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Full text of "Oeuvres poétiques"

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in  2010  with  funding  from 

University  of  Ottawa 


http://www.archive.org/details/oeuvrespotiqueOOdesm 


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"N 


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PQ 
IL01 

.7)1  A  11 

/ffl 

CûU.  îfit- 


Extrait  du  Priuilcgc  du  Roy. 

P.ir  grâce  *y  prtuilege  du  r^y  cfî  permit  k  M.  Louis  des  Masures  Con  ■ 
JiilLier  et  Secrétaire  de  Monfi^nenr  le  Duc  de  Lorreine,dc  ftire  im- 
primer à  qui  ion  lui  fcmùlera  ~\n  Luire  intitulé  Ocuures  poéti- 
ques de  Louis  des  Mafurcs  Tourniftcn.  Et  fûtes  défendes  de 
par  ledit  Seigneur  k  tout  Libraires,  Imprimeurs, ey  perfinnes  quel- 
conques, de  non  imprimer  ne  faire  imprimer,  Rendre  ny  diflnbuer 
et»  fis  pais  ,  terres  ,  ey  Stgneuries  ,  ledit  Liurt  fufn»mmé ,  fans  le 
"Vouloir  ty  confentement  dudit  des  Mafures  ,  tu  de  fin  Commis, 
fur  Us  peines  contenues  tf dites  lettres  de  rrtuilege: (y  ce  iujques  au 
temps  ey  terme  de  dix  ans ,  commencans  du  tour  çy  date  de  ces 
frefentes,  comme  plm  k  plein  ejl contenu  efditc s  Lettres, fur  ce  don- 
nées k  Compiegnc  le  z  z.  de  luillet.  Lan  de  grâce  i  j  «  7. 

Par  le  Roy. 

Duthicr. 


Augeuille  d  des  Mafurcs. 

Tu  contendots  auec  le  grand  Uirgile, 
Quand  en  Latin  fa i fou  bruire  tes  'Vers: 
Or  en  François  ta  Mu fc  plus  agile 
2kffi*  h  Lyre  accorde Jons  dmers. 
Cejl  le  plaifîr  de  ?  allas  aux  yeux  Vers, 
Qui  rend  au  temps  ton  tireur  non  fragile. 


Epitre premièrement faite  Latine:  &  depuis 

rendue  Françoi/è,par  le  mefinc 

autheur. 

A     MONSIGNEVR    LE 

CARDINAL     DE 

LORRBINE. 


\^j  har.les,<^  aui  la  race  en  longueur  continue, 

Vu  noble  fàng  des  Ttois  tes  ayeul^  ejl  \>enue: 

U  {telefl  mon  def?in,  &  p fort  mepreffe  il) 

Le  pxieme  cBé  court  de  mon  indigne  exil, 

St  du  Roy  indigné:  ce  pendant  mon  cotsrage 

NU  eu  heure  de  jour  ne  de  nuicl  fins  orage. 

isiins  du  malheur  inique  une  injure  obftinec 

^A  tort  me  ferre  &fuit,  par  terre  confinée, 

Tar  tincerteine  mer,  &*  far  les  tems  diuers 

De  rude  £r  trifte  ciel.  Si  auen  tout  luniuers 

Repos  à  mes  erreurs  Venuieux  fort  ne  donne: 

Ou  la  Jrtufc,  qui  mt 7?  feule  compagne  bonne, 

Et  qui  f  et  mes  ennuiz^  fe  fofe  :  &>  puiffe  là 

kAhx  champs  muz^de  pitté,  chanter  les  maux  quelle  ha. 

Si  ce  nef  {Trince  heureux)  ejue  ta  Lorreine  belle, 

Ou  errant  fuis  Venu,  les  bois,  &*  les  champs  d'elle, 

La  riuiere  facree,  &  les  coslaux  boffus 

JMe  retiennent  en  eux  :  (s*  facent  qùau  dejjus 

T>es  rudes  tourbillons  à  la  fin  Venu  foyc~>: 

Me  gardons  déformais  en  repos  &  enjoye. 

*A  i         Mais 


' 


AD   CAR.    LOTHARINGVM 

CARDINALE  M     AMPLISS. 

C  A R  o LE,  qui  fcrie  longa  nomenq;  gcniiKj; 
Regum  alto  clarusdef  anguille  ducis  auorum. 

Sextus  ab  indigno  profugum  (de  fata  ferebât) 
Me  pafsim  exiiio,commuti  ob  nummis  iram, 
Annus  agitrneq,  prarfentem  aut  opta  ta  leuauk 
Lux  animû,aut  mébris  nox  attuiit  vlla  quiète. 
Longa fed immeritum non aqui  iniuria cafus 
Terrât]; ,  incertoq;  mari,  cœliq;  ruinis 
Vfq;fequens  premit  :  ex:  toto  vixorbe  relifta 
Erranti  latè  tribuit  fors  inuida  fedem: 
Qua  cornes,  Se  tâti  fola  heu  mihi  Mufa  laborfs 
Confcia,{jftathumogrelium,acmiferantibus 

agris 
Mœltacanatfaciliconceptum  voce  dolorem. 
Ni  tua  me,qua  fe(Tà  vagus  veftigia  ri  xi, 
Auftrafia,  Se  lucus  frondens,  c\:  pinguia  cuira 
Detineant,amnisq;  facer,  collesq;  fiipini: 
Ereptumq-  atro  pacati  turbine  feruent. 

Attrc 


MdU  J  effroyable  horreur  un  grand  tumulte  d'armes 

Donne  creinte  a  tous  le^.  &  entre  Ces  gendarmes 

Jltars  enuironnê marche ;  enfanglanté  de  mortz^y 

Cruel,  au  poing  le  glaiue,  enrage  fur  les  corps. 

T>e  tout  exterminer  Va  menaçant  grand  erre. 

Les  fortz_  de  comble  en  fons  abat  rez^pied  rez^  terre. 

i^iinft  Latone  enceinte,  en  tant  dauerfitez^ 

Erra  parmi  le  monde  :  ayant  deux  deitez^ 

En  Jon  Ventre  fertil  :  &  meintes  partz^  diuerfês 

TJircnt  {indigne  cm)  fes  peines  &  trauerfês. 

Si  que  la  terre  toute  un  lieu  lui  refufa 

Tour  laffè  repofer  :  tant  quelle  fe  pofa 

En  T)elos,fccourablc  à  fon  mal  trop  amer, 

Qiù  instable  nage  oit  parmi  la  haute  mer. 

En  ce  lieu y  de  trauail  furprife  la  Deejje, 

Tandis  que  fes  jumeaux  elle  enfante  en  desTreffr, 

Jïfaugré  dame  Iuno,  par  les  fiotz.  trop  feruens 

Elle  oit  Neptune  bruire >  &*  trauerfer  les  Ventr^ 

Uijle  erre  au  goulfre  creux  ça  <ùr  la  >agabonde. 

Non  autrement  qùamfï,  l  orage  qui  abonde, 

De  tous  maux  agité  me  preffe,  bat,  redouble: 

La  tourm  mte  autour  bruit  :  &  charge  t horreur  trouble. 

Quelle*  deïlruccions,  quel  dueil  de  toutes  partz,, 

Quelles  mortz^  &*  terreurs,  quelz^  durs  malheurs  efj>ars 

*N'dy-je  Vu  ce  pendant?  Car  depuis  que  les  Dieux 

'Portèrent  tant  denuie  à  ces  terrestres  lieux 

Que  den  oter  François,  Roy  en  grâce  accompli, 

Pour  le  mettre  la  fus,  au  ciel  d affres  rempli: 

F>ance  deffroy  fubit,  à  l'accident  ft  dur, 

Fut  durement  troublée  :  £r  le  troupeau  tant  pur 

±A  4  Des 


A  i  repido  csed  terrent  horrore  tunuiltus 
\  ndiq;,&  arma  tçllipatus  milite  Mauors 
Caxle  madet,  Furit  enfè  ferox  ,ac  trille  minatur 
Exitium,  fummas  euertons  funditus  arecs. 
Sic  grauis  immenfum  multis  Latona  per  orbem 
Afta  malis,  vterogeltansduo  numina,duros 
Pcrtulit  (infandum)  cafus  :  omnisq;  negauit 
Terra  locum,déa  defe&os  vbi  ponerctarrus: 
Forte  natans alto  donec  Icuis  aequore  Dclos 
Errantcm  acccpit.corrcpta  doloribus  illa 
Dum  parit milita  prolem  lunonegemcllam, 
Neptunum  Se  ventos  audit  tranfuerfa  fremétes. 
Infula  prarrupto  circum  vaga  gurgite  fertur. 
Haud  fecus  innumeris  agitatum  erroribus  vrget, 

Etquatitingeminansltridentibusat'taprocellis 
Tempeftasrac  latè  ingens  circum  ingruic  horror. 
Quasnon  intereaclades,quos  vndiq;  luclus, 
Terroresq;  nouos,quae  non  ego  funera  vidi? 
Nam  primû  vt  regém,cœlo  que  fumma  locarent 
Inuidere  Deûm  defèrtis  numina  terris 
Francifcum,tanto  ftupuit  perterrita  cafu 
Gallia:&  attonitae  cum  vatibus  ardua  fanftis 

Saxa 


7)cs  neuf purs  d^Aonie,  ettonné  de  l  encombre, 

Leurs  beaux  cheueux  eîfars,  auecques  un  grand  nombre 

T)c  Toctes  ftcrez ,  ensemble  fans  coudutte, 

"Par  champs,  bon,  Cr  rochers,  fe  génèrent  en  fuite. 

Moy,de  ces  Vierges  prettre,  Çr  qui  leurs  facres  porte, 

'Bien  que  ma  confeience  en  bon  droit  feure  &  forte 

Sentit  [on  équité  :  fi frz^je  de  lenuie, 

Et  de  lobttiné  fort,  exagitans  ma  Vie, 

Forcé,  fans  mon  mérite,  abandonner  d entrée 

Les  Vieux  de  ma  Patrie  :  Cr  France  U  contrée: 

Les  doux  champs  d\Auttra(ie  :  &  les  lieux  interdit^. 

7) ont  les  montz^  TJogiens  à  paffer  m'c.ihardizj 

Et  les  grans  ")>aux,par  ouffouz,  les  roches  cornues, 

La  gent  Suiffe  atteint  aux  alpes  portenues. 

kAu  Ceneuoii  Ligur,  aux  Hetrufques  je  \ins. 

<?uis  de  *Parthenopee  aborday-je  les  fins: 

^uii  Trinacrie  après,  ma  courfe  en  fin  finie 

xAu  fieuue  blondtffant  du  Tybre  d%^iufonie 

Fit  mes  pas  arretter.  ou  tandis  que  les  bois, 

Les  antres,  les  cottaux,  refondent  a  U  ïoix 

7)e  mes  pleintes  &  criz^  O*  les  moujfuz,  ettangf, 

Les  plaines,  les  buiffons,  les  bettes  y  ettans 

En  leurs  creux  dettournez,:  quatorze  mois  entiers 

Jltte  dirent  Van  deuxième  atteindre  en  ces  quartiers: 

Et  cette  longue  ejhace  encores  ne  yalut 

kA  me  donner  esfoir  de  paix  ou  de  falut. 

lAinfilc  fritte  tems  de  mes  douleurs,  doubla 

Celui  auquel  Orphée  à  fon  chant  ajjembla 

Les  fuyuantes  forefîz,:  lors  que  les  hautes  roches, 

Et  l'eau  Strymonienne  ouirent  les  reproches 

*st  s        Qu'il 


Saxa  pe^AonîJcspafsiserrafTcfcruntur 
Crinibus,ignotoscj;  fugàm  tenuiffe  peragros: 
Quarum  facra  ferens,animo  mihi  confcius  aequi, 
At  vigili  inuidia  &  fatis  agitatus  iniquis, 
Ipfe  lares  primùm patrios,&  gallica  liqui 
Ârua  procùhdulcem  Auftrafiam  :fedes^;  negatas. 
Hinc  Vogefi  rupes:&  qua  fc  vallibus  imis 
Gens  ad  nubiferas  Helueria  porrigit  alpes: 
Et  Ligurûm  curfu  populos:&  Hetrufca  peragrâs 
Littora  :  Trinacriamq,  :  &  Partenopeïa  régna: 
Aufonii  flauum  confedi  ad  Tybridis  amnem. 
Hîc  mihi  dum  grauibus  mifeentur  foia  querelis 
Antra,nemus,colles,&  mufeo  ftagna  virenti 
Obfita,cumqj  ferisfaltusatq;  inuia  luflra: 
Bis  feptem  exaftis  alter  iam  menfibus  annus 
Incefsit  :  needum  optatae  fpes  vlla  falutis. 
Scilicet  auxerunt  altum  geminata  dolorem 
Tempora,côtinuo  magnum  quibus  Orphea  câtu 
Amiffiecafum  Eurydices,  Se  iseua  querentem 

Fata 


Qùil  ofa  faire  aux  Vieux,  de  leur  fort  mal  propice: 
Et  les  dolens  regretta  pour  l Amour  d '  Euridtce. 

ZJco,  le  père  ?  A  v  i,  à  qui  triple  couronne 
Le  cbcj gratie  &  chenu  dignement  enuironne, 
XJicillart  prêtre,  en  qui  gt  la  charge  &  foin?  rotai 
7)u  Jaint  temple  des  Vieux,  fuccombe  au  fort  fatal 
L  'S  fer  es  a  l 'in fiant  tous  s\iffemblerent  donq, 
TJctuz^  de  riche  pourpre,  en  habillement  long. 
Tous  au  Jacrc  pourpris  marchans  en  gênerai 
firent  au  Tere  faint  office  funcral 
Puis  ejlurent  d  entre  eux  un  Pontife  plein  d'ans: 
Qui  du  temple  célèbre,  &*  des  flambeaux  ardans 
^A  lentour  des  autelz,,  foit garde  &  gouuerneur, 
Laff cirent  au  haut  fiege  :  &  lui  firent  honneur. 
^Au  faint  Sénat  diceux  tu  es  {au  plus  Vray  croire) 
La  meilleure  partie  :  &*  la  première  gloire. 

En  pareil  iean  ton  oncle,  ^Auflraftenne  race, 
Filz^  du  bon  "Roy  rene'A»  port  de  bonne  grâce, 
Tfaguieres  en  efclat  de  pourpre  ^4fjyrien 
J^Car choit  au  milieu  deux  :  ayant, plus  beau  que  rien, 
Le  chef  haut  ejleué  de  nature  &  dufage: 
8t  l honneur  apparent  aux  yeux  &*  au  ï>ipg'> 
I  fi  A  n,  qui  durant  fa  \ie,  en  magnifique  arroy, 
Fidèle  compagnie  k  François  le  grand  'Roy, 
"Tant  es  ailles  qùaux  champs,  en  meint palais  fuperbe 
Treffa,  au  pas  égal,  le  paué  dur  ou  t  herbe, 
/celui,  quand  au  temple  en  hauteur  efleué 
L  office  mortuaire  entier  fut  acheué: 
Les  famtz^  flambeaux  efleintzj  &*  après  qu'on  eut  pris 
Un  nouueau  prcflre  au  fort,pour  le  diuin  fourpris. 


Zc 


Fata  Deûm,gelidis  ohm  audiuere  fub  antris 
Aëriâe  rupcs,  Se  Strymonis  vnda  vadofi. 

Bcceautemtriplicifulgensincanacorona 
Tempora,Ionga?uus  diuûm  qui  rcmpla  facerdos 
Incoluitjfato  concedic  Paulus  :  Se  omnes 
Vndiq;  purpureo  velati  corpus  amictu 
Conueniunt  fratres.hinc  facra  cœtus  in  aede 
Funera  diuino  célébrât  fuprema  parenti. 
Inde  facerdotem,fenior  qui  lumina  feruet 
Celfa  deûm  vates,incendatq,  ignibusaras 
Praeficit  afsiduum  remplis:  altisq;  locatum 
SedibuSjimmenfo  chorus  admiratur  honore. 
Quos  inter  médius  proceres5&  gloriafan&i 
Prima  n  ires,  <&  pars  incedis  magna  fènatus. 

Ipfe  quoq;  Auftrafia  patruus  de  ftirpe,  Renati 
Filius,  ÂfTyrio  fplendet  cui  murice  veffis, 
Sek  infert  Ianus  medifs  :  alteq;  decoram 
Caefariem,  &  la?tosoculis  oftentat  honores. 
îanus  qui  quondam^incolumis  du  vita  manebar, 
Per  médias  Gallorum  vrbes,  Se  regia  tefta 
Se  tulitingenti  comitem  fpe&abilis  héros 
Francifco  :  fixitq;  pari  veiti^ia  ^refîu. 
Ille,  vbi  funeribus  fumma  ad  delubra  peraftis 
Extin£tee  filuere  faces,  Se  fanfta  Deorum 
Sorte  nouusduâradatuseft  ad  liminacufros, 

I  m  piger 


T>e  retourner  aux  Vie  us  domeîliques  entend, 
St  mer  au  pais  :  auquel  il  Veut  rjr  tend 
Me  remener  enjemble  :  &*  <]ue  Homme  je  laiffe. 
Moy,  trop  lent  &  cremtifd.ifouci  qui  me  blcffe, 
Wofant  le  bon  flaifir  enfreindre  d'un  jeul point, 
tt  aux  emmandemens  du  tout  n'obéir  point 
T>e  cette  mage  si  é,  que  défait  nepenjee 
Onq  à  mon  efcient  je  riduou  offense, 
Ilmdjîure  &  conforte  :&  promet,  par  fon  dire 
iSt  moy,  homme  innocent,  du  Roy  appatjer  l 'ire. 
Car  de  lui  tant  humein,  a  mon  retour  profyere, 
Toute  paix  &  douceur  {le.prunt)  ilejj>ere. 
^Ainft 'celui prefent  de  propos  ilenhorte, 
Qu'aï  fent  par  fes  efcritzjôuuent  d 'humeine  forte 
^.Auoit  réconforté,  Signeur  tant  mémorable: 
Me  daignant  bien  porter  une  amour fauorable. 

Vonques  de  cœur  ardantje  me  mets  à  le  future, 
gaffons  les montz^^Alpins, ou  les  Ventzkdcliure 
Singlans,  meuuent  le  froid  :  de  neige  tout  chenues 
Si  auant  que  de  France  aux  fins  fommes  Venuz^ 
Ou  la  Sonepaifible  à  fan  Rone  profond, 
Tirant  d'un  roide  cours  Vers  la  mer  Ce  confond. 

