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ORIGINE ET PROGRÈS
D£
LA PUISSANCE DES SIKHS
DANS LE PENJAB.
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A. PIHAN DE LA FOREST,
IlIlPAIHKUA DE LA COUA DE CASSATION,
Rue des Noyers, 37.
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H* i'kfTta Djehran lUm
h.de LtmcTciw r i« Sein» S G 5S
MaKa-Tadja clu Penjab.
Publia pM' Àrthus BeTkcaiui,Li^>iiv-('^t«ur, à. Tiuis
^y^'zedby Google
3LIE (SlEMEmAIL AILiLAJlID)
Publié par Arthus T3ertrjn<l, Librairt Kditeui, à Paris
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,/ ;/^ 'ai- ^/ '
ORIGINE ET PROGRÈS
DE LA
PUISSANCE DES SIKHS
ET
HISTOIRE DU MAHA-RADJA RANDJIT SINGH ,
SUIVIS
JiU D^TAIIiS soft L'iTAT ACTUEL, X.A RELIOION , I,BS LDIS, Z.BS MOBUnS ET X.KS
r4>Ori;MBS OBS sikhs , D'APRii<i X.B MANUSCRIT DU CAPITAINE WiLLIAU MURRAY ,
AGENT DU OOUVERNEKBNT ANOI^IS A AMBAI.A , BT OITBR8 AUTRES icRITS }
PAR H. T. PRINSEP,
ACBirr nu OOUrBRNliKSVT anglais dans LB BENGALE.
^Ourrage traduit de Tanglais
PAa XATIB& BATKOm.
Chmé des portraits deRandjit Singh et du générai AUard ;
et d'une Carte de l^Asie centrale.
|lairi0^
ARTHUS BERTRAND, LIBRAIRE-ÉDITEUR ,
Libraire de la Société de Géographie ,
HUE UAUTEFEUILLE ; 23.
1856.
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AUn; î»
La. ccitfi*6fipcuiclaiut6 de Victor Jat^e-v
mtmd^ leiBf récits del M. Alexandre Bùmes^
et( plus véoeimnçQt Picore le retour dii
gënërsQ AUard>. oolt fëveîLle Faltention- pci-**
bii^Qje' au so^t de Bandit Sîiigh. On a
voulu savoir qui était ^ce {trince asiâti^pe
^pii .'kècneillait kâ^Ëuropéènfi avec itant de
grâce/ et avait traité avec que dî^tiiic-
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.y
VI
tiou si fktteusfè notre bien-aimé voyageur^
ce despote qiii se vante de n'iavoir jamais
ordonne aucune exécution capitale^ ce
sultan oriental qm, soupçonnant l'infidë^
lite de son épouse^ Pavait pour tout châ-
timent éloignée de sa personne; ce prince
guerrier qui, presque sans autre moyen
que son gënie^ s^tait crée un empire res-
pecte de la puissante compagie des Indes
Orientales^ qui^ dans la terre classique des
castes et des préjugés, avait honore de
commandemens importans un ëlève de
notre École polytechnique et deux officiers
de cette glorieuse armëe impériale^ dont
rin&tigablé patriotisme^ «près avoir pro-
pien^ nos drapeaux victorieux dans toubas
les capitales de PEurope, alla encore pot-
ter rhôimëûr du nom français a Athèiies^
à Cdnslantmople^'aU Gaire^ à Alexandrie^
à Téhéran^ à Lahor.
Ge livre contient l'histoire des Sikhs et
du prince qui les gouverne. C'est le aettl
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VII
ouvrage con^tet sur la matière. Puisse-t-il
satisÊdre la juste curioatë du public^ puis-
se-t-il servir à ëclairer l'opinion sur cette
vaste quesâon orientale qui domine au-
jourd'hui toute la politi^ie gënërale^ et
dont k solution est encore refusée aux
plus sages comme aux plus intrépides !
Dans la position qu'il occupe aujour-
d'hui^ Randjit Singh trouve dans les An-
glais des allies sincères et fidèles. Us se
sont bien trompes ceux qui ont vu dans le
prince sikh le libérateur prochain des Indes
(en supposant qae l'Inde soit aujourd'hui
à lîb^er); le gouvernement britannique
n'a rien k craindre dé lui ^ pas phis que
la France n'a k redouter d'être con-
quise par la Belgique. Dé plus^ l'Angle-
terre n'a aucun intérêt k s'emparer du
Penjab^ les dépenses de l'occupation se-
rvent certainement supérieures aux re-
venus et ne seraient nullement compensées
par les. bénéfices du commerce dans un
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Vlll
\
pays agi^cole, avec . une population gui
fabriijue elle^mèioe tout ce dont :elle %
besoin;^ et suinter dit^ par^uite^de^epr pré-
juges religieux, l'usage de presque tpivs.les
produits sortis de nos ntanufactur^s. li'in-
te'rêt de .l'Angleterre exige au çoiitraire
que les Sikhs soieiit puissans, car dans le
cas d'uujB invasipu de l'Inde par le ncMrd-
oue$t ( cette ^apprëhen4on. continuelle, du
gouvernement anglais qui , à coup sur, ne
se re'alîsera pas de si^tôt), ne serait-il pas
a désirer ppur le gouverp«naient de Cal-
cutta , que leç Çikhs dissent en ëtatd^ sup-
porter le fardeau et de suffîire à repousser
l'ennemi? jEton ne jurait douter que si ufli
}ov^ on avait h craindre la prësence d'ua
ennemi sur l'Indus, les An^^is ,ne fourr
nisseùt à l'arqae'e sikhe des secqurs de tout«
espèce en honaaiçs, ea officiers, en vivres^
en niunilions, en annes^ eu, argent, comme
ils enont déjà .fournis à la Per^e da?ns les
dernières années. '
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survenir des (KfficMltës eiitre éés alliés ^pe
à^B'^mtérêts ïàwiiqms foBp tivve aiijair-
d'hoi dans mié p^rfail^ atfûtië/ fiansd^
Ski|^ jette tdes y««& (d'CTtviè ' ^mtc&'pxyi
dënue de ressources lœlitaiFte^^ smii £9^"^
lold par. le commerce; 'il voudrait biea« le-
ver d^impèls sur ces opiileoisibaa^çrrà
Xatta> d^ Haïderab^d^ de Shikafpûnr^
^^ par le iGatadahar et' lé' C#k3û1^ oM
noué des' relations si étendues depuis Ydif-»
kf^i et l^adigar jusqu'à Samaroind- et
Boûjkhara; M^isr U-a ët^' jt^squ'ici reteml'pa^
1^$ Angjaiis ; • qui ne lui laisseront prt^>aUe^
ment^ a aucun f^ix > <!>c«iqA«rles bouphl^l
d^ rindu«! et des pK^rts sm TOceân; car
4wP le cas d'une guerre ayec les États^Unii
ojui la jFxance^ quelle force ne pourrait-il
pas prêter aux flottes et aux corsaires aniër
riçains ou français ^ en leur ouvrant les
bouches du fleuve? quel secours ne pourr
/'ait-il p^ tirer par cette voict, dans h <^
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dHuM» gunre arec FÂngUterre^ qm peut
at^urd'hui le rainer A îadlejMmX?
Telles sont qaelqaesHunes des qpiastions
fœ soulève ce livre, elles sont impor-*
tantes et intéressent tons ceux qm s'oo-
ei]^nt des faits pr^ns et h venir;
Nons n'essaierons pas de dire aux sa^-
vans, aux orientalistes, les choses ^ ren-
dent précieux pour eux Fouvrage de*
M. Prinsep, il y a long -temps que leur
opinion s'est prononcée sur ce sujeL
. Le général Allard, dans le peu de temps^
ifu'ila passé à Paris, a bien voulu, malgré'
les soins de toute eq[>è;ce dont il était acca-
blé, nous donner de nombreux renseigne^
mens dont nous avons profité pour notre
travail. Qu'il veuille bien recevoir ici tous
nos remercimens pour son inépuisabk com-
plaisance.
Enfin, nous avons à remercier notre
éditeur, qui a enrichi notre travail de la
magnifique carte dressa par Ârrowsmith
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xt
pour Touvrage de M. Buraes* C'est une U-^
béralitë dont nos lecteurs apprécieront tout
le màite.
sS décembre |835.
(Le portrait que nous donnons du maha-radjaaété
copié sur un dcsân fidt d'aprJs nature à Tentre? ue de
Eoupour. ) I
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b
I' ; »
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PREFACE DE L'AUTEUR.
L'intërêt qui s'attache au caractère et à
l'histoire de RandjitSingh (i) et à l'empire
qu'il a établi dans le Penjab (2) sur la na-
tiou des Sikhs, fait espérer pour ce livre
un accueil favorable de la part du public
anglais. Cet intérêt ne se fonde pas seule-
ment sur la position ge'ographique du nou-
vel e'tat, on devra considérer encore que
c'est dans le silence et, pour ainsi dire sous
nos yeux, qu'il s'est successivement ëlevë
(1) Ce titre de'singh^ que l'on rencontrera souvent dan^
le cours de cet ouvrage^ est dérivé du sanscrit sinha^ qui
signifie lion.
(s) Ce nom signifie cinq fleuves; il est formé du persan
penj, cinq, et âb, eaux. Ces cinq fleuves sont : Djilam
àvL Hydaspès, Tchenâb ou Àcesines , Ravi ou Hydraotes,
Bhai ou Hyphasis, Zardrus ou Sattledj. Ils ont valu au
Penjab le nom dePentopotamia que lui donnent quelques
géographes modernes.
Orig. et progr. ^
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— 2 -"
jusqu'à exciter notre ëtonnement par sa
puissance et ses richesses. Le dësir de con-
naître l'adresse et les moyens dont s'est servi
le fondateur de cet empire pour accroî-
tre sa grandeur, a sa source dans une cu-
riosité naturelle à l'esprit humain , et qui
n'a de limites que celles de notre imagina-
lion particulière ; mais pour nous combien
de motifs encore de prêter une attention
toute spéciale à ce sujet ! La position de ce
royaume limitrophe de nosposses^ons dans
l'Hindoustan, les collisions qui ont etë la
suite de cette position; l'intérêt excite par
Randjit Singh; à tout cela, ajoutez que te
territoire occupe maintenant parlesSikhs se
trouve sur la route suivie par tous les con-
quérans qui ont cherche' à pénétrer dans
l'Hindoustan du côté de l'ouest ; que les spé-
culations de la politique sont toujours fixe'es
sur la possibilité d'ime semblable conquête
tentée par les armées de l'Europe coalisée.
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» — 5 —
OU par celles seulement de l'autocrate du
Nord, dont les de'sirs d'agrandissement pa-
raissent insatiables et se sont dirigë$ de «
puis long-temps du cote de la Perse et de
Test.
Les circonstancesparaissent doncconve^
nables pour offrir au public q[uelques pages
sur la situation actuelle du Fenjab et de
son roi. Ne doitHDu pas sentir, d'ailleurs,
qae dans nos connaissances sur ce sujet, il
existe une lacune qui s'accorde mal avec
l'ëtat gênerai de la science? L'ardeur avec
laquelle on poursuit aujourd'hui toutes les
études et spécialement celles qui ont trait à
la politiq[ue ou à la statistique, ne doit-elle
pas faire bien augurer à tous ceux qui ont
quelques travaux à soumettre au public de
la manière dont leurs communications se-
ront reçues et accueillies?
L'histoire ancienne des Sikhs est assez gé-
néralement connue. On sait qu'ils forment
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une secte religieuse, fondée au temps de
Bâber (i) par Nanak Shah, le propagateur
des doctrines de tolérance universelle , le
promoteur zélé d'un projet d'union entre la
foi des Hindous et celle des Mahometans^
projet base sur l'unitë de Dieu. Il serait
superflu de rapporter dans un livre comme
celui-ci l'histoire de cette secte, d'exposer
ses dogmes et ses croyances; ils furent dé-
veloppés successivement dans les volumes
sacrés qu'on appelle Granths (2), par dix
gourous (3), dont la mémoire est sainte.
Le dernier d'entre eux. Gourou Govind,
vivait au temps d'Aureng-Zeb , et c'est lui
qui, en but à la persécution, fit de %e^ dis*-
(i) Bâber, descendant de ïimour 9 est le fondateur de
la dynastie mogole de THindoustan. Il vivait au commence-
ment du seizième siècle. Ses Mémoires ont été publiés ré-
cempient par M. Erskine. London, 1826. 1 vol. in-4*.
(2) Granth vient du sanscrit grantham , qui signifie
livre.
(3) Gourou , maître ou guide spirituel.
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— 5 —
ciples, jusque-là pacifiques et industrieux
citoyens, des ennemis mortels de Fem-
pire des Mogols et de la foi musulmane.
Tous ces faits ont e'te retracés dans de
piombreux ouvrages. Le monde savant
ponnaît le résultat des tentatives de Banda
et des autres martyrs, disciples de Gourou
Çrovind, contre le pouvoir des souverains
4e Delhi et de leurs oflS.ciers, sous les suc-
cesseurs immédiats d'Aureng-Zeb : mais
l'histoire de cette secte , depi:iis le jour oii
elle parut, anéantie sous les coups de la per-
sécution jusqu'au mojnent de sa grandeur
actuelle, n'a été encore l'objet d'aucun tra-
vail, d'aucime recherche. C'est donc avec
confiance que nous présentons le sujet de
ce livre conmie tout-à-fait nouveau ; la ma-
tière n'a encore été traitée par aucun écri -
vain.
C'est un devoir pour nous d'indiquer les
sources oîi nous avons puisé.
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— e —
Le gouvernement anglais^ depuis 1808^
ëtoit le protecteur du territoire Sikh, com-
pris entre le Satledj' et la Jtunna ; ses oflS-
ders étaient appelés comme arbitres dans
toutes les discussions qui s'élevaient entre
les chefs et leurs voisins ou leurs sujets; les
appels au conseil suprême de gouvernement
résidant à la présidence étaient très fré-
quens, et soulevaient des questions très
compliquées; aussi la direction de nos rap-
ports avec ce pays était-elle uu' des points
les plus délicats des affaires soumises au con-
seil suprême. Lord William Bentinck avait
été déterminé par ces circonstances à de-
mander aux officiers chargés de nos rela-
tions avec les Sikhs des renseignemens géné-
raux sur l'histoire et la situation des chefs,
sur les mœurs et les coutumes de ce peuple.
Lorsqu'il préparait son voyage dans l'inté-
rieur du pays en i83o, il pria le capitaine
Murray , notre agent politique k Ambala ,
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— 7 —
qui^ pendant plus de quinze ans^ avait eu
la conduite des négociations avec les che&
sikhs^ de lui faire un rapport sur ce sujet. Le
capitaine Wade, résident à Loudiana^ qui,
revêtu d'un emploi inférieur, avait ëtë sous
les ordres du résident deDelhi, chargé de la
correspondance avec Randjit Singh, reçut
unesemblableinvitationdelapartdugouver-
neur général. Ces deux officiers rédigèrent
desMémoires fort étendus et pleins de docu-
mens importans sur les questions qu'on leur
avait posées. Celui du capitaine Murray
prouve de grandes lectures, de laborieuses
recherches, il est fait sur les matériaux réu-
nis par l'auteur pendant sa longue résidence
chez les Sikhs. Il a évidemment consulté
avec soin tousles livres persans ou étrangers
quipouvaientluidonnerquelquelumièresur
l'histoire des Sikhs, sur les officiers mogok
ou afghans qui avaient eu quelque point de
contact avec eux. La partie relative àl'élé--
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— 8 —
vation et à la fortune de Randjit Singh a
iké re'digée d'après les rapports écrits ouïes
renseignemens oraux qu'il tenait des perr
3onnes employées sous lui; vérifications et
corrections furent faites d'après un labo^.
rieux examen des Akhbars, c'est-à-dire les
journaux indigènes, dont l'auteur possé-
dait une riche collection. Il ajouta un pre-
" cieu3^ appendice contenant le résultat de
ses observations personnelles et de ses re-r
cherches sur les mœurs, les coutumes, le
gouvernement et le caractère des Sikhs. Ce
Mémoire ne laissait rien à désirer qu'une dis-
jtributioii plus claire dans la manière dont
il était ordonné; mais il n'était point des-
tiné à l'impression. Malheureusement cet
ojfficier si distingué et si estimé mourut peu
de temps après que le gouverneur général
eut visité cette contrée, au moment oii l'in-
tention de S. S. était de lui demander, d'ar-
près le plan qu'il avait tracé, un ouvrage
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— 9 —
destine a faire connaître les renseignemens
qu'il avait rëunis, et à publier , dans un but
d'utilité générale*, le fruit de ses labeurs,
Sans doute si cet oflGicier -avait vécu, il
eût su faire un livre digne de son haut ta-^
lent. Sa mort imprévue est cause que son
œuvre, laissée incomplète, rédigée à la
hâte sans ordre ni méthode, ni égard pour
les susceptibilités du style, a dû être com-
plétée et revue par .une main étrangère.
Toute la partie historique du mémoire de-
mandait à être refaite. La disposition en a
été changée en quelques endroits ; le récit
a été partagé en chapitres, »et il y a été fait
usage des matériaux puisés dans le travail
du capitaine Wade ou à d'autres sources. Il
était donc impossible de faire parsdtre ce
livre sous le nom du capitaine Murray,
d'autant plus que c'eût été le rendre res-
ponsable aux yeux du public de choses
qu'il n'eût peut-être ni dites ni approuvées,
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— 10 ^
n faut cependant ne pas oublier qu- excepte
pour les chapitres X et XI^ la tâche de
Fëcrivain s'est presque réduite au simple
rôle de rédacteur, et que le mérite d'avoir
réuni ces documens, qui font la valeur et
l'intérêt de ce volume, appartient presque
tout entier au capitaine Murray. En vérité,
après le désir de tirer de l'oubli du poirte-
feuille des travaux qui doivent être si
utiles, et de faire participer le public au
fruit de tant de labeurs et de recherches,
le principal motif qui m'a mis la plume à
la main, c'est le besoin que j'éprouve de
rendre honneur à la mémoire de cet officier
si distingué et si regrettable^, et de donner
au monde et à ses amis une preuve éter-
nelle de son savoir et de ses talens.
J'ai accompli ma tâche pendant les loi-
sirs d'un voyage et d'un séjour que des rai-
sons de santé m'ont forcé de faire à la terre
de Yan-Diémen. Peu de choses^ ont été
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— II —
ajoutëes au travail de Fauteur, et le rdcit
's'arrête aux traites conclus par le gouver-
nement anglais aveb le Sindh en 1 83 2 . Sans
doute il eût été facile de continuer, par
l'addition d'un nouveau chapitre, l'histoire
des Sikhs jusqpi'à ce jour (i834); maïs il
aurait fallu avoir recours à des pièces ou à
des documens qui n'étaient point à ma por-
tée, ou qui, s'ils y eussent été, ne peuvent,
à cause de leurs rapportsavec les affaires qui
se traitent actuellement, paraître au grand
jour de l'impression. Je n'ai donc pas cher-
ché à dépasser cette limite, et d'ailleurs,
tant que la carrière de Randjit Singh ne
sera pas terminée , ce récit ne devra-t-il pas
rester incomplet? Aussi a-t-il paru conve-
nable de ne point soulever le voile qui
couvre le présent, de s'arrêter à l'époque
marquée par la conclusion des traités pu-
bliés en i833, réservant les événemens ul-
térieurs jusqu'à la mort du principal per-
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sonnage de ce livre , pour un Gompldment
devenu nécessaire si les affaires du Penjab*
doivent intéresser le public jusqu'à lui faire
désirer un nouvel ouvrage.
La première partie de ce livre était déjà
sous presse lorsqu'un manuscrit persan con-
sacré à l'histoire des Sikhs dans le Penjab
me fut communiqué avec beaucoup d'obli-
geance par ^ir Charles Metcalfe. Ce manus-
crit avait été donné à sir Charles par l'au-
teur lui-même, KhoushwaktRaï(i), qui
avait été pendant quelques années l'agent et
le correspondant du gouvernement anglais à
Amritsar. J^e récit ne comnaence qu'à partir
de 181 3, mais il est précieux pom* l'his-r
toire ancienne des serdars (2) sikhs, et il
(1) Abréviation de Radja^ que nous reDContrerons
souvent et qui veut dire dbef , roi.
(3) Signifie chef. Ce mot vient 4u persan ser^ qui veut
dire tête ^ etdar celui qui tient. Ici serdar a une signifi-
cation déterminée ; on peut comparer les serdars sikhi?
aux seigneurs féodaux du moyen-âge.
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— 15 —
contient une fonle de documens et de ma-
tériaux qu'on chercherait vainement ail-
leurs. L'occasion qui se présentait ainsi de
comparer une œuvre originale avec le mé-
moire du capitaine Murray, n'a pas été
perdue. Le résultat le plus satisfaisant est
venu prouver l'exactitude de cet officier.
En effet la correspondance des dates et la
commimauté de certains détails dans quel-
ques particularités importantes, nous auto-
rise à penser que la relation de Khoush-
wakt Rai doit avoir figuré parmi les
matériaux qui ont servi au capitaine Mur-
ray ; quelques différences , additions et
éclaircissemens ont été ajoutés séparément
à la fin du volumCé Je dois exprimer ici
toute ma reconnaissance à sir Charles
Metcalfe pour la générosité avec laquelle
il a mis à ma disposition un document
si important pour la correction de ce livre,
et m'a facilité les moyens de me procurer
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~ 14 ~
tous les matëriaux qui ont aide à la confec-
tion delà carte qu'où trouvera à la fin du
volume.
H- T- Prinsep,
Calcutta^ mai i834*
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ORIGINE ET PROGRES
DE
LA PUISSANCE DES SIKS
V
DANS LE PENJAB.
!(.).
Le Penjab pendaot la d/fecadence du rojaome de Delhi {osqu^à la
bataille de Panipat et sa séparation de l*HîndousUD.
174a — 1761.
LVmpire fondé dans lUindoustan par Baber
et soutenu par la valeur et les talens de plu-
sieurs générations de princes illustres, commen-
ça à décliner sous l'empire deMohammedShah.
L^invasion de Nadir Shah Fébrank jusque
(1) Ce chapitre appartient au capitaine Murray, qui a
le mérite d'avoir le premier réuni dans un récit complet
tous les fragmens et matériaux qui existent sur l'histoire
du Penjab à cette époque. {Note de t auteur, )
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^ 16 -
dans ses fondemens déjà minés par la puissance
naissante des Mahrattes; d^un autre côté les in-
cursions de Fabdali (i) Ahmed Shah bien
qù^elles dussent venir au seboilrs de la foi mu-
sulmane et qu^elles fussent heureuses à réprimer
la réaction indiêiiné qui metiâ^ait de dominer
Fislamisme , n^en contribuèrent pas moins à
accélérer la chute de la race de Timour qui fat
dès-lors toujours traitée avec mépris et indiffé-
rence. La cour de Delhi cessa d^étre considérée
comme la distributrice des grâces, des hon-
neurs , des punitions^ Les gouverneurs et offi—
ciers soumis en apparence à son autorité jouis-
saient tous en réalité d^une indépendance
complète ; les provinces étaient séparées de la
métropole et un esprit de désaffection s'empa-
rait de toutes les populations de l'empire. L^his-
toire de THindoustan, à partir de cette époque ,
n'est plus celle d'un pays soumis à un pouvoir
unique, il faudrait pour chaque province une
histoire particulière, entrant dans le détail des
transactions au moyen desquelles les nababs,
lesradjas, les princes, les sectes, les nations,
(i) Secte musulmane.
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— 17 —
associations de chefs cherchaient tous à dé-
tourner le pouvoir, à déplacer Fautorité royale,'
à rivaliser les uns avecles autres. Les pa^es qdî
suivent ont été consacrées à réunir et montrer
les e£Pets d^une telle situation dans le Penjab, à
tracer Fhistoire du prince qui J)^éside mainte-
nant aux destinées de cette province , qui gou-
verne un vaste territoire avec une vigueur et
une autorité inconnues dans la partie de Flnde
qui a su rester indépendante des Européens.
Yahia (i) Khan, fils de Zakaria (2) Khan,
ordinairement nommé Khan Behadour (3),
occupait la viôe-royauté de Lahor , etleszemin-
dars (4) jâts (5) du Penjab, ruinés par de lon-
gues exactions et réduits enfin au désespoir,
n'avaient plus d^autre ressource que le pillage
pour soutenir leurs familles. Comme lien d'u^
(1) Transformation arabe de Johannes. ç
(3) Zacharias.
(3) Titre d'honneur qui signifie brave.
(4) Officier civil de Tempire mogol, chargé de recueil-
lir les impôts. Ce mot vient du persan zemin, terre ^ dis-<
trict , dar , qui tient , qui gouverne.
(5) Nom d'une tribu hindoue.
Orig. et progr. 2
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— 18 —
nion entre eux et motif d^excitationcantre leurs
oppresseurs, ils rétablirent dans leurs coutumes
et leurs cérémonies le rituel des Sikhs. Ils pro-
clamèrent la foi et les doctrines de Govind—
Singh^ le dernier gourou ou guide spirituel
des Sikhs, et prirent le Pahul{i)àe Tinitiation,
(i) L'initiation en buvant le PahuI est un rit établi par
Gourou Govind, et il est ainsi décrit par KhoushwaktRaï.
Le candidat et l'initiateur lavent leurs pieds dans l'eau,
jettent du sucre danft le liquide^ l'agitentavec un couteau
en chantant cinq quatrains. Yoici le premier : ce J'ai
a bien voyagé^ j'ai vu bien des dévots, des iôghîs et de»
ce iôtis^ hommes saints^ livrés aux austérités, hommes ravis
<c en contemplation de la divinité par leurs pratiques et
<c leurs pieuses coutumes ; chaque contrée je l'ai traver-
« sée , mais je n'ai vu nulle part la vérité divine ; sans la
a gracedeDieu , ami , le sort de Fhomme n'a pas le moin-
<c dre piîx. » Les autrea quatrains reproduisent les mêmes
idées. Entre chaque couplet on chasse la respiration et on
boit le breuvage (ait du sucre et de l'eau sale qu'on n'a pas
cessé d'agiter. On le boit en s'écriant ; a JVah ! 2oah I Go--
vind Sikh ! ap hl gowvu tchela. » (Wah ! wah ! Govind
Sildi ! il est son maître et son élève à lui-même. ) Telle est
la cérémonie qui consacre le néophyte. On raconte que
quand Gourou Goçfind eut cinq disciples, il accomplit
cette cérémonie avec eux. (Note de t auteur^)
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— w —
myslérieUse cérémonie de cette reKgion, Dé
longs cheveux, une longue barbe, la renon-
ciation absolue au tsd)ac, Fusage de cette locu-
tion sacramentelle pour le salut ; fF'ah Gou^
raa Dji ke Jateh (victoire au gourou Dji),
voilà ce qu'ils consacrèrent; ils annofncèrent
que le soc serait changé contre Fépée des ven-
geurs, et que les maximes et préceptes de Gou-
rou Govind prévaudraient contre les doctrines
plus psicifiques des ^êas et des centras de
FHindousl»». L^espritde la secte rajeunie se ma-
nifesto d^abord pa r des associations secrètes et des
actes isolés de déprédation. Des hommes armés,
divisés par bandes de dix ou vingt hommes ,
appelés c^ÀéiRPfV} dans le dialecte de la province,
c^est-a>-dire hommes dé grands chemins , in-
festaient l'es routes, attaquaient les villages ou
pillaient les villes , suivant que leur position
parliculière leur faisait une loi dé recourir k
ces moyens d'existence , ou leur permettait de
s'enrichir de la sorte. D'abord la négligence du-
gouvernement favorisa la prospecté de ces as^
sociations et bientôt les chefs l'es plus heureut
parvinrent? à se procurer des chevaux, à mon-
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-. 20 —
ter, à. armer leurs soldats. Leur exemple et
leurs succès rendirent leur parti populaire
parmis les jeuns gens et les aventuriers, de sorte
que le nombre des pillards s^accrut de jour en
jour f jusqu'à ce point que les chefs arrivèrent
à avoir des dehras^ ou camps en guerre ouverte
contre le gouvernement, et cherchèrent la
gloire dans des entreprises hardies qu^ils exé-
cutaient d^ailleurs sans grands périls; car la
terreur qu'ils inspiraient, lea richesses et la ré-
putation qu'ils acquirent leur donnèrept de
rapides moyens d^augmenter leur puissance»
Les troubles perpétuels de Tempire mogol , les
intrigues et Vincapacité de la cour du vice-roi
de Lahor les encouragèrent à continuer leurs
déprédations, non seulement parce qu'ails n^a-
valent à craindre aucun châtiment, mais encore
parce qu^ils trouvaient des avantages certains à
prendre du service sous différens chefs. Aussi
quelques-uns d^entre eux eurent-ils bientôt une
^ espèce detroupe organiséerégulièrement, etnon
contens de ravager le pays ouvert, s'approche—
rent des réservoirs sacrés des Sikhs à Amritsar
et se maintinrent dans leur voisinage. Les diffé-
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— 21 -
rentes associations étaient unies par des intérêts
communs non moins que par la foi religieuse;
et une alliance générale pour la défense ou
les entreprises qui exigeaient de puissans ef-
forts fut presque dès Torlgine conclue entre les
chefs.
Le fléau s'était déjà répandu et avait acquis
quelque importance que le gouverneur Yahia
Khan ne songeait pas encore à le combattre.
A la fin , cependant, Targent ne venant plus au
trésor au milieu de tels désordres, il fit entrer
en campagne un détachement des troupes du
gouvernement sous les ordres de Djaspat Raï,
frère de son dewan ou premier ^ministre ,
Lakhpat Raï; Il alla d'abord à la rencontre
d'un détachement d^insurgés sikhs qui rava-
geaient le pays et faisaient paître leurs trou-
peatnc dans le voisinage de Yaminabad, au
nord de Lahor. Le détachement fiit vaincu ,
Djaspat Raï fut tué et ses troupes dispersées.
Lakhpai Raï sortit cependant de Lahor pour
venger la mort de son frère; les Insurgés recu-
lèrent devant lui en s'enfonçant dans Tangle
N. E. du Penjab , mais là ils furent atteints et
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— M -,
j^ureat un châtimeBt séyère. Le ministre ra«
mena av^c lui quelques prisonniers (]ui furent
décapités sur le GJiara Nakhas^ ou marclié
axzx ^eyaux, en dehors des murs de Lahor.
Ce lieu est appelé maintenant par les Sikhs
Chahid gandj (la place des martyrs), en mé-
moire de cet événement , et un samadh , ou
tombeau à été érigé sur cette place en Thon-^-
neur du Bhaï Djarou Singh. Après Q^te vic*-
toire {larut une proclamation , rédigée au nom
jdu gouverneur Yahia Khan, qui condamnait
à mort tout individu qui invoquerait le jpom
de Gourou Goyind, la tête de ses disciples fut
mise à prix* Ces rigueurs, ces proscripliojas
sommaires arrêtèrient les progrès du prosély-
tisme des Sikhs , et refroidirent considérable-^
ment Fenthousiasme des sectateurs du gourou,
Quelq.ues-uiîs coupèrent leurs longs cheyeux,
taiUèrent leur barbe pour éviter la déaonciar-
tion ou la mortj d^autr^s passèrent le S^tledj,
y^enfuireni dans la province voisine 4e ^ifbind
où ils trouvèrent proteetipn et sécurit^ dans le3
vastes solitudes qui .s^étendent à Touest dePa»
tiala et Naba,
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— 23 —
Peu de temps après cet événement, le jeune
frère de Yahia Kkan, nommé Shah Newaz
Khan, sHnsurgea contre lai et parvint à s^éta-*
blir dans les deux provinces de Lahor et de
Moultan et même à s^emparer de YahiaKhan et
de ses principaux officiers. Un Hindou nommé
Kaonra Mal succéda à Lakhpat Raï , mais Adina
Beg Khan, qui était élevé sous Zacharia Khan,
fut laissé à son poste, et gouverna avec beau-
coup de vigueur le district de Djalandfaar
Douab; il réunissait dans sa main le pouvoir
civil et militaire. Yahia Khan parvint en fugi-
tif à Delhi et porta plainte devant le rîsir, son
oncle, Kamar-oud'-dinKhan, qui fut en même
temps informé que Shah Newaz Khan , redou--
tant les conséquences de sa conduite , avait ou-
vert une correspondance avec FAbdali Ahmed
Shah« Celui-ci venait de s^emparer de Caboul
et de Peshaver sur le soubadhar (i) de Delhi ,
NasirKhan, événement qui avait jeté Talarme
dans la capitale. Le visir , profitant des avaur-
tages que lui donnaient les liens du sang, en
appela aux sentimens de son neveu et lui adressa
(i) Gouverneur.
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— 24^
une remontraace sévère sur sa trahison , désw
rant, disait-il, ^lui épargner la honte de servir
Ahm^d, le jasoul (massier) de Nadir et le
voir>ester fidèle à Thonneur héréditaire de sa
famille. L'orgueil du jeune homme fut touché,
et bien qu^incertain sur les suites qu^on donne--
rait à la plainte de son frère aine, il se^ prépara
à repousser les Douranis qui s^avançaient déjà
et rompit toute correspondance avec Ahmed
Shah. Sans s'effrayer de ce changement de
Shah Newaz Khan , TAbdali passa llndus près
du fort Attok, en 1747» en envoya son chape-
lain, Sabir Shah , devant lui, à Lahor, espérant
que ses négociations ou ses intrigues pourraient
^amener Shah Newa^ Khan à ses premiers
^entimens, et voulant, à tout événement , pré-
parer une réception amicale à son armée. Mais
Shah Newaz Khan, maintenant inébranlable
d^atis sa fidélité à la cour de Delhi, prépara tous
leè moyens de défense que ses faibles ressources
laissaient à sa disposition. Il donna un gage de
son attachement à son souverain en faisant
jneiirp à mort Tagent de TAbdali. Ahmed
ghah irrité de cette violation du droit des gens
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— as —
^commise sur la personne de son ambassadeur
46 1 de son confident, passa le Ravi, marcha im--
médiatemeiit contre Shah Newaz Khan et Tat-»
taqua dans la position retranchée qu'il occupait
sous les murs de Lahor • La résistance ne fut pas
longue, les ouvrages furent bientôt enlevés
par les guerriers douranis, et Shah IS^ewaz Kban
obligé de se réfugier a Delhi, Lahor se rendit
au bout de quelques jours et elle fut abandon-
née aux Abdalis qui lui imposjbrent une forte
contribution.
Ahmed Shah, lorsqu^il était à Delhi à la suite
de Nadir Shah , avait bien jugé de Tétat des
choses à la cour. L^ncapacité de Mohammed
Shah, la puissance menaçante, les querelles et
les intrigues des grands émirs , le. peu d^obéis-^
sance qu^obtenait le pouvoir royal dans la ca-
pital%comme dans le reste du royaume, avaient
frappé son esprit ; la confusioQ qui régnait par-
tout, comme dans une ville prise d'assaut , de-
vait faire réfléchir un ambitieux préoccupé du
soin d^établir sa fortune. Le succès incroyable qui
pouronnases premiersefForts dans TAfghânistan,
toutes ses ressources invariablement employées
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~ M —
à bâtir Tédific» de sa future grandeur, lui firent
espérer , après tout ce quHl avait vu et entendu
à Delhi, que les circonstances étaient favorables
pour tenter d^élever son empire sur les ruines
de la famille de Timour. Aussi quand il fut
maître de Lahor il résolut de marcher immé-
diatement sur Delhi , et , passant le Biah et le
Satledj , il s^approcha de Sirhind.
Le visir Kamar-oud«din Khan ne manquait
pas de courage ; il fit des préparatifs pour re-
pousser Tatlaque dont il était menacé. Ayant
convoqué les principaux chefs du Radjpoutana
avec leurs contingens respectifs , il donna le
commandement nominal de Tarmée au prince
Ahmed , fils aîné du roi , et avec ces forces et
les troupes* de la capitale , il vint occuper une
position retranchée au village de Manoupour ,
distant de neuf milles de Sirhind. Le shah ab—
daJi, ayant reconnu la position, jugea qu^il n^a-
vait pas assez; de monde pour attaquer ; mais il
vint camper dans le voisinage , et entreprit de
vaincre Tennemi par la famine ': des détache-
mens furent envoyés pour couper les convois et
intercepter les communications avec la capi-
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— 27 —
taie. Des escarmouches continuelles et des en-
gagemens partiels occupèrent les deux armées
pej>da&t un mois sans amener de résultat déci-
sif. Enfin une cireoisfôtance se présenta qui chan-
gea la face des dboses : le visir fut tué, pendant
ifcCU faisait sa prièce du soir , par un boulet de
rartillerie des Douranis, et alors Farmée de
Delhi se trouva sans général. Les chefs radj-
pouts, qui étaient venus sur son invitation et
âLTaient été contenus jusque4à par son influence
et rédatde^on nom, n^ajrant de confiance dans
aucun autre que lui , commencèrent à déserter
Tétendart royal pour se retirer chacun dans son
pays. L^Abdali , informé de ces état de choses ,
jugea que le moment était venu de prendre
roâfensive , et il ordonna une attaque , malgré
Finfériorité numérique de ses troupes. Une ter-
renr panique s'empara de Tarmée impériale et
le désordre commençait A se répandre dans le
camp , lorsque Mir (i) Manou, fils du visir dé-
cédé , «eatant que tout allait se décider, amena
des troupes fraîches sur les points les pltis me-
nacés, chargea k leur tète et repoussa les Dou-!<
(i) Abréviation du mot émir.
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-^28 —
raais avec une grande vigueur. Ahmed Shah ,
abandonnant ses desseins pour le moment , se
retira dans le Penjab pour réparer ses pertes. II
ne fut point inquiété dans sa retraite, et il re-
passa près d^Attok sans faire aucune tentatîre
pour se maintenir à Lahor. Cest ainsi que le
Penjab fut recouvré pour Fempire mogoL Le
gouvernement de Lahor et du Moultan fut
donné par la cour de Delhi au mir Manou, avec
le titre de Mouyanoul Moulk (i) : c^était une
juste récompense des services qu^il avait rendus
dans cette circonstance.
L^invasion des Abdalis et Femploi que furent
obligés de donner à leurs troupes les deux par-
tis qui se disputaient Tempire, favorisa les ten-
tatives que faisaient les Sikhs pour relever leur
puissance. Leurs déprédations restaient impù-*
nies ; ils commençaient à reparaître , et <même
s^aventuraient à satisfaire leurs préjugés reli-r
gieux par de^ visites secrètes aux lieux consacrés
par l^ux foi à Amritsar. Le nouveau gouverneur
de Lahor confirma Kaonra Mal dans son poste,
et il jugea que les désordres causés par les asso««
(i) Le défenseur de Templre.
\ .„Goog,e
-49-
tiations des Sikhs et les fanatiques de cette
secte qui ne cessait de s'accroître, étaient un
des premiers objets qui devaient attirer son at-
tention. Un parti de Sikhs avait eu Faudace
d'élever quelques ouvrages en terre quUls ap-
pelaient Ram Rouni (agrandi depuis, ce lieu
se nomme maintenant Ramgarh ) , dans le dis-
trict et le voisinage immédiat d'Amritsar : c'é^
tait de là que les pillards sikhs s'élançaient pour
courir le pays dans toutes les directions. Mir
Manou assiégea et prit Ram Rouni , et des dé-
tachemens établis dans le pays pour maintenir
la tranquillité avaient ordre d'arrêter tous les.
Sikhs, de leur couper les cheveux et la barbe.
Grâce à ces mesures énergiques , la confiance
publique sembla renaître; les Sikhs furent en-
core réduits , pour leur sûreté personnelle , à
quitter le pays , et ils ne purent plus faire au-
tant de prosélytes à leur foi et à leurs cou-
tumes. ^
Ahmed Shah ne s'était retiré que pour répa-
rer ses forces ; il ne pouvait abandonner ses des-
seins sur THindoustan. Dans la saison qui sui-
vit sa première invasion , c'est-à-dire après les
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- 3e —
pluies de 1748 1 il passa de nouveau Plndus et
vint distraire Mir Mauou de ses plans destinés
à rendre son établissement plus solide et à cor-
riger les vices de son administration. Craignant
de ne pouvoir repousser Fattaque avec ses seules
ressources, Mir Manou demanda du renfort à
Delhi 9 et pour gagner du temps il envoya axi
camp abdali un ambassadeur chargé de négo-*
cier les conditions de la retraite du shah. Il ap^
puya ces mesures en sortant luirméme de Lahor
et venant asseoir soâ camp à.Soudbara, sur la
rive méridionale du Tcfaenâb. Ces préparatifs
et le caractère bien connu du vice-roi deLahor
ôtèrent à Ahmed Sbah Tespérance de s^ouvrir
par la force le chemin de THindoustan j il se
contenta de la promesse d^un tribut à percevoir
sur les quatre districts de Parsarour , Goujrat^
Siàl Kot et Aurengabad , qui furent assignés à
Nadir Shah, et il Reprit la route du Caboul.
Les succès et finfluence croissante] de Mir
Manou e:xcitèrent la jalousie des grands de
Delhi ,. et au lieu des récompenses qu^il avait
droit d^attendre, il fut privé du gouvernement
du Moultan, qui passa aux mains d,e Shah
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— 51 —
NewazKhan. Le vice -roi ^ qui avait pour lui U
possession j n^était pas homme à supporter pa-
tiemment une telle injure j et il envoya son mi-
nistre Kaonra Mal pour s^opposer au nouveau
gouverneur. Shah Newaz Khan sVvança jus-
qu^àla frontière du Moultan avec les forces qu'il
avait réunies pour assurer son investiture; mais
se trouvant précédé, il ne put pénétrer plus
loin. Pendant six mois il se maintint dans ses
positions sans arriver à obtenir aucun résultat
décisif, et enfin il hasarda une bataille dans la*
quelle il fut défait et tué. Mir Manou éleva pour .
ce service Kaonra Mal au rang de radja, et
Tinvestit sous ses ordres du gouverneu^nt du
Moultan et des districts avoisinans.
Comme on pouvait s^ attendre y Mir Manou
refusa de payer à Ahmed Shah les tributs sti-
pulés. Celui-ci eut donc un prétexte pour re-
passer encore Flndus, ce qu'il fit dans Pété de
lySi-Sà , et s'avança jusqu'aux montagnes du
Tchenâb. Soukh Djiwan, Hindou de naissance,
fut envoyé par lui à Lahor pour réclamer l'exé-
cution des traités. Mir Manou répondit que cet
engagement lui ayant été arraché par laforce, il
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— 52 —
ne pouvait se croire obligé, mais libre d^agir se-
lon les circonstances. Il offrit cependan t de payer
ce qui pouvait être dû, à la condition que l'ar-
mée des Douranis se retirerait immédiatement.
Mais il n^attendit pas que cette ofire fût acceptée
pour appeler Adina Beg Khan et le radja Kafon-
ra Mal avec leurs troupes, et il s^établit dans
un camp retranché à $hahdara,<lans les envi-
rons de Lahor. Il vint lui-même à la rencontre
de TAbdali , et se retira ensuite devant lui du
côté de Test, à mesure que ses alliés appro-
chaient de Lahor, où lui-même avait établi un
camp retranché sous les murs de la ville. Quatre
mois durant il se maintint dans ses positions sans
se laisser tromper à aucune des tentatives que fai^
sait le shah pour l'attirer hors de ses retranche-
mens. Le blocus était cependant sévère, etbieû-^
tôt les provisions commencèrent à manquer.
On fut réduit , pour nourrir les chevaux et le
bétail, à prendre la paille des toits; les grains
et la farine s'élevèrent à un prix exorbitant. Un
conseil de guerre fut convoqué ; Adina Beg ex-
posa qu'on ne pouvait espérer de la cour de
Delhi ni secours ni renforts , et qu^il fallait ris-
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_ S5_
quer une action avant que les vivres fussent
complètement épuisés , comme on devait s'y at-
tendre si le blocus duraitencore quelques jours.
Le radja Kaonra Mal fut d'un avis opposé; il
fit observer que les troupes du vice-roi n'étaient
composées que de nouvelles levées, qui ne pour-
raient tenir contre les vétérans éprouvés du shah.
Il ajouta que tout le pays avait été fourragé et
dévasté , et que le manque de provisions ne se
faisait pas moins sentir dans le camp des Dou-
ranis que dans le leur; que dans vingt jours au
plus les chaleurs allaient commencer , et que
les troupes du shah, habituées à d'autres cli-
mats , ne pourraient supporter le^ soleil et le
Tant dans la plaine et seraient forcées de se re^
tirer, ou de venir, à leur grand désavantage,
attaquer les fortifications du camp. On ne pou^
vait douter que l'avis du radja ne fût préfé-
rable et plus prudent; mais le vice-roi était
jeune, il avait l'impatience et l'impétuosité de
son âge , il trouva l'opinion d'Adina beg plus
conforme à ses désirs. En conséquence, le ma-
tin du 12 avril 1752 l'armée de Lahor sortit de
ses lignes et prit position sur un plateau élevé,
3
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— 54 —
où était établie une tuilerie. Le shah fît aussitôt
ses préparatifs de combat. Son artillerie reçut
ordre de se porter en avant, et Taprès-midi était
déjà avancée que la canonnade durait encore,
lorsque leshah, voyant quelque confusion dans
les rangs de Fennemi, le fit charger par un corps
de cavalerie d^élite. Mir Manou fut obligé de
rentrer dans ses retranchemens. Dans cette re-
traite Féléphant de Kaonra Mal passa sur un
tombeau antique qui s'ouvrit sous son poids.
Avant que le mahout Teût tiré de cet endroit
dangereux, le radja fut surpris et tué par un
cavalier dourani, et sa perte, quand elle fut
connue au camp de Mir Manou , occasiona une
terreur panique et une désertion si générale que
le vice-roi fut contraint de rentrer dans la ville.
Dans ces circonstances, Adina beg Khan se re-
tira brusquement avec ses troupes, et le vice-
roi, jugeant bien que les fortifications de la
ville n^étaient pas tenables , dut céder aux cir-
constances et offrir sa soumission au shah.
Uabdali , heureux de terminer ainsi la cam-
pagne, lui envoya son principal officier, Djehan
Khan, pour Tintroduire en sa présence. Il le
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- 3» —
traita avec courtoisie et respect , et saisit toutes
les occasions de lui témoigner son admiration
pour la résolution, Fhabileté et la vigueur qu^il
avait déployées dans toutes les circonstances. Il
exigea une forte somme pour Tindemniser des
frais de la campagne et lui rendit la vice*
royauté de Lahor et du Moultan.
Avant de déposer sa tbute-puissance, Ahmed
Shah se réserva Foccupation du Cachemir et y
eùvoya un fort détachement sous les ordres
d^Abdoulla Khan, qui pénétra dans la vallée et
y établit son autorité sans opposition. L^Hiudou
Soukh Djiwan, un khatri de Caboul, fut nom-
mé au gouvernement du pays, et la saison des
pluies approchant, le $tiah repassa Tlndus et
ramena son armée dans le Caboul.
Mir Manou ne survécut pas long-temps à ces
événemens; il mourut d^une chute de cheval.
Sa veuve, femme d^esprit et d'adresse , fit pro-
clamer son fils comme successeur à la vice*
royauté de son père , et s^empara de Tadminis-
tration en sou nom. Dix mois ne s^étaient pas
écoulés que cette espérance fut encore trompée :
Tenfant mourut de la petite vérole. Alors la
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— 36 —
princesse se fit proclamer elle-même el envoya
des ageDsà Delhi et dans le Caboul pour se faire
reconnaître. Au visir de Delhi elle fit offrir sa
fille en mariage , et celui-ci se rendit sur les
bords du Satledj pour célébrer la cérémonie.
Cette conduite assurait la position présente de
la prince3se , et bientôt elle manifesta son au-
torité par un acte de ctoiauté qui a terni sa ré-
putation. Accusé dWoir voulu s'emparer de la
vice-royanté, Bhekari Khan , officier distingué
du dernier vice-roi, fut arrêté par son ordre et
amené dans Tintérieur du palais , oii il mourut
sous les coups de bâton. La part que prit la
princesse à cet événement accrédita le bruit,
alors très généralemeif^ répandu , que ce crime
fut commis pour venger une de ces injures per-
sonnelles que les fenAnes ne pardonnent ja-
mais.
Le vice-roi féminin n'était pas capable de
déployer une grande activité contre les associa-
tions des Sikhs , qui se mêlaient , à son grand
déplaisir, des choses du gouvernement. Leur
nombre et leur audace croissaient rapidement ,
el.les bandes de ces pillards barbus se mon-
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- 37 —
traient chaque jour, traversant les divers dis-
tricts du Penjab, s^emparant des troupeaux,
dévastant les terres cultivées, à moins qu^on ne
les rachetât par des contributions. Le désordre,
Fanarchie et la confusion s^étendaient dans la
province comme dans les autres parties de
THindoustan.
Ce ne fut que quatre ans après, c'^est-à-dire
dans Tété de 1755-56 , que l'abdali Ahmed
Shah entreprit une nouvelle campagne. Dans
toutes ses invasions précédentes il avait toujours
été arrêté par les gouverneurs des provinces,
toujours la cour de Delhi avait fait quelques ef-
forts , ou au moins manifesté quelque inquié*
tude de ses progrès ; mais alors , tel était Tétat
de faiblesse et de désordre de Fempire que per-
sonne ne s'offrit pour arrêter sa marche , qu'il
traversa le Penjab et pénétra même jusqu^à la cité
impériale sans rencontrer le moindre obstacle.
Ses troupes pillèrent Mathra, menacèrent Agra,
et le shah , après s^être uni par un mariage à la
famille de Timour , força la capitale à lui payer
une lourde contribution et confisqua à son pro-
fit les biens des grands et des principaux habi--
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-- 3a —
tans. Une fois sa cupidité satisfaite il se retira ^
laissant le trône des Mogols dans des mains
aussi faibles et un état aussi déplorable qu^il
l'avait trouvé. Mais il s'empara du Penjabet du
Sirhind , donna le gouvernement de ces deux
provinces à son fils Timour , auprès de qui il
laissa son confident Djehan Khan avec quel^
ques troupes, et rentra dans le Caboul.
Après la mort de Mir Manou , Adina beg^
Khan avait maintenu dans une entière indé—
pendance le gouvernement du Djahlandhar
X)ouab qu'il occupait, il s'en était approprié les
revenus et les avait employés à accroître ses
ressources. Un des premiers actes "du jeune
Timour fut de mander Adina, comme son vas-
sal, à la cour de Lahor. Mais le vieux guerrier,
afin de gagner du temps , allégua la nécessité
de sa présence dans sa province pour réprimer
l'audace toujours croissante des Sikhs qui
étaient venus camper près de lui, l'impossibilité
d'abandonner son poste, lorsqu'il fallait de
grandes forces en permanence pour assurer la
tranquillité ^u pays. Le prince afghan ne pou-
vait se contenter de ces excuses, il envoya un
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— 3U —
^ ! détachement de ses troupes pour s^emparer de
la personne d^Adina beg. Mais celui-ci se ren-
força par une alliance avec les Sikhs dont il
prit un corps considérableà sa solde, et appuyé
par /eux se retira devantles Afghans jusque dans
les montagnes du nord. En état de guerre dé-
clarée avec les Douranis, son esprit fertile en
expédiens sut créer dans ce pays des moyens et
des ressources que tout autre que lui n^eût pas
su découvrir. Il appela à son secours les Mah-
rattes dont la réputation pour les entreprises
et les aventures périlleuses était alors dans tout
son éclat. Us étaient campés aux portes de Delhi.
Adina beg convînt avec eux de la somme qui
leur serait payée chaque jour en échange de
leurs services et leur assigna, une part sur le
butin que les alliés pourraient faire. L^expédi—
tion fut commencée avec vivacité et Malhar
Rao Holkar, avec quelques chefs de la nation ,
se dirigea immédiatement sur le Penjab où
Adina beg, suivi d^une foula de pillards sikhs,
le joignit au passage de Satledj. On marcha
rapidement sur Lahor. Le prince Timour et
Djehan Khan étaient trop faibles pour arrêter
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— 40-
ce torrent envahisseur, ils se retirèrent aus-
sitôt sur rindus. Mais ils furent inquiétés dans
leur retraite et la plus grande partie de leurs
bagages tomba aux mains de Tennemi. Les
Mahrattes se mirent alors à ravager toute la
contrée , leur principal corps retourna à Delhi,
mais un détachement de leurs troupes continua
d^occuper Lahor.
Adina beg Khan ne survécut pas long-temps
àcesévénemens.Ilmouruten 1758 après avoir
joué un rôle long et important dans les affîiires
du Penjab et deTHindoustan. Son habileté, son
expérience,* ses connaissances étendues le firent
distinguer de bonne heuse des vice-rois qui se
succédèrent à la vice-royauté de Lahor. Il s^é-
leva sous eux par degré jusqu^à ce point que
ses services furent enfin récompensés par le
gouvernement d^une province agitée mais ri-
che. Dans un temps de désordres et de di£Bcultés
incroyables il se maintint dans sa position et
rendit le pays prospère et heureux. Au milieu
des querelles sanglantes des nations qui préten-
daient à^Pempire, des conflits de tous les par-
tis, des intrigues de chefs tous plus puissans
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— 4i —
que lui, il sut gagner quelque chose a chaque
changement, et proGter de toutes les occasions
d^agrandir ou de consolider son pouvoir avec
une adresse et une activité qui lui valurent
une haute «réputation de sagesse. Il était passé
maître dans les arts et les subtilités de la diplo-
matie indienne. Il occupa les Sikhs et s^assura
contre leurs déprédations en les payant quel-
quefois pour leurs services, il aurait même
acheté leur neutralité sMl eût été trop faible
pour les réprimer. LorsquMl paraissait complè-
tement ruiné par les Afghans abdalis, il les fit
attaquer par les Mahrattes et avec Faide de ces
alliés chassa le prince qui favait réduit à une
telle extrémité et le ministre qu^il soupçonnait
d^être Tinstigateur de toutes ces intrigues. On
ne peut que faire des conjectures sur le rôle
quUl aurait joué dans la grande querelle en-
gagée entre les Mahrattes et les Afghans abda-
lis, la mort Payant sauvé de la vengeance ou
de la pitié politique du shah. Il ne laissa ni
postérité ni successeur pour perpétuer son nom
et son autorité , mais sa mémoire vit dans le^
Penjab et il est regardé même par lesr Sikhs
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— 42 —
comme le dernier gouverneur mogol de leur
pays.
