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Full text of "Origine des découvertes attribuées aux modernes : où l'on démontre que nos plus célebres philosophes ont puisé la plupart de leurs connoissances dans les ouvrages des anciens : & que plusieurs vérités importantes sur la religion ont été connues des sages du paganisme"

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O'REÉECFNE 
DÉCOUVERTES 


AUX MODERNES. 


AROUM EF PR EMILE 


Oudiis ap Hubv itavôs est auvfnraobxs 16 œua 
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À TEAUGQITAI TV TÉXYNY , GAN @ya7nTèv 6s 
…. 7 4 rs » € , 
TONNDIS ETUI T@ TaV Eurporder oi jeTé TE Ta 
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TaparauBavovTes UT œUYTEAÉTLIMÉV MOTE 


aurir. GALEN. in Aphorif. 1, L. x. 


OR LCI NE 


DES 


DÉCOUVERTES 


AUTUTIRIE B'UNÉNE:S 
AUX MODERNES, 


Où lon démontre que nos plus célébres Philofophes 
ont puifé la plupart de leurs connoiffances dans les 
Ouvrages des Anciens : & que pluñeurs vérités 
importantes fur la Religion ont été connues des 
Sages du Paganifme. 


P4r M. DUTENS, de la Société Royale de Londres, 
& de l'Académie des Infcriptions & Belles-Lertres de Paris. 


SNE? COL NOR EMTEC DUIPTE T'OLNS 


confidérablement augmentée. 


TOM EXP RE MI ER 


EE 


ALP SORTIES. 


Chez la Veuve DUucHESNE, rue S. Jacques, au-deflous 


de la Fontaine S. Benoît, au Temple du Goût. 


RER RS M 


Ce mn me ce De ee ee 


1,7 PAR D IH CE © PACS Feb 08 Ge ds D 


AVEC APPROBATION, ZT FPRIVILEGE DU ROZ, 


Digitized by the Internet Archive 
in 2009 with funding from 
University of Ottawa 


http://www.archive.org/details/originedesdcou01dute 


SON EXCPELENCE 


Monsieur S. DE M. 


&cc.. &c. Ce 


J E voulois publier hautement tous 
ce que je dois à votre Proteclion gé- 
néreufe ; mais le refpect que j'ai pour 
votre volonté, m’impofe Le filence. Tel 
eft votre caractere, MONSIEUR: 
auffi ardent à faire le bien que f[or- 
gneux à le cacher, vous ne voulez 
a uif 


ÉaP I TURSE, 
recuerllir d'autre fruit de vos bienfaits 
que le plaifir fecret d’avoir fait des 
heureux. C’efl pour obéir à vos ordres 
que j’omets 1CI votre nom ; Mais après 
ce que je viens de dire, pourroit-1Ë 
étre zonoré de ceux qui ont le bon- 
hkeur de vous connoîrre ? 


Je fuis avec Le plus profond ref- 


pet, @ la plus vive reconnorffance , 


MONSIEUR, 


DE vOTRE EXCELLENCE 


Le très humble, très obéiffant 
& crès obligé ferviteur , 
L. Durens. 


A Londres , ce 15 Janvier 1766. 


Se TT à 
PRET A GE. 


J E n'ai pas befoin de faire une lon- 
gue Préface pour inftruire le Lecteur 
de l’ordre & de la difpofition que jai 
obfervés dans cet Ouvrage , & de ce 
qu'il eft néceffaire de favoir pour en 
retirer quelque utilité. La Table géné- 
rale des Chapitres & des Setions, fera 
voir d’un coup-d’œil la difpofition que 
j'ai fuivie; & l'introduction mettra le 
Lecteur au fait du but que je me fuis 
propofé. 

Je préviendrai feulement en deux 
mots que je nai rien voulu avancer 
dont je ne pufle apporter des preuves 
qui me paruflent fufhfantes pour ap- 
puyer ce que j'avançois ; ce qui ma 
fait prendre le parti de citer exacte- 
ment dans les langues originales les 
paffages des Anciens, fur lefquels j'ai 


a LV 


viij PRÉFACE. 

fondé mes affertions ; & j'ai toujours 
eu foin de rendre dans la fuite du dif- 
cours le fens exact de lAuteur que 
je cite , lorfque je n’ai pas donné la 
traduction littérale des pañlages cités. 
Ceux qui feront curieux d'examiner 
certaines chofes plus fcrupuleufement, 
feront bien aifes de trouver fous leurs 
yeux les propres termes des différents 
Auteurs raflemblés fous un même point 
de vue, & de pouvoir juger par eux- 
mêmes de la folidité de ce que l’on 
avance, fans être obligés de faire pour 
cela de grandes recherches. Faurois 
pu rapporter un plus grand nombre 
d’autorités fur plufieurs points particu- 
culiers; mais je me fuis contenté de 
choilir les principales, & d'indiquer 
les autres. J'ai cité avec la plus grande 
exactitude. On trouvera après la Pré- 
face un Catalogue des éditions parti- 


PRÉFAGE ix 
culieres des principaux Auteurs dont 
j'ai fait ufage. 

J'ofe croire que cette entreprife 
aura du moins le mérite d'être nou- 
velle dans fon genre, & dans la ma- 
niere dont elle eft exécutée ; car 
quoiqu'il y ait des ouvrages qui peu- 
vent avoir quelque chofe de commun 
avec le titre de celui-ci, il ny en a 
cependant aucun qui lui refflemble 
dans le deffein , l'ordre & la maniere 
avec laquelle il eft traité. Le Parallele 
des Anciens & des Modernes de M. 
Perrault; L'Effai du [avoir des An- 
ciens & des Modernes, par M. le 
Chevalier Temple; & la Digreffion 
fur les Anciens & les Modernes , par 
M. de Fontenelle , font plutôt de belles 
déclamations fans preuves de ce que 
l'on y foutient , que des ouvrages pro- 
pres à porter la conviétion avec eux, 


x PRÉFACE. 
Quant à Polydore Viroile, De rerum 


znventoribus , V Auteur s’eft arrêté fur 
tant de fubtilités, a omis tant de cho- 
fes importantes, & a été d’ailleurs fi 
peu exact dans fes recherches & fes 
citations, que, quoique je l’aie confulté 
quelquefois , je puis affurer qu'il ne 
m'a pas été de la moindre utilité ; de 
forte que je n'ai vu que l’ouvrage d’A/- 
meloveenr , intitulé, {nvenra Nov-An- 
tiqua, qui ait rempli fur la Médecine 
l'objet que je me fuis propofé fur tou- 
tes les autres connoiflances; mais on 
voit que cela ne fait qu'une petite par- 
tie de cette entreprife. Il y a aufli un 
autre livre de George Pafchius, De 
novis enventis , dont le titre feul fait 
voir que fon but étoit différent du 
mien, & la letture de fon ouvrage 
fufñit pour achever de le perfuader. 
Je ne dois pas pañler fous filence 


PV ÉEAICIE. sj 


un ouvrage Anglois de M. Wotton, 
publié en 1674, 1697, & en 1705, 
avec des additions , intitulé Refle- 
xrons upon ancient & modern lear- 
zing ; l'Auteur fe propofe pour but 
d'y faire l’office de médiateur entre le 
Chevalier Temple & M. Perrault, & 
penche cependant toujours en faveur 
des Modernes. Je dois dire aufli quel- 
que chofe d’un autre livre dont on 
pourroit m'accufer d’avoir ignoré l’e- 
xiftence, fi je n’en parlois pas ici; c’eft 
V'Origine ancienne de la Phyfique nou- 
velle du P. Regnault, ouvrage fans 
plan, fans méthode, fans liaifon ; 
l'Auteur cite fouvent d’une maniere 
peu exacte ou infidelle ; il avance plu- 
fieurs chofes fans les prouver ; il en 
omet plus qu'il n’en rapporte ; 1l fe 
trompe jufques dans l’expofition mé- 
me des principes des Auteurs dont il 


xi) PÉRAÉSE JAACÉE 


parle , & tronque fouvent leurs paf- 
fages pour les ramener à fon fens. 
Enfin fon livre n’eft qu'un amas in- 
forme , indigefte & très imparfait, de 
paflages mal coufus, 8 mal cités : tous 
ceux qui le connoïflent s'accordent 
unanimement à porter le même juge- 
ment. 

Enfin je crois devoir informer ici 
le Leteur de mon véritable fentiment 
fur la queftion fi long-temps agitée, 
à l'égard de la préférence que l’on doit 
donner aux Modernes ou aux Anciens. 
Il me paroït qu'il feroit autant injufte 
de ne rien louer & ne rien admirer 
qui ne fente l’antiquité , que de mé- 
prifer tout ce qui vient d'elle, & de 
n’adopter que ce que l’on tient des Mo- 
dernes. Je ne dis pas que nous devions 
accorder une foumiflion tellement 
aveugle aux premiers Philofophes, 


DORÉ FACE xii) 
qu’elle nous les fafle juger exempts 
d'erreurs , recevoir leurs fentiments 
avec une entiere docilité, confidérer 
leurs obfcurités comme des oracles 
dignes que l'on prenne tout le foin 
poñlble .pour les interprêter, & nous 
fafle ainfi négliger des recherches plus 
utiles. Non, perfonne ne doute qu'é- 
tant hommes, ils fe feront fouvenc, 
- 8 même grofliérement trompés, & 
qu'ils ont du payer ce tribut indif- 
penfable à l'humanité ; mais aufli ne 
doit-on pas fe laifler tellement empor- 
cer par l'amour de la nouveauté que, 
méprifant ce qui vient des Anciens, 
on dédaigne de s'attacher à tout ce 
qui n’eft pas de la produttion des Mo- 
dernes, & l’on refufe d'accorder fon 
fuffrage à des fentiments fur lefquels 
plufeurs fiecles fe feront écoulés. 
Si l'on pefe route chofe dans une 


XIV PRÉFACE. 


jufte balance, on conviendra que, fi 
les Anciens ont été quelquefois dans 
de grandes erreurs, ils ont aufli fou- 
vent enfeigné de grandes vérités ; 
mais il faut penfer comme Horace, 
qui recommande de ze pornt être blefjé 
de quelques défauts légers dans des ou- 
vrages qui brilient d ailleurs par de 
grandes beautés : 

Verum ubi plura nitent in carmine, non ego paucis 


Offendar maculis...... (a). 


Les Modernes ont certainement mé- 
rité beaucoup , & n'ont pas peu tra- 
vaillé à l'avancement des fciences par 
un grand nombre de découvertes in- 
génieufes; mais on ne peut nier aufli 
que les Anciens ne leur aient frayé le 
chemin dans lequel ils avancent à pré- 
fent plus facilement à grands pas. Les 


(a) Horat, ars Poet, vers 350 & 351. 


PRÉFACE. XV 


premiers ont fait plufeurs découver- 
tes auxquelles 1l a été aifé d'ajouter 
enfuite quelque chofe; & l’on peut 
dire encore à cet égard ce que Quin- 
tilien difoit 1l ya 1700 ans : L’anui- 
quiié nous a tellement inftruits par [es 
exemples G [es grands maîtres, que 
nous ne pouvions naître dans un fiecle 
plus heureux que celur que nos an- 
cêtres ont pris tant de foin d’éclai- 
rer (a). Ce feroit donc une ingrati- 
tude de refufer à nos maîtres les élo- 
ges qui leur font dus ; comme ce fe- 
roit une marque d'envie de ne pas ac- 
corder aux Modernes toutes les louan- 
ges qu'ils méritent à fi jufte vitre ; il 


(a) Tot nos præceptoribus , tot exemplis inftruxit 
antiquitas, ut poflit videri nulla forte nafcendi ætas 
felicior, quam noitra, cui docendæ priores elabo- 
raverunt. Quint. Infhturiones oratorte , libro 12, 
caput 11. 


xv) P'R'PF'A CIE 


faut rendre juftice des deux côtés, & 
ne pas donner tout à un âge, & rien 
à l’autre. 

Dans la comparaifon que lon fait 
ordinairement du mérite des Anciens 
&c des Modernes, on doit fur-tout 
diftinguer les arts & les fciences, qui 
exigent principalement une longue 
expérience & un long ufage pour être 
perfeétionnés , d'avec ceux qui dépen- 
dent uniquement du talent & du gé- 
nie. Il n’eft pas douteux que les con- 
noiflances du preimier genre, par la 
fuite des fiecles , ont été de plus en 
plus augmentées & portées prefque 
au dernier degré de perfeétion par 
les Modernes qui, à cet égard, peu- 
vent être jugés l'emporter fur les An- 
ciens ; à quoi l’art de l'imprimerie, & 
plufieurs autres découvertes n’ont ce- 
pendant pas peu contribué : on fait 

que 


PARA ETALC E. XVi) 


que les Aftronomes de nos jours en- 
tendent beaucoup mieux la nature des 
aftres, & tout le {yftême planétaire, 
qu'Hipparque, Prolomée , ou qui que 
ce foit des Anciens ; mais on doute 
qu'ils euflent été plus loin fans le fe- 
cours des télefcopes. Les Modernes 
ont perfettionné à la vérité l’art de la 
navigation; ils ont été jufqu’à décou- 
vrir de nouveaux mondes ; mais, fans 
laide de la bouflole , l'Amérique nous 
feroit encore probablement inconnue. 
Ainfi de longues obfervations , des ex- 
périences fouvent répétées, ont ame- 
né les Arts, la Botanique, l'Anato- 
mie, la Chirurgie , au degré de per- 
feétion où nous les voyons aujourd’hui: 
plufieurs fecrets de la Nature, qu'un 
âge feul n’avoit pas fufñi pour péné- 
trer , ont été dévoilés par une fuccef- 


B 


avi DPR ÉVPIA CI El 

fion de plufeurs fiecles. La morale 
même a été perfeétionnée par la reli- 
gion chrétienne; la philofophie, peu 
à peu, a pris une nouvelle face; & 
les frivolités , les queftions puériles & 
futiles de l’école en ont enfin été ban- 
nies par les efforts réitérés des la 
Ramée , des Bacon, des Gañlendi , 
des Defcartes , des Newton , des 
s'Gravefande, des Leibnitz & des 
Wolf. 

Je confens donc volontiers à accor- 
der aux Modernes tous les avantages 
que je viens de déauire 1ci; mais il 
ne faut pas non plus enlever aux An- 
ciens la part qu'ils ont à l'avancement 
de ces mêmes connoïiflances , par Îa 
peine qu'ils ont prife à nous en frayer 
le chemin. Bien plus , il ne faut pas 
coujours prendre pour des découvertes 


. : cts ol A 


PRÉFACE. xix 


des Modernes plufñeurs chofes qui ont 


- été réellement connues aux Anciens, 


ou inventées par eux, ou fur elquelles 
ils ont du moins répandu un très grand 
jour ; & 1l faut encore faire attention 
que la plupart des découvertes fi ad- 
murables & fi utiles dont notre age 
fe gloriñie, comme l'imprimerie, la 
poudre à canon, la bouflole , les té- 
lefcopes, &c, n’ont pas été la produc- 
tion de génies -philofophiques , mais 
l'effet d’un pur hafard, ou de l’expé- 
rience de quelques artifans ignorants. 
C'eft principalement afin de mettre 
dans tout fon jour cette premiere vé- 
rité de la part qu’ont les Anciens à 
nos connotffances , & meme a ce que 
les Modernes appellent découvertes , 
que jai entrepris cet Ouvrage, pour 
lequel j'ofe efpérer du Public toute 
bij 


RUN PAROE NE PACE: 
l'indulgence que peuvent mériter des 
efforts plus animés par l’amour de la 
vérité que par tout autre motif. 


Xxÿ. 


AVERTISSEMENT 
fur cette feconde Édition. 


L ES additions, faites dans cette nou. 
velle édition, confiftent principale- 
ment en un Chapitre entier fur la CAy- 
mie des Anciens ; un autre fur la Mu- 
fique , la Pernture & la Sculpture ; des 
Recherches fur les T'élefcopes & les 
Microfcopes ; fur la Perfpective ; les 
Miroirs ardents d’Archimede ; & plu. 
fieurs autres trop longues à détailler. 
J'ai ajouté aufli une Table des ma- 
uieres , que le nombre & la variété 
des fujets rendoient néceflaire ; & j'ai 
profité des confeils de mes amis, & 
des indications qui m'ont été commu 
niquées , pour rendre cet Ouvrage 
plus digne de l'accueil favorable dont 
le Public avoit honoré. 
* bi 


XxX1V 


L'HLeS RE 


Des principaux Auteurs cités dans cet 
Ouvrage , & des éditions dont où 


s’eft ferv. 


Les chiffres romains indiquent les volumes , & les 
chiffres arabes les pages. 


Abulpharace. Hiftor. Dynaîi. Il, 192. 

Achiles Tatius. 1, 250. 

Aa eruditor, 1, 45,1, çr. 

Ælianus. Var. hiftor. #rgentorati, 1713 ; 8% 
Lino G R2s2c 02120256 

Agathias. De imperio & rebus Juftiniani, 
Parif. 1660, fol. II, 54. 

Agrippa { Cornelius) Il, 82. 

Albertus mag. 1, 292. 

Alcinous. De Doctrina Platonis, ’ener. 
TS2LS 0 

Âlexander Aphrodis. Quæft. natural. 1, 153, 
292. 

Alhazen. Opera, 1572, fol. IL. 142. 

Almeloveen: 


DES AUTEURS. XXV 


ÂAlmeloveen. Inventa novantiq. Amflelod, 
664 ftnass IL 6) re 

Ammian. Marcell. Parif. 1681, fol.1,136, 
248; 270 

Ammon, In Boethium , II, 255, 

Anthemius Trallianus. ep mapad'oËoy ueyæ- 
snuæru. Cod. mf. in Bibliothecâ regia Pa- 
riféenfi , N°. 2861.11, 71, 170-176. 

Antoniana Margarit. à Gomez Pereyra. Ma- 
criti ,1749 , fol. Il, 284. 

Apollonius Rhodius. 4rgonaut. N , 187. 

Apuleius. Edit. Aldi, J’ener. 1521, 8°. HE, 
Re OS TS 7e 

Archimeaïis. Opera græc. lat. Bafileæ, 1544; 
fal2 1,210, ;72$% 31102! 

Ariftophanes.], 276,11, 157,182,183. 

Ariftoteles. Edit. Duval, Parif. 1629.2 vol. 
HAL hs oies us ro 
46, 54, 60,72,119,128,13$; 139» 
140,143, 144, 145, 150, 191, 156, 
1608168; 197: A91, 101,206, 217, 
212 232, 239 , 250, 260, 262,267, 
276 3 178,280 , 293 , 304. IH, 12, 57, 
64, 65 ; 67, 95, 98,99, 103, 195 3 


XXV} CATALOGUE 
100% LIO NLIO II T. T0 SL EG ;S.T 201 
127.5 12944129 020.171, ENSSES7e 
257, 249 249 f25411270,2008 208 
290 , 293 » 295 : 296,302, 312 336% 

Arnobius. Ï, 297. 

Aftruc. De Morbis vener. Venet. 1748 , 2 
vol. 4°. IT , 90. 

Athenæus. Lugdun , 1657, 2 vol. fol. I, 
250: 1L;49,63%2385243. 

Averroës. In Ariftot. Vener, 1552, fol. I, 
195 19È3 19: 

Auguftæ hiftor. Scriptores. IT, 54. 

Auguftinus ( San@us ). Edit. monach. bene- 
di&in. Parif. 1679, fol. 1,18,24,8$, 
216. 11,113% 214,205 ,287 12808 

Aulus Gell. Lipfiæ, 1762,2 vol. 8°. I, 188, 
1 /2:06223 2933326 

Aulus Hirtius. De bello Alexandrino. If,200.. 

Aurelius Cafliodorus. IT , 249. 

Aufonius. Epigram. II, 320. : 


B. 


Bacon ( Roger ). Opus majus, edit. Doétoris 
Jebb. Lond. 1733, fol. I], 140,145. 


DES AUTEURS. XxvÏ} 


Barra ( Pierre ). Hippocrate, de la circulation 
du fang, &c. Lyon, 1682,1in12, 1,6. 

Barrow. IL , 192. 

Bartholin ( Thomas ). Epift. med. IT, 42. 

Bécearta. LL) 277. 

Berkeley. Treatife concerning the principles 
of human Knowledge. Lond. 1634, 8°. 
F 60: 

Bernard. Mémoire fur la Chirurgie des an- 
ciens. Il, 20. 

Biblia. I ,98, 304.11, 43 ,44,46,48,58, 
68, 845:1035 197 > 1515289:312. 

Bibliotheca Patr. Lugd. 1677. 27 vol. fol. 
Il, 372, 

Bochart. Phaleg. & Chanaan. IT, 43. 

Boerhaave. Eléments de Chymie , par Ala- 
HA, 97. Ils 46, 47, 702 

Boethius, Il, 79. 

Bontekoe. De vitæ humanæ fanitate. IT, ç. 

Borrichius. De fapient. Egyprior. IL, 46 » 
76. 

Brucker. Hift. crit.philofoph. Auguft. Vindel. 
1743, 5 vol. 4°. & Hiftor. de Ideis , 1bid. 


XxV11) CATALOGUE 


1723,8°.1,23,24,55, 86, 97, 98, 
134, 135. | 

Buddæus. Compend. hiftor. philof. Hale; 
1732 3.8 12806: 

Buffon. Ï , 117,118, 120. 

Burmann. Düiffertatio de Jove defcenfore , 
Trajecti ad Rhen. 1700 , 4°. 1, 300. 


e 


Cæfalpinus. Quæftion. peripatetic. & medic 
Veneto, 4" 25,24, 105. 

Czæfaris Commentar. I , 283. 

Camerarius. De fexu plantar. IT, 121. 

Cartefius. Edit. Blaeu, Amflel. 1692. 1,123 
0.106, 201,278. 1:77 265. 

Caflint.’1, 282: 

Celfus. IT, 68. 

Cenforinus. De die natal, 1763, 89. F, 
169:, 272.11; 188: 

Chalcidius. 1,172, 250. 

Châtelet (Mad. du }. Inftitutions de Phy- 
fique, E, 84. 


DES AUTEURS. XXIX 


Cicero. Edit. Elzev. 1, 24, 38,241, 47, 
60, 67: 895 100513651130", 24035232 , 
216, 250h-2$k 270012034298, 
27952005 310 

Ghudianus. Lou. 11,66, 123,246. 

Clemens Alexandr. Parif. 1641, fol.I, 47; 
113,206 ,162.11,48,184,301. 

Clericus (Daniel). Hift. medic. IT, 96. 

Clericus ( Joannes). Oper. philof. I, 36. 

Colonne. Principes de la nature. [, 194. 

Columella. IT, 81. 

: Commentarii S. R. Gottingenfis , T. I. ann. 
1751.Gotting. 1752, 4 Vol. 4°. 

Corringius. De fapientià Egyptior. IL, sr. 

Copernic. I, 175 , 205. 

Cudworth. Syftéma intelleét. II, 302. 


D. 


Dickinfon. Phyfica vetus & vera. Lond. 
1722-4218. 1127 

Dictionnaire de Bayle. Amflerd. 1740, 4 
vol. fol. 1, 8ç5 ,191. IL, 286. 

Dio Caflius. Hift. Rom. Hannovie , 1606, fol. 
X, 295 3300. Il, 75,83,231. 


XXX CATALOGUE 

Diodorus .Siculus. Hannovie , 1604. Edir, 
Wechel. 2 vol. fol. 1,135, 236. I, 45, 
481, SG DL ST SN SBSTSLANART 2 T4 

Diogenes Laertius. Amflelod. 1692 , 2 vol. 

4%. Ji8, rt Des HAN 24 SALAC 
13,53 8995189, 290,196; 203 207, 
2E$,207,:232,0246 526 IIS 261%,5272 
274,276. 1k80!,:18% 1189 190210, 

Diophantes. Quæft. arifthmet. IT, 192. 

Diofcorides. Apud Hæred. Wechel. 1598, 
6 9,.60./62: 68, 


E; 


Edward (Bernard). Epift. ad Hutington, 
Lond. 1704, 8°. I, 137. 

Encyclopédie. I, 238, 276. !1, 76. 

Epicharmus. 1, 47. 

Eifchenbac. De Poefi Orphica.. Noribers. 
1702, 4% 

Eufebius. Præparat. Evangel. Parif. fol.I, 
6020712135: 231:202,.278: 1laitor, 
306. 


DES AUTEURS. XXX} 


Euftathius. Comment. in Homer. Rome, 
1542, 4 vol. fol. I, 300. IL, 81, 179. 


F2 


Fabricius. Biblioth. græc. 14 vol. 1705-28, 
ARS 36 202288 cr 

Falconet. Traité des Fievres, 1723. IL, 6. 

Fénelon. Vie des Philofophes. I, 141. 

Flavius Vopifcus. In hiftor. Auguft. fcripr. 
Lupd. Bat. 1671, 2 vol. 8°. IL, 54,55, 
S7- 

Formey, Recherches fur les éléments de La 
matiere , in 12. |, 49. 

Freind. Hiftor. medic. II , 26. 

Frerer. I, 105, 556. 


IS 


LG. 


Galeni opera. Edit. Junt. Vener. 1576, 7 
voléfol. 141245 179 3133! ,.230%1246 
262,104. 192. 12, 24,28, 583 59, 
61, 62,66 ,68 , 88,96, 177; 3 5 6e 


XXxi) CATALOGUE 


Galilée. Difcorfi è dimoftrazioni mathemas 
tiche. Leyde. Elzev. 1638, 49°. 1, 146 , 
172: 

Gaflendi. Lugdun. 1658 ,6 vol. fol. 1, 24, 
49, 194,292. 

Gefner (Jo. Mathias). “Yuxa} Yrmoupdris. 
Gotting. 1737, 4°. N,108 , 110. 

Grævius. De Philofoph. veterum. F, 128. 

Gtruter. Fax artium liberali. II, 82. 

Greaves , Profeffor Oxonienfis. De defcrip- 
tione pyramid.Egypt.mifcellaneous works. 
on a737.)2Nol SIL 75: 

Gregori. Elementa aftron. phyfic. & geo- 
metr. Î; 106. 172. 


EE 


Haller. Method. ftud. med. IT, 21. 
Harvey. De generat. animal. I, 24. Il, 97, 
Havercamp. De numifmat. contorniat, I, 
146. 
Heïfter (Laurent). An circulus:fanguinis 
veteribus 


k 


Des AUTEURS. XXX11) 

veteribus incoonitus fuit. He/mflaiii 
1 2 0 D | TR 

Heliodorus. Ethiopica. Il, 53. 

Hermias. Irifio Gentilium. I, 6o, 87. 

Herodotus. Edit. H. Steph. 1591, fol, II, 
8 6OSLIZ. 

Herwartus.Ethnicæ theolooiæ myfteria.16 2 3. 
L, 294. 

Hefodus. Patayii ,1747 , 8°. 11, 301. 

Hefychius. Lexicon græc. I, 191. 


] 


Hieroclcs. In carm. aur. Pythag. Canrabris. 
170004, ZGT, 

Idem. De providentia , &c. 

Hippocrates Cous. Edit. Linden. Leyde. 
260%, 2v0l. 8%: 1, 118-119 20, LE, 
1785 9%10,19, 6r,69 67 Ras 
97: 104% 107. MIO SATL , 1194 327 

Hiftoire de l’Académie , IL, 213. 

Hiftoire de l’Académie des Infcriptions , I, 
216. 

Homerus. Il, 58. 

Horatiusnt, 135-113 238 ;250. 

Hotringer.Bibliographia Phyfco-facra. If, 5. 

Huetiana. IL, 250. 


XXXIV CATALOGVE 
Hyginus. Fabulæ. I, 81. 


J. 


Jamblicus. De Myft. Esypt. & de vit Pytha- 
vor. 473 107$ 172 0224 11 190 
22202374 2005 208 3e 

Joannes Antiochenus. II, 83. 

Joannes Saresburienfis. II, 75. 

Ifdori Hifpalenfis. 1685.1, 295.11, 75. 

Introduzione allo ftudio della Religione del 
PGerdil. Tarn, "276541, 89504, 

Julius Africanus. II, 85. 

Julius Maternus Firmicus. De Mathefi. IT. 


4 


K. 
Kepler. Harmonices mundi, | 
Lintyz. 1619. fol. | 
Idem. De AE Augsbourpg, fige, 258. 
1619, 4 : 
Jdem. Epitome aftron. Franc- 
fort,163$ ,inr2. 


DES AUTEURS XXXV 


Kircher. Ars magna lucis & 
umbræ / om 1646, fol. 1, 294. 


Tdem. Opus Magneticum. I ,166. 


Kurella. Fafcicul. differt.medic. Berlin 1754, 
8°..11; 26: 


Ee 


Lactantius. Parif. 1748, 2 vol. 4°.1, 260, 
263-1021, 183, 218. 4, à 

Lambasccius. Prodrom hift. litterariæ. Fran- 
cofares s710 3 fol L,,32 3 15 all 170. 

Lébaitz 446,82: 100 225. Ul:, 160; 
REC 

Lemery. 1, 277. 

Lindanus. Hippocrates de circulatione fan- 
guinis. Leyde,1650. 11, 6. 

LinnϾus. Philofophia Botanica. Wienne , 
ms Du 120. 

Locke. Sur l’Entendement humain. Lond. 
1706 , fol. 1, 20. 

Longinus. De Sublimi. Edit, Pearce. I, x1. 

Lucanus. 11,235. 


XXXV) C'A'T'AIL O G'U'E 

Lucianus. Parif. 1615 , fol. I, 250,268. II, 

+ 'TSO , 177. 

Lucretius. In ufum Delphini, Parif. 1680, 
4%: 1,69, 70;7n5725107 135; 141, 
1485 168518501048 TON STOCLNAS ; 
260,268, 290, 303. Il, 297. 


M. 


Maclaurin. Découvertes philofophiques de 
Newton ,4°.1, 172. 

Macrobius. Patavii , 1736 ,8°. 1,169 ,172, 
214, 260. IL, 99,188, 246 , 285. 

Mairan. De l’Aurore boréale. I, 276. 

Mallebranche. 1,31, 51,148. 

Manget. Bibliorheque chy- 
mique, 1152776377: 

Tdem.'Theatrum Anatom. \ 

Manilius. 1,180, 302. IT, 40. 

Marcus. Græcus, Cod. Mf. in Biblioth. 
Regiâ Parif. Il, 86. 

Marpure. Hift. mufic. Berlin, 1759, 42. ÏE, 
2515 258. 

Marfilius Ficinus. Opera. Parif.1641, 2 voi. 
fol. I ,95 , 96,115. 


DES AUTEURS. XXXVIÿ 


Martialis. Il, 77 , 79, 219. 

Martianus Capella. Satyric. Edit. Grotii. 
Ecydentioo Gt, 2048, 247526r;, 
26 

Mathiolus. In Diofcoridem. II, 183. 

Maximus Tyrius. Zugduni, 1630, SE, 
278: 11/5327: 

Mémoires de l’Académie de BR JESES 

—— Des Infcriptions. [, ro$ ,156. IL, 248, 

Des Sciences li276 277 282. 

Menagius. In D. Laertium.I, 252. 

Mefué. Vener. 1581. IL, 88. 

Metius ( Adrianus). Geometr. praétic. IF, 
I1GE. 

Müifcellanea. Naturæ Curiofor. IT, 127. 

Montucla. Hifloire des Mathémat. Parif. 
17553 2%ol 4%1,167, \282N 0 ;4809, 
190. 

Morell. Médailles des douze Empereurs Ro- 
mains. 3 T.fol. Amflel. 1752. IL, 246, 

Morhoff. 1,77, 78. 

Mufchenbroeck. Effais de Phyfique. Leyde. 
2 vol. 4°. IT, 294. 

G ii} 


XXX VII) CATALOGUE 
Maofici antiqui. ‘Edit. Meibomu , 4°. If, 
241, 242,295 


N. 


Needham. Ob'ervations Microfcopiques. 
Parif 1750;in124 03020 2.12#5M24, 
1241, 4298 

Nemefus In bibliotheca Patrum. 1, 24. 

Nepos{(-Coënelias.); 1j 15543238. 

Newton. Principia, Amflel 1723 , 4°. 1,197. 

Idem. Ovptica. Edit. Patravina. 

Nicander. Edit. Colon.1s 30 , 4°. IT, 111. 

Nicomachus l 36,1r72400, 188,3288,, 
DAT 

Nues. Algebra, Hifpanicè. Anewerp.15 67: 


IT, 194. 
oO 


Oracula Chaldæorum. I, 33. 

Origenes. Philofophumena. Parif.1733 , fol. 
RS IN IAE OZ, O2: 2175 2208 
2,2, 27252304 


Orpheus. Edit. Lipfenf. 89.11, 184, 301. 


DES AUTEURS. XXXIX 


Oughtrede. Clavis arithmetica. Oxford, 
1667 8°. 11, 193: 
Ovidius. I, 297 , 298. II. 248. 


P. 


Pancirole. De rebus deperditis , latinè Arr- 
berg. 1612, 2 vol. 8°. Et Iralicè , J’ener, 
1612 4%. L292. 

Pappus. Colleét. mathemat. Bonon. 1660, 
fol. 1, -191:,240. 

Pardies. De la connoiffance des bêtes. 4m/f£. 
ya cam. ll 290: 

Patin (Carolus ). Circulationem veteribus 
fuiffe cognitam. Patav.168 ,4°. 1], 6. 

Patin (Guy). Lettres. I ,60, 353. 

Paul Lucas. Itinerarium. Il, 57. 

Paufanias. Edit. Wechel, NW, 230. 

Pemberton. Introduction à la Philofophie de 
Newton. I ,162. 

Pererius. De, rerum naturalium principiis. 
Parif,1679 ,4°.1, 145. 

Petronius Arbiter. Satyxic. Blaeu , 1669, 82. 
1, 73 > 80. 


xl CATALOoGUS=s 


Petrus Damianus. Epift. I, 75. 

. Philo Judæus. Francofurti, 1691, fol. I , 48. 

Philoponus. , 20, 202. IN ,:190. 

Philoftrate. Lipfie , 1709. 11,84,8$,150: 
244. 

Photius. Bibliotheca. Rothomagi , 1653. 15 0 
308. 

Plato. Edit. Serran, 1578, 3 vol. fol. I,27, 
29, 40, 41, 49, 673 9$ 127» 128, 
P29 M7 56 HSSISA7LS F96 5 197198: 
foo vai 2602 P2CaINb 627. 
2090206 M3 rr1%628 68 698 TI24 
140 SE88., 2371320083 2433 240128, 
28212924 2930208, 03: 306 309% 
316,318 ,320, 323324, 325; 3513 
332, 3335334 335> 336. 

Plautus. 1, 294. 

Plinius. Hiftor. natur. 1553, fol. 1, 167; 
LAVE SN DATE TO 276 203.3 
287: 203; 205, 2962M098 30011551, 
535 56, 58,150, 60, 64,65, 66,70, 
FUEL 70 s EPA HAO ASS TI 07 MAT, 
212, 213420732206 226, 229% 2313 
232, 233223$ 22495220 


DES AUTEURS. xl; 


Plotinus. Gr. lat. Bafilee , 1580 , foi. 1,97, 
1142136231." 0328. 

Plutarchus. Gr. lat. Edit. Xyland. Franco- 
furti, 1620, 2 vol. fol. 1, 21, 6o, 67, 
97, 109 SMÉPR.< 113 F114 "180, VF26, 
TOURS ESS RAS T4, 160 162, 
163 164167 1721079, 1013182 3 103, 
194 ; 196. 203,206 ,:207j 208 22IE 3 
PA BTS ; 217.4 120 ,5 22412300) 
RAD PASS 201620293254. 2023 
264: 272,278 3 20012831) 207 2913 
297 308-111: 1423.95 102 ,-1LI, 140, 
ISO T0 7 T9OMZ IN 21/ 52225284, 2/4; 
283,254, 293, 299 3 303 ; 322. 

Pollux. Onomalticon gr. lat. 4mflelod. 1706 , 
2 vol. fol. I[ , 13, 244, 254. 

Polybius. 1, 135. 

Pomponius Mela. IT, 212,213. 

Porphyrius. I. 47. IT, 285. 

Proclus. In Fimæum , græc, Pafileæ, 1534, 
fOl,53: 214, 232, 249) 2N0FÈ1,138, 
67 NM00, 191,209. 310: 

Idem. In Parmenidem. Cod. mf. in Biblioth- 
Harleianâ , N°. $671, fol. 1,35. 


xlij CATALOGUE 

Procopius. Il, 70. 

Pfellus. Expofit. dogmat. Chaldæot. I, 32; 
GI: 

Prolomæus. Almageft. &c. Bafilee, 1541» 
fol. Le 180 10243 2247. 


Q. 


Quæftion. Alnetan. Huetii. If, 308. 
Quingilianus. I], 236. 


R. 


Rhodiginus. Lectiones antiq. Francofurti ; 
1666 , fol.:l 187. 

Riccioli. Almageft. IT, 186. 

Roffi. Admiranda veter. fcriptor. veftigia. 
Host: 

Ruffus Ephefñus, De Partibus corp. human. 
Lond. 1726 ,4%,.11 3:27. 

Ruyfch ( Frédéric). Anatom. chirurg. 4 
Hlér dia Al 436: 


S, 
Salluft, Crifp. EI, 136. 


DES AUTEURS. xliüj 


Salluftius. Sophifta de Diis & Mundo. Opuf. 
mythol. T. Gale. Ami. 1688 , 89.11, 324. 

Salmafius. In Solinum. 1, 60, 80. 

Scheuzer. Phyfique facrée. IH, $. 

Scipio Aquilianus. De placitis Philofophor. 
Ed. Bruckeri. Lipfie, 1756 ,4°. 1,93. 

Scotus ( Dunfius ). 1, 152. 

Seneca. Edit. Plantini. Antwerp. 1615 , fol. 
P5t272 1885 2355 -15052386 "242% 2067, 
2741, 2705 2ARS208 3084 RS 135 60% 
64,90, 113,217, 223,247 ; 312 3 397- 

« Sennert. IF, 48. 

Server (Michel). IN ,1$, 25. 

Sextus Empericus. Gr. lat. Lipfie , 1718 , fol. 
I1,23,54,55>56,5864,69,72,73; 
745.755 705 77 >8S » 87, 915132:138 ; 

143,110 Il, 141; 291. 

s Gravefande. Introdu&t. à la Philofoph. de 
Newton. Parif. 1747. 1,141. 

Simplicius. In Ariftotel. 
de Animi. 


In Phyfcos. 1514531935: 20 
De Caœlo.' (rsetis , 324° 
In Epictetum. 


xliv CaTAtocuez 


Stanley. Hiftory of Philofophy. Lond. 1743: 
F122%0724 

Steuchus Eugubinus. De perenni Philofo- 
phia. Bafileæ , 1542, 8°, 1, 312, 335e 

Stillingfleet. Origines facræ. IT, 335. 

Stobœus. Eclogæ Phyficæ , gr. lat. Aurelie 
Allobrogum ; 1609 , fol. 1, 86,98 ,128, 
131 x 1415143 .:282:-:104%! F0, 20, 
207.5/120%#2405021,+ 2627 262, 264% 
2675273, 274. IL, 299. 

Strabo. Gr. lat. Amftelod. :707, 2 vol. fol. 
L,:138,22:6.11,46,:126; 187 ,211,,212, 
214, 216247. 

Suetonius. Il, 231,23$ , 246. 

Suidas. Lexicon gr. lat. Cantabrig. 170$ , % 
voLfolk:L..2 57 46: 7e 


pa 


Tachenius ( Otto). Hippocrates Chymic: 
16638. Il,61,62. | 
Tertulianus. Parif. 1616 , fol. Il, 58,114; 
24% | 
Themiftius. I, 20. IL, 84 


DES AUTEURS. xlv 

Theon Smyrnæus. Cod. mf. I, 190, 191, 
192, 239 

Theophraftus. Gr.lat. Lugd. Bar. 1619, fol. 
H,e56V 24; 132: 

Thomas Aquin.I,195.1I , 280. 

Titus Livius. [,297, 299. 

Tobias Andreas, Epift. 1682. I, sr. 

Tournefort. Eléments de Botanique. Parif. 
1694, 3 vol. 8°. IH, 122. 

Tranfactions Philof. II, $ , 137. 

Tzetzès. Chiliad, Il, 71, 166, 167, 182, 
2, 252 


V. 


Vaillant. De Struéturâ florum. Lugd. Batay. 
1720, 4% Mr 

Valerius Flaccus. II, 82. 

Valerius Maxim. Lugd. Batay. 1655 ,89°.1, 
300. Il ,190. 

Varro.l, 297 :298.1l,67. 244 

Vereres Mathematici. Edit. Thevenot. Parif: 
1693 , fol.Ï , 264. 11,85. 

Viroilius. I, 151. IL, Sr, 


xlv] CATALOGUE 

Vitellio. Tepi OTTIMNS , five de naturà visûüs. 
Noribero. 1$5$1, fol. Il, 176. 

Vitruvius. Edit, Elzev. 4mnftclod. 1649 , fol 
L 1161, 214, 240811150085, 6), 
80, 150.5 4697211901. 2108)2265:225 3 
SAS: 

Voyage de l'Amérique, par Champlain. IX, 
82. 

Voflius. Variæ obfervationes 

De Origine Idololatriæ, 


De Viribus Rythmi. 
W. 


Wallis. Edit. 1699. 1, 172: II, 158, 161, 
192: 

Walterus (Godofredus ). Sepulchra eleatica, 
1,98. 

Warlitz. De Valetudine Senum.IT, 5. 

Winkelmann. Remarques fur l’Hiftoire de 
PArts4,. disait 

Witlius. Mifcellanea facra. IT, 5. 

Wolfius. Edit Genevenfis , 1747 , s vol. 4°, 

Wotton. Réflexions on ancient, and mo- 
dern learning. 8°. 1694. II, 15. 


DES AUTEURS. xlvi} 


7; 


Zimmerman. De l'Expérience. Parif. 3 vol. 
in 12. 


Zonaras. Annales. Venetiis, 1729, 2 vol. 
fol, 1L,, 178. L 

Zozime. De Panoplis. Cod; mf. In Biblio- 
checä Regiâ Parif. mepi dpyatur | à taire. 
IL, 65. 


EE D Cm 
T'A'BIL'E 


DES, DEVIS O0 NS 


PREMIERE .PAR ELLE, 


Contenant l’Introduëtion & les fentiments de 
Defcartes , Mallebranche, Locke, &c. fur 
les Idées, l'Art de penfer ; les Qualires 
fenfibles. 


Ivrronucrion. 

CHAPITRE I. Méthode de Defcartes, & 
fa Logique. Principes de Locke. 

CHAP. II. Idées innées de Defcartes, de 
Leibnitz, tirées de Platon, Héraclite, 
Pythagore, & des Chaldéens. Syftème de 
Mallebranche,puifé dans la même fource, 
& dans Sr. Auguftin. 


CHAP. IL, Des qualités fenfbles. 
SECONDE 


DES DIVISIONS. xlix 


SECONDE PARTIE; 


Contenant les Syflémes de Leibnitz , de 
Buffon, Néedham , & les Vérités concer= 
nant la Phyfique générale & l Aflronomie. 


CHAP. I. Syftème de Leibniz. 

CHAP. IT. Nature animée. Comparaifon du 
Syftème de M. de Buffon avec celui d’A- 
naxagore , d'Empedocle , & de quelques 
autres Anciens. 

CHAP.IIL. Nature active & animée. Syftèrne 
de Néedham. 

CHAP. IV. Philofophie corpufculaire , & 
divifibilité de la matiere à l'infini. 

CHAP. V. Du mouvement; de l'accéléras 
tion du mouvement; de la pefanteur ou 
de la chüte des corps graves. 

CHAP. VI. Pefanteur univerfelle , force 
centrifuge & centripete. Loix des mou- 
vements des Planetes, fuivant leur dif- 
tance du centre commun. 

CHAP. VIL Voie lactée ; fyftèmes folaires ; 
ou pluralité des Mondes ; Satellites , Tour: 


billons. 
d 


1 TABLE 
CHAP. VII. De la Lumiere & des Couù- 


leurs, 

CHAP. IX. Syftème de Copernic ; mouve- 
ment de la terre autour du Soleil; Anti-, 
podes. 

CHAP. X. Des Télefcopes. 

CHAP. XI. Révolution des Planctes fur 
elles-mèmes. 

CHAP. XII. Des Cometes. 

CHAP. XII. De la Lune. 

CHAP. XIV. De l'Ether; de l'Air, de fa 
pefanteur & de fon élafticité. 
CHAP. XV. Du Tonnere & des tremble- 
ments de terre ; de la vertu magnétique ; 
du flux & reflux ; de léleétricité ; de la 

fource des Fleuves. 


TROISIEME PARTIE, 


Concernant la Médecine, l’Anatomie, La 
Chirurgie , la Chymie, la Génération , le 
fexe des Plantes , les Vibrations du Pen- 
dule , la Réfraëlion de la Lumiere , la Perf- 

‘‘vecive, la Quadrature du Cercle, les Mi- 


DES DIVISIONS. ft 


roirs ardents , les Découvertes particulieres 
de outlques Anciens, la Méchanique, la 


Scuipture , la Peinture, la Mufique. 


CHAP. I. Delacirculation du Sang.& des 
Trompes de Fallope. 

CHAP. Il. De la Chirurgie des Anciens. 

CHAP. I. De la Chymie des Anciens. 

CHAP. IV. De la Génération par les Œufs, 
& des Animalcules. 

CHAP. V. Syftème fexuel des Plantes. 

CHAP. VI. Ifochronifme des vibrations du 
Pendule ; de la Réfraction de lalumiere, 
& de la Réfraction aftronomique. Gran- 
deut des Aftres. Perfpective. 

CHAP. VIT. Quadrature du Cercle. 

CHAP. VIII. Miroirs ardents d’Archimede., 

CHAP. IX. De plufeurs découvertes des. 
Anciens dans les Mathématiques , l’Af- 
tronomie , &cc. 

CHAP. X. D'’Archimede ; de la Méchani- 
que des Anciens , & de leur Architecture 3, 
des Microfccpes,, &c. 

CHAP. XI. De quelques particularités fu 


di 


lij F'ABEr. 


la Sculpture & la Peinture ; & l'origine 


de la Muñque. 


QUATRIEME PARTIE, 


De Dieu; de l’Ame ; du Temps ; de l’Ef- 
pace ; de la formation du Monde ,& de la 
création de la Matiere. Optimifme ; ori- 
gine du Mal ; Péché originel. Conclufion. 


CHAP. I. De Dieu. 

CHAP. II De l’Ame. 

CHAP. II. Du Temps & de l'Efpace. 

CHAP. IV. De Îa création du Monde & 
de la Matiere. 

CHAP. V. Syfême de Eeibnitz fur lOp. 
timifme & l'origine du Mal. 

CHAP. VI. Péché originel connu des An- 
ciens, 

Conclufion & récapitulation de tout FOu- 
vrages | 


Fin de la Table. 


CORRECTIONS ET ADDITIONS 
ESSENTIELLES, 


Tome I. 


P AGE 33, li. 18 , rooms , Lifez, mayraus, 
Page 35, lg. 8,zavroius, Lif. mavroiu. “ 
Ibid à lg. 13, 7700 æI A lif, rumsSes, 

Hhid,  lig. 14,74, if. zip 

Ibid, lig. 13 , amas, lf. m4. 

Page 36, lig. 19 , ra dla, ajoutez, ravre. 

Page 113, lig. 13, koQmanue , lof. tk0Q ane, 

Page 144, à la fin du chapitre des Cometes, ajoutez: 
Er pour appuyer cette aflertion du témoignage d'un 
des plus habiles Aftronomes de ce fiecle, M. de la 
Lande dit-fui-même qu'on ne peut rien ajouter à 
ce que Séneque à dit fur la nature de ces pla 
netes (1). 

Note. 

(1) Obfervation de M. de la Lande fur Pline, à 
a fin de la traduction de cet Auteur, en François, 
Paris, 1771, 1 vol. pag. 382, fol. 2. 

Page 249, Uig. pénule, nüu, lif. oe. 

Tome II. 


Page 16, lig. 22, Ronburghe, lif. Roxburghe. 
Page 18, lig. 10, cos, Lif. os. 

Page 19, lig. 6, continenfa quæ, Lif. continens aquæ, 
Page 10, lig. 1$,tatnm, if. tantum. 

dbid,  Lig,17,fit, dif. fit 


Hv CrhOR RE CTI OAN:S 

Page 26, lig. 12, Rurella, if: Kurella. 

Page 17, à la fin de la note, ajoutez , qui cite ces 

paflages de différents Auteurs : 
ahmSS œuuvés TE À) ryvaurVes | Tès ps ThhoTipO TES à 
mnoisrépo TE dud'ois. Hippocr. 
Th pirpey Ty d'ixoxmo. Praxagoras & Philotimus, 
spray sepaias. Dioclès Caryftius. 
dr mexrére, Eudemus. 
armoGuris , exQious Ts érps. Pollux, Oribafius, 
rhs Üstuas Tus duzpous. Ariftot. 
Sans parler d’Aëcius & d’Avicenne , qui ont même 
énoncé les fonctions de ces trompes. 

Page $1, lig. s , flreort, lif, reflort. 

Page 99, à la fin de la note (1), ajoutez: Du refte 
voyez dans Manger, Théatr. anatom. L. I, 
part. 2, chap. 3, pag. 124 & fuiv. les idées qu’on 
a eues de toute antiquité fur Ha génération par les 
œufs. Ce qu'il rapporte eft digne d’étre tu. 

Page 153, à la fin de la Perfpe@tive , ajoutez : Arif- 

tote a été le premier qui ait propofé le problème 
touchant fa rondeur de l’image du foleil , formée 
par les rayons qui paflent par un trou quarré où 
triangulaire. Vers le milieu du 15° fiecle, Marolles 
avoir dir à ce fujet que le trou quarré efl le fommes 
de deux cônes de lumiere , dont l'un a le foleil pour 
bafè, & l'autre l'image réfléchie. Là-deflus M. de 
Montucla attribue à Marolles tout l'honneur de la 
fotution de ce problême , autrefois, dit-il, pro- 
polé, à la vérité, par Ariftote, mais dont cet an= 


É TVA D DITION & h 


cien Philofophe avoit mal rendu compte, f:lon 
Ton ordinaire. C'eft avec regret que je me trouve 
obligé de relever quelques méprifes aflez confidé- 
tables dans lefquelles eft tombé M. de Montucla, 
dont je refpecte d’ailleurs les connoïflances & le 
jugement. Premiérement, par fa maniere de fap- 
porter Le problème d’Ariftote, il paroït que M. de 
Montucla, non-feulement n’avoit pas confulté le 
texte grec, mais n’avoit pas même fait attention 
à la traduction latine qui l'accompagne , en forte 
que j'ai peine à concevoir d'ou il a tiré ce pro- 
bléme d’Ariftote, tel qu’il le produit, & encore 
moins où il a trouvé la folution obfcure qu'il at- 
tribue à ce Philofophe. La queftion que fe fair. 
Ariftote eft celle-ci : Pourquoi les rayons du foleil, 
en paflant par un trou quarré, ne forment pas une 
figure rectiligne ? Er M, de Montucla, au lieu de 
ceci, lui fait fubftituer une queftion tout-à-fait 
différente, relativement à une éclipfe partieile du 
foleil: Pourquot fes rayons , en paflant par un trou 
guarré , donnent la figure exaile de la partie de fon 
difque, qui n’eff pas encore obfcurcie ? Or iln’ya 
pas un mot de tout cela dans Ariftote. M. de Mon- 
tucla avance enfuite que les Philofophes, ayant 
défefpéré de pouvoir donner la folution de ce pro- 
blême, s’étoient reftreints à dire avec Ariftote, que 
da lumiere [e réfléchiffoit naturellement en rond , ou 
prenoit la forme de l'affre de la lumiere ,auffitôt qu'elle 
avoit furmonté les obflacles qui s'eppofoient à fon 


1j CORRECTIONS ET ADDITIONS. 

palage. Et c’eft encore ce dont Ariftote ne dit pas 
un mot. Ce grand Philofophe donne au contraire 
deux folutions de fon problème , dont la premiere 
eft le fondement de celle que l’on appelle mal-à- 
propos la découverte de Marolles. Afin de mettre 
le Lecteur en état de décider fi j'ai relevé à tort 
M. de Montucla, voici une traduétion littérale du 
paflage d’Ariftote, qui contient la premiere folu- 
tion du Problème. Pourquoi le foleil, paffant par 
un trou quarré , ne prend point une forme reéliligne 
mais orbiculaire , comme lorfqu’il luit à travers une 
grille ? Seroit.ce parceque la réflexion de l'image fe 
fait par un cône dont la bafe eff dans une forme 
ronde (1)? Ceci peut fervir à confirmer ce que 
j'ai toujours avancé, que l’on rend rarement juf- 
tice aux Anciens, foit parcequ'on ñéglige de les 
connoître, ou faute de les entendre. Dans ce paf- 
fage, par exemple , la verfion latine eft incorrecte 
& ambigue. Le mot xäws s’y trouvant rendu par 
turbo , ce qui répand de la confufion fur Le fens de 
l’Auteur, & eftropie tout-a-fait fon idée. 


(1) Ariftot. Problem. 15. Seét. $. p. 173. Aix ri & 
gaues din Tov rerperhepey dxor , x evbirypeuue mois Th 
qhuare, dE xxAoS, ojos Ey Tals prVtrn 3 à 67 4 ras 
éVeor tunlaris xvos st 3 T8 OE «dv xüxAoS ÿ Buris, 
Page 173, lig. 16, yorncomer , lif. voir 
Page 22s He ne Eee ICS à 
Ibid, lig. 22, rubefcunt, Zif. hebefcunt, 

Ibid, lie, 23, fardus, /f. furdus. 
RECHERCHÈS 


RECHERCHES 


1 SUR 
L'ORIGINE DES DÉCOUVERTES 
ATÉTRETIBIUMELENS 
AUX MODERNES. 
PREMIERE PARTIE, 
GCrOPNTRENNEAENIFTE 


L'INTRODUCTION ET LES SENTIMENTS DE 
Descartes, MaALLEBRANCHE , Locke, 
&c. fur les Idées, l'Art de penfer, les 
Qualités fenfibles. 


Tome I. À 


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< 1490) VA M a s£ | 


En ne nets ne one Eee 
PNTROD'UCTION. 


I. L E s hommes font fouvent extrèmes dans 
leurs pañlions, & encore plus dans leurs opi 
nions ; ils paflent fubirement de l'amour à la 
haine , de la louange au blâme à Pégard des 
mèmes objets, & le plus fouvent fans pou- 
voir fe rendre compte à eux-mêmes des mo- 
tifs qui les déterminent à ces grands change- 
ments. 

2. Le fujet, que j'entreprends de traiter, 
fournit une preuve frappante de cette vérité. 
Pendant deux mille ans , les philofophes an- 
ciens ont été en poffeflion de l’eftime géné- 
rale & quelquefois aveugle des hommes ; 
c’étoient des oracles que l’on écoutoit avec 
la plus grande vénération, & dont on refpec- 
toit Les obfcurités mêmes, que l’on regardoit 
comme des fanctuaires facrés, où il n’étoit 
pas donné à tous les efprits de pouvoir péné- 
trer : un épfe dixir de Pythagore, d’Ariftote, 
ou de quelque autre grand philofophe fufti- 
foit pour trancher les plus fortes difficultés ; 
le vulgaire des favants baifloit la tère & s’en 
contentoit. On s’en tenoit là, & ces difpo- 


NET 4 


Inconftance 
des hommes 
dans leursju- 
gements. 


Révolu- 
tion dans les 
fciences. 


4 IN TR:ODUCEIO:N. 


fitions fi foumifes n’étoient guere propres à 
avancer les progrèsdenosconnoiffances. Aufli 
les beaux génies, qui ont été fi bien récom- 
penfes de leurs travaux, par le titre à jamais 
glorieux de reftaurateurs des fciences, fenti- 
rent-ils bien la dureté d’un tel efclavage. Le 
peuple philofophe tenta de fecouer le joug 
d'Ariftote , à peu près dans le temps que le 
peuple chrétien commençoit à fe lafler de 
celui de Rome : l'effort de Pefprit humain 
vers fa liberté, devint ainfi général ; & il 
arriva alors ce qui doit arriver dans toutes 
les entreprifes des hommes , on ne marqua 
pas affez juftement les limites où 1l étoit à 
propos de s'arrêter , on les franchit des deux 
côtés. Le prétexte de fe délivrer de la fervi- 
tude d’Ariftore, & des autres grands maîtres, 
à qui on devoit tant, dégénéra en ingratitu- 
de & en injuftice à leur égard ; de mème que 
le prétexte de fe retirer des entraves de Ro- 
me dégénéra peu à peu, parmi les beaux ef- 
prits du fiecle , en efprit de libertinage & 
d’impièté : le fuccès des philofophes moder- 
nes fut enfin femblable à celui des grands 
conquérants ; fe voyant vainqueurs, ils s’en- 


INTRODUCTION. s 


richirent des dépouilles des vaincus; & au 
lieu de fuivre l'exemple de ces grands hom- 
mes, dont les longues études , le travail afli- 
du, & les méditations profondes , avoient 
tellement enrichi les fciences , ils fe conten- 
terent le plus fouvent de prendre chez eux 
le fonds fur lequei ils éleverent enfuite leurs 
édifices : & cette viétoire , qui devoit être 
utile à la perfection de lefprit humain, fi 
lon avoit apporté plus de candeur dans la 
réforme , peut lui devenir pernicieufe , en 
continuant fur les principes que l’on femble 
être difpofé à fuivre. 

3. On convient de toute l’importance du 
fervice que les orands hommes , qui fe font 
élevés depuis deux fecles, ont rendu à la 
république des lettres ; & leur fuccès juftifie 
aflez leur conduite. Aufli n’eft-ce pas des 
Cardan , des Bacon, des Galilée, des Def. 
cartes ; des Newton & des Leibnitz dont je 
veux parler ici; non: ces héros de la républi- 
que des lettres avoient trop de mérite pour 
ne pas connoître celui des anciens; ils leur 
rendoient juftice, & fe regardoient comme 
leurs difcipies : je parle ici de ces demi-fa- 


A iij 


Grandshom- 
mes parmi les 
modernes , 
admirateurs 
des anciens. 


Raïfons d’a- 
voit recours 
aux anciens. 


6 INTRODUCTION. 


vants qui, ne pouvant tirer de leur propre 
fonds de quoi fe faire un nom , vont em- 
prunter de ceux qu'ils affectent de dénigrer, 
les richeffes dont ils fe parent, & taifent avec 
ingratitude ce qu'ils doivent à leurs bienfai- 
teurs. 

4. On fent tout le prix de la méthode in- 
troduite par les modernes dans la philofo- 
phie de nos jours ; 1l n’eft pas douteux que 
l'efprit analytique & géométrique, qui regne 
dans leur maniere de procéder , n'ait beau- 
coup contribué à perfectionner les fciences , 
& il feroit à fouhaiter que l’on ne s’en écartât 
jamais : mais on a befoiïn pour cela de guides 
fûrs, & quels meilleurs guides peut-on fui- 
vie que ceux que nous voyons être arrivés 
long-temps avant nous au but où nous nous 
propofons d'aller ? Nous pouvons nous con 
vaincre que les grandes vérités de fyftèmes, 
reçues avec tant d’applaudifiement depuis 
deux fiecles , avoient déja été connues, & 
enfeignées par Pythagore , Platon , Ariftote 
& Plutarque ; & nous devons penfer qu'ils 
favoient démontrer ces mêmes vérités, quoi- 
que les raifonnements fur lefquels une partie 


INTRODUCTION. 7 


de leurs démonftrations étoit fondée, ne 
foient pas parvenus jufqu’à nous; car, fi dans 
les écrits qui font échappés aux injures du 
temps, on trouve une foule d'exemples qui 
mettent hors de doute la profondeur de leurs 
méditations, & la jufteffe de leur dialectique 
pour expofer leurs découvertes, il eft trop 
jufte de croire qu’ils ont employé les mêmes 
foins , & la même force de raifonnement 
pour appuyer les autres vérités que nous 
trouvons fimplement énoncées dans ceux 
de leurs écrits que nous connoiflons. Certe 
conjecture eft d'autant plus naturelle , que 
parmi les titres qui nous ont été confervés de 
ces ouvrages qui ont péri, on en trouve plu- 
fieurs qui traitoient de ces mêmes fujers qui 
ne font qu'énoncés dans leurs autres écrits; 
d’où il eft naturel de penfer que l’on y eût 
trouvé les démonftrations qui nous man- 
quent de ces vérités. Ils jugeoient fans doute 
inutile de les répéter , après en avoir parlé 
en plufieurs autres livres, auxquels ils ren- 
voient fort fouvent, & dont Diogène Laërce, 
Suidas & d’autres anciens nous ont confervé 
lestitres, quifuffifent feuls pour nous donner 


A iv 


Leur faga- 
cité. 