Là  un  meffage  dur  &*  piteux  à  merueil/es 
Nous  vient  foudeinement  offenfer  les  oreilles, 
Rapportant  que  par  mort  en  rigueur  obïlinee 
C  l  a  v  d  E,  frère  de  i  E  A  n,fa  Vie  ha  terminée. 
Le  plus  fort,  enfon  tems,des  T rinces  Valeureux 
^A  qui  te  porta  fl^denfantement  heureux 
Ta mere,fang royal,  Antoinette  Ufage: 
Ettesfeurs  au  cœur  noble,  &  au  gentil  corfage: 


Race 


Impiger  ad  patrioscurfu  remearc pénates 

Contendcns,  alta  fccum  me  protinus  vrbe 
Cun&antem  ftudet  ad  laetos  abducere  fines. 
Exanimëq;  metu,  neq;  adhuc  haud  mollibus  ausu 
Principisillsefi  non  me  fubmittcre  iufsis 
Firmat  :  &  infonti  placandam  numinis  iram 
Promittit,  certamq;  beniçno  à  Rege  falutem 
Nanq;  fuis  illum  precibus,  noua  munera,  pacem, 
Quam  fupplex  reduci  parât  exorare,  daturum 
Sperat.  ita  admonitu  praefentemhortatur  amico, 
Quem  prius  &  fcriptis  abfenrem  lenibus  héros 
Optimus,  &  vero  folatus  amore  fuiffet. 
Immenfo  hûc  ardore  ducem  fequor,  atq;  niuofas, 
Frigora  quas  validis  agitant  aquilonibus,alpes 
Emenfi,  patrice  ventum  eft  vt  gentis  ad  oras. 
Qua  longe  placidus  curfu  fréta  lata  petenti 
Se  Rhodano  confundit  Arar,  veftigia  Iceti 
Ponimus.hîc  grauior  confeftim  nuntius  aures 
Vulnerat  :  indigno  referens  vt  funere,Iani 
Claudius  occident  frater,  fortifsimus  olim 
Herôum  :  cui  te  genitrix  Antonia,  Regum 
Sanguis,  &  antiqua  duftas  à  ftirpe  (brores, 

Totq; 


Race  antique  fur  tout  '.fuis  tant  de  frères  tiens: 
Z)efquelz^qùay-je  a  conter, entre  tous  les  ChreBiens, 
L'honneur  &  les  hauts  faits  pleins  d'horrible  terreur? 

Les  efquadrons  rengez^en  bataille  ont  horreur 
Des  deux  ^aillans  François,  deux  foudres  de  L guerre: 
Lun  drejfant  le  combat  afbre  &  cruel  par  terre: 
Soit  que  chef  a  cheualiljc  rue  à  trauers 
Le  furieux  efjort  des  ennemis  dîners: 
Soir  qu'en  marchant  à  pied laduer faire  il  a  (faille. 
L'autre, par  le  milieu  de  la  mer,  en  bataille 
Jbfcwe  la  flotte  armée  :  O*  fend  des  efberons 
7)  aire  in  mafiflesflot^,  a  tire  dauirons. 
Lt  cler  filial  de  guerre  apparoit  sefleuant 
^4.  la  haute  poitrine  :  &  reluit au  deuant:  .     . 

Le  paternel  honneur  ped  en  Vinftgnc face. 

La  famte  pieté,  qui  ^il  malheur  efface ', 
Ejlifuejur  les  deux  l  o  vis,  qui  l'ire  dure 
jDes  celeftes  appaife  à  fa  prière  pure: 
Et  d humble  facrif  ce  offre  {y>ccu  immortel) 
Le  méritoire  honneur,  qùil  allume  a  l'autel. 

C  l  A  v  d  E  le  nom  du  père  &*  le  courage  porte. 

Qui  à  fa  main  h  or  die,  en  bataille  'a/bre'& forte, 

Ksiff aillant  deferueur  la  Çermdnique gènt, 

Se  montroita  charger  furieux  &  urgent. 

Chefilluflre,  à  cheual  menoit  il  une  bande. 

Etfaifoit,  entre  tous,  une  occipon  grande  ' 

*De fesfers  ennemis,  rudement  combattant. 

Si  les  alloit  à  tas,  l'un  fur  Vautre,  abattant. 

ZJeci,  du  haut  du  mont,  ou  le  bois  fort  &  fombre 

Lembufcade  couuroit  au  fins  de  ïefoefjc  ombre, 

2)'imp 


Totcn  tuos  cnixa  tulit,fua  pignora,fratres. 
Quorum  quid  memorc  laudes, Se  fortin  rafta? 
InitruûsenorrefcuTitaciesduo  fulmina  belli 
Francifcos  :  hune  cerreftri  fera  marte  gerentë 
Praelia,fèu  dux  acer  cejuis  in  fseua  furentum 
Arma  ruit,pedesàduerfiim  feu  fertur  in  hoite. 
Aeratas  illum  rigida  in  certamina  clafles 
Per  medium,remis  ftridentibus,  çquor  àgenté: 
Prxclarum  aduerfo  fulget  cui  pe&ore  belli 
Infigne  :  e&re&îofr;  nitec  decus  ore  paternum. 

Sublimem  pietas  Ludouicum  mlignis  ad 
aftra 
Tollit:cjuipura,Diuûm,  precenumina  plaçât: 
Etfupplex  meritosarisincendit  honores. 

Magnanimi  nomen  referens  animost];  pa- 

rentis 

Claudiusjhîcjvbicnm  duris  horrenda  Sueuis 
Feruidus  audaci  committit  prarlia  dextra, 
Cazde  furens,equitû  medio  dux  agmine  fertur 
Obuius,ac  Remit  denfos  acerrimus  hofles. 
Ecce  autem  è  fummo  deuexi  vertice  montis, 
Qua  nemus  inGdias  vmbra  occultabat  opaca, 


jyimpetMêpti  violente  &  fubite 

La  vent  btrbare  armée  à  bat  Ce  précipite» 

Comble  tout  le  pais  d  hommes  &  de  cheuaux, 

Comme  fouuent  aual  les  plaines  &  les  Vaux 

'Un  torrent  efcumeux  defcend  de  la  montaigne: 

Et  rauiffant,  débat  l'honneur  de  la  campagne, 

Lors  que  le  Vent  auftral  hd  la  neige  fondue, 

Qui  gif  oit  au  Commet  haute  &>  large  elpandue. 

Par  le  roc  tire  un  bruit  jrcmtfjant,  Veau  qui  tombe, 

La  Vertu  Viue  (helas)  au  dol malin  fuccombe, 

La  trouppe,  ça  &  là,  des  François  cheualiers, 

'Par  champs,  &  montz^,  &•  Vaux,  &  buiffons,  &  hallicrs, 

Pour  le  nombre  injini,  qui  charge  à  force  toute, 

En  armes  ejl  rompue  :  &  tire  à  Vau  de  route. 

Le  vaillant  condutleur,  exemple  de  Vertu, 

Sur  le  fanglant  amas  de  Ces  gens  abbatu 

xsiu  combat  inégal,  naurê  a  dur  mejchef, 

La  face  en  playe  &  poudre,  &  en  fang  tout  U  chef 

Rend  la  de  (bouille  exquise  au  cruel aduerfaire* 

Et  captif  ejl  mené,  par  force  necefjaire, 

x^iux  terres  de  Scythie  effranges  &  lo internes, 

0  trop  indigne  fort  des  Vaillans  Capiteincs. 

0  père  cruauté  de  la  mort  qui  par  eux 

Ha  la  terre  baignée  en  fLng  fi  généreux* 

xyfinft  les  Fabiens,  qui  fouz^  fortune  amere 

Combattirent  au  lac  rauiffant  de  Cremcre, 

Sur  beaucoup  de  milliers  chargeans  de  force  brufque, 

Et  par  terre  eïfandans  planté  de  fang  Hetrufque, 

Jhùururent,  accablez^  de  leffort  de  Eyrrhene* 

Jrfais  point  ne  gît  comme  eux  leur  renom  puz^  Vdrene: 

#         ^iins 


Scfe  armata  procul  gens  impetebarbara  vafto 
Praecipitat  :  rotos  &  equis  Se  milite  campos 
Comptantes  latè.  veluti  quû  fpumeus  omnem 
Sternic  agrum,  &  rapido  defertur  flumine 

torrens, 
Nix  vbi  fe,  quàm  multaiugum  tegit  onme,rc- 
.    foluit 
Vicia  Noto  :  fonit unique  ciet  per  Taxa  fre- 

mentem. 
Heu  inuicTia  doli  premitur  niolimine  virtus. 
Gallica  per  dumosacies,perqj  arua,  ruentum 
Ingénu  numéro*  &  circuni  obruia  funditur 

armis. 
Ipfe  fuper  comitû,  non  aequo  marte,cruentam 
•  Proiectus  ftragem,  faruo  dux  vulnere  corpus 
Saucius,ora  lacer,  fœdatus  fanguine  crinem, 
Viprocul(horrendu)rapirur:captiuuscSchofti 
Dat  fpolia  :  ac  Scychia?  immanes  aufertur  ad 

oras. 
O  inuifa  ducum  clades,  ô  dira  madentem 
Mors  adeô  maculans  generofo  fanguine  terra. 
Sic  Fabiiquondam  Cremera?  diffufa  rapacis 
Ad  vada  pugnantes,  multisq;  in  millibusacri 
Durum  inuadentes  belli  cercamine  martem, 
Tyrrhena  cecidere  manu:fed  fama  per  aeuum 

Durât: 


tstîns  Je  me  ure  éternel:  dp*  maugrè  la  mort  Jure, 
La  gloire  nui  les  fuit  immortellement  dure. 

Rf.ne'  de  mefmes  racey  au  cœur  franc  &  entier: 
*Du  nom  de  fon  ayeul paternel  héritier: 
£  fiant  de  laagc  encor  a  la  fleur  jeune  attendre: 
Et  nltyant  le  menton  poingnant  de  barbe  tendre: 
Se  rue  ineffroyable  au  combat  périlleux. 
//a  combien  de  pur  fiang  (  fi  fin  cœur  merueilleux 
^A  ïiure  continue)  aura  illoy  d'efpandret 
XJengeant  de  fis  amis  U  perte  &  dur  eficlandre, 
Et  au  fil  acéré  de  fin  glaiue  inhumein 
La  dolente  prifin  de  (on  frère  germein? 

Taffer  tes  gentes  fiurs  fiour^frlence  orendroit 
le  ne  doy,  ny  le  "\>eux  :  dont  le  loz. ,  À  bon  droit, 
Sextolle  fiur  les  aeuxypar  haute  renommée. 

'Par  mort  non  meure  fut  lovïsb  confommet 
(  Tel  fut  le  fort  inique)  en  fit  prime  fiaifion, 
K^t  qui  le  nom  donna  de  Chimai  U  maifion: 
JïCais  au  monde  t honneur  étemel  en  demeure* 
Et  la  fainte  ïertu,fâns  aue  point  elle  meure% 
7) e  pure  chas7ete,fit  belle  ame  décore: 
Et  l'ombre  enfiuelie  au  tombeau  fuit  encore. 

La  Veille  k  l  autel  font  les  autres  débonnaires. 
Et  aux  Dieux  ïont  chantant  les  fiacres  ordinaires. 
Leurs  fiaintr^  \>œu%. pleins  d'ardeur  touchent  au  cielluifitnt. 
La  grâce  efi  au  *»ifigr>  <T  t  honneur  mieux  duifant. 
xAu  fions  du  cœur  refrde  &*  fi  garde  fans  feinte 
L'dmour  de  ï>ertu  beHe,r}r  virginité  famte. 

Toy  marie,  régnante  au  fais  marinier, 

2  a         Sur 


Durât  :  Se  milita  ftat  gloria  morte  (uperftes. 

Ncc  minus  Se  qui  ipfa  de  ttirpe  Renatus  auiti 
Nominis  elt  hares  :  primo  vix  flore  iuuentae 
Nec  dubia  (ignatus  adhuc  lanugine  malas, 
Se  procul  in  médium  fert  imperterritus  aemeh. 
O  quantum,  iuperet  iuueni  modo  vita  Renato, 
Sanguiniseffundet,  pubis  csedem  virus  aceibam 
Amiflae,  ex:  ferro  captiuum  vindicc  fratrem? 

Hîc  ego  nec  mérita  quas  tollit  laude  fororcs 
Fama  vigil,  iileam.  Ludouicae  (vt  dura  tuiit  fors) 
Florentem  rapuit  mors  immatura  iuucntam: 
Cui  domus  antiquum  dederat  Cimeia  nomen. 
Aeternum  fedenim  totoclarifsimus  orbe 
Viuit  honos  :  Se  quem  decuit  feruare  pudorem, 
Nunc  ipfa  fequitur  mânes  in  morte  fepultos. 

Stant  aris  aliae  vigiles  :  &  numina  circum 
Sacra  canuntronerantq;  ardennbus  aethera  votis. 
Plurimns  his  nitet  ore  décor  :  virtutis  Se  alto 
Corde  pium  feruant,  Se  virginitatis  amorcm. 

Te  Maria,extremo  penitus  Regina  reporta? 

Occeano 


Sur  le  grand  peuple,  afU  en  l  Océan  dernier, 

Roy  ne  puiffante  &  noble  :  au  grand  honneur  de  toy, 

Tant  humble  que  je  puis,  ton  nom  je  ramentoy. 

De  qui  Tethys  h<t  eu  grand  merueille  Jouuenr: 

Te  Voyant  par  la  flot^  conduire  a  Vau  le  Vent 

Ta  grofle  flotte  armée  :  en  armes  Valeureuse. 

Qui  pojjedes  la  mer  plus  tiède  (g*  chakureufe 

Du  Soleil  qui  décime  :ou  trop  elle  recule 

Les  îjics  du  Tonenty  &  la  dernière  Thule. 

Là  par  prudent  fauoir  tu  regiz^  à  cette  heure 

Ton  peuple  plus  heureux  en  paix  tranauile  &  feure: 

De  ta  m  A  R.  i  E  en  heur  les  noces  attendant, 

Qui  unique  te  retfe  :  &  de  qui  ce  pendant 

luno  Saturnienne  ha  le  fouci,  a  fin 

T>e  l'unir  à  François,/^  beau  jeune  Dauphin. 

Si  allume  défia  les  flambeaux  hy  menée. 

O  Charles,  tous  ces  cas  dheureufe  dcftinec 
Donnent  confort  au  dueil  qui  te  fi  Venu  toucher, 
'Pour  tinhumeine  mort  de  ton  père  tant  cher. 
Duquel  i  e  a  n,  entendant  le  trefias  fi foudein, 
Eslonnéen  l  efprit  eut  fa  vie  à  defdein. 
Durement  gémit  il.  &•  en  ejbace  Irieue 
Les  os  lui  confomma  la  douleur  aSpre  typrieue. 
Le  vigilant  ennui  lui  troubla  la  poitrine. 
En  fn}  au  deJpouruu,  la  mort  ou  tout  encline 
Le  faifit,fur  le  point!  de  fon  dernier  fouSpir. 
Et  fes  membres  matte^  à  coup  vint  ajfoupir. 
Les  Mufes,  à  pleurer,  de  triBcs  larmes  dceil 
Emplirent  leurs  beaux  feins.  France  du  gré  de  fon  dueil 

Toute  s'abandonna.  Si  gémit  ^iuÇonie. 

*  e 

Ct 


Occeano  gcntis,  magtio  fummiflus  honore 
Cômcmoro.  quam  fàrpealturn  mirata  ner  ecquor 
Ducentem  Tethysacies,  armisq;  potentem. 
Cui  fréta  deuexo  iam  foie  tepentia  latè, 
Orée  cui  dulces  regnantur,&  vltima  Thule, 
Et  modo  (ecura  genres  in  pacequietas 
Illa  régit  :  natae,tuperat  quee  fola  parenti, 
Connubia  expeclans  :  iuuenem  cui  leeta  iugali 
Delphinum  (ociare  parât  Saturnia  vinclo. 
Iamq;  faces  incendit  hymen.  His  Carole  fatis 
Amiisi  mortem  folare  parentis  iniquam. 
Quem  fimui  ac  diro  fublatum  funere  Ianus 
Audiir,  attonitus  cafu,  lucemq;  perofus 
Ingemuit.grauis  ofla  dolor  labefafta  peredir. 
Altaq;  turbaruntinfomnespeclora  cura?. 
Protinus  improuifa  mens,  extrema  gementem 
Deiicit,  exanimesq;  viri  mors  occupât  artus. 
At  chorus  Aonidum  flentes,heu  flumine  pafios 
Impleuere  finus.  indulfit  mccfia  dolori 

Gallia, 


Et  fis  neueuz^  touchez^  de  douleur  infime. 

Jïfoy  [las)  de  mon  fdlut,  en  [i  urgent  affaire 
perdant  le  direfleur,  qùauoy-je  plus  à  faire! 
Ou  pouuoy-je  tirer  en  ft  dur  defarroy, 
^yi  nui  ri'ftoit  encor  appaise  le  bon  Roy! 
Quelle  efloit  lors  en  moy  l attente  de  fortune! 
Errant  par  monts  &  Lois  d'une  fuite  importune 
Intense  accujay  les  hommes  &  les  Dieux. 
Et  de  pleintes  j'efmuz,  toute  chofi  en  tous  lieux. 
En  ce  poincl  (mtfirable)  aborday-je  isiuftrafie. 
Ou  je  Viz.:  &*y  voy  la  terre  entour  faipe 
IDes  armes,  &  du  bruit  des  trompettes  d'air ein, 
Et  des  monceaux  de  morts  qui gifint  au  ferein. 
Jetais  lcsJ>oir  d'une  paix  tranquile  me  promet 
Que  JrCars  Ce  retirant  depojerd  larmet. 
Defyerer  par  ton  bien  cette  faifon  pdiflble, 
Et  de  viure  en  ce  heu  par  toy  me  foit  loifible 
jpreldt  plein  de  bonté  :  qui  ne  fuis  diuerti 
^A  fuyure  defSigneurs  l'un  ne  l autre  parti. 
Fay  [de  grâce)  qu'en  fin  ma  penfee  innocente 
Le  Roy  au  cœur  bénin,  renconciliê  fente. 
Tour  lequel  en  tout  eemsje  me  fuis  entremis 
^A  combattre y  (sr  marcher  contre  fis  ennemis. 
Et  à  meilleure  fin,  ce  que  la  paix  ordonne 
fdy  fait,  de  Volonté  fiure,  loyale,  &*  bonne. 
Sans  qùà  diuerfes  part2^  jamais  j'aye  eu  recours: 
Soit  quen  armes  fut  Jrtars,foit  que  paix  ufl  fin  cours. 
Le  ciel  jusle  Vengeur  me  foit  or  a t te  fie, 
L  es  aslres,  &  les  Dieux,  qu'onques  fa  mdgesle 
*H'offenfity  tdnt  fit  peu.  Le  cœur  ha  diligent 


V'aymcr 


Gallia,  &  Aufonisegentcs,  clariq;  nepofcs. 