Les Mahratles étaient alors la plus grande
puissance de llnde j leurs armées traversaient
le pays depuis le Dekhan jusqu^à*llndus et
THimalaya; il n^ avait personne qui ôsàt les at-^
taquer. Les soubahdars musulmans, qui avaient
assuré leur indépendance pendant le déclin de
Tempire mogol, tremblaient pour leurs princi-
pautés et paraissaient n'avoir d^autre alternative
que la soumission et le paiement du tchout à la
puissance prépondérante, ou leur complète ex-
termination. Dans cet état de choses , la réap-
parition de Tabdali Ahmed Shah à Test de
rindus fut pour beaucoup de personnes une
espérance de salut et de secours. Shoudja-oud-
Doula, à Oudh, le fameux Nadjib-oud-Doula,
qui gouvernait Delhi et le Douab du nord, les
ehe& Rohilla et toutes les familles musulmanes
établies dans le Douab ou à Touest de la Jum-
na^ accoururent sous Fétendart du shah et
vinrent sous sa conduite combattre pour leur
foi et leur indépendance. Les Mahrattes se reti-
rèrent devant le shah de Lahor à Delhi, pillant
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— 45 —
et ravageant toute la contrée quMls traversaient.
Les fertiles plaines du Sirhind présentaient donc
une apparence de dévastation qui engagea Tab-
dali , aussi bien pour se renforcer que pour s^u^
nir aux chefs musulmans de FHindoustan , à
passer la Jumna à Bouria, dans le Douab. Là il
rencontra et battit un détachement mahratte
commandé par Dattadji Sindhia, qui périt dans
Taction.Peu de temps après MalharRaoHolkar
fut surpris par deux généraux afghans qui dis-
persèrent ses troupes et même s^emparèrent de
sa personne. Lorsqu^arriva la saison des pluies,
Tabdali fît cantonner son armée dans le Douab,
entre Sekandra et Anoif^shahar ; car tout le
pays autour de Delhi et à Fouest de la Jumna
avait été ravagé et complètement dévasté par
les Mahrattes.
La cour de Pouna, informée de Farrivée du
shah et des défaites essuyées par Dattadji Sin-
dhia et Malhar Rao Holkar , fit de grands pré--
paratifs pour s^efforcer de soutenir sa suprématie
dansFHindoustan. Tous les vassaux de Fempire
furent convoqués , et une immense armée s^a-
vança vers Delhi sous le commandement de
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^ 44 —
Sndhasio Rao Bhâo, ordinairement appelé le
Bhâo, k qui s^étaient joints Wiswas Rao, fils
aîné de Peshwa , et les chefs des principales fa-
milles mahrattes. Dans leur marche les che6
virent encore grossir le nombre de leurs sol-
dats, et une multitude innombrable atteignit
Delhi, pillant sans remords tout ce qui se pré-
sentait et ne rencontrant aucun obstacle sur
son passage.
La Jumna, qui séparait les deux armées,
n'était pas encore guéat>le; aussi le Bhâo, après
une courte halte à Delhi , tourna vers le nord ,
du côté de Karnal, où son armée fut arrêtée
pendant quelquesjou^sausiégedeKounjpoura,
possession d'une famille pathane , sur la rive
occidentale de la Jumna. La place fut prise
d'assaut, après une résistance opiniâtre conduite
par le chef de la famille, Nidjabat Khan , qui
périt dans la dernière action. L'armée mahratte
redescendit alors vers Pahipat, ce qui ^permit
au shah de passer la Jumna avec sa cavalerie
le 23 octobre. Le Bhâo ne se crut pas en état de
se mesurer en rase campagne avec le shah : il
éleva donc des retranchemens et prit position
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— 48-.
aux environs de Panipat, où il attendit Tattaque
de Fennemi. L^Âbdali, renforcé par la jonction
des forces confédérées de Oudh, Rohilkand, et
de tous les chefs mahométans du haut Hindous-
tan, bloquâtes MahAtttesdans leurcamp et cher-
cha à couper leurs convois. Pendant trois mois
les deux armées restèrent en présence, occupées
k des escarmouches et des combats partiels, et le
shah continua son blocus» A la fin la famine
commença à se faire sentir dans Parmée du
Bhâo, et la détresse s'^accrut à un tel degré
qu'il fut forcé de hasarder une bataille. Le 7
janvier 1761 , dès le point du jour , il fit sortir
ses troupes de leurs positions retranchées, et se
prépara à une action décisive. Les Mahrattes
furent complètement défaits; le Bhâo , Wiswas
Rao et quelques-uns des principaux chefs mah-
rattes furent tués dans le combat. L'histoire
mentionne peu de*batailles où il se soit fait un
aussi grand carnage que dans celle-ci. Le chiffre
le plus faible de la perte essuyée par les Mah-
rattes porte le nombre de leurs morts à plus de
100,000 (sur 200,000) : mais si Ton considère
la distance où ils étaient de leur pays, et les
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- 46 —
terribles vengeances que le pay;s ravagé par eux
avait à exercer, on s^étonnera moins d^une telle
perte. L'effet moral produit par cet échec sur
la nation mahratte Fabattit encore plus que ses
pertes réelles. Us avaient envoyé toutes leurs
troupes à cette expédition , et leur défaite dut
alors être considérée comme le renversement
de leurs ambitieuses espérances et la destruc-
tion de leur pouvoir.
L^abdali, après cette importante victoire, se-*
journa pendant quelques jours à Delhi pour y
régulariser les affaires de THindoustan. De là il
se rendit à Caboul en passant par le Penjab,
après avoir nommé Khaja Obeid et Zein Khan
gouverneurs de Lâhor et de Sirhind, qu^il réu-
nit définitivement à son empire.
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cHAvxraz n (i).
Les Afghans dans le Penjab. — État des associations sikhes.
•^ Cororoencemens et exploits desprincipaaz chefs. — Misai. -—
Le Penjiftb est abaodoonc par les Afghans et occupé par les Sikhs.
1761 — 1771.
Ahmed Shah ne fît pas un long séjour dans
le Penjab , rappelé comme il le fut dans son
propre pays par les troubles qui y éclatè-
rent. Le gouverneur qu^il laissa à Lahor n^était
pas "autre chose qu^un comma^^dant militaire
d^avant-poste, recueillant les impôts et levant
les contributions comme il pouvait pour Fen-*
tretien de ses troupes et les besoins généraux
du shah. L'imparfaite occupation du terri-
toire , la faiblesse du détachement laissé sous les
ordres du gouverneur afghan Khaja Obeid,
furent très favorables aux Sikhs qui s^élevèrent
(i) Quelques faits dans ce chapitre ont été ajoutés au
récit du capitaine Murray. Ces faits nous ont ëtë fournis
par le Mémoire du capitaine Wade , qui a pris ses ren-
seignemens sur Torigine de la famille de Randjit Singh
aux meilleures sources.
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-^ 48 -
au milieu de tous ces désordres; la négligence
avec laquelle ils étaient surveillés leur permît
d^accroitre leurs forces dans différentes parties
de la contrée j et de développer leur puissance
et leurs ressources. Entre tous , les ancêtres de
Randjit Singh, le roi actuel du Penjab , se dis-;-
tinguèrent par leurs entreprises hardies et s^ac-
qulrent une réputation qui devait croître de
jour en jour. Cette famille ne se vante pas
d^une grande antiquité ; le premier de ses mem-
bres dont la tradition fasse mention est un
petit zemindai*, nommé Disou, un djât de la
tribu de Sânsi; il habitait Sbukar Tchak^ vil-
lage du district de Manjha. Son patrimoine
possédait deux charrues et un puits. On sait
peu de choise de ce personnage, si ce n'est qu'il
• fut le père de Nodh Sing, dont le fils Tcharat
Singh commença la fortune de sa famille par
rétablissement d'un serdari ou cour princière.
Ses descendans Maha Singh et Randjit Singh
en ont étendu la souveraineté sur un grand et
fertile pajs.
Nodh Singh fut le premier de la famille qui
embrassa la religion des Sihks : il épousa la
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-4Ô-
fiUe de Goiilàb Singh, zemindar de Midjithia ^
qui était déjà initié aux rites de cette croyance
et fit du Pahul la ccmdition du mariage* Nodh
Singh accepta; après son mariage il aban-
. donna la terre paternelle , et ayant enlevé pu
s'^étant procuré par quelque autre moyen un
cheval, il se réunit au corps formé par Kapour
Singh de Goujrat, qui avait pris le titre de Féï-
zouilapouria. ,
Nodh Singh mouruten lySo, Tcharat Singh,
suivant la vie aventureuse de son père ^ mais
ne voulant pas servir dans un rang inférieur,
fit alliance avec ses beaux- frères Dal Singh et
Djodh Singh , et avec leur aide leva un corps
de partisans qu'il entretint du fruit de ses en-
treprises toujours heureuses. Son épouse était
deGadjaraoli, village situé un peu au nord de
Lahor; par Finfluence de sa famille, il obtint
la permission d'élever dans le voisinage un
petit fort qui devait lui servir de place de
sûreté pour le dépôt de ses richesses , pour sa
famille et ceux qui s'étaient attachés à sa for-
tune. Ce poste, par son voisinage de Lahor,
servait de point de ralliement à d'autres asso-
Orio. et progr. 4
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— BO —
dations sikhes ; aussi en 1762 , attira-t-û VMt^
tention de Khadja Obeid, qui vint avec des
forces pour Tenlever et éloigner Tcharat Singh
du voisinage. Mais les Sikhs attachaient trop
d'^importance à ce poste pour ne point essayer
de le conserver, et un corps nombreux vint le
défendre. Lorsque le gouverneur approcha de
Gadjaraoli, ils jetèrent des hommes d'élite dans
la place, et le reste tenant la campagne inquiéta
son camp* Khadja Obeïd avait amené à cette
expédition un corps de troupes sikhes qui en-
tretenaient une correspondance secrète avec
leurs corélija^ionnaires et finirent par passer à
Fennemi. L^armée du gouverneur, saisie d'une
terreur panique, se dispersa, Khadja Obeïd lui-
même eut à peine le temps de monter à cheval
et de s^échapper, lorsque les Sikhs entrèrent
dans son camp et s^emparèrent de tous ses ba-
gages.
Après cette défaite, le gouverneur afghan
osa à peine sortir des murs de Lahor ; et le I>al
sikh, ou assemblée des chefs, fut publique-
ment convoqué à Amritsar, où jies ablutions et
les autres cérémonies du Diwali étant accom-
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- Si -
plies filfot résolu d^iavesUrDjaDdiala, place oc--
cûpée par Nirandjani Gourou, Hindou qui avait
fait sa soumission et pris du service sous Ahmed
Shah , et à cause de cela avait encouru la haine
vindicative des sectateurs de Gourou Govind.
La nouvelle de ces événemens éveilla Tat-
tention d''Ahmed Shah qui , en novembre
1762, se montra de nouveau sur Flndus. D^
là, il partit avec un détachement d^élite dans
Tespoirde surprendre , par une de ces marches
rapides auxquelles il devait ses succès , les Sikhs
qui avaient investi Djandiala dont le siège du-
rait encore. Mais quelques heures avant son
arrivée, les Sikhs furent instruits de son ap-
proche , et , levant leur camp , se dispersèrent
dans plusieurs directions; un grand nombre,
d'entre eux passa le Satledj. Le shah rejoignit
son armée à Lahor, et ordonnna à son gouver-
neur de Sirhind d'observer les mouvemens des
Sikhs, de convoquer les serdars et les d}agir-
dars (1) musulmans avec leurs contingent , et
d^attaquer Tennemi* Bientôt après, le shah fut
(i) Le '3jagirdar est celui qui occupe un territoire reçu
en récompense de ses services^ soit à perpétuité , soit à vie.
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informé par un courrier que Tarmée sikhe était
à Kos Rahira , sur la rive méridionale du Sat-
ledj (dont le cours à partir de Firoz va se diri-
geant de Test à Fouest), el que Zein Khan avec
les musulmans de Baraich et Malér Kolila (i)
observaient leurs mouvemens.
Le shah ordonna aussitôt à un fort détache-
ment de cavalerie de prendre des vivres pour
trois jours, et quittant Lahor dans le plus grand
secret, il marcha en personne contre Fennerai.
Le soir du deuxième jour, il passa le Satledj et
fit une halte de quelques heures à Loudiana,
Au point du jour, le matin suivant , il joignit
Zein Khan, qu^il trouva déjà engagé avec les
Sikhs; car ces derniers, comptant sur leur su-
périorité numérique , avaient voulu battre le
gouverneur de Sirhind et déjà attaqué son
camp. L'apparition des bonnets de peau de
mouton des gardes-du-corps du shah , décida
du gain de la bataille ; les Sikhs furent battus
et mis en fuite; on les poursuivit jusqu'à Ha-
riana Barnalla et le carnage fut terrible ; 25 ou
3o,ooo hommes, dit-on, perdirent la vie dans
(i) Noms de tribus.
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— M --
cette occasion , mais un vieux musulman de
Maler Kolila , qui s^était trouvé à cette bataille,
assura au capitaine Murray que la perte des
Sikhs ne dut pas dépasser 12,000 hommes.
Uabsence de toute espèce de registres , la for-
mation irrégulière des armées indiennes, qui
ne sont jamais qu^une association de chefs,
exagérant tous le nombre de leurs troupes y
rend di£Bcile , sinon impossible, d^estimer avec
quelque certitude les pertes essuyées dans un
combat. Toujours est-il que ce désastre est
qualifié dans les traditions sikhes de ghalou
ghara^ c'est-à-dire carnage sanglant. AlaSingh
de Patiala , chef de la famille des Phoul (i) ,
fut fait prisonnier à Barnala et amené par le
shah à Lahor. Là, à la prière du ministre Shah
Wali Khan , il fut relâché sur sa promesse de
payer un tribut , et son courage lui ayant as-
suré la faveur du shah , il fat honoré du titre
de radja et congédié avec de magnifiques ha-
bits d'honneur.
Le shah, irrité contre les Sikhs à cause des
difficultés qu'ils lui avaient suscitées, non moins
(i) Le ph est aspiré dans ce mot.
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— 54 -
que par son zèle fanatique contre les idolâtres
et les infidèles , signala son passage à Amritsar
par la démolition du temple sikh de Harman-
dar et du réservoir sacré. Le temple fut ren-
versé par la poudre , et le réservoir, dont les
matériaux furent mutilés et transportés, aussi
loin que les circonstances le permirent,, fut
souillé par le sang et les entrailles des vaches
et des taureaux, sacrilège encore plus grand
aux yeux des disciples schismatiques de Gk>a-
rou Govind qu'à ceux des Hindous, ortho-^
doxes de la religion de Brahma.
* L'attention du shah se tourna ensuite ve)*s le
Cachemir, dont le gouverneur Souk Djiwan^
atait levé Jes impôts depuis neuf ans, sans eu
rien reverser dans le trésor royal. La coopéra-
tion dé Randjit Dio, radja de Djammou,
ayant été assurée non sans quelque difficulté,
un fort détachement partit de Lahor sous les
ordres de Nour-oud-din , et le radja le cou-
duisit à travers les montagnes de Pir Penjal
jusque dans la vallée de Cachemir qu'il soumit
après une résistance opiniâtre. Souk Djiwan fut
fait prisonnier et puni par la perte des yeux,,
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— s» —
^hmed Shah , après avoir pris ces précautions
qui devaient lui assurer la possession du pays
à Test de Flndus, retourna à Caboul vers la
fid de Tannée 1762. Il préposa THindou Ca-
bouli Mal au gouvernement de Lahôr.
A peine FAbdali 6tait--il parti que les Sikhs
reprirent les armes* Un gourmatta , ou concile
de la secte , fut tenu publiquement à Amnlsar,
d^où une armée se dirigea sur Kesour (ou Ka-
sour ) ^ qtii fut pris et sacoSgé : un butin consi-
dérable fut la proie des vainqueurs* Enflammés
par ce succès ^ ils réunirent des forces plus con-*
sidérables et résolurent d^attaquer Sirhind. II5
parafent devant la place au nombre de qua^
rante mille, et campèrent en deox divisions à
Fest et à Touest de la ville. Dans le mois de dé-
cembre 1763, le gouverneur Zein Khan sortit
des murs poor risquer une bataille : elle s^en-
gagea à Fir Zein Manaira , village distant de
sept milles de Sirhind. La fortune favorisa les
Sikhs^et les généraux musulmans périrent dans
Faction/ La ville de Sirhind fut emportée et les
maisons rasées; car Facharnement des Sikhs^
était excité an plus haut point contre ce lieu ,
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par le souvenir que la femme et le jeune fils de
leur maître Gourou Govind y avaient été inhu--
mainement mis à mort par Vizir Khan, officier
d'Aureng-Zeb. Pas une maison ne resta debout ;
et c'est encore une action méritoire aux yeux
d'^un Sikh d'emporter trois briques des ruines
de Sirhind pour les jeter dans le Satledj ou la.
Jumna..
Cette entreprise audacieuse rappela Ahmed
Shah à Lahor; il y revint en janvier 1764 s c'é-
tait la septième fois qu'il envahissait THindous-^
tan. A son arrivée les Sikhs se dispersèrent et.
cherchèrent un refuge dans les déserts, à Fouest
et au sud de Patiala etNabah. Ala Singh, radja.
de la première de ces villes , avait obtenu la con-s
cession des ruines de Sirhind du chef Djoum*^
la Bhaï Boudha Singh , à qui la ville avait été
abandonnée du consentement unanime des
chefs qui Pavaient prise. Le radja lui donna
en échange quelques riches villages. Grâce
à Pinfluence du ministre Shah Wali Khan j
Ala Singh obtint du shah la ratification di^
marché.
Tant de désordres sans cesse renouvelés, exci-.
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tèrenl les regrets de TAbdali ; mais les moyens
ou le temps lui manquaient pour remédier à
ces maux : il reprit la route du Caboul sans
51 voir rien fait pour punir ou réprimer les Sikhs.
Il était à peine parti qu!^ils se rassemblèrent de
nouveau et osèrent attaquer Lahor. Cabouli
Mal fut obligé de fuir. La ville ainsi conquise
fut partagée par les vainqueurs en trois divi-
sions qui échurentàLehna Singh,GoudjarSingh
et Sobha. Ahmed Shah revint pour punir cet
outrage et s^avança jusqu^au Satledj ; mais les
Sikhs se replièrent devant lui jusque dans les
déserts situés au sud dlngraon , et il ne put
rencontrer d''ennemis sur qui exercer sa ven-
geance. A. son arrivée sur les bords du Satledj ,
Amar Singh , petit-fils du radja Ala Singh (i),
mort récemment, vint au-devant de lui et re-
(i) Amar Singh de Patiaia était fils de Sardpl Singh ,
qui survécut à son père; deux ou trois ans, suivant
Khoushwakt Raï. Lorsque Amar Singh vint auprès
d'Amed Shah, il reçut ordre de se raser la tête et la barbe
avant d être introduit devant le roi. Par un nazarana (ou
présent) d*un lakh de roupies, il obtint la permission de
Xie pas se conformer à cet ordre. Khoushwakt dit que le
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— «8 —
çut avec Tinvestiture le titre de Maha Radja
Radjagan Mahinder Behader, qui est mainte-^
Dant porté par le chef de la famille Patiala. Sair
ces entrefaites un desta^ oq corps de douze mille
hommes de Parmée du shah , quitta soudaine**
ment le camp sans en avoir reçu l'ordre et re-
tourna à Caboul. Le shah se mit à leur pour—
suite pour les punir; mais sa retraite fut inquié-
tée par des partis de Sikhs qui lui enlevèrent
beaucoup de bagages , voltigeant sur ses flancs
et son arrière-garde jusqu^à ce qu'il eût passé
le Tchenâb,
Le shah ayant ainsi abandonné la campagne,
les Sikhs ne se virent plus disputer la posses-
sion du Penjab. Ils s'étendirent dans le pays et
Toccupèrent définitivement . Chaque serdar , se-
lon ses forces, s'emparait de tout ce qu'il ren-
contrait, ne reconnaissant aucun supérieur, ne
soumettant ses actes au contrôle d'aucune au-
torité. Ils ne furent plus troublés dans leur con-
titre de Mahinder fut obtenu du shah Alam au temps de
Saheb Singh , et que le titre de Maha Radja Radjagan*
Behader fut celui confère à Âmar Singh par Ahmed
Slidili. [Note de r auteur.)
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quête par aucune armée venue de Fouest, où
Ahmed Shah continua de régner jusqu^à sa
mort, occasionée en 1773 par un chancre au
visage. Son fils et son successeur Timour oc^
cupa paisiblement le trône pendant vingt ans,
et ne fit aucune tentative pour recouvrer Lahor et
le Penjab : ce pays, avec la province de Sirhind
et tout le territoire à Test jusqu^à la Jumna, d^
vint la possession des chefs et des associations
qui avaient jusque-là vécu de brigandage et
étaient, pour la plupart, de basse extraction et
entièrement dépourvus de toute éducation et
de toutes lumières.
Les serdars, ou chefs de la nation sikbe, s'é-
taient fait suivre dans leurs campagnes par leurs
parens, leurs amis, des volontaires, et même
des mercenaires, mais en petit nombre. La plu-
part d^entre eux se considéraient comme des
associés intéressés au succès d^une même entre*
prise, et regardaient les terres nouvellement
conquises comme une propriété commune dont
chacun devait avoir sa part , selon Faide qu'il
avait apportée. Les associations s'appelaient /ni-
sals^ voulant dire par là qu'elles formaient une
Digitized
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— 60 —
confédération de puissances égales entre elles,
sous des chefs de leur choix. Le chef conduisait
à la guerre, et rendait la justice en temps de
paix ; il était respecté et traité avec déférence
par les serdars inférieurs ; mais ils ne se consi (gé-
raient comme obligés à Tobéissance que quand
ils y trouvaient leur bénéfice réciproque ou que
le bien du misai l'exigeait. Les parties confédé-
rées eurent chacune son titre particulier. On
comptait alors douze misais principaux, qui
pouvaient mettre en campagne 70,000 chevaux.
En voici le dénombrement ;
1" LeShangi-misaly à la tête duquel étaient
HariSingh, Djhandi Singh etGandha Singh,
qui étaient d^abord tous trois jâts et cultiva-
teurs dans le Douab. Le misai prit son nojxx
de Tusageque faisaient ses membres du bl/Langy
matière dont la fumée enivre et qu'on pré-
pare avec les résidus du chanvre. Son terri-
toire dépend aujourd'hui du royaume chevaux.
de Lahor 10,000
2** Le Ramgarrhia'-misaL II tire son
nom d'un village situé à Test de Lahor.
Son chef, Djasa Singh , avait d'abord
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— 61 —
été thoha^ ou charpentier. Ses pos-
sessions font maintenant partie du
royaume de Randjit Singh 3,ooa
S** Le Ghannia " misai j gouverné
par Djeï Singh j jât de Ghanni. Il est
situé aussi à Test de Lahor. Son terri-
toirre appartient à Randjit Singh. . • 8,000
4* Le Nakria^misaL II prend son
nom de Nakri^ pays situé au sud-ouest'
de Lahor et limitrophe du Moultan. Il
eut quelques chefs, tous jâts agricul-
teurs, de basse extraction. Son terri-
toire a été occupé , et il n^existe plus
comme corps distinct 2,000
5" Le Atouwala^rmsal ^ gouverné
par Djasa Singh , kalal ou massier. Il
acquit une grande considération parmi
les Sikhs, et ses partisans lui donnèrent
le titre de Badshah (1). Cette province
s^étend sur les deux rives du Satledj ,
et son chef actuel, descendant de Djasa
Singh, a placé la partie située sur la rive
(i) C'est sans doute une altération du persan pâdislKih,
qui signifie souverain*
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— «— !
orientale sous la protection anglaise.
Cest un grand de la cour de Randjit
Singh qui le traite avec distinction,
mais le soumet à de continuelles exac-
tions pour ses terres du Penjab 3,000
6*» Le Daliala^mùal j gourerné par
Tara Singh Gheîba, berger de t>ali^
village situé sur le Ravi, à Test de
* Lahor. Ce chef tira son surnom de
Gh^eïba de son adresse à mener paître
ses chèvres et ses agneaux au m^ieu des
torrens. Les possessions de Tara Singh
font partie maintenant du royaume
de Randjit Singh; mais le Roupour et
quelques autres serdars de ce misai,
ayant des possessions situées à Test
du Satledj, sont sous la protection an-
glaise 7,5oo
7 7"* Le Nishan fVakHjdsaly gouverné
par Sangat Singh et Mohar Singh, les
porte-étendard du dal^ ou armée si-
khe : circonstance d^où il tire son nom.
Les familles de ces deux chefs sont
éteintes, et Ambala, une de leurs pos-
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--05 -
sessions, est en conséquence tombé sous
le sceptre des Jinglais. Shahabad, ap-s
partenant à des chefs sou mis , est sous
la protection anglaise 12,000
8"* Le Feizoullapouria-misaly appelé
quelquefois Singkapouna^ gouverné
par Kapour Singh et Kousbh&l Singh,
de Feïzoullapour, village près d^Amrit-
sar. Son nom mahomélan a été changé
par les Sikhs en Singhapour. Les chefs
étaient des zemipdars jâts* Kapour
Singh était appelé Nabab par les siens.
Leurs possessions , situées à Fouest du
Satledj, ont été occupées, mais celles
qui étaient à Test sont encore adminis-
nistréespar leurs descendans sous pro-
tection anglaise ^i â,5oo
9" Le Krora Singhiar-ndsàlj gouver-
né par Krora Singh, et après lui par
Bhagaïl Singh , tous deus jâts. Krora
Singh. n^a pas laissé d^héritier. Les pos-
sessions de Bhagaïl Singh dans le Pen-
jab ont été occupées par Randjit Singh ,
mais sa veuve occupe Tchilandi et
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— 04 —
vingt-deux autres villages à Test du
Satledj sont sous protection anglaise,
Tchitcherouli, obéissant à un chef su-
bordonné, est aussi sous protection an-
glaise 12,000
lO^'heShahîdetNihanff'mùal^ go^i-
vernépar Karam Sîngh et Gour Baks h
Singh. Ce nom, qui signifie martyr,
fut acquis à cette province par les pre-
miers chefs , ancêtres de celui qui fut
décapité par les Musulmans à Damda-
dama, à Fouest de Patiala. Le terri- '^
toire situé à Test du Satledj est sous
protection anglaise 2,000
11". Le Phoolkia et Bhatkia^misal ^
gouverné par le radja Ala Singh, et
ensuite par Radja Amar Singh, son
petit-fils de Patiala, Phool fut aïeul jât
des chefs de Patiala , Nabah, Djind et
Keïthal, placés tous sous la protection
anglaise. 5,ooo
12"*. Le Soukarichakia^misal ^ gou-
verné par Tcharat Singh , ancêtre de
Randjit Singh, roi actuel de Lahor,
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dont les aïeux étaient zemindars jàts
de Soakar-Tchak 2,56î}f "
Total . . /. 69,500
Dans cette liste le misai de Tcharat Singh oc-
cupe la dernière place. 11 fut formé probable-
ment après que l'heureuse défense de Gadjraoli
et la défaite de Khadja Obeïd eurent élevé la
réputation de ce chef. Chaque misai agissait
indépendamment des autres ou de concert avec
eux , selon que la nécessité ou des inclinations
particulières en décidaient; cependant il y avait
le plus souvent une assemblée de chefs appelée
sarhat khalsa tenue deux fois par an à Amrit-
sar pendant les fêtes deBeïsakhi etDewali, qui
tombent en avril et octobre. Alors après les
bains dans le réservoir sacré on tenait généra-
lement un gourmattUy ou réunion particulière.
Là on soumettait à la sagesse de rassemblée les
grandes expéditions et les questions d^une im-
portance extraordinaire. Si les forces réunies de
quelques misais entraient en campagne pour
quelque entreprise de pillage ou pour lever le
Rakba (Black Mail), Farmée prenait le titre de
Dal du khalsa DJi.
Orig. et prqgr. . 5
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Lorsque les circooscriptioDS territoriales de^
miçaU furent arrêtées, le premier devoir des
chefs fut de partager les terres, les villes, les
villages entre ceux qu'ils regardaient eux*-mênies
comme ayant fait la conquête en commun
(shamzl) avec eux. Chaque sarkanda ou chef de
la plus petite troupe de cavalerie qui servait
sous l'étendard du misai, demanda ^ part,
proportionnée à sa puissance et à ses efforts, et
comme ils ne recevaient aucune solde çt qu'ail
uY avait pas d'autre, récompense à leur offrir,
on dut recourir à ce moyen pour les çati^faire^
Les serdarùÇoM parts des chefs) étant déjà dési-
gnés, le reste fut partagé en /lo/^/^ ou parcelles
pour chaque sarkanda , et ceux-ci furent sub-
divisés à leur tour entre les chefs inférieur?
selon le nombre de chevaux qu'ils avaient mi»
en campagne. Chacun reçut sa part comme as^
socié à titre égal et la posséda dans une indé-^
pendance absolue.
Il était impossible qu'un tel état de choses
subsistât long-temps dan§ le Penjab, pas plus
qu'il n'avait subsisté en Angleterre, en France
et dans d'autres contrées de l'Europe , lors-^
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-07 -
tju^elles furent conquises de la même matiièrë
par des hordes de guerriers associés qui ne
reconnaissaient ni gouvernement ni autorité
régulière* Quand la crainte d'un ennemi et d\m
danger communs furent écartés et que les chefs
de hardisaventuriers devinrent propriétaires ter-
ritoriaux, des discordes et des guerres intestines
commencèrent selon le caractère, Pambition ou
Pavarice de chacun. Les causes de querelles né
firent jamais défaut dans la confusion des con-
fédérations de cette espèce. Les haines qui par-^
tageaient chaque territoire favorisaient les des-
seins des ambiteux ; leur secours était sollicité
par l'un des partis, et souvent ils trouvaient
moyen de les renverser tous deux. S'il s'^agissait
de limites, d'injures reçues, de torts réels ou
imaginaires , le chef convoquait ses parens et '
ses vassaux, pour qu'ils eussent à lui fournir les
moyens de se faire rendre justice. L'honneur
leur faisait une loi de ne pas lui manquer lors-
qu'il invoquait le tchara} mais dans le cas
d'une division intestine du misai , chacun était
libre de choisir son parti , et aucun des partis
ne trouvait mauvais d'appeler du secours de
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— 68 -
Textérieur. Lorsqu^an avait recours au tcharay
il était d^usage que le chef ou la personue qui le
réclamait payât une roupie par kalhi^ ou par
selle. Dans les autres cas le service était gra-
tuit; le pillage était la seule récompense qui in-
demnisât ceux qui s^étaient rangés sous Féten-
dart du chef. La vie passée et les habitudes des
Sikhs leur avaient ôté tout scrupule sur le rôle,
la conduite ou le caractère de leurs associés.
Les plus grands criminels étaient admis dans
leurs rangs y et c^était un point d'honneur de ne
jamais rendre les réfugiés qui étaient venus leur
demander asile, quel que fût le crime qui
leur fut imputé. Aussi la pratique du gaha^
c est-à-dire Tusage de se faire justice par soi-
même autant qu'en ayant recours aux autori-
tés , était-elle fréquente chez les Sikhs ; aussi
chaque propriétaire de village entourait-il sa
propriété d'un mur et d^un fossé; aussi dans
les villes ou places occupées en commun,
les maisons des associés et de tous ceux qui
étaient exposés à la cupidité ou aux pas-
sions haineuses des autres étaient-elles bâties
comme des forteresses , et souvent une espèce
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de citadelle, élevée dans la propriété même,
en était séparée par un retranchement inté-
rieur, pour se défendre des trahisons des ser-
viteurs.
Le mode de possession que nous avons dé-
crit s^appelle pàtidariy cVst ainsi que possède
chaque associé d^un rang moindre que celui de
serdar, jusqu^au simple cavalier qui se monte et
s^équipe à ses propres frais ; tous ils régularisè-
rentlaconditiondeleurj9a^;,en éloignant, chas-
, sant , ou même , selon leur plaisir, maltraitant
tous les zemindars et en s^insurgeant contre
eux. La plainte de ces derniers ne pouvait être
écoutée ni obtenir justice d'aucun supérieur.
Dans le cas d'une querelle entre égaux, on s^en
rapportait au jugement du sarkanda, et si sa
décision n^'était pas satisfaisante, on pouvait
faire appel au serdar général. Cependant le
mode le plus ordinaire de faire écouter ses
griefs était de réunir ses parens et ses amis et
de demander une prompte satisfaction. Un pa-
tidar ne pouvait vendre son fief à un étranger,
mais il pouvait l'engager dans un cas pressant,
et à Sja mort désigner son héritier. L'aide réci-
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— 70 -^
proque pour la défense était le lien qui unis^
sait le patidar à son chef et la seule condition
de son investiture.
Cependant , outre le patidari , il existait en-r
core trois autres espèces de fiefs, nés des cir-
constances ou créés par elles. Ils désignaient la
position de différens chefs par rapport aux mi-
sais dont ils faisaient partie. Cétaient le mUal-
darij le tabadari et le djagirdavù
Des corps de force inférieure , ou des chefs
puissans sVttachaient quelquefois avec leurs
soldats à un misai, sans s^engager dans les con-
ditions de Tassociation ou de la dépendance*
Les terres ainsi assignées étaient considérées
comme la récompense de leur coopération ^ et
elles étaient tenues dans une indépendance
complète ; on les appelait misaldaris, S^il était
mécontent de son chef, un misaldar avait le
droit de se placer lui et sa propriété sous la pro-
tection de celui dont il préférait la suzeraineté.
Un tabadar était un vassal d^une autre sorte ;
.il était complètement réduit li la condition de
/serviteur. Les terres qui étaient sa récompense
pouvaient lui être reprises sous prétexte de for-»
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-- 7i ~
faiturey^désobéissanœ ou rébellion , ufi caprice
du serdar pouvait le dépouiller pour le plus
légw motif.
La troisième classe des fiefs> otidjagirs^ était
donnée à desparens, à des serviteurs, à des
soldats entretenus qui avaient bien servi; ces
tenanciers étaient soumis à un service person-^.
uel d'aune certaine durée eux et leurs quotas , ou
contingent, équipés et armés à leurs frais , sui-
vant les conditions de Poctroi« Ib dépendaient
encore plus du serdar que les tabadars. Ces
deux sortes de fiefs n^étaient héréditaires qu^a*^
vec sa permission ; leurs terres faisaient partie
du territoire assigné au serdari, et il va sans dire
que le misai ou association n^avait rien à voir
dans les arrangemens entre le seigneur et te
vassaL
Les établissemens et les concessions reli-
gieuses et charitables faites aux gourous sikhs ,
aux soudiis et baïds, les dotations pour les
templesetles distributions d'aumônes et même
pour les pirzadas musulmans , ne demandent
ici aucune mention particulière, car ils n^ont
rien qui les distingue de toutes les institutions
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— 72 — ^
du même genre qui existent dans THindoustan
supérieur.
Ces explications étaient nécessaires pour don-
ner une- idée de l'état des choses qui résulta
pour les deux provinces de Lahor et de Sirhind
de Toccupation des Sikhs, lorsqu'elles leur fu-
rent enfin abandonnées par les Afghans comme
elles Payaient été par les officiers mogols de
' Delhi. Le lecteur européen sera sans doute
frappé de Tanalogie de cette situation avec
celle de TAngleterre , telle que les traditions
nous la représentent lorsque les Saxons vinrent
Foccuper; avec celle de la France , lorsque
Clovis et les Francs s'emparèrent de la plus
belle partie de la Gaule. Les formes de goii--
vernement les plus grossières sont toujours
celles que les tribus ignorantes ont appliquées;
et si le philosophe éprouve quelque plaisir à
voir ce qu'ont produit ces tentatives d'indé-
pendance universelle et d'égalité entre les in-
dividus, ne donnent-elles pas 'aussi le droit
d'accuser de témérité celui qui oserait dire que
chaque classe de la société peut trouver le bon-
heur, la satifaction , la paix dans un pays gou->
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— 75 —
verné par quelques milliers de souverains,
comme le furent les malheureuses' provinces de
Lahor et de Sirhind, lorsque les Sikhs les eurent
conquises.
V f
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Discordes et divisions des Sikhs. — ,Èlévalion ot cKate de diver*
chefs — Histoire de Tcharat Singh et Maha Singh , ancôlrcs de
lUridjii Siogh. — Raodjit Singh prend la direction des affairca.
1773—1791.
En résumant la suite des événemens dans le
Penjab , Tbistorien n^a plu^ désormais à racon-
ter que les discordes et les divisions qui s'élevè-
rent entrqles nouveaux conquérans; et comme
ces querelles n'offrent ordinairement que fort
peu d'intérêt et de variété, il faudra faire choix
parmi ces événemens de ceux qui sont nécqg^
paires à Tbistoire, qui ont produit les circonstan-
ces actuelles, ou, en d'autres termes, faire men-
tion surtout de ceux dans lesquels les ancêtres de
Randjit Singh, ou lui-même, ont joué un rôle.
Le radja de Djammou, nommé RandjîtDio,
était en mésintelligence avec son fils aîné Bridj
Radj , et désirait le dépouiller de ses droits à lai
succession en faveur de son plus jeune fils,
Mian Dalel Singh. Pour assurer ses droits,
Pridj Radj se révolta et invoqua le secours de
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^ 76 —
Tcharat Singh, lui offrant un tribut annuel
considérable , à condition qu^il Faiderait à dé-
posséder son père. Tcharat Singh , animé par
une vieille haine contre Randjit Dio, accepta
Toffre qui lui était faite, et, se fortifiant lui-
même de l'alliance de Djeï Singh du Ghani-mi-
sal , s'avança avec ses troupes et celles de son
allié dans les montagnes , où il campa à Ooda-
char sur la rive du Basanti. Le radja , informé
des desseins de son fils, avait fait ses prépara-
tifs de résistance. Il se réserva à lui-même la
défense de la capitale et rassembla ses forces
contre Tin vasion. Elles se composaient des auxi-
liaires de Tchamba, Pîourpour, Baschar et Kan-
gra dans les montagnes, auxquels il avait réuni,
outre ses propres troupes , les forces confédé-
rées du Bhangi-misal sous les ordres de Djhan-*
da Singh , qu'il détermina à lui prêter son se-
cours. Les deux armées étaient campées sur les
deux rives opposées du Basanti , lorsque , dans
une escarmouche entre les Sikbs auxiliaires ,
Tcharat Singh fut tué : son fusil éclata entre ses
niains (i).
(i) Khoushwakl Raï donne les mêmes détails sur l*i
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— 70-.
Il avait quarante-cinq ans, et s^étaît élevé de
la condition de simple dhaivi\ ou homme de
grand chemin , au rang de serdar d'un misai
indépendant , avec un territoire dont le revenu
est estimé à trois lakhs de roupies. Il laissa une
veuve avec deux fils, Maha Singh et Sahadj
Singh , et tine fille , Radj Kounwar. L^ainé de
ses fils , Maha Singh , alors âgé d^environ dix
ans , succéda à son serdari ; mais sa veuve et
Djeï Singh Ghani prirent aussitôt la direction
des affaires. Cest par leur ordre que fut assas-
siné Djhanda Singh Bhangi, qui était le princi-
pal appui du parti du radja de Djammou et
Fennemi déclaré des misais deSoukarTchaki et
de Ghani. Un assassin fut tenté par une forte
somme , et il réussit en blessant mortellement
le chef Bhangi à Tinstant ou il se rendait sans
mort de Tcharat Singh ^ qu'il dit être arrivée à Oudout-
chak , sur le Basantar, dans une escarmouche entre les
deux armées campées depuis six mois sur les rives dti
fleuve. Le même auteur confirme l'assassinat de Dj banda
Singh t mais il dit qu'il était à cheval avec deux ou trois
soldats. La date qu'il assigne à ces événemens est la même
que celle donnée par le capitaine Murray. ( No/e de hau-
teur, )
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_ 77 -
escorte au camp de Djammou. Les Sikhs de
Soukar Tchaki et de Ghani, satisfaits de cette
exécution, abandonnèrent peu de temps après
Fentreprise ou ils s^étaient engagés. Les troupes
bhangis levèrent aussi leur camp après la mort
de leur chef. BridJ Radj Dio fut ainsi laissé seul
pour débattre ses droits avec son père;. cepen-
dant avant le départ de Maha Singh il accom-
plit avec lui la cérémonie de rechange des
turbans {^dastarbadli) et lui jura une amitié
fraternelle pour la vie* Ces choses se passaient
en 1774 (1).
(1) Le capitaine "Wade donne la date de 1771 comme
celle de la mort de Tcharat Singh, et il dit qu'elle eut lieu
danv<i une bataille générale contre les Sikhs Bhangis^ à Sa-
hawara, près Djasar Dodeh^ dans le Douab de la Ri-
tchhua. Il s'accorde à reconnaître que la mort de Tcharat
Singh fut causée par l'explosion de son fusil, mais il rap-
porte que Djhanda Singh fut tué dans un combat par un
homme de son parti. Ces différences, excepté celle de la
date , sont de peu d'importance ; mais il est singulier
qu'un événement comme celui-là ait été rapporté d'une
manière si diverse à ces deux officiers. L'autorité du ca-
pitaine Murray paraît préférable, et sa version a été sui-
vie. Le capitaine Wade diffère encore du capitaine Murray
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- 78 -
Quelques serdars inférieurs du misai récem^
ment formé de Tcharat Singh , méprisant la
jeunesse de Maha Singh , ou mécontens de la
régente, essayèrent de se rendre indépendaas.
L'un d^eux, Dharam Singh, fut le premier qui
osa commettre un acle de rébellion ouverte. Il
réclama le secours et Tassistance de Ghanda
Singh , successeur de Djhanda Singh au serdari
du Bhangi-misal, mais il fut déçu dans ses
espérances et dépouillé de ses terres par contu-
mace pour crime de forfaiture arant que per-^
sonne fût venu à son aide (i). Les autres ser-»-
dars furent eflPrayés par cet exemple. Les
circonstances paraissaient favorables pour le
sur la date de la naisance de Maha Singh. Le capitaine
Wade la place en 1707 , ce qui donne à Maha Singh qua-
torze ans en 1771 , lorsque Tcharat Singh movu'ut, sui-
vant la version du capitaine Wacle. Le capitaine Murray
fixe la naissance de Maha Sing en 1764 , c^qui lui donne
dix ans en 1774. {Note de hauteur, )
(1) Khoushtvakt Raî dit que Ghanda Singh, le chef du
Bhangi-misal, ayant été invité par Dharam Sing à Taider
contre Maha Singh, répondit : « Pourquoi dépouiller ce
a jeune homme et donner ses biens à un esclave? »
( Note de t auteur. )
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- 7» -.
mariage de Maha Sîngh qui fut en effet célébré
en 1776. Il s^uait à la fille de GadjpatSingh^
de Djind, à qui il était déjà fiancé. Djeïâingh^
accompagné d^une nombreuse escorte des Sikhs
de Soukartchaki et Ghani, passa le Satledj
avec le beu^dê à Badroukk, où le jeune chef
rencontra sa fiancée. Un grand nombre des
serdars de la nation se rendirent à cette céré^
monie pouriui faire honneur; en effet on ne
peu t se dispenser de prêtei*soaconcours dansde
telles occasions, Tabscence est regardée comme
un grave oublia une haute inconvenance.
Maha Singh prit part ensuite comme associé
de Djeï Singh à une entreprise dirigée contre
Basoul Nagar, appelé aujourd'hui RamNagar
par les, Sikhs, situé sur la rive orientale du
Tchenab, et occupé alors par Dar Mohammied,
jjàt musulman^ qui était le chef de Fancienne
tribu de Tchatta^ nommée aussi quelquefois
itantcharia d^une ville considérable située dans
son territoire dont quelques habitans avaient
embrassé Fislamisme. Le motif de l'attaque
était que la tribu avait dérobé au Bhangirmisal
une grosse pièce d'artillerie abandonnée dans
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-^ 80 -
sa retraite par le shah Ahdali, et laissée en dé^
pôt à la tribu Tchatta parce qu^il était imposa
sible de lui faire passer le Tchenab(i)*Cecanoo
fameux est connu aujourd'hui sous le nom de
Bhangi Top : on le réclamait pour le khalsa
ou la nation sikhe, et c'était une assemblée de
chefs qui devait lui donner une destination.
Rasoul Nagar fut assiégé et bloqué pendant
quatre mois, sans que les Sikhs Bhangis, occu-
pés pendant ce temps à piller , à s'assurer des
terres ou à lever des tributs dans les districts
de Moultan et de Bahawalpour, songeassent à
secourir leurs alliés. La place tomba donc en-
tre les mains de Maha Singh , qui s'acquit par
ce premier fait d'armes une si grande réputa-
tion, que plusieurs serdars indépendans ou
attachés au Bhangi * misai , lui offrirent leurs
services , aimant mieux le suivre à la guerre et
(i) Khoushwakt Raï dit que le Bbangi Top fut pris par
Tcfaarat Sing à Lehna Singh , mais que l'affût ajant ëlé
brisé pendant qu'on le conduisait à Gadjraoli y on le laissa
en dépôt chez les zemindars de Rasoul Nagar ( ville du
prophète ) , jusqu'au moment où on viendrait le repren-
dre. La restitution de ce canon aux Bhangis était donc
une violation de la parole donnée. {Noie de Fauteur, )
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-^81 -^
Vivre sous sa protection et son commandement
que sousceltti .de tout autre chef.
Deux ans après cet événement , le 2 novembre
A780 , un fils naquit à Mafaa Singh ; ce fils te-
nait par sa mère à la famille Djind, on lé ^
nomma Randjit Singh. Il fut attaqué presque à
sa naissance de la petite vérole. La maladie pre-
nant une tournure défavorable , la vie du nou-
veau né se trouva en danger; selon la coutume
asiatique, le père fit d^abondantes aumônes
auxpauvres, invita une multitude de Brahmanes
et de saints personnages à prier pour lui , et
envoya des présens aux temples de Kangra et
de Djawala Moukhi. L^en&nt recouvra la santé,
mais eQ perdant un œil, circonstance d^pù lui
vient le surnom de Kana^ c^est-à-dire borgne,
et son visage conserva les traces indélébiles de '
la nialadie. A cette époque, Maha Singh essaya
de régulariser le gouvernement du pays qu^il
tenait de son héritage ou de la victoire y cher-
cha à étendre son influence et h^% relations. Les
Bhangis ayant perdu leurs principaux serdars,
avaient tenté de s^étabfir dans le Moultan, d^où
ils avaient été repoussés par une armée d^Af-«
Orio. et froor. 6
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— 8« —
ghaos qui reprit sur eux lai ville de Moullan , et
même les chassa plus tard de Bahawalpour et
de Mankera. Il résulta delà que le Bhangi-^misal
n'eut plus réellement d'existeuce indépendante^
tandis que la fortune et la renommée croissante
de Maha Singh lui permettaient d'étendre son
influence et de s'enrichir des dépouilles ^d^
Bhangis. Il dut cependant agir avec prudence
ayant de s'engager dans une guerre ouverte
avec ses frères sikhs ^ car il savait que la pour-^
suite de tels moyens d'agrandissement suscite*^
rait beaucoup de mauvais vouloir tx>Qtre lui^
et provoquerait probablement une ligue re-^
doutable contre sa puissance* D'un autre côté,
l'empire des A%faaQS était encore trop formi-i-
dable et trop bieù uni pour qu'il pût espérer
de s'agrandir aux dépens de cette nation. Mais
son esprit ambitieux n'hésita pas long*-^tetnps à
trouver le nloyen de poursuivre avec succès
l'exécution de ses pians..
Ra(^a Randjit Dio de Djammoû était mort ,
et son fils Bridj Radj Dio lui avait succédé. Cà
prince insouciant et dé^bauché excita de tels
niécontentemens dansjsaprincipaulé qu'il four**
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làït à MahaSingh un motif dHnterventiqii dans
ses affaires* En effet^ ctim^y tenté par les cir^
constances, demanda un tributiet>^oulutfotcer
son coreligionnaire à deremir son vafisai. Il
sWançadans les montagnes avec une armée, at
Bridj Eadj dépourvu de tpùt niojen de résis^
tança , s^enfuit dans la montagne de TriJ&ola
Dévi , montagne à trois ^ics où se trouvait un
asthan ou temple de i^shan Déyi à qui les bé-
rets hindous fiDntdes offrandes de cacao /qpz'ils
espèrent devoir ^e plus agréïable ii celle bien«-
veillante dirinité que éas têtes de boucs. lia
ville de Djammou était a eette ipoque 1res prbs*
père et très riche ; car, par suite des divisions
du Penjaby beaucoup de riches marchands
étant venus y chercher un asile, j établirent dç|s
relations avec les montagnes où ils nWaieiM: p?i
pénétrer jusque-là (i). Djammou était bien
(i) Khoushwakt Raï dopne les noms de plusieurs fa-
milles réfugiées à Djaiomou peodant les trouble3 du Peu-
jab ; entre autres Malika Zemani^ reine de Delhi , et une
des veuves de Mir Manou. Hari Singh^ le fils de Kaonra
Mal avec d'autres ipembrçs de sa fapiille^ y vivait aussi. Dil-
pat Raï , fils de Lakhpat Raï ^ s'y était aussi établi avec les
débris de plusieurs autres familles nobles de Delhi et de la
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- 84 ~
situé pour ce dessein, car sous Randjit Dio^
cette'Classe de personnes fut bien accueillie et
put vivre en toute aisance et sécurité. Maha
Singh et les siens pillèrent la ville , ravagèrent
tout le territoire de Djammou et ne revinrent
qu'après avoir fait, dit-on, un immense bu-
tin , tant en espèces qu'en objets précieux de
toute sorte (i).
Cette conduite de Maha Singh , quoiqu'elle
Tenrichit, lui fit beaucoup d'ennemis. Les
Sikhs Bhangis, qui avaient toujours entretenu
des rapports très étroits avec Djammou, furent
vivement irrités, mais ce qui était encore plus
préjudiciable peut-être pour la naissante fortune
courdu vice-roi. Randjit Dio traitait tous ces réfugies avec
beaucoup de distinction , et il recommanda particulière-
ment à son fils de leur continuer la même bienveillance.
Bridj Radj cependant ne fut pas plutôt ëlevé au pouvoir
qu'il les soumit à de dures exactions. On dit qu'il obtint
ainsi de Hari Singh 5o lakhsde roupies. {Note de V auteur.)
(i) Khoushv^akt Raï évalue le butin fait à Djammou à
deux crores de roupies^ mais ce chiffre parait exagéré. Il
dit aussi, que Bridj Radj fut tué dans un combat conti^e un
détachement Bhangi. Son filsTcheït Singh lui avait suc-
cédé lorsque Maha Singh prit la^ville et la saccagea.
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— 88 —
de Maha Sin^ , ce fat le déplaisir de son
vieux mentor et gardien Djeï Singh que ses
succès lui attirèrent. Ce chef était alors à
l'apogée de sa puissance et doi^ d'un ca-
ractère impérieux. Maha Singh à son retour
des montagnes se rendait avec son butin à
Amritsar pour j offrir ses respects à Djeï Singh
et faire ses ablutions dans le réservoir sacré.
Le vieux chef le reçut avec une froideur et un
déplaisir marqué , à tel point que quand Maha
Siugh , prenantrattituded'un inférieur, s'appro-
cha avec un pot de confitures à la main, et le pria
de lui dire quelle pouvait être la cause de son
mécontentement , protestant , quant à lui , de
ses sentimens de reconnaissance filiale pour
Djeï Singh,. et offrant toutes les satisfactions
qu'il était en son pouvoir de donner , Djeï
Singh alors étendu sur son lit , et posant ses
pieds sur Maha Singh , lui dit qu'il ,en avait
assez de la sentimentale conversation de la
Blmgti ( danse d'enfans) (i). Maha Singh se
(i) Sviivatit Khoushwakt Raï^ Djeï Sing donna ordre
de tirer sur Maha Singh. Son fils Gour Bakhsh intercéda
en vain pour faire retirer cet ordre. Il dit aussi queMaha.
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— «8 —
garantie par le jeune chef qu^il avait insulté
sous condition de rendre à Djasa Singh les
terres dont on Pavait dépouillé et à Sansar
Tchand le fort de Kangra qu^on lui avait pris
par stratagème* Ces conditions acceptées, les
alliés continuèrent d'occuper la ville de fiattala;
mais avant la fin de Tannée , Sada Kounwar , '
veuve >de Gour Bakhsh Singh réussit par un
complot tramé avec les habitans à expulser la
garnison victorieuse et à reconquérir la ville.
Djeï Singh avait placé toutes sei^spérances*
sur la tête de ^ur Bakhsh, et quoiquHL eM
deux autres fils, Bagh Singh et Nidhan Singh, il
les traitait avec négligence , car toutes ses afiec-*
tion^ se reportaient sur la famille de son fils
mort. Sa veuve Sada Kounwar avait pris une
grande influence et Fascendant le plus entier
sur le vieillard, et comme elle était d'un esprit
ambitieux et hardi , elle obtint qu^un apanage
séparé de quelques villages entre Sohnaoïet
Hadjipour serait réservé aux fils survivans, tan-
dis qu^elle-même préparait tout à Battala dans
ses intérêts et ceux des enfans qu'elle avait de
Gour Bakhsh , un fils et une fiUe. A sa sugge? •»
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lion une négociation fut ouverte pour les fian-
çailles de cette fille Mehtab Kounwar, avec
Randjit Singh le jeune fils deMahaSingh. Elle
espérait arriver ainsi à une réconciliation dura-
ble, et par le moyen de cet allié tout puissant
sVssurer à elle-même le gouvernement du ser-
dari à la mort de son beau-père. Le consente-
ment de Maha Singh ne se fit pas attendre et la
Mangni^ ou cérémonie des fiançailles, fut ac-
complie dans l'année 1785. Par là le pouyoir et
la renommée de Maha Singh s^accrurent encore,
car Famitié du serdar de Ramgharia et celle
du radja de Kangra à qui son secours avait as-
suré le recouvrement de leurs possessions per-
dues, ajoutée à Pinfluence qui résultait de ses
étroites relations avec le Ghani-misal, le met-
taient dans une telle position quMl n^ avait
personne dans le Penjab ou dans la nati2»n
sikhe qui put rivaliser d^autorilé avec lui ou
réunir des forces égales aux siennes. Le résultat
fut favorable à la prospérité du pays, et le Penjab,
fondant quelques années, jouit sousTinfluence
de ce chef d'un repos et d^une tranquillité qui
lui étaient depuis long-temps inconnus.
