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ORIGINES
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DU DROIT FRANÇAIS
CALMANN LÉYY, ÉDITEUR
OUVRAGES
D£
J. MICHELET
Format grand îq-IS, à â fr. 5Û le volume
L'Amodr^ 19* êdilton. ,, i vol.
BîBLK DE l*hu«anitj!, 5" édiUon
I/Étcdiant. Cours au Collège de France (lSi7-1848).
U Fmm, 19* édilion, *
Le3 Femmes de la Uévolution, 7* édition
Histoire aoMArxi, République, 6* éditîoD. . . .
Inthoduction a l'Histoïbk UNivsRSKLLRj 2» édition.
Des Jésuites ,,,»,..,, . ,
LÉGENDES D^uocRATiouEs DU NoRD* NouveUe éditioD.
La Mer, 1Q* édition.
Le Peuple, 6» éditioe ,..,....
Précis de l'Hestoehe hddehne^. Nouvelle édition. .
Le Prêtre, la Femme et la Famille, NouTelîc édit.
Les Soldats de la Révolution, 3* édition. . . .
La Sorcière. Nouvelle édition
PariiÉ ~ Tjpft|rri]ïliift GuioD K^b, (, ma CuittLA. — 363.
J." MICHELET
^ ORIGINES
t*u
DROIT FRANÇAIS
CHERCHÉES DANS LES SYMBOLES
ET FORMULES DU DROIT UNIVERSEL
Aniiqui j'urii fabulas.
PARIS
CALMANN LÉVY, ÉDITEUa
BUE AUBEB, ^, ET fiOULEVAHD DBS ITALIENS, IS
A LU. LIBRAIRIE NOUVELLE
1890
4 *-
(Page LXïivi-Lïixvii de rjntrod.j
INÏRODUGTIOiN
Tout le monde coiinail lea aclus ler/rih/u dos afi-
riens Romains^ les cérémonios bizarres avec les-
quelles s'accomplissaient los principaux aclCH du
droit, les formules mesurées, queii[Uf3fois rimées,
qu'on devait y prononcer sans changer une lettre-
On sait que la deminliatlo nom operis so faisait
en lanf;ant une [ïieiTC contre le mui indûment
élevé; que, flans la vmdicatio, on apportait devant
le préteur une motte de terre prise du champ en
litige, etc.
Ce formalisme dramatique était''déja suranné an
temps de Cicéron. Il n'en parle que pour s'en mo-
quer. Justinien va plus loin; il se félicite d'avoir
fî^tniil la dernitre trace des vieilles comédies du
droit; Antiqni juris fabulas.
Nous n'avons plus qu'un petit nombre des for-
mules symboliques de Rome, Le laborieux Bri^î^on
n'a grossi sa compilation De formulis Romanorum,
qu'en y admettant un grand nombre de locutions
a
soiKce<.
étrangères à la langue tlu di'oit. 11 y avait donc iinu
grande audace à affirmer, comme l^i fait Vieo :
a Quo lancienno juri^pindence fui loiile poétique,
que le droit i-omaiii dans î^on premier tige fut un
poème sérieux. >^
Ce paradoxe semble ji ou riant moins hasardé, à
mesure que Ton étudie les autres légit^lalions an-
tiques, Les lois de Mauuu, le Digeste indien, pré*
sentent un grand nombre de ^symbolef^ et de for-
mules poétiques. Les livres des Juifs, ceux des
Mahomet ans, malgré leur austérité, n'en sont pas
entièrement dépourvus. Les lois du pays do Galles
ont, sous ce rapport, une bigarre originalité.
De toutes les jurisprudences, la plus féconde
sans comparaison en formules poétiques, c'est celle
de rAUemagne* Dès 18 IG, Jacob Grimm, le Ducangc
de notre temps, avait publié une courte, mais inté-
ressante dissertation intitulée : Pohie du drùii V En
1828 parut le gigantesque ouvrage du mémo au-
teur : AfUifjfitités du di'oH ailemand. Jamais livr^
n'éclaira plus subitement, plus pro fou élément une
science* Il n*v avait là ni confusion m doute. Ce
I, Les anciens jurisconsultes de Rome étaient d'émiuerUs
graramainens. La Grammaire de Grimni a éld son premier tra-
vail. !1 y a embrassé rallemaud dans tous ses dialectes» dans
tous ses âge,?, et constitué cette vafste langue comme système
ol comme science. Il en a ensuite étudié les formes poeliques
dans son opuscule sur les Mi^tsUrmi^nfjer, Alors il a publiiUes
Àuliqitiiés du droit allemand. Uq autre eût pu les recueillir;
lui seul pouvait les éditer* Plusieurs auteurs avaient traité
antéfieuremetit la même matière; aucuu^je pt^nâe^ a y appor-
'^^rm
souacES. fil
n'était pas un sj^^ïcjïk? plus mi moins îng^i/nioux.
C'élail un magnifique i-uciuiil do formules omjjrun-
Lec5 à loulos les jumproclences, à tous les idiomes
de TAllomagn^^ et du Nord. Nous entendîmes dans
ce livre, non les hypothèses d'un homm<% mais ]a
vive voix de l'anUquitt^ elle-même, rirrécusable té-
moignage de deux ou trois cents vieux juriscon-
sultes qui, dans leurs naïves et poétique*^ formules,
déposaient des croyances, des usages domestiques,
des secrets même du foyer, de la plus intime mora-
lité allemande.
Ce livre a une valeur immense en lui-même,
comme révélation de la poésie juridique d'un
peuple, une plus grande encore comme terme de
comparaison avec celle de tous les peuples. Aucune
nation n'étant aussi riche en ce genre que l'Alle-
magne, ce que les autres poss<'ulent trouve presque
toujoui'^ une partie correspondante dans le n'eiietl
de Grimm, et peut en recevoir confirmation, .
interprétation. Une science nouvelle, indiquée par
Vico, est devenue possible : la symboli<]ue dudroif.
J'ai cru que la première question de riustoire
tait de telles éludés préalables^ une telle autorité. Voyez
Uûfmanfi, Maiilzel, DunigL% Evrard Oîhon» Schaunilitir^,
Schukking, Sande, etc. — L'aruiée m^uie où M. (irimm puhlia
SES Anti'jmltkt tn 1828, M. Artliur Bi^ugiiot imprima un
opuscule de quelques pageSj sons le titre suivant : Dmert*j-
tîon sur tes cérémomes symbothiues tisUéûs ihrns l\tnci€t}nr jaris-
prudsfice fi'tm(;ài^e. Cette disse rtalioOj qui ne fui pas mise en
Tente, est, à ma connaissance , le seul es?ai qu'on ail fait en
France sur ce curieux sujet.
du liroît frantjais tUail dp savoir si cp dn>it n'av;
pas eu aussi sou Age poéliqu'*. Nos loi^ liarliorrs,
saliïpie ou ripiiaire, présentent un cerlain nombre
lie bedet; formult'S. Mais ces lois sonl bien moins
frangaises que g-ermaiiique^. Les capiLulaircs ne
présentent guf^re île formules, ni de symboles. Nos
beaux livres de droit écrits en ft'ani:ais au moyen
ftge ne sont rien moins que poétiques. Sons I ap-
parente naïveté du langage, on y sent partout la
logique et Tesprit d abstraction des docteurs en droit
romain. Ils présentent toutefois un certain nombre
de formules féodales.
Le droit féodal était celui des seigneurs, des sou- ,
veraîns de la France; c'était un droit publie, poli-
lîque, plutôt que civiL Les sujets des sëigmnirs
suivaient déjà cerlaiuement les Coutumes qui furent
écrites plus lard. Ces Coutumes, à en juger par
celles des autres peuple?^, devaient contenir do
curieux symboles populaires. Malheurcusemenl
elles no nous sont parvenues, pour la plupart, que
sous leur forme la plus moderne, dans la rédaction
du seizième siècle, et cette forme était enco;
sciemment altérée par les rédacteurs,
La France, en cela différente de tons les peupl
aurait-elle commencé rlans son droit par la prosi
OlTrirait-eUe Tunique exemple d'une nation proi
que à son premier âge, mûre a sa naissance, rai
neuse et logicienne en naissant? Ou bien, tout
qu'elle eut de poétiques formules, do syuiboli
juridiques, aurait-il à jamais péri?
SOURCES!.
La lâdic est rude pour celui qui vt>ut éclaîrcîr
cet!e question. Il ne suffit pas ih parcourir les livres
ik* droit [iroprenieiil dit. Nos lois barbares, nos lois
féodales, nos coutumes, n'ont éle i^crites que lard,
lorsque le système qu'elles represenlaient s'était
aflaibli et prosaisé. Il faut donc avoir recours à une
înfiaîté d'autres livres, qui rappellent par occasion
les formes primitives du droit, eiïacées dans les
livres mêmes des jurisconsultes.
Les premières sources auxquelles on devait na-
turellement puiser étaient le glossaire général de
Ducange, CarpeïUier, etc.; puis le glossaire de Lfiu-
rière, particulier au droit franc;ais; lecture immense,
faible résultat, au moins en ce qui touche le sujet
(jui nous occupe.
Une autre source fort importante était le livre de
D. Marteue ; De antiquis ritibus ecclesiœ. Ce recueil
contient plusieurs rituels françaiî^ de la plus grande
beauté. Les actes religieux sont souvent en mémo
temps des actes civils.
Quel que soit le mérite de ces vastes compila-
tions, beaucoup de textes curieux ne s'y trouvaient
point, lis ont été recueillis dans un frrand nombre
d'ouvrageSj où Ton ne devait pas certainement s'at-
tendre a les rencontrer* Cluoniques de villes ou de
provinces, contes, fabliaux, toutes sortes de livres
dliistoire ou t!e littérature, ont fourni îles textes
de droit. J'en ai trouvé plus d'un dans des annuaires
ou des almanachs de province. C'est une re-
cherche immense, fortuite, qu*un peut poursuivre
loiitc fia vie sans craindre de répnii^ïT jîimat$,i
Ll* livre qu'on va lire esl, je le sai&, t*xtrènipmi»Jil
inconijilot. A vnu dire, ce n'esl qu'un cadre qiiejfi
rem jd irai un peu mieux avec le temps i D'aulrt*^
peut-être voiidnnil bien m\' aider, Noii^ devui:
LouSj dans les roule.^ diverses que nous parcournnsJ
recueillir d une main pieuse ces pauvres el rare
d*î|irifî.
Quanti cette reclierclie immense ne donnerail
qu'une sointiou négative, elle n'en somil pas moiaâ
utile. Si le droîi f rampais â en un Age poétique, il <
bien ilirGeile que cet âge ait péri sans laisser de?
Il aces. Si donc ces traces se réduisaienl à peu du
chose, il en faudrait conchiro que la France a eu i
bonuf heure indigence, sinon de toule poésie, ail
uiniusde cette poésie qui vit d'images et de syiû-^
brdes. Pour la poésie do mouvement, la poésk
passioonf^e el raisonneuse, elle ne nous a jamaifi
maïuiué.
Jusqu'ici, tes Icxtos allemands font plus de le
moiliê de ce livre*. Amesuro qu'il s'augmenlera de
textes nouveaux, F Allemagne, nous respérons, yj
dominera moins exclusivement. Déjà, pcntlanf rim-
pression, ils ont aftlué, et nous avons été obligé
d'en former un supplémenl*
Crimm avait donné deîî textes dans les dialectea
originaux de l Allemagne et du Nord. Nous lei
1. Nous les dt\si^mon3 par riniLialc G, en indiquant la pagisj
Ou livre île Grimm û*on ih sont tirés.
avons Iraduits et ordonnés sur un plan qui no\t^ e^L
propre.
Nous ne douions pas que le public n'accueille cet
essai arec une iadulgenle équité. La difficuUé n'était
pas médiocre pour traduire, de langues et de (lia-
lL*ctcs divi.^rs, dest passages obscurs en eux-mêmes,
plus obscurs par leur'isolenicnt. Si donc> malgré Ib
soin cl la conscience qu'on a porléi^dans ce travail,
la critique croyait y découvrir quelque inexactilude,
on la prie d'cxarainer si le doute ne porterait pa^*
sur un pasi^age à plusieurs sens. Ces oracles de la
jurispnuience sont quelquefois aussi équivoques
que ceux des dieux de Tantiquité. Il en est plusieurs
r[ue nous n^aurîons pu îiUerpréter^ j^i M. Grimm ne
nous eût prêté le secours^ île sos lumières. Comment
reconnaître ce que nous devons et à l'ouvrage et à
riliustre auteur? }Jn suffrage d'une telle gravité
récompense de tous les travaux.
Si ces traductions eussent été faites par une main
plus habile, elles auraient enrichi la langue d'un
grand nombre de formes heureuses, La nécessité
d'exprimer des idées qui nous sont étrang?!i'cs
obligeait de chercber des tours nouveaux, et sou-
vent un rythme particulier^ dont nos vieux pro-
verbes juridiques n'offraient que de rares exemples.
Voilà pour Texéculion, Quant *^i Tordre général,
le cadre que nous avons prîs^ le seul que nous pus-
sions prendre, c'est la biographie jtmdiqtie de
[ homme ^ de la naissance à la mort. Les grandc^s
divisions étaient indiquées d'elles-mêmes, ou déjà
VTII MÈTIJOPE.
marquées Jans le livre ck» Grimm. La difficulté
6iaiL dans rarrangement du dtHail.
11 y avait souvonl lieu de douter si un texte devait
èLrc placd selon son âge probable, selon la langiiP
^l le peuple qui l'avaient fourni, ou enfin frelon la
j^eiu^ration pliilosopliiquc des idées auxquelles il
se rapport ait. I^s symboles devaient-ils se elasser
trnprëf^ la forme ^ ou d*aprrs Vhiée^ céiu'd encore
une question. Quoique, entre ces ordres divers, il y
uit un rapport intime, on n'aurait pu les ramener
nonstamment à un seul, sans rejeter un grand
nombre de testes importants, sans fondre ou abré-
ger lofî autres, La riclie matière historique que nous
avions entre les mains eût péri, élouffée dans une
trop rigoureuse systématisation.
Ne pouvant établir un ordre plus sévère dans iiii
recueil si varié, nous aurions voulu du moins en
donner Tesprit dans une lumineuse introduction,
derrière la diversité des formes, monlrer la sim-
pi ici té des idées, saisir des lois immuables sous la
mouvante action de cette Divine Comédie.
D'antres le feront pout-ètre. Pour nous, qu'il
nous suffise^ dans les pages qui suivent, de liasarder
quelques idées. Celui qui va parler de droit n'est
\K\i^ un légiste, c'est un homme. Un bomme, en
matière profondément humaine, ne peut-il, tout
comme un autre, donner et demander avis? Eu
Israël, les juges qui siégeaient aux portes des villes
n'étaient autres que les bommes de la ville mt^me.
Quand les prud'hommes du moyen âge tenaient
EXPÙSÏTION. AUOmON, IK
leurs assises au carrefour d'utu?; grande routo, au
porche tlo l'église, ou sous Taubépine en fleurs, ils
appelaii^nl, en cas de doute, le premier bon compa-
g:noii qui passait; il posait son kVton et siégeait
avec les autres, puis reprenait son chemin.
Le premier signe auquel les jurisconsulles du
moyen âge recoimaîssenl que Tenfant a eu vio^
c'est qu'il ait pleuré... Ou bien encore qu'il ait pu
voir le toi L sacré, les murailles de la maison pater-
nelle.
Dans l'antiquité classique ou barbare, rcnfunt
mis aux pieds du pt're n'a pas droit à la vîo, tant
que le père ne Ta point retev^^^ tant qu'il n'a pas
goûté aux éléments sous la forme du lait ou du
mieL L'usage d'exposer les enfanU était universel,
surtout dans nos tristes climats. Les Th races pleu-
raient aux naissances. Les Scandinaves épargnaient
volontiers à l'enfant une vie de peine et do dou-
leur. Puïfî^que ce nouvtjau-né se plaint de vivre, le
mieux pour lui, disaienL-ils, serait de mourir. A peine
sorti de la nuit, qu'il y rentre, qu'il se rendorme,
comme l'homme qui, s'éveillant à demi, se lïï\Le de
fermrr les yeux, se retourne et renoue ses songes.
Rebut de riiomme, livré à la nature, il en élait
souvent bien venu. Elle l'adoptait, la rude mère,
lui jonchait de feuilles sa froide couche, elle le
berçait du vent du nord, le nourrissait du lait des
louves* de la moelle des lions-
L ENFANT.
Quelles éiaienL cepeuJaiit les plaintes ihs mèros?
clIi'S seules pourraient le dire. Les pierres en pleu-
raient. L'Océan luî-mônie s'émut en enfendanl la
Danaé de Simonide... Toutes les fois fjuc la famine
ou (juolijue autre grande misL^c n'y contraignait
point la famille, on ne se décidait pas aisément à
une chose si dure. Ou lo relevait plutôt de terre,
ce pauvre petit suppliant, on le prenait sur les
g-enoux, on communiait avec lui par le lait et le
miel, on le plai^îiît entre la eliemise et la chair,..
Ce sont les formes touchantes de radoption antique.
(( L'ancêtre saisit Tenfanl, dès qu'il sort du sang
maternel : Te voici donc, ô mon âme^ renée en-
core une fois, pour dormir de nouveau dans un
corps! ^ï (Lois iiutieunes.)
Celte idée de perpétuité se retrouve dans Rome.
Rome n'est point ^ comme la Grèce, une vîtrgc
svelle qui dédaigne la maternité. U*est une grave
et féconde matrone. Elle relèvera J'en Tant, pour
tpril serve le père, qu'il continue les Sacra pa-
l(^rna, qu'il soigne ctlionore les Imagines majorum.
L'Inde voit en lui la reproduction do Tâmo pa-
[i.Tnelle; Rome, un serviteur du p«''re, un hérilier,
I^Aliemagne y voit un enfant. Le bon vieux prud'-
liumme de Fi'ise, au bord du sombre Océan, com-
pare avec crainte la faiblesse de la petite créature et
l'ùpreté des hivers du Nord : « Il est un cas de néces-
sité supTV[ne oii lamlTe peut vendre le bien de Ten-
faut. C'est quand l'enfant est nu comme ver, qu'il
est sans asile, et qu'arrivent le noir brouillard et le
r^m
L*ESFAXT. XI
froitî liiver. Tout le inonde rentre dans la fermo ol
dans la maison, chacun se lient chand au poèlo,
et la bèto sauvago cherche l'arbre creux, l'anln»
des monlagncs^ pour mettre sou corps à l'abri.
L*eiifant d'un an crie el pleure, comme pourdîro
le dénùment tic sa maison, et que son père, <]in
Teùt préservé de ta faim, du froid et du brouillard
rst entre quatre clous profondément clos et couvert
sous la terre et sous le chêne. Alors la mère peut
bien engager et vendre le patrimoine de I enfanï. >>
Une autre vieille Coutume allemande m pose ce! te
question : a Quelle est la mesure du plus petit bien?
^r^ Celle du berceau d un enfant et du petit escabeau
pour la fille fjui !e berce. »
Ainsi, tandis que le fils est pour Rome la chose
du père, tandis qu'elle TOit dans la famille une
forme de la propriété, l'Allemagne lire de la fa-
mille * ridée de la propriété même. L'homme n'esl
plus attaché h la chose, mais la chose à l'homme.
La société a ici pour base ce qu'il y a de pluR humain
et de plus divin, ile plus fragile et d<* plus stable sur
cette Ifirre : un berceau*
Berceau du frère, sifege de la sœur, c est la so-
ciété pure encore, riiomme et la femme au temps
ïrinnocence. Le passage serait facile de cetle eu-
4. L'amour de la fa mille a été de tout temps un caractère
des liommes du Nord. Saint Jean GhrjsostOine, dans ses
Homélies, raconte qu'un barbare, voyant les fi i ces reelier-
cher avec passion Famu sèment des spectacles, tlemaurJa si
CCS gens n'avaient pas d'enfants,
Xn BAPTÊME.
fantine poésie à la sublimité chrétienne. Je chan-
gerais, si j'osais, cet escabeau en un trône, le trône
en autel. Jeune sœur qui bercez un frère, vierge et
mère avant Famour, n'êtes-vous pas la mère d'un
Dieu?
Tout ainsi que le grand poète romain voit dans
reïïfLint un pauvre naufragé jeté à la côte^ tout de
même que le prud'homme allemand l'aperçoit gre-
ioliant sous le vent du nord, le prêtre chrétien
compatit à sa jeune âme lancée sans défense sur
rOccan de la vie. Cet Océan lui apparaît dans
Tétroite cuve du baptême (voy. la belle formule,
page 8). C'est moins la vie physique de Venfani
qui l'inquiète; il est tout autrement préoccupé de
lui assurer la vie éternelle. Les dieux du Nord
firçnl jurer à tous les êtres de respecter la vie de
Bal<lcr, excepté une toute petite fleur, encore trop
jeune, qui ne jura pas. Le prêtre chrétien s'adresse
au«^si à toute créature, les sommant de respecter le
fils adoptif de Dieu, leur défendant d'en approcher,
il moins qu'elles ne deviennent pures. L'eau qui
lave et purifie tout, le sel même de la sagesse, il
les exorcise, dans son inquiète prévoyance. Le grain,.
t*iiHiocentfils de la terre, la poudre du grain, pâle,
inodore, insipide, à peine perceptible aux sens,
soni encore trop matériels; ils n'approcheront de
ï... Ui sœvis projectus ab undis navita... Lucret. Denat»
rerura.
MARIAGE. XII!
rbomnirï qu'en ^'abjurant eux-mêmes, et n'existant
plus que comme espriL
La première initiation sociale, e*est le baptême j
la seconde, c'est le mariag^e; deux naissances, deux
commuoioBB.
Quand rhommc a aKeint le point le plus haut
de sa vie première (être et vivre trop pour soi-
nat'^me), il commence une vie nouvelle, une \ie de
création. Éire, créer ^ mots ma^i Tiques qui n'ap-
partiennent qu'à Dieu, mait^ qu'il nous permet
d'usurper.
Dans cette communion nouvelle, la femme û*est
pas d'abord la personne avec qui Thomme commu-
nie, mais ia chose dont il communie. C'est la diffé-
rence des deux grandes formes du mariage : le
mariage béroïque, celui delà force, où la femme est
enlevée ou achetée {coempHo)^ le mariaf^e sacerdo-
tal et tinmain où son consentement est requis, où
elle est admise à l'agape de l'homme, où tous deux,
comme fr^re et sœur, participent ensemble aux dons
de la nature [confarrealio),
La femme, dans le mariage héroïque, n'est que
la propriété de Thomme, le trésor de son plaisir,
une plante ravissante, un arbre du paradis, où il
cueille le fruit humain. Quelque royal et divin que
soit ce mot, possession, il ne suffira pas à l'homme-
La plus complète jouissance du fini laisse encore
un in (lui dans rahîme du désir ; désir infini, tris-
tesse înfinîcj et les fureurs impuissantes que décrit
XIV MAH1AGE.
si LeiTiblenient Lucrèce, t*t le désespoir <hi bon-
heur!...
Ne serait-ce pRs., ô homme, 'que vous êtes un es-
prit, qu'un esprit seul peut vous répondre? Celte
chose charmante ne peut rien pour vous, si vous
ne suscitez en elle une volonté, une personne. Alons
vous serez plus véritablement créateur que si vous*
fécondez son sein. C est là un moment solonnel,
comme quand Eve, au signe de Dieu, jaillit du
neani, k^s mains jointes *; le momenl on te marbre
s'unime, où la chose veut, où la jeune Malati ré-
pond enfin à Madhava. — « Madhava : Au nom de
M ceux que lu aimes, ne parleras-lu donc jamais !
i< .Wfï/^//: Comment saurais-^je,ô moiï Seigni*ur!*.. }^
Alors, alors, coulent les larmes. Et si niallicureuse-
raent cette crise de bonheur durait, si Tliomme
continuait ainsi à vivre hors de soi plus qu'en ^oî,
il s'échapperait à lui-même, s'évanouirait tout en-
lien.. « Anima plus vivit ubi amat quàm nbi ani-
mât. >ï
Il faudrait pouvoir énumérer îti tous les signes
muets par hrsquels Tltonime s'est dit et répété ee
ravissant myslère : symboles du vètemeiit qui
rappi.'lie avec une volupté chaste la confusion de
deux exisîtcnces; symboles des occupai îons domes-
tiques ex [trimant 1" harmonieuse diversité des tra-
vaux; symboles de la maison qui promettent la
doncc société de la vie entii^re, la bénédiction d'une
U Voyez le plafond de la chapelle Siïlîne, Mîcliel-Ang<? a
compna la destiaée essentiellement relative de la femme.
DOUAtRK, ' X¥
(lemoiire où tout est riant d'iiinoconce ^ symbolt»
enfin de la prière commnnt^ qui change lo foyer en
autcL
Le chri^itianisnic, si favorable ati célihal, a ho-
noré le mariage, et prononcé sur lui Ae^ paroles
d*unc ineomparahle gravité : « Seule bénéf^ietion
qui n'ait été ni efîacée par la peine du péclié origi-
nel, ni emportée par le déluge. »
Voilà les époux liés pour toujours. Ils ne veulent
prévoir rien de plus, La loi, qui prétend mieux
connaître Tinstabilîté du cœur de rhomme, s^'obs-
tine ^i prévoir pour eux. Elle persiste à les traiter
comme deux êtres distincts, à leur croire des inté-
rets opposés. De là ses prosaïques efforts pour em-
pêcher les dons entre époux. Le droit romnin
avoue froidement qnjl craint qu'ils ne- se ruint^til
Ton Tautre. Les Coutumes germaniques essaient de
modérer le Don du matin (morgengahe). C'est au
matin, en effet, lorsqu'au rayon <!e l'iiurore, le
jeune époux, s'éveillanl, la voit, Tadmire, et croil
rêver... Cet incomparable trésor cle benuté et d'in-
nocence'a voulu pourtant se donner à lui!... Lui,
que ne donnerait-il? Le ciel el la terre, ce n'est pas
assez. Frêle et rbère créature dont il e*^t main te-
nant la j)rovideiicej que ne peut-it la porter dans
son seîu, Tenvelopper de son être ' î... Je crains fort
i. .*, DoniuB jucundo risit odore. Catull.
î, MoDtaigiie dil^ en parla[Ll (Fun nianleau que sod père
avait porté : ^ l\ me setnbloit que je m'eoveloppoîs de raoa
père. »
KVI ■ liïSSOLUTlOrf DU MARIAGK,
ici que les lois ne sa trouvent îm puissante?, que
toules leurs froides restrictions ne soient oubliées,
La loi caslillano enlre habilement ^nn^ la passion
du jeune homme; elle lui permet au moins de cou*
vrir ce eorps adoré ifun vêtement délicat, inouï, que
rien n*ait touché jamais \
La loi a prévu la dissolution du mariage. Pour
la rehgion, c'esL un blasphème. (« L'amour, dit
1^ quelque part la Bible, est fort comme la mort, v»
— Sic vivendum, sic pereimdum {Tacite}. — Dans
le mariage indien, la mort de l'épouse qui survit
est le sceau de l'union. Llnde, selon le génie
oriental, mêle ici la mort et la volupté; elle pro-
met ti la veuve qui suit son époux au bùclier
qu'elle yVji/i*/'a avec iiii pendant quatorze vies dln-
dnij quatorze de ces longues vies, comme les vivent
l.*s dieux.
Bien au-dessus de cette sensuelle Amc, notre Oc-
cident a élevé un autre idéal du mariage. Au bûcher
même où Brynhild monte à côlé du corps de Sigurd,
elle conserve entre eux le glaive, brillant d^or pur,
qui les sépara dans leur vie.
Le christianisme n'a pas eu besoin de mettre,
i, n C'esL un antique fuero de Caslille, que lout Hidalgo
puisse donner donalion k sa innitié à l'heure du arariage,
avant qu'ils aient juré; et la donalion qu'il peul donner est
celle-ci : nue fourrure de peausi^ d*agnmitj: avorlét:^ ki quelle
soit bien grande et bieji large, et elte doil avoir trois bor-
dures d'or; el quand elle sera faite, elle doit être si large,
qu un cavalier armé puisse entrer par une manche et sortir
par rautre, ^y
IJ^it ■ t
MARIAGE SPIRITUEL XVil
entre l'homme et la femme, la barrière du glaive. Il
a cru à la chasteté. Il a hardiment rapproché les
deux sexes ; les séparant par un seul mot, la parenté
spirituelle. Comme père et fille, comme frère et
sœur, ils vivaient de la vie des anges.
Et si ces anges se souvenaient de Tamour, la re-
ligion leur en laissait quelques pures et gracieuses
images. Le mariage était comme transfiguré dans
Tunion toute spiriluellp des prêtres et des vierges
(Voyez page 28). Partout, à côté des couvents
d'hommes, il y en avait de femmes. A FontevrauU,
une femme gouvernait les uns et les autres. Les
religieuses voyaient les religieux, mais une fois.
Elles les voyaient morts, lorsqu'on les enterrait à
visage découvert. On les portait alors au chœur des
dames, qui leur chantaient les prières des morts et
recommandaient leurs âmes.
Lorsque l'archevêque de Rouen allait, pieds nus,
prendre possession de la cathédrale, il passait de-
vant Tabbaye de Saint- Amand. L'abbesse, qui
Taltendait sur la porte, lui mettait au doigt un an-
neau en disant aux moines de Saint-Ouen, qui ra-
menaient : Je vous le donne vivant, vous me le
rendrez mort.
Que plusieurs peuples aient refusé toute succes-
sion à la femme, je le conçois à merveille. Ce ne
fut pas toujours dureté, mépris de la faiblesse, mais
peut-être aussi un noble instinct, une vue plus
liante du mariage, plus désintéressée et plus idéale.
XVm PHOPHIÊTÉ. PASTEUR. ACHlCULTEUn,
Ils Youiaiênt que la femme pa5^?iVt aux mains di*
riiommp, sans aulre ilat que sa hlaiirhe robe, son
voile hlanc, son chapel de roses ; qu'en elle, il fut
bien sur do n'avoir aimé quV'He-mèmc ; qu'il tra-
vaillât pour plie, qu'il la nourrit. Là ost la beauté,
la gravité du mariage, que Tbomme soit la provi-
dence de sa femme et de ses enfants.
Un tel liommo .sera de lionne heure sédentaire et
hiborîenx. Il n'aimera ni la itie incertaine du cbas-
seur, ni la mobilité du pasteur; il cultivera la terre.
Lit"? an sol par ta Famille, par le besoin de la ?iubsT?;-
tance quolidiennej inquietimit<iteur de larégularilc
des corps ct'^lestes, T agriculteur regarde à la fois la
lerre et le cieK L'un et Vautre sont sacri^s pour lui.
Le pa-fiiir erre à ta surface de la terre; il en esl
l'infidèle amant. L'agriculteur en est P^^poux; il
déchire sa verte ceinture, il y d<^pose le doubh*
germe du grain et de la sueur. L'union fixe de
rhomme el de la femme produit tôtou tard un aulro
mariage, celui de Thomme et de la terre. Le travail
de l'agriculteur est une confarrpMhQ avec la nature.
Mais avant de se fixer ainsi, il a fallu que 1 agri-
culteur chercbàt, cboisit la bonne terre qui put
réponJre à son travail... Voilà le monde devant lui.
De quel cùU'î chcmiuera-t-il,avec sa femme enceinle
et !^a faible couvée sans ailes?.,. Il s'en remeltra
aux dieux. Il soufflera la plume au vent, et prendra
bien garde oîi elle volera. Ou bien encore, T homme
se fiera à la bète, la raison à l'instinct, muet confia
dent de la Providence. Ainsi le bœuf, le loup, le
OCCUPATÎOS. XIV
pivert, conduisiront Io9 vîeîUtis colonies italique'^,
La blanchi'! laie, sous un cliênc avec ses livnte pciiU,
finit les longues courses d'Énée, et la louve albiki
Romulus on fui Borne.
i* C'est la ma place au soleil, dît^aient ces piiuvi\*s
enfants. Voilà Torigiue do Tusurpation .sur la
iBTve ^ » il fallait dire de roccupalion.
La place de riiomme, ce qu*îl peut couvrir de son
corps, cV'sl la vraie mesure de la propriété primi-
tive. Cest ce que dit î^i bien le droit allemand :
(f La mesure d'un bouclier, d'une bai;^noire, d'un
berceau. » Il n'en faut guère plus pour la place
dune tombe.
Telle est la pensée enfantine et profonde des an-
ciens temps. L'homme s'approprie la lorre, en la
louchant du son corps et de ses membres, Toules
les fois qu'il la touche, cette terre nourricière, il se
reltne plus fort^
Mais, gr^ce au ciel, Tbomnie n'est pas tellement
un être matéiiel qu'il soit si étroitement circonscrit.
La volonté porte où la main n'atteint pas, la vo-
lonté, ce je ne sais quoi, qui semble tenir flans une
poitrine d'homme, et qui ne tient pas dans un
monde. L'augure étrusque partage hardiment de
son lifuus le ciel et la terre. Le tribun du moyen
Age (Rienzi) regarde aux trois parties du monde,
1 . Ces paroles insociales %Qiii do Pascal j on les croirait de
Rousseau.
2. Voir les Mythes de Tagès el dr Bacchuâ Epliaptor.
XX OCCUPATtON.
fend Tair de trois coups tr(?pée : u Ceci et ceci, cela
encoro est à moi. »
Celte occupation à tHslance se consacre et se
réalise par la flèche, le marteau d'armes, la pîerre
que rtionmie va lancer (voy. p. 62-58). Il lance,
et tant long est le jet, tout autant il acquiert*
t< Doxha niihi Deus, et leliim quod raissîlo lîbro,
nunc adsint! >i
it Veux -tu, dit un jour à POcéan un dieu de
rinde, banni de la terre et de la mt^r, veux-tu me
céder un peu de ce rivage que tu couvres et décou-
vres tour a tour? un trait d'arc^ pas davanlage? »^.,
La flfiche vole à deux cents Heue«$.
Les Bomains étaient les adorateurs de la lance
(quîrites^ *]"''")? ^^ '^ J*^^'* ^ vol<^ par-dessus le
monde. En Allemagfm-', l'occupation semble se faire
on se mesurer [yar le marteau de Thnr, cette arme
vivante qui^ lancée par le bras du dieu, va et revient
de soi-même {voy. les formules, p, 63 -3S), ^ Notre
seigneur de Mayence s'avancera à cheval dans le
fleuve; auswî loin qu'il pourra lancer dans le Rhin
un marteau de maréchal, aussi loiu s'étendra sa
juridiction, n
La chef'ûitcheecfhi aus?ii une mesure d'occtipatîon,
ile donation. Les Scythes, les Turcs, le;^ Romains,
donnent à un homme la terre dont i! peut faire en
une Journée le tour à cheval ^ ou qu'il peut entourer
d'un sillon. Clovîs et d'autres rois barbares concè-
dent à un suint évéque tout ce qu il pourra chevau-
cher sur un âne pendant que le roi fait sa méri-
OnlEKTATÏÔN. AGEÏl ROMAI!f. XXÏ
ttieime. Le bonhnmmf^ met si hum le temps à profit
qu'ouest obligé créveillerlc roi : (^ Seigneur, prenez
garde, il va chevaucher tout le royaume, n
C'est qu*il ne faut pas que les roîs dormeat.
L'acquisition, de sa nature, est rapide, dans le
sommeil de la loi. It ne lui faut qu'un mot pour tout
envaliir. Témoin la fameuse équivoque de la peau
de bœuf, qui, partagée en lanières, suffit h occuper
tout remplacement de Garthage; la légende se
reproduit plusieurs fois, depuis Diilon jusqu'à
Mellusine,
D'équivoque en équivoque, la proprii^^té glisse-
rait jusqu'au bout du monde. L'homme ne se bor-
nerait pas^ s*il ne trouvait sa hoi-ne dans rhomme.
Où ils se heurtentT là sera ht frontière- Les Philèncs
de Carthage consentirent à être enterrés sous la
pierre des limites.
Tel est ramour de Thomme pour la terre. Pour
lui donner, à celte terre inditîé renie et impcrson-
nelléf l'empreinte de la personnalité humaine, il
consentira, s'il le faut, à y déposer ses ossemenls.
Limitée par les tombeaux, mesurée par les membres
humains, par le pouce, par le pied, par la coudée,
elle s'harmonise, autant qu^elle en est susceptible,
aux proportions mêmes de Thomme. Il n'est pas
rassuré encore* II prend en quelque sorte le ciel à
témoin qu'elle est bien à lui, il essaie à^orienler sa
terre, de lui appliquer la forme du cieP. L'orienla-
1, Voyez, sur ce grand sujet, les pages 77-87 de ce ïolume^
et le premier tome de mou liistoin romaine.
XXII Pt>SSESSlUN,
tîon et la limitation consliliiaienl chez tes tiiicieus
une sortp de roligion ffe la propriéLt^.
L'idéal de la propriété, c'est TAger étrusque et
rooiain, la terre mesurée par riiomme^ bornée par
les tombeaux, orientée vers les points sacrés du
ciel, le champ consacfé ccmime un temple. La pro-
[vrir^lê ici semble toute individuelle, La Marche alle-
mande est une propriété commune de la tribu. Dans
ces vastes et vagues forêts où T écureuil, sautant
d'arbre en arbre, pouvait courir sept lieues sans^
descendre (Grimm), la tribu prétendait fixer ôqs
liiaites; elle réidamuit comme sienne telle lander
Udle clairière, l'appelait Marche {terre marquée) et
fin lerf lisait aux autres tribus, « Celui qui n'est pas
de la eommime et qui y acquiert des terres De
peutj quand il traverse la Marche, atteler les chc-
vaux à la charrue ; il faut qu'il la porte luî-méme- n
Les gens de la Marche prononcent des peines
eiiruyables contre celui qui touchera un seul de
le-iu-s arbres; on dirait que ce sont encore les arbres-
di<^ux de la Germanie primitive. Rien de plus fier
que ces rois de la bruyère, ces souverains de la
piairie. Plusieurs déclarent qu'ils ne relèvent de
personne, tt ni dn bourg, ni Mx roi^ ni do Tempe-
reur, » Cette audacieuse prétention est hautement
déclarée dans te nom môme des terres d^Allcuiagne
que Ton appelait FicTs du soleil, parce qu'elles ne
relevaient que de lui.
Etrange orgueil de la propriété. L'homme se croît
le dieu de la terre* C'est mou bien, dît-îl, c'est mon
lot (alcu, alladj al-ôtl, al-lod?), propriété solide,
immuable, comme le food do l*Oceaii (Fuiulum
maris imum *). L'enthousiaste possesscuf place sur
celle lerre Tidee de Tin fini ; il pi^cteiid la posséder
comme Jtipiltr possède le monde. Il (jualifie la pro-
[a-iété, dans son ivresse litanique, des noms mt^mc
du Dieu très grand et très bon : Fuiulus oplimus
maximus ^
Qu'il la frappe du pied en maître^ qu'il y laisse
ces empreintes de dix coudées qui sont restées du
pied de Bralmia et d Hercule, elle ivest pourtant
pas encore à lui. Pour que l'occupation soit parfaite^
pour que la terre s'identifie à llionime, qu'elle
ùamhumane, comme dit Danle^ if faut cju'il y entre
en eiïet, qu'it mette en elle ce qu'il a de sacré, la
volonté el le Iravail. Plus tard, il y enfoncera an
billoû plus profond, il l'occupera plus intimement
encore, il y sèmera^ non plua Torge et le froment,
mais 1 liomme même. Il y fera sa couche et ils ne
seront plus séparés. Kxl èiuyr^uvù çrXflrïiTi.,, .
En attendant qu elle le possiVde^ il croit la pos-
séder. Il jouit, il transmet. Pour garantir cette
transmission aux autres, pour les persuader de sa
validité, il a fallu tout un monde de symboles.
i. C'est rétymologio que le vieux glossateur donne du mot
Alodhim; il lo fait venir du grec SX;, (voj, Ducangi.^j. Cela
est absurde grammaticalemeiilj mais beau et profoiid au
point de vue juridique.
2. Festus et Cic*, Pro Corn. Balbo. V* aussi mou Hht. vù-
inaine, â= édition, t« 1^ p. 80*
XMV TRA11ITI0X,
Dans la tradition de la Icrre» dans les débals qui
s y rapportent, le témoin principal, c'est la tenu
«Ue-mÔme '. La g!<^bc est apportée devant le ju^t%
les parties se la disputent (manum conserunl), ullu
reste présente et assiste au jugement. Que cette
glèbe désigne un champ ou un royaume, que h
débat soit entre Caïus et Sempronius, on bien entre
Albe el Uonie, il faut que la terre comparaisse. Où
rapporte, cette terre toute féconde {ncA^jSérupr!},
parée de gazon verdoyant, d'herbe fraîche et pure,
entre ceux qui combattent pour elle ; c'est une
Hélène entre Ménéks et Paris.
Au moyen âge, une motte de terre était le signe
de la donation. On entassait aux autels des églises
(tes mottes aiTondies, équarries^ en souvenir des
contrats* Souvent, pour rappeler les arbres qui
ornaient la terre, on planlaii dans la motte une
branche de coudrier^ île pommier, de noyer, où
pendaient les fruits,
La branche tend à s*aiïranchir de la lourde glèbe.
Les suppliants, au lieu de faire hommage de la
terre et de Teau, pourront oITrir une brandie. Dé-
pouillée de fruits et de feuilles^ devenue sèche et
sévère, la branche deviendra le bâton pastoral, la
sceptre des rois-
Dans l'épuration successive de ce langage maté-
riel, la branche, devenue bâton, est un signe moins
1 . Les aulFDs éléments, l*eau et le feu, moins commot!«sï
employer, ont été prïs plas rarciiient comme sigoes de Ira-
KT,\T. FHATEHMTÉ GUERRtÈHi:. WV
lourd Cl plus ab^strail. La paille ( Lipitla, festiica),
plus légère oiicore^ semble marquer un nouveau
degré d'abslraclion. Elle n est pouilant pas moins
antique, mais elle est plus longtemps employée
comme Pigne. Des Indiens, des Romains, des
Francs, elle descend jusqu'aux lenips modernes.
C'est enjetanl, en rompant la paille, qu'on donne
et qu'on ret^^oit, qu'on acquiert ou qu'on renonce.
Si la terre a élé employée dès la h au le antiquité
comme symbole et témoin, c^est que, dans cq^ âges
poétiques, elle apparaissait comme une personne.
La personne du contractant peut fournir aussi des
symboles, La main, le pied, la bouche (par le bai-
ser), consacrent la tradition. La barbe, lacbevelure,
parure et dîijmilé de l'homme, signes de la liberlé
barbare, sont de même touchées, attestées. Les guer-
riers suèves juraient par leurs tresses. Souvent on
insérait des cheveux , du poil de la baj'be, dans les
sceaux des contrats,
' Aux symboles personnels se rattacJient les sym-
boles artificiels. Le gant et le soulier sont employés,
comme le pied et la main; les signes du chapeau
et du vêtement rappellent ceux de la tèle et des
cheveux ; les cheveux sont déjà un vêlement, —
Puis viennent les symboles de guerre, bàlon, lance,
épée, Qèche, marteau; ceux de la paix, les clefs, la
I charrue,
La tradition suprême, la plus remarquable par
le fond et par la forme, c'est celle où Thomme ne
b
IransmeL poiiil la nature, mais ne Iransmel et ^t'
donne lui-môme de cœur et 4(* volonté. Le symbolf
de celle tradition est le sacrifice,
Li^ sacrifice est le point culminant de ta vie
Immaint}. De Texislence inerte et égoïste do l'en-
fimce, de l'involontaire communion de la naissance
et du baplème, l'homme s'élfeve à iY*tat de commu-
nion volontaire : communion avec la femmej ou
mariage; conimunîoa avec la nature, ou travail;
avec DieUj ou relîgiou. Dans tout cela, il y a du
sacrifice.
Si nous parlions ici de la communion^ comme
acte religieux, nous pourrions énumérer les fornios
sous lesquelles elle s'accomplit : les éléments, la
terre, I*eau cl le feu ; le sang versiï, communion de
mort; le pain, communion de vie. Nous relrouvom
dans le droit des formes analogues.
La communion du sang et de la terre était parti-
culier emenl celle du mariage héroïque entre le?
guerriers. Chez les peuples barbares, où la femme
est trop bas encore, Tunion étroite^ le mariage des
unies, ne se tj'ouve que dans Tadoplion fraternelle
de riiomme par l'homme^ dans Tas^ociation des
héros. Ce mariage viril se présente, chez les Scan-
dinaves, dans toute sa pureté farouche. Les deux
frères entrent sous la terre sacrée, y vurseni ensera-
blo leur sang, el, se prenant par la main, jurent de
se venger l'un l'autre. Chaque peuple a eu quelque
«sage analogue, jusqu'aux derniers temps du la
chevalerie (voy. p. 161-32),
IMROîflSATlON. XXVII
L't^fTort (le i^^^prît social n'est pas do s^unir ini
égal, mais de ^e constiLuor un supériùun Pour rn
venir là, il ne suffit pas du besoin de TuniLé sociale;
il faut le plus souvent une croyance religieuse. Celui
qui n'aurait pas él^ obéi, comme clief^ le sera comme
TïU des dieux.
Ce roi, ce fils des dieux est un médiateur naturel
vntre le^ dieux nt les hommes. Lej^ M*^xicains
faisaient jurer k leur empereur que, pendant son
ri^gne» les pluies auraient Heu selon les saisons,
qu'il n'y aurait ni dobordement des raux, ni stéri-
lité de ta terre, ni nialij^^ne influence du soleil.
Le symbolisme antique de rélecLion, de Tintro-
nisaUon, tout en faisant un dieu du roi ou du pon-
tife, lui rapjïélle sans ménagement son humanité.
[| mêle aux pompes enivrantes des dérisions hur-
(esi|ues et terribles. Dans le cérémonial de Tintro-
nisation byzantine, on apporte au nouvel Empereur
une urne pleine d*ossemenls, on lui brûle sous le
ne/ un fin dnvet qui s'en va en cendres. — Le cbef
du monde chrétien, celui dont les rois baisent les
pieds, lorsqu'il reçoit les clefs et lalripK^ couronne,
a'a pas d'auti-e Lr6ne d'abord que la slprvoraria.
** Elle brille, cette tiare, disait un grand pape;
H le brille, mais c'est qu'elle brûle. >* — Pour pré-
voir tout ce que la puissance a[qjorle de soucis avec
t*ll*S il n*est pas besoiïi de consulter les Sorts des
^iats, comme on faisait au moyen âge (p. 126), Qui
^aurait lire y lirait toujours le mot qu'y trouva
fluibi^rt : Ipsius animam perlransibil gladinn-*.
XXVIII INTHONISATlOfï.
Sairil Odon s'ùLnnt évrilh'* la nuit qui suivit son
ordination, et voyant pour la preniièrt^ fois Télole
suspendue à son cou, se prit à pleurer.
Si ridée d'un lien indissoluble arracho des larmes
ù la jeune fiancée, lorsqu'elle quiUe la liberté de la
maison paternelle, celai qui épouse un peuple, roi,
pape ou prtMrt', qui s'en fait le serviteur, ne doiL-il
pas plmu'er aussi? Ce rapport entre rélcclîon el le
mariage était quelquefois exprimé dans les formules.
Le duc de Normandie épousait la provinee en rece-
vant un anneau. Le duc do Carînlhie ne siégeait î?;ur ■
son trône de marbre qu'apref^ avoir donné de Tar-
g-enL; c'était comme une coemptio.
Nulle part la souveraineté du peuple n'est plus
fieremoat réservée que dans cette dernière formule.
Kl le porte un caractère de haute antiquité, de
R implicite homérique et biblique (voy, p. 117),
Le duc n'arrive au trône de marbre que sous l'ha-
bit de paysan, liais le vrai paysan Toccupe déjà.
entouré des tristes et sévères symboles du peuple
travailleur, le taureau noir, le cheval maigre. Alors
commence un rude dialogue: it Et qui donc si fiè-
rement entre ici? dit le paysan. Est-il un juste juge?
A-t-il le bien du pays à cœur? Est-il né libre et
chrétien? — Il Test et il le sera, — Je demande alors
de quel droit il me fera quitter celte place? — Il
Vache tera la place soixante pfennings; le chcival et
le taureau seront tiens, etc. »
Ce qui n'est pas moins antique et {Vnn sens
moins profond, c*est que, pendant que le duc bi'an-
dtl rt'péï' aux iiualrt! VonU, pendant qu'il sit^go, la
f.ice au soleil, et confère les fiefs, trois fïimillcs ool
It^ droit de faucher, de piller et de brûler. L'en-
tfacto de la souveraineté est comme un sonmieU de
la loi; il faut que le peuple se hâte d'abdi<jui'r et de
se donner lia défenseur.
Je voudrais pouvoir suivre le roi, le chef bar-
bare, tlans la pompe de sa Joyeuse enlnk, sur le
lourd char d'IIertha, traîné de bœuFs, ou dans sa
cftevauch^^e aniouv i\(!^ î^on royaume. Je voudrais le
montrer à table avec ses hommes (convivie régis), A
chacun sa place et son droit; tout est réglé iravancc,
nulle part avec plus de détails et d'originiilité que
dins les lois de Galles, L'étranger, l'héritier pré-
somptif, le mail re des faucons, la clm]>elaiu, le juge,
le forg TOn, le barde, tous siègent ensemble, aussi
gravement que les Electeurs an banquet de la Bulle
d'or. Un droit du barde, c'est de rect^voir un anneau
de la reine.,, « Si la reine désire un cliant, ([ue le
barde aille et lui cliantc tout cbanl qu'elle désire,
mais à voix basse pour ne pas trotibler la joie dans
la ^alle. n
Uerapereur d'Allemagne, au banquet du couron-
nement» était, comme on sait, servi par des rois;
OTipeut donner ce nom aux KlectL*urii, Le duc de
Saxp, arcbi-maréchal, entrait sur un cheval de ba-
tailh* dans la salle et jusqu'à la table; il apportait
Tavoine dans un plat d'argent pour les chevaux de
l'Empereur, Le margrave de Brandebourg donnait
a laver; le comte Palatin dégustait et mettait les
^Xt Oï*T ET i'LAIï)*
plats sur table, etc. Enfin venaieni vl graoit bniil,
avec les chiens ç-i les cors, les princes de Scliwartz-
boiirg, grands-venenrs, apportant nn cerf et un
sangliiT.
La fiMe était plus belle encore, qnand touh*
cette conr, devenant une armée féodale et suivant
au deli\ des Alpes un Frédéric ou un Henri VI, s'en
allai i, lance en arrêt, l'aider à prendre la couronn*-
de fer à Milan, celle d*or à Rome; il avait déjy
rei^ni à Cologne celle d'argent. Le lb(?Atre de la fête
c'^Mait la Lombardie, ce cirque giganlestjue fermo
par les neiges des Alpes ; il ne fallait pas moînî^
pour tenir ces étals généraux de l'Italie et de FAl-
lemagne. La plaine de Houcagtîa se trouvait tout a
coup un vaste camp, une ville. Là venaient, pal-
mes en main, les ^iuppliants, les exilés; là, au-des-
sus des ecussonî? variés, des cuirasses élîncelantes,
siégeaient dans leurs robes noires les docteurs de
Bologne. Le blond César allemand disait droit et
dfunKiiL les fiefs. I! fallait que tout seigneur, à peine
de déchéance, vînt carappr à son rang et faire
la veillée dr^s armes près la (ente de TKmpf^reur,
Est-il permis au vassal de tousser ou éternuer,
on présence de son seigneur? Le Jus Alemanîcum
n'ose déciifer celle question. — Un vieux feudislL*
discute celle-ci ; ^^ Aucuns disent que le vassal do il
(mnhîer des /?irtm5dans l'acte d'hommage. Eh ! quoi î
tout son corps ne doil-il paa plutôt trembler quand
il il borde son seigneur? )i
Fnrm es servi les, esprit libre et Iiardi, tel est le
droit fêôdHL Au uiilicii de ce droit, les alod, les
Fiefs du soleil, ainsi nomméâ parce qu'ils ue rele-
Yaieat de nul autre seigneur, semblaienl prolester
au nom de la liberté antirpie. Unjourquo ce puissant
empereur Fréd(?ric Barberousse chevauchait avec
mn cortège, il vit sur la route uu liommc assis qui,
sqiTis se lever ni se découvrir, uneltait seul ornent la
main au chapeau. L*Empereur demandant quel était
donc cet homme qui ne leuait compte de la majr*?lé
impériale, il lui fut n^poudu que c\Mait un baron
indépendant, qui ne relevait de pei-sonne, ni des
princes, ni de rEnipcreur... Imposante figun* de la
propriété libre, restée là sur le chemin pour voir pas-
fter l'orgueil éphémère dn fief.
Dans la sphère féodale elle-même, dans re
monde servilement hiérarchique en apparence,
les foudistes reconnaissent au vassal le droit de re-
noncer h riiommagej de défier même, de guerroyer
mu seig'neur. lïeaumanoir est ici d*accord avec le
droit castillan. Le Rico home mécontent envoie au
roi un de ses hommes qui lui dit sjmph::^ment :
'' Sire, un tel vous baise les mains; û'^h ce jour, il
ii'i'st plus votre vassal. >^
Chaque membre do la société féodale, quelque
yietit cju*il soii, ef^t un propriétaire souverain. Ce
que nous avons dit ailleurs de rurgneil de la pro-
priété doit se reproduire ici, La terre est tout dans
cesystlmie. L'homme y est attaché, il a pris racine
dnns le rocher où s'élève sa tour. i\u//e terre sans
ieif/neitry nul seigneur sans terre. II est classé, qua-
lifié par sd terre, il en suil lo rang^ t^n porli^ b nonii
Il la po^sfcilp, mais il en e^i possédé; los usagt'^s*
sa Icrre le domineiil, ce fier baron* Le syslèrae féû
(lai est ciminie une religion de la terre.
Toute religion a sa langue sacrifie. Ici, cVst
blason. Symbolisme «Torguellp en face d« symbo
lisme cbtélien* L'homn^e de la terre craint lelk
menl d'èlre pris pour un homme sûfis terre \ qu'ï
porte sa terre avec lui, peinte sur son éeu*
champ de Fécn sera noir^ comme la bonne terr
labourée, vert comme Tlierbe naissante, rouge Ai
sang di.^ ceux rjui y loucheront. Quels animaux ger
nieront dans ce champ d'orgueil? des lions sa
doule, des dragons^ des aigles, des monstres
symbolisent le mt'dange des nobles familles.
Le blason est devenu un système» une scienc
eulre les mains féodales. Jlais il existait de loï
temps. La haute aaliquilé fil un usage analogue
d(*s couleurs et des signes. En Orient, le blason do
royaume, le symbole des castes qui le divisent, c'est
la ville elle-même dans ses divisions, Ecbatime, par
exemple, aux sept enceintes, aux sept couleurs. Le
moins oriental des peuples asiatiques, les Turcs,
ont gardé quelque oliose de ces traditions. Partis de
la vie pastorale, ils ont lait de la tente immobilisée
ht symbole de l'empire. Celte tente a quatre colon-
nes, qui sont le grand vuir et les trois principaux
ministres. Elle a deux Portes, la Porte du gouver-
i. Grave injure au m^yen âge. C'est la plus forte dont ou
ail pu stitirle nom du plus mouvais roi d' Angleterre.
nement, laPorledola béatiluilf!(ie hamm), les soins
de la terre, le repos du ciel (voy Hiimmer, L. I
et ni).
Le lion est IV^mbliVmo du roi. Le p:ilais du roi
contient ordînnircmenl un paiais dvs lions. Les ail-
les reines de G and, de Berne j nourrissaient des
lions, des ours, vivantes et m glissante s armoirius,
Vnft féodale abbaye de Flandre entretenait un aigle
immortel (perpétua aquila). A Amiens el; ailleurs,
nageaient en liberté les ey^io?i dn roi, non moins
blancs, non moins royaux qiJe les lis.
Les clans d'Ecosî^c se cueillaient sur leurs landes
et dans leurs montagnes des armoiries vi^gétales,
d'une triste et vivaee ver.hire ; Pif funèbre, le pin
aux feuillu?^ en flèches, le houx piqnant comme une
claymore, le gui qui vit d'aiilrui, le chanlon qui
accroche volontiers le passanl du border.
Comme les Ecossais, comme la plupart des popu-
lations celtiques, nos aïeux aimaient, au tému!-
gnage de;B anciens, les vêtements bariolés. La diver-
sité des blasons provinciaux couvrit la France
féodale comme d*iin tartan multicolore. Ce fut une
belle chose que nos rois pussent amener toute cette
bigarrure à la simplicité de deux couleurs. Des fers
fie lance, des crapauds impurs, ils surent faire des
lis. Aux couleurs célestes, mais inanimées, du bleu
et tlu blanc, il ne manquait que de se vivifier iiu
rowje; le peuple y ajouta le sang.
L'Allemagne et la France sonï les deux grandes
nations féodales. Le blason y esl indigène. Il fut
XXÎCÏV' nOLLECnS. DEVISES.
importé on Angleterre, iiniti^* en Espagne el en Italie.
L'Allemagne barbare et féodale aimait â^m^ les
armoiries le verl, la couleur de la terre, d'une terre
venloyaiUe. La France féodale^ mais non moîntî
ecclésiastique, a préféré les cou leurs du ciel.
Les conleurSj les sij*:nes muets, précèdent long-
temps les devises. Celles-ci sont la l'évélatîon du
nrly!ît^re féodal. Elles en sont aussi la décadence.
1\)ute religion saiTatbIit en s'expli^nanl. Dés que
Iv blason devient parleur, il est moins écouté.
L'origine dos devises, ce sont les cris d'armes.
Quelques-tHis, d'une aimable poésie, semblent em*
pot 1er les souvenirs de la paix au sein des batailles.
Le sire de Prie ci'iuit : Cbanis d'oiseaux! Un autre :
Notre-Dame au peigne d'or! ^ Ces cris de bataille
font penser au mot tout fran^^ats de Joinvillc :
« Nous en parlerons devant les dames. »
Le blason plaisait comme énigme, les devîscï^
comme équivoque. Leur beauté princifialc résulte
des sens mulliples qu*on peut y trouver. Celle du
dite de Bourgogne fait penser : <^ J'ai hâte. >^ Hâte
(lu ciel ou du ti'6ne? Celte maisou tie Bourgogne»
si grande, sitôt tombée, semble dire ici son destin*
— La devise des ducs de Bourbon est [dus claire;
un mot sur une épée : Penclrabit, Elle entre m,
La plus courte devise, le symbole souvent véri-
diqne de la famille, de Findividu, c*cst le nom.
Dans Torigine, il n'est pas arbitraire. Los nations
iuiliques ne nommaient pas Tenfanl au liasard ;
elles pensaient, peut-être avec raison, que le nom
dont il est dout^ k sa uaissanco influera sur ses
(iestint^es (voy, p* 172! 7-3).
L'usurpation des noms nobles, celle des armoî.
ries, dans les derniers siècles, offre le spectacle
d'un curicox travestissement. Ces bourg^eots qui
deicsteuL les nobles, qui, sous Thermine et comme
gens du roi, leur font cruelle guerre, les jalouspuL
pourtant et les imitent, ils inventent un blasïOn à
eux, sur moyen d'avilir Tautru. De boonc beure,
les marchands, les artisans^ ont des signes, des
marques de leurs professions, pour suppléer à
TécTiture. Peu à peu^ ils mettent leurs ensej^ine!?,
leurs outils^ sur la bannière de leurs paroisses, puis
tout hardiment, sur écu, un cbamp d'azur^ de siuo-
ple ou de gueules. Le fier symbolisme armoriai est
parodie en rébus, en calembours (jk 172-174).
C'est comme la po6sie germani(|ue, lorsque des
hauteurs sublimes de FEdda ut du Nîebelungen, elle
tombe aux gauches essais des ba^^kelsaing^or, des
ouvriers poètes, aux chants d'enclume et d'établi.
Nulle forun^ do société n'a laissé plus de haine
que le monde féodal, plus de rancune dans le peii)^h\
Lanliquité, sans nul doute, avait été plus dure; de
Tesclavage au servage, au villenage, le progrès est
sensible. Mais lu féodalité fut insolente, [ileine de
morgue et de dédain. Le blason seul eût provoqué
la haine; ces figures de bètes féroces, ces grittons,
ces vautours, semblaient de muettes menaces, oii
triomphaient Torgueil du maître, la brutalité du
guerrier. Les formules expUt^uaient les symbules,
\\\\l
DROITS FEODAUX .
i* Le seigneur enferme leî^ mauuuU, sous porles ùI
gonds, du ciel à la lerre... Il est ^seigneur dans tuul
le rêssoii, sur tête et coii^ veiil et pi'idrie; tout e^^i à
lui, UnH cheaiie, oiseau dans Pair, poisson dans
Teau, bète au buisson, cloche qui roule, onde qui
coule.., ^
Dure Lyraiinie; mais il y avait des dérisions plus
dures, dliiunilianles exigences. La corne de vin
due au seigneur dans ijuulijues endroits ne peut lui
être apportée que par une fille de dix-huit ans. Le
fameux droit de marquette et de première nuit, qui
au funJ ne fut guèrt* qu'une ve5:aliuu fiscale, n*en
tHait pafï moins «julr^i géant.
Ce fier baron, ce tyran semble pourtant, dans la
pratiijuë, avuir été souvent facile et débonnaire.
Tant que tes besoins du luxe ne le forcèrent pas de
pressurer ses hoaunes, de leur arracher de FargeDi*
les redevances se payaient en nature, sans peine et
do bonne grâce, c'était du blé, des bestiaux, des
poule§, pour Iti banquet seigneurial. Il y avait tel
fief dont )a redevance était un mai orné de rubans
et paré de trois épis.
Beaucoup de droits féodaux, ijul nous révoltent.
étaient probablement ceux dont le serf se plaignait
lemuins, parce qu'ils lui coulaient peu. Telle est la
fameuse i^tiligaiion de battre Teau la nuit, j*our
faire taire les grenouilles, lorsque le seigneur vient
au manuir. Les gens de Roubaix devaient à certain
jour liattre Toau et faire la moue au cliAleau.
Maintes redevances semblent dérisoires pour
PROCEDURE. JUGEMENT. GUERRE. XXXVII
eeluî qui les reçoit; un vassal italien, par exemple,
(levait à son seigneur la fumée d'un chapon bouilli.
D'autres redevances étaient réelles, mais le sei-
gneur rendait plus qu'on ne lui donnait. Voyez la
belle formule du petit homme de la S. Walpert
(p.l87-188).Dans d'autres coutumes, le seigneur doit
fournir, à ceux qui viennent payer, bon feu, fifre et
violon, et la Dame doit ouvrir la danse. Saint Louis,
pour tout droit d'entrée, ordonne que le porteur de
singe fasse jouer son singe; il tient quitte le jon-
gleur pour une chanson.
Plusieurs coutumes allemandes réservent expres-
sément au paysan le droit d'émigrer. Si même le
seigneur vient à le rencontrer, et qu'il le trouve
embourbé, il doit descendre de cheval, au moins
(Pnne jambe j et lui aider à se tirer d'affaire.
Nous avons suivi la vie de l'homme dans sa
marche épique, dans son harmonique développe-
ment, de la Naissance au Mariage, de la Propriété
a l'État. Désormais, notre tâche est plus rude. La
partie dramatique commence, la Procédure, le Ju-
gement, la Guerre.
Jusqu'ici, au total, le bien dominait. Mais voilà
qu'un jour le mal commence; l'idée du mal appa-
raît, et avec elle la nécessité du remède. Ce remède
est le jugement. Tout le progrès de la vie était
jusqu'ici initiation et communion; i'ex-communion
va être désormais nécessaire.
Si la vie légale s'est parée de formes symboliques,
XXXVIII DÉFI. SOMMATION. CONVOCATION.
combien maintenant s'en chargera-t-elle avec un
soin plus inquiet? Dans cette lutte sévère, que la
conscience humaine va soutenir contre soi, elle
aura peine à trouver des formes assez solennelles.
L'homme appellera à son aide toute la nature, il
demandera à l'impartialité du monde physique de
quoi rassurer la moralité tremblante.
Le jugement et la guerre ont mêmes formes dans
les sociétés barbares. Coupable, insolvable, vaincu,
serf, ces mots sont presque synonymes, au moins
poui les effets juridiques.
Le jugement étant encore la guerre, le défi, la
sommation, la convocation, auront mêmes sym-
boles, menaçants et funèbres. C'est Tépée san-
glante, la flèche sanglante, c'est un linceul, c'est
la rapide croix de feu; ce sont les cris sinistres qui,
dans la Perse ou dans la Gaule, se répétaient de
montagne en montagne.
L'homme appelé en justice, s'il est à table, ne
doit pas prendre le temps d'essuyer son couteau.
Notre vieux Desfontaines ne veut pas qu'il reste
près de sa femme en couches. La loi de Moïse, qui
est ici une loi de grâce, dispense pour un an de
partir pour la guerre celui qui n'a pas encore mangé
du fi-uit de sa vigne et celui qui vient de se marier;
elle lui donne un an pour le passer en joie avec sa
femme *.
1. Conjugis anle coacta novi dimitlere collum,
Quam veniens una atque allora rursùs hiems
^octibusin longis avidum saiurasset amorem. CatuiL
ASSEMBLÉS. TRIBUNAL. XXXIX
Le rendez- VOUS de guerre est un champ, une
prairie, un Champ de Mars, un Champ do Mai, le
long d'un fleuve salutaire qui 'abreuve le peuple.
L'assemblée de justice est un lieu sacré, au centre
d'un lac, au milieu d'un pont, un Pont-aigu comme
celui où Mahomet fait passer les âmes. Ce sera la
porte de la ville où siègent les anciens; ou bien
sotis Forme féodal, aux Trois chênes, aux Sept
chênes, au Hêtre de fer, à la Roche du droit (Juris
dicundi rupes); ou encore aux Douze pierres, à la
Pierre noire, au Siège de la piètre hardie; quel-
quefois, par un gracieux contraste, Devant l'aubé-
pine, au ciel bleu, Devant la grange tapissée de
mais verdoyants. i
Le juge regarde le soleil levant. Le soleil est le
héraut céleste qui ouvre et ferme Taudience. Solis
occasus suprema tempestas esto... Jusqu'à heure
d^estoilea^ dit notre vieux droit. Le jugement ne peut
se faire que le jour, lorsque le chant du coq a fait
fuir les mauvais esprits, et mmené sur l'horizon
les bonnes puissances... Et dans les cœurs même
il fait jour; avec la nuit s'envole Tessaim des mau-
vaises pensées. Homère dit : « La nuit divine. »
Elle l'est en ceci, que l'homme, lant qu'elle pèse,
s'appartient moins à lui-même qu'aux forces incon-
nues. Homère dit encore, et dit mieux : « La sainte
lumière... » La nuit fait les crimes, et le jour les
juge. Le coupable se trouble à l'aurore; il baisse
la tête devant le soleil. Cet astre n'est pas seulement
le triomphant luminaire du tribunal; il comparaît
XL COMPARUTION.
comme témoin : « Solem quis dîcere falsum au-
deal? »» Les fils des Germains, ces vrais Niebelungen,
qui ne comptaient que par nuits, n'en reconnais-
saient pas moins cette bonne influence du jour.
Qui n'a i^prouvé les tentations de la nuit, les len-
teurs do Taurore, sans dire le dicton allemand :
H Sainte lumière, sois-moi en aide ! » L'âme en
peine no perd pas l'espoir, quand, des profondeurs
du purgatoire, elle attend, elle entrevoit les lueurs
du paradis.
Lq^ lois de Manou^ le Gorgias de Platon, con-
seillent au coupable de se présenter de lui-même
au ju^G, comme le malade au médecin, de se faire
guérir, s'il le faut, par le fer, de cette dangereuse
maladie de l'iniquité. Mais généralement les lois an-
tiques donnent du temps au coupable pour vouloir
guérir; s'il ne se sent pas mûr pour l'expiation, il
peut fuir au prochain asile, aux autels, à son propre
foyer qui est aussi un autel; personne ne l'en arra-
clicra. La loi juive reconnaît des villes d'asile. Au
moyen Age, le coupable n'a qu'à passer le bras dans
Fannéau des portes de l'église. Lin plusieurs pays,
son plus sur asile est le manteau d'une femme.
Qu'elle prenne sous sa manche la tête du fugitif,
personne n'osera l'assaillir, même avec des j'oses.
Dans ces temps de violence irréfléchie, de crimes
sans méchanceté, la pitié est pour le coupable. Les
vieilles lois l'appellent paternellement le pauvre
pécfiein\ Encore aujourd'hui, à Rome, quand un
coup de couteau s*esl donnée celui qu'ils plaignent
L ASILE. LK JUGE. XLl
ce u'cst pas le mort, c'est le meurtrier : // pove^
rello !
Le jugement barbare s'ouvre. Les juges arrivent
armés; chacun plante son couteau en terre. Le ju-
gement est une guerre en elTet. Les lois féodales
réservent expressément au condamné le droit de
blâmer (blasphemare) la sentence, de défier le juge.
Le coupable est souvent le contempteur du droit,
la bête indomptable qui ne marche pasy mais bondit *.
Il faut que le juge soit un fort chasseur, un Aod
qui frappe des deux mains, un Samson qui met les
lions en pièces pour en tirer le miel de la justice '.
Samson est le juge dlsraël, Hercule est le juge
hellénique.
Ce juge, cet homme fort, ce Bouphage, arrive à
jeun^ triste et terrible. La loi du Nord lui défend
de s'enivrer les jours de jugement. Il prend place
sur son siège, comme le lion qui grince les dents; il
jette la jambe droite sur la jambe gauche... Glaive,
marteau d'armes, hache, gantelet de fer, toutes les
menaces juridiques, sont devant lui et attendent
leur homme.
Qu'on apporte le mort... On le dépose à neuf pas ;
on l'approche de trois pas en trois pas, et chaque
fois on crie.
L'accusateur s'avance, armé jusqu'aux dents :
« Malheur à lui, qui sur grande route, a mené de
vie à trépas mon frère chéri, mon frère que mieux
i . L'impie axipra, dit Platon.
2. Examen apum iu ore leoais. Judicum liber, c.U, v. 6-8.
XiS. SEUMENT.
j'aimais que trente livres pesant bon poids, et bien
mieux encore ! »
Alors tout le monde regarde le cadavre. Si le
meuiirier est là, le mort ne manque pas de s*émou-
voir et àe vomir l'écume. Il en advint ainsi lorsque
Richard Cœur de Lion, après sa guerre parricide,
vînt prier au cercueil de son père.
Cet appareil terrible n'élonnera pas Tiimocenl.
Dans Tantiquité, Thomme libre a ce privilège de
se justifier par simple affirmation ; tel est le respect
de ces temps pour la véracité humaine, leur foi
dans la sainteté de la parole. « Si le frauc-juge
westphalien est accusé, il prendra une épée, la
placera devant lui, mettra dessus deux doigts de la
main droite, et dira : Seigneurs francs-comtes, je
suis innocent; ainsi me soient en aide Dieu et ses
saints ! Puis il prendra une pièce marquée d'une
croix, la jettera en preuve^ tournera le dos, et ira
son chemin*. »
Si l'affirmation ne suffit pas, il jurera sur son
épée, sur les saintes reliques, quelquefois simple-
ment : Par sa barbe *. En sa barbe est Thonneur de
l'homme, comme sa force en sa chevelure.
A mesure que la parole est plus légère, on no
1. Cette juslification fait penser à celle d'.Cmilius'Scauros
(V. p. 262-263; et aux paroles de Scipion, entraînant le peuple
du Forum au Capitole : « Tous les Romains le suivirent, et
nos cœurs le suivent encore, en lisant ce trait de son his-
toire. » Voltaire.
2. « Ma barbe, dit le Cid à son ennemi, dans le Poema del
Cid, oui, elle est loûgue, ma barbe, parce qu'elle a été nourrie
ÉPREUVES. XLIII
pèse plus les serments^ on les compte. L'accusé
fait jurer sa famille, sa tribu, ses amis. Ils viennent
tous et jurent bravement, tout comme ils auraient
combattu. Ils n'ont pas besoin de rien savoir du
fait; ils ont foi au dire de leur parent et au bon
sang de leur famille. Le roi Gontran se contenta
du serment de douze guerriers pour croire à la
vertu de Frédégonde. Plus tard, il fallut soixante-
douze serments pour convaincre une reine. Les
Gallois se défiaient tellement d'eux-mêmes, qu'en
certains cas ils exigeaient le serment de six cents
hommes.
Le besoin d'un si grand nombre de serments
indique assez que le serment ne vaut guère. La
pauvre justice barbare, ne sachant où trouver le
vrai, en appelle de l'homme qui peut mentir à
l'incorruptible nature. Pourquoi l'accusé repous-
scrait-il son témoignage? La nature est bien sa pa-
rente aussi. Le juge somme les éléments de lui
dire si l'homme dit vrai ; il les met aux prises avec
l'accusé. Sans doute, l'être innocent et pur aurait
horreur du coupable^ fuirait le contact du crime
ou s'élèverait contre lui. L'accusé communiera
donc avec l'eau ou le feu ; communion humiliante
pour mon plaisir. Jamais fils né de femme n*a osé la toucher.
Il n'en fut pas ainsi de vous; lorsque je pris Cabra, et que je
vous saisis par la barbe^ il n'y eut si petit garçon qui n'en
arrachât à poignées. » — D. Juan de Castro, délaissé par sa
patrie dans la guerre des Indes, donna sa moustache aux
luarchands de Goa, et trouva des millions sur ce gage
V. LaÛteau.
XLIV ÉPREUVES.
OÙ la nalure inanimée juge l'honime, où la per-
sonne s'abaisse devant la cbose de Dieu.
Ceux qui s'y soumettaient, c'étaient ordinaire-
ment les femmes, les pauvres, les serfs. Godruna,
la reine Teutbergc, la femme de Charles le Gros,
celle de l'empereur Henri II, la mère d'Edouard
le Confesseur, appelèrent Teau et le feu à témoigner
de leur cbasteté. La nalure, femme elle-même, ne
trahissait pas ces pauvres femmes; elle couvrait
leurs faiblesses d'indulgence et de pitié. Do même
qu'à Rome, l'eau s'arrêta dans un crible pour sauver
la vestale qu'on allait enterrer vive, de même que
la Bonne déesse implorée par Clodia permit que
la ceinture inviolée pût traîner un lourd vaisseau,
au moyen âge aussi l'ordalie sauvait les faibles. Le
prêtre qui y présidait ne refusait pas un miracle
à la charité. Quel miracle plus adorable que la
charité elle-même, en ces temps barbares? L'Église
couvrait tout de sa robe maternelle. Elle aimait
mieux sauver au hasard les coupables et les inno-
cents. C'était son principe dans les épreuves de
l'eau que l'innocent devait enfoncer ; l'eau, comme
pure créature de Dieu, ne recevait que les purs...
Bons prêtres, saints évêques, qui ne baiserait vos
châsses vermoulues, qui n'honorerait vos reliques?
Vous sauviez courageusement le pécheur au péril
de votre salut éternel. •. A de tels mensonges, Dieu
garde son paradis.
Les guerriers dédaignaient les épreuves. Ils vou-
laient que Ton crût ou leur parole, ou leur épée.
DUEL. , XLV
Ils juraient par leurs armes, et s'en servaient pour
se faire croire. C'était bien encore une épreuve.
Dieu guidait les coups. Nul doute qu'ordinaire-
ment le bon droit ne l'emportât. Le coupable, dans
ces âges de foi, était d'avance vaincu par ses
remords, par l'imminent danger de la damnation.
Pouvait-il se porter bien hardiment au combat,
quand il combattait contre Dieu? La foule lui sem-
blait hostile, la terre indignée, le soleil pesait sur
sa léte, toute créature était menaçante. On sait
riiistoire du meurtrier qui fut vaincu en champ
clos par le chien de sa victime.
Dans l'absence de preuves, dans le silence des
vivants et des morts, les animaux auraient parlé.
Les temps anciens reconnaissent en eux une mo-
ralité que nous ne savons plus y voir. II semble
que, dans les âges plus voisins de la création,
l'homme était moins séparé d'eux ^ Les êtres animés
étaient encore frères. Celte croyance naïve se. re-
trouve partout dans les lois barbares. Elles ne met-
tent pas comme nous l'animal hors du droit. Elles
le punissent, le protègent, le vengent comme tout
autre serviteur. Elles l'interpellent ici comme cou-
pable, là comme témoin (V. p. 74-75, 278-280 et 309).
« Si l'homme qui vit seul est attaqué en sa maison
après l'Ave Maria, et qu'il tue le brigand, il tirera
trois brins de son toit de chaume, prendra son
1. L'auteur inconnu du Sésoslris de Turin et Michel-Ànge
dans son Moise n'ont pas crainl de laisser quelque chose de
la bête dans ces gigantesques images de Thomme primitif.
XLVI COMPOSITION.
chien, ou la chatte au foyer, ouïe coq à l'échelle,
les amènera devant le juge, jurera, et sera déclaré
innocent \ »
La sentence prononcée, deux choses suivent, le
festin des juges ou jurés, la peine des coupables ;
autrement dit Tagape des purs, Tcxclusion des
impurs. Cette agape est un droit des juges. Les
amendes prononcées se boivent et se mangent.
Dans les Coutumes allemandes, ce point impor-
tant est réglé avec une remarquable complaisance.
Les peines corporelles étaient rares, inexécu-
tables, parmi les barbares. Ce n'était pas chose aisée
que de mettre la main sur un homme désespéré,
pour lequel toute une tribu aurait combattu. Les
représailles d'ailleurs n'eussent jamais fini. Il valait
mieux éteindre la vengeance, faire payer le cou-
pable. Pour apaiser les parents du mort, pour
liiur faire oublier le crime, il fallait couvrir le
corps du délit, entasser sur le cadavre assez d'or
ou d'argent pour qu'on ne put le voir ; ou bien le
leur contrepeser d'or, leur donner un homme d'or
ou d'argent pour celui qu'ils avaient perdu. Telle
semble avoir été la forme primitive des composi-
tions.
Rarement le pauvre pécheur fOuyaM trouver tant
4. Le chien, le chat, méchamment tués, obtiennent ven-
geance et composition. Ils sont placés debout, et le meur-
trier doit, de la tète à la queue, les couvrir, non d'or, il est
vrai, mais de grain rouge comme Tor.
SKNTKNCK. XLVII
cror. Il fallait que toute la famille, toute la tribu,
Taidàtà payer, de jmiême qu'elle Tavait aidé k jurer ^
à combattre.
« Si quelqu'un, dit la loi Salique, a tué un
homme et n'a pas en toutes ses facultés de quoi
satisfaire à la loi, il présentera douze témoins pour
jurer que ni sous terre, ni sur terre, il n'a plus de
bien qu'il n'en donne. Et ensuite il doit entrer
dans sa demeure, et des quatre coins prendre en
sa main de la terre, puis se tenir sur le seuiU
regarder vers l'intérieurde la maison, et, se tenant
ainsi, de la main gauche jeter de la terre par-des-
sus ses épaules sur son plus proche parent. Que si
déjà son père, sa mère. Ou son frère ont payé pour
luiy il doit jeter de cette terre sur la sœur de sa
mère, ou sur les fils de celte soeur; s'il' n'y a point
de tels parents, sur les trois plus proches du côté
paternel ou maternel. Et ensuite, en chemise, dé-
ceint, déchaux, bâton en main (palo in manu), sauter
par-dessus la haie. » — C'est qu'en effet les portes
ne sont plus à lui, il ne peut plus marcher sur le
seuil sacré. Un autre doit l'occuper à sa place.
Nous n'avons pas malheureusement de formules
de condamnations dans les lois barbares. Les for-
mules weimiques, bien plus récentes, sont toutefois
d'une haute poésie :
« A toi, coupable créature!... En ce jour, je te
retire tout droit du pays, tout honneut*... Je dépars
ton corps aux passants, au seigneur ton fief, ton
hérilage à qui de droit. Ta femme est légalement
XLVin SENTENCE. LE BANNI.
veuve, et tes enfants orphelins. Je te mets de
justice hors justice, de grâce en disgrâce, de paix
hors la paix, de sorte que, quoi qu'on fasse, on ne
puisse méfaire en toi... » « Là où chacun trouve
paix et sûreté, tu no les trouveras pas. Nous t'en-
voyons aux quatre chemins du monde!... Nous
t'excluons des quatre éléments que Dieu a donnés
aux hommes et faits pour leur consolation... Nous
adjugeons aux corbeaux et corneilles, aux oiseaux
et bêtes^ ta chair et ton sang; à notre Seigneur,
au bon Dieu, ton âme, si toutefois il en veut. »
Puis vient le chant sauvage du gibet, Taigre voix
de la justice du peuple :
Bâillon d'aubépine à la bouche,
Au col baguette de chêne,
Les cheveux au vent,
Le corps au corbeau, l'àme au Tout-Puissant !
Ordre du roi subir tu dois.
Glaive d^acier col doit couper!
Et ailleurs: -^
Loi du roi Charles subiras.
Arbre sec chevaucheras.
Rejeté de sa famille, de sa tribu, il s'éloignait
pour toujours, prenait son bâton de juif efrrant,
mettait ses souliers de fer*. S'il arrivait à la mer, il
ne devait pas attendre plus longtemps pour partir
que le flux et le reflux. Une mauvaise barque, fai-
sant eau, le jetait, loup aflamé, aux rivages dU sud.
1. Voyez les Sagas.
^ . ^- -^ .^^
LB BANNI. XLIX
Ou bien, traversant les grandes forêts germaniques,
cet autre océan, il se laissait guider au cours
torrentueux du Danube, se donnait au diable,
aux HunSy ou se vendait corps et âme aux perfides
Byzantins.
Quelquefois, après de longues années, vieux et
chargé d'or, il osait refaire le grand voyage, quitr
tait les beaux climats, se replongeait aux sombres
forêts, revenait voir ce qu'étaient devenus sa veuve,
son fils laissé au berceau. Mais personne ne voulait
reconnaître cette vieille barbe. Heureux si les siens
ne lui dressaient des embûches, ou si son fils ne lui
proposait un combat à mort: « Hélas! dit le vieil
Hildebrand, j'erre depuis soixante étés, soixante
hivers... Et maintenant il faut que mou fils me tue,
ou que je sois son meurtrier. »
Cette vie aventureuse du proscrit, ces héroïques
malheurs, ont été chantés par tous les peuples. Que
dis-je? rêvés et désirés. Tous ont souhaité Texil...
K Arva béata, petamus arva, diviles et insulas... )>
Ils auraient volontiers changé le foyer domestique
pour la verte feuillée de Rofin Hood, ou le roc de
Don Luis de Galice, F ennemi de la loi.
Le banni des temps anciens avait de belles
chances. D'avoir rompu tout lien du passé, brisé
d'un coup tant de faibles fibres qui pourtant tien-
nent au cœur, c'était beaucoup pour commencer
une vie nouvelle. En lui ôtant la patrie, on ne faisait
que lui donner le monde. Le proscrit, le cadet, le
bâtard, voilà les fondateurs des peuples. « Que me
V''\??
L LE BAKiM.
permcUez-Yous d'emporter? disait le banni macédo-
nien. — Rien que ce rayon du soleil (p. 322). » Il
l'emporta en effet dans sa robe, le hardi jeune
homme, et il .fonda sur cet augure le royaume de
Macédoine. Ce soleil fut celui d'Alexandre, de TA-
drialique à Tlndus.
La cité du banni, Vasiley est le grand mystère du
droit antique. Trois asiles, la Judée*, Athènes et
Rome, ont été les foyers de la vie de TOccident.
La cité hospitalière, ce monde nouveau, formé du
débris des vieux mondes, les contient et les purifie.
Elle accueille Ores te à Tau tel des suppliants, elle
lui accorde Texpiation salulaire ; elle inhume pieu
sèment Œdipe. Les os de l'étranger lui portent
bonheur ^ Sa haute destinée, sa forlune est d'être
une tombe. Lo phénix social renaît chaque fois
plus beau de sa cendre.
La pénalité héroïque est le bannissement. La
pénalité sacerdotale est la mort. Les peuples guer-
riers rejettent le coupable, s'en délivrent; qu'il
nuise à d'autres, peu importe. Les peuples religieux
1. C'est le vrai caractère du peuple juif, au moment de sa
sortie d'Egypte. Les lois de Moïse elles-mêmes sont favo-
rables à l'étranger et à l'esclave.
2. Et ce bienfait, comment se révélera- t-il ? — Après ma
mort, lorsque tu m'auras donné un tombeau.
Sophocle, OEdip. Colon.. v. 572-3.
SUrPUCES. LI
considèrent moins le dommage que le crime même.
Tout crime leur apparaît comme une révolte contre
rinfini; infinie devrait être Texpiation. Tant que
celui-là reste dans le monde, qui en a voulu détruire
Tordre, le monde languit et souffre.
La variété des peines, cette infernale poésie où
semblent se jouer capricieusement les lois antiques,
se ramène pourtant à deux idées simples. La loi
veut ou soustraire le coupable aux éléments qu*il
souille de sa présence (murer, coudre dans un sac,
aveugler, etc.), ou bien le rendre à la nature, le
perdre au sein des éléments, Fabsorber dans la terre,
Teau, le feu ou Tair (enterrer vif, noyer, brûler,
pendre) *.
