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Full text of "Origine et progrès de la puissance des Sikhs dans le Penjab, et histoire du ..."

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ORIGINE ET PROGRÈS 



D£ 



LA PUISSANCE DES SIKHS 

DANS LE PENJAB. 



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A. PIHAN DE LA FOREST, 

IlIlPAIHKUA DE LA COUA DE CASSATION, 

Rue des Noyers, 37. 



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H* i'kfTta Djehran lUm 



h.de LtmcTciw r i« Sein» S G 5S 



MaKa-Tadja clu Penjab. 



Publia pM' Àrthus BeTkcaiui,Li^>iiv-('^t«ur, à. Tiuis 



^y^'zedby Google 




3LIE (SlEMEmAIL AILiLAJlID) 



Publié par Arthus T3ertrjn<l, Librairt Kditeui, à Paris 



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,/ ;/^ 'ai- ^/ ' 



ORIGINE ET PROGRÈS 



DE LA 



PUISSANCE DES SIKHS 

ET 

HISTOIRE DU MAHA-RADJA RANDJIT SINGH , 

SUIVIS 

JiU D^TAIIiS soft L'iTAT ACTUEL, X.A RELIOION , I,BS LDIS, Z.BS MOBUnS ET X.KS 
r4>Ori;MBS OBS sikhs , D'APRii<i X.B MANUSCRIT DU CAPITAINE WiLLIAU MURRAY , 
AGENT DU OOUVERNEKBNT ANOI^IS A AMBAI.A , BT OITBR8 AUTRES icRITS } 

PAR H. T. PRINSEP, 

ACBirr nu OOUrBRNliKSVT anglais dans LB BENGALE. 

^Ourrage traduit de Tanglais 
PAa XATIB& BATKOm. 



Chmé des portraits deRandjit Singh et du générai AUard ; 
et d'une Carte de l^Asie centrale. 



|lairi0^ 



ARTHUS BERTRAND, LIBRAIRE-ÉDITEUR , 

Libraire de la Société de Géographie , 
HUE UAUTEFEUILLE ; 23. 

1856. 



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AUn; î» 



La. ccitfi*6fipcuiclaiut6 de Victor Jat^e-v 
mtmd^ leiBf récits del M. Alexandre Bùmes^ 
et( plus véoeimnçQt Picore le retour dii 
gënërsQ AUard>. oolt fëveîLle Faltention- pci-** 
bii^Qje' au so^t de Bandit Sîiigh. On a 
voulu savoir qui était ^ce {trince asiâti^pe 
^pii .'kècneillait kâ^Ëuropéènfi avec itant de 
grâce/ et avait traité avec que dî^tiiic- 



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.y 



VI 

tiou si fktteusfè notre bien-aimé voyageur^ 
ce despote qiii se vante de n'iavoir jamais 
ordonne aucune exécution capitale^ ce 
sultan oriental qm, soupçonnant l'infidë^ 
lite de son épouse^ Pavait pour tout châ- 
timent éloignée de sa personne; ce prince 
guerrier qui, presque sans autre moyen 
que son gënie^ s^tait crée un empire res- 
pecte de la puissante compagie des Indes 
Orientales^ qui^ dans la terre classique des 
castes et des préjugés, avait honore de 
commandemens importans un ëlève de 
notre École polytechnique et deux officiers 
de cette glorieuse armëe impériale^ dont 
rin&tigablé patriotisme^ «près avoir pro- 
pien^ nos drapeaux victorieux dans toubas 
les capitales de PEurope, alla encore pot- 
ter rhôimëûr du nom français a Athèiies^ 
à Cdnslantmople^'aU Gaire^ à Alexandrie^ 
à Téhéran^ à Lahor. 

Ge livre contient l'histoire des Sikhs et 
du prince qui les gouverne. C'est le aettl 



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VII 

ouvrage con^tet sur la matière. Puisse-t-il 
satisÊdre la juste curioatë du public^ puis- 
se-t-il servir à ëclairer l'opinion sur cette 
vaste quesâon orientale qui domine au- 
jourd'hui toute la politi^ie gënërale^ et 
dont k solution est encore refusée aux 
plus sages comme aux plus intrépides ! 

Dans la position qu'il occupe aujour- 
d'hui^ Randjit Singh trouve dans les An- 
glais des allies sincères et fidèles. Us se 
sont bien trompes ceux qui ont vu dans le 
prince sikh le libérateur prochain des Indes 
(en supposant qae l'Inde soit aujourd'hui 
à lîb^er); le gouvernement britannique 
n'a rien k craindre dé lui ^ pas phis que 
la France n'a k redouter d'être con- 
quise par la Belgique. Dé plus^ l'Angle- 
terre n'a aucun intérêt k s'emparer du 
Penjab^ les dépenses de l'occupation se- 
rvent certainement supérieures aux re- 
venus et ne seraient nullement compensées 
par les. bénéfices du commerce dans un 



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Vlll 

\ 

pays agi^cole, avec . une population gui 
fabriijue elle^mèioe tout ce dont :elle % 
besoin;^ et suinter dit^ par^uite^de^epr pré- 
juges religieux, l'usage de presque tpivs.les 
produits sortis de nos ntanufactur^s. li'in- 
te'rêt de .l'Angleterre exige au çoiitraire 
que les Sikhs soieiit puissans, car dans le 
cas d'uujB invasipu de l'Inde par le ncMrd- 
oue$t ( cette ^apprëhen4on. continuelle, du 
gouvernement anglais qui , à coup sur, ne 
se re'alîsera pas de si^tôt), ne serait-il pas 
a désirer ppur le gouverp«naient de Cal- 
cutta , que leç Çikhs dissent en ëtatd^ sup- 
porter le fardeau et de suffîire à repousser 
l'ennemi? jEton ne jurait douter que si ufli 
}ov^ on avait h craindre la prësence d'ua 
ennemi sur l'Indus, les An^^is ,ne fourr 
nisseùt à l'arqae'e sikhe des secqurs de tout« 
espèce en honaaiçs, ea officiers, en vivres^ 
en niunilions, en annes^ eu, argent, comme 
ils enont déjà .fournis à la Per^e da?ns les 
dernières années. ' 



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survenir des (KfficMltës eiitre éés alliés ^pe 
à^B'^mtérêts ïàwiiqms foBp tivve aiijair- 
d'hoi dans mié p^rfail^ atfûtië/ fiansd^ 
Ski|^ jette tdes y««& (d'CTtviè ' ^mtc&'pxyi 
dënue de ressources lœlitaiFte^^ smii £9^"^ 
lold par. le commerce; 'il voudrait biea« le- 
ver d^impèls sur ces opiileoisibaa^çrrà 
Xatta> d^ Haïderab^d^ de Shikafpûnr^ 
^^ par le iGatadahar et' lé' C#k3û1^ oM 
noué des' relations si étendues depuis Ydif-» 
kf^i et l^adigar jusqu'à Samaroind- et 
Boûjkhara; M^isr U-a ët^' jt^squ'ici reteml'pa^ 
1^$ Angjaiis ; • qui ne lui laisseront prt^>aUe^ 
ment^ a aucun f^ix > <!>c«iqA«rles bouphl^l 
d^ rindu«! et des pK^rts sm TOceân; car 
4wP le cas d'une guerre ayec les États^Unii 
ojui la jFxance^ quelle force ne pourrait-il 
pas prêter aux flottes et aux corsaires aniër 
riçains ou français ^ en leur ouvrant les 
bouches du fleuve? quel secours ne pourr 
/'ait-il p^ tirer par cette voict, dans h <^ 



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dHuM» gunre arec FÂngUterre^ qm peut 
at^urd'hui le rainer A îadlejMmX? 

Telles sont qaelqaesHunes des qpiastions 
fœ soulève ce livre, elles sont impor-* 
tantes et intéressent tons ceux qm s'oo- 
ei]^nt des faits pr^ns et h venir; 

Nons n'essaierons pas de dire aux sa^- 
vans, aux orientalistes, les choses ^ ren- 
dent précieux pour eux Fouvrage de* 
M. Prinsep, il y a long -temps que leur 
opinion s'est prononcée sur ce sujeL 

. Le général Allard, dans le peu de temps^ 
ifu'ila passé à Paris, a bien voulu, malgré' 
les soins de toute eq[>è;ce dont il était acca- 
blé, nous donner de nombreux renseigne^ 
mens dont nous avons profité pour notre 
travail. Qu'il veuille bien recevoir ici tous 
nos remercimens pour son inépuisabk com- 
plaisance. 

Enfin, nous avons à remercier notre 
éditeur, qui a enrichi notre travail de la 
magnifique carte dressa par Ârrowsmith 



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xt 

pour Touvrage de M. Buraes* C'est une U-^ 
béralitë dont nos lecteurs apprécieront tout 
le màite. 

sS décembre |835. 



(Le portrait que nous donnons du maha-radjaaété 
copié sur un dcsân fidt d'aprJs nature à Tentre? ue de 
Eoupour. ) I 



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b 



I' ; » 



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PREFACE DE L'AUTEUR. 



L'intërêt qui s'attache au caractère et à 
l'histoire de RandjitSingh (i) et à l'empire 
qu'il a établi dans le Penjab (2) sur la na- 
tiou des Sikhs, fait espérer pour ce livre 
un accueil favorable de la part du public 
anglais. Cet intérêt ne se fonde pas seule- 
ment sur la position ge'ographique du nou- 
vel e'tat, on devra considérer encore que 
c'est dans le silence et, pour ainsi dire sous 
nos yeux, qu'il s'est successivement ëlevë 

(1) Ce titre de'singh^ que l'on rencontrera souvent dan^ 
le cours de cet ouvrage^ est dérivé du sanscrit sinha^ qui 
signifie lion. 

(s) Ce nom signifie cinq fleuves; il est formé du persan 
penj, cinq, et âb, eaux. Ces cinq fleuves sont : Djilam 
àvL Hydaspès, Tchenâb ou Àcesines , Ravi ou Hydraotes, 
Bhai ou Hyphasis, Zardrus ou Sattledj. Ils ont valu au 
Penjab le nom dePentopotamia que lui donnent quelques 
géographes modernes. 

Orig. et progr. ^ 



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— 2 -" 

jusqu'à exciter notre ëtonnement par sa 
puissance et ses richesses. Le dësir de con- 
naître l'adresse et les moyens dont s'est servi 
le fondateur de cet empire pour accroî- 
tre sa grandeur, a sa source dans une cu- 
riosité naturelle à l'esprit humain , et qui 
n'a de limites que celles de notre imagina- 
lion particulière ; mais pour nous combien 
de motifs encore de prêter une attention 
toute spéciale à ce sujet ! La position de ce 
royaume limitrophe de nosposses^ons dans 
l'Hindoustan, les collisions qui ont etë la 
suite de cette position; l'intérêt excite par 
Randjit Singh; à tout cela, ajoutez que te 
territoire occupe maintenant parlesSikhs se 
trouve sur la route suivie par tous les con- 
quérans qui ont cherche' à pénétrer dans 
l'Hindoustan du côté de l'ouest ; que les spé- 
culations de la politique sont toujours fixe'es 
sur la possibilité d'ime semblable conquête 
tentée par les armées de l'Europe coalisée. 



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» — 5 — 

OU par celles seulement de l'autocrate du 
Nord, dont les de'sirs d'agrandissement pa- 
raissent insatiables et se sont dirigë$ de « 
puis long-temps du cote de la Perse et de 
Test. 

Les circonstancesparaissent doncconve^ 
nables pour offrir au public q[uelques pages 
sur la situation actuelle du Fenjab et de 
son roi. Ne doitHDu pas sentir, d'ailleurs, 
qae dans nos connaissances sur ce sujet, il 
existe une lacune qui s'accorde mal avec 
l'ëtat gênerai de la science? L'ardeur avec 
laquelle on poursuit aujourd'hui toutes les 
études et spécialement celles qui ont trait à 
la politiq[ue ou à la statistique, ne doit-elle 
pas faire bien augurer à tous ceux qui ont 
quelques travaux à soumettre au public de 
la manière dont leurs communications se- 
ront reçues et accueillies? 

L'histoire ancienne des Sikhs est assez gé- 
néralement connue. On sait qu'ils forment 



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une secte religieuse, fondée au temps de 
Bâber (i) par Nanak Shah, le propagateur 
des doctrines de tolérance universelle , le 
promoteur zélé d'un projet d'union entre la 
foi des Hindous et celle des Mahometans^ 
projet base sur l'unitë de Dieu. Il serait 
superflu de rapporter dans un livre comme 
celui-ci l'histoire de cette secte, d'exposer 
ses dogmes et ses croyances; ils furent dé- 
veloppés successivement dans les volumes 
sacrés qu'on appelle Granths (2), par dix 
gourous (3), dont la mémoire est sainte. 
Le dernier d'entre eux. Gourou Govind, 
vivait au temps d'Aureng-Zeb , et c'est lui 
qui, en but à la persécution, fit de %e^ dis*- 

(i) Bâber, descendant de ïimour 9 est le fondateur de 
la dynastie mogole de THindoustan. Il vivait au commence- 
ment du seizième siècle. Ses Mémoires ont été publiés ré- 
cempient par M. Erskine. London, 1826. 1 vol. in-4*. 

(2) Granth vient du sanscrit grantham , qui signifie 
livre. 

(3) Gourou , maître ou guide spirituel. 



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— 5 — 

ciples, jusque-là pacifiques et industrieux 
citoyens, des ennemis mortels de Fem- 
pire des Mogols et de la foi musulmane. 
Tous ces faits ont e'te retracés dans de 
piombreux ouvrages. Le monde savant 
ponnaît le résultat des tentatives de Banda 
et des autres martyrs, disciples de Gourou 
Çrovind, contre le pouvoir des souverains 
4e Delhi et de leurs oflS.ciers, sous les suc- 
cesseurs immédiats d'Aureng-Zeb : mais 
l'histoire de cette secte , depi:iis le jour oii 
elle parut, anéantie sous les coups de la per- 
sécution jusqu'au mojnent de sa grandeur 
actuelle, n'a été encore l'objet d'aucun tra- 
vail, d'aucime recherche. C'est donc avec 
confiance que nous présentons le sujet de 
ce livre conmie tout-à-fait nouveau ; la ma- 
tière n'a encore été traitée par aucun écri - 
vain. 

C'est un devoir pour nous d'indiquer les 
sources oîi nous avons puisé. 



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— e — 

Le gouvernement anglais^ depuis 1808^ 
ëtoit le protecteur du territoire Sikh, com- 
pris entre le Satledj' et la Jtunna ; ses oflS- 
ders étaient appelés comme arbitres dans 
toutes les discussions qui s'élevaient entre 
les chefs et leurs voisins ou leurs sujets; les 
appels au conseil suprême de gouvernement 
résidant à la présidence étaient très fré- 
quens, et soulevaient des questions très 
compliquées; aussi la direction de nos rap- 
ports avec ce pays était-elle uu' des points 
les plus délicats des affaires soumises au con- 
seil suprême. Lord William Bentinck avait 
été déterminé par ces circonstances à de- 
mander aux officiers chargés de nos rela- 
tions avec les Sikhs des renseignemens géné- 
raux sur l'histoire et la situation des chefs, 
sur les mœurs et les coutumes de ce peuple. 
Lorsqu'il préparait son voyage dans l'inté- 
rieur du pays en i83o, il pria le capitaine 
Murray , notre agent politique k Ambala , 



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— 7 — 

qui^ pendant plus de quinze ans^ avait eu 
la conduite des négociations avec les che& 
sikhs^ de lui faire un rapport sur ce sujet. Le 
capitaine Wade, résident à Loudiana^ qui, 
revêtu d'un emploi inférieur, avait ëtë sous 
les ordres du résident deDelhi, chargé de la 
correspondance avec Randjit Singh, reçut 
unesemblableinvitationdelapartdugouver- 
neur général. Ces deux officiers rédigèrent 
desMémoires fort étendus et pleins de docu- 
mens importans sur les questions qu'on leur 
avait posées. Celui du capitaine Murray 
prouve de grandes lectures, de laborieuses 
recherches, il est fait sur les matériaux réu- 
nis par l'auteur pendant sa longue résidence 
chez les Sikhs. Il a évidemment consulté 
avec soin tousles livres persans ou étrangers 
quipouvaientluidonnerquelquelumièresur 
l'histoire des Sikhs, sur les officiers mogok 
ou afghans qui avaient eu quelque point de 
contact avec eux. La partie relative àl'élé-- 



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— 8 — 

vation et à la fortune de Randjit Singh a 
iké re'digée d'après les rapports écrits ouïes 
renseignemens oraux qu'il tenait des perr 
3onnes employées sous lui; vérifications et 
corrections furent faites d'après un labo^. 
rieux examen des Akhbars, c'est-à-dire les 
journaux indigènes, dont l'auteur possé- 
dait une riche collection. Il ajouta un pre- 
" cieu3^ appendice contenant le résultat de 
ses observations personnelles et de ses re-r 
cherches sur les mœurs, les coutumes, le 
gouvernement et le caractère des Sikhs. Ce 
Mémoire ne laissait rien à désirer qu'une dis- 
jtributioii plus claire dans la manière dont 
il était ordonné; mais il n'était point des- 
tiné à l'impression. Malheureusement cet 
ojfficier si distingué et si estimé mourut peu 
de temps après que le gouverneur général 
eut visité cette contrée, au moment oii l'in- 
tention de S. S. était de lui demander, d'ar- 
près le plan qu'il avait tracé, un ouvrage 



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— 9 — 

destine a faire connaître les renseignemens 
qu'il avait rëunis, et à publier , dans un but 
d'utilité générale*, le fruit de ses labeurs, 

Sans doute si cet oflGicier -avait vécu, il 
eût su faire un livre digne de son haut ta-^ 
lent. Sa mort imprévue est cause que son 
œuvre, laissée incomplète, rédigée à la 
hâte sans ordre ni méthode, ni égard pour 
les susceptibilités du style, a dû être com- 
plétée et revue par .une main étrangère. 
Toute la partie historique du mémoire de- 
mandait à être refaite. La disposition en a 
été changée en quelques endroits ; le récit 
a été partagé en chapitres, »et il y a été fait 
usage des matériaux puisés dans le travail 
du capitaine Wade ou à d'autres sources. Il 
était donc impossible de faire parsdtre ce 
livre sous le nom du capitaine Murray, 
d'autant plus que c'eût été le rendre res- 
ponsable aux yeux du public de choses 
qu'il n'eût peut-être ni dites ni approuvées, 



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— 10 ^ 

n faut cependant ne pas oublier qu- excepte 
pour les chapitres X et XI^ la tâche de 
Fëcrivain s'est presque réduite au simple 
rôle de rédacteur, et que le mérite d'avoir 
réuni ces documens, qui font la valeur et 
l'intérêt de ce volume, appartient presque 
tout entier au capitaine Murray. En vérité, 
après le désir de tirer de l'oubli du poirte- 
feuille des travaux qui doivent être si 
utiles, et de faire participer le public au 
fruit de tant de labeurs et de recherches, 
le principal motif qui m'a mis la plume à 
la main, c'est le besoin que j'éprouve de 
rendre honneur à la mémoire de cet officier 
si distingué et si regrettable^, et de donner 
au monde et à ses amis une preuve éter- 
nelle de son savoir et de ses talens. 

J'ai accompli ma tâche pendant les loi- 
sirs d'un voyage et d'un séjour que des rai- 
sons de santé m'ont forcé de faire à la terre 
de Yan-Diémen. Peu de choses^ ont été 



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— II — 

ajoutëes au travail de Fauteur, et le rdcit 
's'arrête aux traites conclus par le gouver- 
nement anglais aveb le Sindh en 1 83 2 . Sans 
doute il eût été facile de continuer, par 
l'addition d'un nouveau chapitre, l'histoire 
des Sikhs jusqpi'à ce jour (i834); maïs il 
aurait fallu avoir recours à des pièces ou à 
des documens qui n'étaient point à ma por- 
tée, ou qui, s'ils y eussent été, ne peuvent, 
à cause de leurs rapportsavec les affaires qui 
se traitent actuellement, paraître au grand 
jour de l'impression. Je n'ai donc pas cher- 
ché à dépasser cette limite, et d'ailleurs, 
tant que la carrière de Randjit Singh ne 
sera pas terminée , ce récit ne devra-t-il pas 
rester incomplet? Aussi a-t-il paru conve- 
nable de ne point soulever le voile qui 
couvre le présent, de s'arrêter à l'époque 
marquée par la conclusion des traités pu- 
bliés en i833, réservant les événemens ul- 
térieurs jusqu'à la mort du principal per- 



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sonnage de ce livre , pour un Gompldment 
devenu nécessaire si les affaires du Penjab* 
doivent intéresser le public jusqu'à lui faire 
désirer un nouvel ouvrage. 

La première partie de ce livre était déjà 
sous presse lorsqu'un manuscrit persan con- 
sacré à l'histoire des Sikhs dans le Penjab 
me fut communiqué avec beaucoup d'obli- 
geance par ^ir Charles Metcalfe. Ce manus- 
crit avait été donné à sir Charles par l'au- 
teur lui-même, KhoushwaktRaï(i), qui 
avait été pendant quelques années l'agent et 
le correspondant du gouvernement anglais à 
Amritsar. J^e récit ne comnaence qu'à partir 
de 181 3, mais il est précieux pom* l'his-r 
toire ancienne des serdars (2) sikhs, et il 

(1) Abréviation de Radja^ que nous reDContrerons 
souvent et qui veut dire dbef , roi. 

(3) Signifie chef. Ce mot vient 4u persan ser^ qui veut 
dire tête ^ etdar celui qui tient. Ici serdar a une signifi- 
cation déterminée ; on peut comparer les serdars sikhi? 
aux seigneurs féodaux du moyen-âge. 



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— 15 — 

contient une fonle de documens et de ma- 
tériaux qu'on chercherait vainement ail- 
leurs. L'occasion qui se présentait ainsi de 
comparer une œuvre originale avec le mé- 
moire du capitaine Murray, n'a pas été 
perdue. Le résultat le plus satisfaisant est 
venu prouver l'exactitude de cet officier. 
En effet la correspondance des dates et la 
commimauté de certains détails dans quel- 
ques particularités importantes, nous auto- 
rise à penser que la relation de Khoush- 
wakt Rai doit avoir figuré parmi les 
matériaux qui ont servi au capitaine Mur- 
ray ; quelques différences , additions et 
éclaircissemens ont été ajoutés séparément 
à la fin du volumCé Je dois exprimer ici 
toute ma reconnaissance à sir Charles 
Metcalfe pour la générosité avec laquelle 
il a mis à ma disposition un document 
si important pour la correction de ce livre, 
et m'a facilité les moyens de me procurer 



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~ 14 ~ 

tous les matëriaux qui ont aide à la confec- 
tion delà carte qu'où trouvera à la fin du 
volume. 

H- T- Prinsep, 

Calcutta^ mai i834* 



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ORIGINE ET PROGRES 



DE 



LA PUISSANCE DES SIKS 

V 

DANS LE PENJAB. 



!(.). 



Le Penjab pendaot la d/fecadence du rojaome de Delhi {osqu^à la 
bataille de Panipat et sa séparation de l*HîndousUD. 

174a — 1761. 

LVmpire fondé dans lUindoustan par Baber 
et soutenu par la valeur et les talens de plu- 
sieurs générations de princes illustres, commen- 
ça à décliner sous l'empire deMohammedShah. 
L^invasion de Nadir Shah Fébrank jusque 

(1) Ce chapitre appartient au capitaine Murray, qui a 
le mérite d'avoir le premier réuni dans un récit complet 
tous les fragmens et matériaux qui existent sur l'histoire 
du Penjab à cette époque. {Note de t auteur, ) 



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^ 16 - 

dans ses fondemens déjà minés par la puissance 
naissante des Mahrattes; d^un autre côté les in- 
cursions de Fabdali (i) Ahmed Shah bien 
qù^elles dussent venir au seboilrs de la foi mu- 
sulmane et qu^elles fussent heureuses à réprimer 
la réaction indiêiiné qui metiâ^ait de dominer 
Fislamisme , n^en contribuèrent pas moins à 
accélérer la chute de la race de Timour qui fat 
dès-lors toujours traitée avec mépris et indiffé- 
rence. La cour de Delhi cessa d^étre considérée 
comme la distributrice des grâces, des hon- 
neurs , des punitions^ Les gouverneurs et offi— 
ciers soumis en apparence à son autorité jouis- 
saient tous en réalité d^une indépendance 
complète ; les provinces étaient séparées de la 
métropole et un esprit de désaffection s'empa- 
rait de toutes les populations de l'empire. L^his- 
toire de THindoustan, à partir de cette époque , 
n'est plus celle d'un pays soumis à un pouvoir 
unique, il faudrait pour chaque province une 
histoire particulière, entrant dans le détail des 
transactions au moyen desquelles les nababs, 
lesradjas, les princes, les sectes, les nations, 
(i) Secte musulmane. 



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— 17 — 

associations de chefs cherchaient tous à dé- 
tourner le pouvoir, à déplacer Fautorité royale,' 
à rivaliser les uns avecles autres. Les pa^es qdî 
suivent ont été consacrées à réunir et montrer 
les e£Pets d^une telle situation dans le Penjab, à 
tracer Fhistoire du prince qui J)^éside mainte- 
nant aux destinées de cette province , qui gou- 
verne un vaste territoire avec une vigueur et 
une autorité inconnues dans la partie de Flnde 
qui a su rester indépendante des Européens. 

Yahia (i) Khan, fils de Zakaria (2) Khan, 
ordinairement nommé Khan Behadour (3), 
occupait la viôe-royauté de Lahor , etleszemin- 
dars (4) jâts (5) du Penjab, ruinés par de lon- 
gues exactions et réduits enfin au désespoir, 
n'avaient plus d^autre ressource que le pillage 
pour soutenir leurs familles. Comme lien d'u^ 

(1) Transformation arabe de Johannes. ç 

(3) Zacharias. 

(3) Titre d'honneur qui signifie brave. 

(4) Officier civil de Tempire mogol, chargé de recueil- 
lir les impôts. Ce mot vient du persan zemin, terre ^ dis-< 
trict , dar , qui tient , qui gouverne. 

(5) Nom d'une tribu hindoue. 

Orig. et progr. 2 



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— 18 — 

nion entre eux et motif d^excitationcantre leurs 
oppresseurs, ils rétablirent dans leurs coutumes 
et leurs cérémonies le rituel des Sikhs. Ils pro- 
clamèrent la foi et les doctrines de Govind— 
Singh^ le dernier gourou ou guide spirituel 
des Sikhs, et prirent le Pahul{i)àe Tinitiation, 

(i) L'initiation en buvant le PahuI est un rit établi par 
Gourou Govind, et il est ainsi décrit par KhoushwaktRaï. 
Le candidat et l'initiateur lavent leurs pieds dans l'eau, 
jettent du sucre danft le liquide^ l'agitentavec un couteau 
en chantant cinq quatrains. Yoici le premier : ce J'ai 
a bien voyagé^ j'ai vu bien des dévots, des iôghîs et de» 
ce iôtis^ hommes saints^ livrés aux austérités, hommes ravis 
<c en contemplation de la divinité par leurs pratiques et 
<c leurs pieuses coutumes ; chaque contrée je l'ai traver- 
« sée , mais je n'ai vu nulle part la vérité divine ; sans la 
a gracedeDieu , ami , le sort de Fhomme n'a pas le moin- 
<c dre piîx. » Les autrea quatrains reproduisent les mêmes 
idées. Entre chaque couplet on chasse la respiration et on 
boit le breuvage (ait du sucre et de l'eau sale qu'on n'a pas 
cessé d'agiter. On le boit en s'écriant ; a JVah ! 2oah I Go-- 
vind Sikh ! ap hl gowvu tchela. » (Wah ! wah ! Govind 
Sildi ! il est son maître et son élève à lui-même. ) Telle est 
la cérémonie qui consacre le néophyte. On raconte que 
quand Gourou Goçfind eut cinq disciples, il accomplit 
cette cérémonie avec eux. (Note de t auteur^) 



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— w — 

myslérieUse cérémonie de cette reKgion, Dé 
longs cheveux, une longue barbe, la renon- 
ciation absolue au tsd)ac, Fusage de cette locu- 
tion sacramentelle pour le salut ; fF'ah Gou^ 
raa Dji ke Jateh (victoire au gourou Dji), 
voilà ce qu'ils consacrèrent; ils annofncèrent 
que le soc serait changé contre Fépée des ven- 
geurs, et que les maximes et préceptes de Gou- 
rou Govind prévaudraient contre les doctrines 
plus psicifiques des ^êas et des centras de 
FHindousl»». L^espritde la secte rajeunie se ma- 
nifesto d^abord pa r des associations secrètes et des 
actes isolés de déprédation. Des hommes armés, 
divisés par bandes de dix ou vingt hommes , 
appelés c^ÀéiRPfV} dans le dialecte de la province, 
c^est-a>-dire hommes dé grands chemins , in- 
festaient l'es routes, attaquaient les villages ou 
pillaient les villes , suivant que leur position 
parliculière leur faisait une loi dé recourir k 
ces moyens d'existence , ou leur permettait de 
s'enrichir de la sorte. D'abord la négligence du- 
gouvernement favorisa la prospecté de ces as^ 
sociations et bientôt les chefs l'es plus heureut 
parvinrent? à se procurer des chevaux, à mon- 



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-. 20 — 

ter, à. armer leurs soldats. Leur exemple et 
leurs succès rendirent leur parti populaire 
parmis les jeuns gens et les aventuriers, de sorte 
que le nombre des pillards s^accrut de jour en 
jour f jusqu'à ce point que les chefs arrivèrent 
à avoir des dehras^ ou camps en guerre ouverte 
contre le gouvernement, et cherchèrent la 
gloire dans des entreprises hardies qu^ils exé- 
cutaient d^ailleurs sans grands périls; car la 
terreur qu'ils inspiraient, lea richesses et la ré- 
putation qu'ils acquirent leur donnèrept de 
rapides moyens d^augmenter leur puissance» 
Les troubles perpétuels de Tempire mogol , les 
intrigues et Vincapacité de la cour du vice-roi 
de Lahor les encouragèrent à continuer leurs 
déprédations, non seulement parce qu'ails n^a- 
valent à craindre aucun châtiment, mais encore 
parce qu^ils trouvaient des avantages certains à 
prendre du service sous différens chefs. Aussi 
quelques-uns d^entre eux eurent-ils bientôt une 
^ espèce detroupe organiséerégulièrement, etnon 
contens de ravager le pays ouvert, s'approche— 
rent des réservoirs sacrés des Sikhs à Amritsar 
et se maintinrent dans leur voisinage. Les diffé- 



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— 21 - 

rentes associations étaient unies par des intérêts 
communs non moins que par la foi religieuse; 
et une alliance générale pour la défense ou 
les entreprises qui exigeaient de puissans ef- 
forts fut presque dès Torlgine conclue entre les 
chefs. 

Le fléau s'était déjà répandu et avait acquis 
quelque importance que le gouverneur Yahia 
Khan ne songeait pas encore à le combattre. 
A la fin , cependant, Targent ne venant plus au 
trésor au milieu de tels désordres, il fit entrer 
en campagne un détachement des troupes du 
gouvernement sous les ordres de Djaspat Raï, 
frère de son dewan ou premier ^ministre , 
Lakhpat Raï; Il alla d'abord à la rencontre 
d'un détachement d^insurgés sikhs qui rava- 
geaient le pays et faisaient paître leurs trou- 
peatnc dans le voisinage de Yaminabad, au 
nord de Lahor. Le détachement fiit vaincu , 
Djaspat Raï fut tué et ses troupes dispersées. 
Lakhpai Raï sortit cependant de Lahor pour 
venger la mort de son frère; les Insurgés recu- 
lèrent devant lui en s'enfonçant dans Tangle 
N. E. du Penjab , mais là ils furent atteints et 



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— M -, 

j^ureat un châtimeBt séyère. Le ministre ra« 
mena av^c lui quelques prisonniers (]ui furent 
décapités sur le GJiara Nakhas^ ou marclié 
axzx ^eyaux, en dehors des murs de Lahor. 
Ce lieu est appelé maintenant par les Sikhs 
Chahid gandj (la place des martyrs), en mé- 
moire de cet événement , et un samadh , ou 
tombeau à été érigé sur cette place en Thon-^- 
neur du Bhaï Djarou Singh. Après Q^te vic*- 
toire {larut une proclamation , rédigée au nom 
jdu gouverneur Yahia Khan, qui condamnait 
à mort tout individu qui invoquerait le jpom 
de Gourou Goyind, la tête de ses disciples fut 
mise à prix* Ces rigueurs, ces proscripliojas 
sommaires arrêtèrient les progrès du prosély- 
tisme des Sikhs , et refroidirent considérable-^ 
ment Fenthousiasme des sectateurs du gourou, 
Quelq.ues-uiîs coupèrent leurs longs cheyeux, 
taiUèrent leur barbe pour éviter la déaonciar- 
tion ou la mortj d^autr^s passèrent le S^tledj, 
y^enfuireni dans la province voisine 4e ^ifbind 
où ils trouvèrent proteetipn et sécurit^ dans le3 
vastes solitudes qui .s^étendent à Touest dePa» 
tiala et Naba, 



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— 23 — 

Peu de temps après cet événement, le jeune 
frère de Yahia Kkan, nommé Shah Newaz 
Khan, sHnsurgea contre lai et parvint à s^éta-* 
blir dans les deux provinces de Lahor et de 
Moultan et même à s^emparer de YahiaKhan et 
de ses principaux officiers. Un Hindou nommé 
Kaonra Mal succéda à Lakhpat Raï , mais Adina 
Beg Khan, qui était élevé sous Zacharia Khan, 
fut laissé à son poste, et gouverna avec beau- 
coup de vigueur le district de Djalandfaar 
Douab; il réunissait dans sa main le pouvoir 
civil et militaire. Yahia Khan parvint en fugi- 
tif à Delhi et porta plainte devant le rîsir, son 
oncle, Kamar-oud'-dinKhan, qui fut en même 
temps informé que Shah Newaz Khan , redou-- 
tant les conséquences de sa conduite , avait ou- 
vert une correspondance avec FAbdali Ahmed 
Shah« Celui-ci venait de s^emparer de Caboul 
et de Peshaver sur le soubadhar (i) de Delhi , 
NasirKhan, événement qui avait jeté Talarme 
dans la capitale. Le visir , profitant des avaur- 
tages que lui donnaient les liens du sang, en 
appela aux sentimens de son neveu et lui adressa 

(i) Gouverneur. 



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— 24^ 

une remontraace sévère sur sa trahison , désw 
rant, disait-il, ^lui épargner la honte de servir 
Ahm^d, le jasoul (massier) de Nadir et le 
voir>ester fidèle à Thonneur héréditaire de sa 
famille. L'orgueil du jeune homme fut touché, 
et bien qu^incertain sur les suites qu^on donne-- 
rait à la plainte de son frère aine, il se^ prépara 
à repousser les Douranis qui s^avançaient déjà 
et rompit toute correspondance avec Ahmed 
Shah. Sans s'effrayer de ce changement de 
Shah Newaz Khan , TAbdali passa llndus près 
du fort Attok, en 1747» en envoya son chape- 
lain, Sabir Shah , devant lui, à Lahor, espérant 
que ses négociations ou ses intrigues pourraient 
^amener Shah Newa^ Khan à ses premiers 
^entimens, et voulant, à tout événement , pré- 
parer une réception amicale à son armée. Mais 
Shah Newaz Khan, maintenant inébranlable 
d^atis sa fidélité à la cour de Delhi, prépara tous 
leè moyens de défense que ses faibles ressources 
laissaient à sa disposition. Il donna un gage de 
son attachement à son souverain en faisant 
jneiirp à mort Tagent de TAbdali. Ahmed 
ghah irrité de cette violation du droit des gens 



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— as — 

^commise sur la personne de son ambassadeur 
46 1 de son confident, passa le Ravi, marcha im-- 
médiatemeiit contre Shah Newaz Khan et Tat-» 
taqua dans la position retranchée qu'il occupait 
sous les murs de Lahor • La résistance ne fut pas 
longue, les ouvrages furent bientôt enlevés 
par les guerriers douranis, et Shah IS^ewaz Kban 
obligé de se réfugier a Delhi, Lahor se rendit 
au bout de quelques jours et elle fut abandon- 
née aux Abdalis qui lui imposjbrent une forte 
contribution. 

Ahmed Shah, lorsqu^il était à Delhi à la suite 
de Nadir Shah , avait bien jugé de Tétat des 
choses à la cour. L^ncapacité de Mohammed 
Shah, la puissance menaçante, les querelles et 
les intrigues des grands émirs , le. peu d^obéis-^ 
sance qu^obtenait le pouvoir royal dans la ca- 
pital%comme dans le reste du royaume, avaient 
frappé son esprit ; la confusioQ qui régnait par- 
tout, comme dans une ville prise d'assaut , de- 
vait faire réfléchir un ambitieux préoccupé du 
soin d^établir sa fortune. Le succès incroyable qui 
pouronnases premiersefForts dans TAfghânistan, 
toutes ses ressources invariablement employées 



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~ M — 

à bâtir Tédific» de sa future grandeur, lui firent 
espérer , après tout ce quHl avait vu et entendu 
à Delhi, que les circonstances étaient favorables 
pour tenter d^élever son empire sur les ruines 
de la famille de Timour. Aussi quand il fut 
maître de Lahor il résolut de marcher immé- 
diatement sur Delhi , et , passant le Biah et le 
Satledj , il s^approcha de Sirhind. 

Le visir Kamar-oud«din Khan ne manquait 
pas de courage ; il fit des préparatifs pour re- 
pousser Tatlaque dont il était menacé. Ayant 
convoqué les principaux chefs du Radjpoutana 
avec leurs contingens respectifs , il donna le 
commandement nominal de Tarmée au prince 
Ahmed , fils aîné du roi , et avec ces forces et 
les troupes* de la capitale , il vint occuper une 
position retranchée au village de Manoupour , 
distant de neuf milles de Sirhind. Le shah ab— 
daJi, ayant reconnu la position, jugea qu^il n^a- 
vait pas assez; de monde pour attaquer ; mais il 
vint camper dans le voisinage , et entreprit de 
vaincre Tennemi par la famine ': des détache- 
mens furent envoyés pour couper les convois et 
intercepter les communications avec la capi- 



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— 27 — 

taie. Des escarmouches continuelles et des en- 
gagemens partiels occupèrent les deux armées 
pej>da&t un mois sans amener de résultat déci- 
sif. Enfin une cireoisfôtance se présenta qui chan- 
gea la face des dboses : le visir fut tué, pendant 
ifcCU faisait sa prièce du soir , par un boulet de 
rartillerie des Douranis, et alors Farmée de 
Delhi se trouva sans général. Les chefs radj- 
pouts, qui étaient venus sur son invitation et 
âLTaient été contenus jusque4à par son influence 
et rédatde^on nom, n^ajrant de confiance dans 
aucun autre que lui , commencèrent à déserter 
Tétendart royal pour se retirer chacun dans son 
pays. L^Abdali , informé de ces état de choses , 
jugea que le moment était venu de prendre 
roâfensive , et il ordonna une attaque , malgré 
Finfériorité numérique de ses troupes. Une ter- 
renr panique s'empara de Tarmée impériale et 
le désordre commençait A se répandre dans le 
camp , lorsque Mir (i) Manou, fils du visir dé- 
cédé , «eatant que tout allait se décider, amena 
des troupes fraîches sur les points les pltis me- 
nacés, chargea k leur tète et repoussa les Dou-!< 

(i) Abréviation du mot émir. 



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-^28 — 

raais avec une grande vigueur. Ahmed Shah , 
abandonnant ses desseins pour le moment , se 
retira dans le Penjab pour réparer ses pertes. II 
ne fut point inquiété dans sa retraite, et il re- 
passa près d^Attok sans faire aucune tentatîre 
pour se maintenir à Lahor. Cest ainsi que le 
Penjab fut recouvré pour Fempire mogoL Le 
gouvernement de Lahor et du Moultan fut 
donné par la cour de Delhi au mir Manou, avec 
le titre de Mouyanoul Moulk (i) : c^était une 
juste récompense des services qu^il avait rendus 
dans cette circonstance. 

L^invasion des Abdalis et Femploi que furent 
obligés de donner à leurs troupes les deux par- 
tis qui se disputaient Tempire, favorisa les ten- 
tatives que faisaient les Sikhs pour relever leur 
puissance. Leurs déprédations restaient impù-* 
nies ; ils commençaient à reparaître , et <même 
s^aventuraient à satisfaire leurs préjugés reli-r 
gieux par de^ visites secrètes aux lieux consacrés 
par l^ux foi à Amritsar. Le nouveau gouverneur 
de Lahor confirma Kaonra Mal dans son poste, 
et il jugea que les désordres causés par les asso«« 

(i) Le défenseur de Templre. 



\ .„Goog,e 



-49- 

tiations des Sikhs et les fanatiques de cette 
secte qui ne cessait de s'accroître, étaient un 
des premiers objets qui devaient attirer son at- 
tention. Un parti de Sikhs avait eu Faudace 
d'élever quelques ouvrages en terre quUls ap- 
pelaient Ram Rouni (agrandi depuis, ce lieu 
se nomme maintenant Ramgarh ) , dans le dis- 
trict et le voisinage immédiat d'Amritsar : c'é^ 
tait de là que les pillards sikhs s'élançaient pour 
courir le pays dans toutes les directions. Mir 
Manou assiégea et prit Ram Rouni , et des dé- 
tachemens établis dans le pays pour maintenir 
la tranquillité avaient ordre d'arrêter tous les. 
Sikhs, de leur couper les cheveux et la barbe. 
Grâce à ces mesures énergiques , la confiance 
publique sembla renaître; les Sikhs furent en- 
core réduits , pour leur sûreté personnelle , à 
quitter le pays , et ils ne purent plus faire au- 
tant de prosélytes à leur foi et à leurs cou- 
tumes. ^ 
Ahmed Shah ne s'était retiré que pour répa- 
rer ses forces ; il ne pouvait abandonner ses des- 
seins sur THindoustan. Dans la saison qui sui- 
vit sa première invasion , c'est-à-dire après les 



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- 3e — 

pluies de 1748 1 il passa de nouveau Plndus et 
vint distraire Mir Mauou de ses plans destinés 
à rendre son établissement plus solide et à cor- 
riger les vices de son administration. Craignant 
de ne pouvoir repousser Fattaque avec ses seules 
ressources, Mir Manou demanda du renfort à 
Delhi 9 et pour gagner du temps il envoya axi 
camp abdali un ambassadeur chargé de négo-* 
cier les conditions de la retraite du shah. Il ap^ 
puya ces mesures en sortant luirméme de Lahor 
et venant asseoir soâ camp à.Soudbara, sur la 
rive méridionale du Tcfaenâb. Ces préparatifs 
et le caractère bien connu du vice-roi deLahor 
ôtèrent à Ahmed Sbah Tespérance de s^ouvrir 
par la force le chemin de THindoustan j il se 
contenta de la promesse d^un tribut à percevoir 
sur les quatre districts de Parsarour , Goujrat^ 
Siàl Kot et Aurengabad , qui furent assignés à 
Nadir Shah, et il Reprit la route du Caboul. 

Les succès et finfluence croissante] de Mir 
Manou e:xcitèrent la jalousie des grands de 
Delhi ,. et au lieu des récompenses qu^il avait 
droit d^attendre, il fut privé du gouvernement 
du Moultan, qui passa aux mains d,e Shah 



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— 51 — 

NewazKhan. Le vice -roi ^ qui avait pour lui U 
possession j n^était pas homme à supporter pa- 
tiemment une telle injure j et il envoya son mi- 
nistre Kaonra Mal pour s^opposer au nouveau 
gouverneur. Shah Newaz Khan sVvança jus- 
qu^àla frontière du Moultan avec les forces qu'il 
avait réunies pour assurer son investiture; mais 
se trouvant précédé, il ne put pénétrer plus 
loin. Pendant six mois il se maintint dans ses 
positions sans arriver à obtenir aucun résultat 
décisif, et enfin il hasarda une bataille dans la* 
quelle il fut défait et tué. Mir Manou éleva pour . 
ce service Kaonra Mal au rang de radja, et 
Tinvestit sous ses ordres du gouverneu^nt du 
Moultan et des districts avoisinans. 

Comme on pouvait s^ attendre y Mir Manou 
refusa de payer à Ahmed Shah les tributs sti- 
pulés. Celui-ci eut donc un prétexte pour re- 
passer encore Flndus, ce qu'il fit dans Pété de 
lySi-Sà , et s'avança jusqu'aux montagnes du 
Tchenâb. Soukh Djiwan, Hindou de naissance, 
fut envoyé par lui à Lahor pour réclamer l'exé- 
cution des traités. Mir Manou répondit que cet 
engagement lui ayant été arraché par laforce, il 



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— 52 — 

ne pouvait se croire obligé, mais libre d^agir se- 
lon les circonstances. Il offrit cependan t de payer 
ce qui pouvait être dû, à la condition que l'ar- 
mée des Douranis se retirerait immédiatement. 
Mais il n^attendit pas que cette ofire fût acceptée 
pour appeler Adina Beg Khan et le radja Kafon- 
ra Mal avec leurs troupes, et il s^établit dans 
un camp retranché à $hahdara,<lans les envi- 
rons de Lahor. Il vint lui-même à la rencontre 
de TAbdali , et se retira ensuite devant lui du 
côté de Test, à mesure que ses alliés appro- 
chaient de Lahor, où lui-même avait établi un 
camp retranché sous les murs de la ville. Quatre 
mois durant il se maintint dans ses positions sans 
se laisser tromper à aucune des tentatives que fai^ 
sait le shah pour l'attirer hors de ses retranche- 
mens. Le blocus était cependant sévère, etbieû-^ 
tôt les provisions commencèrent à manquer. 
On fut réduit , pour nourrir les chevaux et le 
bétail, à prendre la paille des toits; les grains 
et la farine s'élevèrent à un prix exorbitant. Un 
conseil de guerre fut convoqué ; Adina Beg ex- 
posa qu'on ne pouvait espérer de la cour de 
Delhi ni secours ni renforts , et qu^il fallait ris- 



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_ S5_ 

quer une action avant que les vivres fussent 
complètement épuisés , comme on devait s'y at- 
tendre si le blocus duraitencore quelques jours. 
Le radja Kaonra Mal fut d'un avis opposé; il 
fit observer que les troupes du vice-roi n'étaient 
composées que de nouvelles levées, qui ne pour- 
raient tenir contre les vétérans éprouvés du shah. 
Il ajouta que tout le pays avait été fourragé et 
dévasté , et que le manque de provisions ne se 
faisait pas moins sentir dans le camp des Dou- 
ranis que dans le leur; que dans vingt jours au 
plus les chaleurs allaient commencer , et que 
les troupes du shah, habituées à d'autres cli- 
mats , ne pourraient supporter le^ soleil et le 
Tant dans la plaine et seraient forcées de se re^ 
tirer, ou de venir, à leur grand désavantage, 
attaquer les fortifications du camp. On ne pou^ 
vait douter que l'avis du radja ne fût préfé- 
rable et plus prudent; mais le vice-roi était 
jeune, il avait l'impatience et l'impétuosité de 
son âge , il trouva l'opinion d'Adina beg plus 
conforme à ses désirs. En conséquence, le ma- 
tin du 12 avril 1752 l'armée de Lahor sortit de 
ses lignes et prit position sur un plateau élevé, 

3 



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— 54 — 

où était établie une tuilerie. Le shah fît aussitôt 
ses préparatifs de combat. Son artillerie reçut 
ordre de se porter en avant, et Taprès-midi était 
déjà avancée que la canonnade durait encore, 
lorsque leshah, voyant quelque confusion dans 
les rangs de Fennemi, le fit charger par un corps 
de cavalerie d^élite. Mir Manou fut obligé de 
rentrer dans ses retranchemens. Dans cette re- 
traite Féléphant de Kaonra Mal passa sur un 
tombeau antique qui s'ouvrit sous son poids. 
Avant que le mahout Teût tiré de cet endroit 
dangereux, le radja fut surpris et tué par un 
cavalier dourani, et sa perte, quand elle fut 
connue au camp de Mir Manou , occasiona une 
terreur panique et une désertion si générale que 
le vice-roi fut contraint de rentrer dans la ville. 
Dans ces circonstances, Adina beg Khan se re- 
tira brusquement avec ses troupes, et le vice- 
roi, jugeant bien que les fortifications de la 
ville n^étaient pas tenables , dut céder aux cir- 
constances et offrir sa soumission au shah. 
Uabdali , heureux de terminer ainsi la cam- 
pagne, lui envoya son principal officier, Djehan 
Khan, pour Tintroduire en sa présence. Il le 



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- 3» — 

traita avec courtoisie et respect , et saisit toutes 
les occasions de lui témoigner son admiration 
pour la résolution, Fhabileté et la vigueur qu^il 
avait déployées dans toutes les circonstances. Il 
exigea une forte somme pour Tindemniser des 
frais de la campagne et lui rendit la vice* 
royauté de Lahor et du Moultan. 

Avant de déposer sa tbute-puissance, Ahmed 
Shah se réserva Foccupation du Cachemir et y 
eùvoya un fort détachement sous les ordres 
d^Abdoulla Khan, qui pénétra dans la vallée et 
y établit son autorité sans opposition. L^Hiudou 
Soukh Djiwan, un khatri de Caboul, fut nom- 
mé au gouvernement du pays, et la saison des 
pluies approchant, le $tiah repassa Tlndus et 
ramena son armée dans le Caboul. 

Mir Manou ne survécut pas long-temps à ces 
événemens; il mourut d^une chute de cheval. 
Sa veuve, femme d^esprit et d'adresse , fit pro- 
clamer son fils comme successeur à la vice* 
royauté de son père , et s^empara de Tadminis- 
tration en sou nom. Dix mois ne s^étaient pas 
écoulés que cette espérance fut encore trompée : 
Tenfant mourut de la petite vérole. Alors la 



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— 36 — 

princesse se fit proclamer elle-même el envoya 
des ageDsà Delhi et dans le Caboul pour se faire 
reconnaître. Au visir de Delhi elle fit offrir sa 
fille en mariage , et celui-ci se rendit sur les 
bords du Satledj pour célébrer la cérémonie. 
Cette conduite assurait la position présente de 
la prince3se , et bientôt elle manifesta son au- 
torité par un acte de ctoiauté qui a terni sa ré- 
putation. Accusé dWoir voulu s'emparer de la 
vice-royanté, Bhekari Khan , officier distingué 
du dernier vice-roi, fut arrêté par son ordre et 
amené dans Tintérieur du palais , oii il mourut 
sous les coups de bâton. La part que prit la 
princesse à cet événement accrédita le bruit, 
alors très généralemeif^ répandu , que ce crime 
fut commis pour venger une de ces injures per- 
sonnelles que les fenAnes ne pardonnent ja- 
mais. 

Le vice-roi féminin n'était pas capable de 
déployer une grande activité contre les associa- 
tions des Sikhs , qui se mêlaient , à son grand 
déplaisir, des choses du gouvernement. Leur 
nombre et leur audace croissaient rapidement , 
el.les bandes de ces pillards barbus se mon- 



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- 37 — 

traient chaque jour, traversant les divers dis- 
tricts du Penjab, s^emparant des troupeaux, 
dévastant les terres cultivées, à moins qu^on ne 
les rachetât par des contributions. Le désordre, 
Fanarchie et la confusion s^étendaient dans la 
province comme dans les autres parties de 
THindoustan. 

Ce ne fut que quatre ans après, c'^est-à-dire 
dans Tété de 1755-56 , que l'abdali Ahmed 
Shah entreprit une nouvelle campagne. Dans 
toutes ses invasions précédentes il avait toujours 
été arrêté par les gouverneurs des provinces, 
toujours la cour de Delhi avait fait quelques ef- 
forts , ou au moins manifesté quelque inquié* 
tude de ses progrès ; mais alors , tel était Tétat 
de faiblesse et de désordre de Fempire que per- 
sonne ne s'offrit pour arrêter sa marche , qu'il 
traversa le Penjab et pénétra même jusqu^à la cité 
impériale sans rencontrer le moindre obstacle. 
Ses troupes pillèrent Mathra, menacèrent Agra, 
et le shah , après s^être uni par un mariage à la 
famille de Timour , força la capitale à lui payer 
une lourde contribution et confisqua à son pro- 
fit les biens des grands et des principaux habi-- 



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-- 3a — 

tans. Une fois sa cupidité satisfaite il se retira ^ 
laissant le trône des Mogols dans des mains 
aussi faibles et un état aussi déplorable qu^il 
l'avait trouvé. Mais il s'empara du Penjabet du 
Sirhind , donna le gouvernement de ces deux 
provinces à son fils Timour , auprès de qui il 
laissa son confident Djehan Khan avec quel^ 
ques troupes, et rentra dans le Caboul. 

Après la mort de Mir Manou , Adina beg^ 
Khan avait maintenu dans une entière indé— 
pendance le gouvernement du Djahlandhar 
X)ouab qu'il occupait, il s'en était approprié les 
revenus et les avait employés à accroître ses 
ressources. Un des premiers actes "du jeune 
Timour fut de mander Adina, comme son vas- 
sal, à la cour de Lahor. Mais le vieux guerrier, 
afin de gagner du temps , allégua la nécessité 
de sa présence dans sa province pour réprimer 
l'audace toujours croissante des Sikhs qui 
étaient venus camper près de lui, l'impossibilité 
d'abandonner son poste, lorsqu'il fallait de 
grandes forces en permanence pour assurer la 
tranquillité ^u pays. Le prince afghan ne pou- 
vait se contenter de ces excuses, il envoya un 



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— 3U — 

^ ! détachement de ses troupes pour s^emparer de 
la personne d^Adina beg. Mais celui-ci se ren- 
força par une alliance avec les Sikhs dont il 
prit un corps considérableà sa solde, et appuyé 
par /eux se retira devantles Afghans jusque dans 
les montagnes du nord. En état de guerre dé- 
clarée avec les Douranis, son esprit fertile en 
expédiens sut créer dans ce pays des moyens et 
des ressources que tout autre que lui n^eût pas 
su découvrir. Il appela à son secours les Mah- 
rattes dont la réputation pour les entreprises 
et les aventures périlleuses était alors dans tout 
son éclat. Us étaient campés aux portes de Delhi. 
Adina beg convînt avec eux de la somme qui 
leur serait payée chaque jour en échange de 
leurs services et leur assigna, une part sur le 
butin que les alliés pourraient faire. L^expédi— 
tion fut commencée avec vivacité et Malhar 
Rao Holkar, avec quelques chefs de la nation , 
se dirigea immédiatement sur le Penjab où 
Adina beg, suivi d^une foula de pillards sikhs, 
le joignit au passage de Satledj. On marcha 
rapidement sur Lahor. Le prince Timour et 
Djehan Khan étaient trop faibles pour arrêter 



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— 40- 

ce torrent envahisseur, ils se retirèrent aus- 
sitôt sur rindus. Mais ils furent inquiétés dans 
leur retraite et la plus grande partie de leurs 
bagages tomba aux mains de Tennemi. Les 
Mahrattes se mirent alors à ravager toute la 
contrée , leur principal corps retourna à Delhi, 
mais un détachement de leurs troupes continua 
d^occuper Lahor. 

Adina beg Khan ne survécut pas long-temps 
àcesévénemens.Ilmouruten 1758 après avoir 
joué un rôle long et important dans les affîiires 
du Penjab et deTHindoustan. Son habileté, son 
expérience,* ses connaissances étendues le firent 
distinguer de bonne heuse des vice-rois qui se 
succédèrent à la vice-royauté de Lahor. Il s^é- 
leva sous eux par degré jusqu^à ce point que 
ses services furent enfin récompensés par le 
gouvernement d^une province agitée mais ri- 
che. Dans un temps de désordres et de di£Bcultés 
incroyables il se maintint dans sa position et 
rendit le pays prospère et heureux. Au milieu 
des querelles sanglantes des nations qui préten- 
daient à^Pempire, des conflits de tous les par- 
tis, des intrigues de chefs tous plus puissans 



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— 4i — 

que lui, il sut gagner quelque chose a chaque 
changement, et proGter de toutes les occasions 
d^agrandir ou de consolider son pouvoir avec 
une adresse et une activité qui lui valurent 
une haute «réputation de sagesse. Il était passé 
maître dans les arts et les subtilités de la diplo- 
matie indienne. Il occupa les Sikhs et s^assura 
contre leurs déprédations en les payant quel- 
quefois pour leurs services, il aurait même 
acheté leur neutralité sMl eût été trop faible 
pour les réprimer. LorsquMl paraissait complè- 
tement ruiné par les Afghans abdalis, il les fit 
attaquer par les Mahrattes et avec Faide de ces 
alliés chassa le prince qui favait réduit à une 
telle extrémité et le ministre qu^il soupçonnait 
d^être Tinstigateur de toutes ces intrigues. On 
ne peut que faire des conjectures sur le rôle 
quUl aurait joué dans la grande querelle en- 
gagée entre les Mahrattes et les Afghans abda- 
lis, la mort Payant sauvé de la vengeance ou 
de la pitié politique du shah. Il ne laissa ni 
postérité ni successeur pour perpétuer son nom 
et son autorité , mais sa mémoire vit dans le^ 
Penjab et il est regardé même par lesr Sikhs 



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— 42 — 

comme le dernier gouverneur mogol de leur 
pays. 

