondum  xre  lavantur. 

153  Sed  tu  vera  puta.  Curius  quid  sentit ,  et  ambo 

154  Scipiadx  ?  quid  Fabricius ,  manesque  Camilli  ? 

155  Quid  CremeriJB  legio ,  et  Cannis  consumta  juvcntus , 

156  Tôt  bellorum  animas ,  quoties  hinc  talis  ad  illos 

157  Umbra  venit  ?  cuperent  lustrari ,  si  qua  darentur 

158  Sulfura  cum  tœdis ,  et  si  foret  humida  laurus. 

159  Illuc,  heu,  miseri  traducimur.  arma  quidem  ultra 

160  Litora  luvernx  promovimus ,  et  modo  captas 

161  Orcadas ,  ac  minima  contentos  nocte  Britannos , 

162  Sed  quêe  nunc  populi  fiunt  victoris  in  urbe , 

163  Non  faciunt  illi ,  quos  vicimus  :  et  tamen  unus 

164  Armenius  Zelates  cunctis  narratur  ephebis 

165  Mollior  ardenti  sese  induisisse  Tribuno. 

166  Adspice  quid  faciant  comnikrcia.  venerat  obses. 

167  Hic  fiunt  homines.  nam  si  mora  longior  urbem 

168  Induisit  pueris  ,  non  unquam  deerit  amator  : 

169  Mittentur  braccz ,  cultelli,  frena,  flagellum  : 

170  Sic  prxtextatos  referunt  Artaxata  mores. 


SATYRE  II 


SUIET 


Il  semble  dabort  qu'il  préfère  de  s'aler  cacher  a  l'extré- 
mité du  monde  plutôt  que  de  condamner  les  mœurs  de  son 
siècle,  corne  neagmoints  il  en  paroit  fort  irrité,  il  se  doue 
l'occasion  de  se  iustifier  de  la  condemnation  qu'il  en  fait  ; 
come  s'il  êtoit  plutôt  deffendeur  en  cette  cause ,  que 
demandeur  ;  il  parle  contre  les  hypocrytes  qui  étant  fort 
méchants  au  dedans  veulent  paroitre  des  gens  de  bien  au 
dehors,  cette  satyre  n'est  pas  une  simple  narration  come  la 
1  ^""^ ,  le  poète  y  fait  paroitre  des  personages,  et  ainsy  elle  est 
mêlée  de  prosopopée  qui  est  une  figure  qui  conuient  parti- 
culièrement a  la  satyre.  Il  seroit  a  désirer  qu'elle  ne  feut 
point  salie  par  des  expressions  trop  deshonetes,  ce  n'est 
pas  pourtant  pour  inspirer  la  débauche  que  luuenal  l'a 
nomée  quelquefoix,  puis  qu'il  la  reprend  toûiours  auec 
beaucoup  d'aigreur. 


Sauromatas  (vers  1).  —  Ce  sont  les  Sarmates  peuple 
de  Scythie  près  des  marais  Meotides  du  coté  de  l'occean ,  ils 
tirent  leur  origine  des  Amazones  ;  la  Sarmatie  aussy  bien 
que  la  mer  glaciale  sont  des  lieux  as«es  inhabités,  c'est  pour 
cela  que  le  poète  les  choisit  plutôt  que  d'autres ,  car  il  est 
si  indigné  de  voir  les  desordres  des  homes  qu'il  voudroit 


—  48  — 

en  être  entièrement  séparé  et  senfuir  a  l'exlremité  de  la 
terre  ;  ce  mouiiemunt  d'indignation  est  fort  éloquent  et  done 
dabort  une  grande  auersion  pour  Thypocrysie  qui  le  cause, 
et  qui  est  un  vice  bien  détestable;  on  peut  expliquer  ccst 
endroit  autrement,  les  Sarmates  et  les  Scythes  sont  les 
peuples  fort  cruels  et  par  concequent  abandonés  a  bien  des 
crimes,  luuenal  veut  s'enfuir  chez  eux,  corne  s'ils  ôLoint 
moins  vitieux  que  les  Romains;  cette  préférence  fait  paroi tre 
a  un  grand  point  la  corruption  de  leurs  mœurs. 

Qui  Curios  simulant  (vers  3).  —  C'est  a  dire  ceux 
(jui  copient  Gurius  ou  qui  font  semblant  d'être  aussy  gens 
de  bien  que  luy.  Gurius  Dentatus  êtoit  un  home  fort  sage, 
et  qui  aymoit  fort  la  pauureté,  il  en  dona  des  marques  dans 
la  reponçe  qu'il  fit  aux  ambassadeurs  des  Samnites  qui 
venoint  luy  offrir  de  l'or,  Malo,  inquit,  hic  in  fictilihus  meis 
esse  et  aurum  habentibus  imperare. 

Bacchanalia  (vers  3).  —  C'est  un  nom  au  lieu  de 
l'aduerbe  bacchanaliter ,  qui  veut  dire,  come  dans  les 
fêtes  de  Bacchus  qu'on  celebroit  pendant  la  nuit  ou  Ton 
cometoit  mille  infamies. 

Chrysippi  (vers  5).  —  Ce  Chrysippe  êtoit  fils  d'Apollo- 
nius et  disciple  de  Zenon  ou  de  Cleanthe  ,  il  êtoit  fort  habile 
et  sur  tout  dans  la  dispute ,  pour  laquelle  il  auoit  tant  de 
subtilité  que  l'on  disoit  que  si  les  dieux  vouloint  se  seruir 
de  la  logique  ils  n'en  prendroint  pas  d'autre  que  celle  de 
Ghrysippus.  Chrysippe  par  l'attachement  qu'il  eut  a  la 
logique  en  ccriuit  luy  seul  plus  de  trois  cens  volumes 
mais  il  en  diminua  la  force  pour  y  vouloir  trop  raffiner. 
Chrijsippus  eneruauit  virilem  phylosophiam  suis  argutis. 
(Sen.  )  Ce  feut  luy  et  ses  successeurs  qui  les  premiers 
mirent  en  voffue  les  formalités  et  les  distinctions  virtueles. 


—  49  — 

Perfectissimus  horum  (vers  5).  —  Supp.  est. 

Aristotelem  similem  (vers  G).  —  C'est  a  dire  une  statue 
d'Aristote  qui  feut  disciple  de  Platon,  autheur  de  la  secte 
des  Peripateticiens  et  précepteur  du  grand  Alexandre. 

■Pittacon  (vers  G).  —  Pittacus  êtoit  un  des  sept  sages  de 
la  Grèce  ,11  êtoit  de  Mitilene. 

Pluteum  (vers  7).  —  Pupitre,  tabletes  ;  dans  Gesar  il 
signifie  une  machyne  de  guerre  pour  alcr  a  couuert  saper 
les  murailles  ,  dans  Suétone  le  cheuet  d'un  lict,  icy  et  dans 
Perse  un  pupitre  ;  on  peut  l'expliquer  par  cabinet  prenant 
le  lieu  pour  ce  qui  est  accoutumé  d'y  être. 

Kt  iubet  archetijpos,  ect.  (vers  7).  —  Ce  vers  est  équi- 
voque ,  il  m'a  fait  souuenir  de  celuy  de  Terence  dont 
Quintilien  se  sert  pour  prouuer  la  nécessité  qu'il  y  a  de 
parler  netement  et  sans  equiuoque  : 

Chremetem  audiui  percussisse  Bemeam , 
ou  bien  celuy  cy  encore  de  luuenal  : 

Nobilitas  sola  est  atqice  iinica  virtus. 
Dans  ce  vers  dont  il  est  question  ,  on  ne  scoit  s'il  veut  dire 
qu'il  a  confié  a  son  cabinet  le  soin  de  garder  les  statues  de 
Gleanthe  ou  bien,  qu'il  a  confié  aux  statues  de  Gleanthe  la 
garde  de  son  cabinet ,  c'est  presque  une  même  cbose  ,  mais 
il  faut  euiter  qu'un  même  vers  ne  recoiue  deux  sens.  Voicy 
le  passage  de  Quintilien.  Yitanda  iïnprimis  ambiguitas , 
non  hœc  solum  quie  incertum  intellectum  facit,  ut  Chre- 
metem audiui  percussisse  Detneam,  sed  illa  quoque  qu3e 
etiarn  si  turbare  non  potest  sensum,  in  idem  tamen  verbo- 
rum  vitiu/m  incidit ,  ut  si  quis  dicat  visum  a  se  hominein 
Librum  scribentem  ,  nam  etiam,  si  librum  ab  homine  scribi 
pateat,  maie  tamen  composuerat  feceratque  ambiguiom 


—  50  — 
quantum  in  ipso  fuit.  Apres  cola  je  ne  crois  point.  (|u'il  y 
ayt  d'equiuoquo  (|ui  se  puisse  (leUcndre. 

Cleanlhas  (vers  7).  —  C'est  un  accusalil'  grec  qui  sert 
d'adiectif  h  Arclietijpos  ,  l'original  de  Cleanthe,  qui  êtoitun 
phylosophe  stoicien  successeur  de  Zenon. 

Et  iubet  (vers  7).  —  Supp.  qui. 

Castigas  turpia  (vers  9).  —  C'est  le  suiet  de  la  colère  du 
poète,  qu'il  y  a  des  gens  qui  s  érigent  en  censeurs  pour 
reprendre  les  vices  qu'eux  même  l'ont  en  segret. 

Fossa  (vers  10).  —  11  apele  le  censeur  une  i'osse  de 
crimes  parcequ'il  e)i  éloit  remply. 

Socratlcos  cinxdos  (vers  10).  —  11  entend  ces  débau- 
chés qui  étant  suiets  a  des  plaisirs  infâmes  l'ont  neagmoints 
les  sages;  il  apele  ces  gens  la  Socraticos ,  parceque  Socrate 
feut  le  1"  qui  parla  de  morale,  auant  luy,  les  Phylosophes 
s'êtoint  entièrement  apliqués  a  la  conoissance  de  la  na- 
ture ,  ils  auoiut  négligé  les  mœurs  ,  Socrate  s'appliqua  a 
doner  des  règles  pour  les  corriger.  11  y  en  a  qui  disent 
Sotadicos ,  d'un  certain  poète  nommé  Sotades  qui  feut  le 
1'^''  qui  fit  des  vers  sur  des  matières  impudiques.  Ce  mot 
ciniudos  vient  du  grec  de  xtve'œ  m,oveo ,  xal  atSoTa  pudenda, 
ce  mot  ainsy  composé  signilie  impudique,  il  faut  l'apli- 
quer  a  diuerses  sortes  d'impudicités. 

Hispida  memhra  quidem,  cet.  (vers  11).  —  Tout  cela  se 
prent  dans  le  figuré.  Leur  seuerité  apparente  il  est  vray 
promet  beaucoup ,  elle  peut  tromper  bien  des  gens  et  sur- 
tout ceux  qui  ignorent  les  desordres  de  leur  vie ,  mais  ceux 
qui  les  conoissent  s'en  mocquent,  ils  leur  font  pitié,  leurs 
vices  sont  d'autant  plus  dangereux  qu'ils  sont  plus  cachés, 
tout  le  monde  ne  les  conoit  pas,  de  la  vient  la  réputation 
de  leur  sagesse,  ceux  qui  ont  dccouuert  les  maladies  segretes 


—  51   — 
de  leur  ame  se  mocquent  du  soin   qu'ils  prenent   de  les 
cacher,  et  se  rient  de  leur  vaine  affectation. 

Medico  ridente  (  vers  13).  —  luuenal  rend  bien  ridicules 
ces  censeurs  qui  sont  obligés  a  la  fin  de  se  mètre  entre  les 
mains  des  médecins  ,  pour  se  faire  guérir  des  maux  que  les 
débauches  segretes  leur  ont  causées  ,  c'est  alors  que  l'on  rit 
de  leur  vaine  apparançe  et  auec  raison. 

Verius  ergo  Perihomius  (  vers  1 5  et  1 6 ) .  —  Il  faut  entendre 
facit ,  c'est  a  dire  que  Perihomius  y  va  plus  franchement, 
et  que  s'il  est  débauché  il  ne  le  dissimule  pas  ,  c'est  par  la 
seulement  qu'on  le  conoit. 

Fatis  (vers  16).  —  Il  parle  dans  l'opinion  de  ceux  qui 
disent  que  c'êtoit  par  nécessité  que  les  choses  arriuoint. 
Ducunt  volentem  fafa  ,  nolentem,  trahunt.  Ghrysippe  donc 
une  définition  du  destin  de  cette  manière,  Fatum  est  sem- 
piterna  quœdam  et  indecMnabiUs  séries  rerum^  et  catena 
vokiens  semetipsam,  sese  et  implicans  per  seternos  conce- 
quentiœ  ordines  et  quibus  apta  connexaque  est. 

Supercilio  breuior  coma  (vers  15).  —  Pour  en  faire 
mieux  accroire,  ils  portent  la  tête  rasée.  G  etoit  un  proverbe 
ancien,  Nullus  comatus  qui  cinxdus  non  sit.  D'autres 
l'expliquent  autrement.  Ils  ont  plus  de  sourcil,  c'est  à  dire 
plus  d'brgueil  qu'ils  n'ont  de  cheucux  a  la  tête.  Le  sourcil 
a  toùiours  été  le  siège  de  l'orgueil. 

Et  de  virtute  locuti  clunem  agitant  (vers  20  et  21  ).  —  Et 
qui  malgré  les  beaux  discours  de  vertu  dont  ils  rompent  la 
tête  a  tout  le  monde,  ne  laissent  pas  de  s'adoner  a  l'im- 
pureté. 

Ego  te  ceuentem,  Sexte,  vereboi\  ect.  (vers  21  ).  —  Quoy 
dit  l'infâme  Varillus  a  Sextus  qui  s'êtoit  auisé  de  luy  faire 
la  leçon,  croiray  ie  ce  que  vous  me  dites  de  votre  vertu, 


—  52  — 

moy  qui  scais  (]iio  vous  êtes  un  infâme  et  mille  ibix  plus 
deLauché  que  moy...  c'est  pour  l'aire  voir  aux  censeurs  des 
vices  qu'ils  en  doiuent  être  exempts  eux  même,  pour  ne 
pas  se  l'aire  mocquer  et  pour  ne  pas  prêcher  inuti- 
lement. 

Quis  tulerit  Gracc/ios  (vers  24).  —  Qui  ne  se  facheroit 
si  les Gracches  se  plaignoint  des  séditions;  il  marque  par  la 
que  pour  reprendre  un  défaut,  il  faut  en  être  exempt  soy 
même.  Les  Gracches  tirent  les  loix  agr arias,  cela  irrita  la 
noblesse,  et  a  la  lin  on  les  tua. 

DispUceat  Verri  (vers  2G).  —  C'est  la  même  pensée;  sous 
le  consulat  de  Pompée  et  de  Marcus  Grassus,  il  l'eut  ques- 
teur dans  la  Sicile  ou  pendant  3  ans  il  pilla  beaucoup 
d'argeant ,  on  mit  Metellus  a  sa  place  ,  et  dabort  les  Sici- 
liens se  plaignirent  des  voleries  de  Verres  contre  qui  Giceron 
fit  plusieurs  oraisons. 

Homicida  Miloni  (vers  26).  —  Milon  tua  Pub.  Glodius, 
c'est  le  suiet  de  l'oraison  de  Giceron  pour  Milon, 

Clodius  accuset  mœc/ios  (vers  27).  —  Glodius  s'habilla 
en  feme  pour  entrer  dans  les  sacryfices  qu'on  faisoit  a  la 
bonne  déesse  ou  les  seules  lemes  auoint  permission  d'en- 
trer ,  il  y  leut  receu  et  y  vit  Pompeia  pour  laquelle  il  y 
ôtoit  aie  ;  on  l'accusoit  encore  d'auoir  violé  sa  sœur. 

Catilina  Cethegum  (vers  27).  —  Gatilina  conspira  contre 
la  republique ,  Gethegus  feut  du  party  ;  le  poète  dit  donc 
que  Gatilina  auroit  mauuaise  grâce  d'accuser  Gethegus  puis 
qu'ils  êtoint  tous  deux  coupables  du  même  crime. 

In  tabulam  Syllx  (vers  28).  —  Sylla  après  auoir  vaincu 
Marius  feut  le  1*^''  qui  proposa  la  proscription;  quelque 
tems  après,  Auguste,  Lepide  et  Anthoine  ou  auant  eux 
Gesar,  Pompée  et  Grassus  l'imitèrent,  et  tirent  un  catalogue 


—  53  — 

dans  loquel  ils  condaninoint  au  banissement  leurs  aduer- 
saires ,  ce  poète  les  apele  donc  discipulos  Si/Hœ,  c'est  a  dire 
imitateurs  de  Sylla. 

Qualis  erat  (vers  29).  —  11  entend  Domitien  qui  dé- 
baucha Iulie  fille  de  son  frère  Titus  ;  cest  empereur  voulant 
cacher  un  crime  si  abominable  comanda  a  sa  nièce  de  se 
taire  auorter  de  quoy  elle  mourut  ;  après  cest  inceste  et  cette 
mort  dont  il  êtoit  cause,  il  osa  bien  accuser  Gornelic  Maxi- 
mille vestale  et  la  condamna  (sans  vouloir  l'ouir)  au  sup- 
plice institué  pour  les  vestales  qui  êtoit  d'être  enseuelies 
en  vie;  d'autres  disent  que  le  poète  entend  Glodius  qui  après 
la  mort  de  Messaline  épousa  Agryppine  mère  de  Néron  ,  qui 
se  faisoit  auorter  pour  ne  pas  doner  a  son  fils  un  compa- 
gnon a  l'empire. 

Leges  amaras  (vers  30).  —  C'est  la  loy  lulia  que  Domi- 
tien fit  contre  les  adultères  qui  êtoint  punis  rigoureusement 
s'ils  contreuenoint  a  la  loy  ;  il  eu  fit  encore  une  autre  pour 
empêcher  qu'on  ne  fit  des  eunuques,  le  poète  apele  ces  loix 
amaras  parcequ'on  punissoit  seuerement  ceux  (|ai  conLre- 
venoint  a  ces  toix. 

Atque  ipsis  Veneri  Mar tique  (vers  31  ).  —  Mars  et  Venus 
l'eurent  surprins  en  adultère  par  Vulcain  qui  les  exposa  dans 
cet  état  aux  yeux  de  tous  les  Dieux, 

Scauros  (vers  35).  —  M.  yEmilius  Scaurus  ôtoii  un 
home  d'une  grande  intégrité  ;  c'est  pour  cela  que  le  poète 
apele  Scauros  les  gens  qui  affectoint  une  grande  sagesse,  et 
qui  cependant  n'êtoint  que  fort  méchants. 

Fictos  Scauros  (vers 34 et 35 ).  —  Salluste dit  qu'/Emilius 
Scaurus  êtoit  un  méchant  home  quoyque  sorty  d'une  des 
plus  anciennes  familles  de  Rome;  ambitieux,  toûiours 
disposé  a  conspirer  contre  sa  patrie  ;  mais  il  auoit  beaucoup 


d'adret>se  a  cacher  ses  vices,  de  sorte  qu'il   passoit  pour 
vertueux  auprès  de  ceux  qui  ne  le  conoissoint  pas. 

Castigata  (vers  35).  —  Ceux  qui  font  les  hypocrytes. 

Laronia  (vers  36).  —  G  ètoil  une  riche  veufue  que 
luuenal  introduit  pour  reprendre  les  débauches  'des 
homes  dans  la  persone  d'un  hypocryte.  Laronia  même 
quoyque  débauchée  ne  peut  soulrir  que  des  adultères  s'aui- 
sent  de  se  plaindre  de  ce  que  la  loy  Iulia  de  adult.  n'est 
pas  obseruée ,  elle  se  mocque  de  leur  hypocrysie.  Le  reste 
est  une  ironie. 

Habeat  iam  Borna  pudorem  (vers  39).  —  Laronia  dit 
par  contreuerité  par  laquelle  Laronia  apele  ce  phylosophe 
un  3"  Caton  ;  il  y  en  auoit  eu  deux  qui  ètoint  fort  scueres 
reformateurs  des  moeurs,  le  l*""  êtoit  le  Censeur  et  le  2°'^  Caton 
d'Utique  qui  s'ouurit  une  veine  pour  se  faire  mourir.  Il  y 
a  eu  il  est  vray  plusieurs  Catons  à  Rome  ;  mais  les  princi- 
paux feurent  :  Caton  le  censeur  qui  ecriuit  De  f  agriculture 
et  Caton  d'Utique  qui  après  la  bataille  de  Pharsale  se 
tua  pour  ne  pas  tomber  entre  les  mains  de  Iules  César 
son  enemy. 

Opobalsamum  (vers  41).  —  C'est  un  arbre  qu'on  ne  trouue 
que  dans  la  ludée ,  si  on  le  coupe  un  peu  auec  du  verre , 
auec  une  pierre  ou  auec  un  couteau  d'os,  il  rend  un  suc 
préférable  a  tous  les  autres. 

Leges  ac  iura  (vers  43).  —  La  loy  est  come  la  mère  du 
droit  ciuil ,  car  le  droit  ciuil  selon  la  dellinition  de  Papinien 
est,  quid  legibus,  pkbiscitis  senatusconsuUis  decretis  prin- 
cipium  aucloritate  prudentum  venit.  La  loy  selon  la  def- 
finition  d'Aristote  est  apelée  :  omnis  ciuitatis  consensus  qui 
scriptis  prœcipit  quomodo  lonumquodque  agendwm  sif. 

Scantinia  (vers  44).  —  Scantinius  porta  une  loy  contre 


les  Sodomites  que  le  poeto  attaque  presque  dans  toute  cette 
satyre. 

lunctxqiie  umbone  'phalanges  (vers  46),  —  La  méta- 
phore est  prise  de  l'ordre  de  la  bataille  ou  les  soldats  se 
defFendenl  a  l'envy  de  l'enemy  ;,le  mot  de  phalange  n'est 
pas  un  nom  affecté  aux  Macédoniens  corne  plusieurs  Tout 
creu  ,  mais  on  apele  phalan.r  les  troupes  dont  on  serre  les 
rangs  pour  être  mieux  en  état  de  fondre  tout  d'un  coup  sur 
l'enemy  ;  Gesar  se  sert  souuent  de  ce  mot  pour  l'exprimer, 
Facta  phalange.  Gurce  même  en  parle  ainsy,  Macedones 
phoÂangem  vocant  peditum  stabile  agmen,  quum  vir  viro, 
arma  annis  conserta  sunl. 

Non  erit  ullum  (vers  47).  —  C'est  toûiours  Laronia  qui 
parle. 

Numquid  nos  agi) nus  oaicssas  (vers  51  }.  —  Pourquoy 
faites  vous  des  actions  qui  n'appartienent  qu'a  la  condition 
des  femes,  nous  n'en  faisons  pas  de  même ,  et  nous  n'alons 
pas  playder  au  barreau  come  vous  faites.  Les  femes  qui 
faisoint  ce  métier  la  êtoint  infâmes. 

Novimus  (vers  52).  —  Supp.  ne. 

Colyphium  (vers  53).  —  Le  pain  dont  se  nourrissoint  les 
athlètes  pour  être  plus  robustes,  ce  mot  est  composé  du  grec 
xwXov  membre  et  'tcptç  force,  c'est  a  dire  qui  fortilie  les  membres. 

Pénélope  (  vers  56).  —  Pénélope  êtoit  fille  d'Icarius  et  de 
Policaste,  feme  d'Ulysse;  sa  chasteté  l'a  rendue  fort  fameuse 
aussy  bien  que  sa  fidélité  enuers  son  mary,  elle  eut  beau- 
coup de  peyne  a  le  voir  partir  pour  le  siège  de  Troye  et 
tacha  d'en  adoucir  l'absence  en  s'occupant  a  faire  de  la  toile 
({u'elle  defaisoit  pendant  la  nuit  pour  tromper  ainsy  l'impor- 
tunité  de  ses  amants.,  a  qui  elle  auoit  promis  de  se  marier 
dabort  qu'elle  auroit  acheué  son  ouurage. 


—  56  — 

Arachne  (vers  56).  —  G'etoit  une  fille  de  Lydie,  elle 
êtoit  si  habile  a  la  broderie ,  qu'elle  osa  disputer  auec 
Minerue,  la  déesse  des  arts  qui  de  dépit  d'auoir  été  vaincue 
changea  la  pauure  Arachné  en  araignée. 

Hister  (vers  58).  —  Hister  Pacuuius  s'enrichit  en  faisant 
sa  cour  a  des  gens  riches  qui  firent  des  testaments  en  sa 
faueur,  la  débauche  suiuit  ses  richesses  ,  il  faisoit  coucher 
auec  luy  un  affranchy  qui  tenoit  la  place  de  sa  feme  qui 
etoit  assez  auare  pour  consentir  a  cela  a  cause  de  quelques 
présents  que  son  mary  luy  auoit  faits. 

Tu  nuhe  atquc  lace  (  vers  61).  —  Maries  vous ,  o  femes  ! 
mais  gardes  le  silence  lors  que  votre  mary  fera  coucher  un 
garçon  auec  luy  dans  votre  lict,  et  qu'il  se  metra  au  milieu 
de  vous  deux ,  ce  sera  par  ce  moyen  que  vous  aurcs  ses 
biens. 

Stoicidœ  (vers  65).  —  C'est  a  dire  ces  débauchés  qui 
faisoint  semblant  d'être  sages ,  et  c'est  pourquoy  le  poète 
leur  done  par  contreuerité  le  nom  de  Sloicidse ,  qui  êtoint 
les  disciples  de  Zenon,  dont  ils  portoint  le  nom ,  mais  par- 
cequ'ils  aprenoint  la  phylosophye  dans  une  galerie  en  se 
promenant ,  ils  feurent  apelés  Stoicidiv  du  grec  cazo  t^ç  arwaç 
galerie. 

Cretice  (vers  67).  —  Il  est  difficile  de  sauoir  qui  est  ce 
que  le  poète  entend  parmy  trois  a  qui  on  done  le  nom  de 
Greticus.  Le  1"  Metellus  Greticus  apelé  ainsy  pour  auoir 
subiugé  la  Grete;  le  poète  peut  designer  par  la  tous  les  l*""' 
de  Rome;  le  2™* est  Minos  roy  de  Grete  et  grand  iuge,  sous 
le  nom  duquel  il  peut  designer  les  Sénateurs;  le  3"*"  Iulius 
Greticus  fameux  auocat. 

Talem  nonsumet,  ect.  (vers  69  et  70),  —  Quoyque  Gar- 
finia,  FabuUa,  ect.  passent  pour  des  adultères,  elles  n'ose- 


—    0/     — 

roint  pourtant  porter  ces  habits  magnifiques  et  ef reminés 
que  vous  portes.  Talem  tor/am,  supp.  qiialem  tu. 

Sed  Iulius  arclet  (  vers  70  ),  —  Geluy  qu'il  introduit  sous 
le  nom  de  Greticus  repond  a  luuenal  et  luy  dit  pourquoy 
n'aprouvcs  vous  pas  que  ie  porto  des  habits  simples  et 
déliés  puis  que  la  chaleur  du  mois  de  iuillot  me  brûle 
entièrement. 

Nudus  agas  (vers  71),  —  Aies  tout  nud,  repond  luue- 
nal. 

Minus  est  insania  turpis  (  vers  71).  —  luuenal  tombe 
bien  d'accord  que  ce  seroit  une  folie  d'aler  tout  nud  dans  les 
rues ,  mais  il  dit  qu'elle  seroit  moindre  que  celle  de  ce 
Greticus  ;  c'est  pour  preuenir  leur  obiection . 

Minus  insania  ticrpis{versll).  —  Supp.  quant  mollities. 

En  habitmn  (vers  12).  —  Ge  sont  des  paroles  d'indigna- 
tion contre  les  habits  efféminés  des  Ptomains  ,  come  si  le 
poète  disoit  voyla  des  habits  d'un  iuge,  et  qui  auroint  sans 
doute  plù  a  l'ancien  peuple  Romain  ;  il  marque  par  la  la 
corruption  des  homes  et  des  Romains  qui  auoint  abandoné 
la  simplicité  de  leurs  ancêtres  dans  leurs  habits  come  dans 
tout  le  reste.  En  liabitum  :  c'est  précisément  l'habit  qu'il 
vous  auroit  fallu  dit  le  poète  pour  vous  faire  écouter  des  1  "'"' 
Romains  qui  auroint  quitté  leur  charrue  et  leur  joug  pour 
vous  entendre  faire  des  leçons  de  sagesse  habillé  si  molle- 
ment. 

Montanum  vulgus  (vers  74).  —  Des  paisans. 

Fœdius  aliqidd  arnictu  (vers  82).  —  Vous  ne  vous 
contenteres  pas  de  porter  des  habits  efféminés  et  indignes 
de  votre  qualité ,  vous  porteres  vos  excès  plus  loin. 

Accipient tepaulatim{\QVQ 83 et 84 ) .  —  Il  faut sauoir que 
Domitien  auoit  fondé  une  maison  pour  les  sacryficateurs  de 


—    TxS   — 
Mincriie ,  ou    ils  viuoiiif  dans  une  niollo   oysiucté  ;    pour 
représenter  iusqu'a  quel  poinct  ils  ayraoint  les  plaisirs  ,  il 
leur   suppose   qu'ils    y    faisoint   des   sacryticcs  à   la  bone 
déesse,  ce  qui  u'étoit  permis  (ju'aux  feraes. 

More  sinistro  (vers  87).  —  Les  femes  par  une  coutume 
contraire  n 'entroint  pas  dans  les  sacryfices  que  les  homes 
faisoint  a  la  l)one  déesse:  lo  poète  dit  par  une  coutume  con- 
traire parceciu'elles  ne  soulroint  aucun  home  non  pas  même 
leurs  portraits,  lors  qu'elles  sacryfioint  ailleurs  :  c'est  ce  que 
le  poète  dit  ailleurs , 

TesticuU  conscius  nnde  fiigit  mus. 

Ile  profane  (vers  89).  —  C'est  pour  faire  voir  les 
débauches  des  homes  plus  grandes  que  celles  des  femes  ;  les 
femes  ne  pouuoint  pas  entrer  auec  les  homes  dans  le  lieu 
ou  ils  sacryfioint  a  la  hone  déesse  sous  quelque  prétexte, 
c'eut  été  un  crime  liorrible  pour  elles ,  cependant  les 
homes  ne  laissoint  pas  d'entrer  dans  ceux  qu'elles  faisoint  a 
la  même  déesse. 

Orgia  (vers  91  ).  —  C'êtoint  proprement  les  sacryfices  de 
Bacchus  apelés  ainsy  du  mot  grec  opyta^oj,  crlrbro  :  on  dona 
ce  nom  a  tous  les  autres  sacryfices. 

Bapt/r  (vers  92).  —  Phretres  d'Athènes  fort  eficminés  ; 
lors  (fu'ils  étoint  rcceus  a  cette  charge  on  les  lauoit  auec  de 
l'eau  chaude,  c'est  pour  cela  qu'ils  feurent  apelés  Bapfie 
du  mot  grec  paTTTw,  ie  laue  ;  luuenal  compare  la  mollesse 
des  ])bretres  Romains  auec  celle  dos  pbretres  Athéniens. 

Cotilon  (vers  92).  —  G'étoit  une  loueuse  d'instruments 
que  les  Athéniens  crcurcnt  être  une  déesse  après  sa  mort , 
ainsy  ils  l'adoroint  etluy  faisoint  des  sacrylices,  ou  ils  adme- 
toinluno  danseuse,  a  laquelle  ilsdonoint  le  nom  de  Cntjtnn 
pour  représenter  la  déesse,  et  la  faisoint  danser  iusques  a  ce 


—  59  — 

qu'elle  n'en  pouuoit  plus;  les  sacryfices  des  pbretrcs  de 
Mincrue  institués  par  Domitien  sont  semblables  a  ceux  delà 
déesse  Gotiton  d'Athènes  ou  se  l'aisoint  mille  abominations. 

Cecropia  (vers  92).  —  Athènes  fcut  apelée  Cccropia  de 
Cecrops  son  Roy. 

Ille  supercilium  (vers  93).  —  Il  attaque  toûiours  la 
mollesse  des  pbretres  Romains  qui  ne  prenoint  pas  moins 
de  soin  de  leurs  visages  que  les  femes. 

Pinçjitque  trementes  oculos,  ect.  (vers  94  et  95).  — 
L'affectation  et  la  mollesse  des  Romains  aloint  si  loin 
qu'ils  changeoint  la  couleur  des  yeux  a  force  de  peindre 
le  dessus. 

Per  lunonem  (vers  98).  — ^11  marque  par  la  la  mollesse 
de  ces  pbretres  qui  imitoint  leurs  femes  iusques  dans  leurs 
iurements;  elles  ne  iuroint  point  par  les  dieux,  mais  par 
quelque  déesse,  c'est  ce  que  les  efféminés  faisoint  a  leur 
imitation. 

Actoris  Arunci  spolîum  (vers  100).  —  Il  entend  Turnus 
qui  ola  une  belle  epée  a  un  capitaine  contre  qui  il  se 
battoit,  luuenal  apele  le  miroir  qu'Othon  auoit  accoutumé 
de  porter  a  la  guerre,  la  dépouille  de  Turnus,  il  se  mocque 
par  la  de  ce  prince  a  qui  une  epée  auroit  mieux  conuenu  a 
la  guerre  qu'un  miroir. 

Actoris^  ect.  C'est  pour  se  mocquer  de  ces  efféminés  qui 
au  lieu  d'une  epée  portoint  un  miroir  au  coté  corne  l'empe- 
reur Othon.  Spolium  actoris  Arunci,  c'est  la  dépouille  de 
ce  capitaine  que  Turnus  tua,  et  dont  il  prit  les  armes 
pour  prix  de  sa  victoire  ;  celuy  cy  donc  dit  le  poète  porte 
a  son  coté  un  miroir  qui  feut  la  dépouille  de  ce  capitaine 
tué  par  Turnus;  on  voit  bien  que  c'est  une  ironie  et  qu'il 
raille  la  mollesse  de  ces  gens  la. 


—  6(1  — 

Annal/Mus  atquc  reccnti  Imloria  (vers  1U"2  cl  103).  —  La 
differançe  de  l'hystoire  et  des  annales  consiste  en  cecy,  les 
annales  contiencnt  des  faits  de  plusieurs  années  dont  l'ordre 
est  régulièrement  obserué ,  elles  ne  ibnt  que  dire  les  choses 
simplement,  et  sont  plutôt  le  suiet  d'une  hystoirc  qu'une 
hystoire  même  qui  doit  être  plus  (Hcnduc,  et  dont  le  style 
doit  être  plus  étudié  et  plus  pathétique;  les  annales  sont 
proprement  des  mémoires  quo  l'hystoire  digère  mieux  et 
met  dans  la  perfection. 

Belli  alvilis  (vers  103).  —  C'est  la  guerre  entre  Othon 
et  Vitellius  au  village  de  Bedriac  eutre  Crémone  et  Vérone 
ou  Othon  feut  défait  deux  Ibix,  il  se  tua  entin  après  auoir 
régné  3  mois  et  deux  iours. 

Nimirum  (vers  104).  —  Le  poète  attaque  la  mollesse 
d'Othon  qui  êtoit  fort  efféminé ,  l'empereur  Galba  vouloit 
l'adopter,  mais  parcequ'il  ne  s'en  trouua  pas  fort  satisfait 
il  changea  de  dessein  et  mit  Pison  a  sa  place  ,  cette  prefc- 
rance  lui  coûta  la  vie,  et  Othon  se  saisit  de  l'empire  iusqu'a 
ce  qu'il  combatif  contre  Vitellius  thuis  hi  campagne  de 
Bedriac. 

Hic  (vers  111).  —  Il  attaque  encore  une  foix  ces  pbretres 
efféminés. 

Turpis  Cybeles  (vers  111).  —  La  honteuse  Cybele  se 
ti'ouue  la,  c'est  a  dire  qu'on  y  fait  des  choses  infâmes  corne 
on  auoit  accoutumé  d'en  faire  dans  les  sacryfices  de 
Cybele. 

Seniiramis  [yqvs  108).  —  Semiramis,  Reyne  de  Babilone 
feme  de  Ninus  roy  des  Assiriens  ;  son  courage  egaloit  son 
eleuation  ,  elle  en  doua  des  mar([ues  après  la  mort  de  son 
mary,  car  son  fils  étant  trop  ieune  pour  gouuerner  un 
royaume ,  elle  changea  d'habit  auec  luy  ,  la  ressemblance 


—  61    — 
qui  êtoit  entre  eux  fauorisa  leur  dessein ,  et  la  Ht  régner 
iuconue  pendant  long  tems  et  auec  beaucoup  de  succès  ;  son 
fils  s'apeloit  Ninus. 

Cleopatra  (vers  109).  —  Gleopatre  êtoit  reyne  d'Egypte, 
elle  feut  célèbre  par  sa  beauté  qui  luy  attira  force  galands. 
Iules  César  luy  fit  sa  cour,  et  ensuite  Marc  Anthoine  qui 
l'aymoit  extrêmement  et  luy  prometoit  l'empire  de  l'univers 
pour  lequel  il  dona  une  bataille  près  du  promontoire 
d'Actium  contre  Auguste;  la  fuite  de  ce  qu'il  aymoit 
l'obligea  a  quitter  ses  gens  sus  l'espérance  de  la  victoire  et 
a  suiure  Gleopatre  qui  feut  faite  prisoniere  et  toute  l'armée 
mise  en  déroute  ;  elle  se  fit  mourir  par  la  picqueure  de  deux 
vipères,  de  crainte  de  seruir  au  triomphe. 

Gracchus  (vers  117).  —  G'étoit  un  home  de  la  famille 
des  Gracques  qui  êtoit  fort  illustre  a  Rome,  Gracchus  êtoit 
pbretre;  il  s'adona  a  des  débauches  si  abominables  qu'il 
contracta  mariage  auec  un  home  que  luuenal  fait  semblant 
de  ne  conoitre  pas  pour  en  faire  mieux  voir  la  bassesse ,  il 
le  traite  de  loueur  de  cor  ou  d'un  trompeté.  Corniciniioueuv 
du  cor.  Sive  recto  cantauerat  xre  ou  qu'il  eut  ioué  de  la 
trompeté.  J?5  rectum  trompeté  qui  est  droite. 

Quinquagenta  sestertia  (vers  117).  —  C'est  a  dire  dix 
mille  ccus  qui  êtoit  le  reuenu  que  deuoit  auoir  un  cheualier 
romain  ;  l'infamie  de  Gracchus  paroit  dauantage  en  ce  qu'il 
donoit  le  reuenu  d'une  année  a  ce  loueur  de  cornet  pour  ' 
se  marier  auec  luy. 

Signatsd  tabulsB  (vers  119).  —  Supp.  sunt.  On  passe  le 
contrat  de  mariage,  on  signe  de  part  et  d'autre.  Dictum 
féliciter,  supp.  est,  on  a  dit  le  mot  de  féliciter,  c'est  à  dire 
que  ce  mariage  soit  heureux. 

Cœna  (vers  120).  —  C'est  a  dire,  cœnantimn  ordo ,  ou 


—  6-2  — 
bien  eiicori'  mieux,   on  pre|)are  un  lestin  magnifique  pour 
la  cclebratioii  des  uopces. 

Nova  nupta  (vers  120).  —  Le  ioueur  de  cornet  ou  le 
trompeté. 

Censorc  opus  est  (vers  121).  —  luuenal  aggraue  l'infa- 
mie de  ces  uopces  par  le  doute  qu'il  lait  paroitre  s'il  faut  un 
censeur  pour  reprendre  un  crime  si  détestable  ou  un  arus- 
pice  pour  l'expier. 

Aruspex  (vers  121  ).  —  Celui  qui  consultoit  les  antrailles 
des  animaux,  et  par  les  mouuements  qu'il  y  remarquoit  il 
predisoit  i'auenir,  et  s'il  arriuoit  quelque  prodige .  il  TexpiGit 
par  un  sacrytice. 

Flammea  (vers  124).  —  Eloit  un  voyle  iauue  dont  on 
couuroit  la  tête  de  la  nouuelle  mariée. 

Clypeis  ancUibus  (vers  126).  —  Pendant  le  règne  de 
Numa  Pompilius,  un  petit  bouclier  d'airain  tomba  du  ciel, 
et  l'on  entendit  a  même  tems  une  voix  qui  disoit  que  Rome 
seroit  une  ville  fort  puissante  pendant  qu'on  garderoit  ce 
bouclier;  le  Roy  le  fit  mètre  dans  le  temple  de  Mars,  et 
pour  une  plus  grande  seureté,  il  en  fît  faire  onze  semblables 
aceluy  la  parMamurra  fameux  ouurier,  afin  qu'on  ne  peut 
pas  distinguer  quel  êtoit  le  céleste;  il  y  auoit  12  pbretres 
consacrés  a  Mars  qui  le  porloinl  par  la  ville  en  dansant, 
d'où  ils  feurent  apelés  salil ,  a  salie)ido,  sautant. 

Clypeis    ancilibus.   On  apele  un  bouclier  ancilis  parce 

qu'il  êtoit  roigné  de  tous  cotés ,    de  façon  qu'il  n'y  auoit 

point  de  coin  de  quelque  côté  qu'on  regardât. 

(  Ov.  de  Fast.  ) 

AtquG  ancile  vocani  quod  ab  omiii  parle  rccisuni  est 
Quamque  oculis  spcctes  angulus  oiiinis  abcsl. 

Arcano  loro  (vers   125).    —  Les  pbretres  portoint  les 


—  fi;^  — 

boucliers  auec  des  liens  que  le  poète  apele  segrels,  parce 
qu'il  n'y  auoit  (jue  ces  pbretres  ([ui  peussent  les  toucher,  ou 
parcecjue  les  liens  ètoient  derrière  les  boucliers,  et  ainsy  on 
ne  pouuoit  pas  les  voir. 

Sacra  ferens  nutantia  (vers  125). —  Supp.  ancilia,  le 
pbretre  qui  portoit  les  boucliers  tombés  du  ciel. 

Il  n'attaque  pas  toute  sorte  de  pbretres,  mais  ceux  de 
Mars,  et  par  concequent  de  qualité,  parceque  les  pbretres  de 
Mars  qu'on  apeloit  Saliens ,  ètoint  toûiours  des  principaux 
de  Rome. 

Sacra  nutantia  ^vers  125).  —  C'est  a  dire  la  volonté  des 
dieux.  Nutare,  faire  signe  marque  la  volonté;  ces  pbretres 
portoint  en  quelque  façon  la  volonté  des  dieux  dans  les 
boucliers  dont  la  durée  prometoit  celle  de  l'empire. 

0  Pater  Urbis  (vers  126).  — C'est  Mars  père  de  Remus 
et  Romulus  qui  bâtirent  Rome. 

Latiis pastoribus  (  vers  127).  —  D'où  vient  qu'une  abomi- 
nation si  grande  s'est  glissée  parmy  des  gens  dont  les  an- 
cêtres n'êtoint  que  des  bergers. 

Gradlue  (vers  128).  —  Mars  le  dieu  de  la  guerre  ou 
l'on  marche  fort  lentement  et  par  degrés;  c'est  de  la  qu'il  est 
apelé  Gradiuus. 

Nec  quaereris  patri  (vers  131).  —  Pouues  vous  vous 
empêcher  de  vous  plaindre  a  lupiter  votre  père  des 
débauches  des  Romains. 

Campi  seueri  (  vers  131  et  1 32  ) .  —  C'est  le  champ  de  Mars 
qui  apartenoit  a  Tarquin  le  Superbe  qui  feut  chassé  de  Rome 
et  son  champ  consacré  a  même  tems  au  dieu  Mars  ;  c'est  la  ou 
l'on  creoit  les  magistrats,  et  ou  l'on  disciplinoit  les  troupes  , 
c'est  pour  cette  raison  que  le  poète  Fapele  le  champ  seuere 
pour  faire  voir  que  la  seuerité  de  la  discipline  y  regnolt. 


—  64   — 

Officium  (vers  134).  —  Ces  deux  vers  sont  contre  l'aljo- 
mination  de  son  tems  ou  les  homes  se  raarioint  entre  eux  ; 
il  y  a  une  persone  qui  parle  du  seruice  qu'il  doit  rendre  a 
un  de  ses  amys  qui  doit  se  marier  a  un  esclaue. 

Jn  valle  Quirini  (vers  133).  —  Dans  le  temple  de 
RoniLilus  apelé  Quirinusdu  mot  quiris  qui  signifie  en  langue 
Sabine  picque  ({ue  Romulus  auoit  accoutumé  de  porter  ; 
c'est  de  luy  que  les  Romains  prirent  le  nom  de  Quirites. 

Fient,  fient  (vers  135  et  136  ).  —  Cette  répétition  est  fort  a 
propos,  on  ne  sauroit  la  prononcer  qu'auec  un  soupir  qui 
marque  le  chagrin  de  luuenal  contre  les  desordres  de  Rome. 

Cupient  et  m  acta  referri  (vers  136).  — Ces  infâmes  ne 
se  contentent  pas  de  se  marier  en  segret  auec  des  esclaues  de 
leur  sexe ,  mais  ils  sont  si  amoureux  de  ce  qu'ils  font  qu'ils 
veulent  rendre  leur  mariage  public  ,  et  le  faire  enregistrer 
dans  les  archiues  de  la  ville. 

Lyde  (vers  141  ).  —  Lyde  ôtoit  une  de  ces  vilaines  femes 
qui  ont  asses  de  raport  auec  les  sorcières  qui  se  mêlent  de 
guérir  beaucoup  des  maux  ,  celle  cy  faisoit  des  remèdes  auec 
beaucoup  de  superstitions,  elle  en  faisoit  pour  la  fécondité. 

Afjili  Luperco  (vers  142).  —  G'êtoint  des  pbretres;  les 
Romains  en  mémoire  du  bienfait  qu'ils  auoint  receu  de 
Lupa  nourrisse  de  Romulus,  instituèrent  des  ieux  apelés 
Lupercalla.  Les  pbretres  qui  yfaisointles  sacryfices  êtoint 
apelés  Luperci ,  Lupercaux  qui  couroint  tous  nuds  dans 
les  rues  en  portant  (juclques  peaux  dont  ils  frappoint  les 
femes  qu'ils  rencontroint  croyant  que  cela  les  faisoit  deuenir 
fécondes  ;  il  êtoit  permis  aux  homes  et  aux  femes  de  courir 
la  ville  de  la  môme  manière,  c'est  pour  cela  qu'Anthoine  se 
fit  traîner  tout  uud,  pendant  les  ieux  par  des  femes  et  des 
filles. 


—  fir>  — 

Palmas  (vers  142). —  li  hml  enlenàre verhcrandas,  pour 
être  frappées  par  des  Lupercaux;  les  femes  leur  presentoint 
les  mains  sur  lesquelles  les  pi)retrcs  donoint  (juelques 
coups,  on  croyoifc  devenir  fécond  par  la;  les  lionies  même 
qui  se  marioinla  d'autres  homes  auoint  inutilement  recours 
a  ces  moyens. 

Vicit  et  hoc  monstrum  (vers  143). —  lusqu'icy  le  poète 
a  parlé  des  debauclies  des  pbretres  et  de  leurs  infamies ,  il 
les  quitte  pour  parler  de  quelques  persones  de  qualité  qui 
sans  considération  de  leur  noblesse  se  mêloinl  auec  les 
gladiateurs  et  les  comédiens. 

Tunicati  fuscino  Gracchi  {vers  143).  —  luuenal  parle 
du  combat  de  gladiateurs  qui  se  faisoit  entre  deux  homes 
dont  l'un  portoit  des  filets  et  un  bâton  a  3  dents ,  c'êtoit 
retiarius;  l'autre  porloit  un  casque  dont  le  ])out  represen- 
toit  un  poisson,  cetoit  mirmillo  sur  lequel  le  T''  iettoit 
les  filets  en  disant  pisccm,  peto,  non  te  peto  ;  ces  combats 
ne  se  faisoint  que  par  des  gens  de  très  basse  extraction ,  il  y 
eut  neagmoints  des  gens  de  la  l^"**  qualité  qui  firent  ce  tort 
a  leur  noblesse  que  de  se  mêler  parmy  cette  canaille; 
c'est  contre  cette  canaille  que  le  poète  crye. 

Vicit  et  hoc  monstrum  tunicati  fuscina  Gracchi  (vers 
143).  —  Le  iavelot  du  gladiateur  Gracchus  a  vaincu  ce 
monstre,  c'est  a  dire  il  est  plus  honteux  a  Gracchus  de  faire 
le  métier  de  gladiateur  qu'a  ces  pbretres  dont  nous  auons 
parlé  de  se  marier  auec  des  garçons ,  ces  pbretres  ne  faisoint 
tort  qu'a  eux  môme ,  et  Gracchus  a  cause  de  sa  noblesse 
faisoit  tort  aux  gens  de  qualité  par  l'infâme  métier  de  gla- 
diateur. 

Hoc  monstrum  (vers  143).  —  Cette  abomination  des 
pbretres  Saliens. 


—  60  — 

Gladiator  (vers  144).  —  C'est  toûiours  Gracchus,  dont 
la  lâcheté  rendoit  l'infamie  plus  grande. 

Lustrauit  onediam  arenam  {vers  144).  —  La  fuite  de 
Gracchus  a  en  quelque  façon  purgé  l'amphyteatre  ;  elle 
a  fait  raison  a  la  noblesse  du  tort  (juo  cet  iufanic  luy  l'aisoit. 

Nec pueri  credunl  (vers  152).  —  Le  sens  est  que  l'im- 
piété règne  si  fort  qu'on  ne  croit  pas  même  les  principes 
de  la  religion,  ou  s  il  y  a  quelqu'un  qui  les  croye,  ce  ne 
sont  que  des  enfants  et  même  ceux  dont  on  ne  prend  point 
de  l'argent  aux  bains,  c'êtoint  les  plus  petits. 

Et  Capitolinis  (vers  145).  — La  famille  des  Capitolins 
êtoit  fort  illustre  dans  Rome ,  elle  venoit  de  ce  Marins 
Manlius  qui  dell'cndit  le  Capitole  contre  les  Gaulois  qui 
l'escaladoint  une  nuit,  mais  Marius  heureusement  eueillé 
par  un  oison  les  repoussa,  ce  qui  luy  mérita  le  nom  de 
protecteur  de  la  patrie  qu'il  changea  par  son  ambition  en 
celuy  d'enemy  de  la  patrie,  dont  il  vouloit  s'emparer  et 
deuenir  maitre  de  l'empire  ;  sa  témérité  feut  punie  et  il 
feut  précipité  du  haut  du  mont  Tarpeie. 

Capitolinis  generosior  (vers  145).  —  Quoyqn'il  se  dit 
plus  braue  que  les  Capitolins. 

Marcellis  (vers  145).  —  La  famille  des  Marcellcs  feut 
illustre  par  le  consul  et  par  celuy  qui  vainquit  Annibal. 

Catuli  (vers  146).  —  La  fameuse  maison  des  Catules 
êtoit  encore  fort  illustre,  sa  noblesse  venoit  de  Quintus 
Catulus  Luctatius  qui  dans  la  T"'''"  guerre  puni(|ue  partit 
auec  300  nauires  contre  les  Carthaginois  qu'il  vainquit  et 
rétablit  le  Capitole  qui  auoit  été  brûlé. 

Paioli{vcTS  146). —  Les  Paul  tiroiiit  leur  origine  de 
Paul  Emile  disciple  de  Pythagore;  il  s'apeloit  Emile  du 
mot  grec  o(jiY)Xiaç  conversation,  ou  il  reussissoit  très  bien;  il 


—  67  — 

y  eut  encore  deux  autres  Paul  qui  rendirent  leur  famille 

fort  illustre  ,  l'un  mourut  a  la  bataille  de  Cannes  préférant 

la  mort  a  une  fuite  qui  n'auroit  pourtant  pas  été  honteuse 

a  un  blessé  tel  qu'il  êtoit;  l'autre  vainquit  Persée  roy  de 

Macédoine  et  le  mena  en  triomphe  auec   sa   fcme  et  ses 

enfants;  le  fils  de  celuy  cy  feut  adopté  par  Scipion  l'Afi'ricain, 

c'est  celuy  qui  détruisit  Garthage. 

Fahiis  (vers  146).  —  La  famille  des  Fabiens  êtoit  aussy 

illustre  que  nombreuse  ,  ils  êtoint  300  tous  braues ,  ils  com- 

batirent  souuent  auec  succès  contre  les  Veiens ,  ils  feurent 

tués   a  la   fin    par  les  enemys.    Ouide  en  parle  dans  ses 

annales  : 

Una  dies  Fabios  ad  bellum  miserai  oimies 
Ad  hélium  missos  perdidit  una  dies. 

His  (vers  147  ).  —  C'est  a  dire  par  ce  que  je  vay  dire  des 
enfers. 

Ipsum  admoueas  (vers  147).  —  Joignes  y  encore  celuy  la 
par  la  libéralité  duquel  Gracchus  decendit  dans  Famphy- 
teatre  en  qualité  de  gladiateur;  quelques  uns  entendent 
Néron ,  d'autres  Domitien  ;  ie  ne  scay  si  admoneas  ne  seroit 
pas  mieux ,  l'expression  seroit  plus  claire. 

Stygio  varias  in  gurgite  nigras  (vers  150).  —  La  fiction 
est  toute  du  poète  qui  n'a  pas  voulu  qu'il  y  eut  des  fleuues 
en  enfer  sans  qu'a  même  tems  il  y  eut  des  grenouilles. 

Tôt  millia  (vers  151).  —  Il  faut  entendre  animarum,. 

Sed  tu  ver  a  puta  (  vers  153).  —  luuenal  parle  a  Domitien 
sous  le  règne  duquel  il  viuoit  dans  sa  jeunesse  ;  il  luy  parle, 
quoyqu'il  feut  deia  mort  ;  les  poètes  se  douent  bien  d'autres 
licences,  outre  que  c'êtoit  pour  toucher  les  autres  par  cet 
exemple. 

Curius,  quid  sentis  (vers  153).  —  0  Curius,  et  vous 


—  i;8  — 

0  Scipions,  ect.,  qui  êtes  présentement  dans  les  Champs 
Elysées ,  quelle  est  votre  surprise  lors  (jue  vous  y  voycs 
venir  tant  de  scélérats, 

Totbellorum  animœ  (vers  156).  —  Fameux  par  tant  de 
victoires. 

Cuperent  lustrari  (vers  157).  —  Le  poète  représente 
très  bien  les  desordres  et  les  vices  de  son  tems  en  disant 
que  si  quelque  débauché  vient  a  mourir  son  ame  souille 
les  ombres  des  enfers,  et  que  les  grands  homes  qu  il  marque 
sous  le  nom  de  Gurius  voudroint  se  purifier  si  on  le  pouuoit 
dans  les  enfers. 

Talis  umbra  (vers  157).  —  L'ame  de  Domitien  et  des 
autres  infâmes  come  luy. 

Cum  tsedis  (vers  158  ).  —  Tseda  êtoit  un  arbre  qui  portoit 
la  résine. 

Arma  quidem  ultra ,  ect.  (vers  159). —  A  quoy  nous 
sert  d'auoir  étendu  nos  conquêtes  iusques  au  delà  de  l'An- 
gleterre puisque  Rome  est  remplie  d'abominations  dont 
les  peuples  même  que  nous  auons  vaincus  sont  exempts, 

llluc  (vers  159).  —  Et  malheureux  que  nous  somes, 
après  notre  mort ,  nous  irons  rendre  compte  de  notre  vie 
aux  iuges  des  enfers,  quoyque  nous  ne  croyions  pas  qu'il  y 
en  ayt. 

luberna  (vers  160).  —  C'est  une  isle  d'Angleterre  située 
dans  l'occean ,  elle  est  ^sses  près  desOrcades  qui  sont  30. 

Minimd  contentas  nocle  Britannos  (vers  161).  —  Les 
nuits  sont  courtes  en  Angleterre. 

Et  tamen  unus  Armenius  Zelates  (vers  164).  —  11  vient 
de  dire  que  dans  les  pays  conquits  par  les  Romains  ,  il  n  y  a 
pas  tant  des  desordres  que  dans  Rome,  ce  qui  est  fort 
honteux;  il  semble  icy  se  reprendre  de  ce  qu'il  a  dit,  il  fait 


—  69  — 

voir  qu'un  certain  Zclates  que  les  Arméniens  auoint  doué 
en  otage  aux  Romains  êtoit  entièrement  débauché ,  et  qu'il 
s'êtoit  abandoné  a  un  capitaine  qui  en  êtoit  amoureux  ;  le 
poète  désigne  les  étrangers  sous  le  nom  de  Zclates,  et  pour 
excuser  les  desordres  des  Romains  il  fait  voir  qu'il  y  en  a 
aussy  chcs  les  étrangers,  mais  aussy  loin  de  les  excuser  par 
la,  il  les  condamne  dauantage,  car  il  dit  que  s'il  y  auoit  de 
la  corruption  dans  les  mœurs  des  étrangers,  elle  êtoit 
venue  de  Rome. 

Aspicc  quid  faciant  coinercia  (vers  166).  — Voycs  les 
malheurs  qu'attirent  ces  comerces  infâmes.  Zelates  auoit 
été  doné  en  otage  par  les  Arméniens,  peut  être  êtoit  il  sage 
dans  son  pays ,  mais  qui  est  ce  que  le  seiour  de  Rome  n'a  pas 
corrompu. 

Hic  (vers  167).  —  A  Rome;  ils  devienent  icy  des  scé- 
lérats. 

Prsctexlatos  mores  {vers  170). —  Les  vices  des  ieunesgens 
de  qualité  qui  portoint  une  robe  apelée  prœteœta. 

Artaxata  (  vers  170).  —  Ce  nom  est  au  nombre  plurier,  et 
signifie  une  ville  d'Arménie  près  du  fleuue  Araxes;  elle  feut 
ruinée  par  Néron  Gorbule  lors  qu'il  faisoit  la  guerre  contre 
Mytridate. 


FIN 

DE     LA     2™"     SATYRE. 


SATYRA    III 


1   Quamvis  dUjressu  veteris  confmus  amici , 
■2  Laudo  tamen  vacuis  qiiod  sedem  ftgere  Cumix 
i  DesLinet ,  atque  unum  civem  donare  SyhiUx, 

4  lanua  Boiarum  est ,  et  gratem  litus  amœni 

5  Successus.  ego  vel  Prochytam  prxpono  Suburra;. 

6  Nam  quid  tam  miserum,  tam  solum  vidùnus ,  ul  non. 

7  Deterius  credas  horrere  incendia ,  lapsus 

8  Tectorum  assiduos ,  ac  mille  periciila  ssevse 

9  (Jrbis ,  et  Augusto  recitantes  mense  poëtas? 

10  Sed  dum  tota  domus  rhcda  componitur  una , 

11  Substitit  ad  veleres  arcus ,  madidamque  Capenam  : 

12  Hic  iibi  nocturnx  Nimia  constituebat  amicx. 

13  Nunc  sacri  fontis  nemiis ,  et  delubra  locantur 

14  ludxis  :  quorum  cophinus ,  fenumque  supellex. 

15  Omnis  enim  populo  mercedem  pendere  jussa  est 

16  Arbor,  et  ejectis  mendicat  silva  Camœnis. 

17  In  vallem  Egeriœ  descendimus ,  et  spelwïcas 

18  Dissimiles  veris .  quanto  prsestantius  esset 

19  Numen  aqux ,  viridi  si  inargine  cluderet  undas 

20  Herba .  nec  ingenuum  violarent  marmora  tophum  ? 

21  lieic  tune  Umbricius  ,  quando  artibus ,  inquit ,  honestis 

22  Nullus  in  icrbe  locus,  niilla  emolunienta  laborum , 

23  Res  hodie  minor  est,  hère  quam  fuit ,  atque  eadem  cras 

24  Deteret  exiguis  aliquid  :  proponimus  illuc 

25  Ire,  fatigatas  ubi  Dedalus  exuit  alas , 

26  Dura  nova  canities ,  dum  prima  et  recta  senectus , 

27  Dum  superest  Lacliesi  quod  torqueat ,  et  pedibus  me 

28  Porto  meis  ,  nullo  dextram  subeunte  bacillo. 

29  Ccdamus  patria  :  vivant  Arturius  istic 


30  Et  Catulus;  itianeant  qui  iiigrum  in  candida  ver t tint , 

31  Queis  facile  est  iedem  conducere ,  flumina  ,  portus  , 

32  Siccandam  eluviem,  portandiun  ad  biisla  cadaoer, 
:i3  Et  prœbere  caput  domina  vénale  sub  liastd. 

34  Quondam  hi  cortiicines ,  et  niunicipalis  arenx 

35  Perpetui  comités ,  nolseque  per  oppida  buccse , 

36  Munera  nunc  edunt ,  et  verso  pollice  vxdrji 

37  Qucmlibet  occidunt  populariter  :  inde  reversi 

38  Conducunt  foricas.  et  car  non  omnia  :  cum  sint , 

39  Qualeis  ex  humili  magna  ad  fastigia  rerum 

40  Extollit,  quoties  volait  Fortuna  jocari? 

41  Quid  Romx  faciam  ?  menliri  nescio  :  libruin 

42  Si  malus  est,  nequeo  laudare  et  poscere  :  moins 

43  AstroriDii  ignoro  :  funus  promittere  patris 

44  Nec  volo  ,  nec  possum  :  raiiarwn  visccra  nunquam 

45  Inspexi.  ferre  ad  nuptam ,  qux  mittit  adulter, 

46  QucV  mandat  norinl  alii  :  at,  me  nemo  ministro 

47  Fur  eril ,  atque  ideo  nulli  cornes  exeo ,  tanquam 

48  Manciis ,  et  extinctx  corpus  non  utile  dextrx. 

49  Quis  nunc  dlligitur,  nisi  conscius  ,  et  cui  fervens 

50  jEstuat  occuUis  animus  ,  se}nperque  tacendis? 

51  Nil  tibi  se  debere  putat ,  nil  conferit  unquam  , 

52  Participem  rui  te  secreti  fecit  honesti. 

53  Carus  erit  Verri,  qui  Verrem  tempore ,  quo  vult , 

54  Accusare  potest.  tanti  tibi  non  sit  opaci 

55  Omnis  arena  Tagi,  quodque  in  mare  volvitur  aurum  , 

56  Ut  somno  careas ,  ponendaque  prœmia  sumas 

57  Tristis  ,  et  à  magno  semper  timearis  amico. 

58  Quœ  nunc  divitibus  gens  acceptissima  nostris , 

59  Et  quos  prœcipue  fugiam,  properabo  fateri , 

60  Nec  pudor  obstabit.  non  possum.  ferre ,  Quirites  , 

61  Grœcam  urbem,  quamvis  quota  porlio  fxcis  Aclixée? 

62  Fam  pridein  Sginis  in  Tiberim  de/luxit  Orontes  , 

63  Et  linguam  ,  et  mores ,  et  cum  libicinc  chordas 

64  Obliquas ,  nec  non  gentilia  tympana  secum 

65  Vexit ,  et  ad  circwn  jussas  proslare  pucllas. 

66  Ite,  quibus  grata  est  picta  lupa  Barbara  mitra. 

67  Rusticus  ille  tuus  sumit  trechedipna ,  Quirine , 

68  Et  ceromatico  fert  niceteria  collo. 


69  Hic  alla  Sicyone,  ast  hic  Amionc  relicta , 

70  HicAndro,  iUe  Saino ,  hic  Trallibus  ,  mil  Alabandis  , 

71  Exquilias  ,  dictumque  pelant  à  viininc  collcm , 

72  Viscera  magimrum  doniuum ,  doininigue  f'uturi. 

73  Ingenium  velox,  audacia  perdita ,  serino 

74  Promtus ,  et  Isxo  torrentior.  ed<> ,  quid  iUum. 

75  Esse  putes?  qucmvù  homineiii  secum  atiulit  ad  nos. 

76  Grammaticus ,  rhetor,  géomètres  ,  pictor,  aliptes  , 

77  Augur,  schœnobate^ ,  medicus,  magus  :  omnia  nooit. 

78  Grxculusesuriem  in  cœlum,  jusseris,  ibit. 

79  Ad  summam  non  Maurus  crat ,  neque  Sarmala  ,  nec  Thrax. 
so  Qui  sumpsit  pennas  ,  mediis  sed  natus  Athenis. 

81  Horuui  ego  non  fugiaui  conchylia  ?  me  prior  ille 

82  Signabit ,  fultusque  Uioro  ,  meliore  recumbct 

83  Advectus  Romain ,  quo  pruna  ,  et  coctona  vento  y 

84  Usque  adco  nihil  est ,  quod  nostra  infantia  cœtum 

85  Hausit  Aventini  bacca  nutrita  Sabina  f 

86  Quid,  quod  adulandi  gens  prudenlissima  laudat 

87  Sennonem  indocti,  facicm  dcformis  ainici , 

88  Et  longum  invalidi  collum  cervicibiis  œquat 

89  Ilerculis,  Antxum  procuù  à  tellure  tenentis? 

90  Miratur  vocem  angustani ,  qua  deterius  nec 

91  Illesonal,  quo  mordelur  gallina  marito . 

92  Hœc  eadem.  licet  et  nobis  laudare  :  sed  illis 

93  Creditur,  an  melior  cuni  Thàida  sustinet ,  aut  cum 

94  Uxorem  comœdus  agit,  vel  Dorida  nullo 

95  Cultam  palliolo  ?  mulier  nempe  ipsa  videtur, 

96  Non  persona  loqui  :  vacua,  et  plana  omnia  dicas 

97  Intra  ventriculum  ,  et  tenui  distantia  rima. 

98  Nec  tamen  Antiochus ,  nec  erit  mirabilis  illic 

99  Aut  Stratocles ,  aut  cum  molli  Demetrius ,  Uxmo. 

100  Natio  comœda  est.  rides  ?  majore  cachinno 

101  Concutitur  :  flet ,  si  lacrymas  compexit  amici , 

102  Nec  dolct  :  igniculum  brumes  si  tempore  poscas  , 

103  Accipit  oidromidem  :  si  dixeris ,  asstuo ,  sudat. 

104  Non  sumus  ego  pares  :  melior  qui  semper,  et  omni 

105  Nocte ,  dieque  polest  alienum  sumere  vultum  , 

106  A  fade  jactare  manus ,  laudare  paratus 

107  Si  bene  riictavit ,  si  rectum  minxit  amicus, 


108  Si  trulla  inverso  crepitum  dcdil  aurea  f'undo. 

109  Prwtcrca  -sanclwa  niliil  cil,  cl  ab  infjuine  tutiim  : 

110  Non  malrona  Laris ,  non  filia  virgo  nr(juc  ipse 

111  Sponsrts  Ixvis  adhuc ,  non  filins  anlc.  pudicus. 

112  Ilorunt  ,si  niliil  est,  aulam  rrsupinat  aniici. 

113  Scire  volunt  sécréta  domus ,  atque  in.de  tiuieri. 
11  i  El  quoniam  cœpit  Grxcorum  mentio ,  transi 

115  Gymnasia,  atque  audi  fascinus  majoris  abollje. 

116  Stoicus  occidit  Bareani.  delator  amicuni , 

117  Discipitlumqve  senex,  ripa  nutritus  in  illa  , 

118  Ad  quani  Gorgonei  delapsa  est  penna  caballi. 
uït  Non  est  Roniano  cuiquam  locus  heic ,  ubi  reqnat 

120  Protogenes  aliquis,  vel  Diphilus ,  aut  Erimantlius  : 

121  Qui  gentis  vitio ,  nunquam  partitur,  amicuni 

122  Solus  habet.  nam,  cum  facilem.  stillavit  in  aurrm 

123  Exiguum  de  naturse  ,  jmtriœque  veneno  , 

124  Limine  summoveor  :  perierunl  tempora  longi 

125  Serviiii  :  nusquam  minor  est  jactura  clientis. 

126  Quod  porrn  officium ,  ne  nobis  blandiar,  aut  quod 

127  Pauperis  hic  nieritum  :  si  curet  nocle  logalus 

128  Currere ,  cwn  Pr.vior  lictorem  impellat ,  et  ire 

129  Prxcipilcm  jubeal  dudum  vigilantilnis  orbis , 

130  Nec  jnior  Albinam  ,  et  Modiam  collega  saluter  ? 

131  Divitis  /lie  servi  ctudil  talus  ingemioniin 

132  Filius  :  aller  enivi ,  quantum  in  legione  Tribuni 

133  Accipiunt ,  donal  Calvinx ,  vel  Catiemv , 

134  Ul  semel,  atque  iierum  super  iUam  palpitet  :  al  lu  , 

135  Cum  libi  vesliti  faciès scorli placel  ,  lucres, 

136  Et  dubilas  alla  Chionem  deducere  sella. 

137  Da  lesteni  Roms ,  iam  sanctum  quam  fuit  liospes 

138  Numinis  Idxi  :  procédât  vel  Numa,  vel  qui 

139  Servavit  trepidam  flagranti  ex  œde  Minervatn  ; 
lio  Protinus  ad  censum ,  de  moribus  ultima  fiet 

141  Quœslio  :  quoi  pascit  servos ,  quot  possidet  agri 

142  Jugera ,  quam  multa ,  magnaque  paropside  cenat  ? 

143  Quantum  quisque  sua  nummorum  serrât  in  arca, 

144  Tanlum  habet  et  fidei.  jures  licet  et  Samotracum , 
Uh  Et  nostrorum  aras ,  contemnere  fulmina  pauper 
146  Creditur,  atque  Deos ,  Diis  ignoscentibus  ipsis. 


147   QuUl ,  quod  materiam  prœbet  caussasque  jocoriim 
U8  Omnibus  hic  idem,  si  fœda  et  scissa  lacerna, 
.110  Si  toga  sordidula  est ,  et  rupta  calceus  aller 
lôo  Pelle  palet  :  tel  si  comuto  vulnere  crassum  , 
loi  Atque  recens  linum  ostendit  non  una  cicatrix  ? 
152  Nil  habet  infelix  paupertas  durius  in  se , 
iô3  Quam  quod  ridiculos  homines  facil.  exeat ,  inquit , 

154  Si  pudor  est ,  et  de  puloino  surgat  cquestri , 

155  Cujm  res  legi  non  sufflcit ,  et  sedeant  lieic 

156  Lenonum  pueri  quocunque  in  fornice  nati. 

157  Hic  plaudat  nitidi  Pr.cconis  /ilius  inter 

158  Pinnirapi  cultos  juocnes  ,  juvcncsque  lanislœ. 
15!)  Sic  libitum  vano  ,  qui  nos  distinxit  ,  Othoni. 

160  Quis  gêner  heic  plaçait  censu  rninor,  atque  puelUo  ■ 

161  Sarcinulis  impar  ?  quis  pauper  scribitur  hœres  : 

162  Quando  in  consilio  est  .Edilibus  ?  agmine  facto 

163  Debuerant  olim  tenues  migrasse  Quiritcs. 

164  Haud  vxGihv^  emergunt ,  quorum  virtutibus  ubslal 

165  Res  angusta  domi.  sed  Romas  durior  illis 

166  Conatus  :  magno  hospitium  miserabile  ,  magno 

167  Servorum  ventres ,  et  frugi  cenula  magno. 

168  Fictiiibus  cenare  pudet,  quod  turpe  negavit 

169  Translatus  subito  ad  Marsos ,  mensamque  Sabellam  , 

170  Contentusque  illic  Veneto,  duroque  cucullo. 

171  Pars  magna  Italie  est,  si  verum  admittimus.  in  qua 

172  Nemo  logam  sumit,  nisi  mortuus.  ipsa  dierum 

173  Festorum  herboso  colitur  si  qtiando  theatro 

174  Majestas,  tandemque  redit  ad  palpita  notant 

175  Exodium ,  cum  personx  pallcntis  Idatum 

176  In  gremio  mat  ris  formidat  riisticus  infans  : 

177  Mqualeis  habitus  illic,  similesque  videbis 

178  Orchcstram ,  et  populum  :  clari  velamen  honoris  , 

179  Sufficiunt  tunicse  summis  Mdilibus  albx. 

180  Heic  ultra  vireis  habitus  nitor  :  lieic  aliquid  plus, 

181  Quam  salis  est  :  interdum  aliéna  sumitur  arca. 

182  Commune  id  vitium  est  :  heic  vivimus  ambitiosa 

183  Pauper  taie  omnes.  quid  te  moror  ?Omnia  Romœ 

184  Cum  pretio.  quid  das,  ut  Cossum  aliquando  saintes  : 

185  Ut  le  respiciat  clauso  Vcjento  labello  ? 


—   76    — 

186  /lie  metit  barbam,  crinem  liic  deponil  amali. 

187  Plena  domiis  lihis  venalibiis.  accipe,  et  isiud 

188  Fermentum  tibi  habe.  pnestare  trihuta  clicnks 

189  Cofjimiir,  et  cullis  augerc  pcculia  servis. 

190  Quis  timet ,  aut  tiinuit  gelida  Prwnestc  ruinam, 

191  Aut  posilis  nemorosa  inler  juga  Volsiniis  ,  aut 

192  Simplicibus  Gahiis,  aut  proni  Tihuris  arce'f 

193  Nos  urbem  colimus  lenui  libicine  fultam 
191  Magna  parle  sui.  nam  sie  labentibus  obslat 

195  Villicus,  et  veleris  ri)nw  contexit  hialum  : 

196  Securos  pendente  jubet  dorrnire  ruina. 

197  Vivendum  est  illie,  ubi  nulla  ineendia,  nulli 

198  Nocte  metus.  jani  poscit  aquam,  jam  frivola  trans/'eii 

199  Ucalegon  :  tabulata  tibi  jam  ter  lia  fumant. 
•200  Tu  nescis.  nain  si  gradibus  trépidât  ur  ab  irais  : 

201  Ultimus  ardebit,  quem  tegula  sola  tuelur 

202  A  plitvia,  molles  ubi  reddunl  ova  columbœ. 

203  Lectus  erat  CodroProeiila  niinor,  ureeolisex, 

204  Ornamentum  abaci,  nec  non  et  jwrrulus  infra 

205  Cantharus,  et  recubans  sub  eodem  marmore  Chyron. 

206  laniqiie  vêtus  Grwcos  servabat  cista  libellas, 

207  Et  divina  Opici  rodebant  carmina  mures. 

208  Ml  habuit  Godrus.  quis  enim  negat  ?  et  tamen  illitd 

209  Perdidit  infelix  totum  nihil  :  ultimus  autem 

210  jErumniB  cumulus,  quod  nudum,  et  frusta  rogantem 

211  Nemo  cibo,  nepio  hospitio,  leetoquejuvabit. 

212  Si  magna  Asturici  cecidit  domus  :  horrida  mater, 

213  Pullali  proceres,  diff'ert  vadimonia  Prxlor. 

214  Tune  gemimus  casus  urbis,  tune  odimus  ignem. 
315  Ardet  adimc?  et  jam  aecurrit  qui  marmora  donei , 

216  Conférât  impensas,  hic  nuda,  et  eandida  signa. 

217  Hic  aliquid  praiclarum  Euphranoris ,  et  PoUclcli , 

218  Phiveasianoriim  vetera  ornamenta  JJeorum  , 

219  Hic  libros  dabit,  et  forulos,  medianujue  Minervant , 

220  Hic  utodium  argenti  :  meliora,  et  plura  reponit 

221  Persicus  orborum  lautissimus,  et  merilo  jant 

222  Suspectus,  tanquain  ipse  suas  incenderit  xdcs. 

223  Si  potes  avetli  circensibus,  nptima  Sor,r. 

221  Aut  Fabralcrix  domus ,  aut  Frusinone  paralur. 


225  Quanti  mine  tenebras  unum  condxicix  in  annwn  l 

226  Hortulus  lieic,  puteusque  biTvis,  ner  reste  movendus , 

227  In  tenueis  plantas  facili  defundilur  hauslu. 

228  Vive  bidentis  amans,  et  culli  xnllieus  horti  : 

229  Unde  epulum  possis  centum  dare  Pythagorxis. 

230  Est  aliquid  quocunque  loco,  quocicnque  recessu 

231  Unius  sese  dominum  fecisse  lacertx. 

232  Plurimus  lieic  seger  moritiir  vigilando  :  sed  illum 

233  Languorem  peperit  eibus  imper fectus ,  et  hœrens 

234  Ardenti  stomacho,  nam  quse  meritoria  somnum 

235  Admittunt  ?  magnis  opibus  dormitur  in  urbe. 

236  Inde  caput  morbi  :  rhedarutn  transitus  arcto 

237  Vicorum  inftexu,  et  stantis  convitia  mandrse 

238  Eripient  somnum  Druso,  vitulisque  marinis. 

239  Si  vocat  officium  :  turba  eedente  vehetur 

240  Dives,  et  ingenti  eiirret  super  ora  Liburno. 

241  Atque  obiter  leget,  aut  scribet,  vel  dormiet  intiis. 

242  Namque  facit  somninn  clausa  lectica  fenestra. 

243  Ante  tanem  veniet  :  nobis  properantibus  obstat 

244  Unda  prior  :  magno  populus  premit  agmine  Inmbos 

245  Qui  sequitur  :  ferit  hic  ciibito,  ferit  assere  dura 

246  Alter  :  at  hic  tigjium  capiti  incutit,  ille  metretam. 

247  Pinguia  crura  luto,  planta  mox  undique  magna 

248  Calcor,  et  in  digito  clavus  mihi  militis  hseret. 

249  Nonne  vides  quanto  celebretur  sportiila  fumo  ? 

250  Centum  convivse  :  sequitur  sua  quemque  culina. 

251  Corbulo  vix  ferret  tôt  vasa  ingentia,  tôt  res 

252  Impositas  capiti,  quas  recto  vertice  portât 

253  Servulus  infelix^  et  cursu  ventilât  ignem. 

254  Scinduntur  tunicx  sartœ  :  modo  longa  coruscat 

255  Sarraco  veniente  abies,  atque  altéra  pinum 

>  256  Plaustra  vehunt,  mitant  altœ,  populoque  viinantur. 

257  Nam  si  procubuit,  qui  saxa  Ligustica  portât 

258  Aûcis,  et  eversum  fudit  super  agmina  montem , 

259  Quid  superest  de  corporibus  ?  qms  membra ,  quis  ossa 

260  Invenit?  obtritum  vu Igi  périt  omne  cadaver 

261  More  animx.  domus  interea  secura  patellas 

262  lam  lavât ^  et  bucca  foculum  excitât,  et  sonal  unctis 

263  Striyilibus,  et  pleno  componil  lintea  gutto. 


_  78   — 

•i6i  Hxc  inler  pucros  varie  prnpcranhir  :  al  illc 

afif)  la))}  sedct  in  ripa,  tetrwnque  'novicius  horrel 

soc,  Poriliitira,  )ier  sperai  cœnosi  gurgitis  almim 

207  Infclix,  nec  habel  quem  porrif/al  are  Irientem. 

2CH  Rcspicc  nunc  alia ,  ac  divrrsa  pcricula  noctis  : 

269  Quod  spalitnii  Icclis  siibliinilni<!,  unde  cerehrum 

270  Testa  ferii,  quolics  rimosa,  cl  curla  fenestris 

271  Vasa  cadunt,  (/uatito  pcrcussuni  pondère  signent , 
•2~'2  El  l.rdant  siliccDi.  possis  ignarus  haheri, 

273  Et  subili  rasus  improvidus,  ad.  cœnam  si 

274  Intestatus  cas.  adco  toi  fata,  quoi  illa 

'2To  Nocte  paient  vigiles,  te  pnetcreunlc .  fencstiw. 

276  Ergo  optes,  votwnquc  fera  iniserabile  tecuni , 

277  Ut  sint  contentx  patulas  defundcre  pelveis. 

278  Ebrius  ac  petulans,  qui  nullum  forte  cecidit  , 

279  Dat  pœnas ,  noctem  patitur  lugeiitis  amicum 

280  Peleidx,  cubât  in  faciem,  ntox  deinde  supinus  : 

281  Ergo  non  aliter  polerit  dormire.  quHmsdam 

282  Sommim,  rixa  facit  :  sed  quamvis  improbus  annis , 

283  Atque  mero  fervens,  cavet  hune,  quem  coccina  txna 
28'.    Vitari  Jubet ,  et  comitum  longissimus  ordo  : 

285  Multum  pra'terca  pammprum,  et  xnea  lampa^s. 

28fi  Me,  quem  Luna  solet  deduccre,  vel  brève  hnnen 

287  Candelx ,  ciijus  dispenso ,  et  tempero  filuni , 

288  Contemnil.  miserx  cognosce  proœmia  rixx  , 

289  Si  rixa  est  vlii  tu  jxtlsas,  ego  vapiild  Idiilinii. 

290  Stat  contra,  starique  jul)et,  parère  necesse  est. 

291  Nam  quid  agas  :  cum  te  furiosus  cogat,  et  idem 

292  Forlior?unde  venis?  exclamai,  cujiis  acclo  , 

293  Cujtis  conche  tûmes  ?  quis  tecum  sectile  porrum 

294  Sutor  et  elixi  vervecis  labra  comedit  ? 

295  Nil  mihi  respondes  ?  aut  die,  aut  accipe  calccm. 
29fi  Ede  ,  .ubi  consistas  ,  in  qua  te  qiiiero  proseuca 

297  Dicere  ,  si  tentes  aliquid ,  tacitusve  recédas  , 

298  Tantundem  est  :  feriunt  pariter  :  vadimonia  deinde 

299  Irali  faciunl ,  libertas  pauperis  hœc  est . 

300  Pulsatus  rogat,  et  pugnis  concisus  adorât , 

301  Ut  liceat  paucis  cum  dentibus  inde  revcrti. 

302  Nec  tamen  li^c  tantum  metiias  :  7mm  qui  spoliel  te 


—  79  — 

303  Non  deerit .  clausis  domibus  postquam  omnia  ubique 

304  Fixa  catenaLr  silnil  compago  tabernx 

305  Interdum  et  ferro  subitus  grassator  agit  rem  , 

306  Armato  quoties  tulx  custode  teneniur. 

307  Et  Pontina  palus ,  et  Gallinaria  pîniis. 

308  Sic  inde  hue  omnes  tanquam  ad  vivaria  currunt. 

309  Qua  fornace  graves ,  qua  non  incude  catenx  ? 

310  Maximus  in  rinclis  ferri  modus,  ut  timeas,  ne 

311  Vomer  deficiat,  ne  marne,  et  sarcula  desint. 

312  Felices  proavorum  atavos  ,  felicia  dicas 

313  Seculas  qu%  quondam  sub  regibus,  atque  tribunis 

314  Viderunt  une  contentam  carcere  Romam. 

315  His  alias  poteram  ,  et  plureis  subnectere  caussas  : 

316  Sed  jumentavocant,  et  Sol  inclinât;  eimdum  est. 

317  Nam  mibi  commota  jam  dudum  muliovirga 

318  Adnuit  :  ergo  vale  nostri  memor  :  et  quoties  te 

319  Roma  tuo  reftd  properantem  reddet  Aquino  , 

•?2o  Me  quoque  ad  Eluinam  Cererem  ,  vestramque  Diana)ii 

321  ConveUe  à  Cumis  :  satijrarwn  ego ,  ni  pudet  illas  , 

322  Adjutor  gelidos  veniam  caligatus  in  agros. 


SATYRE  III 


SUIET 


Il  ne  parle  dabort  que  de  son  amy  qui  sort  de  Rome  et 
pour  auoir  lieu  de  luy  en  faire  dire  tout  ce  qu'il  pense,  il 
choisit  le  tems  et  le  lieu.  Le  tems  est  celuy  de  son  départ 
ou  les  passions  se  font  le  plus  sentir  ,  le  lieu  est  le  bois  ou 
Numa  parloit  a  ^gcrie  et  ou  le  souuenir  d'un  tems  si 
heureux  luy  done  occasion  de  parler  des  misères  et  des 
désordres  de  son  tems. 


Amici  (vers  1  ).  —  Cet  ami  est  Umbrice  qui  êtoit  arus- 
pice  ;  cela  est  deia  expliqué. 

Cumis  (vers  2).  —  Gumes  est  une  ville  de  la  Gampauie , 
la  plus  anciene  de  celles  d'Italie  et  de  Sicile  ;  elle  feut 
bâtie  par  Hyppocles  Gumœus  ;  c'est  aussy  de  luy  qu'elle 
prend  son  nom. 

Vacuis  (vers  2).  —  C'est  a  dire  que  Gumes  est  une  ville 
vuide  des  desordres  et  des  embarras  de  Rome  ;  c'est  une  raison 
fort  bone  qui  oblige  Umbritius  d'y  aler  habiter. 

Sybillœ  (vers  3).  —  Il  y  auoit  a  Gumes  une  sybille 
apelée  Gumée  a  cause  de  cela;  c'êtoit  une  fille  qui  auoit  fait 
vœu  de  virginité  et  en  recompense  elle  predisoit  l'auenir  ; 
c'est  des  prédictions  qu'elle  prend  le  nom  de  Sybille,  du  grec 

6 


—  82  — 

Aïo;  cliou  et  pouXr,  coiîseil ,  conseil  des  dieux,  pareequ'elle  en 
expliquoit  la  volonté. 

Baiarum  (  vers  4).  —  Bayus  est  un  village  sur  la  cote  Je 
la  mer  ou  il  y  auoit  des  bains  fameux  pour  le  plaisir  et  pour 
la  santé;  il  falloit  passer  a  Cumes  pour  y  aler  ;  c'est  pour 
cela  que  le  poète  apelle  Cumes  :  fa /ma  Ba/aram,  le 
passage. 

P-ri^hytam  prœpono  Suburrie  (vers  5).  —  Juuenal 
repond  par  auance  a  ceux  qui  pourroint  lui  dire  que  son 
amy  a  tort  de  quitter  Rome  pour  aler  a  Cumes  qui  est  un 
endroit  peu  habité  ;  il  dit  a  cela  qu'il  aimeroit  mieux  être 
dans  l'endroit  du  monde  le  moins  habité  qu'a  Rome  ou  l'on 
voit  tant  des  desordres;  il  se  sert  de  Prochyte  et  deSuburra 
pour  exprimer  sa  pensée  parceque  Prochyte  est  une  isle 
fort  déserte  sur  la  cote  de  Campauie  et  Suburra  étoit  un 
des  plus  beaux  quartiers  de  Rome. 

Nam  quicl  tam  miserum  (vers  6).  —  Car  y  a  t  il  place 
au  monde  si  misérable  (H  si  déserte  qui  soit  si  horrible  que 
la  cheute  des  toits,  l'horreur  des  embrasements,  ect. 

Ut  non  credas  deterius  horrere  incendia  (vers  6  et  7).  — 
Que  ce  ne  soit  encore  une  chose  plus  horrible  de  voir  les 
embrasements  comme  on  en  voit  asses  souuent  a  Rome. 
Recitantes  (vers-'J).  —  Supp.  audire. 
Augusto  mense  (vers  9).  —  Les  poètes  sont  si  amoureux 
de  leurs  ouurages  qu'ils  les  recitent  même  au  mois  d'aoust 
quoyque  la  ville  soit  moins  peuplée  pour  lors  et  que 
l'automne  attirât  les  Romains  a  la  campagne. 

Toôa  domus  (vers  10  ).  —  Piuidant  qu'on  chargeoit  sur  un 
charriot  tous  les  meubles  de  mon  ami  Umbritius.  Il  marque 
par  la  la  frugalité  d'Uml)rilius  dont  tous  les  meubles  pou- 
voint    se    mètre    sur   un    seul    charriot,    ou  bien  disant 


—  83  — 
qu'Umbritius  faisoit  porter  a  Gumes  tout  ce  qu'il  auoit  des 
biens  a  Rome  ;  il  veut  dire  par  la  qu'il  n' auoit  pas  dessein 
d'y  retourner  et  qu'il  l'abandonnoit  entièrement. 

Veteres  arcus  f  vers  11).  —  Romulus  fit  bâtir  des  arcs  de 
l)rique  a  la  porte  Gapene  ;  les  Romains  dans  leur  haute 
puissance  les  réparèrent ,  et  pour  immortaliser  l'ouurage  de 
leur  autheur  ils  les  firent  de  marbre. 

MacUdamque  Capenam  (vers  11  V  —  La  porte  Capene 
êtoit  celle  ou  l'on  passoit  pour  aler  a  Gapoue  :  il  y  auoit 
sous  cette  porte  des  acqueducs  pour  les  fontaines  de  Rome  ; 
c'est  pour  cela  que  le  poète  l'apele  Madida. 

Hic  ubi  nocturnœ  Numa  constituebat  arnicas  (vers  12). 
—  Ou  Numa  parloit  durant  la  nuit  auec  une  Nymphe  ; 
Numa  faisoit  accroire  au  peuple  qu'il  parloit  toutes  les  nuits 
auec  la  Nymphe  ^gerie  et  il  est  vray  qu'il  les  passoit  effec- 
tivement dans  un  bois  qui  lui  êtoit  consacré;  mais  le  poète 
fait  entendre  que  pour  ne  pas  s'y  ennuyer ,  il  donoit 
rendes  vous  a  une  maîtresse  qu'il  ne  voyoit  qu'en  ce 
tems  la. 

Omnis  silua  (vers  15  et  16).  —  Gest  a  dire  tous  les 
^Egyptiens  qui  habitent  dans  les  bois  et  qui  demandent 
l'aumône. 

Eiectis  camœnis  (vers  16).  —  Apres  auoir  aboly  les 
sacryfices  qu'on  auoit  accoutumé  d'y  faire  en  l'honeur  des 
Muses. 

Eiectis  camœnis  mendicat  silua  (vers  16).  —  Les  luifs 
sont  si  misérables  qu'ils  sont  obligés  de  demander  l'aumône. 
Silua  est  pris  la  pour  ceux  qui  l'habitoiut ,  c'est  a  dire  les 
luifs. 

Speluncas  dissimiles  veris  (vers  17  et  18).  —  Nous 
decendons  ensuite  dans  ces  cauernes ,  autrefoix  si  célèbres, 


-    84  — 
mais  dont  la  beauté  naturelle  a  lait  place  a  la  vanité  des 
statues  de  marbre  qu'on  y  a  mises. 

Quanto  prseslantius  esset ,  7iumen  aqiuc  (vers  18  et  19). 
—  luucual  lait  voir  ([ue  le  luxe  des  Romains  deplaisoit  aux 
dieux  ;  ils  auoint  changé  la  simplicité  des  fontaines  qu'ils 
auoint  ornées  de  marbre;  les  Nymphes  qui  président  aux 
fontaines  leur  êtoint  moins  fauorahles,  parcequ'ils  auoint 
violé  en  quelque  manière  les  eaux  par  les  ornements  au- 
quels  elles  prefcrent  l'état  naturel  de  ces  sources. 

Res  hocUe  riimor  est  (vers  23).  —  Il  faut  répéter  quando. 
Exiguis  (vers  24).  —  Sous  entendu  rébus,  et ([ue chaque 
iour  mon  reuenu  diminue. 

Ubi  Dœdal'us  exidt  alcis  (vers  25).  —  C'est  Cumes  ou 
Dédale  s'ala  poser  forsqu'il  echapa  du  Labyrinthe  de  Minos 
auec  son  fils  Icare  a  la  faneur  des  aislcs  que  son  génie 
extraordinaire  luy  auoit  fourny  pour  euiter  la  colère  de  ce 
prince  dont  l'équité  et  la  seuerité  ont  fait  croire  qu'il  êtoit 
iuge  dans  les  enfers. 

Dum  noua  canities  (vers  26).  —  A  présent  que  ie 
comence  a  entrer  dans  la  vieillesse. 

Dum  prima  et  recta  senectus  (vers  27  ).  —  Pendant  que 
ma  vieillesse  est  encore  vigoureuse. 

Arturius  et  Catulus  (vers  29  et  30).  —  Ce  sont  les  noms 
de  deux  homes  de  fort  basse  extraction  dont  ils  s'eleucrent 
a  une  grande  puissance.  luuenal  se  plaint  de  ce  que  des 
gens  come  ceux  la  feussent  plus  aymés  que  beaucoup 
d'honêtes  gens. 

Istic  (vers  29).  —  A  Rome. 

Queis  facile  est  œdem  conducere  (  vers  31).  —  Quels 
pour  quibus.  Il  s'emporte  contre  ceux  qui  pour  deuenir 
riches  de  quelque  manière  que  ce  feut  prenoint  des  comis- 


—  85  — 
sioiis  infâmes  et  qui  les   deshonoroint,  comme  de  rebâtir 
des  maisons. 

Conducere  flumina  (vers  31).  —  Faire  porter  de  l'eau 
pour  vendre  ou  faire  conduire  des  fontaines. 

Portus  (  vers  31  ).  —  Les  reuenus  qui  se  tiroint  des  ports  ; 
c'est  a  dire  ils  afiFermoint  ces  reuenus  et  l'impôt  que 
payoint  les  vaisseaux  du  port. 

Et  prmbere  caput  domina  vénale  sub  hastâ  (vers  33).  — 
Ceux  qui  ont  la  charge  de  vendre  les  csclaues  a  l'encan;  on 
metoit  dans  les  places  ou  l'on  faisoit  les  encans,  une  picque 
qui  êtoit  corne  un  signe  de  l'encan  ;  sous  cette  picque  on 
metoit  ce  que  l'on  vouloit  vendre  et  comme  cette  picque 
êtoit  eleuée  au  dessus  de  tout  cela^  luuenal  l'appelle  hasta 
domina. 

Et  prsebere  (vers  33).  —  De  stat.  hom.  Serui  in  domi- 
nium  nostrum  rediguntur  aut  iure  ciuili  aut  iure  gentium , 
iw^e  ciuili  si  guis  maior  20  annis  se  ad  pretium  partici- 
pandum  venire  passus  est ,  ect.  On  vendoit  sa  liberté  pour 
auoir  sa  part  du  gain  que  le  maitre  faisoit. 

Municipulis  arenae  perpetui  comités  (vers  34  et  35).  — 
Ce  sont  ceux  la  même  que  nous  auons  vu  n'aguere  loueurs 
de  cornet  sur  les  arènes  de  l'amphyteatre  ou  se  faisoint  les 
combats  des  gladiateurs. 

Notœgue  per  oppida  buccx  (vers  35  ).  —  Buccse  veut  dire 
proprement  ioues;  leurs  ioues  sont  conues  dans  les  autres 
villes ,  c'est  a  dire  l'enfleure  de  leurs  ioues  lors  qu'ils  louent 
du  cornet.  Ils  ne  se  contentoint  pas  de  iouer  a  Rome  ;  ils 
s'en  aloint  encore  iouer  par  toutes  les  villes  d'Italie  pour 
gaigner  leur  misérable  vie. 

Verso  pollice  vulgi  (vers  36).  —  Ces  loueurs  de  trompeté 
se  sont  si  fort  enrichis  par  leurs  artifices  qu'ils  douent  des 


—   8H  — 

spectacles  et  exposent  des  gens  aux  perilt;  de  l'amphytcatre 
ou  l'on  auoit  accoutumé  de  faire  comLatre  des  honacs  contre 
des  bêtes  ;  ces  trompetes  donoint  ces  spectacles  avec  l'applau- 
dissement du  peuple  qui  prenoit  plaisir  a  ces  combats  et  (jni 
en  donoit  des  marques  en  elcuant  les  mains. 

Pollice  qui  signifiée  le  pouce  est  prins  icy  pour  toute  la 
main  selon  la  coutume  des  poètes  qui  prenent  la  partie 
pour  le  tout. 

Verso  pollice  vulgi  quemlibet  occidunt  (vers  36  et  37). 
—  Par  cette  figure  des  doigts  le  peuple  temoignoit  vouloir 
la  mort  du  gladiateur  vaincu.  Pressus  pollex  seruoit  a 
demander  grâce  pour  luy  et  empecber  qu'il  ne  feut  égorgé. 
Ces  loueurs  de  cornet  se  sont  eleués  a  une  si  haute  fortune, 
et  ont  acquis  tant  de  pouuoir  sur  le  peuple  qu'ils  disposoint 
de  la  vie  et  de  la  fortune  des  homes  a  leur  fantaisie,  et 
excitent  des  séditions  pour  se  venger  dos  principaux  qu'ils 
font  mourir  sous  ce  prétexte. 

Foricas  (vers  38).  —  11  faut  entendre  purçjandas. 

Et  cur  non  omnia  (vers  38).  —  Il  faut  entendre  facerent 
sordidissima ,  pourquoy  est  ce  que  les  gens  qui  n'etoint 
autrefoix  que  des  trompetes  ne  faisoint  toute  sorte  des 
bassesses  et  des  choses  viles. 

Quid  Romx  faciam  (vers  41).  —  Umbrice  parle. 

Poscere  (vers  42).  —  Le  demander  a  ceux  qui  l'ont  fait 
come  pour  le  lire  auec  plus  de  loisir  ou  pour  en  tirer  une 
coppie. 

Motus  astrorum  ignoro  (vers  43).  —  le  ne  conois  pas, 
dit  il ,  le  mouuement  des  astres  pour  pénétrer  dans  l'auenir 
et  faire  des  prédictions  come  l)eaucoup  des  magi tiens  et  des 
Ghaldeens  qui  s'enrichissoint  par  la.  luuenal  censure  ces 
prophètes  qui  êtoint  des  grands  charlatants  et  a  même  tems 


—  87   — 

il  en  done  aux  grands  de  Rome  qui  êtoint  asses  mal  aduisés 
pour  croire  a  ces  sottises. 

Funus  promittere  patris  (vers  43).  —  C'est  contre  les 
enfants  qui  êtoint  asses  dénaturés  pour  souhaiter  la  mort  a 
leurs  pères  et  pour  aler  consulter  ces  astrologues  (|ui 
llattoint  la  ieunesse  la  dessus  et  eu  tiroint  beaucoup 
d'argent. 

Ranarum  viscera  (vers  44).  —  Pline  dit  que  les 
entrailles  des  grenouilles  come  la  rate,  le  cœur,  la  langue, 
ect.  seruoint  a  beaucoup  d'impiétés.  Lib.  3.  Hist.  nat. 

Atque  ideo  nulU  cornes  exeo  (vers  47).  —  C'est  Umbrice 
qui  parle  et  qui  dit  que  les  métiers  que  l'on  fait  a  Rome  ne 
luy  plaisent  pas  ;  ie  quitte  Rome,  dit  il,  et  ie  la  quitte  sans 
être  accompagné  de  persone,  parceque  tout  le  monde  me 
méprise  come  n'étant  point  propre  a  ce  que  l'on  fait  dans 
cette  ville  pleyne  des  desordres. 

Tanqitmn  mancus  (vers  47  et  48).  —  Veut  dire  como 
n'ayant  point  des  mains  ;  il  exprime  par  un  deflaut  de  corps 
son  peu  de  talent  aux  fourberies^  et  a  l'art  de  gaigner  des 
maîtresses. 

Carus  erit  Verri,  ect.  (vers  53).  —  Celuy  la  sera  cher  a 
Verres  qui  pourra  l'accuser  quand  il  voudra,  c'est  a  dire 
Verres  aymera  celuy  a  qui  il  a  fait  confidence  de  ses  crimes, 
il  le  caressera  de  peur  qu'il  ne  les  découvre. 

Arena  Tagi  opaci  (vers  54  et  55).  —  Le  Tage  fleuue 
d'Espagne  rouloit  autrefoix  du  sable  d'or  ;  le  poète  apele 
ce  fleuue  sombre,  parcequ'il  est  bordé  d'une  grande  quantité 
d'arbres. 

Tariti  tibi  non  sit  (vers  54).  —  Quoyque,  dit  Umbrice, 
les  confidents  rccoiuent  force  présents  pour  les  obliger  a 
garder  le  segret ,  ne  souhaites  iamais  d'auoir  un  tel  employ, 


—  88  — 
parcequ'un  segret  done  beaucoup  de  chagrins  par  la  dilli- 
culté  qu'il  y  a  a  le  garder,  ou  par  la  vengeance  que  l'on  prend 
sur  ceux  même  qui  ne  l'ont  pas  decouuert,  lors  qu'il  vient 
a  être  conii. 

A  magno  semper  timearis  amico  (vers  57).  —  Et  gardes 
vous  bien  de  vous  faire  craindre  d'un  ami  puissant ,  c'est  a 
dire  gardes  vous  bien  d'être  le  confident  des  crimes  d'un 
home  puissant  ;  outre  la  honte  que  vous  auries  de  faire  un 
si  vilain  métier,  vous  courries  même  danger  de  votre  vie. 
Grœcam  urhem  (  vers  61).  —  Umbrice  ne  peut  pas  sou- 
frir,  dit  il ,  la  ville  de  Grèce,  c'est  a  dire  les  corruptions  de 
Rome  qu  il  représente  sous  le  nom  de  ville  de  Grèce  parce 
que  les  Grecs  êtoint  fort  corrompus. 

Quota  portio  fœcis  Achaede.  (vers  .61  ).  —  Quoyqu'il  y  ait 
peu  de  Grecs  dans  Rome  ,  qu'il  apele  Fsex  Achxa.  Il  leur 
done  ce  nom  par  mépris.  Achœiis  vient  d'Achymis  et  celuy 
cy  vient  à'Achya  qui  est  une  partie  de  la  Grèce  au  Peloponese 
depuis  l'Isthme.  Quoyqu'il  y  ait ,  dit  il ,  peu  de  Grecs  a 
Rome,  ils  l'ont  neagmoints  remplye  de  tant  des  vices  qu'on 
ne  la  reconoit  plus  et  on  peut  l'apeler  une  ville  grecque. 

Orontes  (vers  62).  —  L'Oronte  est  un  flcuue  qui  sépare 
la  Syrie  d'Anthioche  ;  il  a  pris  son  nom  d'Oronte  qui  fcut  le 
l*""  qui  ioignit  ce  fleuue  auec  le  pont  Euxin. 

la/mpridem  Syrus  in  Tiberim  defluxit  Orontes  (vers  62). 
—  Maintenant  le  fleuue  Oronte  s'est  déchargé  dans  le  Tibre. 
Les  Syriens  remplissent  la  ville  de  Rome  aussy  bien  que  les 
Grecs. 

Chordas  obliquas  (vers  63  et  64).  —  C'est  un  instrument 
dont  les  cordes  ne  sont  droites  come  celles  de  la  guittare  , 
mais  courbes  ;  c'est  peut  être  une  harpe;  les  Grecs  portèrent 
a  Rome  cet  instrument. 


—  89  — 

Ad  circum  jussas  prostare  puellas  (vers  65).  —  Et  qui 
ont  fait  bâtir  au  cirque  une  maison  ou  les  filles  de  leur  nation 
se  prostituent  pour  de  l'argent. 

Rusticus  ille  tuus  (vers  67),  —  0  Romulus,  ton  cytoien 
autrefoix  si  grossier  prent  maintenant  des  longs  manteaux  a 
la  grecque  après  qu'il  s'est  exercé  a  la  lucte. 

Niceteria  (vers  68).  —  Prix  que  l'on  donoit  aux  vain- 
queurs dans  les  ieux  publics. 

Hic  alla  (vers  69),  —  Il  va  parler  contre  ceux  qui  êtoint 
venus  de  diuers  pays  de  la  Grèce  ;  ils  s'ingeroint  dans  les 
maisons  des  grands  ou  ils  faisoint  toute  sorte  des  bassesses 
pour  faire  leur  cour. 

Sycione  (vers  69).  —  H  y  a  dans  l'Achaye  une  ville  de 
ce  nom ,  et  dans  la  mer  Egée  une  isle  fort  eleuée  vis  a  vis 
d'Epidaure. 

Amione  (vers  69).  —  C'est  une  des  isles  Sporades. 

Andros  (vers  70).  —  Isle  dans  la  mer  Icariene  ou  l'on 
rendoit  un  culte  particulier  a  lunon. 

Trallihus  (vers  70).  —  Tralles  est  une  ville  de  la 
Phrygie. 

Alabandis  (vers  70  ).  —  Ville  d'Ionie. 

Hic  (vers  70).  —  Celuy  cy,  c'est  a  dire  les  Grecs. 

Exquilias  (vers  71  ).  —  Mont  Esquilin,  une  des  7  mon- 
taignes  de  Rome. 

Collera  dictiom  a  vimine  (vers  71).  —  Apelée  ainsy  de 
lupiter  Viminien  ou  a  cause  de  la  grande  quantité  d'osier 
qu'on  y  voit. 

Viscera  magnarum  dormmm  (  vers  72  ) .  —  Les  Grecs  par 
leurs  llateries  s'insinuoint  si  bien  dans  les  grandes  maisons 
qu'ils  y  êtoint  les  maîtres  et  en  sauoint  tous  les  segrets. 


—   ÎK)   — 

Viscera  exprime  f'orl  bien,  ils  portoiiil  les  segrets  de  ces 
ces  maisons. 

Dominique  futuri  (vers  72).  —  Ils  sont  confidents  de 
tous  les  segrets  des  grands  cl  ils  ont  tant  de  pouuoir  dans 
leurs  maisons  qu'ils  en  seront  bientôt  les  mailres  absolus. 

Isasus  (vers  74).  —  H  y  a  eu  deux  persones  dans  l'anti- 
quité qui  ont  porté  ce  nom  ;  l'un  de  ceux  la  a  été  orateur 
dans  Rome  et  l'autre  précepteur  de  Demosthenc. 

Ede  quid  illum  esse  putes  (vers  74  et  75).  —  Il  veut  faire 
voir  l'adresse  des  Grecs  a  s'insinuer  ches  les  grands. 

Aliptes  (vers  76).  —  G'êtoit  celuy  qui  frottoit  les  athlètes 
a  la  sortie  de  la  lucte. 

Schœnobates  (vers  77).  —  A  verbo  paiVo  asccndo,  et 
(T/oiwç  funis. 

Horum  ego  non  fugiam  conchylia  (vers  81).  —  Quoy 
n'euiteray  ic  pas  ces  gens  la  qui  portent  des  robbes  de 
poui'pre.  Conchylium  est  toute  sorte  de  coquillage  et 
particulièrement  ce  poisson  coquille  que  les  Latins  apelent 
Murex  d'où  se  tiroit  ce  suc  précieux  pour  l'aire  la  pourpre. 

Quo  pruna  et  coctona  vento  (vers  83).  —  Cet  infâme 
Syrien  venu  a  Rome  pour  y  vendre  ses  prunes  de  Damas 
et  ses  figues. 

Baccanutrita  Sabina  (vers  85).  —  Umbrice  se  plaint  de 
ce  que  les  étrangers  sont  i'ort  aymés  a  Rome  et  que  ceux 
qui  y  sont  nés  et  nourrys  n'y  trouueut  que  du  mépris. 
Bacca  Sabiiia  qui  signifie  les  fruits  des  Sabins  exprime 
l'éducation  de  Rome  parceque  les  Romains  ol  les  Sabins 
êtoint  unis  sous  le  même  empire. 

Quid  (vers  86).  —  Il  faut  entendre  dices.  Que  ne  diries 
vous  pas.  Il  va  parler  de  la  tlaterie  des  Grecs  corne  d'une 
chose  fort  basse. 


—  91   — 

Quid  (vers  86).  —  Supp.  dices.  Que  dires  vous  encore 
si,  ect. 

Antcvum  (vers  89).  —  Anthée  êtoit  iils  de  la  Terre,  il 
êtoit  redoutable  a  la  lucte;  Hercule  voulant  eprouuer  ses 
forces ,  il  les  trouua  inuincibles  parceque  la  Terre  sa  mère 
luy  donoit  une  nouuelle  vigueur  pourueu  qu'il  peut  la 
toucher.  Hercule  s'êtaut  aperceu  de  ce  secours ,  prit  Anthée 
entre  ses  bras ,  l'eleua  de  terre  et  l'etoufa. 

Hsec  eadem  licet  et  nobis  laudare  (vers  92).  —  Il  nous  est 
bien  permis  d'user  des  mêmes  flateries,  mais  nous  sommes 
si  fort  au  dessous  de  ces  infâmes  Grecs  qu'on  n'aiouteroit 
pas  même  foy  a  ce  que  nous  dirions. 

An  melior  (vers  93).  —  11  faut  lire  cela  auec  interroga- 
tion pour  marquer  come  un  Grec  est  propre  a  toutes  choses,  • 
a  représenter  une  dame,  une  courtisane,  ou  une  déesse. 

Thaïda  (vers  93).  —  C'est  le  nom  d'une  courtisane  ches 
Terence. 

Dorida  (vers  94).  —  C'est  une  déesse  marine,  fille  de 
rOccean  et  de  Thetis  feme  de  Nerée. 

Non persona  (vers  96).  —  Vous  croyries  véritablement  a 
les  ouyr  parler  que  ce  sont  des  feroes  et  non  pas  des  homes 
qui  louent  le  rolle  des  femes ,  ou  bien  on  est  si  facilement 
porté  a  croire  que  ce  sont  des  femes,  qu'ils  n'auroint 
pas  besoin  de  porter  ce  voyle  qui  leur  couure  le  visage  et 
qui  sert  a  faire  paroitre  la  voix  plus  déliée.  Ce  voyle  s'apele 
persona. 

Nec  tamen  Antiochus  (vers  98).  —  Et  ne  vous  imagines 
pas  qu'il  n'y  a  qu  Antiochus,  Stratocles,  Demetrius  et  Hemus 
qui  soint  des  bons  comédiens. 

Antiochus,  Stratocle,  Demetrius,  Hemus  (vers  98  et  99). 
—  Ils  êtoint  tous  quatre  comédiens  Romains. 


—  02  — 

Natio  comœda  est  (vers  100).  —  Cette  qualité  leur  est 
comunc  auec  toute  la  nation  ;  elle  est  entièrement  corae- 
diene ,  c'est  a  dire  dissimulée  et  portée  a  la  flatcrie,  pares 
in  adulando. 

A  facie  iactare  manus  (vers  106).  —  Sortir  la  main  de 
son  visage.  Il  y  en  a  qui  en  saluant  baisent  la  main  pour 
témoigner  plus  d'affection  ;  les  anciens  Grecs  selon  Pline 
auoint  accoutumé  de  toucher  la  barbe  a  ceux  (ju'ils 
saluoint  ;  peut  être  que  les  Grecs  du  tems  de  luuenal  en 
faisoint  de  même. 

Si  trulla  inuerso  (vers  108).  —  Les  sentiments  des  inter- 
prètes sont  partagés  sur  cet  endroit  ;  ces  Grecs  donc  sont 
toûiours  prêts  a  flater  un  amy,  soit  qu'ils,  ect....,  si  le  vase 

d'or  a  fait  du  bruit  étant  renuersé s'il  a  bcu  tout  le  vin 

qui  êtoit  dans  le  verre  de  sorte  qu'il  l'ayt  renuersé  et  qu'en 
acheuant  de  boire  il  ayt  fait  du  bruit  auec  les  lèvres  en 

acheuant  le  vin ou  bien  si  pour  iuger  de  ramitié  de  sa 

maîtresse ,  il  a  ietté  du  vin  ou  de  l'eau  a  terre  ou  selon  le  son 
qu'elle  faisoit,  il  iugeoit  de  l'amitié  de  sa  maîtresse.  C'est 
un  ieu  qui  se  practique  encore. 

Ab  inguine  tutum  (vers  109).  —  Des  Grecs. 

Stoicîcs  occidit  Baream  (vers  116).  —  Umbrice  fait  voir 
son  indignation  contre  la  perfidie  des  Grecs,  parmy  lesquels 
ceux  qui  faisoint  profession  d'une  plus  grande  sagesse,  se 
laissoint  corrompre  par  l'argent  pour  perdre  leurs  plus 
intimes  amys;  il  en  désigne  un  sous  le  nom  de  Stoicus.  C'est 
Publius  i^gnatius  qu'on  gaigna  par  quelque  argent  pour  le 
faire  seruir  de  faux  témoin  contre  Soranus  Bareas,  son 
amy  et  son  protecteur,  qui  feut  accusé  auprès  de  Néron  par 
Torius  Seuinus,  cheualier  Romain,  de  ce  qu'étant  proconsul 
dans  l'Asie,  il  auoit  decouuert  la  coniuration  des  Pisons  et 


—  93  — 
i'auoit  t'omentée  bien  loin  de  la  reprimer  ;  cette  accusation 
irrita  Néron  contre  le  panure  Bareas  Soranus  qui  êtoit 
innocent  :  on  dona  conoissance  au  sénat  de  cette  atî'aire 
dans  laquelle  on  embarrassa  Sernilie,  parcequ'elle  auoit 
doné  quelque  argent  pour  deliurer  son  père;  on  fit  venir 
des  témoins  parmy  lesquels  yEgnatius  se  trouua  pour  doner 
un  faux  témoignage  qu'on  luy  auoit  achepté;  c'est  contre  cela 
qu'Umbrice  s'irrite. 

Gorgonei  cahalli  (vers  118).  —  C'est  le  chenal  Pégase 
qui  nacquit  du  sang  de  Méduse,  Gorgone,  dont  la  tête 
êtoit  entourée  de  serpents  au  lieu  de  cheueux  ;  Persée  qui 
voulut  deliurer  l'uniuers  d'un  tel  monstre,  la  luy  coupa,  et 
le  cheval  Pégase  ou  aislé  nacquit  du  sang  qui  en  découla,  il 
ne  feut  pas  plutôt  né  qu'il  s'enuola  vers  le  mont  Hélicon  ;  il 
broncha  au  bout  d'un  rocher  et  en  fit  sortir  une  source 
apelée  ches  les  Latins  fons  caballinus,  et  par  les  Grecs 
Hijppocrene ,  c'est  dans  la  Beotie. 

Penna  caballi  (vers  118).  —  Pars  pro  toto. 

Protogenes,  Diphilus,  Erimanthus  (vers  120  ).  —  G'êtoint 
3  Grecs  qui  êtoint  venus  a  Rome  ;  la  conoissance  n'en  est 
pas  nécessaire. 

Amicum  solus  habet  (vers  121  et  122).  —  Il  veut  employer 
pour  luy  seul  le  crédit  d'un  puissant  amy. 

Exiguum  de  naturse  patrixque  veneno  (vers  123).  — • 
Lorsque  ce  Grec  a  soufflé  dans  l'oreille  de  ce  riche  un  peu 
de  ce  venin,  c'est  adiré  une  partie  de  la  médisance  comune 
a  ceux  de  sa  nation. 

Nusquam  {\evs  125).  —  En  aucun  endroit  du  monde 
autant  qu'a  Rome. 

Quod  porro  officium  (vers  126).  —  Mais  pour  ne  pas 
nous  flater,  dit  Umbrice ,  quels  services  rendons  nous  aux 


—  94  — 

grands;  c'est  pour  se  reprendre  en  quelque  manière  de  ce 
qu'il  vient  de  dire,  ({uau  moindre  raport  que  l'on  faisoit 
des  clients  Romains ,  on  les  chasse  après  ([u'ils  ont  rendu  des 
seruices  considérables.  Mais  quels  scrnices ,  dit  il  ;  il  est  vray 
que  nous  les  accompagnons  auant  le  iour,  lors  ([u'ils  vont 
faire  leur  cour  a  des  riches  veutucs  pour  auoir  leur  héritage  ; 
mais  ces  seruices  sont  trop  peu  de  chose ,  quoyqu'ils  nous 
coûtent  bien  de  la  peyne  et  des  chagrins  ;  il  lait  voir  par  la 
l'auarice  des  Romains  qui  êtoint  pauures  ;  il  leur  done  le 
nom  de  Tof/atics  parcequc  les  grands  lors  qu'ils  les  menoint 
a  leur  suite  leur  l'aisoint  porter  une  longue  robbe. 

Aut  quod  pauperis  hic  meritum  (vers  126  et  127).  — 
Et  nous  qui  somes  pauures ,  de  quel  usage  pouuons  nous  être 
auprès  des  grands ,  quand  même  nous  suiurions  le  prêteur, 
lors  qu'il  va  doner  le  boniour  a  des  riches  veufues  dont  il 
attend  la  succession. 

Togo  tus  (vers  127).  —  Ayant  mis  la  liurée  pour  accom- 
pagner son  maitre. 

Albina,  Media  (vers  130).  —  C'êtoint  des  veufues  fort 
riches  et  sans  enfants  ;  c'est  pour  cela  qu'on  leur  faisoit  la 
cour. 

Alter  (vers  132).  —  C'est  a  dire  un  de  ces  valets  qui 
accompagnent  les  nobles  pour  leur  faire  honeur  ;  c'êtoint  des 
valets  qui  êtoint  deuenus  fort  riches  et  qui  faisoint  de 
grandes  dépenses  pour  des  courtisanes. 

Caluina,  C aliéna  (vers  133).  — Courtisanes. 

Ai  lu  (vers  134). — C'est  a  dire,  o  toy,  luuenal;  il  désigne 
par  la  les  autres  Romains. 

Al  tu  (.vers  134).  —  Mais  vous,  dit  luuenal  a  Umbrice  ou 
Umbrice  a  luuenal. 

Cum  Hhi  veslili  faciès  scorti placel  (  vers  135).  —  Pendan t 


—  95  — 

que  ces  valets  des  grands  seigneurs  donent  aux  courtisanes 
autant  d'argent  que  les  tribuns  en  ont  de  leur  paye,  vous 
hésites ,  lors  que  quelque  courtisane  vous  plait  et  tout  cela  a 
cause  de  votre  pauureté.  Il  fait  voir  par  la  que  ceux  qui  auoint 
beaucoup  d'argent  a  Rome  êtoint  en  une  telle  considération 
auprès  des  femes  qu'il  n'y  en  auoit  que  pour  eux  et  les 
panures  ne  pouuoint  pas  conoitre  la  dernière  et  la  plus 
prostituée  de  toutes  les  femes. 

Chione  (vers  136).  —  C'est  le  nom  d'une  courtisane. 

Et  duhitas  (vers  136).  —  Et  vous  balances,  et  vous  n'oses 
pas  faire  leuer  Chione  de  sa  chaise,  c  est  a  dire  vous  n'oses 
pas  rien  proposer  a  Chione  a  cause  de  votre  pauureté. 

Da  testem  Roime  (vers  137  .  — -  Il  se  plaint  qu'a  Rome  on 
n'en  croit  pas  aux  panures,  mais  seulement  aux  riches 
quelques  scélérats  qu'ils  soint. 

Hospes  numinis  Idsei  (vers  137  et  138).  —  G  est  Scipion 
Nasica ,  dont  la  probité  le  fit  choisir  par  le  sénat  pour  garder 
dams  sa  maison  la  statue  de  Cybele ,  mère  des  dieux ,  que  Ton 
auoit  porté  de  la  Phrygie  ;  on  la  mit  ches  Nasica ,  en 
attendant  qu'on  lui  bâtit  un  temple  ;  c'est  ce  Scipion 
Nasica  qui  oprima  Tyberius  Gracchus  qui  vouloit  faire  les 
loix  des  champs. 

Qui  seruauit  (vers  138  et  139).  —  C'est  Metellus  qui 
sauna  la  statue  de  Minerue  du  milieu  des  fiâmes,  lors  que  le 
feu  se  prit  a  son  temple  ;  c'est  une  action  mémorable ,  mais 
qui  luy  conta  cher,  car  le  feu  luy  brûla  les  yeux. 

Protinus  ad  censum  (vers  140).  —  Il  faut  entendre 
devenitur  ;  c'est  le  suiet  de  l'indignation  du  poète  contre, 
les  Romains  qui  ne  consideroint  pas  le  témoignage  d'un 
home  par  sa  probité  mais  par  ses  richesses. 

Quo/m  multa  tnagnaque  paropside  cenat  (vers  142).  — 
A  combien  de  seruices  se  fait  il  traiter  ches  luy. 


—  96  — 

Samotracum  (vers  144).  —  La  Samotrace  est  une  isle 
de  la  mer  Egée  ou  le  culte  pour  les  dieux  ôtoit  extraordi- 
naire. 

Samotracum  cl  nostrorum  aras  (vers  144  et  145).  — 
Quoyque  vous  iuries  par  les  diuinités  de  la  Samotrace  et 
même  par  les  premiers  on  ne  vous  croira  pas  parceque  vous 
êtes  panures.  Par  les  dieux  de  Samotrace,  il  entend  les 
dieux  pénates  que  Dardanus  porta  de  la  Samotrace  en 
Phrygie  et  de  Phrygie  ^Enée  les  porta  en  Italie. 