Hîc  mifer  amiffo  certae  du&ore  falutis 
Quid  facerem?  quo  me,  nondû  mihi  Rege  tîmëti 
Pacato,  ferrem*aut  qusemefortuna  maneret: 
Montibus  &  fyluis  errans,  hominesq;,  Deosu; 
Incufaui  amens  :  &  queftubus  omnia  latè 
Commoui.fic  Aultrafia  tellure  potitus, 
Armainter,fonitus&;  tubarum,  Se  ftrapisaceruos 
Vitam  ago.Sed  iunfti  quae  fpes  elt  fœderis  olim 
CefTurum  pofira  promittitcafside  Martem. 
Hanc  fperarê  tuo  liceat  mihi  munerepacem 
Infonti.Sit  fas  hîc  viuere  neutra  fequuto 
Arma  Ducû  :  &  Régis  placata  agnofeere  mente. 
Cuius  &  afsiduus  cattris  ego  miles  in  holtes 
Arma  tuli  :  &  melius  fefta  qua?  pace  geruntur, 
Quantum  opuseft,animo  feruaricun&afidelL 
Nec  me  diuerfis  addiûum  partibus  vlla? 
Senferuntgentes:  acer  feu  praelia  Mauors 
Mifcuit,  optatam  feu  pax  dédit  ordinefortem. 
Cœlum  ipfum,  vltoresq;  Deos,  &  fydera  teftor 
Haud  vnquâ  admifTo  lsefum  mihi  crimine  Regé. 

Gallicus 


V  « 


J)Uy  mer  fin  fwg  François  la  *bieruienne  gent: 

Qui  ne  fut  ouatées  tant  infidèle  ou  kgere 

Que  Je  fléchir,  &  future  une  armée  étrangère: 

Ou  par  hoililité  fe  mettre  fouz^  enfeigne 

Qui  contre  un  camp  François  fe  montrafl  en  campaigne. 

Sïws  portant  Je  fon  Roy  lefcharpe  &*  la  croix  blanche, 

Ha  fait  preuue  Je  foy,  June  affeccion  franche. 

ïParquoy  je  te  fuppli,[i quelque  amour  te  même 

%) Aucune  pieté  fentant  Jouceur  humc'me, 

Trèfle  moy  ta  faneur  :  fi  que  les  maux  fouffertz^, 

Que  le  cruel  Jettin  fans  nombre  ma  ofjertz^ 

prennent  fin  Je  for  mai*  :  &*  je  puiffe  pourfuiure 

En  repos  {Dieu  aydant)  ce  qui  me  refte  4  Viure. 


,\  * 


.'-o 


Gallicus  seterno  gaudet  gens  Ncruia  fanguis 
Fœdere  :  nec  partes  alias,  aut  extera  caftra, 
Signa'ue  quae  fignis  gallorum  aduerfa  minantur 
Suitinuic  malehda  fequi.fed  regia  geftans 
Arma,  fero  validas  oiîendit  pediore  vires. 
Quod  te,  fi  quisamorveraepietaris,arnicam 
Oro  imploranti  fer  opem.vt  quae  vira  labores 
Afta  per  innumeros,  aequo  ïam  numine  partam, 
Quod  fuperelt  aeui,  peragat  fecura  quietem. 


AMonfigneur  TEucfauc  Se 

CONTE    D  E     TOVL,    PRIN- 

cc  du  ftint  Empire,  Mcflîrc 

Tou/îain  de  Hoccdy. 

Ode  prife  en  partie  fur  celle  d' Horace t 
Otium  Diuos. 

1  l  n'y  ha gent en  luniuers, 

Homme  ri  y  ha,  tant  J'oie  diuers, 

Qui  le  repos  rieflime  &  prife: 

Quiriayme  en  eîle  les  lois  \>ertst 

Les  mont^y  les  plains  de  fruits  couuerts, 

Et  Voir  en  yuer  l'onde  Prife 

De  glace  grife. 
Le  marchant  au  goulfre  total 

Désire  en  repos  à  fon  eftat 

Dieu  requiert  de  tout  fon  courage 

Quand  à  hizg  le  \ent  aus7raly 

Ou  quand  au  froc  le  meftral, 

Contraires,  d'une  horrible  rage 

Jtâeuuent  l'orage. 
Les  Thraciens  durs  &  pu:(fans> 

En  fureur  les  forts  renuexfans, 

Cherchent  repos  en  tems  de  guerre*. 

Repos  defrent  les  Ter  fans 

Et  les  Me  dot*  aux  traits  perceans: 

Que  ne  peut  tout  l'or  de  la  terre 

d  »         Tayer 


*  VERS 

'Payer  ndcquerre. 

Car  les  trefors  ne  chaffent  fat 
Le  fiing  talonnant  pas  à  pas, 
Et  rongeant  au  fans  les  penfees. 
Lequel  fans  ordre  ne  compas 
Vole,  &  menace  de  trcfbas 
Les  maisons  en  l'air  balancées 
Et  auancees. 

Cil  en  terre  efl  le  plus  heureux, 
Qui  Ce  tient  riche  O*  plantureux 
jDu  fort,  tel  que  le  ciel  lui  donne: 
Qui  nord y  d'amaffer  de  preux, 
Et  qui  ne  se  Cueille,  paoureux 
xsîii  hrmt  de  l alarme  qui  fonne, 
Dont  il  friponne. 

Qdejl  ce  qu'en  ce  hrieffîedc  ci 
Nous  gettcns  loing  notre  fouet* 
Que  cherchons  nous  pais  qui  fente 
Un  autre  Soleil  ejclaircic 
Ejl  il,  qui  de  fa  terre  aufii 
Sabftntant,  par  effrange  fente 
7)e  foy  s'abfente? 

Le  foing  qui  de  près  ferre  &  cuit 
Jïtonte  fur  mer,  &  jour  &  nuit 
Tourmente  aux  champs  meint  ex er cite: 
^Plus  que  le  rerf  léger  &  duit, 
Tlus  que  le  \ent  agile  fuit, 
Qui  trop  les  nues  folicite, 
Chaffe  &  excite. 

Qi*i  d'aife  or  jouit  à  defir, 

Sage  nefl  s'il  rompt  f on  plaifr, 


LYRI  Q_V  E  S. 

Et  du  futur  fe  de  feutre. 

Si  dueil  amer  le  Vient  faifîr, 

Sache  àpropozjoye  choifr. 

^u  monde  nef  rien  qui  appere 

7)u  tout  profère. 
Le  bien  parfait  que  l  homme  attend, 

Ejl  ou  ta  Vertu  feule  tend, 

ZJiuante  encor  après  la  vie. 

Telviure  à  plus  d  heur  ne  prétend, 

&  Offrit  à  l 'heure  content 

Contemne fortune  afferuie, 

Z)ueil,  O*  enuie. 
Efferant  cette  feure  paix 

Tu  \  ois  parmi  l herbage  effats 

Ton  cher  troupeau  bejler  &  paître* 

2)e  faine  pajlure  lepais^ 

TJigne  pasteur,  O*  file  faiz. 

Ejlre  en  repos,  s'il  y  peut  ejlre, 

kAu  trait  champ  ejlre. 
Jttdis  le  fort  à  tout  destiné: 

JJeffort  du  malheur  obstine: 

Les  loups  rauiffans  fur  L  terre: 

Le  ciel  contre  nous  indigne: 

'Notre  cours  en  dueil  confine: 

Voir  peslilcnt  :  l  horrible  guerre: 

*No  us  fuit  &  ferre. 
J^Cars  furieux  &  inhumain   . 

2)e  forte  &  violente  main 
Le  fer  trench  ant  &  cruel  baigne 
^iufang  Çaulois,  J-Iongre,  £r  Çermain. 
Le  Èreton  combat  au  Rommein,     . 


Et 


<Tï  VERS 

Et  bruient par  cette  campagne 
France  &  Sffagne. 

Par  tout  le  gendarme  étranger 

T>e  mort,  d'horreur,  cremte,  &  danger, 
Bm^lh  champ,  bois, pré, fente,  &  rue, 
^A  force  forte  d  enrager 
Sur  parc,  fur  troupeau, fur  berger, 
Sur  laboureurs,  beuf,  &  charrue 
Segette  &  rue. 

Comme  quand  aux  Vents  ch.i'àts  cjr  forts 
Sur  les  monts  fond  la  neige,  &  lors 
ÏDu  torrent  aual  Vont  les  ondes. 
Les  eaux  des  puiffans  jieuues  tors 
Rompent  t  or  fis,  riues,  <&  bords: 
8tforcans  objlacles  &  bondes 
TJont furibondes. 

Tout  rauit  la  ?rdnd'  fureur  deaux, 
Les  fruits,  les  blezja  meurs  Q<  beaux, 
Le  labeur  de  toute  l'année, 
Les  parcs,  les  hardes,  les  troupeaux, 
Sans  refait,  (ans  temps, fans  apeaux: 
Toute  chofe  a  tel  malheur  nee^> 
Efl  condannee. 

portes  font  les  Viucs  couleurs. 
'Par  tout  lamentables  douleurs. 
Les  jours,  les  matins,  les  Veftrees,- 
Les  champs,  les  forefls  font  en  pleurs. 
2)e  riches  &  diuerfes  fleurs 
'Ne  font  à  cet  heure  lesprees 
'Plus  diaprets. 

JïCais  de  fortune  &  fa  ranqueur 


Ta 


L  YRI^VE   S/  7 

Ta  prudence  te  rend  l>einqueur, 

Ensemble  tafoy  feure  &  ferme. 

Le  doux  nui  tempère  ton  cœur 

^Adoucit  Ivnere  ligueur, 

Sous  le  (hoir  qui  de  maux  un  terme 

Montre  &  afferme. 
iStpres  le  bruineux  y  uer 

trient  le  beau  printemps  arriuer: 

L'aube  claire  fuit  la  nuit fombre. 

Le  foleil  tenant  sejleuer, 

'Pour  l'ennui  de  fon  oeil  primer 

7) es  nues  qui  lui  font  encombre*» 

Efcarte  [ombre. 
istuŒi  le  peuple  k  toy  commit, 

^At tendant  le  beau  jour  promh 

7)u  repoz,  v/f  en  efberance. 

Porte  les  trauaux  ennemis» 

(ar  en  2>ieujà  fiance  ha  r.xs, 

Qui  feul nous  ejl  en  tolérance 

Roc  ddffurance. 
Cejl  lui  qui  en  ce  dur  effort 

Sfi  ton  feul  refuge  &  co?;fort. 

Et  à  bon  droit,  car  chacun  vole 

Prenant  fin  kfon  terme  &fir?, 

Leternel  efl  régnant  grfert. 

Et  dure  a  jamais  fa  Parole 

Qui  te  con foie. 

A  Blaife  d'Eucron. 

Jtfa  mufe  connoït  fa  faute. 
Et  pet  quelle  nuteintpat 


*    4 


lAk* 


8\  VERS 

xsl  loucnge  quifoit  haute, 
EJlant  fon  mtrite  bas. 

Toutefois  ft  gloire  e fente 
7)e  ta  biendifante  plume, 
'Plus  fort  l incite  &  allume 
x^Cu  defir  d'un  tel  mérite. 

Et  la  feience  profond^ 
Qui  te  rend  luge  certein, 
Fait  que  plus  auant  je  fonde 
Les  raifons  du  pris  hautein: 
Sien  que  Idmitié  durable 
Qui  en  ton  cœur  Voulut  naitre, 
En  ma  caufe  te  face  eflre 
JfrCoinsjufle  que  ftuorable, 

EJl  il,  qui  entre  les  hommes 
Prenne  à  de  fit  in  rigoureux 
Sa  gloire,  V»  que  nous  femmes 
2)e  nous  mefmes  amoureux? 

Efl  il  aucun  qui  nembrajp 
ZJne  amour  entière  &  bonne 
Qui  de  cœur  à  l'ami  donne 
Loçj,  honneur,faueur,  &  grâce? 

Y  ha  il  ban,fyrte,  ou  roque, 
jDe  fentement  endormi 
Tant,  que  dun  ïueil  réciproque 
ISTdyme  &  prife  un  telam  ;? 
Certes  la  foy  fraternelle  i 
Centre  nous,  maugré  tSnue, 
Si  mes  l'ers  durent  en  Vie 
Sera  par  eux  éternelle. 

2)onq  icelie,  &  ta  do  firme,      \ .  . 


,.</?;. 


LYRÏ  Q_V  E  S. 

JJdmour  de  ?ious  qui  nous  poingt, 

Le  feu  qui  ard ma  poitrine 

2) un  haut  prit  atteindre  au  point! : 

Et  ta  Clio  elegdnte, 
Font  que  "volontiers  je  croye 
fe  que  tafaueur  mottroye, 
Sans  gloire  trop  arrogante. 
IPuis  lu fance  familière \ 

€n  quoy  tous  jours  toy  c£*  moy, 
*Par  ejf>reuue  fmguliert 
Lun  de  Uutre  ha  V«  la  foy: 

Ne  permet  qu'à  toy  je  taife 
JfrCajoye,  ou  ma  maladie: 
Et  qu'au  c  1er  je  ne  te  die 
Q  quefay  d ennui  ou  dkife. 
0  combien  de  fois  U  France^ 
Enplaifîr,joir&*  matin, 
Quant  e  fois  en  grand1  foujjrancc 
Le  heau  Tybre  Ldurentin: 

Et  autres  contrées  meintes, 
Nous  ont  "vu  conter  nozjoyes, 
Ou  bien  errant  par  leurs  ïoyes 
Conférer  noz^dures plemtesï 
Ores  la  belle  ^Aufrafe 

Nous  tient  en  meilleure  paix, 
XJiuans  à  la fanta[i<L-j 
Des  Jbfufes,  au  bois  efbais. 

loye y  foit  longue  &  entière: 
Sans  que  les  périls  énormes, 
Et  nozjortunes  conformes 
*Dc  dueilnous  causent  matière. 


4   s        Sok 


xo  VER    S 

Soit  de  Jtâczelle  £7*  de  M'c::fe 
Notre  haut  chanter  (en  ru 
^Auauella  nue  fameufe 
2)u  7~ybre,  ha  bien  retenti: 

'De  for  en  France  la  belles 
ZJiue  notre  ame  innocente: 
Et  doubler  fon  plaifr  fcntt 
6n  hmiable  fein  délie. 
Ton  adrejfey  ejl  tournée, 
Pour  y  recréer  tes  yeux, 
ks4  Voir  fa  cote  bornée 
7)e  f  Océan  fbacieux: 

T'y  future  encores  feflere, 
En  compagnie  &  concorde: 
'Puis  aùainfilc  Roy  îdccordey 
6t  mon  deftm  plus  profbcre* 
Ce  Pendant  pour  moyfalue 
Le  Pais,  cher  Sueron, 
Les  bords  de  moufle  Velue* 
Et  les  "Nymphes  dhiuiron: 

Les  autres  creux,  les  finteines, 
Lesprezj  les  ruiffeaux  qui  fuient, 
Les  bols,  les  torrents  qui  uruient 
Tombans  des  roches  hauteines. 
Et  ceux  Que  Phebus  affemble 
8n  f  union  nui  nom  joint, 
fteçoy  de  ma  mufe  enfemblt 
Ces  y  ers  auej  entonne,  aupoinR 

fDe  V  ^Aurore  couler ee, 
ZJoyant  au  fon  de  ma  hrc^j 
Les  Syluans  fauter  e>"  rire, 
22'u»  bfiis  a  fis  à  forée. 


L,  Y  R  I  Q_V  E  S. 

A  Maurice  Sceuc  Lyonnois. 

Juppiter  feul fouuereine  puijjance 

Du  bien  &  mal  garde  le  fouuenir. 

Et  comme  il  ha  dupa  fié  connoiffance, 

^Amft  ~\>oit  il  lejort  de  tdiienir. 
Et  bien  que  de  Ça  mains 

\ytyent  receu  les  humeins 

Les  dons  à  ta?it  de  Comme  s: 

Que  du  ciel  etheré 

Ee  cours  confidere 

Soit  entendu  aux  hommes. 
*Bien  que  Jonfang  éternel XJranie 

Eeur  ayt  montré  comment  de  funiuers 

E'ordre  enfin  tour  Je  conduit  &  manu \ 

£t  tant  de  cas  en  lutgrans  &  diuers: 
Du  Soleil  les  cheuaux: 

Ses  annuels  trauaux 

i_A  tempérer  Lt  terre: 

Et  que  Ion  entende  or 

Ea  Eune  au  cercle  d'or 

Qui  luit y  &  qui  tant  erre. 
De  l'Or  ion  labjconfer  &  la  four  Ce, 

Desfept  Trions  que  ne  baigne  Tethys, 

De  lardant  chien,  de  lajroide  &♦  lente  curp, 

De  2>ootes  &  Ces  cheuaux  retifs: 
jD'ou  fut  premier  iffant 

Ee  gendre fiorijfant 

De  tant  d'hommes  qui  naifient: 

Des  aêrez^otfeaux: 

Des  poijjons  par  les  eaux: 


11 


Et 


ii  VERS 

Et  des  belles  qui  paiffent. 
3ien  que  de  tant  &  de  tant  d  autres  chofes 

L'homme  ayt  atteint  à  la  factice  auoir, 

*Plus,fans  no  nlrer,  de  caujes  à  nous  clofes 

Sefl  referuc  le fouuerein  {auoir: 
^Au  "vray  limiter  'veut 

Le  père  qui  tout  peut 

LShumeine  connoiffance: 

^Autant  pour  notre  lien. 

Comme  pour  ncflre  rien 

Egal  à  fa  puiffance. 
Outrepaffer  la  trace  limitée^» 

"Nuit  à  huteur,  &  des  Dieux  le  mefpw. 

2)  ont  renaijfant  a  fon  mal  Tromethee, 

Et  ceux  que  Terre  hd  dedensfoy  repris: 
Thlcgias,  Ixion, 

L'horreur,  Uffliccion 

De  meint  autre  complice, 

Sont  prennes  (3*  tejmoins. 

Ee  crime  rik  rten  moins 

Que  l'immortel fupplice. 
Jamais  le  yice  a  la  hauteur  celeBe 

Tar  fon  malheur,  d'atteindre pouuoir  n'a: 

Jïlais  ht  y  er tu,  par  un  fentier  mole  fie, 

Tire  à  celui  qui  fon  cœur  gouuerna: 
La  Vertu,  que  l'honneur 

Contendante  à  fon  heur 

*Par  dtngers  accompagne, 

*?ar  peines  quiert  foulas, 

De  lafage  ? 'allas 

Et  des  JïCufs  compagne. 