Les Mahratles étaient alors la plus grande 
puissance de llnde j leurs armées traversaient 
le pays depuis le Dekhan jusqu^à*llndus et 
THimalaya; il n^ avait personne qui ôsàt les at-^ 
taquer. Les soubahdars musulmans, qui avaient 
assuré leur indépendance pendant le déclin de 
Tempire mogol, tremblaient pour leurs princi- 
pautés et paraissaient n'avoir d^autre alternative 
que la soumission et le paiement du tchout à la 
puissance prépondérante, ou leur complète ex- 
termination. Dans cet état de choses , la réap- 
parition de Tabdali Ahmed Shah à Test de 
rindus fut pour beaucoup de personnes une 
espérance de salut et de secours. Shoudja-oud- 
Doula, à Oudh, le fameux Nadjib-oud-Doula, 
qui gouvernait Delhi et le Douab du nord, les 
ehe& Rohilla et toutes les familles musulmanes 
établies dans le Douab ou à Touest de la Jum- 
na^ accoururent sous Fétendart du shah et 
vinrent sous sa conduite combattre pour leur 
foi et leur indépendance. Les Mahrattes se reti- 
rèrent devant le shah de Lahor à Delhi, pillant 



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— 45 — 

et ravageant toute la contrée quMls traversaient. 
Les fertiles plaines du Sirhind présentaient donc 
une apparence de dévastation qui engagea Tab- 
dali , aussi bien pour se renforcer que pour s^u^ 
nir aux chefs musulmans de FHindoustan , à 
passer la Jumna à Bouria, dans le Douab. Là il 
rencontra et battit un détachement mahratte 
commandé par Dattadji Sindhia, qui périt dans 
Taction.Peu de temps après MalharRaoHolkar 
fut surpris par deux généraux afghans qui dis- 
persèrent ses troupes et même s^emparèrent de 
sa personne. Lorsqu^arriva la saison des pluies, 
Tabdali fît cantonner son armée dans le Douab, 
entre Sekandra et Anoif^shahar ; car tout le 
pays autour de Delhi et à Fouest de la Jumna 
avait été ravagé et complètement dévasté par 
les Mahrattes. 

La cour de Pouna, informée de Farrivée du 
shah et des défaites essuyées par Dattadji Sin- 
dhia et Malhar Rao Holkar , fit de grands pré-- 
paratifs pour s^efforcer de soutenir sa suprématie 
dansFHindoustan. Tous les vassaux de Fempire 
furent convoqués , et une immense armée s^a- 
vança vers Delhi sous le commandement de 



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^ 44 — 

Sndhasio Rao Bhâo, ordinairement appelé le 
Bhâo, k qui s^étaient joints Wiswas Rao, fils 
aîné de Peshwa , et les chefs des principales fa- 
milles mahrattes. Dans leur marche les che6 
virent encore grossir le nombre de leurs sol- 
dats, et une multitude innombrable atteignit 
Delhi, pillant sans remords tout ce qui se pré- 
sentait et ne rencontrant aucun obstacle sur 
son passage. 

La Jumna, qui séparait les deux armées, 
n'était pas encore guéat>le; aussi le Bhâo, après 
une courte halte à Delhi , tourna vers le nord , 
du côté de Karnal, où son armée fut arrêtée 
pendant quelquesjou^sausiégedeKounjpoura, 
possession d'une famille pathane , sur la rive 
occidentale de la Jumna. La place fut prise 
d'assaut, après une résistance opiniâtre conduite 
par le chef de la famille, Nidjabat Khan , qui 
périt dans la dernière action. L'armée mahratte 
redescendit alors vers Pahipat, ce qui ^permit 
au shah de passer la Jumna avec sa cavalerie 
le 23 octobre. Le Bhâo ne se crut pas en état de 
se mesurer en rase campagne avec le shah : il 
éleva donc des retranchemens et prit position 



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— 48-. 

aux environs de Panipat, où il attendit Tattaque 
de Fennemi. L^Âbdali, renforcé par la jonction 
des forces confédérées de Oudh, Rohilkand, et 
de tous les chefs mahométans du haut Hindous- 
tan, bloquâtes MahAtttesdans leurcamp et cher- 
cha à couper leurs convois. Pendant trois mois 
les deux armées restèrent en présence, occupées 
k des escarmouches et des combats partiels, et le 
shah continua son blocus» A la fin la famine 
commença à se faire sentir dans Parmée du 
Bhâo, et la détresse s'^accrut à un tel degré 
qu'il fut forcé de hasarder une bataille. Le 7 
janvier 1761 , dès le point du jour , il fit sortir 
ses troupes de leurs positions retranchées, et se 
prépara à une action décisive. Les Mahrattes 
furent complètement défaits; le Bhâo , Wiswas 
Rao et quelques-uns des principaux chefs mah- 
rattes furent tués dans le combat. L'histoire 
mentionne peu de*batailles où il se soit fait un 
aussi grand carnage que dans celle-ci. Le chiffre 
le plus faible de la perte essuyée par les Mah- 
rattes porte le nombre de leurs morts à plus de 
100,000 (sur 200,000) : mais si Ton considère 
la distance où ils étaient de leur pays, et les 



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- 46 — 

terribles vengeances que le pay;s ravagé par eux 
avait à exercer, on s^étonnera moins d^une telle 
perte. L'effet moral produit par cet échec sur 
la nation mahratte Fabattit encore plus que ses 
pertes réelles. Us avaient envoyé toutes leurs 
troupes à cette expédition , et leur défaite dut 
alors être considérée comme le renversement 
de leurs ambitieuses espérances et la destruc- 
tion de leur pouvoir. 

L^abdali, après cette importante victoire, se-* 
journa pendant quelques jours à Delhi pour y 
régulariser les affaires de THindoustan. De là il 
se rendit à Caboul en passant par le Penjab, 
après avoir nommé Khaja Obeid et Zein Khan 
gouverneurs de Lâhor et de Sirhind, qu^il réu- 
nit définitivement à son empire. 



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cHAvxraz n (i). 

Les Afghans dans le Penjab. — État des associations sikhes. 
•^ Cororoencemens et exploits desprincipaaz chefs. — Misai. -— 
Le Penjiftb est abaodoonc par les Afghans et occupé par les Sikhs. 

1761 — 1771. 

Ahmed Shah ne fît pas un long séjour dans 
le Penjab , rappelé comme il le fut dans son 
propre pays par les troubles qui y éclatè- 
rent. Le gouverneur qu^il laissa à Lahor n^était 
pas "autre chose qu^un comma^^dant militaire 
d^avant-poste, recueillant les impôts et levant 
les contributions comme il pouvait pour Fen-* 
tretien de ses troupes et les besoins généraux 
du shah. L'imparfaite occupation du terri- 
toire , la faiblesse du détachement laissé sous les 
ordres du gouverneur afghan Khaja Obeid, 
furent très favorables aux Sikhs qui s^élevèrent 

(i) Quelques faits dans ce chapitre ont été ajoutés au 
récit du capitaine Murray. Ces faits nous ont ëtë fournis 
par le Mémoire du capitaine Wade , qui a pris ses ren- 
seignemens sur Torigine de la famille de Randjit Singh 
aux meilleures sources. 



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-^ 48 - 

au milieu de tous ces désordres; la négligence 
avec laquelle ils étaient surveillés leur permît 
d^accroitre leurs forces dans différentes parties 
de la contrée j et de développer leur puissance 
et leurs ressources. Entre tous , les ancêtres de 
Randjit Singh, le roi actuel du Penjab , se dis-;- 
tinguèrent par leurs entreprises hardies et s^ac- 
qulrent une réputation qui devait croître de 
jour en jour. Cette famille ne se vante pas 
d^une grande antiquité ; le premier de ses mem- 
bres dont la tradition fasse mention est un 
petit zemindai*, nommé Disou, un djât de la 
tribu de Sânsi; il habitait Sbukar Tchak^ vil- 
lage du district de Manjha. Son patrimoine 
possédait deux charrues et un puits. On sait 
peu de choise de ce personnage, si ce n'est qu'il 
• fut le père de Nodh Sing, dont le fils Tcharat 
Singh commença la fortune de sa famille par 
rétablissement d'un serdari ou cour princière. 
Ses descendans Maha Singh et Randjit Singh 
en ont étendu la souveraineté sur un grand et 
fertile pajs. 

Nodh Singh fut le premier de la famille qui 
embrassa la religion des Sihks : il épousa la 



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-4Ô- 

fiUe de Goiilàb Singh, zemindar de Midjithia ^ 
qui était déjà initié aux rites de cette croyance 
et fit du Pahul la ccmdition du mariage* Nodh 
Singh accepta; après son mariage il aban- 
. donna la terre paternelle , et ayant enlevé pu 
s'^étant procuré par quelque autre moyen un 
cheval, il se réunit au corps formé par Kapour 
Singh de Goujrat, qui avait pris le titre de Féï- 
zouilapouria. , 

Nodh Singh mouruten lySo, Tcharat Singh, 
suivant la vie aventureuse de son père ^ mais 
ne voulant pas servir dans un rang inférieur, 
fit alliance avec ses beaux- frères Dal Singh et 
Djodh Singh , et avec leur aide leva un corps 
de partisans qu'il entretint du fruit de ses en- 
treprises toujours heureuses. Son épouse était 
deGadjaraoli, village situé un peu au nord de 
Lahor; par Finfluence de sa famille, il obtint 
la permission d'élever dans le voisinage un 
petit fort qui devait lui servir de place de 
sûreté pour le dépôt de ses richesses , pour sa 
famille et ceux qui s'étaient attachés à sa for- 
tune. Ce poste, par son voisinage de Lahor, 
servait de point de ralliement à d'autres asso- 

Orio. et progr. 4 



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— BO — 

dations sikhes ; aussi en 1762 , attira-t-û VMt^ 
tention de Khadja Obeid, qui vint avec des 
forces pour Tenlever et éloigner Tcharat Singh 
du voisinage. Mais les Sikhs attachaient trop 
d'^importance à ce poste pour ne point essayer 
de le conserver, et un corps nombreux vint le 
défendre. Lorsque le gouverneur approcha de 
Gadjaraoli, ils jetèrent des hommes d'élite dans 
la place, et le reste tenant la campagne inquiéta 
son camp* Khadja Obeïd avait amené à cette 
expédition un corps de troupes sikhes qui en- 
tretenaient une correspondance secrète avec 
leurs corélija^ionnaires et finirent par passer à 
Fennemi. L^armée du gouverneur, saisie d'une 
terreur panique, se dispersa, Khadja Obeïd lui- 
même eut à peine le temps de monter à cheval 
et de s^échapper, lorsque les Sikhs entrèrent 
dans son camp et s^emparèrent de tous ses ba- 
gages. 

Après cette défaite, le gouverneur afghan 
osa à peine sortir des murs de Lahor ; et le I>al 
sikh, ou assemblée des chefs, fut publique- 
ment convoqué à Amritsar, où jies ablutions et 
les autres cérémonies du Diwali étant accom- 



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- Si - 

plies filfot résolu d^iavesUrDjaDdiala, place oc-- 
cûpée par Nirandjani Gourou, Hindou qui avait 
fait sa soumission et pris du service sous Ahmed 
Shah , et à cause de cela avait encouru la haine 
vindicative des sectateurs de Gourou Govind. 
La nouvelle de ces événemens éveilla Tat- 
tention d''Ahmed Shah qui , en novembre 
1762, se montra de nouveau sur Flndus. D^ 
là, il partit avec un détachement d^élite dans 
Tespoirde surprendre , par une de ces marches 
rapides auxquelles il devait ses succès , les Sikhs 
qui avaient investi Djandiala dont le siège du- 
rait encore. Mais quelques heures avant son 
arrivée, les Sikhs furent instruits de son ap- 
proche , et , levant leur camp , se dispersèrent 
dans plusieurs directions; un grand nombre, 
d'entre eux passa le Satledj. Le shah rejoignit 
son armée à Lahor, et ordonnna à son gouver- 
neur de Sirhind d'observer les mouvemens des 
Sikhs, de convoquer les serdars et les d}agir- 
dars (1) musulmans avec leurs contingent , et 
d^attaquer Tennemi* Bientôt après, le shah fut 

(i) Le '3jagirdar est celui qui occupe un territoire reçu 
en récompense de ses services^ soit à perpétuité , soit à vie. 



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informé par un courrier que Tarmée sikhe était 
à Kos Rahira , sur la rive méridionale du Sat- 
ledj (dont le cours à partir de Firoz va se diri- 
geant de Test à Fouest), el que Zein Khan avec 
les musulmans de Baraich et Malér Kolila (i) 
observaient leurs mouvemens. 

Le shah ordonna aussitôt à un fort détache- 
ment de cavalerie de prendre des vivres pour 
trois jours, et quittant Lahor dans le plus grand 
secret, il marcha en personne contre Fennerai. 
Le soir du deuxième jour, il passa le Satledj et 
fit une halte de quelques heures à Loudiana, 
Au point du jour, le matin suivant , il joignit 
Zein Khan, qu^il trouva déjà engagé avec les 
Sikhs; car ces derniers, comptant sur leur su- 
périorité numérique , avaient voulu battre le 
gouverneur de Sirhind et déjà attaqué son 
camp. L'apparition des bonnets de peau de 
mouton des gardes-du-corps du shah , décida 
du gain de la bataille ; les Sikhs furent battus 
et mis en fuite; on les poursuivit jusqu'à Ha- 
riana Barnalla et le carnage fut terrible ; 25 ou 
3o,ooo hommes, dit-on, perdirent la vie dans 

(i) Noms de tribus. 



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— M -- 

cette occasion , mais un vieux musulman de 
Maler Kolila , qui s^était trouvé à cette bataille, 
assura au capitaine Murray que la perte des 
Sikhs ne dut pas dépasser 12,000 hommes. 
Uabsence de toute espèce de registres , la for- 
mation irrégulière des armées indiennes, qui 
ne sont jamais qu^une association de chefs, 
exagérant tous le nombre de leurs troupes y 
rend di£Bcile , sinon impossible, d^estimer avec 
quelque certitude les pertes essuyées dans un 
combat. Toujours est-il que ce désastre est 
qualifié dans les traditions sikhes de ghalou 
ghara^ c'est-à-dire carnage sanglant. AlaSingh 
de Patiala , chef de la famille des Phoul (i) , 
fut fait prisonnier à Barnala et amené par le 
shah à Lahor. Là, à la prière du ministre Shah 
Wali Khan , il fut relâché sur sa promesse de 
payer un tribut , et son courage lui ayant as- 
suré la faveur du shah , il fat honoré du titre 
de radja et congédié avec de magnifiques ha- 
bits d'honneur. 

Le shah, irrité contre les Sikhs à cause des 
difficultés qu'ils lui avaient suscitées, non moins 

(i) Le ph est aspiré dans ce mot. 



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— 54 - 

que par son zèle fanatique contre les idolâtres 
et les infidèles , signala son passage à Amritsar 
par la démolition du temple sikh de Harman- 
dar et du réservoir sacré. Le temple fut ren- 
versé par la poudre , et le réservoir, dont les 
matériaux furent mutilés et transportés, aussi 
loin que les circonstances le permirent,, fut 
souillé par le sang et les entrailles des vaches 
et des taureaux, sacrilège encore plus grand 
aux yeux des disciples schismatiques de Gk>a- 
rou Govind qu'à ceux des Hindous, ortho-^ 
doxes de la religion de Brahma. 
* L'attention du shah se tourna ensuite ve)*s le 
Cachemir, dont le gouverneur Souk Djiwan^ 
atait levé Jes impôts depuis neuf ans, sans eu 
rien reverser dans le trésor royal. La coopéra- 
tion dé Randjit Dio, radja de Djammou, 
ayant été assurée non sans quelque difficulté, 
un fort détachement partit de Lahor sous les 
ordres de Nour-oud-din , et le radja le cou- 
duisit à travers les montagnes de Pir Penjal 
jusque dans la vallée de Cachemir qu'il soumit 
après une résistance opiniâtre. Souk Djiwan fut 
fait prisonnier et puni par la perte des yeux,, 



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— s» — 

^hmed Shah , après avoir pris ces précautions 
qui devaient lui assurer la possession du pays 
à Test de Flndus, retourna à Caboul vers la 
fid de Tannée 1762. Il préposa THindou Ca- 
bouli Mal au gouvernement de Lahôr. 

A peine FAbdali 6tait--il parti que les Sikhs 
reprirent les armes* Un gourmatta , ou concile 
de la secte , fut tenu publiquement à Amnlsar, 
d^où une armée se dirigea sur Kesour (ou Ka- 
sour ) ^ qtii fut pris et sacoSgé : un butin consi- 
dérable fut la proie des vainqueurs* Enflammés 
par ce succès ^ ils réunirent des forces plus con-* 
sidérables et résolurent d^attaquer Sirhind. II5 
parafent devant la place au nombre de qua^ 
rante mille, et campèrent en deox divisions à 
Fest et à Touest de la ville. Dans le mois de dé- 
cembre 1763, le gouverneur Zein Khan sortit 
des murs poor risquer une bataille : elle s^en- 
gagea à Fir Zein Manaira , village distant de 
sept milles de Sirhind. La fortune favorisa les 
Sikhs^et les généraux musulmans périrent dans 
Faction/ La ville de Sirhind fut emportée et les 
maisons rasées; car Facharnement des Sikhs^ 
était excité an plus haut point contre ce lieu , 



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par le souvenir que la femme et le jeune fils de 
leur maître Gourou Govind y avaient été inhu-- 
mainement mis à mort par Vizir Khan, officier 
d'Aureng-Zeb. Pas une maison ne resta debout ; 
et c'est encore une action méritoire aux yeux 
d'^un Sikh d'emporter trois briques des ruines 
de Sirhind pour les jeter dans le Satledj ou la. 
Jumna.. 

Cette entreprise audacieuse rappela Ahmed 
Shah à Lahor; il y revint en janvier 1764 s c'é- 
tait la septième fois qu'il envahissait THindous-^ 
tan. A son arrivée les Sikhs se dispersèrent et. 
cherchèrent un refuge dans les déserts, à Fouest 
et au sud de Patiala etNabah. Ala Singh, radja. 
de la première de ces villes , avait obtenu la con-s 
cession des ruines de Sirhind du chef Djoum*^ 
la Bhaï Boudha Singh , à qui la ville avait été 
abandonnée du consentement unanime des 
chefs qui Pavaient prise. Le radja lui donna 
en échange quelques riches villages. Grâce 
à Pinfluence du ministre Shah Wali Khan j 
Ala Singh obtint du shah la ratification di^ 
marché. 

Tant de désordres sans cesse renouvelés, exci-. 



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tèrenl les regrets de TAbdali ; mais les moyens 
ou le temps lui manquaient pour remédier à 
ces maux : il reprit la route du Caboul sans 
51 voir rien fait pour punir ou réprimer les Sikhs. 
Il était à peine parti qu!^ils se rassemblèrent de 
nouveau et osèrent attaquer Lahor. Cabouli 
Mal fut obligé de fuir. La ville ainsi conquise 
fut partagée par les vainqueurs en trois divi- 
sions qui échurentàLehna Singh,GoudjarSingh 
et Sobha. Ahmed Shah revint pour punir cet 
outrage et s^avança jusqu^au Satledj ; mais les 
Sikhs se replièrent devant lui jusque dans les 
déserts situés au sud dlngraon , et il ne put 
rencontrer d''ennemis sur qui exercer sa ven- 
geance. A. son arrivée sur les bords du Satledj , 
Amar Singh , petit-fils du radja Ala Singh (i), 
mort récemment, vint au-devant de lui et re- 

(i) Amar Singh de Patiaia était fils de Sardpl Singh , 
qui survécut à son père; deux ou trois ans, suivant 
Khoushwakt Raï. Lorsque Amar Singh vint auprès 
d'Amed Shah, il reçut ordre de se raser la tête et la barbe 
avant d être introduit devant le roi. Par un nazarana (ou 
présent) d*un lakh de roupies, il obtint la permission de 
Xie pas se conformer à cet ordre. Khoushwakt dit que le 



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— «8 — 

çut avec Tinvestiture le titre de Maha Radja 
Radjagan Mahinder Behader, qui est mainte-^ 
Dant porté par le chef de la famille Patiala. Sair 
ces entrefaites un desta^ oq corps de douze mille 
hommes de Parmée du shah , quitta soudaine** 
ment le camp sans en avoir reçu l'ordre et re- 
tourna à Caboul. Le shah se mit à leur pour— 
suite pour les punir; mais sa retraite fut inquié- 
tée par des partis de Sikhs qui lui enlevèrent 
beaucoup de bagages , voltigeant sur ses flancs 
et son arrière-garde jusqu^à ce qu'il eût passé 
le Tchenâb, 

Le shah ayant ainsi abandonné la campagne, 
les Sikhs ne se virent plus disputer la posses- 
sion du Penjab. Ils s'étendirent dans le pays et 
Toccupèrent définitivement . Chaque serdar , se- 
lon ses forces, s'emparait de tout ce qu'il ren- 
contrait, ne reconnaissant aucun supérieur, ne 
soumettant ses actes au contrôle d'aucune au- 
torité. Ils ne furent plus troublés dans leur con- 

titre de Mahinder fut obtenu du shah Alam au temps de 
Saheb Singh , et que le titre de Maha Radja Radjagan* 
Behader fut celui confère à Âmar Singh par Ahmed 
Slidili. [Note de r auteur.) 



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quête par aucune armée venue de Fouest, où 
Ahmed Shah continua de régner jusqu^à sa 
mort, occasionée en 1773 par un chancre au 
visage. Son fils et son successeur Timour oc^ 
cupa paisiblement le trône pendant vingt ans, 
et ne fit aucune tentative pour recouvrer Lahor et 
le Penjab : ce pays, avec la province de Sirhind 
et tout le territoire à Test jusqu^à la Jumna, d^ 
vint la possession des chefs et des associations 
qui avaient jusque-là vécu de brigandage et 
étaient, pour la plupart, de basse extraction et 
entièrement dépourvus de toute éducation et 
de toutes lumières. 

Les serdars, ou chefs de la nation sikbe, s'é- 
taient fait suivre dans leurs campagnes par leurs 
parens, leurs amis, des volontaires, et même 
des mercenaires, mais en petit nombre. La plu- 
part d^entre eux se considéraient comme des 
associés intéressés au succès d^une même entre* 
prise, et regardaient les terres nouvellement 
conquises comme une propriété commune dont 
chacun devait avoir sa part , selon Faide qu'il 
avait apportée. Les associations s'appelaient /ni- 
sals^ voulant dire par là qu'elles formaient une 



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— 60 — 

confédération de puissances égales entre elles, 
sous des chefs de leur choix. Le chef conduisait 
à la guerre, et rendait la justice en temps de 
paix ; il était respecté et traité avec déférence 
par les serdars inférieurs ; mais ils ne se consi (gé- 
raient comme obligés à Tobéissance que quand 
ils y trouvaient leur bénéfice réciproque ou que 
le bien du misai l'exigeait. Les parties confédé- 
rées eurent chacune son titre particulier. On 
comptait alors douze misais principaux, qui 
pouvaient mettre en campagne 70,000 chevaux. 
En voici le dénombrement ; 

1" LeShangi-misaly à la tête duquel étaient 
HariSingh, Djhandi Singh etGandha Singh, 
qui étaient d^abord tous trois jâts et cultiva- 
teurs dans le Douab. Le misai prit son nojxx 
de Tusageque faisaient ses membres du bl/Langy 
matière dont la fumée enivre et qu'on pré- 
pare avec les résidus du chanvre. Son terri- 
toire dépend aujourd'hui du royaume chevaux. 
de Lahor 10,000 

2** Le Ramgarrhia'-misaL II tire son 
nom d'un village situé à Test de Lahor. 
Son chef, Djasa Singh , avait d'abord 



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— 61 — 

été thoha^ ou charpentier. Ses pos- 
sessions font maintenant partie du 
royaume de Randjit Singh 3,ooa 

S** Le Ghannia " misai j gouverné 
par Djeï Singh j jât de Ghanni. Il est 
situé aussi à Test de Lahor. Son terri- 
toirre appartient à Randjit Singh. . • 8,000 

4* Le Nakria^misaL II prend son 
nom de Nakri^ pays situé au sud-ouest' 
de Lahor et limitrophe du Moultan. Il 
eut quelques chefs, tous jâts agricul- 
teurs, de basse extraction. Son terri- 
toire a été occupé , et il n^existe plus 
comme corps distinct 2,000 

5" Le Atouwala^rmsal ^ gouverné 
par Djasa Singh , kalal ou massier. Il 
acquit une grande considération parmi 
les Sikhs, et ses partisans lui donnèrent 
le titre de Badshah (1). Cette province 
s^étend sur les deux rives du Satledj , 
et son chef actuel, descendant de Djasa 
Singh, a placé la partie située sur la rive 

(i) C'est sans doute une altération du persan pâdislKih, 
qui signifie souverain* 



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— «— ! 

orientale sous la protection anglaise. 
Cest un grand de la cour de Randjit 
Singh qui le traite avec distinction, 
mais le soumet à de continuelles exac- 
tions pour ses terres du Penjab 3,000 

6*» Le Daliala^mùal j gourerné par 
Tara Singh Gheîba, berger de t>ali^ 
village situé sur le Ravi, à Test de 
* Lahor. Ce chef tira son surnom de 
Gh^eïba de son adresse à mener paître 
ses chèvres et ses agneaux au m^ieu des 
torrens. Les possessions de Tara Singh 
font partie maintenant du royaume 
de Randjit Singh; mais le Roupour et 
quelques autres serdars de ce misai, 
ayant des possessions situées à Test 
du Satledj, sont sous la protection an- 
glaise 7,5oo 

7 7"* Le Nishan fVakHjdsaly gouverné 
par Sangat Singh et Mohar Singh, les 
porte-étendard du dal^ ou armée si- 
khe : circonstance d^où il tire son nom. 
Les familles de ces deux chefs sont 
éteintes, et Ambala, une de leurs pos- 



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--05 - 

sessions, est en conséquence tombé sous 

le sceptre des Jinglais. Shahabad, ap-s 

partenant à des chefs sou mis , est sous 

la protection anglaise 12,000 

8"* Le Feizoullapouria-misaly appelé 
quelquefois Singkapouna^ gouverné 
par Kapour Singh et Kousbh&l Singh, 
de Feïzoullapour, village près d^Amrit- 
sar. Son nom mahomélan a été changé 
par les Sikhs en Singhapour. Les chefs 
étaient des zemipdars jâts* Kapour 
Singh était appelé Nabab par les siens. 
Leurs possessions , situées à Fouest du 
Satledj, ont été occupées, mais celles 
qui étaient à Test sont encore adminis- 
nistréespar leurs descendans sous pro- 
tection anglaise ^i â,5oo 

9" Le Krora Singhiar-ndsàlj gouver- 
né par Krora Singh, et après lui par 
Bhagaïl Singh , tous deus jâts. Krora 
Singh. n^a pas laissé d^héritier. Les pos- 
sessions de Bhagaïl Singh dans le Pen- 
jab ont été occupées par Randjit Singh , 
mais sa veuve occupe Tchilandi et 



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— 04 — 

vingt-deux autres villages à Test du 
Satledj sont sous protection anglaise, 
Tchitcherouli, obéissant à un chef su- 
bordonné, est aussi sous protection an- 

glaise 12,000 

lO^'heShahîdetNihanff'mùal^ go^i- 
vernépar Karam Sîngh et Gour Baks h 
Singh. Ce nom, qui signifie martyr, 
fut acquis à cette province par les pre- 
miers chefs , ancêtres de celui qui fut 
décapité par les Musulmans à Damda- 
dama, à Fouest de Patiala. Le terri- '^ 
toire situé à Test du Satledj est sous 
protection anglaise 2,000 

11". Le Phoolkia et Bhatkia^misal ^ 
gouverné par le radja Ala Singh, et 
ensuite par Radja Amar Singh, son 
petit-fils de Patiala, Phool fut aïeul jât 
des chefs de Patiala , Nabah, Djind et 
Keïthal, placés tous sous la protection 
anglaise. 5,ooo 

12"*. Le Soukarichakia^misal ^ gou- 
verné par Tcharat Singh , ancêtre de 
Randjit Singh, roi actuel de Lahor, 



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dont les aïeux étaient zemindars jàts 

de Soakar-Tchak 2,56î}f " 

Total . . /. 69,500 
Dans cette liste le misai de Tcharat Singh oc- 
cupe la dernière place. 11 fut formé probable- 
ment après que l'heureuse défense de Gadjraoli 
et la défaite de Khadja Obeïd eurent élevé la 
réputation de ce chef. Chaque misai agissait 
indépendamment des autres ou de concert avec 
eux , selon que la nécessité ou des inclinations 
particulières en décidaient; cependant il y avait 
le plus souvent une assemblée de chefs appelée 
sarhat khalsa tenue deux fois par an à Amrit- 
sar pendant les fêtes deBeïsakhi etDewali, qui 
tombent en avril et octobre. Alors après les 
bains dans le réservoir sacré on tenait généra- 
lement un gourmattUy ou réunion particulière. 
Là on soumettait à la sagesse de rassemblée les 
grandes expéditions et les questions d^une im- 
portance extraordinaire. Si les forces réunies de 
quelques misais entraient en campagne pour 
quelque entreprise de pillage ou pour lever le 
Rakba (Black Mail), Farmée prenait le titre de 
Dal du khalsa DJi. 

Orig. et prqgr. . 5 



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Lorsque les circooscriptioDS territoriales de^ 
miçaU furent arrêtées, le premier devoir des 
chefs fut de partager les terres, les villes, les 
villages entre ceux qu'ils regardaient eux*-mênies 
comme ayant fait la conquête en commun 
(shamzl) avec eux. Chaque sarkanda ou chef de 
la plus petite troupe de cavalerie qui servait 
sous l'étendard du misai, demanda ^ part, 
proportionnée à sa puissance et à ses efforts, et 
comme ils ne recevaient aucune solde çt qu'ail 
uY avait pas d'autre, récompense à leur offrir, 
on dut recourir à ce moyen pour les çati^faire^ 
Les serdarùÇoM parts des chefs) étant déjà dési- 
gnés, le reste fut partagé en /lo/^/^ ou parcelles 
pour chaque sarkanda , et ceux-ci furent sub- 
divisés à leur tour entre les chefs inférieur? 
selon le nombre de chevaux qu'ils avaient mi» 
en campagne. Chacun reçut sa part comme as^ 
socié à titre égal et la posséda dans une indé-^ 
pendance absolue. 

Il était impossible qu'un tel état de choses 
subsistât long-temps dan§ le Penjab, pas plus 
qu'il n'avait subsisté en Angleterre, en France 
et dans d'autres contrées de l'Europe , lors-^ 



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-07 - 

tju^elles furent conquises de la même matiièrë 
par des hordes de guerriers associés qui ne 
reconnaissaient ni gouvernement ni autorité 
régulière* Quand la crainte d'un ennemi et d\m 
danger communs furent écartés et que les chefs 
de hardisaventuriers devinrent propriétaires ter- 
ritoriaux, des discordes et des guerres intestines 
commencèrent selon le caractère, Pambition ou 
Pavarice de chacun. Les causes de querelles né 
firent jamais défaut dans la confusion des con- 
fédérations de cette espèce. Les haines qui par-^ 
tageaient chaque territoire favorisaient les des- 
seins des ambiteux ; leur secours était sollicité 
par l'un des partis, et souvent ils trouvaient 
moyen de les renverser tous deux. S'il s'^agissait 
de limites, d'injures reçues, de torts réels ou 
imaginaires , le chef convoquait ses parens et ' 
ses vassaux, pour qu'ils eussent à lui fournir les 
moyens de se faire rendre justice. L'honneur 
leur faisait une loi de ne pas lui manquer lors- 
qu'il invoquait le tchara} mais dans le cas 
d'une division intestine du misai , chacun était 
libre de choisir son parti , et aucun des partis 
ne trouvait mauvais d'appeler du secours de 



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— 68 - 

Textérieur. Lorsqu^an avait recours au tcharay 
il était d^usage que le chef ou la personue qui le 
réclamait payât une roupie par kalhi^ ou par 
selle. Dans les autres cas le service était gra- 
tuit; le pillage était la seule récompense qui in- 
demnisât ceux qui s^étaient rangés sous Féten- 
dart du chef. La vie passée et les habitudes des 
Sikhs leur avaient ôté tout scrupule sur le rôle, 
la conduite ou le caractère de leurs associés. 
Les plus grands criminels étaient admis dans 
leurs rangs y et c^était un point d'honneur de ne 
jamais rendre les réfugiés qui étaient venus leur 
demander asile, quel que fût le crime qui 
leur fut imputé. Aussi la pratique du gaha^ 
c est-à-dire Tusage de se faire justice par soi- 
même autant qu'en ayant recours aux autori- 
tés , était-elle fréquente chez les Sikhs ; aussi 
chaque propriétaire de village entourait-il sa 
propriété d'un mur et d^un fossé; aussi dans 
les villes ou places occupées en commun, 
les maisons des associés et de tous ceux qui 
étaient exposés à la cupidité ou aux pas- 
sions haineuses des autres étaient-elles bâties 
comme des forteresses , et souvent une espèce 



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de citadelle, élevée dans la propriété même, 
en était séparée par un retranchement inté- 
rieur, pour se défendre des trahisons des ser- 
viteurs. 

Le mode de possession que nous avons dé- 
crit s^appelle pàtidariy cVst ainsi que possède 
chaque associé d^un rang moindre que celui de 
serdar, jusqu^au simple cavalier qui se monte et 
s^équipe à ses propres frais ; tous ils régularisè- 
rentlaconditiondeleurj9a^;,en éloignant, chas- 

, sant , ou même , selon leur plaisir, maltraitant 
tous les zemindars et en s^insurgeant contre 
eux. La plainte de ces derniers ne pouvait être 
écoutée ni obtenir justice d'aucun supérieur. 
Dans le cas d'une querelle entre égaux, on s^en 
rapportait au jugement du sarkanda, et si sa 
décision n^'était pas satisfaisante, on pouvait 
faire appel au serdar général. Cependant le 
mode le plus ordinaire de faire écouter ses 
griefs était de réunir ses parens et ses amis et 
de demander une prompte satisfaction. Un pa- 
tidar ne pouvait vendre son fief à un étranger, 
mais il pouvait l'engager dans un cas pressant, 
et à Sja mort désigner son héritier. L'aide réci- 



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— 70 -^ 

proque pour la défense était le lien qui unis^ 
sait le patidar à son chef et la seule condition 
de son investiture. 

Cependant , outre le patidari , il existait en-r 
core trois autres espèces de fiefs, nés des cir- 
constances ou créés par elles. Ils désignaient la 
position de différens chefs par rapport aux mi- 
sais dont ils faisaient partie. Cétaient le mUal- 
darij le tabadari et le djagirdavù 

Des corps de force inférieure , ou des chefs 
puissans sVttachaient quelquefois avec leurs 
soldats à un misai, sans s^engager dans les con- 
ditions de Tassociation ou de la dépendance* 
Les terres ainsi assignées étaient considérées 
comme la récompense de leur coopération ^ et 
elles étaient tenues dans une indépendance 
complète ; on les appelait misaldaris, S^il était 
mécontent de son chef, un misaldar avait le 
droit de se placer lui et sa propriété sous la pro- 
tection de celui dont il préférait la suzeraineté. 

Un tabadar était un vassal d^une autre sorte ; 

.il était complètement réduit li la condition de 

/serviteur. Les terres qui étaient sa récompense 

pouvaient lui être reprises sous prétexte de for-» 



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-- 7i ~ 

faiturey^désobéissanœ ou rébellion , ufi caprice 
du serdar pouvait le dépouiller pour le plus 
légw motif. 

La troisième classe des fiefs> otidjagirs^ était 
donnée à desparens, à des serviteurs, à des 
soldats entretenus qui avaient bien servi; ces 
tenanciers étaient soumis à un service person-^. 
uel d'aune certaine durée eux et leurs quotas , ou 
contingent, équipés et armés à leurs frais , sui- 
vant les conditions de Poctroi« Ib dépendaient 
encore plus du serdar que les tabadars. Ces 
deux sortes de fiefs n^étaient héréditaires qu^a*^ 
vec sa permission ; leurs terres faisaient partie 
du territoire assigné au serdari, et il va sans dire 
que le misai ou association n^avait rien à voir 
dans les arrangemens entre le seigneur et te 
vassaL 

Les établissemens et les concessions reli- 
gieuses et charitables faites aux gourous sikhs , 
aux soudiis et baïds, les dotations pour les 
templesetles distributions d'aumônes et même 
pour les pirzadas musulmans , ne demandent 
ici aucune mention particulière, car ils n^ont 
rien qui les distingue de toutes les institutions 



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— 72 — ^ 

du même genre qui existent dans THindoustan 
supérieur. 

Ces explications étaient nécessaires pour don- 
ner une- idée de l'état des choses qui résulta 
pour les deux provinces de Lahor et de Sirhind 
de Toccupation des Sikhs, lorsqu'elles leur fu- 
rent enfin abandonnées par les Afghans comme 
elles Payaient été par les officiers mogols de 
' Delhi. Le lecteur européen sera sans doute 
frappé de Tanalogie de cette situation avec 
celle de TAngleterre , telle que les traditions 
nous la représentent lorsque les Saxons vinrent 
Foccuper; avec celle de la France , lorsque 
Clovis et les Francs s'emparèrent de la plus 
belle partie de la Gaule. Les formes de goii-- 
vernement les plus grossières sont toujours 
celles que les tribus ignorantes ont appliquées; 
et si le philosophe éprouve quelque plaisir à 
voir ce qu'ont produit ces tentatives d'indé- 
pendance universelle et d'égalité entre les in- 
dividus, ne donnent-elles pas 'aussi le droit 
d'accuser de témérité celui qui oserait dire que 
chaque classe de la société peut trouver le bon- 
heur, la satifaction , la paix dans un pays gou-> 



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— 75 — 



verné par quelques milliers de souverains, 
comme le furent les malheureuses' provinces de 
Lahor et de Sirhind, lorsque les Sikhs les eurent 
conquises. 



V f 



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Discordes et divisions des Sikhs. — ,Èlévalion ot cKate de diver* 
chefs — Histoire de Tcharat Singh et Maha Singh , ancôlrcs de 
lUridjii Siogh. — Raodjit Singh prend la direction des affairca. 

1773—1791. 

En résumant la suite des événemens dans le 
Penjab , Tbistorien n^a plu^ désormais à racon- 
ter que les discordes et les divisions qui s'élevè- 
rent entrqles nouveaux conquérans; et comme 
ces querelles n'offrent ordinairement que fort 
peu d'intérêt et de variété, il faudra faire choix 
parmi ces événemens de ceux qui sont nécqg^ 
paires à Tbistoire, qui ont produit les circonstan- 
ces actuelles, ou, en d'autres termes, faire men- 
tion surtout de ceux dans lesquels les ancêtres de 
Randjit Singh, ou lui-même, ont joué un rôle. 

Le radja de Djammou, nommé RandjîtDio, 
était en mésintelligence avec son fils aîné Bridj 
Radj , et désirait le dépouiller de ses droits à lai 
succession en faveur de son plus jeune fils, 
Mian Dalel Singh. Pour assurer ses droits, 
Pridj Radj se révolta et invoqua le secours de 



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^ 76 — 

Tcharat Singh, lui offrant un tribut annuel 
considérable , à condition qu^il Faiderait à dé- 
posséder son père. Tcharat Singh , animé par 
une vieille haine contre Randjit Dio, accepta 
Toffre qui lui était faite, et, se fortifiant lui- 
même de l'alliance de Djeï Singh du Ghani-mi- 
sal , s'avança avec ses troupes et celles de son 
allié dans les montagnes , où il campa à Ooda- 
char sur la rive du Basanti. Le radja , informé 
des desseins de son fils, avait fait ses prépara- 
tifs de résistance. Il se réserva à lui-même la 
défense de la capitale et rassembla ses forces 
contre Tin vasion. Elles se composaient des auxi- 
liaires de Tchamba, Pîourpour, Baschar et Kan- 
gra dans les montagnes, auxquels il avait réuni, 
outre ses propres troupes , les forces confédé- 
rées du Bhangi-misal sous les ordres de Djhan-* 
da Singh , qu'il détermina à lui prêter son se- 
cours. Les deux armées étaient campées sur les 
deux rives opposées du Basanti , lorsque , dans 
une escarmouche entre les Sikbs auxiliaires , 
Tcharat Singh fut tué : son fusil éclata entre ses 
niains (i). 

(i) Khoushwakl Raï donne les mêmes détails sur l*i 



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— 70-. 

Il avait quarante-cinq ans, et s^étaît élevé de 
la condition de simple dhaivi\ ou homme de 
grand chemin , au rang de serdar d'un misai 
indépendant , avec un territoire dont le revenu 
est estimé à trois lakhs de roupies. Il laissa une 
veuve avec deux fils, Maha Singh et Sahadj 
Singh , et tine fille , Radj Kounwar. L^ainé de 
ses fils , Maha Singh , alors âgé d^environ dix 
ans , succéda à son serdari ; mais sa veuve et 
Djeï Singh Ghani prirent aussitôt la direction 
des affaires. Cest par leur ordre que fut assas- 
siné Djhanda Singh Bhangi, qui était le princi- 
pal appui du parti du radja de Djammou et 
Fennemi déclaré des misais deSoukarTchaki et 
de Ghani. Un assassin fut tenté par une forte 
somme , et il réussit en blessant mortellement 
le chef Bhangi à Tinstant ou il se rendait sans 

mort de Tcharat Singh ^ qu'il dit être arrivée à Oudout- 
chak , sur le Basantar, dans une escarmouche entre les 
deux armées campées depuis six mois sur les rives dti 
fleuve. Le même auteur confirme l'assassinat de Dj banda 
Singh t mais il dit qu'il était à cheval avec deux ou trois 
soldats. La date qu'il assigne à ces événemens est la même 
que celle donnée par le capitaine Murray. ( No/e de hau- 
teur, ) 



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_ 77 - 

escorte au camp de Djammou. Les Sikhs de 
Soukar Tchaki et de Ghani, satisfaits de cette 
exécution, abandonnèrent peu de temps après 
Fentreprise ou ils s^étaient engagés. Les troupes 
bhangis levèrent aussi leur camp après la mort 
de leur chef. BridJ Radj Dio fut ainsi laissé seul 
pour débattre ses droits avec son père;. cepen- 
dant avant le départ de Maha Singh il accom- 
plit avec lui la cérémonie de rechange des 
turbans {^dastarbadli) et lui jura une amitié 
fraternelle pour la vie* Ces choses se passaient 
en 1774 (1). 

(1) Le capitaine "Wade donne la date de 1771 comme 
celle de la mort de Tcharat Singh, et il dit qu'elle eut lieu 
danv<i une bataille générale contre les Sikhs Bhangis^ à Sa- 
hawara, près Djasar Dodeh^ dans le Douab de la Ri- 
tchhua. Il s'accorde à reconnaître que la mort de Tcharat 
Singh fut causée par l'explosion de son fusil, mais il rap- 
porte que Djhanda Singh fut tué dans un combat par un 
homme de son parti. Ces différences, excepté celle de la 
date , sont de peu d'importance ; mais il est singulier 
qu'un événement comme celui-là ait été rapporté d'une 
manière si diverse à ces deux officiers. L'autorité du ca- 
pitaine Murray paraît préférable, et sa version a été sui- 
vie. Le capitaine Wade diffère encore du capitaine Murray 



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- 78 - 

Quelques serdars inférieurs du misai récem^ 
ment formé de Tcharat Singh , méprisant la 
jeunesse de Maha Singh , ou mécontens de la 
régente, essayèrent de se rendre indépendaas. 
L'un d^eux, Dharam Singh, fut le premier qui 
osa commettre un acle de rébellion ouverte. Il 
réclama le secours et Tassistance de Ghanda 
Singh , successeur de Djhanda Singh au serdari 
du Bhangi-misal, mais il fut déçu dans ses 
espérances et dépouillé de ses terres par contu- 
mace pour crime de forfaiture arant que per-^ 
sonne fût venu à son aide (i). Les autres ser-»- 
dars furent eflPrayés par cet exemple. Les 
circonstances paraissaient favorables pour le 

sur la date de la naisance de Maha Singh. Le capitaine 
Wade la place en 1707 , ce qui donne à Maha Singh qua- 
torze ans en 1771 , lorsque Tcharat Singh movu'ut, sui- 
vant la version du capitaine Wacle. Le capitaine Murray 
fixe la naissance de Maha Sing en 1764 , c^qui lui donne 
dix ans en 1774. {Note de hauteur, ) 

(1) Khoushtvakt Raî dit que Ghanda Singh, le chef du 
Bhangi-misal, ayant été invité par Dharam Sing à Taider 
contre Maha Singh, répondit : « Pourquoi dépouiller ce 
a jeune homme et donner ses biens à un esclave? » 

( Note de t auteur. ) 



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- 7» -. 

mariage de Maha Sîngh qui fut en effet célébré 
en 1776. Il s^uait à la fille de GadjpatSingh^ 
de Djind, à qui il était déjà fiancé. Djeïâingh^ 
accompagné d^une nombreuse escorte des Sikhs 
de Soukartchaki et Ghani, passa le Satledj 
avec le beu^dê à Badroukk, où le jeune chef 
rencontra sa fiancée. Un grand nombre des 
serdars de la nation se rendirent à cette céré^ 
monie pouriui faire honneur; en effet on ne 
peu t se dispenser de prêtei*soaconcours dansde 
telles occasions, Tabscence est regardée comme 
un grave oublia une haute inconvenance. 

Maha Singh prit part ensuite comme associé 
de Djeï Singh à une entreprise dirigée contre 
Basoul Nagar, appelé aujourd'hui RamNagar 
par les, Sikhs, situé sur la rive orientale du 
Tchenab, et occupé alors par Dar Mohammied, 
jjàt musulman^ qui était le chef de Fancienne 
tribu de Tchatta^ nommée aussi quelquefois 
itantcharia d^une ville considérable située dans 
son territoire dont quelques habitans avaient 
embrassé Fislamisme. Le motif de l'attaque 
était que la tribu avait dérobé au Bhangirmisal 
une grosse pièce d'artillerie abandonnée dans 



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-^ 80 - 

sa retraite par le shah Ahdali, et laissée en dé^ 
pôt à la tribu Tchatta parce qu^il était imposa 
sible de lui faire passer le Tchenab(i)*Cecanoo 
fameux est connu aujourd'hui sous le nom de 
Bhangi Top : on le réclamait pour le khalsa 
ou la nation sikhe, et c'était une assemblée de 
chefs qui devait lui donner une destination. 
Rasoul Nagar fut assiégé et bloqué pendant 
quatre mois, sans que les Sikhs Bhangis, occu- 
pés pendant ce temps à piller , à s'assurer des 
terres ou à lever des tributs dans les districts 
de Moultan et de Bahawalpour, songeassent à 
secourir leurs alliés. La place tomba donc en- 
tre les mains de Maha Singh , qui s'acquit par 
ce premier fait d'armes une si grande réputa- 
tion, que plusieurs serdars indépendans ou 
attachés au Bhangi * misai , lui offrirent leurs 
services , aimant mieux le suivre à la guerre et 

(i) Khoushwakt Raï dit que le Bbangi Top fut pris par 
Tcfaarat Sing à Lehna Singh , mais que l'affût ajant ëlé 
brisé pendant qu'on le conduisait à Gadjraoli y on le laissa 
en dépôt chez les zemindars de Rasoul Nagar ( ville du 
prophète ) , jusqu'au moment où on viendrait le repren- 
dre. La restitution de ce canon aux Bhangis était donc 
une violation de la parole donnée. {Noie de Fauteur, ) 



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-^81 -^ 

Vivre sous sa protection et son commandement 
que sousceltti .de tout autre chef. 

Deux ans après cet événement , le 2 novembre 
A780 , un fils naquit à Mafaa Singh ; ce fils te- 
nait par sa mère à la famille Djind, on lé ^ 
nomma Randjit Singh. Il fut attaqué presque à 
sa naissance de la petite vérole. La maladie pre- 
nant une tournure défavorable , la vie du nou- 
veau né se trouva en danger; selon la coutume 
asiatique, le père fit d^abondantes aumônes 
auxpauvres, invita une multitude de Brahmanes 
et de saints personnages à prier pour lui , et 
envoya des présens aux temples de Kangra et 
de Djawala Moukhi. L^en&nt recouvra la santé, 
mais eQ perdant un œil, circonstance d^pù lui 
vient le surnom de Kana^ c^est-à-dire borgne, 
et son visage conserva les traces indélébiles de ' 
la nialadie. A cette époque, Maha Singh essaya 
de régulariser le gouvernement du pays qu^il 
tenait de son héritage ou de la victoire y cher- 
cha à étendre son influence et h^% relations. Les 
Bhangis ayant perdu leurs principaux serdars, 
avaient tenté de s^étabfir dans le Moultan, d^où 
ils avaient été repoussés par une armée d^Af-« 
Orio. et froor. 6 



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— 8« — 

ghaos qui reprit sur eux lai ville de Moullan , et 
même les chassa plus tard de Bahawalpour et 
de Mankera. Il résulta delà que le Bhangi-^misal 
n'eut plus réellement d'existeuce indépendante^ 
tandis que la fortune et la renommée croissante 
de Maha Singh lui permettaient d'étendre son 
influence et de s'enrichir des dépouilles ^d^ 
Bhangis. Il dut cependant agir avec prudence 
ayant de s'engager dans une guerre ouverte 
avec ses frères sikhs ^ car il savait que la pour-^ 
suite de tels moyens d'agrandissement suscite*^ 
rait beaucoup de mauvais vouloir tx>Qtre lui^ 
et provoquerait probablement une ligue re-^ 
doutable contre sa puissance* D'un autre côté, 
l'empire des A%faaQS était encore trop formi-i- 
dable et trop bieù uni pour qu'il pût espérer 
de s'agrandir aux dépens de cette nation. Mais 
son esprit ambitieux n'hésita pas long*-^tetnps à 
trouver le nloyen de poursuivre avec succès 
l'exécution de ses pians.. 

Ra(^a Randjit Dio de Djammoû était mort , 
et son fils Bridj Radj Dio lui avait succédé. Cà 
prince insouciant et dé^bauché excita de tels 
niécontentemens dansjsaprincipaulé qu'il four** 



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làït à MahaSingh un motif dHnterventiqii dans 
ses affaires* En effet^ ctim^y tenté par les cir^ 
constances, demanda un tributiet>^oulutfotcer 
son coreligionnaire à deremir son vafisai. Il 
sWançadans les montagnes avec une armée, at 
Bridj Eadj dépourvu de tpùt niojen de résis^ 
tança , s^enfuit dans la montagne de TriJ&ola 
Dévi , montagne à trois ^ics où se trouvait un 
asthan ou temple de i^shan Déyi à qui les bé- 
rets hindous fiDntdes offrandes de cacao /qpz'ils 
espèrent devoir ^e plus agréïable ii celle bien«- 
veillante dirinité que éas têtes de boucs. lia 
ville de Djammou était a eette ipoque 1res prbs* 
père et très riche ; car, par suite des divisions 
du Penjaby beaucoup de riches marchands 
étant venus y chercher un asile, j établirent dç|s 
relations avec les montagnes où ils nWaieiM: p?i 
pénétrer jusque-là (i). Djammou était bien 

(i) Khoushwakt Raï dopne les noms de plusieurs fa- 
milles réfugiées à Djaiomou peodant les trouble3 du Peu- 
jab ; entre autres Malika Zemani^ reine de Delhi , et une 
des veuves de Mir Manou. Hari Singh^ le fils de Kaonra 
Mal avec d'autres ipembrçs de sa fapiille^ y vivait aussi. Dil- 
pat Raï , fils de Lakhpat Raï ^ s'y était aussi établi avec les 
débris de plusieurs autres familles nobles de Delhi et de la 



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- 84 ~ 

situé pour ce dessein, car sous Randjit Dio^ 
cette'Classe de personnes fut bien accueillie et 
put vivre en toute aisance et sécurité. Maha 
Singh et les siens pillèrent la ville , ravagèrent 
tout le territoire de Djammou et ne revinrent 
qu'après avoir fait, dit-on, un immense bu- 
tin , tant en espèces qu'en objets précieux de 
toute sorte (i). 

Cette conduite de Maha Singh , quoiqu'elle 
Tenrichit, lui fit beaucoup d'ennemis. Les 
Sikhs Bhangis, qui avaient toujours entretenu 
des rapports très étroits avec Djammou, furent 
vivement irrités, mais ce qui était encore plus 
préjudiciable peut-être pour la naissante fortune 

courdu vice-roi. Randjit Dio traitait tous ces réfugies avec 
beaucoup de distinction , et il recommanda particulière- 
ment à son fils de leur continuer la même bienveillance. 
Bridj Radj cependant ne fut pas plutôt ëlevé au pouvoir 
qu'il les soumit à de dures exactions. On dit qu'il obtint 
ainsi de Hari Singh 5o lakhsde roupies. {Note de V auteur.) 
(i) Khoushv^akt Raï évalue le butin fait à Djammou à 
deux crores de roupies^ mais ce chiffre parait exagéré. Il 
dit aussi, que Bridj Radj fut tué dans un combat conti^e un 
détachement Bhangi. Son filsTcheït Singh lui avait suc- 
cédé lorsque Maha Singh prit la^ville et la saccagea. 



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— 88 — 

de Maha Sin^ , ce fat le déplaisir de son 
vieux mentor et gardien Djeï Singh que ses 
succès lui attirèrent. Ce chef était alors à 
l'apogée de sa puissance et doi^ d'un ca- 
ractère impérieux. Maha Singh à son retour 
des montagnes se rendait avec son butin à 
Amritsar pour j offrir ses respects à Djeï Singh 
et faire ses ablutions dans le réservoir sacré. 
Le vieux chef le reçut avec une froideur et un 
déplaisir marqué , à tel point que quand Maha 
Siugh , prenantrattituded'un inférieur, s'appro- 
cha avec un pot de confitures à la main, et le pria 
de lui dire quelle pouvait être la cause de son 
mécontentement , protestant , quant à lui , de 
ses sentimens de reconnaissance filiale pour 
Djeï Singh,. et offrant toutes les satisfactions 
qu'il était en son pouvoir de donner , Djeï 
Singh alors étendu sur son lit , et posant ses 
pieds sur Maha Singh , lui dit qu'il ,en avait 
assez de la sentimentale conversation de la 
Blmgti ( danse d'enfans) (i). Maha Singh se 

(i) Sviivatit Khoushwakt Raï^ Djeï Sing donna ordre 
de tirer sur Maha Singh. Son fils Gour Bakhsh intercéda 
en vain pour faire retirer cet ordre. Il dit aussi queMaha. 



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— «8 — 

garantie par le jeune chef qu^il avait insulté 
sous condition de rendre à Djasa Singh les 
terres dont on Pavait dépouillé et à Sansar 
Tchand le fort de Kangra qu^on lui avait pris 
par stratagème* Ces conditions acceptées, les 
alliés continuèrent d'occuper la ville de fiattala; 
mais avant la fin de Tannée , Sada Kounwar , ' 
veuve >de Gour Bakhsh Singh réussit par un 
complot tramé avec les habitans à expulser la 
garnison victorieuse et à reconquérir la ville. 