Contemnerc  fulmina pauper  creditur  (vers  145  et  146). 
—  On  estime  si  peu  les  pauures  a  Rome  qu'on  s'imagine 
que  les  dieux  ne  songent  pas  même  qu'ils  soint  au  monde 
et  qu'ainsy  ils  peuuent  les  offenser  sans  danger. 

Quid  (vers  147).  —  Supp.  dicam.  Que  diray  ie  du 
mépris  qu'on  fait  des  pauures. 

Hic  idem  (vers  148).  —  Le  pauure  est  a  tout  le  monde 
un  suiet  de  diuertissement  et  de  raillerie. 

Exeat  inquit  (vers  153). — Il  fait  voir  la  misère  des 
pauures  parce  qui  leur  arriuoit  au  théâtre  ou  tout  le  monde 
êtoit  assis  auant  qu'Othon  tribun  ne  portât  cette  loy  qui 
ordonoit  qnil  y  auroit  des  places  particulières  aux  cheua- 
licrs  au  rang  desquels  on  n'êtoit  pas  reccu  qu'on  n'eut 
40  sesterces  ;  toute  la  colère  du  poète  est  contre  Domitien 
qui  renouuelle  cette  loy  ({ui  êtoit  dans  l'oubly.  Inquit^  celuy 
qui  a  soin  de  faire  obserucr  les  rangs  au  théâtre. 

De  puluino  equestri  (vers  154).  —  De  ces  14  bancs 
reserués  pour  les  cheualiers. 

Hic  (vers  157).  —  Icy,  a  Rome. 

Plaudat  (vers  157).  —  Qu'il  se  mette  dans  les  rangs  des 
cheualiers  seulement  parcequ'il  est  riche  et  qu'il  applaudisse 
aux  combatarits. 


—  07  — 
Quis  gêner  (vers  160).  —  Le  poète  se  plaint  du  mépris 
que  l'on  a  pour  la  pauureté  quoyqu'elle  se  trouue  auec  le 
mérite  ;  il  en  porte  plusieurs  exemples. 

Quando  in  concilio  est  .Edilibus  (vers  162).  —  Quand 
est-ce  que  le  panure  a  été  apelé  au  conseil  des  aediles  quoy 
que  ce  soint  les  derniers  magistrats. 

.Edilis  (vers  162).  —  L'edilité  étoit  une  charge  qui 
obligeoit  a  prendre  soin  de  toutes  les  choses  qui  regardoint 
la  propreté  et  le  bon  ordre  de  la  ville  come  la  réparation 
des  maisons  d'où  les  sediles  ont  pris  leur  nom  du  mot  ,vdes, 
maison. 

Agmine  facto  (vers  162).  —  Le  peuple  romain  se  sépara 
autrefoix  des  grands  qui  le  priuoinl  de  toute  sorte  d'auan- 
tages,  il  sala  réfugier  sur  le  mont  sacré  ou  il  se  defï'endit 
•  quelque  temps ,  il  se  laissa  ramener  neagmoints  par  les  auis 
d'Agryppa.  luuenal  blâme  ce  retour  a  la  veue  des  misères 
que  les  panures  soufroint  a  Rome  pendant  que  les  étrangers 
auoint  tout  ce  qu'ils  vouloint. 

Agmbie  facto  (vers  162).  —  Les  pauures  de  Rome  autre- 
foix eurent  raison  de  se  séparer  des  grands  qui  les  tyrani- 
soint,  mais  ils  eurent  enfin  tort  de  se  laisser  ramener  si 
facilement,  parcequon  leur  promit  d'établir  des  magistrats 
pour  leur  seureté  qui  feurent  les  tribuns  du  peuple. 
Emergunt  (vers  164).  —  Supp.  e  miseriis. 
Conatus  ad  victum  (vers  166).  —  Mais  les  pauures  ne 
pouuant  pas  paruenir  aux  dignités  ont  plus  de  peyne  a 
viure. 

Magno  (vers  166).  —  Il  faut  entendre  constat  ;  tout  est 
tort  cher  a  Rome  et  par  concequent  le  seiour  n'est  pas 
fauorable  aux  pauures. 

7 


_   !)fi   — 

Translatus  ad  Morsos  {wn^  1 H9 ).  —  C'est  fairius  Dcntatus 
laineux  par  sa  frugalité. 

Pars  magna'  Italiie  (vers  171).  —  11  y  a  encore  une 
grande  partie  de  l'Italie  ou  il  n'y  a  que  ceux  qu'on  porte  au 
tombeau  qu'on  fasse  accompagner  par  cette  quantité  prodi- 
gieuse de  clients  ou  de  valets. 

Nitor  (vers  180  ).  —  Il  faut  entendre  est. 

Hic  (vers  182).  —  A  Rome  dans  les  maisons  des  grands 
ou  les  valets  n'ont  pas  le  tems  de  prendre  le  someil  a 
cause  des  continuelles  occupations  qu'on  leur  done. 

Clauso  labello  (ver's  185).  —  Sans  même  qu'il  daigne 
desserrer  ses  leures .  ny  faire  le  moindre  mouuement  pour 
le  saluer. 

nie  metit  barba/m  (vers  186).  —  Les  Romains  auoint 
accoutumé  de  consacrer  a  quelque  dieu  le  premier  poil  de. 
la  barbe  qu'ils  se  faisoint  couper  et  les  cheueux  de  la  tête. 

Plena  domus  libis  venalibus  (vers  187  ).  —  La  misère  est 
montée  a  un  si  grand  excès  que  s'il  arriue  que  le  tîls  de 
quelque  grand  seigneur  consacre  aux  dieux  les  1  ^"  poils  de 
sa  barbe  et  les  l''"  cheueux  de  sa  tête,  qu'il  fait  couper, 
dabort  sa  maison  est  pleine  de  présents  qui  vienent  la 
pluspart  de  panures  misérables  qui  sont  obligés  d'exercer 
ces  sortes  de  libéralités  pour  s'atirer  la  protection  des 
grands ,  et  ce  qu'il  y  a  de  fâcheux ,  c'est  que  les  maîtres  a 
qui  on  fait  ces  présents  n'en  voyent  rien,  il  n'y  a  que  les 
valets  qui  en  profitent  o\  <[ui  les  vendent  à  l'insceu  de  tout 
le  monde. 

Et  cultis  augere  pecidia  sentis  (vers  189).  —  Non  seule- 
ment nous  somes  obligés  de  faire  des  présents  aux  grands 
mais  encore  a  leurs  valets.  Peculium,  est  le  salaire  d'un 
valet. 


—  99  — 

Simplicibus  Gabiis  (vers  192'.  —  luuenal  t'ait  allusion  .1 
cest  endroit  de  l'hystoire  romaine  qui  dit  que  Tarquin  le 
Superbe  ire  pouuant  pas  vaincre  les  Gabins,  fit  semblant  de 
maltraiter  son  fils  qui  s'en  ala  demander  asyle  aux  Gabins 
contre  la  feinte  cruauté  de  son  père  ;  les  Gabins  se  laissèrent 
persuader  et  luy  douèrent  le  comandement  de  leur  armée  ; 
il  se  seruit  de  son  pouuoir  a  l'aire  mourir  les  principaux  des 
Gabins;  luuenal  a  raison  d'apeler  simples  des  gens  qui 
receurent  si  facilement  un  home  suspect. 

Sub  eodem,  marmore  Chyron  (vers  205).  —  C'est  a  dire 
qu'il  y  auoit  sous  le  vase  une  figure  de  marbre  qui  repre- 
sentoit  Chyron  le  Centaure,  précepteur  d'Achylle. 

Mures  Opici  (vers  207).  —  Des  rats  ignorants;  la  méta- 
phore est  prise  de  certains  peuples  d'Italie  apelés  Opici  qui 
viuoint  dans  une  très  grande  ignorance  ;  ce  mot  est  donc 
pris  la  pour  se  mocquer  de  ceux  qui  ne  sauoint  pas  la 
langue  latine  et  qui  par  concequent  u'estimoint  pas  les 
ouurages  d'esprit  come  ils  le  méritoint;  il  apele  dans  la 
6*  satyre  une  feme  Opica,  c'est  a  dire  a  peu  près  ignorante 
du  latin. 

Asturici  (vers  212  ).  —  Si  la  maison  d'Astur  qui  êtoit  un 
home  fort  riche,  vient  a  se  brûler,  tout  le  monde  va  luy 
doner  du  secours  ,  et  si  la  même  chose  arriue  à  un  pauure , 
persone  ne  se  remue  ;  c'est  un  grand  suiet  d'indignation 
pour  le  poète. 

Horrida  mater  ^vers  21 2y.  —  Rome,  ou  les  dames 
romaines  qui  pleuroint  l'infortune  d'Asturius  come  une 
calamité  publique  ;  il  faut  entendre  videtur. 

Euphranorifi  et  Policleti  (^vers  217).  —  C'êtoint  deux 
ouuriers  d'Athènes ,  le  T'' fameux  peintre  et  le  2'"'"  excellent 
statuaire. 


—  loi)  — 

Deuruin  Phivcasloiiorum  (vers  218}.  — Les  dieux  (fue  les 
Phœcasiens,  pbrelres  d' Athènes  et  d'Alexandrie  adoroint; 
/^//ci'cos/a  sont  des  souliiers  grossiers  que  portoint  ces  pbrctres 
et  auec  lesquels  on  representoit  ces  dieux. 

Persicus  (vers  22 1\  —  C'est  le  nom  d'un  riche. 
Si  potes  aicclli  circensibus  (vers  223).  —  Si  vous  aues 
asses  de  force  pour  quiter  Rome  et  les  ieux  du  cinjue. 

Soi^a,  Frabateria,  Fntsinone  (vers  223  et  224V  —  3  villes 
des  Volsques  dans  la  Gampanie. 

Tenebras  (vers  225).  —  Pour  auoir  a  Rome  une  maison 
obscure. 

Reste  (vers  226).  —  Supp.  longa. 
Ëpulum  dare  Pytliagoneis  (vers  229).  —  C'est  a  dire  des 
feues,   car  Pythagore  ayant  dctiendu  a  ses  disciples  de 
manger  de  la   viande ,   ils   ètoint   obligés  de  manger  des 
légumes,  surtout  des  feues. 

Doniuiuni  se  fecisse  lacer  ta;  ^^vers  231).  —  D'être  le 
maitre  d'un  lézard;  c'est  un  prouerbe  pour  dire  :  être  le 
maitre  de  quelque  chose  ;  on  dit  encore  unius  vermiculi. 

Ardenti  stomacho  (vers  234).  —  L'estomac  brûlant  a 
cause  de  l'indigestion  qui  atire  la  heure. 

Conuitia  mandriB  (vers 237).  —  Conuitium^  blasphème, 
iniure^  cry  ;  inatidra,  troupeau  de  iumcnts;  ainsy  on  ne 
peut  pas  dire  conuitia  rnandnv ,  les  crys  des  iuments  ;  mais 
on  dira  les  crys  des  muletiers  que  la  lenteur  des  iuments 
leur  faisoit  faire. 

Druso  (vers  238).  —  11  y  a  plus  d'apparence  qu"il  y  a 
Urso ,  parceque  le  poète  voulant  exagérer  le  tintamarre  de 
Rome,  dit  que  le  someil  le  [)lus  profond  en  seroit  interrompu  ; 
or  le  someil  de  l'ours  et  des  veaux  marins  est  le  plus 
dillicile   a  troubler;  oi    i)eut  neagmoints  dire  que  Drusus 


—  Illl  — 

êtoit  un  dormard  ;  l'esprit  du  poète  ne  seroit  pas  neagmoiiits 
si  iuste  de  prendre  un  home  et  une  béte  pour  son  expression  ; 
2  bêtes  font  mieux. 

Curret  super  oraingenti  Liburno  (vers  240).  —  Ce  riche 
se  fera  porter  sur  les  épaules  d'un  esclaue  de  Liburnie, 
frontière  de  la  Dalmatie ,  il  venoit  de  ce  pays  la  a  Rome 
beaucoup  d'esclaues  qu'on  prenoit  pour  porteurs  de  chaises 
a  cause  de  leur  belle  taille  et  de  leur  force. 

Ante  (vers  243).  —  Supp.  )ios. 

Tignum  (vers  246).  —  II  est  pris  la  pour  tout  ce  qui  sert 
a  bâtir  une  maison  ;  on  apele  les  charpentiers  fahri 
tignarii. 

Clauus  militis  (vers  248).  —  Les  caualiers  Romains 
portoin  t  des  bottes  ou  il  y  auoit  des  clous  pour  les  attacher. 

C entum  conuivœ  {\ei's  250).  — Supp.  adsunt. 

Corbulo  (vers  251  ).  —  C'est  a  dire  un  home  fort  robuste 
et  fort  vigoureux;  il  se  sert  du  nom  de  Corbule  pour  le 
représenter  parceque  Corbule  étoit  d'une  force  extraordi- 
naire; il  viuoit  sous  Néron  et  se  rendit  illustre  dans 
l'Arménie  ou  il  fit  beaucoup  des  belles  actions. 

Saxa  ligustica  (vers  257).  —  Ce  sont  des  pierres  de  la 
Ligurie. 

Périt  cadauer  more  animiB  (vers  260).  —  Le  corps 
disparoit  aussy  bien  que  l'ame  ;  il  ne  faut  pas  prendre  cecy 
au  pié  de  la  letre,  car  dans  le  sentiment  même  de 
luuenal,  l'ame  n'êtoit  pas  détruite  ;  mais  come  l'ame  paroit 
corne  si  elle  n'êtoit  pas,  luuenal  se  sert  de  cette  expression 
pour  exprimer  de  quelle  manière  l'on  êtoit  quelquefoix 
écrasé  a  Rome,  ou  par  la  cheutc  d'une  maison  ou  de 
quelques  pierres,  de  manière  qu'il  ne  restoit  aucune  figure 
d'home  a  celuy  qui  êtoit  tué. 


—  loe  — 

Secura  domus  (vers  261).  —  Le  reste  de  la  famille 
ari'iuce  deia  au  logis  ignorant  le  malheur  de  celuy  qui  a  été 
écrasé. 

Gutto  (vers  263),  —  Petit  vase  de  corne  d'où  l'ou  i'aisoit 
dégoûter  de  l'huyle  sur  ceux  qui  êtoint  dans  le  bain  :  cette 
manière  de  verser  l'huyle  luy  a  doné  le  nom. 

Porthmea  (vers  266).  —  Gharon  le  nautonier  ;  porthmos 
veut  dire  frctum,  et  porthmis ,  porth  midis  ,  petit  bateau. 
Sperat  crenosi  gurgitis  alnum  (vers  266).  —  Ce  panure , 
lors  qu'il  vient  a  être  écrasé  et  qu'il  est  arriué  sur  le  riuage 
de  l'enfer,  il  n'espère  pas  de  trauerser  le  lleuue  Styx,  parce 
que  son  corps  qui  a  été  mis  en  poudre  par  la  cheute  de  cette 
pierre  n'a  pii  être  enseuely  ;  les  anciens  croyoint  que  les 
âmes  de  ceux  dont  les  corps  êtoint  sans  sépulture  n'êtoinl 
pas  rcceus  dans  les  enfers. 

Nec  habcl,  guem  (vers  267).  —  Triens  êtoit  une  espèce 
de  petite  monoye  ([u'on  inetoit  dans  la  bouche  de  ceux 
qui  êtoint  morts  corne  pour  leur  seruir  au  passage  du  Styx 
pour  payer  Gharon. 

Teclis  sublimibus  (vers  269).  —  G'est  a  dire  e  tectis 
sublimibus  in  terram. 

PeleidcV  (vers  280  ).  —  Achylle ,  fils  de  Pelée  et  de  Thotis . 
et  bon  amy  de  Patrocle  dont  il  pleura  la  mort. 

Non  ailler  (vers  281).  —  G'est  a  dire  niillo  percusso , 
sans  auoir  maltraité  quelque  passant. 

^7iea  lampas  (vers  285).  —  Un  chandelier  d'airain  de 
Gorinthe  rcserué  pour  les  riches. 

Cuius  aceto  (vers  292).  —  Gela  fait  voir  la  misère  de  celuy 
qui  est  battu. 

Quis  sutor  (vers  293  et  294)  —  Quel  sauetier.  Tout  cela 
sert  a  faire  voir  la  misère  de  celuy  qui  est  battu. 


—  103  — 

Q'usero  (vers  296).  —  Pour  quœrere potero. 

Proseuca  (vers  296).  —  Endroit  ou  les  pauures  auoinl 
accoutumé  de  demander  l'aumône  ;  ce  mot  vient  du  grec 
TrpoaeuxsfJTai ,  prier.  luueual  est  le  seul  qui  s'en  sert. 

Pontina palus  (vers  307).  —  Marais  dans  la  Gampanie. 

Gallinaria  (vers  307).  —  Forest  a  Gunies. 

Sic  (vers  308).  —  C'est  a  dire  ces  voleurs  ne  pouuant 
détrousser  les  gens  dans  le  marais  Pontin  et  dans  la  forest 
Gallinaire,  ils  s'en  vienent  a  Rome  ,  liuc. 

Qua  fornace  graues  (vers  309).  —  Supp.  fabricantur. 

Refici  (vers  319),  —  C'est  a  dire  reficiendi  causa. 

Aquina  (vers  319).  —  Ville  des  Volsques  sur  la  voye 
Latine  près  de  laquelle  passe  le  fleuue  Melphys. 

Tîco  (vers  319).  —  luuenal  êtoit  de  la  ville  d'Acquine. 

Cererem  Eluinam  (vers  320).  —  Il  y  auoit  auprès 
d'Aquin  une  fontaine  apelée  Eluine;  on  la  voit  même 
auiourduy  auec  les  masures  d'un  temple  consacré  a  la  déesse 
Gères  qu'on  apeloit  a  cause  de  cela  :  Eluina  Ceres. 

Vestramque  Dianam  (vers  320).  —  Il  y  auoit  encore  a 
Aquin  un  temple  de  Diane;  cette  déesse  y  êtoit  fort 
vénérée. 

Caligatus  (vers  322).  —  Caliga  êtoit  une  espèce  de 
souUier  que  portoint  les  soldats.  Caligatus  veut  dire  la 
portant  auec  moy  de  quoy  composer  beaucoup  do  satyres. 


FIN 

DE    LA    3™"    SATYRE. 


SATYliA     IV 


I    Eccc  ilcridii  Urispiini.s  adrsi  niilii  swpe  V(tro.iidus 
■-'  Ad  parleis,  )t}on.slruiit.  itidla  rirtute  rrdcinluDi 
■i  A  vitiis,  xger,  solaqiœ  Hbidinc  f'orUx  : 
î   DeUcias  viduw  laiilioii  sprnuilnr  aduUrr. 
■">   Quid  refcri  itjilur  ijiutntis  JKinnda  faUf/rl 
li  Porlicibus,  quanta  iinnofitni  vectetur  in  uinbra  . 
-,   liKjem  quoi  V'icina  foru  ,  quas  cmcrit  œdes  ? 
s   Neiiiu  malus  fcl.i.r^  miiiiiiir  rurruplDr.  et  idem 
it  Incesius,  ruin  quu  iiupcr  villaia  jaccbul 
10  Sanyuine  adimc  vivo  levraui  subitum  saccrdos. 
H   Sed  iiunr  de  faclis  Icviovibus  :  rt  taiiirn  aitcr 

12  .V*  fecissel  idem  ,  cadcret  sub  judice  uioruui. 

13  Nain  qmd  iurpc  bonis ,  Tilio  ,  Scioqiie  ,  drccbal 

14  Crispimini .  (juid  uqus  :  ru  ni  diru.  ri  prdior  ouini 

15  Orimine  personu  est?  mulluui  sr<r  luillibus  ruiii  , 

16  JËquantvm  sane  paribus  xcsteiiln  libris  , 

17  Ut  'perliil)enl,  qui  de  nunjnis  luujiird  loquuuiur. 
is    Vonsiliuin  laudo  urli/icis,  si  luu/iere  tantn 

1'.)   Prwcipuain  in  tabutis  reram  senis  ubstulil  orlii. 
■20  Est  ratio  idterior,  nuiqnw  si  inisJt  ainicw  , 
■21  Qiias  vrhitiir  clauso  latis  speeularibus  anlro. 
2-2  Nil  taie  exspectes  :  émit  sibi.  multa  vidernus  , 
23  Qiia;  miser  et  frugi  non  fccil  Apicius.  hoc  lu 
•li  Succinetus  patriu  quondavi  Vrispine  papyro  , 
25  Hoc  pretio  squavueY  potuil  (or lasse  minoris 
■2(1  Piscalor ,  quam  piscis  euii.  provincia  tanti 

27  Vendit  agros  :  sed  majores  Apnlia  vendit. 

28  Qualeis  tune  epulas  ipsum  giutissr  putamus 
2'."  Indupei'atoreui  :  eum  tôt  sestertia,  parteui 


—   106  — 

3(1  Exiijiuun,  fl  inodine  suinltun  de  ntuiyi/ic  rame 

n  Purpurcits  niaf/zii  niclavil  scurva  Palatl , 

M  lain  princcps  Equiiutn,  )na(jna  qui  voce  solebal, 

■VA  Vendcvi'  municiprs  /'racla  dr  iiicrec  .siluro.s  ! 

ai  Inripc  Calliopc,  livcl  ri  rnnsidor.  non  csl 

■iô  Canlanduiii  ,  /vv  rcru  afjilur.  narratc  pucllx 

•■>«  Plier  ides  :  pritsil  milii  vos  di.n'sse  puellas. 

;i7  ('uni  jain  srtniuiiiiiutni  larcrarrl  Flavius  urbrin 

■i»  Ulli)nus  ,  el  calvo  srrvircl  lionui  Ncroni , 

M!»  Inridit  Adriaci  spalium  admirabile  rliombi 

Kl  Atitr  doiHHiii  Vcneris ,  qtiuin  Dorira  suslinrl  Ancon  , 

41  hnplcvitque  sinus  :  ncqur  eniiii  iirinor  hœsrral  illis  , 

'ii  Quos  operit  (jlacies  Mwolica  ,  ruptaque  tandem 

53  Solibus  effundil  lorprnUs  ad  ostia  Punti 

a  Desidia  tardas,  el  luntju  frigore  pingueis. 

45  Destinât  hoc  inonstriim  cymbw,  Unique  niagistcr 

ii;  Pontifici  sunnno  ,  qiiis  enim  proponere  lalem  , 

il  Aut  emere  audcrct  {  cuin  plena  el  litora  multo 

•4R  Delalore  forent  :  dispersi  prolinus  algx 

•49  Inquisitores  agerent  cum  rémige  nudo  , 

50  Non  dubitaturi  fugitivum  dicere  piscem  , 

51  Depastumque  diu  vivaria  Cxsaris  :  inde 

52  Elapsiun  velerein  ad  do)ninum  debere  reverti? 

53  Si  quid  Palfurio  ,  si  crcdimus  Ariuillato , 

54  Quicquid  compicuum,  pulcrumque  csl  wquorr  loto  , 

55  Res  fisci  est,  nbicunqur  natal  :  dunabitur  rrgo, 

56  Ne  pereat ,  jatn  lelifero  cedenle  p?'uinis 

57  yiutuntno  ,jaiii  (juarlanaia  sprranlibas  ;rg)is. 

58  Stridebat  deformis  hiems ,  pra'dainque  recenteui 

59  Sercabat  :  taiiien  Jiic  properal ,  velut  urgeat  Ausler. 
1)0  Utque  lacus  suherani  .  ubi  quanquaui  dirula,  serval 
oj  Igneni  Troianum ,  el  Vrslai)i  colil  Alba  minornu  , 

'!2  Obslilit  intranti  miralri.c  turba  parumper , 

tiii  Ut  ccssit  :  facili  patuerunt  cardine  valva: . 

'14  Exclusi  spectanl  adinissa  opsonia  patres. 

«5  Itur  ad  Atreideni.  luni  Picrns^  accipe ,  di.iit , 

HH  Privatis  majora  focis  ;  Genialis  agatiir 

«7  Iste  dies  ,  propera  stomachum  laxare  saginis . 

6«  Et  tua  servatwn  consume  in  siecula  rkombum. 


—    107  — 

fit!  Ipsf  capi  votuil.  quid  aperlius!'  rt  tamen  illi 

7(1  Surgebant  crislx  ^  nihil  est ,  quod  credere  de  se 

71  Non  possit ,  cuin  laudalur  Diis  wqua  potestas. 

7i  Sed  deerat  pisci  patina  niensura.  vocantur 

73  Ergo  in  consilium  proceres ,  quos  oderat  illc , 

74  In  quorum  facie  miserie ,  magnwquc  sedehal 
7ô  Pallor  amicitia.'.  primus  ,  clamante  Liburno , 
7«  Currite,  jam  sedit ,  rapta  properabat  abolla 

77  Pegasus  ,  attonilx  posUus  modo  viliicus  urbi. 

78  Anne  aliud?  lune  Pru'fecli ,  quorum  optimus ,  alquc 

79  Interpres  legum  sanctissimus ,  omnia  quanquain 

80  Temporibus  diris  Iractanda  pulabat  inenni 

81  luslilia  :  venit  et  Crispi  jucunda  senectus , 

82  Cujus  cvanl  mores  qualis  facundia,  mite 

83  Ingeniuin.  maria ,  ac  terras,  populosque  regenli 

84  Quis  cornes  utilior  :  si  clade ,  et  peste  sub  illa 

85  SsBvitiam  damnare ,  et  honestum  afferre  liceret 

86  Consilium?  sed  quid  violentius  aure  tijranni  : 

87  Cum  quo  de  pluviis ,  aut  œstibus ,  aut  nimboso 

88  Vere  locuturi  fatum  pendebat  amici  ? 

89  lUe  igitur  nunquam  direxit  brachia  contra 
'jo  Torrentem  :' 7iec  civis  eral ,  qui  libéra  posset 

91  Verba  animi  proferre ,  et  vitam  impendere  vero. 

92  Sic  militas  hiemes ,  atque  octogesima  vidit 

93  Solstitia.  his  armis ,  illa  quoque  tutus  in  auta 

94  Proximus  ejusdem  properabat  Acilius  œvi 

95  Cum  juvene  indigno ,  quem  mors  tam  sœva  mancret , 
'■in  Et  domini  gladiis  tam  festinata  :  sed  olim 

97  Prodigio  par  est  cum  nobilitate  senectus  : 

98  Unde  fit,  utmalim  fraterculus  esse  Giganlis. 

99  Profuit  ergo  nihil  misero ,  quod  cominus  ursos 

100  Figebat  Numidas  ,  Albana  nudus  arena 

101  Venator,  quis  enitn  jam  non  intelligat  arteis 

102  Patricias  ?  quis  priscwn  illud  miratur  acumen 

103  Brute  tuum  ?  facile  est  barbato  imponere  Régi. 

104  Nec  melior  vultu  quamvis  ignobilis  ibat 

105  Rubrius  ,  offensx  veteris  reus ,  atque  tacendw , 

106  Et  tamen  improbior  Satgram  scribente  cinsedo. 

107  Montani  quoque  venter  adest  abdomine  tardus , 


—    lus  — 

""*  Et  )nalittinu  sudans  (Jrispinit.s  ainomo  , 

Km  (Jtianliim  n.r  rvdoknl  duo  ftinrra.  s.Tvinr  illv 

iiii   J'uiiijicius  Innii  JHi/uliis  a/irrirc  siisarru. 

lii  Et ,  qui  vuUuvihus  scrvabat  visceru  Dacis 

112  Fusons,  mannorra  mrdilalus  jirwlia  villa  : 

i\-i   El  ciiiii  niorlifi/d  i>ri(de)ts  Vriento  Calullo, 

iii    (Jiii  numiuani  vis;f  /laf/rabat  amoir  pucllu- , 

ii'i   (i)-andi' ,  cl  coiispicuuiii  )wsiro  quoque  leinpore  ntunstruni^ 

lui   Ccvcus  adiilator,  dirusqur  à  pontr  satelks . 

ii7  IHqnus  Aricios  qui  moidicaret  ad  axes  , 

1.1  *<  Blandaque  devc.Tx  jactarel  hasia  rhedn-. 

Il'-'  Ncmo  magis  rhombum  stupuit  :  nampluriniu  didit 

i-'t>  //)  Lvvum  conversas  :  at  ilii  dextra  jacebui 

i-'i   Bcllua  :  sicpugnas  Cilicis  laudabal ',  ci  ictm , 

122  Et  pwqma,  ci  pueros  inde  ad  vclaria  raptos. 

123  Non  cedit  Veiento  :  sed  ut  phanaticus  œslro 
i2i  Percussus  Bellona  tuo  divinat  et  ingens 

125  Omen  habcs ,  inquit,  magni ,  clarique  Iriuinphi. 

126  Regem  aliqucm  capies ,  aut  de  temonc  Bri tanna 

127  Excidcl  Arviragus.  peregrina  est  bellua.  cernis 

128  Ereclas  in  lei^ga  sudcs  Y  hoc  de/'uit  unuui 

11'.)  Fabricio .  patriani  ul  rJtouibi  ))irmorarcl ,  cl  annos. 

130  Quidnain  igiiur  censcs  ?  coiicidiliir  Y  ahsit  ab  illo 

131  Dedccus  hoc,  Montunas  ail.  Icsla  alla  paretur , 

132  Quc'c  tenui  muro  spaiiosum  colligal  orbcut. 

133  Ik'belur  iiiagiius  p(ili/i,-c,  siibihisqur  Pi-omelheus. 

134  Argillam  ,  atqiie  rolam  cilius  pvopcvaie  :  sed  ex  hoc 

135  Tempore  jani  ,  Crsar,  figuli  liia  caslra  scquanlur. 
i3r.  Vici  digna  viro  scnlcntia  :  norcral  illc 

137  Luxuriam  inipcrii  velereui ,  noclesqtic  Ncivnis 

138  Jam  médias,  aliainquc  fa)neni  cuiii  puhno  Falerno 

139  Arderel.  nulli  ntajor  fuit  usas  cdcndi 

140  Tempestalc  uiea.  Circxis  nala  furoil  ,  an 

141  Lucrinum  ad  saxiint ,  Butupinove  édita  fundn 

142  Ostrea.^  callcbat  primo  deprenderr  morsu  . 

143  Et  seinel  adspecti  litus  diccbat  echini 

144  Surgilur,  et  misso  proceres  exirejubcnhir 

145  Concilio  :  quos  Albanani  du.r  magnus  in  anmi 
)4fi  Traacrat  altonilos,  et  festinarc  coactos . 


—    10!)   — 

147  Tanquaifi  de  Callis  aliquid ,  lorvisque  Sycatnbris 

148  Dicturm,  tanquam  et  diversis  partibus  orbis 
1  iy  Aiuia  prœcipiti  venisset  epislola  pinna. 

150  Atque  utinam  his  potius  niigis'tota  illa  dedissèl 

151  Te)npora  St'eviliœ  :  clavas  quibus  abslulit  urbi , 
i.')->  Illiistresquc  animas  impunc ,  et  vindice  nullo. 
153  Sed  periii ,  postquain  cerdonibiis  esse  timendus 
loi   Cœperat  :  hoc  nocuit  Lamiarum  cxde  madenti . 


SATYRE  IV 


SUIET 


La  complaisance  et  la  tlaterie  des  courtisans  de  Domitieii 
.sont  le  suiet  de  la  satyre  4%  dans  laquelle  Gryspin  se  pré- 
sente luy  même  ;  ce  n'est  pas  elle  qui  le  cherche  ,  Ecce 
iterum  Cryspinus  adest  :  il  paroit  que  le  pocte  n'y  pensoit 
pas  et  que  c'est  le  favory  luy  même  qui  vient  a  luy  et  qui 
l'engage, a  écrire. 


Ecce  iterum  Cryspinus  adest  (vers  1  ).  — C'est  le  même 
dont  il  dit  dans  la  l"  satyre,  Pars  Niliacse  pLebis  verna 
Canopi ;  Cryspinus  êtoit  d'Egypte;  il  ôtoit  venu  esclaue 
a  Rome  ou  il  auoit  comencé  a  s'eleuer  sous  Néron  ;  mais 
il  n'y  eut  plus  de  bornes  a  sa  puissance  sous  Domitien  ;  il 
semble  qu'il  n'en  parle  que  parcequ'il  le  rencontre  dans  son 
chemin  et  qu'il  satire  luy  même  tout  le  mal  qu'il  va  écrire, 
témoignant  même  qu'il  luy  pardoneroit ,  s'il  voyoit  en  luy 
quelque  ombre  de  vertu  ;  mais  y  a  t  il  rien  de  plus  satyrique 
que  de  dire  que  l'on  cherche  a  excuser  et  qu'il  est  impos- 
sible d'y  paruenir,  nulla  virtute  redemptum  a  vitiis. 

Vittata  sacerdos  (vers  9  et  10).  —  Une  vestale  apelée 
ainsy  d'im  ornement  de  tête,  vitta,  que  ces  religieuses  ins- 
tituées par  Numa,  auoint  accoutumé  de  porter;  elles  êtoint 


—  1 1 0  — 

obligées  de  ganlei-  la  viruiiiité  sous  peyne  d'tHre  enterrées 
eu  vie. 

Arlificis  {\evs  18).  —  De  Cryspin. 

Si  misitamicx  (vers  20).  —  C'est  a  dire  lalem  inuluni. 

Apicius  (vers  23).  —  G'êloit  un  home  ({ui  ne  songeoit 
iamais  (|u'a  la  bonc  chère,  il  dépensa  tout  son  bien  en 
repas  et  mourut  enlin  accablé  de  debtes  ((ne  la  seule  gour- 
mandise luy  auoit  fait  faire. 

Miser  et  frugi  (vers  23).  —  Apicius  qui  peut  passer  pour 
pauure  et  pour  ménager  si  on  le  compare  a  Cryspin. 

Palrià  papijro  (vers  24  ^  —  C'est  une  herbe  cjui  croit 
dans  l'Egypte  et  qui  est  propre  a  l'aire  des  voyles  de  nauire 
et  même  des  habits,  Cryspin  êtoit  Egyptien  et  corne  il 
êtoit  de  basse  extraction,  il  peut  se  faire  qu'il  anoit  des 
habits  de  cette  herbe  en  arriuant  a  Rome. 

Hoc  (vers  25).  —  Supp.  fecistl. 

Squamic  (vers  25 \  —  Il  faut  entendre  eintmtur. 

Proidncia  laiiti  vendit  agros  (vers  26  et  27).  —  Il  y  a  des 
endroits  en  prouince  ou  l'on  n'achepte  pas  a  plus  haut  prix 
des  domaines  tout  entiers  et  dans  la  Fouille  même  il  s'en 
trouue  des  plus  étendus  a  ce  prix  la. 

Picrpureus  (vers  31).  —  luuenal  doue  un  habit  de 
pourpre  a  Cryspin  a  cause  de  ce   ([u'il  a  dit  auparauant, 

IJryspitnis  Ttirids  hiinio-o  rcnncoiilr  hii-cniiis. 

Demerce  fracta  ^yavs  33  ).  —  De  sa  marchandise  qu'il  ne 
vendoit  pas  en  gros  come  un  riche  marchand ,  mais  en 
détail  conie  un  [)etit  mercier. 

SU uros  {vers,  33  \  —  Espèce  de  poisson  (jui  ne  se  trouue 
que  dans  le  Nil. 

Caliiope  (  vers  34  ).  —  Une  des  neuf  muses,  apelée  ainsy 


de  quelque  mot  j^rec  pour  exprimer  la  hontr  de  sa  voix  qui 
L^oit  la  meilleure. 

Incipe  Calliope  (vers  34).  —  C'est  pour  se  mocquer  de 
Domitien  que  luucnal  inuoque  les  Muses,  come  s'il  auoit 
besoin  de  secours  céleste  pour  décrire  la  grandeur  de  ce 
poisson. 

No7i  est  cantandum,  (vers  34  et  35).  —  Ce  n'est  plus  le  tems 
de  badiner,  il  n'est  plus  tems  de  rire,  puisque  la  chose  est 
trop  importante  pour  ne  pas-  la  traiter  grauement. 

Pyerides  (vers  36).  —  On  done  ce  nom  aux  Muses 
parceque  dans  la  Thessalie  le  mont  Pierus  leur  êtoit  consa- 
cré. 

Caluo  Neroni  (vers  38).  —  Il  apele  Domitien  Nerou,  a 
cause  de  leurs  mœurs;  Domitien  êtoit  chauue  au  raport 
de  Suétone  ;  il  s'oflensoit  même  lors  qu'on  reprochoit  ce 
défaut  a  un  autre ,  come  si  par  la  on  auoit  voulu  se 
mocquer  de  luy. 

Quam  Dorica  sustinet  Ancon  (vers  40).  —  Lequel  temple 
de  Venus  est  baty  dans  la  ville  d'Ancone  fondée  par  les 
Grecs  ;  c'est  pour  cela  qu'elle  est  apelée  Dorique  d'une 
partie  de  la  Grèce  qui  s'apeloit  ainsy. 

Flauius  orhem.  ultimus  (vers  37  et  38).  —  Ce  Flauius 
dernier  des  Césars  êtoit  Domitien  frère  de  Titus  et  fils  de 
Vespasien  ;  il  nauoit  aucune  des  honcs  qualités  de  son  père, 
non  plus  que  de  son  frère. 

PonHfici  summ,o  (vers  46).  —  Les  Empereurs  êtoint 
souuerains  pontifes  ;  s'il  done  en  cet  endroit  a  Domitien 
cette  qualité ,  c'est  pour  montrer  la  disproportion  qu'il  y 
auoit  entre  cette  charge  et  ses  mœurs. 

Dispersi protdnus  nlgs>  inquisUores  ogerent  cum,  rémige 
nudo  (vers  48  et  49).  —  Alga  signifie  la  mousse  qui  croit 


—  114  — 
dans  les  marais  ou  au  bord  des  riuicres  cl  ([ui  s'attache 
aussy  aux  pierres  que  l'on  trouue  au  riuage  de  la  mor.  lu- 
uenal  pour  se  mocquer  de  ces  commis  de  mousse,  dit  qu'ils 
feroint  une  adaire  auec  un  pécheur  tout  nud  et  tout  panure 
qu'il  est. 

Csesaris  (vers  51  ).  —  C'est  a  dire  Domitien. 

Elapsum  (vers  52  ).  —  Le  poisson  cleué  et  nonrry  dans 
les  viuiers  de  Gcsar  y  deuoit  être  remis. 

Palfurius  et  Armillaius  (vers  53).  —  Ils  ètoint  tous 
deux  dans  les  bones  grâces  de  Domitien  ;  le  zèle  qu'ils 
auoint  pour  ses  intérêts  leur  faisoit  faire  les  dénonciateurs 
et  même  interpréter  les  loix  a  son  auantage. 

Ne  pereat  (vers  56}.  —  Le  pécheur  done  ce  grand 
poisson  de  peur  qu'on  ne  luy  fasse  des  affaires. 

Donabitur  ergo  (vers  55).  —  Ces  paroles  sont  du  ])oete 
qui  se  mocque  de  l'interprétation  que  Palfurius  et  Armillatus 
donoint  aux  loix. 

Letifero  cedente  pruinis  Autumnn  (vers  5G  et  57  s  — 
Le  pécheur  est  obligé  de  faire  présent  de  ce  grand  poisson 
a  l'Empereur  de  peur  qu'il  ne  se  corrompe  :  quoyqu'il  peut 
le  conseruer,  l'ayant  pris  sur  la  fin  do  l'automne  au  comen- 
cement  de  l'hyver,  tems  propre  pour  cela;  cependant  la 
peur  d'être  inquiété  le  fait  passer  sur  toutes  ces  considéra- 
tions. Velut  urgent  auster ,  il  fait  corne  si  le  vent  de  bise 
souffloit,  les  choses  se  corrompant  pour  lors. 

Quartanam  sperantibus  ;vgris  (  vers  57 \  —  Sur  la  tin  de 
l'automne  ou  la  fleure  tierce  se  change  ordinairement  en 
quarte. 

Sperantibus ,  par  le  contraire  timentibus,  l'espérance  est 
toiiiours  mêlée  de  crainte  soit  que  ce  soit  pour  le  mal  ou  pour 
le  bien. 


Hic  (vers  59).  —  Pisrator. 

Utque  (acus  suberant  (vers  GO).  —  C'est  a  dire  après 
(jue  le  pécheur  eut  passé  le  lac  qui  étoit  près  d'Albe. 

Ignem  Troianum  (vers  61  ;.  —  C'est  le  feu  perpétuel  qui 
venoit  de  Troye  ;  yEuée  Taucit  porté  dans  1  Italie  auec  les 
dieux  Pénates:  les  Vestales  auoint  soin  de  le  conserver, 
parceque  les  Romains  croyoint  que  la  durée  de  1  empii-e 
dependoit  de  la  durée  de  ce  feu. 

Vestam  Tninorem  (vers  61  \  —  Le  temple  de  Vesta  qui 
êtoit  a  Albe:  le  poète  l'apele  petit  pour  le  differentier  de 
celuy  que  Numa  fît  bâtir  a  Rome. 

Exclusi  patres;  (vers  64 \  —  Les  sénateurs  qui  n'avoint 
pas  l'entrée  au  palais  de  l'Empereur,  pendant  qu'il  est  tout 
ouuerta  un  misérable  pécheur,  parcequ  il  porte  un  turbot. 

Ad  Atridem  (vers  65  \  —  A  Domitien  surnomé  ainsy 
parcequil  voulut  être  apelé  capitaine  des  capitaines  come 
Agamennon  fils  d'Atrens  :  on  peut  douer  a  cet  endroit 
une  autre  explication  ;  le  poète  a  deia  comparé  Domitien  a 
Néron  et  come  Néron  peut  être  apelé  Atrides ,  parcequ'il  fit 
mourir  sa  mère  Agryppine  come  fit  Oreste  petit  fils 
d'Atrens  et  fils  d'Agamennon  qui  tua  sa  mère  Clytemnestre 
pour  se  venger  de  la  mort  de  son  pore,  ou  peut  aussy  apeler 
Domitien  Atrides  par  raport  a  Néron  dont  il  mérite  bien  les 
noms  puisqull  en  auoit  tous  les  vices. 

Picens  (vers  65).  —  Le  pécheur  apelé  ainsy  de  son  pays. 

Priuatis  tnoiora  focis  (vers  66 \  —  Il  faut  entendre 
mwnera ^  receuez,  o  grand  Empereur,  un  présent  trop  con- 
sidérable pour  être  présenté  a  un  particulier. 

Seruatum  in  saecula  (vers  68).  —  Ce  poisson  qui  n'a 
voulu  se  laisser  prendre  que  pour  vous  et  qui  sètoit reserué 
pour  paroi tre  sous  votre  empire. 


—  1 1  fi  — 

Quid  aperlius  (vers  G9).  —  C'est  contre  la  tlaterie  de  ce 
pécheur  qui  est  fort  grossière,  parcequ'elle  est  fort  ouuerte. 

Surgebant  cristœ  (vers  70).  —  Quelque  grossière  que 
feut  celte  flalerie,  Domitien  y  êtoit  fort  sensible;  cela  est 
exprimé  par  une  métaphore  prise  d'un  coq  qni  témoigne  sa 
ioye  eu  leuant  sa  crête. 

Nihil  est  (vers  70).  —  Les  princes  prenent  beaucoup  de 
plaisir  aux  tlateries  ;  Alexandre  n'en  êtoit  pas  exempt,  il 
êtoit  charmé  que  ses  fauorys  le  fissent  decendre  de  lupiter, 
il  en  parut  neagmoints  le  contraire,  car  ayant  été  blessé,  il 
leur  dit,  Omnes  iuront  m,e  esse  louis  jftlium,  sed  vubius 
hoc  liominem  esse  me  clamât. 

Magnx  amicitùu  (vers  74).  —  L'amitié  de  l'Empereur 
que  les  sénateurs  craignoint  et  auec  raison  ;  en  effet  il 
faisoit  mourir  ses  meilleurs  amys. 

Liburno  (vers  75).  —  Il  venoit  de  la  Liburnie  des  préfets 
et  des  pécheurs. 

Io.m  sedlt  (vers  76).  —  C'est  a  dire  l'Empereur  deia 
throsne. 

Pegasus  (vers  77).  —  Célèbre  iurisconsulte  du  tems  de 
"Vespasien  par  lequel  il  feut  fait  préfet  de  la  Ville  ;  il  l'apele 
"Villicus  c'est  a  dire  préfet  et  gouuerneur. 

Pegasus  (vers  77).  —  Pegasus  feut  un  iurisconsulte 
fameux  du  tems  de  "Vespasien  qui  le  Ht  préfet  de  la 
Ville  ;  le  poète  apele  ce  gouuerneur  Villicus  pour  mar- 
quer le  peu  de  pouuoir  qu'auoint  les  préfets  de  Rome 
sous  l'empire  de  Vespasien  a  cause  de  son  auarice.  Étoint 
ils  autre  chose  que  des  petits  gouuerneurs  de  nom  qui 
n'auoiiit  nulle  aullioiité  ,  semblables  aux  luges  de  village. 
Pegasus  n'en  anoit  point  daduantage,  quoyqu'il  feut  le 
meilleur  de  tous. 


—   117  — 

Omnia  quanquam  (vers  79)  —  Quoyqu'il  feut  un  vray 
honête  home,  il  ne  laissoit  pas  de  s'accomoder  au  tems 
come  les  autres  et  de  faire  seruir  la  iustice  a  la  volonté  de 
l'Empereur. 

Cnjspi  (vers  81).  —  C'est  Cryspus  Tibius  qui  repondit  a 
un  home  qui  liiy  demandoit  s'il  y  auoit  quelqu'un  dans  le 
cabinet  de  l'empereur  qu'il  n'y  auoit  pas  même  une  mouche, 
car  Domitien  se  faisoit  un  grand  plaisir  de  les  tuer  auec  un 
poinçon. 

Nec  ciuis  erat  (vers  90).  —  Cet  endroit  fait  voir  la 
cruauté  de  Domitien  a  qui  persone  n'osoit  dire  son  senti- 
ment. 

Acilius  (vers  94).  —  Il  êtoit  consul  sous  le  règne  de 
Domitien  ;  ce  cruel  empereur  fit  mourir  son  fils  en  sa 
présence  pour  luy  faire  sentir  les  peynes  qu'un  père  souffre 
en  cette  occasion. 

Domini  (vers  96).  — Domitien. 

Olini  (vers  96).  —  C'est  a  dire  sous  le  règne  de  Domi- 
tien ;  cela  fait  voir  que  luuenal  n'a  pas  écrit  ses  satyres  du 
tems  de  cet  empereur. 

Clade  sub  illa  (vers  84).  —  Sous  son  empire. 

Ille  (vers  89).  —  C'est  a  dire  Cryspus.  Vidit  c'est  toûiours 
Cryspus. 

His  annis  (vers  93).  —  Auec  la  prudence  qu'il  auoit  de 
dissimuler  ce  qu'il  pensoit  de  la  cruauté  du  règne  de 
Domitien. 

Giganium  (vers  98  ).  —  Des  gens  de  basse  extraction,  par- 
ceque  les  geans  êtoint  les  enfants  de  la  terre  et  par  conce- 
quent  propres  a  marquer  les  roturiers. 

Profuit  ergo  nihil  (vers  99).  —  Le  fils  d' Acilius  com- 
batoit  contre  des  betes  dans  l'amphy teatre ,  il  croyoit  par 


—    1 1  s  _ 

le  plaisir  qu'il  donoil  à  Doniitieu  cuiler  sa  cruauté;  mais 
cest  Empereur  ((ui  couoissoit  par  (juel  niotil'on  a^'issoitne  se 
laissa  point  Uechir. 

Bizute  (vers  1U3).  —  Brutus  voyant  (jue  Tarquin  Priscus 
son  oncle  auoit  fait  mourir  son  Irere,  parcequ'il  le  surpas- 
soit  en  esprit,  cacha  ses  belles  qualités  sons  une  tblic  teinte 
qui  le  mit  a  counert  de  la  cruauté  de  Tarquin  ,  ({ui  n'étant 
pas  capable  d(^  trouuer  l'inucntion  de  se  taire  raser  ne 
1  etoit  guère  pour  pénétrer  dans  les  desseins  de  Brutus 

Melior  vultu  (vers  104).  — ■  C'est  a  dire  que  Rubinius 
quoyqu'il  ieut  sans  qualité  auoit  neagmoints  beaucoup  de 
crainte  lors  qu'il  venoit  chez  l'empereur,  il  ajireandoit  qu'il 
jie  le  fit  punir  d'un  crime  qu'il  auoit  comis  dans  sa  ieunesse 
en  débauchant  Tibia. 

Cynxdo  (vers  lOG).  —  (J'est  a  dire  Néron  qui  ecriuit  des 
satyres  contre  Quintianus,  il  épousa  un  esclaue  apelé 
Doryphorus.  Cynicdua  signilie  un  maryé  de  cette  nature , 
ou  un  home  (jui  luy  ressemble  par  sa  débauche. 

Pompeius  (  vers  110).  —  C'est  a  dire  que  Pompeius  venoit 
auec  les  autres  chez  Domitien  ;  c'est  ce  Pompeius  Rutl'us 
dénonciateur  de  Domitien. 

Fuscus  (vers  112).  —  C'est  Cornélius  Fuscus  qui  feut 
préfet  d'une  cohorte  sous  le  règne  de  Domitien. 

Tenu!  iutjulus  operire  susurra dockts  {y cvs  110).  — 

Pompée  qui  auoit  été  la  cause  de  la  mort  de  plusieurs  par 
ses  secrètes  calomnies,  il  mourut  a  la  guerre  (|u'il  faisoit 
contre  les  Daces. 

Marmorea  meditatus  (vers  112).  — Fuscus  qui  n  auoit 
iamais  été  a  la  guerre,  mais  qui  s'ètoit  contenté  de  faire  de 
beaux  proiets  dans  sa  belle  maison  de  campaigne  touchant  la 
guerre  des  Daces  a  la((uelle  il  deuoit  aler. 


—  II'.)  — 

CatuUo  mortifcro  t^vors  113).  —  Catulle  Mcssalin  étoit 
un  dénonciateur  de  Domitien ,  c'est  pour  cela  (jue  le  poète 
i'apele  mortifero  ;  il  êtoit  aueugle. 

Prudens  Veiento  (vers  1 13). — Veienton  étoit  l'auory  de 
Nerua  qui  ne  laisoit  mal  a  persone,  il  a  mcrité  aussy  d'être 
apelé  par  luuenal  Prudens  sage  ;  le  poète  en  parle  dans  la 
6*  satyre,  ou  il  dit  qu'Hyppia  sa  feme  teut  assez  débauchée 
pour  le  quitter  atin  de  suiure  un  gladiateur  qui  s'en  aloit 
en  Egypte. 

Qui  nunquam  visas  (vers  114).  —  Catulle  étant  aueugle 
ne  pouuoit  être  amoureux  de  persone  en  particulier  pour  sa 
beauté  ;  les  yeux  sont  nécessaires  pour  faire  cette  distinction. 

Satelles  à  ponte  (vers  116).  —  Catulle  êtoit  un  garde 
digne  du  pont,  c'est  a  dire  qu'il  moritoit  de  demander 
l'aumône  sur  le  pont.  luuenal  le  traite  ainsy  a  cause  de  ses 
tlateries. 

Axes  Aricios  {vera  117\  —  C'est  a  dire  aux  charriots 
({ui  s'en  aloint  aux  fauxbourgs  d'Aricie. 

Rhedœ  deuexœ\veTS  118).  —  Catulle  meritoit  de  deman- 
der Taumone  a  ceux  qui  aloint  en  carrosse  a  Aricie;  le  poète 
apele  le  carrosse  r/ieda  prenant  la  partie  pour  le  tout,  il 
I'apele  deuexa  parceque  ce  carrosse  passoit  dans  quelque 
penchant,  ce  penchant  luy-méme  s'apeloit  rheda  dans 
l'opinion  de  quelques  uns. 

Nemo  mugis  rhombum  stupuit  (vers  119).  —  11  n'y  en 
eut  pas  qui  admirât  plus  que  Catulle  la  grandeur  de  ce 
turbot. 

Bellua  (vers  121).  —  Le  poisson. 

Cilicis  (vers  121  ).  —  Des  gladiateurs  venus  de  Gilicie. 

Paegma  (vers  122).  —  C'êtoit  une  machine  de  bois  dont 
ou  se  seruoit  dans  les  triomphes,  elle  êtoit  laite  auec  tant 


d'ai'tirtico  (|ue  ceux  qui  ètoiiit  dedans  êtoiat  portés  en  l'air 
et  courroint  partout  sans  aucun  danger  de  leur  persone. 
Guietaapliqué  apa-gma  ce  qui  ne  deuoil  l'être  qu'a  velaria 
qui  sont  ces  toiles  en  forme  de  voyles  de  nauire  qui  couurent 
les  théâtres. 

Yeiento  (vers  123  ).  —  C'est  ce  même  Veienton  dont  il  est 
parlé  dans  la  3"  satyre  et  qui  auoit  pour  feme  cette  Hyppia 
qui  le  quitta  pour  suiure  Sergius  gladiateur  ;  l'hystoire  en 
est  décrite  satyre  6. 

Tiio    œstro  (vers   123).    —   C'est   a  dire    iuu   furore. 
Œslrum  est  le  même  que  atilus  eu  latin  qui  est  une  espèce 
de  mouche  fort  picquante  qui  picque  si  sensiblement  le 
bétail  qu'elle  le  rend  corne  furieux. 

Phanaticus  (vers  123).  —  Les  pbretres  de  Cybele  ou  de 
Bellone  s'apeloint  par  une  epythete  fort  propre  phanatici 
parcequ'êtant  inspirés  par  cette  déesse  ils  deuenoint  furieux 
et  dans  cette  fureur  ils  predisoient  l'auenir. 

Aruiragus  (vers  127).  —  Roy  de  la  Bretaigne. 
De  temone  excidet  (vers  126}.  —  Pour  dire  que  le  roy 
Aruirague  sera  pris,  il  dit  qu'il  tombera  de  son  charriot, 
parceque  les  Bretons  s'en  seruoint  a  la  guerre.  Temo 
signifie  un  timon ,  et  par  concequent  un  charriot  puisqu'il 
en  est  une  partie. 

Fabricio     (vers    129).    —  Veienton    s'apeloit     encore 
Fabricius. 

Quidnam  igitur  censés  (vers  130).  —  Ce  sont  les  paroles 
de  Veienton  a  l'Empereur. 

Quidnam  igitur  censés  (vers  130).  —  (,)ue  pensez  vous 
dit  luuenal  qu'on  fit  de  ce  poisson. . . 

Prometheus  (vers  133).  —  Promethée  pailrit  l'home  du 
limon,  et  l'anima  auec  le  feu  qu'il  auoit  derrobé  du  ciel  par 


—   1-21   — 
le  secours  de  Pallas;  le  poêle  se  sert  icy  de  Promethée  pour 
exprimer  un  habile  potier. 

Noctesque  Neronis  iam  médias  (vers  138).  — L'Empe- 
reur Néron  aymoit  Ibi-t  les  plaisirs  de  la  table  ;  il  prolongeoit 
souueht  ses  soupei^  iusqu'a  minuit.  Mon  tan  ètoit  souuent 
de  la  partie. 

Aliam  famem  (vers  138).  —  Supp.  prouocandain. 

Circœis  (vers  140).  —  Le  mont  Gircé  est  dans  la  Campa- 
uie  ,  il  y  auoit  une  ville  de  même  nom. 

Ad  saxum  Lucrinum  (vers  141  ).  —  Le  lac  Lucrin  est 
encore  dans  la  Gampanie. 

Rutupino  (vers  141  ).  —  La  mer  de  la  Bretaigne  prenoit 
ce  nom  d'une  ville  qu'elle  auoit  sur  ses  riuages. 

Attonitos  (vers  146).  —  Etonés  de  crainte  a  cause  de  la 
cruauté  de  l'Empereur. 

Cattis  (vers  147).  —  Natioa  dAiemaigue. 

Sed  periit  (vers  153).  —  Pendant  que  Domitien  ne  lit 
mourir  que  des  gens  de  qualité  persone  ne  luy  dit  mot,  mais 
quand  on  vit  qu'il  s'en  prenoit  au  peuple  on  fit  dabort  une 
conspiration  contre  luy  et  on  font  le  tuer  dans  sa  chambre. 

Madenti  {vers  154).  —  A  Domitien  qui  êtoit  encore  tout 
moite  du  sang  des  Lamies  qu'il  venoit  de  faire  mourir. 

Cœde  Lamiarum  (  vers  1 54).  —  Du  sang  des  nobles ,  qu'il 
fit  mourir  et  qu'il  représente  sous  le  nom  de  Lamies  dont  il 
condamna  a  la  mort  yElius  Lamia  pour  une  bagatelle  ;  la 
noblesse  des.  Lamies  êtoit  fort  considérable  ;  elle  venoit  de 
Lamus  qui  auoit  régné  a  Gaieté. 

FIN 

DE    LA    4""^    SATYRE. 


SATYRA    V 


1   Si  te  ijropositi  iiondum  pudet,  alqiie  cadeni  est  mens  , 

■-'   Ut  bona  summa  putes  aliéna  vivere  quadra , 

3  Si  potes  illa  pati,  qux  nec  Sarmenlus  iniquas 

i  Cxsaris  ad  memas,  nec  vilis  Gabba  lulisset , 

5  Qiiamvis  jiwato  metuam  libi  credere  testi. 

«    Ventre  nihil  novi  fruqalius  :  hoc  tatnen  ipsum 

7  Defecisse  puta.  quod  inani  suf/icit  alvu. 

■s  Niilla  crcpido  vacat  f  nusqHani  pans,  et  teyetis  pars 

H  Dimidia  brevior  ?  tantinc  injuria  cenx? 

10  Tarn  jejiina  famcs  cura  possis  liuncstius  illic 

11  Et  treinere  ,  et  sordes  farris  mordere  canini  f 

12  Primo  fige  luco ,  qnod  tu  discumbere  jussus 

13  Mcrcedcm  solidam  veterum  capis  officiorum. 

14  Fructus  amicitvf  magnat;  cibiis  .  imputât  hune  Rex^ 
1-^  Et  quamvis  rarurn ,  lamen  imputât,  errjo  duos  pas t 
k;  .SV  iibuit  mcnseis  ncyteclum  adhibere  clienlem , 

M   Tertia  ne  vacuo  cessaret  culcitra  lecto  , 

18  Unasimus ,  ait.  votorum  summa  :  quid  ultra 

19  Quxris?  habet  Trebius  propter  quod  rumperc  soutnum 
■20  Debeat ,  et  ligulas  dimittere  ,  sollicitus  ,  Jie 

•21   Tota  salutatrix  jam  turba  compleverit  orbem 

22  Sideribus  dubiis ,.  aut  illo  tempore  ,  quo  se 

23  Frigida  circumagunt  pigri  sarraca  Bootw 

24  Qualis  cena  tamen  ?  linum  quod  succida  nolil 

25  Lana  pati  :  de  conviva  Corybanta  videbis. 

2t;  lurgia  proludunt  :  sed  mox  et  pocula  torques 

27  Saucius,  et  rubra  deterges  vulnera  mappa  : 

28  Inter  vos  quoties  ^  liber torwnque  cohortem 

29  Pugna  Sagunlinu  fervet  comtnissa  lagena  : 


30  Ipse  capiUalo  Ui//'usu)n  con.sule  potat , 

31  Calcataïaque  tenct  hellis  socialibus  uvani  , 

32  Cai'diaco  nunquain  cyalhum  missurus  amicu. 

33  Oras  hibet  Albanis  aliquid  de  monlibus,  aut  de 
3t  Setinis,  cujus  patriain.  litulwnque  senectiis 

35  Delevit  multa  veleris  fuligine  tcsl.r  : 

36  Quale  coronaii  Thrasea ,  Helvidiusque  bibebant, 

37  Brulorum  ,  et  Cassii  nalalibus.  ipse  capaccs 

38  Heliadum  crustas,  et  inxquales  benjllo 

3!)   Virro  lenet  pliialas  :  tibinon  committilur  aurum. 
io    Vel  si  quando  datur  :  custos  affixus  ibidem  , 

41  Qui  numeret  gemmas ,  ungueisquc  observet  acutos'. 

42  Va  veniam  :  prwclara  itlic  lauâatur  laspis. 

43  Nam  Virro ,  ut  utiilli  gemmas  ad  pocula  transfert 

44  A  digitis  :  quas  in  vaginœ  fronte  solebal 

45  Ponere  zelotypo  juvcnis  prxlatus  lliarbx. 
■iti  Tu  Beneventani  suloris  nomen  habentem 

47  Siccabis  caliccm  nasorum  quattuor,  acjam 

48  Quassatum ,  et  rupto  jjoscentem  sulfura  vitro , 

49  Si  stomachus  domini  fervet  vinoque,  cibuque  : 

50  Frigidior  Geticis  petitur  décoda  pruinis. 

51  Non  eadem  vobis  poni  modo  vina  querebar  : 

52  Vos  aliam  potatis  aquam.  tibi  pocula  cursor 

53  Gwtulus  dabit ,  aut  nigri  manus  ossea  Mauri , 

54  Et  eut  per  mediam  nolis  occurrere  noctem , 

55  Clivosx  veheris  dum  per  monumenta  Latinw. 

56  Flos  Asise  ante  ipsum  pretio  majore  paratus , 

57  Quant  fuit  et  Tulli  census  pugnacis ,  et  Anci  : 

58  Et  ^  ne  teneam,  Romanorum  omnia  Regum 

59  Frivola.  quod  cum  ita  sit ,  tu  Gxtulum  Ganijmedcm 

60  Respice ,  cum  sities.  nescit  tôt  millibus  emtus 

61  Pauperlbus  miscere puer  :  sed  forma,  sed  œtas 

62  Digna  supcrcilio.  quando  ad  te  pcrvenit  ille  ? 

63  Quando  vocatus  adest  calidw ,  gelidxque  minister  y 

64  Quippe  indignatur  vctcri  parère  clienti , 

65  Quodquc  aliquid  poscas ,  et  quod  se  slante  recumbas. 
6G  Maxima  quxque  domus  servis  est  plena  superbis. 

67  Eccc  alius  quanlo porrexit  murmure panoit 

68  Vix  fractum  ,  solidw  jaui  mucida  frusta  farimv^ 


—     \■2-^    — 

•;'j  (Jit<f  geniiiiiiDi  miilrnl  ,  non  adinillrnlia  laorsum. 

70  Sed  tener,  pI  niveux,  nioUique  sUigine  factus 

71  Servaliir  domino,  dextram  cohibere  mémento. 

72  Salva  sit  artoptœ  reverentia  :  ftnge  tamen  te 

73  Improbulum,  superest  illic  qui  ponere  cogat. 

74  Vis  tu  consuetù  audax  conviva  canistris 
"ô  Impleri,  panisque  tut  novisse  colorem  ? 

"fi  Scilicet  hoc  fuerat,  propter  quod  ssepe  relicta 

77  Conjuge,  pcr  monlem  adversum.  gelidasque  cAicurri 

7ft  Exquilias  ,  firmerrt  sxva  mm  grandinc  vernus 

'•■<  Juppitcr,  d.  miilfo  stillaret  p/enula  nimbo 

so  Adspicc  quant,  longe  disfendat  peclorr  lancem  , 

SI  QuiT  fertiir  domino ,  squilla  ,  et  quibus  undiqrie  xepta 

«2  Asparagis  ,  qua  dexpiciat  convivia  cuiida  , 

S3  Cum  verni  exceisi  manibus  sublata  ministri. 

Si  Sed  tibi  diniidio  comlrictux  cammarux  ovo 

55  Ponitur,  cxigua  feralis  cena  patelin . 

56  Ijjse  Venafrano  piscem  perfundit  :  at  hic,  qui 
s-  Pallidus  adfertur  misero  tibi  caulis  ,  olebit 

ss  Laternam  ,  illud  enitn  vesiris  datur  alveoïis  ,  quod 

S9   Canna  Mycipsarum  prora  subvexit  acuta  : 

!to  Propter  quod  Hom.r  cum  Bocchare  nemo  lavatur, 

m  Quod  tutos  eliam  facit  a  serpentibux  Afros. 

9-2  Multos  erit  domini.^  quem  misit  Corsica ,  vel  quem 

93  Taui'ominitanrp  rupes,  quando  omne  peractum  est  : 

94  Et  iam  defecit  nostrum  mare,  dum  gula  s;nnl 
9.')  Retibus  assiduis  penitus  scrutante  macello 

90  Proxima,  nec  patimur  Tyrrhenum  crescere  piscem. 
97  Instruit  ergo  focum  provincia  :  sumitur  illinc 

95  Quod  captator  emat  Lenas,  Aurélia  vendat. 
99   Virroni  mursena  datur,  quae  maxima  venit 

ino  Gurgite  de  Siculo  :  nam,  dum  se  continet  Auster, 

101  Dum  sedet ,  et  siccat  madidas  in  carcere  pennas , 

102  Contemnunt  mediam-  temeraria  lina  Carybdim.. 

103  Vos  anguilla  manet  longx  cognata  cnlubra; , 
loi  Aut  glaeie  aspersus  maculis  Tiberinus,  et  ipse 
lo.'i    Vernula  riparum  pinguis  torrente  cloaca  , 

lofi  FJ  solitus  médise  cryptam  penetrare  Suburr.r. 
10"  [psi  pauca  velim ,  facilem  si  pr/pbeat  aurem 


—  l-ic.  — 

108  Nrmo  petit .  modicis  qwf  niiltrba/itur  amiris 

109  A  Seneca,  qu.r  Pi.io  bonus,  qwr  l'otta  solehat 

110  Larf/iri  :  nainqur  et  iilulis.  cl  fascihu'i  tilim 
m    Major  hahebatur  donandi  fjloria  :  soliim 

112  Poscimxm,  ul  cènes  cirilile)\  hoc  face,  et  cstn  : 

113  Esto,  lit  uunc  )nul.ti.  diva  tibi,  pauper  amicis. 
iiî  Anseris  arite  ipsioii  mafini  jecnr,  ansrrihiis prrr 
ii'>  Allilis,  et  flavi  dignns  frrrn  Meteaqri 

110  SpWD.at  apcr  :  posl  hune  Iraihniliir  liilirj-a  ,  si  ver 
117    Tune  crit  ,  ri  facirni  nphilti  lonilri/n  crnas 
iiB  Majores,  libi  hnbe  friniirnliini  Allrdiiis  iii<iiiil. 
Il  M   0  Libye;  disjunç/e  boves,  du  m  lnhcra  niittas. 
i-'o  Slriictorem.  interea  .  ne  i/iki  indignalio  desil  , 
i-'i    Sallantem  spectes.  el  eliiiroiiDitiuiitavolnnti 
V2i  Cultcllo,  donec  peragal  diclaia  uiagistri 
123  Omnia  :  nec  minimo  snne  discrimine  refert , 
i2i  ' Quo  geslii  lepores,  et  qiio  f/allina  seeeti(i\ 
i2.'i  Duceris  planta,  relut  ictus  ab  Hercule  Gacus  , 
120  El  pnnere  furis,  si  <iind  lentareris  unquam 

127  lliscere  lanijuam  liabe/is  tria  nmiiina.  (luamln  pnipinal 

128  Virro  libi,  suniitqtie  tuis  conincla  labellis 

129  Pocula?  guis  vestru)n  tcnierarius  usque  advo,  quis 

130  Perdilus^  ul  dirat  rer/i ,  bibe'!  pluriina  sunt,  qv.r 

131  Non  audent  linmines  perlnsa  direve  la-nu. 

132  Quadrinçicnta  tibi  si  quis  Deiis,  aut  similis  Diis 

133  Et  mrlior  l'alis  donarel^  liotinniriixiuunlus 
i3'i  Ex  nihilo  fieres,  quanlus  l'irronis  rnnieus  ! 

135   [)a  Trebio.  pone  ad  Trebium.  ris  fralrr  ub  ipsis 
130   Ilibus?  0  nummi,  rnbis  hune prxstat  Imnoron, 

137  Vos  estis  fratres.  dourinus  lumen,  et  domini  rer 

138  Si  vis  tu  fieri  nullus  libi  iiurimlus  au  lu 
i:i!i   Liisrrit  .Eneas,  nec  filia  dulcior  ilh». 

l'io  lucunduin,  el  cariDu  sle)-ilis  facit  ii.inr  auiieuiii . 

m  .SV^  tua  nunc  Mi/rulr  purin l  licct,  et  pueros  treis 

H2  In  gronium  palris  fundat  siniul.  ipse  loquaci 

H3  Gaudebit  nido  :  viridcm  Ihoraca  jubebit 

ni  Auferri  minimasqve  nures ,  ussemque  roqulum  . 

nr)  Ac  niensain.  qiioties  parasilus  venerit  infans. 

I4fi  ViHbus  ancipites  fungi  ponentur  ainicis  . 


—    Ii?7   — 

147  Boletus  domino  :  serf  qualeui  Claudim  cdil 

148  Ante  illum  uxoris.  posl  quein  nil  amplius  edil  : 

149  FùTo  sibi,  et  reliquis  Virronibus  illa  jubebit 

150  Pâma  dari ,  quorum  solo  pascaris  odere  : 

151  Qualia  perpetuus  Phxacwn  antumnus  habebat , 

152  Gredere  quœ  posais  surrepta  sororibus  affris  : 

153  Tu  scabie  frueris  mali,  quod  in  aggere  rodit , 

154  Qui  tegitur  parma,  cl  galea.  metuensque  flageUi 

155  Discil  ab  hirsuio  jaculniii  torquere  Capella. 
i5fi  Forsiian  impensœ  Virrone))i  parcere  credas. 

157  Hoc  agit,  itt  dolcas.  nani  qua^  coiDwdia,  nriiDus 

158  Qiiis  melior,  plorante  gula  ?  ergo  omnia  fiunl. 

159  Si  nescis .  ut,  per  tacrymas  effunderc  bilcni 

160  Cogaris.  prcssoqiic  diu  stridcre  tnolari 

161  Tu  tibi  liber  horno ,  et  régis  conviva  videris  : 

162  Captum  le  ni  dore  su,v  putat  ille  crilinx  : 

163  Nec  maie  conjectat.  guis  enim  tam  nudiis.  ul  iUuni 

164  Bis  ferai ,  Helruscum  puero  si  contigit  auruni ,    , 

165  Vel  nodus  tantum,  et  signum  de  paupere  loro  '!' 

166  Spes  bene  cenandi  vos  decipit.  ecce  dabit  jam 

167  Semesiim,  leporem ,  atque  aUquid  de  clunibus  apri. 

168  Ad  710S  jani  véniel  minor  aUilis  :  inde  parato, 

169  Intactoque  omnes,  et  stricto  pane  tacetis. 

170  Ille  sapit ,  qui  le  sic  utitur.  omnia  ferre 

171  Si  potes,  et  debes  :  pulsandum  vertice  raso 

172  Prœbebis  quandoque  capui ,  nec  dura  timebis 

173  Flaqra  pati.  his  epulis,  et  tali  dignus  aniico. 


SATYRE    V 


SUIET 


Il  va  parler  contre  les  parasites,  et  il  s'adresse  a  un  des 
plus  célèbres  ,  mais  il  proteste  qu'il  ne  peut  croire  qu'il  n'ayt 
du  repentir  et  de  la  honte  d'une  vie  si  basse ,  il  se  done 
ainsy  lieu  de  dire  tout  ce  qui  luy  plaira ,  et  il  fait  paroitre 
que  c'est  pour  se  venger  du  superbe  dédain  des  riches  qu'il 
entreprend  le  détail  de  tout  ce  que  l'on  soufre  a  leur  place  ; 
au  reste  il  y  a  de  3  sortes  de  satyres  a  les  considérer  par  la 
manière  dont  elles  sont  écrites ,  les  unes  ne  sont  que  des 
simples  récits  ou  le  poète  parle  tout  seul,  il  y  en  a  d'autres 
ou  il  n'y  a  que  des  prosopopées ,  et  qui  consistent  en  perso- 
nages,  enfin  il  y  en  a  qui  sont  mêlées  des  récits  et  des  proso- 
popées. Celle  cy  est  de  la  1"*'  sorte  et  le  poète  y  parle  seul, 
car  come  il  ne  s'agit  que  de  ce  qui  se  passe  a  un  repas  il 
n'êtoit  pas  nécessaire  d'auoir  recours  au  style  dramatique, 
il  en  faut  reseruer  les  figures  pour  des  suiets  plus  eleués , 
et  c'est  dans  ce  ménagement  ou  l'on  reconoit  bien  que 
luuenal  auoit  bien  compris  ce  que  c'êtoit  que  l'éloquence. 


4.liena  quadra  (vers  2).  —  A  la  table  des  autres.  Quadra 
êtoit  un  plat  ou  l'on  metoit  la  viande  qu'on  auoit  coupée 
et  qui  êtoit  prête  a  seruir. 

9 


—   130  — 

Sannentics  (  vers  3).  —  Ce  Sarmenlus  dont  il  parle dabort 
est  celuy  dont  Horace  se  mocquc  aussy  dans  la  satyre  5"  du 
1"  liurc.  Gabba  ou  Galba  êtoit  come  luy  un  parasite  dont 
Martial  a  souuent  parle  dans  ses  Epigrammes. 

Quamuis  iuralo  (vers  5).  —  Vousauez  beau  me  dire  que 
vous  n'aucz  nul  repentir  de  la  vie  que  vous  uienez  ,  ie  n'ay 
garde  de  le  croire  non  pas  même  quand  vous  y  employeriez 
les  serments. 

Crepido  (vers  8).  —  Lieu  eleué  dans  les  grands  che- 
mins ou  les  mendiants  se  plaçoint  pour  demander  l'aumône. 

Dimidia  (vers  9).  —  Pour  dimidio,  capable  seulement 
de  vous  contenir. 

Tantine  iniuria  cerne  (vers  21  ).  —  Supp.  est.  Aves  vous 
si  peu  du  ressentiment  des  affronts  que  l'on  vous  fait  aux 
repas  ou  vous  alez  sans  être  inuité. 

lllic  (vers  10).  —  Sur  cette  eleuation  des  grands  che- 
mins, sur  ce  point. 

Imputât  hune  Rex  (vers  14).  —  Celuy  qui-donoit  a 
manger  chez  luy  s'apeloit  Reœ  conuiuii. 

Si  lihuit  (vers  16).  —  Supp.  Régi. 

Trebius  (vers  19).  —  Nom  du  phylosophe  parasite. 

Habet  Trebius  (vers  19).  —  Ma  foy  Trebius  a  bien  raison 
de  se  douer  tant  de  peine  pour  atraper  un  repas.  Il  est  bien 
nécessaire  qu'il  aille  pour  cela  interrompre  son  someil. 

Compleuerit  orbern  (vers  21).  —  C'est  a  dire  que  -le 
parasite  apreande  que  les  autres  parasites  n'ayent  remply 
le  nombre  des  places. 

Aut  illo  tempore  quo  se  frigida  circumagunt  pigri 
sarraca  Bootœ  (vers  22  et  23).  —  Les  astrologues  ont 
remarqué  près  du  pôle  7  étoiles  qui  ressemblent  a  un 
charriot  attelé,  conduit  par  un  bouuier,   c'est  pour  cela 


—  l.il  — 

qu'on  a  doné  a  ce  signe  le  nom  de  Bootes  qui  signifie 
bouuier  ;  ce  signe  ne  paroit  qu'en  hyuer. 

Corybanta  (vers  25).  —  Les  Gorybantes  etoint  des 
pbretres  qui  prirent  soin  de  lupiter  lorsqu'il  êtoit  au 
berceau,  au  tour  duquel  ils  iouoint  des  tymbales  pour 
empêcher  que  les  crys  de  lupiter  ne  feussent  entendus  de 
Saturne  qui  auoit  accoutumé  de  deuorer  ses  enfants  maies, 
de  peur  d'être  dethroné. 

Tertia  ne  vacuo  cessaret  culciira  lecto  (vers  17).  — 
C'êtoil  la  coutume  des  anciens  de  manger  sur  des  licts  a  la 
manière  des  Grecs,  car  auant  que  les  Romains  eussent  été 
corrompus  par  les  mœurs  des  étrangers ,  ils  mangeoint  assis 
selon  le  témoignage  de  Varron  et  de  Seruius,  et  ce  ne  feut 
que  fort  tard  que  les  femes  ne  feurent  plus  assises  dans  les 
festins;  on  ne  metoit  que  3  licts  autour  de  la  table,  c'est 
pourquoy  on  apeloit  le  lieu  ou  l'on  mangeoit  Triclinium, 
sur  chaque  lict  il  n'y  auoit  place  que  pour  3  pour  y  être  a 
son  aise,  c'est  pourquoy  Horace  marque  come  une  chose 
extraordinaire  que  quatre  feuçsent  sur  un  même  lict. 

ScBpe  tribus  lectis  videos  cœnare  quaterno. 

Come  le  suiet  de  cette  satyre  done  lieu  de  remarquer 
encore  la  manière  dont  ils  étoint  couchés  pour  manger,  luste 
Lipse  qui  a  recherché  les  ancienes  coutumes  dont  la  conois- 
sance  sert  a  entendre  les  autheurs,  nous  aprend  qu'ils 
s'appuyoint  sur  le  bras  gauche  n'ayant  que  la  main  droite 
libre ,  que  leur  tête  êtoit  soutenue  sur  des  carreaux,  et  que 
lors  qu'ils  êtoint  3  sur  le  même  lict  le  i"""  auoit  la  tête  sur 
le  cheuet,  étendant  ses  pieds  derrière  le  dos  du  segond, 
qu'il  y  auoit  un  quarreau  sur  lequel  celuy  cy  appaioit  sa 


Icte  vis  a  vis  du  sl-ui  ilii  1'',  el  i|ue  h;  '.>''  cl  le  i''  rluiiit  dispo- 
sés de  la  même  manière 

De  conulua  Corybanta  .videbis  (vers  25).  —  Il  faut  se 
mètre  en  colère  corne  un  Gorybante;  il  faloit  sans  doute  que 
ces  parasites  t'eussent  exposés  a  des  grandes  indignités  et  que 
ceux  qui  leur  donoint  a  manger  non  seulement  ne  fissent 
aucun  cas  d'eux  mais  qu'ils  prissent  plaisir  a  les  faire  mal- 
traiter par  leurs  esclaues,  ce  qui  lait  bien  voir  iusqu'ou  ils 
portoint  leur  orgueil,  car  quand  il  est  grand  il  est  certain 
qu'il  est  toùiours  accompagné  de  cruauté  ;  ce  n'est  que  le 
faste  et  la  fierté  qui  font  que  ces  homes  qui  n'usent  pas  de 
la  grandeur  auec  modération  traitent  si  cruelement  ceux 
qui  leur  sont  soumis.  Tybere,  Néron,  Domitien,  êtoint  fiers 
et  cruels  tout  ensemble. 

Ipse  capillato  (vers  30).  —  J^ucilius  Opimius  étant  consul 
il  y  eut  une  si  grande  abondance  de  vin  qu'on  en  garda  dans 
des  barriques  qui  se  beuuoint  200  ans  après  si  l'on  en  doit 
croire  Pline^  iib.  14,  hist.  nat.  c.  4.  Il  apele  Lucilius 
Opimius  consul  capillatus  a  cause  que  de  son  tems  les 
Romains  portoint  encore  les  cheucux  longs,  et  l'on  ne  se  fit 
raser  que  long  tems  après.  Il  faut  entendre  sub. 

Bellis  socialibus  (vers  31).  —  Cette  guerre  feut  sous  le 
consulat  de  Iules  Gesar,  et  de  M.  Phylipe  ou  de  L.  Opicius 
selon  le  témoignage  de  Florus,  Iib.  3,  ch.  17,  ce  qui  fait 
bien  voir  de  combien  d'années  êtoit  ce  vin  que  Virron 
beuuoit  du  tems  de  Domitien. 

Saguntinâ  la  gêna  (vers  29).  —  On  faisoit  à  Sagunte, 
ville  d'Espagne,  des  vases  de  terre  fort  beaux,  on  y  faisoit 
des  bouteilles  de  même. 

Iniquas  mensas {\evs  3  et  4).  — Cela  est  au  comancement 
de  la  satyre  et  s'explique  dans  la  suite  ;  car  au  lieu  que  le 


•  —  133  — 
maitre  auoit  d'excellent  vin  et  qu'il  en  beuuoit  dans  des 
coupes  enrichies  de  diamant,  qu'on  luy  sert  de  l'eau  a  la 
glace,  qu'on  luy  done  du  pain  blanc  et  tendre ,  le  parasite 
n'a  que  du  vin  des  esclaues,  un  verre  a  demi  cassé,  de  l'eau 
qui  n'est  point  IVeiche,  du  gros  pain;  il  faut  donc  prendre 
ces  iniquas  pour  inégales.  Selon  nos  mœurs,  il  n'y  a  rien 
de  plus  choquant  que  cette  inégalité. 

Cardiaco  (vers  32).  —  Kapoi'a  veut  dire  cœur  et  cardiacus 
qui  a  mal  au  cœur,  c'est  a  dire  qui  a  quelque  faiblesse 
d'estomac  ;  le  vin  est  un  souuerain  remède  pour  ces  sortes 
d'accidents. 

Aut  de  Settinis  (vers  33  et  34).  —  Le  mont  Setin  dans  la 
Gampanie  fertile  en  bon  vin. 

Thrasea  Heluidiusgue  bibebant  (vers  36).  —  Le  1*""  êtoit 
de  Padoue,  il  feut  sénateur.  Tacite  dit  que  lors  qu'on  deut 
iuger  Agryppine  il  sortit  du  palais ,  qu'il  s'atira  par  la  la 
colère  de  Néron  ;  ce  Thrasea  aymoit  fort  la  liberté  de  la 
patrie,  il  êtoit  fort  bon  amy  d'Heluidius  a  cause  du  raport 
qui  se  trouuoit  entre  eux.  Tacite  nous  en  fait  un  portrait 
auantageux  et  qui  les  aproche  extrêmement,  ils  feurent 
également  ardents  pour  la  liberté  de  leur  patrie. 

Capaces  heliadum  crustas  (vers  37  et  38).  —  Il  désigne 
ce  que  les  Latins  apeloint  electrum,  qui  est  un  métal  com- 
posé d'or  et  d'argent,  mais  auec  cette  différence  que  de  six 
parties  il  y  en  auoit  les  cinq  d'argent  et  l'autre  êtoit  d'or. 

Brutorurn  (vers  37).  —  C'est  lunius  Brutus  qui  chassa 
Tarquin  le  Superbe  après  qu'il  eut  violé  Lucrèce,  et  Brutus 
qui  tua  Gesar. 

Cassii  (vers  37).  —  Gassius  feut  un  des  meurtriers  de 
Gesar,  l'amour  de  la  liberté  publique  le  porta  a  exécuter 
cette  entreprise. 


—  i;ji  — 

Heliadum  crustas  (vers  38).  —  C'est  l'ambre  qui  se 
trouuoit  selon  la  fable  près  du  fleuue  Eridan  sur  les  peupliers 
de  la  métamorphose  des  sœurs  de  Phaeton.  Ces  tilles  voyant 
tomber  leur  frère  en  feurent  si  fort  alUigées  que  les  dieux 
en  ayant  compassion,  les  changèrent  on  peupliers,  leurs 
larmes  neagmoints  ne  finirent  pas,  elles  les  changeoint  tous 
les  ans  en  croûtes  d'ambre  dont  on  faisoit  des  vases  fort 
précieux. 

Phialas  inxquales  (vers  38  et  39).  —  Pline  dit  que  les 
vases  dont  on  se  seruoit  pour  boire  auoint  six  angles,  de 
sorte  que  par  la  reuerberation  qu'ils  faisoint ,  ils  en  parois- 
soin  t  plus  beaux. 

Da  veniam  (vers  42).  —  Excusez  pourtant  ces  précau- 
tions. 

Virro  (vers  43).  —  Nom  d'un  riche;  il  est  sans  doute 
inuenté. 

luuenis  (vers  45).  —  C'est  ^née  que  Didon  préféra  a 
Hyarbas  roy  de  la  Mauritanie. 

Tu  Beneuentani  sutoris  (vers  46).  —  11  y  auoit  un 
cordonier  a  Beneuent  apelé  Vatinius ,  il  auoit  un  nés 
extraordinaire  ;  c'est  a  cause  de  cela  que  l'on  donoit  le  nom 
de  Vatinien  a  des  certains  verres  a  quatre  coins  dont 
chaquun  ressembloit  au  nos  de  Vatinius. 

Venafrano  (vers  86).  —  Huile  de  Venafry,  le  pays  en 
portoit  beaucoup. 

Canna  Mycipsarum,  (vers  89).  —  C'est  a  dire  un  uauire 
des  Alï'ricains  qui  êtoit  fait  des  roseaux  qu'on  apeloit 
cannse  ;  les  Allricains  sont  apelés  Mijcipsœ ,  de  Mysipca  roy 
des  Numidiens  et  fils  de  Massinissa ,  il  laissa  en  mourant 
son  roiaume  a  ses  3  enfants  Adherbal ,  Hycmpsal ,  et  a 
lugurtha  fils  de  son  frère  qu'il  auoit  adopté. 


—   13.-.  — 

Bocchare  (vers  90).  —  C'est  a  dire  un  Numidien  qui 
prend  ce  nom  de  Bocchar  roy  des  Maures  du  tems  que 
Massinissa  l'êtoit  des  Nuraidiens. 

Taitrominitanas  rupes  (vers  93).  —  La  Sicile  qui  con- 
tient beaucoup  des  montaignes  auxqueles  la  ville  de  Tauro- 
minium  done  le  nom. 

Lenas  (vers  98).  —  Lenas  êtoit  un  home  qui  faisoit  sa 
cour  aux  riches  veufs  sans  enfants  et  aux  vieillards  même  ; 
c'est  ce  que  captator  signifie.  Aurelie  êtoit  une  veufue  a  qui 
il  faisoit  la  cour. 

Lina  Canjbdim  (vers  102).  —  Le  poète  exagérant  la 
gourmandise  des  Romains,  dit  qu'elle  auoit  épuisé  la  mer 
de  poissons,  et  que  les  pécheurs  êtoint  obligés  d'aler 
pendant  le  beau  tems  dans  des  pays  éloignés  et  même  dan- 
gereux come  a  Garybde  qui  est  un  ecueil  entre  la  Sicile  et 
l'Italie. 

Seneca  (vers  109).  —  C'est  Seneque  le  phylosophe  que 
son  mérite  fit  choisir  pour  être  précepteur  de  Néron  ;  après 
auoir  doué  l'éducation  a  ce  prince^  il  feut  de  la  coniuration 
que  Pison  fit  contre  luy,  il  apreanda  que  l'empereur  ne  le 
fit  mourir  come  le  reste  de  ses  complices  ;  pour  le  preuenir 
il  s'ouurit  les  veynes  et  se  laissa  mourir  de  cette  manière. 
Seneque  auoit  été  fort  libéral  enuers  ses  amys. 

Piso  bonus  (  vers  109 ).  — -C'est  l'auteur  de  la  coniuration 
contre  Néron ,  a  laquele  il  done  le  nom  de  Pisoniene  ;  il 
êtoit  fort  honete  home  et  libéral  a  ses  amys. 

Cotta  (vers  109).  —  C'est  ce  Cotta  dont  il  est  parlé 
ailleurs. 

Ei  spes  cl  ratio, 
Quis  libi  Mxccnas  ?  quis  tune  erit  aut  Proculeius  , 
Aut  Fabius?  quis  Cotta  iterum  ?  quis  Lenticlus  aller  ? 


—    I3li  — 

Cotta  rcssembloit  l'oit  a  ces  deux  1"'  par  sa  libéralité. 

Ciuiliter  (vers  112).  —  Sans  faire  des  allronls  a  ceux  qui 
vous  Ibut  la  cour. 

MelciKjri  (vers  115).  —  /Enous  père  de  Meleagre  s'êtoit 
moc(|ué  de  Diane  dans  les  sacrytices  qu'on  luy  faisoit,  cette 
déesse  luy  enuoya  un  sanglier  de  la  tbrcst  d'Erymanthe  pour 
le  deuorer,  son  fils  Meleagre  quoyqu'il  feut  asscs  ieunc  le 
dcliura  de  ce  monstre. 

Alledius  {y(iv?>  1  18). —  G'êtoit  un  home  l'ort  riche  et  qui 
aymoit  auec  excès  les  plaisirs  de  la  bouche. 

Chyronuino'nta  (vers  121  ).  —  C'est  un  mot  grec  composé 
de  /Eip  main ,  vo[i.6<;  loy.  Ce  mot  ainsy  composé  signifie  un 
home  qui  coupe  quelque  chose  auec  des  gestes  étudiés,  et 
come  obseruant  quelques  règles. 

Saltantem  spectes  et  churonomonta  (vers  121).  —  Conie 
la  manière  dont  ils  etoint  a  table  ne  leur  permetoit  pas  de  se 
seruir  eux  même,  ils  auoint  un  ecuyer  pour  couper  les 
viandes  apelé  icy  structor,  dans  Apulée ,  diribitor^  ou 
carptor,  scisso7\  insertor.  S'il  aioute  saltantein  et  chyrono- 
monta  c'est  pour  se  mocquer  de  cette  grande  affectation  de 
gestes  qu'ils  êtudioint  pour  Ijion  seruir,  ce  (jui  peut  faire 
entendre  un  autre  endroit  d'Ulmœa  cœna ,  car  les  ecuyers 
s'exercoint  sur  des  oiseaux  et  des  poissons  de  bois,  pour 
s'accoutumer  a  trancher  de  bone  grâce. 

Dictai  a  magistri  (vers  122).  — 11  y  auoitaRomedesgens 
qui  enseignoint  a  couper  la  viande  de  bone  grâce,  come  un 
leuraut,  un  chapon,  ect.  Ces  maîtres  faisoint  exercer  leurs 
écoliers  sur  des  animaux  de  bois. 

Cacm  (vers  125).  —  Cacus  étoit  un  berger  qui  feut 
charmé  des  bœufs  qu'Hercule  auoît  amenés  d^Espagne  après 
auoir  tué  lerion ,  il  usa  de  finesse  pour  les  dcrrober,  car 


—  i;j7  — 

apreandant  que  la  trasse  ne  decouui-it  son  larcin ,  il  prit  les 
bœufs  par  la  queue  et  les  fit  aler  dareculons  dans  sa  maison. 
Hercule  y  fut  trompé  iusqu'a  ce  qu'il  eut  entendu  mugir  ces 
animaux,  il  courut  ou  ils  ôtoint,  et  prit  Cacus  par  les 
pieds  qu'il  ietta  de  cette  manière  hors  de  la  cabane. 

Tanqimin  haheas  tria  nomina  (vers  127),  —  Auec  la 
liberté  d'un  cytoien  Romain,  car  il  n'apartenoit  qu'aux 
cytoiens  d'auoir  3  noms  dont  l'un  êtoit  le  nom  personel  qui 
se  metoit  deuant  celuy  de  la  famille  et  le  surnom, 
prsBnomen  ^  nomen^  agnomen. 

Ante  illum  uxoris  (vers  148).  —  Agryppine  fit  mourir 
l'empereur  Glaudius  son  mary  auec  un  mousseron  préparé. 

Phxacum  (vers  151  ).  —  Une  des  plus  belles  choses  que 
l'antiquité  ayt  admirée  feurent  les  iardins  d'Alcinoiis  roy 
de  Gorcyre;  cette  isle  feut  ainsy  apelée  de  la  maîtresse  de 
Neptune.  Phgeacus  qui  nacquit  de  leurs  amours  changea  le 
nom  a  l'isle ,  aussy  bien  qu'aux  habitants  qui  feurent  apelés 
depuis  Pheaciens. 

Sororibm  A/fris  (vers  152).  —  Les  sœurs  afi'ricaines 
êtointles  Hesperides  filles  d'Hesperus  frère  d'Atlas  et  fils  de 
lapet;  ces  3  filles  .'îlgle ,  Aretuse  et  Espertuse  auoint  dans 
une  isle  de  la  Mauritanie  un  des  plus  beaux  iardins  du 
monde,  ou  regnoit  le  printems  et  l'automne  continu  élément. 
Il  y  auoit  des  pomes  d'or  gardées  par  un  dragon  qui  veilloit 
toûiours,  Hercule  les  enleua  après  auoir  tué  le  dragon. 

Ab  hirsuto  Capella  (vers  155).  — C'est  un  endroit  fort 
difficile  et  auquel  on  done  force  explications;  la  1""  et  la 
meilleure  est  qae  Capella  hirsutus  signifie  un  capitaine  qui 
peut  s'apeler  ainsy  pour  2  raisons,  la  l**"^  que  la  sueur  et 
le  trauail  que  les  capitaines  endurent  leur  cause  une 
puanteur  sous  les  aise! es  qui  aproche  fort  de  celle  des  boucs, 


—  i:{8  — 

la  2*  que  le  trauail  fait  venir  les  gens  de  guerre  fort  velus. 
Voyla  pourquoy  on  peut  douer  le  nom  de  CapcUa  a  un 
capitaine.  Capella  hirsictus  peut  encore  signifier  une  corde 
de  poil  de  cheure  que  l'on  mctoil  aux  arcs  pour  décocher  les 
flèches,  ou  bien  un  canjuois  couuert  de  poil  de  cheure. 

Aurum  lietruscum  (vers  164).  —  Lisière  d'or  pour 
marque  de  la  liberté,  inucntée  par  Tullus  Hostilius  après 
auoir  vaincu  les  Hetrurieus. 

Nodus  et  signutn  de  loro  (vers  165).  —  Lanière  de  cuir 
qui  distinguoit  les  alTranchys. 


FÎN 

DE    LA    5™*    SATYRE. 


SATYRA    VI 


I  Credo  pudicitiam  Saiurno  Rege  moratam 

■i  In  terris,  visamque  dm  :  cum  frigida  parvas 
3  Prxheret  spelunca  doinos,  ignemque  ,  laremque , 
i  Et  pecus ,  et  dominos  communi  clauderet  umbra. 

5  Silvestrem  montana  torum  cum  sterneret  uxor 

6  Frondibus  et  culmo,  vicinarumque  ferarum 

7  Pellibus  :  haud  similis  tibi  Cynthia,  7iec  tibi  cujus 

8  Turbavit  nitidos  extinctus  passer  ocellos  : 

9  Sed  potanda  ferens  infantibus  ubera  magnis , . 
10  Et  ssepe  horridior  glandem  ructante  marito. 

II  Quippe  aliter  tune  orbe  novo ,  cœloque  recenti 

12  Vivebant  hommes  :  qui  rupto  robore  nati , 

13  Compositivc  luto  nullos  habuere  parentes. 

14  Multa  pudicitia  veteris  vestigia  forsan , 

15  Aut  aliqua  extiterint ,  et  sub  love,  sed  love  nondum 

16  Barbato  nondum  Grœcis  jurare  paratis 

17  Per  caput  alterius,  cum  furem  nem.o  timeret 

18  Caulibus,  et  pomis,  et  aperto  viveret  horto. 

19  Paullatim  deinde  ad  superos  Astrxa  recessit 

20  Hac  comité,  atque  duo;  pariter  fugere  sorores 

21  Antiquum,  et  vêtus  est  alienum  Posthume  lectum 

22  Concutere,  atque  sacri  genium  contemnere  fulcri. 

23  Omne  aliud  crimen  mox  ferrea  protulit  xlas. 

24  Viderunt  primas  argentea  secula  mœchos. 

25  Conventum  tamen,  et  pactum,  et  sponsalia,  nostra 

26  Tempestate  paras,  jamque  à  tonsore  magislro 

27  Pecteris ,  et  digito  pigjius  fartasse  dedisti. 

28  Certe  sanus  eras.  uxoreyn  Paslhwne  ducis? 

29  Die  qua  Tisiphone  ,  quibus  exagitare  colubris  ? 


—  I  'l(l  — 

30  Ferre  potes  dominam  suivis  toi  reslibus  ullam  ? 

31  6'?/»/  puleanl  allœ.  caliganlcsque  fencslrse? 

32  Cuin  libi  ricinitm  se  prwbeal  ^milius  puns  f 

33  Aut  si  de  vuillis  niilliis  plavel  exiliis ,  illud 

34  Nonne  putas  melius,  (jnod  lecuni  piisio  dormit, 

35  Piisio  qui  noclii  non  lilif/at  ?  cxigit  a  le 

36  Nulla  jacens  illie  munusciila,  ncc  querilur.  quod 

37  Et  lateri  parcas .  ncc,  qiianiuni  jiissit,  aniieles. 

38  Sed  placet  Ursidio  lex  hilia  :  tollere  dulcem 
3!»  Cogilat  heredem  carilurns  turture  magno , 

40  Mullorurnqve  jubis,  et  capiatore  ntacello. 

41  Quid  fieri  non  passe  putes,  si  jungitiir  ulla 

42  Ursidio  ?  si  mœchorum  notissimus  olim 

43  Stulta  maritali  jam  porrigit  or  a  capistro . 

44  Qiiem  loties  ie.vit  perituri  cista  Latini? 

45  Quid,  quod  cl  antiquis  uxor  de  moribus  illi 

46  Quxritur?  o  medici  mediam  pértundite  venam. 

47  Delicias  hominis.  Tarpeinm  iimen  adora 

48  Promis,  et  auralam,  lunoni  cœde  juvcncant , 
4'J  Si  tibi  contigerit  capitis  matrona  pudici. 

50  Paucx  adeo  Cereris  villas  contingere  dignœ , 

51  Quarum  non  iiineal  pater  oscula.  necte  coronani 

52  Posiibus,  et  densos  pev  li))rina  tende  corymbos. 

53  Unus  Iberime  rir  sufficit.  ocyus  illud 

54  Exlorquebis,  ul  luec  oculo  contenta  sit  hno. 

55  Magna  lumen  fuma  est  cujusdam  rare  palerno 

56  Vivenlis  :  vivat  Gabiis ,  ut  vixit  in  agro  : 

57  Vix'ut  Fidenis,  et  agello  cedo  palerno. 

58  Quis  lainen  affirmât,  nilactum  in  montibiis,  aut  in 

59  Spehincis  ?  udeo  senucrunl  lupiter  et  Mars? 

60  Porticibusne  iibï  monslraiur  feminu  voto 

61  Digna  tua  ?  cuneis  an  habent  speclucula  totis 

62  Quod  securus  âmes,  quodque  inde  excerpere  possis  ? 

63  Chyronomon  Ledam  molli  saltunlc  liutyUo 

64  Tuccia  vesicse  non  imperat  :  Ainila  gannil , 

65  Sicul  in  amphxu  :  suhitum  et  miserabile  longum 

66  Allendil  Thymele  :  Thymeh  luncruslica  discil. 

67  Asl  aliw,  quolies  aulxa  rccondila  cessant, 

68  Et  vacuo,  clausoque  sonant  fora  sola  Ihealro . 


—    141   — 

«»  Al(jiie  aplebns  lon^e  Megalesia.  ti-ixtes 

70  Per.ionam,  thyrsumgue  tenent ,  et  subligar  Acci . 

a   Urbicus  exodio  risum  movet  AUellame 

72  Gestibus  Autonoês  :  hune  diligit  Mia  paupev. 

73  Solvitiir  his  magno  coinœdi  fibula  :  sunt  qua 

74  Chnjsogonum  canlare  vêtent  :  Hispulla  tragœdo 

75  Gaudet  -.  an  exspedas,  ut  Quintilianus  ametur?* 

76  Accipis  uxorem,  de  qua  citharedus  Echion, 

77  Aut  Glaphyrm  fiât  pater ,  Ambrosiusque  vhoraules. 

78  Longa  per  angustos  figamus  pulpita  vicos  , 

79  Orneniur  postes,  et  grandi  janua  lauro, 

80  Ut  testudineo  tibi,  Lentule,  conopœo 

81  Nobilù  Euryalum  myrmillonem  exprimai  infans. 

82  Nupta,  Senatori  comitata  est  Hippia  ludum 

83  Ad  Pliaron,  et  Nilum,  famosaque  mœnia  Lagi. 
«4  Prodigia  et  mores  urbis  damnante  Canopo. 

85  Immemor  illa  domus,  et  conjugis,  aique  sororis. 

86  mi  patrie  induisit,  plorantesque  improba  gnatos, 

87  Utque  magis  stupeas,  ludos  Paridemque  reliquit. 

88  Sed  quanquam  in  magnis  opibus,  plumaque  paterna. 

89  Et  segmentatis  dormisset  parvula  cunis  , 

90  Contempsit  Pelagus  :  famam  contetnpserat  olim , 

91  Cujus  apud  molles  minima  est  jactura  cathedras. 

92  Tyrrhenos  igitur  fluctus,  lateque  sonantem. 

93  Pertiilit  lonium  constanti  pectore,  quamvis 

94  Mutanditm  loties  esset  mare,  justapericli 

95  Si  ratio  est,  et  honesta ,  timent,  pavidoque  gelantur 

96  Pectore,  jiec  tremulis  possunt  imistere  planlis  : 

97  Fortem  animum  prwslant  rébus,  quas  ticrpiter  audenl. 

98  Sijubeat  conjux,  durum  est  consce7idere  navim: 

99  Tune  sentina  gravis,  tune  summus  vertiticr  aer  : 

100  Qux  mœchum  sequitur.  stomacho  valet,  illa  marituw 

101  Convoyait  :  hxc  inler  nautas  et  prandet,  et  errai 

102  Per  puppeni,  et  duros  gaudet  tractare  rudenteis. 

103  Qua  lamen  exarsit  forma  quod  capta  juventa 

104  Hippia?  quid  vidit,  proptèr  quod  ludia  dici 

105  Sustimiit  ?  nan  Sergiolus  jam  radere  guttur 

106  Cœperat,  et  secto  requiem  sperare  lacerto. 
'07  Prxterea  multa  in  facie  deformia  ;  sicul 


—    l'»-2   — 

108  Allrilus  galca,  mcdiisqup  in  narihus  ingens 

10!»  Gil)hus,  et  acre  malum  senipcr  stillantis  ocelli. 

1111  Scd  (jladialor  cral.  facii  liur  illos  Hyacinthos  : 

111  Hoc  pueris,  patrixqxie,  hoc  prœliillit  illa  sororl, 

112  Atque  viro.  fernim  est  quod  a)nant.  hic  Sergius  idem 

113  Accepta  rude  cœpisset  Veiento  vider i. 

114  Quid  privata  do)MiS.  quid  feccril  Hippia  curas? 

115  Respice  rivales  Divorum.  Claudius  aitdi 

iiB  Quse  tulerit.  dormire  virum  cum  senserat  uxor, 

117  Ausa  Palatino  legetem  prxferre  cubili. 

118  Sumere  noctùrnos  meretrix  Augusta  cucullos, 

119  Linquebat  comité  ancilla  non  amplius  una  : 

120  Sed  nigrum  flavo  crinem  ahscondente  galero  , 
•121  Intravit  calidum  veteri  centone  lupanar , 

122  Et  cellam  vacnam,  atque  suam  :  tune  nuda  papilh's 

123  Prostitit  auratis,  tituluni  mentita  Lyciscx, 

i2i  Ostcnditque  luum ,  generose  Britannice,  ventrem. 

125  Excepil  blanda  intranleis.  atque  xra  poposcit  : 

i2f)  Et  rcsupina  jacens  multorum  absorbuit  ictus. 

127  Max,  lenonc  suas  jam  di)nittenle  pucllas . 

128  Tristis  abil  :  sed  quod  potuit,  iamen  nltima  cellam 

129  Clausit,  adhuc  ardens  rigiclœ  tintigine  vulva", 

130  Et  lassât  a  viris,  necdum  satiata  recessit . 

131  Obscurisque  genis  turpis,  fumoque  luceriur 

132  Fœda  lupanaris  tulit  ad  putvinar  odorem. 

133  Hippomanes,  carmenque  loqnar,  coctumque  venenwn, 

134  Privignoque  datum  ?  faciunt  graviora  coactr 

135  Impcrio  sexus,  mininiumque  libidine  peccani . 

136  Optima.  sed  quare  Cesennia  leste  marito  ? 

137  Bis  quingenta  dédit,  tanti  vocat  ille  pudicam, 

138  Nec  pliaretris  Veneris  macer  est,  aut  lampade  fervet. 

139  Inde  faces  ardent,  veniunt  a  dote  sagilt.r. 

140  Libertas  emiiur  :  coram  licet  innuat,  atque 

141  Bescribat,  vidiia  est,  locuples  quai  niipsit  avaro. 

142  Cjur  desiderio  Bibulx  Sertorius  ardet  ? 

143  Si  verum  excutias,  faciès,  non  uxor  amalur. 
\u  Très  rugx  subeant,  et  se  cutis  arida  laxet, 

145  Fiant  obscuri  dentés,  oculique  minores  : 

146  Collige  sarcinulas  dicetjiberlus ,  et  exi; 


—  143  — 

147  lam  gravis  es  nobis,  et  sœpe  emungeris,  exi 
143  Ocyus,  et  ■propera  :  sicco  venit  altéra  iiaso. 

149  Interea  calet,  et  régnât,  poscitqiie  maritum 

150  Pastores,  et  ovem  Canusinam  ,  ulmosque  Falernas. 

151  Quantulum  in  hoc  ?  pueros  omneis,  ergaslula  tota , 

152  Quodque  doini  non  est,  et  habet  vicinus,  ematur. 

153  Merise  quidem  brwnw,  quo  jam  mercator  lason 

154  Clausus,  et  armatis  obstat  casa  candida  nantis, 

155  Grandia  tolluntw  cryslallina,  maxima  rursus 

156  Myrrhina,  deinde  adamas  notissimus,  et  Bérénices 

157  In  digito  factus  pretiosior  :  hune  dédit  olim. 

158  Barbarus  incestœ,  dédit  hune  Agrippa  sorori, 

159  Observunt  ubi  [esta  mero  pede  sabbata  Beges  , 

160  Et  vêtus  indulget  senibus  clementia  porcis. 

161  Nullane  de  tantis  gregibiis  tibi  digna  videtur? 

162  Sit  formosa,  decens,  dives,  fecunda,  vêtus tos 

163  Porticibus  disponat  avos ,  intactior  omni , 

164  Crinibns  effusis,  bellum  dirimente  Sabina 

165  Ràra  avis  in  terris ,  nigroque  simillima  cycno. 

166  Quis  feret  uxorem,  cui  constant  omnia?  malo , 

167  Malo  Venusinam,  quam  te  Cornelia  mater 

168  Graccorum,  si  cum  magnis  virtutibis  adfers 

169  Grande  supercilium,  et  numeras  in  dote  triumphos , 

170  Toile  tuum  precor  Hannibalem ,  victumque  Syphacem 

171  In  castris ,  et  cum  tota  Carthagine  migra. 

172  Parce  precor,  Pxan  et  tu  depone  sagittas , 

173  Nil  pueri  faciunt ,  ipsam  configite  matrem , 

174  Amphion  clamât  :  sed  Pxan  contrahit  arcuni. 

175  Extulit  ergo  gregos  naloruni,  ipsumque  parentem, 

176  Bum  sibi  nobilior  Latonx  gente  videtur , 

177  Atque  eadem  scrofa  Niobe  fecundior  alba. 

178  Quês  tanli  gravitas,  qux  forma,  ut  se  tibi  semper 

179  Imputet  ?  hiijus  enim  rari  summique  voluptas 

180  Nitlla  boni,  quoties  animo  corrupta  superbo 

181  Plus  aloës  quam  mellis  habet.  quis  deditus  autem 

182  Usque  adeo  est ,  ut  non  illam ,  quam  laudibus  effert , 

183  Horreat,  inque  diem  septenis  oderit  horis? 

184  Quœdam  parva  quidem,  sed  non  toleranda  maritis. 

185  Nam.  quid  rancidius,  quam  quod  se  nonputatulla 


—  l'i'l  — 

is«  F())i)i(i.iani,  nisi  tju.v  de  Tusca  gr.rrula  favla  ml  : 

ifi/   De  St(h)io}}C»si  meiu  Cecropis?  omiiin  Gnece. 

i8«  Ciiiti  sit  turpe  magis  nnslris  nexcire  Lnlinc. 

i«!»  Hoc  sermoiie  pavent,  hoc  irani,  gaudia.  niras, 

190  Hoc  cutu'la  elJ'undunl  animi.  sécréta,  quid  ultra? 

l'u  Concumbiint  Gtwce.  dones  tanien  ista  puelUs  : 

rij   Tune  etiam,  quani  seMus  et  oetogesimiis  annux 

i'.>:t  Puisât,  adhuc  Gnece?  non  est  hic  sermo  pudicus 

VM  In  retula,  quoties  Lascivuin  intervenit  illud,  ' 

H''-  ZUH  KAl  ^'VXH  modo  sub  lodice  relielis 

\W'   Uteris  in  turha.  quod  enim  non  excitet  inguen 

lit;    Vo.r  blanda,  et  nequam?  digitos  habet,  ut  tamen  nwnes 

i!>8  Sul)sida]it  pennie.  dicas  liwc  mol  tins  ^Emo . 

!!•!•  Quanquam  el  Cai'pophoro,  faciès  tua  computat  onnos. 

200  Si  tihi  legitimis  partam,  junctamque  tabellis 

201  Non  es  amaturus  :  ducendi  nulla  videtur 

202  Gaussa  :  nec  est,  quare  cenam,  et  mustace.a  perdas 

203  Labente  officio,  crudis  dunanda  :  nec  ilhid, 
20i  Quod  prima pro  nocle  datur,  cum  lance  beata 
205  Dacicus,  et  scripto  radiât  Germanicus  auro. 
20(!  5?"  tibi  simplicitas  uxoria,  d,editus  uni 

207  Est  animus  :  summite  çaput  ceriice  parala 

208  Ferre  juguni  :  niillam  invenies,  quœ  parcat  amanti. 

209  Ardeat  ipsa  licet,  tormentis  gaudet  amantis, 

210  Et  spoliis.  igitur  longe  minus  utilis-  illi 

211  Uxor,  quisquis  erit  bonus,  optandusque  maritus. 

212  Nil  unquam.  invita  donabis  conpige  :  vendes 

213  Hac  obsianle  nihil  :  nihil,  hœc  si  nolet,  emeiur. 
2ii  Hmc  dabit  afj'ectus  :  ille  exctudatur  amicus 

215  lam  senior,  cujus  barbam  tuajanua  vidit. 

2i«  Tcstandi  cum  sit  lenonibus ,  atque  lanistis 

217  Libertas,  et  juris  idem  eontingat  arcna: , 

218  Non  unus  iibi  rivalis  dictabitur  licres. 

219  Pone  crucem  servo.  meruit  quo  crimine  servus 

220  Supplicium  ?  quis  testis  adest?  quis  delulit?  audi  , 

221  Nulla  unquam  de  morte  hominis  cunctalio  longa  est. 

222  0  démens,  ita  servus  hnmo  est?  7iil  fecerit.  esta. 

223  Hoc  volo,  sic  jubeo,  sit  pro  ralione  voluntas. 

224  Imperat  crgo  viro  :  sed  mnx  hxc  régna  relinquit. 


-   145  — 

•xih  Pernmtatqtte  domox,  et  flammea  conterit  :  inde 
22G  Advolat,  et  spreti  repetit  veatigia  lecti. 

227  Ornatas  paiiUo  ante  fores ,  pendentia  tinquit 

228  Vêla  domus,  et  adhuc  virideis  in  limine  ramos. 
22!»  Sic  crescit  numerus,  sic  ftunt  octo  mariii. 

230  Qitinque  per  auluninos  :  titulo  res  digna  sepulcri. 

231  Desperanda  tibi  salva  concordia  socru  : 

232  Illa  doçet  spoliis  nudi  gaudere  mariti  : 

233  Illa  docet,  missis  a  corruptore  tabellis, 

234  Nil  rude,  nec  simplex  rescribere  :  decipit  illa 

235  Custodes ,  aut  sere  domat  :  tune  corpore  sano 

236  Advocat  Archigenen ,  onerosaque  pallia  jactat. 

237  Abditus  interea  latet,  et  secretus  adulter, 

238  Impatiensque  morx  silet  et  prxputia  ducit. 

239  Scilicet  exspectas,  ut  tradai  mater  honestos, 

240  Atque  alios  mores,  quam  quos  habet?  utile  porro  ' 

241  Filiolam  turpi  vetulx  producere  iurpem. 

242  Nulla  fere  caiissa  est,  in  qua  non  femina  litem 

243  Moverit  accusât  Manilia,  si  rea  non  est. 

244  Componunt  ipse  per  se,  formantque  libellas, 

245  Principium,  atque  locos  Celso  diclare  paratai. 

246  Endromidas  Tyrias,  et  femineum  ceroma 

247  Quis  nescit?  vel  quis  non  vidit  vuinera  pâli? 

248  Quem  cavat  assiduis  sudibus,  sctitoque  lacessit , 

249  Atque  omneis  implet  numéros  dignismna  prorsus 

250  Florali  matrona  tuba,  nisi  si  quid  in  illo 

251  Pectore  plus  agitât,  verœque  paratur  arense. 

252  Quem  prsBstare  potest  mulier  galeata  pudorem, 

253  Qux  fugit  a  sexu,  vires  amat?  hxc  tan\en  ipsa 

254  Vir  nollet  fieri.  nam  quantula  nostravoluptas? 

255  Quale  decus  rerum,  si  conjugis  auctio  fiât, 

256  Balteus,  et  manicx,  et  cristse,  crurisque  sinistri 

257  Dimidium  tegmen ,  vel  si  diversa  movebit 

258  Prxlia,  tu  felix  ocreas  vendente  puella. 

259  Use  sunt,  qux  tenui  sudant  in  cyclade,  quarum 
2G0  Delicias  et  panniculus  bombycinus  urit. 

261  Adspice,  quo  fremitu  monstratos perferat  ictus, 

262  Et  quanto  galea  curvetur  pondère,  quanta 

263  Poplitibus  sedeal,  quam  denso  fascia  libro, 


10 


—  I'.(i  — 

l'isi   Kl  ride  pusilis  scapliiuiii  cuin  suniiLur  annis. 

•->(;.■)   Diciic  vos  neples  Lepidi,  cxcive  Meteili, 

2G6  Gurgitis  aul  Fabii ,  qiue  ludia  sMmpseril  uwiuani 

267  Hos  habitus  ?  quando  ad  paliim  gemal  uxor  A.si/Ui  Y 

268  Semper  habet  liteis,  alternaque  jurgia  ledics, 

2fi3  In  quo  7iupta  jacet  :  miniwum  dormilur  in  illo. 

270  Cwn  gravis  illa  viro.  tune  orba  tigride  pejor, 

271  Cuin  si))iu\al  gcniilus  dcrulli  conscia  facti. 

272  Aut  odil  pucros,  aul  ficla  pcUice  ploral 

273  Uberibus  semper  lacrymis,  semperque  paratis 
27i  In  stalione  sua,  alque  cxspecianlibus  illam , 

275  Quo  jubeat  manare  modo  :  tu  credis  amorem  , 

27fi  Tu  tibi  lune  eurruca  plaees,  fletumque  labellis 

277  Exorbes,  quas  seripta,  et  quas  leclure  tabcllas. 

278  Si  tibi  zelolypw  relegantur  scrinia  mœchse  ! 

279  Sed  jacet  in  servi  eomplexibus,  aut  Equitis.  die, 

280  Die  aliqiiem  sodés,  hic  Quintiliane  colorem. 
2R1  HcBremus.  dicipsa.  olim  eonvcnerat,  inquit, 

282  l]l  faceres  tu  quod  velles;  nec  non  ego  possem 

283  Indulgere  milii  :  clames  licet,  et  mare  cœlo 

284  Confundas,  homo  sum.  nihil  et  audacius  illis 

285  Deprensis.  iram  alque  animos  a  crimine  sumunt. 
28fl    U7ide  hwe  uionstra  lamen,  vel  quo  de  fonte  requiris? 
287  Pr^estabat  caslas  humilis  forluna  Latinas 

■-'88  Quondam,  nec  vitiis  cotUingi  parva  sinehant 

289  Tecla  labor,  som7iique  brèves,  et  vellere  Tuseo 

290  Vexat,T,  duncque  manus,  ae  proxi)iius  urbi 

291  Hannibal^  cl  stanles  Collina  lurre  mariti. 

292  Nunc  palimur  longx  pacis  mata  :  s.vvior  armis 

293  Luxuria  incubuit,  vïctumque  ulciscitur  orbem. 
■29i  NuHuni  criiarn  abcsl,  facinusque  libidinis,  ex  quo 

295  Paupertas  Honiana  î)e)il  :  liinc  fluxit  ad  istos . 

296  Et  Sybaris  colleis  :  hinc  et  Rhodos,  cl  Milclos, 

297  Alque  çoronatum,  et  petulam,  madiduuique  Tarentum, 

298  Prima  peregrinos  obscena  pecunia  mores 

299  Intulil,  et  lu7'pi  (Yege7'U7it  saccula  luxu 

300  Divitia;  molles,  quid  enim.  Venus  ebria  curât  ? 

301  Inguinis,  et  capitis  qux  sint  discrimi/ia,  nescit  : 

302  Graixdia  qux  mediis  jam  noctibus  ostrea  mordet  ^ 


303  Cuni  perftisa  mero  spumeni  unoncntu  Fuleyno , 
30{   Ciim  bibilur  eoncha,  cum  jam  veriifiine  tcctitm 
305  Ambiilat ,  et  goninis  exsurç/it  nienxa  hicernis  ; 
300  /  niinc  et  dubita,  qua  sorbeal  aëra  satina 

307  TuUia,  quid  dicat  nota;  collactca  Maurx, 

308  Maura  pudicitise  veterem  cum  pneterit  aram. 

309  Noctibus  heic.  ponuni  lecticas,  miclnriunt  heic, 

310  Effigiemque  Dex  hmgis  siphonibm  implenl, 

311  Inque  vices  equitant,  ac  Lima  teste  moventur. 

312  Inde  domos  aheimt  :  tu  calcas  liice  reversa 

313  Conjugis  urinam  magnos  visurus  amicos. 

314  Nota  bonx  sécréta  Dex ,  cum  tibia  lumbos 
31.')  Incitai,  et  cornu  pariter,  vinoque  feriintur 

310  Attonilx ,  crinemque  rotant,  ululantque  Priapi 

317  Mxnades ,  o  quantus  tune  illis  mentibus  ardor 

318  Coticubitus !  qux  vox  saltante  Ubidine!  quantus 

319  Ille  meri  veteris  per  crura  madentia  torrens! 

320  Lenonum  ancillas  posita  LaiifeUa  corona 

321  Pr avocat ,  attollit  pendentis  prxmia  coxx  : 

322  Ipsa  Medullinx  frictum  crissantis  adorât. 

323  Palmam  intcr  dominas  virlus  natalibus  xquat. 

324  Nil  ibi  per  ludiim  simulabitur,  omnia  fient 

325  Ad  verum  ,  quibiis  incendi  jam  frigidus  xvo 
32S  Laomedontiades,  et  Nestoris  hernia  possit. 

327   Tune  prurigo  morx  impatiens,  tune  femina  simplex , 
32S  Et  loto  pariter  repetitus  rlamnr  ab  antro. 

329  lam  fas  est  :  admitte  viros.  jam  dormit  adulter  'f 

330  Illajubet  sumto  juvenem.  properare  cucullo. 

331  Si  nihil  est,  servis  incurrilur .  absiuleris  spem 

332  Servorum  ,  véniel  conductus  aquarius.  hic  si 

333  Quxritur,  et  désuni  homines  :  mora  nulla  per  ipsam 

334  Quo  minus  imposiio  clunem  submilat  asello. 

335  Alque  ulinam  ritus  veteres ,  et  publica  saltem 

336  His  inlacta  malts  agerenlur  sacra  :  sed  omnes 

337  Noverunt  Mauri,  alque  Indi,  qux  psallria  penem 

338  Majorem,  quam  simt  duo  Cxsaris  Anticalones , 

339  Illuc  ,  testiculi  sibi  conscius  unde  fugit  mus , 

340  Intulerit ,  ubi  velari  piclura  jubetur , 

341  Quxcumque  allerius  sexus  imitata  figurant  est. 


—   148  — 

342  Et  quis  tune  hominum  contemtor  numinis  ?  aut  quis 

343  Simpuvium  riclere  Niimœ ,  nigrumque  catinum  , 

344  Et  Vaticano  fragileis  de  monte  palellas 

345  Ausus  erat  ?  sed  mine  ad  quas  non  Clodius  aras? 

346  Audio  quid  veteres  oliin  moneatis  amiei  : 

347  Pane  seram  :  cohibe.  sed  quis  custodiet  ipsos 
u»  Custodes?  eauta  est,  et  ab  illis  incipit  uxor. 

349  lamquc  eadem  summis  pariter  minimisque  libido  : 

350  Nec  meiior,  siliceni  pedibus  qxue  eonterit  utrum  , 

351  Quam  qua"  longorum  vckitxir  cerviee  Syrorum. 
302  Ut  speetet  lu  dos ,  condiicit  Ogulnia  vestern , 

353  Conducit  comités,  sellam,  cervical,  arnicas, 

354  Nutricem  ,  et  flavam  ,  cui  det  inendata,  puellani  ,■ 

355  IIxc  tanien  argcnli  supcrest  quodcumque  paterni 

356  Lxvibus  aihletis,  ac  rasa  novissima  donat. 

357  MuLïis  l'es  angusta  domi  :  sed  nuUa  pudorem 

358  Pauperlatis  habel ,  nec  se  metilur  ad  illum, 

359  Quem  dédit  hase,  posuitque  modum.  tamen  utile  quid  sit 

360  Prospiciunt  aliquando  viri  :  frigusque,  famemque 

361  Formica  tandem  quidam  cxpavere  magistra. 

362  Prodiga  non  sentit  pereuntem  femirùa  censum  : 

363  At  velut  exhausta  redivivus  pullulet  arca, 

364  Nummus,  et  a  pleno  tollatur  semper  acervo, 

365  Non  unquam  reputani ,  quanti  sibi  gaudia  constent. 

366  Sunt  quas  eunuchi  imbelles ,  ac  mollia  semper 

367  Oscula  délectent,  et  desperatio  barbx, 

368  Et  quod  abortivo  non  est  opus.  illa  voluptas 

369  Summa  tamen,  quodjam  calida  viatura  juventa 

370  Inguina  tradunlur  medicis,  jani  pectine  nigro. 

371  Ergo  exspcclatos,  acjussos,  crescerc  primum 

372  Testiculos,  postqua^a  cœperunt  esse  bilibres, 

373  Tonsoris  damno  lantum  rapil  Heliodurus. 

374  Compieuus  longe,  cunctisque  notabilis  inlrat 

375  Dalnea,  nec  dubie  custodem  vitis ,  et  horti 

376  Provocal,  a  domina  faclus  spado.  dormiat  ille 

377  Cum  domina,  sed  tu  jain  durum ,  Postume  ,  jamque 

378  Tundendmn.  eunueho  liromium.  co)nmittere  noli. 

379  Si  gaudet  cantu  :  nullius  fibula  durât, 

380  Vocem  vendentis  Prxtoribus  :  orqana  semper 


—   149  — 

381  In  manibus  :  demi  radiatU  testudinc  tola 

382  Sardonyches  :  crispo  nwnerantur  pectina;  cliords , 

383  Quo  tener  Hedymeles  opéras  dédit  :  hune  tenet^  hoc  se 
38i  Solatur,  gratoque  indulgel  basia  plectrn. 

385  Quxdam  de  numéro  Lamiarum  ,  ac  nominis  Appi , 

386  Et  farre  ,  et  vino  lanum  ,  Vestamque  rogabat , 

387  An  Capitolinam  deberet  Pollio  quercum 

388  Sperare  ,  et  pdibus  promitlevc.  quid  faceret  plus 

389  jEgrotante  vîro  ?  medicis  quid  tristibus  erga 

390  Filiolum?  stelit  ante  aram,  nec  tiirpe  putavit 

391  Pro  'cilhara  vclare  caput,  dictataque  verba 

392  Pertulit,  ut  vios  est,  et  aperta  paUuit  agna. 

393  Die  mihi  nunc,  quxso ,  die  antiquissime  Divûm , 

394  Respondes  his  lane  paterY  magna  otia  cœii , 

395  1^071  est,  ut  video,  non  est,  quod  agatur  apud  vos. 