8 INTRODUCTION. 
une idée de la grandeur de notre perte (1). 
s. Il eft à remarquer aufli que ces grands 
hommes, par l'effort feul de leur raifon , 
avoient acquis des connoiflances que toutes 
nos expériences , faites avec le fecours des 
inftruments que le hafard nous a procurés, 
n’ont fervi qu’à confirmer. Sans l’aide du té- 
lefcope (2) Démocrite avoit connu & enfei- 
gné que la voie latée étoit un affemblage 
d'étoiles innombrables qui échappoient à 
notre vue, & dont la clarté réunie produi- 
foit dans le ciel cette biancheur que nous de- 
fignons par ce nom ; & 1l attribuoit la caufe 
des taches obfervées dans la lune à la hauteur 
exceffive de fes montagnes, & à la profondeur 
de fes vallées: il eft vrai que les modernes ont 
été plus loin, & qu'ils ont trouvé les moyens 


(1) Entre mille preuves que je pourrois alléguer , 
je ne ferai attention qu'aux titres des deux ouvrages 
de Démocrite , par lefquels feuls il paroît avoir été 
l'inventeur de la do&rine élémentaire für Les contaits 
des cercles & des fpheres , & fur les lignes irration- 
nelles & Les folides. Diogenes Laërtius in Democrit. 
Led. 47. 

(2) Vid. not. ad fe&, 131, p. 205. 


INTRODUCTION. 9 


de mefurer la hauteur de ces mèmies monta- 
gnes ; mais encore une fois , il femble que le 
raifonnement de Démocrite à ces égards étoit 
celui d’un grand génie , au lieu que les opé- 
rations des modernes ne font que laborieufes 
& méchaniques : d’ailleurs, comme dit Sé- 
nèque, ad inquifitionem tantorum , ætas una 
non fufficic ; nous avons de plus fur les an- 
ciens l'avantage d’avoir pu travailler fur le 
cannevas qu'ils nous ont fourni. 

G. Si l'exemple que je viens de rapporter 
eft propre à donner du poids à mon fenti- 
ment, que fera-ce donc, fi je puis faire voir, 
comme je l’efpere , qu’i/ n’eft prefque pas une 
des découvertes attribuées aux modernes ; qui 
n'ait été , non feulement connue des anciens , 
mais même appuyée par de folides raifonne- 
ments ? 

7. Je ne veux pas parler des vérités difhici1- 
les à appercevoir dans leurs ouvrages, & que 
lon n’y trouve que parceque l’on eft détermi- 
nc à les y trouver : je laiffe ce foin aux zéles 
commentateurs ; il convient à leur fuperfti- 
tieufe admiration pour leurs auteurs. Mais je 
veux parler de ces vérités qui doivent frap- 


Entreprife 
de l’Auteur. 


Son impat- 
tialité. 


But qu’il fe 
propofe, 


10 INTRODUCTION. 


per tout efprit attentif : de celles que New- 
ton, Defcartes & Leibnitz y ont vues, & que 
tout génie impartial & appliqué y trouvera 
aufli bien qu'eux. 

8. Si je réuflis dans l’exécution de cette 
entreprife , j'efpere parvenir à mon but, qui 
eft de recommander moins de prévention 
contre les anciens qui ont formé ces mo- 
dernes que nous admirons aveuglément, 
comme s'ils ne brilloient pas de la lumiere 
empruntée de ces illuftres maîtres. Mais 
quand même je ne pourrois pas m’affurer 
entiérement du fuccès de mon entreprife, la 
candeur & l'exactitude avec laquelle je me 
propofe de la fuivre , me répondent du moins 
de l'approbation des favants , dans la tenta- 
tive que je fais de reftituer à ces premiers phi- 
lofophes une partie de la gloire qui leur eft 
difputée ; & la maniere dont j’expoferai leurs 
opinions , en rapportant fcrupuleufement 
leurs propres termes , rendra la queftion fas 
cile à décider. 


+ 


RECHERCHES 


SUR 
L'ORIGINE DES DÉCOUVERTES 
ATTRIBUÉES 
AUX MODERNES. 


PREMIERE PARTIE 


CHAPITRE PREMIER. 


Méthode de DESCARTES , & fa Logique : 
Art de penfer de LOCKE. 


E À .  Syflêmes de 
9. Duvrs plus d’un fécle , quelques pme, Pen 
mes célebres ont propofé, fur la logique &la Mallebran- 
; 2. SET £ che, Leibnitz 
métaphyfique , des idées qui ont paru nou- 8 Locke,puie 
es çuez cs 


velles, Defcartes, Leibnitz, Mallebranche& anciens. 


Logique de 
Defcartes. 


Premiere 


Regle. 


12 L'AOYCMITO AU E. 


Locke ont été regardés comme des innova- 
teurs en ces fciences, quoiqu'ils n’aient rien 
avancé qui ne fe trouve aufli clairement ex- 
pliqué dans les ouvrages des anciens que 
dans leurs propres écrits, comme il eft aifé 
d’en juger après un long examen de leurs 
principes rapprochés & comparés enfemble. 

10. Avant que d'admettre aucune métho- 
de, Defcartes pofe (1) pour premier princi- 
pe, qu'une fois dans la vie, celui qui cherche 
la vérité, doit , autant qu’il eft poffible , dou- 
ter de tout ; & enfuite 1l propofe quatre régles 
principales, dans lefquelles confifte toute fa 
logique (2). 

11. : La premiere eft de ne recevoir ja- 
» mais aucune chofe pour vraie, qu'on ne la 
» connoifle évidemment être telle, c’eft-à- 
» dire, d'éviter foigneufement la précipita- 
» tion, & de ne comprendre rien de plus en 


(x) Cartefii principiorum Philof[orhiæe pars E. 
Je sT 

(2) Cartefit Differtatio de Methodo , feët, 2, p. 7; 
Ed. Amflerd. 1692, in-4. apu& Blaeu. 


DE DESCARTES, 13 


» fes jugements, que ce qui fe préfente fi 
» clairement à l’efprit, qu'on n'ait aucune 
» occafion de la mettre en doute. 

12. » La feconde, de divifer chacune des 
» difficultés qu'on examine, en autant de 
» parties qu'il fe peut, & qu'il eft requis de 
» les réfoudre. 

13. » La troifieme, de conduire par ordre 
» fes penfées, en commencant par les objets 
» les plus fimples & les plus aifés à connoi- 
”» [re, pour monter, peu à peu , comme par 
» degrés , jufqu'à la connoiffance des plus 
» compofés , & fuppofant même de l’ordre 
» entre ceux qui ne fe précedent point na- 
» turellement les uns les autres. 

14. » La quatrieme, de faire par-tout des 


Ÿ 


dénombrements fi entiers (1), & des re- 
» vues fi générales, qu'on fe puiffe affurer 
» de ne rien omettre «. 


(1) Arf. Analyt. Pofler. lib, 2, c. 14, p. 174. 
Oùro pes où RadiQrre ési else re oùd es repair las. 
Ac fingula quidem ita perfequendo , facilè eric videre 
nùm prætermittatur quidpiam. Vid. ad finem hujufdem 
Sapitis , p, 176. A, lin. 9 feq. 


Seconde 


Regle, 


Troilieme 
Regie. 


Quartrieme 
Regle. 


indiquées 
dans Arif- 
totc. 


14 Étror er o0E 


15 Sans avoir recours aux fceptiques pour 
y trouver ce doute, & cette circonfpection fi 
vantée en Defcartes, on voit dans Ariftote 
ce premier principe clairement énoncé, & 
fortement recommande, par les mêmes rai- 
fons qu’allegue Defcartes. » Celui, dit Arif- 
» tote (1), qui cherche à s’inftruire, doit pre- 
» miérement favoir douter ; Ze doute de l’ef- 


(1) ANATKH œps Th imiénrouuém émise ms 9iiv 
e ” = \ KE » # ” = ” \ + 
ApRes , ape Toy » Trépl @y Top AT I d'a TR: TOY, Tavla dE ÊS1y 
dca mejl dury dAAUS mA iQori TUES | MY EL TI UpIS Tor a 

LA ” ! ” \ D » A nl 
Tux avor ZpaTOy ZT'OPEMIPUELEVOY, E çt de TOIS LUF OPAT 0 Govnout- 
vis mpoïpyoo To d'amopüru anüs. H' ap Üsepo tumopie, 
Aüris Ta mpôrepoy émopouivar Eçi* Aüey d° oùx Esiy dyrconræ 
ro d'erusr, ADN 4 Tüs davias dmopiu d'ynoi roro épi Ted 
mpaypales. 

Ad illam, quæ quæritur, fcientiam necefle eft, 
imprimis nos percurrere , de quibus primo dubitan- 
dum eff. Hæc autem funt, & quæcunque de eis aliter 
exiftimarunt , & fi quid ultrà hæc prætermiflum fit. 
Eft autem opere pretium aliquid facultatis habere vo- 
lentibus , benè dubitare. Nam pofterior facultas , folu- 
tio eorum eff , qua antè dubitata fuerunt. Solvere au- 
tem non eff, cùm nodus ignoretur : [ed intelleétäs haft- 
tatio , manifefium hoc de te facir. Metaphyfic. lib, 2 , 
cap. 1, pag. 858. E. 


DE DESCARTES. 1$ 
» prit conduit à manifefler la vérité «. Et un 
peu plus loin : » Quiconque cherche la vérités 
» fans commencer à douter de tout , eft f[em- 


A dti Vus d'ucyepeias releogpetroy mrérus mpôriper , Toëran 
TE XAen , # die To Toùs Cyroèvras PAT] To darrogirat 

2 L { Ts 12 1 Ce 1 , 27 \ \ 
FOOTOY | OHLOIGUS Ei@i TOis A0 du Bad iQ dryvooïrt | Kj Æp°S 

# ss 7 \ \ 1 4 D] \ / . 
TOUTUS , oùd fé GOTE TO Qnlopesvor EVONXE) f Fn » YUOTKEAN 
ro yue TÉAes Toru piy êv d'inoy, TS CE xaNDS TrpONTUp= 

1 4 À / a 7 LL \ à: / \ € 
xort, E ri d'e Lenrioy avwryxn EXEN ZpoS TO XpIVEI , TOY WIR 
» / \ = 2 / / » / LA 
ayTid 20v #y Ty auQurenTouvrey ÀcyQY GxYXOOTE TANT ON. 

Quare omnes primo difficultates fpeculari par ef, 
ê& horum gratià , & proptereà quôd illi, qui quærunt, 
nifi primo dubitent , fimiles illis funt , qui quonam ire 
oporteat , ignorant : & ad hæc neque utrum invene- 
rint quod quæritur , an non , cognofcere poffunt. 
Finis etenim his quidem non eft manifeftus : i//i au- 
tem, qui anteà dubitaverit , patefcir. Item, melius 
fe habere necefle eft illum ad judicandum , qui tan- 
quam adverfarios | omnes utrinque rationes oppofi- 
tas audiat, id. p. 859. À. 

Tlegi vyœp roëray émévr@v | où jiôvo) XAMEMOY To EÜMopAT EL 
TS dnleias , GAN où0t ro dianopirus Tü Aôyw badioy xu- 
Aüs. 

De his enim omnibus non mod invenire veritatem 
dificile , verum neque bené ratione dubitare facile 
eft. id. P- 860. À, 


Méthode de 
Defcartes. 


16 MIE TEL Où b‘E 


» biable à quelqu'un qui marche [ans favoir où 
» il va ; & qui, ne connoiflant point le but 
où 1l fe propofe d'aller, ne peut favoir s’il 
» y arrivera où non; au lieu que celui quia 
»# fu douter, trouve enfin le but où il doit 


” 
C2 


» S'ANTÊTEL «4 

16. Le mème auteur, parlant de la mé- 
thode que l’on doitobferver dans le raifon- 
nement, enfeigne à commencer toujours par 
les chofes les plus évidentes, & les plus con- 
nues, & à répandre du jour jufque dans les élé- 
ments , & dans les principes des chofes les plus 
obfcures, en les divifant, & les définiffant avec 
foin (1) : en quoi il femble que Defcartes ait 


/ \ 2/ , el el \ 72 
(1) (Tore yop oiouede ywconev Exasoy , CTay Ta œirix 
L] 
/ \ u NAN er SPA \ = . 3 
More TE TpÈTE , N) TOUS CPAS TOUS MPÔTOS , 1 MEXCA 
= / 2 et « = \ / > / 1 
TOY goiEiey ) à OV 67 y T#S REC Quotuws EmISHUYS CH 
! / 0 \ LU / ! Ni > 
Trio more g doi ru me Tus dpyus. IliQuxe de tx 
Je ! CT SUR OTES x , > À \ ’ 
Toy yragsuortsor suis y où cs 4jj cupestpar | mi Ta cupi= 
” Ÿ id ! / \ 
sex TA Qios | 1] YNOgAHUTEg. . à « + à AIGTEP GYAYXY TOY 
/ es LA 2 nu > r: \ ne à 
TROMOY TUTO MOOWYEW EL TOY MraQEEpar uv TA Qoots. +... 
ini Ta Es 7 QÜrtu 1 YIOLAMATEe ; V'5ee v 
ÉmE Tu capes TA Quoi 4 YINGAUWTEG . «à: À 5609 
\ » Z. LA / \ Lod L : \ 
dE éx ToUTEy YIETAI VOCAUE TU Sy , 1 &i dpyal, 
à ” n \ » ! Jar \ > € 
lupodrt Tavra, Aio fx ray auloñcu , Emi T& Hu Exaçæ 
ed exp 
di Ze give, 
LA 
adopté 


DIEU DE SICIARUT ES. 17 
adopté jufqu’à fa maniere de s’exprimer. 

17. Defcartes étoit perfuadé qu'il avoit 
découvert le premier larme la plus propre à 
battre en ruine le’grand boulevard du fcep- 
ticifme, en déduifant du doute mème une vé- 
rité fondamentale ; & il croyoit avoir formé 
le premier ce fyllogifme ; Je doute [ou je 
penjt, ] donc je fuis. En effet, on lui a long- 
temps attribué l'honneur de cet argument, 
qui fe trouve cependant dans S. Aucuftin. 
Je ne vois pas, difoit ce grand homme, ce 


Tunc enim putamus unumquodque cognofcere , 
cum caufas primas noverimus , & principia prima , 
& ufque ad elementa ; perfpicuur eft, hic quoque 
tentandum , ut primüm definiantur ea, quæ ad prin- 
cipia naturalis fcientiæ pertinent. Naturaliter autem 


conftituta eft via ab ïis, quæ funt nobis notiora, & 


clariora , ad ca, quæ funt clariora, & notiora na- 
turâ......Quare necefle eft hoc modo progredi, 
nimirüm ex iis, quæ naturà quidem funt obfcurio- 
ra...... Deinde ïis, qui hæc dividunt , ex ipfis 
elementa & principia innotefcunt. Idcirco ab univerfa- 
libus ad fingularia progredi oporter. Ariflor. Phyfic. 
Aufcultat. lib. 1. de methodo hujus libri, tom. 1, 
2-31. AG B, 
Tome I. B 


Argument 
de Defcartes : 
Je penft donc 
Je fuis ; pris 
de faint Au- 
guftin. 


18 D RL INNGIL BLUES 
qu'il y a de ft redoutable dans le doute des Aca- 


démiciens ; car ils ont beau dire que je puis me 
éromper ; fi je me trompe, j en conclus que je 
Jfuis : car celui qui n'efl pas, ne peut pas fe 
tromper ; & par cela même que je me trompes 


je fens queje fuis (x). 


Principes de 
Locke , les 
mêmes que 
ceux d’Arif- 
tore. 


18. Tout ce qu’a dit Locke, dans fon Ef° 
fai far l’entendement humain , a été le fruit 
d’une obfervation exacte des principes des 
anciens , entre autres, d'Âriftote , lequel te- 
noit que toutes nos idées venoient originai- 
tement des fens, & difoit qu'un aveugle ne 
pouvoit avoir l’idée des couleurs (2), ni un 
fourd la notion du bruit : il établifoit les 
fens pour juge de la vérité, quant aux opé- 


(1) Mihi effe, idque noffe, & amare, certiffimum 
eft. Nulla in his veris Academicorum arsumenta for- 
mido , dicentium : Quid fi falleris ? Si enim fallor, 
Jfum : nam qui non eff, utique nec falli poteff, ac per 
hoc [um , fi fallor. Quo argumento ufus quoque eft 
aliis locis. Augufl. de Lib. arbit. lib, 2 , c. 3, & idem 
de Civir, Dei, lib. 11, c. 26. 

(2) Arifloteles Phyfic, Aufeulr, lib. 2 ,c, 1 ,tom,1,; 
pe 328.8, 


ù E 1 OC & 19 


rations de l'imagination ; & l’entendement, 
par rapport aux chofes qui regardent la regle 
de notre vie , & la morale : & il a jerié les 
premiers fondements de cet axiome céle- 
bre des Péripatéticiens , qu’{/ n’y a rien dans 
l'efprit qui n’y foit entré par les [ens ; lequel 
eft une conféquence de plufieurs endroits dif- 
férents de fes ouvrages (1). Mais fur-tout 


(1) Ex fenfu memoria ; ex memorià experientia ; 
ex multis experimentis in unum collectis exfurgic 
univerfale , quod apprehendit intelle@us, ex quo 
aliquid concludit diévow, Arifloteles Analyuic.-Pofte- 
rior, lib, 2, Traéfatus 4 , cap. 19, vel ultim.p. 199, 
C. D. E. & feq. Edit, Duval. 1619. Vide & Averroëm 
in hunc locum.. .. Et Diogeres Laertius in Ariflotelem, 
lib. 5 ; Jeë&, 29. 

» Jl eft bon de remarquer ici, que cet axiome de 
» l’école péripatéticienne, nihïl elf in inrelleclu quod 
» non prids fuerit in fenfu , n’eft point d’Ariftote, 
» comme on le croit ordinairement, ni même de fes 
» plus anciens commentateurs : c’eft un des axiomes 
» introduits par les fcholaftiques , & appuyé princi- 
» palement fur le paflage précédent , & fur lé dernier 
» chapitre du fecond Livre d'Ariftote de änimä. A la 
» fuite du paflage rapporté dans cette note, fe trouve 


B i 


Locke com- 
paré avec les 
Stoïciens. 


20 FR TI NNCIT PNE S 


Locke a puife chez les Stoïciens ce qui fait 
le fond de fon fyftème : une courte expoli- 
tion des deux fentiments fufhira pour en con- 
vaincre le lecteur. 

19. Le philofophe Anglois fait, des fen- 
fations , les matériaux dont la réflexion fe 
fert pour compofer les notions de lame : les 
fenfations chez lui font des idées fimples, 
dont la réflexion forme les idées complexes ; 
c’eft là le fondement de fon livre, dans le- 
quel , il eft vrai, qu'il a répandu un grand 
jour fur la maniere dont nous acquérons nos 
idées, & fur leur affociation ; maisil eft clair 
aufli, pat tout ce que Sextus Empiricus, Plu- 
tarque & DiogeneLaërce nous ontconfervé de 
la doctrine des Stoïciens , qu'ils raifonnoient 
de la mème maniere que Locke à fait de nos 
jours; & on peut juger, par ce qu’en dit Plu- 
tarque, que fi tout ce qu'ils’ont écrit fur ce 


» feulement cette expreflion : itaque nec infunt def 
» niti habitus ; nec fiunt ex aliis hatitibus notioribus , 
» fed ex fenfu ». Wid. Philopon.ir hunclocum, p. 149, 
col, 1. Themiflium in eund. loc, cap. 35 6 37. 


DE LOCK: ES 21 


fujet (dans les ouvrages dont il ne nous refte 
que les titres) étoit parvenu jufqu’à nous, 
nous n’aurions pas eu befoin de l'ouvrage de 
Locke. » Le fond de la doëtrine de Zénon 
» & de fon école fur la logique, étoit que, 
» toutes nos notions nous viennent des 
» fens (1). L’efprit de l’homme, à fa naif- 


tn) 


(1) Oi Eroinai Quri , O'rey yes © @yIpomos | Eyes 
TD yuounoy pégos vhs Vuxns , üorep xéprus èpys cils 
dmoypaQur. tis Toro piuy ixasm Toy baby ivaroypéqilat, 
Tipôres de 0 Très dyeypagns vpomos , à du rüv diyrtan. 
AioTavapzevar mas Tios , oo Atuxo) , dmerdorlos due , prune 
» . 4 \ hi 7 x = / / \ 
ÉVOUTIY" O7CY d'e opoElC £15 TO AMI HAIHHGI EVOVT GE , TOTE QuTiy 
Bus Euler fume ap êst To Toy ououd av Ado, 
Tôv OÙ éwañv ai pr Quoinas yholei «aa Toùs éivypeevous 
rpomous | 94 umlecmres" ai de dy di jnilipus Mid'urnæ- 

! \rs / . 2 \ ca C4 Col / 
Mas, Ag ETIMEREIGS" AUTEAI PLV QÙV | EVIL x 0) |&i 2050), 
sxtuar dE x mpoarÿes. © de Aoyos, nef” D mporæyopeuo- 
pda Doyinoi , Ex Toy mpohrYeor œupen Ampiues Aéyéles , 
ne rm porn odouddu, Es dE véque Qularpa dix 

/ es ! 

Yelus Aor/1xo” Lao. 

Stoïci dicunt : Quum natus fuerit homo , is prin- 
cipem anime partem veluti chartam habet , -in quà 

uis aliquid exarare conetur ; adedque in illà animæ 
q D 
parte unamquamque notionem à fe compararaëm in 
exibit, Primus verd ejufmodi fcripuionis, vel feri« 


B li] 


22 PiR'INOCEIUR Ets 


» fance, eft femblable, difoient les Stot- 
» ciens , au papier blanc difpofé à recevoir 
» tout ce que l’on veut y écrire ; les premieres 
» impreflions qu'il reçoit, lui viennent des 
» fens; les objets font-ils éloignés, la mc- 
» moire fert à retenir ces impreffions ; la ré- 


» pétition de ces mèmes impreflions fait l’ex- 


—— 


bendi modus eft i/le , qui per fenfus efficitur. Qui 
enim objeétum aliquod fentiunt, ut album , illo 
fublato , vel recedente , ejus adhuc memoriam ha- 
bent : quüm ve-0 plures ejufmodi memorie formé inter 
Jele fimiles efformate fuerint , tunc Stoëci nos experi- 
mentum habere dicunt ; experimentum enim ef? mulii- 


tudo no‘ionum plurium form& fimilium. Notionum: 


verd phyficæ quidem juxta prædiétos modos fiunt , 


folo fenfuum naturæque præfidio, fine arte; aliæ 
ver doétrinà , ftudioque , vel induftrià noftrà com- 


parantur. Jtaque he quidem notiones folum vocantur ; 
alla vero anticipationes etiam , vel prenotiones dicun- 
tur, Ratio vero , propter quam rationales vocamur, 
ex anticipationibus perfici, five compleri dicirur in 
primo feptenario, primis nempè feptem ætatis annis, 


Notio vero , mentifque conceptus eft imago cogiratio- 


nis, quæ ab animali rationis compote producatur. 
Plutarcus de Placitis Philofoph. lib. 4, c. 11. Vide 
& Diog. Laerr, lib, 7, fe& 51, 52,53, 54. 


r 


me /LioyciK\E 23 


» périence. Les notions font de deux genres, 
» naturelles & artificielles ; les naturelles 
» font les vérités qui ont leur fource dans les 
fenfations , ou font acquifes par les fens; 


Ë 


è 


c’eft pourquoi ils les appelloient auffi anti: 
» cipations : les notions artificielles fonc pro: 
duites par la réflexion de lefprit, dans des 
» êtres doués de raifon «. 

Ce pañfage , & plufeurs autres que je rap- 
porte ci-deffous, tirés d'Origene (1), de Sex: 
tus Empiricus (2), de Diogene, de Laërce (3) 


ÿ 


(1)....Stoicorum, qui fublatis à medio naturis 
intelligentibus , contendunt : quidquid intelligitar, 
fenfu intelligi , & nihil efle in int Ueëlu quod à jenfu 
non pendeat Aiduoe nalanautarour ra nalanaubaenee , 
x) mare ndlr Gplader rüv idyesur, Origen. contra 
Celfum , (16. 7, feët. 37. Stanley, Hifl. Philo/oph, 
Edic. latin. tom, 2 , p.157, col, 1. 

(2) Omnis enim intelligentia oritur à fenfu , &c. 
Sextus Empir. adverfus Marhemat. lib. 8, fe, 6, 
P. 467, 468. feq. lib: 3, Jié. ao, p. 3173 dib.9 3 
feët. 393 eg. p. 625, & adverf. Ethic, lib. 1x, feët, 
250, P. 734: 

(3) Diogen. Laërt. in Zenone , lib.7, fil. 52:93. 
Brucher, 10m. , p.916. 


B iv 


14 PERNTONOCAL M Es 


& de Saint Auguftin (1), peuvent fervir à 
tracer la véritable origine du principe : Qw’1/ 
n'y a rien duns l’entendement qui n’y [oit entre 
par les fens ; & je ne fais comment il eft ar- 
rivé qu'on l’a de tout temps attribué entiére- 
ment à Ariftore & à fon Ecole, plurôt qu'aux 
Stoïciens & aux Epicuriens (2), chez qui il 
fe trouve beaucoup plus clairement indiqué. 
Cette erreur eft fi généralement reçue que 
plufieurs Savants n’ont fait aucune difficulté 
de citer l’axiome mème, comme fe trouvant 
en propres termes dans Ariftote (3); en quoi 


(1) Stoïci dialeétam à corporis fenfibus ducendam 
putaverunt. S. Auguff. de Civ. Dei, lib, 8, c. 7... 
Nemefius de natur& hominis , c. 6. 

(2) Namque omnis ratio à fenfibus pendet : z&s 
yep Aoyos dm duourta Yplarei. Diogenes Laërtius, 
Ub. 10, feét. 32, 6 ultrà : namque & mentis atten- 
tiones omnes à fenfibus manant , &c. Gaffendi in hunc 
locum , tom. $ , Oper. p.8, col. 1, & p.48, col. 2. 
Vid. & Cic. de finibus , lib. 2,c. 19 , p. 1004. Quid- 
quid porrû animo cernimus , id omne oritur à fenfi- 
bus. Brucher , tom. 1, p. 1257. 

(3) Gafendi Oper. tom. $ , p.49, col. 2. Har- 
vaius in Prafatione ad lib, de Gencratione animalium. 


Dis LiOoiCciRE, 2$ 
j'ai reconnu , après les recherches les plus 
exactes , qu'ils s’étoient trompés pour avoir 
négligé de confulter l'original. 


Idées innées 


de Piaton , 


adop: ées par 


Deicarres 
Leibnitz, 


& 


26 LD'ÉES 1 N N'ÉE'S 


— 


CPIT OA PO STORAN EU PEL 


Idées innées de DESCARTES € de LEIB- 
NITZ , tirées de: PLATON, HÉRACLITE, 
Pyrmacore, & des Chaldéens. Syfléme de 
MALLEBRANCHE , puifé dans la même 
Jource, & dans S. Avcusrtin. 


208 L ES idés innées des premieres vérités, 
défendues par Defcartes & Leibnitz, & qui 
ont élevé des difputes fi vives & fi fubrile- 
ment difcutées FER les métap hyfciens de 
puifé leur origine dans Platon, 


nl 
ÿ 
+ 
} 
| 
s 


! 1 
fource féconde des 


ce fiecle, ont 

vérités 1e plus fublimes 
pour un efprit attentif, Ce a philofophe, 
qui a mérité Le furnom de divin, parcequ’il a 
le mieux parlé de la Divinité, avoit cepen- 
dant un fentiment erroné & particulier fur 
Porigine de l'ame, » qu'il difoit être émanée 
» de l’eflence divine où elle s’étoit imbue de 
» la connoiffance des idées; mais qu'ayant 
» péché elle étoit déchue de fon premier état, 


» & avoit été condamnée à demeurer unie au 


Le Satin 


TT TT gl OP SE SET EE ET 


RS Te rte CLS Enr D 


DE) "PE A1 TIOUN. 27 


» corps , dans lequel elle étoit retenue com- 
» me dans une prifon (1); & que l'oubli de 
» fes premieres idées éroit la fuite néceffaire 
» de cette peine : ilajoutoit que l'avantage de 
» la philofophie étoit de réparer cetre perte, 
» en ramenant l’efprit peu à peu à fes pre- 
» mieres connoiflances ; & que cela ne pou- 
» voit s’accomplir qu'en l’'accoutumant com- 
» me par degrés à connoitre fes propres idées, 
» & , par un reflouvenir complet , à com- 
» prendre fa propre eflence , & la vraie ef- 
» fence des chofes «, De ce premier principe 
de lémanation divine de l'ame dans la philo- 
fophie de Platon, il s’enfuivoit donc natu- 
rellement que l’ame (2) avoit eu autrefois en 


(1) Animus gravi farcinä preffus , explicari cupit, 
& reverti ad alia , quorum fuit ; nam corpus hoc 
animi pondus, ac pœna eft; premente illo urgetur, 
in vinculis eft, nifi acceffit philofophia , & illum 
refpirare rerum naturæ fpeétaculo juflit , & à terrenis 
dimifit ad divina. Hæc libertas ejus eft , hæc evaga- 
tio. Subducit interim fe cuftodiæ , in quà tenetur, & 
cœlo reficitur. Senece Epif. 65, p.494. B. 

(2) Are où à oh dSérales rt cou, À AUS Ye 


28 LDÉES: INNÉES 


elle-mème les connoiffances de toutes cho= 
fes; & qu’elle avoit encore confervé la fa- 
culté de fe rappeller fon origine immortelle , 
& fes premieres connoiffances. Defcartes & 
Leibnitz ont raifonné de la même maniere, 
en admettant des vérités éternelles & pre- 
mieres , imprimées en nos ames; ... ils ont 


———— 


yonie , % topguiie , 0 Ta ifade, #) ra à &dov, x) male 
Aphuële , oÙx is ©, Ti èu peuadmney. . . .. Are ap Täs 
Qirios amérys ovyleis oùrns | 494 peuaSyavies Tres Vuyis 
ämaile , éd one, À por évauwnnla (0 dt mdr 
xahoÿow adpomo ) Tanne male alor Gvvpély | téy Tis 
ddpties 4 , 1 ph émoxaun Crlèv ro yap Cle deg 
To pda | @végevmris ono ts. Plato in Menone, 
tom, 2, p. 81. Quuüm igitur animus immortalis fit, 
& fepenumerd redivivus exiflerit, eaque , quæ hic 
fant , & apud inferos viderit, nihil unquam rerum 
eft, quas non didicerit.... Quum enim univerfa 
natura uno quodam, cognatoque gencre continca- 
tur, & omnia animus didicerit, nihil impedit ho- 
minem uno quodam in memoriam revocara ( quod 
difciplinam vocant ) omnia cætera invenire , fi quis 
virili animo fuerit, nec inveftigando defatifcat. Nam 
invefligare , & difcere omninô eff reminifceniia. Confer, 
p. 35, n Epimonide , tvm. 2, p. 974, & in Phad, 
10m. 3, P. 249 à UbE: Toro ésir évépeyeis Extiror , & 


DAET (PPLUANE ON: 28 


fubftitué la préexiftence & la création des 
ames à leur émanation de la Divinité , en- 
feignée par Platon ; & ils ont défendu ce fyf- 
tème avec les mèmes raifons , dont s'étoit 
fervi Platon, & qui paroiffent être puifées 
dans cet auteur mème. 


mor ide) pur n Vox courpuItüire ra a. Hoc eff 
recordatio illarum rerum , quas olim vidit animus nofier 
cum DEo profeitus. 

Et à l’occafion du mot cu in Cratylo, tom.1, 
pag. 400. Kai Zfuæ Tuts Qurn dulo (sue) tive ris 
duvis, ds riJagmtins à r@ vo mraporrt. Nam fepulcrum 
animæ corpus effe aiunt quidam , tanquam ad hoc 
quidem tempus anima fit in corpore fepulta. Et peu 
après : Aoxobos pilou por pére bide oi Gui Orge 
rüro ro ovoue , os dixm Odoions ris Vuyñs, &v d'h 
evene O'id'uri roro dE zrspiGo nor een = 07 ruÿrres, à ET ua 
zuplou cinove ele où Ts Vuyis Troèro adro , Grmtp évouu= 
Gerai, Eos dy ixrion Tu iQurousve, To rèuæ Videntur 
tamen mihi Orphæi ftudiofi , iftius vocabuli origi- 
nem optimè notafle , videlicet, ut fignificetur anima 
pœnas pendere , & quidem explicari, quà de caufà 
pœnas pendat. Animam igitur, quafi vallum, clauf- 
trumque, carceris fcilicet imaginem , hoc corpus 
circumferre , ut ip{a fervetur, ac proinde illud ipfum 
animæ efle corpus, quod præ fe fert voçgabulum , 
doncec quæ debet anima plené in corpore perfolverit, 


Syflême de 
Mallebran- 
che fur les 
idées , puifé 
chez les Chal- 
déens , dans 
Plaron, &c. 


Expofition 
du {yftême de 
Mallebran- 
cne. 


30 IDÉES 1NNÉES 

21. Mallebranche parut enfuite fur les 
rangs pour défendre les principes de Defcar- 
tes, & s’engagea lui-même à foutenir une 
opinion fur la nature des idées, qui étonna 
tous les efprits par une fingularité apparente, 
que l’on traita ptefque d’extravagance, quoi- 
que ce philofophe n’eût cependant rien avan- 
cé qui ne puifle s'appuyer fur l'autorité des 
plus beaux génies de l'antiquité , tels que Py- 
thagore , Parménides, Héraclite, Démocrite, 
Platon & Saint Auguftin ; fans faire mention 
de l’école Chaldéenne , d’où l'opinion du 
P. Mallebranche femble être premiérement 
dérivée. | 

22. Dans lé feconde partie de la Recher- 
che de la vérité, cer auteur célebre , après 
avoir défini l’idée , l’objet immédiat ou le plus 
proche de l'efprit , quand il appercoit quelque 
objet , démontre la réalité de l’exiftence des 
idées, en faifant voir qu’elles ont des proprié- 
tés ; ce qui ne peut jamais arriver au ncant, qui 
n’a point de propriété: 1l diftingue enfuite les 
fentiments d'avec les idées ; il examine les 
cinq différentes manieres dont l’efprit peut 


PER NOTES D PORN NS DUT UE 


DE MALLEBRANCHE. 3t 


voir les objets de dehors ; 1l réfute les quatre 
premieres, pour établir la cinquieme, qui 
eft celle qu’il foutient être la feule conforme 
à la raifon, & qu'il expofe, en difant quil 
eft abfolument néceffaire que Dieu ait en lui- 
mème les idées de tous les êtres qu’il a créés, 
puifqu'autrement il n’auroit pas pu les pro- 
duire : il ajoute qu’il faut de plus favoir que 
Dieu eft étroitement uni à nos ames par fa 
préfence ; de forte qu’on peut dire qu’il ef le 
lieu des efprits , de même que les efpaces 
font dans un fens le lieu des corps; & il en 
conclut, que l’efprit peut connoïtre ce qu'il 
y a dans Dieu qui repréfente les êtres créés, 
fuppofé que Dieu veuille bien fe communi- 
quer à nous de cette maniere; ce qu’il prouve 
enfuite par des raifons qui ne font plus de ce 
fujet. Et, dans fes Entretiens métaphyft- 
ques (1), il fait remarquer que Dieu , ou la 
raifon univerfelle , renferme les idées qui 
nous éclairent , & que les ouvrages de Dieu 
ayant été formés fur ces idées, on ne peut 


(1) Troifieme Entretien, Seét, IL, 


Mallebran- 
che autorifé 
des anciens. 


Doétrine des 
Chaldéens 
fur les idées. 


82 IDÉES INNÉES 


mieux faire que de les contempler pour dé- 
couvrir la nature & les propriétés des êtres 
créés. 

23. On a commencé par traiter Mallebran- 
che de vifionnaire, pour avoir avancé ces fen- 
timents, quoiqu'il les eût accompagnés des 
preuves les plus judicieufes & les plus foli- 
des que puifle fournir la métaphyfque , & 
on n’a point fongé à l’accufer de plagiat, 
quoique fon fyftème, & fa maniere de le 
prouver , fe trouvaffent à la lettre dans les 
auteurs anciens que je viens de nommer. 

24. Pour mieux juftifier la vérité de ce que 
j'avance ici, je commencerai par rapporter la 
doctrine des Chaldéens (1), laquelle paroit 


peut-être expofer moins clairement ce fyftè- 


(1) l'dtus de vopaiGours voy per ras rod males éwoius , vüv 
dÉ roùs maSéhou Doyous Qurixoès gg duxinois xgf voñlois , 
vo OÙ ras témpquivas ray olay ünapésis, Ideas cenfent 
( Chaldæi) modo Patris cogitationes , modo univerfi 
tationes naturales , animales & intelleétuales, modo 
etiam abftractas à rebus fubftantias. Pjellus in breyr 
dogmatum Chaldaicorum expofitione. Extat apud 
Lambeccium in Prodrom, Hiffor, liter. p, 115, in. 9. 


me ; 


CHEZ LES ANCIENS. 33 


me; mais cela doit être plutôt attribué à l’é- 
loignement du temps & au peu de fragments 
qui nous reftent de leurs écrits, qu’à toute 
autre raïfon ; & afin de les rapprocher dé 
nous en partie, voyons ce qu’en dit Proclus, 
qui éroit plus à portée que nous de les en- 
tendre. Voici les (1) vers que cet auteur rap- 


(1) Noès Tlapos épici@noe vonras éxuñri Boni 

TlapeuopQous idtus | muyus à mo pus éncrlèca 

E’Éog gr mralpoder yap Env ovnn TE, Téos re. 

Mens Patris ftriduit, intelligens indefeflo confilio 

Omniformes ideas ; fonte 1erd ab uno evolantes 

Exilierunt ; à Patre enim erac & confilium, & finis. 

Oracula Chaldæzorum , v. 100. 

ADDX mine , Vopo mupi munies , 

Eis d)das votpus | xoTUA ap dvaË monvuspQe 

Degidyner vorpor réroy GQDilor , où tale xiopr, 

Lys Emirates popQhs, va de nos iQarIn 

Toloicus 1d'eœus EL CLATIEVOS , à puis Zyyn. EC, 

Sed divifæ funt , intelle@tualem ignem forte naûæ, 

Jn alias intelleétuales , mundo enim Rex multiformi 

Propofuit rntellelualem typum , incorruptibilem , 
non ordine , 

Veftigium properans formæ , prout mundus adparuit 


Omnigenis ideis donatus, quarum unus fons. &c. 
V. 10f+ 


Tome I, G 


54  PDÉES. ENINEÉUENS 

porte ; & après avoir cité ces fragments, qu'il 
regarde comme des oracles des dieux, 1l dir: 
» Les dieux déclarent ici où fe trouve l’exif- 
» rence des idées ; quel eft ce Dieu qui en eft 
» la fource unique ; comment le monde a été 
» formé d’après leur modele ; 6 comment elles 
» font la fource de toutes chofes : d’autres 
» pourront découvrir de profondes vérités 
» dans leurs recherches fur ces notions divi- 
» nes; pour nous, il nous fuffit d’y voir que 
» les dieux eux-mêmes ratifient les contem- 
» plations de Platon , en donnant le nom d’i- 
» dées à ces caufes intelleüluelles ; & en afhr- 
» mant qu’elles [ont l’archétype du monde, & 
#” la penfée du Pere ; qu’elles réfident en effer 
» dans l'intelligence du Pere , & procedent de 


Nosuever Luyfes *X rapedey votouri x) aûrai , 
Bovais aQYtyxloirt xivoëpeeve | @sE verras. 
Intelletæ ideæ à Patre intelligunt & ipfæ, 


Confiliis ineffabilibus motæ, ut intelligentes. 
Ve 117 


* Sur le mot l'vylec, voyez Petri Lambeccii Prodrom. Hifle 
liter. p, 108 à la marge, Lib. 1. ç, 7, 


CHEZ LES ANCIENS. 3$ 


» lui pour concourir à la formation du MOr= 


» de (1). 


€ J = 27 e 
(1) At robrur eEiQnas oi becs # mou Tor id't5v n urosa- 
\ , € * 
is, ng4 ris Ve ésiv © rhv y aolay rs puias miesty er. Kaï 
dr US in TAS MYYAS TUUTYE Zrpotirs ro mhnos. Kai mas 0 x6r= 
pos dd'ypuoipyiler ad dures , 494 071 xplixei malüy trs 
TOY XOTUX OV UF MAÉ TOY » Ÿ GTI acul VoEegi HOT TAY UTILE, 
Kaï orr muloias nul ras idiclyres ti, Ko mod y ris 
de me Ta tényuriy Toy Beilay rouler veyuarüy EuTivas 
” x Y … e 
bewpareer. ADX& y To yep rordbrey , v Tao ærapoil | Aym Toy, 
NL aie ’ ” = / € ou 
Ori 494 où ect ais T0 mAwraus Emibonais , éuapripnrur, 
» ! \ \ / Ù \ » 
T'deas rt xaherules vus votpus ravlas airias Kai xur das 
rumoddoi roy morgso turovrts, E'i roi rùy 44 où Aoyos ma our 
AUS MIS TH EPA TOTU MOYEN , 2 oi copoi mes avlay 
ES mharay | zUŸwr/c Gp QE > ci Oeoy Toù 
CUVMET UT ON ; ; VoCas , op@Evs , 4; ci Bec TouTois 
e > \ # re 
érapyüs Ecaflopice | cum Qegilistey ro roQisi# dv Aérya, 
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Acyolar. ZaxQus yap oi becs Epixarw L os EWOlXS ToU Tales 
SAN / + Te CS / / A je / 
tri. Mévours jap Ev Taus vañcert rod mulegs , 1) ds me gEproilas 
h \ 02 V4 à) 4 7 \ # € / 
ARS Thy Toù moruou O'ypoupyias. P'obyris yap ss 4 æpood'os 
or , 194 às magepeopQos tri, Ales un mévroy TÈv preas ay 
/ \ » 1 \ € CE ne / > 
miepeoura ras dirias, Kai @s do Toy myyaiey ide» 
GRAS FRA dur I ui nale pr xyp@T dpusvet Th TOd 
Y » 2 A] 
norpou d'ypuouyyies. À meograropiuoiles ousnverw torciiett , 54 
« \ C2 / 7 Se = 
os yenilus ray dieser es. Proclus , tertio in Parme 
nidem libro, MS. inbibliorhecä Harlaiana , n°, 5671» 
C 1j 


Nombres de 
Pythagore , 
les mêmes 
que les idées 
q 
de Platon. 


36 IDÉES 1NNÉES 


25. Quant au fentiment de la fecte [rali- 
que , il eft affez généralement reconnu de 
tous Les favants que Pythagore & tous fes dif- 
ciples ont prefque entendu la même chofe 
par les nombres , que ce que Platon a enfer- 
gné fur les idées. M. Bruker a mis cette 
queftion hors de doute dans la favante hif- 
toire qu’il a écrite des idées, & dans plufieurs 
endroits de fon excellent ouvrage fur lhif- 
coire de la philofophie. Il fait voir que les 
Pythagoriciens s’exprimoient, à l'égard des 
nombres , dans les termes mêmes employés 
par Platon ; il les appelloient 74 üyrws üvra, 
reyerà exiflentia (1); c’étoient les feuls êtres 


fol. p. 126. Vid. Fabric. bibl. gr. tom. 8 , p. s30. 
Fragmentum ex illo Commentario produxit Clericus 
Not. in Oracul. Chaldaor. v. 100 , tom. 2 , Oper. 
Philofoph. p. 361 ; federrorem commifit in citatione. 

(1) Ta ous we, ra nala, 30 orales ds: diurenoïyle 
éy rü xooua , 9) oùdrole rod eiveu Elise | oO im Gex. 
rar” dy y Tu AE | 4g4 Gy raw perouriay ExrTey XoiTey : 
F ouonwubs lo anouévar , To dE ri Aéyélei, 494 èsh 
Reverà exiftentia, quæque fecundum idem , ac eo- 
dem femper modo funt perfecta , & nunquam, ne 


CHEZ LES, ANCIENS. 37 


‘qui exiffaffent.... véritablement , éternelle. 
ment immobiles ; ils les regardoient comme 
des êtres incorporels , & par qui les autres 
êtres participoient à l’exiftence. 

26. Héraclite adopta les premiers princi- 
pes des Pythagoriciens, & les expofa d’une ma- 
niere plus claire & plus fyftémarique ; 1l di- 
foit (1), que tout dans la nature étant dans 


minimo quidem temporis momento , immutantur. 
Hæc vero efle expertia materiæ , ac quorum per par- 
ticipationem cætera , quæ æquivoce dicuntur efle , 
funt ac dicuntur : ut ex Pythagorà habet Nicomachus 
in Theologumenis Arithmeticts. 

(1) ZEuéen n ep À UdVoy d'oba rois timodet , dix Ta 
mue mepi annSies | rois H'egrAcileios Acyois | @s may 
rar À cuQyley des parler | üe Hmip imishun Tios sai, nf 
Qovaris , éréegs dei Tuas Qous es , map ras did yles 7 
gsvolres" où yap tive  peoïlas imiolnem. ADN 0 pi Toxeg- 
zys Ta xaŸodov où poensa mois, oùOt Tous ogarpous. Oi dk 
Exôpires , 1 Ta rule ,  oflav idtus megrwyopeurer" bis 
cuééeues dulois eo ra avla Aoyo , male idtus ea À 
xu%onou neyouwar. Contigit vero opinio de ideis , illis, 
qui proptereà quod de veritate perfuafi eflent , adhæ- 
ferant Heracliti placitis, quôd finfibilia omnia femper 
fluane. Quôd fi igitur fcientia alicujus rei vel pru 
dentia fit , oportere alias quoque exiflere naturas pers 


C ui 


Opinion 
d'Héraclire, 


Démocrite a 
précédé Mal- 
lebranche en 
fon fyltême , 
fuivant Bay- 
le. 


38 IDÉES INNÉES 


un changement perpétuel , il devoit y avoir 
des êtres permanents, [ur la connoiffance def- 
quels toute la fcience fût fondée, & qui devoient 
Jervir à régler notre jugement fur Les chofes [en- 
Jibles & changeantes. 

27. Démocrite enfeigna aufli l’exiffence 
des idées univerfelles des chofes ; qu’il croyoit 
être participantes de la Divinité ; d’où elles 
étoient émanées (1). M. Bayle (art. DEmo- 
CRITE , 2016 p.), en comparant le fentiment 


manentes prater fenfibiles. Non enim fluentium dari 
fcientiam. Verüm Socrates quidem univerfalia non 
feparata pofuit, neque etiam definitiones. IIli verd 
fepararunt , ac ejufmodi ( univerfalia ) ideas entium 
appellarunt. Quarè ferè accidit eis eâdem ratione , ut 
omnium , quæ univerfaliter dicuntur , idea fint. Ariflo- 
teles metaphyf. L. XI. c. 4, p. 957. 

(1) Democritus tüm cenfet , imagines divinitate 
præditas inefle univerfitati rerum ; tum principia , 
mentes que, quæ funt in eodem univerfo , Deos effe 
dicit; tum animantes imagines, quæ vel prodeffe 
folent , vel nocere ; tüum ingentes quafdam imagi- 

es, tantas que , ut or mundum complec- 
tantur , extrinfecus. Crc. de natur& Deor, lib, E, 
fe, 165 , p. 200. 


CHEZ LES ANCIENS. 339 


de Démocrite avec le fyftème de Mallebran- 
che, s'exprime en ces rermes: » Prenez bien 
» garde que Démocrite enfeignoit que les 
» images des objets font des émanations de 
» Dieu , & font elles-mêmes un dieu ; & que 
» l’idée actuelle de notre ame eft un dieu ; y 
» a-t-1l bien loin de cette penfée à dire que 
» nos idées fontren Dieu , comme le P. Mal- 
» lebranche l’a dit, & qu’elles ne peuvent 
» être une modification d’un efprit créé ? ne 
» s’enfuit-il pas de là que nos idées font Dieu 
» Jui-mème? « Non, pourroit répondre un 
Mallebranchifte à M. Bayle ; la conféquence 
que vous tirez ici contre le P. Mallebranche 
n’eft ni jufte, ni néceffaire. Dire que Dieu 
nous communique les idées qui font en lui, 
n’eft pas dire que nos idées font Dieu lui- 
même ; ce font toujours les idées éternelles de 
Dieu, que nous appercevons ; & quand nous 
les appellons nos idées , nous parlons ainfi 
abufivement, pour dire la maniere dont nous 
contemplons ou concevons les idées que Dieu 
nous communique. Mais ce n’eft point ici 
le lieu de défendre Mallebranche, il fufhir à 
C iv 


Doctrine de 
Plaron fur les 
idées. 


40 IDÉES INNÉES 


mon fujet de repréfenter l’analogie de fes 
principes avec ceux des anciens. 

23. Paffons à Platon , celui de tous les 
philofophes qui, pour avoir le mieux expli- 
qué & détaillé ce fyflème, a mérité d’en être 
regardé comme Île premicr auteur. » Platon 
» donnoit l'appellation d'idées à des fubftan- 
» ces éternelles, intelligentes, qui éroient, 
» à l'égard des dicux, les formes exemplaires 
» de tout ce qui avoit été créé, & à l'égard 
» des homines l’objet de toute la fcience, & 
» de leur contemplation pour apprendre à 
» connoîïtre les chofes fenfibles. Le mon- 
» de /1) avoit toujours ex1fté, fuivant Pla- 


(1) To de intoxemléor mepi vod ( xormov) | ærpos mrorip 9 
P margderyuéray 0 reilaveusves duroy àmtipy@Qero" OT og 
mpos To aol Taurt , 19 druirus yo, n pos To yéyoves* 
& péey d'u vues Est 0Ùe D xorpes , 0TE d'mpuovpyos dryabos , 
d'énor, ds mpos ro did'ior tonemer. Eid'e (0 und eimeiv ren Begue ) 
epos ro yeyos. Tail dŸ cugés | ori pos ro ider, 

Illud confiderandum eft de univerfo, ad quod 
exemplar opifex illud fit architectatus, effeceritque, 
an ad illud, quod earum eft rerum , quæ eodem 
modo femper habent , quod femper unum, & idem 
eft fui fimile, an ad id, quod generatum , ortumque 


CHEZ LES ANCIENS. 41 


» ton, dans les idées de Dieu , lequel ayant 
» enfin déterminé de le faire exifter tel que 
» nous le voyons , le créa fur ces exemplai- 
» res éternels, & forma le monde fenfible 
» fur l’image du monde intellectuel «. Cicé- 
ron , parlant de ce fentiment de Platon, 
dic(1): » qu'il appelle les formes des cho- 
» fes idées ; qu'il n’accorde point qu’elles 


diximus. Atqui fi pulcher eft hic mundus, fi bonus 
eft ejus opifex, perfpicuum eft , ipfum ad fempiter- 
num illud exemplar refpexiffe , fin minus, (quod diétu 
quidem nefas eft ) generatum exemplar fibi propo- 
fuit. At quilibet fanè perfpexerit , fempiternum exem- 
plar fibi propofuifle. Plato in Timao, tom. 3 , p.18. 

Et in eodem Dialogo : opuonoynleor sbar ro nale ravle 
bo ados | dyewrlor, 2 due gr, oùo* €is tælo tird eg opee- 
vor Do AANoTEy | oùre duo is &GAAo molor , doggilor dE, #) 
das évæicOnlor roro, © d'u vonris inner émirxemiw. Necefle 
eft, efle fpeciem , quæ femper eadem fit, fine ortu, 
atque interitu , quæ nec in fe accipiat quidpiam 
aliud aliundè , nec ipfa procedat ad aliud quidpiam, 
fenfuque corporis nullo percipiatur ; atque hoc eft, 
quod ad folam intelligentiam pertinet. 

(1) Has rerum formas appellat ideas Plato , eafque 
gigni negat , & ait femper efle, ac ratione, & intelli- 
gentia contineri, Cic, de Orat. N°. 10. 


Occafon de 
cette opinion 
chez Platon, 


S. Anguftin 
a fuivi Pla- 
ton, & Mal- 
lebranche les 
a copiés LOus 
deux. 


42 IDÉES INNÉES 


» aient été produites , mais qu’il leur donne 
» une exiftence éternelle, & les fait réfider 
» dans la raifon & l’intelligence de Dieu «. 

29. Nous venons de voir, en expofant 
le fentiment d'Héraclite , ce qui pouvoit 
avoir porté Platon à adopter cette doétrine. 
Admettant comme lui la fluétuation perpé- 
tuelle des chofes fenfibles, il fentoit que les 
fondements de la fcience ne pouvoient fub- 
fifter , s'ils n’étoient établis fur des êtres réels 
& permanents, qui puflent être l’objet cer- 
rain de nos connoiffances, & que l’efprit 
devoit confulter , pour connoître les chofes 
fenfibles. On voir bien, par les paffages cités 
de Platon , que c’étoit là clairement fa pen- 
fée , & il fufhit de les mettre fous les yeux 
pour faire voir que Mallebranche à puifé 
dans cet auteur tout ce qu’il a dir fur ce fujer 
dans fa Recherche de la vérité, & fes Entre- 
tiens métaphyfiques. 

30. Je ne rapporterai plus qu’un paffage de 
faint Auguftin, qui donnera la plus grande 
évidence à cette affertion, & fera voir que 
c'eft à grand tort que les Théologiens fe font 


CHEZ LES ANCIENS. 43 


récriés contre Mallebranche, pour avoir fou- 
tenu un fentiment qu’ils accufoient d’impiété 
en lui, fans jamais penfer à faire la même 
imputation aux auteurs originaux qu’il avoit 
copiés. On verra par ce paffage que, felon 
faint Auguftin , /es idées fon éternelles & im- 
muables ; qu’elles font les exemplaires ou les 
archétypes des créatures ; enfin qu’elles font 
en Dieu: en quoi il différoit de Platon qui 
les féparoit de l’effence divine ; & on jugera 
aifément du rapport parfait qui fe trouve 
entre ce faint Pere & le philofophe mo- 


derne (1). 


(1) Ideas Plato primus appellaffe perhibetur : non 
tamen , fi hoc nomen antequam ipfe inftitueret, non 
erant quas ideas vocavit, vel à nullo erant intelle&tæ. 
Nam non eft verifimile , fapientes aut nullos fuifle 
ante Platonem ; aut iftas , quas Plato ideas vocat, 
quæcunque res fint, non intellexifle. Siquidem in eis 
tanta vis conftituitur , ut nifi his intellcétis fapiens 
efle nemo poffit. . . . Sed rem videamus, quæ maximè 
confideranda eft , atque nofcenda. . .. Sunt idea prin- 
cipales formæ quædam , vel rationes rerum fhabiles , 
atque incommutabiles , quæ ipfæ formatæ non funt, 
ac per hoc æterne , ac femper eodem modo fefc ha- 


Leibnitz eft 
de Pavis du 
P.Mällebran- 
che, 


44 IDÉES INNÉES 


31. Leibnitz étoit un peu de l'avis du P. 
Mallebranche (1), & il étroit affez naturel 
qu’il le füt , ayant adopté les mêmes prin- 
cipes de Pythagore , de Parmenide & de Pla- 
ton , comme nous Le ferons voir en paflant de 


bentes, quæ in diviné intelligentiä continentur. Et 
cüm ipfæ neque oriantur, neque intereant , fécundèm 
eas tamen formari dicitur omne , quod oriri, vel interire 
poteff. ... Quod fi re@é dici , vel credi non poteft, 
Deum irrationabiliter omnia condidiffe , reftat, ut 
omnia ratione fint condita. Nec eâdem ratione homo, 
quà equus : hoc enim abfurdum eft exiftimare. Sin- 
gula igitur propriis funt creata rationibus. Has au- 
tem rationes ubi arbitrandum eft efle , nifi ex ipf& 
mente creatoris ? Non enim extra fe quidquam pofi- 
tum intuebatur, ut fecundum id conftituerit , quod 
conftitucbat: nam hoc opinari facrilegum eft. Quod 
fi kæ rerum omnium creandarum , creatarumve rationes 
in divind mente continentur , neque in divinä mente 
quidquam , nifi æternum, atque incommutabile, 
poteft efle, atque has rationes principales appellat 
Plato : non folim funt idee , fed ipfa vera funt , quia 
atérne funt , & ciufmodi, atque 2ncommutabiles ma- 
nent; quarwm participatione fit , ut fit quidquid ef, 
quomodD eff. S. Auguf. lib. 83, quafi. 46. 

(1) Non tamen difplicuit in totum Mallebranchii 


CHEZ LES ÂNCIENS. 45 
la métaphyfique à la phyfique ; il fuffira de 
dire ici qu'il entendoit par fes monades(1)/es 
êtres véritablement exiftants ; des fubftances 


Jimples ; images éternelles des chofes univer- 
félles. 


opinio magno philofopho G. G. Leïbnitio, qui in 
meditationibus de veris, & falfis ideis, A&is Erudir. 
1634, menf. Nov. p. $41, infertis, eam, ait, ft fano 
fenfu intelligatur , non omnind fpernendam elfe, ita 
zamen , ut præter illud , quod in Deo videmus , neceffe 
fit, nos quoque habere ideas proprias , id eff, non quafi 
icunculas quafdam , [ed affeitiones , five modificationes 
mentis noffre refpondentes ad id ipfum , quod in Dea 
perciperemus. Brucke , p. 1166. 

(1) In Epift, ad Hanfchii Traëtatum de Enthufiaf- 
mo Platonico. Et fimulacra univerfitatis. Ta olus tÿla, 
fubftantias fimplices , Deum , animas, mentes. 


Les qualités 
fenfbles re- 
connues des 
anciens, pour 
avoir toute 
leur exiftence 
dans l'ame. 


46 DEs QUALITÉS 


CHA P'ITIReE DEL 
Des Qualités [:nfibles. 
32.[ n'y a point de partie de la philofophie 


qui ait fait moins de progrès chez le vul- 
gaire que celle qui, traitant des qualités fen- 
fibles , les bannit entiérement des corps pour 
les faire réfider dans l’efprit. Les plus cé- 
lebres philofophes de l'antiquité ont reconnu 
cette vérité qui naïfloit naturellement des 
principes de leur philofophie, & dont ils dé- 
duifoient les mèmes conféquences. Démo- 
crite, Socrate , Ariftippe , chef de la fecte cy- 
rénaïque , Platon , Epicure & Lucrece ont 
dit clairement que le froid , la chaleur , les 
odeurs & les couleurs n’étoient que des fen- 
fations excitées dans notre ame, par la diffé- 
rente opération des corps qui nous environ- 
nent , fur chacun de nos fens ; & 1l eft aifé de 
faire voir qu'Ariftore même étoit de l’opi- 
nion (1), que les qualités fenfibles exiflent 


(1) Arifl. Problem, 33, fe, 11; p.741, tom. 2. 