Djeï Singh avait placé toutes sei^spérances* 
sur la tête de ^ur Bakhsh, et quoiquHL eM 
deux autres fils, Bagh Singh et Nidhan Singh, il 
les traitait avec négligence , car toutes ses afiec-* 
tion^ se reportaient sur la famille de son fils 
mort. Sa veuve Sada Kounwar avait pris une 
grande influence et Fascendant le plus entier 
sur le vieillard, et comme elle était d'un esprit 
ambitieux et hardi , elle obtint qu^un apanage 
séparé de quelques villages entre Sohnaoïet 
Hadjipour serait réservé aux fils survivans, tan- 
dis qu^elle-même préparait tout à Battala dans 
ses intérêts et ceux des enfans qu'elle avait de 
Gour Bakhsh , un fils et une fiUe. A sa sugge? •» 



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lion une négociation fut ouverte pour les fian- 
çailles de cette fille Mehtab Kounwar, avec 
Randjit Singh le jeune fils deMahaSingh. Elle 
espérait arriver ainsi à une réconciliation dura- 
ble, et par le moyen de cet allié tout puissant 
sVssurer à elle-même le gouvernement du ser- 
dari à la mort de son beau-père. Le consente- 
ment de Maha Singh ne se fit pas attendre et la 
Mangni^ ou cérémonie des fiançailles, fut ac- 
complie dans l'année 1785. Par là le pouyoir et 
la renommée de Maha Singh s^accrurent encore, 
car Famitié du serdar de Ramgharia et celle 
du radja de Kangra à qui son secours avait as- 
suré le recouvrement de leurs possessions per- 
dues, ajoutée à Pinfluence qui résultait de ses 
étroites relations avec le Ghani-misal, le met- 
taient dans une telle position quMl n^ avait 
personne dans le Penjab ou dans la nati2»n 
sikhe qui put rivaliser d^autorilé avec lui ou 
réunir des forces égales aux siennes. Le résultat 
fut favorable à la prospérité du pays, et le Penjab, 
fondant quelques années, jouit sousTinfluence 
de ce chef d'un repos et d^une tranquillité qui 
lui étaient depuis long-temps inconnus. 



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Jusqu^en 1791 Maha Siogh continua d^ad^ 
ministrer en paix le territoire qu^il avait acquis 
et exerçant son pouvoir au bénéfice de ses alliés. 
En celle année mourut Goudjar Singh, éhef 
sikh duGoudjrat, et Saheb Singh son fils succéda 
à son serdari. La sœur de Maha Singh avait été 
donnée en mariage à Saheb Singh par Tcharat 
Singh 9 mais les liens de la pareuté ne purent 
rien contre Tambition et le désir d^agrandissé-» 
ment qui travaillaient Pesprit de Maha Singh. Il 
jugea le moment convenable pour faire recon-^ 
naître son autorité dans le Goudjrat en récla- 
mant un tribut. Saheb Siugh refusa d^obéir, 
.alléguant que son père était un des chefs du 
Bhangi-misal et nVvait jamais servi sous le 
drapeau du Soukar Tchaki - misai dont il ne 
pouvait reconnaître la suzeraineté. En recevant 
cette réponse Maha Siugh fil avancer son armée 
et assiégea, Saheb Singh dans le fort de Sou- 
dharp. Dans sa détresse^ Saheb appela à son se- 
cours lesBhangis, et Karam Singh Doulou vint 
avec ses troupes pour faire lever le siège. Trop 
faibles pour se meeiurer en rase campagne avec 
Maha Singh , les Bhangis s^établirent aux envi- 



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- 9t ^ 

rons de son camp et Pinquiëtèrent beauGOap 
pour la sûreté de ses convois ; mais un déta*^ 
chement desSoukar Tchakis prit et pilla le camp 
des Bhaûgis, oe qui permit à Maha Singh de 
pousser le si^e avec vigueur. Il était depuis 
trois mois devant la place lorsqu^au commen-> 
cernent de 1792 il tomba sérieusement malade. 
Le siège fut aussitôt levé et le chef| transporté 
à Goudjraoli sa principale résidence, y expira 
dans la vingt*^iseptième année de son âge. Il 
était brave 9 actif, prudent plus que ne le sont 
les hommes aussi jeunes que lui et il a laissé 
parmi les siens la réputation d^un serdar ac^ 
compli. Il échappa à la tutelle de sa mère à 
Fàge de 17 ans, et quelque temps après ayant 
découvert ses intrigues avec un brahmane , il 
la tua lui*mème de sa main; acte de justice 
barbare qui ne parait pas avoir entaché sa ré- 
putation ou nui à sa gloire aux yeux de ses con-^ 
tempûrains. 

. Maha Singh ne laissa qu'Hun fils, Randjit 
Sidgh le roi actuel, alors âgé de 12 ans, sa 
mère fut régente et assistée du ministre de soa 
époux, Lakhou ouLakpatSingh . Sada Kounwar,^ 



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-^ 98 — 

la belle-mère du chef mineur, exerçait aussi 
une grande influence sur les affaires, et Tannée 
suivante, c^est-à-dire en 1798, la mort de Djeï 
Singh laissa le Ghani-misal sous sa direction , 
tout ayant été préparé de longue main pour 
Texclusion des fils de ce serdar. 

On prit peu de soin de Féducation de 
Randjit Singh : on lui laissa satisfaire toutes les 
passions et tous les désirs de sa jeunesse, ses 
premières années s^écoulèrent dans les plaisirs 
et dans les divertissemens de la campagne. Il 
nV pas encore appris à lire ou à écrire dans ^ 
aucune langue que ce soit. Il était encore 
en tutèle lorsqu^un second mariage Tunit 
à Radj Kounwar, fille du chef Naki Khadjan 
Singh. ' 

Ce fut à 1 7 ans, comme son père, que Randjit 
Singh prit en personne la direction des af- 
faires et congédia son ministre. Plus tard, parles 
conseils de Dal Singh , oncle maternel de son 
père, qui nourrissait^ depuis long-temps des 
sentimens haineux contre le ministre , Randjit 
Singh chargea Lakhou d^une expédition contre 
la ville de Kitar; Fancien ministre y fut tué 



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— 95 ^ 

dans une querelle ayèc les zemindars et Ton 
soupçonne que cette mort fut le résultat d^un 
complot. L'exemple de son père sanctionna un 
autre acte .ide cruauté commis par Randjit 
Singh. La régente ayai| été accusée de mauvaise 
conduite, on disait même que le dernier mi- 
nistre n'était pas le seul complice de ses débau-- 
ches; on dit qu'en recevant la preuve évidente 
de ces faits, Randjit Singh ordonna, ou au moins 
permit qu'on la mît. à mort; et le vieux chef 
Dal Singh passa pour avoir fait exécuter la 
sentence par le poison (i). Randjit Singh ^ d a- 
près l'avis de Sada Kounwar y ne confia à per- 
sonne les affaires de son serdari; les diffi- 
cultés qu'il rencontra, et les moyens qu'il 
employa pour les surmonter, et tirer parti 
de chaque circonstance dans l'intérêt de sa 

(i) Ces pai-ticularité3 sont extraites du Mémoire du ca- 
pitaine Wade. Le capitaine Murray dit simplement ce qu'il 
renvoya son ministre et fit assassiner sa mère. » Le capi- 
taine Wade donne l'année 1787 comme celle de la mort 
de Maha Sing, et prétend qu'il était né en 1757. N'ayant 
pas les moyens de prononcer entre ces deux assertions, 
j'ai suivi l'autorité du capitaine Murray. {Note de P auteur.) 



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fortune , forment le sujet des chapitres mi* 
vans (i). 

(t) Khoushwakt Raï ne dit rien sur le sort de la mèrç 
de Randjit Sing^ mais il admet que le mioistre fut assa^k 
sine; il ajoute que Randjit Siftgh convei^^ pendant long- 
temps de la haine contre la race entière des Monta Sadi » 
et ne voulut en employer aucun . {Note de fauteur. ) 



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CHAPZTBJB ZV, 

GpfnmencemeDs <1u règne <]e Randjit Sixigh. — Il s*agriinfUt aux 
dépens des autres serdars iîkhs. — Traité avec le gouvernement 
anglais. — 11 renonce à la rive orientale du Satledj. 

1794 — 1808. 

Bans le cours des années 1795, 1796 et 1797, 
le Penjab fut deux fois exposé aux invasions 
du shah Zaman, qui venait de remplacer le 
pacifiqne Timoiir sur le trône de Caboul. Les 
Sikhs n'osèrent pas lui résister en rase campa- 
gne , et ses expéditions occasionèrent une im- 
mense confusion , car elles forcèrent les serdars 
dont il traversa les possessions à les abandon- 
ner momentanément. En 1798, le shah se pré- 
senta encore une fois , et entra à Lahor sans 
rencontrer d'obstacles ; mais , après quelques 
mois de séjour, voyant qu'il lui était impossi- 
ble de fonder un établissement durable dans le 
pays , ou de tirer quelque avantage de Foccu- 
pation du Penjab , il retourna dans ses posses- 
sions héréditaires à Touest de Tlndus , et les 
serdars sikhs rentrèrent chacun dans les terres 



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— 96 — 

qu'il avait évacuées à Tapproche du shah* 
Randjit Sing était un de ceux qui s^étaient re-- 
tirés devant le shah , car il fit comme tous les 
serdars qui se trouvèrent dans les mêmes cir- 
constances que lui ; il abandonna son misai ; il 
employa le temps du séjour du shah à Lahor 
à faire une expédition au-delà du Satledj pour 
lever les tributs et réduire sous son autorité les 
villes ou villages 'dont il put s^èmparer. 

Après la retraite du shah, Randjit Sing son- 
gea aux moyens de s'assurer la possession de 
Lahor : il fut encouragé dans ce dessein par 
sa belle-mère Sada Kounwar, qui lui promit 
d'appuyer l'exécution de ses vues. Lahor était 
à cette époque possédée en commun par Tcheït 
Singh, Mohar Singh et Saheb Siugh. Mais 
Randjit Singh, par un important service qu'il 
rendit à Zaman Shah, sut obtenir de ce prince 
la permission d'en prendre possession. Les Af- 
ghans avaient été obligés de quitter précipi- 
tamment le Penjab pour s'opposer aux desseins 
de la Perse sur Hérat, desseins qu'elle couvrait 
du prétexte de secourir Shah Mahmoud. En 
arrivant sur les bords du Djilam , l'armée af- 



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— 07 — 

ghane trouva le fleuve débordé pai' les pluies ^ 
ce qui rendait impossible le passage de Tartil-^ 
lerie. Ne voulant pas être arrêté par cette cir- 
constance j Shah Zaman jeta ses canons dans 
le fleuve j et écrivit à Randjit Sing de les reti- 
rer et de les lui envoyer, lui faisant espérer 
quMl Taiderait à réaliser ses vues ambitieuses 
sur Lahor en échange du service qu^il deman- 
dait. Le Sikh retira huit canons sur douze du 
lit de la rivière où ils avaient été ensevelis , et 
les renvoya au shah, dont il reçut en retour 
Tinvestiture qu'il désirait. Les quatre autres ca- . 
nons ne furent retirés du Djilam qu'en i823; 
ils sont maintenant déposés à Tarsenal de La-* 
hor (i). 

Armé de cette autorité influente sur la popu- 
lation musulmane de la ville, et appuyé par le 
crédit et les troupes de Sada Kounwar, Randjit 
Singh fit ses préparatifs pour s'emparer de La- 
hor .Les trois chefs sikhs qui l'occupaient étaient 

(i) Le capitaine Marraj ne dit pas que Randjit Singh 
obtint rinvestiture du souverain afghan. Ce fait^ avec les 
circonstances qui l'accompagnent ^ est raconté ici sur Tau* 
torité du capitaine Wade* (Note de hauteur.) 

Orig. et nioGR. 7 



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— M — 

dissolus Y débaucha et insoueians des moyen» 
qui pouvaient assurer leur sécurité. Ils uVvaient 
que peu de troupes ou de vassaux, et leur admi- 
nistration était impopulaire au dernier degré. 
Pour préparer le succès de ses desseins , Hand- 
jit envoya Kaw Abdour Rahman, natif de 
Rasoulnagar, pour nouer des intelligences avec 
les principaux habitans musulmans. Mir Mph- 
kam, intendant deTcheït Singh, Mohammed 
Ashik et Mir Shadi promirent d'appuyer le 
projet, et sVngagèrent à livrer Tune des portes 
de la ville à Randjit Singh. Il s'avança donc^ 
accompagna de sa belle- mère, et fut reçu dans 
la ville sans obstacle. Tcbeït Singh et ses deux 
associés furent trop heureux d'accepter desdja-» 
girs* Randjit Siug établit ainsi son autorité dans 
la ville , et avisa aux moyens de conserver sa 
conquête. Cette heureuse tentative sur une ville 
si fameuse excita la jalousie des serdars, ses ri- 
vaux, qui réunirent leurs troupes à Basim dans 
rintentîon de reconquérir Lahor. Goulab Singh 
Bhangi, Saheb Singh deGoudjrat,et Nadjam- 
oud-din de Kasour, étaient à la tête de la con- 
fédération , et se distinguaient surtout par leur 



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— 90 — 

animosité contre Kandjit Singh. Mais après quel^ 
ques mois de débats et quelques escarmouches 
sans résultat, les serdars, voyant le jeune chef 
bien préparé à la résistance, abandonnèrent 
leur entreprise, et depuis lors la ville est tou- 
jours restée au pouvoir de Randjit Singh. 

Les Musulmans de Kasour, ville considérable 
située à environ 25 kôs (4) S« E. de Lahor, 
avaient encouru le juste ressenti ment 4e Rand* 
jit Singh , autant à cause de la part que leur 
chef avait prise à la coalition que des dépréda- 
tions commises par eux aux portes de Lahor. 
Sa première expédition fut dirigée contre eux , 
et de i 801 à 180a Nadjam-oud-din fut forcé 
de se soumettre à Randjit Singh; il se reconnut 
pour son vassal , et s^engagea à lui fournir un 
contingent de troupes sous les ordres de sqn 
frère Koutab-oud-din. Dans la même année, 
le jeune chef étant venu se baigner au réser- 
voir sacré du gourou Ram Dos à Taran Turan, 
y rencontra le serdar Fateh Singh , de Alou- 

(1 ) Mesure itinéraire de THindoustan évaluée par Ren- 
ncl à 2 railles anglais ou 1735 pas géométriques, et par 
M. Langlès aux trois quarts d'uoe lieue de France. 



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— 10» — 

wa1a*misal, et contracta avec lui des liens d'a- 
mitié , scellés par un échange, de turb^nSé 

L^année 1802 fut marquée par la naissance 
de Kharak Singh (1), Théritier présomptif du 
maha-^radja Randjit Singh : il naquit de Radj 
Kounwar, fille de Kliadjan Singh de Naki. 
Dans la même année , le fort de Tcheniot , oc- 
cupé par Djasa Singh, fits de Karam Singh 
Doulou , chef des Bhangis , fut assiégé et pris, 
après une courte résistance, par Randjit Singh, 
qui n^assigna au chef vaincu pour sa subsis- 
tance qu^une rente insignifiante (2). 

(1) Le capitaine Wade place cet événement après fa 
mort de Dal Singh et lorsque Randjit se mettait en mesure 
d'occuper son djagir et le fort d'Alipour, ce qui n'a dût 
arriver, suivant le capitaine Murray , qu'en 1804. L'an- 
née j8o3 est cependant la date assignée par ces deux offi- 
ciers à la naissance de Kharak Singh. {Noie de hauteur,) 

(2) Djasa Sing de Tchandaniot ou Tcheniot se rendit , 
dit-oQ , à Randjit Singh sur la promesse^qu'il serait réin- 
tégré dans ses possessions , promesse jurée sur les livres 
sacrés. Il n'en fut pas moins fait prisonnier^ et dépouillé. 

' Randjit Singh , accusé de parjure, fit voir les livres sacrés 
sur lesquels il avait juré; lorsqu'on eut enlevé les enve- 
loppes qui devaient lej couvrir , on trouva des briques aii 
lieu de livres. {Note de l'auteur.) 



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^ 101 - 

Au mois de décembre i8da, Randjit Smgh 
réunit ses troupes a celles de Sada Koutiwar et 
du chef Aloùwala, et les forces des trois misais 
alliés vinrent attaquer la famille de Goulab 
Singh , le dernier serdar puissant du Bhangi- 
misai, qui avait toujours été en guerre avec 
Maha Singh , et s^était mis à la tête de ta ligue 
formée dans le but de recouvrer Lahor. Gou- 
lab Singh était mort en 1800 , laissant sa veuve 
Rani Soukha pour tutrice de son jeune fils 
Gourdat Singh. Le moment était opportun 
pour renverse»* à jamais la puissance des Bhan- 
gis. Rani Soukha fut donc sommée de rendre 
le fort de Lohgarh à Amritsar, et le grand ca- 
non Banghi , enfin de se soumettre aux confé- 
dérés. Incapable de résister , la veuve aban* 
donnée évacua Lohgârh , et s'enfuit avec son 
eiifant et sa famille , qui depuis a toujours véou 
dans Findigence et Tobscurité (1). 

(1) Goulab Singh mourut^ dit-on , d'an excès de ta- 
ble. Lohgarh fut pris d'assaut, les assiégea n s s'y étant ia- 
tixxiaits par une porte laissée ouveite pour servir d'em- 
brasure à un énorme canon. l»a place fut prise peinlaut 



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— loa — 

Pendant ces événemens, une discorde de 
fjunille ensanglanta ]&asour : Nadjam-oud*-din 
ftit assassiné ^ et remplacé dans son aerdari par 
son fr^e Koutab-oud-din. Les circonstances 
paraissant farorables, Randjit Singh, avec ton-* 
tes Ijes fprçes de ses alliés, envahit le territoire 
de Kaf^iiir; mais, après trois moi$ de pillage 
dan$ le pç^ys onvert , voyant qu'il ne pouvait 
pen qontre les places fortes qui sont nombreuses 
dans ce district , il accepta un paiement en ar^ 
gent et se retira. Pendant cette année Sans£|r 
Tcband, radja de Kôt Kangra, dans les monta-* 
gne§, de$p?ndit dans les plaines et pilla quel- 
ques villages du territoire de Sada Kounwar, 
situés dan3 le Ghani-misaL Mais Sada Kounwar 
invoqua le ^c^urs de son gendre , qui arriva 

t)^ pr£^ d^mptsde décem)>rc. Gouiidat e% sa mères'^nt 
échappés, furent pendant toute uixe nuit e^^posés au froid 
et à la pluie. Ils trouvèrent asile auprès de Djodh Singh , 
chef du Ramgarhia-niisal , dont le fort de Ramgarh était 
peu éloigné. Randjît Singk trouva sa tante, la sœur de 
Maha Singh, dans le fort, mais il la renvoya dans un 
raih y ou chariot couvert, dès I0 malin suivant, partager 
le« infortunés, de Rani Soukha. (iVb/w cte Cauteur.) 



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-. 103 -- 

immédiatement avec Fateh Singh Âlotiwula et 
eut bientôt chassé les montagnards. Il saisît 
cette occasion pour assiéger Soudjanpour , oc- 
cupé par Boudh Singh Bhagat , qui fut obligé 
de payer une forte somme d^argent, de li^ 
vrer une grosse pièce dVrtiilerie et les trois 
districts de Bahrampour ^ Dharamkot et Sou«- 
khalgarh. 

Du Douab de Djalandhar , où ces événemens 
Taraient amené , Randjit Singh passa le Ravi et 
retournaàLahor^en faisant un détour par Sial*« 
kot et Rasoulnagar et pillant tout ce qu^il ren- 
contrait. La veuve de Tchour Mal fut^ dans 
cette expédition , dépossédée de Phagwara , 
abandonné à Fateh Siùgh Alouwala en récom*- 
pense de ses services. SansaT Tchand osaencore, 
vers la fin de Tannée (i8o4) redescendre dans 
la plaine et prendre quelques villes dans le Dja- 
landhar , mais il se retira à Papproche de Rand- 
jit Singh et de ses alliés. En février suivant^ le 
radja des montagnes reparut encore et prit 
Hosheîarpour et Bidjwara , où il essaya de s'é- 
tablir définitivement. Mais il fut chassé de ces 
deux villes par les Sikhs , et Randjit Singh ^ 



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— 104 — 

après cette expédition, fit une tournée finan- 
cière y si Ton peut parler ainsi. Il se fit donner , 
à titre de présens ou de tributs , des sommes 
considérables par les vieux chefs sikhs Tara 
Singh Gheïba, Dharam Singh d^Amritsar et 
Boudh Singh de FeizouUapour. Cette conduite 
excita la jalousie et les craintes de ious les ser- 
dars qui avaient joui jusque*là de leur indé- 
pendance et d^une possession non contestée. Ils 
Toyaienf bien que Randjit Singh voulait leur 
imposer sa suzeraineté ; mais ils étaient si divi- 
sés , si envieux les uns des autres , si peu capa- 
bles de se donner un chef, qu^ils ne tentèrent 
rien et ne purent arrêter aucune mesure com- 
mune pour se délivrer de ses exactions arbi- 
traires et le faire renoncer à ses habitudes d'a- 
mende et de confiscation à son profit, qui 
semblaient Famener systématiquement à visiter 
les familles de tous les chefs qui mouraient. Ce 
fut pendant cette année que mourut aussi Dal 
Singh, beau-frère de Tcharat Singh, ce qui 
rendit , par droit de seigneurie , Randjit Singh 
maître d'Âkalgarh (i) et de Djaminabad; ces 

(i) D'abord Al ispour, possession des Musulmans Tchit- 



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— 10» — 

places étant tenues par Dal Singh comme une dé- 
pendance du Soùkartchaki-misal. DA Singh 
était tombé en disgrâce peu de temps avant sa 
mort. 

Les dissensions des quatre fils de Timour 
Shah, Hameïoun, Mahmoud, Shah Zaman et 
Shah Shôudja, commencèrent alors à diviser 
Fempîre afghan, à .y avilir Pautorité royale. Cet 
état de choses encouragea Randjit Singh à diri- 
ger ses vues vers l'ouest , et après avoir fêté le 
Dasrah (i), à Lahor , par des excès encore plus 

tas. Les Sikhs changèrent le nom de cette ville lorsqu'ils 
la prirent en 1 770. ( Note de t auteur, ) 

(i)Sur celte fêle, voy. leMëmoiredeSir JohnMalcolm, 

dans les Bombay Transactions y vol. III, pages 73-89. 

D'après sir John , dasrah vient de dasmi dasrah , la 

dixième nuit; la fêle tirerait ainsi son nom de sadurëe; 

mais cette ëtjmologie est sévèrement critiquée par le ré* 

clacteur du Quarterfy orientai Magazine (v. Il, p. 225, 

Calcutta , j8i4) 9 qui donne pour étymologie de ce mot 

.DaçahatOrj ^pithèle de Ganga , qui signifie la déesse qui 

expie (Ole) les dix péchés. Cette fête est célébrée , selon cet 

auteur, en commémoration de la descente de cette déesse 

dans le mois djeïeschth (juin -juillet.) Mais comme la 

déesse Darga , épouse de Si va, porte aussi ce nom , ce mot 



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TÎolens qu^à son ordinaire, il résolut, dans 
Tannée i8o4, de chercher h s'agrandir en s^em- 
parant des provinces de cet empire situées à 
Test de Tlndus. En conséquence, il passa le 
Rayi en octobre, et ajant rallié les troupes des 
Alouwalas , il arriva à Ramnagar , sur le Tche- 
nab , et de là à Djhang , occupé par Ahmôd 
Khan, chef puissant. Le khan fit sa soumission 
•et paya une forte somme aux envahidseurs. 
Sahiival et Kot Maharadja, possessions de deux 
Musulmans béloutchis , furent ensuite visités. 
La reconnaissance de la suzeraineté de Randjit 
Singh , des chevaux et d'autres présens, les sau- 
vèrent du pillage. La saison avançait; on fît 
des préparatifs pour visiter les environs du 
Moultan : mais le gouverneur, MozaiFar Khan , 
prévint les desseins des visiteurs et détourna le 
fléau de ses sujets par Tenvoi de nombreux et 
riches présens. Des rapports furent établis avec 
tous les chefs musulmans et les familles établies 
sur les rives Tchenab ou du Djilam. Quoique 

peut aussi signifier la fête de cetto déesse , fête autrefois 
iiomméc Dargapadja (adoration de Darga. ) 



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le tôial des tributs et présens reçus dans celte 
première expédition ne fût pas très considé-^ 
Tabh^ le résultat des opérations de la Maison fut 
cependant très avantageux pour les vues ulté*» 
rieures da Sikh ambitèux. En effet, tous les 
ebeh jus^^à llndus commencèrent à voir de 
quel côté ils devaient tourner leurs espérances 
et leurs craintes; la plupart d^entre eux se rési* 
gûèrent à se soumettre au roi de Labor et s^abs^ 
tinrent dès4ors< de toute relation avec la cour 
de Caboul et ses officiers^ 

En février t8o5 RandjitSingh retourna dans 
sa capitale , établie depuis peu à LaHor , et y 
célébra les fêtes religieuses* Quelque temps 
après il se rendit avec un magnifique cortège 
à la fête annuelle des bords du Gangue , à Hard- 
war^ pour y faire ses ablutions : s^étaat ainsi 
acquitté des cérémonies de sa religion>, Il xe-» 
partit au commencement de juin et employa la 
saison des pluies à affermer aux enchères les re* 
venus des districts placés sous son administra-* 
tion personnelle. Tel a toujours été son seul 
mode d^administration : le fermier a plein pou-« 
voir, même de vie et de mort, sur ceux qui 



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:- 108 — 



sont confiés à sa merci; son bail n'est qu'une 
permission de voler. 

Après le Dasrah de d8o5 , Randjit Singh con- 
duisit pour la seconde fois son armée dans les 
pays mahométans situés entre le Tchenab et 
rindus, et le chef de Djhang fut sommé de 
pajer un tribut annuel : la demande s'^élevait 
à i 20,000 roupies. Mais avant la conclusion de 
cette affaire Randjit Singh fut rappelé par la 
nouvelle de Tapproche de Djaswant Rao Hol-r 
kar et Emir Khan , qui venaient de l'est , pour- 
suivis par Tarmée anglaise de lord Lake. Fateh 
Singh Âlouwala resta donc pour terminer les 
négociations avec les chefs de Fouest, et Randjit 
s^étant transporté en personne à Amritsar, j 
rencontra le Mahratte fugitif , avec qui il avait 
à jouer un rôle difficile. Djaswant Rao mena- 
çait dcccontinuer sa marche du côté de Touest 
* jusque sur les terres du Caboul. Cependant lord 
Lake était arrivé jusque sur le Biah , ou Bias y 
et se préparait à avancer encore; et il ne pou- 
vait qu^êlre très désavantageux de laisser opérer 
et agir son armée dans, le Penjab. D''un autre 
côté Randjit Singh , quoiqVil pût trouver un 



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— 109 — 

auxiliaire utile en suivant un autre parti , sen^* 
tait bien qu'ail lui était impossible de résister. 
Dans ces circonstances difficiles, les rapports 
qu'il entretint avec Djaswant Rao Holkar fu- 
rent amicaux, mais non encourageans, et ce . 
chef, déçu dans ses espérances de déterminer 
les Sikhs à des hostilités contre les Anglais, céda 
aux difficultés qui Taccablaient et conclut uu 
traité avec lord Lake, le 24 décembre i8o5. 
Des témoignages d^amitié furent échangés entre 
le général anglais et Randjit Singh ; et dans le 
cours de janvier 1806, les deux armées qui 
avaient causé tant d^alarmes dans le Penjab 
rentrèrent dans UHindoustan , laissant les chefs 
sikhs célébrer le Houli en toute liberté, et avec 
des réjouissances proportionnées aux craintes 
quMls avaient éprouvées. Les excès auxquels 
Randjit Singh se livra à cette fête lui causèrent 
une maladie qui le retint dans Pinactivité pen- 
dant quatre mois. Cependant à la fin de la sai- 
son des pluies , il reprit la campagne et exécuta 
quelques desseins qui ont eu une influence ma- 
térielle sur sa destinée et sa fortune. 

Les radjas de Patiala et de Naba étaient en 



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— 110 — 

contesUtion pour [quelques parcelles de terri- 
toire, situées entre le village de Doladdi et la 
ville et le fort de Naba. Le chef Djhiud, radja 
Bhag Singh , était allié au chef de Naba ainsi 
que les chefs de Ladwa et deKeïthal, mais leurs 
forces réunies ne pouvaient lutter avec celles de 
leur puissant voisin de Patiala. Dans cette ex- 
trémité Bhag Singh de Djhind , oncle maternel 
de Randjit Singh, fut député pour réclamer 
en faveur des plus faibles Passistance de son 
neveu. Le Dasrah notait pas encore passé que 
Randjit Singh traversa le Sattledj pour pren- 
dre part à la querelle. Il efiectua son passage à 
Loudiana y et s^étant emparé de la place , il la 
remit au radja Bhag Singh , au préjudice de 
Rani Nouroun ^issa, m^rede Rao Ilias, à qui* 
elle, appartenait ; Saniwàl fut aussi pris à une 
veuve sans défense (i), cette classe d'occupans 
étant regardée par Randjit Singh comme des 
usurpateurs. La place fut donnée en djagir à 

(i) Mai Lakchmi, veuve de Sadha Siugh. Elfe de- 
manda secours à Randjit Singh contre son fils , qui la re- 
t^nqit en priflon. 



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-- m — 

Mokham Tchand Dewan , mais rendue peu de 
temps après sur TofFre d'un nazarana de3o,ooo 
roupies. Les troupes dePatiala ayant abandonné 
Doladdi , Kandjit Singh s^approcha de Mansour** 
pour oùlemaha-radjaSahebSingh, successeur 
d^Amar Singh , ayait pris position avec toutes 
ses forces. Le maha-radja, par une somme d'ar- 
gent et le don d^un pièce d'artillerie , se concilia 
Randjit Singh y Djaswant Singh de Naba con- 
tribua aussi à satisfaire sa/ cupidité. Ce fut alors 
seulement qu'il ramena dans le Penjab son 
armée mal organisée^ vrai fléau qui ravageait 
tout sur son passage. Doladdi, sur la demande 
de Bhag Singh , fut rendue au Patiala, et Randjit 
Singh saisit l'occasion de traverser leDewali et 
de faire ses ablutions dans le réservoir sacré de 
Thanesar. Il repassa le Satledj après s'être ac- 
quitté de ce devoir et se dirigea par Rahoun , 
résidence de Tara Singh Gheïba (i), sur les 

(i) Le capitaine Wacle dit que Tara SiûgU mourut 
dans cette expédition. Il évalue toutes les choses que s ap- 
propria Kandjit dans cette occasion en argent, bijoux, etc., 
À huit lakhs de i^oupies. C'est , assure-t-on , la première 
prise^de cette importance faite par le souverain deLahor. 



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— lis — 

feiix sacrés de Djawala Moukhi. La , il rencen-* 
tra Sansar Tchand de Kangra qui implora son' 
assistance contre Amar Singh de Gourkha, qui 
s^appropriait la succession de tous les chefs des 
montagnes depuis Gograjusqn^auSatledj, et 
qui faisait ravager Kangra par ses troupes. Le 
prix demandé par Randjit Singh pour ses ser- 
vices ayant paru excessif, rien ne fut conclu 
dans Tentrevue des deux chefs ; mais plus tard 
la position du radja des montagnes, étant de- 
venue encore [plus di£Bcile , la négociation fut 
reprise (i). 

Uannée 1807 fut marquée par la perte et le 
recouvrement de Parsour et Tchamara , pos- 
,sessions de Nar Singh , vieux serdar sikh qui 

Mais le capitaine Murray place la mort de Tara Sing en 
1807-8 9 pendant la seconde expédition de Randjit Singh 
au-delà du Satiedj. Le capitaine Wade parait avoir con- 
fond u ces deux ex péditions. {Note de V auteur, ) 

(1) Le résultat de l'expédition de Randjit Singh dans 
cette saison depuis son départ d'Amritsar jusqu'à son re- 
tour, lui rapporta, selon KJioushwakt Raï, sept éléphans, 
neuf pièces d artillerie, cinquante chevaux et environ 
deux lakhsde roupies en argent. {Note de t auteur.) 



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^ us - 

«(ait mort. Un djagir fat donné à son fils pour 
pourvoir aux besoins de son existence. Rîlndjit 
Singh prépara ensuite une espédition foi'- 
midable contre Kasour qcri lui dontiâtit dfè 
grands sujets d'inquiétude. Il espérait que cette 
conquête, faite sur des Musulmans , fehâu^se- 
rail sa popularité et son crédit chez les Sikhs. 
En février «807^ il attaqua le territoire de Kti- 
sour avec des forces considérables, et Kou- 
tab-oud--din fut réduit à se réfugier dans la 
ville fortifiée. Des discordes civiles et des sé- 
ditions achevèrent la raine de la famille Pâ(<han, 
et au mois de mars , le chef fut obligé de se 
rendre à discrétion. On lui laissa quelques 
villages au sud duSatledj ,sous la condition de 
fournir un contingent de troupes lor^qu^il. 
en serait requis. Kasour et tout le territoire 
occupé par cette famille dans le Penjab, fut 
repris et donné en djagir à Neïal Singh Atha- 
rawala. De Kasour Randjit Singh se dirigea au 
sud-ouest du côté de Moultan où il occupa et 
maintint quelques garnisons dans diverses dé- 
pendances de ce gouvernement. En avril, la 
ville de Moultan fut prise , mais le gouverneur 
Orio. et faogju 8 



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— 114 -^ 

se retira dans la citadelle où les princi-» 
pauxhabitanss^étaient réfugiés avec ce qu^ib 
avaient de plus précieux. Dépourvu des mayens 
nécessaires pour faire un siège, Randjit Singh 
accepta de MozaiFar Khan une somme considé- 
rable en ^argent et retourna à Lahor au mois 
de mai (i). Mais avant que la saison des pluies 
fût arrivée, il détacha quelques troupes qu'il 
envoya à Adina Nagar , au pied des montagnes 
de Kangra^ et leva dans le voisinage quelques 
tributs sur les chefs sikhs et montagnards qui 
avaient cté jusque-là exempts de toute rede- 
vance sous la dépendance du Ghani-misal, 
avec lequel Randjit avait vécu en bonne Intel* 

(i) MozafiBair Khan paya, dit-on^ une somme de 
huit mille roupies et donna cinq chevaux. C'est au re^ 
tour de cette expédition que Randjit Singh rencontra Un* 
zemindar qui venait, monté sur un beau cheval, lui offrir 
ses respects. Randjit désira avoir le cheval , mais ses ser- 
viteurs trop zélés le demandèrent grossièrement. Le cava- 
lier offensé s'élança sur l'éléphant de Randjit et le frappa. 
Les gardes accoururent , mais aucun ne put démonter le 
zemindar. Après avoir blessé ou démonté quelques-uns de 
ses adversaires, celui-ci fut enfin tué et son cheval pris.. 

( Note de Fauteur, ) 



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— IIS — 

lîgenc6 , c^était le domaine de Sada Kouil^ar. 
Une telle mesure ojffensa * cette femme , et 
c^est alors que commencèrent les différends et 
les intrigues qui Font conduite plus tard à sa 
perte. 

Uépouse du radja de Patiala était Une femme 
ambitieuse et intrigante qui avait long-temps 
cherché à se débarrasser de son mari, ou au 
moins à faire créer un apanage séparé pour 
son fils mineur Karam Singh. Lorsque Djas- 
want Rao Uolkar, en se réfugiant dans le 
Penjab , traversa le territoire de Patiala , elle 
avait essayé de s^en faire un appui. Ce chef 
ambitieux avait vu qu'il pourrait probablement 
trouver son profita la servir , et ne l'avait point 
repoussée, mais pressé alors par Papproche de 
lord Lake , il laissa les choses ^au point où 
elles en étaient entre le radja et la Rani. La 
querelle s'étant réveillée, elle envoya en 1807 , 
pendant la saison des pluies , demander appui 
à Randjit Singh lui promettant, en échange, 
une fameuse pièce de bronze qui appartenait à 
sa famille , et était connue sous le nom deKari 
Kahn , et de plus un collier de diamans d'une 



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- lie — 

grande valeur . Raiuljil Siogh saisiicetie occasion 
de s^immiscer dans les affaires de ses voisins , et 
passa le Satledj à Hariki Patan , an conjflnent 
de ce fleuve avec le Bîah. Dans le mois de sep- 
tembre , il s'empara sur sa route vers Patiala , 
de toutes les possessions qu^avait laissées en mou- 
rant IliasRaï, et les distribua à ses serviteurs et à 
ses alliés. Avant que Randjit Singh eût atteint 
Patiala, le radja et la rani se réconcilièrent ^ 
celle-ci ayant obtenu pour son fils, par la 
médiation des chefs de Djhind et de Thanesar , 
un djagir séparé de 5o,ooo roupies de revenu. 
Le xadja ne se pressait pas de livrer le canon 
et le collier promis, mais Randjit Singh en 
appela à la demande qu^il avait reçue et son 
appel étant appuyé par la force, on lui remii 
les deux objets, quoique ce fût avec une répu- 
gnance évidente. Randjit Singh satisfait, vint 
attaquer Naraïangarh , qui fut pris et donné 
au chef Alouwala après un assaut qui coûfa 
aux*assaillans quatre cents hommes tués ou 
olessés. 

Devant Naraïangarh mourut le vieux chef 
Tara Singh Gheïba qui servait dans Farmée de 



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^ 117 — 

RandjilJSingh. Son corps fut transporté secrè- 
tement par ses serviteurs au-delà du Satledj 
dans sa forteresse de Rohoun où on lui rendit 
les derniers devoirs , tandis que sa veuve et son 
fils faisaient leurs préparatifs pour se main- 
tenir dans leurs possessions. Mais lorsque le 
cadavre était encore sur le bûcher^ un déta- 
chement des troupes de Randjit Singh, envoyé 
dès que l'événement fut connu, arriva pour 
demander la remise des trésors et s^emparer 
par force du territoire occupé par Tara Singh 
Gheïba. Après une résistance opiniâtre, la 
famille fut contrainte de se soumettre , et quoi- 
que les fils eussent d^abôrd reçu quelques se- 
cours pour pourvoir à leurs besoins, ils furent 
bientôt privés de tout moyen d'exiutence et ils 
ont depuis vécu dans Tindigence. 

En revenant de Naraïangarh , Randjit Singh 
s^empara de Mounda, au sud du Satledj , sur 
le fils de Dharam Singh, et le vendit au serdar 
Djhind; Bhalolpour. et Bhartgarh furent aussi 
enlevés à la veuve de Bhagaïl Singh (i). En 

(i) Ce fiit à celle époque, cVsl-à-dire v0r6 ia fin de 



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i^s (Iqux. rives du Satledj, dans la vallée d'A- 
nandpour Maka\ral, et acquit a son maître 
tout ce qui avait d^abord été possédé par Tara 
Singh ou Bhagaïl Singh. 

L^étçndue de ces occupations permanentes et 
de CQS usurpations de Randjit Singh au sud et 
à Tesl du Sat^edj, excitèrent les alarmes des 
chefs sikhs établie entre ce fleuve etla Jumna. 
Dans une çonf^reqce qu'ils eurent à ce sujet, 
il fut résolu par et|x d^envoyer à Delhi une am- 
bassade jcompo^ée du. radja Bhag jSingh de 
Pjhind, Bh^' P^l Singh de Keïthal, et Tdieïn 
S^i^gh Pjç>f{ii;ï de Vs^tmh^ chargés de deman- 
der ^uQ l^eurs possessions fussent mises sous la 
protection du gouvprnen>ent anglais. La mis- 
sion se rendit à Delhi i^uprèsde M» Seton, ré- 
sident, ei^ roftrs iSçS. La réponse qu^ils i»çu^ 
rent, |)ien qu'cîUe n,e fîit pas décisive , itait en?- 
cpurpgeantp; pu Içur 4it qu'çin «!5J^^6iu£&i^it 
pas que R^pdjit Siu^h éten4ît ^ses.usurpations 
du coté de Test à ^eur piT^udice. Mais on n'eut 
pas plutôt donné à Lahor connaissance de cette 
mission, que Randjit Singh , sérieusement in- 
quiet, envoya des agens aux trois chefs pour 



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les invitei: à le venir trouver leur promettant 
4e 4i^sipçj: Umt^ craintes. lis $e rendirent donc 
à ;!on Cîimp à Amritsar , pu iU furent reçus avec 
un^ faveur eJL des attentions tnstrquées. Rien ne 
fat épargné pour chercher à les détacher de 
tput projet d^alliance avec le gouvernement 
apglais^ , 

O41 avait alors conçu de vive3 inquiétudes sur 
la possibilité d^une attaque de Tlnde par Tem-* 
pereur Napoléon, et lord j^ioto résolut d^en-^ 
voyer quelques ambassadeurs pour ^^assurer de 
r^itat des pays intéressés dans la question , et 
ppur sonder lès sentimens des chefs et des peu-* 
ple^. La puissance sans cesse grandissante de 
It^ndjit Singh , qui venait d^établir répemment 
sppi ppuvoir dans le Penj^b, demandait à être 
sLTX^t^ 4^ns son cours y et dVilleurs la collision 
qui avait failli résulter de ses derniers succès 
et de ses desseins bien connus sur la rive oriepf- 
t^l§ du .$atledj était encore une raison d'ei^i- 
vpye,f i^n ag^nt anglais à Lahor. Monsieur çt 
aujourd'Jbiui sir GhaA-l^s J\I»eicalfe , fut \g négo- 
ciateur choisi en cette occasion, et Rgndjit 
Singh reçut avis de son arrivée lorsqu^il était 



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encore avec les chefs de Djhind et de Keïthal. 
Le contenu des dépêches leur fut communiqué 
et devint le sujet d'une conférence et d^une dé- 
libération très agitée. On fixa Kasour pour le 
lieu de réception de M. Metcalfe, et en efiet 
Randjit Singh s^ rendit en septembre 1808. 
L^ambassadeur fut reçu à son arrivée avec les 
cérémonies usitées en pareil cas, mais il avait 
à peine trouvé moyen de commencer la discus- 
sion des matières qu'il était venu traiter avec 
le chef sikh , que celui-ci leva tout à coup son 
camp de Kasour et passa le Satledj avec son ar- 
mée. Farid Kôt fut immédiatement pris parles 
troupes et donné à Sada Kounwar au préjudice 
de Goulab Singh ; delà Randjit Singh s^avança 
contre le territoire musulman de Maler Kotilà. 
La famille Palhan qui Foccupait , réduite à l'ex- 
trémité , consentit à payer une somme considé- 
rable, promejttant en outre un lakh de roupies. 
Le radja de Patiala abandonna quelques-unes 
de ses propriétés comme gage du paiement. 
M. Metcalfe accompagna Randjit Singh à Farid 
Kôt, mais il protesta contre toute opération 
militaire à Test du Satledj. Il s'arrêta donc près 



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— 125 — 

âe ce fleuve jusqu^à ce que son gouvernement 
eut décidé ce qu'il devait faire dans cette con- 
joncture. Il adressa dans Fin tervalie une vigou- 
reuse remontrance contre de telles agressions 
commises alors même quMl était venu pour 
discuteret traiter ce sujetavec RandjitSingh. 
Celui-ci n'en continuait pas moins d'avancer , 
il s'empara d'Ambala et de ses dépendances qu'il 
donna aux chefs de Naba et de KeïthaL II exigea 
ensuite un tribut de Shahabad et Thanesar, et 
en retournant par Patiala il fit un fraternel 
échange de turbans avec le faible radja Saheb 
Siugh. Après cette expédition il revint auprès 
de M. Metcalfe à Amritsar. Le gouvernement 
de Calcutta avait pris en octobre une détermi- 
nation y et son envoyé avait reçu ordre de dé- 
clarer que le pays compris entre leSatledj et la 
Jumna était mis sous la protection anglaise. 
Quoique le gouvernement britannique n'eût 
pas dessein de forcer Randjit Singh à rendre 
les villes ou villages dont il s'était emparé jus- 
que-là, l'envoyé devait insister sur la reddition 
de tout ce que Randjit Singh av^it usurpé dans 
la dernière campagne. Pour donner plus de 



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-.- 124 — 

poids à oîtte demande et appuyer la négocia- 
tion, un corps de troupes sous les ordres du 
colonel aujourd'hui sir Darid Ochterlony, sV 
vança sur les frontières ; une armée de réserve 
fut formée et placée sous le commandeoient du 
major génér^d Sainl-Léger, elle devait être 
prête à toutes les opérations que Tactivilé et les 
desseins hostiles de Randjit Singh pourraient 
rendre nécessaires. 

Le colonel Ochterlony pa^a la Jumnaà Bou- 
ria le 16 janvier 1809, ^^ * ^^ arrivée près 
d'Ambala les troupes de Randjit Singh se reti- 
rèrent jusqu'au Satledj. Prenant sur sa route 
quelques places occupées par Tarmée sikhe , 
le commandant anglais atteignit Loudiaoa^ sur 
le Salledj , et y prit position le 18 février sui- 
Tant. Sa marche fut saluée par les chefs et la 
population, comme un gage de protection 
et de tranquillité', tous rivalisaient pour lui 
en témoigner leur gratitude et leur satis- 
faction, 

A cette époque Handjit Singh prétendait, 
dans ses conférences avec Penvoyé anglais, que 
la Jumna, et non le Satledj, était la limite des 



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possessions britanniques ; il affirmait que , du. 
droit de sa suprématie sur la nation sîkhe, non 
moins quVn. sa qualité de souverain de Lahor , 
il pouvait légitimement imposer sa suzeraineté 
à tous les chefs de cette nation qui habitaient 
entre les deux fleuves: L^indépendance de Pa- 
tiala et des autres principautés ne pouvait se 
discuter avec un chef dont la domination ne se 
basait que sur le pillage et Tusurpation , sur la 
force de sop armée qui était son seul appui* 
Cependant Tarrivée du colonel Ochterlonj sur 
le Satledj lui ouvrit les yeux; il craignit, ce qui 
serait arrivé en eflPet, que s^il résistait plus long- 
temps on ne fit des offres de protection aux 
chefs du Penjab, ce qui eût contrarié ses vues 
ambitieuses et aurait pu Pengager dans une 
querelle, et peut-être dans une guerre avec une 
puissance contre laquelle il ne pouvait lutter : 
sa résolution fut aussi hâtée par un accident 
qui se présenta dans son camp. Le Moharram , 
le mois sacré de Pannée des mahométans , com- 
mençait en 1809, vers les derniers jours de fé- 
vrier ; les Musulmans qui accompagnaient Ten- 
voyé britannique se préparèrent à célébrer la 



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— lao — 

mort de Hassan et de Hussein, les deux fils 
d^Ali, avec les cérémonies usitées pour cette 
fête. Lesakalis, ou prêtres fanatiques des Sikhs, 
prirent ombrage de cette observance de Fisla- 
misme dans le camp sikh , sous les murs d^Am- 
ri tsar (i). Ils se réunirent sous le commande- 
ment de Phoula Singh , fanatique intraitable , 
et attaquèrent à coups de fusil le camp de Ten- 
voyé anglais. Celui-ci réclama une escorte, et 
quoiqu'elle ne fut composée que de deux com- 
pagnies de cipayes et de soixante hommes, eUe 
chargea résolument les agresseurs et les mit en 
déroute, après quoi les cercueils furent ense- 
velis avec le rituel ordinaire* Lorsque Randjit 
arriva tout était fini. Il vint aussitôt en per- 
sonne faire ses excuses à l'ambassadeur , expri- 

(i) Khoushwakt Raï dit que les Akalis voulaient atta- 
quer la mission pendant la nuit , et que pour prévenir 
leurs desseins^ Randjit Singh envoya cinq cents hommes 
de ses meilleures troupes pour protéger le camp de sir 
Charles Metcalfe. Le matin , sir Charles s'éloigna d'Am- 
ritsar, et les Akalis exhumèrent les cercueils des Musul- 
mans et les brûlèrent avec tout ce que ceux-ci avaient 
abandonné. ( Note de fauteur. ) 



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- 127 — 

mant son admiration sur la discipline et Tordre 
observés par le détachement anglais , promet- 
tant de faire tous ses efforts pour prévenir la 
répétition de pareils désordres. Cette circon- 
stance fit une grande impression sur son esprit; 
elle lui donfta à réfléchir sur la faiblesse de son 
armée , comparée aux troupes disciplinées par 
les Européens ; elle lé détermina à obtenir la 
paix en faisant les sacrifices qui lui étaient de- 
mandés. 

Le gouvernement pensait qu'après s'être in- 
terposé pour arrêter les vues ambitieuses de 
Randjit Singh , il ne devait pas en attendre un 
secours bien actif dans le cas ou il aurait eu à 
combattre Finvasion par Fouest. Si le danger 
fût devenu plus imminent de ce côté, il eût 
probablement paru nécessaire d'étendre davan- 
tage notre influence directe dans le Penjab , 
. pour désarmer un chef qui s'était montré si peu 
notre ami. Mais avec le temps les choses s'ar- 
rangèrent ; les craintes qu'on avait eues s'éva- 
nouirent ; le seul objet auquel dut pourvoir le 
gouvernement anglais fut d'assureif sa frontière 
et de prouver son crédit et sa puissance, en exi- 



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— 188 ~ 

géant de Randjit Singh des réparation» pour 
les actes d^hœlilité qu^il venait de commettre 
sur la rive orientale du Satledj. Randjit Singb 
exprima alors un vif désir d^obtenir une assu- 
rance écrite de nos intentions pacifiques et bîeiiH' 
veillantes envers lui : aussi dès qu'où eut obtenu 
lu reddition des places qu'il avait prises dans sa 
dernière campagne^ un traité de paix et de 
mutuelle amitié fut conclu à Amrîlsar par notre 
envoyé , le 25 avril 1809. Voici son objet : 

Après les préambules d'usage pour exprimer 
le désir de la paix et qualifier les parties con- 
tractantes : * 

Article i*"'. — Une paix éternelle subsistera 
entre le gouvernement anglais et l'état de Lahor ; 
celui-ci sera considéré avec respect par son allié 
et traité sur le pied des puissances les plus fa- 
vorisées ; le gouvernement anglais renonce à 
toute influence sur le pays et les sujets du rad- . 
ja, au nord du Satledj. 

Art. 2. — Le radja ne pourra ejn aucun cas 
entretenir dans les villes qu'il occupe sur la 
rive orientale du Satledj plus de troupes qu'il 
n'est nécessaire pour la police de leurs terri- 



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— 129 — ^ 

toireâ ; il ne commettra ni ne permettra aaciine 
attaque contre les possessions ou les droits des 
chefs ses voisins. 

Art- 3. — Dans le cas d'une violation des 
précédens articles , ou d^une atteinte portée à 
Tamitié qui doît unir les deux gouvernemens , 
ce traité sera considéré comme nul. 

Le quatrième et dernier article règle re- 
change des ratifications. 

Après la conclusion du traité, M. Metcalfe 
partit le 4"' mai suivant. Toutes les difficul- 
tés avec Randjit Singh furent dès-lors aplanies; 
et depuis on n^a plus eu qu'à rendre nos rap* 
ports avec lui plus étroits par des lettres ami- 
cales, et des échanges de présens. Cependant 
les officiers anglais résidant sur la frontière re- 
çurent ordre de surveiller sa conduite, de de- 
mander avec insistance réparation dans tous 
les cas où il pourrait violer le traité , soit en 
s'interposant entre les chefs et serdars à Test et 
au sud du Satledj, soit en attaquant leurs droits 
et leurs territoires. Cette ligne de conduite sui- 
vie jusqu'à ce jour avec persévérance a délivré 
Randjit Singh de toute crainte pour lui-même , 

Orig. et progr. 9 



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iw a feit perdre la défiance qu^il avaii long-* 
temps nourrie contre nous, et maintenant Fal^ 
liance entre les deux puissances est aussi étroite, 
aussi entière qu^elle peut Têtre entre des états 
constitués comme ceux de Tlnde. Elle ne re- 
pose pas cependant sur une base plus solide 
que le caractère personnel de Randjit Singh et 
sa conviction particulière que le gouyernement 
anglais désire sincèrement le voir heureux et 
puissant , et regarderait la ruine de son empire 
avec les troubles et les déchiremens qui en 
seraient la conséquence inévitable comme un 
événement fâcheux pour lui-^même. Nous re- 
viendrons plus tard sur cette question. 



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GHAFITBS ▼. 

l*raiiés entre U gouvernement anglais et lei chefs des teFrtioîres 
sUuës à Test tlu Satledj- -^ Agrandissement snccessif de Raodjit 
Singh. 

• 1809 — 1811* 

V 

Les motifs sur lesquels s^appuyait Tenvoi de 
Tarmée anglaise qui, sous les ordres ducolouel 
Ochterlony, s'avança jusqu'au Satledj, étaient 
en tout point conformes à ceux qu^invoquërent 
les chefs possesseurs du pays situé entre Tln- 
dus et le Satledj lorsqu'ils envoyèrent une dé- 
putation à Delhi en mars i8o8. On promit 
protection sans exiger des protégés ni tribut , 
ni contribution, même pour couvrir les frais 
que devait entraîner cette protection. La ré- 
cente expérience qu'ils venaient de faire de la 
rapacité d'une armée sikhe ^ la conviction où 
ils étaient qu'elle ne pouvait leur offrir aucune 
sécurité pour eux-mêmes, et encore moins 
pour leurs familles sous un souverain comme 
celui qui venait d'assujétir la nation sikhe, 
rendit tous les serdars heureux d'avoir vu leur 



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— 188 — 

r 

demande exaucée par le gouvernement anglais. 
Aussi Varrivée d^une armée anglaise sur les 
bords du Satledj fut vue sans défiance comme 
une mesure nécessaire pour obtenir te but 
qu^ils se proposaient. 

Après la conclusion du traité avec Randjit 
Singh, il devint nécessaire de fixer, plus Sj:é- 
cialement qu'ion ne Favait fait jusqu'alors , les 
rapports qui allaient désormais exister entre la 
puissance protectrice et ses protégés. Il fut ar- 
rêté de donner rexplication désirée des vues 
du gouvernement anglais sur ce sujet par une 
proclamation générale, plutôt que de conclure 
des arrangemens séparés avec les nombreux 
chefs intéressés dans cette mesure. En consé- 
queùce, le 6 mai 1809^ nnitalanama ^ ou dé- 
claration générale fut envoyée à chacun des 
serdars. Elle s'exprimait ainsi : 

1° Les territoires de Sirhind et de Maloua 
( dénomination prise par les Sikhs de Pa^ 
tiala, Naba, Djhind et Keïthal) ont été mis 
sous la protection du gouvernement anglais. 
Randjit Singh a renoncé par traité à j exercer 
désormais aucune intervention. 



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— 153 — 

2" Il n^eulre pas dans les intentions du gou- 
vernement anglais de réclamer aucun tribut 
des chefs et serdars qui jouissent du bénéfice 
de sa protection. 

3" Les chefs et serdars sont autorisés à exer- 
cer , et celte autorisation leur est garantie pour 
Tavenir, les droits et pouvoirs dont ils étaient 
en possession dans leurs territoires respectifis 
ju&qu^à Fépoque où le gouvernement anglais a 
déclaré les prendre sous sa protection. 

4° Les chefs et serdars devront fournir toutes 
les facilités aux troupes et détachemens anglais 
employés à garantir la protection , ou à Texécu- 
tion des mesures concertées dans les intérêts de 
Tétat , toutes les fois que ces troupes et déta- 
chemens seront en marche ou en cantonne- 
ment dans leurs territoires respectifs. 

5° En cas d^invasion ou de guerre, les ser- 
dars devront se joindre aux forces anglaises 
avec leurs concitoyens toutes les fois qu'ils en 
seront requis. 

6"" Les marchands important des articles et 
des produits de FEurope pour la consomma- 
tion' des détachemens stationnés à Loudiana, 



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— 154 -- 

ou à (oui aatre corpd de Parmée anglaise, pe 
seront soumis à aucun droit de douanes et de- 
vi'ont être'protégés dans leur passage à travers 
Je pays sikh. 

7" lues chevaux de cavalerie accompagnés de 
passe-ports délivrés par les autorités compé- 
tentes seront exempts de toute taxe. 

Cette déclaration , publiée et envoyée à tous 
ceux qu^^elle intéressait devint la charte des 
droits que les chefs ont toujours invoquée de- 
puis pour résoudre toutes les difficultés qui ont 
pu s'élever entre eux et \e gouvernement an- 
glais. Les matières qu'elle règle spécialement 
étaient celles qui demandaient la plus prompte 
solution. Il est resté cependant d'interminables 
sujets de discussion: — entre les candidats ri- 
vaux aux serdaris ; — entre les chefs qui avaient 
partagé leurs territoires avant que la déclaration 
de protection fût publiée , et s'étaient donné 
des associés par obligation mutuelle; — entre 
les chefs et leurs sujets de la nation sikhe, tels 
que les zemindars, sur Pétendue des droits et 
pouvoirs qu'ils possédaient à Fépoque de la dé- 
claration j — et enfin , plus sur ce sujet peut-r 



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^ 138 — 

être que sur tous les autres ^ sur la fixation des 
frontières respectives et des droits communs. 
Ces différends I toutes les fois qu'ails se sont éle- 
vés, ont nécessité Farbitrage des officiers an- 
glais, et donné lieu à de fréquens appels au 
gouvernement suprême de Calcutta. La régu- 
larisation des successions est encore un objet 
qui a requis dès Torigine les soins du pouvoir 
protecteur ; lorsqu'il n'y a pas d^héritîer re- 
connu par la coutume et les lois des Sikhs , 
c'est la puissance protectrice qui est considérée 
comme héritière légitime. 