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Jusqu^en 1791 Maha Siogh continua d^ad^
ministrer en paix le territoire qu^il avait acquis
et exerçant son pouvoir au bénéfice de ses alliés.
En celle année mourut Goudjar Singh, éhef
sikh duGoudjrat, et Saheb Singh son fils succéda
à son serdari. La sœur de Maha Singh avait été
donnée en mariage à Saheb Singh par Tcharat
Singh 9 mais les liens de la pareuté ne purent
rien contre Tambition et le désir d^agrandissé-»
ment qui travaillaient Pesprit de Maha Singh. Il
jugea le moment convenable pour faire recon-^
naître son autorité dans le Goudjrat en récla-
mant un tribut. Saheb Siugh refusa d^obéir,
.alléguant que son père était un des chefs du
Bhangi-misal et nVvait jamais servi sous le
drapeau du Soukar Tchaki - misai dont il ne
pouvait reconnaître la suzeraineté. En recevant
cette réponse Maha Siugh fil avancer son armée
et assiégea, Saheb Singh dans le fort de Sou-
dharp. Dans sa détresse^ Saheb appela à son se-
cours lesBhangis, et Karam Singh Doulou vint
avec ses troupes pour faire lever le siège. Trop
faibles pour se meeiurer en rase campagne avec
Maha Singh , les Bhangis s^établirent aux envi-
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- 9t ^
rons de son camp et Pinquiëtèrent beauGOap
pour la sûreté de ses convois ; mais un déta*^
chement desSoukar Tchakis prit et pilla le camp
des Bhaûgis, oe qui permit à Maha Singh de
pousser le si^e avec vigueur. Il était depuis
trois mois devant la place lorsqu^au commen->
cernent de 1792 il tomba sérieusement malade.
Le siège fut aussitôt levé et le chef| transporté
à Goudjraoli sa principale résidence, y expira
dans la vingt*^iseptième année de son âge. Il
était brave 9 actif, prudent plus que ne le sont
les hommes aussi jeunes que lui et il a laissé
parmi les siens la réputation d^un serdar ac^
compli. Il échappa à la tutelle de sa mère à
Fàge de 17 ans, et quelque temps après ayant
découvert ses intrigues avec un brahmane , il
la tua lui*mème de sa main; acte de justice
barbare qui ne parait pas avoir entaché sa ré-
putation ou nui à sa gloire aux yeux de ses con-^
tempûrains.
. Maha Singh ne laissa qu'Hun fils, Randjit
Sidgh le roi actuel, alors âgé de 12 ans, sa
mère fut régente et assistée du ministre de soa
époux, Lakhou ouLakpatSingh . Sada Kounwar,^
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-^ 98 —
la belle-mère du chef mineur, exerçait aussi
une grande influence sur les affaires, et Tannée
suivante, c^est-à-dire en 1798, la mort de Djeï
Singh laissa le Ghani-misal sous sa direction ,
tout ayant été préparé de longue main pour
Texclusion des fils de ce serdar.
On prit peu de soin de Féducation de
Randjit Singh : on lui laissa satisfaire toutes les
passions et tous les désirs de sa jeunesse, ses
premières années s^écoulèrent dans les plaisirs
et dans les divertissemens de la campagne. Il
nV pas encore appris à lire ou à écrire dans ^
aucune langue que ce soit. Il était encore
en tutèle lorsqu^un second mariage Tunit
à Radj Kounwar, fille du chef Naki Khadjan
Singh. '
Ce fut à 1 7 ans, comme son père, que Randjit
Singh prit en personne la direction des af-
faires et congédia son ministre. Plus tard, parles
conseils de Dal Singh , oncle maternel de son
père, qui nourrissait^ depuis long-temps des
sentimens haineux contre le ministre , Randjit
Singh chargea Lakhou d^une expédition contre
la ville de Kitar; Fancien ministre y fut tué
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— 95 ^
dans une querelle ayèc les zemindars et Ton
soupçonne que cette mort fut le résultat d^un
complot. L'exemple de son père sanctionna un
autre acte .ide cruauté commis par Randjit
Singh. La régente ayai| été accusée de mauvaise
conduite, on disait même que le dernier mi-
nistre n'était pas le seul complice de ses débau--
ches; on dit qu'en recevant la preuve évidente
de ces faits, Randjit Singh ordonna, ou au moins
permit qu'on la mît. à mort; et le vieux chef
Dal Singh passa pour avoir fait exécuter la
sentence par le poison (i). Randjit Singh ^ d a-
près l'avis de Sada Kounwar y ne confia à per-
sonne les affaires de son serdari; les diffi-
cultés qu'il rencontra, et les moyens qu'il
employa pour les surmonter, et tirer parti
de chaque circonstance dans l'intérêt de sa
(i) Ces pai-ticularité3 sont extraites du Mémoire du ca-
pitaine Wade. Le capitaine Murray dit simplement ce qu'il
renvoya son ministre et fit assassiner sa mère. » Le capi-
taine Wade donne l'année 1787 comme celle de la mort
de Maha Sing, et prétend qu'il était né en 1757. N'ayant
pas les moyens de prononcer entre ces deux assertions,
j'ai suivi l'autorité du capitaine Murray. {Note de P auteur.)
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fortune , forment le sujet des chapitres mi*
vans (i).
(t) Khoushwakt Raï ne dit rien sur le sort de la mèrç
de Randjit Sing^ mais il admet que le mioistre fut assa^k
sine; il ajoute que Randjit Siftgh convei^^ pendant long-
temps de la haine contre la race entière des Monta Sadi »
et ne voulut en employer aucun . {Note de fauteur. )
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CHAPZTBJB ZV,
GpfnmencemeDs <1u règne <]e Randjit Sixigh. — Il s*agriinfUt aux
dépens des autres serdars iîkhs. — Traité avec le gouvernement
anglais. — 11 renonce à la rive orientale du Satledj.
1794 — 1808.
Bans le cours des années 1795, 1796 et 1797,
le Penjab fut deux fois exposé aux invasions
du shah Zaman, qui venait de remplacer le
pacifiqne Timoiir sur le trône de Caboul. Les
Sikhs n'osèrent pas lui résister en rase campa-
gne , et ses expéditions occasionèrent une im-
mense confusion , car elles forcèrent les serdars
dont il traversa les possessions à les abandon-
ner momentanément. En 1798, le shah se pré-
senta encore une fois , et entra à Lahor sans
rencontrer d'obstacles ; mais , après quelques
mois de séjour, voyant qu'il lui était impossi-
ble de fonder un établissement durable dans le
pays , ou de tirer quelque avantage de Foccu-
pation du Penjab , il retourna dans ses posses-
sions héréditaires à Touest de Tlndus , et les
serdars sikhs rentrèrent chacun dans les terres
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— 96 —
qu'il avait évacuées à Tapproche du shah*
Randjit Sing était un de ceux qui s^étaient re--
tirés devant le shah , car il fit comme tous les
serdars qui se trouvèrent dans les mêmes cir-
constances que lui ; il abandonna son misai ; il
employa le temps du séjour du shah à Lahor
à faire une expédition au-delà du Satledj pour
lever les tributs et réduire sous son autorité les
villes ou villages 'dont il put s^èmparer.
Après la retraite du shah, Randjit Sing son-
gea aux moyens de s'assurer la possession de
Lahor : il fut encouragé dans ce dessein par
sa belle-mère Sada Kounwar, qui lui promit
d'appuyer l'exécution de ses vues. Lahor était
à cette époque possédée en commun par Tcheït
Singh, Mohar Singh et Saheb Siugh. Mais
Randjit Singh, par un important service qu'il
rendit à Zaman Shah, sut obtenir de ce prince
la permission d'en prendre possession. Les Af-
ghans avaient été obligés de quitter précipi-
tamment le Penjab pour s'opposer aux desseins
de la Perse sur Hérat, desseins qu'elle couvrait
du prétexte de secourir Shah Mahmoud. En
arrivant sur les bords du Djilam , l'armée af-
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— 07 —
ghane trouva le fleuve débordé pai' les pluies ^
ce qui rendait impossible le passage de Tartil-^
lerie. Ne voulant pas être arrêté par cette cir-
constance j Shah Zaman jeta ses canons dans
le fleuve j et écrivit à Randjit Sing de les reti-
rer et de les lui envoyer, lui faisant espérer
quMl Taiderait à réaliser ses vues ambitieuses
sur Lahor en échange du service qu^il deman-
dait. Le Sikh retira huit canons sur douze du
lit de la rivière où ils avaient été ensevelis , et
les renvoya au shah, dont il reçut en retour
Tinvestiture qu'il désirait. Les quatre autres ca- .
nons ne furent retirés du Djilam qu'en i823;
ils sont maintenant déposés à Tarsenal de La-*
hor (i).
Armé de cette autorité influente sur la popu-
lation musulmane de la ville, et appuyé par le
crédit et les troupes de Sada Kounwar, Randjit
Singh fit ses préparatifs pour s'emparer de La-
hor .Les trois chefs sikhs qui l'occupaient étaient
(i) Le capitaine Marraj ne dit pas que Randjit Singh
obtint rinvestiture du souverain afghan. Ce fait^ avec les
circonstances qui l'accompagnent ^ est raconté ici sur Tau*
torité du capitaine Wade* (Note de hauteur.)
Orig. et nioGR. 7
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— M —
dissolus Y débaucha et insoueians des moyen»
qui pouvaient assurer leur sécurité. Ils uVvaient
que peu de troupes ou de vassaux, et leur admi-
nistration était impopulaire au dernier degré.
Pour préparer le succès de ses desseins , Hand-
jit envoya Kaw Abdour Rahman, natif de
Rasoulnagar, pour nouer des intelligences avec
les principaux habitans musulmans. Mir Mph-
kam, intendant deTcheït Singh, Mohammed
Ashik et Mir Shadi promirent d'appuyer le
projet, et sVngagèrent à livrer Tune des portes
de la ville à Randjit Singh. Il s'avança donc^
accompagna de sa belle- mère, et fut reçu dans
la ville sans obstacle. Tcbeït Singh et ses deux
associés furent trop heureux d'accepter desdja-»
girs* Randjit Siug établit ainsi son autorité dans
la ville , et avisa aux moyens de conserver sa
conquête. Cette heureuse tentative sur une ville
si fameuse excita la jalousie des serdars, ses ri-
vaux, qui réunirent leurs troupes à Basim dans
rintentîon de reconquérir Lahor. Goulab Singh
Bhangi, Saheb Singh deGoudjrat,et Nadjam-
oud-din de Kasour, étaient à la tête de la con-
fédération , et se distinguaient surtout par leur
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— 90 —
animosité contre Kandjit Singh. Mais après quel^
ques mois de débats et quelques escarmouches
sans résultat, les serdars, voyant le jeune chef
bien préparé à la résistance, abandonnèrent
leur entreprise, et depuis lors la ville est tou-
jours restée au pouvoir de Randjit Singh.
Les Musulmans de Kasour, ville considérable
située à environ 25 kôs (4) S« E. de Lahor,
avaient encouru le juste ressenti ment 4e Rand*
jit Singh , autant à cause de la part que leur
chef avait prise à la coalition que des dépréda-
tions commises par eux aux portes de Lahor.
Sa première expédition fut dirigée contre eux ,
et de i 801 à 180a Nadjam-oud-din fut forcé
de se soumettre à Randjit Singh; il se reconnut
pour son vassal , et s^engagea à lui fournir un
contingent de troupes sous les ordres de sqn
frère Koutab-oud-din. Dans la même année,
le jeune chef étant venu se baigner au réser-
voir sacré du gourou Ram Dos à Taran Turan,
y rencontra le serdar Fateh Singh , de Alou-
(1 ) Mesure itinéraire de THindoustan évaluée par Ren-
ncl à 2 railles anglais ou 1735 pas géométriques, et par
M. Langlès aux trois quarts d'uoe lieue de France.
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— 10» —
wa1a*misal, et contracta avec lui des liens d'a-
mitié , scellés par un échange, de turb^nSé
L^année 1802 fut marquée par la naissance
de Kharak Singh (1), Théritier présomptif du
maha-^radja Randjit Singh : il naquit de Radj
Kounwar, fille de Kliadjan Singh de Naki.
Dans la même année , le fort de Tcheniot , oc-
cupé par Djasa Singh, fits de Karam Singh
Doulou , chef des Bhangis , fut assiégé et pris,
après une courte résistance, par Randjit Singh,
qui n^assigna au chef vaincu pour sa subsis-
tance qu^une rente insignifiante (2).
(1) Le capitaine Wade place cet événement après fa
mort de Dal Singh et lorsque Randjit se mettait en mesure
d'occuper son djagir et le fort d'Alipour, ce qui n'a dût
arriver, suivant le capitaine Murray , qu'en 1804. L'an-
née j8o3 est cependant la date assignée par ces deux offi-
ciers à la naissance de Kharak Singh. {Noie de hauteur,)
(2) Djasa Sing de Tchandaniot ou Tcheniot se rendit ,
dit-oQ , à Randjit Singh sur la promesse^qu'il serait réin-
tégré dans ses possessions , promesse jurée sur les livres
sacrés. Il n'en fut pas moins fait prisonnier^ et dépouillé.
' Randjit Singh , accusé de parjure, fit voir les livres sacrés
sur lesquels il avait juré; lorsqu'on eut enlevé les enve-
loppes qui devaient lej couvrir , on trouva des briques aii
lieu de livres. {Note de l'auteur.)
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^ 101 -
Au mois de décembre i8da, Randjit Smgh
réunit ses troupes a celles de Sada Koutiwar et
du chef Aloùwala, et les forces des trois misais
alliés vinrent attaquer la famille de Goulab
Singh , le dernier serdar puissant du Bhangi-
misai, qui avait toujours été en guerre avec
Maha Singh , et s^était mis à la tête de ta ligue
formée dans le but de recouvrer Lahor. Gou-
lab Singh était mort en 1800 , laissant sa veuve
Rani Soukha pour tutrice de son jeune fils
Gourdat Singh. Le moment était opportun
pour renverse»* à jamais la puissance des Bhan-
gis. Rani Soukha fut donc sommée de rendre
le fort de Lohgarh à Amritsar, et le grand ca-
non Banghi , enfin de se soumettre aux confé-
dérés. Incapable de résister , la veuve aban*
donnée évacua Lohgârh , et s'enfuit avec son
eiifant et sa famille , qui depuis a toujours véou
dans Findigence et Tobscurité (1).
(1) Goulab Singh mourut^ dit-on , d'an excès de ta-
ble. Lohgarh fut pris d'assaut, les assiégea n s s'y étant ia-
tixxiaits par une porte laissée ouveite pour servir d'em-
brasure à un énorme canon. l»a place fut prise peinlaut
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— loa —
Pendant ces événemens, une discorde de
fjunille ensanglanta ]&asour : Nadjam-oud*-din
ftit assassiné ^ et remplacé dans son aerdari par
son fr^e Koutab-oud-din. Les circonstances
paraissant farorables, Randjit Singh, avec ton-*
tes Ijes fprçes de ses alliés, envahit le territoire
de Kaf^iiir; mais, après trois moi$ de pillage
dan$ le pç^ys onvert , voyant qu'il ne pouvait
pen qontre les places fortes qui sont nombreuses
dans ce district , il accepta un paiement en ar^
gent et se retira. Pendant cette année Sans£|r
Tcband, radja de Kôt Kangra, dans les monta-*
gne§, de$p?ndit dans les plaines et pilla quel-
ques villages du territoire de Sada Kounwar,
situés dan3 le Ghani-misaL Mais Sada Kounwar
invoqua le ^c^urs de son gendre , qui arriva
t)^ pr£^ d^mptsde décem)>rc. Gouiidat e% sa mères'^nt
échappés, furent pendant toute uixe nuit e^^posés au froid
et à la pluie. Ils trouvèrent asile auprès de Djodh Singh ,
chef du Ramgarhia-niisal , dont le fort de Ramgarh était
peu éloigné. Randjît Singk trouva sa tante, la sœur de
Maha Singh, dans le fort, mais il la renvoya dans un
raih y ou chariot couvert, dès I0 malin suivant, partager
le« infortunés, de Rani Soukha. (iVb/w cte Cauteur.)
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-. 103 --
immédiatement avec Fateh Singh Âlotiwula et
eut bientôt chassé les montagnards. Il saisît
cette occasion pour assiéger Soudjanpour , oc-
cupé par Boudh Singh Bhagat , qui fut obligé
de payer une forte somme d^argent, de li^
vrer une grosse pièce dVrtiilerie et les trois
districts de Bahrampour ^ Dharamkot et Sou«-
khalgarh.
Du Douab de Djalandhar , où ces événemens
Taraient amené , Randjit Singh passa le Ravi et
retournaàLahor^en faisant un détour par Sial*«
kot et Rasoulnagar et pillant tout ce qu^il ren-
contrait. La veuve de Tchour Mal fut^ dans
cette expédition , dépossédée de Phagwara ,
abandonné à Fateh Siùgh Alouwala en récom*-
pense de ses services. SansaT Tchand osaencore,
vers la fin de Tannée (i8o4) redescendre dans
la plaine et prendre quelques villes dans le Dja-
landhar , mais il se retira à Papproche de Rand-
jit Singh et de ses alliés. En février suivant^ le
radja des montagnes reparut encore et prit
Hosheîarpour et Bidjwara , où il essaya de s'é-
tablir définitivement. Mais il fut chassé de ces
deux villes par les Sikhs , et Randjit Singh ^
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— 104 —
après cette expédition, fit une tournée finan-
cière y si Ton peut parler ainsi. Il se fit donner ,
à titre de présens ou de tributs , des sommes
considérables par les vieux chefs sikhs Tara
Singh Gheïba, Dharam Singh d^Amritsar et
Boudh Singh de FeizouUapour. Cette conduite
excita la jalousie et les craintes de ious les ser-
dars qui avaient joui jusque*là de leur indé-
pendance et d^une possession non contestée. Ils
Toyaienf bien que Randjit Singh voulait leur
imposer sa suzeraineté ; mais ils étaient si divi-
sés , si envieux les uns des autres , si peu capa-
bles de se donner un chef, qu^ils ne tentèrent
rien et ne purent arrêter aucune mesure com-
mune pour se délivrer de ses exactions arbi-
traires et le faire renoncer à ses habitudes d'a-
mende et de confiscation à son profit, qui
semblaient Famener systématiquement à visiter
les familles de tous les chefs qui mouraient. Ce
fut pendant cette année que mourut aussi Dal
Singh, beau-frère de Tcharat Singh, ce qui
rendit , par droit de seigneurie , Randjit Singh
maître d'Âkalgarh (i) et de Djaminabad; ces
(i) D'abord Al ispour, possession des Musulmans Tchit-
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— 10» —
places étant tenues par Dal Singh comme une dé-
pendance du Soùkartchaki-misal. DA Singh
était tombé en disgrâce peu de temps avant sa
mort.
Les dissensions des quatre fils de Timour
Shah, Hameïoun, Mahmoud, Shah Zaman et
Shah Shôudja, commencèrent alors à diviser
Fempîre afghan, à .y avilir Pautorité royale. Cet
état de choses encouragea Randjit Singh à diri-
ger ses vues vers l'ouest , et après avoir fêté le
Dasrah (i), à Lahor , par des excès encore plus
tas. Les Sikhs changèrent le nom de cette ville lorsqu'ils
la prirent en 1 770. ( Note de t auteur, )
(i)Sur celte fêle, voy. leMëmoiredeSir JohnMalcolm,
dans les Bombay Transactions y vol. III, pages 73-89.
D'après sir John , dasrah vient de dasmi dasrah , la
dixième nuit; la fêle tirerait ainsi son nom de sadurëe;
mais cette ëtjmologie est sévèrement critiquée par le ré*
clacteur du Quarterfy orientai Magazine (v. Il, p. 225,
Calcutta , j8i4) 9 qui donne pour étymologie de ce mot
.DaçahatOrj ^pithèle de Ganga , qui signifie la déesse qui
expie (Ole) les dix péchés. Cette fête est célébrée , selon cet
auteur, en commémoration de la descente de cette déesse
dans le mois djeïeschth (juin -juillet.) Mais comme la
déesse Darga , épouse de Si va, porte aussi ce nom , ce mot
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TÎolens qu^à son ordinaire, il résolut, dans
Tannée i8o4, de chercher h s'agrandir en s^em-
parant des provinces de cet empire situées à
Test de Tlndus. En conséquence, il passa le
Rayi en octobre, et ajant rallié les troupes des
Alouwalas , il arriva à Ramnagar , sur le Tche-
nab , et de là à Djhang , occupé par Ahmôd
Khan, chef puissant. Le khan fit sa soumission
•et paya une forte somme aux envahidseurs.
Sahiival et Kot Maharadja, possessions de deux
Musulmans béloutchis , furent ensuite visités.
La reconnaissance de la suzeraineté de Randjit
Singh , des chevaux et d'autres présens, les sau-
vèrent du pillage. La saison avançait; on fît
des préparatifs pour visiter les environs du
Moultan : mais le gouverneur, MozaiFar Khan ,
prévint les desseins des visiteurs et détourna le
fléau de ses sujets par Tenvoi de nombreux et
riches présens. Des rapports furent établis avec
tous les chefs musulmans et les familles établies
sur les rives Tchenab ou du Djilam. Quoique
peut aussi signifier la fête de cetto déesse , fête autrefois
iiomméc Dargapadja (adoration de Darga. )
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le tôial des tributs et présens reçus dans celte
première expédition ne fût pas très considé-^
Tabh^ le résultat des opérations de la Maison fut
cependant très avantageux pour les vues ulté*»
rieures da Sikh ambitèux. En effet, tous les
ebeh jus^^à llndus commencèrent à voir de
quel côté ils devaient tourner leurs espérances
et leurs craintes; la plupart d^entre eux se rési*
gûèrent à se soumettre au roi de Labor et s^abs^
tinrent dès4ors< de toute relation avec la cour
de Caboul et ses officiers^
En février t8o5 RandjitSingh retourna dans
sa capitale , établie depuis peu à LaHor , et y
célébra les fêtes religieuses* Quelque temps
après il se rendit avec un magnifique cortège
à la fête annuelle des bords du Gangue , à Hard-
war^ pour y faire ses ablutions : s^étaat ainsi
acquitté des cérémonies de sa religion>, Il xe-»
partit au commencement de juin et employa la
saison des pluies à affermer aux enchères les re*
venus des districts placés sous son administra-*
tion personnelle. Tel a toujours été son seul
mode d^administration : le fermier a plein pou-«
voir, même de vie et de mort, sur ceux qui
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:- 108 —
sont confiés à sa merci; son bail n'est qu'une
permission de voler.
Après le Dasrah de d8o5 , Randjit Singh con-
duisit pour la seconde fois son armée dans les
pays mahométans situés entre le Tchenab et
rindus, et le chef de Djhang fut sommé de
pajer un tribut annuel : la demande s'^élevait
à i 20,000 roupies. Mais avant la conclusion de
cette affaire Randjit Singh fut rappelé par la
nouvelle de Tapproche de Djaswant Rao Hol-r
kar et Emir Khan , qui venaient de l'est , pour-
suivis par Tarmée anglaise de lord Lake. Fateh
Singh Âlouwala resta donc pour terminer les
négociations avec les chefs de Fouest, et Randjit
s^étant transporté en personne à Amritsar, j
rencontra le Mahratte fugitif , avec qui il avait
à jouer un rôle difficile. Djaswant Rao mena-
çait dcccontinuer sa marche du côté de Touest
* jusque sur les terres du Caboul. Cependant lord
Lake était arrivé jusque sur le Biah , ou Bias y
et se préparait à avancer encore; et il ne pou-
vait qu^êlre très désavantageux de laisser opérer
et agir son armée dans, le Penjab. D''un autre
côté Randjit Singh , quoiqVil pût trouver un
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— 109 —
auxiliaire utile en suivant un autre parti , sen^*
tait bien qu'ail lui était impossible de résister.
Dans ces circonstances difficiles, les rapports
qu'il entretint avec Djaswant Rao Holkar fu-
rent amicaux, mais non encourageans, et ce .
chef, déçu dans ses espérances de déterminer
les Sikhs à des hostilités contre les Anglais, céda
aux difficultés qui Taccablaient et conclut uu
traité avec lord Lake, le 24 décembre i8o5.
Des témoignages d^amitié furent échangés entre
le général anglais et Randjit Singh ; et dans le
cours de janvier 1806, les deux armées qui
avaient causé tant d^alarmes dans le Penjab
rentrèrent dans UHindoustan , laissant les chefs
sikhs célébrer le Houli en toute liberté, et avec
des réjouissances proportionnées aux craintes
quMls avaient éprouvées. Les excès auxquels
Randjit Singh se livra à cette fête lui causèrent
une maladie qui le retint dans Pinactivité pen-
dant quatre mois. Cependant à la fin de la sai-
son des pluies , il reprit la campagne et exécuta
quelques desseins qui ont eu une influence ma-
térielle sur sa destinée et sa fortune.
Les radjas de Patiala et de Naba étaient en
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— 110 —
contesUtion pour [quelques parcelles de terri-
toire, situées entre le village de Doladdi et la
ville et le fort de Naba. Le chef Djhiud, radja
Bhag Singh , était allié au chef de Naba ainsi
que les chefs de Ladwa et deKeïthal, mais leurs
forces réunies ne pouvaient lutter avec celles de
leur puissant voisin de Patiala. Dans cette ex-
trémité Bhag Singh de Djhind , oncle maternel
de Randjit Singh, fut député pour réclamer
en faveur des plus faibles Passistance de son
neveu. Le Dasrah notait pas encore passé que
Randjit Singh traversa le Sattledj pour pren-
dre part à la querelle. Il efiectua son passage à
Loudiana y et s^étant emparé de la place , il la
remit au radja Bhag Singh , au préjudice de
Rani Nouroun ^issa, m^rede Rao Ilias, à qui*
elle, appartenait ; Saniwàl fut aussi pris à une
veuve sans défense (i), cette classe d'occupans
étant regardée par Randjit Singh comme des
usurpateurs. La place fut donnée en djagir à
(i) Mai Lakchmi, veuve de Sadha Siugh. Elfe de-
manda secours à Randjit Singh contre son fils , qui la re-
t^nqit en priflon.
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-- m —
Mokham Tchand Dewan , mais rendue peu de
temps après sur TofFre d'un nazarana de3o,ooo
roupies. Les troupes dePatiala ayant abandonné
Doladdi , Kandjit Singh s^approcha de Mansour**
pour oùlemaha-radjaSahebSingh, successeur
d^Amar Singh , ayait pris position avec toutes
ses forces. Le maha-radja, par une somme d'ar-
gent et le don d^un pièce d'artillerie , se concilia
Randjit Singh y Djaswant Singh de Naba con-
tribua aussi à satisfaire sa/ cupidité. Ce fut alors
seulement qu'il ramena dans le Penjab son
armée mal organisée^ vrai fléau qui ravageait
tout sur son passage. Doladdi, sur la demande
de Bhag Singh , fut rendue au Patiala, et Randjit
Singh saisit l'occasion de traverser leDewali et
de faire ses ablutions dans le réservoir sacré de
Thanesar. Il repassa le Satledj après s'être ac-
quitté de ce devoir et se dirigea par Rahoun ,
résidence de Tara Singh Gheïba (i), sur les
(i) Le capitaine Wacle dit que Tara SiûgU mourut
dans cette expédition. Il évalue toutes les choses que s ap-
propria Kandjit dans cette occasion en argent, bijoux, etc.,
À huit lakhs de i^oupies. C'est , assure-t-on , la première
prise^de cette importance faite par le souverain deLahor.
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— lis —
feiix sacrés de Djawala Moukhi. La , il rencen-*
tra Sansar Tchand de Kangra qui implora son'
assistance contre Amar Singh de Gourkha, qui
s^appropriait la succession de tous les chefs des
montagnes depuis Gograjusqn^auSatledj, et
qui faisait ravager Kangra par ses troupes. Le
prix demandé par Randjit Singh pour ses ser-
vices ayant paru excessif, rien ne fut conclu
dans Tentrevue des deux chefs ; mais plus tard
la position du radja des montagnes, étant de-
venue encore [plus di£Bcile , la négociation fut
reprise (i).
Uannée 1807 fut marquée par la perte et le
recouvrement de Parsour et Tchamara , pos-
,sessions de Nar Singh , vieux serdar sikh qui
Mais le capitaine Murray place la mort de Tara Sing en
1807-8 9 pendant la seconde expédition de Randjit Singh
au-delà du Satiedj. Le capitaine Wade parait avoir con-
fond u ces deux ex péditions. {Note de V auteur, )
(1) Le résultat de l'expédition de Randjit Singh dans
cette saison depuis son départ d'Amritsar jusqu'à son re-
tour, lui rapporta, selon KJioushwakt Raï, sept éléphans,
neuf pièces d artillerie, cinquante chevaux et environ
deux lakhsde roupies en argent. {Note de t auteur.)
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^ us -
«(ait mort. Un djagir fat donné à son fils pour
pourvoir aux besoins de son existence. Rîlndjit
Singh prépara ensuite une espédition foi'-
midable contre Kasour qcri lui dontiâtit dfè
grands sujets d'inquiétude. Il espérait que cette
conquête, faite sur des Musulmans , fehâu^se-
rail sa popularité et son crédit chez les Sikhs.
En février «807^ il attaqua le territoire de Kti-
sour avec des forces considérables, et Kou-
tab-oud--din fut réduit à se réfugier dans la
ville fortifiée. Des discordes civiles et des sé-
ditions achevèrent la raine de la famille Pâ(<han,
et au mois de mars , le chef fut obligé de se
rendre à discrétion. On lui laissa quelques
villages au sud duSatledj ,sous la condition de
fournir un contingent de troupes lor^qu^il.
en serait requis. Kasour et tout le territoire
occupé par cette famille dans le Penjab, fut
repris et donné en djagir à Neïal Singh Atha-
rawala. De Kasour Randjit Singh se dirigea au
sud-ouest du côté de Moultan où il occupa et
maintint quelques garnisons dans diverses dé-
pendances de ce gouvernement. En avril, la
ville de Moultan fut prise , mais le gouverneur
Orio. et faogju 8
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— 114 -^
se retira dans la citadelle où les princi-»
pauxhabitanss^étaient réfugiés avec ce qu^ib
avaient de plus précieux. Dépourvu des mayens
nécessaires pour faire un siège, Randjit Singh
accepta de MozaiFar Khan une somme considé-
rable en ^argent et retourna à Lahor au mois
de mai (i). Mais avant que la saison des pluies
fût arrivée, il détacha quelques troupes qu'il
envoya à Adina Nagar , au pied des montagnes
de Kangra^ et leva dans le voisinage quelques
tributs sur les chefs sikhs et montagnards qui
avaient cté jusque-là exempts de toute rede-
vance sous la dépendance du Ghani-misal,
avec lequel Randjit avait vécu en bonne Intel*
(i) MozafiBair Khan paya, dit-on^ une somme de
huit mille roupies et donna cinq chevaux. C'est au re^
tour de cette expédition que Randjit Singh rencontra Un*
zemindar qui venait, monté sur un beau cheval, lui offrir
ses respects. Randjit désira avoir le cheval , mais ses ser-
viteurs trop zélés le demandèrent grossièrement. Le cava-
lier offensé s'élança sur l'éléphant de Randjit et le frappa.
Les gardes accoururent , mais aucun ne put démonter le
zemindar. Après avoir blessé ou démonté quelques-uns de
ses adversaires, celui-ci fut enfin tué et son cheval pris..
( Note de Fauteur, )
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— IIS —
lîgenc6 , c^était le domaine de Sada Kouil^ar.
Une telle mesure ojffensa * cette femme , et
c^est alors que commencèrent les différends et
les intrigues qui Font conduite plus tard à sa
perte.
Uépouse du radja de Patiala était Une femme
ambitieuse et intrigante qui avait long-temps
cherché à se débarrasser de son mari, ou au
moins à faire créer un apanage séparé pour
son fils mineur Karam Singh. Lorsque Djas-
want Rao Uolkar, en se réfugiant dans le
Penjab , traversa le territoire de Patiala , elle
avait essayé de s^en faire un appui. Ce chef
ambitieux avait vu qu'il pourrait probablement
trouver son profita la servir , et ne l'avait point
repoussée, mais pressé alors par Papproche de
lord Lake , il laissa les choses ^au point où
elles en étaient entre le radja et la Rani. La
querelle s'étant réveillée, elle envoya en 1807 ,
pendant la saison des pluies , demander appui
à Randjit Singh lui promettant, en échange,
une fameuse pièce de bronze qui appartenait à
sa famille , et était connue sous le nom deKari
Kahn , et de plus un collier de diamans d'une
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- lie —
grande valeur . Raiuljil Siogh saisiicetie occasion
de s^immiscer dans les affaires de ses voisins , et
passa le Satledj à Hariki Patan , an conjflnent
de ce fleuve avec le Bîah. Dans le mois de sep-
tembre , il s'empara sur sa route vers Patiala ,
de toutes les possessions qu^avait laissées en mou-
rant IliasRaï, et les distribua à ses serviteurs et à
ses alliés. Avant que Randjit Singh eût atteint
Patiala, le radja et la rani se réconcilièrent ^
celle-ci ayant obtenu pour son fils, par la
médiation des chefs de Djhind et de Thanesar ,
un djagir séparé de 5o,ooo roupies de revenu.
Le xadja ne se pressait pas de livrer le canon
et le collier promis, mais Randjit Singh en
appela à la demande qu^il avait reçue et son
appel étant appuyé par la force, on lui remii
les deux objets, quoique ce fût avec une répu-
gnance évidente. Randjit Singh satisfait, vint
attaquer Naraïangarh , qui fut pris et donné
au chef Alouwala après un assaut qui coûfa
aux*assaillans quatre cents hommes tués ou
olessés.
Devant Naraïangarh mourut le vieux chef
Tara Singh Gheïba qui servait dans Farmée de
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^ 117 —
RandjilJSingh. Son corps fut transporté secrè-
tement par ses serviteurs au-delà du Satledj
dans sa forteresse de Rohoun où on lui rendit
les derniers devoirs , tandis que sa veuve et son
fils faisaient leurs préparatifs pour se main-
tenir dans leurs possessions. Mais lorsque le
cadavre était encore sur le bûcher^ un déta-
chement des troupes de Randjit Singh, envoyé
dès que l'événement fut connu, arriva pour
demander la remise des trésors et s^emparer
par force du territoire occupé par Tara Singh
Gheïba. Après une résistance opiniâtre, la
famille fut contrainte de se soumettre , et quoi-
que les fils eussent d^abôrd reçu quelques se-
cours pour pourvoir à leurs besoins, ils furent
bientôt privés de tout moyen d'exiutence et ils
ont depuis vécu dans Tindigence.
En revenant de Naraïangarh , Randjit Singh
s^empara de Mounda, au sud du Satledj , sur
le fils de Dharam Singh, et le vendit au serdar
Djhind; Bhalolpour. et Bhartgarh furent aussi
enlevés à la veuve de Bhagaïl Singh (i). En
(i) Ce fiit à celle époque, cVsl-à-dire v0r6 ia fin de
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i^s (Iqux. rives du Satledj, dans la vallée d'A-
nandpour Maka\ral, et acquit a son maître
tout ce qui avait d^abord été possédé par Tara
Singh ou Bhagaïl Singh.
L^étçndue de ces occupations permanentes et
de CQS usurpations de Randjit Singh au sud et
à Tesl du Sat^edj, excitèrent les alarmes des
chefs sikhs établie entre ce fleuve etla Jumna.
Dans une çonf^reqce qu'ils eurent à ce sujet,
il fut résolu par et|x d^envoyer à Delhi une am-
bassade jcompo^ée du. radja Bhag jSingh de
Pjhind, Bh^' P^l Singh de Keïthal, et Tdieïn
S^i^gh Pjç>f{ii;ï de Vs^tmh^ chargés de deman-
der ^uQ l^eurs possessions fussent mises sous la
protection du gouvprnen>ent anglais. La mis-
sion se rendit à Delhi i^uprèsde M» Seton, ré-
sident, ei^ roftrs iSçS. La réponse qu^ils i»çu^
rent, |)ien qu'cîUe n,e fîit pas décisive , itait en?-
cpurpgeantp; pu Içur 4it qu'çin «!5J^^6iu£&i^it
pas que R^pdjit Siu^h éten4ît ^ses.usurpations
du coté de Test à ^eur piT^udice. Mais on n'eut
pas plutôt donné à Lahor connaissance de cette
mission, que Randjit Singh , sérieusement in-
quiet, envoya des agens aux trois chefs pour
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les invitei: à le venir trouver leur promettant
4e 4i^sipçj: Umt^ craintes. lis $e rendirent donc
à ;!on Cîimp à Amritsar , pu iU furent reçus avec
un^ faveur eJL des attentions tnstrquées. Rien ne
fat épargné pour chercher à les détacher de
tput projet d^alliance avec le gouvernement
apglais^ ,
O41 avait alors conçu de vive3 inquiétudes sur
la possibilité d^une attaque de Tlnde par Tem-*
pereur Napoléon, et lord j^ioto résolut d^en-^
voyer quelques ambassadeurs pour ^^assurer de
r^itat des pays intéressés dans la question , et
ppur sonder lès sentimens des chefs et des peu-*
ple^. La puissance sans cesse grandissante de
It^ndjit Singh , qui venait d^établir répemment
sppi ppuvoir dans le Penj^b, demandait à être
sLTX^t^ 4^ns son cours y et dVilleurs la collision
qui avait failli résulter de ses derniers succès
et de ses desseins bien connus sur la rive oriepf-
t^l§ du .$atledj était encore une raison d'ei^i-
vpye,f i^n ag^nt anglais à Lahor. Monsieur çt
aujourd'Jbiui sir GhaA-l^s J\I»eicalfe , fut \g négo-
ciateur choisi en cette occasion, et Rgndjit
Singh reçut avis de son arrivée lorsqu^il était
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encore avec les chefs de Djhind et de Keïthal.
Le contenu des dépêches leur fut communiqué
et devint le sujet d'une conférence et d^une dé-
libération très agitée. On fixa Kasour pour le
lieu de réception de M. Metcalfe, et en efiet
Randjit Singh s^ rendit en septembre 1808.
L^ambassadeur fut reçu à son arrivée avec les
cérémonies usitées en pareil cas, mais il avait
à peine trouvé moyen de commencer la discus-
sion des matières qu'il était venu traiter avec
le chef sikh , que celui-ci leva tout à coup son
camp de Kasour et passa le Satledj avec son ar-
mée. Farid Kôt fut immédiatement pris parles
troupes et donné à Sada Kounwar au préjudice
de Goulab Singh ; delà Randjit Singh s^avança
contre le territoire musulman de Maler Kotilà.
La famille Palhan qui Foccupait , réduite à l'ex-
trémité , consentit à payer une somme considé-
rable, promejttant en outre un lakh de roupies.
Le radja de Patiala abandonna quelques-unes
de ses propriétés comme gage du paiement.
M. Metcalfe accompagna Randjit Singh à Farid
Kôt, mais il protesta contre toute opération
militaire à Test du Satledj. Il s'arrêta donc près
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— 125 —
âe ce fleuve jusqu^à ce que son gouvernement
eut décidé ce qu'il devait faire dans cette con-
joncture. Il adressa dans Fin tervalie une vigou-
reuse remontrance contre de telles agressions
commises alors même quMl était venu pour
discuteret traiter ce sujetavec RandjitSingh.
Celui-ci n'en continuait pas moins d'avancer ,
il s'empara d'Ambala et de ses dépendances qu'il
donna aux chefs de Naba et de KeïthaL II exigea
ensuite un tribut de Shahabad et Thanesar, et
en retournant par Patiala il fit un fraternel
échange de turbans avec le faible radja Saheb
Siugh. Après cette expédition il revint auprès
de M. Metcalfe à Amritsar. Le gouvernement
de Calcutta avait pris en octobre une détermi-
nation y et son envoyé avait reçu ordre de dé-
clarer que le pays compris entre leSatledj et la
Jumna était mis sous la protection anglaise.
Quoique le gouvernement britannique n'eût
pas dessein de forcer Randjit Singh à rendre
les villes ou villages dont il s'était emparé jus-
que-là, l'envoyé devait insister sur la reddition
de tout ce que Randjit Singh av^it usurpé dans
la dernière campagne. Pour donner plus de
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-.- 124 —
poids à oîtte demande et appuyer la négocia-
tion, un corps de troupes sous les ordres du
colonel aujourd'hui sir Darid Ochterlony, sV
vança sur les frontières ; une armée de réserve
fut formée et placée sous le commandeoient du
major génér^d Sainl-Léger, elle devait être
prête à toutes les opérations que Tactivilé et les
desseins hostiles de Randjit Singh pourraient
rendre nécessaires.
Le colonel Ochterlony pa^a la Jumnaà Bou-
ria le 16 janvier 1809, ^^ * ^^ arrivée près
d'Ambala les troupes de Randjit Singh se reti-
rèrent jusqu'au Satledj. Prenant sur sa route
quelques places occupées par Tarmée sikhe ,
le commandant anglais atteignit Loudiaoa^ sur
le Salledj , et y prit position le 18 février sui-
Tant. Sa marche fut saluée par les chefs et la
population, comme un gage de protection
et de tranquillité', tous rivalisaient pour lui
en témoigner leur gratitude et leur satis-
faction,
A cette époque Handjit Singh prétendait,
dans ses conférences avec Penvoyé anglais, que
la Jumna, et non le Satledj, était la limite des
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possessions britanniques ; il affirmait que , du.
droit de sa suprématie sur la nation sîkhe, non
moins quVn. sa qualité de souverain de Lahor ,
il pouvait légitimement imposer sa suzeraineté
à tous les chefs de cette nation qui habitaient
entre les deux fleuves: L^indépendance de Pa-
tiala et des autres principautés ne pouvait se
discuter avec un chef dont la domination ne se
basait que sur le pillage et Tusurpation , sur la
force de sop armée qui était son seul appui*
Cependant Tarrivée du colonel Ochterlonj sur
le Satledj lui ouvrit les yeux; il craignit, ce qui
serait arrivé en eflPet, que s^il résistait plus long-
temps on ne fit des offres de protection aux
chefs du Penjab, ce qui eût contrarié ses vues
ambitieuses et aurait pu Pengager dans une
querelle, et peut-être dans une guerre avec une
puissance contre laquelle il ne pouvait lutter :
sa résolution fut aussi hâtée par un accident
qui se présenta dans son camp. Le Moharram ,
le mois sacré de Pannée des mahométans , com-
mençait en 1809, vers les derniers jours de fé-
vrier ; les Musulmans qui accompagnaient Ten-
voyé britannique se préparèrent à célébrer la
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— lao —
mort de Hassan et de Hussein, les deux fils
d^Ali, avec les cérémonies usitées pour cette
fête. Lesakalis, ou prêtres fanatiques des Sikhs,
prirent ombrage de cette observance de Fisla-
misme dans le camp sikh , sous les murs d^Am-
ri tsar (i). Ils se réunirent sous le commande-
ment de Phoula Singh , fanatique intraitable ,
et attaquèrent à coups de fusil le camp de Ten-
voyé anglais. Celui-ci réclama une escorte, et
quoiqu'elle ne fut composée que de deux com-
pagnies de cipayes et de soixante hommes, eUe
chargea résolument les agresseurs et les mit en
déroute, après quoi les cercueils furent ense-
velis avec le rituel ordinaire* Lorsque Randjit
arriva tout était fini. Il vint aussitôt en per-
sonne faire ses excuses à l'ambassadeur , expri-
(i) Khoushwakt Raï dit que les Akalis voulaient atta-
quer la mission pendant la nuit , et que pour prévenir
leurs desseins^ Randjit Singh envoya cinq cents hommes
de ses meilleures troupes pour protéger le camp de sir
Charles Metcalfe. Le matin , sir Charles s'éloigna d'Am-
ritsar, et les Akalis exhumèrent les cercueils des Musul-
mans et les brûlèrent avec tout ce que ceux-ci avaient
abandonné. ( Note de fauteur. )
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- 127 —
mant son admiration sur la discipline et Tordre
observés par le détachement anglais , promet-
tant de faire tous ses efforts pour prévenir la
répétition de pareils désordres. Cette circon-
stance fit une grande impression sur son esprit;
elle lui donfta à réfléchir sur la faiblesse de son
armée , comparée aux troupes disciplinées par
les Européens ; elle lé détermina à obtenir la
paix en faisant les sacrifices qui lui étaient de-
mandés.
Le gouvernement pensait qu'après s'être in-
terposé pour arrêter les vues ambitieuses de
Randjit Singh , il ne devait pas en attendre un
secours bien actif dans le cas ou il aurait eu à
combattre Finvasion par Fouest. Si le danger
fût devenu plus imminent de ce côté, il eût
probablement paru nécessaire d'étendre davan-
tage notre influence directe dans le Penjab ,
. pour désarmer un chef qui s'était montré si peu
notre ami. Mais avec le temps les choses s'ar-
rangèrent ; les craintes qu'on avait eues s'éva-
nouirent ; le seul objet auquel dut pourvoir le
gouvernement anglais fut d'assureif sa frontière
et de prouver son crédit et sa puissance, en exi-
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— 188 ~
géant de Randjit Singh des réparation» pour
les actes d^hœlilité qu^il venait de commettre
sur la rive orientale du Satledj. Randjit Singb
exprima alors un vif désir d^obtenir une assu-
rance écrite de nos intentions pacifiques et bîeiiH'
veillantes envers lui : aussi dès qu'où eut obtenu
lu reddition des places qu'il avait prises dans sa
dernière campagne^ un traité de paix et de
mutuelle amitié fut conclu à Amrîlsar par notre
envoyé , le 25 avril 1809. Voici son objet :
Après les préambules d'usage pour exprimer
le désir de la paix et qualifier les parties con-
tractantes : *
Article i*"'. — Une paix éternelle subsistera
entre le gouvernement anglais et l'état de Lahor ;
celui-ci sera considéré avec respect par son allié
et traité sur le pied des puissances les plus fa-
vorisées ; le gouvernement anglais renonce à
toute influence sur le pays et les sujets du rad- .
ja, au nord du Satledj.
Art. 2. — Le radja ne pourra ejn aucun cas
entretenir dans les villes qu'il occupe sur la
rive orientale du Satledj plus de troupes qu'il
n'est nécessaire pour la police de leurs terri-
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— 129 — ^
toireâ ; il ne commettra ni ne permettra aaciine
attaque contre les possessions ou les droits des
chefs ses voisins.
Art- 3. — Dans le cas d'une violation des
précédens articles , ou d^une atteinte portée à
Tamitié qui doît unir les deux gouvernemens ,
ce traité sera considéré comme nul.
Le quatrième et dernier article règle re-
change des ratifications.
Après la conclusion du traité, M. Metcalfe
partit le 4"' mai suivant. Toutes les difficul-
tés avec Randjit Singh furent dès-lors aplanies;
et depuis on n^a plus eu qu'à rendre nos rap*
ports avec lui plus étroits par des lettres ami-
cales, et des échanges de présens. Cependant
les officiers anglais résidant sur la frontière re-
çurent ordre de surveiller sa conduite, de de-
mander avec insistance réparation dans tous
les cas où il pourrait violer le traité , soit en
s'interposant entre les chefs et serdars à Test et
au sud du Satledj, soit en attaquant leurs droits
et leurs territoires. Cette ligne de conduite sui-
vie jusqu'à ce jour avec persévérance a délivré
Randjit Singh de toute crainte pour lui-même ,
Orig. et progr. 9
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iw a feit perdre la défiance qu^il avaii long-*
temps nourrie contre nous, et maintenant Fal^
liance entre les deux puissances est aussi étroite,
aussi entière qu^elle peut Têtre entre des états
constitués comme ceux de Tlnde. Elle ne re-
pose pas cependant sur une base plus solide
que le caractère personnel de Randjit Singh et
sa conviction particulière que le gouyernement
anglais désire sincèrement le voir heureux et
puissant , et regarderait la ruine de son empire
avec les troubles et les déchiremens qui en
seraient la conséquence inévitable comme un
événement fâcheux pour lui-^même. Nous re-
viendrons plus tard sur cette question.
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GHAFITBS ▼.
l*raiiés entre U gouvernement anglais et lei chefs des teFrtioîres
sUuës à Test tlu Satledj- -^ Agrandissement snccessif de Raodjit
Singh.
• 1809 — 1811*
V
Les motifs sur lesquels s^appuyait Tenvoi de
Tarmée anglaise qui, sous les ordres ducolouel
Ochterlony, s'avança jusqu'au Satledj, étaient
en tout point conformes à ceux qu^invoquërent
les chefs possesseurs du pays situé entre Tln-
dus et le Satledj lorsqu'ils envoyèrent une dé-
putation à Delhi en mars i8o8. On promit
protection sans exiger des protégés ni tribut ,
ni contribution, même pour couvrir les frais
que devait entraîner cette protection. La ré-
cente expérience qu'ils venaient de faire de la
rapacité d'une armée sikhe ^ la conviction où
ils étaient qu'elle ne pouvait leur offrir aucune
sécurité pour eux-mêmes, et encore moins
pour leurs familles sous un souverain comme
celui qui venait d'assujétir la nation sikhe,
rendit tous les serdars heureux d'avoir vu leur
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— 188 —
r
demande exaucée par le gouvernement anglais.
Aussi Varrivée d^une armée anglaise sur les
bords du Satledj fut vue sans défiance comme
une mesure nécessaire pour obtenir te but
qu^ils se proposaient.
Après la conclusion du traité avec Randjit
Singh, il devint nécessaire de fixer, plus Sj:é-
cialement qu'ion ne Favait fait jusqu'alors , les
rapports qui allaient désormais exister entre la
puissance protectrice et ses protégés. Il fut ar-
rêté de donner rexplication désirée des vues
du gouvernement anglais sur ce sujet par une
proclamation générale, plutôt que de conclure
des arrangemens séparés avec les nombreux
chefs intéressés dans cette mesure. En consé-
queùce, le 6 mai 1809^ nnitalanama ^ ou dé-
claration générale fut envoyée à chacun des
serdars. Elle s'exprimait ainsi :
1° Les territoires de Sirhind et de Maloua
( dénomination prise par les Sikhs de Pa^
tiala, Naba, Djhind et Keïthal) ont été mis
sous la protection du gouvernement anglais.
Randjit Singh a renoncé par traité à j exercer
désormais aucune intervention.
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— 153 —
2" Il n^eulre pas dans les intentions du gou-
vernement anglais de réclamer aucun tribut
des chefs et serdars qui jouissent du bénéfice
de sa protection.
3" Les chefs et serdars sont autorisés à exer-
cer , et celte autorisation leur est garantie pour
Tavenir, les droits et pouvoirs dont ils étaient
en possession dans leurs territoires respectifis
ju&qu^à Fépoque où le gouvernement anglais a
déclaré les prendre sous sa protection.
4° Les chefs et serdars devront fournir toutes
les facilités aux troupes et détachemens anglais
employés à garantir la protection , ou à Texécu-
tion des mesures concertées dans les intérêts de
Tétat , toutes les fois que ces troupes et déta-
chemens seront en marche ou en cantonne-
ment dans leurs territoires respectifs.
5° En cas d^invasion ou de guerre, les ser-
dars devront se joindre aux forces anglaises
avec leurs concitoyens toutes les fois qu'ils en
seront requis.
6"" Les marchands important des articles et
des produits de FEurope pour la consomma-
tion' des détachemens stationnés à Loudiana,
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— 154 --
ou à (oui aatre corpd de Parmée anglaise, pe
seront soumis à aucun droit de douanes et de-
vi'ont être'protégés dans leur passage à travers
Je pays sikh.
7" lues chevaux de cavalerie accompagnés de
passe-ports délivrés par les autorités compé-
tentes seront exempts de toute taxe.
Cette déclaration , publiée et envoyée à tous
ceux qu^^elle intéressait devint la charte des
droits que les chefs ont toujours invoquée de-
puis pour résoudre toutes les difficultés qui ont
pu s'élever entre eux et \e gouvernement an-
glais. Les matières qu'elle règle spécialement
étaient celles qui demandaient la plus prompte
solution. Il est resté cependant d'interminables
sujets de discussion: — entre les candidats ri-
vaux aux serdaris ; — entre les chefs qui avaient
partagé leurs territoires avant que la déclaration
de protection fût publiée , et s'étaient donné
des associés par obligation mutuelle; — entre
les chefs et leurs sujets de la nation sikhe, tels
que les zemindars, sur Pétendue des droits et
pouvoirs qu'ils possédaient à Fépoque de la dé-
claration j — et enfin , plus sur ce sujet peut-r
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^ 138 —
être que sur tous les autres ^ sur la fixation des
frontières respectives et des droits communs.
Ces différends I toutes les fois qu'ails se sont éle-
vés, ont nécessité Farbitrage des officiers an-
glais, et donné lieu à de fréquens appels au
gouvernement suprême de Calcutta. La régu-
larisation des successions est encore un objet
qui a requis dès Torigine les soins du pouvoir
protecteur ; lorsqu'il n'y a pas d^héritîer re-
connu par la coutume et les lois des Sikhs ,
c'est la puissance protectrice qui est considérée
comme héritière légitime.