396  Hxc  de  comœdis  te  consulit  :  illa  tragœduni 

397  Commendare  volet ,  varicosus  fiel  haruspex 

398  Sed  cantet  potius ,  quam  totam  pervolet  iirboa 

399  Audax,  et  cœtus  possit  qu3B  ferre  virorum , 

400  Cumque  paludatis  Ducibus,  pressente  marito  , 

401  Ipsa  loqui  recta  [acte,  strictisque  mamillis. 

402  Hœc  eadem  novit,  quid  loto  fiât  in  orbe  ; 

403  Quid  Seres ,  quid  Thraces  agant  :  sécréta  novercœ , 

404  Et  pucri  :  quis  aniet ,  quis  decipiatur  aduller. 

405  Dicel  quis  viduam  prxgnantein  fecerit,  et  quo 

106  Mense  :  quibus  verbis  concumbat  quxqiie,  modis  quot. 

407  Instantem  Régi  Armenio  ,  Parthoque  cometeni 

408  Prima  videt  :  fainaui,  rwnoresque  illa  recenteis 

409  Excipit  ad  portas  :  quosdam  facit  isse  Niphatem 

410  In  populos,  magnoque  illic  cuncta  arva  ieneri 

411  Diluvio  :  nutarc  urbes  ,  subsidere  terras, 

412  Quocunque  in  trivio,  cuicunque  est  obvia  narrât. 

413  Nec  tamcn  ad  vitium  magis  intolerabile ,  qnani  quas 

414  Vicinos  humileis  rapere ,  et  concidere  loris 

415  Exorata  solet.  nain  si  latratibus  alti 

416  Rumpuntur  somni  :  fustes  hue  ocyus,  inquit, 

417  Adferte  ;  atque  illis  dominum  jubet  ante  feriri, 

418  Deinde  canem  :  gravis  occursu ,  leterrima  vullu 

419  Balnea  nocte  subit  :  conchas ,  et  castra  moveri 


—  i:.i)  — 

•120  Nock  jubcl  :  inaijnu  yaiiiUi  sudarc  lumullu , 

•iai  Cum  iassata  gravi  cecidcrunl  brachia  massa  , 

422  CalUdus  et  crist.v  digilos  hnprcssil  allples, 

i23  .le  summum  dominw  fémur  exclamarc  coëgit. 

A-ii  Convivx  miseri  iiilerea  somnoquc  ,  famequc 

120  Urgcnlur  :  landciu  illa  vejnl  rubicuiidiila  ,  lnlum 

i2H  UEnophoruin  siliciis ,  plena  quod  Icnditur  urna 

i27  Admotum  pedibiis ,  de  quo  sextarius  aller 

428  DuciUtr  anlr  cibum  ,  rabidam  faclurus  orexim  , 

429  JJum  redit,  ei  loto  terram  ferit  intcsiino. 

130  Marmoribus  rivi  propcrant ,  aurata  Falernum 

431  Pelvis  ulet  ;  nam  sic ,  lanquam  alla  in  dolia  longus 

432  Deciderit  serpens,  bibit,  et  vomit,  ergo  maritus 

433  Nauseat  alquc  oculis  bilem  subslringit  opertis. 

434  Illa  tamen  gravior,  qux  cum  discumbere  cœpit, 
436  Laudat  Virgilium ,  peritune  ignoscit  Elisx , 

436  Gommittit  vates  et  comparât ,  inde  Maronem , 

437  Atque  alla  parte  in  trutina  suspendit  llomerum. 

438  Cedunt  grammaiici,  vincuntiir  rlietores,  omnis 

439  Turba  jacet,  nec  caussidicus ,  necprxco  loquatur, 

440  Altéra  nec  mulier  :  verborum  Initia  cadit  vis 

441  Tôt  pariter  pelves,  lot  linlinnabula  dicas 

142  Pulsari.  jam  neiiw  lubas,  nemo  œra  fatiget  : 

443  Una  laboranli  poterit  succurrere  Lunœ. 

444  Imponil  finem-  sapiens  et  rébus  lionestis. 

445  Nam  quœ  ducla  nimis  cupit,  el  facuiida  videri , 

446  Crure  tenus  medio  tunicas  succingcre  débet , 
m  Cxdere  Siieano  porcum  quadrante  lavari. 

448  Non  habeal  matrnna  ,  tibi  qu;c  juiicla  recuinbit . 

449  Dicendi  gcnus ,  aut  curvum  sermone  rotato 

450  Torqueat  enthymema  ,  nec  Uistorias  sciât  omncis. 

451  Sed  quxdam  ex  libris  et  non  intelligat.  odi 

452  Hanc  ego  ,  quw  repetit,  volvitque  Palxmonis  arlcm 

453  Servata  semper  lege  ,  et  ralione  loqucndi, 

454  Ignotosque  mihi  lenet  antiquana  versus, 

465  Nec  curanda  viris  opicx  castigat  amicx 

466  Verba.  solœcismum  liccat  fecisse  marito. 

457  Nil  non  permittit  mulier  sibi  :  turpe  putat  nil , 

458  Cxim  virideis  gemmas  collo  circumdedit ,  et  cum 


—   151    — 

459  Aiin'bus  cxtentis  mag7ios  commisit  elenclios. 

460  Intolerabilius  nihil  est,  qiiam  femina  clives. 

461  Interea  fœda  adspectu ,  ridendaque  miUto 

462  Pane  tumet  faciès  ,  aut  pinguia  Poppwana 

463  Spirat,  et  hinc  iniseri  viscanlur  labra  niariti. 

464  Ad  mœchum  Iota  veninnt  cute.  quando  videri 

465  Vult  formosa  doini  ?  machis  foliata  paraniur 

466  His  eniitur  quidquid  graciles  hic  niittitis  hidi. 

467  Tandem  aperit  vultuni,  et  lectoria  prima  reponii 
46.S  Incipit  agnosci,  atque  illo  lacté  fovetur, 

46!»  Proptcr  qiiod  secum  comités  ediicit  asellas , 

470  Exiil  hyperhoreiim  si  dimittatur  ad  axem 

471  Sed  qitx  mutatis  inducitur,  atque  fovetur 

472  Tôt  viedicamiiiibus ,  coctxque  siUgincs  offas 

473  Accipît ,  et  faciès  madidas  dicetur,  an  ulcus  ? 

474  Est  pretium  curx  penitus  cognoscere ,  toto 

475  Quid  faciant,  agitentqtie  die.  si  noctc  maritus 

476  Aversus  jacuit  :  periit  libraria  ,  ponunt 

477  CosmetsB  tunicas ,  tarde  venisse  Liburnus 

478  Dicitur,  et  pœnas  alieni  pendere  somni 

479  Cogitur.  hic  frangit  ferulas ;  rubet  ille  fragello  , 

480  Hic  scutica.  sunt  quw  tortoribus  annua  prœstent. 
isi    Verberat ,  atque  obiter  faciem  Unit;  audit  arnicas, 

482  Aut  latum  piclx  vestis  considérât  auriim, 

483  Et  cœdit  ;  longi  rclegil  transversa  diurni , 

484  Et  cwdit ,  doncc  lassis  cxdenlibus ,  exi 

485  Intonet  horrendum  ,  jam.  cognitione  peracta , 

486  Prœfeclura  dormis  Sicula  non  mitior  aula. 

487  Nam  si  constituit ,  soliloque  decentius  optât 

488  Ornari,  et  properat ,  jamque  exspectalur  in  hortis , 

489  Aut  apud  Isiacw  poilus  sacraria  leme  : 

490  Disponit  crinem  laceratis  ipsa  capillis  , 

491  Nuda  liumero  Psecas  infelix,  nudisque  mamillis. 

492  Altior  hic  quare  cincinnus?  taurea  punit 

493  Continuo  flexi  rrimen,  facinusque  capilli. 

49i  Quid  Psecas  admisil  ?  queenam  est  hic  culpa  puellêe 

495  Si  tibi  displicuit  nasus  tuus  ?  altéra  Uevum 

496  Extendit ,  pectitque  comas  ,  et  volvit  in  orbem. 

497  Est  in  consilio  matrona ,  admotaque  lanis 


—     l.K'    — 

i'js  Enicrila  (jiia;  cessât  acu  :  sentenlia prima 

•199  Hujus  crit  :  posl  hanc  ;etate,  alqnc  arte  minores 

500  Censebimt,  tanquam  fam/c  discrime7i  agalun, 
ôoi  .Aut  animse  :  tanta  est  quœrendi  cura  decoris. 

502  Toi  promit  ordinibus,  toi  adhuc  compagihus  altum 

503  jEdificat  caput.  Andromarhen  a  fronte  videbis  : 

501  Posl  minor  est  :  eredas  aliam.  cedo ,  si  brève  parvi 

505  Sorlila  est  lalcris  spalium,  breviorrjue  videtur 

506  Virginw  Pjjgmœa  ,  nullis  adjuta  colhurnis  , 

507  Et  levis  erecta  consurgil  ad  oscula  planta. 

508  NuUa  viri  cura  interca,  nec  nientio  fiet 
5oy  Damnorum  :  vint  tanquam  vicina  mariti. 

510  Hoc  solo  propior,  quod  amicos  confugis  odit, 

511  Et  servos.  gravis  est  rationibus.  ecce  furentis 

5r->  Bêlions;,  mairisquc  Deûni  ciiorus  intrat ,  et  ingens 

513  Scmivir,  obsceno  faciès  reverenda  minori , 

51  î  Mollia,  c[iii  rapta  secuit  genitalia  testa 

515  lam  pridem  cui  raiica  cohors,  cui  tympana  cedunt 

516  Plebeia ,  et  Phrygia  vestitur  bucca  tiara , 

517  Grande  sonat,  metuique  jiibet  Septembris ,  et  Austri 

518  Adventum ,  nisi  se  centum  lustraverit  ovis , 

519  Et  xerampclinas  vetercs  donaverit  ipsi , 

520  Ut  quidquid  subili,  et  magni  discriminis  inslat , 

521  In  tunicas  eat ,  el  totum  scmel  expict  annum. 

522  Jlibernum  fracta  glacie  desccndet  in  amnem  . 

523  Ter  maiuiino  Tiberi  mergetur,  et  ipsis 

524  Verlicibiis  timidum  caput  abluct  :  inde  siiperbi 

525  Tolum  régis  agrum  nuda,  ac  Iremebunda  cruentia 

526  Erepct  genibus  :  si  candida  jusscrit  lo, 
o27  Ibit  ad  Mgyptifinem,  calidaque  petitas 

528  A  Mero'c  portabil  aquas,  ut  spargat  in  xdcm 

529  Isidis,  anliquo  qux  proxinia  surgit  ovili. 

530  Crédit  enim  ipsius  domina  se  voce  moneri. 

531  Enanimam,  et  mentem,  cum  qua  DU  noctc  loquanlur. 

532  Ergo  hic  prasciputim  swnmumejue  meretur  honorem, 

533  Qui  grege  linigero  circumdatus,  et  grege  calvo 

534  Plangentis  populi  cunnl  derisor  Anubis. 

535  nie  petit  veniam ,  quotics  non  abstinet  uxor 

536  Comubiiu,  sacris,  observandisque  diebiis, 


537  Magnaqm  debetur  violalo  pœna  cadurco. 

538  Et  viovisse  capiil  visa  est  argentea  serpens 

ft39  IlUus  lacrimis,  meditataqiie  murmura  prxstant , 
ôio  Ut  veriiam  culpx  nonabnual,  anscre  magno 

541  Scilicet,  et  tenui  popano  corruplus  Osiris. 

542  Cum  dédit  ille  locum  :  copliino ,  fœnoquc  rcticto , 

543  Arcanam  ludxa  tremens  mendicat  in  aurem, 

544  Interpres  legum  Solimarum,  et  magna  sacerdos 

545  Arboris,  ac  summi  fida  interniintia  cœli. 

546  Implet  et  ilta  manum,  sed  parcius  xre  minulo. 

547  Qualiacunque  voles  ludwi  somnia  vendunt. 

548  Spondet  amatorem  teneriim,  vet  divitis  orbi 

549  Testamcnium  ingens,  calidx  pulmonc  coiumbx 

550  Tractato,  Armenius,  ml  Commagenus  haruspex. 

551  Peclora  pullorum  rimabitiir,  exla  calelli , 

552  Interdinn  et  pueri  :  facict  quod  déferai  ipse. 

553  Chaldxis  sed  major  erit  fiducia  :  quidquid 

554  Dixerit  Astrologus,  credent  a  fronlc  relalwn 
bob  Hammonis  :  quoniam  DelpJtis  oracula  cessant, 
556  Et  genus  liumanuvi  damnât  caligo  futuri. 
bbi  Prxcipuus  tamen  est  horum,  qtii  ssepius  exuL 

558  Cujns  amicitia,  conducendaque  tabella 

559  Magnus  civis  obit ,  et  formidatus  Otiioni. 

560  Inde  fides  artis ,  sonuit  si  dextera  ferro , 

561  Lxvaque  si  longo  castrorum  in  carcere  mansit. 

562  Neino  mathematims  Genium  indemnatus  habebit  : 

563  Sed  qui  pxne  périt,  cui  vix  in  Cyclada  mitti 

564  Contigit,  et  parm  tandem  caruisse  Seriplio. 

565  Consulit  ictericsB  lento  de  funere  matris, 

566  Ante  tamen  de  te,  Tanaquil  tua;  quando  sororem 

567  Efferat,  et  patruos  :  an  sit  victurus  aduUer 

568  Post  ipsam.  quid  enim  majus  darc  Numitia  passant? 

569  Hœc  tamen  ignorât  quid  sidus  triste  minetur 

570  Saturni,  quo  IMa  Venus  se  proférai  aslro, 

571  Qui  mensis  damnis,  quse  dentur  tempora  lucro. 

572  Illius  occursus  eiiam  vitare  mémento  , 

573  Incujus  manibus,  ceupinguia  succina,  tritas 

bTi  Cernis  ephemeridas  :  qux  nullum  consulit,  etjam 
575  Consulitur  :  quse  castra  viro,  patriamque  petente 


•^'6  Non  ihit paritcr  nuiitevis  )'('vucala  Thras[/lli. 

577  Ad  priinuin  lapidein  vcclari  cu)n  placet,  horo 

hi><  Sumilur  ex  lihro  :  si  pruril  frictiis  iurlli 

•i7!»  Anguhis  ,  inspecta  rjenesi  cotlyria  poscit. 

o8o  .fgra  lied  jaccal,  cnpiendo  nulla  vidrlur 

ô8i  Aplior  liora  eibo,  nisi  quain  drderil  Petosiris. 

■')82  Si  vu'diocris  cril  :  spaliwn  Imlrabil  ulrinque 

583  Metarum,  et  sorteis  ducet,  f'rontemtfue  )i)anwnqur. 

584  Prxbeblt  vati  crebrum  ])oppi/sina  royanti. 

585  Divitibus  responsa  dabunt  Phrijx  aicfjur,  et  Indus 

586  Conductus,  dabit  astvorion,  mundiiiuc  peritus, 

587  Atque  aliquis  senior,  qui  publica  fulgura  condit. 

588  Plebeium  m  circo  positiiin  est  et  in  aggere  fatum, 

589  Qu3B  nudis  longuin  ostendit  cervidbus  aurum  : 

590  Consulit  ante  Phalas,  Delphinorumque  coluinnas, 

591  ,4n  saga  vendenti  nubat  caupone  relieto. 

592  HiBC  tamen  et  partus  subeunt  discrimen,  et  oinneis 

593  Nutricis  tolérant  fortuna  urgente  labores; 

594  Sedjacet  aurato  rix  ulla puerpera  lecto. 

595  Tantum  artcs  Itujus,  lantum  medicamina  possunt , 

596  Qux  sleriles  facit,  atque  homines  in  ventre  nBcandos 

597  Conducit  :  gaude  infelix,  atque  ipso  bibendum 

598  Porrige  quidquid  erit  :  nom  si  distendere  vcllet, 

599  Et  vexai'c  uterum  pueris  salicntibus,  esses 

600  JEthiopis  fartasse  pater  :  inox  decolor  lueres 

601  hnplercl  tabulas,  nunquant,  libi  niancvidcndus. 

602  Transco  suppositos,  et  gaudia  volaque  sœpe 
«03  Ad  spurros  dcccpta  laciis,  atque  inde  petitos 
fiOi  Ponti/ives  Salies,  Scaurorum  nomina  falsn 

605  Corpore  laturos.  stat  Fortuna  improha  noctu, 

606  Arridens  7iudis  infantibus.  hoc  fovet  ontncis, 

607  Involvitque  sinu  :  domibus  tune  porrigit  altis, 

608  Secretumque  sibi  mimuni  parai .  hosamal,  his  se 

609  Ingerit,  utque  suos  ridens  producit  alumnos . 

610  Ilie  magicos  adfert  cantus,  hic  Thessala  vendit 

611  Philtra,  quibus  valeat  mentcm  vexare  mariti, 

612  Et  soleapulsare  natcs.  Quod  desipis,  inde  est, 

613  Inde  animi  caligo,  et  tnagna  oblivio  rerum, 

«14  Quas  )nodo  gessisti.  tamen  hoc  lolerabile,  si  non 


—   !55  — 

liia  Et  furcre  incipias  ;  uL  avunculus  ille  Neronis. 
«16  Cui  tolam  tremuli  fronton  Cxsonia  puUi 
617  Infudit.  qwe  nonfaciet,  quod  principis  uxor  f 
«18  Ardebant  cuncta,  et  fracta  compagc  ruebant, 

619  Non  aliter,  quam  si  fecisset  luno  maritum 

620  Insannm,  minus  erg o  nocens  crit  Agryppinx 
«21  Boletiis  :  siquideiit  unius  prœcordia  pressit 

622  Ille  senis,  Ircinulwnque  caput  descendere  jussit 

623  In  cœlwn ,  et  lonrja  vianantia  labra  saliva. 

621  Hxc  poscil  feri'um,  atque  igneis,  lia'c  patio  torquet  : 

625  Hœc  lacérât  mi.vtos  equitum  cum  sanguine  patres. 

626  Tanti  parlus  eqiuc,  quanti  una  venefica  constat. 

627  Oderunt  natos  de  pellice  :  nemo  repxignet, 

628  Nemo  vetet  :  jain  jain  privignum  occidere  fas  est. 

629  Vos  ego  pupilli  moneo,  quibus  amptior  est  res , 

630  Cuslodite  animas,  et  nulli  crédite  mensx. 

631  Livida  mater  no  fervent  adipata  veneno. 

632  Mordent  ante  aliquis  :  quidquid  porrexerit  ilta, 

633  Qux  pcperit  tumidus  prsegustet  pocula papas. 

634  Fingimiis  hœc,  altum  satyra  sumente  cothurnum , 

635  Scilicet,  et  ftnem  egressi,  legemque  prioruni, 

636  Grande  Sophocleo  carmen  bacchamur  hiatu 

637  Montibus  ignotum  Rutulis,  cœloque  Latino.  ^ 

638  Nos  utinaia  vani  :  sed  clamât  Pontia,  feci, 

639  Confiteor,  puerisque  mets  aconita  paravi, 

640  Qux  deprensa  patent,  facinus  tanicn  ipsa  peregi. 

641  Tu7ie  duos  una  sxvissima  vipera  cena  ? 

642  Tune  duos,  septem,  si  septeni  forte  fuissent. 

643  Credamus  tragicis,  quidquid  de  Colehidc  torva 

644  Dicitur,  et  Procne.  nit  contra  conor,  et  illa 

645  Grandia  monstra  suis  audebant  temporibus  :  sed 

646  Non  propter  nummos.  minor  adiniratio  summis 

647  Debetur  monslris ,  quoties  faeit  ira  nocentem 

648  Hune  sexum.  rabie  jecur  incendente  feruntur 

649  Prxcipites  :  ut  saxa  jugis  abrupta ,  quibus  nions 

650  Subtrahiticr,  cUvoquo  latus  pendentc  recedit. 

651  Illam  ego  non  tuterim,  qux  computat,  et  scelus  ingens 

652  ^ana  facit.  spectant  subeuntem  fata  mariti 

653  Alcestini,  et  similis  si  pcrmutatio  delur 


—   156  ~ 

6ô4  Mo7'le  viri  cupiani  animam  servare  calcUx. 
fi55  Occurrenl  muUx  tibi  Belides,  atque  Eriphylse  : 
656  Mane  Clytemnestram  nullus  non  vicus  habebil. 
fin?  Hoc  lanlum  rcfert,  quod  Tifndaris  illa  bipennem 
fiss  Insulsam,  et  faiuam  dextra,  Ixvaque  tenrbat  : 

659  At  nunc  res  agitur  tenui  pulmone  rubetx 

660  Sed  tamen  et  ferro,  si  prwgustabit  Atrides 

661  Pontica  ter  vicli  oautus  mcdicamina  Régis. 


SATYRE    VI 


SUIET 


Cette  satyre  est  particulièrement  contre  les  adultères. 
luuenal  comance  par  dissuader  son  amy  Ursidius  de 
prendre  une  feme  ;  de  la  il  fait  naitre  l'occasion  de  dire  les 
desordres  qui  arriuent  dans  le  mariage,  il  loue  dabort  le 
règne  de  Saturne  et  par  cette  comparaison  satyrique  il 
comance  la  condemnation  du  mariage  et  des  femes. 


Cynthia  (vers  7).  —  G'êtoit  la  maîtresse  de  Properce  qui 
s'apeloit  Hostye,  mais  le  poète  luy  change  le  nom  en  celuy 
de  Gynthie. 

Nec  tihi  (vers  17).  — Il  parle  a  Lesbie,  maîtresse  du 
poète  Catulle;  elle  pleura  fort  la  mort  d'un  petit  passereau 
qu'elle  auoit.  Catulle  en  a  fait  la  description  qui  comance 

Liigete  Vénères,  Cupidinesque. 

Astrsea  (vers  19).  —  Astrée  êtoit  fille  du  géant  Astrée  et 
de  l'Aurore;  ses  bones  qualités  et  particulièrement  son 
équité  firent  croire  après  sa  mort  qu'elle  presidoit  a  la 
iustice ,  et  passa  ainsy  pour  une  déesse  et  pour  la  sœur  de 
l'Innocence. 


—    lÔR  — 

Genium  sacri  fuleri  (vers  22).  —  (Tost  a  dire  riioneur 
du  mariage  ;  le  génie  êloit  un  dieu  qui  prcsidoit  a  la  géné- 
ration de  toutes  choses. 

Mmilius  pons  (vers  32).  — yEmilius  Scaurus  fit  bâtir 
un  ])onl  sur  le  Tybre  près  de  la  voie  Flaminiene,  le  pont 
porta  le  nom  de  son  autheur. 

Pùsio  qui  noctu  non  litigat  (vers  35).  —  Ce  n'est  pas  un 
conseil  qu'il  done,  mais  c'est  come  s'il  disait  qu'il  y  en  a 
beaucoup  qui  sont  dans  ce  desordre ,  c'est  une  manière 
satyrique  de  le  reprendre. 

Lex  Iulia  (vers  38).  —  Loy  faite  par  Domitien  contre 
les  adultères. 

Cariturus  turture  magno  (vers  39).  —  C'est  a  dire 
qu'Ursidius  ayma  mieux  se  marier  qu'auoir  des  présents, 
parcequ'on  n'en  enuoyoit  point  a  ceux  qui  êtoint  mariés , 
du  moins  s'ils  auoint  des  enfants  ,  parcequ'alors  persone  ne 
pouuoit  espérer  d'auoir  part  au  testament. 

Latini  (vers  44).  —  Latinus  dont  il  est  parlé  dans  la 
l*""*  satyre  ctoit  un  comédien  du  tems  de  Domitien,  qui 
craignant  les  raports  des  dénonciateurs  auprès  de  cet 
empereur,  leur  enuoyoit  sa  feme  Thymele.  Le  poète  luy 
done  le  nom  àeperîturi  jiour  exprimer  la  crainte  ou  il  êtoit 
continuelement. 

Tarpeium  limen  adora  (vers  47).  —  luuenal  dit  a 
Ursidius  Posthumus  que  s'il  trouue  une  feme  honete,  il  luy 
conseille  d'aler  au  temple  de  Jupiter  ou  de  lunon  pour  les 
remercier;  le  poète  veut  dire  par  la  qu'il  esl  fort  diiîicile  de 
trouver  des  femes  honôtes. 

Tarpeium  (vers  47).  —  Le  temple  de  lupiter  Capitolin 
etoit  sur  le  montTarpeie,  ainsy  apelé  d'une  fille  que  les 
Sabins  y  firent  mourir  qui  portoit  le  nom  de  Tarpeia. 


—  159  — 

Cereris  vidas  contingere  (vers  50).  — C'est  a  dire  sacry- 
tier  a  Ceres,  en  prenant  uno  circonstance  pour  la  chose 
même,  parcequo  dans  les  sacryfices  de  cette  déesse,  les 
pbretres  auoint  accoutumé  de  porter  de  certains  rubans  a 
la  tête. 

Iberinœ  (vers  53).  —  C'est  Ursidius  qui  repond,  et  dit 
qu'Iberine  est  une  feme  lionête  et  qui  se  contente  d'un  seul 
home. 

Gabiis  (vers  56).  —  Ville  du  Latium  ou  Remus  et  Romu- 
lus  feurent  eleués. 

Fidenis  (vers  57).  —  Autre  ville  du  Latium. 

Batyllus  (vers  63).  —  Batteleur. 

Batyllo  molli  saltante  Ledam  chyronomon  (vers  63).  — 
C'est  a  dire  pendant  que  Batylle  le  comédien  représente 
une  danse  auec  des  gestes  des  mains ,  les  femes  les  plus 
sages  en  sont  touchées  et  se  sentent  entraîner  a  l'amour  ;  il 
exprime  par  la  la  corruption  des  femes  et  de  son  siècle.  Leda 
êtoit  une  sorte  de  danse ,  elle  est  apelée  Chyronomon  parce 
qu'elle  se  faisoit  auec  beaucoup  des  gestes  des  mains. 

Tuccia,  Apulla,  T/iymele  (vers  66).  —  La  conoissance 
de  ces  femes  est  inutile ,  la  pensée  du  poète  n'étant  que  de 
marquer  que  les  plus  honêtes  femes ,  telles  que  sont  les 
femes  qui  viuent  dans  les  petites  villes  se  peruertissenL  aux 
spectacles  de  Rome. 

Subitum,  m,iserabile,  longum  (vers  65).  — Ce  sont  les 
noms  des  gestes  que  les  danseurs  faisoint. 

Megalesia  (vers  69).  —  leux  du  cirque  qui  se  celebroint 
a  l'honeur  de  la  mère  des  dieux,  ils  feurent  inuentés  par 
lunius  Brutus  ;  leur  nom  vient  du  mot  grec  (^eyaç  grand , 
parcequ'ils  êtoint  pour  la  mère  des  dieux  qui  êtoit  la  plus 
grande  des  déesses. 


—    IHO   — 

Thyrsum,  (vers  70).  —  Houleto  couiierle  de  pampre;  les 
Bacchantes  la  portoint  dans  les  saci'yfices  de  Bacchus,  les 
comédiens  les  imitèrent  en  suitte. 

Suhligar  (vers  70).  —  Vêtement  de  comédien  pour 
couurir  les  parties  (|uc  Ihoneteté  deffend  de  nomer,  moins 
encore  de  laisser  a  decouiiert. 

Acci  (vers  70).  —  Nom  de  comédien. 

Urbicus  (vers  71  ).  —  Autre  nom  de  comédien. 

Exodio  (vers  71).  —  Exodia  êtoint  des  plaisanteries 
mêlées  aux  vers  pour  exciter  les  gens  a  rire. 

AttellansB  ^^vers  7 1  ). — Attellana  signifie  comédie  parceque 
la  ville  d'Attella  chez  les  Osques  feut  la  1 '"'■'■  qui  en  fît 
représenter. 

Gestibus  Autonoës  (vers  72).  —  Pendant  quil  représente 
Autonoës,  fille  de  Gadnms  roy  de  Thebes  et  mère  d'Acteon, 
métamorphosé  en  serf  et  deuoré  par  ses  chiens  pour  aiioir 
veu  Diane  dans  le  bain. 

^lia  pauper  {yer&  72).  —  C'est  a  dire  JElia  qui  est  de 
qualité  et  qui  est  pauure,  dénient  neagmoints  amoureuse 
d'un  comédien.  Le  poète  fait  voir  par  la  que  les  panures 
femes  êtoint  dans  le  desordre  aussy  bien  que  les  riches.  La 
famille  des  ^liens  ôtoit  fort  noble  et  fort  pauvre  a  même 
tems. 

Fibula  (vers  73).  —  On  boucloit  les  comédiens  afin  que 
le  comerce  des  femes  ne  gatat  pas  leur  voix. 

Magno  (vers  73).  —  C'est  a  dire  magno  pretio. 

Cantare  vêtent  (vers  74).  —  11  y  a  des  femes  qui 
empêchent  Chrysogone  de  chanter  parcequ'elles  en  êtoint 
amoureuses ,  et  par  le  comerce  t(u"elles  auoient  auec  luy,  sa 
voix  se  gâtoil. 

Tragœdo  (vers  74).  —  Hispula  ayme  un  comédien;  il 


—    ICI    — 
faut  voir  par  la  le  désordre  des  Romaines  ([iii  aynioiiil  dos 
homes  dune  condition  fort  peu  honête. 

Quintilianus  (vers  75).  —  Il  est  pris  icy  pour  un  home 
sauant  et  sage,  éloigné  par  concequent  de  toute  sorte  de 
vice;  les  fenies  n'aymoint  point  de  telles  gens,  il  faloit  être 
vitieux  pour  leur  doner  de  l'amour. 

Choraules  Echion,  Glaphyrus  (vers  76  et  77).  — Musi- 
ciens, ioueurs  de  flûte,  x°p°Ç  chœur,  aùXo'ç  flûte,  parcequ'ils 
en  iouoint  dans  les  assemblées.  Ambrosius,  diuin,  immortel. 

Comitata  est  Hippia  ludiuin  [vers  82). —  Ludium,  c'êtoit 
dahort  le  nom  des  comédiens  ou  des  danseurs,  mais  on  le 
dona  ensuite  aux  gladiateurs  et  aux  athlètes ,  bien  que  ie 
m'en  sois  serui  indifféremment  ;  il  est  vray  neagmoints  que 
l'athlète  êtoit  celuy  qui  combatoit  a  la  lucte,  et  le  gladiateur 
ne  combatoit  qu'a  l'epée  en  escrimant ,  et  corne  nous  par- 
lons auiourduy  en  tirant  des  armes. 

Tune  summus  vertitur  aer  (vers  99).  —  L'air  se  change, 
il  se  forme  un  orage ,  le  ciel  se  couure  est  le  véritable  sens 
de  ce  passage ,  bien  que  les  interprètes  lui  en  donent  un 
autre. 

Propter  quod  ludia  dici  sustinuit  (vers  104  et  105).  — 
Il  faut  entendre  la  feme  d'un  gladiateur,  il  n'étoit  plus 
ieune. 

Nani  Sergiohts  iam  radere  çiulUtr 
Cceperat. 

Les  vieillards  ne  se  coupoint  la  barbe  que  sous  le 
menton. 

Et  secto  requiem  spemre  lacerto. 

Car  un  gladiateur  n' êtoit  pltis  obligé  de  combatre  lors 
qu'il  auoit  été  mutilé.  Ce  gladiateur  a  été  nomé  Ludius  qui 

11 


—   162  — 
est  le  nom  de  sa  profession ,  au  même  Leuis  le  poêle  le  nome 
Sergiolus.  Ludia  n'est   pas   un    nom  projirc  come  on  le 
iugeroit  par  la  traduction. 

Accepta  rude  (vers  113).  —  Ayant  rcceu  son  congé ,  car 
c'êtoit  une  des  cérémonies  en  douant  la  liherlé  (jiic  le 
prêteur  mit  une  verge  sur  la  tète  de  celuy  (|u'il  mctoil  en 
liberté ,  et  cette  verge  se  nomoit  rudis  parcequ'elle  ètoit 
sans  façon. 

Hune  dédit  olim  Barbarus  incesta;  (vers  157  et  158).  — 
Ce  Barbare  est  Agryppa  (jui  dona  le  diamant  a  Bérénice 
qui  est  l'incestueuse  dont  il  est  parlé,  parcequ'elle  auoil 
été  mariée  auparauant  a  son  frère  Herode. 

Longa  per  angustos  (vers  78).  —  Il  faut  lire  tout  cecy 
par  contreuerité.  Soyons  ioyeux,  dit  le  poète  aux  marys, 
couronons  nos  portes  de  laurier ,  pour  marquer  la  ioye  a 
la  naissance  d'un  enfant  dont  quelque  musicien  sera  le 
père. 

Conopœwn  (vers  80).  —  C'êtoit  proprement  un  A'oyle 
dont  on  se  scruoit  en  Alexandrie  pour  mètre  autour  des 
licts,  afin  d'en  détourner  les  moucherons  qui  s'apelent 
xwvwt];  en  grec.  Le  poète  done  a  ces  licts  l'epythete  de  testu- 
dineum  parcequ'ils  êtoint  en  forme  de  voûte  qui  s'apele 
testudo  en  latin. 

Lentuie  (vers  80).  —  Il  s'apele  Ursidius  Pothumus, 
Lentulus  êtoit  le  nom  d'un  maitre  d'armes,  ces  femes 
attiroint  dans  leurs  maisons  tant  des  gladiateurs  qu'il 
sembloit  que  leurs  marys  feussent  des  maîtres  d'armes. 

Hippia  (vers  82).  —  Feme  de  Fabricius  Veienton  séna- 
teur sous  le  règne  de  Domitien.  Elle  (|uilfa  son  mary  pour 
suiure  un  athlète  en  Egypte, 

Pharon  (vers  83).    —  Pharos  esit  une  isle  vis   a  vis 


—    16."^  — 

d'Alexandrie,  il  y  a  uuc  luui- an  somel  de  lai|Uéll(;  ou  licnl 
une  lampe  pour  éclairer  les  matelots. 

Maenia  Lagi  (  vers  83  ).  —  C'est  Alexandrie  dont  Ptolomée 
fils  de  Lagus  feut  roy ,  et  c'est  la  ou  comence  l'empire  des 
Lagytes  détruit  quelques  années  après  la  mort  de  Cleopatre. 

Canopo  damnante  prodigia  et  mores  urbis  (vers  84).  — 
Ganope  ville  d'Egypte  fort  déréglée  condamnant  la  corrup- 
tion de  Rome ,  c'est  a  dire  quoyque  les  Canopiens  feussent 
extrêmement  déréglés ,  ils  l'êtoint  beaucoup  moins  que  les 
Romains.  La  ville  de  Ganope  prit  son  nom  de  Ganope 
gouuerneur  de  Menelaus  ([ui  feut  enseueli  dans  cette  ville; 
elle  est  éloignée  d'Ale.xandrie  de  "220  stades. 

Paris  (vers  87).  —  Gomedien. 

Apud  molles  cathedras  (vers  91  ).  —  Ghez  les  femes  que 
leur  mollesse  fait  tenir  ordinairement  sur  des  chaises  de 
commodité. 

Facit  hoc  illos  Hyacinthos  (vers  110).  —  Gette  qualité  les 
rend  des  Hyacinthes ,  c'est  a  dire  que  les  Romaines  aymoint 
les  gladiateurs  quelque  laids  qu'ils  feussent ,  come  s'ils 
auoint  été  aussy  beaux  qu'Hyacinthe  qui  ctoit  un  beau 
garçon  aymé  d'Apollon  et  du  Zephyre  qui  ôtoit  fâché  de  la 
préférence  d'Apollon.  Un  iour  que  le  dieu  iouoit  au  palet 
auec  Hyacinthe ,  le  vent  employa  toute  sa  force  pour  pousser 
le  palet  contre  la  tête  de  cet  enfant  qui  mourut  de  ce  coup , 
et  feut  métamorphosé  en  une  fleur  qui  porte  son  nom. 

Ferrura  est  quod  amant  (vers  112).  —  Les  femes  aymoint 
ceux  qui  manioint  le  fer  parcequ'ils  en  êtoint  vigoureux  plus 
que  les  autres. 

Cœpisset  Veiento  videri  (vers  113).  —  G'est  a  dire  que  les 
femes  n'aymoint  les  gladiateurs  que  parcequ'ils  auoint 
cette  qualité ,  et  que  Hipjjia  auroit  cessé  d'aymer  Sergius 
s'il  auoit  changé  d'état. 


—   164  — 

Respice  rivales  diuorum  (vers  1 15). —  Le  poète  veut  laii-e 
voir  que  non  seulement  les  femcs  médiocres,  mais  encore 
celles  (le  la  1  ""  qualité  utoint  débauchées  ,  il  prouue  cela  par 
l'exemple  de  Messaline. 

Linquehat  (vers  119).  —  Il  faut  enlendrc  mai'itwm, 
Messaline  laissoit  son  mary  et  s"en  alnit  courir  les  rues  d(^ 
Rome  pendant  la  nuit. 

Lycisca  (vers  123).  —  Nom  d'une  courtisane. 

Britannice  (vers  124).  —  Il  êtoit  fils  de  Messaline  et  de 
Glaudius,  son  l*"nom  fut  Germanicus.  Néron  fit  empoiso- 
ner  ce  braue  prince  par  le  conseil  de  sa  mère  Agryppine , 
afin  qu'il  ne  lui  disputât  pas  l'empire. 

Hyppomanes  (vers  133).  —  Morceau  de  chair  au  front 
du  poulain ,  on  s'en  seruoit  pour  faire  des  phyltres. 

Ouem  Canusinam  (vers  150).  — Des  brebis  de  la  Fouille 
ou  étoit  la  ville  de  Canuse  qui  donoil.  le  nom  a  ses  brebis  et 
a  leur  laine  fort  pretieuse. 

Ulmos  Phalernas  (vers  150).  —  Des  vignes  sur  le  mont 
Fhalerne ,  dans  la  Gampanie ,  on  y  attachoit  les  vignes  aux 
ormeaux,  c'est  pour  cela  que  lun  est  pris  pour  l'autre. 

Mercator  lason  (vers  153).  —  Le  poète  a  mis  icy  lason 
pour  tout  autre  marchand,  faisant  allusion  a  lason  de 
Thessalie  qui  enleua  a  Golchos  la  toison  d'or. 

Senibus  porcis  (vers  160).  —  Les  luifs  ne  mangeoint  pas 
de  chaii"  de  porçeau  selon  la  loy  de  Moyse ,  cela  dona 
occasion  a  Auguste  de  dire  un  i>nn  mot,  lors  qu'Herode  a  la 
venue  du  Messie  fit  égorger  tous  les  petits  enfants  iusqu'a 
l'aage  de  deux  ans  sans  épargner  son  propre  fils,  melius  est. 
dit  il ,  Herodis  porçum  esse  quamfdium. 

CorneUa{\evè  167).  —  Fille  du  grand  Affricain  ;  elle  eut 
2  enfants  de  Tyberiiis  Gracchus,  Gaius  et  Tyberius.  G'êtoit 
une  feme  entêtée  de  sa  qualité. 


—   165  — 

ToUe  tuum  j^iecor  Annibalem  (vers  170).  —  Scipion 
père  de  Gornelie  vainquit  Annibal,  Sciphax  roy  de  la 
Numidie  et  Garthage  ville  d'Afrique,  et  de  la  luy  vint  le 
nom  d'Afli'icain. 

Parce  precor  Pœan  (vers  172).  —  Niobe  fille  de  Tantale 
et  feme  d'Amphyon  roy  de  Thehes  eut  14  enfants;  a  cause 
de  cette  fécondité ,  elle  insultoit  les  femes  Thebaines  dans 
les  sacrytices  qu'elles  faisoint  a  Latone  pour  auoir  des 
enfants  ;  Apollon  et  Diane  indignés  que  la  superbe  Niobe 
se  préférât  a  leur  mère ,  tuèrent  a  coups  de  flèche  tous  les 
enfants  de  Niobe  que  les  dieux  changèrent  en  rocher. 

Psean  (vers  172).  — '  Ce  mot  vient  du  grec  irateiv  lancer; 
on  le  done  a  Apollon  qui  ôtoit  le  soleil  parcequ'il  lancoit  ses 
rayons  come  autant  de  flèches. 

Albascrofa  (vers  177).  —  C'est  la  truye  blanche  qu'iEnée 
trouua  a  Lauinium  ;  elle  fit  a  la  fois  30  marcassins,  on  creut 
que  cela  presageoit  qu'une  ville  serait  batye  dans  30  ans , 
cela  feut  vray  et  on  done  a  cette  ville  le  nom  d'Albe  a  cause 
de  la  blancheur  de  sa  truye. 

De  Thusca  grœcula  facta  est  (vers  186).  —  C'est  a  dire 
si  elle  n"a  changé  de  mode,  si  elle  n'a  quitté  la  mode 
romaine  pour  prendre  la  grecque. 

De  Sulmonensi  (vers  187).  —  C'est  a  dire  d'italiene. 
Sulmo  êtoit  une  ville  d'Italie. 

Cecropis  (vers  187).  —  Atheniene.  Athènes  ôtoit  apelée 
Cecropia  de  Gecrops  son  roy. 

Omnia  Grœce  (vers  187).  —  11  faut  entendre  loquuntur^ 
les  femes  ne  parlent  que  grec. 

ZÛH  KAI  WrXH  (vers  195).  —  C'est  a  dire  ma  vie  et  mon 
ame. 

Modo  sub  lodicG  relictis  {\er&  195).  —  luuenal  dit  qu'il 


—  166  — 
lie  peut  pas  soulïir  les  vieilles  (jui  louL  l'aiiiour  et  (jui  se 
sèment  des  termes  lascifs  pour  caresser  leurs  galands;  il 
dit  que  l'impudence  de  ces  ternes  aloit  a  ce  point  qu'elles  se 
seruôinl  en  public  des  leriiics  (|u'eiU's  leur  doiioint  dans  un 
tête  a  tète. 

Digitos  habet  (vers  197).  —  C'est  a  dire  qu'un  langage 
llateur  a  autant  de  force  que  les  mains  et  ([u'il  fait  sur  la 
concupiscence  ce  que  leur  mouuement  pourroit  faire. 

Ut  tamen  omnes  subsidant  pennae  (vers  197  et  198).  — 
Le  langage  flatourdone  des  émotions  quehpie  vieux  qu'on 
soit.  La  vieillesse  est  icy  représentée  par  une  métaphore 
prise  des  oiseaux  (fui  ont  leurs  aisles  fort  ahbatucs  quand 
ils  sont  vieux. 

jEmus,  Carpop/iorus  (vers  198  et  199).  —  Comédiens. 
Dacicus  {vers  205).  — C'est  Domitien  apelé  ainsy  parce 
((u'il  remporta  une  victoire  sur  les  Daces. 

Arense  (vers  251).  —  C'est  a  dire  les  gladiateurs  pour 
les  persones  qui  ont  coutume  d'y  être. 

4rcliigenes  (vers  236).  —  Médecin  grec  dont  Galien  fait 
souuent  mention  dans  ses  écrits. 

Praeputia  ducit  (vers  238).  —  C'est  un  amant  caché  qui 
se  doue  des  émotions  •  en  se  touchant  deshonetement. 
Prœputium  est  la  peau  (fui  couiire  le  bout  du  membre 
viril,  c'est  cette  peau  (|uc  les  luifs  font  couper  dans  la 
circoncision  ;  c'est  pour  cela  que  dans  Horace  un  circoncis 
s'apele  apella  c'est  a  dire  sine  pelle. 

Mcmilia  (vers  243).  —  Le  poète  représente  sous  le  nom 
de  Manilia  toute  feme  ({ui  ayme  les  procès.  Cette  Manilia 
êtoit  une  courtisane  qui  ietta  pendant  la  nuit  des  pierres  a 
Hostilius  Mancinus  œdile.  qui  Iny  en  ayant  fait  une  affaire 
feut  repoussé  cruelement   par  une  accusation  (ju'elle  fit 


—   167  — 

contre  luy  d'aiioir  voulu  monter  aux  t'enetres  de  sa  maison 
pour  la  violer. 

Celsus  (vers  245).  —  Fameux  auocat. 

Tyrias  (vers  246).  —  De  pourpre,  parcequon  prenoit 
dans  l'isle  de  Tyr  des  poissons  dont  le  sang  seruoit  a  la 
teinture  de  la  pourpre. 

Vulnera  jjali  (vers  247).  —  Il  y  auoit  dans  la  place  du 
cirque  un  pieu  contre  lequel  on  s'exercoit  a  combatre ,  les 
femes  débauchées  voulurent  du  même  exercice. 

Femineum  ceroma  (vers  246).  — Certaine  huile  com- 
posée de  cire  dont  les  athlètes  se  frotoint.  On  voit  bien  par 
la  que  bien  que  le  mot  d'athlète  soit  grec,  il  y  auoit 
neagmoints  des  athlètes  a  Rome ,  et  même  il  y  a  un  vers  un 
peu  après  qui  le  marque  distinctement. 

LsBuibus  atliletis  ac  vasa  nouissima  donant. 

Ce  qui  doue  lieu  d'admirer  la  critique  d'un  moderne  qui 
prétend  qu'on  n'a  pas  lieu  de  croire  qu'il  y  en  eut  a  Rome. 

Dicite  vos  neptes  Lepidi  (vers  264  ).  —  Lepidus,  Metellus 
et  Fabius  Gurges  êtoint  tous  3  des  gens  fort  sages  ;  le  poète 
cite  leurs  petites  filles  pour  faire  honte  aux  femes  de  son 
siècle. 

Lepidi  (vers  265).  —  C'est  M.  ^Emilius  Lepidus  que  les 
censeurs  choisirent  pour  le  1  ^'^  et  le  chef  du  Sénat  a  cause 
de  sa  probité.  Auant  de  mourir  il  comanda  a  ses  enfants  de 
le  faire  enseuelir  sans  pompe  ;  il  auoit  été  2  foix  consul , 
grand  pontife  et  censeur  auec  Fuluius  Flacchus. 

Cœciue  Metelli  (vers  265).  —  C'est  ce  Metellus  qui  se 
ietta  au  milieu  des  fiâmes  qui  brûlèrent  le  temple  de  Vesta, 
il  en  remporta  le  palladium  ;  cette  action  luy  coûta  la  veue 


—    168  — 

en  luy  acf|iiciaul  mu-  li'raiulc  veiieraliou  pariiiy  les 
Romains. 

Gurgitis  (vers  266).  —  Fabius  Gur^es  (|ui  condamna  a 
laniande  quelques  dames  accusées  demeschante  vie.  Il  fit 
hafir  un  temple  a  Venus  auec  l'argent  que  ces  dames  feurent 
obligées  de  payer. 

Asijlus  (vers  267).  —  Nom  de  gladiateur. 

Curruca  (vers  276).  —  Oiseau  dans  le  nid  du([ucl  le  cocu 
t'ait  SCS  petits ,  et  le  curruca  prend  soin  de  les  eleuer  ; 
d'autres  disent  ({ue  c'etoit  le  nom  d'un  comédien  fort 
etourdy  et  complaisant  au.x  galands  de  sa  teme. 

Collina  (vers  291).  —  La  porte  Colline. 

Sijbaris  (vers  296).  —  Ville  de  Grèce  dont  les  habitants 
êtoint  extrêmement  voluptueux. 

Wiodos  (vers  295).  —  Capitale  de  l'islc  du  même  nom  ; 
la  mollesse  y  regnoit  beaucoup. 

Miletos  (vers  296). — Ville  d'Ionie,  patrie  du  phylosophe 
Thaïes,  dans  l'Asie  mineure. 

Tarentum  (vers  297).  —  Ville  de  la  Calabre. 

Coronatum  et  madidum  (vers  297  ).  —  Le  poète  done  ces 
deux  epythetes  a  la  ville  de  Tarento ,  ])arceque  les  habitants 
extrêmement  voluptueux  ])orloiul  des  courones  de  laurier 
dans  leurs  festins. 

Petulans  (  vers  297  ).  —  Le  poète  apele  la  ville  de  Tai-ente 
hardie  parceque  non  seulement  ils  ne  voulurent  pas  rendi-e 
les  marchandises  des  Romains  ([uïls  auoint  prises  dans 
leur  port ,  mais  encore  ils  maltraitèrent  un  ambassadem" 
([ue  les  Romains  auoient  enuoyé  pour  se  faire  rendre  ce 
ipii  leur  apartenoit.  Juucnal  a  raison  de  les  apeler  hardis 
puis  qu'ils  ozoint  choquer  le  peuple  de  l'uniuers  le  plus 
puissant. 


Sécréta  bonae  dex  (vers  314).  —  Sacrytices  que  les  femes 
faisoiiit  a  la  bone  déesse  chez  le  grand  ponlile  ;  il  n'êtoit  pas 
permis  aux  homes  d'y  entrer. 

Mœnades  (vers  317).  —  Le  poète  done  ce  nom  aux 
Romaines  débauchées .  parcequ' elles  ressembloint  fort  par 
leur  fureur  dans  la  deijauche  aux  Bacchantes  qui  s'apeloinL 
Mœnades  du  mot  grec  {j(.atvo(jiat  qui  veut  dire  être  furieux; 
ainsy  Mxnades  voudra  dire  furieuses. 

Priapi  (vers  316).  — Dieu  des  vergers  et  de  l'amour. 

Laufella  (vers  320).  —  Fameuse  débauchée. 

Lenonum  ancillas  (vers  320).  —  luuenal  s'emporte  contre 
les  trybades. 

Cox3s  jysndentis  (vers  321).  —  C'étoit  la  posture  de  la 
trybade  qui  se  metoit  dessous. 

Ipsa  (vers  322).  —  C'est  a  dire  Laufella. 

Adorât  frictum  (vers  322).  —  La  trybade  qui  se  metoit 
dessous  sembloit  se  prosterner  deuant  l'autre. 

Medullinœ  crissantis  (vers  321).  —  Medullina  qui  se 
donoit  des  moimements.  Crissari  exprime  ceux  des  femes 
et  ceuere  ceux  des  homes. 

Palmmn  inter  dominas  virtus  natalibus  mquat  (vers 
323).  —  Il  n'y  a  point  de  differance  parmy  ces  trybades  ; 
leur  adresse  dans  cet  exercice  infâme  fait  que  celle  qui 
remporte  la  victoire  est  égale  a  celles  qui  ont  de  la  nais- 
sance. 

Laomedontiades  (vers  326).  —  C'est  a  dire  Priam  fils  de 
Laomedon  ;  par  Priam  et  Nestor  luuenal  entend  les  gens  les 
plus  aagés. 

Nestor  (vers  326  ).  —  Fils  de  Nelée  roy  de  Pile  ;  au  raport 
d'Homère  il  vequit  3  aages. 

Quce  psaltria  (vers  336).  —  C'est  Claudius  qui  entra 


—    17(1   — 

sous  1  habit  d'une  chuiilcuse  dans  la  maison  de  Gesar.  (]ui 
se  mêla  dans  la  troupe  des  femes  qui  celebroint  les  mys- 
tères de  Gybele,  et  qui  y  comit  adultère  auec  Pompeia  feme 
de  César. 

Anticatones  (vers  338).  —  César  lit  deux  libelles  diffa- 
matoires contre  la  vie  de  Caton  ;  on  a  accoutumé  de  rouler 
ces  liures ,  ce  qui  a  doné  lieu  a  la  comparaison  de  luuenal 
aussy  bien  qu'au  nom  d'un  liure  volumen. 

Tune  (vers  342).  — Dans  les  1'"'''  tenis. 

Simpuuium  (A^crs  343).  —  Vaisseau  d'argile  etably  par 
Numapour  seruiraux  sacryfices;  les  pontifes  auoint  accou- 
tumé de  s'y  lauer  ensemble ,  de  la  vient  le  nom  de 
simpuuium,  quod  simul  hibehant;  aussy  apele  t  on  simpu- 
uiatrix  une  feme  qui  présente  a  boire  dans  le  verre  ou  elle 
a  beu. 

Clodius  aras{\evs  345).  —  11  faut  sous  entendre  accedit, 
dans  quel  temple  est  ce  que  Clodius  ne  vient  pas;  il  désigne 
par  la  les  adultères. 

Nûuisssima  vasa  (vers  356).  —  Les  derniers  vases  qui 
iuy  restent  de  l'héritage  de  ses  parents. 

Illa  voluptas  suinma  tamcn  (vers  368  et  369).  —  C'est 
une  réponse  a  ceux  qui  pourroint  dire  ([ue  les  femes  ne 
peuuent  pas  trouuer  du  plaisir  auec  les  eunuques  ;  luuenal 
dit  qu'il  y  en  a  auec  ceux  qui  n'ont  été  châtrés  ([u'a  la  tlour 
de  leur  aagc. 

ConspicvAis  et  notabilis  (vers  374).  —  C'est  a  dire 
remarquable  par  le  membre  viril,  car  ceux  ((ui  l'êtoint  par 
cet  endroit  ctoint  obserués  |)ar  ceux  qui  aymoint  les 
garçons. 

Cusfodem  vitis  et  horti  (vers  375).  —  C'est  Priape  que 
l'on  adoroil  corne  le  protecteur  des  vignes  et  des  iardins  : 


—   171   — 

on  croyoit  ([uil  etoit  iils  de  Dioiiysius  et  de  Venus  ,  par- 
ceque  ceux  qui  aymenl  le  vin  ont  aussy  du  panchanl  a 
l'amour.  11  y  en  a  qui  disent  que  les  anciens  voulant  doner 
un  nom  couuei't  aux  parties  de  l'home  leur  douèrent 
celuy  de  Priape. 

Bromium  (vers  378).  —  Beau  garçon. 

Nullms  fibula  durât  (vers  379).  —  11  n'y  a  point  de 
boucle  de  comédien  qui  puisse  subsister.  On  boucloit  les 
ieunes  garçons  qui  chantoient  bien  afin  que  leur  voix  se 
conseruat  ;  luuenal  dit  la  dessus  que  lors  que  les  lemes 
venoint  amoureuses  de  ces  comédiens,  elles  les  obligeoint 
a  se  déboucler. 

Crispo  (vers  382).  —  Cette  epythete  conuient  a  l'archet, 
parcequ'elle  signifie  ondoyé ,  crêpé ,  et  c'est  ce  que  l'archet 
fait  sur  les  cordes  d'un  violon. 

Hedimeles  (vers  383). — Nom  de  loueur  d'instrument. 

PoUio  (vers  387).  —  loueur  de  luth. 

Quercum  capitolinam  (vers  387).  —  Gourone  de  chêne 
que  l'on  donoit  au  Gapitole  a  celuy  qui  reussissoit  le  mieux 
a  iouer  de  quelque  instrument. 

Pro  citharâ  (vers  391  ).  —  Pour  un  chanteur. 

Dictata  verba  (vers  391  ).  —  Les  paroles  que  le  sacryfi- 
cateur  disoit. 

Apertâ  agnâ  (vers  392).  —  On  ouuroit  des  brebis  dont 
on  consultoit  les  entrailles  pour  conoitre  l'auenir,  le  bon 
ou  le  mauuais  succès  que  l'on  en  coniecturoit  donoit  de  la 
peur  ou  de  la  ioye. 

lanus  (vers  394).  —  Le  plus  ancien  de  tous  les  dieux. 

Thraces  (vers  403).  —  Peuples  septentrionaux. 

Niphates  (vers  409).  —  Fleuue  d'Arménie. 

Graui  massa  (vers  421  ).  —  Auant  d'entrer  aux  bains  les 


KoiiKiins  iuioiiiL  iiccoLiLimic  fie  se  proinuiicj-  lorL  vile  auec  un 
poids  ;i  i;i  main ,  ccsl  exercice  les  iaisoit  suer  beaucoup  el 
leur  Iaisoit  du  ])ien. 

AUpies  (vers  422).  —  Froleur  d'athlctes  ,  du  grec  aXei'cpw 
ie  rrottc. 

Cristie  (vers  422).  —  Parlies  honlcuses. 

OEnophorum  (vers  426).  —  Bouteille  ,  oTvo?  vin,  cpépco  ie 
porte,  vase  a  porter  du  vin. 

Dum  redit  (vers  429).  —  C'est  a  dire  lors  que  le  vin 
renient  ;  Icsfemes  vomissoint  le  vin  auant  le  repas,  parceque 
ce  vomissement  leur  donoit  de  Tappetit. 

Elisse  (vers  435).  —  Didon. 

jEra  fatiget  (vers  442).  —  Les  anciens  croyoint  que  la 
Lune  soufroit  beaucoup  dans  son  eclypse  ;  a  cause  de  cela 
on  faisoit  beaucoup  du  bruit  auec  des  tambours  et  autres 
diuers  instruments  pour  luy  doner  du  secours  dans  son 
eclypse. 

Na/ni  qux  docta  nimis  et  facunda  videri  ci*pï^  (vers 445). 
—  luuenal  se  mocque  de  quelques  femes  sauantesqui  dis- 
couroint  de  tout  come  si  elles  auoient  été  des  homes ,  il  dit 
qu'il  ne  leur  restoitqu'a  prendre  une  robe  de  phylosophe. 

Crure  tenus  medio  (vers  446).  —  Quintilien  dit  que 
l'habit  dun  orateur  ne  descendoit  que  iusqu'a  la  cuisse. 

Cœdere  Syluano  porcum  (vers  447).  —  Les  poètes  et  les 
gens  de  letres  sacryfioint  a  Syluanus  dieu  des  bois ,  ou  les 
gens  de  letres  trouuoint  le  repos  ([ui  est  nécessaire  pour 
l'étude. 

Quadrante  lauari  (vers  447).  —  A  petit  prix;  les  phylo- 
sophes  ne  payoint  guère  aux  bains  parcequ'ils  êtoint 
ordinairement  panures. 

Palxmonis  (vers  452).  —  Grammairien  précepteur  de 
Quintilien. 


—  IT.J  — 

Poppœanuni  (ver?  4()^).  —  Du  fard  iiiuenté  par  Poppaea 
terne  de  Néron. 

Graciles  Indi  (vers  466).  —  Le  grand  chaud  des  Indes 
fait  que  les  habitants  sont  toûiours  maigres. 

Axem  hyperboreum  (vers  470 1.  —  Dans  les  pays  septen- 
trionaux ou  est  le  pôle  que  le  poète  apele  hyperboreum  du 
mot  grec  uTOp  sur,  ^opÉaç  vent  de  bise;  l'origine  de  ce  vent 
semble  être  sous  le  pôle. 

Liburnus  (vers  477).  —  Porteur  de  chaise;  la  Liburnie 
en  enuoyoit  beaucoup  a  Rome. 

Sicula  non  mitior  aula  (vers  486).  —  Elle  nest  pas 
moins  cruelle  que  Phalaris  roy  de  Sicile ,  qui  s'êtudioit  a 
inuenter  de  nouueaux  supplices  pour  auoir  le  plaisir  de 
voir  soufrir  des  criminels  ou  des  innocents  ;  ce  feut  pour 
tlater  cette  cruelle  passion  ([ue  Perillus  fit  un  taureau 
dairain  ([u'il  présenta  au  tyran,  on  y  metoit  un  home 
dedans  qui  venant  a  sentir  l'ardeur  du  feu  que  ion  metoit 
dessous  crioit  de  même  qu'un  taureau  parceque  les  organes 
de  cette  machyne  êtoint  tellement  disposés  que  la  voix  se 
changeoit  et  ressembloit  a  celle  d'un  taureau,  Phalaris  feut 
charmé  de  cette  inuention ,  mais  pom-  en  faire  l'expérience 
il  fit  mètre  Tautheur  dedans. 

Isiacm  lense  (vers  489).  —  Les  Egyptiens  auoint  une 
déesse  apelée  Isis ,  les  Romains  bâtirent  un  temple  a  son 
honeur,  dans  lequel  la  galanterie  donoit  lieu  a  beaucoup 
d'adultères  ;  c'est  pour  cela  que  le  poète  l'apele  lena- 
macquerele. 

Pseca  (vers  494).  —  Feme  de  chambre. 

Ecce  furentis  Bellonse  matrisque  demn  (vers  511  et  512). 
—  Le  poète  reprend  la  folle  superstition  des  femes 
Romaines  qui  croyoint  trop  facilement  ce  que  les  pbretres 


-    174  — 
lie  Cybelo.lenr   ilisoiiit.  (lyhrlc.   Hcllonc  et  Isis ,  c'est  la 
inènie   chose,   c'esl   pour  cela    que    les    mêmes  pbretres 
sacrytioinl  a  ces  3  déesses  ou  a  cette  déesse  sous  3  noms 
différents. 

Chorus  Bellonx  furentis  (vers  511  et  5 1 2  ).  —  C'est  a  dire 
une  assemblée  de  pbretres  de  Bellone(ini  s'ai^iloiiit  si  fort 
dans  les  sacryfices  qu'ils  deuenoint  furieux  et  repandoint 
incme  de  leur  propre  sang  a  l'honeur  de  cette  déesse. 

Obsceno  ininori  (vers  512).  — Aux  eunuques  inférieurs; 
le  poêle  leur  done  cette  epythete  parcequ'ils  etoint  fort 
impudiques. 

Secuit  genitalia  (vers  514).  —  On  ne  pouuoit  pas  être 
receu  pbretre  de  Gybele  ([u'on  ne  se  feut  fait  coui)er  aupa- 
rauant. 

Tyrnpana  plebeia  {\cvii  515  et  510). — Ces  derniers 
pbretres  qui  iouoint  du  tambour  et  d'autres  instruments  ; 
c'est  pour  cela  que  le  poète  prend  leurs  instruments  pour 
eux  même. 

Phrygia  vestitur  buccâ  tiarâ  (vers  516).  —  Le  supérieur 
des  pbretres  de  Cybelc  portoit  une  thyare  dont  les  pen- 
dants couuroint  les  ioues;  cette  mode  êtoit  venue  des 
Phrygiens. 

Si  candida  iusserit  lo  (vers  526).  —  Les  Romaines 
etoint  si  crédules  (|ue  (juand  le  pbretre  leur  auroit 
comandé  d'aler  a  l'extrémité  de  l'Egypte  elles  l'auroint 
fait.  Le  poète  done  le  nom  de  la  déesse  a  ses  pbretres. 
lo  êtoit  lillc  d'Inachus  roy  d'Argos;  les  Phœniciens  l'enle- 
uerent  et  la  portèrent  dans  l'Egypte;  Osyris  l'épousa,  il 
uKMinil  (iurl([ue  tenis  après  et  laissa  son  roiaume  a  lo  qui 
après  sa  mort  feut  regardée  corne  une  déesse  ;  les  Romains 
luy  balirenl  un  temple  près  du  Cbanap  de  Mars  ;  on  établit 


—  175  — 
des  pbretres  qui  couroiiit  dans  les  rues  vêtus  de  blanc  et 
répandant  des  larmes  ;  ils  changeoint  ensuite  cette  tristesse 
en  une  fort  grande  ioie  ,  ils  taisoint  cela  en  mémoire  de  ce 
que  Isis  chercha  long  tems  les  os  de  son  mary  tué  par 
Typhon  son  frère,  et  ne  les  trouuant  pas  elle  pleuroit 
beaucoup  ;  ses  larmes  touchèrent  les  égyptiens  et  les 
portèrent  a  chercher  les  os  qu'ils  trouuerent  a  la  fin  près 
du  tleuue  Scyene ,  cela  leur  doua  une  ioye  extrême. 

Meroë  (vers  528).  —  Isle  du  Nil. 

Ouili  (vers  529).  —  Bergerie  de  Romulus  ou  il  auolL 
accoutumé  de  tenir  ses  troupeaux  du  tems  qu'il  êtoit  berger. 
Gela  peut  encore  signifier  son  palais  que  le  poète  apele 
ouile  parceque  Romulus  êtoit  berger. 

Grege  linigero  (vers  533).  —  Les  pbretres  d'Isis  qui 
êtoint  vêtus  de  blanc  parceque  lo  que  la  ialousie  de  lunon 
auoit  fait  métamorphoser  en  vache  êtoit  blanche  dans  cet 
état. 

Dominas  (vers  530).  —  D'Isis. 

Plangentis  populi  (vers  534).  —  Le  peuple  couroit  dans 
les  rues  en  pleurant  a  la  mort  d'Osiris. 

Anubis  (vers  533).  —  Le  poète  done  ce  nom  au  J"'" 
pbretre ,  parcequon  croyoit  que  c'êtoit  come  l'ambassa- 
deur de  la- déesse  a  ces  femes.  Anubis ^igmûe  ambassadeur; 
les  ^Egyptiens  adoroint  un  dieu  sous  ce  nom. 

Ille  petit  veniam  quoties  non  abstinet  uxor  concubitu 
(vers  535  et  536).  —  Les  Romaines  ne  pouuoint  pas 
couche^'  auec  leurs  marys  pendant  les  fêtes  de  Gybele  qui 
(luroint  9  iours. 

Violato  cadurco  (vers  536).  —  Cadurcum  signifie  une 
toile  de  lin  que  l'on  faisoit  a  Gahors,  sa  blancheur  la 
faisoit  fort  estimer  des  Romains,  ils  en  couuroint  leurs 


—  ITfi  — 
licls;  c  est.  pour  cela  (|in'  !<•  ixirii-  |ii<'iii|  ccih'  luilf  itoiir  le 
licl  mémo. 

Magna  dcbetur  pœna  (vers  537).  —  (Jost  une  suite  du 
mot  quoties,  toutes  les  foix  ([ue  les  femes  ont  mérité  une 
grande  peyno  en  coucliaiit  auec  leurs  marys ,  ce  qu'elles  ne 
pouuoinl  |)as  lairt'  pendant  !)  ioiirs(|nf'  duroint  les  fêtes  de 
Gybele. 

Serpens  argenlea  (vers  538).  —  On  re]u-esenloit  Osiris 
sous  la  figure  d'un  serpent. 

Quum  dédit  ille  locum  (vers  542).  —  Lors  que  les 
pbretres  d'Isis  et  de  Cybele  se  sont  retirés  les  Juifs 
vienent.  aux  superstitions  desquels  les  femes  croyoint 
beaucoup. 

Legurii  Solimarum  (vers  544).  —  Les  loix  que  les  luifs 
receurent  de  Moyse  sur  le  mont  Sinai  ;  le  poète  leur  donc 
le  nom  de  Hierusaleni .  Solinie,  parcequ'elles  y  feurenl 
religieusement  obseruées. 

Commagenus  (vers  550).  —  De  Syrie;  la  Comagene  en 
est  une  partie  entre  le  mont  Taurus  et  l'Euphrate. 

Faciet  quod  déférât  ipse  (vers  552).  —  Le  deuin  tuera 
un  enfant,  et  si  un  autre  le  faisoit,  il  Faccuseroit  luy 
même. 

Ammonis  (vers  555).  —  De  lupiter  Anmion.  Il  y  auoit 
un  temple  dans  la  Lybie  dédié  a  lupiter,  ce  dieu  y  |)ronon- 
çoit  des  oracles. 

Delphis  (vers  555).  —  Delpbos  êtoit  une  ville  dans  la 
Phocide ,  les  oracles  qu'Apollon  y  prononçoit  l'ont  rendue 
célèbre. 

Conducenda  tabella  (vers  558).  —  Prédictions  (pie  l'on 
marquoit  sur  des  tables:  le  poète  done  par  contre  vérité 
l'epythete  de  cnnducendo,  aces  tables;  conducendus  signifie 


—  i::  — 

i[ui  jiierile  d'être  acheplé  ;  le  pooif  ((ui  méprise  extremomeiil 
les  prédictions  ne  peut  leur  iloiici'  que  le  contraire  de 
œnducendus. 

Magnus  aivis  (vers  559).  —  C"est  Tempereur  Galba  qui 
teut  tué  par  Othon.  Le  poète  dit  qu'Othon  l'apreandoit 
espérant  d'être  adopté,  cette  espérance  luy  donoit  quelque 
crainte  parceque  Pison  êtoit  fauorisé  ,  et  Othon  voyant  a  la 
fin  que  Pison  êtoit  fauorisé  coniura  contre  Galba  et  luy  ota 
l'empire  auec  la  vie. 

Caruisse  Seripho  (vers  564).  —  D'être  rapelé  d'exil. 
Seriphe  est  une  des  isles  Cyclades,  elle  est  fort  déserte, 
c'est  pour  cela  qu'on  y  enuoyoit  les  criminels  en  exil. 

A7ite  tamen  de  te  Ta.naquil  tua  -vers  566 \  —  Tanaquil 
feut  la  feme  du  vieux  Tarqiiin  qui  auoit  des  conoissances 
fort  particulières  de  l'astrologie  ,  et  dont  Plutarque  raporte 
une  auanture  extrêmement  curieuse  dans  son  traité  d'Isis 
et  d'Osiris  sur  un  salamandre  qui  aymoit  une  de  ses  filles 
qui  en  deuint  grosse .  et  qui  en  eut  TuUus  Hostilius.  Le 
poète  done  le  nom  de  Tanaquil  a  la  feme  dont  il  parle  par 
contreuerité .  car  Tanaquil  êtoit  une  feme  de  grande  probité. 

Thrasylli  (vers  576).  —  Fameux  mathématicien  que 
Tybere  fit  venir  a  Roiue  pour  enseigner  les  mathéma- 
tiques. 

Hoj^a  sumitur  ex  libro  (vers  577  et  578).  — Les  Romains 
auoint  des  liures  d'ephemerides  qui  donoint  la  conoissance 
des  astres  et  par  lesquels  ils  se  regloint  pour  voyager, 
parcequ'ils  trouuoint  la  dedans  si  le  tems  deuoit  être  beau  ; 
c'êtoit  a  peu  près  corne  nos  almanachs. 

Petosiris  (vers  581  ).  —  Célèbre  astrologue. 

Si  mediocris  erit  (vers  581  ).  —  Si  c'est  une  bourgeoise. 

12 


—   17«  — 

Spaliuin  iiii'lannn  vers  r>S-,'  rt  '^H'^  .  —  Lt-  ciiMiiK-  im  il 
y  auoil  2  bornes. 

Vati  roqanti  crehruw  poppysma  (vors  584).  —  Lps 
(IfMiins  (|ui  demandoint  a  la  louchor  lon^  lems.  Poppysnio 
signitie  maniement. 

Indus  (vers  585).  —  Bracmane  ,  peuple  des  Indes. 

Aliquia  senior  'vers  5871.  —  Qnehiiio  vieux  sarryH- 
cateur. 

Publico  fulgura  (  vers  587  •.  —  Les  anciens  eroyoint  (ju'il 
Y  auoit  des  tbudi'es  pour  punir  Ifs  particuliers  cl  d'antres 
pour  punir  le  public. 

Phalse  (vers  590).  — Tours  de  bois  dans  le  cirque  ou  les 
spectateurs  se  metoint. 

Delphinorumquecolumnas  (  vers  590  ).  —  C"est  le  temple 
que  Doniitien  lit  batii'  ilans  le  cirque:  il  y  auoit  sur  le 
marbre  des  néréides  sur  des  dauphins. 

Quse  nullum  aurum  ostendit  (vers  589).  —  G'êtoint 
celles  (|ui  n'ctoint  point  parées,  c'est  a  dire  les  femes  des 
artisans . 

Ad>  spurcos  lacus  (  vers  603).  —  Au  lac  de  Velabre  ou 
Ton  exposoit  les  bâtards. 

/m/c  pctilos  ponti/iccs  salios  (vers  603  et  604).  — 
Sonnent  les  bâtards  (bi  lac  de  \'elabre  êtoinl  (deués  a  des 
grands  employs. 

Scaurorum  (vers  60 't).  —  Des  nobles  corne  l'eurent  les 
Scaures. 

AuuncuLus  Neronis  (vers  615).  —  Caligula  qui  se 
renuersa  l'esprit  ]iar  un  breuuage  (luil  roceut  de  Csesonia 
sa  feme. 

Fracta  compage  (vers  618).  —  Cette  métaphore  prise  de 
la  chute  des  toits  exprime  la  cruauté  de  Caligula. 


—    170  — 

Parfiis  ci/ua'  (vers  626).  —  MorcfHii  «If  cfiair  au  IVoiil 
•  lu  poulain  ;  il  soruoit  aux  enchantements. 

Fingimus  liœc  (vers  634).  —  luuenal  repond  a  ceux  qui 
pourroint  luy  dire  que  c'est  par  un  esprit  satyrique. 

Hiatu  Sophocleo  (vers  636).  —  Style  de  Sophocle ,  poète 
grec  qui  a  écrit  des  tragédies  ;  c'est  pour  cela  que  luuenal 
done  a  ce  style  le  nom  de  hiatus  qui  signifie  ouuerture , 
enlleure  .  parceque  le  style  de  la  tragédie  doit  être  eleué  et 
presque  enflé. 

Rutuli  (vers  637 '^  —  Peuples  d'Italie  dont  Turnus  rtoit 
roy. 

Pontia  (vers  638  i.  —  Elle  est  ronue  pour  aiioir  ompoi- 
soné  deux  de  ses  enfants. 

De  Colchide  (vers  643  .  —  Do  Medée  tille  du  roy  de 
Golchos  ;  elle  égorgea  ses  enfants  aux  yeux  de  leur  père 
lason  qui  vouloit  épouser  Creuse. 

Procne  (vers  644).  —  Fille  de  Pandion  roy  de  Thebes, 
feme  de  Terée  ;  elle  tua  son  fils  Itis .  et  le  fit  manger  a  son 
mary  pour  venger  Philomele  sa  sœur  qu'il  auoit  violée. 

LoÀus  recedit  (vers  650').  —  Lors  qu'un  rocher  tombe  il 
semble  que  l'autre  partie  s'éloigne ,  come  il  semble  aussy 
que  c'est  le  riuage  de  la  mer,  et  non  pas  le  nauire  qui 
s'éloigne. 

Pendente  cliuo  (vers  650).  —  Lors  que  le  rocher  est  sur 
le  point  de  tomber. 

Alcestim  (vers  653).  —  Admete  roy  de  Thessalie  étant 
attaqué  d'une  dangereuse  maladie .  fit  consulter  l'oracle  " 
qui  repondit  qu' Admete  mourroit  si  quelque  autre  ne  vou- 
loit mom-ir  pour  luy  ;  sa  feme  Alceste  dona  sa  vie  pour 
eonseruer  celle  de  son  mary.  Les  Romains  representoint  une 
tragredie  sur  ce  suiet. 


—    180  — 

Siiiiilis  si.  pennulatio  dclur  (vers  G53y.  —  C  esl  a  dire 
si  l'occasion  se  presentoil  a  ces  femes  de  mourir  pour  leurs 
marys. 

Belides  (vers  655).  —  Les  Danaides.  Elles  ôtoint  50  sœurs 
filles  de  Danaus;  elles  feurent  mariées  auec  les  50  fils 
d'yEgyptus  ;  Danaus  leur  comanda  de  tuer  leurs  marys  la 
1*"  nuit  des  nopces;  elles  obéirent  toutes  excepté  Hyperm- 
nestra  qui  épargna  Lincus  son  mary,  elle  l'auertit  et  le  fit 
sauuer. 

Eriphylx  (vers  655).  —  Feme  d'Amphiaraus.  Elle  indi- 
qua son  mary  qui  s'êtoit  caché  pour  ne  pas  aler  au  siège  de 
Troye  ;  il  y  ala  enfin  et  y  receut  la  mort  dont  sa  feme  feut 
la  cause. 

Clytemnestra  (vers  656)." — Fille  deTyndare  et  de  Leda. 
Elle  tua  Agamennon  son  mary  ;  Egyste  ,  galand  de  Clytem- 
nestre  ,  contribua  a  ce  meurtre.  Le  sens  de  ce  vers  est  que 
Ton  rencontroit  dans  Rome  beaucoup  des  femes  semblables 
a  celles  cy  parcequ'elles  faisoint  mourir  leurs  marys  par  le 
poison. 

Tyndaris  illa  (vers  657).  —  Cette  fille  de  Tyndare,  c'est 
a  dire  Glytemnestre. 

Atrides  {vers  660).  — Agamennon  lils  dAtreus  et  mary 
de  Glytemnestre ,  laquelle  le  fît  périr;  il  est  mis  icy  en 
gênerai  pour  un  mary  (|iii  est  e.xposé  aux  embûches  de  sa 
feme. 

Pontica  medicamina  (vers  661).  —  L'antidote  que 
Mitridate  roy  du  Pont  prenoit  contre  le  poison.  Pline  dans 
•  le  1.  23  ch.  9  dit  que  Gneius  Pompeius  trouua  dans  un 
manuscrit  de  Mitridate  que  l'antidote  se  laisoit  auec  2  noix 
sèches  2  figues  20  feuilles  de  rue ,  tout  cela  pillé  ensemble 
auec  un  grain  de  sel,  et  que  ce  remède  pris  a  ieun  empêchoit 
l'effet  du  poison. 


^  _    181   — 

Ter  victi  (vers  661).  —  Mitridate  leut  vaincu  3  foix, 
premièrement  par  Sylla  .  après  par  Lucullus  et  ensuite  par 
Pompée. 


FIN 

DI-:     L.\    6"""    S.\TYRE. 


SATYHA     VII 


1  Et  spcs ,  el  ralio  sludiorum  in  Cxsare  Uintuin  : 
■2  Solus  enim  tristeis  hac  tempestate  Camœnas 

3  Respexit,  cuni  jani  célèbres,  nolique  poctx 

4  Balneolum  Gahiis,  Roms  conducere  furnos 

o   Tentarent  :  nec  fœdum  alii,  nec  iurpc  putarent 
*i  Prwcunes  fieri,  cuin,  desertis  Aganippcs 
7    ValUbus,  esuriens  migraret  in  alria  Clio. 
^  Nain  si  Picria  quadrans  tibi  nullus  in  umbra 
'••  Ostendatur,  amcs  nomen  oictumqiie  MachxrsB, 

10  Et  vendus  potius,  commissa  qiiod  auctio  vendit 

11  Stantibus  :  œnophorum,  tripodes,  armaria,  cistas, 

12  Alcithoën  Pacci,  Tliebas  et  Terea  Faiisti. 

13  Hoc  satius,  quam  si  dicas  sub  Indice,  vidi, 

14  Quod  non  vidisti.  faciant  équités  Asiani  ; 

15  Quanquam  et  Cappadoces  faciant  equitesque  Bithyni 

16  Altéra  quos  niido  traducit  Gallica  ialo. 

17  Nemo  tamen  studiis  indignum  ferre  laborem 

18  Cogetur  posthac,  nectil  quicunque  canaris 

vj  Eloquium  vocale  modis,  laur unique  momordil. 

20  Hoc  agite,  ôjuvenes  :  circumspicil  et  stimulât  vos, 

21  Materiamque  sibi  Ducis  indulgentia  quserit. 

22  Si  qua  aliunde  putas  rerum  spectanda  tuarum 

23  Prxsidia,  atque  idco  crocex  membrana  labcllx 

24  Impletur  :  lignorum  aliquid  posce  ocyus,  el,  qua.' 

25  Componis.  dona  Vcneris,  Telesine,  marito; 
2fi  Aut  clude,  et  positos  tinea  pertunde  libellos. 

27  Frange  miser  calanios,  xngilataque  prselia  dele, 

28  Qui  facis  in  parva  sublimia  car  mina  cella, 

29  Ut  dignus  venias  ederis,  et  imagine  macro. 


—    184   — 

■jo  ^pcs  iiLiLla  tiUc/'iur  :  didicii  Jaiii  dives  acarus 

31  Tanlum  admirari,  tantum  laudare  diserlos, 

32  Ut  pueri  lunonis  avem.  sed  Uefluit  xlas 

33  Et  pelagi  patien.s,  et  cassidis,  alque  ligonis. 

34  Txdia  tune  subeunt  aaiinos,  tune  seque,  suamque 

35  Terpsichorcm  odil  facunda  cl  niida  senectus. 

36  Aecipe  mine  arteis.  ne  quid  tibi  eonfcrat  istc 

37  Quem  colis,  et  Musaruin,  et  Appolinis  xde  relieta. 

38  Ipse  faeit  versus,  alque  uni  cedit  I/oniero 

39  Proptcr  mille  annos.  et  si  dulcedine  /'ani.r 

«0  Succcnsus  récites,  Maculonis  comviodal  œdes , 
41  H3BC  longe  ferrata  domiis  servire  jubehir, 
m  In  qua  sollicitas  iinilatur  janua  portas. 
13  Scit  dare  libertos  cxtrema  in  parte  sedenteis 
a  Ordinis,  et  magnas  comitum  disponere  voces. 

45  Nono  dabit  regum.  quanti  subsellia  constent', 

46  Et  quœ  conducto  poidenl  anabathra  tigillo, 

47  Quxque  reportandis  posita  est  orchestra  cathedris. 

48  Nos  tamen  hoc  agimus,  tenuique  in  pulvere  sulcos 
4!»  Duciinus,  et  lit  us  sterili  versant  us  aralro. 

ôo  Nam  si  discedas,  laqueo  tcnct  ambiliosi 

51  Consueiudo  mali  :  tenet  insanabile  mutins 

52  Scribendi  cacoëthes,  et  xgro  in  corde  senescil. 

53  Sed  vatem  egregium,  cui  non  sit  publica  venu, 

54  Qui  nil  exposilum  soient  deducere,  nec  qui 
hh  Communi  feriat  carmen  triviale  moneta  : 

56  Hune  qualeni  nequeo  monstrare,  et  sentio  lanlum, 

57  Anxietate  carens  animus  facil,  oninis  acerbi 

58  Impatiens,  cupidus  silearum,  aptusque  bibendis 

59  Fontibus  Aonidum  :  neqiie  enim  cantare  sub  an  Ira 
6(1  Pierit),  Thgrsumve  potest  contingere  mxsta 

61  Pauperlas,  alque  œris  inops,  quo  nocte  diequr 

62  Corpus  egel.  salur  est,  cum  dicii  Uo?-atius,  Euoe. 

63  Quis  locus  ingenio  :  nisi  cum  se  carminé  solo 

64  Vexant,  et  dominis  Cirrhx,  Nysœque  feruntur 

65  Pectora  vestra,  duas  non  admitlenlia  curas  y 

66  Magns  mentis  opus,  nec  de  todice  paranda 

67  Attonitx,  currus,  et  equos,  f'aciesque  Deorum 

68  Adspieere,  et  qualis  Ihitulum  confundal  Ergnnis. 


—    185  — 

«9  Nain  si  Viryilio  puer,  et  tolcrabile  deessel 

70  Hospitiuin,  aidèrent  omnes  a  crinibus  liydri  : 

71  Surda  nihil  gemerel  grave  buccina.  poscimus,  ut  sil 

72  Non  iniaor  anliquo  Rubrenus  Lappa  cothurno , 

73  Cujus  et  alveolos,  et  Uenam  pignerat  Atreiis. 

74  JVon  habet  infelix  Nwuitor,  quod  mittat  amico  : 
73  Quintilla;  quod  do/tet,  habet,  nec  de  fuit  illi , 

76  Unde  enierel  mulla  pascendum  carne  leuneiii 

77  lam  dondtuin  :  constat  leciori  bellua  sumtu 

78  Nimirum,  et  capiunt  plus  inteslina  poeta:. 

79  Contentas  fama  Jaceat  Lucanus  in  hortis 

80  Marmoreis  :  atSerrano,  tenuique  Saleiu 

81  Gloria  quanlalibet.  quid  eril,  si  gloria  lantuvi  est  ? 

82  Curritur  ad  vocem  jucundain^  et  carinen  aniicx 

83  Thebaidos,  Istam  fecit  cum  Statius  urhein. 
Si  Promisitque  dieni  :  tanta  dulcedine  captos 

85  Afficit  ille  animos,  tantaque  libidine  vulgi 

86  Âuditur  :  sed  cum  f régit  subsellia  versu, 

87  Esurit,  intactam  Paridi  nisi  vendat  Agauein. 

88  Ille  et  militisd  multis  largitur  honoreni, 

89  Semestri  vatuia  digitos  circumligat  auro. 

90  Quod  non  dant  proceres,  dabit  histrio.  tu  Gamerinos. 

91  Et  Baream ,  tu  nobiliuni,  magna  airia  curas. 
9-2  Pru-fectos  Pelopeia  facit,  Philoinclu  Tribwnos. 

93  Haud  tamen  invideas  rali ,  qucm  pulpita  pascunt. 
■>i  Quis  tibi  Mxcenas  f  quis  nunc  erit  aut  Proculeius , 

95  Aut  Fabius?  quis  Gottu  iteruin  t  quis  Lentutus  alter? 

96  Tune  par  ingenio  pretium  :  lune  utile  multis 

97  Pallere,  et  vinum  loto  nescire  Decembri. 

98  Vester  porro  labor  fecundior  historiuruin 

99  Scriptores  :  petit  hic  plus  teniporis  atque  olei  plus  : 

100  Namquc  oblita  modi  inillesima  payina  surgit 

101  Omnibus,  et  crescit  mulla  damnosa  papgro. 

102  Sic  ingem  rerum  numerusjtibet,  atque  operum  lex. 

103  QusB  tamen  inde  seges?  terras  quis  fructus  apertœ  f 

104  Quis  dabit  historico,  quantum  daret  acta  legenti  ? 

105  Sed  genus  ignaoum,  quod  lecto  gaudet  et  umbra. 

106  Die  igitur  quid  caussidicis  civilia  prxstent 

107  Ofjicia ,  et  magno  comités  in  fasce  libelti  f 


—    I8(i  — 

lOR  Ipsi  magna  sonanl  :  sed  lime  cuin  rrcdilor  ntidit. 
lOH  Prœcipuc,  vel,  si  letigil  laLus  ai-rior  illu, 
Md'Qui  venit  ad  dubiwii  grandi  cum  codice  nomen, 
ui    Tune  irnmensa  cavi  spiranl  mendacia  folles, 
11-'  Conspuilurque  sinus,  veraiii  deprendere  Diessein 
ii-i  Si  lihct  :  hinc  ccnUoii  patriinonia  caussidicoruni . 
114  Parle  alla  soluin  russaii  pone  Lacernit. 
11*  Consedere  Duces  :  surgis  tu  pallidus  Aja,r 

116  Dicturus  dubia  pro  libertate  Bubulcu 

117  Indice,  rumpe  miser  tensumjecur,  ul  libi  Uissu 

118  Figantur  viridas,  scalarum  gloria,palmx. 

ir>  Quod  vocis  pretium?  siccus  petasunculus,  et  va.y 

i-'o  Pelamydum  :  aut  veteres ,  Mauroruut  epimcnia.  bulbi 

i-'i  Aut  vinum  Tiberi  devectum,  tjtiinque  lagenœ. 

i'ii  Si  quater  egisli .  si  contigil  aureus  unus, 

iTA  Inde  cadunt  partes,  ex  f'œderc  pragrnalicorum . 

124  /Emilio  dabitur,  quanluui  petet,  et  melius  nos 

i-.'ô  Egimus  :  hujus  cnim  slat  currus  aëneus,  alti 

I-''!  Quadrijuges  in  vestibulis,  atque  ipse  feroci 

i-'7   Bellatore  sedens  curvalum  hastile  minatur 

i-is  Eminus,  et  statua  medilutur  prœlia  lusca. 

i-"j  Sic  Pedo  conturbal.  Mallio  déficit  :  c.vitus  hic  est 

130  Tongilli,  inugno  cum  rliiaocerote  lavari 

131  Qui  solet,  et  vexai  lululenla  balnca  lurba, 

132  Perque  forum  juvenes  longo  premit  assere  Medos 

133  Ëmturus pueras,  argentum,  murrhitia,  villas. 

134  Spondet  enim  Tijrio  filataria  purpura  filo. 

135  Et  tamen  est  illis  hoc  utile  :  Purpura  vendit 

136  Caussidicwn,  vendunt  amethgstina  :  conrejiit  illis 

137  Et  strepitu,  et  facicmajoris  vivere  census. 

138  Sed  finem  impensx  non  servat  prodiga  lioinu. 
i3!t  Fidiinus  eloquio  y  Ciceroni  nemo  ducentos 

140  Nunc  dederit  nummos,  nisi  fulserit  anulus  ingens. 

111  Respicit  hxc  primum,  qui  liiigat  an  libi  servi 

142  Octo,  decem  comités,  an  post  te  sella,  togati 

143  Antc  pedcs.  ideo  conducta  Paullus  agebat 

iii   Sardongchr,  alquc  ideo  pluris.  quam  Gnltus  agetml , 
115  (Jua)u  Uasilus.  Hara  in  lenui  facnndia  panno. 
liii  Quando  licei  Basile  /Icnieui  produccre  Dtalrnn  y 


—    187   — 

U7  Quà  bene  diccntem  Basilum  ferai  f  accipial  le 
148  Gallia  tel  potius  nutricula  caussidicorum 
H9  Af'nca,  si  placuit  mercedctn  poneve  liiu/iuf. 
lôo  Declamare  doces,  6  ferrea  pectora  Vetti. 

151  Oum  perimit  sœvos  classis  numerosa  tyrannos. 

152  Nant  quœcuaque  sedeiix  modo  legerat,  lnec  cadein  alans. 

153  Perferet  atque  eadem  cantabit  versibus  iisdein. 

154  Occidit  miseros  crambe  repetita  magistros. 

155  Quis  color,  et  quod  sit  caussw  yeniis,  atque  ubi  suinjua 

156  QvjBstio,  qucE  veniant  dive)'Sie  forte  sagittit, 

157  Nosse  velint  omîtes,  mercedem  solvere  nemo . 

158  Mercedem  appellas  ?*  quid  enim  sciof  culpa  docenlis 

159  Scilicet  arguitur,  quod  Ixvu  in  parte  mamillx 

160  Nil  salit  Arcadico  juveni,  cujus  miki  sexta 

161  Quaque  die  miserum  dirus  caput  Hannibal  implet. 

162  Quidquid  id  est,  de  quo  délibérât,  an  petat  urbem 

163  A  Gannis,  an  post  nimbos,  et  fulmina  cautus 

164  Circumagat  madidas  a  tempestate  cohorteis. 

irtô  Quantum  vis  siipularc,  et  protinus  accipe.  quid  do, 
iti«   Ut  totiens  illuia  pater  audiat.  hœc  alii  sex 
i«7   Vel  plures  uno  conclamant  ore  sophistn;, 

168  Et  veras  agitant  liteis,  raptore  relicto  : 

169  Fusa  venena  silent,  malus  ingralv^que  marilus. 

170  Et  qux  jam  veteres  sanant  niortaria  cxcos. 

171  Ergo  sibi  dabil  ipse  rudem,  si  nostra  i)toi:ebunt 

172  Consilia,  et  vitx  diversum  iter  ingredietur, 

173  Ad  pugnam  qui  rhetorica  descendit  ad  umbra, 

174  Summula  ne pereat .  qua  cilis  tessera  venit 

175  Frumenli.  quippe  hœc  merces  lautissima.  tenta 
i7ti   Chrysogonus  quanti  doceat,  vel  Pollio  quanti 

177  Lautorum  pueros^  artem  scindens  Theodori. 

178  Balnea  sexcentis,  et  pluris  porticus,  in  qua 

17!)  Gestetur  dominus^  quolies  piuit,  anne  serenum 

180  Exspectet,  spargatque  lutojumentarecenti? 

181  Heic  potius  :  namquc  heic  mundœ  nitet  ungula  mulx 

182  Parte  alia  longis  Numidarum  fulta  columnis 

183  Surgat,  et  algentem  rapiat  cenatio  solcm. 

184  Quanticunque  domus,  veniet  qui  fercula  docte 

185  Coinponat,  veniet  qui  pulmentaria  candi  t. 


—   188  — 

18«  Hos  inler  sumtus  seslertia  Quinliliano, 

187  Ul  multum,  duo  suf'ficienl  :  rcs  nitlla  minorh 

188  Constabil  palvi ,  (jiiam  filius.  undc  igitur  toi 
180  Quintilianus  habel  salins  f  exempta  novorum 
i»o  Fatoruin  transi  :  f'eUx,  et  pulcer  et  acer  : 

191  Félix,  et  sapiens^  et  nobilis,  et  generosus 

192  Ad  positam  nif/r.r  Lunam  subtexit  alut:c  : 

193  Félix,  orato)-  quoque  maximus,  et  jaculator. 
i9i  l^t  siperfri^it,  cantat  bene.  distat  enini:  quie 
l'Jô  Sidéra  le  excipiant  modo  primos  incipientem 

196  Edere  vagitus,  et  adhuc  a  mater  rubentem. 

197  Si  fortuna  volet,  fies  de  rhetore  consul  : 

198  Si  volet  hsBC  eadem,  fies  de  consule  rhetor. 

199  Ventidius  quid  enim  ?  quid  Tullius  ?  annc  aliud  quatn 
-'«<»  Sidus,  et  occulti  miranda  potenlia  fati  ' 

-'"1  Serois  régna  dabunt,  captivis  fata  triumplium 

•202  Félix  i lie  tamen;  corvo  quoqiie  rarioralbo, 

iO'i  Pœnituit  multos  varw,  sterilisque  cathedra;. 

-'04  Sicut  Tlirasimaclii  probat  exitus ,  atque  Secundi 

■i05  Carrinatis,  et  hune  inopem  vidistis  Athenx. 

■i0^i  Nil  prxter  gelidas  ausœ  conferre  ciculas. 

307  DU  majormn  umbris  tenuem,  el  sine  pondère  lerram, 

-'08  Spiranteisque  crocos,  el  in  iirna  perpetuum  ver, 

-'09  Qui  prsBceptorein  sancU  voluerc  parentis 

-'10  Esse  loco.  rnetuens  virgw  jain  grandis  Achilles 

■-'11   Cantabat patriis  in  nionlibus  :  el  cui  non  tune 

■-'12  Eliceret  risuDi  cilhunedi  cauda  magistii  y 

2IH  Sed  Riifum,  atque  alios  c/edit  sua  quœqae  juvenlus  : 

21  i   Rufum,  quem  loties  Ciceronem  Allobroga  dixit. 

210  Quis  gremio  Celadi,  doclique  Palwmonis  adferl 

216  Quantum  grammaticus  meruit  labor?  el  tamen  ex  hoc, 

217  Quodcunque  est  (minus  est  autcm,  quani  rheloris  ,xra' 

218  Discipuli  custos  prxmordel  Acœnonwt'ua . 

219  El,  qui  dispensât ,  frangit  sibi.  cède  Palœ mon , 

2-'o  El  patere  inde  aliqiiid  decrescere  :  non  aliter,  quam 

221  Instilor  hiberna:  tegelis^  niveique  cadurci  : 

222  Dum  viodo  non  pereat,  medix  quod  noctis  ab  boni 
22:5  Sedisti,  qua  nemo  faber.  qua  nemo  sederel 

■.'•-' i  Qui  docet  obliquo  lanam  dedurere  ferra  : 


—    189  — 

2i''>  Duiii  modo  non  peveal  totideni  nl/'ecissc  lucenias. 

22t;  Quot  stabant  pueri,  cu»i  lotus  decolor  esse l 

m  Flaccus,  et  hœreret  nUjro  fuligo  Maroni. 

-'28  Rara  tamen  merces,  quse  cognitione  Tribuni 

-'23  Non  egeat.  sed  vos  sœvas  imponite  leges, 

230  Ut  prxceptori  verborum  régula  constet; 

231  Ut  légat  historias.  auclores  noverit  omneis. 

232  Tanquam  ungucis,  digitosque  siios,  ut  forte  rogatiis 

233  I)um  petit  aut  thermos,  aut  Phxbi  balnea,  dicat 

234  Nutricem  Anchisw,  nomen,  patriamque  novercr 

235  Archemori  :  dicat  quot  Acestes  vixerit  annos, 
23C  Quot  Siculus  Phrijgibus  ri)ii  donaverit  urnas. 

237  Exigite,  ut  mores  teneros  ceu  pollice  ducat. 

238  Ut  si  quis  cera  vultum  facit  ;  exigite,  ut  sit 

239  Et  pater  ipsius  cœtus,  ne  turpia  ludant, 

240  Ne  faciant  vicibus.  non  est  levé  tôt  puerorum 

241  Observare  manus,  oculosque  in  fine  trementeis. 

242  Haec  inquit,  cura,  sed  cum  se  verterit  annus, 

243  Accipe,  victori  populus  quod  postulat,  aurum . 


SATYRE   Vil 


SUIET 


Dans  cetlf  T*"  satyre  luuenal  parle  au  poète  Telesine  et 
se  plaint  de  la  stérilité  des  trauaux  des  pfens  de  letres  ;  c'est 
de  la  qu'il  prend  occasion  de  reprendre  l'auarice  de  son 
tems,  il  loue  ncagmoints  la  libéralité  de  Traian  qui  aymoil 
les  gens  de  letres,  il  dit  ([u'on  doit  tout  espérer  de  ce 
prince  ;  ceux  qui  veulent  qu'on  entende  Domitien  n'ont  pas 
raison .  puisque  Domitien  êtoit  mort  lors  que  luuenal 
ecriuoit  ses  satyres,  on  ne  pouuoit  pas  par  concequent 
mètre  son  espérance  en  luy  ;  d'ailleurs  Domitien  n'aymoil 
pas  les  belles  letres  conie  on  le  voit  dans  Pline  dans  son 
panégyrique  de  Traian.  Quum  sihi  vitiorum,  O'ïnnium 
conscius  princeps  ^  mimicas  mtiis  artes  non  odin  mogis 
f:/ua7n  renerentia  reler/orcL 


Àganippes  (  versfi}.  —  Fontaine  dans  la  Beotie  consacrée 
aux  Muses. 

Clio  (vers  7).  —  Une  des  neuf  Muses;  elle  se  prend  icy 
pour  les  poètes  même. 

In  umbrâ  pieriâ  ou  ?n  orcâ  (vers  8).  —  Parmy  les 
Muses  qui  s'apeloint  Piérides  d'un  rocher  de  la  Macédoine 
près  du  mont  Parnasse  apelé  Pirris  parce  que  le  poète 
Pierias  y  sacryfioit  aux  Muses. 


—    l9->   — 

MnchcPm'  {\evs  9).  — (Irirm'  |)iililic. 

Aiictio  commiaaa  (vers  lO,.  —  LCmaii  (|U('  l'on  mel 
entre  les  mains  (\\\  crieur  public  ou  l'encan  dans  lequel  il 
y  a  toûiours  ((ucl(|iie  dispute  entre  ceux  (|ui  veulent 
achepler. 

Alnjonrin  Bdcrhi  {\cx?^  12').  —  La  lablc  ilo  Tlicbas  écrite 
par  le  poclo  Fauslus.  Thebas  fils  d'OEdyppus  se  maria  auec 
sa  mère,  lorsqu'il  reconut  son  malbeur  il  se  lua;  il  laissa 
de  ce  mariage  Eteocle  et  Polinice  qui  s'entretuerent. 

Therea  Fausti  (vers  12'j.  —  Tragédie  de  Terée  mary  de 
Progné;  le  même  Faustus  l'auoit  écrite. 

Equités  (vers  15).  —  Esclaues  de  diuers  pays  qui 
s'êtoint  eleués  a  la  dignité  de  cheualier  par  leurs  crimes. 

Altéra  Grxcia  (vers  Ki).  —  La  Grèce  qui  êtoit  une 
prouince  des  Gaules. 

Laurumque  momordit  (vers  19).  —  Gecy  est  a  l'imita- 
lion  de  ce  ([ue  dit  Horace  [)0ur  expriniei-  l'apiication  des 
poètes. 

Swpp  tripiil  sr/'ihrrrl ,  ri  uns  ri  rodcrcl  uiif/UPX 
NiT  (Imimrsos  snprl  vnçines. 

Les  poètes  rl()iiii  coiiiout's  de  iaui'ier  consacré  a  Apol- 
lon ;  dans  leur  Liraudc  aplicalioii  ils  ninrdoinl  et  rongeoini 
le  hunier  coinc  on  se  roui;è  les  oniiles.  (|iiaii(l  on  l'ait  des 
vei's. 

Duels  (vers  2\  j.  —  De  iCnipcreur. 

Hoc  aqite  (vers  20).  —  C'est  a  dire  ;qi|>li(|ii('s  vous  a 
l'étude. 

Tabellse  croce^  (vers  23).  —  Des  l.dijeties  de  (^edre  qui 
est  de  la  couleur  du  safran. 

Marito  F^;?pr/.ç  (vers  25).  —  \'iilcain. 


—  193  — 

Pertunde  (vers  26..  —  Laissés  manger  vos  liures  aux 
vers.  Pertundere  signifie  percer,  cest  ce  que  des  petits  vers 
font  aux  liures,  c'est  percer  une  chose  que  delà  laisser 
percer  ou  de  permetre  qu'on  la  perce. 

Imagine  macra  (vers  29).  —  Les  anciens  dressoint  des 
statues  a  la  mémoire  des  poètes  ;  luuenal  done  l'epythete 
de  maigre  a  la  statue  dont  il  parle  parceque  la  pauureté 
des  poètes  leur  causoit  de  la  maigreur. 

lunonis  auem  (vers  32).  —  Le  pan  qui  ètoit  l'oiseau  de 
lunon,  parceque  Argus  a  100  yeux  qui  êtoit  son  berger 
feut  métamorphosé  en  cet  oiseau  pour  s'être  laissé  endor- 
mir par  Mercure  lors  qu'il  gardoit  lo,  mai  tresse  de  lupiter. 

Terpsichorem  (vers  35).  —  Une  muse  qui  prend  son  nom 
du  plaisir  qu'elle  done  aux  assemblées  ;  TÉp-l^iç  plaisir,  /.«po? 
assemblée. 

Musarum  et  Appolinis  sede  relictâ  (vers  37).  —  C'est  a 
dire  a  ce  riche  dont  vous  préfères  la  protection  a  celle  des 
Muses  et  d'Apollon  même.  Auguste  fit  bâtir  un  temple  a  ce 
dieu  des  belles  letres ,  il  y  auoit  une  très  belle  bibliothèque 
en  grec  et  en  latin.  Martius  Phylipus  en  fit  bâtir  un  autre 
aux  Muses. 

Maculonus  commodat  asdes  (vers  40).  —  Quelques  uns 
lisent  Maculonis  ;  quoyqu'il  en  soit  il  prétend  montrer  que 
l'on  prête  un  grand  logis  ,  et  c'est  précisément  ce  que  i'ay 
expliqué  étant  aisé  d'ailleurs  de  coniecturer  que  ce 
Maculonus  êtoit  riche  et  auare. 

Orchestra  (vers  47).  —  G'êtoit  l'endroit  du  théâtre  ou 
l'on  dansoit  et  ou  l'on  chantoit,  c'êtoit  aussy  quelquefoix 
ou  êtoint  les  places  les  plus  honorables. 

Tenui  in  puluere  sulcos  subducimus  et  litus  tenui 
venamus  aratro  (vers  48  et  49).  —  Cette  expression  de  la 

13 


—   104   — 
Stérilité  des  champs  represtMitc   fort   Ijien    la  slf>rilité  lies 
études  du  temps  do  luuenal. 

Aptusque  bibendis  fontibus  (vers  58  et  59).  —  C'est  a 
dire  qu'un  esprit  doitauoir  du  naturel  pour  la  poésie.  L'art 
n'est  conté  pour  rien  lors({u"il  est  soûl. 

Aonidum  (vers  59).  — Des  Muses  ;  la  Beotie  ou  il  y  a 
beaucoup  dos  fontaines  consacrées  aux  Muses  s'apeloit 
Aonia  de  quelques  peuples  barbares  qui  y  Ainrent  habiter; 
ce  nom  passa  aux  Muses  parcequ'elles  êtoint  fort  reuerées 
dans  ce  pays. 

Sub  antro  Pierio  (vers  59  et  60).  —  Dans  la  cauerne  des 
Muses  ;  elles  s'apeloint  Piérides  d'un  endroit  du  Parnasse 
apelé  Pieris. 

T/iyrsum  co7iting 67^6  {vers  60). — Entrer  dans  la  fureur 
poétique.  Thyrsum  etoit  un  bâton  couuert  de  pampre  ;  les 
bacchantes  le  portoint  dans  les  sacryfices  de  Bacchus  ;  elles 
s'agitoint  durant  co  tems  la  iusqu'a  deuenir  furieuses. 

Euoë  (vers  62).  —  C'est  a  dire  Bacchus. 

Doniinis  Cirrse ,  Nysœque  (vers  64).  —  Apollon  et 
Bacchus;  le  l^'a  ce  nom  parcequ'il  rendoit  les  oracles  a 
Delphes  dans  la  Phocide  près  de  la  ville  de  Cyrra  d'où  il 
est  apelé  Cyrrxus.  Bacchus  est  apelé  maitre  de  Nysa 
parcequ'il  feut  eleué  par  les  nymphes  dans  la  cauerne  Nysa 
entre  la  Phœnicio  et  le  Nil. 

Magnx  mentis  (vers  66).  —  Il  entend  "Virgile  qui  fait 
des  descriptions  de  tout  ce  qui  suit. 

Rutulum  (vers  68).  —  Turnus  roy  des  Butuliens. 
■  Erynnis  (vers  68).  —  Furie,  c'est  Alecto  ;  les  autres  deux 
êtoint  Tysiphone  et  Megere. 

Caderent  a  crinibus  hydri  (vers  70).  —  Virgile  met 
des  serpents  a  la  tête  d' Alecto  ;  luuenal  dit  que  si  le  poète 


—  lyô  — 

auoit  été  panure  ii  nauroit  pas  fait  toutes  res  belles  des- 
criptions. 

Ri(hrr)ms  Lappa  (vers  1-2).  —  Poète  du  tems  de  luuenai, 
qui  êtoit  panure  ;  tons  les  poètes  panures  sont  représentés 
par  celuy  cy. 

Antiquo  cothurno  (vers  72).  — A  l'ancien  style,  aux 
anciens  poètes. 

Pignerat  Atreus  (vers  73).  —  La  comédie  qnc  Rubrenus 
fit  sur  Atrée  feut  cause  qu'il  engagea  ses  meubles  parcequ'il 
employa  le  tems  a  la  composer  au  lieu  de  songer  a  gaigner 
sa  vie. 

Non  habet  infelix  Numitor  (vers  74).  —  luuenal  insulte 
a  un  riche  qui  ne  donoit  rien  a  ses  amys  et  donoit  beau- 
coup a  Quintilla  courtisane. 

Serranus  et  Saleius  (vers  80).  —  Poètes  du  tems  de 
luuenal  fort  panures. 

Agauem  intactam  (vers  87).  —  Tragédie  qui  n'auoit  pas 
été  recitée  sur  Agaue  fille  de  Gadmus  fondateur  de  la  ville 
de  Thebes ,  et  mère  de  Penthée ,  qu'elle  tua  dans  les  sacry- 
fices  de  Bacchus  pendant  qu'elle  êtoit  en  fureur  croyant 
que  c'étoit  un  sanglier. 

Paridis  (vers  87).  —  Comédien  fauory  de  Domitien. 

Semestre  aurum^  (vers  89).  —  Anneau  d'or  que  les 
cheualiers  romains  portoint.  Semestris  veut  dire  rond  come 
Luna  semestris  veut  dire  la  lune  ronde. 

Camerinos  Bareas  (vers  90  et  91  ).  —  Il  entend  les  gens 
de  qualité. 

Pelopeia  (vers  92).  —  C'est  une  tragédie  de  Poplée  fille  de 
Thyeste  auec  laquelle  son  père  auoit  couché  ;  d'elle  nacquit 
Egyste  amant  de  Clytemnestre  avec  laquelle  il  tua 
Agamennon. 


—   196  — 

Philomela  (vers  92 "i.  —  Tragédie  de  Fhylomele  et  de 
Progne  sœurs. 

Proculeius  (vers  94j.  —  ChcLuilier  Romain  lauory  d'Au- 
guste ;  il  aymoit  fort  les  gens  de  letres. 

Fabius  (vers  95).  —  C'est  coluy  a  (jui  Oiiide  etriuit 
quatre  lelres  pendant  son  exil  :  il  est  aisé  d'inférer  ([u'il 
aymoit  fort  les  gens  de  letres. 

Cotta  (vers  95  ).  —  11  en  fait  le  caracthere  ailleurs. 

Qua;  Piso  bonus,  quw  Cotta  solebat 
Largin. 

Sescire  vinum  toto  decembri  (vers  97).  —  11  dit  cela  a 
cause  des  fêtes  de  Saturne  que  Ton  celehroit  dans  le  mois 
de  décembre  pendant  cinq  iours ,  on  y  faisoit  beaucoup  de 
débauche. 

Intactam  Paridi  nisi  vendat  Agauem  (vers  87).  —  Les 
cinq  vers  qui  suiuent  et  qui  sont  contre  le  comédien  Paris 
firent  des  atfaires  a  luuenal  ;  ce  Paris  êtoit  fort  bien  auprès 
de  l'empereur  ;  pour  se  venger  du  poète  sans  qu'il  peut  se 
plaindre  de  luy,  il  luy  fit  doner  le  comandement  d'une 
cohorte  pretoriene  en  Egypte  ou  quel(}ues  uns  ont  creu  qu'il 
êtoit  mort ,  mais  il  vécut  long  tenis  après  Domilien  et  selon 
la  coniecture  de  quel({ues  uns  iusqu'a  Nerua,  Traian  et 
Adrien. 

Inde  (vers  103).  —  De  l'hystoire. 

TerraB  apertm  (vers  1 03 ).  —  De  l'hystoire  bien  expliquée. 

Sed  genus  ignauum  quod  lecto  gaudeat  et  umbrâ  ^^vers 
105).  —  C'est  une  obiection  (juc  luuenal  se  fait  faire.  On 
ne  doit  pas  être  surpris  de  ce  que  les  hystoriens  ne  gaignent 
rien  puisqu'ils  sont  toùiours  dans  le  cabinet  ou  au  lict,  et 


—   197  — 
qu'ainsy  ne   se   faisant   pas   conoilre  ils  n'ayent  pas  de 
recompense.  Genus  ignauum  signifie  que  cette  sorte  des 
gens  ne  se  donoint  pas  la  pcyne  de  taire  leur  cour,  et  qu'ils 
aymoint  mieux  être  dans  le  cabinet. 

Acrior  (vers  109).  —  Le  débiteur  qui  est  toùiours  plus 
ardent  lorsqu'il  nie  une  debte  que  le  créancier  qui  la 
demande. 

Russati pone  Lacernx  (vers  114).  —  G'êtoit  le  cocher  de 
Domitien  ou  un  simple  soldat  vêtu  de  rouge  come  c'êtoit 
la  coutume  ;  les  vers  qui  suiuent  ne  peuuent  bien  s'entendre 
qu'en  les  prononçant  auec  des  sons  différents  tels  que 
demande  le  sens  interrompu  du  discours. 

Consedere  Duces  (vers  115).  —  C'est  le  comancement  des 
harangues  d'Aia.x  et  d'Ulisse  dans  Ouide. 

Surgis  tupallidus  Aiaor  (vers  115).  —  C'est  pourquoy  il 
luy  plait  de  nomer  Aiax  celuy  qui  se  leue  pour  haranguer  : 
les  deux  mots  consedere  duces  sont  pris  du  1 3^  Hure  de  la 
métamorphose  ; 

Consedere  duces  vulgi  s  tante  corona 

Àia.T  pallidus  (vers  115).  —  C'est  a  l'âuocat  que  cela 
s'adresse  ;  âuocat  tu  palis  lors  que  tu  deffens  une  cause  ; 
autant  que  palissoit  Aiax  lors  qu'il  disputoit  les  armes 
d'Achylle  deuant  les  princes  grecs. 

Pedo  (vers  129).  —  Auocat. 

Matho  (vers  129).  — Autre  âuocat. 

Cum  rhinocerote  (vers  130).  —  Auec  un  vase  fait  de  la 
corne  d'un  rhinocéros;  les  riches  s'en  seruoint  dans  les 
bains,  ils  y  tenoint  de  l'huyle  dont  ils  se  frotoint  ;  les 
pauures  auoint  un  vase  de  corne  de  taureau. 


—  in?^  — 

Basiliis  ,  Gallus  (vers  115).  —  Noms  des  pauures 
âuocats. 

An  post  nimbas  et  fulmina  (vers  163\  —  C'est  un  des 
suiets  de  déclamation  qu'ils  prcnoinl;  il  semble  dire 
qii'Annibal  ayant  été  surpris  d'un  orage  après  qu'il  eut 
remporté  la  victoire  de  Cannes  ne  peut  auancer  iusqu'a 
Rome ,  les  eaux  de  la  petite  rivière  d'Anio  rtant  deuenues 
extraordinairement  grosses. 

Classis pcrimit  Tyrannos  (vers  151).  — Lors  que  toute 
la  classe  s'exerce  a  l'aire  des  déclamations  sur  la  mort  des 
tyrans. 

In  Iseuâ  parte  mamillx  (vers  159).  —  C'est  a  dire  dans 
le  cœur  qui  selon  quelques  phylosophes  êtoit  le  siège  de 
l'entendement;  c'est  pour  cela  qu'il  dit  nil  salit,  il  n'y  a 
point  de  sagesse. 

Durus  Annihal  (vers  161  ).  —  Déclamation  sur  Annibal. 

Raptore  (vers  168).  —  lason. 

Adpugnam  (vers  173).  —  Pour  venir  au  barreau. 

Chrysogonus  (vers  176).  —  C'est  ce  musicien  dont  il  a 
parlé  ailleurs.  luuenal  dit  icy  que  des  gens  de  ceite  nature 
êtoint  préférés  a  ceux  ([ui  enseignoinl  les  belles  letres.  et 
par  la  il  condamne  l'aueuglemcnL  des  gens  de  son  siècle. 

Rapiat  a  Ig  ente  in  solem  (vers  183).  —  Pour  y  prendre  le 
soleil  durant  l'hyver  ;  d'autres  suiuent  une  pensée  toute 
contraire ,  et  prétendent  que  c'est  pour  prendre  le  Iraix  en 
été  ;  au  reste  prendre  le  soleil  ou  prendre  le  traix  a  été  une 
expression  littérale. 

Subtexit  Lunam  nigr<x  aliUiu  (vers  192).  —  Les  cheua- 
liers  Romains  porloint  des  souliers  noirs  auec  une  pointe 
faite  en  croissant. 

Ventidius  (vers  199).  —  luuenal  prouue  par  l'exemple 


—   199  — 

de  Ventidius  el  de  Tullius  que  le  bonheur  des  homes 
dépend  de  la  l'ortuuo  ;  le  1"  etoit  de  fort  basse  extraction, 
Pompée  Strabon  père  du  grand  Pompée  le  voyant  entre  les 
bras  de  sa  mère  eut  enuie  de  le  faire  eleuer  ;  il  y  réussit  si 
bien  qu'après  qu'il  eut  passé  dans  les  dignités  les  plus 
eleuées  il  posséda  l'amitié  de  César  et  feut  enfin  prêteur. 

Tullius  (vers  199).  —  C'est  Seruius  Tullius  roy  des 
Romains  quoyque  né  d'une  seruante. 

Trasimachi  et  Carrinatis  (vers  204  et  205).  —  G'êtoint 
deux  orateurs  qui  feurent  obligés  de  cesser  d'enseigner  par 
le  peu  de  profit  qn'ils  y  trouuoint.  Thrasimaque  se  pendit  a 
Athènes. 

Inopem  (vers  205).  —  Socrate  le  grand phylosophe  qu'on 
fit  mourir  a  Athènes  auecde  la  ciguë. 

DU  (vers  207).  —  Il  feut  entendre  date. 

Cauda  magistri  (vers  212).  — Il  parle  de  Chyron  que 
les  poètes  disent  auoir  été  moytié  home  et  moytié  cheual. 

Patriis  montibus  (vers  211).  —  Dans  la  Thessalie. 

AcœnonMus {yers  218).  —  Nom  propre. 

Acestes  (vers  235).  —  Fils  de  Criminisius  fleuue  d'Italie 
et  de  la  troiene  Segesta  ;  il  feut  roy  de  Sicile  et  c'est  luy 
qui  dona  a  Enée  tant  des  vases  de  vin  dont  il  est  parlé  dans 
l'Enéide. 

Quod  populus  postulat  victori  (vers  243).  —Dans  les 
ieux  le  peuple  auoit  accoutumé  de  demander  a  haute  voix 
que  l'on  donat  quelque  chose  au  vainqueur  ;  on  peut  appli- 
quer cecy  aux  crys  que  l'on  faisoit  au  barreau  en  faueur  de 
celuy  qui  gaignoit  auec  iustice. 