Sous toutes ces formes, c'est toujours le monde
social qui replonge au monde universel l'individu
qui a voulu être sa loi, son monde à lui. Apprends,
rebelle, que tu n'étais qu'une piè|pe dans Tharmonie
commune ; la mort t'y ramènera. Tu voulais être un
tout; rentre en l'unité.
Hélas I j'allais y rentrer de moi-même. Ne som-
mes-nous pas condamnés en naissant? La loi pro-
nonce la mort, mais la nature l'avait prononcée.
L'enfant, plein de vie et d'espoir, que l'on presse
au sein maternel, bientôt il échappe; c'est un
homme, un vieillard, c'est de quoi remplir un tom-
beau.
{.Quelquefois on ne punit pas Thomme, mais seulement le
membre, la partie coupable. On coupe la main meurtrière,
on coud la bouche menteuse.
LU VIEILLESSE. MORT VOLONTAIRE.
L'homme barbare dédaignait la mort naturelle.
Il supprimait par une fin anticipée la triste et
pesante vieillesse. Il eût rougi d'être vaincu par le
temps. Il voulait mourir de la main d'un brave, d'une
main aimée.
Ici reparaissent autour de la couche du vieillard
ces misères, dont le berceau de Penfant fut entouré.
La famine endurcit les cœurs. Celui qui ne fiil
pas exposé enfant le serait dans son dernier âge,
s'il n'embrassait lui-même la mort et ne s'immolait
aux dieux.
Rome mérita l'empire du monde; elle fut la vraie
4)atrie du droit. Tandis que les barbares n estiment
que la force et méprisent l'homme dès qu'il Ta
perdue, la loi romaine fait du vieillard un dieu
vivant pour la famille. La mère elle-même a droit
à une sorte de culte. Cornélie écrit à son fils Calus
Gracchus : « Qu^d je serai morte, tu me feras
des sacrifices funèbres et <u imploreras la divi-
nité maternelle... Ne rougiras-lu pas de les prier,
ces dieux, lorsque, vivants et présents, tu les auras
délaissés*? »
' Les lois du moyen âge, même dans les temps
chrétiens, accusent tristement la dureté de la
famille. Elles croient avoir besoin de protéger la
1. Ubi morlua ero : parentabis mihi, et invocabis Deum
parentem . . . Non pudet le... eorum Deûm preces expetere,
qaos viyos atque présentes, relictos atque desertoshabueris.
Corn. Nepolis fragmenta. — Je doute fort du sens donné
par Festus aux mots : Senes depontani (V. p. 328}.
MORT. LUI
vieille mère; elles la recommandent au fils. Il
doit lui laisser la meilleure place dans la maison,
et surtout au feu... C'est alors que votre foyer sera
sacré, enfants, et que votre maison prospérera.
Vous ne Taurez pas toujours cette tête vénérable,
cette voix tremblante, bientôt vous ne l'entendrez
plus.
« Quand le Brahmane voit ses cheveux blanchir,
et qu'il a sous ses yeux le fils de son fils, il s'en va
dans quelque forêt, habiter seul sous. le ciel, parmi
les racines d*un figuier indien. Ayant déposé en lui
le feu saCré, il n'a plus de feu domestique; il vit de
fleurs ou de racines. Il attend silencieux, comme
l'ouvrier le salaire du jour. Il ne désire point la
mort, il ne désire point la vie. Bientôt, il laissera
Todieusc enveloppe comme l'oiseau quitte la bran-
che, comme des bords d'une rivière la terre et
l'arbre se détachent. »
Le christianisme, entre toutes les religions^ a
aimé la mort; il Ta embellie à plaisir, Ta parée ten-
drement, comme une sœur qu'on mène à l'autel.
Il a fait mieux; il lui a changé son nom, il a juré
qu'elle était la vie. Il a appelé le dernier jour :
Natalis dies. -^ « Non moriar, sed vivam, et nar-
rabo opéra Domini. » — La Idgendc dit d'un saint
qui meurt : « Et alors, il commença de vivre et
cessa de mourir! » — '< Et tune viverc incœpit,
morique desiit\ »
1. Nous lisons, dans une Vie de' saint Bernard, que le saint,
deux jours après sa mort, honora d'une apparition Tun de
Deux formes priDcipales de sr*puiliirt> ; liéroïque,
sacerdotale. Dans Tune, rhomrae emportant ses
armes, s^cfForçant d'échapper à riiumiliation du
tombeau, brave la mort comme un ennemi. Le roi
des Scythes reste à cheval, tout mort qu'il est, et
brandit sa lance (p. 332-333). Ou bien, on fait dispa-
raître toute trace du héros. Un fleuve emporte son
cadavre (funérailles d'Alaric). Ailleurs, la flamme
dévorante saisit l'homme, beau et fier encore, et lui
sauve la laideur du sépulcre.
Dans la sépulture sacerdotale, Tliomme, aux dé-
pens de son orgueil, se réconcilie avec la nature, se
soumet à elle humblement. La grand'mère qui Ta
nourri si longtemps veut enfin Tavoir à elle seule ;
réponse toute féconde rappelle celui qu'elle aime
on son sein. La sépulture est encore un mariage.
Si le tombeau ne reverdit pas comme Tarbre,
qui sert aussi de limite, il n'en est pas moins la vi-
vante plantation du droit *. La tige de la famille y
est; elle fleurit par-dessus, et de temps à autre y
laisse tomber des fruits mûrs.
ses moines, le moindre de tous, homme simple et pauvre
d'esprit. Le moine mourut peu de jours après. Mais une
sérénité céleste était sur son visage. On lui aurait dit volon-
tiers, dit le légendaire :
Incipe, parve puer, risu cognoscere matrem.
Petit eufant, connais ta mère à son sourire.
Voyez, daus Waller Scott, les chants admirables de la mou-
rante, particulièrement celui qui est sur un air des métho-
distes. The heart of Mid-Lothian, c. 40.
i. Naturalitervidelur ad mortuumpertinere locus in quem
ORIGINfi DES SYMBOLES. LV
Gardien de la terre, monument de Thomme, le
tombeau contient un témoin muet, qui parlerait au
besoin. Laissez-y seulement une étroite fenêtre par
où le pauvre grand-përe puisse au printemps en*
tendre l'hirondelle, vous donner quelquefois le soir
un bon avis, enfants, de la basse et douce voix des
morts, et, s'il vous manque on protecteur, témoigner
des droite OBbiiés.
Essayons de pénétrer dans la nature du symbole,
d'examiner le symbole juridique sous les deux
points de vue de la nationalité et du temps, de voir
comment il naît et périt.
Le créateur a fait l'homme semblable à lui^ c'est-^
à-dire créateur. L'homme aussi crée à son image.
Symbole lui-même, il crée des symboles.
Pourquoi cette nécessité de créer? pourquoi
celui qui a si peu de vie et si courte, doit-il donner
de la vie, communiquer son être, son néant? C'est
que, tout néant qu'il est, il a en lui, comme image
de Dieu, une idée, une force féconde. L'idée qu'en-
infertur. Ulpian. Leg. 1. De religiosis. — Le texte suivant
attribue expressément au tombeau le caractère de la person-
nalité humaine : Gnm loca capta sunt ab hostibus, omnia
deslnunt religiosa vel sacra esse; sicut horaines liberi in ser-
vitudinem perveniunl. Quod si ab hâc calamilate fuerint
liberata, quasi quodam postliminio reversa, pristino stalui
restîtannlur. Pomponius. Leg. 36. De religiosis.
tn ORIGINE DBS SYMBOLES.
k-rme tout symbole brûle d'en sortir, de s'épan-
cher^ de redevenir infinie. Elles s'efforcent, les
pensées ailées, à voler sous le poids qui les entraine
contre terre; elles se soulèvent, comme pour res-
pirer un peu... Yoilà le malaise universel, la sublime
tristesse du monde. Homme, nature, toute existence
est travaillée d'un infini captif, qui veut se révéler
par la génération, par l'action et par Tart, qui fait
et défait ses symboles, languissant tour à tour de
créer et de mourir.
L'homme porte ainsi en lui comme un infatigable
arlisLe, qui travaille à la fois au dehors et au de-
tiaiis. Cette force l'use et le soutient. Elle est sa
causa Vivendi... Par elle, il se fait et se connaît
mieux chaque jour. II façonne incessamment son
argile^ il est à lui-même son Prométhée.
Gela est frappant dans les hommes vraiment
hommes, dans ceux qui vivent; ne nous occupons
pas des morts. Ceux-là, lorsqu'ils ne succombent
pas dans leur premier effort, trouvent, par le pro-
grès légitime du travail intérieur, que la vieillesse
csl le plus beau des âges, le vrai fruit de la vie hu-
maine. Ils s'élèvent du concret au spirituel, au pur;
ilt^ j; ravissent, par les degrés des arts ou des sciences,
lui escalier colossal, qui conduit de la terre au ciel.
Ainsi Michel -Ange, lorsqu'il eut, jeune, assouvi son
furieux génie dans les fresques de la chapelle Six-
line, lorsque, plus âgé, il eut dressé dans les sculp-
tiirt^s mélancoliques du Penseroso le cénotaphe de
la patrie, lorsque le monde croyait le vieillard brisé
ORIGINE DES SYMBOLES. LV1{
de chagrins et d'années, alors il prit un autre essor.
Par-dessus ces arts concrets qui s'attachent à la
représentation de la forme humaine, il monla à
rarchitecture, à Tart abstrait et pur, qui cherche le
beau dans les formes sans modèle. Âù delà de Tar-
chitecture, si la vie ne lui eût manqué, il rencontrait
la géométrie, et enfin la métaphysique, comme
suprême initiation.
Ce grand artiste platonicien, dans ses poésies,
nous dit que vivre, c'est dégrossir un bloc, en
tirer la forme qui y est cachée. L'homme rejette
peu à peu le poids qui l'opprimait, l'épais vête-
ment charnel dans lequel il fut emprisonné à sa
naissance. Qu'est-ce, en effet, que l'enfance, sinon
une lourde incarnation de la pensée, chargée de
lait, de sang, de poésie? L'âge nous en guérit, et
la prose, et l'analyse, la mort surtout, cette su-
prême analyse *.
Mais il faut qu'il y ait d'abord enfance et poésie.
1. L'imagination des premiers hommes fut d'autant plus
féconde en symboles poétiques, qu'ils étaient plus jeunes,
plus grossiers, plus incapables d'abstraire. « Dieu, dans sa
pure intelligence, crée les êtres par cela qu'il les connaît.
Les premiers hommes, puissants de leur ignorance, créaient
à leur manière par la force d'une imagination toute maté-
rielle. Poète veut dire ci'éaleur ; ils étaient donc poètes, et telle
fui la sublimité de leurs conceptions, qu'ils s'en épouvan-
tèrent eux-mêmes et tombèrent tremblants devant leur ou-
vrage. Fingunt simiil creduntque. » (Vico.) — Ils faisaient
des dieux, et ils étaient dieux. Ils Tétaient, comme au point
sublime de la passion, lorsque le jeune homme s'écrie dans
Térence : « Oeus facius su m ! »
LVnt OBIGIXK DBS SYMBOLES.
11 est bon qiie Thomme s<^ nourrisse loDgtemps du
lait de la nature, qu'il TaîmCj la craigne et Técouti^.
Un jour, les rôles cliangeronl, Jl la dominera par
Tart ol le travail; il la fécondera à son lour.
Nous ne nous repri-senlons pas aisément anjonr-
irhui ramour do Thommc pour la nature dans k*s
premiers Ages, où il était encoi-e à peine dégagé fie
son sein- En chaque créature de Dieu, il voyait une
sœur, une amante, — Lorsque Xerxès emmenait
contre la Grèce cette fabuleuse armée, il ira versait
la molle Asie avec sa cour, ses femmes, sei% belles
maîtresses. Ce mélancolique qui pleurait en son-
géant que de tant d'hommes pas un ne vivrait dans
cent ans, ce voluptueux qui promettait un prix à
qui lui trouverait un plaisir, aperçut à la rencoii-
Ire do plusieurs routes un beau platane, et fut
saisi d'admiration et d'amour. Tout ce que put
r homme pour la plante, l'amant pour Tobjet
aimé, ce fut de charger ses bras élégants de bra-
celets et de guirlandes : (t Et il lui donna, dit
Hérodote, un homme immortel^ pour en avoir
soin. >T
Ainsi dans cet antique Orient, le frire et la sœur^
l'homme et la nature no s'étaient pas méconnus en-
core; ils s'aimaient d'amour, La femme avait une
HeROD, VU, x\i, KxrÉM;c£V, ttr^TUip ipTu^uv^^, ojXaxa if.ii ippciyp^v*
jElian, hiât, var- U, xïv.^Je iiti crois pas, quoi qu'en disent
la plupart des traducteurs, qu'il s'agisse i\\n\ soldai <lu corps
des Immùrtelé, Vûjreï plus haut (p. xxxin) Perpétua o^ui/a, et
le mot Béies de fe\% dans le glossaire de Ltiurière,
ORIGINE DES SYMBOLES. LIX
rivale; c'était la création tout entière. Telle était
alors en l'homme la puissance d'aimer, qu'il en avait
pour tout un monde.
Mais runion était trop inégale. Cette belle et
formidable amante, Thomme n'était qu'un faible
nourrisson sur ses genoux. Elle le fascinait de son
mobile regard; elle le troublait de ses puissantes
caresses» elle lui faisait signe, mais il avait peine
à répondre. Ces signes impérieux, pleins d'attrait
et de terreur, c'était pour lui une étude d'en trouver
le sens.
Faisons aujourd'hui, si nous voulons, les fiers,
les rois de la création. Mais n'oublions pas notre
éducation sons la discipline de la nature. Les
plantes, les animaux, voilà nos premiers précep-
teurs. Tous ces êtres que nous dirigeons, ils
nous conduisaient alors, mieux que nous n'au-
rions fait nous-mêmes. Ils guidaient notre jeune
raison par un instinct plus sûr ; ils nous conseil-
laient, ces petits, que nous méprisons maintenant *.
Nous profitions à contempler ces irréprochables
enfants de Dieu. Calmes et purs, ils avaient Tair,
dans leur silencieuse existence, de garder les se-
crets d'en haut. L'arbre qui a vu tous les temps,
l'oiseau qui parcourt tous les lieux, n'ont-ils donc
rien à nous apprendre?... L'aigle ne lit-il pas dans
le soleil, et le hibou dans les ténèbres? Ces grands
K Noslri necpœnilet illas. Nec te pœniteat pecoris, divine
poeta ! — Humbles brebis, elles ne vous dédaignent point. ISe
les dédaignez pas, 6 divin poète I
LX POESIE JURIDIQUE.
bœufs eux-mêmes, si graves sous le chêne som-
bre, n'est-il aucune pensée dans leurs longues rê-
veries '?
Ces mouvements et ces repos, ces signes muets,
ces voix indistinctes, l'antiquité recueillait tout:
plaintes de l'Océan, murmures des fleuves, et tout
ce que la forêt roule de bruits dans les jours d'orage,
et tout ce que l'oiseau dit si bas à ses petits. Cé-
taient les mot^ d'une langue régulière, dont le?
phrases se reproduisaient dans un ordre si infail-
lible que Tune était l'augure de l'autre. Tel signe
apparaissant, tel autre devait \en\v; tel phénomène
était pour tel autre un rfro// d'exister.
Élre et devoir se confondant, toute existence était
un signe que l'homme se croyait obligé de traduire
en actes ou en paroles. Les phénomènes étaient
ainsi des symboles juridiques, qui s'interprétaient
en formules. La nature jetait ses oracles au vent;
la poésie suivait, écoulant et recueillant. La grande
mère parlait, l'humble fille s'efforçait de répéter.
Dans ce chant alternatif, s'harmonisaient à plaisir
les rythmes de Tune et de l'autre. Tandis que la
main mesurait les dactyles et que le pied frappait
l'iambe, le vent sifflait Tallitération dans les forèls
du Nord, la vague battait sur les grèves celtiques
des rimes solennelles.
Prodigieuse poésie, qui, pour la puissance dos
symboles, surpassait d'avance toute poésie hu-
{, llice sub nigrA pallontos ruminât herbas.
POÉSIE JURIDIQUE. LXI
maine. Des poètes de l'àme et de la réflexion, nos
modernes, plus passionnés sans doute, sont en
comparaison pâles et pauvres d'images. Comment
lutter de force avec TOcéan, de lumière avec le so-
leil? Celte poésie n'est pas de l'homme. « Cède
Dec. »
Sa force, sa grâce, c'est justement que sa langue
n'est pas sienne. Cette force devient une faiblesse,
à mesure que l'idée de droit, se distinguant de celle
d'existence, cesse d'être naturelle et fatale. La
poésie juridique semble porter alors malgré elle le
joug des images et des figures ; elle sent instincti-
vement qu'elle devrait s'affranchir du symbole.
Loin d'en suivre l'inspiration, elle se compose,
prend l'air grave. Jambes croisées, glaive sur table,
elle va cUre la loi... Mais le juge est trop jeune
encore. L'arrêt commencé finit par un chant.
(c Quidquid tentabam dicere, versus erat » Elle
voudrait, cette poésie, être déjà prose sérieuse,
faire entendre une voix virile Non, belle vierge,
il faut que vous restiez longtemps une jeune fille
au douteux langage, une harmonieuse pylhonisse,
qui prononce, souvent sans l'entendre, l'équivoque
oracle des dieux.
Ne nous étonnons pas si le prêtre, le poète, lo
jurisconsulte, sont primitivement le même homme.
Toutes choses se confondent d'abord dans le sein
de la religion. Même plus tard, lorsque la séparation
est accomplie, les jurisconsultes, chez certaines na-
iXlï KATMïNAUtÉS DIVERSES.
lîoQs, n'ont, pendant longtemps, d'autre nom *}ue
celui de Poiitet^i, de Trouvères (Scliœiït^n, Fînderj
eu allemiind). Ils troiiveni en effet la formule ; elle
tombe de leur bouche nombreuse et rythmique,
tantôt géminée, tantôt par triades, souvent en
rimes martelées '.
Considérons^ maiotenant les formes que la poésie
juridique revêt chez les nations dîviq'ses ; voyons
comment chacune improvise à sa manière sur le
tlifeme commun de la vie civile. Le sujet, ce sem-
ble, est toujours le même, do la naissance à la mort;
mais chafjue peuple envisage avec prédilection tel
moment, telle face du droit; celui-ci la famille,
celui-là la propriété ou le jugement. Cest aiu&i
qu entre les langues dont la science moderne a si
bien établi la parenté, chacune exprime avec plus
de force un élément grammatical; dans celle-ci \n
théorie du verbe est plus scientifique, dans telle
autre celle du substantif; de manière qua elles
toutes cUf^s représentent complètement la vertu tie
la langue humaine. Heureuse et féconde liberté de
la nature, où les diversités, se développant à part et
instinctivement, ne font jamais dissonance, mais
i. Injusducïto. SoHs occasiia aupremas tempesLaa esto.—
Quod felix Faiistumque sîl. Puro pioque duello. Potest pot-
letque. ïempla lesquaque. Nomeii numenque. Do, dico, aJ-
dieo. Habeant, teneaiil, pnssideant, Volo, statua, jtibeo, eU%
^^ Kraft und Maclit. Kurz und klein^ etc. — Mus (mu tus} et
taisaot. Tejiir el palmoier, Coticéder, gracier et ottroier, elc*
NATIONALITÉS. — INDE. IXHï
s'accordent d'elles-mêmes mieux que la science
n'eût pu faire.
En nous renfermant dans notre point de vue des
formules juridiques, nous pouvons y entrevoir Vidée
dominante de chaque nationalité.
L'Inde, préoccupée du renouvellement des êtres
sous les formes de la vie et de la mort, a exprimé
ces deux moments dans des formules sublimes.
Ces formules donneraient l'idée d'une moralité
bien précoce, si d'autres ne montraient combien
celle de l'Inde est encore engagée dans la nature.
La nature est ici la vraie, la seule personne. Les
Épreuves, dont l'Inde donne le premier exemple,
ne sont qu'une personnification des éléments; la
loi croît et consulte la chose plutôt que Thomme.
Dès que cette législation descend sur le terrain du
droit proprement dit, elle y vacille honteusement.
Le juge, pour s'assurer du crime, tente Taccusé,
et le pousse au mal (p. 262; voy. aussi le Sup-
plément).
L'Inde ne voit nulle part l'humanité avec plus
de complaisance que dans la femme, ce charmant
symbole de la nature, qui en résume la beauté. Elle
ne trouve pas -sur un si doux sujet de paroles assez
tendres, assez caressantes : « Ne frappez pas une
femme, eût-elle fait cent fautes, pas môme avec une
« fleur. . . » — « Si la terre est adorée, une mère n'est-
^'lle pas plus digne encore de vénération. » — La loi
repousse avec horreur le mariage par achat : « Même
dans les mondes antérieurs à celui-ci, nous n'avons
LXIV PERSE.
pas OUÏ dire qu'il y ail eu jamais une telle vente
d'une fille. »
Voilà de belles paroles ; mais elles ne se soutien-
nent pas. Llnde, représentant la nature, en con-
tient aussi les contradictions infinies. Cette faible
fleur, la femme, elle sera jetée aux flammes. Cette
mère si digne de respect, elle devient mère n'im-
porte comment. Au fond, elle est avant tout le
moyen de la génération humaine, la terre qui doit
être semée. Cette religion de la nature demande
des choses surnaturelles, que la femme affronte le
feu, que l'homme engendre sans plaisir. La loi
indienne connaît pourtant si bien la toute-puissance
de ce voluptueux climat, qu'elle regarde comme
adultère l'homme qui parle à une femme dans une
forêt (p. 41, 306).
Dans la Perse, au rebours de Tlnde, l'État domine
la nature ; l'État est le monde. Le roi est le symbole
de l'État ; son palais est une représentation de l'uni-
vers, comme, chez les Turcs, le sérail du sultan
(p. xxxii). Au reste, l'idée de pureté, de distinc-
tion qui domine dans la Perse dut la mettre de bonne
heure en défiance contre les représentations maté-
rielles. Le vieux symbolisme chaldéen, dans ses
monstrueuses images de bêtes, n'apparaît sous le
magisme que, comme le taureau mithriaque, pour
être immolé. Peu de symboles religieux. D'autre
part, le roi, comme symbole vivant de l'État, étant
toute la loi, il n'y a point de loi écrite, point de
formules juridiques.
KATIONAUTÉS. — JUÏ>ÉK. LXV
La Judée, en un sens, est le comniencemcnl du
droit* Le droit, le bon, lo pur, qui jtisqac-L\ était
uno suùsiance, un élément, un dieu, commence h
apparaître comme action humaine, conforme à
la volonté divine. Mais la haine de la nature, qui
fait le caractère sublime du judaïsme, empêche les
actes juridiques de se produire en symboles, de
s'harmoniser avec le monde extérieur en formules
poétiques. Sauf quelques emprunts au symbolisme
idolâtre (p, 267), que le christianisme lui-même n*a
pas repoussés, la Judée n'a puère connu de sym*
bole^. Ce qui y ressemble le plus, c'est le soulier
du déchaussé (p. 107-108) cl la levée du cadavre
(p. 230).
La Grèce n'a eu de symbolisme que la culture
de la heaulé humaine, je veux dire la gymnastique
et la statuaire. Tonte préoccupée de Thomme, du
citoyen, elle dédaignait la nature comme étant hors
de la cité» Tout ce qui n*est pas la cité est non Grec,
barbare, La famille et la propriété étant ici des
accessoires de l'Ktat, il n*y a gnhre place au droit
civil. Eùt-il existé, il n'aurait pu, chez ce peuple
sophiste et moqueurs garder longt^mips ces naïves
pantomimes juridiques, qui se conservèrent reli-
gieusement k Rome. La Grèce respeclc peu Tanti-
quité, la paternité. Le présent s y conduit avec le
passé, comme les fils d'Œdipe ou de Sophocle avec
f , Tl s'a^t, bien entendu, de la Grèce cÎTÎliaêç, de celle qui
a laissé des monumenU.
LXVT GEi-XE. ITAUU,
lour vieux père,(V. pourtant les p. 2, 9, 19, 2), 27,
213, 322).
Le <1roil, trop exclusivement personnel et poli-
tique en Grî^œ, est phis réel en Italie, Il se prend
à la terre et participe l\ la stabilité du sol. VAr/er
limité, divisé^ orienté, comme la cité ou le temple
(p. 57, 6L 81), ne changera pas aiï?émcnt* Ici, la
borne ^ le Terme» est un dieu. IVrni- mouvoir le
Terme, transférer TAger, il faut de magiques for-
mules, de puissantes conjurations {carmins; lex
liorrendi carminis erat* Tît. Liv.)^
L*opposition des races greC{iucs ne fut jamais
reconciliée. Celle de ITtalie se résume de bonne
heure en une cît<^, Rome est un moiidii double,
étrusque et sabellien, sacerdotal et héroïque. Cela
est sensible dans le droit civil, comme dans le
droit politique, particii librement dans les formes
du mariage : Cnufarreatio, coemplio. La Confar-
reatio rappelle ITnde, ainsi que les Sacra, Ily a
cette différence que, dans les Sacra, Rome est
moins occupée de Tàme du propriétaire que de la
propriété.
Il est curieux de mesurer le chemin qui s'est fait
depuis riiido, La propriété ne se transmet pufere
en ITnde que naturellement par la succession^ ou
plutôt elle est immobile, puisque le père vit encore
dans le fils, A Rome, elle se meut, elle prend lo
mouvement artificiel de la tradition et du testa-
ment. La paternité, commjMidéc dans ITnde comme
devoir par la religion, s'accomplit naturellement,
INDE, ROME, LNVII
f»it se supplée naturellement en ^alis^-ant la famille ;
à Rome, elle se snpplée arlîlicielbmeut par Tariop-
Lion ^ Ainsi le droit, inerte dans TOrient, devient
à ftome art et mouvement {hi-^v*A% ars); Rome est
Ta r liste du dit)it.
Le droit romain, nous Tavons dit, est surtout un
<lroit réel; un droit delà propriété ; eest comme
lel fju'il se survit dans nos lois et rhs^c. eneore sur
nous. Le droit personnel, non plus cnplif dans la
cité, comme en Grèce, mais libre comme l*oiseau
des forêts, s'est développé dans le monde germa-
nique.
Si la nature^ est une marâtre pour les hommes
du Nord, la fralernité n'a été que plus forte entre
eus. L'idée <le paternité domine dans rindc et dans
la vieille Itilie; celle de fraternité, chez les peuples
liéroïques*. La plus belle formule Scandinave est
r^lle du mariage des deux guerriers sous la terre
^p, 153-i). Cetïe union, souillée chez les Grecs,
hrille ici de pureté. La femme même est un héros,
cVst Brynhild, la reine de la froide Islande. Dans
U* Nialsa^a, la jeune fille n'a de nourrice et de gou-
i . La tladirior^, fe testament, l'adoplion, existent dan^
Hude. Toute forme de droit existe partout, mais eti geraie.
On ^eul dire pourtant que chacune appartient en propre au
peuple qui liii donne son développement, A ce litre, ta tra-
dition, le lestaraent, l^adoption, sont essentiellemeiit ro-
mains, le jury essentiellement allemand et anglais^ etc.
2, Voyeï dans la Grèce les amitiés famrust^sdLS Oresle et
(Iftî Pyiade, des Piritboiis et des Th6s(^e ; dans la Perse, celle
de Darios et de Zopire,
LXVlll SCANDINAVIE. ALLEMAGNE.
VLM'nante qu'un homme. C'est un monde vierge et
fort, comme la profonde glace des lacs.
Tout cela fond en Allemagne. Nulle part, le
droit ne s'est plus richement épanoui en formules
juridiques ; capricieuse végétation, et luxuriante, à
désespérer l'analyse. Vous compteriez tout aussi
bien les feuilles bruissantes dans les chênes de la
Forêt Noire.
Si pourtant vous écartez l'ombre que la féodalité
projette sur l'Allemagne, si vous évitez les fiefs
pour vous tenir dans les Marches, vous y surpren-
drez la véritable antiquité allemande. La Marche^
cVst l'Allemagne, comme TAger est Tltalie.
Mais il y a ceci à remarquer, que la Marche, pro-
priété indivise, a été moins importante comme pro-
priété que comme théâtre du droit personnel.
Cette terre vague de la commune, limitée, non par
le dieu Terme, mais par la pensée, par la probité
allemande, a eu une fécondité à laquelle doivent
rendre hommage les plus riches contrées du monde.
Celle-ci ne porte ni vin, ni huile; mais elle a porté
la justice. Ces landes sont un tribunal; c'est le ber-
ceau de toutes les grandes institutions germaniques,
peut-être celui du Jury '.
Le juge ici, c'est tout le monde; au besoin, ce
serait le passant. L'accusé même se juge. S'il
affirme son innocence; cela suffit, qu'il s'éloigne
(p, 262). Aujourd'hui même, dans les parties les
i. Je sais bien que toutes les nations barbares ont le prin-
cipe du jury. Voyez la note de la page Lxvn.
INDE. ALLEMAGNE* LXÏX
plus éloignées du mond*3 germanique, eu Suède et^
jo croîs, en Autriche, on n'exécuLo aucun crimmel
qu'il ne se déclare coupable.
Cette bonne Allemagne a conGaoce en Thommc-
Sauf quelques dispositions qui tiennent à la lutte
féodale, son droit est doux et débonnaire. La
[propriété nV est point jalouse. Le passant peut
cueillir trois pommes, couper trois grappes, arra-
cber trois raves. LWlIemagne est probablement le
seul pays du monde où Ton ait ordonné de planter
des arbres h fruits tout exprès pour satisfaire les en-
vies des femmes grosses qui passeraient (p. 39).
L'Allemagne, comme Tlnde, est préoccupée de
la femme. Les coutumes allemandes ne touebent
guère ce sujet de prédilection, sans dire <les mots
d'une iueiïable douceur* Elles sont intarissables
là-dessuSj et trop curieuses peut-être. Elles se '
mêlent du ménage, réglementent les rapports des
époux, souvent avec un adorable eufantillagOj
parfois avec une bourgeoise et risiblc débonnai-
re té.
Vous trouvez ici dans le droit ce je ne sais quoi
de gaucbe qu'on a toujours reproclié à Tart alle-
mand, du reste si aimable et si profond. L'Alle-
magne est variée, subtile; elle n'est pas harmo-
nique.
Tandis que Tlnde est gracieusement suspendue
uu sein de la nature, et comme endormie dans ses
bras, l'Allemagne s'y attache volontairement; dans
sus plus grandes naïvetés, il semble encore que.
LXX ALLEMAGNE.
pour plaire à la mère commune, elle bégaie et fasse
renfant. Derrière les formes puériles, son profond
regard voit toujours l'esprit. A cette jeune poésie
des symbole^, elle mêle une ironie candide; elle les
aime, les respecte, et pourtant sourit. Ainsi l'enfant
berce sa poupée, il l'appelle sa petite sœur; mais il
sait bien ce qui en est.
Cette contradiction générale de l'Allemagne res-
sort dans son droit. Spiritualiste quand au fond, co
droit, dans les formes, est alourdi par la matière.
Cbargé d'images et de figures sensibles, il ^,a tout
l'air d'an paganisme perpétué dans le moyen âge à
côlé du christianisme; d'autre part, son existence
vivaco on face du droit catholique et canonique on
fait une protestation de liberté nationale, un droit
protestant.
L'homme vient, comme juge, opiner le jour dans
la Marche, improviser sur la bruyère sa poésie
juridique, demander à la nature, aux arbres, aux
vents, à la terre, les formes du droit. La femme y
vient la nuit continuer dans la sorcellerie le culte
des vieilles divinités des forêts et des eaux, deve-
nues démons. La sorcellerie estici panthéistique ; le
droit l'est, au moins dans la forme; tous deux récla-
ment à leur manière pour la nature sensible, mau-
dite et crucifiée par le christianisme; deux opposi-
tions fatalistes, qui toutefois, comme opposition^,
témoignent: de la liberté *.
1. Ce rapprochement entre le droit et la sorcellerie, consi-
dérés comme résistances, est surtout frappant, quand on
ALLEMAGNE. ' LXXt
La lutte du droit et do la rolîgion, du Jus et du
fas^ n'apparaît pas ici tlaiis sa simplicité. Le droit
allemand n'est pas anticliretien; il est au fond très
spirîtualistc. Mais, d'autre part, il ne peut se tl(?gagor
des liens de la nature. C'est un esprit profondément
humain, mais comme enchanté sous Fécorce des
chèaes, et qui ne s en arrache qu'avec d<5chiremeni.
On voit bien, a cette merveilleuse végétation, que la
sève qui circule ici n*est pas moins que le sang de
l*homme et la plus pure vie de son cœur. Immobilo
beauté, il y manque souvent la grâce, qui est la
beauté du mouvement- Toutefois, comme c'est la
beauté d'un esprit, il y a intention de mouvement;
de là quelque chose de forcé et do gauche,.. N'im-
porte; dans le désaccord du symbole, nous n'ado-
rons pas moins l'esprit.
Le droit allemand n'est matérialiste que dans la
forme. Le droit celtique, à en juger par les débris
qui nous en restent, semblent Tavoir été dans la
forme et dans le fond. Nous avons remarqué ail-
leurs que, dans les noms de lieux, les Germains
avaient égard à la position aslronomique {^^/-Sex,
iVor^Ilumbi'ie, etc.), tandis que les C(dtes tenaient
plutôt compte de la forme du sol ( Alp-Pennins, elc. ).
Les uns semblent avoir regardé le ciel, les autres
la terre. Le juge germanique, connue le prêtre,
se tourne vers le côté sacré du monde ; il regarde
le soleil levant, La loi galloise accorde au juge le
l'applique au^ cours wmmiquea. C'était, au moias pour la
forme, comnie ULie sorcellerie juriJi que.
LXXII GALLES.
privilège de tourner le dos au soleil, comme à la
pluie.
Les disposiUons leîs plus remarquables des lois
galloises se rapportent au palais du clief, à Tordre
qui doit régner à sa Itibte, aux places, aux droits de
chaque sciTileur, Le palais du chef estrËtat; l'État^
c'est le monde,
La femme est souvent meniionnée dans ces lois,
mais surtout la femme physique. Il y a là des pa-
roles obscènes, qui peut-être ne sont que naïves. Ou
senl^ dans cette brusque hardiesse du laDgagCf la
pétulance, la légèreté du peuple.
Le rythme est un besoin pour lui, mais il lui
suffit d'un rythme peu varié. Les Gallois ont écrîl
une partie de leurs lois et toute leur histoire en
triades, ou versets, chacun de trois membres. Rien
n'indique que cette préférence du nombre trois
soit ici symbolique. C'est poésie, c'est besoin d'aider
la mémoire des bardes, vivantes archives dcïi
clans.
Les poésies celtiques sont rimées. Au eontraîre,
^allitération *■ semble avoir dominé chez les Scan-
dinaves, le nombre proprement dit chez les AHe-
mauds, chez les Grecs et les Latins. Si, comme il
1. [1 y a quelque cliose d'analogue eu laliu :
Duel Le ab urbc Donium, inea carmin a^ Ducîte Daphnîm...
Et Sola in Swct Sccuna SpatiaLur arenâ...
M. Griram assure (Ueber deu altdeutsclien Meistergesati^,
J8H] que l'allilération disparut de bonne heure en Alle-
magne.
GALLKS. LXXIli
est probiibie, le mouvemont rospiraloini est le prin-
cipe commun de ces formeî^ diveri^es, ne semble-t-il
pas que les Celles et les Scandinaves aient marqué
fortement le commencement, la fm de la respira-
tion? C'est un choeur de forgerons; ceux-là poussent
leur cliant en levant le marteau^ ceux-ci quand il
tombe. L'allitération et la rime sont des principes
de versification plus matériels que le nombre.
II nous reste de si faibles débris du droit celtique,
qu*il est impossible de déterminer ce que le droit
français en a conservé. Telle disposition des Cou
limiGS, qu'on croirait romaine ou allemande, est
peut-être celtique ; mais qui a droit de Taffirmer?
Qui oserait dire, comme Groslejs quoique la chose*
ne soiL pas absolument invraisemblable, que noîs
Coutumes en grande partie sont antérieures à
César?
Je crois au reste qu'il ne faut s'exagérer ni Télé-
ment celtique, ni les additions étrangères- La divei
site matérielle des races, comme je Tai dit ailleurs %
a moins contribué à former la France, que le travail
de la France sur elle-même. Cotte nation, qui
n'est que mouvement et action^ s'est plus qu'aucune
autre transformée sous rinfluence des événements.
La tendance matérialiste que nous avons entre-
vue dans les lois de Galles, et qui semble un attri-
but du génie celtique, a été balancée en France par
riiistinct du mouvement. L'influence spiritualiste de
1. HUt. de Fr.. t. [J-H^S cb, 3.
LXMV FRAXCE.
rÉglise a aussi puîssammrnt corabatlu cetUi k*ii*
dance. Le malérialisitic fmnçuis s'ost produit d**
bonne heure» non sous forme poétique, oonum*
chez les Gallois, mais indirectement et comim*
ironie.
La France» étant un mélange de peiipleîî, n'a pu
conserver ses foiTiiules juridiques anssi fidfelemeiU
que leâ races pures, telles que les Galloi» et le^
SoxonïK Les formules que présentent le^ lois bai-
baiTS de l'époque mérovingienne sont pins alle-
mandes que frani^aises* Celles quV>n trouve dans
nos rituels ne sont pas toujours exelusivemenf
françaises ; souvent elles ne présenlenl aucun ca-
ractere naLionaL Je donne mi pour exemple lu beih»
formule de mariage (p* 27), qii'nn a tirée des ri tue 1?^
maniiscnis d'Arles, de Reims et de Rennes.
Mais un grand nombre de formules ecclésiaf*-
tiques sont vraiment fran^^^aises* Elles remontent évi-
demmeiit à une ôpoquo où Tesprit populaire s^élail
réfugié dann la religion, où 1 Églîse se l'ecrntail
parmi les vaincus, les pauvres et le» serfs, où elle
était le peuple mémo, ndiahîlité sous Tétole et la
mitre. Le peuple entendant encoi^ la langue latine,
les formules ecclé^as tiques n'étaient pas chose
mode, mais vivantes, populaii'eF^, L'assi^^tanee com-
prenait; son émotion réagissait sur le prêtre, et il
modifiait lea pri^res selon le génie local ou les évé-
nemenls de Tépoque, Cela arrivait surtout dans les
grandes calamités. Les pritres devenaient des chants
populaires de consolation ou d'espoir. Le culte était
\
ÉGUSE* FRANCE. tXST
alors im thème larg:o ci libre pour rinspirution'.
Le droit Lui-même était mêlé an culte, au moins
pour les serfs et les pauvres. Le prèlro sent écrivait
pour eux, les jupeatt le plus souvent, comme arbitre;
ils évihiîonl, tant qu'ils pouvaient» le juge laùjue,
Be même que le prêtre chrétien adoptait volontiers
Icsi temples, en les purifiant, il admettait aussi les
coutumes locales. Il les formulait en prières^. Sou-
vent, d'après ses souvcnii-s ou le dire des vieil-
lards, il improvisait Ja formule, la trouvml, selon
la vieille expression du droit allemand et de la
poésie française. Il était alors liUéralement le créa-
teur, le poète, le trouvère du droit,
9î ce n'était chose hardie de placer des dates,
même approximatives, dans ctMte flottant»^ anti-
(juitt"^, nous rapporterions a Fépoque des invasions
maritimes la bizarre formule de bénédiction des
fonts baptismaux: (citée p. 8) : a Debout, ehers
Treres, au boi^i d*.* la cristalline fontaine, amenez
îps hommes nouveaux qui de la terre au rivage
Wennent faire échange et commerce. Qu'ils navi-
^uont ici, chacun battant la mer nouvelle, non
de la rame, mais de la croix ; non de la main, mais
du sens; non du bâton, mais du sacrement {non
virgâ^ sed cruce; non lacliij sed sensu; non baculQ^
sed sacramenio). Le lieu est petit, il est vrai, mais
I* Voyci, dans ks Voj^ages liLurf<iques tle Moléon. quellea
diversités subsistaient encore dans le cuUe des diverses villes
au dlx-huîtième siècle, lorsque l'Église avait tant Fait pour
lea détruire*
tXÏVl .XATiONALlTÉS.
il o^i plein de la grâce. Le Saïut-Esprit a été diri^^
par un bon pilote, clc. ^y Ce tour d'imagination est
celui qui domine dans les vies des sainU bretons et
irlandais, de saint Colomban, de saint Gall, de
saint Malo, elc.
Une formule remarcjuable, qu'on trouve dans
Marcvilfe, est évidemment ecclésiastique et gallo-
romaine. Les Francs ont pu l'employer, mais elle
leur élait certainement dictée par les prêtres. Elle
conti(^nl une réprobation expresse de la loi barbare.
« À ma douce fille : C^esl chez nous une coutume
antique, mais impie, que les soeurs nVmtrent pas
en parlage avec leurs frJîreB dans la ten^e pater-
nelle. Moi, j'ai pensé que, m'étant donnés tous
égalemerjL de Dieu, vous deviez trouver tous en
moi égal amour ol, après mou départ d 'ici-bas,
jouir également de mes biens. A ces causes, ô ma
très doure fille, je te constitue, par cette lettre, à
rencontre de tes frères, égale et légitime liéritière
en tout mien héritage; de sorte que tu partages avec
eux non seulement de mes acquêts, mais dans l'allod
paternel. »
Les formules de mariage, rimées et non rïniées,
que nous avons données aux pages 27-8, diaprés les
rituels de Rouen, de Reims et d'Amiens, sont cer-
tainement fort anciennes, sinon pour la forme, au
moins pour le fun>l. Il est probable que, d'âge en
âge, elles ont été rajeunies, jusqu'au quinzième
<iiècle. Toutes naïves qu'elles peuvent paraître, elles
oiïrent déjà un modèle de celle élégante précision»
ÉGLISE. FRANCE. LXXVIl
de cette vive et sobre éloquence, qui est le vrai
génie français.
Il est des formules qui, pour n'être pas ecclésias-
tiques, ne sont pourtant pas, au moins dans leur
principe, sans rapport avec les idées religieuses. Je
parle des formules de la communauté de biens entre
serfs : « Être en pain, hors de pain... Le feu, le sel
et le pain parlent (séparent) Thomme main-mor-
table (p. 37, 203). » Ce qui veut dire que la commu-
nauté est rompue, dès qu'un des contractants vit à
pain séparé. Ces expressions, que l'opinion com-
mune rapporte à l'époque du servage féodal, sont
probablement beaucoup plus anciennes. Si le ser-
vage doit être considéré comme l'origine de la com-
munauté de biens, ce qui est très douteux, pour-
quoi remonter au servage féodal, plutôt qu'au ser-
vage romain ou celtique*?
Je croirais plutôt que cette forme de la commu-
nauté dérive de la Confarreatio antique, du ma-
riage sacerdotal qu'on retrouve chez tant de na-
tions. La communauté de pain et de feu, restreinte
chez les Romains, se sera étendue chez nous à
tous les biens des époux. Cette communauté sacrée
protégeait le bien du serf; elle assurait Théritagc
commun au conjoint survivant, contre le droit
\, Ia communauté de biens par mariage, cette association
si naturelle, aura été le modèle des associations sans ma-
riage, qui assuraient entré les travailleurs la même commu-
nauté. Je crois, contre l'opinion commune, que ces dernières
associations n'ont pu précéder.
LXXVIU NATION AUTÉS<
ûdîoux «lu soi^nçui\ Je ne puis y voir, conim** oîi
a tait ?^ouveni, nii mena^^Mnenl poUUiiue des mi-
gneurs pour h'tittaeher leurs hommes. Il y a Ih
plutôt une nrtœasité sociale de tous les kgm. Ct*
pain et ee feu sont une dernière trace du symbo*
JUme HiUii|U<,^ *.
[.hmp la eommunaut»; de biens, les époux sont
vraiment ojïoux, pour le salut comme pour la ruine.
C'est ie véri table idéal du mariage. En pratiqua,
c eel trop souvent la tyrannie de t 'homme sur k
bien commun. A ce titre même, la eommunaule
de biens était clicre à la féodalité, qui, comme
syt5ti?me niilitaij-ej voulait T uni té des bii^ns et dos
forcoft dans la main de 1 homme. Dans les cile^
commerçantes, la prévoyance des pfTes craignail
d'abandonner lu fortune de la fille aux hasardeuses
spéculations d\m époux. A Reims, qui fut tb
bonne heure un grand centre de coBimerce, h^
femmes avaient, de préférence à tout créancier,
droit do reprise sur le bien commun. Elles tenaienl,
disaient-ellBs, ce droit du bon saint Rigoberl.
arcbevi>(iue de Reims. Gela s'appelait à Reims :
f< Ltf reprise de saint BigoberL «
Cotte faveur, accordée aux femmes, doit se rap-
parier à r influence du droit romain et ecclésias-
tique, plutôt qu'à Tesprit de la vieille France.
Quoique Tattrait des sexes soit si fort dans les races
celtiques^ quoique le 'mrt galant goit chez nous le
\, Voyez p. 3i i : Couvrir k fm, poar sabitt ett.%
roi national (Charles VI le Bien- Aimé, François l",
Henri IV), nos coutumes anciennes BonI générale-
ment peu favorables aux Femmes \
Chaque province avait des formes spéciales do
droit iju'îl serait curieux de recueillir. L'une des
plus anciennes à coup sur est le jugement breton au
milieu {fun lac (p. '532-8). — Lu Dénonciation di*
Nouvel anfvre, telle qu'on la li'ouve dans un docu-
mcnt assez moderne du Midi (p. 95) ^ n'en est pas
moines curieuse, comme présentant la formule ro-
maine dans une rédaction plus complète et peut-(5tre
plus antique que celle même des jurisconsultes de
TErapire.
Un granfl nombre de locutions viilgaîros sont
1, On serait tenté de présumer !e contraire, lorsqu'on voit
qu'une fille >auvait quelquefois un meurlrier tit\jà sur l'^cLa-
tnud, en dédarauL qu'elle voulait Tt-pouner. Utn^ chroTiique
raconte que, daus une ville de Plandr^^, au mamenl oèi Ton
aLlaît couper la lu te à un beau jeune kltanl qui avait Ui6 un
homme, toutes les femmes avaient pUit5 et disaient : u Qu'on
Dous le donne pïutùt à épouser, m C'est une allusioji à ce pri-
vilège (les femmes.
Ce fait et quelques autres sembla l)ïes^ quoique assez
récents, n'en sont pas moins conformes à Tesprît îles
anciennes lois barbares. Dan:J ces lois, le coupable ne pou-
vait être puiii, qu'autant que ^a fiimJlle l'abandonnait et
refusait d'eu l'épondre, La femmo qui le prend ici pour
épouï est pour lui comme une autre famille qui Fadopte, et
devient son garant,
Oo prétoTid qu'à Rarègee, dans les î*}Ténêeç, le crimitvej
qui se réfugiait près d'une femme ne pouvait être poursuive
Celle coutume locale ost-elle franeaise ou espagnole? Jo
n'ose le décider. Il eu existe ime toute semblable ebe^ lesi
Arabes.
OXX NATIONAIFTÉS»
restées pour témoigner dts actes symboliques» di^s
formules qui existaient dans notre ancien droit. In
jeu d'enfant, par exemple, la Afain chaïute, rappelle
réprÊ*uve formidabl!^, q{\ la main de Thomme as-
sassiné é(ant apportée au tribnnah eliacun venait
jurer sur celte main, ebaude encore, qu'il était in-
nocent du meurtre. Voyez aussi Main morte j
page2î>l.
Cette phrase proverbiale : // vaut son pesant dor
(p. 2R5), fait allusion à la fonne primitive de la
Composilion, Le meurtrier devait payer aux pa
rents un poids égal à celui du cadavre, en or^en
argent, en grain, selon la qualité du mort; ou bien
encore^ ce poids était donné en cire à Téglise, pour
ôlre brûlé suri auteL
Aliendez-moi sous torme, àii im autre proverbe
(p. 236). C'est que les jugements se faisaient sou?
Torme, et qu'on y payait les redevances; a Paris
par exemple, sous Forme Saint-Gervais. Apparem-
ment on y venait de mauvaise grlce, on s'y taisail
attendre.
La Courte poUle rappelle la tradition par le fétu
(p. 97). Voyez aussi Pot de vin, tlO; Braneloa.
Bouchon, liO; Main assise, Main levée, 103,
Dans ces locutions vulgaires, comme dans la plu-
part des usages français, d*où ils sont dérivés, il y
a, on a pu le remarquer, une teinte de gaieté, quel
qtiefois d'ironie. Nos Actns legUimi ne sont ni'
graves, comme ceux des Romains, ni poétiques,
comme ceux des Allemands, mais le plus souvent
t
FRANCK. > LXXSI
comiques et burlesques. Ce sont des farces pour le
peuple, des jeux de piloris, Lo bonnet vei-l, doul on
coiffait le banqiieroiitierj le désignait aux huées île
la populace (p, 311), Grands et petits venaient en
foule voir une riclie veuve, la veuve du plus riclic
prince de la chrétienté, du duc de Bourgogne, payer
ses dettes sans argent, en mettant hs clefs sur la
tombe.
Les acteurs involontaires de ces spectacles» les
victimes de la joie du peuple, c'étaient le plus sou-
vent les maris qui se laissaient batire, les femmes
infidèles, etc. Le problème de la vertu féminine est,
comme on sait, un texte tout naLionah Nus livres les
plus populaires, les Fabliaux, le Roman de la Rose,
Todyssée rabelaisienne du Pèlerinage a la dive bou-
teille, n'ont pas d'autre sujet. Les formes de cette
pénalité burlesque, la chevauchée de Ta ne, l'im-
mersion dans Teau froide, Tanneau de paille du
paîl/ard (p. H2), peuvent èlre considérés comme les
fabliaux de notre droit. Joignez-y les étranges re-
devances féodales de la première nuit, du mets de
mariage, etc.
La féodalité, comme l'Eglise, étant un fait euro-
péen et non national plusieurs des formules qu'elle
a données à la France ne sont pas exrhisivemenl
françaises. Notre droit féodal, quoiqu'il s^c soil
formé d'une manière toute indépendante, rappelle,
en une foule de points, celui des peuples voisins.
Quelquefois, il semble un écho prosaïque du droit
féodal allemand*
LXWll NATIONAUTES*
Nous aurions jju locueillirun pliif^ grand nombre
flo formules fijodiilos frangaifios* ?ious avons cm
iievoir noiKS borner aux plus originales. Nous eu
ilonuerons ici la simple indicatioii dan* Tordre où
on les trouvera placées*
Livru l^^ Famille. Tomber de lance eu quenouiUe
Estoc, Ramage, Branchage, p. o2.
Livre II* Propriété, Aboulies rt^claeaées, p. 73*
(Jievaucliéo le roi, Largc*ur du chemin seigneu-
rial, 87. Vol du Chapon, 88, Taxe sur h' ebariol
qui verse, 90.
Livre IlL État, Cheval blanc, comme si^ne de
suzeraiueU^, p. 130. Election du roi féodal discutée
[*ar h\^ vassaux, 122. Grands ofûciers, eonnétable,
maréciia!, etc., l'to. Investiture féodale par épée,
cuuLeau (par anneau, cloche, encrier, pour les lie fs
ecclésiastiques), t4i; par bouche et main, 145; par
le baiser donné au verrou de la porte» 14(». Hom-
mage sur limites communes, 146, Fraternité cheva-
leresque, 139, Devises et cris d'armes, 109-171*
Droit du seigneur sur feu, cloche^ oiseau, pois-
son, 179* Droit de relief, de cheptel, 483* Rede-
vance du niouton cornu, lainu, dcntu, ibidem. Droit
di* raisin, roses » gants, huches, etc., 183-1 1)9'20(),
itcus au soU?iL 187, Le grës dePéronne, 192, Battre
Teau pour faire taire les gretiouilIeSj 198* Défense
de pécher avant le seigneur, de faucher, sinon le
samedi, IIH, Péages et redevances bizarres, indé*
ccnteSj 195-202, Service de mariage, 203, Mariage
fin vilains trchatijjés, 203. Marquette^ meU do ma-
liage, 2Û6. Gons advolés, 217.
Livrt^ 1V^ Guerre^ Procédure, Pénalùé. Forme de
défi, 223. Clameur de haiOj 229. Excuses, enfant
non piorable, Tempête de pierre, 233. Délai rie sept
nuitSj de deux flots et une elibe^ 234. Jugement
devant lalialle, A la Pierre hardie 3**^* ïo**(ïli^^i 238.
Plaldr^ de la porte, 238. Vente, élection penriant que
ta bougie brùIe, 2iK Appel de meurtre, 232, Fran-
chiee de Stavekit, 25ïi* Aideurs au serment, 263.
Gage de bataille. Champ mortel, 276. J tiges défiés,
282. Porter la selle, 299. Venir la bart au col, le
fil de soie au col, id. Nappes coupées, éperons
tranchés sur le fumier, pain tourné à rebours, 30 L
Après les formules féodales, il faudrait donner,
ce seuïble, les formules aiitiféùdales. Elles ne sont
pas nombreuses.
Les plaiïianteries sur le royaume dTvetot {p. 130)
prouvent qu'au moyen âge on avait entît^remeiil
perdu, diins le nord de la France, la tradition des
Âleux ou propriétés libres. Ces mots de royaume
et de royauté indiquent ici rindépendauce absolue,
comme dans l'Empire le nom des Fiefs du soleil
(p. J49}. Le peuple voyait avec surprise, mais avec
complaisance, cette rare exception au système
féodal, au droit haineux, comme Tappelle Bou-
teiller.
Parmi les symboles antiféodaux, nous pourrions
placer la Masse (p. 319), ce bigarre ostracisme du
Valais, dirigé contre les nobles* On portait secrète-
LXXXIV NATIONALITÉS.
nitMif, fie maison < n maisoTi, une masse rfc bois;, où
chacun (?nfan(,'aît un clou^
Nos bourgetMs de France ne chassaient pas les
nobles. Ils les avilissaient en les imttant- J'ai donn^^
des exemples de ces ridicules armoiries rodirîeres
(p. 172), qu'il ne faut pas confondre avec les signes
que Tarlisan adoptait pour suppléer k la signature*
Les cérémonies du compagnannage ne nous sont
coijnues que par des textes assez récents (Hécepiion
du boulanger, p. 178). C^pendanl peut-on affirmer
qu'elles niaient pas, au moins en quelques points,
une liaute antiquité? Pour les maçons, la chose
parait certaine. D'autres métiers sont peut-être dans
le même ras, N'oubliomî pas que Lyon était déjà,
BOUS les Romains, une ville industrielle; que Paris
est né du commerce j qu*il est originairement une
slalîon des marchands tVemt, qui vendaient sur la
Seine.
Dans celte course rapide de Tlnde à la France.
on a du moins entrevu comment le g6nie national
modifie les formes symboliques rlu droit. Apres la
question de la nation ALrrÉ vient celle de I'age.
Quels sont les âges divers du symbole juridique?
On a dit avec raison qu'il y avait li'ois âges dan>
Tbistoire : Divin ^ héroiqiie et humain; autrement
dit : sacerdotal, guerrier, raisonneur.
Au premier âge» le droit apparaît comme subs-
l. Le Valais, pays de ïangye romane, nesl point étranger
à la Francp,
MIK lli:S ÉiyMBOIES KT DtS FORMULAS. LSXXV
fanCL^ coninio Bvimbolc iminobilo^ au second comme
acte, au Iroisièrac comme întcnlion. Clmque nation
a les trois âgi^s* Mais le plus souveut» une nation
n'exprime fortement qu'un des trois. Ainsi, dans le
cycle ilen peuples asiatiques, l'Irnlo représente
l'àgc divin, la Perse l'âge héroïque, la Judée Tàge
humain, TA^e crîlique.
Nul pt^upïe n'a fourni une can^ière plus complète
que l'Italie ancienne, nul ne présente les iroi.^ âges
pîus nettement marqués. En droit civil, la trace sa-
cerdotale se trouve dans la peine bizarre du parn-
cide (p. 287), et dans la loi qui ordonnait de l^rùler
en riionneur de Cérës celui qui avait brùté un tas
de blé. Le second âge est marqué par les Douze
Tables; j'aî montré ailleurs que ce code antique
n'est, lui-même qu'une modification de !uis plus
antiques, une charte obtenue par Théroïsme plé-
béien. Au troisième âge, le préteur, respectant
encore les anciennes formules^ y introduit par l'in-
terprétation un nouvel esprit.
Il n'est pas toujours facile de déterminer auquel
des trois âges on doit rapporter un symbole, une
formule. On peut bien y reconnaître, en général,
l'empreinte sacerdotale ou héroïque. Mais rare-
ment on peut assigner aux symboles des dates,
même approximatives. Ils commencent d'une ma-
niëre si naturelle, si nécessaire, qu'on croit qu'ils
ont toujours existé. Tant qu'ils sont usités, on
ne songe guère à en assurer le souvenir. Quand on
s'en avise, c'est qu'ils tombent en désuétude, et
LWXVl AGE
risquant trèLre onbUéa. Mais alors Ui plus souvetU
on les mépri.sOj comme inutiles. VivaDls, on ne
croit pas avoir bosoin de les écriiv; morts, on n'eu
prend plus la peine.
Ce qui rend encore TAge des symboles dir&cile à
fixer, c'est que tel symbole, tel fait poétirjue, qu'on
attribuerait natureUemiMit à une époque fort an-
cienne, peut so rencontrer tout aussi bieu dans la
barbarie moderne. L'Orient surtout semble n avoir
pas d époque. Cinq cents ai>6 avant notre ère,
XerxÏ3s est amoureux d*uo arbre et le pare de bra-
celets. Au dernier siècle ^ JXadîr Shab fait fustiger
un arbre, jusqu'à ce qu'on ail retrouvé ce qui a été
volé Rftus son ombre'. Lequel des deux faits est le
plus antique ^?
Autre difficulté pour la cbronoïagie des sym-
boles, et particulièrement des symboles jnritliques.
C'est que cette poésie, qu'on serait teiUé de croire
toute de nature ol d'instinct, est quelquefois, comme
les autres, classique, imitée. Plusieurs des belles
formules weimiques me semblent dans ce cas^, La
1. Malcolm, nisl. of Persia, cb. 17, sub fine.
2. Nons-Qiéme^ ^"'^ ces Jûrnières années, lorsque nous
avons pn tendu contor l^s prculîgîeTix conib-its de Sonli, n'a-
vons-noij3 pns cru remonter au temps, non pas des Léonida?^
mais des Piritht.tlis et des Tbé^ée,., Lés rhanU des Klephtes,
de Doajours^ rapp^^llent quelquefois les cbœurs d'Escbyle.
u L*OI)Tiîpe et le Kis&rtvos, ces doux moidagnes se querellent . »
l, 'Olympe alnra eu lourne et dit : n Ne dispute point avec
ïnnî, ù Kîssavos.>. Je suis ce vieil Olympe, par le monde j?i
I cnoounè. J'ai qtiarante-dcux sommets, soixante-deux sour-
ces; et a chaque source sa bannière, et à chaque branche
DES SYMBOLES ET DES FOHMLLF*â, LXJtXVH
prolixe fûimule du droit de cliaBsc (p. !94) en est à
coup sur un exemple.
Les i m praticables pénalilés proncncées contre
ceux qui coupe ut les arbres de lu Mareiu.% le par-
tage du corps du débiteur romaiii outre les créan-
ciers, le supplice du parricide, pourraient bîeu avoir
clé purement comminaloircs. 11 semble que la loi»
se se D tant faiJblir, veuille faii'o peur^ unlle nB. voix
et menace de revenir à la barbarie.
La question de Tage et celle de la nationalité si>
compliquent souvent Tune par Tautre. On p^ ut t' tie
tenté de considérer comme le caractère invariable
d'une nation ce qui n*est que l'expression de tid
état par ou elle passe, de tel moment do sa vie
sociale. Ici un exemple est uécessaire. Les vieilles
lois allemandes veulent ti que le juge soit assis
comme un lîon en courroux, qu'il jt^lte jambe droite
sur jambe g;auche, cLc. »... t< Le roi, dit la loi in-
dieune, j> doit se rendre h la cour de justice, dans
un humble maintitui, aecompa^é de brahmanes el
de ûouseillerg expérimentés (p. 216). » Que faut-il
ilariîrc son Kleplile. — Et sur nia bautp rime \m aifîk s'est
percha, tenant ri an s sa seiTe uue tète de lirave. n — J^'aigle :]
* Qn'as-lu donc failt ma ttUe, pour être ainsi traiti'e? u ^^
« Mange, ûiâL^au, mange ma jeunesse, muii^e ma bravoure..,
Tùii aile deviendra ^»rande d'une aunr% et ta FieïTe d'un
empan^ i^ — J'ai modillé quelque peu v^erjs la fin la bollo
traduction de M. f'aurid (voy. son Recut;il, t, I, p. 38J. J^
tenais surtout i\ traduire : \\i^%ki ^ç^j, mu téU. Un peïi phia
loin, la lêlrt répond ; Ibsif^K fioij, mmi oUcau. Sublime fami-
barilé entre deux êtres qui échangent leur substance!
LYXXVÏIÏ AGE ET N ATI L>?f ALITE.
induire de celle opposlliou ? Doit-on y voir celle
des doux nalioualités, celle des races héroïque H
sacerdotale^ ou seulement Tàge différent des deux
peuples, âge de barbarie féodale pour rAllemagne,
âge de civilisation caduque pour rinde?Ceux qui
connaissent tout ce qu'il y a de douceur réelle sous
la rudesse du guerrier allemand ne se hâteront
pas d'établir une opposition fondamentale eulre ces
peuples. Le mysticisme de TAllemagne au moyen
âge, son panthéisme au temps moderne, la rappro-
chent au fond de Tlnde, plus que la forme ne peut
l'en éloigner.
Nous avons étudié le symbole juridique, sous les
deux points de vue de Tâge et de la nationalilé,
qui le diversifient à Tinfini. Quelle que soit pour-
tant cette variété, l'unité domine. Si la variété est
grande dans les formes secondaires, dans les plus
importantes elle disparaît. C'est un imposant spec-
tacle de voir les principaux symboles juridiques se
reproduire chez tous les pays, à travers tous les
âges. Il est peu de nations chez lesquelles on ne
retrouve la Coemptio, la Confarreatio, la tradition
par le fétu, le jet et la chevauchée (comme occupa-
tion ou mesure des terres), Tunion par le sang
versé, etc.
D'autres rapports, moins généraux, moins expli-
cables, se présentent entre des peuples et des siècles
fort éloignés les uns des autres. Le javelot durci
au feu du fécial romain fait déjà penser à la croix
CONCOiniAîiCKS. LXXXIX
f/e feu des clans d' Ecosse. L'ado p Lion par In che-
mise^ indiquée dans Diodore comme appaiio liant
aux temps piîmîlifs de la Grèce, se lelrouvc en
Syrie au douziî?me siècley à Tépoque tlus ('roisadei=,
La légilimation se faisait chez nous d'une manière
analogue, som le manteau de la mère-
Ces symboles, dont la IradUion sMnlerrompL pour
reparaître plus loin, font penser aux mois zends ou
sanskrits, qui ne se sont pas conservés dans Talle-
mand, et qu'on retrouve dans les langues sœurs ou
filles de l'allemand, dans le grec, dans l'anglais par
exemple.
En vérité, pour qui ne verrait pas dans le genre
humain la grande famille de Dieu, Tunilé de er<5a-
tion et de lin, il y aurait quelque chose de presti-
gieux et de quoi Iroubler l'esprit à entendre ces
voix qui, sans s'écouter, se ri^pondcnl si juste, de
rindus à la Tamise \
Ce fut pour moi une grande émotion, lorsque
j'entendis pour la première fois ce chœur universeli
Un tel accord du monde, si surprenant dans les
langues, me loucheit profondément dans le droit-
Tout au rebours du sceptique Montaigne, qui s'in-
forme si curieusement des usages de tous les peuples
i. C'est un tles caractères de notre siècle que flmmaiulf- ait
conimpncé h conrjaltre sa diversité harmonique Je langue,
de droit et de mœurïi^ à y saisir sod uaité, à avoir conscience
ïie 501. Cette conscience de l'hunianilé comme une, c'esî-â^
dire comme divine, est, selon moi, le gage le plus eùr de notre
rétiovalîon religieuse*
XC HIELÛDIES.
pour y surprendre de^ dissoEiances raoraî<>ft, j'en
admirais la concordance. Le miracle dovenaiL sen-
sible. De ma petite existence d'un rtiomenl, je
voyais, je touchais, indigne, rcterncUo conimu
nion du genre humain.
Fraternité des peupleB, fraternité des idé*3e, jo
distinguais Tune et l'autre dans ranalogie des sym-
boles. Tout se tient encore dans ces hautes anti-
quités, parce que tout lient à Torigine commune.
Les idées les plus diverses dan^ louri; diH'Ldoppi*-
ments ra'apparaissitît^nt unes en leur naissance. Je
voyais, dans ces profondeurs, sourdre ensemble luns
ces fleuves qui, parvenus à la surface, s^Ldolgneul
de plus en plus. « Omnia aub magnà lahenlia Ûu-
mina terra. »
Grand spectacle, mais trop absorbant El tou-
tefois, dans quelque rêverie que je m'oiibliaisso,
je ne perdais rien de celte harmonie immen**e..»
J'entendais avec ravissement les voix mulUpIes
de rinde, voix confuses, il est vrai, auxquelles la
nature fait un trop puissant écho pour que le droit
s'y distingue ; voix variées à rinlinî, quelquefois si
basses, si douces, qu'on dirait un t^oupir th^s fleurs;
souvent passionnées et profondes^ comme grondr
le tonnerre quand la bayadere éperdue tombe entre
les bras du brahmane ; Féelair tient lieu des flam-
beaux sacrés, la foule Léiiil, la formule est dans
Forage *.
1 . Voyez cette scène admirable diiuB la tradiiclioa de NVikon,
ou dans celle de M. Langlois,
MÉLODIES. XCl
Coiilro cos bentidicliontî sY-I^vcnt dra malôdîo-
tîons, du CÔL6 de la Jiuléc. CVosL TAsh^ qui maudit
l'Asie. Aigre oL perçante est celte voix, cett^
ïronipotte de Siruiï, L'écho n'est plu-s celui de*Ji
f^rands llouvcSi de-^ forèLè ^^abréou, dc^s ht'iilanles
pagodes, mais les mcbes mal vêtues de vignes ou
Faustérlté du déserl.
Rome ne béuît, ni ne maudit. EUt^ juge. La loi
parle encore en oracles, mais ce sont les omcle^s
de rhoronie. II faut voir le poatife du droit, siéf^eaui
à SOD foyer, parmi les Imagines niajrirumj près tie
ses dieux et Dieu lui-même. Il scande lenletnenl la
formule et rime impérieusement. Comprimée par
lo^ basses vuùles de rAlriunij grave comme Tins-
cripï-ion d'un loinboau, bj'ève, rythmî(iue comme
un arrêt, cetle voix sonne le bronze. Cbaque parole
^e fixe et tombe en médailles d'airain; le monde
incliné ramasse, comme au couronnement d'un
roi-
La poésie juridique est tout autrement variée en
Allemagne, Comment indiquer d'un mot ces motifs
qui changt'nt à rinfini? fugitive mélodie, ici légère
et gazouillante, comme 1 alouette qui monbe au
ciel; làj retentissante, lointaine, comme un chant
sur Teau du lUiîn. Fins souvent, voyageant de
Marche en Marche, d'écho eu écbo; sombre et gaie,
grave et aïoqueuse, solennelle et ironique ; non
moins variée que dans l'Inde, mais ici bien moins
naïve, plus joueuse, plus décevante dans la forél et
le brouillard... Vous ne viendriez jamais à bout de
XCII CARACTICRE ROl^lVOQl'E DU SYMBOLE,
nator ce.s clianls d'oiseau- Vous y rosteriez des
ait clos, sans les saisir, sans vous lasser, comme la
nonne d'Alsace qui s'oublia trois cents ans à écou-
tfr le rossignol.
J'y serais resté tout autant...,. Celle s) ive surtout
du droit alli'tuand me retenait bon gré mal gré. C'é-
tait ma forèi enchantée. J'y errais dans tous les
sons; à Innt instant, j'y trouvais des scènes nou-
vt^lles, des clairières, des ténèbres, des demi-jours,
plrîns de nri\ stère... Le droit y est tellennent charmé
et cnsnrrf'liV, que souvent ce n'est plus du droit. On
conuall CCS paysages qui de loin présentent quelque
rc.sRiniiljlsiiH avec le profil de Thomme ; appro-
cUci^i c'e^l lin mont sauvage, avec son bois che-
velu.
Maîfî, qujîique ces illusions, ces mirages étranges,
lie Hfûrnt ]}ns sans quelque fatigue, il en coûte d'y
rcnon<'i*r. On ne sort pas volontiers de ce royaume
des .'^ttngt^s. telle est la puissance des symboles, des
bf'lh^s (^f dt}cevanles images... Hommes et peu-
pli'^H, nous avons peine à en détacher nos regards.
N(nis in' baissons qu'à regret cette féerie du jeune
â^^*^ \tïus nous remettons en marche, mais nous
tournons toujours la tète, nous soupirons, vieux
onfniils!
Avtmriris-le pourtant, cette tyrannie des formes
pesait \vu\i sur nous. L'idée en était opprimée. S'il
faut qui^ In no ou l'autre meure, périsse la forme,
ta beauté îiiême, pour l'affranchissement de l'cs-
prîl !
w
CAnACTÈRE ÉQUIVOQUE DU SYKBOLK. XCUt
Nulit! idée, plus que celle du droit, no mérite
d*étre affranchie. Le droit n'est pas fait pour ser-
vir. Fils de la moralité, c'est à lui de réformer la
nature, et non de la suivre. Il ne lui convient pas
do rester l'humble serviteur du symbole, d'être tou-
jours une simple cérémonie, ou bien une chose
tangible et maniable qu'on serre et qu'on lient sous
clef. 11 y avait eu cela une sorte de paganisme ju-
ridique. Celte voix qui nous charmait tout à Theure,
celait celle de Tindifférente nature, usurpant le
nom du droit. La mère des illusions, la Maïa, se
donnait pour Téquité, et se faisait adorer pour la
raison éternelle.
Tout symbole est une équivoque, ainsi que toute
poésie, La nature elle-même est-elle autre chose?
Voyez comme elle se joue dans Tillusion des formes
vivantes, dans cette sophistique féconde, où toute
chose est à doublii enlentei traduisant sans cesse
les êtres, ne demandant pas mieux que de tout ra-
L Le roi de Hongrie n'était pas roi, lant qu'il n'avait pas la
cassette où était serrée la couronne Je saint Éliennc. La
rojauté da Bourgogne tenait à la lance de saint Mauiicc,
celte d'Ecosse k la pierre de Sconerstir laquelle on inlranisaiE
les rois; îes Écossais perdirent coura^'éT lorsque Edouard 1*^*"
eut transporté cette pierre h Westminster, — Un comte de
ïlandre, apprenant que le beffroi et les archives de Bruges
avaient péri dans un incendie, rej^arda les privilèges de la
Tille comme détruits avec les parchemins qia les cotïtt^ïiaienU
^ Le sceau d'un acte par lequel saiot Louis était engagé se
trouvant brisé en partie, ses barons jugèrent le roi libre de
tout engagement* \0}\ p. 65, les équivoques de Didon et de
MeUu&ine, etj au Supplément, celtes de Posthuoiius, d'Arte-
veide, etc.
XCIV AXTISYMBOLISME.
mener en soi, de confondre toute vie dans une
immense équivoque.
Mais Dieu ne la laisse pas faire. Il démêle, pen-
dant qu'elle brouille. Toute création est une dis-
tinction. Il distingue incessamment, il décrit, dé-
finit, prescrit, Téternel mesureur^ le tout-puissant
jurisconsulte!
Lg devoir de l'homme était de faire comme Dieu»
de distinguer aussi, de ne pas se laisser perdre dans
la nature, de ne point consentir à ce que la per-
sonne fût une simple dépendance de la chose.
L'homme a voulu être. Cette résistance est surtout
la gloire de notre Occident. Son vrai nom, à lui,
c'est Critique, c'est-à-dire séparation.
D'abord la Judée abjura la nature et ne voulut
adorer que ce qu'on ne verrait pas. La Grèce, pour
ne plus voir que l'homme et la forme humaine,
s'enferma dans les bonnes murailles de la cité, te
christianisme n'adora spécialement ni le visible, .
comme la Grèce, ni l'invisible, comme la Judée,
mais le passage du visible à l'invisible, je veux dire
la mort ; mort de l'homme-Dieu, Passion ; mort de
la matière. Transsubstantiation.
Rome, plaçant sa religion principalement dans le
droit, poursuivait de son côté cette grande guerre
conlre la nature. Elle accomplissait, avec une gra-
vité pontificale, Timmolation progressive des sym-
boles. De symbole en formule, de formule en lan-
gage vulgaire, elle amenait le droit à la clarté, à
Téquité.
AXTlSV«BOUSME. XCV
Vn mal frexplication poiil être ici iK^cessaire. Le
symbole matériel, immobile et muet, elait, nous
lavons dit, soiiverainL'mcnt ('équivoque* Le symbole
parlé, la formule, va toujours se simplifiant et
s'éclaircîiïsant. Elle rejette peu à peu les images,
les figures, cette pesante parure, qui la retanlait.
La rime et le rythme Tcntravent encore; elle les
laisse en raute. Enfm^ elle se fait esprit^ elle vole^
elle est deveniie prose.
Il est curieux de suivre la bîogriapbie d'un sym*
Lole, de voir, par exemple, eomment rélément saci^,
la terre j figura d'abord la cession fte la turre, com-
ment la noire glèbe comparaissait ome*^ fFlierbe ou
de verts rameaux; comment le rameau, se civilisant,
se fit bAton, ?«cpptre, lifuug augura); comment
Therbe, suivant le cours de sa végétation juridique,
devint paille (stipula); comment la formule rem-
plaçant le symbole, et se peixlïint elle*mème dans
une locution vulgaire, le souvenir de celte paille
nouK reste en un mot : sftpitler^
Ce passage, que je viens d'exprimer en deux
mots, Rome s'im occupa mille ans. Pieuse lenteur,
et i^spp^ctable. La perpétuité des traditions était
chère à ce peuple. Ne nous étonnons pas si Tidée
L Le moment subMine, dans la vie du symbole, c'est lors-
fjue ayant rejeté en grande parlîft TéKnient matiiriel, s'èlant
aUégè, autant qti'U le peut sans perir^ par exemple dans la
tradition se refaisant au simple ÎHu^ il conserve pourtant sa
force» lorsque le ïéln sert également à la vente ti'un arpent
de terre on à la transmission d'un empire, comme il advint &
la déposition de Charles le Simple, V, p, 07.
de la paternité domiae tout son droit, Rome a été
pour i'Occidentj le vrai Patriarche, Ses monuraenls
sont di^R tombeaux, son génie est celui des épi-
taplies.
Dj niajorum umhrîs tenuein el sine pondère lerram,
el i 11 umà ppi'petuum ver !
Mais ce grand peuple, tout en respectant h?
passé, savait préparer Tavenir, Adorateur de la
ïetlre, comme l'Orient, dont il garJuit la langue
sacrée» et toutefois novateur, comme l'Occident,
auquel il a légué sa langue et son droit; il fut
digne de commander au monde, puisquil en avait
le double génie*
C'est un beau et religieux spectacle de voir avec
quel scrupule le juge romain se laisse pousser d'in*
terprétation en interprétation hors dtî la loi écrite,
marcliant, traîné phUôt, el ne convenant jamais
qu il a marché. Il faut voir comme il se tourmente
et tourmente la langue, comme il ruse avec le vieux
texte, comme il arrache de rimpitoyahle airain des
pensées de douceur et d'équité qui ii y furent ja-
mais. Le pieux sophiste nient respectueusement à la
loi pour m^ pas mentir au droit éturncL
Un débiteur vend ses biens en fraude des créan-
ciers. Selon la vieille loi, la vente, la tradition, est
sacrée. Le préleur n'ira pas à rencontre. Mais il
affirme qu'il n y a pas eu de Iraditicn.
Un étranger a été volé. La vieille loi ne lui donne
point d'action; pour elle, Fétranger est hors du
FICTIONS. XCVll
droit. Mais le préteur assure que cet homme est ci-
toyen.
La Rome primitive avait inventé à grand^peine
l'acquisition, la translation de l'Ager, la mobilisa-
tion du dieu Terme. Quelle puissance d'invention ne
fallut-il pas au plus grand des jurisconsultes, pour
porter ce miracle à la seconde puissance, pour légi-
tinaer V acquisition par un autre ?
Ainsi, le droit n'immola le symbole, cette fiction
de la nature, qu'en y substituant tout un monde de
fictions artificielles. Puissante poésie logique, dont
l'Homère est Papinien *.
La fiction la plus hardie fut celle de la Cilé. Les
colonies qui en sortaient n'y restaient pas moins.
Les municipes- lointains y venaient, sans bouger de
place. Des peuples entiers y entraient, qui n'y au-
raient jamais tenu. Le pomœrium sacré ne se bri-
sait pas; il reculait; mais le droit Jie pouvait remuer
si puissamment cette enveloppe de pierre, qu'elle
ne lui pesât. L'enceinte avait beau s'élargir et se
faire grande, pour recevoir les nations, les nations
étouffaient.
La jurisprudence romaine était néanmoins ferme
et fière sur sa chaire curule, quand le christianisme
vint. Il y avait sans doute, au fond de ce droit et de
cette religion, quelque chose de commun. Ce qui
1 . Au sens étymologique du mot poésie (création), la vraie
poésie du droit, ce n'est pas le symbole, mais plutôt la fiction.
Le symbole est un emprunt fait à la nature; la fictioa est
vraiment de l'homme.
f
1
xcvur jinniT romain bt ckhistum^he
était immobile dans le droit de l*Orbnt, Rome î^avail
moliilj;sé (vov\ p. LXVïî}. Lf* christianisme avait de
aièmft lire la rcli^i^îon de rimmobiliié dea images,
(lour la meUro dans le mouvement, dan& Fade et
1g dratuo, Lo procédé était analogue, mais le prân-
cipo différait*.
Comme T enfant qui, daiia le temple, réduiâil Us
vieillards au silence, le jeune christianisme remon-
tra tout d'abord au droit romain. Les fomiules,
les fictions, que celui-ci avait si iiigéniouscment
élaborée??, senihloront dcveniics inutiles. Ces bornes
sacrées dos champs, que le droit suait à remuer, la
iNdlui'U les arracha. Le droit avait bien travaillé à
légahser la vente; le christianisme n'enseigiïa que
la duMation, Le droit avait pris beaucoup de peine
à étendre la famille par l'adoption ; le christiani^mi'
adopta le moude.
Le droit romain, essentiel lemeui réel, était resté
préoccupé de l'AVer, dont le symbole est la glëbe
on la paille. On 1 apporte devant le préteur, cette
glèbe paréo d'herbe fraîche et pwre. Mais si pure
1, Observons que l'extension du droit de cité à tout l'Em-
pire estdtî Tiui 2&1 ; la ïibertÉ de ctiHe aecord/^e aux chrélipns,
la victoire du chnstiaïusîne, est de 3H. Lu droit romtfin*
épurt' el généralisé par le stoïcisme p avait prépare les voi^^
a ta nouvelle religion, k Quod jus iiaturale attiut^t, omnes
immines mquales suut. ^ Natura cûinmur4is est. — Servîliis
est juris getUium constitulio... conli^à naluram.,. — Co^aa-
tioaem q nain dam intor uos uatura oonstituit, elc. '> L«â
Uavaux encore inédits d'un jeutio législc, de M, Bon nier,
jetteront Je Fespère, un nouveau jour sur la philosoplue du
droit rûmâin.
DROIT HOMAIN^ ET CURÎfTUSTSME XC1X
qu'elle puisse être, c'est encore un grossier sym-
boie* Emporte la glèbe, ami Cftïus; noire syrahoïd à
nous, diréliensj tout petit qu'il est, vaut bien
mieux. A toi ta paille, à nous le graîu- Ton sym-
bole, tlîs-tn, comprend tout un clianip; le nôtre,
c est le monde, et plus. Le lien transfère la pauvre
propriété où tu places Tîdée du bien (Res). Dan^ !e
nôtre, le bien suprême se donne eu propre. Et l'ap-
propriatioti se fait de façon si intime, que Fincom-
parable trésor ne uous échappera jamais.
Tout raisonnement, droit et philosophie, expira
dans cette poi^sie immense. Les^ vaincus lait^sèreut
le monde au christianisme, — Mais le monde, c était
la prose, les deux vieilles langues [ïrosaïques de
Téris tique grecque et du droit romain. Dernier ne
d'un empire caduc, le christianisme présenta cette
grave dissonance, de cbauLer les hymnes dans la
langue des disputes, de prier avec les paroles des
incrédules et des sophistes.
L'empire eut deux héritiers; le ehristianisme
deux disciples, rAUemagne et la France; disciples
raisonneurs qui devaient donner beaucoup h faire à
leur maître ; rAUemagne ultra-symbolique, la
France an ti symbolique. '
L'AUemague, tout eu se disant le Saint Empire
romain, ne voulut m de Ja langue de Rome, ni de
son droit civîL En droit, elle fut semi-païenne, en
religion, mystique; c'est-à-dire en doi;à et au delà
de rÉglise, rarement sur la ligne prescrite.
C ALLEMAGNE ET FRANCE,
La France sut Tair d'accepter tout, L'Eglise la
nomma Tris Chrétienne,
Maïs ce qu'elle accepLa surtout, ce fut cette lan
gue prosaïque, cette méthode raisonneuse, que
rÉglise elle-même tenait du droit romain, soû
ennemi.
Celte méthode n'est autre chose que Tabstrac-
tion, la généralisation en logique, en politique la
cenlralisation ; généraliser, centraliser, c*est sup-
primer ToriginaliLé du détail, lui ôler ce qu'il a
d'indivitfuel pour le résoudre dans une grande
imité \ La France, sous toutes les formes, a suivi
rigoureusement dans Thistoire ce procédé du rai-
sonnement. Son histoire est une logique vivante,
un syllogisme dont la royauté fut le moyen terme.
L'empire des Francs est déjà la centralisation du
monde barbare. Les Francs eux-mêmes, comme on
sait, ne sont pas une race, une tribu, mais une asso-
ciation. Dans leurs formules de la tradition et du
mariage, ils mêlent tous les ^symboles juridiques
des diverses nations allemandes. La belle formule
relative au bannissement que nous avons citée
(p. XLvn) ne paraît dans la loi saliquc que pour
être abolie.
1. Cette centralisation, quoiqu'on dise, n'anéanlil pas la vie;
elle IVquilibre, Aiii^i, tandis que nous recevons de Bordeaui,
réîoquente Hisloive da droit français de M, La Perrière,
Strasbourg nous envoie les savantes et originale.^ dtsiierta-
tioDs de M, Kliinralh sur les Coutumes. La polémique du
Nord et du Midi va se renouveler sur le terrain do THistoire
du droiL
ANTISYMBOIISME FRANÇAIS- Cï
Les capitulaires, IcgislaLLon éminemment pro-
saïque et ecclésiastique, portent au symbolisme
allemand un dernier coup en défendant de rendre
les jugements sous le ricl. Les éléments n'ayant
plus pour le chrétien de caraclère sacré *y le juge
n'a pas besoin de voir la nature.
Le symbolisme féodal n'eut point en Frauce la
riche efllorescence poétique qui le caractérise en
AUcniagne. La France est une province roni^iine,
une terre d'église. Dans ses âges barbares, elle con-
serva toujours des habitudes logiques. La poésie
féodale naquit au sein de la prose.
Cette poésie trouvait dans l'élément primitif, dans
la race même, quelque chose de plus hostile encore.
Nos G au loi s j dans leurs invasions d^Italie et de
Grèce, apparaissent déjà comme un peuple rail-
leur. On sait qu'au majestueux aspect du vieux Ro-
main siégeant sur une chaise curule, le soldat de
Brennus trouva plaisant de lui toucher la barbe. La
France a touclié ainsi familiërement toute poésie.
Malgré rabattement des misères, malgré la tris-
tesse que le christianisme répandait sur le moyen
âge, rironie perce de bonne heure, Dès le douzième
siècle^ Guibcrt de Nogent no'yis montre les gens
d'Amiens, les cabaretiers et les bouchers, se met-
tant sur leur porte, quand leur comte, sur son gros
cheval, caracolait dans les rues, et tous effarou-
chant de leurs risées la bête féodale.