Et 


L  Y  R  I  Q_V  E  S;  *j 

Si  bien  qu'au  ciel afpire  fon  courais 
*P<tr  un  pstfpg?  <*u  Vice  deffendu, 
Si  rid  elle  o>:q  dune  effrénée  rave 
^  luppiter  soppofcr  prétendu. 

Tel  Rentier  non  battu 
Suit  la  viue  Vertu: 
2)ont  le  port  &  fubfide 
*Par  meints  rochers  bojfus 
JfrCcna  jadis  là  fus 
Ko  mu  le,  Enee,  ^Icide. 
Ccjl  le  chemin  (Seue)  par  ou  ZJergile 
gaffant  en  l'air ;  de  terre  sejleua. 
*Par  icelui,  d'à- le  prompte  O*  *gilc 
Son  nom  nui  bruit  encores  Vole  O*  M* 

6n  ce  trein  le  premier, 
Par  art  non  coutumier, 
2)e  diurne  harmonie 
accordant  Ces  douceurs, 
*s4me?ia  les  neuf  Ce  ur s 
T>u  femme  r  d  ^onie. 
Quint:1.,  Horace,  en  fi  eSlroite  fente, 
St  JYCecenat  eut  il  d'amour  ttftrç. 
La  Vert*  feule  aymanr  Vie  innocente 
Rend  les  Vouloirs  d égalité  mum?^. 

L'amitié  qui  bonne  efl 
jDelle  sengendre  &  naïf, 
Et  deîlude  conforme, 
'Pardurable  entre  ami<, 
Qui  n'ont  le  cœur  fournis 
±si  cm  Vil  ou  énorme. 
Et  fans  qu'ici  à  mît  rrt  ùxmufei 

Ce     : 


.14  VERS 

Ceux ml^tpollo  d' œil  bénin daigna  \otry 
'Pour  ne  nombrcr  les  fauori^  des  MufeS 
Tant  renommez^  de  mente  &  fauoir, 

Cœur  &  Vouloir  pareil 
JFit  dreffer  l'appareil 
*Des  conqueïles  plus  hautes, 
Quand  pour  pajfer  la  mer 
Entreprindrent  s'armer 
Les  nobles  ^Argonautes. 
Cette  Vertu,  &  notre  conuenance 

^4u  faint  troupeau  de  fmdc  réitérer, 
Du  haut  honneur  lardante  fouuenance, 
Et  d'un  renom  qui  Viue,  lesferer: 

Ces  chofes  que  je  di 
M'ont  le  cœur  enhardi: 
Si  qùen  cette  fiance 
Le  tems  je  ne  crems  point. 
Enfemble  a  toy  m'ont  joint 
D'éternelle  alliance. 
Joint  ejl  a  nous  par  cette  union  ferme 
^iu  mefme  nom,  notre  tant  cher  <Bai1Ji, 
San<rdUnBrafie  :  à  qui  des  jour>  là  terme 
Tluttot  fera  que  fa  gloire,  failli. 

Et  de  tant  plus  à  moy 
£jl  chère  cette  foy. 
Que  fans  cfpoir  n'attente 
Slft  Venu  entre  nous 
Lacer  ce  lyen  doux 
Qui  nous  tient  £r  contente. 
Certeinement  du  futur  l'ignorance 

Dieu  ha  Voulu  aux  hommes  conuenir, 


Tour 


• 


LYRI  QJV  E  S.  »j 

*pour  cttrc  en  lui  fans  fin  notre  efierance: 
£t  pour  le  bien,  qua?id  il  peut  advenir, 

Sentir  en  notvs  récent: 
Comme  doux  on  le  fient 
S'il  adulent  dduenture: 
8e  pour  inceffiamment 
'N  endurer  le  tourment 
'De  la  peine  fiuture. 

A  ïoachin  du  Bellay  Ang. 

Or    F  A  Y-i  E  bien  certeine  efyreuue 

2)e  ce  qui  fie  dit  en  tous  lieux: 

Que  pldifiir  entier  ne  fie  treuue 

Sous  ce  tant  large  entour  des  c'ieux 

^Ains  que  mort  aytfierme  no^yeux, 

.Et  de  Styxfioit  fa  fié  le  fleuite, 

'Pour  fieure  joye  eîlre  choizie 

isiit  plain  du  plaifiant  Elyfîe. 
Soudein  les  meilleurs  traits  de  l'aage 

Pafifient  les  premiers  aux  humeins. 

Le  temps  trop  léger  &  Volage 

'Prend  les  jours,  les  nuit^,  les  demems. 

Lors  vieille jfie  aux  tremblantes  mains, 

*siu  teint  palle,  au  chenu  pelage, 

Rendre  fie  Vient  triple  afifieruie. 

Et  tire  à  la  fin  de  la  1>ie. 
France  fiertile,  feinte,  &  belle, 

Jb(a  tendre  jeune  fie  efilcua. 

Oui  florifjant  au  milieu  délie, 

Sa  douceur  humeine  esprouua. 

£t  au  cours  du  tems  qui  sen  \>a 

Senti: 


\6  VERS 

Sentît  meinte  faueur  nouuelle, 
'Par  grâce  &  joye  entretenue 
D'un  trait  de  longueur  continue, 

C'eHoit  quand  au  chef  la  couronne 
François  le  magnanime  Roy, 
Orne'  du  beau  lis  qui  fleuronne 
Sïtar choit  en  trionfal  arroy. 
7) ont  fans  cejfe  au  léger  ch arroy 
D'un  tour  qui  la  terre  enuironne 
XJole,  &  forte  la  renommée 
Sa  gloire  en  "valeur  consommée, 

Durant  cette  faifon  freine, 
0  prince  qui  au  ciel  reçois 
L'honneur  immortel  de  Lor reine 
En  haut  degré  tu  mauançois. 
Lui  mefmes  le  grand  Roy  François, 
Dune  humanité  fouuereine ; 
Daignoit  bun  quelquefois  eflire 
'PLtifir  au  fredons  de  ma  lyre. 

£t  lors,  comme  encore*  m'agrée 

Telle  amour  .plus  qu'autre-  feulas, 
ïadorois  la  troupe  ficree 
Des  neuf  fur  s,  Thebus,  &  ¥  allas. 
6t  de  tant  d'amis,  dont  (helas) 
L'accointer  plus  ne  me  recrée: 
xstttirans  a  leurs  Voix  hauteines 
Les  bois,  Us  rochers,  les  fonteines, 

0  quantefois  près  des  riuages 

De  Loire,  ou  de  Seine,  ou  du  Loir, 
Les  Tans  &  les  Faunes  fauuages 
Ont  mi*  du  tout  a  nonchaloir 


Le 


u 


, 


L   Y   R  7  Q_V  E   S.  l7 

Le  fiouuenir  défi  douloir 

Des  "Nymphes  aux  rudes  courages, 

'Pour  eficouter  la  chalemk^. 

De  Jïterhn  chantant  de  samie. 
Soutient  les  erreurs  ennuyantes 

Jïtc  chantoit  il,  <&  les  defidains 

Des  amours  plus  léger  fuyantes 

Que  les  1>entJ,  les  cerfs,ne  les  dains. 

Puis  touchoit  leurs  retours  fioudeins 

^Au  fon  défis  cordes  bruiantes, 

^Arrefilant  les  Cens  <&  les  âmes 

Sur  f  inconfiante  foy  des  Dames, 
firmes,  amours, plaiprs,  &*  plantes, 

Terres,  mers,  châteaux,  &  palais, 

herberay  lisant  des  fois  meintes 

Jrfcfiulott  conter  à  relais. 

Puis  me  dejguifioit  "Rabelais 

Le  Vray,  de  je  s  plaidantes  feintes. 

Qui  de  Gargantua  récitent 

Lejens,  la  force,  &  texercite. 
Les  erreurs  &  dangers  d'ZJhjJe 

Dificouroit  le  bon  Pelletier. 

Ou  traitoit par  ordre  &  police 

Des  terres  tort  gr  le  me  Hier. 

S*it  de  tout  autre  au  monde  entier 

Le  nom  mort,  &*  senfiuelififie, 

Qui  o fiant  toucher  à  telceuure 

Sa  lourde  ignorance  deficeuure. 
Sxton  Salel  memtenant  aux  ombres 

Charte  la  guerre  etllion. 

Et  d'ames  il  ïoit  à  fies  nombres 
\ .-  b         VoEeter 


V 


VERS 
ZJolleter plus  d'un  mtlion. 
^Autant  au  au  1>al[ous  Pelion, 
Ou  fous  Othrts  par  les  box  fombres, 
Il  cher  de  jtieilles  en  ^Autonne, 
Quand  au  jons  le  JWeflral  s'entonne. 

En  telle  ejhaifjeur  dolent  elles 

Comme  on  1>oit  Limas  des  oifeaux, 
Qtu  sffayent  à  rire  dcjles 
y  ar  m  îles  cannes  &  ro féaux: 
Tour  outre  la  mer  &  les  eaux 
Gaffer  aux  régions  nouvelles: 
Qtiand  l'air  de  faifons  rigoureufes 
Les  chaffe  aux  terres  chaleureufes. 

*-Auec  lui  Jktarot  débonnaire, 

'Deux  flambeaux  lu: fans  de  Querci, 
Ont  d'une  lumière  ordinaire 
Le  nom  du  païs  efclarci. 
L'un  d  eux  errant  d  la  mer  a 
2)e  fortune  dure  &  contraire, 
JkCe  defïrant  meilleur  augure» 
JfrCenuoyd  peinte  ft  fgure. 

Ce  pour  trait  me  le  remémore 

^A  tceil  ïif&  au  col  marbrin: 
Qui  en  décimant  fur  le  ?nore 
Ha  le  teint  cler,  &  brun  le  crin. 
Qûdy-je  à  ramenteuoir  Jtâacrin  ' 
Sous  un  Cyprès  ou  Sicon;ore, 
'Pleurant  Çelonis)  dont  la  \>ie 
*Par  amere  mort  efl  rauie?. 

Tel  jadis  le  dolent  Orphée, 
De  Strimon  getté fur  le  bord, 


Tleurcit 


L  Y  R  I  Q_V  ES..  -  i9 

tplcuroit  d'Euridice  lafee^j 
La  féconde  verte  &  la  mort: 
Dont fur  l 'inexorable  fort 
Sa  harpe  d'y  uo ire  efloffee 


Tlendoit  des  notes  nompareilles 


^Aux  chef  tes  tendans  les  oreilles. 
Là  docle  Lande  nue  je  conte 

Jcuz^temps  &  plaifir  de  hanter. 

Caries  &  film  mirent  honte 

Dy  Venir  leurs  carmes  chanter,    ■ 
"     lan  JMartin  s'y  Vint  présenter, 

Et  meints  dont  trop  long  eft  le  conte, 

JfrCefmes  l  Ionienne  troupe 

Laijja  de  'Parnafe  la  croupe. 
Lors  nous  meintenoit  en  fa  France 

François ,  exemple  de  Valeur. 

Qui  par  mort  mené  à  outrance^» 

{^Au  monde  commune  douleur) 

Le  fort,  ïenuie  &  le  malheur. 

Sans  caufe  ou  mérite,  en  fouffrance 

Refirent  traiter  fer  grand erre 

Meinte  mer,  meinte  eflran^e  terre. 
Tant  ûùa  Homme,  ainft  mifêrab/e, 

Sur  le  blondTybre  deuallay: 

Ou,  vêtu  de  pourpre  honnorable 
V"       JKCe  receut  le  grand  du  'Bellay. 

Si  teuz^  [comme  encore  s  je  Fay) 

JtCecenas  propre  &  fauoraole: 

^Amù,  o  loachin,tu  es  proche 

De  fan?  illufre  &  (ans  reproche. 

Des  Mufes  la  bande  honnQree  ■ 

b    x         Fuyant 


10  VERS 

Fuyant  les  me  fines  opprefjstirs, 
8n  ce  lieu  de  nous  adorée 
ISlous  faifioit  ouïr  fis  douceurs., 
.    Chantant  refbondoit  afiesfieurs 
Phebus  à  la  barlc  dorce: 
'Puis  des  Poètes  tt^Aufinie 
Les  fins y  la  grâce,  &  Urmonie, 

Encor  prefié de  la  fortune 
Par  terre,  &  d'orale  marm 
Par  les  flots  enflez^de  Neptune, 
^Aborday,  nouueau  pèlerin: 
Ou,  entre  la  Jtâeuze  &  le  Rhin, 
La  Jxlezelle  plus  opportune 
*Nous  tient  or  àfiafantafie 
^Xuficin  de  la  douce  %s€uffrdpt. 

2)ouce  &  delcBable  contrée^, 
Efi  d '^Auslrafie  tdfvple  tour: 
Sinon  que  plus  ri  y  fait  e?itree 
Stton  Prince  en  fit*  ""vermeil atour: 

.    Et  qùaufons  délie  <j7*  alentour 
La  face  ejlfiuuent  rencontrée 
2)e  Jrfars,  qui  fremififiant  enrage. 
Srfoy,  tremblant,  fefioute  forage. 

Cependant  je  compoÇe  &  Vante 
7) es  Troyens  ht  gloire  &  le  los. 
Latone  ainji deux  Dieux  enfante 
En  laflucluante  T>elos. 
T>es  flots,  des  Vents,  des  mathelots 
Le  bruit  &  l'horreur  fejlouuante: 
Quand  lieu  en  aucune  frontière 
*Nc  lui  donne  la  terre  entière. 


LYRI  Q_V  E   S. 

Jetais  le  regret,  fur  douleur  toute \ 

Jtfefaifit  Lime,  de  ne  Voir 

Ceux  qu'a  prefent  la  France  e  (coûte 

"Haute  au  Pris  de  leur  fauoir 

7 lus  qiionquemais.  Cejl  a  fauoir 
v    Ronfart  qui  fon  chef  lieue  &  boute, 

Couronne  de  fueilles  flairantes, 

Lu  fus  aux  flammes  e  flairantes. 
Et  que  des  autres  je  me  taife 

2)ignes  de  louenge  &  faueur, 

Sans  que  fia  ter  ici  me  pLtife 

2)'un  confeilfaux  ou  controuueur, 

Coûte  n'ay  pareille  faueur 

'Ne  quipuifp  amener  telaife 

Que  fon  doux  neclar  qui  diilile, 

Et  cil  de  ta  Veine  fertile. 
Or  fuis  que  Veut  ma  deBineei^j 

X Ventre  Vous  me  tenir  abfènt, 

fomme  la  fortune  obstinée 

'Pourfuit  tout  Poète  innoceiit, 

loachin,fur  ton  labeur  décent 

Lay  memte  O*  meinte  heure  alignée: 

La,  fi  mérite  efl  qui  conuienne, 

Quelquefois  de  moy  Vous  fouuicnne. 

A  Herman  Taffin. 

^Au  triFle  foufhirer  de  toy, 

islupleindre,  aux  fouhaits,  à  lenuie, 
Celui  temps  je  me  rament oy 
Ou  je  menois  pmblable  vie: 
Quand  de  trauail  les  affaires  pefans 
«  N  b    x         SiC'am 


n 


ii  VERS 

Jrfamonceloient  m<:::erâ, 

Dont  jdy  porte  la  charge,  de  longs  ans 

XJne  douzaine  entière. 
Surmonté,  poufïc,  battu,  clos, 

De  roideur  &  preffe  infinie, 

Gmme  un  Vaijjeau  de  rudes  Jlots 

^u  plein  de  U  grande  lonie, 

Lors  que  Leuant,0*  JïCeJtrai,  &  Siroc, 

Dune  obilinee  rage, 

Jktenace font  l'effondrer  en  un  roc, 

Ou  Ucc •  aller  d'orage. 
'Puis  Carbin  tire  en  poupe,  &Jort 

*^Au  ciel  une  jumelle  ejîoile, 

Qui  efclairante  heureufe,  au  port 

Conduit  le  nauire  à  plein  Voile. 

^AinJi{mon  heur)  Diane  aux  yeux  fercins, 

Comme  le  Trion  double, 

Jtid  d'un  air  doux  me?iê  aux  champs  Lorrems, 

Hors  lafort:.ne  trouble. 
Jttais  comme  durable  nefi  l'heur 

De  chofe  qui  au  monde  plaife, 

Le  Ciel  conuoitant  Ça  "valeur 

JéCe  voulut priuer  de  telaife: 

Dont  loir,  les  cnamps,  les  monts,  les  Vaux,  les  bois, 

Et  meinte  Nymphe  genre, 

Lejleuue  aufîi,  sefmure?>t  à  la  Voix 

De  ma  douleur  urgente. 
Si  71e  furent  vourtartt  aux  Vents 

£n  Vain  mes plemtes  efjcrees, 

*^iins  touchèrent  mes  cri^  ftruens 

La  [us  aux  ejloilcs  dorées.    : 


Le 


LYRI  Q_V  E  S/     ..    v  ij. 

Le  Ciel adonq pit 'oyable  ^  bénin, 

Connoijfant  lamour  tell:,    . 

^modéra  la  rigueur  du  )>enin, 

£t  md  veine  mortelle. 
*Dc  grâce  e  (bandit  la  liqueur 

Qui  tout  mal  amoureux  cor.  forte, 

SïC  emplit  &  abruua  le  azur 

3)e  nouuelie  amour,  >iue  &  forte: 

7) ont  s^inne  &  moy  en  Pair  égal  gr  beat, 

*Parfeure  deBinee, 

Fufmes  uniz^  O*  ardit  lefUmbe4X 

Du  joyeux  Hy  menée. 
Or  combien  que  le  rongeur  Coing 

Encor  aux  affaires  me  tienne: 

Quand  fdy  loifir  den  eflre  loing 

le  tire  à  la  cafine  mienne. 

Là  quelquefois  au  rulHque  fejour, 

Ou  ma  chère  compagne, 

Ou  un  ami,  fi  fans  pluie  eft  le  jour, 

8n  la  plaine  campagne, 
Ou  pour  lardant  Soleil  fuir, 

Tarmi  lafrefeheur  du  bois  fombre, 

x^iuec  moy  sesbat  a  ouir 

Les  y  ers  que  je  lui  chante  en  l'ombre: 

2)#  haut  du  roc  tandis  tombent  les  eaux, 

Ou  de  leurs  gorges  f  anches 

En  loir  ferein  degoifent  les  oi féaux 

'Par  lesfueilles  &  branches. 
Si  le  trauail plaît,  alentour 

7)es  luiffons,  des  champs,  des  riu-àges, 

JïCener  les  chiens,porter  Idztour, 

b    4,        Et 


X4  VERS 

Et  chaffer  aux  befles  fauuagei: 

2)u  premier  ^ol  mettre  au  pied  L  perdrix, 

Repartir  qu'on  ne  faille: 

Ou  le  gibier  au  filé  rendre  pris. 