SH NU SLL/B IL ETS 47 


dans l’ame , quoique, pat fa maniere obfcure 
de s'expliquer là-deffus , & fes qualités oc- 
cultes , il ait donné fujet de croire qu’il pen- 
foit autrement; 1l n’y a que les fcholaftiques, 
que je fache , qui aient pofitivement cru & 
enfeigné que les qualités fenfibles exiftoient 
dans les corps comme dans les efprits, & 
qu'il y avoit dans les corps lumineux , par 
exemple , la même chofe que ce qui eft 
en nous quand nous voyons la lumiere. Et 
comme la philofophie fcholaftique s’étoit 
emparée pendant quelques fiecles de tous 
les efprits , lorfque Defcartes, & Malle- 
branche après lui, fe font élevés contre un 
préjugé aufli répandu , & qu'ils fe font donné 


Senfus ab intelligentià fejunétus laborem velut infen- 
fibilem habet , unde diétum : mens vidit, mens audit. 
Noïs opé | x) voùs dxouet, Et de fenfu & fenfili, c.1, p.665. 
Non anima ipfa in oculi extremo, fed in parte interna 
exiftit. — Wid. lib, 2 de animé, cap. 12, p. 647, 
tom. 2. Et Epicharmum in Clem. Alex, Strom, lib. 2, 
P- 369, vide & Jamblichum de vitä Pythagore , c. 32, 
P. 192: Ciceron. Edit. Elzevir, p. 1057, col.1, 
lin, 14 6 feg. Porphyr. de vité Pythagore , p. 45. 


48 Ds 1Quraira TÉ s 
beaucoup de foins pour tirer le vulgaire des 
philofophes de l'erreur grofliere où 1l fe trou 
voit plongé à cet égard, on ne s’eft point 
apperçu qu'ils ne faifoient que renouveller 
les même vérités qu’avoient enfeignées Dé- 
mocrite , Platon, Ariftippe & Sextus Empi- 
ricus , & appuyées des mêmes arguments 
qu'avoient employés ces philofophes, quoi- 
que quelquefois étendus davantage; onen a 
fait vout l'honneur à ces modernes , parce- 
qu'ils ont beaucoup crié contre l'erreur ; 
comme fi elle eùt été univerfelle; & on n’a 
pas daigné approfondir fi en effet 1l en étoit 
ainfi. Car pour peu qu’on eût fait attention 
à ce qu'ont dit les anciens fur cette matiere, 
& qu’on eût confulté leurs écrits, on auroit 
trouvé que quelques-uns , comme les Ciré- 
naïques, les Pyrrhoniftes, & d’autres, non 
feulement n’admetroient dans les corps au- 
cune faculté d’exciter en nous des fenfations, 
mais même qu'ils mettoient quelquefois en 
doute l’exiftence des corps ; doute qui a paru 
fi extravagant à notre fiecle , lorfque le P. 
Mallebranche l’a avancé, & quieftcependanr 
aflez 


SE INT SE D ILES S. 49 


affez fondé felon les regles de la bonne lo- 
 gique. Cette négligence à vérifier l’origine 
de nos connoiflances , n’éroit cependant pas 
générale : Gaffendi (1) avoit publié un traité 
fur les qualités fenfibles, & il avoir donné 
aufli un abrégé de la philofophie des Pyrrho- 
niftes fur ce fujet, avant que Defcartes eût 
encote entrepris de la traiter comme il la 
fait depuis ; de forte que parmi les modernes 
mêmes , Defcartes n’eft pas le premier qui 
ait clairement diftingué les propriétés de l’ef- 
prit d'avec celles du corps, comme plufieurs 
favants paroiflent encore le croire (2), & 
quant aux anciens, une courte expofition de 
ce qu'ont dit Defcartes & Mallebranche fur 
cette diftinétion fi effentielle, comparée avec 
ce que les anciens en ont enfeigné , mettra 
bientôt le leéteur en état de décider à qui 
cette découverte doit être attribuée, 


(1) Gaffendi de fine logic, p. 71 & 372 & feg. Oper. 
tom. 1. Lugdun, 1658. fol. 

(2) Formey , Recherches fur Les éléments de La ma- 
tiere , in-12, p. 8, © quelques autres, 


Tome I, D 


Opinion de 
Defcartes fur 
ce fujet. 


Sol: D'Eis 1Q:UPANLIT T É s 


33. Defcartes commence par remarquer 
qu'il n’y a perfonne qui ne foit accoutumé 
dès fon enfance à envifager les chofes fen- 
fibles comme exiftantes hors de fon efprit, 
& ayant une reffemblance avec les fenfations 
ou les perceptions qu’il en a; de façon que 
voyant la couleur , par exemple, d’un objer, 
nous penfons voir quelque chofe hors de 
nous, & femblable à l’idée que nous éprou- 
vons alors de la couleur ; & par cetre habi- 
tude à en juger ain, nous n'avons jamais le 
moindre doute à cet égard. Il en eft ainfi de 
toutes nos fenfations (1); car quoique nous 
ne penfions pas qu’elles foient hors de nous, 
nous ne les regardons pas ordinairement 
comte exiftantes feulement dans notre ef- 
prit, mais bien dans notre main , notre pied, 
ou dans toute autre partie de notre corps ; il 
n'eft pas plus certain cependant que la dou- 
leur que nous reflentons , comme étant par 
exemple dans le pied , n’eft pas quelque chofe 


(1) Defcartes Principiorum Philofophiæ pars 1, 
Jet. 66; Blaeu, Amfi, 1692, ine4, 


DUR NISSIVB /L CES S. si 


hors de notre efprit exiftant dans le pied, 
qu’il ne l’eft que la lumiere que nous apper- 
cevons (comme dans le foleil ) exifte en cet 
aftre, & non dans notre efprit : mais tous les 
deux font des préjugés de notre enfance: ainfi 
nous difons que nousappercevons les couleurs 
ou que nous fentons les odeurs dans les objets, 
lorfque nous devrions dire qu’il y a quelque 
chofe dans les objets qui produit en nous ces 
fenfations. Les principales caufes de nos er- 
reurs viennent donc des préjugés de notre 
enfance, dont nous ne pouvons pas aifément 
nous délivrer dans un âge plus avancé. 

34. Mallebranche faifit cette idée de Def- 
cartes, & l’étendit même davantage. Dans 
fon ouvrage célebre de a Recherche de la vé- 
rité , il commence (1) par chercher la fource 
de nos erreurs dans l’abus que nous faifons de 
notre liberté, & dans la précipitation de nos 
jugements ; de façon que nos fens, dit-il, ne 
nous jetteroient point dans l’erreur, fi nous 


(1) Mallebranche , Recherche de la vérité, Liv. 1, 
chap. 5. 
Di 


Mallebran- 


The traite cet- 


te matiere 
avec beau- 
coup de clars 
tés 


2 20 DES IOUALUTÉS 


ne nous fervions point de leur rapport pour 
juger des chofes avec trop de précipitation. 
Par exemple , quand on voit de la lunuere, 
il eft très certain qu’on voit de la lumiere ; 
quand on fent de la chaleur, on ne fe 
trompe point de croire qu’on fent de la cha- 
leur ; mais on fe trompe quand on juge 
que la chaleur & les odeurs que l’on fent 
font hors de lame qui les fent, Il combat 
enfuite les erreurs qui viennent de nos juge- 
ments : 1l dépouille les corps des qualités 
fenfibles , & enfeigne comment l'ame & le 
corps contribuent à la produétion ce nos fen- 
fations , & comment nous les accompa- 
gnons toujours de faux jugements. Il blîme 
ceux qui jugent toujours des objets par les 
fenfations qu'ils excitent en eux, & par rap- 
port à leurs propres fens ; au lieu que les fens 
étant différents dans tous les hommes , ils 
devroient juger différemment de ce qui les 
affecte, & ne pas définir ces objets par les 
fenfations qu’ils en ont ; autrement ils parle- 
ront toujours fans s'entendre, & mettront de 
la confufion par-tout. 


S'EUN STABLE Es. 53 

35. Si nous examinons à préfent tout ce 
que les anciens ont enfeigné fur ce fujet , 
nous ferons furpris de la clarté avec laquelle 
ils fe font expliqués, & nous ne pourrons pas 
comprendre que l’on aitregardé comme nou- 
velles, des opinions expofées dans leurs écrits 
avec tant de force & de précifion. On ne peut 
pas même dire que les modernes aient donné 
un tour nouveau à ces opinions, car 1ls n'ont 
fait que raifonner fur les mêmes principes, 
& employer les mêmes comparaifons qu'ont 
apportées les anciens pour les foutenir. 

36. Démocrite eft le premier qui ait dé- 
pouille les corps des qualités fenfibles , quoi- 
qu'il ne foit pas le premier auteur (1) de la 
philofophie des corpufcules , fur laquelle 
cette diftinction eft fondée. Ce grand homme, 
n'admettant pas pour tous principes les atomes 
& le vuide, différoit de tous ceux qui l’a- 
voient précédé dans cette opinion, en ce 


(1) » Leucippe l’avoit précédé en cela, & (fuivant 
» Poflidonius & Strabon )} Mofchus , Phénicien, qui 
» vivoit avant la guerre de Troyes, avoit jeté les 
* premiers fondements de cette philofophie », 


D iij 


Les modet- 
nesn’ontrien 
dit de nou- 
veau à ce fu- 
jet 


Opinion de 
Démocrire 
fur les quali- 
tés fenfibles, 


SALOPES: Qu AL ÉTÉ S 


qu'il difoit que les atômes éroient deftitués 
de toutes qualités ; en quoi il a été fuivi par 
Epicure. Il dérivoir ces qualités du différent 
ordre & de la différente difpofition des atomes 
entre eux, ainfi que de leur différente figure, 
qu'il difoit être la caufe de tous les change- 
ments qui arrivent dans la nature ; les uns 
étoient ronds, les autres angulaires , d’autres 
droits, pointus , crochus, &c. » Ainfi ces 
» premiers éléments des chofes n’ayant en 
» eux n1 blancheur , ni noirceur naturelle, 
» nidouceur, ni amertume, ni chaleur, ni 
» ni froid, ni aucune autre qualité , il s’en- 
» fuivoit que la couleur, par exemple, étroit 
» dans l'opinion (1), ou dans la perception 


(1) Vide mentem Democriti in Arifiotele , Metaphyf. 
Z 1, c. 4, 1m Laertio, L. 9, feit. 4ç , in Seflo Empi- 
rico , l. 1, feéf. 114. Amuoxpilos us mowlilus ixGundy* 
De Quri voue durs, vope bspueor, &ilin dE éroux x) xevar, 
Democritus qualitates ejecit ; dicitenim: d//poficione 
calidum , & frigidum ; verè, & realiter verd, atomi, 
& vacuum ; »#» , opinione , ex atomorum difpof- 
tione, ortä, dulceeft, & amarum; opinione frigi- 
dum , & calidum ; opinione calor ; irsÿ verè autert 


— 


GIE UNIS RE R7LCE, S. $5 


» que nousenavons, ainfi que l’amertume 
» & la douceur , lefquelles exiftent dans 
» notre opinion , fuivant la maniere difté- 
» rente dont nous fommes affeétés (1) par 
» les corps qui nous environnent , rien 
» n'étant de fa nature ou jaune, ou blanc, ou 
» rouge ; doux ou amer ». Il alloit plus loin, 


El 


il indiquoit quelle efpece d’atômes devoit 
produire telles ou telles fenfations ; les 
atomes ronds, par exemple, donnoient le 
goût de la douceur ; les atomes pointus & 
crochus un goût piquant ; les corps qui 


aroux | & inane. Quæ autem exiftimantur ( v0e4/Céle ) 
& reputantur fenfilia, ea non funt reveràa xa &nn- 
Sete, Sola autem funt atoma, & inane. Nour autem 
eleganter dicit , non tantum, quod reales effe quali- 
tates plerique putent , & opinione fibi entia vera fin- 
gant , fed quod atomi quoque ita difponantur ( x- 
mew), ut indè hujufmodi opinio exfurgat, Clariff. 
Brucker , Hifi. Crivic. Philof. tom. 1, p. 1191 & feg. 

(1) E‘vye où pers peer Quoun ever alu, æagx Vo mas 
Eco cop , xaGamep 0 Auraiapyos. Siquidém nonnulli 
putant eam (animam) nihil efle aliud , quam ali- 
quo modo affeétum corpus, ficut Dicæarchus, Sexvus 
Empiricus ad Mathem, lib. 7, Jet. 349. 

Div 


Sextus Em- 
piricus fur 
Démocrite. 


56 .: Des QUALITÉ Ss 


étoient compofés de parties angulaires & plus 
groflieres , s'introduifant difficilement dans 
les pores, produifoient la fenfation défa- 
gréable de amertume & de l’aigreur , &c. en 
quoi les Newtoniens l’ont imité, en voulant 
donner l’explicatiôn de la nature différente 
des corps (1). 

37. Sextus Empiricus, expofant la doétrine 
de Démocrite, dit » que les qualités fenfi- 
» bles(2),felon ce philofophe,n’avoient de réa- 


œ 4 
(1) Voyez ci-après feit. 43. 
/ € … De 
(2) Amuoreslos OÙ | ore puir voip Ta Qaoueæ Tais 
s / / 
cuQirirt, 30 roro Aéyeu pnde Quina xala dAdEY , 
/ x m7 e 
SAr& por rule d'obus" daydts d'e ty rois oùriy ÜTépyuv , TS 
drouous eivei 1j xevér. Nôpeo vyup, Qnri, Yon, ) veus 
à) / PAT ki Ÿ \ / Je 2% a 
TTIxpOY , yat ÉPkO » You UZCpOY ’ Vo 22 2 91 £TEN £ 
3/ N nie , 1 7 Û / x 
drop , 19 neo mtp vapiQiles pév cites, xt O'obadere ra 
\ : f À \ oi \ \ 
mine, oùx Est de nola ahiQuay rare. AG Ta roux 
, ALP N \ ,» à " , / « 
prôoy , mai To xexov, E'y OÙ rois xogluÿlypiois | xæintp Ürtyn- 
7 à Lg > / / À / LA , ” 5 
géves Tais aiyrert ro xpéros This misews vais , cdd tr 
ee / / \ € n ne 
To) ivpirxtræi roëro xala nadGay, Quoi Vap, pis dE Tà 
\ 5/ A \ 
gr toi , oO œrpexts ouviques | péleminle de xolæ Te 
/ / \ / 
g@poilos Agir , Au  imuoio lo , rat  dÿlisneagoy la. 
J .\ \ rs « IL 
Kaj mæu , Quoi, éTen pv vèy o74 ojoy Exusoy &s , # où 


#50, où cuituey, moe d'idinalar. 


SEINS NRL ES s7 


» lité que dans l’opinion de ceux qui en étoient 
» différemment affeités ; que c’étoit dans cette 
» affection que confifloit le doux & l’amer , le 
» chaud & le froid ; & qu’ainfi nous ne nous 
» crompions pas en difant que nous [entions 
» telles impreffions ; mais que nous ne pou- 
» vions en rien conclure [ur la difpofition des 
» objets extérieurs ». 


Democritus autem ea quidem tollit , qua apparent 
fenfibus , & ex is dicit nthil verè apparere , fed folèm 
ex opinione : verum autem efle in iis, quæ funt, 
&ffe atomos , & inane. Lege enim ef}, inquit, dulce, 
& lege amarum : lege calidum , & lege frigidum : lege 
color : veré autem atoma , & inane. Que itaque effe 
exiflimantur , & reputantur fenfilia , ea non funt re- 
verà, Sola autem funt atoma & inane. In confirma- 
toriis itidem , quamvis fit pollicitus , fe fenfibus 
vin , fidemque attributurum , nihilominus invenitur 
cos condemnate. MVos autem, inquit, re ipfà quidem 
rihil vert intelligimus , fed quod nobis fe objicit ex 
affectione corporis , & eorum, quæ ingrediuntur , & 
ex adverfo obfiftunt. Et rursus: quod verè quidem 
nos quale fit, vel non fit unumquodque , neutiquam 


intelligimus , multis modis eft declaratum. Sexrus 
Empiricus , p. 399. 


58 Des QuALITÉSs 
Protagorssa 38. Protagoras , difciple de Démocrite ; 
nn difoit que l’homme (1) étoit la feule regle de 


l'opinion de = . se vs 
lon er <outes les chofes qui font ; que toute leur exiften 


pen des ce étoit dans l’impreffion feule qu’elles faifoiene 
Jur les hommes , de façon que ce qui n’étoit 
point appercu n'avoir aucune exiflence (2). 
Ain il porta encore plus loin que Démocrite 
les conféquences de fon fyftème ; car ad- 
mettant ,avec fon maitre , dans les corps, les 
changements perpétuels qui faifoient queles 


chofes n’étoient pas long-temps les mêmes, 


(1) Kai o Ipalaryésgs de Roëniles male xpnéler sivet 
, \ T4 . M \ «1 € # e AS , C1 
pérog roy érJpemor pes oilar | às ts 7 OÙ oùx clan, 
ds oùx Esi° éregr ue Atyar ro xeilneav. Protagoras quo- 
que vult omnium ypmuére rerum menfuram efle ho- 
minem: entium , ut funt : non entium ut non funt: 
menfuram quidem appellans criterium. dem Pyr- 
rhon. Hypotypos, lib. 1, feéf. 216. 
(2) Toëles roi, xaT &vler, F ovlar relire © Spa 
. / \ 1 1 ” > à / \Y 4 
mes mule yap Ta Qanouert Trois GYDpURUIS | Hg EI. Tæ 
À perde À parer Qarouese , 00 tsn. EÎt erco, fe- 
eundüm ipfum , homo criterium rerum , quæ funt. 
Omnia enim , que apparent hominibus , etiam funt : 
qua autem nulli hominum apparent , ne [unt quidem. 
Idem ibid. feët, 119, 


SENSIBLES. s° 


il en conclut que rout ce que nous voyons , 
que nous entendons , ou que nous touchons , n'é- 
toit ainft que dans notre maniere de l’apperce- 
voir, & que la feule regle véritable [crirerium] 
des chofes éroit dans la perception que l’hom- 
me en avoit. Je laiffe à juger au lecteur fi certe 
maniere de s'expliquer de Protagoras ne peut 
pas avoir donné à Berkley l’idée du fyftème 
qu'il a fubtilement défendu de nos jours, & 
dans lequel il foutient qu’il n’exiffe, des objets 
extérieurs , que les qualités fenfibles appercues 
par notre efprit, & que conféquemment tout 
exifte dans notre efprit ; qu'il ne fauroit y 
avoir d'autre fubfiratum , ou foutien de ces 
qualités , que les efprits dans lefquels elles 
exiftent, non par maniere de mode ou de 
proprieté, mais comme une chofe appercue dans 
celui qui l’apperçoit. Cette opinion , qui a 
paru fi étrange & fi inouie à tout le monde , 
eft cependant clairement contenue dans les 
paffages que je viens de citer, & dans ceux 
que j'indiquerai ci-deflous (1). 


—— 


(1) Plato in Theatheto, p. 152 & eg. Confer. 


Ariftippe a 
parlé fur les 
jones fen- 
ibles , com- 
me Defcertes 
& Maïileoran- 
che ont fait 
après lui. 


éé PES Quart rés 


39. Je reviens à Defcartes & à Mallebran- 
che, & je rapporterai ici les fentiments d’A- 
riftippe , difciple de Socrate fur le fujet en 
queftion, Il femble entendre parler ces deux 
philofophes modernes, lorfqu’on voit Arif- 
tippe recommander à l’homme »d’être en 
» garde fur le rapport de fes fens , lui 
» difant qu'ils ne l’informent pas touiours 
» de la vérité ; que nous n’appercevons pas 
» les objets extérieurs tels qu'ils font, mais 
» feulement la maniere différente dont ils 
» nous affectent ; que nous ne favons pas de 
» quelle couleur ou de quelle odeur font tels 


Cratyl.... Ariflotel. Metaphyfic. lib. 3 , c. 6. lib. 10, 
cap. 6..., Cicéron, Academicarum Quaffionum, L. 4, 
Jfeët. 256, p. 36.... Eufebii Prapar. lib. 14, c. 210... 
Hermias , trrifio Gentil, fe&t. 9. Voici un paffage de 
Berkley qui préfente une conformité parfaire avec la 
maniere de s'exprimer de Protagoras : The feveral 
bodies then that compofe the frame of the world have 
not any fubfiflence without a mind: their rss is to 
be perceived or k1own; and as long as they are not 
perceived by me, or any other thinking BEING , they 
have no shadow of exiflence at all. Berkley , Prin 
ciples of human knowledge. 


BUE ML SL BH )E ES. 61 


» cofps, mais feulement de quelle maniere 
» nous en fommes affectés ; que nous ne pou- 
» vons pas comprendre les objets en eux-mê- 
» mes, mais que nous jugeons feulement des 
» impreffions qu’ils font en nous: ainfi c’eft le 
» jugement que nous prononçons fur la na- 
» ture des objets extérieurs , qui eft la caufe 
» de nos erreurs ; c’eft pourquoi, fi nous ap- 
» percevons une tour (1) qui paroifle ronde, 


(1) Ei yap d'une megrmimloilos fuir megaQigoès | trip ou 
H9Ÿ KEXNATHLENO , Ty pv air dhnI Ds TuroQui Déryovres , 
megraroQainoes de ox Eüvris ort sRoylU os & mrüpyes ist, 
n de xémy téxhaçes, ru man rù airby Quilérmale Bebaodetr. 
Ta d éxles crus yen | ouonoytin ox Sthouri &AN © 
ixlvus irroes , 4g4 To ropouQes nexleo | où immer , oùde 
roger, las dpt ro seyylon ai , 494 To rxæmicTai T#y 
SV, 05 cnanmar, où seyy[cro dvaryxn Toy FUpyoY HÉVEWe 
To yo dduor 1Q 65 mérode 4 is, xeA@TUEIOY ES, À 
amy de, d@ #s To d'une, oùx rl XELRAT EM, 

Quippè, imagine nobis oblatà rotundà , aut frac- 
à, dicunt Epicurii fenfum verè informari , non fi- 
nunt tamen dicerenos, turrim efle rotundam , aut 
remum infraétum reverà : equidem affectiones eorum 
vifa confirmant ; externa ita habere , ut vifa nobis 
funt , non fatentur. Sed ut Cyrenaici equari fe, & 


é2 DES Q'uArtTTÉs 

» Où une rame qui paroiffe brifée dans l'eau , 
» nous pouvons bien dire que nos fens nous 
# font ce rapport; mais nous ne devons pas 


parietari dicunt , de equo, & pariete nihil affirmant: 
fic etiam dicendum eft rotundari , aut obliquari vifum 
Epicureis , non interim neceffe turrim elfe rotundam , 
autremuin fraëtum ip[um dicere. Quippè fimulacrum, 
quod vifum adficit, fraétum eft ; remus à quo id 
fertur, nequaquam. Plutarc. ady, Colotem , tom, 2, 
pe 1121. 4, BC. 

Où Aéyourt ro éxles ere Bepu, AA To ty œdr4 médis 
yéyoe rowodro. Gp où rænlér to Tr Aéryouers épi râs yivoius , 
Dri To enros où Quriy tive yAUxd | rudes OÙ Ti, 1 niv 
areph dulyr yeyorties roro: à dÙ Aéyar dJp or: Qailu- 
ctey Aeubanuv , & de drdpares ich ph aidée , mode 
Egs ras dpopues 3 où zrape À Aeyorlar raumrunud % Qaile- 
iay Aube | ti dE raumino ol, pin mogramQairee: 
Fm Cu, no or cle gyforor, ANG riQailarue mes dus, 
0 rinaua olegylurouides yep; w Alu, Qére ris. G2N 
éyo Tà müpye mort} Var , 10 Ts nômys dames, àropu- 
voguer , Thv pv ebdtiæn tivas , To de mrondyavor. Entives 
men vyyès pret, To dons, x ro Gaia, mhtor dE où ts 
Opodo HT Et. 

Cirenaïci id, quod extra eft, non dicunt effe cali- 
dum, fed in ipfo fenfu aiunt calidam extitifle affec- 
tionem : nonne idem eft cum co , quod de guftatu 


SÆ N SI LES. 6; 


» dire que la tour que nous voyons dans l’é- 
» loignement, foit ronde ; ou que la rame 
» que nous voyons dans l’eau, foit brifée ; 
» mais avec Ariftippe & la feéte Cyrénaïque, 
» il faut dire que nous éprouvons la modifi- 
» cation caufée dans notre ame par la ron- 
» deur de la tour, & par le brifement de la 
» rame ; mais il n’eft ni néceffaire ni poflible 
>» pour cela que la tour foit ronde, ou la rame 
» brifée, puifqu’en effet une tour quarrée 
» nous paroïît fouvent ronde , à quelque dif- 


dicitur , quandÔ rem externam non affirmant effe dul- 
cem, guftatum autem dulcedine affeétum fuifle fa- 
tentur ? Et qui dicit imaginem fe hominis percepifle, 
an autem externum illud homo fit fe non fentire : 
unde anfam naétus eft ? nonne hi præbuerunt , qui 
dicunt curvum , aut teres fibi vifum efle oblatum ; 
fenfum autem non hoc etiam pronunciare , rem, 
confpeéta quæ fit, efle curvam , aut teretem , fed 
cfigiem quandam ejus talem extitifle > Atqui, dixerit 
meherculè aliquis. Aggreflus ego ad turrim , aut 
remum tangens , pronunciabo hunc rectum, illam 
multangulam efle : ille etiam, fi proximè adftet, 
videri fibi ita , & apparere duntaxat, nihil amplius 
fatcbitur. Idem ibid, 


Suite du fen- 
timent d’A- 
riftippe. 


Cu DES COURANTES 
» tance , & un bâton droit nous paroït tou- 
» jours brifé dans l’eau ». 

40. Ariftippe difoit encore » qu’il n'y avoit 
» rien dans les hommes qui püt juger de la 
» vérité des chofes ; mais qu'ils impofoient 
» des noms communs à leur jugement: car 
» tous parlent de la blancheur & de la dou- 
» ceur; mais ils n’ont rien de commun à quoi 


Ÿ 


ils puiffent rapporter avec certitude les im- 
» preflions de douceur & de blancheur. Cha- 
» cun juge de fes propres affections; & per- 
» fonne ne peut dire que la fenfation (1) qu'il 


V4 5 N / # me / A À 
(1) EvQer 00 xearnenoy Qurir cire xouoy Spa ray | ôvo- 
« \ / 4 L \ \ 1 
para Où xowx ride rois mpluari, Acuxoy puis jap TE, #04 
\ ” ” : \ \ \ L/4 / , 
JAUXU HOAOUTE MOIS TIAYTES" XOIVOY de ri Aeuxoy > À YAUXU oux 
14 \ / LA LA \ A 
éxourn. E’xaclos yap rod idiw madous élinaucanlar, ro 0? 
02 \ \ CRE / > vu / 
si roro ro mados dm) Meuxod tyyiverey duo, x rd mias, 
\ / Nitro / \ \ n / \ 
en &vad ELoHEVOS TO ExEiyoU, pe eos de mood médous mE2À 
éd n / T: : 7 \ à el Vs \ n 
queues mywoutrou , meogmilés 6e To EVE , OTI TO poli Toioy 
) jo 5 To mapolèri Qaiveres, Téye up iyè 
Dasouevoy, Toi x) To maperlart @ . Taxe yap ty 
NEA) / Ë LOT AE D 0 
HF OUT &@ QUYXEXEAUO! ; (214 AEUXOIVEOT EI UTO TOY EGONTEY AR9IT- 
+ \ 1) / L \ ” 
mimlores | Éripgs OÙ oTU xaTETHEULOMEH) EE TA CAT, 
e 04 / 2 PUS \ ! 
dos eripus Auridie" où méilus oùy ronéy icle ro Quiout- 
: à K \ AÏ «1 ! \ ! n 3 QYA 
gene qu, Ka ors Ta ovri megé ras Afupopqus ris éiQy- 
/ Ê] € / / / #7, 
rias xalarxivns | oÙx GuiTes LOUER à RO ho) im TE 


» éprouve, 


SENS LS L ENS; 65 


s éprouve , quand il voit un objet blanc, eft 
» la même que celle qu’éprouve fon voifin , 
» en regardant le mème objet; & puifqu'il 


\ 


ileeréler | 35 QYaneicrlar , À À rule Qiow diaxcutras 
De yap mo To evo , oi pen éyesvripes , oi dt Qox- 
rids, où de neuxailixds magouri , orTus tinos io ) rois 
talu Quow dasauevos | mage rar diipeggr À aiShreor zu 
TATAEUM | h drairos mo Tu dulèr xwaco AN éTipas 
pen To DEUxoy , éTEpas dE ro LA 970 ; uh ocuuTus d'E roy 
pohaQTuhuo. &ole roue pes utis boule rides vois mocry- 
part, man de ye Eye 10e, 

Undè nec cricerium dar: omnibus hominibus commune 
affirmant Cyrenaici, poni autem nomina communia 
judiciis, Nam album quidem, & dulce vocant omnes 
communiter : commune autem aliquid album , aut 
dulce non habent. Unufquifque enim apprehendit pro- 
priam affeétionem. An autem eodem modo ipfe & pro. 
ximus ex albo afficiatur , neque ipfe poteft dicere , ut 
qui proximi non percipiat affeétionem : neque pro- 
ximus, ut qui affectionem illius non percipit. Cum 
autem pulla fit nobis communis affetio , temerarium 
eff dicere id, quod mihi tale videtur, tale etiam videri 
vicino, Nam fortafsé quidem ego ita fum compofitus, 
ut album mihi videatur hoc, quod extrinfecüs mihi 
fe offert. Alter autem fic conftitutum habet fenfum, 
ut aliter afficiatur. Non eft ergo omnino commune 


Tome LI. LR E 


66  D:Es QuaAziTÉés 


» n’y a point d'affections qui nous foienr 
» communes à tous , c'eft une témérité 
» de dire que ce qui me paroit de telle ma- 
» niere , paroit de mème à celui qui eft près 
» de moi; car je puis être conftitué de façon 
» que tels objets qui s'offrent à mes yeux, 
me paroiflent blancs, pendant qu’ils paroî- 


w 
v 


» tront jaunes à un homme qui fera conftitué 
» d’une autre maniere; ce qui eft manifefte 
» dans ceux qui ont la jaunifle, ou une oph- 


id , quod nobis apparet. Quod autem reverà propter 
diverfas fenf£s conflitutiones , non fimiliter, & codem 
modo afficimur, movemutrque , per/picuum eff in ts, 
qui regio morbo , vel ophthalmia laborant , & iniis, 
qui affecte funt fecundèm naturam. Quomodo enim ex 
eâdem te alii quidem ita afficiuntur, ac fi luridum , 
alii rubrum , alii ac fi album intuerentur , ita etiam 
credibile eft eos, qui fecundum naturam funt affedi, 
propter diverfam fenfuum conflitutionem ab ïifdem rebus 
non moveri  fimiliter : fed aliter quidem eum, qui 
glaucis, aliter, qui cæruleis, aliter denique eum, , 
qui nigris eft oculis. Quo fit, ut rebus quidem com- 
munia nomina imponamus , proprias autem habea- 
mus affectiones. Sextus Empiricus , adv. Math, L, 7, 


Jet. 195$; p. 410. 


SRE UN? SIN L LE 6 67 


» thalmie, ou qui étantconftitués par leur na. 
» ture de quelque autre maniere, ne peuvent 
» pas recevoir les mèmes imprefhions, par la 
» raifon de la différente conftitution de leurs 
» fens. Ainfi celui qui a les yeux plus gros, ver- 
» ra les objets d’une grandeur différente de ce- 
» Jui qui les a plus petits; celui qui a les yeux 
» bleusies verra d’uneautre couleur que celui 
» qui les a gris : d’où vient que nous donnons 
» des noms communs aux chofes, parceque 
» nous en jugeons par nos propres affections. 

41. Platon aufi a clairement diftingué, 
d’après Protagoras , entre les qualités fen- 
fibles & les objets extérieurs qui les occa- 
fionnent ; il obferve que le même vent (1) 


», , 34 À , rs mm 2 ns « \ © 

(1) A oùx éviore mysoïlos dyeuou rod durer | © peiy pv 

CA e à 1 \ ce A ci} e Q 1 ! 
plyo1 3 0 de où > Hg4 0 HE) YpEua , 0 dE cDod pu ; TTOTEE 9) 
ay vôre duo ÉQ teurs ro mue, Quyp, à où juge 
Pérou 3 à musee rh Tlporarycpe , or ri puey pryaèvrt , 
duypor, ra dt pen , cu. 

Nonne eodem aliquandÔ vento flante noftrûm qui- 
dem aus friget , alius non; ille quidem lenicer, 
ille vehementer ? Utrüm igitur ftatuerimus ventum 
in fe ipfo tunc frigidum , an non frigidum ? an potius 


E ij 


Platon a auf. 
fi diftingué 
entre les qua- 
lités fenfibles 
& les objets 
qui les cau- 
{ent, 


Straton a- 
voir aufli la 
même penfée, 


68 DES OUALITÉS 


paroït froid à lun & chaud à un autre, petit 
à celui ci & violent à celui-là ; & qu'il rez 
faut pas conclure que le vent en lui-même foit 
froid ou chaud en même temps , mais dire avec 
Protagoras que c’efl pour celui qui fent le 
chaud qu’il eft chaud, &c. 

42. Straton, célebre Péripatéticien, regar- 
doit les fenfations comme des modifica- 
tions de l'ame, er laquelle elles avoient toute 
leur exiflence ; & dans les parties affeëtées (1) : 
ou bien, felon quelques auteurs, 1l faifoit 


Protagoræ credemus , ei quidem | qui frigeat ; frigi- 
dum , qui non, nec idem ? Flato in Theatheto ,tom.1, 
PTS As 15318 1645 16 645: ES 7e 

(1) Erparay 30 ra may rés Vuyis | 499 ras aiOuous 
b TD gycuouxd , ok à rois memodori roms cuis, iv 
yep Tabry aude Ti drouon | comp mi  Owdv , 494 
éDyuèv | 20 bormrtp tmi @vdpélor , 1 d'env. 

Strato tum pañliones animæ , tum fenfus etiant, 
in principe {olüm parte , non in affeétis locis , confifiere 
ait. Siquidem in ipfà, tolerantia reperitur : ut in 
gravibus , ac dolorificis rebus , ut in fortibus etiam 
ac timidis viris obfervatur. Plutarch, de Placitis 
Philofoph. lib. 4, c. 23. Cic, Edit. Elzey. p. 1057, 
col. 1, lin. 14 @ feg. 


SPL NS .SÈ IS A ILE Si 6 


les fens , les miniftres de l’ame (1), par le 
moyen defquels elle exerçoit fes facultés. 
43. Je pañle à Epicure , dont Lucrece nous 
a tranfmis la philofophie en fi beaux vers , & 
dont Plutarque , & fur-tout Diogene de 
Laërce, ont expofé la doctrine avec tant d’e- 
xactitude. Ce philofophe , admettant les 
principes de Démocrite , en tiroit aufli les 
conféquences toutes naturelles (2), »que les 
» atomes font tous de la mème nature, & 


(1) Ko où pois Mingépes dun À aire, ds à mAciss , 
où dE dulw ee ras duTurtis , UTP did Two 72 a 
aidrlnpior mpoxümlourar. is sais spé Erpérar re à Quri- 
205 , k94 Abyrid'ypros. 

Et alii quidem eam differre à fenfibus, ut plures: 
alii autem eam efle fenfus, & per fenfuum inftru- 
menta tanquam per quædam foramina profpicere, & 
fe exercere. Cujus feétæ auctor fuit Strato Phyficus , 
& Ænefidemus. Sextus ÆEmpiricus adv., Mathem. 
lib. 7, Jet. 350, 

(2) Verüum, opinor, ita eft : funs quadam corpora ; 
quorum 

Concurfus, motus , ordo , pofitura , figure 

Efficiunt ignes ; mutatoque ordine mutant 

Naturam ; neque funt igni fimulata , neque ulle 


E iij 


Expofition 
de l'opinion 
d’Epicure. 


70 DEs QUuALITÉS 


5 


» 


23 


» 


2 


2 


» 


3 


” 


Lo 


3 


qu'ils ne different qu’en figure, en gran- 
deur , en pefanteur, & dans toutes Îles 
chofes qui ont du rapport avec ces pre- 
mieres propriétés , comme la rondeur , la 
grofleur , &c. car la coûleur, dir-il, le 
froid , la chaleur , & les autres qualités 
fenfibles ne font pas inhérentes dans les 
atomes : mais le réfultat de leur affemblage 
& de leur différence vient de la différence 
de leur grandeur , de leur figure & de leur 
arrangement ; de façon que tel nombre 


Prætereà rei, quæ corpora mittere poflit 
Senfibus , & noftros adje@tu tangere taus. 

Tit. Lucretit Cari Lib, 1, verf. 685 
Præterea, quoniam nequeunt fine luce colores 
Effe , neque in lucem exiftunt primordia rerum , 
Scire licet, quam fint nullo velata colore, 
Qualis enim cæcis poterit color effe tenebris, 
Lumine qui mutatur in ipfo, propterea quod 
Re&à, aut obliquà percuflus luce refuloet ? 
Pluma columbarum quo paéo in fole videtur. 

Lib. 2, v. 794. 

Sed ne fortè putes folo fpoliata colore 
Corpora prima manere : etiam fecreta teporis 
Sunt, ac frigoris omnin , calidique vaporis ÿ 
Et fonitu fterila.. ...., v. 841: 


S EN SAR LÉE 6: 71 


» d’atomes dans tel ordre donne une fenfa- 
» tion, & dans tel autre nombre & telle 
» combinaifon différente , ils donnent une 
» autre fenfation ; mais leur nature premiere 
» refte toujours la même , à caufe qu’étant 
» folides & fimples il n’émane rien d’eux (1): 
» autrement la nature n’auroit point de fon- 
» dements ftables & certains ; & c’eft de cette 
» permanence conftante des propriétés effen- 
» tielles aux atômes ou à la matiere, que 
» naïffent les différentes fenfations , que les 
» mêmes objets produifent dans les animaux 
» de différentes efpeces, & dans les hommes 
» d’une conftitution différente : car chacun 
» a dans les organes de fa vue, de fon ouie 
» & de fes autres fens, une multitude innom- 
» brable de pores de différente grandeur, & 
» dans une différente fituation , lefquels ont 
» une proportion & une aptitude particuliere 
» recevoir les petitscorpufcules (1), lefquels 


(1) Nec jaciunt ullum proprio de corpore odorem. 
Idem lib. 1 , v. 844 


(2) Ergo ubi quod fuave ef aliis , aliis fit amarum, 
Ilis, queis fuave eft, Iæviflima corpora debent 


E iv 


Conformité 
du raifonnc- 
ment de Def 
cartes & de 
Mallebran- 
che avec ce- 
Jui des Fpicu- 


tiens, 


72 DEs QUALITÉS 

» s'introduifent aifément dans quelques-uns, 
» difficilement dans les autres , fuivant leur 
» analogie avec ces pores, & cette différente 


Le 


> contexture des parties dans lefquelles ils 


s 


» doivent produire par conféquent diffé 


CI 


» rentes impreffions ». 

44. Ainfiles fens ne nous trompent point, 
parcequ’ils ne jugent point de la nature des 
chofes , mais 1ls nous font donnés pour nous 
inftruire des rapports qu'ont les corps qui 
nous environnent avec le nôtre propre, & 
pour le bien-être de notre vie ; d’où l’on voit 
que les fenfations font toujours vraies (1), 


arme 


Contrectabiliter caulas intrare palati :. 

At contra, quibus eft eadem res intus acerba, 

Afpera nimirum penetrant , hamataque fauces. 

Ta. HAE yes 

Vid. Se, 36. « Démocrite réduifoit toutes les 
» fenfations à un feul fens ; il difoit que toutes les 
» qualités fenfibles font rangibles , où appartiennent 
» au toucher». Ariflotel. de fenfu & fenfili, c. 4, 
p. 669. E. & Stanley Hifl, Philof, p. 528, col. 2. 

(1) Doore où macer ai Qarlariar Games, © ae: Aeyou, 


ER ergd omnis phantaña vera , nec ratione deftitui- 


SUEFNUSR EN BIENS. 73 


mais que ce font les jugements que nous por- 
tons fur Les objets , qui font quelquefois faux ; 
& cela fuivant que nous ajoutons ou retran- 
chons des objets, caufes extérieures de nos 
fenfations. » Que fi quelques-uns fe croient 


3 


12 


trompés (1) par la différence des phéno- 
» menes qui ont leur origine dans le même 
» objet ; comme par exemple , parcequ'un 
» corps, vu de près , leur paroîtra d’une telle 
» couleur ; & que, vu de loin, il leur re- 
» préfentera une autre couleur ; ils fe jettent 
» eux-mêmes dans l'erreur , en ce qu'ils 
» jugent que de ces deux phénomenes l’un 
» cit vrai, & l’autre eft illufoire : car alors 


ur hæc fententia. Sextus Empiric. adv. Mathem. 
lib. 7, Jet. 203, 104 & feq. p. 412, 413, 414. 

(1) E’éerara de inos 4 À taQopor À mo rod rod ai y= 
rad, olo opgloù | d'oxuriy megrminluy Quilariüv, 24 %y à 
É?AAOe guy : p GRR 0 EpL0Y > 4 dddas mus &enarypéro Qu - 

dde ! DRUL . 
vera To vmoxeiusro, Nonnullos autem decipit diverfitas 
viforum , five phantafarum , quæ videntur offerri 
ab eodem fenfili, verbi gratià ab afpeétabili ; ita ut 
videatur fubjeétum alterius coloris , aut alterius f- 
guræ , aut aliquo alio modo mutatum, Îdem ibid, 


74 Des QUALITES 


» 1ls forment un faux jugement , ne confidé- 
» rant pas aflez la nature des chofes ; & ils 
» devroientau contraire conclure que la cou- 
» leur qu'ils apperçoivent dans l’objet vu de 
» près, eftune ; & celle qu'ils apperçoivent 
» dans le mème objet vu de loin, eft une 
» autre couleur ; toutes deux changées par la 
» diftance différente , à laquelle elles fonc 
» vues, & produifant deux fenfations qui 
» ne font pas la mème, mais qui n’en pré- 
» fentent pas moins ce qu’elles font vérita- 
» blement ; d’où vient aufli que ce n’eft pas 
» le fon même (x) qui eft dans l’airain frappé, 


vw 


vw 


> \ à et \ 4 el SIN D 

(1) Ov yap OAo opéras To sepepeor | ve Emi T° Ggcilav 

, 2 \ \ LA ee / ne \ 

ao ET a Toy À6yoy , GG TO ypopie TO sepéevtou. Tou dE 

« / \ rs » € > Ml © "m € f a 8 » , 

MPSHGTOS ; TO ME ES EM @Ulo) TOU SEpEUMOU ; HAJUMEp EE 

La \ ms / LA / \ 

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SEINS) BI LUES. 75 


» ou la voix mème de celui qui chante, 
» que l’on entend , mais feulement le 
» fon de l’un ou de l’autre agiffant fur l’o- 
» retlle ; car la mème chofe ne peut pas être 
» en deux lieux différents à la fois ; & comme 


° / 2 , 1 ” æ > / > / 
Gmoshuaros puxpas @movoile Qavis | Vendus dx , Emtirip 
40 be À / / / Le 
duveyryos EAJay ds pelbos Tavrys Ginaubarrer" orus oùx 
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\ € L / / PE A ” / \ 
Tes pexpoy op Toy müpyo, © spoyyUAo" Ex dE TS üryyès , 


\ 


/ 
pige # TÉTP&" Vo. 


‘ Non enim totum perfpicitur folidum , ut exempli 
caufà verba faciamus de afpeétabilibus , fed color 
folidi. Color autem alius eft in ipfo folido, atque 
adeo in iis, quæ ex propinquo cernuntur , & ex me- 
diocri intervallo. Alius extra folidum , & in locis 
ulterioribus fe offerens , ficut in iis, quæ ex longo 
cernuntur intervallo ; hic nempè intercedente diftan- 
tià mutatus, & propriam fufcipiens figuram , tale 
reddit vifum , quale ipfum quoque reverà oculis fub- 
jicitur,. QuomodÔ ero0 neque vox exauditur, qua ef 
in ære, quod pulfatur : neque qua in ore ejus , qui eff 
vociferatus , fed quæ in noffrum fenfnm incurrit : & 
quomodd nemo dicit eum , qui parvam ex intervallo 
audit vocem , falsà audire , quoniam quùm prope vene- 


FO NNVRPES MONUTAËLNTT ES 

» un homme ne dit pas qu'il entend faux, 
» parcequ'un fon qui ne le frappera que foi- 
» blement à une grande diftance, le frappera 
» plus fortement s’il s'approche de l’endroir 
» d'où partira ce fon ; de même nous ne pou- 
» VOnS pas dire que notre vue nous faffe illu- 
» fion, parceque de loin nous aurons vu une 
» tour petite & ronde, laquelle, en nous 
» en approchant , nous paroïîtra enfuite 
» grande & quarrée ; car la repréfentation 
» plus ou moins srande de l’objet naît de la 
» différence plus ou moins grande de l’angle 
» formé dans notre œil, lequel eftoccafionné 
» par la différence de la diftance dans la- 
» quelle nous voyons l’objet. En un mot, le 
» propre des fens eft de repréfenter les objets 
tels qu'ils nous frappent , & non pas de 


1 


vw 


Ÿ 


w 


» juger de ce qu'ils font ; c’eft pourquoi nos 


rit, eam percipit tanquam majorem: ta nec vifum fall: 


dixerim , quod ex longo intervallo parvam videat 


currim , @ rotundam ; ex propinquo autermt majorerm 
& quadratam, Idem ibid, 


? 


SUET NP SCI B: LES. m7 


» fenfations font toujours vraies, & l'erreur 
» eft feulement dans nos jugements (1). 

45. Je me fuis étendu davantage fur ce 
fujet , parcequ'il eft plus propre que tout 
autre à prouver la vérité de ma propofition ; 
Que les modernes [e font fouvent enrichis des 
dépouilles des Anciens , fans leur en faire 
honneur comme ils le devoient. On a beau- 
coup loué avec raifon Defcartes & Malle- 
branche d’avoir traité cette matiere avec 
tant de pénétration & de fagacité. Mais 
1l me femble qu'ils n’ont guere dit rien de 


(1) Airis dE id dmipye rod mrmpovros prose | 194 
pores duluy GlrauGanda , oo popmoles, oùyi de ro 
unpirus , ort nn pie ist ro eSude, dnno de ro iySad'e 
dmoxtiueo) duomp ai per Qailarier dix Tadre mére éiri 
dnydis, CAN ai d'obas eiyor rue duiQopar, ToûTay rep oi pie 
fou dns , di de deud's, 

Proprium autem fenfus eft, id folum apprehen- 
dere, quod eft præfens , & quod ipfum movet, 
verbi caufà colorem : non autem difcernere qudd 
aliud eft quod hîc , aliud vero , quod hîc oculis fub- 
jicitur. Qamobrem phantafia quidem propterea funt 
omnes vera ; fed opiniones habent aliquam differentiam, 
Idem ibid, 


Conféquen- 
ce tirée de ce 
qui a été dit 
jufqu’ici. 


Li 


78 Des QUALITÉS SENSIBLES. 


plus que ce qui en avoit été dit avant eux 
par les anciens philofophes dont je viens de 
rapporter les propres termes. 


Fin de la premiere Partie. 


SH CO N°'D'ET PA'RMNRUNE 
CONTENANT 


LES Syflêmes de LEIBNITZ , de BUFFON, 
NEEDHAM ; 6 les Vérités concernant la 
Phyfique générale & l'Aftronomie. 


SECONDE 


S£ 
DER 
SECONDE PARTIE. 


CHAPITRE PREMIER. 
Syfléme de LEIBNITZ. 


46. À Près avoir examiné les connoiflances 
que les anciens avoient dans la logique & la 
métaphyfique , nous paflerons à confidérer 
avec la même impartialité les vérités qu'ils 
ont connues dans la phyfque générale & 
particuliere, dans l’aftronomie , les mathé- 
matiques , la méchanique , & les autres 
fciences. 

47. Quoiqu'il paroiïfle y avoir un trajet 
confidérable à faire pour pañler de la méta- 
phyfique à la phyfique , on apperçoit ce- 
pendant dans le fyftème de M. de Leibnitz 
une idée bien propre à former la tranfition 
la plus naturelle de cette fcience à l’autre, 


& à donner en même temps une preuve 
Tome I. F 


Tranfirion. 


Phyfique de 
Leibnig. 


Son fyfième 
examiné ail- 
leurs plus 
amplement, 


Raïfon de 
l'étendue 
dans les êtres 
fimples. 


82 SES É NC 


bien frappante du fentiment que je cherche 
à établir ici. 

48. L'occafion que j'ai eue d’examiner 
avec attention ce fyftème , me mettra dans la 
nécefhité de répéter ce que jen ai dit ailleurs 
(1)3 mais la chofe eft inévitable : il eft diff- 
cile de préfenter la mème vérité fous deux 
faces différentes ; & il eft tout à fait inutile, 
quelquefois mème dangereux de le faire. 
Ainfi, tranquille à cet égard , j’entre en ma- 
tiere , en expofant briévement le fentiment 
de M. de Leibnitz. 

49. Fondés fur le principe (2) de la raifon 
fufifante , employé long-temps auparavant 
par Archimede , les Leibnitiens cherchent 
la raifon pourquoi les corps font étendus en 
longueur , largeur & profondeur, & fou- 


(1) Dans la Préface du fecond volume des Œuvres 
de Leibnitz , que j'ai fait imprimer en 6 vol. 1n-4°, 
à Geneve chez les freres de Tournes. 

(2) Hippocrate le Médecin avoit aufli connu ce 
principe dans toute fon étendue. Voyez M. Lefebvre, 
Introduét, au Traité de l'Expérience de M, Zimmer- 
manne ‘ 


DELETBNTTZ. 8; 


tiennent que pour trouver l’origine de cette 
étendue , il en faut venir à quelque chofe de 
non étendu , & qui n’ait point de parties, à 
des êtres fimples enfin ; de fotte que les êtres 
étendus n’exifteront que parcequ’il y aura des 
êtres fimples. Et après avoir établi la néceflité 
de ces êtres fimples, ils cherchent à faire 
comprendre de cette maniere comment l’idée 
de l'étendue peut en réfulrer. 

so. Si nous penfons , difent-ils , à deux 
êtres fimples , comme exiftants enfémble , 
quoique diftinés l’un de l’autre, nous les 
plaçons dans notre efprit, l’un hors de l’autre, 
& les concevons aïnfi comme quelque chofe 
d’étendu & de compofé ; car l'étendue n’eft 
autre chofe qu’une multiplication continuée 
que nous concevons comme étendue: ou 
bien on peut concevoir les êtres fimples 
comme ayant des rapports éntre eux, quant 
à leur état interne ; rapports qui conftituent 
un certain ordre dans lequel ils exiftent; & 
cet ordre de chofes coexiftantes & liées en- 
femble , fans que noûs puiflions favoir dif- 
tinétement comment elles font liées, nous 

Fij 


Comment: 
les êtres {im- 
ples peuvent 
donner l’idée 
de l'étendue. 


84 SYSTÈME 

occafionne l’idée confufe d’où naît le phéno- 
mene de l'étendue (1). Cela paroït allez con- 
féquent, & n’en eft cependant pas plus com- 
préhenfible ; mais en convenant de cette vé- 
rité, on eft forcé d'admirer la beauté du gé- 
nie de celui qui a femblé pafler les limites de 
l’entendement humain ; & qui, le flambeau 
à la main, a marché à pas hardis & sûrs dans 
les fentiers obfcurs de la métaphyfique. Mais 
il neit pas mal à propos de remarquer 1c1 
qu'une des principales caufes de la gloire de 
Leibnitz a été fon attachement pour les an- 
ciens, qu'il a toujours pris pour fes guides, 
& reconnus pour fes maîtres. 


(1) » Ainfi, dit Madame du Chätelet, ( Inffiturions 
phyfiques ; p. 149) » fi nous pouvions voir tout ce 
æ qui compofe l’étenduz, cette apparence d’étendue 
» qui tombe fous nos fens, difparoïitroit , & notre 
# ame n’appercevroit que des êtres fimples, exiftants 
» les uns hors des autres, de même que fi nous dif- 


y 


> tinguions toutes les petites portions de matiere 
» différemment mues , qui compofent un portrait , ce 
> portrait, qui n’eft qu'un phénomene , difparoi- 


v 


4 


> tXOÏt pour nous », 


DE LEIBNITZ. 85 


51. Les fondements de fon fyftème avoient 
été en effec pofés depuis long-temps par Py- 
thagore (1) & fes difciples; & on en trouve 
aufli des traces dans Straton de Lampfaque , 
qui fuccéda à Théophrafte dans le Lycée (2), 
dans les opinions de Démocrite (3), dans 
Platon & fon école , & dans Sextus Empiri- 
cus (4). Ce dernier a même fourni des argu- 
ments entiers à Leibnitz pour établir /a ne- 
ceffité de chercher la raifon des compofts dans 
les êtres qui ne le fuffent pas (s) , comme on 
le fera voir un peu plus bas; Stobée cite un 


(1) Voyez Edmund. Dickhinfon Phylica ver, & 
vera. Lond. 1702, c. 4, feël. 9, p. 32. 

(2) Voyez Ciceron. de Nat. Deor. lib. x, c. 13. 

(3) Bayle, Di&, Hifi. art. Démocrire, note P. 
& arr. ÉPicuRE, note F. Voyez auffi faint Auguflir , 
Epifi. 56. 

(4) Sextus Empiricus, Pyrrhon. Hypotypos, L 3, 
c. 18, p.164: & adversis Phyficos, lib. 10, c.4, 
P.674& 675, &c. Ed. 7 Leipfick, 1718. 

(s) » Le révérend pere Gerdil, précepteur de Son 
» Alteffe Royale le Prince de Piémont , à écrit en 
» italien un livre rempli de jugement & d’érudirion, 
»- intitulé : Introduzione allo fludio della relisione ; 


F iij 


Ce fyfiême 
a éré fondé 
par les an- 
ciens, 


S6 S'yYASLT ÉVM'E 


paffage de Moderatus Gaditanus , Pythago- 
ricien , lequel, parlant des nombres de Py- 
thagore , dit: Les nombres font , pour ainfi 
dire , un affemblage de monades , une progref- 
Sion de la multitude, qui part de la monade, 
& y trouve fa derniere raifon ; en remontant 
à fa fource (1). 

s2. Et plus loin le même auteur ajoute : 
(2) Pythagore s’eft appliqué avec foin à la 


» Turin, 175$, in 4. dans lequel il traite favam- 
» ment, p. 272 6 fuiv. de l'accord qui fe trouve 
» entre le fyftème de Leibnitz & celui de Pythagore ». 

Voyez aufli Buddeï Compendium Hiftoria Philofo- 
phiæ cum notis Walchii. Hala, 1731 , in 8. pages 
168, 199,284, 285$, 496, 497. 

Bruckeri Hifior. critica Philof. tom. 1 ; p.1049, 
10$0, 1086 , &c. 

(1) Est dt denQuos , de rûmu umtiv, cusmua poadey, 
3 megroNruos AM , éme pores dpyapeires | 1 vero 
douos sis poadu nalanninar. Eft autem numerus , ut 
ita dicam, monadum congeries, vel progreffus mul- 
titudinis à monade incipiens, & regrefho in eamdem 
definens. Scobaus Eclog. Phyfic. lib. x , c. 2, p. 3. 

(1) Tuwy0egs HE SY garaud æepi Toùs GRATOS iLeh= 


\ 


cale, ras ve Ton Géer yairus &iye dis denQuais , 9 T 


DE LEIBNITZ. 85 


fcience des nombres , auxquels il rapportoit 
la génération des animaux ; & Hernuas, ex- 
pofant la doëtrine des Pythagoriciens, dit(1) 
que felon eux , /a monade , ou l’être fimple ; 
étoir l'origine & le principe de toutes chofes. 
s3+ Mais la conformité du fyftème de 
Pythagore & de celui de notre auteur , ne 
paroïît nulle part fi clairement , que dans 
le pañlage fuivant de Sextus Empiricus (2) : 


sigey Tus méplodos, Pythagoras magno ftudio circa 
numeros verfatus eft, ad quos & animalium ortus, 
& fiderum circuitus retulit. Siobaus Eclog. Phyfic. 
IAE PRE IE PE 

(1) Apun Ÿ males n prorns | in de onnérar éulas, À 
ix FT depui , Tu sortie yiere. Monas initium om- 
nium , à cujus figuris, & numeris elementa fiunt. 
Hermias Irris. P hilof. Gentil, Set, 16. 

(2) Oùros dE dis où arigi mo Zapuor TluSwyopar, toxévey 
rap Aéryourt Toùs Draoroporlas HT IUS A rois Ztpé 26yo F0— 
vouuevos, @s yép croi mpüro rus Mfus téeraGourw" îx 
EAP) 1% o Acyos | 44 Em x uAAaGGY ai MËus, mpu- 
To œuémlovrar us cvnnaGas" ix yap ounnzGer Tu soie 
Ts Éyyegpuaro Quris évevoutrer | ep éxtiver parer d'iE= 
para" oùre dei Quris ci ærépi Tloderyéogy , Tobs ovrws Que 
nos | T& mp voù males murales, & mpérros tétlaQn, 


F iv 


Argument 
des Pythago- 
riciens dans 
Sextus Empi- 
ricus, 


s8 SLYUS ÉTÉ É .M 


» Les Pythagoriciens, dit-il, enfeignent que 
» ceux qui s’adonnent à l'étude de la philo- 
» fophie , imitent ceux qui compofent un 


cs The ro my naubavt Ty évéhur, To per oùr QolropEo y 
Ebær Xérye ray Cho dpyn , dQériner mrés si. II yap 
To Qanomercy, tE éQardy oQiau cuusada" ro 0 éx Tivey 
cuvssüs | oùx Est Gp , GAA& To éxéo AUTO) cusarIxô. 
Ge 494 Ta Qouvaptve , où fyréoy dpyuus Eivas © OX, dn2& 


\ \ / cl > ! EX / / 
Ta ovsalina Ÿ Povopeivey œarep oùxeTi nv Qauvousre, Tosvuv 


2 
&d'ynous | 494 dQuréis vaidulo ras Ÿ char dpyés. Kai 0 
xonës, Où yap érouons Uuaroïles | À opolopepeias | 4 0"/xaus , 
>\ = \ / LA oo 3! ,”/ Un \ el 
n xoy@s voyre roule méilay 7 bilay éppev, mi pu xalap- 
lucas, mÿ dr d'émico. n pièy yap Gd'inous vouiCourw sive 
JC - Yap fe d | 
ras dpyus , deoiles draspiqoiler 7 d* cupalines role 
ras ravras | diaminlournw. © yap F aile cœuxle arpoy= 

” N \ NAN / 5/ \ mm 
yére Ta voyre | 2) Gdnne coule, oùro 1 Ÿ ofla cw- 

/ / C2 \ » / (el \ \ J L \ \ 
pérer apyuy d'é ra érépale , 4 nue Royer. Qs yap ru 

” / 02 Ê » € , \ L 
Ths Mbcos Sole oÙx cici Abus 5 o9T& Agÿ4 TE TU COHUTEY 
goiyéie oùx 51 copale. H'ra dé conala QuAs Tuyyaæver, 
n droualx, Ab méilus tsw école. 