J, Si ce n'est daas les Ordalies,
cil AXTI^YMBOLISMiS FRANÇAIS,
Le symLoHsmc armoriai, ses riches couleurs, ses
liolbs dovise&, irihiposaicnt probablement pa>
beaucoup à de telles g^ns. La pantomime |uridiquo
des licles féodaux faisait rire le bourgeois sou?^
cape. Ne croyez pas trop a lasiinpleî^se du peupU^
(le ces leinps-là, à la naïveté de celte botme vieille
km^ue, Leéi renards royaux, qui s'affublèrent de ^^i
ldancbi> et si douce hermine pour surprendre h^
lions, les aigles féodaux, tuaient, comme tuait le
Hpbifix, par l'énigme et parTéquivoque*
La France est le vrai continuateur de Rome. Eli'
])Oursuit l'œuvre de rinlerprétation. Travail logique,
prosaïque, arïtisymboliquo,
Cujas éiait^it de bonne foi, quand il disâtl, au
?injel des nouveautés religieuses ; ïe Kiliil Ijoc ad edic*
tiim praetoris? w Le droit romain, qui détruisait 1p
symbolisme féodal, ne contribuait-il pas iudirocie-
nient à la ruine du symbolisme religieux? Ce droit,
^l(L»ïeien sous l'Empire, fut calviniste au seiziènio
silèclc. Un légiste, dès le quatorzième, avait mis la
main sur le pape; un légît^te la mit sur lEucha-
ri.stie.
Le calvinisme fut an ti symbolique et brise-hnage^
non seulement dans Téglise, mais dans la litiéra-
lure. Dans k grande polémique religieuse, notre
bmgue prit ce stfrieux, cette allure rapide, qui ne
Vïimuse pas auac fleurs quand il s'agit de poursuivre
rennemî.
Sous cette influence austère et dtms roubli pres-
que total de la poée^ie d'images^ surgit une poésie
antïstlUBolïsmk français. lail
d'idoeiï, de raîsonnemeut, de passion, une poésie
humaine H sociale, où le monde physique n'est pour
rie a, où Thomme ne doit rien qu'à lui-nnîmc.
Cetie poésie pouvait répondre comme la Médee do
Corneille^ quand on lui demantie : <i Que vous reste-
lAV! — MOI.*» >ï Le moi est un monde, et plus
grand que l'autre ^
Telle Ij Hé rature, telle languf*, tel droit j un droit
humain. Je m'explique.
ifumaùi, c'est-à-dire uon national, mais eom-
mun auîc Dations. Le droit fran(;ais gagne l'Eu-
rope presque au^si rapidement que la langue fran-
Ihimam, cesl-à-dire non divin^ san^^ mystère,
sanfi formule, ni symbole.
La beauté que peut chereLcr ce droit, e*esl
juâicment la forme abstraite et pure, féiégaace de
I . La philosophie frauçaisp, c'est Descartes. La poésie fraa-
çaise^ c'est Corûeille el Molière, Uacïiie et Uoilyïui^ Voltaire
encore, dans ses pièces légères. Voilà le vrai fruit iiatiûiial,
et le pluii exquis. Plus le parfum en e^t e,\quis, itioitïs il peut
être ijçoûlé tle rétraoger, Eoivrés qu'ils sont de leurs vineuses
poésies, ils n'ïipprèclerit pas la nymph*: si^ire, le limpide breu-
vage,.. Cependant, lorsque dans cnlte limpidité t\v langage,
rima^e se réfléchit par instants, l'image mobile ou passion-
née, comme dans La Foulaine et dans Pascal, je ue sacl^e
aucun miroir plus diffue de la pensée humaine'.
2. Dès qu'il s'agit d'intérêts sérieux, les plus grands enne*
mis de Iti France n'ont foi qu*â la langue française, Nnlîe
autre ne possède au mémo degré le mérite de la clarté^ qui
e^t la probité des tangues (voy. le remarquable article do
M. Haimurid Tbooiai^sy, daus la Revue fram^ake et éirang&ej
mars 4637}-
ia démonstraiitm, pour parli*!' comme les péo
mètres.
Notre droit est un droit austère. Celai qui y a été
nourri ne pourra que sourire en lisani ce livre.
me prisera les formes gravement puériles de la juris
prudence antique.
Mais plus ce droit moderne est\nrîl, plus ilatiri&t^
les jeunes esp ri t*?. C'est pour eux un pi'niblepassag
de laisî^er les éludes littéraires pour cette rudegymJ
nasttque. Nourrie si longlcmpsde poésie, de belles
images, ils se trouvent sevrés un matin. Les voili
pour ta vie au régime de rabstraelion.
Etrangi* ditîçronce! Le jeune médecin reçoil pour
livre la nature elle-même. Il la suit avec nue curio-
sité passionnée, dans ses métamorphoses chimique^
dans Ti^popée annuelle de la végétation, tlans h
crises dramatiques de la vie et de la mort. Vuil
une séduisante étude, et selon le cneur du Jeui:
homme.,, réelle du légiste est un combat. Ce n'c
qu*avL*c de longs eiïorls qu'il parvient à s*enl'ermc
(lui jeune homme et poète, comme fut le jeune âg
du monde) dans le cercle de Faustère logique mi]
derne*
Et pourtant, nous ne pouvons y revenir k
formes aimables et jeunes *, Elles sont fanées !
retour, ces belles (leurs de la nature.*»
1. Ce qui en est resté dans les^deraiers temps est bîeot
Ue chose. Je ne parte pas ici des restaurations ofûeielles d'à
dermes cérémonies, telles qu'on en a va au couroiineme
de iicorges IV, o^ le ijratid maréchal est etilré à cheval ds
ANTISYMBOLISMË FRANÇAIS, CV
Soyons hommes, ne regrctLons rien. Seulement,
pour être justes, examiaons si ces formes dédai-
gnées n'avaient pas de sérieux avautages pour
lesquelles rhuraanité a dû les conserver long;
temps,
B 'abord, elles liaient la loi morale à la loi phy-
sique. Elles mariaient ces deux mondes qui semblent
aujourd'hui séparés.
La gravité de la formule, la muette Icrreur du
symbole imprimaient la loi dans la mémoire.
C'était comme les clous d'airain que le magistrat
la salle du banqucL Np parlons que des symboles vraiment
populaires ; — Baluze, au ilix-septième siècle^ asisure avoir vu
encore dans les églises les rooUes de terre qui y étaient
déposées en souvenir des contrats* — La tradition par le fétu
était d'usage en Hollande eu 17ôi. — [,es plus belles comé-
dies juridiques de l'Allemagne, celle de ï impôt de la S. Thomtt^t
el du petit homme de ta S. Wtiîperi^ s'accomplissaient encore
au dernier siècle. — Dans la Tljuringe^ c'était^ Jusqu'en 1740^
le plus proche parent consanguin du mort qui devait déca-
piter le meurtrier. ^ Les ventes d'immeubles se font encore
tu Angleterre au nom de John Uoe et Rkhard flof , qui sont
le Caïus et le Scmprooius anglais. — La coempth romaine a
laissé trace jusqu'à nous^ dans ta pièce de mm^iarje. — Aujour-
d'hui encore^ dans diverses parties de la Poméranie, de la
Lusace^ du Mecklembourg, dti Holstein et du Hanovre, les
paysans paient ïe bedemitnl^ iax^ de femme et de vache ^ dioil
de chemise et de poule, etc. Ce dernier fait est indiqué dans
tin article du Morgmblaltf 1831-2. — On assure que, récem-
ment encore, dans quelques parties du Daophinê (1828), on
menait, selon l'ancien usager îes enfants aux exécutions, et
qu'on les baUaît pour leur en imprimer le souvenir. En I836i
une vieille femme d'Elélai près Daut^i^, a ëlé soumise à une
ordalie barbare*
CM ANTlSYaBOLlSME FRANÇAIS»
Fcmniu ânfonçaît chaque aim^'e dans le mur An
Capitolp ^
La fixilé du pigoe, la soIenDité de la farûn\
balan(;âiL>nl utilcmenl la mobilité de resprit. lElks
rtMitl aient rinlerpré talion ijémbl(% mais elles m
asBii raient la marche. Elles ompèchaieiil la logique
de |iréoïpKer son mouvement. Le progrès fi'aocon^-
plissait avec lenteur et graviU^; rien ne piVrî^gail
ijiie ce qui définitivement avait niérité de périr.
La loi durait asse^ pour créer des habitudes mo-
rales; et les mœurs ù la longue s liarmoniBaieiU
si fortem^'ul avec elle qu^elles raui'aienl remlue
snpeHlue,
Ce nVst pas impunément que la loi néglige h
foiTïie, qu'elle devient prolixe, inèlégaîUe. Son effi-
cacité en est gravement compromise. II y a uiu^
suûclion dans la beauté. Le beau est le frère du
juste.
1 , Pour l'inlluence raorale que le symbole a exercée jusquVi
nos jours, voyez, au Suppriment, un fait 1res rcniarqualîl"T
que j ai truuvr tlaus les Souvenirs <ie M. Fourcy,
ORIGINES
DROIT FRANÇAIS
i
ORIGINES
■DU DROIT FRANÇAIS
CHEKCHÉES DA^O LES
SYMBOLES ET FORMULES
DU DROIT UNIVERSEL
LIVRE PREMIER
LA FAMILLE .
CHAPITRE IPREMIER
NoQS lisons dans les plus anciennes Una ût: Tfnd^ :
c avant que reniant mûJe âoU détaché du sein maternel,
on Ini fera goulet du miel, du beurre clarilié et de Tor,
eu récitant les paroles sacréesî. — Le père h^ nommera
^âûlentiellemcntle dixièmeou onzième jour, dans un jour
lunaire propice, au moment favorable ou sous une heu-
rpuse étoile. — Le nom du Brahmane exprimera
faveur; celui du Kchatrya, puiïîsancc ; celui du Vaisya,
richesse 5 celui du Soudra, dépendance. — Que le nom
fie la femme soit facile à dire, doux, €laii% agréable L^t
propice ; qu'il finisse en voyelles longues ; qu'il soit
comme des paroles de bénédiction. — Au quatrième
1
2 E\FAXT.
mois, 011 Rrra sortir Tenfant pour lui faire voir le so-
leii, eti*- ^ »
Chez l*^s Grocs, les Hom ainsi ot la jvlufiart des uatiuiiii
héroHiuos et bar!>areis, le nouveau-ué est oiis aux p'mh
*tu père, qui peut l'abandonner ou ie relever {(oiten^
avaipiTîràat). Il ^ît lout iiu ù. terre, dil le grand poète
romain, comme le malelot, jelé à la cùte par le (lot
furieux -. A Sparlc, le ma^'istrat prononçait pour le
père; les enfants déï}ilcs ou difformes étaient dtïlruils.
Mais partout oft la ehose d^j[iendait des parents, il êlait
rare qu^ils se dùeidasscntà tuer leur enfant eux-méme^.
Ils Texposaient pkilùt, dans la pensive que les dieux vou-
draient qu'il véent et sauraient bien le sauver. C'était
comme un jugmtwnt de Difu sur la destinée de Tinuo-
ceate créature. Oii peut croire que le coeur des mcre<
trouvait bien des moyens d'influer sur ce jugement.
Mais la mère eût-elle manqui^, ta nature s*émonvail et
prenait des sentiments malerEiels, L'eau refusait d'en-
î^'loufir Tenfaut; les bêles farfuicties Tallaitaient, Voyez
les histoires de Cyrus et dXlKdipe, esposûs dans une
forêt \ celles de Persée, de Moïse et de Romulu^î, aban-
donnés sur la mer ou sur un tteuve. La pitié, dit Sha-
kespeare, sous (igure d'enfant nouveau né,.,
La famine, celléau des sociétés peu avancées % est la
cause la plus commune de Texposition des enfants, des
I. Lois fie Manun, livre 11, g 2^34, Je doi^ d tuon savait ami
Mi Eugt'sne Burnont une ret'tiflcatitm es.^eniiiîlle [^rf t/p i'<?rj. — Je
|kiritm iiilluurs de t Importance symboliquo de^ Ntinis,
S, Tum porru puer, nt^ttivis projecluB ah unJiB
iVaviU, HT! dus humj jactH, infaus, ludi^-us anini
Yiiai fiuxiljo, cùm primÙLu i» Jiiiiihjis oras
NJxîbua c% aho uiatria Natura profiidit;
VagitLiqiH! Iqcucd tugiibricooiptct, ut tequamesti
Cui tuDlùm la vttà rpstet traû^ire Eitnloruui,
Lucr, Do uat. reniLa, Ub, V*
3. Voy, ïca Mémoires de Tanner, el Atî? coudre de Homholdï.
Tobkâux do la uature^ etc. i Irndt lËOS, r, 200, ^ur la a iiaUûils <i<ù
vieillards ^ des infirmes, ainsi que de IVnii^'rtUioii (ieij
hommes faits. Le ver sacmm des nations italiques, qui
dévouait à Texil une partie de la jeuriérise, se retrouve
(*bez tous les peuples j barbares *- La eolf^nie qni éujîjgre
e^t elJe-méme en quelque sorte un enfant exposé par la
métropole. Les expéditions des Scandinaves *ïnt parlicu-
[jèrement ce earaetère^ La famine est le premier dieu
du monde du Nord, ee triste enfant que ia nature scjnbïe
avoir exposé sous la gueule du loup Feurin*
La jo^nerre que fx*s peuples du Nord et de TOceideut
soutiennent contre la nature, eoulre leur triste climat,
contre rOcéati qui groude autour d"ea\, est exprimée
arec une rude poésie dans la loi de Frise : « Fri^onsj
nous devons défeudre notre terre avee trois iuslrumerits,
la bêcbej la brouette et la fourche. Fri:?ims, nous devons
faire et' entretenir une forteresse de mer, un remj>art
d'or [ein gulden walle^, qui protège ia Frise couti^e la
mer salée et le féroce Hcéan*. *
Celte rude loi de paysans, si llérc contre la nature,
semble émue el attendrie, lorsqu'elle considère eu
même leni[is la laiblesse de ! enfaid et rbostilité rlu
climat, î'àprelê meurtrière des hivers du Nord : ^ U est
trois cas de néeessîté suprême où la mère (^eut vendre
le bien de reniant pour lui sauver la vie. La prondère
nécessité, c'est quand renfant est emmené eajdif au
i5.ont obligées 0*^ umui^er Ue la tt^re glaise on Je rurgile, pi udnïit
one partie de t aimée,
1 . Pour lea vieillard?^ vny. la tin de ce vul,
2. Jusqu'à r arrivée de fajut Patiiee, !«» irlaiidois, dit-ou, ^atTi-
a ai eut à Satnan le preiuier-nè de toute e^pii^te. Qilbict. île mb,
Kib. HIt 457, — Voy. daiis AppieD, TexU tle» jeunes LusUa-
aietis, ctc*
3. Dne famine qui déiiolft le JuUaiid iii établir ime loi qui cou-
damniiit loua Ips cinq ans à resil les fils puliiéH. Odo Chui,,upud.
Scr. fr-, Vl. 3. 8. Dado, De mor. Norm. 1. L Uudl. fiiîrael., I, \, Tu
\. Asffgabuch, S. 272, éd, Wiarda» die par Pliî^ter, 11, H2, trad.
de M, Paqui«.
4 ENFANT.
nord sur la mer, ou au midi sur les montagnes. La
seconde nécessité, c'est quand Tannée est chère, que la
famine chaufîe fort et qu'elle va par le pays et que Ten-
faut affamé veut mourir ; la mère alors doit placer et
vendre le bien de Tenfant, acheter à son petit, vache,
œufs et grain, afin qu'il vive. La dernière nécessité,
c'est quand l'enfant est nu comme ver *, qu'il est sans
asile, et qu'arrivent le noir brouillard et le froid hiver;
tout le monde rentre dans la ferme et dans la maison,
chacun se tient chaud au poêle, et la bête sauvage
cherche l'arbre creux, l'antre des montagnes, pour
mettre son corps à l'abri ; l'enfant d'un an crie et pleure,
comme pour dire le dénûment de sa maison, et que soo
père, qui l'eût préservé de la faim, du froid et du brouil-
lard, est entre quatre clous profondément clos et couvert
sous la terre et sous le chêne. Alors la mère peut bien
engager et vendre le patrimoine de l'enfant. » [Asega-
buch de la Frise, 86, 7, Grimm. 49.]
Dans le Nord, les enfants que laissait l'affranchi
étaient exposés tous ensemble dans une fosse, et sans
vivres. On les appelait grabkinder, enfants de la fosse. Le
maître retirait et élevait celui qui vivait le plus long-
temps. De môme, selon une tradition lombarde, on sau-
vait de préférence, parmi les enfants exposés, celui qui
saisissait avec le plus de force la lance du roi. G. 461.
Les lois du Nord nomment enfant de la formel celui
que la femme de l'exilé a conçu dans les bois, ou bien
celui qu'enfante sous le ciel et dans le taillis une femme
serve, qui a été affranchie avant l'accouchement (sans
doute par un maître qui veut se débarrasser de l'enfant
et de la mère). Voyez aussi dans la Bible l'histoire
d'Agar dans le désert. L'enfant de la forêt semble répon-
dre à notre vieux mot français cJiampi (Roquefort, 1,
\ . Stochnackeriy mot à mot : nu comme bâton, Froissart dirait :
durement nu.
EXI'OSJTION. 5
â34\ quij il ost vrai, mi pris pour bàlanl, et en mau-
vaille parL
On Ht dans la vio de saint JuEiien* ; Lo jcuno garçon
lui vint dire : Il y a là vue pauv}*e petite femme qui na m
painf nîdf. quoi en achnter. Le saint homme ordonna qu^on
la fit vemrjn sa présence, pxihj d\tn air indulgent et avec
la tendresse d'un père, il lui demanda pourquoi elle pleu-
rait si fort et lui était le repos par ses cris. Elle de répon-
dre : Vrai scrvitmir et ministre de Dieu^ il faut que vous
sachiez que je va/ s mourir de faim ; te pain me manque^ Je
ne vends rien. Chaque jour plus a /famée.,. Je suis enceinte
et je me meurs. Je viens donc implorer notre bonté. Sau^
vez-moi de la faim, et je serai votre servante à ioujotirs^
et f enfant que je porte dans mon sein sera de même votf^e
sei^iteur. Nouîri par vous, il appt^ndra de moi à vous
servir toute sa vie. Faites seulement que je ne mmre pas!.,.
Les chrétiens exposaient de préférence à la porte des
église^j où Tenfant pouvait attirer la charité par ses crîs,
Formul, Andegav. 48- Bignon. 181, 357 : Aous avons
trouvé devant r église un petit enfant sanguinolent encore
tinTantulo sangiiî no lento) et qui n'avait point de nom ;
dans tout le peuple^ nous n avons pu trouver ses parents^
— [Diicange, document de 1408 : ] Les exposants misdrmit
l'en fan t sur un estai au devant de la maison-Dieu d* Amiens,
et assez pi-ès dudit enfant misdrent du sel eu signe de ce
qu'il n était pas baptisé. Dans un chant populaire des
Danois, on met près de Tenfant du sel bénil et une
chandelle, G. 4til.
L^enfant ne peut pins être exposé, dès qu'il a pris la
moindre nourriture, ne fût-ce qu'une goutte de lait et de
miel ^ Les aliments constituaient chez les païens du
Nord une sorte de baptême intérieur, d'initiation, de
1, BibU mP3. Labbe, 11, 573. Laiincrc, Gloesaire, T, 37S.
2, Cf. le texte de MlLIiejUj ôèya c\U'\
fi KNFANT.
rc^mmunion à la vi<*, qui consîiorail Texislencç û^ rcn-
fâïit. — lila S. Lutiigeri, lib, U c. 2. G. i58 : Vmlm\
ayant été plon^'é dans un baquet, en saisissait lo bord.
Du ml il celle In lie, par un eiïet merveilleux rie la misé-
Hciirde du Seigneur, une voisine î^nrvinl, laquelle,
pleine de cnm(>assj(>nj saisit la pelite fille des mains qui
la plongeaient, courut *lans sa maison et lui fil goûter
un peu de miel. Car ehei les païens, nne fois que l'eD-
faut avait goûté do quelque eliose, il i^était plus permi:-
de lui donner la mort. — ' Acta, c, 6, 7, Leibnitz, l, 8'>7:
G. l'ï^ : 1 Elle remjjorte en eourant riiez elle, et, fcrmaiil
la jKjrle sur soi, elle arrive à la chambre où était k
miel, et en fait couler dans la bouche de la petite créa-
ture (juveneufîe), on il alla se foudre,.. Elle ditauxgenî?
t|ur venaient la ehercher que reniant avait mangé du
miel, et elle la lonr montra qui se léchait encore les
J6vrcs-
Le sij^ne légal de la viabilité^ c'est, dans la loi dis
Alamaiiîj et dans le Miroir de Souabe^ que renfant
pni^rise ouvrir les yeux^ voir le toit et les quatre murail-
le:^, IKins le nord île l'Allemagne, on evige : qu*il ait crié
aux tfuatre parois. C'est, dit la loi d'Ost-Frise, lorsque
iVnfajit a fait un cri qu'on pût entendre au deïàde quatn!
maisons, et, si c'est une petite fille, qu'on ait pu Ten-
te ndre à travers une plancbo de chêne..»* G. 75, iiO, —
Klablissernents de saint Louis ; Gmtishom tïent sa vie
iûtd ce que l'ai H tiotuv^ à parte de moustier (église) ««
mari fige après la mort sa feme^ tout nail-il hoir; pour
(poun'u) qu'il en ail eu hoir qui ait crié et brct, se ainsi
fsl qiie sa feme H ail esté donnée pucelic^. De même dans
la loi d'Ecosse [année i\î\] : Si ex eâdem hseredem
habnerit, audituni vel braiantem inler quatuor parietes-.
Au signe de la viabilité, je rattacherai celui quidéter-
i» ftlabUssenient^ Je saint Loiila, liv* , c. It.
2. tîegiftin tnajcBU, lîv. II, c, 58, g L
EXl'OSlTTaX. î
mine FiVge de cliHComcmenf. Selon une tradition popu-
laire ^ on éprouve les enfanls au-dessous de sept ans de
la manii^re suivante ; on pîaee devant eux une pomme et
une pièce dardent; slls prennent la poinme, \h sonl
réputés sans diseernement et non responsables de leurs
actions, G. 4il. Ler^ rabbins dirent que, pour (^^prouver
Moïse enfant, on lui présenta du fer et de Tor', Selon les
jurisconsultes anglo-normamls : L'enfant du Ixnirgeois
est en âge, lorsi|u'ii sait eompter discrètement i'argent
et auner le drap^
Nous avons parlé du baptême intérieur par les ali-
uients. Nous devons en rap[ïroclier le baptême extérieur,
celui do sang (circoncision), et celui du feu et de l'eau.
Les adorateurs de Molocti faisaient, comme on sait,
t>asser les enfants par le feu, lï est resté dans la haute
Ecosse un usage analogue, sans doute en souvenir du
culte de Beal qui domina si longtemps dans ce pays,
comme dans l'Irlande- Encore aujourd'hui les monta-
gnards écossais font passer Tenfant au-dessus du feu,
dans une sorte de poche^ où ils ont mis du pain et du
fromage. On dit que quelquefois ils tjaptisaient renfant
sur une large épée. En Irlande, la mère faisait baiser a
tïon enfant nouveau né la pointe d'une épée^. En Grèce,
l'enfant était souvent mis dans un bouclier^
L'idée de purification domine dans le baptême chré-
tien- Ce n'est plus seulement une entrée solennelle dans
la vie, c'est une initiation morale, La nature et Thomme
y sont 1 un et Tantre épurés, dégagés de toute souillure,
pour se réconcilier et s'unir : Exorciso te, crcatura
aquee, etc.
1. Du feu et ane perle, selon l'auteur de l'ancienne vie de Moïse»
en trentc-sii parties.
2. Vov. Bractofj, H Muta, lib. I, c, n, ^ 7,
3. Logan, 11, ^64, 122. 1831,
i. Plut, in Lyciir^, Theocr, Id. y:3. — Eu allemand, ùadschild,
bouclier do baïn, baignoire.
Parmi les vietlletï formuîes chrétiennes, il en est peu
cfauâsî remarquables qu'une bénédiction des fonts d^
baptètne [ex mtssali gothico-gallicano] : Debout, chers
frères y au bord de la cnjsiaUme fontaine y amenez, k^
hommes nouveaux qui de la terre au rivage vimnenl fum
échange rt oimmeree^ Qu'ils naviguent ici\chaçun battant
lu mer nouvelle ^ non de la rame, inah de la croix:; non de
la main^ mais du sens ; non du bâton ^ mais du sacrement.
Le lieu est petit ^ il est vrai, mais il est plein de la grâce.
Le Saint- Esprit a étt^ dirigé par un bon pilote. Prions
donc, eicJ. Celle formule demi-barbarp seml^Ie conser-
ver daui? le christianisme le génie et rinepiration aven-
tureusedes invasions maritimes.
Après le baptême, nous devons parler de Vadûpthn et
de la légitimation. Le baptême est déjà Tune et l'autre ;
c et?t l'adoption de Tenfant par la société religieuse» sa
légitimation devant Dieu.
Lois de Tlnde : Celui qui n'a pa^ d'enfant maie peut
charger sa fille de lui élever un fds, en faisant une obla-
tion an feu^ etc. ^ — Le fils donné, c'est le fils qu'un
père et une mère donnent, en faisant une libation d*eauj
à celui qui n'a point de fils, Tenfant étant de la mémo
classe et témoignant de raffection*.
1. Voy. liî pus^ag^ï de Luert'CP, d^jàcité : l!t f^revis projectus ah
iTndîs ii^Lvîta^
2. Mm-tene^ ï^ 175 c. ; StintM, fratre^ carîsftimî. super ripûiu
vjlrei foDlia, no vos bomint^s addac eis [sic] de terra Utori, merca-
tiirôs sfua commercia. Sloguti navjgaotes puisent lUiirti noimui,
noa virgâi sed cruce; non laclu, seJ sensa ; doû bacuîo, sed sacra-
Daento. Locus quidein parvu?, sed gratiâ pleoii». Benf^ gubemalus
e^l Spiritus Sanctos. Oremus (^rgo domînutu et Deum noitroiu
ut BanctiÛcH hune fontem, etç,
3* A digestor Rindu Uw, transi, by Colebrooke. Calcutta. 4 SOI.
4. Manon, p. 342, s 168, Irad. de Sf. Loisekur-IKîsbugcbanip?,
iS33.
ADOPTION, V
Dioctore, éd. Wesel, 1,2^^ : Jiinon, moulant sur le lit,
\tv\i Hercule fionlro son sein cl ïe laîssîa couler jusqu'à
terre à travers ses vête monts, imitant la véritable ^îaU-
ianc€j ce que fonl encore aujourd'hui les barbart^s lors-
qu'ils veulenl adopter. — Nous retrouvons cette forme
d*aJ option aux onzième et douzième siècles. Albert d'Aix,
3, 2î ; Le prince d'Édesse adopta Baudouin pour sou
fils, en le pressant, selon la coutume du pays, contre sa
poitrine nue et riutroduisaut sous le vêtement le plus
près de sa ciiair. — Guibert de Nogent, Gcsta Dei per
Francos, 3, 1*^ : L ayant fait entrer nu sous ce vôtenienl
intérieur de lin (lineam interulam) que nous appelons
chemise, il le serra et confirma le tout par un baiser* La
femme en Ht ensuite autant. — Surita, \ïh. 1, iud< rer,
Aragon,^ anno 103ï : L'adoptant faisait passer l'adopté
sous les plis de sa robe flottante (per stola? fluentis si-
nus). G. 463.
Dans les vieilles coutumes Scandinaves, dans celles de
fa France et des Anglo-Normands, Tadoption et la léj^i-
timation se font sous le manteau* — GuilL de Jumiéges, ,
8, 36, Duc, 5, 64, v. pallio cooperire. Garpentier,
V. Mantellatus. On appelait eu France les enfants h5giti-
més Enfants mis sous le drap. Beaumanoir : Se U avait
plnriex enfants nez avant que il Pespousast, et (a mvreet H
enfants à tespous^r estvîent nm des o es le faills en aalnte
église j ai devenraient-ih loi/aux hoirs K Un poète flamaud
du treizième siècle, Pbili[ipe Mouskcs, dit : Pardessous
k maniiei kl mèrt^ furent faits loyal cil trais frères, G.
160.
Dans le Nord, k soulier était quelquerois substilué au
manteau. Le père apprêtait un festin, tuait un bœuf de
trois ans, enlevait la peau du pied droit et en faisait un
soulier* — Il mettait le soulier, puis le fils atlopti!! ou
légitimé^ puis les héritiers, les amis. Cela s'appelait
Beaumanoir, Coût, do fi£auvoL3Î9, t. lË, p. ^*
IV
10 E.VFAXT.
monter dans lo soulier* Ou bien encore, le père eolêve
In peau du pied droit ï>ar derrière^ an-dessus de la dvy
ville ; il ordonne au lîls do chausser le soulier, pendant
(ju'H tient dans les bras ses enfants, lesquels k leur lour
viennent y mettre le pied. — Adopter, dans le vieujt
dmil du Nord, se dît aussi : mettre sur les genoux. G.
Lois de Galïea : Voici comment on reçoit un fils dans
la famille : le père lui-môme doit le prendre quand
la mère l'a apporté. Si le père e?t mort, le chef de la
famille, assisté de six des hommes les plus honorables
do la famille, a [louvoir de le recevoir. Le chef de la
ramillc prendra Iph deux mains de Teufant dans le&
.siennes et lui donnera un baiser j puis il placera la main
droite de Tetifaut dans celle dn plus ancien des assis-
tants, qui le baisera aussi. L'enfant passera ainsi de
main en main jusqu'au dernier. Probert, 203, G. 46-^-
La femme eut rail dans le son lier (voy. plus haul)^
lorsqu'elle entrait en puissance de mari. L'adopté, pas-
sant de même sous la puissance du père de famille,
exprimait quelquefois cette relation de dépendance en
se laissant tondre, comme le serf. Paul diac, 4, 4^1 :
Le patrice romain Grégoire fit périr par une ruse per-
litte Tason et Cacon, les deux fils du duc de FriouL H
promit à Tason de Tadopter en lui coupant la barbe,
selon la coutume, Tason vint avec son frère, ne crai-
gnant rien de mal* Grégoire, pour accomplir son ser-
ment, se fit apporter la télé de Tason, et lui coupa la
barbe en effet. —- Voyez de même dans Paul diacre et
dans Othon de Frisingue, l'adoption de Pépin par Luit-
prand, qui lui coupe les cheveux. — Roric, ap. Du-
chesne^ 1, 812 : Alaric devînt père adùpiîf de C foins en
lui coupant la f^arhe; — [Aimoin^ i, 20 :] en lui totichanl
tu barh^..
On lit dans Grég. de Tours, 5, 17 : Après ceia le rm
Gontran envoya mrs CMdeberl son petit- fiU, , . avec
AlïOPTJO?f, 11
prière de venir le trouver* Celui-ci vint en effet avec êes
principaux chefs; après quik sû furent embras^és^ le roi
Gonlran parla ainsi ; Voici qu^ je suis j^slé sans enfants ;
je demande donc (^ue ce mien pet il -fils devienne mon fils.
Le plaçant alors sur soît sièf^e royal, iî lui fit iraditian
de tout son roffaume. ii Que même bouclier nous couvre,
dit-il, que même lance nom défendra. Le roi passa la larîce
qu'il ienaii à son neveu, lui disant : A ce signe^ ùien-aimé
neveu, sache que tu me succéderas aa trône. > Ai moi a,
3, 68. G- \m, 164.
Quoi qu*on puisse inférer de ces exe m pies ^ TaclopUon
par les armes^, n'impliquant aucune inrérioriié du côh>
de Tadopté, e^st sauvent une fraternité plus qu'une par-
teraité. Nous suivrons plus tard la fraternilô et Tasso-
ciation guerriert^, depuis le mariage héroïque des Scan-
dinaves mêlant ensemble leur sang sous la terre,
jusqu'aux institutions chrétiennes et spiritualistes de la
chevalerie Jusqu'aux imitations de la chevalerie^ toiles
que ralHance de Clissonet de Duguesclin,
CHAPITRE DEUXIÈME
L^ FKUHE. — LE UMllAGE.
Ne fr*ipi>cz pas une femme, eût-elle fail cent fautes;
pae même avec unn Heur ',
Une mère est plus que mille pères, ear elle porte el
nourri! l'eufaut dans son sein ; voilà pourquoi la mère
est très vénérable.,. Si la Terre est adorée, une mère
n'est-cllft pas plus digne encore de vénéralion --
Le mariage remplace pour la femme T initiât ion. Sou
zèle à servir l'époux est pour elle ce tju'est pourrhommf
Tétudé et la discipline sous le brahmane ; fc soin qu'elle
prend de la maison équivaut à l'entretien dn feu
sacré \
Selon rÉcriture, la loi , les sacrées ordonnances^,
selon Tusagc populaire, la femme est la moitié du corps
du mari, prenant part égale aux actes purs el impur?^.
Celui qui laisse sa femme vivante se survit d'une moi-
tié» Comment un autre prendrait-il la propriété, lors-
qu'une moitié du propriétaire est encore en vie ^ ?
1. Digefl of Hindu law. M, 209, iJunoti, il est vrai, est un peu
pliîs sévère, p, 296. S 2m,
2. Dige^t fifllintiu Iflw, lïl, 5ÛÎ.
[L MrtnûiT, p. 38, § 67.
4, Di^ۉt uf IHndu ta^, lll^ 4S^,
MARFAGf: lXf>ÎEN, 1^
Le bien est commun au couple marié K
Comme les iils, ainsi les filles sortent de (!orps suc-
cessifs ^ quel être humain pourrait hériter de préfé*
rence^ lorsqu'il existe une fille ^ ?
Un père qui non naît la loi ne doit pas reeovoîr le
moindre présent en mariant sa fille. Recevoir un tel
présent par cupidité, c'est avoir vendu son enfant. Quel-
ques habiles disent que le présent d*une vai-he et d'un
taureau n'est qu'une gratification. Non, tout présent
reçu par le père constitue une vente. Même dans k\<
mondes antérieurs à celui-ci, nous n'avons pas ouï-dire
qu'il y ait eu jamais telle vente tacite d'une fille ^
La nile du guerrier qui épouse un brahmane tiendra
une (lèche, à laquelle le mari portera la main ; la fille
du marchand qui tqiouse un brahmane ou un guerrier
tiendra un aiguillon; la fille du soudra, le bord du man-
leauj quand elle épouse un homme des trois classes su-
périeures *.
Ce n'est ni Teau versée dans les mains^ ni la promesse
verbale qui font d'un homme l'époux d'une jeune fille.
La formule prononcée, le couple marche, la main dans
la main, et le mariage est irrévocable au septième pas \
La femme, c'est la inaison. Une demeure que n'eni*
bclïït pas la femme n'est pas vraiment une maison,.,
Qu'elle éloigne de la demeure toute chose impure;
qu'elle évite de parler à tout autre homme qu'au sien;
qu'elle ne converse pas surtout avec un prétendu men-
diant; qu'elle ne fréquente pas les couvcntij des soli-
taires, ni la campagne, ni les bois; qu'elle ne sorte pas
au crépuscule et ne s'amuse pas en route en allant au
1. Digc»t of Hindu law, 4BS, terte rfouteux.
2. Ibid., 186.
X Manau, p. "33, 306, 331.
4. Idem. p. "ÏS, g 44.
5. Digcat of Hindu Jaw, IJ, m.
14 WAftIAGE LXDIE^,
puits public; qu'elle s'abslienne de viandes et de li-
queurs spirilueuses; qu'elle ne se iais-io allor ni aux
folleïî dépenses, ni à la contradiction, ni à la parc>'^r,
ni à riiumeur sombre. Elle ne doit pas, avant d avoir
pourvu au feu ?acré avec autorisation du mari, sonjseï'
à orner sa personne^ ni, avaut d'avoir lavé ses mains,
loucbcr la coupe, le tamis et les vasei^ de lait (pour les
al i m en ï s et les oflrandes).** Quand elle aura lavt^ !*?>
vases.., balayé la maison et mis deux vêtements blano;
quand elle aura iavé ses pieds, ses mains, et craché, et
iiu de IVau, elle entrera au lieu sacré pour adorer, n^ii
sans avoir laissé à la cuisine du feu pour le sacrifice,
l'herbe Cusa et des lleurs; elle oindra de beurre epun;
les aliments, ainsi (jue les oiTrandes; elle présentera *:es
otTrandes devant les femmes des dieux, Quand îses hôl<fi?
et son mari seront satisfaits, elle pourra, avec la permis-
sion du mari, manger le reste eu particulier; puis, ayant
rincé sa bouche et puridé les vases, elle exposera ua^^
partie des restes dans un lieu de l'enceinte domestique»
à distance é;^ale de Test et du nord, et elle dira : Salut
à Rudra, seigneur des troupeaux. Elle élèvera encore à
Hudraun monceau de cendres devant la porte. De res
cendres elle touchera son seigneur, son fils et les autres,
elle s'en touchera elle-même et toute chose qui se doit
larder. Qu'elle n'entre |)as au lit les pieds non lavés;
qu'elle ii*y entre ni nue, ni souillée, ni sans saluer aver
respect les pieds de son mari. Qu'eu se levant elle ne
s'expose point aux regards; qu'elle ne se lève pas plus
tard que le soleil... Elle tiendra la maison nette et pure,
sera pleine de retenue, soigneuse du bien, sereine et
remplie de bons désirs j elle parlera avec affection à sou
mari, ne <lemeurera pas assise lorsqu'il est debout; n«
prendra jamais place au-dessus de lui. Il ne faut pas non
plus qu'elle le regarde continuellement... Elle doit lui
laver les pieds, le masser, Tévonter, l'essuyer, lorsqu'il
soutTre de la chaleur. Elle doit le soulager quand sa tête
MARIAGE HOÎIAiy, lo
branle et s'affaisse; elJe doit aller au devant, dans la
cour, quand il r<?viont chargé et las d'une ville lointaine.
Ne nourrissant contre Jui aucune mauvaise pensée,
qu'elle Thonore de riz, d'herbe el d'eau présentés dans
un argha. Qu'enfin, dirigée par lui, elle pratique les
austérités, remplisse ses devoirs pieux et fasse les ablu-
tions'-
La femme qui, h la mort de son mari, monte avec lui
au bùrher, est exaltée au ciel, comme égale en vertu à
Arundhati* Celle qui suit son mari en un autre monde
habitera dans une région de joie autant d*années qu*il y
a de poils sur le corps humain, ou trente-cinq millions
d'années. Comme le chasseur de serpents tire de Force
uû serpent du trou, ainsi elle tire son soigneur de la
région de tourment, et elle jouit avec lui.„ Elle joue
avec son mari aussi longtemps que dureraient quatorze
règnes du dieu Indra, Si son seigneur meurt dans une
autre contrée, que la veuve fidèle mette ses sandales
sur sa poitrine et, pure, entre dans le feu^.
Quelque inférieure el dépendante que la femme puisse
paraître ici, elle est reconnue expressément comme la
moitié de Thomme. Tel est le mariage sacerdotal, il
réunit deux moitiés; il forme ou restitue l'unité humaine,
(.In connaît Tingénieuse fable du Banquet de Platon,
peut-être empruntée à quelque tradition orientale ; les
deux moitiés n'ont fait (ju'un dans un monde antérieur,
ot, conservaTit un vague souvenir de leur unité primitive,
elles se cherchentj se reconnaissent et voîidraient tou-
jours s'unir.
Le mariage patricîeu de Rome, confarreatione, a beau-
coup d'analogie avec le mariage indien- La femme (ma-
trùtm, mater familial) occupe dans Rome une place plus
1. Digf'i^t of Uindu law, l[, t, 35.
2. Idem, 11, 4;i 1,453,
le MARIAGE BOJÏAIN.
61cvée que dans la Grèce'. L^épousc du (lamine de Jupiter
rassistait dans la ]>lupart dos sacrifices, et ii iic pouvaîl
la répudier ^ Le mariage cotifan-eaiione étail coasacrc
par le grand pontife ou le prêtre de Jupiter, devant dis
ténioiiiîs. 11 donnait û, goûter aux deux époux un gâteau
fait de fleur de Ta ri ne, d'eau et de sel. La coiiVure de la
mariée était en Tormc de tour, comme celle dfs Ve:*-
tales. Sur la téltr elle avait de? la marjolaine on Heur ^X
Ëous les vêlements une petite eouromie de verveine. Son
voile était de pourpre; sa tunique blanche était serrée
par une ceinture de laine de brebis. On TenlevaUdes
bras de sa more, et elle passai, saos toucher dos pied:^,
le seuil de la maison conjugale ^ Lorsque Tépoux lui
demandait, à rentrée de sa demeure : Qui es-tu? elle
répoudail : Lbi lu gains, ego gaia ', On la faisait asseoir
sur une toison. Elle avait app<>rté un fuseau et une que-
nouille* Elle entourait de bandelettes de laine la porte
de son époux ^
Dans le mariage par achat (coemplionejj il y avait
pourtant consenlenienl. Sans doute, celte demande dt-
consentement j si contraire à Tidée d'un tel mariage, fut
un résultai postérieur du progrès des mœurs. L'épôiix
demandait ; An sibi mulier materfamilias esae vellet.
Elïe répondait ; Velle, et demandait à son tour r An vir
,sibi paterfamilias esse vellet; répoux répondait par le
môme mot. ~ On partageait les cheveux de la mariée
avec le fer d'un javelot \
En entrant dans la demeure conjugale, la femme
apportait trois as ; Tun, qu'elle tenait' dans sa main
i- Voy. le beau livre de iJreyer.
2, Pkil Qufeat. Rom., II, 27G. D.
X Feslus.
A. Gâta vtmt djrf^ vache et terre labourable. -^ Voj- . ii la fi» df-
mon Histoire Romaine, I voK, les rapports du latiu et du ïtaûskdt
Ti. Plut. Qumst riom., et Xylander^ !t, 2H,
(i. Bris&on, dcFormulii, p. OOG,
IHFÉRlOmxÉ DE LA FEMME. 17
pour donner à Tépoux ; raulre, clans sa chaus:?uro pour
les dieux Lares ; quant au Iroisiôme, elle le déposait
dans le compitum vkinale, pour aobeler l'entrée do la
maison \ Avant le mariaf^e et dès que ie Jeune homme
avait promesse du père, iï donnait à la fiancée un
anneau de Ter qu'elle mettait à ravant-demior doigt do
sa main gauche ^»
Rome réunit ainsi les deux formes du mariag*.^ anli-
que, que j'appellerai le mariage sacerdotal et le mai ia^'c
héroïque. Celui-ci se conclut par achat. On a vu [\\ï\^
haut avec quelle réprobation la loi indienne parle du
père qui vend ainsi sa fllle. Les nations htMnïqnes,
n'estimant guère que fa force, considèrent Tel r*' TaîMe
comme une chose qui peut se vendre et s'acheter*
fténntssons ici, avant d'entrer dans le détail des diver-
ses cérémonies du mariage, les textes priucipai^x qtii
prouvent Hnfériorité de ta femme chez les peuples
héroïqiieSj Grecs, Celles, et même Germains.
Dans la loi du pays de Galles, ta femme ne peut témoi-
gner contre rhomme ; — Car la femme n'est que le
tiers de Thomme; or, un tiers n'est pas croyable contre
deux tiers \
En Suisse, à SchafThouse, la servante qui déclare une
naissance, doit porter, si c*est un garçon, un tablier
blanc et deux bouquets, au sein et à la main ; un bou-
quet seulement, si*c*est une fille. —A Neflenbach, celui
L Yarro apiid Noniam in Nubentes. G. 426.
2. Pline, XXXUi, 1. Juvénal, VJ, 27,
3. Lois de Galles, Probt^rl» an, — Loi îles Brfîhona d'trlanJc* :
Pour le paiement ée ce$ auicprlcs, U faut la caution d'un houimt*
ou de trois reinmep.,. — Lorsque Scucû fit ^ch IoÎs^ il distiii^^iia
entre propriété mâle ot propriété femeïle, de peur dencnurir la
peine dont le» Brehoaâ furent frappée pour leur parLialité ; une
groiee loape leur sortit de la Jouft. Colloctan, de rebua ]iib. IIJ,
iH M.UUAGE T'Afi ACHAT.
(|ui ilov(^nait père iKun f2fan;on, recevait deux VDÎturés
ào bois ; une seule > m c'était une fiHe, G, 403,
L<? roi de France, Louis Vit, ilil tlaus une charte:
liffrntjfiH if ne tutus f^fions de la mnlittude de nos fîlks i ter-
ri ti TutilUlntline lîliarum), nom souhaitions ard^mmtnl
que Dieu nous accordât di's enfants dun sexe meiiL*ur...
El il asjsure une concession annuelle de trois niyitisdi*
rroniculà celui qui vient de lui annoncer la naissance
de son fils '.
Dans le droit de Saxe, tle Souabe^ etc., ramende ou
eomposition est moindre de moitié, .si la perfM>!ine
l^sée n est qu'une femme. Au contraire, chez les Bava-
roi?;, rinjure faite k la femme est payil^e au double; Cfir,
dit ïioble ruent la loi, in femme, n'a pu se défendre par k$
armes. Il eu était de même chez les Aï amans, cc peuple
du midi de rAllemagne, et dans le Nord en certaines
parties de la Sut^dc, Dans la loi lomoarde, celui (fin
havre le passa^je k un homnu* ]nûv vini^'t .^olidi seulemen»;
il paie quarante-citMi lois davantage, neuf c*?nls âoliili,
>î c'est une femme qu'il a arrètùe ^. G. tOi*6.
En Saxe, la composition éîail doul)le pour la vierge,
isimpie pour la femme qui avait déjà enfant^!'. Au con-
trai re, chez le« Francs et le^^ Visi^^olhs, la femme est
évaluée par rapport à sa fécondité,
L'exchision île l'héritage, ou du moins de la terr*:*
saîique, tlonl la femme est frapiiée dans les lois bar-
i. Scrïp. rt>r. Kr, XVI. — A Puitierk^ lest parents qm vienntntdî'
marier la dctni^i'e de l^urs fiUr.^ suivent la noce avec un hâtai ûtw
de tuùann U'^mrn^ pour indiquer teur fuie d'aimir enfin b&lay^ i^
msisQn^^ Noie camuîuiliquéf; pur M. Koiicnrt, professeur de drait
a Poiti*-»r.i,
2. Lri Ly^'ions fonl plus ti'bonneur aii\ f^iiijuos qu'aux tiooatû^s:
Us tirent leor;* tioius de la faaiUle tU^ la tiiùro, f^i ]m^M'\A k p*itri-
moiue aux illles, non aux fils, Nicul. Daiuasc fie Mor. Ueut ^^■
408. — Le nom tin- *le h Euère iatliqurt aciUemeut la proiu[s<:iùl«*
dos uabuà et i iuccrtltiule de la putcrnil*^. [| y a quelque ctio^^
d*analagiie &ut lea cûtaa du Malabar.
MA H 1 AGE GKÊC. 19
barei^j se miiinUenl. durant le moyen âge, Daiisi |>!u^i*>uri3
rfe nos lirovini^eSj la iilîe n'a rien à i^rt^tendrft; elle ont
dotée d'un .simple chape! de roses ' ; SDUvenl elle a moins
*?ncore, unn noh ^, comme dans T Anjou et le Maine \
Homère appelle les vierges aXtiEoiSoiaî, cVsl-à-flire
rapportant des bœufs [k leurs parents). Au temps d'Aris-
tolc, le mariage n*est plus considéré sou:» le même point
de vue : Les anciens Grecs, dit-il, étaient barlmres; ils
marchaient armés et achetaient les femmr^s, ÈtuvùÏÏvT^s.
Arist. polit, i, 8. — Cette coutume était générale *"hpz
les Germains; rexpression achpjrr, pour éjtouser, s'est
consente en Allemagne jusf] y 'à la Un du moyen âge* —
Loi yïixonne : Qui prend femme donne aux parents troi^
rents solidi, G. 4^2* — /.es mtoijéadu roi offrirent à C^^*-
tilde, ftefon fa covtnmede^ Frmics, le sol et le deuif^r: puif^t
iisTépousèrentaunom dé Chvk^, — Dans Grégoire de
Toiirsj un homme se présente au juge et dmnandi*
quuîie fille à laquelle it a donné les arrhes nuptiales hn
$oî( livrée en mariage; sinon ^ il ne se désistera pas ^ à moins
de seize mille sotidi ^. — Frotho prescrivit aux fiuthé-
niens vaincus d*épouser par uchat^ eomme faisaient les
Danois; il croyait que Le^s mariages en seraient plus
stables. Saxo Gramni. lib. V, pag. 88, it. 4âl-^.
Les princi[ialés cérémonies dit maria^'e ont iHé indi-
quées pour rinde et pour Home. Le maria j:e sacerdotal
de« Romains [confarrealione] appelait ee rapprnclie-
ment. Parlons des cérémonies usitées chez les Grccy,
!es Scandinaves et les Germains.
i, Coiiluini^s d'ÂnjoQ^ Tours, Loiuhm, M^iiifi. — En Aut^rt/n^,
Us héritiers du mari demienl à Ifï veuve une riarlande ou chapel
ri* argent de la râleur du lit nufitiai.
2. Sparge, uiarUe, nuces; tibi iJeaftrit Hesperus CEtam. Virg-
Ecïog.
3. Du Pineau, Sur le» cmituiiiiera d'Anjou et ilu Maine*
4. Fred*?g, Epiloiu., 18*
.*!, Greg . Tur., lVj41,
20 MAHT.VGE GEHMAMOUE.
A Athènes, on plaçait un pi!on au-dessus delà porte
de la maison conju^le. Une des jeunes filles de la noce
tenait dans ses mains un crible, et la nouvelle épousé
porlait elle-même un vase propre à briiler de l'orge.
C'était seulement aux approches de la nuit (iiiVîle .^i*
rendait k sa nouvelle demeure. A l'arrivée des époux,
on répandait des figues sur Jeur tête, et l'on allumail
fies loridies. A Tun de t-es flambeaux la mère de la
mariée attachait le voile de gaze qui avait orné la lêto
de sa illle. Les époux devaient être enfermés ensemble
et manjiïcr d'un coing ; le mari dénouait la ceinture do
Tépouse, Pendant toute la nuit des noces les jenneh
gens faisaient grand bruit au dehorSj et Tun des pro-
ches parents gardait l'entrée de la chambre nuptiale- Le
troisième jour, Tépouse allait visiter son père, recevait
ses présents, ceux de ses parents et amis, et donnail
elle-même un riche vêtement à son époux, qui lui
o lirait h son tour les dons appelés *var>cî£Xu'miipta
[dvaxaAuxTEïv, découvrir]. Alors, pour la première fois,
dit-on, j( pouvait voir les traits de la fiancée. A Sparte,
on rasait la chevelure de la jeune fille et on la couvrait
d'un vêtement d'homme '. Les nouveaux époux faisaient
oITrande de quelques boucles de cheveux à Diane ou aux
Parques- En BéotiCj k femme briMail devant la porte de
répoux le timon du chariot qui Tavail amenée, afin san^
doute d'exclure toute pensée de retour-.
Dans le mariage héroïque, la femme ne peut aspirer k
1. A Sparte, ïes célihatair^s iStaient conlramte, chaque anaèf\
durant Thiver, iJe courir nus ^mlourdp la place publique eu chau-
lant de* chansons où iîs étaient fournés en ridicule. Plut, in
Lycnrg, — A une certaine f(Ho de l'anuée, iU servaient de jou^t
aux fcuimes qui le» poursuivaient à coups de poing autour des
autels. Alhen. Ijh. XIIL
2. Vo>\ PoiL IH, 3; l, i± — Aristoph. Scho!. in Plut. — Scnec
Theb. V, 505. — Eurrp. Elrlen, \% 12%. — Hom. hymn, in Yen. —
Siiidag et Hesychio», v. dvaxaluTînlipiov. — Pîut. Selon; LycurgiïB;
QuaîBt. rom., Il, 2,271,
FIANÇAILLES, 21
l*égaUté qu'en devenant un homme, un h^ros. L'un des
Sagas nous la montre belle d'une pureté farouche; elle
est élevée par un guerrier qui veille i^ur elle toute sa vie,
cl qui lue isans pitié Tépoux trop peu respectueux pour
la flllc d adoption ^ Deux fois la vierf^e fatale coûte ainsi
la vie h son époux. Dans les Nibelungen, la femme
charme son barbare amant par sa force autant que par
îia beauté : — Une reine ré^^aiait au deli des mers; de
l'aveu commun, elle n'eut point de semblable; elle était
d'une beauté démesurée, puissante était la force de ses
membres; elle défiait au javelot les rapides guerriers
qui briguaient son amour. ^ Elle lançait la pierre au
loin, et aussi loin elle sautait. Qui la priait d'amour
devait en tmîs jeux vaincre la noble femme ; vaincu une
seule fois, il payait de sa tête.-* ■ — On apporte k Bruuhîld
une lourdf piet-re, ^^ande et grosse, et massive; douze
^uerrieriri à peine laportaienL Elle lance la pierre, tout
aussi bien que son javelot.,. Les deux héros tombèrent
du choc,<. [Sigfrid jette la lance à son tour, mais de
manière qu'elle ne louche Bruuhild que par le bois.]
Elle tombe, mais se relevant aussitiit : Noble guerrier,
merci du coup-!,..
De même datïs les poèmes arabes, Djida ne plait (i
Rlialed qu après qu'elle la combattu à son insu\ Dans
d'autres traditions poétiques, la fiancée est quelquefois
le prix de la course. (Ataîante^ etc.) Dans le Nord, ou
courait ^soienuellenieul autour dr la mariée. G. i34.
L'intervalle entre les iiajiçaUles et les noces était
souvent d'une amiée. Dans ce beau moment de la vie, les
amants se vnyaicEit sans contrainte. Eïi Grèce, le jeune
homme adiclait ce droit on olfraïil un présent à la Jeune
i. \nj. le Nlatsa^a.
â. Der XlboliinçeiUied, 1^17-24, 1810-112. 1853.
ri. Poi-ines tl'Antjr, traiiuLts en anglais. Voy. aussi [e frûgroent
traduit k la fia <lu Vi>yagc de M, Uo Lamartine.
22 FIANÇAILLES.
fille [appa]'. Dans le Nord, la fiancée recevait le jeune
homme même la nuit. Brunhild, selon TEdda, reçut
Sigurd dans son lit; mais le guerrier mit son épée entre
lui et la vierge. — Cet usage du Kilpen (ou visite noc-
turne à la fiancée) donna aux Suisses l'occasion de sur-
prendre le château de Retzberg, la première nuit de
Tannée 1308; ils montèrent par la corde qui avait sen'i
à un jeune homme d'Underwald^.
La froideur du sang germanique justifie cette liberté
et cette confiance. iMais nous retrouvons les mêmes usa-
ges dans les pays les plus divers, parmi la vive population
galloise, comme dans la froide Hollande (îles de Ylie et
de Wieringen); Tamant est admis la nuit près de la
jeune fille et dans son lit même ; seulement elle ne quitte
pas son jupon. On assure que la confiance des parents
est rarement trompée \ — Rapprochez de tout ceci la
tradition de la fiancée de Corinthe, et celle dont parle
Luther*.
Tacite, Mœurs des Germains : Ce n'est pas la femme,
c'est le mari qui apporte la dot. Le père et la mère, les
parents, assistent, et agréent les présents. Ces présents
ne sont pas des frivolités pour charmer les femmes, ni
des parures de mariée. Ce sont des bœufs, un cheval tout
bridé, un bouclier avec la framée et le glaive. Pour ces
dons, on reçoit Tépouso. Elle, de son côté, apporte quel-
que arme à son mari. Ce sont leurs sacrés liens, leurs
mystérieux symboles, leurs dieux d'hyménée. Qu'ainsi
la femme ne se croie pas hors des pensées héroïques,
1. Voy. Suidas, Hesych. verb. 6ea)py5Tpa, âOpiÔLiaTa. Isaeus, orat.,
7. — La coutume de donner des arrhes subsiste dans quelques
provinces de France. Naguère encore, un jeune Alsacien plaidait
contre sa fiancée mariée à un autre, pour qu'elle lui rendit les
arrhes qu'il avait donnés. Voy. le National de juin ou juillet 1834.
2. Muller, H. de la Suisse, IV, 1, 2.
3. Carr, l'Étranger en Irlande, 194.
4. Tischreden. Voy. Michelet, Mémoires de Luther, t. III, p. 176.
FIANÇAILLES, — ÈPÈE, ^23
hors tics liîiHartlts et ilo la guerre, les auspices de Thy-
inen le lui disent déjà; elle vient eomme compat^ne des
travaux^ de?? pi'^rils; sa loi, en paix, comme au eombat,
c'est d'oser et satilTrir comme lui. Voilà ce que lui dtïnau-
r^ent ratlela^e de bo^uTâj le cheval préparé et les armes»
Ainsi il lui faudra vivre, ainsi mourir", — Dans le Nord,
la fiancée <jtait coimacrée par le marleau de Tbor^ le
Dieu de la guerre. 0, 4;M.
Dans une formule lombanle, les fiançailles se font
par réfiêe et le ^ant : Par celte épée et par ce gant, je
le donne ma lillc pour épouse; par celle épée et j)ar ce
i:ant Je t'engage Marie, Gainnani, 11, -UH. 8, — Formule
de Vérone (Gancîani 2. 47(», 7) : Qwtiî(er vfdua saîicha
$pondetuK.. « Eu présence du cotide et de l'envoyé
(miâsus) du roi, i^ié^^eant en jugemenl, assisté de sejït
juges, la publication faite par le dixenîer ou eentenier,
la veuve salique est mariée de la manière qui suit : les
aiisistants sont au nombre de nenl", trois demandeurs,
trois défetïdeurs, trois témoins. Il faut de plus trois
<o!idi et un denier de bon poids... Après que le futur
époux a présenté au leparius - le \tvix ci-dessus énoncé,
0[i demande à la feinme si eîle accepte l'homme. Si elle
dit oui^n s'adresse au [\ère du futur pour lui demander
s'il consent au mariage, et lo râleur commence : He-
marquez que la veuve est désignéf: dans la formule par
le nom de Sempronia, le llancé par celui de Fabius, le
tuteur ou prolecteur de la veuve par le nom de Se*
neca.] Lorsque Fabius lui a assuré le tiers de son avoir,
alors l'épée et la chlaniyde sont présentées par Seneca,
et Torateur doit dire : Par cette épée et cette dilaïuydc,
dorme pour épouse à Fabius Sempronia, la n^paria,
I- Taciti Germ., caj). IS* Je me suis aidé de l'excellenie tra^
duction de M^ Uuruour.
2* Les solidi et le denier s'appclaleut le reipii^ de la veuve; de
retfj corde, courroie t lieu. G, 426,
â4 FlAKÇLULLIiS. — tvtE. — FOURREE. — ARBHES,
qui est de la race des Francs, Senoca consent. Alor^
Toraleur se tourne vers Fabius, qui reçoit Tépée él \%
chlaniyde : Parce gïaive, 6 Fabius, [lar celte i.liîamvic,
je te la recommande,,, Lor&<]ue le reparius a reçu 1*
reipuSf lorsqu'il a livré !a veuve par l'épôe et la chln-
myde, il ne faut pas s'en tenir là^ mais Fabius (le nouvel
époux) doit prôscaler à Seneca pour le mimdium (ptih-
sance maritale) une fourrure dp la valeur de XX soliiJi,
et l'orateur doit dire : Seneca, par celte fourrure, fais
passer sous le mundium cette femme avec tousses bien;?,
meubles, immeubles ou esclaves; livre en toute pro-
pri/jté à Fabius le ^nmidium et la fourrure. Gela fait, Fa-
bius et sa Scmpronia doivent remettre une gratiflcation
à Seneca. G. 420,
Se aucune avoil mn fils, qui feust en non aaff€, <?/ li
peines deisi à aucuns de ses voisins : Vons a^ez ttne filte,
qui est nuques de Paage de mon /ils- se vous voliés que eh
fust â mon fils^ quand elle serait en aage^je le voudra t s
ùîen^ en le le manière qtie vous me ôailltss^iez une pièce de
vostre terre, et je dij^ livres par nom d'erres (arrhes)^ fn
tele manière que les erres me dtmoïïerronl , quand vmire
fille seroil en aaqe de marier, se elle ne vouloif le marifi^j^
otiroier. Les erres demouerroienl à Vautre oit à ^s hoirs,
se il ny avait liijnaifjef ou autre casy parquoy le marmqf
ne deust eslre, parcm sainte Eglise ne s'y accordast, les
eires demouerroienl à cime un, ce qàil auroit bailiié. Et
se il avait fet tele convenance en autre manière que il eussent
mis pleiges de rendre C, L. ou plus, un moins^se Hïnariù^
ges n estait, la peine ne serait pas tenable par droit ^
Dans la Frise, lorsque la noce revenait ï\ la maison
conjugale, «n jeune homme marchant devant le futur
portait une épée nue à la main. Quand I'<5pouséc arrivail
à sa nouvelle demeure, un des proches de l'époux jetail
devant le seuil un balai, par-dessus lequel la jeune épouse
1. Élahl. de S. UiHK liv. 1. r. 12L
FUSÇ-VILLES. — KJ*ÉE. — LANCE. 2^
passait, et qui devait écarter les mauvais présages et le?*
maléflces. Au momcut où ede fraDchUsait le seuil^ im
autre parent de l'époux mettait une épée nue en travers
de la porte, pour en fermer reniréc îi la mariée : elle
lâchait rie pénétrer do force, mais la maison ne lui était
ouverte que lorsqu'elle en avait acheté 1 c[iln5e fiar un
petit présent : on Tavertissait ainsi qu'elle devait con-
server sa chasteté, yous peine d'être frappée ]mr sou
époux de ce même glaive iious lequel elle avait pai>.sé.
Les» Friiions appêUeni ce glaive Fépée des noces.
G. 160.
Chez les Ripuaîres, la femme libre qui avait épousé im
esclave contre la volonté de sa famille devait choisir entre
répée et la quenouille que le roi ou le comte lui présentait^
Si elle prenait tépée^ il lui fallait Itter elle-même tesclaee;
si elle choisissait la quenouille, elle devenait esclave elie-
mérne. L*cx. rip, 58, 18* — Chez les Frisons, la (ille
enlevée est mise trois nuits chez le Fràna; le troisième
jour, le Frâna la conduit au lieu du jugement. Là, il
pfante deux bâtons au terre, les parents se mettent d'uu
côté, le ravisseur de Tautre, et la jeune lille au niilicn ;.
elle est libre de choisir; si elle passe du cùlé du ravis-
îîeur, le mariage est valable; dans le cas eoiilraire, le
ravisseur paie une double amende. G, 440,
Lon&(iue Bruuhild se plaça sur le bûcher avec le cada*
vre de Sigurd, elle dit : Qu'on place entre lui et moi le
glaive tranchant, le glaive orné d'or, comme il fut placé
eiilre nous, quand nous montâmes dans la même couche
et qu'on nous appelait du nom d'époux ', — 11 mil unt'
épée à deux tranchants entre lui et la jeune reine. His-
toire d'Aladin, Mille et une Nuits. Paris, 18ÛG. Yl, 2:1,
G, iTO< — Dans les romaus de chevalerie, l'époux
<riseu!t la surprend endormie sur la mousse avec son
amauL Mais, quaud il voit la lar^e épée qui les sépare^
1, Voyeï Ampère, Uttérature' Ja NorJ<
26 LAN4:K. — FOIRHURE.
il s'apaîsc et se relire ^ — Lor-^que l'archîdur Maximi-
lîen épousa |>ar prorurour Marie île Bour^^ogiie, en 1471,
le seipieiir qui Je représentait entra dans le lil Duptial
en bottes et en éperons; enlre lui et la rnlurej on avait
oiis une épée nue. G. 170.
La farïre, comme on la vu dans le mariage romain,
jour, dans les r/^'émonies nuptiales, un rôle non moins
imporlaiil i]ne Féirée. En Suède, le lendemain de.s noces,
lorsque l'épuux laissait à Tépouse le Jïon du matin : —
Une lance ou hallebarde ornée de 11 «ends de soie est
déposée par les proches anx pieds de Tépoux, et levée
par les témoins <pn siinient le Don du matin; la lance
est touchée en si;L?ne de donation ; puis, avec une courte
prière, Tini des témoins la jette jiar la fenêtre de la
maison nuptiale ; les serviteurs des nobles accourent el
se la disputejit. Si la pointe est d'acier, Tépoux, en snii-
venir, doit la rarheler avec de la monnaie ou de l'argent
non monnayé. Loccenius, Ups- 1670, p. 155. Olaus Ma*
gnus. II, 4. G. WL
Fuero viejo, 5, 1, G. 4i8 : C*cst un antique fuero de
Castille, que tout Hidalgo puisse donner donation à sa
moitié à Tlienre du mariage, avant qu'ils aient juré; et
la donalion qu1l peut donner est celle-ci : une Tourrure
de peaux d'agneaux avoités, laquelle soit bien grande et
bien large, et elle doit avoir trois bordures dor; et
quand elle sera faite, elle doit être si large, qu'un cava-
lier armé jmisse entrer par une manche et sortir par
l'autre; de jdus, une mule sellée et bridée, et un vase
d'argent, etc. — Au milieu de cette bizarre emphase
castillane, il y a une intention bien poétique et bien
annmreuse ; rien n'est assez doux, assez délicat, assez
vierge, ijour toucher dignement le corps de la bien-
aimôe*
i. Micholet, Histoire de France, •II, c. 1, suh jinem.
Parmi îes nombrout^os formules i^wh^.siaïiliquc^, nous
donncroiii? de préférenre celles qui appartiennent aux
rituels (le nos é^'Iiscs <le France,
Kituel de îiouen ; ISmts avom fait (es fjftfu en Çf^tic.
sainte éf^tht^, par tnm dimences confinucs entre td N
(fttne part, fit tdle N daufre part, et ny amm trouvé nui
eTïîpéfhement parquoy te mariage ne rf'yye ùlf^n et hf/at/e-
ment rnsemMer : encore de rechkf nous ks faison première
ft}is^ seconde fois, tierce fois et quarte fols d* abondant.
S'ii y a aucun ou aucune qui \j sarht^ ctnpt'chenteni par
quùy le mariage ne se doye msanbtf^r, si le die. Car, tjuï
maintenant s en tair^a et après en parlera, on le dénm-
ehera excommuni^^, (Personne n'cin[iècliant, le prêtre ilU
h l'époux :) ^V, iWMX-tu avoir A", â femme et épouse, et la
garder saine et enfetiTie, et lui foire inyale partie de ion
^forpi et de tes biens ; ne pour pire, ne pour meilleure tu
ne la changeras tous le temps de sa vie. — .4 lors l'époux-
répond: — OugL — Que lui haille-tu? — Ma fog^.
Rilucl d'Amiens ; Le jour des noces, à la porte de
r ( '^' 1 i s e j l e p r (H IT d i t ; j9 () « H (*s y t' ^ï .s% nous sommes îcy as-
^emhlez pour faire le mariage de i\\ et N^ dont avons fuit
les ùans,,. Pourguoy s il y a nul qui y sache aucun empê-
chement.., si le die présentement si haut, que on foge sur
peine d'excommuniment . — Le prêtre demande : Lwj fut
elle oncques donnée. Ji. Ouy, ou nenny. Donnez-lug. Or
le me rendez. Comme avez â nom ? — A". — Kt vous y
comment ? — N. — Jean, voulez-vous cette femme qui a
nom Mane^ par nom de baptesme, à femme et à es pou se ?
— SirCj ouy. — Marie, coutez^eous cri homme, qui a nom
A-, par nom de baptesme, à marff et tr espoux ? — Stre^
ouy. — Jean^je vous donne Marie ; Marie^je vous donne
Jean^,
1. Martene, 11, 367, d'après un missel Je Rotieu iht quloïlàuio
2* Martene, M, i3"2, tl 'aprèït nn mj.«sei Je Ttifrlise d'Amiens,
38 MAmAGË> — KGLÎSE.
Dnîis le rîUiel (k Téjj'lise de Reims (1585), on Ht : h
prêtre gui doit bénir Vanneau^ demandtt freîzc denîm
çuU refoit dn consmlement mutnd des deux époux; k
fiancé prend aisuite t anneau et trois deniers (les diï
autres 6Lanl réservés pour le prêlre), et par la main du
prêtre il placé cet anneav au quatrième doigt de la main
dn la fiancée, en disant après U prêtre : TV, je voHi
épouse; eur le doigt du milieu et Tannulairej auquel il
passe l'anneau : t't d^ mon corps je isous honore. Posant
alors les Irois deniers dans la main droite ou dans !a
bourse de Tôpousée, il ajoute : El de mes biens je vous
doue.
L'anneau est placé au quatrlÉme doigt, parce (\u^
Ton croyait qu'une veine de ce dciigl communique avec
le cœur. Chex les Grecs, il y a deux anneaux, un d'or
pour l'homme, un d'argent pour la femme. Les époux
échangent ensuite leurs anneaux ^
Dans un ancien manuel du diocèse de Reims, le
prêtre dit : N. dites après nioy :
Ad pollicem : par cet anel l'Église enjoint.
Ad indkem : que nos deux cœtirs eii ung soieni Joints,
Ad médium : par vray amour et loyale foy ;
Ad mcdicum : pourtant je te mets en ce doy-
Dans un autre rituel, !e prêtre dit en passant Tanneau
au pouce de la fiancée : Au nom du Père (à Findex) et
<lu ills {au doigt du milieu^ et du Saint-Esprit; puis, il
Ajoute ces mots bizarres qui sont peut-être la traduction
littérale d*une ancienne formule hébraïque : Mandu Deus
uirtulis tim^ confirma hoc Bexts quod opérât us es in nolns.
A iemplo tuo in Jérusalem ; increpa feras arundinis^ con-
gregatio taurorum in vaccis populorumj ut excludant eos
fpài probati sunt argenlO'.
^.^ïftrtc■nÊ 11,347. A.
2. M.irt(?r»f! U, ^l(?0, ras- est codicc Victorlno, treizième ?itcle. —
C'étJiit aussi par rjHincaii f]nt le faisait k traditron des terres au
MARIAGE* — IRCLÎSR. 29
Chez les Byzantins, comme dans Tancienne Rome, le
\oiïe de la fiancée était de pourpre S les deux époux
portaient des couronnes que l'on conservait ensuite dans
l*égUse- La couronne était faite en formo de tour.
« Chez les Grecs, les eouronaes nnptiales sont de
feuilles d'olivier entourées de soie blanche et pour-
pre^. >
Alix secondes noces on ne portait plus la couronne
sur la lé te, < Celui qui se mariera trois fois, oti lui
posera-t-on la couronne? Dans la main ou sur le genou V
puisque la veuve qui se remarie la porte déjà mr
répaulc^. "A Au moyen âge, la veuve qui se remariai!
avait là main couverte lorsqu'on lui mettait ramieau.
Selon un missel de Paris, tors<jue /es époux, rer^eftatti
dfj la m€&.^e, sont arrivés à ieitr maison, ih trouvent demni
(a porte le pain et k mn ; le prêtre bénit le pain : alors
fépottx et, après hdf t épouse mordent dans le pain. U*
prêtre bénit anssî le vin el leur en donne à boire ^ après ipioi
iî les introduit lui-même dans In maison conjugale^.
On litdansuncapitulaJre de Théodore, archevêque de
Cantorbéry ; La messe dite et la bénédiction reçue, les
épou^ doivent s'abstenir de l'église durant un moi^,
faire ensuite pénitence pendant quarante jours, puis
communier et faire olTrande",
moyen âge. \\ Ducange. — Chez les Galles, le guerrier portait im
aimeaii de fer jusqu'au jour nfj k inort d ïm enurrai, îvi^ do sri
mam, lai pcnu^ttait de fs^ il T livrer de ce signe ignomlnietiK. L-'i
iïaeédoEiit'DS n'ûvaicut île iiiéme le droit de déposer le licol cm In
«eiature de cuir qiHIs portai eut qu'après avoir tué un f nneini
(Griium, p. 118}; alors ils devenaient d^^tî giierrierSi des homm^x
iihrti.
1. Marteue, II, 348, A.
2. Ducange, gloss. fFra^c,
3* Theod." Studîtii? Epistoin, apui! .^ïnrtene, \l, 349, B.
4. Martene, IF, 376, d'après un missel de Paris du quinzième
ai*>cle.
5. Marte ne/ JI, 3*9.
a.
SO 3IARTAGE, — KG USE.
Pour honorer la bénétHclîott de rég:lKse> les époux
rloivcfit respecter leur virginité la nuit t!us noces (voyr^ï
riiistoire de Tobie). Ainsi Basinc, fr^mnir \\\- CîuMerî^ ,
lui dit la première nuit : Abstenons-nous*... L*Eglise
recommandait encore la continence le dimanche et les
jours de fêtes; « Car ceux qui, ces jours-là, se livrent à
Fœuvre de la chair ne donneront naissance qu'à des
enfants contrefaits, lépreux ou épileptiques^ »
Les admirables formules qui suivent perdraient trop
a une traduction (Manuscrits de Reims, an^ 900, de
Renne:?, 700, et d'Arles, 490?) : — Pater mundi conditor,
nascenlium genitor, multiplicandœ originis institutor,
4 ni Ad se eomitem tuis manibus addidisti, cujus ex ossi-
hus ossa crescentia parem formam admirabili diversi-
tate signarent; hincad totius multitudinis incrementum,
conjugal is thori justa consortia, quo totum inler se
Msculum conligarent, humani generis fœdera nexue-
runt,,, ut unum efficereris ex duobus, et pari pignore
soboles rnixta maneret, tune per ordinem ilueret egesta
poste ri tas^ et priores ventura sequerentur... Deus per
qucm mnlier conjungitur viro et societas principaliter
ordinata eâ benedictione donatur, quae sola nec per
originalis peccati pœnam nec per diluvii est ablata sen-
ientiam... Floreatis rerum prsesentium copiis, fructifi-
cetis docenter in filiis, gaudeatis perenniter cum amicis\
Comparez à cet hymne sublime en l'honneur du
mariage, les belles paroles de Luther sur le texte Fons
omnium viventium*.
Au-dessus du mariage charnel, il y a l'union toute
spirituelle des membres de la société religieuse. Nulle
\, Cesit alors que les deux époux eurent l'étrange vision qu^
uouB sYous rapportée ailleurs. (Histoire de France, I).
2. Grcg. Tur., 1. II. De mirac. S. M., c. 24. Martene, II, 358,
3. Marteue, II, 354 D, 339 A. 364 E.
4* M^^Qioires de Luther, t. III.
MAKUGE KPiHlTLTEL. 31
paj^t le chrîslianisme n'a été p\u:> tendre et lûus sublime ^
Lorsque tarcket^êque de Rouen allait pkds nus prendre
possession de la cathMraiû^ il passait devant Cabbufje de
Saint 'Amand; Cahbesse^ qui faHendmt sur (a port*\ lui
meltail au doigt un anneau^ en disant aux moines de
Saînt'Oitenqui ramenaient : Je voas le donne vivant^ vous
me le rendrez mort*.
Nous arrivâmes à Fontevranli, tîît D, Marteoe, comme
OH était occupé à faire les obsêqu/^s d'un jeune religieux
qui était mort ce jour -là. Le matin on t avait porté dans
l'église des î^cligieuses, où l'on avait chanté pour le repos
de ^on à me une grande messe, et toutes les religieuses lui
avaient donné l'eau bénite. De là on l'avait transporté dans
celle des religieux, oit il était rêvHu de ses habits monasti-
ques^ tenant en sa main une bougie, avec sa régie ^ qui était
comme la sentence de son bonheur éternelf s'il t avait bien
gardée, ou de sa damnation s'il F avait mal observée^.
L'évéque de Troges, lorsqu'il fait son entrée, va descen*
dre à la grande ahbage de celle ville. ISabbesse prend son
cheval par la bifide et f emmène; il lui appmr lient. En
7'evanche i'évéque a droit de gîte f et le lendemain il emporte
le lit dam lequel il a couché. — Le dimanche de Pâques
fleuries, si févêque de Troyes veut porter un rameau, il
faut qu'il aille le prendre des mains de tabbesse de lYotre-
Dame. — A la cathédrale de Troyes, dans le saint temps
de pénitence^ treize femmes vienne7il tous les jours verser wi
flacon d'eau rose sur les mains des chanoines \
1, Voyez au Musée le mariage mystique de sainte Ctitheriue-
3, Histoire de Rouen, partie première, entrée dc^s roi^ pt arche-
vêques; Monteil, qiîatantii'ine siècle^ t. H, p. 281, 5U. ^ ^Vdi^^ate,
ceci n*était pu» piivticnlier à l'fvbbess^. L'abbé de Saint-Oueu prn-
uoneail la même f(>riDiile, Martene, II, 1127. a.
3- Voyage littéraire de deux rellgieLix bëné die tins ^ lTt7»Piirlie 11,
p. 3.
4. Jean d'Anbigny, topographie de Troye*^ Mooteil, quatorzième
siècle, t. M, p. 27 4- [i 12.
32 CrtNrUBTNAT.
C'esl l'usage dans les Pays-Bas, dit Luther (Méin, 111^
72), que chaque nouveau et jeune prôire se dioisi5S€
«ne petite fille qii*il lient pour sa fiancée, et rela pour
honorer le saiul état du mariage.
Les viprges chrétiennes sont les éponscs de Jésué-
ChrisL En Allemagne, c'était l'usage f\u^e\[^.s Jeiassen! la
paille {sïlipula), comme rejetant avec celt^ paille la
vaine gloiro du monde. G. tîM. — La sœur fledeiHg^ de
GundolthHm, qui vit encore povr k siècle^ sur /e pninl
d'être unie par s*' s parants à un jeune homme (r*H rich^
fut requise de donner son consentement devant tons les
par e II f s réunis. Elle déclara qu'elle ne le donnm^ail jammi-
Selon ia coutume on avait apporté un glaii^e^ afin qm le^
futurs conjoints, en posant leurs pouces sur ce glaive, con-
/innasBent ia promesse de mariage; ladite fille mit S"s
pount^ dans sa main et la ferma fortement ^ de sorte que^pnr
aucune violence, on ne pùl ten tirer ni arracher sa mnin
de son seinK
De même que le Christ est uni k TÉglisc universelle,
Tévéque é})0Ui5e une église particnlitrc; c'est le sen^ fie
l'anneau é[ïiseopaK Rapprochons de ce mariage spirituel
celui que certaines coutumes semblent impliquer entre
le prinre et TétaL Nous parlerons pins loin de l'anneau
donné au duc de Normandie, faisant son entrée à Rouen,
«n liOa. Voyez aussi le mariage symbolique du doge
avec rAdriatiquej Fanneau jeté dans la mer, etc.
Le point de vue élevé sons lequel le chrlsHanisme a
considéré le mariage, comme symbole de Tunion du
Christ et de TÉglise, explique la sévôritô des conslilu-
lions ecclésiastiques pour le concubinage. — Que per-
Jionne ne mclte, eu jouant, au doi^t d'une pauvre jeune
fille un anneau de jonc ou de foule autre matière vile ou
précieuse pour se croire plus libre de pécher avec elle;
L Manuscrit de la i}Jblïulli*>qne du roi. Je no puis rtjlrourcr
l'iinlicfatiou de Touvrage oii j'ai irriiu-f cotte citation. .
mm
M.lUrAGE. ~~ SÏMBaiEil BIVERS. — CLEFS. 33
car, en croyant se jouer, U se serait chargé des Hcn.s
<i'uD mariage légitime '- " Quand à la cour de V officiai^
il se p7*ésmle quelçuêB personnê& qui ont forfait en leur
honneur, la chose étant avérée^ ai ton n*ij peuU remédier
<iutremeni pour sauver r honneur des maisons. Von a accoii-
(umé d'amener en ludite église r homme et la femme qui ont
for f aie en leur honneur; ei là, eslans conduicts par deux
sergens (au cas qxHh n'y veulent venir de leur bonne
volonté), ils sont espousez ensemble par le curé dudici lieu
nnec un anneau de paille'.
Cette sévérité ecclésiastique contraste avec la loi *lu
Nordj qui rappelle en quelque chose la Innociium usur-
paiio des Romains, — Quand un homme garde chez soi
une servante qui au au de tous partage son Ht, lififl t<'*^
flcfis, boit et mange avec lui, et cela trois hivers diiranl,
elle devient femme légitime et maîtresse de maieon, ii,
439.
Nous réunirons ici d autres symboles et usages divers,
relatifs au mariage et k rinlroduction de Tépocse dans
sa nouvelle demeure,
La clef était un des principaux symboles usités dans
le mariage. A Rome on présentait une clef à la nouvelle
épouse ^ Dans la primitive législation romaine, le mari
pouvait la mettre à mort si elle fabriquait de fausses
clefs. Lorsqu'elle divorçait, elle remettait les clefs \ —
Chez les Allemands, le jour du mariage, la future por-
tait les clefs suspendues à sa ceinture ^ — En France :
Lorsqu'on ostoit les clefs à la femme, c* et ail le signe du
1, Cousïitutionesi Ricardi pariiieasis, qd. 1217, c. 53.
2, Du Hieuil, Antiquit('3 de Paris, p. 90, — C'est dcld penL-éLre
qae vient la mot paillard.
3, Fealu&t verb» ciavis,
A. Cic. Philipp. 2, 28,
5..D'apr*''s Tanden droit nisBo, celui qui porte leadcfa deqtifll-
qn'un devient 3Prf;'il cuire thi service et sans le pouvoir du seî-
goeur dont il feriue la porle, Ewçrs, 334, cité par G- 17 a*
34 V.IETS, QL'ENOITLLES.
ditrorceK — Ccst une coutume chez Iss Français que h
t)euv€S déposent leuj's ckfs et leur eeinlure sur le cfip^s
mort de leur i^poux, en sifjne qxi^ elles renoncent, à la rnim-
nnmauté den biens '-. — £t là (à ArraK)^ la durh^sse Mac-
gncrite, sa femme [femme de Philippe le Bon;, renonia
û SCS l/îens jneuhles pour In doute ffiCelk ne trouvât trop
f^rands dettes , en inêttant sur m représentai/on sa ceint nrf
avec sa bourse et les clés, comme il eut de coutume; etè
ce demanda instrument à un notaire public j f^ni et oit lu
prissent {\ï^\)^, — lionne, vem-'e de Vnieran, comte à
Sainte Paul, 7^enonçant aux dettes de son mari, a mis sur
&a veprêsrntation sa courroie et sa hourse^.
Le fuseau est le symbole de la mère de fainille. Lei^
Romains représentaient Tanaquit avec un fusea» et une
f[uenouille^ Lucrèce filait quand le fils de Tarquiu
eulra. <)( Quand la reine Bcrthc filait » (proverbe), CV>1
ordinairement avec sa quenouille que la reine Pédauqae
figure dans les sculptures de nos vieilles é^fîîise*;- Au-
dessus du tombeau de la tilie d'tUhon le Grand, cnsc-
velïc ù XL^yencCj on avait, en mémoire d'elle, in ejm
tnemoriam^ suspendu son fu^^eau d argent". — En 13^1,
tes paysans anglais, révollés contre les nobles, chaa-
laient; (jLiand Adam bêchait^ quand Eve filait, on était
alors le gentilhomme". — Le mari peut chasser ïa
femme adultère, sans lui donner autre chose que sa
quenouille et quatre pfenningâ ; il ne lui doit rien de
plus, quelque grand bien qu'elle lui. ait apporté. (Droit
i. Godftt, Xotea à ia coutume de Cbdïons, 1615, p. 36 L
2. Coutiinjes de Mi^auXj de Lorraine, de Matig^oeet, de MeluD, de
ChamnoQt, de Vitrî, de Laon, de Chàlao^, de Boiiri^oçnfir ^^
j;amur, euBti le grand Coiituinl<.^r, Iiv, 3, c. H,
3, Monstrelet, voL l, p. 1^^.
A. Ibid.» e. 133.
Ti. Voy^ Fe^tus, verbo Gaia.
G. Ditmars^ liv. i,
7. Aiîg, Thierry^ IV, 3^**'
'■'^W^^W^^^T'
MARIAGE. — FEU, ETC. 35
de Soleurc, 1506.) G. 171. — La quenouille est le signe
d'une vie passée dans la servitude domestique. C'est
une q,uenouille que l'impératrice Sophie envoie à l'eu-
nuque Narsès pour lui rappeler la servitude d'où il est
sorti et où il doit rentrera
En Laponie, pour exprimer Tunion et Tardent amour
des nouveaux époux, on frappait un caillou et Ton en
tirait des étincelles. 6. 431. — Ailleurs, on portait
devant eux des flambeaux. Voyez plus haut les céré-
monies du mariage romain. A Marseille, il fut défendu
de porter des i07*ches de cire ad vigilias sponsarum ; on
permet cependant au père, à la mère ou au tuteur de
tépousée d'avoir dans la maison des luminaires^ comme il
convient, et de se servir de torches et de flambeaux^, —
Quelquefois on portait la mariée noble sur une civière
avec un fagot d'épines ou de genièvre^.
Les parolles dictes et la mariée baisée au son du tam-
bour ^ vous touts baillei'ez Uung à Vaultre du soubvenir des
nopces; ce sont de petits coups de poing ^,
Dans les poésies allemandes du nîoyen âge, les époux
échangent leurs chemises. G. 441. [Voyez plus haut
l'adoption par la chemise ou le soulier.]