Jusqu'en 18113, les devoirs de la protection 
et le soin de vider tous ces différends, bien qu'ils 
aient donné beaucoup d'occupation au colonel 
Ochterlony, chargé des affaires sikhes, n'ont 
cependant rien produit d'assez important pour 
être mentionné ici. Cette année-là cependant 
les désordres qui éclatèrent à Patiala par suite 
delà faiblesse du radja, produisirent une crise 
qui nécessita notre intervention. Le territoire 
protégé fut envahi par un pillard , contre qui 
le radja fut requis de fournir son contingent de 
cavalerie. Ce chef occupait un territoire d'un 



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^ 156 — 

revenu de trente lakhs de roupies au moins, eC 
cependant toute la troupe qu^ii put envoyer en 
cette occasion ne consistait qu^en 200. chevaux 
très mal éqyipés et arrivés si tard qu^il ne fui- 
rent d'aucun usage. Le colonel Ochterlony^ ac- 
compagné des chefs de Djhindet de Naba, 
s^avança jusqu^à Patiala pour reprocher au 
maha-radja Saheb Singh s^ négligence évi- 
dente dans cette circonstance, et }e persuader, 
s^il était possible, d'éloigner les favoris indignes 
qui dissipaient ses revenus et de les remplacer 
par des hommes mieux disposés à établir une 
forme stable de gouvernement, à réaliser les 
changemens désirés dans Tadministration. On 
ne put décider par la persuasion le maha-radja 
à changer ses ministres, mais il protesta de sa 
résolution à effectuer les réformes' demandées. 
Abandonné à lui-même, sa conduite fut si vio-r 
lente et si irrégulière qu^on craignit po^r sa 
raison , et que le colonel dut revenir auprès de 
lui pour autoriser ses sujets outragés à amé- 
liorer Tétat des choses , et empêcher que la dé- 
position du radja ne devint une cause de trou- 
]Àe au milieu de }a tranquillité générale. Saheb 



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— 157 — 

Singh fut déposé et même privé de sa liberté. 
Askour Rani , son épouse, associée à un Brah- 
mane habile, Nandi Rao, fut nommée régente 
^pour rhéritier présomptif, le radja actuel, 
Karam Singh, qui éte^it alors mineur et au nom 
de qui elle gouverna. Le maha-radja Saheb 
Singh mourut quelques mois après sa déposi- 
tion, La douteuse péputatioQ de chasteté de la 
rani, son caractère séditieux et intrigant ren- 
dirent son administration impopulaire , tandis 
que les prodigalités de Saheb Singh lui avaient 
au moins fait quelques partisans. Cest à cause 
de cela que la part prise par Tofficier anglais à 
rétablissement de cette administration , bien 
que les motifs en eussent été appréciés par les 
gens éclairés , produisit unç grande sensation 
parmi les Sikhs et accrédita le bruit dans le 
vulgaire et surtout au milieu des mécontens , 
que la déposition du radja devait être consi- 
dérée comme un acte injuste et tyrannique 
produit par rintrigue, accompli sous une hon- 
teuse influence. Le colonel Ochterlonj était à 
Patiala occupé à faire exécuter ces mesures 
lorsqu^il fut attaqué dans son palanquin par un . 



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~ 188 — 

akali fanatique qui faillit l'assassiner a coups de 
sabre* Le colonel en échappa cependant, sauf 
quelques légères blessures qu^il reçut en c^her- 
chant à saisir Farme par la garde. Uassassiû * 
ayant été arrêté fut condamné à passer le reste 
de ses jours dans les prisons de Delhi. 

Cette digression nous a fait anticiper sar las 
afiaires du Penjab. Nous allons reprendre le 
récit des usurpations de Randjit Singh, des 
expéditions et des entreprises qui consolidèrent 
et étendirent sa domination. 

La première opération où s^engagea Tarmée 
de Lahor , après le départ de M. Metcalfe en 
mai 1809 y fut dirigée contre Kangra dans les 
montagnes ; cependant avant de s^avancer de 
ce côté, Randjit Singh ordonna de construire le 
fort de Philor, sur les bords du Satledj en face 
de Loudiana, et celui de Goyind Garh, à Am- 
ritsar, où son trésor était et est encore déposé 
en lieu de bonne défense. Les murs furent re- 
bâtis, un fossé profond avec une contrescarpe 
en maçonnerie furent ajoutés aux ouvrages de 
ces deux forts. Une fois ces travaux complétés, 
le chef s^avança dans les montagnes. 



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— 159 — 

Kangra était alors assiégé par Âmar Singh 
Thâpa, le chef deGourkha, et se défendait con- 
tre lai. Mais la garnison étant réduite aux der- 
nières extrémitési le radjaSansar Tchand offrit 
la place à Randjit Singh sous condition de faire 
lever le siège et d^expulser les Gourkhas de tout 
le pays situé à Touest et au nord du Satledj. 
Randjit Singh ayant accepté cette proposition, 
arriva le 28 mai, avec son armée à Pathan Kot, 
dans le Djalandhar Tarai, possession de Djeï- 
mal deOhani; il s'en empara. De là il envoya 
quelques troupes pour renforcer les chefs mon-* 
tagngrds alliés qui cherchaient alors à couper 
les convois d'Amar Singh et le forcer ainsi à la 
retraite. Amar Singh essaya de détourner cette 
intervention puissante et il fit offrir à Randjit 
Singh une somme équivalente au prix de Kan- 
gra. Mais cette position avait aux yeux du 
Sikh ambitieux une valeur qui rendit inutile 
Tappàt offert à son avarice. Ce fort avait dans 
VHindoustan la réputation d'être imprenable. 
Sansar Tchand, malgré ses engagemens, ne 
pouvait accorder Fabandon de cette forteresse 
avec ses sentimens d'honneur, et il éludait les 



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— 140 — 

k]stancesdeRandjitSinghqairéclamaitradinis-< 
sion d^une garnison sikhe (i). En août celui-ci 
sVvança jusque dans le voisinage et ne recevant 
encore que des excuses, il ne sut plus attendre! 
Il fit arrêter le fils du radja q^ii était auprès de 
lui, et s^étantassuré que Farmée d^Amar Singh 
était complètement dépourvue de vivres et de 
munitions , il donna ordre à un corps d^élite 
de sWancer hardiment jusqu^aux portes delà 
forteresse et d'en réclamer Tentrée. Il y eut 

( j ) Sausar Tchand joua un double rôle dans toute cettç 
négociation. Après s ef re engagé avec Randjit Singh , il 
traita avec Aniar Sing , promettant .de lui rendre la forte- 
resse. Ce fut sous prétexte d'emmener sa famille, faculté 
qui lui fut accordée , qu'il introduisit 6on frère dans la 
place avec des vivres pour quatre mois. Il espérait ainsi la 
conserver malgré la prétention de ses deux ennemis. Mais 
Randjit s*empara d'Anrodh Tchand, comme ôtage^ et 
ayant obtenu de Sansar Tchand un ordre pour que les 
portes de la place lui fussent ouvertes, il gagna Amar 
Singh , dont l'armée manquait de vivres , pour s'assurer 
que celui-ci ne s'opposerait pas à son entrée dans la for- 
teresse. (^Note de t auteur. ) 

Comment concilier cette note avec ce qui est dit pluai 
loin , que les Sikhs pcrdii*ent beaucoup de monde? 



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— 141 — 

une perte considérable pendant le trajet en tnés 
et blessés, mais, les portes s^ouvrirent devant 
les Sikhs lorsqu'ils y touchèrent. Cest ainsi que 
cette forteresse tomba au pouvoir de Aandjit. 
Singh le a4 ^^ût 1809. Amar SÎDgh, trompé 
dans ses desseins et désirant éviter un conflit 
avec les Sikhs, se rendit à une entrevue ami- 
cale avec Randjit Singh, et s'étant assuré, grâce 
à lai, des moyens de transport il se retira au- 
delà du Satledj. 

Le ai septembre , Randjit Singh ayant ter- 
miné ses arrangemens avec les chefs des mon- 
tagnes et pris les précautions nécessaires pour 
s'assurer lar possessioir de Kangra, retourna 
dans le Djalandhar Douab et s'empara du 
djagif de la première femme de Bhagaïl Singh 
qui venait de mourir : d'un autre côté son mi-^ 
nistre occupa les possessions de Bhoup Singh 
de Feizoullapour après s'être emparé traitreu- 
sement de sa personne dans une entrevue. 

Ce fut alors qu'influencé apparemment par 
ce qu'il avait remarqué de la puissance et de la 
discipline des Cipayes anglais qui avaient ac^ 
compagne M. Metcalfe, Randjit Singh songea 



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-- t4ft — 

à former des bataillons réguliers sut* le Inodéicf 
anglais, prenant à sa solde, dans ce dessein y 
des Fourbis ^ cVst-à-dire des naturels des pro- 
vinces gangéliques et des Sikhs venus de la 
rive orientale du Satledj. Il forma alors des 
corps de trois ou quatre cents hommes, et sé- 
duisit quelques déserteurs anglais qu^il employa 
à les dresser, et qu^il mit à leur tête avec une 
paye très élevée. Son artillerie forma aussi un 
corps séparé sous les ordres d^un darogha f ou 
surintendant. La cavalerie , dont il se réserva 
le commandement, fut divisée en deux classes, 
Tune appelée Ghor Char Sawars et l'autre Ghor 
Char Khas. La première classe est payée en ar- 
gent et la seconde en djagirs ; toutes deux sont 
montées sur des chevaux qui appartiennent à 
rÉtat. 

Djodh Singh de Vizirabad mourut vers la fin 
de iSog, aussi dès les premiers jours de Ift 
nouvelle année , Randjit Singh arriva pour ap- 
puyer par la force les droits qu'il prétendait 
avoir sur ses possessions territoriales. Une forte 
somme d'argent fut oflerte par Gandha Singh , 
filf du chef décédé, pojur prix de sa confirma- 



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— 145 — 

lion dans Phéritage paternel. Cette tentation 
offerte à Tavarice du souverain de Lahor lui 
fit ajourner pour quelque temps ses desseins 
sur le pay^s , et il conféra à Gandha Singh le 
châle et le turban, signes de Finvestilure. 
Une dispute entre le chef de Goudjrat etson fils 
vint bientôt lui offrir une occasion opportune , 
il les expulsa tous les deux et confisqua leur 
territoire (i). Il s'avança ensuite à Test du Dji- 
lam jusqu^à Sahiwal, exigeant des tributs et des 
contributions des Beloutchis et autres chefs 
musulmans du pays. 

Le 2 février, au milieu de ces opérations, 
on vint annoncer à Randjit Singh que Shah 
Shoudja , forcé de fuir devant la puissance de 

(i) KhoushwaktRaïdit que pendant que Goulab Singh 
passait aa camp de Randjit Singb , Saheb Sing , de son 
cétrf, s enfuyait »*^Bbuisbar, et qu'ainsi tout le territoire y 
le trésor toinbèr€nt sacs coup férir au pouvoir de Randjit 
Singh. Un djagir du revenu de 1 2 ,000 roupies fut dû&né 
à Goulab Singh. Les dépouilles de celte famille rappor- 
tèrent; dit-on^ cinq ou six lakhsderoupies et soixante-dix 
villages. En i8io|, Saheb Sing obtint pour lui-même u» 
djagir du x-evenu de a5,ooo roupies. {Note de t auteur, ^ 



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-- 144 -^ 

son frère Shah Mahmoud , qu^appuyaient lés 
talens et le courage du vizir Faleh Khan ,.ve- 
nait lui demander un asile. Le shah dépossédé 
rencontra le camp de ïlandjit Singh à Khou-* 
shah le lendemain y 3 février 1810, et y fut 
reçu avec les plus grandes apparences àe res- 
pect. Randjit vint en personne au-devant de 
lui et lui envoya dans sa tente un zia&t de 
i,a5o roupies , pour parer aux besoins les plus 
pressans. Cependant le shah retourna à Rawal 
Pindi le i a. février , pour y rejoindre son frère 
Zaman Shah, laissant Randjit Singh pour- 
suivre ses desseins contre les chefs musulmans 
établis à Test de Flndus. Aidé des secours 
d^hommes et d^argent que lui oflfrit le gouver- 
nement duCachemir , et Ata Mohammed Khan, 
fils du Vieux vizir Shir Mohammed , Shah 
Shoudja attaqua Peshawer où il entra le 20 
mars. Mais en septembre suivant, il en fut 
chassé par Mohammed Azim , frère de Fateh 
Khan , et forcé de repasser Flndus , d'où il de- 
manda, sans pouvoir l'obtenir, la permission 
de se rendre à Moultan. (i) Des événemensim- 

(1) SuWantKhoushwaktRaï Sha Shoudja fut appelé à 



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--148 — 

portans s^accomplissaient alors dans le Penjab* 
Le chef de Sahiwal s^était engagé à payer le 
tribut le 25 janvier, mais ayant manqué à payer 
^ toute la somme (80,000 roupies) àFéchéance^la 
ville fut investie le 7 février. Le serdar Fateh 
Khan la rendit, mais sur son hésitation à livrer 
une dépendance de Sahiwal, nommée Lakho- 
mat , il fut chargé de chaînes et emprisonné à 
Lahor avec sa famille ; ses biens furent séques- 
trés. Le i5 février, Tarmée de Randjit se pré- 
senta devant Oukeh, Les maîtres de cette place, 

Moultan parMozafFarKlianj, auprès de qui la Vafa Begam, 
avec la famille et les joyaux du shah , était déjà venue 
chercher un refuge. MozafFar Khan réclamait l'aide et 
* l'assistance du shah pour être mieux en état de repousser 
les attaques de Randjit Singh. Mais le malheureux prince 
ne se fut pas plutôt montré sous les murs de la ville qu'il 
y fut reçu à coup de canou. Aussi Khoushwakt Raï dit-il 
queleKiladar débirait la moit du shah pour s'emparer de 
sesjojaux, et qu'il était résolu aie livrer au prince Kamran 
s'il s'était remis entre ses mains. Shah Shoudja se retira 
hoi^ la portée du canon et resta dans le voisinage jusqu'à 
ce que MozafiFar Khan , se repentant de sa conduite ] lui 
assigna quatre parganas et un djagir de 10,000 roupies 
pour ses dépenses personnelles. {Noie de Vauteur,) 

Onio. ET pnoGii. 10 



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seSds daOilan et de Bokbara, vinrent an devant 
du chef sikh et lui offrirent des chevaux. Cette 
conduite et la réputation de sainteté dont jouit 
leur famille aussi bien chez les Hindous que 
chei^ les Mahométans, prévint le chef en leur 
faveur j et leurs possessions leur furent laissées 
sous condition de payer le tribut. Le 20 £e-* 
vrîer, telle était la rapidité avec laquelle Rand— 
jit Singh poursuivait Texécution de ses desseins^ 
toute Farmée sikhe fut devant Moultan , rava— 
géant le pays environnant sur le refus qu^avaît 
fait Mozaffar Khan de payer la somme de trois 
lakhs de roupies qu'ion lui avait demandée. 
Randjit Singh réclamait alors la citadelle de 
Moultan^ disant qu^il voulait Toccuper pour 
Shah Shoudja à qui Mozaffar Khan avait pro- 
mis de la rendre. Ce prétexte spécieux ne fit 
pas changer Mozaffar Khan dans la résolution 
de défendre la place à toute extrémité. Randjit 
Singh fit ses reconnaissances , désigna la place 
des diverses batteries , traça les lignes d'ap- 
proche qu^il confia à ses officiers , promettant 
de riches djagirs à ceux qui avanceraient le 
plus et feraient le plus de tort à Fennemi. Des 



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mesures furent prises pour assurer par terre et 
par eau les convois qu^on tirait de Lahof et 
d^Amritsar ; tout enfin annonçait la détermi- 
nation de Randjit de se rendre mailre de cette 
place importante. La garnison , de son côté , 
était pleine d^ardeur et fit les meilleures dispo-' 
sitions pour sa défense. Un grand convoi de 
grains fut introduit dans la forteresse qui était 
d'ailleurs abondamment pourvue d^eau. Le peu 
de résultats qu^oblint Tartillerie sik^e contre 
les murailles vint encore encourager leurs déf 
fenseurs. Le grand canon Bhangi qui envoyait 
des boulets de deux kakchas et demi , avait étç 
embarqué pour ce siège , mais Tarmée sikhe 
était si dépourvue des matériaux nécessaires 
pour exécuter de telles opérations militaires , 
ses oflSciens étaient si ignorans et si inexpéri- 
mentés y que Randjit Singh, après avoir perdu 
beaucoup d^hommes., parmi lesquels il faut 
compter AX^r $ingh,son favori et son confident 
enseveli dans une mine 9 accepta les condition^ 
quelui.oifraitMozaffar Khan, et se retira après 
avoir reçu un paiement d^un lakh, plus 80,000 
roupies* Le a5 avril , il retourna à Lahor mo^- 



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— 148 — 

tifié de son mauvais succès et en reportant le 
blâme sur ses oflBcîers et ses djagirdars. Il s^em- 
ploya alors à accroître le nombre de ses troupes 
régulières et forma un nouveau corps sikh, 
appelé orderljr khas^ ou troupes régulières 
d'élite auxquelles il accorda une paie supé- 
rieure et Tavantage de porter ses dastahs^ ou 
ordres, aux chefs et districts où il les logea avec 
une haute paie. Un corps d'artillerie à cheval 
fut aussi formé , des améliorations furent faites 
dans chaque branche du service dont Randjit 
Singh , en personne , se réserva définitivement 
la surveillance. 

Gandha Singh qui, en janvier précédant, 
s'était assuré, par le sacrifice des trésors de son 
père , sa confirmation momentanée dans la pos- 
session de ses états, ne jouit pas long-temps 
d'un avantage qu'il avait acheté si cher. En 
juin, 1810, un fort détachement fut envoyé 
à Viziràbad, et toutes les possessions deDjid 
Singh furent mises sous le séquestre. A peine 
si quelques villages furent laissés à la jeune 
victinie de cette politique insidieuse. La veuvô 
survivante dç Bhagaïl Singh , Ram Kounwat 



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— 140 — 

Rani, fut aussi chassé de Bahandarpour qui 
lui avait été laissé comme un djagir qui devait 
la mettre à Fabri de la pauvreté. Elle se réfugia 
à Loudiana et obtint quelques villages qui 
avaient appartenu à son époux, sur la rive 
protégée du Satledj. 

Après le Dasrab , au mois d^octobre suivant, 
Randjit Singh vint en personne à Ramnagar , 
sur le Tchénab, et somma Nidan Singh de Hat- 
tou'de comparaître en sa présence. Le chef re- 
fusa de s'y rendre excepté sous la garantie d^un 
sodij ou prêtre sikh ; sa forteresse de Dashat 
fut investie le 17 octobre. Les batteries de 
Randjit Singh ouvrirent leur feu contre la place 
sans avancer beaucoup à y faire une brèche. Ce 
fut en vain aussi qu'ion essaya d^effrayer les as- 
siégés par les mauvais traitemens et les cruautés 
exercés sur leurs parens et leurs familles. Le 
prêtre sikh Beïdi Djameïat Singh fut alors em- 
ployé comme médiateur auprès du chef coura- 
geux; il promit et garantit un djagir au ser- 
dar qui se rendit alors à Randjit Singh, Mais ce- 
lui-ci, sans égard pour les engagemens les plus 
solennels, le fît jeter dans les fers le 3o octobre. 



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Au commencement de novembre Bagh Singh 
Alouwala et son filsSoubha Singh, qui étaient 
alors au camp de Randjit Singh avec leurs 
troupes, encoururent son déplaisir , ils furent 
chargés de fers , leurs propriétés furent 
confisquées. Randjit Singh retourna ensuite 
dans sa capitale et détacha son ministre Mo- 
khamTchand pourexiger les tributs et terminer 
les différends avec les chefs montagnards de 
Bhimbhar ^ de Rajaori et la tribu Tchib Bhaô 
qui refusaient le paiements 

£ln décembre iSio, Saheb Singh) qui avait 
été chassé de Goudj rat, futinvîtéà y retourner et 
investi d^un djagir considérable , Bagh Singh 
Alouwala délivré de prison fut honoré d'une 
pareille faveur. Daps le même mois Nidan Singh 
fut aussi relâché à là demande des prêtres Beï- 
dis, qui regardaient leur honneur comme inté-< 
ressé dans cette affaire, puisque Tun d'eux y 
avait engagé la garantie de sa parole. Ils pro-r 
noiicèrent donc le £)Aarna contre Randjit Singh 
jusqu'à ce qu'il eut relâché son prisonnier, 
inais celui-ci ne voulut accepter ni djagit ^ j\i 
9Qlde , il iabandonna le pays soumis au souve- 



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rain de Lahor et prit du service sous le gcm-- 
verneur du Cachemir. 

En janvier iSii , Fateh Khan de Sahivalfut 
aussi relâché avec toute sa famille à la prière 
d'^un prêtre oudasi; il se retira à Bahawalpour. 
Un djagir de peu d^iâiportance fut conféré à 
Dharam Singh, le propriétaire dépossédé de 
Dfaaram Kot , dans le Djalandhar» Randjit 
Singh se rendit ensuite à Pind Dadar Khan 
près duquel il prit trois forts appartenant à des 
chefs musulmans ; mais le 24^^^^^^^ ^^ ^^^ ^P*" 
porta la nouvelle dans son camp que Shah Mah-* 
moud ^vait passé Flndus avec i 2,000 Afghans 
et que toute la population effrayée , s'enfuyait 
à son approche. Randjit Singh prit aussitôt po-> 
sition à Rawal Pindi et envoya son secrétaire 
Hakim Aziz-oud-din pour demander au shah 
les motifs de cette invasion. Cet agent fut croisé 
dans sa route par les émissaires du shah qui ve« 
paient expliquer que le châtiment d'Ata Mo- 
hammed et des gouverneurs d'Attak et de Ca- 
chemir qui avaient aidé Shah Shoudja dans sa 
dernière tentative surPeshavér, était le seul ob- 
Jetde l'expédition de leur maître. RandjitSingh 



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— 182 — 

rassuré vint au-devant du shah , et , après une 
entrevue amicale, tous deux retournèrent dans 
leurs capitales respectives.HandjîtSingh trouva 
à Lahor un carrosse que lord Minto, gouver- 
neur-général, lui avait expédié en présent de 
Calcutta. Cétait la première voiture à ressort 
dans laquelle il se fut assis; la nouveauté et la 
commodité de ce nouveau moyen de transport 
lui plurent extrêmement et il envoya un agent 
à Calcutta pour offrir ses remercimens au gou- 
verneur-général. Cependant il ne put adopter 
définitivement ce mode d^ transport qui lui 
aurait imposé tout d^abord la nécessité de faire 
pratiquer des routes. 

En avril et mai , Randjit Singh partagea son 
armée en trois divisions , Fnne fut envoyée du 
côté de Kangra pour y recueillir les tributs, 
une autre dut agir contre Bhimbhar et Rad— 
jaori , et la troisième, sous les ordres de son fils 
Kharak Singh accompagné deMokham Tchand, 
dut s'^empàrer des possessions des chefs nakis ; 
Randjit resta dans sa capitale pour diriger 
Fensemble des opérations. Cette période de sa 
vie fut marquée par la faveur soudaine à lu- 



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— 1Ô3 - 

quelle s^éleva un jeune gour brahmane , noni«- 
mé Khoushhal Sipgh , sur qui les grâces les 
plus extravagantes ont été accumulées jusqu'à 
ce jour ; il fut alors promu à Timportant et 
lucratif emploi de diohri wala^ ou chambel- 
lan, avec le rang de radja et Pinrestiture de 
riches d^girs. Les mœurs deRandjit Singh ont 
toujours- été très dissolues ; maïs alors, ses dé- 
bauches, particulièrement pendant le Houliet 
le Dasrah , passèrent* toutes les bornes ; les scènes 
qu^il donna en public devant sa cour et même 
dans les rues de Lahor, furent le sujet de toutes 
les conversations dans FHindoustan et riva- 
lisent avec tout ce que Thistoire nous raconte 
des turpitudes de Tancienne Rome. Il se mon- 
tra ivre dans les rues, monté sur un éléphant 
avec ses courtisanes. L'une d'elles , nommée 
Mora , s'^acquit une triste renommée par son 
impydeur et la faveur avec laquelle elle fut 
traitée. La monnaie fut pendant un temps frap- 
pée en son nom et son influence paraissait sans 
limites, lorsqu'en août de cette année elle fut 
écartée et emprisonnée à Pathan Kot. Toute 
la faveur dont elle jouissait parut transportée 



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- 184 — 

I 

sur ie jeune Brahmane et ses frères. Si cette 
conduite da souverain de Lahor fait soupçon- 
ner les motifs de son attachement extraordi-i 
naire pour le gracieux Khoushbal Singh , on 
devra faire quelques concessions aux habitudes 
dans lesquelles Randjit Singh fut élevé , *anx 
exemples dont il fut entouré. H n^est malheu- 
reusement que trop vrai que les Sikhs sont 
adonnés à la pédérastie et à dVutres vices aussi 
contraires à la nature. Ce qu'on nous raconte de 
Findulgence des Grecs et des Romains pour ces 
honteuses passions, est vrai. aussi des chefs 
sikhs^ résidant sur la rive occidentale du Sat- 
ledj. La vérité historique nous force de révéler 
ces faits et ces traits de caractère , quelque ré- 
voltant qu^il soit dVn parler. Cependant , la 
réputation de Randjit Singh, quoique juste- 
ment ternie par toutes ces impuretés, ne parait 
pas en souffrir aux yeux de la nation qu^il gou- 
verne, quel que soit l'effet qu'elles produisent 
sur les étrangers. 

Des douze misais primitifs , ou confédéra- 
tions sikhes, il ne restait plus maintenant que 
celui de Randjit Singh , le misai de Soukar 



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Tchaki et ceux de Ghani , Rhamgarh et AIoik» 

wala, tous associés au souverain de Lahor ; et, 

on peut le dire, servant sous son drapeau. Les 

misais de Phoulki et de Nihang , situés sur la 

rive orientale du Satledj , jouissaient dubénéfice 

de la protection anglaise, et celui deFeïzouUa- 

pouria , qui s^étendait sur les deux rives du 

fleuve et obéissait a« «erdar Boudh Singh, 

avait toujours jusqu^ici refusé de s^allier à 

Randjit Singh i il devait compléter la liste de 

ceux que ce prince devait réduire plus tard. 

La conduite de Boudh Singh lui donna enfin 

un prétexte de satisfaire sa vengeaùce. Le ig 

septembre iSii , le ministre Mokham Tchând, 

accompagné de Djodh Singh de Ramgarh et 

de quelques autres serdars, entra dans le Douab 

de Djalandhar avec Fin tention déclarée de s^em- 

parer de la partie du FeïzouUapouria-misal 

située dans le Penjab. Boudh Singh n^essaya 

point de se défendre , mais s^enf uit aussitôt à 

Loudiana pour y chercher un asile. Ses troupes 

firent une résistance de quelques jours avant 

de livrer les forts principaux de Djalandhar et 

de Patti. Ils les rendirent le 6, et le 7 octobre, 



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— I4W — 

avant qu^on eût pa foire brèche aux murailles 
et après avoir inutilement sacrifié quelques 
hommes. Boudh Singh se contenta de sa posi- 
tion de serdar sous la protection anglaise, vi- 
vant des revenus que lui rapportaient ses pos- 
sessions situées à Test et au sud du Satledj. Eii 
décembre de la même année , Nidhan Singh ^ 
fils du vieux chef Djeï Singh de Ghani, fut dé- 
possédé du djagir .séparé qui lui avait été assi- 
gné ; on voulait donner ce serdari à la veuve 
de son frère , Sada Kounwar. Il fut incarcéré à 
Lahor, tandis qu'un détachement s''emparait 
de ses deux forteresses de Hadjipour et Phoul- 
wara. Les liens du sang n'étaient pas aux yeux 
de Randjit Singh un obstacle assez puissant 
pour Fempêcher de poursuivre Fexécutîon du 
système politique qui a servi de base à sa con- 
duite , du système qu'ail s'est fait de réduire au 
même rôle d'obéissance et de soumission tous 
ceux qui pouvaient assurer leur indépendance, 
ou , se glorifiant d'une origine illustre , jouis- 
saient de propriétés qu'ils devaient à leur épée 
ou à celle de leurs ancêtres. Randjit Singh 
qui ne s'imposait jamais la moindre contrainte 



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- 157 — 

dans ses conversations, et laissait une grande 
liberté de paroles à ses courtisans, reçut à cette 
époque une leçon au sujet des traitemens qu'il 
faisait subir aux anciens serdars sikhs; elle 
vînt de Djodh Singh de Ramgarh , réduit lui- 
même à la condition de sujet. Il prenait congé 
de Randjit Singh avant d^ler aider Mokham 
Tchand , dans ses opérations contre le serdar 
deFeïzoullapour. Randjit Singh luioflFrit quel- 
ques présens comme marque de faveur. Le 
chef s'en défendit, disant avec la franchise qui 
le caractérisait, qu'il devait se trouver trop 
heureux de conserver par un temps pareil son 
turban sur sa tête. Randjit ne s'oflFensa point 
de cette liberté, if sourit et conseilla à son in- 
terlocuteur d'être traiiquille et d'avoir bon 
courage. 

L'année 1811 se termina par une visite que 
fit à Lahor ShahZaman, frère du malheureux et 
exilé Shah Shoudjai, pour comble d'infortune, 
il venait encore d'être privé de la vue. Il arriva 
dans le cours de novembre avec sa famille et ses 
serviteurs , mais n'ayant trouvé que de l'indif- 
férence chez le prince sikh, il retourna bientôt 



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après à Rawal Piodi , où il avait déjà demeuré 
pendant quelque» mois. Shah Shoudja, après 
n^ayoir pu obtenir en septeml^?« Feutrée de 
Moulla0^ s^était engagé dans une entreprise dé« 
sespérée pour relerer sa fortune au-delà de Tln*- 
dus. Il fut défait , et perdit son principal offi-* 
cîer Akram Khan. Il dut lui-même chercher 
son salut dans la fuite. Ses frères avaient dès 
les premiers mois de cette année envoyé à Lou-* 
diana un fils de Zaman Shah pour savoir si Ton 
ne pourrait pas obtenir du gouvernement bri- 
tannique quelques secours en hommes et en 
argent. Le jeune prince, reçu avec beaucoup 
d^égards et de civilité, fut cependant informé 
qu'aucun membre de la famille royale deCaboui 
ne devait compter sur Fassistance des Anglais. 



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irii 



Mariage de Kharalc Singh, Wrîtîer prcsompllf <le Randjît Smgfi. 
— Le CO' onel Oclilerlony j Assûtc. •— Shah Sboudja est force de 
livrer le Koh-i*noar. <— Mauvais traiteinens essuyës par ce 
prince. -^ Sa furtle k Loadiana. — Conquête du Gachemir pAf le 
▼isir Fateh Khao. — Acquisilion d*Aitak par Randjit Singh. 

1812—1813. 

Le oommenoemeiit de FaiiDée 1842 fqt em- 
ployé par la cour de Labor en préparatifs des-- 
tîoés À célébrer av^c la magnificence convenable 
le mariage de KounwarKharak Singh. II épou- 
sait la fille de Djeïmal de Ghani, le chef à qui 
Randjit Singh avait enlevé Pathan Kôl daçs le 
Djalandfaar Taraï. Une invitation fut adressée 
à Loudiaua au colond Ochterlony pour le prier 
d^honorer la cérémonie de sa présence ; et un 
ambassadeur lui ayant été envoyé pour le con* 
duire à Lahor , il passa le Satledj le 23 janvier 
suivi d^une escorte peu nombreuse à laquelle 
il joij^it, pour complaire à ftandjttSingb, tine 
piàce d^arlillerie légère. En effet ce prince désî^ 
rait vivement savoir comment œUe paptieicie 



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raitîllerie étaît servie dans Parmée anglaise. 
Le colonel se fit accompagner des radjas de 
Na})a, Djhind et Keïtbal, et à son arrivée près 
d'Amrîtsar, le 28, il reçut le Istaqbal, ou ren- 
contre d'honneur, de la part du chef sikh, qui 
avait dans cette occasion solennelle mandé tous 
ses serdars à sa cour. Toute la nation paraissait 
se réunir pour célébrer magnifiquement ce 
mariage. 

La cérémonie s'accomplit à la résidence du 
serdar Djèîmal Singh , à Fatehgarh ; et après 
sa conclusion , le 6 février , toute l'assemblée re- 
tourna à Amritsar. Sada Kounvrar seule n'était 
pas présente, une indisposition fut prétextée 
pour excuser son absence ; mais le mécontente- 
ment qu'elle éprouva en se voyant trompée 
dans l'espoir qu'elle avait de voir Randjit Singh, 
son gendre, reconnaître publiquement pendant 
les cérémonies les enfans jumeaux de sa fille, fut 
généralement regardé comme la cause réelle de 
son absence. 

Randjit Singh reçut le colonel Ochterlony 
avec une distinction particulière, il chargea ses 
principaux ofiiciers de lui montrer tout ce qui 



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^ tel -. 

inéritait d^être tu à Lahor , il le pressa de pi*<H 
longer son séjour pour assister aux fôies du 
Houli qui allaient être célébrées en marSé Le 
colonel déclina cet honneur pour lui-même j 
mais les chefs sikhs qui étaient Tenus avec lui 
acceptèrent avec joie une invitation semblable i 
et le bheï de Keïthal obtint, du souverain de 
Lahor pendant les orgies qui accompagnèrent 
les fêtes la concession de Goudjarawal sur la 
rive protégée du Satledj. La confiance entière 
témoignée dans cette circonstance par Randjit 
Singh au colonel Ochterlonjr contrasta avec là 
soupçonneuse défiance qui avait présidé à la 
réception de M. Metcalfe. Randjit Singh inontra 
ses troupes au colonel et particulièrement les 
nouveaux bataillons quHl formait; il alla même 
jusqu^à l(ii faire voiries fortifications de Lahor^ 
les nouveaux ouvrages quMl élevait pour les 
améliorer et joindre la Djama Masdjid à son 
palais. Son prudent ministre Mokham Tchand 
etleserdarGandha Singh blâmèrent, dit-on, de 
telles communicatioBS feites à ragent officiel 
d^une nation qui pourrait peut-être un jour en 
profiter contre lui. Mais Randjit observa avec 

Orig. et PROGR. 11 



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finesse que si telle était leor pensée ils anraient 
dû le détourner d^enyojer une invitation an 
codonel, car il était trop tard alors pour lui 
montrer de la défiance* 

Api"^ les cérémonies et les fêtes , le^ armées 
de Lahor reprirent leurs opérations actives. 
Kounwar Kharak Singh fiit envoyé avec 
dçs forces imposantes contre Bhimbhar et 
Radjaori , où Sultan Khan , le chef mnsal- 
man du premier de ces districts passait pour 
un ennemi formidable. Il avait récemment dé- 
fait et tué son parent Ismaïl Khan qni par suite 
d'événemens antérieurs avait été mis en pos- 
^es^ion d^une grande partie du territoire^ Dal 
Singb fut ejft mêoie temps envoyé avec un 
autre corps dWmée pour butiner et faire payer 
le tribut à Mozaffar Khan de Moultan ; une 
troisième armée, sous les ordres de Des^ Singh, 
fut envoyée à Kan^a. Randjit Singh en per-- 
sonne se dirigea pi^r le Djalandhar du côté du 
Tarai où^ il convoqua les divers che& monta-^ 
gnards et fit avec eax de nouveaux arrangemens 
relatifs à un accroissement de tribut* La reprise 
deShoudjanpour fut la cîeule usurpation qu^il se 



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— 165 — 

permit dans lé cours et cette campagne. A son 
retour à Lahor,le a3mai, RandjitSingh yreçut 
la nouvelle des succès obtenus par Kharak 
Singh <5ontre Bhimbhar, Djammou et Akhnour • 
Le fils de Kounwar fut honoré de la conces-* 
sion de ces places qui lui formèrent un djagir 
confié à Padministralion de Bheî Ram Singh. 
Dal Singh était parvenu de son côté à extor- 
quer une somme considérable à Mozaffar Khan 
de Moultan. 

En août de la même année, Djeïmal Singh, 
beau^père de Kharak Singh , mourut tout à 
coup j le bruit courut qu'il avait été empoi- 
sonné par sa femme. Randjit Singh se porta 
comme héritier de tous les trésors accumulés 
par ce chef durant une longue vie de parci- 
monie et dMsure. Une partie de ses richesses 
était lors de sa mort prêtée à intérêt aux maha- 
djansd^Amritsar. Ils forent tous sommés de ren- 
dre leurs comptes au trésor de Lahor. Dans le 
mois suivant les familles des deux ex-shahs de 
Caboul , ShahZaman et Shah Shoudja vinrent 
chercher un asile à Lahor. Le dernier de ces 
princes avait encore vu de nouveaux malheurs 



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— 164 — 



s'ajouter à toutes ses ^ifbrtoes;' après aroîr 
échappé au mauvais succès de Tentreprise qu^il 
avait formée en septembre précédent) U tomba 
entre les mains de Djahan Dad Khan, gouver- 
neur d^Attak , qyii renvoya à son frère Ata Mo- 
hammed de Cachemir; celui-ci le fit charger de 
chaînes. Shah Zaman désespéré amena la fa- 
mille de son frère et la sienne dans la capitale 
des Sikhs. Randjit Singh en effet affectait de 
montrer un vif intérêt pour les infortunes et 
le destin de Shah Shoudja , il paraissait même 
disposé à attaquer le Cachemir pour lui rendre 
la liberté et lui assurer la souveraineté de cette 
province. Il préparait alorsson expédition contre 
Bhimbhar dans les montagnes de Pir-Pandjal. 
Il sut amener par ces démonstrations réponse 
de Shah Shoudja à croire et à faire espérer à son 
époux qu^il trouverait nn allié dans le souve- 
rain de Lahor. Le shah Réchappa de prison 
pendant Tattaque du vizir Fateh Khan contre 
le Cachemir , et se laissa conduire à Lahor par 
toutes les espérances qu^on lui avait données. 
Il sortit sans accident du Cachemir par les 
montagnes de Pir-Pandjal; là il rencontra IVir- 



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- le» — 

mée de Mokham Tchand et se rendit avec lui 
à Lahor où il éprouva encore de nouvelles 
persécutions. Elles lui furent suscitées par le 
violent désir de Randjit Singh de s'approprier 
le Koh-i-nour et d'autres jojaux de prix qu'on 
assurait être encore en la possession de Shah 
Shoudja. Le récit des moyens par lesquels on 
parvint à^ les lui extorquer se rapporte à des 
temps postérieurs. 

Après le Dasrah et la saison des pluies l'ar- 
mée sikhe fut réunie et conduite par Randjit 
Singh en personne contre les chefs musulmans 
deBhimbharetdeRadjaori, qui, bien qu'affai- 
blis par les expéditions précédemment dirigées 
contre eux, résistaient encore. Ils convoquèrent 
toutes leurs forces, s'appuyèrent sur une ligne 
des cheÊ et djagirdars de leur foi et sur les se- 
cours du gouvernement de Cachemir. Les pos- 
sessions de ces chefs commandaient les appro- 
ches des montagnes de Pir-Pandjal et l'on doit 
penser que dès cette époque Randjit Singh son- 
geait à la conquête du Cachemir à laquelle 
l'occupation de Bhimbharet de Radjaori devait 
servir de préliminaire. L'armée sikhe remporta 



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— «W — 

sur les che£> coufédérés une victinire signalée, 
etRandjitShigh, profitant de ses succès, occupa 
Bhimbhar et Radjaori dan$ les premiers jours 
de novembre ; il reçut la soumission des ^e& 
de ces places le i3 de ce mois. Lesautres confë^ 
dérés se réfugièrent dans le Cachemir oà Us 
furent reçus parle gouverneur Ata Mohammed. 
Fateh Khan, vizir de Shah Mahmoud, était 
alors sur Flndus où il était venu punir les deux 
frères qui gouvernaient Attak et le. Cachemir de 
l'assistance prêtée par eux à Shah Shoudja f il 
voulait de plus recouvrer ces deux provinces 
pour le royaume de Caboul. Il avait envoyé 
devant lui un détachement de 8,000 Afghans à 
Rohtas et il avait commencé ses opérations 
contre Ata Mohammed de Cachemir, au mo- 
ment ou Randjit Siogh soumettait à son auto* 
rite les chefs de Bhimbhar et de Radjaori. Les 
deux armées de Lahor et de Caboul se trou- 
vaient alors si rapprochées Tune de Tautreque 
les deux chefs désirèrent avoir une entrevue 
pour s^expliquer sur leurs vues et leurs inten* 
tions mutuelles : Randjit Singh envoya donc 
des agens chargés 4e faire des ouvertures dans ce 



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- 187 — 

sens et invita le vizir à se rendre à une entrevue 
Sttr le Djilam afin d'y concerter une expédition 
en commun contre le Cachemir. Fateh Khan, 
Bon moins désireux de s^en tendre avec les Sikhs^ 
accepta la proposition et Tentrevue eut lieu 
le i''' décembre. Il j fut décidé que Raûdjit 
Singh tiendrait à la disposition du vizir une 
armée sous les ordres du ministre Mokham 
Tdband, et donnerait toutes facilités aux trou-* 
pes afghanes d^entrer dans le Cachemir pai" le^ 
défilés de Radjaori qu^il venait de soumettre. 
Un corps auxiliaire d^ Afghans pour Faider à 
soumettre Moultan et une part dans le butin 
que devait rapporter la conquête du Cachemir 
furentles conditions stipulées en retour. Randjit 
Singh désirait une portion des revenus de la 
vallée, mais le politique vizir refusa toute par-< 
iicipation permanente aux contributions de la 
province et préféra accorder un nazarana de 
neuf lakhs de roupies à prendre sur'lesdé-*- 
pouilles promises. A ces conditions il obtint la 
coopération de 12,000 Sikhs, sous les ordres de 
Mokham Tchand, les armées alliées commen- 
cèrent leur marche tandis que Randjit Singh re- 



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tournait à LahoF. Les neiges empêchèrent d^aw 
bord leurs progrès et les Sikhs, moins aguerris 
contre les rigueurs d^ Fhiyer des montagnes 
que les troupes c(u nord, furent laissés en arrière 
pai* le vizir qui, pépétrapt dans la vallée en fé^ 
yrier , chassa Ata Mohammed de ses positions , 
s^empara de toutes les places fortifiées et enfin 
soumit tout I0 pays en peu de temps sans rece- 
voir hfeauçoup d^assistance de Mokham Tchand 
et des Sikhs. Randjit Singh fit grand bruit à 
Lahor de lajqie qu^il ressentit eq apprenant ces 
heureuses nouvelles; il parlait de cette con- 
quête comme d^une gloire qui lui appartenait 
autant^qu^au vizir. Mais une habile intrigue se 
nouait alors, que Texpédilion de Cachemir mit 
bientôt en lumière. Djahan Dad Khan , gou- 
verneur d^Atlak, désespéritnt après la défaite de 
son frère daps le Cachemir, de pouvoir résister 
tout seul au vizir ^t sachant qu^il nWait pas 
grande faveui* à attendre de lui, avait déjà en-? 
tamé une négociation avec Ilandjit Singh, à qui 
il promit de rendre Attak à condition qu'un 
djagirlui serait donné en retour. En consé-r 
quepce Randjit Singh, lorsqu'il était Tçtpurné 



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- 169 — 

à Ldhor, avait laissédans le voisinage de PIndus 
un fort détachement sous les ordres de Deïa 
Singh chargé d^occuper cette importante for- 
teresse aussitôt que les circonstances le permet* 
traient. En man i8i3 , Randjit Singh apprit 
qu^elle était au pouvoir de son lieutenant et 
gouvernée en son nom. Il ne perdit pas de 
temps. pour renforcer ses troupes d^un convoi 
considérable , pourvu de toutes les choses né- 
cessaires pour mettre la place dans un étatcom* 
plet de défense. 

Devi Das et Hakim Aziz;*oud-din furent en«- 
voyés pour statuer $ur le sort du pays dépen- 
dantd^Attak.Le vizir Fateh Khan protesta contre 
cette usurpation , et prétendant qu^elle Tavait 
libéré des conditions auxquelles il avait obtenu 
r^ssistance des Sikhs y il les renvoya sans leur 
donner aucune part du butin fisiit dans Texpé- 
dition. Il nomma son frère Azim Khan gou- 
verneur du Cachemir , et se dirigea sur Attak, 
après avoir demandé à Randjit Singh qu^il eût 
à lui rendre sa conquête^ Mais la négociation 
traîna en longueur , et il va sans dire que le 
vi?;îr fut joué par le Sikh, 



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— âTO — 

Avec le ministre Mokhiim Tchand arrtTSi à 
Lahor Shah Shoudja, dont on exigea atissitôty 
ainsi que de sa première épouse, le fameux dia- 
mant connu sous le nom de Kok-i-nour (i) ; un 
dj^gir et une forteresse furent promis en retour. 
Le shal^ prétendit ne pas posséder le précieux 
joyau y et la Va^i Bég^m (d) déclara qu^il avait 
été donné en gage à un mahadjan qui avait 
fourni des secours au shah dans sa déu*esse« 
Randjit Singh^ refusant d'ajouter foi à ces allé- 
gations, plaça des gardes autour de la résidence 
du shah, et ordonna quW ne laissât entrer ni 
sortir personne sans les plus minutieuse re- 
cherches. La famille exilée résista à cette dure 
réclusion ; alors on la priva de vivres, et pen- 
dant deux jours le shah , avec ses femmes, sa 
famille et ses serviteurs, furent soumis aux plus 
cruelles privations; mais sa fermeté ne se dé- 
mentit pas. Randjit Singh , par égard pour sa 
propre imputation, voulut employer des moyens 
plus adroits, et ordonna qu'on fournit des vivres 

(i) Montagne de la Lumière. 

(2) Bégam est un titre honoriâque qui signifie prio* 
cesse. 



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— £71 — 

aux exilé8#Le t*"" «ml il fit produire à son dar- 
bar deux notes attribuées au shah et adressées 
au vi^ir Fateh KJiau et aux chefs afghans; le 
malheoreux prince y dépeignait ses souffrances 
et priait ses alliés d^unir leurs efforts pour le 
délivrer. On dit qu^elles avaient été. inlercep*- 
tées; mais généralement on crut quelles avaient 
été fabrK]uées» Il devenait alors nécessaire de 
prendre des précautions contre les intrigues et 
ii^$ machinations du shah : une garde de deux 
compagnies sikhes des corps nouvellement for- 
més , fut ajoutée à celle qui veillait omtinuel- 
lement dans sa demeure ; on le menaça de le 
transférer à Govindgarh ; on employa les trai- 
temens les plus indignes pour forcer sa résis- 
tance et obtenir le fameux diamants Après avoir 
fait dHnutiles remontrances , le shah recourut 
à la ruse : il demanda deux mois de délai pour 
.retirer le diamant, qu^îl affirmait être dans les 
mains des mahadjans ; et il ne pourrait le faire , 
dieait-il , j(ju\ivec quelques lakhs de roupies. 
Randjit Singh lui accorda , bien qu^à contre- 
cœur, la trêve demandée, et les mauvais traite- 
mens furent suspendus pendant quelque temps. 



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— 172 — 

Mais ik se renouvelèrent avant Tex^rfration du 
délai; et Shah Shoudja, intimidé et voyant bien 
que la rapacité du Sikh n^hésiterait pa& même 
R attenter a sa personne , consentit enfin à ce 
qu^on exigeait de lui (i). En conséquence, le 
i*' juin Randjit Singh, avec une suite peu 
nombreuse, se rendit auprès du Shah pour re- 
cevoir lui-même le précieux joyau. Il fut ac- 
cueilli par le prince exilé avec beaucoup de di- 
gnité , et lorsque tous deux furent assis , un 
silence solennel s^établit qui dura près d^une 
heure. Alors Randjit impatient ordonna à Tun 
de ses serviteurs de rappeler au shah Fobjet de 

(i) Ce diamant a été d&rit par Tavernier dans son 
voyage à Delhi. Cest le plus gros de tous ceux qui sont 
connus. Les Hindous supposent qu'il a appartenu aux 
Pandous^ de mythologique mémoire ^ avant de tomber 
au pouvoir des souverains mogols. Il a presque un pouce 
et demi de longueur sur un de large et un demi d'épais- 
seur'. Nadir Shah l'enleva à la famille de Delhi y l'abdali 
Ahmed Shah en devint le maître après l'assassinat et le 
pillage des tentes de Nadir Shah. [Note de V auteur.) 

Ce diamant fut montré à M. A. Burnes par Randjit 
Singh. Voy, Voyage s de M. Burnes^ traduits par M. Ey- 
riès, vol. I, pag. 162. Paris, i835. 



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— iT5 — 

sa visite. Le shah ne répondit pas , mais il fit 
signe des jeux à un eunuque, qui sortit et rap- 
porla bientôt un petit paquet enveloppé quUl 
plaça sur le tapis à égale distance des deux, 
princes. Randjit ordonna à fihouani Das dW-*. 
vrir le paquet , et lorsquUl eut reconnu le dia- 
mant, il se retira aussitôt avec son butin dans 
la main (i). Le shah put jouir alors d'une li- 
berté plus grande} la garde fut retirée de son 
palais. Mais peu de jours après on intercepta 
une lettre d^un de ses officiers, Kazi Shir 
Mohammed, adressée à Mohammed Azim Khan. 
Elle contenait TofiFre d^assassiner Randjit Singh 
et invitait le vizir Fateh Khan à profiter de cette 
circonstance pour faire une attaque sur Lahor. 
Le Sikh envoya chercher un des princes de la 
fiimille exilée et le chargea de remettre la lettre 

(i) Ce passage rëfute le roman doDt les journaux nous 
ont entretenu il y a quelqtie temps. On racontait que le 
sbiah n*avait remis à Randjit Singh qu'une boule de cris-* 
\à\y après quoi il se serait enfui. Randjit l'aurait fait 
poursuivre 9 etc.^ etc. Le général Aliard aurait même 
joué un rôle dans cette affaire. Or, il n'arriva dans le Peu- 
jabqu'en i8as. Nous n'avouopu savoir roriginedececonte* 



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- in - 

et celui qui iWait écrite^ car on s^en vêtait em- 
paréy entre les mains du shah. L^ex-empereur 
les renvoya tous deux en priant Randjit Singh 
de pnnîr le coupable comme il le jugerait con- 
venable. Dans Tespérance qu'on lui arracherait 
l^veu de la complicité du shah , on lui fit ap- 
pliquer des coups de bâton ; mais malgré tous 
les mauvais traitemens qu'on lui infligea, il 
persista à affirmer Finnocence de son maître. 
On le mit alors en prison , d'où Shah Shôtidja 
parvint à le faire sortir moyennant 20,000 rou- 
pies. 

Après son retour du Cachemîr le vizir Fateh 
khan s^était arrêté devant Attak et l'avait blo- 
qué, en attendant le résultat des négociations 
qu'il avait entamées à Lahor pour qu'on le lui 
rendît. Le ministre Mokham Tchaud fut en- 
voyé dans le voisinage pour se tenir prêt à tout 
événement. Au commencement de juillet on 
reçut de lui la nouvelle que la garnison était 
' réduite à ukie telle détresse^ qu'à moins de re- 
cevoir de prompts secours elle serait forcée de 
se rendre. Randjit Singh tint conseil ^ et il fut 
décidé de secourir (a ville , même dans, le cas où 



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- 17» — 

cette tentative devrait entraîner des hostilités 
avec le vizir* Des ordres furent en conséquence 
expédiés au ministre, qui leva son camp de 
Bourhan et se mit en mai^he le la juillet i8i3 
pour les exécuter. Il fit peu de chemin ce jour 
là,.el prit position sur un ruisseau défendu par 
un détachement de Tarmée du vizir, qui se re«« 
tira- à la nuit. Le lendemain le général sikh, 
suivit le torrent , pour que ses troupes fussent 
toujours fournies d^èàu et prêtes à Faction , car 
le temps était très chaud. Il arriva dès le matia 
surrindus, à environ cinq milles delà ville assied 
gée* L^armée de Caboul sortit alors de son camp 
pour Fémpêcher d'avancer plus loin ; TavantT 
garde ise composait d'un corps de Musulmans 
Moulki soutenus par la cavalerie aux ordres de 
Dost Mohammed Khàn. Les Sikhs firent leurs 
dispositions pour le combat ; la cavaleriefut par* 
tagée en quatre divisions; le seul bataillon d'in^ 
fiuiterie qui raccompagnailse forîna en ca rré.Les 
Moulkis chargèrent le bataillonavecrésolutian ; 
mais ils furent reçuâ avec un feu si bien nourri 
qu'ils tournèrent le dos après avoir perdu beau** 
coup de monde. Mokham Tohand voulut en^ 



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*-- tro — 

vojer au secours de son bataillon des troufies 
fraîches et quelques pièces d^artilleriecomman* 
dées par Ghousi Khan ; mais on n^obéit pas à 
ses ordres. Dost Mohammed fit alors une at-^ 
taque à la tête de sa cavalerie, et les Sikhs com^ 
mençaient à plier devant lui, lorsque le dewan 
en personne fit avancer deux pièces de canon 
dont la mitraille arrêta les Afghans. On était 
alors au milieu du jour, le soleil était acc£d)lant 
et un vent chaud soufflait au visage des Af-^ 
ghans X le vizir ne crut pas devoir ordonner à 
sa réserve de prendre part à Faction, et la ba- 
taille cessa ; car les troupes qui y avaient pris 
part étaient épuisées de fatigue. Le vizir passa 
rindus et se retira sur Peshaver, laissant aa 
général sikh la liberté de ravitailler la forte- 
resse. Après s^être acquitté de ce soin , Mo- 
kham Tchand retourna à Lahor en août pour y 
recevoir la récompense de ses services et porter 
plainte contre les officiers dont la désobéissance 
avait failli compromettre le gain de la bataille. 
Ils furent punis comme coupables d^intelligence 
avec Fennemi : on découvrit que telle avait 
été-, en eBety la cause de leur inaction. 



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— 177 — 

Riea d'important ne se passa pendant la sai-^ 
son des pluies , en i8i3 } mais avant qu^elle ne 
fut écoulée , Randjit Singh commença les pré'- 
paratifs d^une expédition dans le Cachemir. En 
octobre il visita Djawala Moukhi, et de là se di- 
rigea par Sial Kot et Vizirabad , sur le Djilam , 
où il convoqua tous les djagirdars et les chefs 
tributaires dei montagnes , avec leurs contin- 
gens. Chacun de leurs corps fut examiné avec 
une attention minutieuse , et des amendes leur 
furent imposées quand le nombre de leurs 
hommes ne se trouva pas au complet ou quand 
leur équipement ne fut pas satisfaisant. Ces 
grands préparatifs avaient pour but de mettre 
en campagne une artillerie imposante et d^amé- 
liorer le système de celle qui est montée sur des 
chameaux. Après avoir ainsi fait Finspection de 
toute son armée, Randjit Sîngh passa le Dji- 
lam le 11 novembre et entra à Rohtas, En ap- 
prenant tous ces préparatifs^ le vizir F^ateh 
Khan s^était transporté de Pheshaver.4 Perad- 
jat 9 sur la rive occidentale de Tlndus. Cette cir- 
constance , ajoutée à la nouvelle qpe la neige 
rendait encore le passage impraticable dads les 
Obi», et progr. 12 



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^ 178 - 

Ttiontagnes de Pir Pandjal , engagea ïtàndjk 
Sîilgb à suspendre son expédition jasqu^au priiv- 
tem^ suivant. Il envoya donc un détachement 
s'^emparer du passage des montagnes au-delà 
de Radjaorî ^ choisît des places de dépôts pour 
les vivres et les muniiioâs, et retourna par 
Kohtas à Lahor, où il arriva le 26 décembre. 

La confiscation du territoire montagneux de 
Hâripour et son adjonction au kkdlsà{i)de 
Lahor, fut le premier acte qui signala ïe retour 
dn prince sikh dans sa capitale. Le radja Bhoup 
Singh, dont Tarrestation et remprisonnement 
précédèrent cette confiscation, reçut, quand 
elle fut accomplie, nïr djagirdar de peu de 
valetri'éti coiïlpensatron. Le Sèèondade d'au- 
torité de Randjit Singh fut encore plus inique, 
Âykùt appr^ quie Shah Shoudja possédait 
encore quelque jo^ux de prix, il léis lui fit ré- 
is}amér< Sor k déclamation du shah , qu'il n'^en 
avait plus aiiicun en sa puissance, It Sikh 
T^tet en juger pat lui-même, il enVbyà l^heîa 

; (V) tfe kMaâL ««t lie tévëtiu dc6 prdvkicës'aàmîniatrees 
(Ureeteifteiit |par 'le gouv^raem^vt delialMkir. 