Jusqu'en 18113, les devoirs de la protection
et le soin de vider tous ces différends, bien qu'ils
aient donné beaucoup d'occupation au colonel
Ochterlony, chargé des affaires sikhes, n'ont
cependant rien produit d'assez important pour
être mentionné ici. Cette année-là cependant
les désordres qui éclatèrent à Patiala par suite
delà faiblesse du radja, produisirent une crise
qui nécessita notre intervention. Le territoire
protégé fut envahi par un pillard , contre qui
le radja fut requis de fournir son contingent de
cavalerie. Ce chef occupait un territoire d'un
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^ 156 —
revenu de trente lakhs de roupies au moins, eC
cependant toute la troupe qu^ii put envoyer en
cette occasion ne consistait qu^en 200. chevaux
très mal éqyipés et arrivés si tard qu^il ne fui-
rent d'aucun usage. Le colonel Ochterlony^ ac-
compagné des chefs de Djhindet de Naba,
s^avança jusqu^à Patiala pour reprocher au
maha-radja Saheb Singh s^ négligence évi-
dente dans cette circonstance, et }e persuader,
s^il était possible, d'éloigner les favoris indignes
qui dissipaient ses revenus et de les remplacer
par des hommes mieux disposés à établir une
forme stable de gouvernement, à réaliser les
changemens désirés dans Tadministration. On
ne put décider par la persuasion le maha-radja
à changer ses ministres, mais il protesta de sa
résolution à effectuer les réformes' demandées.
Abandonné à lui-même, sa conduite fut si vio-r
lente et si irrégulière qu^on craignit po^r sa
raison , et que le colonel dut revenir auprès de
lui pour autoriser ses sujets outragés à amé-
liorer Tétat des choses , et empêcher que la dé-
position du radja ne devint une cause de trou-
]Àe au milieu de }a tranquillité générale. Saheb
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— 157 —
Singh fut déposé et même privé de sa liberté.
Askour Rani , son épouse, associée à un Brah-
mane habile, Nandi Rao, fut nommée régente
^pour rhéritier présomptif, le radja actuel,
Karam Singh, qui éte^it alors mineur et au nom
de qui elle gouverna. Le maha-radja Saheb
Singh mourut quelques mois après sa déposi-
tion, La douteuse péputatioQ de chasteté de la
rani, son caractère séditieux et intrigant ren-
dirent son administration impopulaire , tandis
que les prodigalités de Saheb Singh lui avaient
au moins fait quelques partisans. Cest à cause
de cela que la part prise par Tofficier anglais à
rétablissement de cette administration , bien
que les motifs en eussent été appréciés par les
gens éclairés , produisit unç grande sensation
parmi les Sikhs et accrédita le bruit dans le
vulgaire et surtout au milieu des mécontens ,
que la déposition du radja devait être consi-
dérée comme un acte injuste et tyrannique
produit par rintrigue, accompli sous une hon-
teuse influence. Le colonel Ochterlonj était à
Patiala occupé à faire exécuter ces mesures
lorsqu^il fut attaqué dans son palanquin par un .
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~ 188 —
akali fanatique qui faillit l'assassiner a coups de
sabre* Le colonel en échappa cependant, sauf
quelques légères blessures qu^il reçut en c^her-
chant à saisir Farme par la garde. Uassassiû *
ayant été arrêté fut condamné à passer le reste
de ses jours dans les prisons de Delhi.
Cette digression nous a fait anticiper sar las
afiaires du Penjab. Nous allons reprendre le
récit des usurpations de Randjit Singh, des
expéditions et des entreprises qui consolidèrent
et étendirent sa domination.
La première opération où s^engagea Tarmée
de Lahor , après le départ de M. Metcalfe en
mai 1809 y fut dirigée contre Kangra dans les
montagnes ; cependant avant de s^avancer de
ce côté, Randjit Singh ordonna de construire le
fort de Philor, sur les bords du Satledj en face
de Loudiana, et celui de Goyind Garh, à Am-
ritsar, où son trésor était et est encore déposé
en lieu de bonne défense. Les murs furent re-
bâtis, un fossé profond avec une contrescarpe
en maçonnerie furent ajoutés aux ouvrages de
ces deux forts. Une fois ces travaux complétés,
le chef s^avança dans les montagnes.
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— 159 —
Kangra était alors assiégé par Âmar Singh
Thâpa, le chef deGourkha, et se défendait con-
tre lai. Mais la garnison étant réduite aux der-
nières extrémitési le radjaSansar Tchand offrit
la place à Randjit Singh sous condition de faire
lever le siège et d^expulser les Gourkhas de tout
le pays situé à Touest et au nord du Satledj.
Randjit Singh ayant accepté cette proposition,
arriva le 28 mai, avec son armée à Pathan Kot,
dans le Djalandhar Tarai, possession de Djeï-
mal deOhani; il s'en empara. De là il envoya
quelques troupes pour renforcer les chefs mon-*
tagngrds alliés qui cherchaient alors à couper
les convois d'Amar Singh et le forcer ainsi à la
retraite. Amar Singh essaya de détourner cette
intervention puissante et il fit offrir à Randjit
Singh une somme équivalente au prix de Kan-
gra. Mais cette position avait aux yeux du
Sikh ambitieux une valeur qui rendit inutile
Tappàt offert à son avarice. Ce fort avait dans
VHindoustan la réputation d'être imprenable.
Sansar Tchand, malgré ses engagemens, ne
pouvait accorder Fabandon de cette forteresse
avec ses sentimens d'honneur, et il éludait les
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— 140 —
k]stancesdeRandjitSinghqairéclamaitradinis-<
sion d^une garnison sikhe (i). En août celui-ci
sVvança jusque dans le voisinage et ne recevant
encore que des excuses, il ne sut plus attendre!
Il fit arrêter le fils du radja q^ii était auprès de
lui, et s^étantassuré que Farmée d^Amar Singh
était complètement dépourvue de vivres et de
munitions , il donna ordre à un corps d^élite
de sWancer hardiment jusqu^aux portes delà
forteresse et d'en réclamer Tentrée. Il y eut
( j ) Sausar Tchand joua un double rôle dans toute cettç
négociation. Après s ef re engagé avec Randjit Singh , il
traita avec Aniar Sing , promettant .de lui rendre la forte-
resse. Ce fut sous prétexte d'emmener sa famille, faculté
qui lui fut accordée , qu'il introduisit 6on frère dans la
place avec des vivres pour quatre mois. Il espérait ainsi la
conserver malgré la prétention de ses deux ennemis. Mais
Randjit s*empara d'Anrodh Tchand, comme ôtage^ et
ayant obtenu de Sansar Tchand un ordre pour que les
portes de la place lui fussent ouvertes, il gagna Amar
Singh , dont l'armée manquait de vivres , pour s'assurer
que celui-ci ne s'opposerait pas à son entrée dans la for-
teresse. (^Note de t auteur. )
Comment concilier cette note avec ce qui est dit pluai
loin , que les Sikhs pcrdii*ent beaucoup de monde?
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— 141 —
une perte considérable pendant le trajet en tnés
et blessés, mais, les portes s^ouvrirent devant
les Sikhs lorsqu'ils y touchèrent. Cest ainsi que
cette forteresse tomba au pouvoir de Aandjit.
Singh le a4 ^^ût 1809. Amar SÎDgh, trompé
dans ses desseins et désirant éviter un conflit
avec les Sikhs, se rendit à une entrevue ami-
cale avec Randjit Singh, et s'étant assuré, grâce
à lai, des moyens de transport il se retira au-
delà du Satledj.
Le ai septembre , Randjit Singh ayant ter-
miné ses arrangemens avec les chefs des mon-
tagnes et pris les précautions nécessaires pour
s'assurer lar possessioir de Kangra, retourna
dans le Djalandhar Douab et s'empara du
djagif de la première femme de Bhagaïl Singh
qui venait de mourir : d'un autre côté son mi-^
nistre occupa les possessions de Bhoup Singh
de Feizoullapour après s'être emparé traitreu-
sement de sa personne dans une entrevue.
Ce fut alors qu'influencé apparemment par
ce qu'il avait remarqué de la puissance et de la
discipline des Cipayes anglais qui avaient ac^
compagne M. Metcalfe, Randjit Singh songea
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-- t4ft —
à former des bataillons réguliers sut* le Inodéicf
anglais, prenant à sa solde, dans ce dessein y
des Fourbis ^ cVst-à-dire des naturels des pro-
vinces gangéliques et des Sikhs venus de la
rive orientale du Satledj. Il forma alors des
corps de trois ou quatre cents hommes, et sé-
duisit quelques déserteurs anglais qu^il employa
à les dresser, et qu^il mit à leur tête avec une
paye très élevée. Son artillerie forma aussi un
corps séparé sous les ordres d^un darogha f ou
surintendant. La cavalerie , dont il se réserva
le commandement, fut divisée en deux classes,
Tune appelée Ghor Char Sawars et l'autre Ghor
Char Khas. La première classe est payée en ar-
gent et la seconde en djagirs ; toutes deux sont
montées sur des chevaux qui appartiennent à
rÉtat.
Djodh Singh de Vizirabad mourut vers la fin
de iSog, aussi dès les premiers jours de Ift
nouvelle année , Randjit Singh arriva pour ap-
puyer par la force les droits qu'il prétendait
avoir sur ses possessions territoriales. Une forte
somme d'argent fut oflerte par Gandha Singh ,
filf du chef décédé, pojur prix de sa confirma-
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— 145 —
lion dans Phéritage paternel. Cette tentation
offerte à Tavarice du souverain de Lahor lui
fit ajourner pour quelque temps ses desseins
sur le pay^s , et il conféra à Gandha Singh le
châle et le turban, signes de Finvestilure.
Une dispute entre le chef de Goudjrat etson fils
vint bientôt lui offrir une occasion opportune ,
il les expulsa tous les deux et confisqua leur
territoire (i). Il s'avança ensuite à Test du Dji-
lam jusqu^à Sahiwal, exigeant des tributs et des
contributions des Beloutchis et autres chefs
musulmans du pays.
Le 2 février, au milieu de ces opérations,
on vint annoncer à Randjit Singh que Shah
Shoudja , forcé de fuir devant la puissance de
(i) KhoushwaktRaïdit que pendant que Goulab Singh
passait aa camp de Randjit Singb , Saheb Sing , de son
cétrf, s enfuyait »*^Bbuisbar, et qu'ainsi tout le territoire y
le trésor toinbèr€nt sacs coup férir au pouvoir de Randjit
Singh. Un djagir du revenu de 1 2 ,000 roupies fut dû&né
à Goulab Singh. Les dépouilles de celte famille rappor-
tèrent; dit-on^ cinq ou six lakhsderoupies et soixante-dix
villages. En i8io|, Saheb Sing obtint pour lui-même u»
djagir du x-evenu de a5,ooo roupies. {Note de t auteur, ^
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-- 144 -^
son frère Shah Mahmoud , qu^appuyaient lés
talens et le courage du vizir Faleh Khan ,.ve-
nait lui demander un asile. Le shah dépossédé
rencontra le camp de ïlandjit Singh à Khou-*
shah le lendemain y 3 février 1810, et y fut
reçu avec les plus grandes apparences àe res-
pect. Randjit vint en personne au-devant de
lui et lui envoya dans sa tente un zia&t de
i,a5o roupies , pour parer aux besoins les plus
pressans. Cependant le shah retourna à Rawal
Pindi le i a. février , pour y rejoindre son frère
Zaman Shah, laissant Randjit Singh pour-
suivre ses desseins contre les chefs musulmans
établis à Test de Flndus. Aidé des secours
d^hommes et d^argent que lui oflfrit le gouver-
nement duCachemir , et Ata Mohammed Khan,
fils du Vieux vizir Shir Mohammed , Shah
Shoudja attaqua Peshawer où il entra le 20
mars. Mais en septembre suivant, il en fut
chassé par Mohammed Azim , frère de Fateh
Khan , et forcé de repasser Flndus , d'où il de-
manda, sans pouvoir l'obtenir, la permission
de se rendre à Moultan. (i) Des événemensim-
(1) SuWantKhoushwaktRaï Sha Shoudja fut appelé à
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--148 —
portans s^accomplissaient alors dans le Penjab*
Le chef de Sahiwal s^était engagé à payer le
tribut le 25 janvier, mais ayant manqué à payer
^ toute la somme (80,000 roupies) àFéchéance^la
ville fut investie le 7 février. Le serdar Fateh
Khan la rendit, mais sur son hésitation à livrer
une dépendance de Sahiwal, nommée Lakho-
mat , il fut chargé de chaînes et emprisonné à
Lahor avec sa famille ; ses biens furent séques-
trés. Le i5 février, Tarmée de Randjit se pré-
senta devant Oukeh, Les maîtres de cette place,
Moultan parMozafFarKlianj, auprès de qui la Vafa Begam,
avec la famille et les joyaux du shah , était déjà venue
chercher un refuge. MozafFar Khan réclamait l'aide et
* l'assistance du shah pour être mieux en état de repousser
les attaques de Randjit Singh. Mais le malheureux prince
ne se fut pas plutôt montré sous les murs de la ville qu'il
y fut reçu à coup de canou. Aussi Khoushwakt Raï dit-il
queleKiladar débirait la moit du shah pour s'emparer de
sesjojaux, et qu'il était résolu aie livrer au prince Kamran
s'il s'était remis entre ses mains. Shah Shoudja se retira
hoi^ la portée du canon et resta dans le voisinage jusqu'à
ce que MozafiFar Khan , se repentant de sa conduite ] lui
assigna quatre parganas et un djagir de 10,000 roupies
pour ses dépenses personnelles. {Noie de Vauteur,)
Onio. ET pnoGii. 10
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seSds daOilan et de Bokbara, vinrent an devant
du chef sikh et lui offrirent des chevaux. Cette
conduite et la réputation de sainteté dont jouit
leur famille aussi bien chez les Hindous que
chei^ les Mahométans, prévint le chef en leur
faveur j et leurs possessions leur furent laissées
sous condition de payer le tribut. Le 20 £e-*
vrîer, telle était la rapidité avec laquelle Rand—
jit Singh poursuivait Texécution de ses desseins^
toute Farmée sikhe fut devant Moultan , rava—
géant le pays environnant sur le refus qu^avaît
fait Mozaffar Khan de payer la somme de trois
lakhs de roupies qu'ion lui avait demandée.
Randjit Singh réclamait alors la citadelle de
Moultan^ disant qu^il voulait Toccuper pour
Shah Shoudja à qui Mozaffar Khan avait pro-
mis de la rendre. Ce prétexte spécieux ne fit
pas changer Mozaffar Khan dans la résolution
de défendre la place à toute extrémité. Randjit
Singh fit ses reconnaissances , désigna la place
des diverses batteries , traça les lignes d'ap-
proche qu^il confia à ses officiers , promettant
de riches djagirs à ceux qui avanceraient le
plus et feraient le plus de tort à Fennemi. Des
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mesures furent prises pour assurer par terre et
par eau les convois qu^on tirait de Lahof et
d^Amritsar ; tout enfin annonçait la détermi-
nation de Randjit de se rendre mailre de cette
place importante. La garnison , de son côté ,
était pleine d^ardeur et fit les meilleures dispo-'
sitions pour sa défense. Un grand convoi de
grains fut introduit dans la forteresse qui était
d'ailleurs abondamment pourvue d^eau. Le peu
de résultats qu^oblint Tartillerie sik^e contre
les murailles vint encore encourager leurs déf
fenseurs. Le grand canon Bhangi qui envoyait
des boulets de deux kakchas et demi , avait étç
embarqué pour ce siège , mais Tarmée sikhe
était si dépourvue des matériaux nécessaires
pour exécuter de telles opérations militaires ,
ses oflSciens étaient si ignorans et si inexpéri-
mentés y que Randjit Singh, après avoir perdu
beaucoup d^hommes., parmi lesquels il faut
compter AX^r $ingh,son favori et son confident
enseveli dans une mine 9 accepta les condition^
quelui.oifraitMozaffar Khan, et se retira après
avoir reçu un paiement d^un lakh, plus 80,000
roupies* Le a5 avril , il retourna à Lahor mo^-
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— 148 —
tifié de son mauvais succès et en reportant le
blâme sur ses oflBcîers et ses djagirdars. Il s^em-
ploya alors à accroître le nombre de ses troupes
régulières et forma un nouveau corps sikh,
appelé orderljr khas^ ou troupes régulières
d'élite auxquelles il accorda une paie supé-
rieure et Tavantage de porter ses dastahs^ ou
ordres, aux chefs et districts où il les logea avec
une haute paie. Un corps d'artillerie à cheval
fut aussi formé , des améliorations furent faites
dans chaque branche du service dont Randjit
Singh , en personne , se réserva définitivement
la surveillance.
Gandha Singh qui, en janvier précédant,
s'était assuré, par le sacrifice des trésors de son
père , sa confirmation momentanée dans la pos-
session de ses états, ne jouit pas long-temps
d'un avantage qu'il avait acheté si cher. En
juin, 1810, un fort détachement fut envoyé
à Viziràbad, et toutes les possessions deDjid
Singh furent mises sous le séquestre. A peine
si quelques villages furent laissés à la jeune
victinie de cette politique insidieuse. La veuvô
survivante dç Bhagaïl Singh , Ram Kounwat
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— 140 —
Rani, fut aussi chassé de Bahandarpour qui
lui avait été laissé comme un djagir qui devait
la mettre à Fabri de la pauvreté. Elle se réfugia
à Loudiana et obtint quelques villages qui
avaient appartenu à son époux, sur la rive
protégée du Satledj.
Après le Dasrab , au mois d^octobre suivant,
Randjit Singh vint en personne à Ramnagar ,
sur le Tchénab, et somma Nidan Singh de Hat-
tou'de comparaître en sa présence. Le chef re-
fusa de s'y rendre excepté sous la garantie d^un
sodij ou prêtre sikh ; sa forteresse de Dashat
fut investie le 17 octobre. Les batteries de
Randjit Singh ouvrirent leur feu contre la place
sans avancer beaucoup à y faire une brèche. Ce
fut en vain aussi qu'ion essaya d^effrayer les as-
siégés par les mauvais traitemens et les cruautés
exercés sur leurs parens et leurs familles. Le
prêtre sikh Beïdi Djameïat Singh fut alors em-
ployé comme médiateur auprès du chef coura-
geux; il promit et garantit un djagir au ser-
dar qui se rendit alors à Randjit Singh, Mais ce-
lui-ci, sans égard pour les engagemens les plus
solennels, le fît jeter dans les fers le 3o octobre.
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Au commencement de novembre Bagh Singh
Alouwala et son filsSoubha Singh, qui étaient
alors au camp de Randjit Singh avec leurs
troupes, encoururent son déplaisir , ils furent
chargés de fers , leurs propriétés furent
confisquées. Randjit Singh retourna ensuite
dans sa capitale et détacha son ministre Mo-
khamTchand pourexiger les tributs et terminer
les différends avec les chefs montagnards de
Bhimbhar ^ de Rajaori et la tribu Tchib Bhaô
qui refusaient le paiements
£ln décembre iSio, Saheb Singh) qui avait
été chassé de Goudj rat, futinvîtéà y retourner et
investi d^un djagir considérable , Bagh Singh
Alouwala délivré de prison fut honoré d'une
pareille faveur. Daps le même mois Nidan Singh
fut aussi relâché à là demande des prêtres Beï-
dis, qui regardaient leur honneur comme inté-<
ressé dans cette affaire, puisque Tun d'eux y
avait engagé la garantie de sa parole. Ils pro-r
noiicèrent donc le £)Aarna contre Randjit Singh
jusqu'à ce qu'il eut relâché son prisonnier,
inais celui-ci ne voulut accepter ni djagit ^ j\i
9Qlde , il iabandonna le pays soumis au souve-
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rain de Lahor et prit du service sous le gcm--
verneur du Cachemir.
En janvier iSii , Fateh Khan de Sahivalfut
aussi relâché avec toute sa famille à la prière
d'^un prêtre oudasi; il se retira à Bahawalpour.
Un djagir de peu d^iâiportance fut conféré à
Dharam Singh, le propriétaire dépossédé de
Dfaaram Kot , dans le Djalandhar» Randjit
Singh se rendit ensuite à Pind Dadar Khan
près duquel il prit trois forts appartenant à des
chefs musulmans ; mais le 24^^^^^^^ ^^ ^^^ ^P*"
porta la nouvelle dans son camp que Shah Mah-*
moud ^vait passé Flndus avec i 2,000 Afghans
et que toute la population effrayée , s'enfuyait
à son approche. Randjit Singh prit aussitôt po->
sition à Rawal Pindi et envoya son secrétaire
Hakim Aziz-oud-din pour demander au shah
les motifs de cette invasion. Cet agent fut croisé
dans sa route par les émissaires du shah qui ve«
paient expliquer que le châtiment d'Ata Mo-
hammed et des gouverneurs d'Attak et de Ca-
chemir qui avaient aidé Shah Shoudja dans sa
dernière tentative surPeshavér, était le seul ob-
Jetde l'expédition de leur maître. RandjitSingh
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— 182 —
rassuré vint au-devant du shah , et , après une
entrevue amicale, tous deux retournèrent dans
leurs capitales respectives.HandjîtSingh trouva
à Lahor un carrosse que lord Minto, gouver-
neur-général, lui avait expédié en présent de
Calcutta. Cétait la première voiture à ressort
dans laquelle il se fut assis; la nouveauté et la
commodité de ce nouveau moyen de transport
lui plurent extrêmement et il envoya un agent
à Calcutta pour offrir ses remercimens au gou-
verneur-général. Cependant il ne put adopter
définitivement ce mode d^ transport qui lui
aurait imposé tout d^abord la nécessité de faire
pratiquer des routes.
En avril et mai , Randjit Singh partagea son
armée en trois divisions , Fnne fut envoyée du
côté de Kangra pour y recueillir les tributs,
une autre dut agir contre Bhimbhar et Rad—
jaori , et la troisième, sous les ordres de son fils
Kharak Singh accompagné deMokham Tchand,
dut s'^empàrer des possessions des chefs nakis ;
Randjit resta dans sa capitale pour diriger
Fensemble des opérations. Cette période de sa
vie fut marquée par la faveur soudaine à lu-
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— 1Ô3 -
quelle s^éleva un jeune gour brahmane , noni«-
mé Khoushhal Sipgh , sur qui les grâces les
plus extravagantes ont été accumulées jusqu'à
ce jour ; il fut alors promu à Timportant et
lucratif emploi de diohri wala^ ou chambel-
lan, avec le rang de radja et Pinrestiture de
riches d^girs. Les mœurs deRandjit Singh ont
toujours- été très dissolues ; maïs alors, ses dé-
bauches, particulièrement pendant le Houliet
le Dasrah , passèrent* toutes les bornes ; les scènes
qu^il donna en public devant sa cour et même
dans les rues de Lahor, furent le sujet de toutes
les conversations dans FHindoustan et riva-
lisent avec tout ce que Thistoire nous raconte
des turpitudes de Tancienne Rome. Il se mon-
tra ivre dans les rues, monté sur un éléphant
avec ses courtisanes. L'une d'elles , nommée
Mora , s'^acquit une triste renommée par son
impydeur et la faveur avec laquelle elle fut
traitée. La monnaie fut pendant un temps frap-
pée en son nom et son influence paraissait sans
limites, lorsqu'en août de cette année elle fut
écartée et emprisonnée à Pathan Kot. Toute
la faveur dont elle jouissait parut transportée
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- 184 —
I
sur ie jeune Brahmane et ses frères. Si cette
conduite da souverain de Lahor fait soupçon-
ner les motifs de son attachement extraordi-i
naire pour le gracieux Khoushbal Singh , on
devra faire quelques concessions aux habitudes
dans lesquelles Randjit Singh fut élevé , *anx
exemples dont il fut entouré. H n^est malheu-
reusement que trop vrai que les Sikhs sont
adonnés à la pédérastie et à dVutres vices aussi
contraires à la nature. Ce qu'on nous raconte de
Findulgence des Grecs et des Romains pour ces
honteuses passions, est vrai. aussi des chefs
sikhs^ résidant sur la rive occidentale du Sat-
ledj. La vérité historique nous force de révéler
ces faits et ces traits de caractère , quelque ré-
voltant qu^il soit dVn parler. Cependant , la
réputation de Randjit Singh, quoique juste-
ment ternie par toutes ces impuretés, ne parait
pas en souffrir aux yeux de la nation qu^il gou-
verne, quel que soit l'effet qu'elles produisent
sur les étrangers.
Des douze misais primitifs , ou confédéra-
tions sikhes, il ne restait plus maintenant que
celui de Randjit Singh , le misai de Soukar
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Tchaki et ceux de Ghani , Rhamgarh et AIoik»
wala, tous associés au souverain de Lahor ; et,
on peut le dire, servant sous son drapeau. Les
misais de Phoulki et de Nihang , situés sur la
rive orientale du Satledj , jouissaient dubénéfice
de la protection anglaise, et celui deFeïzouUa-
pouria , qui s^étendait sur les deux rives du
fleuve et obéissait a« «erdar Boudh Singh,
avait toujours jusqu^ici refusé de s^allier à
Randjit Singh i il devait compléter la liste de
ceux que ce prince devait réduire plus tard.
La conduite de Boudh Singh lui donna enfin
un prétexte de satisfaire sa vengeaùce. Le ig
septembre iSii , le ministre Mokham Tchând,
accompagné de Djodh Singh de Ramgarh et
de quelques autres serdars, entra dans le Douab
de Djalandhar avec Fin tention déclarée de s^em-
parer de la partie du FeïzouUapouria-misal
située dans le Penjab. Boudh Singh n^essaya
point de se défendre , mais s^enf uit aussitôt à
Loudiana pour y chercher un asile. Ses troupes
firent une résistance de quelques jours avant
de livrer les forts principaux de Djalandhar et
de Patti. Ils les rendirent le 6, et le 7 octobre,
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— I4W —
avant qu^on eût pa foire brèche aux murailles
et après avoir inutilement sacrifié quelques
hommes. Boudh Singh se contenta de sa posi-
tion de serdar sous la protection anglaise, vi-
vant des revenus que lui rapportaient ses pos-
sessions situées à Test et au sud du Satledj. Eii
décembre de la même année , Nidhan Singh ^
fils du vieux chef Djeï Singh de Ghani, fut dé-
possédé du djagir .séparé qui lui avait été assi-
gné ; on voulait donner ce serdari à la veuve
de son frère , Sada Kounwar. Il fut incarcéré à
Lahor, tandis qu'un détachement s''emparait
de ses deux forteresses de Hadjipour et Phoul-
wara. Les liens du sang n'étaient pas aux yeux
de Randjit Singh un obstacle assez puissant
pour Fempêcher de poursuivre Fexécutîon du
système politique qui a servi de base à sa con-
duite , du système qu'ail s'est fait de réduire au
même rôle d'obéissance et de soumission tous
ceux qui pouvaient assurer leur indépendance,
ou , se glorifiant d'une origine illustre , jouis-
saient de propriétés qu'ils devaient à leur épée
ou à celle de leurs ancêtres. Randjit Singh
qui ne s'imposait jamais la moindre contrainte
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- 157 —
dans ses conversations, et laissait une grande
liberté de paroles à ses courtisans, reçut à cette
époque une leçon au sujet des traitemens qu'il
faisait subir aux anciens serdars sikhs; elle
vînt de Djodh Singh de Ramgarh , réduit lui-
même à la condition de sujet. Il prenait congé
de Randjit Singh avant d^ler aider Mokham
Tchand , dans ses opérations contre le serdar
deFeïzoullapour. Randjit Singh luioflFrit quel-
ques présens comme marque de faveur. Le
chef s'en défendit, disant avec la franchise qui
le caractérisait, qu'il devait se trouver trop
heureux de conserver par un temps pareil son
turban sur sa tête. Randjit ne s'oflFensa point
de cette liberté, if sourit et conseilla à son in-
terlocuteur d'être traiiquille et d'avoir bon
courage.
L'année 1811 se termina par une visite que
fit à Lahor ShahZaman, frère du malheureux et
exilé Shah Shoudjai, pour comble d'infortune,
il venait encore d'être privé de la vue. Il arriva
dans le cours de novembre avec sa famille et ses
serviteurs , mais n'ayant trouvé que de l'indif-
férence chez le prince sikh, il retourna bientôt
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après à Rawal Piodi , où il avait déjà demeuré
pendant quelque» mois. Shah Shoudja, après
n^ayoir pu obtenir en septeml^?« Feutrée de
Moulla0^ s^était engagé dans une entreprise dé«
sespérée pour relerer sa fortune au-delà de Tln*-
dus. Il fut défait , et perdit son principal offi-*
cîer Akram Khan. Il dut lui-même chercher
son salut dans la fuite. Ses frères avaient dès
les premiers mois de cette année envoyé à Lou-*
diana un fils de Zaman Shah pour savoir si Ton
ne pourrait pas obtenir du gouvernement bri-
tannique quelques secours en hommes et en
argent. Le jeune prince, reçu avec beaucoup
d^égards et de civilité, fut cependant informé
qu'aucun membre de la famille royale deCaboui
ne devait compter sur Fassistance des Anglais.
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irii
Mariage de Kharalc Singh, Wrîtîer prcsompllf <le Randjît Smgfi.
— Le CO' onel Oclilerlony j Assûtc. •— Shah Sboudja est force de
livrer le Koh-i*noar. <— Mauvais traiteinens essuyës par ce
prince. -^ Sa furtle k Loadiana. — Conquête du Gachemir pAf le
▼isir Fateh Khao. — Acquisilion d*Aitak par Randjit Singh.
1812—1813.
Le oommenoemeiit de FaiiDée 1842 fqt em-
ployé par la cour de Labor en préparatifs des--
tîoés À célébrer av^c la magnificence convenable
le mariage de KounwarKharak Singh. II épou-
sait la fille de Djeïmal de Ghani, le chef à qui
Randjit Singh avait enlevé Pathan Kôl daçs le
Djalandfaar Taraï. Une invitation fut adressée
à Loudiaua au colond Ochterlony pour le prier
d^honorer la cérémonie de sa présence ; et un
ambassadeur lui ayant été envoyé pour le con*
duire à Lahor , il passa le Satledj le 23 janvier
suivi d^une escorte peu nombreuse à laquelle
il joij^it, pour complaire à ftandjttSingb, tine
piàce d^arlillerie légère. En effet ce prince désî^
rait vivement savoir comment œUe paptieicie
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raitîllerie étaît servie dans Parmée anglaise.
Le colonel se fit accompagner des radjas de
Na})a, Djhind et Keïtbal, et à son arrivée près
d'Amrîtsar, le 28, il reçut le Istaqbal, ou ren-
contre d'honneur, de la part du chef sikh, qui
avait dans cette occasion solennelle mandé tous
ses serdars à sa cour. Toute la nation paraissait
se réunir pour célébrer magnifiquement ce
mariage.
La cérémonie s'accomplit à la résidence du
serdar Djèîmal Singh , à Fatehgarh ; et après
sa conclusion , le 6 février , toute l'assemblée re-
tourna à Amritsar. Sada Kounvrar seule n'était
pas présente, une indisposition fut prétextée
pour excuser son absence ; mais le mécontente-
ment qu'elle éprouva en se voyant trompée
dans l'espoir qu'elle avait de voir Randjit Singh,
son gendre, reconnaître publiquement pendant
les cérémonies les enfans jumeaux de sa fille, fut
généralement regardé comme la cause réelle de
son absence.
Randjit Singh reçut le colonel Ochterlony
avec une distinction particulière, il chargea ses
principaux ofiiciers de lui montrer tout ce qui
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^ tel -.
inéritait d^être tu à Lahor , il le pressa de pi*<H
longer son séjour pour assister aux fôies du
Houli qui allaient être célébrées en marSé Le
colonel déclina cet honneur pour lui-même j
mais les chefs sikhs qui étaient Tenus avec lui
acceptèrent avec joie une invitation semblable i
et le bheï de Keïthal obtint, du souverain de
Lahor pendant les orgies qui accompagnèrent
les fêtes la concession de Goudjarawal sur la
rive protégée du Satledj. La confiance entière
témoignée dans cette circonstance par Randjit
Singh au colonel Ochterlonjr contrasta avec là
soupçonneuse défiance qui avait présidé à la
réception de M. Metcalfe. Randjit Singh inontra
ses troupes au colonel et particulièrement les
nouveaux bataillons quHl formait; il alla même
jusqu^à l(ii faire voiries fortifications de Lahor^
les nouveaux ouvrages quMl élevait pour les
améliorer et joindre la Djama Masdjid à son
palais. Son prudent ministre Mokham Tchand
etleserdarGandha Singh blâmèrent, dit-on, de
telles communicatioBS feites à ragent officiel
d^une nation qui pourrait peut-être un jour en
profiter contre lui. Mais Randjit observa avec
Orig. et PROGR. 11
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finesse que si telle était leor pensée ils anraient
dû le détourner d^enyojer une invitation an
codonel, car il était trop tard alors pour lui
montrer de la défiance*
Api"^ les cérémonies et les fêtes , le^ armées
de Lahor reprirent leurs opérations actives.
Kounwar Kharak Singh fiit envoyé avec
dçs forces imposantes contre Bhimbhar et
Radjaori , où Sultan Khan , le chef mnsal-
man du premier de ces districts passait pour
un ennemi formidable. Il avait récemment dé-
fait et tué son parent Ismaïl Khan qni par suite
d'événemens antérieurs avait été mis en pos-
^es^ion d^une grande partie du territoire^ Dal
Singb fut ejft mêoie temps envoyé avec un
autre corps dWmée pour butiner et faire payer
le tribut à Mozaffar Khan de Moultan ; une
troisième armée, sous les ordres de Des^ Singh,
fut envoyée à Kan^a. Randjit Singh en per--
sonne se dirigea pi^r le Djalandhar du côté du
Tarai où^ il convoqua les divers che& monta-^
gnards et fit avec eax de nouveaux arrangemens
relatifs à un accroissement de tribut* La reprise
deShoudjanpour fut la cîeule usurpation qu^il se
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— 165 —
permit dans lé cours et cette campagne. A son
retour à Lahor,le a3mai, RandjitSingh yreçut
la nouvelle des succès obtenus par Kharak
Singh <5ontre Bhimbhar, Djammou et Akhnour •
Le fils de Kounwar fut honoré de la conces-*
sion de ces places qui lui formèrent un djagir
confié à Padministralion de Bheî Ram Singh.
Dal Singh était parvenu de son côté à extor-
quer une somme considérable à Mozaffar Khan
de Moultan.
En août de la même année, Djeïmal Singh,
beau^père de Kharak Singh , mourut tout à
coup j le bruit courut qu'il avait été empoi-
sonné par sa femme. Randjit Singh se porta
comme héritier de tous les trésors accumulés
par ce chef durant une longue vie de parci-
monie et dMsure. Une partie de ses richesses
était lors de sa mort prêtée à intérêt aux maha-
djansd^Amritsar. Ils forent tous sommés de ren-
dre leurs comptes au trésor de Lahor. Dans le
mois suivant les familles des deux ex-shahs de
Caboul , ShahZaman et Shah Shoudja vinrent
chercher un asile à Lahor. Le dernier de ces
princes avait encore vu de nouveaux malheurs
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— 164 —
s'ajouter à toutes ses ^ifbrtoes;' après aroîr
échappé au mauvais succès de Tentreprise qu^il
avait formée en septembre précédent) U tomba
entre les mains de Djahan Dad Khan, gouver-
neur d^Attak , qyii renvoya à son frère Ata Mo-
hammed de Cachemir; celui-ci le fit charger de
chaînes. Shah Zaman désespéré amena la fa-
mille de son frère et la sienne dans la capitale
des Sikhs. Randjit Singh en effet affectait de
montrer un vif intérêt pour les infortunes et
le destin de Shah Shoudja , il paraissait même
disposé à attaquer le Cachemir pour lui rendre
la liberté et lui assurer la souveraineté de cette
province. Il préparait alorsson expédition contre
Bhimbhar dans les montagnes de Pir-Pandjal.
Il sut amener par ces démonstrations réponse
de Shah Shoudja à croire et à faire espérer à son
époux qu^il trouverait nn allié dans le souve-
rain de Lahor. Le shah Réchappa de prison
pendant Tattaque du vizir Fateh Khan contre
le Cachemir , et se laissa conduire à Lahor par
toutes les espérances qu^on lui avait données.
Il sortit sans accident du Cachemir par les
montagnes de Pir-Pandjal; là il rencontra IVir-
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- le» —
mée de Mokham Tchand et se rendit avec lui
à Lahor où il éprouva encore de nouvelles
persécutions. Elles lui furent suscitées par le
violent désir de Randjit Singh de s'approprier
le Koh-i-nour et d'autres jojaux de prix qu'on
assurait être encore en la possession de Shah
Shoudja. Le récit des moyens par lesquels on
parvint à^ les lui extorquer se rapporte à des
temps postérieurs.
Après le Dasrah et la saison des pluies l'ar-
mée sikhe fut réunie et conduite par Randjit
Singh en personne contre les chefs musulmans
deBhimbharetdeRadjaori, qui, bien qu'affai-
blis par les expéditions précédemment dirigées
contre eux, résistaient encore. Ils convoquèrent
toutes leurs forces, s'appuyèrent sur une ligne
des cheÊ et djagirdars de leur foi et sur les se-
cours du gouvernement de Cachemir. Les pos-
sessions de ces chefs commandaient les appro-
ches des montagnes de Pir-Pandjal et l'on doit
penser que dès cette époque Randjit Singh son-
geait à la conquête du Cachemir à laquelle
l'occupation de Bhimbharet de Radjaori devait
servir de préliminaire. L'armée sikhe remporta
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— «W —
sur les che£> coufédérés une victinire signalée,
etRandjitShigh, profitant de ses succès, occupa
Bhimbhar et Radjaori dan$ les premiers jours
de novembre ; il reçut la soumission des ^e&
de ces places le i3 de ce mois. Lesautres confë^
dérés se réfugièrent dans le Cachemir oà Us
furent reçus parle gouverneur Ata Mohammed.
Fateh Khan, vizir de Shah Mahmoud, était
alors sur Flndus où il était venu punir les deux
frères qui gouvernaient Attak et le. Cachemir de
l'assistance prêtée par eux à Shah Shoudja f il
voulait de plus recouvrer ces deux provinces
pour le royaume de Caboul. Il avait envoyé
devant lui un détachement de 8,000 Afghans à
Rohtas et il avait commencé ses opérations
contre Ata Mohammed de Cachemir, au mo-
ment ou Randjit Siogh soumettait à son auto*
rite les chefs de Bhimbhar et de Radjaori. Les
deux armées de Lahor et de Caboul se trou-
vaient alors si rapprochées Tune de Tautreque
les deux chefs désirèrent avoir une entrevue
pour s^expliquer sur leurs vues et leurs inten*
tions mutuelles : Randjit Singh envoya donc
des agens chargés 4e faire des ouvertures dans ce
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- 187 —
sens et invita le vizir à se rendre à une entrevue
Sttr le Djilam afin d'y concerter une expédition
en commun contre le Cachemir. Fateh Khan,
Bon moins désireux de s^en tendre avec les Sikhs^
accepta la proposition et Tentrevue eut lieu
le i''' décembre. Il j fut décidé que Raûdjit
Singh tiendrait à la disposition du vizir une
armée sous les ordres du ministre Mokham
Tdband, et donnerait toutes facilités aux trou-*
pes afghanes d^entrer dans le Cachemir pai" le^
défilés de Radjaori qu^il venait de soumettre.
Un corps auxiliaire d^ Afghans pour Faider à
soumettre Moultan et une part dans le butin
que devait rapporter la conquête du Cachemir
furentles conditions stipulées en retour. Randjit
Singh désirait une portion des revenus de la
vallée, mais le politique vizir refusa toute par-<
iicipation permanente aux contributions de la
province et préféra accorder un nazarana de
neuf lakhs de roupies à prendre sur'lesdé-*-
pouilles promises. A ces conditions il obtint la
coopération de 12,000 Sikhs, sous les ordres de
Mokham Tchand, les armées alliées commen-
cèrent leur marche tandis que Randjit Singh re-
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tournait à LahoF. Les neiges empêchèrent d^aw
bord leurs progrès et les Sikhs, moins aguerris
contre les rigueurs d^ Fhiyer des montagnes
que les troupes c(u nord, furent laissés en arrière
pai* le vizir qui, pépétrapt dans la vallée en fé^
yrier , chassa Ata Mohammed de ses positions ,
s^empara de toutes les places fortifiées et enfin
soumit tout I0 pays en peu de temps sans rece-
voir hfeauçoup d^assistance de Mokham Tchand
et des Sikhs. Randjit Singh fit grand bruit à
Lahor de lajqie qu^il ressentit eq apprenant ces
heureuses nouvelles; il parlait de cette con-
quête comme d^une gloire qui lui appartenait
autant^qu^au vizir. Mais une habile intrigue se
nouait alors, que Texpédilion de Cachemir mit
bientôt en lumière. Djahan Dad Khan , gou-
verneur d^Atlak, désespéritnt après la défaite de
son frère daps le Cachemir, de pouvoir résister
tout seul au vizir ^t sachant qu^il nWait pas
grande faveui* à attendre de lui, avait déjà en-?
tamé une négociation avec Ilandjit Singh, à qui
il promit de rendre Attak à condition qu'un
djagirlui serait donné en retour. En consé-r
quepce Randjit Singh, lorsqu'il était Tçtpurné
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- 169 —
à Ldhor, avait laissédans le voisinage de PIndus
un fort détachement sous les ordres de Deïa
Singh chargé d^occuper cette importante for-
teresse aussitôt que les circonstances le permet*
traient. En man i8i3 , Randjit Singh apprit
qu^elle était au pouvoir de son lieutenant et
gouvernée en son nom. Il ne perdit pas de
temps. pour renforcer ses troupes d^un convoi
considérable , pourvu de toutes les choses né-
cessaires pour mettre la place dans un étatcom*
plet de défense.
Devi Das et Hakim Aziz;*oud-din furent en«-
voyés pour statuer $ur le sort du pays dépen-
dantd^Attak.Le vizir Fateh Khan protesta contre
cette usurpation , et prétendant qu^elle Tavait
libéré des conditions auxquelles il avait obtenu
r^ssistance des Sikhs y il les renvoya sans leur
donner aucune part du butin fisiit dans Texpé-
dition. Il nomma son frère Azim Khan gou-
verneur du Cachemir , et se dirigea sur Attak,
après avoir demandé à Randjit Singh qu^il eût
à lui rendre sa conquête^ Mais la négociation
traîna en longueur , et il va sans dire que le
vi?;îr fut joué par le Sikh,
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— âTO —
Avec le ministre Mokhiim Tchand arrtTSi à
Lahor Shah Shoudja, dont on exigea atissitôty
ainsi que de sa première épouse, le fameux dia-
mant connu sous le nom de Kok-i-nour (i) ; un
dj^gir et une forteresse furent promis en retour.
Le shal^ prétendit ne pas posséder le précieux
joyau y et la Va^i Bég^m (d) déclara qu^il avait
été donné en gage à un mahadjan qui avait
fourni des secours au shah dans sa déu*esse«
Randjit Singh^ refusant d'ajouter foi à ces allé-
gations, plaça des gardes autour de la résidence
du shah, et ordonna quW ne laissât entrer ni
sortir personne sans les plus minutieuse re-
cherches. La famille exilée résista à cette dure
réclusion ; alors on la priva de vivres, et pen-
dant deux jours le shah , avec ses femmes, sa
famille et ses serviteurs, furent soumis aux plus
cruelles privations; mais sa fermeté ne se dé-
mentit pas. Randjit Singh , par égard pour sa
propre imputation, voulut employer des moyens
plus adroits, et ordonna qu'on fournit des vivres
(i) Montagne de la Lumière.
(2) Bégam est un titre honoriâque qui signifie prio*
cesse.
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— £71 —
aux exilé8#Le t*"" «ml il fit produire à son dar-
bar deux notes attribuées au shah et adressées
au vi^ir Fateh KJiau et aux chefs afghans; le
malheoreux prince y dépeignait ses souffrances
et priait ses alliés d^unir leurs efforts pour le
délivrer. On dit qu^elles avaient été. inlercep*-
tées; mais généralement on crut quelles avaient
été fabrK]uées» Il devenait alors nécessaire de
prendre des précautions contre les intrigues et
ii^$ machinations du shah : une garde de deux
compagnies sikhes des corps nouvellement for-
més , fut ajoutée à celle qui veillait omtinuel-
lement dans sa demeure ; on le menaça de le
transférer à Govindgarh ; on employa les trai-
temens les plus indignes pour forcer sa résis-
tance et obtenir le fameux diamants Après avoir
fait dHnutiles remontrances , le shah recourut
à la ruse : il demanda deux mois de délai pour
.retirer le diamant, qu^îl affirmait être dans les
mains des mahadjans ; et il ne pourrait le faire ,
dieait-il , j(ju\ivec quelques lakhs de roupies.
Randjit Singh lui accorda , bien qu^à contre-
cœur, la trêve demandée, et les mauvais traite-
mens furent suspendus pendant quelque temps.
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— 172 —
Mais ik se renouvelèrent avant Tex^rfration du
délai; et Shah Shoudja, intimidé et voyant bien
que la rapacité du Sikh n^hésiterait pa& même
R attenter a sa personne , consentit enfin à ce
qu^on exigeait de lui (i). En conséquence, le
i*' juin Randjit Singh, avec une suite peu
nombreuse, se rendit auprès du Shah pour re-
cevoir lui-même le précieux joyau. Il fut ac-
cueilli par le prince exilé avec beaucoup de di-
gnité , et lorsque tous deux furent assis , un
silence solennel s^établit qui dura près d^une
heure. Alors Randjit impatient ordonna à Tun
de ses serviteurs de rappeler au shah Fobjet de
(i) Ce diamant a été d&rit par Tavernier dans son
voyage à Delhi. Cest le plus gros de tous ceux qui sont
connus. Les Hindous supposent qu'il a appartenu aux
Pandous^ de mythologique mémoire ^ avant de tomber
au pouvoir des souverains mogols. Il a presque un pouce
et demi de longueur sur un de large et un demi d'épais-
seur'. Nadir Shah l'enleva à la famille de Delhi y l'abdali
Ahmed Shah en devint le maître après l'assassinat et le
pillage des tentes de Nadir Shah. [Note de V auteur.)
Ce diamant fut montré à M. A. Burnes par Randjit
Singh. Voy, Voyage s de M. Burnes^ traduits par M. Ey-
riès, vol. I, pag. 162. Paris, i835.
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— iT5 —
sa visite. Le shah ne répondit pas , mais il fit
signe des jeux à un eunuque, qui sortit et rap-
porla bientôt un petit paquet enveloppé quUl
plaça sur le tapis à égale distance des deux,
princes. Randjit ordonna à fihouani Das dW-*.
vrir le paquet , et lorsquUl eut reconnu le dia-
mant, il se retira aussitôt avec son butin dans
la main (i). Le shah put jouir alors d'une li-
berté plus grande} la garde fut retirée de son
palais. Mais peu de jours après on intercepta
une lettre d^un de ses officiers, Kazi Shir
Mohammed, adressée à Mohammed Azim Khan.
Elle contenait TofiFre d^assassiner Randjit Singh
et invitait le vizir Fateh Khan à profiter de cette
circonstance pour faire une attaque sur Lahor.
Le Sikh envoya chercher un des princes de la
fiimille exilée et le chargea de remettre la lettre
(i) Ce passage rëfute le roman doDt les journaux nous
ont entretenu il y a quelqtie temps. On racontait que le
sbiah n*avait remis à Randjit Singh qu'une boule de cris-*
\à\y après quoi il se serait enfui. Randjit l'aurait fait
poursuivre 9 etc.^ etc. Le général Aliard aurait même
joué un rôle dans cette affaire. Or, il n'arriva dans le Peu-
jabqu'en i8as. Nous n'avouopu savoir roriginedececonte*
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- in -
et celui qui iWait écrite^ car on s^en vêtait em-
paréy entre les mains du shah. L^ex-empereur
les renvoya tous deux en priant Randjit Singh
de pnnîr le coupable comme il le jugerait con-
venable. Dans Tespérance qu'on lui arracherait
l^veu de la complicité du shah , on lui fit ap-
pliquer des coups de bâton ; mais malgré tous
les mauvais traitemens qu'on lui infligea, il
persista à affirmer Finnocence de son maître.
On le mit alors en prison , d'où Shah Shôtidja
parvint à le faire sortir moyennant 20,000 rou-
pies.
Après son retour du Cachemîr le vizir Fateh
khan s^était arrêté devant Attak et l'avait blo-
qué, en attendant le résultat des négociations
qu'il avait entamées à Lahor pour qu'on le lui
rendît. Le ministre Mokham Tchaud fut en-
voyé dans le voisinage pour se tenir prêt à tout
événement. Au commencement de juillet on
reçut de lui la nouvelle que la garnison était
' réduite à ukie telle détresse^ qu'à moins de re-
cevoir de prompts secours elle serait forcée de
se rendre. Randjit Singh tint conseil ^ et il fut
décidé de secourir (a ville , même dans, le cas où
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- 17» —
cette tentative devrait entraîner des hostilités
avec le vizir* Des ordres furent en conséquence
expédiés au ministre, qui leva son camp de
Bourhan et se mit en mai^he le la juillet i8i3
pour les exécuter. Il fit peu de chemin ce jour
là,.el prit position sur un ruisseau défendu par
un détachement de Tarmée du vizir, qui se re««
tira- à la nuit. Le lendemain le général sikh,
suivit le torrent , pour que ses troupes fussent
toujours fournies d^èàu et prêtes à Faction , car
le temps était très chaud. Il arriva dès le matia
surrindus, à environ cinq milles delà ville assied
gée* L^armée de Caboul sortit alors de son camp
pour Fémpêcher d'avancer plus loin ; TavantT
garde ise composait d'un corps de Musulmans
Moulki soutenus par la cavalerie aux ordres de
Dost Mohammed Khàn. Les Sikhs firent leurs
dispositions pour le combat ; la cavaleriefut par*
tagée en quatre divisions; le seul bataillon d'in^
fiuiterie qui raccompagnailse forîna en ca rré.Les
Moulkis chargèrent le bataillonavecrésolutian ;
mais ils furent reçuâ avec un feu si bien nourri
qu'ils tournèrent le dos après avoir perdu beau**
coup de monde. Mokham Tohand voulut en^
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*-- tro —
vojer au secours de son bataillon des troufies
fraîches et quelques pièces d^artilleriecomman*
dées par Ghousi Khan ; mais on n^obéit pas à
ses ordres. Dost Mohammed fit alors une at-^
taque à la tête de sa cavalerie, et les Sikhs com^
mençaient à plier devant lui, lorsque le dewan
en personne fit avancer deux pièces de canon
dont la mitraille arrêta les Afghans. On était
alors au milieu du jour, le soleil était acc£d)lant
et un vent chaud soufflait au visage des Af-^
ghans X le vizir ne crut pas devoir ordonner à
sa réserve de prendre part à Faction, et la ba-
taille cessa ; car les troupes qui y avaient pris
part étaient épuisées de fatigue. Le vizir passa
rindus et se retira sur Peshaver, laissant aa
général sikh la liberté de ravitailler la forte-
resse. Après s^être acquitté de ce soin , Mo-
kham Tchand retourna à Lahor en août pour y
recevoir la récompense de ses services et porter
plainte contre les officiers dont la désobéissance
avait failli compromettre le gain de la bataille.
Ils furent punis comme coupables d^intelligence
avec Fennemi : on découvrit que telle avait
été-, en eBety la cause de leur inaction.
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— 177 —
Riea d'important ne se passa pendant la sai-^
son des pluies , en i8i3 } mais avant qu^elle ne
fut écoulée , Randjit Singh commença les pré'-
paratifs d^une expédition dans le Cachemir. En
octobre il visita Djawala Moukhi, et de là se di-
rigea par Sial Kot et Vizirabad , sur le Djilam ,
où il convoqua tous les djagirdars et les chefs
tributaires dei montagnes , avec leurs contin-
gens. Chacun de leurs corps fut examiné avec
une attention minutieuse , et des amendes leur
furent imposées quand le nombre de leurs
hommes ne se trouva pas au complet ou quand
leur équipement ne fut pas satisfaisant. Ces
grands préparatifs avaient pour but de mettre
en campagne une artillerie imposante et d^amé-
liorer le système de celle qui est montée sur des
chameaux. Après avoir ainsi fait Finspection de
toute son armée, Randjit Sîngh passa le Dji-
lam le 11 novembre et entra à Rohtas, En ap-
prenant tous ces préparatifs^ le vizir F^ateh
Khan s^était transporté de Pheshaver.4 Perad-
jat 9 sur la rive occidentale de Tlndus. Cette cir-
constance , ajoutée à la nouvelle qpe la neige
rendait encore le passage impraticable dads les
Obi», et progr. 12
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^ 178 -
Ttiontagnes de Pir Pandjal , engagea ïtàndjk
Sîilgb à suspendre son expédition jasqu^au priiv-
tem^ suivant. Il envoya donc un détachement
s'^emparer du passage des montagnes au-delà
de Radjaorî ^ choisît des places de dépôts pour
les vivres et les muniiioâs, et retourna par
Kohtas à Lahor, où il arriva le 26 décembre.
La confiscation du territoire montagneux de
Hâripour et son adjonction au kkdlsà{i)de
Lahor, fut le premier acte qui signala ïe retour
dn prince sikh dans sa capitale. Le radja Bhoup
Singh, dont Tarrestation et remprisonnement
précédèrent cette confiscation, reçut, quand
elle fut accomplie, nïr djagirdar de peu de
valetri'éti coiïlpensatron. Le Sèèondade d'au-
torité de Randjit Singh fut encore plus inique,
Âykùt appr^ quie Shah Shoudja possédait
encore quelque jo^ux de prix, il léis lui fit ré-
is}amér< Sor k déclamation du shah , qu'il n'^en
avait plus aiiicun en sa puissance, It Sikh
T^tet en juger pat lui-même, il enVbyà l^heîa
; (V) tfe kMaâL ««t lie tévëtiu dc6 prdvkicës'aàmîniatrees
(Ureeteifteiit |par 'le gouv^raem^vt delialMkir.