Citharaidi  cauda  magistri  (  vers  212).  —  C'est  de  Chyron 
que  le  poète  parle  ;  on  dit  qu'il  êtoit  moitié  home  et  moitié 
cheual. 


—  200  — 

Quos  loties  Ciceronem  Àllobroga  dixit  (vers  214).  —  Qui 
le  traita  d'Allemand  :  la  geographio  vont  que  les  Allobroges 
soint  les  Sauovards. 


FIN 

DE     LA     1'    SATYRE. 


SATYRA     VIII 


1  Steninmla  quid  faciunl,  quid  prodesL,  Pontice,  longe 
•2  Sanguine  censeri,  pictosque  ostendere  vultus 
3  Majorum,  et  stantes  in  curribus  Mmilianos, 
i  Et  Curios  jam  dimidios,  humerosque  minorem 

5  Corvinuin,  et  Galbam  auriculis  nasoque  earentem  ? 

6  Quis  fructus  generis  tabula  jactare  capaci 

7  Corvinuin ,  posthac  inulta  contingere  virga 

8  Fumosos  cquitum  cum  Dictatorc  inagistros, 

9  Si  coram  Lepidis  maie  vivitur?  effigies  quo 

10  Tôt  bellatorum.,  si  luditur  aléa  pernox 

11  Alite  Numantinoa  ?  si  dorrnire  incipis  ortu 

12  Luciferi,  quo  signa  Duces,  et  castra  movebant  ? 

13  Cur  Allobrogicis ,  et  magna  gaudeat  ara 

14  Natus  in  Herculeo  Fabius  Lare,  si  cupidus ,  si 
là  Vanus,  et  Euganea  quantumvis  tuollior  agna  : 
i«  Si  tenerum  attritus  Catinensi  pumice  lumbrum 

17  Squalenteis  traducit  avos,  cmptorque  veneni 

18  Frangenda  iniseram.  funestat  imagine  gentem  ? 

19  Tota  licet  veteres  exornent  undique  cers 

20  Atria,  nobilitas  sola  est  atque  unica,  virtus. 

21  Paulus,  vel  Cossus,  vel  Drusus  moribus  esto  : 

22  Hos  ante  effigies  majorum  pane  tuorum  : 

23  Prascedant  ipsas  illi  te  Consule  virgas  : 

24  Prima  milii  debes  animi  bona.  sanctus  liaberi, 

25  lustitixque  tenax  factis,  dictisque  mereris  : 

26  Agnosco  procerem.  salve  Getulice,  seu  tu 

27  Syllanus,  quocunque  alio  de  sanguine  rarus 

28  Civis,  et  egregius  patrix  contingis  ovanti. 

29  Exciamare  libet  populiis  quod  clamât  Osiri 


—   20-2   — 

30  InvenUt.  quis  eniiii  gcncrosum  dixeril  hune,  qui 

31  Indignus  gnip.re,  el  prxclaro  nomine  tantum 

32  Insignis?  manuni  cujusdam,  Atlanta  vocamm  ; 

33  jElhio'pem,  cycnum  :  pravam  extortamque  puellam , 

34  Europen.  canibus  pigris  scabiequc  vclusta 

35  Lxvibus,  et  siccx  lambentibus  ora  lucernx, 

36  Nomen  erit  pardus,  tigris,  leo,  si  quid  adhuc  est, 

37  Quod  fremat  in  terris  violentius.  ergo  cavebis, 

38  Et  metues,  ne  tu  sis  Creticus,  aut  Gamerinus. 

39  His  ego  quem  monui  ?  tecum  est  mihi  sermo  Rubelli 

40  Plante,  tûmes  alto  Driisorum  stemmate,  tanquam 
SI  Feccris  ipse  aliqiiid.  propler  quod  nobilis  esses. 

42  Ut  te  conciperet,  qux  sanguine  fulget  luli, 

43  Non  qu3B  ventoso  conducta  sub  aggere  texit . 

44  Vos  humiles,  inquis,  vulgi  pars  ultima  nostri, 

45  Quorum  nemo  queat  patriam  monstrare  parentis  : 
4H  Ast  ego  Cecropides.  vivas,  et  originis  hujus 

57  Gaudia  longa  feras  :  tatnen  ima  plcbe  Quiritem 

48  Facundum  invenics.  solcl  hic  dcfendere  caussas 

49  Nobilis  indocti.  veniet  de  plèbe  togata, 

50  Qui  juris  nodos,  et  legum  xnigmalo  salvat. 

51  Hic  petit  Euphraten  Juvenis,  domitiqite  Batavi 

52  Custodes  aquilas,  annis  indnstrius  :  al  tu 

53  Nil  nisi  Cecropides,  Iruncoque  simillimus  Hennx. 

54  Ntillo  quippe  alio  vincis  discrimine,  quam  quod. 

55  Illi  marmoreum  caput  est,  tua  vivit  imago. 

56  Die  mihi,  Teucrorum  proies,  animalia  muta 

57  Quis  generosa  putet,  nisi  for  lia?  nempe  volucrem 

58  Sic  laudamus  equum,  faciii  cui  plurima  palma 

59  Fervet,  et  exsultet  rauco  Victoria  circo. 

60  Nobilis  hic,  quocunque  venit  de  gramine,  cujus 

61  Clara  fuga  anle  alios,  et  primus  in  xquore  pulvis  : 

62  Sed  vénale  pecus  Corythx,  posteritas  et 

63  Hirpini,  si  rara  jugo  Victoria  sedit. 

64  Nil  ibi  majorum  respectus,  grotia  nulla 

65  Umbrarum,  dominos  pretiis  mutare  jubentur 

66  Exiguis,  trito  ducunt  epirhedia  collo 

67  Segnipedes,  dignique  molam  versare  Nepotis. 

«8  Ergo,  ut  miremxtr  te,  non  tua;  primum  aliquid  da 


—  ?03  — 

69  Quod  possim  titulis  iiicidere  pneter  honores, 

70  Quos  illis  damus,  et  dcdimus,  quitus  omnia  debes. 

71  Hxc  satis  adjuvenem,  quem  nobis  fama  superbum 

72  Tradit,  cl  inflatum^  pknumque  Nerone  propinquo. 

73  Rarus  cniin  ferme  sensus  commioiis  in  illa 

74  Fortuna.  sed  te  cemeri  lande  luorum, 

75  Pontice,  nolueriin,  sic  ut  niltil  ipso  futurs 

76  Lundis  ar/as.  Miserum  est  aliorum.  incumbere  farnx. 

77  Ne  collapsa  ruant  subdudis  tecta  columnis. 

78  Stratus  humi  patinas  viduas  desidcrat  ulmos. 

79  Esto  bonus  mites,  tutor  bonus,  arbiter  idem 

80  Integer.  ambigux  si  quando  citabere  testis 

•SI  Incertasque  rei,  Phalaris  licet  imperet,  ut  sis 

82  Falsus,  et  admoto  dictet  perjuria  tauro. 

83  Summum  crede  nefas  animam  prxferre  pudori, 

84  Et  propter  vitam  vivendi  perdere  causas. 

85  Dixjnus  morte  périt,  cœnet  licet  ostrea  centum 

86  Gaurana,  et  Cosmi  toto  mergatur  aëno. 

87  Exspectata  diu  tandem  provincia  cum  te 

88  Rectorem  accipet,  pone  irêe  frena,  modumque, 

89  Pone  et  avaritiee  :  miserere  inopum  sociorum. 

90  Ossa  vides  regum  vacuis  exsuda  medullis. 

91  Respice  quid  inoneant  leges,  quid  curia  mandet , 

92  Pr^mia  quanta  bonos  maneant,  quam  fulmine  jus to 

93  El  Capito,  et  Numitor  ruerint  damnante  Senatu 

94  Pèiratx  Cilicinn.  sed  quid  dumnatio  confert , 

95  Cum  Pansa  eripial,  quidquid  tibi  Natta  reliquit  ? 

96  Prasconem  Chxrippe  luis  circumspice  pannis, 

97  lamque  tace.  Furor  est  post  omnia  perdere  naulum. 

98  Non  idem  gemitus  olim,  neque  vulnus  erat  par 

99  Damnorum,  sociis  florentibus,  et  modo  victis. 

100  Plena  domus  tune  omnis,  et  ingens  stabat  acervus 

101  Nummorum,  Spartana  chlamys,  conchylia  Ooa, 

102  Et  cum  Parrhasii  tabulis,  signisque  Myrrhonis 

103  Phydiacum  vivebat  ebur,  nec  non  Polycleli 

104  Multus  ubique  labor  :  rarse  sine  Mentore  mensse. 

105  Inde  Dolabella  est,  atque  hinc  Antonius,  inde 

106  Sacrilegus  Verres  ;  referebant  navibus  altis 

107  Occulta  spolia,  et  ptures  de  pace  Iriumphos. 


—  204  — 

los  Nunc  sociis  juga  pauca  boum,  gre.r  parrus  equarum, 

109  El  palcr  armenli  capto  eripiator  agello  : 

110  Ipsi  deinde  Lares,  si  quod  spectabile  signum , 

111  Si  guis  in  œdicula  Deiis  unicus.  hsec  etenim  sunt 

112  Pro  summis  :  nam  swit  Iwc  maxima.  despicias  tu 

113  Forsitan  imbelleis  Rhodios,  undamque  Corinthum  : 

114  Despicias  merito.  quid  resinalajuventus, 

115  Cruraque  totius  facient  tibi  Ixvia  gentis  ? 

116  HorHda  vitanda  est  Hispania,  Gallicus  axis^ 

117  Illyricumque  latus.  parce  et  messoribus  illis. 

118  Qui  saturant  urbem ,  Circo,  scenseqne  vacantem. 

119  Quanta  autem  inde  feres  tain  dine  prœmia  culpœ. 

120  Cum  tenues  nuper  Marins  discinxerit  Afros  ? 

121  Curandum  in  primis.  ne  magna  injuria  fiât 

122  Fortibus,  et  miseris.  tollas  licet  omnc  quod  usquam  est 

123  Auri,  alque  argenti  :  scutiim,  gladiumque  relinques, 
i2i  Et  jaculum,  et  galeam  :  spoliatis  arma  supersunt. 

125  Quod  modo  proposui  non  est  senlentia  ;  verum  est. 

126  Crédite  me  vobis  folium  recitare  Sibyllœ. 

127  Si  tibi  sancta  cohors  comitum,  si  nemo  tribunal 

128  Vendit  Acersecomes.  si  nullum  in  conjuge  crimen, 

129  Nec  per  conventus  .^  et  cunclaper  oppida  curvis 

130  Unguibus  ire  parât  nummos  raptura  Cwleno  : 

131  Tune  licet  a  Pico  numeres  genus,  attaque  si  te 

132  Nomina  délectant ,  omnem  Titanida  pugnam 

133  Inter  majores,  ipsumque  Promethea  ponas. 

134  De  quocunque  voles  proavum  tibi  sumito  libre. 

135  Quod  si  prxcipitem  rapit  ambitio,  atqiie  libido, 

136  Si  frangis  virgas  sociorum  in  sanguine,  si  te 

137  Délectant  hebetes  lasso  lictore  secures  : 

138  Incipit  ipsorum  contra  te  stare  parentum 

139  Nobilitas,  claramque  faccm  pr.rferre  pudendis. 

140  Omne  animi  vilium  tanto  conspeclius  in  se 

141  Crimen  habet,  quanto  major,  quipeccat,  habetur. 

142  Quo  miJii  tesolitum  falsas  signare  tabellas 

143  fn  templis,  qux  fecil  «rm-,  statuamque  parentis 

144  Ante  triumphalem  ?  quo,  si  nocturnus  adulter 

145  Tempora  Santonico  vélos  adoprrta  rucullo  ' 

146  Prxter  majorum  cineres.  atque  ossa  volucri 


—  205  — 

147  Carpento  rapitur  pi?iguù  Laleranus,  et  ipse, 

148  Ipse  rotam  stringit  multo  suflamine  Consul  : 

149  Xocte  quidem  :  sed  Lima  videl,  sed  sidéra  testeis 

150  Intendunt  ocidos.  finitum.  tenipus  hono7Us 

151  Cum  fuerit,  clara  Laleranus  luce  flagellum 

152  Snmet,  et  occursum  nu>iquaia  trepidabit  amici 

153  lam  senis,  ac  virga  prior  annuel,  atque  maniplos 

154  Solvet,  et  infundet  jumentis  hordea  lassis. 

155  Interea,  dum  lanalas,  torvumque  juvencum 

156  More  Nurme  rxdil  lovis  ante  altaria,  jurai 

157  Solam  Hipponam,  et  fades  olida  ad  prxsepiapictas. 
15S  Sed  cum  pervigileis  placet  instaurare  popinas  ; 

159  Obvius  assiduo  Syrophœnix  udus  amomo 

160  Currit,  Idwnex  Syrophœnix  incola  ports, 

161  Hospitis  affeclu  dominum,  Regemque  salutat, 

162  Et  cum  venali  Cyane  succincta  lagena. 

163  Defensor  culpm  diret  mihi,  fecimus  et  nos 

164  Hœc  juvenes.  esto  :  desisli  nempe,  nec  ultra 

165  Fovisti  errorem.  brève  sit,  quod  turpiter  audes. 

166  Quœdamcum  prima  resecentur  crimina  barba  , 

167  Indulge  veniampueris.  Laleranus  ad  illos 

168  Thermarum  calices,  inscriptaque  lintea  vadit 

169  Maturus  bello  Armenise,  Syriœque  tuendis 

170  Amnibus,  et  Rlieno,  atque  Lstro.  prxstare  Neronem 

171  Securum  valet  hsec  setas.  mille  ostia  Cssar, 

172  Mille  :  sed  in  magna  legatum  quœre  popina. 

173  Invenies  aliquo  cura  percussore  jacentem 

174  Permistum  nantis,  et  furibus,  ac  fugitivis, 

175  Inter  carnifices,  et  fabros  sandapilarum, 

176  Et  resupinati  cessantia  tympana  Galli  : 

177  Mqua  ibi  liberlas,  communia  pocula,  lectus 

178  N'on  alius  cuiquam,  nec  mensa  remortior  ulli. 

179  Quid  facias  talem  sortitus,  Ponlice,  servum  ? 

180  Nempe  in  Lucanos,  aut  Tusca  ergastula  mittas. 

181  Al  vos  Trojugena!  vobis  ignoscitis,  et  qu<e 

182  Tunpia  cerdoni,  Volesos,  Brutumque  decebunt. 

183  Quid,  si  nunquam  adeo  fœdis,  adeoque  pudendis 

184  Utimur  exemplis,  ut  non  pejora  supersint? 

185  Consumtis  opibus  vocem  Damasippe  locasti 


—  206  — 

isfi  Sipariu.  claniosum  ageres  ut  pliasmu  (Uitulli. 
i«7  Laureolum  velo.r  etiam  bene  Lentuliis  egit. 
i«s  Indice  me,  dignns  rera  cruce.  nec  tamen  ipsi 
is'.t  Ignoxcas  populo  :  popiiH  frons  dunor  hujus. 

190  Qui  sedet,  et  spectat  trisctirria  patriciorum  : 

191  Planipedes  audit  Falnos,  ridere  potest  qui 

192  Mamercorum  alapas.  quanti  sua  funera  vendant , 

193  Quid  refert  ?  vendunt  nullo  cogente  Nerone, 

194  Nec  duhilanl  Celsi  Prwlorix  rmdere  ludis. 

195  Finge  taiiien  gladins  indc,  alque  hinc  pulpita  pone  : 
i9t;  Quid  satius?  nxorleni  si  quisquavi  exhorruit.  ut  sil 
197  Zelotgpus  Tliymcles,  stupidi  coUega  Cnrgntlii? 

19S  lies  Iiaud  mira  tamen,  cytharxdo  Principe  mimus 

199  Nobilis.  hsc  ultra,  quid  erit  nisi  ludus  ?  et  illic 

200  Dedecus  urbis  habes.  nec  mirmillonis  in  armis, 

201  lYer  clypeo  Gracchuni  pugnanlem,  aut  falce  supina, 

202  (Damnât  cnim  taleis  habitus,  sed  damnât  et  odii 

203  Nec  galea  faciem.  abscondil  ;  movet  eccc  iridentem, 
ioi.  Postquam  librata  pende nlia  retia  dextra 

205  Nequicquam  efpudit,  nudum  ad  spectacula  vultwn 

206  Erigit,  et  tota  fugit  agnoscendus  arena. 
20"  Cedamus  tunicœ,  de  faucilms  aureacwn  se 

208  Porrigat,  et  longo  jactetur  spii'a  galero. 

209  Ergo  ignominiam  gravinrem  pertiilit  onini 

210  Vulnere  ciim  Graccho  jussus  pugnare  secutor. 

211  Libère  si  dentur populo  suffragia,  quis  tam 

212  Perditus,  ut  dubitet  Senecam  pneferre  Neroni, 

213  Cujus  supplicio  non  debuit  una  parari 

214  Simia,  nec  serpens  unus,  nec  culeus  unus? 

215  Par  Agamemnonids",  crimen  :  sed  caussa  facit  rem 

216  Dissimilem.  quippe  ille  Deis  auctoribus  ultor 

217  Patris  erat  cœsi  média  inler  pocula  :  sed  nec 

218  Electrx  jugulo  se  pnlluit,  aut  Spartani 

219  Sanguine  conjugii,  nullis  aconita  propinquis 

220  Miscuit,  in  scena  nunquam  contavit  Orestes, 

221  Troica  non  scripsit.  quid  en i m   Virginius  armis 

222  Debuit  uleisci  magis,  aul  cum  Vindice  Galba  ? 

223  Quid  Nero  tam  sieva,  vrudaque  Igrannidc  fecit  ? 

224  Hsec  opéra,  atque  hwc  sunt  gêner osi  Principis  artes, 


—  207  — 

225  Gaudentis  fœdo  peregrina  ad  pulpita  cantu 

226  Prostitui,  Graùeque  apium  meruisse  coron/e. 

227  Majorum  effigies  habeant  insignia  vocis, 
22S  Ante  pedes  iJûmili  longum  tu  poiie  Thijests; 

229  Syrma,  vel  Antigonw,  seti  personam  Menalippes, 

230  Et  de  marmoreo  Githaram  suspende  Colosso. 

231  Qiiid  Catilina  tuis  natalibus,  atque  Cethegi 

232  Inveniet  quisquam  sublimius  ?  arma  tamen  vos 

233  Nocturna,  et  flammas  domibus,  templisque  parastis. 

234  Ut  Braccatorum  pueri ,  Senonumque  minores, 

235  Ausi  quod  iiceat  ttinica  punire  molesta. 

236  Sed  vigilat  Consul,  vexillaque  vesira  coercet. 

237  Hic  noms  Arpinas,  ignobilis,  et  modo  Rom^ 

238  Municipalis  Eques  galeatum.  ponit  ubique 

239  Praesidium  atUmitis,  et  in  omni  gente  laborat. 

240  Tantum  igilur  muros  intra  toga  contuUt  illi 

241  Nominis,  et  tituli.  quantum  non  Leucade,  quantum 

242  Thessalix  campis  Octavius  abstulit  udo 

243  Casdibus  assiduis  gladio.  sed  Roma  parentem, 
'iu  Borna  patrem  patrie  Cicero)iem  libéra  dixit. 

245  Arpinas  alius  Volscorum  in  monte  solebat 

246  Poscere  mercedes  alieno  lassas  aratro  ; 

247  Nodosam  post  hœc  frangebal  vertice  vitem, 

248  Si  lentus  pigra  muniret  castra  dolabra  : 

249  Hic  tamen  et  Cimbros,  et  summa  pericula  rerum 

250  Excipit,  et  sohis  trepiclantem  protegit  urbem. 

251  Atque  ideo,  postquam  ad  Cimbros,  stragemque  volabant, 

252  Qui  nunquam.  atligerant  majora  cadavera,  corvi, 

253  Nobilis  ornatur  lauro  collega  secunda. 

254  Plebeiae  Deciorum  animse,  plebeia  fuerunt 

•2hh  Nomina  :  pro  totis  legionibus  hi  tamen,  etpro 

256  Omnibus  auxiliis  ;  atque  omni  pube  Latina 

257  Sufficiunt  Diis  infernis,  Terrxqueparenti. 

258  Pluris  enim.  Decii,  quam  qux  servant  ur  ab  illis. 

259  Ancilla  natus  trabeam,  et  Diadema  Quirini, 

260  Et  fasceis  meruit  Begum  uliimus  ille  bonorum. 

261  Prodita  laxabant  portarum  claustra  tyrannis 

262  ExsuUbus  juvenes  ipsius  Consulis,  et  quos 

263  Magnum  aliquid  dubia  pro  libertate  deceret, 


—   208  — 

264  Quod  lairarelur  cum  Cocliie  Mucius,  el  quj- 

•265  Imperii  fineis  Tiberinum  virgo  natavit. 

26f>  Occulta  ad  patres  produxit  crimina  scrvux 

267  Matronis  lugendus  :  at  illos  verbera  justis 

268  Afficiunt  pœnis,  et  legum  prima  securis. 

269  Malo  paler  tibi  sit  Thersiles,  dummodo  tu  sis 

270  .'Eacidœ  similis,   Vulcaniaquc  arma  capessas, 

271  Qiiam  te  Thersitœ  similon  producat  Achilles. 

272  Et  tamen  ut  longe  répétas,  longeque  revolvos 

273  Nomen,  ah  infami  gentem  deducis  asylo. 

274  Majorum  primus  quisquis  fuit  ille  tuorum, 
27.)  Aut  pastor  fuit,  aut  illud.  quod  dicere  nolo. 


SATYRE    VIII 


SUIET 


Cette  satyre  est  contre  ceux  qui  s'apuyant  sur  leur  qua- 
lité négligent  les  belles  qualités  et  croyent  que  la  vertu  leur 
seroit  inutile. 


jEmilianos  stantes  in  eurribus  {\ev?'  3).  —  C'est  a  dire 
lès  statues  du  triomphe  des  ^miliens.  Paul  Emile  fils  de 
celuy  qui  t'eut  tué  a  la  bataille  de  Cannes  vainquit  les  Ligu- 
riens et  les  Perses. 

Curios  (vers  4).  —  C'est  le  grand  Curius  dont  il  a  été 
parlé  ailleurs. 

Coruinum  (vers  5).  —  La  famille  des  Coruins  :  il  en 
a  été  parlé  ailleurs. 

Lepidis  (vers  9).  —  C'est ^EmilinsLepidus  qni  feutdeu.x 
foix  consul .  grand  pontife  et  censeur. 

Effigies  tôt  bellatorum  (vers  9  et  10).  —  De  quoy  sert  il 
d'étaler  les  statues  de  tant  des  grands  homes,  si  on  mené  une 
méchante  vie  deuant  Scipion  qui  vainquit  Numançe  après 
qu'elle  eut  long  tems  résisté. 

Allobrogicis  (vers  13.)  —  Des  biens  dans  la  Sauoye  ou 
des  victoires  remportées  dans  ce  pays. 

Fabius  natus  in  Lare  Herculeo  (vers  14).  —  La  famille 
des  Fabiens   decendoit  d'Hercule ,    c'est  pour  cela  qu'on 

14 


—  -210  — 
auoil  soin  de  son  lonii)Ie,  elle  y  avoil  même  son  lo^'emenl. 
Ce    Fabius  etoit    fils  de  Quinlus   Maximus  ;   il   t'eut  fort 
débauché  et  dissipa  son  bien. 

Agnâ  Euganeâ  (vers  15).  —  Une  Ijrebis  de  Padoue  ou 
de  Venise  ;  il  y  auoit  dans  leur  voisinage  des  peuples  apelés 
Eufjanei. 

Pumice  Catinensi  (vers  16).  —  Pierre  ponse  de  Sicile  ; 
ce  nom  luy  vient  de  la  ville  de  Gatane  près  du  mont  CElna 
qui  iette  beaucouj)  de  ces  pierres  que  les  fiâmes  ont  cuites, 
elles  seruent  a  polir  et  oter  le  \)0\\  en  se  frôlant,  les 
Romains  efleminés  s'en  seruoint. 

Miser am  (vers  18).  —  Le  poète  donc  cette  epythete  a  ces 
grands  homes  par  quelque  compassion  qu'il  auoil  qu'ils 
eussent  un  successeur  indigne  d'eux. 

Paulus  (vers  "21  ).  Paul  Emile  qui  vainquit  Perse  roy  de 
Macédoine  et  le  mena  en  triomphe  auec  ses  entants  ;  ses 
bones  mœurs  et  sa  frugalité  le  rendirent  encore  plus  illustre 
que  cette  victoire,  il  feut  tué  à  la  bataille  de  Cannes. 

Cossus  (vers  21  ).  —  C'est  Cossus  Getulicus  qui  feut  coni- 
batre  les  Etruriens  par  l'ordre  d'Auguste  et  les  vainquit. 

Drusus  (vers  21  ).  —  Claudius  Drusus  qui  prit  ce  nom 
pour  auoir  lue  Drusus  capitaine,  ou  bien  Drusus  Néron 
qui  tua  Asdrubal  près  du  fieuue  Mesaure,  ou  encore  Drusus 
frère  de  Tybere  Néron  qui  étant  enuoyé  par  Auguste  dans 
la  Germanie  prit  le  nom  de  Germanicus  après  auoir  gaigné 
une  victoire  ;  ce  sont  les  noms  de  ces  illustres  Romains  qui 
ont  fuit  un  si  grand  boneur  a  leui'  patrie  que  nous  auons 
encore  une  haute  estime  de  leur  vertu  ,  bien  que  nous  ne 
puissions  pas  ignorer  que  les  actions  les  plus  éclatantes  de 
ces  grands  homes  n'êtoint  pas  sans  detfaut. 

Syllanus  (vers  27).  —  Il  feut  ambassadeur  a  Garthage  et 


—  -211   — 

vainquil  Magon  capitaine  dans  l'Espagne  ;  il  prit  Hannon 
gênerai  d'armée.  Le  poêle  montre  ces  gens  la  par  leurs 
belles  actions,  et  cache  leur  origine  come  inutile  a  leur 
vertu . 

Osiri  inventa  [yers  29  et  30).  —  Les  Egyptiens  cele- 
broint  auec  grande  ioye  la  fête  d'Osiris  qui  leur  auoit  ensei- 
gné l'art  de  semer  et  de  recueillir  le  bled  ;  ils  crurent  que 
lors  c[u"Osiris  mourut  son  ame  passa  dans  le  corps  d'un 
bœuf,  c'est  pour  cela  qu'ils  auoint  touiours  un  bœuf  qu'ils 
reueroint  come  Osiris,  et  quand  il  utoit  fort  vieux  on  le 
ïaisoit  mourir  dans  la  fontaine  des  pbretres ,  après  quoy  ils 
en  cherchoint  un  semblable  auec  des  pleurs  qu'ils  ne  finis- 
soint  qu'en  le  trouuant. 

Patriae  ouanti  (vers  28).  —  La  ioye  de  la  patrie  est 
d'auoir  des  braues  cytoiens. 

Creticus  (vers  38  ).  —  Metellus  qui  subiugua  la  Crète. 

Camerinus  (vers  38).  —  Publius  Sulpicius  Camerijius 
d'une  famille  fort  anciene ,  il  feut  enuoyé  a  Athènes  auec 
Posthumus  Albus  et  Aulus  Manlius  pour  écrire  les  loys  de 
Solon  et  porter  les  coutumes  des  principales  villes  de  la 
Grèce. 

Plantus  {\eT&  40).  —  Ce  Plantus  êtoit  de  qualité  du  coté 
de  sa  mère  qui  decendoit  de  Jules  Gesar. 

Cecropides  (vers  53).  —  De  la  race  de  Cecrops  roy 
d'Athènes  ;  il  se  prend  icy  pour  un  home  de  qualité. 

Trunco  Hermse  (vers  53).  —  Statues  de  Mercure  ;  ce  dieu 
s'apeloit  Hermès  c'est  a  dire  interprète  parcequ'il  êtoit 
l'ambassadeur  des  dieux. 

Hirpine,  Corythe  (vers  62  et  63).  —  Chenaux  fameux. 

Nepotis  (vers  67).  —  Nom  propre  d'un  meusnier. 

Plialaris  (vers  81  ).  —  -Tyi-an  de  Sicile. 


—  212  — 

Et  proptrr  vitanr  perdere  causas  viuendi  {veii^  84).  — 
On  dislin^'uo  deux  sortes  de  vie  ,  celle  du  oorps  et  celle  de 
l'esprit.  Vila77i  est  prise  icy  pour  celle  du  corps  et  causas 
viuendi  qui  est  la  gloire  et  Timmortalité. 

Ostrea  Gaurana  [vers  85  et  86).  — Huistres  du  lac  Lucrin  ; 
le  nom  de  Gaurana  leur  vient  du  voysinage  d'une  mon- 
taigne  de  la  Gampanie  asses  proche  de  Bayes. 

Cosmi  (vers  86).  —  Parfumeur. 

Expectata  diu  (vers  87  ).  —  Le  poète  enseigne  a  Ponti- 
cus  ce  qu'il  doit  faire  dans  le  gouuernemenl  d'ime  prouince, 
il  censure  a  même  tems  l'auarice  des  gouuerneurs. 

Ossa  regwm  [xç.v's,  90).  —  Les  Romains  enuoyoint  ches 
leurs  roys  tributaires  des  gouuerneurs  qui  pilloint  tout  ce 
qu'ils  pouuoint. 

Ca/)ï^o  (vers  93).  —  Gendre  de  Tygeliu  ;  il  feut  gou- 
uerneur  de  la  Gilicie  qu'il  pilla ,  il  feut  accusé  deuant  le 
sénat  et  condamné  a  môme  tems  a  la  restitution. 

Numitor  [yQ.v'à  93).  —  Il  feut  condamné  pour  la  même 
raison  que  Gapito. 

Pansa  (vers  95).  —  Il  faut  entendre  le  trésor  public  que 
Pansa  gouuernoit  apparement.  Lors  que  quelque  gouuer- 
neur  êtoit  accusé  de  concussion  la  restitution  aloit  au  tré- 
sor public  et  non  pas  aux  prouinces  qui  avoint  été  pillées. 

Natta  (vers  95  ).  —  Gouuerneur  de  prouince. 

Chœrippe  (vers  96).  —  0  Gilicien  ;  il  est  dillicile  de  sauoir 
pourquoy  le  poète  donc  ce  nom  au  Gilicien. 

Furor  est post  omnia perdere  naulum  (vers  97).  —  G'est 
une  folie  quand  un  nautonier  a  perdu  ses  marchandises  de 
perdre  encore  le  payement  de  ceux  qui  sont  dans  son  nauire. 
Le  sens  figuré  est  que  c'est  une  folie  quand  on  a  perdu  son 
bien  de  s'exposer  a  perdre  la  vie. 


—  -213  — 

Conchylicb  Coa  (vers  101  ).  —  Habits  d'écarlate  teinte  du 
sang  des  poissons  dans  l'isle  de  Co. 

Parrhasius  {\evs  102).  — C'est  ce  fameux  peintre  qui 
disputa  auec  Zeuxis. 

M//rr/)on  (vers  102).  —  Excellent  statuaire. 

Phydias  (vers  103).  —  Statuaire. 

Polyclete  (vers  103).  —  C'est  ce  Polyciete  de  Sycione 
habile  pour  les  statues. 

Mentor  (vers  104).  —  Fameux  graueur. 

Inde Dolahella  est{Yers  1 05  ).  —  A  cause  de  ses  richesses  ; 
plusieurs  se  laissent  entraîner  aux  voleries,  come  firent 
Dolabella ,  Anthoine  et  Verres  qui  pillèrent  les  prouinces 
dont  ils  êtoint  gouuerneurs  ;  il  y  eut  deux  du  nom  de 
Dolabella ,  César  accusa  celuy  qui  êtoit  en  Sicile  et  Scaurus 
celuy  qui  êtoit  proconsul  en  Asie. 

Et  plures  de  pace  triumphos  [vei'ii  107).  —  C'est  a  dire 
qu'après  que  le  tems  du  gouuernement  auoit  fini ,  les 
gouuerneurs  remportoint  tant  des  dépouilles  qu'ils  sem- 
bloint  reuenir  en  triomphe. 

Resinata  iuuentus  (vers  114).  —  Les  ieunes  gens  auoint 
soin  de  leur  poil  et  de  se  rendre  la  peau  douce  et  délicate 
en  se  seruant  de  résine ,  ce  qui  est  bien  exprimé  par  une 
ieunesse  mole  et  délicate. 

Horrida  vitanda  est  Hispaiiia [vers  116).  —  11  ne  faut 
pas  dit  luuenal  a  Ponticus  exciter  le  ressentiment  de 
l'Espagne  parcequ'elle  se  vengeroit,  ayant  eu  asses  de  force 
pour  résister  aux  Romains ,  particulièrement  les  Numan- 
tins  qui  défirent  L.  Pompeius ,  M.  Pompilius  et  Hostilius 
Mancinus.  Scipion  les  vainquit  a  la  fin  ,  mais  cette  géné- 
reuse nation  pour  ne  pas  tomber  entre  les  mains  du  vain- 
queur se  ioignirent  auec  toutes  leurs  richesses  dans  un 


—   •21'.   — 

bûcher  ;  Scipion  n'eut  que  le  titre  de  Numance  vaincue 
({uand  il  entra  dans  Rome  :  il  n'èloit  pas  reste  un  seul 
Numanlin. 

Gallicus  axis  (vers  1  KJ).  —  Les  charriots  cl  les  armes 
de  la  Gaule  ;  il  niarf[uc  par  la  sa  valeur  et  sa  résistance  ; 
César  mit  dix  ans  a  la  subiuguer,  elle  remua  encore  sous 
Vilellius  et  Vespasien. 

Messoribus  illis  (vers  117).  —  Les  AiVricains  qui  cueil- 
loint  force  bled  dans  leurs  terres. 

Caeleno  (vers  130).  —  C'est  le  nom  d'une  des  Harpies  ; 
les  poètes  feignent  qu'elles  etoint  trois  sœurs  (jui  enleuoint 
tout  ce  qu'elles  pouuoint  atraper,  elles  etoint  fort  sales. 

Picus  (vers  131).  — Le  1"''  roy  des  Romains,  père  de 
Faunus,  fils  de  Saturne. 

Ipsum  Promethea  (vers  133).  —  Il  prend  Promethée  a 
cause  qu'il  êtoit  fort  ancien ,  il  etoit  fils  de  Saturne  père  de 
Deucalion  ,  roy  de  la  Thessalie ,  sous  le  règne  duquel 
arriua  le  déluge.  L'antiquité  a  feint  que  Promethée  pétrit 
l'home  de  limon,  et  ([u'il  l'auoit  animé  auec  le  feu  (ju'il 
auoit  dérobé  du  ciel. 

Quo  mihi  te  solitum  (vers  142).  —  Il  faut  entendre 
iactas,  pourquoy  ventes  vous  les  actions  de  vos  ayeux. 

Cucullo  Santonico  (vers  1  i5).  —  Chappe  a  la  mode  des 
Gaulois  ;  les  Saintongeois  etoint  un  peuple  de  la  Guienne 
près  de  l'occean. 

Si  nemo  tribunal  vendit  Acersecomes  {\evs  127  et  128). 

—  Un  fauory  ;  cela  exprime  la  pensée  de  l'autheur  bien 
qu' Acersecomes  veuille  dire  un  ieune  home  a  (jui  on  n'a  pas 
encore  coupé  les  cheueux ,  c'est  un  terme  grec  àx£p(iexo|jiY]ç. 

Ipse  rotam  stringit  multo  su/lamine  Consul  {\ers  148), 

—  Les  consuls  même  font  gloire  de  les  retenir  dans  les 


débauches.  Suflainen  est  une  roue  de  fer  dont  on  enraye 
les  roues  d'un  carrosse  a  la  décente  d'une  montaignc. 

Hipponam  (vers  157).  —  Déesse  qui  presidoit  aux 
ecueries. 

Syrophœnix  (vers  159).  —  Ce  mot  est  composé  de  Syrus 
Syrien  ,  et  de  Phœni.r  Phœnicien  ;  on  le  donoit  aux  parfu- 
meurs parcequ'ils  receuoint  la  plus  part  de  leurs  marchan- 
dises de  la  Syrie  ou  de  la  Phœnicie. 

Portée  Idumex  (vers  160).  —  Porte  de  Rome  apelée  ainsy 
parceque  beaucoup  de  Syriens  y  êtoint  logés  ;  l'Idumée  est 
une  partie  de  la  Syrie. 

ûamasippus  ou  Lateranus  (vers  167).  —  Il  représente 
sous  ces  noms  tous  les  gens  de  qualité. 

Inscripta  lintea  (vers  168),  — Les  courtisanes  metoint 
leurs  noms  sur  les  portes  de  leurs  maisons. 

Armenix  bello  (vers  169).  —  Sous  l'empire  de  Néron 
l'Arménie  vouleut  secouer  le  ioug  ;  Gorhulo  Magistenas  y 
feut  enuoyé  et  apaisa  les  troubles  en  punissant  les  rebelles 
qui  soutinrent  quelque  guerre  de  laquelle  le  poète  parle  icy. 

Syrigs  amnibus  (vers  169  et  170).  —  L'Euphrate,  le 
Tygre ,  l'Oronthe. 

Tympana  cessantia  Galli  (vers  176).  —  Parmy  les 
pbretres  de  la  déesse  Gybele ,  il  y  en  auoint  qui  couroint  la 
ville  corne  des  Bacchantes  ,  ils  sonoint  quelques  clochettes 
et  autres  instruments  a  l'honeur  de  la  déesse  Gybele,  qu'ils 
deshonoroint  en  suite  par  leur  méchante  vie. 

hi  Lucanos  (vers  180).  —  Il  y  auoit  dans  la  Lucanie  partie 
de  l'Italie  beaucoup  des  prisons  pour  les  esclaues  qu'on 
enfermoit  come  des  betes  pour  leur  l'aire  cultiuer  la  terre. 

Volesos  {yqts  182).  —  Famille  fort  anciene  ,  elle  decen- 
doit  des  Sabins  parmy  lesquels  il  y  auoit  un  Valesus. 


—  216  — 

Quid  (vers  183).  —  Il  faut  entendre  dicas. 
Phasma  clamosum  (vers  1 86).  —  Nom  d'une  comédie  de 
Catulle  ;  on  y  representoit  sans  double  quelques  prodiges 
qui  ètoint  la  cause  qu'on  y  cryoit  beaucoup. 
Lentulus  {vers  187).  —  Home  de  qualité. 
Laureolum  (vers  187).  —  Tragédie  écrite  par  Neuius; 
on  y  representoit  un  home  qu'on  faisoit  pendre. 

Mamercorum  alapas  (vers  192).  —  C'est  a  dire  les  sou- 
flets  que  les  Mamerques  donoint  dans  une  comédie  ;  la 
famille  des  Mamerques  êtoit  fort  anciene ,  elle  decendoit 
d'iEmilius  Mamercus  qui  étant  dictateur  vainquit  les  Fide- 
nates  qui  s'êtoint  reuoltés. 

Sua  funera{Yers  192).  —  Les  nobles  ne  se  contentoint 
pas  de  paroitre  sur  le  théâtre,  ils  se  mcloint  parmy  les 
gladiateurs  ;  il  est  vray  que  Néron  les  y  auoit  obligés ,  mais 
le  poète  est  indigné  que  la  coutume  perseuere  lors  que  la 
même  contrainte  ne  s'y  trouue  plus. 

Celsi  (vers  194).  —  Lors  que  le  prêteur  êtoit  aux  spec- 
tacles, il  auoit  une  place  fort  eleuée. 

Zelotypus  Thymeles  (vers  197).  —  Représenter  une 
comédie  dans  laquelle  il  fasse  l'amant  de  Thymele  feme  de 
Latinus,  dont  il  a  été  parlé  dans  la  l*""  satyre. 
Corynthus  (vers  197  ).  —  Méchant  comédien. 
Cytharxdo  principe  (vers  198).  —  Néron  paroissoit 
souuent  sur  le  théâtre  pour  représenter  des  comédiens  ou 
loueurs  d'instruments. 

Gracchum  (vers  201).  —  La  famille  des  Gracques  êtoit 
fort  anciene. 

Tridentem  (vers  203).  —  La  fourche  des  gladiateurs 
qui  portoint  les  filets  pour  prendi-e  le  Mirmillo. 

Cedamus  tunicae  (vers  207).  —  Faisons  place  a  ce  gia- 


—  217  — 

diateur  ;  il  y  auoit  un  habit  particulier  pour  les  gladiateurs 
lors  qu'ils  combatoint. 

Finge  tamen  gladios  (vers  195).  —  Supposes,  dit  le 
poète,  qu'on  vous  présente  des  epées  d'un  coté,  c'est  a  dire 
la  mort ,  et  de  l'autre  le  théâtre ,  quel  choix  seroit  le  meil- 
leur. He  quoy,  dit  il,  aues  vous  asses  de  crainte  pour  la 
mort  pour  aymer  mieux  être  ialoux  de  Thymele ,  c'est  a  dire 
pour  être  comédien  ;  il  fait  voir  par  la  l'infamie  qu'il  y 
auoit  pour  un  home  de  qualité  de  représenter  des  comédies, 
et  que  ceux  qui  auoint  un  peu  d'honeur  deuoint  mieux 
aymer  mourir  que  de  se  deshonorer  par  cest  endroit,  Zelo- 
typus  Thymeles,  que  de  faire  le  personage  de  comédien 
Latinus  qui  êtoit  ialoux  de  sa  feme. 

Secutor  (vers  210).  — LeMirmillon  qui  n'ayant  pas  peu 
être  pris  par  le  retiarius  le  poursuiuoit  a  son  tour. 

Pertulit  ignominiam  grauiorem  vulnere  (vers  209  et 
210).  — Le  gladiateur  n'ayant  a  combatre  que  contre  un 
noble  qui  est  ordinairement  délicat  et  peu  propre  aux  com- 
bats se  sentoit  deshonoré,  et  croyoit  que  l'on  faisoit  tort  a 
sa  force  et  a  son  adresse. 

Cuius  supplicio  non  debuit  una  parari  simia  (vers  213 
et  214).  —  Le  singe ,  le  serpent  et  le  sac  êtoint  les  instru- 
ments du  supplice  des  parricides  que  l'on  iettoit  dans  le 
Tybre  en  les  enfermant  dans  un  sac  auec  un  singe  et  un 
serpent. 

Par  Agamemno7iid3B  crimen  (vers  215).  —  Néron  fit 
mourir  sa  mère  Agryppine  ;  ce  crime  ressembloit  a  celuy 
d'Oreste  fils  d'Agamennon  qui  auoit  fait  mourir  sa  mère 
Clytemnestre. 

Coniugii  Spartani  (vers  218  st  219).  —  De  sa  feme 
Hermione. 


—    -21  H    — 

Troica  non  scripsit  (vers  221  ).  —  Ncron  fil  melrc  le  feu 
a  la  ville  de  Rome  pour  se  représenter  rembrasemenl  de 
Troye  ;  ce  cruel  prince  s'ala  placer  sur  la  tour  Maeotique 
pour  regarder  ce  triste  spectacle  pour  en  faire  en  même 
tems  la  description  (juil  apcla  Troica  par  rapport  a 
l'embrasement  de  Troye  * 

Quid  enim  (vers  221).  —  Virgilius.  lulius,  Vindex  et 
Galba  se  reuolterent  contre  Néron  et  le  dépouillèrent  de 
l'empire  qui  resta  a  Galba. 

Peregrina  ad  pulpita  (vers  225).  —  Sur  un  théâtre  de 
comédiens  étrangers  a  Naples. 

Apium  Graix  coronx  (vers  226).  —  Les  Grecs  donoint 
au  vainqueur  a  la  lucte  ou  dans  quelque  autre  exercice 
une  courone  ;  cette  coutume  passa  ches  les  Romains .  ils 
en  donoint  même  a  celuy  qui  chantoit  le  mieux  ou 
iouoit  le  mieux   des  instruments   dans  quelque  concert. 

Domiti  (vers  228).  —  Domitius  sénateur. 

Syrma  ThyestaB  (vers  228  et  229).  —  Symarre  auec 
laquelle  on  auoit  représenté  le  Thyeste  tragédie  ;  le  suiet  est 
conu  parcequ'il  en  a  été  dict  au  suiect  d"Antigone  fille  de 
Laomedon  roy  des  Troyens ,  laquelle  ayant  eu  la  témérité 
de  préférer  sa  beauté  a  celle  de  lunon  feut  changée  en 
cicogne  par  le  pouuoir  de  cette  déesse  irritée. 

Menalippes  (vers  229  ).  —  Comédie  sur  Menalippe. 

Colosso  marmoreo  (vers  230).  —  C'est  le  colosse  que 
Néron  fit  eleuer  dans  le  vestibule  de  son  palais  ;  cette  statue 
auoit  120  ])icds  de  hauteur  ;  on  la  consacra  au  Soleil  après 
la  mort  de  ce  prince  ;  Zenodotus  Gaulois  en  auoit  été 
Touurier. 

Quid  Catilina  (vers  231).  —  Le  poète  lait  voir  par 
l'exemple  de  Catilina  et  de  Gethege ,  que  ceux  la  ne  doiuent 


—  ilî)  — 
pas  être   apelés   nobles  dont  la  vie   ne  repond  pas  a  la 
noblesse.  Catilina  et  Celhege  auec  quelques  autres  des  1"' 
de   Rome   conspirèrent   contre   la   Republique  ;    Ciceron 
decouurit  leurs  complots. 

Ut  Braccatorum pueri  Senonumque  minores  (vers  234). 
Les  successeurs  des  Gaulois  qui  ayant  été  contraints 
d'abandoner  leurs  terres  a  cause  de  leur  stérilité ,  t'eurent 
assieget  la  ville  de  Glusium  sous  la  conduite  de  Rrennus  ; 
le  sénat  leur  enuoya  dabort  3  ambassadeui-s  pour  leur 
douer  auis  de  se  retirer  ;  un  des  trois  ambassadeui"S  ayant 
été  mal  satisfait  d'un  de  leurs  capitaines  s'auançe  contre  le 
di'oit  des  gens  et  le  tua  ;  cette  action  irrita  les  Gaulois  et 
les  détermina  a  attaquer  la  ville  d'assaut  ;  ils  deffirent 
l'armée  romaine  près  du  tleuue  yElias,  après  quoy  ils 
entrèrent  dans  Rome.  Dabort  la  ieunesse  s'en  ala  auec 
Manlius  se  réfugier  au  Capitole  ou  elle  l'eut  assiégée  et 
deliurée  a  même  tems  par  le  braue  Gamillus.  Le  poète  dit 
donc  que  Catilina  auec  les  autres  coniurateurs  en  agirent 
a  l'égard  de  la  republique  conie  firent  les  Gaulois  dans 
cette  occasion  ;  ils  sont  apelés  Braccati  d'un  habit  qu'ils 
portoint  pour  douer  de  la  terreur,  il  ètoit  de  diuerses  cou- 
leurs et  sans  poil. 

Tunicâ  molesta  (vers  235).  —  Par  le  feu  ou  par  une 
robe  préparée  afin  que  les  criminels  feussent  plutôt  brûlés. 

Hic  nouus  Arpinas  (vers  237).  —  Ciceron  étoit  de  la 
ville  d'Arpin ,  il  decouurit  la  coniui-ation  de  Catilina  et 
l'eteignit. 

Leucade  (vers  241).  — A  la  bataille  d'Actium,  César 
Auguste  combatit  contre  Anthoine  et  Cleopatre  près  du 
promontoire  d'Actium  et  de  l'isle  de  Leucade. 

Co/mpis  Thessalix  (vers  242).  —  Dans  la  bataille  de 
Pharsale  ou  César  deffit  Pompée. 


—  220  — 

Arpinas  alius  (vers  245).  —  Marins  (|ui  laboiiroit  la 
terre  ;  il  quitta  ragdcultiire  pour  aler  a  la  guerre  seruir 
d'ouurier. 

Collega  nobilis  (vers  253).  — Gatullus  Luctatius  n'eut 
presque  pas  de  part  a  la  deflaite  des  Gimbres  ;  Marius  qui 
n'êtoit  pas  de  qualiti'  fil  tout  ;  aussy  lui  doua  t  ou  les 
honeurs.  il  en  fil  part  neagmoints  a  son  collègue,  et  t'eut 
cause  qu'il  entra  en  triomphe  après  luy. 

Plebeix  Deciorum  animœ  (vers  254).  —  Les  Decies  père 
et  fils  se  deuouerent  pour  le  salut  de  la  republique ,  le  père 
dans  la  guerre  des  Latins  ,  le  fils  contre  les  Ethruriens,  les 
Samnites  et  les  Gaulois;  ils  y  moururent  tous  doux. 

Trabeam, {xers  259).  —  Robe  de  pourpre  pour  les  roys. 

Tite  Liue  :  Seruius  cwn  trabea  et  lictoribus  pro Pline  : 

Trabeis  uso  accipio  reges Dionisius  Hali. ,  lib.  2  :  Circmn 

distinctam  dicit  fuisse  illam  vestem  sub  tegmine  puniceo, 
vestemque  fuisse  gentllem  Romanis  honorificam. 

Ancillâ  natus  (vers  259).  —  Tullus  Hostilius  G''  roy, 
après  lequel  régna  Tarquin  le  Superbe  dont  la  vie  t'eut 
aussy  corrompue  que  celle  de  Tullus  auoit  été  illustre. 

Diadcma  (vers  259).  —  Du  mot  grec  StaSeto,  i'atache  a 
l'entour,  car  diadema  êtoit  une  bande  d'etofe  dont  les  roys 
se  ceignoint  la  tête.  Seneque  a  Lucillc  :  Vides  illum 
Scythisd  Sarmatîseque  regem  insigni  capitis  décore  si  vis 
illum,  aestimare,  totumque  scire  qualis  sit,  fasciam  soiue , 
multum  mali  sub  illa  latet. 

luuenes  ipsius  consulis  (vers  2G2),  —  Le  poêle  l'ail  voir 
par  l'exemple  des  enfants  de  Brutus  et  d'Aquilius ,  et  de 
quelques  autres  gentilhomes,  corne  il  a  fait  voir  par  l'exemple 
de  Gatilina  et  de  Gethege,  que  ceux  f{ui  trahissent  leur 
patrie  ne  doiucnt  pas  être  apelés  nobles.  Apres  qu'on  eut 


—  ■2->\  — 
chassé  les  Tarqiiins,  les  deux  entanls  de  lunius  Brutiis 
consul ,  et  quelques  autres  de  qualité  conspirèrent  dans  la 
maison  des  Aquiliens  pour  rapeler  les  roys  ;  Vindex  esclaue 
des  Aquiliens  decouurit  la  coniuralion  ;  on  prit  les  cou- 
pables et  on  les  punit  ;  Brutus  n'épargna  pas  même  ses 
enfants ,  il  voulut  être  spectateur  de  leurs  supplices ,  selon  le 
témoignage  de  Tite  Liue ,  de  Plutarque ,  de  Pline  et  de  Florus. 

Ipsius  consulis  (vers  262).  —  De  Brutus  qui  feut  le  1®"" 
consul  après  qu'on  eut  chassé  les  Tarquins. 

Mutins  (vers  264).  —  Mutins  Scseuola.  ieune  Romain  de 
qualité  et  d'une  grande  valeur;  étant  indigné  que  Rome- 
feut  assiégée  par  les  Etruriens ,  prit  un  poignard  sous  son 
iuste  corps  et  s'en  feut  dans  le  camp  des  ennemys  pour  leur 
tuer  leur  capitaine  Porsenna,  mais  ayant  trouué  un  des 
principaux  ministres ,  il  le  prit  pour  luy  même  et  le  tua  ; 
on  conduisit  dabort  Mutins  a  Porsenna  qui  n'eut  qu'une 
responce  fiere  du  criniinel.  lem'apele  Mutins,  luy  dit  il,  ie 
te  voulois  te  tuer  corne  mon  enemy,  mais  n'ayant  pas  peu 
y  réussir,  ie  n'ay  pas  moins  de  constance  et  d'intrépidité  a 
soufrir  la  mort  que  i'auois  du  courage  pour  attenter  sur  ta 
vie.  Il  n'eut  pas  plutôt  dit  cela  qu'il  mit  sa  main  dans  un 
feu  allumé  pour  le  sacryfice ,  il  la  laissa  brûler  pour  doner 
des  marques  de  son  courage,  qui  ietta  Porsenna  dans 
l'admiration ,  et  l'obligea  de  renuoyer  ce  braue  Romain 
sans  luy  faire  du  mal  ;  sa  main  brûlée  luy  fit  doner  le  nom 
de  Scaeuola  ;  ce  mot  vient  sans  doubte  de  quelque  mot  grec. 

Horatiiis  Codes  (vers  264).  — Horace  le  borgne  fit  une 
action  merueilleuse  dans  la  même  guerre  de  Porsenna  ;  ce 
prince  entrant  dans  la  ville  auec  toute  son  armée ,  Horace 
courut  siu-  le  pont  du  Tibre  et  arrêta  seul  toute  cette  armée 
iusqu'a  ce  qu'on  eut  coupé  le  pont ,  après  quoy  il  se  ietta 


—  2-2-2  — 

dans  le  TiUre  (jifil  i)assa  a  la  iiaj^e  sans  auoir  receii  aucune 
blessure;  ou  lui  eleua  une  slaluc  publi((ue  dans  la  place  ; 
il  teul  apelé  Codes  poui-  auoii-  perdu  un  œil  dans  une 
bataille. 

Virgo  (vers  265).  — C'est.  Glelie  ([ui  l'eut  douée  en  otage 
a  Porsenna  auec  (luchfues  aulres  filles  de  ijualité;  elle 
trompa  les  gardes  et  prit  ses  compagnes  auec  iesqueles  elle 
passa  le  Tibre  a  la  nage  sur  des  cheuaux.  Porsenna  en  lent 
fâché  et  redemanda  Glelie  ;  on  la  luy  enuoya ,  mais 
Porsenna  charmé  de  la  vertu  et  du  courage  de  cette  géné- 
reuse lîUe  luy  dona  dabort  son  congé ,  et  la  permission  de 
prendre  parmy  les  otages  ceux  qu'elle  voudroit  ;  elle 
choisit  les  ieunes  enfants  que  l'aage  rendoit  innocents. 

Serims  (vers  266).  —  C'est  Vindex. 

Matronis  lugendus  (vers  267).  —  Vindex  en  decouurant 
la  trahison  de  ceux  qui  vouloint  rapeler  Tar([uin  auui'i 
empêché  qu'on  ne  le  fit  ;  il  meritoit  par  la  d'être  pleuré  par 
les  femes  qui  luy  auoint  de  l'obligation  a  sa  mort  par  l'in- 
terest  qu'elles  prenoint  a  Lucrèce  violée  par  ce  prince,  et 
qu'elles  êtoint  déliuréesde  la  crainte  d'une  pareille  action. 

Legum  prima  securis  (vers  268).  —  Le  1®''  consulat  dans 
lequel  on  comança  a  porter  des  haches ,  comc  une  marque 
de  iustice. 

Thersites  (vers  271  ).  —  C'etoit  un  Grec  lâche  sans  mérite 
et  sans  qualité  ;  il  ôtoit  au  siège  de  Troye  ou  au  lieu  de  son- 
ger a  faire  quelque  belle  action  il  s'étudioil  a  diuertir  les 
capitaines  ;  il  y  reussissoit  si  mal  qu'a  la  lin  Ulisse  le  tua 
d'un  coup  de  sceptre. 

Macidai  similis  (vers  270).  —  Achille  êtoit  petit  iils 
d'iËaque,  père  de  Pelée  duquel  nacquit  Achille. 

Vulcania  arma  (vers  270).  — Homère  écrit  que  Vulcain 
a  la  prière  de  Thetis  fît  des  armes  pour  son  tils  Achille. 


—  -223  — 
Aut  illud  quod  dicere  nolo  (vers  275).  —  Romulus  et 
Rhemus  êtoiiiL  fils  de  Mars  et  de  Rhea  Syluia ,  ils  f eurent 
nourris  par  une  louue  ;  en  disant  qu'il  ne  veut  pas  dire  ce 
qu'ils  êtoint  il  done  lieu  a  decouurir  l'infamie  de  leur 
naissance  cachée  sous  cette  fable. 


FIN 

DE     LA    H**    SATYRE. 


SATYRA     IX 


1  Scire  velim  quare  loties  iiiihi,  Nxvole,  tristù 
■2  Occiirras  fronte  obducta,  ceu  Marsya  vicias. 
3  Qiiid  tibi  cuiii  vullu,  qualein  deprensus  habebal 
i  Ravola,  dum  lUiodopes  uda  lerit  i/ii/uina  barba  ? 
0  Nos  colaphum  incutiinus  lainbenti  crustulaservo. 
G  Non  erat  Imc  fade  miserabilior  Vreperejus 

7  PoUio.  qui  IripHcem  usuram  prœstare  paratus 

8  Circuit,  et  fatuosnon  invenit.  unde  repente 

9  Tôt  rugx  ?  certe  modico  contentus  agebas 

10   Vernam  eqintem ,  conviva  joro  mordente  facetus , 
u  El  salibus  vehemens  intima  pomœria  natis. 

12  Omnia  nunc  contra  :  viil tus  gravis ,  horrida  sicca; 

13  Silva  comœ ,  nullus  tota  nitor  in  cute,  qualem 

14  Bruttia  prsestabat  calidi  tibi  fascia  visci  : 

15  Sed  fruticante  pilo  negleela,  et  squalida  crura. 
ic  Quid  macies  ;egri  veleris,  quein  teinpore  longo 
17   Torret  quarla  dies,  olimque  domestica  febris? 
i«  Deprendas  animi  tormenla  latentis  in  legro 

19  Corpore,  deprendas  et  gaudia  :  sumit  utrumque 

20  Inde  Jiabituin  faciès,  igitur  flexisse  videris 
■il  Proposituni ,  et  vitse  contrarius  ire  priori. 

22  Ntiper  enim ,  ut  repeto  ,  fanum  Isidis ,  et  Ganyrnedem 

23  Pacis  et  advectse  sécréta  palatia  matris  , 

24  Et  Cererem  (nam  quo  non  proslat  femina  templo  ?) 

25  Notior  Aufidio  mœchus  scelerarc  solebas , 

26  Quodque  laces,  ipsos  eliam  inclinare  maritos. 

27  Utile  et  hoc  multis  vitx  genus  :  at  mihi  nullurn 

28  Inde  operx  pretium  pingueis  aliquando  lacernas. 


15 


2-26  

•-'»  Muniinetila  loy,T ,  duri,  vriussiquc  coloris 

:îo  El  iiiak  percus.sax  textoris  pectine  Galli 

31  Accipimus,  lenue  argcntwn ,  renwque  secundée. 

32  Fata  regunt  liomincs  :  fatum  est  et  partibus  ilHs , 

33  Quas sinus  abscondil.  nam  si  tibi  sidéra  cessant, 

34  Nil  faciet  longi  mensura  incognita  nervi , 
3ô  Quamvis  te  nudum  spwnanti  Virro  labello 

36  Viderit ,  et  blandw  assiduw ,  densœque  tabellse 

37  Sollicitent.  Autoç  yàp  IcpsXxExai  avopa  xi'vatSoç. 

38  Quod  tamen  ulterius  momtrum,  quam  mollis  avarus 

39  Hœc  tribut,  deinde  illa  dedi,  mox  plura  tulisti. 
io  Computat ,  ac  cevet.  ponatur  calculus,  adsint 
a  Cum.  tabula  pueri.  mimera  sestertia  quinque 
a  Omnibus  i)i.  rcbus  :  numcrenlur  deinde  labores. 

43  An  facile,  et  pronuui  est  agere  intra  viscera  penem 

a  Legitimum  ^  atqiie  illic  hesternœ  occurrcre  cœna;? 

45  Servus  eril  minus  ilte  miser,  qui  foderit  agrum  , 

40  Quam  dominum.  sed  tu  sune  tenerum  et  puerum  te 

47  Et  pulcrum ,  et  dignum.  cyatho,  cœloque  putabas . 

48  Vos  liumili  adseculw,  vos  indulgebitis  unquam 
4i)  Cultori ,  jam  née  niorbo  donare  parati  ? 

50  En ,  cui  tu  viridem,  umbellam ,  cui  succina  niittas 

■'■1  Grandia,  natalis  quoties  redit ,  aut  madidum  ver 

ô2  Incipit.  et  strata  posilus ,  longaque  cathedra 

.■)3  Munera  fœmineis  tractas  sécréta  Kalendis. 

ô4  Die  passer,  cui  tôt  monleis ,  tôt  prsedia  servas 

55  Apula  tôt  niilvos  intra  tua  pascua  lassos  ? 

56  Te  Trifolinus  ager  fecundis  vitibus  implet , 

57  Suspectumqtie  jugum  Cumis ,  et  Gaurus  inanis. 

58  Nam  quis  plura  Unit  victuro  dolia  musto  ? 

59  Quantum  erat  exhausti  lumbos  donare  clientis 
lio  lugeribus  paucis  ?  nieliusne  liic  rusticus  infans 

61  Cum  matre,  et  casulis ,  et  conlusore  catello 

62  Cymbala  pulsa/itis  legalum  fiet  amici? 

63  [mprobus  es ,  cum  poscis ,  ait.  sed  pensio  clamât . 

64  Posce  :  sed  appcllal  puer  unicus ,  ut  Polyphemi 

65  Lata  acies ,  per  quam  sollers  evasit  Ulisses. 

66  Aller  emendus  erit  :  namque  hic  non  sufficit  :  ambo 

67  Pascendi.  quid  agam  bruma  spirante  ?  quid ,  oro  , 


—  227  — 

>îR  Quid  dicam  scapulis  puerorum  Aquilone  Decembri . 

«59  Et  pedibus  ?  durate ,  a[que  exspectate  cicadas  ? 

70  Verum  ut  dissimules ,  ut  mittas  cxtera ,  quanto 

71  Metiris  pretio ,  qiiod  ni  tibi  deditiis  essem  , 

72  Devoiusque  cliens ,  uxor'tua  virgo  manerel  ? 

73  Scis  certa  quibus  ista  modis ,  quam  sxpe  rogaris , 

74  Et  qus  pollicitus.  fugientem  ssepe  puellam 

75  Amplexu  rapui  :  tabulas  quoque  ruperat ,  et  jam 

76  Signabat.  tota  vix  hoc  ego  nocle  redemi 

77  Te plorante  foris.  testis  mihi  lectulus ,  et  tu, 

78  Ad  quem  pervenit  lecti  sotius,  et  dominas  vox. 

79  Instabile ,  ac  dirimi  cœpttim  ,  et  jam  psene  solutum 

80  Conjugium  in  multis  domibus  servavit  adulter. 

81  Quo  te  circumagas?  qux prima,  aut  ultima panas? 

82  Nullum  ergo  meritum.  est  ingrate,  ac  perfide,  nullum , 

83  Quod  tibi  filiolus ,  vel  filia  nascitur  ex  me? 

84  Tollis  enim. .  et  libris  actorum  spargere  gaudes 

85  Argumenta  viri.  foribus  suspende  coronas , 

88  lam  pater  es  :  dedimus  quod  famx  opponere  possis. 

87  lura  parenlis  habes ,  propter  m,e  scriberis  hères , 

88  Legatum  omne  capis,  nec  non  et  dulce  caducum. 

89  Commoda  praeterea  jungentur  multa  caducis , 

90  Si  numerum ,  si  treis  implevero.  justa  doloris 

91  Nsevole  caussa  lui.  contra  lumen  ille  quid  adfert  ? 

92  Negligit ,  atque  alium  bipedem  sibi  quwrit  asellum. 

93  Hsec  sali  commissa  tibi  cxlare  mémento , 

94  Et  tacitiis  nostras  intra  te  fige  querelas. 

95  Nam  res  mortifera  est  inimicus  pumice  lasvis. 

96  Qui  modo  secretum  commiserat ,  ardet ,  et  odit , 

97  Tanquam  prodiderim  quidquid  scio.  sumere  ferrum  , 

98  Fuste  aperire  caput ,  candelam  apponere  r^alvis 

99  Non  dubitat.  nec  contem.nas  ,  aut  despicias ,  quod 

100  His  opibus  nunquam  cara  est  annona  veneni. 

101  Ergo  occulta  teges,  ut  curia  Marlis  Athenis. 

102  0  Corydon,  Corydon ,  secretum  divitis  ullum 

103  Esse  putas?  servi  ut  ta-ceant  :  jumenta  loquentur, 

104  Et  canis  ,  et  postes  ,  et  marmora.  claude  fenestras , 

105  Vêla  tegant  rimas,  junge  ostia,  toUite  lumen 

106  E  medio,  taceanl  omnes,  prope  nemo  recumbat  : 


—  e-^s  — 

107  Quod  iamen  ad  cantum  galli  facil  illc  secundi , 

108  Proximus  ante  diem  caupo  sciet ,  audiel  et  qua; 

109  Finxerunt  pariter  Ubranus ,  archimagiri , 

110  Carptores.  quod  enim  dubitanl  componere  crimen 

111  Fn  dominos,  quoties  rumoribus  ulciscuntur 

112  Baltea  ?  nec  deerit  qui  Le  per  compila  quxrat 

113  Nolentem,  et  miseram  vinosus  incbriet  aurem. 

114  Illus  ergo  roges  quidquid  pauLo  ante  petebas 

115  A  nabis,  taceant  iUi  :  sed  prodere  malunt 

116  Arcanum  ,  quam  subrepti  potare  Falerni, 

m  Pro  pupulo  facicns  quantum  Laufelta  bibebat. 
118   Vivendum  recte  est  cum  propter  plurima ,  lune  his 
ii'j  Prœcipue  caussis ,  ut  linguas  mancipiorum 

120  Contemnas.  nam  lingua  mali  pars  pessima  servi . 

121  Deterior  tamen  hic ,  qui  liber  non  erit  illis 

122  Quorum  animas  et  farre  suo  custodit ,  et  mre. 

123  Iccirco  ut  possim  linguam  conte innere  servi , 

124  Utile  consilium  modo ,  sed  commune ,  dedisti  : 

125  Nunc  mihi  quid  siiades  post  damnum  tetnporis ,  et  spes 

126  Deceptas?  Festinat  enim  decurrere  velox 

127  Flosculus  angustx ,  miserseque  brevissima  vitas 

128  Portio  :  duin  bibimus ,  dum  serta ,  unguenta,  puellas 

129  Poscimus ,  obrepit  noninlellecla.  seneclus. 

130  Ne  trépida,  nimquam.  pathicus  tibi  deerit  ainicus , 

131  Stanlibus,  et  suivis  his  collibus.  undique  ad  illos 

132  Convenient  et  carpenlis  ,  et  navibus  omnes , 

133  Qui  digilo  scalpunt  uno  caput.  altéra  major 

134  Spes  superest  :  tu  tan  lui) t  Erucis  imprime  dentem 

135  Hsec  exempla  para  felicibus  :  al  mea  Clolho 

130  Et  Lachesis  gaudent ,  si  pascitur  inguine  venter. 

137  Û  parvi ,  nos  trique  Lares:  quos  Ikure  minulo, 

138  Aut  farre,  et  lenui  soleo  exorare  corona, 

139  Quando  ego  ftgam  aliquid.  quo  sit  mihi  lula  seneclus 

140  A  legete  et  baculo?  viginti  millia  fœnus 

141  Pignoribus  positis  ,  argenti  vascula  puri , 

142  Sed  qusB  Fabricius  censor  nolet ,  et  duo  fortes 

143  De  grege  Mxsorum ,  qui  me  cervice  locala 

144  Securum  jubeant  clamoso  insistcre  Circo, 

145  Sit  mihi  prxlerea  curvus  celator  et  aller, 


—   2-20  — 

146  Qui  muUas  fades  fingit  cito  :  sufficiunt  hxc. 

147  Quando  ego  pauper  ero  ?  votum  miserabile ,  nec  spes 

148  His  saltem.  nam  cumpro  me  Fortuna  rogatur, 

149  Adfixit  ceras  illa  de  nave  petitas . 

150  Quw  Siculos  cantus  effigit  rémige  surdo. 


SATYRE   IX 


SUIET 


Il  t'ait  rendre  conte  a  Neuole  de  ce  qu'il  a  fait  dans  la 
débauche  pour  en  représenter  les  véritables  misères  qui 
sont  inséparables  d'une  vie  déréglée. 


Marsyas  (vers  2).  —  Marsyas  êtoit  tils  d'Hyagins  de  qui 
il  auoit  appris  parfaitement  la  musique ,  et  come  il  viuoit 
dans  un  siècle  grossier,  il  se  fît  une  grande  réputation  ;  il 
eut  asses  de  vanité  pour  ozer  disputer  auec  Apollon  qui  le 
vainquit  et  le  punit  de  sa  témérité. 

Rauola  (vers  4).  —  Adultère. 

Nos  colapkuîn  (vers  5).  —  C'est  une  acclamation  pour 
aprendre  a  châtier  les  grands  crimes  puisqu'on  châtie  les 
moindres  fautes  dans  un  valet. 

Rhodopes  (vers  4).  —  Courtisane. 

Pollio  Greperius  (vers  6  et  7).  —  C'ètoit  un  home  fort 
riche  ;  les  dépenses  pour  la  table  le  firent  deuenir  si  pauure 
qu'il  feut  contraint  de  demander  Taumone. 

Siccâs  comâB  (vers  12  et  13).  —  Cheueux  sans  essançe. 

Aduectce  matris  (vers  23  ).  —  On  bâtit  a  la  mère  des 
dieux  un  temple  dans  le  palais  de  l'empereur. 

Aufidius  (vers  25).  — Il  n'est  conuquepar  ses  adultères. 

Argentum  venas  secundœ  (vers  31).  —  Argent  de  la 
moindre  valeur,  come  on  dit  panis  secundarius  pain  bis. 

Veriiam  cquitem  (vers  10).  —  Vous  viues  si   content 


—  -232  — 

qu  il  seiiilili-'  quo  vous  soyes  né  dans  la  inaisou  d'un  chcua- 
lier.  Les  Romains  apidoinl  imia  C(/in'.s  un  lionic  rontenl. 
Virro  (vers  35).  — (yèloit  un  honi»'  lichc  (|ui  aynioit  les 
garçons. 

Auto;  y*?  icpÉXxexai  avSpa  xîvaiûoç  (vers  37).  —  G  est  a  dire 
qu'il  y  a  beaucouj)  de  plaisir  d'aymer  les  garçons. 

Sed  tu  sane  tener  (vers  4G).  —  C'est  Virron  {|ui  parle 
pour  dire  qu'il  a  raison  de  ne  rien  douer  a  Xeuolc  puis- 
qu'il nètoit  pas  asses  beau  pour  iuy  douer  du  plaisir. 

Dignum  cyatlio  (vers  i7).  —  Digne  dedoner  a  boire au.x 
dieux,  c'est  a  dire  plus  beau  que  Ganimede. 

Vos  (vers  48).  —  0  riches,  puisque  vous  ne  doues  rien 
aux  garçons  qui  vous  douent  du  ])Iaisir  il  ne  faut  pas  que 
vos  clients  espèrent  rien  de  vous. 

Morbo  (vers  49).  —  A  voire  passion ,  c'est  a  dire  a  ceux 
qui  contentent  une  passion  déréglée. 

Madidum  ver  incipit  (vers  51  et  52  ).  —  Aux  calandes  de 
mars  ou  le  printems  comence  et  les  pluyes  sont  fort  fré- 
quentes ;  dans  les  calandes  on  enuoyait  des  présents  aux 
femes ,  conie  au  mois  de  décembre  pendant  cinq  iours  les 
homes  s'en  enuoyoint  entre  eux. 

Die  passer  (vers  54).  —  Neuole  parle. 
Trifolinus  (vers  56).  —  Dans  la  Campanie. 
Gaurus {xeva  57).  —  Montaigne  dans  la  Campanie  près 
de  Bayes  et  du  lac  Auerne. 

Jugum  suspectum  Cwmis  (vers  57  ).  —  Cap  de  Myssene 
que  l'on  voit  de  Cumes  auaut. 

Meliusne  hic  rusticus  in  fans  (vers  60).  —  Le  sens  est 
que  le  gain  que  faira  un  enfant  au  seruice  d'un  pbretre  de 
Gybele  sera  plus  grand  que  celuy  de  Neuole.  L'ordre  de  la 
construction  est  ainsy  ;  Infans  rusticus  citm  matre  et  casu- 


—  233  — 

lis  et  cum  catello  Lusore  qui  pauperrimus  est  et  nihil  habet 
quam  matrern  et  casulam  et  catellum  ne  fiet  (nonne  fiet), 
hic  (Romae),  melius  (cum  rnaiori  emolumento),  legatus , 
internuntius  amici  pulsantis  Cymbalas  (sacerdotis  Cybe- 
lei).  Ces  pbretres  ètoint  d'uiie  vie  t'orl  déréglée. 

Improbus  (vers  63).  —  Paroles  de  Virrun. 

Sedpensio  (vers  63).  —  Neuole. 

Euasil  misses  {ver^  65).  —  Ulisse.  coiiie  ecril  Homère 
9  liu.  de  rOdissée .  ayant  ôlé  tourmenté  pendant  9  iours 
par  une  rude  tempête  dans  le  tenis  ([uil  pensoil  arriuer 
ches  luy,  il  arriua  ches  les  Lothophages  peuples  d'Affrique. 
Ses  compagnons  ayant  goûté  des  fruits  du  pays  qui  êtoint 
des  alisiers ,  lotus ,  lotos ,  ne  vouloint  pas  suiure  ;  neag- 
moints  Ulisse  les  obligea  daler  auec  luy  ches  les  Gyclopes 
dans  la  Sicile  dont  la  terre  produisoil  sans  être  cultiuée  ; 
ils  y  arriuerent  donc,  Ulisse  y  decendit  dabort  pour 
conoitre  le  lieu  et  les  habitants  :  il  entra  tlans  la  cauerne 
de  Polypheme  qui  faisoit  paitre  ses  troupeaux  pendant  ce 
tems  la  ;  ils  trouuerent  beaucoup  de  fromage ,  force 
agneaux;  dabort  les  compagnons  d' Ulisse  le  prièrent  de  les 
laisser  charger  de  ces  prouisions  et  de  s'en  retourner  a 
leurs  nauires.  Ulisse  voulut  attendre  Polypheme  dans 
l'espérance  d'en  receuoir  quelque  présent  par  droit  d' hospi- 
talité ;  le  Gyclope  arriue  auec  ses  troupeaux  et  ferma 
dabort  la  porte  de  l'étable  avec  un  rocher  ;  il  demanda  fiè- 
rement a  ces  Grecs  qui  ils  êtoint ,  ils  luy  repondirent  qu'ils- 
êtoint  de  Grèce  et  de  la  flotte  d'Agam^nnon.  Polypheme 
sans  les  interroger  dauantage  en  prit  deux  et  les  deuora. 
Ulisse  eut  recours  a  son  adresse  ordinaire  ;  il  auoit 
aporté  de  fort  bon  vin  que  Manon  pbretre  d'Apollon  luy 
auoit  doné  ;  il   en  présenta  au  Gyclope  qui  le  trouua  de 


.X. 


^.tj(>j 


^V 


—  234  — 

son  goût,  et  promit  en  reconoissance  de  ne  manger  Ulissc 
que  le  dernier,  mais  les  vapeurs  de  ce  vin  ayant  causé  un 
profond  someil  a  Polypheme,  Ulisse  luy  creua  son  œil 
avec  un  cheuron  ([uil  luy  laissa  dans  la  playc  :  la  douleur 
l'eueilla  et  luy  Ht  laire  des  crys  qui  eueillerent  tous  les 
autres  Cyclopes.  Polypheme  ne  laissa  pas  de  mener  paitre 
ses  troupeaux  ;  Ulisse  attacha  chaqu'un  de  ses  compagnons 
sous  le  ventre  d'une  brebis ,  il  s'y  attacha  luy  même  et  sor- 
tit sans  que  Polypheme  y  prit  garde. 

Durate  (vers  69).  —  C'est  Neuolc  qui  parle. 

ûedimus  quod  famiE  opponere  possis  (vers  86).  C'est  a 
dire  ie  t'ai  doné  de  quoy  te  mètre  a  couuert  de  ceux  qui 
croyent  que  vous  aymies  les  garçons  et  que  vous  ne  voyies 
pas  votre  terne. 

Scribitur  liwres  (vers  87).  —  La  loy  Papia  priuoit  les 
enfants  d'une  partie  de  leurs  biens.  Arcadius  et  Honorius 
abrogèrent  cette  loy. 

Legatum  omne  capis  nec  non  et  duloe  caducimi  (vers 
88).  —  Caducum  se  dit  de  tous  les  biens  qui  passent  du 
légitime  héritier  entre  les  mains  d'un  autre.  Cadtica 
hsereditas,  héritage  vacant  faute  de  possesseur.  Cadu^ca 
bona,  fonds  de  main  niort(^  (fui  vienl  au  seigneur.  Legatum 
un  legs,  ce  qui  a  êtédoni'  jtar  testament. 

Si  très  impleuero  (vers  UO).  — Coluy  qui  auoit  3  enfants 
a  la  ville  ou  o  en  Italie  ou  sept  en  prouince  êtoit  exempt  de 
tutele. 

Curia  Martis  (vers  1U1  ).  —  (Test  Tareopage  ou  Mars  fut 
iugé  par  12  dieux  et  absous  du  crime  d'homicide  dont  il 
êtoit  accusé.  On  iugeoit  dans  celte  cour  pendant  la  nuit  et 
sans  lumière  afin  qu'on  ne  prit  pas  garde  a  ceux  (|ui  par- 
loint  mais  seulement  a  ce  qu'on  disoil. 


—  235  — 
0  Corydon  (vers  102).  —  0  Neuole.  Ce  nom  est  pris  icy 
pour  celuy  d'un  fou  a  cause  d'un  vers  de  Virgile. 

0  Corydon  ,  Corydon  ,  qiue  te  deinenlia  cœpii. 

LaufeLla  [\ei-^  117).  — Elle  aynioil  iVtrl  !•■  viii.  c'est  par 
la  seulement  qu'on  la  conoil. 

Deterior  tamen  (vers  121).  —  Un  niailr('  débauché  est 
au  dessous  de  son  valet  étant  obligé  de  le  ménager  atin 
qu'il  ne  decouure  pas  ses  crimes. 

Clotho,  Lachesis ,  Atropos  (vers  185  et  136).  —  Ce  sont 
les  3  Parques  ;  on  feignoit  qu'elles  iiloint  la  vie  des  homes, 
c'est  pour  cela  qu'on  prend  les  3  Parques  pour  la  vie  même. 

Fabricius  (vers  142).  —  Pendant  qu'il  ôtoit  encore  cen- 
seur, il  accusa  son  collègue  deuant  le  Sénat  parcequ'il  auoit 
une  bouteille  d'argent  qui  pesoit  plus  de  dix  liures.  ce  qui 
auoit  été  deffendu  aux  senateuis. 

Mœsorum  (vers  153).  —  La  Mcesie  enuoyoit  a  Rome  des 
porteurs  fort  vigoureux  :  ce  pays  est  sur  le  Danube  près  du 
pont  Euxin  et  près  de  la  Pannonie. 

De  naue  petitas  (vers  1 49 ).  —  Les  Syrenes  étoint  3  sœurs 
filles  d'Achelous  et  de  la  muse  Calliope  :  elles  habitoint  sur 
le  riuage  de  la  Campanie  :  les  nauires  ([ui  passoint  la  fai- 
soint  presque  tous  naufrage  parceque  les  matelots  attirés 
par  la  douceur  du  chant  de  ces  Syrenes  se  iettoint  dans  la 
mer.  Ulisse  pour  euiter  ces  eccueils  tit  boucher  les  oreilles 
de  ses  compagnons  auec  de  la  cyre  et  se  tit  attacher  au  mat 
du  nauire ,  après  leur  auoir  ordoné  de  ne  pas  le  détacher 
quelque  signe  qu'il  leur  fit. 

FL\ 

I)  V.     LA     î)*'    S.\T  VUE  . 


SATURA     X 


1  Omnibus  in  terris ,  qux  sunt  a  Gadibus  usqiie 

2  Auroram ,  et  Gangern ,  paiici  dignoscere  possunt 

3  Fe?'a  bona ,  atque  illis  multuni  diversa ,  remota 
i  Erroris  nebula.  quid  enim  ratione  timemus , 

ô  Aut  cupimus  ?  quid  tam  dextro  pede  concipis ,  ul  te^ 

6  Conatus  non  pœniteat ,  votique  peracti? 

1  Evertere  domos  iolas  optantibus  ipsis 

8  DU  faciles,  nocitura  toga ,  nocitiira  petuntvr 

!»  Militia.   torrens  dicendi  copia  rnultis 

10  Et  sua  viortifera  est  facundia.  viribus  ille 

1 1  Confisus  periit ,  admirandisque  lacertis. 

12  Sed  plureis  nimia  congés  ta  pecunia  cura 

13  Slrangulal,  et  cicncta  exsuperans  patrinionia  census , 
1  i  Quanta  Delphinis  balxna  Britannica  major. 

lô   Temporibus  diris  igitur,  jussuque  Neronis 

iH  Longinum,  et  magnos  Senecas  prasdivitis  hortos 

17  Clausit ,  et  egregias  Lateranorum  obsidet  aides 

18 ,  Tota  cohors  :  rarus  venit  in  cienacula  miles. 

19  Pauca  licet  portes  argenti  vascula  puri  , 

-'0  Nocte  iter  ingressus ,  gladiwu ,  contumque  timebis. 

■il  Et  motœ  ad  Lunam  trepidabis  arundinis  umbram  : 

22  Caniabit  vacuus  coram  latrone  viator. 

23  Prima  fere  vota,  et  cunctis  notissima  templis 

24  JHvitia;,  crescant  ut  opes,  ut  maxima  loto 

25  Nostra  sit  arca  foro.  sed  nulla  aconita  bibuntur 
2G  Fictilibus  :  tune  illa  tiine,  cum  pocula  sûmes 

27  Gemmata ,  et  lato  Setinum  ardebit  in  auro. 
2»  lamne  igitur  laiidas,  quod  de  sapientibus  alter 
29  Ridebat,  quoties  de  limine  moverat  unum  , 


—  238  — 

30  Protuleratque  pedem  :  /lebal  contrarius  auctor  '* 

31  Sed  facilis  cuiins  rigidi  censura  cacinnni  : 

32  Mirandum  est,  unde  ille  ocuUs  suffeceril  humor. 

33  Perpétua  risu  pulmonem  agilare  solebat 

34  Democrilus  ,  quanquam  non  essent  urbibus  illis 

35  Prxlexta,  et  trabœ,  fasces,  lectica,  tribunal. 

36  Quid,  si  vidisset  prxtorem  curribus  altis 

37  Exstantem,  et  medio  sublimem  in  pulvere  Circi 

38  In  tunica  lovis ,  et  pictx  Sarrana  ferrentem 

39  Ex  humeris  aulxa  tog/e ,  magnœque  coronx 

'lO   Tantum.  orbem ,  quanta  cervix  non  sufficit  ulla  ? 
41   Quippe  tenet  sudans  kanc  publicus ,  et  sibi  consul 
i2  Neplaceat,  curru  servus  portatur  eodem. 

43  J)a  nunc  et  volucrem  ,  sceptro  qux  surgit  eburno , 

44  lUinc  cornicines ,  kinc  prsecedentia  longi 

'i5  Agminis  officia,  et  niveas  ad  frena  Quirites , 

46  Defossa  in  laculis,  quos  sportula  fecit  amicos. 

47  Tum  quaque  materiam  risus  invetiit  ad  omneis 

48  Occursus  hominwn ,  cujus  prudentia  monstrat 

49  Summos  passe  viras,  et  magna  exempta  daturos 

50  Vervecum  in  patria,  crassoque  sub  aère  nasci. 

51  Ridebat  curas,  nec  non  et  gaudia  vutgi  : 

52  Interdum  et  lacrgmas,  cuni  fortunœ  ipse  minaci 

53  Mandaret  laqueum,  mediumque  ostenderet  unguem. 

54  Ergo  supervacua  aut  pernitiasa  petuntur, 

55  Propter  quw  [as  est  genua  incerare  Deoruin. 

56  Quosdam  précipitant  subjecta  potentia  magna; 

57  Invidix,  mergit  l.onga  atque  insignis  honorum 
5S  Pagina,  descendant  statuar  restemqtie  sequuntur. 

59  Ipsa'i  deinde  rotas  bigarum.  impacta  securis 

60  Cxdit,  et  immeritis  franguîitur  crura  caballis. 

61  lam  strident  ignés,  jam  follibus  atque  caminis 

62  Ardet  adoratum  populo  caput ,  et  crepat  ingens 

63  Seianus  :  deinde  ex  fade  loto  orbe  secunda 

64  Fiunt  urceoli,  pelves,  sartago  patellx. 

65  Pane  dumi  laurus ,  duc  in  Gapitolia  magnum . 

66  Gretatumque  bovem  :  Seianus  ducitur  unco 

67  Spectandus  :  gaudent  omnes.  qux  labra  ?  quis  illi 

68  Vultus  erat?  nunquon,  si  quid  milii  credis,  aniavi 


—  239  — 

«»  Hune  Itominem .  sed  quo  cecidit  sub  criiinne  ?  quisnam 

70  Delator'^  quibus  indicibm ,  quo  teste  probavit  y 

71  Nil  horum  :  verbosa  et  (jrandis  epiitola  venit 

VI  A  Capreis  :  bene  liabet;  nil  plus  interrogo.  Sed  quid 

73  Turba  Rémi?  sequilur  forlunani,  ul  semper,  et  odit 

74  Damnatos.  idem  populus,  si  Nurtia  Thusco 
7r>  Favisset ,  si  oppressa  foret  secura  senectus 

76  Principis ,  hac  ipsa  Seianwn  diceret  hora 

77  Aiigustum.  jam  prideni,  ex  quo  suffragia  nulli 

78  Vendiiniis,  e/fudit  curas,  nain  qui  dabat  olim 

79  Imperium,  fasceis,  legiones,  omnia,  nunc  se 

•^0  Continel,  atque  duas  tanlutn  res  anxius  optât. 

81  Panem,  et  Circenses.  perituros  audio  multos 

82  Nil  dubium  :  magna  est  fornacula  :  pallidulus  mi 

83  Brutidiiis  meus  ad  Martis  fuit  obvius  aram. 

84  Quam  timeo,  victus  ne  pœnas  exigat  Aiax, 

85  Ut  maie  defensus  !  curramus  précipites ,  et , 

86  Dum  jacet  in  ripa,  calcemus  Cœsaris  hostem. 

87  Sed  videant  servi,  ne  quis  neget,  et  pavidum  in  jus 

88  Cervice  obstricta  dominwn  trahat.  hi  sermones 

89  Tune  de  Seiano,  sécréta  hœc  murmura  vulgi. 

90  Vis)ïe  salutari  sicut  Seianus,  habere 

n  Tantundem,  atque  illi  summ,as  donare  curuleis  ? 

32  Illum  exercitibus  pneponere  ?  tuior  haberi 

93  Principis  Augusta  Caprearum  in  rupe  sedentis 

94  Ciim  grege  Chaldœo  ?  vis  certe  pila ,  cohorteis  , 

95  Egregios  équités,  et  castra  domestica  ?  quid  ni 

96  HsBc  cupias  ?  et  qui  nolunt  occidere  quenquam , 

97  Posse  volunt.  Sed  quw  prwclara  ,  et  prospéra  tanti , 

98  Ut  rébus  laelis  par  sit  mensura  malorum  ? 

99  Hujus,  qui  traliitur,  pnetextam  sumere  mavis  : 

100  An  Fidenarum,  Gabiorumque  esse  potestas, 

101  Et  de  mensura  jus  dicere.  vasa  minora 

102  Frangere  pannosus  vacuis  Mdilis  Ulubris  ? 

103  Ergij  quid  optandum  foret,  ignorasse  fateris 

104  Seianum.  nam  qui  nimios  optabat  lionores , 

105  Et  nimias  poscebat  opes  :  numerosa  parabat 

106  E.:relsm  turris  tabulata,  unde  altior  esset 

107  Casus,  et  impulsx  pneceps  immane  ruiniB. 


—  540  — 

08  Quid  (Jrassox ,  (juid  Pompeios  evertit  Y  et  ilhiiri , 

Oit  Ad  sua  qui  dotinios  deduxil  flaçira  Quiritesy 

10  Summus  ■nempe  locus  nuJla  non  arle  petitus  , 

n  Ma(/naque  numinibus  rota  cxaiidita  malignis. 

1-'  Ad  generum  Cereris  sine  cwde ,  et  vulnere  pauci 

13  Uesoendunt  lièges,  et  sicca  morte  tyranni. 

14  Eloquium,  aut  f'amam  Demosthenis,  aut  Ciceronis 
lô  Incipil  optare,  et  totis  Quinquatribus  optât, 

16  Quisquis  adlmc  uno  partant  colil  anse  Minervani , 

17  Quevi  sequilur  custos  angustx  vernula  caps,r 
is  Eloquio  srd  uterque  périt  orator  :  xitrumque 

19  Largus ,  l't  cnindans  letho  dédit  ingenii  fons. 

20  fngenio  inanus  est,  et  cervix  crsa,  nec  unquani 

21  Sanguine  caussidici  maduerunt  rosira  pusilti. 

22  0  fortunatain  iiatain.  ■tue  consule  Rotnam. 

23  Antoni  gladios  potuit  contetnncre,  si  sic 

24  Oituiia  dixisset.  ridenda  poëniata  titalo  , 

25  Qiiam  te  conspicuie  divina  Philippica  famœ , 

26  Volveris  a  pritna  qux  proxittta.  sxvus  et  iltwtt 

27  Exitiis  eripuit,  queiti  mirabantur  Athenx 

2s  Torrentetn,  et  pleni  moderantem  frena  theatri. 

29  Diis  ille  adversis  genitus,  fatoque  sinistro, 

30  Quem  pater  ardentis  massx  fuligine  lippus 

31  A  carbone,  et  f'orcipibus,  gladiosque  parante 

32  Inciide,  et  luteo  Vulcano  ad  rltetora  misit. 

33  Bellorwti  extivise,  truncis  affixa  tropxis 

34  Lorica  ,  et  fracta  de  casside  buccula  pendcns , 

35  Et  rurtuitt  temone  jugum,  victxque  triremis 

36  Apiustrc,  et  suiitmo  tristis  captivus  in  arcu, 

37  Hutnanis  tttajora  bonis  credunlur  :  ad  hoc  se 

38  lioinanus,  Graiusque,  ac  Barbarus  induperator 

39  Erexit  :  caussas  discrititinis ,  alque  laboris 

40  Inde  habuit.  Tanto  ttiajor  famw  sitis  est,  quatn 

41  Virtulis.  Quis  Emyi  virtutem  amplectitur  ipsam, 

42  Prœtaia  si  toi  tas  ?  palriatn  tanien  obruit  olim 
i3  Gloria  paucoruit} ,  et  taudis,  tittitique  cupido 

44  Hxsuri  saxis  cineruttt  ciistodibus  :  ad  quœ 

45  Bisculienda  valent  sterilis  titalu  robora  ficus  : 

46  Quandoquideiit  data  stmt  ipsis  quoque  fata  sepulcris. 


—  -241   — 

u"  Expende  Hannibale)u  :  quoi  libras  in  Duce  suintno 
14S  Jnvenies?  hic  est,  qiiem  non  capit  Africa  Mauro 
149  Percussa  Oceano,  Niloque  admota  tepenti. 
130  Rursm  ad  .'Ethiopion  populos,  altosque  elephantos 

151  Additur  imperiis  liispania  :  Pyrenxum 

152  Transilit.  opposuil  natura  Alpemque,  nivemque  : 

153  Didiicit  scopiilos,  et  montem  rumpit  aceto. 

154  lam  tenet  Jtaliaiii  :  tamen  ultra  pcrgere  tendit. 

155  Actum,  inquit,  niliil  est,  nisi  Pœno  milite  portas 

156  Frangimus,  et  média  vexillumpotio  Suburra. 

157  0  qualis  faciès,  et  quali  digna  tabella, 

158  Cum  Getula  diicem  portaret  bellua  luscum  ! 

159  Exitus  ergo  quis  est?  o  gloria!  vincitur  idem 

160  Nempe,  et  in  exsilium  prxceps  fugit,  atque  ibi  fnag/tun 

161  Mirandusque  cliens  sedet  ad  prsetoria  Régis , 

162  Donec  Bithyno  libeat  vigilare  tyranno. 

163  Finera  aniime,  quée  res  humanas  miscuit  olim . 

164  Non  gladii,  non  saxa  dabunt,  nec  tela,  sed  ille 

165  Gannarum  vindex,  et  tanti  sanguinis  ultor 

166  Anulus.  i,  démens,  et  saevas  curre per  Alpeis , 

167  Ut  pueris  placeas,  et  declamatio  fias. 

168  Unus  Pelleo  jtiveni  non  sufficit  orbis  : 

169  jEstuat  infelix,  angusto  limite  mundi , 

170  Ut  Gyarae  clausus  scopulis,  parvaque  Seripho. 

171  Cum  tamen  a  figulis  munitam  intraverit  urbem  , 

172  Sarcophago  contenlus  erit.  Mor^  sohx  fatetur, 

173  Quantula  sinl  hominurn  corpuscula.  creditur  olim 

174  Velificatus  Athos,  et  quidquid  Grxcia  mendax 

175  Audet  in  historia  :  constratiim  classibus  iisdem. 

176  Suppositumqiie  rôtis  solidum  mare,  credimus  altos 

177  Defecisse  amneis,  epotaque  flumina  Medo 

178  Prandente ,  et  madidis  cantat  quie  Sostratus  alis. 

179  [lie  tamen,  qualis  rediit  Salamine  relicta , 

180  In  Corum,  atque  Eurum  solitus  swvire  flagellis 

181  Barbants,  Molio  nunquam  hoc  in  carcere passos , 

182  Ipsum  compedibus  qui  vinxerat  Ennosigœum  ? 

183  Mitius  id  sane,  quod  non  et  stigmate  dignum 

184  Credidit  huic  quisquam  vellet  servi r e  Deorum! 

185  Sed  qualis  ridiil  ?  nempe  una  nave  cruentis 


Iti 


—  •24i>  — 

)>*«  Pliiclibus.  (ir  larda  per  detisa  cadavcra  prura. 

1H7  Has  loties  opUUa  exegit  (jloria  pœnas. 

188  I)a  spathun  vitœ,  multos  da  luppiter  annos  : 

189  Hoc  recto  vultu  solum  hoc  et  palUdiis  optas. 
mo  Scd  cjiiam  continuis,  et  quantis  longa  senectus 

191  Ptetia  malis  :  deformem,  et  tetrum  anie  omnia  rultum 

192  Dissimik'inque  sui  deformem  pro  cute  pellem. 
103  Pendenteisqiic  gênas,  et  tnleis  adspice  riigas, 

194  Qualeis  umbrifcvos  uhi  jiandit  Tabraca  sattus, 
i9j  In  xH'Àula  scatpit  jam  mater  simia  bucca. 

i9i;  Ptnriina  sunt  juvenum  dixcriinina  :  pulcriur  illr 

ii'7  Hoc,  aiqnc  illr  alio  :  iiiiiIIkih  hic  mbusUor  illo. 

195  IJiia  scmim  faciès,  cum  voce  trnnenlia  membra. 
199  El  Jani  Lrve  caput,  madidiqiie  infantia  nasi. 
■-'00  Frangendus  misera  gingiva  panis  inermi. 

-'01  Usque  adeo  gravis  u.vori,  gtialisqne,  silnqar. 

•-'02  Ut  captatori  moiieat  fastidia  Cosso. 

203  Non  eadem  rini,  atqnc  cibi  torpente  palato 

204  Gaudia  :  nam.  coitusjata  longa  oblivio  :  vêlai 

205  Coneris ,  jacet  c.viguus  cum  ravice  nervus , 

206  Et,  quamvis  tota  palpetur  nocle,  jacchit. 

■i(i'i  Anne  aliquid  sperare  potest  Jtxc  inguinis  xgri 

208  Canities  ?  quid,  quod  nierito  suspecta  libido  est. 

209  Qiue  Venerem  affectât  .mie  viri bus? adspice  partis 

210  Nunc  damnnm  altrrius.,  nam  qiue  cantante  volupta.s  : 

211  SU  licct  e.rimius  cilliar.rdo  sire  Seleuco 

212  Et  qidbus  aurata  mos  est  fulgere  lacernay 

213  Quid  rcferl  magni  sedeat  qua  parte  Ihealri . 
21  i   Qui  vi.r  cornicines  craiidie'.  alque  tubarxim 

215  Concentus?  clamore  opiis  est,  ut  sentiat  auris, 

216  Qucm  dicat  vrnisse  puer,  quot  nunciet  horas. 

217  Pr.etcrea  oiinimus  gelidojam  in  corpore  sanguis 
21K  Febre  calet  snla  :  drcumsilit  agmine  facto 

219  Morborum  omne  genus  :  quorum  si  nomina  quseras, 

220  Promtius  expediam.  quoi  amaverit  Hippia  mœchos, 

221  Quot  Themison  segros  auturano  occiderit  uno, 

222  Quot  Basglus  socios  ,  quoi  circumscripserit  Hyrrus 

223  Pupillos  :  quot  longa  viras  cxsorbeat  tino 

224  Maura  die  .  quoi  discipulos  inrlinet  H  ami  Uns , 


■>i!>  Percurrani  citivs,  naot  villas  posaideal  mine, 
•226  Quo  tondzntc  gravis  javeni  niihi  barba  sonabal. 

227  Ille  Jiuuiero,  hic  lunibis,  hic  coxa  debilis,  ambos 

228  Perdidit  ille  oculos,  ei  luscis  invidet.  hujus 

229  Pallida  labra  cibiim  accipiunt  digitis  alienis. 

230  Ipse  ad  conspectwn  cenx!  diducere  rictum 

231  Stietus,  hiat  tantum,  ceu  puUus  hirundims,  ad  qunn 

232  Ore  volât  pleno  mater  jejuna.  sed  onini 

233  Membrorum  damno  major  demoUia  :  qu;e  nec 

234  Nomma  servonim,  nec  vulttim  agnoscit  aniicî. 

235  Cum  (juo  pr^tcrita  cenavit  noctc,  nec  illos 

236  Quos  genuit,  quos  eduxii.  nam  codicc sxvo 

237  Heredes  vetat  esse  suas,  boiia  tota  frnmtur 

238  Ad  Phjialem  :  tantum  arlificis  valet  lialitus  oris, 
■-'39  Quod  steterut  )indHs  i)i  carccre  fornicis  annis. 
240   Ut  vigeant  sensus  animi  ducenda  lamen  sunt 
211  Fiineru  gnatorum,  rogiis  adspiciendus  amatx 

242  Conjugis,  et  fvairis,  plcnxque  sororibus  urufe. 

243  Hœc  data  pœna  diu  viventibus,  ut  renovata 

244  Semper  clade  domus  multis  in  luctibus,  inque 

245  Perpetuo  mœrore,  et  nigra  veste  senescani. 

2'.fi  Rex  Pylius ,  magno  si  quidquam  credis  Homero, 

247  Exemplum  vitœ  fuit  a  comice  secimdx. 

248  Félix  7iimirum,  qui  lot  per  sascula  mortem 

249  Distulit ,  alqtie  suas  jani  dextra  computat  annos , 
2."io  Quique  novum  loties  mustum  bibit  :  oro,  parumper 

251  Attendas,  quantum  de  legibiis  ipse  queratur 

252  Fatorum,  et  nimio  de  staminé,  cum  videt  acris 

253  Antiloqui  barbam  ardenlem  :  cum  quxrit  ab  omni, 

254  Quisquis  adest  socius  :  cur  hsec  in  tempora  durel , 

255  Quod  facinus  dignum  tam  longo  adiaiserit  sevu.' 

256  H/pc  eadeni  Peleus,  raptum  cum  lugct  Achillem, 

257  Atqtie  alitis,  cui  fas  Ithacum  lugere  nalantem.. 
25a  Incolumi  Troia  Priamus  venisset  ad  umbras 

259  Assaraci  magnis  solennibus ,  Hectore  funus 

260  Parlante,  ac  reliqtds  fralrum  cervicibus ,  inter 
201   Iliadum  lacrymas,  ut  primas  edere  planctus 

262  Cassandra  inçiperët,  scissaque  Polyxena  palla  : 

263  Si  foret  exstinctus  diverso  tempore  quo  non 


■2M  Cœperat  audaces  Paris  aidificare  carinas. 
2CÔ  Longa  dies  igilur  quid  conlulit  ?  omnia  vidit 
•i66  Evcrsa,  et  flammis  Asiam,  ferroque  cadenteni 
267   Tune  miles  tremulus  jiosila  lulit  arma  liara , 
■268  Et  mit  ante  aram  sumini  lovis,  ut  vetulus  bos, 

269  Qui  domini  cultris  tenue,  et  miserabile  collum 

270  Prœbet,  ab  inçirato  jam  fasliditus  aralro. 

-'71   Exitns  iUe  utcunique  hominis  :  sed  torva  raninu 

272  Latravil  rirtu,  qux  pust  hune  vixerat,  uxor. 

273  Festino  ad  nostros ,  et  Regem  transeo  Ponti . 

274  Et  l'rœsu)!!,  quem.  voxjusti  facunda  Solonis- 

275  Respichre  ad  long/e  Jussit  spatia  ullima  vit3e. 
27fi  Exilium,  et  earcer  Mintwnarumque  paludes , 

277  Et  mendicatus  victa  Carthagine  punis , 

278  Hinc  caussas  habuere.  quid  illo  cive  tulisset 

279  Natura  in  terris,  <juid  Roma  beatius  unquam^ 

280  Si  circumducto  captioorum  agniine ,  et  omni 

281  Bellorum-  pompa,  animam  exhalasset  opimam. 

282  Cum  de  Teutonico  vellet  descendere  curru  ? 

283  Provida  Pompeio  dederat  Campania  febreis 

284  Optandas  :  sed  multse  urbes  ,  et  piiblica  vota 

285  Vicerunt  igitur  fortuna  ipsius  ,  et  urbis 
28fi  Servatum  victo  capul  abstulit.  hoc  cruciatu 

287  Lentulus,  ac  pœna  caruit,  ceciditque  Cethegus 

288  Integer,  et  jacuit  Catilina  cadavere  toto. 

289  Formam  optât  mcdico  pueris,  majore  puellis 

290  Murmure,  cum  Veneris  farum  videt  anxia  mater 

291  Usque  ad  delicias  votorum ,  cur  tamen  ,  inquit , 

292  Corripias  f  paiera  guudel  Latona  Diana. 

293  Sed  vetat  uptari  facieni  Lucretia,  qualem. 

294  Ipsa  habuil.  cuperet  Rutila;  Virginia  Gibbum 

295  Accipere,  atqùe  suam.  Rulilse  dure,  /llius  autem 
•296   Corporis  cgregii,  niiseros,  trepidosque  parentes 

297  Semper  habet.  R.\ra  est  adeo  coneordia  formx, 

298  Atque  pudicitise,  sanctos  licet  horrida  mores 

299  Tradiderit  domus ,  ac  veteres  imitata  Sabinas  : 

300  Prwterca  eastum  ingenium,  vultumque  modesto 

301  Sanguine  ferventem  tribuat  natura  benigna 

302  Larga  manu  'quid  enim  puern  conferre  potest  plus 


—  -245  — 

303  Custode,  et  cura  natura  potentior  omni?) 

304  Non  licet  esse  viros  :  nam  prodiga  corruptoris 

305  Improbitas  ipsos  audet  tentare  parentes. 

306  Tanta  in  nunieribus  fiducia  nuUus  epliebuui 

307  Deformem  sxua  castravit  in  arce  tyrannus  : 
30S  Nec  pnetextatum  rapuit  Nero  loripedeni^  nec 

300  Strumosum,  atque  utero  pariter,  gibboque  Iwnentem. 

310  1  mine,  et  juvenis  specie  Ixtare  tui,  quem 

311  Majora  expcctent  discrimina,  fiet  adulter 

312  Publicus,  et pxnas  metuet,  quascunque  inariti 

313  Irati  debent  :  nec  erit  felicior  astro 

314  Martis,  ut  in  laqueos  nunquam  incidal.  c.rigit  autem 

315  Intcrdum  ille  dolor  plus,  quam  lex  ulla  dolori 

316  Concessit,  necat  hic  fcrro,  secat  ille  cruentis 

317  Verheribus,  quosdam  mœchos,  et  nmgilis  intral. 

318  Sed  tuas  Endijmion  dilcctôe  fiet  adulter 

31»  Matrona'  :  inox  cum  dederit  Servilia  numinos, 

320  Fiet  et  itlius ,  quam  non  amat  :  exuet  omnem 

321  Corporis  ornatiim.  quid  enim  ulla  negaverit  udis 

322  Inguinibus ,  sive  est  héec  Hyppia,  sive  Catulla  ? 

323  Deterior  totos  habet  illic  femina  mores. 

324  Sed  casto  quid  forma  nocet?  quid  prof  ait  immo 

325  Hyppolito  grave  propositum  ?  quid  Bellerophonti  ? 

326  Erubuit  nempe  hsec,  ceu  fastidita  repulso. 

327  Nec  Sthenobœa  minus  quam  Cressa  excanduil,  et  se 

328  Concussere  ambx.  Mulier  sœvissima  tune  est, 

329  Cum  stimulas  odio  pudor  admovet.  elige  quidnaiu 

330  Suadendum  esse  putes,  cui  nubere  C'csaris  uxor 

331  Destinât,  optimus  hic  ,  et  formosissimus  idem 

332  Gentis  patricix  rapilur  miser  extinguendus 

333  Messalinœ  ocuHs  :  dadum  sedet  illa  parato 

334  Flameolo,  Tyriusque  palam  Genialis  in  horlis 

335  Sternitur,  et  ritu  decies  centena  dabuntur 

336  Antiquo  :  veniet  cum  signatoribus  auspex. 

337  Hxc  tu  sccrcta,  et  paucis  commissa  putabas . 

338  Non,  nisi  légitime,  vult  nubere  :  quid  placcai,  die  : 

339  Ni  parère  relis,  pereundum  erit  ante  lucernas. 

349  Si  scelus  admittas,  dabitur  moraparcula,  dum  res 
341  Nota  nrbi  el  populo  conlingat  Principis  aureis 


—   246  — 

342  Dedecus  ille  domiis  sciel  uUivius  :  iiUerea  lu 

343  Obsequere  imperio,  sit  tanti  vita  dierum 

344  Pauconoii ,  quidquid  melius.  leviusque  piilaris, 

345  Prœhenda  est  (jladio  pulcra  hiec,  et  cundida  cervix. 

346  Nil  ergo  optabunt  hontiaes?  si  consilium  vis, 

347  Permutes  ipsis  expendere  Numinibits  ,  quid 

348  Conveniat  nobis ,  rebusque  sit  utile  noslris. 

34!»  Nam  pro  jiicundis  aptissima  qu^rque  dahiint  DU. 

350  Carior  est  illis  homo,  quam  sibi.  nos  animovum 

351  Impulsu  ,  et  cxca  ,  magnaque  cupidine  ducii , 

352  Conjugium  petimus ,  partumque  uxoris  :  at  illis 

353  Notum,  qui  pueri  qualisque  futura  sit  uxor. 

354  Ut  lamen  et  poscas  aliquid,  vovcasquc  sacellis 

355  Exta,  et  candiduli  divina  tomacula  porci  : 

356  Orandum  est ,  ut  sit  mens  sana  in  corpore  sano. 

357  Fortem  poscc  animum ,  mortis  terrore  carentem  : 

358  Qui  spatium  vitx  extremum  inter  numera  ponal 

359  Naturx ,  qui  ferre  queal  quoscunque  labores , 

360  Nesciat  irasci ,  ciipiat  niliil ,  et  potiores 

361  Herculis  xrumnas  credat,  sxvosque  labores, 

362  Et  Vencre,  et  cenis,  et  pluma  Sardanapali . 

363  Momtro ,  quod  ipse  tibi  possis  dare.  Semita  cerlc 

364  Tranquillœ  per  virtutem  palet  unica  vitic. 

365  Nullum  Numcn  habes  ,  si  sit  pvudenlia  :  nos  te 

366  Nos  facimiis,  Fovtuna ,  Deam  ,  cœloque  locamus. 


SATYRE    X 


ïsUIET 


luueiial  fail  voir  dans  cette  satyre  la  vanité  de  nos  désirs 
et  l'inconstance  de  la  fortune. 


Qua'.  sunl  a  (jadibiis  nsque  (vers  I  ~.  —  Gades  est  une 
ville  d'Espagne  apelée  maintenant  Gadis  que  Ciceron  dans 
l'oraison  pour  Coni.  Balbus  apele  la  fin  des  trauaux 
d'Hercule  parcequ'elle  est  i)roche  du  détroit  de  Giljraltar  qui 
en  est  la  véritable  tin. 

Gangem  (vers  2).  —  Le  plus  grand  llcuue  des  Indes  qui 
les  sépare  parle  beau  milieu  et  entraine  auec  luy  un  sablon 
d'or  inestimable  :  il  t'eut  apelé  Ganges  de  Gange  roy  des 
Ethyopiens.  On  croit  que  son  origine  vient  du  paradis  ter- 
restre parceque  les  Grecs  Tapelent  Phison  et  que  la  Sainte 
Ecriture  dit  que  c'est  un  de  ceux  qui  en  sortent  ;  il  arrose 
toutes  les  années  la  campagne  voisine  de  même  que  le  Nil , 
et  sort  selo  n  quelques  uns  des  montaignes  des  Scythes  et 
qu'il  deuient  plus  rapide  dans  sa  course  par  la  quantité 
d'eau  que  30  Ileuues  luy  douent  :  sa  plus  petite  largeur  est 
de  8000  pas  et  sa  plus  grande  de  20000. 

Longimim  (vers  16).  —  Néron  fit  tuer  Cassius  Longin 
et  Seneque  pour  auoir  leurs  richesses  :  il  lit  la  môme  chose 
a  Lateran  qui  êtoit  consul. 


—  248  — 

Setinum  (vers  27).  —  \^in  de  la  (lampaiiic 

Alter  de  sapientibus  (vers  28).  —  Dciiiocnto  lioit  en 
sortant  de  ches  liiy,  Heraclite  au  i-unliairf  pleuroit  ;  les 
actions  des  homes  paroissoinl  a  liiii  di.'s  misères  el  a  laulrc 
des  folies. 

Medimn  et  crepat  inge/is  Seianus  [\ei's  62  et  63). — 
Seian  etoit  fauory  de  Tybere  et  t'eut  consul  auec  luy,  il  eut 
la  charge  de  préfet  du  prétoire ,  et  on  auoit  eleué  dans  Rome 
beaucoup  de  ses  statues;  le  crédit  (|u'il  auoit  auprès  de 
l'empereur  etoit  si  .maiid  (|U(^  l'on  celehroit  un<- l'èle  au  iour 
de  sa  naissance 

Quid  (vers  36  ).  —  Il  faut  entendre  f'ecisset. 

Ne  sibi  placeat  (vers  41  et  42).  —  Les  Romains  vou- 
lurent que  celuy  qui  entreroit  en  triomphe  dans  Rome  eut 
sur  son  char  un  esclaue  pour  le  faire  souuenir  ([uil  ètoit 
home  afin  (juil  n'eut  pas  de  la  vanité. 

Volucrem  (vers  43).  —  L'aigle  romaine. 

Ad  frena  Quirites  (vers  45).  —  Il  y  auoit  des  Romains 
qui  menoint  par  la  bride  les  chenaux  du  char  de  triomphe  ; 
ces  Romains  êtoint  vêtus  de  blanc,  niuei. 

In  patria  Vcruecuni  {\tY^  50).  —  Dans  la  Bœotie  ou 
Democrite  auoit  sa  patrie ,  dAbdere  lieu  désert  et  fait  plutôt 
pour  les  animaux  que  pour  les  homes. 

Mandaret  iaqiieum ,  niediumquc  oslenderct  unguem 
(vers  53).  —  Democrite  enuoyoit  une  corde  a  la  fortune 
pour  se  pendre  ,  et  luy  montroit  le  doit  du  milieu  qui  êtoit 
une  manière  de  mocquerie. 

Quosdam  prsecipitant  {\Q^i'9,  56).  —  luueual  lait  voir  par 
l'exemple  de  Seian  que  les  grandeurs  sont  souuent  la  cause 
de  la  perte  des  homes. 

Pone  domi  lauros  (vers  65).   —  Ces  paroles  sont  du 


—   24!»   _ 

peuple  qui  insulte  a  Seian  ,  elles  s'adressent  a  Tybere  pour 
luy  témoigner  le  plaisir  qu'il  a  de  le  voir  deliuré  de  son 
ennemy,  car  il  vouloit  s'emparer  de  toute  sa  puissance. 

A  Capreis  (vers  72).  —  Isle  de  la  Campanie  ou  Tybere 
se  plaisoit  fort. 

Sed  quid  (vers  72).  —  C'est  le  poète  qui  parle  ;  il  faut 
entendi'e  fecit,  come  l'on  fait  souuent  lors  que  quid  est 
seul  auec  interrogation. 

Thusco  (vers  74).  —  Seian  ètoit  Etrurien  ou  Toscan. 

lam  pridem  ex  quo  (vers  77  ).  —  Le  sens  est ,  il  ne  faut 
pas  s'étoner  que  le  peuple  eut  doué  l'empire  a  Seian  si 
Tybere  êtoit  mort ,  et  qu'il  n'eut  pas  pris  pour  luy  même  le 
gouuernement  de  la  republique  ,  parceque  depuis  qu'il  êtoit 
sous  le  ioug  il  auoit  oublyé  sa  liberté .  il  ne  se  metoit  plus 
en  peyne  que  des  ieux  du  cirque  .  de  ceux  de  Pan  ou 
Lupercaux. 

Perituros  (vers  81  ).  —  Ce  sont  les  paroles  du  peuple  qui 
croit  que  les  amys  de  Seian  périront. 

Magna  est  fornacula  (vers  82).  —  Cecy  regarde  la  colère 
de  Tybere,  et  l'explication  est,  l'empereur  est  enflamé  de 
colère  ,  ou  bien  il  y  a  beaucoup  des  gens  qui  périront  come 
Seian ,  (|ui  seront  dans  la  même  fournaise  .  dont  les  statues 
seront  brûlées. 

Brutidius  (vers  83).  —  C'est  un  nom  inuenté. 

Aiax{yQv^  84).  —  Fils  de  Talemqn  et  d'Hesione  ;  il  dis- 
puta les  armes  d'Achille  contre  Ulisse ,  mais  ayant  été 
vaincu  il  se  tua  de  chagrin. 

Chaldœo  (vers  94).  —  Tybere  consultoit  souuent  le 
mathématicien  Trasyle  sur  l'auenir,  il  êtoit  Chaldeen.        * 

Ukobî^is  (vers  102).  ^ —  Petite  ville  d'Italie  fort  déserte. 

Quid  Crassos  (vers   108).  —  Crassus  le  père  et  le  fils 


—  ■2:^^\  — 

feurenl.  eimoyés  (;uiiUc  les  l*ai'lli(.'r5 ,  ils  y  icurciiL  vaincuti  ; 
le  père  eut  la  tôle  tranchée  a  laquelle  on  Ht  âualer  de  l'or 
l'ondu  pour  se  veii<;er  du  désir  iiisalialdc  i[u  il  auoit  poiu' 
les  richesses  des  Parlhes  ;  le  tils  l'ui  encore  la  tète  tranchée 
([u'on  exposa  a  la  veue  du  camp  de  Crassus. 

Pompeios  {\ers  108).  —  Pompée  l'ut  vaincu  par  Gesar 
dans  les  champs  de  Pharsalc  et  tué  ])ai-  Ptolomée  roy 
d'Ef^ypte  ;  ses  enfants  Cneins  et  Sextus  (|ui  arnioiut  lorte- 
inent  en  Espaitiic  près  de  la  \  ille  de  Monda  j'i-ui'eiil  encore 
delfaits  par  Gesar. 

Ad  sua  qui  domitos  deduxil  flagra  Quirites  (vers  109). 
—  Il  parle  de  Sylla ,  de  Ginna  ou  plutôt  de  Jules  Gesar  qui 
feut  tué  dans  le  Sénat  de  23  blessures  par  Brutus  et  Gassius. 

Generum  Cereris  (vers  112).  —  Gest  Pluton. 

Totis  quim/iiafr/hii.s  (vers  Hô).  —  Ces  fêles  l'eurent 
instituées  a  l'honeur  de  la  déesse  iVIinerue  ;  elles  duroint 
cinq  iours. 

Anfonii  gladios  poluii  contcinnerc-  (vers  123).  — 
Popylius  Lena  l'ut  employé  par  Anthoine  pour  couper  les 
mains  et  la  ti^te  a  Giceron  (|ui  l'eurent  exposées  au  uiènie  lieu 
ou  il  auoit  harangué  contre  M.  Anthoine. 

Quem  mirabmilur  Athenœ  {\ev»  127).  —  Gest  Demos- 
thene  qui  ayant  apris  Tarrinée  d'Antipater  et  de  Graterus 
s'enfuit  dans  la  Thracc  ou  étant  poursuiuy  iuscju'a  un 
autel  de  Neplune  ou  il  s'étoit  mis  en  seureté  ,  il  s'empoi- 
sona  luy  même  pour  ne  pas  toud)cr  entre  les  mains  de  ses 
enemys. 

Suburra {vers  156).  —  Lîn  des  heaux  (|uarli(>rs  de  Rome 

fîomcrm/5  (vers  138).  — .Iules  Gesar,  Marc  Anthoine. 

GroAusque  (vers  138).  — ■  Themislocle.  Myltiade  qui 
eurent  une  hn  funeste. 


—   -J.M    — 

Barbarus  (vers  138).  —  AnnUbal. 

Getula  bellua  (vers  158).  —  Elephanl. 

ûonec  Bijthino  Libeat  vi(/i(are  ti/ra/i/w  i  vers  i62).  — 
Anuibal  ayant  été  vaincu  i)ar  Scipion  dans  l'Âtlrique  feut 
chassé  de  sa  patrie  Carthage  ,  et  contraint  de  se  retirer  près 
d'Antyochus  roy  de  Syrie ,  c[ui  l'abandona  après  qu'il  eut 
été  vaincu  par  les  Romains  dans  une  guerre  qu'il  auoit 
entreprise  par  son  conseil  :  ensuite  il  se  retira  près  de  Pru- 
sias  roy  de  Bythinie:  mais  Flaminius  le  demandant  pour 
le  mener  a  Rome,  et  Prusias  n'ozant  le  refuser  aux 
Romains,  il  se  lit  mourir  par  un  poison  qu'il  gardoil  sous 
l'agneau  dune  bague. 

Pelleo  iu'ueniiverà  168  .  — Alexandre,  parceque  Pellée 
est  une  ville  de  Macédoine.  Plutarquc  di!  ([ue  lephylosophe 
Anaxarque  ayant  long  lems  parlé  deuant  Alexandre  pour 
prouuer  ([u  il  y  auoit  plusieurs  mondes  .  ce  ieune  prince 
témoigna  de  la  douleur  a  ses  fauorys  de  ce  qu'il  y  auoit  tant 
de  peyne  a  se  rendi-e  maitre  de  celuy  cy. 

Cum  tamen  a  figuUs  munitam  intrauerit  iirbern  (vers 
171).  —  La  ville  de  Semiramis;  c'est  Babilone  que  Semira- 
mis  lit  bâtir  de  brique  :  c'est  pouu{uoy  il  l'apele  a  figutis 
munitam.  Alexandre  y  mourut  empoisoné  par  la  conspira- 
tion d'Antipater  (|u'il  auoit  laissé  irouuerneur  en  Macé- 
doine. 

Qui  vinxerat  Enn usi (/cmi/ni  [vei-i^  \S-2).  — Qui  auoit  lié 
Neptune  ;  c'est  un  terme  grec  qui  signitie  qui  ébranle 
la  terre. 

Athos  (vers  174).  —  Montaigne  de  la  Macédoine  qui 
s'étend  iusqu'a  la  mer  ^gée.  Xerces  venant  dans  la  Grèce 
la  fît  percer  pour  y  faire  passer  la  mer  et  sa  fiole. 