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- Vï9 - 

Rom Siogh, accompagné de quelque femmes < 
arec ordre de -fouillei» lous les appattemens et 
de lui apporter les coffres et les pkqtlels qui ap- 
partenaient au âhahi On lès fit alors ouvrir pàif- 
le chef deà eunuques du shah , et îtàndjlt Sihgh 
retint pour lui-même les objets les plus pré- 
cieux ^ tek armes, les pistolets, les bîjbtiîx dé 
femmeà , €fi les tapis de qrfoî charger denxYoî- 
tures. H enjoignît' 'ctisuite ail'Aah de quittfe* 
ses jat'dins et son paîaîs*de l^lt^ilemar pô'tîi' 
habiter Oûe maillon ordinaire dans ta-viiid xrh 
il fut sodiftisà»4in^ -s^veîllafnté séVèrè. Ap^ès 
ainofa^ ttimsi scmfiTêrt «oét^^spèdè d'H'iiiâi^hités et 
de «nàttvîiAs ' JtHàilémetïs , cèltift-ci >ê$bltâ4: dé 
s^enfuir aMèiô «a* faniijle; Vers là fila ^ dé • ho-^ 
imnbite) idn iirint;>appr6ndre à tlandjit Sibgh 
que les fi^iâets^ùshubU^étaiènt éelïappées été 
la maison où i^elui^ écait gardé-; On employa 
hs n^naces eî^Aéê promesses pour iPeûgâTger à 
dédàrèfle liéu.^teti^^etraileV4]9ài^^ ifitVeû 
viaisy îl >permfa ià dh'^ ^^il ignoirkîi^'ieMbut^ét 
k motif de îe^r Miâe.Laj ville fût foaîHéeyon 
d^mdic ^attx leipiiieBide soiitiit<roiléês<de chez 
: dleà^ 3ics marchands dépasitaitres de quélqaiç$ 



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— 180- 

soqimes appartenant au shah ou aux menihrés 
de sa Cimille reçurent ordre, de. los verser au 
trésor de Lahor, Ces précautions furent prises 
Jtrop tard^ on apprit que les princesses avaient 
quitté la maison du shiih spus le costume de 
feipmes hindoues, et s^étaient rendues chei Bar 
lak Ram , agent ou correspondant de; Sougan 
Tchand,, riche banquier de Delhi et trésorier 
du gouvernement anglais dans cette résidence. 
Balàk Ram leur avait fourni les moyeqs de 
sortir delà vill^ ft^àe parvenir à Loudiana où 
elles étaient arrivées en sûreté^ JLà^ ^les s^étaien t 
fait connaître au capitaine Birdb^ assistaot^ 
cl^arg^ provisoirement des afl^res;d^;cett^ ré- 
sidence; , qui )es ;avdjt rdçii^gs javec un^ bienVeiU 
lante hospitalité. Balak Ram- fiit arrêté iparr 
ordre de RandjH Singb pour, la part qu^il Avait 
prise à cette évasipn ^ il fut obligé de monixer 
ses livres ^t de livrer tpDt cç qui lui avait été 
cqpfié par le shah ou5a famiUe. H nVutdWl- 
}$urs:à$ut)Âr aucun autre mauvaia t^iteuàeiU* 
j/Çn bvril iStS^ Shah. jShoudjai part in t lui* 
mqipe à (SyéchApper sous^uoid^ais^ypoteali^iti^siit- 
grè l'étroile survdllaocioe dont il<8tait Tob}^*. 



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.- 181 — 

Ses gardes furent disgraciés , une récompense 
futoffierteà qui ramènerait le prisonnier, mais 
le sfaah parvint à gagner les montagnes où il 
fut reçu avec hospitalité par le faible radja de 
Kishtiwar. Là, il réunit un corps de 3,ooo 
honnmes et pendant Fhiver fit une tentative sur 
le Càchemir ; mais le froid Tempêcha de traverser 
lesmontagnesdePirPandjalet dispersa sa petite 
troupe. Sa situation était alors désespérée , ce- 
pendant après bien des détours et un long 
voyage dans les montagTies de Koulou,'où il eut 
à supporter de cruelles privations, il- parvint 
enfin , avec un petit nombre de serviteurs , à 
rejoindre sa famille à Loudiana , en septembre 
1816. Il sY plaça sous la protection du gouver^ 
nement anglais. Une pension annuelle de5o,ooo 
roupies fut assignée au shah dans son exil, 
pendant tout le temps^qu^il resterait sur le ter- 
ritoire anglais. A Texception d^une entreprise 
malheureuse qu'il tenta encore en 1818, après 
le meurtre du vizir Fateh Khan , 'pour recou- 
vrer son ancienne puissance , il a toujours de- 
puis joui paisiblement de son asile à Loudiana. 
Il y a été rejoint par son frère aveugle, Shah 



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2iaman, clout }a paayreté assura la liberté 
auprès de Randjit Siogh» Une pemion fmtiçn* 
lière de 2^4)000 roupies par au fut assi^aér^ à œ 
prince (i). 

Nous avoDs anticipé sui' Vordre cbrâiiolo-' 
gique des événenieiis pour réunir tout o^ qui a 
trait aux infortunés de cq3 malheureux priq^C^^^ 
toL première expédition de RandjitSingh contre 
le Cacbemir nous force de rétrograder }u$qa^à 
Tannée i&i4* ^^ érénemens qui Font préeédée 
PU acoompagnée forment le sujet du chapitre 
suivant. 

(i) Voir pour l'histoire de cette malheureuse famille 
le TojàgedéM. Alexandre Burnes à Caboul et Boukhara, 
traduit'parM. Eynès. Paris, i835, vol. IIj chap. V, et 
^oK IH, io chapitre relatif à rhistoire et au commerce du 
daboul . -*- Victor Jacquemont visita lesdeux frères à IjQni^ 
. diana. Voir ce qu'il en dit pages 352 et suivantes du pre» 
nijer volume de sa Correspondance. Paris , 1 833. 



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Premier* expcJilion de BaiidjU Singh conlrc lè CAclieinir. — Dc- 
frtile. — nilclîii de U sanlédc Ra^nfrj'tf Singh. — Wm <U Mopllan. 
— Raodjîl Singh fait ren<lre k Vurmec son hulip. — Mort de 
Faich Khan, vizir de Cahoiil. — Randjit Singh s'avance Jusqu'à 

i8i4— .1818. 

Randjit Singh , après avoir célébré le Houli 
et fait ses ablutions à Amritsar, dirigea son ar- 
mée en avril 1814 sur le pays des montagnes du 
côté de Kangra. Il venait lever les tributs et 
réunir les radjas avec leurs contingens. S^étant 
ainsi renforcé par Fadjonction d^un corps con* 
sidén^bledemontagnards, il annva à Bhimbhar 
le 4 j^ÎQ? ^^ sWançant encore plus loin, ren- 
contra Agar Khan, chef de Radjaori, sur le ter- 
ritoire duquel puasse la route de Cachemir. Le 
Il juin, Farmée arriva à Radjaorî, et, se dé- 
barrassant de ses gros bagages, ne prit avec 
elle que les équipages indispensables dans une 
guerre de montagnes; elle allait traverser les 
fameux défilés de PirPandjal. On fit quelques 
efforts pour gagner à la cause des Sikhs Iç radja 



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dePountchy Rouh-OUah Khan, mais il allégua 
ses engagemens et la présence de son fib auprès 
du gouverneur de Cachemir , Azim Khan , 
qui le retenait comme otage. Cependant, après 
un conseil tenu avec ses principaux officiers , 
Randjit Singh décida qu^un corps dWmée, com- 
mandé par lui-même, suivrait la route de 
Poun tch , et essaierait de pénétrer par les gorges 
de ToshaMeïdan, tandis qu^une diversion serait 
faite par Bahramgalla, du côté SoupeSn dans la 
vallée. 

La cavalerie mit pied à terre, et chaque 
homme étant fourni de provisions pour trois 
jours , un détachement fut envoyé en avant le 
1 5 juin, sous les ordres de Ram Drïal, petit- 
fils de Mokham Tchand ; il était accompagné 
de Dal Singh et d^autres djagirdars. Ils arri- 
vèrent devant Bahramgalla le 18, et après 
quelques pourparlers obtinrent le passage , en 
payant à ses défenseurs l^arriéré de soldé qui 
leur ,était dû par le radja de jPountch. Une 
forte pluie tomba le 20 juin , et Farmée sikhe 
commença à souffrir de Phumidité et de h 
pluie, les vivres devinrent rares, et la marche 



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fot suspendue jusqu'au 26. Mais le 28 Randjil 
Singh atteignit Pountch, il trouva la yille dé- 
serte. Le radja avait ordonné à ses sujets de ne 
point essayer de résister par les armes , mais 
d^abandonner la ville et les villages, de brûler 
ou d'emporter les grains , et de se répandre sur 
les flancs de Tennemi. Les conséquences de ce 
système portaient déjà leurs fruiUi et forcèrent 
les Sakhs de s^arrèter à Pounlch pour 7 at- 
tendre des vivres jusqu^au i3 juillet. De là, ils 
sVvancèrent parMandi sur ToshaMeïdan qu^ils 
atteignirentle 18. Là, ils rencontrèrent Moham- 
med Azim Khan , campé avec toutes les forces 
du Cachemir pour les empêcher de pénétrer 
plus loin. L'armée sikhe pritses positionsen £sioe 
de Fennemi et passa plusieurs jours dans Tinac- 
tion. Randjit Singh eut alors des nouvelles des 
des troupes qui arrivaient par Bahramgalla. Le 
ig juillet Ram Deïal et les djagirdars avaient 
traversé les montagnes de Pir-Pandjal en pas-» 
sant par les défilés de Saraî et Madpour, et 
chassant devant eux les troupes du Cachemir 
qui auraient dû les arrêter. Randjit Singh fut 
alarmé de cette précipitation qui laissait ce dé- 



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t^ohemeol sans appui et dans un^ position cri-* 
lique \ il cQvojra donc à Riim Deïal desr^Qfot t» 
$ous les ordres de Qbeïa Ram Singh* Le'çhefde 
Radjapri voulait qvCon attaquftt Axim Khan , 
c'était, pensaitHl, lemeilleurmoy en deprévenir 
toute entreprise contre son détachement; mais 
Randjit Singb ayant reconnu les pQsitipm de 
Vennemi , trouva la tentatire trop hasardeuse , 
et cependant c^était probablement le meilleur 
moyen de prévenir ief d^stres qui suivinmt. 

Sur ces entrefaites Ram Deïal, ayant passé 
Içs montagnes, déboucha dans ta vallée à Bari*- 
pour« Il y fut attaqué le ds juillet par un parti 
4^ Cachemiriens envoyés à sa rencontre. Les 
t^oupos d'A^im Khan furent battues et pour- 
suivies jusqu^à Soupeïn* Le 24 ? les Sikhs don«- 
pèrent Tassant à la ville , mais elle était bien 
défendue par ^houkour Khan qui repoussa les 
^$ail)ans. Cet échec les força de se retirer sur 
PirPaudjal pour y chercher des renforts. Bheïa 
l^ta Sipgh ayant appris ces fâcheuses nouvelles, 
dut par prudence s^arrêter avec son corps à 
Râ^ramgaila pour ^a garder les pai^sages. 

Mohammed Azim Khan jugea alors leâ cir*^ 



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coo^taooes favorabUs >p0Qr prendre Tofiensive 
contre Tapinée principale, affaiblie par les ma-* 
ladiç9^ et encore plus par la désertion. Le ag 
juillet, Rouh-OoUah Khan , chef de Pountch , 
commexiça le feu des hauteui's quUl occupait 
cqn^re larméesikhe. te lendemain dès le matin 
il ;irenouyelai^son attaque av^ec plus de vigueur, ' 
et Randjit Singh dut se replier sur fifandi« 
Poursuivi jusqua«là| il incendia la ville , et, se 
m^^antà la tête de ses bataillons disdpUnés, 
<HW9iTri| $a retraite sujr Pountch ^ qu^il atteignit 
le 3i juillet I après avoir perdu beaucoup, de 
4e inopd^ et son principal officier Mit Singh de 
Bh^ranif II se vit enlever aussi presque tous 
9e& baga^^s. L^armée ne conservant plus alors 
a.uoune discipline, Randjit Singh mit le feu a 
Pountch , abandonna son camp , s'enfuit à 
jQhouhi et de là à Lahor par la route la plus 
courte. Il j arriva suivi de quelques serviteurs 
leriî^aoîMt. 

Eam Peïal et les djagirdars composant le 
détachement qui pénétra dans la vallée, furent 
assiégés dans leur camp et forcés par la fa^ 
mine de se rendre^ Mais ce corps reçut d^Azîm 



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Khan la permission et se retirer; un saof- 
Gonduit lui fut donné jusqu^à la frontière sikhe 
en considération dé Tamitié qui unissait le 
gouverneur du Cachemir au ministre MoUmm 
Tchand , aïeul de son général. Cet officier avait 
Iui*-méme été empêché de prendre part à IVix* 
péditionpar une maladie. Il avertit son maître 
des difiBcultés qui Tattendaient s'il se laissait 
survendre dans les montagnes par la saison 
des pluies; il avait surtout insisté sur la néees- 
ûié d^établir de grands magasins à Bhimbhar 
et à Radjaori , dans la crainte de rencoàtrer 
une forte résistance de la part du chef musul- 
man et de la population de Pounlch. Tout ar- 
riva comme il avait prédit , et Randjit Singli 
déretoureut à regretter d'avoir été privé, dans 
ce^e importante expédition, autant de Texpé- 
rience et des lumières de son ministre que de 
sa valeur et de ses talens militaires. La maladie 
qui avait empêché Mokham Tchand d'accom- 
pagner Farmée sikhe fit bientôt craindre pour 
se4 jours, et, dans le courant d'octobre, peu 
de temps après le retour de Randjit Singh à 
Lahor, il mourut emportant les regrets de tous 



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qeux qui portaient qnelipie intérêt k la puJ9<- 
sance des Sikhs et à i^empire de Randjit Singh. 
Dans sa vie privée, Iç ministre se di^ng\i^î( 
par sa générosité , Félévation de ses s^ntiin^p^ 
et de son esprit; il avait toute la con6anpe des 
troupes placées sous ses ordres, il était p9pu-7 
l^ire et respecté dai^s toute la confédération 

sikhe* , . i 

Il fallait du t^mps pour réparer \^i f^^ttM 
que Randjit Singh avait ^tes dans sa der<pièra 
expédition; aussi Parmée sikhe nefut-^I«pa$ 
en état de reprendre la ea;Enpagne e^ ^^4^ 
après le Dasrah , comme c!était son ^ahjtud^t 
Mais en avril iSiS, un corp$ fut renvojfé^^^iis 
les ordres de Ram Ddal et Dal Singh pQV^ ra^ 
i^age;r Icis Ijerritoirçs de Moultan et dç B^U%7 
walpour et lever les tributs et cqal^rjybiiji^tms 
dans le voisinage^. Randji,t ^ngh passa Tété h 
Adfqii^-J)(agar, levaxit ft ^d^pl^nant de nour* 
veaux bataillons , re^:;n:^^nt $iirtoiit les jbppimiis 
4u Çou^kha^^^nt larépiatatipn de valem* s^ét^it 
très élevée depuis les combats quHls avi^î^l 
soutenus daps les montfigjBief) situées ^J^^^^; {du 
Satledj, Legouver,nem^f t apgjif^i^lf^ix e^gijifrm 



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al^eJeèOourkhas ei te cdionel, depuis général 
OchterklUy , était entré en campagne contre 
Att» Smgh qtii, pendant six mois, se défendit 
arec succès dans Ramgarti et Matonn , et y dé- 
joua tes talens éprouvés et les forces supérieures 
Û*à }^éh\ anglais. Lorsque les Gourkbas furent 
énÛh dé&its et chassés detoutela contrée mon- 
tagneuse située à Touest de la riyière Gogrà ou 
Sait, Rànd^t Sat^gh |itt)fita de cette cli^ècins- 
Wfeéè pour rf^ittachéî^dtes 'hommes^ ï^articuîfè- 
ïnerit propres à la guerre d^s môîrta^ésl ' 
f Cè|>ettdant la d^Biitiô d« l'irmée sikhe dans 
Ic'Gacbemir avàît^-feticôUrâgé les c!re musul-î 
ttttùs dé Bhtaibhar étûé Radjaori'à se revdter. 
¥erS ïtf «*t d€ îantié i«^i 4, le fils dn dernier de 
ces tAerft partînt^Ô «^échapper de ïLaKbr tJu îl 
ét!â^'¥étentr «not^ge él à rejoindre soti'^pére; 
Les kisùtgës de'^imbhàr- étaient cbiiiitiatidés 
paf le fe-ère- dfe îSdffârfKÉfeiti, qui ari^aîrfeîr^ 
*ôttWîSéicte- ^hiBtiyét'K^i été emprisiîmné 
ptf^ kàfléijlt'^gbj H était encore dAeMi'fe 
lijâïor.- •'-"^,.' ^''''^'^^''•' •' '-':-' ^>w-iv> •" i 
• ' hBfei'«Dft)bWs après*l«0^^ab de^iS ; l'armée 
jMMiècftï feôhv6iqftféel Le lieu dêféûiiîan potir 



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ta revue défîiutive fut fiitfé k SialkoL Une divi- 
sion GommÂndéa par Ram Dejal «t D-al Singh 
prit les devao& poup pimir ks chèfi de Bhim- 
bhar et deftadjaon, et ravager \etits terri- 
toires par le fer «el le. feu. Pountchtiè dut 
d'être présdrré d'un pareil traitement qu'à sa 
position élevée dafcis les montagnes cru Tlïiver se 
faisait rudement sentir. Raûdji^t Singh n^étaîl 
pas eucore prêt è. eèsujer de relever,' par une 
seconde expédition dans le GachBihir, sa for^ 
tane et sa réputation éclipsées. Il st^cdnlehtà 
pendant cette saison d^ raffisrmrr «t>d atitoritê 
dans les moA^gn^s et de punir lés r^djaâ indo- 
ciles et ^-éfrac^anres |^t<dbli^ stir 'ce versant dès 
«MTOts JPir l^andjâl. Il retotrrna-; le sS^déèembrê^ 
à LaAkot où il trcmva Bîr Stngh , radja de Nbur- 
poar dans les riionta^hes^ qui: n*ëtà?t pa's venu 
au rende£-vou5 de Sèalkot. Une 'amende lui fût 
imqposèe^ >èt u^renfdende si forte i^'^eHe excé- 
dfl&t ses ttfssôurees «t ifi'il dut t^îr en gage 
son ÛuihùÈT^ on 'làbèrnade de ses dieux , fait 
d'or et dtafg«wt tttdsstfs. Mai^ t^a ne sti/fît 
pcont^ il 4ac ^iH^ètévà' k ipeMle <ki Dan&em, oii 
salte de- réoeption^, te 2^ ' j^atier iB^\ «t ptèb 



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de jours après , il fut envoyé dans un palan- 
quin pour être présent à la saisie de tontes ses 
propriétés et en rendre compte à ceux qui furent 
chargés de ks mettre sous le séquestre. Il refusa 
im djagii^ de peu d^importance qui lui fut of^ 
fert, et après avoir fait d^inutiles tentatives pot^ 
recouvrer Sa forteresse et sa principauté par la 
force 9 il se réfugia sur le territoire anglais» On 
fit un second ocemple sur le radja deDjaswoul, 
Ahmed Singh, pour une £iute pareiUe* Mais 
celui-ci , après la perte de ses possessions^ ac* 
cepta le djagir qu'on Jui offrit. 

Après avoir exécuté ces mesures dans lei 
montagnes, Randjit Singh s^étant baigné à 
Taran Taran, sWança avec son armée du o6té 
de Moultan et de Bahawalpour* Là^ de vertes 
moissons et de nombreux troupeaux officient 
des ressources pour forcer au paiement des 
contributions, et causer à Fennemi d'irrépara- 
bles dominées. Les Sikhs descendirent Flndus 
jusqu^aux limites du Sindh et le chef de fiakhar 
et Liab , Mohammed Khan , de la âimille ex* 
puisée par 1^ émirs qui règlent encore ûzmès le 
pays ^ e^n.t morti une demande de tribut fut 



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— 193 - 

faite à son successeur Hafiz Ahmed Khan. Sur 
son refus , les forts de Khangarh et Mahmoud- 
Kot furent occupés, Takali Phoula Singh s^ 
livra aux atrocités les plus révoltantes contre la 
population mahométane. Peu de temps après^ 
Hafiz Ahmed consentit à payer pour obtenir la 
retraite des garnisons sikhes , et recouvra ainsi 
ses forts avec une partie du butin qui y avait 
été fait. Ahmed Khan de Djhang reçut aussi 
Finvitation de se rendre auprès de Randjit 
Singh , et fut aussi frappé d^une forte contribu^- 
tion. Ce fut en vain qu^il allégua son impuis- 
sance , il fut envoyé à Lahor tandis que trois 
bataillons occupaient et annexaient au khalsa 
toutes ses possessions , dont le revenu annuel 
était estimé à quatre lakhs de roupies. Elles 
furent affermées à Lala Soukh Deïal, pour la 
somme de 160,000 roupies. En même temps , 
Talouwala Fateh Singh s^emparait de Outch et 
Kot Maharadja. Outch était occupé par des 
Seïds (i ) qui avaient été respectés jusque-là , ils 
furent pourvus d^un djagir; Kot Maharadja ap- 

(1) Musulmans qui prétendent descendre du pro- 
phète. 

Orig. et frogr. 13 



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— 194 — 

partenait à un chef nommé Radjah Ali Khan, 
qui fut envoyé prisonnier à Lahor. 

RandjitSingh retourna par le sud-ouest et ren- 
tra dans sa c«ipitale le 20 mai. Là , il apprit que 
le vizir Fateh Khan était entré, pendant la saison 
qui venait de s^écouler, dans le Cachemir parles 
montagnes de Pakholi et Dan^four. Il avait 
aidé son frère à lever les trihuts , à affermir son 
pouvoir dans la vallée et était retourné par la 
même route. Un corps dWmée sous les ordres 
de Ram Deïal et de Dal Singh, était resté 
sur la frontière pour ohserver ses mouvemens» 

Les affaires domestiques vinrent ahsorher l'at- 
tention de Randjit Singh. Sa seconde femme, 
la mère de Kounwar Kharak Singh , fut accusée 
de scandaleuses malversations, et surtout d'une 
intimité trop avérée avec Bheia Ram Singh, 
ministre du^jeune prince. Randjit Singh avait 
conféré à son héritier un djagir très considé- 
rable, qui était administré par sa mère et le 
ministre , à la condition ordinaire de fournir 
un contingent de cavalerie à Tarmée sikhe. Il 
arrivait cependant des plaintes graves et fré- 
quentes sur les exactions et les malversations 



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J 



— 19S — 

des administrateurs ; d^un autre côté la situa- 
lion et Féquipement du contingent paraissaient 
toujours à Randjit Singh des plus misérables. Il 
voulut d^abord obtenir quelque amélioration , 
en excitant Torgueil de son fils, qui était d'âge 
à s'^intéresser à de telles aflPaires : ce fut en yain ; 
Finfluencede la princesse et du ministre empê- 
chèrent tout amendement, et Randjit Singh fut 
contraint de déployer son autorité. Le ministre 
Ram Singh fut jeté en prison et dut rendre 
compte de sa gestion ;''la mère du jeune prince 
reçut ordre de résider au fort de Shikoupour. 
Kharak Sin^h fut réprimandé pour n'^avoir pas 
su empêcher leurs dilapidations, et Bhouani 
Das de Peshaverluifut attaché comme nouveau 
ministre. Quelques lakhs de roupies, des bijoux 
de prix , furent arrachés à Ram Singh , dont le 
banquier, Outam Tchand d'Amritsar, dut aussi 
rendre ses comptes et livrer à Randjit Singh 
tout ce qui avait été déposé chez lui par Fex- 
ministre. 

Après le Dasrah, en octobre, Randjit Singh 
se dirigea d'abord dans les montagnes , où il 
rendit visite au radja Sansar Tchand de Nadoun 



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— 19Ô - 

et lera les tributs annuels; puis à son retour 3 
confisqua les djagirs et territoires de Bir Singh 
et Dewan Singh, les deux frères de Djodh Singh 
de Ramgarh : on évaluait leur revenu annuel 
à cinqlakhs de roupies. Les deux chefs furent 
arrêtés lorsqu'ils se rendaient au Darbar pont y 
. ofirir leurs respects à Randjit Singh, tant ils 
étaient loin de se douter de quelque mauvais 
dessein de ce prince contre eux-mêmes. Am- 
ritsar célébra par des illuminations le retour 
de son souverain , le i3 décembre. 

La constitution de Randjit Singh, quoiqu'elle 
dût être excellente pour avoir pu supporter pen- 
dant si long-temps une vie toute de débauches 
et de fatigues excessives, commença cependant 
à décliner sous ces violentes épreuves. Son 
estomac s'affaiblit; la perte des forces fut suivie 
de Tamaigrissement du corps, de Timpuissance 
complète. Au commencement de 1817 sa santé 
fut sérieusement attaquée ; il dut se soumettre à 
un régime que lui prescrivirent ses médecins 
indiens. Il le suivit pendant quarante jours, et 
n'en retira qu'une bien faible amélioration. Au- 
cune entreprise militaire, aucune opération ac- 



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— 197 — 

tive ne signala cette année. Mais ce qui vint 
alors inquiéter le prince sikh, ce fut la conduite 
de Ram Lai , frère de son chambellan Khou- 
shhal Singh, qu'il avait comblé de tous les dons, 
et dont il avait fait son favori bien-aimé et le 
compagnon de ses débauches. Les offres les plus 
sédiiisantes ne purent déterminer Ram Lai à 
quitter la religion de Brahma pour adopter, 
comme avait fait son frère, les coutumes et les 
rils des Sikhs. Afin d'éviter toute importunité 
sur ce sujet, il s'enfuit dans ses terres à l'est du 
Satledj : là, il était hors du pouvoir de Randjit 
Singh, qui, irrité de cette évasion, exerça sur 
son chambellan une vengeance feinte ou réelle, 
en le privant de son office et le faisant mettre 
en prison. Ram Lai revint pour délivrer son 
frère, et finit par se soumettre au Pahul^ ou 
initiation , et changea son nom contre celui de 
Ram Singh. 

La saison qui suivit fut employée aux prépa- 
ratifs d'june expédition contre Moultan, dont 
les ressources avaient été assez affaiblies par les 
contributions forcées , le ravage et le pillage , 
poui* faire espérer à R.andjit Singh que les 



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— 188 - 

moyens de défense de Mozafikr Khan ne pour- 
raient Tempècher de conquérir facilement la 
ville et la citadelle. Mais avant de s^engager 
dans cette entreprise, Randjit Singh donna la 
liberté à Ahmed Khan deDjhang, qu^il retenait 
en prison depuis neuf mois ; il lui conféra aussi 
un djagir de peu d^importance. Le rendez-vous 
de Farmée sikhe avait été indiqué pour le com- 
mencement de 1818 , sur la frontière sud-ouest 
des états de Randjit Singh. Kounwar Kharak 
Singh eut le commandement nominal de Tar- 
taée, conduite en réalité par Misar Dewan 
Tchand , qui s'était élevé par son mérite et son 
activité de la plus humble condition au grade 
de commandant de Fartillerie. Cet officier pro- 
mit de réduire la citadelle de Moultan , si on 
lui donnait le commandement en chef de l'ar- 
mée pendant le siège. La jalousie des djagir- 
dars, qui refusaient de servir sous un parvenu, 
obligea Randjit Singh à envoyer son fils avec le 
commandement nominal. Tous les bateaux du 
Ravi et du Tchenab furent mis en réquisition 
pour transporter les vivres et les munitions de 
Tannée, qui se mit en marche en janvier 1818, 



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— 109 - 

Une demande d^une somme exorbitante en ar- 
gent et de cinq chevaux de prix fut adressée à 
Mozafiar Khan ; et comme il ne s^empressa pas 
dy satisfaire , ses deux forts de MozaflPargarh et 
Khangarh furent attaqués et pris. Dans le cours 
de février, la ville de Moultaii fut occupée et sa 
citadelle étroitement bloquée sans que les assié- 
geans eussent à essuyer de grandes pertes. Les 
approches de la place furent pratiquées sans 
ordre , chaque chef ou djagirdar élevant sa bat- 
terie , les feux de Tartillerie et de la mousque- 
terie s'ouvrant sans ordre contre chaque ou- 
vrage. Mais les ressources de la garnison étaient 
si faibles que cette attaque irrégulière suffit à 
pratiquer plusieurs brèches dans les murailles 
de la citadelle ébranlées par un feu continu, et 
que les ouvrages avancés étaient presque rasés 
au mois d^avril. En mai les travaux des assié- 
geans furent poussés jusqu^au Dhoul-^Kot 
, f fausse hrayej et Farmée fut en mesure de don- 
ner Passant. MaisRandjitSingh, qui, bienqu^ab- 
sent, dirigeait toutes les opérations, défendit de 
rien risquer et continua d^offrir au Nabab un 
djagîr s'il voulai^^se rendre. Mais celui-ci per- 



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— 200 — 

sevérait dans son refus et paraissait déterminé 
à tenir jusqu^à la dernière extrémité. 

Tel était Tétat des choses lorsque, le 2 juin , 
un Akali fanatique , Sadhou Singh , s'avança, 
sans en avoir reçu Tordre, avec quelques hommes 
et attaqua les Afghans dans leDhoul-kot Fépée à 
la main. Ceux-ci endormis ou faisant mauvaise 
garde furent obligés de s'^enfuir. Les Sikhs 
s^élancèrent alors de leurs tranchées pour pro- 
fiter du moment et soutenir Tattaque; tous 
les ouvrages extérieurs tombèrent en leur pou- 
voir , la garnison fut passée au fil de Fépée. 
Animés par ce succès , les assaillans s^avancèrent 
sur le corps de la place où ils entrèrent facile- 
ment par les brèches, soit que la garnison ne 
s'^attendît pas à un assaut , soit qu^elle ne fût pas 
préparée à une résistance opiniâtre. La citadelle 
ainsi prise tout à coup , Mozaffar Khan avec ses 
quatre fils et sa maison livra un dernier combat 
à la porte de son palais , mais il tomba bientôt 
couvert de blessures. Deux de ses deux .fils, 
Shah NawazKhan et HaqNawaz périrent aussi, 
un troisième fut laissé parmi les morts , mais il 
notait que légèrement bles^. Le quatrièfne. 



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— 201 — 

# 

Sarfara^ Khan , qui avait été sous les ordres de 
son père investi du commandement, fut trouvé 
dans un souterrain et fait prisonnier. 

La citadelle fut pillée et un immense butin 
tomba au pouvoir des vainqueurs. Mais Randjit 
Singh n^était pas content de voir son trésor 
privé des richesses qu'on savait être déposées 
dans cette citadelle , et qu'il avait si long-temps 
espéré de s'assurer par une capitulation. Il en- 
voya donc des ordres pour faire rentrer aussitôt 
3on armée à Lahor, à l'exception d'un détache- 
ment commandé par Djodh Singh deKalsi, 
et de force suffisante pour occuper la place et 
y assurer le service. Soukh Deïal qui avait pris 
à ferme les pays de Djhang, fut nommé au 
gouvernement civil. Lorsque l'armée arriva à 
Lahor, une proclamation parut , où il était dit 
que le butin fait à Moultan était la propriété 
de l'état , et qu'en conséquence, tous les soldats, 
officiers ou djagirdars qui possédaient quel- 
qu'objet ou quelqu'argent provenant du sac de 
la citadelle , devaient l'apporter et le verser au 
trésor sous peine de Tamende et de la prison. 
C'est une grande preuve de la crainte qu'ins-r 



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— 202 — 

pirait Randjit Singh à ses troupes et de la sûreté 
des renseignemens qu^il possédait, qu^un tel 
ordre n^ait occasioné ni trouble , ni résislance. 
La plus grande partie du butin fut rapportée au 
trésor ; ce ne fut pas certainement sans qu^on fit 
quelques efforts pour en soustraire une partie 
aux recherches des officiers de Randjit Singh ; 
toutefois , la sévérité déployée contre les récal- 
citratis j les jalousies et Penvie de leurs compa- 
gnons qu'on avait forcés de rendre gorge, ame- 
nèrent la découverte de presque tous les objets 
de valeur. Le Toshakkhana ( ou dépôt des bi- 
joux) du souverain de Lahor s'enrichit ainsi de 
cette reprise de butin qu'il exerça sur son ar- 
mée. Il n'y a qu'un exemple d'une semblable 
exigence de la part d'un général, et on le doit 
au terrible Nadir Shah. C'était à son retour de 
l'Hindoustan, lorsque son armée passa l'Indus 
à Attak; il plaça une garde sur le pont, avec 
ordre de fouiller la personne et lés bagages des 
soldats à mesure qu'ils se présenteraient y et de 
reprendre tous les objets provenant du pillage 
de Delhi qu'on trouverait sur eux ou sur les 
hommes de leur suite. 



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— 205 — 

Sarfaraz Kan et son frère blessé , Zoulfikar 
Khan, furent conduits à Lahor, où Randjit 
Singh leur donna une petite pension. La prise 
de Moultan avait été Punique opération de la 
saison ; toute Farmée sikhe y avait été employée 
depuis le mois de janvier jusqu^au commence- 
ment des pluies. Pendant cette saison mourut 
Govind Tchand , radja de Datarpour, dans les 
montagnes ; ses possessions furent annexées au 
Khalsa^ et son fils fut emprisonné jusqu^à ce 
quUl consentit à accepter un djagir. 

Cependant cette saison d^inactivité nécessaire 
vit accomplir un événement qui eut une grande 
influence sur la fortune de Randjit Singh. En 
août i8i8 , le vizir Fateh Khan , dontPénergie 
et les talens avaient élevé Shah Mahmoud sur 
le trône de Caboul , et qui seul était capable de 
contenir les élémens discordans de Pempire af- 
ghan , lomba victime d^un complot ourdi par 
le prince Kamran , fils de Mahmoud. Arrêté 
par trahison, il fut dVbord aveuglé, et quel- 
que temps après mis à mort par ordre du prince. 
Le vizir avait cinq frères, tous revêtus decom- 
mandemens dans les provinces, ou puissanset 



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riches par eux-mêmes, ils rendirent tout le 
royaume complice de leur vengeance. Moham- 
med Azim s^élança du Cachemir, dont il laissa 
le gouvernement à son jeune frère, Djabar 
Khan , et' prit la direction des mesures de ré- 
sistance. Il défit les troupes deKamran , délogea 
ses garnisons du voisinage de Caboul, Ghizni, 
Candahar, de sorte qu^enpeu de mois Pempire 
du faible shah Mahmoud et de son lâché fils 
fut borné à la ville et à la campagne d'Herat. 
Le reste deTempire afghan fut partagé engou- 
vernemens et principautés indépendantes en- 
tre les membres puissans de la nombreuse fa- 
mille des vainqueurs. Le prétexte mis en avant 
par Kamran fut que le vizir avait pillé la pro- 
priété de Firoz-oud-din, prince du sang royal, 
que Fateh Khan avait expulsé d^Herat pour en 
reconquérir le gouvernement à Tautorité de 
Mahmoud.. La cause réelle, ce fut la jalousie 
de Kamran cpntre la puissance et la réputation 
d'un homme plus distingué que lui, ce fut 
Torgueilleuse illusion de Kamran , qui croyait 
que les talens du vizir pourraient être rempla- 
pés et les affaires conduites par Tentourage ^t 



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— flOB ^ 

ia famille d\in souverain imbécillé, qui M l*é- 
gnait que de nom. 

La nouvelle de ces événemens détermina 
Randjit Sîngh à passer Flndus avec son armée 
dans la saison qui suivit. La politique lui fai- 
sait un devoir de venger la défaite qu^un déta- 
chement sikh avait essuyée de la part des 
ittahométans de Khatak. Les troupes réunies en 
octobre s'avancèrent sous le commandement 
personnel de Randjit Singh, et perdirent quel- 
ques hommes au passage du fleuve^ Les forte- 
resses de KheïrabadyDjaghira, et le payssituésur 
cette rive furent soumis et occupés > sans faire 
de résistance immédiate. FirozKhan, chef de 
la tribu de Khatak, fit sa soumission, et Rand- 
jit Singh s'étant assuré de ne point rencontrer 
de forces capables de tenir la campagne contre 
lui , s'avança sur Peshaver. Il j entra le 20 no- 
vembre , le gouverneur Yar Mohammed Khan 
se retirantdevant les Sikhs jusque danslesmon- 
tagnes occupées par les Yousoufzis, tribu Af- 
ghane. 

Randjit Singh resta trois jours à Peshaver 
avec son armée et se retira y laissant pour gou- 



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— fioe — 

verneur Djahan Dad Khan, qui lui avait livré 
Altak et qu^il avait jusqu'^alors tardé de récom- 
penser; il ne lui avait même pas encore donné 
le djagir qu^il lui avait promis. Mais il ne lui 
laissa ni troupes ni argent pour se maintenir 
dans sa nouvelle conquête. Aussi Farmée sikhe 
n^eut pas plutôt repassé Tlndus que Yar Mo- 
hammed, descendant des montagnes avec les 
Yousoufzîs, expulsa le gouverneur sikh. Djahan 
Dad Khan s^enfuit du côté du sud et rencontra 
Shah Shoudja que l'état des affaires du Caboul 
avait engagé à quitter sa retraite de Loudiana 
pour essayer de relever sa fortune. Le fugitif 
reçut son pardon et embrassa la cause du shah. 
Mais la fatalité semblait s^attacher à toutes les 
entreprises de ce prince, dont le caractère ai- 
mable et parfaitement irréprochable manquait 
cependant de Ténergie nécessaire pour inspirer 
la crainte et se faire des partisans dans des 
temps de troubles, ou donner de la confiance 
à ceux qui étaient bien disposés en sa faveur. 
Shah Shoudja, abandonné de tous, retourna à 
Loudiana après quelques mois d^inutiles tenta- 
tives et de négociations infructueuses avec les 



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— 207 — 

émirs du Sindh et d autres anciens tributaires 
ou sujets, affranchis alors, de Fempire afghan. 
Djahan Dad Khan fit alors la paix avec la cour 
de Hérat, où il se rendit désespérant d^obtenir 
de la faveur ou de Tavancemenl à celle de 
Lahor. 



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▼HZ. 



Seconde expédition et conquête do Cachemîr. -^ Mesurer pouf 
consolider le pouvoir likh dans les montagnes. — Conqnétcs 
sur rindos. — Disgrâce et emprisonnement de Sada Koonwâr, 
belle-mère de Randjit Singh. — Arrîyée d'officiers français à la 
cour de ce prince. 



En février et mars 1819, Desa Singh de 
Madjhitia et le radja Sansar Tchand furent en- 
voyés par Randjit Singh dans les montagnes 
pour y recueillir les tributs. Le cours de leurs 
opérations les mit en rapport avec le radja de 
Kahlour, dont la capitale Balaspour est située 
sur la rive anglaise du Satledj, mais qui possé- 
dait à cette époque de vastes territoires au nord 
et à Touest de ce fleuve. Ce chef ayant refusé 
le tribut demandé, Desa Singh vint occuper ses 
possessions, et s^étant emparé de tout ce qu^il 
possédait sur la rive droite , fit passer le fleuve 
à un détachement qu^il envoya contre Balas- 
pour. Le capitaine Ross, agent politique du gou- 
vernement britannique dans les montagnes 
avoisinantes et commandant d\in bataillon de 



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— 209 ^ 

troupes Goarkhas cantonné à Sabathou^ se di-^ 
rigea aussitôt sur le point menacé où il fut joint 
par un détachement de Loudiana que lui en- 
voyait le résident de Delhi. Cette promptitude 
alarma le prince sikh et Desa Singh reçut ordre , 
non seulement de rappeler son détachement, 
mois de se rendre auprès du capitaine Ross et 
de lui offrir les explications et les excuses qu^il 
serait en son pouvoir de fournir. 

Aucun autre événement d'importance ne se 
passa pendant la première partie de cette année. 
Toute la saison fut employée aux préparatifs 
d^une seconde expédition contre le Cachemir. 
Randjit Singh j fut encouragé et par ses succès 
récens dans le Moultan qui lui avaient donné 
confiance dans ses troupes et avaient grande-> 
ment rehaussé sa réputation , et surtout par la 
situation dePempire afghan et Fassurance qu^il 
avait que Mohammed Azim Khan avait emmené 
avec lui ses meilleures troupes pour appuyer 
ses desseins sur Caboul, et était trop éloigné 
pour prêter assistance au gouverneur qu'il avait 
laissé en sa place. Misar Dewan Tchand, le 
conquérant de Moultan , fut choisi par Randjit 

Oaio. et frogr. 14 



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— 210 — 

Singh pour commander cette nôayelje expé- 
dition. Le prince sikh fat déterminé à ce choix 
et par ses infirmités coi*porelles , et par use 
idée superstitieuse qui Itii faisait croire que la 
fortune et le destin s^étaient prononcés contile 
ses succès persotmeb dans la vallée , mais sur- 
tout peut-être parce qu^il savait que Topéra- 
tion la plus diMcile de la campagne serait d^as- 
sUrer les convois et de soutenir les corps avan- 
cés , opération qui 9e pouvait être accomplie 
par personne mieux que par lui-même. Ces 
motifà le déterminèrent à rester sur ses fron- 
tières dans les plaines du Penjab. 

En avril Tarmée sikhe fut dirigée sur la 
frontière et une ibrte division d'élite sous les 
ordres de Misar prit les de vans. Ua second 
corps formé pour soutenir cet officier fut com- 
mandé par KounTvar Kharak Singh ^ Rand- 
jit Singh garda auprès de lui la réserve pour 
escorter les convois de vivres et de munitions. ' 

Au commencement de juin, Misàr 0ewan 
Tchand avait occupé Radjaori , Pountch et 
toutes les montagnes au sud de Pir Pandjal. La 
division qui le soutenait sWança donc sur Rad- 



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jaori pour assurer les communications. Le chef 
de celte dernière place était en insurrection et 
s^entendait avec le radja de Pountch pour dé- 
fi^dre les défilés des monts Pir Pandjal. Mais 
Randjit Singh avait donné la liberté à Sultan 
Khan de Bhimbfaar après un emprisonnement 
de sept ans, et s^était assuré le secours de ses 
avis et de sa coopération active en lui faisant 
espérer qn^il résulterait pour lui-mêine de 
grands avantages du succès de Fentreprise. Le 
23 juin, Misar Dewan Tchand attaqua les rad- 
jas de Radjaori et de Pountch dans leur posi- 
tion aux passes de Daki Dio et de Madja et les 
emporta» Ce succès lui assurait la route de Pir 
Pandjal. Kharak Singh sVvança avec sa divi- 
sion jasqu^à Sardi Thana et Randjit Singh avec 
la réserve vint camper à Bhimbhar, tandis que 
Misar Dewan Tchand , passant la barrière des 
montagnes, descendit dans la vallée et prit posi- 
tion àSaraï Ali sur la route de Sopeïn. 

DjabarKhan^ à qui Mohammed Azim Khan 
avait laissé le gouvernement du Cachemir, 
était avec cinq mille hommes à Sopeïn où il at- 
tendait Varmée sikhe. Mais ses troupes ne se 



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— 212 — 

composaient que de nouvelles levées et étaient 
incapables de lutter avec les bataillons discipli- 
nés de Misar Dewan Tchand d^ailleurs beau- 
coup supérieurs en nombre. Le 5 juillet les 
Sikhs ayant reçu des munitions et des renforts 
de leur arrière-garde , sWancèrent sur Sopeïn 
et attaquèrent Tarmée cachemirienne aussitôt 
qu'ils Taperçurent. Leur victoire , après ' quel- 
ques heures d'un combat acharné qui entraîna 
des pertes considérables des deux côtés, fut 
complète. Les Afghans et les troupes de Djabar 
Khan ne s'arrêtèrent dans leur fuite que der- 
rière les montagnes de Flndus , laissant l'armée 
victorieuse occuper toute la vallée sans oppo- 
sition. Aandjit Singh éprouva la plus grande 
joie de ce succès. Les villes de Lahor et d'Am- 
ritsar furent illuminées pendant trois nuits. 
Moti Ram , fils du dernier ministre Mokham 
Tchand , fut nommé gouverneur de la vallée , 
on lui donna un corps d'armée considérable 
pour réduire Darband et d'autres places for- 
tifiées avec ordre de ne rien épargner pour dé- 
cider les chefs de Pountch et de Radjaori à faire 
leur soumission. 



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Les mesures que nécessita la conquête du 
Cachemir occupèrent Randjit Singh pendant 
le reste de 1819. Vers la fin de cette année Tar- 
mée sikhe fut convoquée et conduite par Rand- 
jit Singh en personne à Moultàn , d^où il diri- 
gea les opérations contre le nabab de Bahawal-* 
pour et au sud contre Bhakhar^ appartenant aux 
émirs du Sindh. Il voulait extorquer de nou- 
veaux tributs. DeraGhaziKhan,sur4arive.oc- 
cidentale de llndus , fut privé de son gouver- 
neur, Zaman Khan, et par un marché fait avec 
le chef de Bahawalpour, passa entre ses mains 
moyennant une rente considérable. 

Randjit Singh retourna à Lahor en avril 
i8j3to, emmenant avec lui un cheval de grande 
réputation qu^il avait enlevé à Hafiz Ahmed 
Khan de Mankera. Il a encore tenté quelques 
entreprises pour s^approprier d^au très animaux 
de cette espèce ; son amour pour eux , le désir 
qu^il a de posséder tous ceux qui ont quelque 
renom est une passion qui va chez lui jusqu^à 
la folie. Le cheval qu^il acquit dans cette cir- 
constance s^appelait Soufidr-Peri (1). 

(1) Péri (fée) blanche. 



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— 914 - 

Dans le Cachemir les Iroopes étaient em» 
ployées à de faciles opérations contre des chefs 
isolés* L^uD d^eux, Shir Zaman Khan de Gand— 
garh , s^étant révolté, Ram Deïal, fils du gou** 
yerneur et {ietit«-fils du ministre Mokham 
Tcliand, jeune homme qui donnait les plii« 
grandes espérances , fut enroyé contre lui et 
* mourut malheureusement dans un comb^ qui 
d^ailleurs entraîna la prise de la place. Mais 
cette perte afBîgea profondément Randjit Singfa 
et Moti Ram, père du jeune homme ; il emporta 
arec lui les regrets de lous, c^était un des of- 
ficiers les plus distingués de Farmée sikhe. Le 
i*adja de Radjaori fut, dans le courant de aaai, 
fait prisonnier par GoulabSingh, frèredeMi^ 
Dhian Singh, le Diohriwila^ Ou aheS de la 
chambre privée de la cour de Lahor. Comme 
récompense de ce service, sa familje obtint 'en 
djagir la principauté d^ Djamiàou qii^elle avait 
autrefois possédée. En juin la garnispn du Ca^ 
chepiir ayant eu beaucoup à souffrir des mala*^ 
dies , fut relevée et le gouverneur Moti Ram, 
homme d'habitudespacifiqueset pieuses fol rem^ 
placépar un chef plus belliqueux danslapçr- 



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— 818 -- 

0^ sonne de Hari Singh de Naloua , djagird^r sikh, 
je qui, à cheval et sans autre secours que celui (le 
[Q(f. s^3 mains , avait tué un tigre ; cet eiqi^oit lui 
01. avait coûté son cheval. 

IL' Dans cette saison la cour, de Labpr raçut 

;j[. deux visites: Tune de Tex-radja de-NagpQiir. 
Aïoudadji Bhousla , appelé le plus souvexit Apa 
Saheb; il s'était échappé eu fugitif et à Tai^e 
d^un déguisement après la campagne où futprii; 
Asirgarh et se .décida la chute définitive 4^ 
dernier prince Mahratle qui essaya de résister 
par les armes à la suprématie 4& l'Angleterre 
dacis THindpustau. Le fugitif séjourna pendant 
(]p(e^pe t^paps à Amritsar, tandis que Randj^t 
Singh était .avec son nrmée dans le snd-Que§t , 
naidiâ.ati retour de ce prince il ressaut (^àx^ Â9 
quitter U capitale et les terre$ de ia 4Qmin^(.ipA 
sikbi?- Il alla chercher un a^ilc daps le? 9^QUrr 
t|ign.es ' auprès du radj^ S^n^lir Tchanfl. I^ 
ayaut uQué quelques intrigues gvec li^s priuQçs 
di» /Caboul réfugiés à Loudianai il dut, snr Tott^ 
dre du riadja^ quitter sa coqr; Il «e dirigea si^r 
Mandi où le chef Ishari Sein liû accorda sa pro* 
t^tion.!^ goufernement britannique, tA\kt0fk 



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— aie — 

surveillant le lieu de résidence du fugitif, ne& 
aucune demande d^e^tradition et ne le troubla 
plus que pour obtenir des renseiguemens syi* 
ses démarches et ses. desseins. 

Le second visiteur fut le Surmtendaut des 
travaux scientifiques poursuivis par la Corn-* 
paghie des Indes {^superirUendent qfthe corn- 
pagnf's Studs in India)^ Taventureux voj'^ageur 
Moprcroft , qui passa à Lahor ea se rendant a 
Ladak sous le costume d^un marchand qui al- 
lait acheter des chevaux à Boukhara. Il fut reçu 
avec bjeaucoup d^égards et d^attention par le 
prince sikh , et de Ladak qu^ il atteignit en pas* 
sant par Mandi , il dirigea sa route par' les 
montagnes au nord du Cachemir. Dé là ^e^ 
cendantdalis les plaines il se rendit à Balk où 
il mourut ^e la fièvre, victime dVue tentative 
téméraire i^ù^il fit pour traverser uia pays nîal- 
sain ^ns une saison où cette maladie sévit avec 
une- violence particulière; victime .aussi de sa 
trop grande confiance dans les iiiédicamens eu- 
ropéens et dans sa propre habileté médicale* 

Après le mois d^octobre la revue de Tarmée 
sikhe fut faite à Sialkotoù Randjit Singh se ren^ 



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dit en passant par Baltala. De la. longeant Icfs 
montagnes, et envoyant des détachemenspour 
ravager le territoire de la turbulente tribu de 
Tchib-Bhao, il s'avança jusqu'à Rawal-Pindi 
qu'il annexa au khalsa en dépossédant Nand 
Singh. Randjit Singh retourna àLahor le i3 
décembre et fut occupé pendant le reste de la 
saison par des affaires domestiques. 

Shir Singh, Fainé des enfans queRandjit Singh 
n'avaitpasvc^ulureconnaître^avaitétéadoptépar 
SadaKounware^élevéparelle.Ilapprodiàitalors 
de Fâge viril et commençait à réclamer un dja- 
gir et un apanage séparé. Rapdjit encourageait 
ces prétentions espérant que la rani lui ferait 
un établissement convenable sur ses possessions 
du serdari de Ghani. Mais elle exigeait que le 
jeûnfé homme fut reconnu et que les frais de son 
établissement-fussent faits par Randjit Sliigh : 
celui«-Gi s'y refusait obstinément. Le Sikh astu-^ 
eieux fomentait la discorde entre Shir Singh et 
sa mère adoptiye et gagna à sa cause Beïsakh 
Singh , vieux et puissant tenancier du Ghani*^ 
misal^ qui avait toute la confiance de Sada Koun-^ 
war. Lorsque le succès de cette intrigue fut as* 



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— 218 — 

sure et que les plaintes de Shir Singh eurent 
produit Tiiupr^ssion défavorable qu^on en at^ 
tendait pour s^en> faire une arme contre Sada 
Kounwar , Randjf t jqge^ que les diQses en étaient 
venues au point où son interrention devenait 
nécessaire. Il envoya dpnc ^n octobre à sa bélier 
mère Tordre de partager son djagir pour Mte 
un établissement convenable 9mi^ deux jeunes 
gens Shir Singh et Tara Singh y qu^dle avait éle- 
vés pour de si hautes espérances. ËUe protesta 
en vain contre cet ordre , en vain elle quitl^ h 
camp sikh ponr se rendre à Shah Debra; eUey 
était encore aju pouvoir de Raqdjiti $iflgh, if 
falkit bien m plier à la néçeasi)^ dp fw^ ç^ 
qvCon «jugeait d^elle*. Mm elle ne Tèut pas plu- 
tôt accompli qu^elle chercha les moyens de 3^ér 
vader, et bientôt aprèd quitta le camp secrète 
ment dans un chariot couvert. Lai nouvelle de 
son évasion parvint à fiandjit Singh par Beï«- 
sakh Singh. Desa Singh iut envoyé avec nndè^ 
tachement de cavalerie pour la poursuivre ; elle 
fut mise en prison sur Tordre de son gendre. 
Non content de cette punition , Randjit Singh 
ordonna'^, une division de son armée de mettre 



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tOQtes S6& richesses et toutes ses terres sous le 
séquestre. Cette mesure fut réalisée après une 
résistance de quelques semaines opposée par 
une de ses femmes dan^ le fort d'Attal-6arh , 
sa principale forteresse. 

Ainsi après une haute influence de près de 
trente ans succomba* cette femme, dhm esprit 
yrairaent éleré. Elle avait été réellement utile à 
Randjit Slngh, c^étaitelle qui avait jeté les fon- 
demens de sa puissance pendant quHl était en-^ 
core si jeune, c^était par ses intrigues et par son 
assistance que Randjit Singh avait pu de si 
bonne heure prei^dre ' en inain le pouvoir et 
éloigner sa mère et son ministre. Ses manière^ 
indépendantes et le ton élevé quVUe avait pris 
avaient é^ pendant quelque temps à chaîne à 
Randjit Singh , aussi dut^elle attribuer sa dis- 
grâce non moins aux événemensqu^à elle-même i. 
Elle supporta son emprisonnement avec beau- 
coup d^impatience , se plaignant continuelle* 
meàt et appelant la malédiction sur la tète de 
son gendre ingrat. 

Un autre événement domestique antérieur de 
quelque temps à la disgrâce de Sada Kounwar , 



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ce fut la naissance du fils de Kharak Singh. Cet 
événement, arrivé en 1821, fut Toccasion de 
grandes fêtes, et réjouissances, Tenfant fut 
noimmé Nou-Nihal Singh. En avril Randjit se 
rendit à Adina-Nagar , où il resta jusqu^en juin 
occupé à lever les tributs sur les montagnards. 
Les deux petits territoires de Kishtiwar etMan- 
Kôt furent alors annexés au khalsa de Lahor. 
La rudesse de Hari Singh Fayant rendu impo- 
pulaire dans le Cachemir , Tavait fait rappeler 
en décembre 1820 et remplacer par le doux et 
pacifique Moti Ram. 

Ces événemens ayant rempli Fêté* et la saison 
des pluies de 1821 , Farméesikhe fut convoquée 
comme à lordinaire après le Dasrah, et Randjit 
Singh, prenant le commandement en personne, 
la.conduifiit sur Tlndus dans les possessions des 
chefs de Mankera, Bhakar et Lia au sud de 
Moultan. Des contributions annuelles et des 
présens avaient été pendant quelque temps ex- 
torqués selon rhabitude à Hafiz Ahmed, mais 
alors on se détermina à s'emparer ouvertement 
de tout le pays. 

Dans cette vue, Farmée passant par Ram Na- 



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gar , Nour Miani , Pind Dadar Khan , et fihird 
Khoushab, atteignit Tlndus Je 5 novembre et 
campa devant Dera Ismaïl Khan. Un détache- 
ment de 8 , 000 hommes passa le fleu^ce et la 
place fut rendue le 9. par Manik Raï. Bhakàr , 
Lia j Khangarh et Moudjgarh se rendirent suc- 
cessivement sans résistance. Mankera, entouré 
d^un mur de terre et défendu par une citadelle 
en briques mais surtout protégé par sa position 
dans le milieu d'un désert , était la seule place 
qui restât à soumettre. Elle était située entre des 
montagnes de sable dans lesquelles une armée 
assiégeante ne saurait trouver d^eau. Une divi- 
sion vint investir la place le i8. Les Bildars 
furentenvoyés pour creuser des puits etchercher 
de Feauyles troupes ne pouvant se fournir de cet 
objet de première nécessité quWec beaucoup de 
peines et de dépenses en le faisan t venir de Moudj- 
garh à dos de chameaux, de chevaux et de boeufs. 
LeaS novembre despuitssuffisans ayant été creu- 
sés, une nouvelle division sWançapour com- 
pléter rinvestissement de la place et bientôt 
arriva Randjit Singh lui-même avec son quar- 
tier-général pour conduire le siège en personne. 