Dicunt enim eos , qui verè, & fincerè philofo- 
phantur, effe fimiles iis, qui laborant in contexendà 
oratione. Quomodo enim hi primum diétiones exa- 
minant ; ex dictionibus enim conftat oratio : & quo- 
niam ex fyllabis diétiones, primum confiderant fyl- 


labas : cumque fyllabæ refolvantur ex literis , five 


DE LL E DDBÈNA T 7. 89 


» difcours : ceux ci confiderent premiere- 
» ment les phrafes qui compofent ce difcours, 
» enfuite les mots qui compofentces phrafes; 


elementis vocis literatæ , de illis primum fcrutantur : 
ita dicunt Pythagorei, oportere veros phyficos de 
univerfitate fcrutantes, in primis examinare in quæ- 
nam refolvatur univerfitas. Atqui quod apparet qui- 
dem , dicere effe principium univerforum , eft quo- 
dammodo non phyficum. Quidquid enim apparet, 
conffare debet ex iis, qua non apparent. Quod autem ex 
aliquibus conftar , non eft principium, fed id, quod 
illud ipfum conftituit. Undè etiam ea, quæ apparent, 
non funt dicenda rerum univerfarum principia, fed 
ca, quæ funt conftituentia apparentium , neutiquam 
ipfa apparentia. Obfcura ergd , & non apparentia po- 
fuerunt eorum , quæ funt, principia. Neque hoc 
communi omnes ratione. Qui enim dixerunt atomos, 
vel fimilares partes, aut moleculas, aut communiter 
corpora , quæ cadunt fub intelligentiam , efle rerum 
omnium principia , aliquà quidem ex parte fe rectè 
gefferunt , aliquà verd lapf funt. Nam quatenüs qui- 
dem obfcura, & non apparentia dixerunt efle princi- 
pia, reété in eo verfantur: quatenus autem ea fuppo- 
nunt corporea, labuntur. Quomodo enim à corpori- 
bus, quæ percipiuntur intelligentià, & non funt evi- 
dentia » præceduntur corpora fenflia ; ia oportet ab 


90 S'rHsS HT EME 


» & comme les mots font compofés de fyl- 
» Jabes, ils examinent aufli les fyllabes, juf- 
» qu'à ce qu'ils arrivent enfin à l’examen des 
» lettres dont ces fyllabes font compofées, 
» & qui font comme les premiers éléments 
» du difcouts; de mème les Pythagoriciens 
» difent que les vrais phyficiens doivent s’ap- 
» pliquer à la recherche des premiers élé- 
» ments qui compofent cet univers. Or il 
» feroit indigne d’un fage phyficien de dire 
» que ce qui tombe fous les fens , puilfe 
» être le principe de toutes chofes; car ce 
» qui tombe fous les fens doit trouver fon 
» origine dans quelque chofe qui ne tombe 
» pas fous les fens; ce qui a fa confiftance 
» de quelque chofe , ne pouvant pas être lui- 
» même un principe , mais bien ce qu: confti- 
» tue la chofe, Ceux qui ont avancé que les 


zncorporeis pracedi etiam corpora, qua percipiuntur intel= 
ligentiâ, & merito. Quomodo enim elementa diétionis 
non funt diétiones; zta etiam elementa corporum non 
funt corpora, Aut verd oportet ea effe corpora , aut 
incorporea. Quamobrem funt omnind incorporea. Sextus 
Empiricus , loeo citato , p. 674, 675. 


DE LEIBNITZ. o1 


» atômes , les parties fimilaires , les molé- 
» cules , ou ces corps qui ne font que du ref- 
» fort de l’incelligence, éroient les premiers 
» éléments de toutes chofes, oncdit vrai dans 
» un fens, & fe font trompés dans un autre ; 
» 1ls ont dit vrai, en ce qu’ils ont reconnu 
» pour principe quelque chofe qui ne tombe 
» pas fous les fens , mais ils fe font trompés 
» en ce qu’ils ont cru ces principes corporels; 
» car comme les corps, qui ne tombent point 
» fousles fens, précedent les corps fenfibles, 
» ils font aufli précédés de quelque chofe qui 
» n'eft pas de leur nature ; & de même que 
» les éléments d’un difcours ne font pas un 
» difcours, ainfi les éléments des corps ne 
» font pas des corps. Et s’il eft néceffaire 
» qu'ils doivent être corporels , ou incorpo- 
» rels , 1l s’enfuivra donc qu'ils font incor- 
» porels ». 

$4. Et continuant le même argument, 
il conclut ainf: » ou les principes (1) qui 
en Qt, Ne do L 

(1) H°roe où copalé 51 rù ausalinx dur, 5 deà- 


male. x) capale piy ox n Uimotes , irtt d'oicu xéxiras 


Suite du 
même afgu- 
ment. 


92 S'Y ST Ê ME 


» conftituent toutes chofes, font corporels ; 
» ou bien ils font incorporels ; mais on ne 
» peut pas dire qu’ils foient corporels , parce- 
» qu'autrement il faudroit remonter à d’au- 
» tres corps, d'où ils tiraffent leur origine, & 
» continuant ainfi à l'infini , refter toujours 
» fans principe. Il n’y a donc point d’autre 
» moyen de réfoudre la queftion, qu’en di- 
» fant que Îles corps font compofés de prin- 
» cipes qui ne font pas des corps, & qui ne 
» peuvent être compris que par l’efprit; ce 
qu'Epicure a reconnu , lorfqu'il a dit que 
> par les idées de la figure, de la grandeur, 


vw 
vw 


2 


copoale Xéyuy sat cusalixt, 4g obrus éis Gregor Fpoeat- 
voirys Ts émiolas, Gvapyoy Vie To mé. Aumera pe 
Déryen , ?E doœudrer tive Th cosari Ÿ vonlor couérar 
«! x > LA La , / \ E] { / 
G7Ep 494 E Tixoup gs œuonoyyrt, Qaras xaTo dde gur0y = 
/ \ ! \ 500 / \ / \ = 
pures Te, 210 peyédous | 2 @lilumius , x) Faggus , To cèue 
og. AAN 071 drouwrous sives ei ras àpas À hoye 
Goplav couarer, in  Hpyeiver cuuQas. 

Aut ergd funt corpora , quæ ea conftituunt , aut 
incorporea. Et corpora quidem non dixerimus , quo- 
niam oportebit dicere, etiam illa confiftere à corpo- 
ribus: & ita in infinitum procedente cogitatione ; 


DE LEIBNITZ. 93 


» de la réfiftance & de la pefanteur , nous 
» acquérions l’idée du corps (1). 

$5- Scipio Aquilianus, traitant de l’opi- 
nion d’Alcmæon , Pythagoricien , fur les 
principes des chofes, la réduit à ce fyllogif 
me (2) : » ce qui précede les corps dans l’ordre 
» de la nature, eft le principe des corps; les 
» nombres font dans ce cas : donc les nom- 
» bres font les principes des corps : on dé- 
» montre ainfi la feconde propofition de ce 
> fyftème. De deux chofes, la premiere eft 
celle qui peut fe concevoir fans l’autre, 


2 


ë 


» quand l’autre au contraire ne peut être con- 


———— 


effe univerfitatem principii expertem. Reftat ergd, 
ut dicatur, ex éncorporeis conflitui corpora , quæ per- 
cipiuntur intelligentiä : quod etiam confeflus eft Epi- 
curus dicens per congeriem figure , 6 magnitudinis, 6 
refiflentia , & gravitatis , intelligentiä percipi corpus. 
Atque quod incorporea quidem oporteat efle princi- 
pia corporum intelligibilium, ex his eft perfpicuum. 
Idem , ibid. 

(1) Voyez la note (1) de la fection 76 fur le fyf- 
sème de M. Necdham. 

(2) Scipio Aquilianus de Placitis Philofophorum 


Syllogifme 
d’£lcmæon 
fut la nature 
des corps. 


94 D'UUS T'E ME 


» çue fans elle : or les nombres peuvent être 
» conçus indépendamment des corps; mais 
» les corps ne peuvent être conçus fans les 
» nombres; donclesnombres fontantérieuts 
» aux corps dans l’ordre de la nature». Ce 
qui exprime aflez clairément le fentiment de 
Pythagore , qui étoit, qu’antérieument à l’e- 
xiftence des corps on devoit concevoir des 
êtres qui n’étoient pas des corps, qu’il difoit 
être les nombres , auxquels il accordoit à peu 
près les mêmes propriétés que (1) Leibnitz 
donne aux êtres fimples où monades. Marfile 


ante Ariflctelem, cap. 20, page 118. Editio clariffimi 
Bruckeri , Lipfie , 1756. » Ce livre étoit très rare 
# avant que M. Brucker eût travaillé à en donner 
» une nouvelle édition qui commence à être difficile 
æ à trouver, ayant été enlevée prefque fur lechamp. 


2: 


L 


Scipio Aquilianus en avoit fait un ouvrage fort 
» Curieux ; mais il s'étoit trompé fouvent, & pa- 
» roifloit n'avoir pas affez entendu quelques-uns des 
anciens. M. Brucker , par fes judicieufes & fa- 


2 


LA 


» vantes notes , l’a rendu un livre fort utile pour 
» l'intelligence des anciens philofophes. 

(1) Voyez le Livre du P. Gerdil à l'endroit cité cr- 
devant , © aux pages fuivantes. 


DE LEIBNITZ. 95 


Ficin attribue à Plaron la mème idée, & 
donne ainfi la fubftance de l'opinion de ce 
Philofophe. 

56. » Les genres de tous les compofés fe ré- 
» duifent à quelque chofe qui (1), dans fon 
» genre, n’eft pas compofé , comme les di- 
» menfions au ffyne , lequel n’eft pas com- 
» pofé de dimenfions ; les nombres fe ré- 
» duifent à l’unité qui n’eft pas compofée de 
» nombres, & les éléments enfin trouvent 
» leur derniere raifon dans quelque chofe 
» qui n’admet point de mélange des élé- 
» ments». Le paffage de Platon, fur lequel 
Ficin fonde fon argument, me paroït être 
celui que je vais rapporter en note (2), & 


(1) Genera compofitarum rerum omnium reducurñtur 
ad aliquid , quod in eo genere non ef compofitum ; ut 
dimenfiones ad fignum , quod ex dimenfionibus non 
componitur ; numeri ad unitatem , quæ non fit ex 
numeris ; & elementa ad id , quod ex elementis non 
mifcetur. Marfilius Ficinus in Platonis Timaum 
P. 397, tom. 2. Éd. Parif. 1641 , 2 vol in-fol. 

(2) Tv oilas à voir par Klaus mrpornnes ; AexTéoy Jus 
sen. Tovra de mopalor ep de, x) up, 494 dp3 © YF; 


Sentiment 
de Platon fur 
le même fu- 
jet. 


96 SY SMÉÈME 


qui en effet a beaucoup d’analogie avec la 
maniere de raifonner de M. de Leibnitz. 
Expliquépar 57 Mais Platon lui-même n’a pas expli- 


Marfile Fi- 


én que plus clairement & plus briévement fon 


fyftème, que Marfile Ficin (1) le faiten ce 
peu de mots: /es compofés fe réduifen: en 
êtres fimples ; & la multitude des êtres fimples 
Je réduit dans les plus fimples des êtres : on 
voit ici les compofés de Leibnitz réduits en 
êtres fimples, qui trouvent la raifon ou la 
fource de icur exiftence, en Dieu. + 


capole male cale yeyor Tor dÙ Emishpuns teur érdyns 
Tus rs fuPegrs Qirius durias mparas merad onu. Rerum 
omnium, quæ exiftunt , cui intellisendi vim ineffe 
ftatuendum fit, animus dicendus eft ; at inconfpica- 
bilis ille eft ; ignis autem , & aqua , & aër, & terra, 
corpora ommia funt confpicabilia. Verum neceffe ef? , 
atis, qui fcientie , intelligentisque fludiofus eft , fa- 
pientis , fagacifque naturæ caufas primas perfequatur, 
&c. Platonis Timæus in oper. Platon. Edit. Henr, 
Steph. 3 vol. fol, pag. 46. D.E. ver. Serrant. Vid, 
thid, p. 47. B. C. D. | 

(1) Compofita in fimplicia refolvuntur , fimplicia 
mulia in unum fimplicifimum. Marflius Ficinus in 
Plotinum , Énn.s , L$,c.19,p.718 ,tom, 2. 


55. 


DE LErBNrT7Z. 97 


58. Plotin lui-même a pofé, en plufieurs 
endroits (1) de fes Ennéades , les principes 
de cette opinion ; & fon habile commenta- 
teur, en fuivant fes traces, ne manque ja- 
mais de revenir à ce fens dans toutes les oc- 
cafions que lui donne le texte de fon auteur, 
qui s’'énonce dans un endroit en ces termes 
(2) : » I doit y avoir pour principe ou /x- 
» -flratum des corps , quelque chofe qui ne 
» foit pas corps » Ajoutez , à tous ces paf- 
fages , Plutarque parlant d'Héraclite (3), 
deux paffages de Stobée citant Épicure (4), 


(1) Ennead, 2, lib. 4 , cap. 1 € 6. Brucker. t, 2. 
Hifi. Cric. Philof. p. 419 , 410, 

(2) Ors pur où dei rois céporiy Émonelurver etes GAAa 
o zup dile, &c. Oportet corporibus aliquid efle fub- 
jeum , quod aliud quiddam fit præter corpora. Plo- 
tinus Ennead. 2 ,1.4,c. 5 & 6, &c. p. 162. C. Edit, 
Bafil. 15380. : 

(3) H'ecraures Vuyuarié Tux avis, À duepn Uurdryéls 
Heraclitus etiam ramenta quædam minima, par- 
tiumque expertia introducit, Plutarch. de Placiris 
Philof. l.1,c. 13. ddeml,1,1,16, de Thalete, & 
Pythagoreis, 

(4) Emixouges émepiayuile eve ra céuale , 1) pale 0 


Tome I. G 


Opinion de 
Plotin.& paf 
{ages d’Héra- 
chite , d’Epi- 
cure , &Cs 


Tentative 
d’un favant 
d'Allemagne 
pour rappro- 
cher l'eibnirz 
de Parméni- 
des. 


98 S'YSTÉME 


Xénocrate (1) & Diodore, qui font très bien 
à notre fujer, & les pañlages de l'Ecriture 
cités ci-deffous (2). 

$9. Avant de quitter ce fujet, je remar- 
querai encore qu’un favant d'Allemagne (3) 
a effayé de démontrer que la do&rine des 
monades prenoit fa fource dans la philofo. 
phie de Parménides : fur quoi M. Brucker 
(4) remarque qu'il n’a pas réufli dans fon 
entreprife, & que la doétrine, qu’il donne 
comme les fentiments de cet ancien philo- 


aüna, ra de 8 Eneivav ouyraiuala, Lagos te. Epicurus 
comprehendi corpora negabat, ac prima quidem affe- 
rebat eff fimp'icia, de his autem compofita gravitatem 
habere. Stobaus Eclog. P hyf p. 33. 

(1). Etoxsalys , x Aud'upes Gutpn Tu Déyise pi ofla. 
Xenocrates & Diodorus minima partibus carere dixé- 
runt. Srober Eclog. lhyf.p. 33. Geneve, 1609. fol. 

(2) Manus tua, quæ creavit orbem terrarum ex 
materiâ invijé , lib Sapent. c. 11, v. 18 Et faine 
Paul aux Hébr, c. 11, v. 3. Et Machub, lib. 2 ,c, 7, 
Y. 18. 

(+) Godofr. Walterus in fepulchris Éleaticis , c.3, 
Jeët. 6, p. 17 6 Jeq. 

(4) Hifforia Critica P hilofophie , tom. x, p, 1166. 


DE LEIBN1iTZ. 99 


fophe , lui appartient moins qu'à Platon. 
Cette derniere remarque eft très jufte ; mais 
que ce foient les fentiments de Parménides 
ou de Platon que le favant Allemand ait ex- 
pofés , 1l fufhit à mon fujet qu'ils foient de 
l'un ou de l’autre pour ne pas les paffer fous 
filence, & faire voir l’analogie que leurs 
idées avoient avec notre célebre moderne, 
lequel déclaroit luimême dans toutes les 
occafions , qu'il avoit puifé plufeurs de fes 
idées dans Platon (1), & définiffoit fes mo- 
nades , de même que Platon fes idées, 


(1) » Un de mes amis m'a affuré qu'il tenoit de La 
# bouche même d'un favant d'Italie, qu'étant allé 
5 à Hanovre pour fatisfaire au defir qu'il avoit de 
» connoître M. Leibniez , il fut pendant trois fe- 
5 maines avec lui, & qu’en fe féparant, ce grand 
» homme lui dit: Monfieur, vous m'avez fait la 
» grace de me dire fouvent que je fais quelque chofe ; 
#» hé bien ! Je veux vous füire voir les 'ources où j'ai 
» puifé tout ce que j'ai appris: & la-deflus pfenant 
» l'étranger par da main , ül le fit pafler dans fon 
» cabinet, où il lui montra pour touslivres, Platon, 
» Ariftote , Plurarque , Sexcus Empiricus , Euclides , 
» Archimedes , Pline , Séneque & Cicéron. 


G ij 


100 SR A UE CAE QE 


Tæ ovros ôvra , les êtres véritablement (1) exif- 
tants. Voici la maniere dont l’auteur en quef- 
tion préfente les opinions de Parménides , 
dans lefquelles il trouve tant d’analogie avec 
le fyftème des monades. 

I. L’exiftence differe de l'effence des 
chofes (2). 

II. L’effence des chofes qui exiftent ef 
hors de ces chofes mêmes. 

HI. 11 y a dans la nature des êtres fembla- 
bles, & d’autres diffemblables. 

IV. Ceux qui font femblables font con- 
çus exifter tous dans le même état d’ef- 
fence. 


(1) Suas enim monadas efle rà ovras ovre , fubftan- 
tias fimplices, Deum , animas, & mentes, fimu- 
lacra univerfitatis , ait ër Epifi. Hanfchir de Enthus. 
Platonico. 

Un autre principe de Leibnitz étoit qu'il n’y 
avoit pas deux chofes femblables dans la nature, Ce 
qu’il devoit à Cicéron, Quæft. Acad. lib, 4, c. 17. 

(2) I. Exiftentia differt ab effentià rerum. 

II. Eflentia rerum exiftentium extra illas eft. 

XII. Sunt quædam res fimiles , quedam diflimiles, 


DE LEIBNITZ. IOH 


V. Toutes les chofes exiftantes fe ré- 
duifent à certaines clafles & idées détermi- 
nces. 

VI. Toutes les idées ont leur exiftence 
dans l’Ur , qui eft Dieu ; d’où vient que 
tout eft un. 

VII. La fcience confifte dans la connoif- 
fance des efpeces, & non pas des indivi- 
dus. 

VIII. Elle differe des chofes exiftantes. 

IX. Les idées étant en Dieu , échappent à 
la connoiffance des hommes. 

X. De là vient que l’homme ne conçoit 
rien parfaitement. 


IV. Quæ fimiles funt, eodem effentiæ conceptu 
comprehenduntur. 

V. Omnes res referuntur ad certas clafles, & ideas, 

VI. Omnes ideæ in uno exiftunt , in Deo ; hine 
omnia unum funt. 

VII. Scientia non eft notitia fingularium , fed fpe= 
cierum. 

VIN. Differt illa à rebus exiftentibus. 

IX. Cüm hæ ideæ in Deo fint , ided latent homi- 
nm 


G iij 


102 SYSTÈME DE LEIBNITZ. 


XI. Les notions de lefprit font comme les 
ombres ou les images des idées. 


X. Hinc homini incomprehenfbilia funt omnia, 
XI. Notiones mentis idearum umbræ funt, & ima+ 
gines, 


GA PE RE ic E 


NATURE ANIMÉE. 


Comparaifon du Syfléme de M. DE BUFFON 
avec celui D'ANAXAGORE , D'EMPÉ- 


DOCLE , & de quelques autres Anciens. 


60. in fens toute la délicateffe du fujet que 
j'entreprends de traiter : mon deffein eft de 
faire voir que le fond de la théorie du fyftème 
de M. de Buffon fur la matiere univerfelle , 
la génération & la nutrition , a tant de ref. 
femblance avec tout ce qu’en ont enfeigné 
Anaxagore , Empédocle , & quelques autres 
Anciens, qu'il eft difficile , après avoir.com- 
paré les opinions de ces illuftres philofophes 
avec celles du célebre Moderne, de ne pas 
penfer que fes idées ont tiré leur origine de 
cette premiere école ; d’autant plus qu'il pa- 
roit que M. de Buffon les a lus avec atren- 
tion , & qu'il fait apprécier leur mérite. Ce- 
pendant comme il ne fait pas fouvent ufage 
G iv 


Syftème de 
M. de Buf- 
fon , compa- 
té avec les 
fentiments 
d’Anaxago- 
re, Empédo- 
cle, &c. 


fo4 N AR TU RE 


de leur autorité pour appuyer fes fentiments, 
on pourroit être porté à croire que ma con- 
jeture n’eft pas fondée, ou que M. de Buffon 
lui mème ne s’eft pas apperçu de l’analogie 
qui regne par-tout entre fon fyftème & celui 
des Anciens : je nai autre chofe à répondre 
à cela, finon que le lecteur lui-même pourra 
décider là deflus, lorfqu’il aura examiné la 
maniere dont je vais expofer la queftion; 
mais en attendant , il eft bon d’obferver 
qu'on ne peut pas conclure, de ce que M. de 
Buffon ne s'appuie pas toujours de l'autorité 
des Anciens, qu’il n’a pas toujours connu ce 
qu'ils ont penfé, & encore moins que, sil 
les a étudiés , 1l n’a pas entrevu la confor- 
mité de leurs fentiments avec les fiens. 
Je fais cette obfervation avec d'autant moins 
de répugnance, que je ne penfe pas que ce 
que j'avance ici doive ou puiffe diminuer en 
aucune maniere la gloire de cet habile écri- 
vain , qui aura toujours le mérite d’avoir 
faifi avec la plus grande fagacité les prin- 
cipes des philofophes Grecs , & d’avoir fait 


ANIMÉE. 10$ 


revivre leurs raifonnements , dont les in- 
jures du temps avoient détruit la plus grande 
partie. 

61. Il me femble, en fuivant l’idée d’un 
habile homme de nos jours (1}, que le ref- 
taurateur du fyftème de quelque grand 
homme , dont le fond ne s’entrevoit que par 
quelques fragments qui nous auront été con- 
fervés de fes écrits, peut être juftement com- 
paré à un habile fculpreur qui, trouvant 
un bufte rompu de Phidias , ou de tout autre 
fameux artifte de l’antiquité , pourroit, 
avec le fecours de fon génie & des con- 
noiffances qu’il a dans fon art, juger exacte- 
ment , par ce feul morceau, de tous les rap- 
ports que doivent avoir entre eux les mem- 
bres qui appartenoient à ce bufte ; détermi- 
ner les juftes proportions au bufte rompu, 
les travailler , les joindre , & en former une 
ftatue auffi parfaite , qu'il y a apparence que 
l'auroit été celle dont ce buüfte faifoit la prin- 


(1) M. de Freret , Mémoires de l'Académie des 
infcriptions & Belles-Lettres, tome 18, p. 1134 


Comparai- 
fon fur le mé- 
rite des Mo- 
dernes & ce- 
lui des An- 
ciens, 


Expofition 
du {yième 
d’Anaxagore. 


106 NATURE 


cipale partie : le mérite d’un tel artifte mo- 
derne mériteroir fans doute de grandséloges; 
mais la gloire de l’ancien artifte feroit tou- 
jours au-deffus de la fienne , parceque l’on 
doit fentir que les idées des proportions de 
ces membres ajoutés feroient puifées dans 
celles que lui auroit fournies le bufte rompu. 
11 cft aifé d'appliquer cette comparaifon aux 
philofophes modernes, dont quelques uns 
des plus célebres, bien loin de chercher à fe 
défendre d’avoir emprunté leurs opinions des 
Anciens, ont été fouvent les premiers à le 
déclarer; ce dont Defcartes (1) & les princi- 
paux Newioniens (2) nous fourniflent des 
exemples frappants & dignes d’être imités. 
62. Diogene de Laërce , Plurarque & 
Ariftote nous apprennent qu'Anaxagore 


(1) Nec me primum u!larum opinionum invento+ 
rem effle jaéto ; fed tanrüum me illas pro meis adop- 
tafle , qudd mihi eas ratio perfuafiffet. Defcartes, 
de Me:hodo , p. 47. Edie, Amfler. 1692. Typis Blaeu, 
tom, . 

(2) Greçorit Prefat, Aftron. Phyf. & Geomer. 
Elemene. 


ANIMÉE. 107 


croyoit que les corps étoient compofés de 
petites particules femblables ou homogenes; 
que ces corps admettoient cependant un mé- 
lange de petites particules hétérogenes , ou 
d'autre efpece ; mais qu'il fuffifoit pour 
conftituer un corps d’une efpece particuliere, 
qu'il füt compofé d’un plus grand nombre de 
petites particules femblables & conftituanres 
de cette efpece. Les différents corps étoient 
différents amas de particules femblables entre 
elles, quoique diffemblables relativement 
aux particules d’un autre corps, ou amas de 
petites particules d’une efpece différente ; 1l 
croyoit, par exemple (1), que le fang étoit 


(:) Nunc & Anaxagoræ fcrutemur Homæomeriam , 
uam Græci memorant, nec noftrà dicere linguä 

Concedit nobis patrii fermonis egeftas. 
Sed tamen ipfam rem facile eft exponere verbis. 
Principium rerum quam dicit Homæomeriam ; 
Offa videlicet è pauxillis, atque minutis 
Vifceribus vifcus gigni ; fanguemque creari, 
Sanguinis inter fe multis coëuntibu” gurtis: 
Ex aurique putat micis confiftere pofle 
Ayrum, & de terris terram concrefcere parvis; 


108 N ALT À & # 


formé de plufeurs gouttes ou particules, dont 
chacune étoit du fang ; qu’un os étoit formé 
de plufieurs petits os qui, par leur extrème 
petitefle , fe déroboient à notre vue ; & 
c'étoit cette fimilitude de parties qu’il appel- 
loit éucmuepésas , fimilaritates. Ainfi, felon 
ce philofophe , 1l n’y avoit point de généra- 
tion ni de corruption , point de naiflance ni 
de mort, proprement dites ; la génération 
de chaque efpece n’étant que l’affemblage de 
plufeurs petites particules conftituantes de 
certe efpece; & la deftrudtion d'un corps 
n'étant que la défunion de plufeurs petits 
corps de la même efpece, lefquels, confervant 
toujours une tendance naturelle à fe rejoin- 
dre , reproduifent enfuite , par leur réunion 
avec d’autres particules fimilaires , d’autres 
corps de la même efpece. La végétation & la 
nutrition étoient les principaux moyens em- 
ployés par la Nature pour la reproduction 


Ignibus ex ignem ; humorem ex humoribus effc. 
Cætera confimili fingit ratione , puratque. 
Lucretius, L, x, v, 8304 


AN NT M LÉ El 109 


des tres : ainfi Les différents fucs de la terre 
étant compofcs d’un mélange de petites par- 
ticules innombrables , conftituant les difé- 
rentes parties d’un arbre, ou d’une fleur, 
par exemple, prenoient , fuivant les loix de 
la Nature , différents arrangements ; &, par 
le mouvement qui leur étoit imprimé, fui- 
voient leur cours jufqu’à ce qu’étant arrivés 
aux endroits qui leur étoient propres & defti- 
nés , ils s’y arrétoient pour contribuer , pat 
leur affemblage , à la formation de toutes les 
différentes parties de cet arbre , ou de cette 
fleur ; de façon que plufieurs petites feuilles 
imperceptibles formoient les feuilles que 
nous appercevons ; plufieurs petit fruits for- 
moient les fruits que nous mangeons (1), & 


(1) TpoQur yo mporQipoutde dm , Hay pond , oloy 
\ U E4 \ € / ° \,3 / 02 
Toy Ayurlptioy pro | ro Ud' ap mhoïles" Ko4 x TabTys The 
7 1 # » re > V2 
TpoQhs TpéPeras Jué , QAEU , éplnpie , ex , 05% , 44 Tœ 
\ [4 / s / € / 2 «! 2 
Aura popie, Toirar oùy yuwomévay , ouonoy#leoy toi, o7e ë 
2 La 22 , \ , re 
Th ThQn Th moorQeoquem male est ra le, 1 x Ty 
U LA Sr, 15 JE PES 2 3/ 
Day mule abkeros | © ty Exeivn Est ri TRoQA mocau , aiwailes 
\ : PT, Fra d 7 1 
Jolies | 494 vépar , Kg 850 , x} dhAGY FT & ny À0ya 


fcopra pige, Ov ya dé méile ii rh aiQyri évéye , 


ii IN À Œ Um æ 


ainfi du refte. Il en étoit de mème, fuivant 
ce philofophe, de la nutrition des animaux : 
le pain que nousmangeons, & les autres ali- 
mens que nous prenons, fe convertiffent, 
dans fon fyftème, en cheveux, en veines, 
en arteres, en nerfs, & en toutes les autres 
parties de notre corps, parcequ'il y a dans 
ces aliments les parties conftituantes du fang, 


or aplos , ny To Vd'wp radre xlurnivuot , GAN ty roërois 
Ë5i Ayo Deopnra mopsm. Am rod cbr oproie To puépy civas € 
TD TRIQÙ Tus yenauérois | opolusins aùras ixdert | © 
dpvas À Glory azriQiralo 1 Tus pri ouooutpties , ban To 
dE mou éfrioy , Toy vo roy ra mule d'ilakauer. Apxé- 
ras dE orus. 

Os mile ppiuale 5, v8s de adra d'ipe, © Dexôpnre. 

Itraque , dicebat ille | fimplicem , atque uniformem 
cibum fumimus , ut triticeum panem , bibentes aquam ; 
atque ex loc cibo capillus , vena , arteria , nervt, 
offa , cateraque corporis partes nutriuntur. Quimque 
bæc fiant , neque tamen ex sihilo produci poflint, 
fatendum eff, qudd in [umpto cibo res omnes reperiun- 
tur, atque ex is, quæ infunt, omnia augentur ; 
atque proindè /# eJufmodi cibo funt partes ; fanguinis 
procreatrices ; five gignendo fanguini accommodate , 
nervorumque fimiliter, & offium, aliorumque partes , 


À NIM É E. Tii 


des nerfs, des os, des cheveux, &c. lef- 
quelles, fe réuniffant les unesaux autres, fe 
fonr appercevoir enfuite par leur affemblage, 
au lieu qu’elles fe dérobent auparavant à nos 
fens par leur infinie petireffe. 

63. Empédocle à aufli reconnu les mêmes 
principes fur la nutrition des animaux, qu'il 
difoit (1) fe faire de La fubftance des aliments 


_—__—_————— 


quæ menti confpicuæ fin. Neque enim omnia ad 
fenfum revocare oportet , quod nimirum panis , & 
aqua ifta efformet ; fed in iftis potius partes funt, 
quæ mente percipi, comprehendique poffint, Ex eo 
quod igitur in cibo fint partes fimiles illis, quæ in 
copore gencrantur , partes illas fimilares vocavit, 
rerumque principia efle dixit. Ac fimilares quidem 
partes , materiam ; mentem vero , quæ omnia dif- 
pofuit , efficientem caufam efle putavit. Sic enim 
exorditur. 


Simul res omnes erant; mens verd ipfas diremit, 
atque difpofuir, 
Plutarch. de Placitis Philofoph. Lib. 1, c. 3. 
(1) E'umidonnnes rpigeau pes ra Qoe diù Thy Ümosuri 
Todd oxsiou , ælkeoQe de di ray mupouriu rod Cepreod. 
Empedocles ait animalia nutriri quidem ex accom- 
modatr , fibique convenientis cibi fubflanuié ; ex caloris 


Sentiment 
d'Empédocle 
fur la nutri- 
tion. 


Autre fenti- 
ment du mèê- 
me philofo- 
pue fur Îles 
éléments de 
la matiere, 


112 IN LA GTR UER LÉ 


propres & accommodés à la maniere de l'ami 
mal. 

64. Le même Empédocle enfeignoit que 
la matiere avoit pour principe une force inhé- 
rente & vivante, un feu fubril & actif, qui 
mettoit tout en mouvement (1); ce que M. 
de Buffon appelle autrement matiere orga- 
nique toujours alive, Où matiere organique 
animée ; & » cette matiere, chez Empédocle, 
» étoit divifée en quatre éléments, entre 
» lefquels il y avoit une liaifon qui les unif- 
» foit, & une difcorde qui les divifoir, & 
» dont les petites parties s’attiroient mutuel- : 


autem acceflu , fivè præfentià augeri Plur. de Placit. 
Philo/. lib. $ , c. 27. Hippocrate regardoit le feu élé- 
mentaire comme le principe de la végétation M. Le- 
febvre rapporte les expériences de Jallabert & Nollet 
pour prouver la vérité de cette opinion. /ntrod. & 
L'Expéri On voit par cette Introduétion combien 
Hippocrate connoifloit diftinétement tous les prin- 
cipes de la phyfique moderne, & même delachymie; 
& que tout ce que l’on a dit de vrai depuis lui 
fur les caufes de la compofition & de la décompot- 
sion des corps, fe trouve dans fes écrits. 

(1) Origines Philofoph, c. 4. 
» lement 


A NIMÉE, 113 


> lement , ou fe repoufloient les unes les 
» autres (1); ce qui faifoit que rien ne pé- 
» rifloit , mais que tout étoit dans une per- 
» pétuelle viciflitude dans la Nature » : d’où 
il s'enfuit que dans le fyftème d'Empédocle, 
comme dans celui d’Anaxagore , il n’y avoit 
point de vie où de mort proprement dites, 
mais que les gflences des chofes confiftoient 
dans ce principe actif d’où elles étoient éma- 
nées (2), & dans lequel elles fe réduifoiene 
ou fe décompofoient en dernier reflort. 


(1) A0 de ras ipéo. Queis cdd tr bou éméÿlar 
Oynlav | add ris cuhouiyen Cayéraio rEeury. 
An povor palis Te, itnnakis Te puryé lo 
Es, Queris de polos oouailer évIparurir, 
Jam quod naturam mortales nomine dicunt, 
Hoc nihil eft ; neque enim mortem Natura, vel 
ortum 
Humano præbet generi ; nam mixtio tantüm, 
Mixtorumque fubeft quædam fecretio rebus ; 
Idque homines vulgo Naturam dicere fuerunt. 
Plutarch. de Placit. Philof, L 1, c. 30. 
(2) Où mapemiumouar x) roy E’umidonnia , ds Qurixäs 
drus vhs  muilay dvanrVeus péular, d5 Erouims TArÉ 
ds Ta To mupis abri PL 


Tome I. H 


Autte fenti- 
ment du mèê- 
me fur la gé- 
nÉrAtIONs 


Opinion de 
Plotin fur 
Pafinilation 
des parties 
dans la nutri- 
tion, 


114 IN SAT QU PR 4 


65. Empédocle avoit encore fur la géné- 
ration un fentiment que M. de Buffon a {ui- 
vi, & qu'il a prefque exprimé dans les mêmes 
termes, lorfqu'il dit que les liqueurs fémi- 
nales des deux f[exes contiennent toutes les mo- 
lécules analogues au corps de l’animal ; & né- 
ceffaires à fa reproduition (1). 

66. Plotin, fuivant l’idéeyd'Empédocle, 
a recherché quelle pouvoit être la raifon de 
cette fympathie & de cette attraction dans la 
Nature , &1l la trouve dans une harmonie & 
une affimilation de parties (2) , qui les porte à 


Admitto etiam Empedoclem , qui admodum natu- 
raliter univerforum meminit inftaurationis , quod 
fcilicet aliquando futura fit mutatio in ignis eflen- 
tiam. Clement. Alexandr. ffromatum, 1. $ ,p. $9s. 

(1) Empedocles guidem divul{a effe fobolis membra 
aïebat , ut in femane alia , alia in maris femine con- 
tinerentur : Galen. de femine, lib. 2, c. 3. 

Vid. etiam Galen. hiftor. Philof. cap. de femine ; 
& Plutarch. de Placit. lib. 1, cap, à. 

(2) Tas dt yorleius müs ; h Tü cuuruduia , 5) rà miQu- 
xhes cuxQaviay eve Quoiav , 454 ballurw évuolav 1) 75 À 
dupe À mod momie Es à Goo œulenoler 1 yep 


endes pygeaméne GA | AmoMhE ÉAxeTEI | 20 onlebiler 


ANIMÉ E. t1$ 

fe lier enfemble lorfqw’elles [e rencontrent , ou 
à fe repouffer lorfqu’elles font diffemblables ; 

1l dit que c’eft la varieté de ces affimilations 

qui concourt à la formation de l’animal ; & il 

appelle cette liaifon & cette défunion la 

force magique de l'univers: & fon habile 
interprete , Marfile Ficin, expliquant le fens 
de ce pañlage , dit que Les différentes parties 

de chaque animal (1) ont une vertu attraétive 
“en elles , au moyen de quoi elles s’approprient 


ao) à Ouh payde , 4 à 7 mari QUe | 1) ro viros 
ab, 

Magicos verd attra@us quânam ratione fieri dices 
mus ? Profeéto ex confenfione quâdam rerum in pa- 
tiendo ; ac lege quâdam naturæ faciente , ut snter 
fimilia quidem concordia fit, inter diffimilia vero dif- 
cordia : item virium multarum varietate in unum 
animal conferentium. Etenim nullo alio machinante 
multa ritu quodam magico attrahuntur ; veraque vis 
magica , eft amicitia in univetfo , rursufque difcor- 
dia. Plotini Ennead. 4. l. 4, p. 434. 

(1) Animalis quodlibet membrum habet vim ad 
attrahendam portionem propriam alimenti ; venæ ad 
fanguinem , arteriæ ad fpiritum , tefticuli ad femen, 
Marfil, Ficini in Plotini Enn. 4, l. 4. capitulo 40. 

H ij 


Expoftion 
du fyftème de 
M. de Buf- 
fon, 


t16 N A7 UUR 4 


des portions d'aliments qui leur conviennent 
davantage. 

67. Venons à préfent au fyftème de M. de 
Buffon, qui fera d’autant plus aifé à expofer , 
que je me fervirai de fes propres termes. Cet 
illuftre écrivain penfe , avec Anaxagore, 
qu'il y a dans Îa nature une matiere com- 
mune aux animaux & aux végétaux , qui 
fert à la nutrition & au développement de 
tout ce qui vit & végere; & avec Plotin, 
que cette matiere peut opérer la nutrition & 
le développement, en s’aflimilant à chaque 
partie du corps de l'animal ou du végétal, 
& en pénétrant intimement la forme de ces 
parties , qu'il appelle le moule intérieur. 
Cette matiere nutritive & produétive eft uni- 
verfellement répandue par-tout, & compo- 
fée de particules organiques toujours actives, 
tendantes fans celle à l’organifation, & pre- 
nant d’elles-mèmes des formes différentes, 
fuivant les circonftances ; de forte que, 
comme Anaxagore , 1l n’y a point de germes 
préexiftants , point de germes contenus à 
l'infini les uns dans les autres, mais une ma- 


ANIMÉE. Va 7 


tiere ofganique toujours aétive , toujours 
prête à fe mouler , à s’affimiler, & à pro- 
duire des êtres femblables à ceux qui la re- 
goivent : les efpeces d'animaux ou de végé- 
taux ne peuvent donc jamais s’épuifer d’eux- 
mêmes ; tant qu'il fubfftera des individus, 
lefpece fera toujours toute neuve: elle l’eft 
autant aujourd’hui qu’elle l’étoit au commen- 
cement, & toutes fubfifteront d’elles-mèmes, 
tant qu'elles ne feront pas anéanties par la 
volonté du Créateur. Il s'enfuit de ces prin- 
cipes , que la génération & la corruption ne 
font que la différente affociation ou défunion 
des parties femblables , lefquelles , après la 
décompofition d’un corps animal ou végétal, 
peuvent fervir à reproduire un autre corps 
de la mème efpece , pourvu , felon M. de Buf- 
fon , que ces petites parties conftituantes 
rencontrent un lieu convenable au dévelop- 
pement de ce qui doit en réfulter pour la gé- 
ration de l'animal , ou qu’elles paffent par le 
moule intérieur de l’animal ou du végétal, 
& s’affimilent aux différentes parties, en pé- 
nétrant intimement l'intérieur ; & c’eft en 


H iij 


Autre prin- 
cipe de M.de 
Bufon dans 
Hippocrate , 
Pythagore & 
Ariftore. 


118 NATURE 


cette derniere condition feulement que con- 
fifte la différence entre les opinions des An- 
ciens que je viens de rapporter , & la théorie 
de M. de Buffon. Celui ci croit que les par- 
ues fimilaires & organiques ne deviennent 
fpécifiques qu'après s'être aflimilées aux diffé- 
rentes parties du corps qu’elles doivent com- 
pofer ; au lieu qu’Anaxagore les croyoit tou- 
jours fpécifiques, & ne penfoit pas qu’elles 
euflent befoin de pénétrer la forme des par- 
tes pour s’y affimiler (1). 

68. Un autre princine de M. de Buffon ef 
que lorfque cette ratiere nutritive eft plus 
abondante qu’il ne faut pour nourrir & déve- 
lopper le corps animal ou végétal, ele ef 
renvoyée de toutes les parties du corps dans 


(1) Il paroît même qu’'Hippocrate penfoit comme 

Anaxagore. E‘cégre de is &yOpamoy prépea entr , Chu Ghœv 
o f P (REPECE? > 2 

9’ , \ + « . . 
Exale oüypurw æupos 10 Los. Jrrepunt in homirem 
partes partium , totæ totarum, &c. L. 1 de Diætà. 
C'étoit , fuivant lui, en vertu de leur affinité que 
ces parties totales & fimilaires ouéregm» s'attiroient 
pour fe rendre à leur place convenable. Ibid. feët. 4, 
p. 9. Edir, Foëf, & fe&. 3, p. 33, lin. 38. id, p. 19, 
lin. 294 


ANIMÉ E. 119 
ar ou plufteurs réfervoirs , fous la forme d’une 
liqueur ; qui eft la liqueur [eéminale des deux 
Jexes ; lefquelles , mèlées enfemble, contri- 
buent à la formation du fœtus qui devient 
male ou femelle, fuivant que la femence 
du mâle ou de la femelle abonde le plus en 
molécules organiques ; & reflemble au pere 
ou à la mere, fuivant la différente combinai- 
fon de ces deux femences. On trouve encore 
l'origine de cette idée dans les paffages de Pye 
thagore & d’Ariftote ,rapportés ci-deflous (1); 


(1) Dao, o7i Très aipalirës dy dy mipirloua TpoQis, 
To cmipuu , rés mi ma quipy Om idoutms TEAcUTuIas. 

Conftat femen ele fuperfluitatem fanguinei aliment, 
qua pofimodim in membra digeritur. Ariftotel. de ge- 
neratione animal. lb. 1 , c. 19, p. 1063. E. 

Amporeiles àQ char À cola 5 À rvewlara ppav, 
oo) T cpu, 650 , K) ay. : 

Democritus ab omnibus precipuis corporis pariibus 
femen derivari credit , ut ofibus , carne, venis. Gal. 

Hiftoria philofophica de femine, Bafil. 1538. pars 
quarta, p.435 ; lin. 48, 49. Vid. Hippocrat. de ge- 
nituré. 

» Dans le même chapitre il rapporte un fentiment 
» de Pythagore qui eft précifément exprimé comme 


H iv 


Sentiment 
fur les deux 
fyftêèmes. 


120 NATURE 


& dans Hippocrate cité par M. de Buffon 
même (1). 

69. Ce feroit m’écarter de mon but que 
de prétendre apprécier ici le mérite de l’un 
ou de l’autre fyftème ; il eft fuffifamment 
rempli fi j'en ai fait voir l’analogie. Il femble 
que tous deux ont leur mérite, & que tous 
deux font les productions de très beaux gé- 
nies ; celui d’Anaxagore a plus d'inconvé- 
ments, & n’étoit pas appuyé fur les expe- 
riences exactes & laborieufes qui foutiennent 
celui de M. de Buffon ; mais 1l faut avouer 
auf que le philofophe Grec avoit beaucoup 
fait d’avoir imaginé les principes qu'a fuivi le 


» celui de M. de Buffon, qui fait provenir /a femence 
5 d'une matiere nutritive furabondante ; femen nutri- 
menti partem quamdam fuperabundantem efle. 

Et Plutarchus de Placitis Philof. lib. $ , c. 3. Py- 
thagoras femen efle dixit alimenti fuperfluitatem , 
mepirloue ris Tpopas. 

Voyez aufli un peu plus haut , p. 110, & Hippo- 
crate , de geniturä , Gc. 1. 1 de Diera. 

(1) Page 141 du 3°. tome de l'Hiftoire Naturelle , 
édit. in-12. 


AUNC ET MIE E 121 


philofophe moderne ; & que l'avantage que 
l'un 2 eu d’avoir pu faire ufage du microf. 
cope, ne doit pas, dans un parallele, tour- 
ner au défavantage de l’autre; on verra ce- 
pendant ciaprès (1) que les Anciens n’ont 
pas toujours été dépourvus de fecours de 
cette efpece. 

Je paffe à l’examen d’un autre fyftème qui 
n’eft pas moins délicat que celui que je quitte 
ici, & dont on trouve également des traces 
chez les Anciens. 


(1) A l'avant dernier chapitre de la 3°. partie. 


Expofcion 
du fyftème 
de M. Nced- 
ham. 


122 LUN'AUTIO RE) ACTIVE 


COLA PR APRRE CEE LE 


Nature ailive & animée. Syfléme de 
M. NEEDHAM. 


70. A PRÈS une longue fuite d'expériences 
microfcopiques , M. Needham (1) aremarqué 
qu’elles conduifoient toutes à faire voir (2) 
que les fubftances animales & végétales font 
originairement les mêmes ; qu’elles fe con- 
vertiffent l’une en l’autre réciproquement 
par un changement fort aifé ; qu’elles fe dé- 
compofent en un nombre infini de zoo- 


(1) » M'étant trouvé un jour avec M. Needham , & 
> parlant de fon fyftême , il a faifi cette occafion de 


v 


» s'expliquer fur quelques expreflions de fon livre, 
» auxquelles il fe plaint que l’on n’a pas donné l’in- 
» terprétation la plus jufte & ‘la plus naturelle ; & 
» il a defiré que je lui donnafle le moyen de le faire, 
» en inférant ici les deux ou trois notes fuivantes. 

(2) Obfervations Microfcopiques. Paris , 17ç0. 
in-12. pages 271, 241,242 319, 320,267, 2693 
270 5 320 » 335» 3775 379 > 382 


nn — 


EUT OA N IIM É LÉ, Hg 


phytes (1) qui, fe réfolvant, donnent toutes 
les différentes efpeces d’animaux microfco- 
piques communs, lefquels, après un certain 
temps , deviennent immobiles , fe réfolvent 
encore , & donnent des zoophytes ou des 
animaux d’une efpece inférieure ; que les 
animalcules fpermatiques ont la même pro- 
pricté de fe réfoudre , &, dans leur décom- 
pofition , de donner des animaux plus petits 
jufqu’à ce qu’enfinils échappent entiérement 
à la force des meilleures lentilles. L'auteur 
des obfervations croit qu'il eft probable de là 


(1) » Nommés ainfi , parcequ'ils doivent leur ori- 
» gine à des plantes microfcopiques dont ils font vi- 
» fiblement le produit. On les partage en deux 
» clafles ; ceux qui ont un principe de fpontanéité; 
» & les autres qui font fimplement vitaux. Cette 
» vitalité eft précifément la même chofe que l’irrita- 
» bilité de Haller, & dépend du même principe , à 
» l'exclufion de tout fentiment & de toute fponta- 
» néité, Ce même principe vient d'être découvert 
» tout récemment , & obfervé par un Naturalifte de 
Florence dans quelques fleurs, qui font les parties 
génératrices , & les plus exaltées des plantes. 


n Note de M, Needham. 


2 
Ü 


u 
L9 


Suite de la 
même  opi- 
nion. 


Suite du 
même fyfté- 
Mme, 


TA UMNETURE ACTIVE 


que toute fubftance animale ou végétale 
avance autant qu’elle peut dans fa réfolu- 
tion, pour retourner pat degrés à des prin= 
cipes communs à tous les corps, & qui font 
une efpece univerfelle. 

71. L'auteur infinue enfuite que dans la 
décompofition les corps fe fubtilifent relle- 
ment, que la réfiftance diminue toujours, 
& que ladivité motrice augmente propor- 
tionnément ; qu'après avoir paf]e la ligne de 
fpontanéité , le mouvement fe fimplifie jufqu'& 
devenir purement ofcillatoire , avec différents 
degrés de viteffe , & que parconfequent la ma- 
tiere doit être confidérée comme paffant con- 
cinuellement d’un état à un autre , & confli- 
tuant des éléments de plus en plus aëlifs. 

72. Un peu après 1l n’héfite plus à croire 
qu’à mefure que la matiere fe décompofe, elle 
fe fubrilife , & que la vitefle des corps de- 
vient plus grande à proportion que les corps 
font plus petits ; 1l avoit dit que toute com- 
binaifon phyfique (ou matérielle) pouvoit fe 
réduire en derniere raifon à des agents fim- 
ples , tels que la réfiftance & le mouve- 


EUAUQAUN EME 42 
ment {1); que l’idée de l'étendue n’eft que 
leffer des actions fimultanées ; que la réff- 
tance & l’activité motrice (2) font un réful- 
tat d'actions fimples ; & enfin qu'un nombre 
d'agents fimples & inétendus peuvent con- 
courir à nous donner l’idée d’une combinai- 
fon étendue , divifible & fubftantielle : 1! dit 
enfuite que les principes de la matiere font 
des fubftances dans lefquelles l’effence , l’e- 
xiftence & l’action fe terminent en dernieres 
raifons , qu’i/ y a des principes actifs dans 
l'univers qui produifent de leur propre nature 
le mouvement (3): enfin il conclut par dire 
que la matiere, portée jufqu’à fes premiers 


a 


(1) »C'eft-à-dire , doués par la Divinité des prin- 
» cipes de la réfiftance & du mouvement. Note de 
» M, Necdham. 

(2) » En concret , telles que nous les voyons dans 
» les effers qu'elles produifent. Du même. 

(3) » Mais toujours indépendamment de la Divi- 
» nité qui les a créés ainfi, comme il a donné à 
» l'ame des bêtes le principe du fentiment, & à 
» l'ame de l’homme la puiffance de la raifon. Mais 
# çe principe de pur mouvement ne renferme auçun 


Comparai- 
fon de ce fy- 
flème avec 
les opinions 
de Pythagore 
& de Flacon; 


156 NATURE ACTIVE 
principes , n'eft plus une mafñle inactive; mais 
qu'elle devient aühvité réfiflante , mouvante ou 
vitale ; dont chaque portion eft fenfble (1) : 
& dans un autre endroit il dit que la vitalité 
eft fenfible dans chaque particule, & qu’enfin 
il y a une aëlivité pofitive dans la matiere. 

73. Si lon compare à préfent ce fyftème 
avec la doctrine de quelques Anciens, on y 
découvrira aifément une conformité frap- 
pante. Pythagore & Platon (2) enfeignoient 
que tout étoit animé dans la Nature , & que 
la matiere avoit en elle-même un principe de 
mouvement & de repos qui la tenoit fans ceffe 
en action; ce qui n’eft autre chofe , dans le 
fyftème de M. Needham, que la force active 


» fentiment , aucune fpontanéité , aucune volonté, 
» Il agit quand il eft dégagé de la réfiftance qui eft 
» comme fon antagonifte ; & comme un reflort, il 
» fe déploie fans cefle , & de plus en plus démontre 
2 fa force au dehors , à mefure que la réfiftance di- 
» minue, toujours actif & toujours agiffant, Vote 
» de M. Necdham. 

(x) » Dont chaque portion participe felon fa na« 
» ture. Du même. 

(2) Diogenes Laert. lib, 8, feif, 25, Plutarch. de 
Placitis Pilof, Lib. 2, c. 3. 


POPAAPNIUMÉE %}r 


combinée avec la force de réfiftance. 

74. Les Pythagoriciens (1) croyoient que 
le Monde étoit animé, qu'il y avoit un prin- 
cipe de vitalité infus dans toute la Nature , 
qui s’étendoit non feulement au regne ani- 
mal (2), mais aufli pafloit dans le regne vé- 


(1) À œoeuuike do duvapeus | dpyas xwariar. Cui 
(Natura fcil. ) duas potentias immifcuit, motuum 
principia. Timaus Locrenf. tom. 3... Platonis Edir. 
Sreph. p. 94. D. & 95. E. 96. À. 

(2) » Epicure enfeignoit aufli la même doctrine 
» fur la génération, & ( comme M. Necdham, ) 
» difoit avec Anaxagore & Euripide, que rien ne 
# meurt dans la Nature, 

Of mipi E miroupgr tx piluGongs ris dANiney yet Qu Ta 
Goa ds 194 Avakeryoogs | xg4 Edearid ns" birxu undt, 
pélanciboutve de dnn0 ps dnno, poppus td'uës. Epicurei 
animalia ex mutuä in fefe mutatione nata putarunt: 
quod Anaxagoras etiam , & Euripides exiftimavit, 
inquiens : Nihil moritur , fed aliud in aliud conver- 
fum formas varias oftendit. Plutarch. de Placitis 
Philof. lib. $ , cap. 19. Aucun Ancien n’a mieux dé- 
veloppé cette idée qu'Hippocrate. De Diatä. 1.1, 
fe&. 4, p. 8. edit. Foëf. Voyez l’ordre que M. Le- 
fevre a donné aux idées d'Hippocr. Introd. au Traité 
de l'Expéri, de M, Zimmermann , p. 31, 34: 


&c des autres 
Pythagori- 
ciens. 


Principes de 
la Nature 
ebez Platon. 


i28 NATURE ACTIVE 


gétal par une génération conftanre & fuccef- 
five ; ils connoifloient une force produétive ; 
principe aülif dans la matiere ; qui pénétroit 
tout & mettoit tout en mouvement , & qui 
étoit l'ame du monde , ou la force imprimée 
par Dieu dans la Nature (1). 

75. Et c’eft ce que M. Necdham appelle 


les principes atlifs dans l’univers qui produi 


(1) H° Qiois apyn muvirtos , 494 sértos : Natura 
principium mots , ac quictis. $zobaus Eclog. Phyf. 
db. 1, p.29. 

» Ariftote en donne la même définition, /ib. 24 
5 Phyfic. cap. 1, feit. 3 & 4. 


O' dt 50 Gos 2) votre 20 dpéln medio, x) mpercilieus 
dus ropoles , &s d'érmorry # dpéoure dp£ouéve ruyeshrale, 
Deus autem & ortu , & virtute priorem antiquiorem- 
que genuit animum und! , eumque ut Dominum, 
atque imperantem obedienti præfecit corpori. Pla« 
conis Timaus, p: 34. C. 

Quemadmodum Deus fuà virtute creaflet Natu- 
ram , ita & ipfa Natura, velut Dea quædam , crea- 
tum illum ordinem , atque poteftati fuæ relitum, 
efficax gubernaret. Grævius de philofoph. veter. 
pag. $69. 

Plato in Theeteto, p.152, D. 153. 4, som. 1. 


fent 


PPT AAN IMIÉ E. 453 


fent de leur propre nature le mouvement (1); 
ou la vitalité fenfible dans chaque particule; 
aéhivité mouvante ou réfiftante, que Platon afli- 
gnoit aufli à la matiere, comme un principe (2) 
aékif, qui étoit au commencement dans un 


(1) » Defcartes prétend que Dieu a mis tout en mou 
» vement dans l'univers, en imprimant dans le com- 
»°mencement une certaine quantité déterminée de 
» mouvement qui fe communique de corps en corps 
>» fans foufrir de diminution : Mallebranche dit que 
» Dieu, toujours agiflant, produit à chaque inftant 
» la quantité de mouvement qui eft néceflaire : pour 
» moi, je ne vois rien de contraire à la religion, en 
» admettant des agents fimples , doués des deux 
» principes de réfiftance & de mouvement en eux- 
» mêmes ; comme on dit que l’ame des bêtes eft un 
» agent fimple , doué de Ja faculté de fentir ; & celle 
5 de l'homme un étré fimple, doué de la puiffance de 
» taifonner. Note de M. Necdham. 

(2) Ana nouer mAeumehns, x94 dréxles , sis Tébw 
adTa hyayey éx Ths dTabius  fryyréieros Enéivo Torod méÿls 
por, 

Sed quod immoderatè, & inordinatè fluduaret , 
id ex inordinato in ordinem adduxit; ratus ordinem 
perturbatione omnino efle meliorem, Platon, Timeus, 
p. 30, A.1tom. 3, 


Tome I, I 


Suite du fen- 
timent de 
Platon , & 
belle expref- 
fion d'Epicu- 
Ie, 


130  : IN'ATUREnACTIWVE 


mouvement indéterminé & défordonné, & 
qui, à la formation du Monde , fut ré- 
glé par Dieu, & dirigé fuivant des loix conf- 
tantes; & ce grand philofophe difoit poli- 
tivement que Dieu n’avoit point rendu la 
matiere oifive & inactive , mais qu'il avoit 
feulement empèché qu’elle ne für agitée 
aveuglément. 

76. Si M. Needham dit que toute combi- 
naifon phyfique peut fe réduire en dernier 
reflort à des agents fimples , doués de réff- 
tance & de mouvement ; que l’idée de l’é- 
tendue n’eft que l'effet des actions fimulta- 
nées; & qu'un nombre d'agents fimples & 
indivifibles peuvent concourir à nous donner 
l’idée d’une combinaifon étendue , divifble 
& fubftantielle ; Platon , long-temps aupa- 
ravant , avoit clairement diftingué avec les 
philofophes de fon temps la matiere dont les 
corps font compofés, d'avec cescorps mêmes ; 
il remarquoit une différence eflentielle entre 
la matiere produétive de tous les corps , & 
les corps qui en étoient produits. Srobée , 
expliquant le fentiment de Platon, convient 


HE TT OM NTM EN. ‘#ii 
bien que la matiere eft corporelle (1), mais 
il avertit en mème cemps de prendre garde 
de la confondre avec les corps, parcequ’elle 
eft deftituée , dit-il, des qualités effentielles 
aux corps, comme la figure , la pefanteur, 
la légéreté, &c. quoiqu'elle en ait l'eflence, 


(1) Erudn d 5 pue Queis, xer” tmialxy ITAëlanes , 
aÿneh Tis se xoioias 2 sartus, oÙre d'u x) xioïpevoy # VAN 
\ \ La 1 1 \ \ cu e € \ ; , La 
“ur Toy b0uoy Aôryoy , oùrEe xarTw To £i0 os" # Hey Yup œvei= 
\ er > \ CR >, \ \ 
dtos, ro de tidos dt, 494 n put où chum, cuuarixn d+, 
To OÙ nadamak droualer où couale dE Ty am Qarw, 
» el ? ! € n A* n \ / à) / 
ouy, o7t où {roy dsteo a 0XE FT treps Fupio IUSUTENY > 
GNN or © moAGy GAY dmoAImETE K@T& Te LOloy Aoyor, 
& Ts capmeris UTERYE anpolirgod , xpameles , Bapérules ; 
#ovQo]yros , us murss molëriles # mororhlos. 

Cüm fit autem Natura, ex mente Platonis, prin. 
cipium motüs, ac quietis, neque fuà profeéto naturà, 
neque fecundüm formam movetur materia. Nam ut 
illa formä caret , ita hæc: & ut illa non corpuseft, 
fed corporea , ia hac prorsès incorporea. Negatur 
autem corpus effe materia , non tam quôd intervallis 
corporeis careat, quam quod aliis quoque multis 
ad corpus pertinentibus per fe deflituatur, ut figurä , 
colore, gravitate , levitate , 6 omni denique qualitate, 
& quantitate, Stobæus , Eclog, Phyfic. lib. 1, c.14, 
P. 29. 

Lij 


Opinion de 
quelques An 
ciens fur la 
génération. 


132 NATURE ACTIVE 


c’elt-à-dire , l'aptitude au mouvement, à la 
divifbilité, & à recevoir différentes formes; 
& un autre grand philofophe Grec a aufli dit 
prefque dans les mêmes termes dont fe fert 
M. Necdham, que /es idees de force, de 
réfiftance & de pefanteur concourent à nous 
donner l’idée des corps (r). 