Solidum  mare  (vers  176).  —  Un  pont  sur  l'Hellespont 


que  Xerces  y  lit  buLii-  depuis  iScslus  lusqucs  a  ALydos, 
auiourduy  les  Dardaiieles. 

Sostratus  (vers  178)  —  Hystorien  grec. 

Carcere  ^olio  {xern  181).  —  Les  isles  yEolienes.  /Eole 
fils  de  lupiter  et  d'Acesto  y  régna  ei  ctnno  il  predisoit  a  ses 
peuples  les  orages  (|iio  les  vents  dcnoiiit  cansfM- :  nn  creiit 
(ju'il  en  ètoit  le  rnailrc  et  ([u  il  les  l(.'nuit  on  prisun. 

Barbarus  {\evs  181).  — Xerces. 

Trabaca{\ers  194).  —  Ville  d'Atlriciue. 

Seleucus  (vers  211).  —  loueur  de  harpe  tort  habile. 

Themison  (vers  221').  —  Gelse  dil  ([ue  cétoit  un  fort 
habile  médecin. 

Basi/lus  (vers  222).  —  Méchant  àuocat. 

Hyrrus  (vers  222).  —  Tuteur  lort  panure. 

Hamillus  (vers  224).  —  Maitre  d'école. 

Quo  tondente  (vers  226).  —  Licinns  qui  de  barbier 
deuint  sénateur  ;  il  en  est  parlé  dans  la  1  '"'^  satyre  come  une 
des  raisons  (|ui  le  porte  ])lutôt  a  la  satyre  ([n'a  toute  autre 
chose. 

PhyalcHi  [vers  238).  — (jourtisanc 

Antilaqui  barham  (vers  253).  —  AMtil(»(|U(' :  dcia  aagé. 
Il  l'eut  lue  jiar  Mcuuion  lors  «pi  il  ala  douer  du  secours  a 
son  père  au  siège  de  Troye. 

Peleus  (vers  256).  — C'est  Achyllc  (ils  de  Pelée  vl  de  la 
déesse  Thetis  :  Paris  le  tua  lors  ipi'il  aloit  épouser 
Polyxene. 

Ithacum  (vers  257).  —  IJlisse  est  apelé  ainsy  de  sa 
patrie  Ithaque  (|ui  rtoit  dans  une  isle  de  in(Mii{'  nom  aupi-es 
de  Corynthe  ;  il  ètoit  lils  de  Laerce. 

Atque  suos  iam  dcxtra  compulat  amios  (vers  2i'J).  — 
11  s'agit  icy  de  l'aage  de  Nestor,  il  vit  trois  générations  dit'- 


—   25.S   — 

ferentes;  il  esl  dans  l'hysloire  piophane  l'exemple  d'une 
longue  vieillesse ,  conie  Mathusalem  Test  dans  Thystoire 
sainte  ;  on  comptoit  sur  la  main  gauche  iusqu'a  cent  ans  et 
sur  la  droite  tout  ce  qui  êtoit  au  delà. 

Assaracus  (vers  259).  —  Tros  t'eut  père  d'Assaracus, 
Assaracus  d'Ilion,  et  Ilion  de  Laomedon  père  de  Priani. 

Z/ror  (vers  272).  —  Hecube  changée  en  chien. 

Begem  Ponti  (vers  273).  —  Mytridate  qui  se  fît  tuer  par 
un  soldat  gaulois  apelé  Bythacus  ne  pouuant  pas  s'empoi- 
soner  pendant  i[u'il  êtoit  assiégé  dans  son  palais  par  son 
fils  Pharnace. 

Solonis  (vers  274).  —  Solon  êtoit  un  des  7  sages  de  la 
Grèce ,  sa  patrie  êtoit  Salamine ,  et  Athènes  le  lieu  ou  sa 
vertu  parut  auec  le  plus  d'éclat. 

Exilium  et  carcer  {vers  276).  —  C'est  de  Marius  qu'on 
doit  l'entendre. 

Minturnarumque  paludes  {\er&  276).  —  Les  marais  de 
Minturne  sont  entre  Formies  et  Sinuesse. 

Prouida  Pomp&io  (vers  283).  —  Plutarque  écrit 
qu'auant  la  guerre  ciuile  Pompée  feut  malade  a  Naples,  que 
l'on  fit  des  prières  publiques  pour  sa  guerison  qui  ne  seruit 
qu'a  le  reseruer  a  beaucoup  des  malheurs,  car  après  la 
iournée  de  Pharsale  qui  lui  feut  si  funeste ,  il  s'enfuit  en 
Egypte  ou  Ptolomée  luy  fit  trancher  la  tête  qu'il  enuoya  a 
Gesar. 

Campania  (vers  283).  —  Naples  êtoit  une  ville  de  la 
Campanie. 

Urhis  vers  285).  —  La  guerre  civile  causa  beaucoup  des 
malheurs  a  Rome. 

Lentulus  (vers  287).  —  Publius  Lentulus  dans  la 
coniuralion  de  Gatilina  feut  pris  auec  Gethege  un  des  chefs 
et  égorgé  dans  la  prison. 


—  -254  — 

l'atHinii  :V('rs  288  ;.  - —  (laliliiKi  inniiriii  dans  le  combat 
que  causa  la  coniiii'alion  (If'coiiiicrtc  pai-  l'adresse  de 
Giceron. 

Virginia  (vers  294).  —  Elle,  èloil.  tille  de  V'irginius  cen- 
turion ;  Appius  la  A*ioIa  :  son  père  qui  combatoit  pour  lors 
en  Ali^i(l<'  aia  a  Home  «'I  liia  sa  lillc  doiil  il  ])(»rla  le  corps  a 
rannéc  pour  animer  sou  lionriii-;  ils  créèrent  dix  trijmns 
sur  le  mont  Avantiii  et  obliLierent  les  deceniuirs  a  se 
demetre  de  hnu's  charges;  il  les  enuoyerent  tous  en  exil, 
ou  on  leur  til  soufi-ir  la  mort  ;  Appius  mourut  enfin  en 
prison . 

Veteres  Sah/nas  (vers  299  i.  —  Les  Sabines  passointpôur 
un  excniplc  de  chasteté. 

Nuil'us  ephebum  (vers  306).  —  Les  beaux  garçons 
etoint  suiets  a  bien  d'accidents  ;  on  les  laisoit  châtrer  pour 
garder  le  lict  des  dames. 

Mugilis  (vers  317).  —  Poisson  ([ue  l'ou  t'aisoil  entrer 
dans  le  ventre  d'iui  adulteiv-  ])ar  les  parties  intérieures. 

Endymion[\evs  318).  —  Tenue  chasseur  si  bien  fait  que 
Diane  Tayaut  un  iour  Irouué  endormy  voulut  hieu  oublyer 
sa  pudeur  pour  le  caresser. 

Seruilia  (\ev^  319).  —  Feme  lubri([ue.  luuenal  tait 
allusion  a  Seruilie  mère  de  Brutus  sœur  de  Caton ,  auec 
hujuelle  César  auoit  eu  eouierce  d'amour  selon  le  raport  de 
Plutarriue. 

Hippia  (vers  322).  —  Feme  riche  ou  de  qualité. 

Catulla  (  vers  322).  —  Feme  panure  et  de  basse  extrac- 
tion. 

Hijjjpolito  (vers  325).  —  IMieiIre  ayiuoit  extraordinaire- 
ment  Hy|)p(dile,  ((uoycju'elle  feul.  sa  belle  mère;  elle 
trouua  dans  ce   ieune  prince  une  résistance  qui   l'irrita  ; 


—  255  — 

AU'  sala  plaiiidiv  a  Tlieséo  sou  luary  (jue  sou  111s  auoit 
voulu  luy  laire  violeuce  ;  Thésée  pria  Neptune  de  venger 
cet  outrage.  Hyppolite  se  promenoit  alors  en  carrosse  Sur 
le  riuage  de  la  mer  JEgée ,  il  en  sortit  dabort  un  monstre 
qui  ellraya  si  fort  les  chenaux  que  le  carrosse  versa  et 
feut  dans  des  précipices  ;  le  panure  Hyppolite  y  péril  mal- 
heureusement. 11  lait  rcmarifuer  que  Phèdre  êtoit  de  Crète 
fille  du  roy  Minos. 

BeUerophonti  (vers  325').  —  Bellerophoon  ,  fils  de  Glau- 
cus ,  roy  de  Gorynthe ,  étant  venu  ches  Prœtus ,  fils  d'Abas 
roy  des  Argyens ,  feut  eperdnement  aymé  de  Stoenofée , 
feme  de  Prœtus  ;  il  résista  a  ses  caresses  ;  cette  feme 
apreandant  i[ue  son  mary  ne  sceut  ce  qui  s'êtoit  passé, 
voulut  le  preuenir  en  accusant  Bellorophoon  ;  Prœtus  (jui 
l'aymoit  beaucoup  ne  voulut  pas  le  punir  luy  même ,  il 
Tenuoya  ches  lobâtes  son  beau  père  afin  qu'il  le  fit  deuorer 
a  la  Chymere.  Il  la  tua  pourtant  et  de  son  sang  naquit  le 
chenal  Pégase .  il  y  monta  et  s'êtant  un  peu  trop  eleué  dans 
les  airs.  la. crainte  le  saisit  et  le  précipita.  Cette  fable  est 
décrite  par  Hyginus  dans  son  traité  des  astres  et  par  Homère 
dans  riliade. 

Cui  nubere  Cxsaris  uxor  destinât  (vers  330  et  331  ).  — 
Le  mariage  de  Silus  et  de  Messaline  est  une  des  auentures 
les  plus  surprenantes  de  toute  l'hystoire.  Messaline  êtoit 
feme  de  l'empereur  Claude,  elle  eut  la  hardiesse  d'épouser 
publiquement  dans  les  iardins  de  Lucullus  ,  Caius  Silus  et 
d'obliger  l'empereur  a  consentir  a  ce  mariage  sous'  pré- 
texte que  ce  n'ètoit  qu'une  feinte  pour  decouuvrir  plus  aisé- 
ment des  coniurations  qui  se  formoint  contre  luy  ;  elle  sou- 
frit  neagmointsdans  la  suite  que  le  même  Silus  qu'elle  auoit 
tant  avmé  feut  tué. 


—   ^^C)  — 

Imperio  (vf^rs  :'>\'A  .  —  De  Messaline. 

Dedecus  /lie  t/oiniis  srirl  iilt/nms  (xo.v?.  ',]'{-2).  —  Il  garnit 
que  rEnipciTiii'  ne  sauoit  que  le  dernier  l'étrange  mariage 
de  Messaline. 


FIN 

UK     LA     \  0"     S  ATYKK. 


SATYRA     XI 


1  'Atticus  eximie  si  cenat,  lautus  habetur  : 

2  Si  Rutilus,  démens,  quid  enim  majore  cachinno 

3  Excipitur  vulgi ,  quam  pauper  Apicius?  omnis 

4  Convictus,  thermx,  stationes,  omne  theatrum 

r>  De  Rutilo.  narn  duin  valida,  ac  juvenilia  memhra 

6  Sufficiunt  galex,  dunique  ardens  sanguine  fertur, 

7  Non  cogente  quidem,  sed  nec  prohibente  Tribuno 

8  Scripturus  leges^  et  regia  verba  lanista. 

9  Multos  porro  vides ,  quos  ssepe  elusus  ad  ipsuni 

10  Créditer  introitum  solet  exspectare  macelli , 

11  Et  qidbus  in  solo  Vivendi  caussa  palato  est. 

12  Egregius  cenat,  meliusque -miserrimus  horum, 

13  Et  cito  casurus  jam  perlucente  ruina. 

14  Interea  giistus  elementa  per  omnia  qusrunt , 

15  Nunquam  animo  pretiis  obstantibus  :  interius  si 

16  Attendas,  magis  ihhAJuvant,  quœ  pluris  emuntur . 

17  Ergo.  haud  difficile  est,  perituram  arcessere  summam 

18  Lancibm  oppositis.  vel  matris  imagine  fracta , 

19  Et  quadringentis  nummis  condire  gulosum 

20  Fictile  :  sic  veniunt  ad  miscellanea  ludi. 

21  Refert  ergo,  quis  hsec  eadem  paret  :  in  Rutilo  nam 

22  Luxuria  est,  in  Ventidio  laudabile  nomen 

23  Sumit,  et  a  censu  famam  trahit,  illum  ego  jure 

24  Despiciam,  qui  soit  quanto  sublimior  Atlas 

25  Omnibus  in  Lybia  sit  montibus  :  hic  tamen  idem 

26  Ignoret,  quantum  ferrata  distet  ab  arca 

27  Sacculus.  è  cœlo  descendit  yvoiôi  ffsauTov, 

28  Figendum ,  et  memori  tractandum  pectore ,  sive 

29  Conjugium  quxras,  vel  sacri  in  parte  senatus 


—  ■>r^s  — 

M  Esse  velis  nec  enim  loricani  poscil  AchiUis 

31  Thersiles ,  in  qua  se  traducebat  Ulysses. 

32  Ancipiteia  seu  tu  inagno  discrunine  caussam 

33  Protegere  affectas  ;  te  consule,  die  tibi  quis  sis , 
■u  Orator  vehemens,  an  Curtius,  et  Matho  buccx. 

35  Noscenda  et  mensura  sut  spectandaque  rebiis 

36  In  summis,  minimisque  :  etiam  cura  piscis  emetur, 

37  Ne  niullum  cupias.  cuin  sit  tibi  gobio  lantwn 

38  In  loculis.  quis  envn  te  déficiente  emmena, 

39  Et  cresvenle  gula  ,  inanet  exitus ,  iero  paterno 

40  Ac  rébus  inersis  in  ventrem ,  fenoris ,  atque 

41  Argenti  gravis,  et  pecurum,  agrorumque  capacein  Y 
4-2  Taiibus  a  dominis  post  cuncta  novissinius  exit 

43  Anulus,  et  digito  mendicat  Pollio  nudo. 

44  Non  prxmaturi  cineres ,  nec  funus  acerbum 
4â  Luxurix,  sed  morte  magis  metuenda  senectus. 

46  Hi  plerumque  gradus  ;  conducta  pecunia  Romœ, 

47  Et  coram  dominis  conswnitur ,  inde  ubi  paulhmi 

48  Nescio  quid  superest,  et  pallet  fenoris  auctor, 
4!»  Qui  vertere  solum,  Baias,  et  ad  ostrea  currunt. 
00  Cedere  nainque  foro  jam  non  est  deterius ,  quam 
51  Esquilias  a  ferventi  migraine  Suburra. 

ôi  Ille  dolor  solus  patriant  fugicntibus ,  illa 

■13  Mœstitia  est ,  caruisse  annu  circensibus  unu. 

54  Sanguinisin  facie  non  lueret  gui  ta  :  uiorantur 

55  Pauci  ridiculuin  effugienleyn  ex  urbe  pudoreni. 

56  Experiere  hodie,  nunquid  pulccrrima  dictu, 

57  Persice  non prœstem  vila,  vel  moribus,  et  re. 

58  Sed  laudem  siliquas  occultus  ganeo,  pultes 

69  Coram  aliis  dictem  puero  ,  sed  in  aurc  placentas. 

60  Nam  cuin  sis  conviva  mihi  promissus,  habebis 

61  Euandrum,  venies  Tyrynthius,  aut  minor  illo 

o'j  Ilospes  ,  et  ipse  tamen  contingcns  sanguine  cœlum  : 

63  Aller  aquis,  aller  flammis  ad  sidéra  missus. 

64  Ferciila  nunc  audi  nullis  ornata  niacellis. 

65  De  Tiburtino  véniel  pinguissimus  agro 

66  HwduUis ,  et  loto  grege  mollior,  inscius  herbx ., 

67  Necdum  ausus  virgas  humilis  mordere  salicti  : 

68  Qui  plus  laclis  habet,  quam  sanguinis  ;  et  montani 


—  259  — 

•)«  Asparagi,  pusito  quos  legit  villica  f'uso. 

70  Grandia  prwlerea,  tortoque  calentia  fœno 

71  Ova  adsunt  ipsis  cuni  matribus  ,  et  servatse 

72  Parle  anni,  quales  fuerant  in  vitibus,  uvx  : 

73  Signinum,  Syriumque  pijrum,  de  corbibus  iisdem 

74  ^'Emula  Picenis,  et  odoris  mala  recentis, 

75  Nec  inetuenda  tibi ,  siccatum  frigore  postquain, 

76  Autumnum,  et  crudi  pusuere  pericula  succi. 

77  HsBC  oUrn  nostrijam  luxuriosa  senatus 

78  Cena  fuit.  Curius,  parvo  quas  logerai  horto, 

79  fpse  focis  brevibus  ponebat  oluscula  :  qux  nunc 

80  Squalidus  in  magna  fastidit  compede  fossor, 

81  Qui  meminit,  calidw  sapiat  quid  vulva  popinsd. 

82  Sied  terga  suis,  rara  pendatia  crate, 

83  Moris  erat  quondam  festis  servare  diebus, 

84  Et  natalidwa  cognatis  ponere  lardum, 

85  Accedente  nova  ,  si  quani  dabat  hostia,  carne. 

86  Cognatorum  aliquis  litulo  ter  consulis,  atque 

87  Gastrorum  imperiis ,  et  Dictatoris  honore 

88  Functus.,  ad  has  epulas  solito  inaturius  ibat., 

89  Erectum  doinito  referons  a  monte  ligoneut.. 

90  Gum  tremerent  autent  Fabios  ;  durumque  Catonem 

91  Et  Scauros ,  et  Fabricios  ,  poslremo  severos 

92  Censoris  mores  etiam  collega  limeret  : 

93  Nemo  inter  curas ,  et  séria  duxit  habendunt , 

94  Qualis  in  Occeani  fluctu  testudo  nataret , 

95  Clarum  Troiugenis  factura  ac  nobile  fulcrum  : 

96  Sed  nudo  latcre,  et  parvis  frotis  xrea  lectis 

97  Vile  coronati  caput  ostendebat  aselli, 

98  Ad  quod  lascivi  ludebant  ruris  alumni. 

99  Taies  ergo  cibi,  qualis  domus,  atque  supellex 

100  Tune  rudis ,  et  Graias  miraid  nescius  arteis , 

101  Urbibus  eversis  prasdarum  in  parte  reporta 

102  Magnorum  artificum  frangebat  pocula  miles, 

103  Ut  phaleris  gauderet  equus,  cxlataque  cassis 

104  Ronmtex  simulacra  ferœ  mansuessere  jussœ 

105  Imperii  fato,  geminos  sub  rupe  Quirinos, 

106  Ac  nudain  effigiem  clypeo  venientis,  et  hasta, 

107  Pendentisque  Deiperituro  ostenderet  hosti. 


—  iOO  — 

108  Argenti  quod  erat,  su  lis  fulyebat  in  armis. 
loy  Ponebant  igitur  Tiisco  ferrala  catino 

110  Oinnia  tune  :  qiabus  invideas,  si  lividulus  sis. 

111  Templorwn  quoquc  majestas  prxsentior,  et  vox 

112  Node  fere  média,  mediamque  audita  per  urbon 

113  Litlore  ab  occeani  Gaîlis  venientibus,  et  Dits 

114  Officiwn  vatis  peragentibus ,  lus  monuit  7ios. 

115  Hanc  rébus  Latiis  curam  prxstare  solebat 

116  Fictilis,  et  nullo  violatus  luppiter  auro. 

117  lUa  domi  natus^  noslraque  ex  arbore  mensas 

118  Tempora  viderunt  :  hoc  lignum  stabat  ad  usus, 

119  Annosam  si  forte  nucem  dciecerat  Eurtis.  ■ 

120  At  nunc  divitibus  cenandi  nulla  voluptas, 

121  Nit  rhombus,  nil  dama  sapit  :  putere  videtiir 

122  Unguenta,  atque  rosœ,  latos  nisi  sustinet  orbeis 

123  Grande  ebur,  et  magno  sublimis  pardus  hiatu , 

124  Dentibus  ex  illis ,  quos  mittit  porta  Sienes , 

125  Et  Mauri  celeres,  et  Maure  obscurior  Indus, 

126  Et  quos  deposuit  Nabathœo  beliua  saltu , 

127  lam  nimios,  capitique  gravcis.  hinc  surgit  orexis, 

128  Hinc  stomacho  vires  :  nam  pes  argenteus  illis 

129  Annulus  in  digito  quod  ferreus.  ergo  siiperbum 

130  Convivaia  caveo,  qui  me  sibi  comparât,  et  l'es 

131  Despicil  exiguas.  adeo  nulla  uncia  nobis 

132  Est  eboris,  nec  tessellx,  nec  caiculus  ex  hac 

133  Materia  :  quin  ipsa  manubria  cultellorum 

134  Ossea  :  non  tamen  his  ulla  iinquam  opsonia  fiunt 

135  Rancidula,  aut  ideopejor  gallina  secatur. 

136  Sed  nec  structor  erit,  cui  credere  debeat  omnis 

137  Pergula,  discipulus  Trypheri  doctoris,  apud  quem 

138  Sumine  cum  magno  lepus,  atque  aper,  et  pygargus, 

139  Et  ScythicsB* volucres ,  et  pliœmcopterus  ingens, 

140  Et  Gxtulus  oryx,  hebeti  lautissima  ferro 

141  Cœditur,  et  tota  sonat  ulmea  cena  Suburra. 

142  Nec  frustum  caprex  subducere,  nec  latus  Afrw 

143  Novit  avis  noster  tirunculus,  ac  rudis  omni 

144  Tcmpore,  et  exigux  furtis  imbu  tus  ofellx 

145  Plebeios  calices,  et  paucis  assibiis  emios 

146  Porriget  incultus  puer,  atque  a  frigore  tutus, 


—   :^()l    — 

147  Non  Phryx,  aul  Li/ciiis,  nonu  viangone  petitus, 

148  Quisquam  erit  in  magno.  cum  posées,  posce  Latine. 

149  Idem  habitus  cunctis,  tonsi,  rectique  capilli, 

150  Atque  hodie  tantum  propter  convivia  pexi. 

151  Pastoris  duri  est  hic  fîlius  :  ille  bubulci 

152  Suspimt  longo  non  visam  tempore  matrem, 

153  Et  casulam,  notos  tristis  desiderat  hxdos. 

154  Ingenui  vultus  puer ,  ingenuique  pudoris  , 

165  Qualeis  esse  decet,  quot  ardens  purpura  vestit , 
15G  Nec  pupillareis  defert  in  balnea  raucus 

157  Testiculos,  nec  vellendas  jam  prxhuit  alas, 

158  Crassa  nec  opposite  pavidus  tegit  inguina  gutto. 

159  Hic  tibi  vina  dabit,  diffusa  in  montibus  illis , 

160  A  quibus  ipse  venit^  quorum  sub  vertice  lusit  : 

161  Namque  una,  atque  eadem  est  vini  patria,  atque  ministri. 

162  Forsitan  exspectes,  ut  Gaditana  canoro 

163  Incipiant  prurire  choro,  plausuque  probatw 

164  Ad  terram  treniulo  descendant  dune  puellx , 

165  Irritamentuni  Vcneris  languentis,  et  acres 

166  Divitis  urtic3B  :  major  tamen  ista  voluptas 

167  Alterius  sexus  :  inagis  ille  extenditur,  et  mox 

168  Auribus,  atque  oculis  concepta  urina  movetur. 

169  Non  capit  lias  nugas  humilis  domus  :  audeat  ille 

170  Testarum  crepitus  cum  verbis,  nudum  olido  stans 

171  Fornice  mancipium  quibus  abstinet  :  ille  fruatur 

172  Vocibus  obscenis  ,  omnique  libidinis  arte , 

173  Qui  Lacedemoniwn  Petteumate  lubricat  orbem  : 

174  Namque  ibi  fortunée  veniam  damus.  aléa  turpis , 

175  Turpe  et  adulterium  mediocribus  :  hxc  eadem  illi 

176  Omnia  cum.  faciant  hilares,  nitidique  vocantur. 

177  Nostra  dabunt  alios  hodie  convivia  ludos  : 

178  Conditor  Iliados  cantabilur,  atque  Maronis 

179  Altisoni  dubiam  facientia  carmina  palmam 

180  Quid  refert ,  taleis  versus  qua  voce  legantur  ? 

181  Sed  7iunc  dilatis  averte  negotia  curis, 

182  Et  gratam.  requiem  dona  tibi,  quando  licebit 

183  Per  totam  cessare  diem  ;  no7i  fcnoris  ulla 

184  Mentio,  nec,  prima  si  luce  egressa  reverti 

185  Nocte  solet ,  tacilo  bilem  tibi  conlrabat  uxor, 


—  262  — 

186  Humida  suspectis  referens  nnillicia  rugis, 

1R7    Vexalasque  comas,  et  vuUum,  auremque  catentem. 

188  Prolinus  anle  incuni,  (jiddijtiid  dolet,  cxue  limen  ; 

189  Pone  dotnum  ,  et  scrvos ,  et  quidquid  frangilur  illis 

190  Aiit  périt  :  ingratos  ante  omnia  pone  sodaleis. 

191  Interea  Megalesiacse  spectacula  mappx, 

192  Idxum  solemne  cohint ,  similisque  triumpko 

193  Prwda  caballorum  prsetor  sedet  :  ac,  mihipace 

194  ImmenssË ,  nimixque  licet  si  dicere  plebis, 

195  Totam  hodie  Romam  Circiis  capit ,  et  fragor  aiireni 

196  Percutit,  eventum  viridis  quo  colligo  panni. 

197  Nam  si  deftceret  :  mxstam,  attonitamque  videres 

198  Hanc  urbem^  veluti  Cannarum  in  pulvere  victis 

199  Consulibiis.  spectent  juvenes ,  quosclamor,  et  audax 

200  Sponsio,  quos  cxdtx  decet  assedisse  puellx 

201  Spectent  hoc  nnpix  juxta  recubante  maiHto, 

202  Quod  pudeat  narrasse  aliqucm  prœsentibus  ipsis  : 

203  Nostra  bibat  vernu)n  contracta  cuticula  solem, 

204  Effugiatque  togam.  jam  niinc  in  balnea,  salva 

205  Fronte  licet,  vadas,  quanquam  solida  ho7^  supersil 

206  Ad  sextam.  facere  hoc  noti  possis  quinque  diebus 

207  Continuis  :  quia  sunt  talis  quoquc  Ixdia  vitse 

208  Magna.  Voluptates  commendat  rarior  usus. 


SATYRE    XI 


SUIET 


C'est  une  excellciiLe  instruction  pour  régler  la  dépense 
(ju'on  doit  faire,  mais  il  attache  cette  importante  leçon  a  de 
si  beaux  exemples  (]ue  Ton  ne  s'aperçoit  presque  pas  que 
c'est  un  phylosophc  (fui  doue  des  règles  de  modération. 


Regia  verba  lanista  (vers  8).  —  Il  les  nome  de  cette 
sorte  parceque  les  maitres  d'armes  ne  se  seruent  que  des 
termes  de  comandement ,  atolle,  déclina  ,  percute ,  cœde , 
Lirge ,  pares,  pousses,  frappes,  presses,  en  garde. 

Ad  miscellanea  (vers  20).  —  Ce  mot  signilie  un 
mélange;  il  peut  signifier  icy  le  mélange  des  metz  ou  celui 
des  comédiens,  ou  encore  celuy  des  exercices  qu'ils  prati- 
quoint. 

Se  traducebat  ancipitem  (vers  31  et  32).  —  Ulisse  en 
portant  les  armes  d'Achylle  faisoit  douter  s'il  n'ètoit  pas 
Achylle  luy  même. 

Gobio  (vers  37).  —  C'est  un  poisson  a  bon  marché  et 
mulus  est  celuy  qui  est  trop  cher  ;  il  en  parle  dans  la  sat.  i. 

Pollio  (vers  43  ).  —  Il  êtoit  cheualier  ;  la  grande  dépense 
(ju'il  auoit  faite  le  réduisit  a  mandier  son  pain. 

Euandrum  (vers  61  ).  —  Euander  feut  fils  de  Carmenta  ; 
étant  contraint  de  quitter  le  Peloponese,  il  s'en  vint  dans 


—  264  — 

l'endroil  ou  est  présentement  Rome ,  il  youueniu  tout  le 
pays  ;  c'est  ce  roy  frugal  qui  récent  ches  luy  ^née  et  le 
traita  aussy  fort  frugalement  aussy  bien  qu" Hercule  lors 
qu'il  rcuint  d'Espagne  vainqueur  de  Gerion. 

Thyrijnthius  (vers  61  ).  —  Hercule  apelé  ainsy  de  la  ville 
de  Tyrynthe  ou  ses  actions  pareurent  auec  le  plus  d'éclat. 

Hospes{\ers  62).  — Muée. 

Aller  aquis  (vers  63).  —  ^uée  après  auoir  régné  3  ans 
en  Italie  se  neia. 

Aller  flammis  (vers  63).  —  Hercule  qui  ayant  pris  un 
habit  que  sa  feme  Deianire  luy  doua  sur  le  mont  OEta  feut 
brûlé  dans  le  moment. 

Signinum  (vers  73).  —  Poires  de  Tarante  fort  estimées. 

Rigidi  Censoris  (vers  92).  —  C'est  Fabricius  qui  siicquit 
le  nom  de  Maximus  pendant  qu'il  l'eut  censeur  auec  Publius 
Decius ,  qu'il  menaça  souuent  de  priuer  de  sa  charge  s'il 
ne  s'appliquoit  a  corriger  les  deffauts  des  cytoiens  ou  du 
moins  a  soufrir  qu'il  les  corrigeât.  Decius  y  consentit. 

Romulesd  ferx  (vers  104).  —  C'est  la  louue  qui  nourrit 
Rhemus  et  Romulus. 

Dei  (vers  107).  —  De  Mars  père  de  Romulus. 

Pendentis  (vers  107).  —  Mars  etoit  graué  sur  le  casque  ; 
il  ne  pouuoit  donc  être  qu'en  penchant. 

Tusco  (vers  109).  —  Des  pots  de  terre  parcequ'on  eu 
faisoit  beaucoup  dans  l'Etrurie. 

Templorum  quoque  maiestas  prxsentior  (vers  111  ).  — 
luuenal  impute  au  desordre  des  Romains  le  silence  des 
oracles  et  des  dieux;  c'est  ce  qu'il  dit  encore  autre  part. 
Et  genus  humanum  damnât  caligo  futuri. 

Littore  ah  occeani  Gallis  venientibus  (vers  113).  —  Cette 
hystoire  est   raportée  par  Tite   Liuc   au  liu.    5  de   sou 


—  265  — 
hystoire ,   que  Marcus  Geditius  entendit  dans  le  Gapitole 
une  voix  plus  ibrte  et  plus  intelligible  que  celle  d'un  home 
qui  donoit  auis  de  l'irruption  des  Gaulois. 

Sienes porta  (vers  124).  —  G'est  une  ville  dans  Tisle  de 
Siene  a  l'extrémité  de  l'Ethyopie ,  il  y  a  beaucoup  d'ele- 
phants,  on  les  passe  dans  cette  ville  pour  les  enuoyer 
dans  les  pays  étrangers  ;  c'est  pour  cela  que  cette  ville 
s'apele  porte  ou  passage. 

Nabathseo  (vers  126).  —  D'Arabie;  ce  uom  est  écheu  a 
un  peuple  d'Arabie  voisin  de  la  Syrie,  de  Nabath  l*""  enfant 
mâle  d'Ismael  selon  le  témoignage  de  l'Ecriture  sainte. 

Scythicœ  voUbcres  (vers  139).  —  Phaisans  ;  ce  mot  leur 
vient  du  fleuue  Phasis  ou  il  y  en  a  quantité. 
Gaditana  {\ci's  162).  —  Fille  de  Gadis. 
Qui  LacedemoniumPetteumate  lubricat  or6em(vers  173). 
—  Le  mot  de  Petteumate  rend  ce  vers  fort  difficile ,  et 
l'opinion  des  interprètes  est  fort  partagée  ;  il  signifie  danse 
ches  quelques  uns  du  mot  grec  itviSyijjia.  Il  y  en  a  lui  veulent 
que  orbis  signifie  la  un  anneau  inuenté  par  les  Lacede- 
moniens,  on  le  mouiiloit  auec  de  la  saline  pour  le  faire  rou- 
ler ;  d'autres  disent  qu'au  lieu  de  Petteumate  il  faut  Piti- 
lismate,  et  que  c'êtoit  un  exercice  ou  l'on  glissoit  corne  les 
enfants   sur   la  glace  ;  il  y  a  plus  d'apparence  que  Pet- 
teuma  signifie  danse ,  de  sorte  que  ce  vers  désignera  les 
gens  riches  qui  auoint  les  chambres  panées  de  marbre.  Sur 
le  même  suiet,  sentiment  de  La  Valterie  ;  i'ay  suiuy,  dit  il, 
la  pensée  de  Muret  qui  lit  Petteumate  ;  l'opinion  comune  des 
interprètes  qui  laissent  Pytismate ,  qui  signifie  le  vin  que 
l'on  reiete  après  l'auoir  goûté,  done  un  autre  sens  a  ce  vers, 
mais  il  y  a  moins  de  suite  auec  ce  qui  suit,  aléa  turpis,  ce 
qui  m'a  obligé  de  suiure  la  coniecture  de  Muret,  et  même 


—  2ti(;  — 
a  ne  l'aire  pas  d'attention  a  une  autre  veue  que  Ion  a  eue 
sur  le  même  mot  en  lisant  Pedemate ,  qui  cloit  une  danse 
lacedemoniene. 

Megalesiacx  specktvala  niappic  (vers  191  ).  —  Les  ieux 
du  Cirque  ;  une  action  de  Néron  dona  occasion  de  les  no- 
mer  ainsy  ;  étant  a  table  et  voyant  que  le  peuple  demandoil 
auec  empressement  (pi'on  les  comancat ,  il  se  leua  et  ietta 
par  la  fenêtre  la  seruiette  dont  il  s'essuyoit  encore  ;  ainsy 
quand  on  vouloil  l'aire  entendre  qu'on  êtoit  prêt  de  coman- 
cer  on  disoit  par  manière  de  iirouerLe  i(u"on  auoit  veu  la 
seruiette  ou  la  nappe.  Ces  ieux  s'apeloint  megalesiaci  du 
mot  grec  [leyoîkiioç  grand,  parce  qu'on  les  celebroit  a  l'honeur 
de  la  grande  déesse  ou  de  la  mère  des  dieux. 

Idasum  solem?ie  (vers  192).  —  La  deese  GyLeleauoit  été 
portée  du  mont  Ida  ;  cela  a  été  veu  ailleurs. 

Victis  consul  i  bus  (vers  198  et  199).  —  Paul  us  yEmilius 
et  Terentius  Varron  etoint  consuls  du  tems  de  la  bataille  de 
Cannes  ;  Paulus  .'Emilius  v  l'eut  tué.  Titc  Liue  ,  liu.  22. 


FIN 


DE    LA     I    1       S.\TYRE 


SATYKA    XII 


1  Natali ,  Oorvine ,  die  miki  dulcior  lnec  lux  , 

2  Qua  festits  promissa  Deis  animalia  cespes 

3  Exspectat  :  niveam  Reginai  cedimus  agnam  : 
■i  Par  vellus  dabilur  pugnanti  Gorgone  Maura. 

ô  Sed  procul  exlenswn  pelulans  quatit  hostia  fimetit , 

6  Tarpeio  servata  lovi ,  frontemque  coruscat  : 

7  Quippe  ferox  vitulus,  templis  maturus,  et  arx, 

8  Spargenditsque  ntero,  quem  jam  pudet  ubera  niatris 
'•»  Ducere,  qui  vexât  nascenti  robora  cornu. 

10  Si  res  ampla  domi,  similisque  adfectibus  esset, 

11  Pinguior  Hispulla  irahereiur  taurus,  et  ipsa 

12  Mole  piger,  nec  ftnitima  niitritus  in  herba, 

13  Lseta  sed  ostendens  Clitumni  pascua  sanguis 

14  Iret,  et  a  grandi  cervix  ferienda  ministro, 

15  Ob  reditum  trepidantis  adhuc,  horrendaque  passi 

16  Nuper,  et  incolumem  sese  mirantis  amici. 

17  Nam  prsBter  pelagi  casus,  et  fulguris  ictum 

18  Evasi,  densx  cœlum  abscondere  tenebrm 

19  Nube  una,  subitusque  antennas  impulit  igms , 

20  Cum  se  quisque  illo  percussum  crederet,  et  mox 

21  Attonitus  nullum  conferri  posse  putaret 

22  Naufragium  velis  ardentibus.  omnia  (iunl 

23  Talia ,  tam  graviter,  si  quando  poetica  surgit 

24  Tempestas.  genus  ecce  aliud  discriminis  :  audi , 

25  Et  miserere  iterum  ,  quanquam  sint  cetera  fortis 

26  Ejusdem  :  pars  dira  quidem,  sed  cognita  multis, 

27  Et  quam  votiva  testantur  fana  labella 

28  Plurima.  pictores  quis  nescit  ab  Iside  pasci  ? 

29  Accidit  et  nostro  similis  fortuna  Catullo. 


—  ;>(WS   — 

30  Cum  plcnus  fiiictu  7nedius  forci  alveus,  et  jaiii 

31  Aller num  puppis  Mus  everlenlibus  iindis 

32  Arboris  incertse ,  nuUam  prudentia  cani 

33  Rectoris  conferret  opem  :  decidere  jactu 

34  Cœpit  cum  ventis,  imilalus  Oaslora,  qui  se 

35  Eunuchum  ipse  facit ,  cupiens  evadere  damna 

36  Tesiiculorum  :  adeo  medicatum  intelligit  inguem. 

37  Fundite  quœ  mea  sunt ,  dicebat ,  cuncta  ,  Catullus  : 

38  Prxdpitare  volens  cliam  pulcerrima  ,  vcstem 

39  Purpuream  teneris  quoque  Mxcenalibus  aptam , 

40  Atque  alias ,  qiiarum  generosi  graminis  ipsum 
Il  Infecit  nalurapecus,  sed  cl  egregius  fons 

42  Viribus  occultis,  et  Bethycus  adjuvat  aer. 

43  lUe  nec  argentum  dubitabat  mittere,  lances 
u  Parlhcnio  fadas ,  iirn.v  cratera  capacem 

4f>  Et  dignum  siliente  Pliolo,  vcl  conjuge  Fusci. 

46  Adde  et  bascaudas,  et  mille  escaria,  mulluin 

47  Gxlati,  biberat  quo  pallidus  emptor  Olynlhi 

48  Sed  quis  nunc  alius,  qua  mundi  parte  ,  quis  audet 

49  Argento  prwferre  caput,  rebusque  salutem  ? 

50  Non  propter  vita)ii  faciunt  palrimonia  quidam  , 

51  Sed  vicio  cxci  pvopter  palrimonia  vivunt. 

52  lactatur  rerum  utilium  pars  maxima  :  sed  nec 

53  Damna  levant,  iiuic,  adversis  nrgcntibus,  illuc 

54  Recidit  ut  malum  ferra  summilleret ,  ac  se 

55  Explicat  angustum,  discriminis  ultima  quando 

56  Prwsidia  affcrimus,  navem  factura  minorcm. 

57  /  nunc,  et  ventis  animam  committc,  dolato 

58  Confisus  ligna,  digitis  a  morte  remotus 

59  Quatuor,  ac  septem,  si  sit  latissima  tieda. 

60  Mox  cum  reticulis,  et  pane  ,  et  ventre  lagenx 

61  Adspicc  sumendas  in  lempcstalc  sccureis. 

62  Sed  postquam  jacuit  planum  mare,  tempora  poslquam 

63  Prospéra  vectoris ,  fatumque  valentius  Euro  . 

64  Et  pclago  postquam  Parcx  mcliora  bcnigna 

65  Pensa  manu  ducunl  hilares,  el  staminis  albi 

66  LanificsB  :  modice  nec  mulhim  fortior  aura 

67  Ventus  adest  :  inopi  miserabilis  arte  cm-urril 

68  Vestibiis  extentis,  et,  quad  superaverat  uniim, 


—  269  — 

69  Velo  prora  suo  :  jam  deficienlibus  Austris . 

70  Spes  vitx  cum  Soli  redit  :  tuni  gratus  lulo, 

71  Atque  novercali  sedes  prxlata  Lavino  , 

72  Conspicitur  suhlimis  aspcx  :  cui  candida  nomcn 

73  Scrofa  dédit,  lœtis  Phrygibus  mirahile  sumen 

74  Et  nunquam  visis  triginta  clara  mamillis. 

75  Tandem  intimât  posilas  inclusa  per  sequora  moles , 

7G  Tyrrenumque  Pharon  ,  porrectaque  bracida  rursuni , 

77  Qua;  Pelago  currunt  medio,  longeque  relinquunt 

78  Italiam.  non  sic  igitur  mirabere  portus, 

79  Quos  natiira  dédit  ?  sed  trunca  puppe  magister 

80  Interiora  petit  Daianœ  pervia  Cymbœ 

81  Tuti  stagna  sinus,  gaudent  ibi  vertice  rasu 

82  Garrula  securi  narrare  pericula  nautw. 

83  I te  igitur  pueri,  linguis  animisque  faventes, 

84  Sertaque  delubris,  cl  farra  imponite  cultris, 

85  Ac  molleis  ornate  focos,  glebamque  virentem  : 

86  lara  sequar,  et  sacra  ,  quod  prœstat ,  rite  peracto 

87  Inde  domum  répétant ,  gracileis  ubi  parva  coronas 

88  Accipiunt  fragili  simulacra  nitentia  cera. 

89  Hic  nostrum  placabo  Jovem  ,  Laribusque  paternis 
•  90  Tiira  dabo,  atque  omneis  violse  jactabo  colores. 

91  Cuncta  nitent ,  longos  erexit  janua  ramos , 

92  Et  matutinis  operatur  festa  lucernis. 

93  Nec  suspecta  tibi  sint  hœc,  Corvine  :  Catullus . 

94  Pro  cujus  reditu  tôt  pono  altaria,  parvos 

95  Très  habet  heredes  libei  exspectare,  quis  œgram, 

96  Et  claudentem  oculos  gallinam  impendat  amico 

97  Tain  sterili.  verum  hxc  nimia  est  impensa  :  coturnix 

98  Nulla  unquam  pro  pâtre  cadet,  sentire  calorem 

99  Si  cœpit  locuples  Gallita,  et  Paccius,  orhi  : 

100  Légitime  fixis  vestitur  Iota  tabellis 

101  Porticus.  existunt  qui  promittant  hecatomben. 

102  Quatinus  hic  non  sunt  nec  vénales  elephanti , 

103  Nec  Latio,  aut  usquam  sub  nostro  sidère  talis 

104  Bellua  concipitur  :  sed  furva  gente  petita 

105  Arboribus  Rutulis ,  et  Turni  pascitiir  agro 

106  Csesaris  armentum,  nulli  servire  paratuyri 

107  Privato  :  siquidem  Tyrio  parère  solebant 


lOR  Annibali,  et  7iostris  ducibus,  regique  Molussu. 

109  Horiim  majores,  ac  dorso  ferre  cohorteis, 

110  Partem  aliquatn  belli  et  euntem  in  prwlia  turrem. 

111  Nulla  igitur  moraper  Novium,  mora  nulla  per  htram 

112  Pacuvium  ,  quin  illud  ebur  ducatur  ad  aras , 

113  Et  cadal  ante  Lareis  Gallitx  victima  sola ,  • 
111   Tantis  digna  Deis,  et  captatoribus  horum. 

115  Alter  eninï^  si  concédas  maclare,  vovebit 

ne  De  grege  servorwn  magna,  aut  pulcerrima  qriœque 

117  Corpora,  velpueris,  et  frontibus  ancillarum 

118  Imponet  vittas,  et,  si  qua  est  nubiiis  ilU 

11!»  Iphigeneia  domi,  dabit  liane  allaribiis,  etsi 
1-20  Non  speret  tragiccV  furtivapiacula  cervx. 

121  Laudo  vieum  civem ,  nec  comparo  testamento 

122  Mille  rates  :  nain  si  Libitinam  evaserit  xgcr 

123  Delebil  tabulas,  inclusus  carcere  nassœ. 

124  Post  meritum  sane  mirandum,  atqiie  omnia  soJi 

125  Forte  Paciivio  breviter  dabit.  ille  super  bus 

126  Incedet  victis  rivalibus.  ergo  vides  quam 

127  Grande  operx  pretium  faciat  jugulata  Mycenis  : 

128  Vivat  Pacuviiis.  qiiwso,  vel  Nestora  totum 

129  Possideal,  quantum  rapuit  Nero  :  montibus  auru)n 

130  Exœquet,  nec  amet  qiiemquam,  nec  ametur  ab  ullo. 


SATYRE    XII 


SUIET. 


Juuenal  écrit  cette  satyre  a  Coruiii  pour  luy  dire  qu'il 
doit  faire  des  sacrytices  pour  remercier  les  dieux  d'auoir 
sauué  son  amy  Catulle  d'un  naufrage;  de  la  il  prend  occa- 
sion de  blâmer  ceux  qui  ne  sont  amys  que  par  intherest. 


Reginœ  (vers  3).  —  A  Junon. 

Pugnanti  (vers  4).  —  C'est  une  périphrase  pour  expri- 
mer Minerue  ou  Pallas ,  déesse  de  la  guerre ,  qui  portoit 
sur  son  bouclier  la  tête  de  Méduse. 

Gorgone  Maura  (vers  4  ).  —  C'est  a  dire  la  tête  de  Méduse 
attachée  sur  la  poitrine  et  sur  le  bouclier  de  Minerue.  La 
fable  dit  qu'il  y  eut  3  Gorgones  filles  de  Phonus  et  de 
Gestie,  la  T"  s'apeloit  Stenno,  la  2*  Euriale,  et  la  3*^ 
Méduse.  Mêla  écrit  qu'elles  habitoint  les  isles  Gorgones 
dans  la  mer  Atlantique ,  c'est  de  la  que  leur  est  venu  le  nom 
d'Atlantiques  et  de  Gorgones.  Les  poètes  feignent  qu'elles 
n'auoint  qu'un  œil  qu'elles  se  pretoint  dans  le  besoin  ;  ils 
disent  encore  que  Méduse  se  promenant  sur  le  riuage  de  la 
mer  inspira  de  l'amour  a  Neptune  et  qu'elle  eut  comerce 
auec  luy  dans  le  temple  de  Minerue  ;  cette  déesse  irritée  de 
voir  son  temple  prophané,  changea  les  cheueux  de  Méduse  en 
autant  de  serpents  qui  auoint  la  vertu  de  changer  en  rochers 


—  -272   — 

ceux  qui  les  legardoinl  ;  Fersée  fils  de  lupiler  et  de  Danai" 
luy  coupa  la  tcte  ;  le  cheual  Pégase  naquit  du  sang  répandu. 

Tarpeio  loui  (vers  6).  —  lupiler  Capitolin  ;  la  place  du 
Gapitole  s'apeloit  le  mont  Tai-peien  parceqne  la  Sabine  Tar- 
peia  y  icut  tuée. 

Grandi  ministro  [\oa'<,  14).  — C'est  a  dire  par  le  premier 
des  sacryficateurs. 

Clitumni  poscua  (vers  13).  —  Fleuue  de  Toscane  dont 
les  eaux  beues  par  les  l)œut's  les  l'ont  deuenir  blancs  selon 
Pline. 

Si  quondo  poetica  surgit  tempestas  (vers  23  et  24).  — 
Parceqne  c'est  une  description  ou  tous  les  poètes  s'exercent, 
mais  il  n'y  en  a  pas  des  plus  belles  que  celles  dHomère 
dans  rOdissée  et  de  Virgile  dans  le  l*""  liu.  de  l'iEneide. 

Pictores  quis  ncscit  ab  Iside  pasci  (vers  28).  —  Gome  il 
a  dessein  de  se  mocquer  de  la  superstition  des  homes ,  il 
parle  plutôt  d'Isis  ([ue  d'une  autre  diuinité,  parceqne  les 
égyptiens  qui  l'adoroint  etoint  extrêmement  superstitieux. 
Nostra  regio  tam pnosentibus  plena  est  numinibus  ut  faci' 
lius  possis  deum  quara  hominem,  inuenire,  c'est  lin  des 
bons  mots  de  Pétrone  sur  ce  suiet. 

Bethycus  (  vers  42.  ).  —  Belhys  est  un  fleuue  de  l'Espagne 
ultérieure  qui  s'apele  a  cause  de  cela  Bethyca. 

Urnae  cratera  capacem  (vers  44).  —  Une  coupe  de  la 
grandeur  d'une  cruche  ou  d'une  urne  qui  contenoit  qua- 
rante huit  hcmines  ;  l'hemine  est  le  demy  setier  tel  qu'il 
est  a  Paris  si  on  en  veut  croire  a  une  nouuelle  supputation. 
Pholus  est  le  nom  d'un  centaure  grand  buucur,  et  appare- 
ment  on  conoissoit  au  tems  (]o  luuenalque  la  feme  de  Fus- 
cus  aymoit  aussy  a  boire. 

Emptor  Olynthi  (vers  47).  —  Olynthe  est  une  ville  de 


—  -273  — 
Thrace  ou  s'assembla  la  flote  des  Grecs  pour  le  siège  de 
Troye  ;   Phylippe  père  d'Alexandre  l'achepta  a  son  amy 
Lasthenes  qui  n'y  trouua  guère  son  conte,  puisque  luuenal 
done  l'epythete  de  callidus  a  Phylippe. 

Nouercali  Lauino  (vers  71).  —  La  ville  d'Albe  qu'As- 
cagne  fils  d'^Enée  fit  bâtir  après  auoir  doné  a  sa  marâtre 
celle  de  Lauinium. 

Intrat  moles  (vers  75).  —  Le  port  d'Ostye  que  Claude 
Csesar  fit  bâtir. 

Tyrrenumque  Pharon  (vers  76).  —  Tour  ou  phare  que 
Ga?sar  fit  bâtir  dans  le  port  d'Ostye  a  l'imitation  de  celle 
d'Alexandrie. 

Baianœ  peruia  Cymhx  (vers  80).  —  Ou"  les  moindres 
barques  peuvent  voguer  en  séureté,  parceque  Baies  êtoit 
un  séiour  agréable  ou  l'on  auoit  beaucoup  des  petites 
barques  pour  se  promener  sur  la  mer. 

Furua génie  (vers  104  ).  —  Des  Indiens  ou  des  Mores. 

Tyrio  Annibali  (Vers  107  et  108).  —  Annibal  Carthagi- 
nois ,  parceque  Didon  fondatrice  de  Carthage  êtoit  venue 
de  Tyr. 

Régi  Molosso  (vers  108).  —  Pyrrhus  roy  des  Epirotes  et 
des  Molosses. 

Per  Nouium  et  Pacuuium  (vers  111  et  112).  —  Ils  fai- 
soint  tous  deux  leur  cour  a  ceux  qui  n'auoint  point  d'en- 
fants, pour  auoir  leur  succession. 

Tragicx  piacula  ceruœ  (vers  120).  —  Lors  qu'Agamen- 
non  preparoit  le  sacryfice  d'Iphigenie ,  Diane  substitua  a 
la  place  de  cette  fille  une  biche  qui  expia  par  sa  mort  les 
crimes  des  Grecs  ;  les  poètes  tragiques  ont  écrit  la  dessus 
come  Sophocle  et  Euripide ,  et  des  modernes  même. 

Laudo  meum  ciuem  (vers  121).  — •  luuenal  dit  cela  par 

18 


conlreuerité ,  corne  s'il  disoil  mon  cytoien  Pacuue  n'est  il 
pas  bien  sage ,  hiy  qui  est  prêt  de  sacryfier  sa  fille  pour  le 
salut  de  son  amy,  car  il  préfère  un  testament  à  tous  les 
vaisseaux  d' Agamennon ,  pour  lesquels  il  vouloit  sacryfier 
sa  fille  Iphigenie. 

Nam  si  Libitinam euaserit  (vers  122).  —  Dans  Suétone 
il  signifie  Proserpine  parceque  l'on  vendoit  dans  son  temple 
les  choses  nécessaires  pour  les  funérailles  ;  dans  Valere 
Maxime,  le  métier  d'enseuelir  les  morts.  Multa  pars  met 
vitabit  libitinam,^  dit  Horace. 

Inclusus  carcere  nassx  (vers  123).  —  C'est  une  méta- 
phore prise  des  poissons  ;  nassa  est  une  espèce  de  panier 
ou  ils  s'enfermoint. 

lugulata  Mycenis  (vers  127).  —  Mlle  du  Peloponese , 
capitale  du  royaume  d'Agamennon ,  Argos.  Pour  ce  qui  est 
d'Iphigenie  fille  d'Agamennon ,  qui  fut  présentée  en  sacry- 
fice  sur  le  port  d'AuIide,  c'est  une  chose  conue ,  mais  il 
paroit  bien  (jue  le  poète  se  mocque  de  la  superstition 
d'Agamennon. 


FIN 

D  K     I.  A      I  ■.'*'     SA   1' YKK 


SATVHA     XIII 


1  Exemplo  quodcumque  inalo  committitur,  ipsi 
•i  Displicet  auctori.  prima  est  hsec  ultio,  quod  se 

3  ludice,  nenio  nocens  absolvitur,  improba  quamvis 

4  Gratia  fallaci  Prxtoris  mcerit  urna. 

5  Quid  senlire  putas  omneis,  Calvine,  recenti 

6  De  scelere,  et  fidei  violatw  crimine  ?  sed  nec 

~  Tarn  tenid  census  tibi  contigit^  ut  mediocris 
s  lacturœ  te  mergat  onus  :  nec  rara  videmus , 
9  Quœ  pateris.  casus  multis  hic  cognitus,  ac  jani 

10   Tritus,  cl  e  mcdio  fortuiix  ductus  acervo. 

u  Ponamiis  nimios  gemitus  :  flagrantior  œquo 

12  Non  débet  dolor  esse  viri,  nec  vulnere  major. 

13  Te  quamvis  leviiim  minimam ,  exiguamque  malorum 

14  Particulam  vix  ferre  potes,  spumantibus  ardens 

15  Visccribus  sacrum  tibi  quod  non  reddat  amicus 

iG  Depositum.  stupet  hxc,  quijampost  terga  reliquit 

17  Sexaginta  annos  Fonteio  consule  natus  ? 

18  An  nihil  in  melius  tôt  rerum  proficis  usu  ? 

13  Magna  quidem  ,  sacris  qu3e  dat  prwcepta  libelUs , 

20  Victrix  fortune  sapientia.  Ducimus  autem 

21  Hos  quoque  felices,  qui  ferre  incommoda  vitœ, 

22  Nec  jactare  jugum  vita  didicere  magistra. 

23  Qux  tam  festa  dies,  ut  cesset  prodere  furem, 

24  Perfidiam,  fraudes,  atque  omni  ex  crimine  lucrum 

25  Quœsitum,  et  partos  gladio,  vel  pyxide  nummos? 
20   Rari  quippe  boni;  numerus  vix  est  totidem,  quot 

27  Thebarum  ports,  vet  divitis  ostia  Nili. 

28  Nunc  œtas  agitur,  pejoraque  sœcula  ferri 

29  Temporibus  :  quorum  sceleri  non  invenit  ipsa 


—  276  — 

30  Noiiien,  et  a  nullo  posuil  nalura  métallo. 

31  Nos  hominwn  ,  Vivunique  fideiu  clamore  cinnns  , 

32  Quanto  Fœsidiwn  laudat  vocalis  agenlei/i 

33  Sportula.  die  senior  bulla  dignissime,  nescis , 

34  Quas  habeal  Vénères  aliéna  pecunia  ?  nescis , 

35  Que))i  tua  simplicitas  risum  vulgo  moveat ,  'cuin 
3c  Exigis  a  quoquam  nepejeret,  et  put  et  ullis 

37  Esse  aliquod  munen  teinplis,  arxquc  rubcnti? 

38  Quondam  hoc  indigenx  vivebant  more,  prius  quant 

39  Sumeret  agrestem  posito  diademate  falcem 

îo  Saturnus  fugiens,  tune,  cum  virgimcula  luno, 

41  Et  privalus  adhuc  Idœis  lupiler  antris, 

42  Nulla  super  nubes  convivia  Cxlicolarum  , 

43  Nec  puer  Iliacus,  formosa  nec  Herculis  îixor 

44  Ad  cyathos,  et  jam  siccato  nectare  tergens 
4j  Brachia  Volcanus  Liparsea  nigra  taberna. 

46  Prandebat  sibi  quisque  J)eus ,  nec  turba  deorum 

47  Talis,  ul  est  hodie,  contentaque  sidéra  paucis 

48  Numinibus ,  miserum  urgebant  Atlanta  minori 

49  Pondère,  nondum  aliquis  soriitns  triste  profundi 

50  Imperium,  aut  Sieula  torrus  cum  conjuge  Phiton. 

51  Nec  rota,  nec  Furix,  nec  saxurn  aut  vulturis  atri 

52  Pœtia  :  sed  iiifernis  hilares  sine  regibus  Umbne. 

53  Improbitas  illo  fuit  admirabilis  xvo. 

54  Credebanl  hoc  grande  nefas ,  et  morte  pian dum  , 

55  Si  juvenis  vetulo  non  assurrexcrat ,  et  si 
5C  Barbato  cuicumque  puer,  licet  ipse  videret 

57  Plura  domi  fraga ,  et  majores  glandis  acervos. 

58  Tarn  venerabile  erat  prœcedcre  quatuor  annis, 

59  Priniaque  par  adeo  sacrx  lanugo  senectœ. 
(io  Nunc,  si  depositum  non  inficielur  amicus, 
«1  Si  reddat  vcterem  cum  tota  œruginc  follcm, 
G2'Prodigiosa  fides ,  et  Thuscis  digna  libellis , 
G3  Quxque  coronata  lustrari  debeat  agna. 

04  Egregium,  sanctumque  virum  si  cerna,  himcmbri 

65  Hoc  monstrum  puera,  vel  mirandis  sub  aratru 

66  Piscibus  invcntis,  et  fœtx  comparo  miilas 

67  Sollicitus,  tanquam  lapides  effuderit  imber, 
«8  Examenque  apium  longa  consedcrit  nva 


—  277   — 

69  Culmine  dclubri,  tanquam  in  mare  fluxerit  amnix 

70  Gurgilibus  miris ,  et  ladis  vorlice  torrens. 

71  Intercepta  deccm  quereris  sestertia  fraude 

72  Sacrilega.  quid  si  bis  centum  perdidit  aller 

73  Hoc  arcana  modo?  majorem  tertiits  illa 

74  Summam,  quam  paiulx  vix  ceperat  angulus  arcx? 

75  Tarn  facile,  et  pronum  est  superos  contemnere  testeis, 

76  Si  mortalis  idem  nemo  sciât,  adspice,  quanta 

77  Voce  neyet ,  qux  sit  ficti  constantia  vultus. 

78  Per  solis  radios ,  Tarpeiaque  fulmina  jurai , 

79  Et  Martis  frameayn,  et  Cirrhxi  spicula  vatis  : 

80  Per  calamos  venalricis  pharetramque  puellx, 

81  Perque  tuum  pater  jEgxi  Neptune  tridentem  : 

82  Addit  et  Herculeos  arcus,  hastamque  Minervœ, 

83  Quidquid  habent  telorum  armamcniaria  cœli 

84  Si  vero  et  pater  est,  comedam,  inquit,  flebile  gnati 

85  Sinciput  elixi,  Pliarioquc  madentis  aceto. 

86  Sunt  in  Fortune  qui  casibus  omnia  ponant , 

87  Et  nulle  credant  mundum  redore  moveri 

88  Natura  volvente  vices  et'lucis ,  et  anni , 

89  Atque  ideo  intrepidi  quâscumquc  ait  aria  tangunt. 

90  Est  alius  metuens ,  ne  crimen  pœna  sequatur  : 

91  Hic  putat  esse  Deos,  et  pejerat,  atque  ita  secum  : 

92  Décernât  quodcumque  volet  de  corpore  nostro 

93  Isis,  et  irato  feriat  mea  lumina  sistro, 

94  Bummodo  vel  cœcus  teneam ,  quos  abnego ,  nummos. 

95  Et  phthisis,  et  vomicse  putres,  et  dimidium  crus 

96  Sunt  tanti?  pauper  locitpletem  optare  podagram 

97  Nec  dubitet  Ladas,  si  non  egct  Aniycira ,  nec 

98  Archygene.  quid  enim  velocis  gloria  plantes 

99  PréBstat,  et  esuriens  Pisxse  ramus  olivx? 

100  Ut  si  magna ,  tamen  certe  lenta  ira  deorum  est. 

101  Si  curant  igitur  cunctos  punire  nocenteis, 

102  Quando  ad  me  venîent  ?  sed  et  exorabile  numen 

103  Fartasse  experiar  :  solet  lus  ignoscere.  multi 

104  Committunt  eadem  diverso  crimina  fato  : 

105  Ille  crucem  sceleris  pretium  tulit.,  hic  diadema. 

106  Sic  animum  dirx  trepidum  formidine  culpse 

107  Confirmant ,  tune  te  sacra  ad  dctubra  vocantem 


—  -278  — 

lOK  Pvxccdii ,  traliere  iiiiino  ullfo ,  ac  vexare  paratus. 

109  Nain  ciun  magna  malx  superest  audacia  caussx , 

110  Credliur  a  iiiultis  fiducia.  minium  agit  ille , 

111  Urbani  (jualem  fugitious  sciirra  Catulli  : 

112  Tu  miser  exclamas,  ut  Stenlora  vincere  possis, 

113  Vel  polius,  quantum  Gradivus  Homericus.  audis 

114  lupiter  fixe,  nec  labra  inoves,  cum  mittere  vocem 

115  Debueras  vel  marmoreus,  vel  wneus  ?  aut  ciir 

116  In  carbone  tuo  carta  pia  tura  soluta 

117  Ponimus,  et  sectum  vitulijecur,  albàquc  porci 

118  Omenta?  ut  video,  nuUum  discrimen  habendum  est 

119  Effigies  inler  vestras,  statuasque  Batylli. 

120  Accipe  qux  contra  valeat  solatia  ferre , 

121  Et  qui  nec  Cynicos,  nec  Stoica  dogmata  legit 

122  A  Cynicis  timica  distantia,  non  Epicurum 

123  Suspicit  exigui  Lvtum  plantaribus  horti. 

124  Ciirentur  dubii  medicis  majoribiis  segri  : 

125  Tu  venam  vel  discipulo  committe  Philippi. 

126  Si  nullum  in  terris  tam  detestabile  factum 

127  Ostendis,  iaceo,  nec  pugnis  cxdcre  pecius 

128  Te  veto,  nec  plana  faciein  contundere  paima  : 

129  Quandoquidem  accepta  claudenda  est  janua  damno , 

130  Et  majore  domus  gemitu  majore  tumultu 

131  Planguntur  nummi,  quam  funera.  nemo  dolorem 

132  Fingit  in  lioc  casii ,  vestein  diducere  siimmam 

133  Contcntus,  vexare  oculos,  Ininiore  coacto. 

134  Ploralur  lacrymis  amissa  pecunia  veris. 

135  Sed  si  cuncta  vides  simili  fora  plena  querella  : 

136  Si  decies  lectis  diversa  in  parte  tabellis 

137  Vana  siipervacui  dicunt  chcirographa  ligni, 

138  Arguit  ipsorum  quos  iittera,  gemmaque  princeps 

139  Sardonychum,  loculis  quœ  ciistoditur  eburnis  : 

140  Te  nunc ,  delicias  !  extra  communia  censés 

141  Ponendum  :  quia  tu  gallinx  filius  albsd, 

142  Nos  viles  pulli  nati  infelicibus  avis. 

143  Rem  pateris  inodicam,  et  mediocri  bile  ferendam. 

144  Si  ftectas  oculos  majora  ad  crimina  confer 

145  Conductum  latronem,  incendia  sulfure  aepta  , 
U6  Atquc  dolo ,  primas  cum  janua  calligit  igneis  : 


—    -279  — 

147  Confer  et  lias  veleris  qui  lollunt  grandia  lempli 

148  Pocula  adorandœ  robiginis,  et  populorum. 

149  Dona,  ml  antiquo  positas  a  fiege  coronas. 

150  Hœc  ibisi  non  sunt,  minor  exstat  sacrilegus,  qui 
loi  Radat  inaurati  fémur  Hcrculis ,  et  faciem  ipsam 

152  Neptuni,  qui  bracteolam  de  Castore  ducat. 

153  An  dubitet  solitus  totium  conflare  Tonantem  ? 

154  Confer  et  artifices,  mercatoremque  veneni, 

155  Et  deducenduin  corio  bovis  in  mare ,  cum  quo 

156  Clauditur  adversis  innoxia  simia  fatis. 

157  Hoc  quota  pars  scelerum,  qwe  custos  Gallicus  urbis 

158  Usque  a  Lucifero ,  donec  lux  occidat ,  audit  'f 

159  Humant  generis  mores  tibi  liasse  volenti 

160  Sufficit  una  domus.  paucos  consume  dies ,  et 

161  Dicere  te  miserutn ,  postquam  illinc  veneris,  aude. 
itj2  Quis  tumidum  guttur  miratur  in  Alpibus  ?  aut  quis 

163  In  Meroë  crasso  majorem.  infante  mamillam  Y 

164  Cœrula  quis  stupuit  Germani  Iwaina,  flavam 

165  Cxsariem,  et  madido  torquentem  cornua  cirro  ? 

166  Nempe  quod  hxc  iliis  natura  est  omnibus  una. 

167  Ad  subitas  Thracum  volucres,  nubemque  sonorani 

168  Pygmœus  parvis  currit  bellator  in  armis  : 

169  Mox  impar  hosti,  raptusque  per  aéra  curvis 

170  Unguibus  a  sseva  fertur  grue,  si  videas  hoc 

171  Gentibus  in  nostris,  risu  quatiare  :  sed  illic, 

172  Quanquam  eadeni  assidue  spectentur  prœlia,  ridet 

173  Nemo,  uhi  tota  coliors  pede  non  est  altior  uno. 

174  Nullaneperjuri  capitis,  fraudisque  nefandx 

175  Pœna  erit  ?  abreptum  crede  hune  graviore  calcme 

176  Protinus,  et  nostro  (quid plus  velit  ira?)  necari 

177  Arbitrio.  manetilla  tamen  jactura ,  nec  unquam 

178  Depositum  tibi  sospes  erit  :  sed  corpore  trunco 

179  Invidiosa  dabit  minimus  solatia  sanguis. 

180  At  vindicta,  bonum  vita  jucundius  ipsa. 

181  Nempe  hoc  indocti ,  quorum  prxcordia  nullis 

182  Interdum,  aut  levibus  videas  flagrantia  caussis. 

183  Quantulacumque  adco  est  occasio,  sufficit  irx. 

184  Chrysippus  non  dicit  idem,  nec  mite  Thalelis 

185  Ingenium,  dulcique  senex  vicinus  Hymetto, 


—  280  — 

isi;  Qui  parlcm  acceptée  swva  inler  oincla  cicuUr 

187  Acrusalori  nollct  darc,  phtrima  felix 

188  PauUatim  vitia ,  atque  errores  cxuit  omneis , 

189  Prima  docens  rectum  sapientia  :  quippc  minuli 
l'jo  Semper,  et  inftrmi^  exiguique  volupiax 

191  Ultio.  continua  sic  colligc,  quod  vindicla 

192  Nemo  magis  gaudet ,  quam  femina,  cur  lamen  lias  tu 

193  Evasisse  putes  :  quos  diri  conscia  facti 

194  Mens  habet  aitonitus ,  et  surdo  vcrbcre  ciedil 

195  Occultwn  quatiente  animo  tovlore  flagetluin  ! 

196  Pœna  autem  vchemcns,  ac  miiUo  sœmor  illis, 

197  Quas  el  CxdHius  gravis  invenit,  et  Rhadamanlas 

198  Nocte,  dieque  suwn  gcstare  in  pectore  testem. 

199  Spartano  cuidam  respondit  Pythia  vales  : 

200  Haud  impunilum  quondam  fore,  quod  dubitaret 

201  Dcposituin  reiinere,  et  fraudem  jure  tueri 

202  lurando  :  quœrebat  eniin  qux  Numinis  esset 

203  Mens ,  et  an  hoc  illi  faciniis  suaderet  Apotlo. 

204  Reddidit  ergo  metu,  non  moribus,  et  tamen  omnem 

205  Vocem  adijti  dignam  templo,  veramque  probavit  : 

206  Exstinctus  totapariter  cum  proie,  domoquc, 

207  Et  quamvis  longa  deductis  gente  propinquis. 

208  Has  patitur  pœnas  peccandi  sola  voluntas 

209  Nam  scelus  intra  se  tacitum  qui  cogitât  ullum, 

210  Facti  crimen  habet.  cedo ,  si  conata  peregit  ? 

211  Perpétua  anxietas,  necmensse  temporc  cessât , 

212  Faucibus  ut  morbo  siccis,  interque  molareis 
2J3  Difftcili  crescente  cibo.  sed  vina  misellus 

214  Exspuit  :  Albani  veteris  pretiosa  senectus 

215  Displicet.  ostendas  melius,  densissima  ruga 

216  Cogitur  in  frontem ,  velut  acri  ducta  Falcrno 

217  Nocte  brevem.  si  forte  induisit  cura  soporcm, 

218  Et  loto  versata  toro  jam  moabra  quicscunt  : 

219  Continuo  templum ,  cl  violati  Numinis  aras , 

220  Et  quod  prœcipuis  menlem  sudoribus  urget , 

221  Te  videt  in  somnis.  tua  sacra  et  major  imago 

222  Humana  turbat  pavidum,  cogitque  fateri, 

223  Hi  sunl  qui  trépidant,  et  ad  omnia  fulgura  pallcnl. 

224  Cum  ionat  :  exanimes  primo  quoqiie  murmure  cœli  : 


—  281   — 

225  Non  quasi  for tuilus,  ncc  vciitoru»!  raine,  sed 

22(;  Iratus  cadat  in  terras,  et  judicet  ignis. 

'i'ii  Illa  niliil  nocuit,  cura  graviore  tiineiur 

228  Proxima  tempestas  :  velul  hoc  dilata  sereno, 

•229  Pneterea,  lateris  vigili  ciim  febre  dolorem 

230  Si  cœpere  pâli,  missum  ad  sua  corpora  morbuia 

2-31  Infesto  credunl  a  Numine  :  saxa  Deonuu 

232  Hxc,  et  iela  putant.  pecudeia  spondere  sacelto 

233  Balantem,  et  Laribus  cristam  prommittere  galli 

234  Non  audent.  quid  enim  sperare  nocentibiis  œgris 

235  Concessum  ?  vct  qiix  non  dignior  liostia  vita  ? 

236  Mobilis,  et  varia  est  ferme  nattera  malorwn. 

237  Cum  scelus  admittunt,  superest  constantia  ;  quod  fas, 

238  Atque  nefas,  tandem  incipiunt  sentire  peracHs 

239  Criminîbus.  tamen  ad  mores  natura  rccurrit 

240  Damnatos,  fixa,  et  mutari  nescia.  nam  quis 

241  Peccandi  finem  posuit  sibi  ?  quando  recepit 

242  Ejectum  semel  attrita  de  fronte  ruborem  ? 

243  Quisnam  liominum  est,  quem  tu  contentum  videris  uno 

244  Flagitio  ?  dabit  in  laciueum  vestigia  noster 

245  Perfidus,  et  ?iigri  patietur  carceris  imcum, 

246  Aut  maris  Mgsei  rupem,  scopulosque  frequenteis 

247  Exsulibus  magnis.  pœna  gaudebis  amara 

248  Nominis  invisi,  tandemque  fateberc  Ixtus 

249  Nec  surdum,  nec  Tyresiam  quemquam  esse  deorum. 


SATYRE    XIII 


SUIET 


Omnes  improbos  esse  miseras ,  c'est  le  dessein  de  cette 
satyre  qui  est  une  des  plus  belles  ;  il  console  dabort  son 
amy  sur  le  déplaisir  qu'il  a  de  ce  qu'on  luy  dénie  un  depost 
considérable  ,  et  de  la  il  entre  dans  le  principal  suiet  de  son 
discours  de  montrer  que  le  vice  n'est  iamais  impuni.  C'est 
ainsi  qu'il  mêle  de  petite  hystoires  aux  instructions  qu'il 
donc  pour  se  rendre  d'autant  plus  utile  qu'il  ne  semble 
point  qu'il  ayt  dessein  de  douer  des  maximes. 


Gratia  fatlacis  Prœtoris  vicerit  urnam  {\er&  4).  —  Ou 
l'on  metoit  les  cendres  des  morts  et  ou  l'on  ietoit  aussy  les 
billets  de  ceux  qui  donoint  leurs  sufrages  pour  l'élection 
d'un  magistrat  ;  icy  U7iia  se  met  pour  le  sufrage  du  prê- 
teur, parcequ'on  donoit  aussy  son  sufrage  par  billets  dans 
les  procès. 

Nona  setas  agitur  (vers  28  ).  —  Il  fait  voir  que  les  crimes 
des  homes  ont  si  fort  augmenté  qu'il  semble  que  ce  siècle 
soit  deux  foix  plus  méchant  que  celuy  de  fer,  il  double  tous 
les  autres ,  car  il  n'y  en  a  eu  que  quatre. 

Viœ  est  totidem  quoi  Thebarum  portse  (vers  26  et  27). 
—  Il  y  a  eu  2  Thebes ,  l'une  d'Egypte ,  et  celle  cy  qui  etoit 


—   -284   — 

eu  Bcolio  (|iii  auoit  7  porles  iiue  Slacc  uoiiie  toutes  au 
liu.  8  de  sa  Thebaide. 

Vcl  diuitis  ostialSiii  (vers  '2.1).  —  Le  Nil  se  iellc  dans  la 
mer  par  7  emboucheures  ;  le  nombre  de  7  est  marque  par 
raport  a  celuy  des  7  sages  de  la  Grèce  dont  Ausonc  a  eu 
soin  de  recueillir  les  principales  maximes. 

Et  a  nullo  posuit  natura  'métallo  (vers  3U).  —  Les 
Latins  ne  parlent  de  i  aages  que  par  comparaison  aux  \ 
métaux  les  plus  considérables  ;  les  Grecs  en  contoint  autant 
que  de  métaux,  et  c'est  selon  leur  conte  que  le  poète  dit 
qu'il  n'y  a  pas  asses  de  métaux  pour  exprimer  iusqu'a  quel 
point  de  corruption  on  en  est  venu. 

Bulla  dignissime  (vers  33).  — Ne  meriteries  vous  pas 
d'être  traité  en  entant,  parceciue  biilla  ètoit  une  médaille 
qu'on  laisoit  porter  aux  icunes  entants  de  (qualité ,  et  c'est 
peut  être  de  la  qu'on  a  apelé  les  brefs  du  pape  des  bulles , 
parce(|u'il  y  a  une  médaille  de  plomb  au  bas ,  marquée  aux 
figures  de  saint  Pierre  et  de  saint  Paul. 

Sportula  (vers  33).  —  Des  chycns  ({ui  vont  applaudir 
aux  playdoiers  de  Ftesidius  parcequ'ils  sont  payés  pour 
cela  ;  les  gages  sont  pris  icy  pour  ceux  qui  les  reroiucnt . 

Arœ  rubenti  (vers  37).  —  Cette  epythcte  conuient  aux 
autels  que  le  sang  des  victimes  laisoit  rougir. 

IndigeniB  (vers  38).  — Ceux  ([iii  (Moint  d'Italie.  Inde 
geniti. 

Adhuo prmatus  {\ei's  41).  —  Q)ui  n'auoit  pas  encore  oté 
le  royaume  a  son  père. 

Puer  Iliacus  {\evs  43).  —  Ganimede. 

Hercuiis  uxor  (vers  43).  — Hebo  lille  de  lupiter  cl  de 
lunon  ,  qu'Hercule  épousa  lors  ([u'il  l'eut  parmy  les  dieux  ; 
elle  leur  versoit  le  nectar,  mais  lupiter  tit  enleucr  Gani- 
mede par  une  aigle  pour  le  mctrc  a  sa  place. 


—  -285  — 

Coniuge  Sicula  (vers  50).  —  Proserpine  que  Plnlori 
enleua  pendant  qu'elle  cueilloit  des  fleurs  sur  le  mont 
Œthna. 

Rota  (vers  51  ).  —  La  roue  ou  Ixion  êtoit  attaché  dans  les 
enfers. 

Furiœlwers  51  ).  —  Alecton,  Tysiphone  et  Megerc,  filles 
de  la  Nuit  et  de  l'Acheron. 

Nec  saxwm  (vers  51).  —  C'est  le  rocher  que  Sysiphe 
montoit  sur  une  montaigne  pour  le  laisser  rouler  et  le 
remonter  ensuite  ;  il  auoit  mérité  cette  peyne  parceque  du 
tems  qu'il  êtoit  a  l'isthme  ,  il  voloit  les  passants  qu'il  ohli- 
geoit  ensuite  a  luy  lauer  les  pieds  dans  la  mer  ou  il  les 
precipitoit.  Thésée  le  tua. 

Vulturis  atri  (vers  51  ).  —  Le  vautour  qui  mangeoit  le 
foye  de  Tytius.  Tibulle  en  parle  eleg.  3  ,  liu.  1 . 

Pon^ectiisque  nouem  Tytius  per  iugera  terras 
Assiduas  atro  viscère  pascit  oues. 

Lorsquil  est  couché  sur  la  terre  il  tient  l'espace  de  neuf 
arpents. 

Thuscis  Uhellis  (vers  62  ).  —  Liures  remplis  de  merueilles 
et  surtout  de  la  science  de  prédire  l'aduenir  par  les  entrailles 
des  bêtes ,  qui  auoint  été  dictés  par  Tragenes  miraculeuse- 
ment dans  un  chaliip  d'Hetrurie  ou  tout  le  monde  courut 
dabort  en  foule  pour  écouter  les  belles  choses  que  ce  ieune 
garçon  disoit ,  on  les  ecriuit  et  on  apela  ce  liure  la  le  liure 
des  merueilles. 

Pater  jEgei  (vers  81  ).  —  vEgée ,  roy  d'Athènes,  frère  de 
Thésée ,  fut  fils  de  Neptune. 

Et  fœtx  compara  mulse  (vers  66).  —  Il  raille  de  beau- 
coup des  choses  incroyables  qu'on  trouuoitchez  les  anciens. 


—  286  — 

Bimembri  piiero ,  le  Minotaure  ;  mirandis  sub  aratro  pis- 
cibus  (loul  parle  Pline  au  liii.  !)  .  eh.  57;  larfis  rnrticr  lor- 
rens  ,  come  dit  Oiiide. 

Fltnnltm  lain  lavlis  iani  flwnina  nectar i x  ibanl. 

Ça  été  le  detfaiU  particulier  des  plus  grands  poètes  d'auoir 
dit  des  choses  trop  incroyables,  voulant  paruenir  au 
merueilleux  qui  est  a  la  vérité  fort  nécessaire  dans  la  »rande 
poésie  lors  qu'il  n'est  pas  trop  enflé. 

Phario  (vers  85).  —  D'Egypte,  a  cause  de  l'isle  de 
Phare  vis  a  vis  Alexandrie. 

Si  non  cget  Antijcira  (vers  07).  —  Ce  sont  les  paroles 
du  pariiu-e.  Ladas  ne  craindroit  pas  d'auoir  la  goûte  pour- 
veu  qu'il  çleut  être  riche  et  qu'il  ne  feut  pas  fol.  Antycire 
êtoit  une  isle  apelée  autrefoix  Cypainssus,  mais  elle  chan- 
gea de  nom  pour  prendre  celuy  d'un  compagnon  d'Her- 
cule ;  il  y  auoit  beaucoup  d'hellébore  dans  cette  isle,  c'est 
pour  cela  qu'on  y  enuoyoit  les  ibis. 

Ladas  (vers  97).  —  Fangeux  a  la  roin'se  ou  il  auoit 
souuent  remporté  la  victoire. 

Archygene  (vers  98).  —  Médecin. 

Pisa  [\(iv?>  99).  —  Pisa  et  Ilis,  villes  du  Peloponese, 
entre  lesquelles  il  y  auoit  un  chanq>  Ibrl  vaste  apelé  Olim- 
pia  ou  l'on  celebroit  les  ieux  ([ui  ont  été  apelés  a  cause  de 
cela  Pisxi ,  j^Elei ,  Olimpici ,  Olimpli. 

Irato  ferlât  mea  lumina  sistro  (vers  93).  —  C'est  une 
sorte  d'instrument  de  musique  a  3  cordes ,  un  sistre  ;  i'ay 
Iradiiil  de  ces  cymbales  bien  ([ue  ce  ne  soit  pas  la  même 
chose ,  mais  ie  ne  pouuois  pas  mètre  un  sistre ,  il  laut 
alleudre  ((uc  «'(^  Icrnio  soit  l'cceu  come  coluy  de  conopée  et 
d'iivdrie. 


—  287  — 

Ut  Stentora  vinccre  possis  vel  potius  quantum  Gradiuus 
Homericus  (vers  112  el  113).  —  Stentor  ou  plutôt  Mars. 
N'y  a  fil  pas  une  finesse  satyrique  dans  cette  correction 
pour  reprendre  Homère  d'auoir  lait  la  voix  de  Stentor  plus 
forte  que  celle  de  50  homes  ,  ce  qui  ne  peut  conuenir  a  un 
mortel ,  mais  ce  qui  conuient  très  bien  au  dieu  de  la  guerre 
quand  ce  ne  seroit  que  pour  mieux  exprimer  par  cette 
image  le  bruit  epouuan  table  des  ai-mes. 

Catulli  (vers  IH  ).  —  C'ètoit  un  poète  qui  fit  quelque 
comédie. 

Batylli  (vers  119).  —  Beau  garçon  aymé  d'Anacreon  et 
du  tyran  Polycrate  ;  ce  dernier  luy  fit  eleuer  une  statue  dans 
le  temple  de  lunon  a  l'isle  de  Samos. 

Cynicos  (vers  121).  —  Secte  des  phylosophes  établye 
par  Antistene  ,  Athénien  ;  il  enseignoit  près  d'un  lieu  apelé 
Gynosargin  ,  de  la  vient  le  nom  de  Cynique. 

Stoicorurti  (vers  121  ).  —  Zenon  feut  le  chef  de  cette  secte 
qui  s'apeloit  stoique  du  mot  cToa,  c'est  a  dire  galerie  ou 
ils  ecriuoint. 

Diuersa  in  parte  (vers  136).  —  C'est  a  dire  contre  le 
débiteur. 

Gallinds  filius  albds  (vers  141).  —  G'êtoit  un  prouerbe 
parmy  les  Romains  pour  marquer  un  home  heureux. 

Nati  infelicibus  ouis  (vers  142).  —  C'est  un  autre 
prouerbe  opposé  au  l*""  ;  il  doit  s'entendre  des  œufs  de  cor- 
beau en  faisant  allusion  a  celuy  qui  dit  m,ali  corui  malum 
ouum. 

Custos  Gallicus  (vers  157  ).  —  Prêteur  sous  Domitien. 

Tumnlum  guttur  in  Aljjibus  (vers  162  ).  —  Les  habitants 
des  Alpes  auoint  la  gorge  fort  enflée.  Pline  remarque  au 
liu.  1 1  que  les  eaux  leur  causoint  cela. 


—  -288  — 

In  Merop  (vers  163).  —  Isl(>  d'Egypte  près  de  celle  de 
Siene  ;  les  femes  de  cette  islc  auoiiil  les  iiianieles  extraor- 
dinairement  grosses. 

Volucres  suhitas  (vers  167).  —  Les  grues. 

Nullane  (vers  174).  —  (Juluinius  parle. 

Nempe  hoc  indocti  (vers  181  ).  —  luuenal  parle  ;  il  faut 
entendre  dicunt  ou  sentiunt. 

Chrysippus  non  dicet  idem  (vers  184  ).  —  C'est  a  dire  un 
home  sage  ne  sera  pas  de  ce  sentiment  de  croire  que  la  ven- 
geance est  un  bien.  luuenal  preii,d  Ghrysippe  pour  expri- 
mer un  home  fort  sage ,  parce  que  c'etoit  un  phylosophe 
d'une  grande  vertu  ;  sa  patrie  ôtoit  Tharse  ,  son  père  Apol- 
lonius ;  ce  sage  phylosophe  ôtoit  si  habile  que  si  les  dieux, 
come  on  disoit,  eussent  voulu  aprendre  la  phylosophye  ils 
eussent  apris  celle  de  Ghrysippe ,  surtout  sa  logique. 

Mite  Thaletis  ingenium  (vers  184  et  185).  —  G'êtoit  un 
des  sept  sages  de  la  Grèce.  Laerce  a  écrit  que  Thaïes  Mile- 
sien  ,  celuy  dont  nous  parlons,  rendoit  grâces  a  la  Fortune 
pour  3  raisons;  la  l'"'"  d'être  né  home  et  non  pas  bête, 
home  et  non  pas  feme  ,  et  Grec  plutôt  qu'étranger. 

Accusatori  (vers  187).  —  Socrate  eut  3  accusateurs, 
Anitus ,  Lycon  ,  Melitus. 

lias  (vers  192).  —  Les  pariures. 

Ccvditius  {vers  197  ).  —  luge  du  tems  de  luuenal. 

Hhadamantus  (vers  197).  —  Roy  fort  équitable  et  après 
sa  mort  iuge  dans  les  enfers. 

Spartano  cuidam  (vers  199).  —  luuenal  l'ail  voir  qu'il 
est  impossible  que  celuy  qui  retient  le  bien  d'autruy  soit 
exempt  des  peynes  ;  il  le  prouue  par  l'exemple  de  Glauque 
raportépar  Hérodote,  ch.  6.  Glauque  c'toit  de  Lacedemone, 
sa  vie  luy  attira  l'estime  de  tout  le  monde;  un  Milesien 


—  -289  — 
crut  inetre  son  argent  auec  seureté  entre  les  mains  de 
Glauque  ,  les  guerres  qui  agitoint  alors  l'Ionie  luy  donoint. 
de  la  crainte.  Glauque  receut  ce  dépôt  qu'il  eut  enuie  de 
garder  quelque  tems  après ,  il  t'eut  pour  cela  consulter 
l'oracle  qui  luy  repondit  qu'il  auoit  fait  autant  de  mal  de 
penser  a  retenir  ce  Lien  que  si  en  eflet  il  l'auoit  retenu ,  et 
que  toute  sa  famille  periroit. 

Pythia  vates  (vers  199).  —  Pbrelresse  d'Apollon  apelé 
Pythius  parcequ'il  tua  le  serpent  Python. 

Tyresiam  (vers  249  ).  —  C'est  a  dire  qu'il  n'y  a  point  de 
dieu  aueugie.  Tyresias  êtoit  Thebain  ;  il  décida  une  contes- 
tation entre  lunon  et  Jupiter  qui  disputoint  sur  le  plaisir 
de  l'amour,  s'il  êtoit  plus  grand  du  coté  de  la  feme  que  du 
coté  de  l'home  ;  Tyresias  tint  pour  la  feme;  de  rage  lunon 
•  luy  arracha  les  yeux. 

FIN 

UE     LA    13''    SATYRE. 


ly 


SATYRA    XIV 


1  Plurima  sunt ,  Fuscine,  et  fama  digna  sinistra , 

2  Et  nitidis  maculam  hœsuram  figentia  rébus , 

3  QucB  monstrant  ipsi  pueris,  traduntque  parentes . 

4  Si  damnosa  senem  juvat  aléa  :  ludit  et  hwres 

5  Bullatus ,  parvoque  eadem  movet  arma  fritillo. 

6  Nec  melius  de  se  cuiquam  sperare propinquo 

7  Concedet  juvenis  :  qui  radere  tubera  terrs , 

8  Bolutum  condire ,  et  eodein  jure  natenteis 

9  Mergere  ficedulas  didicit  nehulone  parente , 

10  Et  cana  monstrante  gula.  cum  septimus  annus 

11  Transierit  puerum,  nondum  omni  dente  renato^ 

12  Barbatos  licet  admoveas  mille  indc  magistros , 

13  Hinc  totidem  ,  cupiet  lauto  cenare  paratu 
u  Semper  et  a  magna  non  degenerare  culina. 

15  Mitem  animum ,  et  mores  modieis  erroribus  œquos 

16  Prsecipit,  atque  animas  servoriim,  et  corpora,  nostra 

17  Materia  constare  putat ,  paribusqiie  eîementis  : 

18  An  sœvire  docet  Rutilus  ?  qui  gaudet  acerbo 

19  Plagarum  strepitu,  et'  nullam  Sirena  flagellis 

20  Comparât,  Anliphates  trepidi  Laris,  ac  Polyphemus  ? 

21  Tum  felix,  quoties  aliquis  tortore  vocato 

22  Uritur  ardenti  tuo  propter  lintea  ferro. 

23  Quid  suadet  juveni  Ixtus  stridore  catenx, 

24  Quem  mire  afficiunt  inscripta  ergastula  ,  carcer 

25  Rusticus  ?  exspectas,  ut  non  sit  adultéra  Largx 

26  Filia  :  quw  nunquam  maternos  dicere  machos 

27  Tarn  cito  nec  tanto  poterit  contexere  cursu, 

28  Ut  non  ter  decies  respiret  ?  conscia  matri 

29  Virgo  fuit  :  ceras  nunc  hac  dictante  pitsillas 


—  -^o-i  — 

3»  Implel ,  el  ad  mœclnun  dal  risdein  ferre  rynsedis. 

:n  Sic  naturajubet  :  velocius,  et  ci  tins  nos 

•!•-'  Corrunipunl  vilioriun  exempta  domestica ,  niagnis 

^3  Cum  suhcunt  anitnos  aucloribiis.  unus ,  et  alter 

34  Forsilan  h/vc  spernant  jicvenes ,  quibus  arte  benigna , 

35  Et  inetiorc  hito  fui.xit  prcxcordia  Titan  : 

30  Sed  reliquos  fugienda  patriun  vesligia  diicunt , 

37  Et  monslrata.diu  vetcris  trahit  orbita  culpœ. 

38  Abslineas  igitur  damnandis.  hujus  enim  vel 

39  Una  potens  ratio  est,  ne  crimina  nostra  seqnantur 
ii>  Ex  7iobis  geniti  :  quoniaui  dociles  iniitandis 

■11  Turpibus,  ac  pravis  omnes  sumus,  et  Catilinam 

42  Quocumque  in  populo  videos,  quocumque  siib  axe  : 

43  Sed  nec  Brutus  erit,  Bruti  nec  avimculiis  iisquam. 
u  Nil  dictq  fœdum,  visuque  hxc  limina  tangat, 

40  Intra  quse  puer  est.  procul  hinc,  procul  inde  puellx 
4fi  Lenonum,  et  cantus  pernoctantis  parasiti. 

47  Maxirna  debetur  puero  reverentia.  si  quid 

i8  Turpe  paras,  nec  tu  pueri  contemseris  annos  : 

49  Sed  peccaturo  obsistat  tibi  filius  infans. 

50  Nam  si  quid  dignum  Censoris  fecerit  ira, 

51  Quandoqiie ,  et  similem  tibi  se  non  corpore  tantum  , 

52  Nec  vuUu  dederit ,  moruyn  quoque  filius,  et^qui 

53  Omnia  deterius  tua  per  vesligia  peccet , 

54  Corripies  nimiruin  ,  et  castigabis  acerbo 

55  Clamore  ,  ac  post  lixc  tabulas  mutare  parabis. 

56  Unde  tibi  frontem,  libcrtatemque  parcntis, 

57  Cum  facias  pejora  senex,  vacuumque  cerebro 

58  lampridem  caput  hoc  ventosd  cucurbita  quxrat? 

59  Hospite  venturo,  cessabit  nemo  tuoriun  : 

60  Verre  pavimentiini  :  nitidas  ostende  columnas  : 

61  Arida  cum  tota  descendat  aranea  tela  : 

62  Hic  lœve  argentum  ;  vasa  aspera  tergeat  alter  : 

63  Vox  domini  furit  instanlis,  virgamque  tenentis. 

64  Ergo  miser  trépidas,  ne  slercore  fœda  canino 

65  Atria  displiceant  oculis  venientis  amici , 

60  Ne  pcrfusa  luto  sit  porticus  ;  et  tamcn  une 

67  Semodio  scobis  hsec  emcndat  servulus  unus  : 

08  Illud  non  agitas,  ut  sanctam  filius  omni 


—  293  — 

69  Adspiciat  sine  labe  do)num,  vitioque  carentetn  y 

"0  Gratum  est,  quod  patrix  civem,  populoque  dedisti. 

71  Si  facis ,  ut  patrUe'sit  idoneus ,  utilis  agris , 

72  Utilis  et  bellorum,  et  pacis  rébus  agendis. 

73  Plurimum  enim  intererit,  quibus  artibus,  ci  quibus  hune  tu 

74  Moribus  instituas,  serpente  ciconia  pullos 

75  Nutrit ,  et  inventa  per  dévia  rura  lacerta  : 

7fi  lUi  eadein  sumptis  quserunt  animalia  pinnis. 

77  Vultur  jumento,  etcanibus,  crucibusque  relictis , 

78  Ad  fétus  properat,  partemque  cadaveris  affert. 

79  Hic  est  ergo  cibus  magni  quoque  vuliuris,  et  se 

80  Pascentis ,  propria  cum  jam  facit  arbore  nidos. 

81  Sed  leporem,  aut  capream  famulœ  lovis,  et  gencroscV 

82  In  saltu  venantur  aves  :  hinc  prxda  cubili 

83  Ponitur  :  inde  autem,  cum  se  matura  levaret 

84  Progenies  stimulante  famé ,  festinat  ad  illam  . 

85  Quam  primum  prsedam  rupto  gestavcrat  ovo. 

86  jEdificator  crat  Cetronius,  et,  modo  curvo 

87  Litore  Cajetœ ,  summa  mine  Tiburis  arec , 

88  Nunc  Pnenestinis  in  montibus,  alla  parabat 

89  Culmina  villarum,  Grsecis,  longeque  petitis 

90  Marmorihus,  vincens  Fortunx,  atque  Herculis  xdem  : 

91  Ut  spado  vincebal  Capilolia  nostra  Posides. 

92  Dum  sic  ergo  habitat  Cetronius ,  imminuit  rem  , 

93  Fregit  opes,  nec  parva  tamen  }nensura  relicta; 
04  Partis  eraC:  totam  hanc  turbavit  filius  amens, 
;t5  Dum  meliore  novas  attollit  marmore  villas. 

'■)6  Quidam  sortiti  metucntem  sabbata  patrem  , 

97  Nil  prwter  nubes,  et  cœli  numen  adorant. 

98  Nec  distarc  putant  liumana  carne  suillam, 

99  Qua  pater  abstinuit,  mox  et prxputia  ponunt . 
100  fiomanas  autem  soliti  contetnnere  leges, 

ICI  ludaicum  ediscunt.  et  servant,  ac  inetuunt  jus, 

102  Tradidit  arcano  quodcunque  volumine  Moyses. 

103  Non  momtrare  vias ,  eadcm  nisi  sacra  colenti  : 

104  Quœsitum  ad  fontem  solos  deducere  verpos. 

105  Sed  pater  in  caussa  :  cui  septima  quœque  fuit  lux 

106  Ignava,  et  partem  vilx  non  alligil  ullam. 

107  Sponte  tamen  Juveues  inutnnlu)-  crtera  :  solam 


—  2:)'i  — 

os  Inviti  quoquc  avantiani  e.vercere  jubentur. 

09  FaltH  enim  viUinn  specie  virlutis,  et  umbra, 

10  Cu))i  sil  triste  liabilu,  vultuque,  et  veste  severuin, 

11  Nec  (lubie  tanquam  frugi  laudetur  avarus. 

12  Tanquam  parcus  homo,  et  rcnan  tutela  suarum 

13  Certa  Diagis,  qiiam  si  fortuna  servct  easdem 

14  Ilesperidutn  serpens,  aut  Ponticus.  adde  quod  hune,  de 

15  Qu(j  loquor,  egregiwn  populus  pulat  adquirendi 

16  Artifteeni  :  quippe  his  crescunl  patriiaonia  fabris. 

17  Sed  crescunt  quocunque  modo,  majoraque  fttint 

18  Incude  assidua,  semperqite  ardente  camino. 

19  Et  pater  ergo  animi  felices  crédit  avaros, 

20  Qui  miratur  opes,  qui  nulla  exempta  beati 

21  Pauperis  esse  pulat  :  juvenes  hortatur,  ut  illam 

22  Ire  viam  pergant,  et  eidem  incumbere  sectw. 

23  Sunt  quxdam.  vitiorum  elementa  :  his  protinus  itlos 

24  Imbuit,  et  cogit  minimas  ediscere  sardes  : 

25  Mox  adquirendi  docet  insatiabile  votum. 
20  Server um  ventres  modio  castigat  iniquo, 

27  Ipsc  quoque  esuriens  :  neque  enim  omnia  sustinet  unquam 

28  Mucida  cœrulei  panis  consumere  frusta , 
2î)  Hesterniiin  solitus  viedio  servare  minutai 

30  Septembri,  nec  non  differre  in  tcmpora  cenœ 

31  Alterius,  conchem  xslivam  cum  parte  lacerti 

32  Signatam ,  vel  dimidio ,  putrique  siluro 

33  Filaque  seclivi  numerata  includcre  porr^. 

34  Invitatus  ad  hwc  aliquis  de  ponte,  negavil. 

35  Sed  quo  divilias  hœc  per  tormenla  coaclas  , 

36  Cum  furor  haud  dubius,  cum  sil  manifesta  phrenesis, 

37  Ul  locuplcs  moriaris,  egentis  vivere  fato  ? 

38  Interea  pleno  cum  iurget  sacculus  ore , 

39  Crescit  amor  nummi ,  quantum  ipsa  pecunia  crevit , 

40  Et  minus  hanc  optât,  qui  non  habet.  ergo  paratur 

41  Altéra  villa  tibi,  cum  rus  non  sufficit  umim, 

42  Et  pro ferre  libet  fineis ,  majorque  videtur, 

43  Et  melior  vicina  seges.  mercaris  et  hanc,  et 

44  Arbusta,  et  densa  montem  qui  canet  oliva. 

45  Quorum  sipretio  dominus  non  vincitur  ulio, 

46  Nocte  boves  macri,  lassoque  famelica  collo 


_   oOn  — 

147  Iiimenta  ad  virideis  hujus  mitientur  arislas  . 

148  TVcc  prius  inde  domum ,  qtiam  tota  novalia  sœvos 

149  In  ventres  abeant,  ut  credas  falcibm  aclum. 

150  Dicere  vix  possis,  quam  multi  talia  plorent, 

151  Et  qiiût  venaleis  injuria  facerit  agros. 

152  Sed  qui  sermones  ?  quam  fœdsB  biiccina  famx  ? 

153  Quid  nocet  hase,  inquit.  tunicain  mihi  malo  lupins, 

154  Quam  si  me  toto  laudet  vicina  pago 

155  Exigui  ruri^  paucissima  farra  secantem. 

156  Scilicet  et  morbis  ,  et  debilitate  carebis  , 

157  Et  luctum .  et  curam  effugies ,  et  iempora  vitœ 

158  Longa  tibi  postluec  fato  meliore  dabuntur  : 

159  Si  tantiim  ciiltu  soUs  possederis  agri, 

160  Quantum  sub  Tatio  populus  Romamis  arabat. 

161  Mox  eiiam  fractis  xtate ,  ac  Punica  passis 

162  Prœlia  vel  Pijrrhum  immanem  gladiosque Molossos , 

163  Tandem  pro  muUis  vix  jugera  bina  dabantur 

164  Vulneribus.  merces  hœc  sanguinis,  atque  laboris. 

165  Nullis  visa  unquam  meritis  minor,  aut  ingratœ 

166  Curta  fides  patriv.  saturabat  glebula  talis 

167  Patrem  ipsum,  turbamque  casse  :  qua  fêta  jacebat 

168  Uxor,  et  infantes  ludebant  quatuor,  unus 

169  Vernula,  très  domitii  :  sed  magnis  fratribus  horum 

170  A  scrobe ,  vel  sulco  redeuntibus  ,  altéra  cena 

171  Amplior,  et  grandes  fumabant  pultibus  ollse. 

172  Nunc  modus  hic  agri  nostro  non  sufficit  horto. 

173  Inde  fere  scelerum  caussœ,  nec  plura  venena 

174  Miscuit,  aut  ferro  grassatur  ssepius  ullum 

175  Humant  mentis  vitium,  quam  saeva  cupide 

176  Immodici  census.  nam  dives  qui  fieri  vult, 

177  Et  cito  vult  fieri.  sed  quse  reverentia  legum. , 

178  Quis  metus,  aut  pudor  est  unquam  properantis  avari? 

179  Vivite  contenu  casulis,  et  collibus  istis 

180  0  puerî,  Marsus  dicebat  et  Hernicus  olim 

181  Vestinusque  senex  :  paneni  quxramus  aratro 

182  Qui  satis  est  mensis  :  laudant  hoc  îiumina  ruris, 

183  Quorum  ope  ,  et  auxilio ,  gratx  post  munus  aristse , 

184  Contingunt  homini  veteris  fastidia  quercus. 

185  Nil  vetitum  fecisse  volet ,  quem  non  pudet  alto 


—  296  — 

186  Pcr  ijlacieni  peronc  legi,  qui  suinmovet  Euros 
1R7  Pellibus  inversis.  percgrina,  ignotaquc  nobis 

188  Ad  scelus,  atquc  ncfas,  quxcunquc  est,  purpura  ducit. 

189  Hiec  un  veteres  prxcepta  minoribus  :  at  nunc 

190  Post  finem  autumni  média  de  nodc  supinum 

191  Claraosus  juvenem  jyater  excitât  :  accipeceras, 

192  Scribe  puer,  vigila,  caussas  âge,  perlege  rubras 

193  Majorum  leges,  aul  vitem  posée  iibello. 

19'.  Sed  caput  inlaclwn  buxo  ,  naresquc  pilosas 

195  Adnotet,  et  grandes  miretur  LsbUus  alas. 

196  Diruc  Maurorum  attcgias,  castella  Brigantum, 

197  Ut  locupletem  aquilam  tibi  sexagesimus  annus 

198  Ajferat.  aut ,  longos  castrorum  ferre  labores 

199  Si  piget,  et  trepidum  solvunt  tibi  cornua  ventrem 

200  Cum  lituis  audita ,  parcs ,  quod  vendere  possis 

201  Pliiris  dimidio,  nec  le  fastidia  mercis 

202  UUius  suheant  ablegandse  Tiberim  ultra, 

203  Neic  credas  ponendum  aliquid  discriminis  inter 

204  Unguenta,  et  corium.  Lucri  bonus  est  odor  ex  rr 

205  Qualibet.  illa  tua  sententia  semper  in  ore 

206  Versetur,  Dits,  atque  ipso  lovi  digna  poetx  : 

207  Unde  habeas  quxrit'nemo,  sed  oportet  haberc. 

208  Hoc  monstrant  vetulas  pueris  repentibus  assx  : 

209  Hoc  discunt  omnes  ante  alpha  et  bêla  puellw. 

210  Talibus  instantem  monitis,  quemcunque  parentem 

211  Sic  possem  adfari  :  die,  6  vanissime,  qiiis  te 

212  Festinare  jubet?  meliorem  prœsto  magistro 

213  Discipuliim.  securus  abi  :  vinccris,  ut  Ajax 

214  Prseteriit  Telamonem,  ut  Pelea  vicit  Achilles. 

216  Parcendum  est  teneris.  nondum  implevere  medullas 

216  Naturx  mala.  nequitia  est.  cum  pecterc  harbam 

217  Cœperit,  et  longi  mucronem  admittere  cultri, 

218  Falsus  erit  testis,  vcndet  perjuria  snmma 

219  Exigua,  et  Cereris  langens  aramque  pcdcmquc. 

220  Elatamjam  crede  nurum,  si  limina  vestra 

221  Mortifera  cum  dote  subit,  quibus  illa  premetur 

222  Per  somnum  digitis!  nam  qux  terraqiie  manque 

223  Acquirenda  putas,  brevior  via  conferet  illi. 

224  NuLLUS  enim  magni  scelcris  labor.  hœc  ego  nunquam 


—  297  — 

■225  Mandavi,  diccs  uiim,  nec  talia  suasi  : 

■226  Mentis  caicssa  mata;  tamen  est ,  et  origo  pencs  te. 

227  Nam  quisquis  magni  census  pvxcepit  amorem  , 

228  Et  Ic'i'vo  monitu  pueros  producit  avaros  , 

229  Et  qui  per  fraudes  patrimonia  conduplicare 

230  Dat  libertatem,  et  totas  effiindit  habenas 

231  Curriculo  :  quem  si  revoces  ,  subsistere  nescit , 

232  Et  te  contempto  rapituv,  metisque  relictis. 

233  Nemo  satis  crédit  tantwn  delinqiiere,  quantum 
231  Pcrmittas  :  adeo  indulgent  sibi  latins  ipsi , 

235  Cum  dicis  juveni,  stultum,  qui  donet  amico, 

236  Qui  paupertatem  levet,  attollatque  propinqui  : 

237  Et  spoliare  doccs ,  et  circumscribere ,  et  omni 

238  Crimine  divitias  acquirere,  quarum  amor  in  te, 

239  Quantus  erat  patrix  Deciorum  in  pectore,  quantum 

240  Dilexit  Thebas,  si  Grœcia  vera,  Menxcxus  ; 

241  In  quarum  sulcis  legiuncs  dentibus  anguis 

242  Cum  clypcis  nascuntur,  et  horrida  bella  capcssunt 

243  Continuo,  ta)iquam  et  lubicen  surrexerit  una. 

244  Ergo  ignem,  cujus  scintillas  ipse  dedisti , 

245  Flagrantem.  late,  et  rapientem  cuncta  videbis. 

246  Nec  tibi  parcetur  misera,  trepidumque  magistrum 

247  In  cavea  magno  fremitu  leo  tollet  alumnus. 

248  Nota  mathematicis  genesis  tua  :  sed  grave  tardas 

249  Exspectare  colus.  morieris  staminé  nondwn 

250  Abrupto.  ja)n  nunc  obstas,  et  vola  moraris  : 

Toi  lam  torquet  juvcnem  longa,  et  cervina  senectus. 

roi  Ocyus  Archigenem  quxre,  atque  eme,  quod  Mithridates 

253  Composuit ,  si  vis  aliam  decerpere  ficum , 

254  Atque  alias  tractare  rosas.  medicamen  habendum  est, 

255  Sorbere  ante  cibum  quod  debeat ,  et  pater,  et  Rex. 

256  Monstro  voluptatem  egregiam;  cui  nulla  theatra, 

257  Nulla  xquare  queas  Prxtoris  pulpita  lauti , 

258  Si  spectes  quanta  capitis  discrimine  constent 

259  Incrementa  domus ,  airata  multus  in  arca 

360  Fiscus,  et  ad  vigilem  ponendi  Castora  nummi, 

261  Ex  quo  Mars  ultor  galeam  quoque  perdidit ,  et  res 

262  Non  potuit  servare  suas,  ergo  omnia  Flors:, 

263  Et  Cereris  licet,  et  Cybeles  aulxa  relinquas. 


—  298  — 

2G1    Tanin  majores  liumana  nri/olia  ludi. 

265  An  magis  obleclant  animum  jactala  petaiiro 

266  Corpora,  quique  solet  rectum  descendere  fiinem  , 
207  Quam  tu  Conjcia  semper  qui  puppe  moraris , 
268  Atque  habitas,  Coro  semper  tollendus,  et  Austro, 
2cn  Perditus ,  ac  vilis  sacci  mercator  olentis  : 

270  Qui  gaudes  pingue  antiqux  de  litore  Cretœ 

271  Passum,  et  municipes  lovis  advexisse  lagenas  ? 

272  Hic  tamenancipiti  figens  vesligia  planta 

273  Victum  illa  mercede  parât ,  brumamque,  famemqur 

274  Illa  reste  cavet  :  tu  propter  mille  talenta , 

275  Et  cantum  villas  lemcrarius  aspice  portiis, 

276  Et  plénum  magnis  trabibus  mare  :  plus  hominum  est  jam 

277  In  jjelago.  véniel  classis  quocunque  vocarit 

278  Spes  lucri,  nec  Carpathium,  Gelulaqtie  tantum 

279  Mquora  transiliet  :  sed  longe  Calpe  relicta, 

280  Audiel  Ilerculeo  stridentem  gurgite  solem. 

281  Grande  opi'rx  pretium  est,  ut  tenso  folle  reverti 

282  Inde  domum  possis,  tumidaque  superbus  alula 

283  Oceani  monsira  ,  et  juvcnes  vidisse  marinos. 

284  Non  unus  menteis  agitai  furor  :  ille  sororis 

285  In  manibus  vultu  Ëumcnidum  terretur,  et  igni  : 
2SG  Hic  bove  percusso  mugire  Agamemnona  crédit, 

287  Aut  Ithacum.  parcat  tunicis  licet ,  atque  lacernis , 

288  Guratoris  cget,  qui  navem  mcrcibus  implct 

289  Ad  summum  lalus,  et  tabula  distinguilur  unda  : 

290  Cum,  sit  caussa  mali  tanti ,  et  discriminis  hujus , 

291  Concisum  argenlum  in  titulos ,  faciesque  minutas. 

292  Occurrunt  nubes,  et  fulgura  :  solvite  funem 

293  Frumenti  dominus  clamât,  piperisque  coempti. 

294  Nil  color  hic  cœli,  nil  fascia  nigra  minatur  : 

295  ^stivicm  tonat.  infelix,  hac  forsitan  ipsà 

296  Nocte  cadit  fractis  trabibus,  fluctuque  premetur 

297  Obrutus^i  et  Zonam  Uvva,  morsuque  tenebit. 

298  Sed,  ciijus  votis  modo  non  suffecerat  aurum, 

299  Quod  Tagus,  et  rutila  volvit  Pactolus  arena, 

300  Frigida  sufficicnt  vêlantes  inguina  panni , 

301  Exiguusque  cibus,  mersa  rate  naufragus  assem 

302  Bum  rogat,  et  picta  se  tempestate  ttietîir. 


—  200  — 
303    Tantis  parla  malis,  cura  majore,  metuquc 
301  Srrvantur.  Misera  est  magni  custodia  censiis. 

305  Disposais  prxdives  hamis  vigilare  cohortem 

306  Servorum  noctu  Licimis  jiibet ,  attonitus  pro 

307  Electre,  signisque  suis ,  Phrygiaque  columna, 

308  Atqtie  ebore,  et  lata  testudine.  dolia  midi 

309  Non  ardent  Cynici .-  si  fregeris,  altéra  fiet 

310  Gros  domus,  aut  eadem  plumho  commissa  manebit. 

311  Sensit  Alcxander ,  testa  cum  vidit'in  illa 

312  Magnum  habitatorem,  quanlo  felicior  hic,  qui 

313  Nil  cuperet,  quam  qxii  Intum  sibi  posceret  orbem, 
214  Passurus  gestis  .vqmnda  pericula  rébus. 

315  Nullum  numen  habcs,  si  sit  prudcntia  :  nos  te 

316  Nos  facimus,  Fortwia,  Dcam.  mensura  lamen  qux 

317  Sufficiat  census,  si  quis  me  consulat,  edam, 

318  In  quantum  sitis,  atque  famés,  et  frigorn  poscwit, 

319  Quantum,  Epicure,  libi parvis  suffecit  in  Iwrtis, 

320  Quantum  Socratici  ceperunt  ante  pénates. 

321  Nunquam  aliud  naiura,  atiud  sapientia  dicit. 

322  Acribus  exemplis  videor  le  éluder e.  misce 

323  Ergo  aliquid  nostris  de  moribus  :  effice  summam 

324  Bisseptem  ordinibus ,  quam  lex  dignalur  Othonis. 

325  Hœc  quoque  si  rugam  trahit,  extenditque  labellum  : 

326  Sume  duos  équités,  fac  tertia  quadringenta. 

327  Si  nondum  implevi  gremium,  si  panditur  ultra  : 

328  Nec  Crœsi  fortuna  unquam,  nec  Persica  régna 

329  Siif/icient  animo,  nec  diviticV  Narcissi, 

330  Induisit  Cœsar  qui  Clandius  omnia,  cujus 

331  Paruit  imperiis  uxorem  occidere  jussus. 


SATYRE     XIV 


SUIET 


Cette  satyre  contient  un  des  plus  beaux  suiets  de  la 
morale .  et  luuenal  a  employé  tout  ce  qu'il  auoit  de  Télo- 
quence  pour  le  bien  traiter  ;  ainsy  on  peut  la  regarder  corne 
une  pièce  très  utile ,  puisqu'il  s'agit  de  doner  une  bonne 
éducation  aux  ieunes  gens ,  et  come  un  ouurage  fort 
agréable  ou  il  y  a  peu  de  beaux  endroits  ailleurs  qui  ne 
soint  soutenus  d'une  manière  forte  qui  conuient  a  la  satyre 
auec  la  délicatesse  et  l'exactitude. 


Hutilus  (vers  18  i.  —  Ce  nom  est  mis  en  gênerai  pour 
exprimer  un  parent  cruel  :  Rutile  auoit  beaucoup  de  bien  . 
il  le  consuma  et  se  fit  ensuite  gladiateur. 

Antiphates  (vers  20).  —  Roy  des  Lestrigons  dans  la 
Campanie ,  près  de  Gaieté  ;  ce  roy  et  ses  suiets  êtoint  si 
cruels  qu'ils  tuoint  des  homes  pour  les  manger. 

Titan  (vers  35).  —  Promethée  petit  fils  de  Titan,  car  il 
nacquit  d'Asie  et  de  lapet  fils  de  Titan. 

Auimculus  Bruti  (vers  43).  —  Caton  d'Utique,  frère  de 
Seruilie ,  mère  de  Brutus. 

Posides  (vers  91  ).  —  Affranchy  de  Claude. 

Nilpneter  nubes  (vers  97).  —  N'adorent  que  le  dieu  du 
ciel.  Ai-istophane  reprochoit  aussy  a  Socrate  de  n'adorer 


—  :U)-J  — 
que  les  nuages,  mais  jjeul  être  le  poêle  fonde  son  reproche 
sur  ce  que  Dieu  se  rendit  visible  a  Moyse  dans  un   nuage 
lors  qu'il  lùy  dona  la  loy. 

Tradidit  arcaiio  {vers  102).  —  11  nomme  les  liures  de 
Moyse  des  liures  sacrés ,  parceque  les  luifs  ne  les  comuni- 
quointpas  aux  prophanes. 

Marsus  (vers  180).  —  Peuple  voisin  des  Sabins. 

Hernicus  {vers  180).  —  Voisins  de  Lauinium  etd'Aibe. 

Vestinus  [vers  181  ).  —  Voisins  des  Sabins  et  des  Marses. 

Vitem  (vers  193 ).  —  C'est  a  dire  un  employ  de  centurion 
qui  portoit  une  branche  de  vigne  pour  fraper  les  soldats. 

Brigantuin  (vers  19G).  —  Peuples  de  la  Bretaigne ,  ce 
sont  les  Anglois.   ■ 

Menœcœus  (vers  240).  —  Thebain ,  fils  de  Greon,  qui 
ayant  apris  du  deuin  Tyresias  que  la  ville  de  Thebes  seroit 
toùiours  libre  s'il  mouroit  volontairement  pour  son  salut . 
se  tua  généreusement  luy  même. 

In  quarum  sulcis  (vers  241  ).  —  C'est  Thystoire  de 
Gadmus,  fils  d'Agenor,  qui  étant  aie  dans  la  Bœotie  pour 
chercher  sa  sœur  Europe  enleuée  par  lupiter  se  mit  a  bâtir  la 
ville  de  Thebes ,  et  voulant  faire  quelque  sacryfice  il  enuoya 
quelques  uns  de  ses  compagnons  chercher  de  l'eau  a  une 
fontaine  ;  ils  y  feurent  tous  deuorés,  ce  qui  effraya  extrême- 
ment Gadmus  aussy  bien  que  ce  que  luy  prédit  l'oracle  qu'il 
seroit  luy  môme  métamorphosé  en  serpent  auec  sa  feme 
dans  sa  vieillesse  ;  l'oracle  luy  dit  encore  qu'il  faloit  semer 
les  dents  de  ce  serpent  ;  il  le  fit  et  dabort  une  armée  en 
naquit  dont  les  soldats  s'entretuerent  presque  tous. 

Ad  vigilem  Castora  (vers  260).  —  Il  y  auoit  une  place 
près  du  temple  de  Castor,  ou  des  banquiers  gardoint  l'argent 
des  cytoiens  corne  Ton  fait  a  Venise. 


—  303  — 

Eœ  quo  Mars  (vers  261)  —  Siielone  écrit  qu'Auguste  fil 
bâtir  un  barreau  auec  un  temple  consacré  a  Mars  :  il  y  auoit 
des  gens  dans  ce  temple  qui  gardoint  l'argent  des  cytoiens 
lors  qu'il  y  auoit  dan.yer  do  le  perdre  ;  il  arriua  que  ces 
gardes  feurenl  volés  et  les  ornements  même  des  dieux 
feurent  pris  ;  c'est  pour  cela  quo  l'on  prit  le  temple  de  Cas- 
tor a  la  place  de  celuy  la. 

Corycia  puppe  (vers  267  ).  —  Dans  un  nauire  de  pyrate  ; 
c  êtoit  le  métier  des  habitants  de  Corycie,  ville  de  la  Gilicie. 
Le  poète  veut  faire  voir  qu'un  auare  est  toùiours  corne  dans 
un  nauire  pour  prendre  du  bien  d'un  côté  et  d'autre. 

CarpathiuTïi  (vers  278).  —  Mer  qui  est  entre  Rhodes  et 
l'isle  de  Carpathe  qui  lui  donc  le  nom;  c'est  une  des 
Sporades. 

Lucri  bonus  est  ndor  ex  re  qualibet  (vers  278).  —  Sué- 
tone raporte  que  Vespasien  voyant  que  son  fils  Titus 
n'aprouuoit  pas  qu'il  eut  mis  des  impots  sur  les  urines  luy 
fit  sentir  le  1  ^'"  argent  qu'il  en  tira,  luy  demandant  si  l'odeur 
en  êtoit  suportable  et  que  Titus  luy  ayant  repondu  qu'il  ne 
s'aperceuoit  pas  que  cet  argent  eut  aucune  mauuaise  sen- 
teur, Vespasien  luy  répliqua  en  riant  qu'il  sortoit  neag- 
moints  de  l'urine.  Cet  endroit  est  asses  remarquable  et  done 
lieu  à  l'allusion  que  fait  icy  le  poète  et  qui  conuient  parfai- 
ment  a  un  auare. 

lactata  petauro  corpor'a  (  vers  265  et  266  ).  —  Petau- 
rwm  est  une  machyne  a  voler  dont  se  seruent  les  danseurs 
de  corde  apelés  dans  Martial  petauristœ.  le  n'ay  pas  suiuy 
neagmoints  cette  explication ,  i'ay  traduit  qui  passent  tout 
leur  corps  dans  un  cerceau.  Turnebe  et  Scaliger  ne  desa- 
prouuent  pas  cette  manière  d'expliquer,   et  come  elle   est 


—  304  — 
Jiisée  ie  l'ay  preferéo  a  cotte  machyno  dont  parlent  los  aiiti-es 
interprètes. 

Municipes  louis aduexisse  lagc/ias  (vers  271  ).  —  Parce- 
qu'elles  êtoint  de  Crête  ou  lupiter  fut  nourry.  On  n'ose 
guère  censurer  laulhour  (jue  l'on  traduit,  ic  puis  dire 
neagmoints  qu'il  y  a  souuent  dans  luuenal  des  métamor- 
phoses rudes ,  des  expressions  trop  ibrtes ,  des  epy thetes 
d'une  trop  grande  energye ,  mais  quand  on  a  un  peu  de  bon 
goût  pour  leloquence  on  euite  ces  dérèglements  d'une  ima- 
gination viue  ;  municipes  louis  aduexisse  lagenas  en  est 
un  exemple. 

Dolia  nudi  non  ardent  Cynici  (vers  308  et  309).'  — 
Diogene  est  ce  cynique  ,  et  ce  qui  est  aiouté  d'Alexandre 
fait  aisément  venir  ce  qui  se  passa  entre  ce  roy  et  co  phylo- 
sophe. 