Soit  lagriue  ou  la  caille. 
Puis  las  fe  re traire  à  requoy, 

'Porter  la  chaffe  au  toitl  champeflre, 

Ou  isinne  affe^  d*cffe  dequoy 

Sans  qu'il  coûte  rien,  pour  repaitre. 

Herbage  &  fruit  Vermeil,  jaune,  &  tanne, 

Le  jardin  riche  donne: 

Lait  le  troupeau,  &  le  Vinfuranne 

Se  tire  de  la  tonne. 
Sur  tous  pUifirs  dont  je  me  pai\ 

Ji^on  jardin  fleuri me  recrée, 

Ou  Je  "voit  en  l'ombrage  eJJ>ais 

Sourdre  la  fonteine  Jacree, 

Qui  bruit  <&  court  d'un  roide  trait  caduc 

^Aual  la  roche  forte: 

2)ef?us  icelle  ^imphion  tient  fon  Luc, 

Et  chante  en  cette  forte: 
Dirce  fît,  de  ma  Lire  au  fon, 

Mouuoir  Ces  eaux  efmerueillees: 

Des  monts,  pour  ouïr  ma  chanfon, 

Vindrent  les  pierres  oreiliees. 

Ores  me  tien:  le  fraiz  de  ce  rocher 

Qui  le  creux  antre  emmure: 

D'ici  m'a  fait  cette  eau  clerc  approcher, 

Qui  flatte  &  qui  murmure. 
s^iufon  des  accords  differens 

Qùil  touche,  entonnant  fes  paroles, 

Peut 


L  Y  R   I   Q^V  E   S.  15 

'peut  on  Voir  des  'Nymphes  les  rengs, 

Faire  faut  s,  mener  les  caroles. 

L'une  a  chanter ;  l'autre  k  rire  Ce  prend: 

Encor'y  Voit  on  comme 

2)u fruit  nouueau  qui  meint  alentour  pend 

Vautre  cueille  une  pomme. 
*s4u  long  du  ruijjelet  courant, 

Qui  fa  trace  courbe  en  couleuurey 

Se  dreffe  un  Laurier  odorant 

Et  le  bord  mou  (Tu  d'ombre  cceuure, 

Thebus  denhaut  fin  plaifant regard ha 

Sus  la  Verdure  viue: 

Teltayma  il,  telle  T)aphne  garda 

La  paternelle  riue. 
ZJela  de  mes  maux  le  foula. 

^Ainfifdut  il  que  tu  e  (hères. 

Que  le  trauail  tel  que  tu  las 

Suiuijera  d  heures  profberes. 

Jtfoy,je  mdttens  encores  qu'a  la  fin 

{Et  breue  foit  lattente) 

L'heur  m'auïendra  d'y  tenir  mon  Fafjin 

Qui  du  tout  me  contente. 

A  fa  Fonceine. 

Fonteine  dont  îeau  criBallinc^j 
IDdmont  le  rocher  tombe  aual, 
Jtâur mur <tnt  parmi  U  colline 
*Puis  coule  paifib le  auphtin  Val: 
Ou,  dune  trace  continue 
Forjc  enfcrpentfe  traine  &  pouffe, 
Et  à  trauers  T herbe  menue 

1  t     ?# 


irf  VERS 

Pajfe  arrojânt  IcJJffJp  moufle. 

Jrfiï  &  mil  oifeaux  qui  te  hantent, 
Lejlateux  bruit ;  lefratz^des  eaux, 
£t  les  Nymphes  oui  autour  chantent 
Refbondans  an  chant  des  oifeaux, 
Ldtr  doux,  la  lumière  etheree, 
G  creux  antre  qui  Je  recule ; 
Ou  ne  touche  l'heure  altérée^ 
De  la  brûlante  canicule. 

Les  arbres  touffu^,  la  froide  ombre, 
Les  fleurs,  &  le  Verdoyant  Pré: 
2>rieftout  ce  Pour  bris  en  grand  nombre 
De  meintes  couleurs  diapré, 
Font  que  le  dur  ennui  j'oublie: 
Lt  que  ma  Lire  à  gré  je  touche: 
^Attendant  la  tafche  accomplie 
Du  Soleil  qui  trop  tôt  Je  couche* 

'Près  de  toy,  Fonteine  Jacree, 
Lenuie  &  tort  nous  deffion: 
Çrondant  que  ton  bruit  nous  recrée, 
XJnique  plaifir  d"  ^Amphion, 
Qui  ha  délai fé  la  Dircee, 
L^aracynth,  les  thebaines  roches, 
Pour  ton  eau  fans  cejfe  ïerjèe, 
Tour  ce  roc,  &  ces  antres  proches. 

^X  ta  \iue  &  fuyante  cour  Je 

'Ne  Vient  le  prophane  approcher: 
Tu  mes  d  ^yfganippe  la  Jour  Ce, 
St  monjjelicon,  ce  rocher: 
^Iton  bruit  ma  Lire  jdecorde 
Chantant  Iheur  de  ma  dcïlincc: 


Les 


L   Y   R  I  (^  V  E  S.  z7 

Les  amours  je  fonne  a  la  cor  Je, 

*s4u  creux  airain  le  grand  £nee. 
Le  chant  qùamfi '  oififfur  l'herbe 

/entonne,  e fendu  a  lenuers, 

Te  rendra  fameuse  &fi/pcrbe, 

Cardant  la  gloire  de  mes  Vers: 

is4  toy, fous  cette  roche  ombreufè, 

Callirhoe  Nymphe  gentille, 

Je  "Peux  goûter  a  la  mam  creufa_j 

L 'honneur  de  ton  eau  qui  fautille. 
Bile  eflfefche,  nette,  ejiuree, 

8t  brille  au  Soleil cler  &  beau: 

Jrfais  puis  que  les  Vers  n'ont  durée 

Quijont  eferits  de  buueurs  d'eau, 

Sus  Sacchus  noble  Qpiteine, 

Que  du  vin  foit pleine  ma  taffe 

Que  rafrefehit  en  la  fonteme 

Une  heure  auant  que  je  chant affe. 
£n  chantant,  fait  que  je  mendorme 

^Au  bruit,  cette  douce  liqueur, 

Si  je  fommeille  fous  cet  orme 

Carde  moy  ^Nymphe  au  gentil  coeur 

Que  mon  repos  ne  tourne  en  vemeL-i 

'Par  la  fer pentine  furie: 

xAinfide  ta  fertile  Veine 

Jamais  ne  fit  f humeur  tarie. 

Sus  aucuns  de  Ces  vers,  mis  en  mufi- 
aue ,  &  prefentez  à  Monfeigneur 
le  Duc  de  Niuernois. 

Ores  qu'on  Voit  de  toutes p^rts 

U 


iS  VERS 

Le  fan?  humeinpar  terre  ejfars, 
Ores  que  la  fier e  7>elonnc 
Semé  par  les  monts  &  les  champs 
Lances,  (feus, glaïues  trenchans 
De  fa  main  fanglante  &  félonne. 

Or  qùon  bat  O*  rue  a  l'enuers 
JWuraillcs,  tours,  &  bouleuerts, 
Or  que  ïaffaut  cruel fe  donne, 
^Au  bruit  des  trompettes  d'aire  in, 
Des  \>oix,  dufoifùs,  tair  Jerein 
En  retentiffant  d'horreur  tonne. 

Or  qùon  Voit  à  pied,  à  cheual} 

^Au  haut  du  mont,  au  jons  du  Val, 
xSÏu  large  p la in  de  la  campagne, 
JfrCarcher  le  François  de  cœur  franc ; 
&  abattre  aufildefon  Iranc 
Le  peuple  bazanné  d'Ef 'pagne. 

Là,  Vray  exemple  de  Vertu, 

Comme  JàCars  couuert  &  Vêtu 
D'arme  t,  de  corfelet,  de  gr  eue  s, 
Lefbee  au  poing,  paffe  parmi 
Lelleffeur  du  fort  ennemi 
François  iRufirefang de  cleves. 

Là  combat,  charge  fe  défend, 

Et  de  rotdeur  lapreffefend 

Tout  alentour  enuelopee: 

Homme  qui  fit,  en  eftour  tel 

*Ne  s'offre,  fans  péril  mortel 

Deuant  fa  foudroyante  ejfee. 

'Paffé  l'orafe  &  tourbillon. 

J  à.     ,  ...  .  .     . 

"Raporte  (braue)  aupauilion 


I.  Y  R  I   Q^v   E  S. 
Los,  honneur,  vicloire  ftcree. 
St  la,  pour  alléger  le  corps, 
^yéufon  des  dijferens  accords, 
Lejjritfe  contente  &  recrée. 

<*Ainfiton  trauail  foulage  ois 
0  ferme  rempart  des  Çregeoii 
luumcihlc  fils  de  Pelée, 
Quand  tu prenois  la  Lire  en  main 
Rouge  encores  defang  humein, 
^Au  retour  de  lapre  méfiée. 

Et  cejl pourquoy  or  âpre  Cent 
Jay  entreprins  faire  prefent 
jDe  mes  chanfons,  notes  &  nombres, 
^  ce  baillant  Vue  de  "Neuers, 
k>4  qui puiffent plaire  mes  Vers 
^Apres  Us  JfrCarciaux  encombres. 

La  mal  traitec  de  Ton  ami. 

0  dolente  deftinee! 

0  ardeur  trop  Véhémente, 

7) e  forte  amour  qui  tourmenter* 

La  plus  trijie  qui  fit  née: 
La  fortune  ejl  malheureufe: 

Rien  que  douleur  n'y  abonde, 

Qui  me  rendit  amour  eu fe 

Du  plus  dejloyaldu  monde. 
Femme  qui  es  fortunée, 

'Prifee,  aymee  &  ferme,  ^ 

*Pren  pitié  de  cette  vie, 

La  plus  triBe  qui  fit  née: 
■  lafon  delaiffa  Medee. 


-, 


L* 


5o.  VERS 

Ld  J/Ccclet  fuis  féconde  : 
Désire  deceu'è  &  fraudée 
Du  plus  dejloyal  du  monde. 

0  Veture  mal  donnée, 

Qufe  de  double  martirc: 
Qui  rendis  De /antre 
La  plus  tnsle  nui  fou  nec: 

Quant  a  moy,pour  allégeance^ 
De  cette  douleur  profonde, 
le  ne  quiers  point  la  Vengeance 
Du  plus  dejloyal  du  monde. 

ZJoyant  I  leleine  amenée^ 
'Pegafis.  à  la  grand'  Troye, 
Fut  pour  la  nouuelle  proye 
La  plus  tnsle  quifoit  née. 

Le  malqiiime  me  pouychajje 
Je  p)y  qu'en  elle  redonde: 
£t puijfe  perdre  la  grâce 
Du plus  dtfloval  dû  monde. 

^Phyllis  d'amour  forcenée. 
De  Vie  &  d'tvnour  deliure 
Se  re?idit,  ne  Voulant  Viure 
La  plus  tritte  qui  foi t  née: 

LAcn  mort,  qu'à  toy  je  mdquite. 
ZJienplus  vite  que  Lvonde. 
En  mourant,  me  Vêla  qui  te 
7) u plus  dejloyal  du  monde. 

Trop  defloyalfut  Snee 

^A  Dido  lapoure  Dame: 
Qui  du  corps  fe par  a  Lime, 
La  plus  tri  fie  quifoit  née: 


S    :m: 


L   Y    R   I   Q^V  E   S.  31 

Comme  à  celle  de  Qrthdge 

ZJicnne  la  more  furibonde. 

3ï(a  m  or:  jera  Iduantage 

2) u plus  defloyal  du  mor.de, 
T*t  vie  fut  terminée  y 

0  fettl  efboir  de  tamie: 

2)ont  mourut  Laodamie 

La  plus  trille  qui  fit  née: 

Sachant  ta  mort  elle  ef  morte 

(0  raifon  ou  je  me  fo?tde) 

La  y  te,  au  fort  me  conforte 

2)  u  plus  defloyal  du  monde. 
2)aphne,flie  de  'penee, 

Ta  \>ir?imte  nendure, 

Que  Ion  nomme  ta  Verdun 

Ld  plus  tri fte  qui  foi t  née: 
Ta  Vertu  je  deuois  croire: 

8t  toy  Syringue  la  blonde. 

Stâon  mal  nufi  elle  la  gloire 

T) u  plus  defloyal  du  monde, 
j'ujfe  elle  Vierge  obflwee__j 

Sijuffe  creu  ^rethufe: 

Tard  me  repens  &  aceufe, 

La  plu*  triste  qui  fit  née: 
La  plus  trille  qui  f oit  neç^j 

En  toute  la  terre  rondey  * 

^A grand tort  fuis  malmenée 

2)  u  plus  defloyal  du  monde. 

t  V 

D  une  Dame  belle,  &  bien  variable.' 

Efl  il  en  cor  au  monde 

Vne 


il  VERS 

ZJne  telle  beauté: 
En  qui  rigueur  abonde 
Sous  feinte  pnuanté: 
'Portant  de  [loyauté 
8n  un  cœur  tant  immonde'. 

Les  Dames >  de  Ce  plein dre 
*N  ont  plus  nulles  faifons: 
Qr  elles  fanent  feindre, 
SfCieux  nue  nous  ne  faisons: 
Fortes  Cent  leurs  raisons 
'Pour  les  hommes  contreindre» 

2)e  celles  je  ne  penfe 
Les  Vertwz^diffamer, 
Qui  donnent  recompe?fc^, 
'Pour  loyaument  aymer: 
Sans  Vouloir  deùrimer 
Qui  n'a  point  fa:t  d'offenfe. 

ÏDc  tous  ejlre  efjeulee 
Stfertte  àjujle  loy, 
Et  de  Vous  reculée,, 
^Darnes  d  honneur  (y  foy, 
ûlle  qui  porte  en  foy 
ZJne  amour  fin:::  lee. 

iSîfd  merci  me  rendrf 
Je  riay  point  eu  de  tort, 
*Pais  quelle,  de  méprendre 
Ha (ait  tout  fin  effort, 
felui  ferok  trop  fort 
Qui  sen pourroit  défendre. 

Infâme  efl  la  Victoire 
Faite  par  deceuoir. 


Seul 


•  L   Y  R   I  Qjy  E  S. 

Seul  ejl  digne  Je  gloire 

Quijait  bien  fin  deuoir: 

Et  qui  pour  pris  auoir 

'Ne  fait  menfonge  accroire, 
Jrfa  Jîmplejfe  innocente^ 

q  a  pardon  dejferui: 

Car  fa  grâce  décente 

Jrfe  tenoit  tout  rauL 

Or  qu'on  ayme  à  îenui, 

le  le  quitet  &*  mal  fente* 
2tienje  "vous  amonnetfe, 

^Ami  qui  Uferuez^, 

Que  Dame  plus  honnefe 

Quelle, "bous  defferuez^ 

Qnquife  \ous  Utiez^, 

CeJ}  petite  conquefe. 
^4  ht  louche  ha  lespleintes, 

Lesfermens  &*  les  Vieux, 

6n  pleurs  &  larmes  meintes 

Fait  fondre  fes  beaux  yeux» 

Teut  ejlre  encores  mieux, 

Jrfais  ce  ne  font  que  feintes» 
0  yous,  qui  dune  amante 

Vous  deprez^faifîr: 

Ss  en  amour  ûlaijantc^t 

Voulez^  prendre  pLifir, 

Cardez^yous  de  choifîr 

Une  chofe  inconflame* 


Jî 


%AVUze 


14  VERS 

A  Diane,  lui  donnant  une  cein- 
ture pour  eilreines. 

Thebus  Un  nouueau  recommence, 
portant  allume  fon  flambeau. 
Et  du  ciel  montre  fa  clémence, 
Luifant  aux  bumems  cler  (sr  beau: 

&  "Diane  fa  fur 
Que  je  Voy  luire  en  tome, 
Sous  humeine  douceur 
'Porte  nouuelle  flamme. 
^Phebus  ottroye  année  heureufa^j 
Sous  un  ^Augure  plus  heureux, 
Et  toute  Penfee  amoureufe 
Regarde  d'un  œil  amoureux: 

2)  ia  fie  feule  a  moy 
2) oint  tout  bon  heur  &joye: 
8t  chaffant  dur  efmoy, 
Z>ami  regard  me  ïoye. 
La  belle  &PÎaifknte  'lumière 

7)e  Phebus,  qui  reluit  aux  deux, 
Sfl  de  refiouir  coutumierc^j 
Les  cœurs  marrizj&  fou  deux. 

L'œil  de  T)iane  aufli 
De  beauté fo  nue  reine, 
Jtfepriue  de  fou  d 
Par  fa  clarté  fer  eme. 
XJne  fois  en  toute  tannec^j 
Phebus  renouuelle  fon  cours. 
Et  'Diane  en  beauté  bien  née 
Fait  du  mois  le  terme  Cr  les  jours: 


►  •  - 


LYRI  Q^V  E  S. 
Moy,  au  cœur  c>  au  feus, 
Pour fa  grâce  décente, 
..  A 'toute  heure  je  fins 
La  flamme  plus  récente, 

*phebus  à  la  barbe  doreç__j 
7)  ou  cerne?}  t  accorde  les  fins, 
Et  en  fia  prefience  honnoree 
Les  Poètes  font  des  chanfions: 

Diane,  en  chants  diuers, 
*?arfafaucur  entière, 
Donne  grâce  à  mes  ïtrs, 
argument  &  matière. 

7>he!?usyfiur  la  terre  eflendue 
Efyandant  fis  raiz,  à  planté, 
Jstcntrefa  rigueur  efbdndut>    • 
£t  rend  aux  malades  fiar.te: 

Et  de  Diane  au  fort 
Vidant  feu  qui  m:  tus, 
Donne  mefines  confort 
^sîu  cœur  qui  sefiuertuel 

Souusnt  portant  tare  &*  la  treuffi 
Diane,  au fimmet  de  Cywhus, 
Fait  à  chaffer  meinte  def.rouffs 
±Aux traits aceres^ &  \ :' ::::zj, 

Sa  valeur  de  haut  pris, 
Sans  trop  longue  pourfiuite, 
JsC'dfiudehementprù, 
&  retenu  ma  fuite. 

0  Deité pulffaute  <&fiacr:, 

Ce  nouuel  an,  de  cœur  nsn feint, 
%A  toyje  me  "PôUf  O*  confacre, 


JJ 


c  %       Ttyf*: 


\C  VERS 

T'apportent  en  offrande  un  ceint. 