77. Pythagore , Platon & Ariftote ont eu 
fur la génération un fentiment auquel fe 
rapporte bien évidemment ce que M. Need- 
ham a paru avoir écrit de nouveau li-deffus. 
Celui-ci dit que la premiere bafe de la végé- 
tation , ou le germe primitif , eft formé tout- 
à-coup & déterminé fpécifiquement, & que 
c’eft un premier point d’aétion qui commence 


Q , \ € , 2 re 
(1) O5 # éme or Aéy1 6 E’riroupos ; To COAC VOEI . 


aur Emobvderw perde | #4) œuuares , 1 dlilmias # 


Bépous | tx un Olay coparuy Pidberai To 0 cèum voi, 
Unde etiam cum dicit Epicurus intelligendum effe cor- 
pus ex compofitione magnitudinis , & figure , € refiflen- 
tia ; © ponderis, urget ut is , que non funt corpora 
éntelligamus id quod eff corpus. Sextus Empiricus, 


adverf. phyfic. lib. 10, feë. 240 ; p. 673. Voyez 


la fin de la fe, 5 4 de cet ouvrage, 


ÉNPUAIN FMIÉUE 43 


\ 


à végérer, dès que la chaleur concourt à 
ajouter à la force expanfive. Or , n'eft-ce 
pas ce que ces anciens philofophes vouloient 
faire comprendre , lorfqu'ils difoient que la 
force de la femence étoit incorporelle , & 
agifloit (1) fur les corps aufli bien que l’ef- 
prit ? Démocrite & Straton s’expliquotent là- 
deffus avec encore plus d'énergie, lorfqu'ils 
difoient que la force étoit /piritueufe & fe 
convertiffoit en corps (2). 

783. Je ne finirois point fi j’entreprenois 
d'examiner tous les fyftèmes des Modernes 


(1) HuSaæyopas , Tara, A'easéleans éramoler pv éivey 
ru dvauus To cmipuales, üomtp voïy roy aware" ramell- 
ny de Ty Um TH 7 POLE OUEN. Erparay , # Ayuoôresros ê 
TH À dyepasy cou Tia TIxh. yap. 

Pythagoras, Plato, Ariftoteles feminis quidem vim 
incorpoream effe arbitrantur | ficuti mentem , quæ 
corpus movet ; materiem vero , quæ profundatur , 
corporcam. Strato , & Democritus zp/am quoque vim 
corpus efle, cüm fpiritualis illa fit. Plutarch. de Pla- 
citis Philof, b. $ , c. 4, p. 126. 

(2) Democritus & Strato vim quoque corpus efle 
contendunt , fpiritus cum fit, Galeni Hifloria Philo- 
fophica, cap, de femine, 

l ii 


Spinofa , 
Hobbes & 
quelques au, 
tres ont re- 
nouvellé les 
opinions des 
Anciens, 


134 NATURE ACTIVE 


qui ont pris leur origine dans les écrits des 
Anciens ; il me fuffit d’avoir démontré cette 
aflertion par l'exemple des deux fyftèmes qui 
fe montrent le plus avec quelque apparence 
de nouveauté. [1 me feroit également aife de 
faire voir que le fpinofifme a eu fa fource 
dans l’école Eléatique ; que Xénophane & 
Zénon d’Elée en ont femé les premiers ger- 
mes, & que les anciens Perfans, partie des 
Indiens, & une fete de Chinois avoient 
enfeigné depuis plufieurs fiecles cette doc- 
trine impie & contradictoire. Je pourrois 
auffi faire voir aifément que dans la Morale 
& la Politique , les plus célebres Modernes 
n'ont rien dit de nouveau ; que celui dont 
les fentiments ont furpris davantage, Hobbes 
mème , n'a rien avancé qu'il n'ait trouvé chez 
les anciens philofophes Grecs ou Latins, fur- 


tout dans la philofophie d’'Epicure (2); que 


(1) Wide Brucker. Hif. Cris. Phil. tom. $ , p. 180. 
(2) Spartani primam honefti partem ponentes in 
patriæ fuæ utilitate , jus aliud nec noverant, nec 
dicebant, quam unde Spartam putabant augeri pofle; 


HAT AN IDIMÉ UE... 3 


Montefquieu a puifé chez les anciens les 
principes de fon fyftème de l'influence des 
climats [ur les mœurs & les gouvernements (1) ; 
& que Machiavel a tiré d'Ariftote cette Poli- 
tique dont on à fait tout l'honneur à la force 
de fon génie (2). Mais ces difcuflions me mé- 


unde honefta iis videri, quæ fuavia funt ; jufta, 
quæ utilia. Plurarch. in Age/ilao ad finem, Tom. 1, 
p. 617. D. Voyez aufli fur ce fujet Lucrece , Liv. $, 
v. 800. Horace, liv. 1, fatyre 3, v. 99. Diodoæ 
dé Sicile, l1y- 1, c. 8. Cicér, Pro. P.Sextio, et. 42, 
p. 504. Kai To d'xaioy éiver #94 To uigpoy où Pots, dnnx 
vw. Juftumque & turpe non naturà conftare , fed 
lege. Sic philofophatus eft Archelaüs, tefte Laërtio. 
— Vid, & Brucker, tom. t,p. $21, feét. 12, &im- 
primis Cornelii Nepotis Imperator. Vitas , totà præ- 
fatione. 

(1) Polybe , lib. 4, p.290. E. dit » que le climat 
» forme les mœurs des nations aufli bien que leur 
» couleur »; & Cicéron , de Naturâ Deorum, lib. 2, 
n°. 16, que » plus l'air eft pur & fubtil , & plus les 
» têtes font fpirituelles. 

(2) Ariftot. Politic. lib. $ , ubi quomodo confer- 
vari poflit tyrannis , iniquus dominatus docetur. 
Etlib.7, c. 2, declarat eundem fcopum , quo utile 
honefto præfertur , jam fuo tempore quafdam fibi 


Ji 


? 
136 NATURE ACTIVE ET ANIMÉE. 
neroient trop loin, & je me hâte d'entrer 
dans un autre champ qui ne me fournira pas 
moins que celui que je laiffe un grand nom- 
bre de témoignages pour appuyer le fenti- 
ment que je défends. 


præfixifle refpublicas. — Ammian. Marcellin. de 
Bello Romanor. cum Valentin. Saxon. & Saluft. in 
Jugurthà , de deditione Capfx oppid. Numidiæ, 

» Les différences les moins fenfibles entre les ver- 
» tus & les vices , font judicieufement expofées dans 


o 


> la morale d’Ariftote , & les pafions admirable- 


2 


ÿ 


ment décrites dans fa rhétorique. Le Cyrus de XE- 


2 


Ôo 


nophon eft la meilleure école d’un grand Prince ; 


2 


ÿ 


les caracteres de Théophraîte font peints avec la 


> 


© 


plus grande vérité ; Tacite a mieux jugé qu'aucun 
» autre écrivain les actions des grands hommes ; & 


» les devoirs de l'homme, dans la vie civile, ne peu- 


y 


» vent pas être mieux détaillés qu'ils le font dans le 
# livre de Cicéron de Officiis. 


ES TEE 


CAE A PTMR EL. TIV. 


Philofophie corpufculaire , & divifibilité de 


la matiere à l'infini. 


79. On n'ignore pas que la philofophie 
corpufculaire , par le moyen de laquelle les 
phyfciens de nos jours expliquent tout ce 
qui fe pafle dans la nature , a été renouvellée, 
d’après Epicure , par le célebre Gaflendi; & 
d'après Leucippe , Démocrite & Epicure, 
par Newton & fes difciples. Ces deux il- 
luftres modernes ont , à l’imitation de ces 
anciens philofophes, cherché les raifons du 
changement continuel qui arrive aux corps, 
dans la différente figure & la différente gran- 
deur des petits corpufcules , qu’ils difent être 
les uns petits & ronds , d'autres angulaires, 
crochus, plats ; les uns polis, & les autres 
grofliers &#aboteux ; & que par leur diffé- 
rente jonction ou féparation , & par leurs 
arrangements variés, 1ls conftituent toutes 
les différences que nous obfervons dans les 
corps. Il a déja été remarqué que l’on peut 


Leucippe , 
Démocrite & 
Epicure , au- 
teurs de la 
philofophie 
corpulculai- 
re. 


138 PHiLosoPrHIE 


placer plus haut que Démocrite l’origine de 
la philofophie corpufculaire | en semontant 
jufqu’à Mofchus (1) le Phénicien , qui a le 
premier établi la philofophie des atomes ou 
des corpufcules ; car quoi qu’en dife un au- 
teur moderne,il n’y a point de différence entre 
ces deux principes, & on en tire les mêmes 
conféquences ; avec cette différence feule, 
qu'il ne paroït pas que l'Ecole Phénicienne 
admit l’indivifibilité de ces atomes , au lieu 
que Leucippe, Démocrite & Epicure , au 
contraire , foutenoinet que les atomes ne 
pouvoient être divifés ; parceque, quoiqu'ils 
puffent être conçus avoir des parties, il ne 
falloit pas entendre qu'elles pullent jamais 
être défunies : autrement, difoient-ils, 1l 
n'y auroit point de principes fermes dans la 
nature ; mais les atomes peuvent être conçus 
divifbles par l’entendement, l'extrème CO= 
héfion de leurs parties les rendantindivifibles 
par l'effort d’une puiffance naturelle quelle 
qu'elle foit. 


(1) Sextus Empiricus , lib. 9 , adver. Mathem, 
fe&t. 363. Strabo , li. 16, p. 757. 


CoRPUSCULAIRE, &C. 139 


So. Les Cartéfiens, les Newtoniens, & 
nombre de philofophes dans tous les fiecles, 
(1) ont admis la divifibilité de la matiere à 
l'infini, & Ariftote a traité ce fujet en auf 
grand métaphyficien (2) qu’en habile mathé- 


(1) Où «mo Ocrew , 2 UuSayepou madyrx copare , 
#94 Tpoile ds Grupo à ras Guepf Isa | 1 jun tie dru- 
eg iv rw row. Thaletis, atque Pythagoræ fecta. 
tores corpora perpeflioni obnoxia , & in infinitum 
quoque divifbilia dixerunt , vel atomos, five par- 
tium expertia corpora confiftere , neque divifionem 
in illis in infinitum abire pofñle, Plutarch. de Placir. 
Philof. lib, x, c. 16. 

(1) Ev dé rà cuxye msi per ntiog pion , SX dx 
Beeyax , anna duëuu, In continuo autem infunt 
quidem infinita dimidia , non tamen actu, fed po- 
teftate. Ariflotel. opera, tom. 1 , p. 414, E. 425. À, 
Natural. aufcutt. lib, 8, c. 12. Vid. imprimis Arifto- 
telem de lineis infecabilibus. 

A'exçolenns duées pehv ds amupor coule ruyre eve, 
alerte de d'au. 

Ariftoteles autem exiftimavit corporea potentià 
quidem in infinitum dividi pofle, aëtu vero nequa- 
quam. Plutarch. de Placit. Philof. Ub. 1, c. 16. 

Édque etiam interire ( corpora) non in nihilum, 
fed in fuas partes, quæ infinitè fecari ac dividi poflint, 


Divifbiliré 
de la matiere 
à l'infini, 


Maniere de 
s’exprimer 
d’Anaxago- 
re ; 


140 Divis:rBgiLiré 


maticien ; aufli je ne veux pas parler de cecte 
queftion comme étant nouvelle, mais feu 
lement préfenter ici une propofñtion, avan- 
cée là-deflus par les Newtoniens, quiaparu 
nouvelle, & qu'Anaxagore avoit cependant 
exprimée prefque dans les mèmes termes. 
81. Les Newtoniens difent » qu’une par- 
» celle de matiere étant donnée auffi petite 
» que l’on voudra, & un efpace quelconque 
» borné , quelque grand qu'il foit , étant 
» aufli donné , 1l eft poflible que cette parti- 
» cule divifée s’étende fur tout cet efpace , 
» & le couvre , en forte qu’il n’y ait aucun 


w 


» pore dont le diametre furpaffe la plus petite 
» ligne donnée », & Anaxagore avoit dit (2) 
que chaque corps , quel qu'il für, étoit divi- 
fible à l'infini : en forte qu’un agent qui fe- 


cum fit nihil omnino in rerum naturà minimum ; 
quod dividi nequeat. Quæ autem moveantur, om- 
nia intervallis moveri : quæ intervalla item infinité 
dividi poflint. Cicero Academic. lib. primus , fe&. 7, 
p'o74% 0002, 

(1) Ariflorel, Phyf. aufcule, lib. 3 , c, 4, P. 3433 


tom. I, : 


DE LA MATIERE. 141 


roit affez fubtil pour divifer fufñfamment le 
pied d’un ciron, pourroit en tirer des parties 
pour couvrir entiérement cent mille millions 
de cieux (1), fans qu'il pût jamais épuifer 
les parties qui refteroient à divifer, vu qu'il 
en refteroit toujours une infinité : & Démo- 
crite en deux mots a exprimé la même pro- 
pofition , en difant qu'il étoit pofjible de 
faire un monde avec un atôme (2). | 
82. Chryfippe donnoit aufli une idée aflez 
bien exprimée de ce fentiment (3), lorfqu'il 
foutenoit qu’une goutte de vin pouvoit être 


(1) Fénélon , Wie des philofophes dans Anaxagore. 
Lucret. lib. 1 , v. 844. Origenis philofoph. c. 8. 
Quin & carum minutioribus attribuit infinitatem. 

(2) Auoxeñles Quoi à vveToy cive x0TLLIGIUS Dep EL) 
ärouer. Democritus exiftimat fieri pofle, ur mundum 
perficiar atomus. Stobæus Eclog. Phyf. lib, 1, p. 33, 
lin. 9, vid. s’Gravefande , tom. 1 , p. 9. 

(3) Nihil impedire quominus una vini flilla cum 
20t0 permifceatur mari....& un peu plus haut: Sz 
gutta unica in mare inciderit , per totum mifcebitur 
oceanum , ac Atlanticum mare: non fummam attin- 
gens fuperficiem , fed ufquequaque per profundum, 
in longum , larèque diffufa .., Chryfippus vero dicic 


Et de Chry- 
fippe. 


142 Divis. DE LA MATIERE. 


divifée en une affez orande quantité de pat- 
ties, pour que chacune put être mêlée avec 
toutes les petites particules d’eau qui font 
dans l'océan ; & 1l difoit aufli qu’i/ »°y avoit 
point de quantité, de quelque grandeur qu’elle 
fét; qui ne pât être égalée par la plus petite 


quantité donnée. 


elfe quippiam majus , quod tamen non excedat minorem 
quantitatem, Plutarch. ady, Stoicos , tom. 2 , p. 1078. 
Æ, 1080. C. D, 


CAHLIAPHE TR E :°Y. 


Du mouvement ; de l’accélération du mou- 
yement ; de la pefanteur ou de la chüte des 
corps graves. 


83. Lzs anciens définiffoient le mouve- 
ment comme les modernes , un changement 
de lieu (1), ou le paffage d’un lieu à un 
autre (2); ils connoifloient l'accélération de 
la defcente des corps dans leur chüte (3): 
mais ils n’avoient pas fu, à la vérité , en 


(1) Koyzw d°éives Ques Xpérirmos pélatonn xarx Témo. 
Chryfippus motum dicit loci mutationem. Sto8. 
Eclog. Phyf. lib. 1 , p. 41. 

(2) Es où ol ( ximais) ar roùs d'oynalinois , 
au hy Témo Ex Tom mrippépeilei To xoumsror , rot 225 
cArle , n xarû piess. Et isitur hic, fecundum dog- 
maticos , per quem de loco in locum tranfit id , quod 
movetur , aut totum , aut ejus pars. Sextus Empi- 
ricus in Pyrrhon. Hypotypos. lib. 3, c. 8, fit. 64. 

(3) Déon de mimipgoutm uélaGonn , oo To vriuQousver 
te Vorou is byluar | #4g4 To duEuvoueror tx puxpornles tis 
HéyEdos , 2 To Qepopevor og #) yap Todro rJitre mode 
ra. Omnis autem mutatio finita eft fané ; Id enixa 


Définition 
du mouve- 
ment; & fon 
accélération. 


144 Du MouvEMENT, &c. 


déterminer les loix, quoiqu'ils ne fuffent 
cependant pas loin d’en connoitre la caufe. 
C’étoit un axiome d’Ariftote & des Périparc- 
ticiens, qu'un corps acquéroit d'autant plus 
de mouvement , qu’il s’éloignoit davantage du 


\ 


lieu d’où il avoit commence de tomber (1); 


quod fanatur , ex morbo it ad fanitatem: 6 id, 
quod accrefcit , è guantitate parvä ad magnum accedit : 
& id ergo quod fertur legem ecandem fubit : Etenim 
hoc ex loco in locum eundo fit. Ariflotel, de cælo. 
lib: x © 0c, 8, p; 443 
(1) Au ro mu mp Carlo Giles , x 4 mé yA 
sis Toy eûrns romoy | où0e Oäroy &y mpes TD Tu ÉQioero, 
ci 7j Liu, 9 79 ee SAiVa" male yap ro Bureau mropia- 
Tépo yrpoue Brad'üreeo Qipera. Jonis major & terra 
etiam major & celerius femper proprium locum petit, 
neque porro celerius prope finem pergerct, fi vi, 
exclufioneque moveretur. Omnia namque quæ ita 
moventur , quüm longius ab co, quod vim attélit, 
diftant ; tardius moventur. Lib, de Cœlo 1, c. 8, 
P.444. A.tom.1, © p. 443 ad finem. 
Celeris quid movetur quo magis ab eo loco recedir, 
à quo movert cœpit. Ariflor. Phyfic. aufcule, lib! 7, 
P: 405, 407. lib. 8, p. 426. lib: 4, c. 6. Voyéz fur- 
tout la derniere note de ce chapitre. Le paflage du 
huitieme livre de la Phyfique d’Ariftote, ch. 14, 
mais 


Du MouvEMENT, &c. 145 


raais ils ignoroient que cette augmentation 
de la viteffe des corps dans leur chüte für 
uniforme , & que l’accroiffément des efpaces 
parcourus fe fit fuivant la progreflion des 
nombres impairs, 1,3, $, 7, &c. 

84 Deux erreurs, dans lefquelles étoit 
Âriftote à ce fujet, s'oppofoient à ce qu'il 
püt parvenir à découvrir la vérité : l’une 
étoit qu'il fuppofoit deux appétrits différents 
dans les corps ; un dans les corps pefants, 
qui les faifoit tendre au centre de la terre, 
& un appétit dans les corps légers , qui les 
éloignoit de ce centre (1) : l’autre erreur 


eft ainfi: Quoniam omnia , quo longids diflant ab eo 
guod quiefcit , ed celerius feruntur , p. 427 ad finem. 
Vid. Pererii de rerum naturalium principiis , Edit: 
Paris, in-4. 1679 ,p. 738 & f2q. Simplicius, p.469, 
470. Idem Simplic. text. 61$, Phyfic. com. 47, 
rcfert obfervationes duas Stratonis Lampfaceni ad 
confirmandam hanc propoftionem, 
\ " US 1» ral! ci CAT Cr, 

(1) To ra y# pu ore ox ty[vlipo n roù pécou , Für 
Pépedeu. ro de müp, com dy re wo, ti à dmtios #v, Gr 
pes dv Hu n Tegurus , 494 To Êpos , 44 n xowPorys. ds 
op Tù naralepa Tayuräri érépoy , Tà Repas &v TAN , 


Tome I, k$ 


Erreurs d'A- 
riftote à ce 
fujet. 


146 Du MouvEemEenNT,&c. 


étroit de penfer que les différents corps torn- 
boient dans le même milieu avec une vitefle 
proportionnelle à leurs maffes (1) ; au lieu 
que la réfiftance des milieux eft la feule raifon 
de cette différence (2); de forte que, fuppo- 


oÙrus ei Umeipos #v M Tobrou tmidois | 44 n Ths Taxulares 
émis dmEpes & 4, 

Terra namque, & ignis quo propinquiora funt 
locis fuis, illa quidem medio , ignis vero fupero 
loco , ed celerius porro feruntur. Quod fi infinitus 
effet fuperus locus, infinita nimirum & celeritas 
effet : & fi celeritas infinita eflet, & gravitas etiam, 
& levitas infinita effet. Nam ut id, quod inferius 
pergeret, celeritate differens, gravitate celere eft: fic 
fi infinita effet hujus accretio , & incrementum fanè 
celeritatis infinitum etiam effet, Ariffotel. de cœlo, 
Lib. C8 ps 443 tes aNVid bia ssde 
clore sp. 48 DE: 

(1) To yap raxos t&u mo moi tnërlovos | ps To rod 
gsidovos | às To puéidor cum mpos ro taarlo, Celeritas 
enim minoris ad celeritatem majorisita fefe habebic, 
ut majus corpus fe habet ad minus. Ariflor, de cœlo, 
Hbra) este, P476. 

(2) Tolta la refiftenza del mezzo, tutti i mobili 
fi moverebbero con i medefimi gradi di velocirà, 
Galileus Dialog, 1 ,p. 74. 


Du MouvEMENT, &c. 147 


fant qu'ils rombaflent dans un milieu qui 
n'oppoferoit point de réfiftance , dans le 
vuide , par exemple, les corps les plus lé- 
gers tomberoient alors avec la même vitefle 
que les plus pefants , comme on l’a obfervé 
depuis le fiecle dernier avec le fecours de la 
machine pneumatique , dans laquelle le 
papier, la plume & l’or tombent avec une 
viteffe égale. 

85. Mais fi Ariftote ignoroit que la ré- 
fiftance des milieux , dans lefquels les corps 
tombent , étoit la caufe de la différence qui 
fe trouve dans le temps de leur chüte; sil 
ignoroit que , dans le vuide, les corps les 
plus inéocaux en pefanteur , comme le duvet 
& l'or, devoient tomber avec une égale 
vitefle ; rous les anciens ne l’ont pas ignoré. 
Lucrece , inftruit dans les principes de Dé- 
mocrite & d’Epicure , avoit connu cette 
vérité, & l’avoit foutenue par des argu- 
ments qui feroient honneur au phyficien 
le plus expérimenté de nos jours. » Il 


» CIOyOIt que n’y ayant rien dans le vui- 
K ij 


Raiïfon de 
la différence 
de la chüûte 
des corps , 
connue des 
anciens. 


148 Du MouvEeMmMEnNT, &c. 


» de (1) qui püt retarder le mouvement des 
» corps, il étoit néceffaire que les plus Ié- 
» gers tombaflent dans une vitefle égale avec 
» Les plus pefants ; que là où 1l n’y a point 
» de réfiftance , Les corps doivent fe mouvoir 


(1) Quod fi forté aliquis credit graviora potefle 
Corpora ; quo citius reétum per inane feruntur, 
Incidere & fupero levioribus , atque ita plagas 
Gignere , quæ poflint genitales reddere motus; 
Avius à vera longè ratione recedit. 

Nam per aquas quacumque cadunt ; atque aëra 
deorsüm , 

Haec pro ponderibus cafus celerare neceffe eff ; 

Proptereà quia corpus aqua , naturaque tenuis 

Aëêris haud poffunt aquè rem quamque morari , 

Sed citiès cedunt gravioribus exuperata. 

At contra nulli de nullà parte, neque ullo 
Tempore inane poteft vacuum fubfiftere rei, 
Quin , fua quod natura petit , concedere pergar, 
Omnia quapropter debent per inane quietum , 

Atque ponderibus non aquis concita ferri. 
Haud igitur poterunt levioribus incidere un- 
quam É 
Ex fupero graviora ; neque idtus gignere per fe, 
Qui varient motus , per quos natura gerat res. 
Lucretius, Lib, 2, v. 225 © feg. 


Du MouTEMENT,&C. 149 


» toujours en temps égaux ; que la chofe 
» feroit différente dans des milieux qui op- 
» poferoient une différente réfiftance aux 
» corps dans leur chüte ; il allegue lä-deffus 
» les raifons mêmes tirées des expériences 
» qui ont porté Galilée à fonder fa théorie ; 
»1l dit que la différence des vitelfes doit 
» être plus grande dans les milieux qui op- 
» pofent une plus grande réfiftance; & que 
» l'air & l’eau , réfiftant différemment aux 
» corps , font la caufe qu’ils tombent dans 
» ces milieux avec une vitefle différente ». 
86. On voit que les anciens connoifloient 
donc l'accélération du mouvement dans les 
corps, & la raifon de la différence de leur 
chüte ; on voit encore qu’ils connoifloient 
la caufe du mouvement accéléré , & que 
parmi les différentes opinions agitées fur 
cette queftion , celle d’Atiftote n’eft peut- 
être pas la moins probable. Ce philofophe 
croyoit en effet que le premier effort de mou- 
vement , imprimé à un corps, agifloit à 
chaque inftant fur lui, & augmentoit à cha- 
que inftant fa vitefle ; de forte que les diffc- 
K ii 


Caufe du 
mouvement 
accéléré, dans 
Atiftote ; 


15o Du MouvEemEenT,&c. 


rents degrés de vitefle que ce corps acqué- 
roit dans chaque moment de fa chüte , 
étoient la caufe de l'accélération continuelle 
de fon mouvement (1). 47 difoir qu'il y avoit 
une force qui agiffoit fur les corps pefants , & 
les déterminoit à defcendre (2) ; & cette force, 


(1) Al yès ua nn xo4 xexbmme. Semiper enim 
fimul movec & movit. Arif. Phyf. lib. 7, cap.6, 
p. 406. C. 

(2) E'rei dé ro Te Bapos tu Tux loc, aŸ y Qépi- 
TL LÈTO , 1 TE outyh mpes To ph darrädai , Tara 
d'u mpos AAA euuEAAEN. tè yap irepGaxXy 4 dois 
où Rapous Ts tv TO cueyéi , mpes Ti Ciara , 3) Ty 
d'uperty, Biécerar xéra Oärlar. 

Cum autem & pondus aliquas habeat vires , quibus 
deorsäm fertur, & continua fimili modo , ut non 
difrumpantur , hæc inter fefe conferre oportet. Si 
vires enim ponderis, eas vires, quæ in continuo 
funt ad difruptionem , divifionemque, exfuperent, 
vim inferet ipfum grave , celeritfque deorsüm feretur. 
Ariftot. de cœlo , lib. 4, ad finem, p. 493. Et de 
cœlo, lib. 3, c. 2, p. 476, ad finem capit. » Cette 
» idée d’Ariftote eft clairement expliquée dans la 
» Section vingrieme de fes Quafliones Mechanica, 
» P. 1 92, 1193, en ces termes »: {p/um grave ipfa 
Ju motione vim acquirit | & qu plis movetur, ed 


Du MouvEMENT,&C. 151 


felon lui, étoit la gravité naturelle qui les 
porte vers le centre de la terre ; & il fuppo- 
foir qu’à cette premiere caufe fe joignoient 
pendant la chüûte d’un corps de nouveaux 
efforts de la même caufe, qui lui imprimoient 
de nouvelles forces à chaque inflant différent , 
& accéléroient ainfi fa defcente. 

87. C'étoit là fans doute le fentiment 
d’Ariftote , qui a été interpreté de la maniere 
que je viens de l’expofer par le plus habile 
de fes commentateurs (1), & par tous ceux 


plis gravitatis affumit. To Rap Th Toù Eapous xivyri 
Aapouves panno momo 4 npeoïy , BC. comme à dit 
un poëte , de la renommée : 


Mobilitate viget | virefque acquirit eundo. 
Virg. Æneid. lib. 4, vers. 175. 


(1) Velocitas propria unicuique motui fequitur 
exceflum motoris fuper potentiam moti. ÆAverroës 
Comment. in Phyficos ; lib. , text. 35 , p.152. Ve- 
locitas motüs eft ex potenti& motoris , & ex augmento 
Juper potentiam mot. Idem in cœlum, /, 3 ,text.217, 
p.91. Vid. Averrois opera Edit. Venet. apud Junras , 
Ann, 1552. Vide imprimis Ariflotel, Phyf. L. 7, 0.6, 
p.406. C. Cum autem id quod movet , aliquid fem 
per moveat, & inaliquo , ut ufque ad aliquid : dico 


K iv 


Expliquée 
par Averroës, 
& dans Scor. 


152 Du MouvemEenT,&c. 


qui ont examiné avec attention les principes 
de ce philofophe (1) ; entre autres Jean Duns, 
dit Scot, qui vivoit au treizieme fiecle, &c 
fon interprete le P. Ferrari (2). 


auteminaliquo, quia in tempore movet ; ufque ad 
aliud vero, quia per quantam aliquam longitudi- 
nem : femper enim fimul movet & movit : quapropter 
eric quantum quiddam , quod motum eft & in quanto, 
& Jeg. Voyez auf les notes a & b , Set, 8$ de cet 
Ouvrage. 

(1) Joannts Dunfii Scoti , opera in 12 tom. in-fol. 
Lugduni 1639. 

(2) Communis demum Peripateticorum opinio , 
quam nos amplectimur , accelerationis illius caufam 
in impetu acquifito conftituit : quia per motum efñ- 
citur in gravi major femper , ac major impetus ufque 
ad terminum accelerationis: qui impetus gravitatem 
auget, ac motum proindè magis accelerat. Veteris , 
& recentioris Philofophie dogmata Joannis Dunfi: 
Scoti doitrinis accommodata , fludio Anton: Ferrari, 
Veneriis 1757, 3 vol. in-12. 

» Il y a plufeurs paffages dans Simplicius , qui 
» donnent clairement ce fens que l’on attribue aux 
» Péripatéticiens, entre autres font les fuivants. 

Er de Quoi ( AXend'egs ), 2 à TA Rapiril xura 
Qériy ésuy site HUTE à à à à CVAOYO MRAVUL TUE HAT rè 


Du MouvEMENT,&C. 153 


Laggs daube. ....Si gravitati fecundum naturam 
eft effe deorsüm ... rationabile eft , ea ( fc. corpora} 
appofitionem aliquam , & additionem fecundim gravi- 
tatem accipere. Simplicius de cœlo , /:b. 1 , comm. 86, 
col. 2, Idem, p.61. Edit. Aldi. 

Tapôregg Qhéles êni ro nur... d'ynoy or die mpoy- 
y Faggus rayireeo Guru, Idem p. 62. 

Et Paulo poft , p. 92, col. 1. Citius feruntur cor- 
pora deorsum..... propter appofitionem gravitatis. 
Vide quoque Alexandrum Aphrodifæum in Quæft. 
Natural, 


Gravitation 
univerfelle, 


154 P\E.S AN 4TIEIÙ R 


€ H APE RE: VE 


Pefanteur univerfelle ; force centri- 


pete Ë centrifuge. 


Loix des mouvements des Planctes ; fuivane 


leur diflance du centre commun. 


ge (a Hcrouiles Modernes fe flattent 
d'avoir un avantage marqué , s’imaginant 
avoir les premiers découvert le principe de 
la gravitation univerfelle, qu'ils regardent 
comme une vérité qui avoit été inconnue aux 
Anciens. Il eft cependant aifé de faire voir 
qu'ils n’ont fait que fuivre les traces de ces 
anciens philofophes , en partant du même 
principe , & guidés par les mêmes raifonne- 
ments. Il eft vrai que les modernes ont dé- 
montré clairement les loix de cette gravita- 
tion univerfelle , & qu'ils les ont expliquées 
avec cette clarté & cette précifion qui carac- 
térife le génie de ce fiecle & du fiecle pañlé ; 


UNIVERSELLE,&CC. fs 


mais aufli c’eft tout ce qu'ils ont fait à cet 
égard , fans y avoir rien ajouté. 

89. En faifant la moindre attention aux 
connoïffances des Anciens, on trouve qu'ils 
n'ignoroient pas la gravitation univerfelle , 
& qu'ils favoient de plus que le mouvement 
curviligne , fuivant lequel les aftres dé- 
crivent leur cours , eft le réfultat de la com- 
binaifon des deux forces des mouvements 
auxquels ils font aflujettis: du mouvement 
reétiligne , & de celui de la ligne perpendi- 
culaire , dont l'effet combiné doit les obliger 
à parcourir une ligne courbe. 

90. Ils ont connu les raifons de ces deux 
mouvements , ou de ces deux forces contrai- 
res, qui tiennent les planeres dans leurs 
orbes ; & ils s’'étoient expliqués li-deffus 
comme ont fait après eux les Modernes , à 
lexception feulement des termes de cenrri- 
pete & de centrifuge , dont ils avoient cepen- 
dant donné tout l'équivalent. 

91. Ils connoifloient aufi l'inégalité du 
cours des planetes , ils l'attribuoient à la 
varicté de leur pefanteur réciproque, & à 


Pefanteur & 
mouvement 
de proje&ion 
combinés 
dans le cours 
des aftres. 


Ces deux 
forces ont 
été connues 
des Anciens; 


ainfi que la 
loi du quarré 
des diftances. 


Syftème 
d'Empédo- 


cles. 


LS 6 PE NS ARN IT ME IUTR 


leurs diftances proportionnelles entre elles ; 
ou, ce qui eft la même chofe , & añn de 
l'exprimer dans les termes confacrés par les 
philofophes modernes , ils connoifloient la 
loi de la raifon inverfe du quarré de la diftance 
au centre de révolution. 

92. Je n'infifterai pas beaucoup fur le 
fyftème d'Empédocles , dans lequel on a cru 
entrevoir le fond du fyftème Newtonien ; 
on prétend (1) que fous le nom d’amour il a 
voulu défigner une loi , une force qui portoit 
les parties de la matiere à s’unir entre elles, 
& à laquelle 1l ne manque que le nom d’at- 
iraction; on veut aufli que par le nom de 
difcorde il ait prétendu défigner une autre 
force qui contraignoit ces mêmes parties à 
s'éloigner les unes des autres, & que M. New- 
ton appelle une force d'écartement. Je veux 
bien croire que l’on puiffe réduire le fyftème 
de Newton à ces deux principes ; mais comme 


(1) M. Fréret de l'Académie des Infcriptions & 
Belles-Lettres , Mèm. de l'Acad. vol. 18, p. 1014 
Ariflot, de Cœlo, lib.-3,c,2,p, 475 in fine. 


UINMEVÉER SE LLE NE. 157 


ils paroiffent expofés d’une maniere trop 
vague & trop générale , & que nous ne man- 
quons pas de témoignages plus précis & plus 
authentiques pour appuyer le fujer en quef- 
tion , je laifle Empédocles, pour m'arrèter 
fur les paflages qui mériteront davantage 
notre attention. 

93. Les Pythagoriciens & les Platoniciens, 
traitant de la création du monde, ont fenti 
la néceflité d'admettre l’effet des deux forces 
de projection & de pefanteur , afin de pou- 
voir rendre raifon des révolutions des pla- 
netes. Timée de Locres (1), parlant de l’ame 


(1) À mortpuée do duausis , dpyus awarios , Täs re 
Téva | 494 Tüs Th Ertpo. hoyar Où ot muvris Évri xeT 
deAduus dpuoxes cuyxExpguuEv às oYOS HAT prof 
d'aupre mûr imisèpes, @s jun dyvorir 16 dv à dure 497 
à éy TUVES HE. 

Cui ( Natura fcilicet) duas potentias immifcuit , 
motuum principia , ejufdem videlicet , & alterius, Hæ 
autem omnes rationes funt contemperatæ ad numeros 
harmonicos : quas & ipfe rationes opifex congruenter 
diftinxit, certis fcientiæ aufpiciis : ut quidem mini- 
mè inçcogniturm efle poflit , çx quibus hæç mundi 


Les Pytha- 
goriciens &c 
les Platoni- 
ciens ont 
connu les 
deux forces 
de projetion 
& de pefan- 
teur, 


Platon a en- 
feigné clai- 
rement cette 
doftrine, 


LSOUDEPENS AN DE 'U'R 


du monde, qui met toute la nature en mou- 
vement , dit que Dieu lavoir douée de deux 
forces , lefquelles étoient combinées fuivane 
certaines proportions numériques. 

94. Platon, qui à fuivi Timée dans fa 
philofophie naturelle , dit clairement que 
Dieu avoit imprimé aux aftres (1) /e mouve- 
ment qui leur étoit le plus propre ; ce qui ne 
peut être que le mouvement rectiligne qui 
les fait tendre vers le centre de l’univers , ou 
la pefanteur ; & qu’enfuite, par une impul- 
fion latérale , ce mouvement avoit été changé 
en circulaire : & Diogene de Laërce, faifant 


anima fit conftituta. Timæus Locrenfis, Plato, Edir. 
Steph. p. 9$ , 96. 

(1) Kémen À érévudp évrd, ri 78 comes üimsiur…. 
(& pauld poft). Ad dy xarx ravre ty ro duro, co 
b durd mecrayayéy duro raie xün)Am nwéiæs spePo- 
PATTA 

Motum enim dedit cœlo , eum qui corport fit aptiffi- 
mus (i.e. direétum.)....]Itaque unà converfione, 
atque eâdem , ipfe circum fe torquetur, & vertitur. 
Platonis Timius , p. 34. À, 

Cœloque folivago, & volubili, & in orbem in- 
citato complexus cit, p. 34. Voyez aufli page 36. 


UNIVERSELLE, @C.  }$9 
vraifemblablement allufion à ce paflage de 
Platon, dit qu'au commencement les corps 
de cet univers étoient agités tumultueufe- 
ment , & d’un mouvement défordonné, mais 
que Dieu régla leur cours enfuite par des loix 
naturelles & proportionnelles (1). 

95: Anaxagore , cité par Diogene de 
Laërce (2), étant interrogé fur la raifon qui 
retenoit les corps céleftes dans leur orbite 
maloré leur pefanteur , répondit que /a ra- 
pidité de leur cours les confervoit en cer état ; 
& que fi ce mouvement violent venoit à fe relä- 
cher , l'équilibre étant rompu, toute la ma- 
chine du monde viendroit à fe bouleverfer. 


(1) Porro ifta quidem primo tumultuario, & 
inordinato motu agitari : at poftquam mundum conf- 
tituere cœperunt ex rationibus inficis , debitum ordi- 
nem & mundum à Deo accepiffe. Diog. Laërt. /ib. 3, 
Jet. 76, 77. 

(2) Ti cpodhe dt mtendire cuesévat | 5) dveIerre 
alex Sie, Silenus in primo hiftoriarum auéor 
eft , Anaxagoram dixifle , cœlum omne vehementi 
circuitu conflare , alias remifione lapfurum Diog. 
Laërt, in Anaxag. Lib, 2, feét, 12. 


Expreffion 
remarquable 
d’Anaxago- 
Les 


Gravitation 
wniverfelle , 
forces cen- 
tripete & 
sentrifuge 
connues de 
Plutarque, 


\, 


\ 
Go NAME IS) AUN,T EUR 


96. Plutarque , qui a connu prefque toutes 
les vérités brillantes de l’aftronomie , a aufli 
entrevu la force réciproque qui fait graviter 
les planetes les unes fur les autres; » & après 
» avoir entrepris d'expliquer la raifon de la 
» tendance des corps terreftres vers laterre, 
» il en cherche l’origine dans une attraëlion 
» réciproque entre tous les corps , qui eft caufe 
» que la terre fait graviter vers elle les corps 
» cerrejtres , de même que le [oleil & la lune 


… 


» font graviter vers leurs corps toutes les par- 
wties qui leur appartiennent ; & , par une 
» force attraîlive , les retiennent dans leur 


» fphere particuliere (1) » : ilapplique enfuite 


(1) Kai vor ye à ma due Eubends dis ro dure cunéuet, 
# mpos To œbrod puéroy dyrepides mars Tois peoplois, oÙy © 
pére ocre rod mavris 4 yh MAS, à @s oo , cixtlureral 
mépn adras ol Tœ Ecpn° #% TÉLUEAO içi À pemoÿTe : 
où TA TH perorylos pos TOY HOTEL , &dn& pos Th y 
XOW@NAS RS À) œupiQuias rois MOTTOUEVIS WTA ,. Eire 
man nalaQipoméris, ds yap 6 HAS Es Eaurey imispéQu ra 
pépn 6 dv cuEsyxt, À 9 YA Toy AMQoy DT me gryrale O'e- 
Mere...) Qépe pes éxcivar. 
At enim , fi omne corpus grave eddem fertur, & 
ad centrum fuum omuibus partibus vergit ; terra non 
CES 


UNIVERSELLE, @&€ 161 


ces phénomenes particuliers à d’autres plus 


ut centrum univerfi potius , guäm totum , fibi omnia 
gravia ; ut fuas partes , vindicabit. Argumentum .... 
erit vergentium , quibus non medium mundi eft caufa 
fuorum momertorur , fed cognatio cum terrä , à 
quà vi repulfa , rurfum ad eam fe conferunt. Sicui 
enim fol omnes partes , ex quibus conflat, ad fè con: 
vertit : & lapidem terra , ut fibt convenientem accipit..s 
6 fert ad eum. Plutarch. de facie in orbe luna , p. 924. 
D. E. » On attribue un principe femblable aux 
» Mages Perfans & aux Chaldéens ; cuura$ cvs rois 
» xéro». Pfell, Declarario Dogmatic. Chaldaic. Ergo 
potius ea ratio nobis conftabit quod fervor , quem: 
admodum omnes res evocat , & ad fe ducit...eadem 
ratione folis impetus vehemens , radiis trigoni for- 
mà porrectis ; infequentes flellas ad fe perducir, & 
antecurrentes veluti refrenando retinendoque non pati- 
bur progredr, fed ad Je cogit regrédi. Vitruv, lib. 9, 
C. 4, p. 187: 

Sed curfus , diverfitates , alritudinifque caufas, 
confiftendi , retrogradiendique atque incedendi om- 
nibus fupradictis importat radius folis affulgens, qui 
cas percutiens , aut in fublime tollit, aut in profun- 
dum deprimit , aut in latitudinem declinare, aut 
retrogradare facit. Martiani Capelle fatyricon. Edit: 
Grotii ,; Lugd. Bat, 1599. 89. lib. 8, ad änem;, 
P- 300. 


Tome I, L 


LG 2 MPINE /s DAUIN TE IU MR 


généraux ; & , de ce qui arrive fur notre 
globe , il déduit, en pofant le même principe , 
route qui doit arriver dans les autres corps 
célefes refpeclivement à chacun en particulier , 
& les confidere enfuite dans le rapport qu'ils 
doivent avoir , fuivant ce principe, les uns 
relativement aux autres (1). Il éclaircir ce 
rapport général par l'exemple de ce aui arrive 
à notre lune dans fa révolution autour de la 
terre; & il la compare à une pierre dans une 
fronde , laquelle éprouve deux forces à la fois ; 
la force du mouvement de projection qui la 
porteroit à s'éloigner , fi elle n’étoit retenue 
par le bras qui agite la fronde , & qui eft la 
force centrale , laquelle , combinée avec la 
force de projection , lui fait parcourir un 


(1) H° 7e pes rh yh À Wa cuvaieris | À obsais 
DOyyEiTe 7» TbO7OY ; a HE Ta Éxé cuuriroyre 7rpos 
Ze , Uxos tew. Eorum , qua hic funt , comparatio, 
& confliturio , refpeëtu terra , ducit nos ad intelligen- 
tiam modi, quo ea, qua ad lunam iffhic accidunt, 
permanere fit probabile, Plutarch. de facie in orbe lune , 
p. 924. F, » Voy. Pemberton , Introduéf, à La Philos 
#& fophie de Newton, p. 20 & 21. 


UNIVERSELLE, &C. 463 


cercle (x) : il parle encore , dans un autre 
endroit , de cette force inhérente dans les 
corps , c’eft-à-dire ; dans la terre , & dans 
les autres planetes ; pour attirer vers elles tous 
les corps qui leur font fubordonnés (21) ; de 


* 


(1) Kai roi Th pe Eenins LS ue mes To ph mot à 
xMTIS &uTh , Hg To fbuOes Ths miéhuyar/is à Gomtp orav 
ras o@ed'orms érideiler ras 2ure@opis UT lg 4 n6- 
220 mendmris. Aiqui luna auxilio ëft, ne cadat motus , 

id : Frs 4 
& ejus impetus : quomodo que fundis impofita in orbem 
rotata delabi non finuntur. Plutarch. de facie in orbe 
dune , p.913, C. 
» A £ ” N « MEL \ 1. a NL 

(2) Er yap omorovoily | 29 © Ti y Emros wma roi »ér= 
Te Ts yAs , die tous cdd és Tod néepen xäTE pipes” 
> UT LEE Diesel V5 > ] Fe e ne 
CA OO y n YN 3 y TA EMI VAS, HA TOY ANAUS TR 
To RÉVTPO TEEN | À Depixéiuere , GO INT, x4TO 
peoror ov Ey , To drépélor cypexior txiivo , à pos mére dili- 
méQer Th To roruo Qirn Gveryraior, trye dn To xTw 

1 À [74 \ / > # 4 » 1 À 
mpos To co are or dvrixure. Ko où rodro por 72 
rome | GAAG #) Th dirie Éménaurt ra Raph, Où My 
d'élgo ralaÿiém 22 Qplas cop pr yep o0'ey ist xar0, 

4 e La AS . - 
pos © mére To de drame , oÙle tes , üÿle (Bolnoy- 

/ 1 v e! } AC \ 
Tai Torabtm Et À vegas ose mule xalaleiver iQ Eavro 
À pi GUTo cut. 

Si enim quidquid quocumque modo extra centrum 

terræ cft , dici oportet fupra efle, nulla pars mundi 


L ij 


Et de Lu- 
crece. 


164 APE SA AUN. TUE EDR 


forte qu'il eft impofhible de ne pas reconi- 
noître dans tous les paffages que nous venons 
de citer fur ce fujet, une force centripete 
qui fait cendre les planetes vers leur centre 
commun, & une force centrifuge qui les en 
éloigne & Les retient dans leur orbite. 

97. Nous venons donc de voir que les 
Anciens ont attribué aux corps céleftes une 
pefanteur vers un centre commun de leur 
mouvement, & une gravité réciproque entre 


infra eric: fed fuprà fuerit & terra , & omnia, qux 
ei incumbunt , & fimpliciter quodvis corpus centro 
circumpofitum : infra autem unicum illud corporis 
puntum , atque hoc necefle erit omni mundi naturæ 
opponi : quandd fuperüm naturæ ratione invicem 
opponuntur. Neque hoc dumtaxar eft in hac re ab- 
furdum : fed caufam quoque gravia perdunt, ob 
quam deorsüm vergant , atque ferantur, cüm nullum 
fit infra corpus , ad quod moveantut. Nam guod 
corporeum non eff , id neque probabile eff, neque ipfs 
volunt , tanté effe vi praditum , ut omnta ad fe trahat , 
6 circa fe contineat. Plutarch. de facie in orbe lune, 
P-926. A. Vid. & Plutarch. de oraculorum defe&tu , 
p- 424. Eta la page 425 , depuis la ligne 27 & quivis, 
&c. jufqu’à la ligne 41, & cohibere, 


UNIVERSELLE, &C. 165$ 


eux. Lucrece avoit bien compris cette véri- 
té, quoiqu'il en tirat la conféquence hardie, 
qu'il n’y avoit point de centre commun dans 
univers, mais que l’efpace infini étoitrem- 
pli d’une infinité de mondes femblables au 
nôtre; car, difoit-il, fi les corps céleftes 
étoient portés vers un centre commun, & 
n'étoient pas retenus vers une autre puif- 
fance agifflante extérieurement fur eux en 
vertu de la mème force attraétive , 1l y au- 
roit Jong-temps qu'ils fe feroient rappro- 
chés & fe feroient réunis à leur centre de gra- 
vité commun , comme tombant vers le lieu 
le plus bas, & n’auroient alors formé qu’une 
mafle infinie & inactive (1). 
98. Il paroït encore que les Anciens fa- 


(1) Præterea fpatium fummaï totius omne 
Undique fi inclufum certis confifteret oris , 
Finitumque foret, jam copia materiaï 
Undique ponderibus folidis confluxit ad imum, 
Nec foret omnind cœlum, neque lumina folis; 
Quippe ubi materies omnis cumulata jaceret 
Ex infinito jam tempore fubfidendo. 

Lucr, lib. 1, v. 983 
L üj 


Attra&tion 
proportion- 
née à la ma{ 
fe des corps 


Eoi de la 
faifon invet- 
fe du quarté 
des difances, 
connue des 
Anciens. 


DOGUNIE SUROIN TT EVU À 


voient auff bien que les Modernes, que cette 
gravitation n'avoit point fa caufe dans une 
force qu'ils s'imaginaflent réfider dans le 
centre de la terre, vers laquelle tendoient 
tous les corps ; leurs idées li-deffus étoient 
plus philofophiques ; & l’on voit aifément 
par les paflages que je viens de rapporter aux 
trois premieres notes de la feétion 96e. , que 
cette force étoit diffufe dans toute la matiere 
du globe terreftre , & compofée des forces de 
toutes les différentes parties de la matiere de 
notre globe. 

99. Il refte à examiner fi les Anciens ont 
connu quelles étoient les loix fuivant lef- 
quelles la force de gravitation agifloit fur 
les corps céleftes, & s'ils croyoient qu’elles 
fuffent en raifon de leurs mafles , & fuivant 
la proportion de leurs diftances. Il eft cer- 
tain que les Anciens n’ignoroient pas que le 
cours des aftres fe faifoit fuivant des pro- 
portions conftantes & inaltérables, & qu'ils 


» Démocrite penfoit la même chofe , felon Arif- 
“tote, de Generat, lib, 2, c. 8. 


UNIVERSELLE, &C. 167 


avoient différentes opinions fur la nature de 
ces proportions (1). Les uns les cherchoient 
dans la différente mafle de la matiere dont 
ils étoient compofés , & d’autres dans leurs 
différents intervalles. Lucrece, après Démo- 
crite & Âriftote , penfoit que /a gravité des 
corps étoit proportionnelle à la quantité de 
matiere dont ces corps étoient compofës (2) ; 


(1) Ke ro ris pit à Taxes Toy mhavauétioy cQute 
pay, Ts OÙ no à Tois émoshuariw , or OÙ, ëy rois 
peyéren Ÿ dsipv, à dt dryay éxezeoiy d'oxdèvres | ty rais 
À émtaixdoy À LprETpois Cloïes ras dhonpeéres dyahoyias. 

Et vero nonnulli in celeritatibus errantium globo- 
rum , alitin intervallis potiis , quidam in magnitu- 
dinibus flellarum , aliique fubtiliffimam fibi rationem 
fecuti qui videntur , in epicyclorum diametris pro- 
portiones iftas quærunt. Plutarch. de anima procrea= 
tione , p. 1028. À. B. Jamblich. de vite Pythag. p. 52, 
MAC. a T7: 

Voyez Montucla, Hifi. de Mathem, t. 1, p. 270. 

(2) Montucla, Hiff. des Mathém. tom. 3 , p. 143, 
dit: Nous favons que Démocrite difoit que les atômes 
pefoient plus les uns que les autres à proportion de 
leur mafle , & il cite Ariftote de Gener. anim. L, 1, 
c, 8 : il doit y avoir une erreur dans cette citation. 

» M, Montucla aura voulu parler de l'ouvrage 


L 1v 


Expliquée 
dans Plutar- 
que, Pline, 
Macrobe & 
£enforinus. 


VOS OPNE Ss'AINCTIE UK 


& de très habiles Newtoniens, qui devotens 
ètre le plus intéreflés à conferver à leur 
maitre la gloire d’avoir découvert le premier 
les vérités qui font le principal ornement de 
fon fyftème , ont été les premiers à indiquer 
ja fource où elles paroïffoient avoir été pui- 
fées. Il eft vrai qu'il à fallu coute la pénétra- 
tion & la fagacité de favants tels que New- 
ton, Grégori & Maclaurin , pour apperce- 
voir & découvrir la loi inverfe du quarré des 
diftances (que Pythagore avoit enfeignée) 
dans le peu de fragments qui nous ont été 
£ranfmis de fa doctrine ; mais 1l n’en eft pas 
moins vrai qu'elle s’y trouve , puifque les 
Newtoniens mêmes en conviennent, & font 
les premiers à s'appuyer de l'autorité de Py- 
thagore pour donner du poids à leur fyftème. 

100. Plutarque eft, de tous les philofc- 
phes qui ont parlé de Pythagore, celui qui 


——— 


» d’Ariftote de generatione , & corruptione | dans 


2 
» lequel fe trouve ce paffage. Kai roi Baplrepoy ye xaræ 
en ÙmQgun Quoi sat Amuoreilos Exasoy  édauprar, 
Democritus atomorum quodque per exceffionem gra- 


vius effe afferir, Lib, 2, c. 8, p. s10, tom. 1. R. 


UNIVERSELLE, &C. 169 
groit le plus en état de faifr les idées de ce 
grand homme ; aufli les a-t-1l expliquées (1) 
mieux que perfonne. Pline , Macrobe & 
Cenforinus (2), ont aufli parlé de l’harmo- 
nie que Pythagore avoit obfervé regner dans 
le cours des planetes ; Plutarque lui a fait 
dire qu’il eft vraifembable que Zes corps des 
afîres , les diflances , les intervalles des fphe- 
res , les viteffes de leur cours & de leurs révo- 
lutions font proportionnelles entre elles ; & par 


(1) »Les paffages de Plutarque , de Pline , Ma- 


+ crobe & Cenforinus , dans lefquels cette vérité fe 


ÿ 


v 


trouve enveloppée , font trop longs, trop diffus 
» & embarraflés pour pouvoir être rapportés en note; 
» c’eft pourquoi je me fuis contenté de les citer 
» exactement un peu plus bas , & de rapporter la 


3 


La 


maniere dont les Newtoniens eux-mêmes les ont 


» entendus. 


Ÿ 


(2) Macrob, in fomnium Scipionis , lib.2,c. 1; 
& lib.1, c. 19. 

Cenforinus de die natal, cap. 10 , 11 & 13. 

Plin. lib. 2, c. 22. Voyez tome 2 de cet Ouvr. 
Ja troilieme part. ch, 10, Jet, 244. 


#70 | UE S: AN: TUE U'R 


rapport au total de l'univers (1). Et Grégori « 
été porté à convenir qu'il étoit évident , à un 
efprit attentif, que ce grand homme avoit 
entendu que la gravitation des planetes vers 
le foleil étoit en raifon réciproque de leurs 
diftances de cet aftre ; & cer illuftre Mo- 


Cr) 'omtp où 6 Tous émirpirous | 2 mpuolious , 39 Oran 
is Adyous CET & To Loya Ts Aipas 2. € 7 ALLIE 
xai rois xonAGus , myenoies és ( di pie ap dune na 
TOUTE TUpÉT pas yEyovevær pos PAPE pHxeot : Lai Tu 
es, mhr OX Gpponar txcivgy mt may QOcylar Cempeir) urws 
cos quiy oi ui Ta copole Toy dstpor, nai Tu dns 
pare Ta ixnoy , Lai TU Ty TA mteAPopÈ , Gomtp 
dpye à Térarypévos ge Epérpos mpos GANG HA MS 
ro on. Sicutigitur, qui proportiones fefquitertias , 
fefquiplas, atque duplas quærat in jugo lyræ, teftu- 
dine , & clavis, ridiculus fit: (nam quin & hæc 
debeant inter fe longitudinem , & craflitiem habere 
proportione aptam, dubium non eft : cüm interim 
harmonia in fidium fit confideranda fonis) 114 pro= 
babile eff etiam corpora ffellarum , intervalla circulo- 
rum , converfonum celeritates , tanquam inffrumenta 
re&o ordine difpofita , fuam habere cüm inter fe, tim 
ad totam compagem univerfs proportionem. Plutarchus 
de animæ procreatione , p. 1030. C. 


on 


MNCNMERSELEE IEC FO 


derne , fuivi de Maclaurin , fait parler ainf 
Pancien philofophe. 

101. » Une corde de mufique , dit Py- 
» thagore , donne les mêmes fons qu’une 
» autre corde dont la longueur eft double , 
» lorfque la tenfion ou la force avec laquelle 
» la derniere eft tendue, eft quadruple; & 
» la gravité d’une planete eft quadruple de la 
s» gravité d’une autre ; qui eff à une diflance 
» double. En général, pour qu'une corde de 
» mufique puifle devenir à l’uniffon d’une 
» corde plus courte de même efpece, fa ten- 
» fion doit être augmentée dans la mème 
» proportion que le quarré de fa longueur eft 
» plus grand ; & afin que la gravite d’une 
» planete devienne égale à celle d’une autre pla- 
» nete plus proche du foleil , elle doit étre aup- 
» mentée à proportion que le quarré de fa dif- 
» tance au foleil eft plus grand. Si donc nous 
» fuppofons des cordes de mufique cendues du 
» foleil à chaque planete ; pour que ces cordes 
» devinffent à l’uniflon , i/faudroir auomenter 
» ou diminuer leur tenfion dans les mêmes pro- 
» portions qui feroient neceffaires pour rendre 


Sentiment 
de Pythago- 
re , fuivanc 
Grégori & 
Maclaurin, 


Juftice ren- 
due à Platon 
par Galilée. 


9 2URRPE VS ANNE EVUUTR 


» les gravités des planetes égales. C’eft de la 
» fimilitude de ces rapports que Pythagore 
» à tiré fa doctrine de l'harmonie des fphe- 
» Tes (1) LE 

102. Je ne dois pas oublier , avant de 
finir ce chapitre , de rapporter un paflage de 
Galilée, par lequel il reconnoïît devoir à 


(1) Gregorit , Afironomiz Elementa ; & Maclau- 
rin, Syflêmes des philofophes , dans un difcours préli- 
minaire à la philofophie de Newton, p. 32. Wallis, 
tom. 3, p.138 & 150. Plutarch. de anima procrea 
tione, t. 2 , p. 1017 6 feq. Vide & Macrobium 1 
fomnium Scipionis , L.2, c. 1 Plin. Hif. Nat. 
l2,c. 22... Plutarch. de facie in orbe luna , p. 9214. 
D. E. 6 923. lin. 32 de vi centrifugä… Corfin. in 
Plutarch. de Placiris Philofoph. Differt. 2 ,p. 47, so 
& 1. Et tandem Plutarch. tom. 2, p. 1028. 4. B. 
129 B. C. De anima procreatione, Er verà, 6:c, toute 
la page , & fur-tout pag. 1030. B. Prifci porro Theo 
logi , &c. jufqu’à la fin du Livre... Cenforinum de die 
natali, cap. 10 & 13. Jamblich. de vita Pythagor. 
c.11,p.5$52, $3. Nicomach. Harmonic, lib. 1, p. 6. 
Platon. lib, 7. Republ. p. s30. Chalcidius in Timeum, 
p.307, 313. Edit. Fabric. Kepler Harmonices Munde , 
Bb: SR cs Aù 


nt — 


DNINERSEMLE, RC: : 


Platon fa premiere idée fur la maniere de 
déterminer comment les différents degrès de 
virefle ont dü produire les mouvements uni1- 
formes dans la revolution des corps céleftes : 
il fuppofe » que Platon, ayant imaginé (1) 
» qu'aucun mobile n’avoit pu pafler du repos 


(x) Platone avendo per avventura avuto concetto 
non potere alcun mobile paffare dalla quiete ad alcun 
determinato grado di velocitàa , nel quale ei debba 
poi equabilmente perpetuarfi, fe non col pañfare per 
tutti gli altri gradi di velocità minori, o vogliam 
dire di tardita maggiori , che tra l’aflegnato grado ;, 
e l’altiffimo di tardita , cioè della quiete, incercedo- 
no; difle, che Iddio dopo avere creati i corpi mo- 
bili celefti, par affegnar loro quelle velocità , colle 
quali poi doveffero con moto circolare equabile per- 
petuamente muoverfi , gli fece, partendofi loro dalla 
quiete , muovere per determinati fpazit di quel moto 
naturale , e per linea retta fecondo’ 1 quale noi fenfa- 
tamente veggiamo i noftri mobili muoverfi dallo 
ftato di quiete accelerandofi fucceflivamente. Æ fog- 
giunfe , che avendogli fatto guadagnar quel grado, 
nel quale gli piacque che poi doveflero mantenerfi 
perpetuamente, converte il moto loro retto in circolare; 
11 quale folo & atto a confervarfi equabile, rigiran- 
dofi fempre fenza allontanarfi o avvicinarfi a qual- 


DŒUNPENE :S LANNMEUNE AU !K 


» 


5? 


2) 


L 22 


2 


vs” 


2 


» 


5 


3 


2 


2 


v 


L22 


3 


2 


v 


2 


» 


à aucun degré déterminé de vitefle , dans 
lequel il a dû enfuite fe perpétuer dans 
une égalité conftante , à moins que d’avoir 
paité auparavant par tous les autres degrés 
de moindre vitefle, ou de plus grand retar- 
dement ; 1} en conclut que Dieu, après 
avoir créé les corps céleftes , voulant leur 
aligner enfuite ce degré de viîtefle, dans 
lequel 1l vouloit qu’ils duffent fe mouvoir 
continuellement , 1l leur imprima, en les 
tirant du repos , une force qui leur fit par- 
courir des efpaces déterminés, fuivant le 
mouvement naturel & reciligne , felon 
lequel nous voyons nos mobiles partir du 
repos & continuer à fe mouvoir dans un 
mouvement fucceflivement accéléré ; &1l 
ajoute que les ayant fait arriver à ce degré 
de mouvement , dans lequel il vouloit 
qu'ils fe maintinffent perpétuellement , 1l 
conveïtit alors leur premier mouvement 


che prefiflo termine da eff defiderato. Galilei Dif- 
corfi ; 6 dimofirazioni matematiche , edit. Leida, 
1638. Elzev. in-4. p. 254. 