Ayant donné l'anneau à la fiancée^ il lui présenta le
soulier, Grég. de Tours, g. 20. — Le docteur Martin
Luther était à la noce de la fille de Jean LulTte. Après
le souper il conduisit la mariée au lit, et dit à l'époux
<jue, d'après le commun usage, il devait être le maître
dans la maison... quand la femme n'y était pas. Et pour
signe, il ôta un soulier à Tépoux et le mit sur le ciel du
lit, afin qu'il prît ainsi la domination et le gouverne-
ment^.
1. Voy. Gibbon.
2. Statuta mas&iliensia. M S. aon. 1274. lib. 2.
3. CoUecUoD desmeilleure8idis9ertationssurrHist.de Fr. 1826.
4. Rabelais, liv. IV. c. 12.
o. Luther, Tischreden. — Michelet, Mém. de Luther, III, 75.
36 MARIAGE. — DON DU BIATLN.
Oter le soulier à quelqu'un, c'est s'humilier devant lui
et le reconnaître pour son seigneur. Wladimir ayant
demandé en mariage la fille de Ragvald, elle le refusa,
disant : Je ne veux pas ôter le soulier au fils d'une ser-
vante. Nestor. G. 155.
Le mariage était regardé comme consommé lorsque
la cauverture avait été étendue sur les deux époux. G.
440. — Les parents et les amis jetaient leurs cadeaux
dans le lit du nouveau couple, ou bien le lui apportaient
le lendemain des noces. — Le matin on servait aux
deux époux un mets qu'ils mangeaient ensemble. Chez
les riches, c'était une poule rôtie, qu'on appelait Poule
des' noces, ou Poule d'amour. G. 441.
Quant respousée se deust coucher, vindrent plusieurs
tisserans d'icelle ville de Dreux, lesquelz demandèrent,,, (i
r exposant, comme administrateur du vin, leur droit du
ban quilz disoient à eulx appartenir ; c'est assavoir quih
dient avoir de coustufne au lieu et ou pays cTenviron, que,
quant aucun se marie, Hz doivent avoir de Vespouséj ou
de ses commis, une carte ou deux de vin pour leur ban, ou
argent pour la valeur, et par espécial ceulx qui sont du
même mestier ou office de tespousé : et pour ce aussi qu'il
est acoustumé de chantei^par esbatement une chançon par
ceulx qui font laditte demande, ledit exposant respondi
amiablement que Hz nen auroient point, se Hz ne chantoient
la chanson acoustumée ^
1. Litt. remiss. i390, reg. 130, Très des Ch. c. 12. — Ibid. 1401
ex. pour le Gastinois, don de pain, vin et viande., — Ibid. 142".
ex. pour Chartres : 6 blancs, une quarte de vin et trois pains. —
II)id. 1424 : ...quil iroient chanter le basl (Normandie). — Ibid.
1381 : à S. Pèlerin. — Voyez aussi les mots cochetus, cachet,
coquet, don de noces. Très. de.«» Ch. 1350, 1382, 1397, 1409, 1413,
1423, 1471, 1472. — Carpentier s'imagine que cocAe^ pourrait êlro
synonyme de chaudel, chaudeau {verbo Calenum), breuvage (ou
plat de bouillie?) que les mariés donnaient aux jeunes gens di-
reudroit. Très, des Ch. 1388, 1396, 147o, 1503. —Aujourd'hui, eu
1836, dans la Brie, les époux sortant de l'église l'eçoivent, dans le
K
tùuj^fTûte tTune foupiêrt, une carotte, un ùîgnon ef un naiei, lires du
t pot. On hur pfesente en meim temps unt soupi'h^ d<f vin chaud ft
a-i^erf, ^^ J'ai doimi'' ciuelqiiea usages relatifs au maria|;tî ditiis mou
ïvibîe^u de la Frauct; [t. Il Je mon ïlist. de Kr-j* Voy, ausjisi phi^
it'iu. à fart ic le uns droits foodûux : Meù de jnanayi\ cuUagv,
rmrquettefeic.
i^Carp. m, p, IH; an 1386, Reg. 129, c. 280.
I 3
CHEVEUX. — COMMINAITË. 37 '
Ainsi comme h curé voulait henùtre k lit dtsâitz ma- \
riajesdi^ variez,. .^ dirent que le lit ne seroil ja henehl^ \
îe ih n* avaient desdtiz mariez detix francs d'or pour les
imllicrs,^,, Le& variez dndit Hammel à qui le droit des
ûrilliers appartenoity etc.f\
Dans le mariage allemand, Tépoux fait le iendeniam
des présent:^ à sa jeune épouse. C'est le morgengabe, ou *
don du malifi. En Grèce, à Homej cet usage se retrouve.
bans la Germanie, les diverses tribus avaient ï\%é un *
maximum de ce que pouvait donner Tépoux. C'était,
djez les Wisigoths, Je dixième des biens du futur ; chez
les Lombards, le quart; chez les Francs, on allait Jus-
c|u'an tierSp G. i^^. — Ce don s'appelait aussi Imnkgaôê^
lion du banc, parce que IV^pouse devenait la conipa^j^no
du lit et du banc de son mari. — Il s'appelait scretx en
Catalogne, f;m.r à Valence, en France o&chtm^ osculum,
fitrteiay oscle, parce que le don était toujours acrom-
pagné d\m baiser. — Ducaiige, ÏV, ÏU-Kk G. 4ili,
liés que la nouvelle mariée avait reçu ce don, elle ne
pouvait plus laisser flotter Bes cheveux. Le matin elle
les tressait. Pour désigner la femme mariée, on dit :
Celle qui porte les cheveux en bandeau; et par opposi-
tion, ta jeune Tdle s'appelle^ chez les Lombartls, virgo in
tapillo ; thez les Espagnols, manceha en eaf/ellos. — Le
^Iroit de porter les cïeis était encore une des distinctions
extérieures de la maîtresse de maison»
Uneîques^uns ont cru voir Torigine de la communauté
de biens entre époux dans la communauté de travail et
de nourriture qui existait fréquemment entre les serfs
38 iiïioiTF nr MAKt.
d'un même sergneur. De là les locutions françaises:
a^tre en pairiy ko7^s de pain, mise hors de pain, être en pain
et pot, Aors de pain et pot, le chanteau part le vilaine
Ces locutions, qui rappellent la Confarreatio, en diffè-
rent en ce qu'elles ne s'appliquent pas exclusivement à
la communauté en époux, — Yoy. plus bas Tarticle du
Serf.
Les barbares, môme après leur conversion au chris-
tianisme, prenaient quelquefois une seconde femme du
vivant de la première : — Un Franc avait épousé,
d'après la loi saxonne, une femme de Saxe ; mais coramo
la loi des Saxons n'est pas celle des Francs, il a allégué
<iu'il ne l'avait ni fiancée, ni acceptée, ni dotée, d'aprè>
sa loi qui est celle des Francs ; c'est pourquoi, l'ayant
répudiée, il en a épousé une autre. Concile de Tribiir,
année 895. G. 431. Les mot« du texte, Dimissâ illà,
aliam superduxit, feraient croire qu'il retira à la pre-
mière les droits d'épouse, mais la garda comme concu-
bine.
Le mari peut battre sa femme... Flagellando uxorem.
Baluz. II, 1378. G. 450 : ;— Le mari qui bat sa femme
avec les verges et le bâton ne viole pas la paix du mé-
nage. — Corrigez-moi de telles femmes, dit le guerrier
Sigfried; elles apprendront par là à laisser K)mbereu
chemin de telles paroles. Nibel. 805. — Oh ! j'aurais dû
le prévoir! dit la noble dame. Et voilà pourquoi il a
rendu mes lèvres violettes, à force de me battre. Nibel.
837. — On bafouait le mari qui se laissait mener par sa
femme. Mais celle-ci était promenée sur un âne que lo
mari conduisait par la bride. — Les maris qui se laissent
/faillie par leurs femmes, dit la Coutume de Sentis de
l'année 1375, seront contrains et condempnez à chevau-
rhier un asne, le visaige par devers la queue dudit asne.
— Voir aussi la Coutume de Saintonge, année 1404, et
1. Laurière, I, 220; H, 171.
BROÎTS »E LA FRMME. 3ft
relie de Dreux, année 1417. G. 722. — Voyez plus bas
les [reines pôur Tadultère,
Voici» dissent les triades galloises, les trois choses
iûdispen^ables pour ujie femme ; droit de virginité, sa-
lUractiou d'injure, amende d'insulte. L'amende d' insulte
est la réparai ion que son mari lui fera, excepté dans
trois cas : savoir, s'il la bat |>our avoir donné quelqne
chose qu'elle ne doit pas donner, pour avoir été dôcou-
verte arec un antre homme, et pour avoir souhaité mal-
heur à !a barbe de son mari* Sa salisfaetiun [tour lin-
jure est la suivante : Si elle découvre son mari avec
une autre femme, que celui-ci lui paie cent vingt^sous
pour la première o(Tense^ pour la seconde, une livre; si
elle le découvre pour uue troisième fois, elle peut se
séparer de lui sans perte de propriété ^
Si un homme commet un viol el ensuite le nie, qu*il
y ait serment de cinquante hommes, tous Cambriens el
rrane-tenanriers, pour le disculper. Si la femme persiste
dans Taceusatign : Qu'elle jure la main droite sur les
reliques... Et membro virili sinistrà prchcnso, quùd is
per vini si isto membro violaverit**, II y a des juges qui
n'admettent nulle dénégation contre un pareil serments
— La femme d'un homme ne peut prêter son tamis
qu'à la distance nii sa voix partant du fumier [ïcut se
faire entendre, Prof>erL, 127, — L'épouse du laboureur
ne peut aliéner autre chose que son bandeau, ni prêter
autre chose que sou tamis, et encore pas plus loin (jue .sa
voix ne se ferait entendre, si elle criait de sa maii>on
iju'on eût à le lui rendre. Wollon 4, trias ^ô:], ïJ H*.
G. 75-0.
En Allemagne, les femmes enceintes pouvaient, pour
satisfaire leurs envies, prendre à leur volonté des fruits,
des légumcsj des volailles, etc. : — Le schcetT est d'avis
1, Prohnrt» lois ^alloiaus, p. l'ië.
2. Pi-ôbert, lati. "
40 DROITS DE LA rEMME.
que les gens de Schonaw doivent entretenir dans l'Endù:?
aux moines un verger, alin que, si une femme enceinte
vient à I laisser, elle puisise contenter son envie, et qu'il
n'y ait dommage pîus grave. — Les paysans de Souabe,
qui !?e soulevCirent au commencement du seizième siê-
cle, mirent dans leurs conditions que, si Tnn d'entre
eux avait une femme enceinte, il pût, sans que la clio^e
lui fût îjnpulée à mal, pécher pour elle un poisi=on dans
le ruisseau. G. 409,
Question. U"*^ <ioit faire Thomme dont la femme e^t
en travail d'enfant, pendant tpi'il etst retenu au dehon?
pour le ï^ervice de sou seigneur, par exemple pendant
qu'il transporte des meules, (jue doil-il faire quand ou
vient le lui annoncer? Réponse. Il doit dételer san^
retarthse rendre à la maison, et faire pour Taccouchei^
ce qu'iî est hou de faire, de sorte qu'elfe puisse allaiter
et élever son jeune paysan. — L'homme de la Marche,
dont la femme vient d'accoucher, peut prendre du boi>
pour ello, et lui acheter avec ce bois du vin et du pai»
blanc. — Si une femme était en travail, et iju^on eit-
voyât dïui:? une hôtellerie ou dans une boulangerie'
demander du vin et du pain pour de TargeuL ou pour
quelque bon gage, que ce fût le jour ou la nuil, le mar-
chand devrait les donner à Tinstanl. S'il refusait, celui
qui a été envoyé pourrait prendre lui-même, en laissant
l'argent ou le gage, — Les poules de redevance ue
peuvent être réclamées <le celui dont la femme e^t en
couches- Seulement le bailli coupera la tête de la poule,
et la portera à son seigneur. Droit de la Hesse.
G. 4i(>.
Loi de Manou ; Une femme enceinte de deux mois ou
plus, un meiïdianl ascétique, un anachorète et des brali-
manes portant les insignes du noviciat, ne doivent
payer aucun droit pour leur passage ^
1. Mauou, p. :m, §407, \
MARI SUBSTITUÉ. 4l
Plusieurs législations, dans un but religieux ou poli-
tique, donnent un substitut au mari.
Celui à qui la loi de l'Inde impose de donner une pos-
térité à son frère s'acquitte ainsi de ce devoir : Silen-
cieux, dans une nuit sombre, il approchera de la femme
de son frère, prenant garde qu'elle n'ait odeur ni con-
tact de ses cheveux, de sa barbe, de ses ongles ou du
poil de son corps. Couvert d'un simple vêtement, les
membres frottés du beurre clarifié (usité dans tes sacri-
fices), sans parfum, grave et triste, détournant sa face
de celle de la femme, évitant le contact des membres,
il tâchera d'engendrer. Gela fait, il s'arrêtera; qu'il
n'approche point d'elle dès qu'elle a donné un fils *.
Lorsque deux frères demeurent ensemble, dit Moïse,
et que l'un d'eux meurt sans enfants, la femme du mort
n'en épousera point un autre, mais le frère de son mari
l'épousera, et suscitera des enfants à son frère. — Et il
donnera le nom de son frère à l'aîné des fils qu'il aura
d'elle, afin que le nom de son frère ne se perde point
dans Israël. — Que s'il ne veut point épouser la femme
de son frère qui lui est due selon la loi, cette femme ira
à la porte de la ville, et elle s'adressera aux anciens, et
leur dira : Le frère de mon mari ne veut pas susciter
dans Israël le nom de son frère, ni me prendre pour sa
femme. — Et aussitôt ils le feront appeler, et ils l'in-
terrogeront. S'il répond : je ne veux point épouser cette
femme-là; — La femme s'approchera de lui devant les
anciens, et lui ôtera son soulier dif pied, et lui crachera
au visage, en disant : C'est ainsi que sera traité celui
qui ne veut pas établir la maison de son frère. — Et sa
maison sera appelée, dans Israël, la maison du dé-
chaussé ^.
Lycurgue permettait aux maris impuissants d'aban-
1. Dig. Hiod., II, 468.
2. Deutéronome, c. 2o, § 5-10.
42 HAHl Sl^STlTUÉ.
donnnr leur femme à un homme plui^ jeune et i»Iijs fort.
^ A AUièneSj si le parent, obligé d'après !<*§ lois
d*épauser la veuve tic son proche partant, était ineapabk
de remplir ïes devoirs conjugaux, celle-ci pouvait dé-
niarider gu'il se substituai un autre homme de la famille.
Meyer and Shœmann. Proced. ail. G. i45, — A Rome,
los'loi.s n'avaient rien réglé à ce sujet; mais le marias?'-,
dans les derniers temps, n\^tant considéré que eomini*
une obligation de fournir des défenseurs à TÉtat, uiv'
femme féconde passait f|ueU|uefots dans plusieurs mai-
sons, Plularque raconte, dans la Vie de Caton d riifiui\
que U- Horlensius, désirant mêler sa maison et t^a rMv
avec celle d'un homme si vertueux, lui demanda sa fdl^'
Poreia, déjà mariée à Bibulus, dont elle avait eu deux
enfants* « Si Bihuïus, disait-il, veut absolument cm-
seïTer sa femme, je la lui rendrai dés qu'elle sera deve-
nue mère. > Sur le refus de Caton, Hortensius lui
demanda sa propre femme Marcia, qui était encore eu
â^^e d'avoir des enfant?^, et luî fm avait déjà donné mffi-
sammcnf. )i Marcia était grosse alors; cependant, ayant
Ci^nHulté son beau-père PhilippCj cpii donna son conseiy
tement, Caton céda sa femme à îlortensius. If la reprit
après la mort de celui-ci, au commencement des guerres
civiles. >\ Lucain : Liceat tumulo scripsissc ; Calonis^
Marcia.
L'homme qui ne peut suffisammeul remplir ses de-
voirs envers sa femme doit, disent les vieux prud'hom-
mes de rAllemagne, la mener à son voisin. Si celui-ci
ne peut la satisfaire, le mari la prend doucement entre
ses bras, ayant soin surtout de ne lui faire aucun maL
puis il la porte neuf maisons plus loin, la pose douce-
ment, toujours sans luî frure de mal, il l'y fait attendre
ciiu| heures; pu'\& il crie : Aux armes, pour que les gens
TiroLicnt u sou aide. Si on ne peut encore la satisfaire*
il la soulève tranquillement et doucement, [a pose de
mémo, ne lui faisant aucun mal; il lui fait alors présent
d'une robe neuve, d'une Isaiirso pour frak de voyage, et
la fait conduire à la p^^ndr^ foire de Tannif'e, Si alors il
n'y a pas moyen de la satisfaire, que mille diables la
satisfassent, — Demande. Que doit faire le mari qui ue
peut donner à sa femme les soins maritaux auxquels elle
a droit de prétendre? Réponse. Il la etiargera sur le dos,
!a portera au delà d'une haie de neuf années (?); quarïd
il la fui aura fait franchir, il lui procurera quelqu'un
(jui soit en état de la satisfaire comme elle le désire. —
Hem, je suis d*avis qu'un bon mari qui ne peut r^^pon-
cïre aux désirs de sa femme doit, lorsqu'elle s'en plaint,
la prendre j la porter au delà de sept hérita^j^es environ-
nés de clôtures, el U, prier son plus proche voisin de
venir à Taide de sa femme* Si celui-ci y parvientj il doit
la reporter chez luij la ]ïoser doucement, et placer
devant elle une poule rôtie et un pot de vin, tî. lîi.
Les textes qu*on vient de lire sembleront encore plus
bizarres, si Ton songe que^ dau3 le primitif idéal geniia-
nique et indien du mariage, il ne pouvait être dissous,
même par la mort. Nous avons parlé plus haut de Tobli-
gation imposée à la veuve indienue de se brûler avec le
corps de son mari. De même chez les Hérules : La veuve
qui avait quelque souci de son honneur s'attachait avec
une corde au tombeau de son époux» el se laissait mou-
rir: aulremenl elle eut été déshonorée el serait devetuie
odieuse aux parents de son mari. Procop, De beïî. goth.
% 1 i, — A la mort de Si^rurd, Brunhild se brûle avec
srm cadavre. — Si le mari mort est suivi par sa femme,
dit TEdda, la porte pesante du monde souterrain ne
battra pas sur ses talons. — On voit, dans un passade
rapporté par Bartholin, qu'il était légal d'enterrer la
femme avec le mari. G. iôl.
ft .Après la défaite des Cimbres, leurs femmes, re ve-
lues d'habits de deuil, supplii'îrenl qu'on leur promît de
les respecter, et qu'on les donnât pour esclaves aux pré-
44 VEUVAGE- — SECONÛES SOGES.
tresses romaines du feu. Puis, voyant leur prière reçue
avec dérisioû, elles pouivurent eUes-méines à leur
liberté... Les présents symboliques é^s noces^ les hœut<
attelés, lea. armes, le coursier de guerre, annonçaient
asisez k la vierge qu'elle devenait la compagne des périls
de l'homme^ qu'ils étaient unis dans une môme desti*
née^ à la vie et à la mort (sic vivendum, sic pereuo-
dum. Tacit.). C'est à son épouse que le guerrier rappo^
tait ses blessures? après Ja bataille (ad matres et conjuges
VI il liera referunt). Elle les comptait, les sondait san^
pAtir ; car la mort ne devait point les séparer. DaberJ
les femmes des Cimbres alFrancliirent leurs enfants :
elles les étranglèrent ou les jetèrent sous les roue;:? de.^
ciiartots. Puis elles se pendaient, s'altachaient par un
nœud coulant aux cornes des bœufs, et les piquaient
ensuite pour se faire écraser ',
Au moyen âge^ la reine gui devenait veuve s'appekii
Blanche^ sojis doute parce rju'ùlk portait le deuil eti llûnc,
Carpentier, G- 45â* — La veuve n'est point tenue de
payer les dettes du défunt. Voyez plus haut, h lariicle
des Clefs, le texte do Monstrelet^ sur la veuve de Plu-
lippe le Bon. — La femme renonçait encore, en dépo-
sant sa ceinture, ou en mettant son manteau sur le
tombeau du mai*i, ou simplement en laissant retomber
les plis de son vêtement, etc. Lorsqu'elle était accusée
d'avoir diverti des fonds, elle se purgeait par un serment
mr le perron. G. 174.
Le droit saxon ne donne à la veuve qu'un siège et un«ï
quenouille ; — ■ Ce droit est trop dur, dit Luther; njai:^^
par le siège, il faut entendre la maison ; par la que-
nouille, l'entretien, la subsistance; on paie bien un
valet. Que dis-je f on donne plus à un mendiant *-
Chez les Germains, comme cliez les Indiens, le*
i. llkhclet, Histoire RomaÏTip, 1. 11^ p, SftÛ. Plutarch. m Mario,
2. Lattiçr, TiachredeiK ilichelet, Mém- de Luther, 111,72,
SÉPARATION. 45
veavf^s convolaîont rarement en siecoiides nocés, — -Che?.
\e^ Saliens le reîfius de la veuve est plus élevé que le
pris de la vierj^e. G, 453, — Les mariages Ues veuveji
doivent avoir lîeu la nuit. — Ce î^ont, dan.s notre vieux
lani^age, des norês réchauffées ', — Le maria/^t?. entre la
roijne £léonor et Franco à P' fut célSré une heure devant
le jour ^. — Voyez plus haut les eérémonies ccclé5ia.s-
tiques.
Quand la veuve déplaçait son i^tè^'e, elle rompait toute
commuuauté de biens avec les enfants du premier lit :
— ^Si la rréature change, les enfants [jeuvent lui mettre
aa si^^pe devant la porte, G. ib3.
Lois jfrailoisei! ; Si des i*résent& sont faits à une femme
mariée, elle doit les considérer comme son douaire à lu
fin de la septième année. Si les époux se séparent ensuite,
qu'ils partagent chaque chose en deux paris- La femme
a le droit de diviser, le mari celui de choisir. Le cochon
tombe au mari, le mouton à la fenime, Ofi il n'y a que
Tune des deux espèces, qu'ils la partagent on deux. S'il
y, a mouton et chèvre, le mouton tombe au mari, la
chèvre à la femme, etc. S'il y a des enfauts, deux tiers
vont au père, le troisième à la mère, etc, Le.s draps da
dessus sont à la femme, ceux de dessous au mari. S'il
se remarie, qu'il rende les draps à la prcuiière femme ;
si la seconde dort dessus, qu'elle paie amende h Tautre
pour TaiTront, S'ils se séparent avaiillafin de la septième
année, que sou douaire lui soit [layé, ainsi (pie ses hiens
paraphernaux, son droit de fiîlagc ou virginité. Si elle
abandonne son époux avant la septième année, elle perd
tout, excepté son droit de virginité et la joie de cette isé-
paration injuste. Si le mari est lépreux ou impuissant,
ou sll a mauvaise haleine, elle peut Tahan* tonner sans
rien perdre de ce qui doit lui revenir. Si la séparation
i. [ïacaniîn, V. M.iî'irjjffia recatofacta.
i 5tart. iïubfîUay, XVIII, 97,
4fi SÉPARATION.
ajTJYO pi\r I^morl, la femme* n'^ciame lamoilié de Imil,
exrr'[ité <hi blé: la femm€ ne peul plus posséder de blé
ûvii gireilc n'habite pliisaveo son nmrL Si la séparation
se fait à Tai^proehe de la mort, que Tépoux malade el le
prt'^tre divisent la propriété, et que Fépoiix en satilé
ehcdsjîsse ">
Autre loi i^'alloiâe : Si le nouvel époux trouve que la
fiancée n'csl pausvierge» et qu'elle ne puisse prouver ^on
innoeeiice, la ehcmise lui sera coupée à la hauteur d+^s
fesses; la queue d'un bouvillon d'un an lui sera mise
dans la main, après avoir été enduite de ^rraisse ; si elle
peut la retenir, qu'elle soit mii^e en possession de î^ei
biens para [>htïrn aux; si elle ne peut, qu'elle ne réclama
rien ^ ^ Si un homme est séparé de sa femme, et qu'elle
ee marie à un autre; s'il se repent de s'être séparé d'elle,
et qu*il la surprenne unpird dans le lit du nouveau mari
et ïaulre pied dehors, il doit la reiH'endre (Probe rt).
Les épotix qui divorçaient prenaierit une toile de lin.
Ou la eoupait en deux, et ehaeun conservait une part.
Celait sans doute la rupture du poêle sous lequel ils
avaient étr* placés le jour du mariage. Le divorec pro-
noncé, la femme devait rendre lns elefs. G. A^vi.
Lois indienne.'ri : Une femme stérile doit être rempla-
cée la huitième année; celle doni les enfants sont tou^
morts, la dixième; celle qui ne met au monde que des
filles, la onzième; celle qui parle avec aigreur, sur-le-
champ \
1. Prol>ert, lois gnilotar-s, p* 128.
9. ïbi.l., p. i;i3.
CHAPITRE TROISIÈME
FABEL\Tli:. — HERITAGE.
L'homino, en fcnirulant lu femme, renaît eu son sein
sous !a forme du fœlu??; l^i^poiHîe est nanum^^e Djâyâj
parce que son mari naît (Hjâyaté) en elle une seenndtï
UnsK
Gomme Toau qui tombe du vase fait croître le figuier
intHen, de même le père, le ^r and -père, Taïenl, t^ulti-
vent un iils dès sa naissance, lui donnant nii^l, léjfuine,
viande, lait et laitage, et se dii^ant : Il nous donnera,
chaque année, 3e san-ilice fnnètjrc,
L^ancélre saisit l'enfant qui vient de naître, dès qu'il
sort du sang maternel : Te voici donc, o mun t\me, renée
encore uue fois, pour dormir de nouveau dans un corps.
— Par la grAcc faite aux parents, tu l'appelles llls ou
Putra; tu les dt^slivreÉ^ en eitet de l'enfer a[ipelé Put-,
Au moment de la Jiaissance de l'ai ne, un liomnie
devient père et acquitte sa dette à Té^an! de !^cs ancê-
tres; le fds aîné devrait tout avoir. — Le fils, par la
naissance duquel un homme acquitte sa dette et obtient
l'immortalité, a été engendré pour rac€om[iIissemeut
\. Manmi, \W. IX, p, 317, ^ 8.
2. mgest oî Tlindulûw, UT, 1S8.
48 Sl'CCESSlON t\DlE>>'E, fiOMAlNE, GER31A\TQI:E<
du < le voir; les sages oonsidèrenl les autres comme nés
de ramour, ^ Il faut prélever pour V^mé le vingtième^
avec le meilleur des meubler; pour le second^ la moitié
du vingtième; pour le plus jeu ne , le quarL — Par un
fils, un homme gafjne lei^ mondes; par le fd s d'un (ils, il
obtietil rimmortalité; par le fds de ce petit-lîls, il
s*i51t>ve au séjour du soleil '.
. Un vi[igliême de l'héritage, une couple de vaches^ un
diariot avei^ hèles rjui aient dents aux deux mâchoires^
et le laureau ^^éïiôraleurj seront résen-és à Taîné. Les
bûtes borgnes ou yieilleSj cornes brisées, queue sans
poil, reviennent au second frère. Une brebis, du ^rain,
du fer^ une matsoïi, un char et un joug, une bête de cha-
que espèce, entrent dans le lot du plus jeune. Le reste
est également partag<5. — Dans certaines contrées de
riudc, ta vache noirs, et le noir produit de la lerr*', sont
dévolus au frère aîné, avec les ustensiles dont se servait
le père* — Ailleurs, Talné a double part et la dhne des
vaches et des chevaux, le plus jeune des boucs, les bre-
bis et une maison; les meubles de la maison, l'épée et
aittrf^ fer noir, appartiennent au second frère ^
Cette importance attachée aux sacrifices funèbres so
retrouve dans la loi romaine, oîi ils ont toutefois un
aulrc sens et d'autres etlTets. Voyez, dans mon Histoire
romaine, Textrait <jue j'ai donné de l'importante disser-
tation de Saviguy, sur les Sacra, On disait proverbiale-
ment ; Sine sacris hœreditas^ pour dire, bonheur sans
mèlan^'e*\ — Jai parlé, dans le même ouvrage, de Tainé
do la famille étrusque, du Lucumon, Lar ou Lars.
Le droit d'aînesse ne semble pas avoir prévalu de
bonne heure chez les Aliemands. Les quatre lits de C!û-
1. Manou, p. 102-7. § 106-7, Hâ, 137.
2. Diff. Uindu, IT, 353-5S0-i,
a. Midiclet, llisU Uoin.. L 28:1, 2tw [*"* ÉcliUrtia]. — Jounid cie
S^ivtgny^ 2" voL, 1S!6. — 0, Millier, bic Etruaker, L
^ l'aïiîé, le PLits jauNE. 4Î>
vis, les quatre fils de Clotairo l"' partagent également le
royaume, Voy. Grégoire de Tours. Mômes partages entre
les petitâ-fîlâ de Charlemagne, [Annales de FuJde,
années S^, 877.]
Lorme^ plahlé dans les pêrrôm, est compris, par plu-
sieurs Coutumes, dans la portion des liefs réservée par
préciput à Tainé- Legrand, Fabliaux, 1, 119. G- suppl.
Malgré la faveur plus généralement accordée à Tainé^
il y a dans les vieux usageti celtit[uea et germaniques
des exemjiles de préférence pour le dernrer-né. Celte
préférence est souvent restreinte k certains objets de la
succession. — A Corbie, le plus jeune des enfants héri-
tait de la maison. — Rive, T^Yl : Dans la cour d'Ur^
l'ainé succédait; dans la cour de Ghor c'était le cadet,
— L'héritage du cadet s'appelait, en vieil allemand^
ffalgi^nmankûi (petit homme du gibet, petit pendard) \
G- 11, 174, i75.
Dans un code provincial de rAUemaj^ne, le cadet des
jumeaux mis au monde par une seiTe devenait libre; à
nsnabruck< c'était son premier-ué, Ailleui-s, un lîomnm
né iibrej se soiïmettant au servage, et se mariant dans^
le domaine, peut alfranchir son premier fils ou sa pre-
mière fille. Souvent le fils aîné tombait en senage, les>
autres devenaient libres, G. 324-
Le plus âgé, comme plus sage, devait partage r. Un
laiî^sait choisir le plus jeune, par égard pour Tinnacence
de son âge* Voici, mon fils, dit Louis le Déboimairo à
Lijthaire, voici que tout l'empire se trouve devant toi ;
partage-le, tel qu'il se contient (prout habuerit). Si tu
fais, loi, ce parlagCj ce sera Charles qui aura le choix
des parts; si c'est nous au contraire qui partageons, le
chois des parts t'appartiendra. — Dans le pays de Gal-
les, c'était le contraire; le plus jeuue partageait : SUI
1. le Culot des Françaii dési^îDe non Ttiùrilage du cadet^ mù^
l« cadet ui4^nie.
àB Jl VEIGXKIH, GAVELKlNll.
n'y a pas de mai^son, le plus jeune doit tli viser l*^ patn-
mrdne, et raîii6 dioîsii\„ S'il y a des mïùsonsje plut^
jeune irore à ïyi ïiieul divise toutes les teimres, cardans
ce <'as il est le mesureur, et le plus jcuue doit choisir.
— La renirnr^ rêelame Jo droit de faire les parts, et le
mari a le choix ^ — 11 en était dv même dans les iah
normandes. En drciiti:anonit]ue, cette rèjfie s'appliquait
encore en certains cas. G- WL — Coutume du comté de
Kent : Vttsfrf' (le foyer) demitrra al pam^ -. Dans cette coii-
lume, le plus jeune a le foyer et quarante pieds autour'.
Usance de Quevaize (Brçta^mei : Lhomtue laissant plu-
sieurs et} fan f s légitimer. If da-nter dca mdlt's succède seul
au tout de la lenue, à Vexclmwn dns autres ; et, à défa\ft
des mâles j la dm^nière des filles, sans que les autres puh-
s*'n( pn}tendre aucune récompense. — Lise ment de Rohaa :
£n succession directe de père et de mère, le fits juveignenr
et dermeî'^né desdits tenanciers succède au tout de ladite:
tenue et en exclut les antres^ soient fils on filles. Art. ±1
Le fils juvi'if^nem-, aufjuel seul appartient la tenue,
i^mme dit es(^ doit hf^er ses frères et sœurs j usines à «
fj n " ils soient m a ries ; et d^fintant qu ils se } -a ïe n t rni n e urs
dam, doivent les frètes et sœnj^s être mariés et entretenus
sur le hall et profit de la tenue pendant leur minorité; el
esfans les frères et sœurs juariés^ le juveignenr peut les
twpulser tous '\ — Cette loi me semble conforme à l*es'
prit d'nn peuple navif^ateur et iruerrier qui veut forcer
les aînés, iU'\k grands ot capables d*agir, à chercher for-
tune au loin.
Le droit de succesriîonj appelé par les Irlandais Gab-
liail-eine (en au ^M ai s, Gavelkin^ littéralement, établiis-
1. Probert, i;n, ns, 12S.
2. Duc. verbo tuirum. Proverbe français : Connaître le» ertrfi
du toffis. — tJom cit qui satoîl thn Ventre. Rom. du Rou,
3. homh L lui.
•U Coiitujïiiftp général, t, IV, p. 408, u sauce de Qucvaise, art 6*
ufancc âe Rohao, art. 17, 512,
PETÎT-FILSÎ. — FEMMK. H
Âement ife ramtlle), éUiil commun h Tlrlande» à rficoSîsOj
ati payi^de Galles etau camttWe Keut. 11 donnait part
L'Kâle à tous les enfants, garçons ou filïcs, Illégitimes ou
illégitimc^s. Ce droit sul>sÎHta dans le pays de Galles:*
jinqu'à Henri VIII, en Irlande jusqu'à Jarf[iiCif l"^
Dans le droit allemand, le pcUt-lils n'hérite (ju'à âé--
fautd'enfauts, rarrirTe-petît-fils qu'^ défaut df^ petit-filii.
En [an 9it , Oth uu !'^^ fil décider cMc tiue^^tion de droit
]3ar le duel (G. i7K Witîk Gorb,) : — Il y etit discussion
-^ur la diver^iité des lois ; t|ueli|ues-nn5 peuràaieut qu6
ti'^ fïls des iils ne devaient point être comptés parmi les
fils ni prendre en rang légitime leur part a Thérédité
mncnrremmenl avec ces derniers, dans lu cas oii le père
^(*rait mort du vivant de l'aïeul Mais le roi, j>ar un con-
^*?ii meilleur, ne voulut pas que les nobles et les anrieus
au peuple sexposasHCnt îi d'iiulécenles discussions. Il
ordonna que la chose fût déridée par des ciiampions,
Or, le parti qui soutenait que les fils des (Ils eom[ïtaient
entre les fils fut vainqueur, et il fut réglé qu^ils prcn-
*lraientpart avec leurs oncles paternels, et que ce serait
f^hose stable et ferme à jamais, — Voyez aussi Si g,
Gemt)L ad annum 042.
Dans certains pays les petits-enfants devaient, [lonr
partager avec leurs oncles, hériter sur la fosse, e'est-à-
'lire assister à reniorrement du grand-père. G, 473.
i ai parle, dans le chapitre précédent (et dans le tome
llï de rilistoire de France), de la dureté des lois har-
harea pour la femme, sous le rapport de la succession.
— Dans la Frise, c*était un proverbe juridique ; Quant
!. Sur cet important f^n'yd, vovr-ït mon Histoire de l-'rance^ L I;
togaa, Maniierrv of tbc higtiUinders, 1832, p. 11*0-1; Lo^, hist, of
Scotlïiûd, p, 99; le>ï Collt^etaîieîi de rébus hihcriiicig; les ouvrages
do SoïUTïer et de Hobinaoïi Fur le (tavelkiml ; Ua^tcdr hi»l. of Rfuit;
BliikFtoBi^N II, 2, c. It, p. 21:î, rd- tTGlj Palf^rav*^, upoa the Com*
m^tiwcatthf etc, — Liufiard prétend qu*^ le Gavelkind ejtduait les
feiuinea, IL 396-9, de la trad, française.
j|9E PETIT-FILS. -- FEiMME.
à l'héritage, homme va, femme s en va^'cïer mann gtiht
zum eràe^ das weift davon). G, 473-
Chez les Francs, la nature i^emble avoir réclamé tir:'
bonne heure dans le cœur paternel en faveur des fille^
!ii maîtraitées par la loi ; ^ i4 ma douce fille : C'est cki
nous une coutume nniique, mats impie, f/ue les sœurs nen-
frent pas en partage avec leurs frères dans la terre pakr-
tielfe. Moiffai penné que, donnés tous à moi également di
fiieu, vouM deviez trouver tous en moi égal amour, et apm
mon dé pari d'icî^bas, jouir également de mes tiens. A cf^
cames, o ma très douce fille ^ je te constitue, par cette lettre,
à feneonfre de tes frères^ égale et légitime héritière en tmtt
mien hMtage; de sorte que tu partages avec eux non seu-
lement dans mes acquêts^ mais dans Valiml paterneL (Mar-
culf, Ij 8, et app. 4Q. Scr, f., p, 519.)
Le droit germanique est riche en formules eu rieuses
811 r la tiislinction cIqjh meubles qui doivent échoir m
héritage k Thomme ou à la femme. La fille hérite orJi-
nairemcnt des Joyaux de sa mère. — Font partie àei>
meubler propres à Thomme [heer gcwœtej : l'n chau-
dron dans lequel on puisse entrer Téperon au talon, une
cassette où Ton puisse placer une épée.., un pot oii lou
puisse rt>lir une poule. Il faut encore le meilleur cheval
après le meilleur de tous... Ou attèle le cheval; si In
voilure sort tout entière de la maison, elle fera partie
de ces hiens-meubles. Mais si elle demeure sur le sciiiU
alors elle n'en fait point partie. G» 107,
Pour dîstin^^uer les collatéraux consanguins ou ut*^-
rins, on disait en Allemagne, parents d'épée, paretitsdi^
quenotnllCf ou d'un seul mot : Lancea^ fusus, lance ou
ful!^eau^ chapeau ou eoilfe; chapeau ou voiïe (but Ofler
schleier). G. 470* — De même en français : Tombew r>E
LANCE EN ouk>'Ouille; et pour dire parenté, les moU :
ESTOC, RAM ACE, BRANCHE, BRANCHAGE ^
K Voy. Laurièrc, I, is:i; TF, 2n,
BATARD- 53
Dans ranckn droit allemamJj \cb degrés et dénomina-
tions de i^arenlé se rapportent à la disposition du corps
tiumain. La loî des Ripuaires reconnaît cinq degrés
Jusqu'au cinquième genuculum. — Le Miroir de Saxe
compte sept degrés de parenté : L'homme et la femme
ont ieiir place dans la tète; les enfants nés de mêmes
p^re et mûre, dans rarticulation du eon \ ceuxde:^ frères
on sœurs d'un même lit, dans celle qui joint Tépanle au
bras. Le second degré est placé dans le coude; le trol*
sième dans le poignet; le quairième dans ta première
articulation du doigt du milieu; le cinquième dans la
seconde articulation; le sixiÈme dans la troisième arti-
culation du même doigt; le septième réside dans Tonglc
f^l s'appelle nagelmage (p^v^ni de Tongle). G. 408.
Point de testament chez les Germains^ dit Tacite, Le&
premiers testaments franciques qu'on rencontre sont de:*
sixième et septième siècles. L'adition d'hérédité se fai-
sait d'elle-même^ d'après la maxime 4 Der lodte erbet
den lebendigen, Le mort saisit te vif. » Dans le Nord,
on célébrait à cette occasion un banquet solennel. G,
481.
Les bâtards héritaient des biens de leurs mères, « Car
on n'est point l'enfant illégitime de sa mère. * Miroir
de Saxe. — Diverses lois anciennes donnent même aux
enfants naturels des droits sur les biens de leurs pères.
il. 47 1>. — J'ai parlé ailleurs du droit des bâtards en
France* Selon Olivier de la Marche ^ : Il n'y avait en
Europe que les Allemands chez qui les hàtards fussent
(im*h'alement mf'^prhés, Guillaume le Conquérant s'inti-
tule dans une lettre : Moiy Guillaume, surnommé le bâ-
Uiri\ CependantjCn France, dans la Coutume de Laon^
i. Olivier de ta Marche, c. 4* Inti\ aux Mi'-ui., pag, 62» i^dit. 16*3.
1 Epist. WiU. AngL régis ad Alaimin Bril. rouiit. Dur.., I. laSO,
"à. Laupjèrpj L, IjL — Voy, aussi ^ Caq>., I, 48 j. — Frolssard.
IX. 307. — Le Rtili^icux de Snmt-DeuJs, aniio 1392, ^Leprcnaicr
Contiû, d£ KaugiB, mwù V-àU, Spidleg. III, M>,
5i RESOSCrATlOS-
( anciens artîrîrs in.sérés au procès- vcrbal|, les hâtaré
ni? pfïuxf aient tt:s(er ^/ns de cûiii sois,
iifîtm'd, fmnlard (fn lan^nio romane^ bfistardo, Roqutî-
ïtyrij i!M, 012), paraît venir tles mois bretons baz, las
peu Moyè, et trfvdd ? germer, souri! re. De lii les locutioiiî;
usitées ; Fils de bas^ de bmi^ frère d^ ùa^j etc. : Si a la en
Puille à M f un [roi son fils de hasK — fJortf boré^ bord^ a
!e même .sensî. Le bord de lîabestmn ',
Les enfant? naturels sonl dôsignés, dans le moyen àw^j
par une foule de noms bizarres et injurieux : Gouck
fjihthbru! (fouvée de coMCOi})^ bajikart , bttnkn^f, banklhfj.
rn jieu snr le banc, au lieu de Tètre dans le lit (;onjui;aL
iiornuîigrj qui enl eonru dans le coin, enfant du coin.
i)n dît ant^si mariage dti vaiUf pour eonenbinat. Unsfni-
kindy enfant d'immondices* Kotzmsohjh lils vomi, ffuren-
mhHf fîLsde putain; en espagnol, hide pitfa, Fuero viejo,
II, I, 9< En Suisse, /i»i*rAA*ijirf, enfant joli; lieheskhtd,
rjifiint d'amour. Ppiffeakiad, enfant de prêtre. En frau-
dais , fih de Ihce, d(ï chienne. Roque f, \, 6(>l), G. 47C.
La sunccssion des ascendants s'appelle, dans la langue'
usuelle du Nord, la succession du dos { ruckerbschnp ' .
C'était ime phrase j proverbiale : L'héritage remonte <ii^
la poitrine an dos pour retomber dans le gimn, 0"'-'^'
ipiefois les ascendants ne viennent à la succession qn Câ-
pres le frère et la sœur. Tacite (Germ. ^Ù) ne parfr
même pas d eux. La loi dt^s Bnri.'undes les exclut expret^-
s^mcnt. Pareille défaveur à Tégard des ascendants dans
certaines Coutumes allemandes: Bien ne retourne, mais
avance. G. 177.
Apres avoir parlé delà parenté et de la successio», it
nous rosleraîl à dire comment Ton renonce à Tune et h
1, IJist. iijs. lïuc, 1, 1060-
S. Joinvilb' dp Dut:., note, pa^, 63. — BanuMu bâtard^ fii^^^'
hùi't. Jaui>b. 1 Ar.ij^. m Inria Oi?c., nn* lâ*7. Duc, gloss, i^i5.
REKÔNCTATJOK-
53
Taulre. Nous trouvons ici peu de formules symboliques.
Indiquons seulement fa /Mtesiatlo, Alœnniiù snci'ùrnmj
ujsilée chez les Romatas^ On trouvera plus loin labdi-
cation germanique de la parenté.
1. Voy. la dîâB. de SaviftiT, ciir^e pltia haut.
LIVRE DEUXIÈME
PMPRIÉTÉ
CHAPITRE PREMIER
OCCUFATIO:*
OsL à la seieiico augurai e, au vol des oiseauXj à la
direction de îa foudre, que k plupart des nations an-
tiques demandaient des signes pour choisir ou détermi-
ner riiabJLatioii de riionime ou des dieux. Nous ne
reproilu irons pai^ ce que nous avons dit dans uu autre
i*uvrage sur cette partie importante de la symbolit[ue
religieuse '. Voyez cependant, au chapitre suivant,
l'Ager, ou champ limité.
Uu*iJ nous sufiisc de rappeler que^ dan^ les traditions
I>oétiques ût liisloriques, les animaux sont iiouvent les
|juides des migrations primitives et décident rétablisse-
ment des t>eup!es, ta fondation des villes. Le bœuf, lo
[■Jvert, le loup, conduisent les colonies Sabellicûes^. La
iouve allaite Romulus sur l'emplacement futur de Rome*
1. MjGhel&t, nisi rom.H, liv. l«r^ ctiap. 5, et ÉdaircisËetncuts^
2. Vûy. Ici autontès^ ibid., cbap. 4, p. ûO^ deuxième édition.
SB VOL DE LA l'Llilt:.
lîïiéc foude la ville d'Albe au lieu où il Irouvc, eoiifoi^
uiémeiil à la prédjuUoiij mia laie blanche, euUmFéade
SCS trente petitîi :
Trigiiita captLitai fa-tus t'iiixa jacebit,
Albaj solo recubansj albi t;ircum ubera naii.
De même au moyen àgt^, lors([ue ssaint Balderic veut
i*e retirer dans la saliludc, il suit un faucon, el se fixe
4»n i'ùiseau se pose; le lieu garde le nom de Mttntraucim.
Un aiîtçle blanc rend le même serviee à saint Tbierri,
aumOnier de saint Rémi. Tnc i*olombe désigne dans son
vol le circuit du monastère d'Hautvillierâ^ etcJ.
Lu chevalier errant i?c remet du choix de la route à
hi duiïisiou de son chevaL Le compa^mon allemand
souflle la plume, et en :?uil le voï : — Quand tu seras à
la porto de la ville, prends trois plumes dans ta main et
soufîte-les en Tair. L'une s? Vn volera par-dessus les rem*
[taris, lautre sur ïeau^ la troisième devant toi.
l.aquclle suîvras-tu?... Si Ui suivais k première par
ilehi les rejn parts, tu pourrais bien tomber, et tu eu
serais pour la jeune vie, ta bonne mère eu serait pour
son filSj et nous pour notre filleul : cela ferait done Iroi^i
malheurs. Si tu suivais la seconde au-dessus de iV^u^
tu (lourrais fe noyer.,, Non, ne sois [las imprudent^ suis
«M^lie <|ui volera tout droit. Et tu arriveras devant un
àtan^ où tu verras unG l'oide dliommcs verts assis i^ur
le rivage, qui te crierout : Malheur! malheur î Passe
outre. Tu entendras un moulin qui te dira sans s'arrêter:
Kn arrière ! en arrière î... (alibi :) Poursuis la roule, et
dis : Moulin, va ton train, et j'irai mon chemin^.
Le vol de la plume mentionné dans cette rormale
i. Uaugier, Mém- sur la Clmiupagni-, 11, 14.
iî, Altdeutache wielder, durch ûle brtider Grimai, 3 heft* Cas-
sch 1813. Voy. toiite k formule liaduUe dans les notes de luao
lutrod* à rJhôtoirè iniiv.^ paj;. 90-102 do la preiiiioro édition^
orcrpATiox. — JET. hi\
dltiUîaUoii des compagnoDii forgerons se retrouve, en
Allemagne et en Espaf^oe, dans les Joeutioiis prover-
biales et probablement Tort anciennes : De ([iiei eôté
sounieà'lu la plume?... Je veux faire voler une [Uunie*
— Il est convenu que la ville de Lindau aura droit sur
le lac de Constancej aussi loin *(ue le vent chassera une
plume dans la direction du Degelsleîn qui s*ôlèvc sur le
lac, G. 83. Ici la ]>lume n'est [>liis îe fj^nide d'un voyage >
d'une mig-ration, mais la mesure de la possession.
La prUicipal© forme de loccupation, le jet du dard, de
la flèche, du bâton, du marteau, de la pierre, etc., est
aussi Tune des mesures jndi<juées le plus fréquemment
pour la terre déjà oecupcc. Il nous serait diflieile, de
séparer les textes qui ont ces deux sens de roccupation
ou de la mesure.
Loi indienne : Trois jets de bilon, ou ([uatro cents
coudées, tel est l'espace qu'on doit laisser pour pâture
autour d'un village; trois fois autant autour d'une ville ^
— Ce b^ton, dit le commentateur, doit être la cheville
du joug de la ^lKtrJ'ue^
Dans une tradition indienne, Viehnou, sous le nom de
Parasourâma, demande à l'Océan de lui domier tout le
pays qui s'étend entre la montagne et la place où tum-
liera sa Jïèche; le dieu de l'Océan consent, et Viehnou
gagne toute la côte du Maïabar '. ^ Il y eut de lon^aies
querelles entre la Perse et Turan au sujet des frontières,-
Un finit pardéeider qu'Aresch, le meilleur areher, mon-
terait sur le mont Damarend, et que, tourné vers TOrieidj
il décocherait une flèche marquée d'un certain signe.
La frontière devait être lixée au lieu où tomberait la
flèche. D'Hcrbelot. s. v. Manugeher. G. G7.
2, Digest of Jllndu law, If, 34g.
3. Sûuneratt Vu^aye aux Itjilf^, H, 156.
€0 JET. — BACHE, — MAHTEAU.
On trouve dans les lois du pays de Galles : Le patri>-
nage du forestier du roi s't^tend jusqu'où il peut [aniTr
sa hache ou sou rabot : colui du laveur du roi s*éteni]
jusqu'où il peut jeter lu- croc dont il se sert. Wotton,
lia. G. ibiil.
Loi des Brehons d'Irlande : Quelle sera la route le
lonfç de la mer? large du jet d'un dard*.
L'enceinte qui entourait le palais du roi irlandais
Laogaire était de s^ept jets, d'un javelot-.
Si la cour n*est pas encore ceinte et dose, celui (jui
voudra rassurer (defendere) lancera une hache de la
valeur d'un denier vers le midi, vers l'orient et vers Foe-
cident. Mais du côt6du nord, là où atteindra 1 ombre, là
aussi il mettra sa haïe, pas plus loin. Loi des Bavarois,
XI, 6, 2. G, 57.
Le marteau que nous avons vu emi^loyé dans le Nonl
à la eonsécralion de la fiancée l'est aussi k mesurer,
peut-être ori£,Nnairement à consacrer, la propriété, le
domaine, rétendue de la juridiction : — Noire seigneur
de Mayeuce s'avancera lui-même à cheval dans le Rhin;
aussi loin qu'il pourra lancer dans le Hhiu un marteau
de maréchal, aussi loin s'étendra sa juridiction. — Loi^-
que les compagnons de la Marche concèdent à un
homme une portion de terrain, la tradition se fait ainsi :
Llunnme, ou quelqu'un des siens, tire un marleau de
la voilure, et le lance par-dessous la jamhc gauche.
Aussi loin qu'il iaiicc, aussi loin le terrain lui est con-
cédé. C'est ce qu'on appelle le jet du martf^au. — Le
comte de Nassau a autant d*espace dans le Rhin à partir
du rivaj^e qu'un homme peut y chevaucher sur un grand
cheval, et de plus, aussi loîn que cet homme peut jeter
au deh\ dans le Rhin un marleau de maréchal. G, 55-7*
(Juand Je meunier aura piloté et assuré son moulin, il
1. CoUtctaucii (ïerebiïs Hibernicia, lîï, 16,
2. Ou de sept iavelots* Ibid. UI, 5U-520.
""^WJP^W^'
LANCE. dt
montera sur le pieu de défense; puis, de la hache avec
laquelle il aura charpenté son moulin, il pourra faire un
jet, en amont et en aval, et aussi loin qu'il jettera, il
aura faculté de pêcher sans dommage. — Acte de
l'empereur Albert en faveur d'un habitant d'Ësslin^,
année 1306 : Quant au droit de pêcher 4)rès de son mou*
lin : tout aussi loin qu'un de ses serviteurs, debout sur
la charpente, pourra lancer la hache, tout autant il aura
en fief. — Le comte de Castzenelnbogen commande,
dans la Marche et au delà, aussi loin que, chevauchant
près des buissons de lisière du bois, il pourra lancer une
hache hors de la Marche et de la forêt. G. 58.
Saxo Grammaticus, X, 182 : L'empereur Othon ayant
parcouru le Jutland sans obstacle (ce pays alors n'avait
pas de roi pour le défendre), il rencontra le golfe qui
fermait la Vandalie, et il ne pouvait plus avancer. Alors
il jeta sa lance dans les eaux et rebroussa chemin ; mai^
ce retour ressembla à une fuite. Ayant donc ainsi lancé
son arme dans les flots de la mer, pour y laisser i?iju-
venir, il donna son nom au détroit*. — Selon une tradi-
tion du Nord, Othon jeta dans la mer, en fuyant, sa
lance ensanglantée, et jura vengeance. G. 59. Ainsi
Xerxès jeta les chaînes dans l'Hellespont, et voulut
marquer' la mer d'un fer rouge.
En 1366, la ville de Minden et son évêque convinront
que les fossés de la ville pourraient être élargis autant
qu'un homme robuste, se tenant sur le mur de la ville,
pourrait lancer de toutes parts vers la campagne un
plomb du poids d'une livre. Leibnitz, Script., 2, 102,
G. 62.
Le tact, comme le jet, est une des formes de l'acqui-
1. Rienzi, qui croyait avoir rétabli TancienDe répubïiquû
romaine, coupait Talr de son épée, se tournant successivement
vers les trois parties du monde, et disant à chaque fois : Ceci
est à moi, ceci est à moi, ceci est à moi. Sismondi, diaprés Tati-
leur anonyme des Frammenti di Storia romana.
4
ftâ JET. — CHEVAUCDilE.
sitioiu Paul diac, 3, 32, G< 68 : — On raconte que le
roi des Lombards Autharis alla par Spolète à BL^Dovpat
Il conquit cette contrée^ et parcourut toute Titalicjui^
qu a Hegî^no, la dernière ville et la plus voisine de la
Sicile. Or, on dit qu'en cet endroit il y a une colouiie
placée dans les eanx de la mer. H s'en approcha à cheval,
toucha la colonne de la pointe de sa lance en prononçant
ces pai'oiés : «t Jusqu'ici s'étendront les frontières d^t
Lombards. » On ditque la colonne subsiste, et qu'on ra{>-
pelle la colonne d'Autharis. — Quand le lieutenant du
calife Alihah arriva à rexlréniité de rAfriquCy en face de
TKspagne, il poussa son cheval dans la mer pour (*n
prendre (lossession', Ue même, lorsque l'Espagnut
Bai boa eut traversé l'isthme do Panama^ et qu'il aper-
çut pour la première fois l'Océan Pacifique^ il entra
dans la mer jusqu'à la ceinture et y planta une croix'.
Ou acquiert enclore en mesurant le sol de ses pas ou
eu faisant le tour de la propriété. TiehnoUj sous la
tîl^mre d'un nain, demande à un roi troiî^ pas de lern^;
mais les pas du nain se trouvent être des pas gigan-
tesques qui traversent les trois mondes, Maier, myth.,
et Polier, I, ^76. 9. G, 07, — Les Scythes, dans Héro-
dote, donnent au garde de Tor la terre dont il peut faire
le lour à cheval en une joumée. Hérad, 4, 7. — Les
Romains donnent à Horatius Coelès t/uanlùm agri mo
die circumardrit, Liv, 2, 5. — Niebuhr cite à ce sujet
certains romans turcs, dont le héros reçoit du sultan
Mahomet autant de terre en Macédoine que ceinî-a
en peut lui-même traverser à cheval en un jour. G. ibid<
Le berger de la communauté peut avancer dans la
forêt avec ses moutons et t^es chevreaux, jusle aussi loîo
qu'il atteint eu jetant son bâton. — L'homme qui a dcî^
abeilles so mettra à côté de rancienne place au*
i. (iibbon, X, 2m, iw fr.
2 V- Uobertaou^ Stor, of tltû America*
r
ab'^illeSj §e prendra Toreille Hroite de la main ganrhc,
el de sa main droite H iancera derrière, par-des.sons te
bras ï^auche, sa cuillAre k miel, tout aussi loin qu'il le
pourra; puis il ira oCi est tombée sa cuillère; il y fera
un nouveau jet semblablement. Enfin il se rendra là oii
la eu î H ère est tombée pour la deuxième fois, et il fera
un troisième jet. Là donc oh elle tombe pour la troi-
sième fois, là il prf*ndra place nouvelle. — Les pêcbeurs
pourront [lècher librement dans toute la Slye; îls pour-
ront étendre dans la plaine leurs cordes â sécber les
filets, aussi loin que Ton peut lancer le clou d'un gou-
vernai 1 à partir d'un vaisseau. Jus slesviccnse antiquum*
— Si des poules font dommage aux grains, on grimpera,
pieds nuSj sur deux pieux aigus, et on lancera k travers
les jambes; Jusque-là, pas plus loin les poules auront
droit. G. 62-63.
Le Norv^^égien qui abordait en Islande prenait pos-
session de tout le terrain qu'il pouvait parcourir en un
jouFj depuis sis heures du matin jusqu'à six heures du
soir. Il allumait un feu au lieu d'où il partait et à celui
où il s'arrêtait. C'était ce qu'on appelait ; Tourner une
terre avec le feu. L'usage d'éteindre l'ancien feu et d'en
rallumer un autre, lorsqn*on prend possession d*une
propriété nouvelle, était encore en usage dans ces der-
niers temps en Allemagne. G. 19 i-5.
Selon un diplôme de Tan 4-96 [D. Bouquet, IV], Clovis
aurait fait Ja donation suivante A Jean, abbé delieomans
en Bourgogne : Toute la lerrf de notre fisc dont il tntva
ptij mr son fine, faire le tour en une jourtu'-e, qu'il In
tienne n jamau de notre bienveillanre royale. — Flod*
hisl. Rem. 1, il: Le roi Cîovis promit à saint llemi de
lui donner en totalité tout ce dont il ferait le ionr paidanl
quHl reposait vers midi. Le bienheureux lient i partit donc^
et laissa des signes sur wn passage, lesffuels sont encore
manifijstes. — Voy, aussi la Légende dorée, e. I tS, —
En Tan 676, Dagobert ayant donm^ h saiut Florent la
64 SBUENCIS.
vîlie ofi î] riemôurait et ses dépendances, le saint vint
prier le rai de lui faire savoir combien il avait en long et
en lar^ge. * Tout ce que tu auras chevauché sur ton peht
f^ne pendant <^ue je me baignerai et que je mettrai mes
habits f tu r auras en propre* » — Or saint Florent samif
fort bien le temps que te roi passait au bain ; aussi if
monta eu toute hdle sur son âne, et trotta par monts et
par vaux mieux et plus rapidement que ne Vaurait fait à
ihcval le meilleur cavalier, et il se trouva encore à thewa
indiquée chez te roL G, 87.
l^s mairesj dil Charlemagne, n auront jundiction que
sur le pays qu^ils pourront parcourir ou visiter en un jour.
Capital, de villis, §27.
existe dans la Suède des traditions analogues auK
exemples cités plus haut. Dans celles de rAllemagne,
ttenri le Welfe obtient do Louis le Pieux tout le pays
<iu'il pourra, durant la méridienne du prince, entourer
du sillon d'une charrue ou de Tornière d'un char d or,
— Waïderaar^ roi de Danemark, donna en 1^05 à sainl
André toutes les terres dont il aurait fait le tour sur m
[loulaiu 4gé de neuf nuits, pendant que le roi sérail au
bain. Saint André chevaucha si bien, que les geus de
Waldemar le pressèrent de quitter le bain, s'il ne vouiait
que le saint chevauchât tout le royaume. — Suivant une
Tieiîle tradition, une comtesse abandonna un jour en
jïhiisantant, aux habitants de Brème, tout le terrain
autour duquel un cul-de-jatte qui venait de lui deman-
der l'aumône pourrait se traîner en un jour. Le cul-d**-
jalle alla si bien, que la ville y gagna tout le graurf
pAtnra^e public. G. 87-9.
Witekind de Corbte raconte que, peu de temps aprt^
l'invaision des Saxons, un de leurs jeunes gens acheta au
poids de l'or à un Thuringien assez de terre pour emplir
un pan fie tia robe. Il mit cette terre en poussière et la
répandit sur le sol, dont il couvrit ainsi une grande
étendue* Dès ce moment les Saxons regardèrent ce sol
OCCUPATION. — PEAU, 65
comme légtlimement acquis^ et le défendirent contre les
Thnringiens. — L'empereur Henri avait, dit-on, donné
h un de .^es serviteurs tout le terrain qu'il aurait ense-
me[icé d'une mesure d'orge. L'homme investi en eut
asisez pour ensemencer les limites de ce qui plus tard
fut le comti^ de Mansfeld. — Louis ïe Sauteur gagna, dit-
on, par le mÉme moyen, le mont de Wartbourg. G. 90.
Selon une tradition anglo-saxonuR sur l'invasion
d^Hengist et d'Horsa, en Bretagne, Hengist demanda
pour s'y établir la terre que pourrait entourer une peau
de bœuf, mais il la découpa en lanières, et couvrit ainsi
une grande étendue de pays- — Môme histoire sur Ivar,
flis de Regnar Lodbrok^ qui obtient d'Ella, roi d'Angle-
terre, une semblable concession- fMns les traditions
françaises sur Uaimùnd et MnllimuE^ Raimond demande à
Beriram^ comte de Poiliers, autant de terres, de champs
et de pj-airics^ qu'il pourra en entourer d'une peau de cerf.
Dès que le diplôme est délivré, fialmond achète une peau
de cerf bien tannée^ il en coupe une longue et mince la-
nière, dont il entoure toute une grande vailve, G. 91.
Hassan Ben Sahah Homaïri demanda au gouverneur
do fort d'Aïamont de lui céder pour 3,000 ducats la
place que pouvait contenir une peau de bœuf ; cette de-
mande accordée, il coupa la peau en lanières, et en
entoura la place ^
Didon en fait autant dans Virgile :
Mercatique solum facti de nomine Byrsam,
Taurine quantum possent circumdare tergo «.
Chez les Birmans, quiconque trouve un éléphant
blanc reçoit en don une couronne d'argent, et de la
terre, aussi loin qu'on peut entendre le cri de l'éléphant.
1- Hammer, Histoire des Assassins, tr. par MM. Hellert etLanou-
raîs, p. 84.
2. iEneid. ï, 371. — Justin. 18, 4.
4.
06 CnABHUGE,
Wiener Jahrb. XX XI 11, â9, 30, — Aussi loin que se faisait
entendre l'aboiement du chîen^ aussi loin s'v! tendait ia
protection de Kuleib^ et aussi loin encore personnï^ ne
pouvait paître des troupeaux, ni chasser. Ruckert, Ha-
riri, I, 431. — Une clironique (chronicon novalieieiisc^)
raconte que C harkmagrif. avait dunn^ m fi^fà un initsimn
lombard un droit shiguHer : il devait monfer snr une
haute montagne, y donner fortement du cor, el aussi hin
que porterait le son, aussi foùi ferre fît gens, (oui serait à
lui. Le donneur de car sonnt en effet ; puis il descend de k
montagne, parcourt telles et villages y et chaque homme
qu*il rencontre, il lui demande : As-tu entendu le cor? Si
Vautre répondait oui, il lui appliquait un soufflet, en di-
sant : lu es mon homme. De là le nom de transcomati qv£
portèrent longtemps les descendants de ces gens-là, — Un
bourgeois d'Aule, ou enfant de bourgeois, peut pêcher
à l'hameçon aussi loin que tinte la cloche. Que nul sei-
gneur ne le lui défende. G. 76.
Plusieurs Coutumes allemandes permettaient de pren-
dre possession d'une terre nouvelle acquise par allu-
vion, etc., en y faisant passer solennellement la charrue,
ou la voiture : — Si quelqu'un veut gagner un îlot ou
alluvion par voie de chariage, il devra prévenir le sei-
gneur ou le bailli dans le ressort duquel se trouve le
bien primitif qu'il veut traverser sur sable ou alluvion,
et demander que le bailli y assiste, qu'il dresse un banc
sur la terre primitive et institue le jugement... S'il char-
rie en efiet et que les chevaux et la voiture y passent, ils
seront échus au seigneur... Quand donc le seigneur ou
bailli l'aura permis, l'homme prendra une voiture de
fumier, comme celle qu'un laboureur a coutume de
conduire dans son champ, il aura avec soi trois ou qua-
tre chevaux, pas davantage ; et les chevaux ne seront
pas d'un même poil... Et les conducteurs seront deux,
l'un sur le cheval de devant, l'autre sur celui du milieu ;
et le premier aura un flacon de vin au cou et du pain de
(MXi i*ATto:^. — noiiisE, 67
froment dans 1p sein^ et ils s'arrêteront à Iroiiâ jels dans
ï'eaa, et le premier devra tendre trois fols lo Harion à
celai r\u\ est derrière lui, afin cju'il puirssc botre; et ifs
mangeront d'abonl du pain, et il suspen^Ira de Jiouveau
le flacon au con, et ils charrieront ai lisi sur l'alltïvion nu
le sabïe. Et tout ceïa se fera pendant que le soleil
monte. Et le bailli devra siéger ati Iribunal avec ses
gens de juslire jusqu'à ce quo le dtiarriîige ait eu lien.
Et il siégera sur le rivage du terrain primitif, — Et
quand le charriage sera terminé, l'homme se présentera
de nouveau devant le tribunal, et il dira : Seigneur
juge^ avez-vQus vu que j'ai charrié selon justice ?El s'il
dit oui, qu'il Ta vu, il s'avancera vers le tribunal, et
donnera au bailH son argent et le prix de Tacte aux gens
de justice. Ms. de 1541. G. 184-5.
Four la détermination de la largeur des routes, la
C h€vrtuch/'€ le roi, etc., voyez le livre suivaut. Les textes
que nous ajoutons ici se rapportent aussi bien à TOccu-
pation qu'à la Limitation,
Les Carthaginois et les Cyrénéens concluenl une Irève,
et conviennent qu'à un jour et à une heure déterminés
des envoyés partiront de chacune des deux villes, et que
le lieu de leur rencontre sera la limite du territoire dos
deux pays', — Dans une tradition suisse, deux pdtrea
d'Uri et de Gîaris courent à la rencontre Tun de Taulro
pour fixer la rrontière des deux cantons. — S'il y a dis-
eusaion entre la seigneurie et le paysan au sujet de la
redevance, que Je forestier ou homme d'aiïalres de notre
gracieuse dame eu son bien de Munich, et que le paysan
qui réside sur le bien et le garçon du bailliage de Kœs-
ching courent ensemble à partir de la grande pierre de
la marche du chemin de Kesner, qui est placée devant
la cour seigneuriale de sa Grâce; puis, qu'ils courent
tous lims de cette même pierre jusqu'à la porte du fort,
L SaHust,, Jugurtha, 79,
%6
Gûimsfi.
Celui d'entre eux qui arrivera le premier sera aus^i celui
à qui restera l'argent disputé. — Dans des tradilion»
liessûisciâ, la décision dépend d'une course d'animaox;
par exemple j un cheval aveugle détermine la troûtièrc
en courant, ou bien une écrevisse va à reculons t^l en
dessine les coins et les recoins» G, 84r5, ~ C'est aiu^i
fpie dans le Eloman du Renard (1,237) courent les deui
béliers Belin et Bernard, Ils invitent Isengfiu (le loup):'i
mé^QT entre eux comme juge :
« Entre ms deus met accordance
Qar il dist qiœ ccst cham est siens,
El je redî queilestmkns,
Sire^ soies, en ia fonere,
Chascuns de nos se traie ariere
El devant vos vendron Curant.
Cil qui premier vendra mjaTis
De tml con il plus îost corra
La gveingnor part du champ CLjra. » G,
85.
CHAPITRE DEUXIÈME
P03SE33Ï0K
SECTION PREMIÈRE f
Marche, terre iûdiviae, bien» cornuuiûaux.
Le trait le plus original du droit romain primitif,
c*e3t TAger, ou champ limité, orienté. Celui du droit
allemand^ c'est la Marche, ou terre indivise, qui appar-
tient à la commune* Nous parlerons de la Marche dans
cefle section, de TAgcr dans la sui vante-
Le nom de Marche ou marque [Marca, signum, tcr-
minuSf limes] semble contraire à Hdée d'une propriété
vague. Sans doute la tendance de la commune qui re-
vendique la Marche est de marquer, de limiter cette
propriété ï\ Tégard des autres communes. Mais la nature
de la Marche répugne aux limitations précises. Dans ces
vastes forêts de TAUemagne, où Técureuil, sautant
d'arbre en arbre, pouvait courir sept milles sans des-
cendre (GniBm)j la Marche, c'était la clairière* La forêt
souvent éiait encore comptée dans la Marche, ainsi que
les rivières ou ruisseaux, les pâturages ou prairies
70 MATiCHE.
incultes, Jos animaux sauvages, Ioê oi*!oaax, le:5 abeilles ',
La Mardie, propri^ité commuuej indivise, est une
dépendance de la propriété divisée, individuelle. L'on
n*a droit à la première qu'autant que Ton participe à la
seconde. Toutefois, ce sont deux ennemies ; etiaciint
d'elles ne demande jms mieux que d'empiéter sur Tao-
tre» — Si quelqu'un a laissé son bien se couvrir de
ronces, au point que deux bœufs ne puissent le laboun^r,
ee bien est déclaré Marcbe, commun pacage. G. ^*5. — Si
quelqu'un ayant terre ou pré les plantait en forêt j qnr
la forêt grandit au point d'y paître deux bœufs, qu'elle
grandît lellcmentj que les bœuf^ s'y abritassent^ alors
cette forêt sera comme toute autre Marche (années 14Gt ,
1570). G, 82. Si broussailles montent k réperon, le
fermier perdra le fonds. G. 92. — Ainsi la Marche e^t
absorbante ; tout ce qui n*est à personne est à elle-
Elle est jjour la commune ce qu'est le Use royal dans la
monarchie.
Rien de plus lier que ces rois de la bruyère, ces sou*
verains de la prairie; ceux qui, ayant /eu ei fumée ^ arme
fit hien, peuvent s'intituler Erff^xen^ c'est-à-dire bâches
hérédilniresj hommes qui, par droit de naissance, peu-
vent porter la barbe dans la forêt : — Nous déclarons,
fcious serment, que la Marche cieBig, forêts, eaux et pa-
cages, tels qu'ils se contiennent, appartiennent bien et
l<!îgitimemcnl à ceux de cette Marche, et qu'ils ne relè-
vent de personne, ni du bourg, ni du roi, ni de l'Empe-
1» LoJâ lies B relions d'Irlande : Qriela sont les privilèges acoir-
dés aiiK paysans natifs ? Couper des pommiers sauvages pmir faire
ries manches (k crocs /i pocher; brûleur des bronsBailka penslant/j
nuit poiïr appr(^t*îr le puist^on; coaper d« pcHites branches de dùj-
setters blancs pour faire d<.'s jougs ou seiublahle chose, coiiime<le^
ïieus pour U ch:irrae, iiourdca cerceaux, et de» buttoirs àbeiim.
Ils ont droit aux broussiùMc-s qui bordent la mer, etc.. Il leurt^^t
aussi permis de jouer le jeu d échecs dans la maison d un Airentî]
rt d'il voir dn sel dans la maison d'an Bmigh. CoUect. de nW
Wûi, 111, p. ilO.
PÉNALITÉ mi LA MARCHE. 7i
reur- G. 502, Voy. plus loin, Aletix, Fîefs du soleil^ etn.
Les institutions de la propriété fixe, celles môme de
rÉtal semblent empruntées aux coutumes de la Marche.
Le mélange d'hérédité et d'élection qui se ti^ouvent ddiis
la royauté germanique dérive, selon M, Grimm, de la
magi.stfature de la Marche, de la prévôté communale-
Dans celle-ci, toutefois, le principe de Télcction domine :
— De Vïotre avis, notre seigneur de Falkensteiu est
prévdt légitime, non de naissance, mais d*élection.
C'est parce qu'il distrihue justice égale aux hommes de
la Marche, qu'ils Tout en affection. S'il ne distribuait
justice égale, ils pourraient bien en faire un autre.
G. 503. Ce texte n'est pas sans analogie avec le fameux
serment, vrai ou supposé, des Aragonais.
La peine la plus rigoureuse qu'on [misse infliger h
im tiabitant de la Marche est une sorte d'Inlerdictio
fiqua^ et tecti : — On lui creusera un fossé devant sa
porte, on barrera sa porte avec des pieux ; on lui abat-
tra le seau de dessus le puits, on bouchera son four, on
ne lui p rotera point de feu, on lui refusera vachers et
porchers, et ou le réduira à une extrémité telle, qu*i[
îïOit obligé de ne faire que ce qui est juste et modéré.
G. 529.
Les gens de la Marche eurent bien de la peine, pen-
dant le moyen dge, à défendre la liberté de leurs vieilles
forêts contre la féodalité insolenlc dont Us étaient envi-
ronnés. De là, Tesprit de jalousie et de rigueur exces-
sive qui perce dans tous leurs règlements (V. plus loin,
Cours ^^'eimir|ues); de lu, ces peines etlroyables» sans
doute purement comminatoires, qu'ils prononcent contre
ceux qui violeront le terrain libre. Il semble que la
forêt soit encore sacrée, comme au temps de la déesse
llerlha.
f^e non-résident qui Jifquiert des terres ne peut,
(|u:^nd il traverse la Marche, atteler les chevaux à la
charrue^ il faut qull la porte lui-même, G. 518,
72 PÉH ALITÉ I>E LA HAB^UE.
S'il arrivait qu'on se saisit d'un brûleur de cendre^^
ou d^un homme qui mil le feu ô^ns le bois, on le liera
sur UD van, et on le placera devant \es ma^ra^sins de la
commune \ \h il y aura une charretée <le bois allumée,
et on le tiendra pieds nus devant le feu à neuf pieds de
diïïtancei jusqu'à ce que la plante lui tombe des pieds
(année 14^3). — On fera devant seià pi<?ds un feu tel que
les semelles lui brûlent, les semelles de ses pieds et non
de ses souliers. — On est d'avis aussi que si quelqu'un
incendie et brûle méchamment la MarcIie, on placera un
tel homme dans la peau nouvellement écorchée d'utie
vache ou d*un bœuf^ on le couchera à trois pas devant
le feu à Teadroit où il est le plus violent, jusqu'à ce que
la ilamme flambe par-dessus, et ou répétera cela deux
et trois fois, toujours à Tendroit ou le feu est le plus
violent. Cela fait, mort ou vif, il a amendé sa faute, —
On est encore d avis que si quelqu'un écorce un arbre
sur pied, on l'ouvrira par le nombril, or» attachera ses
intestins avec un clou de fer à cheval ^ à Tendroit même
où il aura commencé à écorcer, puis on le tirera autour
de Tarbre jusqu'à ce qu'il couvre tout l'espace qu'il a
écorcé, dut-il ne pas conserver un seul intestin intact. —
Question ; Si cjuclqu'un coupe un arbre fruitier et en
cache le tronc, avec dessein de voler, quel cbàlimenl
doit-il encourir? Celui qui agira ainsi aura ta main droite
liée sur le dos, le ventre cloUé sur le tronc; une hache
sera placée dans aa main gauche [^our qu'il se détache
s'il peut. — S'il arrivait fju'un bonune fût trouvé cou-
pant du bois pejidaot la nuit, ou emmènera l'homme
ainsi trouvé avec le tronc qu'il aura abattu, on transfé-
rera Fhomme et le troQc à Spelie sous le tilleul, et sur
ce tronc on coupera la tête au coupeur de bois à'un
seul han (bi enem blase). G* 51(>, 518, 5i0.
Nous n'avons aucune lïreuve historique (jue ces terri-
bles menaces aient eu jamais exécution. D'autres testes,
tout contradictoires, portent au contraire l'empreinle de
r.
AXIMAUX- 7S
l:i débonnaîrcté germanique : Celui-là ne vole point qui,
pendant le jour, coupe et charge du bois daiisï la Marche;
rar en coupant et chargeant, an attire le moïjde. — Il
ïi'y a point de vol avec la hache. S'il arrivait cependant
que quelqu'un abbattU un arbre de nianit^rt? que le coup
(ic hache ne se piH entendre, <x> serait un vol. — Dans
la Franconie, l'on dit : Couper, c'est appeler; charger,
c'est attendre. G. 47. — Voy. aussi la fin du chapitre
suivant.
Les animaux appartiennent à la Marche. Propriété
mobile et flottante qui ne respecte nulle limite, ils sont
à la Marche ce que la Marche est à la propriété fixe. —
Une truie blanche comme neige a droit de marcher paj^
tout où elle voudra avec ses sept cochons de lait blant^s
comme neige. Code des landes de Benken. G. 594.
Établ. de saint Louis. 5e aucun a Es (abeilles), et elles
s'enfuient y et cil à qui elles seront les en voye aler et il les
suit toujours a veue et sans perdre et eles sassieent en aucun
lieu el manoir à aucuns pi^dhons, et cily en qui porpris
elles sont assises, les preigne avant que il viegne, et cil dta
après : Ces Es sont moies; et H autres die : Je ne vous en
croi mie; ensuite ils se transportent devant le juge oit h
premier jure que les abeilles sont à lui;.., et par itant aura
les Es et rendra à Vautre la value du vaissel où il les a
cuilliesK Un manuscrit de Saint-Gall contient une for-
mule singulière pour rappeler la reine des abeilles : —
Je Cadjure, toi, mère des abeilles, au nom de Dieu, roi du
cielj et du rédempteur, fils de Dieu, je CadJM^c de ne vùh*r
loin ni haut^ mais de revenir au plus vite à ton arbre. Là
tu te placeras avec toute ta lignée ou tes compagnes. J'ai
là un bon vase bien préparé où vous travaillerez au nom
du Seigneur ^.
i. Saint Louis, Étahlisseraents, 1, 16.'].
2. Adjuro te, mater avioriira, por.Dciim regem cœlorum et pi^r
illum Redeinptorem, filium Dei, te adjuro, ut non te altùm levjire,
71 A:«lMAiX-
Loi lombarde : Si quelqu'un, entrant dans le bois d'un
autre, enlève un essaim d'un arbre qui ait été marqué,
il composera pour six solidi; mais si Tarbre n'était point
marqué, le premier survenant pourrait, selon le droit
naturel, prendre l'essaim, excepté dans la terre du roi
(excepte de gaio régis). G. 596. — Voy. au chapitre de
la Tradition, les cérémonies en usage pour le déplace-
ment d'un essaim.
Celui qui trouvera des oies dans sa moisson coupora
une baguette longue du coude jusqu'au bout du petit
doigt et grosse comme ce petit doigt; et il pourra avec
cette baguette tuer les oies dans sa moisson. Si les oies
mangent le grain du grenier ou de l'aire par la herse,
qu'on leur laisse tomber la herse sur le cou, et qu'elles
restent là jusqu'à ce que mort s'ensuive*.
Les bétes qui devaient toujours être remplacées parle
propriétaire ou le fermier, étaient appelées en France et
en Allemagne : de fer, d'acier, éternelles^, — La cour de
Sibotin, à Rastetten, donnera au village de Rasletten
une bête à cornes d'acier, et la bête sera rouge comme
le sang. G. 593. — C'est ainsi que Xerxès promet au
beau platane, dont il était épris, de lui donner, pour en
avoir soin, un homme immortel \
Le bétail, étant une des principales sources de la
richesse dans les temps barbares, fixe l'attention du
législateur. Il ne disparaîtra pas une tête du troupeau
sans que le berger n'en rende compte : — Loi des
Ripuairos, 76, 6 : Si un animal donne en garde meurt
dans l'intervalle d'un plaid à l'autre, celui à qui il a été
confié viendra par-devant le juge avec la peau et la tête
neclong»': volarc, srd quâm plus citu potesl, ad arborera venirc
ibi te allocascum oiuni tiio génère, vel ciim sociàtiid; ibi habeo
bono vaso paralo, ut vos ibi in Dei Domine laboretis, etc. Balui.
Capit., t. II, p. 663.
1. Lois galloises, Wotton, II, ch. 10, 11.
2. Voy. Laurière.
3. Hérodote.
dépouillée, afin do |pa montrer à celui de qui il délient
yuaml uti animal vienl à mourir, que le j>Alre apporte
àsoQ maître les oreiîles, la peau, la queue, la peau de
Tabdomen, les leudoiis, et qu'il montre les membres'.
— Ceïiïi qui a commis le crime de tuer une vache doit
se raser la tête entièrement, avaler, pendant un mois^
des grains d*orge, et s'étahlîr dans un i^âturage do
\acheSj couvert de la [leau de ceUo qu'il a tuôe. Qu'il
suive les vaches tout h^ jour, et, se tenant derrière elles,
qu'il avale la poussière qui n'élève; après tes avoir ser-
vies et les avoir saluées, que pendant la nuit il se place
aaprês d'elles pour les garder,.. S'il voit une vache man-
ger dans une maison, un *^hamp ou une grange, appai*-
tenant soit à iui-mémej soit à d'autres, qu'il se garde
d'en rien dire, de même ([ue lorsqu'il voit un jeune veau
boire du lait^
Si le berger est saisi par le roi ou par un cmi mlile,
frappé du tonnerre, mordu d'un serpent, blessé par la
chute d'un arbre, déchiré par un ti^^re, etc., il n'est pas
responsable envers le propriétaire du troupeau ^,
Nulle amende pour les dcgàls faits i»ar les éléphanlî*
et chevaux; ils sont considérés comme défenses... Ni
[lOiir une héte qui n'a ([u^un œil... Ni pour une vache
qui avôlé naguère**
Une vache, dans les dix jours après qu elle a vêlé, les
taureaux que Ton garde pour la Fécondation et les bes-
tiaux consacrés aux dieux, accompagnés ou non de leur
gardien, ont été déclarés éxem[)tsd*amendû par Manou'\
Le vacher qui a pour gages des rations de lait (îoit
traire la plus t>elle vache sur dix, avec l'agrément du
1, Maiiou, p. S36, §234.
â. Manou, p, 411-2, S tû8-iH.
X IJigest, of llindu law, H, 3ii9,
Â. Ibidem, U, 372.
1
76 AM3L\LX-
maître; ce sont là les gages du pâtre qui n'a pas d^autri;
gai aire '.
La loi coîinaît TAge et le prix de tous h.'n liabiLanls de
Tétablo ou de la basse-cour, ou ne peut la tromper sur
ee qu'ils valent; elle le sait au juste; elle meîiîurc leur
valeur à leur forcn : — Les poules de redevance doivent
étru letles, tpi elles puissent d'elle^-m^mes sauter par-
dessus un pot de Thuringe plein d'eau (année 12(>0), —
11 doit ôtre livré un coq qui puisse voïer sur un escabeau
à trois pieds (années lôl7 et iG57). Dans le droit frisou,
ce sont deux poules qui puissent voler sur un tonneau.
— Dans les lois de Galles» il est dit : Le veau doit étri;
capable de marcher neuf pas et de te ter le lait aujc qua-
tre pis -4 — On donnera une brebis telle, que de satoi-
ï^on elle puisse abriter son agneau d'une ondée (ie
niai.^-
L'hommc des temps barbares, encore dans la fai-
blesse et rbumililé de son enfauce morale, accorde
beaucoup à la nature animée; il vit avec elle sans se
rciKlre compte de Timmense intervalle qui l'en sépare.
Cst-H trisle ou joyeux, son chien, son bœuf doivent par-
ta^^er sa Joie ou sa tristesse; ils font pour ainsi dire
partie de la famille. Quand il les achète, il les introduit
eu cérémonie dans sa maison, eu évitant de leur laisser
toucher le seuil de sa porte [G, I50j, comme il fait pour
la fiancée (Voy. plus haut). S'il est accusé d'un meurtre
commis dans sa demeure, îl prend son chat, son rbîen
et son coq, paraît au tribunal pour jurer devant eux de
î^on iiiuoccncej et leur muet témoignage Fabsoul (Vo\,
le Jugement). — Les jours de fêle il les orne de ru-
bans, comme font encore aujourd'hui les muletiers de
k M[inon,p.fïS6, g 231.
2. Probprt, p. ^23,
'à. Ici. ibidem.
PASTEL HS. ^- AfimClTITÊl'RS- 77
Provi^nceet d'Espagne. — Lorsiiu'îl arrive im décès ou
que ]*on célèbre desnoceSj les mclies isioiil eouverles do
mouchoirs rouges ou noirs [en Bretagne, par exempie].
Autrefois le cheval de guerre était enterré avec son iiiaî-
Ire, Aujourti'hui encore il Tarcompagiie drapé do deuit
jusqu'au Heu de la sépulture.
SECTION lï
L'Agur, ou champ i imité, orienté.
Il p'éleva une querelle outre les pasteurs d'Ahraham
et ceux de Lot^ parce que le pays ne leur su 111 sait pas
pour vivre ensemble, Abraham dit doue à Lot : Qu'il n'y
ait point, je vous prie, de dispute entre vous et moi, ni
entre mes pasteurs et les vôtres, parce que nous sommes
frères : vous voyez devant vous toute la terre, Relirex-
vous, je vous priCj d'auprès de moi- Si vous allez à la
gauche, je prendrai la droite ; si vous choisissez 3a
droite^ jlrai à la gauche.