Dont  parmi  tdir,  empli 

De  tourbillon  oui  )>ente, 

Sera  tenu  le  t>lï 
i 

De  ta  \éture  gente. 
Sd  mefurefoit  dccourcie, 

D'amour  pareille,  &fiul  confins  : 
Si  qild  tdutelfen  remercier» 
Luci?ie>de  Vû?»ç  &  d encens: 

Sa  longueur,  une  fois 
*Par  Qymen  mefuree, 
'Nous  tienne  fous  les  îoix 
D'amour  pinte  &  jurée. 
Si  te  reauiers  (faipnt  hommage) 
Que  hemn  me  Coït  ton  regard^ 
Sans  encourir  mort  ne  dommtn* 
Dont  td  faneur  me  pu; te  &  gard: 

Comme  ^éleon  jadis 
(S'il  conuient  aùon  le  croye) 
xsifies  leuriers  hardiz^ 
Fut  miferable  proye. 
Que  pluHot  jefbreuite  la  grâce 
De  lœiljauorable  &  amit 
Qui  fit  drrejl,  ou  en  L  placer 
Sndynnon  fut  endormi: 

Si  tel  certes  je  lay , 
Comme  en  fin  je  lefbcre, 
Jentonneray  un  lay, 
Chantant  mon  heur  projbcre. 


De 


L    Y    Pv    I    Q_V  E   S.  37 

De  Diane,  &  de  Sclinople,licii 
de  fa  naiflânce. 

Comme  la  Lune  claire 

L'air  pafje,  ejpuré  d'eau, 

Et  par  le  tour  ejelaire 

Du  Ciel  ouuert  &  beau: 
7) elle  tour  autour  luit 

éteinte  &  meinte  autre  ejloile, 

Qui  de  fobfcure  nuit 

Efclarcit  le  grand  Voile. 
^Ainfi  Diane  ger.te, 

Vierge  d'excellent  pris, 

De  clarté  refu!gentc~> 

Embellit  cepourprù: 
<_Ainfi  va  conduisant 

Le  chœur  de  fes  pucelles, 

Qui  rerre  en  loir  luijant 

Ses  vu:  es  étincelles.. 
La  mef?ne  fxur  germeine 

De  Theius,  tant  Uy  ma, 

Que  par  faueur  humeine 

De  [on  nom  la  nomma: 
En  ce  digne  &faint  nomit 

Ma  plume  aura  ht  cure 

D'ilh.'Jlrerpar  renom 

La  "vile  humble  &  objeure.. 
Ea  ïile  detfinee 

Par  les  Dieux  fouuereins, 

Pour  y  Voir  un  journée 

Diane  aux  yeux  fereins,. 

c    3         PreuoyarA 


58  VERS 

*Preuoyant  lauenhr 
La  Dame  Cynthienne, 
Daigna  Je  fouuemr 
De  la  demeure  ftenne. 

Comme  la  ï/erçe  aymee, 
Depuis  naiffante  ici, 
Elle  ha  diçrne  effimee-j 
De  la  nommer  ainfî: 

D'honneur  lors  décora 
Ce  mefmes  lieu,  de  forte 
Qùil  eut  &  encor  ha 
Le  beau  nom  quelle  port:. 

^Ainfila  T>ame  nec_^ 
En  l'errante  Delos, 
St  la  puce  lie  or  née 
De  tout  honneur  &  lo^y 

Et  ce  mefmes  fejour 
De  Iheureufe  naijfance, 
Ont  d'un  nom  par  memtjour 
Commune  jouiiïance. 

Cynthus  montagne  haute, 
Jrfefmes  ny  défaut  pas, 
Encores  n'y  ha  faute 
Du  beaufeuue  Surotas: 

Duquel  au  plaifant  lord, 
'Par  les  Certes  fusillades, 
Elle  efl  d'un  noble  port, 
Entre  mil  Oread.es. 

De  pareille  accord ance 
Diane  meine  &  duit 
Laff emblée  en  la  danje, 


Lt 


lyri  qy  es..  \9 

Et  tout  le  chœur  la  fuît: 

<_A  ce  troupeau  fou  fin 
7)omt  \Phebe  coutumiere 
jDe  fit  face  d  or  fin 
Clerc  &  fit  me  lumière, 

A  Anne. 

Exprimer  ne  fie  peut  .   <  . 

Combien  hmour  e fi  forte y 

Qui  modérer  ne  y  eut 

La  douleur  que  je  porte: 
Z)e  lirdeur  que  je  celle 

En  moy,pour  mon  deuoirt 

ZJotre  amey  une  eflmcclle 

ZJueille  en  foy  reccuoir. 
En  1>a:nje  tiens  mon  due  il 

Qùapparence  nen  forte, 

Qr  trop  fi  montre  à  lœil 

La  douleur  que  je  porte: 
Chacun  lapuïffe  entendre. 

Seul,  ^Anne,  de  la  \>oir 

ZJotre  cœur ;  pitié  tendre 

ZJueille  en  foy  receuoir. 
Quand  ^Amour  domiera 

Que  "votre  œil  me  conforte y 

EnpUifir  tournera 

La  douleur  que  je  porte: 
Que  ma  dolente  V/c-» 

Reconfort  puiffe  auoir, 

ZJotre  ejbric,  bonne  enuie 

ZJueille  en  foy  recevoir* 

c   4        Les> 


40  VERS 

Les  tourmeni  &  ennuie 

2>  meinte  eflrange  forte, 
Les  jours*  les  longues  nuits, 
La  douleur  ente  je  forte: 

La  rigueur  qui  m'outrage 
Tant  puisiez.  ^ohs  fauoir, 
Qùamour  'votre  courage 
TJu  cille  enfoy  receuoir. 
Si  en  ïous  par  merci 

Rigueur  peut  eflre  morte, 

Jfrtorte  fera  au  Ri 

La  douleur  que  je  porte. 

Chant  paftoral,  en  la  natiuitc  de 
notre  Signcurleiuchrift. 

/'ay  lien  caufe  &  matière 

7)e  mon  cœur  rejiouir, 

Et  ma  hefje  entière^, 

[hanter,  &  faire  ouir: 

Chacun  en  doit  jouir \ 

8t  de  ffrir  enjoué 

Dire  Noè  Tfoé. 
le  1>oy  la  nuit  reluire 

Qui  la  clarté  produit 

Tour  les  mortels  conduire 

Ou  U  mort  point  ne  nuit: 

En  cette  heureufe  nuit 

Le  Simeur  (oit  loue, 

Chantant  'Noe  *Noe. 
En  cette  nuit  fer eine, 

De  fer  tient  appétit, 


La 


LYR1  Q_V  ES. 

Ld  honte  fouuerein^^ 
Chair  humeine  Vmr: 

^4  cet  enfant  périr, 

De  Dieu  fils  auoué, 

Chantons  'NocTfoé. 
Ses  fanes  &  mefjages 

Le  ciel  mit  en  auans, 

Que  dirent  les  trois  fages 

De uer s  Soleil  leuant: 

Et  aufeul  Roy  \iuant 

Chacun  deux  sefl  \>ouè, 

Chantant  'Noé  2sfa/. 
Koy  Je  paix,  fous  ^-fugusle, 

Roy  paifible  régnant, 

Dont  Simeon  le  jufle 

Snfes  bras  le  tenant, 

Lefalut  auenant 

Du  Peuple ,  hafalué 

Chantant  'Noe  'Noe. 
En  y  cillant  fur  lapreç_-> 

Son  troupeau,  vieint  berger ; 

Qtte  claire  Retirée 

Oui:  Ventre  lever: 

Lors  â  un  go  fier  /loger 

De  froid  tout  enroue  . 

(hanta  Noé  'Noe. 
Chacun  print Ça  houlette, 

Laifferent  leurs  troupeaux, 

TUotiline,  ^lix,  Colette, 

Mirent  leurs  grans  chapeaux, 

Et  de  menuz.  drapeaux 

c    s         Trouvons 


4*-  V    E    R    S 

Trouuans  tentent  Noé, 
jDirent  Noé  Noc. 

Sa  flûte  paStorale 
Tnenot  allaflnner, 
La  mu  Cet  te  rurale 
(olinflt  bourdonner: 
Toits  fans  l'ujne  eflonner, 
Ny  ^  htufeml  oué 
Chantonne  *Noc  Noé. 

'Puis  en  flans  leurs  mufettes, 
Uont  r  et  routier  es  préaux 
Leurs  brebis  camufettes, 
jBeufs^aches,  0*  tore  aux: 
La  ont  les  pasloureaux 
Dansefaulté,  jo  ue3 
Chantant  Noé  Noé. 

Nous,  par  resjouiffance\ 
Coûtons  en  notre  cœur, 
T>e  l'heure  ufl  naijjancç^ 
Le  fruit  &  la  liqueur: 
Et  de  mort  au  ycinciuettr 
Qui  mourant  fut  cloué 
Chantons  Noé  Noé. 

Chantons  à  la  "venue 

jDti  puiffant  Dieu  des  'Dieux, 
Qui  en  chair  poure  &  nuc^j 
ZJient  naître  en  ces  bas  lieux: 
2)e  tous  les  dons  des  deux 
^stu  feul  enfant  doué, 
Chantons  Noé  Noé. 


n 


LYRI  Q^V  E  S. 

Hymne  chrétien. 

Sus  ma  mttfe  entonne^  ç^  commence^ 
^A  chanter  la  haute  clémence 
T>u  tôut-puifjdnt,  du  Roy  des  Tioii, 
Qui  par  fa  bonté qui  abonde 
Sut  a  fait  (silcjl  heur  en  ce  monde) 
'Par  deux  fois  heureux,  "voire  trois. 

CeJJe  a.  conter  la  deslmee, 

Les  erreurs,  les  guerres  d£nee. 
2)e  cDido,  l'amour,  &  la  mort: 
Lai  [Je  moy  ces  fabuleux  fonges, 
L'ondoyante  mer  de  menfongest 
Et  tire  au  plus  a  [fur  é  port. 

Lcternelfeulejl  Véritable. 
2)e  qui  la  bonte  charitable 
demeure  à  perpétuité. 
Si  tôt  que  gemiffans  nous  forâmes, 
'Normaux  il  remet  à  grtins  fômmes, 
ïDeJa  pure  gratuité. 

î\iy  trop  enduré  de  traiter fes 
«£/;  meintes  régions  diuerfes, 
^ gîte  par  terre  o*  par  mer: 
Fuyant  la  furie ufe  enuiç_j 
7) es  malins  pour fuiuans  ma  "pie, 
ksÎux  cœurs  emphz^de  fiel ar,,:r. 

La  four  ce  &  fo?is  de  mafouffrance 
Jrfe  vit  premier  partir  de  France 
Quand  du  bon  Roy  trop  en  effet 
La  mageBefut  indignée: 
Qfut  malheur  ou  deftinse, 


-.  > 


Ko» 


4  4  VERS 

Non  fa  rigueur  y  ny  mon  forfait. 

Ldurore  au  point!  du  jour  "vermeille ', 
Quia  le  flairer  ne  Comme ille, 
Du  midi  les  moites  chaleurs, 
La  part  qui  le  Soleil  abÇconfe, 
Et  celle  d'où  la  bize  enfoife, 
Ont  eu  pitié  de  mes  malheurs. 

s^Amp  errant  a  Ufortunex 

Sous  attente  d'heure  opportune \ 
Des  humeins  cherchay  le  f  cours: 
Jrfais  deux  en  aucune  contrée^ 
'Ne  fut  affurance  montrée 
Eauorijante  a  mon  recours* 

Deux  &  deux  ans,  &  deux  encores, 
0  "Vertu  qui  Urne  décores, 
Jenduray  Cous  ton  doclrinal, 
Jrteints  durs  ennuiz^  confiant  &  fermez 
^Ayant  fupport,  durant  ce  terme. 
De  toy  feule,  e£*  dun  Qrdinal. 

En  fin  le  ciel  qui  tout  regarde, 

Tour  m'oter  toute  humeine  gardet 
Rauit  encor  en  fon  pourpris 
Ce  grand  Qrdinal  de  Lorre'me, 
Lequel  en  clarté  plus  fereinz^j 
Ut  entre  les  parfaits  écrits. 

Et  ce  fut  à  fn  que  ùprinjje, 

Que  de  attendre  a  Roy,  on  'Prince 
,_Aii  monde,  nef  que  "vanité: 
£n  Dieu  fui  lafance  ef  feure, 
De  qui  la  parole  demeure, 
Durable  en  toute  éternité* 


Donnas 


LYRIQ^VES.     ■  -  ; 

Conques  priuê  d'attente,  toute. 

Comme  qui  furpris  en  U  routc__> 

ÏParmi  F  Océan  fracieux, 

*?erd  tymon.  Voile,  ancre,  &*  cordage: 

Et  plus  ne  lui  rejle  en  l'orage 

Que  dreffer  fa  prière  a::::  :':::;:. 
En  fi  profonde  &  forte  preffe,- 

,.  ku  Signeur  tout-puifjant  ïddreffe 

Les  yeux,  les  mains,  le  cour,  la  Voix. 

Lui y  qui  les  oppreffez^recree, 

^rrefla  mon  ancre  facrec^j 

^Au  roc  de  falut  cette  fois. 
Vers  moy  [comme  àfonfls  le  père) 

Tourna  le  cDieuen  quiîcjberttt 

Son  œil  d'abondante  merc;: 

Sa  Voix  ha  mon  oreille  cuye.    • 

Si  ha  de  ma  Vue  esblouie 

2)efournéle  Voile  obfcurci. 
3)u  delà  la  hauteur  immenfè 

(  Don  me  regarda  fa  clémente) 

Soudan  fit  eflcuer  mon  eev» 

Qui  para;:.::;:  ferpant  en  terre, 

San;:: foit  en  la  f:::^  j  . I 

Toutes  caufes  de  peine  &  aueih 
Comme  quand  une  ef: 

fœuure  la  ro?îde::r  con L-t 

'Du  ciel,  retirant  fa  cùtrtit, 

Le  Soleil  pénétrant  efcldi  e: 

Et  des  raiz.de  fa  lueur  < 

Rend  ce  grand  amas  efearte. 

Sens  la  certeine  connoiffance 

M  De 


4*  V   E   R    S 

Z)ef:  hante  &fet 
tstrrefta  lèn  i  r;, 

£;?  cette  fertile  ^Ir.frafie. 
Ou  mon  œil  nefe  7s.fafç__j 
x^l  Voir  le  beau  ciel  d'i~ 

Tandis  en  mon  Ce  jour  c'.\i;.    .  i.  r 

Uoy  mon  troupeau  faulter  &faitrt% 
k^Lux  champs  le  bled  croître-  àfofon, 
Le  bois  fombrey  au  pré  l'herbe  yerte: 
2)e  Vîntes  la  cote  couuerte, 
Et  pleine  Vmee  enÇaifon* 

Enfans  agre\  chajle  famille, 

Femme  doreable  entre  cent  mille, 
En  temps  la  pluie,  <*7«  leur  frein: 
IBienfaits  de  fa  large/Te  entière» 
xAmple  &  copie: fe  m.<:: 
T>eUi:er(on  nom  fôuuerei  :. 

Ces  liens .,  dequoy  repuz^noue  ::, 

Çraces,pLiJîrs,f:::eurs  aux  hommes, 
ÏProduitfa  libérais  ms:    . 
Qu,:;id;l'::i fuira  ce  ^ 
Il  reprendra  car  î  heure  n*efte 
'Ne  je 

0  DieUtpU'm  de ... / 1  i:u 

Fay  que  fa  ma  Lire  :  r 

Tes  Uuenns  d'un  cœur  entier: 
Et  que  d'une  amour  far  ;  cor.  freinte-, 
] entende  &  enf     :  ta-ertinte 
^4ux  miens,  pour  fui::-:  ton 


LYRÎ  QJV  E  S. 

Prière  à  Dieu,  prife  du  La        le  lan  Pi- 
cus,  Conte  de  la  Mirandole. 

2)iett  fiuuerein,  de  quiefià  chaa 

La  magefté fuiffante,  feule  à  cre'mdre: 
*per[o»ne  trifle,<r  Dieu,  qui  fans  contre':?::!/: 
■  Ta  2)eïtet  règnes  feul,  O*  u:s 

auquel -fans  fin,fur  les  ardans flambeaux 
CJ) u  reluifant,  &  haut  efleué  monde, 
&onne  louenge,  &  gloire  pure  O*  munie 
Le  chœur  entier  des  anges  faints  e>  beaux. 

2>e  quiaufila  tout-fuijfante  main 
Forma  jadis,  &  orna  ce  grand  œuvre 
J)u  ciel  courbé,  qui  toutes  chofes  cœuurt:  ^ 
Oeuure  qu'admire,  &*  V«>  toi  t    ilhumem. 

Qui  faiz^yirer  le  ciel,  &  dm  cl::;:  d'zil 

Trembler  la  terre,  &  tourner  t  homme  en  foudre: 
Z>e  qui  thorribls  &  effroyable  foudre*, 
Tombe,  <&fe  renge  au  feu  -  ton  "Pueil 

pardonne  noix,  nous  misérables  gens, 
Rcns  nozjtœurs  nets  de  toute  Vile  ordure: 
Tournendurerldfi  rc 

lujlement  due  à  nozfechezïrgens. 

Car  f  tu  yeux  far  égal  contrei  -  :: 
Te  fer  le  mal  qui  trop  en  :.     f  SdStere, 
Et  meintenir  dune  riguet  •/<    rc^> 
Sn  jugement,  la  reigle  de  tes  loix: 

Lai,  qui  fourra  de  toy,  Vengeur  Viuant, 

(ontre  la  yerge  horribl:  w? 

*par  qui  fourra  laplaye  ejlre  endurer 

Ou  ton  courroux  t  homme  ira  four         t? 

Touuotr 


4-8  V  .E    R    S 

Touuoir  naura  mefi  tes  de  refîfter 

La  grand'  machine  à  tire  de  ta  dextre: 
Machine  à  qui  le  [sur  temps  de  [on  e[tre 
2)oitju[jùau  jour[upreme  confier. 
Qui  eft  lejbrit  en  qui    .     i  pèche 
"  Originel,  la  marque  ne  s'imprime? 
Qui  ef  celui  qui  de  jon  propre  crime 
"Ne [oit poilu,  &  de  malheur  tafchel 
Mais  toutefois  tu  es  celui  pour  [eur 

T>e  qui  le  propre  efl  bien  de  pardon  faire: 
Qui  exerçant  justice  en  tout  affaire 
7J[es pourtant  dépareille  douceur. 
Celui  qui  rens  {[ans  leur  mérite)  aux  bons, 
"Pour  leurs  bienfaits  recompenfis plus  hautes: 
Qui  d'un  léger  punir reprens  les  fautes 
Des  cœurs  humeins,  que  tu  ïois  jujquaufins. 
Car  en  grandeur  abondante  ente. 