UNIVERSELLE,&C. 17% 


»<en un mouvement circulaire , lequel eft 
» le feul qui puiffe fe conferver uniforme, 
» & faire que ces corps tournent fans cefle, 
» fans s'éloigner ou s'approcher du terme 
” fixe De 

103. Cet aveu de Galilée eft d'autant 
plus remarquable , qu'il part d’un génie 
inventeur, & qui a le moins dû fa célé- 
brité aux fecours des Anciens; car tel eft le 
propre des grands hommes , de s’arroger le 
moins qu’il eft pofible un mérite auquel ils 
croient n'avoir pas tout le droit de pré- 
tendre : les deux plus grands philofophes 
modernes , Galilée & Newton , viennent 
de nous en fournir des exemples qui ne 
feront jamais fuivis que par les génies de 


leur claffe (1). 


(1) » L'aveu de Copernic, dans fa Préface adreffée 
» au Pape Paul III, peut fervir detroifieme exemple, 
» & confirmer en même temps la vérité du fenti- 
» ment de ceux qui foutiennent l'utilité de l'étude 
» des Anciens». Voici les paroles de ce grand 
homme : Reperi apud Ciceronem Nicetam fenfiffe 


Défintéreffe. 
ment naturel 
aux grands 
hommes. 


176 PESANT. UNIVERSELLE, &C. 


terram moveri,.....indè igitur occaffonem naëlus j 
cœpi 6 ego de terræ mobilitate cogitare. Voyez La 
premiere note de la conclufion de cet ouvrage, & 
les notes la féction 62. 


CHAPITRE 


CR PETRE WI TL 


Voie laitée ; fyflêmes folaires ; ou pluralité 
des Mondes ; Satellites | Tourbillons. 


104. Carre zone lumineufe & blanchitre, 
qu'on voit au firmament parmi les étoiles 
fixes , a dû fixer de bonne heure l'attention 
des Anciens, & leur faire avancer beaucoup 
de conjectures fur ce qui pouvoit l’occafion- 
ner ; &1l n'eft pas douteux qu'ayant propofé 
différentes opinions là-deflus , plufieurs doi- 
vent nous paroître faulles , puifqu’il n’y en a 
qu'une feule qui puiffe étre vraie ; mais tel 
doit être le fort des génies les plus éclairés de 
tous les âges, & fur-routdes âges les plusrecu- 
lés. Une fuite de fiecles écoulés après la décou- 
verte de quelque grande vérité, fait qu’on 
s’y familiarife ; qu’elle eft regardée comme 
fi fimple & fi facile , qu'on eft tout étonné 
que de grands hommes aient héfité fur des 
chofes connues à nos enfants; & nous ne 
faifons pas réflexion qu’un jour viendra peut- 
être où les idées de Locke & de Leibnitz, 
Tome I, M 


Réflexions 
fur la fitua- 
tion des An- 
ciens par rap- 
port aux Mo- 
dernes. 


158250 TE PILMANCUTNÈNE. 


celles des Newtoniens fur l’attraétion, & 
& des autres phyficiens fur d’autres fujets, 
feront regardées par notre poftérité comme 
des chofes tout aifées , fur lefquelles on 
s'étonnera que d’aufli grands hommes que 
ceux qu'a produit notre fiecle , aient pu 
s’arrèter long-remps. Si un feul de nous leur 
paroît avoir entrevu la vérité fur les points 
difcutés à préfent, combien leur paroïtront 
avoir avancé des rèveries ! Heureux encore fi, 
parmi tant de différentes opinions, quelques- 
unes fe trouvent être vraies; car ce n’eft pas 
peu pour les hommes qu’il y en ait de temps 
en temps un qui marche d’un pas sür dans 
les fentiers où tous les autres s’égarent. Cela 
arrive quelquefois aux Modernes , on en 
convient; mais cela arrivoit de même aux 
Anciens : la vérité brilloit fouvent à travers 
l'obfcurité dont leurs connoiffances étoient 
enveloppées ; plufeurs fe trompoient dans 
leurs conjectures ; un ou deux leur mon- 
troient la route qu’ils devoient tenir, & c’eft 
tout ce à quoi nous nous attendons des lu 
mieres de notre fiecle éclairé. 


MIONE ADAGTÉE 699 


105. La voie ladtée & les étoiles fixes 
avoient été un fujet de recherches pour plu 
fieurs philofophes : les Pythagoriciens di- 
foient , fur la caufe de la premiere , que le 
foleil avoit fuivi une fois ce fentier, & y 
avoit laiffé cette trace de blancheur que nous 
y obfervons ; les Péripatéticiens ont dit après 
Ariftote que la voie la@ée étoit formée par 
une exhalaifon fufpendue en l'air : ils fe 
font trompés fans doute, j'en conviens ; mais 
tous ne fe font pas trompés. Démocrite, fans 
télefcope {1), avoit dit , avant Galilée, que 
cette partie du ciel, que nous nommons la voie 
lailée ; contenoit une quantité innombrable 
d'étoiles fixes ; dont le mélange confus de lu- 
miere occafionnoit cette blancheur que nous dé- 
Jignons ainft : ou bien, pour le dire dans les 
mêmes termes que rapporte Plutarque (2), 
que c’étoit /a clarté réunie d’un grand nombre 
d'étoiles. 


(1) Vid, Not. (a) ad feët. 131. 

(2) Ammorgilos mord | #94 puxpüv | Hg ou ùy dstpav 
ryuQaliCopeve MDARROIS uYaUr/ er peoy did ‘Th 7UxywT y, 
Democritus exiftimavit viam la@team efle plurium , 


M ij 


Sentiments 
des Anciens 
fur la voie 
laûée. 


Sut les étoi- 
les fixes & la 
pluralité des 
Mondes. 


196 AWG DEN ALI AUCITÉE FE 


106. Les Anciens n’étoient pas moins 
éclairés que nous fur la nature des étoiles 
fixes ; il n’y a que fort peu de temps, que les 
Modernes ont enfin adopté les idées de ces 
grands maitres à ce fujet , après les avoir re- 
jetées pendant plufeurs fiecles. Ce feroit à 
piéfent une erreur en bonne philofophie de 
douter que les étoiles ne foient autant de fo- 
leils comme le nôtre , qui ont probablement 
leurs planetes, lefquelles accompliffent des 
révolutions autour d’eux , & forment des 
fyftèmes folaires plus ou moins femblables 
au nôtre. Tous les philofophes admettent à 
préfent ce fyftème, fondé fur les raifonne- 
ments les plus folides de l’aftronomie , fur 
l'idée la plus fublime de la Divinité , & qui 


& exiguarum , fibique cohærentium fteflarum fplen- 
dorem, quæ fefe invicem ob denfitatem fibi vicinam 
illuminent. Plutarch. de Placir. Gb. 3, cap. 1. 

An major denfà ftellarum turba coronà 

Contexit flammas , & craflo lumine candet, 

Et fulgore nitet collato clarior orbis. 


Manilius affronom. lib. 1 , c. 9, v. 753. Ptolo- 
maus , lib, 8, c. 2. 


WOrBILAGTEE ar 


tend le plus à manifefter fa gloire : les efprits 
les moins philofophes commencent même à 
fe familiarifer avec cette idée ; graces à l’é- 
légant ouvrage de M. de Fontenelle fur ce 
fujet. 

107. Cette opinion de la pluralité des 
Mondes fut donc enfeignée généralement 
parles anciens philofophes Grecs. Plutarque, 
après lavoir expofée , difoit » qu’il étoit 
» bien éloigné de la condamner , & qu'il 
» trouvoit très probable qu'il y eüt une quan- 
» tité innombrable , quoique déterminée, 
» de Mondes comme le nôtre (1), chacun 


(1) Eye dE mp psy dpi repas oëx y mêle Miqu- 
piraiuemy o7t roro Tyy de moe paty Eves ÿ où pen 
émépous | AN oesruérous mANTU , Tidepémv d'obay , cùd'e- 
rieur Exeor dnoyaleegr ryduæ, Ego autem de numero 
mundorum , quod fint tot, numquam fanè conten- 
derim ; eam vero fententiam , quæ plures uno mun- 
dos, non tamen infinitos, fed numero determina- 
tos facit, neutram iftarum abfurdiorem cenfeo. P/u- 
tarch. opera , p. 430 in libro de Oraculorum defeitu. 

Vide quoque Plutarchum , tom. 2 , oper. p. 938, 
D. de facie in orbe luna. 

M iij 


Opinion de 
Plutarque fur 
ce point. 


Celle d’A- 
ñhaximene. 


Opinion de 
la Sete Ita- 
lique. 


15: MOôrE Al CTÉE. 
» d'eux ayant une terre , une mer & un 
s ciel fi}, 

103. Anaximene eft un des premiers qui 
ait enfeisné cette doctrine ; 1l croyoit que 
les #10. les étoient des males immenfes de feu 
autour d:fquelles certains corps terreftres que 
nous ne pouvions appercevoir , accompliffoient 
des revolurions périodiques (21); on voit qu’il 
enten.loit par ces corps terreftres , qui tour- 
noient autour de ces maïes de feu, des pla- 
netes comme les nôtres, fubordonnées à un 
foleil, & formant avec lui un fyftème folaire. 

109. Anaximene tenoit ceci de Thalès; 
& cette opinion pañla de la Sete Ionique à 


\ 


(1) H° yap à éxdso y © lunaosa 1) ovegnes xurtlay 
zur Quow &s megrnxu. Plutarch. de oracul. defeëlu , 
P: 415. 

(2) Avekubns opus pts rh Quoi Ÿ spa , mrapeysiy 
de run 20 yen coule couripiPepoueve Toûros | docailæ, 
Anaximenes igneam judicavit effe ftellarum naturam, 
fed permifta quædam ipfs terrena corpora ( circum 
iMas verfantia ) non afpectabilia. Srobaus | Eclog. 


Phyf. Lx, p, 53. 


Morr LAGCTÉE 93 
la fecte Iralique , qui croyoit (1) que 
chaque étoile étoit un Monde qui avoit un 
foleil & fes planetes , & étoit placée dans un 
efpace immenfe qu'ils appelloient lécher. 

110. Héraclide & tous les Pythagoriciens 
enfeignoient de mème que chaque étoile étoit 
un Monde , ou un [yflême folaire , qui étoit 
compofé ; comme le nôtre, d’un foleil & de 
planetes , auxquelles ils paroifloient même 
accorder un air , une atmofphere ; qui les 
environnoient , G& un fluide appellé éther, 
dans lequel elles étoient foutenues (2). Cette 


(1) E’xasor % dctpay nome dmapye , yhy mipéyoïla , 
dseg Te, 494 ex , ty To émis tes. Credebat, 
flellam quamvis mundum elfe , terramque & aftra & 
aëéra continere , & infinito in æthere collocari. Plu- 
tarch. de Placitis , L2, 0.13 & 30. 

(2) H'egxnudys , 2 où IluSaryoptior , txaçor À àstpév 
xp Üraper , YA Zipiepole , dipa TE, À diVéey, à TD 
drug aidtes. Taïra de ra d'éyale ty rois O'pQixois Qt- 
pere xorpomebr rap tease) Toy dstpar. E'mixoupes évo 
émoyiéoxa Torey , iyoueves rod id'efouéa, Heraclides , 
& Pythagorici quodliber fidus mundum effe dixerunt , 
qui in infinito æthere terram , aëra, & æthera conti- 
ncat, Eadem vero dogmata in orphicis, vel Orphei 


M iv 


Opinion 
d'Héraclide 
& des autres 
Pythagori- 
ciens. 


184 4 VOTE LAGRÉE 

méme opinion paroit avoir mème encore une 
origine plus ancienne ; on en trouve des 
traces Jufques dans les vers d’Orphée , qui 
vivoit du temps de la guerre de Troye, & 
qui avoit enfeigné la pluralité des Mondes, 
qu'Épicure regardoit aufli comme probable. 


Sentiment lil. Origenes, dans fes Philo/ophume- 
de Démocrite 
fur le même 
fujer. 


na ; traite amplement (1) de l'opinion de 


carminibus efferuntur : Orphici enim quamlibet flel'am 
in mundum efformanr. Epicurus nihil iftorum repro- 
bat, illi, quod fieri poteft, infiftens. Plurarch. de 
Placitis. Phil. L, 2, c. 13 ad finem. Eufeb., Prapar. 
Evang. lib. 15, c. 30. 

(1) Ampous de ever zéruovs | og peryiQu d'aQénoilas" 
21 & / cn see NA RTE S 
y TITI de psiQo + C7 CLS x €) TITI mAIQ' EVA GE 
en LA 74 \ à / \ 27 \ / 7 D 
F uompay ance Ta diesquale, x 7} pee mheous | Th dE 


roùs de ner. QSeioeey 


én@rlous , 10 mods peir vécut, 
d% aüroës tm dinar mpormimlorlas, elver de tyious xocuous 
tomuovs Cour , 2 Qurév , 2 mavres vypèv. Toù de 7rüp 
gp roopov mpoTipoy Thv y Tv cpoy ya ever dE 
7 pi TEE) xÈTO : émeile Toy Hauoy, træ Tods dmaaveis 
AT. . A “ / ON ST NI ,’ FA Ê 
CAR Tous € males (42 CUTOUS EXCEEV 4Toy LATE ax. 
paQus À ôomor Los dy pyntre d'Unler ad Ti mporhagee 
Gaves. 

Infinitos effe , & magnitudine inæquales mundos, 

A « . . 

nonnullos ut fole , fic lunà deftitutos : in quibufdam 


MOLESMAGTÉE Us 
Démocrite , & dit qu'il enfeignoit qu’il 
» y avoit une quantité innombrable de 
« Mondes, inégaux en grandeur , & dif- 
» férents dans le nombre de leurs planetes ; 
» plus ou moins grands que le nôtre, à des 
» diftances inégales les uns des autres ; il 
» difoit que quelques-uns étoient habités 
» pat des animaux, dont il ne définifloit 
» point la nature; que quelques-uns n’a- 
» voient ni animaux ni planetes, ni rien de 


». ce que nous obfervons fur notre globe »; 


utrumque majorem noftris, & in aliis plures : inæ- 
qualia inter fe mundorum effe intervalla, & plures 
alicubi , alibi pauciores. Hos augefcere , illos in 
vigore efle , vergere quofdam ad interitum ; & hîc 
quidem nafci, illic vero deficere. Interitum alteri 
ab altero afferri impingendo. Efle inter cæteros, 
qui careant animantibus, & plantis, & omni hu- 
more. In hoc autem noftro mundo terram aftris 
priorem emerfifle ; lunam fede infimam , folem ultra 
hanc proximum , flellas fixas remotiflimas. Neque 
parem planetis inter fe altitudinem. Florere mundum, 
ufque dum foris incrementi nihil adipifci poflit am- 
plius. Origenes in Philofophumenis , c, 13. Lucrer, 
lib, 2, v, 1069 , 1080. 


Trait d’Ale- 
xandre à cet 
égard. 


Autres Phi- 
lofoplies qui 
ont cru Îa 
méme chofe, 


186. NN x = NINALCTEÉ À: 


car ce génie vraiment philofophique conce- 
voit que la différente nature des globes 
entrainoit néceflairement d’autres efpeces 
d'êtres pour les habiter. 

112. Cette opinion de Démocrite donna 
lieu à Alexandre de découvrir de bonne 
heure fon ambition démefurée. Elien rap- 
porte ( ) que ce jeune prince ayant entendu 
dire ce que Démocrite enfeignoit de la plu- 
ralité des Mondes, il fe mit à pleurer, 
s'afligeant de ce qu'il n’en avoit pas encore 
conquis un feul. 

t13. Il paroit qu'Ariftote a cru aufli la 
mème chofe, ainfi qu'Alcinoüs le Platoni- 
cien, & Louis Cœlius de Rovigo attribue à 
Plotin d’avoir aufli admis cette opinion, 


(1) Où yo d'u draps mien Euavro | pen YeAEr 
ir Anéosd po To immo, Eye dmipous dxolay eat Tous 
zorpous Aéryoïlos Angoxpirou à rois cuyfpéumarn , 00e malo, 
und k rod tes, 4} xo1v0) pol av. æoroy dE im CAP? Anpé- 
xeñlos yat à aûres , Ti dé 1 Xéye 3 & épryov TobTo he 

Non poffum mihi ipfi imperare , quominus rideam 
Alexandrum Philippi filium. Siquidem quum audirér 
Democritum in quibufdam libris infinitos mundos 


ViohÆ }LACTÉE #87 


fur ce qu'il dit que la terre , comparée (r) 
à tout le refte de l’univers , eft comme le 
moindre des aftres. 

114. C’etoit fans doute en conféquence 
d’une telle idée que Phavorinus fondoit fa 
conjecture bien remarquable fur la poffibilité 
qu'il y eùt d’autres planetes que celles que 
nous connoiffons. » Il s’étonnoit que l’on 
# admit comme une chofe certaine qu'il n’y 
» avoit pas d’autres étoiles errantes, ou pla- 
» netes , que celles que les Chaldéens 
avoient obfervées. Il penfoit , pour lui, 


ÿ 


conftituere , indoluit , quod ipfe nondum unius 
dominium teneret, Quantüm verd eum deriferit De- 
mocritus , quid opus eft referre? quum hoc fuerit 
ei confuetum, & proprium. Æ/ian. Var. Hifi. 

(r) Hic enim, ficuti accepimus , & meminit in 
libris de Cœlo & Mundo Ariftoreles , terram è ftellis 
unam efle prædicabat : quod in commentatione de 
Platonis do@rinä comprobat Alcinoüs , & forrè fig- 
nificavit Plotinus, ubi ait , terram , fi univer{o 
comparetur , cfle veluti punétum , vel quafi ftellam 
quamdam , minimam reliquarum. Lud. Cœlius 
Rhodiginus, L.1,c.4,p. 13, 14. Vid. Arifl, de 
Cœlo , l2,6c,14, ad finem. 


Phavorinus 
femble indi. 
quer les Sa 
tellites des 
netes. 


18300 x E DA C'TE E. 


» que leur nombre étoit plus confidérable 
» que le vulgaire ne le croyoit, & qu’elles fe 
» déroboient jufqu’alors à notre vue»; en 
quoi il a eu probablement en vue les fatel- 
lites que l’ufage du télefcope nous a enfuite 
fait connoître , & qu’il étoit beau à Phavo- 
rinus d’avoir fuppofés, & d’en avoir , pour 
ainfi dire , annoncé la découverte (1). Sé- 
neque raportte encore une opinion femblable 
de Démocrite, qui, dans un Traité fur les 
planetes, dont il ne nous refte que le titre, 
fuppofoit qu'il y avoit un plus grand nombre 
de planetes que celles qui s'offrent à notre 
vue, quoiqu'il n’en indiquat ni les noms ni 
le nombre (2). 


(1) Prætereà mirabatur (Phavorinus) id cuiquam 
pro percepto liquere , ftellas iftas, quas à Chaldæis, 
& Babyloniis, five Ægyptiis obfervatas ferunt ( quas 
multi erraticas, Nigidius errones vocat) non efle 
plures , quàm vulod dicerentur. Pofle enim fieri 
exiftimabat, ur @& alii quidam planete effent. .. neque 
eos tamen homines cernere poffint. Aulus Gellius, Z. 14, 
CAS 2 
(2) Democritus quoque, fubtiliffimus antiquorum 


MO NE HAÎIGTÉ E: 9 


115. Quoique l’on ne regarde pas les 
tourbillons de Defcartes comme un fyftème 
fondé fur des principes folides, cependant 
comme il a quelque chofe d’ingénieux & de 
brillant, & qu'il a été reçu d’abord avec 
beaucoup d’applaudiffements , 1l mérite 
d’être mis au rang des opinions qui font hon- 
neur aux Modernes , ou plutôt qui font hon- 
neur aux Anciens, chez lefquels, malgré 
toute l'apparence de nouveauté que porte 
avec foi ce fyftème, il paroït avoir été puifé. 
En effet, Leucippe, & après lui Démocrite, 
avoient enfeigné » que (2) le mouvement & 


omnium , fufpicari ait fe, plures effe ftellas quæ 
currant : fed nec numerum illarum pofuit, nec no- 
mina , nondum comprehenfis quinque fiderum curfi- 
bus. Senec. Quaff. lib. 7, c. 3. Diog. Laërt. lib. 9, 
fect. 46. 

(1) Dear de rois noruous oula" Qipeoi rar” ëmore- 
pr ie Thés améipo mod copale , maloiu rois JU 3 
sis péya eo, Grp adpaoevle d'in émepyabedat puiar , 
24 y mporxpolole 7 mailod'ards xuxroluse , Aaxpi- 
ET Lapis Te uote pes Tu puit, iroppoman dE dix ro 


07 / 22 
aides pri dueuéior mas mipQige a , Tu pr Ana 


Tourbillons 
de Defcartes, 
connus des 
Anciens 


4 
TOO MNMO TE LA CTE E 


» la formation des corps céleftes avoient été 
» produits par une quantité infinie d’atômes 
» de toutes fortes de figures, qui, s'étant 
» rencontrés & accrochés enfemble, for- 
» mercnt des tourbillons, lefquels, venant 
» à s’agiter & à tournoyer en tous fens , les 
» corps fubrils , qui en faifoient partie, s'é- 
» chapperent vers les bornes de la circonfé- 
» rence de ces tourbiilons ; & les autres, 


NN dE aber / SIN \ 
dope cie To go nevoy aomip diilropeve" Ta de Aura cup 
f \ 4 / D x 22 
HRENEN | Hy TELATAEXO MEN cuyxalarpéyev ŒAAYAE | KIA TOI 
22 / ! 02 NS e € / : ! 
TE mporoy césqua aPougoud' és. roro de oioy Uéra dQisæ ai , 
/ Due ni cs / s DS / \ ae / 
ateniçoile ty caurd) maÿlox copola à@y nur Th TS rs 
\ ! \ ! e ! 
Amor yiear roy méeié duie, 


/ / 
évripurw megad wougva , 


s | 5 \ 2 = 4 nn 4 « 
UPPEOVT Y CR CUVE &V ZOT émiVæuriy TS d'ivys. ê cv1a 
Vos Th D , cumuler À iwxSélay Emi To péro. 
SE LEAR / \ / ce ei 5 4 \ 
dUTOY TE AAA To MEptEoile | oo) pére , veu ar 
\ ON À CRI G- LA di / LEA 1e 
TAY ÉMEXPUTIV T ECOTEY FOOT OV e un 76 Pepoprevoy OUTOY y 
ëv émfaion, raÿre imxräQuur. 

Sic auter fieri mundos : ex infinito per abfciffionem , 
multa corpora, figuris omnigena , in magnum vacuum 
ferri, eaque in unum coaëla unam vertiginem efficere , 

\ . . . 
fecundum quam offendere , ac circumvolvi modis 
omnibus , atque ita difcerni, ut feorsum fimilia, 


quæ funt fui fimilia , petant. Cæterüum æquilibria 


MOLEÉ LAGCTÉE #9i 


» moins fubtils , (parties d’un élément plus 
» groflier) refterent vers le centre , & for- 
» merent des concrétions fphériques , qui 
» font les planetes , la terre & Le foleil : ils 
» difoient que ces tourbillons étoient tous 
» emportés par la rapidité d’une matiere 
» fluide, dont la terre étroit le centre; & 
» que chaque aftre fe mouvoit avec d'autant 


cüm ob mulritudinem minimè tam circumferri poflint, 
exilia quidem ad exterius vacuum contendere velut dif- 
fültantia : catera confiflere, & innexa , atque in fe 
implicata invicem concurrere , atque primam quandant 
concretionem efficere rotundam. Hanc autem veluti 
membranam abfiftere | continentem in fe omnigena 
corpora , quæ dum fecundum medii reluétationem 
circumvolvuntur , tenuem per gyrum membranulam 
fieri , juxta vertiginis tra@tum contiguis corporibus 
femper confluentibus : Atque ita fieri terram , dùm 
Junéla manent , quæ ad medium ferebantur. Ypfumque 
rursus continentem , membranæ inftar, augeri juxtà 
externorum influentiam corporum , & cm vertigine 
fertur quacunque artigerit , ea acquirere, Diog. Laërt. 
Lo ,fe&. 31 © feg. & feét. 44. 

Vide & Hefychium in Leucippo. Voyez Bayle, 
aïticle LEUCIPPE. 


192, IWNOLE, LA CT É 


. . »* / . À 
» moins de violence, qu’il étoit plus près 
» du centre : 1ls difoient encore que la vi- 
» teffle avec laquelle ces tourbillons tour- 


21 


» noient , faifoit que le plus rapide & le 


Ë 


plus fort entraïînoit avec lui les autres 


“ 


» COrps où planetes qui fe trouvoient enga- 
# gées dans fon voifinage , & fe les appro- 
>» prioit TA 

aumeprin- 116. Le premier de ces deux philofophes 
É A . ; “pe 

cipe de Def- paroît aufli avoir connu le grand principe de 

cartes ,; CON- 22 

nu de Leu- Defcartes, que es corps qui tournent tendent 

CIPPEe PE ; 

à s'éloigner du centre , & à s’en échapper par 
la tangente. 


CHAPITRE 


GAHUX PE STRE SV LI L 


De la Lumiere & des Couleurs, 


Pr7. Le {vftème fi merveilleux de lana- 
lyfe des différentes couleurs qui compofent 
la lumiere, fufhroit pour établir à jamais la 
gloire du chevalier Newton, & faire feul lé 
loge de la fagacité extraordinaire de ce grand 
homme. Cette découverte fembloit par fon 
importance être réfervée à un age où la phi- 
lofophie füt dans toute fa maturité ; cepen- 
dant 1l s’eft trouvé des hommes célebres 
parmi les premiers philofophes , dont le g6 
nie n’a pas eu befoin de l’expérience de plu 
fieurs fiecles pour fe former, & qui en ont 
donné des preuves frappantes dès la naïffance 
des fciences. Pythagore & Platon font de ce 
nombre. Il paroït que le premier, & fes dif- 
ciples après lui, ont eu connoïflance de la 
caufe des couleurs ; 1ls ont enfeigné gw’elles 
n'étoient autre chofe qu'une réflexion de la 
lumiere, modifiée de différentes manieres (1) ; 


E’ 1 , / 1 \ \ \ 
(1) E repos xara vioy Gxrivay tirngari , per Thy wpos 


Tome LI, N 


Sentimetit 
des Pythago- 
riciens fur les 
couleurs, 


1941 JE LA ÉUVMIERE 


ce qu’un auteur moderne (en expliquant ce 
fentiment des Pythagoriciens) interprete : 
une lumiere qui [2 réfléchit avec plus ou moins 
de vivacité , & forme par-la les fenfations des 
diverfes couleurs (1). Ces mêmes philofophes 
de l’école de Pythagore, rendoient raifon de 
la différence des couleurs , en les faifant naître 
d’un mélange des éléments de la lumiere (2) > 
& dépouillant les atômes , ou Les petites par- 
ticules de la lumiere , de toute couleur natu- 


To DmOXEUEO SAT TAN ÜmospéPoury pes Ty CU. 
Alii (i. e. Pythagorici ) videre nos arbitrantur prop- 
‘ ter quorundam radiorum incurfum , qui poftquam 
objeûæ rei infixi funt , rursus ad vifum convertan- 
tur. Plutach. de Placit. philofoph. L 4, c. 13. Sto- 
baus Ecl. Phyf. p. 35. Ariftarchus colores efle lucere 
än fubjeétas res incidentem. 

(1) Colonne, Principes de la nature , tome x 


» 
P: 210. 

(2) Tas D dupoegs Ta MPOUÉTOY Tape TÜs mix 
pibus À sosie. Colorumque difcrimina ex variis ele- 
mentorum mixturis oriti, Plutarch. ibid. lib.x, c. fe 
Gaflendi, Epic. Philo. Syntag. c. 15, p. 21, col, 2. 
Ariftotel. de Gen. & Corrup. lib. c. 2, p. 496. E, 
Eucretius , de nat, rer, Uib, 2, V, 754 3 794 


ET DES COULEURS. 195 


relle , ils enfeignoient que les fenfations de 
toutes les couleurs étoient produites en nous par 
les différents mouvements excités dans les or- 
ganes de notre vue (1). | 

118. L'école de Platon ne contribua pas 
peu à l’avancement de l'optique par la dé- 
couverte importante qu'elle fit: Que /a lu- 
miere fe propage en lignes droites ; & que les 


Proindè colore cave contingas femina rerum. 

..... at variis funt prædita formis 

E quibus omnigenos gignunt , variantque colores. 
Vid: & Diogen. de Laërt. /18. 10, feët. 44 totâ. Ex- 
ponit locum citatum Ariftorelis Thomas in Comm. 
fuis in lib. de Gener. & Corrupt. Éb.1,p.4,col.7, 
& Averroës in eund, loc, p. 156, col. 1, 

(1) Où dE ra roue mére und y Expos | 1E émoios 
Où noyer Goporüy rus didyrus ÜmoDasours ylyw a moi 
rilas. Alii cunctas atomos colore carere, de quibuf- 
dam autem qualitatis expertibus ratione contemplan- 
dis qualitates fenfus moventes exiftere, Srobæus 
Eclog. Phyf. lib. 1, p. 35. 

Claudian. in Panegyride de Confulatu Mallii Theo= 


doreti , v. 105. 


Sitne color proprius rerum , lucifne repulf& 
ÆEludant aciem, | 


Ni; 


Platon pa- 
foît avoir 
connu la thé- 
orie Newtro- 
nienne des 
couleurs, 


196 DE LA LUMIERE 


angles d'incidence font égaux aux angles de 
réflexion (1). Platon mème femble avoir en- 
revu le fyftème du chevalier Newton fur les 
couleurs , lorfqu’il dit qu’elles font l'effet de 
la lumiere renvoyée par les corps , laquelle 
a de petites particules proportionnées à lor- 
gane de la vue (2). Le pañlage précédent & 


(1) Qui (colores ) quoniam quodam gignuntur 
luminis i@u. Lucret, lib. 2, v. 807. 

(2) Iaëroy Qhoya àmo À couérav, cousreg ôcre 
éxgoiruy mp rw oJw. Plato colores efle fulgorem à 
corporibus exeuntem partes vifui commenfuratas ha- 
bentem , dixit. Plutarch. de Placitis Philof. lib, x, 
CDS LS S De 3 2 

À! Liuroila per pas inndéraue | Qhoya À coparay 
ExASUY GToppeouray | OÙ compETog poert Exouray mpes 
æiOyrw. Eft autem color nihil alind , quam fulgor à 
fingulis corporibus defluens , partes habens vifui ad 
fentiendum accommodatas. Platonis Timæus , £. 3, 
p. 67. C. Vid. & Plaronem in Menone , t.2, p.76, 
C. D. Efle quafdam defluxiones rerum & meatus in 
quos & per quos illæ defluxiones manent.... e deflu- 
xionibus autem alias quidem meatuum nonnullis 
convenire , alias vero majores , five minores efle. 
Vid. imprimis eundem Philofophum in Thæetet, t. 1, 
P-156, © notam in Margine, 


ET DES COULEURS. 197 


celui-cicontiennent ces principes de M. New- 
ton (1): » Que les différentes fenfations de 
» chaque couleur particuliere font excitées 
» en nous par la différence de la groffeur 
» des petites particules de lumiere, dont 
» chaque rayon eft formé; lefquelles petites 
» particules donnent l'idée des diverfes cou- 
» leurs, fuivant la vibration plus ou moins 
» vive avec laquelle nos organes en font 
» affectés »? Le mème plulofophe a été plus 
Join ; il eft entré dans le détail de la com- 
pofition des couleurs (2) ; 1l a été jufqu’à re- 
chercher quelles étoient celles qui devoient 


(1) Oprices , lib, 3 , quaft. 13 , 6 pag. 46. Edit. 
Patav. in Definitione , lib. 1, part. 1. 

(2) Thv d° ééuréegs Qopur | 494 yévaus mupes Éripau mrpor= 

r 7 \ 2) 1 \ cŸ 1 on » 4 2 \ 
IF IGUT OV K, © IEKPIYOUTEN TH) CNW MEXEA T OMHUTAY, AUTOS 
Te À QYaruby rus dubsdos Rile dde 1 Thraurey…, 
D TO pe txrnd res murs , olov dm dseyms.... mruÿlo- 
d'andy ty Th xUxATE TAUTN YMYYÉYOY LPOUATOY | parprropu 

\ \ \ / 1 \ d\ C9 » / 
vus pe To médos mportimoue, ro dé roro dmtpyaCoptr, 
Dam TE 4gf cTiACoY imavoudræuer, 

Motionem vero acutiorem , generifque alterius 
ignis , incidentem , difcernentemque vifum ad ocue 


N ii 


198 DE LA LUMIERE 


provenir du mélange des différents rayons dont 
la lumiere eff compofee (1) ; & il ajoute enfuite 
ce qui peut être regardé comme le plus grand 
éloge qui ait jamais été fait du chevalier 
Newton: » Oui , s’écrioit ce beau génie de 
l'Antiquité ; ff quelqu'un entreprenoit jamais 
de rendre raifon ; par de curieufes recherches, 
de ce méchanifme admirable , il feroit bien 
voir par-là qu’il ignore entiérement la diffé- 
rence qu'il y a entre le pouvoir de l'homme & 
le pouvoir de Dieu: car Dieu peut ; il ejt 


los ufque, ipforumque oculorum quaf divortia, 
atque meatus vi compellentem. ....£t quüm unus 
quidem ignis velut à corufcatione quädam exilit... 
mulriplices in hâc agitatione colores exiftunt, illara- 
que affetionem cotufcationem , fi emicationem vo- 
camus : illud vero , quod cam efficit , fplendidum , 
_atque corufcum. Îdem ibid. & pag. 68. À. B. 

(1) Epodps dé dy pére Dsuxd 7e 209% | Ghonsyon 
opDuver dE, oruy Torais paepymévis xavéit Te, pénAoy 
ovyxea 9 péna up de, Éaÿld re 2 Quad xpartt yiy- 
vera Qui dE, Aeuxod TE 2) peénonos" To dE Gyüm , Aeuxo 
LOS peprypérow Daprpw de, Durs Eve, 44 és 
pénoy malaxops Euro, sua ppoue dmoleriran xumvoù 
dE AcuxD xepgEo , Vheuxor" Zuppod dE Era ; mpéTiore 


Plat, Tim, tom, 3, p.68. BC, 


ET DES COULEURS. 199 


vrai , faire un mélange de plufieurs chofes en 
une , & il peut enfuite les [éparer comme il lui 
plait , parcequ'il fait tout , & peut tout en 
même temps ; mais il n'y a point d'homme au- 
jourd’hui, & il n'y en aura peut-être jamais 
qui puif]e venir à bout d'accomplir deux chofes, 
auffi difficiles (1). Quel éloge que ces paroles 
dans la bouche d’un philofophe tel que Pla- 
ton, & quelle gloire pour celui qui a entre- 
pris avec fuccès de démontrer des chofes qui 
paroifloient impraticables à ce prince des 


(1) Ei de ris roëray tpy» cxonoiueres Rauyor nuubérot, 
To Ths Gyporiys 44 Ueias Quetos myvencus ay ty diapos" 
or Éeos pair Tu monnt is à Éuryucçaniet | 9j mad ÀE 
és tis more Can ixayos | @s ÉMISAUENS ue Ka] 
duurcs pére dE codes odtriex ToiTuy ixæyss cùrt 
se dy, oùr éirulQis mor sui. 

Quod fi quis hæc ita ratione confideraverit, ut 
re ip{à experimentum capere velit, ille nimirum hu- 
manæ , & divinx naturæ difcrimen ignoraverit. 
Deum videlicet multa in unum commifcere , & rursis 
ex uno in multa poffe diffolvere ; quippe qui id ipfum € 
fciat, & poffit : mortalium autem hominum nemo 
neque hoc tempore, neque in pofterum , alterutrum 
queat. Plar, Timaus, p. 68. D, 


N iv 


Syftème de 
Defcarres fur 
la p'opaga- 
tion de la lu- 
micre. 


200 De LA LUMIERE 


philofophes ! mais aufli quelle grandeur de 
génie , quelle pénétration dans les fecrets 
les plus intimes de la Nature, que celle qui 
a fait dire à Platon tout ce que nous venons 
de rapporter fur la nature de la théorie des 
couleurs , dans un temps où la philofophic 
étoit encore à peine fortie de fon enfance! 
19. Quoique le fyftème de Defcartes fur 
la propagation de la lumiere en un inftant 
ne foit gueres reçu à préfent de la plupart 
des philofophes , depuis que MM. Caflini 
& Romer ont découvert que fon mouvement. 
étoit progreflif ; cependant , comme ce fyf- 
tème a prévalu pendant long temps , & que 
l’on en fit alors tout l'honneur à Defcartes, 
1] n’eft pas mal-à-propos de faire voir en peu 
de mots qu'il avoit puifé cette idée dans 
Ariftore & fes commentateurs. Le fentiment 
du philofophe moderne eft, que la lumiere 
n’eft autre chofe que lation d'une matiere 
fubtile fur les organes de la vue ; cette ma- 
tiere fubuile étant fuppofée remplir tous les 
efpaces, depuis le foleil jufqu'à nous , la 
premiere de ces petites parties de la macicre 


ET DES COULEURS. 2ot 


érant preflée par le foleil, & ne pouvant 
céder fans que toutes les autres ne cedent 
an même inftant , tous ces globules, qui 
font contigus depuis nos yeux jufqu’au fo- 
lil, où ils font agités & frappés, ne peu- 
vent que nous communiquer fon mouve- 
ment en un inftant. Pour rendre la chofe 
plus fenfible , Defcartes fe fert de la com- 
paraïfon d’un baton (1), lequel ne peut être 
preffé & pouflé d’une ligne de diftance , fans 
que l’autre bout, qui eft continu, ne foit 
preflé également. Quiconque voudra fe don- 
ner la peine de lire avec attention ce qu'A- 
riftore a dit fur la lumiere, & ne pas s’en 
rapporter aux interprétations ridicules que 
quelques-uns ont faites de fes paroles, verra 
clairement qu'il n’étoit pas fi éloigné qu’on 
le penfe de la vérité ; il la définit l'aéfior 
l'une matiere Jubtile ; pure & homogene (2) ; 


(x) Defcartes, Dioptrique, ch. 1 , feët. 3. 
(2) Ariftotel. de Animà, L6. 2, cap. 7, p. 638. 
ts de isuw y énpyue ro dimQanis. & Stobæus Eclog, 


lhyfc. Lib, 1, p. 35. Ariftotel, dicit lumen efle, 


\ 


202 DE LA LUMIERE 


& Philoponus , voulant expliquer la ma- 
niere dont fe fait cette action , fe fert de 
l'exemple d’une corde extrémement longue, 
laquelle , fi quelqu'un la tire par une de fes 
extrémités, fera mue dans le même inftant 
à l’extrémité oppofce à caufe de la continuité 
de fes parties (1). Il compare dans le même 
endroit le foleil à l’homme qui remue la 
corde , la matiere à la corde , & l’action 
momentanée au mouvement de cette corde, 
Simplicius , dans fon Commentaire fur le 
même paffage d’Ariftote , emploie précifé- 
ment l’idée du mouvement d’un bâton pour 
exprimer comment la lumiere , prefice par 
le foleil, doit agir dans le même inftant fur 


ere 


ap es dique a Taper 10 œuryñ. Et Origenes , c. 2, 
Philofophum. p. 881, lin, 8. re d* Qurés pépn noïgor 
TUD. 

(1) Philoponus de Animä , lb. 2, text. 69, 
p.123, col. à. Quemadmodüm fi quis funis longi 
& extenfi fummum moverit, totus funis fine ten- 
pore movetur , éxpows , propter païrtium continci= 


tiam. 


ET DES COULEURS, 3203 


les organes de la vue (1). Cette comparaifon 
du bâton , pour donner l’idée de la viteffe 
avec laquelle fe communique la Iumiere, 
paroît avoir été employée premiérement par 


Chryfppe (2). 


(1) KaSémp 0 popNrs Toy Dior dre Ts Jupes xivo- 
pos. Simplicius de Animà, Lib. 2,text. 74 ,p. 37. 
Edit. Ali. 

(2) Ds dix Baxrpizs oùy rod ru Ylos dépes To Pere 
pay évwyyewe. Diogenes Laërt. Lib. 7 , feét, 15. 
Vid. 6 Plutarch, de Placiris Philof. lib. 4 , cap. 15. 


Conduite 
des Moder- 
nes à l'égard 
des Anciens, 


304 Suvis ir ÊMrE 


CS TEST APL REP LT PRO RIRE LE 
RE me em de TNT 


nes. à 
DEEE] 


GEL ATP EMSRAES EX, 


Syfléme de COPERNIC; mouvement de la 
terre autour du foleil; Antipodes, 


120. V6: c1 encore quelques autres vérités 
jadis enfeignées par les Anciens, & enfin 
adoptées par les Modernes , après avoir 
éprouvé le fort de beaucoup d’autres, & 
avoir été hautement rejerées & condamnées, 
Le mouvement de la terre autour du foleil, 
& les antipodes ont été connus de bonne 
heure, & prefque toujours reçus avec mé- 
pris, ou tournés en ridicule, & ces opinions 
ont été quelquefois mème dangereufes à 
ceux qui les ont foutenues. Toutes deux ce- 
pendant font à préfent confirmées & généra- 
lement approuvées ; & nous rétabhffons ainfi 
peu à peu depuis deux fiecles les opinions 
les plus célebres , fans cependant diminuer 
le motns du monde de cette affectation de 
méconnoitre des vérités ou des opinions que 
nous devons à ceux qui les ont enfeignées 
les premiers, 


DETGCGOrPERNIC. 206$ 


121. Le fyftème du monde le plus raifon- 
nable , & le plus conforme à routes les ob- 
fervations , eft fans doute celui de Co- 
pernic , qui place le foleil au centre du 
monde , les étoiles fixes aux extrémités , 
& fait mouvoir la terre & les autres pla- 
netes dans cet efpace qui eft entre les 
étoiles fixes & ces planetes; & qui attribue 
à la terre non feulement un mouvement 
diurne autour de fon propre axe , mais en- 
core un mouvement annuel. Ce fyftème eft 
le plus fimple, & explique le mieux tous 
les phénomenes des planetes , & fur-tout 
les ftations , les rétrogradations & les direc- 
tions de Mars , Jupiter & Saturne; & cna 
lieu d’être fupris qu’un fyftème fi clairement 
enfeigné par les Anciens, ait pris fon nom 
d’un philofophe moderne. Pythagore, Phi- 
lolaus, Nicétas de Syracufe , Platon, Arif- 
tarque, & plufieurs autres parmi les Anciens, 
ont, en mille endroits, parlé de cette opi- 
mon: Diogene de Laërce , Plutarque & 
Stobée nous ont tranfmis avec précifion 
leurs idées l-deflus ; & fi on ne l'a pas 


Le Syftème 
de Copernic 
appartient 
aux Ancicn£s 


Pythagore 
paroit être le 
premier qui 
l'ait enfeigné. 


106 SV $S MIE É 


admis plutôt, cela ne doit s’attribuer qu'à 
la force du préjugé qui, nous faifant toujours 
décider de la nature des chofes fur les appa- 
rences, nous a toujours éloignés d’un fyf- 
tème qui eft plus du reffort de la raifon que 
de celui de nos fens, au témoignage def- 
quels il fe refufe. 

122. Pythagore croyoit que la terre étoit 
mobile, & n'occupoit point le centre du 
monde , mais qu'elle avoit un mouvement 
circulaire autour de la révion du feu (1), 


(1) HoSaryopixoi ray 5 hr, are dxivile , oÙre y mtru Ts 
ZripiQopès oûray , dAAX nn} épi To Hp diwpouuéy, QÛTE 
rpualéres , 0e mporey ro Lomme propiay vrépyew. Py- 
thagorei terram non putant immobilem , neque me= 
diam tenere regionem globi , fed effe in gyrum circum 
ignem fufpenfam , neque numerari inter Elementa 
Mundi præcipua , & prima. Plutarchi opera tom. 1 , 
D. 67. D. in Numä, Vid, eundem de Placitis Philofo- 
phorum lib. 3, cap. 13. Clem. Alex. Strom. lib. s, 
P-5565; & Ariflotel, de cælo. lib. 2 , c. 13 6 14. Theon 
Smyrnæus ait tradi ab Eudemo in hiftoriä aftrologicà 
Anaximandrum invenifle ; ors ëse y% peeréopos © xweirae 
mrigh To rod nomma pére, Quod Terra fit in fublimi 
pendens & moveatur circa mundi medium, 


Die OOIPERNIIC. 2èf 


par laquelle il entendoit le foleil , & formoit 
ainfi les jours & les nuits. On dit que Py- 
thagore avoit appris cette doctrine chez les 
Egyptiens , qui repréfentoient le foleil fous 
l'emblème d’un efcarbot, parcequ'il pafle fix 
mois fous la terre , & les fix autres mois au- 
deffus ; ou bien parcequ'ils avoient obfervé 
que cet infecte forme une boule de fes excré- 
ments, & fe couchant enfuite fur le dos, 
fait mouvoir avec fes pattes cette boule en 
cercle autour de lui. 

123. Quelques-uns, entre autres Dio- 
gene de Laërce, attribuent cette opinion à 
Philolaüs (1) , difciple de Pythagore: mais 
il paroïît qu’il n’a eu que le mérite de lavoir 
divulguée le premier , ainfi que plufieurs 


(1) Donc y mixe mepQped er men ro mp, rar 
æinhou AoËo | opoilperus io, #3 oem. Philolaüs opi- 
natur Terram in orbem circa mundanum ignem per obli- 
quum circulum ( i. e. Zodiacum ) circumferri infiar 
Jolis & lune. Stobæus, p. sr, Ecl. Phyf. lib. 1. 
Plutarch. de Placitis , lib. 3, c. 11 © 13. Vid. & 
Diogenem Laërtium | lib, 8 , feë, 85. Eufcb. Prepar, 
ÆEvangelic, p. $19, 


Philolaïüs l’a 


fait 
tre . 


connoi- 


Sentiment 
de Timée de 
Locres, d’A- 
riftarque  & 
de Séleucus. 


208 S y SRÉNN E 


autres opinions de fon école ; car Eufebe 
affirme expreffément que Philolaüs avoit le 
premier expofé par écrit le fyftème de Py- 
thagore. Philolaüs ajoutoit que la terre par- 
couroit un cercle oblique, par lequel il en- 
tendoit le zodiaque (1). 

124. Plutarque femble infinuer que Ti- 
mée de Locres , auf difciple de Pythagore ; 
avoit eu la mème opinion ; & que lorfqu'il 
difoit que les planetes éroient animées , & 
qu'il les appelloit les différentes mefures 
du temps , il ne vouloit rien dire de plus, 
finon (2) » que le foleil , la lune & les autres 


(1) Dep Ty Aobwow roù Coduwxod nuxnon du” ou Qépéle 
Dokolepois o #uos È are d\ opoPogiar © Tporix dv muxney, P lu« 
tarch. de Placitis Philofoph. Kb ac. "23: 

(2) Dos eye ras dugis à 6 Téuouss ts Te ya © TEAM ; 
# Tù ha ora opyavæ pou capital 5 TOTEQ IV CÙTUS 
Enie Th VA Gomip MO, 1 EM , À) TOS ÉTÉ mh&* 
VÉTUS ÿ OÙs Gpyave xporeu | it TUS TOJMUS ; FR OTNYOPEUE 3 
# Eds Ty ya Aouevv épi To Me muray mono Teréry 
pévor , ph puma œuveçomérn , 494 Hévourey | GAÂX 5pe- 
Porto | 3 dveAoupérgy votiv 3 @s Use gr Apisæpyos , #) Zé= 
Deuxos | amd tirer. 

Quomodo ait Timæus animas in terram, Lunam, 


planetes 


DEC 6 P'ERIN'I €. ‘469 


» planetes fervoient à mefurér le temps par 
» leurs révolutions , & que laterre ne devoit 
» pas être imaginée toujours ftable dans le 
» même lieu, mais mobilé & dans un mou- 
» vement circulaire, comme Ariftarque de 
» Samos & Séleucus l'ont enfeigné depuis. 
125. Cet Ariftarque de Samos vivoit en- 
viron trois cents ans avant Jefus-Chrift, & 
fut un des principaux défenfeurs de l'opinion 
du mouvement de la terre. Archimede, 
dans fon livre de Arenario ; nous apprend 
» qu'Ariftarque , écrivant fur ce fujer contre 
» quelques philofophes de fon temps, avoit 
» placé le foleil immobile dans le centre 
» d’un orbite qu'il faifoit parcourir à la terrre 


& quæ alia funt inftrumenta temporis, difperfas efle 2 
An hoc modo moveri ftatuebat terram, quo folem, 
lunam , & quinque planetas, quos converfionum 
caufà appellat inftrumenta temporis ? & oportuit 
terram devin@tam circa axem univerfi, non ira fabri- 
catam intelligi , ut uno consenta loco maneret , fed que 
converteretur , & circumageretur ? ut poftmodo Ariftar- 
chus, & Seleucus oftenderunt. Plurarch. tom, 2, 
P. 1006. . à 
Tome I, O 


Expoñition 
du fentiment 
d’Ariltarque. 


Pañlage de 
Plutarque fur 
Ariftarque , 
qui doit être 
corrigé. 


210 SYY:S;:T ËÊ M E 

» pat un mouvement circulaire (1) » 3 & 
Sextus Empiricus cite aufli Ariftarque comme 
un de ceux qui ont foutenu principalement 
cette opinion (2). 

126. Jl y a aufli un autre paflage dans 
Plutarque, par lequel il paroît que Cléan- 
the accufoit Ariftarque d’impiété & d’irréli- 
gion, de ce qu'il troubloit Le repos de Vefta 


(1) Taëra yap à ras yezQontrus magxs M Aspgnce 
yor Aunpoiras Aersapees à Zauios , ümodériéy Tuer 
Eten yexQus | ty ais | tx TD Ümontuevay cuueaiet T 
xômpoy monaTrärio hpÿp To vor cipuevou. Y'rolEley D rœ 
pis dspay , À Toy ao pre xp" ray dE yo mter= 
Pipe eg mipi Toy av | rare nindou mepaQéqeier , 6 si 
ë pére To d'ou xauves. Id eft, Friderico Comman- 
dino interprete: Hæcigitur in iis, quæ ab Aftrolo- 
gis fcripta funt, red2rguens Ariftarchus Samius , 
pofitiones quafdam edidit ; ex quibus fequitur mun- 
dum proximé diéti mundi multiplicem efle. Ponit 
enim ftellas inerrantes atque folem immobiles per- 
manere: terram 1plam circumferri ctrca folem , fecun< 
dim circumferentiam circuli, qui efl in medio eurfu 
conflitutus. Meminit Archimedes in Pfamnite, p. 
120. 

(2) Où ye pen Tu To normou ximon GwéAorts , Th à 


ya away d'bdrmles | ds oi mp Apisapço Ta) Mady« 


D'ELÉ O PERINU C. “VE 


& des Dieux Lares de l'univers, parcequ'il 
vouloit rendre raifon des phénomenes qui 
arrivent dans le cours des planetes, en en- 
feignant que le ciel ou le firmament où font 
placées les étoiles fixes, étoir immobile, & que 
la terre parcouroit un orbite circulaire fur une 
ligne oblique , & accomplifloit en même 
temps un mouvement de rotation fur fon 
axe 3 fur quoi il faut obferver qu'il y a une 
faute dans le texte de Plutarque que tous les 
commentateurs conviennent qu’il faut corri- 
ger en lifant C/éanthe , au lieu où l’on lit 


Ariflarque (1). 


pailinor où mwndaïlag vosir poor, Tour Érepor eives Aenréor À 
xpovor, #} où TAUTOY TŸ TO xoTuou xivATEE, 

li quidem certè , qui mundi motum fuftulerunt, 
terram autem moveri funt opinati, ut Ariftarchus Ma- 
thematicus , nihil hoc obftat, quominuüs tempus 
mente concipiant. Aliud ergo dicendum eft efle rem- 
pus; & non idem, quod motus mundi. Sextus Em- 
piricus , p. 663, fe&. 174. 

(1) Mo, dre, ©” rüy pu xpirin per dotétias iray- 
yuinne" Gp Apirapyes il d'éi KA To Eduoy àre- 
Guias meoxantiar vos EAAmes , @s xpalu To) u6po 
7h Ésiur , O7 Qanolue code drap irapèro , men T ces 


O i 


Platon dans 
{a visillefle 
adopte l’opi- 
nion du mou- 
vement de Ja 
terre, 


212 SiYéstT Ê ME 


127. Théophrafte, cité par Plutarque ; 
a écrit dans une hiftoire de l’aftronomie qui 
n'eft point parvenue jufqu’à nous, que Pla- 
ton , qui avoit toujours enfeigné que le fo- 
leil tournoit autour de la terre , revint de 
cette erreur dans un âge plus avancé , & fe 
repentit de n'avoir pas placé le foleil dans 
le centre du monde, comme le lieu qui con- 
venoit le plus à cer aftre ; & d'y avoir placé 
la terre (1) contre l'ordre le plus naturel : 


voy droliepuos | téenirle dou de zur AoËod ôxAG0 Tv Var, 
ue ygf are Tor aùris box O'wouutiy, Heus tu , ins 
quit, noli nos impietatis reos facere , eo patto, 
quo Ariftarchus putavit Cisanthem Samium violatæ 
Religionis à Græcis dcbuifle poftulari , tanquam fi 
univerfi Lares , Veftamque Îoco moviflet : quod is 
homo conatus ea, quæ in cœlo apparent tutari certis 
ratiocinationibus, pofuiffet cœlum quiefcere, serram 
per obliquum evolvi circulum , & circa fuum verfar: 
interim axem. Plutarchus de facie in orbe lunæ , p. 
92: 9250 

(1) Oxopeusos dE 5 


! el LA e 3 / » DA 2 n \ 
YEVORLEY D plope Ace aS oO FT Q QTAHKOUGEY Cr] ovl4 Th 71 TAY 


ZRQTISOPE TA Hérou mperQulspss 


gérmw 3002 To murs. Theophraftus porro etiam id 
narrat , Platonem jam natu grandem pœnitentié fuiffe 


DE COPERNIC. 213 


& il n’eft pas étonnant que Platon foit revenu 
à cette opinion , en ayant été imbu de bonne 
heure dans les écoles de deux célebres Pytha- 
goriciens , Archytas de Tarente, & Timée 
de Locres , comme on le voit dans l'apologie 
des chrétiens par faint Jérome contre Rufin. 
Et l’on voit dans Cicéron , qu'Héraclide de 
Pont, autre Pythagoricien , avoit aufli main- 
tenu cette opinion (1). Je ne dois pas pañler 


duëlum | qudd terram in medio univerfi non f[uo loce 
collocavifet, Plutarch. oper. tom. 2, p. 1006. C. 

= Tadre de 494 Daëdrane Quart mpirevrm yevpluor das - 
voGQou mepi Th yès , Os ty tips LOpe xudESDoNS | Th à 
péT ê AVEAGT ATH) ÉTÉ pa Tu pr Ton FR OTALAUTE. Eadem 
Platonem volunt jam fenem fenfifle de terra , alio 
eam loco reponentem , medium vero domicilium alter 
cuipiam attribuifle præcellentiori. dem in vit Nu- 
me, 

Vide & Eufebium , Prep. Evang. lib. 15 , cap. 8... 
Plotin, Ennead. 2. lib. 2, c. 1. Corfin. in Plutarch. de 
Placitis Philof. Differt. 2 , p. 31. 

(1) Cur Plato Ægyptum peragravit ut à facer- 
dotibus barbaris numeros & cæleftia acciperet ? Cur 
poft Tarentum ad Architam ? Cur ad cæreros Pytha- 
gorcos , Echecratem, Timæum , Acrionem Locros, 


O ii 


Antipodes 


connus 


de 


blufieurs an- 


ciens 
fophes. 


philo- 


214 S'y STÊME 


fous filence , que le fyftème aftronomique 
de Tycho Brahé avoit été connu de Vi- 
tuve (1), ainfi que le cours de Vénus & 
de Mercure autour du foleil. 

128. L'opinion que la terre étoit ronde , 
habitée en tous fens , & que par conféquent 
il y avoit des Antipodes dont les pieds 
éroient oppofés aux nôtres, eft encore une 
des plus anciennes vérités enfeignées en phi- 
lofophie. Diogene de Laërce dit, dans un 
endroit de fon hiftoire, que Platon ctoit le 
premier qui eùt nommé Antipodes les habi- 
rants de la terre qui nous font oppoñfés. I ne 


ut cum Socratem exprefliflet, adjungeret Pythago- 
reorum difciplinam , eaque, quæ Socrates repudia- 
bat addifceret. Cicero de finibus bonorum & malorum , 
lib. $, p. 1049 , col. 2. 

H'egxrsid Ys pit où Ôo Zola TabTyy éero zh d'eau 
sivoy xvxno rw ya. Proclus in Timaum, pa2or, 
lin. 48. 

(1) Witruvius, lib. 9, c. 4, p. 184, lin. 15, & 
186, lin. 7. Macrobius in fomnium Scipionem, lib. 1, 
€. 19, p.93, circulus , &c. Martianus Capella de 
nuptiis ; lib, 8, cap. 288, 289, 


DE COPERNIC. 215 


veut pas dire que Platon ait enfeigné le pre- 
mier cette opinion , mais feulement qu'il a 
le premier employé le mot d’Anripodes ; car 
dans un autre endroit , le mème Diogene de 
Laërce cite Pythagore comme auteur de cette 
opinion (1). Plutarque a aufi un paffage la- 
deffus (2) , par lequel il paroït que c’étoit un 
point difcuté de fon temps. Lucrece & 


(1) Kai mpôros iy Quorcpie dilirodus dvépare (TIaé- 
za). Plato primus in Philofophià nominavit Anti- 
podas. Diog. Laërt. lib. 3, ©. 24. 

ToVaydeus Qios eve ANimodus ; #gf Tè ip x470@ , 
éxavus do. Pythagoras dixit effe autem Antipodas , 
nobifque obverfa veftigia premere. Diog. Laërt, 
TENTE 

(2) EX yep ion Alimodes mpiy (éomtp tiot Déyaurt) 
TS VIS Tù HÉTO mtenuxoiTts , ouai pot ixtavs Grpnoovs 
eva @euisoxhtos. Si funt, quod nonnulli aiurit , An- 
tipodes inferiorem terræ partem verfis adverfas noftra 
veftigiis incolentes , ne illis quidem puro inauditum 
efle Themiftoclem. Plutarch, de Herodoti maligni 
late , tom, 2 , p. 869. C. 

S. Auguft. de Civitate Dei , lib. 16, c. 9. 

Lucretius, lib. 1, v. 1061 & Jeg. 

Plin, lib, 2,0, 65. 


O iv 


Erreur au fu- 
jet de l’évé- 
que Virgile. 


Sphéricité 
de la terre 
prouvée par 
les Anciens. 


216 Sas LE ÎMIE 


Pline, qui combattent ce fentiment, ainfi 
que faint Auouftin , fervent aufli à faire 
voir que de leur temps il devoit avoir pré- 
valu, 

129. Je ne parle point ici de la condam- 
nation de l’évêque Virgile par le Pape Za- 
charie pour avoir enfeigné qu'il y eût des 
Anupodes, parceque l’on s’eft trompé fur ce 
fair; & que le Pape Zacharie ne parloit, 
dans la lettre qu’il écrivoit à faint Boniface 
fur ce fujet, que de ceux qui foutenoient 
qu'il y avoit un autre monde que le nôtre, 
un autre foleil , une autre lune, &c. 