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Chaque djagirdar dut^ comme c'était rhabitude^ 
faire son . aUaqu6< particulière , et une rivalité 
active, un esjmt d^émulalion s^empàra de Tar- 
mée. T}uk 26 novembre au 7 décembre les tra- 
vaux des assiégeiauss^avancèrent jusqu^mt fossé, 
mais UOB sans souffrir du ieu coiàtianel des as^ 
sièges. Le nabab Hafiz Almœd , jugi^ât alors 
qu^il en avait assex £ut pour son honiAeur, de- 
manda à capituler aous condition qii^ii lui se- 
rait permis de sortir de Mankera avec ses armes 
et tout ce qui'liii appailenait et quW lui don- 
nerait la ville de Oera Ismaîl Khan avec un 
djagir convenable. Randjit Singh ateepta les 
propositions et demanda comme garantie à être 
mis en possession d^une des portes de ia cita- 
delle. Des sermens solenaels furent échangés, 
de riches habits d'honneur furent envoyés au 
nabab pour détruire tous ks soupç^sms.dans son 
esprit. Le d4 décembre il reçut un détachement 
sikh auquel il ii>Ta les portes; le 18 il sortit 
avec une suite de 3oo hommes et vint camper 
à un lieu qui lui avait été désigné près des Sikhs. 
Le 20 il se rendit auprès de Randjit Singh qui 
le reçut avec beaucoup d^égards. Une escoi^e 



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- 245 — 

l«î fut doniiée pour le conduire à Dera lànaïl 
Khan , et le traité iat observé à la lettre et plei- 
netiient exécuté. Ce tait le premier exemple 
d^une fidélité si scrupuleuse de la part des Sikhs. 
Les tributs des Musulûians Beloutcfais de Tonk 
et Sagar, à Toiiest de Flndus, furent augmentés 
et l'armée sikhe se rendit de là à Dera Diii 
Panah* Raïidjit Singh s^ embaï^qua sur Tlndus 
envoyant son armée par terre à Moultan. A 
Dera Ghazi Khan il acerut les tributs du nabab 
deBahawaïpottr, les rentes <{ue celui-ci devait 
potir ses fermages dans cette place et à Mittin 
Két furent attssî augmentées. Le lo janvier 
182a il regoignit son armée à Moultan , mais le 
l6 il partit précipitamment pour Lahor en lui 
ordonnant de le suivre» A son arrivée dans sa 
capitale, le âj , il apprit que l'un de ses prin- 
cipaux serdars tet djagirdars , Djeï Singh Aiari- 
wala y était passé chez, les Afghans à Touest de 
rindus. 

Ce fut pendant le mois de mars de Tannée 
1822 que pour la première fois des Européens 
se présentèrent au darbar de Randjit Singh , 
demandant de l'emploi et une solde dans ses 



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: — «M- 

'troupes. Celaient deux officiers français, Vùn 
Monsieur Ventura, Italien de naisance, Fautre 
Monsieur Allard. Tous deux avaient quitté 
llËnrope pour chercher fortune en Orient, 
lorsque la sanglante défaite de Waterloo eut 
ruiné les espérances de la jeunesse militaire de 
France. Ils avaient déjà été employés en Perse, 
mais ne pouvant accepter le grade inférteor 
qu^on leur avait offert, ils étaient bientôt partis 
pouf Lahor à travers le Candahar et le Caboul. 
Randjit Singh soupçonna d^abord leurs motifs, 
il ne pouvait comprendre ce qui avait pu enga- 
ger deux jeunes gens à quitter leur pays natal 
et à venir si loin. 11 ne pouvait se persuader 
que le désir d^entrer à son service fût un motif 
suffisant d'entreprendre un tel voyage. Ib 
avaient' exposé leur demande verbalement et 
reçu quelques réponses en persan, mais cela 
était loin de satisfaire ce prince soupçonneux. 
Il leur demanda donc d'écrire leur demande 
dans leur langue maternelle et s'étant ainsi 
procuré une lettre écrite en, français , Randjit 
Singh Fadressa à son agent à Loudiana pour 
qu'elle lui fût traduite et renvoyée ensuite. 



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^9â» — 

Après avoir obtenu cette satisfaction, Ran(^it 
Singh donna aux deux officiers français des as^ 
surances de service , des maisons à Lahor 
et quelque argent, dès-lors il les prit à sa 
solde (i), 

(i) Ces détails ne sont pas en tout point conformes à 
ceux que nous tenons du général Allard sur ce sujet. 

C'est en qualité de voyageurs que M. Allard et son 
conipagnon; M. Ventura, se présentèrent à Randjit Singh * 
Infonxié qu'ils avaient servi bous Napoléon , dont le nom 
était parvenu jusqu'à lui, ce fut lui-même qui les sollicita \ 
d'entrer à son service. Il est vrai qu'il leur demanda une 
lettre écrite en français , probablement dans l'intention 
de s'assurer de leur nationalité. Voici cette lettre : 

A Sa Majesté le Roi. 

Sire, les bontés dont V. M. nous a comblés depuis 
notre arrivée en cette capitale sont innombrables. Elles 
correspondent à la haute idée que nous nous étions faite 
de l'excellence de son bon cœur; et la renommée , qui a 
porté jusqu'à nous le nom du roi de Lahor, n'a rien dit 
en comparaison de ce que nous voyons. Tout ce qui en- 
toure V, M. est grand , digne d'un souverain qui aspire 
à rimmorlalité. Sire, Id première fois que nous avons eu 
l'honneur d'être présentés à V. M. , nous lui avons exposé 

Orig. et'prooh* J5 



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M. Ventura avait été colonel d^infanterîe 
dansFarmée française, et M. Allardavait occupé 

le motif de notre voyage. La réponse qu'elle a daîgoé nous 
faire nous tranquillise , mais elle nous laissé dans Tincer- 
titude sur lavenir. C'est pour ce motif que nous avons 
eu rhonneur de faira il y a déjà quelques jours une 
adresse à Y. M. , pour savoir si notre arrivée dans ses états 
lui était agréable , et si nous pouvions lui être de quelque 
utilité par nos connaissances dans la guerre , acquises 
comme officiers sous les ordres immédiats du grand Na- 
poléon Bonaparte , souverain de la France. V. M. ne 
nous a pas^ tirés de l'incertitude , puisque nous n'avons 
pais encore reçu d'oixlres de sa part. Nous avons donc re- 
nouvelé notre demande en langue française^ d'après le 
conseil de Nour-oud-din Sàheb^ qui nous fait croire 
qu'un employé auprès de votre auguste personne connaît 
notre langue. Dans notre incertitude^ nous silpplions 
Y. M. de daigner nous faire transmettre ses ordres, que 
nous suivrons toujours avec la plus grande ponctualité. 

Nous avons l'honneur d'être , avec le plus profond res- 
pect, 

Sire , 

De Yotre Majesté 

les très humbles , très obéissans et très 

dévoués serviteurs, 

Allird, Ysntuaa. 
Lahor, i«r avril i8aa. 

Mais Randjit Singh n'avait pas attendu jusqu'alors pour 



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— 227 — 

le même grade dans la cavalerie (i). Ils furent 
chargés de former des troupes à la discipline ^ 
aux exercices et aux manœuvres de FEurope. 
Les commandans indigènes furent d^abord ex- 
trèmement jaloux de la faveur qu'obtinrent ces 
deux Européens et mécontens de les voir revê- 
tus de commandemens; mais ce qui les irrita 
surtout ce fut quand ils entendirent cesM.M. ,in - 
terrogés par Randjit Singh sur Topinion qu'ils 
avaient de ses troupes, parler avec mépris de la 

faire à ces deux officiers de riches prësens. Selon la cou - 
tume orientale , ils avaient reçu dès leurarrivée les mek- 
mans, ou présens de Tbospitalité. — Ce ne fut que plus 
tard qu'ils eurent une solde régulière. 

(i) Le général Allard avait été capitaine dans la cava- 
lerie de la garde impériale. En i8i5, aide-de-camp du 
maréchal Brunit!, il était à Avignon lorsque le maréchal 
y fut assassiné j il faillit lui-même devenir victime des roya- 
listes du Midi. Ce fut à la suite de ces malheureux événe- 
mens qu'il quitta la Fi ance. Il se rendit en Egypte , où 
Mehemet-Âli accueillait les officiers français ; cest delà 
qu'il passa en Perse. Chevalier de la Légion-d'Honneitr 
en i8t5 , il vient d'être promu au grade de commandeur. 
— M. Ventura était officier d'infanterie dans l'armée d'Ita- 
lie , commandée par le prince Eugène de Beàuharnais. 



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— 880 — 

discipline et de la tenue de Fai'niée (i). Les of^ 
ficiers français furent d^abord sous les yeux de 
Randjit Singh attachés aux troupes qui occu- 
paient la capitale, et M. Allard reçut ordre de 
former un corps de dragons disciplinés et équi- 
pés comme la' cavalerie européenne. Ces oflB- 
ciers par leur conduite gagnèrent plus tard la 
confiance du radja ; et plusieurs autres^ parti-^ 
dulièrementM. Court (a), élève de PEcole Poly- 
technique de Paris , lés suivirent et vinrent se 
joindre à eux. M. Ventura est maintenant (i 833) 
à la tête d'un corps de 10,000 hommes et re- 
vêtu d''un commandement particulier et im- 
portant dans le Moultan ; il a su établir une 
confiance entière , une intelligence parfaite en- 
tre lui et ceux qui servent sous ses ordres. Mais 

(1) Le géûëral Àllard se défend vivement d'un tel mau- 
vais goût et d'une impolitesse que l'accueil amical qui leur 
fut fait rendrait inexcusable. 

(a) Aujourd'hui commandant d'un corps d'infanterie 
et d'artillerie sur Tlndus. Voir ce que dit M. Burues de 
cet estimable officier , qui a honore le nom français dans 
l'Inde autant par son savoir que par son caractère person- 
uel. Vol.I. Passim» Vol. TI, pages 16, 3o, 53 et suivantes* 
Paris, i835. 



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— 229 — 

les senlimens des serdars sont si opposés aux 
Européens , qu^ils pourraient bien rendre la 
position de ces officiers extrêmement hasardeuse 
et difficile à la mort de Randjit Singh.Deplus, 
M. Ventura en i 829 eut avec Kharak Singh , 
rhéritiér présomptif de la couronne , une 
querelle qui s^apaisa difficilement et dont 
les conséquences pourraient lui devenir très 
fâcheuses lorsque ce prince succédera à son 
père. 

Dans le commencement d'iavril, Randjit Singh 
se rendit à Akhmar dans les montagnes de 
Djammou , son armée , sous les Ordres de Misar 
Dewan Tchand , observait les mouvemens de 
Azim Khan qui était venu à Peshaver où il fut 
rejoint par le fugitif djagirdar Djeï Singh 
Atariwala, et de concert avec lui chassa jusqu^à 
rindus les postes et les garnisons des Sikhs, et 
même menaça Kheïrabad , le point principal 
qu^'ls occupaient sur la rive pccidentale du 
fleuve. En juin , Randjit retourna dans sa 
capitale sans avoir rien accompli d^impor- 
lant. 

pans les possessions de Sada Kounwar était 



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un petit territoire nommé Himmatpour OudDi^ 
situé au sud du Satledj , et occupé par elle en 
1808 avec TagrémentdeRandjitSingh, moyen- 
nant 1 5,000 roupies. Ce territoire étant sur la 
rive du Satledj placée sous la protection de 
PAngleterre, ne pouvait être confisqué avec le 
reste. Randjit Singh cependant força sa belle- 
mère à faire une cession de droits en sa faveur, 
et armé de cet acte, ordonna à son agent de 
s^emparer du territoire par la force. Cependant 
' sur la résistance opposée par le tenancier de 
Sada Kounwar et les plaintes faites aux auto- 
rités anglaises y le titre fut rejeté comme non 
valide et le pays contesté dut être rendu aux 
premiers occupans. C^est ainsi qu'il fut pré- 
servé de la convoitise du souverain de Lahor 
jusqu'en 1828, époque àlaquelle, sur des nou- 
vellesreprésentations,legouvernemenlsuprême 
consentit à le laisser occuper par Kandjit Singh. 
La position de Sada Kounwar ne fut pas amélio- 
rée par ce résultat. Elle fut, et aujourd'hui(i 833) 
elle est encore prisonnière, et quelles que soient 
les réclamations que l'humanité élève en sa fa- 
veur, on ne saurait dire comment on pourrait 



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~ 231 — 

la traiter autrement après la conduite qu^elle a 
tenue (i). 

(i) Sada KouDwar^ nous a dit le général AUard, n e- 
tait pas prisonnière y mais gardée à vue et jouissant de la 
liberté d'aller partout où elle voulait en se faisant suivre 
de son escorte. Randjit Singh la traita toujours avec beau- 
coup d'égards et lui payait une pension considérable ; 
plusieurs fois même il chargea le général AUard de faire 
dés tentatives de réconciliation auprès de sa belle-mère, 
mais ce fut toujours en vain. Randjit Singh n a jamais 
oublié que ^e fut elle qui commença Tédifice de sa for- 
tune. Cette princesse est morte aujourd'hui. 



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opérations sur Peshaver. — Bataille contre une armée de Musulmans 
fanatiques. — Mohammed Azim Khan ahandonne Peshaver à , 
Bandjit Singh. — Mort de Mohammed Azim Khan et de San- 
sar Tchand. — Troubles dans les montagnes de Gandgarh. — 
Tar Mohammed confirmé par Rand)it Singh dans le gouverne- 
ment de Pcshaver, — • Fateh Singh Alouwala quitte le Darhar de 
Lahor. — lusurreclion du Sc?d Ahmed, réformateur mahométan. 
Troubles qu^elle occasione. — Anrodh Tchand de Kangr.!, impli- 
qué dans une intrigue, s*enfuit au-delà du Satledj. Ses possessions 
sont confisquées. — Nouveaux désordres occasionés par le SeïJ 
Ahmed. Sa défaite et sa mort. 



1823— l83i. 

Enoctobre, aprèsIeDasrah de 1828, Tarmée 
sikhe se réunit à Rohtas où fut passée la revue 
des coDtingens des djagirdars. Randjil Singh 
se montra encore plus sévère que de coutume 
sur le nombre et Téquipement des hommes. 
Parmi les chefs réprimandés pour leur négli- 
giigence était Dal Singh Miherna, vieux dja- 
girdar qui avait servi avec beaucoup de zèle 
et d^honneur. Il fut menacé d^une forte amende 
et traité avec un mépris si cruel qu'il s^'empoî- 
^onna pendant la nuit pour se délivrer à Tave? 



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— 235 — 

iiir de pareilles avanies (i). L'armée se dirigea 
en décembre du côté de Rawal Pindi, d'où 
Hakim Aziz-oud-din fut envoyé en avant à 
Peshaver pour réclamer le tribut du gouver- 
neur Yar MobammedKhan. Cechef n'étant pas 
préparé à la résistance , rassembla quelques 
chevaux de prix , les oflPrit en tribut à Randjit 
Singh qui fut satisfait pour le momçnt, et re- 
tourna dans sa capitale en janvier, après avoir 
accompli un pèlerinage à Kitas qui se trouvait 
sur sa route, 

Mohammed Azim Khan , mécontent du com- 
promis fait par son frère à Peshaver, vint 
du Caboul pour rétablir en personne ses af- 
faires. Il arriva à Peshaver le 27 janvier; et 
Yar Mohammed, craignant sa- rencontre, cher- 
cha un refuge momentané dans les montagnes 
des Yousoutzis. RaùdjitSingh ordonna alors à 
$on armée de passer llndus ; le passage fut ef- 
fectué |e 27 mars. Firos Khan, chef des kha- 

(1) L'auteur anglais a été induit en erreur. Dal Singh 
mourut plus tard frappé d'une balle qu'il reçut dans un 
combat sur les bords de l'Indus contre les Yousoufzis. Ce 
l'enseignement nous a été donné par le général Allard. 



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tak6| étant mort, ses possessions furent mises 
sous le séquestre* Le i4 mars , Tannée entra à 
Akora, où elle fut rejointe par le fugitif Djeï 
.3ingh Atariwala , qui voulait maintenant &ire 
jsa paix et rentrer en faveur. Son pardon lui fîit 
accordé. On apprit bientôt que Mohammed 
Zaman Khan, neveu de Azim Khan , avec Sa- 
diq Khan , fils duchef khatak décédé , et Firoz 
Khan étaient venus prendre position près du 
camp a Noushahar avec 4)^^^ hommes et 
avaient déjà enlevé quelques partis de iourra- 
geurs. Randjit Singh ordonna à son armée, 
aussitôt quHl eut appris cette nouvelle , de se 
ranger en bataille pour marcher en avant et 
attaquer les Musulmans. Le combat commença 
par une charge furieuse conduite par Phoula 
Singh Akali, Sikh déterminé, habitué à com- 
mencer ainsi toutes les actions, suivi seulement 
de quelques cavaliers aussi impétueux que loi. 
Les Musulmans étaient animés aussi par la foi 
reh'gieuse et ils s^élancèrent à la rencontre des 
Sikhs fanatiques avec une rage égale; ces derniers 
furent défaits et perdirent leur chef. Randjit 
Singh envoya des troupes fraîches , mais les 



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' — 25S_ 

musulmans tinrent ferme et repoussèrent toutes 
les attaques jusquVi coucher du soleil ^ alors 
ajant perdu la moitié de leur monde, ils se 
maintinrent encore sur deux collines isolées. 
Randjit Singh ordonna à sa cavalerie de cerner 
Fennemi dans ses positions , fit avancer les ba- 
taillons des Nadjibs et des Gourkhas pour les 
charger et les délc^er. Deux fois ces troupes 
s^élancèrent à Fattaque et deux fois elles furent 
repoussees par leurs vaillans adversaires, tous 
les efforts de Farmée de Randjit Singh ne pu- 
rent les forcer avant la nuit* Mais alors le reste 
de cette troupe valeureuse s^ouvrit un chemin 
à travers les postes des Sikhs et parvint à opé- 
rer sa retraite dans les montagnes sans être in-< 
quiétée. 

Les Musulmans nWaient pas eu plus de 
quatre ou cinq mille hommes engagés dans 
cette action, encore étaient-ce des montagnards 
et des cultivateurs qui étaient sortis de chez 
eux pour un ghazi^ c^est-à-direpour un combat 
contre les Sikhs infidèles. Ils n^avaient point 
de soldats disciplinés parmi eux, et cepen- 
dantils avaient résisté tout un jouràFarraéeen- 



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- 856 - 

tièrede RandjitSingh qui avait sous ses ordres 
au moins a4tO00 hommes et encore deses meil- 
leures troupes. 1 ,000 hommes environ ( le ca- 
pitaine Wade dit 2,000) furent tués ou blessés 
du côté des Sikhs , et dans ce nombre jSguraient 
quatre officiers de distinction , Phoula Sîngh 
Akali, Gharba Singh, Karam Singh de Tchahal, 
tous deux djagirdars , et Balbhadar Singh de 
Gourkha. Ce dernier était celui qui avait dé- 
. fendu Nalapani avec une résolution si remar- 
quable contre les généraux Gillespie et Mar- 
tindell au commencement de la guerre des 
Anglais contrôle Népal. A^ la paix, il rentra 
dans son pays , mais ayant entretenu des in- 
telligences coupables avec une femme mariée, 
il fut obligé de s^expatrier pour se soustraire à 
la loi du Népal, qui abandonnait sa vie à la 
discrétion deTépoux outragé. Ce fut alors qu'il 
vint prendre du service dansTarméede Randjit 
Singh, où il mourut d'une manière digne de 
lui après de brillans faits d'armes (i). 

(1) Le général Allard , qui assistait à cette bataille , ne 
s'accorde pas avec Tauteur anglais. Il dit que rarraee 
mahométane était beaucoup plus nombreuse , qu elle y 



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AÏobamined Azim Khan éuit, pendant la 
bataille des Ghazù {c^sV-h'-dire des |c0mbattans 
pour la foi), à ïchamkawa situé à quatre 
milles environ à Test de Peshaver. Il ne fit- 
aucun effort pour secourir ses partisans; il 
était observé dans sa position par un corps sikh 
sous les ordres de Kripa Aanx, Shir Sino*h et 
Hari Singh qui s'avançaient sur Pautre rire du 
fleuve. En apprenant la défaite et la dispersion 
des siens, il se retira à Djalalabad sur la roule 
du. Caboul, laissant la campagne à Randjit 
Singh et à son armée. 

Le 17 mars , Randjit Singh entra à Peshaver 
et fit avancer ses troupes jusqu'à Kheïbar 
Darra qui fut pillé, les cultures furent dé- 
truites. Les Sikhs cependant eurent beaucoup 
à souffrir de Tactivité et du fanatisme des po- 
pulations musulmanes qui attaquaient les dé- 
tachemens isolés et enlevaient les traînards • 

perdit tous ses bagages et sou artillerie. Elle fut jetée dans 
le fleuve, oîi elle périt presque tout entière, et le pe- 
tit nombre de ceux qui échappèrent ne durent leur salut 
qu'à la nuit, qui empêcha de les poursuivre. Ils se réfu- 
gièrent à Peshaver. 



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{)endant les nuits le camp était tenu dans de 
continuelles alarmes par leurs escarmouches 
audacieuses. 

En avril, Randjit Singh s^assura de la sou- 
mission de Yar Mohammed Khan qui vint avec 
quelques beaux chevaux, parmi lesquels était 
le fameux Kahar^ lui demander d^occuper 
Peshaver comme tributaire de Lahor. Le Sikh 
accepta avec plaisir ce projet d^établissement 
pour la ville et le territoire qui Tenvironne , et 
après ravoir ratifié , il retourna dans sa capi- 
tale le 26 avril. 

Mohammed Azim Khan mourut le mois sui- 
vant, et sa mort augmenta la confusion dans 
les affîiiresde FAfghanistan.Tantqu^il vécut, on 
regarda comme chef de la famille et comme 
«on successeur Fateh Khan, mais après samort, 
les nombreux frères et neveux de ce chef ne 
voulurent reconnaître Pautorité de personne , 
et leurs querelles couvrirent de crimes et de 
désordres la plus belle partie de TAfghanis- 
tan. Mahmoud et son fils Kamran étaient en- 
fermés dans la forteresse delà ville deHérat, 
car hors des murs ils ne pouvaient faire res- 



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— 259 -- 

pecter leur nom tiî exercer aucune autorités 
Après ]e Dasrah, en octobre, Tarmée sikhe 
réunie sous les ordres de Randjit Singh, fut 
conduite aux bouches de Flndus, avec le des^ 
sein avoué de jfaire une attaque sur le Sindh. 
On pasisa le fleuve en novembre et on employa 
tout ce mois à réduire les villages des Bhatis ^ 
à lever des contributions sur les Beloutchis et 
les aulres djagirdars dont les possessions tou- 
chaient la frontière nord du Sindh. Randjit 
Singh se contenta cependant de cette expédi- 
tion, et fit rentrer en novembre Farmée dans 
son pays. A la fin de cette année mourut Sansar 
Tchand, radja de Kangra, quieut pour succes- 
seur son fils Anrodh Tchand. On demanda un 
nazarana sur la succession , et comme le jeune 
radja faisait attendra le paiement , Randjit Singh 
le sommiBi de se rendre en personne à sa rési-- 
denced^été de Adina-Nagar^ Le &quir Aziz-oud« 
din persuada au radja d'obéir à la sommation 
et de transporter sa cour à Djawala Moukhi; à 
son arrivée un échange de turbans fut fait , 
de mutuelles protestatîonsdVmitiéfurent échan*- 
gées entre lui et Kharak Singh pour le Darbar, 



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-. MO — 

et après quelques négociations , un lakh de 
roupies fut enfin proposé et payé par Anrodh 
Singh comme naxarana de la succession qu'ail 
venait de recueillir, 

Hari Singh de Nalowa , qui devait , avec des 
forces imposantes , surveiller la turbulente po- 
pulation musulmane des montagnes de Gand- 
garh et Darband, parvint, par ses procédés 
vexatoires et surtout par la prise de la belle- 
fille d^un Seïd, homme influent dans sa tribu, 
à déterminer une insurrection générale. Lies 
insurgés étaient assez puissans pour forcer Hari 
Singh à rester sur la défensive^ aussi écrivit-il a 
Randjit Singh , illui représentait les difficultés 
de sa position et demandait des renforts. 
Randjitlui ordonna de faire bonne contenance, 
de se««iain tenir comme il pourrait , mais il ne 
lui enfoya pas de secours, car les pluies com- 
mençaient à tomber et c^était chose impossible. 
Hari Singh, attaqué par Tennémi, eut à souflfrir 
de grandes pertes et fut contraint de se retirer 
devant les insurgés. L^armée sikhe , en consé- 
quence de ces désastres,, dut donc entrer en 
campagne plus tôt qu^àTordinaire , et se dirigea 



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— 241 - 

àiir les montagnes entre Tlnduset le Cachemir, 
dès les premiers jours d^octobre. Le 19, Randjit 
avait pénétré, avec une division de ses troupes, 
jusqu'à Gandgarh; mais il n^ trouva que des 
murs abandonnés et des maisons désertes , là 
population s'était dispersée; la ville et les vil- 
lages environnans furent pillés et saccagés , les 
moissons encore vertes furent coupées pour les 
fourrages. Randjit Singh, voulant atteindre^ les 
fuyards, se détermina à passer Flndus après eux^ 
entreprise où il perdit du monde mais qui s'^ac* 
complit le 3 novembre. Lorsque Farraée fut 
sur l'autre rive , Mohammed Yar Kan fut soihr 
mé de venir trouver son suzerain à'Peshaver, 
ce qu'il fit, en eflfet, après quelque hésitation, le 
16 novembre. Il amenait avec lui un présent de 
chevaux qui furent d^abord refusés comme 
étant de trop peu de valeur j mais il parvint à 
faire accepter son offrande en les remplaçant 
par dVutres d^un plus grand prix, et alors 
les conditions sous lesquelles il gouvernait 
Peshaver furent renouvelées avec de nouvelles 
protestations de fidélité de sa part. Le 3o no- 
vembre, l'armée sikhe repassa Flndus , non sans 
Orio. et proor, 16 



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— 242 — 

éprouver de nouvelles pertes par la profondeur 
et le mauvais lit du fleuve. Le lo décembre y 
Randjit Singh rentra dans sa capitale mécon- 
tent du peu de résultat d'une expédition pour 
laquelle il avait fait de grandes dépenses, sans 
pouvoir cependant parvenir à châtier la turbu- 
lence des Musulmans insurgés; mécontent aussi 
de n'avoir levé sur sa route que de faibles tri- 
buts, que de légères contributions. Il n'entre- 
prit pas de nouvelle expédition en 1824» ni 
pendant la'première partie de l'année suivante. 
Le gouvernement anglais avait commencé la 
guerre contre les Birmans, et Randjit paraissait 
en suivre avec un vif intérêt les événemens et 
les opérations. Des rapports fort exagérés fu- 
rent d'abord répandus sur les succès des Bir- 
mans, et il ne manquait pas de conseillers 
pour dire au prince sikh que le temps appro- 
chait où il lui faudrait ouvrir la campagne du 
côté de l'est. Ce fut à cette époque que M. Moor- 
croft envoya à Calcutta une lettre du prince de 
Nesselrode, ministre des affaires étrangères en 
Russie; dans cette lettre adressée à Randjit 
Singh , on lui demandait l'introduction auprès 



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de lui d^un agent noinméAgha Mehdi, Cet agent 
voulût, à ce qu'il parait , pénétrer à Lahor par 
la route difficile du Thibet, mais il mourut ou 
fut tué à peu de distance de Ladâk. M. Moor- 
croft parvint à se faire rendre ses papiers , et 
parmi eux la lettre en question , qu^il fit tra- 
duire ensuite par M. Ksoma de Koros avec 
lequel il s^était rencontré dans ses voyages, La 
lettre , excepté le passage relatif à Tintroduction 
d'un agent , ne contenait rien que des compli- 
mens et des assurances de protection pour les 
marchands du Penjab que leurs affaires pour- 
raient amener sur le terri toiredePempire russe. 
Aucune entreprise militaire ne fut tentée 
dans la saison de 1 824 - aS ; mais vers avril 
1826, toutes les terres des djagirs et celles 
assignées particulièrement au dewan Mokham 
Tchand , furent mises sous le séquestre et don- 
nées à Moti Tchand par Kripa Ram , le petit- 
fils du dewan. La mauvaise administration des 
djagirs , les contingens insuffisans fournis par 
Mokham Tchand, telles furent les raisons quW 
donna de ce séquestre ; quant à Moti Ram , il 
conserva son gouvernement du Cachemir , et 



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- 244 ^ 

comme cîonséquence de ce séquestre , il n'eut 
à redouter aucun avanie , ni même à voir 
diminuer la faveur dont il jouissait. 

Après leDasrah de i825, l'armée entra en 
campagne avec le but avoué d'une expédition 
contre le Sindh. Randjit Sîngh dirigea donc ses 
troupes surPindDadar Khan, maisjà . appre- 
nant que le Sindh était en proie à la famine, il 
abandonna son dessein et retourna à Lahor. le 
24 novembre. Un agent qu'il envoya dans le 
Sindh pour réclamer le tribut, revint avec des 
vakils (envoyés) des émirs, souverains du pays; 
ils résidèrent pendant quelque temps à Lahor. 
Ce fut à cette époque que l'associé fidèle jus- 
qu'alors, et le frère (religieusement; de Randjit 
Singh , Fateh Sing Alouwala , conçut quelques 
doutes sur sa sûreté au darbar de Lahor, 
et abandonna soudainement la capitale pour 
chercher un asile dans ses possessions de la rive 
du Satledj protégée par l'Angleterre. Randjit 
Singh fut très mécontent de la fuite soudaine 
de son ancien allié , et fit les plus grands efforts 
pour engager ce prince à revenir et à reprendre 
sa place dans son darbar. Les officiers anglais 



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lui ayant confirmé l'assurance que ses terres 
placées sous la protection de leur gouveriie- 
ment étaient inviolables , il pensa que de va- 
gues soupçons ne pouvaient être un motif suf- 
fisant pour briser les liens d^amitié qui avaient 
subsisté si long- temps entre Randjit et lui. 
Aussi , peu de temps après , c''est-à-dire en avril 
1827, il céda aux invitations du souverain de 
Lahor et reprit sa place au darbar. Il fut très 
bien reçu , le roi lui ayant envoyé son petit-fils 
Nou Nihal pour lui faire la conduite d^honneur. 
Mais il fut bientôt exposé k la rapacité de 
Jlandjit qui exigea de lui des tributs , et voulut 
lui faire payer une rente exorbitante pour des 
terres qu'il avait possédées librement jusque-là, 
par la générosité de son frère. 

L'année 1826 se passa sans autre entreprise 
militaire ou événement d'importance. Zadig 
Mohammed Khan , le nabab de Bahawalpour , 
mourut en avril et eut pour successeur Baha- 
wal Khan , nabab actuel , qui renouvela avec 
Randjit les conditions et engagemens de son 
père , pour le terjçitoire qu'il occupait à l'ouest 
et au nord du Satledj . En septembre la ques- 



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-> 246 — 

tioo s^éleva de savoir ai Koutab-oud-<liii de Ka- 
souT pouvait être reçu sous la protection an- 
glaise , comme propriétaire de Mandot et 
{lamnawala, sur la rive gauche du Satledj^ 
Les relations de vassalité qu^avait eues ce chef 
avec Randjit Singh^ pour ces mêmes terres, 
comme pour ses .autres possessions, détermi- 
nèrent le gouvernement anglais à lui ôter Tes- 
poir d^être reçu sous la protection anglaise 
comme chef indépendant. Une malheureuse 
tentative de Bir Singh , ex-radja de Nourpour, 
dans les montagnes, pour recouvrer le terri- 
toire dont il avait été dépossédé en iSi6 , tel 
est le seul événement intéressant de Tannée. 
C'est aux infirmités de Randjit qu'il faut attri- 
buer Tinactivité de Tarmée sikhe; ses souiSrances 
s'accrurent à tel point que vers la fin de Tannée 
il demanda au gouvernement anglais de lui 
adresser un médecin; le docteur Andrew Mur- 
ray fut envoyé de Loudiana pour se rendre au- 
près de Son Altesse ( his Highnessy 

Au commencement de Tannée 1827, le réfor- 
inateur Seïd Ahmed releva le grand étendard 
dç Mahomet dans les montagnes habitées pav 



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les Youssoufzis , et commença la guerre reli- 
gieuse contre les Sikhs. Cet homme avait d'à— ^ 
bord été officier subalterne dans la cavalerie de 
Emir Khan. Lorsque la fortune militaire de ce 
dernier commença à décliner, vers 1818 ou 
1819, Seïd Ahmed devint Musulman fanatique, 
et feignant de recevoir des révélations particu- 
lières de la divinité, il se rendit à Delhi, où il 
s'associa avec quelques saints Moulavis de cette 
ville. Quelques-uns d'entre eux réunirent ses ré- 
vélations dans un livre qui fournit les textes dont 
le 3eïd, ses associés et ses disciples se servirent 
pour prêcher contre quelques irrégularités qui 
s^étaient introduites dans les pratiques de Fisla- 
nisme. Tel était le culte rendu par les Musul- 
mans de l'Hindoustan aux tombeaux des saints, 
la manière dont ils célébraient la mort de Hassan 
et Hussein, les fils de Âli, et autres coutumes 
semblables que ces réformateurs dénoncèrent 
comme idolâtres et des déviations des préceptes 
du Koran. En 1822, le Seïd Ahmed vint à Cal- 
cutta , où il fut bien accueilli de la population 
musulmane. Il s^y embarqua pour faire le pèle- 
rinage de la Mecque. A son retour il traversa 



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— 248 ^ 

rUtodoustan el annonça son intention de dé-^ 
vouer sa vie au service de sa religion en faisant 
yne sainte guerre d^extermination aux Sikhs 
infidèles. Quelques fanatiques se joignirent à 
lui et des secours d^argent lui arrivèrent de 
toutes les parties des possessions anglaises. Ainsi 
armé et préparé, il parvint jusque dans les mon- 
tagnes , près de Peshaver , et leva le Djindha de 
Mahomet, comme nous Tavons dit, chez les 
Musulmans Youssoufzis. Le caractère redou- 
table d^une insurrection si fortement organisée 
força Randjit Singh à envoyer des forces con- 
dérables au-delà d^Attak, pour protéger Kheï- 
rabad et défendre ses intérêts dans le pays. Au 
mois de mars 1827 le Seïd, à la tête d'une in- 
nombrable armée irrégulière , osa attaquer Far- 
mée sikhe, qui était commandée par Boudh 
Singh Sindouvali, et savait élevé des ouvrages 
pour se fortifier dans ses positions. La disci- 
pline des Sikhs , la supériorité de leurs armes , 
leur assurèrent une victoire aisée, et le Seïd, 
complètement battu , se retira , avec les 
siens, dans les montagnes, d'où il fit une 
guerre de surprises et d^embuscades , dirigée 



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- 840 — 

contre les convois et les partis isolés de rennemi. 
Lord Amherst passa Tété de Tannée 1827 à la 
station de Shimla, près Sûubathou, dans les 
montagnes à Test duSatledj. Cest sans doute 
en voyant le gouverneur-général si près de 
Lahor que RandjitSingh songea à envoyer à Sa 
Seigneurie une députation pour la complimen- 
ter et lui remettre des présens , au nombre des- 
quels se trouvait une magnifique tente de ca- 
chemires pour le roi d^ Angle terre «La députation 
fut reçue avec distinction et chargée de rap- 
porter des complimens au prince sikh. Le ca- 
pitaine Wade, résident à Loudiana y qui con- 
duisait toutes les négociations avec ce prince , 
fut député à Lahor avec quelques officiers de la 
suite personnelle du gouverneur-général, char- 
gés de présens et accompagnés d^une escorte 
convenable, pour exprimer à S. A. toute la sa- 
tisfaction que causaient au gouverneur-général 
les liens de bienveillance et de cordialité établis 
entre les deux états. En 1828 le commandant 
en chef anglais, lord Combermere, passa Télé 
à Shimla et y reçut aussi de la part de Randjit 
§ingh un vakil ( messager) , chargé de lui offi-ir 



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ses complimens. S. S. eût désiré une invita- 
tion personnelle de se rendre à Lahor, mais 
le prince sikh'sut éviter d^ répondre. 

Au darbar de Lahor la plus grande faveur 
du souverain se partageait alors entre Radja 
Dhian Singh^ le chambellan et ses frères 
Goulab Singh et Soutchet Singh, Mians de 
Djammou ^ où leur influence avait été rétablie 
sous Fautorité de Randjit Singh , qui avait fait , 
en iSig, de cette place un djagir en leur fa- 
veur, comme nous Pavons dit. Hira Sing, enfant 
de douze ans environ, fils du radja Dhian 
Singh, était Tobjet de la faveur particulière de 
Kandjit Singh , qui ne pouvait se passer de le 
voir et paraissait prendre plaisir à tous ses ca- 
prices. Il avait été nommé radja en même temps 
que son père et ses oncles, et Randjit 3ingh 
3^occupaitde lui faire faire un brillant mariage. 
Ce fut alors que le radja Anrodh Tchand , fils 
de Sansar Tchand de Kangra , vint avec sa fa- 
mille rendre visite à son suzerain ; il devait 
aussi assister, sur sa route, au mariage du fils 
dePAlouwala, Mihal Singh. Il avait amené avec 
lui deux soeur$ , sur qui le radja Dhian Singh 



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Jeta les yeux pour les unir à sa famille par une 
alliance. L^orgueil du chef montagnard s^irrita 
à la proposition d^une alliance qu^il regardait 
comme si peu digne de lui , mais l'influence de 
Randjit Singh lui aiTacha une promesse écrite 
par laquelle il disposait de la main des deux 
jeunes femmes. Mais la mèredeÂnrodhTchand 
les enleva et se réfugia avec elles , sous la pro- 
tection anglaise, dans les montagnes, où Anrodh 
Tchand la suivit bientôt, laissant ses biens, si- 
tués sur Tautre rive du Satledj , à la merci de 
Handjit Singh , qui les séquestra et se les fit re- 
mettra sans aucune résistance par Fateh Tchand, 
frère de Anrodh. Une khawasy ou concubine 
du radja Sansar Tchand, nommée Gaddan, 
était alors séparée de la famille, elle tomba 
dans les mains de Randjit Singl^, avec plusieurs 
enfans qu'elle avait eus du dernier radja. Le 
prince sikh épousa lui-même deux des filles et 
conféra au fils le titre de radja, avec un djagir 
considérable. Les noces de Hira Singh furent 
célébrées à la même époque avec une grande 
magnificence, quoiqu'aucun membre de \i\ 
famille Kangra n'y fût présent. 



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— aaa — 

Dan^le cours de 1829, le Seïd Ahmed rentra 
en campagne avec des forces considérables et 
dirigea sa vengeance contre Yar Mohammed 
Khan qui , disait-il , avait trahi la cause de la 
religion en jurant fidélité aux Sikhs et accep- 
tant du service parmi eux. A Tapproche du 
Seïd, Mohammed sortit dePeshaver avec toutes 
les troupes qu'ail put rassembler pour sa défense. 
Mais dans Taction qui s^engagea il reçut une 
blessure mortelle et ses troupes furent disper- 
sées. Peshaver fut conservé à Randjit Singh 
par la présence opportune du général Ventura 
qui était venu suivi d^une petite escorte pour 
traiter avec Yar Mohammed Khan de la remise 
d un cheval fameux nommé LélL Ce cheval 
avait été demandé Tannée précédente, mais les 
Afghans répondirent qu^il était mort. La faus-. 
seté de cette assertion ayant été découverte, un 
engagement écrit fut arraché à Yar Mohammed 
par lequel il promettait de rendre le précieux 
animal ; Monsieur Ventura venait pour presser 
Fexécution de cette promesse. A la mort de Yar 
Mohammed il prit sur lui de faire les disposi-r. 
tions nécessaires à la défense de Peshaver et 



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^ i«5 — 

demanda à Randjit Singh des instructions sut 
ce <JuMl avait à faire. Celui-ci dirigea sur la 
ville pour la délivrer Sultan Mohammed Khan, 
frère de Yar Mohammed, et recommanda de 
s'assurer de Leïl comme préliminaire indispen- 
sable. Monsieur Ventura réussit dans la négo- 
ciation et emmena le cheval en laissant le gou- 
vernement de Peshaver entre les mains de 
Sultan Mohammed. 

A peine M.Ventura était-il parti que leSeïd 
Ahmed reparut avec son armée de Youssoufzis 
devant Peshaver. Sultan Mohammed hasarda 
une bataille contre lui et fut défait, ce qui mit 
pendant quelque temps Peshaver sous le pou- 
voir de ce chef fanatique. Randjit Singh entra 
en campagne avec son armée au commence- 
ment de i83o pour punir les insurgés. Lors- 
qu'il eut passé Attak et qu'il approcha de Pe- 
shaver , les forces des insurgés se dispersèrent 
devant lui , et il ne put les atteindre. Il laissa 
un fort détachement au-delà de Tlndus , pour 
être prêt à tout événement, et après avoir ré- 
tabli Sultan Mohammed dans son gouverne- 
ment, il retourna àLahor. Ce chef, après le dé- 



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— «54 — 

part de Randjit Singh , jugea convenable de 
faire un traité avec le Seïd Ahmed qui était 
revenu et qu'une attaque subite avait rendu 
maître de Peshaver. Le gouverneur s^engageait 
à laisser passer librement les hommes et les 
munitions destinés au réformateur , à remettre 
Tadministration de la justice dans la ville de 
l^eshaver aux mains d^un certain kazi et d^au- 
tres disciples de la foi réformée , et enfin à 
payer au Seïd un tribut mensuel de 3,ooo rou- 
pies, A ces conditions la ville fut rendue à Mo- 
hammed, mais le Seïd ne se fut pas plutôt 
retiré que le kazi et les deux moulavis laissés 
pour administrer la justice selon les principes 
réformés, furent massacrés dans une sédition 
populaire. La position du Seïd Ahmed était 
devenue très difficile , car il avait offensé les 
Youssoulzis par quelques innovations qu'ail vou- 
lait introduire dans la cérémonie du mariage , 
et il avait alarmé la population par Pan nonce 
quMl avait faite d^une dime à percevoir sur les 
biens et les revenus pour soutenir la religion et 
Tétat. Les montagnards sauvages et ignorans se 
révoltèrent contre Fautorité du nouveau pro— 



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phète, et, non contens d'abjurer sa doctrine, 
le forcèrent avec ses partisans les plus déclarés 
à quitter leurs montagnes. Il passa llndus et 
trouva pendant quelque temps un asile dans 
les montagnes de PeklielDhamsar. MaisRadjit 
Singh envoya contre lui un détachement, 
commandé par Shir Singh, qui eut au com- 
mencement de i83i le bonheur de le rencon- 
trer. Dans la courte mais sanglante action qui 
s'ensuivit, les forces du Seïd furent dispersées 
et lui-même y périt. Sa tète fut coupée et en- 
voyée à Lahor pour y être reconnue et que 
Fidentité fut constatée. Mais ses disciples de 
THindoustan ont peine à croire qu'il soit mort, 
et ils conservent l'espérance dele voir reparaître 
un jour d'une manière brillante et déployer 
sa valeur dans quelque grande action pour le 
triomphe de l'islamisme et l'accroissement delà 
puissance des fidèles. 

Depuis la mort du Seïd, Peshaver a été 
tranquille surtout par rapport au passé , il n'y 
a plus eu d'occasion pour l'armée sikhe de ren- 
trer en campagne ni pour Randjit Singh de 
faire quelque entreprise militaire importante* 



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GBAJPITBS Z. 

MÎMÎon du lieutenant Burues. — 11 amène i]es chevaux ile trait k 
Randjit Singh. — Son voyage h travers le Sindh^ eta'emontant 
rindus i't le Ravi ju6qo*à Lahor. — De'pulation envoyée à lord 
W'illiamficnlinck à Sbimla. — Entrevue du gouvcrncur-géoc- 
ral et de Randjit Singh en octobre i83i. -^ Traité de commerce 
entre le gouvernement anglais et le Sindh. 

1829—1831* 

' Lorsqu^en 1828 Lord Amherst refourDa en 
Europe, il eroporla la tente de cachemires 
offerte par Randjit Singh au roi d^Angleterre. 
Il fut résolu qu^on enverrait d'Angleterre des 
présens en échange de ceux qu'on avait reçus. 
On fit un choix fort extraordinaire ; nous ne sa^ 
vous pas qui Fa conseillé. On devait envoyer à 
Randjit Singh de la part de Sa Majesté 5 un at- 
telage de chevaux de carrosse , quatre jumens 
et un étalon. On pensait qu'avec son amour 
pour les chevaux Randjit Singh ferait élever cet 
animal avec soin et serait enchanté d'avoir des 
jumens de haute taille pour en croiser la race 
avec les élèves du Penjab. Mais en réalité Raud- 



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jit Singh n^a ni goût ni établissement pour le- 
lève des chevaux et n'^aîtne (fim les chevaux 
entiers de haut courage qui , domptés dans les 
manèges de THindoustan , peuvent le porter à 
la para4e et en voyage ou être donnés li ses ser- 
dars et à ses favoris. C^est ce que prouva Tévé-^ 
nement , car lorsque les chevaux arrivèrent à 
sa cour , il remit aussitôt Tétalon entre le mains 
d'un écuyer chargé de le dresser à marcher le 
pas ordinaire. L^animal avec sa grosse tête et 
ses larges flancs se tient toujours dans la cour 
du palais ou devant la tente du roi, couvert 
d'aune selle dorée et de harnais tout brillans 
de pierres précieuses en attendant^ ce qui ar- 
rive quelquefois, qu'il aitrhonneurd^êtremonté 
par Randjit Singh en personne* Pour les ju- 
mens on ne les regarde pas j le roi les aban-^ 
donne avec la plus profonde indifférence. Mais 
c'est anticiper sur notre histoire que de dire 
quel fut le sort de ces animaux à ^eur arrivée ; 
leurs aventures sur la route de Lahor méritent 
tout rintéi:êt du lecteur. 

On avait résolu de faire de la transmission 
de ces présens un moyen d'obtenir des ren-» 

Orig. et pnoGH.* 17 



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— SW8 — 

seignemens sur llndus , sur les facilités ou les 
obstacles qu^il présente à la navigation. Les ré-^ 
centes victoires de la Russie dans la Perse, 
^apparence que cette puissance est loin de bor- 
ner là ses desseins présens ou à venir , lorsque 
la succession d'Abbas Mirza au trône de Perse 
fera de ce royaume une province.de la Russie, 
était un motif suffisant pour engager à réunir 
tous les documens sur les états frontières de 
rinde et en particulier sur les moyens de 
défense que présente le grand fleuve Indus. 
Les chevaux de trait furent donc envoyés à 
Bombay et le gouvernement suprême ordonna 
à sir John Malcolm , gouverneur de cette pré- 
sidence, de prendre ses mesures pour les diriger 
à destination sous la conduite d'un officier in- 
telligent et prudent par les bateaux de llndus* 
On n^était pas assuré que les chefs sindhis li- 
vrassent passage à travers le delta et le cours 
inférieur du fleuve, mais on présumait que les 
émirs, placés comme ils sont entre les états de 
Randjit Singh et les possessions anglaises , n^o-* 
seraient pas offenser les deux puissances en 
refusant le passage si on le leur demandait. 



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— 939 — 

Sir John Malcolm ayant reçu les chevaux, les * 
dirigea sur le Cotch et chargea de la mission à 
Lahor le lieutenant Burues , aide-de-camp du 
colonel Pottinger, qui était chargé de radmi- 
nistration politique dç ce district et des relation^ 
anglaises avec le Sindh. Le jeune officier à qui 
cette tâche fut confiée avait travaillé dans le 
département du quartier-maître-général et était 
capable , à tous égards , de répondre à ce qu^on 
attendait de lui. On lui adjoignit lenseigne 
Leekîe pour Faccompagner et le remplacer en 
cas de malheur. Les chevaux sans voiture 
eussent été un présent inutile à Randjit Singh , 
aussi sir John Malcolm en acheta une sur ses 
propres fonds. Le magnifique carrosse envoyé 
à S. A. par lord Min to , en i8io, après avoir 
servi pendant quelques jours comme une cu- 
riosité , avait été bientôt relégué dans le grand 
arsenal de Lahor. La voiture et les chevaux, 
embarqués sur un navire, partirent du Cotch 
vers la fin de i83o. Sir John Malcolm pensa 
quMl serait plus favorable à son dessein de les' 
envoyer sans faire prévenir, par avis ou par' 
lettre les émirs du Sindh , il comptait que la 



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nécessité oii fls se trouveraient de prononcei' 
sans retard contribuerait au succès de Fexpé^ 
dition. 

Le lieutenant Burnes partit donc emportant 
avec lui des lettres pour annoncer Tobjet de sa 
visite, et entra bientôt avec son navire dans une 
branche de Flnaus. En passant près de la pre- 
mière ville habitée il envoya ses dépêches en^ 
avantàHaïderabadé Après s'être arrêté quelques 
jours il recul, le 1*' février, un oflBcier et son 
escorte, partis de Daradji, pour l'inviter à re- 
descendre le fleuve jusqu'à l'arrivée des ordres 
qu'on attendait de Haïderabad. Il se rendit à 
cette invitation , mais il eut tant à souffrir de la 
grossièreté des Kàratchis qui avaient relevé les 
Daradjis , qu'il prit le parti de revenir dans le 
Cotch jusqu'à ce que les émirs eussent décidé 
quelque chose à son égard/ Mais comme leur 
réponse se faisait trop attendre , le lieutenant 
Burnes repartit pour l'Indus et entra dans la 
branche nomméePeïliani . La permission d'ayan- 
cer étant toujours refusée , et même la crue des 
eaux se faisant sentir, le lieutenant Burnes j ugea 
convenable de retourner sur ses pas et faillit 



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périr dans une tempêle qui battit son vaisseau 

et le jeta sur la barre , à lembouchure du braç 

Peïtianî. Le mois de février s^écoula dans ces 

tentatives infructueuses pour pénétrer plus 

loin. ^La répugnance des émirs à accorder le 

passage paraissait invincible. Ils fondaient alors 

leurs refus principalement sur la difficulté dç 

la navigation et sur Tétat de trouble pu sp trpur 

vait le payst compris entre le Sindh et Lahor; 

deux motifs qu^ils exiigéraient dans Tintention 

de dissuader le lieutenant Burnes de suivre la 

route du fleuve. La mission étant retournée 

dans le Cotch , le 23 février le colonel Pottipger 

ouvrit une correspondance avec les émirs et 

envoya un agent à Haïderabad pour essayer de 

vaincre leur répugnance. Il passait légèrement 

sur la difficulté prétendue de la navigation et 

sur les dangers qui pourraient naître de Tétat 

du pays, mais il prétendit que les chevaux et 

la voiture ne pouvaient parvenir par une autre 

voie que par celle du fleuve , de sorte que ce 

serait blesser deux gouvernemens que de leur 

refuser le passage. La saison de j83i avançait 

toujours et cependant le conseil de Haïderabad 



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tardai! encore à faire connaître sa résolution. 
Enfin une lettre vigoureuse du colonel Pottin- 
ger convainquit les chefs, et en particulier 
Mîr Mourad Ali , le souverain du pays , que le 
passage pour les chevaux et les autres préseDs 
destinés à Lahor ne pouvait se refuser sans in- 
convenance. La permission demandée fut donc 
accordée et le lieutenant Burnes repartit le lo 
mars et entra dans la branche nommée Rachel 
par Kourachi Bender, le chenal du fleuve qui 
avance le plus versTouest* Des difficultés furent 
encore faites et des délais apportés, ce qui déter- 
mina le h'eu tenant Burnes à se rendre par terre à 
Haïderabad, dans lespérance qu^il lèverait enfin 
ces obstacles en traitant personnellement avec 
le conseil; mais il nWança pas plus loin que 
Tatta, où, après beaucoup de discussions , il 
reçut enfin la permission de passer par la route 
de rindus. On lui fournit alors des bateaux du 
pays , tous les secours lui furent offerts pour 
rendre son voyage à Haïderabad plus facile; on 
ne voulait rien négliger de tout ce qui pouvait 
lui faire oublier le traitement peu hospitalier 
dont il avait eu d^abord à se plaindre. A la ca- 



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— 365 - 

pitale il fut reçu au darbar avec grande dis- 
tinction ; un chef d^un rang éleré fut désigné 
pour venir au-devant de lui, et les meilleurs 
bateaux de la rivière, même ceux de Témir 
gouvernant lui-même, furent mis à son service. 
Partout, dans le Sindh , il rencontra la même 
attention. Il s'^avança de Tatta à Haïderabad, 
après un covj^t séjour à Bhakar, faisant de 
nombreuses observations, que favorisait la 
marche lente des bateaux. La mission atteignit 
Tatta le i5 et Haïderabad le 18 avril i83i, et le 
mois de mai s^écoula avant quUl eût quitté Hndus 
pour entrer dans le Tchenab.Les eaux du fleuve 
étaient alors au plus bas, mais on ne rencontra 
ni obstacles ni difficultés dans sa navigation. 

Il faut dire ici que le Sindh est divisé en trois 
gouvernemens indépendans : le premier est de 
beaucoup le plus considérable, c^est le pays de 
Haïderabad, gouverné alors par Mir (i)Mourad 
Ali, le dernier survivant de quatre frères, qui, en 
4780, firent la révolution dont le résultat donna 
le gouvernement aux mirs actuels de Talpour. 

(1) Abrévialion usilce du mot ëmir. 



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— SW4 — 

La seconde partie est celle de Kheïrpour, an 
Qord dejlaïderabad, et étendue des deux côtes 
sur le fleuTe Indus. Son gouverneur actuel est 
Mir Roustam Khan , fils aine de Mir SouhraJ) 
Khan, mort récemment. Le troisième gouver- 
pement est celui de Mirpour, situé près du 
Cotch çt administré par Mir Ali Mourad Khan. 
Ces subdivisions viennent d^un partage qui se 
fit entre les principaux conspirateurs, dont les 
efforts ont mis le sceptre aux mains des Talpour. 
Après avoir traversé le territoire de Haîdera- 
bad , le lieutenant Burnes fut reçu avec encore 
plus d'atteption et de gracieuseté par le prince 
de Kheïrpour , qui manifesta un vif désir d'en- 
tretenir des relations plus intimes qu^il n'^avait 
fait jusquVlprs avec le gouvernement anglais, 
et chargea le lieutenant Burnes d'aune commu- 
nication à faire au gouverneur-général. CVst 
ainsi que la mission arriva jusqu'au territoire 
d\i ifabab de Bahawalpour sans éprouver k 
moindre danger pu empêchement. On ne trouva 
pas moins, ep cet endroit , de huit pieds d'eau, 
et cependant le courant était modéré , facile a 
surmonter même lorsqu'il était resserré entre 



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des rochers ou par les accidens du terrain. 
Pendant le mois de mai la navigation est ar^ 
rêtée sur le Gange par des vents de Touest 
vîolens, ou par le nianque dVau; à cette 
époque aucupe difl^culté de ce genre, n^inter- 
cepte le passage sur Tlndus. Le chef de Baha- 
walpour était déj;^ en relation politique avec 
Kandjit Singh et le gouvernement anglais, 
aussi le lieutenant Burnes était sûr d^en rece- 
voir toute espèce de services. Le 3o mai la petite 
flqtte toucha Miltankot et, s'emfearquant sur 
d'autres bateaux préparés par le chef de Daoud- 
poutra (BihawalKhan), entra dans le Tchenab, 
ou, comme on dit quelquefois, le Penjnab, 
faisant allusion à la ipéunion de tou^ les coui-s 
d'^eaux du Penjab qui sont aflluens de ce fleuve. 
Un peu plus bas que Moultan, Vescorte en- 
voyée par Randjit Singh, pour recevoir et ac- 
compagner le présent royal (♦), rencontra le lieu- 

(i ) Il est singulier que dans toutes les inslruclions don- 
nées par sir John Malcolm au lieutenant-colonel Pottin- 
ger et au lieutenant Burnes^ il n'ait jamais mentionné ni 
rien dit qui pût faire comprendre à ces officiers que les 
chevaux étaient un présent du roi d'Angleterre. Ils ledér 



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— 206 — 

tenant Burnes et lui offrit des bateaux du Pen* 
^b, destinés à la navigation du sinueux Rayi. 
Le lieutenant s^ embarqua avec sa suite , le 
12 juin, et atteignit bientôt Moultan. Le con- 
fluent du Ravi et du Satledj est plus loin ^ et on 
^ ne put atteindre cette rivière que le 23 juin. La 
saison des pluies y vint arrêter la mission et ra- 
lentir sa marche, car elle ne pouvait avancer 
qu^avec le secours du cordeau. 