Ille  (vers  284).  —  C'est  Oreste  qui  après  auoir  tué  sa 
mère  croyoit  auoir  deuant  les  yeux  les  Furies. 

Eumenides  (vers  285).  —  Les  Furies  ;  ce  nom  leur  est 
doné  par  contreuerité  ,  £u[avivyiç  veut  dire  doux. 

Hic  (vers  286).  —  C'est  Aiax  Talemon  qui  ayant  été 
vaincu  par  Ulisse  dans  la  dispute  pour  les  armes  d'Achylle 
en  deuint  furieux  (3t  croyoit  batre  Agamennon  en  bâtant 
des  bœufs. 

Macwm(  vers  287  ).  —  Ulisse  dont  la  patrie  êtoit  ltu([ue. 

Pactolus  (vers  299).  —  Fleuue  de  la  Lydie  qui  rouloil 
dans  ses  flots  du  sable  d'or. 

Bis  septem  ordinibus  (vers  32  4).  —  Faites  une  sorne 
qui  puisse  nous  mener  iusqu'au  1  i'""  l'ang  du  théâtre  qui 
ètoit  la  place  des  cheualiers. 

Cresus  (vers  328).  —  Roy  des  Lydiens,  le  plus  riche 
prince  de  son  tems. 


—  305  — 

Narcissus  [YGvs  329).  —  Affranchy  de  Claude  Gcsar. 
Auec  Pallas  Narcisse  decoiiurit  l'adultère  de  Messaline 
qu'elle  auoit  comis  auec  Silius ,  et  fcut  ainsy  cause  do  sa 
mort. 


FIN 

DE     LA     14"    SATYRE, 


20 


8ATYRA    XV 


1  Quis  nescii,  Volu.si  Bithynice.  qualia  démens 

2  jEgyptus  portenta  colat  ?  crocodilon  adorât 

3  Pars  lixc  ;  illa  pavet  saturam  scrpentibus  fbirn. 

4  Effigies  sacri  nitet  aurea  cercopitheci , 

5  Dimidio  magicœ  résonant  ubi  Memnone  cliordx, 
fi  Atque  vêtus  Thebx  centumjacet  obruta  partis. 

7  Illic  cxruleos,  hic  piscem  fluminis,  illie 

8  Oppida  tota  canetn  venerantur ,  nemo  Dianam. 

s  Porrum,  et  cèpe  nefas  violare  et  frangere  morsu. 

10  0  sanctas  genteis,  quibus  hœc  nascuntur  in  hortis 

11  Numina!  lanatis  animalibus  abstinet  omnis 

12  Mensa.  nefas  illic  fetum  jugulare  capellx  : 

13  Carnibus  humanis  vesci  licet.  attonito  cum 

14  Taie  super  cenam  facinus  narraret  Ulysses 

15  Alcinoo ,  bilem,  aut  risum  fortasse  quibusdam 

16  Moveral,  ut  mendax  aretalogus.  in  mare  nemo 

17  Hu7ic  abicit,  sasva  dignum,  veraque  Carybdi, 

18  Fingentem  immaneis  Lxstrygonas,  atque  Cy dopas  ? 

19  Nam  citius  Scyllam,  vel  concurreniia  saxa 

20  Cyanea ,  plenos  et  tempestatihus  utreis 

21  Crediderim ,  aut  tenui  percussum  verbere  Circes . 

22  Et  cum  remigibus  grunnissc  Helphenora  porcis. 

23  Tarn  vacui  capitis  populum  Phaeaca  putavit? 

24  Sic  aliquis  meritonondum  ebrius,  et  minimum  qui 
•2b  De  Corcyrsea  temeium  duxerat  urna  : 

26  Solus  enim'  hoc  Ithacus  nullo  sub  teste  canebat. 

27  Nos  miranda  quidem  ,  sed  nuper  consule  lunio 

28  Gesta  super  calidse  referemus  mœnia  Copti, 

29  Nos  vulgi  scelus,  et  cunctis  graviora  cothurnis. 


—   .iUH   — 

;io  Nani  sceliis ,  a  Pi/rrha  qnaaquam  omnia  syrmata  volvas 

31  Nullm  apud  Iragicos  popitltis  facit.  accipe  nostro 

Zi  Dira  quod  exemplum  ferilas  produxerit  wvo. 

33  Inter  finitimos ,  vctus ,  nique  antiqua  sitmiltas , 

u  Immortale  odium^  et  nunquam  sanabile  vulnus 

3&  Ardet  adluic ,  Ombos  et  Tentyra.  summus  vtrinque 

36  Inde  furor  rulgo,  quod  Numina  vicinorum 

37  Odit  uterque  locus ,  mm  xolos  credat  habendos 

38  Esse  Beos,  quos  ipsecolit.  scd  tempore  festo 

39  AUerins  populi  rapienda  occasio  cunctis 

40  Visa  inimicorum  primoribus,  ac  ducibus  :  ne 

41  Lxtum,  liilaremque  diem,  ne  maqnœ  gaudia  cens: 

42  Sentirent  posilis  ad  templa,  et  compita  mensis, 

43  Pervigilique  toro,  quem  nocte.  ac  luce  jacentem 

44  Septimus  inlerdiim  Sol  invenit.  horrida  sane 

45  jEgyptus  :  sed  luxuria,  quantum  ipse  notavi. 
4G  Barbara  famoso  non  cedit  turba  canopo. 

47  Adde  quod  et  facilis  Victoria  de  madidis ,  et 

48  Blassis  atque  mero  titubantibus.  inde  virorum 

49  Saltatus  nigro  tibicine,  qualiacunque 

50  Unguenia,  et  flores ,  multxque  in  f rente  coronx  : 

51  Hinc  jéjunum  odium.  sed  jurgia  prima  sonare 

52  Incipiiint  animus  ardcntibus  :  hœc  tuba  rixs-. 

53  Dein  clamore  pan  concurritur,  et  vice  teli 

54  Sxvit  nuda  manus  :  paucxsine  vulnere  mala' , 

55  Vix  cuiquam,  aut  nulli  toto  certamine  nasus 

5fl  Inleger.  aspiceres  jam  ciincta  per  agmina  vultus 

57  Dimidios ,  alias  faciès ,  et  hiantia  ruptis 

58  Ossa  genis,  picnos  oculorum  sanguine  pugnos. 

59  Ludere  se  crcdunl  ipsi  tamen,  et  puerileis 

60  Exercere  acics,  quod  nullacadavera  calrent. 
fil  Et  sane  quo  tôt  rixantis  millia  turbx, 

C2  Si  vivant  omnes?  ergo  acriorimpetus,  et  jam 

63  Saxa  inclinatis  per  liumum  quœsita  lacertis 

«4  Incipiunt  torquere,  domestica  seditioni 

65  Tela.  nec  hune  lapidem,  qualeis  et  Turnm ,  et  Ajax, 

66  Vel  quo  Tydides  percussit  pondère  coxam 

67  ,Eneœ  :  sed  quem  valeant  emittere  dextrx 

68  mis  dissimiles ,  et  nostro  tempore  iialx. 


—  ;{Oii  — 

69  Nam  genus  hoc  vivo  jam  decrescebat  Homtro. 

70  Terra  malos  homines  nunc  educat,  atque  piisillos. 

71  Ergo  Deus  quicunque  aspexit,  ridct,  et  odil. 

72  .4  dtverticulo  repclalur  fabula,  postquam 

73  Subsidiis  aucti  pars  altéra  promere  ferrum 

74  Audet,  el  infestis  pugnam  instaurare  sagitiis  : 
~i'o  Terga  fugse  céleri prsestantibus  omnibus,  imtant 

76  Qui  vicina  colunt  umbroscB  Tentyrapalmx. 

77  Labitiir  hinc  quidam ,  nimia  formidine  cursum 

"S  Prœcipitans,  capilurque  :  ast  illum  in  plurima  sectum 

79  Frusta,  et  par  lieu  las ,  ut  multis  mortuus  unus 

80  SufUceret ,  totum  corrosis  ossibus  edit 

81  Victrix  turba,  nec  ardenti  decoxit  aëno, 

82  Aut  verubiis  :  longum  usque  adeo,  tardumque  putavit 

83  Exspectare  focos,  contenta  cadavere  crudo. 

84  Hic  gaudere  libet,  quod  non  violaverit  ignem, 

85  Quem  summa  cœli  raptum  de  parle  Prometheus 

86  Donavit  terris,  elemento  gratulor,  et  te 

87  Exultare  reor.  sed  qui  mordere  cadaver 

88  Sustinuit,  nil  unquam  hac  carne  libcntius  edit. 

89  Nani  scelere  in  tanto  ne  quxras,  et  dubiles,  an 

90  Prima  voluptatem  gula  senserit  :  ultimus  autem 

91  Qui  stetit  absumpto  jam  toto  corpore,  dicctis 

92  Per  terram  digiiis,  aliquid  de  sanguitie  gustat. 

93  Vascones,  ut  fama  est,  alimentis  talibus  olim 

94  Produxere  animas  :  sed  res  diversa.  sed  illic 

95  Fortunœ  invidia  est,  bellorumque  ultima,  casus 

96  Extremi ,  longx  dira  obsidionis  egeslas. 

97  Hujus  enini,  quod  nunc  agitur  miserabile  débet 

98  Exemplum  esse  cibi.  sicut  modo  dicta  mihi  gens 

99  Post.  omnes  herbas ,  post  cuncta  animalia  quidquid 

100  Cogebat  vacui  ventris  furor,  hostibus  ipsis 

101  Pallorem,  ac  macieni,  ac  lenueis  miser  anlib  us  art  as, 

102  Membra  aliéna  famé  lacerabant ,  esse  parati 

103  Et  sua.  quisnam  hominum  veniam  dare,  quisve  Deorum 

104  Viribus  abnuerit  dira,  atque  immania  passis, 

105  Et  quibus  illorùm  poterant  ignoscere  Mânes  , 

106  Quorum  corporibus  vescebantur?  melius  nos 

107  Zenonis  prxcepta  monent.  nec  enim  omnia ,  (juxdam 


—  ;jio  — 

108  Pro  vila  facienda  putat.  sed  L'antaber  unde 

109  Stoicus,  anlitjui  pr.rscrlim  aetate  Metelli'i' 

110  Nunc  talus  Graias,  noslrasque  habet  orbis  Athenas. 

111  Gallia  caussidicos  docicit  facnnda  Britannos , 

112  De  conducendo  loquitur  Jam  rhetorc  Thyle. 

113  Nobilis  ille  tameti  populùs,  quem  diximus,  el  par 

114  Virtute  ,  atque  ftde  :  sed  major  cladc  Saguniiis. 

115  Taie  qiiid  excusât  Mxotida  ssevior  ara 

116  JEgyptus  ?  quippe  illa  nefandi  Taurica  sacri 

117  Inventrix,  homines,  utjamqux  carmina  tradunt 

118  Digna  ftde  credas ,  tantiim  immolât  :  ulterius  nil , 

119  Aut  gravius  cultro  timet  hostia.  quis  modo  casus 

120  Impulit  hos?  qux  tanta  famés,  infestaqiie  vallo 

121  Arma  co'ègerunl,  tam  detestabile  monstrum 

122  Audere  ?  anne  alium  terra  Memphidite  sicca 

123  Invidiam  faceret  nolenti  surgere  Nilo  ? 

124  Qua  nec  terribiles  Cymbri,  nec  Dritones  unquam , 

125  Sauroinalwque  truces,  aut  immanes  Agathyrsi , 

126  Hac  sxvit  rabie  imbelle  et  inutile  vulgus , 

127  Parvula  ficlilibus  solitum  dare  vêla  phaselis, 

128  Et  brevibus  pictw  remis  incumbcre  teslsc. 

i2!t  Nec  pœnam  sceleri  invenies,  nec  digna  parabis 

130  Supplicia  his  populis ,  in  quorum  mente  pares  sunt 

131  Et  similes,  ira,  atque  famés,  mollissima  corda 

132  Huma?io  generi  dare  se  natura  fatetur. 

133  Qux  lacrymas  dédit,  hxc  nostri  pars  optima  sensus. 

134  Plorare  ergo  jubet  caussam  dicentis  amici, 

135  Squaloremque  rei,  pupillum  ad  jura  vocantcm 

136  Circumscriptorem ,  cujus  manantia  flelu 

137  Ora  puellares  faciunt  incerta  capilli. 

138  Naturse  imperio  gemimus ,  cum  funus  adultsB 

139  Virginis  occurrit,  vel  terra  clauditur  infans, 

140  Et  minor  igné  rogi.  Quis  enim.  bonus  et  face  dignus 

141  Arcana ,  qualem  Cereris  vult  esse  sacerdos, 

142  Ulla  aliéna  sibi  credat  mala  ?  séparât  hoc  nos 

143  A  grege  mutorum ,  atque  ideo  venerabile  soli 

144  Sortiti  ingenium  ,  divinorumque  capaces, 

145  Atque  exercendis,  capiendisque  artibus  apti 

146  Sensum  a  cœlesli  d&missum  traximus  arce, 


—  311  — 

147  Cujus  egent  prona,  et  terram  spectantia.  mundi 

148  Principio  induisit  communis  conditor  illis 

149  Tanlum  animas,  nobis  animum  quoque ,  mutuus  ut  nos 

150  Adfed us  peter e  auxilium ,  et  prxstare  juberet , 

151  Dispersas  trahere  in  populum,  migrare  vetusto 

152  De  nemore  et  proavis  hahitatas  linquere  silvas  : 

153  jEdificare  domos,  Laribus  conjungere  nostris 

154  Tectum  aliud,  tutos  vicino  limite  somnos 

155  Ut  collata  daret  fiducia  :  protegere  armis 

156  Lapsum  ,  aut  ingenti  nutantem  vulnere  civem , 

157  Communi  dare  signa  tuba,  defendier  iisdem 

158  Turrihus,  atque  utia  portarum  clave  teneri. 

159  Sed  jam  serpentum  major  concordia  :  pareil 

160  Cognatis  maculis  similis  fera,  quando  leoni 

161  Fortior  eripuit  vitam  leo  ?  que  nemore  unquam 

162  Expiravit  aper  majoris  dentibus  apri  ? 

163  Indica  tigris  agit  rabida  cum  tigride  pacem 

164  Perpetuam  :  sxvis  inter  se  convenit  ursis. 

165  Ast  homini  ferrum  lethale  incude  nefanda 

166  Produxisse  pariim  est,  cum  rastra,  et  sarcula  tantum 
Î67  Adsueti  coquere,  et  marris,  ac  vomere  lassi 

168  Nescierint  primi  gladios  extendere  fabri. 

169  Aspicimus  populos ,  quorum  non  sufficit  irse 

no  Occidisse  aliquem;  sed  pectora,  brachia,  vultum 

171  Crediderint  genus  esse  cibi.  quid  diceret  ergo, 

172  Vel  quo  non  fugeret ,  si  nunc  hxc  monstra  videret 

173  Pythagoras  :  cunctis  animalibus  abstinuit  qui 

174  Tanquam  komine ,  et  ventri  induisit  non  omne  legumen  ? 


SATYRE  XV 


SUIET 


Cette  satyre  est  contre  les  superstitions  des  Egyptiens  ; 
il  semble  que  le  poète  ne  parle  que  contre  eux ,  mais  tout 
ce  qu'il  fait  n'est  que  pour  blâmer  Gryspin  qui  êtoit 
d'Egypte.  Cernantes ,  secrétaire  du  duc  d'Albe ,  ayant  été 
traité  auec  mépris  par  le  duc  de  Lerme ,  premier  ministre 
de  Philippe  III  roy  d'Espagne ,  ecriuit  par  un  autre  tour 
satyrique  le  romande  Dom  Quichote  de  la  Manche  pour 
rendre  ridicule  la  noblesse  d'Espagne  qui  s'ètoit  entêtée  de 
cheualerie.  Toutes  les  deux  manières  sont  une  très  fine 
satyre  de  ceux  que  l'on  ne  veut  pas  nomer  ;  dans  l'an- 
ciene ,  sous  le  nom  d'une  nation ,  on  dit  tout  ce  que  Ton 
veut  d'un  particulier  qui  en  est  ;  dans  la  nouuelle ,  en  par- 
lant d'un  particulier,  on  peint  a  sa  fantaisie  tous  les  défauts 
d'une  nation. 


/6m  (vers  3).  —  Oiseau  particulier  d'Egypte  ;  il  deuore 
les  serpents,  et  corne  l'Egypte  en  est  infectée,  elle  adore 
cest  oiseau. 

Ubi  résonant  dimidio  Memnone  (vers  5).  —  Il  entend  la 
Thebes  d'Egypte  ou  il  y  auoit  une  grande  statue  de  Memnon 
qui  rendoit  un  son  harmonieux  lors  qu'elle  êtoil  frapée  du 
soleil. 


—  314  — 

Attonito  (vers  13).  —  Ulisse  après  la  ruine  de  Troye, 
reuenant  dans  sa  patrie  Itaque ,  feut  agité  de  la  tempête 
pendant  7  ans  ;  a  la  (in  il  fit  naiilVage  au  riuage  de  Gorycie 
ou  il  trouua  Nausicaa,  fille  du  roy  Alcinous  ,  a  qui  il  dona 
un  habit  pour  se  couurir  et  feut  la  présenter  a  son  père  ou 
il  racontoit  pendant  le  repas  ses  auantures. 

Concurrentia  saœa  {vers  19).  —  Il  y  a  "dans  le  Bosphore 
des  isles  apelées  Simplegades  qui  semblent  combatre  les 
unes  contre  les  autres  ;  le  poète  les  apele  les  isles  de  Gyanes, 
xuotvo;  noir. 

Helphenora  (vers  22).  —  Ulisse  raconte  dans  Homère 
quHelphenor  auec  quelques  autres  de  ses  compagnons 
feurent  métamorphosés  par  Gircé  en  pourceaux,  de  manière 
neagmoints  qu'ils  conseruerent  le  raisonement  ;  ils  recou- 
urerent  enfin  la  forme  humaine. 

Copti  (vers  28).  —  Ville  comune  aux  Arabes  et  aux 
Egyptiens  ,  dans  l'extrémité  de  l'Egypte  et  par  concequent 
fort  chaude. 

Terra  malos  homines  nunc  educat  atque  pusillos  (vers 
70).  —  II  n'épargne  ny  Homère  ny  Virgile  qui  ont  fait 
leurs  héros  au  delà  de  ce  qui  pouuoit  conucnir  aux  mortels. 
Hummia  transtulere  addeos,  mallem  diuina  ad  nos.  Un 
sauant  critique  s'est  aussy  mocqué  dans  sa  poétique  de  cette 
grosse  pierre  qui  seruoit  de  borne  que  Virgile  fait  ieter  par 
^née  contre  Turnus  ;  il  n'est  pas  neagmoints  impossible 
de  iustifier  ces  grands  homes,  en  disant  seulement  (|u'ils  ne 
donoint  pas  une  force  incroyable  a  leurs  héros ,  puisqu'ils 
les  representoint  touiours  accompagnés  d'une  puissance 
diuine  ;  ainsy  leurs  actions  sont  merueilleuses  par  elles 
même ,  et  vray semblables  par  le  secours  qu'on  leur  attribue. 
Turnus  (vers  65).   —  Virgile  dit  dans  le   12™''  Hure 


—  31.-)  — 

qu'^née  ietta  une  pierre  contre  Turnus  que  six  homes 
n'auroint  sceu  leuer. 

Àiax  {vers  65).  —  Aiax  en  ietta  une  semblable  contre 
Hector. 

Tydides{yeYS  66).  —  Diomede,  fils  de  Tydée  et  d'Argie, 
ietta  contre  JEnée  une  pierre  prodigieuse  ;  Venus  en  empê- 
cha le  coup. 

Antiqui  Metelli  (vers  109).  —  Dans  le  tems  que  les  Gas- 
cons êtoint  assiégés  par  Sertorius,  L.  Metellus  combatoit 
contre  Sertorius  ;  c'est  ce  Metellus  qui  fit  la  guerre  a  lugur- 
tha,  roy  de  la  Mauritanie. 

Sed  Cantaher  stoicus  (vers  108  et  109).  —  Le  sens  est  : 
les  préceptes  des  Stoïciens  sont  fort  bons .  mais  coment  est 
ce  que  les  Gascons  pouuoint  auoir  de  tels  préceptes,  corne 
s'il  disoit  que  les  Gascons  ignoroint  les  préceptes  des  phy- 
losophes,  et  ainsy  l'on  ne  doit  pas  être  surpris  s'ils  man- 
geoint  de  la  chair  humaine  ;  le  poète  les  veut  encore  excuser 
par  la  pour  auoir  plus  de  raison  de  décrier  les  Egyptiens. 

Nunc  totus  Graias  (vers  110).  —  Dans  notre  siècle,  dit 
il ,  tout  le  monde  scait  la  phylosophye  des  Grecs  et  des 
Latins ,  et  ainsy  il  n'y  a  point  d'excuse  pour  ceux  qui 
mangent  de  la  chair  himiaine. 

Thyle  (vers  1 12).  —  Isle  d'Ecosse. 

Ara  Masotida  (vers  115).  —  Il  y  auoit  aux  marais  Maeo- 
tides  un  temple  de  Diane  ou  l'on  sacryfioit  les  homes  en 
vie. 

Terra  Memphidite  (vers  1 22).  —  D'Egypte ,  dans  laquelle 
est  la  ville  de  Memphis. 

Anne  inuidiam  faceret  (vers  122  et  123).  —  Si  le  Nil , 
dit  il,  ne  vouloit  pas  inonder  les  campagnes  d'Egypte,  les 
Egytiens  pourroint  ils  faire  quelque  chose  de  plus  cruel 


—  316  — 

pour  1  obliger  a  repaiidrt;  ses  eaux.  C  ètoit  la  coutume  parmy 
eux  d'inuiter  le  fleuue  par  quelque  cruauté  :  Busiris  feut  le 
l"'  (|ui  sacryfia  un  home  pour  cela. 

Cymbri  (vers  124).  —  Peuples  de  Germanie. 

Agathyrsi  (vers  l'^5\  —  Scythes  apelés  ainsy  d'Aga- 
thyrse,  fils  d'Hercule. 

Vascones  ut  fama  est{\Qvs,  93).  —  Les  uns  disent  qu'ils 
feurent  prel^sés  par  Annibal  ;  les  autres  prétendent  que  ce 
feut  par  Metellus  au  tems  de  la  guerre  qu'il  fit  contre  Ser- 
torius,  ce  qui  est  plus  conforme  a  ce  qu'il  aioùte  :  xtate 
Metelli.  Voyes  Plutarque,  Appien  et  Florus;  il  n'est  pas 
neagmoints  nécessaire  au  dessein  du  poète  d'entrer  dans  ce 
détail  hystorique. 

Fera  similis  maculis  cognatis  (vers  160).  —  Tygre  , 
parcequ'il  est  marqueté. 

Pythagoras  (vers  173).  —  Pythagore  tenoit  la  transmi- 
gration des  âmes  dans  les  corps  des  animaux  ;  c'est  pour 
cela  qu'il  s'abstenoit  de  leur  chair  et  ses  disciples  de  même, 
ne  mangeant  que  des  legumages. 

Etminorigne  rogi(\evs  140).  —  Qui  meurt  trop  jeune 
pour  être  porté  sur  le  bûcher.  Pline  done  lieu  de  traduire 
ainsy,  car  il  dit  au  liu.  7  qu'il  n'ètoit  pas  permis  de  brûler 
les  enfants  qui  mouroinl  auant  que  les  dents  leur  feussent 
venues. 

FIN 

DE     LA     1  5'"'"    SATYRE. 


SATYRA    XVI 


1  Quis  numerare  queal  felicis  prœmia ,  Galle, 
■2  Militis'  ?  nam  si  subevntur  prospéra  castra  , 
8  Me  parvidwn  excipiat  tironeni  porta  secundo 

4  Sidère  :  plus  etenim  fati  valet  hora  benigni 

5  Quam  si  nos  Veneris  commendet  epistola  Marti , 

6  Et  Samia  genitrix  qusB  delectatur  arena. 

7  Commoda  tractemus  primum  communia ,  quorum 

8  Haud  minimum  illud  erit ,  ne  te  pulsare  togatus 

9  Audeat  :  immo  et  si  pulsetur,  dissimulet,  nec 

10  Audeat  excussos  prœtori  ostendere  denteis , 

11  Et  nigram  in  fade  tumidis  livoribus  offam, 

12  Atque  oculum  medico  nil  promittente  relictum. 

13  Bardiacus  judex  datur  hxc  punire  volenti 

H  Calceus,  et  grandes  magna  ad  suhsellia  surse, 

15  Legibus  antiguis  castrorum,  et  more  Camilli 

16  Servato,  miles  ne  vallum  litigei  extra, 

17  Et  procul  a  signis.  justissima  centurionum 

18  Cognitio  est  igitur  de  milite,  nec  mihi  deeril 

19  Ultio,  si  jiistff^  defcrticr  caussa  querels!. 

20  Tota  cohors  tamen  est  inimica ,  omnesque  manipli 

21  GonsensH  magno  efficiunt  curabilis  ui  sit 

22  Vindicta,  et  gravior  quam  injuria  :  dignum  erit  ergu 

23  Derlamatoris  murino  corde  Vagelli , 

24  Cuin  duo  crura  habeas,  offendere  tôt  caligas,  tôt 

25  Milita  clavorum.  quis  tam  procul  absit  ab  urbe? 

26  Prœterea  quis  tam  Pylades,  molem  aggcris  ultra 

27  Vt  reniât  ?  lacrymsB  siccentur  protinus,  et  se 

28  Excusaturos  non  sollicitemus  amicos. 

29  Da  testem,  judex  cum  dixerit  :  audeat  ille 


—  MH  — 

30  Nescio  quid,  pugnos  qui  vidil,  divcre,  vidi, 

31  Et  credain  diqmnii  barba,  dignumque  capillis 

32  Majorutn.  rilius  falsitm  produrere  testera 

3R  Contra  paganum  possis,  quam  vcra  loqurntem  , 

34  Contra  fortnnam  armali,  conlraque  pudorem. 

35  Prœmia  nunc  alia,  atque  alla  emolumenta  notemus 

36  Sacramentorum .  convallem  j'uris  avili 

37  Improbiis,  aut  cavipuni  mild  si  viciniis  ademil. 

38  Et  sacrum  effodit  medio  de  limite  saxum, 

39  Quod  niea  ciim  patulo  coluit  puis  annua  libo, 

40  Debitor  aut  sumptos  pergit  non  reddere  nummos, 

41  Vana  supcrvacui  dicens  chirographa  ligni  : 

42  Espectandus  erit,  qui  lites  inchoat,  annus 

43  Totius  popiili  :  sed  tune  quoque  mille  ferenda 

44  Tmdia,  mille  morse,  loties  svbsellia  tantum 

45  Sternuntur ,  ium  facundo  ponente  lacernas 

46  Cœdicio,  et  Fusco  jam  micturiente,  parati 

47  Digredimiir ,  lentaque  fori  pugnamiis  arena 

48  Ast  illis,  quos  arma  tegunt,  et  balteus  ambit, 

49  Quod  placitum,  est,  ipsis  prxstatur  lempus  agendi. 

50  Nec  res  atteritur  longo  subflamine  litis. 

51  Solis  prseterea  teslandi  militibus  jus 

52  Vivo  pâtre  datur  :  nam  quœ  sunt  parla  labore 

53  Militix,  placuit  non  esse  in  corpore  reîisus. 

54  Omne  tenet  ciijus  regimenpater.  ergo  Coranum 

65  Signorum  comitem ,  caslroriimque  sera  merentem, 

66  Quamvis  jam  tremulus,  captai  pater  :  hune  labor  œquus 

57  Provehit ,  et  pulcro  reddit  sua  dona  labori. 

58  Ipsius  certe  ducis  hoc  referre  videtur, 

59  Ut  qui  fortis  erit,  si  felicissimus  idem,^ 

60  Ut  Iceli  phaleris  omnes ,  el  lorquibus  omnes. 


SATYRE     XVI 


SUIEÏ. 


De  militia ,  un  mot  de  la  1 5"""  satyre  marque  qu'elle  est 
écrite  quelque  temps  après  le  consulat  de  C.  lunius  Rusti- 
cus,  qui  feut  consul  auec  l'empereur  Adrien  la  3™^  année 
de  son  empire  ;  ainsy  on  peut  croire  qu'il  ecriuit  celle  cy 
pour  se  mocquer  de  la  profession  des  armes  ou  il  feut 
engagé  sous  prétexte  d'un  employ  qu'on  luy  dona  en 
Egypte  pour  l'éloigner  de  Rome  ou  ses  satyres  un  peu 
libres  lui  auoint  fait  des  enemvs. 


Porta  (vers  3  ).  —  Il  y  auoit  '2  portes  dans  le  camp  ,  celle 
du  prêteur  qui  regardoit  du  coté  d'orient ,  elle  s'apeloit 
prœtoria ,  et  l'autre  par  laquelle  on  faisoit  sortir  les  soldats 
qu'on  vouloit  châtier,  on  l'apeloit  decumana. 

Genitriœ {vers G) .  —  C'est  lunon,  mère  de  Mars,  qu'elle 
conceut  en  sentant  une  fleur  dans  le  iardin  de  Flore  ;  cette 
déesse  êtoit  adorée  dans  l'isle  de  Samos,  c'est  pour  cela 
qu'elle  aymoit  fort  ce  pays  la. 

Bardiacus  datur  (vers  13  ).  —  Considères  un  peu ,  dit  le 
poète ,  les  auantages  de  la  guerre  ;  si  vous  voules  accuser  un 
soldat  qui  vous  aura  batu  ,  un  autre  soldat  sera  son  iuge,  et 
par  concequent  vous  n'y  gaigneres  rien;  par  ces  mots  de 
bardiacus,  calceus .  de  grandes  sune ,  il  décrit  le  centurion 


—  .•{■.>(l  — 

qui  aiioil  accouluiiH'  de  porter  un  iuslaucorps  de  laine 
grossière  apelé  cucullus  ho/rdiacus  dun  peuple  gaulois 
apelé  Bardi. 

Camilli  (vers  15).  —  Camille  établit  une  coutume  qui 
ne  vouloit  pa?  quiin  soldat  Peut  apelé  en  iustice  hors  de  son 
camp. 

Dignum  orii  ergo  corde  murino  Vagelli  (vers  22  et  23). 

—  Vagellus  de  Murine  fut  du  tems  de  luuenal  ;  c'etoit  un 
âuocat  fort  hardy  qui  entreprenoil  les  causes  le  plus  dan- 
gereuses. 

Offendere  tôt  caligas  totmillia  clauormn  {yeis  24  et  25). 

—  Espèces  de  bottes  dont  les  soldats  se  seruoint ,  qui  êtoint 
garnies  de  clous  ;  c'est  pourquoy  Seneque  a  dit  Marins  a 
Caligula  ad  consulatum  peruenit;  et  Caligula  prit  le  nom 
de  cette  chaussure  qu'il  auoit  portée  dans  le  camp  des  les 
premières  années  de  sa  vie. 

Quis  tam  Pylades  (vers  26).  —  C'est  une  manière  de 
prouerbe  pour  dire  un  bon  amy,  parceque  l'antiquité  a 
parlé  de  l'amitié  d'Oreste  et  de  Pylade  come  d'une  mer- 
ueille. 


UE    l.A     I  6""'    SA  TV  H  E 


ADDITIONS 


AVX 


REMARQVES   SVR   JVVÉNAL 


SATYRE  I 


.  Cum  pars  Niliacsd  plebis  (vers  26).  —  Le  Nil  est  un 
fleuue  d'Egypte  apelé  ainsy  du  roy  Nilus;  il  prend  sa 
source  dans  une  montaigne  de  la  Mauritanie  tout  près  de 
rOccean ,  et  fait  un  grand  lac  dans  la  Mauritanie  Gesa- 
riene  ;  après  auoir  traversé  un  désert  de  l'Ethyopie  long 
de  20  lieues ,  il  se  diuise  en  diuerses  branches  qui  font 
des  isles  fort  considérables ,  la  principale  desquelles  est 
l'isle  de  Meroe  ou  l'on  voit  une  ville  de  même  nom,  et  se 
iette  ensuite  dans  la  Méditerranée  pa>'  7  bouches  ou  bras 
apelés  de  ces  7  noms  Canopicus,  Bœhiticus,  Sebeniticus , 
Pharnaticus ,  Mendescius ,  ToMiticus  et  Pelusiaticus.  C'est 
de  tous  les  tiennes  du  monde  celuy  qui  a  les  eaux  les  plus 
douces ,  et  l'empereur  Perennius  Niger  auoit  bone  grâce 
de  dire  a  un  soldat  qui  luy  demandoit  du  vin  dans  la 
guerre  d'Egypte  :  Nilum  habetis ,  et  vinum  quœritis,  pour 
marquer  la  bonté  de  ses  eaux  ;  son  inondation  qui  arriue 
régulièrement  toutes  les  années  rend  l'Egypte  un  des 
pays  du  monde  les  plus  fertiles. 

21 


—  322  — 

Pax,  Fides,  Virtus,  Co/icordia,  Victoria  (vers  1 1 5  et  116), 
—  La  Paix  auoit  un  temple  a  Athènes  et  dans  d'autres 
endroits  du  nioiule,  mais  le  plus  magnifique  de  tous  feul 
celuy  que  Fempereur  Claudius  (-omança  a  Home  et  que 
Vespasien  aclieua  :  il  leut  reduil  en  cendres  sous  l'empire 
de  Commode.  —  La  Foy  auoit  un  temple  a  Rome  proche 
de  celuy  de  Jupiter  Capitolin ,  consacré  a  cette  déesse  par 
Numa  Pompilius  ;  on  ne  repandoit  point  du  sang  dans 
ses  sacryfices ,  mais  ses  pbretres  les  faisoint  la  tête  cou- 
uerte  du  linge  blanc  ;  son  symbole  l'eut  la  figure  d'un 
chien  ou  de  deux  mains  iointes.  —  La  Vertu  eut  un 
temple  a  Rome  baty  par  M.  Marcellus  ;  ses  sacryfices  se 
faisoint  la  tête  decouuerte  auec  un  habit  de  vieillard.  — 
La  Concorde  auoit  diuers  temples  ches  les  anciens  ;  son 
symbole  êtoit  deux  mains  iointes  come  celuy  de  la  Foy.  — 
La  Victoire  êtoit  représentée  sous  la  figure  d'une  ieune 
fille  qui  auoit  des  aisles  auec  lesquelles  elle  voloit  sur 
ceux  a  qui  elle  vouloit  se  doner. 

Crudum  pauonem.  (vers  143).  —  Parcequ'il  est  de  dif- 
ficile digestion. 


SATYRE  II 


Herculis  (vers  20).  —  Fils  de  lupiler  et  d'Alcmene, 
que  sa  force  mit  au  rang  des  dieux  ;  les  Irauaux  et  les 
fatigues  que  la  hayne  de  lunon  excita  contre  luy  ont 
rendu  son  nom  célèbre  ;  ce  n'est  pourtant  pas  qu'il  ayt 
fait  toutes  les  actions  mémorables  qu'on  luy  atribue ,  car 
ce  sont  beaucoup  d'autres  de  même  nom.  Il  est  pourtant 
seur  qu'il  a  fait  des  choses  qui  surpassent  les  forces  de  la 
nature,  et  on  peut  luy  en  atribuer  quelques  unes  auec 
iustice,  sans  parler  de  ses  12  trauaux  come  on  les  apele 
comunemeni  ;  il  périt  par  la  trahison  de  sa  feme 
Deianire. 

Varillus  (vers  22).  —  Il  est  conu  par  ses  infamies. 

Cluuiay  Flora,  Catulla  (vers  49).  —  Courtisanes. 

Sed  Iulius  ardet  (vers  70).  —  C'est  le  mois  de  juillet , 
pendant  lequel  les  chaleurs  sont  excessiues 

Bonam  Deam  (vers  86  et  87).  —  C'est  Minerue  a  qui 
Domitien  rendoit  des  cultes  un  peu  trop  superstitieux,  et 
ses  pbretres  n'en  faisoint  pas  moins  que  les  femes  romaines 
a  la  bone  déesse  parcequ'il  le  vouloit  ainsy. 

More  Phrygio  (vers  115  et  116).  —  Selon  la  coutume 
des  pbretres  Phrygiens. 

Latiis  pastoribus  (vers  127).  —  Aux  bergers  des  pre- 
miers siècles. 


-  ;^>4  — 

Viro  (vpi's  129).  —  (l'osl  Dmipliorus  anVaiichy.  ((ui  se 
maria  auec  un  garçon. 

Nec  quiereris patri  {\tn-^  131;.  — Osi  lii])itci-. 

Omnibus  a,d  podium  spectantibus  (vers  147).  —  C'est  a 
dire  pendant  que  les  gens  de  qualité  êtoinl  dans  la  place 
la  plus  honorable.  Podium  est  l'ondroit  du  théâtre  le  plus 
proche  de  l'orchestre. 

Ambo  Scipiadœ  (vers  153  et  154).  —  Cest  a  dire  les 
deux  Scipions,  1*''  et  2""'  ;  le  T""  etoit  fils  de  Scipion  Corné- 
lius qui  dona  comencenieni  a  la  race  des  Scipions  ;  celuy 
dont  nous  parlons  èloil  de  ses  ieinies  ans  rn  si  grande 
vénération  parmy  le  pcuph^  ([non  croyoil  (.[ue  lupiter 
parloit  a  luy  dans  le  temple.  Il  suiuit  son  père  dans  la 
2ine  gQgppg  punique  et  le  sauua  d'entre  les  mains  des 
enemys  qui  Tauoint  blessé  mortelement.  La  victoire  qu'il 
remporta  en  Espagne  le  rendit  illustre  ,  et  celle  qu'il  gai- 
gna  sur  les  mornes  Carthaginois  et  sur  Annihal  f[ui  feut 
suiuifi  de  la  [)rise  de  Cartilage  lo  Ht  atteindre  au  comble 
de  la  gloire  et  luy  dona  le  surnom  dAffricain.  Scipion 
TÎlmilien  êtoit  fils  de  l'^milien  Paulus  ;  il  feut  adopté  par 
Scipion  le  Grand ,  et  il  ne  seruit  pas  de  peu  dans  la  prise 
de  Carthago  et  dans  colle  de  Numance  ;  il  feut  tué  corne  il 
dormoi!  lorsqu'il  otoit  encore  Ibrtieune. 

Curius  (vers  153).  —  V.  page  48.  Tout  ce  qu'on  peut 
aiouter  c'est  qu'il  vain([uit  les  Sabins  et  chassa  Pyrrhus 
de  ritalie  après  l'auoir  défiait  dans  une  bataille  ;  il  diuisa 
les  terres  conquises  au  peuple  sans  rien  garder  pour  luy 
disant  :  Nem,inom  esse  debere  dvcemcui  non  tantum  csset 
quantum  militi  sufficeret.  Les  premières  paroles  qui!  dit 
au  peuple  après  la  bataille  l'eurent  celles  cy  :  Tantum 
agrornm    cep?    vl    solitudo  fuprit  futura ,  nisi    tantum, 


—  :V?5  — 
hominum   cepissem  ;    tantum  hominuui  porro  cepi ,    ut 
famé  essent  perituri  nisi  tantum  agri  cepissem. 

Fahricius  (vers  154).  —  Sa  frugalité  l'a  rendu  illustre, 
elle  luy  tit  mépriser  dans  une  pauureté  extrême  les  pré- 
sents des  Samnites,  et  sa  vertu  ({ui  t'eut  la  règle  de  celle 
des  Romains  l'eut  si  grande  que  Ion  n^  vit  iamais  ches 
luy  qu'un  vase  d'argent  qui  n'êtoit  reserué  que  pour  le 
culte  des  dieux.  Pyrrhus  ne  peut  iamais  l'obligera  prendre 
son  party  quoyqu'il  le  llatat  de  la  qualité  de  son  1" 
ministre  et  qu'il  le  comblât  de  présents.  'Non  hoc  tibi  con- 
ducibile  esse,  dit  il  a  Pyrrhus,  nam  si  Epnotx  ambo  nos 
tiorint  a  me  régi  quam  abs  te  mallent.  Sa  fille  t'eut  mariée 
des  deniers  publics  :  Virgile  parle  -de  la  frugalité  de  cet 
homme,  ^En. ,  liu.  (J. 


Paniu  pulcidem  Fabi'cciiiin. 


Manesque  Camilli  (vers  154).  —  Camillus  feut  le  plus 
braue  capitaine  de  son  tems  ;  son  coup  d'essay  feut  la 
prise  de  la  ville  des  Veiens  qui  auoit  résisté  a  dix  ans  de 
siège  ;  il  deliura  le  Capitule  de  l'irraption  des  Gaulois  qui 
l'auoint  assiégé,  et  malgré  leurs  efforts,  suivy  de  la  plus 
braue  ieunesse  de  Rome .  il  les  chargea  et  les  contraignit 
d'abandoner  Rome  et  l'Italie  :  il  feut  ensuite  créé  dicta- 
teur et  deû'endit  la  ville  de  Latrique  alliée  des  Romains 
contre  la  violence  des  Latins  ;  sa  probité  luy  fit  refuser  la 
2*  dictature  que  le  peuple  luy  auoit  douée  d'un  comun 
consentement  ;  son  grand  aage  feut  la  seule  cause  qui  l'en 
dispensa.  Son  dernier  exploit  de  guerre  feut  une  deuxième 
deffaite  des  Gaulois  qu'une  deuxième  irruption  auoit 
attirés  deuant  Rome  ;  il  mourut  aaii;é  de  80  ans. 


—  3i>(i  — 

Quid  Cremene  legio  (vers  155).  —  Les  Fabiens  tués  a 
la  bataille  de  Gremere.  (V.  page  67). 

Et  Cannis  consumpta  iuuentus  (vers  155).  — Cannes 
est  un  bourg  flans  la  Fouille  fameux  par  la  victoire 
d'Annibal  sur  l'armée  des  Romains  comandée  par  Paul 
Emile  et  Terentius  Varron ,  consuls  ;  toutes  leurs  forces  y 
feurent  défaites,  40000  hommes  mis  en  pièces,  et  un  si 
grand  nombre  de  cheualiers  tués  (ju'on  rem[)lit  3  muils  de 
leurs  anneaux  pour  les  enuoyer  a  Garthage.  Lucain  parle 
de  cette  bataille  liu.  7. 

Non  illum  pœnus  humator 

Consulis ,  et  Lybica  succensa  lampade  Cannœ 
Compellunt  hominum  ritus  ut  seruet  in  liostes. 

Modo  captas  Orcadas  {\'cvs  160  et  161).  —  Les  Orcades 
sont  des  isles  de  l'Occean  septentrional  au  nombre  de  30 
^  soumises  a  l'empire  romain  par  l'empereur  Claude  ,  et  a 
presant  sous  la  domination  du  roy  d'Angleterre. 


SATYRE  III 


Iudâsis{vers  14).  —  Les  luifs  feiirent  chassés  de  Rome  par 
Domitien  qui  leur  permit  de  rester  dans  la  forest  d'Ari- 
cine  consacrée  aux  Muses  par  Numa.  Cette  prophanation 
est  le  suiet  de  la  colère  du  poète.  Les  Juifs  ont  eu  diuers 
noms  selon  les  diuers  tems  ou  ils  ont  vécu ,  tantôt  Hebreus, 
Israélites .  ect.  Ils  êtoint  autrefoLx  le  peuple  choisy'  de 
Dieu ,  mais  a  presant  ils  sont  l'exécration  de  tout  le 
monde. 

Invallem  Egerige  (vers  17).  —  C'est  la  forest  d'Aricine 
dont  nous  venons  de  parler,  elle  a  pris  son  nom  de  la 
nymphe  Egerie  a  qui  Numa  feignoit  de  parler  toutes  les 
nuits  ;  les  femmes  grosses  luy  sacryfioint  parce  qu'elles 
croyoint  qu'elle  rendroit  leurs  couches  heureuses.  Il  y 
auoit  une  fontaine  a  Rome  qui  portoit  le  nom  de  cette 
nymphe  ;  elle  êtoit  dans  la  forest  de  Camene  proche  la 
porte  Capene.  Ouide  dit  qu'Egerie  feut  changée  en  fon- 
taine après  la  mort  de  Numa. 

Dum  superest  Lachesi  quocl  torqueat  (vers  27).  — 
Lachesis  est  une  des  Parques  ;  ce  mot  Adent  du  grec  Xay/ovetv 
sortiri  ou  sors,  parcequ'on  croyoit  que  le  hasard  ou  le 
sort  auoint  beaucoup  du  pouuoir  sur  elle. 

Carus  erit  Verri  (vers  53).  —  Verres  êtoit  un  méchant 
home  ;  il  feut  questeur  et  prêteur  dans  Rome  ;  il  succéda 


—  :V2S  — 

a  C.  Sacei'dos  qui  exciroit  la  j)releure    (laii>  la  Sicile  :  il 

l'eut  accusé  rie  concussion  [)ar  les  Siciliens ,  et  ce  feut  pour 

cela  qu'a  leur  prière  Ciroroii  déclama  contre  luy. 

Ad  circum  jussas prostare pueLlas  (vers  65).  — C'êtoint 

des  courtisanes  qu'on  dchauchoit  dans  le  cinfuo  qui  otoit 

l'endroit  ou  se  faisoinl  les  expectacles. 

Picta  lupa  barbara  mitra  (vers   66).  —   C'est   Syra , 

courtisane  grecque,   (pii    [)ortoit  selon   la  coulunie  de  son 

pays  la  tôte  couuerte  d'une  toile  peinte. 

Trechedypna  (vers    67).    —    G'êtoit  une  sorte  d'habit 

dont  on  se  seruoit  pour  saluer  les  gens  en  courant  (a  et 

la  ;   il  vient  d'un  mot  grec  rpÉyo)  curro,   et  os'îTrvov  ciena, 

parceque  ceux  ({ui  le  portoint  couroint  partout  et  laisoint 

ensuite  des  repas  magnifiques. 

Nicetcria  (vers  68).  —  La  récompense  (pi'on  donoit  a 

celuy  qui  auoit  remporté  la  victoire. 

Samo  (vers  70).   —  C'est  une   isle  sur  les   cotes  de 

rionie  ou  lunon  prit  naissance  et  ou  elle  épousa  lupiter  ; 
ses  habitants  auoint  un  culte  "particulier  pour  cette  déesse. 
Il  y  a  deux  isles  de  môme  nom,  la  1"  auoisine  l'P^pire 
apelée  autrelbix  Gephanelica  ;  la  2""^  est  entre  la  mer 
^gée  et  la  Thrace  apelée  Samotrace  par  Ptolomée. 

Non  Mattrus  erat,  nec  Sarmata .  nec  Thrax  (vers  79). 
—  La  Mauritanie  est  une  prouince  d'Allrique  proche  le 
deltroit  de  Gibraltar,  ou  l'on  dit  que  régna  autrefoix  le 
géant  Anthée  tué  par  Hercule  ;  elle  est  apelée  Mauritanie 
d'un  mot  grec  à^îb  toû  [ji.aupoû  (jui  veut  dire  obscur  ou  noir, 
parceque  ses  habitants  le  sont  extrêmement  ;  c'est  auiour- 
duy  le  roiaume  de  Maroc.  —  La  Sarmatie  est  un  vaste 
pays  qui  s'étend  depuis  l'Allemaigne  et  la  Vistule  iusqu'a 
l'Hircanie  ;  il  v  a  deux  Sarmaties,  la   T*"  qui  est  vei'S  le 


—  320  — 
couchanl  est  dans  lEurope,  la  2"""  vers  le  leuaiil  dans 
l'Asie  ;  elles  ont  toutes  deux  des  peuples  farouches  et 
enemys  de  tous  les  autres ,  ils  se  nourrissent  auec  du 
sang  de  chenal  et  du  lait,  et  d'autres  mangent  de  la  chair 
humaine  auec  de  la  farine  détrempée  dans  du  sang  de 
chenal  :  le  pays  est  maintenant  compris  sous  le  nom  de 
Poloigne ,  Russie  et  Tartarie,  —  La  Thracc  n'est  pas 
moins  étendue  que  la  Sarmatie ,  elle  auoisine  la  Macé- 
doine et  prent  son  nom  selon  (pieiques  uns  de  Thraces, 
fils  de  Mars .  ou  pour  mieux  de  la  rudesse  de  sa  situation 
que  les  Grecs  apelent  Tpax.uT7]Ta,  son  air  est  des  plus  méchants 
du  monde  et  ses  montaignes  inaccessihles  sont  des 
marques  de  sa  stérilité. 

Athenis  (vers  80).  —  Athènes  est  une  ville  de  Grèce, 
entre  la  Macédoine  et  rAchaye  ;  elle  feul  fondée  par 
Gecrops  ;  les  dieux  voulurent  luy  douer  un  nom  ,  Pallas 
et  Neptune  disputèrent  a  qui  luy  doneroit  le  sien ,  mais 
ne  pouuant  être  d'accord  sans  quelque  milieu ,  ils  con- 
uinrent  que  celuy  qui  inuenteroit  une  chose  qui  feut  plus 
utile  a  l'home  l'une  que  l'autre  luy  doneroit  son  nom  ; 
Neptune  inuenta  le  chenal  et  Pallas  l'oliuier  :  par  le 
iugement  des  dieux  cette  dernière  l'emporta  et  luy  dona 
son  nom.  Elle  a  long  tems  fleury  dans  toutes  les  sciences 
et  n'a  pas  manqué  d'éloquents  orateurs  et  de  sauants 
phylosophes.  Virgile  en  parle. 

Nunc  hic  Cecropiœ  ,  varris  spevtantibus  Athenw 
Carminibits  ,  gaudentquc  sui  vidricc  Mineruœ. 

Cum  prœtor  lictorem  impellat  (vers  128).  —  Il  y  a  eu 
ches  les  Romains  beaucoup  de  différentes  charges  de  prê- 
teur ;  le  1  *•■  qu'ils  apeloint  urhanns  seu  iudicialis.  conois- 


—  ;]3u  — 

soit  des  affaires  des  particuliers,  des  ieiix  publics:  il 
donoit  la  lilDcrté  aux  esclaues  el  aux  prouiuces  entières 
auec  le  consentcnient  i\u  sciiat  ou  de  Tempereur.  il  auoit 
le  pouuoir  d  assembler  b;  scuat  a  lajjsence  de  l'empereur 
ou  des  consuls;  il  y  en  aiioil  (|u On  apeloit  po^er/rini ;  le 
I"  conoissoit  des  ailaircs  qw.  les  étrangers  auoint  dans  la 
ville  et  n'en  sortoit  iamais  :  le  2™"  auoit  la  iurisdiction 
sur  les  voyageurs;  le  3™"  admiulslroit  la  iuslice  dans  les 
prouinccs  :  le  4™'-"  rtoit  ceiuy  ({uon  apcloil  praefectus  prœ- 
torii ,  il  auoit  le  gouuernement  de  plusieurs  prouuinces 
ensemble  dans  lesquelles  il  portoit  les  ordres  des  empe- 
reurs par  lesquels  il  no  pouuoit  pas  même  être  rapelé  : 
son  pouvoir  s'êtendoit  sui'  les  affaires  ciuiles,  criminelles 
et  sur  celles  qui  regardoiul  la  discipline  militaire.  Tl  y 
auoit  encore  d'autres  prêteurs  bors  de  la  ville  de  moindre 
importance  que  ceux  la,  corne  le  prêteur  de  l'armée 
nauale  duquel  le  premier  nauire  portoit  le  nom  de  p)\vJn- 
ria,  ;  prêteur  de  l'armée  de  terre,  prêteur  qui accompagnoit 
la  persone  de  l'empereur  ((ue  Ton  apeloit  palatinus  et 
praefectus  prsetorii,  Augiistalis .  ([ui  rcndoit  iustice  dans 
le  i)alais  de  remjicreur  ;  c'est  de  celny  la  (|u"esl  venu  le 
nom  de  cohortes  pretorienes,  (jui  etoint  comises  a  la  garde 
de  l'empcrein'  et  qui  auoint  droit  a])res  sa  mort  d'en  élire 
un  autre  conie  il  leur  plaisoil  auec  le  consentement  du 
sénat. 

Cossum  (vers  181).  —  Il  ciiicuil  par  Cossus  tous  les 
gens  de  qualité  qu'on  auoit  de  la  pcyne  a  voir  sans  payer. 

Gelida  Prenesle  (vers  190).  —  C'est  une  ville  d'Italie 
apelée  ainsy  de  Praenestus.  tils  de  Latinus  et  neueu 
d'Ulisse  et  de  Girce  ;  il  y  auoil  un  temple  dédié  a  la  For- 
tune fort  magnifique  ;  elle  est  apelée  gelida  a  cause  de  la 


quantité  de  ses  eaux  qui  sont  extrêmement  froides,  ou 
peut  être  a  cause  de  sa  situation  eleuée. 

Volsiniis  (vers  191  ).  —  C'est  une  ville  de  lEtrurie  fort 
riche  auant  que  la  foudi'e  ne  la  réduisit  en  cendi-es  ;  elle 
êtoit  située  sur  le  somet  d'une  montaigne ,  au  milieu  d'une 
forest ,  et  elle  dona  son  nom  a  un  lac  ou  il  y  auoit  abon- 
dance de  poisson. 

Ucalegon  {\evs  199).  —  Il  est  pris  pour  un  voisin. 

Phsecasianorum  (vers  218).  —  Ce  sont  les  dieux  que  les 
pbretres  athéniens  et  alexandrins  reueroint  particulière- 
ment et  a  qui  ils  sacryfioint  ;  on  apeloit  ces  pbretres 
Phaecasiens  a  cause  de  la  propreté  de  leur  chaussure. 
Phœcasia  veut  la  dire  des  souliers  grossiers  auec  lesquels 
on  peignoit  les  dieux  grecs. 

Mediamque  Mineruam  (vers  "219).  —  Un  Luste  de 
Minerue  :  Minerue  êtoit  la  déesse  des  sciences ,  des  beaux 
arts  et  de  la  guerre  ;  née  sans  mère  du  cerueau  de  lupiter  ; 
elle  est  apelée  Minerue  a  minando ,  parcequ'on  la  repré- 
sente toùiours  la  lance  a  la  main  et  auec  des  armes 
capables  de  porter  la  terreur  partout  ;  elle  inuenta  Folinier 
et  garda  toùiours  sa  virginité.  Il  y  eut  cinq  Minerues  de 
même  nom ,  la  1  ""^  êtoit  la  mère  d'Apollon ,  la  2™^  que  les 
Egyptiens  reueroint  êtoit  sortie  du  Nil ,  la  3™^  est  celle 
dont  nous  parlons  ,  la  4™®  est  fille  de  lupiter  et  de  Corphes, 
fille  de  rOccean,  la  5™^  fille  de  Pallants  qu'elle  tua  pour 
auoir  voulu  la  forcer. 


SATYRE  l\ 


Titio  Seioque  (vers  13).  —  Deux  cyloiens  illustres  par 
leur  vertu. 

Artificis  (vers  18).  — C'est  Gryspiii. 

Apulia  (vers  21).  —  La  Fouille  est  une  prouince 
d'Italie ,  vers  la  nier  Adriatique ,  qui  auoisine  la  Calabre  : 
Beneuent  est  sa  principale  ville  ,  et  Bari  qui  est  la  capitale 
delà  terre  de  Bari  (|ui  lail  j)arlie  delà  Fouille  y  tient  un 
rang  considérable. 

Caluo  Nero7ii  {xevii  38).  —  C'est  une  epythete  que  Néron 
s'êtoit  attirée  par  ses  débauches.  Ausone  en  parle. 


QuciiL  di.ril  caliiKin.  sua  Roma  Neroncm. 


AdrioAici  rhombi  (vers  39).  —  D'un  jKjisson  de  la  mer 
Adriatique.  La  mer,- Adriatique  prent  son  nom  d'Adria . 
ville  de  Grèce  qui  osa  faire  la  guerre  aux  Vénitiens,  mais 
ses  armées  t'eurent  si  bien  jjattues  par  Othon  d'Urgelle, 
Vénitien ,  qu'elles  n'eurcnl  plus  d'enuie  d'y  reuenir. 
C'est  auiourduy  le  goH'e  de  Venise. 

Glacies  mœotica  (vers  42).  —  Les  Palus  Mœotides  dans 
le  septentrion  ou  est  le  Bosphore  qui  se  congelé  tous  les 
hyuers  ;  le  Tanais  est  dans  ce  pays  la  auec  une  infinité 
d'autres  riuieres  qui  se  iettent  dans  le  Pont  Euxin.  On  a 


doné  a  celto  mer  diiiers  noms,  ccliiy  de  Blaucho  par  les 
François,  el  C(.'luy  délia  Tanna  par  les  Italiens. 

Vehit  urgeat  Austcr  (vers  59).  —  Le  venL  du  midi  cor- 
rompt les  poissons  pres(|ne  des  ([u"ils  sont  hors  de  l'eau. 

Picois  {\crs  65).  —  C'est  le  pescheur  que  le  poète  sup- 
pose porter  son  poisson  de  la  ville  de  Pycene  qui  est  sur 
le  golfe  de  Venise. 

Populosque  regenii  (vers  88).  —  C'est  de  l'empereur 
qu'il  parle. 

Cladeei  peste  sv h  illa  (vers  84).  —  Sous  l'empire  de 
Domitien. 

Ursos  figebat  Niunidas,  Alband  nudus  arenâ  (vers  99  et 
100).  —  C'est  a  dire  des  lions,  parceque  la  Numidie  est 
un  pays  trop  chaud  pour  nourrir  des  ours  qui  ayment  le 
pays  froid.  La  Numidie  est  une  partie  de  l'Affriquè,  entre 
la  Mauritanie  Césarienne  et  Carthage ,  dont  les  habitants 
sont  apelés  Numides  par  les  Latins  et  Nomades  par  les 
Grecs  ;  ils  exercent  la  piraterie  sur  les  cotes  d'AfTrique  et 
n'épargnent  aucun  vaisseau  de  ceux  qu'ils  peuuent  ren- 
contrer. Cette  prouince  abonde  en  marbre  excellent,  ce 
qui  la  rend  considérable.  Albe  est  une  ville  de  Lombardie 
qui  fait  partie  de  l'Italie ,  près  du  lac  Fuccin ,  son 
amphyteatre  l'a  rendue  célèbre. 

Amomo  (vers  108).  —  Onguent  précieux  (fu'on  faisoit 
auec  les  fleurs  d'amome. 

Dacis  (vers  111).  —  Les  Daces  êtoint  des  peuples  voi- 
sins du  Danube  et  de  la  forest  d'Hercynie  ;  ils  habitèrent 
autrefoix  une  partie  de  la  Hongrie  et  se  retirèrent  en  suite 
sur  les  cotes  de  la  Norvège. 

Cilicis  (vers  121).  —  La  Cilicie  apelée  auiourd'huy 
Caramanie    ou    Turchomanie     est    une  partie    de   l'Asie 


—  :i34  — 

Minoiiro.  Pompée  la  subiugua  el  s'en  seruit  en  suite  tort 
utilement  dans  les  guerres  qu'il  eut  contre  Cœsar. 

Bellona  (vers  124).  —  C'est  Minerue  sous  ce  nom. 
déesse  de  la  guerre. 

Sicambris  (vers  1 47).  —  Ce  sont  des  peuples  Alemands 
qui  habitoint  ce  que  nous  apelons  auiourduy  le  duché  de 
Gueldres. 


SATYRE  V 


Geticis pruinis  (vers  50).  —  La  Getie  est  la  même  que 
la  Scythie  qui  est  un  pays  de  longue  étendue  vers  le  sep- 
tentrion ;  il  se  divise  en  Europeane  et  Asiatique,  l'Euro- 
peane  s'étend  depuis  les  riues  du  Tanais  suiuant  toùiours 
les  cotes  des  Palus  Mœotides  et  du  Pont  Euxin  iusqu'a 
l'Histrie  ;  l'Asiatique  est  renfermée  entre  le  mont  Taurus 
et  rOccean  ;  toutes  ces  deux  prouinces  sont  extraordinai- 
rement  peuplées  de  gens  plus  propres  a  la  guerre  qu'aux 
belles  letres ,  ils  n'ont  point  de  villes  ny  de  maisons  par- 
ticulières, mais  ils  se  seruent  des  cabanes  roullantes  ou  ils 
se  retirent  pendant  la  nuit  pour  se  mètre  a  couuert  des 
bêtes  saunages  ;  ils  ne  méprisent  pas  moins  l'or  et  l'argent 
que  les  autres  nations  le  recherchent ,  et  leur  nourriture 
qui  consiste  en  lait  et  en  miel  leur  fait  mépriser  toutes  les 
autres  commodités  de  la  vie.  Le  nom  de  Scythie  vient  de 
Scythe,  fils  d'Hercule,  qu'on  croit  le  1"  auoir  doné  le 
segret  de  se  seruir  de  l'arc  et  des  flèches  dont  les  Scythes 
se  seruent  admirablement  bien. 

Mauri  (vers  53).  —  V.  pag.  328. 

Quamfuitet  Tulli  census pugnacis  et  Anci  (vers  57).  — 
G'êtoint  deux  roys  romains  ,  3"""  et  4™''  ;  le  premier  diuisa 
les  terres  au  peuple  romain  et  les  leur  dona  en  propriété , 
il  institua  les  licteurs  ,  la  robe  peinte  et  celle  qu'on  apeloit 


—  33H  — 

prrPir.rta;  le  -2""'  tMoil  iieufii  de  Niiina  ^^)Illpiliu^^,  il  vain- 
•  liiil  les  Latins  ti  fiilorina  ilaiis  Hoiii»'  l(,'s  montaignes 
frAm'iiliii  ri  (le  Marliiis  ;  il  jialil  Oslic  cl  rlciidit  fort  loin 
la  (loniinalion  du  peuple  romain. 

Gœtuluni  Ganimedem  (vers  59).  —  Cètoit  Techanson 
des  dieiix  enleué  par  l'aigle  de  lupiter  a  cause  de  sa  beauté, 
come  il  taisoit  paitre  ses  troupeaux  sur  le  mont  Ida. 

Arptopta  {vers  72).  —  C'est  le  panetier. 

Corsica  (vers  92).  —  C'est  l'isle  de  Corse  dans  la 
Meditteranée  ligurienne ,  a  la  republique  de  Gènes  ;  elle 
est  remplie  de  montaignes  inaccessibles,  et  celles  qui  ne 
sont  pas  si  rudes  sont  habitées  par  des  brigants  qui  sur- 
passent en  cruauté  les  botes  les  plus  farouches ,  leur  taille 
est  plus  grande  que  celle  du  comun  des  homes  a  cause  de 
la  grande  quantité  de  miel  qu'ils  mangent. 

Taurominitanse  rupes  (vers  93).  —  V.  pag.  125. 

Gurgite  de  Siculo  (vers  100).  —  Du  golfe  de  Sicile, 
c'est  a  dire  de  Scylla  et  de  Gharybdis  ou  les  vaisseaux  font 
naufrage. 

Suhurrse  (vers  106).  —  Le  plus  beau  quartier  de  Rome. 

0  Lybie  (vers  119).  —  0  Alfricain.  L'Affrique  est  apelée 
ainsy  d'Aphrus  qui  la  subiugua;  elle  s'étend  depuis  le  Nil 
iusqu'au  deltroit  de  Gibraltar  ou  elle  est  en  partie  remplie 
des  bêtes  farouches  come  lions ,  léopards ,  crocodyles,  ect. 
Ses  habitants  ayment  tellement  la  piraterie  qu"i]  est  diffi- 
cile de  voguer  sur  la  mer  Meditteranée  en  seureté. 


SATYRE  VI 


lunoni  (vers  48).  —  V.  pag.  319. 

lupiter  [vers  59).  —  V.  pag.  272. 

Mars  (vers  59).  —  Fils  de  lupiter  et  de  lunon  ;  il  feut 
apelé  le  dieu  de  la  guerre  et  les  anciens  auoint  accou- 
tumé de  l'inuoquer  deuant  le  combat  ;  l'adultère  qu'il 
comit  auec  Venus  l'exposa  a  la  risée  des  dieux,  lors  que 
par  les  segretes  practiques  de  Vulcain,  mary  de  Venus,  ils 
feurent  surpris  ensemble  et  liés  par  ce  ialoux  d'un  nœud 
indissoluble,  iusqu'a  ce  qu'a  la  prière  de  Neptune  ils 
feurent  mis  en  liberté.  Bellone  êtoit  sa  sœur,  et  tous  deux 
auoint  des  pbretres  qu'on  apeloit  Saliens  et  Martiaux. 

Lentule  (vers  80).  —  Nom  de  gladiateur  qui  deuint 
noble  dans  peu  de  tems. 

Euryalum,  Mi/rmillonem, ,  Pharin^  Nilum  (vers  81  et 
83). —  V.  pag.  162,  321. 

Famosaque  mxnia  Lagi  (vers  83).  —  Les  fameux  rem- 
parts d'Alexandrie  apelés  ainsy  de  Lagus  ,  père  de  Ptolo- 
mée  qui  succéda  a  Alexandre  dans  l'Egypte. 

Canopo  (vers  84).  —  V.  pag.  16. 

Immemor  illa  domus  (  vers  85  ).  —  C'est  a  dire  Hyppia. 

Ludos  (vers  87).  —  Les  ieux  du  cirque. 

Paridemque  reliquit  (vers  85).  —  Paris  êtoit  fauory  de 
Domitien  ;  le  ressentiment  qu'il  eut  des  libertés  que  luue- 

22 


—  338  — 

aal  prenoil  dans  ses  satyres  attira  sa  colère  sur  ce  poète 
qu'il  enuoya  en  exil  dans  l'Egypte. 

lonium  (vers  93).  —  On  apelc  mer  loniene  cette  étendue 
de  mer  qui  s'étend  sur  les  cotes  du  golfe  de  Venise  depuis 
l'isle  de  Sicile  iusqu'a  l'isle  de  Crète  ,  ou  come  veulent 
quelques  uns  jusqu'au  Peloponese  ;  son  nom  vient  d'un 
certain  lonius ,  fils  de  Dynachus ,  qu'Hercule  ayant  tué 
imprudament  iettadans  cette  mer  pour  éterniser  la  mémoire 
du  malheureux  lotiius. 

Hyacinthos  (vers  110).  —  Hyacinthus  est  pris  la  pour 
tous  les  homes  bien  faits  tel  qu'etoit  Hyacinthe  le  digne 
obiet  de  l'amitié  d'Apollon. 

Uxor  (vers  116).  —  C'est  Messaline,  feme  de  l'em- 
pereur Claudius. 

Britannice  (vers  124).  —  Il  ètoit  fils  de  Messaline; 
Néron  le  fit  empoisoner. 

Myrrhina  [\evs  156).  —  C'est  une  façon  de  vase  fait  de 
myrrhe. 

Bérénices  (vers  156).  —  Bérénice  etoit  fille  d'Herode 
Ascalonite ,  roy  de  ludée  ;  elle  feut  mariée  a  Agryppa  son 
frère,  c'est  pour  cela  que  le  poète  l'apele  incesta  soror. 

Agryppa  (vers  158).  —  C'ètoit  un  roy  des  luifs ,  2™^  du 
nom,  qui  dona  un  précieux  diamant  a  Bérénice  lors  qu'il 
l'épousa. 

Bellum  dirimente  Sabinâ  {yers  164).  —  Les  Sabines 
feurcnt  autrefoix  le  suiet  de  la  guerre  des  Romains  auec  les 
SaLins  et  a  même  tems  de  leur  alliance ,  car  elles  se  mirent 
au  deuant  des  armes  des  deux  partys  pour  les  empêcher  de 
sebatre  lors  qu'elles  eurent  été  enleuécs  par  les  Romains, 
et  consentirent  de  deuenir  femes  de  ceux  cy  pour  le  repos 
de  ces  peuples  ,  et  ainsy  elles  mirent  fin  a  une  guerre  qui 
ne  pouuoit  être  que  sanglante. 


—  339  — 
Venusinam  levers  167).  —  Il  entend  par  la  toute  sorte 
de  femes  de  basse  extraction. 

Ipsam  matrem  (vers  173  ).  —  C'est  a  dire  Niobé, 
Amphyon  (vers  174).  —  Il  etoit  fils  de  lupiter  et  d'An- 
tiope ,  laquelle  ayant  été  mariée  au  roy  Lycus  feut  débau- 
chée par  Epaphius ,  de  sorte  que  Lycus  la  répudia  et  ne 
voulut  plus  la  voir.  lupiter  en  deuint  amoureux  et  la  rendit 
grosse ,  ce  que  voyant  Dyrcé ,  2""  feme  de  Lycus ,  elle  creut 
que  son  mary  auoit  encore  comerce  auec  elle  et  la  fit  enfer- 
mer dans  une  prison  ou  elle  resta  iusqu'a  ce  que  les 
accouches  pressant ,  elle  t'eut  deliurée  par  lupiter  qui  la  fit 
retirer  sur  le  mont  Gytheron  ou  elle  enfanta  deux  gémeaux, 
Amphyon  dont  nous  parlons  et  Zetus  ;  les  bergers  en 
eurent  soin  et  vengèrent  bientôt  Antiope  de  l'iniure  qu'elle 
auoit  receue  de  Dyrcé  ,  en  l'attachant  a  la  queue  d'un  tau- 
reau indompté  qui  la  mit  en  pièces  ;  Bacchus  emeu  a  la 
veue  d'un  si  terrible  spectacle  changea  ses  os  fracassés  en 
fontaine.  Amphyon  feut  un  si  célèbre  loueur  d'instruments 
qu'il  mérita  de  receuoir  un  luth  de  la  main  de  Mercure,  qui 
lui  seruit  a  bâtir  la  ville  de  Thebes,  car  a  mesure  qu'il 
iouoit  les  pierres  s'assemblèrent  et  bâtirent  cette  grande 
ville.  Horace  en  parle.  Art  poet. 

Diclus  et  Amphyon  Thebanœ  conditor  tirbis 
Saxa  mouere  sono  testudinis  et  prece  hlandâ. 

Gente  Latonse  (vers  176).  —  C'est  Apollon  et  Diane  que 
Latone  eut  de  lupiter. 

Nec  illud  quocl  prima  pro  nocte  datur  (vers  203  et 
204).  —  Le  marié  faisoit  un  présent  a  la  mariée  le  lende- 
main des  nopces  pour  la  consoler  de  la  perte  de  sa  virginité. 

Dacicus  et  scripto  radiât  Germa^iicus  auro  (vers  205). 


—  :uo  — 

—  C'est  la  monoye  marquée  a  la  ligure  de  Doniitien  apelé 
Dacicus  et  Germanicus  a  cause  de  quelque  victoire  qu'il 
remporta  sur  ces  peuples. 

Cuius  barbam  tua  ianua  vidit  (vers  215).  —  C'est  a 
dire  qu'il  est  votre  client  depuis  son  enfance. 

Porte  crucem  seruo  (vers  219).  —  La  feme  parle. 

Meruit  quo  crimine  seruus  supplicium  (vers  219  et 
220).  —  Le  mary  repond. 

Titulo  res  digna  sepulchri  (vers  230  ).  —  C'est  par  ironie 
qu'il  parle.  On  auoit  accoutumé  de  grauer  sur  le  tombeau 
des  femes  le  nom  de  leurs  mary  s. 

Crurisque  sinistri  dimidium  tegmen  (vers  256  et  257). 

—  Les  soldats  romains  auoint  accoutumé  dans  le  combat 
d'auancer  le  pié  gauche  et  de  le  couurir  de  leurs  armes  pour 
arrêter  les  coups  des  enemys. 

Cyclada  (vers  259).  —  C'est  une  façon  d'habit  fort 
simple. 

Panniculus  bombycinus  (vers  2G0).  —  C'est  un  autre 
habit  fort  léger. 

Fabii  (vers  266).  —  V.  pag.  67. 

Ludia  (vers  266).  —  Feme  d'un  batteleur. 

Quintilianx  (vers  280).  —  C'est  ce  fameux  Quintilien 
qui  nous  a  laissé  de  si  beaux  préceptes  pour  l'acquisition 
de  l'éloquence. 

Colorem  (vers  280).  —  C'est  a  dire  dones  nous  quelque 
raison  ou  quelque  apparence  de  raison  pour  excuser  ce 
crime. 

Homo  sum  (vers  284  ).  —  Dit  la  feme ,  parcequ'elle  a  les 
qualités  et  le  pouuoir  d'un  home,  en  ayant  sur  son  mary. 

Vdlere  Thusco  (vers  289).  —  De  la  laine  d'Etrurie  fort 
estimée. 


—  341   — 

Proœimus  urbi  Annibal  (vers  290  et  291).  —  Lors 
qu'Annibal  eut  planté  son  cump  a  trois  iets  de  pierre  de 
Rome. 

Priapo  (vers  316).  —  V.  pag.  169. 

Mauri  atque  Indi  (vers  337).  — V.  pag.  328. 

fUuc  (vers  339)  —  Dans  la  maison  du  prêteur  ou  l'on 
celebroit  les  l'êtes  de  la  bone  déesse. 

Ogulnia  (vers  352  ).  —  Feme  pauure  mais  d'une  ambi- 
tion démesurée. 

Zmmaru /7i  (vers  385).  —  V.  pag.  121. 

lanum  Vestamque  (vers  386).  —  lanus  le  premier  des 
dieux  que  les  Romains  adorèrent  êtoit  un  roy  d'Italie  qui 
receut  ches  luy  Saturne  chassé  du  ciel  par  son  fils  lupiter, 
il  luy  fit  part  de  son  royaume  en  reconoissance  de  ce  qu'il 
luy  auoit  enseigné  l'agriculture.  Ils  l'eurent  les  premiers 
qui  comancerent  a  batre  la  monoye  ,  ou  ils  nfetoint  d'un 
coté  la  figure  d'un  nauire  et  de  l'autre  celle  de  lanus  ([ui 
feut  un  des  plus  sages  princes  de  son  tems  et  estimé  digne 
d'être  mis  après  sa  mort  au  rang  des  dieux  ,  a  qui  les 
Romains  bâtirent  un  temple  qu'on  fermoit  pendant  la  paix 
et  qu'on  ouuroit  pendant  la  guerre  ;  la  raison  de  cette  cou- 
tume, selon  quelques  uns,  vient  de  ce  que  Romulus  com- 
batant  contre  les  Sabins  qui  auoint  deia  mis  son  armée  en 
déroute  prit  de  l'eau  chaude  de  l'endroit  ou  êtoit  le  temple 
de  lanus  et  la  ietta  contre  les  Sabins  ,  ce  qui  causa  une  telle 
epouuante  dans  leurs  troupeaux  qu'ils  quittèrent  leurs 
rangs  come  furieux  et  laissèrent  le  champ  de  bataille  a 
Romulus  ;  de  sorte  que  dans  la  suite  les  Romains  sous 
l'espérance  d'un  semblable  secours  dans  les  dangers  qu'ils 
couroint ,  n'aloint  iamais  a  la  guerre  sans  auoir  ouuert  les 
portes  de  ce  temple.  On  représente  lanus  auec  deux  visages 


—  342  — 
depuis  l'alliance  de  Tatiiis ,  roy  des  Sabins ,  et  de  Romu- 
lus.  —  Il  y  a  deux  filles  du  nom  de  Vesla  ,  la  f*  mère  de 
Saturne  et  la  2""'  sa  fille  et  d'Opis  ;  c'est  de  la  dernière 
dont  nous  entendons  parler,  a  qui  Numa  fit  bâtir  un  temple 
et  établit  des  pbretresses  qu'on  apela  Vestales  ;  on  n'adme- 
toit  a  cette  qualité  que  les  filles  vierges  depuis  Taage  de 
6  ans  et  1 0 ,  qui  auoint  soin  d'entretenir  un  l'eu  continuel 
sur  l'autel  de  cette  déesse  ;  que  si  par  négligence  on  le 
laissoit  éteindre ,  on  ne  pouuoit  pas  l'alumer  auec  d'autre 
feu  naturel,  mais  auec  celuy  qu'on  faisoit  au  soleil  auec  des 
matières  combustibles  ;  ces  pbretresses  êtoint  obligées  de 
garder  la  virginité  iusqu'a  l'aage  de  30  ans ,  après  lequel 
tems  elles  pouuoint  se  marier,  que  si  elles  y  manquoint  on 
les  enseuelissoit  viues. 

Part  ho  (vers  407).  —  Les  Parthes  sont  des  peuples 
d'Asie  autrefoix  enemys  du  peuple  romain  ,  sous  le  ioug 
duquel  ils  ne  ployèrent  iamais,  au  contraire  ils  remportèrent 
des  signalées  victoires  sur  eux  et  sur  les  généraux  qu'ils 
enuoyoint;  Crassus  y  feut  tué  et  toute  son  armée  taillée 
en  pièces  ;  leurs  plus  fortes  armes  consistent  aux  flèches 
dont  ils  se  seruent  admirablement  bien  dans  la  retraite  et 
dans  la  fuite. 

Andromachen  (vers  503).  —  Fille  d'Eetion  ,  roy  de 
Thebes  ;  elle  feut  mariée  a  Hector,  Troyen ,  qui  en  eut  un 
fils  apelé  Astyanax,  ([ue  Pyrrhus  amena  en  Grèce  après  la 
prise  de  Troye  auec  sa  mère  de  laquelle  il  eut  Molossus  ; 
quelque  tems  après  il  luy  dona  là  moitié  de  son  royaume  et 
la  maria  auec  Helenus,  fils  de  Priam. 

Pygmseâ  virgine  (vers  506).  —  Une  fille  aussy  petite 
qu'un  Pygmée ,  qui  habitoint  les  montaignes  des  Indes  et 
qui  n'excedoint  pas  la  hauteur  du  coude. 


—  343  — 

Xerampelinas  (vers  519).  —  C'est  une  robe  de  couleur 
de  rose  flétrie  ou  sèche ,  ou  de  la  feuille  de  souche  sur  la 
fin  de  l'automne,  lors  qu'elle  est  morte. 

Superbl  totum  régis  agrum  (vers  524  et  525).  — C'est 
le  champ  de  Mars ,  qui  n'clant  auparauant  (|u'un  simple 
champ  apartenant  a  Tarquin  le  Superbe  ,  feut  dédié  a  Mars 
par  Brutus. 

Isidis  (vers  529  ).  —  V.  pag.   173. 

Antiquo  qiiœ  proxima  surgit  ovili  (vers  529).  —  Qui  est 
voisine  de  la  bergerie  bâtie  par  les  Romains,  proche  du 
champ  de  Mars,  en  mémoire  de  Romulus  et  de  Rhemus 
qui  y  faisoint  paitre  leurs  troupeaux. 

Derisor  Anubis  (vers  534).  —  Le  chef  qui  soutient  la 
persone  d' Anubis  ,  fils  d'Osiris. 

Osiris{\e,v^  541  ).  —  V.  pag.  176. 

Cophino ^  fœnoque  relicto  (vers  542).  —  Apres  que  les 
Juifs  eurent  quitté  les  paniers  et  le  foin.  Ce  ne  feut  pas 
tant  une  marque  de  leur  frugalité  que  d'une  anciene  cou- 
tume qu'ils  pratiquèrent  en  Egypte ,  la  ou  par  une  dure 
seruitude  ils  portoint  dans  des  paniers  toutes  les  immon- 
dices d'une  ville  dehors ,  et  tout  ce  qu'il  faloit  pour  ba'tir 
des  maisons  ;  ils  le  faisoint  peut  être  en  mémoire  de  la  faim 
qu'ils  soufrirent  lorsque  Pharaon  lespoursuiuoit ,  et  qui  les 
obligea  a  manger  le  foin  destiné  pour  les  chenaux. 

Chaldaeis  (vers  553).  —  Aux  astrologues  Siriens  et 
Babiloniens.  Les  Chaldeens  sont  des  peuples  d'Asie  apelés 
autrefoix  Cepheniens ,  de  Cepheus ,  père  d'Andromède  ;  ils 
s'adonent  depuis  leur  bas  aage  a  l'astrologie  dans  laquelle 
ils  ont  decouuert  des  segrets  inconus  aux  siècles  précédants  ; 
ceux  qui  restent  a  Babilone  sont  ceux  qui  en  ont  le  plus  de 
conoissance. 


—  344  — 

Venus  (vers  570).  —  V.  pag.  53. 

Ephemeridas  (vers  574  ).  —  Liure  d'astrologie  qui  montre 
le  cours  des  astres. 

Phryx  augur  (vers  685).  —  Un  astrologue  ou  un  phylo- 
sophe  indien  ,  gymnosophiste ,  Phrygien ,  ou  brachmane 
habile  en  cet  art. 

Quxnudis  longum  ostendit  ceruicibus  aurum  {vevs  589). 
—  Une  courtisane  ({ui  fait  parade  des  bagues  et  des  autres 
présents  qu'elle  a  receus  pour  recompenser  ses  impuretés. 

Phalas  (vers  590).  —  De  magiciens  ou  sorciers  qui  se 
metoint  deuant  les  tours  qu'on  eleuoit  dans  le  cirque  pour 
faire  placer  le  peuple. 

jEthiopis  (vers  600).  —  L'Ethiopie  est  une  prouince 
d' Affrique  apelée  ainsy  d'Ethiops ,  fils  de  Vulcain  ,  habitée 
auiourd'huy  par  les  Abyssins  et  le  pbretre  lean. 

Agryppinœ  boletus  (vers  620  et  621).  —  Champignon 
auec  lequel  Messalino  ou  Agryppine  empoisona  l'empereur 
Glaudius  pour  faire  régner  Néron .  fils  de  son  premier 
mary. 

Auunculus  ille  Neronis  cui  totam  tremuli  frontem 
Cœsonia  pulli  infudit  (vers  615,  616  et  617).  —  Galigula, 
a  qui  Gsesonia  sa  feme  dona  un  bouillon  amoureux ,  mais 
qui  loin  de  lui  douer  de  l'amour  le  remplit  de  fureur  et  luy 
dona  la  mort  au  bout  de  quelque  tems. 

Ardebant  cuncta  (vers  618).  —  La  cruauté  de  Galigula 
causée  par  le  bouillon  de  Gœsonia ,  depuis  lequel  tout 
paroissoit  renuersé  par  les  supplices  que  Galigula  faisoit 
soufrir  aux  principaux  sénateurs  et  l'empire  romain  êtoit 
dans  un  desordi-e  epouuantable. 


SATYRE  VU 


In  Csesare  tantafn{vev&  1).  — C'est  Domitien  qui  fauo- 
risoit  les  gens  de  letres  quoyqu'il  feut  pour  tout  le  reste  un 
très  méchant  prince. 

Clio{vers  7).  —  V.  pag.   191. 

Cappadoces  equitesque  Bithyni  (vers  15).  —  Des 
esclauesde  Cappadoce  et  de  Bithynie  qui  s'êtoint  eleués  a  la 
dignité  de  cheualiers  par  leurs  intrigues.  La  Cappadoce  est 
une  prouince  du  Pont,  voisine  de  l'Arménie  et  de  la  Coma- 
gene  qui  s'étend  iusqu'au  mont  Taurus  et  est  séparée  en 
cest  endroit  de  l'Arménie  par  l'Euphrate.  La  Bithynie  est 
une  prouince  de  l'Asie  Mineure  voisine  de  la  Thrace  et  de 
la  Troade,  ainsy  apelée  du  roi  Bithynius.  Lybissa  ou  est  le 
tombeau  du  fameux  Annibal  est  une  de  ses  principales 
villes.  On  croit  que  les  Thyniens  abandonant  l'Europe 
vinrent  habiter  ce  pays  qui  en  a  pris  son  nom  selon 
Claudien. 

Thyni ,  Thraccs  erant  qux  nunc  Bithynia  fertur. 

.  Cassidis  atque  ligonis  (vers  33).  —  De  la  guerre  et  de 
l'agriculture. 

Musarum  (vers  37).  —  V.  pag.   113. 

Thehaidos  (vers  83).  —  La  Thebaide  des  Latins. 


—  346  — 

Mœcenas  ,(vers  94).  —  11  est  conu  pour  le  fauory  d'Au- 
guste et  pour  l'inclination  qu'il  auoit  aux  belles  Ictres  dont 
il  dona  des  marques  dans  l'amitié  singulière  qu'il  eut  pour 
Horace  et  pour  Virgile ,  de  manière  qu'auiourduy  on  donc 
le  nom  de  Mœcenas  a  une  personequi  prenl  les  Ijelles  letres 
sous  sa  protection. 

Bubulco  (vers  110).  —  C.  Attilius  Bubulcus,  consul. 

Aut  vinum  Tiberi  deuectum  (vers  121  ).  —  C'est  adiré 
du  vin  d'au  delà  le  Tybre  ou  du  meilleur  vin  d'Etrurie. 

jEmilio  (vers  124).  —  Riche  auocat. 

iMedos  (vers  132).  —  Les  porteurs  de  Medie  dont  on  se 
seruoit  a  Rome.  La  Medie  est  une  vaste  prouince  d"Asie 
entourée  de  l'Hircanie,  Arménie,  Assyrie  et  Perse  ;  elle  est 
apelée  Medie  de  Medus ,  fils  d'^geus  et  de  Medée  ;  elle  feut 
diuisée  en  grande  et  petite  ;  la  capitale  de  la  première  ètoil 
Ecbatane ,  et  la  segonde  feut  apelée  Atropatie  d'Atropatus 
son  roy  qui  la  deffendit  contre  les  Macédoniens.  C'est  un 
pays  plein  de  montaignes  et  extrêmement  stérile  presque  par- 
tout excepté  dans  cette  partie  qui  est  proche  des  portes  Cas- 
pienes  qui  abonde  en  toutes  les  choses  qui  sont  nécessaires 
a  la  vie  ;  c'est  dans  cette  région  si  fertile  ou  paissoint  autre- 
foix  50000  cheuaux  qui  apartenoint  au  roy  de  la  Medie, 
au  milieu  de  laquelle  il  y  a  un  lac  dont  les  eaux  étant  beues 
douent  la  mort  si  on  s'aproche  après  ça  du  leu. 

Myrrhina  {xers  133).  —  V.  pag.  336. 

Amethystina  (vers  136).  —  Robe  violete  de  la  couleur 
de  l'améthyste  ,  pierre  pretieuse. 

Veteres  [xers  170).  —  Les  anciens  orateurs  si  fameux 
corne  Crassus,  Anthoine  et  Ciceron. 

Paulus  (vers  143.).  — Auocat. 

Sardonyche  (vers  144).  —  C'est  l'anneau  ou  l'on  metoit 
la  pierre  pretieuse. 


—  347  — 

Africa  (vers  149).  —  V.  pag.  336. 

Arcadico  iuueni  (vers  160).  —  Un  ieune  home  hebeté, 
de  dure  conception  et  qui  n'a  nul  esprit. 

Theodori  (vers  177).  —  Theodorus  Gadareus,  rhéteur. 

Numidarum  columnis  (vers  182).  — C'est  a  dire  les 
colonnes  faites  auec  de  la  pierre  de  Numidie  excellente 
pour  ce  trauail. 

Quintiliano  (vers  186).  —  Rhéteur  précepteur  de  son 
fils. 

Athenœ[\Qv^  205).  —  V.  pag.  329. 

Rufu7n{yers  214).  — Précepteur. 

Enceladi,  Palxmonis  (vers  215).  —  Grammairiens. 

Flaccus ,  Maroni  (vers  227  ).  —  Horace,  Virgile. 

Nutricem  Anchisœ  (vers  234).  —  C'est  Néron. 

Nouerca  (vers  234).  —  Elle  est  apelée  Casperie  dans  le 
X*  liure  de  l'/Eneide. 


SATYRE  VIII 


Galbam  auriculis  nasoque  carentem  (vers  5).  —  Des 
vieilles  statues  corne  celles  de  Galba  a  qui  le  tems  auoit 
rongé  le  nez  et  les  oreilles. 

Numantinos  (vers  11).  —  C'est  a  dire  iEmilius  Lepidus 
et  Scipion  yEmilien  apelés  Numantins  pour  auoir  subiugué 
cette  ville. 

Atlanta  (vers  32).  — •  G'ôloil  un  géant .  lïere  de  Prome- 
thée,  roy  de  la  Mauritanie;  il  feuL  changé  en  rocher. 

Europen  (vers  34).  —  Fille  d'Agenor.  roy  des  Phœni- 
ciens ,  que  lupiter  enleua  sous  la  figure  d'un  bœuf  et  amena 
en  Crète. 

De  plèbe  togata  (vers  49).  —  De  la  lie  du  peuple. 

Euphraten  (vers  50).  —  V.  pag.  29. 

Domitique  Bataui  (vers  51).  —  Les  Hollandois  vaincus 
par  Domitien. 

Teucrorum proies  (vers  56).  —  Rubellius  Plancus. 

Bhodios  (vers  113).  —  Rhodes  est  une  isle  de  la  mer 
Meditteranée  ;  ses  habitants  êtoint  extraordinairement  ado- 
nés  aux  plaisirs  ;  elle  est  ainsy  apelée  de  Rhodia ,  nymphe 
ardament  aymée  d'Apollon.  Rhodes,  capitale  de  cette  isle 
auoit  une  académie  ou  l'on  aprenoit  toute  sorte  de  sciences  ; 
son  colosse  ([ui  êtoit  une  des  7  merueilles  du  monde  a 
répandu  la  gloire  de  son  nom  dans  tout  l'uniuers.  Solyman 


—  349  — 
empereur  des  Turcs ,  2"""  du  nom ,  enleua  cette  isle  aux 
cheualiers  de  Saint-Iean  de  Hierusalem  en  1522,  et  les 
contraignit  de  se  retirer  dans  l'Italie  ou  par  la  bonté  de 
l'empereur  Charles  Quint  ils  eurent  l'isle  de  Malthe  qu'ils 
ont  conserué  iusqu'icy  malgré  les  efforts  de  deux  armées 
otthomanes  qui  êtoint  venues  l'assiéger  ;  pour  la  1  *"  elle 
gémit  encore  sous  la  tyrannie  du  Turc. 

CorinthuTïi  (vers  113).  —  Gorynthe  est  une  ville  de 
Grèce  dont  les  habitants  êtoint  extrêmement  voluptueux  ; 
son  arc ,  sa  fontaine  apelée  de  Pyrene  et  sa  montaigne  de 
même  nom  enfermée  dans  ses  murailles  l'ont  rendue 
célèbre. 

Illiricum  lattis  {\evs  117).  —  L'Illirie  est  une  prouince 
au  bord  delà  mer  Adriatique oposée  a  l'Italie,  ainsy  apelée 
d'IUirius  fils  de  Cadmus ,  qui  la  bâtit  ;  elle  a  de  très  bons 
ports  et  tout  ce  qui  sert  aux  comodités  de  la  vie ,  excepté  la 
partie  septentrionale  qui  est  remplye  de  montaignes  cou- 
vertes de  neige  pendant  toute  l'année  et  ou  le  froid  est 
presque  insuportable  ;  ses  habitants  êtoint  autrefoix  adonés 
au  brigandage  ,  mais  a  presant  ils  se  sont  pollicés  ;  la  capi- 
tale du  pays  est  Raguse ,  autrefoix  Epidaure. 

Marins  discinxerit  Affros  (vers  120).  —  V.  pag.  18. 

Sihyllx  (vers  126  ).  —  Des  femes  qui  interpretoint  l'aue- 
nir,  come  qui  diroit  AïoêouXat,  c'est  a  dire  interprètes  des 
volontés  de  Jupiter.  Elles  êtoint  dix ,  Persica  ,  Libyca , 
Delphyca ,  Curnsea ,  Erysthrsea,^  Samia,  Hellespontiaca , 
Tyhurtina,  Albunea  et  Cumana  ;  cette  dernière  composa 
les  liures  qu'on  apela  de  leur  nom. 

Omneni  Tylai^ida  pugnam  (vers  132).  —  Le  combat  de 
Titan ,  fils  du  Ciel  et  de  Vesta  et  frère  ayné  de  Saturne,  a 
qui  il  céda  son  droit  parcequ'il  coneut  que  sa  mère  et  sa 


—  350  — 

sœurauûint  plus  du  pariclianl  pour  luy.  a  condition  que 
Saturne  pour  ne  pas  être  obligé  de  doner  son  roiaume  a 
ses  enfants  n'en  nourriroit  point  de  masles  et  qu'il  lecede- 
roit  a  ceux  de  Titan  ;  mais  corne  par  le  bon  office  d'Opis , 
lupitcr,  Neptune  et  Pluton ,  fils  de  Saturne ,  eurent  été 
arrachés  d"entre  les  bras  de  ce  père  cruel  qui  vouloit  les 
deuorer,  et  que  dans  la  suite  ils  eurent  débusqué  Saturne  , 
Titan  furieux  et  enragé  contre  Saturne  de  cette  action  et  de 
ce  qu'il  vit  ses  enfants  priués  de  la  succession  qui  leur 
êtoit  deue  ,  les  ioignit  auec  luy  et  liura  une  rude  guerre  a 
Saturne  qu'il  vainquit  auec  sa  mère  et  sa  sœur  et  les  fit 
prisonniers ,  iusqu'a  ce  que  lupiter  vengea  son  père  et  ter- 
rassa d'un  coup  de  sa  foudre  ces  téméraires  qui  voulurent 
s'en  prendre  a  luy  après  la  victoire  qu'ils  remportèrent  sur 
Saturne. 

Maiorum  cineres  (vers  146).  —  Les  cendres  des  ayeux 
d'une  auguste  naissance  qu'on  auoit  accoutumé  d'enseuelir 
sur  la  voye  Flaminiene  et  Latine. 

Damasyppus  (vers  185).  —  C'est  le  nom  d'un  home  de 
qualité  qui  aymoit  a  conduire  un  charriot  ou  a  picquer  des 
chenaux. 

Hypponam  (vers  157).  —  Déesse  qui  presidoit  aux 
cheuaux  et  aux  écuries. 

Portœ  Idumœœ  (vers  160).  —  Portes  ludaiques  ainsy 
apelées  depuis  que  Vespasien  et  son  fils  Titus  reuenant 
triomphants  après  la  prise  de  la  ville  de  Hierusalem 
entrèrent  dans  Rome  par  cette  porte.  L'Idumée  est  une 
prouince  de  la  ludée. 

Rheno  (vers  170  ).  —  Le  Rhin  est  un  dçs  fleuues  les  plus 
rapides  et  les  plus  larges  de  l'Europe  qui  sépare  la  France 
de  l'Allemaigne  ;  il  sort  des  Alpes  et  se  diuise  ensuitte  a 


—  351  — 
son  emboucheure  in  3  bras  et  se  décharge  dans  l'Occean  : 
ces  trois  bras  s'apelcnt  auiourduy  Leua  ,  Wallis  et  Isella  ; 
n'y  en  aiioit  aiitrefoix  que  deux ,  mais  Drusus  fit  faire  le 
3™^  pour  arrêter  les  courses  des  Alemants  qui  couroint  aupa- 
rauant  tout  le  pays  de  deçà  ;  il  ne  faut  donc  pas  s'etoner  si 
Virgile  l'apele  Bicornis ,  puisque  ce  3™"  bras  dont  nous 
parlous  n'etoit  pas  fait  de  son  tems.  Le  Rhin  passe  aux 
villes  de  Coire  ,  Bregens,  Lindau ,  Constance  ou  il  trauerse 
le  lac  de  même  nom,  Scaphouse,  Basle,  Brisac,  Golmar, 
Strasbourg ,  Phylisbourg ,  Spire ,  Vomies .  Maiance , 
Goloigne,  luliers,  Cleues  et  Utrech. 

Islro  (vers  170).  —  Le  Danube  ;  c'est  le  plus  large,  le 
plus  long  et  le  plus  rapide  fleuue  d'Europe  et  peut  être  du 
monde  entier  ;  il  sort  d'une  montaigne  d'Allemaigne  apelée 
Arnobe ,  proche  de  Scaphouse  ;  après  auoir  arrousé  une 
infinité  de  prouinces,  receu  60  grands  fleuues,  il  se  iette 
dans  le  Pont  Euxin  ou  mer  Noire  par  7  bouches  ;  les  villes 
les  plus  considérables  ou  il  passe  sont  Ulm ,  Donauert , 
Ratisbone ,  Passau ,  Lints ,  Ems ,  Krems  ,  Viene  ,  Pres- 
bourg ,  Komorre  ou  il  fait  une  grande  isle ,  Neuhausel , 
Tran,  Bude,  Colocza,  Essek ,  Belgrade,  Semandrie, 
Fetslan  ,  Riz ,  Nigeboli ,  Tutracan ,  Braila ,  Derostero  et 
Kilia  noua. 

Troiugense  (vers  181  ).  —  Les  Romains ,  parcequ'ils  des- 
cendent des  Troyens. 

Fahios  (vers  191).  —  C'est  a  dire  les  gens  de  qualité. 

Nullo  cogente  Nerone  (vers  193).  —  Néron  est  pris  la 
pour  Domitien  qui  n'obligeoit  par  les  gens  de  qualité  a 
paroitre  sur  le  théâtre  come  Néron  qui  y  fit  decendre  400 
sénateurs  et  GOOcheualiers. 

Ignominiam  grauiorem  (vers  209).  —  On  se  mocquoit 


—  352  — 
d'un  home  de  qualité  lors  qu'il  êtoit  balu  par  un  gladiateur 
dans  le  théâtre. 

Senecam  (vers  212).  —  Seneque  est  pris  la  pour  un 
home  de  bien,  mais  qui  n'a  pas  de  la  naissance.  V.  Seneque, 
pag.  135. 

Neroni  (vers  212).  —  Néron  est  pris  pour  un  home 
extrêmement  débauché  ,  mais  de  qualité. 

Par  Agamemnonidae  crimen  (vers  215).  —  Oreste,  qui 
tua  sa  more  Clytemnestre  ;  il  auoit  été  condamné  a  cause 
de  ce  parricide  par  l'aréopage  ,  mais  les  dieux  le  déclarèrent 
innocent  par  la  bouche  de  Minerue  qui  se  trouua  la  pour 
vuider  le  différend  des  dieux  dont  la  moitié  tenoit  pour 
Oreste  et  l'autre  contre  luy. 

Sed  nec  Electrx  iugulo  se polluit  (vers  217  et  218).  — 
Parlant  d' Oreste,  il  reproche  par  la  a  Néron  la  mort  de  son 
frère  Britannicus  empoisoné  par  son  ordi-e. 

Aut  Spartani  sanguine  coniugii  (  vers  2 1 8  et  2 1 9  ) .  —  Il 
parle  encore  d' Oreste  qui  ne  tua  pas  sa  feme  Hermione , 
fille  de  Menelas ,  roy  de  Sparte .  pour  reprocher  finement  a 
Néron  la  cruauté  qu'il  eut  de  faire  mourir  ses  3  femes  l'une 
après  l'autre  :  Octauia ,  Anthonia  ,  Poppœa. 

Nullis  aconita  propinquis  miscuit  (vers  219  et  220).  — 
Corne  Néron  a  Britannicus  et  a  Domita  sa  maîtresse. 

In  omni  gente  ^«ôom«(  vers  239).  —  C'est  a  dire  que 
Ciceron  par  ses  practiques  et  par  les  intrigues  qu'il  auoit 
auectous  ceux  que  Catilina  et  Cethegus  coniurateurs  conois- 
soint,  decouurit  leur  entreprise  et  la  fit  auorter. 

Tyrannis  (vers  261).  —  Les  Tarquins  qu'on  vouloit 
rapeler. 

Aut  illud  quod  dicere  nolo  (vers  275).  —  Ou  un  adul- 
tère ,  ou  un  homicide ,  ou  un  voleur. 


SATYRE  IX 


Isidis  (vers  22  ).  —  VTpftig.   1 7:^ 

Apulia  (vers  55).  —  V.  pag.  332. 

Fugientem  puellam  (vers  74).  —  C'est  a  dire  sa  feme. 

Et  iam  signabat  (vers  75  et  76).  —  C'est  a  dire  qu'elle 
auoit  dessein  de  se  remarier  a  un  autre  et  qu'elle  auoit 
deia  comancé  a  signer. 

His  colUbus  (vers  131).  —  C'est  a  dire  Rome  située  au 
milieu  de  sept  montaignes. 

Undique  ad  illos  conueniunt  {\ers  131  et  132).  — A 
Rome. 

Carpentis  etnauibus  (vers  132).  —  Sur  terre  et  sur  mer. 


SATYRE  X 


Viribus  ille  confisus  periit  (vers  10  el  11).  — Ses  propres 
forces  luy  donerent  la  mort ,  come  a  Milon  Grotoniate  qui 
trauersant  un'bois  lors  qu'il  êtoit  dans  la  vigueur  de  son 
aage  voulut  eprouuer  iusqu'ou  pouuoint  aler  ses  forces  en 
acheuant  de  fendre  un  chêne  qui  êtoit  deia  comancé  ;  il  ne 
peut  iamais  en  venir  a  bout  et  les  efforts  qu'il  fit  pour  cela 
ayant  été  inutiles ,  le  tronc  d'arbre  lui  serra  tellement  les 
mains  qu'il  ne  peut  plus  les  en  sortir,  de  sorte  qu'il  feut  la 
proye  des  bêtes  saunages. 

Sibi  consul  ne  placeat  curru  seruus  portatiir  eodem 
(vers  41  et  42).  —  Lors  que  quelque  consul  ou  gênerai 
d'armée  entroit  en  triomphe  dans  Rome  on  metoit  a  ses 
cotés  un  esclaue  qui  portoit  la  courone  triomphale ,  et  qui 
le  faisoit  souuenir  a  tous  moments  qu'il  êtoit  home ,  de  peur 
qu'il  ne  soubliat  dans  une  si  grande  eleuation.  Respice , 
luy  disoit  il ,  post  te ,  hominem  te  esse  mémento. 

Prascedentia  longi  agminis  officia  (vers  44  et  45).  — 
Les  amys  et  autres  seruiteurs  de  celuy  qui  entroit  en 
triomphe. 

Et  niueos  ad  frena  Ouirites  (wers  45).  —  Et  les  Romains 
habillés  de  blanc  qui  entouroint  le  charriot. 

Pagina  descendunt  statusB  (vers  58).  —  C'est  a  dire 
qu'on  a  renuersé  les  statues  de  ceux  qui  êtoint  conuaincus 


—  355  — 

(le  quelque  grand  crime  ,  corne  rlo  lezemaiesté  ou  de  cons- 
piration contre  la  republique. 

Ipsas  rotas  (vers  59  ).  —  C'est  a  dire  les  statues  des  che- 
ualiers  romains,  les  chars  de  triomphe  ou  les  cheuaux 
d'airain. 

lam  stridunt  ignés  (vers  61  ).  —  Le  feu  qu'on  allumoit 
pour  fondre  les  statues  de  ceux  qu'on  auoit  renuersés. 

Cretatum  bouem  {vers  66).  —  C'est  a  dire  un  bœuf  blanc 
qu'on  sacryfioit  a  lupiter  ;  on  n'en  sacryfioit  que  des  noirs 
aux  dieux  infernaux. 

Turha  Wiemi {vevs^  73).  —  Les  Romains. 

Nurscia  (vers  74).  —  Déesse  des  Etruriens. 

Qui  dabat  olim  (vers  78).  —  C'est  a  dire  le  peuple. 

Cœsaris  fiostem  (vers  86).  —  C'est  Seian. 

Sell'as  curules  (vers  91  ).  —  C'est  a  dire  les  sièges  ou  les 
.magistrats  apelés  Urhani  se  metoint  pour  administrer  la 
iustice  au  peuple. 

Cum  grege  Chaldxo  (vers  94).  —  Auec  Thrasile  ,  mathé- 
maticien ;  il  etoit  Chaldeen. 

Fidenarum,  Gahiorum  esse  potestas  (vers  100).  — 
C'êtoint  deux  villes  d'Italie  qui  iouissoint  des  mêmes  pri- 
uileges  que  la  ville  de  Rome. 

VacLiis  Ulubris  (vers  102).  —  Apres  auoir  abandoné  la 
ville  des  Volsques  dans  la  Campanie. 

Deduxit  flagra  (vers  109).  —  Les  cytoiens  romains  ne 
peurent  pas  être  fouetés  pendant  que  Rome  feut  gouuernée 
par  les  consuls ,  mais  après  que  les  empereurs  se  feurent 
acquis  une  entière  domination  sur  elle  et  qu'ils  eurent  fait 
oublier  ce  nom  de  liberté  autrefoix  si  chéri ,  on  perdit  ce 
priuilege  qu'on  auoit  conserué  inuiolable  l'espace  de  tant 
de  siècles ,  et  on  feut  suiet  aux  mêmes  châtiments  que  tous 
les  autres  peuples. 


—  356  — 

Ad generum  Cereris  (vers  112).  —  Plutoii. 

Eloquium  ac  famam  Demosthenis  et  Ciceronis  incipit 
optare  {vers  114  et  115).  —  C'est  un  ieune  écolier  qui 
comance  a  s'adoner  a  Tètude  des  belles  letres  et  qui  sou- 
haite même  dans  ce  tems  la  d'acquérir  par  son  éloquence 
autant  de  réputation  que  Ciceron  et  Demosthene. 

Eoriguo  asse  colit  Mineruam  (vers  116).  —  C'est  a  dire 
qu'il  est  dcuenu  sauanl  a  peu  de  fraix. 

Custos  capsœ  (vers  117).  —  Qui  veut  dire  capsarius , 
qui  ctoit  celuy  qui  porloit  les  liures  de  ce  ieune  home  a 
l'echole. 

Manus  est  et  ceruix  cœsa  (vers  120).  —  Lors  que  Ciceron 
eut  ôté  tué  par  l'ordre  de  M.  Anthoine,  il  fit  clouer  ses 
mains  et  sa  tète  aux  rostres  ou  il  auoit  parlé  contre  luy  auec 
tant  de  force. 

Diuina  Phylipica  (vers  125  ).  —  La  2'^""'  Phylipique. 

Pater  lyppus  (vers  130).  —  C'est  le  père  de  Demosthene 
qui  ôtoit  maréchal. 

Truncis  offixa  trophxis  lorica  {vers  133  et  134).  —  On 
auoit  accoutumé  de  piailler  les  dépouilles  des  enemys  sur 
un  pieu  dans  l'endroit  ou  ils  auoint  été  tués  pendant  la 
fuite. 

In  <77'cu  (vers  136).  —  Sur  la  pierre  triomphale  qu'on 
eleuoit  au  milieu  du  champ  de  bataille. 

Ficus  (vers  145).  —  Le  figuier  saunage  qui  perce  les 
plus  dures  pierres  pour  croître.  Martial  le  témoigne  1.  X, 
ep.  2. 

Marmara  Messalœ  findit  capriftciu. 

' Africa  (vers  148).  —  V.  pag.  336. 
Mauro  (vers  148).  —V.  pag.  328. 


—  357  — 

Nilo{vers  149).  —  V.  pag.  284,  321. 

Occeano(  vers  149).  — L'Occean  êtoit  fils  du  Ciel  et  de 
Vesta ,  il  feut  le  dieu  de  la  mer,  mary  de  Thétis  et  le  père 
de  toutes  les  riuieres  et  de  toutes  les  fontaines  du  monde  ; 
il  est  pris  auiourduy  pour  C(;tte  vaste  étendue  de  mer  qui 
entoure  la  terre  ;  il  est  apelé  Occean  d'un  mot  grec  wxu; 
qui  veut  dire  velox;  il  prent  diuers  noms  selon  les  prouinces 
qu'il  arrouse ,  tantôt  Persique,  tantôt  Arabique,  tantôt 
Atlantique ,  ect.  Cette  epythete  de  velox  n'est  pourtant  pas 
iuste ,  come  le  voyage  de  Cristophe  Colomb  le  iustifie  , 
car  dans  la  decouuerte  des  Indes  occidentales  il  trouua  la 
mer  qui  entoure  les  Isles  fortunées  calme ,  et  il  ne  vit  en 
nulle  part  cette  vitesse  qu'on  luy  attribue. 

Mthiopum 2Jopulos  (vers  150).  —  V.  pag.  342. 

Alpem  (vers  152).  — Les  Alpes  sont  des  montaignes 
extrêmement  eleuées  qui  séparent  l'Italie  de  la  France  et 
d'Allemaigne  ;  elles  ont  100000  pas  de  longueur  de  l'une 
a  l'autre  mer.  Annibal  les  trauersa  entièrement ,  mais  ce 
feut  long  tems  après  que  les  Gaulois  eurent  frayé  le  chemin. 
Lucain  parle  de  ce  passage  des  Gaulois. 

Gallia  per  médias  rabies  effunditur  Alpes. 

Portas  (vers  155).  —  Les  portes  de  Rome. 

Ducem  luscum  (vers  158).  —  Annibal  que  les  veilles  et 
les  autres  fatigues  rendirent  borgne. 

Suppositum  rôtis  solitum  mare  (vers  176).  — C'est  le 
pont  de  batteaux  que  Xerces  roy  de  Perse  fit  faire  sur  les 
roues  de  ses  charriots  pour  ioindre  l'Europe  et  l'Asie. 

Medo  (vers  177).  —  Une  armée  de  Medes. 

Salamiîie  (vers  179).  —  Isle  dans  la  mer  Euboique  ou 
Xerces  feut  deffait  par  Themistocle. 


—  358  — 

Corum  atque  Eurum  (vers  180).  —  Les  vents  (jui  ren- 
uerscnt  le  pont  que  Xerces  auoit  fait  bâtir. 

Compedibus  qui  vinxerat  Ennosigxum  (vers  182).  — 
Xerces  vouloit  mètre  la  mer  sous  sa  domination  ;  il  luy  fit 
doner  300  coups  de  Ibuet  et  icter  dedans  une  infinité  de 
chaînes  et  des  manotes  corne  pour  l'enchainer  et  luy  faire 
subir  le  ioug  de  son  empire. 

Per  densa  cadauera  (vers  186).  —  Parmy  les  corps  de 
ses  soldats  ,  parlant  de  Xerces. 

Codicc  Siuuo  hœredes  vetat  esse  suos  (vers  236  et  237).  — 
Testament  par  lequel  un  père  déshérite  ses  enfants  et  fait 
héritier  un  étranger. 

Rex  Pylius  (vers  246  ).  —  C'est  Nestor  qui  selon  Homère 
vécut  300  ans,  presqu'autant  qu'une  corneille  qui  en  vit 
400,  500,  iusqu'aOOO. 

Hectore  (vers  259).  —  Hector  etoit  fils  de  Priam  et 
d'Hecube  ;  ce  feut  le  plus  braue  de  tous  les  Troyens  ,  il  def- 
fendit  vaillament  Troye  contre  les  Grecs ,  mais  il  feut 
enfin  tué  par  Achylle  et  trainé  dix  iours  tout  au  tour  des 
murailles  de  cette  ville.  Priam  le  rachepta  des  mains 
d' Achylle  et  luy  fit  doner  tous  les  honeurs  de  la  sépulture. 
Apres  sa  mort ,  Troye  né  feut  plus  en  état  de  résister,  selon 
la  prédiction  de  l'oracle  ;  il  eut  pour  feme  Andromache  de 
laquelle  il  eut  un  fils  apelé  Astyanax ,  qu'Ulisse  précipita 
d'une  haute  tour  en  bas  de  peur  qu'il  ne  vengeât  un  iour 
tous  les  malheurs  qu  on  auoit  fait  soufrir  a  sa  race. 

Iliadum,  [vers  261  ).  —  Des  Troyenes. 

Cassandra,  Poli/Tena  ( vers  262).  —  Filles  de  Priam  ;  la 
l*""®  prédit  la  ruine  de  Troye  en  déchirant  ses  habits  au  sou- 
uenir  de  ce  qui  deuoit  arriuer  a  cette  ville  infortunée. 

Cœperat  audaces  Paris  aedificare  carinas  (vers  264  ).  — 
Lorsque  Paris  amena  ses  vaisseaux  pour  enleuer  Hélène. 


—  359  — 

Asia7n{\ei"6  266).  —  C'est  a  dire  la  plus  grande  partie  de 
l'Asie. 

Minturnarumque  patudes  (vers  276  ).  —  C'est  de  Marius 
qu'il  parle  qui  étant  vaincu  par  Sylla  aux  marais  de  Min- 
turnes  feut  pris  prisonier  et  t'eut  obligé  de  uiandier  ensuite 
son  pain  en  Affrique. 

Captiuorum  agmine  {\erë  280).  —  Des  Cimbres  ou  des 
Teutons. 

Latona,  Diana  (vers  292).  — V.  pag.  103. 

Sed  vetat  optari  faciem  Lucretia  qualem  ipsa  habuit 
(vers  293  et  294).  —  Il  est  dangereux  pour  une  feme  d'être 
aussy  belle  que  Lucrèce  qui  l'eut  violée  par  Tarquin  ;  elle  se 
tua  de  regret. 

Rutilss  (vers  294  ).  —  Pour  exprimer  des  filles  laides. 

Martis  (vers  3 1 4  ).  —  V,  pag.  9  ,  53  ,  6^  ,  335. 

Hsec  ceu  fastidita  repuisa  (vers  326).  —  C'est  a  dire 
Phèdre  ,  fille  de  Minos ,  roy  de  Crète. 

In  hortis  (vers  334).  —  Dans  les  iardins  de  Lucullus. 

Principis  (vers  341  ).  —  Claudius. 

Candiduli  dluina  tomacula  porci  (vers  355).  —  Des 
sacryfîces  qu'on  faisoit  auec  de  la  saucisse  de  chair  de  pour- 
ceau qu'on  apeloit  du  mot  grec  Tspoj. 

Herculis  xrumnas  (vers  361  ).  — V.  pag.  20. 

Sardanapali  (vers  362).  —  Dernier  roy  des  Assyriens 
extrêmement  efféminé ,  iusque  la  qu'on  le  trouuoit  souuent 
parmy  ses  courtisanes  la  quenouille  a  la  main  ;  ses  suiets 
ne  peurent  plus  soufrir  un  roy  si  indigne  de  l'être  ,  et  ele- 
uerent  a  sa  place  Arbases ,  grand  capitaine  qui  se  fit  décla- 
rer roy.  Sardanapale  voyant  la  tempête  qui  menaçoit  ses 
iours  ,  voulut  la  preuenir  et  se  ietta  auec  sa  feme  et  ce  qu'il 
auoit  de  plus  pretieux  dans  un  bûcher  ou  il  feut  réduit  en 
cendres. 


SATYRE  XI 


Atticus  (vers  1  ).  —  Home  de  qualité  et  riche. 
Rutilus  (vers  2).  —  Dissolu  qui  auoit  mangé  son  bien. 
Apicius  [vev^  3).  — Apicius  ctoit  un  autre  gourmand 
dont  il  est  parlé  dans  la  4™''  satyre ,  que  les  plaisirs  qu'il 
aymatrop  réduisirent  a  une  extrême  pauureté. 

Thermx  statioiies  i^vers  4).  —  G'ctoint  des  sièges  dans 
les  places  publiques  ou  l'on  s'assembloit  ;  il  y  en  auoit  de 
trois  sortes  ;  pour  les  sénateurs ,  pour  la  ieunesse  et  pour 
les  étrangers  qui  auoint  les  mômes  priuileges  que  la  ville 
de  Rome. 

Ventidius  (vers  22).  —  Home  riche. 

Atlas  (vers  2  4).  — Montaigne  de  la  Mauritanie  ainsy 
apelée  d'Atlas ,  roy  des  Maures  ;  il  y  a  deux  montaignes  de 
môme  nom  ,  Tune  proche  les  colonnes  d'Hercule  ,  et  l'autre 
au  fond  de  la  Lybic;  on  ne  sauroit  voir  la  hauteur  de  celle 
cy  parceque  les  nues  n'en  sortent  iamais  ;  les  habitants 
disent  que  c'est  une  colonne  du  ciel  et  qu'Atlas .  roy  de  la 
Mauritanie ,  feut  changé  en  cette  montaigne. 

Curtius  (vers  34).  —  Médiocre  auocat. 

Coram  dominis  (vers  47).  —  Deuant  les  créanciers. 

Ad  Ostia  (vers  49).  —  Ostie  est  une  ville  a  l'embou- 
cheure  du  Tybre  bâtie  par  Ancus  Martius,  roy  des  Romains. 

TVoi'M.ç'em*  (vers  95).  —  Aux  Romains. 


—  361   — 

Paruis  frons  inrea  lectis,  vile  coroiiati  oo/pui  ostendebat 
aselli  (vers  96  et  97  ).  —  La  coutume  des  Romains  êtoit  de 
mètre  aux  pies  des  licts  une  tète  d'asne  couronée  dun  bou- 
quet de  fleurs,  et  ils  croyoint  que  cette  superstition  que  les 
Etruriens  leur  auoint  aprise  empechoit  les  grêles  et  les 
autres  dangers  qui  pouuoint  faire  du  mal  aux  moissons. 

Discipulus  Triplieri  doctoris  (vers  137).  —  Il  y  auoit  a 
Rome  une  école  publique  dans  la  rue  de  Suburra  ou  un 
certain  Tripheriusmontroita  couper  toutes  sortes  de  viandes 
proprement  et  iaisoit  exercer  ses  disciples  sur  des  oiseaux 
et  autres  bètes  faites  de  bois  ;  c'est  ce  que  nous  apelons 
auiourduy  ecuyer  ti-anchant. 

Exigux  fruslis  imbutus  ofellœ  [vers  144).  —  C'est  a 
dire  qui  a  long  tems  distribué  la  chair  de  pourceau  sans 
profit. 

Mancipium  (  vers  171  ).  —  Semante  de  mauuaise  vie. 

Dubiam  facientia  carmina  palmam  (vers  179).  —  Ceux 
qui  disputent  qui  l'emporte  d'Homère  ou  de  Virgile. 

Pone  domum  (vers  189).  —  Quittes  tous  ces  soins  qui 
vous  chagrinent. 

Prxda  caballorum  prœtor  sedet  (vers  193).  —  Un  prê- 
teur iniuste  qui  ne  recompense  pas  le  véritable  mérite  ,  ou 
bien  un  prêteur  qui  obligeoit  ceux  qui  auoint  des  beaux 
chenaux  a  les  luy  vendre  au  prix  qu'il  vouloit. 


SATYRE  XII 


HispuUa  (vers  11).  —  Feme  extrêmement  grasse. 

MsBcenatibus  (vers  39).  —  Aux  gens  efféminés  tels 
qu'êtoit  Msecenas. 

Atque  alias  (vers  40).  —  C'est  a  dire  des  habits  faits  auec 
de  la  laine  d"Espi\gne. 

Parthenio  (vers  44).  —  Excellent  ouurier. 

Pholo  (  vers  45  ).  —  Centaure  grand  beuueur. 

Coniuge  Fusci  (vers  44).  —  Feme  qui  aymoit  a  boire 
extraordinairement . 

Bascaudas  (vers  46  ).  —  Des  vases  d'Angleterre. 

Cœlati  (vers  47).  —  C'est  a  dire  de  l'or  et  de  l'argent. 

Sublimis  apex  (vers  72  ).  —  Le  mont  Alban .  ou  Ascanie 
fils  d'^née ,  bâtit  la  ville  d' Albe ,  ainsy  apelée  d'une  tryue 
blanche  qu'on  trouua  sur  cette  montaigne. 

Simulacrum  (vers  88).  —  Les  dieux  pénates. 

Calorem  (vers  98  ).  —  La  heure. 

Hecatomben  (vers  101  ).  —  Sacryhce  de  100  bœufs. 

Arboribus  Rutulis  et  Turni pascitur  agro  (vers  105).  — 
Au  traiet  de  Lauinium  en  Etrurie  ou  Turnus  regnoit 
autrefoix. 

Cœsaris  armentum  {vers  106).  —  Les  éléphants  de  l'em- 
pereur. 

Aller  enini  (vers  lloj.  —  Pacuuius. 


—   363  — 

Imponet  vittas  [vei^  118';.  —  Des  couronnes  dont  on 
ornoit  la  tète  des  victimes. 