130. Quant aux preuves que les Anciens 
apportoient de la fphéricité de la terre , elles 
étoient les mèmes dont les Modernes font 
encore ufage. Pline obfervoit à ce fujet que 
la terre ; que l’on avoit perdue de vue fur le 
pont d’un vaiffeau , s’appercevoit encore du 
haut du mât de ce vaifleau ; & de là il con- 
cluoit que la terre étoit ronde. Ariftote avoit 
tiré La mème conféquence de ce que dans une 
éclipfe de lune, l’ombre de la terre [fe mon- 
troir circulaire fur le difaue de cette planete ; 


DECACORPIERINUTIC. 257 


& de ce qu’en voyageant vers le Midi, on 
découvroit de nouvelles étoiles ; & qu’alors 
celles qui paroiffoient êtge au zénith chan- 
geoient de fituation par rapport au voya- 


geur (1). 


(1). Plin. Hift Natur. lib.1,c. 64, 65, p. 106, 
lin. 6. ÆAriflotel, de Cæœlo, lib. 2, c. 14 ad fin. lib. 
p. 471. E. Orivenis Philofoph. in Anaxemand. c. 6, 
p. 885, lin. 51 & 12. — Diog. Laërt. lib 2 , c. 1. 
Plutarch. de Placuis Philofoph. lib. 3, c. 10 & 12. 
» Leucippe donnoit à la terre la figure d’une fphere 
» applatic. Laërc. lib. 9 , fe, 21 de Parmenide. 


Des Télef- 
copes des An- 
ciense 


218 Des TÉLErsCOrPESs. 


Co A DoEBr EX. 
Des Télefcopes. 


13%, Dixs ta premiere édition de cet ou- 
vrage j'avois omis de traiter le fujet des té- 
lefcopes, Je craignois de me trop avancer en 
difant qu'ils étoient connus avant le com- 
mencement du dix-feptieme fiecle (1). Mais 
il me femble que, fans mériter l'imputation 
d'une trop grande partialité , 1l eft permis 
d'examiner jufqu'à quel point les Anciens 
ont porté leurs connoiffances à cet égard. 
En n’envifageant cette queftion que felon 


(1) Metius d'Alcmaër en Hollande, obfervant 
des écoliers qui fe fervoient du deffus de leurs écri- 
toires comme de tubes, & qui ayant mis des mor- 
ceaux de glace au bout de ces efpeces de tubes, 
étoient fort étonnés de voir les objets rapprochés 
d'eux , il profita de cette obfervation , & inventa 
les lunettes d'approche, dont il préfenta la premiere 
en 1609 aux Etars Généraux. Galilée , quelques an- 
nées après, perfectionna cette découverte. 


Des TÉLESCOPES., 219 


la fignification propre du mottélefcope, elle 
feroit bientôt décidée , parcequ'il eit certain 
qu’on trouve chez les Anciens des pañlages 
où ils traitent des moyens de voir de loin ; 
mais 4l faut examiner la nature de ces 
moyens , & l’ufage & les applications qu'ils 
en faifoient, 

Quand nous n'’aurions d'autre lumiere 
pour nous guider dans cette recherche que 
celle des connoïflances de Démocrite , elle 
ferviroit déja à nous faire voir qu'il devoit 
avoir eu des moyens d'aider la vue pour lui 
découvrir des vérités aftronomiques qu’il en- 
feignoit de fon temps. Ce grand obfervateur 
de la nature , attribuoit les taches de la lune 
aux ombres formées par la hauteur exceflive 
de fes montagnes ; & quoiqu'il fe trompât 
fur l'effet, & qu’il foit plus naturel de cher- 
cher la raifon de ces taches, ou dans la pro- 
fondeur & létendye des cavernes qui ab- 
forbent les rayons du foleil , ou bien dans 
de vaftes mers qui ne peuvent pas véfléchir 
une lumiere aufli vive que les autres parties 
plus opaques de cette planete , cependant il 


Démocrite. 


220. DES TÉLESCOPES. 


enfeignoit l’exiftence des montagnes de la 
lune (1, & il difoit de plus que la voie 
laétée contenoit une quantité innombrable 
d'étoiles fixes, dont le mélange confus de 
lumiere occafionnoit cette blancheur que 
nous défignons ainfi ; enfin que c’étoit la 
clarté réunie d’un grand nombre d’étoiles 
(2). Avant que j’euffe connu les paflages des 
Anciens , qui me donnent lieu de croire 
qu'ils avoient des fecours pour la vue, j’a- 
vois attribué à la fagacité d’efprit de Démo- 
crite des conjectures aufli heureufes ; mais 
puifqu'il paroît , par ce que je vais dire, que 
de fon temps on pouvoit avoir des lunettes 
d'approche, il eft plus naturel de penfer qu'il 
en avoit fait ufage, que d’attribuer ces dé- 
couvertes à une pénétration d’efprit qui 


fembleroit trop étonnante. 


(r) Srobæus Eclog. Phyf. lib. 1, p. 60, lin. 46. 
Amuoreiles émoniaque ti drA5r à dur utpor dvéyun 
yap duTuy uv Hg VETas. 

(2) Plutarch. de Placir, Philof. Gb, 3, c 2. 
Ampoxeilos meAnay 499 puxpar , 1 Ego dstphv cupQu lu 
Goo axas cuavyarmoy dix Th mÜMOTU 


Des TÉLESCOPES. 21 


Âriftote eft le premier écrivain chez qui 
j'aie trouvé des traces de la connoiffance 
qu'ont eu les Anciens des moyens d’aflifter 
la vue. Il donne mème les principes de ces 
connoiflances , qu'il tire de la différente 
formation des yeux. Il avoit obfervé que 
ceux qui avoit les yeux à fleur de tête ne 
voyent pas de loin, & qu’au contraire ceux 
qui avoient les yeux enfoncés appercevoient 
les objets à une plus grande diftance, parce- 
que , difoit-il , les rayons vifuels dans ceux- 
ci font moins difperfés, & fe continuent en 
droite ligne jufqu’à l'objet. Je traduis ici 
xnnru par rayon vifuel, quoique proprement 
il fignifie mouvement (1. e. de la ligne vi- 
fuelle). En effet, on voit qu'Ariftote em- 
ploie ce même mot un peu plus loin dans le 
fens que je lui donne, lorfqu'il dit qu’er fe 
Servant d’un tube ; il y a moins de difperfion 
du xwpns , (c’eft-à-dire des rayons vifuels), 
qui partent de l’objet pour venir à l'œil , 
Th à7rd ro épouérer xwhses. Entaifonnant donc 
d’après fon principe , Ariftote jugeoit qu’en 
ifolant l'objet que l’on vouloit obferver , & 


Ariftote. 


222 Des TÉLESCOPES. 


en interceptant la trop grande lumiere qui 
éblouifloit la vue, on pouvoit découvrir les 
objets à une plus grande diftance ; il en 
allegue pour exemple l'obfervation déja con- 
nue de fon temps, que du fonds d’un puits 
(que l’on peur confidérer comme la lunerte 
primitive) on voyoit les étoiles en plein 
midi ; ce que l’on fait bien n'avoir lieu que 
dans cette circonftance , ou avec laide d’un 
télefcope, comme il lobferve lui-même; ou 
bien, dit-il, en regardant à travers un tube, 
Ce tube dont il parle eft l'enfance du télef- 
cope. Il jugeo’t même que plus on prolon- 
geroit ce tube, & plus on rapprocheroit l’ob- 
jet, & il en répete la raïifon qu'il trouve 
ètre dans la moindre difperfion des rayons 
vifuels venant de objet (x). 


(1) Ariftoteles de Generat. Animal. lib. $, c. 14 
Ailes yèp 080 opèr | dv per, ro moppaer d'u ovæy" àÿ 
, ro rés diiQopis 071 pause  opouéror d'u avcdas, 
radre O'e où ua cuueæive rois évréis. 6 "Jp vres tard - 
prés Th xtion, 4 dv uxoy Bitrar , Tüs pis duos 
pôs ddr Hier Ge para xphé xpomarar , oVerat dE 


He e 2 ° Li » 
mopjade, où yo tx  épryuéray 5 Quartier ilole astexs 


2 


Des TÉLESCOPES. 213 


Je n'entre point dans la queftion de favoir 
s'il y avoit des verres à ces tubes; ce qu'il eft 
néceflaire cependant d'admettre, fi l’on croit 
qu'ils rapprochaflent l’objet, comme le dit 
clairement Ariftote. Je veux bien encore ne 
pas infifter fur deux paffages de Plurarque & 
de Jamblique , qui indiquent à la vérité des 
fecours pour la vue, mais non pas avec aflez 
de précifion pour en pouvoir inférer la pro- 
pofition en queftion. Le premier dit qu’Ar- 


! cire ® A ,e ce # 

éy TA muse 'ynovori port... To dE moppade 0% 494 

AY y "A fe € L A <)it 
Th mo Thy mophoder oguloy éQuidar mari | n leris 
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ÉFIRAÉO) GMEYY | TOTAÜTE GYLYKA GHCACESEQOY TA MODHTE 


te “ ” ELL ets 1 \ EU cs s 
PRET, 3 THE (Er T opera dinDopas E5 T0) MUTAI GNT In 


Plutarque & 
Jamblique. 


Strabon. 


224 Des l'ÉLESCOPES. 


chimede fut rencontré portant à Marcellus 
des inftruments de mathématique dont il fe 
fervoit pour accommoder à la vue la grandeur 
du foleil (1). Jamblique dit que Pythagore 
avoir effayé de trouver des fecours pour aug- 
menter l’ouie , comme on avoit pour la vue 
le compas , la regle , & mème le diorrpas (2). 
Les traducteurs ont rendu ce mot par equerre 
ou guadrant ; mais il me femble qu’un tube, 
à travers lequel on regarde, eft la fignifica- : 
tion la plus propre au fens de la phrafe , & à 
l'étymologie du mot, & qu'il doit fe rendre 
ainfi, quoiqu’on n’en puifle pas encore tirer 
aucune induction bien claire de l’ufage du 
télefcope tel que nous l'avons aujourd’hui. 
Mais je ne puis m'empêcher de m'’arrèrer 


min 

(1) Plutarch. Vità Marcelli , edit. Steph, 8°. 
P. 562. KoiQoïle pes MapxéA or dvrd ro paiualirdy 
épyéver | cuioSyex | #) cQuieys , Kg YONES , ais tvag= 
porle To Toù mio peiyedos Gps TA CY , SOGTIOTRI . » à 
arexlever, 

(2) Jamblichus de Vità Pythasor. Edit. Amftel. 
4% 1707 » P. 97. Oiev n per is dia roù d'ubareu, 
x) dix Ted xuvons , à vn Aie dix Liomlexs Eye 


fur 


Des TÉLESCOPES, 922$ 


fur une expreflion de Strabon , qui eft fi 
clairement l'explication de la caufe des effets 
du télefcope , que je ne fais comment on 
peut entendre autrement, que par-la, ce qu'a 
voulu dire cer écrivain {1 exact d’ailleurs. En 
parlant de l’obfervation , qu'il dit fe frire 
en mer de la grandeur apparente du dia- 
metre du foleil à l’horifon , qui furpaffe celle 
qu'il a lorfqu'il eft plus élevé, il en rend 
raifon , parcequ'il eft apperçu, dit-1l, à 
travers le milieu épais des vapeurs qui s’é- 
levent de Océan, comme lorfqu'il eft vu 
à travers les nuages , ou bien, ajoute t-il, 
comme lorfque nous regardons à travers un 
tube ; les rayons étant brifes nous font ap- 
percevoir les objets plus grands (1). Or il eft 
certain que les rayons brifés fuppofent ici 
une réfraction des rayons pat le moyen d’un 
verre ; car en regardant à travers un tube 


(r) Strabo , edit. Amft. lib. 3 , c. 138. Aie dù 
roëray &s 4’ durer xnouem Th CV mherurious de 
ALL T Tüs Quilarixs. 


Tome I. P 


216 ‘Des TÉLESCOPES. 


fans verre , il ne peut y avoir de réfraction 
des rayons de la lumiere, & par conféquent 
l'objet , quoique vu d’une maniere plus dif- 
tincte, ne fera pas vu plus grand. C’eft ce- 
pendant ce que Strabon dit pofitivement 
être le cas, lorfqu’il veut éclaircir le phéno- 
mene en queftion , en difant que c’eft le 
même effet que l’on remarque en regardant 
à travers les tubes qui , au moyen des rayons 
brifés , font que l’œil recoit les images des 
objets plus larges. En comparant ce paffage 
de Strabon avec les connoiffances aftrono- 
miques que Démocrite fembloit avoir ac- 
_quifes, & qui paroïffent tellement dépendre 
du télefcope, il eft difficile de s’empècher de 
ctoire que les Anciens n’euflent quelque 
idée de l’ufage du télefcope, quoiqu'il ne 
füt pas connu généralement ; en forte qu’a- 
vec tant d’autres connoiflances , dont l’exif- 
tence , parmi les Anciens , eft à préfent dé- 
montrée , telle que celle du miroir d’Archi- 
mede & autres, cet ufage, par les malheurs 
des temps, a été négligé , & enfeveli enfuite 
dans l'oubli. 


Des TÉLESCOPES. 227 


Je ne dois pas omettre ici que Mabillon, 
dans fon voyage d'Italie, dit avoir vu à la 
tère d'un manufcrit du treizieme fiecle une 
figure qu'il rapporte , repréfentant Prolomée 
qui contemple les étoiles avec un tube com- 
pofé de plufeurs différentes pieces ; mais il 
n'eft pas poflible de juger fi cette lunette 
avoit des verres. On voit cependant qu’elle 
eft compofée de plufieurs pieces. Ceux dont 
parle Strabon au plurier , pouvoient bien 
être de même. 


Pij 


Mabillon, 


Conjeûutes 
des Anciens 
fur la rota- 
tion des af- 
tres, confir- 
mées par les 
obfervations 
des Moder- 
Nes. 


228 RÉVOLUTION 


G'H A. PT EN UX I. 


Révolution des Planetes fur elles-mêmes. 


132; L'urivrré dont l'invention des té- 
lefcopes a été dans les obfervations aftrono- 
miques des Modernes , s’eft mamifeftce fur- 
tout dans la découverte de la rotation des 
aftres fur eux-mèmes , fondée fur la révolu- 
tion périodique des taches remarquées fur 
leur difque ; de forte que chaque planete a 
deux révolutions , fuivant l’une defquelles 
elle tourne autour d’un centre commun avec 
les autres planetes , & tournant de plus fur 
fon axe, accomplit encore une autre révo- 
lution fur fon centre. Mais tout ce que les 
Modernes ont dit là-deflus , n’a fervi qu'à 
confirmer aux Anciens la gloire d’avoir décou- 
vert cette vérité avec le fecours feul du rai- 
fonnement. Les Modernes font en cela, à 
l'égard des Anciens , ce que les philofophes 
François ont été à l'égard de Newton; tous 
les travaux qu'ils ont éprouvés dans les voya- 


D ESs PLANETES. 229 


ges qu’ils ont entrepris aux poles & fous l’é- 
quateur , pour déterminer la figure de la 
terre , n'ont fervi qu'à confirmer les idées 
que Newton avoit avancées fur ce fujet, 
fans fortir de fon cabinet ; & nous avons 
éprouvé de mème que la plupart de nos ex- 
periences ont fervi, & fervent encore quel- 
quefois , à appuyer les conjeétures fi raifon- 
nables des Anciens , quoiqu'il foit arrivé 
fouvent que quelques-unes mêmes de celles 
qui fe trouvent à préfent généralement re- 
connues , aient été auparavant décriées : 
nous venons d’en voir des exemples dans les 
chapitres précédents, & celui-ci nous en 
fournit encore un qui n’eft pas moins digne 
de rematque. 

133. Quels que fuffent les arguments fur 
lefquels les Anciens fondoient leur théorie, 
il eft certain qu’ils ont connu clairement la 
révolution des planetes fur leur axe. Deux cé. 
lebres Pythagoriciens , Héraclides de Pont & 
Ecphantus, ont enfeigné de très bonne heure, 
cette vérité, & fe fervoient d’une comparai- 


fon des plus analogues pour faire comprendre 
P ii 


Expofition 
des fenti- 
ments d'Hé- 
raclides , Ec- 


phantus & 


Platon, 


236 | AMEN OLA TI ON 


leur idée là deffüs , en difant que la terre 
tournoit d’occident en orient, ex forme d’une 
roue (1) qui tourne fur fon axe ; ou fon centre ; 
& Platon, étendant cette vérité plus loin 
qu’à la terre , accordoit aufli ce mouvement 
particulier au foleil & aux autres planetes ; 
& fuivant Atticus le Platonicien, qui expofe 
fa penfée là-deffus: » à ce mouvement com- 
» mun, qui porte tous les aftres tant fixes 
» qu'errants à faire leur révolution autour de 


PI 


» leur orbite , 1l en ajoutoit un autre accom- 
» modé à leur figure fphérique, qui les fai- 


« 


(1) H'egnauidys à Tlolxis 39 ExQulos o TloVæyopelos 
or pr Th av à où uv ye milaGalixds | Tegcoù dix 
mConruémw àmo dura tx évalorus épi To io adrñs 
«51e 9v. 

Heraclides Ponticus, & Ecphantus Pythagoreus 
movent quidem & ipfi quoque tellurem , non ita 
tamen , ut ipfa de loco in locum transferatur , fed 
ut inflar rote revinétla ab occafu in ortum circa centrum 
fuum torqueatur. Plutarch. de Placitis, lib, 3 ,c. 13... 
Galen. Hift. Philof. p. 8. Tu d? fr pico roouou #1 
sde mp ro dulas xélegr os pes éuxleam, Orisenis phi- 


lofophum , ©. 15. 


DES PEAINMENTES. 234 


» foit mouvoir chacun fur leur centre parti- 
» culier , pendant qu'ils accomplifloient leur 
» révolution générale autour de leur or- 
” bite (1). 

134. Plotin confirme aufli ce fentiment de 
Platon (2); & parlant de lui, 1l dit qu'outre 
la grande révolution générale des aftres, 


” e \ \ en / en > 
(1). Etre o pet mpos Ths xon xwnoet Ÿ spy x #9 
» ” , ; 4 à / PA / rs 7 €! 
& rais cQaiogus Evded euros xwdvrey males où dstpes | 04 TE 
; ” Ne / Oo EA >" / 3 
CTAONES  Hg4 GO AAMVAMEVOI, #j ÉTEOZY ŒÜTOIS XIVYTIY ÉTO— 
AN 
Nd'wrty 


LA 3 n / 1 / \ NA 
céxouray ar Th Quoet rod copalos. cOaiparoi 7) ES » 


À #» d'n # dos tas cire cuuS-Grxe ; 20 7po- 
tixoTus oQaiearny dy TH KIT) EXUSOS XIOÏTO MECAO OU 
pevos. 

Prætereà ad communem illum motum , quo fuis 
in orbibus illigata fidera moveantur , tam fixa, 
quam errantia, fuum quibufque Plato , ac proprium 
alterum adjungit : qui etiam uti & præftantiflimus 
idem fit, & cum illorum corporum naturâ conjunc- 
tiffimus. Globofa enim illa quum fint , jure vo/ubili 
quodam , 6 in orbem incitato motu fingula moveantur, 
Eufebius , Præpar. Evang. lib. 15, c. 8, ex Attico 
Platonico ita Platonis fententiam expreflit, 

(2) Kai Inérar de rois Gspgis où poroy Th pui Taù 
CAO cPaieaxny wii, GAAG 13 Extsw dIdurt T# épi To 
#19 ar, Plato verd fideribus non folum fphæri- 


P iv 


Témoignage 
de Plotin. 


Sentiment 
de !icétas de 
Syracufe. 


232 RÉVOLUTION 
Platon penfoit qu’ils en accompl'ffloient une 
autre particuliere autour de leur centre. 

135. Cicéron attribue la même opinion à 
Nicétas de Syracufe , & cite Théophrafte 
pour garant de ce qu'il avance (r): c’eft le 


cum motum unà cum univerfo tribuit , fed unicuique 
etiam motum circa proprium centrum concedit. Ploti- 
nus... lib: 2. Ennead. 2,1 C2. 

(1) Nicetas Syracufius, ut ait Theophraftus, 
cœlum , folem , lunam, ftellas , fupera denique 
omnia ftare cenfet , neque præter terram rem ullam 
in mundo moveri: que cèm circum axem fe fummä 
celeritate convertat | & torqueat , eadem effici omnia, 
guafi flante terrä cœlum moveretur. Atque hoc etiam 
Platonem in Timæo dicere quidam arbitrantur , fed 
pauld obfcurius. Cicero, Acad. Quaff Lib. 4, p.993. 
Ty dt... tiouuerm de mp mo dia mrayros arch reraryptt- 
yoy , Qiharæ + À Heavy 0v JUXTOS TE x jusegs ELLAATATS. 
Terram altricem noftram quæ trajeéto axe fuftine- 
tur , diei noctifque effectricem. Platonis Timaus , 
p. 40. Cicero in Plaionis Timaum five de univerfitate, 
in fragmentis, p. 1327, col. 6. Proclus in Timaeum, 
p.280, 281,282, 283. Arifloteles de Cælo, lib.1, 
G. 13; pe 465. E. 466. D. & c. 14, in principio. 
Diog. Laërr, lib, 8, fe@. 85. Voyez la note à la 
feét. 103. 


DES PLANETES. 233 


mème que Diogene de Laërce appelle autre- 
ment Hycétas, lequel croyoit que la terre [e 
mouvoit avec une extrême viteffe fur fon axe 
propre ; & rendoit raifon des phénomenes qui 
arrivent dans les cieux par ce mouvement de la 
terre, 


Les Moder- 
nesn’ontrien 
dit fur lesco- 
metes,que les 
anciensn’euf- 
fent enfeigné 
âvant eux. 


234 Des CoMETEs. 
a ÉCEE 


CRE A CP LORS EX LT 


Des Cometes. 


136. LE n'y a point de penfée affez bizarre 
qui n'ait été hazardée dans les différents 
âges, pour rendre raifon de la nature’des 
cometes & de l'irrégularité de leur couts; 
même encore au fiecle dernier, Képler & 
Hévélius avoient avancé des conjectures tout- 
à-fait extravagantes fur la caufe de ces phé- 
nomenes. M. Caflini & le chevalier Newton 
après lui, ont enfin fixé les fentiments des 
philofophes par les obfervations & les calculs 
les plus exa@s , ou, pour mieux dire, ils 
ont ramené les efprits à s'arrêter fur ce qu'en 
avoient déja dit les Chaldéens , les Egyp- 
tiens, Anaxagore, Démocrire , Pythagore, 
Hippocrate de Chio, Séneque , Apollonius- 
Myndius, & Artémidore ; ils ont donné la 
même définition de la nature de ces aftres, 
avancé les mêmes raifons de la rareté de 
leur apparition , & fe font excufés de n’en 


Des COMETES. 235 


avoir pas donné une théorie plus exaéte dans 
les mêmes termes que l’avoit déja fait Sé- 
neque. Ce philofophe avoit déja dit qu'il ne 
fufhifoit pas, pour fixer cette théorie, de 
pouvoir rafflembler toutes les obfervations 
faites fur le retour des anciennes cometes, 
parceque la rareté de leur apparition n’en 
avoit pas encore fourni une quantité néceffaire 
pour déterminer ft elles avoient un cours régu- 
lier ou non , mais que les Grecs ; qui avoient 
depuis peu fait cette remarque ; s’appliquoient 
à faire des recherches fur cet objet (1). 


(1) Neceffarium eft autem, veteres orius cometa- 
rum habere colleflos. Deprehendi enim propter rarira- 
tem eorum curfus adhuc non potefl , nec explorari an 
vices fervent, & illos ad fuum diem certus ordo pro- 
ducat : nova hæc cœleftium obfervatio eft, & nuper 
in græciam inveda. Seneca, Natur. Quaft, lib. 7, 
feët. 2. Et un peu plus loin : 

Ad tantorum inquifitioncm ætas una non fuffcit. 

» Leibnitz difoit de même au commencement de 
» ce fiecle dans une lettre au Pere Des Boffes : La 
» doctrine des cometes eft encore affez obfcure ; la 
» poftérité en jugera mieux que nous après un grand 
> nombre d’obfervations. 


u 


Connoiffan- 
ces des Chal- 
déens & des 
Egypriens fur 
les cometes. 


236 DEs CoMETES. 


137. Séneque, dans le même endroit (1), 
rapporte que les Chaldéens mertoient les co- 
metes au rang des planetes ; & Diodore de 
Sicile, écrivant l’hiftoire des connoiffances 
des Esyptiens, les loue fur leur application 
à l'étude des aftres & de leur cours, fur lef- 
quels il dit » qu’ils avoient recueilli des ob- 
» fervations très anciennes & très exactes, 
» par le moyen defquelles ils étoient en état 
» de connoître leurs mouvements divers, 
» leurs orbites, leurs flations, &c. & 1l 
» ajoute qu'ils pouvoient aufli annoncer les 
» tremblements de terre, les inondations 
» (2), & Les retours mêmes des cometes. 


(1) Cometas in numero ftellarum errantium poni 
à Chaldæiïs , tenerique curfus eorum. Senec. fecunda 
Natur. c. 3. » Et un peu plus haut , dans la même 
» feion» : Democritus . ... fufpicari ait fe, plures 
ftellas effe quæ currant ; fed nec numerum iilarum 
pofuit, nec nomina , nondum comprehenfis quinque 
fiderum curfibus. 
\ ; ; a! / / t en 
(2) Kes map Aryurlios ærapalnpacées Tueur ci T 
74 / \ \ LÉ \ \ \S7 ; \ 
eL5 p@y rues TE , x HWATEIS # TOs CHU EXO QY avoryCKQuS 


Ê * " Ê ” 7 LA 
#5 2rby anisuy Ta mu Quaërlouriy | Ex Tai XpoYON 


Des COMETES. 237 


138. Ariftote , expofant les opinions d'A- 
naxagore & de Démocrite, dit que le pre- 


IC opLEvys rap aùrois Ths ipi radre omoud's, TÜSs TE 
ZhAYAT AY GS Epay 2DHTEUS , #) mreenod'ous | Ko4 sUeAY pos , oùx 
nryaxis OÙ apr QYopus ; roëvelloy morvraprias | tri Ye 
yorous xobùs GYJpémos | Y Éorxiuariy éropivas aporyprui 
youri” elrpuous TE, # xalaxAurpeous » #94 LOT OY as puy 
émilous , # male rx rois monnois dd'veros Eye d'oxiile 
Ty ÉMPOTW , Ex MONA Hpoyou magglnpareus VEVSALES 5 
AR9YVÉ TROT. 

Nam Ægyptii accuratiffimè fiderum conflitutio- 
nem, & motum obfervant , & defcriptiones fingu- 
lorum per incredibilem annorum numerum cufto- 
diunt; cüm ab antiquiflimis indè temporibus hoc 
apud cos ftudium certatim fit agitatum. Planerarum 
etiam motus , & circuitus, & ftationes, nec rard 
frugum calamitatem , aut exuberantiam, morbofque 
promifcuè vel hominibus , vel pecoribus incurfuros 
præfignificant. Terræ quoque tremores , & diluvia , 
ortufque cometarum , & quorumcunque cognitio hu- 
manam excedere faculratem vulgo putatur, ex longi 
temporis obfervatione prænofcunt. Diodor. Sicul. 
Bibliotheca Hiflorica , tom. 1, pag. 73 , 6 pag. 116. 
» parlant des Chaldéens , il dit que»: Cometarum 
quoque exortus ab his denunciari ; &10om.2,p. 365: 
ingens enim fax per multas noctes ardere in cœla 


Sentiment 
d'Anaxagore 
& de Démo- 
crite. 


Opinions ti- 
dicules de Ké- 
pler & d'Hé- 
vélius, moins 
éclairés à cet 
érard que Py- 

f que F y 
thagore, 


238 Des CoMETESs. 


mier croyoit que les cometes étoient un af- 
femblage de plufieurs aftres errants qui, par 
leur approximation & la réunion de leur lu- 
miete , fe rendoient vifibles à nous. 

139. Cette idée n’étoit pas encore bien 
philofophique , mais elle l’étoit cependant 
plus que celle de quelques grands philofo- 
phes modernes , comme Képler & Hévélius, 
qui vouloient qu’elles fe formaffent dans 
l'air comme les poiffons dans l’eau. Pycha- 
gore (1), à peu près dans le même temps 


vifa eft.... nonnulli inter Phyficos facis hujus or- 
tum naturalibus caufis tribuunt , & id genus oftenta 
definito tempore neceflitate quâdam fieri affeverant, 
& de his celebres in Babilonià Chaldæos , & aftrolo- 
gos ceteros cffata tam certa edere ut nihil omnino 
aberrent , quos non mirari aiunt fi quid horum fiat , 
fed potius fi non eveniat. Propterea quod fuos qua- 
que habeant circuitus , & perpetuis motibus , curfi- 
bufque definitis, omnia peragantur. » Séneque, au 
liv. 7, c. 3 des Quefl. Natur. confirme cette con- 
noiffance chez les Chaldéens ». 

(1) Voyez Encyclopédie, article Comete. Képler, 
iv. 3, de Cometis. Epitom. Aftron. Kepleri, Hv.1, 
€ 1, p. ss & $s7, lin. 36. 


Des CoMETESs. 239 


qu’Anaxagore, avoit, fuivant le rapport d’A- 
riftote , enfeigné une opinion digne du fiecle 
le plus éclairé, car il regardoir les comeres 
comme des afîres qui avoient un cours réglé 
autour du foleil, & qui ne paroiffoient que 
dans certaines parties de leurs orbites, & 
après un temps confidérable ; & l'erreur dans 
laquelle tombe Ariftote en voulant expli- 
quer le fentiment de Pythagore par une 
comparaifon faite avec la planete de Mer- 
cure, ne doit point être imputée à l'Ecole 
Pythagoricienne (1). Ariftote rapporte aufli 


(1) Avakaryoegs psy où , ng4 Anuoresles Quriy cire rods 
LA / 4 re CN} el \ \ / 

xopATas cuuDary À mhay pla CSEPAY ; OTUY , die ro mure 
9er, d'obort bryléww drama, T d° Irauxdy ins , À 
xadouuivey Tluaryoniar , ve Derouri aôroy eivet À mhailav 
dstpoy | Grau dix monAod TE sypoveu Ty Quilariuy &ôrod 
7 \ A CE ON SN / «| a 4 \ \ 
SE, 4j TH Umpeoñmy Emi puxpoy | Cmtp uni x) 7spi 
Toy To) Epuoi dstog. dit D To puxpoy rau ea, TONAUS 
éxheime Qartis | üst dix xporo Qaivsoas mon, apg my» 
cias de rorois 5) oi mp Toy Ixwroxpéry ro XKv, #4 To 
catyru dl Aiyiro émiQuræilo. 

Anaxagoras igitur , atque Democritus, cometas 
cfle aflerunt ftellarum errantium coapparitionem , 
quia quum proprius accefferint , fefe tangere mutud 


Stobéé ex- 
pofe le fenti- 
ment de Py- 
thagore. 


240 DEs CoMETEs. 


les témoignages d’Hippocrate de Chio & 
d'Æfchylus , pour appuyer cette opinion. 
140. Stobée (1) expofe le fentiment de 


videntur. At eorum nonnulli, qui Italiam habitant, 
Pythagoreïque vocitantur , comcten è ftellis errantibus 
unam effe dicunt : verm , non nifi longo interpofita 
tempore comparere in cœlo , & parüm ab fole digredi : 
id , quod etiam Mercurii ftellæ obvenit. Nam quia 
non admodum ab fole recedit, fæpè cum fe vifendam 
præftare deberet, occultatur. Proindè non n'f} longo 
cempore interjeëto cernt folet. Hippocrates autem ille 
Chius , & ejus difcipulus Æfchylus, non fecus quam 
hi dixêre. Ariflotelis opera , tom. 1, p.534, lib. 1, 
meteorol, c, 6. 

(1) Tôv HuSæyoptiar rite psy dsteg Quoi eve To #0 
pra , © ox ai Qauouéray | dix dE ruos ogaomévo 
apéro mtenoNmäs dvélexnoiler, P'ythagorei partim ftellas 
faciunt cometas, quæ non femper , éd certo temporis 
ambitu , appareant, Stobæus , p. 62. Eclog Phyf. 
lib, 1. & p. 63, de opinione Chaldæorum: Chaldæi 
fic de cometis fentiunt : alias præterea, ultra plane- 
tas , effe ftellas , quæ aliquandiu quidem lateant, 
quoniam longè fint à nobis remotæ , nonnunquam 
autem inferius delara appareant , ita re exigente ; 
cafque cometas ab iis vocari, qui nefciunt ipfas 
quoque ftellas efle , evanefcere autem videri, cum 


Pythagore 


Des CoMEtes. 241 


Pythagore dans les mêmes termes qu’Arif- 
tore , quoiqu'un peu plus clairement, & 1l 
dit que les Pyrhagoriciens croyoient que les 
cometes étoient des aftres errants , qui ne paroif- 
Joient que dans un certain temps de leur cours. 
141. Séneque fur-tout, plus que tout 
autre , a parlé en vrai Philofophe fur ce fu- 
jet. Il expofe dans le feptieme Livre de fes 
Queflions Naturelles routes les différentes 
opinions fur les cometes, & 1l paroït adop- 
ter celle d’Artémidore, qui croyoit » qu'il 
» y avoit une quantité innombrable de co- 
» metes, lefquelles, à caufe de la poftion 
» de leurs orbites , né pouvoient pas tou- 


in fuam regionem , in ætheris profundum, velut in 
maris fundum pifces, referantur. Vid. Pln. Hifi, 
Natur. lib. 2, c. 24, p. 89, lin. 20; c.2$ , p.90, 
lin. 20, & annot. Vid. & Plutarch. de Placuis, 
lib @e2. 

Stellas effe quafdam cæteris fimiles, quarum ortus, 
obitufque, quibus fint temporibus præftituti, huma- 
nis mentibus ignorari. Ammian, Marcellin, lib, 25, 
P. 441. 
1ome LI, ‘Q 


Beau paflage 
de Séneque. 


242 DEs CoMETESs. 


» jours être obfervées , & ne fe laifloient 
» voit que lorfqu’elles arrivoient à une des 
» extrémités de ces orbites (1) ». Il raifonne 
enfuire là-deffus avec autant d'élégance que 
de folidité : » pourquoi s'étonner , dit il, 
» que les cometes , qui s'offrent fi rarement 


(1) Znnumerabiles ferri per occultum , aut propter 
obfcuritatem luminis nobis ignotas , aut propter cir= 
culorum pofitionem talem , ut tm demüm , cm ad 
extremam eorum venêre , vifantur.. .. Quid ergd mi- 
ramur, cometas, tam rarum mundi fpeëlaculum , non- 
dùm teneri legibus certis ; nec initia illorum , finefque 
notefcere , quorum ex ingentibus intervallis recurfus 
eff? ... Veniet tempus, quo ifta, quæ nunc latent, 
in lucem dies extrahat, & longioris ævi diligentia ; 
ad inquifitionem tantorum ætas una non fuflicit, ut 
tota cœlo vacet. Quid, quod tam paucos annos, 
inter ftudia, ac vitia, non æquà portione dividi- 
mus ? Itaque per fuccefhones iftas longas explicabun- 
tur. Veniet tempus, quo pofteri noftri tam aperta 
nos nefcifle mirentur. Sereca, Natural. Queft. 1. 7, 
Cr TRIILSe 

Ego non exiftimo cometen fubitaneum ignem, 
fed inter aterna opera nature. Id, lib. c, 122. 


” 
- 


L2] 


Des CoMETESs. 243 


en fpeétacle au monde, ne foient pas en- 
core foumifes à des regles certaines, & 
que nous n’ayons pas encore pu connoître 
& déterminer où commence & finit la 
marche de ces affres , auf] anciens que 
l'univers ; & dont les retours font dans 
d’auffi grands intervalles ? Il viendra un 
temps , s’écrie-t-1l avec une efpece d’en- 
choufiafme , où la poftérité s’étonnera que 
nous ayons ignoré des chofes fi évidentes, 
& ce qui nous eft obfcur à préfent, pa- 
roitra dans un grand jour par la fuite des 
fiecles & l’induftrie de nos defcendants ; 
mais peu d'années , partagées entre l’é- 
tude & les paflions , ne fufhfent pas 
pour des recherches fi importantes , & 
pour apprendre à connoitre la nature des 
cieux. 

142. En jetant le yeux fur les divers paf- 


fages qu’on vient de rapporter , on eft obligé 


de convenir que les Modernes ont trouvé 


dans les écrits des Anciens ce que l’on a dit 
de folide depuis quelque temps concernant 


Qi 


Les Moder- 
Nes n’ont rien 
dir fur les 
cometes que 
d’après les 
Anciens, 


244 DEs COMETES. 


les cometes : ils y ont feulement ajouté les 
connoiflances que leur a fourni l’obferva- 
tion, que Séneque avoit déja jugée néceffaire, 
& qu'une longue fuite de fiecles feulement 
pouvoit leur procurer. 


CHAPITRE" KXTITL 
De la Lune. 


143: Lx lune nous offre encore un champ 
où les Anciens ont eu occafion de donner 
des preuves de leur fagacité ; ils ont connu 
de bonne heure qu’elle n’avoit point une lu- 
miere propre ; mais qu'elle ne brilloit que par 
Za lumiere du foleil qu’elle réfléchiffoit. C’étoit 
le fentiment d’Anaxagore , après Thalès, & 
celui d'Empédocles (1) , qui concluoit de 


(1) Aronsimiler row ro ro E’pmed'exXcous | dvaxnaret 
TU To #Aiou pos Th Emmy vie y roy ei Taie Qariresoy 
dm" aùrhs. oJe où0e Cepeey, cdd Aaumper dQinréirey pos 
Gus , domtp hy tinos , téarVius 499 pires Quroy yeusme 
pvns. 

Relinquitur ergo Empedoclis fententiam efle ve- 
ram: nempè reflexione luminis folaris ad lunam, 
hic ab illà res illuminari. Undè fit, ut neque calidum, 
neque fplendidum ad nos lumen perveniat : quod futu- 
rum videbatur , fi inflammatio , & permixtio lumi- 
nis fieret, Plutarch, de facie in orbe lune, tom, 2, 
P- 929. E. 

Ta re ccm Veud'oDun no dm» To mAloy Qurite ai, 
Anaximandrum putaffe lunam falfo Iumine fucere, 


Q üj 


Lune illumi- 
née par le fo- 
leil ; vérité 
connue des 
Anciens, 


Raifons de 
croire la lune 
habitée, 


246 DE LA Lune. 


cette réflexion de la lumiere , qu’elle nous 
en arrivoit moins vive, & que c’étoit la rai- 
fon pour laquelle la chaleur de cette lumiere 
n'éroit point fenfible; ce que les expériences 
faites fur la réunion des rayons de dumiere 
de la lune , à l’aide du miroir ardent , ont 
confirmé depuis peu : car il n’a jamais été pof- 
fible, malgré toute la force des miroirs , de 
produire la moindre chaleur fenfible par la 
réunion de ces rayons. 

144. Toutes les obfervations des Mo- 
dernes tendent à nous perfuader que la lune 
a une atmofphere , quoiqu’extrèmement 
rate, Dans une éclipfe totale de foleil on 
remarque autour du difque de la lune une 
lueur claire & large , parallele à la circonfé- 
rence , & devenant plus rare à proportion 
qu’elle en eft plus éloignée ; ce qui ne peut 
ètre que l'effet d’un fluide comme l'air qui 


& à fole illuftrari. Diog. Laërt. in Anaximand. L, 2. 
Voyez aufli Laërt. in Zenon. lib. 7 , fe. 145. 
Vitruv. lib. 9 , c. 4. Plin. lib. 2, c. 9. Galen. de 
diebus decretoriis , lib. 3. Cicero in fomnio Scipionis. 


DE LA Lune. 247 


nous environne , & qui, à caufe de fa pe- 
fanteur & de fon élafticité , eft plus denfe en 
bas & plus raréfñié en haut. D'ailleurs on ob- 
ferve aifément, avec le télefcope, des parties 
plus élevées & plus éclairées les unes que les 
autres dans la lune, que l’on juge être des 
montagnes que l’on a mème trouvé le moyen 
de mefurer. On remarque aufli d’autres par- 
ties plus baffes & moins éclairées, formées 
par l'élévation de ces montagnes ; enfin on 
obferve d’autres parties qui , réfléchiffant 
moins de lumiere , & préfentant une furface 
toujours également unie , font jugées être 
de grands amas d’eaux : & de ce qu'il y a 
dans la lune de l’eau , une atmofphere , des 
montagnes, des vallées, on conclut qu’il doit 
y avoir de la pluie, de la neige , & tous les 
autres météores qui font la fuite naturelle de 
ces fuppofitions ; on en conclut aufli que les 
idées que nous avons de la fagefle de Dieu, 
veulent qu’il yait placé des êtres, quels qu’ils 
foient, qui puiflent habiter cette planete, 
afin que toutes ces chofes n’y foient pas en 
pure perte. 


Q iv 


Sagacité des 
Anciens dans 
Jeurs conjec- 
tures. 


Ils croyoient 
la pluralité 
des Mondes. 


Sentiment 
d’'Orphée fur 
la lune. 


248 DE La Luxe, 


145. Les Anciens, qui, dit-on, n’avoient. 
pas de télefcopes, fuppléoient au défaut de cet 
inftrument par une pénétration d’efpritextra- 
ordinaire ; ils avoient tiré toutes ces confc- 
quences avant les Modernes, fans avoir eu 
pour les aider tous les movens que nous 
avons de nous affermir dans nos conjeétures, 
& avoient découvert, avec les yeux de l’ef- 
prit, ce que les télefcopes nous ont fait voir 
depuis avec les yeux du corps. 

146. Nous voyons par quelques fragments 
de leurs écrits, qui nous ontété confervés, 
qu'ils faifñ{foient d'une maniere bien fublime 
& bien digne de la grandeur de Dieu, les 
vues de cet être fuprème fur la deftination 
des planetes , & de cette multitude d'étoiles 
placées dans les firmament ; nous avons déja 
vu qu'ils les regardoient comme autant de 
foleils , autour defquels des planetes, comme 
celles de notre fyftème folaire , faifoient 
leurs révolutions : ils alloient plus loin; ils 
foutenoient que ces planetes étoient habi- 
tées par des êtres dont ils ne défnifioient 
point la nature , mais qu'ils difoient ne le 


DE LA LUNE. 249 


céder ni en beauté ni en grandeur aux nôtres. 
Orphée eft l’auteur le plus ancien dont on 
nous ait confervé l'opinion fur ce fujet : 
Proclus , dans fon Commentaire fur Timée, 
rapporte (1) trois vers de cet ancien philo- 
fophe , dans lefquels il dit pofitivement que 
la lune étoir une rerre comme la nôtre qui avoit 
Jes montagnes , [es vallées , &cc. 

147. Pythagore , qui a fuivi Orphée dans 
plufieurs de fes opinions, a aufli enfeigné (2) 


(x) Micaro d Gnnm yaiay émaoglor, 4 Te cé 
Adardlor xn4Qovi  émipSavrr de re pen, 
H° zo0AN op ya, monN dseæ , mont pEAa eg. 
Struxit autem aliam terram immenfam , quam 
felenem 
Immortales vocant : Homines autem, lunam, 


Quæ multos montes habet, multas urbes, mulras 
domos. 


Proclus de Orpheo , lib. 4, in Timaum, p.154, 
lin, 6; 283, lin, 11 ; @ lib. $ , p. 292, lin. 14. 
: / / , A / ni \ 
(2) Of HuSuyopeior yen d'y Quint ray eau, dit Te 
DéepuxEi Te rar , KUTUMEp Th map Mu YA, piQort 
déois, 1 Quiois nano, sivet D mrelexaid examrariont Ta 
&a airs ha 7ÿ dau, Pythagorici lunam ideo ter- 
Feam apparere exiftimant , quod ipfa , ficuti tellus 


Opinion de 
Pythagore , 


2$0 DE LA Luxe. 


que la lune étoit une terre femblable à lanôtre, 
habitée par des animaux , dont il ne détermi- 
noit point la nature , quoiqu'il crüt qu'ils 
étoient plus grands & plus beaux que ceux 
qui habitent notre globe, & qu'il ne les ima- 
ginat pas fujets aux mêmes infirmités. C’eft 
aufli le fentiment que Cicéron a attribué à 
Démocrite , dont, voulant expliquer Popi- 
nion , 1l dit que fuivant fon fyflème , Quin- 


à nobis incolitur , ab animalibus majoribus , plan- 
tifque pulchrioribus circumhabitetur. Quindecim 
nempè vicibus animalia, quæ in illà funt, vi noftris 
præftare, nihilque fuperflui, vel excrementi emit- 
tere. Plutarch. de Placit. Philof. Lib. 2 ,; c. 230. 
Cicer. Acad. Quæft. lib. 4, p. 984, col. 1. 

Vid. & Platonis Timaum , p. 42, lin, 39 ,t. 3... 
Chalcidium in Timaum, feët. 198 , p. 350... Macro- 
bium in fomnium Scipion, lib. 1, c. 11. Platon. in 
Phedro , p.146 , 247... Ariflor. de cœlo , lib. 2, 
c. 13,6 ibi Simplicium….. Procli in Timaum , p.11, 
260, 324 & 348. Lucian, p. 377, 381, de ver. hift. 
pars. 1. Laëtant. inffitut, divin. lib. 3, c. 22. De Xe- 
nophane & Stoïcis. -- Athenaus , lib. 2 , p. 57. F. 
Achil, Tatius in Aratum. -- Ariflotel, de motu animal, 
C. 43 Pe 703 ; Lin. 4, tOM, I. 


DE LA Lune. 251 


tus Luctatius Catulus, par exemple, pouvoit 
être multiplié à l'infini dans l'infinité des 
Mondes. 

148. Il me feroit facile de multiplier ici 
les citations par une foule de paflages , qui 
feroient voir que cette opinion étoit fort com- 
mune parmi les anciens philofophes ; mais 
je me contenterai de renvoyer aux fources 
indiquées ci-deflous (1) : je ne veux cepen- 
dant pas omettre de rapporter un paflage de 
Stobée (2) bien remarquable, dans lequel il 


(1) Avabarsopus Eneye rh de reAmmy oixnres bye, dAAX 
&) DoQus , 1 Qéeyyyas. Anaxagoras diccbat Iunam 
habitacula in fe habere , & colles, & valles. Sro- 
bœus Eclog. Phyf. lib. 1, p. 59. Edit. Genev. 1609. 
fol. Suidas in voce époroephe, ... Diog, Laërt. lib. 2, 
Jea. 8. 

Vid. Platonem in apolosiä Socratis, Edit. Henrici 
Stephani 1578, 3 vol. fol. p.26 , tom. 1. 

Habitari ait Xenophanes in lunà , eamque efle 
terram multarum Urbium & Montium. Cicero, Aca- 
demic. Quaflion, lib. 2, p. 31. Edit. Rob. Steph. 
Panif. 1573. 

(1) Aumereslos émooxiarpa 71% dUmnav tv durÿ pepa, 


dreryun À éorn Guen xd vémus. Democritus umbram fu- 


& de plu- 
fieurs autres 
philofophes 
de l'antiqui- 
té, 


252 DE LA Lune, 


expofe l'opinion de Démocrite fur la nature 
de la lune & la caufe des taches que nous 
voyons fur le difque de cette planete. 

149. Ce grand philofophe imaginoit que 
ces taches n'étoient autre chofe que des ombres 


danslalune. formées par la hauteur exceflive des montagnes 


qu’il croyoit être dans la lune , & qui, inter- 
ceprant le paffage de la lumiere dans les par- 
ties moins élevées de cette planete, ou les 
vallées , formoient ces ombres ou ces taches 
que nous obfervons. Plutarque alla encore 
plus loin , & conjeétura que la lune devoit 
avoir en fon fein des mers & des cavernes 
profondes (1) ; il appuyoit fes conjectures 
fur les mêmes fondements qui foutiennent 


blimiorum ejus partium , quandoquidem valles, & 
montes habeat. Stobæus , Eclos. Phyf. lib. 1, p. 60, 
lin. 46. 

Vid. Origen. Philof. c. 13.... Ælian. Var. Hift. 
lib. 4, c. 29. Menagium ad Laërt. lib, 9 , feit. 44. 
Et Plutarch. de facie in orbe lunæ , p. 930, lin. 32. 
dicit [unam multas habere inæqualirates, afperitates 
multas. 

(1) Dicit enim eam quæ vocatur facies, fimulacra 


DE LA Luxe. 253 


celles des Modernes, & il difoit que les 
grandes ombres que lon appercoit fur le 
difque de cette planete, étoient caufées par 
de vafles mers qui ne pouvoient pas réfléchir 
une lumiere aufli vive que les autres parties 
plus opaques de cette planete ; ox par des 
cavernes extrémement étendues & profondes , 
dans lefquelles les rayons du foleil étoient ab- 
Jorbés ; ce qui devoit occafionner ces ombres 
ou obfcurités que nous appellons les taches 
de la lune (1); & Xenophanes difoit que ces 
cavernes immenfes étoient habitées par un 
autre genre d'hommes qui y vivoient de la 


effe & imagines magni maris in lunà apparentes, 
Plutarch. de facie in orbe luna , p. 920.F. 

(1) Quôd ad faciem attinet in lunà apparentem, 
ficut noftra terra finus habet quofdam magnos , ita 
cenfemus lunam quoque profunditatibus & rupturis 
magnis efle apertam , aquam aut aërem caliginofum 
continentibus. dem 1bid. p. 935$. C. Dixit Xenopha- 
nes intra concavum lunæ finum , efle aliam terram ; 
& ibi aliud genus hominum. Simili modo vivere, quo 
nos in hâc cerrà vivimus. Laétanr. lib. 3 infltur, 
divin, ©, 22. 


Queftion 
fur la lune, 
agitée par 
Plutarque. 


254 DE LA LUNE. 


même maniere que nous vivons fur cette 
terre. 

150. Il paroït par un endroit de Plu- 
tarque (1) que l’on agitoit déja de fon 
temps Ja queftion de favoir sil y avoit 
dans la lune des exhalaifons ou des vapeurs 
qui s’élevaffent au-deflus de fa furface, & y 
occafionnaflent de la pluie & d’autres mé- 
téores ; 1] penchoït lui même pour ceux qui 
foutenoient la négative, & croyoit que la 
lune devoit être tellement échauffée par la 
conftante demeure des rayons du foleil fur fa 


\ r 22 / f . 
(1) Mn Bpexoméms ris ces & cadem pag. lin. 6. 
] n » re ; > LA r G f 
H'7ov TOS il TS cEAMYS cix0s € d'od ire Éeperus UTOUE= 
LA CES. \ 2 "es? ! / 3 
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An credibile eft, eos, qui in lunä funt, quet- 


DE LA LuNE. 255 


furface , qu’il n’étoit pas poflible que toute 
l'humidité n’en für féchée, & qu'il püt y 
avoir encore de quoi fournir matiere à de 
nouvelles vapeurs : il en concluoit qu'il n'y 
avoit ni nuages, ni pluies, ni vents, par 
conféquent point de plantes ou d'animaux , 
& cette raifon eft encore la mème qui eft al- 
léguée par ceux des Modernes qui veulent 
s’oppofer à lopinion que la lune foit habi- 
tée : au lieu que la feule conféquence né- 
ceflaire que l’on devroit tirer de ces difhicul- 
tés, feroit que les êtres qui habiteroient 
cette planete devroient être différents de 


annis duodecim perferre poffe folftitia fingulis men- 
fibus , fole in plenilunio fupra capita eorum infiften- 
te? Jam flatus , nubes , imbrefque ( fine quibus 
neque nafci, neque natæ durare poflunt plantæ) ibi 
coïre , ne cogitari quidem poteft , in tanto calore, 
tant tenuitate ambientis, quando ne apud nos qui- 
dem altorum montium vertices feris iftis adverfifque 
tanguntur tempeftatibus : fed aër ibi jam tenuis, 
motuque ob levitatem fuo præditus , coitionem 
iftam, & denfationem effugit. Plutarch, tom. 2, 
P. 938. C. 


256 DE LA Luxe. 


ceux qui habitent la nôtre, & accommodés, 
pat leur conftirution , à la différence du cli- 
mat, & de la nature des planetes qu’ils ha- 
biteroient. Quoi qu’il en foit, il paroït par 
ce paffage que cette opinion avoit déja, du 
temps de Plutarque , fes partifans qui n’e- 
toient pas moins féconds que nous en con- 
jeétures pour la foutenir ; mais il eft indiffé- 
rent qu’elle füt défendue ou combattue par ce 
philofophe , pourvu qu'il foit évident qu’elle 
ait été connue alors. 


CHAPITRE 


CHA PTT RE XI V. 


De l’Ether ; de l'Air ; de [a pefanteur & de 
fon élaflicité, 


Te L:s Modernes entendent par l’éther 
un fluide très rare, ou un fluide au-deffus 
de l’atmofphere, & qui le pénetre ; infini- 
ment plus fubtil que l'air que nous refpi- 
rons ; d’une étendue immenfe , dans la- 
quelle les corps céleftes font portés ; qui rem- 
plit tous les efpaces où ils font leur cours, & 
fe laifle traverfer fans aucune réfiftance fen- 
fible. L’exiftence d’un tel fluide eft générale- 
ment reconnue, quoique plufieurs auteurs, 
parmi les modernes mêmes , different fur fa 
nature. Les uns le fuppofent être une forte 
d’air plus pur que celui qui environne notre 
globe: d’autres foutiennent , avec M. Hom- 
berg , que c’eft une fubftance d’une nature 
approchante de celle du feu, qui émane du 
foleil & de toutes les autres étoiles fixes : 


d’autres enfin en font un fluide d’une na- 
Tome L. R 


Sentiment 
des Modernes 
fur l’éther, 


Les Anciens 
en ont eu la 
même idée. 


Opinion des 
Stoïciense 


28 TOME, L'ÉT HER S 


ture particuliere , fui generis , dont toutes 
les parties font d’une petitefle qui excede 
même celle de la lumiere ; & ils difent que 
cette exceflive petitelle de fes parties peut 
contribuer à la grandeur de la force par la- 
quelle ces parties peuvent tendre à s'éloigner 
les unes des autres, & contribuer à produire 
cette force de preflion & d’écartement, qui 
eft, felon eux, la caufe de la plupart des 
phénomenes qui arrivent dans la Nature, & 
qui, par la fubtilité extrème de fes parties, 
pénetre intimement tous les corps : ce der- 
nier fentiment eft celui de M. Newton, de 
Locke, & de leurs fectateurs. 

152. Quel que foit celui de ces fen- 
timents que l’on adopte fur l’exiftence & 
la nature de l’éther , on en trouvera l’ori- 
gine dans ce que les Anciens ont dit fur ce 
fujet. 

153. Les Stoïciens, premiérement, en- 
feignoient qu'il y avoit ur feu fubril & 
a@if , répandu par - tout lunivers , dont 
toutes les parties étoient produites , foure- 


DE ME PAITR cc ‘652 


nues , confervées enfemble par la force de 
cette fubftance éthérée (1), qui embrafloit 


(1) Reftat ultimus, & à domiciliis noftris altifi- 
mus , omnia cingens , & coërcens cœli complexus, 
qui idem æther vocatur , extrema ora , & determi- 
natio Mundi : in quo cum admirabilitate maximä 
igneæ formæ curfus ordinatos definiunt. Cicero de 
Natur& Deorum , lib. 1 , fe. 146 , p. 215. 

Et pag. 1214, feët. 132. Hunc ( aërem) rursus 
ample@itur immenfus æther , qui conftat ex altiffi- 
mis ignibus. 

Et pag. 118 , fe. 175. Quem complexa fumma 
pars cœli, quæ æthra dicitur, & fuum retinet ardoe 
rem tenuem , & nullà admixtione concretum , & 
cum aëris extremitate conjungitur. In æthere autem 
aftra volvuntur , quæ fe, & nixu fuo globata conti- 
nent, & formà ipfa figuräque fua momenta fuften- 
tant. Sunt enim rotunda, quibus formis, ut antè 
dixifle videor , minimè noceri poteft : funt autem 
ftellæ naturà flammezx : quocirca terræ, maris, aqua- 
rum vaporibus aluntur his , qui à fole ex agris tepe- 
faûis , & ex aquis excitantur , quibus altæ , reno- 
vatæque ftellæ , atque omnis æther refundunt eadem, 
& rurfum trahunt indidem , nihil ut ferè intereat , 
aut admodum paulum , quod Aftrorum ignis, & 
ætherjs flamma confumat, 


R ij 


De Pytha- 
gore & d’A- 
naxagore. 


266 ., NE, IL'IEXT EtKS 


tous les cieux, dans laquelle les corps cé- 
leftes accomplifoient leurs révolutions, & à 
laquelle ils donnoient le nom d’éther. 

154. Ariftote , expliquant le fentiment 
de Pythagore fur lécher , l'attribue aufli à 
ÂAnaxagore (1), & dit qu'il croyoit que les 
cfpaces les plus reculés du Monde étoient 


(1) © À Acyepluos aidyp, manu AnQE Th me gr1- 
yopiar , Wv AvaËay00xs puiv rd zupi TaToy yhra ar pro 
d'oxti crues. Nam quem vocamus æthera, antiquam 
fibi adoptavit appellationem , quam Anaxagoras 
idem , quod ignis vocabulum fignificare putafle 
mihi videtur. Ariflor. tom. 1. Meteor. lib. 1 , c. 3, 
p. s30. En effet, c’eft un mot chaldéen d’origine, 
qui fignifie /e feu. 

Vide etiam Ariflot. de Mundo. 

Lucretium , lib, $ , v. 499 , co, sort. 

Tére D do mAmgy æupes tas, xémehos Thy txEt Ov 
en, Tex nadeiy tvopure" Toro piev épdds VOITAS. Quippè 
qui & fuperas Mundi partes igne plenasefle, & vim, 
quæ inibi effet , æthera vocare cenfuit : quod quidem 
adprobè fecit : (& paulo poff ; ) quod enim fupero in 
loco confiftit, & ad lunæ globum ufque porrigitur 
corpus effe diverfum ab igne, & aëre dicimus. Arifl 
Meteor., lib, 1 , €. 3. 


DEanmA ar. ec 261 


remplis d’une fubftance échérée, que les phi- 
lofophes de fon temps appelloient éther, & 
laquelle Anaxagore paroifloit avoir conçu 
être un feu fubuil & actif ; & le mème Arif- 
tote, dans un autre endroit, entend par 
éther un cinquieme élément pur & inaltérable, 
principe aélif & vivifiant dans la Nature, 
différent de l'air & du feu. 

155. Pythagore , fuivant Diogene de 
Laërce (1) & Hiérocles, difoit que l’air qui 
environne notre terre étoit impur , hétéro- 
gene, mais que l'air qui étoit au-deffus étoit 
pur , fain & homogene ; &il l'appelloit léñer 
libre , dégagé de toute matiere [enfible ou ma- 
tiere célefle, aui pénetre librement les pores 
de tous les corps ; comme celle dont les 
Newtoniens rempliffent les efpaces parcou- 
rus par les aftres qui les traverfent fans 
réfiftance fenfible. Et Empédocles , l’un des 
plus célebres difciples de Pythagore, eit cité 


(1) Diogen. Laëre. lib. 8, fe. 26 , 27. 
Hierocles in aurea carmina, p. 229. Edit, Cantabr. 


1709 , in-8, 


" 


R iij 


Sentiment 
de Pythagore 
expofé par 
Hiérocles, 


Sentiment 
de Platon. 


262 DE. L'ETKHER; 


par Plutarque & faint Clément d'Alexandrie 
comme admettant une fubftance éthérée , 
qui rempliffoit tous les efpaces, & conte- 
noit en foi tous les corps de l'univers, & 
qu’il appelloit aufli du nom de Titan & de 
Jupiter (1). 