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- Vï9 -
Rom Siogh, accompagné de quelque femmes <
arec ordre de -fouillei» lous les appattemens et
de lui apporter les coffres et les pkqtlels qui ap-
partenaient au âhahi On lès fit alors ouvrir pàif-
le chef deà eunuques du shah , et îtàndjlt Sihgh
retint pour lui-même les objets les plus pré-
cieux ^ tek armes, les pistolets, les bîjbtiîx dé
femmeà , €fi les tapis de qrfoî charger denxYoî-
tures. H enjoignît' 'ctisuite ail'Aah de quittfe*
ses jat'dins et son paîaîs*de l^lt^ilemar pô'tîi'
habiter Oûe maillon ordinaire dans ta-viiid xrh
il fut sodiftisà»4in^ -s^veîllafnté séVèrè. Ap^ès
ainofa^ ttimsi scmfiTêrt «oét^^spèdè d'H'iiiâi^hités et
de «nàttvîiAs ' JtHàilémetïs , cèltift-ci >ê$bltâ4: dé
s^enfuir aMèiô «a* faniijle; Vers là fila ^ dé • ho-^
imnbite) idn iirint;>appr6ndre à tlandjit Sibgh
que les fi^iâets^ùshubU^étaiènt éelïappées été
la maison où i^elui^ écait gardé-; On employa
hs n^naces eî^Aéê promesses pour iPeûgâTger à
dédàrèfle liéu.^teti^^etraileV4]9ài^^ ifitVeû
viaisy îl >permfa ià dh'^ ^^il ignoirkîi^'ieMbut^ét
k motif de îe^r Miâe.Laj ville fût foaîHéeyon
d^mdic ^attx leipiiieBide soiitiit<roiléês<de chez
: dleà^ 3ics marchands dépasitaitres de quélqaiç$
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— 180-
soqimes appartenant au shah ou aux menihrés
de sa Cimille reçurent ordre, de. los verser au
trésor de Lahor, Ces précautions furent prises
Jtrop tard^ on apprit que les princesses avaient
quitté la maison du shiih spus le costume de
feipmes hindoues, et s^étaient rendues chei Bar
lak Ram , agent ou correspondant de; Sougan
Tchand,, riche banquier de Delhi et trésorier
du gouvernement anglais dans cette résidence.
Balàk Ram leur avait fourni les moyeqs de
sortir delà vill^ ft^àe parvenir à Loudiana où
elles étaient arrivées en sûreté^ JLà^ ^les s^étaien t
fait connaître au capitaine Birdb^ assistaot^
cl^arg^ provisoirement des afl^res;d^;cett^ ré-
sidence; , qui )es ;avdjt rdçii^gs javec un^ bienVeiU
lante hospitalité. Balak Ram- fiit arrêté iparr
ordre de RandjH Singb pour, la part qu^il Avait
prise à cette évasipn ^ il fut obligé de monixer
ses livres ^t de livrer tpDt cç qui lui avait été
cqpfié par le shah ou5a famiUe. H nVutdWl-
}$urs:à$ut)Âr aucun autre mauvaia t^iteuàeiU*
j/Çn bvril iStS^ Shah. jShoudjai part in t lui*
mqipe à (SyéchApper sous^uoid^ais^ypoteali^iti^siit-
grè l'étroile survdllaocioe dont il<8tait Tob}^*.
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.- 181 —
Ses gardes furent disgraciés , une récompense
futoffierteà qui ramènerait le prisonnier, mais
le sfaah parvint à gagner les montagnes où il
fut reçu avec hospitalité par le faible radja de
Kishtiwar. Là, il réunit un corps de 3,ooo
honnmes et pendant Fhiver fit une tentative sur
le Càchemir ; mais le froid Tempêcha de traverser
lesmontagnesdePirPandjalet dispersa sa petite
troupe. Sa situation était alors désespérée , ce-
pendant après bien des détours et un long
voyage dans les montagTies de Koulou,'où il eut
à supporter de cruelles privations, il- parvint
enfin , avec un petit nombre de serviteurs , à
rejoindre sa famille à Loudiana , en septembre
1816. Il sY plaça sous la protection du gouver^
nement anglais. Une pension annuelle de5o,ooo
roupies fut assignée au shah dans son exil,
pendant tout le temps^qu^il resterait sur le ter-
ritoire anglais. A Texception d^une entreprise
malheureuse qu'il tenta encore en 1818, après
le meurtre du vizir Fateh Khan , 'pour recou-
vrer son ancienne puissance , il a toujours de-
puis joui paisiblement de son asile à Loudiana.
Il y a été rejoint par son frère aveugle, Shah
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2iaman, clout }a paayreté assura la liberté
auprès de Randjit Siogh» Une pemion fmtiçn*
lière de 2^4)000 roupies par au fut assi^aér^ à œ
prince (i).
Nous avoDs anticipé sui' Vordre cbrâiiolo-'
gique des événenieiis pour réunir tout o^ qui a
trait aux infortunés de cq3 malheureux priq^C^^^
toL première expédition de RandjitSingh contre
le Cacbemir nous force de rétrograder }u$qa^à
Tannée i&i4* ^^ érénemens qui Font préeédée
PU acoompagnée forment le sujet du chapitre
suivant.
(i) Voir pour l'histoire de cette malheureuse famille
le TojàgedéM. Alexandre Burnes à Caboul et Boukhara,
traduit'parM. Eynès. Paris, i835, vol. IIj chap. V, et
^oK IH, io chapitre relatif à rhistoire et au commerce du
daboul . -*- Victor Jacquemont visita lesdeux frères à IjQni^
. diana. Voir ce qu'il en dit pages 352 et suivantes du pre»
nijer volume de sa Correspondance. Paris , 1 833.
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Premier* expcJilion de BaiidjU Singh conlrc lè CAclieinir. — Dc-
frtile. — nilclîii de U sanlédc Ra^nfrj'tf Singh. — Wm <U Mopllan.
— Raodjîl Singh fait ren<lre k Vurmec son hulip. — Mort de
Faich Khan, vizir de Cahoiil. — Randjit Singh s'avance Jusqu'à
i8i4— .1818.
Randjit Singh , après avoir célébré le Houli
et fait ses ablutions à Amritsar, dirigea son ar-
mée en avril 1814 sur le pays des montagnes du
côté de Kangra. Il venait lever les tributs et
réunir les radjas avec leurs contingens. S^étant
ainsi renforcé par Fadjonction d^un corps con*
sidén^bledemontagnards, il annva à Bhimbhar
le 4 j^ÎQ? ^^ sWançant encore plus loin, ren-
contra Agar Khan, chef de Radjaori, sur le ter-
ritoire duquel puasse la route de Cachemir. Le
Il juin, Farmée arriva à Radjaorî, et, se dé-
barrassant de ses gros bagages, ne prit avec
elle que les équipages indispensables dans une
guerre de montagnes; elle allait traverser les
fameux défilés de PirPandjal. On fit quelques
efforts pour gagner à la cause des Sikhs Iç radja
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dePountchy Rouh-OUah Khan, mais il allégua
ses engagemens et la présence de son fib auprès
du gouverneur de Cachemir , Azim Khan ,
qui le retenait comme otage. Cependant, après
un conseil tenu avec ses principaux officiers ,
Randjit Singh décida qu^un corps dWmée, com-
mandé par lui-même, suivrait la route de
Poun tch , et essaierait de pénétrer par les gorges
de ToshaMeïdan, tandis qu^une diversion serait
faite par Bahramgalla, du côté SoupeSn dans la
vallée.
La cavalerie mit pied à terre, et chaque
homme étant fourni de provisions pour trois
jours , un détachement fut envoyé en avant le
1 5 juin, sous les ordres de Ram Drïal, petit-
fils de Mokham Tchand ; il était accompagné
de Dal Singh et d^autres djagirdars. Ils arri-
vèrent devant Bahramgalla le 18, et après
quelques pourparlers obtinrent le passage , en
payant à ses défenseurs l^arriéré de soldé qui
leur ,était dû par le radja de jPountch. Une
forte pluie tomba le 20 juin , et Farmée sikhe
commença à souffrir de Phumidité et de h
pluie, les vivres devinrent rares, et la marche
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fot suspendue jusqu'au 26. Mais le 28 Randjil
Singh atteignit Pountch, il trouva la yille dé-
serte. Le radja avait ordonné à ses sujets de ne
point essayer de résister par les armes , mais
d^abandonner la ville et les villages, de brûler
ou d'emporter les grains , et de se répandre sur
les flancs de Tennemi. Les conséquences de ce
système portaient déjà leurs fruiUi et forcèrent
les Sakhs de s^arrèter à Pounlch pour 7 at-
tendre des vivres jusqu^au i3 juillet. De là, ils
sVvancèrent parMandi sur ToshaMeïdan qu^ils
atteignirentle 18. Là, ils rencontrèrent Moham-
med Azim Khan , campé avec toutes les forces
du Cachemir pour les empêcher de pénétrer
plus loin. L'armée sikhe pritses positionsen £sioe
de Fennemi et passa plusieurs jours dans Tinac-
tion. Randjit Singh eut alors des nouvelles des
des troupes qui arrivaient par Bahramgalla. Le
ig juillet Ram Deïal et les djagirdars avaient
traversé les montagnes de Pir-Pandjal en pas-»
sant par les défilés de Saraî et Madpour, et
chassant devant eux les troupes du Cachemir
qui auraient dû les arrêter. Randjit Singh fut
alarmé de cette précipitation qui laissait ce dé-
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t^ohemeol sans appui et dans un^ position cri-*
lique \ il cQvojra donc à Riim Deïal desr^Qfot t»
$ous les ordres de Qbeïa Ram Singh* Le'çhefde
Radjapri voulait qvCon attaquftt Axim Khan ,
c'était, pensaitHl, lemeilleurmoy en deprévenir
toute entreprise contre son détachement; mais
Randjit Singb ayant reconnu les pQsitipm de
Vennemi , trouva la tentatire trop hasardeuse ,
et cependant c^était probablement le meilleur
moyen de prévenir ief d^stres qui suivinmt.
Sur ces entrefaites Ram Deïal, ayant passé
Içs montagnes, déboucha dans ta vallée à Bari*-
pour« Il y fut attaqué le ds juillet par un parti
4^ Cachemiriens envoyés à sa rencontre. Les
t^oupos d'A^im Khan furent battues et pour-
suivies jusqu^à Soupeïn* Le 24 ? les Sikhs don«-
pèrent Tassant à la ville , mais elle était bien
défendue par ^houkour Khan qui repoussa les
^$ail)ans. Cet échec les força de se retirer sur
PirPaudjal pour y chercher des renforts. Bheïa
l^ta Sipgh ayant appris ces fâcheuses nouvelles,
dut par prudence s^arrêter avec son corps à
Râ^ramgaila pour ^a garder les pai^sages.
Mohammed Azim Khan jugea alors leâ cir*^
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coo^taooes favorabUs >p0Qr prendre Tofiensive
contre Tapinée principale, affaiblie par les ma-*
ladiç9^ et encore plus par la désertion. Le ag
juillet, Rouh-OoUah Khan , chef de Pountch ,
commexiça le feu des hauteui's quUl occupait
cqn^re larméesikhe. te lendemain dès le matin
il ;irenouyelai^son attaque av^ec plus de vigueur, '
et Randjit Singh dut se replier sur fifandi«
Poursuivi jusqua«là| il incendia la ville , et, se
m^^antà la tête de ses bataillons disdpUnés,
<HW9iTri| $a retraite sujr Pountch ^ qu^il atteignit
le 3i juillet I après avoir perdu beaucoup, de
4e inopd^ et son principal officier Mit Singh de
Bh^ranif II se vit enlever aussi presque tous
9e& baga^^s. L^armée ne conservant plus alors
a.uoune discipline, Randjit Singh mit le feu a
Pountch , abandonna son camp , s'enfuit à
jQhouhi et de là à Lahor par la route la plus
courte. Il j arriva suivi de quelques serviteurs
leriî^aoîMt.
Eam Peïal et les djagirdars composant le
détachement qui pénétra dans la vallée, furent
assiégés dans leur camp et forcés par la fa^
mine de se rendre^ Mais ce corps reçut d^Azîm
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Khan la permission et se retirer; un saof-
Gonduit lui fut donné jusqu^à la frontière sikhe
en considération dé Tamitié qui unissait le
gouverneur du Cachemir au ministre MoUmm
Tchand , aïeul de son général. Cet officier avait
Iui*-méme été empêché de prendre part à IVix*
péditionpar une maladie. Il avertit son maître
des difiBcultés qui Tattendaient s'il se laissait
survendre dans les montagnes par la saison
des pluies; il avait surtout insisté sur la néees-
ûié d^établir de grands magasins à Bhimbhar
et à Radjaori , dans la crainte de rencoàtrer
une forte résistance de la part du chef musul-
man et de la population de Pounlch. Tout ar-
riva comme il avait prédit , et Randjit Singli
déretoureut à regretter d'avoir été privé, dans
ce^e importante expédition, autant de Texpé-
rience et des lumières de son ministre que de
sa valeur et de ses talens militaires. La maladie
qui avait empêché Mokham Tchand d'accom-
pagner Farmée sikhe fit bientôt craindre pour
se4 jours, et, dans le courant d'octobre, peu
de temps après le retour de Randjit Singh à
Lahor, il mourut emportant les regrets de tous
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qeux qui portaient qnelipie intérêt k la puJ9<-
sance des Sikhs et à i^empire de Randjit Singh.
Dans sa vie privée, Iç ministre se di^ng\i^î(
par sa générosité , Félévation de ses s^ntiin^p^
et de son esprit; il avait toute la con6anpe des
troupes placées sous ses ordres, il était p9pu-7
l^ire et respecté dai^s toute la confédération
sikhe* , . i
Il fallait du t^mps pour réparer \^i f^^ttM
que Randjit Singh avait ^tes dans sa der<pièra
expédition; aussi Parmée sikhe nefut-^I«pa$
en état de reprendre la ea;Enpagne e^ ^^4^
après le Dasrah , comme c!était son ^ahjtud^t
Mais en avril iSiS, un corp$ fut renvojfé^^^iis
les ordres de Ram Ddal et Dal Singh pQV^ ra^
i^age;r Icis Ijerritoirçs de Moultan et dç B^U%7
walpour et lever les tributs et cqal^rjybiiji^tms
dans le voisinage^. Randji,t ^ngh passa Tété h
Adfqii^-J)(agar, levaxit ft ^d^pl^nant de nour*
veaux bataillons , re^:;n:^^nt $iirtoiit les jbppimiis
4u Çou^kha^^^nt larépiatatipn de valem* s^ét^it
très élevée depuis les combats quHls avi^î^l
soutenus daps les montfigjBief) situées ^J^^^^; {du
Satledj, Legouver,nem^f t apgjif^i^lf^ix e^gijifrm
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al^eJeèOourkhas ei te cdionel, depuis général
OchterklUy , était entré en campagne contre
Att» Smgh qtii, pendant six mois, se défendit
arec succès dans Ramgarti et Matonn , et y dé-
joua tes talens éprouvés et les forces supérieures
Û*à }^éh\ anglais. Lorsque les Gourkbas furent
énÛh dé&its et chassés detoutela contrée mon-
tagneuse située à Touest de la riyière Gogrà ou
Sait, Rànd^t Sat^gh |itt)fita de cette cli^ècins-
Wfeéè pour rf^ittachéî^dtes 'hommes^ ï^articuîfè-
ïnerit propres à la guerre d^s môîrta^ésl '
f Cè|>ettdant la d^Biitiô d« l'irmée sikhe dans
Ic'Gacbemir avàît^-feticôUrâgé les c!re musul-î
ttttùs dé Bhtaibhar étûé Radjaori'à se revdter.
¥erS ïtf «*t d€ îantié i«^i 4, le fils dn dernier de
ces tAerft partînt^Ô «^échapper de ïLaKbr tJu îl
ét!â^'¥étentr «not^ge él à rejoindre soti'^pére;
Les kisùtgës de'^imbhàr- étaient cbiiiitiatidés
paf le fe-ère- dfe îSdffârfKÉfeiti, qui ari^aîrfeîr^
*ôttWîSéicte- ^hiBtiyét'K^i été emprisiîmné
ptf^ kàfléijlt'^gbj H était encore dAeMi'fe
lijâïor.- •'-"^,.' ^''''^'^^''•' •' '-':-' ^>w-iv> •" i
• ' hBfei'«Dft)bWs après*l«0^^ab de^iS ; l'armée
jMMiècftï feôhv6iqftféel Le lieu dêféûiiîan potir
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ta revue défîiutive fut fiitfé k SialkoL Une divi-
sion GommÂndéa par Ram Dejal «t D-al Singh
prit les devao& poup pimir ks chèfi de Bhim-
bhar et deftadjaon, et ravager \etits terri-
toires par le fer «el le. feu. Pountchtiè dut
d'être présdrré d'un pareil traitement qu'à sa
position élevée dafcis les montagnes cru Tlïiver se
faisait rudement sentir. Raûdji^t Singh n^étaîl
pas eucore prêt è. eèsujer de relever,' par une
seconde expédition dans le GachBihir, sa for^
tane et sa réputation éclipsées. Il st^cdnlehtà
pendant cette saison d^ raffisrmrr «t>d atitoritê
dans les moA^gn^s et de punir lés r^djaâ indo-
ciles et ^-éfrac^anres |^t<dbli^ stir 'ce versant dès
«MTOts JPir l^andjâl. Il retotrrna-; le sS^déèembrê^
à LaAkot où il trcmva Bîr Stngh , radja de Nbur-
poar dans les riionta^hes^ qui: n*ëtà?t pa's venu
au rende£-vou5 de Sèalkot. Une 'amende lui fût
imqposèe^ >èt u^renfdende si forte i^'^eHe excé-
dfl&t ses ttfssôurees «t ifi'il dut t^îr en gage
son ÛuihùÈT^ on 'làbèrnade de ses dieux , fait
d'or et dtafg«wt tttdsstfs. Mai^ t^a ne sti/fît
pcont^ il 4ac ^iH^ètévà' k ipeMle <ki Dan&em, oii
salte de- réoeption^, te 2^ ' j^atier iB^\ «t ptèb
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de jours après , il fut envoyé dans un palan-
quin pour être présent à la saisie de tontes ses
propriétés et en rendre compte à ceux qui furent
chargés de ks mettre sous le séquestre. Il refusa
im djagii^ de peu d^importance qui lui fut of^
fert, et après avoir fait d^inutiles tentatives pot^
recouvrer Sa forteresse et sa principauté par la
force 9 il se réfugia sur le territoire anglais» On
fit un second ocemple sur le radja deDjaswoul,
Ahmed Singh, pour une £iute pareiUe* Mais
celui-ci , après la perte de ses possessions^ ac*
cepta le djagir qu'on Jui offrit.
Après avoir exécuté ces mesures dans lei
montagnes, Randjit Singh s^étant baigné à
Taran Taran, sWança avec son armée du o6té
de Moultan et de Bahawalpour* Là^ de vertes
moissons et de nombreux troupeaux officient
des ressources pour forcer au paiement des
contributions, et causer à Fennemi d'irrépara-
bles dominées. Les Sikhs descendirent Flndus
jusqu^aux limites du Sindh et le chef de fiakhar
et Liab , Mohammed Khan , de la âimille ex*
puisée par 1^ émirs qui règlent encore ûzmès le
pays ^ e^n.t morti une demande de tribut fut
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— 193 -
faite à son successeur Hafiz Ahmed Khan. Sur
son refus , les forts de Khangarh et Mahmoud-
Kot furent occupés, Takali Phoula Singh s^
livra aux atrocités les plus révoltantes contre la
population mahométane. Peu de temps après^
Hafiz Ahmed consentit à payer pour obtenir la
retraite des garnisons sikhes , et recouvra ainsi
ses forts avec une partie du butin qui y avait
été fait. Ahmed Khan de Djhang reçut aussi
Finvitation de se rendre auprès de Randjit
Singh , et fut aussi frappé d^une forte contribu^-
tion. Ce fut en vain qu^il allégua son impuis-
sance , il fut envoyé à Lahor tandis que trois
bataillons occupaient et annexaient au khalsa
toutes ses possessions , dont le revenu annuel
était estimé à quatre lakhs de roupies. Elles
furent affermées à Lala Soukh Deïal, pour la
somme de 160,000 roupies. En même temps ,
Talouwala Fateh Singh s^emparait de Outch et
Kot Maharadja. Outch était occupé par des
Seïds (i ) qui avaient été respectés jusque-là , ils
furent pourvus d^un djagir; Kot Maharadja ap-
(1) Musulmans qui prétendent descendre du pro-
phète.
Orig. et frogr. 13
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— 194 —
partenait à un chef nommé Radjah Ali Khan,
qui fut envoyé prisonnier à Lahor.
RandjitSingh retourna par le sud-ouest et ren-
tra dans sa c«ipitale le 20 mai. Là , il apprit que
le vizir Fateh Khan était entré, pendant la saison
qui venait de s^écouler, dans le Cachemir parles
montagnes de Pakholi et Dan^four. Il avait
aidé son frère à lever les trihuts , à affermir son
pouvoir dans la vallée et était retourné par la
même route. Un corps dWmée sous les ordres
de Ram Deïal et de Dal Singh, était resté
sur la frontière pour ohserver ses mouvemens»
Les affaires domestiques vinrent ahsorher l'at-
tention de Randjit Singh. Sa seconde femme,
la mère de Kounwar Kharak Singh , fut accusée
de scandaleuses malversations, et surtout d'une
intimité trop avérée avec Bheia Ram Singh,
ministre du^jeune prince. Randjit Singh avait
conféré à son héritier un djagir très considé-
rable, qui était administré par sa mère et le
ministre , à la condition ordinaire de fournir
un contingent de cavalerie à Tarmée sikhe. Il
arrivait cependant des plaintes graves et fré-
quentes sur les exactions et les malversations
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J
— 19S —
des administrateurs ; d^un autre côté la situa-
lion et Féquipement du contingent paraissaient
toujours à Randjit Singh des plus misérables. Il
voulut d^abord obtenir quelque amélioration ,
en excitant Torgueil de son fils, qui était d'âge
à s'^intéresser à de telles aflPaires : ce fut en yain ;
Finfluencede la princesse et du ministre empê-
chèrent tout amendement, et Randjit Singh fut
contraint de déployer son autorité. Le ministre
Ram Singh fut jeté en prison et dut rendre
compte de sa gestion ;''la mère du jeune prince
reçut ordre de résider au fort de Shikoupour.
Kharak Sin^h fut réprimandé pour n'^avoir pas
su empêcher leurs dilapidations, et Bhouani
Das de Peshaverluifut attaché comme nouveau
ministre. Quelques lakhs de roupies, des bijoux
de prix , furent arrachés à Ram Singh , dont le
banquier, Outam Tchand d'Amritsar, dut aussi
rendre ses comptes et livrer à Randjit Singh
tout ce qui avait été déposé chez lui par Fex-
ministre.
Après le Dasrah, en octobre, Randjit Singh
se dirigea d'abord dans les montagnes , où il
rendit visite au radja Sansar Tchand de Nadoun
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— 19Ô -
et lera les tributs annuels; puis à son retour 3
confisqua les djagirs et territoires de Bir Singh
et Dewan Singh, les deux frères de Djodh Singh
de Ramgarh : on évaluait leur revenu annuel
à cinqlakhs de roupies. Les deux chefs furent
arrêtés lorsqu'ils se rendaient au Darbar pont y
. ofirir leurs respects à Randjit Singh, tant ils
étaient loin de se douter de quelque mauvais
dessein de ce prince contre eux-mêmes. Am-
ritsar célébra par des illuminations le retour
de son souverain , le i3 décembre.
La constitution de Randjit Singh, quoiqu'elle
dût être excellente pour avoir pu supporter pen-
dant si long-temps une vie toute de débauches
et de fatigues excessives, commença cependant
à décliner sous ces violentes épreuves. Son
estomac s'affaiblit; la perte des forces fut suivie
de Tamaigrissement du corps, de Timpuissance
complète. Au commencement de 1817 sa santé
fut sérieusement attaquée ; il dut se soumettre à
un régime que lui prescrivirent ses médecins
indiens. Il le suivit pendant quarante jours, et
n'en retira qu'une bien faible amélioration. Au-
cune entreprise militaire, aucune opération ac-
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— 197 —
tive ne signala cette année. Mais ce qui vint
alors inquiéter le prince sikh, ce fut la conduite
de Ram Lai , frère de son chambellan Khou-
shhal Singh, qu'il avait comblé de tous les dons,
et dont il avait fait son favori bien-aimé et le
compagnon de ses débauches. Les offres les plus
sédiiisantes ne purent déterminer Ram Lai à
quitter la religion de Brahma pour adopter,
comme avait fait son frère, les coutumes et les
rils des Sikhs. Afin d'éviter toute importunité
sur ce sujet, il s'enfuit dans ses terres à l'est du
Satledj : là, il était hors du pouvoir de Randjit
Singh, qui, irrité de cette évasion, exerça sur
son chambellan une vengeance feinte ou réelle,
en le privant de son office et le faisant mettre
en prison. Ram Lai revint pour délivrer son
frère, et finit par se soumettre au Pahul^ ou
initiation , et changea son nom contre celui de
Ram Singh.
La saison qui suivit fut employée aux prépa-
ratifs d'june expédition contre Moultan, dont
les ressources avaient été assez affaiblies par les
contributions forcées , le ravage et le pillage ,
poui* faire espérer à R.andjit Singh que les
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— 188 -
moyens de défense de Mozafikr Khan ne pour-
raient Tempècher de conquérir facilement la
ville et la citadelle. Mais avant de s^engager
dans cette entreprise, Randjit Singh donna la
liberté à Ahmed Khan deDjhang, qu^il retenait
en prison depuis neuf mois ; il lui conféra aussi
un djagir de peu d^importance. Le rendez-vous
de Farmée sikhe avait été indiqué pour le com-
mencement de 1818 , sur la frontière sud-ouest
des états de Randjit Singh. Kounwar Kharak
Singh eut le commandement nominal de Tar-
taée, conduite en réalité par Misar Dewan
Tchand , qui s'était élevé par son mérite et son
activité de la plus humble condition au grade
de commandant de Fartillerie. Cet officier pro-
mit de réduire la citadelle de Moultan , si on
lui donnait le commandement en chef de l'ar-
mée pendant le siège. La jalousie des djagir-
dars, qui refusaient de servir sous un parvenu,
obligea Randjit Singh à envoyer son fils avec le
commandement nominal. Tous les bateaux du
Ravi et du Tchenab furent mis en réquisition
pour transporter les vivres et les munitions de
Tannée, qui se mit en marche en janvier 1818,
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— 109 -
Une demande d^une somme exorbitante en ar-
gent et de cinq chevaux de prix fut adressée à
Mozafiar Khan ; et comme il ne s^empressa pas
dy satisfaire , ses deux forts de MozaflPargarh et
Khangarh furent attaqués et pris. Dans le cours
de février, la ville de Moultaii fut occupée et sa
citadelle étroitement bloquée sans que les assié-
geans eussent à essuyer de grandes pertes. Les
approches de la place furent pratiquées sans
ordre , chaque chef ou djagirdar élevant sa bat-
terie , les feux de Tartillerie et de la mousque-
terie s'ouvrant sans ordre contre chaque ou-
vrage. Mais les ressources de la garnison étaient
si faibles que cette attaque irrégulière suffit à
pratiquer plusieurs brèches dans les murailles
de la citadelle ébranlées par un feu continu, et
que les ouvrages avancés étaient presque rasés
au mois d^avril. En mai les travaux des assié-
geans furent poussés jusqu^au Dhoul-^Kot
, f fausse hrayej et Farmée fut en mesure de don-
ner Passant. MaisRandjitSingh, qui, bienqu^ab-
sent, dirigeait toutes les opérations, défendit de
rien risquer et continua d^offrir au Nabab un
djagîr s'il voulai^^se rendre. Mais celui-ci per-
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— 200 —
sevérait dans son refus et paraissait déterminé
à tenir jusqu^à la dernière extrémité.
Tel était Tétat des choses lorsque, le 2 juin ,
un Akali fanatique , Sadhou Singh , s'avança,
sans en avoir reçu Tordre, avec quelques hommes
et attaqua les Afghans dans leDhoul-kot Fépée à
la main. Ceux-ci endormis ou faisant mauvaise
garde furent obligés de s'^enfuir. Les Sikhs
s^élancèrent alors de leurs tranchées pour pro-
fiter du moment et soutenir Tattaque; tous
les ouvrages extérieurs tombèrent en leur pou-
voir , la garnison fut passée au fil de Fépée.
Animés par ce succès , les assaillans s^avancèrent
sur le corps de la place où ils entrèrent facile-
ment par les brèches, soit que la garnison ne
s'^attendît pas à un assaut , soit qu^elle ne fût pas
préparée à une résistance opiniâtre. La citadelle
ainsi prise tout à coup , Mozaffar Khan avec ses
quatre fils et sa maison livra un dernier combat
à la porte de son palais , mais il tomba bientôt
couvert de blessures. Deux de ses deux .fils,
Shah NawazKhan et HaqNawaz périrent aussi,
un troisième fut laissé parmi les morts , mais il
notait que légèrement bles^. Le quatrièfne.
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— 201 —
#
Sarfara^ Khan , qui avait été sous les ordres de
son père investi du commandement, fut trouvé
dans un souterrain et fait prisonnier.
La citadelle fut pillée et un immense butin
tomba au pouvoir des vainqueurs. Mais Randjit
Singh n^était pas content de voir son trésor
privé des richesses qu'on savait être déposées
dans cette citadelle , et qu'il avait si long-temps
espéré de s'assurer par une capitulation. Il en-
voya donc des ordres pour faire rentrer aussitôt
3on armée à Lahor, à l'exception d'un détache-
ment commandé par Djodh Singh deKalsi,
et de force suffisante pour occuper la place et
y assurer le service. Soukh Deïal qui avait pris
à ferme les pays de Djhang, fut nommé au
gouvernement civil. Lorsque l'armée arriva à
Lahor, une proclamation parut , où il était dit
que le butin fait à Moultan était la propriété
de l'état , et qu'en conséquence, tous les soldats,
officiers ou djagirdars qui possédaient quel-
qu'objet ou quelqu'argent provenant du sac de
la citadelle , devaient l'apporter et le verser au
trésor sous peine de Tamende et de la prison.
C'est une grande preuve de la crainte qu'ins-r
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— 202 —
pirait Randjit Singh à ses troupes et de la sûreté
des renseignemens qu^il possédait, qu^un tel
ordre n^ait occasioné ni trouble , ni résislance.
La plus grande partie du butin fut rapportée au
trésor ; ce ne fut pas certainement sans qu^on fit
quelques efforts pour en soustraire une partie
aux recherches des officiers de Randjit Singh ;
toutefois , la sévérité déployée contre les récal-
citratis j les jalousies et Penvie de leurs compa-
gnons qu'on avait forcés de rendre gorge, ame-
nèrent la découverte de presque tous les objets
de valeur. Le Toshakkhana ( ou dépôt des bi-
joux) du souverain de Lahor s'enrichit ainsi de
cette reprise de butin qu'il exerça sur son ar-
mée. Il n'y a qu'un exemple d'une semblable
exigence de la part d'un général, et on le doit
au terrible Nadir Shah. C'était à son retour de
l'Hindoustan, lorsque son armée passa l'Indus
à Attak; il plaça une garde sur le pont, avec
ordre de fouiller la personne et lés bagages des
soldats à mesure qu'ils se présenteraient y et de
reprendre tous les objets provenant du pillage
de Delhi qu'on trouverait sur eux ou sur les
hommes de leur suite.
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— 205 —
Sarfaraz Kan et son frère blessé , Zoulfikar
Khan, furent conduits à Lahor, où Randjit
Singh leur donna une petite pension. La prise
de Moultan avait été Punique opération de la
saison ; toute Farmée sikhe y avait été employée
depuis le mois de janvier jusqu^au commence-
ment des pluies. Pendant cette saison mourut
Govind Tchand , radja de Datarpour, dans les
montagnes ; ses possessions furent annexées au
Khalsa^ et son fils fut emprisonné jusqu^à ce
quUl consentit à accepter un djagir.
Cependant cette saison d^inactivité nécessaire
vit accomplir un événement qui eut une grande
influence sur la fortune de Randjit Singh. En
août i8i8 , le vizir Fateh Khan , dontPénergie
et les talens avaient élevé Shah Mahmoud sur
le trône de Caboul , et qui seul était capable de
contenir les élémens discordans de Pempire af-
ghan , lomba victime d^un complot ourdi par
le prince Kamran , fils de Mahmoud. Arrêté
par trahison, il fut dVbord aveuglé, et quel-
que temps après mis à mort par ordre du prince.
Le vizir avait cinq frères, tous revêtus decom-
mandemens dans les provinces, ou puissanset
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riches par eux-mêmes, ils rendirent tout le
royaume complice de leur vengeance. Moham-
med Azim s^élança du Cachemir, dont il laissa
le gouvernement à son jeune frère, Djabar
Khan , et' prit la direction des mesures de ré-
sistance. Il défit les troupes deKamran , délogea
ses garnisons du voisinage de Caboul, Ghizni,
Candahar, de sorte qu^enpeu de mois Pempire
du faible shah Mahmoud et de son lâché fils
fut borné à la ville et à la campagne d'Herat.
Le reste deTempire afghan fut partagé engou-
vernemens et principautés indépendantes en-
tre les membres puissans de la nombreuse fa-
mille des vainqueurs. Le prétexte mis en avant
par Kamran fut que le vizir avait pillé la pro-
priété de Firoz-oud-din, prince du sang royal,
que Fateh Khan avait expulsé d^Herat pour en
reconquérir le gouvernement à Tautorité de
Mahmoud.. La cause réelle, ce fut la jalousie
de Kamran cpntre la puissance et la réputation
d'un homme plus distingué que lui, ce fut
Torgueilleuse illusion de Kamran , qui croyait
que les talens du vizir pourraient être rempla-
pés et les affaires conduites par Tentourage ^t
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— flOB ^
ia famille d\in souverain imbécillé, qui M l*é-
gnait que de nom.
La nouvelle de ces événemens détermina
Randjit Sîngh à passer Flndus avec son armée
dans la saison qui suivit. La politique lui fai-
sait un devoir de venger la défaite qu^un déta-
chement sikh avait essuyée de la part des
ittahométans de Khatak. Les troupes réunies en
octobre s'avancèrent sous le commandement
personnel de Randjit Singh, et perdirent quel-
ques hommes au passage du fleuve^ Les forte-
resses de KheïrabadyDjaghira, et le payssituésur
cette rive furent soumis et occupés > sans faire
de résistance immédiate. FirozKhan, chef de
la tribu de Khatak, fit sa soumission, et Rand-
jit Singh s'étant assuré de ne point rencontrer
de forces capables de tenir la campagne contre
lui , s'avança sur Peshaver. Il j entra le 20 no-
vembre , le gouverneur Yar Mohammed Khan
se retirantdevant les Sikhs jusque danslesmon-
tagnes occupées par les Yousoufzis, tribu Af-
ghane.
Randjit Singh resta trois jours à Peshaver
avec son armée et se retira y laissant pour gou-
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— fioe —
verneur Djahan Dad Khan, qui lui avait livré
Altak et qu^il avait jusqu'^alors tardé de récom-
penser; il ne lui avait même pas encore donné
le djagir qu^il lui avait promis. Mais il ne lui
laissa ni troupes ni argent pour se maintenir
dans sa nouvelle conquête. Aussi Farmée sikhe
n^eut pas plutôt repassé Tlndus que Yar Mo-
hammed, descendant des montagnes avec les
Yousoufzîs, expulsa le gouverneur sikh. Djahan
Dad Khan s^enfuit du côté du sud et rencontra
Shah Shoudja que l'état des affaires du Caboul
avait engagé à quitter sa retraite de Loudiana
pour essayer de relever sa fortune. Le fugitif
reçut son pardon et embrassa la cause du shah.
Mais la fatalité semblait s^attacher à toutes les
entreprises de ce prince, dont le caractère ai-
mable et parfaitement irréprochable manquait
cependant de Ténergie nécessaire pour inspirer
la crainte et se faire des partisans dans des
temps de troubles, ou donner de la confiance
à ceux qui étaient bien disposés en sa faveur.
Shah Shoudja, abandonné de tous, retourna à
Loudiana après quelques mois d^inutiles tenta-
tives et de négociations infructueuses avec les
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— 207 —
émirs du Sindh et d autres anciens tributaires
ou sujets, affranchis alors, de Fempire afghan.
Djahan Dad Khan fit alors la paix avec la cour
de Hérat, où il se rendit désespérant d^obtenir
de la faveur ou de Tavancemenl à celle de
Lahor.
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▼HZ.
Seconde expédition et conquête do Cachemîr. -^ Mesurer pouf
consolider le pouvoir likh dans les montagnes. — Conqnétcs
sur rindos. — Disgrâce et emprisonnement de Sada Koonwâr,
belle-mère de Randjit Singh. — Arrîyée d'officiers français à la
cour de ce prince.
En février et mars 1819, Desa Singh de
Madjhitia et le radja Sansar Tchand furent en-
voyés par Randjit Singh dans les montagnes
pour y recueillir les tributs. Le cours de leurs
opérations les mit en rapport avec le radja de
Kahlour, dont la capitale Balaspour est située
sur la rive anglaise du Satledj, mais qui possé-
dait à cette époque de vastes territoires au nord
et à Touest de ce fleuve. Ce chef ayant refusé
le tribut demandé, Desa Singh vint occuper ses
possessions, et s^étant emparé de tout ce qu^il
possédait sur la rive droite , fit passer le fleuve
à un détachement qu^il envoya contre Balas-
pour. Le capitaine Ross, agent politique du gou-
vernement britannique dans les montagnes
avoisinantes et commandant d\in bataillon de
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— 209 ^
troupes Goarkhas cantonné à Sabathou^ se di-^
rigea aussitôt sur le point menacé où il fut joint
par un détachement de Loudiana que lui en-
voyait le résident de Delhi. Cette promptitude
alarma le prince sikh et Desa Singh reçut ordre ,
non seulement de rappeler son détachement,
mois de se rendre auprès du capitaine Ross et
de lui offrir les explications et les excuses qu^il
serait en son pouvoir de fournir.
Aucun autre événement d'importance ne se
passa pendant la première partie de cette année.
Toute la saison fut employée aux préparatifs
d^une seconde expédition contre le Cachemir.
Randjit Singh j fut encouragé et par ses succès
récens dans le Moultan qui lui avaient donné
confiance dans ses troupes et avaient grande->
ment rehaussé sa réputation , et surtout par la
situation dePempire afghan et Fassurance qu^il
avait que Mohammed Azim Khan avait emmené
avec lui ses meilleures troupes pour appuyer
ses desseins sur Caboul, et était trop éloigné
pour prêter assistance au gouverneur qu'il avait
laissé en sa place. Misar Dewan Tchand, le
conquérant de Moultan , fut choisi par Randjit
Oaio. et frogr. 14
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— 210 —
Singh pour commander cette nôayelje expé-
dition. Le prince sikh fat déterminé à ce choix
et par ses infirmités coi*porelles , et par use
idée superstitieuse qui Itii faisait croire que la
fortune et le destin s^étaient prononcés contile
ses succès persotmeb dans la vallée , mais sur-
tout peut-être parce qu^il savait que Topéra-
tion la plus diMcile de la campagne serait d^as-
sUrer les convois et de soutenir les corps avan-
cés , opération qui 9e pouvait être accomplie
par personne mieux que par lui-même. Ces
motifà le déterminèrent à rester sur ses fron-
tières dans les plaines du Penjab.
En avril Tarmée sikhe fut dirigée sur la
frontière et une ibrte division d'élite sous les
ordres de Misar prit les de vans. Ua second
corps formé pour soutenir cet officier fut com-
mandé par KounTvar Kharak Singh ^ Rand-
jit Singh garda auprès de lui la réserve pour
escorter les convois de vivres et de munitions. '
Au commencement de juin, Misàr 0ewan
Tchand avait occupé Radjaori , Pountch et
toutes les montagnes au sud de Pir Pandjal. La
division qui le soutenait sWança donc sur Rad-
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jaori pour assurer les communications. Le chef
de celte dernière place était en insurrection et
s^entendait avec le radja de Pountch pour dé-
fi^dre les défilés des monts Pir Pandjal. Mais
Randjit Singh avait donné la liberté à Sultan
Khan de Bhimbfaar après un emprisonnement
de sept ans, et s^était assuré le secours de ses
avis et de sa coopération active en lui faisant
espérer qn^il résulterait pour lui-mêine de
grands avantages du succès de Fentreprise. Le
23 juin, Misar Dewan Tchand attaqua les rad-
jas de Radjaori et de Pountch dans leur posi-
tion aux passes de Daki Dio et de Madja et les
emporta» Ce succès lui assurait la route de Pir
Pandjal. Kharak Singh sVvança avec sa divi-
sion jasqu^à Sardi Thana et Randjit Singh avec
la réserve vint camper à Bhimbhar, tandis que
Misar Dewan Tchand , passant la barrière des
montagnes, descendit dans la vallée et prit posi-
tion àSaraï Ali sur la route de Sopeïn.
DjabarKhan^ à qui Mohammed Azim Khan
avait laissé le gouvernement du Cachemir,
était avec cinq mille hommes à Sopeïn où il at-
tendait Varmée sikhe. Mais ses troupes ne se
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— 212 —
composaient que de nouvelles levées et étaient
incapables de lutter avec les bataillons discipli-
nés de Misar Dewan Tchand d^ailleurs beau-
coup supérieurs en nombre. Le 5 juillet les
Sikhs ayant reçu des munitions et des renforts
de leur arrière-garde , sWancèrent sur Sopeïn
et attaquèrent Tarmée cachemirienne aussitôt
qu'ils Taperçurent. Leur victoire , après ' quel-
ques heures d'un combat acharné qui entraîna
des pertes considérables des deux côtés, fut
complète. Les Afghans et les troupes de Djabar
Khan ne s'arrêtèrent dans leur fuite que der-
rière les montagnes de Flndus , laissant l'armée
victorieuse occuper toute la vallée sans oppo-
sition. Aandjit Singh éprouva la plus grande
joie de ce succès. Les villes de Lahor et d'Am-
ritsar furent illuminées pendant trois nuits.
Moti Ram , fils du dernier ministre Mokham
Tchand , fut nommé gouverneur de la vallée ,
on lui donna un corps d'armée considérable
pour réduire Darband et d'autres places for-
tifiées avec ordre de ne rien épargner pour dé-
cider les chefs de Pountch et de Radjaori à faire
leur soumission.
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Les mesures que nécessita la conquête du
Cachemir occupèrent Randjit Singh pendant
le reste de 1819. Vers la fin de cette année Tar-
mée sikhe fut convoquée et conduite par Rand-
jit Singh en personne à Moultàn , d^où il diri-
gea les opérations contre le nabab de Bahawal-*
pour et au sud contre Bhakhar^ appartenant aux
émirs du Sindh. Il voulait extorquer de nou-
veaux tributs. DeraGhaziKhan,sur4arive.oc-
cidentale de llndus , fut privé de son gouver-
neur, Zaman Khan, et par un marché fait avec
le chef de Bahawalpour, passa entre ses mains
moyennant une rente considérable.
Randjit Singh retourna à Lahor en avril
i8j3to, emmenant avec lui un cheval de grande
réputation qu^il avait enlevé à Hafiz Ahmed
Khan de Mankera. Il a encore tenté quelques
entreprises pour s^approprier d^au très animaux
de cette espèce ; son amour pour eux , le désir
qu^il a de posséder tous ceux qui ont quelque
renom est une passion qui va chez lui jusqu^à
la folie. Le cheval qu^il acquit dans cette cir-
constance s^appelait Soufidr-Peri (1).
(1) Péri (fée) blanche.
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— 914 -
Dans le Cachemir les Iroopes étaient em»
ployées à de faciles opérations contre des chefs
isolés* L^uD d^eux, Shir Zaman Khan de Gand—
garh , s^étant révolté, Ram Deïal, fils du gou**
yerneur et {ietit«-fils du ministre Mokham
Tcliand, jeune homme qui donnait les plii«
grandes espérances , fut enroyé contre lui et
* mourut malheureusement dans un comb^ qui
d^ailleurs entraîna la prise de la place. Mais
cette perte afBîgea profondément Randjit Singfa
et Moti Ram, père du jeune homme ; il emporta
arec lui les regrets de lous, c^était un des of-
ficiers les plus distingués de Farmée sikhe. Le
i*adja de Radjaori fut, dans le courant de aaai,
fait prisonnier par GoulabSingh, frèredeMi^
Dhian Singh, le Diohriwila^ Ou aheS de la
chambre privée de la cour de Lahor. Comme
récompense de ce service, sa familje obtint 'en
djagir la principauté d^ Djamiàou qii^elle avait
autrefois possédée. En juin la garnispn du Ca^
chepiir ayant eu beaucoup à souffrir des mala*^
dies , fut relevée et le gouverneur Moti Ram,
homme d'habitudespacifiqueset pieuses fol rem^
placépar un chef plus belliqueux danslapçr-
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— 818 --
0^ sonne de Hari Singh de Naloua , djagird^r sikh,
je qui, à cheval et sans autre secours que celui (le
[Q(f. s^3 mains , avait tué un tigre ; cet eiqi^oit lui
01. avait coûté son cheval.
IL' Dans cette saison la cour, de Labpr raçut
;j[. deux visites: Tune de Tex-radja de-NagpQiir.
Aïoudadji Bhousla , appelé le plus souvexit Apa
Saheb; il s'était échappé eu fugitif et à Tai^e
d^un déguisement après la campagne où futprii;
Asirgarh et se .décida la chute définitive 4^
dernier prince Mahratle qui essaya de résister
par les armes à la suprématie 4& l'Angleterre
dacis THindpustau. Le fugitif séjourna pendant
(]p(e^pe t^paps à Amritsar, tandis que Randj^t
Singh était .avec son nrmée dans le snd-Que§t ,
naidiâ.ati retour de ce prince il ressaut (^àx^ Â9
quitter U capitale et les terre$ de ia 4Qmin^(.ipA
sikbi?- Il alla chercher un a^ilc daps le? 9^QUrr
t|ign.es ' auprès du radj^ S^n^lir Tchanfl. I^
ayaut uQué quelques intrigues gvec li^s priuQçs
di» /Caboul réfugiés à Loudianai il dut, snr Tott^
dre du riadja^ quitter sa coqr; Il «e dirigea si^r
Mandi où le chef Ishari Sein liû accorda sa pro*
t^tion.!^ goufernement britannique, tA\kt0fk
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— aie —
surveillant le lieu de résidence du fugitif, ne&
aucune demande d^e^tradition et ne le troubla
plus que pour obtenir des renseiguemens syi*
ses démarches et ses. desseins.
Le second visiteur fut le Surmtendaut des
travaux scientifiques poursuivis par la Corn-*
paghie des Indes {^superirUendent qfthe corn-
pagnf's Studs in India)^ Taventureux voj'^ageur
Moprcroft , qui passa à Lahor ea se rendant a
Ladak sous le costume d^un marchand qui al-
lait acheter des chevaux à Boukhara. Il fut reçu
avec bjeaucoup d^égards et d^attention par le
prince sikh , et de Ladak qu^ il atteignit en pas*
sant par Mandi , il dirigea sa route par' les
montagnes au nord du Cachemir. Dé là ^e^
cendantdalis les plaines il se rendit à Balk où
il mourut ^e la fièvre, victime dVue tentative
téméraire i^ù^il fit pour traverser uia pays nîal-
sain ^ns une saison où cette maladie sévit avec
une- violence particulière; victime .aussi de sa
trop grande confiance dans les iiiédicamens eu-
ropéens et dans sa propre habileté médicale*
Après le mois d^octobre la revue de Tarmée
sikhe fut faite à Sialkotoù Randjit Singh se ren^
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dit en passant par Baltala. De la. longeant Icfs
montagnes, et envoyant des détachemenspour
ravager le territoire de la turbulente tribu de
Tchib-Bhao, il s'avança jusqu'à Rawal-Pindi
qu'il annexa au khalsa en dépossédant Nand
Singh. Randjit Singh retourna àLahor le i3
décembre et fut occupé pendant le reste de la
saison par des affaires domestiques.
Shir Singh, Fainé des enfans queRandjit Singh
n'avaitpasvc^ulureconnaître^avaitétéadoptépar
SadaKounware^élevéparelle.Ilapprodiàitalors
de Fâge viril et commençait à réclamer un dja-
gir et un apanage séparé. Rapdjit encourageait
ces prétentions espérant que la rani lui ferait
un établissement convenable sur ses possessions
du serdari de Ghani. Mais elle exigeait que le
jeûnfé homme fut reconnu et que les frais de son
établissement-fussent faits par Randjit Sliigh :
celui«-Gi s'y refusait obstinément. Le Sikh astu-^
eieux fomentait la discorde entre Shir Singh et
sa mère adoptiye et gagna à sa cause Beïsakh
Singh , vieux et puissant tenancier du Ghani*^
misal^ qui avait toute la confiance de Sada Koun-^
war. Lorsque le succès de cette intrigue fut as*
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— 218 —
sure et que les plaintes de Shir Singh eurent
produit Tiiupr^ssion défavorable qu^on en at^
tendait pour s^en> faire une arme contre Sada
Kounwar , Randjf t jqge^ que les diQses en étaient
venues au point où son interrention devenait
nécessaire. Il envoya dpnc ^n octobre à sa bélier
mère Tordre de partager son djagir pour Mte
un établissement convenable 9mi^ deux jeunes
gens Shir Singh et Tara Singh y qu^dle avait éle-
vés pour de si hautes espérances. ËUe protesta
en vain contre cet ordre , en vain elle quitl^ h
camp sikh ponr se rendre à Shah Debra; eUey
était encore aju pouvoir de Raqdjiti $iflgh, if
falkit bien m plier à la néçeasi)^ dp fw^ ç^
qvCon «jugeait d^elle*. Mm elle ne Tèut pas plu-
tôt accompli qu^elle chercha les moyens de 3^ér
vader, et bientôt aprèd quitta le camp secrète
ment dans un chariot couvert. Lai nouvelle de
son évasion parvint à fiandjit Singh par Beï«-
sakh Singh. Desa Singh iut envoyé avec nndè^
tachement de cavalerie pour la poursuivre ; elle
fut mise en prison sur Tordre de son gendre.
Non content de cette punition , Randjit Singh
ordonna'^, une division de son armée de mettre
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tOQtes S6& richesses et toutes ses terres sous le
séquestre. Cette mesure fut réalisée après une
résistance de quelques semaines opposée par
une de ses femmes dan^ le fort d'Attal-6arh ,
sa principale forteresse.
Ainsi après une haute influence de près de
trente ans succomba* cette femme, dhm esprit
yrairaent éleré. Elle avait été réellement utile à
Randjit Slngh, c^étaitelle qui avait jeté les fon-
demens de sa puissance pendant quHl était en-^
core si jeune, c^était par ses intrigues et par son
assistance que Randjit Singh avait pu de si
bonne heure prei^dre ' en inain le pouvoir et
éloigner sa mère et son ministre. Ses manière^
indépendantes et le ton élevé quVUe avait pris
avaient é^ pendant quelque temps à chaîne à
Randjit Singh , aussi dut^elle attribuer sa dis-
grâce non moins aux événemensqu^à elle-même i.
Elle supporta son emprisonnement avec beau-
coup d^impatience , se plaignant continuelle*
meàt et appelant la malédiction sur la tète de
son gendre ingrat.
Un autre événement domestique antérieur de
quelque temps à la disgrâce de Sada Kounwar ,
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ce fut la naissance du fils de Kharak Singh. Cet
événement, arrivé en 1821, fut Toccasion de
grandes fêtes, et réjouissances, Tenfant fut
noimmé Nou-Nihal Singh. En avril Randjit se
rendit à Adina-Nagar , où il resta jusqu^en juin
occupé à lever les tributs sur les montagnards.
Les deux petits territoires de Kishtiwar etMan-
Kôt furent alors annexés au khalsa de Lahor.
La rudesse de Hari Singh Fayant rendu impo-
pulaire dans le Cachemir , Tavait fait rappeler
en décembre 1820 et remplacer par le doux et
pacifique Moti Ram.
Ces événemens ayant rempli Fêté* et la saison
des pluies de 1821 , Farméesikhe fut convoquée
comme à lordinaire après le Dasrah, et Randjit
Singh, prenant le commandement en personne,
la.conduifiit sur Tlndus dans les possessions des
chefs de Mankera, Bhakar et Lia au sud de
Moultan. Des contributions annuelles et des
présens avaient été pendant quelque temps ex-
torqués selon rhabitude à Hafiz Ahmed, mais
alors on se détermina à s'emparer ouvertement
de tout le pays.
Dans cette vue, Farmée passant par Ram Na-
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gar , Nour Miani , Pind Dadar Khan , et fihird
Khoushab, atteignit Tlndus Je 5 novembre et
campa devant Dera Ismaïl Khan. Un détache-
ment de 8 , 000 hommes passa le fleu^ce et la
place fut rendue le 9. par Manik Raï. Bhakàr ,
Lia j Khangarh et Moudjgarh se rendirent suc-
cessivement sans résistance. Mankera, entouré
d^un mur de terre et défendu par une citadelle
en briques mais surtout protégé par sa position
dans le milieu d'un désert , était la seule place
qui restât à soumettre. Elle était située entre des
montagnes de sable dans lesquelles une armée
assiégeante ne saurait trouver d^eau. Une divi-
sion vint investir la place le i8. Les Bildars
furentenvoyés pour creuser des puits etchercher
de Feauyles troupes ne pouvant se fournir de cet
objet de première nécessité quWec beaucoup de
peines et de dépenses en le faisan t venir de Moudj-
garh à dos de chameaux, de chevaux et de boeufs.