Iphigenia  domi  (vers  1 19  \  —  IJ  entend  par  la  une  lille 
qu'on  deuoit  innnolcr  telle  qu'Iphigenie  .  iille  (TAgamen- 
non  ;  celuy  cy  ayant  lue  a  la  chasse  un  cheureau  consacré  a 
Diane ,  cette  déesse  en  f eut  si  fort  fâchée  qu'elle  arrêta  la 
flote  des  Grecs  qui  aloint  assiéger  Troye  et  l'empêcha  de 
sortir  du  port  d'Aulide  ou  elle  etoit  retenue.  Les  oracles 
consultés  la  dessus  repondirent  que  Diane  deuoit  être  apai- 
sée auec  le  sang  de  la  fille  d'Agamennon  qu'Ulisse  enleua  a 
Clytemnestre  sa  mère  par  surprise ,  feignant  de  vouloir 
l'épouser.  Corne  on  êtoit  sur  le  point  de  l'exécution  et  qu'on 
aloit  immoler  Iphigenie  ,  la  déesse  en  eut  pitié  et  enuoya 
une  biche  a  sa  place  pour  être  sacryfîée  et  transporta  Iphi- 
genie dans  la  Taurique  ou  elle  feut  sa  pbretresse  ;  ce  feut  la 
ou  elle  receut  son  frère  Oreste ,  parricide  de  Clytemnestre  sa 
mère,  et  ou  elle  tua  le  roy  Thoante  pour  s'enfuir  auec  son 
frère  en  Italie ,  ou  ils  portèrent  le  simulacre  de  Diane  qu'ils 
auoint  enleué  dans  la  Taurique. 

Testamento  (vers  121).  —  Au  testament  d'un  home 
riche. 

Rapuit  Nero  (vers  129).  —  L'empereur  Néron  qui  contre 
les  droits  diîiins  et  humains  .  enleuoit  les  biens  du  public 
et  des  particuliers. 


SATYRE   XIIT 


Recenti  de  scelere  (vers  5  et  6).  —  C'est  a  dire  de  celuy 
qui  ne  vous  a  pas  rendu  votre  dépôt. 

Victrix  Fortunx  sapientia  (vers  20).  —  La  morale  qui 
aprend  aux  homes  a  préférer  la  vertu  aux  biens  que  la  for- 
tune leur  présente. 

Sicato  necùare  tergens  brachia  Vulcanus  Liparxa  nigra 
taherna  (vers  44  et  45).  —  C'est  a  dire  lors  que  Vulcain 
eut  cessé  de  seruir  d'echanson  aux  dieux  et  qu'il  eut  repris 
son  premier  métier  qui  etoit  celuy  de  forgeron.  Vulcain 
êtoit  fils  de  lupiter  et  de  lunon  ;  sa  laideur  feut  cause  qu'ils 
le  ietterenl  d'un  coup  de  pié  du  ciel  en  terre  ;  cette  cheute 
luy  cassa  la  ianibe  et  l'obligea  a  se  retirer  tout  blessé  qu'il 
êtoit  dans  l'isle  de  Lemnos,  ches  Eurynome,  lîlle  de 
rOccean  et  de  Thetis.  Quelque  tems  après  il  établit  son 
seiour  dans  le  mont  yEtna  en  Sicile ,  ou  l'on  dit  qu'il  for- 
geoit  la  foudre  de  lupiter,  assisté  de  ses  Gyclopes  qui 
n'auoint  qu'un  œil  placé  au  milieu  du  front. 

Atlanta  (vers  48).  —  Atlas,  roy  de  la  Mauritanie,  qui 
porte  le  ciel  sur  ses  épaules  ,  si  on  en  doit  croire  a  l'anti- 
quité fabuleuse. 

Aliquis  sortitus  triste  profundi  imperium  (vers  49  et 
50  ).  —  Neptune  ,  qui  eut  en  partage  le  royaume  des  eaux. 


—  365  — 

Hoc  modo  (vers  78).  —  C'est  a  dire  le  depol  que  vous 
aues  confié  a  la  bone  foy  de  celuy  que  vous  croyes  votre 
amy. 

Tarpeia  fulmina  (vers  78).  — Les  foudres  de  lupiter  qui 
auoit  un  temple  sur  le  mont  Tarpeie. 

Martis  frameam  (vers  79).  —  La  courone  de  laurier 
que  portoit  Mars. 

Cyrrhœi  spicula  vatis  (vers  79).  —  D'Apollon,  auquel  on 
rendoit  un  culte  particulier  dans  la  ville  de  Cyrrha. 

Per  calamos  venatricis  puellœ  (vers  80).  —  Par  les 
flèches  de  Diane. 

In  carbone  tua  (vers  116).  —  Dans  son  encensoir. 

Dogmata  a  cynicis  tunica  distantia  (  vers  121  et  122).  — 
La  dillerence  des  Stoïciens  et  des  Cyniques  n'ctoit  pas  dans 
leurs  opinions  .  car  ils  les  auoint  semblables ,  mais  dans  le 
nombre  de  leurs  manteaux  ;  car  les  premiers  n'en  portoint 
qu'un  simplement,  el  les  autres  n'en  portoint  iamais 
moins  de  deux. 

Discipulo  Philipi  (vers  125).  —  C'est  a  dire  un  ieune 
médecin  qui  n'a  pas  encore  l'expérience  que  son  art 
demande. 

Si  nullum  in  terris  tam  detestabile  factum  ostendis 
(vers  126  et  127).  —  Gome  le  tour  que  vous  a  ioué  celuy 
a  qui  vous  aues  confié  votre  dépôt. 

Fémur  Herculis  (vers  151).  —  La  cuisse  de  la  statue 
d'Hercule. 

Tonantem  (vers  153).  —  La  statue  de  lupiter. 

Deducendum  corio  bonis  in  mare  (  vers  1 55  ).  —  Les  par- 
ricides qu'on  metoit  autrefoix  dans  un  sac  de  cuir  pour  les 
ieter  en  cette  posture  dans  la  mer,  car  les  anciens  ne 
croyoint  pas   que  les  peynes   qu'on  ordonoit    contre    le 


—  366  — 

eomun  des  criininels  finissent  a sso?  rriH'lU's  })our  |»iiiiiruu 
si  horrible  criine. 

Sufficit  una  domus  (vers  160).  —  C'est  a  dire  celle  de 
Rutilius ,  dont  il  est  parlé  auparauant  sous  le  nom  de 
custos  gallicus. 

Aude  (vers  161  ).  —  Entreprenes  le  si  vous  le  pouues. 

Quis  twmidum  giittur  iniratur  in  Alpibus  (vers  162).  — 
Qui  est  ce  qui  est  surprins  de  voir  la  gorge  enflée  aux 
habitants  des  Alpes  ,  parceque  c'êtoit  ainsy  qu'ils  l'auoint 
généralement  ;  cest  pour  dire  qu'on  ne  doit  pas  s'êtoner 
de  voir  dos  desordres  dans  Rome .  puisque  l'habitude  les 
entretient. 

Nubem sonoram [wei'S  167).  —  Une  compagnie  de  grues 
qui  l'ont  retentir  l'air  de  leurs  crys. 

Senex  vicinus  Hymeto  (vers  185).  —  Socrate. 

Sapientia  (vers  189).  —  La  morale  qui  aprend  la 
sagesse  et  la  vertu  aux  homes. 

Reddidit  ergometus  (vers  204).  —  Aux  tils  deMilesius 
qui  auoint  déposé  contre  Socrate. 

Albani  veteris  pretiosa  senectus  (vers  214).  —  Du  vin 
vieux  de  la  ville  d'Albe ,  qui  auoit  le  goût  délicieux. 

Templuni  urget  (vers  219  et  220).  —  Le  souuenir  du 
temple  ou  il  auoit  doné  sa  foy  luy  renient  dans  la  mémoire 
et  le  gène  cruellement. 

Maior  imago  (vers  221  ).  —  Lombre  d'un  home  paroit 
au  soleil  leuant  et  couchant  plus  grande  que  l'home  qui  la 
fait. 

Cogit  fateri{vevs  222).  — Il  faut  entendre  crimen. 

Ad  omnia  fiUgura  palleiit  {\er?<  223).  —  Il  entend  par 
la  Galigula  qui  trembloit  lors  qu'il  entendoit  le  tonerre 
gronder. 


—  367  — 

Non  fortuitu  (vers  225  ].  —  Corne  rauoil  creu  Epicure. 

Nec  ventoruw  rabie  (vers  225).  —  Ou  selon  l'opinion 
du  vulgaire. 

Pecudem  spondere  saello  balantem  (vers  232  et  233). 
—  Offrir  aux  dieux   un  agneau  pour  recouurer  la  santé. 

Laribus  crystam  promittere  galli  (vers  233).  —  A 
Esculape  auquel  on  otTroit  un  coq  dans  la  même  veue  de 
recouurer  la  santé. 


SATYRE  XI \ 


Puer  bullotus  ^vers  4;.  —  Un  ieune  enfant  qui  porte 
encore  la  robe  de  l'enfance  qu'on  apeloit  bulla  onprxtexta. 

Nec  de  se  melius  cuiquam  sperare  propinquo  (vers  6). 
—  Il  faut  entendre  quam  de  pâtre. 

Ficedulas  (vers  9).  — Des  oiseaux  apelés  ainsy  parce 
qu'ils  mangeoint  les  feuilles  des  figuiers. 

Flagellis  (vers  19).  —  C'est  a  dire  soni tu  flageUorum. 

Meliore  luto  finxi  j}r3ecordla  Titan  (vers  35).  —  Pro- 
raethée ,  fils  de  Titan  ,  qui  forma  les  homes  auec  de  la 
boue  après  le  grand  déluge  que  les  dieux  enuoyerent  sur 

la  terre. 

Catilinam  (vers  41  ).  —  Il  désigne  par  la  tous  les 
méchants  homes  qui  ont  voulu  se  rendre  maîtres  de  la 
republique. 

Ira  censoris  (vers  50).  —  Digne  de  la  colère  ou  de  la 
cry tique  du  censeur. 

Unde  tihi  frontem  lihertatemque  parentis  (vers  56).  — 
Supp.  .mm es. 

Famulx  louia  generosœ  aues  (vers  81  et  82).  —  De 
l'aigle. 

Curuo  littore  Caietœ  (vers  86  et  87).  —  C'est  une  ville 
et  un  port  proche  l'emboucheure  de  Baies,  apelé  ainsy  de 
Curuus  qui  est  le  même  que  Caiete  selon  les  Lacoaiens 


—  ;Ui9  — 

qui  lui  douent  ce  nom  ,  non  pas  du  nourrissier  d'^^née , 
corne  l'a  voulu  Virgile. 

Tiburis  arce  (vers  87).  — Ville  d'Italie  située  sur  une 
montaigne  dans  le  pays  des  Sabins  ,  a  un  port  de  mous- 
quet de  Tiuoli. 

Graecis  longe  petitis  (vers  89).  —  D'Egypte  et  de 
Numidie. 

Fortunse  (vers  90).  —  A  Rome  ou  a  Praeneste. 

Herculis  xdem  [yers  90).  —  A  Tibur  ou  a  Rome. 

Hesperidum  serpens  aut  Ponticus  (vers  114).  —  Un 
dragon  que  les  filles  d'Hesperius ,  fils  d'Atlas  ,  auoint  mis 
sur  la  porte  de  leurs  iardins  pour  garder  la  pome  d'or 
qu'elles  y  auoint  mise  .  ou  ce  dragon  si  fameux  que  lason, 
chef  des  Argonautes ,  tua  en  enleuant  la  toison  d'or  a 
Colchos. 

Concham  signatam  (vers  131  et  132).  —  C'est  a  dire 
ou  l'on  met  une  certaine  marque  pour  conoitre  lors  que 
les  valets  y  ont  touché. 

Aliguis  de  ponte  negabit  (vers  134).  —  Il  faut  entendre 
mendicus. 

Tatio  (vers  160).  —  Tatius  êtoit  roy  des  Sabins  auec  qui 
Romulus  partagea  Rome. 

Punica  prselia  (vers  161  et  162).  —  Les  combats  des 
Romains  auec  les  Carthaginois,  en  Affrique,  en  Sicile,  en 
Espagne  et  en  Italie. 

Pyrrhum  et  Molossos  (vers  162).  —  Pyrrhus,  roy  des 
Epirotes  et  des  Molosses  qui  faisoint  une  partie  de  ses 
suiets. 

Très  domini  (vers  169).  —  Les  fils  de  famille  nés 
ingénus. 


24 


—  370  — 

A  scrobe  redeuntibus  (vers  170).  —  Reuenaul  de  labou- 
rer la  terre. 

Grandes  fumabant  pull ibus  ollx  (vers  171).  —  Cer- 
taine viande  en  forme  du  pain  dont  se  seruoint  les  pre- 
miers homes ,  faite  de  farine ,  eau  ,  miel ,  fromage  et  œufs 
cuits. 

Non  inodus  hic  (vers  172).  —  C'est  a  dire  de  deux 
arpents. 

Numina  ruris {\ers,  182).  —  Bacchus  et  Ceres. 

Lxlius  [vers  195).  — L'empereur. 

Tyberim  ultra  (vers  202).  —  Les conuoyeurs  se  tenoint 
au  delà  du  Tybre. 

Dignapoetx  (vers  20G).  — D'Ennius. 

Exlgua  Cercris  tanjens  (vers  219).  —  La  coutume  de 
ceu.x  qui  juroint  cLoiLde  mètre  la  main  sur  l'auLel  de  Ceres 
ou  de  quelque  autre  dieu. 

Quibus  (vers  221  ).  —  C'est  a  dire  par  le  venin. 

Dsclorum  in  pectorc  (vers  239).  —  Les  Deciens  père  et 
fils  se  douèrent  aux  légions  romaines  pour  la  deffençe  de 
la  republique. 

Quod  Mythridates  composuit  (vers  252  et  253).  —  Du 
contre  poison. 

Aliam  decerpere  ficum  (vers  253).  —  Vivre  encore  une 
année. 

Pater  (vers  255).  —  C'est  a  dire  le  père  qui  a  des 
enfants  vicieux. 

Rex  ciii  nulla  theatra  (ver  256).  —  Un  roy  qui  a  des 
suiets  portés  a  lareuolte. 

Flora;  (vers  262).  —  C'est  la  déesse  des  fleurs  et  des 
iardins  ;  elle  ètoit  auparauant  feme  de  mauuaise  vie ,  mais 
enfin  ennuyée  d'un  tel  métier  et  ayant  acquis  des  richesses 


—  371  — 
immenses ,  elle  fit  héritier  le  peuple  romain  ,  a  la  charge 
qu'on  celebreroit  toutes  les  années  le  iour  de  sa  nais- 
sance ;  c'est  dans  ces  ieux  ou  Ton  voyoit  régner  la  plus 
effrontée  impudicité ,  car  sans  parler  des  paroles  quelle^ 
qu'elles  feussent  qu'il  ctoit  permis  de  proférer,  les  courti- 
sanes couroint  les  rues  de  Rome  nues  a  la  prière  du 
peuple ,  et  l'on  faisoit  encore  mille  autres  choses  de  celte 
nature. 

Cereris  et  Cijbeles  (vers  263).  —  Les  ieux  qu'on  faisoit 
a  l'honeur  de  Ceres  et  de  Cybele. 

Calpe{yers  279).  —  C'est  le  détroit  de  Gibraltar  ou  sont 
plantées  les  colonnes  d'Hercule. 

Stridentem  solem  [xevs  280).  —  Les  poètes  ont  feint  que 
dans  la  mer  occidentale  le  soleil  faisoit  le  môme  bruit  que 
fait  le  fer  chaud  lors  qu'il  est  trempé  dans  l'eau. 

luuenes  marlnos  (vers  283).  —  Les  Tritons  et  les 
Sy  renés. 

Tarjus  (vers  299).  —  Fleuue  d'Espagne  qui  roulloit  de 
For  dans  ses  flots. 

Picta  se  tempestale  tuetur  (vers  302).  —  Ceux  qui 
auoint  fait,  naufrage  demandoint  l'aumône  en  portant  sur 
leurs  épaules  la  figure  d'un  vaisseau  coulé  a  fond  par 
l'impétuosité  des  flots. 

Lycinus  (vers  306).  —  Il  est  pris  la  pour  tous  les  riches. 

Magnum  habitatorem  [vers  312).  —  Diogene  ;  on  sait 
asses  ce  qui  luy  arriua  auec  Alexandre. 

Quantum  Epicure  tibiparuis  su[[icit  in  hortis  (vers  319). 
—  Epicure  viuoit  du  reuenu  que  ses  iardins  lui  portoint 
et  se  croyoit  auec  cela  plus  heureux  que  Jupiter. 

S jcratis Pénates  (vers  320),  —  La  frugalité  de  Socrate. 

Sume  duos  équités  (vers  326).  —  C'est  a  dire  vendes 
deux  cheuaux. 


SATYRK  X\ 


Vêtus  Tliebe {xevs  6).  — Thebes  est  une  ville  d'Egypte 
bâtie  par  Busiris  ;  elle  auoit  140  stades  de  circuit  auec 
lUÛ  portes  d'où  elle  t'eut  apelée  Hecatompylos  ;  ses  basti- 
ments  et  ses  somptueux  ediffices  l'ont  rendue  célèbre. 

Laestrigonas  et  Cyclopadas  (vers  18).  —  G'êtoint  des 
homes  cruels  habitants  de  l'Italie  et  de  la  Sicile  qui  man- 
geoint  de  la  chair  humaine. 

De  Corcyrœa  urna  (vers  25).  —  De  Tisle  de  Gorfou. 

Consuls  lunio  (vers  27). —  lunius  Sabinus  consul  auec 
Domitien. 

Cot}mrnis{\er&'29).  —  Des  tragédies  représentées  auec 
des  brodequins. 

A  Pyrrhâ  (vers  30).  —  Depuis  le  déluge. 

Ombos  (vers  35  ).  —  Ville  d'Egypte  ou  le  crocodile  êtoit 
adoré. 

Tentyra  (vers  35).  —  Ville  d'Egypte  ou  l'on  tuoit  tous 
les  crocodiles  qu'on  pouuoit  trouuer  et  ou  les  oiseaux  de 
proye  êtoint  en  une  particulière  vénération. 

Alterius  populi  (vers  39).  —  Des  habitants  de  la  ville 
d'Ombos. 

SolMgijptus  (vers  44  et  45).  —  Cette  partie  de  l'Egypte 
ou  sont  les  villes  d'Ombos  et  de  Tentyre. 

De  madidis  (vers  47  ).  —  Des  habitants  d'Ombos  yures. 


—  373  — 

Virormn  saltatus  (vers  48  et  49).  —  Les  Arabes  et  les 
^Ethiopiens. 

Quem  summa  cœli  raptum  de  parte  Prometheus  donauit 
terris  (vers  85  et  86).  —  Promethée  êtoit  fils  de  lapet  et 
d'Asie,  et  il  feut  père  de  Deucalion,  ce  fameux  restaura- 
rateur  du  genre  humain.  Les  poètes  feignent  qu'il  forma 
le  premier  home  de  boue  et  que  Minerue  surprise  de  sa 
capacité  luy  offrit  tout  ce  qui  pouuoit  luy  manquer  pour 
la  perfection  de  son   ouurage  ;  Promethée    luy    repondit 
qu'il  se  seruiroit  volontiers  de  ce  qu'elle  lui  pretoit  si  elle 
pouuoit  luy    procurer   la   veue  des  choses  célestes  pour 
prendre    la  dessus    ses  mesures  ;  de  sorte    qu'ayant    été 
aporté  au  ciel  par  le  secours  de  Minerue ,   il  vit  l'admi- 
rable structure  des  corps  célestes,  come  quoy  ils   êtoint 
animés  et  qu'ils  paroissoint  auoir  une  ame  chaqu'un  en 
son  particulier  ;  il  s'auisa  d'un  stratagème  pour  faire  réus- 
sir le  dessein  qu'il  auoit  médité  depuis  long  tems  de  créer 
l'home  ;  il  enleua  auec  une  baguette  qu'il  auoit  eu  le  soin 
d'aporter  auec  luy  un  peu  du  feu  céleste  pour  animer  la 
boue  qu'il  auoit  formée  auec  de  la  saline;  son  dessein 
réussit ,  mais  lupiter  ialoux  de  l'inuention  de  Promethée 
dona  a  sa  feme  Epimetheis  la  fameuse  boete  de  Pandore 
sans  luy  decouurir  ce  qu'il  auoit  résolu  d'en  faire.  Prome- 
thée l'ouurit  sans  penser  a  rien  moins  qu'a  ce  qui  deuoit 
luy  arriuer,  et  dabort  la  senteur  que  cette  boete  exala  dans 
l'air  causa  une  telle  infection  dans  le  monde  que  tout  le 
genre  humain  faillit  a  creuer  des  maladies   qu'elle  leur 
causa.  Pour  Promethée ,  Mercure  le  relégua  par  l'ordre  de 
lupiter  sur  le  mont  Caucase ,  ou  l'on  dit  qu'une  aigle  luy 
deuore  continuellement  le  foye. 
•Elemento  (vers  86).  — Au  feu. 


—  374  — 

Zenonis  prxcepta  mo)ient  {weis,  107).  —  Zenon  êloil  le 
prince  de  la  secte  des  Stoïciens  ;  il  enseignoil  qu'il  ne 
faloit  pas  employer  toutes  ses  forces  pour  s'empcchcr  de 
mourir. 

Ciiliis  egcnt  (vers  147).  —  Il  faut  entendre  ;;(?ci<c?(?6". 

Pijthcif/oras  cunctis  animaUbus  abstlniiit  [vcvs  173).  — 
Pythagoreny  ses  diiciplos  ne  mangeoint  point  de  chair  des 
animaux,  mais  seulement  des  légumes  et  principalement 
des  feues. 


SATYRE  XVI 


Cicrabitis  {xeYS  21).  —  Il  faut  entendre  o  togati. 

Mihi  (vers  37).  —  Supp.  togato. 

Sacrum  effodit  medio  de  limile  saxum  (A-ers  38).  — 
C'ctoit  une  chose  exécrable  d'oter  les  limites  d'un  champ. 

Coranum  (vers  54).  —  Vaillant  soldat  qui  combatoit 
sous  le  drapeau  des  légions  de  l'empereur. 

Ducis  (vers  58).  —  De  l'empereur. 

FIN 

DES    REMARQVES    SVR   LES    SATYRES    DE   JVVENAL. 


TROIS  VERS 

DONT  CHAQVE  MOT  RÉPOND  AV  SVJET  DES  SEISE 
SATYRES  DE  IVVÉNAL 


Vates  ,  Ilypocrytx,  Romaiirbs.  Rhombus  ,  Parasiti , 
Nvpta,  Ars  sordet ,  Nobilitas,  Vera  ,  impia  Vola, 
Cœna ,  Redux ,  Deposta ,  Parens ,  Mgyptia ,  Miles. 


APPLICATIONS 


DES 


SATYRES     DE     JVVENAL 


SATYRE  I 


PALEVR. 


Palleat  ut  nudis  pressit  qui  catcibus  anguem  , 
Aut  Lugdunensem  rhetor  dicturus  ad  aram. 

Qu'il  deviene  plus  pasle  qu'un  voiageur  à  l'aspect  d'un 
serpent  qu'il  a  foulé  aux  pieds  sans  y  penser  ou  qu'un 
orateur  qui  va  faire  l'épreuue  de  son  éloquence  deuant 
l'autel  redoutable  de  Lyon. 

ARGENT. 

Quid  enim  suivis  infamia  nummis  ? 

Quel  mal  fait  l'infamie  pourueu  qu'on  garde  son  bien  ! 

CONTRE    LES    MARYS    COMMODES. 

Hsc  ego  non  credam  Ventisina  digna  lucerna  ? 

Cum  leno  accipiat  mœchi  bona 

dodus  spectare  lacunar, 

Doctus  et  ad  mlicem  vigilanti  stertere  naso. 

Ne  croyrai  ie  pas  que  ces  choses  sont  dignes  du  style 


—  378  — 

d'Horace pendant  qu'un  niary  commode  reçoit  le  prix 

du  plaisir  que  done  sa  feme ,  parcequ'il  scait  faire  le  reueur 
en  regardant  aucc  attention  le  plancher  ou  parcequ'il  feint 
d'être  yurc  et  de  dormir  le  nez  sur  le  verre. 

DÉPENSER    SON    BIEN    POVR    AVOIR    DES    EMPL0Y3. 

Cum  faf  cssc  putct  curam  spcrarc  cohortis  , 
Qui  bona  donavit  pr^csepibus ,  et  carcl  omni 
Majonim  censu ,  diun  pervolat  axe  cilalo. 

En  ce  tcms ,  l'on  espère  les  premières  charges  pour  auoir 
dissipé  tout  son  Lien  en  vaincs  depences,  pour  auoir  abimé 
les  reuenus  de  ses  aycux,  pour  s'être  fait  traîner  dans  un 
carosse  magnifique. 

LA     LIBERTÉ     Qv'ON    PREND     DE     REPRENDRE     LES    VICES     NOVS 
NVIT    SOVVENT. 

Aude  aliquid  brcvibus  Gyaris  ci  carcere  dignum , 
Si  vis  esse  aliquis  :  PnouiTAS  laudalur  et  alget. 

Voules  VOUS  VOUS  cleuer  a  quelque  rang  considérable, 
entres  hardiment  dans  les  intrigues  les  plus  dangereuses  , 
sans  craindre  ny  prison  ny  exil  ;  on  loue  les  gens  de  bien, 
mais  on  ne  laisse  j^as  de  les  voir  périr  de  misère  sans  en 
être  touchés  de  compassion. 

LES    MECHANTS    AGQVIERENT    LE    BIEN   QV'iLS    ONT    PAR 
LEVRS    CRIMES. 

Criminihus  debent  Iwrtos,  prœloria  ,  moisas , 
Argentum  velus ,  et  slantem  extra  pocula  caprum. 

Ces  beaux  iardins ,  ces  palais ,  ces  tables ,  ces  meubles 
pretieux,  ces  vases  ciselés  et  ces  belles  figures  d'or  sont 
auiourdhuy  la  recompense  des  plus  grands  crimes. 


—  379  — 

l'avarice,    le    IEV  ,    LE    VICE. 

Et  quœido  uhci'ior  vilionim  copi2?quando 
Major  avarilÙT  patuil  sinus  ?  alex  quamlo 
IIos  aiiïnwi  ?  nequc  cnim  loculis  cjDiitaniibus  itur 
Ad  casum  labiilx ,  posita  scd  tudilur  arca. 

A  l'on  iamais  veu  un  plus  grand  nombre  de  crimes? 
Quand  est  ce  que  l'auarice  a  eu  plus  de  cours?  Quand  est 
ce  que  le  ieu  a  dauantage  tyrannisé  les  esprits  ?  On  ne  se 
met  pas  seulement  au  hazard  d'y  perdre  sa  bourse  ,  mais 
on  y  ioue  tout  son  bien. 

IEV. 

Siniplexne  furor  sestertia  centum 

Perdere,  et  horrenti  tunicam  non  reddere  servo? 

Vous  perdes  cent  sesterces  et  vous  plaignes  un  habit  a 
un  valet  qui  périt  de  froid  en  vous  attendant  toute  la  nuit 
a  une  porte. 

LES    RICHESSES    SONT    ADORÉES. 

Quandoquidem  intev  nos  sanctissima  divitiarum 
Majeslas  ;  elsi  funesta  pecunia 

Nous  adorons  auiourduy  les  richesses  quoyqu'elles  nous 
soint  funestes. 

ON  s'ennvie  d'attendre  vn  repas  trop  long  tems. 

Vestibulis  abeunt  veteres,  lassiqite  clientes , 
Votaque  deponunt ,  quanquam  longissima  ,  cenx, 
Spes  homini 

Les  anciens  amys  de  la  maison,  las  d'attendre  inutile- 
ment ,  sont  contraints  de  se  retirer,  quoyqu'il  n'y  ait  rien 
que  l'on  attende  auec  plus  de  patience  qu'un  bon  repas. 


-  380  — 

VOLVPTVEVX. 

L'na  comedunt  patrimonia  mensa. 

Ils  mangent  en  un  seul  repas  des  patrimoines  entiers. 

LE  MONDE  EST  AV  COMBLE  DE  LA  CORRVPTION. 

Nil  erit  uUerius  quod  nostris  moribus  addat 
Posteritas  :  eadem  cupient,  facientque  minores. 
Omne  inprwcipiti  vitium  stetit 

La  postérité  n'aioutera  rien  a  la  corruption  de  nos 
mœurs  ;  nos  decendants  ne  scauroint  faire  que  ce  que  nous 
faisons ,  en  ce  siècle  tous  les  vices  sont  arriués  au  dernier 
excès. 

IL  FAVT  SOVVENT  TAIRE  LES  DÉFAVTS  DES  AVTRES. 

Cum  veniet  contra  ,  digito  compesce  labellum  : 
Accusator  erit,  quiverbum  dixerit ,  hic  est. 

En  le  voyant ,  douez  vous  bien  de  garde  d'ouuhr  la 
bouche  ;  c'est  un  crime  de  dire  seulement  :  Le  voyla. 

LA  COLERE  ET  LA  VENGEANCE  NOVS  SAISIT  LORS  Qv'ON 
NOVS  REPROCHE  NOS  CRIMES. 

Rubet  audilor  cui  frigida  mens  est 

Criminibus ,  lacita  siidant  prxcordia  culpa. 
Inde  irx  ,  et  lacrymal 

L'auditeur  pâlit  en  voyant  decouurir  les  segrets  de  sa 
conscience  ;  de  la  nait  sa  colère  et  la  vengeance  qu'il 
médite. 

REPENTIR  INVTILE. 

Galeatum  sero  duelli 

Pœnitet 


Quand  on  est  dans  la  mêlée ,  il  n'est  plus  tems  d'auoir 
du  repentir  de  s'y  être  engagé. 


satyrp:  II 


CONTRE     LES    HYPOCRYTES. 

Ultra  Sauromatas  fugere  hinc  libet,  et  glacialem 
Oceanutn  ,  quoties  aliquid  de  moribus  audent 
Qui  Curios  simulant  et  Bacchanalia  vivunt. 

Lors  que  ie  rencontre  ces  hypocrytes  qui  sous  l'appa- 
rence d'homes  de  bien,  osent  déclamer  contre  l'inconti- 
nence ,  quoyque  leur  vie  ne  soit  qu'une  continuelle  suite 
de  desordres ,  ie  suis  animé  d'un  dépit  si  violent  qu'a 
peyne  puis  ie  ne  pas  abandorier  Rome  pour  aler  chercher 
l'innocence  et  la  simplicité  parmy  les  Scythes  et  les  Sar- 
mates. 

LE   VISAGE    TROMPE. 

Frontis  nulla  fides.  quis  enim  non  vicus  abundat 
Tristibus  obscenis  ? 

Certes ,  le  visage  est  un  tableau  bien  trompeur  du  mérite 
des  homes ,  car  tout  est  plein  de  ces  sérieux  qui  viuent 
dans  les  plus  honteux  plaisirs. 

ON  NE  PEVT  REPRENDRE  LES  VICES  DES  AVTRES  Qv'ON  n'eN 
SOIT  EXEMPT. 

Loripedem  reclus  derideat ,  Aethiopemalbus. 
Il  faut  être   sans  tache  pour   accuser  les  deffauts   des 


—  382  — 
autres  ;  celuy  qui  ne  chancelé  pas  peut  rire  des  démarches 
mal  asseurées  d'un  boiteux ,  cl  un  François  peut  se  moc- 
querd'un  Maure. 

FAVX  SAGE  DONT  ON  VEVT  SE  MOCQVER. 

Felicia  tempora  ;  qxix  te 

Moribus  opponunt.  habeal  jam  Roma  pvdorem  , 
Tertius  c  cœio  cecidit  Calo 

Que  ce  siècle  est  heureux  de  te  voir  naitre  pour  la  refor- 
mation des  mœurs.  Rome ,  il  est  tems  que  tu  rougisses  de 
honte;  lo  ciel  soigneux  de  ton  innocence  t'a  doné  un  troi- 
sième Gaton. 

LE    GRAND  NOMBRE    DES   COVPABLES    LES    DEFFEND    CONTRE 
LA   IVSTICE. 

Sed  illos 

Défendit  nunierus  ,  juncLvfjue  umbonc  phalanges. 
Magna  inler  niolkis  concordia 

Mais  le  nombre  des  coupables  les  met  a  couuert  des  sup- 
plices ;  ils  composeroint  des  bataillons  entiers ,  ou  plutôt 
des  armées  pour  delcndrc  leurs  vices  ,  car  il  y  a  beaucoup 
d'intelligence  et  d'accord  parmy  ces  clïeminés. 

LA    CENSVRE    s'eN    PREND    A   CEVX   QVI    LE  MERITENT    LE    MOINS. 

Dat  veniam  corvis ,  vexât  cenmra  columbas. 

La  censure  attaque  auec  iniustice  des  persones  plus 
pures  et  plus  innocentes  que  les  colombes  ,  tandis  qu'elle 
épargne  ceux  qui  sont  plus  noirs  et  plus  infâmes  que  les 
corbeaux. 


—  383  — 

LES    COMPAGNIES    DEUAVCHÉES    NVISENT. 

Dédit  hanc  conlagio  labcm  , 

sicul  grex  lotu^  in  agris 

Uniiis  scabic  cadil ,  et  porvigine  ir)vc.i , 
Ucaqtic  conspccta  livorcm  ducit  ab  uva. 

Le  comerce  des  méchants  porte  la  contagion  auec  luy,  de 
môme  que  nous  voyons  a  la  campaigne  que  des  troupeaux 
entiers  se  corrompent  par  la  comunication  du  mal  d'une 
seule  bute,  et  de  môme  encore  qu'un  raisin  se  gâte  étant 
proche  d'un  autre  deia  trop  meur  ou  pourri. 

ON    SE    DEIiAVCHE    PEV   A    PEV. 

Nemo  repenlc  fiât  turpissinius 

Pei-sone  ne  tombe  tout  d'un  coup  dans  le  dernier  excès. 

CHOSE    MEMORABLE. 

Res  memoranda  novis  annalibus  ,  atque  recenti 
Ilistovia 

Remarque  digne  d'être  couchée  dans  les  annales,  cir- 
constance notable  en  l'hystoire  de  nos  iours. 

EFFEMINE    QVI    FARDE    SON    VISAGE. 

Et  curare  cutem  summi  constantia  civis. 

Est  ce  l'action  d'un  cœur  généreux  de  s'amuser  a  se 
polir  le  visage. 

LES  PLVS  GRANDES  REYNES  DV  MONDE  NE  l'oNT  PAS  FAIT 
QVOYQVE  VOLVPTVEVSES. 

Et  curare  culcin  su<nmi  conslanlia  dois  ; 
Et  prcssum  in  fdcic  digilis  c.iiendere  pancm  , 
Quod  ncc  in  As^yrio  phxrutraia  Samiramis  orbe  , 
Mxsta  nec  Actiaca  fccit  Cleopatra  carina. 


-  384  — 
Est  ce  l'action  diiii  cœur  généreux  de  s'amuser  a  se 
polir  le  visage  et  de  se  barbouiller  de  pâte  pétrie  pour  se 
tenir  le  teint  Frais,  curiosité  honteuse  qui  n'est  iamais  tom- 
bée en  l'esprit  de  cette  voluptueuse  reyne  des  Assyriens  la 
fameuse  Semiramis,  ny  de  Cleopatre  même  qui  eut  tant  de 
douleur  de  la  perte  de  la  bataille  d'Actium. 

CtEns  barbares  et  incivils. 

Hn'c  nullus  rerbis  pridor,  aut  reverentia  mensce. 

Les  loix  de  rhoneleté  ne  sont  point  conues  parmy  eux  . 
non  pas  même  pendant  le  repas. 

EXEMPLE    DE    fiOVRMANDISE . 

Rarum  ,  ac  mcmorabile  magni 

Gutturis  exemplwn  ,  conducendusque  magister. 

C'est  un  rare  exemple  de  gourmandise  et  capable  de  tenir 
le  premier  rang  parmy  les  plus  célèbres  débauches. 

CHOSE   SVRPRENANTE. 

Scilicet  horreres  ,  majoraque  monsira  putares, 
Si  mulier  vîtiilum  ,  vel  si  bos  ederet  agnitm  ? 

Seroit  ce  une  chose  plus  monstrueuse  si  une  feme  engen- 
droit  une  bête  ,  ou  si  un  agneau  prenoit  naissance  d'une 
vache. 

COMMERCE. 

Adspice  quid  faciani  cominercia 

Voyla  les  effets  du  comerce. 


SATYRE   [II 


LA    SOLITVDE    EST    PLVS   AGREABLE    QVE     LE     BRVIT    DES    VILLES. 

Ego  vel  Pruchytam  prœpono  Suburra;. 

Nam  quid  tain  miserum  ,  tam  solum  vidimus  ,  ut  non 
Deterius  credas  horrere  incendia,  lapsus 
Tectorum  assiduos ,  ac  mille  pericula  sœvcB 
Urbis 

Pour  moy  ie  préfère  le  désert  le  plus  abandoné  tel  que 
celuy  de  l'isle  de  Prochyte  a  Suburre  cette  belle  rue  de 
Rome  ,  car  les  horreurs  de  la  plus  afireuse  solitude  ne 
sont  elles  pas  plus  suportables  que  des  embrasements,  que 
des  cheutes  de  maisons ,  que  mille  fâcheux  accidents  qui 
arriuent  tous  les  iours  dans  la  ville. 

LA    FORTVNE    N0V8    ELEVE. 

Cum  sint , 

Qualeis  ex  humili  magna  ad  fastigia  rerum 
Extollit ,  qiioties  voluit  Fortuna  jocari. 

AIAL    PROPRE    AVX    INTRIGVES    KT    A    TROMPER. 

Ferre  ad  nuptam  qux  mittit  adulter 

Qux  mandat  norint  alii ,  al  me  nemo  ministro 
Fur  erit 

le  laisse  a  d'autres  a  porter  les  présents  et  les  letres  de 
la  part  des  amants  ;  ie  ne  suis  propre  ny  a  tromper  ny  a 
ayder  a  tromper  persone, 

25 


—  386  — 

LES  CRIMKS  FONT  CONSIDERER. 

Quis  nunc  diligitur,  nisi  conscius  ,  et  cui  fervens 
£sluat  occultis,  animus  semperque  tacendis  ? 

Voules  vous  être  considéré  ,  entres  dans  les  intrigues  du 
monde  ;  il  faut  pénétrer  les  segrets  et  conoitre  tout  ce 
qu'il  y  a  de  caché. 

l'home  capable  de  tovt  faire. 

Ede  ,  quid  illum 

Esse  putes?  quemvis  hominem  secum  attulit  ad  nos. 
Grainmaticus  ,  rhetor,  géomètres,  pictor.  aliptes  , 
Augur,  schœnobates ,  medicus  ,  magus 

Voules  vous  sauoir  ce  que  c'est  que  cet  home  ;  il  est  tout 
seul  tout  ce  que  sont  beaucoup  d'autres  ensemble ,  il  est 
grammairien,  rhéteur,  géomètre,  peintre,  froteur  d'athlètes, 
deuin  ,  danseur  de  corde  ,  médecin ,  magicien  .  il  est 
capable  de  tout. 

la    faim    est    la    MERE    DES    INVENTIONS. 

Omnia  novit. 

Grxculus  csiiriens  in  cœlmn,  jusseiHs.  ihit. 

Un  home  pressé  de  la  faim  est  capable  d'entreprendre  les 
choses  les  plus  difficiles  ;  il  trouueroit  le  moyen  de  voler 
dans  l'air  si  vous  l'en  pries. 

FLATEVRS    LOVENT    PAR    COMPLAISANCE    CE    QVI     LE    MERITE 
LE    MOINS. 

Adulandi  gens  prudentissima  laudal 

Sermoncm  indocti ,  faciem  deformis  amici , 
Et  longum  invalidi  collum  cervicibus  xquat 
Herculis  ,  Antxumprocul  à  tellure  tenentis 
Miratur  vocem  angustam  ,  qua  deterius  nec 
IIU  sonat ,  quo  mordetur  galUna  marito. 


—  387  — 

Les  flateurs  sauent  applaudir  au  discours  d'un  ignorant , 
ils  ont  des  louanges  ou  des  excuses  pour  les  laideurs  du 
visage ,  ils  comparent  la  foiblesse  d'un  délicat  aux  forces 
d'Hercule  qui  êtoufe  entre  ses  bras  le  géant  Anthée,  ils 
admirent  la  voix  importune  d'un  amy,  quoyqu'elle  soit 
plus  aigre  que  celle  d'un  coq. 

COMPLAISANTS    RmiCVLES. 

Natio  comœda  est.  rides?  majore  cachinno 
Concutitur  :  flet ,  si  lacrymas  conspexit  amici , 
Nec  dolet  :  igniculum  brwnss ,  si  tempo re  poscas , 
Accipit  endromidem  -.  si  dixeris,  xstuo,  sudat. 
Nocte ,  dieque  potest  alienum  sumere  vultum. 

C'est  une  nation  née  pour  tout  ce  qui  luy  plait  ;  quand 
ils  voyent  rire  ils  rient  plus  haut  que  ceux  qui  ont  la  ioye 
la  plus  sensible  ;  s'ils  remarquent  de  la  douleur  dans  les 
yeux  de  leurs  amys,  ils  pleurent  auec  eux,  quoyqu'ils 
n'ayent  aucun  chagrin  ;  si  pour  euiter  les  premiers  froids 
de  l'hyuer  on  demande  un  peu  de  feu  ,  ils  prenent  leurs 
robes  fourrées  ;  si  on  se  plaint  de  la  chaleur,  il  s'écrient 
qu'ils  sont  tout  en  sueur  ;  ils  sauent  en  tous  lieux  et  en 
tout  tems  exprimer  sur  leur  visage  des  passions  qu'ils  ne 
sentent  pas. 

SE    FAIRE     CRAINDRE     D  VN    AMY    QVAXD    ON    SCAIT    SON    SEGRET. 

Scire  volunt  sécréta  domus  ,  atque  inde  timeri. 

Ils  tachent  de  pénétrer  les  segrets  domestiques  pour  se 
faire  craindre  par  la  conoissance  qu'ils  eu  prenent. 

OVBLV    DES    SERVICES. 

■.:.  Perierunt  tempera  longi 


Servitii 


—  :{88  — 

Kn  un   uionioiil    Je    somienir  îles    plus   lon;<s   seruices 
s'tnianouit. 

ON    s'eNQVIERT    des    richesses    d'vN    home    pnVR     I.E    FAIRE 
SERVIR    DE    TEMOIN. 

Protinus  ad  censum  ,  de  moribus  ultima  fiel 
Quœstio  :  quoi  pascit  servos  ,  quoi  possidet  agri 
lugera 

On  s'enquiert  premièrement  quelles  sont  les  richesses, 
et  l'on  ne  s'inl'ormo  des  mœurs  qu'après  que  l'on  conoit  le 
bien  ;  on  voul  plutôt  sauoir  le  reuonu  df  ses  terres  et  le 
nombre  des  esclaues  qu'il  entretient . 

LES    RICHESSES    FONT    TROVVEli     DE     LA    CONFIANCE. 

Qv A\T vsilquisquc  sua  ninnrnorum  serval  in  arca  , 
TanhDii  habel  et.  fidei 

On  ne  croit  un  lioine  qu'autant  qu'il  est  riche. 

IL  EST  FACHEVX  A  VN  PAVVRE  d'ÊTRE  MOCQVÉ. 

Maleriam  prsebet  caussasque  jocorum 

Omnibus  hic  idem  ,  si  fœda  et  scissa  lacerna  , 
Si  toga  sordidula  est ,  et  rupta  calceus  aller 
Pelle  patel  :  vel  si  consulo  vulnere  crassum  , 
Atque  recens  linum  ostendit  non  una  cicatriwy 
Nil  habet  infelix  paupcrtas  durius  in  se  , 
Quam  quod  ridiculos  homines  facit 

On  se  mocque  d'un  home  si  son  manteau  est  taché  ou  s'il 
est  rompu  ,  si  sa  robe  n'est  pas  nette ,  si  ses  souliers  sont 
percés,  ou  s'il  paroit  du  lil  grossier  sur  les  trous  qui 
vienent  d'être  recousus  ;  il  n'y  a  rien  de  plus  fâcheux 
lorsqu'on  est  pauure  que  d'cMre  suiet  a  soufrir  les  mépris  et 
les  railleries. 


—  ;î80  — 

VN    PAVVRE    EST    MÉPRISÉ. 

Quis  gêner  heic  plaçait  censu  minor,  atque  puellx 
Sarcinulis  impar  ?  quis  pauper  scribitur  hœres  ? 

Un  père  dans  le  choix  d'un  gendre  préfère  t'il  la  vertu  a 
la  fortune ,  et  ne  refuse  lil  pas  celuy  qui  n'a  pas  tant  de 
bien  que  sa  tille  :  quel  exemple  auons  nous  qu'on  ayt  insti- 
tué un  panure,  héritier. 

LA    PAVVRETÉ    EMPECHE    L  ELEVATION. 

Hauû  fagilk  emergunt ,  quorum  virtutibus  obstat 
Res  angusta  domi 

Geluy  dont  la  vertu  est  captiue  sous  les  rigueurs  de  la 
nécessité  ne  peut  presque  s'eleuer. 

ON   EMPRVNTE    POVR    s'eNTRETENIR^DANS    LE    LVXE. 

Heic  ultra  vireis  habitus  nitor  ;  heic  aliquiid plus , 
Quam  satis  est  :  interdum  aliéna  sumitur  arca. 

Il  faut  icy  de  la  magnificence  dont  le  prix  excède  notre 
pouuoir,  et  pour  satisfaire  a  la  vanité  il  faut  emprunter  de 
toutes  parts. 

PAVVRETÉ    ORGVEILLEVSE. 

Heic  vivimus  ambitiosa 

Paupertate  omnes 

Nous  somes  fiers  dans  notre  pauureté ,  et  sans  mesurer 
ce  que  nous  pouuons  ,  nous  entreprenons  au  delà  de  nos 
forces. 

TOVT   A    LA   VILLE    AVEC    l'aRGENT. 

Omnia  Rom£ 


Cum  pretio 

Tout  se  vend  a  la  ville. 


—  390  — 

ON    NE    PEVT    RIEN    FAIRE    SANS    ARGENT. 

Quid  das  ,  lit  Cossum  aliquando  saintes  : 

Ut  te  respiciat  clauso  Vejento  labello  ? 

N'espere  point  rentrée  ches  Cossus  qu'en  payant  ;  que 
doneras  tu  pour  être  regardé  de  Veienton  sans  qu'il  deserre 
seulement  les  leures  pour  te  parler. 

LA    SOLITVDE    ET    LE    REPOS. 

Vivenduyn  est  illic  ,  ubi  nulla  incendia  ,  nulli 
Nocte  metus , 


Cherchons  a  passer  notre  vie  en  des  lieux  écartés  ou  la 
crainte  du  'feu  et  des  autres  accidents  ne  puisse  troubler 
le  someil  que  nous  prenons  pendant  la  nuit. 

LES  POETES  SONT  SOVVENT  SVIETS  A  LA  PAVVRETÉ  : 
EXEMPLE. 

Lectus  erat  Codro  Procula  minor,  urceoli  sex, 
Ornamentum  abaci ,  nec  non  et  parvulus  infra 
Canthariis ,  et  recubans  sub  eodem  marmore  Ghyron, 
lamquc  velus  Grœcos  servabat  cista  libellas , 
Et  divina  Opici  rodcbant  carmina  mures. 
Nil  habiiit  Codrus.  guis  enim  negat  ?  et  tamen  illud 
Perdidit  infelix  totuin  nihil  :  ultimiis  autem 
Mrumnx  cumulus,  quod  nudum  ,  et  frusta  rogantem 
Nemo  cibo ,  ncmo  hospitio  ,  tectoque  juvabit. 

Codrus  n'auoit  pour  tous  meubles  qu'un  lict  trop  étroit 
pour  sa  feme  et  pour  luy,  six  petites  cruches  qui  seruoint 
d'ornement  a  un  buffet ,  auec  un  vase  de  terre  a  deux  anses 
dont  le  pié  d'étail  representoit  Ghiron  le  Centaure,  un 
vieux  coffre  ou  il  gardoit  ses  liures  ou  les  rats  ne  laissoint 
pas  d'entrer  et  de  ronger  ses  vers  admirables  ,  enfin  tout  le 
monde  conuient  que  Codrus  n'auoit  rien ,  il  perdit  neag- 


—  391  — 
moints  ce  rien  qui  êtoiL  tout  ce  qu'il  auoit  au  monde,  et 
dans  cette  extrémité  il  implora  vainement  la  compassion 
des  homes ,  il  ne  se  trouua  persone  qui  voulut  soulager  sa 
misère  ,  et  qui  eut  la  bonté  de  luy  doner  du  pain  ou  de  luy 
offrir  sa  maison. 

LE   PLAISIR    QV'ON   A    DE    POSSEDER    QVELQVE    CHOSE. 

Est  aliquid  quocunque  loco ,  quocunque  recessu, 
Unius  sese  dominum  fecisse  lacertx. 

C'est  un  plaisir  d'auoir  quelque  chose  a  soy  et  d'être  le 
maître  en  quelque  endroit  que  l'on  viue. 

IL    EN    COVTE    CHER    DE    RESTER    DANS    LES    VILLES. 

Magnis  opibus  dormitur  in  urbe. 

Inde  caput  morbi  :  rhedarum  transitiis  arcto 
Vicorum  inflexu ,  et  stantis  convitia  mandrx 
Eripient  somnum 

Il  faut  être  riche  et  auoir  des  grandes  richesses  a  la 
ville  pour  y  dormir  ;  voyla  la  cause  de  tous  nos  malheurs  , 
le  bruit  des  carrosses ,  les  crys  des  muletiers  interrompent 
le  someil. 

LES    QVERELES   DONENT    DV    PLAISIR    A    CERTAINES    GENS. 

.  .  .  .  , Quibusdam 

Somnum  rixa  facit 

Il  y  a  des  gens  qui  ne  trouuent  du  repos  qu'a  exciter  des 
quereles. 

I 

VN    PAVVRE    MALTRAITÉ    DEMANDE    ENCORE    PARDON. 

Libertas  pauperis  hmc  est. 

Pulsatus  rogat .  et  pugnis  concisus  adorât. 


—  30':  — 

La  liberté  d'un  pauure  est  qu'après  auoir  souffert  des 
iniures ,  il  est  encore  obligé  de  demander  pardon. 

LA    CORRVPTION    MOINDRE    DANS    LES    SIECLES    PASSÉS. 

Felices  proavorum  atavos ,  felicia  dicas 

Secula  quw  quondam  sub  regibus,  atgue  Iribunis 

Viderunt  uno  contenlam  carcere  Romam. 

Heureux  les  premiers  siècles  qui  ont  passé  sous  le  gou- 
uernement  des  roys  et  des  tribuns ,  puisqu'alors  une  seule 
prison  êtoit  sulïisante  a  Rome  pour  enfermer  tous  les  cri- 
minels. 


SATYRK  n 


INFAME. 

Monstrum  nulla  virtule  redemtum 


A  vitiis 


Il  n'y  a  pas  une  seule  vertu  dans  cest  home  qui  cache  en 
quelque  sorte  la  laideur  de  ses  vices. 

LES  MECHANTS  NE  PEVVENT  ÊTRE  HEVREVX. 

Nemo  malus  felix,  minime  corruptoi',  et  idem 
Incestus 

Un  méchant  home  ne  peut  iamais  être  heureux ,  bien 
moins  un  adultère,  un  incestueux,  un  infâme. 

LE     CREOrr    ET    LES     RICHESSES     METENT    A     l'aBRI     DE     TOVT. 

Et  tttinen  alter 

Si  fecisset  idem ,  caderet  sub  judice  morum 
Nam  quod  turpe  botiis ,  Titio ,  Seioque  decebat 
Grispinum , 

Si  un  autre  en  auoit  l'ait  autant,  il  seroit  condamné  a 
la  mort,  mais  ce  qui  oteroit  l'honeur  a  Titus  et  a  Seius  ne 
fait  point  de  preiudice  au  grand  Cryspin. 

folle  prodigalité. 

Hoc  pretio  squamse  /*  potuit  fartasse  minoris 
Piscator,  quam  piscis  emi.  provinda  tanti 
Vendit  agros , 


—  394  — 

Quoy,  a  ce  prix  la  des  poissons  ;  le  pécheur  auroit  moins 
coûté  ,  et.  il  y  a  des  prouinces  qui  doneroint  a  ce  prix  la 
une  terre. 

APPROCHES  DE  I/AVTOMNE  ET  DE  l'hYVER. 

.  [am  letifero  cedcnle  p7uiini.s 

Autunuio,  jam  quartanam  sperantibus  ssgris. 
Stridebat  deformis  hiems 


C'êtoit  en  la  saison  ou  Tautomne  comence  d'auoir  les 
premières  pluyes ,  et  ou  les  malades  voyant  que  l'hyuer 
aproche ,  ne  peuuent  plus  espérer  que  fleure  quarte;  on 
ressentoit  delà  ces  premiers  froids. 

LES  LOVANGES  QV  ON  DONE  AVX  GRANDS  LEVR  PLAISENT. 

Nihil  est ,  quod  credere  de  se 

Non  possi't ,  cwn  laudatur  Dits  œqua  potestas. 

Il  n'y  a  point  de  louange  qui  ne  soit  agréable  a  ceux  qui 
exercent  icy  un  pouuoir  semblable  a  celuy  des  dieux;  ou 
bien  :  il  n'y  a  point  de  louange  qui  ne  soit  agréable  aux 
homes  lors  qu'on  les  compare  aux  dieux. 

IL  NE  FAVT  PAS  SE  DECLARER  LORS  Qv'iL  EST  DANGEREVX 
DE  LE  FAIRE. 

Omnia  quanquam 

Temporibus  diris  tractanda  putabat  inermi 
Justitia 

Il  ne  faut  pas  s'armer  de  la  seuerité  des  loix  dans  un 
tems  dangereux  et  ou  il  n'est  pas  trop  seur  de  se  déclarer 
auec  trop  de  vigueur  contre  le  vice. 

HOME    PROPRE    AV    MANIEMENT   DES    AFFAIRES. 

Cujus  erant  mores  qualis  facundia ,  mile 
Ingenium.  maria,  ac  terras ,  populosque  regenti 
Quis  cornes  utilior 


—  305  — 

IL  NE  FAVT  PAS  ÊTRE  CONTRAIRE  A  LA  VOLONTÉ  d'vN 
PRINCE  CRVEL. 

Qnid  violentiiis  aurc  tijranni. 

Qui  oseroit  doner  un  l)Ou  ("ouseil  a  un  prince  qui  s'effa- 
rouche aussy  tôt  qu'on  s'oppose  a  ses  violences. 

CEDER    AV    TEMS. 

Nunquam  direxit  brachia  contra 

Torrentem 

Il  ne  faut  iamais  s'opposer  au  torrent. 

CYTOIENS    HARDIS. 

Cm.<!  erat,  qui  libéra  posset 

Verba  animi  proferre  ,  et  vitam  impendere  vero. 

C'est  un  de  ces  généreux  cytoiens  qui  ont  la  force  de  dire 
la  vérité  et  de  sacryfier  leur  vie  pour  la  défense  de  la  iustice. 


SATYRE  V 


LA    NATVnE    SE    CONTENTE     DE    PEV. 

Ventre  nihil  novi  fruyalius 

Il  n'est  rien  de  plus  lïugal  que  la  nature. 

A   VN    CtOVRMAND    QVl    A    PKRDV    VN    REPAS    Qv'iL    CROYOIT 
TENIR. 

Tantine  injuria  cerne  ? 

Tarn  jejuna  famés 


La  perte  cVun  repas  est  elle  si  considera])le,  faut  il  tant 
des  choses  pour  satisfaire  les  besoins ,  ou  bien  :  a  t'il  si 
long  tems  que  vous  n"auez  rien  mangé. 

VN  REPAS  OV  VNE  MOINDRE  CHOSE  EST  LA  RECOMPENSE  QVE 
DONENT  LES  GRANDS. 

Primo  fige  loco,  quod  lu  discumbere  Jussus 
Mercedem  solidam  veterum  capis  officiorum 
Fructus  amiciliœ  magnx ,  cihus  :  imputât  hune  Rex, 
Et  quamvis  raruin,  tamen  imputât 

Fais  ton  conte  en  premier  lieu  que  lors  quun  des  grands 
a  qui  tu  rends  tant  des  deuoirs  te  dit  d'un  ton  superbe  de 
t' asseoir  une  foix  a  sa  table  ,  il  croit  te  doner  une  grande 
recompense    et  prétend    qu'un    repas  soi!    le  pri.\  de  tes 


—  397  - 

longues  assiduités  ;  bien  qu'il  ne  te  fasse  cest  honeur  que 
rarement ,  il  ne  laisse  pourtant  pas  de  le  mètre  au  nombre 
de  ses  bienfaits. 

LES    VALETS    DES    CtRANDS    SONT    SVPERBES. 

Maxima  quxque  domus  servis  est  plena  superbis. 

Toutes  les  maisons  des  grands  sont  remplyes  de  superbes 
esclaues. 

LIEV     INFECT. 

Quod  tutus  t'tiam  facit  a  serpentibus  Af'ros. 

Cela  est  si  puant  que  les  serpents  même  en  fuyent  la 
mauuaise  odeur. 

PARTISAN  OV  VOLEVR  PVBLIC. 

Instruit  ergo  focum  provincia 

C'est  la  prouince  qui  fournit  a  sa  cuisine. 

LIBÉRALITÉ. 

Titulis  ,  et  fascibus  olim 

Major  habebatur  donandi  gloria 

On  preferoit  autrefoix  la  libéralité  aux  titres    les   plus 
glorieux,  et  a  la  magistrature  même. 

AVARE    A    SES    AMYS. 

Esto  ,  ut  nunc  multi ,  dives  tibi ,  pauper  amicis. 

Il  est  corne  bien  d'autres ,  riche  pour  luy  même  et  res- 
serré pour  ses  amys. 

TRVFES,    METS    DELICIEVX. 

Facient  optata  tonitrua  cenas 

Majores 


—  398  — 

Les  trufes ,  que  lo  pluyes  et  les  orages  de  l'automne 
produisent,  sont  les  im-ts  les  i)lus  délicieux  des  tables. 

VN    HOME    PAVVHE    OVI     PAIILE    TROP    EST    PLVTOT    CRIMINEL 
QV'VN    AVTRE. 

Plurima  sunt ,  qiue 

Non  audent  homines  pertusa  dicere  Ixna. 

Il  y  a  beaucoup  d'actions  et  des  paroles  innocentes  que 
la  nécessité  et  les  trous  d'une  robe  déchirée  rendent  crimi- 
nelles. 

l'argent  invoqvé. 

0  nummi ,  vobis  hune  prsestat  honorem, 

Vos  estis  fratres 

C'est  donc  a  vous,  adorables  ecus.  qu'il  rend  cet  honeur, 
c'est  vous  qui  êtes  les  amys. 

FEME  STERILE  ACQVIERT  DES  AMYS. 

lucundum,  et  carum  sterilis  facit  uxor  amicum. 
La  Stérilité  d'une  feme  doue  souuent  des  amys. 

IL    y    A    PLAISIR    DE    VOIR    VN    HOME    AFAMÉ. 

Qu3B  comœdia  mimus  , 

Quis  melior,  plorante  gula 


Est  il  rien  de  plus  diuertissant  que  de  voir  les  postures 
d'un  home  pressé  de  la  faim. 

VN  HOME  QVE  FLATE  L  ESPERANCE  d'vN  BON  REPAS. 

Spes  bene  cenandi  vos  decipit.  ecce  dabit  Jam 
Semesum  leporem,  atque  aliquid  de  clunibus  apri , 
Ad  nos  jam  venict  minor  allilis;  inde  parato 
Intactoque  omnes ,  et  stricto  pane  lacetis. 


—  399  — 
Vous  vous  fiâtes  d'une  vaine  espérance  lors  que  vous 
vous  prometes  qu'il  vous  douera  bientôt  ce  reste  de 
ieuraut ,  ou  quelque  tranche  de  sanglier,  ou  que  vous  dites 
en  vous  même  ;  peut  être  faira  t'il  passer  iusqu'icy  l'une 
de  ces  volailles ,  et  dans  cette  attente  vous  ne  touches  point 
a  votre  pain. 


SATYRE  VI 


PVDEVR. 

Credo  pudicitiam  Saturno  Rege  moratam 
In  terris,  vimmque  diu  :  vum  frigida  parvas 
Prxheret  spelunca  domos ,  ignemque,  laremque, 
Et  pecus,  et  dominos  communi  clauderet  umbra. 
Silvestrem  montana  torum  cum  sterneret  uxor 
Frondihus  et  culmo,  vicinarumque  f'erarum 
Pellibus  :  haud  similis  tibi  Cynthia,  nec  tibi  cujus 
Turbavit  nitidos  extinctus  passer  ocellos  : 
Sed  polanda  ferens  infantibus  ubera  magnis, 
Et  sxpe  horridior  glq,ndem  ructante  marito. 

PREMIKH    AArxE    DV    MONDE. 

Quippe  aliter  lune  oi'be  novo,  cœloque  recenti 
Vivebant  homines  :  qui  rupto  robore  nali , 
Compositive  lulo  nullos  habuere  parentes. 
Multa  piidicitia  veleris  vesligia  forsan, 
Aut  aliqua  extiterint,  et  sub  love,  sed  love  nonditm 
Barbato  nondum  Grœcis  jurare  paratis 
Per  caput  alterius,  cum  furem  nemo  iimeret 
Caulibus,  et  pomis ,  et  aperto  viveret  horto. 
Paullatim  deinde  ad  superos  Astr3;a  recessit 
Hoc  comité,  atque  dux  pari  ter  fugere  sorores. 

Je  demeure  d'accord  que  l'honeteté  lit  autretbix  un  long 
seiour  sur  la  terre  ,  pendant  les  beaux  iours  du  règne  de 
Saturne,  lors  qu'une  caucrne  seruoit  de  maison  aux  pre- 


—  401  — 
miers  homes  ou  ils  se  leliroint  auec  leurs  troupeaux  cl 
auec  leurs  dieux,  une  terne  accoutumée  au  Irauail  n'auoit 
que  de  la  paille  el  que  des  feuilles  auec  quelques  peaux 
pour  en  préparer  un  licl  a  son  mary  ;  ce  n'ètoint  pas  des 
délicates  corne  Gynthie  ,  elles  n'êtoint  pas  corne  vous , 
Lesbie ,  qui  aues  baigné  vos  beaux  yeux  de  larmes  pour 
pleurer  la  mort  d'un  passereau. 

i.'advlterk  est  ancien. 

Antiquum  el  velus  est  alienum,  Poslhume,  lectuin 
Concutere  .  atque  sacri  geniuin  conteinnere  fulcri. 

Ce  nesl  pas  une  chose  nouuelle  de  violer  l'honeur  des 
mariages. 

LK     MÊME. 

Viderîint  prinius  argenlea  srnila  machos. 
Les  premiers  adultères  sont  des  le  siècle  d'argent. 

FEMES  HOXÉTES  SONT  RARES. 

Quid,  quod  et  aniiquis  uxnr  de  moribiis  illi 
Quxritur  ?  0  medici  mediam  pertundite  venam. 
Delicias  domini 

Mais  on  luy  trouuera  une  fenie  ([ui  aura  l'honeteté  des 
1^"  siècles ,  on  la  cherche  ;  ah  !  ie  iure  qu'il  perd  l'esprit  ; 
il  faut  ordoner  au  plutôt  ([u'on  luy  ouure  la  veine  ;  voyes 
un  peu  l'agréable  pensée  de  cet  home. 

FEME     A     PLVSIEVRS    MARVS. 

Vnus  Iberinse  vir  sufficit.  ocj/vs  illud 
Extorquehis ,  ut  h,rrorulo  ronlenta  xit  imo. 

Vous  obtiendres  d'elle  plus  aisément  la  chose  du  monde 
qui  luy  deplairoit  le  plus ,  par  exemple  de  n'auoir  qu'un 
œil ,  que  de  n'auoir  qu'un  mary. 

26 


—  •40-J  — 

sovpçoN  d'impvdicitk 

Qiiis  tamen  affirmât,  nil  acliim  in  monlibus  ,  mil  in 
Speiiincis  ?  adco  senuerunt  lupiter  et  Mars. 

Mais  aux  champs  même  qui  t'a  asseuré  qu'il  ne  s'est  rien 
passé  dans  une  cauerne;  lupiter  et  Mars  sont  ils  trop 
vieux  ,  ne  craint  on  plus  leurs  surprises? 

SPECTACLES  PVBLICS  DAXGEREVX. 

Porticibusne  tibi  moiistratur  femina  volo 
IHgna  tuo  ?  cuneis  an  habenl  speclacula  totis 
Qiiod  scninis  âmes ,  quodque  inde  excerpere  possis  ? 

■  Dans  ces  vastes  galeries  ou  Ton  se  promené,  dans  toutes 
les  assemblées  qui  se  font  pour  voir  les  spectacles,  y  a  t'il 
quelque  chose  que  tu  puisses  aymer  sans  rrainto  ot  dont 
tu  puisses  faire  un  choix  sans  hazard  ? 

ENTREPRISES    HONTEVSES    ENTREPRISES    HARDIMENT. 

Fortem  animum  prœslant  rébus ,  quas  turpiier  audenl. 
ils  entreprenent  auec  courage  des  choses  honteuses. 

KAVSSE     PERSVASION. 

Farit  hoc  illns  Hyacinihos 

Us  sont  a  ses  yeux  phis  beaux  c[ue  Hyacinthe. 

ADVLTERES    UE     MESSALINE. 

Dormire  virum  cum  senserai  uxor. 

Ausa  Palatino  tegetem  prseferre  cubili , 

Sumere  nocturnos  meretrix  Augusta  cucullos, 

Linquebat  comité  ancilla  non  amplius  i^ma  : 

Scd  nigruin  flavo  crinem  abscondenle  galero  , 

Inlravil  calidum  vetcri  cenlonc  lupanar, 

Et  ccllam  vacuain  ,  aUjue  suavi  :  tune  nuda  papillis 

Proslilil  auralis.  litulum  mcnlila  Lyciscx , 


—  4US  — 

Ostenditqiie  tuum  ,  ge^ierose  Britannice ,  venlrein. 
Excepit  blanda  mtranteis ,  alque  xra  jyoposcit  : 
Et  resupina  jacens  inuUorum  absorbuit  ictus.. 
Mox,  lenone  suas  jam  dwiUtente  puellas , 
Tristis  abit  :  scd  quod  potuit ,  tame?i  uLtima  cellam 
Clausit,  adhuc  ardens  rigidsi  tentigine  vulvx , 
Et  lassata  viris ,  necdiim  satiata  recessU , 
Obscurisque  genis  iurpis ,  fumoque  hicernx 
Fœda  lupanaris  tulit  ad  pulvinar  odorem. 

Messaline  voyani  lempereur  Glaudius  assoupy  dans  un 
profond  someil ,  préférant  un  licl  malpropre  a  celuy  de 
l'empereur,  se  couuranl  d'une  cape  pour  ne  paroitre  pas 
ce  qu'elle  etoit  et  n'ayant  qu'une  fille  a  sa  suite,  aloit 
courir  les  rues  de  Rome  ;  elle  cachoit  ses  cheueux  noirs 
sous  une  cheuelure  blonde  ;  elle  entroit  dans  les  lieux  les 
plus  infâmes ,  et  la  sous  le  nom  de  Lycisca  dont  elle  auoit 
loué  la  chambre ,  étant  parée  le  sein  decouuert ,  elle  aban* 
donoit  aux  yeux  de  tout  le  monde  le  ventre  dont  tu  es 
sorty,  généreux  Britannicus  ;  elle  receuoit  auec  des 
caresses  ceux  que  la  débauche  y  atiroit  et  leur  demandoit  le 
prix  de  sa  prostitution  ;  quand  le  maitre  de  cest  horrible 
comerce  fermoit  sa  maison ,  elle  ne  s'en  retiroit  qu'a  regret 
et  ne  l'abandonoit  que  la  dernière  ;  il  n'y  auoit  iamais 
pour  elle  asses  de  débauche  ,  elle  en  desiroit  toùiours  plus 
qu'elle  n'auoit  pu  en  prendre ,  et  sortoit  plutôt  lasse  de  ses 
excès  que  satisfaite  des  plaisirs  qu'elle  auoit  eus  ;  elle 
retournoit  toute  pasleau  lict  de  l'empereur,  et  n'auoit  pas 
honte  d'y  raporter  les  odeurs  du  lieu  infâme  ou  elle  auoit 
passé  la  plus  grande  partie  de  la  nuit  a  la  lueur  des  lampes. 

SE    MARIER    PAR    INTHEREST. 

Nec  pharelris  Veneris  macer  est,  mit  lampade  fervet. 
Inde  faces  ardent ,  veniunt  a  dote  sq,gittx. 


-^  404  — 

Les  flèches  ou  le  llambeau  de  raniour  ne  l'ont  ny  blessé 
ny  brûlé,  100000  ecus  de  dot  ont  cté  le  flainbean  et  les 
flèches  dont  il  a  été  atteint. 

VEVFVE     MARIKIv     A    VN    AVARE. 

Vidua  csl  locuples  qux  nupsii  avaro. 

Une  feme  riche  ayant  épousé  un  auare  qui  n"ayme  que 
l'argent  est  aussy  libre  que  si  elle  êtoit  veufue. 

LA    BEAVTÉ     FAIT    AYMEH    VNE    FEME. 

Faciès  ,  non  uxor  amaiiir. 

On  aynie  une  feme  non  pas  parcequ'elle  est  honéte,  mais 
parcequelle  est  belle. 

QVALITÉS    d"v.\E    FEME    HONETE. 

Sit  formosa,  decens,  dives,  fecunda,  vetuslos 
Porticibus  disponat  avos,  intadior  omni, 
Crinibus  effusis,  bellnm  dirimcnte  Sabina. 

Il  faut  qu'une  l'enie  soit  belle,  de  bone  grâce,  riche, 
féconde ,  d'une  naissance  illustre  et  plus  honête  que  ces 
ancienes  Sabines  qui .  ayant  les  cheueux  epars  au  milieu 
de  deux  armées ,  arrêtèrent  auti-efoix  la  fureur  de  leurs 
frères  et  de  leurs  marys. 

CHOSE    RARE. 

Rara  avis  in  terris,  nigroqne  simillima  cycno. 

C'est  une  chose  bien  rare  et  qui  ne  se  trouuera  que  lors 
qu'on  verra  des  cygnes  noirs. 

FEME    ORGVEILLEVSE. 

Quis  feret  nxorem 

si  cum  magnis  virtutibiis  adf'ers 

Grande  superciHwn,  et  numeras  in  dote  tritimphos. 


—    40  n    — 
Qui  pourioit  soulïir   l'orgueil    d'une   feme    qui    auroit 
droit  de  se  venter  de  ses  auantages,  si  auec  ses  vertus  elle 
auoit  beaucoup  de  fierté  et  si  elle  contoit  les  belles  actions 
de  ses  aveux  au  lieu  de  sa  dot. 

VN    BIENFAIT    EST    SOVVENT    DKSA(iREAIU.E . 

Hujus  cnvn  rui'i  swwniquc  volaptas 

NuUa  boni,  quoUes  animo  corrupta  siipcrho 
Plus  aloës  quam  jnelJis  liabet 

La  iouissance  du  plus  grand  et  du  plus  extraordinaire 
de  tous  les  biens  peut  être  désagréable  lors  que  le  dédain 
et  le  mépris  d'un  esprit  fier  y  mêle  plus  d'amertume  qu'il 
n'y  a  de  douceur. 

LANGAGE  FLATEVR. 

Quod  enim  non  excitet  inguem 

Vax  blanda,  et  nequam  ?  digitos  habet,  ut  iarncn  omnes 
Subsident  pennée 

Car  qui  est  ce  qui  résiste  aux  charmes  d'un  langage  fla- 
teur  ?  Il  a  autant  de.  force  que  les  caresses  les  plus  tou- 
chantes ,  et  il  empêche  le  cœur  d'être  insensible. 

ON   LIT    SVR   LE    VISAGE    LE    NOMBRE    DES    ANNÉES. 

Fades  tua  computat  annos. 

■Votre  visage  est  un  fidelle  témoin  du  nombre  de  vos 
années. 

BEAVTÉ  CRVELLE. 

Tormentis  gaudct  amantis , 

Et  spoliis 

Elle  ne  se  plait  qu'a  faire  soufrir  et  a  piller  ceux  qui 
l'ayment. 


—    'lUli    — 
CAPTIVITÉ    DES    MARYS    COMPLAISANTS. 

Quisquis  cril  bonus,  oplandusquc  marilus , 

Nil  unquaiii,  invita  donabis  conjngc  :  vendes 
Hoc  obstante  niliil  :  niliil ,  liœc  si  noiet,  oneiiir. 
Hxc  dabil  affeclus 

Le  mariage  n'est  guère  utile  a  ceux  qui  ont  de  la  com- 
plaisance et  de  l'honcteté  ;  si  une  terne  vous  conoit  d'une 
humeur  aisée,  quand  vous  voudres  iaire  une  chose,  c'est 
iustement  ce  qui  ncluy  plaira  pas.  si  elle  ne  veut  pas  que 
vous  donies  vous  n'ozerez  l'aire  la  moindre  libéralité ,  si 
vous  voules  vandre  elle  s'y  opposera ,  si  clic  ne  le  veut 
pas  vous  n'acheteres  rien ,  ce  sera  elle  même  qui  sera  la 
maîtresse  et  qui  ordonera  ce  qui  luy  plaira ,  vous  n'aures 
aucune  passion  que  par  elle. 

LA    MORT    d'vN    home    EST    d'vN    GRAND   POIX. 

Nuila  unquaia  de  morte  hominis  cunctatio  longa  est. 

Lors  qu'il  s'agit  de  la  mort  d'un  home,  la  deliheration 
n'est  iamais  trop  longue. 

VOLONTÉ    absolve. 

Hoc  volo,  sic  jubeo,  sil  pro  mtionc  volunlas. 

le  veux  cela ,  ie  l'ordone ,  laut  il  autre  raison  que  ma 
volonté  ? 

CHOSE    MEMORABLE. 

Titulo  rcs  digna  sepiilcri. 

(Test  une  chose  qui  mérite  d'être  grauée  sur  son  tombeau. 

belle    MERE    INCOMMODE. 

Desperanda  libi  salva  concordia  socru. 


—     4(17     — 

N'espère  poiiil  d  aiioir  la  paix  dans  la  maison  pendant 
la  vie  d'une  belle  niere. 

FEM1-;     UKH.WCHKK. 

llla  duvet,  inissis  a  vorvaptore  label  lis  , 

Nil  rude,  nec  simplcx  rescribere  :  decipil  il  la 

Custodes,  aut  ;vrc  domat 

Elle  done  des  leçons  pour  repondre  aux  letres  des  amants, 
sans  y  mêler  quelque  chose  de  rude  qui  les  rebute  ;  elle 
surprend  la  vigilance  de  ceux  qui  sont  comis  a  sa  conduite. 

AVERTISSEMENTS    d'vNE    MERE    NE    SERVENT   SOVVENT    DE    RIEN., 

Scilicet  exspectas,  ut  tradal  mater  honeslos , 
Atque  alios  mores,  quain  qiios  hahet  ? 

Attendries  vous  qu'une  mcre  inspirai  a  sa  lille  une  con- 
duite honète  qu'elle  n'a  iamais  eue. 

MERE    COMMODE. 

Utile  porro 

Filiolam  lurpi  vetulse  producere  turpem. 

Il  est  utile  a  une  mère  deia  vieille  d'entrer  dans  les 
intrigues  amoureuses  de  sa  lille  et  de  luy  être  lauorable. 

FEMES    PL.WDEVSES. 

Nulla  f'erc  caussa  est ,  in  qua  non  feinina  lilem 
Moverit 


Il  n'y  a  point  de  suiet  ou  une  l'eme  ne  vous  fasse  des 
atVaires. 

SVR    LE    MÊME    SVIET. 

Nulla  l'ère  caussa  est ,  in  qua  non  femina  titem 
Moverit.  accusât  Manilia,  si  rea  non  esi. 
Oompomint  ipsx  per  se ,  formanlque  libellos , 
Principiimi ,  atque  locos  Celso  dictare  paraix 


—  408  — 

Y  a  l  il  un  procès  dans  le  barreau  ou  uuc  renie  ne  soit 
partie  ?  Manilie  accuse  quand  ou  ne  la  poursuit  pas  ;  elles 
composent  leurs  roijuctos  sans  Taydc  de  leurs  auocats 
qn'elles  sont  prêtes  d'instruire  ,  étant/  capables  de  doner  des 
leçons  a  (jclse  (juchiue  habile  qu'il  soit. 

FKMK     nU'VniQVE. 

QueiH  itvxstare  potcst  inulicr  gaimta  pudorem  . 
Qux  fugit  a  sexu,  vires  amnt  ? 


Quelle  pudeur  se  doit  ou  proiuptre  d'une  leme  armée 
qui  fuit  la  modeslie  de  son  sexe. 

SVR     [>E    MÊME    SVIET. 

Hw  sunt .  qu,i'  tenui  sudanl  in  cyclade ,  quarum 
Delicias  et  panniculus  bombijcinm  urit. 

Ce  sont  elles  qui  se  plai^^neiil  de  la  chaleur  quoyqu" elles 
ii'ayent  qu'une  robe  fort  déliée  ;  une  légère  etofe  de  soye 
les  échauffe  et  les  incommode. 

M.MU.\GE     SVIET    .\    DES    CH.UJRLNS. 

Sempev  hahet  lileis  ,  nllernaquc  jurgia  lectus  . 
In  quo  nupta  jacet  :  minimum  dormitur  in  illo. 

Tl  y  a  toùiours  quelque  suiet  de  chagrin  dans  le  mariage. 

FEME     IMI>\U10VE. 

Cum  gravis  illa  vira ,  tune  orba  tigride  pejor, 
Cum  simulât  gemilus  occulti  conscia  facti. 
Aut  odit  pueros,  aut  ficia  pellice  plorat 
Uberibits  semper  lacrijmis ,  semperque  paratis 
In  statione  sua,  atque  cxspectantibus  illam  , 
Quo  jubeat  manare  modo  :  lu  credis  amorem  , 
Tutibi  tune  eu rruea  places ,  flctumque  labellis 
Exsorbes  ,  qiur  scripta  et  quas  Icelurc  tabcllas , 
Si  tibi  zelotypx  retegantur  scrinia  mœchx  ! 


—  409  — 

Mais  il  y  a  loùiours  quelques  iiouueaux  suiets  de  cha- 
grin dans  le  mariage  ;  on  ne  peut  dormir  en  repos  auprès 
d'une  feme  dans  le  tems  qu'elle  est  infidelle  a  son  ma^y, 
qu'elle  est  dans  un  comerce  segret  auec  son  amant  ;  elle  est 
pire  qu'une  tygresse  ,  elle  hayt  ses  esclaues ,  elle  se  plaint 
que  son  mary  a  des  maîtresses  .  elle  a  des  larmes  de 
comande  qui  coulent  quand  il  luy  plait  ;  son  mary  croit 
que  ce  sont  des  larmes  de  tendresse  ,  le  panure  sot  est  rauy 
de  se  croire  aymé ,  il  la  rasseure  de  la  crainte  qu'elle  scait 
si  bien  feindre,  et  essuyé  ses  larmes  par  ses  baisers  ;  mais 
quelles  letres ,  quels  billets  ne  liroit  il  pas  s'il  ouuroit  la 
cassette  de  cette  infidelle  qui  feint  une  si  grande  ialousie. 

svRPRis    svn    l'action. 

Niliil  cl  aiulacius  iilis 

Deprensis.  iram  algue  animas  a  criminc  sumunl. 

Il  n'est  rien  de  plus  hardy  que  ceux  ([u'on  surprent  dans 
une  méchante  action,  il  semble  qu'ils  ont  plus  de  droit  de 
se  mètre  en  colère  et  de  parler  hardiment. 

FEMES    DES    PREMIERS    SIECLES    S.-VGES. 

Pr^estabat  castas  humilis  fortuna  Latinas 
Quondam ,  nec  viliis  contingi  parva  sinebant 
Tecta  lahor,  somnique  brèves ,  et  vellerc  Thusco 
Vexatx  ,  durxque  manus 

Autrefoix  les  femes  ètoint  honètes  parcequ'elles  n'etoint 
que  dans  une  très  petite  fortune  ;  le  trauail  ou  elles  s'em- 
ployoint  dans  leurs  cabanes ,  le  peu  de  someil  qu'elles  pre- 
noint ,  leurs  mains  endurcies  a  la  peyne  chassoint  loin 
d'elles  tous  les  vices. 


—  ild  — 

AMOVH    CAVSE    DES    DESORDHES. 

Nulluin  crimcn  abest  facinusquc  libidinis ,  ex  quo 
Pnupertas  péril 


Il  n'y  a  point  (\r  désordre  ijue  l'aniour  iriulroduise, 
depuis  qu'on  n'est  plus  panure. 

LE    VIN    GAVSE    DES    UKSOllUllES. 

Quid  envii  Venus  ebria  curai  f 

Inguùiis,  et  capitis  qux  sint  discrimina,  nescit. 

Y  a  t'il  (juelque  chose  (|ui  retiene  les  homes  dans  leur 
dcuoir  particulièrement  dans  le  vin  ;  ils  ne  conoissent  plus 
quelle  differançe  il  y  a  entre  la  raison  et  les  sens. 

LES    KICHESSES    ONT   PORTÉ    LE    LVXE. 

Prima  peregrinos  obscena  pecunia  mores 
IntuUt ,  et  turpi  fregenint  swcitla  luxu 
Divitiêe  molles 


Le  honteux  usage  de  l'argent  a  porté  la  corruption  des 
mœurs ,  et  les  richesses  et  le  luxe  ont  atfoibly  la  vertu  des 
premiers  siècles. 

VVUOUiNES 

Ja)n  verligine  lecluni 

Ambulal ,  et  geminis  exsurgit  mensa  lucernis^ 

Ilsbeurent  si  Tort  ((u'iis  croyoint  (jue  tout  tournoit  dans 
la  maison  .  et  qu'ils  y  voyoinl  toutes  choses  doubles. 

LA    VERTV    EGALE    LES    PAVVRES    AVX    RICHES. 

Palmaui  inter  dominas  virliis  nalalibus  lequat. 

La  vertu  égale  les  panures  a  ceux  ({ui  ont  beaucoup  de 
naissance. 


SCELERAT. 

Sed  nunc  ad  quas  non  Olodids  aras 


Mais  y  a  til  auiourduy  des  autels  ou  Clodius  nayt  porté 
sa  profanation  ? 

P^EME    IMPVDIQVE    QVI    TKO.MPE    SES    GARDES, 

Pone  seram ,  cohibe  ;  sed  quis  custodiet  ipso.s 
Custodes  ?  Cauta  est,  et  ab  illis  incipit  uxor. 

Il  i'aut  l'enfermer,  empêches  la  de  sortir  ;  mais  qui  gar- 
dera les  gardes  que  ie  luy  doneray  ?  Il  n'est  rien  de  plus 
fin  qu'une  feme,  c'est  en  trompant  ou  en  corrompant  ses 
gardes  qu'elle  comancera  a  me  tromper  moy  même. 

LE   VICE    EN    GENERAL. 

lamque  eadein  sumtnis  pariler  niinimisque  libido. 

Le  desordre  n'est  plus  seulement  dans  la  vie  des  grands, 
il  a  passé  iusqu'au  moindre  bourgeois. 

ON  N  A  PAS  DANS  LA  PAVVRETÎ  LA  MODERATION  Qv'iL  FAVT 
AVOIR,  SVRTOVT  LORSQv'ON  A  VNE  FEME  PRODIGVE. 

MuLTis  res  angusta  domi  :  sed  nuUa  pudoreni 

Paiipertatis  habet,  née  se  metitiir  ad  illum , 

Quem  dédit  hœc,  posuitque  modum.  tamen  utile  quid  sit. 

Prospiciunt  aliquando  viri;  frigusque ,  famemqiie 

Formica  tandem  quidam  expavere  magistra. 

Prodiga  non  sentit  pereuntem  femina  ccnsum  : 

At  velut  exhausta  redivivus  pulliilet  arca, 

Nummus ,  et  a  pleno  toUatur  semper  acervo , 

Non  unquam  reputant,  quanti  sibi  gaudia  constent. 

II  y  a  partout  asses  de  pauureté ,  mais  il  n'y  en  a  point 
qui  ayent  la  reserue  et  la  modération  que  l'on  doit  auoir 
quand  on  n'a  pas  des  grandes  richesses ,  et  qui  se  règlent 


—  i  I  ■■:  — 
sur  la  mesure  du  peu  de  bien  qu'ils  possèdent  ;  on  voit  quel- 
quefoix  des  homes  qui  pensent  enfin  a  ce  qui  leur  est  utile, 
qui  prouoyent  l'auenir  et  qui  sur  l'exemple  de  la  fourmi  se 
prémunissent  contre  la  faim  et  contre  le  IVoid  ,  mais  quand 
une  fcme  comançe  a  rtre  prodigue  ,  elle  ne  s'aperçoit  pas 
que  son  bien  diminue  ,  et  come  si  l'argent  croissait  tous  les 
iours  de  nouueau  dans  sou  cofre ,  et  qu'en  y  prenant  tous 
les  iours  il  restât  plein  et  inépuisable  ,  elle  ne  rentre  iamais 
en  elle  même  pour  considérer  combien  elle  achepte  tousses 
plaisirs. 

PIUEKES    IMPIES. 

Die  mihi  nnnc  ,  quxso  ,  die  anliquissime  Divûm  . 

Respo)idcs  lus  lanc  pater?  magna  otia  caii 

Non  est ,  ut  video,  non  est .  quod  agatur  apiid  vos. 

Père  lanus  le  plus  ancien  de  tous  les  dieux ,  dites  moy, 
ie  vous  prie ,  repondes  vous  a  ces  prières  ?  Si  cela  est,  votre 
loisir  est  ])ien  grand  dans  le  ciel ,  ouy,  ie  le  vois  bien  .  que 
vous  n'y  aues  pas  de  fort  grandes  occupations. 

FEMK    CVIUEVSK. 

Hxc  eadem  novit,  quid  toto  fiat  in  orbe; 
Quid  Seres ,  quid  Thraces  agant  :  sécréta  novercx  . 
Et  pueri;  quis  amet ,  quis  decipiatur  adulter. 
Dicet  quis  viduam  prsegnantem  fecerit ,  et  quo 
Mensc;  quitus  verbis  concumbat  qiiseque,  ynodis  quot. 
Instanteni  Régi  Armenio,  Parthoqne  cometem 
Prima  videt;  famam ,  riimoresque  illa  recenteis 
Excipit  ad  portas;  quosdam  faeit  isse  Niphatem 
In  popidos  ,  magnoquc  illic  cuncta  arva  teneri 
Diluvio  :  nutare  nrbcs ,  subsidcre  terras  , 
Quocunque  in  trivio ,  cuicunque  est  obvia  narrât. 


—   41.S  — 

Elle  sçait  toutes  les  nouuelles ,  ce  que  t'ont  les  Thraces 
et  les  Scythes  ,  les  démêlés  les  plus  segrels  d'une  belle  mero 
uuec  ses  enfants  .  les  intrigues  d'amour  de  toute  une  ville  . 
le  nom  de  celuy  dont  cette  veufue  est  devenue  passionée , 
de  comljien  de  mois  elle  est  grosse  .  a  quel  signe  on  ouuroit 
la  porte  a  son  galand  ,  enlin  toutes  les  circonstances  singu- 
lières ;  elle  a  veu  la  première  cette  comète  qui  menace  le 
roy  d'Arménie  et  les  Parthes ,  elle  va  chercher  toutes  les 
nouueantés  et  elle  les  attend  a  la  porte  de  la  ville  pour  estre 
la  première  a  les  receuoir  ;  ie  ne  scay  ce  qu'elle  conte  d"un 
fleuue  qui  a  inondé  de  certains  peuples,  que  toule  la  cam- 
pagne estabimée  sous  les  eaux  ,  ([ue  les  villes  tremblent, 
que  les  montaignes  s'abaissent .  que  tout  y  périt.  On  la 
rencontre  en  tous  les  quartiers  de  la  ville  ou  elle  s'arrête  a 
conter  tous  les  bruits  a  la  première  persone  qu'elle  trouue. 

FEME    QVI    SE    CROIT    HABILE. 

llla  tamen  gravior,  qux  cum  discwnbere  cœpit, 
Laudat  Virgilium. ,  perilurœ  ignoscit  Elisée , 
Committit  vates  et  comparât ,  inde  Maronem  , 
Atque  alia  parte  in  irutina  suspendit  Homerum. 
Cedunt  granmiatici ,  vincuntur  rhetores ,  omnis 
Turba  jacet ,  nec  caussidicus  ,  nec  prxco  loquatur^ 
Altéra  nec  mulier  ;  verborum  tanta  cadit  vis 
Tôt  pariter  pelves ,  tôt  tintinnabula  dicas 
Pulsari 

Une  autre  plus  incommode ,  aussy  tôt  qu'elle  est  a  table 
parle  de  vers  et  de  poètes  ,  elle  trouue  Virgile  fort  ioli,  elle 
excuse  Didon  ,  elle  compare  les  poètes  les  uns  auec  les 
autres ,  et  après  les  auoir  opposés ,  elle  balance  la  gloire 
des  Latins  auec  celle  des  Grecs  ;  il  n'est  point  de  grammai- 
rien qui  ne  feut  obligé  de  luy  céder,  les  rhéteurs  les  plus 


—  414  — 
éloquents  seroinl  vaincus;  ([uc  l'auocal .  (jue  le  crieur 
j)ul)lic  no  prétende  pas  eleuer  pins  liant  la  voix,  ny 
quelque  autre  feme  que  ce  soit  ;  c'est  un  torrent  de  paroles, 
vous  croiriez  entendre  le  bruit  de  tous  les  marteaux  sur 
l'airain. 

SAGE. 

Iiiiponit  fineni  sapiens  et  rébus  honestis. 

Le  sage  raisone  df'  la  tiu  el  du  jjut  de  toutes  les  actions 
honêtes  d'un  ton  grane  et  sérieux. 

FEME    S.WANTE    INCOMMODE. 

Non  habeat  malrona,  Ubi  quw  Juncta  recumbit , 
Dicendi  genus,  aut  curvum  sermone  rotato 
Torqueat  enthipnema,  nec  historias  sciât  omneis. 

Si  vous  aymes  votre  repos ,  ne  prenes  point  une  de  ces 
ternes  sauantes  qui  sçauent  ce  que  c'est  que  le  style ,  qui  ont 
conoissance  du  syllogisme  et  de  l'enthymeme,  ou  qui  ont 
leu  les  hystoires  ;  il  vaut  mieux  qu'elle  soit  un  peu  igno- 
rante et  qu'elle  n'entende  pas  tous  les  liures. 

SVR    LE    MEME    SVIET. 

Odi 

liane  ego,  qux  repetit ,  volvitque  Palxmonis  artein 
Servata  semper  lege,  et  ratione  loquendi , 
Ignotosque  mihi  tenet  antiquaria  versus  , 
Nec  curanda  viris  opicse  castigat  amiae 

Verba  :  solœcismiim  liceat  fecisse  marito. 

Pour  moy,  ie  hairais  beaucoup  une  feme  ((ui  n'aurait 
dans  la  tête  que  les  règles  de  Palemon ,  ([ui  parleroit  toû- 
iours  selon  les  plus  exactes  remarques  qu'il  a  faites  sur  la 
langue,  (|ui  m'entretiendroit  des  vers  de  quelque  ancien 
poêle  que  ie  ne  conoitrois ,  (]ui  reprend  ses  amyes  et  qui  les 


—  415  — 
traite  de  grossières  ([iiand  ollos  manquent  a  un  mot  ou  ie 
inanquerois  moy  même  ,  en  un  mot  ie  veux  qu'il  soit  per- 
mis a  un  mary  de  faire  en  toute  seureté  un  solécisme  en 
présence  de  sa  feme. 

FEME    FIEHE    ET    RICHE. 

Nil  non  pernuttit  mulier  sibi  :  lurpepulat  nil , 
Cum  virideis  gemmas  collo  circumdedit ,  et  cum 
Auribus  extentis  magnos  commisit  elenchos. 
Intolerahilius  nihil  est,  quam  femina  dives . 

Il  y  a  des  femes  qui  se  croyent  tout  permis  des  le 
moment  qu'elles  peuuent  auoir  un  colier  de  perles  et  des 
pendants  d'oreille  :  il  n'est  rien  de  plus  insuportable qu'une 
femme  qui  se  croit  riche. 

FEME    F.ARDÉE. 

•.  Fœda  adspectu  ,  ridendaqiic  multu 

Pane  tiimet  faciès  ,  aut  pinguia  Poppxana 
Spiral,  et  liinc  miseri  viscantur  labra  mariti. 

Tout  laide  qu'elle  est ,  elle  a  soin  de  se  couurir  le  visage 
auec  de  la  pâte  ;  elle  l'aura  gras  et  reluisant  du  fard  de 
Poppée ,  et  un  mary  sera  surprins  en  la  baisant  de  sentir 
ses  leures  colées  contre  sa  peau  gluante. 

SVR    LE     MÊME     SVIET. 

Marins  foliata  paranlur. 

C'est  pour  plaire  aux  galands,  c'est  pour  eux  que  les 
femes  préparent  un  teint  uni. 

SVR     LE     MÊME    SVIET. 

Sed  qux  mutalis  inducitar ,  ulque  fovelur 
Tôt  medicaminibus  ,  coct,Tquc  siligines  o/fas 
Accipit ,  et  faciès  madidie  dicelur^  an  ulcus  Y 


—  4  Mi  — 
Mais  (lilos  moy  ie  nous  prio.  si  ce  qui  est  couiierL  de  tant 
(les  (h'ogucs,  ce  ([ui  est  entretenu  de  tant  des  pales,  ce  qui 
est  graissé  de  tant  des  manières  différentes  osl  un  visage  , 
ou  si  ce  n'est  pas  plutôt  quelque  ulcère. 

FEME    MAI,    SATISFAITE    DE    SON'   MARY. 

Si  nocte  maritus 

Avei'siis  jaciiit  :  pcriil  libraria  ,  ponunl 
Cosmeta'  tunicas,  tarde  venisse  Liburnus 
Dicitur,  et  pœnas  alieni  pendere  somni 
Cogitur.  hic  franyit  ferulas  :  ruhet  ille  flaqeUn, 
Hic  scutica 

Si  leur  niary  a  dormi  tluraul  ioule  la  nuit.  s"il  ne  s'est 
point  tourné  de  leur  coté,  c'est  l'ail  de  la  l'enie  de  chambre, 
les  esclaues  n'ont  (ju'a  decouurir  leurs  épaules,  les  porteurs 
sont  venus  trop  tard  ,  il  faut  que  toute  la  maison  soit  punie 
de  ce  que  le  niary  a  dormi  trop  tranquillement  ;  on  rompt 
un  bâton  sur  le  dos  de  celuy  cy,  cest  autre  a  le  sein  déchiré 
de  coups  de  fouet. 

FEME  QVI  \E  SONGE  Ov'a  PLAIRE  E'I'  A  CACHER  SES  DEFFAVTS. 

Nam  si  constitua  ,  soliloque  decenlius  optât 
Ornari ,  et  properat ,  jamqitc  crspcctatur  //?  ho7His  , 
Disponit  crinem  laceratis  ipsa  capillis  , 
Nuda  humero  Psecas  infelix,  nudisqxie  mamillis 
Altior  hic  quare  cincinnus  ?  taurea  punit 
Continuo  /lexi  crimen  ,  facinusque  capilli. 
Quid  Psecas  admisit  ?  quxnam  est  hic  culpa  puellse  . 
Si  libi  displicuit  nasus  tuus  ?  altéra  txvum 
Extendit,  pectitque  comas ,  et  volvit  inorbem. 
Est  in  consilio  matrona  ,  ad)nolaquc  lanis 
Emerita  quw  cessât  acu  :  sententia  prima 
Hujus  erit  ;  post  hanc  wtate  ,  atque  arte  minores 
Censebujit ,  tanqnam  faw,r  discrimen  agatur, 


—  417  — 

Aut  animx  :  tanta  est  quxrendi  cura  decoris. 
Totpremil  ordimbus  ,  tôt  adhuc  compagibus  altum 
jEdificat  caput  ;  Andromachen  a  fronte  videbis  , 
Post  minor  est  :  credas  aliam.  cedo  ,  si  brève  parti 
Sortita  est  lateris  spatium ,  breviorque  videtur 
Virgine  Pygmxa  ,  nullis  adjuta  coUmrnis  , 
Et  levis  erecta  consurgit  ad  oscula  planta. 
Nulla  viri  cura  interea,  nec  mentio  fiet 
Damnorum  ;  vivit  tanquam  vicinâ  mariti. 
Hoc  solo  propior,  quod  amicos  conjugis  odit , 
Et  servos.  gravis  est  rationibus 

Mais  si  elle  a  un  rendes  vous ,  si  elle  veut  y  aler  plus 
parée  qu'a  l'ordinaire  ,  si  l'heure  est  venue  que  Ton  attend 
aux  iardins,  la  malheureuse  Psecas  n "a  qu'a  decouurir  ses 
épaules  pour  être  hatue ,  elle  luy  arrache  les  cheueux  si 
elle  manque  a  la  bien  friser  ;  pourquoy  cette  boucle  trop 
haute  ?  luy  dit  elle  ;  un  nerf  de  bœuf  punit  aussi  tôt  le 
crime  quelle  a  fait  d'auoir  manqué  a  la  jjien  aiuster; 
mais  en  vérité  est  ce  la  faute  de  votre  coifeuse  si  votre 
visage  ne  vous  plait  pas,  est  elle  obligée  de  vous  rendre 
belle  si  vous  ne  Têtes  pas  ?  une  autre  étend  et  peigne  ses 
cheueux  et  les  replie  sur  la  tête  en  diuers  rangs  de  boucles  ; 
une  vieille  feme  qui  a  soin  de  partager  la  laine  aux  tapis- 
series et  qui  ne  peut  plus  trauailler,  est  présente  pour  dire 
son  auis,  c'est  elle  qui  prononce  la  première,  et  les  autres 
suiuent  après  selon  l'ordre  de  l'aage ,  auec  autant  de  sérieux 
que  s'il  s'agissoit  de  l'honeur  ou  de  la  vie ,  tant  elle  a  de 
désir  de  se  doner  par  artifice  la  beauté  qu'elle  n'a  pas  ; 
elle  étale  sur  sa  tête  tant  des  cheueux,  elle  y  bâtit  tant  des 
rangs  de  boucles,  elle  les  eleue  si  haut  que  pardeuant  elle 
a  la  maiesté  d'Andromaqae ,  mais  par  derrière  elle  est 
petite,  on  croiroit  que  c'est  une  autre  persone,  elle  a  la 
taille  fort  basse  ,  si  elle  n'auoit  pas  des  souliers  fort  hauts 

27 


—  418  — 

on  la  prendroit  pour  une  pygmée  ,  et  il  faut  qu'elle  s'eleue 
sui-  la  pointe  de  ses  pies  quand  elle  veut  baiser  quelqu'un  ; 
cependant  elle  ne  pense  point  a  son  mary,  elle  ne  se  met 
point  en  peyne  de  la  depençe  qu'elle  luy  fait ,  elle  est  dans 
sa  maison  corne  si  elle  n'en  êtoil  pas,  elle  n'en  est  en  eflet 
que  pour  liair  les  amys  de  son  mary,  pour  batre  ses  esclaues, 
pour  angmenter  la  depençe  et  se  rendre  insuportable. 

IGNORANCE. 

Et  genus  humanum  damnât  caligo  futuri. 

L'ignorance  que  nous  auons  des  choses  futures  condamne 
le  genre  humain. 

FORTVNK. 

Stat  Fortuna  improba  noctu  . 

Arridens  midis  infantibus.  hoc  fovet  omneis  ^ 
Involvitqiie  sinu  :  domibus  tune  porrigit  altis  , 
Secretumqiie  sibi  mimum  parât,  hos  amat ,  his  se 
Ingerit ,  utque  suos  ridens  producit  alumnos. 

La  fortune  sourit  a  ses  enfants ,  elle  les  caresse ,  elle  les 
embrasse ,  elle  les  fait  entrer  dans  les  premières  maisons , 
elle  les  ayme  et  eleue  ainsy  par  ses  faneurs  ceux  qui  sont 
véritablement  ses  enfants,  se  mocquant  cependant  de  ce 
qui  se  passe  et  s'en  douant  la  comédie. 

FEME    COLERE. 

Minor  admiratio  summis 

Debetur  monstris,  quoties  facit  ira  nocentem 

Hune  sexum.  rabie  jecur  incendente  feruntur 

Précipites  ;  ut  saxa  jugis  abrupta  ,  quibus  nions 

Subtrahitur ,  clivoque  latus  pendente  recedit. 

lUani  ego  non  tulerim.  quœ  computat ,  et  scelus  ingens 

Sana  facit 


—  4in  — 

On  ne  doit  pas  être  si  surpris  de  voir  les  femes  s'empor- 
ter dans  les  plus  grands  excès  quand  la  colère  et  la  fureur 
les  enflame .  il  n'y  a  point  de  crimes  ou  elles  ne  se  préci- 
pitent ,  telles  que  des  rochers  qui  n'étant  plus  arrêtés  sur  le 
panchant  d'une  montaigne  tombent  auec  violence  dans  une 
vallée  ;  mais  ie  ne  puis  soulïir  celle  qui  suppute  ce  que  son 
crime  luy  vaudra,  qui  délibère  sur  l'ordre  qu'elle  doit  tenir 
et  qui  l'exécute  sans  pâlir. 

LES  FEMES  AVAIENT  PEV  LEVRS  MARYS. 

Spectant  subeuntem  fata  mariti 

Alcestim,  et  similis  sipermutatio  detur 
Morte  viri  cupiant  animam  servarc  catells. 

Les  femes  admirent  lamour  d'Alceste  qui  par  sa  mort 
dona  la  vie  a  son  mary,  mais  si  l'occasion  d'une  pareille 
échange  se  presentoit ,  elles  refuseroint  de  conseruer  la  vie 
de  leurs  marys  par  la  mort  d'une  petite  chiene  qu'elles 
aymeroint. 


SATYRE  \Il 


SAVANT  ,     lEVNESSE. 

Nemo  taine/i  studiis  indignuin  ferre  laborern 
Cogetur  poslhac  ,  nectit  quiciinque  canoris 
Eloqidwn  vocale  modis ,  laurumque  momordit. 
Hoc  agite  ,  ô  juvenes  ;  circumspicit  et  stimulât  vos, 
Materiamque  sibi  Ducis  indulgentia  quxrit. 

Mais  quiconque  scait  composer  en  mesures  agréables  un 
beau  discours,  quiconque  a  mérité  la  couronede  laurier  sur 
le  Parnasse ,  ne  sera  pas  contraint  a  l'avenir  de  s'abaisser 
a  un  trauail  indigne  de  ses  muses.  Courage  donc ,  sauante 
ieunesse ,  la  générosité  du  roy  doit  vous  inspirer  une  ardeur 
nouuelle ,  sa  bonté  cherche  les  occasions  de  vous  combler 
de  bienfaits. 


Didicit  jam  dires  avarus 

Tantum  admirari,  tantum  laudare  disertes, 
Ut  pueri  lunonis  aveni 

Un  riche  auare  saura  vous  admirer,  vous  doner  mille 
louanges ,  come  les  enfants  ont  accoutumé  d'admirer  un 
pan  qu'ils  n'auront  iamais  veu ,  mais  ils  ne  vous  done- 
ront  rien. 


—  421    — 

TEMS. 

Définit  xias. 

Le  tems  passe ,  l'aage  se  passe. 

VIEILLESSE. 

Terpsirhnrriii  odit  facunda  et  nuda  senectus. 

Quelque  sauauL  que  Ion  soit  deuenu ,  voyant  que  l'on  a 
vieilli  et  que  l'on  a  rien  gaigné  on  se  plaint  de  soy-même 
et  on  se  met  en  colère  contre  les  muses. 

TERRE    INFRVCTVEVSE. 

Tenuique  in  pulvere  sulcos 

Ducimus ,  et  litus  sterili  versamus  aratro. 

Nous  cultivons  une  terre  ingrate ,  nous  espérons  en  vain 
recueillir  quelque  chose  sur  un  riuage  stérile. 

COVTVME. 

Laqueo  tenet  ambitiosi 

Consuetudo  mali 

et  œgro  in  corde  senescit. 

La  coutume  nous  retient  dans  des  chaynes  dont  l'éclat 

nous  plait ,  et  que  nous  croyons  nous  être  glorieuses 

quand  le  cœur  est  attaqué  de  cette  maladie  il  n'en  guérit 
iamais  ,  au  contraire  elle  y  vieillit. 

ENVIE  d'eGRIRE. 

;  Tenet  insanabile  multos 

Scribendi  cacoëthes   

Plusieurs  ont  une  démangeaison  d'écrire  qu'ils  ne  peu- 
uent  surmonter. 


—  4-22  — 

CONFIANCE    AV    PRINCE. 

Et  spes  ,  et  ratio  studiorum  in  Cxsarc  tantum. 

Nous  inetons  toute  notre  espérance  et  toutes  les  peynes 
que  nous  prenons  en  la  confiance  (|uc  nous  auons  en  César. 

BON    POETE. 

Sed  vatem  egregium  ,  eut  non  sit  publica  lena  . 
Qui  nil  expositum  soleat  deducere  ,  nec  qui 
Communi  feriat  carmen  triviale  moneta  : 
Hune  qiialem  nequeo  monstrare,  et  sentio  tantum, 
Anxietate  carens  animus  facit,  omnis  acerbi 
Impatiens  ,  cupidits  silvarum ,  aptusque  bibendis 
Fontibus  Aonidum;  neque  enivi  cantare  sub  antrn 
Pierio,  Thyrsumve  potest  contincfere  msesta 
Paupertas  ,  atque  seris  inops ,  quo  nocie  dieque 
Corpus  eget.  salur  est,  mm  dicit  Horatius  ,  Euoë 
Quis  locus  ingenio  :  nisi  cum  se  carminé  solo 
Vexant,  et  dominis  Cirrhx  ,  Nysseque  feruntur 
Pectora  vestra ,  duas  non  admittentia  cura,';  ? 

Pour  être  un  poète  excellent  dont  la  veine  ne  soit  pas 
comune ,  qui  n'ayt  point  de  coutume  d'aler  toùiours  sur  les 
traces  d'autruy,  qui  ne  nous  done  point  des  vers  d'un  cha- 
ractere  triuial,  enfin  qu'il  soit  tel  que  ie  conçois,  mais  que 
le  ne  puis  exprimer,  il  ne  doit  auoir  nulle  inquiétude  ,  son 
esprit  doit  être  content  et  libre,  il  faut  qu'il  se  done  d'inno- 
cents plaisirs ,  qu'il  ayme  la  solitude ,  et  que  se  trouuant  a 
son  aise  il  ne  pense  qu'au  Parnasse  et  aux  agréables  fon- 
taines des  Muses.  Quand  on  sent  bien  que  l'on  est  pauui'c  , 
quand  on  n'a  point  d'argent  dont  'le  corps  a  besoin  iour  et 
nuit ,  on  ne  peut  chanter  dans  la  cauerne  des  Piérides ,  on 
ne  peut  auoir  nulle  liberté ,  on  n'est  point  susceptible  de 
cette  diuine  fureur  qui  eleue  et  embellit  l'esprit  ;  Horace 


—  'r23  — 
nêtoit  pas  a  ieun  lors  qu'il  chantoit  si  gayement  les 
louanges  de  Bacchus.  L'esprit  peut  il  paroitre,  si  non  lors 
que  l'on  n'a  point  d"autre  soin  que  celuy  de  la  poésie ,  et 
que  Bacchus  et  Apollon  s'en  rendent  les  maîtres  pour  en 
chasser  toute  autre  inquiétude. 

HOME  PAVVRE  MAL  PROPRE  AVX  LETRES. 

Mag/uc  mentis  opus  ,  nec  de  lodice  paranda 
Atlonitx  ,  currus  ,  et  equos,  faciesque  Deorum 
Adspicere,  et  qualis  Riitulum  confundat  Erynnis. 
Nam  si  Virgilio  puer,  et  tolerabile  deesset 
Hospitium,  caderent  omnes  a  crinibus  hydri  : 
Surda  nihil  gemeret  grave  buccina 

C'est  l'ouurage  d'un  esprit  grand  et  éleuéqui  n'est  pas 
distrait  par  le  besoin  ou  d'un  repas  ou  d'un  lict  de  se  mêler 
auecles  dieux,  de  voir  ces  chars,  ces  chenaux  et  cette  ter- 
rible furie  qui  met  en  desordre  et  qui  trouble  le  roy  des 
Rutuliens  ;  car  si  enfin  Virgile  n'auoit  pas  eu  quelque  petit 
esclaue  ,  s'il  n'auoit  pas  eu  un  logement  suportable,  toutes 
les  hydres  n'auroint'  point  été  a  la  tête  d'Alecton ,  sa  trom- 
peté n'auroit  eu  qu'un  son  enroué .  il  n'auroit  eu  rien  de 
grand . 

GLOIRE. 

Gloria  quantalibet ,  quid  erit,  si  gloria  tantum  est  ? 

La  plus  grande  gloire  si  elle  n'est  enfin  que  gloire  ne  sert 
pas  de  beaucoup. 

BEAVX    ESPRITS. 

Tune  par  ingenio  pretium  :  tune  utile  muUis 
Pallere 


—    \2\  — 
Dans  ce  teins  il  y   a  des  recompenses   pour  les    beaux 
esprits,  c'est  une  chose  utile  aux  sauants  de  pâlir  sur  les 
liurcs. 

TItOMI'KVH. 

Iinincnsa  cai'i  spiranl  nicndacia  fulks, 

Conspiiiturque  sinus 

Ses  larges  poumons  débitent  la  fraude ,  et  le  mensonge . 
et  sa  robe  est  baignée  de  l'écume  (fue  iette  sa  bouche  en 
furie. 

APPARENCES. 

Spondet  enim  Tyrio  filataria  purpura  filo. 

Purpura  vendit 

Caussidicum,  vendunt  amethystina  ;  convenit  illis 
Et  strcpitu^  et  facie  majoris  vivere  census. 

Une  robe  magnifique  lait  croire  qu'on  peut  achepter  ;  la 
pourpre  fait  valoir  un  aduocat,  les  pierreries  le  font  achep- 
ter plus  cher  :  il  est  auantagcux  de  faire  du  bruit  et  viure 
corne  s'ils  auoint  un  plus  grand  reuenii  quils  n'ont  en  effet. 

PAVVRE. 

Rara  in  Lenui  facundia  panno 

Qui  est  ce  qui  croit  qu'on  ayl  dç  l'éloquence  quand  on 
n'est  couuert  que  d'une  mauuaise  robe. 

DEGOVT    d'vNE    MÊME    CHOSE. 

Occidil  miseros  crambe  repetita  magistros. 
L'on  a  du  degout  quand  on  ne  mange  que  d'une  viande. 

APRENDRE   SANS    QV'iL    EN    COVTE    RIEN. 

Nossevelint  omnes,  mercedem  solvere  nemo. 


—  4-25  — 

On  veut  sauoir  des  belles  choses,   maison  ne  se  met 
guère  en  peyne  de  vous  satisfaire.    ' 

SOT    EGOLIEH. 

Culpa  clocentis 

Scilicet  arguitur,  quod  Ixva  in  parte  mamillx 
Nil  salit  Arcadico  juveni 

On  croit  que  c'est  la  faute  du  niaitre  lors  que  l'ecolier  n'a 
point  d'esprit ,  qu'il  est  asue. 

PREGEPTEVR    A    BOX    MARCHÉ. 

Hos  inter  sumtus  sestertia  Quinliliano, 

Ut  muUiiin  ,  duo  sufficient  ;  res  nulla  minorix 

Constabit  patri ,  quani  filius 

Dans  toute  cette  despence  on  ne  done  que  deux  sesterces 
au  précepteur,  c'est  asses  pour  le  plus  habile  ;  il  n'y  aura 
rien  qui  coûte  moins  dans  la  maison  qu'un  maitre,  un  père 
ne  voudra  auoir  bon  marché  ([ue  lors  qu'il  s'agit  de  l'édu- 
cation de  son  hls. 

BONHEVK. 

Félix,  et  pulcer,  et  acer  ; 

Félix,  et  sapiens  ,  et  nobilis,  et  generosus. 

Quand  on  est  né  heureu.x,  on  est  beau ,  on  a  du  cœur, 
on  est  sage .  on  est  noble. 

SVR    LE    MÊME    SVIET.    ASTRES. 

Félix,  et  pulcer,  et  acer; 

Félix,  et  sapiens,  et  nobilis ,  et  generosus, 
Félix,  orator  quoquc  maximus  ,  et  jaculator  ; 
Et  si  perfrixit ,  cantat  bene  ;  distat  enim,  quse 
Sidéra  te  excipiant  modo  primos  incipientem 
Edere  vagitus,  et  adhuc  a  matre  rubentem. 

Quand  on  est  né  heureux,  on  est  beau  ,  on  a  du  cœur, 


—   'r2fi  — 
on  est  sage ,  on  est  noble ,  qui  est  né  heureux  est  orateur, 
phylosophe  ;  s'il  est  enrhumé ,   il  ne  laisse  pas  d'auoir  la 
voix  belle ,  car  il  n'est  pas  indiffèrent  d'être  né  sous  de  cer- 
tains astres. 

KORTVNE. 

Si  fortuna  volet,  fies  de  rhetore  consul  ; 
Si  volet  h3dc  eadem,  fies  de  consule  rh'etor. 

S'il  plait  a  la  fortune ,  d'un  pédant  elle  peut  faire  un 
consul,  et  s'il  luy  plait  aussy,  d'un  consul  elle  peut  faire 
un  pédant. 

DESTIN. 

V Quid  Tulliiis  ?  anne  aliud  quant 

Sidus,  et  occulti  miranda  potentia  fati  ? 

A  quoy  peut  on  imputer  le  bonheur  de  TuUius  qu'au 
pouuoir  admirable  de  leur  destin. 

DESTIN. 

Servis  régna  dabunt ,  captivis  fata  triumphum. 

Le  destin  a  doné  des  roiaumes  a  des  esclaues ,  il  a  fait 
triompher  ceux  qui  auoint  gcmy  long  tems  dans  les  fers. 

PRECEPTE  VJI. 

DU  niajorum  umhris  tenuem ,  et  sine  pondère  terram  . 
Spiranteisque  crocos,  et  in  urna  perpetuum  ver, 
Qui  prxceptorem  sancti  voluere  parentis 
Esse  loco 

Que  les  dieux  donent  aux  ombres  de  nos  ancestres  un 
tranquille  repos  sous  la  terre,  que  les  fleurs  parfument 
leurs  tombeaux,  qu'il  y  règne  un  printemps  perpétuel  . 
ayant  voulu  que  l'on  eut  pour  un  précepteur  autant  de  res- 
pect que  pour  un  père. 


SATYRE  Vin 


NOBLESSE ,    AYEVX. 

Quis  fructus  generis  tabula  jadarc  capaci 
Corvinum,  posthac  miilta  contingere  virga 
Fumosos  equitum  cum  Dictatore  magistros, 
Si  coram  Lepidis  maie  vivitw  ? 

Que  sert  il  de  remonter  par  une  longue  suite  iusqu'a 
Goruin ,  de  distinguer  toutes  les  différentes  branches  des 
dictateurs  et  des  généraux  de  la  caualerie  qui  en  sont  sortis, 
si  en  leur  présence  vous  menés  une  vie  indigne  de  ces 
grands  noms. 

VERTV. 

Nobilitas  sola  est  atque  unica  ,  virtus. 

Il  n'y  a  que  la  vertu  qui  soit  la  véritable  noblesse. 

NOBLE. 

Prima  mihi  debes  animi  bona.  sanctus  haberi, 
lustitixque  tenax  factis,  dictisqiie  mereris  : 
Agnosco  procerem 

Ce  sont  les  biens  de  l'esprit ,  ce  sont  les  vertus  que  nous 
attendons  de  vous  ;  êtes  vous  sans  reproche ,  aymes  vous  la 
iustice,  toutes  vos  par(des,  toutes  vos  actions  sont  elles  d'un 
home  de  bien  ?  ie  vous  reconois  pour  noble. 


—    'i28  — 

NOBLESSE ,     LOVANGES    FAVSSES. 

Quis  enim  gcnerosum  dixerit  hune,  qui 

Indignus  génère  ,  et  prxclaro  nomine  tantum 
Insignis  ?  manum  cujusdam  ,  Atlanta  vocamus  : 
.Ethiopem,  cycnum;  pravam  cxtortamque  puellam 
Europen.  canibus  pigris  scabicque  vetiista 
Lsvibus,  et  sicae  lambenlibm  ova  lucernx  , 
Nomen  erit  par  dus,  tigris  ,  leo,  si  quîd  adhucest, 
Quod  freinât  in  terris  violentiits.  ergo  cavebis, 
Et  metues,  ne  tu  sis  Cirticus,  aut  Camerinus. 

Car  enfin  peut  on  dire  que  celuy  qui  dément  son  origine 
et  qui  n'a  pour  gloire  que  celle  du  nom  de  ses  ayeux  ayt 
aucune  véritable  noblesse.  —  C'est  se  rire  de  la  petitesse 
d'un  nain  que  de  le  nomer  un  Atlas ,  de  dire  qu'un  More  est 
blanc  come  un  cygne,  qu'une  fille  qui  est  laide  et  boiteuse 
est  belle  come  Europe ,  de  doner  le  nom  de  léopard ,  de 
tygre ,  de  lion  ou  de  quelque  autre  chose  plus  terrible  s'il  y 
en  a  a  des  chiens  pelés  de  vieillesse  et  qui  ne  sont  plus 
propres  qu'a  lécher  les  bords  d'une  lampe.  Ne  craignes 
vous  pas  que  ce  soit  de  cette  sorte  qu'on  vous  nome  Scipion 
ou  Gamerin. 

AYEVX. 

Tûmes  alto  Driisorum  stemmate  ,  tanquam 

Feceris  ipse  aliquid  ,  pr-opter  quod  nobilis  esses. 
Ut  te  conciperet,  qux  sanguine  fulget  luli. 
Non  qiix  ventoso  conducta  sub  aggere  texit. 

Le  sang  de  vos  ancêtres  vous  enfle  d'orgueil ,  come  si 
vous  auies  contribué  ([uelque  chose  a  la  gloire  de  votre 
naissance  ,  et  que  ce  fcul  un  effet  de  votre  mérite  d'être  né 
d'une  mère  du  sang  des  Césars ,  plutôt  que  de  quelqu'une 
de  ces  misérables  qui  gaignent  leur  vie  a  filer  étant  au  vent 
et  a  la  pluye. 


—  429 


INCONVS. 


fma  plèbe 

Facundum  inverties,  solet  hic  defendere  caussas 
Nobilis  indocli 

Aprenes  que  parmy  les  inconus  on  rencontre  des  ora- 
teurs ,  dont  les  plus  nobles  implorent  souuent  le  secours 
pour  la  deÔençe  de  leur  bien  et  de  leur  vie ,  et  que  de  ces 
sources  obscures  sortent  des  esprits  éclairés  qui  sauent 
decouurir  la  lumière  au  trauers  de  l'ombre  des  loix  et  qui 
peuuent  résoudre  les  doutes  les  plus  difficiles. 

NOBLESSE. 

Animalia  muta 

Quis  generosa  putet ,  nisi  fortia  ?  nempe  volucrem 
Sic  laudamus  eqiium  ,  facili  cui  plurima  palma 
Fervet ,  et  exultct  rauco  Victoria  circo. 
Nobilis  hic  quocunque  venit  de  gramine,  cujus 
Clara  fuga  ante  alias,  et  prinius  in  wquore  pulvis  ; 
Sed  vénale  pecus  Corythst!,  poster itas  et 
Hirpini  ,  si  rara  jugn  Victoria  sedit. 
Nil  ibi  majorum  respectus  ,  gratia  nulla 
Umbrarum  ,  dominos  pretiis  mutare  jubentur 
Exiguis,  trito  ducunt  epirhedia  collo 
Segnipedes  ,  dignique  molam  versare  Nepotis. 