Abraliam est l'ancêtre du peuple agriculteur, qui doit
partager la Judée entre ses douze tribus. Les deux races
des pasteurs et des agriculteurs trahissent d^avanceTao-
tipathie qui les divisera. Elle éclate entre les deux frères
ïsaac et Ismaeï, le Juif et TArabe^ Tagrieultcur et to
pasteur. Be là encore les guerres des l^gj'pticns et des
Hycsosj longue et opiniâtre lutte dont TÉgypte a perpé-
tué la mémoire dans ses monuments, particulièrement
sur i*un des grands temples de Thèbes. Le pasteur^ en
effet, n'est pour te laboureur qu*un vagabond, un en-
Demi^ un sacriiègej qui ne connaît ni tjorne ni limite j il
ne respecte point Ja terre j celle terre sacrée qui boit la
sueur de Tbomme et dont Thomme mange le grain. Le
laboureur a épousé la terre, il en est Tépoux légitime;
le pasteur en est Tinfidèle amant. Le laboureur se nour-
78 LIMITATION.
rit de grain, de fruits; sa vie laborieuse et innocente ne
coûte rien aux êtres animés. Le pasteur vit de la mort,
il mange la chair, boit le sang; il aime la guerre; il ne
craint pas de verser le sang de l'homme.
Le laboureur est un prêtre, il regarde le ciel autant
que la terre; il essaie de la consacrer, de l'ot^ienfer, de
lui appliquer la forme du ciel. )'ai parlé tout au long,
dans mon Histoire romaine, de TOrientation et de la
limitation étrusque, dont les lois embrassaient égale-
ment le temple, le tombeau, la cité et le camp, comme
le champ du laboureur. Nous trouvons quelques traces
de rOrientation chez les Indiens ; le Nord, le côté de
l'Himalaya, du Mérou, est pour eux le point sacré du
monde *.
Celui qui mange en regardant l'Orient, prolonge sa
sa vie; en regardant le Midi, acquiert de la gloire; en se
tournant vers l'Occident, parvient au bonheur; en se
dirigeant vers le Nord, obtient la récompense de la
vérité '.
Autre loi indienne : Un terrain élevé avec bâtiments
solides et partout entouré d'un fossé, s'il a la moitié ou
le quart d'un yojana de longueur, et le huitième en
largeur, c'est une cité. Mieux encore, si elle a une eau
profonde à l'Est, et si elle est habitée seulement par des
hommes de race pure ^.
Sachez que la mer fpt séparée du ciel, et que Jupiter
se réserva la terre de l'Étrurie, qu'il établit et ordonna
que les champs seraient mesurés et désignés par des
1 . Les pasteurs lui attribuent quelquefois aussi uq caractère
sacré. Chez les Tartares, la porte des maisons est ad sud, Thabi--
tation des femmes à l'est ; le maître dans son lit a le visage tourné
vers le sud. — Les Jugures (peuple tartare) se tournent vers 'le
nord pour adorer ; leurs temples sont divisés de Test à Touest.
Du côté du nord, il y a une chambre en dehors; la porte regarde
le midi. Kubruquis, trad. par Bergeron, 1634, c. 2, 26.
2. Manou, p. 36, § !>2.
3. Digest. Hindu, 11, 351.
ORTENTATIOfT* 79
limites. Connaissant Tavarice et la cupidité des hommes,
If vouJut que toute ïimite lut marquée de signes rccon-
Haïssables. Ces signe^i, l'avidité des hommes du i^ièclc
qui sera le dernier, les violera par manvaise ruse, les
touchera, les déplacera. Mais celui qui les touchera et
déplacera pour accroître son bien aux dépens d'aulrui,
sera pour ce crime condamné des dieux. Si le coupable
est un esclave, il tombera sous un maître plus dur. S'il
a agi àTinstigation de son maître, la maison de celui-ci
s'en ira bien vile en ruines, et toute sa race périra. Car
ceux qui touchent aux limites seront affligés de mala-
dies et de plaies incnrablesj et leurs membres seront
frappés de débilité. Alors aussi la terre s'ouvrira, les
tempêtes et les tourbillons en désoleront la surface. Les
fruits seront flétris et coupés par les plnîes et la grèfe,
brûlés ïïar iaL-aniculej pourris par la rouille; et des dis-
cussions violentes s'élèveront parmi les peuples Sachez
t|ue de telles choses arriveront quand on commettra ces
crimes. C'est pourquoi repousse la ruse et la fraude, et
mets la règle dans ton cœur ^
Les Grecs plaçaient dan*; les tombeaux la tôte du
mort vers le Levant. Au contraire, on la tournait vers le
Couchant chez les Cariens [comme semble le dire le
texte de Thucydide, ou chez les Phéniciens comme le
veut le Scholiastej'.Du reste, l'Orientation semble avoir
été à peu près étrangère aux Grecs et aux Juifs^. Ceux-
i* Fragmenta m Veg^oiîH Arruïiti Veltunino» apud Goîsîmn,
2. Voy. le liv. l tle Thucydide et ïes rÊinatqiies du Scbo-
lia.^te-
3. A moins que Ton n'explique en cû lens le passage suivant
des Nombres (c. ;ï5, g A) : Ces faubourg.^ qui s^*rout au dehors
des murailles de Jeurs villes » s'èteailrout tout autour de l'ef^paca
*Je milJe pas.— Leur étendue sera de deux mille coudées dn c^tê
de liiricnt, et de même de deux ûiiile du côté du luili* lis
aurout ta mÊme mesure vers la mer qui regarde rocciiJent, et
It; iiCïié du septeutriou sera terminé par de sembla bien Umites-
80 OfimXTATlON.
eî pro lestent en quoique t^orte contre le euU<^ de TAsle;
loin d'ado rnr le soleil ^ ih rarrôleiU dans f^on couTSi
(Josni^). L'Oriental ion rej>araîl chez les nfilions irerma-
niqneja; elies reganlcnl h la fois le ciel et la terre; leurs
royaumes s'appelleril A'ortluinibrio, Sussqx, ïFeasex,
£'ssex, AV-Anglîc, IFiVï^'olhJe, Osirogothîe, — Nous
avons parlé ailleurs de l'Orientation chrétienne *.
(^'église, comme on sait, doit avoir l'autel au Jevanljla
porte au couclianl. Ces règles furent négligées dès le
quinzième siècle, Saînl-Bcnoîl, achevé à cette époque,
l'ut justement nommu ôestornatus^j [larce qu*on avait mis
d* abord Tau loi au eoucbant^ Mais retournons à rOrien-
tation des terres*
L'Orientation reparaîtra [dus tard dans les Fiefs du
soleil^ dans rintrouisalion du duc de Carinlliie et daus
la détermination de la place du Jugement,
Le champ une fois orienté^ l'enceinte doit être mar-
quée par certains signes. La borne la plus sacrée, c'est
un lombean, (A'oyez sur eeei l'ingénieuse théorie iJe
Vico,) On sait Thistoire des frères Philènes ; — Los
Cyrénéens et ies Carthaginois, depuis longtemps en
guerre pour déterminer dans le désert ia limite des
deux territoires, étaient ronvenus qu'elle serait an lieu
où se rencontreraient des coureurs partis en mémo
temps des deux villes* Les Cyrénôens, ralentis par nn
ouragan de sables, proposèrent aux frères qui avaient
couru pour Carthage que les uns ou les autres se fisseal
enterrer vivants au lieu où ils voulaient placer lafrou-
tièrc. Les Philènes acceptèrent la condition; leur toin-
i. Voy. Boiaseréc^ Calhédralo de Cologne^ et les divers auteurs
cilés au dernier chap. du 2' vol. de moa Hiat, de France.
2, Ducauge^ verho Bestornntua,
3. SaiBt-BeiJott est cette petite égliee de la rue Saint- Jacques,
dont on a lait uu théâtre et où Ton chante le vaudevUk ?nr l^<
cendre? de Domat*
LlMITATinN; 81
beau df^viïit une borne el un autel. [Sali. Jiig. 79. —
Fomp. Mcla, 1,7,- Val. Max. V, 6, L]
Lcri Ktrusques et loâ Koniaiiis placent tics tombeaux
aux limiter des champs. Chez les IndouSjOn enterre des
os sous la borne, et de plus quelques parcelles de toutes
les choses dont l'homme se È^ert : — De grosses pierres^
des oSj des queues do vaches, de menues pailles de riz,
do la cendre, des tessons^ de la bouse de vache séchée,
des briques, du charbon, des cailloux et du sable; enfin,
des substances de toutes sortes, que la terre ne corrode
pas dans un temps considérable, seront déposés dans
des jarres, et cachées 60us la terre à Ten droit des limites
communes.
Que les voisins, mettant de la terre sur leurs têtes,
portant des guirlandes de fleurs ronfles et des vôtemenls
rouges, après avoir juré par la n^eompeuse future de
leurs actions, fixent exactement la limite ^ Mais s'il n'y
a ni voisins, ni ji^'ens dont les ancêtres aient vécn dans le
villa^^e depuis le temps ou il a fjté bâti, le roi doit faire
appeler les hommci^ ((ui passent leur vie dans les bois,
savoir : des chasseurs, des oiseleurs, des vachers, des
pécheurs, des gens qui arrachent des racines, des cber-
cheurs de serpents, des glaneurs et autres hommes
vivant dans les forôta=^.
Que le propriétaire d'un champ Tentoure d'une haio
d'arbrisseaux épineux, par-dessus laquelle un chameau
ne puisse regarder, et qu'il bouche avec soin toutes les
ouvertures par lesquelles un chien ou on pore pourrait
fourrer sa téte\
Romulus, dit Plutarque, creusa un fossé autour du
lîeu qu'on appelle maintenant le Comice; on y Jeta les
prémices de toutes les choses dont on use légitimement
K Miinou, p. 289, 290, g 250-1-6.
2. Manou, p. 289, 290, p. 2o0-t-6-9, 260,
Manou, p. 389, 2yu,
Manon, p. 287, | 330,
Si LIMITATION.
comme bonnes, et nalurellement comme nécessaires. Â
la fln, chacun y mit une poignée de lerre qu'il avait
apportée du pays d oii ii était venu^ après quoi, on mêla
te tout oiisembîe : on donne à ce fossé le nom de Momie,
Un Iraça ensuite autour du Tossé, en forme de cercle,
l'enreinte de la ville.- . Le fondateur, mettant un soc
d'airain à une ctiarrue, y atleitc un bœuf et une vache, et
trace lui-même, sur la ligne qu'on a tirée, un si H on pro-
fond. Il est suivi par des hommes qui ont soiu de rejeter
en dedans de l'enceinte toutes les mottes de terre que la
charrue fait lever et de n'en laisser aucune en dehors.
Lorsqu'on veut faire une porte, on ôte Je soc, on suspend
la charrue, et l'on interrompt le sillon. Du là vient que
les Homains, quire^^ardentles murailles comme sacrées,
en exceptent les portes, Si celles-ci relaient, ils ne
pourraient, sans blesser la religion, y faire passer h^
choses nécessaires qui doivententrer dans la ville, ni les
choses impures qu'il faut en faire sortir', — Pour mar-
quer lenceinte d'Alexandrie, les soldats macédoniens
semèrent de la farine ^,
Dans le Nord, on mettait sous la borne d*un champ,
du charbon (comme dans l'Inde), et de plus du verre et
des pierres. G. 5 KL
Au moyen âge, lorsqu'on plaçait des bornes, on faisait
venir des enfants, on leur pinçait roreiîle, ou on leur
donnait des souRlets, pour mieux leur imprimer le sou-
venir de ce qu'ils avaient vu. — Dans certaines eommu-
lies, on les poussait su| lés pierres nouvellement posées.
— De temps en temps, on visitait et renonvoîait ce^
tïornes. Cette visite s^exprime par les mots circumducere,
p&ragrarûy cavafVtcare (chevaucher) : — Pour la Marche
tic Wurta:bourfï, les princiiiaux et les vieillards promè-
nent (circumducunt) autour des limites, et vont eu avant,
1, Phit. Hoimilos,
2, Voy. Arritti.
Lmrr.iTiON,
83
engagés ï*ar serm^nl à faire titîelaratioa de tôufe cTiO!!;e
j jii!*le îians rma dt*gui!?er* G, 5 10,
Cos arbres et ceti pierros liaient inv iolabliîs et saunSs-
11 n'était permis d'y prendri^ ni feuilles ni branche^^ Il
est Tait menlion dans les conles allematids d esprits
iiiaiidiis qm rasent les champs soua forme de feux foTJets
pour avoir déplacé les bornes des Marches lor&qulls
étaient en cette vîe. Ibid*
Les Coutumes allemandes établissent des peines
cruelles contre ceux qui en labourant déplantent lew Imr-
ries : — On est d*avis que i*'est jnsUce d'enterrer un te!
Iiomiiie jusqu'à la rein lu re dans le trou môme où é\mi sa
|uerre,puis de |iasser sur lui avec uue charrue et quatre
chevaux ; c*est bien là son droit* G. 547, — Si quelqu'un
duracine des bornes, son bœuf, sa charrue et sa voiture
sont acquis au roi. On paiera dr plus au roi pour le pied
droit de celui t|ui mène la charme, et pour laïuîungau-
rhi3 de celui qui pousse, Frobert, Lois galloises, 103-4.
Droit du NonI (G. 539; : Uuand un bien est parvenu
à une forme symélriqui* et à. une juste di vision solaire,
c'est alors la (erre imhiiéc qui devient comme mère de
la terre cnllimihk; cest d après celle-là ipion dîvifc^e
^;elle-eij et il est fait au propriétaire limitrophe une bo-
tiification d\m pied comme Sentier de roïseau^ ile deux
frieds roumic Sentier île riiomme, de trois pieds comme
Route de troupe. L'étendue du chauq> détermine la imrl
de prairicp celle-ci la part de forêt, celle-ci la part de
roseaux, celle-ci eniin divise l'eau d'après les li le ts; et
là où des pierres ne pourraient être placées de maniôre
à être vues, qu'on se serve de perches ou bàlôns pour
divis!.er îa [lart des roseaux.
Document de l'an 1185 : .,, f)dn VfT$ h Hhin^ on voit
encore an sommet (tan rocher ta rc^^sembinnce de la tune
^simiiitudo IudcB)» gravée par tordre du roi IJagohrt e(
84 MESfRE.
en$fi présence, pour ilétermuwr ks lutufes de la Bourgo-
gne et deia Rhéde. G. 542.
Planter des chm dans les arbres de la vallée où nous
avons fait tailler des croix Sitr l'arbre et enfoncer dê$ pier-
res au-de$sotis K (Ann^*c 528.) — En Touraine, et saos
cioiite iiUâsi dtm& d'autres provinces, on met à chaque borne
quatre jnae fions fjuùn appelle les témoins ^. — En Breta-
gne, on mettait, dit-on, quelquefois des épées^ pour bornes
des champs O''-
Un niaiius€rit de réalise de Mayence contient la bé-
nédiction d'une pierre itinéraire. D'abord l'évèque trace
du pouce avec de ! eau bénite j un jour de dimanche,
une croix au milieu de la pierre et aux quatre angles *-
Quant au point de départ de la mesure et du poids, les
divers jïcuples rempruntent à divers objets. Les uns le
prenncjit dans la nature; par exemple, Je Gallois part du
grain d'orge ; l'Indien, de Talome de poussière qui tour-
billonne dans un rayon duîSoieiL Les peuples héroïques,
GrecSj Homains, Germains, partent de Thamme même,
et prennent un membre, le bras, ia main, le doigl, pour
point de départ.
Quand le soleil passe à travers une fenêtre, dilManou,
cette poussière Une que Ton aperçoit est la première
quantité perceptible. Huit grains de poussière posent
comme une graine de pavot; trois de ces graines sont
égales à une graine de moutarde noire; trois de ces
dernières ;\ une de moutarde blanche* Six de moutarde
blanche sont égales à un grain d'orge de moyenne gros-
seur, trois grains d'orge sont égaux à un crichnala, cinq
1. Smpt. rer. fr. TV, \ .
2* AlniatiachtleH viHes et des campagnes^ 1S32, par M.LorraiE*
Ce petit livre, fait avec beaucoup de soin, mérite ptus de £ôq-
flance que la plupart dea ouTragea du mi^me genre.
3. Lobiceau, T.
4. Carpentierj verbo Àdâi, 43*
UESITIR.
85
' iii
rîcfmiilas k un mâcha, seize niiklias A un souvarna,
eux cent Liutjuaule pana.s sont déclart^s t*Lre ia f*rc-
îère ameiKlCj cinq cents panas doivent être considé^^^î5
comme l'amende moyenne, et mille panas comme
lamcnde ha [Aus élevée *.
Loitf j^Mlloîses: Oynwal Mœlmud mesura loitle Tile en
ârtant de ia longueur d*un grain dVjrj^^e. Trois ^rmm
ni un pouce, trois pouces une palme, trois palmes un
lert* Il y a trois pieds dans un pas, trois pas dans un
aut, trois yauts dans un sillon ; mille sillons forment
an millg, etc. C e^^t encore une coutume de mesurer
l'acre légal en partant du grain d'orge»*. Un aiguillon
"laDS la main du conduetetir de hauteur égale à sa taille,
Taulre main au sommet du joug, donnent la largeur
une acre; pour sa longueur II faut trente fois cette
esurç. M doit y avoir (juatre acres dans chaque tene-
ent, quatre tenemenls dans un héritage, qualre héri-
;es dans chaque lenure, quatre tenures dans chaque
iwnshrp, quatre townships dans chaque raanorj et
onze inancirs et deux tnwnships dans cliaque commol.
e commot doit avoir une centaine de townships, dix
k dix dans chaque centaine... QuatiT acres légaux doi*
mi entrer dans chaque teuemcnt, seiïe dans chaque
iéritage, quatre dans chaque tenure» deux cent quatre-
ingt-^eize dans le towniship, mille vingt-quatre dans le
manor, douze mille deux cent qnatre-vingl-troïs dans
*lf>yie manors. En un mot, il y a douze mille Iniit cents
cresdan^ un commot, et tout autant dans un autre. Les
icres de la centaine soni au nombre de vingt-cinq mille
ix cents, ni plus ni moins.
Le point de départ pour les mesures de longueur c'est,
chez les Hrccs, îe doigt et le pied* Les Romains ont de
même le digitus, le palmurï, le pes, le palmipes, le cubi-
et le passus.
1. Maîioo. p.27Û-t»g 132-
86 MESURE,
Le roi <les Lombards, LuitpranJ^ avait les pieds d*uné
longueur telle, qu'ils ne faisaient pas moins qu'une
coudée; son pied, répété quatorze fois sur perche ou
cordej faisait une verge; c'est d'après la longueur de son
pied que les Lombards déterminèrent la mesure de ieurs
terres, G. 541.
Le système décimal et centésimal semljle avoir do-
miné chez les Germains : ^ — lis tiabitent par cent uan-
tonSj dit Tacite,.- On eu prend cent dans chaque canton,
— On connaît le dixenier et le centenier dt» la loi sali-
que {funghms, ceut€na}iits)jei\e^ hundred anglo-saxoDS,
dont l'institut ion fut rapportée au roi Alfred, elc<
Chez les Allemand!^, la mesure de la plus petite pro-
priété c'est le siège ou le berceau de l'homme : — La
plus petite propriété est relie que peut couvrir le ber-
ceau d*un enfant et Tescabeau de la petite fille qui berce
iVnfanL — ,., Mais quel bien avei-vous donc là, vous
autres? pas même de quoi y poser un siège à trois pieds.
— Tout tiomme (|ui a du bien peut être appelé au juge-
ment, n'eùt-il qu'assez de terre pour y placer un siège k
trois pieds (année 1579), — 81 quelqu*un ne possédait
plus pour tout avoir qu'un foyer sous un toit où il pût
s*abriter, assis sur un siège à trois pieds, qu'il s'en serv€
pour refaire son bien. ^ On laisàsera aussi dans ce res-
sort un pauvre homme s'établir sur son bien, pourvu
qu'il en ait assez pour se tenir sous un bouclier qui
puisse sentir de baignoire, G. 80, 8L — Si Thomme
dont la terre est emportée par les eaux, en garde assez
en branches et gazon pour qu'une oie puisse s'y poser
avce ses petits, et qu'il Jui en revienne par alluviun, Tal-
luvion est ï>our lui cl ses héritiers (li52). G. 80, —
L'eau sera dirigée, et le meunier élèvera sa barrière de
telle sorte que si une abeille se pose sur la léte du clou
au milieu du poteau, elle puisse s'y tenir, et, sans mouil-
ler dans l'eau ses pattes et ses ailes, y goûter et boire*
G. 79.
Pour déterrainer la largeur d'une route, un cavalier la
parcourait avec une lance posée liorizontaiemeut sur la
selle. (Yoy, la Chcvauchée-le-roL) La roule devait avoir
en large la longueur de la lance. Pour !a largeur d'ua
chemin, il fallait qu'une rcmmo pût marcher avec un
long manlean des deux c6tés d'une voiture qui roulerait
sur ta route, sans risquer d'être blessée, ou bien encore
([u'elle pût marcher avec un voile blanc «le chaque cùié
du charriot. — La route qui conduit de la villiï à la fon-
taine doit être assez large pour qu6 doux femmes puis-
aient y |>aiïser côte à côte avec leurs cruches. Celle qui
coïiduit d deii biens particuliers sera assez large pour
<[aé deux bêtes de somme, qui se rencontn^raientj [uiis-
sent passer sans embarras. La mesure d'uEi chemin de
traverse, c'est que deux chiens y passent sans se gêner.
G. 104. ^ Jtcm, un chemin de traverse sera assez large
pour que, >s'il venait k jïasser uu corps mort cliai*ge sur
îioe voiture ou sur un char, et qu'une llancée, ou quel-
que autre femme en coiffure le rencontrât, elle pût pas-
.serà côté sana se souiller. G. 55â.
Lt chemin seigneurial sera iarge et devra inli'e dff deiix
rcrges à navels, et chaque verge à navets ^^jra large 19 1/2
pkds de moulon. Record dç XyeL — La grande route :
doit ssire assez large pour y passrr nuac herse et rouleau,
Ibid, G. [>5^. — Établiss* de saint Louis : Geniishons^ se
il naqwï filles, tout aulreiani prendra tune comme l'autre ^
fims Caisnée aura lû^ hêrifagrs et ava tH tiges ^ et un coq, se
il y estK,. C'est-à-dire, Tespace de terre appelé le Vol
t. Étabî. ile 8aSnt Loui,^, liv, I, c, iO, — Vol dun chapon : On
^ppeloii ainsi qitaire. ou dtwt arpcnis de terre aulonr dt*s fossés du
chdUau qui app/îrienoient à Vaine. Coutume de jTowrjr, arf. ÎGlI.
^ Par ta Coutume de Clermont, il e,n ejilbn^ â un arpent de
tfrrt* H de m*!me par ifjf Coutumes d'OrUans^ de B^rry et de LoH^
tiunoif. — On appelle aussi l/> vol d'un chapon^ ciiêze. -^ On
dicter minoit atl$si un ejfpace de terre par un trait darc, un jet de
pierrf^ une portée d'arqueàuse. Coutume de Bourtfonnais, art. 524|
LauTière, Glosa. Il, 232» ÏGS. 42fi.
\
88 LE PArV'BE, — LE PASSAXT,
du chapciK Colle mesure, que M, Grimin n'a rencontrée
nulle [tart dans Ictj Coutumoî^ de l'Allemagne, se retrouve
dans pluî^ienrs des nôtrpi^, et se prend, selon les cas,
pour lin, deux ou trois jours de terre.
En France, les mesures isoiit ^nérale ment empruntées
aux membres de Thomme (pouce, pied, etc.)i ou bien
pucore aux armes (lancea, lancea sartatorîa). Ils m*ùni
donné un filet de la langueur de dix lances [lance is sarta-
tûriis]. Charte de Tan f 193. -- Le champ qid va de Br an-
cor i à /Jarchîas esi large de dix lance$ [lanceis sartatoriis],
et s'éfend tvj longueur tout autant gucie hois. Charta PhiK
nom, Fland-, anno 1180. — ^t le contrée de le fowée
XXX ni mij^^s et xii lances. Charte de Tau 117^* — La
pique, HasUj ligure souvent aussi parmi nos mesures >
La phim eU la mesure du champ [hasta raodus agrL] —
Ils nUribmrent à cette maison ii7ie pique de pré [astam
lirali], — Astadia et A.stadius ont le même sens dans
deux actes de Toulouse '•
Quelle que soit la sôvérité du propriétaire dans la fixa-
tion des limites, dans l'exclusion du vagatjond et de
Tel ranger, on trouve pourtant dans les vieilles lois quel-
ques dispositions humaines en faveur du pauvre, du pèle-
rin, du voyageur.
Loi de Manou : Le Dwidja qui voyage, avec de ché-
tivcs provisionsj s'il vient à prendre deux cannes à
sucre ou deux petites racines dans le champ d'un autre,
ne doit pas payer <ramende. — Prendre des racines ou
des fruits A. de grands arbres non renfermés dans une
enceinte^ ou du bots pour un feu consacré, ou de Therbe
pour nourrir des vaches, selon Manou, ce n'est pas un
voL — Un brahmane qui a passé six repas (trois jours)
sans manger j doit, au moment du septième repas (c'est-
à-dire le matin du quatrième jour), prendre à un homme
L Pour cet ÈJEcmi>le, et lea prêcédeat*, voy, Ducange, ï, 791,
LE IMl vriE. — LK l'AJiSANT. Sf»
I dépourvu de charïté de quoi se nourrir la journée shns-
^Wcufier du lendemain \
Quand vous entren^z dans la vigne de voire ^irochaîu,
roiiî? pourrez manger des raîs^inâ auUut f^ue vous vi.m-
Irez, mais vous n'en emîKîrlerez [lointdtdiors aven vous*
Si vous cuirez dans les UUb de votre ami, vous en
pourreï cueillir des épîs, et les froisser avec la maiu^
Ei%i& vous n en pourrez couper avec la faucille \
Les Grecs permettaient de prendre du fruit d*autruî :
Jtisiju'à uni' cliarffe d'homme, — Qu'on ne prenne pas du
i'ruii d autrui plus qu'un homme ne puisse porter, disent
ussi les lois du Nord, — Il étaït défendu, dans les lois
lies Laurc|itiii3, do prendre du fruit d'aulrui sur son bras,
ycst'à-fJiro ce qui peut faire la charge de Tépaulc (in
Hrmuni, id est, quod humeri onus sit). Feslus, vcrb*
^rmalfu (i. 551,
Loi des Lombards : Si quelqu'un enlève plus de troiis
!ippes de raisin dans la vigne d*aulruij qu'il paie pour
COînpoHtion six solidi ; s'il en prend jusqu'à trois seule-
ment, cela ne lui sera pas ini|)nte, — Eu Allemagne, un
fisaut pouvait inquinéuient cueillir trois pommes â
l^arbre d*autruif arracher trois raves dans le champ
faotrui* — Celui qui coupe des raisins est-il un mal-
Mteur? S'il s*est coupé trois ou quatre grappes dani
|!ainain, et les a mangées, il ne sera pas cojisideré pour
cela comme un mauvais sujet; mais s'il s'en était coupé
lajiâson sein, dans ses bras, ou dans ses poeîies, et que
Delà fiU trouvé ainsi par le garde, celui-ci ne lui devrai L
^as de réparation pour les paroles qu'il pourrait lui
âresser, et l'autre n*en vaudrait pas mieux pour cela.
L 5I)L — Item* Un homme qui se trouve en route, et
îi vient de chevaucher dans la plaine, peut ramasser
•I. JMauoiî, p, 302^3, g 33§, Ui ; p. 395, § t6.
WB tZ PASSAIT,
autant de gerbes qu'il pourra en saisir au grand galop
avec sa lance, mais pas aulremenl, G. 107.
Les lois des Brehons d'Irlande permettent de prendre
du bois pour certains usages : excepté dans les bols
Êac^és^
Ils ont droit de prendre les branches sèches avec un croc
de bois ou de fer. Arrêt de Tannée 1271- ^ Ih otit droit
dts prendra, dans la forêt d'Andelau^ le àoiS mort et ks
branches aussi haut qutls pourront les atteindre^ monta
sur leur chariot *.
Le seigneur roi a ordonné f^uon ne pratiquât plus une
injuste coutume mitée dans quelques partifts du Verinm*
dois; selon celte coutume, un homme dont le chariot
verse ne peut le r^ele^er sans l\isseniiment du seigneur sous
la dépendance duquel se trouve cette terre; ou s il tt
relrt^e^ïl est tenu de payer sovvanLe sols à ce même sei-
ifwur. Ch, année 1257. Carpentier, vcrbo Quadriga, 3.
G. :154.
!tem, que chaque paysan conduise dcu?r voilures de
hois, et e|ii'il n'y ail pas plus de quatre chevaux allelés
A Ja voilure; que ce soit tout bois gâté, bois mort, mau-
vais bois, de telle façon que ïsept cbiens puissent courre
un lièvre à travers, ou qu'une pie puisse voler à travers,
les oreilles droites* G, 93.
!. CoUect, lie rebiî* Hîb. Ilî, 102, — Voyei ausai dans ie<
Triailes galloises, certatûs caâ i*ù le pauvre pread sans TOÎer,
2. Ducaijgc, verbo Brancîi, ï» l^BI.
CHAPITRE TROISIÈME
TRADÏTÎON
Chez les Indiens, celui qui vend ou donne un, fonds,
répand sur la terre un peu d'eau que l'acquéreur recueille
dans sa main et boit pour indiquer que désormais la
propriété lui appartient, — La tradition d'une terre,
disent ailleurs les lois indiennes, se fait avec six forma-
lités : Consentement des ^ens du lien, des parents, des
volsiins, des héritiers, et livraison d'or et d'eaii K
Ainsi les éléments servent de symboles à la tradition.
Celle (le la terre se fait souvent par la terre même, sou-
vent encore par l'eau et la terre. Xerxôs envoie deman-
der aux Athéniens qu'ils lui doniu.*nt la terre et leau*
Darius exi^Iique en ce sens le présent qne Uiî font les
Scythes* Hérod. i, 1"20. — Dans un vieux chruit sur
rinvasîon hongroise, renvoyé d'Arpad nnnjïlit nue bou-
teille de Teaii du Danulu', prend un i>eii de terre et
d'herbe, et porte le lonL à Arpad, ([ui, en vertu de ces
S}Tnboles, marche en llon^^rie, et revendique le pay^î
comme sien. G. 12L
La terre servait aussi romme ^ymbolp k la vindicatio
romaine, AuL GelL iO, 10 : Us allaient au champ môme,
(l) Dige»t niudu, U, U)\.
9t TRADITION.
qui faii^ait Tolijet «lu \i\v^e, y prenaiont de la terre, et
en portaiont une glèbe k la ville devant le t>L'éleur*, sur
cette glèbe, comme .sur le champ tout entier, avait lieu
la vinflicatio. Voyez aussi Feslus, verbo Viudieiye. —
Doeumenl hongroi^s de 1360 ; Sous le susdit poirier,
Tliomns et Miehaël Gliapy, déceiuU et pieds décliaux,
plaçant la glèbe sur leurs tètes, comme c'est la coutume
de jurer sur la terre, îls ont juré que la terre qu'ils fou-
laient (ream bu lassent) et circonscrivaieut (séquestras-
sent) des premières bornes aux dernières, était bien de
leur possession et en tlépcndait. G, 130. — Yoy^z plus
loin les frères d'armes du Nord, qui se juraient trater-
nité sous la terre. L'ordalie Scandinave se faisait de
même*
Dans les traditions et les poèmes allemands, les hèro^
qui font un serment enfoncent Tépâe dans la terre jus-
qu'à la poignée. — C'était un usage dans plusieurs par-
ties de rAllemagnc de prêter serment sur le blé verL
— Dans une ballade écossaise rMinalrelsy, II, 416], on
lit : Elle jura par l'herbe verte; elle en fil autant par le
bïé. — Serment dans llliade, i t, 274 : D^une main il
toucha la terre toute féconde, de l'autre main la mer
brillante,
Tito Live, t, 24 : Il n est mémoire d'aucun traité plus
antique : îe fée i al demanda au roi Tuïlus : M'ordounez-
vous, 6 roi, de frapper iraih^ ^ avec le pater palratus du
peuple albain* Le roi l'autorisant, il dit : Roi, je vous
demande les sagmina, Le roi dit : prends-la pure (pitt-am
. tolliio}. Elle féeial apporta une herbe pure du gaion de
la citadelle* — Cette herba para des Romains se re-
trouve dans une des formules des plus ori^nnalesdc la
loi des Francs, Lex salie. Jit. Gl ; la rhrenecruda (reines
kraul), qu'y prend le banni, signiJie herbe pure* —
î. Fetire fœdus^ ûoinme lea Allemaads ÙHwnl bâtonmer ju^^-
dKRBE. — GAZOrï. 93
Pliûe dit illisl. nat. 2â, i] : Chcï îcs anciens^ lo signe
suprême de la victoire, c'était que les vaiiiL-iis lentiissenl
rherbej cédant ain^^i la terre, torre nourrice, terre des
tombeaux; je sais que cette coutume subsiste chez \m
Germains. — Festus : Ce mot de Plaute, Je donne
rhôrbe, signifie, Je m'avoue vaincu. — Uietoiar, Mers.,
G, (À"i : Les Lusacien!ï vaincus, viennent tÊtc rasiSep ren-
dent les mains et tendent le gazon. G. 109.
On trouve fréqûemnient dans les formules franciques
et saxonnes : Tradition par herbe et terre, par le f^azon,
parle gazon et îe vert rameau : — Hériolt amcEia ses
parents et ses proches, apporta du lieu susdit des i^'azons
verts, et semblable ment de vertes boutures pour planter
dans le cloître de la vierge Marie; étant donc venu par
devant le seigneur évéque Hitlon, en présence de tout
It clergé et du peuple assemblé pour cette solennité, iJ
s'Approcha de Tau tel de la très sainte Marie, et y posa
les gazons et boutures en mémoire éternelle de la chose;
ïe prêtre Oadalpald et le moine Otolf les emportèrent
I^our les j)lanter dajis le cloître (année 828). ^ Je con-
cède les susdits biens et terres à Téglisc Sainte-Marie.
yen fais légitime cession par paille et couteau, gant et
f(azon, et rameau d arbre, et ainsi je m'en mets dehors*
ni'en expulse et m'en fais absent, 1), Cahnet, Jlist. de
Lorraine, I, preuves, p. 5'2-i; année 1107, G. ItL
En Flandre, ces usa^'es durèrent très Ion ^^trnjps. Le
DUitre du fonds donné ou vendu y coupait avec un cou-
t^'îiu une motte de gazon de forme circulaire et large de
'lyalre doijjçts; il y licbait un brin dMierbe, si c'était un
f'fé; si c'était un eliamp, une petite branche de quatre
^ioigts de haut, de manière à rci»résenter aiu^i le fonds
Ct^tlé, et tï mettait le tout dans la main du nouveau pos-
sesseur, G, 1J2. — Ces signes pouvaient être produits
t'H justice. Aussi on les gardait avec soin dans les églises,
'ïucan^e [^3,1522] : On a conservé jusqu'aujourd'hui dans
iieaucoup d'églises des signes do ce genre j ou en voit 4
94 TBADITTON.
Nivelle et ailleitri>, de forme carrée, ou sembîableé àdes
briques-
Chez les AJamans^ en cas de controverse &iir les li-
mites, on coupait une motte du champ eu litige, oa
Fapimrtait devant le comte, enveloppée d'un drap; h
duel décidait, mais auparavant les combattants toti-
chaient cette terre de leurs épées '.
Que /es dettx voisins en dispute sur hurs iimites^ appor-
tent au mal ht m une piéet' de gazon du lieu contesté, d
jurent en la touchant de leurs épées ^.
Dans la loi des Bavarois, le vendeur, obligé de coafir-
Btier la posspssion du bien k Taclieteur qu'un tiers in-
quiétait, devait renouveler la tradition de la marjière
suivante ; Aux limites, aux quatre coins du champ^ii
enlèvera de In lerre avec la charrue, ou si c'est un bois,
il y cueillera berbe et rameau ; il dira à son acbeleur :
Je te Tai transmise It^gitimementj je te la garantirai. U
répétera ces mots trois fois, en lui présentant Therbe ou
la terre de la main droite, tandis que de la gauche il
tendra son gaye ù celui qui dispute la terre. Si celui-ci
disait : injustement tu as garanti; le combat déciderait.
G. lU.
Usage du Nord ; Après la troisième publication, rache-
teur doit inviter le roi, et le traiter, ïui et les coffipa-
pmous du roi, à trois tables. En leur présence, le roi
fait tomber quelque peu de la terre vendue dans le F'-
ron de l'acheteur, eu signe que toute la terre lui e^i
est transmise. Anciennement les particuliers entre cm
contraclaîent aussi de cette manière : Les assistant^
tendaient le manteau de Tacbeteur, et le vendeur y j^^
tait un peu de terre, en prononçant la formule soleîi-
nelle de Taliénation» G. MO, — V. Innoc, 111, decrelal-
I* Je ne bqU où j'ai lu que daaa certains caatona de la Bre-
tagne, au avait quelquefois piaulé pour burue^, des épées.
2. Dogoberli capitul Hdluze I, p. âl, art. 34.
J, 4; anno 1199 : Roma in Daniam... ^ On a vu plus
haut comment les Saxons prétendirent avoir acquis la
Thuringe,
Au moyen â^o, t' investiture se faisriit aussi par la
pierre : — Il ^rinvestit par la tradition d'une petite
pierre (charte de Tannée 1394)*, — Les Romains con-
naissaient ce symbole : Il est mieux de Tempéchcr par
la main, c'est-à-dire par le jet de la pierre, qu'en lui
dénonçant nouvel œuvre. Uigest, — Un document du
midi de la France (an 1407) donne des détails plus pré-
cis ; Il dénonçait nouvel œuvre, et en signe de df^non-
dation et de défense, il jetait une pierre, en disant aux
habitants de la maison ; Je vous dénonce nouvel œuvre.
Il jetait df^ même une seconde pierre en disant : Je vous
déuonce nouvel œuvre. Et ainsi faisait- il encore une
troisième J'ois en jetant une troisième pierre ^ — A ceci
sr? rapporte le proverbe allemand : Le diable a jeté sa
pierre dessous, Jorsqu*on parle d'une construction qui
ne peut s'achever. G, 181.
A Rome, la tradition pouvait encore se faire avec la
paille : — Celui qui revendique, prend la chose en
tenant une paille, il place cette paille sur la chose en
litige, disant: Elle est à moi, Gaius, 1, 19. — SHpuU}\
c'est lever de terre une paille, puis Ja rejeter à terre, en
(lisant : Par cette paille j*abandonne tout droit : et ainsi
doit faire Tautre, lequel prendra la paille et la conser-
vera... Et lorsqu'ils auront ainsi fait, si quelqu'un d'eux
ou de leurs héritiers veut contester le droitjlamème
paille sera rejiréscnlée en justice devant témoins, tex
romanaj Paulus, 2, 2 [Ganciani, 4, 509]. G, l^S.
La donation de la liberté^ TalTranchissement, se fai-
sait par la paille. Les Grecs, dit Plutarque [De his qui
fierù puniunturj, jettent sur le corps de Tesctave ua
96 TRADITION,
mince Télu, Plante [Miîes glariodus] indiqne i;o même
usage» L'homme libre par la paille (festucà liber), éUtt
Je serf alTranchi, Plus tard, il semble qne la paille ait
grandi ; c'e^l nue baguette dont le lîctenr louche la tête
de Tesclave, Boethius, II, in Topic. Cir-
D*aprèt^ la loi salirinc (tit. iO), c'était au tnbunaï que
devait se faire la tradition des biens ; Il convieni d'ob-
server ceci : te dixenkr et h cetUenier indiqueront l'assem-
àlée; et il y aura dam lasse mùlée un Aouc/if/'.., L^nsuik
ils requerront dans rassemblée même l'homnif^ à gui /e
bien n'apparîknt pas encore ç et il jettera un fétn dans k
mn [in laisttm] du donataire et lui dira combien il lui veut
danner, . . . Ensuite, celui dans le sein duquel il a jeté le
féiu^ se tiendra dans sa maison et prendra frais hâtes
Jl doit tout faire avec /es témoins <juil a rassemblés...
Puis, en présence du roi on dans une assemblée légale^ d
remettra son bien à celui qnil a choisi et recevra le fétu
dans l'assemblée même. Et dans le sein de celui quil a
choisi pour héritier ^il je ttei^a ni plus ni moins que ce qaU
lui donne. — Les téjnoins diront que ce lui dans le sein
duquel le donateur jeta la paille, a demeuré dans la mai-
son du donateur, y a réuni trois hôtes ou plus, qu'il les a
nourris, et quHls lui ojit rendu grâce en cette maison (et in
beudo suopultcs mandacâssent). — Dans Pancieii droit
français laissier et gnerpir sont synonymes. Or guerpir
(d-oii déguerpir) est le même mot que werpîre, qui signi-
iie jeter. G. 121.
Le fétu qui avait servi dans un contrat, était conservé
avec soin : — Si l\m des contractants ne remplit pas
ses engagements, f autre ira vers le comte, prendra k fétu
et dira la parole [la formule de la plainte]. Lex salica,
53, 3* — Le maître qui rantionnait le serf, devait, en
signe d'engagement Jeter un brin de paille. Lvx ripuar.
3L — De môme pour confirmer un serment : lia prù-
mis par le fétu (nnnéù OUI), Script, rer, fr. IV, Tl. —
Par la transmission du fétu, on remettait à un autre le
PAILLB,
97
àîl de fmursnivre sdïi aïTaini devatil le tribu iiaL >lar-
lïan.< une .suppliqiii^ r>u Foo deoiande k Charlemagiic
rrj+fiT les prèlres du service mililaire, il e^i dît:
■ ^ifs, /^^jirtHf /ff pmlie dmis ta main druUû et la rejefmti
la main, nom proiestons ... Balux. Ij 108, 989 (a. 803).
- A*î,^ grands de la France f réunis $Ghn Casafj^^ pour
iker cît' tudlifé pubUt^ue du royaume^ ont^ par conseit
unanime f jeté la fétu et rejeté le roi (Charles Je Sim[)le),
pour ipiil ne fui plus kur mgneia\ x\cloirjaru^ Ciiliaa,
1 fVi . — ÎJ /f om m a ge c l fo l, nom les c ù nda m nons, rep ous-
'!«, rejetûrts par iô fétu [extcstu camus].... Cette réponse
• its, ih prirmit des fetun et dépouillèrent leur foi {extm-
I arcrunt). Galli<>rL in viUï Caruli, corn. Fhiiid. 05. G.
^'l Ainsi un brin de paille sunisaiL pour décider truu
linmp ou d'un royaume.
Le brin de paillCp suivant le course de sa végélaltôn
i'î<ii(|ue, devient noueux : — De toutes les choses dites
'^ lis, je fais légitiïiie investiture par le couteaUp la
iioueusG, le i^ant, le gazon et le rameau, Ughellîj
it4J. — J'ai fait tradifiont sHoji la loi saliffue, par la
dU nomme. Mabiib>n, Annal. IV, 116 (a, 997). — On
noiiçait aussi il une propriété par Je fétu noueux,
^'«is, ce symboJe parais?îaut trop léger eneore, on eiû-
l'l'>ya non plus uu brin, mais une paille entière (cala-
''Ji)> Ei jetant une paille (ndiimus), selon l'habitude
I [iiuple, ils renoncèrent à tout droit sur cette terre.
Jil (a, J JSrî), — Résignant et abdii;|uajit par la bon-
" T"> main et le jet de la [laille, tous nos droits sur
- |n-(»pi-iétés en faveur desdits acheteurs. Ecc* Fr.
-u. l,57d(a. 13U).
\^m\^ Tilc dt* Man, dit Spclman (CoJJ. 15G), c'est en*
re Tusage qu'on ratiHe lu vento des chevaux ou de
'^ Il y avîiît de mêmç en É«asse des tenures par la ïiaille^
Û
98 THADITION,
toute aulrfl chose, en JounatiE la paille, — Où lit dans
le poëme lïaamiid du Reinaert, lorsque le lion gra<iele
renard : Alors Je roi prenant un brin de paille, pardoana
à Rcinaerde toute ollense, !a ruse de son père et sod
propre crime. — Reinaert rendant au roi le trésor
d'Ermcling, prit un brin de paille/ le présenta et dit ;
Tieos, seigneur roi, je te rends le trésor. Le roi accepta
le brin.
Rompre la paiih^ e'ëtîut chez les anciens faire udc
promesse; les deux contractants reconnaissaient leunJ
jirnmesses en rapprochant les deux brins rornpiiî
Orijç. lY, 24, Dans rancien français^ rompre ie f^stv,
Yoniait dire évacuer le pays, y renoncer. — Va-l'en tn
ta contrée, r^ompus es(t le feslti. Roquefort, roman d'Ale-
xandre, 1, 56'J. — Qui Jadis rompt ie fe&iu^ désigne ('clui
qui a renoncé au siècle* Ducan^e, o, 411. M. Grimm
pense que rom;jre ne veut pas dire ici, briser la paiift^
en deuXj mais arracher 3e brin du sol. — Encore au-
jourd'hui les enfants tirent à la courte paille.
Le brin de paille est dejîV uu si|jfne plus abstrait que
la motte de terre ou de gazon. Il y a plus : la terre etie
gazon devaient Être tirés du champ même dont on vou^
lait disposer; la paille peut être prise partout, m^ m*
sur le lieu du jugement. Aussi est-elle un symbole à'mt
application plus variée ; elle est le signe te plus gênéi^
de la tradition. C'est chez les Francs surtout que <^^
symbole était en usage; les Frisons et Saxons le t^oo-
naissaient à peine : — Il renonça au pré de Budenei*
beinij d*abord par les doigts recourbés^ selon la lo2-
tume saa^onne; ensuite avec la main et la paille, d'âpre
Tusage des Francs. G. l!2§.
Si est Raùoarius [Ripuarius), si est Francus, si ^*f
Gothus vel Allemannus venditor, pane carlam in terri i'
super car tant mitte cullellum, festiwam nodata, wantùnm*
irasonem teiT^ et raittum arboriset airamentariumet Alifi'
manni tranddanc^ et levet de ten'd et, eo cartam tenenlf^
RAMEAU. Ï9
diciradictionem^ ut suprà diximus, et addein àtorum cartd
H Bajoarorium et Gundebaldomm ; nam in Gundebalda et
Bajmfia non ponitur insyper cultellum^ Si Salie hus et
ceteri élèvent atrarnentarium tanlum snpra pergmnena de
itrrà, non tribnunt ei$ ierram; si vero triùuuntj funcele-
vent cultetlum €t cetera, exceptis Bajoariis et Gimdebaldis.
Carlâ in terra pmitâ, et super calamario, cultello, festucd
mdatâ, wantone^ clebd^ rarno arèori^, donaiio saliv/ia ita
sit^ car ta eu ni omnibits supra script is rébus sursitm leva tu
âonatore teneatur ; et orator dicat : etc. (Formule lom-
barde dans Canciani» G. 558,) — Ainsi les Bavarois et
les Bourguignons ne mettaient pas les symboles sur la
iharle; les Goths, les Francs^ les Alamansj les y pla-
çaient-
A Home, la prescription d*unetorrc était inlrrrunipue
par fa rupture d'une branche. On enfonçait des branches
en terre pour limiter les champs. Ceux qni demandaient
il paii portaient des branches d'olivier. C'étaient aussi
des branches d'ofivier que prenaient les suppliants chez
les Grecs, Nous retrouvons aussi le rameau chez les
Pranea ; — Gondebaud envoya au roi deux députas avec
des rameau;^ consacf^és selon la coutume dts Francs. Gré-
goire de Tours, VU, ^2. -— Notre dimanche des Ra-
meaus rappelle Teiitrée pacifique du roi spirituel h
Jérusalem,
La branche d'arbre était employée^ comme la motte
tJe terre ou de gazon, pour la tradition d'un fonds.
C'était sur le fonde même qu'on prenait le rameau. J'our
ks jardins, on choisissait une branche de pommier;
pour les bois et les forêts, une branche de coudrier et
de bouleau. — Par la tradition du rameau h trois bran-
ehes, coupé sur le bouleau. — Lorsque les arbres du
fonds vendu étaient en fleurs ou avaient déjà leurs fruits,
la branche choisie portait, ce semble, les fruits ou les
fleurs : — Coudrier chargé de noisettes. Dueange, lU,
1
100 TRADITÏO?î.
La tmditîon |>ar le rameau s*^ trouve dnîis la loi des
Bavarois^ 17, ^ ; elle dit : **, Un bien par le rameau, s1l
s'agit d'une fonH, — La loi des Àlaman:^, 84, porte : Ou
enfoncera dans la terre même des branches d'arbre,—
Wolfheri ayant coupô un ramean d'arbre en présence de
tous, et l'ayant mis dans ïa main de Wagon, lui livra
tout.,. Puis il tira par loreille les témoins légitimes
(année 8^5). G. 131,
On rapporte que le susdit Eso prit à un arbre de celle
lerre nn petit rameau rin'il entoura de gazon, et parce
rameau il doua son épouse du pré de Brunvilrense,,.
Cette petite hranclie resta longtemps aimable aiiic yciit
par sa gracieuse verdure. Leibnitz, I, 315 (dixième siè-
cle), — .*. De plume et d'encrier, de paille et gazon, de
branche et de fruits. Murât, Aiïtiq. 11, âi8. — Ce texte
présente, ainsi que le passage c:ilé plus haut, un singu-
lier mélange de civilisation et do barbarie.
Le bâton, c'est encore la branche, mais dépouillée de
feuilles ; c'est )e rameau travaillé,
Conra^ï donna l'investiture du bien par le bâton impé-
rial et laissa ce même bâton en témoignage perpétuel
(année 1030), —Ce qu'entendant, le seigneur Empereur
donna audit «HOque la terre par le bâton qu'il tenait à la
main, Ducange, III, 15^6 (année 013), -^ Ouïs lesun^^
et les autres, le susdit arrlïîprésîdent Walpert, parle
conseil de tous les assistants, [>rit un bâton et (mr lui
donna lesdites chapelles (année 1*03), — Le duc de Ba-
vière, Tassiîon, rendit â Charles son duché avec le
bâton.,, in cujus capite simili tudo nominis erat, Annal'
Quelferb. Année 787. 0. 1334.
Tenez la terre, que quitte la tos renl,
Par cest bas ton vos en fas Je présent.
Rom. de Garin.
Dans la Suisse, on se servait du bâton pour les liefsde*
BATON, iOl
paysans- t/îimiiian prenîiil U(r LiAtoii tic lu tmun dé l'an-
bien po.sse?8etïr et. le meUait dans ceUe du nouveau.
Arî. Hist. «Je S. Gtiïl II, im (année i371>.)
Loi Saîiqiie, 63 : ^t'* qunlqami mut sp s^atër de
■a parenté el renoncer à m famille, qu'il aille â
Janemàlée devant le dij^enier ou le centemeTi que là, U
mtr $a léte quatre bdtofu de i^oh (fmtlne en quatre
hùrçeaux, et leâ jette dans rasiemlflée en disant : Je me
Vd^age de tout ce qui touvhf ce.^ f^ens^ de Mrment, d'héri-
fûge et du reste, — Le bâton jonc dan,-? loi^ Jug^ements, 1*?-
aôïne roÎQ que le brin de paille dans la Iradition. [Voyex
\\m loin.]
Droit des ofïïeiers de Saint-Pierre de Cologne (trei-
kième isiôcle) : — Si le chevalier ne veut point recevoir
les arréraf^es de sa solde, il placera à Tapproclie de la
[luit, en |»réfïence des serviteurs^ un bàlon dépouilie de
on écùreR sur le lit de son seigneur. Personne ne
irangera ce bAton jusqu'à ce que l'archevôque venant
!ïur dormir le trouve sur son Ht. Si rarcîievéque
lemande qui a fait cela et si le chevalier reçoit pa.r ce
Hoyeo sa solde, qu'il continue de marcher avec son
&i^eur ; sinon, le chevalier viendra au malin vers son
eîgîienr, et fléchissanl devant lui le genou, il baisera
ibord de son îuanteau, et alors il pourra légalement
Bvenir dans sou pays [repatriabitj.** Mais, si Tardie-
5ue irrité rempéche de baiser son manteau, il prcn-
en témoignage deux de ses sen-iteurB, et alors il
arra encore se retirer sans forfaire. — Il s'agit dans
texte du serviteur d'un archevêque de Cologne, qui
T'a suivi au delà des Alpes, et qui sans doute, après
?ivoir accompli le temps de son service militaire, veut
regagner ses foyers. Ce bâton dépouilla dont il se sert
est analogue à celui des prisonniers et des suppliants:
— Le seigneur de Pinzenau envoya au camp deux pages
[sortant des habits blancs et des bâtons. Il olTrit sa sou-
Juission cl demanda liberté de partir. Miroir d'bonneur
iOi TRADITION,
d'Autriche, année 1504. — .„ Dans la ville de Welda les
confrères de TArc... viennent devant les statues des
saints, tenant dans leurs maios des baguettes blanches
en signe de dépendance* Graroaye, Antiq. d'Anvers. —
Après leur condamnation, les révoltés, à genoux sur la
place du marché, et ayant des bâtons blancs à la main,
juraient fidélité A la nouvelle seigneurie, et s'engageaient
sous peine de mort à porter toute leur vie ce bâton
bfanc. Annales de Gœrlitï, année 1516. — Partir avec
petit bâton^ et du bien faire Tabandon. Archi\es de
Bade. G. 133. — Aujourd'htii en Hollande les scrvanleà
sans place vont dans les rues avec des bâtons blancs. —
Je ne plains pas les garçons, dit Luther, un garçon vit
partout poun^u (|u*il sache travailler. Mais le pauvre
petit peuple des filles doit chercher sa vie un bâton à la
main*.
Le bâton n'est pas toujours le signe de la tradition,
de la renonciation ou de la dépendance. Il est souvent
le sceptre j le signe du commandement. Les pasteurs
des peuples, prêtres ou roisj à qui les ans ont donné 1a
sagesse, s'appuient sur un bAton \ iïs ne le quittent
jamais, c'est in signe de leur pouvoir, L*augure étrusque
est armé du batou recourbé, du lîluus^ pour diviser le
ciel ; l*évèque porte la crosse, le magicien son bâton
bariolé et couvert de signes.
Ut sceptrum hoc (dfXtrA sceptrum nam forte gerebat)
Nuniquam fronde b?vï fundet virgulïa neque nmbras :
Ouum serad in silvis inio de stirpe recisutu
Matra carets posuitque comas et brachia ferro.„ *
Les consuls à Rome ne portaient point de sceptre ;
des faisceaux composés de baguettes d'orme ou de bou-
i. TiflchredeD. Michelet, Mémoires de Luther, H, p. 160.
2. \irg. iEiieid. XII.
BATON, — MAIN. 103
leau étaient le signe du pouvoir consul aire , dictatorial
et prétorien. Les ttctcurs du consul qui n*avaient point
ïes faisceaux étai€^nt armés d'une simple verge, comme
la baguette noire et blanche de nos huissiers. Au moyen
âge le sceptre reparaît; le juge germanique est armé du
bâton blanc.
La main devait naturellement servir de symbole» dans
la tradition. C'est par la main que Thomme montre sa
force, c'est Tinstrument, le signe de la puissance; c'est
en la main de l'iiomme que le droit romain place la
femme, les enfants et les biens; la main consacre hi
transmission du droit de propriété. — Le gage se con-
tractait en fermant le poing. — On formait le contrat
de mandai en donnant la main, — Pour accepter miv
hérédité, rhéritier faisait claquer ses doigts, — Le père
de famille émancipait son fils en lui donnant un i^ouffiet^
— Ceux qui se disputaient la possession d'un fonds se
saisissaient ïes mains, simulaient une espèce de com-
bat, puis allaient devant le préteur; de là Texpression
manu conserfmn pour les débals judiciaires* — Lors-
qu'on réclamait un menble, on le saisissait avec la main*
— On enchérissait k une vente pubiiriue en élevant un
doigt- — Au cirque, le doigt levé élaît le signe de salut
que donnait le peuple au gladiateur vaincu ; le doigt
renversé était \^ signe de mort, — Dans les camps et à
Tarmée, les sentinelles tenaient un doigt levé.
Si queliju'un trouve son bétail en la possession d 'au-
trui et quil veuille le reprendre, il esl nécessaire qu'il y
ait main mise ; d'ordinaire il touche les reliques de la
main droite^ et de la gauche il saisit Toreille gauche de
!*animat. G, 140. — Dans Tantiquité comme au moyen
j\ge, les fiancés se donnaient Tun à l'autre en se donnant
la main, — Le vassal fait foi et hommage en plaçant
ses mains dans celles du seigneur : — Quelque^^-irus
ajoutent, dit un vienne feudisle, que le vassal doit rcinui i
ses mains comme si elles tremblaient. Est-ce que tout
104 TRjiDmoîï,
son corps n'est pas ému lorsqu'il approche de son sei-
gneur ? Que ses mains tremblent donc aussi* — Dans
l'aiicif'ti droit du Nord comme dans Tusa^^e de uo^
paysans, un contrat n'est valable que lorsque les deuï
contractants l'ont conJirmé en frappant dans la main
{'un de Tautre. G, 137, C'étaient chez nous des locutions
juridiques : Paj* main et bouche ^ et encore : Asseoir h
main dit roi, rimin auise^ main tturk, féi^îr la paumée^ pnt-
moiîer le marché^. Palmées j pai ma ns^ sont synonymes de
prenants ; — on trouve aussi héritier palmier -.
Mais souvent la main n'est pas nécessaire. A Rome un
doigt sunisait. — Sa mère, conforméinenl à ïa loi
saxonne, loua de bouche le don qu'il faisait^ et le
confirma par le doigt (année 1088). — D'après ks
lois de Goslafj celui qui rompt un contrat ou un ser-
ment sera puni par le doigt ijuj a fait le serments —
G. 139, IIL
G'eî=it par les doigts que la main parle et précise ses
actes. Pour un serment, il fallait lever îes deux doigts
antérieurs de la main droite. Une si ni pie promesse se
faisait eu étendant un seul doigt : — Élevant un doiiît
de sa main droite, *^n la forme et manière qu'on appell*^
vulgairement aisurénifinl (sichcrn), il promit en boune
foi de donner ses biens. G, 141, — Voy. la Procé-
dure.
Par la main Ton transmet et Ton consacre la trans-
jnission; par le pied. Ton prend ou l'on réclame pos-
session (le la chose transmise. — Yoy. ci-dessus^ aux
Fiançailles, T usage du soulier et la coutume de mettre
le pied dans la chaussure. — Dans plusieurs cours ft^o-
dales, le seigneur qui donnait l'investiture appuyait son
pied droit sur celui du vassal. — Lorsqu'on baptisait un
enfantj on posait son pied sur le pied du parrain. —
t. Lûiirière, Glosjiaire, I, 73.
2. Deiiumanoir. Voy, aussi Coutumes de Mons el tie FlaodrCr
OREILLE. yj5
Dans les revendications d*immcubles, on nieUait lepie^
droit sur îe bien réclamé.
Une charte tin^e des archives d'Autun (Duc- 1, 870),
montre que cet usa^c existait au douzième siècle en
BourgojL^ne, Aujourd'hui encore, il y en a quelque trace*
en Dauphiiié aux exécutions % et en Allemagne, lors-
qu'on pose les bornes des champs^,
La Ijuuche (os sacrum) confirme et scelle d'un baiser
les actes les plus importants; c'est quand toutes les cé-
rémonies sont accomplies que le baiser se donne comme
dernière et irrévocable confirmation. De tourf lefe orga-
nes extérieurs de l'homme, la bouche est^ en quelque
sorte, le plus intime^ c'est par elïc que passe la pens^ii^
qui vient de Tàme, le souffle qui vient du cœur. L'époux
douait sa fiancée par un baiser : Que ma femme coma*vt
ce que jt> lui ai donné dans le baiser (in oscuio). Notre
vieux droit en avait fait un mot, Yosclage, qui signiiie Je
douaire constitué A la femme, et quelquefois le prix de
savirginitô^ — Dans les contrats on baisait quelquefois
le cnicîilx et ta main du prêtre : Héoi^ hemberl^faccùrde
de mes inens ce qui a f^U^ donné à la sainte Vierge et à
iûfnï Ci/p7^icn, sans abandonner cependant tout dm il set*
^jnmriai : fai promis en baisant le crnci/ix dans Véglhe de
Saini-Jiinl, et jai confirmé cHte promesse par un baisei'^
^.., J\n promis en offrant cette petite charte sur Vantei
de Luriac et en Ifaisant îe crucifix et taàbé^, — Dans les
cérémonies de riiommage, le seigneur et le vassal s'em-
I>ï'asjjenl. (Juand le seigneur est absent, le vassal baise
le verroul, la serrure de rhim, ou la porte du flef sei-
t* Valence. Gatelte des Trib. 20 avril 1858. De plus, des souf-
fleta et dffs coupa de pied,
2. Dviuigiï. Quelqufîs coutumes légales dei peuples de FAlIc-
ïntgDC. Heidelberg, 1812,
^' Diicange, tid verb, oscuium^ osdeiaf ùicieum,
V Uuriére, Glossaire, lï, 167,
5- Besly, Einsel pictav,»j). 5il,
106 TRADITION.
gneurial. C'est ce qu'on trouve dans les coutumes
d'Auxerre, de Berry, de Sens*. — Au siège de Trani
(1495), Villeneuve, sur le point d'être pris, s'adressa à
un Esclavon et lui demanda s'il estait homme pour lui sau-
ver la vie, lequel Esclavon lui répondit que ouy et lui hcilla
la foy en le baisant à la bouche^.
Dumoulin prétend que bouche et mains sont synony-
mes de foi et hommage. Selon Laurière, les roturiers
juraient, mais ne baisaient point.
Dans le Gode d'Alphonse X on lit : Le vassal peut dire :
Je me dépars de vous et vous baise la main; je ne suis
plus votre vassaP. — Le pape ayant, selon l'usage, pré-
senté le pied à l'envoyé turc pour qu'il le baisât, celui-ci
toucha des lèvres, non le pied, mais le genou du pape^
On connaît les traditions sur le Sabbat, sur les gnosli-
ques du moyen âge et les Templiers. Voyez aussi plus
loin, Baiser donné à la terre. Communion, etc.
Ainsi chaque organe a son rôle à part dans la tradi-
tion : la main transmet, la bouche conûrme, l'oreille
entend et retient, le baiser scelle, le pied prend posses-
sion. Mais ce n'est pas assez, il faut que le donataire
emporte quelque chose de la personne du donateur : —
Sous le sceau du contrat, de la charte, il placera un peu
de la barbe du donateur pour que cet écrit reste à toujours
fixe et stable, fy ai apposé la force de mon sceau (robur
sigilli), avec trois poils de ma barbe^. Voyez l'article
Adoption.
Après les symboles naturels, tirés de la nature ou de
la personne, doivent venir les symboles artificiels, ceui
que l'on tire d'objets créés par l'industrie.
Le chapeau est un de ces derniers symboles, mais il
i. V. Laurière, Glossaire.
2. Mém. de Villeneuve, coll. Petitot, XIV, 273.
3. Siete partidas.
4. Infesaura, ap. Eccard. II, 1987.
5. Ducange, verbo Barba,
CBAPEAU* — CAPCf* — SfiCUEH.
107
M rarpmerit^iîniployé âeuL Gesymbc^le artilîciel semble
aroir besoin des symboles naturels ou personnels : —
Le plus ancien des échevîns présents mit au milieu do
la salle un chapeau, puis donnant uno paille à chacun
des légitimes, i! îes informa que chacun d*eux devait
|ilai;er et jeter (ponero et jactai'e) leur paille sur le char-
peau, en 8igae de résignation et de renoncement; selon
cet avertissement, les susdits jetèrent les pailles sur le
chapean. G. 148. — A Saint-Gall, lorsqu'on achetait un
fonds, le juge et le vendeur tenaient un bonnet noir.
L'acheteur devait le leur arracher des mains. — Selon
la coutume hessoise, une réclamation solennelle se t'ai*
sait par le jet du chapeau ou du bonnet. G. 150.
Les symboles artilîciel s correspondent souvent anx
symboles naturels, le gant à la main, le soulier an pied.
Ainsi, Von transmet par le gant, l'on prend [jossession
par le soulier. On a vu pins liant que les gants sen-aienl
aussi dans la transmission de la propriété; on les pré-
sentait ou on les jetait : — L'empereur Henri II, appe-
lant près de lui Meinwerk.,. prit son gant : Reçois, lui,
dit-îL Meinwerk demandant quelle chose il recevail ;
L'évèehé de Padcrborn» répoudil l'Empereur. — Avant
son exe eu Lion, Conrad in légua tous ses droits k Pierre
d'Aragon en jetant publiquement son gant sm- la place.
Conlin. Martini Poloni, Ecc, I, iÀ^L — Roman de
Hou : Vùsfre terre ^ dil-il, vous rf.nd par f:m( mien guni,
— L avoué de l'Église enleva le gant de la tradition,
placé selon Tu sage sur les saintes reliriues. Lindenb.
priviL Haniburg, 33. — L'investiture par le gant existait
aussi cbeï les Francs* Voyez Chifflet, Lumlna saliea,
249 [années 110*J, llill, G. 152-3.
Pour le soulier, voyez Adoption et Jlariage. Ou se
rappelle le plissage où il est dit que Luther plaça le sou-
lier de répoux sur le ciel du lit en signe de domination.
— Les vassaux étiiient quelquetois obligés de porter letî
souliers du prince, pour témoigner soumission. On lit,
HÉHr TRADITION,
^Uïi une chronique des rois de Tile de Maii, que le mi
de Norwège OîaCiîs Magnus envoya ses souliers à Mure-
eard, roi d'IUbt^rnie, lui ordonnant de les mettre sur ses
6paulei5 le jour de îa naissance du Sauveur, de les porter
dans sa demeure en présence de ses envoyés, et de se
reconnaître ainsi pour sujet da roi Mag-nus. — Dans ïa
révolte des paysans de Souabo, un soulier leur servit
d enscif^ne (bundschuli). G. 155-0.
Le synibole du soulier se retrouve chez ies Juifs : —
Or c'était une ancienne coutume dans I.sraël, entre les
parents, que s'il arrivait ijue Tuu cédét son droit à
l'autre, i>Qur que la cessicui fiU validcj celui qui se
démettait de son droit 6tait son soulier et le donnait à
son parent, Booz dit donc à son parent : Otez votre sou-
lier. Et lui, rayant aussitôt 6tô de son pied> Booz dit
devant les anciens et tout le peuple : Vous êtes ténioins
aujourd bui que j'acquiers tout ce qui a appartenu à
Éîimelûch, à Chelion et à Mahalon, l'ayant acheté de
Noumi K
Dans cette grande action juridique de la Tradition,
Hiomme fait tout intervenir comme acteur ou témoin:
les diverses parties de sou corps» de son costume ou de
sa maison, les ustensiles dont il se sert, les aliments dont
il se nourrit, ce qui porte ou possède, ce qu'il voit et
louche sans cesse, tout reçoit de lui la vie et la parole.
La maison, la porte, les vcrroux, Jcs meubles, fournis-
sent naturellement plusieurs symboles. — Lorsqu'il y
avait vente d'une maison, le percepteur enlevait un
copeau du poteau de la porte, et le déposait entre les
mains du nouveau possesseur* G. 172. — Rostagiis
donna son bien à Adon, en prenant la porte, le gazon cl
l andelanc (?), Mabillon^ Acta Bcned. IV sœcul, — Moi,
Alexandre, fils d'Ardamunde, de ïa nation des Bavarois,
selon ta loi bavaroise, je t'ai vendu et livré de ma maia
1, nutb, c. IV, §",S, 3,
rOElTE. — CO?ïDS. — SIÈGE. — DENIER. iOO
par le fétu, le ga2;on, le rameau et la porte*... — Lo
seigneur de Regimpert vint avec une troupe de nobles
hommes, et investit légalement de ses droits par la porte
et les linteaux ledit Amalpert [année 820]. — Tradition
par les gonds de la porte, dans les formules de Linden-
brogpr. 154. — Par le seuil de la maison. Anciennes for-
mules, Bignon, p. 134-. — Le proverbe, laisser Tanneau
à la porte, veut dire être obligé de quitter sa maison eJ
ses biens. — La tradition doit se faire par le seuil et
par Tanneau, et alors on sera en possession du tout :
Bracton. De legib. et cons. Angl. II, 18. G. 174-6.
Il lui livra en présence d'hommes probes et par (eiTc
(aratoria) et porte toutes ces choses-'. — En ce jour, en
présence de gens probes, il fit par Tintermédiaire d'un
homme qui se présentait en son nom, tradition dudil
bien par porte et terre, ou terre et hei'be ^.
Lesdits frères Crafto, le juge et le bourgrave Hertwinn,
le mirent et le placèrent en possession de cette maison
par le siège à trois pieds, le tout avec proclamation et
paix publique, selon la coutume et droit dCt Mayence.
[année 1316.]
Voyez plus loin l'investiture par le chapeau, Tépée, la
lance, la flèche, la corde des cloches, etc.
La tradition se fait encore par le denier. Pendant
quon chantait la messe du matin, il vint, et en présence de
ious^ il déposa par huit deniers sa maison sur lautd du
Seigneur, De concert avec eux, il plaça sur l'autel le don
et récrit, par le couteau et le denier d'Anjou, Ducange, IH,
ioSO. G. 180.
Nous avons vu, au commencement de ce chapitre, la
terre et l'eau employés, surtout dans les âges primitifs,
comme symboles de la tradition. Plus tard on les trouve
encore d'une manière moins solennelle, et sous la forniu
1. Ducange, III, 1535.
2. Ducange, I, 628, verbo Aratoria.
^ 1
no TRADITION.
d'aliments : — Pour confirmer leurs promesses, ils don-
nèrent solennellement le vin du témoignage [vinum tes-
timoniale, anno 1^15], — Dans le poëme de Parcival, on
voit une réclamation de terre faite par du vin répandu
dans le sein. G. 192. — Selon l'usage des barbares, ils
firent pendant huit jours des festins pour confirmer leur
pacte. Adam de Brome, G. 100. — Aujourd'hui encore
après les achats, on boit un coup. Le pol-de-vin se don-
nait autrefois en nature. Voyez plus loin les libations de
bière dans la r6cej)tion des compagnons allemands.
C'est un usage général chez nous d'attacher une croix
de paille à un bâton planté dans un champ qui est à
vendre. L'on attache de même un bouchon de paille aux
vieux meubles qu'on expose en vente, et à la queue des
chevaux que Ton mène au marché. L'usage est ancien:
il désignait, dans le vieux droit français, la saisie féo-
dale. Le seigneur se transportait sur le fief, y posait la
main et y plantait un bâton garni de paille ou d'un mor-
ceau de drap. — Quelquefois les bouchons de paille
étaient fiambés au feu. Ils prenaient alors le nom de
brandons. Voyez plus loin saisie brandonnée, — ^'ou^
donnerons au livre Jugement et Guerre, des détails sur
la croix de feu des Écossais, etc.
LlVltl!; TROISIEME
ETAT
CHAPITRE PREMIER
LiOTsfjue l*cniprreur<Ju Mexique monLiit sur If trône,
Uii faisait jurer quts pendant sou règne^ le*? pluios
jtierit lieu selon les :^aisans, qu'il h y aurait ni débor-
[lent des eaux, ni slêrilité de la terre ni maligue
u**fire du soteil *.
îept rhasetât disent les Brehons crirlande, lémoiîrnent
rindi^ruité d*uû roi \ Opposition illégale dans le
Dn^eil, infraction aux lois, disettes, stérilité des Yacbès,
[larritijre du frnit, pourriture du fa:rain mis en terre. Ce
là ^ejit flambeaux allumés pour faire voir le mau-
;iift gouvernement d'un roi 'K
Nos rois modernes, qui ne descendent pas des dieuif,
oDime hfy rois et ehofâ barbares, n*ont pas puissance
nr la nature, et ne répandent paâ de ses phénomèoes»
2. Coll*îGt. de rebvis IJib.
Il, no.
112 ROIS. — NOBLES.
Mais, par la vertu de leur sacre, ils ont, comme oints du
Seigneur, une puissance curative; ils ne préservent pas,
ils guérissent. On sait avec quel succès le roi de France
touchait les écrouelles. Les autres royaumes y dit le bon
Mathieu, ont bien eu de pareilles grâces gratuitement
données^ mais elles nont pas duré. Les rois d* Angleterre
guérissaient Vépilepsie, ceux de Hongrie la jaunisse, cetix
de Castille les démoniaques *. — Les rois exercent un
autre pouvoir, un pouvoir tel que Dieu lui-même n'en a
point un pareil, celui d'annuler, de supprimer le temps *.
Charles YIIl dit dans ses lettres de pardon au duc
d'Orléans : A Végard du temps que le duc peut avoir pass-^
en Bretagne avec Varmée qui marchait contre les tr^oupes
du roi, lequel temps nous déclarons non avoir eu course..
Devant Dieu même et aux autels, les rois ont des pri-
vilèges particuliers : A aller à Voffrande VEmpereur
s'excusa, pour ce que ne povoit aler ne soy agenouiller. Si
fu C offrande du Roy telle : trois de ses chambellans
tenoyent hàultement trois couppes belles dorées; en Vum u
avoit or, et en Vautre encens, et en l'autre mirre *. Voyez
aussi Sépulture, à la fin de ce volume.
Le roi barbare, l'homme des races héroïques, en
général le héros, le noble, le libre ^, est beau, comme
fils des dieux : — Theuderic craignait, s'il devenait
borgne, qu'on ne fit un autre roi ^. — Tyrtée considère
la beauté comme un caractère essentiel du héros*.
Sparte, qui ne voulait que des héros, proscrivait l'enfant
difforme à sa naissance.
1. Mathieu, Hist. de Louis XI, liv. XI, p. 472. Éd. 1610.
2. Horace : Numqiiàra diffinget infectumque reddet, quod fu-
giens semel hora vexit.
3. Archives du royaume, K. 91.
4. Christine de Pisan, éd. Petitot \1, 81.
5. Le roi barbare ne dififère pas essentiellement du noble cl du
libre. Voyez dans l'Odyssée les cinquante rois d'Ithaque, etc.
6. Frodoard., lib. I, c. 24.
7. Tyrt. ultim. frag. sub finem.
KOBLES, — CHE^'EÙX. 113
Ce h6ros, ce guerrier, c(3 roi, est Thomme rougo ^ et
bi<?n nourri- Le bra\^e a le cœur rougo; le serf, ](> lâche,
«ntle foie paie ^ Dans les lois gailoise*s, 1ns hommes
d^Anon obtiennent uomme dixième privilège, pour avoir
combattu vaillamment à Favani-garde, de ne jamais
boire do bière à demi brassée ^\
Le vrai nom du guerrier, c'est le mâle, celui qui a la
force virile : iaro% kai-l (Kral, Krol, Karolus, nom des
chefs ou roiSj ciiez les Slaves et chez les Francs). G*
285. Peut-être le mot primitif, d'où les Quirilcsde Uonie
mit tiré leur nom, le mot de quir, pointe, lance, indi-
Hue-t-il aussi la force virile, le culte du pieu, de Paies
eUa Phallus ^
Ctdte force virile est attestée par la longue chevelure,
"iont la lé te du héros est ornée* Sam son perd sa force
ivec sa chevelure ; mais dès qu*eHe est repousséCj il
ébranle et renverï4e un temple, Homère nomme les
Grecs: Ceux qui soignent leur chevelure '\ Aux Thermo-
jiylcs, ce fut Tun des derniers soins qui occupèrcul les
Spartiates, lorsque d'avance ils célébraient leurs jeux
funèbres. Les Homaîus portaient les cheveux courts,
tuais ils rasaient les esclaves pour les distinguer des
hommes libres.
Une coutume partîctilière aux Suôves, dit Tacite,
U V. Michelet, Hîst de Franc<\ t. IT, nate sur lc4 roîi d'Aogte-
lÉrreî â foccAsinn (\c HuiUaQDie le Ruyx.
2- V. la. fin lies Nibtkingen,
t Probcrt, p. U4.
*. Bam. Voyeï IKîcangc,
J- L' hum lue libn^ a' appelle Hartmann chca Je» Luaibanlfi (t!c
H-iri, H+^cr. qui signifie, lariiiùe, îa foulrl, chez ]^$ Francs Kr/rAen-
*ï"*/?» M* Grtuim (ronaiUùre la premi^rf^ partie de ce mot couimé
puremeQt augmentai) vf^, H Uoi^ne a la tionouJe le peiis da bourfl-,
i^u celui de pi'otecUon- tj* 2î<i. Ll-s Aiiglo-Saïuna appf^laie[}t
Frenuiaii le lueiubj e d'un freoburg ou nkiiiion de dix huiiimei
libres. Griiuin, 29 L
ft^ Jiiad. paisim.
14^
144 CHEVEUX.
c'est de retrousser leurs cheveux et de les attacher avec
un nœud. Ainsi se distinguent les Suèves des autres
Germains, et parmi les Suèvès, Thomme libre de l'es-
clave... Chez eux, Ton continue jusqu'à la vieillesse de
ramener cette chevelure hérissée, que souvent on lie
toute entière au sommet de la tête. Les chefs y mettent
quelque recherche ; c'est la seule qu'ils connaissent, et
celle-là est innocente... ils ne veulent que se donner une
taille plus haute et un air plus terrible ; avant d'aller en
guerre, ils se parent comme pour les yeux de l'ennemi '.
Chez la plupart des tribus germaniques, l'homme libre
n'a point d'autre signe extérieur de sa condition que sa
longue chevelure. Loi des Burgundes [0, 4. G. 28 i :
Celm qui sans la volonté des parents aura tondu, un enfant
chevelu, paiera soixante^douze solidi. — Quiconque aura
laissé croître la chevelure à un esclave ou à un ingénu
fugitif, donnera pour amende cinq solidi et sera tenu de
payer le prix même du fugitif.
Il est certain que les Langobards sont ainsi appelés à
cause de la longueur de leur barbe que le fer ne touche
jamais. Paul Diac. 1, 9. Ils portent la tête nue jusqu'à
l'occiput ; de là partent de longs cheveux qu'ils séparent
au milieu du front, et qui descendent jusqu'à la bouche.
Idem, 4, 23. — Les Bavarois, comme les Lombards,
laissaient croître leurs cheveux sur le devant du front, à
la différence des Suèves, qui les rejetaient en arrière.
G. 285. Quant aux Saxons, ils se rasaient presque la
tête, pour que l'ennemi vît bien tous les traits de leur
visage -.
Un droit des libres Anglo-Saxons, dans la loi d'Élhel-
bert, c'est que leurs filles peuvent, quand elles se ma-
rient et vont à l'église, laisser retomber et flotter leur
1. Tac. Genn. trad. de M. Burnouf.
2. Voy. Bidon. Apollin. dans le tableau de la cour du rai
Théodoric.
CHEVAUX. — ARMES. 115
^hevetiirc sur le ilos. La lilU.^ du surf n'a pas ce droit, —
Dans les lois aiifçîo-saxouîïes et îombardos, utie fiHe li-
bre porte le nom de CapillaLa, Lihera femiiiii cafTÎllata,
Filia in capilla. ^ Chez les Souabcs et les Bavarois, les
remmes raisaienl serment, la inain sur leurs tresi^es. —
Les Friaons juraient eu touchant les boucles de lenr
chevelure. G, 200,
Quand le roi meurt, disent les Goths, que personne no
monte au Irone^ si, sous forme religieuse, ou l'a fait
eliauve et honteusement tondu, ConciL Tolet, cati, il,
— C'était rttsivje chez lex roh des Francs de ne jnntfiis se
laisser tondre et de garder teurn eheveux intacts dès Pcn-
ffnwe. Agathias, lih. L \oyrz aussi Greg. Tur, VIH, 10;
Aimoin, IV, 8; Frodoard, L -L — Uerlonid, dnc des
Stîxons, ayant rtjvocjuê en dnaïM tarricér et texisfenre de
Chliih^e, roi des Francs, Chiaire Sf^ montra en silence
/ireî du Weser. Il iita h casc/ne de sa tête; qî\ une noble
ffîançheur courrait sa (ouf/iff* ihfXf*lfire. A ce Sffjne, ffs en-
nsinis reconnarejtt le roL Gcsla Dagob. I, IL G. !2J9.
Entre te guerrier chevelu et le moine tondu, le firêlre
observe un milieu» Il ne garde qu'une étroite couronne
de cheveux, et se rase la barf>e, du moins le prêt m de
i (église latine* Les Normands, soldats du Saint-Siège,
i^euple de culture tout ecclésiastique, adoptèrent de
l>oane heure ce dernier usage. Lorsque les Saxons les
virent débarquer à ïlastings, ils s'Hininèrent de voir ces
^^^jnimes d' ai'mes tout rasth\ et ils se demandaient si ce «V-
^^^t pa^s nne armée de prêtres ^
L'homme libre a seul le droit de porter les armes,
P'irtieuHèrenient ru% assemblées (Voyez le livre du Ju-
gement), Sa vie est estimée plus haut que celle du seH'.
^«JQs parlerous plus loin des compositions diverses du
^erf, du libre, du noble et du roL
*' Gviill Mftïmesbur., apuit Scr. fr. Xî, 18:j,
CIIAPITRE DEUXIÈME
ELECTION, CoUaû>ÎNl!;UEXT ÙU ROI, DUC, ETC.
La formule la plus origîuaie el la plus complète e?ï
celle i3e riiilronisalion du iluc de Cariiithie. Kilo était
obâervoe au treizième et au quatorzième sièeles; mais
elle porte les caractères d'uue haute aiiijiiuitè :
Chaque t'oiis (jifiui nuuveap duc vient recevoir bom-
magc, un |iaysan de ta race dcis Ediingcr, qu'on appelle
li3 paysau-duCj vient s'as^seoir à Zoîlfeld sur le s^ièp:
ducal de uiarbrc. Autour de la pierre, en dchorà de l'eu-
ccinte, se tient rangé, à perte de vue, le peuple de la
coDlrèc- Le due revêt un surtout gris à ceinture rougr
et gibecière velue ; du pain, du fromage et des iûslru-
ments d*a;jriculture, se trouvent danâ cette poche. Il a
iiiix pif^ds des souliers lacés, à nœuds rouges, sur la tôte
un chapeau gris à la ra(;on des Wendes, un manteau grï:>
sur les éijaulcâ, cl à la main un bâton de paire- Escorte
do deux seigneurs du pays, il s^ipproche du siège; à
^cs côtés marchent un taureau noir et un maigre cheval
do paysan ; derrière lui la noblesse, les chevaliers ca
Imbits de fcte cl dansà le plus grand éclat, portant les
insignes et le drapeau du duché. Dès que le cortège
arrive à la pierre de marbre, et que le paysan aperçoit
le duc, il s écrie en langue des Wendes : El qui donc A
117
emmil entre ki? — C*c-sl le prince du pa-vî*. répond
&ulo. — Lo paysaji : Esl^il iin ju.stc jngp t a44l !e
dti pays h cœur? €st-il n*^ libn* pX r^KnVlion? ^ M
. et il le sera, répontï la foule touf tVmw voix, -^ Je
aande alors de (jiiel droit il me lera r|uittor cette
ce* Là-des!*Lis le comte ife Gœrz prend la parole : Il
Ihêlera la place pour soixatilc pFeiiniripé, les bêtes de
I (cheval et taureau) que voici seront licnncs, comme
II les habiti^ du prince ; libre ^era ^i maison et ta
mm ; tu ne paieras ui *lîino ni redevance* — Le
Eiu alors dtjunc au tlm: un petit coup sur la joue,
rite à faire bonne ju8tîce, puis dciscend du siège
amène le ciicval et le taureau.
Jors Je uouveau duc prend place .sur le siège, brandit
nue de tous tes côtés, et promet droit et justice
^peuple. Et, en sif^ne de ijiuiplicilé, il boit un coup
iu fraîche dans son chapeau* Le cortège se dirige
Hite vers Féglise Saint-Pierre, située non loin de \k
ftine colline, pour y assister au service dîvîn* Le duc
! ses habits de paysan, pour rev*Mir les i ris i gués de
puis il s'assied à un festin splendide avec lano-
et les chevaliers^ Au sortir de table, il se rend
icliaiit de la colline. Là se trouve un autre siège à
ble place, mais h dos commun. Sur la place de
nt, et le visai^e au soleil^ se trouve le duc, qui, le
f t]Ui les doigts levés, jure de maintenir les droits du
fc. Puis il reçoit à son tour le serment et rhomraiîge
lire^ et il distribue les iîefs. Assis à la place
ée, le comte de Gœri répartit les fiefs qui relè-
! de lui, comme comte palatin héréditaire* Aussi
[temps que le duc siège et fait les investitures, aussi
emps ceux de Gradriccke ont le droit antique de
ber du foin, à moins qu'on ne veuille se racheter
PS eux* Les Rafiber (brigands?) ont, dans le môme
ps, liberl"^ de piller ; et les Mordaxtcr (meurtriers da
lie ?) peuvent mettre le ieu dans le pays partout où
118 INTRONISATION. — COURONNEMENT.
ils veulent, à moins qu'on ne compose avec eux. G. 252.