LeaS novembre despuitssuffisans ayant été creu-
sés, une nouvelle division sWançapour com-
pléter rinvestissement de la place et bientôt
arriva Randjit Singh lui-même avec son quar-
tier-général pour conduire le siège en personne.
Digitized^y Google
Chaque djagirdar dut^ comme c'était rhabitude^
faire son . aUaqu6< particulière , et une rivalité
active, un esjmt d^émulalion s^empàra de Tar-
mée. T}uk 26 novembre au 7 décembre les tra-
vaux des assiégeiauss^avancèrent jusqu^mt fossé,
mais UOB sans souffrir du ieu coiàtianel des as^
sièges. Le nabab Hafiz Almœd , jugi^ât alors
qu^il en avait assex £ut pour son honiAeur, de-
manda à capituler aous condition qii^ii lui se-
rait permis de sortir de Mankera avec ses armes
et tout ce qui'liii appailenait et quW lui don-
nerait la ville de Oera Ismaîl Khan avec un
djagir convenable. Randjit Singh ateepta les
propositions et demanda comme garantie à être
mis en possession d^une des portes de ia cita-
delle. Des sermens solenaels furent échangés,
de riches habits d'honneur furent envoyés au
nabab pour détruire tous ks soupç^sms.dans son
esprit. Le d4 décembre il reçut un détachement
sikh auquel il ii>Ta les portes; le 18 il sortit
avec une suite de 3oo hommes et vint camper
à un lieu qui lui avait été désigné près des Sikhs.
Le 20 il se rendit auprès de Randjit Singh qui
le reçut avec beaucoup d^égards. Une escoi^e
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- 245 —
l«î fut doniiée pour le conduire à Dera lànaïl
Khan , et le traité iat observé à la lettre et plei-
netiient exécuté. Ce tait le premier exemple
d^une fidélité si scrupuleuse de la part des Sikhs.
Les tributs des Musulûians Beloutcfais de Tonk
et Sagar, à Toiiest de Flndus, furent augmentés
et l'armée sikhe se rendit de là à Dera Diii
Panah* Raïidjit Singh s^ embaï^qua sur Tlndus
envoyant son armée par terre à Moultan. A
Dera Ghazi Khan il acerut les tributs du nabab
deBahawaïpottr, les rentes <{ue celui-ci devait
potir ses fermages dans cette place et à Mittin
Két furent attssî augmentées. Le lo janvier
182a il regoignit son armée à Moultan , mais le
l6 il partit précipitamment pour Lahor en lui
ordonnant de le suivre» A son arrivée dans sa
capitale, le âj , il apprit que l'un de ses prin-
cipaux serdars tet djagirdars , Djeï Singh Aiari-
wala y était passé chez, les Afghans à Touest de
rindus.
Ce fut pendant le mois de mars de Tannée
1822 que pour la première fois des Européens
se présentèrent au darbar de Randjit Singh ,
demandant de l'emploi et une solde dans ses
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: — «M-
'troupes. Celaient deux officiers français, Vùn
Monsieur Ventura, Italien de naisance, Fautre
Monsieur Allard. Tous deux avaient quitté
llËnrope pour chercher fortune en Orient,
lorsque la sanglante défaite de Waterloo eut
ruiné les espérances de la jeunesse militaire de
France. Ils avaient déjà été employés en Perse,
mais ne pouvant accepter le grade inférteor
qu^on leur avait offert, ils étaient bientôt partis
pouf Lahor à travers le Candahar et le Caboul.
Randjit Singh soupçonna d^abord leurs motifs,
il ne pouvait comprendre ce qui avait pu enga-
ger deux jeunes gens à quitter leur pays natal
et à venir si loin. 11 ne pouvait se persuader
que le désir d^entrer à son service fût un motif
suffisant d'entreprendre un tel voyage. Ib
avaient' exposé leur demande verbalement et
reçu quelques réponses en persan, mais cela
était loin de satisfaire ce prince soupçonneux.
Il leur demanda donc d'écrire leur demande
dans leur langue maternelle et s'étant ainsi
procuré une lettre écrite en, français , Randjit
Singh Fadressa à son agent à Loudiana pour
qu'elle lui fût traduite et renvoyée ensuite.
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^9â» —
Après avoir obtenu cette satisfaction, Ran(^it
Singh donna aux deux officiers français des as^
surances de service , des maisons à Lahor
et quelque argent, dès-lors il les prit à sa
solde (i),
(i) Ces détails ne sont pas en tout point conformes à
ceux que nous tenons du général Allard sur ce sujet.
C'est en qualité de voyageurs que M. Allard et son
conipagnon; M. Ventura, se présentèrent à Randjit Singh *
Infonxié qu'ils avaient servi bous Napoléon , dont le nom
était parvenu jusqu'à lui, ce fut lui-même qui les sollicita \
d'entrer à son service. Il est vrai qu'il leur demanda une
lettre écrite en français , probablement dans l'intention
de s'assurer de leur nationalité. Voici cette lettre :
A Sa Majesté le Roi.
Sire, les bontés dont V. M. nous a comblés depuis
notre arrivée en cette capitale sont innombrables. Elles
correspondent à la haute idée que nous nous étions faite
de l'excellence de son bon cœur; et la renommée , qui a
porté jusqu'à nous le nom du roi de Lahor, n'a rien dit
en comparaison de ce que nous voyons. Tout ce qui en-
toure V, M. est grand , digne d'un souverain qui aspire
à rimmorlalité. Sire, Id première fois que nous avons eu
l'honneur d'être présentés à V. M. , nous lui avons exposé
Orig. et'prooh* J5
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M. Ventura avait été colonel d^infanterîe
dansFarmée française, et M. Allardavait occupé
le motif de notre voyage. La réponse qu'elle a daîgoé nous
faire nous tranquillise , mais elle nous laissé dans Tincer-
titude sur lavenir. C'est pour ce motif que nous avons
eu rhonneur de faira il y a déjà quelques jours une
adresse à Y. M. , pour savoir si notre arrivée dans ses états
lui était agréable , et si nous pouvions lui être de quelque
utilité par nos connaissances dans la guerre , acquises
comme officiers sous les ordres immédiats du grand Na-
poléon Bonaparte , souverain de la France. V. M. ne
nous a pas^ tirés de l'incertitude , puisque nous n'avons
pais encore reçu d'oixlres de sa part. Nous avons donc re-
nouvelé notre demande en langue française^ d'après le
conseil de Nour-oud-din Sàheb^ qui nous fait croire
qu'un employé auprès de votre auguste personne connaît
notre langue. Dans notre incertitude^ nous silpplions
Y. M. de daigner nous faire transmettre ses ordres, que
nous suivrons toujours avec la plus grande ponctualité.
Nous avons l'honneur d'être , avec le plus profond res-
pect,
Sire ,
De Yotre Majesté
les très humbles , très obéissans et très
dévoués serviteurs,
Allird, Ysntuaa.
Lahor, i«r avril i8aa.
Mais Randjit Singh n'avait pas attendu jusqu'alors pour
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— 227 —
le même grade dans la cavalerie (i). Ils furent
chargés de former des troupes à la discipline ^
aux exercices et aux manœuvres de FEurope.
Les commandans indigènes furent d^abord ex-
trèmement jaloux de la faveur qu'obtinrent ces
deux Européens et mécontens de les voir revê-
tus de commandemens; mais ce qui les irrita
surtout ce fut quand ils entendirent cesM.M. ,in -
terrogés par Randjit Singh sur Topinion qu'ils
avaient de ses troupes, parler avec mépris de la
faire à ces deux officiers de riches prësens. Selon la cou -
tume orientale , ils avaient reçu dès leurarrivée les mek-
mans, ou présens de Tbospitalité. — Ce ne fut que plus
tard qu'ils eurent une solde régulière.
(i) Le général Allard avait été capitaine dans la cava-
lerie de la garde impériale. En i8i5, aide-de-camp du
maréchal Brunit!, il était à Avignon lorsque le maréchal
y fut assassiné j il faillit lui-même devenir victime des roya-
listes du Midi. Ce fut à la suite de ces malheureux événe-
mens qu'il quitta la Fi ance. Il se rendit en Egypte , où
Mehemet-Âli accueillait les officiers français ; cest delà
qu'il passa en Perse. Chevalier de la Légion-d'Honneitr
en i8t5 , il vient d'être promu au grade de commandeur.
— M. Ventura était officier d'infanterie dans l'armée d'Ita-
lie , commandée par le prince Eugène de Beàuharnais.
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— 880 —
discipline et de la tenue de Fai'niée (i). Les of^
ficiers français furent d^abord sous les yeux de
Randjit Singh attachés aux troupes qui occu-
paient la capitale, et M. Allard reçut ordre de
former un corps de dragons disciplinés et équi-
pés comme la' cavalerie européenne. Ces oflB-
ciers par leur conduite gagnèrent plus tard la
confiance du radja ; et plusieurs autres^ parti-^
dulièrementM. Court (a), élève de PEcole Poly-
technique de Paris , lés suivirent et vinrent se
joindre à eux. M. Ventura est maintenant (i 833)
à la tête d'un corps de 10,000 hommes et re-
vêtu d''un commandement particulier et im-
portant dans le Moultan ; il a su établir une
confiance entière , une intelligence parfaite en-
tre lui et ceux qui servent sous ses ordres. Mais
(1) Le géûëral Àllard se défend vivement d'un tel mau-
vais goût et d'une impolitesse que l'accueil amical qui leur
fut fait rendrait inexcusable.
(a) Aujourd'hui commandant d'un corps d'infanterie
et d'artillerie sur Tlndus. Voir ce que dit M. Burues de
cet estimable officier , qui a honore le nom français dans
l'Inde autant par son savoir que par son caractère person-
uel. Vol.I. Passim» Vol. TI, pages 16, 3o, 53 et suivantes*
Paris, i835.
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les senlimens des serdars sont si opposés aux
Européens , qu^ils pourraient bien rendre la
position de ces officiers extrêmement hasardeuse
et difficile à la mort de Randjit Singh.Deplus,
M. Ventura en i 829 eut avec Kharak Singh ,
rhéritiér présomptif de la couronne , une
querelle qui s^apaisa difficilement et dont
les conséquences pourraient lui devenir très
fâcheuses lorsque ce prince succédera à son
père.
Dans le commencement d'iavril, Randjit Singh
se rendit à Akhmar dans les montagnes de
Djammou , son armée , sous les Ordres de Misar
Dewan Tchand , observait les mouvemens de
Azim Khan qui était venu à Peshaver où il fut
rejoint par le fugitif djagirdar Djeï Singh
Atariwala, et de concert avec lui chassa jusqu^à
rindus les postes et les garnisons des Sikhs, et
même menaça Kheïrabad , le point principal
qu^'ls occupaient sur la rive pccidentale du
fleuve. En juin , Randjit retourna dans sa
capitale sans avoir rien accompli d^impor-
lant.
pans les possessions de Sada Kounwar était
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un petit territoire nommé Himmatpour OudDi^
situé au sud du Satledj , et occupé par elle en
1808 avec TagrémentdeRandjitSingh, moyen-
nant 1 5,000 roupies. Ce territoire étant sur la
rive du Satledj placée sous la protection de
PAngleterre, ne pouvait être confisqué avec le
reste. Randjit Singh cependant força sa belle-
mère à faire une cession de droits en sa faveur,
et armé de cet acte, ordonna à son agent de
s^emparer du territoire par la force. Cependant
' sur la résistance opposée par le tenancier de
Sada Kounwar et les plaintes faites aux auto-
rités anglaises y le titre fut rejeté comme non
valide et le pays contesté dut être rendu aux
premiers occupans. C^est ainsi qu'il fut pré-
servé de la convoitise du souverain de Lahor
jusqu'en 1828, époque àlaquelle, sur des nou-
vellesreprésentations,legouvernemenlsuprême
consentit à le laisser occuper par Kandjit Singh.
La position de Sada Kounwar ne fut pas amélio-
rée par ce résultat. Elle fut, et aujourd'hui(i 833)
elle est encore prisonnière, et quelles que soient
les réclamations que l'humanité élève en sa fa-
veur, on ne saurait dire comment on pourrait
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~ 231 —
la traiter autrement après la conduite qu^elle a
tenue (i).
(i) Sada KouDwar^ nous a dit le général AUard, n e-
tait pas prisonnière y mais gardée à vue et jouissant de la
liberté d'aller partout où elle voulait en se faisant suivre
de son escorte. Randjit Singh la traita toujours avec beau-
coup d'égards et lui payait une pension considérable ;
plusieurs fois même il chargea le général AUard de faire
dés tentatives de réconciliation auprès de sa belle-mère,
mais ce fut toujours en vain. Randjit Singh n a jamais
oublié que ^e fut elle qui commença Tédifice de sa for-
tune. Cette princesse est morte aujourd'hui.
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opérations sur Peshaver. — Bataille contre une armée de Musulmans
fanatiques. — Mohammed Azim Khan ahandonne Peshaver à ,
Bandjit Singh. — Mort de Mohammed Azim Khan et de San-
sar Tchand. — Troubles dans les montagnes de Gandgarh. —
Tar Mohammed confirmé par Rand)it Singh dans le gouverne-
ment de Pcshaver, — • Fateh Singh Alouwala quitte le Darhar de
Lahor. — lusurreclion du Sc?d Ahmed, réformateur mahométan.
Troubles qu^elle occasione. — Anrodh Tchand de Kangr.!, impli-
qué dans une intrigue, s*enfuit au-delà du Satledj. Ses possessions
sont confisquées. — Nouveaux désordres occasionés par le SeïJ
Ahmed. Sa défaite et sa mort.
1823— l83i.
Enoctobre, aprèsIeDasrah de 1828, Tarmée
sikhe se réunit à Rohtas où fut passée la revue
des coDtingens des djagirdars. Randjil Singh
se montra encore plus sévère que de coutume
sur le nombre et Téquipement des hommes.
Parmi les chefs réprimandés pour leur négli-
giigence était Dal Singh Miherna, vieux dja-
girdar qui avait servi avec beaucoup de zèle
et d^honneur. Il fut menacé d^une forte amende
et traité avec un mépris si cruel qu'il s^'empoî-
^onna pendant la nuit pour se délivrer à Tave?
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— 235 —
iiir de pareilles avanies (i). L'armée se dirigea
en décembre du côté de Rawal Pindi, d'où
Hakim Aziz-oud-din fut envoyé en avant à
Peshaver pour réclamer le tribut du gouver-
neur Yar MobammedKhan. Cechef n'étant pas
préparé à la résistance , rassembla quelques
chevaux de prix , les oflPrit en tribut à Randjit
Singh qui fut satisfait pour le momçnt, et re-
tourna dans sa capitale en janvier, après avoir
accompli un pèlerinage à Kitas qui se trouvait
sur sa route,
Mohammed Azim Khan , mécontent du com-
promis fait par son frère à Peshaver, vint
du Caboul pour rétablir en personne ses af-
faires. Il arriva à Peshaver le 27 janvier; et
Yar Mohammed, craignant sa- rencontre, cher-
cha un refuge momentané dans les montagnes
des Yousoutzis. RaùdjitSingh ordonna alors à
$on armée de passer llndus ; le passage fut ef-
fectué |e 27 mars. Firos Khan, chef des kha-
(1) L'auteur anglais a été induit en erreur. Dal Singh
mourut plus tard frappé d'une balle qu'il reçut dans un
combat sur les bords de l'Indus contre les Yousoufzis. Ce
l'enseignement nous a été donné par le général Allard.
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tak6| étant mort, ses possessions furent mises
sous le séquestre* Le i4 mars , Tannée entra à
Akora, où elle fut rejointe par le fugitif Djeï
.3ingh Atariwala , qui voulait maintenant &ire
jsa paix et rentrer en faveur. Son pardon lui fîit
accordé. On apprit bientôt que Mohammed
Zaman Khan, neveu de Azim Khan , avec Sa-
diq Khan , fils duchef khatak décédé , et Firoz
Khan étaient venus prendre position près du
camp a Noushahar avec 4)^^^ hommes et
avaient déjà enlevé quelques partis de iourra-
geurs. Randjit Singh ordonna à son armée,
aussitôt quHl eut appris cette nouvelle , de se
ranger en bataille pour marcher en avant et
attaquer les Musulmans. Le combat commença
par une charge furieuse conduite par Phoula
Singh Akali, Sikh déterminé, habitué à com-
mencer ainsi toutes les actions, suivi seulement
de quelques cavaliers aussi impétueux que loi.
Les Musulmans étaient animés aussi par la foi
reh'gieuse et ils s^élancèrent à la rencontre des
Sikhs fanatiques avec une rage égale; ces derniers
furent défaits et perdirent leur chef. Randjit
Singh envoya des troupes fraîches , mais les
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' — 25S_
musulmans tinrent ferme et repoussèrent toutes
les attaques jusquVi coucher du soleil ^ alors
ajant perdu la moitié de leur monde, ils se
maintinrent encore sur deux collines isolées.
Randjit Singh ordonna à sa cavalerie de cerner
Fennemi dans ses positions , fit avancer les ba-
taillons des Nadjibs et des Gourkhas pour les
charger et les délc^er. Deux fois ces troupes
s^élancèrent à Fattaque et deux fois elles furent
repoussees par leurs vaillans adversaires, tous
les efforts de Farmée de Randjit Singh ne pu-
rent les forcer avant la nuit* Mais alors le reste
de cette troupe valeureuse s^ouvrit un chemin
à travers les postes des Sikhs et parvint à opé-
rer sa retraite dans les montagnes sans être in-<
quiétée.
Les Musulmans nWaient pas eu plus de
quatre ou cinq mille hommes engagés dans
cette action, encore étaient-ce des montagnards
et des cultivateurs qui étaient sortis de chez
eux pour un ghazi^ c^est-à-direpour un combat
contre les Sikhs infidèles. Ils n^avaient point
de soldats disciplinés parmi eux, et cepen-
dantils avaient résisté tout un jouràFarraéeen-
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- 856 -
tièrede RandjitSingh qui avait sous ses ordres
au moins a4tO00 hommes et encore deses meil-
leures troupes. 1 ,000 hommes environ ( le ca-
pitaine Wade dit 2,000) furent tués ou blessés
du côté des Sikhs , et dans ce nombre jSguraient
quatre officiers de distinction , Phoula Sîngh
Akali, Gharba Singh, Karam Singh de Tchahal,
tous deux djagirdars , et Balbhadar Singh de
Gourkha. Ce dernier était celui qui avait dé-
. fendu Nalapani avec une résolution si remar-
quable contre les généraux Gillespie et Mar-
tindell au commencement de la guerre des
Anglais contrôle Népal. A^ la paix, il rentra
dans son pays , mais ayant entretenu des in-
telligences coupables avec une femme mariée,
il fut obligé de s^expatrier pour se soustraire à
la loi du Népal, qui abandonnait sa vie à la
discrétion deTépoux outragé. Ce fut alors qu'il
vint prendre du service dansTarméede Randjit
Singh, où il mourut d'une manière digne de
lui après de brillans faits d'armes (i).
(1) Le général Allard , qui assistait à cette bataille , ne
s'accorde pas avec Tauteur anglais. Il dit que rarraee
mahométane était beaucoup plus nombreuse , qu elle y
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AÏobamined Azim Khan éuit, pendant la
bataille des Ghazù {c^sV-h'-dire des |c0mbattans
pour la foi), à ïchamkawa situé à quatre
milles environ à Test de Peshaver. Il ne fit-
aucun effort pour secourir ses partisans; il
était observé dans sa position par un corps sikh
sous les ordres de Kripa Aanx, Shir Sino*h et
Hari Singh qui s'avançaient sur Pautre rire du
fleuve. En apprenant la défaite et la dispersion
des siens, il se retira à Djalalabad sur la roule
du. Caboul, laissant la campagne à Randjit
Singh et à son armée.
Le 17 mars , Randjit Singh entra à Peshaver
et fit avancer ses troupes jusqu'à Kheïbar
Darra qui fut pillé, les cultures furent dé-
truites. Les Sikhs cependant eurent beaucoup
à souffrir de Tactivité et du fanatisme des po-
pulations musulmanes qui attaquaient les dé-
tachemens isolés et enlevaient les traînards •
perdit tous ses bagages et sou artillerie. Elle fut jetée dans
le fleuve, oîi elle périt presque tout entière, et le pe-
tit nombre de ceux qui échappèrent ne durent leur salut
qu'à la nuit, qui empêcha de les poursuivre. Ils se réfu-
gièrent à Peshaver.
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{)endant les nuits le camp était tenu dans de
continuelles alarmes par leurs escarmouches
audacieuses.
En avril, Randjit Singh s^assura de la sou-
mission de Yar Mohammed Khan qui vint avec
quelques beaux chevaux, parmi lesquels était
le fameux Kahar^ lui demander d^occuper
Peshaver comme tributaire de Lahor. Le Sikh
accepta avec plaisir ce projet d^établissement
pour la ville et le territoire qui Tenvironne , et
après ravoir ratifié , il retourna dans sa capi-
tale le 26 avril.
Mohammed Azim Khan mourut le mois sui-
vant, et sa mort augmenta la confusion dans
les affîiiresde FAfghanistan.Tantqu^il vécut, on
regarda comme chef de la famille et comme
«on successeur Fateh Khan, mais après samort,
les nombreux frères et neveux de ce chef ne
voulurent reconnaître Pautorité de personne ,
et leurs querelles couvrirent de crimes et de
désordres la plus belle partie de TAfghanis-
tan. Mahmoud et son fils Kamran étaient en-
fermés dans la forteresse delà ville deHérat,
car hors des murs ils ne pouvaient faire res-
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— 259 --
pecter leur nom tiî exercer aucune autorités
Après ]e Dasrah, en octobre, Tarmée sikhe
réunie sous les ordres de Randjit Singh, fut
conduite aux bouches de Flndus, avec le des^
sein avoué de jfaire une attaque sur le Sindh.
On pasisa le fleuve en novembre et on employa
tout ce mois à réduire les villages des Bhatis ^
à lever des contributions sur les Beloutchis et
les aulres djagirdars dont les possessions tou-
chaient la frontière nord du Sindh. Randjit
Singh se contenta cependant de cette expédi-
tion, et fit rentrer en novembre Farmée dans
son pays. A la fin de cette année mourut Sansar
Tchand, radja de Kangra, quieut pour succes-
seur son fils Anrodh Tchand. On demanda un
nazarana sur la succession , et comme le jeune
radja faisait attendra le paiement , Randjit Singh
le sommiBi de se rendre en personne à sa rési--
denced^été de Adina-Nagar^ Le &quir Aziz-oud«
din persuada au radja d'obéir à la sommation
et de transporter sa cour à Djawala Moukhi; à
son arrivée un échange de turbans fut fait ,
de mutuelles protestatîonsdVmitiéfurent échan*-
gées entre lui et Kharak Singh pour le Darbar,
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-. MO —
et après quelques négociations , un lakh de
roupies fut enfin proposé et payé par Anrodh
Singh comme naxarana de la succession qu'ail
venait de recueillir,
Hari Singh de Nalowa , qui devait , avec des
forces imposantes , surveiller la turbulente po-
pulation musulmane des montagnes de Gand-
garh et Darband, parvint, par ses procédés
vexatoires et surtout par la prise de la belle-
fille d^un Seïd, homme influent dans sa tribu,
à déterminer une insurrection générale. Lies
insurgés étaient assez puissans pour forcer Hari
Singh à rester sur la défensive^ aussi écrivit-il a
Randjit Singh , illui représentait les difficultés
de sa position et demandait des renforts.
Randjitlui ordonna de faire bonne contenance,
de se««iain tenir comme il pourrait , mais il ne
lui enfoya pas de secours, car les pluies com-
mençaient à tomber et c^était chose impossible.
Hari Singh, attaqué par Tennémi, eut à souflfrir
de grandes pertes et fut contraint de se retirer
devant les insurgés. L^armée sikhe , en consé-
quence de ces désastres,, dut donc entrer en
campagne plus tôt qu^àTordinaire , et se dirigea
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— 241 -
àiir les montagnes entre Tlnduset le Cachemir,
dès les premiers jours d^octobre. Le 19, Randjit
avait pénétré, avec une division de ses troupes,
jusqu'à Gandgarh; mais il n^ trouva que des
murs abandonnés et des maisons désertes , là
population s'était dispersée; la ville et les vil-
lages environnans furent pillés et saccagés , les
moissons encore vertes furent coupées pour les
fourrages. Randjit Singh, voulant atteindre^ les
fuyards, se détermina à passer Flndus après eux^
entreprise où il perdit du monde mais qui s'^ac*
complit le 3 novembre. Lorsque Farraée fut
sur l'autre rive , Mohammed Yar Kan fut soihr
mé de venir trouver son suzerain à'Peshaver,
ce qu'il fit, en eflfet, après quelque hésitation, le
16 novembre. Il amenait avec lui un présent de
chevaux qui furent d^abord refusés comme
étant de trop peu de valeur j mais il parvint à
faire accepter son offrande en les remplaçant
par dVutres d^un plus grand prix, et alors
les conditions sous lesquelles il gouvernait
Peshaver furent renouvelées avec de nouvelles
protestations de fidélité de sa part. Le 3o no-
vembre, l'armée sikhe repassa Flndus , non sans
Orio. et proor, 16
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— 242 —
éprouver de nouvelles pertes par la profondeur
et le mauvais lit du fleuve. Le lo décembre y
Randjit Singh rentra dans sa capitale mécon-
tent du peu de résultat d'une expédition pour
laquelle il avait fait de grandes dépenses, sans
pouvoir cependant parvenir à châtier la turbu-
lence des Musulmans insurgés; mécontent aussi
de n'avoir levé sur sa route que de faibles tri-
buts, que de légères contributions. Il n'entre-
prit pas de nouvelle expédition en 1824» ni
pendant la'première partie de l'année suivante.
Le gouvernement anglais avait commencé la
guerre contre les Birmans, et Randjit paraissait
en suivre avec un vif intérêt les événemens et
les opérations. Des rapports fort exagérés fu-
rent d'abord répandus sur les succès des Bir-
mans, et il ne manquait pas de conseillers
pour dire au prince sikh que le temps appro-
chait où il lui faudrait ouvrir la campagne du
côté de l'est. Ce fut à cette époque que M. Moor-
croft envoya à Calcutta une lettre du prince de
Nesselrode, ministre des affaires étrangères en
Russie; dans cette lettre adressée à Randjit
Singh , on lui demandait l'introduction auprès
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de lui d^un agent noinméAgha Mehdi, Cet agent
voulût, à ce qu'il parait , pénétrer à Lahor par
la route difficile du Thibet, mais il mourut ou
fut tué à peu de distance de Ladâk. M. Moor-
croft parvint à se faire rendre ses papiers , et
parmi eux la lettre en question , qu^il fit tra-
duire ensuite par M. Ksoma de Koros avec
lequel il s^était rencontré dans ses voyages, La
lettre , excepté le passage relatif à Tintroduction
d'un agent , ne contenait rien que des compli-
mens et des assurances de protection pour les
marchands du Penjab que leurs affaires pour-
raient amener sur le terri toiredePempire russe.
Aucune entreprise militaire ne fut tentée
dans la saison de 1 824 - aS ; mais vers avril
1826, toutes les terres des djagirs et celles
assignées particulièrement au dewan Mokham
Tchand , furent mises sous le séquestre et don-
nées à Moti Tchand par Kripa Ram , le petit-
fils du dewan. La mauvaise administration des
djagirs , les contingens insuffisans fournis par
Mokham Tchand, telles furent les raisons quW
donna de ce séquestre ; quant à Moti Ram , il
conserva son gouvernement du Cachemir , et
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- 244 ^
comme cîonséquence de ce séquestre , il n'eut
à redouter aucun avanie , ni même à voir
diminuer la faveur dont il jouissait.
Après leDasrah de i825, l'armée entra en
campagne avec le but avoué d'une expédition
contre le Sindh. Randjit Sîngh dirigea donc ses
troupes surPindDadar Khan, maisjà . appre-
nant que le Sindh était en proie à la famine, il
abandonna son dessein et retourna à Lahor. le
24 novembre. Un agent qu'il envoya dans le
Sindh pour réclamer le tribut, revint avec des
vakils (envoyés) des émirs, souverains du pays;
ils résidèrent pendant quelque temps à Lahor.
Ce fut à cette époque que l'associé fidèle jus-
qu'alors, et le frère (religieusement; de Randjit
Singh , Fateh Sing Alouwala , conçut quelques
doutes sur sa sûreté au darbar de Lahor,
et abandonna soudainement la capitale pour
chercher un asile dans ses possessions de la rive
du Satledj protégée par l'Angleterre. Randjit
Singh fut très mécontent de la fuite soudaine
de son ancien allié , et fit les plus grands efforts
pour engager ce prince à revenir et à reprendre
sa place dans son darbar. Les officiers anglais
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lui ayant confirmé l'assurance que ses terres
placées sous la protection de leur gouveriie-
ment étaient inviolables , il pensa que de va-
gues soupçons ne pouvaient être un motif suf-
fisant pour briser les liens d^amitié qui avaient
subsisté si long- temps entre Randjit et lui.
Aussi , peu de temps après , c''est-à-dire en avril
1827, il céda aux invitations du souverain de
Lahor et reprit sa place au darbar. Il fut très
bien reçu , le roi lui ayant envoyé son petit-fils
Nou Nihal pour lui faire la conduite d^honneur.
Mais il fut bientôt exposé k la rapacité de
Jlandjit qui exigea de lui des tributs , et voulut
lui faire payer une rente exorbitante pour des
terres qu'il avait possédées librement jusque-là,
par la générosité de son frère.
L'année 1826 se passa sans autre entreprise
militaire ou événement d'importance. Zadig
Mohammed Khan , le nabab de Bahawalpour ,
mourut en avril et eut pour successeur Baha-
wal Khan , nabab actuel , qui renouvela avec
Randjit les conditions et engagemens de son
père , pour le terjçitoire qu'il occupait à l'ouest
et au nord du Satledj . En septembre la ques-
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-> 246 —
tioo s^éleva de savoir ai Koutab-oud-<liii de Ka-
souT pouvait être reçu sous la protection an-
glaise , comme propriétaire de Mandot et
{lamnawala, sur la rive gauche du Satledj^
Les relations de vassalité qu^avait eues ce chef
avec Randjit Singh^ pour ces mêmes terres,
comme pour ses .autres possessions, détermi-
nèrent le gouvernement anglais à lui ôter Tes-
poir d^être reçu sous la protection anglaise
comme chef indépendant. Une malheureuse
tentative de Bir Singh , ex-radja de Nourpour,
dans les montagnes, pour recouvrer le terri-
toire dont il avait été dépossédé en iSi6 , tel
est le seul événement intéressant de Tannée.
C'est aux infirmités de Randjit qu'il faut attri-
buer Tinactivité de Tarmée sikhe; ses souiSrances
s'accrurent à tel point que vers la fin de Tannée
il demanda au gouvernement anglais de lui
adresser un médecin; le docteur Andrew Mur-
ray fut envoyé de Loudiana pour se rendre au-
près de Son Altesse ( his Highnessy
Au commencement de Tannée 1827, le réfor-
inateur Seïd Ahmed releva le grand étendard
dç Mahomet dans les montagnes habitées pav
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les Youssoufzis , et commença la guerre reli-
gieuse contre les Sikhs. Cet homme avait d'à— ^
bord été officier subalterne dans la cavalerie de
Emir Khan. Lorsque la fortune militaire de ce
dernier commença à décliner, vers 1818 ou
1819, Seïd Ahmed devint Musulman fanatique,
et feignant de recevoir des révélations particu-
lières de la divinité, il se rendit à Delhi, où il
s'associa avec quelques saints Moulavis de cette
ville. Quelques-uns d'entre eux réunirent ses ré-
vélations dans un livre qui fournit les textes dont
le 3eïd, ses associés et ses disciples se servirent
pour prêcher contre quelques irrégularités qui
s^étaient introduites dans les pratiques de Fisla-
nisme. Tel était le culte rendu par les Musul-
mans de l'Hindoustan aux tombeaux des saints,
la manière dont ils célébraient la mort de Hassan
et Hussein, les fils de Âli, et autres coutumes
semblables que ces réformateurs dénoncèrent
comme idolâtres et des déviations des préceptes
du Koran. En 1822, le Seïd Ahmed vint à Cal-
cutta , où il fut bien accueilli de la population
musulmane. Il s^y embarqua pour faire le pèle-
rinage de la Mecque. A son retour il traversa
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— 248 ^
rUtodoustan el annonça son intention de dé-^
vouer sa vie au service de sa religion en faisant
yne sainte guerre d^extermination aux Sikhs
infidèles. Quelques fanatiques se joignirent à
lui et des secours d^argent lui arrivèrent de
toutes les parties des possessions anglaises. Ainsi
armé et préparé, il parvint jusque dans les mon-
tagnes , près de Peshaver , et leva le Djindha de
Mahomet, comme nous Tavons dit, chez les
Musulmans Youssoufzis. Le caractère redou-
table d^une insurrection si fortement organisée
força Randjit Singh à envoyer des forces con-
dérables au-delà d^Attak, pour protéger Kheï-
rabad et défendre ses intérêts dans le pays. Au
mois de mars 1827 le Seïd, à la tête d'une in-
nombrable armée irrégulière , osa attaquer Far-
mée sikhe, qui était commandée par Boudh
Singh Sindouvali, et savait élevé des ouvrages
pour se fortifier dans ses positions. La disci-
pline des Sikhs , la supériorité de leurs armes ,
leur assurèrent une victoire aisée, et le Seïd,
complètement battu , se retira , avec les
siens, dans les montagnes, d'où il fit une
guerre de surprises et d^embuscades , dirigée
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- 840 —
contre les convois et les partis isolés de rennemi.
Lord Amherst passa Tété de Tannée 1827 à la
station de Shimla, près Sûubathou, dans les
montagnes à Test duSatledj. Cest sans doute
en voyant le gouverneur-général si près de
Lahor que RandjitSingh songea à envoyer à Sa
Seigneurie une députation pour la complimen-
ter et lui remettre des présens , au nombre des-
quels se trouvait une magnifique tente de ca-
chemires pour le roi d^ Angle terre «La députation
fut reçue avec distinction et chargée de rap-
porter des complimens au prince sikh. Le ca-
pitaine Wade, résident à Loudiana y qui con-
duisait toutes les négociations avec ce prince ,
fut député à Lahor avec quelques officiers de la
suite personnelle du gouverneur-général, char-
gés de présens et accompagnés d^une escorte
convenable, pour exprimer à S. A. toute la sa-
tisfaction que causaient au gouverneur-général
les liens de bienveillance et de cordialité établis
entre les deux états. En 1828 le commandant
en chef anglais, lord Combermere, passa Télé
à Shimla et y reçut aussi de la part de Randjit
§ingh un vakil ( messager) , chargé de lui offi-ir
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ses complimens. S. S. eût désiré une invita-
tion personnelle de se rendre à Lahor, mais
le prince sikh'sut éviter d^ répondre.
Au darbar de Lahor la plus grande faveur
du souverain se partageait alors entre Radja
Dhian Singh^ le chambellan et ses frères
Goulab Singh et Soutchet Singh, Mians de
Djammou ^ où leur influence avait été rétablie
sous Fautorité de Randjit Singh , qui avait fait ,
en iSig, de cette place un djagir en leur fa-
veur, comme nous Pavons dit. Hira Sing, enfant
de douze ans environ, fils du radja Dhian
Singh, était Tobjet de la faveur particulière de
Kandjit Singh , qui ne pouvait se passer de le
voir et paraissait prendre plaisir à tous ses ca-
prices. Il avait été nommé radja en même temps
que son père et ses oncles, et Randjit 3ingh
3^occupaitde lui faire faire un brillant mariage.
Ce fut alors que le radja Anrodh Tchand , fils
de Sansar Tchand de Kangra , vint avec sa fa-
mille rendre visite à son suzerain ; il devait
aussi assister, sur sa route, au mariage du fils
dePAlouwala, Mihal Singh. Il avait amené avec
lui deux soeur$ , sur qui le radja Dhian Singh
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Jeta les yeux pour les unir à sa famille par une
alliance. L^orgueil du chef montagnard s^irrita
à la proposition d^une alliance qu^il regardait
comme si peu digne de lui , mais l'influence de
Randjit Singh lui aiTacha une promesse écrite
par laquelle il disposait de la main des deux
jeunes femmes. Mais la mèredeÂnrodhTchand
les enleva et se réfugia avec elles , sous la pro-
tection anglaise, dans les montagnes, où Anrodh
Tchand la suivit bientôt, laissant ses biens, si-
tués sur Tautre rive du Satledj , à la merci de
Handjit Singh , qui les séquestra et se les fit re-
mettra sans aucune résistance par Fateh Tchand,
frère de Anrodh. Une khawasy ou concubine
du radja Sansar Tchand, nommée Gaddan,
était alors séparée de la famille, elle tomba
dans les mains de Randjit Singl^, avec plusieurs
enfans qu'elle avait eus du dernier radja. Le
prince sikh épousa lui-même deux des filles et
conféra au fils le titre de radja, avec un djagir
considérable. Les noces de Hira Singh furent
célébrées à la même époque avec une grande
magnificence, quoiqu'aucun membre de \i\
famille Kangra n'y fût présent.
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— aaa —
Dan^le cours de 1829, le Seïd Ahmed rentra
en campagne avec des forces considérables et
dirigea sa vengeance contre Yar Mohammed
Khan qui , disait-il , avait trahi la cause de la
religion en jurant fidélité aux Sikhs et accep-
tant du service parmi eux. A Tapproche du
Seïd, Mohammed sortit dePeshaver avec toutes
les troupes qu'ail put rassembler pour sa défense.
Mais dans Taction qui s^engagea il reçut une
blessure mortelle et ses troupes furent disper-
sées. Peshaver fut conservé à Randjit Singh
par la présence opportune du général Ventura
qui était venu suivi d^une petite escorte pour
traiter avec Yar Mohammed Khan de la remise
d un cheval fameux nommé LélL Ce cheval
avait été demandé Tannée précédente, mais les
Afghans répondirent qu^il était mort. La faus-.
seté de cette assertion ayant été découverte, un
engagement écrit fut arraché à Yar Mohammed
par lequel il promettait de rendre le précieux
animal ; Monsieur Ventura venait pour presser
Fexécution de cette promesse. A la mort de Yar
Mohammed il prit sur lui de faire les disposi-r.
tions nécessaires à la défense de Peshaver et
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^ i«5 —
demanda à Randjit Singh des instructions sut
ce <JuMl avait à faire. Celui-ci dirigea sur la
ville pour la délivrer Sultan Mohammed Khan,
frère de Yar Mohammed, et recommanda de
s'assurer de Leïl comme préliminaire indispen-
sable. Monsieur Ventura réussit dans la négo-
ciation et emmena le cheval en laissant le gou-
vernement de Peshaver entre les mains de
Sultan Mohammed.
A peine M.Ventura était-il parti que leSeïd
Ahmed reparut avec son armée de Youssoufzis
devant Peshaver. Sultan Mohammed hasarda
une bataille contre lui et fut défait, ce qui mit
pendant quelque temps Peshaver sous le pou-
voir de ce chef fanatique. Randjit Singh entra
en campagne avec son armée au commence-
ment de i83o pour punir les insurgés. Lors-
qu'il eut passé Attak et qu'il approcha de Pe-
shaver , les forces des insurgés se dispersèrent
devant lui , et il ne put les atteindre. Il laissa
un fort détachement au-delà de Tlndus , pour
être prêt à tout événement, et après avoir ré-
tabli Sultan Mohammed dans son gouverne-
ment, il retourna àLahor. Ce chef, après le dé-
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— «54 —
part de Randjit Singh , jugea convenable de
faire un traité avec le Seïd Ahmed qui était
revenu et qu'une attaque subite avait rendu
maître de Peshaver. Le gouverneur s^engageait
à laisser passer librement les hommes et les
munitions destinés au réformateur , à remettre
Tadministration de la justice dans la ville de
l^eshaver aux mains d^un certain kazi et d^au-
tres disciples de la foi réformée , et enfin à
payer au Seïd un tribut mensuel de 3,ooo rou-
pies, A ces conditions la ville fut rendue à Mo-
hammed, mais le Seïd ne se fut pas plutôt
retiré que le kazi et les deux moulavis laissés
pour administrer la justice selon les principes
réformés, furent massacrés dans une sédition
populaire. La position du Seïd Ahmed était
devenue très difficile , car il avait offensé les
Youssoulzis par quelques innovations qu'ail vou-
lait introduire dans la cérémonie du mariage ,
et il avait alarmé la population par Pan nonce
quMl avait faite d^une dime à percevoir sur les
biens et les revenus pour soutenir la religion et
Tétat. Les montagnards sauvages et ignorans se
révoltèrent contre Fautorité du nouveau pro—
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phète, et, non contens d'abjurer sa doctrine,
le forcèrent avec ses partisans les plus déclarés
à quitter leurs montagnes. Il passa llndus et
trouva pendant quelque temps un asile dans
les montagnes de PeklielDhamsar. MaisRadjit
Singh envoya contre lui un détachement,
commandé par Shir Singh, qui eut au com-
mencement de i83i le bonheur de le rencon-
trer. Dans la courte mais sanglante action qui
s'ensuivit, les forces du Seïd furent dispersées
et lui-même y périt. Sa tète fut coupée et en-
voyée à Lahor pour y être reconnue et que
Fidentité fut constatée. Mais ses disciples de
THindoustan ont peine à croire qu'il soit mort,
et ils conservent l'espérance dele voir reparaître
un jour d'une manière brillante et déployer
sa valeur dans quelque grande action pour le
triomphe de l'islamisme et l'accroissement delà
puissance des fidèles.
Depuis la mort du Seïd, Peshaver a été
tranquille surtout par rapport au passé , il n'y
a plus eu d'occasion pour l'armée sikhe de ren-
trer en campagne ni pour Randjit Singh de
faire quelque entreprise militaire importante*
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GBAJPITBS Z.
MÎMÎon du lieutenant Burues. — 11 amène i]es chevaux ile trait k
Randjit Singh. — Son voyage h travers le Sindh^ eta'emontant
rindus i't le Ravi ju6qo*à Lahor. — De'pulation envoyée à lord
W'illiamficnlinck à Sbimla. — Entrevue du gouvcrncur-géoc-
ral et de Randjit Singh en octobre i83i. -^ Traité de commerce
entre le gouvernement anglais et le Sindh.
1829—1831*
' Lorsqu^en 1828 Lord Amherst refourDa en
Europe, il eroporla la tente de cachemires
offerte par Randjit Singh au roi d^Angleterre.
Il fut résolu qu^on enverrait d'Angleterre des
présens en échange de ceux qu'on avait reçus.
On fit un choix fort extraordinaire ; nous ne sa^
vous pas qui Fa conseillé. On devait envoyer à
Randjit Singh de la part de Sa Majesté 5 un at-
telage de chevaux de carrosse , quatre jumens
et un étalon. On pensait qu'avec son amour
pour les chevaux Randjit Singh ferait élever cet
animal avec soin et serait enchanté d'avoir des
jumens de haute taille pour en croiser la race
avec les élèves du Penjab. Mais en réalité Raud-
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jit Singh n^a ni goût ni établissement pour le-
lève des chevaux et n'^aîtne (fim les chevaux
entiers de haut courage qui , domptés dans les
manèges de THindoustan , peuvent le porter à
la para4e et en voyage ou être donnés li ses ser-
dars et à ses favoris. C^est ce que prouva Tévé-^
nement , car lorsque les chevaux arrivèrent à
sa cour , il remit aussitôt Tétalon entre le mains
d'un écuyer chargé de le dresser à marcher le
pas ordinaire. L^animal avec sa grosse tête et
ses larges flancs se tient toujours dans la cour
du palais ou devant la tente du roi, couvert
d'aune selle dorée et de harnais tout brillans
de pierres précieuses en attendant^ ce qui ar-
rive quelquefois, qu'il aitrhonneurd^êtremonté
par Randjit Singh en personne* Pour les ju-
mens on ne les regarde pas j le roi les aban-^
donne avec la plus profonde indifférence. Mais
c'est anticiper sur notre histoire que de dire
quel fut le sort de ces animaux à ^eur arrivée ;
leurs aventures sur la route de Lahor méritent
tout rintéi:êt du lecteur.
On avait résolu de faire de la transmission
de ces présens un moyen d'obtenir des ren-»
Orig. et pnoGH.* 17
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— SW8 —
seignemens sur llndus , sur les facilités ou les
obstacles qu^il présente à la navigation. Les ré-^
centes victoires de la Russie dans la Perse,
^apparence que cette puissance est loin de bor-
ner là ses desseins présens ou à venir , lorsque
la succession d'Abbas Mirza au trône de Perse
fera de ce royaume une province.de la Russie,
était un motif suffisant pour engager à réunir
tous les documens sur les états frontières de
rinde et en particulier sur les moyens de
défense que présente le grand fleuve Indus.
Les chevaux de trait furent donc envoyés à
Bombay et le gouvernement suprême ordonna
à sir John Malcolm , gouverneur de cette pré-
sidence, de prendre ses mesures pour les diriger
à destination sous la conduite d'un officier in-
telligent et prudent par les bateaux de llndus*
On n^était pas assuré que les chefs sindhis li-
vrassent passage à travers le delta et le cours
inférieur du fleuve, mais on présumait que les
émirs, placés comme ils sont entre les états de
Randjit Singh et les possessions anglaises , n^o-*
seraient pas offenser les deux puissances en
refusant le passage si on le leur demandait.
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— 939 —
Sir John Malcolm ayant reçu les chevaux, les *
dirigea sur le Cotch et chargea de la mission à
Lahor le lieutenant Burues , aide-de-camp du
colonel Pottinger, qui était chargé de radmi-
nistration politique dç ce district et des relation^
anglaises avec le Sindh. Le jeune officier à qui
cette tâche fut confiée avait travaillé dans le
département du quartier-maître-général et était
capable , à tous égards , de répondre à ce qu^on
attendait de lui. On lui adjoignit lenseigne
Leekîe pour Faccompagner et le remplacer en
cas de malheur. Les chevaux sans voiture
eussent été un présent inutile à Randjit Singh ,
aussi sir John Malcolm en acheta une sur ses
propres fonds. Le magnifique carrosse envoyé
à S. A. par lord Min to , en i8io, après avoir
servi pendant quelques jours comme une cu-
riosité , avait été bientôt relégué dans le grand
arsenal de Lahor. La voiture et les chevaux,
embarqués sur un navire, partirent du Cotch
vers la fin de i83o. Sir John Malcolm pensa
quMl serait plus favorable à son dessein de les'
envoyer sans faire prévenir, par avis ou par'
lettre les émirs du Sindh , il comptait que la
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nécessité oii fls se trouveraient de prononcei'
sans retard contribuerait au succès de Fexpé^
dition.
Le lieutenant Burnes partit donc emportant
avec lui des lettres pour annoncer Tobjet de sa
visite, et entra bientôt avec son navire dans une
branche de Flnaus. En passant près de la pre-
mière ville habitée il envoya ses dépêches en^
avantàHaïderabadé Après s'être arrêté quelques
jours il recul, le 1*' février, un oflBcier et son
escorte, partis de Daradji, pour l'inviter à re-
descendre le fleuve jusqu'à l'arrivée des ordres
qu'on attendait de Haïderabad. Il se rendit à
cette invitation , mais il eut tant à souffrir de la
grossièreté des Kàratchis qui avaient relevé les
Daradjis , qu'il prit le parti de revenir dans le
Cotch jusqu'à ce que les émirs eussent décidé
quelque chose à son égard/ Mais comme leur
réponse se faisait trop attendre , le lieutenant
Burnes repartit pour l'Indus et entra dans la
branche nomméePeïliani . La permission d'ayan-
cer étant toujours refusée , et même la crue des
eaux se faisant sentir, le lieutenant Burnes j ugea
convenable de retourner sur ses pas et faillit
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périr dans une tempêle qui battit son vaisseau
et le jeta sur la barre , à lembouchure du braç
Peïtianî. Le mois de février s^écoula dans ces
tentatives infructueuses pour pénétrer plus
loin. ^La répugnance des émirs à accorder le
passage paraissait invincible. Ils fondaient alors
leurs refus principalement sur la difficulté dç
la navigation et sur Tétat de trouble pu sp trpur
vait le payst compris entre le Sindh et Lahor;
deux motifs qu^ils exiigéraient dans Tintention
de dissuader le lieutenant Burnes de suivre la
route du fleuve. La mission étant retournée
dans le Cotch , le 23 février le colonel Pottipger
ouvrit une correspondance avec les émirs et
envoya un agent à Haïderabad pour essayer de
vaincre leur répugnance. Il passait légèrement
sur la difficulté prétendue de la navigation et
sur les dangers qui pourraient naître de Tétat
du pays, mais il prétendit que les chevaux et
la voiture ne pouvaient parvenir par une autre
voie que par celle du fleuve , de sorte que ce
serait blesser deux gouvernemens que de leur
refuser le passage. La saison de j83i avançait
toujours et cependant le conseil de Haïderabad
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tardai! encore à faire connaître sa résolution.
Enfin une lettre vigoureuse du colonel Pottin-
ger convainquit les chefs, et en particulier
Mîr Mourad Ali , le souverain du pays , que le
passage pour les chevaux et les autres préseDs
destinés à Lahor ne pouvait se refuser sans in-
convenance. La permission demandée fut donc
accordée et le lieutenant Burnes repartit le lo
mars et entra dans la branche nommée Rachel
par Kourachi Bender, le chenal du fleuve qui
avance le plus versTouest* Des difficultés furent
encore faites et des délais apportés, ce qui déter-
mina le h'eu tenant Burnes à se rendre par terre à
Haïderabad, dans lespérance qu^il lèverait enfin
ces obstacles en traitant personnellement avec
le conseil; mais il nWança pas plus loin que
Tatta, où, après beaucoup de discussions , il
reçut enfin la permission de passer par la route
de rindus. On lui fournit alors des bateaux du
pays , tous les secours lui furent offerts pour
rendre son voyage à Haïderabad plus facile; on
ne voulait rien négliger de tout ce qui pouvait
lui faire oublier le traitement peu hospitalier
dont il avait eu d^abord à se plaindre. A la ca-
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— 365 -
pitale il fut reçu au darbar avec grande dis-
tinction ; un chef d^un rang éleré fut désigné
pour venir au-devant de lui, et les meilleurs
bateaux de la rivière, même ceux de Témir
gouvernant lui-même, furent mis à son service.
Partout, dans le Sindh , il rencontra la même
attention. Il s'^avança de Tatta à Haïderabad,
après un covj^t séjour à Bhakar, faisant de
nombreuses observations, que favorisait la
marche lente des bateaux. La mission atteignit
Tatta le i5 et Haïderabad le 18 avril i83i, et le
mois de mai s^écoula avant quUl eût quitté Hndus
pour entrer dans le Tchenab.Les eaux du fleuve
étaient alors au plus bas, mais on ne rencontra
ni obstacles ni difficultés dans sa navigation.
Il faut dire ici que le Sindh est divisé en trois
gouvernemens indépendans : le premier est de
beaucoup le plus considérable, c^est le pays de
Haïderabad, gouverné alors par Mir (i)Mourad
Ali, le dernier survivant de quatre frères, qui, en
4780, firent la révolution dont le résultat donna
le gouvernement aux mirs actuels de Talpour.
(1) Abrévialion usilce du mot ëmir.
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— SW4 —
La seconde partie est celle de Kheïrpour, an
Qord dejlaïderabad, et étendue des deux côtes
sur le fleuTe Indus. Son gouverneur actuel est
Mir Roustam Khan , fils aine de Mir SouhraJ)
Khan, mort récemment. Le troisième gouver-
pement est celui de Mirpour, situé près du
Cotch çt administré par Mir Ali Mourad Khan.
Ces subdivisions viennent d^un partage qui se
fit entre les principaux conspirateurs, dont les
efforts ont mis le sceptre aux mains des Talpour.
Après avoir traversé le territoire de Haîdera-
bad , le lieutenant Burnes fut reçu avec encore
plus d'atteption et de gracieuseté par le prince
de Kheïrpour , qui manifesta un vif désir d'en-
tretenir des relations plus intimes qu^il n'^avait
fait jusquVlprs avec le gouvernement anglais,
et chargea le lieutenant Burnes d'aune commu-
nication à faire au gouverneur-général. CVst
ainsi que la mission arriva jusqu'au territoire
d\i ifabab de Bahawalpour sans éprouver k
moindre danger pu empêchement. On ne trouva
pas moins, ep cet endroit , de huit pieds d'eau,
et cependant le courant était modéré , facile a
surmonter même lorsqu'il était resserré entre
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des rochers ou par les accidens du terrain.
Pendant le mois de mai la navigation est ar^
rêtée sur le Gange par des vents de Touest
vîolens, ou par le nianque dVau; à cette
époque aucupe difl^culté de ce genre, n^inter-
cepte le passage sur Tlndus. Le chef de Baha-
walpour était déj;^ en relation politique avec
Kandjit Singh et le gouvernement anglais,
aussi le lieutenant Burnes était sûr d^en rece-
voir toute espèce de services. Le 3o mai la petite
flqtte toucha Miltankot et, s'emfearquant sur
d'autres bateaux préparés par le chef de Daoud-
poutra (BihawalKhan), entra dans le Tchenab,
ou, comme on dit quelquefois, le Penjnab,
faisant allusion à la ipéunion de tou^ les coui-s
d'^eaux du Penjab qui sont aflluens de ce fleuve.
Un peu plus bas que Moultan, Vescorte en-
voyée par Randjit Singh, pour recevoir et ac-
compagner le présent royal (♦), rencontra le lieu-
(i ) Il est singulier que dans toutes les inslruclions don-
nées par sir John Malcolm au lieutenant-colonel Pottin-
ger et au lieutenant Burnes^ il n'ait jamais mentionné ni
rien dit qui pût faire comprendre à ces officiers que les
chevaux étaient un présent du roi d'Angleterre. Ils ledér
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— 206 —
tenant Burnes et lui offrit des bateaux du Pen*
^b, destinés à la navigation du sinueux Rayi.