"Paffè  xozjnaux  ta  clémence  bénigne: 
Et  faire  don  a  qui  en  efl  indigne, 
Sftdicrnement  cas  conuenant  à  2)iett . 
Combien  {pour  ïray)  que  dignes [ommes  nous: 
Puis  que  celui  qui  î>raye  amour  nous  porte, 
Trouuant  en  nous  toute  digrÀté  morte, 
Z)i<mes  nous  rend,  tant  il  c_  eur  doux. 

Je  te  pry  '  donq,  prena?;tp:  t:ew, 

Retarde  Us  d'une  amiable  face. 
Soit,  ou  queferfs  leur  % 
Ou  que  plu  [lot  conucincu^tu  les  tiens. 
Chacun  de  nous  certes  efi  conueincu, 

Si  tu  prens  garde  aux  faits  de  notre  yje: 
Z>e  lapenjee,  à  tout  >/>.         ttie: 


& 


L  Y  R.IQ^VE  S.  49 

Qui  V/r  ingrate.  c>  m?rate  h  A  ï>erc:/. 
J>ïC*u  f  pluftor  tu  regardes  les  do?is 

Que  tu  nous  as  départi^  bénin  Sire, 

cDons  enrichiz^plus  qùon  neÇauroit  dire 

T)e  tes  trésors  nobles^  riches,  &  Ions: 
Nous  femmes  ceux  que  rendit  au  premier 

JïCiniflres  tiens ,  de  nature  la  trace: 

"Puis  tes  en  j  ans  nous  fit  ta  pleine  grâce > 

Et  e?iuers  nous  ton  Vouloir  coutumïer. 
Jtâais  de  trop  près  notre  fort  rigoureux 

Nous prefje  (helas)  trop  mijêrables  homrr.es. 

Qui  par  ta  grâce,  o  Z>ieu,  tes  enf.  ,;s         .  :s, 

estais  conueincuz^par  péchez,  malheureux, 
la  conueincu^  fotumes  de  pec/;:^;;;ei.;ts} 

Jetais  que  ta  grâce  iceux  rompe  &*JÙ. ..  onte, 

^A  celle  fin  que  par  ta  bonté prompte 

Ton  honneur  croiffe  aux  for  tits  a  es .........  ;. 

Car qùainfifoit que  tagra.:  .  '  .ce or 

iApparoiffante,  ou  ta  feule  f'g-'ff', 

Puiffe  autrement,  &  par  autre  larg 

Produire  au  monde,  O*  montrer  Jon  trsfort 
Plus  toutefois  Je  \  oit  grands  euuers  nous 

La  gloire  due  k  ta  haute  c         :e, 

G 

Puis  ton  amour  tant  ay  malle  &  immenfè 
En noztechez^affaroit 'de [fus :..  :. 
Cejl  cette  amour  qui  peut  le  J  :l 

jDu  haut  des  cieux  faire  eu  terre  défendre, 

Et  en  la  croix  monter,  ci  _j 

Les  membres  faims  duf.  ...     :L 

G  fut  afn  que  le  yice  e?:~r.:::, 
2)e  race  en  nous }par .    . 

T>edem 


j o  VERS     LYRI  QJV  E  S. 

7)edens  le  ping  Ù*  leai         ■  &  profbe;  e 
"De  ton  cou \  fut  Purement 

^Aiiifi  ef  il,  Roy  de  clémence 
Que  ton  amour,  O*  douce;:/- 1  ■ 
'Permet  le  crime  horrible  &  'WCi 

^Donner  matière  au  bien  tant  accompli. 

0  Vraye  amour,  qui  peut  les  coeurs  rauir, 
O  douceur  feule  a  noz^  faits  pouruoyante, 
O  grand  ponte  non  jamai  yante, 

Qui  se  fi  Voulue  à  fon  fèrfafpruir. 

0  amour  Vraye,  o  doux  Vouloir  exprès, 
Trop  mal  conn  u  aux  h  y 
0  grand'  bonté, par  le  cruel  outrage 
T>e  nozjmeffaits,  ja  veincm  a  Peu  près, 

Fay  nom  otroy,  auant  qùilfoit plus  tard, 
le  tefuppli  qu'en  no  ^coeurs  viue  3r  drde 
^/Imour  pareille  a  Ltrde.  ne  tarde 

ÏDe  t  enflammer,  a  in  s  tous  jours  vit  O*  *rd. 

Fay  'nous  otroy,  que  du  mal:,,         an, 

'Prince  du  monde,  &  ai  re, 

'Mous  o-e trions  bas  c7*  le  jour  &  .  e, 

Qui  tantfugets  nous  tient  à  nom 

Fay  nous  otroy,qùeni    ^a  efieint 

2)u  faux  p  enfer  le  pu  & 
Et  que  l amour  V::::  e?,  ;:e, 

7) ont  ton  efhrit  efr  fi 'a;.  .  int, 

*s£  celle  fin  r 

Z)e  cette  vie,  à  P  heure  t. .  : . — '; 
Quand  au  partir  lame         !  jenec^i 
ÏDeuantpu  eDi:u,pon  luge,  &fon  recours: 

1*4  fus  alors,  Par  i      orrflus 


7 

^ 


F  P  ï  G  R  A  M   M   H   S. 

ZJiuante  au  règne  éternel  &*  Prcjhei 
File  te  fente  amiable  &  bon  père, 
'Non  Sipieur  rude,  ou  lure  rigoureux* 

EPIGRAMME  S.' 

Du  Roy  pafïant  îc  Ronc. 

'portant  le  7loyy  le  bateau  sleBonna 

tDu  pe fiant fiai^  au  fil  du  roide  coî:/:3 
FtP-efique  à  fions,  de  payeur  il  do;,..  .: 
Jrfaù  au  T>ieu  Rone  il  eut  fioudein  ra 
Çrandfiutdcsfieurs  Na jades  le  fiecourst 
Oui  feutenans  la  barque,  à  leurs  mains  fortes, 
L'ont  mi  fie  à  bord  ces  diurnes  cohortes. 
2><f  telle  peur  esbahïr  ne  te  fi.   t 
Heureux  "paifijeau,  tu  neficezjtiU  t::  portes, 
ZJn tu fioutiens qui fieul indexa  t. 

Au  Roy,  lui  prcfèntantle  premier  Ifure 
de  l'Enéide  nouuellement  traduic. 

Ta  renommée  aux  exfiers  de  fie. \ 

Et  la  rrouua  XJ'vrgik  en  ces  lieux  [ombres, 
Errant  parmi  les  infier;:.  :.  es  om  bres, 
Lors  ton  parler  François  il  c. 

Enfer  LijJa,deuetsmoy  fie.  rendit, 

Jrte  commanda  chanter  en  Fra::  tl  rss 

Les  fiait  s  d'Cnee,  &  .  es, 

<Puis  loir  efbais,  en  sen  Vo.  r:r:dit. 

Si  l'œuure  donq  que  de  moy  tu  reçois* 


fi  E   P  I   G   R   A   M  M  E   S. 

l\iy  osé  rendre  en  langage  François, 
De  [on  Latin,  qùa  bon  droit  tant  onprife: 
Le  tort  en  faut  d  Virgile  donner ; 

Et  a  ton  loz^qùd  \>id  bruire  &  fonner, 
*Non  point  d  moy,ny  a  mon  entreprise. 

De  foymcfmcs. 

Des  malheureux  la  vigilante  enuie, 

Leurs  faux  raports,  1  injure  des  faifons, 
Les  luges  four ds  aux  plus  faines  raiforts, 
St  le  malheur  destiné  à  ma  Vie  : 

Jtfa  liberté  ont  rendue  afferuiç_j 

En  dur  exil,  fi  qu'en  fombres  maifons 
JfrCa  Jtâufe  &  moy  meintes  rimes  faifons, 
Dont  le  chant  triîle  d  lamenter  conuie. 

Mais  la  Vertu  quifoutient  mon  parti, 
Jfrtd  furement,  en  mon  droit,  auerti, 
Et  fapromeffe  ejî  {ce  cfoy-je)  ajfuree, 

Que  d'un  dur  temps  les  efforts  périront, 
Quen  déclinant,  les  iniques  iront, 
Et  que  mes  Vers  auront  longue  durée. 

Le  defeonfortc. 

Si  de  ld  mort  telle  efioit  Upuiffance 
Que  du  regret  qui  mefi  Venu  faifîr: 
Ou  quelle  fufl  fus  mon  obeiffance; 
"pour  fat  isfaire  a  mon  plus  grand  dejîr-   •  •■ 
lu  [Je  eupieça  de  mourir  le  loifir. 
Or  fila  mort,  que  fdpslle  &  conuie, 
Me  fecourir  ne  peut,  on  rù  enuie, 
Et  viure  ainf,  viure  fe  doit' nommer, 


le 


E  P  î  T   A  P   H   E  S.  Sj 

Je  fuis  ïiuant,  mais  ccft  Je  celle  1>:e> 
Que  le  mourir  me  fer  ou  moins  Amer. 

D'amour  ja  prefque  veinqueur. 

7)eauoy  me  fer  t  dauoir  tant  combatte 
xyimour  cruels  &  fit  force  invincible, 
'puis  Que  je  fens  affaiblir  ma  "Vertu, 
Et  mon  cœur  efl  d'tffeccion  Pajîibleï 
Or  deuiter  le  coup  ne  meflpofible 
Que} 4  esbranle  ^4mour,pour  me  compter. 
Las,  des  yeincuz^bienje  me  puis  conter \ 
Car puniffant  ma  longue  refiBance, 
le  le  "Voj  prefl  a  Peiner  e  &  fur  monter, 
T>  extrême  effort  une  extrême  corS:ance. 

EPITAPHES. 

Epitaphe  de  François  de  Clcmery. 

Trois  ans  &  plus  Fra;r.'  .     C      (rp 
La  mort  apelle  en  fa  douleur  profondez 
Pieu  le  guérit,  lui  foin, ferme,  &guerh 
ZJa  lifter  une  grand  part  du 
foutent  retourne,  enfanté  rich  de, 

8n  biens,  amis,[axoir,  bea;:_         ,firt:  ' 
JrCaii  d'un  chenal,  juifiu*  piedtorJ 

ZJif tombe  <&  meurtypar  cas  bh.        rrdlde* 
0  yiateur,  "voila  comme  efi  la  mort 

Egale  à  tous  &  à  nulfa::;rablc-j. 

J   l         Epita^ 


54  E  1M   T  A  P:  H  E'5.    .' 

Epitaphe  d'Albcric  de  la  Mothe. 

En  meinti  trauaux  Sibérie  de  la  Jklothe 

ladis  errant,  je  jennt  joulager 

^Aujon  des  ~\>ers  que  le  chœur  chante  &  notc_^> 

*Dcs  Jtfujê's  jèurs,par  païs  ejlranger. 

Penjant  enjin  ricjlre plus  en  danger 

Les  laijfe,  &  tourne  au  lieu  déjà  naiffance. 

Jfrtort  lejurprend,  ayant  bien  connoi/Jàncc^ 

Que  jeune  efloit,  &  loingde  hur  jccours: 

&  le  laifjant  Vieillir ^  nuji  eu  pui fiance 

EJleindre  en  lui  d  éternité  le  cours. 

Epitaphe  du  cœur  de  René  de  Cha- 
lon, Prince  d'Oranges. 

Le  cœur  d'un  Prince  ha  repos  en  ce  lieu 
0 viateur,  qui  d'amour  jôtiuereine, 
Enfin  yiuant,  ayma  le  Signeur  X>ieu: 
Charles  (éfar,  &  ^Anne  de  Lorreinet 
*_A  Dieu  rendit  tome  pure ^jereine, 
Qui  de  fa  main  le  fit  &  compoja. 
La  Vie  à  mort  pour  Cejar  expoja, 
L*  cœurjurpris  de  mortelle  auanture, 
En  ce  lieu  propre  ou  ^sùine  il  effoufa, 
Tour  jon  confort  ejl  mis  en  jepulture. 

.   Epitaphe  à  Monfjgneur,Ian  Cardi- 
nal de  Lorrcine.  .  . 

Quiconque  s  jou (qui  trauerjant  ces  marchez 
Le  Prince  quiers,  tant  prisé  de  renom: 
^Arrejle  toy  '.cette  tombe  ou  tu  marches 

Cxuure 


E  P  I  T   A.  P  H  E   S.  55 

Cru  tire  le  corps  tant  extollé  de  nom: 
"De  fi  grand  cas  plus  ne  refe,finc 
Le  bruit  au  \>ol  haut,  agile,  &  legt .  ■: 
Jsùrte  eft  la  chair,  ou  Ce  daima  h    , 
Lefj/rit  orne  de  \>ertu  fouuereine : 
0  1>iateur,pour  le  conte  abrerer, 
Cy  gît  le  grand  Qrdinal  de  Lorrel .  :. 

De  lui  encorcs. 

X>e  fang,  de  cœur,  defirit,  déport,  d:  grâce, 
"Royal  en  tout  ce  bon  'Prince  ha  ïefeu, 
j^u  peuple  bas,  de  fa  Puiffante  race, 
Et  dupais  la  defenjè  <*7*  le  fiai, 
Or  dure  mort  îafurprins  &  Peinai, 
'Portant  enuie  à  la  cran  .'....-.'.: 
Jkfaisfa  \>ertu  efi  elle  morte  ïnon, 
^Au  fort  fatal  ïértu  ntfi  afferuie: 
t^lins  a  jamais,  par  immorte!  rs;:;?Zj 
U honneur  en  lui  de  Lorrei?:;  eft  en  vic_j. 

'Epiraphe  de  Monfigneur  Clmcc  de 
Lorreine  Duc  de  Guife. 

Ce  Trince  illufïre  ex  II  ^      kdfîe 

22e  pui fiant  Rcy  e;:  .     re  ils    :.:.•-. 

ZJefjuit jadis  dtpre  ::x: 

Et  de  ïertu,  oui  l.  v, 

Udfes  en  fans,  a  ho;  ifte 

exemples  clers,  &  de  pris-  X        eux, 

Enfin  la  chair,  au  t  .  ■:  Cireux 

Succomba  la(fe,  &*  de  mortf::?faifi;* 
T>ucil  en  porta  U 'couronne -J.        fi: 

.,    -;  Z: 


$*         EPITAP  H    E  S. 
Et  defonpng  extraire  TSfet 
St  tant  denfans  de  Valeur  (t 
Jtfars  regretta  le  baillant  chefdt       .  re% 
Cygu  le  corps,  &t  Vole  en  tour:  terrent 
L'immortel  nom  de  Claude  de  Lon 

Epitaphc  de  Madame  de  Iamets, 
Heleinc  de  B ifs: parc. 

Sotts  ce  tombeau  morte  repop  geleine. 

Non  celle  la  qui  par  amour  \>îleine, 

Suiuit  jadis  îadultere  Troyen, 

2)e  tant  de  *naux  feule  c.  . .      en, 

3ien  efl  ilvray  a  ne  f quelque  parties» 

Fut  d  aucun  pris  par  le  ciel  im  Partie 

,_//  cette  là,  de  faueur  plus  entière 

fette  cy  fut  de  ces  dons  héritière, 

Beauté,  richeffe,  exquife.  &  l  race: 

Et  comme  lautre,  extrait:  aujft  de  racc^j 

T>u  fang  de  Grèce,  antique  C         eparr, 

Et  par  fôn  nom  dite  de  Sif/part. 

Jtâais  tous  ces  cas  {tant grand  en  (bit  le  nombre)    . 

Taffent  légers,  ainfi  que  p.  ;  e  ombre, 

Et  rien  n'en  réf.  .    tre  ts. .  ;  h.  :  ) 

La  Vertu  fuie longs  tns 

Efl  immortelle,  & 

Cefl  ce  attifait  que  cette  ii     ..-.  e-i 

*?ar  bon  renom . 

Trop  regrettée .  :s 

Son  cher  e  (houx,  '-.  r  égale 

Lui  ha  gardée  une  foy  ce;. 

Il  efl  certem  qù'J ...  r, 

*  ru 


E  P  I   T  A  P  H  E'  S".    • 
Fit  ejue  le. nom  foie  aujourdhu         nt 

Z>e  hutre  fjeleine  au  beau  1><iric ....;>, 
Mais  un  tel  bruit  .-.*;;  prouiei 
Soit  regecté,  enfemble  fes  tains  Congés, 
Fur  e  an,  erreurs,  amours, fai    .,..       '     es, 
Suiue^pluBot,  cDamesl  Jes  traces 

T)c  cette  Hele'me,  &  de  fis  faintes  grâces, 
X> ont  Urne  chafte  &pure  an  ciel  r a:  tic, 
Laijfe  un  renom  à  ceux  oui  font  en  yic^j, 
2)e  meinte  noble  &  haute  qualité, 
Honneur,  tenu,  lor^,  immortalité. 

Epicaphe  de  Diane  Baudoire^fe  femme. 

2)iane,  en  couche,  r  "     :;:t 

X>e  la  rude  mort  a  [faillie, 

Et  desja  du  tout  lui  ejlant  ' 

La  t iue  parole  faillie: 

^yî  fon  mari  de  main  pali:^ 

Montre  u  :■  fis,  produit  4  thturf, 

Comme  Voulant  dire  :  ne  r-h::rs%: 

(^uecques  Idduu  d'un  bas  fer) 

fe  bel  enfant  qui  te  cl:.       ■:,- 

Sera  pour  ton  dueil ,       tr.  . 

A  elle  me." 


57 


7       ■ 


"Par  les  enfers  alla  jadis  C 

Et  Vit  samie  Eurydice  tu  : 
IPuis  Vint  emplir  de  criçp*  / 
Strytnon  lefleuue,  &  Us  ;  •  le  Kiphee. 

Mon  fier  dcïlin,  Viane  Jointe  fec^i, 
'Ne  me  permet  encor  a     '        ù*ux* 
n  *    S 


« 


'^S  E   P  I   T   A   P  H  E   S. 

'Pour y  trouuer  ton  ame, .  -  des  Dieux, 

F)e  "vertu  1>iue, &  ah .         r efoffiee. 

Les  champs,  les  bois,  les  fie. 

Les  rochers  creux,  &  tes  befies  /         ?s, 
F>e  mes  remets  font  efm.. 

Tu  \oL  denhaut  ma  douleur  O*  mes  pie  in  tes, 
Et ficelle  jour  qu'entre  les  arnes  fiantes, 
Seure  &  fans  dueil  fera  notre  amitié. 

Epitaphe  de  Pierre  du  Villicr,  Signeut 
delà  Mabillierejmorcàfon  retour 
delà  guerre. 


r. 


elui  nui  vit  fous  cette  dure  lame 
rNavueres  "\>mt  en  ce  lieu  rendre  tamc^j 
Fuyant  la  f ère  mort: 
L'amer  e  mort  de  laquelle  il  neuf  creinte 
En  meint  conflit,  ici  par  fa  contre'mte 
Fit  trembler  l'homme  fort. 