Le 17 juillet le lieutenant Burnes atteignit 
Lahor où son arrivée avec les présens du roi 
d^ Angleterre et de la lettre de lord Ellenbo- 
rough dont ils étaient accompagnés, fit le plus 
grand plaisir à Randjit Singh. Les attentions 
dont il honora le lieutenant Burnes furent très 
marquées, et il invita le capitaine Wadeà venir 
de Loudiana pour assister à la cérémonie de 
réception. De Lahor le lieutenant Burnes alla à 
Shimla cendre compte de sa mission au gou- 

couvrirent iorsqu'après avoir surmonté les difEcultéi qui 
s'opposaient au passage dans le Sindh , ils entrèrent en 
correspondance directe avec le gouverneur-général ; mais 
déjà ils avaient offcii; leur présent comme envoyé par le 
gouvernement anglais dans Tlnde. (Note de fauteur, ) 



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- 2«7 — 

verneur-général , et remettre à Sa Seigneurie 
tous les renseignemens qu'il avait rassemblés. 
Cet oflBcier zélé et entreprenant obtint de Sa 
Seigneurie la permission de se rendre à la pré- 
sidence de Bombay en explorant la route par 
le Penjab, Caboul, Balk, Boukhara et la Perse, 
pour ajouter ainsi à ce qu'on savait sur cette 
roule si peu connue et à tous les renseignemens 
qu il avait déjà recueillis par lui-même (±). 

Les dispositions favorables qui semblaient 
animer le souverain de Lahor, §rent espérer à 
lord William Bentinck que la proposition d'une 
entrevue entre Randjit Singh et lui serait pro- 
bablement bien reçue. Il manda en consé- 
quence au capitaine Wade, tandis qu'il se trou- 
vait à Lahor, de sonder les conseillers intimes 
de ce prince à ce sujet. Randjit Singh, comme 
s''il eût été prévenu par Sa Seigneurie, manifesta 
un grand désir de se rendre à cette réunion , 
mais quelques diflRcultés s'élevèrent sur l'éti- 
quette. Randjit Singh attendait une ambassade 

(i ) Voir pour les détails de la réception à Lalior le ré- 
cit du lieutenant Burnes lui-même ^ ouvrage déjà cité* 



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- S«8 -* 

en retour de celle qu^il avait envoyée à SaSei^ 
gneurîe et composée comme celle qu^îl avait 
adressée à lord Amherst. Elle avait été reçue 
par lord William Bentinck en avril peu dç 
temps après son arrivée à Shimla. Elle se com- 
posait de Dewan Mouti Ram , fils 4e Mokham 
Tchand , Hari Singh Serdar , le faquir Azîz- 
oud-din en était le secrétaire. Ces personnages 
avaîentété traités par legouverneur général avec 
beaucoup dç distinction, et on avait promis en 
retour, ou plutôt on avait désigné, une ambas- 
sade de quelques-uns des principaux officiers 
de la suite de Sa Seigneurie. L'entrevue des 
chefs des deux puissances devait priver Randjit 
Singh du plaisir de la recevoir. Deux cas en 
effet allaient se présenter , ou le temps man- 
querait, car le voyage projeté du gouverneur- 
général à Adjmir et dans le Radjpoutana exi- 
geait, si Fentrevue devait avoir lieu, que ce fut 
avant la fin d^octobre, ou bien, si une ambas- 
sade officielle était envoyée immédiatement 
avant Tentrevue , elle aurait pu paraître aux 
yeux du monde destinée à prier et engager le 
prince sikh à se rendre à cette entreyue, tan-r 



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éis que le rang et la position du chef du gou- 
verneur anglais lui demandait de faire recher- 
cher rhonneur d^une conférence personnelle 
avec lui. 

Avec une générosité que son caractère devait 
faire espérer, Randjit Singh, qui avait arrêté 
cette entrevue dans son esprit, passa sur le 
point d^éliquette et des deux côtés on fit des 
préparatifs pour s^ rendre. Elle devait avoir 
lieu vers lé 20 octobre sur les bords du Satledj\ 
sans être précédée d^aucune ambassade; les en- 
virons de Roupour furent ensuite fixés comme 
le lieu le plus couvenable. 

Pour donner tout Téclat désirable à cette cé- 
rémonie et s'environner d^une brillante escorte, 
le gouverneur-général fit venir à Roupour de 
Mirât et Karnal deux escadrons de lanciers 
européens avec le corps de musique du régiment 
(16' régiment de lanciers), un régiment euro- 
péen (3i' d^infanterie), deux bataillons d^in- 
fànterie indigène (i4 ®^ 32 ), huit pièces de 
Tartillerie à cheval et enfin deux escadrons de 
la cavalerie irrégulière, commandés par le co- 
lonel Skînner. L^escorte était ainsi composée 



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— S70 — 

pour déployer aux yeux de Randjit Siugh au- 
taut de variété qu^il serait possible, et en efiet 
sa curiosité se porta surtout sur la formation et 
l'équipement des armes et des divers corps de 
notre force militaire. La marche des Euro- 
péens sur le territoire sikh fut une occasion de 
scandale pour la population qui apprit qu'un 
bœuf avait été tué pour la nourriture des trou- 
pes. L'animal fut abattu pendant la nuit aussi 
secrètement que possible, le fait transpira ce- 
pendant et excita les plaintes des serdars sikhs. 
On leur répondit qu'ils n'avaient pas à s'occu- 
per de se qui se passait dans le camp anglais 
où nos usages devaient naturellement prévaloir 
contre leurs scrupules, et que d'ailleurs on 
avait pris toutes les précautions pour prévenir 
tout ce qui pourrait les offenser. Nul doute que 
les préjugés des Sikhs ne furent blessés, mais 
c'eût été d'une fort mauvaise politique décéder 
sur ce point. En effet, si l'on se fût soumis, que 
ferait-on maintenant dans le cas où il faudrait 
introduire dans le pays un nombre considérable 
de soldats européens ? N'exigerait-on pas une 
nouvelle concession lorsquç peut-être il serait 



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impossible de Faccorder? La population igno- 
rant nos usages, et peu préparée a les subir, ne 
serait-elle pas excitée contre nous autant par 
les inconvénîens résultant de notre occupation, 
que par le souvenir des concessions déjà 
faites à leurs idées religieuses. 

Les troupes étant arrivées à Roupour , le 
gouverneur-général , qui avait quitté Shimla le 
19 octobre, et avait profité de .Foccasion favo- 
rable qui se présentait, pour faire une excur- 
sion dans les montagnes avec une suite peu 
nombreuse, arriva au camp dans la soirée du 22* 
Randjit Singh se rendit au camp qu^il avait 
établi sur la rive opposée du Satledj , dans la 
matinée du ^5, escorté par iO,ooo deses meil- 
leurs cavaliers et environ 6,000 hommes d^in- 
jPanterie. Il reçut immédiatement une députa-^ 
tion de la part du gouverneur-général , elle se 
composait du major-général Ramsay , frère du 
commandant en chef, lord Dalhousie , et du 
principal secrétaire de Sa Seigneurie. Kounwar 
Kharak Singh , avec six des principaux serdars 
sikhs, se rendit en même temps auprès du gou- 
verneur-général jpour lui présenter les compli- 



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— lira — 

mens du maha-radja. Il était convenu que Rand- 
jîl Singh viendrait visiter le gouverneur- géné- 
ral le jendemain matin. 

Le moment deTentrevue approchant, Rand- 
jit Singh commença à éprouver quelqu^inquîé- 
tude, à craindre que quelque trahison ou quel- 
que lâche manœuvre n^eût été tramée contre 
lui; pendant la nuit, il envoya dire à M. Allard 
qu'il ne voulait pas se rendre à la conférence 
du matin. M. Allard se rendit de suite auprès 
de lui et chercha à dissiper ses soupçons , à lui 
rendre la confiance, offrant même de répondre, 
sur sa tête, quil ne lui serait rien fait qui 
pût lui être désagréable. Il quitta le maha- 
radja encore irrésolu ^ car il fit appeler les as- 
trologues^ Ceux-ci consultèrent le Granlh et 
déclarèrent que les résultats étaient favorables, 
mais ils conseillèrent à Son Altesse de porter 
avec elle quelques fruits qu'elle présenterait au 
gouverneur-général et à son secrétaire : si on 
les acceptait sans réflexion cétait un bon pré- 
sage, elle devait s'avancer en toule assurance 
et le résultat de l'entrevue lui serait avanta- 
geux. Le matin du a6 octobre, une dépiitation 



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— 273 — 
vint chercher le maha-radjâ pour le conduire 
au camp anglais, il était prêt depuis le lever du 
soleil. Un pont de bateaux plats avait é(é jeté 
sur le Satledj pour la commodité des commu- 
nications. Randjit Singh y fit passer avant lui 
environ 3,ooo hommes de sa cavalerie ghour- 
char , habillée de soie jaune , et 800 dragons 
formés par M. Allard. Il prit alors son déjeûner 
composé d'un cordial très épicé et envoya pré- 
venir les chefs de sa suite de venir avec leurs 
éléphans. Tout cela prît du temps, car lesba- 
teaux étaient assez faibles et ne pouvaient d'ail- 
leurs livrer passage qu'à un très petit nombre 
d'éléphans à la fois. Enfin Son Altesse passa éû 
personne, et alors, pour prévenir la confusion, 
elle fit placer une garde au pont avecordre d'em- 
pêcher toute personne de son camp de passer 
la rivière. Suivi de son escorte, Randjit s'avança 
dans la plaine à l'extrémité de laquelle était assis 
le camp du gouverneur -général. Au centre, 
les troupes anglaises avaient formé la haie , et 
en arrivant au bout de la ligné, le radja s'arrêta 
à examiner chaque corps; il fit une multitude 
de questions sur les équipemens, il s'informa 
Orxg. et proor. 18 



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— 274 — 

de Fusage el du prix de chaque objet qui excita 
sa surprise* Au milieu de la haie il rencoutra le 
gouverneur-général et lui présenta les fruits 
que ses astrologues lui avaient recommandés^ 
ils furent acceptés de suite. Son Altesse passa 
alors dans le houda du gouverneur-général, et 
les deux chefs se dirigèrent ensemble vers les 
tentes dVudience qui avaient été préparées. 
Dans Tune déciles tous les officiers européens 
étaient rassemblés, Randjit Singh s^j arrêta 
quelques instans pour que chacun d^eux lui fût 
présenté, et puis passa outre. Dans une autre 
tente des fauteuib étaient prêts, le maha-radja^ 
avec quelques-uns des chefs qui lui obéissent 
et des officiers de sa suite, j fut conduit par le 
gouverneur-général pour y commencer une 
conversation plus intime. Cétait une chose 
curieuse de voir toutes les peines que prenait 
Randjit Singh pour remplir dignement son 
personnage dans cette cérémonie. Il allait à la 
porte de la tente, il appelait , il conduisait lui- 
même les chefs qui devaient pénétrer dans 
Tintérieur, il les faisait marcher devant lui 
pour prévenir le désordre et la confusion. Ils 



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étaient tous comme lui habillés du jaune qui 
compose, avec le vert tendre, les couleurs favo- 
rites de sa cour , appelées basantis , c^est-à-dire 
couleurs du printemps. Quelques-uns portaient 
de brillantes armures avec des écharpes jaunes^ 
la magnificence de leur tenue était très remar- 
quable. La curiosité et Papparente franchise du 
chef sikh furent cause que la conférence se 
passa avec beaucoup plus de vivacité que ce 
n^est Fusage dans des circonstances si solen- 
nelles. Des présens composés de diflPérentes 
étoffes envoyés à Tavance de Calcutta , Dacca , 
Benarès, des armes et des bijoux de prix, un 
bel éléphant birman , deux jeunes chevaux de 
choix élevés au haras de Hissar , furent amenés' 
ou passés en revue devant Son Altesse. Des ha- 
bits d'honneur , et des présens furent aussi of- 
ferts à rhéritier présomptif et à d'autres chefs, 
conformément à une liste fournie par Randjit 
Singh. Le maha-radja examina avec soin cha- 
que article des présens qui lui avaient été faits, 
il les envoya à Tintendant de sa garde-robe , et ^ 
lui ordonna d'en recevoir le dépôt et de les 
serrer immédiatement. 11 prit congé , très satis- 



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fait en apparence de celte entrevue ^ et à la 
porte de la tenle il fit amener et manœuvrer 
devant le gouverneur-général ses chevaux fa- 
voris ^ en indiquant les noms et les qualités de 
chacun. En repassant à travers ^a haie des 
troupes, il s^arréta encore pour examiner les 
différens corps et renouveler ses questions sur 
chaque objet en particulier. Il était midi, lors- 
qu'il rentra dans son camp. 

. Le lendemain , le gouverneur^général rendit 
. la visite et fut reçu au pont de bateaux par 
Randjit Singh. Sa Seigneurie était escortée par 
les lanciers qui , avec la musique de leur ré- 
giment, ouvraient le cortège. Randjit Singh 
fut très frappé de leur tenue et en particulier 
du corps de musique; et après qu'ils furent pas- 
sés et quHls eurent atteint Tau tre rive du fleuve, 
il les suivit pour les écouter pendant quelque 
temps jusqu'à ce que toute Fescorte fût passée. 
Les troupes sikhes formaient la ligne depuis le 
pont jusqu'aux tentes du maha-radj a, faites 
principalement de kandts et shamianas dispo- 
sés avec beaucoup de goût. Elle étaient rouges 
et couvraient un grand espace. Les shamianas 



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— 277 — 

sous lesquels des sièges étaient préparés pour 
ie gouverneur-général et sa suite étaient de 
châles admirablement travaillés y et celle sous 
laquelle étaient placés le gouverneur-^général 
et Son Altesse était brodée de perles et de dia- 
mans d^une grande valeur". Le maha-radja, 
lorsque tout le monde fut assis, fit introduire 
sùccessiVeipent les chefs qui lui obéissent, 
et chacun en arrivant offrait des nazars de 
sequins d'or hollandais à Son Altesse et au gou- 
verneur-général. Les chevaux furent ramenés 
et montrés avec leurs magnifiques harnais, et 
après une heure d^un entretien assez animé, 
les présens destinés au gouverneur-général 
ayant été apportés, il prit congé du prince. 

Le soir des conversations s'engagèrent, on 
passa aussi en revue les troupes réunies sur les 
deux rives du fleuve. Le maha-radja parut 
frappé de quelques évolutions exécutées devant 
lui par les régimens anglais , et il envoya ses ser- 
dars dans les rangs pour voir comment elles 
s^exécutaient. Il vînt lui-même dans les carrés 
formés par Tinfanterie pour voir comment le 
premier rang se plaçait genou en terre et com- 



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— «70 -^ 

meài les autres faisaient feu par-dessus lui. Il 
mofitra pour toutes ces choses une insatiable 
curiosité. 

Le 3i octobre, dernier jour de Fentrevue, 
le maha-radja passa le fleuve pour assister à 
quelques manœuvres d^artillerie à mitraille et 
à boulet. Son étonnement de Feffi^i produit sur 
le but à différentes distances de 4^0 ^ i^ooo 
pas était extrême. Après s^être amusé quelque 
temps à faire feu lui-même sur un tchatar{i) 
d^une pièce de 6, et avoir fait déployer à ses 
serdars toute leur force et leur adre<?se dans le 
maniement du cheval (2) , il reçut du gouver-^ 
neur-général deux canons de 9 avec leurs che- 
vaux et leur équipement complet. 

Le soir de ce jour , après lequel on devait se 
séparer, fut consacré à un entretien particulier 
avec le gouverneur-général. A la demande de 
Handjit Singh on lui donna par écrit une pro-. 
messe d'amitié éternelle delà part du gouverne^ 

(1) Parasol, Il avait fait mettre un parasol en guise de 
blanc. . 

(3) Randjit, iiousa dit M. le général Allard , prit pail 
à ces exercices. 



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— 279 ~ 

mentanglais. Lemodèled^unpontsuspendu, fait 
exprès à Calcutta pour cette occasion, fut au^si 
présenté à Son Altesse et excita vivement son 
admiration. Le lendemain matin, i'' novem- 
bre i83i y les deux camps furent levés et se sé- 
parèrent dans des directions opposées après 
une Semaine de magnificence et de courtoisie 
qui rappelait les jours du camp du Drap d^or. 
Aucune affaire d^importance ne fut traitée 
dans cette eàtrevue : cependant Randjit Singh 
invita les deux officiers qti^il supposa être le 
plus avant dans la confiance du gouverneur- 
général à venir dans sa tente. Au mtUeu d^une 
conversation légère en apparence, il adressa au 
secrétaire officiel de Sa Seigneurie quelques 
questions sur le Sindh , comme s^il eût voulu 
ouvrir une négociation et concerter des mesures 
relatives à cet état; ou au moins parvenir à 
connaître les desseins du gouvernement bri- 
tanni(^ue sur ce sujet. Il dit que des vakils 
(envoyés) du Sindh se trouvaient alors dans son 
camp et il demanda qu^ils fussent présentés an 
gouverneur-général. Ayant reçu une réponse 
affirmative , il ajouta que c'était un pays très 



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— 200 — 

riche où beaucoup de trésors étaient accumulés 
depuis rinvasion de THindoustan par Nadir 
Shah et qu^on n'y rencontrerait ni armée ré- 
gulière , ni d^autres soldats que la population 
qu^on serait obligé dVrracher à ses foyers pour 
résister à une armée envahissante. Alors il fit 
allusion aux refus que le lieutenant Burnes 
avait eus à essuyer de la part des émirs et à leur 
caractère général d^orgueil et de hauteur. Il 
paraissait évident que le maha-radja avait ap- 
pris ou au moins soupçonné que le gouverne- 
ment britannique avait quelques projets sur le 
Sindh ) et même que rien ne lui serait plus 
agréable que d^être invité à coopérer à une 
attaque sjir cet état. Néanmoins , malgré ce dé- 
sir évident de s^allier dans de pareils desseins, 
il ne fut pais jugé convenable de faire dès-lors 
aucune communication au souverain deLahor; 
car on pouvait craindre qu^unefois informé des 
intentions du gouvernement anglais, il ne pût, 
tout en manifestant extérieurement le désir de 
les appuyer , les contrarier par des intrigues et 
et de secrètes manœuvres. 

La veille du jour où Son Altesse arriva à 



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-^ 281 — 

Roupour, des instructions avaient été envoyées 
au lieutenant-colonel Pottînger pour une mis- 
sion dont on le chargeait auprès des gouverne- 
mens du Sindh. Il devait négocier un traité de 
commerce ayant pour objet d^ouvrir la naviga- 
tion de rindus aux marchandises de TEurope 
et de rinde. La négociation devait se conclure 
séparément avec chacun des trois émirs indé- 
pendans; le colonel Pottinger se dirigea d'abord 
sur Haïderabad pour y négocier auprès de Mir 
Mourad Ali le libre passage des vaisseaux et 
marchandises par les embouchures et le delta 
de ce grand fleuve. L^objet principal de la né- 
gociation dut être d^obtenir des garanties con- 
tre la levée de droits arbitraires , et contre tout 
obstacle apporté au libre passage des bàtimens 
et marchandises , d'oiSrir une indemnité dans 
le cas où l'adoption du plan proposé entraîne- 
rait quelque diminution dans les revenus du 
gouvernement et de faire ainsi que l'Indus devint 
le canal d'un commerce étendu et pût être 
fréquenté avec sécurité par les embarcations et 
les vaisseaux des districts voisins ou même de 
l'Europe . Une telle négociation dans les cir- 



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^ 2M — 

cons(ances actuelles était certes un acte de haute 
politique, surtout si Pou songea la nécessité de 
se tenir prêt contre les entreprises que pourrait 
former la Russie si elle venait à établir son in- 
fluence sur la Perse. Mais le gouverneur-géné- 
ral ne voulait ni offenser ni inquiéter les émirs, 
et un traité de commerce stipulant la libre na- 
vigation du fleuve lui parut être le moyen le 
plus avantageux d'ouvrir des relations avec les 
gouvernemens et les chefs qui occupent ses 
rives. Cependant on peut reprocher aux traités 
de cette espèce de causer des discussions em- 
barrassantes, de Firritation et des sentimens 
haineux, et il faut avouer que les intentions du 
gouvernement anglais ne sont pasbien compri- 
ses par ces chefs. Tout le Sindh est partagé en 
djagirs occupés par des chefs qui ont la pré- 
tention d'être , et sont de fait , indépendans et 
exercent Fautorité la plus absolue dans leurs 
possessions respectives. Cesserdars n'arriveront 
que difficilement à respecter les bateaux et les 
marchandises passant sur leurs territoires, les 
bâtimens seront arrêtés sous prétexte de visite , 
des présens seront demandés et même extorqués^ 



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— 285 -^ 

des qbstacles de toute espèce seront apportés ; 
les plaintes que ces vexations entraîneront, 
même en supposant que Rassemblée de émirs 
à Haïderabad soit disposée à les écouter, amè- 
neront de longues et irritantes discussions sans 
pouvoir faire obtenir de justes indemnités à 
ceux qui auront souffert. La résidence perpé- 
tuelle d^un agent anglais chargé de faire faire 
droità ces représentations deviendra nécessaire, 
et ce personnage, en s^acquittant de son devoir, 
deviendra la cause de querelles continuelles, 
de mécontentemens qui engendreront une col-* 
lision. Mais ce qui est beaucoup plus probable, 
c^esl que les marchands ne voudront pas s^ex-^ 
p<j5er à courir les risques et les dangers que 
leur promet une telle roule et qu^ils laisseront 
ainsi ce traité devenir uçe lettre morte comme 
les derniers traités conclus avec Siam, la Co- 
chiuchine et Tempire Birman où le gouverne* 
ment anglais entretient des résidens pour y 
surveiller Fexécution des traités stipulés. 

La compagnie des Indes , dans ses derniers 
traités commerciaux, paraît s^être conduite 
d-après un nouveau principe, c'est l'exten- 



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— 284 — 

sion de son commerce , ce sont les privilèges 
de ses propres bateaux , navires et marchandises 
qui semblent avoir été Fobjet de ses négocia- 
tions et de sa sollicitude. Son agent ne devait 
s'occuper que d'intérêts commerciaux et veiller 
à ce que les stipulations ne fussent pas violées ; 
c'était ainsi qu'elle' était déjà parvenue à con- 
clure un traité de commerce avec le Sindh, 
lequel traité , peu de temps après l'établissement 
des émirs Talpours , fut annulé par l'expulsion 
brutale de l'envoyé britannique. La réouverture 
des négociations relatives à un traité purement 
commercial , et sans aucun objet politique , 
parait avoir été calculée pour faire sentir que 
le gouvernement anglais n'a en vue que ^es 
intérêts mercantiles. Certes, ce n'est pas là 
le moyen d'élever son caractère , ni d'ajouter 
en rien à son crédit et à son influence sur les 
conseils des divers chefs , avec lesquels on par- 
viendra à établir ainsi des relations. Et après 
tout, la plus forte objection qu'on puisse faire 
à de tels traités, c'est qu'ils n'empêchent en 
aucune manière les cours avec lesquelles ils 
sont conclus d'entamer ou de poursuivre des 



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- 288 — 

in troués et des négociations directes avec les 
états contre lesquels il serait à désirer qu'ion 
prît des précautions. Au temps où Ton com- 
mença de négocier avec le Sindh , on sut qu^un 
agent de la Perse était à Haïderabad offrant la 
main d^une fille du roi au fils favori de Mir 
Mourad Ali. Or, si Fétat du Sindh venait à 
entrer dans des relations intimes avec la Perse, 
le tra^jlé commercial que nous pourrions con- 
clure ne saurait empêcher les Russes de s'insi-* 
nuer là où la cour de Perse leur aurait préparé 
les voies. Ils pourraient ainsi tourner contre 
nous les ressources du Sindh, où au moins 
neutraliser les avantages que nous pourrions 
espérer dVn retirer pour la défense de la fron- 
tière occidentale de llnde. Si jamais FHindous- 
tan est envahi par l'ouest , certainement on se 
battra surTIndus, et il faudrait manquer de la 
prévoyance la plus commune , pour ne pas 
chercher à s^assurer de Paccord unanime et 
courageux des chefs des états et des tribus 
contre Tenvàhisseur. On dira peut-être que le 
temps n'est pas encore venu de s'occuper de 
tels sujets*, mais que le danger soit prochain ou 



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— Me — 

éloigné , ne serail--ce pas agir imprudemiiirBDt 
que de prendre des mesures capables de pro-» 
duire de Firritation ou de diminuer le respect 
et rinfluence que le gouvernement anglais, 
souverain déclaré de la plus grande partie de 
THindoustan, doit naturellement posséder sur 
Fautre. 

Aussitôt qu^il eut reçu ses instructions, le co- 
lofiel Pottinger fit prévenir les émirs du Sipdh^ 
et en particulier Mir Mourad Ali de Haidera- 
bad , quMl avait reçu commission du gouver- 
neur-général pour traiter avec eux de quelque 
point important. Il demanda la permission re-' 
quise de se rendre à Haïderabadpours^acquitter 
de sa mission. Cette peitoission lui ayant été ac- 
cordée, non sans quelque délai, et le gouverne- 
ment de Bombay Fayant pourvu de Fescorte, des 
fonds et des bagages nécessaires à Fenvoyé du 
gouvernement suprême, le colonel Pottinger 
partit du Cotch et arriva à Haïderabad dans le 
coursde février 1 832.11 exposa sans retard les viies 
du gouvernement britannique et remit à Mir 
Mourad Ali une lettre du gouverneur-général, 
où ellesétaient exposées toutaulong. Alors corn- 



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— 287 — 

meoça une suite de longues et ennuyeuses dis- 
cussions pendant lesquelles quelques projets et 
contre-projets fîirentéchangés départ etd'autre. 
Après une longue négociation un traité fut enfin 
conclu avec Mir Mourad Ali , au nom des chefs 
assemblés à Haïderabad, le 20 avril 1 832. Il fat 
ratifié à Shimia , par le gouverneur-général , le 
19 juin suivant. Voici cette ratification : 

(( Un traité comprenant sept articles ayant 
(( été conclu le 10 zilhidji de Tan 1247 de 
'( FHégire, correspondant au 20 avril i832, 
<( entre Fhonorable compagnie des Indes orien- 
« taies et S. A. Mir Mourad Ali Khan , Tal- 
« pour (i), Bahadour (2), souverain de Haïde- 
t( rabad , dans le Sindh , par Fintermédiaire du 
n lieutenant-colonel Henry Pottinger, envoyé 
(c du gouvernement britannique , agissant d^a- 
f( diaprés les pouvoirs à lui conférés par le très 
H honorable lord William Cavendish Bentinck, 
« grand-croix de Tordre du Bain et de Tordre 
« de la Jarretière, gouverneur-général des 

(1) Nom de famille. 

(3) Titre honorifique qui signifie brave. 



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— 288 — 

'( possessions britannic[ues dans les Indes., le 
r< présent engagement à été fait à Shimla, ce 
ce jour, 19 juin 1882, en langue anglaise et 
(( persane, pour la parfaite confirmation et re- 
a connaissance des obligations que contient 
H ledit traité et qui sont les suivantes : 

« ARTICLE i*'. — L'amitié déjà établie par de 
(( précédens traités entre le gouvernement bri- 
c( tannique et celui du Sindh reste sans atteinte 
« et même reçoit une nouvelle force des stipu- 
« lations conclues par Tintermédiaire du lieu- 
<t tenant-colonel Pottinger, envoyé, ptc. , afin 
« que cette amitié et cette alliance, existant 
« maintenant entre lesdits états , puisse des- 
(( cendre aux enfans et successeurs de la maison 
(c dudit Mir Mourad Ali Khan , d'héritier en 
« héritier, de génération en génération. 

a Art. a. — Les deux puissances contrac- 
te tantes s'engagent à ne jamais jeter des yeux 
(c de convoitise sur les possessions Fune de 
K l'autre. 

« Art. 3. — Le gouvernement britannique 
(( a requis le passage pour les marchands et 
« trafiquans de l'Hindoustan, par le fleuve et 



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— 28© — 

^ les routes du Sindh, pour qu'ils y puissent 
n transporter leurs marchandises et objets de 
« négoce d'un pays à un autre. Ledit gouver- 
ne nement deHaïderabad acquiesce à cette de- 
<c mande aux trois conditions qui suivent : 

« i** Aucune personne ne pourra lever de 
^ plan des places militaires , sous prétexte de 
n voyager par lesdits fleuves et routes. 

« 2" Aucun navire ou bateau armé ne pourra 
<( réclamer le passage sur ledit fleuve. 

<c 3"" Aucun marchand anglais ne pourra 
<c s^établir dans le Sindh , mais lorsqu'^il sera 
ce venu dans ce pays et y aura séjourné le temps 
« nécessaire à la conclusion de ses affaires, il 
41 devra retourner dans Tlnde. 

« Art. 4' -^ Lorsque des marchands vou- 
4( dront faire un voyage dans le Sindh , ils de- 
<( vront obtenir des passeports pour ce faire du 
H gouvernement britannique. Connaissance de 
<i la délivrance de ces passeports devra être si- 
ic gnifiée audit gouvernement de Haïderabad^ 
(c par le résident dans le Cotch ou par quel- 
u que autre oflicier du gouvernement britan- 
M nique. 

Orig. et paogr. ^^ 



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— 890 — 

« Art. 5. — Le gouvernement de Haïde- 
u rûbâd ayant déterminé les droite fixes et mo- 
« dérés qui devront être levés sur les raaN 
a ehandises et objets suivant lesdites rottteâ, 
« devra s^en rapporter à ce tarif et ne pourra, 
« ni arbitrairement, ni deapotiquetnedit^ les 
« augmenter du lés diminuer. Afin que les 
(( cargaisons déis marchands et trafiquons pbi»- 
u sent voyager sanfe éprouver ni délais ni in- 
(( terruptîon , il est entendu que les offiders de 
t( douanes et fermiers des revenus dil gôufer- 
x nement dû Siirdh devront veiller à ce l^u'on 
a ïi'appôrte aucuû obstacle auxdits marehatids , 
w sotis prétexte de nouveatix ordres reçus tié la 
« part du gouvernement, ou de k levée des 
(( droits. L'édît gouvernement pronlulgtoôra un 
(( tarif oU tableau des droits à lever sur 
« chaque espèce de denrées , •selbti Tôccur- 
cc renée. 

« ÀW. 6. — Les sti^pulalions tfiftè 'preihiert 
m traités conclus étttre les deuit états, tjttinfe 
a Sont pai ^Itérèeà ôU rtfodifiécspâr le présent, 
« subsistent dans Ve/iWe leur (<sttà , àussî bien 
« que les stipulations qui, conclues en ce jour 



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— 291 — 

n par la bénédiction de Dieu , ne devront ja- 
a mais être violées. 

<c Art. 7. -^ Les relations amicales entre les 
i( deux états seront entretenues par des dé- 
ic pêches toutes les fois que les affaires ou un 
u accroissement de relations amicales le rendra 
a nécessaire. )» 

Ce traité complémentaire fut encore conclu 
avec Mir Mourad Ali Khan. 

il Les articles suivans ayant été agréés le 22 

K avril i83â, entre Thonorable compagnie des 

Ai Indes orientales et S. A. Mir Mourad Alî 

«Khan, Talpour, Bahadour, souverain de 

n Haïderabad , dans le 8indh , comme complé- 

n mentaires du traité conclu le 20 avril 1882 , 

<( par Tintermédiaire du lieutenant-colonel 

<( Henri Pottinger, envoyé de Thonorable com- 

K pagnie des Indes orientales et agissant en 

M vertu des pouvoirs à lui conférés par le très 

a honorable lord William Cavendish Bentinck, 

w grand-croix de Tordre du Bain et de Tordre 

<( de la Jarretière, gouverneur-général des 

<( possessions britanniques dans Plnde , le pré- 

<( sent engagement a été fait à Shinila , ce jour, 



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— 292 — 

(( ig juin i832 , en langues anglaise et pér- 
it sane, pour la parfaite confirmation et recon- 
« naissance des obligations que contiennent 
« lesdits articles et qui sont : 

« Art, 1 . — Il a été inséré à Tarticle 5 du 
« traité perpétuel que le gouvernement de 
« Haïderabad fournira au gouvernement bri- 
a tannique un tarif des.droits, etc., et qu^après 
rt ce , les officiers du gouvernement brîtan- 
c nique, experts dans les matières commer- 
ce ciales, examineront ce tarif. Si ce tarif leur 
M parait juste, équitable, convenable, il sera 
« aussitôt mis en vigueur, mais s'ils leur parait 
'( trop élevé , S. A. Mir Mourad Ali Khan, sur 
« la requête du gouvernement britannique , 
« présentée par le lieutenant -colonel Henri 
« Pottinger , voudra bien réduire ledit tarif. 

« Art. 2. — Il est clair comme le jour que le 
<c châtiment et Tanéantissement des pillards 
« deParkhar,Thall,etc., ne peut être poursuivi 
« par un seul gouvernement, et que d'ailleurs 
<( cette mesure est pressante et intéresse les 
c( états, puisqu'elle tend à assurer la richesse 
« et le bonheur de leurs sujets et territoires 



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— 993 — 

;i y^ respectifs. Il est donc stipulé qu^aussitôt aprèâ^ 
^ic la saison des pluies , Mir Mourad Ali Khan , 
gi;iu « ayant donné connaissance de cette circons- 
<c tance dans les formes convenables , le gourer- 
, c( nement britannique^ ceux du Sindh et de 
,^' u Djodhpour devront réunir leurs efforts pour 
(c parvenir au but ci-dessus désigné. 

<c Art. 3. — Le gouvernement de Thonorable 
. <c compagnie des Indes orientales et celui de 
« Kheïrpour, représenté par son chef, Mir 
«I Rous tam , ont réglé, par un trai te conclu entre 
(( les deux états, que tout ce qui a été statué à 
<( Haïderabad sur l'ouverture de llndus est 
« aussi accepté par les deux puissances con-* 
« tractantes . Il est nécessaire cependant que des 
ce copies du traité conclu avec Mir Mourad Ali 
« Khan soient envoyées par les gouvernemens 
« britannique et de Haïderabad à Mir Rous- 
<r tam pour sa satisfaction et son instruction. » 
Il est bon de faire remarquer ici qu^aucune 
de ces conventions ne fut définitivement rati- 
fiée que quand on eut déjà traité avec le chef 
de Kheïrpour. La jalousie que ces négociations 
firent éclater et la crainte^que le chef de Kheïr-^ 



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— 9M — 

pour ne se détachât pour toujours de Passocia- 
tion des Mirs Talpours, fut la principale cause 
qui engagea Mir Mourad à signer. Le traité avec 
Mir Roustam était ainsi conçu : 

u Un traité comprenant <{uatre articles ayant 

H été conclu le 2 du mois ùV kade de Tannée 

(( £247 de Thégire , correspondant au 4 ^vril 

H i 833 ^ entre Thonorable compagnie des Indes 

K orientales et Mir Roustam Khan, Talpour ^ 

K Bahadour , chef de Kheïrpour dans le Sindh , 

« par intermédiaire du lieutenant-colonel 

« Henri Pottinger, envoyé du gouvernement 

« anglais y agissant en vertu des pouvoirs à lui 

ce conférés par le très honorable lord William 

fc Cavendish fientink^ grand-croix de Tonire 

« dû Bain et de la Jarretière , gouyerneuivgé- 

« oévBil des possessions britanniques dans les 

H Inâes^ le présent engagement a été fait ce 

a jouTf 19 juin i832, en langues anglaisée! 

« persane , pour la parfaite confirmation et re- 

(( conxiaissance des obligations que contient le- 

« dit traité et qui sont: 

a Art. tt • — Une amitié éternelle subsistera 
« entre les deux états. 



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— 1198 — 

<r Art. 2. — Les puissances contractantes 
« s^engagent mutuellement, et de génération en 
(( génération, à rie pas jeter des regards decon* 
« voitisesur les possessions Tune de Fautre. 

a Art. 3. — Le gouvernement britannique 
K ayant requis le passage par Tlndus et les 
(L routes du Sindh pour les marchands de 
« PHindoustan, etc., le gouvernement deKheïr- 
(( pour garaptit ce passage dans les limites de 
« son territoire aux mêmes conditions que celles 
<c qui seront réglées avec le gouvernement de 
« Haïderabad, c^est-à-dire Mir Mourad Ali 
« Khan , Talpour. 

(( Art. 4- — Le gouvernement de Kheïr- 
ff pouf fournira par écrit un tarif juste et rai- 
« soppable dès droits à lever sur les n^archan- 
<c dises qui profiteront des bénéfices de ce 
<c traité , et selon les conditions que le3 négo- 
<( cians i^e devrpnt ni abandonner ni violer 
« dans la conduite de leurs affaii^es. 



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CBAVZTBX ZI. 



Caractère et politique de BaDcVpt Singh. — Ses revenus. — Force 
Âc son armée. •— Observations générales, (i). 



Le caractère personnel du souverain actael* 
de Lahor peut être apprécié d'après ce que 
nous venons de rapporter dans les chapitres 
précédens; néanmoins, il pourra être utile 
d^en faire , en quelque sorte j le résumé ^ et 
d^exposer Tétat présent de son royaume, de ses 
ressources , de ses moyens militaires. 

Nous avons dit que Randjit Singh nVvait 
reçu aucune instruction. Il ne sait lire ni 
écrire dans aucune langue^ mais Phabitude 
d^en tendre lire des papiers écrits dans des lan- 
gues de la Perse, du Penjab, de Tlnde, les 
efforts de son attention qui s^attache même 
aux détails des affaires, lui ont donné une 
grande facilité pour suivre et comprendre la 

(i) Voir comrae complément de ce chapitre ce que dit 
M. Al. Burnes, vol. I, chap. XIV, pag. 296. 



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— 297 — 

plus grande partie des choses qui lui sont sou-» 
mises. Aussi, bien qu^il soit incapable d^appré- 
cier le mérite du style ou de dicter lui-même 
ce qu^il voudrait faire écrire, il traite cependant 
les affaires avec rapidité , il est toujours prêt à 
donner des ordres précis et décidés sur les mé- 
moires et réclamations qu^on lui lit , et lors- 
qu'aune copie convenablement faite lui a été 
remise , il sait bien reconnaître si elle remplit 
parfaitement ses vues. Ses secrétaires parti- 
culiers ne le quittent jamais , souvent ils sont 
réveillés pendant la nuit pour expédier les or- 
dres qu'un souvenir subit ou le caprice du 
maha-radja lui fait donner. Sa mémoire est 
excellente , et se rappelle les détails aussi bien 
que les circonstances les plus importantes. Son 
esprit est toujours actif, et son œil vif et scru- 
tateur ne laisse rien échapper ; sa perspicacité 
à apprécier les caractères , à deviner les motifs 
des actions d^autrui , lui donne de Pempire et 
de Pinfluence sur tous ceux qui rapprochent , 
et n^ont guère été que les instrumens de sa 
puissance si rapidement accrue. A une grande 
finesse , il joint une imagination très vive ; 



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— 888 — 

et quoiqu'il nWblie jamais le but qu^il a en 
vue , il a cependant dans la conversation une 
franchise et unehaïveté pleines de charma. MSes 
observations et ses remarques , il les présente 
ordinairement dans une phrase brève , claire , 
inachevée ou sous forme d^interrogation, mais 
elles sont toujours si frappantes qu^elles restent 
fixées dans la mémoire de ceux à qui elles sV<- 
dressent, tant elles sont étranges et revêtues 
d'une séduisante originalité. Il a un grand pour 
voir de dissimulation; gous les dehors de la 
plus grande franchise et même dans le eom* 
merce de Fintimité il sait poursuivre de per-* 
fides desseins et des trahisons. Sur le champ 
de bataille, il s'est toujours montré brave et ré- 
solu de sa personne , mais rien dans ses plans 
n'est abandonné au hasard ou à l'aventure* Il 
a toujours préféré l'adresse , l'habileté et même 
la corruption , comme moyen de succès , aux 
entreprises éclatantes qui excitent l'admiration 
ou inspirent la terreur. Sa fertilité d^expédiens 
est vraiment incroyable , et jamais il n'a été 
embarrassé pour trouver des ressources même 
dans les plus grands dangers. Cependant quel- 



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-- 299 — 

ques-unes de ses actions trahissant le caprice et 
rinstabilité de ses desseins, car on ne saurait 
quelquefois en indiquer ou en imaginer les 
motifs. Sa conduite dans toutes les circonstances 
de la vie prouve quUl est intéressé , sensuel, dé«- 
bauché même à Texoès ; sans égard pour aucun 
lien d^affection, du sang ou de Famitié dans la 
poursuite de ses vues ambitieuses ou de ses 
plaisirs. Démesurément avide , car c'est sans la 
moindre pitié et sans remords qu^il a ruiné et 
réduit à la misère des veuves , des orphelins , 
et des familles qui avaient des droits à sa con- 
sidération et à son respect, quW s étonne de 
ne lui avoir pas vu reconnaître, ne fûtu-ce que 
par politique. Dans 5a jeunesse il se moutra 
prodigue pour ses favoris et libéral dans pres- 
que toutes les occasions , mais avec Fâge est 
venue Tavarice^ et le désir d^amasser a étouffé 
toutes ses autres passions , aussi tout le monde^ 
même les officiers attachés à sa personne et ceux 
qui sont en faveur, ne l'approchent qu'avec la 
crainte d'être victimes de quelque exaction^ Wn 
d'espérer que sa générosité ajoutera queilque 
chose à leur fortune. Son tempérament était 



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— 800 — 

excellent dans sa jeunesse, et en quelque sorte 
toujours à ses ordres, mais aujourd'hui la sus— 
ceptibilité d'une constitution ruinée le domine 
souvent. On Ta vu transporté de colère , des- 
cendre jusqu'à user de violence contre les ob- 
jets de sa rage ; mais cependant il ne s'est jamais 
abaissé jusqu'à commettre des actes de cruauté, 
et jamais la vie de personne n'a payé même les 
offenses les plus graves. 

Il est petit de taille, et la perte d'un œil, par 
suite de la petite vérole, lui ôte un peu de son 
apparence qui est loin cependant d'être vul- 
gaire, car sa physionomie est pleine d'expres- 
sion et de vivacité et s'embellit d'une magni- 
fique barbe blanche qui descend jusque sur sa 
poitrine. Dans sa jeuftesse il dut être très vi- 
goureux et très actif, mais aujourd'hui il est si 
affaibli qu'il est forcé pour monter à cheval 
d'avoir recours à un procédé assez singulier. 
Un homme se met à genoux devant le maha- 
radja qui passe la jambe sur son épaule, ensuite 
l'homme se lève en le portant : on fait alors ap- 
procher le cheval et Randjit Singh met son 
pied droit dans l'étrier, il prend la crinière, et 



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— 301 - 

passant la jambe gauche par-dessus la tête de 
rhomme et le dos du cheval , il chausse Fautre 
étrier. Son amour pour seschevaux est extrême ^ 
et nous avons eu plusieurs fois occasion dVn 
parler. Ils sont toujours auprès de lui, couverts 
de bijoux et de riches caparaçons; souvent il 
les caresse. Pour lui-même , il est simple dans 
sa toilette et peu recherché dans toutes ses ha- 
bitudes ; son régime se compose de stimulans ^ 
puissans dont il use immodérément. Il aime 
beaucoup cependant les parades et les specta- 
cles militaires , il emploie près de la moitié du 
jour à passer des revues, inspecter des équi- 
pemens ou à refléchir sur quelque moyen d^ac- 
croitre la puissance de son armée. Il parait 
aussi prendre plaisir à voir ses ofiiciers et ses 

courtisans couverts de bijoux et de magnifiques 
parures , et tout le monde convient qu^iis mon- 
trent beaucoup de goût , car la pompe du dar- 
bar de Lahor est vraiment remarquable. 

Quoique peu dévot, et qu'il se soit montré 
très habile à maîtriser le zèle et le fanatisme des 
Akalis et autres sectes religieuses, Randjit 
Singhse conforme cependant avec beaucoup de 



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— 308 — 

scrupule à toutes les observances de la foi reli- 
gieuse des Sikhs ; tous les jours il se fait lire le 
Granth par les gourous ; il est généreux et cha- 
ritable pour les faquirs et les hommes qui ont 
acquis une réputation de sainteté. Enfin il est 
superstitieux à Fexcès , il se livre facilement à 
de fantastiques imaginations sur sa destinée et 
sa fortune, et jamais il ne manque de consulter 
ses astrologues avant de rien entreprendre d^im- 
portant. 

Le fait le pi ils remarquable de la politique 
et du gouvernementintérieurdeRandjitSingh, 
c^est le manque absolu de tout ce qui ressemble 
à un système ou à des principes dVdministra- 
tion» Sa carrière a été celle d'un usurpateur 
qui empiète sans cesse et s^empare de tout ce 
qui est à sa portée , mais tout ce qu'il a ainsi 
gagné il ne Ta soumis à aucun système de ges- 
tion. Le tout est confié à des fermiers avec 
pleine puissance sur la vie et les propriétés des 
classes productrices , Randjit Singb s'^û repo- 
sant sur ses forces militaires pour contrôler les 
comptes de ses fermiers , pour leur faire rendre 
tous les profits illicites qu'il pourraient faire. 



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— 505 - 

rféàïinûioins ses exactions sont dirigées surtout 
contre les vieilles familles sikhes et ses propres 
officiers : les marchands et les voyageurs sont 
protégés 9 les droits -et les taxes auxquels ils 
sont soumis sont généralement modérés. Randjit 
Siûgh a cependant mahifesté Tinlention de se 
réserver le commerce de quelques articles, 
comme les châles, le sel etc., mais on peut dire 
que toutes ses richesses lui viennent du mo- 
nopole, qu^il les a tirées de ses exactions ou de 
sfonirces impures^ 

On ne peut dire encore que Randjit Singh 
ait donné aii Penjab une constitution ou une 
fottoe fixé dé gouvernement. H n'y a dans ce 
pays ni loi écrite ou orale, ni cour de justice. 
Le Gourou'Mata^ ou ancien conseil des Sikhs , 
a éessé dVxistet comme toutes les institutions 
antérieures à rétàblis^emeta t du pouvoir actuel . 
La dernièi^e assemblée de ce eonseil se tint 
lorsque tïolkat, pontsnivi par Tarmée anglaise, 
entra dans le Pe^àb; il s^agissaitde savoir quel 
parti les Sikhs prendraient comme nation dans 
cette circonstance. Randjit Singh , quoiquMlfût 
le chef le plus influent, refusa de reconnaître la 



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— 304 — 

suprématie de rassemblée et prétendit que la 
question intéressant tout le corps de la nation , 
ne pouvait être résolue que par le suffrage uni- 
verseL Aujourd'hui le gouvernement parait 
être un despotisme pur; Tarmée permanente 
et toujours prête au service actif, la force tou-* 
joursarmée contre les concussionnaires etles pré- 
varicateurs, voilà les seuls ressorts de la machine 
administrative. C'est ainsi qu'elle remplit le 
trésor, contrôle les actes des fonctionnaires 
publics, sujets tout puissans, et enfin gouverne 
chaque classe de la population. L'influence 
personnelle et les ordres du chef de l'état, 
tel est le lien unique de la discipline et de l'af- 
fection des troupes. Ainsi tout le pouvoir et 
toute l'autorité sont concentrés dans les mains 
d'un individu que la fortune et ses propres ta- 
lens ont placé à la tête des affaires; mais lors- 
qu'il sera éloigné de la scène, à moins qu'un 
autre ne se présente pour remplir sa place avec 
une énergie et un empire égal au sien sur les 
attachemens et les affections des petits princes 
qi^i lui sont soumis, ce que, il faut le craindre, 
on ne saurait attendre du caractère de Kharak 



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— 503 — 

Singh, tout devra nécessaireiïient retomber ciaiis 
là confusion. 

Les possessions territoriales de RandjîtSingh 
comprennent aujourd'hui toute la partie du 
Penjab enfermée entre llndus etleSatledj. Il 
possède aussi le Gachemir et tout le pays des 
montagnes jusqu'à la chaîne neigeuse et même 
Ladak au-delà de THimalaya i en eflPet, quoique 
plusieurs radjasde la contrée aient encore con-^ 
serve leurs gouvernemens, ils ont été réduits à 
rétat de sujets , ils paient un tribut propor- 
tionné à leurs ressources, envoient lorscjii'ils eh 
sont requis leurs contingensàFarmééiîe Làhor. 
Outre cette étendue de territoire, Randjit Singh 
possède encore environ 45 talouks en person- 
ne ou en partage avec d'autres sur le côté an- 
glais du Satledj ; à l'ouest de l'Indus, il occupe 
Kheïrabad , Akona et Peshaver , Darra-Gazzi- 
Khan, affermé au nabab de Bahawalpour , et 
Darra-Ismael-Khan assigné, comme nous l'a- 
vons dit, à Hafiz Ahmed Khan de Mankera. if 
lève encore des tributs sur les chefs Beloutchis 
de Touket Sagour au sud. Le capitaine Murray 
estime que le total du revenu et des tributs 
Orig. et progr. 2*0 



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— 5C« - 
levé annuellement sur toutes ces 

ronpirt. 'i) 

possessions est i2,4o3,900 

En outre, les douanes du Pen- 
jab rapportent à Randjit Singh.. 1,900,600 

Le moharanay droit sur les 
papiers soumis au sceau de Randjit 
Singh 577,000 

Formant le khalsa ou revenu ■ 

direct de i4,88i,5oo 

Le même officier estime que le 
reste du territoire divisé en djagirs 
ou fiefs tenus par de vieilles fa- 
milles sikhes et les établissemens 
dont les revenus nesont pas com- 
pris dans les khalsa, rapportent 10,928,000 

Faisant ensemble pour tous les 
revenus du pays soumis à la do- 
mination de Randjit Singh un 
total de (2) 25,809,500 

(i) La roupie vaut 2 fr. 5o c. de notre monnaie ; le Iakb 
de roupies, 1 00,000 roupies ou s5o>ooo fr. ; le crorede 
roupies équivaut à 100 lacks ou 5i5,ooo,ooo fr. 

(3) Le général AUard pense ^e cette estimation est de 
beaucoup inférieure à la réalité. Il porte les revenus de 



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— 507 — 

Ce chiflre n'est pas loin de celui assigné dans 
les livres du gouvernement mogol pour le pro- 
duit du souba de Lahor ; et si Ton considère que 
le Cachemir et le territoire au sud du Satledj 
y est compris , la correspondance du total fait 
bien présumer en faveur de Inexactitude de 
cette estimation , car la province ne peut pas 
produire sous les. Silchs autant qu^au temps 
paisible de Tempire mogol. 

Randjit Singh a depuis quelques années 
amassé un trésor, et le fort deGovindgarh, bâti 
par lui et placé dans une excellente position , 
est le lieu principal de ses dépôts. Le capitaine 
MurrajTi diaprés les meilleurs renseignemens 
qu'il put rasseint^l^r , qui doivent cependant 
être imparfaits et vagues , estime que la valeur 
des richesses aGCu^lulées par Randjit Singh 
tant en monnaie qu^en bijoux, chevaux, été- 
phans ne doit pas s^élever à moins de 4ix crores 
de roupies ou envirop dix millions de livres 
sterlings (a5o, 000,000 fr.); quelques piersonnes 
portent cette estimation beaucoup plus haut, 

l'état de Lahor à environ cinq crores de roupies ou 
1 25,oo0;O00 fr. 



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— 308 — 

m ais deiek calculs ne peuvent reposer que sur des 
conjeclures et pèchent généralement par Texcès. 

Le même officier nous a donné des détails 
sur la force militaire de Tétat de Lahor, et son 
autorité est la meilleure que nou^ . puissions 
suivre. 

Troupes régulières* . 

Cavalerie disciplinée par le gé- 
néral Allard, et troupes spéciales 
montées aux frais de Fétat, Ghour- 
char et Ghourchar Khas (i). 12,81 1 toR"..^ 

Infanterie.Bataillonsdisciplinés, 
Nadjibs et troupes dressées sous 
la surveillance du maha-radja. 14^94^ 

Total des troupes régulières, 
infanterie et cavalerie, 27,762 

Garnisons , comprenant les 
troupes employées dans le Cia- 
chemir. — Cavalerie. 3^6oo 

Infanterie diversement armée 
et équipée àS^gSo 

26,930 

(i) Dix mille, selon le général Allard. 



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— 509 — 

Contingèns de serdars , consis- 
tant pour les pays de plaines prin- 
cipalement en cavalerie , et pour 
les pays de montagnes en inÊin- 
terie. 27,312 

Total des troupes, infanterie et 

cavalerie. 82,014 

^artillerie de Randjit Singh consiste en 876 
canons (i) et 870 tromblons portés sur des cha- 
meaux ou des voitures légères appropriées 
à leur calibre. Il n'a pas de corps d^artil- 
lerie enrégimenté et organisé comme dans 
les armées européeunes. Un darogha est à la 
tète d^un grand établissement tjui, si Brandjit 
Singh fait des pîréparatifs pour un siège , oc- 
cupe au moins' 4 o^ 5, 000 hommes. Mais dans 
le temps de paix, ou quand on ne se prépare 
pas à de grandes opérations, ce nombre est in-^ 
finiment réduit. Quelques corps de cavalerie 
et tous les bataillons d^infànterie ont des com- 
pagnies dWtillerie qvti-leur sont attachées; le 

(1) Cent pièces d*arlillerie de campagne^ complètement 
armées et équipées; le reste est employé à la défense des 
plapes. 



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— 312 — 

l^abiludes de 'Ja paix rem{daceront le bruil et 
la perpétuelle activité de l|i guerre et des "en- 
treprises militaires. 

Que. ceux qui âont disposés à accorder à 
Randjit Singh la gloire due au fondateur d^un 
empire et d^une dyn^lie, ne pensent pas que le 
peu d^étendue de son rojaumedoive Tempêcher 
desoutenii la comparaison avec d^autresconqué- 
rans. Les circonstances de sa position; d^un 
côté , la puissance anglaise que son pouvoir né 
dénier n^aurait pu attaquer sans folie; deFautre, 
la population fana|,iqu^ des Musulmans de TAf- 
ghanistan, sont des barrières qii^iln^a pu passer 
et qui ont dû lui ôter tout espoir de porter la 
douiination sikhe au-4elà de ses limites ac- 
tuelles. Cependant tout ce qu'ail a su déjà ga- 
gner sur les Afghans , et Fadresse avec laquelle 
il a réconcilié dans beaucoup de circonstances 
les braves et bigots Musulmans ^ à Fautorité 
d'une secte enneniie et même méprisée ; voilà 
des titx'es degloire assurés pour legouvernement 
et la politique de Randjit Sîngh. 

En présence des Anglais, il n'a pas fait preuve 
4uns sa conduite d'une moindre sagacité. Al- 



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_ 515 — 

Ipniif à éviter toûle rupture , il a su tirer avan- 
tagie des circonstances au moment même où le 
gouvernement anglais |lui imposait le Satledj 
pour limite de son empire ^ et arrachait à ses 
lois toute la région comprise entre ce fleuve et 
la Jumna , occupée alors par les Sikhs et qu^ils 
regardaient comme leur possession légitime et 
certaine. Lorsque la défiance et les soupçons 
excités par notre intervention dans ce pays 
furent apaisés, et qu'il se fut assuré que le 
gouTernement intervenant n''avait aucun désir 
de conquête ou de sHmmiscer dans ses affaires 
avec des vues ambitieuses, Randjit Sipgh ouïr 
liva Tamitié de nos officiers , désira de paraître 
uni à nous par d'intimes relations et la plus 
parfaite intelligence. Il semble maintenant bien 
convaincu que cette amitié et ces engagèmens 
pourraient être encorb plus étroits, et on ne 
saurait douter que si jamais Toccasion se pré- 
Sien lait de profiter de cette disposition pour 
faire des préparatifs contre un ennemi venu de 
Touest, Randjit Singh ne se rangeât sincère- 
ment de notre côté et n'employât, toutes ses 
forces à repousser Ven vahisseur;^ Ses antécédens, 



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— 514 — 

ses iatérêts, ses inclinations, tout cela est pour 
nous aujourd'hui ; ajoutons aussi que c est pour 
lui un gage de force et de sécurité que de pou- 
voir dire dans quels termes il en est avec le 
peuple anglais. 