En Ecosse, on faisait asseoir le nouveau roi sur la
fameuse pierre de Sconc, que les Anglais ont transpor-
tée à Londres, et qu'on voit à Westminster *.
En Suède, les électeurs s'assemblaient près dTpsal,
dans une prairie où de vieilles pierres étaient entassées.
Sur la plus grande, on élevait le nouveau roi. 11 s'y
tenait, non de lui-même, mais soutenu par les chefs...
Les électeurs siégeaient sur des pierres, et de là don-
naient leurs sutTragcs ; la stabilité des pierres désignait
la stabilité de l'acte. Saxo gramm. Puis Ton immolait
et l'on mangeait un cheval, et le bois du sacrifice était
teint de son sang. G. 236.
Les empereurs romains, comme les rois barbare^,
sont élevés sur un bouclier. Nous en trouvons des exem-
ples pour Gordien ^ et Julien, pour Vitigès, pour CioviSy
Sigrbert, Pépifiy etc. L'un des derniers exemples est
probablement celui de Baudoin de Flandre, porté sur le
pavois en 1201, comme empereur de Gonsianlinople ^
L'empereur grec est, comme nous l'avons dit, élevé
sur un bouclier. Le patriarche et les grands dignitaire*
y portent la main. Le patriarche oint l'empereur en di-
sant : Sanctus ; et le peuple répète trois fois. En lui po-
sant la couronne sur la tête, le patriarche dit: Dignus...
A la communion, l'empereur boit le vin, non dans une
cuiller comme le reste des fidèles, mais dans le calice
même du patriarche. — Durant la cérémonie, la mère
du nouvel empereur tient un rameau d'or couvert de
perles placées en cercle. Avant d'entrer dans le trésor
où sont conservées les choses saintes, l'empereur prend
le diadème et revêt un sac... De la main droite il tient
une croix, de la gauche une férule *,
1. V. Michdot, Hist. de Fr. 1. 1, livre l»' sub finem.
2. Herodian. lib. VIII.
3. Raumer, Hohenstaufen, II, 23.
4. Marteue, II, 569-574.
iXïrHOSSEMKKT.
119
Après le couronfif^mmlf ceux qui sont (*harg(>fi de la
COtJstnielioii de?* tombe ;iiix prennent quatre ou cinq
pi^lil^ moreeriux île (uarl»re île diverses couUurs* Puiis
^'approcltanL «Je reinpereiir, il.'^ disent : Seigneur, do
|ael métal ta Piiissiiiiae veot-elle qu*^ isoil construit Ion
ombeaii ' ? — lin homme se présente devatil le nouvel
tope^♦^u^, lenantdiiue nuiin titj vtise plein de cendres cl
W*08semefits, et de TaïUn^ une étonpe de lin lin rccau-
|rerte irun duvet léj^ei-. i)u en approelie la tlamnie qui
iévore tout en uu clin d*œil *.
Aurnunumoment du roi deGermanlei rarchevêqnede
(Cologne d\\ : Iteçois ce glaive de la niaîn des <h<>quesj
jf reçois ranueau de la dign il i^ royale. Pnis tii lui di.»uuant
lleasceptre ; Keçoi» la ver^^e de vertn,,. Ktcnlin : Keçujg
|b pomme d'or, qui signifie la monarchie de tous les
uyaumes- — Lor^^qull a reçu le ^daive, il le brandit,
lis le reinet dans le funrrean, — Le ^^laive que le pape
ittaehe au eotô de remperenr^ le. t'ait soldat de saint
"ierre ^, ~ L'enqiereur reçoit trois couronneSj une d'ar*
ewlj à Aix-Ja-Clra[ielle^ comme roi de Germanie, une
ie fer h Modène, eonime roi de l.ombardie, la Iroj-
lième d'or, h Bome, comme empereur** — Celui qui
menait se faire eourouner à Hoine, devait recevoir deux
couronues durant ^on vuya^H% une d<' paille à Modène [?J
l'autre de fera \lilan /
Ro^f*r 4le (ïoveden donne des détails I/iznrr^s et peu
|lrraisemhlat)teîi sur le f:ouronnemenl de Henri VI; — Le
eiglieur jiape était assis dans la eliaire ponlifieale,
^naut entre ses pifds la couronne d'or. L*empereur et
îimpératrice prosternés, reçurent de ses pieds la cou-
L LtoritUi*, \1tft g. Joaunis Aleitand. epiac. c, 11. l^tàrtcaei U-
X Pctii DaQiianî, epist. 1", Ub, r» Mnrlcnc, tl, jtia.
3. Martone, U, 58US89.
4» Martene, II, Sfiiî.
120 COURONNEMENT. — SACRE.
ronne. Aussitôt qu'elle fut placée sur leur tête,- il frappa
du pied la couronne et la jeta à terre, voulant signifier
par là qu'il avait pouvoir de détrôner Tempereur s'il dé-
méritait. Mais aussitôt les cardinaux la ressaisirent et
la replacèrent *.
L'empereur [en 1495] ayant prêté le serment, em-
brassa de ses deux bras ladite colonne de marbre, sym-
bole de l'Italie ; de môme que cette colonne est droite,
de môme sera droite aussi la justice de l'empereur *.
Lorsque l'empereur Sigismond visita notre Cbarles V :
A la chapelle dcscendi r Empereur, et fu montez sur le
destrier que le roy lui oi envoyé y lequel estoit morel (bai
brun foncé) et ne fu mie sanz avis envoyé de celluy poily
car les empereurs, de leur droit, quant Hz entrent es bon-
nes villes de leur seigneurerie, ont accoustumé estre sus
citevauls blancs ; si ne voult le roy quen son royaume le
feist, affin qu'il n'y peust estre noté aucun signe de domina-
tion ^.
Le jour de son ordination, l'empereur sert la messe
du pape, et lui offre le calice comme sous-diacre *. —
Le pape doit chanter la messe, l'empereur lire l'évangile
et le roi de Sicile l'épître. Mais si le roy de France s'y
trouve, il la doit dire devant lui^,„ Oudit échafaud fut
ledist roy Loys dépouillé de cette cote blanche, et fut vestu
de tunique et dalmatique, comme soudiacré et diaa^e ^
La cérémonie hébraïque du sacre par l'huile fut re-
nouvelée par l'Kglisc en faveur des rois de France. Pépin
fit consacrer sa royauté nouvelle par l'onction sainte.
i. Martene, H, 568.
2. J. Biirchardi Diar. In Ecc. II, 2074.
3. Christiue de Pisau, VI, 70. Yoy. plus bas TEnlrée féodale et
l'importance du cheval blauc comme signe de suzeraineté.
4. Guill. Durand, Ration, lib. II, c. 8.
5. Marlene, II. 593.
6. L'ordonnance du sacre et coronation du roy Loys de Sici)e
faite à Avignon en 1389, ap. Labbe, 640-199.
SACRE. !2l
Charle magne fut oîïit par tout le corps des pieds â la
tête, t^elon les rites jUits ^ Les rois des autres nations
prétendirent aussi k cette cûnsâcratîon ; mais rÉgliiàe
fut pour eux moins prodigue : Les y^ois d'Angleterre re-
çoivent l onction sur la Lèic, mr la poitrine et sur les bras.
Les rois de France la reçoivent sur neuf parties du curps^ a
la téle, à la poitrine, entre les épaules ^ sur les épaules j
sur ksjotntwes des bras^ enfin sur les mains '.
Adonc H arche.vesf^ues doit prendre fampole de la main
de Vabbc (de saint Rémi), ci si li doit promettre en bmine
fùy que il la rendra.*. Sur t autel doivent être la couronne,
l'épéet les éperons, le sceptre^ la main de jnstlcCr les chaus-
ses de sotcmoielle brodée de fleurs de lis d'or, et la cote de
celle coaletir et de cet œuvre mesmes faille en manière de
tuniques^ dont les soudiacres sont vestus à la messe. Le
çtiambriùr ta reçoit des mains de l*abbé de Saint-Denis
pour en revêtir le roi ; Et aussi li doit lechambrier vesiir
par-dessus le devant dit sercot, en telle manière que il doit
avoir lamaindestre délivre devers t ouverture du screot^ et
mr la senestre jmin doit estre levé léser coi aussi comme la
c fias u ble d\tn prêt re ^ -
Le caractère féodal domine dans le couronnement du
roi d'Aui^leterre. A son sacre, on portait devant lui des
éperons ii*or. li donnait à rolTraude un marc d'or pur. Il
prenait lui-mémo la couronne sur l'autel et la donnait à
rarcbevéfinc de Cantorbéry *|ui la lui rendait. Au ban-
quet, ceux de Londres servaient Tes mets, ceux de
Wiûton les vins *.
L'entrée du souverain et la prise de possession repro-
duisent parfois certaines cérémonies du mariage* Ce
1. ilartpue, II, 508.
2. Mai'tene, lî, 595,
3. L'ordoniiarico a enoiDdre et â courooner le roy, écrite du
temps de saint Louis, publiée dans le Q'rc-moDïal françoi*, et
mieuT lians TAIL cbrou. de Labbe, p. 61^, 19'J.
A. Sacre de Kii:hard, apud Royor de Hoveden. Marteùe, III bOLï,
lââ JNTHONISATÏOÎf FÉOÎIALR.
sont comme les fiançanics ilii prince avec le peuple : —
Charl^^s arrivé à Rouen, ceulx de ladkte ville le r^c^urml
et le menèrent en Pintelde leur taille, ou illec rcspojmrmi
â leur duc, et en ce fnhanl lui baUlvrfM un anneau fjuihk^j
vnrent au dot/, que a ce faire est ordonne; kt^uel depuh
mondil seigneur Charles porta [ann6e liG5] ^
Les Assises de Jérusalem nous dornienl \e& détails de
rintrunisatioii d'un roi féodal. Elles lui imposent r*ibli-
gation de prouver son droit à ses vassaux, et de s'en-
giiger par serment à respecter leurs privilèges et les
cou lûmes du royaume : Quant le rot/atime de Jérusalem
exchritû aucun heir cosleer, mais que tlsoU le drotlàm^otr
ledit royaume, iJ doit msemhler le pim' et le$ meau^ de sçs
homes liges dou rofjaumcj et lor doit faire assavoir com&i!
ledit roijaume H est esc heu, et raconter cornent et por (/ud
raison^.. Les homes doive ni iuit aicr, en une par t^ et recoy-
der ce que le seitjnor lor a 7^equis et offert, et se il sont ar-
tain que il soit droit heir, envi corn H s\'n adooftc^ ildoivinl
malntenanl venir devant le scignor, et dire H : Sire, nous
conoisjfons bien r^ue estes tel com vous nous avez diij et
somesprests et apareillés mainlfnant de faire ce que vous
avés requis, faisant vous premier, si com vous ten am
offert, ce que vous dertls... Lors doit estrf^ aportce l'Emn-
gilCf et le sdgnor se dort agenouiller , et mètre la pamie
destre dessus, et un des homes doit deviser et dire enà :
SirÊj vous juréx sur Saintf^s Évangiles de Dieu^ com cres-
tien^ que vous garder es et sauûert^s et aiderais ri maintm-
drais el deffendrais de tout voire loyal pooir sainle Vgli^tij
veves et orphelins, en lor raison et en lor droit ure, p(ii'
ceslui royaume, et encore par voslre dit serement^ rendrez
et faire s tenir et maintenir et acompHr de tout vostre k^^
pouir les bons us et les ùones eonstnmeSf et les ascises '/w^
furent ordenées et faites audit royaume. ,. que vott^ rendre:
et fuirez tenir et miintenîr les dons el les previléges f(tie
i, Lengiet Dufresaoj, Preuves de Gommes (?)
vos devnncm^s ont don*' e( fait en ^estui tvyaume. Klaprez
ce qnt Irsdiles choses seront compiles^ ie st^fgnor fea\ el tes
homes Pun aprez C autre ^ ils doivent faire komage^ &\ com
est divisé en cestui livra ^
Les rois furent quelquefois obligés de déposer les
insignes de leur dignité en signe de pénitence. Théodoae,
exclu de Té^tise par saint Ambroi^Cj après le massacre
deThe^snloniqiie^ se dépouilla sept mois des ornements
impériaux. Le roi d'Anj^leterre, Edgar, s'abstint sept ans
de porter la couronne, pour expier Je viol d'une jeune
fi!le ^ D'autres pririees, par humiïîté ou par politi-piej
refusèrent toujours de porter la couronne : Godefrui de
Bouillonj Henri rOiseleur, Henri le Saint, Hugues
Capet, ete.
Le si^me partiripait au caractère sacré de la ehoye ^ de
là le soin que prennent les rois jïour conserver leurs cou-
ronnes. Les Hongrois firent aux Allemands de longues
guerres pour forcer Frédéric Hl à leur rendre la cou*
ronnc de saint Etienne, elMalhias Corvlri neiiarut vrai-
ment roi que quand il eut contraint FEmpereur à celle
restitution ^. Lorsque saint Louis confie ia couronne et
les ornements royaux il la garde de Tabbè de Saint-
Denis, il stipule qu'elle sera placée près de l'autel, avec
les couronnes des rois ses prédécesseurs. Lahhé et U9
moinFn itnt forratilhment promis^ disent les lettres du rui,
dr /lOHs les rendre â jîous oh à nos sticcesseto^s, sans diffi-
culté ^ ni coniradiclion, iofttes ks fois quelles leur seroni
demand*'*€ii^. (Année lâtîL)
Rapprochons du couronnement des rois, TintronisR-
tion du pape, des archevêques, etc.
Lorsque le pape est arrivé h la lourde Saint-Étiennej
I. Assises Hr JiTiisûletti, ch. 28t-"i, p. iM4.
S. Marient', H, 5%.
3. VojTK Botjilnius, rerum Hungnicarunï, etr,
i. Mealapges curieux de Philippe Labbe, p. t5;ifl.
^^
124 INTftOMSATlOlf DU PAPE.
quelqu'un de sa maiison jett(3 tic la mûnnaie d'un lieu
élev<^, |>uiî5 encore vicmiciit les Juif^ avec leur loi, pour
le compUmenier cfc lui présenter h loi à adorer. Lors-
qu'il arrive au palais Emchius, quelqu'un de sa maisàou
jette encore du haut de ce palais; ntème cérémonie à
Saint-Mare, même à Sainl-Adrieiv. Quand (^iifni ouest
parvenu à la jîlace du Lalran^ on fait aîiscoir le [>ape sur
certaine eliai.'^e de marbre qu'on appelle Stercoraria;
lauM led cardinaux doivent Vy élever, de manière à pou-
voir vraiment dire : 11 tire Tindigent de la poussière, il
élève le panvre dn fumier, î'aisseoit avec les princes ef
lui Tait occuper le tr6ne de la gloire. Cependant le pape
prend dans le sein du cliaïnbellan trois poignées de
deniers qu'il jette au peuple en disant : Je u*ai à moi ni or
ni ar^'ent, mais ce que j'ai, je vous le donne A la
porte de l'è^lise Saînt-Sylvestre» se trouvent deux sièges
de porphyre; le pape va d'abord s'asseoir snr celui do
droite, ou le prieur de la basilique de Saint-Laurent lui
donne une férule comme signe de correction et de direc-
tion, ainsi que les clefs de ladite basilique et du palais
sacré de Latran; les clefs désignent le pouvoir d'ouvrir
et de fermer, de îier et de délier. Avec celle férule et
ces clefs, il va vers le siège de gauche et il rend au
prieur les clefs et la férule, et il s'asseoit. . Le même
prieur ceint an pape une ceinture de soie rouge où doit
pendre une buursc de pourpre renfermant douze pierres
précieuses, des cachets et du musc. Et le pape doit se
tenir sur ces chaises de manière à y paraître couché
plutôt qu'assis. Aucune ne peut être couverte ou parée;
elles doivent être nues* Ensuite il est conduit vers la
basiiiquc de Saint-Laurent, puis reconduit à la chapelle
de Saint-Sylvestre, où il fait aux cardinaux et au pre-
mier des prêtres le don accoutumé* 11 est assis sur son
siège; chacun d euxs'agenouillej ôte sa raitrcj et la tient
ouverte; le pape y met de U monnaie que lui présenlc
le chaoïbeilan dans une coupe d'ai'gent; celui qui reccil
î!VTHONISATION ÉPISCOPAÎ.E,
m
Targent baise le geaoudu seigncor pape. Le chambi-llan
a devant lui une fe'mnde table couverte diâ maimaie» et il
! est assisté du clert; de la cLanibre et de deux marchands.
Le pape e^i assis seul à uoe table élevée, où sont pïaci^n
I de grands vases dor et d'argon t.., et romartiuei i[Uû
I pendant qu'il mange, il se tient debout, vêtu, chaussé et
troitré '.
lorsque tarùhetêque de Tours avait reçu le don de cùn-
hicralioiï, il atialt à pied du monastère de Sainl-Julkn à
^glue Stunt^Mariin^d'oà il tHmiporléà ta cnlhédrah- mr
'mtiif!s deii ùarom, 11 existait dans régîîse de Rouen
ifque trace de cette ancienne coutume : L'arckmêqite
Tnmvellf'itieni ordonné venait à pied dt: té^lise d*an$ mile
|»OWJm% marchant mr la paille $emée devant lui =*.
Quelqucrôis on donnait au nouvel élu llnvcstiturede
[son égliïie : V archidiacre de Reims doit conduire rèvéque
Kflu mn des cloches et lui présenter une des cordes qui les
netiml en branle, l/évéque la saisit au$siiôl et Vagite;
te$î ainsi quil est imeali de réglise^\
Confinaalion de Tévèque par le pape : — Le pape :
iTout ceci a-t-il lieu parce que vous avez dignement tra-
■faille? — Rép. iMcïs frères que voici ont bien voulu nié-
llifé, mrij indigne, pour les présider comme leur pasteur,
Dem- l^tcs-vons de cette église on d^nne autre? —
lép. Be cette égîîsc même, — Dem» De quelle honneur
fétes-vous revêtu? — Kép, Je suis prôtre — I>em. Corn-
l>iep avex*vous d'années de prêtrise? — Rup, Dix années.
tAvez-vous été en mariage? — Rép, Jamais. — Avez-
lifous pourvu à votre famille? — Rép. J'y ai pourvu* —
iDem* Quels livres Jît-ou dans votre église? — Rép.
[LHe[italïquc, les Prophètes, l'Évangile, TApocalypse,
:les Épilrcs de saint Paul et le reste. — Dem. Gonnais-
i. MaHene. If. 248-2i».
2. MartLmt% II, 82.
3. MdH^nc, H, 81.
mw^^msm
^26 IXTRÛXISATION ÉPISGOPALE, — MOINE.
sez-voua ien Canons ? — Régi. Ensei^niez-nous, Sei-
gneur'.
Dauy ïa cért'inotiîe tki sacre d'un évoque, on ouTrait
lo livre afin ûe ?^av*>ir ce qu'on devait altendre de son
ponliiicaL Une fois le livre s'onvrit à cos 01014 : Ipsias
animani pertningihit ^dadius; (une épéc lui traversera le
cœur). Guïberl de Xoi^^ent, qui raconte ce fait, dit f^iùm
tira aussi soiiprctnosftc hrs*fHil prit po$semoft de rabkuf.
de Nogctit. ^Si In paqe qui se pn^senfait à rotwfrture du
livre était vidt^, c'était, dit le même Guïberl, un tr'-$
inativais pre^fiffe. — Au wacre d'Albert, êvèque du Liègtf
J'archevêque qui officiait ouvrit T Évangile et lui ■ t Le
roï Hérode envoya un de j^es ^^ardes avec ordre di^ lui
apporter la tête de Jean, et ee ^ardt> étant entr*.^ dan?;
la firison lui coupa la tête. » fc Mon fils, dit le prélat au
nouvel évéque, en le regardant avec des yeux baigné?
de larmes, vous entrez au service de Dieu ; tenez-vous-y
toujourâ dans les voies de la justice et de la crainte, et
j^rrpai-f^z votre âme ;\ la tentation, car vous serez martyr. *
W lu: l'M efïet assaïîSinè par de?5 émi^ssaires de l'enipr-
reur Henri Vi, et TÉ^dise rho[iore comme martyr'.
A la réception d'un moine, tous ïes frères agenouilié?i
lui doivent répondre : La socfété tVimi et la vmtre venU
avou\ Et Tabbé leur dit ; Que vunlf^z-t^ous dh^e? Eux, à
genoux, doivent ré|)ondre : JVous demandom et voulons
avoir la socifHé de Dieu et ht votre. — Le nouveau moine
dit : Sire, de ce je ne me fie en moi, mai$ eu IHeu et madmm
sainte Marie ^ et en fous les saints f*t saintes, et en rows.
Siî^e, et de saint Convmt de chiens (de céans, d'ici) : qa*^
je serai oùédient jusqu'à la mort. Et se le diable me mu-
1. Mart. Il, 2J8. Kv\\\A tk- Ly<^n, Aiiti'rJPur a Tan aOO (?j.
2- V, Acadtm. df^s liisci\ XXXI, tijas. ilft Yiih\yî^ lïu Resiii>l sur
les sorts des saintî^, et 1 Vxi^ellent Mémùite de M. Nicias GailUrti,
avocat gérjrfrtl à I.1 conr royale de Poitier», Mém. de t& sod^lt
des antiquaires de rOut'sl^ 1^.?^-
T^ttÊT^ÉS.
127
iaît de ce retrairt*, Je vom prie. Sire, que me fimez t<*nir
RUuf'l de l'église de SaiiU-Martin de Tours : — Pmi-
^ itmf çn\vi lit répître^ tf? &énéchaî le mène d ta ut ci en hait il
de rkfrm\ ta serviette au Côu, €L*/anî dan$ ta main dcB
m^fffix ; ià^ le prêtre de semaine lui coupe un peu de »es
rhf^vejtx ; puis te i/ais'^ Ain^i font ie diacre et te sous-
diaerç^ pfiis tê se né chat te conduit dans le vfiœur. près dti
doyen et du (résoriar, enmtte vers te cfmnoine, et iôm lui
Cùupmt çueîifufis cheveux et k haiseni. Les ciMnuxmnt au
iénéchaî, et la sercîeite à ta fahrifpn'^*
Un |inf>i^af5r« eiiripux et Iniicliunt «te ta vie de saint
(Idon, abbé di* Cl ruiv, nous a|tprend *iue les pnMres ayant
une fois reçu rotule à leur ordinaLion, fa portaiotit lo
joar el la nuit : — Le mlnt tétant éveillé la nuit qui êuivit
Ion ordinal ion, et votjant pour ta première fois téloîeÈUS-
pendue û son cou, $e prit à pleurer-^.
i. Martfnf, fl, 4f;:» A^ *r.^|irùs le rituel tic Sahil-thjen d** Ri»tioïL
2, Murtpopjl, 313.
li, IImcÎ, G4, s. Otli>n. CUin, viln, lib. I, n, :n.
CHAPITRE TROISIÈME
LA CHEYAUCIIEE LK HOY, LA COrB, LES CHAXDS OFFfOERS
De mèmq que la déesse Hertha, sur son char atlelé
(Ig bceufs, [înrcoiirait chaf]ue annùc la Germanie, et
' ramenait pai-tout b paix sur son paiiîSage, ainsi le rei
barbare ouvre ^on l'ê^nic eu chcrauchant sou royaume;
il en parcourt lati limites ponr en prentlre poissession et
pour assurer la paix publique. Dagabert visite ainsi la
Xeus^lriCp la B^urgo^^uc et rOsslrasie. Hugues Capptj à
la lin du dixième siècîe, observe la même coutume'. —
La vhevattc/tre le ro^jj comme inapeelion des routes, se
faisait naguère eïa-ore à Jersey, cette petite ile anglaise
en face de nos côtes, que le roi d'Angle terre possède
personnel I émeut coniuie duc de Nornuuidie*
Les rois de Suicide faisaient au:?si la chevauchée j mais
ils devaient aller dans la direction du sud, à Tencootre
du soleil G. 2J8.
Les Méroviugi eus semblent avoir h (î rite du char de
la déesse llertha. Lorsqu'ils se rendaient au Champ de
Mars, et partout où ils paraissaient en public, on les
voyait sur un char attelé de bœufs*. Aussi, dans Tiîchelle
L Gesta Ambaaii'DsiaDî, npnd ScripL icr. Kr. X, Î38.
2, Egîuhanl, Vita Caroli magni^ millo.
CARÙCCIO- — CIÎEVAt3CnÉE,
129
' des compo^if ions, hi bœuf du roi est filaco plus liaut guo
son waraiïiiîo cm cheval i\Q guerro, Uuî t^^ ^^ waranoin,
["paie snixaiilB solidi ; ijui lue le ïxiMif ou le taureau du
roi» en pale quai re- vingt-dix* — ^ Celte coutume des rois
hnérovjtiï^iejis siinible avoir aussi appartenu à d*autrei?
{racey de n»is barbares. On voit encore sur une coloime,
\k Constaulinopîe, 1« rhar d'uu nn caplit; auquel de.i
[bœufs ioui atlelé:^* — Vopiscus in Aureliano^ IVS : L'on
[prit aussi un autre char alleic de quatre eerfs, que Ton
[dit avoir appartenu au roi des Goths. G, 203,
Oaus Icié- républiques italiennesj c'était le Christ et
Tétcndard de la cité que l'on plaçait les jours de ba-
taille sur le chariot ou caroceio. Les bœufs qui le traf*
Loaient portaient des couvertures blanches ou rougoa ;
[Us étaionl consacrés exclusivement à ce service, Aruol-
phe de Milan (Muratori, lY) parle le prenner pour
IraiinÉe 1039, du caroccio, Corius, Hist. MedioK, part. 1 :
j Quatre paires de bœufs f rainent ce char; une soie
[blanche les couvre avec des draperies loarquées d'une
[croix rouge. Le maître (magister) du caroecio est uu
I homme honorable, auqnel la cité est tenue de fournir
cuirasse, épée et solde annuelle, — Les Souabes avaient
. nn char ëemblabic, lorsqu'ils marchèrent en 1^86
contre Tempereur Henri IV. Othon IV eu avait un à
' Botivines : // élem sur son char un pieu, el au hmi de ce
\ pieu il mit un dragon, GuiîL Armor, Philipp. Un autre
I historien fait Diejition du carrosche avec la bannière des
Pay6-Bas, et de celui de Mayonce sous Albert h G.
363-4.
Le roi féodal n'e^t point traîné sur son char comme
les Mérovingiens. Le faible et maladif Charles V che-
vauche lui-même à îa tôte de ses serviteurs* — Vacous-
tumée manière de ckeimuchier esfoii de twtafjle ordre : à
très granl compaignie de tarons cf prinres et tjentilz
hommes bien montez et en riches abis, luf/ assis sus pale-
*'rot/ degrani esHUe^ tout temps vestu en aùil roijal, ehc^
130 COI H.
vauchani entre ses gens^ si loing de îivjpar teiie et si hono-
rable ordormance j {^w^ par raûr7ir maiiiiieti de son bel
ordre, hknpemt sçavoir ifl cognoistre tout homme, estran-
gier ou autre, lequel de tous estoil le roy ; ses genûhhom-
mes devant luy 07*deîtez, et gens d'arrnes, tom esto/fez^
Comme pour combat tre^ en ïiombre et quantité de plusieurs
lances j les que h estoyent soubz capitaines, cheval iet^s nota-
bles f et tous reeepDoycnt beaals gages pour la desserte de
e*'l office; les fleurs de lis en esc harpe portez dcuant luy^
et par Cescuycr d'escuierie le mon tel d'ermines, l'espéê et le
ekapeî royal, scions les nobles anciennes cou stumes royales.
Devant et après les plus prochains du roy chevauchoient
les princes et barons de son sang, ses frères ou autres ;
tnais nuljà tie fapprockast, se il ne Vappelast : après luy^
plusieurs groz destriers, moult beauh m deîre^ estoyent
mentez, uorncz de moult tnehes harnois de parement; tft
quant il entroit en bonnes villes, oà à grantjoye du peuple
est oit receus ou ckevancho'tt parmg Paris, oii toute ordon-
nance es toit gardée, bien sembloit estât de très hauit^
magnifie, très pois^anl et très orden^ prince^.
La chevauchée faite , le roi ouvre sa cour, et tient son
banquet royal La disposition du palais et de la salle
de^ fesUns, Tordre de la cour barbare, la hiérarchie des
serviteurs, ne sont prérfenlés nnllû part avec des détails
plus circonstanciés et plus ori^nnauxque dans les monu-
Jiients de l'Irlande et du pays de Galles * :
Le palais de Taniar (en Irlande) était anténeyrement
la résidence de Gonn aux cent batailles; c'était le siègre
de tout roi qui ^'ouveniait dans Taniar du temps de
Niall an?c neuf tours. (1 était construit sur le «ombre
Irois; car ee roi avait fait vœu de bâtir trois tours. Le
palais de Laogairo u'élait que la troisième partie du
1. Chrislïnr de Pisan, U VI fje Iri coll. des Mi'th. p. 2S2,
2. D^scriplian «ie la salle J.'s fostins de Tamar ou Tara, d'après
un ancien ïu^^r, irlandais du collège de la Trinité à DuljJin* CollecL
de rebuâ Hil>^m, li, £ïl4-&âO,
|>aiai,s «tf Cormar, Du temps tic Langfiirc?, il nvait seu*
leiiieat trois cents [nods nwvv^^ vimiuAnïv appartemerits
el i*iat[iiaatiî honiine:?^ (laiii^i rhanm, cimiuaiite chambres
pour It'în î^ardes, el vingt fiounnes ilnnii charime. La.
Jiauteiir *Uait de Irr^nti? roadÎH^ï^; Je diamtdre We Ten-
ceinte qui enlouruit le [iîilîiis était rie sept jeb d'yii
javelot La riri-iHiférêitco du palais etnft égale a« dia-
miHre de Tenreinh*. Il y avait &îOpï entrées- On y voyait
cent cinquante eoupes ordinnirciâ; cinquante cornes à
boire curiensoment dorées; cinffuaiite coupes curieuse-
mi gravéeîï pour Pusage particulier des nobles.*- l-a
_ iiilenrdesî chandeliers «Hait de eîufj roud*^es^ et daus
rhaeuii il y avait (jualre flînvdx'anx. ïl y avait sept a^tnv
lognèï^» sept bistorienSj et un druide ^enienient, un seul
tniiDeou comédien et professeur de musique. Il n'élait
pas i^ermis dVn avoir ilavantage dans ce palais; et dans
la cour pas plus d'une vijilure ou chariot à la lois pour
éviter la confusion. Sous le ri'*gne 4to Corniae, te palais
de Taniar avait neuf cents pieds carrés; le diamètre de
renceiûte qui entourai ï li* palais avait sept portées de
javelot : il contenait cent cinquanle appartetnentSj cent
cinquante dorloirs pour les fçardcs, et soixante hommes^
daii^ chacun; la hauteur <Mait de vingt-sept aunes,*.
Douze purches, douze jiortchj et mille hôtes par jour,
outre iesprincesj les orateurs et les hommes de science,
les graveurs en or et argoof, les ijraveurs en pierre, le»
modeleurs, et les uobles.
L a sali e ( \(i s ban q u e ts o (îr a il d f m 1 7. e d i v i s i o n s d e tables
df» chaque cètéavec seize serviteurs; huit pour les aslro-
lofTues, historiens et secrétaires, au bout de la salîe, et
deux pour chaque table h la ]»nrte. U y avait en tout cent
eonviveg, A charpn^ repas deux boeufs^ deux brebis et
deux porcs, étaient distribués également. Le nom dé la
Sîdle était Bruidltean. Les qtïanlités d'hydniinel et de
beuiTë qui s'y cr*n sommaient chaque jour» surpassent
Igul calcul : il y avait vingt-sept cuisines et neuf bassins
132 COUR. — SERVITEURS.
pour laver les mains et les pieds, cérémonie dont n'était
dispensé ni le plus grand ni le plus petit... Énuraérons
maintenant les ordres divers de Filé (philosophes et
poètes), etc.
Il y a, disent les lois de Galles, quatorze hommes dans
le palais du roi : quatre ont leur place dans l'étage d'au-
dessous, dix dans Tétage supérieur. Le premier est le
roi qui doit être assis près du feu. Auprès de lui le
porteur de torche; puis vient Thôte, l'étranger, ensuite
le maître des faucons; ensuite le teneur de pieds (Voyez
plus loin). Près du feu, de Tautre côté, s'assied le cha-
pelain de la maison pour bénir la nourriture et chanter
les prières du Seigneur; et le héraut doit frapper le
pilier au-dessus de sa tête. Auprès de lui est assis le
juge de la cour, ensuite le barde de préséance. Le for-
geron de la cour est assis au bout du banc avant le prê-
tre. Le maître d'hôtel doit être au bas bout de la salle,
ayant la porte à main gauche. Ceux de la famille qu'il
invite, doivent siéger avec lui... Le barde de la maison
se tient à l'autre côté du maître d'hôtel. Le maître du
haras doit être proche du feu avec le roi, tandis que le
chasseur en chef doit être de l'autre côté du roi avec le
prêtre *... Le huitième seniteur est le barde de la mai-
son. Il doit posséder un champ en toute franchise et
avoir un cheval à sa disposition. Il reçoit de la reine son
vêtement de linge, et son vêtement de laine du roi. Il
doit être assis à côté du maître d'hôtel dans les trois
grandes fêtes, afin qu'il puisse faire résonner la harpe
sous sa main : il réclame les habits du maître d'hôtel
dans ces trois fêtes. Si un chant est désiré, le barde de
préséance commencera. Le premier chant est pour Dieu,
et le second pour le roi qui tient la cour : s'il n'y arien
à lui chanter, on chantera en l'honneur d'un autre roi.
1. Probert, p. 92. — V. aussi THistoire du pays de Galles, par
Warington.
SERVnEl'RS. 133
Après le bardo dp- ivrés<5anre, le banle de la maîson a la
ch?irge de chanter trois cliants. Si la reine d^ëlre uti
chant^ que le banle de la maison aiHe et lui rharile tout
chant qu'elle désire, mais à voix basse j pour ne pas trou-
bler ia joie dans la salle. Il a droit à un houe ou h un
bœuf sur le butin que la famille peut enlever au royaume
voisin, lorsque ie roi a choisi son tiers. H doit aussi
chanter la monarchie de Bretagne, pendant qu'on par-
tage le butin. Il a droit k uuo tablé d'échees, faite de
récaîllo d'un poisson de mer^ et k un anneau de ïa reine.
Son logis est ehez le maître d'hùteL Sa protection est
conliée au maître d'hôtel. 0"ûnd il chante avec d'autres
bardes, il a droit aux parts de deux hommes* Uui l'in-
sulte, paie six vaches et cent vinj^t &ous d'argent; qui le
lue, doit payer une amende de cent vingt-six vaches ^
Le page de la chambre couche dans la chambre de la
reine \ son Ht est dans le cabinet, afin qu'il puisse 6lre
prêt à la défendre d'un guet-apens. La iille d'honneur a
son lit dans la chambre de la reine, afin de pouvoir
entendre le moindre mot qu'elle dit.
Servi teu ris infi^ricurs : Le second est le tenem^ de
pieds,,, son office vient du privilège de sa terre. 11 doit
tpuir le pied du roi dans son sein, depuis le raomenl oh
il commence à s'asseoir au banquet jusqu'il ce qu'il
aille coucher. C'est lui qui doit frotter le roi. Durant ce
temps, il a charge de veiller à ce qu'il ne lui arrive
wial. Son droit de garde dure depuis le moment où il
prend les pieds du roi jusqn^âi ce qu'il aille k sa maison,
fit il peut emmener le criminel qu'il protège. Il a le
privilèjre de manger au même plat que ïe roi, le dos
lourné au feu. — Le dixième serviteur est le chef du
chant : il doit avoir sa terre en toute franchi se< 11 com-
"i*Hicera par chanter à la louange de Dieu, et ensuite k
la louange du roi qui lient la cour... Personne ne peut
L Probcrt, lois galloisea^ p. iÛ4-îi,
134 SERVITEURS.
demander gratification, si ce n'est le chef du chant ; il
partage avec ses compagnons, et deux parts lui appar-
tiennent. 11 réclame vingt-quatre sous de chaque mé-
nestrel lorsqu'il a clos ses leçons. Il réclame quatre
sous de chaque femme qui a dormi avec des hommes.
A lui reviennent les droits de mariage des filles des
autres ménestrels... Il doit coucher avec l'héritier pré-
somptif. Son droit de garde dure depuis le moment où
il a commencé à chanter dans le palais jusqu'à ce qu'il
ait fini son dernier chanta
Un empereur grec a décrit l'intérieur du palais de
Constanlinople. Luitprand l'a fait aussi dans son ambas-
sade. Guillaume de Tyr nous a laissé une description
très curieuse du palais des Fatemites, au Caire. (Voyez
mon Histoire de France, Croisades.)
Chez les barbares, la domesficité s'anoblit par le
1. Voici les trois degrés du bardisme. Au premier est le chef
barde ou le libre barde priviléj^ié, qui obtient sa dignité en {étu-
diant sous un maître légalement auto^risé, sous un barde de l'as-
semblée bardiqiie. 11 doit conserver^-tous les souvenirs des arts et
des sciences, tant qu'il continue d'exercer son office de barde. Il
doit aussi garder les souvenirs et gestes de l'état et de la tribu
concernant les mariages, les généalogies, les armes, les héritages
et les privilèges de l'état et tribu des Cambriens. Au second degré
est rOvate, qui obtient son privilège pour son génie poétique et
ses connaissances précieuses, après avoir donné des réponses jus-
tes devant l'honorable assemblée des bardes; ou s'il n'y a pas
d'assemblée, devant les sessions judiciaires du chef de district
ordonnées par la tribu; ou devant douze des juges ou des jurés.
Au troisième degré, est le druide-barde, barde gradué par l'as-
semblée, versé dans les sciences et la sagesse, et capable de com-
muniquer son jugement et ses vues... il est élu par scrutin. ..
Probert, p. 36. — Chaque chef de la harpe a droit d'exiger vingt-
quatre pences des chantres qui délaissent la harpe garnie de
cheveux, pour s'unir à la société des ménestrels. (Quelques bar-
des ont maudit l'introduction des cordes modernes comme infé-
rieures à celles qui étaient faites d'un long cheveu de femme.)
Probert, p. 239.
OFFiniERS,
dévouement volontaire du serviteur envers son chef j
c*est comme un souvenir tie Tancienne fraternil*^. des
compagnons dans la bande guerrière. La four <!u roi
mérovingien est composée de ses fidèles et de ses con-
vives ; tous s'asseoient k la table royale.
Au bout est placé le Major-Domùs, ou mair^ du
palais, îe premier tles serviteurs du roi^ ie ju^^e et chef
des leudes, qui jdui^ lard prendra la place dn mî lui»
même. — La féodalité adoptant Thérùdité de:^ eliarges,
donna à ta domeslicîlé une sorte de caractère politique.
Les anciens serviteurs du palais eurent leur place dans
la hiérarchie féodale, et les plus grands ^eiijneurs se
firent honneur dï-tre sénéchaux, connétables ou maré-
chaux d'un roL Airisi, au couronnement des empereurïi
d'Allemagne, les princes électeurs servaient à table le
nouvel élu :
Au couronnementj TEmpereur s étant assis k table,
dans un lieu peu élevé, les officiers de l'Empire vinrent
ï^elonTusagc potu' revendi*[uerlesdroits de leurs char^^es.
D'abord les archevêques avec les sceaux do l'Empire,
car ils sont Chanceliers- Puis le duc de Saxe, Arehi-
maréchalj vint sur un haut destrier jus^uVi ta table,
portant dans un plot d'ar^^ent Tavoine pimr les chevaux
de TEmpereur ; il fit asseoir les jirim es ;\ la l aille, cha-
cun à la place qui lui était [>ré[iarce. A[irési lui vint le
margrave de Brandebourg, ArchichajnbettaJï \ de sa
main droite, il portait un tiassin d*or et de belles ser-
viettesj et tl donna à laver à l'enqtereur assis sur son
tréne. Après vint le comte palatin jKHlant les mets dans
des plats d'or; ayant tait Tépreuve, il les pîa<;a devant
TEmpereur. Vint ensuite le duc de Luxembourf^ cl de
Brabant, représentant i\n roi de Bohême, aurpiet appar-
tient la charge de grand Kchanson ; il portait le vin
dans des coupes d'or. Ayant fait l'éjn-cuve, il donnai
boire à TEmpereur. Enfin vinrent, k grand bruit, les
princes de Tch\vartïbour^% grands Veneurs, avec trois
13C OFFICES.
chiens de diasse et nombre Je cors; lU portèrent à la
labl€ irapérialo un cerf et un san^^lier,., elc.^
Nous avons aussi de nombreux tableaux des cours
féodïdQs. Les pki:3 remarquables peut-élre sont ceux
qui ont été consentes de la cour du comte de Foix% de
celles des ducs de Bourgogne'' et du roi Charles Y*.
Mangeoù en mie communément le sage r^oy Charités;
semhlablement huj plaisoii que la royne felst entre sts
pvineepces et darnes^ se pm^ g rosse une on autre impMiment
nen es loi t gardée; servie est oit de gentih hojnmes de pur
h roy à ce commis, sages ^ loyaux, bons et honestes. El
durant son mangm\ par ancienne coustame des roi/s^ tien
ordonnfk; pour ûlwier à vaines et vagues paroi les et pen*
séeSj avoit un preudommo en es faut au bout de la taf/le,
rjni sans cesser disait gestes de meurs virtueux d'aucuns
ion irej^passez.
Le premier des grands offices que nous trouvions eu
France est celui de Maire du palais ^ Dans les temps
féodaux, nous y voyons une hiérarchie de grands ofli-
ciers analogue à celle de l'Empire; mais le cérémonial
était généralement moins solennel. Au onzième siècle,
le comte d'Anjon, plus puissant alors que le roi (PUi-
lippe 1)^ faillit lui faire une guerre dangereuse parce que
le roi lui refusait la charge de Sénéchal de la couronne.
Toutes voies twsLre entention n'est pas que en noz dites
L Ludewig, ap. Str,, 629 B.
% FroiaaarJ, IX, tU%J,
3. Olivier de ta Mnrcbe.
4, Voyez dan» Christine de Pisajij une longue description du
banquet royal de Charles V* et de la rriceplîou de 1 etupcre\ir
Sifiisînotid {Qo]l Pt^titot, Vï, S4), Y, aussi V Inventaire générai dfs
joyau j' du roy Chaple^ lif Quint, dana les raonumeiita de la Dioiiar-
chie frantvLisc, par Montfaiicon (qiiîitaraiémc siùiile) ; et aiiJt ArcbW
vea du royauDK% riuvuulaire des joyaux du duc de lïerri et do
duc d'OrJrans.
Tu Sur le Mairo du patai^^ voyez la dissertatioa do M. Zin-
geisen.
i OFFICES. - 137
ùrdùTtîtances rjnz officiers fiesvez^ qui ont aucmw jurldic-
lion ou cof^twfssance de cause en nostre dite vUie d^' Pa?'iSj
comme le eomiestabie^ ie chamùeriet\ le pannetier et le
hùutdller de France, et attires officiers fiesvez^etc. ^
Ce fut Henri I" qui supprima la charge de comte du.
palais, doiït il partagea les fûuctions entre quatre nïli-
ciers, savoir, !o chancelier, le hou fe Hier, le connéinble^ le
'jrand panel kr *. Il y avait aussi le grand (/u€u:t de
France, surintendant de tous le>^ officiers des cuisines
du roi< II tenait son ofllce à vie, et à foi et hommage du
roi\
Loîî Assises de Jérusalem nous donnent beaucoup de
détails sur les charges et les privilèges des grands orii-
ciers de ce royaume *.
Le jour du coronnemént , le Senesckau, si tosi corn le rotf
hlra de sa chambre où il sera vestu pour aler au mosiier^
k Seneschaît doit tenir le septre^ H porter le devant lui
jiaques d&dan.i ri/glise et le tenir juj^ques a tant que il le
porgne en sa main^. se il (le roi) îie veut tenir le se pire
au mangier^il kdoildener au SénesckaL Le Sèneschal
doit servir le cors dou roy le jour dou couronement^ et
quand te roy aura mangié, se il ne veau tenir le septre en
sa main, le Sêneschal le doit tenir devant le roy, et porter
le devant lui, jitsquesen la chambre ou il se l'odra deponil-
krdt la robe roijalle ; et puis doit leSeneschau rnangier,
H toutes les escueles et les greaus en que il aura servi le
cors dou roy dou premier mes doivent entre jfowejf (siennes),
plaines de tel viande çom le cors dou roy aura eslf' servi
C€lui jour, ht il y doit mangier as quatre f estes annuels
de Pan ou as autres grans solernnités, qu qttant le roy uodra
porter corone.
Ci dit r office dou Conestable. Le jour dou coronement,
1- GarpDutieri lïl, 17.
±. A.rl du vÉriÛeï- tes dates, V, p, 507.
3, Lawriàre, I(,p. 237.
4. Assises de Jérusalem, cti. CCLXXXIS'CCLXCIL
•^^y-^
138 OFFICES.
le Coneatahle doit venir le matin en la chambre don roy,
et le Mareschal en sa compagnie, et faire porter le gon fa-
non royal devant liiiy et si tosi com il sera descendu en pié,
le Mareschal doit porter le gon fanon devant lui jusgues à
la porte de la chambre en quoi le roy se vestira, et quant
le roy istra hors de la chambre, le Conestable doit prendre
le G on fanon dou Mareschal et aler devant le roy entre h
cheval et autres qui poiHent les autres offices devant lui
jusgues au mostier^ et tenir le devant le roy tant com. il
sera devant Cyglise et raporter devant lui à loisir jusgues
à la porte dou mostier, et là bailler le au Mareschal, pren-
dre le cheval au roy, et tenir le par les reignes et par Tes-
trier tant gue il soit, et puis doit le Conestable comander
au Mareschal par quel voye il ira. Quant le roy sera
de.ssendu, le cheval doit estrc dou Conestable.,. Et doit
faire à faire droit par Vusoge dou royaume à ceaus qui se
clameront pour lors sodées (solde) à lui, soient chevaliers
ou scrgens ou Escuiers... Se le roy est en ost ou en che-
vauchée, ne homme en son levé, le Conestable doit et peut
estre chevetaine (capitaine) de tous les gens de rost gui
vivent d'armes et gui pour faire d'ai^mes, sont en Vost, et
sur la justice d'eaus, faisant la faire par conseill des
homes le roy^ sans le tort des hommes liges le roy^ et il en
areaut peut ferir ou pousser de masse ou de baston tous
ceaus gui sont de la chevetainerie ; sauf les chevaliers
homes liges, mais à ceaus peut il ferir les chevaus et occire
de honte coaus de chevaliers ou d'autres gens gue le roy
Ci dit V office dou Mareschal. Le jour dou couronement,
le Mareschal doit venir en la her berge dou Roy en la com-
pagnie dou Conestable, et faire porter le gon fanon royal
devant lui et si tost com il sera dessendu à pié, il doit
prendre le g on fanon et porter le devant le Conestable Jus-
gues à la porte de la chambre en gttoi le roy se vestira, et
là se doit arrester a tout (avec) le gonfanon, et si tost com
il istra hors de sa chambre, il doit bailler le gonfanon au
Conestable, et doit aler tenir le cheval le roy par les
oFncKs.
VM)
reigne^ et men**r If jîtaqyt:^ ou mfHiît*r, Et quand k rmj
mra monté, le marc se h al u doit monter sur le rhauii duu
Conéstoble lont ct>urt, et porter k got} fanon devant le rot/
à cht^vai^ et st (ost eom le rotj sera dessendu, H doil des-
, rendra et porter le g un fanon devant ii Jfï rom le eonesttibk
ia il ijrdonera jmqne^ à le ne où il deisrti mantj'iej\ ef tant
' com le rotj mangera ii doit tenir le gonfamm devaril lui,
^ ai quant il an m mangié il doil porter le gon fanon detyant
lui jtisqucs en la ckùmbre m il devra entrer pour oster ne$
vêtements i^otjtms, ^t pui^ doit aler devant le Concstable
sur le ehemtu don conestalfk, et doit estre sien ehf^ûuu. Et
^uant le Conenfaltle sera dessendus en son Ilostel^ le
Mareschal doit faire porter le g on fanon devant lui jusi^uCi
en WH liosteL,. et doit avoir le Marenchal tûtite» les ùestêB
grosses qui »eronl ï^enim don gfitng^ et doit avoir totu les
efif^enus rendns qfd seront â costéer don rog ^auf veans de
30 it hû^felj et doit faire homage au Conestalde^ ma fie rog
êl li's aut rat personnes à qui il est tenu de foi.
Ci ttprès nous dirons roffïce doit Chamberlain. Le jour
\dùu coronement^ le Chamberlain doit venir le matin en la
Chambre dou rog et attirer tous lex vt\ttemen!i ruganx en la
Chambre don j*og, que le rùij doit iJestie ponr faire soi
tôi^ner. Et quajit le rog vait au ynostter, le Chamberlain
doit aier avec les offeeiaux devant le se ne s e ha i^ et doit
porter fespée^ et enirm* u les offeeiaux au ewnr^ et tenir
fespée tant que le rmj la preigne, et puis doit prendre les
autres que ks off'f?eiau.c fiegnetit, et doncr les an rmj. Et
quant le rog est eoroné, il doit akr en tostel et faire apa*
veiller ee que bcsoing H seraj ce est a savoir faigue que
il doit douer at mains don rog quant ii vodra mangier,,.,
et avant Et aprez il doit servir le roij de sa couperet quant
te roy aura mangié, il doit aler o les autres ofjfeviau^ man-
gier.et la roupe de quoi il aura servi le rof/ doit estre
sam, et doit boire k jour dedens et tenir H devant à table;
ûê quatre fesles annuels et gruns solemnités te doit il encin
faire et servir eom il est dessus dit. Et quant aucun viûut
140 . OFFICES.
faire homage, le C kambei^lam est tenus de deviser ramage
à lui ou celui qui sera en son leuc, et doit avoir toutes les
dépouilles et robes de céans qui font tomage au roy.
On voit que ces charges n'étaient pas de simples
titres; certains privilèges y étaient attachés. Le Cham-
bellan de la cour d'Eichstadt avait droit au pied gauche
de chaque cerf ou autre bête de venaison ; mais il ne
pouvait rien réclamer si la bête avait moins d'un an.
A Télection d'un évoque, le maréchal héréditaire doit
chevaucher à ses côtés, jusqu'à la pierre des lîefs (lehen-
stein); là ce seigneur doit descendre de cheval et tenir
rétrier à Tévéque, puis monter à son tour le cheval qui
a porté révoque. Ce cheval devient le sien... Le maré-
chal enfoncera son bâton dans la meilleure huche à
avoine... ; ce bâton doit avoir une aune et demie de lon-
gueur... Il a droit à la tête de chacune des vaches qu'on
abat dans le voyage... Item, on donnera encore au maré-
chal les chevaux qu'on aura épuisés... s'il en meurt, le
maréchal en a bride, selle et peau. — Le maître de cui-
sine a le pouvoir de prendre les clefs aux paysans, de
les garder jour et nuit ; mais il doit les rendre quand
il s'éloigne... Item, s'il arrivait qu'il y eût du blé battu
sur l'aire, il pourrait y faire entrer son cheval, dût le
blé monter jusqu'au ventre, ou môme plus haut... Item,
il retire annuellement à la Saint-Étienne un pain blanc
de chaque ferme ; ce pain doit monter du sol aux genoux
et plus haut. G. 277. — ... Item (le drossarl) sera pré-
sent lorsque le cuisinier de Madame l'abbesse tranchera
le saumon que Madame a coutume de donner aux baillis
investis dans sa maison et son abbaye ; et le drossart
dira où l'on tranchera le saumon. La moitié de la tête
reviendra au drossart, l'autre moitié au maréchal de
l'abbesse ; le chambellan et l'échanson auront la partie
qui suit la tôte ; ensuite viendront le tour des autres
baillis investis dans la maison abbatiale, et les entrailles
resteront dans la cuisine de l'abbesse. 6. 251.
LANCE. — DATO?.'. — ÉPÉE- lii
Linvéstîltire est îa Iradition féodale. Une grande
partie dc^ fortnos et dcjs synibolci? de la Tradition ([ue
nous avons indiquées, pourraient également se placur ici.
Il y a toutefois cette diiïérenee que T Investi turc n'est
pas seulement la tradilioii d*unc propriét(5, mais celle
d'une juridiction, quelquefois celle d'une souveraineté.
Les signes de l'Investiture rappelleront tantôt la trans-
mission dû la propriété, tantôt colle de la puissance.
Nous retrouvons ici la Terre^ le Fétu, le Baiton, la plu-
part dés symboles dont nous avons déjà parlé.
Nous avons vu au chapitre de l'Adoption, îe roi Gon-
traû investir son neveu par la lance. — Fief tenu par Uvre-
menî de fusi (bâton) et terrée — Guerpire cum lapide,
investir par la pier^^e (acte do Marseille, année 1085)^,
— Nous aoùns êtafdi que les ùtUons marquik du sif^tie de
la commune de Marseille seraient gardés dans les ctiries
(curiis) d'' Marseille, et que celui à qui son adversaire ou
tout autre aura montré le hdton sera tenu aassitât ei
immédiatement rf^ venir à la curie ^^.
C'estj dit Othon de Frisingue, la coutumcr que les
empires soient livrés par le glaive, les provinces par
r étendard*.
Par la pointe de cette épéf^ de douze livres pesant d'or,
Je te rends le royaume que tu m'as volontairement dminê.
[)udo de morib* Normann,, lib, â. G. 4(U>? — Dans le
roman de Rou, on dit de même : Au roi rendl sonrègne,
nenvoul m>oir jornée^ — Fièrement Cen saisi par une soe
eêpée^ — £1 pont de Cespée out d'or dix livres pesante
Quand la chambre légale de Flandre se tient en présence
du comte, on fait mettre au milieu du parquet mr un petit
ht ou coussin une épée nue en signe de souveraineté^'.
2. Duc ange, IV, "ïâ.
3. Carpcnticr, p. il'i.
i. Ottn Krey^. Do gPï*tU FriJ. I, c. 5-
S. Oudeg-herat, in-l*», 2S:j verso.
li-2 CISKAUX. — ANNKAU. — CLOCHE.
Une <''pée tMait envoyée par la ville de Nuremberjg? A
celle de Bnixellcà, en si^iie des immunités dont elle
jouissait dans le B^abant^
Le mîirteaUj la vieille arme du Nord, Femble, conrune
Tépée, un signe d'investiture militaire. Le couteau^ les
ciseaux et la une au, paraissent ^Ire des symboles ecclc-
siasliques : Un jeune st^ignew de J^oi/es, frappf' de la
mort sttènede sonpèr^, qui avait volé fo hiem d^ r ah baye
de Notre-Dame, rendit le prii^uré de Saint-Julien aur
reliai eux, en s' approchant de V autel, sur lequel il mit un
couîmu titfir^ (année 1087). — Un gardait à Notre-Dame
de Paris, dans le trésor des ehâsses, an eônteau pointUn
sur !e manche duquel Hmt Tacte par lequel un certain
Guy avait investi le chapitre de plusieurs portion i» do
terre. — Sous Louis le Gros, ce couteau fut remis
comme signe d'investiture à Drogon, archidiacre de
Notre-Dame ^
Odmi, comte de Corlfeit, amcf-dd à Diûff et a Saint-
Germain rfit PonOthe, une voirie qiiil avait dans la ter-^^e
de JiftfHssartj à rnldede ciseau r fjti'ii tenait ff la mahi; te
moine Iloùerf le rcinvestil avec les méates ciseaux; sur 4e-
ckamp le comte tondit tme ùreùis qui appartenait û Guil-
laume Fomrd^ en se servant de s dit s etseattj:^
Y. Ulniarm, Slrf{l(>s esf^n, p* 300. — Comme lex gen.^ dt^ la suite
du roi s'ineiinm^nt pour fairn kitr prière, un d'fiu:r eut la téme^
rite de j}0^ev son ep*!e itur l'mtiel; ses eompagnonn, ép<mrantes
d'une st'ïtd/lti^tte audace^ rcpotissfhent ff^péç et Jie répandirent en
reproches contre l'auteur d'une a ri ion si coupable; nwh it leur
répondit orf^ueillêusement : Quelle est donc celte nouvelle reti^ùn
qui fait que pùur votu, un tas de pierres, de Sftffle et de chfîu^ ttt
phLt xfït:re que mon ep^e} Et en même tfmps ta ramassant, il M
rqdaçu sur VuuleL Aiiuoio, Wirac. S. Keiiçd., îib. I, t^. — Telle
fut lu muuirredont C loi frire dompta par les armes les Saisons sou--
tei}^s contre lui : tt fit tnourir jmrini eujc tous les mâles qtii dépas-
seraient la longueur de tepèe que par hasard iî portait. Gestâ
DagoluTti, p. 580, Script, rer. t>. 2.
"2. Danfîtor, Mém. sur \r Ch^mpagnr-j IT, 23G.
3. Ddhiur*-, IUrI. de V^rh. Il, ±21.
CLOCHE. i A%
En f3i9, Jf.fi/ï, frère (T Anse l le i chevalie7% sire de Jour^
non > fit hommage n son êvèque^ qui voit lui t investir par lu
bâiùJiou le fétu, $elo7t l'usinje. Jmn r** fusa cette investiture
disant quil nt pouvait accepUr une autre invesîitw^e que
relie par ranneau d'ùrK — Charte citée dans ThisLoire
de Beauvais : // reslilua par son anneau d'or les mêmes
villes à Vévéché de Beanvais occupé alors pur son fils
Foulques, et il fit suspendre cet anneau attaché à un&
chaîne de fer sur Paulel de Saint-Pietre comme un monu-
ment de sa restitution. De plus, il fit percer deux sols qnç
te Jour même il avait rent desdites miles , en signe de res-
titution et de pénitence'^ — fin signe dliommage fUtdal
(astBL* feudalïs), il rinvestltparla remise d'un anneau d'or
comme son féal vas sa P.
Le beffroi et la corde du befTroj trouvent na ta relie-
ment leur pïace dans les înveiilitures eccli^isiasliqiies» —
Il investit légaiemenl rarchiprûtrc par [a corde de la
elocïie de ï'égiise. (V, dans Martene, l'investiture tout©
EsCmblable d*un évéché).
La cloche et la tour de la cloche Jouent un grand
rôle dansThistoirc des communes, item nous avon^ donné
et accordé échevinage, ban chèque grande et peiile. C ha rie
de 1370 pour la commune de Saint-Valery*. — Une
ordonnance de Cltarles le Bel {i3i^l) prive les bourgeois
de Laouj pour un sacrilège co7nmis à t^glise de Laon, des
(Iroiis de commune, échevinage, mairie ^ collège, sceaux^
cloche et beffroi^* — El le diet serment fait^ h comte
(de Flandre) tire ta cloche deux ou trois coups en prendani
par ce possession'^'. -^ Dans un autre passage d'Oude-
gbcrst, un comte de Flandre se croit dégagé de son
1, Ducange, III, p. 1528.
± I^uvet. Hiat. de Btiauvais» tT, 2i:ï.
3, nue. 1. ~iU.
4, Duc, 1097.
y. Duc, ibid.
6. Oudegttorsti in-1", p. 292.
144 COURONNE. — CHAPEAU.
serment et regarde les privilèges comme annulés, parce
que le beffroi a brûlé.
On peut ranger encore parmi les symboles de Tinves-
titure ecclésiastique, Tencrier, la plume et le papier ;
les clercs écrivaient seuls au moyen âge*. — Voyez la
Tradition.
Charles d'Anjou investit son fils aine de la princi-
pauté de Salerne par la couronne au cercle d'or, du
comté de Lésine par l'étendard, et des droits hoDori-
fiques du mont Saint-Ange, par Tanneau ^ — Hommage
de Baliol à Edouard III : Il lui présenta de sa propre
main la couronne royale, de la terre et des pierres du
sol de rÉcosse, qu'il disait être sien'*. — Voyez au cha-
pitre de la Tradition l'exemple de Xerxès, etc.
Le chapeau est analogue à la couronne. Les nobles
parmi les Golhs s'appelaient les Pileati. Symbole de la
liberté chez les Romains, le chapeau est au moyen âge
celui de la puissance et de la domination. Le roi garde
le chapeau sur la tête, tandis que tout le monde autour
de lui reste découvert. — Le chapeau que Gessler avait
mis au bout d'une lance, et que Guillaume Tell refusa
de saluer, était le signe de la puissance autrichienne.
Aujourd'hui encore, dans l'abbaye de Kloster Neubourg,
est déposé le chapeau électoral d'Autriche, qui ne sert
qu'une fois par règne, et que l'on vient chercher en
grande pompe pour la cérémonie de l'hommage à prêter
au nouvel Empereur. Une imitation colossale de ce
chapeau surmonte le dôme le plus élevé de l'édifice*.
— C'est par le chapeau que Richard Cœur-de-Lion fit
hommage à l'empereur Henri VI du royaume d'Arles. —
1. Carpeuticr (1360), donne divers exemples, tous iUUeoi.
2. Giannonc, liv. XX, introd.
3. Fordun, ad annum 1353.
4. Voyage de M. Alfred Gros, feuilleton du Temps, 2-3 jan-
vier 1836.
U0M3fAGE«
115
h
p
a vîo de sainl Mcnou parle d'une doualion qae Pépin
raît faito par le cfiapeaii, et elle ajoiitt* qu'il liîssa
i^hapoau en témoignage. — Celui qui veut vendre sa
rmt; dait comparaître au tribnna! et tenir à la maÎD
o chapeau ; le juge demande par trois fois aux asses-
iirs &j le vendeur quitte sa ferme selon droite et
ieiuGH:i répoûdcnt : Oui. Le vendeur 6te la main du clia-
au ; puis le juge dit à racheteur ; Touche! et il touche.
*e juge ajoute r Je te transmets la ferme pour la pre-
mière, seconde et troisième fois ; puis Tacheteur doit
racheter le chapeau au prix d'un schelling, que le juge
lève en disant : Que tout le monde sache que c'est le
gchelling pour lequel la ferme a été cédée ; le vendeur
prend son chapeau et îe serviteur du juge reçoit le
schelling. — Aujourd'hui^ dimanche après la Saint-
Jacques, l'an 16i2, est comparu par-devant tous les
labitanls deBruchhagen Thonorable Anne Dates, lequel
fait à Gerdt Linhop cession de sa terre patrimoniale
ar l'acte d'enfoncer la main dans le chapeau ; jamais
ti'v aura réclamation taut que pousseront herbe et
feuillage. G. U9,
Lorsque le donateur était nn évoque, la mitre rem-
plaçait le chapeau. Dans le Brandebourg, les flefs étaient
conférés aux nobles par la mitre. G. 150.
Inve&titure et hommage sont corrélatifs Le suzerain
investit en transmettant au vassal le symbole des fiefs;
le vasîjal fait hommage par acte corporel et formule
verbale. Ook f homme joindre ses deux mains en nom
"humiiiiè, et meitre es deux mains de son seigneur en signe
iùut lui voue, ftl promet foij ;- e£ le seigneur ainsi k
'troU, et aussi iwj promet à garder foy et loyauté^ et doit
^hùmmc dire ces paroles : Sire^ je viens à vostre ho mage
i en vostre foij, et deviens vostre homme de bouche, et de
ins^ et vous jure et promets foy et ioyauté envei^s tous
€î contre tous^ et garder votre droit en mon pùuvoirK
i* Bouleiller, SotniuO' rur&le, Uv. 1, tit. Si.
146 HOMMAGE.
On demande dans le Jus feudale Alemanicum s'il est
permis à un vassal de cracher, tousser, éternuer ou se
moucher, en présence de son seigneur? S'il mérite
d*être puni pour ne pas s'être tenu droit, ou avoir
chassé les mouches en sa présence ' ? — Un vieux feu-
diste allemand examine la question suivante (G. 139) :
Certains disent que le vassal doit trembler des mains
(dans l'acte d'hommage). Mais tout son cofps ne doit-il
pas être agité, quand il aborde son seigneur? que ses
mains tremblent donc aussi.
L'hommage noble était souvent reçu par un baiser :
Je vous reçois et preing à bons, et vous en bese en nom
de fotj, et sauf mon droit et Vautruy *. — Les roturiers
qui étaient investis d'un Vief, juraient^ mais ne baiscuenl
pas.
Une lettre de Robert d'Artois (an 1329) indique une
forme d'hommage toute particulière : Corne nostre
amée cousine , madame Marie de Brebant, dame d'Arsckot
et de Virzon nous fust tenue a faire deux hommages...
Nous et la dame de Vierzon devons estre à cheval, et
nostre cheval, les deux pies devant en Veauê dudit gué^ et
les deux piez derrière à terre sèche pardevers nostre tetre
de Meun : et le' cheval à ladite dame de Vierzon^ les deiur
piez derrière m Veauë dudit gué, et les deux devant à
terre sèche par devers nostre terre de Meun, etc. ^.
Si le vassal ne trouvait pas son seigneur en sa mai-
son, il devait heurter trois fois à la porte et appeler trois
fois. Si Ton n'ouvrait pas, il baisait le verrou de la
porte, et récitait les formules de l'hommage, comme si
le seigneur eût été présent*.
1. Scbmidt, Hist. des Allemands, VI, c. 13.
2. Établiss. de saint Louis, II, 18.
3. Ducangc, verbo HomiDium, III, 1163.
4. Loysei, Instit. du droit coutumier, liv. 4, t. III. — Ëtablisft.
de saint Louis, II, 18. — Salvaing, Usage des fiefs, c. 4.
RïSNONClAnOH
îil
Les signes qui cùasacreui la formalion du conliiit
i5odaI président souvent au^sî à sa diâsolution. GomniP
ïa U'adiUoTij îa renonciation se hûi par lapmik;^\\{^
^'appelle* alorâ Abfeslucatio*, Nous en avons donné des
empiète au chapitre de la Tradition.
L*argeni que ïc roi avait dooné à Pandoïplie conimn
Wrhe de vassalité (in arrhara subj^itlioni^), il le faida
.îux pied^, malgré la douleur et ïcs réclamations de
Tarchevèque de Dublin^,
L*hommago se fai.saiit quelquefois par la simple parole,
la renonciation pouvait se faire de la même manièra-
s'jre, y oyt' €Sté une pteche en mi^lre foy et en vm(re
^.fjmmage, et tn tenu de vmts lex hertiarjes en fief : et â
yftommage et à le foij je re notice, pane que vos m avez
fieff'et, duquel meffet fentens aequérîr vent^ence par
appel ^.
Nulle pnrt Tindépendance féodale ne s'est marquée
avecpïus d'originalité et de Jierté que dans le passage
suivant du Fuero vicjo de Castille. Le dernier exemple
de rappliL-ation de cette étrange formule, est, je crois,
du lemps de Charles-Quinl : — Lorsque le roi exile un
ico hnmt', son vassal, les vassaux et amis de l'exilé
auvent partir avec lui; ils doivent même le suivre
iisqu'à ce qu'il trouve un auLiX' seigneur qui lui ï^oil
raciey^*.. Si le roi donne coni^^é à nn Hidalgo» va^.^al
î'un Rico home, le Ritïo home [>ent, s'il le veut, qnitlçr
pays, et chercher un antre seigneur qui leur fasse du
fcen à tons deux... Si le roi exile un Rico home, îï lui
iêcoi*dera trente jours et trois jours en sus, et il lui
loonera un cheval ; tout Rico home (]ui reste dans hi
\mys lui donnera aussi un cheval; si t'un d*eux ne lui en
donne pas, et que Texilé le fasse prisonnier dans quel-
L Voyez dans Carpoûtier, I» 13, vcrbo Ablestucntio
AItth. dùcts Lothar., anno 1032,
â. Matïiipiife Puris* miio 1212.
3. Ueaiiuiaiiolr, c. 61.
Cil aria
fis RENONHATION,
que conibal, il ne sera pas obligé de lui rendre la
liberté. Si un Rico home est obligé de quitter le pays^
le roi lui donnera un guide qui le conduira à travers
tout le pays, el Ini fournira des vivres pour son argent...
EL le roi ne lui fera pa^ de mal, ni à ses amis, ni anx
biens qu'il laisse. Que si un tel Rico home fait la guerre
au roi ou au pay?, pour son compte, ou pour celai d*un
autre sei^^uuur, le roi pourra détruire tout cequ*il pos-
Bède, abattre les maisons et tours de ceux qui sont avec
lui, el couper leurs arbres; mais il ne pourra endom-
mager les biens de famille et héritages qui leur reste-
ront à eux et à leurs héritiers; les dames, leurs épouses,
ne î^srjuiTriroal pas de dommage en leur honneur... Si iù
Rico home exilé fait la guerre au roi, pour son nouveau
maître, et que ses vassaux faisant invasion chez le roi.
Ils enlùvcnt quelque choisc, comme prisonniers, armes»
bestiaux, le partage fait, îla prendront un lot entier, et
renverront au roi, leur seigneur, et celui qni le p<trter3^
dira : Sire, tels et tels chevaliers et vassaux du Rico
home que vous avez exilé, vous envoient cette part de
ce que chacun d'eus a gagné sur vos vassaux, et vou>
prient de faire grâce et d'amender le tort que vous avez
fait à leur seigneur. A la seconde invasion, chacun
n'enverra que la moitié de sa part^ et après cela ils ne
seront plus tenus de rien envoyer. Lorsque de celte
manière, ils se seront mis en règle, le roi ne leur fera
pas de malj ni à eux, ni k leurs femmes, enfants» amis
ou biens... — Pour renoncer ainsi à son souverain na-
turel, il suffisait qu'un des hommes du Rico home se
prt'ssentât devant le roi et lui dit : Sire, au nom de tel,
je vous baise les mains, el dès ce moment il n'est plus
votre vassal ^
Les nobles du moyen âge ne prétendent pas seotc-
1. Fiiero vk^jo. — Schœll, Cours d'bisL des ÉUU européeiif.
t. n\.
FIKFS nv SOLEIL. — ALLEl X.
119
meotau droit dn renofieer à rhommage; quel<iiies-uns
se déclarent Ithres de toute vassalité et se pîaeeiiL fîêro-
ment en dehors de la hiérarchie féodale : — Qu'on
i.acbe cm d'abord, n'est que la maison et seigneurie
de Richolt, n'es^t fief de qui que ce soit; qu'elle n'a pas
îion plus dlinfjôts, de deniers turcs (pour îa guerre des
Turcs) à payer, ni rien à faire avec personne. Année
1469, ^ Record de NieL Le Hainaul était de même un
tlef tenu de Dieu et du. soleil : A^ovs échevins msdiis
'^'ftOHs, tpie le seigneur d^ Nrjel [près de Linge] ne lient la
fiéme seigneurie en fief ou (oui autrement de permnne
ffautns^ que de Dieu et du soleil et de tui-méme, comme
ïnffneur foncier du même etjdroit^ et qu*en coméguence,
a est Voué hért^flitaire de la hauteur d'Anden, située sous
Gingelom. Nom les érhetmis tenons, que le même seigneur
de IVijel reeevant la même seigneurie en possession d'icelle
^ûii être mené à la cloûhe, semer argent el or contre le
i^yleil et faire le serment comme leur propre seigneur fon-
cier et comte de Nyet, recevoir le serment des éehevtns et
^ tijets du même endroit et leur faire aussi pareil serment
• ftr leur^f privilèges (année 1560). -* Document allemand
le I6â9 : — Scficenau, près d'Aix-la-Chapelle, est tenu
»ie Dieu le tout-puissant et du soleil ce magnifique élé*
meut, lorsque le seigneur a jeté publiquement, comme
^igne spécial, un pfenning d*or et un d argent à la foule
desdiLs sujets. — Dans un acte de même teneur, on
trouve saint au lieu de magnifique, ce qui vaut mieux»
Pour affirmer fortement, Ton disait en Allemagne :
Ainsi soit avec moi la sainte lumii^ro (Sam mir daz
heilige licht). G. 278-9'.
Vorsde la prise de possession de la seigneurie de
H, Cea fiefs du sa te il rappellent k furrauje, Dieu et tê mtdl^
pTon proBOûçait un conroan^mant du duc dti Cartnthiet et lu
Irémonk de Rienri mi Capitr-iltî [Vciy. plus haut]. Ll'3 rois de
nngne. à leur couronnement, brandUsfâîeal aussi une épH vera
quatre polo Is cardinaux.
150 FIEFS nu SOLKIL, — ALLEl'X.
Warberg, le nouveau possesseur en cuirasse et l'épèc
nue, chevauchait dès Taube, vers l'Orient, et dès que le
soleil se levait, il frappait trois coups en l'air en
croisant les coups et jetait des pièces de mormaie au
peuple.
L'empereur Frédéric-Barberousse traversant un jour
sa ville de Tongue, le seigneur de Kreuchingcn, assis t't
îminobiïe, refusa-* expressément de se lever; seulement,
il remua le chapeau, mais par simple politesse; et
comme TEmpereiir sVnquérait et voulait savoir quel
était donc cet homme qui^ ainsi placé sur sa route, ne
lui témoignait point la différence due à la majesté impé-
riale, on répondit que c'était un baron tellement indtï-
pendant de sa personne, de ses biens et possessions,
qu'il ne tenait aucune propriété ou jouissance féodale ni
de TEmpereur ni d*autres princes. G. 279. — On dit
qu'en Bretagne, certains paysans revendiquaient le
droit de ne pas se lever devant leurs seigneurs, — Le
royaume d'Yvetot est devenu en France un article de
foi populaire. Cependant rien n'en démontre Texistence»
si ce n est cinq vers d*un poète normand du quinzième
siècle :
Au noble pays de Cauï
Y a qualn* abbayes royaur.
Six prieurés ronvr^ntuaux,
Et six barons de grand arroi,
Qunln^ romtes, Iroia ducs^ un roi.
Il n*y a nulle apparence qu'Yvetot ait été érigé eu
royaume par Clotaire ; mais il est constant que long-
temps après, en VJlOj Yvetot était un franc-flef libre
de tout service et hommage* Les marchands d'Espagne,
de Castillo et autres, se rendaient d'Harfienr à Yvetol
avec leurs marchandises, qu'ils échangaient contrt'
celles de France. — Il était de tradition générale, en
AtLEUX-
I5i
liCrl, quâncîeûnefBûDt les sires d'Yvctol battaient mon-
naie *.
t. Sur 1l' royaijtue d'Yvetot, voyiez Proissard, Cenalis^ Gaj^în,
^^►haillaii. DiimoMUii, Chopin, elc. En 1774, le coiutc d'Albon, der-
iityr roi d'Vvetiït, adre&Sîi à Loiïis XV un mémoire pnur Mre
rtJiiUrfticr les pnvifègt?» de la principauti^. Archivée du royamne*
K, S^n'e deit vilie^f ef. prot?im'€M, ^ L»" savant el modeste éditent
du nouveau Proîasariî, M. La Cabane, nous promet wn travail
*pê<*ifïl j^ur ce point singulier de noire vieux droit féodal.
i
CHAPITRE QUATRIÈME
C0M3ïîJ?fI0N* — FRÂTRBKtTÉ* — ÇHEVALERJE,
A la bataille de Conrlrai, leB Flamands firent venir un
prêft-e sur le champ de balailk avec le corps de Christ, de
sorte qu'ils pouvaient tous le voir, EnguUe de communion
chacun d^eux prit de la terre à si's pieds et se la mit datts
ta boucht'\
Je revenais à la vie, dit CeïHnï ; j'aurais même com-
mencé à parler, si des soldats imbéciles ne m*avaieiil
rempli la bouche de terre, croyant m'avoir donné la
1, Keciono veiiJrc pcr tiitto il campo udo prête pnralo col cor po
di Cbnsto, si cbt ciascuiia il vide, et îïi liiojro di co m muni cars i,
ciascuno prese iino poco t[[ terra, et la si mise in bocca. G, Vil-
latii, L VI II, eh. 3S^ p. 335. — Le ayrien Naamau dit au proph*Me
ÉliBée : Je vous coMjuriî de me permettre, d'emporter la chs^ge
de deux uiuietB d« la terre de ce pays, car ii l'ave air voire aer-
vilctir irolTrira plu.^ de vichuiea aux dieux t^trangers^ maie ne
sacrifiera qifau Seiguenr. Roi», liv. IV, cb. 5, — Les solilats de
Lahore emporte ut avec eux de la terre de lu patri«. C'est sur ce
peu de terre qulls font leur cuieine, etc. Ce fait m'a été garanti
par une parf^mme Av^uç de toute confiance, comme recueitU dt-
la bouche de M. le générai Al lard. — Au mnyen Age, les Pls&ns
emportèrent sur ilt'a galcres ta terre ^airite qu1la out dêpos/'e au
Campo Sanlo. — Ou amena îe coupable sur la place publique,
on enleva la terre (wegptechen und wegstoffen) couverte par fton
ombre, et on le bannit, Lutherj Tischredeo^ Witlembcrg, p. an.
CÔMMIBÎION, — TERRE. — SANG*
n:ï
immuiiioîi ; mais \h m'avaient plulùt exf*ommnnit%
ir cette terre m*étoijlTait K
L'esrarmouchf? se dressa après qtie nm SuisMeM eurent ^
omme ih ont (ict&mtftmé, baim^ la tfjrvf* '. — Le^ Lttthi-
^fuêmtt atfint htiùf^ la ierrt^ à leur môdet /irent promt*,v$e
de mourir en gt^m d'honîtr^ur °*. — Ft à donc lesdkfii
Lam q ne n e t,i e t If* je u tt e A d ve ntm *enx àvi^r *} f t es e tt l r h a i se-
r^nl in (erre, cntvnu' i/v fofjl de coulnttie^ et marehèr*^nt
tout droiif ronfre leurs ennenm *.
En Islande, quand deux hommes voulaioiit s'unir trim
lien fraternel, on plantait droite un javflot plus h?) ut
qu*un homme; sur la pointe du javelot posait par le
milieu une bande de gazon, dont les extrémités élnienl
attaeliéea â la terre; puis eeux qui devaient jurer, pas-
saient dessous la tête levée : — Ils vinrent au promon-
toire Eyrarhval, et là coupèrent une bamlc de gazon,
:i>>r'Z longue pnnr que les deux extrémités étant atla-
< Incâ â la terre» le milieu put être soutenu par nu jave-
lot ciselé dont ils louchaient le clou de leurs mains*
Tous quatre se plaçant sous le gazon tirent couler leur
$Tmg qui se répandit sur la terre d*ofi le gazon avait été
coupé ; et lorsque leur sang se fut mêlé, ils fléchirent le
;^enou, et, unissant leurs mains droites, jurèrent par
tous les dieux de venger la mort l'un de l'autre comme
celle d'un frère. Mais au moment de joindre les mains,
Thorgrim relira la sienne, disaut qu*il y aurait p'^'ril
pour lui à conclure un tel traité avec ses parents Thov«
kel et Gisly ^ — Dans un anlre passage, il est parlé de
H
! \f< mmres de Bcnvctiulo Celtini, p. 83 de k traducliott.
!i: \Liitiii Dubellajs ch. XVIll, 5r»,
3, D'Aubigné, éd. Î6lfi, I, 305^ baUille ik Monconlotir.
1. Fleura rïjgf s, dit rA<lv'(;îiLnr<HiiC, p. 22ô, année 1512, — VojF-
Amm Vienieville, L XXVI, p. 31 de ta CollecUoa t*etitot, mnén
5. Noie de P. E» Millier sur le Laïdsla-Saga^ sîve Historîa da
rebas gcsùs Laxœdleosium. Uarnia:', 1826^ tu-i^ p. Dîl,
0.
trois pièces dr gazon. Voyez plus loin les Onlalîes islan-
daises.
Formule d'assoeialion Scandinave : ~ Ils partageront
entre eux rôts et couteaux, et toutes ctioses, corame
amis, non comi7ie ennemis. Que si l'un d'eux y manque,
ii doit être chassé, banni <le la contrée^ aussi loin
qu'homme peut être banni et que chrétiens vont à
lï^glise, païens aux temples; tiussi loin que feu bnMe,
que terre tleurît; aussi loin rpie TenTant erie apfès la
nn^re, et que la mère enfante; au^sï loin que le bois
nourrit le feu, que le vaisseau vogue, que le bourlier
brille, que le soleil fond la neige, que la plume vole,
que le pin croît, que l'autour vole toute une longue
journée de printemps ' et que le vent bat dessous de se*
deux ailes ; aussi loin que le ciel est une voiUe eï h
terre une route; que le vent mugit, et que Tcau full
TXîrs la mer; aussi loin que l'homme su me le blé, A lui,
Êeront interdites les églises el maisons de Dieu, la
communauté des bonnes gens et toute demeure,
excepté Tenfer, Mais^ il y aura amende pour le mal
qu'où lui ferait à lui ou aux siens, enfantés el non
enlanlés, nés et à naître, nommés et non nomm*%
encore, tant que terre sera^ tant qu'homme vivra... Par-
tout où les deux amis se rencontreront sur terre ou sur
mer, sur vaisseau ou sur écueilj sur eau ou cheval, ils
partageront enscnit>le rames et seaux, terre et plan-
ches, partout où besoin sera. En toute oceasiout ils
' auront mutuelle amitié, comme le père au fils, et le
^ au au père- G. ^^0.
Bvïire le sang l'un de Tautrc, c'était pour ainsi dire se
faire même chair. Ce symbole si expressif se trouve
chez presque un grand nombre de peuples : — La foi
jurée, dit Hérodote, n'est, chez aucun autre peuple,
plus respectée que parmi les Arabes; voici les forma*
I. A sommer daj*. Mtllon, Paradise Lost. ï.
ALLIANCE.
155
Au
rilésqa'ilsobservenl pour lu donner ou k rocevo
înîHeu (les deux parlics se place un témoin armé d'une
^fierro tranchante» avec laquelle U fait une incision dans
l'iniéneur des mains de chacun des contractants, au-
deâsoos des pouces; prenant ensuite un flocon de
laine, tiré de lenr manteau, il le trempe dans le, sang
qui coule de la blessure et enduit avec ce sanp sept
pierre.s placées: an centre do rassemblée* Penriaiil qu'il
accomplit cette cérémonie, il invoque Bacchus et
l^ranie. Lorsqu'elle est terminée^ celui qui donne la Toi
offre ses amis pour garants à l'étranger ou à son conci-
toyen, si c est avec un concitoyen qu'il traite, et ses
atnb^ de lenr c6té, se considèrent comme liés et gar-
dent la foi jurée \
Hérodote parlant du traité que firent Cyaxare et
Alyatte après la bataille de TÉclipse : — Les serments
en usage parmi ces peuples se font h peu près avec les
mêmes cérémonies que chez les Grecs: ils y ajoutent
seulement de s1 miser la peau du bras, et de lécher
réciproquement le sang qui en découle ^ — Tacite
[Annales, XII, 47 j en dit autant des rois arméniens et des
ibères du Caucase. ^ Les Scythes, dit encore Hérodote^
observent quelques cérémonies particulières pour se
lier réciproquemenl par des serments. Ou verse du vin
dans une grande coupe, et on y môle du sang que les
!, Herod. L ni, c. S, trapue t de M, Mtot
2' Herod, liv* I, c. 74. — Chez les Arahes moJernes, les alllaa-.
res te font par la main, ou par le? aliments, L'im des coatfao-
tant» dit à l^antre ; Frappe ta m^ia dan^ ma mnin* Alors celui-ci
apptkjue la pauûie de sa ujain aur celîe du premier en sens cnn-
IrAîre^ et les faisant tourner ausaitût l'une aur Tautre^ il» entre-
lacent leurs doigts, et diseol : Par le droit des dix que le Trêi-
llaut Institua, Je ne te trahirai point. Ou bien on frotte sur du
sel de petits morceaux de pain, que les contraclants ^e mettent
dan* la bouche les um des autres» eu disant : Par Je droit du
pain et du sel, je ne IratiirQi point. Les BèdouLua, par Mayeuic,
p. 65, ex
156 SANG,
contraclants tirent de leurs corps avec la peinte d'une
alènc, ou en se coupant «ne petite ftorlion de chair-
Chacun trempe daus la cotjpe sou sabre et ses (lèches,
sa sagare et sou javelot : cette c^^rémouie est aecom-
paij'uée de grandes imprécations* Ensuite ceux qui ont
fait serment boivent le vin et le sang, et en donnent à
boire aux personnages les plus distingués de leur suite'.
Le sang chez les anciens Latins s*appelaît Assir^ et
Assiratum désignait l'action de boire du sang mt^lé avec
du vin. Festus, ad verb. Assir. G. 190. — Les fils de
Brut us et les autres conjurés qui aA^aient formé le projet
de ramener les Tarquïns à Rome : furent tous d avis de
s*obliger les uns les autres avec un grand et borrible
sermentj en buvant tous ensemble du sang et touchant
des mains aux entrailles d'un homme qu'ils immole-
raient -. — Au dire de quelques-unsj lorsque Catalina
voulut s'attacher ses complices par un serment, il rem-
plit les coupes de sang humain mêlé avec du vin, et
lorsque tous y eurent goiMé.-."*,
On litilans les Gesta Romanorum, eh, C>7: — Veux-lu
faire convention avec moi ? qu'on nous ouvre la veine
du bras droit; moi je boirai Ion sang» et loi le mien-
Personne désormais ne nous ouvrira la veine à l'un ou
à Tautre dans l'adversité ou dans la bonne fortune, et
tout ce que Tun acquerra^ l'autre en aura la moitié.