Grand  fut  le  tort  de  la  mort  qui  toutmora 
Fait  à  celui  quio,.:     .:  ne  fit . 
%yZPerfonne  Viuante: 
Fort  elle  ha  fait  à  tant  défis  amis, 
Lefijuels  e. .  £r  douleur  s. 

'Douleur  de  près  te. 

Malheureux  efi  qui  à  :;.::f\.:nte, 

£t  à  qui  rid fort\    t*     -        e, 
^uanttamortdui^ietïh 
Jtien  rie  fi  cahot  i    lamorti         _-> 

tit,  Péché,  ci7*  mik maux a 
Nantit  ne  me  fou ". 

/  'ortduremt  t,  ùtf* 


03 


E    P    I    T    R   E:  59 

Que  ridttens  tu  vieille ffeaut  ruruient, 

'pour  4  ton  dard  nous  rendre? 
Ou //en  toy  ef  oit  fi  grand  defir 
Ses  jeunes  ans  faire  e?i  terre  gefir, 
Guerre  le  deuoit prendre. 

0  Viateur,ccfi  pour  te  faire  entendra 
Qiien  Lien  ïiuant  ro  a  jours  te faut  attendre 
L'heure  de  ton  trefyas: 
L 'heure  de  mort  eu  incerteine  &prefte, 
Scelle  fin  quà  toute  heure  on  s'apprefie, 
77/  Vit  qui  ne  *\>itpas. 

Z)o?;ques  (paffant)  arrefie  un  tien  tes  Pat, 
(onfiderant  que  fans  ordre  ou  compas 
II  conuient  que  tout  meure: 
Or  ï Eternel  qui  tout  ha  comparé 
Carde  la  fus  Urne  du  trefhafié 
€n  fa  fiante  demeure. 

Epitre  à  M.  Thierry  de  i'a  Mothe. 

Ta  lettre  docle,  amie,  humeine,  honnefie, 

7)e  mon  deuoir  grandement  *..'  ne  fie t 

Et  d  bon  droit  je  m.  ::> 

Que  le  premier  entiers  t<  use 

ïDoffice  teUfdluant fdr  epitre 

Celui  qui  efi  trop  p!:  ._> 

2)e  ^ray  Poète,  .  fSXufi;> 

Que  cil,  que  tantàprifer  m  t'a:,     es: 

E?i  lu:  donnant  un  lo-^  :et 

Jtâais  tel  bonne:  ■  u   it  (d  la  hérite) 

%s? par  tenir,  par  rdifon  droite  &  bonne, 

s*/L  celui  feu  l  qui  luime fines  le  don:.  :. 

Ctr 


do  E    P    I    T    R 

Car  ainjtejl  que  îhomm  :  a 

7\fe  peut  enuie  en  (on  cœur  a  r, 

^4ins  meforiptnr jbn  pris  &>  fa  t  :e, 

Tlus  Je  hongre,  quepargra,  ffanct, 

TIm  par  candeur  naïue,  ç^  hor  :e, 

Que  par  raifon  nui  le  même  a  U  trace, 
Trwje  en  autrui.,  ce  que  de  n  ■  droit 

On  peut  juger  louable  en  [on  endroit. 
T^elle  efl  {pour  ïray)  de  yert:t  la  nature» 
Oui  de  parole,  ou  bien  par  ejc. 
7le7iomme  ceux  de  profo?jde  (ciencc^j 
Qui,  tant  Çoit  peux  ont  délie  expérience, 
^sùnfîen  moy  tu  as  Voulu  huer 
Q  nue  ne  peut  mon  mérite  auouer, 
£jt  plus  de  toy,  &  de  laftueur  tienne 
Le  reconnoy,  que  de  rien  que  je  rien, 
^Du  bien  a  moy  par  le  ciel  imparti: 
Tais  je  ne  fuis  que  trop  Lien  auerti 
^Du grand  renom,  qui  au  Jon  de  tes  "sers 
ZJole,  bruiantpar  le  monde  Vniuérs: 
£t  tes  ejcrits,Jans  les  raifànsfit 
^Donnent par  tour  loue)  'es ..  ter 

•^£  tonfauoir,  tant  que  par . . 
Nous  en  auons  temo:  -  iare 
ZJelapourquoy  plut  eJtgrA  te> 

Que  connoiffant  t.:  ' 
Et  le  degré  de  mon  feus  /;;;/  .  as. 

Tour  mon  c  "J  pat 

*Portéthonm  à  tapi  ce: 

0:.  ce, 

L  efhrit  diuin,  par  >;;  c  .  .\ 


E    L    E    G    I    E.  Ci 

JrCuft  recueilli  de \fa  bénigne  main: 
Ou  quenfihaut  &*  d^         ■  degré 
Le  premier  heu  me  quite  de  fin  gré. 
Cefi  ce  qui  fait  que  fay  bien  entrepris 
^A  ton  épure  excellence  &  de prii 
^Donr.er  refyonfè,  ayant  cette  efherance, 
t^iuec  entière  &  plus  ferme  ajjurance, 
Que  ma  rustique  &  peu  fanante  Jrfuft, 
Q  ù  grandement  fe  trouuera  camufe 
5  res  de  la  tienne  héroïque  &  hauteine, 
Sous  ta  faueur goûtera  lafonteine 
T>e  Tegafus,  &  de  (Tous  ta  conduite^, 
^A  mieux  chanter  fera  dreffee  &  c:u:e. 
Or  ce  bon  heur  de  ta  ?race  attendant, 
i .  ■    ourray  bien  confiner  cependant, 
Quelle  ne  'vaut,  ne  faudra,  ne  'valut, 
L  ^honneur  quelle  ha  receu  de  tonfalnt, 
Lequel  ici  elle  te  rend  &  mande. 
Et  de  bon  cœur  a  toyfe  reconnu.:;.  :!:. 

ELEGIE. 

0  combien  eft  thwneme  créature 

'Près  de  fin  fort,  &  de  fin ...  'e! 

0  combien  efl  la  créature  . 
Loingde  fauoir  ce  quafrefke  O*  ameinLa 
Sa  dçliineel  0  que  fortune  fe\ 
"Nuire  ou  ayder  à  qui  feule  elle  Veut! 
%>efonp:  :.     ..\  ty  trop  â expérience: 
y^iyant  fiuffèrt par  bng  ice 

Tout  ce  que  peut  excogiterfin  tre 


tri                ELEGIE. 
±Au  temps  nue  plus  elle  efr ,. . 
^Ayant  auRt  l'heur  &*  le  hier. 
Z)e  fa  faueur,  quart  i  (c  L:  trt  c 
SrJI  retournée,  &  d'un  œil  pi       tant, 
Elle  ha  montré  tir.  Vifage  riant» 
Et  toutefois  (à  dire  "Venté) 
Toint  ne  fui*  feur  fi  cejl  Uutoritc 
2) elle,  ou  d  ^imour,  nuir,,:  fait  en  ce  point! 
Keceuoir  bient  ou  nen  receuoir  point. 
Et  endurer  ces  -ma:;::  intolérables. 
Soit  de  mon  lien  &  peines  t . 
L'un  deux  auteur,  car  (i  ce  nef  l'un 
le  plis  certein  que  ce  (ont  tous  les  deux. 
Si  croy-je  bien  que  F  ^confiante  Dame 
*Ne  régit  point  Uffeccion  de  lame, 
estais  qùen  ^îmourgit  lap: 
^/i  tout  le  moins  je  f  y ,  &>  \te, 

Que  tant  ne  peut  de  fins  moy  l 
Soit  par  faueur,  ou  rigfteuî  •  ne, 

Que  mon penfer Cache  ailleurs  diuertir, 
Et  a  aymer  rien  qui  fit,  t 
Que  ce  qùilaymc,  honnore,  estime,  &  tri  ':. 
SïCais  fi  xstmour  auoitfa. 
Changer  en  moy  le  cœur  qù il  ître 

Sans  ficaon,  en  fer  oit  il  le  ; ■-•; 

-    Si ce  neffoit que  fa  te, 

St  qu'à  celui  qui f aie  ojfenji 
Encontre  lui,  trop  cruelle .  .       ire, 
le  dirois  bien  ce  que  je  no j. 
JtCaU le difant Foffenfèrok     .    .n. 

•    'Pluflot  fa  gloire  &  infîgne  renom 


M,xaiti 


ELEGIE.  61 

Exalter  ois,  montrant,  c;  qùilhd  fa  ' 
S  (Ire  immuable ;  excellent  &  parfait. 
Il  ha  donq  mis  une  amour  en  mon  ame, 
7) un  feu p grand,  & 'fi '  puijjante fla^y/ne, 
Q^e  tous  les  7)ieux  rcnd.vis  obeïffance 
<_A  Ça  hauteur,  ny  la  mefmes  Puiffan  ce 
Qui  me  "voulut  a  cette  ardeur  contre:?:  dre, 
'Ne  la  pourroient  amortir  on  ejleindre. 
Et  en  cela  fiy  tant  bien  adrefé, 
Ou,  pour  le  moins,  le  dard  qui  ma  b  le  fié 
E?i  [i bon  lieu  ma  rendu  amour  eux. 
Que  je  me  Cens  en  amour  trop  heureux. 
Et  toutefois,  comme  tout  ce  quifaffe, 
S:  fait  fin  cours  en  cette  terre  bafjet 
'Ne  peut  jamais  fe  "vanter  j. .         •  nt 
"De  receuoir  entier  contentemer.:, 
Et  a  y  ha  nul  qui  fie  puiffie  à  bon  d. 
7) ire  en  ce  monde  heureux  comme  il 'y ou droit 
^uant  fa  morti  mais  attendre  confient 
Le  jour  dernier,  qui  d  grand'  courfie  "vient: 
i^iinfi  cet  heur  qui  co:: rente  ma  V/ir, 
jiCeine  auec  jcy  le  m.  enuie, 

fonceue  aux  coeurs  qui  défirent  &  "veule, 

Jiïon  mal  trop  grand,  <£?•  de  mon  bien  fi  ai \ 

Faifans  fimblant  de  grand  bien  me  "voulu.  4 
Et  de  mon  mal,fi 'jay  mal,  fi  do:iloir\- 
^A  telles ge?; s  (combien  que  ne  foit bonus 
Leur  "volonté)  "Volontiers  je  pardonne. 
Et  me  fiuffit,  "v:':re  (tant  j'en  p::;j  dire) 
Compafiion  me  Vient  de  . 
tfiuis  marri  que  (ans  c. . 


F 


<?4  E    L    E    G     .'    E. 

tsi  leurs  efyrits  ils  o  ttent  le  n 
Ce  aiu, pour  vray,  ne  peut feruir  en  r;e..r 
Fors  feulement  [je  le  confi        \ .  n) 
2>e  de  tracter  mon  honneur  &  ,-.         ire* 
Et  a  plu/leurs  qui  font  l  \  rs .. 
Faire  pcn  fer,  que  leurs  paroles  feintes 
Et  faux  raportsfont  eua.  tes. 

TJray  efl  omis  n'ont  d'efficace  i 
Fors  entiers  ceux  oui  ont  lien  peu,  ou  point 
ÏDe  jugement,  &  ïefbrit  endormi. 
Jetais  il  nef  nul  tant  petit  ennemi, 
Si  à  mal  faire  il  Veut  fon  cœur  induire, 
Qui  aux  plus  grans  ridyt puiffat 
Ce  qui  en  dueil,  enpeine3  O*  en  efmoy 
JïCettre  la  peut,  aufïi  bien  comme  m    . 
"par  ce  quelle  efl  de  mon  bien  curieufe. 
t^Ainfile  tort  d'une  langue  enuieufe, 
"Nous  efl  égal:  JfrCa  douleur  le  tourmentes 
8t  le  tourment  quelle  ha,  mon  ;;,  mente. 

ZJela  comment  nous  enduro:,. 
Chacun  fon  mal,  le  mal  de  :  au/Si. 

i^iuant  queft'.fl  entre  nous  commencées 
Qtte  amitié,  {mots  en  mapenfee 
En  lieu  trop  haut  jamais  ne  ;.  :r. 

Pour  r-e  fentir  le  fort  Ventmepref. 
T>e  cette  enuie  :  gr,  au  Vr.:y, . 
Que  mdJreffaffe  a  Voler  en  L 
Que  feulement  riay  fui  h  s, 

Jtâais  j'ay  du  tout  eh  ite  les  ca,         .  :s, 
Les  plains  chemins,  les  communes  allées,. 
Et  ay  cherché  lesprofoncU  : 


ELEGIE.  *5 

Car  le  haut  pin  dy  Vtf  le  plus  Contient 

Eflrc  agité  de  t impétueux  Vent: 

Jdy  \>u  des  monts  le  fommet  &  le  fefle 

Eflre  fuget  d  foudre  <&  a  rempefle: 

Les  tours  auJSi  tendantes  du  ciel  haut 

prendre  a  tomber  un  effroydble  fdult. 

8e  du  contraire  ay  connu  le  bas  coudre 

Hors  du  danger  de  Vent,  de  feu,  de  foudre > 

Et  de  ruine.  ^Ainfi  >ne  pourmenoU 

En  fureté y  lors  que  je  me  tenois 

ksÏh  profond v al  caché  fans  apparence. 

Jetais  il  y  ha  beaucoup  de  différence^ 

Entre  amour  haute,  <&  fimple  liberté: 

le  men  raporte  a  ceux  qui  ont  efle 

Sous  l'un  &  l'autre,  &  qui  ont  fait  ejhreuue 

jDu  bien  &  mal  qui  en  tout  deux  fe  treuue* 

Qui  efl  encor  en  fa  liberté  franche, 

Et  tout  dinfique  ïoifeaufur  ld  branche. 

Qui  de  Voler  hdut  ou  bas  peut  choifir: 

Jfrldis  de  ndture  ^stmour  ne  prend pUijîr 

Qùen  chofe  hdtite,  &  fd  forte  fagette 

^A  sadreffer  du  bas  nef  point figette» 

^Amour  efl  feu  quife  nourrit  en  famé: 

Et  tout  dinfi  qu'on  Voit  l'ardente  flamme 

Tirer  en  l'air,  dinfi 'tous jour  s  il  tirent 

xSl  ld  haute  jfe  d  Lquelie  ilafyire* 

Si  meHoit  ilauis  entièrement 

Quand 'je  fus  prins  d^amour  premier ernentx 

Que  mon  efbrit  sesloit  fubmis  en  place 

1)u  tout  conforme  à  ma  qualité- baffe: 

Car  fi  petite  expérience  auoit 

(e  mien  efbrit,  qùa  cela  que  toril  yoity 

t        Et 


66             E    L    E    G         E. 
JEt  ■■.'                 contem  '>!:  &  retarde, 
Tant  feulement  alors  je  bren  c .  ;    .  r;  'de: 
le  marreHoU  a  la  façon  modefte, 
^yi  la  douceur,  a  l'humble  &  ■  le, 

Qui  ?:e  montroit  rie?i  de  .         .  ir  enfoy. 
Jtfais  "Dieu  d amour ',  >. 
Et  qui  'voit  bien  {quoy               le  on  te  face) 
'Plus  que  ne  montre  une .  % 

ZJid au  dedens,Çom  ibi  ..    *, 

ZJne  "\>ertu,  une  haute  noblefÇe, 
ZJne  prudence,  un  fensinc         rable, 
ZJ?i  cœur  entier,  un  efbrit .  lé, 

ZJne  excellence,  &  t{n  ir, 

IBneÇd  y  Vid plus  qùon  ne  (à  oir 

En  choÇe  huméine  :  &  lors  de  (a  pointure, 
•     Suiuant  tinslincl  déjà  iropre  Nature, 
Jtâon  cœur  nauré,  &  de- Ça  flamme  ejhris, 
E:t  defirer  choÇc  dé  Jt  haut  pris, 
Et  diuertir  ma  penfee  i          e, 
isiinfîtduoit  conclu  m-  a 

0  donq  ^Amour,  d:  :  ;  U  ~l  jeu, 

Crac  es  te  rens,  de  ce  q. 
Tu  m%asÇubmis,  c^  '4uejî gentille  amc* 
^ylrâ  comme  moy  de  >, 

Et  Vous,  qui  tant  au  loir, 

*Ne  VueMe^plus démo,   . 
Car Çoyezjèurs  {la  choft 
Que  ce  Vous  ejl  depei         -de  temps  perte: 
Et  celui  Dieu  qui  md  x, 

Ne  permettra  Vo^deÇrs  rigoureux 
Sortir  eÇjet  :  car  de  Vous  il  fe  >. . 
¥uis  qùilha fait notre ',  ■■::.  .-.     ., 


?7. 


Biblis,amoureutc  de  (on  frère  C 
nus,prins  du  neuuicmc  liure  d 

Mccamorohofcs  d'Ouide. 

XJnefiUei  randfleuue.  Ire, 

Qui  fait  Je  s  eaux  retourner  &  el     .arc 
'par  dîners  tours,  en  fa  riue  to. 
Qùon  apela  la  nymphe  Cy.ir.ee: 
Nymphe  jadis  de  taille  lien  exqulfe. 
Laquelle  fut  par  Ssïiletus  rejuijc^ 
Z)e  (on  amour,  &  tant fut  enhorteeLa 
Que  fis  &  fille  eh  e         ne  portée, 
^pres  les  jours  de  porter  accomp.  ', 
Le  fils  Qunus,  £7*  la  fille  'Bihlis. 

'Biblis  exemple  aux  filles  ..   ;    onner 
e  (c  ;  amour  ne  f  w 

Qùcn  lieu  Permis.  'Biblis  la  malhct  ■:. 
Efiant  par  trop  de  fon  frère  amoureufe, 
*Non  comme  feur  un  knjrer 
Elle  îayma  :  mais  elle  ncntt 
Le  feu  fecret  à  ce  commènceme 
8t  ne  penfoit  pécher  i 
'De  bienfouuent  le  i  * 

Ses  bras  autour  de  fon  col  i  ta     .. 

xAinp  efloit  fous  une  ombre  conceue 
2)amitié  jufie,  en  fon  erreur  deceue, 
Peu  à  peu  croit  le feu,  pet'.:  , .  : 

'Pour  ^oirfon  fiers  :.  z~i 

T>e  beaux  habits,  &  defire  eftre  l:  'le 
Plus  que  nulle  autre,  & 
7)e  geïle  graue,^  de rie 
Et  s' il  y  !-■■  -v.-  '■  - 


BIBLH 


9 


. 


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a-t-ûSq 


La  Bibliothèque 

Université  d'Ottawa 

Échéance 

.  5  1370 


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Date   due 


a39003 


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