156. Platon , parlant de lair dans fon 
Timée , le diftingue en deux efpeces ; l’un 
groflier & rempli de vapeurs (2), qui eft 
celui que nous refpirons ; & l’autre plus [ub- 


(x) Tèié 7e, % mores monvxiuar, HO drypes dp, 
Tiré , 10° dump, cprylor mp xixno araile. 
Tellus, atque mare exundans , atque humidus 
aens 
Titan , atque æther, qui cunéta adftringit in 
orbem. 


De athere omnia continente 6 confiringente Em- 
pedoclis, Clem. Alex. lib. $. spou : pag. $7o. 

Plutarch, de Placitis Philof. lib. 2, c. 13. 

Galen. Hifi. Philof. c. 13..,.. Stobaus , Eclog. 
Phyfic. lb. , p.53, 4 

Eujeb. Præparat, Evang. cap. 30. 

(2) Es ro éveyésulor imixam ap nadoluers. AËris 
limpidiffima fan@iffimaque pars æther nuncupatur. 
Plato, in Timao , p. 58. 


DA EUET PAUTUR LC, Vos 


til , appellé l’éther ; dans lequel les corps cé- 
lefles font plongés (1) , & où ils accompliffent 
leurs révolutions. 

157. La nature de l'air n’étoit pas moins 
connue des Anciens que celle de l’éther ; ils 
le regardoient comme un men/fruum général, 
contenant toutes les parties volatiles de tous 
les êtres de la Nature , lefquelles étant 
agitées & différemment combinées dans fon 
fein , produifoient cette variété de fermen- 
tations , de météores , de tempêtes, & tous 
les autres effets que nous obfervons. Ils con- 
noifloient fa pefanteur , quoiqu'ils nous 
aient tranfmis peu d'expériences là-deflus. 
Ariftote (2) paroït n'avoir pas ignoré cette 


a \ — o Æ 

(1) Adrm dé 7 ya naSupay ty xuSapn «a Ta 

» æ NT AE Var à di >Q/ > / \ 
degra , iv Dai ist Tu dsex , vw Qu uidteg ovquaCe rois 


monnois À me Tu rule tiuYorey Aéyuv, EC. Ipfam 


Nature de 
l'air, fa pe- 
fanteur , {on 
reflort & [on 
élafticité ; fu- 
fils à vent; 
nature & pro= 
priétés du 
feu. 


vero terram puram in puro fitam efle cœlo , in quo 


quidem funt aftra , & quod eorum quamplurimi, 
qui his de rebus verba facere folent , ætherem nun- 
cupant. Plato in Phadone ejus , p. 109. 

(2). Er à dure D xépe male Laggs Eu, ma 
AUS | 494 0 Mg œmpéior DE Cri EAuG mAcior à miépurnpiées 


R iv 


262- . De Et ENT H ER 

qualité de l'air ; il parle d’une veflie remplie 
d’air , qui pefoit davantage qu’une veffie vuide 
d’air : Plutarque & Stobée le cirent, comme 
ayant enfeigné que l'air cenoit un milieu 
entre la terre & le feu , quant à [a pefanteur ; 
& ce mème Philofophe, traitant de la refpi- 
ration, rapporte l'opinion d’'Empédocles qui 
en attribuoit la caufe au poids de l'air , le- 
quel , par fa preffion , s’infinuoit avec force 
dans les poumons. Plutarque parle aufli dans 
les mêmes termes du fentiment d'Afclépiades 


éruis , To xe03. In fuà enim regione omnia gravita- 
tem habent , præter ignem , & aër ipfe : fignum au- 
tem eft , utrem inflatum plus ponderis, quam va- 
cuum habere, Ariflot. de cœlo , lib. 4 ,c.1,p.490, 
tom. 1. Vid. & Stobaum Eclog. Phyf. p. 31, lin. 28. 
Plutarch. de Placit. lib. 1, c. 12.-- Ana@ péy apyet 
Eggs 070 ouh miour tri Tphuala mu. Sed ipfam 
aëris ingrefli per denfa foramina moles arcet, &c. 
Empedocles citat. ab Ariffotel. in lib. de refpiratione, 
C. 7. — Ipes roro Z@Y To Urw UMOLEVOY Bapirile rod 
euros (Gps) élertirQéperer. Plutarch. de Placie. lib, 4, 
c. 22.-- Galen. Hiflor. Philof. de Refpir. aëris ingre- 
dientis Ponderi cedens. -- » Pour les fufils à vent, 
» voyez Philon de Byzance ir Veter, Mathemat, p. 77. 


DPPENME PE TRS OC. Es 


touchant la refpiration , & lui fait dire entre 
autres chofes, que l'air extérieur eft porté 
avec force dans la poitrine par fa pefanteur. X] 
nous refte un Traité d'Héron d'Alexandrie, 
intitulé Spiritalia ; dans lequel il applique 
fans cefle l'élafticité de Pair à produire les 
effets les plus propres à nous convaincre 
qu'il la connoifloit parfaitement; &, ce qui 
paroitra encore plus furprenant, c’eft que 
Créfibius avoit, fur ce principe de l’élaflicité 
de l'air ; imaginé les fufils à vent que nous 
regardons comme une invention moderne. 
Philon de Byzance nous donne la defcrip- 
tion la plus exacte & la plus détaillée de 
cette curieufe machine , qui étoit fondée fur 
la propriété que l'air a de fe condenfer , & 
dont la conftruétion étoit telle , que la force : 
de cet élément étoit ménagée & appliquée de 
maniere à pouvoir lancer des pierres à une 
grande diftance, Il paroït aufli que Séneque 
avoit eu connoiffance de la pefanteur de cet 
élément , de fon reffort & de fon élafticité ; 
car il décrit Les efforts que l'air fait conftam- 
ment pour s'étendre lorfqu’il eft refferré ; &il 


Nature du 
feu. 


266 DE ,L'ETHE RS 

dit qu’il a la propriété de fe condenfer & de fe 
faire jour à travers les obflacles qui s’oppofent 
à fon paffage (1). 

Les fentiments le plus généralement reçus 
fur la nature du feu & fur fes propriétés, fe 
trouvent encore clairement expofés dans Pla- 
ton, Stobée , Ariftore & Lucrece. Le pre- 
mier dit que le feu naït du mouvement, & 
qu'il eft l'effet de l'agitation & de la friion 
des petites parties des corps (2), Ariftote 


(1) Ex his gravitatem aëris fieri, deindè folvi 
impetu , cum quæ denfa fteterant, ut eft neceffe , 
extenuata nituntur in ampliorem locum. ... Habet 
ergo aliquam vim talem aër , & ideo modo fpiffatfe, 
mod expandit, & purgat : alias contrahit , alias 
diducit , ac differt, Senec. Quaflion. Natural, lib. s, 
ds 06: 

(2) To Dà Ceppror re 409 mp o d'n 4gÿ TERRE VENË #4 
imiregmiue , éuro yenäre êx Qopäs 2 rpiViws. roïro dt 
2VYTiS, 4 vx, Gurer yeious æuges 3 Motum nimirum efh- 
cere ut illud quod efle & fieri videatur , fit & fiat; 
quicrem verd , ut res minimé exiflant , id eft, inte- 
reant. Calidum enim & ignis qui alia quidem & ge- 
nerat & fummo imperio adminiftrat, ipfe generatur ex 
latione & attritione: illud autem nihil aliud eit quam 


D'E VELUX TR éc. ! 267 
parle de quelques philofophes de fon temps 


qui enfeignoient que la flamme n’étoit autre 
chofe que ces corpufcules dans un mouve- 
ment très rapide , qui fe fuccédoient conti- 
nuellement ïes uns aux autres ; que le feu 
éroit compofé de petits corps de figure pyra- 
midale , dont les angles étant tranchants, 
nous piquoient en entrant dans nos pores, 
& fondoient les métaux en s’infinuant en 
eux. Ce que Defcartes a répété après lui (1). 


motus ; nonne hoc eft generandi ignis principium ? 
Platon. tom. 1 ,p. 153. A. in Thæeter. Vid. & Sto- 
baum , Eclog. Phyf. p. 43. 

Quelques Chymiftes modernes prétendent rendre 
raifon de la continuité de la flamme , en difant que 
c'eft à l’eau même , ou à l'humidité qui s'échappe 
des corps en combuftion , qu'’eft dû ce phénomene: 
mais fi c’eft une humidité qui eft le véhicule des par- 
ticules ignées, elle peut aufli bien, & peut-être plutôt, 
venir de l’air. Ainfi ce fentiment n’eft encore qu’une 
opinion qui d’ailleurs ne dit rien de plus que le fen- 
timent que préfente Ariftote, 


(1) Ariflor. tom. 1 , de cœlo, lib. 3, c. 8, p. 480, 
lin. 10, 483. D. 484. A 


263 DELETHER; DE L'AIR, &c. 


Démonax a dir que le feu pefoit (1) ; Lucrece 
lui attribue cette propriété, & dir que fi le 
feu paroït tendre toujours à s'élever , c'eft 
qu'il y eft contraint par une caufe étrangere, 
& que la preflion de l'air, qui réfifte au 
poids de la flamme, eft ce qui le fait mon- 
ter (2). 


(1) Luciant Demonax , p. $53. C. D. 
(2) Sic igitur debent fammæ quoque pofie per auras 
Aëris expreflæ furfüum fuccedere, quanquam 
Pondera, quantum in fe eft, deorfum deducere 


pugnent. 


Lucretius , lib. 2, v, 183 ufque ad 103. 


SR 


Ch PARSE -R-E,:.X.V. 


Du Tonnerre & des tremblements de terre ; de 
la vertu magnétique ; du fiux & reflux ; de 
la Jource des Fleuves. 


158. JE palfe à quelques articles de phyfique 
particuliere, fur lefquels je tâcherai de faire 
voir en peu de mots la conformité des idées 
des Anciens avec celles de quelques-uns de 
nos plus célebres Philofophes. II femble que 
les caufes du tonnerre , des tremblements de 
terre , de la force attractive dans la pierre 
d’aimant, du flux & reflux des eaux de la 
mer, & du retour des fleuves à leur fource, 
n'aient pas été cachées aux premiers ; & ce 
p'a pas été leur faute fi on n’a pas adopté les 
fentiments qu'ils ont enfeignés de bonne 
heure fur ces matieres, & fi l’on n’y eft re- 
venu que long-remps après. On ne doit pas 
leur objeéter la-deffus qu'il y avoit tant de 
différentes opinions parmi eux fur chacun de 
ces points, qu'il eût été difficile de favoir à 
laquelle fe tenir, à moins que l’on ne con- 
vienne aufli que la même objection peut fe 


La diverfité 
des opinions 
parmi les An- 
ciens n’eft pas 
un fujet de rϾ 
proche. 


Différentes 
opinions des 
Modernes fur 
la caufe du 
tonnerre. 


270 Du TonNNERRE., 


faire avec autant de raifon fur la diverfité 
d'opinions qui regne également parmi nous 
dans plufieurs queftions. I1 n’y a pas long- 
temps qu'il y avoit deux ou trois fentiments 
oppofés à celui de M. Newton fur les cou- 
leurs ; mais cela n’a pas empèché que fon 
fyftème n'ait triomphé , & qu’il n’ait la gloire 
d’avoir propofé ce que nous connoiffons de 
plus folide là-deffus. Nous devons juger avec 
la même impartialité des vérités que nous 
trouvons répandues dans les écrits des An- 
ciens ; & un petit nombre d’erreurs avancées 
par quelques - uns , ne doit pas nuire à 
l'établiffement des vérités enfeignées par les 
autres. 

159. On eft partagé entre deux opinions 
parmi les Modernes fur la caufe du tonnerre: 
l’une , qu'il eft produit par une exhalaifon 
enflammée, qui fait des efforts pour fortir de 
la nuée où elle eft enfermée ; & l’autre, que 
le tonnerre eft occafionné par le choc de deux 
nuées , dont l’une venant à fe condenfer & 
fe précipiter fur une autre nuée inférieure , 
fait une preflion confidérable fur l'air qui eft 


Du ToNNERRE. 271 


entre les deux, lequel , trouvant alors de 
l’obftacle à fon paffage, fe dilate avec force, 
*& produit un bruit éclatant par le choc de 
l'air extérieur. Cette derniere explication eft 
de Defcartes, & a trouvé moins de parti- 
fans. La premiere & la plus fuivie eft celle 
des Newtoniens. Je ne m’arrête point ici fur 
une troifieme de M. Franklin, par laquelle 
on fait voir que la matiere qui produit le ton- 
nerre pourroit bien être la même que celle 
qui eft la caufe de Péleétricité , parcequ’elle 
eft encore conteftée , quoiqu’elle foit la plus 
vraifemblable , & qu’elle ait l'avantage fur 
les autres d’être appuyée fur des expériences 
très ingénicufes ; & fi d’ailleurs elle eft, 
comme je le penfe, la mieux fondée, elle 
fera confidérée à la fin de ce chapitre. 

160. Ainfi de ces deux fentiments des 
Anciens , que les deux célebres Modernes 
ont adoptés , l'explication de Defcartes ap- 
partient entiérement à Ariftote , lequel , cité 
par Plutarque (1), dit que /e tonnerre eff 


(1) Aearortays , 16 drtumudoras x) Ta roule yiveey 


Sentiment 
d’Ariftote & 
d’Anaxagore, 
le même que 
celui de Def- 
cartes. 


272 Du ToNNERRE. 


caufe par une exhalaifon feèche , qui, ve- 
nant à fe précipiter fur une nuée humide , 
cherche avec violence à s’ouvrir un paffage ; & 
produit par cet effet un bruit éclatant. Anaxa- 
gore rapporte l'effet du tonnerre à la même 
caufe. 


Autresopi- 161. Tous les autres pañlages , qui fe 
ne trouvent en foule chez les Anciens , fur la 
ccns caufe de la formation du tonnerre, contien- 

tiennent clairement les mêmes raifons allé- 
guces par les Newroniens , & quelquefois 
réuniflent les deux fentiments qui partagent 
les Modernes. , 

Leucippeæ 162. Leucippe & route la Sete Eléatique 
Démocite.  difoient que le connerre étoit produit par unè 


Th Enpas. cru oùr évléyn patv 79 dypà, maogéidQyres O* rh 
CT Tr pr maçglpie 2 Ti prés roy doper rs Por 
Ts yes , Th de téuÿe vas Empornlos | Th ésegrw. 
Ariftoteles ifta quoque ex aridà exhalatione fieri 
exiftimavit. Itaque quum arida exhalatio in humi- 
dam exhalationem inciderit , fibique violenter exi- 
tum quærit, attritu quidem , ac difciflione nubis, 
tonitru fragor efficitur. Plur. de Plac. lib. 3 , c. 3... 
Laëre, lib, 2, fefl. 9, origines in Anaxag. 


exhalaifon 


Du TONNERRE. 473 


exhalaifon enflammée , qui ; renfermée dans 
la nuée , faifoit un effort violent pour en for- 
tir (1). Démocrite dit que le tonnerre étroit 
l'effet d’un mélange de diverfes parties vola- 
tiles qui précipitoient en bas la nuée qui les 
contenoit, & par ce mouvement violent les 
faifoit enflammer. 

163. Séneque l’attribuoit à une exhalaifon 
feche & fulphureufe qui s’élevoit de la terre, 
& qu'il appelle l’aliment de la foudre, le- 
quel, venant à fe fubuilifer & à s’échauff:r en 


1 \ \ 2 / 2 a 
(1) Aymoxerros | Regrrns pe éx uyxpesoiles you ou 
\ [4 \ ‘£ \ re 
TO GEehiAyDes aÜTO VEPos TPS TN XAT& Dopay ixbiaGopers. 
ayyoy dE | OTuy éx x ŸafuTEpa j Aenlaréoos , êee 
HEDOUVOY QE , OTOV Ex HU TUPOTEPAY , Kg ACHIATEPAY , ea 
/ \ ù ! me 2 \ G L 
AGTEQOY TE, H4 HURVAHANOY | YAYYTIMOY TOU UPS n Porx 


Lorie 


Leucippus ignem denfiffimis nubibus interceptum 
violenter excidentem tonitru credit efficere. Demo- 
critus tonitru quidem inæqualem mixtionem , quæ 
nubem , quà continetur , deorfüum protrudat. . ... 
Fulmen autem motum violentum puriorum , atque 
æquabiliorum ignis efhcientium. Srobaus , p. 64, 
65. 

Tome I. S 


Opinion de 
Séneque. 


Sentiment 
des Stoïciens. 


274 Du TONNERRE. 


l'air, produifoit enfuite une éruption vio- 
lente (1). 

164. Les Stoïciens diftinguoient deux 
chofes dans le tonnerre, l’effet du tonnerre 
même , ou la foudre, & le bruit qu'ils appel- 
loient proprement le tonnerre (2) ; Ze ron- 
nerre étoit ; felon eux , occafionné par le choc 


(1) E terrà pars ficca, & fumida efflatur, ful- 
minibus alimentum in aëre; fi attenuatur , fimul 
ficcatur , & calet, & modd univerfam eruptionem 
facit. Seneca , Quaft. Natural. lib. 2 , c. 54. 

(2) Xpérimmos dcparu | the Div ixlesGouerar | à 
prunes àmo mupalos | Poor de eives roy roûray ÿoper. 
Œua ps yiynQe , jus dt oùx aqua aidawar dix Ta 
Tûs duos élvrtegy eve ru cexeis. oruy d° y ro mueupales 
Pope cpodpariex yevire 1 mupéd ys , KEÇyuVOY GMT Ta, 

Chryfippus fulgur quidem nubium extritarum , 
vel fpiritu raptarum inflammationem ponebat , to- 
nitru autem fonitum : quæ quamvis fimul fiant, non 
tamen fimul à nobis fentir:, quod auditu fit vifus 
acutior , cüm porro fpiritus violentior atque igneus 
extiterit , fulmen gigni. Stobæus , Eclog. Phyf. 
Ub.1, p. 66. 

Voy. auffi Diog, Laërt, liv, 7, feéf, 154, Zeno. 


Du TONNERRE. 275 
des nues ; & la foudre étoit l’inflammation 
des parties volariles contenues dans les nues, 
& laquelle étoit occafionnée par le choc : & 
Chryfppe enfeignoit que l'éclair étoit pro- 
duit par l’inflammation des nuées qui, em- 
portées par les vents , venoient à fe choquer; 
& que le tonnerre étoit le bruit qu’elles fai- 
foient en fe rencontrant : il ajoutoit que, 
quoique ces deux effets fuffent fimultanées, 
nous appercevions l'éclair avant d'entendre 
le bruit, parceque la vue eft plus prompte 
que l’ouie (1). 

165. Enfin Ariftophane, dans fa coméaie 
des nuées , introduit Socrate fatisfaifanc la 
curiofité d’un de fes difciples fur Le caufe du 
tonnerre ; & lui difant qu’elle confiftoit dans 
l'air renfermé dans une nuée , lequel, venant 
à fe dilater , la rompoit avec effort , & , cho- 


(1) Où Zroixor Eporrhv Fe GU'/HpaUT 420) Pay , dSCSTUY 
à cha ix mapyrpiVens, Stoïci tonitru quidem opi- 
nantut efle collifionem nubium , fulgur verd accen- 
fionem ex attritu genitam. Plurarch. de Placir. 
Philof, lib. 3 , c. 3. Diogen. lib, 7 , p.154. 

Si 


Opinion de 
Socrate, cité 
par Arifto- 
phane. 


Aurote bo- 
ttale. 


276 Du TONNERRE. 


quant avec violence l'air extérieur ; s’enflams 
moit & produifoit un grand bruit en fortant (1). 

L’aurore boréale a été aufli obfervée par les 
Anciens, qui en ont expliqué différemment 
la caufe; & je ne fais fi celle qu'ils allé- 

ur ue 

guoient n'étoit pas aufli probable que celles 
qu'ont derniérement produite quelques ha- 
biles phyficiens de nos jours (2). 


(1) Orer us adras dreuos Enprs pileondeus xalaxnucd7 , 
Edo , airus Gp xç1y Qure xamu0" 0m ava[xys 
Préas aùrus kw Qeéra cobugoy , dix Tu muxrorrle, 
Y'70 rod porto w , # TAs pus à ares Eavroy xulurnier. 
Quando ventus ficcus in ipfas fubve@us , ibique 
Inclufus fuerit 3 tunc ipfas, ceu veficam, inflat: 
& actus 

Vi nubem perrumpit : & extra violento cum 
impete fertur , 

Propter craflitiem , atque à ftridore, & vi fefe- 
met adurit. 

Ariflophan. in nubibus , aët. 1, fc. 4, p 755. 

(2) Encyclopédie , tom. 1, p. 884. Mairan, 
Traité de l'aurore boréale, fuite des Mémoires de 
l'Académie des Sciences, année 1731, p. 137 & feq. -- 
Arifiotel, -- Meteor. lib. 1, c. 4 & 5. -- Plin. Hifi. 
Natur, lib. 2, c. 26. Senec, Queft. Natur, lib. x, 
Cire 


DEs TREMBLEMENTS 277 


166. Il n’y a qu’une opinion fur la caufe 
des tremblements de terre , laquelle mérite 
d’être confidérée ; c’eft celle qui eftalléguée 
par les Cartéfiens, les Newtoniens, & tous 
les habiles phyfciens (1). Ils l'attribuent à ce 
que la terre renferme en fon fein des caver- 
nes d’une étendue confidérable , qui font 
quelquefois remplies d’épaiffes exhalaïfons , 
femblables à la fumée d’une chandelle qu’on 
vient d’éteindre, laquelle eft facile à s’en- 
flammer ; & qui venant en effet à s’agiter & à 
prendre feu, échauffent l’air concentré & con- 
denfé dans cette caverne , & le dilatent à un 
degré fi confidérable , que ne trouvant point 
d'iflue pour fortir , il faut néceffairement 
qu’il rompe les barrieres qui le retiennent ; 
ce qui ne peut fe faire fans agiter auparavant 
la terre des environs par des fecoufles ter- 


(1) » M. Lémery a propofé une autre opinion fur 
» les tremblements de terre, & en a produit fur fes 
» principes un artificiel ». Voyez Mémoires de l’ A. 
démie , 1700 , p. st, 52. D'autres foutiennent que 
l'életricité en eft la vraie caufe , entre autres Je 
P. Becçaria. 


S üij 


Caufe des 
tremblemens 
de terre, don- 
née par les 
Modernes ; 


. Par Atiftote ; 


278 Des TREMBLEMENTS 


ribles, & produire tous les autres effets qui 
en font une fuite naturelle. 

167. Cette mème raifon avoit déja été 
donnée par Ariftote & par Séneque, pour 
rendre compte de la caufe de ces funeftes 
événements. Le premier , après avoir réfuré 
ceux qui foutenoient que la terre où l’eau 
produifoient les tremblements de terre, pro- 
pofe fon opinion: qu'ils étoienr occafionnés 
par l'air (1} renfermé dans les entrailles de la 
terre, lequel faifoit [es efforts pour en fortir; 
& 1l obferve qu’à l'approche d'un tremble- 


LA 


(1) Oùx av où 0d ep | oùDt ÿ% crie 4, 2) mue, 
TP AIWotOS , 6T@y tra TIY1 éviy ro fée Grau en, As 
dipoiles vmeie d mheso, #) méyiro Ÿ ctucmar. ausÿie 
D re 1 dvadueiaos , GxGauQU GS iTi To TO TÀ op 
rs Goya. &se Nico blue, h to oui mère. 

Igitur neque aqua , neque terra caufa tremoris 
efle poteft, fed fpiritus , ubi fcilicet quod extra 
exhalat, intro fuit. Undè fit, ut plurimi, maxi- 
mique terræ motus cœlo tranquillo fiant. Nam exha- 
latio , quæ continens , ac perpetua exiflit, ut pluri- 
muüm initii motum feétari folet. Quarè tota fimul , 
aut intro, aut extra contendit. Ari/lot, opera , tom. 1, 
lib, 2. Meteorol. c. 8 ,p. 567. A. 


DE TERRE. 279 


ment de terre , Le temps ef? ordinairement 
très calme, parcequ'une plus grande quantité 
d'air qui devoit agirer l'air extérieur ; fe 
trouve alors retenue dans les entrailles de la 
cerre. 

168. Séneque eft encore plus précis ; on 
croiroit entendre parler un phyficien de ce 
fiecle ; il fuppofe que /a terre cache en plu- 
Jieurs parties de fon féin des feux fouterrains , 
qui , venant à s’allumer , doivent néceffaire- 
ment agicer les vapeurs confidérables enfermées 
dans ces cavernes ; lefquelles , ne trouvant 
point d’iffue pour fortir, font des efforts ex- 
traordinaires , & rompent enfin ce qui fait ob= 
flacle à leur paflage ; & il dit encore que fi 
ces efforts ne font pas affez puiflants pour 
brifer les barrieres qui retiennent ces vapeurs 
agitées & dilatées, elles ne produifent alors 
que de foibles tremblements & des mugifle- 
ments fans aucune fuite ficheufe (1). 


(1) Quidam ignibus quidem affignant hunc tre- 
morem (terræ ) ; nam cüm pluribus locis ferveant , 
nccefle cft ingentem vaporem fine exitu volvant , 


S iv 


Et par Sé- 
neque, 


Du flux & 
reflux de la 
mer. 


Opinion de 
Defcaries. 


280 Divx: EL vi x 


169. De toutes les explications que l’on 
a entrepris de donner fur ce qui occafionne 
le flux & reflux de la mer, la plus fimple & 
la plus ingénieufe , quoique contredite en- 
fuite par l’obfervation , eft celle de Defcartes 
qui fuppofe un tourbillon de matiere fubrile 
& d’une figure elliptique , lequel environne 
notre globe , & le preffe de tous côtés. La 
lune, felon ce philofophe, nage dans ce 
tourbillon elliptique, & lorfqu’elle fe trouve 
dans la partie la plusalongée , elle faitmoins 
d'impreffion fur la matiere éthérée qui envi- 
ronne la terre; mais lofqu’elle eft dans la 
partie la plus étroite de ce tourbillon (1), 


qui vi fua fpiritum intendit: & fi acrius inflitit, 
oppofita diffundit : fi vero remiflior fuit, nihil am- 
plius , quâm mover. Senec. lib. 6, c. 11 & 12. Plin. 
Hift. Natur, Hib. 1, c. 79, 80,-81, 82, 83. Ariflor. 
lib. 2. Mereor. c. 8, p.68.-- Ammian, Marcellin. 
lib. 22. — Eufeb. de Prapar. Evans. lib. 10, c. 3. 
Eicero de Divin. lib. 2, p. 1168, col. 1, fe@. 13. 
Maximus Tyrius , ferm. 19, p. 2216. 

(1) Cartefii Principia Philofoph. Part, 4, p.158, 
159. Voy, la fig. 


EU NRAE TT 5. 0 x. 285 


elle caufe une impreflion fur l’armofphere 
dont les eaux doivent fur-tout fe reflentir ; 
& 1l appuie cette explication par la remarque 
que le flux de la mer fuit ordinairement lir- 
régularité du cours de la lune. 

170. L'autre opinion fur la caufe du flux 
& reflux eft plus exactement conforme aux 
obfervations , & donnée par Képler & le 
Chevalier Newton. Elle eft fondée fur l’hy- 
pothefe , que la lune attire les eaux de la 
mer , de façon que leur pefanteur fur la rerre 
doit diminuer lorfque cette planete fe trouve 
être directement au-deflus des eaux; & la 
pefanteur des eaux collatérales doit augmen- 
ter leur preflion fur la terre, & faire élever 
par conféquent les eaux dans Le point corref- 
pondant de l’hémifphere oppofé à la lune. 
L'action du foleil , dans ce fyftème , concourt 
aufli avec celle de la lune dans la caufe des 
marées ; elles y font plus ou moins fortes, 
fuivant la différente fituation refpective de 
ces deux aftres qui, lorfqu’ils font en con- 
jonction , agiffent de concert pour élever 
davantage les eaux du mème côté ; & quand 


Opinion 
de Képler & 
du Chevalier 
Newton. 


Opinions de 
Pychéas & de 
Séleucus, 


282 DU, Lu 


ils font en oppolition , produifent à peu près 
également le même effet en conflant davan- 
tage les eaux de la mer dans les deux hémif- 
pheres oppofés ; de forte que quand la lune 
eft en quadrature avec le foleil, Le flux étant 
caufé par la différence de ces deux forces, 
dont l’une abaiffe pendant que l’autre éleve, 
il doit être moindre que lorfqu’elles agiffent 
enfemble ; & le flux varie ainf fuivant les 
différentes pofitions de ces deux aftres. 

171. L’explication des Cartéfiens a été 


indiquée par Pytheas de Marfeille {1) , qui 


(1) Hudtæs o Maorandrns Tÿ mhnpoatt TÂs CES Tas 
mhquuiegs vivo, rh À pudou Tus éuréridus. 
Pytheas Maflilienfis ait incremento quidem lunæ 
acceflus fieri, decremento receflus. Pur. de Placitis, 
Bb) 32 CT. 
Ce Pytheas étoït le même que celui dont Srrabon, 
lib.2,c.23, rapporte une obfervation célebre tou- 
chant la proportion de l'ombre du foleil à la lon- 
gueur d’un ftyle au temps du folftice. Voyez Caffini, 
Origine du progrès de l'Affronomie , p. 11 des Mé- 
moires de l’Académie des Sciences, tom, 8. Montu- 
cla ,tom. 1,p. 209, & plus loin, feét. 257, note (a). 
Eadem node accidit ut effet luna plena , quæ ma- 


EE MEN EE Ut x: | 1208 


avoit obfervé que les marées fuivoient les 
inégalités du cours de la lune dans leur ac- 
croiffement & leur décroiffement ; & Séleucus 
d'Erythrée , le Mathématicien (1), ( qui ac- 
tribuoir à la terre un mouvement de rotation) 
xpliquoit aufli la caufe des marées par /a 
force du tourbillon de la terre ; combinée avec 
le mouvement de la lune. 
172. L’explication de Pline (2) a plus de 


ritimos æftus maximos in Oceano efficere confuevit. 
Cafaris Comment. lib. 4. Cicero de Natur. Deor. lib. 2, 
p. 1127, fe. 20. Senec. de Provid. c. 1. 

(1) Zéros o muSyuuliés auèy 3 ares rh yD, dire 
ones aûras 77 din Qhéi , 2 TA xWTE , TA Esp TH 
Tis rEhVYS. 

Seleucus Mathematicus (movens & ipfe Tellurem) 
ait ipfius vertigini, & motut , luna converfionem ad- 
verfari. Spiritu vero aut vento , inter utrumque. 
Corpus , in contrarias partes reflexo , atque in Ât- 
Janticum Pelagus incidente , mare ipfum facili ratio- 
ne ab illo agitari.. dem ibid. 

(2) Pluribus quidem modis, verdm caufa in fole, 
lunâque. Bis’inter duos exortus lun& affiuunt, bifque 
remeant , vicenis quatérnifque fempér horis. Et pri- 
mum attollente fe cum cà muündo ihtuméfcentes, 


Pline avoit 
allégué la n'é- 
me çaule que 
le chevalier 
Newton. 


= 


284 DU ELA + 

rapport avec celle du Chevalier Newton, 
M. de la Lande , l’un des plus habiles aftro- 
nomes de notre fiecle , eft de l'opinion , 
» que Pline, dans le paffage que je vais rap- 
» porter , fait une defcription très exacte des 
» phénomenes des marées ; la caufe même, 
» dit-il, y eft énoncée d’une maniere très 
» conforme à ce que les phyficiens adoptent 


mox à meridiano cœli faftigio vergente in occafum, 
refidentes : rurfufque ab occafu fubter cœli ima , & 
metidiano contraria accedente , inundantes : hinc 
donec iterum exoriatur , fe forbentes. Nec unquam 
codem tempore , quo pridiè, reflui , ut ancillante 
fidere , trahenteque f:cum avido hauflu maria, & afli- 
dué aliundè, quam pridiè, exoriente: paribus tamen 
intervallis reciproci , fenifque femper horis , non 
cujufque diei , aut noûtis , aut loci, fed æquinoctia- 
libus : ideôque inæquales vulgarium horarum fpatio ; 
utcumque plares in cas aut diei, aut noctis, illarum 
menfuræ cadunt , & æquinoëtio tantüum pares ubi- 
que. 
Quippè modici novà ad dividuam æftus, pleniore 
ab eà exundant , plenâque maximè fervent : indè 
mirefcunt. Pares ad feptimam primis. Iterumque alio 
latere dividuà augentur. Z coitu folis pares, Plané 


EAN RAENE f UUX. | 728% 


» aujourd'hui : on y voit l'attraction lunaire, 
» 8: mème la différence de l'apogée au péri- 
» gée, qui eft une fuite de l’attraétion (1). 
» Ce grand Naturalifte prétendoit donc que 
» le foleil & la lune avoient réciproque- 
# ment part à la caufe des marées, & après 
» une fuite d’obfervations de plufieurs an- 


câdem Aquilonià , & à terris longius recedente mi- 
tiores, quäm cum in auftros digrefla , propiore nifu 
vim fuam exercer. Per oétonos quoque annos ad prin= 
cipia motus, & paria incrementa centefimo lunz 
revocantur ambitu , augente ea cuncta folis annuis 
caufis , duobus æquinoétiis maximè tumentes , & 
autumnali amplius quàm verno. Inanes vero brumà, 
& magis folftitio. Nec tamen in ipfis, quos dixi, 
temporum articulis, fed paucis poft diebus, ficuti 
neque in plenä , aut noviflimà, fed poftea : nec fta- 
tim ut lunam mundus oftendat, occultetque , aut 
mediä plagà declinet, verdm duabus ferè horis aqui- 
noëlialibus ferits ; tardiore femper ad terras omnium 
que geruntur in cœlo, effeélu cadente , quam vifu. 
Plni:, Hift. Natural. lib. 2, c. 97 , p.27, 28. 

(1) Obfervations fur Pline par M. de la Lande, « 
la fin du premier volume de la traduction, p. 383, 
col. 1. 


Moyen de 
calmer les 
flots de la 
mer avec de 
lnuile, 


1286 Dour: É EL ù & 


» nées , il avoit remarqué que la lune 
» agifloit plus fortement fur les eaux lorf- 
» qu’elle étoit plus voifine de la terre, & 
» que l'effet de fon aétion n’étoit fenfbie 
» pour nous que quelque temps après que 
» la lune avoit agi, vu l'intervalle qu'il doit 
y avoir entre la caufe qui fe paffe dans les 
» cieux , & les effets qui en réfultent fur la 
» terre ». Aufli remarque-t-on que les eaux, 
qui ont la force d'inertie, ne perdent pas 
tout d’un coup le mouvement qu’elles ont 
recu dans la conjonction de la lune avec le 
foleil , & que cette force qu’elles ont com- 
mencé à acquérir peu-à-peu avant laconjonc- 
tion , & qui les a oblivées de s'élever , les 
conferve encore dans cette élévation, mème 
après la conjonction. 

IL n’eft pas hors de propos de remarquer 
ici que Pline, Ariftote & Plutarque avoient 
fait mention de l’ufage de calmer la mer 
agitée avec de Phuile, renouvellé par M. 
Franklin. Pline va plus loin ; il dit que 
les plongeurs s’en fervoient pour calmer la 
mer , & donner plus de tranfparence aux 


s 
2 


EUR MEME LyUCR. | 289 


eaux (1). Plutarque en parle aufli (2) d’après 
Ariftote (3), & trous deux en donnent la 
même faifon , répétée par M. Franklin, 
que l'huile , en fe répandant fur un efpace 
fort étendu de la mer, formoit une furface 
unie qui donnoit moins de prife aux vents, 
& prévenoit la trop grande agitation des 
flots. 

173. Il eft peu de chofes qui aient plus 


(1) Omne ( mare) oleo tranquillari ; € ob id urinan- 
tes ore fpargere , quoniam mitiget naturam afperam , 
lucemque deportet, Plin. lib. 1 , ch. 103 & 48. 

(2) Plutarchus , Quæft. Natur. $. fe. 12. Aie re 
ras banarins énain nalappavontns yierou xalaQavux 454 
van ; moriggr (os A'exsorians Quoi) To mue Ths eo 
iles éroudane , à zut many dde éno ; 

(3) Ariftote , dans fes Problèmes, parle plufieurs 
fois de la maniere de rendre l’eau de la mer plus 
tranfparente par le moyen de l'huile, & même de 
l'ufage qu’en faifoient les plongeurs ; mais je n'ai 
point trouvé dans aucun de fes ouvrages le paf- 
fage auquel Plutarque fait allufon. Il eft très pro- 
bable qu'il aura exifté dans quelqu'un des ouvrages 
qui nous manquent de lui, & qui exiftoient du temps 
de Plutarque. 


Vertus de 
laimant , ex- 
pliquées par 


les 
ngs ; 


Moder- 


- 


288 Déui ET 6 À 


fixé l'attention des phyficiens, & avec moins 
de fuccès, que les propriétés admirables de 
l'aimant ; on a hafardé de tout temps diffé- 
rentes penfées pour rendre raifon des effets 
curieux de cette pierre métallique. Prefque 
toutes s'accordent à fuppofer pour caufe 
principale , des corpufcules particuliers qui 
circulent fans cefle autour & à travers de 
l'aimant, & un tourbillon de la même ma- 
tiere que celle qui circule autour, & à travers 
de la terre. Sur ces fuppolitions , les philo- 
fophes modernes, & fur tout Defcartes & fes 
difciples, ont dit que l’aimant a deux poles 
comme la terre ; & que cette matiere mag- 
nétique , qui circule autour & fort d’un des 
poles de cette pierre pour rentrer par l’autre, 
caufe cette impulfon qui unit le fer avec 
Paimant, dont les petits corpufcules ont une 
analogie avec les pores du fer qui leur 
donne fur ce corps la prife que leur peu 
d’affinité avec les pores des autres corps ne 
leur permet pas d’avoir. C’eft jufqu'ici tout 
ce qu'on a dit de plus raifonnable fur la vertu 
magnétique , & c'eft ce qu’en avoient déja 
dit les Anciens. 174. 


DE L'AIMANT. 289 


174. Cette force d'impulfion qui unit le 
fer à l’aimant, & les autres corps à l’ambre, 
a été connue par Platon, qui la diftingue 
même par la force attractive qu’il nie êtie la 
caufe véritable (1). Ce philofophe appelloit 
l'aimant pierre Herculienne , parcequ’eile 
s’affujertit le fer qui dompte toutes chofes. 

175. Lucrece avoit aufli connu la caufe 
de la propriété de cette pierre , & a fans 
doute fourni à Defcartes l’idée de fon expli- 
cation ; 1l admettoit en effet » un tourbillon 


(1) Ta davuadoute mexlpes mtex vhs tb | 5 
H'egracior Aiay , mélur Toiloy GAxY péiy oùx Es oùdert 
murt. To de noey tive und | mtex@ Sun Te wbrà roïræ 
tis GRANGE, TOTE OWMEANOUEVE | À) CUYXCMOMEE PIS TH 
évray , &C. 

Quæ de fuccino admirabilia commemorantur , 
nimirum de illà vi attrahendi, quam in ipfo inefle 
dicunt, & de Herculeis lapidibus, reverà omnium 
illorum nullus fit attraétus unquam. Quèm nullum 
autem fit vacuum , & hac ipfa fefe mutud ultro , cirrd- 
que impellant , & düm res fingulæ vel difcernuntur , 
vel excernuntur , in fuas quafque fedes variè com- 
meent , &c. Plato in Timæo ,p. 80. C, Tom. 3. Hippo- 
crate avoit méme connu la vertu de l’aimant avant 
Platon. De his qua uterum non gerunt ; circà finem. 


Tome I. 


Connuei de 
Platon. 


Explication 
de Lucrece & 
de Flurarque, 
la même que 
celle des Mo- 
dernes, 


290 DE LA VERTU 


» de corpufcules ou de matiere magnétique , 
» circulant fans ceffe autour de l’aimant , & 
» qui chafloit l'air qui fe trouvoit entre le 
» fer & cette pierre: l'air , chaffé de l’efpace 
» qui fépare ces deux corps, forme un vuide, 
» dit ce philofophe , lequel, n’oppofant plus 
» aucune réfiftance à l’approche du fer, ce 
dernier eft porté par une force impulfive, 
» ou l'air, qui le pouffe par derriere , & eft 
» obligé par-là de rendre avec impétuofité 
» vers l’aimant , & de s'unir à lui (1) ». Plu- 
tarque eft aufli du même fenriment ; il di- 
foit » que l’ambre n’attiroit rien de ce qu’on 


ë 


» lui préfentoit , non plus que laimant : 
» cette pierre, felon lui, jette hors de foi 
» une matiere, laquelle chaffe l'air voifin, 


(1) Principio fluere lapide hoc permulta neceffe eft 
Semina ; fivè æftum qui difcutit aëra plagis, 
Inter qui lapidem , ferrumque eft cüumque lo- 

catus. 
Continuo fit, uti qui poft eft cumque locatus 
AëËr , à tergo quañ provehat, atque propellat : 
Trudit , & impellit , quafi navim , velaque 
ventus, ( 
Lucretius , lib, 6 , v. 1000. 


MAGNÉTIQUE. 291 


».&c forme par-là un vuide ; cet air chaffé 
» poule l'air qui eft devant lui, lequel, en 
» circulant, revient fur le lieu vuide, &, 
» par une force impulfive , oblige le fer 
» qu'il rencontre à fe porter vers l’aimant. 
» ]l fe propofe enfuite une difficulté; favoir 
» pourquoi le tourbillon qui circule autour 
» de laimant ne poufle pas le bois où la 
» pierre , mais feulement le fer; & il y ré- 
» pond , comme Defcartes, que /es pores 
» du fer ayant plus d’analogie aux particules 
» du tourbillon qui circule autour de l’ai- 
» mant , cette affinité leur donne fur le fer 
» une prife qu'elles n’ont pas [ur les autres 
» corps ,; dans les pores defquels elles ne ren- 
» contrent pas la même analogie (a). 


(1) Eleétrum nihil attrahit eorum quæ ei appofita 
funt , neque Heracleus lapis. Sed lapis hic halitus 
emittit graves, quibus continens aër impulfus , eum 
qui ante fe eft trudit , ifque in orbem agitatus, ac 
ad vacuum revertens locum , vi unà trahit ferrum.… 
Cur vero neque lapidem aër , neque lignum , fed 
ferrum modo ad Heracleum promovet lapidem ? quia 
ferrum habet meatus quofdam , & tranfitus, atque 


Tij 


Quelques 
auteurs pré- 
tendent que 
les Anciens 
ont connu la 
bouflole & la 
déclinaifon 
de l'aiguille 
aimantéc. 


292 DE LA VERTU 


176. Comme je n’entreprends point de 
faire ici une déclaration inutile en faveur 
des Anciens , je pañle fous filence tout ce 
que plufeuts auteurs ont rapporté de leur 
connoiffance des autres propriétés de l’ai- 
mant, & fur-tout de celle de la direction 
vers le pole feptentrional (1), par le fecours 


afperitates , quæ ob inæqualitatem aëri proportione 
refpondent , quibus efficitur ut non elabatur aër , 
fed fedibus quibufdam receptus, cüm in id ad lapi- 
dem revertens incidat , unà fecum rapiat , atque per- 
ferat. Plutarch. Platonic. Quaff. tom. 2 , p. 1005. 
C. D. 

Alexander Aphrodifæus , Quæftion. Natural, lib. 
2,C. 23, citat opinionem Empedoclis exiftimantie 
defluxus quofdam corpufculorum tm ex magnete , tùm 
ex ferro fieri, 6 effe in utroque poros fibi mutud com- 
menfuratos. Subjungit etiam opinionem Democriti, 
idem referentis ad effluxiones atomorum. Vid. & Gaf- 
fendi opera, tom. 2, p. 108, col. 2. Galen. de 
Natural. faculr. lib. 1, c, 14. 

(1) Albert. Magn. opera, tom. 2, in lib. de Mie 
neralibus, Traétat. 3,c. 6, p. 243, col. 2. Adhuüc 
autem Ariftoteles in lib. de Lapidibus dicit : angulus 
magnetis cujufdam eft , cujus virtus apprehendendi 


MAGNÉTIQUE. 293 


de laquelle on prétend qu'ils avoient entre- 
pris de longues navigations : l’on veut que 
les Egyptiens , les Phéniciens & les Cartha- 
ginoïs n'aient pas ignoré cette direction de 
laimant, & qu'ils aient employé la bouflole 
pour fe guider dans leurs longs voyages de 
mer ; mais qu’enfuite l’ufage s’en foit perdu , 
de même que la maniere de teindre en pour- 
pre , connue des Anciens (1), leur art de 
broder , leur maniere de faire la brique & le 


ferrum eft ad zoron, hoc eft feptentrionalem : & 
hoc utuntur naute : angulus verd alius magnetis illi 
oppofitus trahit ad aphron, id eft polum meridio- 
nalem: & fi approximes ferrum verfüs angulum 
zoron , convertit fe ferrum ad zoron: & fi ad oppo- 
fitum angulum approximes , convertit fe direéte ad 
aphron. Vid. & Albertum Mag. de metallis, Lib. 1, 
tra. 3, cap. 6, & Ariflotel, de Lapidibus. 

(1) On peut déterminer exaétement la vraie cau- 
leur de pourpre des Anciens , en faifant attention à 
deux paflages de Pline, dans lefquels il dit que tous 
les efforts des Tyriens & des Phéniciens tendoient à 
ce que leur couleur de pourpre approchät de celle de 
l’améthifte orientale. Plin, Hiff, Narur. lib. 9 ,c, 38 
& 415 & lib. 37, cap. 9. 

T iij 


Matiere 
éle&rique 
connue de 
Anciens, 


294 DE LA VERTU 
ciment qui réfiftoient à toutes les injures de 
l'air & du temps. Le Jéfuite Pinéda , Efpa- 
gnol, & Kircher même, ont prétendu que 
Salomon avoit aïfli connu la bouflole, & 
que fes fujets s’en étoient fervis pour aller à 
la terre d’'Ophir. On allegue mème un paf- 
fage de Plaute 1), dans lequel on veut qu'il 
ait eu deffein de parler de la bouffole ; mais 
je renonce à feconder les vues de ces auteurs 
fur cette particularité, ne trouvant aucun 
paflage précis chez les Anciens qui puifle 
appuyer leurs prétentions (2). 

177. On aura peine à croire que la véri- 
table caufe de l'électricité ait été connue des 


(1) Hüc fecundus ventus nunc eft ; cape modo Vor- 
foriam , 
Stafime ; cape Vorforiam , recipe te ad Herum. 


In Mercatore , A&, $ , Scen. 2, & in Trinummo. 

Kircher de opere magnetico , part. 1. 

Herwartus , admiranda Ethnice Theolog. Myferia. 
Ann. 1623. Fabric. Bibl, antiq. p. 975. 

(2) »On peut confulter Pancirole de Rebus deper= 
» ditis fur les connoiffances des Anciens que nous 
» ignorons encore à préfent ; entre autres au Livre 


MAGNÉTIQUE. 295$ 


Anciens ; cependant on la trouve indiquée 
dans l'ouvrage fur l’ame du Monde de Ti- 
mée de Locres , qui eft un des premiers mo- 
numents de la philofophie ancienne. Les 
fentiments des phyficiens modernes font par- 
tagés , 1l eft vrai, fur ce point ; mais c’eft 
plutôt dans la maniere différente d'expliquer 
les caufes & les directions des mouvements 
différents de la matiere électrique , que fur 
la caufe de l'électricité; ils ne difent point 
en quoi confifte l’effence de cette matiere; 
ils ne la définiflent que par fes propriétés, & 
n'en expliquent que les effets, mais tous 
cependant conviennent qu'il exifte une r1a- 
tiere électrique très fluide & très fubrile, 
raflemblée autour des corps électrifés, & 
qui , par fes mouvements, eft la caufe des 
effets de l'électricité que nous appercevons, 


» premier, chap. 1, 35, 36, 39, fur la couleur 
» pourpre , la du&tilité du verre, & les effets de la 
» mufique ancienne». Voy. fur-tout Dion. Caffium, 
Hiflor. in Tiber. lib. 57 , p. 617. E. Plinium. lib, 36, 
6.216, &c. lfidorum , de Originib. lib, 16 , c. 15, 
pour la ductilité du verre, 


T iv 


Ele&ricité 
telative au 
tonnerre , 
connue des 
AncKns. 


296 DE L'ÉLecrriciré. 
lorfqu’apres avoir été chaffée par le frotte- 
ment (ou toute autre caufe) des corps élec- 
trifés , elle y rentre avec force , & entraine 
avec elle les petits corps qui fe trouvent dans 
fon tourbillon ; or , c’eft précifément ce 
qu'en dit Timée, lorfque, voulant rendre 
raifon de la propriété de l’ambre d’attirer les 
corps , 1l dit que c’eft parcequ’il fort de 
Pambre une matiere fubtile ( ou un efprit, 
myedua) par le moyen de laquelle il attire à& 
foi d’autres corps (1). 

178. Quant à la matiere électrique, ana- 
logue au tonnerre , il me paroït que les 
Anciens en ont eu connoiffance. Numa, qui 
étoit inftruit dans toute la fcience des Pytha- 
goriciens, & qui étroit bon naturalifte & 
phyficien, connoitloit aufli la maniere d’atti- 
rer la foudre du ciel, fans doute par le 
moyen d’une barre de fer électrique. Ce 


(1) To d YAexTpor txxpAQEyTos Tod mrebprulas avenaueu= 
ses To polo rue : Succinum vero , excreto fpiritu, 
fufcipit fimile corpus. Timée de Locres , Edit. Sera 
rani, p. 102. À. Plin. lib, 37, ç. 3, de fuccino, 


DE DÉPECERICITÉ. 297 


Prince profitoit de la fupériorité de fes lu- 
mieres pour conduire plus facilement un 
peuple ignorant , en rapportant fes con- 
noiflances des forces de la nature à des rits 
religieux qui fembloient lui donner une cor- 
refpondance avec le ciel. Plufeurs auteurs 
ont rapporté le fait relatif à Numa , comme 
faifant partie d’une cérémonie religieufe, 
parcequ’ils la fuppofoient telle (1) ; mais on 
fait que la plupart des myfteres parmi les 
Prètres Esyptiens, (d’où Numa dérivoir fes 
connoïffances par le moyen de Pythagore ) 
n’étoient que le voile dont ils couvroient 
les fciences, & qu'être initié dans leurs 
myfteres étoit être inftruit dans ces fciences 
qu'ils cultivoient. De là on donnoit à Jupi- 
ter le furnom d’Flicius , ou Jupiter Elec- 
zrique , le confidérant comme la foudre per- 
fonnifiée , & qui fe laifloit attirer fur la 


(1) Varron , lib. $ , de linguä latin. -- Arnob, 
lib. 5. Tit-Liv. lib. 1 , c. 10. Ovid. lib. 3 , Faft, 
vw. 328. Plutarch. in Numä, Edit. Henr, Steph. p. 1218. 
Valerius Antias, cité par Arnobe, 


208 Dé, L'ÉLECQTRrCITÉ 


terre par la vertu de certaines formules & 
pratiques myftérieufes. Car Jupiter Elicius 
ne fignifie autre chofe que Jupiter fufcep- 
tible d’actraétion , Elicius venant d’Elicere , 
fuivant Ovide & Varron (1) Plutarque s’eft 
écarté de cette interprétation ; mais l’auto- 
tité d'un auteur Grec n’eft d'aucun poids 
contre celle de plufieurs auteurs Latins, en 
fait d'étymologie de la langue latine. Pline 
rapporte aufli qu’au moyen de certains facri- 
fices & de certaines formules o7 pouvoir for= 
cer la foudre à defendre ; 1 dit qu'une an- 
cienne tradition portoit que cela étoit pra- 
tiqué en Hétrurie chez les Volfiniens. Il cite 
Lucius Pifon , écrivain d’un grand poids, 
comme rapportant le fait de Numa , & 
comme ajoutant que Tullus Hoffilius ; pour 
s'être écarté du rit prefcrit dans l’imitation de 


(x),Ovid. lib.”3.5'v. 428. 
Eliciunt cœlo te, Jupiter; unde minores 
Nunc quoque te celebrant , Eliciumque vocant. 


Et Varron, lib. $, dit que Jupiter Elicius eft nommé 
ainf , ab eliciendo five extrahendo. 


DE L'ÉLECTRICITÉ. 299 
cette pratique myflérieufe , avoit été lui-même 
foudroyé (1) ; fait attefté non feulement par 
Lucius Pifon , mais encore par Tite-Live 
qui en donne ce détail curieux : Le Roi 
Tuilus Hoftilius ayant trouvé dans les com- 
mentaires du Numa , qu’il y étoit fait mention 
de certains facrifices folemnels , mais occultes ; 
faits par Numa à JurITER ÉLICIEN , on ra- 
conte qu’il fe renferma fecretement pour pra- 
tiquer cette opération religieufe ; mais que le 
rit prefcrit n'ayant pas été obfervé, foit à 
lentrée ; foit durant le cours de certe céré- 
monie , lui-même © toute [a maifon furent 
confumés par la foudre (1). Voici l'expérience 


(1) Plin. lib. 1, c. 53, de fulminis evocandis, 
Vel cogi fulmina , vel impetrari . . .. evocatum & à 
Porfenna ; & ante eum à Numa fæpius hoc fa@ita- 
tum ; quod imitatum parum ritè Tullum Hoftilium 
ictum fulmine. 

(2) ie Liv. Nbr; 20. EI2ev. Edit p.'4s. 
Ipfum Regem ( Tullum ) tradunt volventem com- 
mentarios Numhæ , cum ibi quædam occulta folem- 
nia facrificia Jovi Elicio faéta inveniflet , operatum 
his facris fe abdidiffe : fed non ritè initum aut cura- 
tum hoc facrum efle,,...& fulmine ipfum cum 


oo: D'EÉMÉLECFRICITÉ 


de faire defcendre la foudre du ciel , connue 
fans doute par Numa & autres, mais dont 
Tullus fut la vidtime ; comme de nos jours 
un Phyficien (pour avoir voulu la tenter 
avec trop peu de précaution ) fut foudroyé en 
éleérifant une nuée. Enfin on peut conjectu- 
rer de tout ceci, que les Anciens connoif- 
foient un procédé pour faire defcendre le 
feu du ciel en terre; ce qui ne fauroit être 
qu'un procédé électrique. On connoît plu- 
fieurs médailles frappées fous Antonin , 


domo conflagrafle. Ce qui s'accorde avec le récit 
qu'en fait Plutarque in Numä. Valer. Maxim.lib. 3, 
C. 2.4Ex..r , 46. Dion.dib.3%"6cc.:& Plin.-répere 
encore le même fait au lib. 28, cap. 4. L. Pifo pri- 
mo annalium autor eft, Tullum Hoftilium Regem 
ex Numæ libris eodem , quo illum, facrificio Jovem 
Cœlo devocare conatum , quoniam parum ritè quæ- 
dam fecifler, fulmine iétum, 

(1) Voyez une favante Differtation de Burman fur 
Jupiter xelaarss. Utrecht, 1700, 4°. Vid. Paufa- 
nias in El'acis , lib. $ ,c. 14. ubi Rom. Amafæus in- 
terpres: non alieno nomine Efic:um dicere poflemus. 
Etymologic. magn. voce xaleiarnys ; & Euftath, in 
Odyff. N. v. 110. 


Dr pÉÉECERICITÉ., 308 


Marc Aurele , Comode, & les Philippes, 
par la ville de Cyrrhus , où Jupiter eft repré” 
fenté avec la foudre , 8& nommé xara/Garne, 
defcenfor ; qui répond au Jupiter Elicius des 
Latins. Une perfonne digne de foi n'a afluré 
qu'il s’'étoit trouvé derniérement une mé- 
daille latine avec la légende Jupiter Elicius , 
repréfentant Jupiter en haut, la foudre à la 
main, & au bas un homme dirigeant un cerf- 
volant ; ce qui eft un procédé au moyen 
duquel on peut élé@rifer une nuce, & en 
üurer du feu. 

179. Les fentiments font encore partagés 
parmi les Modernes fur la raifon pourquoi 


Si les Fleu- 
ves retout- 
nent à leurs 


les fleuves , fe rendant conftamment à la fources: 


mer , ne grofliffent pas tellement le volume 
de fes eaux, qu'ils aient déja rempli fon lit : 
une des principales folutions de cette diffi- 
culte , eft que ces fleuves retournent à leur 
fource par des paflages fouterrains, ou des 
canaux que la Nature a pratiqués pour cet 
effet; & qu'il y a entre la mer & les fources 
des rivieres, des fleuves & des fontaines, 
une circulation analogue à celle qui fe 


Cette quef- 
tion agitée 
parmi les An- 
ciens. 


302 DE LA Source 


fait du fang dans le corps humain (1j. 
" 180. Cette explication de l'origine des 
fleuves & la comparaifon même de leur cir- 
culation eft prife de Séneque , qui rend 
compte non feulement de la raifon pourquoi 
ils ne rempliffent pas le lit de la mer, parce- 
qu'ils retournent à leurs fources par des 
routes fecrettes , pratiquées par la Nature ; 
mais ajoute encore que la raifon pour la- 


quelle l’eau des fontaines & des rivieres ne 


(1) On peut faire mention ici de la connoiffance 
qu'avoient les Anciens des moyens de faire des jets 
d’eau , fi bien décrits par Manilius, lib. 4, v. 259. 


Ille quoque inflexà fontem qui projicit urnà, 
Cognatas cribuit juvenilis aquarius artes ; 
Cernere fub terris undas , inducere terris, 
Ipfaque converfis afpergere fluétibus aftra. 


Le verfeau, ce figne qui, penché fur fon urne, 
en fait fortir des torrents impétueux , influe fur les 
avantages que nous procure la conduite des eaux : 
c’eft à lui que nous devons l’art de connoître les 
fources cachées dans le fein de laterre, & c’eft lui 
qui nous apprend à les élever à fa furface , & à les 
élancer vers les cieux, ou elles femblent fe mêler 
avec les aftres, 


De Sol AbEU VHS: 301 


conferve point l’'amertume qu’elle devroit 
tirer de fon origine, vient de ce qu’elle eft 
filtrée dans le grand circuit qu’elle parcourt 
fous terre , par des fentiers fi détournés & 
fi variés, & à travers tant d’efpeces de ter- 
roirs différents, qu'il n’eft pas poflible qu’elle 
ne s’y dépouille de amertume de fon goût, 
& ne fe tranfmette à fa fource dans le mème 
degré de pureté qu’elle en étoit partie (1). 
181. L’Eccléfiafte à aufli un pallage au- 
tant élégant que philofophique fur le même 


(1) Terra quidquid aquarum emifit , rurfus acci- 
pit: & ob hoc, maria non crefcere : occulto enim 
itinere fubit terras , & palam venit, fecreto rever- 
titur , colaturque in tranfitu mare : quod per multi- 
plices anfraétus terrarum verberatum, amaritudinem 
ponit , & pravitatem faporis in tantà foli varietate 
exuit , & in finceram aquam tranfit. Senec. Quefl. 
Natural, lib. 3 ,c.$ & rs. 

Partim quod fubter per terras diditur omnes. 

Percolatur enim virus , retroque remanat 

Materies humoris , & ad caput amnibus omnis 

Convenit ; indè fuper terras fluit agmine dulct, 

Qui via feta femel liquido pede detulit undas. 

Lucr, lib, $, v. 169. 


Sentiment 
de l'Eccléfiaf- 
te. 


304 DE LA SOURCE DES FLEUVES. 
fujet, & dit à peu près la même chofe en: 
peu de mots. » Les fleuves entrent dans la 
» mer, & la mer ne regorge pas; ils re- 
» viennent à la fource d’où 1ls étoient 
» partis pour recommencer de nouveau leur 
» cours (1). 


a © Dh pm Los (a) 
Donne op Sn: ND HN D 
.n5S D'ov 0ù où DS: 


Omnia flumina intrant in mare , & mare non 
redundat : ad locum unde exeunt flumina , rever 
tuntur , ut iterum fluant, Ecclefiaff. c. 1 , v. 7. 
Origen. Philofophum , c. 8. De Anaxagorä , p. 887. 
D. Arifior. de meteor. lib, 1, c. 13, p. 545 » 546. 


Fin du premier Volume. 


ET UP ve MCE JPes