Pourquoy  estime  ton  un  animal  plus  qu'un  autre  '(  est 
ce  la  bonté  que  nous  y  considérons  ou  la  race  dont  il  est  ? 
Vous  voyes  que  l'ont  fait  état  de  la  vitesse  d'un  chenal  qui 
remporte  la  victoire  .  qui  fait  paroitre  en  courant  le  plus  de 
vigueur,  qui  se  couure  le  premier  de  poussière  auançant 
plutôt  que  les  autres  dans  une  longue  carrière  ;  de  quelque 
lieu  qu'il  soit  c'est  luy  qui  est  le  plus  estimé  ,  mais  la  pos- 
térité de  Corythe  et  de  Hirpin  ,  si  ce  n'est  qu'une  rosse  qui 


—   430  — 

n'a  presque  iamais  vaincu  a  la  course,  est  vendue  presque 
pour  rien  et  va  tirer  la  charrue  ou  tourner  la  meule,  sans 
auoir  du  respect  ou  d'égard  pour  les  ombres  de  ses  nobles 
ayeux. 

NOBLESSE,  COMANCER  PAR  SOV  MÊME. 

E}'go,  Ut  inirctimr  te,  non  tua,  prUnum  aliquid  da 

Quod  possiin  titulis  incidere  prwter  honores, 

Quos  mis  damus  ,  et  dedimus  ,  quibus  omnia  debes. 

Si  vous  voules  donc  mériter  l'estime  du  monde,  ne  faites 
point  une  vaine  montre  d'une  gloire  qui  n'est  pas  a  vous, 
dones  vous  quelque  chose  qui  vous  apartiene  et  que  nous 
ne  puissions  imputer  a  ceux  qui  ont  été  deuant  vous. 

RICHES. 

Rarus  enini  fei'me  sensus  conmiunis  in  illa 
Fortuna 

Il  n'y  a  guère  de  raison  dans  ceux  que  la  fortune  eleue 
au  dessus  des  autres. 

s'appvyer  svr  avtrvy. 

Miseruni.  est  aliorum  incombere  famx, 

Ne  collapsa  ruant  subductis  tecta  cohimnis. 
Stratus  humipalmas  viduas  desiderat  ulmos. 

Qu'est  ce  enfin  que  de  s'appuyer  sur  la  réputation  d'au- 
truy,  et  que  dénient  on  si  on  vous  otc  cest  appuy  ?  En  vain 
la  vigne  s'ètoit  eleuce iusqu'aux  branches  d'un  arbre,  aussy 
tôt  qu'il  est  a  bas ,  il  faut  qu'elle  soit  rempante  suv  la  terre. 

HOME    de    bien  ,    MECHANT. 

Esto  bonus  miles,  tutor  bonus ,  arbiter  idem 
Integer.  ambiguse  si  quando  citabere  testis 
hicertœque  rei,  Phalaris  licei  imperet ,  ut  sis 


—  431   — 

Palsus,  et  admoto  dictet  perjuria  iauro, 
Summum  crede  nefas  animam  prwferre  piidori , 
Et  propter  vitam  vivendi  perdere  causas. 
Dignus  morte  périt,  cœnet  licel  ostrea  centum. 

Soyes  ferme  et  courageux  dans  les  périls ,  conserues  auec 
fidélité  le  bien  de  vos  mineurs ,  soyes  bon  iuge ,  si  vous  êtes 
témoin  dans  des  affaires  obscures  et  difficiles  ;  quand  Phalaris 
vous  menaceroit  encore  de  son  taureau ,  croyes  que  c'est  une 
insigne  lâcheté  de  préférer  la  vie  a  l'honeur,  et  pour  se 
conseruer  quelque  moment  renoncer  a  la  gloire  et  a  l'im- 
mortalité qui  est  la  recompense  de  la  bone  vie ,  celle  d'un 
méchant  s'euanouit  en  un  instant,  encore  que  ses  repas 
soint  autant  de  festins ,  qu'il  se  rassasie  des  mets  les  plus 
délicats ,  et  qu'il  soit  plongé  dans  tous  les  plaisirs. 

xMORT. 

Ossa  vides  regum  vacuis  exsucta  medullis. 
La  mort  n'épargne  pas  les  têtes  couronnées. 

OBSERVER  LES  LOIX  ET  LES  RÈGLES  DE  LA  VERTV. 

Respice  quid  moneant  leges  ,  quid  curia  mandet , 
Prxmia  quanta  bonos  maneant ,  quam  fulmine  justo 
Ruerint 

Obserues  les  loix  et  les  arrêts  de  la  cour,  considères  les 
recompenses  de  la  vertu  et  la  iuste  punition  des  méchants. 

PROCÈS. 

Furor  est  post  omnia  perdere  naulum. 

C'est  une  folie  de  consomer  le  reste  de  ses  biens  a  la 
poursuite  d'une  affaire  dont  le  succès  ne  peut  être  fauorable. 


—  432  — 

SK  SKHVI»  DK  TOVT  SON  PDVVOIR. 

Curandum  in  pj'imis  ,  ne  magna  injuria  fiai 
Fortibus,  et  iniseris.  tùllas  licet  omjie  quod  usquam  est 
Auri,  atque  argenti  :  sciitu)n  ,  gladiumque  relinques  , 
Et  jaculum  ,  et  galea>n  .  spoliatis  arma  supersunt. 

Il  t'sl  (laiig'ereux  d'iisor  de.  trop  do  violence  enuers  ceux 
que  l;i  misère  nempeche  pas  d'être  courageux,  car  après 
la  perte  des  biens  et  des  richesses ,  il  leur  reste  encore 
des  boucliers  et  des  epées .  des  iauelots  et  des  casques  ,  la 
vengeance  et  le  desespoir  metent  aisément  les  armes  a  la 
main  a  ceux  qui  sont  maltraités. 

HOME     SANS    REPROCHE. 

Si  tibi  sancta  cuhors  comitum  ,  si  nemo  tribunal 
Vendit  Acersecomes ,  si  nullum  in  conjuge  crimen , 
De  quocunque  voles  proavum  tibi  siimito  libro. 

Si  la  vie  de  vos  amys  et  de  vosesclaues  est  sans  reproche, 
si  vous  ne  rendes  pas  la  iustice  au  gré  de  quelque  fauory, 
si  la  conduite  de  votre  feme  est  généreuse ,  vous  pourras 
choisir  dans  l'hystoire  tels  héros  que  vous  voudrez. 

LE    VICE    OBSCVRCIT    L.4    NOBLESSE. 

Quod  si  prxcipitem  rapit  ambitio  ,  atque  libido  , 
Incîpil  ipsorum  contra  te  stare  parenliim 
Nobilitas  ,  claramque  facem  pra: ferre  pudendis. 
Ovine  animi  vitium  tanto  conspcctius  in  se 
Crimen  habet,  quanto  major,  qui  peccat .  habetur. 

Si  vous  êtes  Tesclaue  de  la  volupté  ou  de  l'ambition, 
alors  la  noblesse  de  vos  ancêtres  sera  contre  vous ,  et  leurs 
belles  actions  seront  des  lumières  éclatantes  qui  decouuri- 
ronl  dauantage  vos  vices ,  et  qui  seront  d'autant  plus 
blâmables  ([ue  votre  naissance  vous  eleue  plus  considérable. 


—  433  — 

MAVVAISK     ENTREPRISE   ;     lEVNES    (lEXS. 

Brève  sit .  qiiod  turpiter  audes. 

Quœdam  cum  prima  resecentur  crimina  harba  . 
Indulge  veniam  pueris 

On  ne  peut  Hnir  trop  tôt  ce  que  Ion  n"a  pas  eu  raison 
d'entreprendre  ;  ce  n'est  pas  que  l'on  ne  doiue  auoir  quelque 
condescendance  pour  (|uelques  liberlés  (jue  se  douent  les 
ieunes  gens. 

I.IBEHTK     ENTIERE. 

jEqua  ibi  libcrlas  ,  communia  pocula  ,  lectus 
Non  alius  cuiquam  ,  nec  mema  remotior  itlli. 

Il  y  a  lu  une  entière  lijjerlé  .  tout  le  monde  y  est  égal  , 
on  y  boit  dans  les  mêmes  verres  .  on  est  dans  les  mêmes 
licts  ,  et  ou  mange  a  la  même  table. 

GENS    DE     QVALITÉ. 

Atvos  Trojuge)i3s  vobis  ignoscilis ,  et  qusd 
Turpia  cerdoni,  Voiesos^  Brutumque  decebunl. 

Mais  vous  autres  gens  de  qualité  vous  vous  liâtes  dans 
VOS  desordres  et  vous  condamnes  en  des  esclaues  et  en  des 
artisans  ce  que  vous  aj^prounes  au  sang  des  Voleses  et  des 
Brutes. 

NOBLESSE. 

Malo  paier  tibi  sit  TItersites  .  dummodo  tu  sis 
jEacids:  similis  ,  Vulcaniaque  arma  capessas  , 
Quam  te  Thersilœ  similem  producat  Achilles. 

J'ayme  mieux  que  ton  père  ayt  été  aussy  lâche,  que 
Thersyte  pourueu  que  tu  sois  généreux  corne  Achylle  et 
que  tu  aymes  come  luy  les  armes  et  la  gloire,  que  s'il 
auoit  été  Achylle  ,  et  que  tu  ne  t'eusses  toy  même  qu'un 
Thersite. 

26 


SATYRE  IX 


CONTRE    LA    VIE     ET    LES     MOEVRS     DES .  DEBAVCHÉS.      RAILLEVK. 

Tripliceni  usuram  prxstare  paratus  , 

Et  salibus  vehemens  intra  pomœria  natis. 

Il  raille  agréablement  dans  les  festins  ,  il  dit  des  bons 
mots,  etauec  une  viuacité  qu'on  ne  trouue  point  autre  part 
que  dans  la  ville. 

VISAGE. 

[Jeprendas  animi  tormenta  latentis  in  asgro 
Corpore ,  deprendas  et  gaudia  ;  sumit  utrumque 
Inde  habilwn  fades : 

On  decouure  sur  un  visage  les  inquiétudes  segretes  d'un 
cœur  agité,  on  y  decouure  la  ioye,  il  prend  l'air  des  pas- 
sions que  l'on  sent. 

DESTIN- 

Fataregunt  homines 

Toute  la  vie  de  l'home  dépend  du  destin. 

SEGRET. 

Qui  modo  secretum  commiserat ,  ardet ,  et  odit , 
Tanquam  prodiderim  quidquid  scio 

La  plus  part  des  gens  après  vous  auoir  fait  part  de  leurs 
segrets  vous  craignent  et  vous  baissent  ;  ils  voudroint  vous 


—   i35  — 
perdre  parcequils  croyent  que   vous   publies  tout  ce  que 
vous  saues  de  leurs  desordres. 

VIE  SANS  REPROCHE.  VALETS. 

Vivendum  recte  est  cum  propter  plurima  ,  tune  his 
Prxcipue  caussis  ,  ut  linguas  mancipiorum 
Contemnas.  nam  linguamali  pars  pessima  servi. 

Il  faut  pour  beaucoup  des  raisons  mener  une  vie  sans 
reproche  ,  mais  principalement  pour  mépriser  tout  ce  que 
peuuent  dire  des  domestiques  ,  car  leur  langue  est  extrê- 
mement dangereuse. 

.lEVNESSE.     MOLLESSE.    TEMS. 

Festiaat  enim  dccurrere  velox 

Flosculus  angusts- ,  miserssqiie  hrevissima  vit,!e 
Portio  :  dum  hihimus  ,  diim  séria,  unguenta,  puellas 
Poscimus,  obrepit  non  intellecta  senecius. 

La  plus  belle  saison  de  la  vie  sécoule .  le  nombre  trop 
court  de  nos  iours  diminue ,  nous  consumons  inutilement 
notre  aage  en  festins  et  en  intrigues,  a  nous  parfumer  et  a 
nous  parer,  et  la  vieillesse  qui  nous  suit  pas  a  pas  s'empare 
peu  a  peu  de  nous. 


SATYRE  X 


BIENS.     CHAIXTE. 

Pauci  dignoscere  possunt, 

Vera  bona  ,  atque  illis  mulluni  diversa  ,  remota 
Ërroris  nebula.  quid  enim  ratione  timeinus  , 
Aut  cupimus  ? 

Qui  iuge  sans  erreur  du  véritable  Lien  et  de  ce  qui  luy 
est  opposé?  Un  epaix  nuage  repend  des  ténèbres  sur  l'es- 
prit des  homes.  En  etï'el ,  qu'y  a  t'il  de  raisonable  dans  nos 
craintes  ou  dans  nos  désirs  ? 

VOYArrEVU.    PAVVRE. 

Pauca  licet  poires  argenti  vascula  puri , 
Nocte  iter  i7igressus  ,  gladium ,  contumque  timebis. 
Et  motse  ad  Lunam  trepidabis  arundinis  umbram: 
Cantabit  vacuu.s  coram  latrnne  vialor. 

On  tremble  au  mouucnient  d'un  roseau  que  l'on  voit 
branler  a  la  clarté  de  la  lune  quand  on  est  en  chemin 
durant  la  nuit,  bien  qu'on  n'ayt  qu'un  peu  d'argent,  mais 
un  voyageur  qui  n'a  rien  a  perdi-e  n'aura  point  ces  vaines 
frayeurs,  la  crainte  des  voleurs  ne  l'empêchera  pas  de 
chanter. 

POISON. 

Nulla  aconila  bibuntur 

Pictilibus  :  tune  illa  time ,  cuin  pocula  sûmes 
Oeiiiinata, 


'.  ')■ 


Ce  n'est  point  dans  des  vases  de  terre  que  l'on  boit  le 
poison  ,  craignes  le  lors  que  vous  prendres  les  coupes  d'or 
enrychies  des  pierres  précieuses  .  ou  brille  le  vin  le  plus 
délicat. 

ENVIE.     VA.NITÉ.  ' 

Quosdam  précipitant  subjecta  potentia  magn,r 
InvidisB ,  mergit  longa  atquc  insignis  honorum 
Pagina 

L'enuie  a  souuent  abbatu  les  puissances  les  plus  eleuées, 
une  longue  page  de  titres,  de  noms,  d'honeurslesa  abimés. 

IlIGHES. 

Turba sequitur  fortunani,  ut  semper,  et  odit 

Damnatos 

Les  homes  suiuent  touiours  la  fortune  et  ne  sont  iamais 
pour  ceux  qui  sont  condamnés. 

VENGEANCE. 

Qui  notunt  accidere  quenquani 

Posse  volunt 

Ceux  môme  qui  ne  veulent  pas  se  venger  de  leurs  enemys 
sont  bien  aises  de  le  pouuoir. 

pROsPERrrÉ. 

Sed  quie  prwclara,  et  prospéra  lanti. 

Ut  rébus  Iwtis  par  sit  mensxira  malorum  ? 

La  plus  grande  prospérité  ne  mérite  pas  tant  d'être 
admirée,  puisque  la  grandeur  des  maux  se  mesure  par 
celle  des  biens  ou  Ton  ètoit  eleué. 


—  4.38   — 

HONEVnS  ,    RICHESSES.     CHEVTE    DES    CtRANDEYRS. 

Qui  iiimios  oplahat  honores , 

Et  nimias  poscebat  opes  :  numcrosa  parabat 
ExcelssB  lurris  tabukila,  iinde  altior  esset 
Casus  ,  et  impulsa'  prxceps  immane  ruime. 

Tous  les  honcurs,  loutes  les  richesses  que  Ion  recherche 
sont  corne  autant  des  degrés  qu'on  eleue  l'un  sur  l'autre 
pour  monter  au  faite  de  toutes  les  grandeurs  d'où  sa  cheute 
deuoit  être  plus  funeste,  et  le  précipice  ou  il  est  tombé  plus 
terrible. 

GRANDS. 

Ad  ijenerum  Cereris  sine  cxde,  et  vulnere  pauci 
Descendtmt  Reges,  et  sicca  marie  iyranni. 

Il  y  a  peu  de  grands  qui  descendent  a  la  triste  demeure 
de  Pluton  sans  y  être  précipités  par  une  mort  violente. 

ESPRIT. 

Largus,  et  exundans  letho  dédit  ingenii  fons. 
Ingénia  manus  est ,  et  cervix  cn'sa ,  nec  unquam 
Sanguine  caussidici  maduerunt  rosira  piisilli. 

L'esprit  fait  souuenl  perdre  la  vie  ;  iamais  le  barreau  n'a 
été  arrousé  du  sang  d'un  médiocre  orateur.  Giceron  auoit 
fait  un  m'auuais  vers  sur  le  bonheur  de  Rome  pendant  son 
consulat  ;  s'il  n'eut  pas  uté  plus  grand  orateur  qu'il  êtoit 
poète  il  auroit  été  en  seureté. 

ELOQVENGE. 

Sasvns  et  illum 

Exitus  eripuit  quem  ndrabantur  Atheme 
Torrentem  ,  et  pleni  moderantem  frena  theatri. 


—  't39  — 
Ce  fut  une  violence  qui  ota  la  vie  a  ce  grand  home  la 
merueille^  d'Athènes ,  qui  corne  un  torrent  emporte  les 
auditeurs  ou  il  vouloit ,  cl  (|ui  dans  la  Coule  des  assemblées 
ployoit  les  homes  a  son  gré  ;  s'il  n'eut  pas  ôlc  né  malheu- 
reux il  auroit  vécu  dans  la  forge  de  son  père ,  il  y  auroit 
battu  l'enclume  auec  luy,  il  n'auroit  pas  été  mis  entre  les 
mains  d'un  rhéteur. 

ELOQVENGE.     IGNORANCE. 

0  fortnnataui  natam  me  consule  Romam. 
Antonî  gladios  potiiit  contemnere ,  si  sic 
Omnia  dixisset  ;  ridenda  poëmata  malo  , 
Quant  te  conspicux  divina  Philippica  famse , 
Volveris  a  prima  qux  proxima 

Ciceron  auoit  lait  un  mauuais  vers  sur  le  bonheur  de 
Rome  pendant  son  consulat  ;  s'il  n'eut  pas  été  plus  grand 
orateur  qu'il  êtoit  poète  il  auroit  vécu  en  seureté  ;  i'ayme- 
rois  donc  mieux  être  l'autheur  de  quelque  mauuais  poème 
que  d'une  pièce  aussy  diuine  que  la  2"*'  Phylipique. 

VERTV ,    HONEVR. 

Tanio  major  famse  sitis  est ,  quam 

Virtutis   Quis  enim  virtulem  amplectitur  ipsam , 
Prxmia  si  tollas  ? 

On  cherche  bien  moins  la  vertu  que  l'honeur,  car  qui  est 
ce  qui  aymeroit  la  vertu  si  la  gloire  n'en  êtoit  pas  touiours 
la  recompense. 

DVRER    TOVIOVRS. 

Quandoquidem  data  sunt  ipsis  quoque  fata  sepulcris. 

Puisqu'enfin  les  marbres  même  et  les  sepulchres  ne  dure 
ront  pas  toùiours. 


—   -iU) 


VAILLANT    CAPITAINE. 


Expende  Hannibalem  :  qtiot  libras  in  Duce  suiudio 
Inverties  :  quem  non  capil  Africa 

Pesés  maintenaul  Aunibal  ;  ah  !  de  ({uel  poids  est  ce 
grand,  cesl  illustre  capitaine  ;  c'est  luy  que  toute  TAffrique 
qui  n'est  Itoruée  que  [)ar  rOcceau  cl  par  le  Nil  ne  peut 
arrêter. 

SVK     LE     MEME. 

Expende  Hannibalem  ,  quoi  libras  in  Duce  summo 
Invenies  ;  hic  est,  quem  non  capit  Africa  Mauro 
Percussa  Occano,  Niloquc  admota  fepcnti. 
Ricrsiis  ad  .Elhiopum  populos  .  altosqiie  elephantos 
Additur  imperiis  Hispania  :  Pijrenœum 
Transilit.  opposuit  natura  Alpemque  ,  nivemque  ; 
Diducil  scopulos  ,  et  montem  rumpit  aceto. 
lam  tenet  Italiam  :  tamen  ultra  pergere  tendit. 
Actum  ,  inquit ,  nihil  est ,  nisi  Pœno  milite  portas 
Frangimiis  ,  et  média  vexillum  pono  Suburra. 
0  qualis  faciès  ,  et  quali  digna  labella  , 
Cum  Getula  ducem  portaret  bellua  luscum  ! 
Exitus  ergo  quis  est?  0  gloria  !  vincitur  idem 
Nempe  ,  et  in  exsilium  prxceps  fugit ,  atque  ibi  magnus 
Mirandusque  cliens  sedet  ad  prxtoria  Régis , 
Donec  Bithyno  libeat  vigilarc  tyranno. 
Finem  animx ,  qux  res  humanas  miscuit  olim  , 
No7i  gladii ,  non  saxa  dabunt ,  nec  tela ,  sed  ille 
Cannarum  vindex,  et  tanti  sanguinis  ultor 
Annulus.  i,  démens ,  et  sxvas  curre  pcr  Alpeis , 
Ut  pueris  placeas  ,  et  declamatio  fias. 

Pesés  maintenant  Annibai  ;  ah  !  de  quel  poids  est  ce 
grand  ,  cest  illustre  capitaine  ;  c'est  luy  que  toute  l'Affrique 
qui  n'est  bornée  que  par  TOccean  et  par  le  Nil  ne  peut  arrê- 
ter ;   il   aioùle  aux   victoires  qu'il   a   remportées    sur   les 


—  i'il  — 

Ethyopiens  eL  a  loules  ses  autres  conquêtes  l'Espaignc  ;  il 
vole  au  delà  des  Pyrénées  ,  il  surmonte  les  Alpes  et  les 
neiges  douL  elles  sont  couuerles,  il  sépare  les  rochers,  il 
renuerse  les  montaignes  par  le  secours  du  vinaigre  et  du 
feu,  il  marche  triomphant  au  milieu  des  campagnes 
d'Italie ,  mais  il  n'est  pas  encore  au  bout  de  ses  entreprises. 
Mes  victoires  sont  incomplètes ,  dit  il ,  si  après  tant  de 
combats  ie  ne  vois  cette  superbe  ville  en  ma  puissance ,  ou 
si  ie  ne  plante  mes  drapeaux  triomphants  au  milieu  de 
Rome.  Que  son  visage  etoit  lier,  que  l'on  eut  bien  fait  de 
le  peindre  monté  sur  un  éléphant ,  que  le  portrait  en  auroit 
été  beau  bien  qu'il  n'eut  plus  qu'un  œil.  Mais  qu'arriue 
t'il  ?  0  gloire  d'Annibal  qu'êtes  vous  enfin  deuenue  ?  il  est 
contraint  de  chercher  sa  seureté  dans  une  fuite  précipitée  , 
et  pendant  son  exil  ce  grand  et  admirable  capitaine  est 
réduit  a  faire  la  cour  a  un  l'oy  barjjare  et  d'attendre  son 
reueil.  La  fin  de  cette  illustre  vie  qui  auoit  remply  tout 
l'uniuers  d'admiration  et  de  crainte  n'arriue  point  dans  une 
bataille .  ce  n'est  point  le  beau  sort  des  armes  qui  la  ter- 
mine ,  c'est  un  anneau  qui  venge  tant  de  sang  répandu  , 
tant  de  carnage  des  Romains  ;  que  te  sert  il  d'auoir  par- 
couru toutes  les  Alpes ,  passé  les  Pyrénées ,  enfin  toutes 
ces  victoires  que  deviendront  elles  ?  Le  suiet  d'un  Hure  ou 
d'une  harangue  que  l'on  douera  a  faire  a  ceux  qui  étudient 
l'éloquence. 

AMBITION  .     MORT. 

Unus  PcUeo  Juveai  non  sufficit  orbis  ; 

Mstuat  infelix,  angusto  limite  mundi , 

Ut  Gyarx  clausus  scopulis ,  parvaque  Seripho. 

Cum  tamen  a  figidis  munitam  intraverit  urbem  , 

Sarcophago  contentus  erit .  Mors  sûla  fatetur, 

Quantula  sint  hominum  corpuscula 


—   \i2   — 

Un  seul  monde  ne  suffit  pas  aux  vastes  désirs  du  ieune 
Alexandre  ,  son  ambition  ne  peut  être  bornée  par  les  limites 
de  l'uniuers  ;  il  se  dona  de  l'inquiétude  come  s'il  êtoit 
arrêté  sur  les  ecueil  de  Gyare  ou  dans  la  petite  isle  de 
Seriphe  ;  mais  quand  il  aura  aiouté  a  ses  conquêtes  la  ville 
de  Semiramis,  il  ne  faudra  qu'un  cercueil  pour  l'enfermer, 
tant  il  est  vray  que  la  mort  seule  nous  aprend  que  tout  ce 
que  nous  somes  est  peu  de  chose. 

AMBITION. 

Toties  optata  exegii  gloria  pœnas. 

L'ambition  nous  cause  souuent  des  grands  maux. 

VIEILLESSE. 

Sedquam  qontiauis ,  et  quantis  longa  seneclus 
Plena  malis  ;  deformem  ,  et  tetrum  ante  omnia  vultum 
Dissimilcmque  siii  deformem  pro  cute  pellem  , 
Pendenteisque  gênas  ,  et  taleis  adspice  rugas  , 
Qualeis  umbriferos  ubi  pandit  Tabraca  saltiis  . 
Invetula  scalpit  jam  mater  simia  bucca. 

Mais  helas  !  a  combien  des  maux  une  longue  vieillesse 
n'est  elle  pas  exposée  ;  il  n'y  a  plus  sur  le  visage  que  des 
traits  usés ,  la  peau  en  est  flétrie  ,  les  ioues  sont  sèches  ou 
pendantes,  il  n'y  a  pins  ([uc  des  rides  telles  que  l'on  en 
voit  a  un  vieux  singe  dans  les  épaisses  forets  de  lAtTrique. 

lEVNESSE  .    VIEILLESSE. 

Plurimasunt  juveniim  discrimina  :  pulcrior  ille 
Hoc,  atqueille  alio  :  multum  hic  robustior  illo. 
Una  senum  faciès  ,  cum  voce  trementia  membra  , 
Frangendus  misero  gingiva  panis  inermi. 
Non  eadem  vini ,  atque  ribi  torpenie  palato 
Gaudia 


—  443  — 
La  ieunesse  se  distingue  par  des  characteres  différents  , 
les  uns  ont  plus  de  beauté ,  les  autres  ont  plus  de  force , 
mais  les  vieillards  indilTerament  sont  tous  semblables  et 
suiets  aux  mêmes  défauts  ;  ils  ont  des  membres  foibles  et 
tremblants  come  la  voix  ;  a  peyne  leur  reste  t'il  quelque 
grosse  dent  pour  manj^er  du  pain .  ils  ne  sont  plus  touchés 
du  plaisir  de  boire  ny  de  manger. 

BEAVTÉ . 

Sed  vetat  optari  faciem  Lucreiia  ,  qualem 
Ipsa  habuit 

Lucrèce  nous  aprend  qu'il  est  dangereux  d'auoir  autant 
de  beauté  qu'elle  en  eut. 

PVDEVR.     BE.AVTÉ. 

Rara  est  acleo  concordia  f'ormx , 

Atque  pudicitix 

La  pudeur  et  la  beauté  ne  se  rencontrent  gueres  ensemble. 

COLERE    DES    FEMES. 

Millier  sievissima  tune  est, 

Cum  stimulos  odio  pudor  admovet 

La  colère  des  femes  ne  reçoit  point  des  bornes,  principa- 
lement lors  que  la  honte  d'auoir  été  méprisée  en  augmente 
la  violence. 

l'home  est  cher  avx  dievx. 

Pennittes  ipsis  expendere  Numinibus ,  quid 
Conveniat  nobis  ,  rebusque  sit  utile  nostris. 
Nam  pro  jucundis  aptissima  quxque  dabunl  DU. 
Garior  est  illis  homo ,  quani  sibi 


—  444  — 
Laisses  a  Dieu  a  iuger  ce  qui  nous  conuient  et  ce  qui 
est  notre  véritable  bien ,  car  au  lieu  de  tout  ce  qui  peut 
nous  être  agréable ,  il  nous  douera  précisément  ce  qui  nous 
est  nécessaire  ,  l'home  leur  est  plus  cher  (ju'il  ne  l'est  a 
luy  même. 

ESPRIT,    SANTÉ. 

Orandum  est,  ut  sil  mens  sana  in  corpore  sano. 

Il  faut  demander  un  esprit  raisonable  auec  une  heureuse 
santé. 

VERTV. 

Semita  certe 

TranquillsB  per  virtutem  palet  imica  vitœ. 

La  vertu  est  l'unique  voye  par  laquelle  nous  pouuons 
arriuer  au  véritable  bonheur  de  la  vie. 


SATYRE  XI 


BONE    TABLE. 

Attîcus  eximie  si  cenal,  lautus  habetur  ; 

Si  Butilus  ,  démens,  quid  enim  majore  cachinno 

Excipitur  vulgi 

On  loue  Atticus  de  ce  qu'il  a  toùiours  bone  table ,  mais 
on  ne  loue  pas  Rutilius  d'y  faire  la  même  depençe.  En 
eti'et,  y  a  t'il  quelqu'un  dont  on  se  mocque  dauantage. 

BONE     CHERE. 

Et  quihus  in  solo  vivendi  caussa  palato  est. 

Ce  sont  des  gens  qui  nayment  la  vie  que  pour  trouuer 
de  quoy  contenter  la  délicatesse  de  leur  goût. 

ACHEPTER   CHEREMENT. 

Magis  iLL.\.  juvant ,  qux  pluris  emuntur. 


Il  n'y  a  rien  qui  semble  meilleur  que  ce  qu'on  achepte 
bien  cher. 

DEPENSE,    PRODIGALITÉ. 

Refrrt  ergo  ,  quis  hsec  eadem  paret  :  in  Ruiilo  nam 
Luxuria  est ,  in  Ventidio  laudabile  nomen 
Sumit ,  et  a  censu  famam  trahit 

Il  faut  donc  iuger  de  la  dépense  selon  les  persones  qui 
la  font  ;  ce  qui  est  un  e.\ces ,  une  profusion  pour  Rutilius 


—  446  — 
ne  l'est  pas  pour  Ventidius,  au  contraire  c'est  une  magni- 
ficence digne  de  luy,  ses  richesses  douent  ce  beau  nom  a  sa 
table. 

E  cœlo  descendit 

Figendum  ,  et  memori  tractandum  peclorc  ,  sive 
Conjugium  quieras,  vel  sarri  in  parte  senalus 
Esse  veb's 

VOLVPTVEVX . 

Quis  enim  te  déficiente  crumena  , 

Et  crcscente  gula  ,  manet  exitus  ,  sere  paterno 
Ac  rébus  mersis  in  ventrem 

Considère  ce  que  tu  deuiendras  si  la  dépense  de  ta  bouche 
croit  a  mesure  que  l'argent  de  ta  bourse  diminue,  abimant 
ton  patrimoine  dans  ton  ventre. 

VIEILLESSE. 

No7i  prxmaluri  cineres  ,  nec  funus  acerbum 
LuxuricB  ,  sed  morte  magis  metuenda  senectus. 

Ce  n'est  point  une  mort  auancée,  ce  n'est  point  un 
bûcher  qui  doit  faire  pour  a  ces  prodigues ,  mais  ils  doiuent 
craindre  la  vieillesse  plus  que  le  tombeau. 

CHEVREAV. 

Veniet  pinguissimus  agro 

Hxdulus ,  ei  loto  grege  mollior.  insciiis  herbsp  , 
Necdum  ausus  virgas  humilis  mordere  salicti . 
Qui  plus  lactis  habet  quam  sanguinis .  .^ 


lay  un  cheureau  qui  n'a  pas  été  a  l'herbe ,  qui  n'a  point 
brouté  les  bourgeons  des  arbres ,  qui  a  plus  du  lait  que  du 
sang  ,  qui  est  gras ,  qui  a  la  chair  blanche  et  délicate  .  et 
qui  a  été  choisy  dans  tout  son  troupeau. 


—  447 


FRVGALITE. 


Superbum 

Convivam  caveo,  qui  me  sibi  comparât ,  et  res 
Despicit  exiguas 


le  me  done  bien  de  garde  de  doner  a  manger  a  un  de  ces 
dédaigneux  qui  attendroit  trop  de  moy  et  qui  mepriseroit  le 
peu  que  ie  luy  presenterois. 

RICHES. 

Fortuna'  veniam  damus.  aléa  turpis  , 

Turpe  et  adulterium  mediocribu.i  :  hxc  eadem  illi 
Omniacumf octant  hilares  ,  nitidique  vocantur. 

On  pardone  les  excès  aux  riches  ;  les  ieux  de  hasard  , 
les  adultères  ne  sont  des  crimes  que  pour  ceux  qui  ont  une 
fortune  médiocre  ,  quand  ils  font  les  mêmes  choses  que 
nous ,  au  lieu  que  nous  en  somes  punis  ,  ils  en  passent 
pour  honetes  gens  qui  ne  sont  point  enemys  des  plaisirs. 

RARETÉ    DES    PLAISIRS. 

VoLUPTATES  commendat  rarior  usus. 


Quand  les  plaisirs  sont  un  peu  rares  ,  ils  sont  beaucoup 
plus  grands. 


SATYRE  XII 


niCHES. 

Nonpropte)'  vilam  faciunl  patrimonia  quiduin, 
Sed  vicio  cxci  propter  patrimonia  vivunt. 

Ce  n'est  pas  pour  ioiiir  de  la  vie  qu'il  y  en  a  qui  amassent 
des  grandes  richesses  ,  mais  ils  ne  viuen[  lanl  ils  sont 
aueugles  que  pour  deuenir  riches. 

DANGERS    SVR     LA    MER. 

/  mine  ,  el  venlis  aniinain  comniitte  ,  dolatu 
Oonfisus  ligno  ,  digitis  a  morte  remotus 
Quatuor,  ac  septem  ,  si  sit  latissima  txda. 

Aies  maintenant  et  fies  vous  a  la  mer,  aux  vents  et  a  un 
peu  de  bois  aplany,  qui  ne  vous  éloigne  de  la  mort  que  de 
quatre  doigts  ou  de  sept  au  plus ,  si  les  planches  sont  un 
peu  hautes. 

ESPERANCE. 

Spes  vHw  cuni  Sole  redit 

Lorsque  le  soleil  vient  a  paroitre  il  ramené  l'espérance. 


SATYRE  Xlli 


MAVVAIS    EXEMPLE,     MAVVAIS     IVGE. 

Exemple  quodcumque  malo  conimittitur,  ipsi 
Displicet  auctori.  prima  est  hsec  ultio  ,  quod  se 
Indice  ,  nemo  nocens  ahsolvitur,  improba  quamvis 
Gratta  fallaci  Prxtoris  vicerit  urna. 

On  ne  done  ianiais  de  maunais  exemple  qu'on  n'en  ayt 
aussitôt  du  repentir  et  de  la  douleur  ;  la  première  punition 
de  Finiustice  vient  de  celuy  la  même  qui  l'a  commise ,  la 
faueur  qui  a  corrompu  les  suffrages  du  prêteur  ne  peut  cor- 
rompre le  témoignage  de  sa  conscience  qui  lui  reproche 
d'auoir  eu  trop  de  complaisance  lors  qu'il  deuoit  être  seuere. 

DEPLAISIR. 

Flagraiitior  xquo 

Non  débet  dolor  esse  viri ,  nec  vulnere  major. 

Un  home  raisonable  ne  se  laisse  iamais  surmonter  par 
la  douleur,  son  déplaisir  ne  doit  pas  être  plus  grand  que  le 
mal. 

SACtESSE   ,     VIE. 

Magna  quidem,  sacris  qun'  dai  pr.rcepta  libellis, 
Victrix  fortume  sapientia.  Ducimus  aulem 
Hos  quoque  felices  ,  qui  ferre  incommoda  vitse  . 
Nec  Jactare  jugum  vita  didicere  magistra. 

29 


—  450  — 

le  tais  grand  cas  de  la  sagesse  el  de  loiiles  les  diuines 
instructions  qu'elle  done  dans  les  liures  des  phylosophes. 
le  scay  bien  que  c'est  elle  qui  est  victorieuse  de  la  Ibrtune  , 
mais  enfin  i'estime  aussi  que  c'est  un  grand  bonheur 
d'auoir  appris  par  son  expérience  ce  que  c'est  que  la  vie , 
que  l'on  en  doit  suporter  les  malheurs ,  et  que  c'est  en 
vain  qu'on  voudroit  secouer  le  ioug  qui  est  imposé  a  tous 
les  homes  des  leur  naissance. 

HOMES    DE     niEN    RARES 

Rari  qiiippe  boni  ;  iiumerus  vix  est  totidem  .  quoi  i 

Thebarum  porlœ  ,  vel  divitis  ostia  Nili. 

Les  gens  de  bien  sont  rares ,  et  leur  nombre  est  a  peyne 
aussy  grand  que  celuy  des  portes  de  Thebes  ou  des  embou- 
cheures  du  Nil. 

ARGENT. 

Nescis 

Quas  habeat  Vénères  aliéna  pecunia  ? .  .  .  . 


Ne    saues   vous   pas  combien    l'argent  d'autruy  a   des 
charmes. 


PREMIERS    TEMS. 


Jmprobitas  illo  fuit  admirabilis  svo. 

Credebant  hoc  grande  nefas  ,  et  morte  piandwn  , 

Si  juvenis  vetulo  non  assurrexerat ,  et  si 

Barbato  cuicuvique  puer 


C'est  en  ce  tems  la  que  l'iniustice  eut  paru  quelque 
chose  d'êlonanl  :  ils  croyoinl  qu'un  ieune  home  auroit 
comis  le  plus  grand  de  tous  les  crimes,  s'il  n'auoit  pas 
honoré  un  home  plus  vieux  que  luy,  quand  il  auroit  eu 
ches  luy  beaucoup  de  bien. 


—  451    — 

HOME    SANS     DEFFAVT. 

Egregium,  sanctumque  virum  si  cerno ,  bimembn 
Hoc  monstrum  puero  ,  vel  mirandis  sub  aratro 
Piscibus  inventis  ,  et  fœtœ  compara  mula;. 

Lors  que  ie  rencontre  un  home  sans  deffaut  ie  ne  suis 
pas  moins  surpris  que  si  ie  voyois  quelque  monstre ,  ou  si 
i'entendois  dire  qu'on  a  trouué  des  poissons  sous  le  soc 
d'une  charrue  ou  qu'une  mule  est  pleine. 

MEPRISER     LES    DIEVX. 

Tani  facile ,  et  pronum  est  superos  contemnere  testeis , 
Si  mortalis  idem  nemo  sciât 

Tant  il  est  vray  qu'il  est  facile  de  mépriser  le  témoignage 
des  dieux,  lors  qu'on  ne  craint  point  celuy  des  homes. 

CRIMES. 

Committunt  eadem  diverso  crimina  fato  ; 

nie  crucem  sceleris  pretium  tulit ,  hic  diadema. 

Les  mêmes  crimes  ont  eu  souuent  un  sort  bien  diffé- 
rent ;  il  est  vray  que  l'un  a  eu  pour  recompense  une  mort 
honteuse ,  mais  un  autre  par  la  même  voye  est  monté  sur 
le  throne. 

MALADES. 

Curentur  dubii  medicis  majoribus  xgri. 

Ceux  qui  sont  dangereusement  malades  doiuent  être 
traités  par  les  plus  grands  médecins. 

ARGENT.  PERTE  DE  SES  PARENTS. 

Et  majore  domus  gemitu  majore  tumuUu 
Planguntur  nummi ,  quam  fanera,  nemo  dolorem 
Fingit  in  hoc  casu 


—  45-2  — 

Le  deuil  est  bien  plus  grand  quand  on  perd  son  argent 
que  lors  qu'on  n'a  perdu  que  quelqu'un  de  ses  parents  ; 
persone  ne  dissimule  sa  tloulcm- dans  un  tel  accident. 

ARlUvNT. 

Ploralnr  lacnimis  amism  perunia  verix. 

On  pleure  tout  de  bon  el  Ion  esl  touché  d  une  douleur 
véritable  quand  on  a  perdu  son  argent. 

VENGEANCE. 

At  vindicta  ,  bonwn.  vita  jucundius  ipsa. 

Mais  la  vengeance  a  des  douceui'S  plus  grandes  que  la  vie 
même. 

PHYLOSOPHIE. 

Plurima  felix 

Paullatim  vitia.  atque  errores  exuit  omneis. 
Prima  doccns  recium  sapientia 

La  phylosophie  decouui-e  aux  esprits  les  beautés  de  la 
iustice  ,  et  les  deliure  des  vices  et  des  erreurs  du  peuple. 

VENGEANCE. 

Minuti 

Semper,  et  infirmi  esl  animi  ,  exiguique  voluptas 
Ultio 

La  vengeance  n"adcs  charmes  (jue  pour  les  petits  esprits. 

FEMES    VINDICATIVES. 

Vindicta 

Neino  magis  gaiidet  quam  femina 

Les  tomes  se  laissent  emporter  beaucoup  plus  que  les 
homes  au  plaisir  de  se  venger. 


MECHANTS. 

Quos  diri  conscia  facti 

Mens  habet  attonitos  ,  et  surdo  verbere  cxdit 
Occultum  quatiente  animo  tortore  flagellum? 

Pœna  autem  vehemens 

Nocte,  dieque  siiiim  geslare  in  pectore  teslem. 

Les  méchants  ne  sont  ils  pas  ctonés  de  l'image  affreuse 
de  leur  crime ,  leur  conscience  n'est  elle  pas  pour  eux  un 
impitoiable  bourreau  qui.  les  tourmente  par  les  remords 
dont  ils  sont  incessament  agités  ?  Y  a  t'il  un  plus  grand 
supplice  que  de  porter  iour  et  nuit  un  seuere  témoignage 
contre  soy  même  ? 

FORMER    VN    DESSEIN    INIVSTE. 

Nam  scelus  intra  se  tacitum  qui  cogitât  ullum  , 
Facti  crimen  habet;  cedo,  si  conata  peregit? 
Perpétua  anxietas  ,  nec  mansse  tempore  cessât , 
Faucibus  ut  iiiorbo  siccis  ,  interque  molareis 
Difficili  crescente  cibo 

Celuy  qui  forme  dans  son  cœur  un  dessein  iniuste  est 
deia  capable  d'iniustice  ;  il  est  aussy  lot  tourmenté  d'inquié- 
tudes continueles ,  la  crainte  trouble  son  repas ,  et  son 
gozier  est  aussy  sec  et  aride  que  celuy  des  malades  brûlés 
des  ardeurs  de  la  fleure  ;  il  ne  peut  aualer  les  meilleures 
viandes  qui  semblent  croître  sous  ses  dents  et  sont  désa- 
gréables dans  sa  bouche. 

MECHANTS. 

Hi  sunt  qui  trépidant ,  et  ad  omnia  fulgura pallent , 
Cum  tonat ,  exanimes  primo  quoque  murmure  cœli  ; 
Non  quasi  fortuitus ,  nec  ventorum  rabie  ,  sed 
Iratus  cadat  in  terras,  etjudicet  ignis. 

Les  méchants  ne  sont  iamais  en  seureté ,  ils  palissent  a 
tous  les  éclairs .  ils  sont  a  demi  morts  des  qu'ils  entendent 


gronder  le  toneiie  ,  conime  si  la  foudre  n'êtoit  pas  portée 
par  le  hazard  ou  par  la  fureur  des  vents  ,  mais  corne  si  elle 
haissoit  les  crimes  et  ne  tomboit  qu'en  discernant  les  cou- 
pables. 

SVH    LE    MÊME    SVIET. 

Quid  enim  sperare  nocentibus  sgri$ 

Concessum  ? 

Car  quelle  espérance  peuuent  auoir  les  méchants. 

SVR     LE    MÊME    SVIET  ET    SVR    LE    MAL. 

Mobilis,  et  varia  est  ferme  natura  malorum. 
Cum  scehis  admittunt ,  superest  constantia  ;  quod  fas  , 
Atque  ne  fas  ,  tandem  incipiunt  sentire  peractis 
Griminibus.  tamen  ad  mores  natura  recurrit 
Damnatos  ,  fixa  ,  et  mutari  nescia.  nam  quis 
Peccandi  finem  posiiit  sibi  ?  quando  recepit 
Ejectum  semel  attrita  de  fronte  ruborem  ? 

Les  méchants  ont  de  l'inconstance  et  de  la  vanité  dans 
toute  leur  conduite  ,  ils  ont  de  la  hardiesse  lors  qu'ils 
entreprenent  une  iniustice ,  mais  a  peyne  est  elle  comise 
qu'ils  en  ont  du  repentir  et  que  la  beauté  de  la  vertu  et  la 
laideur  du  vice  se  présentent  a  leur  esprit  ;  toutefoix  après 
auoir  condamné  le  mal  ils  y  retournent ,  leur  penchant  les 
entraine  aux  mômes  desordres  dont  ils  ont  eu  honte  ;  car 
enfin  qui  est  ce  qui  a  iamais  fini  ses  dérèglements  auxquels 
il  s'est  accoutumé ,  qui  est  ce  qui  est  deuenu  honete  home 
après  auoir  violé  les  loix  de  l'honeteté  ? 

CRIME. 

Quisnam  hominum  est ,  quem  tu  contentum.  videris  uno 
Flagitio  ? 

Aues  vous  iamais  veu  un  home  qui  après  avoir  comis  un 
grand  crime  en  soit  demeuré  la. 


SATYRE  XIV 


DE    L  EDVCATION    DES    ENFANTS.    MAVVAIS    EXEMPLE 
d'vNE    MERE. 

Exspectas,  ut  non  sit  adultéra  Largm 

Filia;  qux  nunquam  maternos  dicere  mœchos 
Tarn  cito  nec  tanto  poterit  contexere  cursu  , 
Ut  non  ter  decies  respiret  ?  conscia  matri 
Virgo  fuit 

Espères  vous  que  la  fille  de  Larga  soit  honete  ?  Ne  sauez 
vous  pas  qu'elle  ne  peut  conter  les  amants  de  sa  mère  sans 
qu'elle  reprene  haleine  ?  Elle  êtoit  encore  fort  ieune  fille 
lors  qu'elle  êtoit  sa  confidente. 

EXEMPLES    DOMESTIQVES. 

Velocius,  et  citius  nos 

Corrumpunt  vitiorum  exempta  domestica ,  magnis 
Cum  subeunt  animos  auctoribus 

C'est  un  penchant  naturel  et  qui  nous  emporte  plus 
aisément  et  plus  promptement  vers  le  mal,  dont  nous 
auons  des  exemples  domestiques,  et  qui  nous  touchent 
d'autant  plus  que  nous  auons  du  respect  pour  ceux  qui  nous 
les  douent. 

MAL. 

Dociles  imitandis 

Turpibus ,  ac  pravis  omnes  sumus 


Rien  ne  s'aprendauec  plus  de  docilité  que  le  mal. 


lEVNES    (lAHÇONS. 

Nil  oictu  fœdum  visuque  h.xclimina  langat 

Inlra  qux  puer  est 

Maxima  debetur  piiero  revercntia 

Qu'aucune  parole  troj)  libre  ne  se  prononce,  qn'aucune 

action  trop  hardye  ne  se  fasse  dans  une  compagnie  on  il  y 

a  des  entants on  doit  auoir  de  grands  égards  pour  leurs 

tendres  années. 

EDVCATION. 

Gratuni  est,  quod  patriv  civem,  populoque  dedisti, 

Si  facis  ,  ut  patrise  sit  idoneus 

Plurimum  enim  inteverit,  quibus  artibus,  et  quibus  hune  tv 
Morihus  instituas 

La  patrie  vous  est  obligée  de  luy  auoir  doué  un  cytoien 
si  vous  laites  en  sorte  par  une  l»one  éducation  qu'il  luy  soit 
utile  ;  car  enfin  tout  le  bien  qu'on  en  peut  attendre  dépend 
de  la  manière  dont  vous  l'eleues  et  des  exemples  qu'il  voit 
ches  vous. 

VN    FILS    SVIT    L  KXEMl'l.K    l)'vN    PERE. 

Serpente  ciconia  pullos 

Niitrit ,  et  inventa  per  dévia  rura  lacerta  : 
Illi  eadcm  sumptis  quœrunt  animalia  pinnis. 


Sed  leporem  aut  capream  famulv  lovis,  et  generosm 
Insaltu  venanlur  aves  ;  hinc  prœda  cubili 
Ponitur  :  inde  aiitem ,  cum  se  matura  levaret 
Progenies  stimulante  famé  ,  festinat  ad  illam, 
Quam  primum  prxdain  rupto  gcstaverat  ovo. 

La  cicogne  nourrit  ses  petits  de  serpents  et  de  lézards 
qu'elle  cherche  dans  des  lieux  écartés  ;  lors  qu'ils  ont  des 
ailes  asses  fortes;  ils  cherchent  aussy  la  même  nourriture, 


—  457  — 

le  vautour  aporte  aux  siens  quelque  partie  d  un  cadaure 

Les  aigles ,  les  eperuiers ,  les  faucons  ne  fondent  que  sur 
les  Heures,  les  cheureaux,  les  perdrix,  et  lorsque  leurs 
petits  sont  asses  forts,  ils  ne  s'eleucnt  en  l'air  que  pour 
aler  a  cctle  chasse  (|ui  les  a  nourris  des  1p  moment  qu'ils 
ont  été  eclos. 

VICE. 

Fallit  enim  vitiiwi  specic  virtutis  ,  et  umbra  , 
Cum  sit  triste  habitu  ,  vuUuqxie  et  veste  severum. 

Le  vice  a  sonnent  les  apparences  de  la  vertu,  il  en  a  les 
habits  et  les  manières  ,  on  y  est  trompé. 

VICE. 

Su?it  qiiwdam  vitiorum  elementa 

Il  y  a  dans  le  vice  come  dans  les  sciences  de  certains 
principes  par  lesquels  on  doit  comencer. 

RICHE    AVARE. 

Sed  qiio  divitias  hxc  per  tormenta  coactas  , 

Cum  furor  haud  dubius  ,  cum  sit  manifesta  phrenesis , 

Ut  locuples  moriaris ,  egentis  vivere  fato  ? 

Mais  que  seruent  les  richesses  ({u'on  amasse  auec  tant  de 
peyne!  N'est-ce  pas  une  folie  manifeste,  une  phrenesie 
euidente  de  viure  dans  toutes  les  incomodités  de  la  dernière 
pauureté  pour  laisser  de  grandes  richesses  en  mourant. 

AVARE. 

Crescit  amor  nummi  quantum  ipsa  pecunia  crevit , 
Et  minus  hanc  optât  qui  non  habet 

Plus  un  auare  a  du  hien ,  plus  il  en  désire  ;  ceux  qui 
n'en  ont  point  du  tout  en  désirent  moins  que  luy. 


—  'ir>8  — 

lALOVSIE  .    ENVIE. 

Majorque  videtiir. 

Et  melior  vicina  seges 

La  moisson  du  voisin  paroit  toùiours  plus  belle. 

DESIR     d'amasser     DES    RICHESSES. 

Nam  dives  qui  fteri  vult. 

Et  cito  vult  fieri.  sed  qu;e  reoei'enlia  leguin  , 

Quis  metus,  aut  pudor  est  unquam  properantis  avari  ? 

Geluy  qui  veut  deuenir  riche  veut  aussy  le  deuenir 
promptement ,  et  dans  l'ardeur  qui  le  presse ,  il  n'est  point 
de  loy  qui  le  retiene,  il  n'est  point  de  crime  dont  il  ayt 
honte. 

OVAND  ON  NE  DORT  PAS,  ON  VOVDROIT  QVE  TOVT  LE  MONDE 

VEILLAT. 

Nunc 

Post  jînem  autumni  média  de  nccte  supinum 
Glamosus  juvenem  pater  excitât  :  accipe  ceras  , 
Scribe  puer,  vigila ,  caussasage,  perlege  rubras 
Majorum  leges 

Présentement  un  père  qui  ne  scait  ce  que  c'est  que  le 
someil  vient  eueiller  son  fils  et  le  fait  leuer  a  minuit  dans 
l'hyver  même.  Debout,  crie  t'il ,  debout,  prens  tes  liures, 
écris  ,  trauaille,  il  faut  entreprendre  quelque  cause,  étudie 
bien  les  loix  de  nos  anciens. 

GAIN. 

LucRi  bonus  est  odor  ex  rc 

Qualibet 

L'odeur  du  gain  de  quelque  endroit  qu'il  puisse  venir 
est  toùiours  bone. 


—  45!)  — 

BIEN    MAL    AGQVIS. 

Unde  habeas  quwrit  nemo  ,  sed  oportet  habere. 
Persone  ne  demande  ou  lu  ou  as  pris,  mais  si  tu  en  as. 

GRIMES  AISÉS. 

NuLLUs  enim  magni  sceleris  labor 

Il  n'y  a  point  de  peyne  a  cometre  les  plus  grands 
crimes. 

OBEISSANCE     POVR    LK    MAL. 

Nemo  satts  crédit  tantum  delinquere ,  quantum 
Permutas  ;  adeo  indulgent  sibi  latius  ipsi. 

Qui  est  celuy  la  qui  croit  faire  mal  quand  il  ne  fait  que  ce 
qui  luy  est  permis ,  qui  est  ce  qui  ne  passe  au  delà  des 
bornes  qu'on  luy  a  prescrites. 

VIEILLESSE. 

lam  torquet  juvenem  longa  et  ccrvina  senectus. 

Cette  vieillesse  de  cerf,  ce  long  aage  done  de  la  peyne 
au  ieune  home. 

FVREVRS    DIFFERENTES. 

Non  unus  menteis  agitât  fur  or 

A  quelles  différentes  fureurs  les  homes  ne  sont  ils  pas 
suiets. 

DANGERS    DE    LA    MER. 

Curatoris  eget ,  qui  navem  mercibus  implet 
Ad  summum  latus,  et  tabula  distinguitur  unda. 

Celuy  qui  remplit  un  vaisseau  de  marchandises  ,  qui 
n'est  éloigné  de  la  mort  que  de  l'épaisseur  d'une  planche 
a  besoin  de  curateur. 


-    '.*iO    — 

HICHESSES. 

Tanlis  parla  maiis  ,  cura  majore  ,  meluque 
Servantur.  Misera  est  magni  cuslodia  censiis. 

Helas  !  ce  que  l'on  acquiert  auec  tant  de  peyne  on  ne  le 
conserue  aussy  que  par  des  soins  continuels,  et  même  auec 
beaucoup  plus  d'inquiétude  ;  c'est  une  grande  misère  que 
d'auoir  des  grandes  richesses  a  conseruer. 

CONTENT    DE    l'EV. 

Quanlo  felicior  hic,  qui 

Nil  cuperet ,  quam  qui  loium  sibi  posceret  orhem.  _ 

Celuy  qui  voudroit  con(juerir  tout  l'uniuers  seroit  moins 
heureux  que  celuy  qui  ne  desireroit  rien. 

RICHESSES. 

Mensura  tamen  quse 

Sufficiat  census ,  si  quis  me  consulat ,  edam  . 

In  quantum  sitis  ,  atque  famés  ,  et  frigora  poscunt. 

Si  quelqu'un  me  demaudoit  quelles  mesures  ie  donne 
aux  richesses  ,  ie  repondray  de  bone  foy  qu'il  en  faut  auoir 
autant  que  demandent  les  besoins  de  la  vie .  la  soif .  la  faim 
et  le  froid. 

SAGESSE,    NATVRE. 

Nunquam  aliud  natura  ,  aliud  sapientia  dicit. 

La  nature  et  la  sagesse  ne  demandent  rien  dauantage , 
quand  Tune  dit  c'est  asses,  l'autre  ne  dit  iamais  c'est  trop 
peu. 


SATYRE  XV 


DE  LA  SVPERSTITION  ET  DE  LA   CRVAVTÉ  DES  .EGYPTIENS. 
QVERELE  .  COMBAT. 

lurgia  prima  sonare 

Incipiunt  animis  ardentibus  :  hœc  tuba  rixse 
Dein  clamore  pari  concurrilur ,  et  vice  teli 
Saevit  nuda  manus  ;  paucse  sine  vulnere  malx , 
Vix  cuiquam  ,  aut  nulli  toto  certamine  nasus 
Integer.  aspiceres  jam  cuncta  per  agmina  vultus 
Dimidios  ,  alias  fades ,  et  hiantia  ruptis 
Ossa  genis  ,  plenos  oculorum  sanguine  pugnos. 

Il  n'y  eut  dabort  entre  eux  que  des  reproches  dont  ils 
s'attaquèrent  auec  une  extrême  furie  ;  ils  n'eurent  point 
d'autre  tempête  pour  s'animer  au  combat  ;  ensuite  eleuant 
de  part  et  d'autre  de  terribles  crys,  ils  vienenl  aux  mains, 
leurs  poings  leur  seruent  d'armes ,  il  n'y  eut  guère  de 
ioues  qui  n'en  receussent  quelque  coup  et  quelque  playe  ; 
entre  tant  d'homes  qui  se  battoint.  a  peyne  y  en  eut  il  un 
seul  ou  pour  mieux  dire  il  n'y  en  eut  point  du  tout  a  qui 
le  nés  restât  entier  ;  vous  n'eussies  veu  de  tous  cotés  que 
des  mâchoires  cassées ,  des  ioues  meurtries ,  des  yeux 
pochés ,  des  mains  dégoûtantes  de  sang  .  en  un  mot  des 
visages  qu'on  n'auroit  pu  conoilre. 

VIE. 
Nec  eniia  omnia  ,  quiedani 


Pro  vita  facienda . 


—    \ii2   — 

SiJ  y  a  beaucoup  de  choses  que  Ton  peut  taire  pour  se 
conseruer  la  vie  ,  il  ne  s'ensuit  pas  que  tout  soit  permis. 

GULERE  ,     FAIM. 

Pares  suni 

El  similes  ,  ira  ,  atcjue  famés 

La  colère  el  la  faim  sont  deux  passions  du  même  cha- 
ractere. 

SENTIMENTS    DE   TENDRESSE. 

Mollissima  corda 

Humano  generi  dare  se  natura  fatetur, 

Qux  lacrymas  dédit,  hxc  iioslri  pars  optima  sensus. 

La  nature  qui  nous  a  doné  des  larmes  montre  bien 
qu'elle  ne  done  pas  aux  homes  un  cœur  endurcy  ;  il  n'y  a 
rien  de  meilleur  en  nous  que  les  sentiments  de  tendresse. 

VNION   DES    PREMIERS    SIECLES  ,    CRVAVTÉ    DES    HOMES    DANS 
CEVX   CY. 

Princlpiii  induisit  communis  condilor  illis 

Tantiim  animas  ,  nobis  aniinum  quoque  ,  mutuus  ut  nos 

Adfectus  pctere  auxiliunt  ,  et  pru'stare  jiiberei 

Dispersas  tralicrc  in  populum  ,  tnigrare  vctusto 

De  nemorc  ,  et  proavis  hahitatas  linquere  silvas  : 

Mdiflcare  doinos  ,  Laribus  conjungere  nostris 

Tectwn  aliud  ,  tiitos  vicino  limite  somnos 

Ut  collata  daret  fiducia  :  protegere  armis 

Lapsum  ,  aut  ingenti  mdantem  vulnere  civem , 

Communi  dare  signa  tuba  .  defendier  iisdem 

Turribus  ,  atque  una  portarum  clave  leneri 

Sed  jam  serpentum  major  concordia  :  pareil 

Cognatis  maculis  similis  fera,  quando  leotii 

Fortior  eripuit  vilam  leo  Y  quo  nemore  unqiiam 

Expiravit  aper  majoris  dentibus  apri  ? 

Indica  tigris  agit  rabida  cum  tigride  pacem 

Perpetuam;  swvis  inter  se  convenit  ursis, 

Ast  homini  ferrum  lethale  incude  nefanda 

Produxisse  parum  est 


—  463  — 
Le  comuii  auLbeur  de  toutes  choses  a  doué  la  vie  aux 
bêtes,  mais  il  n'a  doué  la  raison  qu'aux  bornes,  afin 
qu'elle  leur  enseignai  a  se  demander  les  uns  aux  autres 
du  secours  et  a  se  le  doner,  a  s'assembler  dans  les  mêmes 
lieux,  a  se  retirer  des  forets  qui  ont  été  leur  première 
demeure ,  a  bâtir  des  maisons  ,  a  les  ioindre  les  unes  aux 
autres ,  afin  que  la  seureté  qu'ils  se  donoint  en  s'appro- 
chant  ainsy,  leur  donat  un  someil  plus  tranquille,  a  proté- 
ger par  la  force  leurs  voisins  ou  les  cytoiens  de  la  même 
ville  ,  a  se  ranger  sous  les  mêmes  drapeaux  au  même  son 
des  trompetes ,  a  se  deffendre  dans  les  mêmes  murailles . 
et  a  être  enfermés  sous  la  même  porte  ,  mais  auiourduy  il 
y  a  plus  d'union  et  de  paix  parmy  les  serpents ,  un  tygre 
ne  fait  point  la  guerre  contre  un  tygre  ;  quand  est  ce  qu'un 
lyon  puissant  a  oté  la  vie  a  un  lyon  plus  foible  ?  En  quelle 
forest  un  sanglier  a  t"il  été  deuoré  par  un  sanglier  plus 
fort  que  luy  ?  N'y  a  t'il  pas  une  paix  perpétuelle  entre  les 
betes  les  plus  faroucbes?  Les  ours  s'accordent  bien 
ensemble  ;  il  n'y  a  plus  que  les  bomes  qui  ne  peuuent 
plus  vivre  les  uns  auec  les  autre  sans  péril ,  il  ne  leur  suf- 
fit pas  d'auoir  forgé  sur  des  enclumes  criminelles  des 
armes  pernicieuses. 


SATVHK  X\l  ET   UKKXrERh; 


DE    LA    GVERRE.     DESTIN. 

Plus  elenim  fati  valet  hora  benigni 

Quam  si  nos  Veneiis  commendet  epistola  Marti 
Et  Samia  genitrix 

Le  destin  a  plus  de  pouuoir  dans  la  guerre  que  Venus 
et  lunon  quelques  amyes  qu'elles  soint  de  Mars. 

AMV. 

Quis  tam  Pylades 

Qui  trouiiera  t  on  semblable  a  Pylade? 

OVVERTVRE     DES    AVDIANÇES. 

Exspectandus  erit.  qui  lites  inchoat.  annus. 

SOLDATS  ,     TESTAMENTS. 

Salis  prœlerea  testandi  militihus  jus 
Vivo  pâtre  datur 


11  est  permis  au.x  soûls  soldats  de  faire   testament  pen- 
dant la  vie  de  leur  père. 

BIENS    ACQVIS    A    LA    GVERRE. 

Qn,T  suiit  parla  lahnrf 

Mililia; ,  plac.uit  non  esse  in  corpore  ce/isus  , 
,        Orrine  tenet  cujus  reyimen  pater 


—  't65  — 
Les  biens  qu'on  acquiert  pendant  la  guerre  ne  sont  pas 
compris  dans  les  biens  dont  un  père  a  l'administration. 

GENERAL   d'aRMÉE. 

Ipsius  certe  ducis  hoc  referre  videtur, 

Ut  qui  forlis  erit ,  sit  felicissimus  idem 

Ut  Isethi  phaleris  omnes ,  et  torquibus  omnes. 

C'est  le  deuoir  d'un  gênerai  d'armée  de  doner  des 
recompenses  a  ses  plus  vaillants  soldats  ,  par  les  armes 
glorieuses  dont  il  doit  les  honorer  corne  des  témoins  illustres 
de  leur  valeur. 


FIN 


DE     LA    XVr    ET    DE     LA    DERNIERE     SATYRE. 


30 


TABLE  DES  PRINCIPALES  MATIERES 


DES 


REMARQVES    DE   JVVENAL 


A 


Aconite,  p.  38. 
Achylle,  p.  39  .  10-2. 
Aclium,  p.  219. 
Affrique ,  p.  336, 
Agryppine,  p.  25,  137. 
Agatyrsus ,  p.  316. 
Agryppa,  p.  338. 
Aiax,  p.  197,  304. 
Allobroges,  p.  200. 
Alè.xandre  ,  p.  251 . 
Albe,  p.  273. 
Alpes ,  p.  287  ,  357. 
Ammome,  p.  333. 
Amphyon ,  p.  339. 
Amethystina,  p.  346. 
Androgée,  p.  20. 
Annales ,  p.  60. 
Anthoine,  p.  250. 
Annibal,  p.  251. 
Anti loque  ,  p.  252. 
Antycira,  p.  286. 
Antyphates,  p.  301. 
Ancus  Martius ,  p.  335. 
Andromaque  ,  p.  342. 


Apollon,  p.  33,   194.  337 
Apicius,  p.  112. 
Argonantes  ,  p.  11 . 
Aristote,  p.  49. 
Arachne,  p.  56. 
Aruspice  .  p.  62. 
Artaxate,  p.  69. 
Arménie ,  p.  2J5. 
Aréopage  ,  p.  234. 
Arabie,  p.  265 
Archygene  ,  p.  166,  286. 
Aristophane,  301. 
Arptopta,  p.  336. 
Assaracus,  p.  253. 
Athos  ,  p.  251. 
Athènes,  p.  329. 
Atlanta,  p.  348,  364. 
Atlas,  p.  360. 
Autel  de  Lyon  ,  p.  18. 
Automedon  ,  p.  23. 

B 

Bacchanales ,  p.  48. 
Baptae ,  p.  58. 
Bayes,  p.  82. 


—  468  — 


Bareas ,  p.  92. 
Batyllus,  p.  159. 
Babilone,  p.  251. 
Bacchus  ,  p.  194. 
Basylus,  p.  198,  252. 
Batyllus,  p.  287. 
Bascauda ,  p.  362. 
Bellone,  p.  173. 
Bœotie,  p.  248. 
Bellerophoon  ,  p.  255. 
Bethys,  p.  272. 
Bérénice,  p.  162,  338. 
Bedriac ,  p.  60. 
Bythinie,  p.  251  ,  345. 
Bouc,  p.  25. 
Bouclier  d'airain;  p.  62. 
Bocchar,  p.  135. 
Bone  déesse ,  p.  169,  323. 
Brutus,  p.  118-,  133;  221. 
Bromium  ,  p.  171. 
Bracmanes ,  p.  178. 
Brigantes,  p.  302. 
Britannicus  ,  p.  164  ,  338. 
Bulla,  p.  284. 

G 

Ganope,  p.  16,  163. 
Carus ,  p.  16. 
Gales ,  p.  25. 
Garinatus,  p.  199. 
Gamerinus,  p.  211. 
Capito ,  p.  212. 
Gamille,  p.  219,  325. 
GatuU.  Luctatius  ,  p.  220. 
Cap  de  Myssene  ,  p.  232. 
Gassius  Longin  ,  p.  247. 
Gaprea,  p.  249. 
CatuUa,  p.  323. 


Carpophorus,  p.  166. 
,  Galon,  p.  270,  301. 
Gahors,  p.  175. 
Galigula,  p.  178,  344. 
Gatilina,  p.  52, 
Gapitolins ,  p.  G6. 
GatuUes,  p.  66. 
Gatulus,  p.  84. 
Galuiena,  94. 
Gatiena ,  p.  94. 
Calliope ,  p.  112. 
Gat.  Messalin,  p.  119. 
Gattes,  p.  121. 
Gassius ,  p.  133. 
Garybde ,  p.   135. 
Gacus,  p.   136. 
Ganuse,  p.  164. 
Gadmus  ,  p.  302. 
Garpatium ,  p.  303. 
Gluula  ,  p.  323.    . 
GatuUa,  p.  254. 
Cannes,  p.  326 . 
Gappadoce ,  p.  345. 
Gapsarius ,  p.  356. 
Gassandre,  p.  358. 
Gaieté,  p.  368. 
Galpe,  p.  371. 
Gœditius,  p.  288. 
Genturion,  p.  319. 
Gelsus,  p.  167. 
Geroma  ,  p.  167. 
Gœleno  ,  p.  214. 
Gethegus ,  p.  52. 
Gecropie,  p.  59. 
Ghamp  de  Mars,  p.  63  ,  341. 
Ghaldeens  ,  p.  343. 
Ghyron,  p.  99,  199. 
Ghyronomonta,  p.  136. 
Ghoraules ,  p.  161. 


—    '.60 


Chrysogonus,  p.  19S 
Ghrysippus,  p.  48. 
Giceron,  p.  "219. 
Glitumnus  ,  p.  272. 
Gilicie,  p.  333. 
Gleanthe,  p.  50. 
Glodius,  p.  52. 
Cleopatre,  p.  61. 
Glaudius,  p.  169. 
Clytemnestra ,  p.  180. 
Glio,  p.  19t. 
Glelie,  p.  222. 
Gorycie,  p.  303. 
Coptium,  p.  314. 
Goncordia,  p.  31  ,  322. 
Gorse,  p.  336. 
Corynthe,  p.  349. 
Coranus ,  p.    375. 
Goryte  ,  p.  211. 
Cosmus  ,  p.  212. 
Go,  p.  213. 
Gorynthus,  p.  216. 
Gornelia,  p.  164. 
Goliina,  p.  168. 
Gomagene,  p.  176,  343. 
Gossus,  p.  210. 
Greticus,  p.  56. 
Gryspin  ,  p .  1 5  ,  111. 
Grasses ,  p.  249. 
Gresus,  p.  304. 
Gustos  gallicus,  p.  287. 
Gurius ,  p.  324. 
Gurruca,  p.  168. 
Gurius  Dentatus  ,  p.  48  ,  98. 
Gumes  ,  p.  81 . 
Gryspus ,  p.  117. 
Gynthie ,  p.  157. 
Cyniques,  p.  287. 
Gyclopadse,  p.  233 


D 


Danaides  ,  p.  180 

Daces  ,  p.  333. 

Damasyppus ,  p.  350. 

Danube  ,  p.  351. 

Demosthene ,  p.  250. 

Dédale,  p.  21,  22,  84. 

Deucalion ,  p.  26. 

Destin,  p.  51. 

Demetrius  .p.  91 

Delphos,  p.  176. 

Deciens,  p.  220. 

Democrite,  p.  248. 

Diomede ,  p.  20. 

Diogene ,  p.  304. 

Diphylus,  p.  93. 

Diane,  p.  103. 

Domitien,  p.  53,  113,  115,  166. 

Do  rida  ,  p.  91. 

Dolabella,  p.  213. 

Domitius,  p.  218. 

Doriphorus,  p.  1 18. 

Drusus.  p.  100,  210. 

E 

^acus ,  p.  10. 
yEdililé,  p.  97. 
^gerie,  p.  81 ,  83. 
^Egyptiens ,  p.  83. 
.Egée,  p.  21,285, 
Elégie,  p.  8. 
iElius  Lamia,  p.  121. 
.Elia,  p.  160. 
Elis,  p.  286. 

Ecuyer  tranchant ,  p.  36 1 . 
^mil.  Scaurus  ,  p.  53. 
/Emus,  p.  166. 


—  470 


Endymion,  p.  254. 
^née,  p.  134,  264. 
Œnophoron  .p.  172. 
Ephemerides,  p.  177,  344. 
Epicure ,  p.  371. 
^ole  ,  p.  252. 
Erymanthus,  p.  93. 
Eryphile,  p.  180. 
Esculape ,  p.  367. 
Espaigne ,  p.  213. 
Œtna,  p.  10. 
JEihyopïe,  344. 
Etrurie,  p.  264. 
Euoë,  p.  194. 
Euganei ,  p.  210. 
Euander,^p.  263. 
Europe,  p.  348. 
Euphrate  ,  p.  29. 
Euphranor,  p.  99. 

F 

Fabiens,  p.  67. 
Fabius  Gurges,  p.  168. 
Fabius,  p.  196,  209. 
Fabricius,  p.  235,  264. 
Feu  perpétuel,  p.  115. 
Fidene,  p.  159. 
Fides,  p.  322. 
Ficedula,  p. '368. 
Flaminie,  p.  23. 
Flora,  p.  370. 
Fouet,  p,355. 
Foy,  p.  31,  322. 
Fronton ,  p.   13. 
Frabateria,  p.  100. 
Forest  d'Aricine  ,  p.  327. 
Frusinone,  p.  100. 
Furies ,  p.  194,  285. 


G 


Gabiens,  p.  99. 
Gallinaria,  p.  103. 
Galba,  p.  177. 
Gaurus,  p.  232. 
Gades,  p.  247. 
Gange,  p.  247. 
Gaulois,  p.  264. 
Gillo,  p.  17. 
Gyare,  p.  25. 
Gobbio,  p.  263. 
Gorgones,  p.  271. 
Gladiateurs  ,  p.  65. 
Glauque ,  p.  288. 
Gracchus ,  p.  61. 
Gracques,  p.  52. 

H 

Heraclite,  p.  248. 
Hamillus,  p.  252. 
Hercule,  p.  20,  264,  323. 
Hebe,  p.  284. 
Hernicus,  p.  302. 
Hector,  p.  358. 
Hécatombe,  p.  362. 
Hemus,  p.  91 
Heluidius,  p.  133. 
Hesperides,  p.  137. 
Hedimeles,  p.  171. 
Hystoire ,  p.  60. 
HispuUa,  p.  160,  362. 
Hirpinc,  p.  211. 
Hippone ,  p.  215. 
Hirrus ,  p.  252. 
Hippia,  p.  162  .  254. 
Hylas.  p.  39. 
Hister  Pacuuius  ,  p.  56. 


Hyacinthes ,  p.  163. 
Hippomanes ,  p.  164. 
Hierusalem  ,  p.  176. 
Horace,  p.  19. 
Horat.  Codes  ,  p.  221 
Homère ,  p.  287. 
Hollandois ,  p.  348. 
Huistres  ,  p.  212. 


lanus ,  p. 171. 

Ibis,  p.  313. 

Icare,  p.  21. 

Jeux  du  cirque,  p.  266. 

leux  lupercaux ,  p.  64. 

lUirie.  p.  349. 

lo,  p.  174. 

Isaeus,  p.  90. 

Isis,  p.  173. 

Isle  de  Siene,  p.   265. 

Iphigenie  ,  p.  273  ,  363. 

lurements,  p.  59. 

luberne,  p.  68. 

luifs,  p.  164. 

lup.  Ammon ,  p.  176. 

lup.  Capitolin,  p.  272. 

lunon ,  p.  319. 


Latinus  ,  p.  158. 
Lanterne  de  Venuse,  p.  19. 
Labyrinthe ,  p.  21. 
Laurentum,  p.  30. 
Latina  via,  p.  40. 
Larronia,  p.  54. 
Lac  Lucrin,  p.  121. 
Laufella,  p.  169,  235. 


471   — 

Lac  de  Velabre ,  p.  178. 
Laureolum  ,  p.  216. 
Ladas,  p.  286. 
Lesbie  ,  p.  157. 
Lentulus ,  p.   162,  253. 
Lepidus,  p.  167.  209. 
Ijeucade ,  p.  219. 
Lestrigonse ,  p.  372. 
Lenas,  p.  135. 
Lycisca,  p.  164. 
Licinus,  p.  30,  252. 
Libitina,  p.  274. 
Limites,  p.  375. 
Lyde,  p.  64. 
Liburnie  ,  p.  101,  116. 
Locusta ,  p.  25. 
Loy  Iulia,  p.  53,  158. 
Loy  Pappia,  p.  234. 
Lucille,  p.  35. 

M 

Mars,  p.  9,  53 ,  63  ,  337. 

Matthon  ,  p.  16. 

Marc.  Regulus ,  p.  16. 

Massa,  p.  16. 

Marins ,  p.  18. 

Mariages  d'homes ,  p.  26,  64. 

Marcelles ,  p.  66, 

Manilia,  p.  166. 

Macheraî,  p.  192. 

Mamerques ,  p.  216. 

Marsyas  ,  p.  231. 

Marais  deMinturnes,  p.  253. 

Marse,  p.  302. 

Maeuia,  p.  15. 

Media,  p.  94. 

Metellus,  p.  95,  167. 

Meleagre,  p.  136. 


—  47-2  — 


Megalesia,  p.  159. 
Mœnades,  p.  169. 
Meroë,  p.  175  .  288 
Medée,  p.  179. 
Mercure ,  p.  211. 
Mentor,  p.  213. 
Menalippe,  p.  218. 
Mœsie,  p.  235. 
Messaline,  p.  255. 
Méduse,  p.  271. 
Menecœus ,  p.   302. 
Mer  Adriatique,  p.  332. 
Mer  loniene,  p.  338. 
Maecenas  ,  p.  24,  346. 
Medie,  p.  346. 
Milon,  p.  52. 
Mysipsa,  p.  134. 
Milet,  p,  168. 
Mytridate,  p.  180,  253. 
Myrrhon  ,  p.  213. 
Myltiade,  p.  250. 
Minerue,  p.  271. 
Missene,  p.  274. 
Myrrhina,  p.  336. 
Milon  Grotoniate  ,  p.  354. 
Mont  Esquilin,  p.  89. 
Mont  Girce,  p.  121. 
Mont  Setin,  p.  133. 
Moyse,  p.  302. 
More,  p.  328. 
Monychus,  p.  13. 
Mont  Alban,  p.  362. 
Mut.  Scœuola,  p.  35. 
Mugilis,  p.  254. 


N 


Nata,  p.  212. 
Naples,  p.  253. 


Nassa,  p.  274. 
Narcissus  ,  p.  305. 
Naufrage ,  p.  371. 
Néron ,  p.  118. 
Nestor,  p.  169,  252. 
Niobe ,  p.  165. 
Nil,  p.  284,  321. 
Numa  Pompilius  ,  p.  83. 
Numitor,  p.  212. 
Numidie ,  p.  333. 
Nurscia ,  p.  355. 

O 

Ogulnia,  p.  341 . 
Occean,  p.  357. 
Olynthe,  p.  272. 
Ombos,  p.  372. 
Opobalsame ,  p.  54. 
Oreste,  p.  8,    304. 
Orgie,  p.  58. 
Oronthe,  p.  88. 
Orchestra ,  p.  193. 
Orcades  ,  p.  326. 
Osiris,  p.  176. 
Ostia,  p.  273,  360 
Othon,  p.  59. 


Patrices ,  p.  15. 
Pallants  ,  p.  30. 
Paix,  31,  322. 
Pauls ,  p.  66. 
Papyrus,  p.  112. 
Palfurius ,  p.  114. 
Paris,  p.  163. 
Palœmon,  p.  172. 
Pan,  p.  193. 


—  473  — 


Pacuuius ,  p.  273. 
PacLolus,  p.  304. 
Palus  Mœotides,  p.  332. 
Parques  ,  p.  235. 
Parthes ,  p.  342. 
Paulus,  p.  344. 
Parthenius,  p.  362. 
Petteumate,  p.  265. 
Petaurum,  p.  303. 
Pégase,  p.  93. 
Persicus,  p.   100. 
Pegasus,  p.  116. 
Paean,  p.   165. 
Petosiris  ,  p.  177. 
Peribomius,  p.  51. 
Pénélope  ,  p.   55. 
Phaeacie,  p.  137. 
Pharos,  p.  162. 
Phalerne,  p.  164. 
Phalaris,  p.  173. 
Phalae,  p.  178. 
Phaisants,  p.  265. 
Pholus,  p.  272. 
Pheecasiani ,  p.  100,  331, 
Pyrrhus,  p.  273. 
Pisa,  p.  286. 
Pythagore,  p.  100,  374. 
Pylades,  p. 
Pygmœes,  p.  342. 
Pyerides,  p,  113. 
Pison,  p,  135. 
Pittacon.  p.  49. 
Polyclete,  p.  99. 
Pompeius ,  p.  118. 
Pollio,  p.  171. 
Poppaeanum ,  p.  173. 
Pontia,  p.  179. 
Poplée,  p.  195. 
Pots  de  terre,  p.  264. 
Pouille,  p.  332. 


Pùlixene  ,  p.  358. 
Proserpine ,  p.  285. 
Promethée,  p.  120,  214,  373. 
Prêteurs,  p.  28,  329. 
Preneste,  p.  330. 
Proculeius ,  p.  17. 
Praetexta,  p.  26. 
Pbretres  de  Minerue,  p.  58. 
Prochyte  ,  p.  82. 
Protogenes,  p.  93. 
Proseuca,  p.  103. 
Priape,  p.  169,  170. 
Progné,  p.  179. 
Pseca,  p.  173. 
Pub.  u^Egnatius ,  p.  92. 
Pansa,  p.  212. 
Parrasius,  p.  213. 
Parricides,  p.  217. 
Parques,  p.  235. 
Phylomela,  p.  196. 
Phasma  clamosum  ,  p.  216 
Pharsale  ,  p.  219. 
Phyale,  p.  252. 
Paul  .'Emile,  p.  209. 
Pedo,  p.  197. 
Picus,  p.  214. 
Pierre  ponce,  p.  210. 
Plancus,  p.  211. 
Porte  Idumée  ,  p.  215,  350. 
Porte  Gapene  ,  p.  83. 
Pollio  Greperius,  p.  231. 
PoUio,  p.  261. 
Pompée,  p.  250 ,  253. 
Proculeius,  p.  196. 

Q 

Quinquatres,  p.  250. 
Quintillien,  p.  347. 


—  474  — 


R 

Rauola  .p.  -231. 
Rhodes,  p.  168,  348. 
Rhinocéros,  p.  197. 
Romulus,  p.  223. 
Rhemus,  p.  223. 
Rhodopes ,  p.  231. 
Rhadamanthe  ,  p.  288. 
Rhin ,  p.  350. 
Rubete,  p.  25. 
Rubinius,  p.  118. 
Rutupinus,  p.  121. 
Rutuliens,  p.  179. 
Rubren-Lappa,  p.  195. 
Rutilus,  p.  301. 


Sarmatos ,  p .  47,318. 
Samotrace.  p.  96. 
Sarmentus,  p.  130. 
Sagunte,  p.  132, 
Saleius ,  j).  195. 
Saintonge,  p.  214. 
Sabines,  p.  254.  338. 
Samos,  p.  328. 
Sardoniche ,  p .  344. 
Salamine,  p.  357. 
Sardanapale,  p.  359. 
Setin,  p.  248. 
Seian,  p.  248. 
Seleucus,  p.  252. 
Seruilie,  p.  254. 
Sesterce ,  p.  28. 
Semiramis,  p.  60. 
Syrophœnix,  p.  215. 
Sirènes  ,  p.  235. 
Sylus,  p.  255. 


Signum,  p.  264. 
Sisiphe,  p.  285. 
Sistrum,  p.  286. 
Simplegades ,  p.  314. 
Sira,  p.  328. 
Sicambres,  p.  334. 
Scythie,  p.  335. 
Sicile,  p.  135. 
Scipion  ,  p.  165. 
Seneque,  p.  135. 
Sybaris,  p.  168. 
Seriphe,  p.  177. 
Seranus,  p.  195. 
Seruius  TuUius,  p.  199. 
Simpuuium,  p.  170. 
Sillanus,  p.  310. 
Sora,  p.  100. 
Sophocle ,  p.  179. 
Socrate,  p.  199. 
Scipion  Nasica ,  p.  95. 
Sylla,  p.  13.  52. 
Sybille,  p.  81  .  349. 
Sicyone ,  p.  89. 
Sostrate,  p.  252. 
Selon,  p.  253. 
Soleil ,  p.  371. 
Sporus.  p.  24. 
Scantinius .  p.  54. 
Scaurus,  p.  53. 
Sloiciens,,  p.  56. 
Stratocles,  p.  91. 
Subligar,  p.  160. 
Suiino,  p.  1()5. 

T 

Tablettes  de  cire  ,  p.  24. 
Tage,  p.  87. 
Tarpeie,  p.  158. 


475 


Tarente,  p.  168. 
Tanaquil ,  p.  177. 
Térée,  p.  192. 
Terpsicore,  p.  193. 
Terent.  Varron,  p.  266. 
Telephus,  p.  8. 
Thraseas  ,  p.  133. 
Thésée,  p.  20. 
Tatius,  p.  369. 
Tentyra,  p.  373. 
Thyle,  p.  315. 
Thaida,  p.  91. 
Trechedypna,  p.  328. 
Thraces,  p.  171. 
Theod.  Gadareus  ,  p.  347. 
Thermes,  p.  360. 
Tygimn,p.  35. 
Tygre,  p,  316. 
Titan,  p.  349. 
Thersites,  p.  222. 
Thrasimacus  ,  p.  199. 
Themistocle,  p.  250. 
Themison,  p.  252. 
Thebes,  p.  283. 
Thaïes,  p.  288. 
Thiresias,  p,  289. 
Tyr,  p.  16. 
Toga,  p.  28. 
Togatae,  p.  7. 
Truye  d'Albe,  p.  165. 
Trasille,  p.  177,  249. 
Trabea,  p.  220. 
Trabaca,  p.  252. 
Tragenes,  p.  285. 
Tullus  Hostilius,  p.  22(1. 
Tribuns,  p.  29. 
Turnus ,  p.  59. 


V 


Vatinius,  p.  134. 
Vagellus.  p.  320. 
Vestinus  ,  p.  302. 
Vertu,  p.  31  ,  322. 
Vent  du  midi ,  p.  333. 
Verres,  p.  52. 
Venus,  p.  53. 
Vestale,  p.  111. 
Vesta,  p.  115,  342. 
Veiento,  p.  119,  120. 
Venafran  ,  p.  134. 
Ventidius  .  p.  198. 
Ulabre,  p.  249. 
disse,  p.  233,  252,  304. 
Victoire,  p.  31,  322. 
Virro,  p.  134,  232. 
Vindex,  p.  222. 
Virginie,  p.  254. 
Volsinium,  p.  331. 
Voleses,  p.  215. 
Umbrice,  p.  81. 
Urna,  p.  283. 
Ubicus,  p.  160. 
Vulcain,  p.  222,  364. 

X 

Xerces,  p.  251 . 
Xerampelinas ,  p.  343. 

Z 

Zélates ,  p.  68. 
Zenon,  p.  374. 


MOTS  DIFFICILES  DE  JVVENAL 


SATYRE  I 


Reponere,  rendre  la  pareille. 
Vacuiis,  qui  s'enroue  a  force  de 

reciter. 
Consumere  diem ,  faire  perdre  le 

tems. 
Ingens,  long. 

Summus ,  ecript  de  tous  cotés. 
Unde ,  de  quel  pays. 
Clamare ,  retentir. 
Conuulsus ,  qui  s'arrache  a  force 

de  crier. 
Assiduo  lectore ,  par  la  presse  des 

auditeurs. 
Altum  dormire,  goûter  un  pro- 
fond repos. 
Priuatus ,  éloigné    des   charges 

publiques. 
Stulta  clementia,  sotte  bonté. 
Parcere,  épargner. 
Campus ,  lice,  carrière. 
Flectere ,  guider. 
Si  vacat,  s'il  vous  plait  de  m'en- 

tendre. 
Edere,  dire. 
Tener,  lâche. 
Venabulum ,  epieu. 


Figere  ,  percer  de  ses  traits. 
Nudâ  mamniâ ,  la  gorge  decou- 

uerte. 
Cum ,  auiourduy  que. 
Prouocare  opibus,  être  plus  riche. 
Barba  grauis  ,  poil  incomode. 
Sonare ,  tomber. 
Verna ,  esclaue. 
Reuocare  humero  ,  redresser  d'un 

coup  d'épaule. 
Lacerna  ,  manteau  de  pourpre. 
Ventilare ,     tourner     entre     ses 

mains. 
Iniquus ,  corrompu. 
Quis  tam  patiens ,  qui  est  ce  qui 

peut  soufrir  auec  patience. 
Ferreus ,  insensible. 
Tenere  se  ,  ne  murmurer  pas. 
Comesus ,   qu'on  a  comencé  de 

ronger. 
Palpare  munere ,  tacher  de  gai- 

gner  par  les  présents. 
Trepidus,  qui  craint. 
Nodibus ,  par  un  seruice  rendu 

de  nuit. 
Vesica,  passion  amoureuse. 


-    'f78  — 


SuriDiius    processus,   agrandisse- 
ment. 
Via   oplima ,   le  moyen   le    plus 

seur. 
Beatus ,  riche. 
Unciola,  la  douzième  partie. 
Inguem  ,  plaisir. 
Rhetor,  orateur. 
Ad,  deuant. 
Quid  referam,  que  sert  il  de  vous 

dire. 
Grèges  comitum ,  équipage. 
Prostajis ,  abandoné. 
Premere ,  embarasser. 
Diis  iratis .  malgré  les  dieux. 
Victrix,  quoyque  victorieuse. 
Plorare ,  gémir. 

Venusina  lucerna,  style  d'Horace. 
Agitare ,  reprendre. 
Leno ,  mary  commode. 
Bonum ,  prix. 
Doctus ,  qui  scait. 
Spectare ,  regarder. 
Lacunar,  plancher. 
Stertere,  dormir,  ronfler. 
Donare  bona  pr,vscpibus  ,  dissiper 

son  bien  en  cheuaux. 
Peruolare  cuve ,   se    faire    traîner 

sur  un  char. 
Citatus  ,  loger. 
Tenere  lora ,  auoir  les  renés  en 

main. 
Se     iactare ,     s'abandoner     aux 

caresses. 
Lacernata  amica ,  gar(;on. 
Cerx  capaces  ,  volumes  entiers. 
Quadriuium ,  carrefour. 
Sexta  cervice ,  a  six  porteurs. 
Païens ,  qui  se  fait  voir  de  toutes 

parts. 


Ref'erre ,  espérer. 
Signator  falso ,  faussaire. 
Lauiiis,  hcalîts,  riche. 
Exiguœ  tabules ,    testament  sup- 
posé. 
Gemuia  ,  cachet. 
Potcns ,  riche. 
Mollis ,  delitieux. 
Rubeta  ,  venin  de  crapaud . 
Instituere ,  aprendre. 
Melior,  plus  habile. 
Propinqua  ,  amie  ,  voisine. 
Per  famam  el  populum  ,  sans  se 

mettre  en  peyne  de  ce  qu'en 

dira  le  monde. 
Efferre  aliquem  .  se  deffaire   de 

quelqu'un. 
Niger,  noir  a  cause  du  poison. 
Velle  esse  aliquis,  vouloir  s'eleuer 

a  quelque  rang  considérable. 
Audere ,  entreprendre. 
Alger e ,  auoir  froid. 
Prxtorium  ,  palais. 
Uormire  ,  être  en  repos. 
Nurus ,  belle  fille. 
Pr.etextatus ,  enfant  qui  n'a  pas 

encore  quitté  la  robe. 
Ex  qno  ,  depuis  que. 
Nimbus ,  orage. 
Nauigium  ,  arche. 
Poscere  sortes,  consulter  l'oracle. 
Mollis ,  amolli. 
Galère ,  se  chauffer. 
Discursus ,  ambition. 
Farago,  matière  confuse,  mêlée. 
Copia  wtenor,  plus  grand  nombre. 
Aléa ,  ieu. 
Loculus ,  bourse. 
Ludere  positd  arcd ,  iouertout  son 

bien. 


479  — 


Armiger,  ecuyer. 

Simplex,  grand ,  étrange. 

Horreîis ,  qui  meurt  de  froid. 

Cœnare  fercula  septem  ,  souper  a 
sept  seruices. 

Turbo  togata  .  les  premiers  dp  la 
ville, 

Trepidare,  craindre. 

Venire  suppositiis ,  se  présenter 
sous  le  nom  d'un  autre. 

Prsco ,  crieur  public. 

Vexare  lirnen ,  être  assidu  a  la 
porte  des  grands. 

Mollis ,  petit. 

Taberna ,  maison 

Quadringenta  parajr  ,  porter 
10000  ecus  de  reuenu. 

Honor  sacer,  tribunal 

Conductus,  qui  n'est  pas  a  quel- 
qu'un. 

Pedibus  albis  ,  a  pied. 

Nuper,  depuis  peu. 

Quandoquidem ,  car. 

Summus  honor,  ceux  qui  pos- 
sèdent les  premières  charges. 

Computare ,  mettre  en  ligne  de 
compte . 

Ratio,  reuenu. 

Comités ,  pauures. 

Densissimus ,   tout  plein. 

Lectica,  litière. 

Languidm,  malade. 

Sella ,  litière. 

Meiere,  salir. 

Cliens,  amy. 

Veteres ,  qui  sont  la  depuis  long 
tems. 

Rex,  riche. 

Vacuis  toris ,  seul  a  table. 


Optima ,  les  mets  les  plus  e.Kquis. 

Or  bis .  plat. 

Lattis,  vaste. 

Utiâ  mensâ ,  dans  un  seul  repas 

Ferre ,  supporter. 

Luxurix  sordes,  profusion  infâme. 

Quanta  gula  ,  quel  excès. 

Totus ,  entier. 

Sibi  ponere  ,  se  faire  seruir. 

Turgidus ,  fou. 

Balneum,  bain. 

Hinc ,  de  la  vienent. 

Fabula  noua  ,  nouuelle . 

Funus  plaudenduni  ,  funérailles 
qu'on  regarde  auec  plaisir. 

Ducere,  faire. 

Iratus ,  a  qui  on  n'a  rien  laissé. 

Mores ,  crimes. 

Prseceps ,  dernier  excès. 

Stetit,  est  paruenu. 

Uti  velis  ,  aler  a  toutes  voiles. 

Tntos  pandere  sinus ,  doner  car- 
rière a  la  satyre. 

Siinplicitas ,  naiueté  ,  facilité. 

Animus  flagrans.  auec  plaisir  et 
liberté. 

Ignoscere ,  pardoner. 

Dictum ,  raillerie. 

Ponere,  nomer. 

Fumare  fixo  gutture,  être  em- 
pallé. 

TsBda ,  feu. 

bave  aconita ,  empoisoner. 

Pensilis ,  suspendu. 

Venire  contra  ,  se  présenter. 

Compescere  labellum  digito ,  n'ou- 
urir  pas  la  bouche. 

Securu^  ,  en  toute  seurete. 

Comittere,  faire  quereler. 


—  480 


Nulli  grauis ,   qui  ne  fait  mal  a 

persone. 
Percussus ,  vaincu. 
Urfia ,  cruche. 
Velut ,  toutes  les  foix  que. 
Ensestricto ,  la  plume  a  la  main. 
Ardens,  en  colère. 
Frigida  mens  criminibus ,    home 

noircy  de  crimes. 


Tacitus  ,  segrei. 

Prœcordium ,  remords,  souuenir. 

Volutare  animo  ,    repasser  dans 

sa  mémoire. 
Galeatus  ,  soldat  armé  de  toutes 

pièces. 
f)i ,  contre. 


SATYRE    11 


JJe  moribus  audere ,  déclamer 
contre  l'incontinence. 

Gypsus  ,  portrait  de  plâtre. 

Horiim,  entre  eux. 

Artstoteles  similis  ,  statue  d'Aris- 
tote. 

Archetypus  ,  original. 

Pluteus  ,  cabinet. 

Frons  ,  visage. 

Abundarc ,  être  plein. 

Tristis ,  sérieux. 

Obscenus  ,  qui  vit  dans  les  plai- 
sirs honteux. 

Castigare  turpia,  faire  le  seuere. 

Sela,  poil. 

Leuis ,  sans  poil. 

Atrox  animus ,  vie  austère. 

Tumida  marisca ,  tumeur  du 
sang. 

Libido ,  désir,  passion. 

[ncessus ,  démarche. 

Simplicilas,  franchise. 

Dare  veniam,  excuser,  mériter  le 
pardon. 

Furor,  nécessite. 


Peior,  plus  coupable. 

Quo  ,  par  quel  endroit. 

Inuadere,  attaquer. 

Loqui    de   virtute ,     protéger    la 

vertu  par  des  discours  étudiés. 
Ceuens,  qui  ayme  les  femes. 
Verere ,  auoir  du  respect. 
Loripes ,  boiteux. 
Tabula,  proscription. 
Reclus  ,  qui  ne  chancelé  pas. 
Miscere  cœlum  terris  et  mare  cœlo, 

s'indigner. 
Dicere  in ,  blâmer. 
Qualis ,  tel. 

Reuocare ,  remetre  en  usage. 
Amarus  ,  dont  la  seuerité  done 

de  la  crainte. 
Timendus ,  redoutable,  fâcheux- 
Gum ,  encore  que. 
Soluere  vuluam  ,  se  faire  avorter. 
Similis .   qui  a  l'impression   des 

traits. 
ûlfa  ,  pièce  de  chair. 
Vitici  uUima,  les  plus,  perdus. 
Castigatus ,  censure. 


4.^1 


We»io?Y/f?"t',c()nuaincre  des  mêmes 

defïauts. 
Clamare,  s'écrier  a  iuiule  voix. 
Mores  ,  crimes. 
Opponi  moribus ,  naitre  ])our  la 

reformation  des  mœurs. 
Habere     pudorem ,      rougir     de 

honte. 
Opobalsamiim  ,  parfum. 
Hirsiitvs  ,  qui  se  iierisse. 
Dominus  tabernœ ,  parfumeur. 
Vexare  leges  ac  iiira,  apeler  a  son 

secours  l'autorité  des  loix. 
Deffenderc ,  mètre  a  couuert. 
Umbo ,  bouclier. 
Mollis ,  efféminé. 
Concordia,  intelligence,  accord. 
Siibire  iuuenes ,  tenir  la  place  de 

feme  et  de  mary. 
Subire ,     aprocher  ,     agendo    et 

patiendo. 
Morbiis     uterque ,     double     dé- 
bauche. 
Mouere  strepitu ,  faire  retentir. 
Ludari,   faire  le  métier  de  gla- 
diateur. 
Colyphia  ,  pain  des  pugiles. 
Trahere  lanam  ,  filer  la  laine. 
Yellus  peraclum- ,  peloton. 
Calathus,  corbeille. 
Torqiiere  fiisum  ,  tirer  le  fiUet  de 
la  quenouille  pour  en  grossir 
le  fuseau. 
Leuius ,  plus  délicatement. 
Pellex  horrida,  vieille  seruante. 
Codex ,  banc. 

Cur,  pour  quelles  considérations. 
Implere  tabulas,    être    l'héritier 
uniuersel. 


Cylindrus  ,  perles  ,  bien. 

Tnstis  senle)iiia,  iugement  se- 
uere. 

Dare  veniam  ,  épargner. 

Trepidus  ,  cimfus. 

Mullilia,  robe  de  soye. 

Perorare ,  déclamer. 

hilius  ardet,  il  fait  chaud. 

Agere  midis  ,  aler  tout  nud. 

Ferre  leges,  administrer  la  iustice. 

Proclamare,  dire. 

Crudus ,  récent. 

Acer,  qui  doit  obseruer  rigou- 
reusement les  règles  de  la 
bienséance. 

Indomitus ,  insensible  aux  atta- 
ques de  la  volupté. 

Magister  libertatis ,  qui  dispose 
de  la  vie  et  de  la  liberté  des 
homes,  partisan  de  la  liberté- 

Gontagio ,  comerce,  mauuais 
exemple. 

Totus  ,  entier. 

In  agris  ,  a  la  campagne. 

Gadere ,  se  corrompre. 

PoîTïga,  teigne. 

Ducere  liuorem  ,  se  gâter. 

Quandoque ,  quelque  iour. 

A  inictus ,  mollesse. 

Tiirpissimus ,  qui  est  tombé  dans 
le  dernier  excès. 

Accipient  tepaulatim,  vous  vous 
meleres  parmy  ceux. 

Redimiciilum ,  coiffure. 

Momie  ,  collier  de  perles. 

Abdomen,  ventre. 
Tener,  ieune. 
Sinister,  nouueau. 

Exagitalus,  chassé. 

31 


482 


Ara  ,  temple. 

Ile ,  retires  vous. 

Tibicina  ,  ioueuse  de  cornet. 

Colère,  célébrer. 

T.vda  secrcta ,  dans  l'obscurité  de 
la  nuit. 

Ille,  ille,  les  uns  et  les  autres. 

Producere ,  coucher. 

Fuligo  madida  ,  suye  mouillée. 

Attollere  oculos  trementes ,  siller 
les  yeux. 

Reticulum  ,  coiffe  de  reseuil. 

Indutus ,  paré. 

Scutulata ,  du  linge  ouuré. 

Galbina  rasa,  étoffe  rase. 

Minister,  esclaue. 

Pathicus ,  efféminé. 

Historia  recens,  histoire  de  nos 
iours. 

Sarcina  ,  partie  du  bagage. 

Nimirum ,  aussy. 

Constantia ,  marque  de  valeur. 

Spolium  palati ,  la  dépouille  de 
l'empire. 

Affedare,  souhaiter  auec  ardeur. 

Panis ,  fard. 

Orhis ,  roiaume. 

Carina  Actiaca,  bataille  d'Ac- 
tium. 

Hic,  entre  eux. 

Pudor,  retenue. 

Heiierenlia  ,  considération ,  mo- 
destie. 

Turpis  Cijbeles ,  la  licence  des 
pbretres  de  Gybele. 

Fracta  vox,  voix  efféminée. 

Phanaticiis,  semblable  aux  pbre- 
tres gaulois. 

Sacrorum  antistes,  grandpbretre. 


GutUir,  gourmandise. 

Maqixler    vonducendvs  ,      digne 

d'être  imité. 
Cornicinus  ,  loueur  de  cornet. 
JEs  rectum  ,  trompeté. 
Signala     tabula,      contract    de 

mariage. 
Ingens  cœna,  grand  nombre  d'in- 
vités. 
Proccres ,  les  premiers  de  la  ville. 
Horrere,  être  plus  surpris. 
Monstrum,  prodige. 
Edcre,  enfanter. 
Segmentum,  habit  de  feme. 
Longus ,  efféminé. 
Scilicet,  eh  quoi. 
Sacra  nutantia ,   le  secret  et  la 

durée  de  cet  empire. 
Tradi,  se  prostituer. 
Lorum,  courroye,  lien. 
Arcanus ,  caché. 
Urtica,  abomination,  impureté 
Tangerc,  prendre  son  origine. 
Tradi,  être  doné  en  mariage. 
Clarus  génère,  d"une  naissance 

illustre. 
Galeam  quassare,  s'emporter. 
Cîispis ,  lance. 
Ccdcrc,  abandoner. 
Primo   sole ,   des    la   pointe   du 

jour. 
Causa  officii ,  raison  pour  rendre 

seruice. 
Multos  adhibere,  fuir  la  présence 

de  trop  de  gens. 
Lireat    viuere ,     si    nous    viuons 

encore  quelque  tems. 
In  acta  refende,  faire  enregistrer. 
Tormentum ,  inconuenient. 


—  483 


Hœrere ,  se  présenter. 

Retinere-  marilos ,  se  conseraer 
l'amitié  d'un  mary. 

Non  indulgere ,  ne  doner  aucun 
pouuoir. 

Pixis,  boete,  remède,  enchantc- 
tement. 

Turgida,  grosse,  vilaine. 

Tunicatus ,  en  habit  de  gladia- 
teur. 

Fuscina  ,  iauelot. 

Podium ,  galerie. 

Mânes,  enfers. 


Contus ,    perche    des    mariniers 

pour  sonder  l'eau. 
Ctjmba ,  barque. 
Humidus,  arrosé  d'eau. 
Arma  proniouere ,    étendre    ses 

conquêtes. 
Mollior,  plus  etleminé. 
Sese  indulgere ,  s'abandoner. 
Ardcns,  épris  d'un  amour  infâme. 
Indulgere  ,  s'abandoner. 
Mittere  ,  quitter. 
BraccsB,  sayc ,  arme. 
Frenum,  bride. 


SATYRE  III 


Confus  us ,  affligé. 

Destinare ,  résoudre. 

Sccessus ,  retraite. 

S3SUUS ,  dangereux. 

Conslituere ,  doner  rendez-vous. 

Guphinus .  panier  d'osier. 

Supellex,  meuble. 

Fœnum,  botte  de  paille. 

Mcrcedem   pendere ,     porter    du 

reuenu. 
Populus ,  Romains. 
Verus ,  naturel . 
Margo ,  mousse. 
Vnda ,  fontaine. 
Tophus ,     pierre     couuerte     de 

mousse. 
Ingéniais,  naturel. 
Quando ,  puisque.  ' 

Ars  honesia,  honête  exercice. 
Exiguus ,  modique. 
Subire  ,  appuyer. 


Cedere  patria,  quitter  son  pays. 

Dum  noua  canilies  ,  pendant  que 
mes  cheueux  ne  font  que 
blanchir. 

Eluuies ,  egout,  cloaque. 

Buslîim ,  tombeau. 

Cornicen ,  loueur  de  cornet. 

Arena  municipalis ,  amphyteatre, 
petite  ville. 

Munera  edere ,  doner  le  spectacle 
d'un  combat  de  gladiateurs. 

Populariter,  auec  les  applaudis- 
sements du  peuple. 

Conducere ,  traiter. 

Forica ,  lieu  couiun. 

Mandare,  doner  des  ordres. 

Fur,  adultère. 

Conscius,  confident  de  quelque 
crime. 

Msiuat ,  est  en  suspens. 

Feruens ,  impatient. 


48^ 


Conferre,  iaire  des  présents. 
Ponendus ,  qu'il  faut  rendre. 
Acceptissimus ,  bien  venu. 
Qiiotus ,  petit. 

lam  prideni ,  il  y  a  long  tenis. 
Gentilis ,  barbare. 
Lupa ,  infâme  putain. 
Pictus  ,  couuert. 
Mitra  ^  ornement  de  tète. 
Collum     ccromaticum ,     le     col 
mouillé  de  l'huyle  des  atbletes. 
Viscera  macjnarum  dotniium,  con- 
fident des  secrets  des  maisons 
des  grands. 
Ingenium  velox,  esprit  subtil. 
Audacla  perdita,  hardiesse  effron- 
tée. 
Torrentior,  plus  véhément. 
Edere ,  dire. 
Putare ,  vouloir. 

Schœnobates  ,  danseur  de  corde. 
Ad  siDiimam  ,  car,  au  reste. 

Signare ,  signer  les  actes  publics. 

Torwn ,  sable. 

FuUus,  appuyé. 

Haurire  cœlum,  viure  sous  le  ciel. 

Anguslus ,  enroué. 

Sonare,  chanter. 

Melior,  plus  adroit. 

Sustincre  ,  faire  le  personage. 

Cachinnwn ,  ris  démesuré. 

Tempore  brumx,  durant  l'hyvcr. 

Endromis  ,  robe  de  chambre. 

Rectum  meierc ,  aller  souuont  a 
celé. 

Leuis,  qui  n'a  pas  encore  de  la 
barbe  au  menton. 

Resupinarc,  bouleuerser. 

Abolla,  manteau  de  phylosophc. 


Gijmnasium,  académie  des  phylo- 

sophes. 
Partiri ,   partager  la    iaueur  de 

quelqu'un. 
Clicns ,  bon  seruiteur. 
Glaudere  latm,  marcher  a  coté. 
Paropsis,  plat. 
Lacerna,  robe. 

Consutum  vulnus,  trou  fermé. 
Linum ,  fil. 
Cicatrix^  trou. 

Fornix,  bordel,  comerce  honteux. 
Prxco,  crieur  public. 
Nilidus ,  riche. 
Pinnirapm,  gladiateur. 
luuencs ,  fils. 
Cititus,  riche. 
Sarcinula,  dot. 
Hospitium,  maison. 
Venter,  seruice ,  depençe. 
Cœniila,  petite  table ,  repas. 
Cuciillus,  cape. 
Maies  tas,  solemnité. 
Theatrum  herbosum,  gason. 
Exodium,  farce. 
Notus ,  attendu. 
Pulpita,  bancs. 
Hiatus,  visage. 
Habitus ,  place. 
Velamen     honoris ,    marque    de 

dignité. 
Nitor,  luxe ,   propreté. 
Aliéna   arca  ,    aux    dépens    des 

autres. 
Satutarc ,  parler,  voir. 
Liba,  présents. 

Acciperc,  soufrir  sans  se  plaindre. 
Fermcntuui,   subiet  d'une  iuste 

indignation.  Fcrmentxnn  a  fer- 

mento  quod  intumescit. 


4«0   — 


Promis,  sur  le  haut  d'un  rocher. 

Tibicen  ,  pillier. 

Villicus ,  controlleur  des  bâti- 
ments de  la  ville. 

Contexere,  enduire. 

Hiatus,  ouuerture. 

Friuola,  les  plus  chetifs  meubles. 

Tabulatum,  plancher. 

Trepidari,  se  brûler. 

Gradus  primus,  premier  étage. 

Tegula,  toit. 

Molles,  tendres. 

Urcealus,  cruche. 

Abacus ,  bufifet. 

Cantharus,  vase  a  anses. 

Gista,  armoire. 

Pullatus ,  habillé  de  deuil. 

Vadimonium,  audience. 

Conferre  impensas ,  ayder  de  sa 
bourse. 

Ornamentum,  statue. 

Fondus,  armoire  propre  a  mètre 
des  liures. 

Médius,  qu'on  doit  mettre  au 
milieu. 

Modius,  muyd  ,  boisseau. 

Orbus,  qui  n'a  ny  feme  ny 
enfants. 

Conducere,  doner. 

Breuis ,  qui  n'est  pas  profond. 

Restis^  corde. 

Jmperfectits,  qui  n'est  pas  digéré. 

Meritorium,  maison  de  louage. 

Ardus  infiexus,  passage  étroit. 

Unda ,  foule. 

Asser,  barre. 

Metreta,  vase. 

Pinguis ,  salli . 

Gulina  ,  batterie  de  cuisine. 


Venlilare ,  soufler. 

Sartus  ,  appier-é. 

Sarracum,  litière. 

Coruscare ,  chanceler. 

Fundere,  renuerser. 

Domiis,  famille. 

Pueri,  valets. 

Noiiitius,  nouueau  venu. 

Gurtiis,  mutilé. 

Silex,  caillou. 

Ignauus,  mal  auisé. 

Subili  casiis    improuidus ,   igno- 
rant du  péril  qui  le  menace. 

Fatum,  mort. 

Peliiis  ,  pot  a  pisser. 

Petulans ,  querelleux. 

Cauere,   n'auoir   garde  de    s'en 
prendre  a  quelqu'un. 

Lsena  coccina,  manteau  d'ecarlate. 

Temperare ,  ménager. 
•  Filum ,  mèche. 

Proœmium,  comancement. 

Si  rixa  est,   si  l'on  doit  apeler 
seulement  combat. 

Stai'e,  s'arrêter. 

Concha,  feues  ,  légumes. 

Tumescere,  s'enfler.,  manquer. 

Veruex,  mouton. 

Elixus ,  bouilly. 

Porrum  sectile  ,  feuilles  de  pour- 
reau. 

Consistere,  habiter. 

Proseucha,  quartier  de  gueu.x. 

Tantumdem  est,   tout  cela  est  la 
même  chose. 

Vadimonium,  information. 

Compago,  cadenas. 

Grassator,  brutal. 

Viuarium,  lieu  de  retraite. 


i8C)  — 


Modus ,  quantité. 

In  vinclis,  pour  faire  dos  cliaines. 

Marra,  soc. 

Sarculiim,  bêche. 


Mulio,  cocher. 
Adnuere,  auortir. 
lieftci .  se  divertir. 


SATYRE   IV 


Vocari  ad  parles ,  tenir  sa  place. 

jEger,  foible  d'esprit  etde  corps. 

Decere ,  faire  honeur. 

Boni ,  gens  de  bien. 

Mulltis,  poisson. 

Sestertia ,   le   poids   de   1  argent 

qu'il  a  coûté. 
Artifex,  fourbe. 
Cera,  légat. 

Ratio  uUerior,  a  plus  forte  raison. 
Antrum,  litière. 
Specularia ,  glaces. 
SqiianM,  écaille. 
Induperator ,  empereur. 
Ructare  ,    engloutir  ,    deuorer  , 

dépenser. 
Scurra,  boutfon. 
Mimiceps,  de  son  pays. 
Lacerare ,  gouiierner. 
Semianimus,  languissant  sous  sa 

tyrannie. 
Spatimn    rhombi,     un     poisson 

d'énorme  grandeur. 
Incidere,  paroitreou  tomber  dans 

les  filets  du  peschcur. 
Sinus,  filets. 

Minor  lixrere,  être  moins  grand. 
Operire,  couurir. 
Soles,  rayons  du  soleil. 
Efjfundere,  ietter. 


Torpens,  glacé. 

Tardus  desidia ,  engourdy  par  la 

paresse. 
Magistercymbx  Unique,  pescheur. 
Proponerc ,  mettre  en  vente. 
Agere,  faire  une  affaire. 
Stridere,  régner. 
Hiems,  les  froideures  de  l'hyuer. 
Seruare ,    pouuoir   conseruer   et 

preseruer  la  corruption. 
Siibii'e, 

.Obsistere,  fermer  le  passage. 
Ut,  des  que. 
Cedere ,  se  retirer. 
Valua,  porte. 
Obsoma,  mets. 
Laxare,  vuider. 
Sagina,  viande. 
Consunierc,  manger. 
Palinx  mcnsura,    un  plat  asses 

grand. 
Abollu,  robe  d'auocat. 
Cornes ,  ministre. 
Violcnlius,  plus  impitoiable. 
Impendere  vitam  vero^  sacryfîer 

sa  vie  pour  la  défense  de  la 

vérité. 
Manere,  attendre. 
Prodigio  par   est,   cela  tient  du 

prodige. 


487  — 


Artes  patricias,  l'adresse  des  gens 
de  condition . 

Acumen,  sage  folie. 

Barbatiis,  qui  ignore  l'art  de  se 
raser. 

Abdoinine  tardus,  qui  a  de  la 
peine  a  marcher  a  cause  de 
l'épaisseur  de  son  ventre. 

Sudans,  parfumé. 

Redolere,  embaumer. 

Satelles  diriis,  un  infâme  men- 
diant. 

Axis,  coche. 

Dasia  iactare ,  employer  des 
basses  tlateries, 

Sudes,  arêtes. 


Testa,  vaisseau  de  terre. 

Or  bis,  vaisseau. 

Spaliosiis,  profond. 

Ex  hoc  lempore,  des  a  présent. 

Figulus,  potier. 

Vêtus  hivuria  imperii,  les  dé- 
bauches de  la  vieille  cour. 

Ardere,  être  echaufé. 

IJsus  edendi,  adresse  a  choisir  les 
bons  morceaux. 

Tempestate  mea,  do  mon  tems. 

Ostreum,  huitre. 

Echiniis,  hérisson  de  mer. 

Pi7ina  prxcipiti ,  en  diligence. 

Cerdo,  populace. 


SATYRE    V 


Aluns,  ventre. 

Inanis,  vuide. 

Sordes,  arêtes. 

Far,  pain. 

Figere  primo  loco,  remarquer  en 

premier  lieu. 
Cibus,  repas. 
Imputare ,    mètre    en   ligne   de 

conte. 
Adhibere,  inuiter. 
Cessare,  rester  vuide. 
Gulcita,  carreau. 
Summa,  fin. 
Tigulas  dimittere  ,  n'auoir  pas  le 


tems  de  nouer  les  aiguillettes 

de  ses  souliers. 
Sideribus  dubiis,  lors  qu'a  peyne 

il  est  iour. 
Succidus,  qui  n'a  pas  encore  été 

laué. 
lurgia,  querele. 
Proludere,  comançer. 
Torquere,  ietter  a  la  tète. 
Bellum  sociale,  ligue. 
Cyathus,  verre. 
Beryllus,  pierre  précieuse. 
Committere     aurum,    doner     a 

boire  auec  des  vases  d'or. 


MAÇON  ,  IMP.  PROTAT  FRERES. 


TABLE  DES  MATIERES 


Pages 

LsTHOULLirOX XV 

Satihe  I.        —  TeKle  latin l 

—  Remarques 7 

Satirk  II.       —  Texte  latin 41 

—  Remarques 47 

Satire  III.     —  Texte  latin 71 

Remarques 81 

Satirk  IV.     —  Texte  latin 10r> 

—  Remarques » 111 

Satire  V.       —  Texte  latin 123 

—  Remarques 129 

Satire  VI.     —  Texte  latin 1  39 

—  Remarques 1 57 

Satire  VII.    —  Texte  lalin 183 

—  Remarques 191 

Satire  VIII.  —  Texte  latin 201 

—  Remarques 209 

Satire  IX.     —  Texte  latin 225 

—  Remarques 23 1 

Satire  X.      —  Texte  latin • 237 

—  Remarques 247 

Satire  XL     —  Texte  latin 257 

—  Remarques 263 


—  49U  — 

Pages 

Satirk   Xll.   —  Te.xto  lalin 267 

—  Remarques il\ 

Satire  XIII.  —  Texte  lalin 27 5 

—  Remarques "283 

Satire  XIV.  —  Texte  latin 291 

—  Remarques 301 

Satire  XV.   —  Texte  laiin 307 

—  Remarques 313 

Satire  XVI.  —  Texte  lalin 317 

—  Remarques 319 

Addition.s  aux  Remarques.   —  Satire  1 321 

—  Satire  II 323 

—  Satire  III 327 

—  Satire  IV 332 

—  Satire  V 335 

—  Satire  VI 337 

—  Satire  VII 345 

—  Satire  VIII 348 

—  Satire  IX 353 

—  Satire  X 354 

—  Satire  XI 3GU 

—  Satire  XII 362 

—  Satire  XIII 364 

—  Satire  XIV 368 

—  Satire  XV 372 

—  Satire  XVI 375 

Applications  des  Satires.  —  Satire  I 377 

—  Satire  II 381 

—  Satire  III 385 

—  Satire  IV 393 

—  Satire  V 396 

—  Satire  VI 400 

—  Satire  VII 420 

^                           Satire  VIII 427 

—  Satire  IX 434 

—  Satire  X 43ô 

—  Satire  XI 44  5 


—    iOI    — 

Pages 

ArPMCATioNs  DES  S.vTiRKs.  —  Satire  XII 448 

—  Satire  XIII 449 

—  Satire  XIV 455 

—  Satire  XV 461 

—  Satire  XVI 464 

Table  det;  principales  matières  des  Remarques 467 

Mots  difficiles  de  .Tuvéïial 477 


NOTE  DES  IMPRIMEURS 


Chargés  par  M.  Ménard  de  l'exécution  t idéo- 
graphique des  deu.r  volumes  du  Cours  royal 
fait  par  Bossuet  au  fils  de  Louis  XIV,  nous 
avons  religieusement  respecté  l'oiHhographe  et  la 
ponctuation  du  texte  latin,  lu  par  le  lecteur 
du  Prince  sur  Védition  dite  Variorum  :  Juvenalis 
et  Persiiis  f Lugd.-Batav.,  C.  Sckrevel  iOli),  et 
nous  avons  copié  lettre  pour  lettre  le  texte 
français  recueilii  sténographia/ uement  par  tes 
scribes  dit  Louvre  et  par  eux  mis  au  net  en 
deux  volurhes ,  pour  les  archives  /'o gales. 

Cependant  aux  additions  marginales  con- 
tenant quelques  divergeîices  orthographiques 
foutes  personnelles  aux  scribes ,  nous  avons, 
d'accord  avec  M.  Ménard,  appliqué  If  orthographe 
fort  bien  soute7iue  et  raisonnée  de  l'ensemble. 

Qua7it  aux  citations  latines  des  Applications, 
servant  elles-mêmes  ds  Satires,  citations  faites 
presque  toujours  de  mémoire  par  Bossuet  et 
parfois  mal  saisies  par  les  sténographes ,  elles 


con/enaient  certaines  di/féî'ences  non  voulues  par 
l'évcque  de  Meaux  et  capables  parfois  de  nuire  à 
l'intelligence  du  texte.  Après  en  avoir  conféré 
avec  M.  Ménard,  nous  a,vons  rétabli  le  texte  de 
ir>lL 

Signalons  un  erratum  sans  importance,  p.  20^), 
lig.  18,  lisez  :  ft  y  en  a  qui  veulent,  et  non  :  Il  ij 
en  a  lui  veuleîit;  et  un  aut7'e ,  p.  't'ii ,  lig.  H,  au 
lieu  de  incomplètes,  lisez  :  imparfaites. 

PROTAT  Frères. 


PLEASE  DO  NOT  REMOVE 
CARDS  OR  SLIPS  FROM  THIS  POCKET 

UNIVERSITY  OF  TORONTO  LIBRARY 


PQ  Bossuet,   Jacques  Bénigne 

1726  Oeuvres  inédites 

M46 

1881 

t.l 


••r'  '•^i-t.C^îfiM