Le lieutenant s^ embarqua avec sa suite , le
12 juin, et atteignit bientôt Moultan. Le con-
fluent du Ravi et du Satledj est plus loin ^ et on
^ ne put atteindre cette rivière que le 23 juin. La
saison des pluies y vint arrêter la mission et ra-
lentir sa marche, car elle ne pouvait avancer
qu^avec le secours du cordeau.
Le 17 juillet le lieutenant Burnes atteignit
Lahor où son arrivée avec les présens du roi
d^ Angleterre et de la lettre de lord Ellenbo-
rough dont ils étaient accompagnés, fit le plus
grand plaisir à Randjit Singh. Les attentions
dont il honora le lieutenant Burnes furent très
marquées, et il invita le capitaine Wadeà venir
de Loudiana pour assister à la cérémonie de
réception. De Lahor le lieutenant Burnes alla à
Shimla cendre compte de sa mission au gou-
couvrirent iorsqu'après avoir surmonté les difEcultéi qui
s'opposaient au passage dans le Sindh , ils entrèrent en
correspondance directe avec le gouverneur-général ; mais
déjà ils avaient offcii; leur présent comme envoyé par le
gouvernement anglais dans Tlnde. (Note de fauteur, )
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- 2«7 —
verneur-général , et remettre à Sa Seigneurie
tous les renseignemens qu'il avait rassemblés.
Cet oflBcier zélé et entreprenant obtint de Sa
Seigneurie la permission de se rendre à la pré-
sidence de Bombay en explorant la route par
le Penjab, Caboul, Balk, Boukhara et la Perse,
pour ajouter ainsi à ce qu'on savait sur cette
roule si peu connue et à tous les renseignemens
qu il avait déjà recueillis par lui-même (±).
Les dispositions favorables qui semblaient
animer le souverain de Lahor, §rent espérer à
lord William Bentinck que la proposition d'une
entrevue entre Randjit Singh et lui serait pro-
bablement bien reçue. Il manda en consé-
quence au capitaine Wade, tandis qu'il se trou-
vait à Lahor, de sonder les conseillers intimes
de ce prince à ce sujet. Randjit Singh, comme
s''il eût été prévenu par Sa Seigneurie, manifesta
un grand désir de se rendre à cette réunion ,
mais quelques diflRcultés s'élevèrent sur l'éti-
quette. Randjit Singh attendait une ambassade
(i ) Voir pour les détails de la réception à Lalior le ré-
cit du lieutenant Burnes lui-même ^ ouvrage déjà cité*
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- S«8 -*
en retour de celle qu^il avait envoyée à SaSei^
gneurîe et composée comme celle qu^îl avait
adressée à lord Amherst. Elle avait été reçue
par lord William Bentinck en avril peu dç
temps après son arrivée à Shimla. Elle se com-
posait de Dewan Mouti Ram , fils 4e Mokham
Tchand , Hari Singh Serdar , le faquir Azîz-
oud-din en était le secrétaire. Ces personnages
avaîentété traités par legouverneur général avec
beaucoup dç distinction, et on avait promis en
retour, ou plutôt on avait désigné, une ambas-
sade de quelques-uns des principaux officiers
de la suite de Sa Seigneurie. L'entrevue des
chefs des deux puissances devait priver Randjit
Singh du plaisir de la recevoir. Deux cas en
effet allaient se présenter , ou le temps man-
querait, car le voyage projeté du gouverneur-
général à Adjmir et dans le Radjpoutana exi-
geait, si Fentrevue devait avoir lieu, que ce fut
avant la fin d^octobre, ou bien, si une ambas-
sade officielle était envoyée immédiatement
avant Tentrevue , elle aurait pu paraître aux
yeux du monde destinée à prier et engager le
prince sikh à se rendre à cette entreyue, tan-r
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éis que le rang et la position du chef du gou-
verneur anglais lui demandait de faire recher-
cher rhonneur d^une conférence personnelle
avec lui.
Avec une générosité que son caractère devait
faire espérer, Randjit Singh, qui avait arrêté
cette entrevue dans son esprit, passa sur le
point d^éliquette et des deux côtés on fit des
préparatifs pour s^ rendre. Elle devait avoir
lieu vers lé 20 octobre sur les bords du Satledj\
sans être précédée d^aucune ambassade; les en-
virons de Roupour furent ensuite fixés comme
le lieu le plus couvenable.
Pour donner tout Téclat désirable à cette cé-
rémonie et s'environner d^une brillante escorte,
le gouverneur-général fit venir à Roupour de
Mirât et Karnal deux escadrons de lanciers
européens avec le corps de musique du régiment
(16' régiment de lanciers), un régiment euro-
péen (3i' d^infanterie), deux bataillons d^in-
fànterie indigène (i4 ®^ 32 ), huit pièces de
Tartillerie à cheval et enfin deux escadrons de
la cavalerie irrégulière, commandés par le co-
lonel Skînner. L^escorte était ainsi composée
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— S70 —
pour déployer aux yeux de Randjit Siugh au-
taut de variété qu^il serait possible, et en efiet
sa curiosité se porta surtout sur la formation et
l'équipement des armes et des divers corps de
notre force militaire. La marche des Euro-
péens sur le territoire sikh fut une occasion de
scandale pour la population qui apprit qu'un
bœuf avait été tué pour la nourriture des trou-
pes. L'animal fut abattu pendant la nuit aussi
secrètement que possible, le fait transpira ce-
pendant et excita les plaintes des serdars sikhs.
On leur répondit qu'ils n'avaient pas à s'occu-
per de se qui se passait dans le camp anglais
où nos usages devaient naturellement prévaloir
contre leurs scrupules, et que d'ailleurs on
avait pris toutes les précautions pour prévenir
tout ce qui pourrait les offenser. Nul doute que
les préjugés des Sikhs ne furent blessés, mais
c'eût été d'une fort mauvaise politique décéder
sur ce point. En effet, si l'on se fût soumis, que
ferait-on maintenant dans le cas où il faudrait
introduire dans le pays un nombre considérable
de soldats européens ? N'exigerait-on pas une
nouvelle concession lorsquç peut-être il serait
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impossible de Faccorder? La population igno-
rant nos usages, et peu préparée a les subir, ne
serait-elle pas excitée contre nous autant par
les inconvénîens résultant de notre occupation,
que par le souvenir des concessions déjà
faites à leurs idées religieuses.
Les troupes étant arrivées à Roupour , le
gouverneur-général , qui avait quitté Shimla le
19 octobre, et avait profité de .Foccasion favo-
rable qui se présentait, pour faire une excur-
sion dans les montagnes avec une suite peu
nombreuse, arriva au camp dans la soirée du 22*
Randjit Singh se rendit au camp qu^il avait
établi sur la rive opposée du Satledj , dans la
matinée du ^5, escorté par iO,ooo deses meil-
leurs cavaliers et environ 6,000 hommes d^in-
jPanterie. Il reçut immédiatement une députa-^
tion de la part du gouverneur-général , elle se
composait du major-général Ramsay , frère du
commandant en chef, lord Dalhousie , et du
principal secrétaire de Sa Seigneurie. Kounwar
Kharak Singh , avec six des principaux serdars
sikhs, se rendit en même temps auprès du gou-
verneur-général jpour lui présenter les compli-
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— lira —
mens du maha-radja. Il était convenu que Rand-
jîl Singh viendrait visiter le gouverneur- géné-
ral le jendemain matin.
Le moment deTentrevue approchant, Rand-
jit Singh commença à éprouver quelqu^inquîé-
tude, à craindre que quelque trahison ou quel-
que lâche manœuvre n^eût été tramée contre
lui; pendant la nuit, il envoya dire à M. Allard
qu'il ne voulait pas se rendre à la conférence
du matin. M. Allard se rendit de suite auprès
de lui et chercha à dissiper ses soupçons , à lui
rendre la confiance, offrant même de répondre,
sur sa tête, quil ne lui serait rien fait qui
pût lui être désagréable. Il quitta le maha-
radja encore irrésolu ^ car il fit appeler les as-
trologues^ Ceux-ci consultèrent le Granlh et
déclarèrent que les résultats étaient favorables,
mais ils conseillèrent à Son Altesse de porter
avec elle quelques fruits qu'elle présenterait au
gouverneur-général et à son secrétaire : si on
les acceptait sans réflexion cétait un bon pré-
sage, elle devait s'avancer en toule assurance
et le résultat de l'entrevue lui serait avanta-
geux. Le matin du a6 octobre, une dépiitation
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— 273 —
vint chercher le maha-radjâ pour le conduire
au camp anglais, il était prêt depuis le lever du
soleil. Un pont de bateaux plats avait é(é jeté
sur le Satledj pour la commodité des commu-
nications. Randjit Singh y fit passer avant lui
environ 3,ooo hommes de sa cavalerie ghour-
char , habillée de soie jaune , et 800 dragons
formés par M. Allard. Il prit alors son déjeûner
composé d'un cordial très épicé et envoya pré-
venir les chefs de sa suite de venir avec leurs
éléphans. Tout cela prît du temps, car lesba-
teaux étaient assez faibles et ne pouvaient d'ail-
leurs livrer passage qu'à un très petit nombre
d'éléphans à la fois. Enfin Son Altesse passa éû
personne, et alors, pour prévenir la confusion,
elle fit placer une garde au pont avecordre d'em-
pêcher toute personne de son camp de passer
la rivière. Suivi de son escorte, Randjit s'avança
dans la plaine à l'extrémité de laquelle était assis
le camp du gouverneur -général. Au centre,
les troupes anglaises avaient formé la haie , et
en arrivant au bout de la ligné, le radja s'arrêta
à examiner chaque corps; il fit une multitude
de questions sur les équipemens, il s'informa
Orxg. et proor. 18
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— 274 —
de Fusage el du prix de chaque objet qui excita
sa surprise* Au milieu de la haie il rencoutra le
gouverneur-général et lui présenta les fruits
que ses astrologues lui avaient recommandés^
ils furent acceptés de suite. Son Altesse passa
alors dans le houda du gouverneur-général, et
les deux chefs se dirigèrent ensemble vers les
tentes dVudience qui avaient été préparées.
Dans Tune déciles tous les officiers européens
étaient rassemblés, Randjit Singh s^j arrêta
quelques instans pour que chacun d^eux lui fût
présenté, et puis passa outre. Dans une autre
tente des fauteuib étaient prêts, le maha-radja^
avec quelques-uns des chefs qui lui obéissent
et des officiers de sa suite, j fut conduit par le
gouverneur-général pour y commencer une
conversation plus intime. Cétait une chose
curieuse de voir toutes les peines que prenait
Randjit Singh pour remplir dignement son
personnage dans cette cérémonie. Il allait à la
porte de la tente, il appelait , il conduisait lui-
même les chefs qui devaient pénétrer dans
Tintérieur, il les faisait marcher devant lui
pour prévenir le désordre et la confusion. Ils
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étaient tous comme lui habillés du jaune qui
compose, avec le vert tendre, les couleurs favo-
rites de sa cour , appelées basantis , c^est-à-dire
couleurs du printemps. Quelques-uns portaient
de brillantes armures avec des écharpes jaunes^
la magnificence de leur tenue était très remar-
quable. La curiosité et Papparente franchise du
chef sikh furent cause que la conférence se
passa avec beaucoup plus de vivacité que ce
n^est Fusage dans des circonstances si solen-
nelles. Des présens composés de diflPérentes
étoffes envoyés à Tavance de Calcutta , Dacca ,
Benarès, des armes et des bijoux de prix, un
bel éléphant birman , deux jeunes chevaux de
choix élevés au haras de Hissar , furent amenés'
ou passés en revue devant Son Altesse. Des ha-
bits d'honneur , et des présens furent aussi of-
ferts à rhéritier présomptif et à d'autres chefs,
conformément à une liste fournie par Randjit
Singh. Le maha-radja examina avec soin cha-
que article des présens qui lui avaient été faits,
il les envoya à Tintendant de sa garde-robe , et ^
lui ordonna d'en recevoir le dépôt et de les
serrer immédiatement. 11 prit congé , très satis-
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fait en apparence de celte entrevue ^ et à la
porte de la tenle il fit amener et manœuvrer
devant le gouverneur-général ses chevaux fa-
voris ^ en indiquant les noms et les qualités de
chacun. En repassant à travers ^a haie des
troupes, il s^arréta encore pour examiner les
différens corps et renouveler ses questions sur
chaque objet en particulier. Il était midi, lors-
qu'il rentra dans son camp.
. Le lendemain , le gouverneur^général rendit
. la visite et fut reçu au pont de bateaux par
Randjit Singh. Sa Seigneurie était escortée par
les lanciers qui , avec la musique de leur ré-
giment, ouvraient le cortège. Randjit Singh
fut très frappé de leur tenue et en particulier
du corps de musique; et après qu'ils furent pas-
sés et quHls eurent atteint Tau tre rive du fleuve,
il les suivit pour les écouter pendant quelque
temps jusqu'à ce que toute Fescorte fût passée.
Les troupes sikhes formaient la ligne depuis le
pont jusqu'aux tentes du maha-radj a, faites
principalement de kandts et shamianas dispo-
sés avec beaucoup de goût. Elle étaient rouges
et couvraient un grand espace. Les shamianas
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— 277 —
sous lesquels des sièges étaient préparés pour
ie gouverneur-général et sa suite étaient de
châles admirablement travaillés y et celle sous
laquelle étaient placés le gouverneur-^général
et Son Altesse était brodée de perles et de dia-
mans d^une grande valeur". Le maha-radja,
lorsque tout le monde fut assis, fit introduire
sùccessiVeipent les chefs qui lui obéissent,
et chacun en arrivant offrait des nazars de
sequins d'or hollandais à Son Altesse et au gou-
verneur-général. Les chevaux furent ramenés
et montrés avec leurs magnifiques harnais, et
après une heure d^un entretien assez animé,
les présens destinés au gouverneur-général
ayant été apportés, il prit congé du prince.
Le soir des conversations s'engagèrent, on
passa aussi en revue les troupes réunies sur les
deux rives du fleuve. Le maha-radja parut
frappé de quelques évolutions exécutées devant
lui par les régimens anglais , et il envoya ses ser-
dars dans les rangs pour voir comment elles
s^exécutaient. Il vînt lui-même dans les carrés
formés par Tinfanterie pour voir comment le
premier rang se plaçait genou en terre et com-
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— «70 -^
meài les autres faisaient feu par-dessus lui. Il
mofitra pour toutes ces choses une insatiable
curiosité.
Le 3i octobre, dernier jour de Fentrevue,
le maha-radja passa le fleuve pour assister à
quelques manœuvres d^artillerie à mitraille et
à boulet. Son étonnement de Feffi^i produit sur
le but à différentes distances de 4^0 ^ i^ooo
pas était extrême. Après s^être amusé quelque
temps à faire feu lui-même sur un tchatar{i)
d^une pièce de 6, et avoir fait déployer à ses
serdars toute leur force et leur adre<?se dans le
maniement du cheval (2) , il reçut du gouver-^
neur-général deux canons de 9 avec leurs che-
vaux et leur équipement complet.
Le soir de ce jour , après lequel on devait se
séparer, fut consacré à un entretien particulier
avec le gouverneur-général. A la demande de
Handjit Singh on lui donna par écrit une pro-.
messe d'amitié éternelle delà part du gouverne^
(1) Parasol, Il avait fait mettre un parasol en guise de
blanc. .
(3) Randjit, iiousa dit M. le général Allard , prit pail
à ces exercices.
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— 279 ~
mentanglais. Lemodèled^unpontsuspendu, fait
exprès à Calcutta pour cette occasion, fut au^si
présenté à Son Altesse et excita vivement son
admiration. Le lendemain matin, i'' novem-
bre i83i y les deux camps furent levés et se sé-
parèrent dans des directions opposées après
une Semaine de magnificence et de courtoisie
qui rappelait les jours du camp du Drap d^or.
Aucune affaire d^importance ne fut traitée
dans cette eàtrevue : cependant Randjit Singh
invita les deux officiers qti^il supposa être le
plus avant dans la confiance du gouverneur-
général à venir dans sa tente. Au mtUeu d^une
conversation légère en apparence, il adressa au
secrétaire officiel de Sa Seigneurie quelques
questions sur le Sindh , comme s^il eût voulu
ouvrir une négociation et concerter des mesures
relatives à cet état; ou au moins parvenir à
connaître les desseins du gouvernement bri-
tanni(^ue sur ce sujet. Il dit que des vakils
(envoyés) du Sindh se trouvaient alors dans son
camp et il demanda qu^ils fussent présentés an
gouverneur-général. Ayant reçu une réponse
affirmative , il ajouta que c'était un pays très
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— 200 —
riche où beaucoup de trésors étaient accumulés
depuis rinvasion de THindoustan par Nadir
Shah et qu^on n'y rencontrerait ni armée ré-
gulière , ni d^autres soldats que la population
qu^on serait obligé dVrracher à ses foyers pour
résister à une armée envahissante. Alors il fit
allusion aux refus que le lieutenant Burnes
avait eus à essuyer de la part des émirs et à leur
caractère général d^orgueil et de hauteur. Il
paraissait évident que le maha-radja avait ap-
pris ou au moins soupçonné que le gouverne-
ment britannique avait quelques projets sur le
Sindh ) et même que rien ne lui serait plus
agréable que d^être invité à coopérer à une
attaque sjir cet état. Néanmoins , malgré ce dé-
sir évident de s^allier dans de pareils desseins,
il ne fut pais jugé convenable de faire dès-lors
aucune communication au souverain deLahor;
car on pouvait craindre qu^unefois informé des
intentions du gouvernement anglais, il ne pût,
tout en manifestant extérieurement le désir de
les appuyer , les contrarier par des intrigues et
et de secrètes manœuvres.
La veille du jour où Son Altesse arriva à
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-^ 281 —
Roupour, des instructions avaient été envoyées
au lieutenant-colonel Pottînger pour une mis-
sion dont on le chargeait auprès des gouverne-
mens du Sindh. Il devait négocier un traité de
commerce ayant pour objet d^ouvrir la naviga-
tion de rindus aux marchandises de TEurope
et de rinde. La négociation devait se conclure
séparément avec chacun des trois émirs indé-
pendans; le colonel Pottinger se dirigea d'abord
sur Haïderabad pour y négocier auprès de Mir
Mourad Ali le libre passage des vaisseaux et
marchandises par les embouchures et le delta
de ce grand fleuve. L^objet principal de la né-
gociation dut être d^obtenir des garanties con-
tre la levée de droits arbitraires , et contre tout
obstacle apporté au libre passage des bàtimens
et marchandises , d'oiSrir une indemnité dans
le cas où l'adoption du plan proposé entraîne-
rait quelque diminution dans les revenus du
gouvernement et de faire ainsi que l'Indus devint
le canal d'un commerce étendu et pût être
fréquenté avec sécurité par les embarcations et
les vaisseaux des districts voisins ou même de
l'Europe . Une telle négociation dans les cir-
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^ 2M —
cons(ances actuelles était certes un acte de haute
politique, surtout si Pou songea la nécessité de
se tenir prêt contre les entreprises que pourrait
former la Russie si elle venait à établir son in-
fluence sur la Perse. Mais le gouverneur-géné-
ral ne voulait ni offenser ni inquiéter les émirs,
et un traité de commerce stipulant la libre na-
vigation du fleuve lui parut être le moyen le
plus avantageux d'ouvrir des relations avec les
gouvernemens et les chefs qui occupent ses
rives. Cependant on peut reprocher aux traités
de cette espèce de causer des discussions em-
barrassantes, de Firritation et des sentimens
haineux, et il faut avouer que les intentions du
gouvernement anglais ne sont pasbien compri-
ses par ces chefs. Tout le Sindh est partagé en
djagirs occupés par des chefs qui ont la pré-
tention d'être , et sont de fait , indépendans et
exercent Fautorité la plus absolue dans leurs
possessions respectives. Cesserdars n'arriveront
que difficilement à respecter les bateaux et les
marchandises passant sur leurs territoires, les
bâtimens seront arrêtés sous prétexte de visite ,
des présens seront demandés et même extorqués^
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— 285 -^
des qbstacles de toute espèce seront apportés ;
les plaintes que ces vexations entraîneront,
même en supposant que Rassemblée de émirs
à Haïderabad soit disposée à les écouter, amè-
neront de longues et irritantes discussions sans
pouvoir faire obtenir de justes indemnités à
ceux qui auront souffert. La résidence perpé-
tuelle d^un agent anglais chargé de faire faire
droità ces représentations deviendra nécessaire,
et ce personnage, en s^acquittant de son devoir,
deviendra la cause de querelles continuelles,
de mécontentemens qui engendreront une col-*
lision. Mais ce qui est beaucoup plus probable,
c^esl que les marchands ne voudront pas s^ex-^
p<j5er à courir les risques et les dangers que
leur promet une telle roule et qu^ils laisseront
ainsi ce traité devenir uçe lettre morte comme
les derniers traités conclus avec Siam, la Co-
chiuchine et Tempire Birman où le gouverne*
ment anglais entretient des résidens pour y
surveiller Fexécution des traités stipulés.
La compagnie des Indes , dans ses derniers
traités commerciaux, paraît s^être conduite
d-après un nouveau principe, c'est l'exten-
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— 284 —
sion de son commerce , ce sont les privilèges
de ses propres bateaux , navires et marchandises
qui semblent avoir été Fobjet de ses négocia-
tions et de sa sollicitude. Son agent ne devait
s'occuper que d'intérêts commerciaux et veiller
à ce que les stipulations ne fussent pas violées ;
c'était ainsi qu'elle' était déjà parvenue à con-
clure un traité de commerce avec le Sindh,
lequel traité , peu de temps après l'établissement
des émirs Talpours , fut annulé par l'expulsion
brutale de l'envoyé britannique. La réouverture
des négociations relatives à un traité purement
commercial , et sans aucun objet politique ,
parait avoir été calculée pour faire sentir que
le gouvernement anglais n'a en vue que ^es
intérêts mercantiles. Certes, ce n'est pas là
le moyen d'élever son caractère , ni d'ajouter
en rien à son crédit et à son influence sur les
conseils des divers chefs , avec lesquels on par-
viendra à établir ainsi des relations. Et après
tout, la plus forte objection qu'on puisse faire
à de tels traités, c'est qu'ils n'empêchent en
aucune manière les cours avec lesquelles ils
sont conclus d'entamer ou de poursuivre des
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- 288 —
in troués et des négociations directes avec les
états contre lesquels il serait à désirer qu'ion
prît des précautions. Au temps où Ton com-
mença de négocier avec le Sindh , on sut qu^un
agent de la Perse était à Haïderabad offrant la
main d^une fille du roi au fils favori de Mir
Mourad Ali. Or, si Fétat du Sindh venait à
entrer dans des relations intimes avec la Perse,
le tra^jlé commercial que nous pourrions con-
clure ne saurait empêcher les Russes de s'insi-*
nuer là où la cour de Perse leur aurait préparé
les voies. Ils pourraient ainsi tourner contre
nous les ressources du Sindh, où au moins
neutraliser les avantages que nous pourrions
espérer dVn retirer pour la défense de la fron-
tière occidentale de llnde. Si jamais FHindous-
tan est envahi par l'ouest , certainement on se
battra surTIndus, et il faudrait manquer de la
prévoyance la plus commune , pour ne pas
chercher à s^assurer de Paccord unanime et
courageux des chefs des états et des tribus
contre Tenvàhisseur. On dira peut-être que le
temps n'est pas encore venu de s'occuper de
tels sujets*, mais que le danger soit prochain ou
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— Me —
éloigné , ne serail--ce pas agir imprudemiiirBDt
que de prendre des mesures capables de pro-»
duire de Firritation ou de diminuer le respect
et rinfluence que le gouvernement anglais,
souverain déclaré de la plus grande partie de
THindoustan, doit naturellement posséder sur
Fautre.
Aussitôt qu^il eut reçu ses instructions, le co-
lofiel Pottinger fit prévenir les émirs du Sipdh^
et en particulier Mir Mourad Ali de Haidera-
bad , quMl avait reçu commission du gouver-
neur-général pour traiter avec eux de quelque
point important. Il demanda la permission re-'
quise de se rendre à Haïderabadpours^acquitter
de sa mission. Cette peitoission lui ayant été ac-
cordée, non sans quelque délai, et le gouverne-
ment de Bombay Fayant pourvu de Fescorte, des
fonds et des bagages nécessaires à Fenvoyé du
gouvernement suprême, le colonel Pottinger
partit du Cotch et arriva à Haïderabad dans le
coursde février 1 832.11 exposa sans retard les viies
du gouvernement britannique et remit à Mir
Mourad Ali une lettre du gouverneur-général,
où ellesétaient exposées toutaulong. Alors corn-
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— 287 —
meoça une suite de longues et ennuyeuses dis-
cussions pendant lesquelles quelques projets et
contre-projets fîirentéchangés départ etd'autre.
Après une longue négociation un traité fut enfin
conclu avec Mir Mourad Ali , au nom des chefs
assemblés à Haïderabad, le 20 avril 1 832. Il fat
ratifié à Shimia , par le gouverneur-général , le
19 juin suivant. Voici cette ratification :
(( Un traité comprenant sept articles ayant
(( été conclu le 10 zilhidji de Tan 1247 de
'( FHégire, correspondant au 20 avril i832,
<( entre Fhonorable compagnie des Indes orien-
« taies et S. A. Mir Mourad Ali Khan , Tal-
« pour (i), Bahadour (2), souverain de Haïde-
t( rabad , dans le Sindh , par Fintermédiaire du
n lieutenant-colonel Henry Pottinger, envoyé
(c du gouvernement britannique , agissant d^a-
f( diaprés les pouvoirs à lui conférés par le très
H honorable lord William Cavendish Bentinck,
« grand-croix de Tordre du Bain et de Tordre
« de la Jarretière, gouverneur-général des
(1) Nom de famille.
(3) Titre honorifique qui signifie brave.
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— 288 —
'( possessions britannic[ues dans les Indes., le
r< présent engagement à été fait à Shimla, ce
ce jour, 19 juin 1882, en langue anglaise et
(( persane, pour la parfaite confirmation et re-
a connaissance des obligations que contient
H ledit traité et qui sont les suivantes :
« ARTICLE i*'. — L'amitié déjà établie par de
(( précédens traités entre le gouvernement bri-
c( tannique et celui du Sindh reste sans atteinte
« et même reçoit une nouvelle force des stipu-
« lations conclues par Tintermédiaire du lieu-
<t tenant-colonel Pottinger, envoyé, ptc. , afin
« que cette amitié et cette alliance, existant
« maintenant entre lesdits états , puisse des-
(( cendre aux enfans et successeurs de la maison
(c dudit Mir Mourad Ali Khan , d'héritier en
« héritier, de génération en génération.
a Art. a. — Les deux puissances contrac-
te tantes s'engagent à ne jamais jeter des yeux
(c de convoitise sur les possessions Fune de
K l'autre.
« Art. 3. — Le gouvernement britannique
(( a requis le passage pour les marchands et
« trafiquans de l'Hindoustan, par le fleuve et
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— 28© —
^ les routes du Sindh, pour qu'ils y puissent
n transporter leurs marchandises et objets de
« négoce d'un pays à un autre. Ledit gouver-
ne nement deHaïderabad acquiesce à cette de-
<c mande aux trois conditions qui suivent :
« i** Aucune personne ne pourra lever de
^ plan des places militaires , sous prétexte de
n voyager par lesdits fleuves et routes.
« 2" Aucun navire ou bateau armé ne pourra
<( réclamer le passage sur ledit fleuve.
<c 3"" Aucun marchand anglais ne pourra
<c s^établir dans le Sindh , mais lorsqu'^il sera
ce venu dans ce pays et y aura séjourné le temps
« nécessaire à la conclusion de ses affaires, il
41 devra retourner dans Tlnde.
« Art. 4' -^ Lorsque des marchands vou-
4( dront faire un voyage dans le Sindh , ils de-
<( vront obtenir des passeports pour ce faire du
H gouvernement britannique. Connaissance de
<i la délivrance de ces passeports devra être si-
ic gnifiée audit gouvernement de Haïderabad^
(c par le résident dans le Cotch ou par quel-
u que autre oflicier du gouvernement britan-
M nique.
Orig. et paogr. ^^
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— 890 —
« Art. 5. — Le gouvernement de Haïde-
u rûbâd ayant déterminé les droite fixes et mo-
« dérés qui devront être levés sur les raaN
a ehandises et objets suivant lesdites rottteâ,
« devra s^en rapporter à ce tarif et ne pourra,
« ni arbitrairement, ni deapotiquetnedit^ les
« augmenter du lés diminuer. Afin que les
(( cargaisons déis marchands et trafiquons pbi»-
u sent voyager sanfe éprouver ni délais ni in-
(( terruptîon , il est entendu que les offiders de
t( douanes et fermiers des revenus dil gôufer-
x nement dû Siirdh devront veiller à ce l^u'on
a ïi'appôrte aucuû obstacle auxdits marehatids ,
w sotis prétexte de nouveatix ordres reçus tié la
« part du gouvernement, ou de k levée des
(( droits. L'édît gouvernement pronlulgtoôra un
(( tarif oU tableau des droits à lever sur
« chaque espèce de denrées , •selbti Tôccur-
cc renée.
« ÀW. 6. — Les sti^pulalions tfiftè 'preihiert
m traités conclus étttre les deuit états, tjttinfe
a Sont pai ^Itérèeà ôU rtfodifiécspâr le présent,
« subsistent dans Ve/iWe leur (<sttà , àussî bien
« que les stipulations qui, conclues en ce jour
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— 291 —
n par la bénédiction de Dieu , ne devront ja-
a mais être violées.
<c Art. 7. -^ Les relations amicales entre les
i( deux états seront entretenues par des dé-
ic pêches toutes les fois que les affaires ou un
u accroissement de relations amicales le rendra
a nécessaire. )»
Ce traité complémentaire fut encore conclu
avec Mir Mourad Ali Khan.
il Les articles suivans ayant été agréés le 22
K avril i83â, entre Thonorable compagnie des
Ai Indes orientales et S. A. Mir Mourad Alî
«Khan, Talpour, Bahadour, souverain de
n Haïderabad , dans le 8indh , comme complé-
n mentaires du traité conclu le 20 avril 1882 ,
<( par Tintermédiaire du lieutenant-colonel
<( Henri Pottinger, envoyé de Thonorable com-
K pagnie des Indes orientales et agissant en
M vertu des pouvoirs à lui conférés par le très
a honorable lord William Cavendish Bentinck,
w grand-croix de Tordre du Bain et de Tordre
<( de la Jarretière, gouverneur-général des
<( possessions britanniques dans Plnde , le pré-
<( sent engagement a été fait à Shinila , ce jour,
Digitized
by Google
— 292 —
(( ig juin i832 , en langues anglaise et pér-
it sane, pour la parfaite confirmation et recon-
« naissance des obligations que contiennent
« lesdits articles et qui sont :
« Art, 1 . — Il a été inséré à Tarticle 5 du
« traité perpétuel que le gouvernement de
« Haïderabad fournira au gouvernement bri-
a tannique un tarif des.droits, etc., et qu^après
rt ce , les officiers du gouvernement brîtan-
c nique, experts dans les matières commer-
ce ciales, examineront ce tarif. Si ce tarif leur
M parait juste, équitable, convenable, il sera
« aussitôt mis en vigueur, mais s'ils leur parait
'( trop élevé , S. A. Mir Mourad Ali Khan, sur
« la requête du gouvernement britannique ,
« présentée par le lieutenant -colonel Henri
« Pottinger , voudra bien réduire ledit tarif.
« Art. 2. — Il est clair comme le jour que le
<c châtiment et Tanéantissement des pillards
« deParkhar,Thall,etc., ne peut être poursuivi
« par un seul gouvernement, et que d'ailleurs
<( cette mesure est pressante et intéresse les
c( états, puisqu'elle tend à assurer la richesse
« et le bonheur de leurs sujets et territoires
Di'gitized by VjOOQIC
— 993 —
;i y^ respectifs. Il est donc stipulé qu^aussitôt aprèâ^
^ic la saison des pluies , Mir Mourad Ali Khan ,
gi;iu « ayant donné connaissance de cette circons-
<c tance dans les formes convenables , le gourer-
, c( nement britannique^ ceux du Sindh et de
,^' u Djodhpour devront réunir leurs efforts pour
(c parvenir au but ci-dessus désigné.
<c Art. 3. — Le gouvernement de Thonorable
. <c compagnie des Indes orientales et celui de
« Kheïrpour, représenté par son chef, Mir
«I Rous tam , ont réglé, par un trai te conclu entre
(( les deux états, que tout ce qui a été statué à
<( Haïderabad sur l'ouverture de llndus est
« aussi accepté par les deux puissances con-*
« tractantes . Il est nécessaire cependant que des
ce copies du traité conclu avec Mir Mourad Ali
« Khan soient envoyées par les gouvernemens
« britannique et de Haïderabad à Mir Rous-
<r tam pour sa satisfaction et son instruction. »
Il est bon de faire remarquer ici qu^aucune
de ces conventions ne fut définitivement rati-
fiée que quand on eut déjà traité avec le chef
de Kheïrpour. La jalousie que ces négociations
firent éclater et la crainte^que le chef de Kheïr-^
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— 9M —
pour ne se détachât pour toujours de Passocia-
tion des Mirs Talpours, fut la principale cause
qui engagea Mir Mourad à signer. Le traité avec
Mir Roustam était ainsi conçu :
u Un traité comprenant <{uatre articles ayant
H été conclu le 2 du mois ùV kade de Tannée
(( £247 de Thégire , correspondant au 4 ^vril
H i 833 ^ entre Thonorable compagnie des Indes
K orientales et Mir Roustam Khan, Talpour ^
K Bahadour , chef de Kheïrpour dans le Sindh ,
« par intermédiaire du lieutenant-colonel
« Henri Pottinger, envoyé du gouvernement
« anglais y agissant en vertu des pouvoirs à lui
ce conférés par le très honorable lord William
fc Cavendish fientink^ grand-croix de Tonire
« dû Bain et de la Jarretière , gouyerneuivgé-
« oévBil des possessions britanniques dans les
H Inâes^ le présent engagement a été fait ce
a jouTf 19 juin i832, en langues anglaisée!
« persane , pour la parfaite confirmation et re-
(( conxiaissance des obligations que contient le-
« dit traité et qui sont:
a Art. tt • — Une amitié éternelle subsistera
« entre les deux états.
, Digitizedby vjOOQIC
— 1198 —
<r Art. 2. — Les puissances contractantes
« s^engagent mutuellement, et de génération en
(( génération, à rie pas jeter des regards decon*
« voitisesur les possessions Tune de Fautre.
a Art. 3. — Le gouvernement britannique
K ayant requis le passage par Tlndus et les
(L routes du Sindh pour les marchands de
« PHindoustan, etc., le gouvernement deKheïr-
(( pour garaptit ce passage dans les limites de
« son territoire aux mêmes conditions que celles
<c qui seront réglées avec le gouvernement de
« Haïderabad, c^est-à-dire Mir Mourad Ali
« Khan , Talpour.
(( Art. 4- — Le gouvernement de Kheïr-
ff pouf fournira par écrit un tarif juste et rai-
« soppable dès droits à lever sur les n^archan-
<c dises qui profiteront des bénéfices de ce
<c traité , et selon les conditions que le3 négo-
<( cians i^e devrpnt ni abandonner ni violer
« dans la conduite de leurs affaii^es.
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CBAVZTBX ZI.
Caractère et politique de BaDcVpt Singh. — Ses revenus. — Force
Âc son armée. •— Observations générales, (i).
Le caractère personnel du souverain actael*
de Lahor peut être apprécié d'après ce que
nous venons de rapporter dans les chapitres
précédens; néanmoins, il pourra être utile
d^en faire , en quelque sorte j le résumé ^ et
d^exposer Tétat présent de son royaume, de ses
ressources , de ses moyens militaires.
Nous avons dit que Randjit Singh nVvait
reçu aucune instruction. Il ne sait lire ni
écrire dans aucune langue^ mais Phabitude
d^en tendre lire des papiers écrits dans des lan-
gues de la Perse, du Penjab, de Tlnde, les
efforts de son attention qui s^attache même
aux détails des affaires, lui ont donné une
grande facilité pour suivre et comprendre la
(i) Voir comrae complément de ce chapitre ce que dit
M. Al. Burnes, vol. I, chap. XIV, pag. 296.
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— 297 —
plus grande partie des choses qui lui sont sou-»
mises. Aussi, bien qu^il soit incapable d^appré-
cier le mérite du style ou de dicter lui-même
ce qu^il voudrait faire écrire, il traite cependant
les affaires avec rapidité , il est toujours prêt à
donner des ordres précis et décidés sur les mé-
moires et réclamations qu^on lui lit , et lors-
qu'aune copie convenablement faite lui a été
remise , il sait bien reconnaître si elle remplit
parfaitement ses vues. Ses secrétaires parti-
culiers ne le quittent jamais , souvent ils sont
réveillés pendant la nuit pour expédier les or-
dres qu'un souvenir subit ou le caprice du
maha-radja lui fait donner. Sa mémoire est
excellente , et se rappelle les détails aussi bien
que les circonstances les plus importantes. Son
esprit est toujours actif, et son œil vif et scru-
tateur ne laisse rien échapper ; sa perspicacité
à apprécier les caractères , à deviner les motifs
des actions d^autrui , lui donne de Pempire et
de Pinfluence sur tous ceux qui rapprochent ,
et n^ont guère été que les instrumens de sa
puissance si rapidement accrue. A une grande
finesse , il joint une imagination très vive ;
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— 888 —
et quoiqu'il nWblie jamais le but qu^il a en
vue , il a cependant dans la conversation une
franchise et unehaïveté pleines de charma. MSes
observations et ses remarques , il les présente
ordinairement dans une phrase brève , claire ,
inachevée ou sous forme d^interrogation, mais
elles sont toujours si frappantes qu^elles restent
fixées dans la mémoire de ceux à qui elles sV<-
dressent, tant elles sont étranges et revêtues
d'une séduisante originalité. Il a un grand pour
voir de dissimulation; gous les dehors de la
plus grande franchise et même dans le eom*
merce de Fintimité il sait poursuivre de per-*
fides desseins et des trahisons. Sur le champ
de bataille, il s'est toujours montré brave et ré-
solu de sa personne , mais rien dans ses plans
n'est abandonné au hasard ou à l'aventure* Il
a toujours préféré l'adresse , l'habileté et même
la corruption , comme moyen de succès , aux
entreprises éclatantes qui excitent l'admiration
ou inspirent la terreur. Sa fertilité d^expédiens
est vraiment incroyable , et jamais il n'a été
embarrassé pour trouver des ressources même
dans les plus grands dangers. Cependant quel-
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-- 299 —
ques-unes de ses actions trahissant le caprice et
rinstabilité de ses desseins, car on ne saurait
quelquefois en indiquer ou en imaginer les
motifs. Sa conduite dans toutes les circonstances
de la vie prouve quUl est intéressé , sensuel, dé«-
bauché même à Texoès ; sans égard pour aucun
lien d^affection, du sang ou de Famitié dans la
poursuite de ses vues ambitieuses ou de ses
plaisirs. Démesurément avide , car c'est sans la
moindre pitié et sans remords qu^il a ruiné et
réduit à la misère des veuves , des orphelins ,
et des familles qui avaient des droits à sa con-
sidération et à son respect, quW s étonne de
ne lui avoir pas vu reconnaître, ne fûtu-ce que
par politique. Dans 5a jeunesse il se moutra
prodigue pour ses favoris et libéral dans pres-
que toutes les occasions , mais avec Fâge est
venue Tavarice^ et le désir d^amasser a étouffé
toutes ses autres passions , aussi tout le monde^
même les officiers attachés à sa personne et ceux
qui sont en faveur, ne l'approchent qu'avec la
crainte d'être victimes de quelque exaction^ Wn
d'espérer que sa générosité ajoutera queilque
chose à leur fortune. Son tempérament était
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— 800 —
excellent dans sa jeunesse, et en quelque sorte
toujours à ses ordres, mais aujourd'hui la sus—
ceptibilité d'une constitution ruinée le domine
souvent. On Ta vu transporté de colère , des-
cendre jusqu'à user de violence contre les ob-
jets de sa rage ; mais cependant il ne s'est jamais
abaissé jusqu'à commettre des actes de cruauté,
et jamais la vie de personne n'a payé même les
offenses les plus graves.
Il est petit de taille, et la perte d'un œil, par
suite de la petite vérole, lui ôte un peu de son
apparence qui est loin cependant d'être vul-
gaire, car sa physionomie est pleine d'expres-
sion et de vivacité et s'embellit d'une magni-
fique barbe blanche qui descend jusque sur sa
poitrine. Dans sa jeuftesse il dut être très vi-
goureux et très actif, mais aujourd'hui il est si
affaibli qu'il est forcé pour monter à cheval
d'avoir recours à un procédé assez singulier.
Un homme se met à genoux devant le maha-
radja qui passe la jambe sur son épaule, ensuite
l'homme se lève en le portant : on fait alors ap-
procher le cheval et Randjit Singh met son
pied droit dans l'étrier, il prend la crinière, et
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— 301 -
passant la jambe gauche par-dessus la tête de
rhomme et le dos du cheval , il chausse Fautre
étrier. Son amour pour seschevaux est extrême ^
et nous avons eu plusieurs fois occasion dVn
parler. Ils sont toujours auprès de lui, couverts
de bijoux et de riches caparaçons; souvent il
les caresse. Pour lui-même , il est simple dans
sa toilette et peu recherché dans toutes ses ha-
bitudes ; son régime se compose de stimulans ^
puissans dont il use immodérément. Il aime
beaucoup cependant les parades et les specta-
cles militaires , il emploie près de la moitié du
jour à passer des revues, inspecter des équi-
pemens ou à refléchir sur quelque moyen d^ac-
croitre la puissance de son armée. Il parait
aussi prendre plaisir à voir ses ofiiciers et ses
courtisans couverts de bijoux et de magnifiques
parures , et tout le monde convient qu^iis mon-
trent beaucoup de goût , car la pompe du dar-
bar de Lahor est vraiment remarquable.
Quoique peu dévot, et qu'il se soit montré
très habile à maîtriser le zèle et le fanatisme des
Akalis et autres sectes religieuses, Randjit
Singhse conforme cependant avec beaucoup de
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— 308 —
scrupule à toutes les observances de la foi reli-
gieuse des Sikhs ; tous les jours il se fait lire le
Granth par les gourous ; il est généreux et cha-
ritable pour les faquirs et les hommes qui ont
acquis une réputation de sainteté. Enfin il est
superstitieux à Fexcès , il se livre facilement à
de fantastiques imaginations sur sa destinée et
sa fortune, et jamais il ne manque de consulter
ses astrologues avant de rien entreprendre d^im-
portant.
Le fait le pi ils remarquable de la politique
et du gouvernementintérieurdeRandjitSingh,
c^est le manque absolu de tout ce qui ressemble
à un système ou à des principes dVdministra-
tion» Sa carrière a été celle d'un usurpateur
qui empiète sans cesse et s^empare de tout ce
qui est à sa portée , mais tout ce qu'il a ainsi
gagné il ne Ta soumis à aucun système de ges-
tion. Le tout est confié à des fermiers avec
pleine puissance sur la vie et les propriétés des
classes productrices , Randjit Singb s'^û repo-
sant sur ses forces militaires pour contrôler les
comptes de ses fermiers , pour leur faire rendre
tous les profits illicites qu'il pourraient faire.
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— 505 -
rféàïinûioins ses exactions sont dirigées surtout
contre les vieilles familles sikhes et ses propres
officiers : les marchands et les voyageurs sont
protégés 9 les droits -et les taxes auxquels ils
sont soumis sont généralement modérés. Randjit
Siûgh a cependant mahifesté Tinlention de se
réserver le commerce de quelques articles,
comme les châles, le sel etc., mais on peut dire
que toutes ses richesses lui viennent du mo-
nopole, qu^il les a tirées de ses exactions ou de
sfonirces impures^
On ne peut dire encore que Randjit Singh
ait donné aii Penjab une constitution ou une
fottoe fixé dé gouvernement. H n'y a dans ce
pays ni loi écrite ou orale, ni cour de justice.
Le Gourou'Mata^ ou ancien conseil des Sikhs ,
a éessé dVxistet comme toutes les institutions
antérieures à rétàblis^emeta t du pouvoir actuel .
La dernièi^e assemblée de ce eonseil se tint
lorsque tïolkat, pontsnivi par Tarmée anglaise,
entra dans le Pe^àb; il s^agissaitde savoir quel
parti les Sikhs prendraient comme nation dans
cette circonstance. Randjit Singh , quoiquMlfût
le chef le plus influent, refusa de reconnaître la
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— 304 —
suprématie de rassemblée et prétendit que la
question intéressant tout le corps de la nation ,
ne pouvait être résolue que par le suffrage uni-
verseL Aujourd'hui le gouvernement parait
être un despotisme pur; Tarmée permanente
et toujours prête au service actif, la force tou-*
joursarmée contre les concussionnaires etles pré-
varicateurs, voilà les seuls ressorts de la machine
administrative. C'est ainsi qu'elle remplit le
trésor, contrôle les actes des fonctionnaires
publics, sujets tout puissans, et enfin gouverne
chaque classe de la population. L'influence
personnelle et les ordres du chef de l'état,
tel est le lien unique de la discipline et de l'af-
fection des troupes. Ainsi tout le pouvoir et
toute l'autorité sont concentrés dans les mains
d'un individu que la fortune et ses propres ta-
lens ont placé à la tête des affaires; mais lors-
qu'il sera éloigné de la scène, à moins qu'un
autre ne se présente pour remplir sa place avec
une énergie et un empire égal au sien sur les
attachemens et les affections des petits princes
qi^i lui sont soumis, ce que, il faut le craindre,
on ne saurait attendre du caractère de Kharak
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— 503 —
Singh, tout devra nécessaireiïient retomber ciaiis
là confusion.
Les possessions territoriales de RandjîtSingh
comprennent aujourd'hui toute la partie du
Penjab enfermée entre llndus etleSatledj. Il
possède aussi le Gachemir et tout le pays des
montagnes jusqu'à la chaîne neigeuse et même
Ladak au-delà de THimalaya i en eflPet, quoique
plusieurs radjasde la contrée aient encore con-^
serve leurs gouvernemens, ils ont été réduits à
rétat de sujets , ils paient un tribut propor-
tionné à leurs ressources, envoient lorscjii'ils eh
sont requis leurs contingensàFarmééiîe Làhor.
Outre cette étendue de territoire, Randjit Singh
possède encore environ 45 talouks en person-
ne ou en partage avec d'autres sur le côté an-
glais du Satledj ; à l'ouest de l'Indus, il occupe
Kheïrabad , Akona et Peshaver , Darra-Gazzi-
Khan, affermé au nabab de Bahawalpour , et
Darra-Ismael-Khan assigné, comme nous l'a-
vons dit, à Hafiz Ahmed Khan de Mankera. if
lève encore des tributs sur les chefs Beloutchis
de Touket Sagour au sud. Le capitaine Murray
estime que le total du revenu et des tributs
Orig. et progr. 2*0
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— 5C« -
levé annuellement sur toutes ces
ronpirt. 'i)
possessions est i2,4o3,900
En outre, les douanes du Pen-
jab rapportent à Randjit Singh.. 1,900,600
Le moharanay droit sur les
papiers soumis au sceau de Randjit
Singh 577,000
Formant le khalsa ou revenu ■
direct de i4,88i,5oo
Le même officier estime que le
reste du territoire divisé en djagirs
ou fiefs tenus par de vieilles fa-
milles sikhes et les établissemens
dont les revenus nesont pas com-
pris dans les khalsa, rapportent 10,928,000
Faisant ensemble pour tous les
revenus du pays soumis à la do-
mination de Randjit Singh un
total de (2) 25,809,500
(i) La roupie vaut 2 fr. 5o c. de notre monnaie ; le Iakb
de roupies, 1 00,000 roupies ou s5o>ooo fr. ; le crorede
roupies équivaut à 100 lacks ou 5i5,ooo,ooo fr.
(3) Le général AUard pense ^e cette estimation est de
beaucoup inférieure à la réalité. Il porte les revenus de
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— 507 —
Ce chiflre n'est pas loin de celui assigné dans
les livres du gouvernement mogol pour le pro-
duit du souba de Lahor ; et si Ton considère que
le Cachemir et le territoire au sud du Satledj
y est compris , la correspondance du total fait
bien présumer en faveur de Inexactitude de
cette estimation , car la province ne peut pas
produire sous les. Silchs autant qu^au temps
paisible de Tempire mogol.
Randjit Singh a depuis quelques années
amassé un trésor, et le fort deGovindgarh, bâti
par lui et placé dans une excellente position ,
est le lieu principal de ses dépôts. Le capitaine
MurrajTi diaprés les meilleurs renseignemens
qu'il put rasseint^l^r , qui doivent cependant
être imparfaits et vagues , estime que la valeur
des richesses aGCu^lulées par Randjit Singh
tant en monnaie qu^en bijoux, chevaux, été-
phans ne doit pas s^élever à moins de 4ix crores
de roupies ou envirop dix millions de livres
sterlings (a5o, 000,000 fr.); quelques piersonnes
portent cette estimation beaucoup plus haut,
l'état de Lahor à environ cinq crores de roupies ou
1 25,oo0;O00 fr.
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— 308 —
m ais deiek calculs ne peuvent reposer que sur des
conjeclures et pèchent généralement par Texcès.
Le même officier nous a donné des détails
sur la force militaire de Tétat de Lahor, et son
autorité est la meilleure que nou^ . puissions
suivre.
Troupes régulières* .
Cavalerie disciplinée par le gé-
néral Allard, et troupes spéciales
montées aux frais de Fétat, Ghour-
char et Ghourchar Khas (i). 12,81 1 toR"..^
Infanterie.Bataillonsdisciplinés,
Nadjibs et troupes dressées sous
la surveillance du maha-radja. 14^94^
Total des troupes régulières,
infanterie et cavalerie, 27,762
Garnisons , comprenant les
troupes employées dans le Cia-
chemir. — Cavalerie. 3^6oo
Infanterie diversement armée
et équipée àS^gSo
26,930
(i) Dix mille, selon le général Allard.
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— 509 —
Contingèns de serdars , consis-
tant pour les pays de plaines prin-
cipalement en cavalerie , et pour
les pays de montagnes en inÊin-
terie. 27,312
Total des troupes, infanterie et
cavalerie. 82,014
^artillerie de Randjit Singh consiste en 876
canons (i) et 870 tromblons portés sur des cha-
meaux ou des voitures légères appropriées
à leur calibre. Il n'a pas de corps d^artil-
lerie enrégimenté et organisé comme dans
les armées européeunes. Un darogha est à la
tète d^un grand établissement tjui, si Brandjit
Singh fait des pîréparatifs pour un siège , oc-
cupe au moins' 4 o^ 5, 000 hommes. Mais dans
le temps de paix, ou quand on ne se prépare
pas à de grandes opérations, ce nombre est in-^
finiment réduit. Quelques corps de cavalerie
et tous les bataillons d^infànterie ont des com-
pagnies dWtillerie qvti-leur sont attachées; le
(1) Cent pièces d*arlillerie de campagne^ complètement
armées et équipées; le reste est employé à la défense des
plapes.
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— 312 —
l^abiludes de 'Ja paix rem{daceront le bruil et
la perpétuelle activité de l|i guerre et des "en-
treprises militaires.
Que. ceux qui âont disposés à accorder à
Randjit Singh la gloire due au fondateur d^un
empire et d^une dyn^lie, ne pensent pas que le
peu d^étendue de son rojaumedoive Tempêcher
desoutenii la comparaison avec d^autresconqué-
rans. Les circonstances de sa position; d^un
côté , la puissance anglaise que son pouvoir né
dénier n^aurait pu attaquer sans folie; deFautre,
la population fana|,iqu^ des Musulmans de TAf-
ghanistan, sont des barrières qii^iln^a pu passer
et qui ont dû lui ôter tout espoir de porter la
douiination sikhe au-4elà de ses limites ac-
tuelles. Cependant tout ce qu'ail a su déjà ga-
gner sur les Afghans , et Fadresse avec laquelle
il a réconcilié dans beaucoup de circonstances
les braves et bigots Musulmans ^ à Fautorité
d'une secte enneniie et même méprisée ; voilà
des titx'es degloire assurés pour legouvernement
et la politique de Randjit Sîngh.
En présence des Anglais, il n'a pas fait preuve
4uns sa conduite d'une moindre sagacité. Al-
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_ 515 —
Ipniif à éviter toûle rupture , il a su tirer avan-
tagie des circonstances au moment même où le
gouvernement anglais |lui imposait le Satledj
pour limite de son empire ^ et arrachait à ses
lois toute la région comprise entre ce fleuve et
la Jumna , occupée alors par les Sikhs et qu^ils
regardaient comme leur possession légitime et
certaine. Lorsque la défiance et les soupçons
excités par notre intervention dans ce pays
furent apaisés, et qu'il se fut assuré que le
gouTernement intervenant n''avait aucun désir
de conquête ou de sHmmiscer dans ses affaires
avec des vues ambitieuses, Randjit Sipgh ouïr
liva Tamitié de nos officiers , désira de paraître
uni à nous par d'intimes relations et la plus
parfaite intelligence. Il semble maintenant bien
convaincu que cette amitié et ces engagèmens
pourraient être encorb plus étroits, et on ne
saurait douter que si jamais Toccasion se pré-
Sien lait de profiter de cette disposition pour
faire des préparatifs contre un ennemi venu de
Touest, Randjit Singh ne se rangeât sincère-
ment de notre côté et n'employât, toutes ses
forces à repousser Ven vahisseur;^ Ses antécédens,
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— 514 —
ses iatérêts, ses inclinations, tout cela est pour
nous aujourd'hui ; ajoutons aussi que c est pour
lui un gage de force et de sécurité que de pou-
voir dire dans quels termes il en est avec le
peuple anglais.