G. 190.
Les Siamois veulent-ils se jurer une amitié éternelle,
ils se piquent une partie du corps pour en faire sortir
du sang, qu'ils boivent réciproquement ^ Presque tous
les peuples modernes de l*Orienl observent cet usage*
<.* Ces barbares (les Irlandais) et leurs chefs s'ouvri-
1» He?rai!. Mv, 4, c. Ifl., trad. de Miol, Voyez aussi Lucien, Toia-
rie Eibt Bij*. VI, tOO,
2. Plut^rq-, Vie lie Publicola, c. 4, Irad, d'Amyot.
3. Salluste, Cstiïiaa, S2,
4. Hist. civile et natureîie du roy* de Slam, 1, 63*
ALLLIXCE. — SA\U. 157
enllavÉ^ine (venaproîoordikli?i), el répaiulirent do sang
Oiitte à goutte dans un grand vase. Ce sang, iU l'agî-
1*^
Her
U
les
bureiil
mitres en si^ie iiu'ils éUiieiit malulenarit et à toujours,
dans la bonne ou mauvaise furtune, unis jtiïjqu*à la mort
(tar une alliance indissoîubïe et pour ainçi dire consan-
ffiineK — De même, les Slaves mêlfiient et buvaient
It^ursansî lorsquHIs coueluaient dos a!îiauce.s.
L'empereur de Gonslantinople, Baudouin, faisant nn
un traité avec les Comans, fut contraint de se sou-
iriellre à leur usage, et de boire son sang mêlé avec
rçlui du chef ennemi.
Souvent ausini on se contentait de teindre les armés
îivec du sang, comme le dit BoelhiiLs dans son Histoire
(l'Ecosse. — C'est la coutume dans les HébrideSj quand
+)n veul faire une promesse solennelle, que les conlrae-
tmis plongent leurs mains dans le sang, el que, les
unissant, iî^ jurent en même temps*...
Lorsque Henri III entra en Pologne pour prendre
t>ossessiôn de ce royaume, il trouva à son arrivée
trente mille chevaux rangés en bataille. Le général,
^approchant de lui, tira son sabre, s'en piqua le bras^
t recueillant dans sa main le sang qui coulait de sa
blessure, il le but en lui disant: Seigneur, malheur à
<.ehii de nous qui n'est pas prêt à verser pour votre ser-
vie r^ tout ce qu'il a dans les veines; c'est pour cela que
je ne veux rien perdre du mien (?) \
Plus tard ce vieu.% et énergique symbole devient une
L MathGBiis Parts., ad annuiu 123G»
S* Quefqucfoi» la chose était Nioplcraent dite et figurée : Joïh-
Mh du des Cooianà [i23!l : lU faisoieni passer un cMen enlr^
^ur ffûîitet cfllc de mini louîj^ et descop^rent It chien de /ewr //*p^,
t mire geut atusi dirent qu'ils voutoiertt ainsi être dencopés siU
kUkieni les uns aua: autres.
a, tîUt* de France dvi pt^re Daniel, ^ idït, t. X, p* 3ïl2, Je nâ
^' &I1Y6 pas en ce morne a t de meilleure autorité»
158 CSfiVALERIB*
simple adaîrede galanterie, et comme dil ïe cardinal de
Retz, un enfaïilillage. La dachesse de Bcïnillon, gd pi^
î^ence de son marij oblifî(*a le cardinal à signer de ion
sang !a promesse qu'il faisait de s'unir à M, de Bouillon
contre lo parlementa
Chez les barbares, l'adoption du guerrifr se fait sou-
vent par les armes. Le roi des Gotbs, Th*Vadoric, fut
adopté comme ûh d armes par Tempercur Zénoo. Thée-
dortc lui-même écrit au roi des Hérules [Gassîodor,
var. 4. 2] : Pouvoir devenir fils par les armes, c'est
comme on sait^ grande gloire parmi Jes nations. Donc»
selon cette coutume, et comme guerrier (conditioDe vi-
ril i), nous te procréons fils par le présf^nl que tu reçois.
Dos le temps de Charlemagne, si l'on en croit uûtexle
qui ne présente point, 11 est vrai, tous les caractères de
TauthenUcité^ on agrégeait à la milice, par un soufflet
donné k l'aspirant ; — /\ 0(/a éiabli^sonjt que^ si un Frison
Vf^ut servir comjnv soldai ^ le chef lui ceindra sonêpée, et lai
donnant df* sa mam, suivant V nuage ^ un soufflrt^ h fera
ainu xoldaL En,ntîle il itti enjoindra formellement de wc
pliLK porter des armes, comme font tes soldats, dam le
rofjaume de France. En effets .n les Frhons avaient ce
droite ib sarpassfifmienf en audace et en courage tous h^
autres soldait' du monde, a cause de la haute taille^ de h
force de corps fpte la natnre dt* Dim leur ont donnée ^
La chevalerie est une sorte tradoption. La cérémotVie
de la réception du chevalier, la purilicalion par le bain,
la veillée des armes, etc*, présentent plus d'un curieux
symbole; mais ce sujet est trop connu pour qu'il soit
nécessaire de nous y arrôter. Hemarquons seulement
qu'au temps de Charles VI, on ne savait déjà plus ce
que c'était que chevalerie* Voyez le lil* volume de mon
Histoire de France.
i. Mém. de Retjî, février *6i9,
2* CârpcoticFf verbo kroiûf l, S95. Carolus roi&. rexj dlplom-»
SOI.
CUKVALEKIK.
159
L'empereur SîgismoncL assislattt à uoo séance dn {mr-
!?ment, ïïi un dos fdaiileur^ chevalier, pour mettre fin à
Èlti incident qui meiiHâiil de prt^ongtir îes débaU.
Poules Je^ cérémouîcs semblent ici se réduire à troi^
tMjups de pi al d'épéc : Otjaiti fpt'tm propomit contre ledit
lignet par le comeil tb' PcHcL queiceluy Signet neêloil
has chevalier-, et Pestel r^*.stoit^pnHem' tons, itn/ n^uhpar-
f**iM- ley p7'rside}it, et a* f pif f s haut, appelle ledit Signet,
mi dlnàfit , que à haj appartenait ht en de faire ehemlier-^^
\t print d*HH de ^e^ffûtix mn e^pre^ et kdlt Slynet misa
moHx près du greffier, frappa irah grands coupa ledit
ùg sur le dos dndit Signet : pais fît deschansser tun de
Ès f^tperons dorez, et lui fit chan.tser par Can de xes gens,
! Cy ceindre une ce m tare oà e.stoji pendit nn eoustean long
^fntr çffpf'e. Car alnjui avoit-il par avant reeommandf^
Tnmineernf'ui de ht canne dudit Signet K
Quel^iucs années auparavant, le héraut de Berry,
îîUes le Bouvier, se plaignait, dans son livre d'Armoiries,
la décadeiiee de la science du blason : iL^ ne mirent
le présent qnellf^^v arment Us portent. Par Icelîes gnerrex
dwUfon.\* ont es fé perdus les livres qui anciennement
mimt exié faits par roys d'armes..^ elç,^
Dans la France déjà si |>eii chevaleresque du qualor-
kiême siècle, les assocîalions d armes se faisaient en
btyîe de chancellerie : A tons ceux qui ces lettres ver-
U,^, C\'st àseacoir que nous Bcrtrnn du Guesclin, vou-
ai re a l iez et no us a Ih n s â t o njo u j 's à vo us , m es s tre
ilimm\ seigneur de Cliçon, contre tom ceuU qui pevent
^we et mourir f excepté le rot de France^ ses frères f te
fkùmte de Hokan et nos autres seigneurs de qui noax
ienom (errCf et nous promettons aldier et conforter de
ho u t no ( re povo / r , fout efn k q ue me ttïer im aurez et i? ousno ns
^« requerrez. ïtem, voulom et consentons que de tons et
i. Ducange, 267, d'après le*» Acta parL Paris, anno U15.
2. Entrait du Uv. mss, de GlUes le Bouvier, aptid Labbe. MU
khron, p. 690.
4^ CHEVALERIE.
guelconqui^s profifz f*l droictz qui nom pourront i^mir f*t
éehoîr tfore en avajitf tant dfi prisouiùirs pris df gtirrr*^
par noiLs ftit ïios genjty dmif le pronf/it nou^ pourrait ap-
partnitr, comme des païa rançonné, vous aïez la moitié
eniiéremmL Itom, ou tas que nous sçaurions (ïvcime
ckoiie qui vous peitst porttrr aucun dommage ou fflasîtu\
nous le vous fttronfi sravoir el vous f^n accointerons l^ plm-
lost que ttous pourrons, hi}mf garderotix voxirt^ corps â
nostre pootr, comme nostr*' frère ^ etc.,. Toutes lesquelles
choses dessus dites, et chdcune dl ce lies nom^ Bertran et Ot-
livier dessuz nommez^ avons promues, accordées el jurées,
promettons^ accordons et jurons sur les seintz évangiles d*'
Dieu, eorporellemcnt touchiez par nousé^l chacun de nom,
et par les foy s e t se rm eus de n os c û }'ps ho ille z Vun à Vaut r^^ *
tenir, garder, entétnner et accomplir ^ sans faire ne venir
encontre par 710 us ne les nos très ou de iun de nous, et leti
tenir fermes et agréables à toujours. En tesmoîn desquel l^i
choses nous aeous fait mettre nos sceaux à ces prévient rj
h'ttres^ lesquelles nous avons fait doubler. Donn*^ à Pon-
torson^ le 23^ jour d'octobre Van de grâcn MCCCLXÀK
J. Tiré des piùcea justif. à la suite dfs Anciens métn. sur Du-
SUf^^din, pub. par Pctilot, p. iS2 du S" toL de la 1" gérie. (L'èdi-
ti ur jic dit pas oit il a pris cieLte pièce,)
SUITE DU CHAPITRE QUATRIEME
, COULEUftS. *- DRAPEAU ï. — AHMOIRIES. -- ]>EVJSli3, — CUIS
Déjoces, dit Hérodote, fit Mlir par les Modes; une
îlîe grande et farte ; elle avait sept enceintes circulaires,
Relevant les unes au-dessus des autres et peintes cha-
îne d'une couleur différente. La première était blanche,
seconde noire, la troisième pourpre, la qualriume
Heue, la cinquième écarlate, enfin le:* deux dernières
fiaient Tune argentée, Taulre dorée K
A Rome et à Gonstantinople, les factions du cirque
ilaientdèsignéespar leurs couleurs; c'étaient les blancs^
i rouges, et plus tard les bleus et les verts* Remar-
quons que les verts étaient protégés do Caligula, deCa-
racalta, de Commode, etc, c'est-à-dire des empereurs
Wbares, de ceux qui avaient moins exclusivement
regprit romain ; le juriscoasulle Justinicn favorisait au
^Dntraire les bleus. Nous verrons plus loin que le vert
st la couleur préférée des Allemands du moyen Age
iîuis leurs armoiries et peut-être leurs vêtements ; — //
' ûimit alors à Bruxelics le comte de Nurhe, neveu de
I ^mp ère ur d *A Ihinng ne , leq fi^l ien o tt gra n del no h le é ta t ^
ft QÏioieni lui et au c tins de ses genn, Im téie^ mtes^ chticun
«H dtapei verd ourson chef en stgrd fiant qu'il ttoit chashif
1. Hérodote. 1. I, c. 98.
loi COIXEURS,
Ja sùk ce qud falsoit mouil fort et dur temps fannée
Lesjti^sà Athènes et h Platée, à Rome les candidats
et i^rtv-sque louâ les magîiîlratSy étaient revêtus d'une
Tùbo blanche. La pourpre était ta couleur des dieux et
di*^ rois. — Le Seigneur dit aussi à Moïse : Parlez aui
enfants d'Isra^M et dites -leur qu'ils mettent des frangées
aux coins de leurs manteaux et qu'ils y Joignent des
bandes de couleur d'hyacintlie^ adn que les voyant il;!
se souviennent de tous les commandements dti Sei-
gneur '*
iMahomet avait un manteau noir que les califes revê-
taient et qui est conservé dans te trésor de Constantî-
no]ïle'(?). Un turban vert désigne encore aujourdltui
parmi les Turen un descendant du prophète. — Au
moyen âge, les juifs étaient astreints à coudre sur Icur,^
habits une rouelle de drap jaune.
Les croisades, qui ont tant fait pour constituer le^
nationalités européennes, ont amené rétablissement des
signes généraux: par lesquels IcH peuples se sont dis-
tingués les uns des autres, aussi bien que l'usage des
si^'nes particuliers ou armoiries qui ont distingué les
nobles entre eux. — A une conférence entre Gisors et
Trie, il fut corivoiUf dit Raoul de DicetOj ^uc le^ Finan-
çais pi iriseraient la croix de coulfntr aoL'GE^ h s Ang/aîs de
coubmr B LANGUE et li'n tlamanda de couleur verte: Tannée
1187! '. — Cependant, au douzième siècle, le drapeau
des Normands était de drap rouge*; le blanc, au con-
traire, redevint plus tard la couleur des rois de France-
— Le blanc et le bleu, qm étaimt If^s couler/rs de Gar-
ffûntua, sont celles de fecw anden de Fiance \ puhqm le
i, Moflstrelet, V, 339.
2. Nombriïs XV, 37-8.
3. Art de v^rifi^r Jps dates, éditian io-B*, V, 330.
4. Robert Wace, i, Sût.
G. Le bleu éUit la livrée de hob rois. Le bleu de roi est pr^-
rftttf/e^ f^uon y n ajouté dfpitk, ne figure que la couleur
du rev*!rs de t^cu douhh* de gtieuh' mi d^ rang*', à rnoina
(pi 'on nesuppost^ que cette dmiblure furme une espèce de
Tri roussis qui horde le tour du parement de reçu ^
Le rouge st^mble préféré par los soi^ni(>urs flaiiinndsj
à îa bataille de 1304, contre Philippe-le-Bel ; Philïpp*^
il ti Flandre f comle de TJut'ite^ Jean dt* Namur aou frère y et
Guillaume de Jutiers non cousin, rwarjent faict rendrt*
i**urs pavillons et tentes sus le Mont en Peuele, toutes
rotfveries de drap rouge.
Le blason emploie les sept couleurs de rtirc-eo-ciel :
Tor et Targent, la pourpre, le rouge ou gueules, Taxur,
le noir ou sables, le vert ou sinople. Le vert, comme
nous l'avons dit, fut surtout en honneur dans les armoi-
ries de la iioblÉîssc allemande ^.
Le P, Chifflet a remarqué*, que, sous Louis Vil, les
armoiries ne furent d'usage qu'à la gueiTe. Elles étaient
d'abord sur les babits; quand ils étaient d'or et d*ar-
ï^utj les Ûgures étaient travaillées nvec rétoffe, et
"iuand ils étaient de peaux, on formait les figures en les
découpant *, Les métaux et les couleurs, dans le blason,
ont tiré leurs noms des fourrures. Ce qu'on appelle
fjut'uîes étaient des peaux rouges ^. Le sahle était la
martre zibeline. Le sinople une peau teinlc en vert ^
wbiuî. — Le blou eat t^n Angleterre Li couleur préférée d^s To*
tki, lin parti tï^ la loyauté, comme il» liiienl, — BDQ!iparlo,
rhomme de U nation (contre le droit divin), avait pris le utri
pour livrée.
1- Rabelais, liv. l, c. 9, Note dn commentateur,
S. Oudegherst, Chr. de Flandre, folio ^33,
3, Spener, para I, ch. IV, de Uncturîi, pawim. Voyeï ansti la
Colombière, paa^ioi-
. i^ Appeii. ad diatribe do ïlluBtri génère S. Bernardin cap, t&, p,670.
S. V. le Roman de la Rose»
*î- Horrefint el miiriiim rubricralas peUicaliît, GulaM vocaiit,
i&aujbus circuttidare sacratia. E^iist. S- fieruardi ad Uenric. ar-
cbiep. SenoQ.
"î* Laurière^ GEoi». verb, Écuason.
iU
COULEURS.
Les couleurs do la ville de Paritî étaient ie bleu et le
rouge; le blanc, la couleur royale do France, était aus^ï
celle de Gand, Lorsque les deux villes;, au quatonième
et quinzième siècle, échangèrent leurs chaperons ea
Êigne d'alliance, elles mêlèrent ces trois couleurs, qui
devaient reparaître & la fin du dix-huitième, coDune
eyrabolc de Tunion du peuple et du roi.
Leiî peuples afTectlûnnent aussi certaines couleurs
poyr leurs vêtements. Rome, dit Martial, aime les cou-
leurs sombres: Homa magisfuscis vesiitur^ GaîUa rmm.
Dans la Bretagne (comme dans TEspagne), les vêteraenls
noirs dominent; les autres populations celtiques préfè-
rent les couleurs voyantes et bigarrées *, Le tartan écos-
gaîs se retrouve chez les anciens Gaulois : srutulals^,
vtrgatm v**s(e$ '. Chez les Irlandais et les Calédoniens, le
roi avait le droit de porter sept couleurs, le druide m,
ie nohic quatre ^
En France, le blauc êlaît résen'é pour le deuil des
veuves de rois, La veuve de saint Louis fut appelée
1, Voyez le» premiers voliimepi de mon tiiatoire de France,
2. Pli IIP, Virale pftusim* Les HomaiDs, au dire de JiiTéna!,
avaient des vèlctnenls peints. Les Thraces de Tannée de Xcntw
portaient dfs robes de diverses couleurs» Iliîrodote^ VI Tj ch, 75,
3- SK Logan a fait les plus minutieuf*?!! rechfrcJjca pour dt^n-
ner le modèJe exact des iarlanfs propres ani divers élans. Il est
admirable que ces cJana les aj*^nt couservées inal^re les lois l«
plus s^vi^rfeis... Le mot tartane vient du galliiiire iarsiin on tar-
sum, de travers; de Jà le franeaii^ tj/relaine^ qu'on trouve déjà
dauE ie fioman 4e la Ro*û comme faisant partie de Thabît des
feiumes» Le moine de Saînt-Gali nous dit que le^ Krjincs adop-
tèrent le $agum rayï* des Gaulois, de prt'frTeucsi au long manteau
germanique. Les iirctons; commuDiquJrent leur sa^im an£
Saxons, selon Wbîtaker, Le carac-challamh ou earacaiîa, était
une sorte de longue ro£}e gallîque» gallica patla dans Martial.—
Spenser dit à la lotiange du plaid : C'élaîé un& maison toutfi prétf
pour un banni (an outlaw)^ un Ui tout â point pour un rebeik,
un df^ffuùemetït ptiur un vokur. Il dit encore que les irlandais
jetaient le pTaid sur leur bras gauche, de manière à imiter par-
faitement le vêtement Écossais. En ISSj^ le parlement défendit de
ÉTË?^IIAADS*
165
lOknche k cause rie soa long veuvage ^ Dans un acle de
tl;i08jliré des Olîin du Parlement^ Gliarles VI appelle
\Jitançhf\ sa mère Jeanne lïe Bourbon *, — 11 semble que
ce fut d'abord une chose jmrtïciilièrc aux Espagnols de
forler le deuil en noir^ Pierre le vénérable t(!!'moigne
[sa âur(»nse if avoir trouvé parmi eux cet nsage \
Les an^riens préféraient pour étendards des figures
|d*animaux» soil pour rappeler d'ani:iennes traditîontîp
liûit pour inspirer la terreur. Les Uoniains eurent la
|!ouvc> le forbi'uu, puis Taigle, Les Gaulois auxiliaires
Ide César avaient pour signe Talouette, symbole de la
Ivigilance; leurs boucliers étaient aussi ornéiî de figures
[iranimaux, Q^ielquefois les animaux nationaux étaient
rvhants ot nourris aux frais deTÉtat, comme les animaux
1 sacrés de TÉi^ypte, comme les fétiches des m^^gres.
iGaud nourrissait les lions ; Bavon, ainsi que Borne, des
rtmrs. lîans un monastère de Flandre % on entretenait
|uû aigle immortel (perpétua aqui!a)^
Aux Tliermopyles, dit Pausatiias, les Gaulois ne pou-
I Valent ne reconnaître, la nuit étant troj* sombre pour
[•cpt'ils distinguassent les figures peintes sur leurs bou-
Icliers. Les Germains, selon Tacite, avaient de sembla*
Ibles in!$tgnes> Les légions bretonnes^ au service de
iHome, portaient sur leurs boucliers réloilc, le croissant^
le grillon, le dragon à deux létes, le serpent à deux tètes.
I paraître aux asaenibléea en habit irlandais; toiîtcfds les Irlandais^
[bu £iiUîeii ihi Jj£-sf?ptièi£ie siècle^ out quitté pJus aiâéiuont laur
Ltndeu costume <iua lea mùutagnards d'Ecosse. J'ai, d IL M. Logan,
[vu dans un journal i^cos^ais de J730, un meurlrier acquitté^
I parce que aa victime portait la tartane écossaise, Logaa» l| 23T*
|2S5, 27 L
t, Ducangff, I» H94*
S. Carp entier, 5o7,
». Pèlri veaerab. Epiât., 1. t, p. 1631.
4. Satideri Gaudavcnsium rerum libi'i sex, Ub. I, p. 3^, 10 «
I. Ccjimue Vhomme immortel quç XerxL's donna au platane pour
len ttToir &oin. Y, Hcrodote»
toi ÉTI^XDAHDS.
et aiitres Hgurcs héraldiques'. Lo symbole des Dace^
était un dragon. Le^s premiers GauIoLs qui parurent à
Rome comme gladiateurs avaient un poisson (un dra-
gon ?) ftu cimier de leur casque, et étaient appelés mir-
miIl{ms(Festus). Le lion est Tarmc de rÉcosse. Cepen-
dant à la bataille de TÉtendard, c'était une espèce de
dra^'on".
Les armes des clans ^^cossais sont des plantes, le gui.
Tif, le pin, le jonc, ctc, — Trois plumes de Taile d*uii
aiijie distinguent le chef, deux Je capitaine, une le sim*
pie guerriei-, — Saîadin faisait peindre sur ses (Mendard>
des plantes, des fleurs, des abricots et d'autres fruits dr
couleur d'or '» Une fois, raconte Emad-Eddin, il fil
servir des abricots au prince de Singar. v Cea fruits sur
les assiettes brillaient comme des étoiles ; on les eût
pris pour des boules d*or natif, et l'éclat qulls jetaient
ressemblait k celui des fruits peints sur les drapeaux du
sultaji *. u
Le drapeau des rois de France''' p^orte aussi des
fleurs : /ù si portez les armes de (rois fleurs df* hj$ **u
sifftu^ d^ la ùenoile 7Ynîf'/é^\
U ruy dr Fran€t^ nrousiumérGHl en leur armes à porkr
la fhurdi' îh pa'nitt's par frais faeliies^ aussi conum^ s^ lA
dt'fsnt'îft à tQiii le monde : foy&, mpience et chevalerie, elr..^
Les df}ii.r ftielties de la fleur de Hz qui sont oeles (comme
ses ailes^i, seignefleal sens et thevaleri^j qui gar^dentf't dr-
fendenl la fier ce fuel lie qui es ( ou milieu £^%'//ex, pltt^ lon-
gue et plus haute, par laquelle foys est entetidw? et p*-
nefle ^.
\, Voyez la Nolitta imperii^
2. Loï(aij, ï, p. 287, 2^3- *
3. Michaud, îiist, des Croîsi., 1, Uù,
4. liL Bibliotti, dii» Cnm., l. IV, p. 224.
5. Vo3't?z rUi&loii e des drapeaux, des Jûsigties et couleurs itf
Ift motiarchie franeai^c, par M. lUy,
6. Mfîmoirr- eiir Raoul 6ù Preslcs, Acad. dealose. XllL
7. Nm^hf p. 16D, (^ditïon de 1761.
llANNIÉliKS.
107
VOrifîamme'éiûli une espèce de baDuière rouge, fea-
^dtie par en bas, etsusi>enduo au bout d^uite lancé dorée;
le comtes du Yexin, comme avouas de Tabbaye do
I SaiDl-Denis, le portaient à la guerre, et <*e fut en caMù
^qualité que Louis VI ïe porta '.
On voit par un passage do Raoul de Presles que rori-
[Jîamme, la fmnnièreCharlejnaimief comme on Tappolail,
restait onlitiairemont à Saint-DouiSy ot Ton en faisnit
[faire uno pareille, qu'on portail k la guerre* Ausl^î^
[quand les 'Fiainandâ prirent l'onllanime à Mous en
jPuelJe, on ne s'en affligea [las.
...Et l'oriflamme conirfftnle
Chai à ferre p et la samrettt
Flamem qm après ietifuiretd ■.
Guillaume Martel, sire de Bacqueville, est le dernier
Chevalier ([ue Ton voie chargé de la garde Vje Tori*
I flamme. Il fut tué à Azincoarl. — Cependant, eu ! i(i5,
Louis Xï prend encore cette bannière à Saint-Di^nis
'jjour aller conïbattre les Bourguignons^,
Robert Wace, auteur normand du douzième siècle,
lit que le drapeau des Nrjrniands était de firup jYiufjt* \
[B^un autre coté, Albert d'Aix assure que l'étendard de
fBobémond, au siège d'Antioche^ était de la même eou-
lleur ^
Celle dernière circonstance prouve que les Normands
lavaient imjMjrté en Italie leur couleur nationale \ qui
[eu reste était aussi celle de l*oriflanime de Sainl-Denîs.
I. Lart fîe vérllier hs dattes, t, V^ p* Slfl. — V. Niuisis^
Id, i76f. p. ^m.
S* GuilL Guîot, cit<C^ par Gitlland. Enseign. île France» p. 38 ^ 31*.
IL Ml' moire ^ur Raout de Prifeles^ par LancdOt, Acad. dv^
4, Tom. I, p. 201, et nates^ de M, Aiigu?:t*î Pr<n-ost,
n, Saagiimei folom. Albert. Aqueiis. HUt* tlkros., 246.
6. Gauthier d'Arc, p* 37»
|68t' ARMOIRIES. •
Le pannonceau ou pennon était Tétendard du bache-
lier et finissait en pointe* — Quand un bachelier prenait
bannière, devenait àanneret^ la cérémonie était de
couper la queue de son pannonceau K Les armes €ii
carré n'étaient portées à la ^erre'que par les comtes,
vicomtes et barons. L'écusson servait aux simples
chevaliers.
Les deux pays où la féodalité s'est trouvée sur son soi
natal sont la France ot TAllemagne ; eest là seulement
qu'elle a produit son art, sa science, le blason ^ cette
langue si féconde, ce système de mystérieux aymbolei
où se jouait le génie du moyen âge. On Tiniporta eo
Angleterre ] on l'imita en Italie et en Espigne -»
Le dauphin avait mi mou II bel étendard^ tout battu â
or, où avait un Kt an vigne ei une L. La caase estai i patir
ce f/f/îl rj avoit une demoiselle moult belle m /W/*?/ de k
retjne guon nomuioif ta Cassinclle^ de laquelle ledit
scîfpieur faiaôiî le passionné ^,
Les Parthcs dessinaient des lettres sur leurs habits *>
L'empereur d'Allemagne Otlion II avait un vêtement où
l'on pouvait lire toute l'Apocalypse,
Les Planlagenets avaient d'abord pour armes des
lions ; Henri 111 y substitua les léopards de Normandie ^
Henri V avait dans sa devis f^ une que ne de rawrt de
broderie ^ A Tentrôe d'Henri VI & Paris : Il y avoit ittr
la ^orte Saint Ùent/s ung escu si grant, quil couvroîî
toute la maronner ie de la porte et estoit à moitié de rouge,
et le dessus d'aznr semé de fleurs de lis, et au travers de
fcscu avait une nef d'argent^ graaide comme trois armp^ ^
1, V. Oliv. de Ta Marche, U 6, cap. 25, p. 40S et suiT-
2. Voyejî S[ic"D(*r*
'S, Juvtrhil tl(33 LWms, p, 275, ad annum 14 M.
4, PUne, XIU, 2,
5. llisL Gaiifredi ducïs Normann,, ap. Scr, fr. XII, 521.— SUtb-
Paris-, ann. 1235,
6* Journaî du Bourgeois de Paris, p. 62.
7. Ueiû, p. Î4t, aunèe 143i.
EMBLÊMECS. — DEVISES.
im
Le« arniDs da cardinal de Lorraine étaient un Ikn-e
màt'trssnni une pt/ramide \ Le liurre embrasii^e. Tarbr^^
our l*élou(Ter* On connaît ranibition de la maison de
uise,
A coté des armoiries, dans les armoiries inémes» s<*
placent les devises. Celle des Bourbons olTrait un augure
lie la haute forlune de cette maison ; c'était une épée
rec ce mot : /^emtraifil, elle entrera ^
François I*^' avait, comme on sait, la galamandre^
our emblème; Louis XIY eut le soleil. Hejjrit en
l'honneur de Diane, avait seulement le croissant, maïs
VÊG une devise que les Français de son ternies espé-
ienl bien le voir remplir : VUndra ung temps gu^iu
onoUiffue sera accomplie ^ et plm H^m^y n^aura à m
ise itng croisani, car tout le troj/^ant $era rempli ei ne
ira pim : Donec tûtum impïeat orbem. Les aslres lutj
mncdeni (ùitU tliaiie de ùrif'f'\
Dans les querelles sanglantes des Armagnacs et des
Dur^uignons, le duc d^Orlcans avait dans ses armes un'
àton noueux ; ican-sans-Peur mit dans les siennes un.
■abot. Sa devise uHaît ; Ich houd, jft le tiens; celle du
ne d'Orléans : Je renvie. Le duc de Berri, onde de
harles VI, avait, pour i-inblème, un ours et un cygne
avec cette devise : Orsint!, le temps vem^a. On la lisait
naguère ssur les vitraux de la cbapelle souterraine de
^ ourgeSj qu'il avait fondée.
Sur le beau Froissard de la Bibliothèque royale*!
Pim est t'H vous, — Sur les manuscrits d'Olivier de la
IJUarche : Jant a souffert ^ — A Brou en Bresse, sur le
lombeau de Marguerite d'Autriche enterrée près de soa
I 1- Mém* de Coudé, I, p. 322,
I 2- Vojcï le Tnagnîiîqtie anvi'flge de M. Altier? sitût enlevé ûSàiL
lettres (Arifieti nuurbouuais, etc.)*
3, Perlîu, p. 6-7,
4, Fruisâarii, Ms» N»832Û.
$. Mti^lang4^s d'il u a gmade Bibl. V.
10
na
'470 DEVISES. — CRIS d'armes.
époux, Philibert-le-Beau, qu'elle pleura si longtemps,
on voit la devise de cette princesse : Fortune, infortune,
fortune *. — Chez une autre veuve, dans la maison de
Louise de Savoie, mère de François r% à Angoulême,
on lit encore ces deux devises placées dans sa biblio-
thèque : Libri$ et liberis, mes livres et mes enfants;
Ferendum ac sperandum, souffrir mais espérer *. — On
voit partout sur les murs de la chapelle si curieuse et si
mondaine des Saint-Gelais à Angoulême/5;>ero, j'es-
père. — Aucune devise peut-être n'a des applications
plus belles et plus variées, que celle du duc de Bour-
gogne, Philippe-le-Bon : J'ai hâte!
Devise des S. John : Data fata secti/tis; j'ai suivi mon
destin ; — des Saltoun : In God is ail, tout en Dieu ; —
des Byron : Croys Byron. — On lit encore en France,
au-dessus du guichet de la prison de la maison seigneu-
riale de Tourville : Sileto et spera; en Irlande, sous
Técusson qui surmonte la grande porte du château de
Fortescue : Forte scutum, salus ducum; en Angleterre, sur
rentrée principale du manoir hospitalier des comtes
Cowper : 7\ium est ^.
Les cris d'armes, moins nombreux que les devises,
sont probablement plus anciens. Chaque nation, chaque
grand fief, chaque grande maison féodale, a son cri.
Français crient : Monjoe, e Noi^mans : Dex aïe;
Flamens crient : Asraz, e Angevin : Valie *.
Les seigneurs de Montmorenci : Dieux aieue, ou selon
les autres: Dieu aide au premier chrétien. — Les Bauf-
IVomont de Lorraine : Bauffremont au premier chrétien.
— Les ducs de Bourgogne : Nostre-Dame-Bourgogne. —
1. V. lintéressaute notice de MM. Quinet et Marmier sur
l'église de Brou.
2. Maison de M. Mourier, professeur de philosophie à Angou-
lême.
3. Victor Hugo, Notre-Dame de Paris, II, p. 95, 8« édition.
4. R. Wace, t. I, p. 238-246.
CKIS D ARME S*
lit
Ceux de Borjrboti : Bourbon-Naslre-Damp. — Les comtes
le Foix ; Noâtre-Dame-Biorn, ou Béani. — Les Yùvgy :
fergy à Nosire-Dame- — De même, les eomles d'Au-
^erre Jes Sancerre et Duguesrlin. — Le roi de Portugal :
Ïrjstre-Dame Portugal. — Le duc de Gueldres: Nostre-
ïame Cmeldres. — Le ^îrede Gouey : Noslre-Dame an
igneur de Coucy. — Le comle do Haîiiault : Nostre-
latne Huhiault. — Les papes : Noslî-e-Darae Saînl-
^ierre. — Les rois de Castille : San lago* — Les rok
l'Angleterre ; Saint Georges, — La maison de Vienne,
Bourgogne ; Saint Georges an puissant duc, — L ou
>nférait la chevalerie : Au uorn de Dieu ri de monsieur
lint George* — Les ducs de Bretagne : Malou ou
laint Malo au riche duc. — Les comtes de Champagne
^t de Saucerre; Passavant li meillor; ou Passavant la
libant. — Les ducs de Brabant: Lembourg à celuy qui
conquis. — La maison d'Auglure : Saladin, nu
jtamas, — Les Chauvigny, en Berri ; Chevaliers pieu-
sut. — Le vicomte de Vilîeuoir, en Berri : A la belle.
Les anciens seigneurs de Préaux en Normandie :
-Auguste. — Les sires de Coucy : Coucy à la
iarveille, ou Place à la bannière. — L*empereurOthon»
Bonvine^ ; Rome. ^ Les Gascons: Bordeaux \
Timbre du comte de Sancerre : Un roy à grands chc-
eux et à grande barbe, avee le cri : Pmsavant ! — Le
Ire de Sainte-Sevère crie : Brosse! — Le sire de Prie
jrte pour timbre une tôle d aigle, et crie : Cans
^oyseauj^! — Le sire de Gnilent crie : Notre fiatmou
'pH d'or ! — Le sîre de Vauldenay crie : Au hrut! —
sire de Ja Cbastre crie ; A taitrait des bons cheva-
drt! — Le sire de Bar crie : Aw /en, au fûuf — Le sire
\ Jars crie ; Hockerhouari ! — Le sire de Vcrvins crie;
foussy û la MarveiU'- J — Le sire de Genliscrie: Augmi
\gvetl — Le sire de Boulogne crie : Bologne belle ! —
1. Ducaûge, Éclaircissemf'nt an JmovHle,
i7î INSIGNES DES ROTURIERS.
Les sires d'Âufremotit et de Gaucourlerîent : Ckrmonl!
— Le sire de Waurin crie : Mains que k pas ! — Le sire
<ie Sainl-Pol crie : Leslgnen! et sur son heaume un ser*
pentqui se baigne. — Le sire de Tournon crie : Auplus
druz! — Charles 1% duc de Bourbon, cric : Montjnut-
Saint- Denis * !
Les roturiers ont aussi des armoiries, des devises et
des cris d'armes. Lorsqu'ils sont réuTiisen associations,
ils s'enhardissent à faire aussi les gentilshommes^ il»
se créent peu h peu un blason. D abord toute corpora-
tiou a sa bannière et sur sa bannière le saint qui la pro-
tège. Qui oserait leur interdire la reconnaissance qu'ils
doivent à saint Éloi ou à saint Fiacre, leurs patrons? A
côté, à la place du saint, se mettent peu à peu les insi-
:gnes du métier que la corporation imprime aussi sur
ses actes et grave sur son sceau. Ainsi la corporation
des épiciers-apothicaires de Paris a armoiries et devi-
ses ; c'est une main qui sort d'un nuage dans un ciel
étoile et qui tient un fléau avec des balances, et au-
dessous cette devise : Lances et pondéra sei^vant. — A
Florence, les plumes étaient l'attribut des Arts, ou cor-
porations de la soie et de la laine *.
Dans le soulèvement de 1525, les paysans de la
Souabe avaient généralement adopté pour signe de
ralliement une croix blanche. Certains corps avaient
•des bannières sur lesquelles était représentée la roue
•de la Fortune '. D'autres avaient des sceaux sur lesquels
1. Apud Labb. AU. Cbron., p. 690. Suivant Ducange, Montjoie
vient de monljoie, qui est en vieux français le diminutif de colUnc,
et doit s*entendre de Montmartre, où saint Denis souffrit le mar-
tyre. Je crois l'étymologie plutôt toute mysUqne. Monle di gioùit
•cbez Dante.
2. Voyez la description du tableau de Gautier de Brienne dans
le Machiavel de M. Artaud, II, 122-3.
3. Des témoignages précis font voir que ces roues, quoique
formées comme les roues de charrues, n*étaieut point employées
comme symboles de Tagriculture.
mSTfiNES DES ROTUHTERS,
n3
>ii Toyaît un soc do charrue aveu un fléau et un mteau,
>ii avec une fourche et un sabot formés en croix^',
Le^ roturiers avaient aussi quelquefois des armes
adivîduelies : — La BaJio de Sienne reconnut dans le
pape Jules 11 im descendant d'une noble fainille éteinte^
|ni avait, comme lui, pour armes parlantes un chône;
lais cette descendance ne pouvait guère se prouTcrque
far le rapport ilu rouvTC des Rovère avec les glands des
ihtandaronL Le pape, qui désirait ardemment donner de
l'OIiislration à sa famille plébéienne, s^e prêta avec joie
ce rapprochements 11 comprit dès lors Sienne dans
aies ses alliances^ et embrassa la défense de tous les
itérôts de celle république ^
Dans les contrats, les artisans qui ne savaient point
^igner leur noin^ figuraient souvent les instruments de
B^ir métier. 11 reste un grand nombre d'actes souscrits
J'uîi marteau, d'une clef, d'un fer à chevaL d'une roue,
^côlé desquels le notaire a écrit le uom du maçon, du
errurier, etc. \ Le père de Luther avait pour marque
, pour signe un marteau.
Dans le beau et curieux Cartulaire de Clermont en
îauvaisis, les tenants d'arrière-Oefs (en villenagr), ont
>ijg des armes parlantes : Le Serrurier, un** clef, p. 191
BFSo; Lefcbvre, Faveriau, un fer achevai, 160, 27 0, etc.;
Tonnelier, un tonneau, 160, etc.; le Carpentierj unû
^ke, SOB, i63 v. ; G^rboonier, un feu d'or en champ
DiVj 177, 208; le Maçon, un marteau et une éfjuerre; le
larron, une roue, 118; le Quen (cuisinier), une mar-
lî/e, ÎM] le Marchand, un sac, 265 v,; le Bouclujr, une
268 V,; Cerclier, un cerceau, 365; le Barbier,
[fx rasofrs, 256; Lescripvainj un livre ouvert, "^66;
ï. Gropp, Chronique de Wurt^bour^, 1, p. 97. — VVadîsinulh.
Satoire de la guerre des paysans, p. 3G*
' Sisinondi, R»^p. iL, XIK 03,
|3. Vayc2 Monteil, quatorzième siècle, chapitre des six couleurB^
Ole 50.
ilA NOMS.
Le clerc, im rouleau éctHt^ 201 ; le Forestier, uu arc, 1^:
le Prévost, le Maire, une épée, 165, lOG, etc.; Diicange,
lifU' fmlanç€(âe changeur), 105; le Candelierj froîs chiifi-
fklies allnméeSj 305. — D'autres équivoquent sur le nom,
et forment une sorte de rébus : Fauquel, une fmx,
p, 43, iOÎÎ; Boterolle, troh boties^ 160; Duqiiesne, li/i
chme^ 178, IS'ï; Dclourme, un onm^ ^93; Herenc, iin
harmig^ 198 ; Corncllej une comelile^ 212 ; le Coq, un coq,
22i; GouvJDQ, nn goujon^ 229; Poulet, unpouki; Soriz,
Hng fiùuri&, 280; Dans, un arc, 3!4. — D*autres armoi-
ries roturières font une allusion plus ou moins directe
au nom : Dubrulé, une ma7^mitc, 170, 205; Mal ep art, des
dés, 179; Leblond, tète d'argent à cheveux rfor, 183,
il8; Laffllé, coutmu, 187-8; Lesac, sac, 18î>; Lermitte*
tête d'hermite, 189; Langle, tête d*ange, 201; Lorens,
grille^ 206; Dunioastier. e/ocAe,208; laDamedu Mouche,
tête de religieuse avec crosse, 209; Pierre Saraziu, léie
mure, 109; Jehan le pelê^ iéte chauve, 231 ; M argue, trois
pies, 212; Legay, un geai, 215; Jehan le coq, un coq,
221; Tliorian do Fores, un taureau dans un fowTéy 225;
Malin, une tête fwire (de diable), 231 ; Bon temps, gtrhe
(tor, 2t5; Jehan Courtefoy, trois mains coupées, 254;
Jacque Lempereur^ trois couy^nnes d'or, 256; Pierre
Toussaius, une tête avec auréole^ 259; Gorgedieu, idem.
363; Triquotel, des dés, 260; Cuer de roy, un cœur roug*-
sons une ronronne d'or^ 265; le Mgine, tête eapiichonw^^
de noir, 289 ; Hardy, tî^ois épées, 311 ; le Preux, trois ^pées,
259; le Brun, ours ou sanglier^ 312; le Yillain, vilaine
figure, capuchon bleu^ 331; le Pelé, tête avec serre-tétf,
îfôS; Campdaveine, trois bottes d'or, 346; Loys, dntj L,
353; Durpain, tr-ois pains, 362; Morel, trois lêles de san-
glier noir^ 366 * »
Les noftisdes roturiers sont généralement tirés de la
qualité t de V accident individuel : Le noir, Le fOUi, etc.
t. ArcbiveB du rojaume, L. 2B. Cartulaire de Beauvoisis.
^OMS, lis
îeux 4^-3 iiobïfs ^hkivent plu 16 L iJe la sitLmtancff do la
*iTe,du bien (res): De-ville, Ihi-nic, Moiit-aigu, elc. —
^ariâ 1*1 Hslc dc& seriï:enls de Paris (Ordoan. L 1), henii-
>ijp de noms se rapportent aux dilîormité^, aux défauts
lysiqiies : Le borgne, etc. Voyez aussi les Montres, ou
sles de Gens d'armes, riiic possèdent au &^i les Archives
la royaume.
On a remarqué avec raison e|ue beaucoup de noms
faecordaient réellement avec le caractère moral ou
tysique de rindividu qui les porte, c*est vraisembla-
lement qu'ils indiquaient des qualités héréditaires dans
famille : Petit, etc.
L'importance symbolique du nom se relrouve dînis
)utfi Tan lit] ni lé : Hector rappelait Scamaudrios, mttU
BS autres Aî>tyauax.,, — Meli voeant superi ^
Les villes avaient des noms mystérieux, {liAtincts de
&urs noms vulgaires. Roma-Amor-Flora, d'où Floren-
Le sobriquet de l'Anglais est John Bull, relui de rAl-
^mand, Michel ', ceïuiduFrarïçaîs(du moius autrefois)
ficques on Jean *. Dans l'initiation allemande du eam-
ignonnage des tonneliers, dont nous avons donné
"ailleurs les belles lormules, on demande à Tapprenli :
Comment veux-tu l'appeler de ton nom de rabot? Choiï>is
~ I joli nom, court, et qui plaise aux lilîes. Celui qui
>rie un nom court plaît à tout le monde, et tout le
lùnde boit k sa santé un verre de vin ou de bière ^ ^
!*a loi de Manou dit de même : Que le nom d'une Cemme
îit facile à prononcer, doux, clair, agréaldc; qu'il ^e
ïrmÎQe par des voyelles longues et resi^emble à des
1. irmd, Z. — Ovid. Metam,
2, V, [Doii HisL roinîitne.
3. PQslor, HUt, d'AUemagne, I, p. xivn, Irad. de 51, Paquif*
4, Viiyez le troisiéiDc volume de mùù Histoire de France*
fi. Grinim- Alttl. Wœlder, U beft, !S13, tr. dans les notei de
iiciieict, lotrod^ â riHst. univ*, p^ 97 de la t" édition.
il6 DEVISES POTUBTÈRES*
f>arciles de bénédiction. Que le nom d'un Brahmane
exprime la faveur propice; celui d'un Kchatriya, la
pui,'?sance; celui d*un Vais va, la richesse; ci^lui d*uïi
Soùdra, rahjecUon. Le nom d'un Brahmane Hoil indi-
quer la félicité; celui d*un guerrierj la protection; celui
dun marchand, la libéralité; celui d'un Soùdra, la dé-
pendance'.
Chez les Grecs, le petit-fils porte le nom de son grand-
père : Cimon, fils de Milliadéj petit-fils de Cimon. A
Rome, il n'y a qu'un nom pour toute la Geng;, celui du
père de famille; ainsi les dix mille Cornéliens de Corné-
lius Sylîa, étaient dix mille esclaves affranchis par lui.
Souvent au nom de son maître Tesclave ajoute la termi-
naison Por : Marcipor, Caipor, etc. Les mulsulmans
n'ont point de noms de famiïles; ils ont bien des armoi-
ries, mais elles sont personnelles et meurent avec celui
auquel elles appartiennent ^ Au moyen âge, les noms de
famille ne semblent dater que des croisades.
Dans le Credo do Pierre Plowman les moines disent
aux fidèles qui leur font des donations ; Votre nom sera
richement écrit sur les fenêtres de î'égl îse du monaslère,
où les hommes le liront à jamais; et ailleurs : Il y bril-
lera avec les marques (marks) des marchands. — Eu An-
gleterrej les commerçants plaçaient leurs marques sur
nn écusson, formant ainsi hardiment une sorte de blason
roturier \
Les foires de Champagne avaient un sceau avec cette
devise : Passavant le meitlor *,
On a trouvé en creusant des fondations à Lyon, une
1. Lob (Je Manou, p. 32, g 3t-33.
2. R e ma u d , D e acr ï p t i ou ùeàm onuiD eo U m usul ma 05 d u ca hia et
4e M. de Blacas, 1, tl9,
3. Warton, Hist. of th(ï EJiglîsh poes>% II, i37.
4. Voyez Tri?sor fie numism. et glyptique, 40^ livraison,
planche XIX, p, 22 de l' Explication, d'après uo sceau du Iresor
des chartes.
FORMULES.
177
irpie Je enivre de six pouces de diamètre représen-
ilia ligure (l'un empereur (Louis le Débonnaire?),
it autour deux ou troiâ li^Ties en caractères hébraï-
lûsî Rirle revers, cette légende : Post teilebras spero
;em — Felieitalisjudex dies ullimus. Celait la devise
3 juifs de Lyon el de Genève, comme celle des Vau-
fis ou pauvres de Lyon '.
lutber s'était fait gi^aver un sceau qui portait un^
lix noire avec un cœur au milieu ; le cœur reposait
* une rose blanche placée dans un champ d'azur et
itourée d'un cercle d'or *•
Waller Scott/dans un de ses romans, attribue à un des
'enteurs de llmprimorie la devise suivante : Kunsl
itchtgunst^
L'université d*Oxford a pour devise : Dommus lUumî-
itio mea, Dieu est ma lumière; à rentrée de l'un des
allèges d'Oxford, on lit : Manncrs makyt man.
A la porte de la chambre dnrée du palais de justice
I Paris, on avait placé un lion couchant *.
Les roturiers avaient leurs cris d'armes. Dans le Midi,
^lait le mot Atiot; chez les hahitanls du pays de Gom-
inges, Aùlot :-- /celui Vidal ùmtda son arhaieste m
' l à hùJike voix : Ablo, Mo, rihaux, ear ne mut
nous. En Bourgogne, c'est le mol Al/or : Leqml
laii et mfp.mme commentèrent à crier, Af*oc, Afwc,
„. e$( à dire ainsi comme, A la mort. — Ahors a le
lème sens dans d autres provinces. Hahaij, hahay, ou
-f^fg - ^ A hors tes meurdreurs qui ont iué Jehan du la
fî. Méuestnen Histoire de Lyon, p. 220.
't. Voye2 TexpUcalioii qii1l donne liii-mfiinc de ces symbolfi^,
^Ikhelet, Mém, de Lvithen HU Sal.
3. Wulter Srotrs, thiî Antitîuary,
4, L^Hospital, Réform, de lajiistic**, L S^i éd. de 1325.
I 5^ Lettres de? rémission de 1362, 1157, mi, 1365. - \oye*
«rpentier^ 1» 164, snb vcrbo AUot.
178 CORI^S DE MÉTltlRS-
Les roturiers comme les nobles curent leurs associa-
liuna. je parle des corps de métiers^ des confréries de
ioutc pspece^ dont quelques restes subsistent encore
daui; les Compagtjom du devùh-f etc. L'on trouve pea de
coutumes i^ymlKïliques dans lés corporations de l'aD-
cieuue France, Tout y est clair, précis, sans équivoque;
ces bourgeois règlent leur corporation comme leur
commune, comme une institution politique doot la
charte doit être sérieuse et ne rien contenir d'inutile. Les
boulangers sont peut-être les seuls qui se soient écart^^s
un peu de la si^eheresse ordinaire des statuts de c^jr-
poration:
Lorsqu'un jeune garçon a été successivement vanneyr,
h lu Heur j péhîsseur^ glndre ou matfre-vaietf il peut y en
pmjani au roi le tonlîûu, éfre aspirant boulanger et en exer-
m- le mélkr pour son propre compt*\ Quatre an$ api'éj il
passe maître, ft votc't de quelle manière ii est reçu : au jour
fLré^ il pm*t de sa maison suivî de toux les boulangers de la
rtik, il se rend chez le mailre des boulangers, auquel il
prf^senff" un pot neuf rempli de noix, en lui disant : Mattj^^
j'afj falct et accomply mes quatre ann^t'n; veez-ci mon pof
rempli/ de noix. Alojs h maître des boulangera demande
an clerc écrivain du métier si cela est vrai ; sur sa répon%*
affirmative^ le maître des boulangnrs rend te pot à taspi-
rantqui le brise contre le mm\ et le voilà maître V
K Montell, quatorzième eiécle, t. H, p-lH et 461, d'après ï)ela-
luarrei TraUc d& UpûLicei liv. Y, tit, 12, ch. 'à.
ÇUAPITRE SIXIÈME
DROITS rio&AL'X* — /rîlll>fr.TÏON. — REDEVANCES*
' Il faut rcconiiaîLrû comme droit de la nmison-Dieu
fEchternach ban ot convocation (maniuim et bamium),
èles privées et ^auva^^cs, cens et dfme, tenue et niaiii-
awe, oiseau dans l*air, poirâson daus l'eau, ordonnarieo
défense^ et fc, en long et en larye aussi Unti que
élend la maison-Dieu du bonsei^eur Saiut-WJllîbrol,
[^ Le seigneur a droit srtr k feux, h ebectuj (chasi^e)
pom d*r in klot'k, ioxtaiî:t: oUf aerel !>' pesckon sur f/nf~
eL Record de Malmcdy. ^ Le f^a, la cimUît\ Ir sna ih
I thiehef toisemt.v en lalrH kpoksons mr le^t'amc)'. Uee.
î Slave lot. — iîccordeli £schffvim de Veîsmcs mesire kMé
i Stfiueht e( de Mahmdij de dens U hans de Wehmes si
nQei si lai'ge gitUse^itent, la /mulfeur et seitignorie^ te
\t, la cloefi et îûkeaux eis ayre et kpeckan sur le graviei.
ec. de Wcisnies, Ibidem*
rDans Toriji^iue, ces jaridictions des printres et sei-
fteurs étaient fort restreintes. On a vu plus haut quelle
|Uiit riiidépeiidance des hommes de la Marche- Or pri-
ditivemcnt les Marches comprenaient ]ïresquc toutes
B3 forets et les rivières. Mais l'envahissement fut ra|nde.
5s le eommencement du treizième siècle, on entend
les pîainles :
466 juRinicnoTï.
Lps princes saisissent violeinmenl
Chamj>s et rochers, eaux et forêts,.
Rétes fauves et bêtes domestiques ;
Us nous prendraient volontiers Tair^
L'air, la commune propriété ;
Ils voudraient nous ôter le soleil^
MémË le veut et la pluie- G. 2i%J
Quïd regum Bi^t^ sether^ Quminai terra, fretum. Rei-
nankïri et IsangrinuSt G- Supplem.
Ces plaintes pourraient paraître exagérées on satin*
([ue?i. Cependant elles ne sont que Irnp justiGées parle*
formules do juridictions seigneuriales ; plusieurs clTraieûi
Tesiprit de leur audacieuse brièveté :
— Us sont seigneurs à Aldetihoven du ciel à Ja terre
et ils ont juridiction sur et sous terre. — ... Le seigneur
enferme les habitants, sous porte et fîonds, du ciel à la
terre, Tuiseau dans Tair, le poisson dans Teau- — ,., H
est seigneur suprême dans toute Tôlendue du reîssort^
sur cou et tète> eau, vents et prairies. — ... Droit de
prononcer sur ventre et cou, droit de sauf-conduit, soo
de cloche, cours d'eau, poisson dans Teau, gibier sitr
pays, oi??eau dans la verte forêt, poids et mesures, taxe
et pour^uite. — A nous et à noire chapitre de Trêves
seront assigmjs et jurés chaque année par les gens do-
miciliée et par toute la communauté, les €âU3c et paca-
ges, la forél chenue, riiomme qui vient, la cloche qui
sonne, le cri public et le droit de lioursuite (Î507)* —
Nous reconnaissons iV notre gracieux Seigueur, le ban
vl la convocation, la haute forél, l'oiseau dans lair, le
poisson dans Feau qui coule, la bêle au buisson, aussi
loin que notre gracieux Seigneur ou le serviteur de sa
GrAce [lourra les forcer, l^our ce, notre gracietti: sci*
gncur prendra sous son appui et protection, la veuve et
f. ViryfK aussi ks griefa des paysans de Soaabe, dans mei Mtin,
de LutbtT, U IK
I
JCRIDICTION ET DROITS FÉODACX.
181
Torphclin, Thomme ijui vient avec sa faille rouUlée,
comm€ imsÂÏ VhmnmG du [ïays. ^ »,* La cloclie qui
oulej Teau qui coule (^fookcnklank, wassergang), I^
E>isâon dans Tonde, le gibier dans la plaine, Toiseau
ians la verte forêt ; donc qu*on se garde de le faire fever
bu le prendre sans permission du souverain Seigneur,
^bidem.
Que personne ne prc^nne de poisson dans la pêcherie
|iilrt^ Genshofen et Rupach, sans Tordre de sa Grâce.
ae si cependant quelque bon compagnon du comté,
atrant dans Teau avec bas et souliers, y prend un
poisson et le mange avec de bons amis, ce ne &era pas
]|u délit ; mais; qu1l ne le prenne pas au filet, qu'il ne
' t porte paiî au marché.» De même, si un bergerj albmt
. ses brebis avec un chien, saisit par hasard un lièvre
ftu passage, s'il le prend ouvertement sur sou cou^ s'il le
cuit sans herbes ni choux, mais que le traitant selon son
dmil, i! le poivre, le rôtisse, et convie au rc|ias le sebul-
'li6iss ou un servileur du seigneur, il n'aura pas commis
Se délit. Mais qu*il ne poursuive pas le lièvre, qu'il ne
' ! recherche pas, qu'il ne le tire ni le vende.
-, Item, un bourgeois enfant de bourgeois pourra
prendre avec un cbien un lièvre ou un sanglier, et nul
eigneur ne Ten empêchera, pourvu qu'il envoie la
turc à Monseigneur de Ziegenheim à Ziengenbeim.
1 250,
La juridiction se limite parfois d'une manière analo-
m aux mc:^ures de la propriété dont nous avons parlé
t^Ius haut. Ainsi la juridiction de TarchevêquedeMayence
le tthin, vers Waldassen, s'étendra jusqu'à Tcndroil
pu Teau du fleuve touchera le poitrail d'un cheval et sera
aseï fort(?ponr le repousser. G* 102,
L'attribut le plus odieux de la puissance féodale, était
le droit de dépouiller les naufragés, le jdroit de bris.
Lewêllp, prince des Gallois du nordj dit dans une
charte : J'ai concédé aux moines Je droit d*user et jouir
U
189 RgDE\'ANCES,
(gauciere et uU) des naufrages dans toutes leurs terres,
sur tous leurs rivagres, et cela, de la meilleure manière,
de cnWe môme dont je jouis dans mes terres; c'est à
savoir que tous les bien^s et elTels qui par submersion,
perte de navire ou autre infortune, seront jetés par la
mer sur leurs terres ou sur les rivages qui y touchent,
deviendront en totalité la propriété de ces moines '- —
Blanche dit que ausit corn céans que ten a deffié sm la
mey est p}iuf\ aiml cùqu*' la mer souprent est commun*.
Dans îcs âges primitïis, l'tiomme paie de son sang; il
Todre auï dieux, comme sa vie; aux hommes, comme
sa plus précieuse richesse \ Ainsi, les Athéniens furent
soumis, selon les poètes, au tribut de sept jeunes gar-
cous et de sept jeunes filles qui devaient être livrés au
Minotaure, L'impôt de ïa vie se trouve aussi chez les
Scandinaves; dans leurs Sagas, il est parlé de trente
servantes et de trente serviteursque Ton tire au sort.—
Ailleurs, nous trouvons dans les traditions le tribut de
rhouneur et de la chasteté. Le roi d'Oviédo, Maureiml,
est contraint d'envoyer les plus belles filles an sérail du
calife *,
L'impôt de la vie ne profite point à celui qui en
reçoit le tiacrifioie; aussi se changc-t-il naturelïemenlen
une redevance utile. Les Saxons, vaincus par les Francs,
fournissent à Glothaire un tribut annuel de eÂnq t:e\U&
viiches ; au temps de Pépin, ils envoyaient chaque année
v\n présent d'honimur de trois cents chevatix. Les Thurin-
\ . Ducange, IV, 22, siib verbo Lagan, et Wrecum,
•2. Livre MSS de Justice et de Plel dédii à [a rf^itie Blancbct
Toi. 21 Yera*, col. 2^ cité dans le Ménioire de M. Rlimrath sur les
tiioiiumeiil^ îQédit.'; de rhlatoire du droit fraot^ais.
a. Voyez les religions de TanUquïté, de Benjamin Constant-
dansï la tabic doa miitirreB, au mot : Sacrifices bumaitis* tl â
rùuni tftus Ipr passages, avec un soin proporUoaD^ à sa^hame pour
le sncerdocc*
4. CondÉ. Histoire des filaurcs d'Espagne» L L
KEAUX, * 113:1
(tiens payaient leur tribut en porcs, la denrée la p!ug
précieuse de leur pays S les Frisions en peaux do bcEuTs.
ils se révoltèrent, parce qu'on exigea des peaux de buf-
\\e&. Tacite, Annales, IV, 72, — Lorsque Tempereur
Henri II se préparait à visiter Tévêque de Paderborii,
iV;véqae fît prendre par tout le pays les brebis pleinf*^^
afin de pouvoir présenter à TEmpercur un manteau IViil
avec les peaux des agneaux qui allaient naître-* — Qu'on
fasse au maire un présent tel, qu'à sa mort sa femme
|jiiîsse avoir une pelisse neuve de peau d'agneau qui lui
flosceude bien sur les pieds. — Le eentenier [centgraf |
qui aura été élu, devra donner au seigneur deux gants
lie peau de mouton blanc, suspendus à un bâton de cou-
drier. Le seigneur l'investira alors du bailliage, sans or
ni argent, noais seulement avec le bâton qu^il lui reu<lra-
G. 379.
Quand un serf venait â mourir, le seigneur avait droit
ii^i^nmilkure iéied^ son troupeau. — Le serviteur de
t'abbé devra prendre un bâton blanc et s'avancer à recu-
lons vers les ctiovaux ou les vaches, et toucber une bêle
avec le bâton; celle qu'il atteindra appartiendra au sei-
gneur, rien de plus- G, 360. Cette redevance s'appelait
Kuehr, — Demande ; Que doivent-ils donner pour ïe
Koehr? Réponse : Le laboureur donnera le cheval qui
^'ient après le meilleur; le fermier, la vache qui vient
^pi'ès la meilleure; la femme, la robr* qui vient après la
tiieilîéure. — Bien que toute personne mariée doive
^elte redevance, il y a cependant exception pour les
t*^Mnmes qui laisseront une fille assez grande pour souffler
'"ïe lampe allumée. Delbrûcker Landr. G. 370,
Le Koehr allemand répond au relief ôq^ lois françaises
^* Che^ les ancLÊDs on estimait surtout les jambon» de West-
ï'halie, de$ PTrént^e» et do pays des Marses< Voyez Tt^dit de Dio-
l^'t'Utto, qui flîcu le tuaxiininu du prii dea dcarùes. On Va. relrouvé
^^ y a quelques auoétia dana TÀBie mmeure,
^. Voyez au chapitre du Mariage, le don du fiancé espaguût.
tB4 POULES.
et anglo-normandes ** 5* un homme de ia paroisse pos-
ièfk^ au moment de sa mort, (rois (é(es ou plus dequdqw
bétail que ce soiij la meilleure sera l'és^v*^^ pour qui
de droH. — De releif à vilain: Le meiUiur aveir, qu'il
avéra, u chîvai, u huf^ u vache, donral à son seignor di
releif. Leges Henrici, L'expression nuitée en Angleterre
^slchailelj en français chepteL Les lois de Ktiut Iheot
ainsi cette redevance : Un eorl doit fournir huit chevauïj
quatre sellés, quatre non sellés, quatre casf|nes, quatre
cuirasses, huit lances, huit boucliers^ quatre épées, ck\
G, 373-374.
,,., S'ensuivent le dénombrement des heritaîges et ausii
les noms despossenseurs, lesquels à cause d'ieeulx doivent
chacun an, h nuit de l^Aaeenston à vespres, présenter ^f
payer, au euer de Pé^Use de Candé, au seigneur du ehapt-
ire, ung mouton eorfiu, îainu et denlu..., A la suite de ce
dénombrement d'héritages, se trouve on jugemeulqui
-condamne au paiement de six livres un des possesseur?
qui avait pn^scntéau chapitre un mouton qui n'était pas
dentu de quatre denh ^.
Les poules étaient la redevance la plus ordinaire. Od
les désigne diversement : poules de corps, poules de
cou, poules du foyer, de la fumée; poules du carnaval,
4e la Pentecôte, de la Saint-Martin; poules du fau-
con, etc. Le coq devait être grand et rouge; de là Tex-
prcssion allemande : Rouge comme un coq de redevance.
L*on disait aussi pour exprimer qu'un serf, devenu
bourgeois, ne payait plus la redevance au seigneur :
Poule ne vole au-dessus de la muraille. G. 374,
On ne trouve point de redevances de chien ou de fau-
con; on en trouve rarement d'abeilles (si ce n'est pour
la cire et le miel), quelquefois de sangsues. G. 863*
Celles de bière^ d'avoine, de farine, sont fréquentes, —
i. Voyez Dir congé, vcrbo Martuarium.
2, Cartulaire de Notre-Dame de Coiidf', majouâcrit. MflUteiÎT
Xiy^ siédô, U, 512.
IIEDEVATÎCES DIVERSES.
iH3
Les ehcvaux du Lmilli auront de lavoine jusque [lar*
dei^sus les narines pI tie la lilièrc jusqu^au veulre. G.
k102, — Lcfiaîn doit ôlre dp grandeur li*llc, qu*uii lioûiuié
1 assis le metlaiil sur sou pied, i) lui passe le gêuouj et
de telle grosseur, (ju'on puisse eo couper ïe pain du
I matin pour le berger. G. 103.
Loi (les Brchon^ d'Irlande ; Tout chef a droit d'épui-
jser chez chacun le lait d*une vache ^ Pour la table de
MonseigDeurj deux fromages cFune grandeur tnlle, que
mettant le pouce au milieu du fromage, et tournant au-
' tour avec le dernier doigt, on puisse à peine atteindre
au cotilonr du fromage. Droit de Cologue. — Et la
viando devra dépasser le bord du plat, de la largeur de
[quatre doigts. G* 101.
Nom avons un droite appelé le drok de fjosun^ qui es/
Uelf que k siew' et danie Vîdame peuvent par chacun an
prendre un bassin tfemnron im se$(itr piaîn de raisins^
en quelque vig^ie qu*ii noudroit, es envirom de Sami-Mi-
\chel\
Les redevances suivantes ont moins pour but rutilitô
t que le plaisir du seigneur : — On fait savoir qu'à la mi-
I mai, les borames de la banlieue auront à apporter <le la
mouMse à la cour, afin que l'abbé et ses praprielaires
assistants soient en propreté, ^ Le premier jour de
mai, celui qui occupe un emphytéose concédé par les
orplietins de Lacques^ est soumis a cette charge, qu'il
doit leur apporter un arbre de mai, orné de tiombreux
rubans, dans Jesquels seront trois épis de blé. Faute de
qooi, remphytéote est déchu aussitôt du bénéfice de la
I possession. Muratori Antiq. III, C7. G. 381*
L*argenL étant rare et le commerce nul, le seigneur
n'achetai l rien^ il se faisait tout fournir, môme les nniU-
Weset ustensiles, par ceux qui !ui payaient redevance.
J. Collcotanea d.i rébus Hîb. Itl, 85.
S» Diicangê» 906, Charta vicedomiii Caialauocnsîs, anno 15&i.
186 ARGENT.
Fers de cheval, socs de charrue, voitures, etc., tout lui
venait de cette façon, jusqu'aux verres ou cornes à boire;
encore fallait-il, en certains lieux, que cette corne fût
apportée par une jeune fille de dix-huit ans tout juste,
ni plus ni moins.
Les redevances d'argent sont plus rares. Il y avait en
Frise un impôt de ce genre, appelé le Klipschild (bou-
clier sonnant). Voici comment il se payai t. On construit,
dit Saxo Grammaticus [liv. 8, p. 167], un édifice de
deux cent quarante pieds de long, divisé en douze par-
ties de vingt pieds chacune. Dans la partie supérieure
du bâtiment se trouve le collecteur du roi ; au bas, un
bouclier rond du pays. C'est dans ce bouclier que cha-
cun vient jeter sa pièce de monnaie. Si elle rend un
son clair, et que le collecteur entende distinctement,
elle compte pour le tribut; sinon, il en faut une autre.
G. 76. — Chaque année, les anciens propriétaires de
Téglise de Saint-Romain à Lucques, qu'ils avaient cé-
dée, à titre d'emphytéose, à des dominicains, venaient
y chanter la messe, prendre un dîner composé d'un
nombre de plats déterminé, et recevoir un gros d'ar-
gent bien sonnant. G. 387.
On lit dans une Vie rimée de saint Amand, du onzième
ou douzième siècle [Essais historiques sur le Rouergue,
par de Gaujal, Limoges, 1825. G. 300] :
Fel cabalagre gran del comtat que crompet,
Quatre deniers d^argen Ion poboul rCaleuget
Cad an percept qu*era del rey honorai César
Als homes de Rovergue sul cap de cap ostal.
Dans un de nos vieux poèmes français, Charlemagne
dit à son vassal Ogier (G. 382) :
¥el cuivers renoiés !
Sers de la teste y rendant IlII deniers !
En une horse le cers soient loie
Ce doit vos pères le mien qui France tient
ARGENT.
Soient pendtt (tu col cl un blanc lévrier ^
Se li envok à Ratns u ù OrUsm.
Lesnon^Hbres paient., - : au grand forestier la chaise
d'honneur avec un coussînj un verre rempli de vin, une
verge pour défendre Ja Marche, une bourse pour y gar-
der les amendcB. Droit d'Osnahruck. G. ii81-î, — A
Wcissensée, le jour de la Saint-Jacques-PhiiippCj on m
raïasembîait au village de Scherndorf avant le coucher
du soleil, et chacun déposait un gros sur une large
pierre exposée sous le ciel; celui qui tardait d'une
iicure payait deux gros, de deux heures quatre, de trois
heures huit, et la somme montait toujours dans la
même proportion, G. 387, — Le bailli devra, à la Saint-
Martin de chaque année, percevoir, à la lumière du so-
leil, rimpôt royal pour la justice du roi; et si quelqu'un
ne le paie pas à la lumière du soleil, il sera grevé du
double, tant que la cloche tinte, que le coq chante, que
le vent vente, que soleil ou lune se lève et se couche,
que flux cl refUix vient et va, Ch, Hildeboldi bremensii^,
anno 1259, G, 387.
On dit encore eu France : f^cus au sukil^ argent son-
nant; Ha tant d^ bien ati soleiL
Un paysan irlandais, qui a cinq trébas, doit payer les
amendes et délits, et doit donner uu tiers de ses profiU
pour nourrir le chef- Les cinq trébas sont : une grande
maison, une étable à bœufs, une étabïc à pourceaux,
une bergerie, une étable à veaux \
Le village de Salzberg, dans le bailliage hessois de
Neuenstcifj, avait à payer chaque armée, k la Saint-
Walpert, six kneken (monnaie de six liards) aux barons
de Buchenau- On appelait Petit homme de la Walperl
l'homme de la communauté qui portait cet argent. Il
devait, dès six heures du matin, se trouver à Buchenan,
1- Coïlect, de rrJî. Hib , HT, p. LIS,
1H8 ARGENT.
etj quelque temps qu'il fît, s'asseoir devant le cbitcan
sur une certaine pierre du pont. Si le Petit homme tar-
dait, la redevance croissait toujours, de sorte qu'au soir,
la commune eût été hors d'élai de payer ^ aussi le bailli
avertissait chaque fois, et le village avait soin de donner
deuxcompagnouis au porteur, de crainte qu'il ne lui arri*
vât quelque accident. Si le Petit homme de la Walpert
arrivait à point, les barons de Buchenau devaient le faire
saluer, et recevoir Targcnt- On lui servait certains plais
déterminés. Il avait de plus un droit : c'est que s'il
pouvait passer trois jours sans dormir, les seigneurs
devaient le nourrir sa vie durant. S'il s'endormait, il
était à rinslaut renvoyé du château. Cet usage a duré
trois cents ans, et jusqu'à ce siècle. Hersfelder, IntelU-
genzblatt, ^IHOâ. G. 388. — Un village de la Thuringe
avait à payer chaque année, à unseîgneurqui demeurait
h douze milles, trois pfennings de irois bel 1er (liards)
qu'un cavalier tiorgne devait apporter sur un cheval
borgne. G. 385. — Dans un village du comté de Mans-
feld, à Stangerode, treize maisons payèrent, jusqu'en
1785, la redevance du Kuttenzins (du capuchoD?) au
bailliage d'Endorf, On devait la payer chaque année, à
ia Saint-Thomas (21 décembre), avant que la journée
ne frtt commencée, c'est-à-dire avant minuit» Le 20 dé-
cembre, le maître-paysan (bauermeistcr) sortait de sa
maison k huit heures du soir, et allait criant devanl
chacune des treize maisons imposées : < Donnez à notre
seigneur le pfenning de la Saint-Thomas, le kuttenzins. >
— Le maitre de la maison était tout prêl sur la porte,
et remettait son pfenning d'argent Durant la perception,
la foule grossissait, et criait sans interruption : t Nous
portons à notre gracieux Seigneur le pfenning de U
Saint-Thomas, lo kuLtenzins. » On arrivait à onze heures
au bailliage d'Endorf, Vers minuit, les paysans se trou-
vaient dans la maison du bailli, et y payaient les treize
pfenuings» Le bailïi donnait quittance en toute hâte et
ARGE3ÎT,
189
smetiait au maKra paysan un pour-boire qui dépassait
beaucoup la vaîeurde la redevauce, en l'avertissant
bien dt* sorlirdu village avaiit If? coup de miiiuil. Ils
reprenaient alors leur refrain : * Nous avon^ apporté i
cotre jETaeieux seigneur le pfenniug de la Saiiil-TliOTnas, *
et se reliraient cheï eux pour boire l'argent du bailïi. De
son côtéj le bailli devait envoyer sur liieure le moalanl
d© la redevance j sous peine de i'ournir pour chaquo
pjfenning une tonne de harengs frais. Si, au moment du
paiement, la salle du bailliage se trouvait fermée, c*était
le bailliage qui devait payer à la commune une blauche
couveuse avec douze poussins blancs (treize pour les
Li^eize pfennings), G. 380.
Pour les Francs-Alleux, les redevances se payaient a
îa grille de la maison. Le collecteur devait attendre tout
le jour, c'est-à-dire tant qu'il pouvait voir le verrou de
la porte; si la redevance n'était point payée ce jour-lâ,
elJie était doublée pour le lendemain. G, 389. — Si le
seigneur censier refuse ou ditTère de percevoir la rede-
vance» le censilaire est en droit de la déposer pubîir|ue-
ment sur la pierre de la cour, sur les poteaux de la
porfe, ou sur un siè^e à trois pieds placé en face de la
porte. Dès ce moment sa redevancG est acquittée. 6,389,
De même si le seigneur qui reçoit la dîme tarde à la
faire prendre, celui qui ta doit monte sur la roue de la
Toiture et crie trois fois i Seigneur Dixmeurï seigneur
Dixmeur! seigneur Dixraeur! Si personne ne se présenta,
il prend deux voisins, compte les gerbes, laisse la
dixième et s'en va, G. 393. Si le sergent du seignenr
vient pour percevoir les redevances, et que le pauvre
homme qui aurait tardé de partir avec l'argent ou la
redevance rencontre le sergent la bride & la main dans
la cour, avant qu'il n'ait passé la porte, le sergent devra
faire grâce au pauvre homme. G. 384. Si le shilling
heuer (locatJiire du shilling) n'acquitte point sa rede-
vance, le seigneur viendra suspendre le shilling à la
I
r
190 RONCIN DE SERVICE.
] crémaillère, ou le mettra dans le foyer; le paysan devra
[ alors déguerpir, lui, sa femme et ses enfants. G. 392.
j- Le fermier aura mis une table à trois pieds, deux pieds
hors le seuil de la maison, et un dedans; sur cette table,
le propriétaire ou seigneur censier lui paiera l'argent
pour le fumier rapporté. Les deux pieds hors du seuil
signifient que le bien doit être cédé trois jours avant la
Saint-Pierre. G. 187.
On trouve, dans certains villages du Brunswick, de
petits fermiers appelés Enfants du soleil, parce qu'ils
sont tenus de t)*availler chaque jour depuis la Saint-
Martin jusqu'à la Saint-Michel, tant que luit le soleil.
Les Hommes de la lune sont ceux qui doivent, à chaque
lune (à chaque mois), travailler pour le maître, ou cul-
tiver les champs appelés lunaires [lunares]. Duc. IV, 288.
G. 388. Il y a aussi des services de trois jours par
semaine, de neuf jours par an, etc. Enfin des services
d'animaux. Celui, dit Laurière, qui ne devait pas le ser-
vice militaire personnel, devait cependant, mais une
seule fois en sa vie, le service du cheval. Établissements
de saint Louis ^ : — Se aucuns avoit un hons qui H deust
roncin de service^ et il le semonsit, et H deist : Rendez-
moy mon roncin de service, car je le viel avoir. Je n'en viel
mie avoir deyiiers, Adonc il H doit amener son roncin de
service dedans soixante jours, se cil ne li en veut donner
plus long terme, et cil li doit amener o frain et o selle, et
quanque mestiers est, et ferré de tous les quatre pies; et
se li sire dist, je ne le viel mie, car il est trop foibles, cil U
pour oit respondre : Sire, fêtes-le ' essayer si comme vous
devez, Li sires piiet faire monter un escuier dessus si grand
comme il Faura, et un haubert troussé derrier, et une chaus-
ses de fer, si fenvoier douze lieues loin ; et se il les pûet
bien aller en un jour j et lendemain retorner, li sires ne le
1. ÉtabUss., p. 217, ch. CXXXI, dans le recueil des Ordono.
Voy. aussi Glossaire de Laurière, 1, 242.
JIEDEVANCES-
Î91
I pikt p(U i'€ fuser par droiL Et se il ne pikl ferê les deuj^
Ijmrnées, H ëires le pourroit bien re/w^er.
Souvent le sseigneur paie pour les services auxquels i!
, a Jfoil : *- Si le pêcheur apporte ses poissons par-de-
vaot le bailli, celui-ci devra lui donner un bon pain ; si
I le p*kheur fait mieux el apporte davantage, il aura tui
rôti de bœuf. — Quand les jiûeheurs vieudront vider
leurs paniers, on les traîlera si bien, qu'ils reviendront
avec plaisir, — Tout pôcheur de Crolxenbourgdoi! nwx
schœifen ce qu'il fautde poissons pour un repas. Chaque
pêcheur portera fout ce qu*il aura pris en quatorze
[jours, des meilleurs de ses poissons et non des pires;
et il en donnera aux schœlTcn Jusqu'à ce qu'ils disent :
I Assez, Ui as bien servi. Cela fait et dit, les pêcheurs
mangeront avec eux fe pain, le vin et les autres choses.
Et si Tun des pêcheurs, à cause du nombre de ses filets,
a un valet ou une servante, il pourra les amener manger
avec lui* G. 047* ^ linn la nohkce du haulet que k sci-
gtiair dWuU a de deffendre à mndre pousom^ jusqiies il en
\ y ait pris te (/ue à bd en apparlieni pour son ko tel.,.
iltem la noblece que lidh sires n a' m/- les poissons rayaulxet
Uiir tes gros pomons. Charte de l'année 1353 ** Derechef
\Udh rtligiem ont accordé as dis kabiians de grâce espe-
cial^ que il vommt es mares dessudh desctos soif hier ^^
U'erbe a le fauch'dk, iani seulement les samedis et les mùd
\de festes gardabks. Charte de Tannée 1310**
Souvent le don du seigneur surpasse la valeur de la
I redevance. Le cheval du messager borgne qui apportait
I les dîmes à Hirschhorn, avait toute la nuit de ravuine
I jusqu'au ventre* Le messager lui-même avait largement
i à boire et à manger dans de la vaisselle blanche, et, en
I le congédiant, on lui remettait quelque argent. On a vu
1 plus haut comment le Petit homme de la Walpert pou-
1, Carpenlier, lll, p. 21.
2. Corpeatier^ lU, p. iS.
190 . REDEVANXEâ-
vait gagner son entretien pour sa vie durant. Quelque-
fois même on régalait les redevables de danse el de
musique: — Que le bailli se procure ensuite des râ-
teaux: : ceux: qui ne sauront pas faucher, ramasseront au
râteau pendant une journée ; il en sera ainsi des veuves
et de ceux qui doivent demi-redevance. On sonnera
ensuite les grandes cloches pour ceux qui tr^ivaillent au
râteau ; au son des clochas, les travailleurs viendront
en la cour du bailliage, et il y aura en avant un fifre qui
fffrera ; puis ils s en retournerout. Quand le charbonnier
et le menuisier paieront la redevance, qu*ou leur raetle
de la paille autour da feu, et qu'on leur donne un joueur
de violon, qui leur joue du violon, aûn qu'ils s'endor-
ment, et un serviteur qui veille à leurs elTels, afin qu'ils
ne brûlent point, — Item, le maître-paysan recevra de
la dame une paire de gants, et il dansera le premier pai
avec la dame (année 1322), G, 395,
Ouelqucfois aussi le seigneur paie généreusement,
mais aux dépens d'autrui : Il y a^alimr ta place de Pé-
Tonne im grès iortg df quatre pieds ^ large de deux^ haut de
qualrt* ou cinq pouces au-dessus du pav*}. Ce grès d Itii
seul éiait un fief. Quand le roi entrait à Péronnc^ le te-
nancier de ce fief devait ferrer d'argent sur cg grés le che-
val du roi, puis le présenter au roi. Mais, en retour^ il
avait d'importants pnmléges :i^ la desserte el la vameUt
du roi après le j^epas d'entrée ; 2** une redevance sur la
àière qui se buvait à Pêronne ^ 3° im droit sur les haraqmt
qui s'établissfmnt à la foire. Il choisissait dans les bouti-
ques d'mstntments tranchants une pièce quon nommé le
premier taillant, e'est^â-dire le meilleur couteau ou rasoir
chez les couteliers, la meilleure hache chez le.t taillandiers ;
Il recevait des autres marchands une redevance en argent.
Enfin son fief était un asile ; un homme décrété de prise d^
corps ne pouvait être enlevé de la pierre^ s*ih*y réfugiait '.
1, Piganiol de la Farce, Picardie, II, S04,
UéRErrGKMKNT.
IW
LVntrée solennelle du seignetir féodal est ordinaire-
[ment remarquable, soit parla bizarrerie du cérémonial,
Isoit par les redevances auxquelles il a droit â cette qq-
IcaLsion :
Lé niarkgrave de Juliers montera sur un cheval blanc^
jui sera borgne, qui aura une selle de bois et une bride
ÎYcorce de tllîeuL Et le nmrkgrave aura deux t^perons^
f d'aubépine et un biVton hlane^ el ainsi il ehcvaucbera
iisquau lieu d'où sort la Rubr, — Si le bailli a aiïairo
|iu prieur, il doit y aller avee onze chevaux el demi,
c'esl-à-dîrc onze chevaux et une mule ; il aura de plus
an fauecin el un chien borgne ; on donnera à y es clie^
mux de la nouixiture par-dossns les narines et de ta II-
Itî^re jusqu'au ventre ; on su^spendra une barre ou bâton
derrière les chevaux pour le faucon^ el les cblons on
[les mettra coucher, près du faucon, derri/^re les che-
ivaux. Quant au bailli^ on lui niellra une table avec
|îiappe blanche, el dessus un paio blanc el un verre
blanc plein de vin. S'il veut quelque chodc de plus, ce
sera h lui de le commander, — Dn lit sera préparé pour
Vogl, en cas (lu'il veuille passer la nuit, un lit à
iraps secs et craquants, et avec cela on préparera un
[feu sans fumée. Droit de Francfort, année 1485. —
iDuand les seigneurs enverront leurs serviteurs recevoir
Iravoine, on devra à ceux-ci, bonne volonté, cliambrc
lehaudc et lab!e couverte de linge blanc, mais rien des-
Isus ; un pot de vin et rien dedans, deux broches au feu
let rien après. — Le messager du seigneur d'Odenheim
Jiera borgne et aura un cheval borgne â poil blanc. G.
^hft. — Voici le droit du paya ; lorsque le bailli ds
f nôtre seigneur l'évoque viendra traiter avec le pays de
[Ehingaw, au sujet du si(^ge de Lutzelnaw, il devra eu-
hrer comme un puissant seigneur et placer la bride de
[gon cheval entre ses jambes ; dans sa main devra être
[un petit bâton blanc et sur sa tête un chapeau à plumes
de paon, et il tiendra jugement d'uu coucher du soleil
104 DKOIT DE COASSE,
À Tau Ire. — C cal un droit du seigneur de Dicpiirir, qna
s'il veut chasser, il devra avoir un arc d'if à cordes de
soie, à rayons d'argent, à flèches de laurier, empennées
de plumes de paon. Il se rendra à cheval dans la forêt,
chez le maître forestier ; il y devra trouver sur un tapis
de soie et retenu par une corde de soie, un chien de
chasse blanc aux oreilles pendantes, et il poursuivra le
gibier, et s'il parvient à le prendre aux rayons du soleil,
il devra, aux rayons du soleil aussi, remettre en leur
lieu le droit de venaison et le chien de chasse. S'il ne
réussit point, il pourra recommencer le lendemain
(année 1338). G. 254-57.
Ils décident d'abord que l'Empire est, en droit de
Marche, souverain maître de la forêt. Ensuite, si la cour
vient résider dans le bourg de Geilinghausen, un maître
forestier, à' ce destiné par sa naissance, tiendra de droit
pour l'Empire et le bourg de Geilinghausen un chien de
chasse blanc à oreilles pendantes, et ce chien sera cou-
ché sur un tapis de soie et sur un coussin de soie ; de
soie sera la laisse, et d'argent doré son collier et il
devra avoir aussi une arbalète à arc d'if (suit une des-
cription magnifique de cet arc, où apparaissent tour à
tour la soie, l'ivoire, l'argent, les plumes de paon et
d'autruche). — Et s'il arrivait que l'Empereur et les
impériaux voulussent aller au delà des monts et qu'ils
le lissent savoir au maître forestier, il devra alors fournir
un cheval blanc aux risques et frais de l'Empire, et
ainsi il aura servi son fief (année 1380). G. 260. — Que
personne là-bas dans ladite vénerie n'aille chasser ou
giboyer sans le consentement de l'évêque de Mayence ;
que si cependant il se présentait un cavalier ayant cha-
peau de zibeline, vêtements aux diverses couleurs,
arc d'if à corde de soie, à flèches d'autruche et traits
d'argent emplumés de plumes de paon, ayant de
plus un chien de chasse blanc à laisse d'argent et
pendantes oreilles, on lui permettra de se distraire
liftAltlïtïS.
an Df rempôclïcra en rîeîi (année 11^3). G- ^57.