Ayant ainsi fait parcourir au lecteur les 
degrés pas lesquels la puissance des Sikhs s'est 
élevée jusqu'à la splendeur dont elle brille 
maintenant, il nous reste maintenant à lui 
donner quelques détails sur les habitudes et les 
mœurs de cette secte, pour le mettre en état 
d'apprécier le caractère de la nation et les traits 
qui la distinguent des autres peuples de THin- 
doustan. Cette tâche a été remplie par le capi- 
taine Murray, qui a rassemblé dans un appen- 
dice au mémoire qu'il adressa à lord William 
Bentinck , le résultat de ses observations pen- 
dant un séjour de plus de quinze ans au milieu 
des Sikhs , où il eut de fréquens rapports avec 
des individus de toutes les classes, où il fut 
dans la nécessité de s'instruire pour être l'ar- 
bitre et le juge de leurs disputes. Les remarques 
du capitaine Murray , les faits qu'il a réunis , 
quoiqu'ils laissent quelque chose à regretter 



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— 515 — 

sous le rapport de leur distribution méthodique 
et qu^évidemment ils niaient pas dû être pu- 
bliés, sont néanmoins si pleins de science et de 
renseignemens précieux, qu^on ne nous pardon- 
nerait pas de retoucher à son travail. En pas- 
sant par une autre bouche, et étant disposés 
par une autre main pour une fornje plus étu- 
diée, les faits pourraient perdre quelque chose 
de leur autorité. Nous avons donc terminé ce 
livre par la transcription littérale de Fappen- 
dice destiné par cet officier à peindre les mœurs ^ 
les lois^ les coutumes des Sikhs. Cest une lec- 
ture dont Pintérêt paiera la peine du lecteur 
curieux. 



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APPENDICE. 



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DES MŒURS, 

DES LOIS ET DES COUTUMES 

DES SIKHS, 

Par le capitaine W. Murray. 



Savoir lire etécrîre sont des connaissances 
peu répandues chez les Sikhs; ce sont des scien- 
ces possédées presque exclusivement par les 
Hindous et les Moutsaddis musulmans, ou 
clercs, dont Finstruction se borne à savoir assez 
depersanpour être capable de tenir les comptes 
et la correspondance des chefs. Le gourmou- 
kha^ ou dialecte écrit duPenjab, n^est fami- 
lier qu^à un très petit nombre de Sikhs ; et en 
général ils ont pour les langues persane et 
arabe une répugnance prononcée qui leur vient 
principalement des idées et des préjugés qvCih 



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— 320 — 

nourrissent dès leur enfance contre toute chose, 
quelque utile et rationnelle qu^elle puisse être 
d^ailleurs , qui a quelque rapport ou quelque 
lien avec la religion et Téducation des Musul- 
mans. 

Les affaires se font par témoignage oral , par 
arrangemens verbaux et promesses. Les monu- 
mens du droit n^existent que dans la mémoire 
des vieillards d^une localité, c^est la tradition 
qui conserve les vieilles coutumes. Le men- 
songe, la fraude et le parjure sont la consé- 
quence naturelle d'un tel mode de conduire 
les affaires. L'argent, la crainte, Tintérêt sont 
autant de manières d'obtenir un serment, d'al- 
lumer une guerre civile , d'empêcher la décou- 
verte d'un criminel ou de le mettre l'abri du 
châtiment. Dans quelques circonstances, un 
accusé peut en appeler au Dibb^ ou ordalie; il 
doit plonger ses doigts dans l'huile bouillante 
ou porter dans ses mains un soc de charrue in- 
candescent l'espace de 5o ou loo yards, dé- 
fiant son accusateur de se soumettre à la même 
épreuve, et s'il échappe sain et sauf, son inno- 
cence est déclarée et universellement reconnue. 



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t>a sorcellerie et la magie ((fy'adou et moïù} 
ont la plus grande influence sur la conduite et 
les actions des chefs et des autres habitâns dès 
états sikhs* Une indisposition subite, un vo-^ 
missement de sang ou un malaise insolite de 
la nature et de la cause desquels un Indien 
ne saurait se rendre un compte précis, sont le 
plus souvent attribués à la malice et à Finven- 
tion d^un ennemi ou à la jalousie d^un membre 
de la famille mal disposé contre le malade. Une 
effigie de cire ou de quelque autre substance , 
des fils de certaines couleurs, des ôssemens hu-* 
mains découverts dans le domicile ou sur la 
personne d'un individu suspect sont des preuves 
irrécusables de crime et de malignité, (i) 

(i) ce La flamme innofcente, dit Gibbon, qui consumait 
« inseBsiblement une image de cire^ pouvait peut-être 
ce tirer une puissante et pernicieuse énergie de l'imagina^- 
(( tion effrayée de la personne que Ton prétendait repré- 
<c senter par cette image. )> . L'une des raisons du radja 
Djasi;^ant Sing de Nabah , pour vouloir déshériter son 
fils aîné et son héritieif , était que celui-ci s'/était adonné 
avec un ceitain Bhaï Dighanou à certaines pratiques dé 
maléBces et d'enchantemens qui devaient ruiner la santé 
x\e son père. Le serdar Bhou Singh de Roupôur porta 

OnUi, ET FROGR. 21 



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Les bons et itiauraû présages (i)^ les jours 
heureux et malheiiFeux y les heure» pdi^lcu- 
lièr^ du jour et de la nuit convenables pour 
commencer un voyage ou rentrer chést soi, 

une jplainta aerablable (k)ntre son obdé .Dai.va Siogh ; et 
cependant ces deux hpmmes étaient d'un esprit'beaucoup 
plus l^rgeetplus ferme que leurs voidils.Ratan Kounwar^ 
veuve de Mehtab Singh , chef de Thanesar , avait adopté 
un pauvre/ enfant malade^ à qui elle s'attacjia d*uhe ma- 
nièré extraordinaire, espérant Vainement quil pourrait 
un fônr lui succéder dans ses biens. Cet eâfant mourut 
en i8â8, el Ràfân Kounwar, dans Tetcès de fii» tioaleur , 
porta une plainte en forme contre ëon neveu Djamerat 
Singh , qu'elle accusait d'avoir causé par la magie la mort 
de son protégé. Elle ne put produire d'autres preuves que 
quelques habits et un prétendu ordre de poursuivre son 
fils jusqu'à la mort. La plainte (vit écartée pour cause 
d'absurdité, et Ratan Kounwar se consola en ad<^tanf 
un autre enfant. En septembre 1839, un tbanàdar de la 
rani de Thanesar pendit un brahmane suspect de ma- 
gie. La rani renvoya le thanadar absous. 

(Note de t auteur. ) 
(1) Entendre sur son côté droit chanter imc perdrix 
lorsqu'on entre dans une ville ; — des grues volant de 
gauche à droite ; — la i^ncontre d'une personne décou- 
verte ; -^ le croassement d'une pie quand on entre dans 



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sont fidèlement observés par les Sikhs et les 
autres habifans du Penjab ÙMm les fim qu'ils 
entreprennent des affaires importakite» oci st 
livrent aux soins l^s plus ordinaires et là vie. 
Avant d'entrer en campagne (i) ^ aprè* une vi-r 

une ville ou dans un village ; —, \m cbien qi«i remt^e h 
tête et les oreilles quand vous quittez la maison ; — ren- 
contrer un cadavre ou un brahmane ; — entendis pen- 
dant ta nuit hurler la femelle d'un chacal ; ^— etemuer eii 
entrant on\ ^en èoi^nt , etc. , etc. ,' sont autant de îfiaUVaîà 
présages. — Quand le ooBtraSre ai»riVe , c'^l un Ijon jjré- 
sage. Entendre sur ta gauche le chant d'une perdrix; 
— r voir des grues volant de droite à gauche ; —rencontrer 
un mehtar ou un swiper ; ^- voir des perles dauiS son som- 
ineil. — Pour un musulman rêver qu'il voit la lune, c est 
pour lui lliieui^ux présage d'une entrevue avec he pro- 
phèlte , été. , etô. — Un riche marchand indien vint une 
foi» d'Amritsar pour me parler d'aifiaires , i\ mouinit k 
Loudiana du cholëra-morbus ; ses serviteurs assuraient 
avec beaucoup de sérieux que tous les remèdes seraient 
impuissans^ parce qu'à son enti^ dans la ville le malade 
avait rencontré un homoie de k caste de Goudjar, dont Ja 
tête était découverte. . ( Nofe de routeur^ ) 

(i) Efes voleurs amenés devant moi en 1819 avaient 
abandonné (sans douté pour conjurer le mauvais présage) 
deux pièces de mousseline peinte dont ils étaient chargés^ 



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— 324 --^ 

site de térémonie à un ami éloigné ou an pè- 
lerinage, \e mahourai^ ou instant favorable 
pour le départ ou le retour doit être prédit 
par un pandii (et le pandit est, de son côté^ 
gnidé parles djomers^ ou.Veùts selon le point 
du compas d^où ils soufflent). Pour éloigner les 
fâcheuses conséquences qui résultent de pro- 
nostics funestes ou de rêves sinistres , la cha- 
rité est recommandée et en général pratiquée 
dans ces occasions par les hommes riches. Ces 
superstitions et cent autres préjugés absurdes 
viennent prendre place dans les afiPaires les plus 
solennelles de Fétat. C'est une pratique ordi- 
naire à RandjitSingh , lorsqu'il médite quelque 
entreprise importante, de faire placer sur le 
Granth Sahil(liyte sacré des Sikhs) deux bil- 
lets sur Tun desquels est écritla promesse d'une 

parce qu'en quittant Karnal ^ où le vol avait été commis^ ils 
avaient entendu un chacal hurler à leurdroité. Les dessa-' 
soûl où mauvais jours sont samedi et lundi , si le vent 
souffle de Test, dimanche et vendredi-^i de l'ouest; mardi 
et^ mercredi si du nord ; jeudi si du sud. Si le vent souffle 
du coté opposé , ce sont des jours siddh djog ou heureux « 

( Noie de f auteur. ) 



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^«88 — 

chance favorable et sur Fautre la menace d'^un 
revers (i); un enfant choisit alors entre les deux , 
et quel que soit celui qu^il apporte , Son Altesse 
^ est aussi satisfaite que si elle avait reçu une ré- 
ponse du ciel même. La connaissance de ces 
superstitions est utile et même nécessaire. Sous 
des formes variées et de manières diverses , 
elles dirigent, dans le monde de TOrient, les 
opinions, les aflPaires publiques et privées dans 
tous les rangs de la société, depuis le despote 
jusqu^au laboureur, depuis le soldat sur le 
champ de bataille jusqu^au criminel sur Fécha- 

(i) Lorsque la division de Sirhind^ entièrement com- 
posée de cipayes^ dut marcher, en 1814, sous le comman- 
dement de sir David Ochterlony^ contre le pays de 
Gourkha,Nand Singh, l'agent accrédité de RapdjitSingh, 
dit que la première marche devait se faire un jour du , 
Gasrah. On lui objecta que ce serait trop tôt ^ mais il in- 
sista pour qu'on fit au moins avancer les bagages et quel- 
ques hommes ce jour-là. On obtempéra ^ sa demande , et 
tes succès constans qu'obtint cette division dans toutes ses 
opérations furent attribués bien plus au choix d'une heure 
favorable qu'à la prudence y k la sagesse et à la bravoure 
du commandant; des o£Glciers et des soldats qui la compo- , 
N saient. {Noie de t auteur,) ^ 



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£iud. Caserait pour les officiers publics unde-^ 
voir de chercher à gagner la ooafiaiice , à s^at-- 
lirer Taffection des chefs et du peuple d^un 
pays conquis par la déférence et le respect 
de ces singularités et préjugés; et c^est, dans 
la conduite des affiiires , une connaissance bien 
utile que de savoir ainsi captiver les popula^ 
tions et agir sur elles. Pour s^adresser à de tels 
sentimens sans les ofienser ^ il faut , dans tontes 
les drconstanoes, beaucoup de discrétion y de 
prudence et de jugement ; mais lorsqu^on y 
réussit , il devient facile, par de bons procédés 
secondés d^une adresse persuasive , <le tirer 
rhomme ignorant de ses erreurs et de ses 
usages antiques pour lui faire apprécier les 
avantages qui résultent des progrès intellectuels 
et les bienfaits de la science et de la morale. 

Dans les états sikhs^ Tadministration deJa 
justice civile et criminelle est départie au serdar 
ou chef. Les crimes contre les personnes peu- 
vent , comme au moyen-âge , s^expier à prix 
d^argent. Les amendes ne sont réglées par au- 
cune ioi et sont le plus soi^vent proportionnées 
arbitrairement aux moyens présumés, du con-» 



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— 387 -^ 

damné dout la propriété est séquestrée et la<^ 
famille incarcérée pour le contraindre à payer. 
Ce$ condamnations pécuniaire^ forment une 
branche du fevenu du chef et sont une source 
féconde de richesses pour ses officiers, 'qui trop 
souvent ont recours aux plu? criiels moy^n» 
pour arracher des aveux et extorquçr de ^argent 
sous prétexte de délits réels ou im^gin^^ires. Ce- 
lui qui gagne son procès paie un shoukorana 
ou présent de reconnaissance , et celui qi^i^est 
condamné acquitte un djarimana ou droit de 
pénalité. LVgent peut assyrer la ju^ti^e, mais 
le pauvre ne saurait rien'oh tenir, Celui^lt a le 
plus de chance de< succès qui a offl^rt le» pré- 
sens lesî plus considérables, Paw W) cas où le 
droit est clair et irrécusable, pn traîne Paffaire 
en longueur pour &ire augmenter }es présens. 
Tous les officiers et les employés /dans les dis- 
tricts et départemens suivent l'exemple du chef 
ju^u^à ce qu'enfin ils soient jetés dans un bora 
ou prison , et forcés d'abandonner une partie 
de leur butin. Lorsqu'ils ont satisfait la cupi- 
dité de leur supérieur, on les voit presque tou- 
jours reprendre leurs fonctions après avoir 



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reçu un châle comme témoignage de ^veur. 
La peine capitale est rarement infligée. Les cri- 
minels incorrigibles sont punis de la perte 
d'âne main, du nez ou des^oreiUes. Il faut 
ajouter cependant que la mutilation est rare , 
car toutes les fois qu^un coupable a les moyens 
de payer ou peut fournir une caution respec- 
table, il expie par Parlent les crimes les plus 
odieux (i). 

Lorsque s'^st commis un dàka (vol avec ef- 
fraction) ou un hazzaki{'i) (vol de grand che- 
min) , on s^adresse au chef dans la juridiction 
de qui le crime s^est accompli pour obtenir 
justice. S^il la refuse, le chefdotit le sujet a 
souffert recourt à la loi du talion, il enlève 
quelques centaines de têtes de bétail ou em- 
ploie quelque autre moyen de vengeance. Cette 

(i) Dea lois rendues sous Henri YlIIy Edouard YI, 
Elisabeth et Jacq^ues V* ^ prononcent la perte delà main , 
droite ou gauche et celle des oi-^illes pour des délits qui 
lie paraîtraient pas y aux Je^x d'un Sikh , méditer une lé- 
gère amende. ( Note de Fauteur,) 

(3) Mot arabe ou turc. On dit dharvi dans le dialecte 
((u Penjab. {Note de tatUeur») 



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méthode sommaire de s^indemniser dé tous les . 
vols accompagnés de circonstances aggra- 
~ Tantes, est inévitable dans uki pays où les petits 
cheÊ , leurs officiers et zemindars ne rougis- 
^ent pas dé protéger les voleurs et de partager 
les fruits de leur coupable industrie. 

Lorsqu^un vol est prouvé , soit par un mahar- 
ArAaV(aveu de l'un des voleurs) , soit parla pro- 
duction d^un mouddo ou /zamoa/2a( partage de 
Tobjet volé ) , le plaignant doit d^àbord payer le 
tchaharam (ou quart de la valeur de Pobjet ), 
comme honoraire du chef ou de son thanadar, 
avant de recouvrer le total de ses pertes. En 
outré, \é mahar-'khaï (volçur qui a fait aveu) 
stipule le plus souvent sa décharge de toute 
poursuite ultérieure, et Fassurance qu^au- 
cune action ne sera exercée contre lui pour 
son kandi ( dividende qu'il a pu obtenir 
dans les bénéfices du vol). Cette part /des dé- 
pouilles retombe à la charge des autres voleurs 
qui la supportent par égalité. 

SHl a été enlevé du bétail , c^est une coutume 
établie que quand le souraghrkadj ^ ou trace, 
conduit à la porte ou dans les propriétés d'un 



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— 880 - 

village, Us zemîndars de ce village doiv^t 
montrer que ces traces çohdiiÎ3eiit )ior9 de leurs 
limites, ^t permettra que le viU«ge $oit fouillé 
ou payer la vsJm^r de$ aniia^vue déin^bés (4), 

Xe^ loi* de suceewiou i la pr<>prié{é t«mto«^ 
riale sont ^bîtraîre* dim^ W états sikb« py 
diversement modifiées selpq les usa^^e^^ , les 
intérêts et les préjugés des iàmiUea ; il e$t donc 
impossible de rameqer qe système won^^l k un 
principe fijce et certain* LHustitutioi^ de Tbé- 
ritage est différente pour lea Mandjhisi et les 
Malwa Sikh4 ou Singh^* Le$ premieFSs ainsi ap- 
pelés du pays cpmpris entre le Ravi et le Biab? 
d^ou ils s^élancèrent d^ahçird pour conquérir la 
Penjab et la province de Sirhind, ae furent 
bientôt, par leur caractère^ belliqueujt, établis 
définitivement dans cette régiojoi, I^es radjas de 
P^tiala, Djhind et Naba, et le bhaï deKJbeïtbalt 

(1) Hume parlant des Ang^lo-Saxons^ dit ; Si un homme 
pouvait suivre la trace du bétail qu'on lui avait enlevé 
jusque dans les propriétés d'un autre ^ ce dernier était 
obligé de prouver que ces traces conduisaient hors de sa 
propriété ou de payer la valeur des animaux dérobés. 

{^Noêe de fauieur. ) 



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r^ 951 ~ 

sont appelés vheb malwa. Les (roU premiers 
ont pour ancêtre commun Phoul , qui était 
tchoadari 4^un village prèsBalenda, et c^ostde 
lui qu^on les nomme quelquefois collectiveipeiM^ 
Phoulkiaps. L^aïeul du bhaï de Keïth^l ay^nt 
rendu quelques services à un gourou sikh 9 
reçut le titre de bhaï ou frère , comme marque 
de distinction particnlière. La perso9ne des 
bhaïs a toujours été un objet de respect pour 
leurs serviteurs. ^ ^ 

La snccçssiou réelle ou personnelle à la pro^ 
priété, 9, lieu ch^ les Mandjbis Singhs par le 
mode Bhdikandojx TchoundabandXit premier 
mode consiste daqs ]b partage égal entre les lils 
de toutes les terres , forts , fiefs et objets mobi- 
liers. Dans quelques circonstances , une double 
part est assignée au fils aîné, à titre dekhartch' 
serdarij coi^me cela se pratique dans la loi à^ 
Moïse (i). Le tchoundaband consiste dans un 
partage égal, entre les mères pour les enfiins 

mâles à qui elles ont donné naissance (a), 

* 

(i) Deutéronpme> chap. XXI -, v. i5, 16 et 17. , 
(2) La pratique du Tchoundaband esit conforme à la 
loi indienne. Yeïara dit : ce S'il y a plusieurs fils issus de 



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A la mort d'un Mandjhi Singh , décédé ^ans 
enfans du sexe masculin , ses frères ou ses ne- 
veux au premier degré ont droit à sa succes- 
sion conjointement avec sa veuve ou ses veuves. 
Selon les sastras (si on peut les, considérer 
comme réglant la propriété publique et les do- 
maines des chefs ) c^est le titre des veuves qui 
est le plus valide (i) ; mais lés Sikhs, pour éviter 
de violer ouvertement la loi, ont adopté la cou- 
tume appelée karawa ou tckadar-dala qui 
S^observedans toutes les familles, excepté dans 
celles desbhaïs. L'ainé des frères survivans 
donne à la veuve du défunt une robe blanche et 
le hithy ou anneau. Elle devient^ainsi son épouse. 

(c différentes mères par un seul homme, égaux en nombre 
(£ et en rang, le bien doit être divisé entre les mères, con- 
(£ formément au vrihaspari. v S'il j a plusieurs fils égaux 
et nombre et en rang issus d'un seul homme , mais nés 
de mères rivales, l'héritage leur sera partagé, conformé- 
ment à la loi , en répartissant le bien entre leur» mèrea. . 

{Note de fauteur-.) 
(i) Dans le Bengale et dans la plus grande partie^des 
provinces qui observent les sastras , excepté dans le Mi- 
thiia,^ la veuve est exclue de. l'héritage, elle ne reçoit 
qu'une pension. 



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Cette pratique, conforme à la loi indienne et 
juive (i) , est un préservatif contre Tincapacité 
des femmes. Sans doute, si Ton consultait lès 
désirs de la veuye on lui verrait préférer la 
possession de la.puissance et les charmes de la 
liberté, à Talternative de sacrifier ses droits à 
un beau-frère pour prendre place parmi ses 
femmes. Mais le manqué de modestie' et de 
sentiment qui forme le caractère des femmes, a 
déterminé les hommes par nécessité et non par 
choix à adopter un usage qui doit, dans un si 
grand nonibre de cas , répugner à leur nature 
et à leurs sentimens. 

Adéfaut de frèreset de neveux, la coutume la 
plus générale est de distribuer également les 
terres et les richesses mobilières entre les veuves 
des M andjhis^Singhs. 

L^adoption par les veuves n'est pas permise; 

• ' ^ 

(i) DeutëroDome ^ chap. XXV , v. 5, 6, 7 , 8, get 10. 
Yadjoùwoleya dit : m Si un fi;èt*e meurt sans postérité 
ce masculine y que son frère épouse sa veuve, conformé- 
c( ment à la foi. )> Manou règle ainsi cette espèce de ma- 
riage : (c Elfe u été mariée dans la forme convenable 
ce celle qui a été revêtue d'une robe blanche. » 



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— 354 -^ 

la ligne fâminine est exclue de la succession. 
Celle disposition a pour but d^empêcher les 
biens de passer dans une famille étrangère. 

Les inconvéniens et les abus qui naissent chez 
les familles mandjhis de la divisibilité indéfinie 
des propriétés ^ aggravée encore par la posses- 
sion en commun^ sont des maux évidens et 
sentis chaque jour plus vivement. On ne saurait 
remédier trop tôt aux vioes de ce système. ' 

Chez les Malwa Singhs , le droit d'^ainesse est 
en vigueur, et des djagirs ou portions de terre 
sont assignés aux fils cadets pour leur subsis- 
tance. C^est ainsi qu'ion remédie aux inconvé- 
niens que les lois ou la coutume ont amenés chez 
les familles mandjhis. 

Les Mahra Singhs, si Ton en excepte les 
Bhaïs, ont admis l'usage du hara/Çi^a^ prévenant, 
par ce moyen, les disputes de succession entre 
les frères , les neveu et les veuves du mort. 

Les bhaïs de Keïthal et d^autres places , tout 
en adoptantleA-araq^a, n^ont cependant aucun 
égard aux réclamations des veuves , les droits 
passent aux frères ou neveux des chefs morts 
sans enfans mâles. Les veuves des bhaïs re- 



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— 588 - 

çoivent un djâgir pdiir istibrenir aux frais dé 
leur existenceé 

, Les familles mahométanes établies dans lés 
états sikhs qui ont été assez heureuses pour 
conserver leur fortune eirombre du pouvoir, 
rejettent les dispositions de leur législateur, et 
se coudui^àt diaprés des coutumes particu- 
lières. C'étaient les lois indiennes et mahomé^ 
taiies, telles qu'elle^ sottt rapportées par le 
shara et te metakshara^ qui réglaient Fhéritage 
de la propriété territoriale. Très peu , si même 
il en était quelqu'une, des principautés de 
rinde devaicut subsister dans leur intégralité ^ 
c'était le partage par égalité qui les régissait et 
amenait conlme résultat l'extinction des grands 
éfets et l'anéantissement du pouvoir des chefs. 
Lorsque là contrée conquise par les Sikhë 
eut été partagée comme elle est actuellemcïit i, 
les premières divisions par districts , telles que 
les avaient établies les empereurs de Delhi et 
telles que les rapportaient les hanoungos ., ou 
livres de la loi, fuvent complètement effacées; 
de vives discussions s'élevèrent relativement 
aux limites de chaque village et aux terrains 



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Vagues. Les cultivateurs commencèrent la que- 
relle qui provoqua , dans le plus grand nombre 
des cas, un appel aux armes, et Teflufiion du 
sang , avant qu^on pût entendre les parties et 
que la querelle fut décidée par des zemindars 
du voisinage , nommés pour tracer la ligne de 
démarcation et ayant juré par serment solennel 
d^agir avec impartialité (i). Les parties nom- 
mèrent chacune un nombre égal de mouns^s 
ou arbitres; chacune un, le pkis souvent, mais 
quelquefois deux et trois. Ces commissaires 
traînaient presque toujours les affaires en lon- 
gueur pendant des semaine^ et des mois entiers, 
car ils étaient entretenus et payés par les parties, 
caressés et menacés par leurs chefs, leurs pa- 
rens, leurs, amis, influencés par Fesprit de 
parti , gouvernés par la crainte et justiâaient 
jusqu^à un certain point le dicton commun 

(i) Le serment dëférë aux arbitres éUïX pour un Hin- 
dou le gangû-djal , le tchour^ ou par le cuir des vaches 
sacrées , ou par la tète de son fils. Les Musulmans prê- 
taient sertnent par le Coran, ou sur la tête de leur fils. Le 
tchour et le serment "par la tête des cnfans sont considères 
comme les plus obligatoires. ( Noie de taaieur. ) 



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panni tunypentek menpaPmésar. Oh eut vt* 
cours le plus souvent à Tua des c^uq^modâsci*^ 
après d'accommoder ces différends, i* Un par- 
tage égal du territoire en litige. •— a^Lacommi^ 
siou chargeait le plus âgé et le plus respectable 
^e ses membres de tracer les limites , promet^ 
tant de s^en rapporter à sa décision.: w-^ '3«.Une 
moitié de la ligne de démarcation élaét ttiaoée 
par les arbitres de Tune des parties/ et 'la se-^ 
conde moitié par les autres arbitres. -^ ^^ La 
commission en référait en dernier ressort à la 
médiation d'un vieillard du voisinage dont les 
connaissances locales et Pexpérience leur inspi^ 
raient le plus de confiance.-— 5' Quelquefois la 
commission s^en remettait pour le partage à la 
sagesse de Tune des parties dont la probité et 
la réputation étaient bien connues. 

Les discussions relatives aux limites des vil- 
lages et accompagnées de circonstances graves 
entre les chefs et les cultivateurs de territoires 
contigus, sont excessivement fréquentes. Le 
drpit au moindre espace de terre est contesté 
avec une obstination hors de toute proportion 
avec la valeur réelle de Tobjet en litige. Les 
. Orig. et proor. 22 



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— 858 ^ 

^ €heA et leqrs sujets sont très pen scrupuletix 
sur la jttstipe et la légitimité de leur caiise; il 
suffit, diaprés les idées de justice des Sikhs, 
qu'une rédamation soit présentée pour qu'elle 
ait quelques chances de réussir; et d^atUeurs, 
ils ne peuvent rien perdi*e au jugement d'ar- 
bitres qui n'ont intérêt qu'à conformer leur 
décision aux besoins et aux désirs de ipeux qui 
les ont choisis. 

Le meurtre résultant d'un conflit provoqué 
.par «ne discussion relative aux limites, eèt sou- 
vent expié chez les zemindars par un mariage, 
ou par le paiement d'une somme de i5o à 200 
roupies, ou encore par l'abandon de t25^bîgàhs 
^e terre. Cependant, en général, ils ont re- 
cours à la loi du talion; et le khoun-baha , ou 
prix du^ang, parait une expiation insuffisante, 
surtout lorsque le crime a privé une inère de 
5on fils favori, ou i^ine épouse et ses enfans de 

' l'appui de son époux, 1 . 

Les réclamations relatives aux lies et bancs 
d'alluvion situés sur une rivière entre deux 
manoirs sont décidées par ce qu'on appelle le 
kaichmatch du kishti banna. Cette pratique ou 



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-ooixtume assigne la terra au propriétaire de U 
rive , sur laquelle TalluvioB s^est formée et d'où 
les eaux ^ sont éloignées. Si une âe se forme 
au milieu d^une rivière, et que les eaux tout à 
Tentour soient assez forYes pour porter ies ba-^ 
teaux, elle appartient de droit aux propriétaires 
établis sur les deux rives* Cette coi^tume 
n^est pas particulière aux états sikhs, elle es| 
universelle dansllude, autant du moins que 
ma connaissance des lois et usages locaux me 
permet de Taffirmer. C^est toujours le cours 
d^eau qui sert de limite entre deux propriétaires, , 
même dans le cas où son lit viendrait à changer, 
bien que Tun doive y perdre tout ce Tantre y. 
gagne. L'inimitié décidée de deux chefs ne le» 
empêche que très rarement de se soumettre à 
un usage dans lequel chacun trouve ou espère 
un avantage prochain ou immédiat pour lui* 
mêmie. En effet , les cours d^eau dans Tlnde 
sont, soumis à des variations si fréqueutes , 
qn^une saison des pluies peut vous faire rega*-* 
gner, et au-delà, ce que la précédente vous a 
coûté; la chaleur de Tété, en desséchant le 
lit des rivières, n^occasione pas des varia-- 



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lions moins fréqtientes dans la piropriélé^ 
L'Usage souvent abusif de rancien privilège 
des zemindars de barrer et détourner le^ cours 
d^eaux dans des ^02//!5 artificiels^ des coupures, 
sous prétexte d^arroser leurs terres, engendre 
des disputes sanglantes. Après de vives dissen- 
sions, le résultat le plus ordinaire est un com- 
prorqis qui règle pour les parties la jouissance 
des présens de la nature. Quelquefois, dans les 
propriétés limitrophes , les parties conviennent 
de se partager Teau également par heure, par 
jour ou par volume; d^autrefois une partie 
prend les deux tiers , et son voisin Fautre tiers, 
suivant les besoins respectifs de chacun. Les 
tenanciers dont les terres touchent aux monta- 
gnes où les cours d^eau prennent leur source, 
réclament une plus large part dans les eaux 
qu'ils répandentsur leurs terres par une miil- 
titude innombrable de rigoles faites avec beau- 
coup d'habileté par les cultivateurs. Ceux qui 
occupent des terres éloignées des sources, et 
dans des districts plus arides, réclament tou- 
jours pour que le& cours d^eau ne soient pas 
dérangés de leur lit naturel qui leur donnerait 



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— Mi - . 

à eux-mêmes assez d'eau pour arroser leurs 
moissons desséchées* 

C'est une question de savoir jusqu^à quel 
point un propriétaire aie droit d'obslruer en-» 
tièrement un cours d^eau naturel, et d^en ap-* 
proprier les eaux à son avantage exclusif et 
au détriment de ses voisins dont les droits de- , 
Traient être respectés en tant qu ils sont relatifs 
à Cet objet de propriété. Ce qui paraîtrait le 
plus juste, ێ serait le partage, autant que les 
circonstances le permettraient, des eaux et 
cours d^eati ; ceserait , quand les propriétaires 
du cours supérieur auraient satisfait leurs be- 
soins essentiels, de permettre aux eaux de suivre 
leur lit naturel et d^arriver ainsi aux proprié- 
taires du cours inférieur , soit pour Tirrigation 
des tei^res ou la consommation des habitans et 
de leur troupeaux. Les torrens sont à sec pen- 
dant un mois de Tété, tandis que les fleuves 
qui sortent de l'Himalaya , sont toujours entre- 
tenus par la fonte des neigçs , aussi le besoin 
d'eau ' dans les^ pays que ces derniers n^arrow 
sent pas , se fait quelquefois sentir si cruelle^ 
ment , qu^à peine si les habitans , métne ceux 



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établis près d6s sources ou iorrens , peiiyeut 
s'en procurer poi|r les premières nécessités de 
la TÎe, et que ceux dont les propriétés sont si- 
tuées sur le cours inférieur de ces ruisseaux ne 
cessent de se plaindre de la diminution et sou- 
vent de la disparition complète des eaux. 

Après la saison des pluies on tonstruit des. 
barrages et écluses pour élever Peau au niveau 
du terrain et faciliter les irrigations ^ si Ton ùé- 
gligeait cette utile précaution , on verrait bien- 
tôt de grands espaces , que traversent mainte-- 
nant des cours d^eau dans des chenaux profonds^ 
devenir complètement rebelles à la culture. Le& 
villages seraient dépeuplés au grand détriment 
de leurs propriétaires, les zemiiidars ne tiarde- 
raient pas à être ruinés. Pour prévenir les mal- 
heurs que cause le .manque d'eau dans les dis- 
tricts arides , on remplace les écluses' par des. 
roues hydrauliques d^une constructioM extrê- 
mement simple, qui amènent les eai^x à un 
niyeau d'^où elles peuvent facilement se répan- 
dre dans les canaux d^irrigation. Les icharras^ 
ou sceaux de cuir, mis en mouvement par dés. 
bœufs sont universellement employés pour êx- 



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— 545 ^ 

traîife Tèau ides pUits et rendent âe grands ser*- 
rices. Mais tous ces expédients ne remplacent 
que bien imparfaitement Futilité et les avan- 
tages des réservoirs écluses , surtout quand il 
ikut tirer Teau d^u^e distance de quelques 
milles. Chaque ftoul ou rigole d^irrigàtion est 
un petit canal en miniature. 

On fiance les enfansdèsla première jeunesse; 
les contrats sont débattus par les pères ou les 
proches parens qui , le plus souvent, sont in- 
fluencés par des considérations pécuniaires et 
des motifs honteux ^ bien davantage que par le 
bonheur dés énfans. Les difficultés relatives aut 
fiançailles (mangni) sont tr^s communes, et il 
n^est pas rare, dans toute» les classes de la 
sodété, dé voir manquer à une 'promesse de 
mariage (nafa ou nisbai). Quelquefois Pfmedés 
parties contractantes allègue des maladies réelles 
ou imaginaires , des défauts corporels comme 
un motif suffisant pour annuler le contrat; 
d'autrefois , c'est une souillure reprochée à la 
fam^le ou la découverte que la jeune fille a été 
promise à deux , trois ou quatre familles dont 
les parens ou les tuteurs de la fiancée ont su 



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_ ,544 — 

extorquer de Targent, dçs l>tjoux, des parures. 
Si les deux parties sont sujettes d^un même chef 
elles comparaisseat devant lui , celui-ci par 
hii-même, ou par ses officiers, accommode le 
différend on renvoie les parties devant un pen,- 
tqhayt dont les membres appartiennent à la 
même classe que les parties. Si le demandeur 
et le défendeur sont établis sur des territoires 
SQumls/ à des juridictions diverses, et si Tun 
des cbeÊ refuse de donner la s^.tisfaction exigée 
par la coutume en piiréils cas , on rejette la 
décision du pentchajt , la partie lésée, s^indem- 
nise parelle-même(^aAa) ; elle enlève lés sujets , 
les propriétés mobilières , les troupeaux de son 
adversaire et les détient jusqu^à cçque satisfac- 
tion soit repdue. Mais souvent aussi Tautre 
partie prend ^ revanche, et ce pernicieux sys-^ 
tème donne souvent naissance à de cruels ou- 
trages, à de graveç infractions contre la paix 
publique (i)« • 

(i) Une demande fut présentée contre l'état de Patiala 
par un «ujet du radja de Nabah qtii réclamait le prix d'un 
bœuf évalué à 1 5 roupies y mais l'exercice des représailles 
avait fait monter la totalité de la somme à plus de 900 rou- 



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ïl arrive souvent de voir un père ou tuteur 
fx^ndamné pour avoir marié safille ou sa:pu- 
pile à un iiomme, après Tavoir promise à un 
autre. Le chef ou un pentcha;t décide le plus 
souvent, dans ce cas, que le plaignant a droit 
d^épouser une autre femme de la famille, ou, 
s^il n'y en a pas, que les parens ou tuteurs doi-r 
vent trouver à remplacer celle dont ils put in-* 
dûment disposé , ou enfin , dernier expédient 
auquel la partie lésée ne recourt qu'à contre-^^ 
cœur, que Fargent dépensé par elle lui sera 
restitué avec intérêt, afin de pouvoir se pro-< 
curer une nouvelle épouse. 

Dans les familles djâts (i) et dans quelques 
autres des classes inférieures du Penjab, la 
coutume autorise un frère à épouser la veuve 
de son frère, par le moyen dn karaçfi^ak oniQha^ 

pies. Entre les mêmes états et par les mêmes circonstances^ 
une réclamation pour un objet de la valeur d'une roupie 
s'était élevée en quelques années à la somme de 1 5oo rou- 
pies. 

(i) Il n'y a point de mariages entre les chefs djâts des 
Sikhs et les familles d' Alouwala et de Ramga^h , ces der- 
nières étant kalais et tkokas (domestiques et charpentiei^s), 
et étant considérées comme inférieures. {Note de t auteur). 



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— 646 -* 

dardalna. ( Voy. ce qui a été dit aa sujet des 
héritages. ) lies enfans issus de cette union sont 
légitimes et habiles à hériter des biens mobiliers 
on immobiliers (i). La veuve peut opter entre 
le frère aine (djeth) ou le plus jeune firère; 
cette dernière alliance est généralement préférée 
et regardée comme plus convenable. Si la veuve 
veut renoncer aux plaisirs du monde et rester 
chaste daâs la maison de son beau-frère , elle 
est libre de le faire; mais il Êiùt dire que 
de telles résolutions sont très rares surtout de 
la part des jeunes femmes, et sont peu consi- 
dérées chez une nation connue par le re- 
lâchement de ses mœurs et la ^facilité de sa 
morale. 

' A défaut dé frères survivans, conforméiùent 
à Tusage, c^est la famille de son beau-père qui 

(i) Le radja actuel de Nabah, Dj^swant Singh et six 
chefs de SÎDghpour sont maries de cette manière. Le 
maha-radja Randjit Singh a encore étë plus loin : il a 
épouse par karawah une femme fiancée à son père Maha 
Singh , et de plus Deïa Kounwar et Ratan Kounwar^ 
veuves de Saheb Singh , c^ef Goujrat , et son oncle par 
sa mère. {Note de tauieur, ) 



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-. 547 - s 

règle le 3ort de la veuve ^ cstr dès Tinslâtit où 
ejle a quitté le toit paternel , elle est consi- 
dérée comme la propriété d^un autre ^ elle cesse 
d^avoir une volonté libre. Lorsque les m^ariages 
se concluent.d^une manière si brutale et si ir- 
rationnelle y on ne doit pas s^étonnèr si les &i<- 
bles liens et les serviles obligations qui unissent 
la femme à son époux ne lui inspirent aucune 
affection sincère., Chaque jour on voit des 
femmes tradmtes devant des chefs ou leurs of- 
ficiers pour manquemens à la fidâité conjugale, 
pour s^ètre soustraites par la fuite aux réclama- * 
tions d'un père, d'une belle-mère, aux droits 
établis d'un djeth ou damàr. Lorsqu'elles se 
réfugient sur le territoire d'un chef éti'atiger , 
il est souvent diflldle d'obtenir leur extradi- 
tion; cependaût les sollicitations d'un pen- 
tchayt, et surtout l'argument plus fort des re- 
présailles finissent presque toujours par être 
efficaces , et alors les infortunées , si dans un 
^ccès de désespoir elles ne prennent pas de 
l'opium Du ne se jettent pas dans un puits, en 
sont réduites à la nécessité dé se soumettre à 
une loi barbare , sauf à la violer encore à la 



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- 348 — 

première occasion favorable. La pudeur et 
rhonpeur sont dea sentimens inconnus aux; 
4jàC£ (i) et aux tribus inférieures* Ils feront des 
recherches actives pour retrouver leurs femmes 
lorsqu'elles se sont enfuies, ils les poursuivront 
aussi loog-terops qu^ils espéreront y gagner 
quelqu'e cho^e , ils débattront même Tindem* 
nité qui doit leur être allouée pour les^enfans. 
que Fadultère aura introduits dans leurs maw 
sons, pour Tabsence temporaire de leurs fem- 
i;nes, pour les dépenses et les soins qu'ils auront 
employ^és à les rechercher (2), 

Les débiteurs et les banqueroutiers qui se 
soustraient par }a fuite à leurs créanciers, 
trouvent protection dans les états voisins; leur 
extradition n^est demandée que très rarement, 
et quand elle Test, les ch€^^, même les moins, 

(]) Le vieux chef Tara Singh Gheïba disait souvent 
qu'un djât qui aurait perdu le nez pour quelque crime uie 
craindrait pas de rester encore dans le pays 011 ce malheur 
lui serait arrivé. Il voulait dire par là qu'ils étaient com- 
plètement étrangers au sentiment de la honte. 

{Noie de routeur.) 

{^ Deutéronome^ chap. XXill , v. 1 5 et 16. 



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|)uis§ans , ûe Taccordent jamais* Oii promet ^ 
lorsque ledélinquant en a les moyens, de le forcer 
à payter , de vérifier ses comptes jpôur sVssarer 
de ce qu^il doit. Il nWpas rare de- voir àine 
députa tion composée des chefs' ou des plus 
respectables habitans de la ville ou du village, 
dont un membre s^est enfui devant ses créan- 
ciers , se rendre auprès du chef chez qui le fu- 
gitif a trouvé un asile, et conclure avec lui des 
stipulations pour la sûreté personnelle du dé- 
biteur et son retour au milieu des siens^ si tou- 
tefois il veut retourner. 

Dans les états sikhs, il n^ ^ point d^impôts 
donf le produit soit destiné à secourir les indi- 
gens. Le plus grand nombre des faquirs appar«» 
tiennent à uupant ou secte, et chaque secte a 
des temples dotés par les chefs de terres et de 
villages (appelles Oudous et Pouras) et entre- 
tenus par les fidèles , au moyen d'ofirandes en 
nature ou en argent. Dans les villes- impor- 
tantes, des établissemens hospitaliers ont été 
fondés par les chefs et les habitans riches. On 
les nomme 5a(/a Birt ti tous les étrangers y 
sont logés et nourris gratis pendant un certain 



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— a»- 

nombre de jours* Chaque temple hindou a son 
mahant ou chef, au-dessous de lui sont des 
icAtf&M ou acoljtesqui parcourent la campagne, 
les villes, les village, quêtent ou demandent 
Faumône qui est la principale ressource de leur 
supérieur et d^eux-mèmes. DViUeurs ils parta* 
gent libéralement leurs provisions avec les pau- 
vres étrangers ou les voyageurs qui frappent à 
leur porle et désirent loger et prendre leurs 
repas dans le Thakour Dwara. 

Le$ Mu.sulinans ont \^\xt pirzxi^as qui sesou-^ 
tiennent par leurs mourids ou disciple^ , dont 
ils^ reçoivent autant de de ma% ou offrandes 
que ceux«<;i peuveut leur eu apporter : de- 
puis le décbp des Musulmans et Félévation 
des Sikhs , les pir%adûs out eu à souffiîr la 
perte PU au moiusla dimiuutiou de leur$ dota- 
tipus en villages. 11^ possèdent cependaut 
encore uue p^tie des terres qui }eur fîirent 
données parles empereurs de Delhi. Elles dé- 
pendent de leurs principaux roza&^ cimetières, 
collèges , mais les rentes qu'ils en retirent et le 
peu d'importance des o^randes des fidèles ne 
«peuvent plus donner une existence honorable 



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sm% familles qui desservent tes étabiissemens 
religieux , pour entretenir les kJiadims ou ser-* 
\4teurs qui doivent prier sur les tombeaux des 
saints. 

Chaque viUage , indépendamment des droits 
fixes du forgeron, du charpentier, du hlan*- 
chisseur, du balayeur, a ses malha ou dépenses 
extraordinaires supportées par les cultivateurs 
et qu^oD nomme , à cause de cela , ajra^ gya ou 
droit d^aumônes pour les fequirs ou les voya- 
geurs mendians. ljd%penieh ou<î)»efsde villages 
chargés de recueillir h malha ^ h lèvent en 
argent sur leurs administrés , detix fois par an. 
Il arrive souvent que cette opération donne lieu 
à des altercations selon rinclination réelle ou 
supposée des pentchj àleur imposer sous le spé- 
cieux et honorabje prétexte de la charité , des 
sommes qui doivent rester dans la bourse de 
ceux qui les ont levées. 

Les faquirs hindous et musuloians habitent 
Pintérieur ou les environs des villages. Chacun 
a son takiah ou demeure fi:^e / de laquelle dé- 
pendent quelque mesures de terre , prési^nt des 
zemindars qui sqmè bien d^auti^s rapports en- 



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oore, prennent soin des saintes cônifrériés afifi 
<l'en aUtrer les bénédictionsi 

La djinsi ou récolte est taxée selon. le kan 
(évaluation), ou le bâtai (répartition selon re- 
tendue de la terre); ces deux modes sont d^one 
application difficile* Il faut un homme ^ habile 
et expérimenté pour estimer la quantité de 
grain produite par un champ. Le bataï est une 
opération pénible et vexatoire, elle exige Tassis* 
taiice d^employés occupés à surveiller les di- 
vers kalwarah ou meules de- grains qui sont 
dans la campagne. Les cultivateurs ne man- 
quent jamais de les enlever pendant la nuit; 
les orages et les pluies les endommagent sou- 
vent avant qu^on ait eu le temps de les serrer 
dans les greniers. Aussi dit-on communé- 
ment : « Bâtai hutaï , » 'c^eat-à-dire le bataï 
est un pillage. Quelques chefs prennent la 
moitié de la récolte, d^auti^s les ^ deux cin- 
quièmes, d^autres enfin, mais en très petit 
nombre , un quart. La canne à sucre, le coton, 
Tindigo, le pavot et toutes les terres désignées 
sous la dénomination de zabtij sont soumises à 
des taxes fixes, et la rente y est perçue en argent. 



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— 383 -~ 

Dans les états sikhs, les terres appartenant aux 
villes ou villages sont divisées exxpattis , iasHifs , 
ou partagées entre les pentch ou zemindars qui 
sont responsables de la part du sirkar ( fisc); 
dans quelques localités où il n^ a pas de chefs 
ostensibles , les terres sont estimées d'après le 
nombre des halsaris ou charrues. Cependant , 
si dans un village il se trouve vingt-cinq char- 
rues et deux mille cinq cents mesures, les 
terres désignées sous le nom de djinsi et zabti 
sont partagées également entre les asanus ou 
hommes mariés, cent mesures à chacun qui 
doit payer une rente. En général , les pentch 
occupent quelques terres et de plus perçoivent 
un droit de cinq pour cent sur le produit net 
des impôts. 

Le système du kan ou du baial convient aux 
communautésagricoles , et aux chefs qui paient 
leurs soldats tous les six mois en natur^ ; cepen- 
dant une faible partie de la solde se paie en 
argent, on la nomme poshaki (entretien): 
ceci sVccorde encore avec les habitudes éco- 
I nomiques des Sikhs. Mais ce qui est ap-* 
plicame aux petits états ne saurait convenir 

ObUx. £T progr. 23 



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^ 3M — 

à un pays étendu et à un grand gouyeme- 
ment (i). 

Les principales causes de Toppression du 
peuple sous la loi sikhe , viennent d^abord des 
exactions des sivdi^jama ou impôts extraordi- 
naires , perçus en argent sur chaque village 
sous le nom général de hac habouhnazarbhet , 
et subdivisés en une foule de noms divers ; en- 
suite de la pratique inhumaine du karj^egar 
ou corvée exigée gratuitement de la classe agri- 
cole ; enfin , des violences auxquelles toute la 
population est exposée de la part des soldats 
armés et retranchés dans des forts et àes toun 
qui couvrent tout le pays. 

Tous les chefs, petits ou grands, exercent le 
droit d'imposer le commerce, c^est un droit 
prescrit par Fusage. Cependant il est juste de 
dire que ces impôts , bien quMls se renouvellent 
tous les dix ou vingt milles , sont cependant 

(i) Randjit Singh , toutes les fois qu'il fut presse par 
ses officiers d'abandonner le système des fermages pour y 
substituer le kan et le bataï, leur répondit toujoura qu'il 
ne pouvait donner son temps et son attention à faire x^n- 
trer le grain dans les greniers, ( Note de V auteur. ) 



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— 5«5 — 

• légers. Une habitude nommée hounda-bara 
est très répandue dans la classe commerçante. 
Un négociant confie le commandement de sa 
caravane à un Nanahpoutra qui prend renga- 
gement , moyennant une certaine somme , de 
la conduire en acquittant les droits de Djagha- 
dri à Amritsar, Tentrepôt des états sikhs. Les 
Nanakpoutras , en vertu du respect attaché à 
leurs personnes comme descendans de Nanak , 
fondateur de la secte des Sikhs, jouissent de 
certaines immunités et sont moins sujets que 
d^autres aux tracasseries de l'administration des 
douanes. Un bima ou marché d^assurance peut 
aussi se conclure à forfait avec les marchands 
nouharias, pour tous les pays de Tlnde. Un 
chef qui exercerait des vexations contre les com- 
merçans, s'exposerait à perdre une partie de 
son revenu , car la route des marchandises 
changerait bien vite pour passer par le terri- 
toire d'un autre chef qui , avec le pouvoir de 
protéger les commerçans, aurait la volonté 
d'encourager le transit. 

Les femmes sikhes ne montent pas sur 
.le bûcher avec le cadavre de leurs maris. Une 



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— W56 — 

Beule exception se présenta en en i8o5 , dans 
]a ville de Bouriah , à la mort du chef Raï 
Singh. La veuve se sacrifia refusant de jouir du 
douaire qui lui avait été assigné. Cependant il 
n^y a pas de lois contre .les sattis. Dans tous les 
cas , elles sont regardées comme des victimes 
volontaires, et il n^est pas dWis réels ou pré- 
tendus qu^elles ne reçoivent des fonctionnaires 
publics , de leurs parens et de leurs ami$ pour 
les détourner de leur funeste résolution. Ce 
n'^est ni Paifection, ni le devoir qui causent ce 
-crime contre soi-même, et cependant seuls ils 
pourraient Fexcuser et donner au résultat de U 
superstition une apparence noble et respec- 
table; la fréquence des sattis le prouve ainsi 
<jue ce fait, que ce n^est pas seulement ré- 
ponse favorite, mais toutes les épouses qui sont 
offertes en sacrifices sur le bûcher de leur 
^poux (i). 

Dans le plus grand nombre des cas de satti, 
on observ a généralement que la parole de la 

(i) Ceci fait allusion aux scènes effrayantes qui se pas- 
sèrent à la mort des radjas de Koulou , Nahan , Djaswoul, 
etc. {Noie de raiifeur.) 



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/ 



— S57 — 

victime lui a été arrachée dans un momenl 
d^égarement ou dans le désespoir de la dou- 
leur. La multitude s^assemble aussitôt autour 
d*éHe ou de sa maison; les clameurs et le tu- 
multe vont sans cesse croissant , et ne lais^ 
sent plus le temps de la réflexion. L^honneur , 
la crainte , le devoir se réunissent pour raffer- 
mir la victime dans sa funeste résolution , ac- 
complie avec autant de précipitation quWIe a 
été formée (i). 

(i) En 1826 y lorsqu'Ambala tomba entre les in^inâ 
de la compagnie^ la jeune femme d'un Brahmane, incon- 
solable de la perte de son mari mort en pays étranger , 
forma la résolution de se brûler avec ses parures. Un 
grand concours de peuple se forma autour d elle dans la 
plus grande exaltation. J'étais alors absent , mais le 
mounshi, le thanadar et le soubadar , tous trois Hindous 
des classes élevées , prirent sur eux de prévenir le sacri- 
fice. Ils dispersèrent la multitude et engagèrent la jeune 
femme à aUendre la réponse aune dépêche qu'ils m'avaient, 
expédiée. Lamenace d'emprisonner et de poursuivre les ins- 
tigateurs, une pension de trois roupies par mois sauvèrent 
la victime. Elle vit aujourd'hui honorée dans sa famille et 
respectée de tous comme une satti , ce qui réfute l'idée 
généralement reçue , que la rétractation entraîne la honte 



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— 588 — 

et le mépris. A la mort du radja de Balaspour , en 1824 

et de Nahan ^ en 1837 ^ il n'y eut pas de satti ; cette cou- 

lume a disparu des états sikhs placés sous protection an^ 

glaise. 

(JSoit de t auteur,) 



'FIN. 



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TABLE 

DES MATIERES. 



Pages. 

Préface de l'auteur. i 

Chapitre I" . Le Penjab pendant la décadence du 
royaume de Delhi jusqu'à la bataille de Panipat 
et sa séparation de THindoustan. (1742-1761). i5 

Chai>. II. Les Afghans dans le Penjab. — Etat des 
associations sikhes. — Commencemens et exploits 
des principaux chefs. — Misais. — Le Penjab est 
abandonné par les Afghans et occupé par les 
Sikhs. (1761-1771). 4? 

GflAP. III. Discordes et divisions des Sikhs. — Elé- 
vation et chute de divers chefs. — Histoire de 
Tcharat Singh et MahaSingh^ ancêtres de Ran- 
djit Sing. — Raudjit Sing prend la direction des 
affaires. (1773-1791). 74 



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— 360 — 

CuAP. lY. Commencemens du règne de Randjit 
Singh. — Il s'agrandit aux dépens des autres ser- 
dars sikhs. — Traité avec le gouvernement anglais. 
— Il renonce à la rive orientale du Satledj. (1794- 
1808). 95 

Chap. V. Traités entre le gouvernement anglais et 
les chefs des territoires situés à Test du Satledj. •— 
Agrandissement successif de Randjit Sing. (1809- 
1811). i3i 

Ghaf. YI. Mariage de Kharak J^ingh, héritier pré- 
somptif de Randjit Singh. — Le colonel Ochter- 
lony y assiste. — Shah Shoudja est forcé de livrer, 
le Koh-i-nour. — Mauvais traitemens essuyés 
par ce prince. — Sa fuite à Loudiana. — Con- 
quête du Cachemir par le vizir Fateh Khan. — 
Acquisition d'Attak par Randjit Singh. (1812- 
i8i3). 159 

Cqap. VII. Première expédition de Randjit Singh 
contre le Cachemir. — Déclin de la santé de 
Randjit Singh. — Prise de Moultan. — Randjit 
Singh fait rendre à l'armée son butin. — Mort 
deFateh Khan, vizir de Caboul. — Randjit Singh 
s'avance j usqu a Pesha ver ( 1 8 1 4- 1 8 1 8) . 1 83 

CuAP. VIII. Seconde expédition et conquête du 
Cachemir. — Mesures pour consolider le pou- 
voir sikh dans les montagnes. — Conquêtes sur 
TIndus. — Disgrâce et emprisonnement de Sada 



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— 301 — 

Kounwary belle -mère de RaDcljit Singh. — > 
Arrivée clofl&ciers français à la cour de ce 
prince. 208 

GiiAP. IX. Opérations sur Peshaver. — Bataille con- 
tre une armée de Musulmans fanatiques. — Moham- 
med Azim Khan abandonne Peshaver à Randjit 
Singh. — Mort de Mohammed Azim Khan et 
de Sansar Tchand. -^ Troubles dans les mon- 
tagnes de Gandgarh. — Yar Mohammed con- 
firmé par Randjit Singh dans le gouvernement de 
Peshaver. — Fateh Singh Alouwala quitte le 
Darbar de Lahor- — Insurrection du Seïd Ah- 
med , réformateur mahométan . Troubles qu'elle 
occasione. — Anrodh Tchand de Kangra ^ im- 
pliqué dans une intrigue, s'enfuit au-delà du 
Satledj. Ses possessions sont confisquées. — Nou> 
veaux désordres occasionés par le Seïd Ahmed. 
Sa défaite et sa mort. (i823-i83i). 232 

Gmap. X. Mission du lieutenantBurnes. — Il amène 
des chevaux de trait à Randjit Singh. — Son 
voyage à travers le Sindh , et remontant llndus 
et le Ravi jusqu a Lahor. — Députation envoyée 
à lord William Benlinck à Shimla. — Entrevue 
du gouverneur- général et de Randjit Singh en 
octobre i83i. — Traité de commerce entre le 
gouvernement anglais et le Sindh. (1829-1831). 256 



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-:^ 362 — 

CuAP. XI. Caractère et politique de Randjit Singh. 
Ses revenus. — Force de son armée. — Obser- 
vations générales. 296 

Affendioe. — Des mœurs , des lois et des coutumes 
des Sikhs. 819 



nN DE LA TABLE. 



A. 1*111 AN i)K LA FoKEST, imprimeur de la Cour ilu Cassation , 
rue (les Noyers, Sy. 



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24 



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0^ \ 

Dig,tizedby(|t)Ogle 



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