Ayant ainsi fait parcourir au lecteur les
degrés pas lesquels la puissance des Sikhs s'est
élevée jusqu'à la splendeur dont elle brille
maintenant, il nous reste maintenant à lui
donner quelques détails sur les habitudes et les
mœurs de cette secte, pour le mettre en état
d'apprécier le caractère de la nation et les traits
qui la distinguent des autres peuples de THin-
doustan. Cette tâche a été remplie par le capi-
taine Murray, qui a rassemblé dans un appen-
dice au mémoire qu'il adressa à lord William
Bentinck , le résultat de ses observations pen-
dant un séjour de plus de quinze ans au milieu
des Sikhs , où il eut de fréquens rapports avec
des individus de toutes les classes, où il fut
dans la nécessité de s'instruire pour être l'ar-
bitre et le juge de leurs disputes. Les remarques
du capitaine Murray , les faits qu'il a réunis ,
quoiqu'ils laissent quelque chose à regretter
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— 515 —
sous le rapport de leur distribution méthodique
et qu^évidemment ils niaient pas dû être pu-
bliés, sont néanmoins si pleins de science et de
renseignemens précieux, qu^on ne nous pardon-
nerait pas de retoucher à son travail. En pas-
sant par une autre bouche, et étant disposés
par une autre main pour une fornje plus étu-
diée, les faits pourraient perdre quelque chose
de leur autorité. Nous avons donc terminé ce
livre par la transcription littérale de Fappen-
dice destiné par cet officier à peindre les mœurs ^
les lois^ les coutumes des Sikhs. Cest une lec-
ture dont Pintérêt paiera la peine du lecteur
curieux.
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APPENDICE.
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DES MŒURS,
DES LOIS ET DES COUTUMES
DES SIKHS,
Par le capitaine W. Murray.
Savoir lire etécrîre sont des connaissances
peu répandues chez les Sikhs; ce sont des scien-
ces possédées presque exclusivement par les
Hindous et les Moutsaddis musulmans, ou
clercs, dont Finstruction se borne à savoir assez
depersanpour être capable de tenir les comptes
et la correspondance des chefs. Le gourmou-
kha^ ou dialecte écrit duPenjab, n^est fami-
lier qu^à un très petit nombre de Sikhs ; et en
général ils ont pour les langues persane et
arabe une répugnance prononcée qui leur vient
principalement des idées et des préjugés qvCih
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— 320 —
nourrissent dès leur enfance contre toute chose,
quelque utile et rationnelle qu^elle puisse être
d^ailleurs , qui a quelque rapport ou quelque
lien avec la religion et Téducation des Musul-
mans.
Les affaires se font par témoignage oral , par
arrangemens verbaux et promesses. Les monu-
mens du droit n^existent que dans la mémoire
des vieillards d^une localité, c^est la tradition
qui conserve les vieilles coutumes. Le men-
songe, la fraude et le parjure sont la consé-
quence naturelle d'un tel mode de conduire
les affaires. L'argent, la crainte, Tintérêt sont
autant de manières d'obtenir un serment, d'al-
lumer une guerre civile , d'empêcher la décou-
verte d'un criminel ou de le mettre l'abri du
châtiment. Dans quelques circonstances, un
accusé peut en appeler au Dibb^ ou ordalie; il
doit plonger ses doigts dans l'huile bouillante
ou porter dans ses mains un soc de charrue in-
candescent l'espace de 5o ou loo yards, dé-
fiant son accusateur de se soumettre à la même
épreuve, et s'il échappe sain et sauf, son inno-
cence est déclarée et universellement reconnue.
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t>a sorcellerie et la magie ((fy'adou et moïù}
ont la plus grande influence sur la conduite et
les actions des chefs et des autres habitâns dès
états sikhs* Une indisposition subite, un vo-^
missement de sang ou un malaise insolite de
la nature et de la cause desquels un Indien
ne saurait se rendre un compte précis, sont le
plus souvent attribués à la malice et à Finven-
tion d^un ennemi ou à la jalousie d^un membre
de la famille mal disposé contre le malade. Une
effigie de cire ou de quelque autre substance ,
des fils de certaines couleurs, des ôssemens hu-*
mains découverts dans le domicile ou sur la
personne d'un individu suspect sont des preuves
irrécusables de crime et de malignité, (i)
(i) ce La flamme innofcente, dit Gibbon, qui consumait
« inseBsiblement une image de cire^ pouvait peut-être
ce tirer une puissante et pernicieuse énergie de l'imagina^-
(( tion effrayée de la personne que Ton prétendait repré-
<c senter par cette image. )> . L'une des raisons du radja
Djasi;^ant Sing de Nabah , pour vouloir déshériter son
fils aîné et son héritieif , était que celui-ci s'/était adonné
avec un ceitain Bhaï Dighanou à certaines pratiques dé
maléBces et d'enchantemens qui devaient ruiner la santé
x\e son père. Le serdar Bhou Singh de Roupôur porta
OnUi, ET FROGR. 21
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Les bons et itiauraû présages (i)^ les jours
heureux et malheiiFeux y les heure» pdi^lcu-
lièr^ du jour et de la nuit convenables pour
commencer un voyage ou rentrer chést soi,
une jplainta aerablable (k)ntre son obdé .Dai.va Siogh ; et
cependant ces deux hpmmes étaient d'un esprit'beaucoup
plus l^rgeetplus ferme que leurs voidils.Ratan Kounwar^
veuve de Mehtab Singh , chef de Thanesar , avait adopté
un pauvre/ enfant malade^ à qui elle s'attacjia d*uhe ma-
nièré extraordinaire, espérant Vainement quil pourrait
un fônr lui succéder dans ses biens. Cet eâfant mourut
en i8â8, el Ràfân Kounwar, dans Tetcès de fii» tioaleur ,
porta une plainte en forme contre ëon neveu Djamerat
Singh , qu'elle accusait d'avoir causé par la magie la mort
de son protégé. Elle ne put produire d'autres preuves que
quelques habits et un prétendu ordre de poursuivre son
fils jusqu'à la mort. La plainte (vit écartée pour cause
d'absurdité, et Ratan Kounwar se consola en ad<^tanf
un autre enfant. En septembre 1839, un tbanàdar de la
rani de Thanesar pendit un brahmane suspect de ma-
gie. La rani renvoya le thanadar absous.
(Note de t auteur. )
(1) Entendre sur son côté droit chanter imc perdrix
lorsqu'on entre dans une ville ; — des grues volant de
gauche à droite ; — la i^ncontre d'une personne décou-
verte ; -^ le croassement d'une pie quand on entre dans
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sont fidèlement observés par les Sikhs et les
autres habifans du Penjab ÙMm les fim qu'ils
entreprennent des affaires importakite» oci st
livrent aux soins l^s plus ordinaires et là vie.
Avant d'entrer en campagne (i) ^ aprè* une vi-r
une ville ou dans un village ; —, \m cbien qi«i remt^e h
tête et les oreilles quand vous quittez la maison ; — ren-
contrer un cadavre ou un brahmane ; — entendis pen-
dant ta nuit hurler la femelle d'un chacal ; ^— etemuer eii
entrant on\ ^en èoi^nt , etc. , etc. ,' sont autant de îfiaUVaîà
présages. — Quand le ooBtraSre ai»riVe , c'^l un Ijon jjré-
sage. Entendre sur ta gauche le chant d'une perdrix;
— r voir des grues volant de droite à gauche ; —rencontrer
un mehtar ou un swiper ; ^- voir des perles dauiS son som-
ineil. — Pour un musulman rêver qu'il voit la lune, c est
pour lui lliieui^ux présage d'une entrevue avec he pro-
phèlte , été. , etô. — Un riche marchand indien vint une
foi» d'Amritsar pour me parler d'aifiaires , i\ mouinit k
Loudiana du cholëra-morbus ; ses serviteurs assuraient
avec beaucoup de sérieux que tous les remèdes seraient
impuissans^ parce qu'à son enti^ dans la ville le malade
avait rencontré un homoie de k caste de Goudjar, dont Ja
tête était découverte. . ( Nofe de routeur^ )
(i) Efes voleurs amenés devant moi en 1819 avaient
abandonné (sans douté pour conjurer le mauvais présage)
deux pièces de mousseline peinte dont ils étaient chargés^
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— 324 --^
site de térémonie à un ami éloigné ou an pè-
lerinage, \e mahourai^ ou instant favorable
pour le départ ou le retour doit être prédit
par un pandii (et le pandit est, de son côté^
gnidé parles djomers^ ou.Veùts selon le point
du compas d^où ils soufflent). Pour éloigner les
fâcheuses conséquences qui résultent de pro-
nostics funestes ou de rêves sinistres , la cha-
rité est recommandée et en général pratiquée
dans ces occasions par les hommes riches. Ces
superstitions et cent autres préjugés absurdes
viennent prendre place dans les afiPaires les plus
solennelles de Fétat. C'est une pratique ordi-
naire à RandjitSingh , lorsqu'il médite quelque
entreprise importante, de faire placer sur le
Granth Sahil(liyte sacré des Sikhs) deux bil-
lets sur Tun desquels est écritla promesse d'une
parce qu'en quittant Karnal ^ où le vol avait été commis^ ils
avaient entendu un chacal hurler à leurdroité. Les dessa-'
soûl où mauvais jours sont samedi et lundi , si le vent
souffle de Test, dimanche et vendredi-^i de l'ouest; mardi
et^ mercredi si du nord ; jeudi si du sud. Si le vent souffle
du coté opposé , ce sont des jours siddh djog ou heureux «
( Noie de f auteur. )
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^«88 —
chance favorable et sur Fautre la menace d'^un
revers (i); un enfant choisit alors entre les deux ,
et quel que soit celui qu^il apporte , Son Altesse
^ est aussi satisfaite que si elle avait reçu une ré-
ponse du ciel même. La connaissance de ces
superstitions est utile et même nécessaire. Sous
des formes variées et de manières diverses ,
elles dirigent, dans le monde de TOrient, les
opinions, les aflPaires publiques et privées dans
tous les rangs de la société, depuis le despote
jusqu^au laboureur, depuis le soldat sur le
champ de bataille jusqu^au criminel sur Fécha-
(i) Lorsque la division de Sirhind^ entièrement com-
posée de cipayes^ dut marcher, en 1814, sous le comman-
dement de sir David Ochterlony^ contre le pays de
Gourkha,Nand Singh, l'agent accrédité de RapdjitSingh,
dit que la première marche devait se faire un jour du ,
Gasrah. On lui objecta que ce serait trop tôt ^ mais il in-
sista pour qu'on fit au moins avancer les bagages et quel-
ques hommes ce jour-là. On obtempéra ^ sa demande , et
tes succès constans qu'obtint cette division dans toutes ses
opérations furent attribués bien plus au choix d'une heure
favorable qu'à la prudence y k la sagesse et à la bravoure
du commandant; des o£Glciers et des soldats qui la compo- ,
N saient. {Noie de t auteur,) ^
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£iud. Caserait pour les officiers publics unde-^
voir de chercher à gagner la ooafiaiice , à s^at--
lirer Taffection des chefs et du peuple d^un
pays conquis par la déférence et le respect
de ces singularités et préjugés; et c^est, dans
la conduite des affiiires , une connaissance bien
utile que de savoir ainsi captiver les popula^
tions et agir sur elles. Pour s^adresser à de tels
sentimens sans les ofienser ^ il faut , dans tontes
les drconstanoes, beaucoup de discrétion y de
prudence et de jugement ; mais lorsqu^on y
réussit , il devient facile, par de bons procédés
secondés d^une adresse persuasive , <le tirer
rhomme ignorant de ses erreurs et de ses
usages antiques pour lui faire apprécier les
avantages qui résultent des progrès intellectuels
et les bienfaits de la science et de la morale.
Dans les états sikhs^ Tadministration deJa
justice civile et criminelle est départie au serdar
ou chef. Les crimes contre les personnes peu-
vent , comme au moyen-âge , s^expier à prix
d^argent. Les amendes ne sont réglées par au-
cune ioi et sont le plus soi^vent proportionnées
arbitrairement aux moyens présumés, du con-»
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— 387 -^
damné dout la propriété est séquestrée et la<^
famille incarcérée pour le contraindre à payer.
Ce$ condamnations pécuniaire^ forment une
branche du fevenu du chef et sont une source
féconde de richesses pour ses officiers, 'qui trop
souvent ont recours aux plu? criiels moy^n»
pour arracher des aveux et extorquçr de ^argent
sous prétexte de délits réels ou im^gin^^ires. Ce-
lui qui gagne son procès paie un shoukorana
ou présent de reconnaissance , et celui qi^i^est
condamné acquitte un djarimana ou droit de
pénalité. LVgent peut assyrer la ju^ti^e, mais
le pauvre ne saurait rien'oh tenir, Celui^lt a le
plus de chance de< succès qui a offl^rt le» pré-
sens lesî plus considérables, Paw W) cas où le
droit est clair et irrécusable, pn traîne Paffaire
en longueur pour &ire augmenter }es présens.
Tous les officiers et les employés /dans les dis-
tricts et départemens suivent l'exemple du chef
ju^u^à ce qu'enfin ils soient jetés dans un bora
ou prison , et forcés d'abandonner une partie
de leur butin. Lorsqu'ils ont satisfait la cupi-
dité de leur supérieur, on les voit presque tou-
jours reprendre leurs fonctions après avoir
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reçu un châle comme témoignage de ^veur.
La peine capitale est rarement infligée. Les cri-
minels incorrigibles sont punis de la perte
d'âne main, du nez ou des^oreiUes. Il faut
ajouter cependant que la mutilation est rare ,
car toutes les fois qu^un coupable a les moyens
de payer ou peut fournir une caution respec-
table, il expie par Parlent les crimes les plus
odieux (i).
Lorsque s'^st commis un dàka (vol avec ef-
fraction) ou un hazzaki{'i) (vol de grand che-
min) , on s^adresse au chef dans la juridiction
de qui le crime s^est accompli pour obtenir
justice. S^il la refuse, le chefdotit le sujet a
souffert recourt à la loi du talion, il enlève
quelques centaines de têtes de bétail ou em-
ploie quelque autre moyen de vengeance. Cette
(i) Dea lois rendues sous Henri YlIIy Edouard YI,
Elisabeth et Jacq^ues V* ^ prononcent la perte delà main ,
droite ou gauche et celle des oi-^illes pour des délits qui
lie paraîtraient pas y aux Je^x d'un Sikh , méditer une lé-
gère amende. ( Note de Fauteur,)
(3) Mot arabe ou turc. On dit dharvi dans le dialecte
((u Penjab. {Note de tatUeur»)
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méthode sommaire de s^indemniser dé tous les .
vols accompagnés de circonstances aggra-
~ Tantes, est inévitable dans uki pays où les petits
cheÊ , leurs officiers et zemindars ne rougis-
^ent pas dé protéger les voleurs et de partager
les fruits de leur coupable industrie.
Lorsqu^un vol est prouvé , soit par un mahar-
ArAaV(aveu de l'un des voleurs) , soit parla pro-
duction d^un mouddo ou /zamoa/2a( partage de
Tobjet volé ) , le plaignant doit d^àbord payer le
tchaharam (ou quart de la valeur de Pobjet ),
comme honoraire du chef ou de son thanadar,
avant de recouvrer le total de ses pertes. En
outré, \é mahar-'khaï (volçur qui a fait aveu)
stipule le plus souvent sa décharge de toute
poursuite ultérieure, et Fassurance qu^au-
cune action ne sera exercée contre lui pour
son kandi ( dividende qu'il a pu obtenir
dans les bénéfices du vol). Cette part /des dé-
pouilles retombe à la charge des autres voleurs
qui la supportent par égalité.
SHl a été enlevé du bétail , c^est une coutume
établie que quand le souraghrkadj ^ ou trace,
conduit à la porte ou dans les propriétés d'un
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— 880 -
village, Us zemîndars de ce village doiv^t
montrer que ces traces çohdiiÎ3eiit )ior9 de leurs
limites, ^t permettra que le viU«ge $oit fouillé
ou payer la vsJm^r de$ aniia^vue déin^bés (4),
Xe^ loi* de suceewiou i la pr<>prié{é t«mto«^
riale sont ^bîtraîre* dim^ W états sikb« py
diversement modifiées selpq les usa^^e^^ , les
intérêts et les préjugés des iàmiUea ; il e$t donc
impossible de rameqer qe système won^^l k un
principe fijce et certain* LHustitutioi^ de Tbé-
ritage est différente pour lea Mandjhisi et les
Malwa Sikh4 ou Singh^* Le$ premieFSs ainsi ap-
pelés du pays cpmpris entre le Ravi et le Biab?
d^ou ils s^élancèrent d^ahçird pour conquérir la
Penjab et la province de Sirhind, ae furent
bientôt, par leur caractère^ belliqueujt, établis
définitivement dans cette régiojoi, I^es radjas de
P^tiala, Djhind et Naba, et le bhaï deKJbeïtbalt
(1) Hume parlant des Ang^lo-Saxons^ dit ; Si un homme
pouvait suivre la trace du bétail qu'on lui avait enlevé
jusque dans les propriétés d'un autre ^ ce dernier était
obligé de prouver que ces traces conduisaient hors de sa
propriété ou de payer la valeur des animaux dérobés.
{^Noêe de fauieur. )
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r^ 951 ~
sont appelés vheb malwa. Les (roU premiers
ont pour ancêtre commun Phoul , qui était
tchoadari 4^un village prèsBalenda, et c^ostde
lui qu^on les nomme quelquefois collectiveipeiM^
Phoulkiaps. L^aïeul du bhaï de Keïth^l ay^nt
rendu quelques services à un gourou sikh 9
reçut le titre de bhaï ou frère , comme marque
de distinction particnlière. La perso9ne des
bhaïs a toujours été un objet de respect pour
leurs serviteurs. ^ ^
La snccçssiou réelle ou personnelle à la pro^
priété, 9, lieu ch^ les Mandjbis Singhs par le
mode Bhdikandojx TchoundabandXit premier
mode consiste daqs ]b partage égal entre les lils
de toutes les terres , forts , fiefs et objets mobi-
liers. Dans quelques circonstances , une double
part est assignée au fils aîné, à titre dekhartch'
serdarij coi^me cela se pratique dans la loi à^
Moïse (i). Le tchoundaband consiste dans un
partage égal, entre les mères pour les enfiins
mâles à qui elles ont donné naissance (a),
*
(i) Deutéronpme> chap. XXI -, v. i5, 16 et 17. ,
(2) La pratique du Tchoundaband esit conforme à la
loi indienne. Yeïara dit : ce S'il y a plusieurs fils issus de
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A la mort d'un Mandjhi Singh , décédé ^ans
enfans du sexe masculin , ses frères ou ses ne-
veux au premier degré ont droit à sa succes-
sion conjointement avec sa veuve ou ses veuves.
Selon les sastras (si on peut les, considérer
comme réglant la propriété publique et les do-
maines des chefs ) c^est le titre des veuves qui
est le plus valide (i) ; mais lés Sikhs, pour éviter
de violer ouvertement la loi, ont adopté la cou-
tume appelée karawa ou tckadar-dala qui
S^observedans toutes les familles, excepté dans
celles desbhaïs. L'ainé des frères survivans
donne à la veuve du défunt une robe blanche et
le hithy ou anneau. Elle devient^ainsi son épouse.
(c différentes mères par un seul homme, égaux en nombre
(£ et en rang, le bien doit être divisé entre les mères, con-
(£ formément au vrihaspari. v S'il j a plusieurs fils égaux
et nombre et en rang issus d'un seul homme , mais nés
de mères rivales, l'héritage leur sera partagé, conformé-
ment à la loi , en répartissant le bien entre leur» mèrea. .
{Note de fauteur-.)
(i) Dans le Bengale et dans la plus grande partie^des
provinces qui observent les sastras , excepté dans le Mi-
thiia,^ la veuve est exclue de. l'héritage, elle ne reçoit
qu'une pension.
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Cette pratique, conforme à la loi indienne et
juive (i) , est un préservatif contre Tincapacité
des femmes. Sans doute, si Ton consultait lès
désirs de la veuye on lui verrait préférer la
possession de la.puissance et les charmes de la
liberté, à Talternative de sacrifier ses droits à
un beau-frère pour prendre place parmi ses
femmes. Mais le manqué de modestie' et de
sentiment qui forme le caractère des femmes, a
déterminé les hommes par nécessité et non par
choix à adopter un usage qui doit, dans un si
grand nonibre de cas , répugner à leur nature
et à leurs sentimens.
Adéfaut de frèreset de neveux, la coutume la
plus générale est de distribuer également les
terres et les richesses mobilières entre les veuves
des M andjhis^Singhs.
L^adoption par les veuves n'est pas permise;
• ' ^
(i) DeutëroDome ^ chap. XXV , v. 5, 6, 7 , 8, get 10.
Yadjoùwoleya dit : m Si un fi;èt*e meurt sans postérité
ce masculine y que son frère épouse sa veuve, conformé-
c( ment à la foi. )> Manou règle ainsi cette espèce de ma-
riage : (c Elfe u été mariée dans la forme convenable
ce celle qui a été revêtue d'une robe blanche. »
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— 354 -^
la ligne fâminine est exclue de la succession.
Celle disposition a pour but d^empêcher les
biens de passer dans une famille étrangère.
Les inconvéniens et les abus qui naissent chez
les familles mandjhis de la divisibilité indéfinie
des propriétés ^ aggravée encore par la posses-
sion en commun^ sont des maux évidens et
sentis chaque jour plus vivement. On ne saurait
remédier trop tôt aux vioes de ce système. '
Chez les Malwa Singhs , le droit d'^ainesse est
en vigueur, et des djagirs ou portions de terre
sont assignés aux fils cadets pour leur subsis-
tance. C^est ainsi qu'ion remédie aux inconvé-
niens que les lois ou la coutume ont amenés chez
les familles mandjhis.
Les Mahra Singhs, si Ton en excepte les
Bhaïs, ont admis l'usage du hara/Çi^a^ prévenant,
par ce moyen, les disputes de succession entre
les frères , les neveu et les veuves du mort.
Les bhaïs de Keïthal et d^autres places , tout
en adoptantleA-araq^a, n^ont cependant aucun
égard aux réclamations des veuves , les droits
passent aux frères ou neveux des chefs morts
sans enfans mâles. Les veuves des bhaïs re-
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— 588 -
çoivent un djâgir pdiir istibrenir aux frais dé
leur existenceé
, Les familles mahométanes établies dans lés
états sikhs qui ont été assez heureuses pour
conserver leur fortune eirombre du pouvoir,
rejettent les dispositions de leur législateur, et
se coudui^àt diaprés des coutumes particu-
lières. C'étaient les lois indiennes et mahomé^
taiies, telles qu'elle^ sottt rapportées par le
shara et te metakshara^ qui réglaient Fhéritage
de la propriété territoriale. Très peu , si même
il en était quelqu'une, des principautés de
rinde devaicut subsister dans leur intégralité ^
c'était le partage par égalité qui les régissait et
amenait conlme résultat l'extinction des grands
éfets et l'anéantissement du pouvoir des chefs.
Lorsque là contrée conquise par les Sikhë
eut été partagée comme elle est actuellemcïit i,
les premières divisions par districts , telles que
les avaient établies les empereurs de Delhi et
telles que les rapportaient les hanoungos ., ou
livres de la loi, fuvent complètement effacées;
de vives discussions s'élevèrent relativement
aux limites de chaque village et aux terrains
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Vagues. Les cultivateurs commencèrent la que-
relle qui provoqua , dans le plus grand nombre
des cas, un appel aux armes, et Teflufiion du
sang , avant qu^on pût entendre les parties et
que la querelle fut décidée par des zemindars
du voisinage , nommés pour tracer la ligne de
démarcation et ayant juré par serment solennel
d^agir avec impartialité (i). Les parties nom-
mèrent chacune un nombre égal de mouns^s
ou arbitres; chacune un, le pkis souvent, mais
quelquefois deux et trois. Ces commissaires
traînaient presque toujours les affaires en lon-
gueur pendant des semaine^ et des mois entiers,
car ils étaient entretenus et payés par les parties,
caressés et menacés par leurs chefs, leurs pa-
rens, leurs, amis, influencés par Fesprit de
parti , gouvernés par la crainte et justiâaient
jusqu^à un certain point le dicton commun
(i) Le serment dëférë aux arbitres éUïX pour un Hin-
dou le gangû-djal , le tchour^ ou par le cuir des vaches
sacrées , ou par la tète de son fils. Les Musulmans prê-
taient sertnent par le Coran, ou sur la tête de leur fils. Le
tchour et le serment "par la tête des cnfans sont considères
comme les plus obligatoires. ( Noie de taaieur. )
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panni tunypentek menpaPmésar. Oh eut vt*
cours le plus souvent à Tua des c^uq^modâsci*^
après d'accommoder ces différends, i* Un par-
tage égal du territoire en litige. •— a^Lacommi^
siou chargeait le plus âgé et le plus respectable
^e ses membres de tracer les limites , promet^
tant de s^en rapporter à sa décision.: w-^ '3«.Une
moitié de la ligne de démarcation élaét ttiaoée
par les arbitres de Tune des parties/ et 'la se-^
conde moitié par les autres arbitres. -^ ^^ La
commission en référait en dernier ressort à la
médiation d'un vieillard du voisinage dont les
connaissances locales et Pexpérience leur inspi^
raient le plus de confiance.-— 5' Quelquefois la
commission s^en remettait pour le partage à la
sagesse de Tune des parties dont la probité et
la réputation étaient bien connues.
Les discussions relatives aux limites des vil-
lages et accompagnées de circonstances graves
entre les chefs et les cultivateurs de territoires
contigus, sont excessivement fréquentes. Le
drpit au moindre espace de terre est contesté
avec une obstination hors de toute proportion
avec la valeur réelle de Tobjet en litige. Les
. Orig. et proor. 22
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— 858 ^
^ €heA et leqrs sujets sont très pen scrupuletix
sur la jttstipe et la légitimité de leur caiise; il
suffit, diaprés les idées de justice des Sikhs,
qu'une rédamation soit présentée pour qu'elle
ait quelques chances de réussir; et d^atUeurs,
ils ne peuvent rien perdi*e au jugement d'ar-
bitres qui n'ont intérêt qu'à conformer leur
décision aux besoins et aux désirs de ipeux qui
les ont choisis.
Le meurtre résultant d'un conflit provoqué
.par «ne discussion relative aux limites, eèt sou-
vent expié chez les zemindars par un mariage,
ou par le paiement d'une somme de i5o à 200
roupies, ou encore par l'abandon de t25^bîgàhs
^e terre. Cependant, en général, ils ont re-
cours à la loi du talion; et le khoun-baha , ou
prix du^ang, parait une expiation insuffisante,
surtout lorsque le crime a privé une inère de
5on fils favori, ou i^ine épouse et ses enfans de
' l'appui de son époux, 1 .
Les réclamations relatives aux lies et bancs
d'alluvion situés sur une rivière entre deux
manoirs sont décidées par ce qu'on appelle le
kaichmatch du kishti banna. Cette pratique ou
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-ooixtume assigne la terra au propriétaire de U
rive , sur laquelle TalluvioB s^est formée et d'où
les eaux ^ sont éloignées. Si une âe se forme
au milieu d^une rivière, et que les eaux tout à
Tentour soient assez forYes pour porter ies ba-^
teaux, elle appartient de droit aux propriétaires
établis sur les deux rives* Cette coi^tume
n^est pas particulière aux états sikhs, elle es|
universelle dansllude, autant du moins que
ma connaissance des lois et usages locaux me
permet de Taffirmer. C^est toujours le cours
d^eau qui sert de limite entre deux propriétaires, ,
même dans le cas où son lit viendrait à changer,
bien que Tun doive y perdre tout ce Tantre y.
gagne. L'inimitié décidée de deux chefs ne le»
empêche que très rarement de se soumettre à
un usage dans lequel chacun trouve ou espère
un avantage prochain ou immédiat pour lui*
mêmie. En effet , les cours d^eau dans Tlnde
sont, soumis à des variations si fréqueutes ,
qn^une saison des pluies peut vous faire rega*-*
gner, et au-delà, ce que la précédente vous a
coûté; la chaleur de Tété, en desséchant le
lit des rivières, n^occasione pas des varia--
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lions moins fréqtientes dans la piropriélé^
L'Usage souvent abusif de rancien privilège
des zemindars de barrer et détourner le^ cours
d^eaux dans des ^02//!5 artificiels^ des coupures,
sous prétexte d^arroser leurs terres, engendre
des disputes sanglantes. Après de vives dissen-
sions, le résultat le plus ordinaire est un com-
prorqis qui règle pour les parties la jouissance
des présens de la nature. Quelquefois, dans les
propriétés limitrophes , les parties conviennent
de se partager Teau également par heure, par
jour ou par volume; d^autrefois une partie
prend les deux tiers , et son voisin Fautre tiers,
suivant les besoins respectifs de chacun. Les
tenanciers dont les terres touchent aux monta-
gnes où les cours d^eau prennent leur source,
réclament une plus large part dans les eaux
qu'ils répandentsur leurs terres par une miil-
titude innombrable de rigoles faites avec beau-
coup d'habileté par les cultivateurs. Ceux qui
occupent des terres éloignées des sources, et
dans des districts plus arides, réclament tou-
jours pour que le& cours d^eau ne soient pas
dérangés de leur lit naturel qui leur donnerait
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— Mi - .
à eux-mêmes assez d'eau pour arroser leurs
moissons desséchées*
C'est une question de savoir jusqu^à quel
point un propriétaire aie droit d'obslruer en-»
tièrement un cours d^eau naturel, et d^en ap-*
proprier les eaux à son avantage exclusif et
au détriment de ses voisins dont les droits de- ,
Traient être respectés en tant qu ils sont relatifs
à Cet objet de propriété. Ce qui paraîtrait le
plus juste, ێ serait le partage, autant que les
circonstances le permettraient, des eaux et
cours d^eati ; ceserait , quand les propriétaires
du cours supérieur auraient satisfait leurs be-
soins essentiels, de permettre aux eaux de suivre
leur lit naturel et d^arriver ainsi aux proprié-
taires du cours inférieur , soit pour Tirrigation
des tei^res ou la consommation des habitans et
de leur troupeaux. Les torrens sont à sec pen-
dant un mois de Tété, tandis que les fleuves
qui sortent de l'Himalaya , sont toujours entre-
tenus par la fonte des neigçs , aussi le besoin
d'eau ' dans les^ pays que ces derniers n^arrow
sent pas , se fait quelquefois sentir si cruelle^
ment , qu^à peine si les habitans , métne ceux
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établis près d6s sources ou iorrens , peiiyeut
s'en procurer poi|r les premières nécessités de
la TÎe, et que ceux dont les propriétés sont si-
tuées sur le cours inférieur de ces ruisseaux ne
cessent de se plaindre de la diminution et sou-
vent de la disparition complète des eaux.
Après la saison des pluies on tonstruit des.
barrages et écluses pour élever Peau au niveau
du terrain et faciliter les irrigations ^ si Ton ùé-
gligeait cette utile précaution , on verrait bien-
tôt de grands espaces , que traversent mainte--
nant des cours d^eau dans des chenaux profonds^
devenir complètement rebelles à la culture. Le&
villages seraient dépeuplés au grand détriment
de leurs propriétaires, les zemiiidars ne tiarde-
raient pas à être ruinés. Pour prévenir les mal-
heurs que cause le .manque d'eau dans les dis-
tricts arides , on remplace les écluses' par des.
roues hydrauliques d^une constructioM extrê-
mement simple, qui amènent les eai^x à un
niyeau d'^où elles peuvent facilement se répan-
dre dans les canaux d^irrigation. Les icharras^
ou sceaux de cuir, mis en mouvement par dés.
bœufs sont universellement employés pour êx-
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— 545 ^
traîife Tèau ides pUits et rendent âe grands ser*-
rices. Mais tous ces expédients ne remplacent
que bien imparfaitement Futilité et les avan-
tages des réservoirs écluses , surtout quand il
ikut tirer Teau d^u^e distance de quelques
milles. Chaque ftoul ou rigole d^irrigàtion est
un petit canal en miniature.
On fiance les enfansdèsla première jeunesse;
les contrats sont débattus par les pères ou les
proches parens qui , le plus souvent, sont in-
fluencés par des considérations pécuniaires et
des motifs honteux ^ bien davantage que par le
bonheur dés énfans. Les difficultés relatives aut
fiançailles (mangni) sont tr^s communes, et il
n^est pas rare, dans toute» les classes de la
sodété, dé voir manquer à une 'promesse de
mariage (nafa ou nisbai). Quelquefois Pfmedés
parties contractantes allègue des maladies réelles
ou imaginaires , des défauts corporels comme
un motif suffisant pour annuler le contrat;
d'autrefois , c'est une souillure reprochée à la
fam^le ou la découverte que la jeune fille a été
promise à deux , trois ou quatre familles dont
les parens ou les tuteurs de la fiancée ont su
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_ ,544 —
extorquer de Targent, dçs l>tjoux, des parures.
Si les deux parties sont sujettes d^un même chef
elles comparaisseat devant lui , celui-ci par
hii-même, ou par ses officiers, accommode le
différend on renvoie les parties devant un pen,-
tqhayt dont les membres appartiennent à la
même classe que les parties. Si le demandeur
et le défendeur sont établis sur des territoires
SQumls/ à des juridictions diverses, et si Tun
des cbeÊ refuse de donner la s^.tisfaction exigée
par la coutume en piiréils cas , on rejette la
décision du pentchajt , la partie lésée, s^indem-
nise parelle-même(^aAa) ; elle enlève lés sujets ,
les propriétés mobilières , les troupeaux de son
adversaire et les détient jusqu^à cçque satisfac-
tion soit repdue. Mais souvent aussi Tautre
partie prend ^ revanche, et ce pernicieux sys-^
tème donne souvent naissance à de cruels ou-
trages, à de graveç infractions contre la paix
publique (i)« •
(i) Une demande fut présentée contre l'état de Patiala
par un «ujet du radja de Nabah qtii réclamait le prix d'un
bœuf évalué à 1 5 roupies y mais l'exercice des représailles
avait fait monter la totalité de la somme à plus de 900 rou-
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ïl arrive souvent de voir un père ou tuteur
fx^ndamné pour avoir marié safille ou sa:pu-
pile à un iiomme, après Tavoir promise à un
autre. Le chef ou un pentcha;t décide le plus
souvent, dans ce cas, que le plaignant a droit
d^épouser une autre femme de la famille, ou,
s^il n'y en a pas, que les parens ou tuteurs doi-r
vent trouver à remplacer celle dont ils put in-*
dûment disposé , ou enfin , dernier expédient
auquel la partie lésée ne recourt qu'à contre-^^
cœur, que Fargent dépensé par elle lui sera
restitué avec intérêt, afin de pouvoir se pro-<
curer une nouvelle épouse.
Dans les familles djâts (i) et dans quelques
autres des classes inférieures du Penjab, la
coutume autorise un frère à épouser la veuve
de son frère, par le moyen dn karaçfi^ak oniQha^
pies. Entre les mêmes états et par les mêmes circonstances^
une réclamation pour un objet de la valeur d'une roupie
s'était élevée en quelques années à la somme de 1 5oo rou-
pies.
(i) Il n'y a point de mariages entre les chefs djâts des
Sikhs et les familles d' Alouwala et de Ramga^h , ces der-
nières étant kalais et tkokas (domestiques et charpentiei^s),
et étant considérées comme inférieures. {Note de t auteur).
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— 646 -*
dardalna. ( Voy. ce qui a été dit aa sujet des
héritages. ) lies enfans issus de cette union sont
légitimes et habiles à hériter des biens mobiliers
on immobiliers (i). La veuve peut opter entre
le frère aine (djeth) ou le plus jeune firère;
cette dernière alliance est généralement préférée
et regardée comme plus convenable. Si la veuve
veut renoncer aux plaisirs du monde et rester
chaste daâs la maison de son beau-frère , elle
est libre de le faire; mais il Êiùt dire que
de telles résolutions sont très rares surtout de
la part des jeunes femmes, et sont peu consi-
dérées chez une nation connue par le re-
lâchement de ses mœurs et la ^facilité de sa
morale.
' A défaut dé frères survivans, conforméiùent
à Tusage, c^est la famille de son beau-père qui
(i) Le radja actuel de Nabah, Dj^swant Singh et six
chefs de SÎDghpour sont maries de cette manière. Le
maha-radja Randjit Singh a encore étë plus loin : il a
épouse par karawah une femme fiancée à son père Maha
Singh , et de plus Deïa Kounwar et Ratan Kounwar^
veuves de Saheb Singh , c^ef Goujrat , et son oncle par
sa mère. {Note de tauieur, )
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-. 547 - s
règle le 3ort de la veuve ^ cstr dès Tinslâtit où
ejle a quitté le toit paternel , elle est consi-
dérée comme la propriété d^un autre ^ elle cesse
d^avoir une volonté libre. Lorsque les m^ariages
se concluent.d^une manière si brutale et si ir-
rationnelle y on ne doit pas s^étonnèr si les &i<-
bles liens et les serviles obligations qui unissent
la femme à son époux ne lui inspirent aucune
affection sincère., Chaque jour on voit des
femmes tradmtes devant des chefs ou leurs of-
ficiers pour manquemens à la fidâité conjugale,
pour s^ètre soustraites par la fuite aux réclama- *
tions d'un père, d'une belle-mère, aux droits
établis d'un djeth ou damàr. Lorsqu'elles se
réfugient sur le territoire d'un chef éti'atiger ,
il est souvent diflldle d'obtenir leur extradi-
tion; cependaût les sollicitations d'un pen-
tchayt, et surtout l'argument plus fort des re-
présailles finissent presque toujours par être
efficaces , et alors les infortunées , si dans un
^ccès de désespoir elles ne prennent pas de
l'opium Du ne se jettent pas dans un puits, en
sont réduites à la nécessité dé se soumettre à
une loi barbare , sauf à la violer encore à la
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- 348 —
première occasion favorable. La pudeur et
rhonpeur sont dea sentimens inconnus aux;
4jàC£ (i) et aux tribus inférieures* Ils feront des
recherches actives pour retrouver leurs femmes
lorsqu'elles se sont enfuies, ils les poursuivront
aussi loog-terops qu^ils espéreront y gagner
quelqu'e cho^e , ils débattront même Tindem*
nité qui doit leur être allouée pour les^enfans.
que Fadultère aura introduits dans leurs maw
sons, pour Tabsence temporaire de leurs fem-
i;nes, pour les dépenses et les soins qu'ils auront
employ^és à les rechercher (2),
Les débiteurs et les banqueroutiers qui se
soustraient par }a fuite à leurs créanciers,
trouvent protection dans les états voisins; leur
extradition n^est demandée que très rarement,
et quand elle Test, les ch€^^, même les moins,
(]) Le vieux chef Tara Singh Gheïba disait souvent
qu'un djât qui aurait perdu le nez pour quelque crime uie
craindrait pas de rester encore dans le pays 011 ce malheur
lui serait arrivé. Il voulait dire par là qu'ils étaient com-
plètement étrangers au sentiment de la honte.
{Noie de routeur.)
{^ Deutéronome^ chap. XXill , v. 1 5 et 16.
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|)uis§ans , ûe Taccordent jamais* Oii promet ^
lorsque ledélinquant en a les moyens, de le forcer
à payter , de vérifier ses comptes jpôur sVssarer
de ce qu^il doit. Il nWpas rare de- voir àine
députa tion composée des chefs' ou des plus
respectables habitans de la ville ou du village,
dont un membre s^est enfui devant ses créan-
ciers , se rendre auprès du chef chez qui le fu-
gitif a trouvé un asile, et conclure avec lui des
stipulations pour la sûreté personnelle du dé-
biteur et son retour au milieu des siens^ si tou-
tefois il veut retourner.
Dans les états sikhs, il n^ ^ point d^impôts
donf le produit soit destiné à secourir les indi-
gens. Le plus grand nombre des faquirs appar«»
tiennent à uupant ou secte, et chaque secte a
des temples dotés par les chefs de terres et de
villages (appelles Oudous et Pouras) et entre-
tenus par les fidèles , au moyen d'ofirandes en
nature ou en argent. Dans les villes- impor-
tantes, des établissemens hospitaliers ont été
fondés par les chefs et les habitans riches. On
les nomme 5a(/a Birt ti tous les étrangers y
sont logés et nourris gratis pendant un certain
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— a»-
nombre de jours* Chaque temple hindou a son
mahant ou chef, au-dessous de lui sont des
icAtf&M ou acoljtesqui parcourent la campagne,
les villes, les village, quêtent ou demandent
Faumône qui est la principale ressource de leur
supérieur et d^eux-mèmes. DViUeurs ils parta*
gent libéralement leurs provisions avec les pau-
vres étrangers ou les voyageurs qui frappent à
leur porle et désirent loger et prendre leurs
repas dans le Thakour Dwara.
Le$ Mu.sulinans ont \^\xt pirzxi^as qui sesou-^
tiennent par leurs mourids ou disciple^ , dont
ils^ reçoivent autant de de ma% ou offrandes
que ceux«<;i peuveut leur eu apporter : de-
puis le décbp des Musulmans et Félévation
des Sikhs , les pir%adûs out eu à souffiîr la
perte PU au moiusla dimiuutiou de leur$ dota-
tipus en villages. 11^ possèdent cependaut
encore uue p^tie des terres qui }eur fîirent
données parles empereurs de Delhi. Elles dé-
pendent de leurs principaux roza&^ cimetières,
collèges , mais les rentes qu'ils en retirent et le
peu d'importance des o^randes des fidèles ne
«peuvent plus donner une existence honorable
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sm% familles qui desservent tes étabiissemens
religieux , pour entretenir les kJiadims ou ser-*
\4teurs qui doivent prier sur les tombeaux des
saints.
Chaque viUage , indépendamment des droits
fixes du forgeron, du charpentier, du hlan*-
chisseur, du balayeur, a ses malha ou dépenses
extraordinaires supportées par les cultivateurs
et qu^oD nomme , à cause de cela , ajra^ gya ou
droit d^aumônes pour les fequirs ou les voya-
geurs mendians. ljd%penieh ou<î)»efsde villages
chargés de recueillir h malha ^ h lèvent en
argent sur leurs administrés , detix fois par an.
Il arrive souvent que cette opération donne lieu
à des altercations selon rinclination réelle ou
supposée des pentchj àleur imposer sous le spé-
cieux et honorabje prétexte de la charité , des
sommes qui doivent rester dans la bourse de
ceux qui les ont levées.
Les faquirs hindous et musuloians habitent
Pintérieur ou les environs des villages. Chacun
a son takiah ou demeure fi:^e / de laquelle dé-
pendent quelque mesures de terre , prési^nt des
zemindars qui sqmè bien d^auti^s rapports en-
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oore, prennent soin des saintes cônifrériés afifi
<l'en aUtrer les bénédictionsi
La djinsi ou récolte est taxée selon. le kan
(évaluation), ou le bâtai (répartition selon re-
tendue de la terre); ces deux modes sont d^one
application difficile* Il faut un homme ^ habile
et expérimenté pour estimer la quantité de
grain produite par un champ. Le bataï est une
opération pénible et vexatoire, elle exige Tassis*
taiice d^employés occupés à surveiller les di-
vers kalwarah ou meules de- grains qui sont
dans la campagne. Les cultivateurs ne man-
quent jamais de les enlever pendant la nuit;
les orages et les pluies les endommagent sou-
vent avant qu^on ait eu le temps de les serrer
dans les greniers. Aussi dit-on communé-
ment : « Bâtai hutaï , » 'c^eat-à-dire le bataï
est un pillage. Quelques chefs prennent la
moitié de la récolte, d^auti^s les ^ deux cin-
quièmes, d^autres enfin, mais en très petit
nombre , un quart. La canne à sucre, le coton,
Tindigo, le pavot et toutes les terres désignées
sous la dénomination de zabtij sont soumises à
des taxes fixes, et la rente y est perçue en argent.
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— 383 -~
Dans les états sikhs, les terres appartenant aux
villes ou villages sont divisées exxpattis , iasHifs ,
ou partagées entre les pentch ou zemindars qui
sont responsables de la part du sirkar ( fisc);
dans quelques localités où il n^ a pas de chefs
ostensibles , les terres sont estimées d'après le
nombre des halsaris ou charrues. Cependant ,
si dans un village il se trouve vingt-cinq char-
rues et deux mille cinq cents mesures, les
terres désignées sous le nom de djinsi et zabti
sont partagées également entre les asanus ou
hommes mariés, cent mesures à chacun qui
doit payer une rente. En général , les pentch
occupent quelques terres et de plus perçoivent
un droit de cinq pour cent sur le produit net
des impôts.
Le système du kan ou du baial convient aux
communautésagricoles , et aux chefs qui paient
leurs soldats tous les six mois en natur^ ; cepen-
dant une faible partie de la solde se paie en
argent, on la nomme poshaki (entretien):
ceci sVccorde encore avec les habitudes éco-
I nomiques des Sikhs. Mais ce qui est ap-*
plicame aux petits états ne saurait convenir
ObUx. £T progr. 23
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^ 3M —
à un pays étendu et à un grand gouyeme-
ment (i).
Les principales causes de Toppression du
peuple sous la loi sikhe , viennent d^abord des
exactions des sivdi^jama ou impôts extraordi-
naires , perçus en argent sur chaque village
sous le nom général de hac habouhnazarbhet ,
et subdivisés en une foule de noms divers ; en-
suite de la pratique inhumaine du karj^egar
ou corvée exigée gratuitement de la classe agri-
cole ; enfin , des violences auxquelles toute la
population est exposée de la part des soldats
armés et retranchés dans des forts et àes toun
qui couvrent tout le pays.
Tous les chefs, petits ou grands, exercent le
droit d'imposer le commerce, c^est un droit
prescrit par Fusage. Cependant il est juste de
dire que ces impôts , bien quMls se renouvellent
tous les dix ou vingt milles , sont cependant
(i) Randjit Singh , toutes les fois qu'il fut presse par
ses officiers d'abandonner le système des fermages pour y
substituer le kan et le bataï, leur répondit toujoura qu'il
ne pouvait donner son temps et son attention à faire x^n-
trer le grain dans les greniers, ( Note de V auteur. )
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— 5«5 —
• légers. Une habitude nommée hounda-bara
est très répandue dans la classe commerçante.
Un négociant confie le commandement de sa
caravane à un Nanahpoutra qui prend renga-
gement , moyennant une certaine somme , de
la conduire en acquittant les droits de Djagha-
dri à Amritsar, Tentrepôt des états sikhs. Les
Nanakpoutras , en vertu du respect attaché à
leurs personnes comme descendans de Nanak ,
fondateur de la secte des Sikhs, jouissent de
certaines immunités et sont moins sujets que
d^autres aux tracasseries de l'administration des
douanes. Un bima ou marché d^assurance peut
aussi se conclure à forfait avec les marchands
nouharias, pour tous les pays de Tlnde. Un
chef qui exercerait des vexations contre les com-
merçans, s'exposerait à perdre une partie de
son revenu , car la route des marchandises
changerait bien vite pour passer par le terri-
toire d'un autre chef qui , avec le pouvoir de
protéger les commerçans, aurait la volonté
d'encourager le transit.
Les femmes sikhes ne montent pas sur
.le bûcher avec le cadavre de leurs maris. Une
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— W56 —
Beule exception se présenta en en i8o5 , dans
]a ville de Bouriah , à la mort du chef Raï
Singh. La veuve se sacrifia refusant de jouir du
douaire qui lui avait été assigné. Cependant il
n^y a pas de lois contre .les sattis. Dans tous les
cas , elles sont regardées comme des victimes
volontaires, et il n^est pas dWis réels ou pré-
tendus qu^elles ne reçoivent des fonctionnaires
publics , de leurs parens et de leurs ami$ pour
les détourner de leur funeste résolution. Ce
n'^est ni Paifection, ni le devoir qui causent ce
-crime contre soi-même, et cependant seuls ils
pourraient Fexcuser et donner au résultat de U
superstition une apparence noble et respec-
table; la fréquence des sattis le prouve ainsi
<jue ce fait, que ce n^est pas seulement ré-
ponse favorite, mais toutes les épouses qui sont
offertes en sacrifices sur le bûcher de leur
^poux (i).
Dans le plus grand nombre des cas de satti,
on observ a généralement que la parole de la
(i) Ceci fait allusion aux scènes effrayantes qui se pas-
sèrent à la mort des radjas de Koulou , Nahan , Djaswoul,
etc. {Noie de raiifeur.)
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/
— S57 —
victime lui a été arrachée dans un momenl
d^égarement ou dans le désespoir de la dou-
leur. La multitude s^assemble aussitôt autour
d*éHe ou de sa maison; les clameurs et le tu-
multe vont sans cesse croissant , et ne lais^
sent plus le temps de la réflexion. L^honneur ,
la crainte , le devoir se réunissent pour raffer-
mir la victime dans sa funeste résolution , ac-
complie avec autant de précipitation quWIe a
été formée (i).
(i) En 1826 y lorsqu'Ambala tomba entre les in^inâ
de la compagnie^ la jeune femme d'un Brahmane, incon-
solable de la perte de son mari mort en pays étranger ,
forma la résolution de se brûler avec ses parures. Un
grand concours de peuple se forma autour d elle dans la
plus grande exaltation. J'étais alors absent , mais le
mounshi, le thanadar et le soubadar , tous trois Hindous
des classes élevées , prirent sur eux de prévenir le sacri-
fice. Ils dispersèrent la multitude et engagèrent la jeune
femme à aUendre la réponse aune dépêche qu'ils m'avaient,
expédiée. Lamenace d'emprisonner et de poursuivre les ins-
tigateurs, une pension de trois roupies par mois sauvèrent
la victime. Elle vit aujourd'hui honorée dans sa famille et
respectée de tous comme une satti , ce qui réfute l'idée
généralement reçue , que la rétractation entraîne la honte
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— 588 —
et le mépris. A la mort du radja de Balaspour , en 1824
et de Nahan ^ en 1837 ^ il n'y eut pas de satti ; cette cou-
lume a disparu des états sikhs placés sous protection an^
glaise.
(JSoit de t auteur,)
'FIN.
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TABLE
DES MATIERES.
Pages.
Préface de l'auteur. i
Chapitre I" . Le Penjab pendant la décadence du
royaume de Delhi jusqu'à la bataille de Panipat
et sa séparation de THindoustan. (1742-1761). i5
Chai>. II. Les Afghans dans le Penjab. — Etat des
associations sikhes. — Commencemens et exploits
des principaux chefs. — Misais. — Le Penjab est
abandonné par les Afghans et occupé par les
Sikhs. (1761-1771). 4?
GflAP. III. Discordes et divisions des Sikhs. — Elé-
vation et chute de divers chefs. — Histoire de
Tcharat Singh et MahaSingh^ ancêtres de Ran-
djit Sing. — Raudjit Sing prend la direction des
affaires. (1773-1791). 74
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— 360 —
CuAP. lY. Commencemens du règne de Randjit
Singh. — Il s'agrandit aux dépens des autres ser-
dars sikhs. — Traité avec le gouvernement anglais.
— Il renonce à la rive orientale du Satledj. (1794-
1808). 95
Chap. V. Traités entre le gouvernement anglais et
les chefs des territoires situés à Test du Satledj. •—
Agrandissement successif de Randjit Sing. (1809-
1811). i3i
Ghaf. YI. Mariage de Kharak J^ingh, héritier pré-
somptif de Randjit Singh. — Le colonel Ochter-
lony y assiste. — Shah Shoudja est forcé de livrer,
le Koh-i-nour. — Mauvais traitemens essuyés
par ce prince. — Sa fuite à Loudiana. — Con-
quête du Cachemir par le vizir Fateh Khan. —
Acquisition d'Attak par Randjit Singh. (1812-
i8i3). 159
Cqap. VII. Première expédition de Randjit Singh
contre le Cachemir. — Déclin de la santé de
Randjit Singh. — Prise de Moultan. — Randjit
Singh fait rendre à l'armée son butin. — Mort
deFateh Khan, vizir de Caboul. — Randjit Singh
s'avance j usqu a Pesha ver ( 1 8 1 4- 1 8 1 8) . 1 83
CuAP. VIII. Seconde expédition et conquête du
Cachemir. — Mesures pour consolider le pou-
voir sikh dans les montagnes. — Conquêtes sur
TIndus. — Disgrâce et emprisonnement de Sada
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— 301 —
Kounwary belle -mère de RaDcljit Singh. — >
Arrivée clofl&ciers français à la cour de ce
prince. 208
GiiAP. IX. Opérations sur Peshaver. — Bataille con-
tre une armée de Musulmans fanatiques. — Moham-
med Azim Khan abandonne Peshaver à Randjit
Singh. — Mort de Mohammed Azim Khan et
de Sansar Tchand. -^ Troubles dans les mon-
tagnes de Gandgarh. — Yar Mohammed con-
firmé par Randjit Singh dans le gouvernement de
Peshaver. — Fateh Singh Alouwala quitte le
Darbar de Lahor- — Insurrection du Seïd Ah-
med , réformateur mahométan . Troubles qu'elle
occasione. — Anrodh Tchand de Kangra ^ im-
pliqué dans une intrigue, s'enfuit au-delà du
Satledj. Ses possessions sont confisquées. — Nou>
veaux désordres occasionés par le Seïd Ahmed.
Sa défaite et sa mort. (i823-i83i). 232
Gmap. X. Mission du lieutenantBurnes. — Il amène
des chevaux de trait à Randjit Singh. — Son
voyage à travers le Sindh , et remontant llndus
et le Ravi jusqu a Lahor. — Députation envoyée
à lord William Benlinck à Shimla. — Entrevue
du gouverneur- général et de Randjit Singh en
octobre i83i. — Traité de commerce entre le
gouvernement anglais et le Sindh. (1829-1831). 256
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-:^ 362 —
CuAP. XI. Caractère et politique de Randjit Singh.
Ses revenus. — Force de son armée. — Obser-
vations générales. 296
Affendioe. — Des mœurs , des lois et des coutumes
des Sikhs. 819
nN DE LA TABLE.
A. 1*111 AN i)K LA FoKEST, imprimeur de la Cour ilu Cassation ,
rue (les Noyers, Sy.
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24
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0^ \
Dig,tizedby(|t)Ogle
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