I Si ilcmseigiïeur veut venir avec ses amis, les voîijîns
evronf lui iliïnner bête^ qui volent et na^eul^ hètcs
mvages ot privées, et on le Irailera bien. On donnera
Biiîlet de l*orge d'été, au faui?on nne poule, et ati
Mea de chasse un pain; aux lévriers aussi on donnera
I pain en suûlsaneej lorsqu'on l'emporte de tithïc, et
i devra donner aussi, pendant qu'on sera h table, foin
avoine en sinffisauce aux chevaux. S'il arrive qu'on
jfrve trois sortes de vin dans le ressort de Monseigneur,
i devra servir à Monseigneur et à s^es amis, celui de
Dyetine qualité; si, deux, on lui donnera le meilleur;
, un, ce sera celui-là même qu'on lui donnera; et Mrm-
lîgnetir et ses amis devront se trouver contents, G. 250,
•Et il devra, le seigneur de la cour, entrer à cheval
Qs la cour du fermier, avec un cheval et demi, et un
ime et demi, et la femme du fermier devra lui don-
'une botte de foin et le fermier mettre ses chevaux k
eurie.**,. et la femme du fermier fera coii citer le
feigneur de la cour sur un lit écorché (tout prêt) el sur
ï draps cjui cratjucnt (secs). Si mieux elle agit, mieux
! remercie* — Le seigneur envoyé entrera à cheval
Ir^c quatre clrevaux et demi (quatre chevaux et un
plet), avec cinq chevaux et demi (cinq hommes et un
'irçoij); on fui préparera un lit écorché avec des draps
ai craquent et un feu sans fumée, G< âr>8, — Lrs sei-
eurs justiciers devront, la veille du jour d'assemblée,
rheure du repas, se présenter avec deux hommes et
emi, deux chevaux el demi, deux eluens et demi, el
pmander le repas; s'il est prêt, ils descendront de
'eval et boiront chopine; si, au contraire, il no Test
E^int, ils se retireront dans la première auberge, s*y
ront préparer un repas, et ce repas, c*est la petite
opriété [das niederc eigeothum] qui le paiera (an*
êe 1575). G* 259. — Si donc notre gracieux seigneur de
Ifertheim voulait séjourner à Husen, le prieur ou le.'î
ik) REDEVANCES BIZARRES.
siens auraient à déloger et à se retirer. Et s'il arrÎTait
que notre gracieux seigneur ne voulût permettre au
prieur ou aux siens de sortir par la porte de devant, ils
devront alors (le prieur et les siens), faire abattre un
mur et sortir par la porte de derrière. G. 259.
La liste des redevances bizarres serait longue. Dan$
une seigneurie de France, les paysans devaient pour
redevance conduire jusqu'au château un serin placé sur
une voiture à quatre chevaux *. — En Autriche, un vas-
sal noble devait chaque année, à la Saint-Martin,
apporter à son seigneur deux pots de mouches; un
autre, en Franconie, lui offrait un roitelet ou saute-
buisson. 6. 378. — Quand l'abbé de Figeac fait son
entrée dans la ville, le seigneur de Montbrun et Laroque le
reçoit habillé en arlequin, une jambe nue, etc. Lorsqu'il
descend de cheval, il lui tient Cétrier et se place d table
demère lui pour lui verser à boire *. — Le seigneur de
Pacé a droit de faire travailler les chaudronniers qui pas-
sent, de prendre aux marchands de verre le plus beau verre^
en leur donnant chopine. Il fait amener le jour de la
Tnnité, par ses officiers, toutes les femmes jolies (sages'
qu'ils trouveront à Saumur et dans les faubourgs; elle*
paieront chacune quatre deniers et un chapeau de roses.
Celles qui refuseront de danser avec ses officiers^ seront
piquées aux fesses d'un aiguillon marqué aux armes du
seigneur. Celles qui ne seront pas jolies (qui seront
ribaudes) viendront chez la dame de Pacé^ ou paieront
cinq sols ^. — Péages de Provence : Histrions, baladins^
mimes et ménestrels feront jeux, exercices etgalantises^ la
dame du château présente. — Une charrette, conduisant
larrons au prévôt, paiera une corde valant six deniers; —
un pèlerin dira sa romance sur un air nouveau, et cou-
i. Je crois, en Lorraine. Je ne puis retrouver le texte»
2. Piganiol de la Force. .
3. Pig. de la Force, Anjou, XII.
ïlËDEVAÎfCES ET CORVÉES BIÎÎARBES. 19T
chet'a sur ta paîite fraîche , s il veut passer la nuit au
manoir; — fourgonnicrs^ lippewst et gens faisant l/onrttr
chère f laisser ont une pièce cuite pour ie fermier; — Un
homme à pied, chamsé ou non^ mendiant ou aveniurîerf
sera logé, quitte de tout droit^ s'il fait quatre soubresauts ;
— Un Maure jettera en rair son turf/an, et comptera cinq
sous trébuchant à la porte du château; — Un Juif mettra
Sf's chausses sur sa téti^tet dira bon gré^ mal gré^ un Pater,
dans le jargon du pays ; — Un homme à cheval fera une
demi-veille d*arm€M pour le service du seigneur; — tin
mareyeur doit poisson à mettre en sauce ver te , t espèce au
choix du seigneur; — meneurs de chevaux doivent un sou
far chaque pied, si mieux ils n* aiment porter le seigneur
jttsqu'au château; — fille folle de son corps est à la dispo^
sition du page des chiens cou7'ants; — conducteur d''ani-
vmux en faille doit faire gambader les singes, et danser
l'ours oti son du flagealet.
Saint Louis exempta les Jongleurs qui arrivaient k
Paria du droit de péage, qui se payait à l'entrée do la
ville souâ ie petit Châtelet Ci singes au marrhant doit
quQii^ deniers, se il pour vendre le porte; se li singes est
û home qui tait acheté por son déduit^ si est quites, et se
il singes est au joueur, jouer en doit devant le paagier, et
por son jeu doit estre quites de toute la chose qu'il achète
à Eon usage, et aussitol li jongleur sont quite por un ver de
chanson '.
Oo trouve diverses mentions de redevances non seu-
lement bizarres, mais impo^^sibles : Quiconque osera
contredire le roi sera tenu de fournir cent cygnes noirs
et cent corbeaux blancs [G. Tilj Carpentier, I^ OLtO]. —
Uuelquefûis aussi la redevance semble ôtre une mysti-
Hcaiion pour celui qui la reçoit, Muralori cite !e texte
K EstabîisBPraents tkz mesticra de Paris, par Eati**ntïc Boîleaiv
pr^ï^oit <k^ Pari», MS. foniis dç Sorbopne, /** S04, col. 3» cbap.
dti paage de Petit pont.
198 GRENOUILLES.
suivant [III, 187] : A Bologne, Temphytéose que conct-
cJaieni les moines bénédictins de saint Procule payait, à
litre de redevance, la fumée d'un chapon bouilli. C'est-
iï-dire que chaque année, à un jour déterminé, Tem-
phytéose s'approchait de la table de Tabbé, apportait k'
É hspon dans Teau bouillante entre deux plats, et le dé-
rouvrait de telle sorte que la fumée s'en échappât; cela
fait, il emportait le plat, et il était quitte. — La rede-
vance de TAsina curta semble du même genre; — l^dii
Jmn réclamait dans toute détendue du bois d'Anioniar,
pour le service de chaque jour, deux ânes et une ànesse n
l'f quelle on avait coupé la queue *.
// y avait à Roubaix, près Lille, une seigneurie du
prince de Soubise, où les vassaux étaient obligés de venir à
tiirtainjovrde Cannée faire la moue^ le visage tourné vers
les fenêtres du château, et de battre les fossés pour empêcher
hf bruit des grenouilles. — Devant le château du seigneur
de LaxoUy près Nanci, se trouvait un marais que les pau-
rres gens devaient battre la nuit des noces du seigneur,
f'our empêcher les grenouilles de coasser. On les dispensa
dit te service au commencement du seizième siècle, lorsque k
duc de Lorraine épousa Renée de Rourbon. Le même usage
i' notait à Montureux-sur-Saijne. Mémoires des anti-
i[iiaires de France, 6, 128. G. 356.
Lorsque Tabbé de Luxeuil séjournait dans saseigneu-
r ie, les paysans battaient Tétang en chantant :
Prt, prf, renotte, fid (paix, grenouille, paix).
Vfxi M, l'attbe que Dieu gâ ! (garde).
,.. L'homme de la maison devra alors préparer un lit
jMmr Monseigneur, afin que sa Grâce Monseigneur de
l'rum puisse y reposer. S'il ne peut reposer à cause du
rnassement des grenouilles, il y a dans la paroisse, des
f.'inis qui possèdent leurs biens et héritages sous cetle
l, Carpentier, I, 32:j.
nEDBVANCaS. — PAST DE CETENS.
199
fvncliUoo qu'ils doivent faire taire les greDouHlos, nfiu
ne sia Grâce pu î^sfi reposer*— Le géographe* de la Wel-
rav re dit, en parlant de Freiensenn ; « Ce village, prê-
ndant h beaucoup de libertins a donné bien à faire à la
lîgneurie. Les habitants assiire ni» en elTet^ que certain
lïnpereur avait paisse la nuit danis leur village; i\ue le
cassement des grenouilles oe lui permettant pas de
ffiidarniir, les paysans s'étaient tous levés pour donner
l chasse aux grenouilles, et que rEmpereur en rêcom-
Qse leur avait accordé la liberté. G* 356.
lAu nombre des obligations imposées comme redevan-
ks se trouvait celle d*liéberger les chiens du seigneur,
r est ce quon appelle le Beniagf'. ^ fircnmgc vaut quinze
iUsd'avoim^ par an K — On raconte que Tabbé de
Itirhart vint à Stuttgard se (daindre à Tavouô du cou-
Ëût, Udalric de Wurtemt>erg : Je pensais, disalt-ÎL que
! monastère du Murhart avait été fondé pour des reii-
Kcux; je vois maintenant que c est un chenil à chiens;
1 n'est plus possible à mes moines de chauler et de psal-
Jîer^ lorsque des chiens aboient sans cesse- Tant
l'ils resteront dans mon couvent, moi je demeurerai
^t; le soigneur avoué me nourrira plus^ aisément que
Ises chiens ^ — S'il arrive que le chien du Madame
bbesse elle chien de la Seigneurie viennent à se que-
eller pour leur pitance, on chassera le chien de la Sel-
lïeurie, jusqu'à ce que le chien de Madame ait goûté
tout; alors seulement on y laissera goûter le chien
la Seigneurie (année tlGâ)- G. Zu^.
Une espèce particulière de redevance est celle qu'on
ityait aux juges ^ aux oftlciers du roi, aux hérauts et
ergeals. Les trésoriers de France et généraux des
Elances avaient le droit de busche et chantage, — Ce
^i de buscke appajiknt ausù auw officicn de la cham-
• l. Duc^înge, t, sub verbo Brena^'îiiin*
' - L4uriére^ I, snti verbo l*a$t dechifn*
200 ROSES, GANTS » ETC.
ItTP des Comptés^ comme le droit de robbe de Pâques^ k
âroit de Toussainl^ de roses ^ de harmc, de seî blanc, de
verî^, d\^curie^ ei autreSy outre leurs gages \ — Le I "'^ maL
sur la table fin roi, au bord de la forêt île Fonlxiine-
bleaUj le maître des forêts recevoit les hommages et rede-
vances ^fa" consfstaient en gdteaitXt jambons^ uiit, ete^
Quand les seigneurs investissoient et eîisaisinoient k$
acquéreurs de gitelqun fonds. Us se servoient toujoun éi
gants qui restoient au sergent des seigneurs; et dans h
xuite^ ces formalilez s'étant abolies^ les gants ont été dus
au.r serge7its en argent , et ont fait partie des droit* s^i-
gïifitiriaux. fJn d'antres lieux ^ les gants appartenofent aux
seigneurs comme une redevance. Cette redevance a été ré-
duite depuis en argent ^ et elle leur est encore due *. —
Quant le comte de Flandres fait hommage, tes hérmdts et
sergents à manche du roi, ont droit a sa robe, son cHaptau
et bonnet j sa ceinture ^ sa bourse et son épée '-
Le vassal noble donnait à son seigneur pour droit de
reUef et de rachat une paire d'éperons dorés *- — Ihj^
plusieurs fiefs qui ont f'^té donnez à certains devoirs annuels^
ou à chacune mutation de seigneur ait de vassal , comme dt
bailler par chacun an une hure de sanglier^ un esperv\€i\
un faucon, une couple de chiens, un chapelet de ro&fs,
porter la buse h e au f^u de la veille de Noël de son seigneur
feudal: de bailler un quintal de cire par an, comme à
Véglise de Mascon, sous le nom de Clypœus cerœ, pour la
seigneurie ou comté de Baulgey; ou bien soixante livr*^
d'huile d'olives par an pour faille le Chresme^ dont le do-
maine de Mehun-sur-Eure est chargé envers rarchevéqne
de ffourges, au lieu du devoir de foy et hommage : ou à la
mutation, un cheval de sefmce, un destrier, un roncin,
deux arçons de selle de cheval,, des armes, tirer la quin-
1. Laurière, 1, 192. ^
2. Laurière, au mot Gant.
3. Gudegherst, fo 285.
4. Coutumes de Seulis, art. 154, et de Mantes, art. 103.
REl>£v^^cES,
Sni
îi?, dire la chanson â la damt', et autreti ehosen pour fv>
f^ ou pour prmlaùùn de fotj et servive feudai : comme
nsi piusieurs fi*ifs^ nei^neurîe» et kêrîlagtfs ont été don*-
à t£gltse en pure ni simple aurnâne^ à dimi service^
itères €t oj^aison, à la charge de ijuehpit\'i pains de chtipî-
ùu dejallagÊsde vin par chacun an envers le s€i(jmurf
tr reconnousance *, BouteilHer^ Somme rurale, éerU
f certains fiefs doivent blancs gant s , blanche lance de re-
fe/i selon les usages des lieux, et appert par la Coutume de
2rn^ f/ii'aucuus nassaax dôiueni fer de lance ^ espar mer,
itQur, gants et autres devoirs; phu.parle second livre
i teneures, au seigneur e$t dû une paire de gants par an^
$d0s roses la feste saint Jean- Baptiste^,
I Parfois la redevance est un baiser : Les chanoines de la
pnie chapelle de Dijon étaient obligés d'aller tun après
wuire bûûer la joue de la duchesse de Bourgogne^*
I Un feuda taire, îwmmé Arnaud de Corbin, était tenu^
md le roi passait par Tuyosse, de raccompagner jusqu'à
i€^bre indiqué. Il dcmit avoir tme charrette chargée de
OtSf attelée de deux vaches sans queues, et quand ceéte
hïture était parvenue à Varbre, y mettre le feu et la laisser
ïterjusquà ce qtie les vaches pussent s'échapper *.
I Charte de i:391 ; Octroyons audit d'Estoutemlk et à ses
irs successeurs r/ull leur hisse avoir et tenir ces haies et
ft, . » en nous païant unesayette peinte en vert et un bou~
In blanc. — Reg, de Louîa» duc d'Anjou et roi de Si-
le, foL 73-81 : Le séagede Bossart^ en Anjou ^ estoit tenu
î duc^ au devoir d'un bouson empenné d'une plume d'ai'^
tf ferré et coché d'argent aux deux bouts ^ â muance de
jneur^ Jean de Sepeaux^ chevalier^ lient en fotj et hom~
I simple du duc d'Anjou la justice de Vielleviile^ au
I. LAunère, Glas^alrOi I^ +16.
S._LaurJùre, J, ai' 7.
1.3, Mooteil^ quatorzième siècle,
1 *♦ Carpentier, U, 779.
20t2 REDEVANCES DIVERSES
devoir (Tun bouson empenné de plume d'cûgle , encor-
nouaillé d'argent, à nuance de seigneur *.
Nul droit féodal n'a donné lieu à des dispositions
plus bizarres, à des interprétations plus honteuses que
le Maritagium, ou droit du seigneur de marier l'hérîtière
ou de lui vendre l'autorisation de se choisir un époux.
Ce droit fondé au moyen âge sur la nécessité d'assurer
au seigneur un vassal fidèle et capable de servir le fief,
n'apparaît dans l'antiquité que comme un caprice odieux
de la tyrannie. — L'empereur Maximin, dit Lactance
[De mortibus persecut., cap. 38], s'était fait une habi-
tude de ne permettre à personne de se marier sans son
autorisation, comme pour cueillir les prémices de toa^
les mariages. Il enlevait les filles de condition moyenne
pour satisfaire au caprice du premier venu. Celles de
condition plus élevée que l'on ne pouvait enlever, on
i. Carpentier, verbo Bolzonus. — Autres redevances bizarres :
le seigneur de Chourée est obligé^ lorsque 'la dame de Montreut^
Rellay va la première fois à Monireuil Beliay, de la descendre d*
sa monture ou voiture, et de lui parler un plein sac de moufse <V
lieux prives de sa chambre. Aveu de la terre de Montreuil BeUay.
extrait des registres du Chàtelet de Paris. Pig. de la Fore,
XII, 203.
On nous dispensera de traduire le texte suivant, cité psr
Ducange, II, p. 1224, sub verbo Bombus : -^ Vêtus cbarta homioii
apud Cambdeuum in Britanniâ, et Spelmannum, de quodaiu Bal-
dino, qui tenuit terras per serjanciain, pro quâ debuit facere dir*
Natali Domini singulis annis coram domino rege unum saltum,
unum suffletum, et unum bombulum. Id est, ut, idem Camd^Qus
interpretatur, ut saltaret, buccas inOaret, et ventris crepîtom
ederet. Spelmannus habet : Saltum, suf&um et pettnm. Atquc
inde eidcm Baldino cognomen inditum le pettour. — Charta
anni 1398 : Pro loco de Breuil in Burbon. ex Camerà comput.
Paris. : Item in et super quâlibet uxore maritum suum verbe-
rante unum tripodem. Item insuper quâlibet flliâ commuais sezûa
videlicet viriles quoscumque cognoscente de novo in villà Mootis
Lucii eveniente 4 den. aut unum bombum, sive valgariter pet^
super pontem de Castro Montis Lucii solvendum.
MARTTAGICH. 203
les demandaU iiomrae hônéfices et dons miliiaircs. El
Ton ne pouvait reftiser cette demaûde appuyée de T Em-
pereur, c'eût élé s'exposer à périr ou à prendre pour
gendre je ne sais quel harbare. G. 43f>, Los Francs^ maî*
Ire^ de !a Gaule^ paraissent en avoir souvent usé ainsi
à l'égard des vaincus. Conslitulion de Clolaire ï (anno
560) : Que pet^wnne n'ait l'audace de prétendre s'unir,
en vertu de notre auiorltéj à une jeune fille ou à une veuve
Mani^ tâur consentement. — Edit, de Glot. (anno 615); J\'ui
lie doii prendre une femme de force j sou.h prétexte qu^il a
notre consentement ; nul ne doU épouser Its filles ou les
remues qui se sont faites religieuses. Ces exemples de vio-
lence ne disparaissent point au moyen âge. Comme fjé-
rardin de Roncouj^t escuier emtpkviepav mariage... çust
empêtré une commission par vertu de laquelle main fut
mise par deux sa-gens ù icelle demoiselle [année 1370 1 ^
Dans le droit féodalj la violence se régularise; ie sei-
i^ïieur force sa vassale, vierge ou veuve, à contracter
mariage ; il faut que son fief soit mrxï.
Cornent fcme qui est semonse de baron ;mari_l prendre,
cornent elle doit respondre : .., Se le seignor li die : Oame,
il est voir gue vous devés service de voiis marier, etc. — ,..
Se ^eroit contre Dieu et contre raison ^ se Signor pour de-
trere de se7~t^ice peust marier les femmes qui auroi^nt qua-
tre-vingts ans ou quatre-vingt-dix ou cent, qui seraient si
deschetœs comme se elles feusseni la moitié pories... — Elle
doit le mariage à celui sans plus de qui elle t(>nt le fie gnr.
elle désert de son cors ^.
Se aucun des homes don sêignor espose feme qui tien fié
dou seignor et s'en saisit dou fié, quel amende le seignor
^n peut avoir, et cornent un des homes dou seignor It* peut
appeller de foi mentie.., : Duquel fié la feme a meffait vers
vous pour ce que elle s'est mariée sans vostre congiéj de
!. Carpes t. I, 348. L&ttreu de remise. 1316 reg, 109. ch. 3^0,
2* Aa^iBes de Jérus,, p* 163-5^ c* 243-1-3.
204 MARITAGIDM*
qrtioije dis que il a sa fol merUie vevB vousy et se il i>eaul U
néer, je snis prest que je li prom de m&n cûts contre k
sierij et que je le rende moî-f ou recréant en une onre dm
iourfet vées ci mon gage. Et s*affenouiilc devant ie ni-
gnorel H te ni son gage. — Quant îe seigtmrveaut semon-
dre ou faire semondre^ si corn il doît^ feme de prendtt hé-
ron, quant elle a et tient fié qtnlidoit service de cor&f on n
damoiselle à qui le fié escheit que il li doit S€jn)i€€ de con^
il li doit offrir trois barons r el ttds que il soient ti lui afft-
rans de parafe, ou à son autr*e baron, et la doit semonév
de deus de sfis homes ou de plus, ou faire la semondre par
trois de ses hofues Vmi en teuc de lui^ et deus c&m courir et
eelui que il a estahli en son leuc à ce faire doit dire end :
a Dame, je vous euffre de par monseignortel, et ies nome.
trois durons tel et tel, et les nome, et vous semons de par
monseignor que dedans tel jour, et motisse le jour ^ aiespnt
tim des (rois barons que je vous ay î*améî,.**. et mci U
die par trois fois ^.
Si le vtLssa! noble n*a pas lîborté de mariage, le setl
ne l'ii [His à plus forte raison. Quelquefois même» H e*t
stipuié que lo serf alfranchi ne se mariera pas ; Labk
et fabùaqe de Saint-Germain affranckisseni Nicolas et
Odon, à cet te condition que s'ils se marient, ils reioumemnî
à leur premier état de servitude (année 1262). CetU
clause se retrouve fréquemment dans les titres de l'alt-
baye de Sainl-Germain-des-Prés ^
Quand lo serf se marie et que son eonjoitit est de eoo*
dition libre, la loi frappe celui-ci (Lex Bip. 58, 18); Si
une ripuaire libre a suivi un ripuaire esclave, que te rùi
ou le comte lui présente une épée et une quenouille. Si ell^
accepte répée^ quelle tue l'esclave; si la quenouille^ queU>
reste serve. De môme dans Ja loisalique, — C'est undic-
tèn féodal :— Si tu monies ma poule, tu deviens mOû
1. Aastscfl de Jérusaleûi, c. S42-2i^,
2, Archives du rûyaume, L.
MAHITAGIIM.
â05
oq, — M^îû non libre, entraîne main libre* — En for-
^ria^Cf fe pir^ emporte h' bon (G. 336).
Le serf qui épousait une serve ne pouYait la prendre
BG dans le domaine sur lequel il vivait luî-mème* à
bins que son seigneur ne con.sentît à rendre à Tautre
^igneur une serve de valeur égale. — Assises de Jéru-
ilara : S^ aucun vilain de que que ce soi ( sg 7na?*ie avec
orne d'autre (eu sans le eomviandmuni du stugnor de
ivitaim^ le seignordou vilain à qui sera marié la viiaine
m^€^ rendra au seignor de la vilaine une autre en
kange à la vilaine j de tel âge par la connoissance de
mnej( g^ns^ et se il ne trouve vilaine qui la vaille, il II
mntra le meilfùr xnlain^ qu'il aura d'àqe de marier ; el
^cUqui sera marié à la vilaine étrange meurt, k seignor
vilain doit avoir son esckange &e la vilaine tome à
premier siguor; et se la vilaine est allée en la terre
\tau(re^ son seignor a pooir de prendre la^ et son seignor
}metdi/ference, celuy qui f aura donnée la floit garant ir^
\ êê le seignor don vilain dit au seignor de la vilaiuf\ que
est maHêe par son commandement f le seignor de la
}^aine doit Jurer sur sains Évanqih*^ que elle fut mariée
son commandement y et se il ne veut jnj'er^ le seignor
pu vilain est quitte H nule redarne doit donner.
^En France et eu Angleterre, les enfants qui naissaient
fcises mariages, étaient (conibrmémnnl aux Kovelles)
tagés entre les seigneurs » Le registre des Grands-
Burs de Troyea porte : Abus aoons toujours accoutumé
l partir au rog les enfants qui tssent de nos hommes et de
femmes, qui se nteslent par tnai^iage aux hommes et
? femmes le roy ^>
Le serf paie le congé de mariage : — Pour le mariage,
t ny aura qu*un écud*or ou une peau do bouc à payer;
laii s'ils meurent, tout ce qu'il y aura de meilleur dans
i meubles, servira à nos usages [anno 11C6]... ilem.
Laiirîcré, T, 398.
il
!^ MARITAGICM.
Hiomme qui ne sera pas possesseur rl'une manse,
paiera à l'église, pour pouvoir contracter mariage^ un
sûUdtis ou une peau de bouc (an no 12^4), — C'est ainsi
qu'en Kussie ïe flancé serf est tenu de livrer au seigneur
lie la future une martre noire- G- 330, — On appeUîL
cette redevance Maritagiumi quand la future était de la
môme famille j dans ic cas contraire, Forlsmaritagiam,
Lu furme la plus choquante du Maritagium, était h
Manpïctte (cazzagio, cuidge^ braconage)^ Bien uindiquf?
au reste que ee droit honteux ail jamais été payé en
nature,.,;— Notre avis est que ceux qui viennent célé-
brer ici leurs noces doivent inviter le maire et s^u
épouse. Le mairej de son côté, prêtera au futur un p^t
où il puii^se facilement faire cuire une brebis; le maire
amènera encore une voiture de bois, et Je jour des
noces le maire et son épouse apporteront en outre U-
(juartd'un ventre de laie (swînbachens ?) Quand lest^oïi-
\ives se seTOnt retirés, le nouvel époux laissera coucher
le maire avec sa femme, sinon il la rachètera pour cm}
sclielliugs quatre pfennings. G, 3Si.
Ce droit, a])pelé en Angleterre et en Ecosse Marquetta,
se rachetait, dans ce dernier pays, par un certain nom-
bre de vaches. Au dernier siècle, on payait encore â
Ulva la Merchetamulierum**
En France, les ecclésiastiques, comme seigneurs, per-
l'cvaienl quelquefois ce droit bigarre. i/'«i' vu^ dans la cour
de Bour(fes, devant le méfropùlftain ^ un procès d* appel oit
le recteur ou cuvé de la paroisse prétendait que de vieilk
date, il avait la première connaissance charnelle avec k
fiancée ^ laquelle coutume avait été annulée et changée en
amende. J'ai oui dire encore que quelque^^ seigncun gas-
euns avaient droit la première nuit den noces de poser unt^
jambe nue au côté de la jeune épouse^ ou de transiger avtc
1, ïtcgjam maicstatem, lib. 4, cap. M. — Braetcû, folio 2*.—
Voyez aussi JotiQSODp Voyage aux Hébridei, p, 291.
MABïTAGTFM* 3Ô7
etix', — Un arrêt du 19 mars 1409, défend à Vévéqut;
(CAmiens d'exiger une indemnité des personnes nouvel-
lement mariées pour leur permettre de coucher avec
leurs femmes la première^ seconde et troisièruc nuit àe
leurs noces ^ il est dit: que chacun des habitants pourra
couûher avec sa femme la première nuit de ses noces sans
penntssion de tévéque *.
Les ï^etgnenrs de Prelley et Pereanni, en Piémonl,
jouissaient d'un pareil droit ; les vassaux ayant deman^lé
en vain à s'en racheter, se révoltèrent cl se donnèrent k
Amé Yl, comte de Savoie \
Les seigneurs consentirent généralement à convertir
ce droit en prestations diverses. Un accord de ce genre
fut conclu entre Guy de Châtillon, seigneur de la Fère,
et la comnaunauté des habitants ^ — Comme sire rf^
MareuH ptiel el toit avoir drùit de braconage sur fillù ef
fillette en médite seigneurie : si se marient^ et si ne If* s
hracone, échent en deux solz enver ledite seigneurie ^^
Parfois aussi le droit se payait aux jeunes amis et
compagnons du mari. — Litt. remiss. an. 1375, in
reg. 108, Chartoph. reg* eh. 17â. Comme en ht mile de
Jiillùnsur- Marne et ou pais d" environ, il suit acoustumé
et de (on Tj temps, que un chajscun varlet, mais qu'il ne soit
rferc ou nobles, quant il se ma^^ie, soil tenuz de pager nuj:
autres eompagnons et variez à marier son Beejauw,
appelle oudit pays Coullage^*
Les seigneurs limousins percevaient aussi le droit de
gendrage, calculé sur l'argent qu'apportaient les épour
hrxqtf'iis allaient demeurer chez le beau-père, ou lorf^que
h nouvel époux allait demeurer chez sa femme^,
1- BoeriuR, Decia. m, n^ n. — Laun 11, iOO, vo Marquette.
1 Laur-, 1, p* SOS.
3- Laur,, ï. 307.
4- Uur. IbnL
>. Ùirpentiur, h 1228-
6. Carpetitier, 1» 12*4-
I Lanr J, 3*3.
!208 METS DE HAEUGE.
Un droit, moins odieux dans la forme, mais analogue
dans le principe, c'est !o meis ou régal de nuirùî^e,
Servin (Actions notables et plaidoyez, t, II, 166), men-
tionne l'usage suivant do la seîgneurit^de Souloire, en
Anjou : Son ser géant doil estre convié hulct joun {fjf
aller avec deux chiens courant couplez et un leerkr, H
que ce ser géant doit seoir devant la mariée au distiiret
estre servi comme elle^ et lui dire la première chanson ^ iî
que les mariez doivent dotmer à boire et à manger au
chien et lévrier, G. 384. — Nous avons droit de mets de
mariage.,,, lequel se doit apporter jitsqu au chasteau par
Vespouse avec les joueurs d'inslruments. Ledit mets doit
être composé d'un membre de mouton, deux poulets, deta
quartes de vin vallants quatre pintes, quatre pains, quatre
chandelles et du sel, le jour des espousailles, en peine de
soixante sols parisis d'amende. Tel était l'usage des sei-
gneuries de Caenchi, de Saulx et de Richebourg.
Ft quand aucun se marie audit lieu, il est tenu, le jour
de ses espousailles, nous aporter à nostre manoir de Gènes-
ville ung plat de via^ide, deux pains et un pot de vin, les
menestriers précédans, qui s'apelle le plat nuptial *.
Le prêtre ou chapelain, après la célébration du mariage,
aura ses plats, et il exigera, si besoin est publiquement,
et sous peine d' excommunion *. — On rencontre encore
cette redevance en 1615 : On doit au seigneur de la Boul-
laie le régal de mariage, c^est^^dire que t époux est tenu,
le jour des noces, de venir avec des musiciens offrir deux
brocs de vin, deux pains et une épaule de mouton. Avant
de se retirer, il doit sauter et danser *.
Le droit de mariage payé, les mariés ne sont pas
quittes. Le seigneur s'adjuge les enfants qui résultent
du mariage, lors même que l'un des conjoints est de
condition libre.
1. In Chartul Gemmet. t. i, p. 52.
2. Statuta eccles. Meldens. Aun. circit. 1346.
3. Chart. de Ludov. de Ste-Maure, ann. 1613. Laur. II, 112.
EXFANTS DU SERF.
Wù
Femme franrhe de i/onsei^werjr, marif'e à un serf^
l^uaire cnfanfs, donî deuj: sonl a Momeigneur, deuj: à la
M*. — On lit dans un document de 8SI : Il eut dans
onzième maison un certain artisan libre dont nous
ïaaoooâ réponse et les enfants. G, 325. — Cependant
le nomt>reuses exceptions sont faites à ce droit odieux*
linsi dan^ certains pays, lo pu tué des jumeaux qu'en-
ile une serve est tibre ; ailleurs, c*est le premicr-né.
Llïomme né libre, devenu serf, [iOuvaiL alTrancliir
m premier enfant* Souvent aussi c'est Taîné qui suit
L condition présente de son père [années 1101 et 1134]-
ïans te droit suédois, tous sont libres ; mnU dans Tan-
Eien droit des Germains et dans celui des Ânglo-Saxonâ,
renfant suit la pire main ^ » G. 3â4.
Le droit d'hériter n'existe pour les gens de condition
ervile que quand ils sont communs en biens. — Ce
rOTt ne leur a été accordé, dit le jurisconsulte Coquille
|Observ. sur la Coutume du Nivernoisj, qnc pour ininUr
^€$ parsoniers dt's familles de milage à demeurer ememb le ^
rce que le ménage dm champs ne peut être exercé tfue
Hr plusieurs personnes. Beaumanoir dit [chapitre XXI] :
^ompaignie se fei selonc notre Coutume, pfjnr seuleîth'fii
manoir* ensemble à un pain et à un pot un an el un jom%
mlsque li mue^les de Cun et detauire sont meslez
ternèle. De là les expressions : Être en pain cl pot,
7ùri de pain et pol.
Du moment que la communauté était dissoute ; les
leigneurs rentraient dans leur droit d'hériter de leurs
Berts. Aussi, établirent*ilsqu'eila Tétait, sitût qu'un des
contractants vivait à pain séparé* De là ce proverbe :
lUn parti, tout esi parti ^* et, le chanieau. (c'est-à-dire, le
l* Archives du royaume [K, Villes et provinces] : Comptes du
eomte dû Blûia et de Chartres*
2. LaCouliime de Gttàlons suivait le principe coDlraire, daoslea
llQariagei cPutie lïoble et d'un roturier : La truie anoùtU te pQur-
au. Coutume de Cbàlom, art 2^ ctc, G* 31.
II.
210 C051MUWAUTÉ. — nÉRÎTAGE DU SERF.
pain) part (sépare) le vilain, — Le feu, k sel tt k pain
paiterit f homme morte-main, CouL. du comlùel Ju duché
t!e Bourgogne, du Nivernais, de la Mai'che et de TAuver-
jinie ^ — Dans la Coatuniede Mons, les mot^ : Mm hon
de patn, Aors de celle (ce lia, maison paternelle), signifient
émaucipaUoIl^ — Comme l'en fani en celle (eûpuissau^^e
de père et mère), excluoit de leurs successions son fnf^
qui était hors de celle [émancipé], /es jfei^newrse.rcftaritf
les mifanls horia de celle de la succession de leurB jiirc^K
2, Voy. Lauriêre, U^ 111.
3. Latrritnï, I, 208.
SUITE DU CHAPITRE QUATRIÈME
LE fERF.
..- Un jour, quelqu'un des Grecs aux cuirasses d'ai-
raÏDj t'enlevanl la lumière de la liberté, t'(» m mènera
pleurante,,. Captive dans Ar go s, tu tisseras de la lotie
pour une autre, ou tu porteras Teau de Messéide ou
d'HypériCj hôlais! bien malgré toi; mais la nécessité pè-
sera implacable. Et te voyant verser des larmcij, quel-
qu'un dira peut-être : La voilà, la femme d'Hector ^
Ces vers de riliade donnent en quelque sorte la for-
mule des sen^jtudes antiques. ?ïous voyons'de même
Oambyse condamner la iïUe du dernier roi d'E^^pte i
porler de Teau. Les Gabaonilcs de la Judée, les Brutiens
de la Calabre, sont chargés de porter IVau cl de caujier
ïe Ijois. Les Pelages de l'Altique furent employés à con-
struire les murs de rAcropolis *, les Juifs à bâtir les
pyramides d'Egypte.
*.. Les Gabaonites, ayant appris comment Josué avait
b"aïlé Jéricho, ils usèrent d'adresse 5 ils chargèrent leurs
^nesde vieux sacs, d'outrés à rin rompues et recou-
sues; ils prirent de vieux souliers, de vieux habits, des
pains durs et rompus en morceaux^ et ils dirent : Voilà
4* lUad. l.
** Vojea Hérodote,
212 SEHVAGE ANTIOLX.
les pains que nous prîmes tout eliauds quand nous par-
tîmes de ebez nous pour venir vous trouver, et mainte-
nant ils sont tout secs, et se rompent, tant ils sont
vieux. Ces outres étaient neuves quand nous les avons
remplies de vin, et maintenant elles sont rompues; nos
habits, nos souliers se sont usés dans un si long voyage,
et ils ne valent pli^s rien. — Et Josué ayant pour eux
des pensées de paix, fit alliance avec eux, il leur promit
qu'on leur sauverait la vie : ce que les princes du peu-
ple lui jurèrent aussi. Josué, s'étant plus tard aperçu de
la ruse, appela les Gabaonites, et leur dit : Pourquoi
nous avez-vous surpris par votre mensonge, disant :
Nous demeurons bien loin de vous; puisqu'au contraire
vous êtes au milieu de nous? C'est pour cela que vous
serez sous la malédiction, et qu'il y aura toujours dans
votre race des gens qui couperont le bois, et «qui porte-
ront l'eau dans la maison de mon Dieu ^
Celui qui aura frappé son esclave ou sa servante d'une
pierre ou d'une verge, de telle manière que le patient
soit mort dans ses mains, sera coupable. S'il a survécu
un jour ou deux, le maître ne sera pas soumis à la peine,
car c'est son argent -. Si votre serviteui^ vous dit qu'il
ne veut pas sortir parce qu'il vous aime, vous et votre
maison, et qu'il trouve sop avantage à être avec vous,
vous prendrez une alèue, et vous lui percerez l'oreille à
la porte de votre maison et il vous servira pour jamais.
Vous ferez de même à votre servante '. — Même dispo-
sition dans la préface des lois d'Alfred. G. 339. On per-
çait aussi l'oreille à l'esclave romain (aures perforât»);
il avait le pied gypsatus.
Le servage est un adoucissement du droit de vie et de
mort que le vainqueur croit avoir acquis sur les captifs.
S'ils ne sont pas tous massacrés, du moins on en immole
1. Josué, IX, 12, i3, 45, 22, 23.
2. Exôd. cap. 21, § 20, 21.
3. Deutcron. cap. 15, 16, 17.
CONDITION ÏÏD SEHF. 513
quelques-uns aux dieux (Polyxène au tombeau iVkr
chillc, etc.). Mêmes usages chez les Celtes et les Ger-
mains ^ Les Gîmbres précipitèreot dans le Rhône tout
ce qu'ils avaient pris dans le camp de Cépion ^. — Lor**
que les Saxons, mettant à la voile (Sîdonius Apollinaire,
liv. 8, ép. 6), arrachent Tancre de la terre ennemie, ils
font, tel est leur rite barbare, ils font périr dans des
tourments cruels le dixième des captifs^ et dans la foule
dos victimes ils corrigent par réquîtô du sort llniquilô
du trépas.
Les Germains égorgeaîeifit ceux qui avaient lavé le
char d'Hertha, lorsqu'après sa promenade annuelle, la
déesse rentrait dans son île sacrée. Voyez aussi, à la fin
de ce volume, les captifs immolés, les gladiateurs des
jeux funèbres, etc. — Hannibal, descendant en Italie,
fît combattre j en présence de son armée, des monta-
gnards des Alpes, qu'il avait faits prisonniers, soit pour
animer la valeur des siens par ce spectacle guerrier, soît
pour en tirer un présage, une sorte de jiigemenl de
Dieu. A Sparte, laciyptie, ou chasse aux hélotes, aurait
étéj s'il n'y a sur ce point quelque méprise, une sorte
de guerre annuelle entre les maîtres et les serfs qui
cultivaient les campagnes ^ 11 est inutile de rappeler ici
les caprices féroces de Tescl^vage romain, et les lam-
proies dé Pollion engraissées de chair humaine.
En Allemagne, le peuple a longtemps conservé ces
locutions proverbiales ; Il est mien, je puis le bouillir
ou le rôtir. — Nous lisons dans une Coutume allemande
(année 133^) : S'il n'aime mieux mettre le serf aux fers,
il peut le jeter sous un tonneau, placer dessus un fro-
mage, une miche de pain et un pot d'eau, et le laisser
ainsi jusqu'au troisième jour. G. 315,
Le serf, comme nous Tavons vu, a souvent l'oreille
I , Voyez les autontêg cUéea daps mon Hi?t. tle Fraacen
2- Paul. Oroîft. V. IC.
3, HeracL de Poïit. Phitarch, iu Lyciirgo.
iU CONDITION m SERF.
percée. Il porte les vêtements courts, étroits; le libn:
les porte longs et larges* Le serf a la chevelure raseji
noble et le libre la portent longue- G. 284, 330. Il te prit
avec son fih, il tes enchaina et leur rasa la têtf*. Grtg.
Tur.2, il. — Après une bataille de Tan 711 ^ on recorn
nut, dit un chroniqueur, les cadavres des Golhs à leur;
bagues; celles des nobles étaient d'or, celles des libi^
d'argent, celles des serfs de cui^Te. CapituL 5, ^7;fs
271 : — Le$ serfs ne porleronl point de lances; s*il en
est un que Ton rencontre hors le ban, qu on lui bri>*
son arme sur le dos. — Le nom même du peuple ^erf e4
un outrage, tel que le nom de Vendes, Windes, que p^ir-
talent certaines tribus slaves soumises par les Aile-
mands. Celui de Slave (slavat victoire?) désigne ihn
presque tous les peuples modernes Tétai de sen^asc;
c'est en italien Schiavo, Esclavo eu espagnol^ en fraJï-
çais Esclave. G. 32^.
Les empereurs saxons avaient déjà régné avec gloîn^
et néanmoins Fempereur Henri IV, de la maison *J^
Franconie, leur répétait que tous les Saxons étaieiilfJf'
condition sei-vile et demandaient pourquoi ils ne vou-
laient pas, comme leurs ancôtres, senir servilem^-ni
(curserviliternon servirent). Lamb.^ anno 1073. G.^fâ.
Quelles que soient ces rigueurs de Tesclavage, ]^
esclaves nés dans la famille en font eu quelque sorte
partie. Le Verna des Romains prend part et ajoute au
bien-être do la famille. Positosque vernas ditis exameo
domùs, circà renidentes lares K — La première femme
de Caton nourrissait son iiïs de son lait ; souvent même
elle donnait le sein aux enfants de ses esclaves, aQo ^]ue,
nourris du même lait, ils conçussent pour son fils uû*^
bienveillance naturelle '.
Le mariage, ainsi qu'on Ta vu plus liant, peut êtr^^
comme la naissance, une cause de servitude,
1. norat. EpoiK
1. PUibrch. in Cat. c. XIIX.
L'air rend serf, disait-on de cerLaîns pays; s'y établir,
c'était se soumettre à la servitude. G, Ml : On appelait
U ildrange, Wildflugel, Wildftiegel, fiaeh-stelzen (gibier
sauvage, oiseau sauvage, volatile sauvage, hoche-queuc)
les serfs que le seigneur acquérait de cette manière.
Quelquefois la servitude était acceptée et consentie.
Telle était celle des Dedititii de Rome, Tacite parJe
[German.j c. 24) des Germains qui se jouent eux-mê-
mes sur un coup de dé. On trouve au moyen âge de
nombreux exemples de seniture volontaire. On se ren-
dait serf de Téglise en plaçant sa tète sur Taulel (capuL
attari impanere, Duc. I, 351), ou bien en mettant la
télé sous la corde de la cloche. — Quelquefois le débi-
teur se mettait en servage jusqu'au paiement (form,
BignOR., p. 297) : J* ai placé voire bras sitr mon cou et
par ia chevelure de ma tête f ai voulu me livrer, en ce ^ûm,
^pt€ jusque ce que je puisse vous rendre votre argent jt!-
suùirai votre service, Aimoin. 3, 4 : ci plaçant son ùras
sur son cou^ il lui donna ainsi le signe de sa future domi-
nation. — Autre cas remarquable; Thomme qui se livre
a fait un vol : // est arrivé^ dit-il, que,., fai Itrisé voire
grenier à blê^ que fen ai volé k froment et autre butin
(raupam) pour la valeur de tani„. Vous, sur rCf vous
TH arei fait traduire devant le comte que voie i^ et moi je ne
puii en aucune manière nier le fait,,, il a donc été juge
que,*, je devais en payer la composition^ c*est'd-dire tant de
soiidi.,, mais comme je nai pas du tout ces solidi pour
m^acquitter ; ceci m'a paru convenable (aptifieavit mihi) :
Suit une formule de servage analogue à celle du débi-
teur-
Les noms du serf sont tirés, tantôt de Tdge, tantôt
de Torigine du servage, tantôt des fonctions^ des rede-
vances, etc.
Le serf reste toujours, par rapport au maître, dans
l'infériorité d'un enfant par rapport au père< Il ne vilhI-
Ht pas; il est toujours Puer^ :t«tî, le garçon^ le varlct,
216 NOMS DU SERF.
etc. — Dans le nord, la FamiUa des serviteurs s'appelle
Yarnadr (analogue au Verna des Latins ?). G, S^O.
Quelquefois son nom indique un captif^ un prisonnier :
Manucaptus, Mancipium. — Ou bien, c'est une tête
d'homme : Mauahoupit» Sers de la tète, rendans ïv der-
niers; les Danois tributaires sont ainsi désignés dans k
vieux roman français d'Ogîer, G< 301. -- Le Stniscalcu^,
sériffchai, est originairement !e plus ane^ :'n seirileur
(servu:^ super duodecim vasso infrà domuui), le seni-
leur qui commande à douze autres. Le Mariscalcuiï,
maréchal^ a charge de douze chevaux. G, 30â. — Meier»
Meiger, Majores, les principaux (d'où nos Maires du
palais), ceux qui sont chargés de la snr^'eillance de la
maisouj du patrimoine. — Les Villicl, Archiviilani,
sont les premiers entre les gens de la Villa.
Les paysans sont appelés cher nous manans^ levaris
et coucham (levantes et cubantes) ; — ,,, Et s'il n'a au-
cun seigneur lige, qu'il paie à celui sur le fief duquel il
aura demeuré tevam et cuùans, la dimc de sa propriété
mobilière. Bracton^ 1, 10^ § 3. Duc. IV, 13Î. Levant et
COUCHANT est du quand les ôeœstes ou cateld'un esîrang^
sont vetiue en la terre d'un autre home et là ont remauié
un certaine bone espace de temps, — On appelait encore
les serfs, gem de corps^ de corsage, de main morte, etc.
L'état intermédiaire entre rcsclave et le libre est ce-
lui du LituSj Lidusj Lida, de la loi Salique et de celle
desAlamans. — On lit dans un document français de
135t (Ord. 4, 301) : Pour les nobtes Cù7ilre les las ou leurs
su/jjis (sujets). Ces Liti semblent analogues aux L^lî^
Lcti, cest-à-dirc aux Germains qui s'étaient donnés aux
Romains, et qui en avaient obtenu des terres à cultiver,
sans doute sous condition de tribut et de ser\ice mili-
taire, G. 300, 307.
Les nuances intermédiaires entre la liberté et la ser-
vitude se graduent à l'infini. Voyez dans Dueange et
dans Grimm, les mots ColouuSj Barscalcus^ Mamâiona'
- ArFR.'iNCHISSEMENT. 217
ri US, AccoIEj Accolaberta, Ligius, etc* — Gens mfuo/er
qui n^ûvaknt menaige, feu ne Heu *, — On Irouve dans les
lois d'Henri l"% roi d'Angleterre, mciiliûiides Acephali
{fcîaiis têto), gens qui n'ont ni roi, ni baron, ni église, ni
seigneur, gens si pauvres qu'ils n'ont pas de terre pour
laquelle aucun seigneur [misse lejs reconnaître pour des
tètes à soi (?). Duc. I, 92, Voyez [iluslmut le Wildfang,
et plus bas, le Wargr, Wargus, UutlaWj Ex-lex»
L'homme bienveillant, dit lu loi indit;nne, qui voudra
affranchir un esclave^ prendra un vase d'eau de dessus
ses épaules, et Je mettra immédiatement en pièces. Il
lui versera sur la lèle de Teau où se trouveront des
tleurs et du riz, l'appellera trois fois libre; cela fait, le
maître le renverra le visage tourné vers Test, Dès ce
moment on l'appellera Thomme chéri de son niaitre. i>ii
pourra manger de son manger, accepter ses dans, et il
sera considérii parmi les honnêtes gens-.
Chez les Hébreux, les règles de laflranehissement ne
sont pas moins humaines. D'abord, en principe, point
d'esclavage perpétuel. L'esclave aiîranchi ne se retire
pas les mains vides : — Vous compterez sept semaines
d'années, c'esl-à-dirc sept fois sept, (jui font en loiit
quarante-neuf ans j et au dixième jour du septième mois,
qui est le temps de la fête des expiations, vous ferez
sonner du cor dans toute votre terre. Vous sanctifierez
la cinquantième année, et vous proclamerez liberté gé-
1, Curpentîer, î» 91-6, 1400, reg, 135. Très, des ch. 1, 29.
S. DJg. of UiLjdu liiw. Il, 248, â5S, Slfi. — Le maître qui ïaisrfu
sur ta route nï\ serviteur rendu de iasâitude ou nitiliidc, et qui ne
le fait pas soigiKT dans un village pour trois Jours, doit payer
amende, — L'homme qui traite t;n esclave la nourrice d\ia en-
fant oa uae femme libre ou Ui feiutne diîu de ^es gens^ encourt
11 uc première amendas — Celui qui tentti de vendre une esclavt*
souniLseT et sans qu il euit contraint à cette vente par le feeHoiu
et la tiécei^sii6 de âiibsister, doit payer une amende de deux ceala
panafl. Dt^t^i of Hîndu law, II, -À^%.
49
218 .\KKKAN":ïll:5St:>ïliST.
néralc à tous les habitants du pays, parce que c'est l'an-
née du Jubilé. Tout homme rentrera dans le bien qu'il
possédait, et chacun retournera à sa première famille ^
Lorsque votre frère ou votre sœur, Hébreu d'origint\
vous ayant été vendu, vous aura servi six ans, vous les
renverrez libres la septième année; et vous ne laisserez
pas aller les mains vides celui à qui vous donnerez )a
liberté; mais vous lui donnerez, pour subsister dan.^ile
chemin, quelque chose devos troupeaux, de votre granire
et de votre pressoir, comme des biens que vous avez
reçus par la bénédiction du Seigneur votre Dieu. —
Souvenez-vous que vous avez été esclave vous-même
dans rÉgypte, et que le Seigneur votre Dieu vous a rais
en liberté : c'est pour cela que je vous ordonne ceci
maintenant. — Que si votre serviteur vous dit qu'il ne
veut pas sortir parce qu'il vous aime, vous et votre mai-
son, et qu'il trouve son avantage à être avec vous, vou>
I)rendrez une alêne et vous lui percerez l'oreille à h
porte de votre maison, et il vous servira pourjamai>.
Vous ferez de môme à votre servante '. — Si vous ache-
tez un esclave hébreu, il vous servira durant six ans; à
la septième année il sortira libre sans vous rien donner.
Il s'en ira de chez vous avec le même habit qu'il y esi
entré ; et s'il avait une femme, elle sortira aussi avec
lui. Mais si son maître lui en fait épouser une dont i-
ait eu des fils et des fdles, sa femme et ses enfants
seront à son maître, et pour lui il sortira avec son habit.
— Que si l'enfant dit : J'aime mon maître, et ma femme
et mes enfants ; je ne veux point sortir pour être libns
son maître le présentera devant les dieux, et ensuite
l'ayant fait approcher des poteaux de la porte, il lui per-
cera l'oreille avec une alêne, et il demeurera son esclave
pour jamais 'K
1. Lévit. c. XXV, §8, 9, 10.
2. Deutéronome, c. 15, § 12-17.
3. Exod. c. XXI, § 2.
ArnuNClllSiîEMK>T. ^1%
L'esclave t'itait tlii; scïon FcsUïï*, manumiujimj lorsrjiic
son maikep tenant la UHe ou un membre de rcscinvo
dirait : Je veux qtie cet homme soH liîïre, et qu'il le
renvoyait (e manui lîc la main. G, ÎJ3I, A ces mots : Je
veux qu'il noii iiàrêt on ajoutait volontiers : et qhU ai lie
où il vfntdr/i. C'était aussi la formule des Franes (BalTiz,
II, 46G) et des Lombards. Rn cousi^^quence, rafrrunchis-
semenl avait lieu souvent Aur quatre chemws, dans uu
carrefour; s'il avait lieu dans une maison, on laissait lerf
portes ouvertes.
II y avait un autre mode d'atTraucliissemont, qui rap-
pelle les formes de l'adoption : Celui qui veut par han-
trada (tradition par la main) renvoyer un homme Ubrt},
do il ^ lu i do uz iè m e , du n a u u lieu t -êp u lé saint, le re ï i v ot/e } '
libre de la douzième main (CajùtuL, anuo 81îi), Ce qui
iïigaific (fii'il devait passer par douîe mains, celles des
témoins et du mai Ire. G* Sôt, — Dans le Nord, on pla-
çait le serf sur uti coflVe pour ralïrancliir. En Norwège,
l'aiTraiiotn devait faire (iréparer un bampiet solennel; on
y tuait un bélier; un homme libre coupait la tète, et le
patron la recevait. G* î^ilS. — LVaiïraiichissement se
Taisait encore par une pièce de monnaie (comme signe
d*achat ou de vente) : — IVous avons affrunthi un serf à
noits appartiinunL du nom d^Albtrî^ en lift faisant stmler
de n tre propre m ain , se lo n ta lo i sa lifftte, un deu !> ï ^
placé dans la sienne ^ et t avons ainsi df^fir de (ont lien de
sert)Uude. Duc. 4, 470 (année %my G. 180 \
Dans les symboles qui |)récèdeut, ou a vu TalTrauebi
devenir homme et libre. MaiiiteTiaut, on va on faire un
guerrier : ^ — Si quelqu'un veut rendre son serf libre,
1. Ul monnaie p&ralt eacore d&ua xitut autr^ oecasioa; c'est en
jetant une pièce dor que Ici auabaptbtcs envoyc^a c oui me
«ipdtrejt par Jr-iiii lîe Lcyd*.* prot^^'îtf^nl i^Jijlrf* rmcr^iîulj*!- de
rf^ux qui Its (îîcoutiu^ut . Michèle t, M'\n, do Luther, lll, 38, —
La monnaie figure de même dan» la renoacUlioa à l*huiu-
tuftge.
qu1l le livre en pleine assemblée et dç la niaîn droite au
vicomte; qu'il le d^^clare quitte du joug de son senasç^-
par le renvoi de la main; qu'il lui montre les voie:: -:
les portes ouvertes devant lui, et qu'il lui remette le^
armes des libres, c'est-à-dire la lance et Tépée ; ainsi
devient-il un homme libre. Leg. Guilielmi, cap. Gi. G.
332. Chez les Lombards, le symbole était une flèche.
G. 161. — Le serf ingrat pouvait être rendu à l'escla-
vage. Il déposait Tépée et s'inclinait en signe de servi-
tude.
La prescription (de l'an et jour, par exemple) était
souvent pour le fugitif un moyen d'affranchissement.
Ch. Ottonis IV (anno 1209). G. 337. — L'homme dont
on va parler, le pauvre homme, sort de l'état de demi-
servage, lorsqu'il part de la terre du seigneur, et que le
soleil qui se lève ensuite le retrouve libre avant qu'on
l'ait atteint; ou bien encore, lorsqu'il ne peut plus sub-
sister, et que le seigneur lui permet de se retirer
ailleurs. Cet adoucissement au servage semble particu-
lier à TAllemagne : — ... Ils établissent aussi en droit que,
s'il se présente un homme de Schaffheim, demandant à
entrer dans la cour (du seigneur), un schultheiss (maire)
devra prendre avec lui deux membres du tribunal de
SchafTheim, et accueillir le pauvre homme avec uu
demi-quart de vin: puis, avertir sur-le-champ le sei-
gneur auquel il est échappé, et il hébergera cet homme
pendant la nuit. Si alors, le seigneur ou quelqu'un de
ses gens vient le matin, avant le lever du soleil, le récla-
mer, qu'on le lui rende; mais s'il n'est point réclamé
avant que le soleil n'ait paru sur lui, alors il n'est plus
au seigneur, et c'est justice ; il est homme delà cour,
comme les autres. G. 945. De même, si un pauvre
homme, placé sous la juridiction de notre très honoré
seigneur, ne pouvait plus subsister, et qu'il voulût émi-
grer ; s'il arrivait ensuite que notre très honoré seigneur
rencontrât ce même pauvre homme, que ce pauvre
DROIT r/ÉMîOBEn,
m
mme ne put plus avancer, notre très honoré soi-
leur devra alors quitter la selle, descenrire d'un étner,
ieurer sur Taulre et aider cet homme de telle sorte^
k'il puisse avancer jusqn'oii il trouvera â vivre. —
ï'il est si durement charjLçé qu'il ne puisse avancer,
que le prévôt collecteur avec son valet vienno k le
tocoDlrer^ le valet devra deï^cendre et l'aidera avancer j
^le secours du valet ne suffit pas, ce sera au pn-vôt
Ime à descendre; laissant uti pied dans i'élrîer,il Tai-
Ira de Taulre, et dira ; Pars, puisses-tu être assez
lureuxpour revenir en voiture!
[•,,, On devra souiïrir aii?*si dans cette juridiction un
ivre homme étabîi sur son bien, pourvu cjull ait
BE de plane pour se tenir sous une baignoire (bads-
kildj bouclier oii l'on se baigne). S'il arrivait ensuite
|*U ne pût plus s'y tenir, qu'il chargeât sur une char-
tte lojit son avoir, qu'il se mit en roule, qu*iï fût
Hé, et que nos seigneurs vinssent à le rencontrer, ils
ront lui porter aide, afin qu'il puisse avancer, et se
Eiurrir lui et ses enfants* G* 34&-3i7.
Le centenier, frappant trois fois sur sa lance»
le: Écoute! écoute î écoute! S'il y a dans cette libre
ridiclion quelque homme qui ne puisse m sy
irrir ni s'y entretenir, qu il paie d'abord mon
ieieu3[ seigneur Télectetir, puis la sainte Kglise
ta commune, et il éteindra son feu à la In-
sère du soîeih S'il advenait ensuite que ie pauvre
Imme eiit chargt5 son petit avoir» (ju'il arrivai dans une
liïie ou une ville, et que mon gracicus princc-ôlecleur
%i à passer à cheval, deux de ses serviteurs devront
^scendro et aider le pauvre homme en poussant la roue
derrière. Ce raisant, mon gracieux prince-(J lecteur
ira fait son devtnr et le pauvre homme le sien. Mais
, ce pauvre tiomme ne peut pas mieux se nourrir au
m où il s'est retiré, et qu'il ait intention de revenir
lui la même juridiction, on devra le laisser rentrer.
lui 1^11(1 an t part i\ k culLnre, à Timiiôt et à la terre,
telle qu'il Teul airjtaravîiut, G. 84^, — S'il arrivail qoe
quelqu'un pas-iAL la J)icz et la Suize, el qu'il vouhil se
retirer dans la principauté de uolre graeieux setgnear
et prince ^le Hesse, et qu'il m IrouvAt arrêtai daus Vtm
de la biei ou de la Sulze, ce sera h ecux 4p Nassau à lui
porter aide^ mais si quelqu'un voulait passer de la prin-
cipauté de notre gracieux seipneur el [irince de Hess^
daos le pays de Nassau, ce sera à ceux du Langraviit
de Hesse à lui donner aide. Les gens du pays qu'il vcat
quitter doivent Taider k gagner la rive opposée. G. 3i7.
De plus, c'est leur avis : si un pauvre lionime venait
'loman<ler accours à sa Grâce» et tpie sa tîrAce ne vouliil
[las le accourir, le pauvre homme pourrait ^e retirer chci
un antre seigneur qui pùL l'aider. Si le même homme
s'en va^ qu*il demeure embourbé sur la rontc^ et que sa
GrAce le roncontrej elle doit descendre de cheval, elle
ou SCS gens, et l'aidera se tirer de là; le pauvre homme
ne sera pour cela regardé comme un homme sans fol
ni honneur* G, 9-15,
S'il arrivait queqnelqn'un eiU Tinïention de ne plu?;
demeurer ni sépmruerdans notre libre jundiclinn, quil
possédât ee[»endantmaiHon et héritage dans celte même
juridiction, il pouï-i'a les vendre moyennant le quatrième
pienningj que l'acheteur devra nous laisser à nous et à
nos héritiers; il devra aller ensuite, en compagnie du
maire eldesjages, vers la croix de la libre juridiction, et
y dire ou verte mc^nt : Messe igné urs, Dieu vous béuiss**!
je veux partir. Les juges doivent alors prononcer, en
appelant cet homme par son uom, ces trois roots ; 11
veut partir! S'il advenait alors que quelqu'un rinler-
pell&t pour une dette, une caution ou autre atlaire, il
serait tenu de demeurer jusqu'à ce qu'il se tnt acquitté.
Cela fait, il lui b;era loisible de partir en plein jour,
d'emmener son bien, el, s'il y a nécessité, la justice
l'accompagnera au delàm(^me du ressort. Mais quicoch
hiiuit u ÈiviriiiïKJt.
223
|iie se rctirora d'iinn autre manière doil., s'il est naisî,
1011:5 èlre dévolu t'orpsct bion. G. 287.
Dans riuelf|iJ6ï^ rontréeîs, l'iMiiiKi^ritiMU iie fjouvait so
lire que ser^ un lieu ckHermiué. — Il n^^ne à OUéii-
leim, SMr rriiïigimtion^ un usage ancien, et que iiûs
ktti'ôlres ont loujourâ ohscnu : Quiconque voulait
|uitler (Kleiiheim devait se diriger vers Scliutter ou
rersLarcj et ver* quelque côté qu*il se rctinU, it devait
^erviv une année enlrère le môme seigneur, el lui
lemeurer attaché pendant ce temps, et il devait égale-
lent, petjdnnl l'an et jour, éviter le resi^ortel juridiction
rOUenlièiin avâiït le lever et apr<^s le couclier du soleil*
318, — Loi de« Drefiouë d'Irlande : (juand le
^nyiîan quitte son chef, il dit : Je demande ma liberté et
bétail que J'ai donné pour avoir protection. M ne
lîltera pas la terre du chef jusqu'à ce qu'il 5>oit salis-
lit \
J'ai parié ailleurs do Tasile ([ue le î^ert' friinçais Irou-
îit daiiîï le*s villes, et des ordonnances par Ic^^quelles
los rois arrêtèrent la po|>ulatiûii ile^i campagnes qui s'y
prait réfugiée tout entière, eoumie il étail g*iuéralemenl
irrivé dant^ nue ^^raude |*arlie du unuide romaiiu Mais
rett»^ [ïarlîe de notre vieux droit ne ]*résente, ([ueje
^ache. aucun symbole, aucune formule remarquable*
I. Colloct. t!t' vvhm Mlb. lît, \hK
LIVRK IV
GUERRF. PHOCÉDUHE. PÉNALITÉ.
CHAPITRE PREMIER
nÉFJ, — SOSIMATION- ^ CONVOCATION,
Lorsque le Vieux de la moulagne, le chef des Assas*
eins, Jit fleniandop à saint Louis de l'exempter du Iribuî
qu'il payail aux liospita!iers€taux templiers, son envoyé
devait prt5setiler au roi, en cas de refus^ trois poignarda
et un linceul ^
Pour dtSt'Iaralîon de guerre/le fécial romain lançait
sur le territoire cnacrai un javelot durci au feu et en-
sanglanté ^
r DfirîAr^ Vnmirnl^ avait un /jmhder bien atnumé qui tenaît
h-tîiiicoitiîfiititen son poinff^ dont Vun tntrùii ou mnjtche de Vuntr^:
pour (*e que îc l'ami} at eusi éié reftts^, il eusl présenté au t^^ c^a
trois CQuUmis pour le deffîer. Dnri*^re cçU qui lenait les troîA ùou^
îiaus, avoil un autre qui i^naii un bougueran (pièce de toile de
colon) eniori^ilié enlour son bra.^, que il eust au.^si pré^ênié au rrj^
pour ii ensevelir ^ se il eust r/^fti^f^e la rrqueste au Vieil de la mon-
tagne, Join ville, Édit. de !7GU p. 9,1, — Dans les deraièivi
aoiif^t!9, un clief ïi^griï dtîs côLea d'Afrique envoya à un chef mi
cercueil pour fi;^tjrer drclaration de guerre. M, Èd* Corbière y
NiL^grrier, t. IVj jL^farantil ce fait comme authentique.
î. Lea CarlîmgiiioiH rcfuaant aatisfactioo aux Uomains. Quintu^
P'abiuîï, l'un àû^ ambaaaadeur^, releva un pan de sa ti>ge et dit:
Loraqu'en lâSi, les Pisans vinrent jusqu'à Gènes
provoquer les Génois au combal, \h lancèrent dants le
port des flèches d'argent ', — En Transylvanie, on pré-
sentait, en signe de défi, une épiïe sanglante-
Au moyen Age, fa loi règle elle-môme les formalités
du défi. Formule lombarde : — PiorrCj Martin te fait un
appel parce qu'il a la pensée que tu as honteusement
vécu et convergé avec Aida son épouse. Je veux, dit Mar-
tin, essayer (adardirc) avec lui. Entrez en combat (va-
diate pugnam)- Assise de Jérusalem, cb* 65 : £l le qmt-
rent que Von iikve^ sicom esl di( ci-dessus, comme espar hu\
doit respondre mainienanl à celui qui ensi te lime : 7\i
mens^et je suif presl, que jù fnen (ttea nf c {quQ je prouve
iDa loyauté) contre loy et défende lit on cors contre k*lhtu
JEt se le quarenl, qui est ensi levé et toviié, corn est avant
ditt ne s'en aleauîe, si corn est dessus devise, il y a tou-
jours perdue vois si i^espons en court ^ et sera tenu à fam
et desloiau toute sa vie^.
Artois, roi d'armes de Bourgogne^ ayant vainement prié
ceux qui g ar dotent la pot* le Saint-Anloine de recevoir /^^
lettres du duc de Bowgofjne^ bouta les dites lettres en un
bâton fenduj lequel il ficha en terre et les laissa ".
Je voua apporte ici la paix et la gu'*rre; choi^isne^. — Chdsîs^cî!
Touvmèîue^ cri ère ut Iqa Carihii>rinois. *- Je vons JoQiie la f^Mieire,
dît- Ut et il laissa rctouaber sa ti>f{e. — Il semble que io romaD de
Oana h Loherain ait conservé ce aoa venir classique.
!l priit deus pans del pfHon Aermin,
Envers lUrUrl tes run et jftti^
Puis li a dit^ Giùert, je vos d*^ffi.
Voyez dane rodyasfie Tare tîUlysse que personne ne peut
tendre, dans Hérodote l'arc du rui d'Élhiopie, et ïe prôsnuL
menaçant dos Scythos à Darius : dnq ûtthesi une souris et une
grenoatij(î,
1, Giovanî Villani, apnd Muratori, XIII, 294.
2, Assîmes de Ji.^ruBakn], c. 45,
3, Monstrelet, Hl, ILS» voyez aussi iefèvro de Saînt-Remy,
p. 55.
13.
L*' Aire de Sn^^rac envof/a au sif^ d'Arpftjon UiWes dt
ficffiftnrt* pnyùeH par A^ /^ C, c'^^t â sr/jooir qit\^Uei
f^faknt fktiies desms et des^^ons rtmif^ feiiiHf d^, papier H
au mifkn éiaimt les dites lettrea pannrj (demi) roupe^t
contrnant def fiances. [Année 14^5 '.]
/.c duc de /iom'ffOf/ne fit puffiier par tous les payit la
gnt^rre contre tes Llégtiois: ; et ceut.v gui fmaieni If'S dicter
putflîcations, en icelie publiant^ tenaient m une main w/*e
éjff'-e foule ntt fi. f^i en Vautre une torrhe n/ntn^e qui signi^
fiait /jiierrft de feu H de sang. [Anni^o 1407 ^-]
Ouelt]uefois celui qui défie et menace montre sa co^
ière eu mordant son tloîgl, comme s'il voulait broyer
son ennemi : — Robert, dnc deCalabre, faisant un jour
une reconnaissance près d'un château qu'il altarjuait,
faillit rHre lue par les assiégés; il se mordit le doigt en
signe de menace^.
Les bourgeois de Genève rofus^renl en 1519 de rece-
voir dans leurs murs le due de Savoie ; l^^ kérauit d^ar-
nifiis de ce prince revêtit sa coUe d'armes et dit : Je r&'is
déclare reheîles ù voire prince, a feu et à snng^ et peur
Piarquf^ de cdfi.jnvom jette cette haguette ; qui ta roudra
lever la lêoe^! — Les clicvaliers, comme on sait^
jetaient, leurs fîants en signe de défi.
Le i\éii doit être fait en présence de témoins. // t^s/
mes lier de prouver la def^aneke^ pour soi OJiter de k
traison ^
Le droit romain, qui substitue partout l'action froide
el régulière de la loi aux passions individuelles, a con-
servé cependant une espèce de déli juridique dans la
dénonciation de Nouvel œuvre par le jet d'une pierre-
1. Petitot, Vlïlf Hé, Aliîui. conrrntanl la PuceUe.
2. Jean âc Trayi^fi, :Uoin. Xill, ^60.
3. Infe^sura apiîd Eccard, II, l%û. Voy, imasi danâ Roméo et
Juliette.
4. Spnn, Uist. de (tôDÙvi^ 1, U8,
5. BeûumaLioJrf p, ?0K
.KVVrh AUX ARMES. 227
Le texte du Code se trouve développé d'imn manière re-
mar(|uable dans une charte du midi de ta France : — Il
dénonça tionc nouoi œtwrû aav Carmf^s; et gh signe de
Ces d^noncmlions fti pi\f klbi lions ^ h susdti seu^mrHf recli'ur
ou son mçaire jetant incontinent itne petiic pl^.rre en cet
endroit a dît : Je vous d^Uionce nouvel miuyrn. Lu même
JpJant un^ seconde petite pierre t II a dit : Je von.^ dénonce
nouvel œuvre. Jetant encore une troiuêmû peine pierre ,
il a dit : Je mus dMoncû nnuvel œuvre, et je fais df^fen&êà
rous, susdits Carmes, et à qui que ce soit d^mlre vou^.^.
iiniant qt*e légitimement je. h puis et le dois... déplus à
r avenir coiisiritlrc ou bâtir dans ledit hospice ^
Le défi porté et reçu, les parties se rassemblent et se
préparent; c*Cî^E lappel aux armes : — Quand un chef
des montagnards d'Ecosse recevait une injure ou une
provocation^ ou bien encore 8*il craignait une invasion
du territoire, il faisait une croix de bois léger dont il
passait Jed bouts au feu, puis il réteigualt dans le sang
d'un animal ((ruue clièvre ordinal remetd); il donnait
celte cfoix h un messager rapide et (idole. Celui-ci cou-
rait au bonrg le pins proche, et remettait la croix au
premier frère de Clan, lui indiquant le rendez-von^; le
ficcond courait au prochain villa ^a^ ; partout môme ponc-
tualité, mêmes paroles. La croix voyageait ainsi avec
une incroyable rajddité. La mort frappait ceux ijui ne
se conformaient pas à la sommation. Kn 1745, le crann-
tair on crostair, comme on l'appelait, traversa le
vaste district de Breadalbane, plus de trenle mîHes, en
trois heures, Armslrong, Gaëlic dictionary, [H±7k G, 164,
— Quand l'ennemi menace, un bâton à troi^ branches
(trjpalmatus) estenvoy^^ à tel bonrg on village... afin que
sous trois, quatre on huit jours, nu homme ou deux, ou
trois, ou même tous... prenant arme^^ et vivres pour dix
t. Chartâ ûccUaniciv, aonoc 1Û17, Uncang:*;, IV.
5â8 CONVOCATION*
OU viDgl jotirri, SOUS peine dp voir brùîer leurs maisons.
sre rendent san.s relard dans la plaine ou la vallée. Olaus
inagnns, îib, 7, Ibid,
En Hongrie, un homme à t-heval armé de loules pièces
cl ii[] homme à pied tenant nnc 6péc ensanglantée par-
couraient le pays en poossanl le cri de guerre , selon
l'ancien uâag(> transylvain *. — Dans le Nord, en cas de
guerrt: iinnîineute, on envoyait à chaque liomme une
fl4'':'die de bois, ayant i apparence d'une Hèrliede fer, G.
10:2, d'aprèià Saso gram maliens, — En Suisse, lorsque
le danger éiail imminent, on enfonçait renseigne dans
un puiti?, et l'on jurait de ne pas retourner, que len-
ncmi ne Mt ballu ou que l'enseigne n'eût séché à i air.
G. 16J.
Quand la société est menacée^ non par un ennemi
étranger, mais par le crime d'un de ses membres, on
voile de même l'enseigne nationale : — Lorsqu'un
homme est traduit en jugement pour un crime, le porte-
enseigne devra rouler rent^eigue, en enroncer la pointe
en terre, et ne la déployer qu'après le prononcé de la
sentence. G. ihîd.
En Frise et en Suisse on convoquait le peuple par feu
pt pfiilk. G. 195. — Es marches de Scotland en la fron-
tière d'Angleterre sont fiefs tenus par cornage pour aver-
tir à cor et à cri puhïic le pays que les Écossais ou
autres ennemis viennent ou veulent entrer en Angle-
terre ^ — Ancienne coutume de Bretagne : Tous ef foutr%
dhïl/et'ni nlltr an cnj commune ment , quand cry de feu m*
tff' menrlre oynU^ ei aider au hesoln ', — Dans nos pro-
!- Rroheî, lli^Loire rie MfirliiinstuFs, p, 324.
2- L-itinère, L Voy. ans»i Hoiiard, losti tûtes de LitlleConf L L
VI, 179.
3. La^ir.. \\, 4. — Lorsqu»; îa Gauly entière se leva coatre
Cé^ar, !(■ fif]Hai parti ds Genaf/um fui répété pnr dex crû à irarfrt
les champ'ç fi Uft rv/to^w, t;t parvint le Aoir même à ceni citiqîtunif
millejches ks Ai*vernes. Utsar. BelL gall,^ VU| 3.
SOMMATION. 229
vînces niéridionalcî!i, It* mot lia fora désignait le cri par
leqiïcl io plaignant, le juiu^e ou ïe témoin du crimo» appc-
îait la commune. En Catalogne, quand ce cri est fait
sur les terres du roi, on sonne les cloches; sur les lerrcs
fies baronj?, on sonne le cor, — En Normandie et dans
le nord de la France, le cri s'appelait e/ampurV^ hnnK
En Allenia^e, jusqu'aux derniers temps, on convo-
quait les juges et jurés en faisant circuler un marteau
ou batlant de porte : — A Lindenthal en Saxe, le \\^^^y
fait lenir ce marleau h. la ferme du voisin j celui-ci ii la
ferme d'un autre, et ainsi de suite, G. 840 et 1G"2. Il osl
h remarquer que le signe de convocation circulait tou-
jours d*Urient en Occidentj selon la marche du soleil.
Le tribunal réuni, le défendeur absent doit s'y présen-
ter sans relard : — Celui qui est à Tétrangor sur terre
ou sur mer, et auquel on fait savoir que son bien a été
frappé d*un jugement, doit, s'il est à table, ne pas
essuyer son couteau, mais se lever et partir. Il ne pas-
sera pas la seconde nuit on il a passé la première, et ce,
jusqu'à ce qu'il arrive à la cour et s'y représente. — S'il
arrivait que les héritiers d'un bien aliéné ne fussent pas
au pays, et que dan^^ Tan et jour ils voulussent revenir h.
la maison et réclamer le bien ; alors, s'ils avaient ùté un
soulier, ils ne devraient pas ôler Tautre, mais reniettrr
le premier. G. 98-1)9.
La loi, en certains lieux, ne souffre pas plus de relard
quand il s'agit de la protection que le seigneur doit à
ses vassaux : — Si un homme du pays est fait prison*
nier, le seigneur d'Ohsenstcin devra, eiU-îl un pied nu,
monter à cheval, quand même son cheval ne serait pai?
sellé; et sans s'arrêter à mettre l'autre soulier, il courrii
à la poursuite de rennemi jusqu'à ce qu'il délivre
Khomme. G. 90.
La loi indienne, en certains cas, ne veut pas que Tac-
cusé attende la sommaîion. Elle lui prescrit de se prA-
senter lui-même. Ainsi Platon, dans Iç Gorgias^ ditqu«*
i^r"
â^J SOMMATIOX. — COVTRAL'iTË.
le caupabïe dcvraïl courir au maKii^li^fit \ comme ïo
malade au mèderin, pour se faire guérir de la maladie*
do riniquiti^. — Ceïui qui a voie de l*or à un brahmane
duit courir en toute liâte vers le roi^ les l'iievoux défaits,
et doelarer son vol eu disant : h J'ai commis lelle ac-
tioiij punis-inoi. » il doit porter sur ses épaules une
masse <rannes ou une massue de bois de Khadira, ou
une javeline pointue <le deux bouts, ou une barre de fer.
Li} voleur, qu'il meure sur le coup, ou <[u*il sort laîs^^é
pour mort et survive, est purgi^ de son ertuie; maïs si
le roi ne te punit, îa faute du vuleur retombe sur lui *,..
Généralement le coupable est moinî> soumis^ et la
toi est obligée de le traîner au IribunaK — Loi des \îl
tables : — Appcllc-le eu justice. S'il n'y va» prendra lies
lémoius, contrains le. S'il diffère et veut lever le pied,
mets la main sur lui. Si Tàge ou la maladie Tempôche
de comparaître, fournis un cheval^ mais poiut de litière '.
Dans la Joi salique le demandeur doit, accompa^é
de témoinsj aller trouver le défendeur et dire : Puisque
tu nf* V(^ux fjns me rendre ce qui tna/ipariiÉnL garde-le
pour cette turif^ lemps que la loi mliqur* accordf^; et ain$i
il fixera le jour. — Si l'emprunteur refuse de rendre ^ ou
dt' pQim\ voici commerti le créancier dùit t assigner : Je
te prie, ôjtige^ d^nstreindre^ pour moi, (faprh la loi itali-
que cet /tomme (meuni gasachionem ?i/*?çuf?/;^i'fl/ijî/ jE>r«-
7nesse. ht le juge doit dire : J'ussifjne ponr le délai fixe
par lu hfi mlique ledit homme (tuum gasacbium). Aiar*
celui à qui promesse a ffé fuile,^. doit en toute kàte^ et
avec témoins, aller vers la maison de l'autre et le pri^r d^
lui patftr :tondii; x'ii ne veut pas^ il lui firera jour (so*
Jem collocet)* — Que si un esclavf> s'est frffuné présent ^
i. Plato, (lOrgias, t. IV, l'îd, Ulpont., p. 13 : ^viàv èx^^vti levai bnia
4tîo*j (wç Tixwta it^aii cîk/^v, iia^à tôy Sixtffi^v, iLai^tp napi to%
2. Mftnim, p, ÎHS, §311. fi.
3. Lois lies Xll Uibks, voy. U Icxie dfiu» Divkseu.
SnMJlATlOX. 231
rrî^ss/M/ Cf'lm qui rérlnnv* dûDrti fixer jour {sotem collocet)
au maître de tesrimej ^t if lui avcorderu le plaid pour sept
tiaits. G. 8ti.
D'après le droit <Je Freyberg, le demandeur» qui
voulait légalement prendre le défendeur, devait le
saisir tic ses deux doigtsî à la [mrtie sii[ïêrieure de son
habiL Question : Si un autre doîgl vient à toucher par
hasart], cela peut-il porter titleinte à son droit? Réponse:
Non. G, lil. — Les schoeiïcu ont fait cette qnestiori :
Si un homme qui n'a point faitassignerun autre homme
devant justice le rencontre quelque autre part, cet
homme est-il tenu de lui répondre ? On est d'avis qn^^
ouï (Lst gewiïït jaî)* Mais, s'il so trouvait âïjueïquc diis-
tance du trihunal, et qu'il y eût le do^ tourné et que le
heïmhurge Tappelât, il pourrait, pourvu (prit ne regar-
dât pas derrière soi, s'en retournersans être moîesté. S11
a regardé autour de lui, il faut qu'il réponde, — Item.
Us ont fait cette question : Une femme veut fiiire récla-
mation à un des compagnons (logés chez elle V), et lui,
îl B le dos tourné au tribunal, et le procureur de la
femme de dire : Entends-tu? cette femme te réclame
quatre-vingt-seize llorins. Et lui ne regarde pas der-
rière, et passe son chemin. Qtie perdra-t-il pour cela?
Rien, c'est la réponse inditiuée. G. SW.
Quand Taccusé refuse de comparaître, le demandeur
le fait citer par messagers. S'il y a,emï>êehement ci ce
que ceux-ci puissent remplir leur mission j ils poiïrront
ficher ou pendre Tassiguation à la porte du défemleur,
ou la pousser dessous. — Toute assignation devait se
faire de jour. Les messagers weiiniques pouvaient seuln
assigner de nuit. Ils fixaient, au moyen d'un pfenniny,
rassîgnation au verrou de la porte, et, pour preuve, em-
portaient trois copeaux de la barrière; ils criaient au
veilleur qu'ils avaient apporté un message à son sei-
Kneur, et qu'ils l'avaient fixé au verrou, Wigand, 510,
0,845,815,
232 EXCUSES,
Des amendes, souvent des peines graves, sont pro-
oOTicées contre ]es jurés retardataires : - Si un homme
libre refusait de veuir un jugement, Monseigneur pour-
rait envoyer près de lui l'un de ï^es baillis ou servilciir^.
S'il demeurai I ainsi de son plein gré trois ans sans
comparaître, on lof^TraiL chex lui deux garçons^ Irob
chevaux^ ri eux lévriers et un faucon, — Et s'il se re-
fusait k payer l'amende, et tiu'uïie troisième fois U iift
vînt point au jugement, îl perdrait la main. Cependant
il lui sera permis de la racheter du seigneur du t^^y^
moyennant dix livres. G. 81i. — Dans le droit de FraiiL-
fort, celui qui ne comparaît point est tenu, les mains
liées, devant un repas et une bouteille de vin, jusqu a
ce qu'il se rachète.
Les lois antiques admettent des excuses pour le ser-
vice de Vôst ou du plaid. Dans les Capitutaires de Ghmr-
le magne, tous les hommes libres doivent se rendre à
l'armée, mais le nouveau marié obtient un délai d'une
année. Celle dis]>ositîon semble empruntée aux loi>
Juives : — Lorsqu'un homme aura épouse une femme
depuis peu, il n'irapointàla guerre,et onueluiimposem
aucune eharge publique; mais il pourra s'occuper de sa
maison, et passer une année en joie avec sa femme. —
Les ofiieiers au^^si crieront, chacun à la tête de son
corps, en sorte que Tarmée Fcnteude : Y a4*il quel-
qu'un qui ait bàli une maison neuve, et qui n*y ail pas
encore logé ?,., Y a-t-il quelqu*un qui ait planté une
vigne, dont on ne puisse encore manger le fruit f... Y a-
t-il quelqu'un qui ait été fiancé à une fille, et qui ne Tait
pas encore épousée? Après avoir dit ces choses, ils ajou-
teront encore ce qui suit, et diront au peuple : Y a-l il
quelqu'un qui soit timide, et dont le cœur soit frappé d^
frayeur ? Qu'il s*en aille et qu'il retourne en sa maison,
de peur qu il ne jette Tépouvanle dans le cœur de ses
frères '.
i. Deuteroiiouj., c XX.
Bkn dQÎi souffrir hitmanUé et daàonnairelé de droit,
ke cilkieM là ou on tkni non père, se feme, sea enfar^s,
son frère, te candelie en la main pour cr^meur de mort,
puisse son Jor conl remander, aind comme iil fmt moffi.
— Cil navfiit mie grand talent de fiuer sa besoigne, ki
contremanâe por se feme ki iravaiUoii d'enfant, encore
en ait on veu mainte mourir. Car ii n^esi mie honnesle
cose à home d^abiler entor feme, ki est en tel point. Se on
propose engrossemenl y H demandei^es qui dist ke li contre*
mans ne fu mie loiatis, ki fit fais de le mort un enfant., et
fust mors nins ki fust nés. Mais certes graindrs dùlenrs
doit cil engenrer en cors d^oume, ke de le mort de cïtfws
bautisiéset leués, pour le kel li contremans est ioiaus, —
Il y a excusance daler piaidier^ pour la femme qui est à
deus mois, ou à là entor près de raeeoukicr. Car la grant
volontés k'etes ont dealer ^ leur fait légièremeni porter leur
frais /u5^'e4f à tel terme, et Uns doivent contremander
leurs plais sans terme... etc. — Cil ne contremanâe mie
sagement ki pour la mort de son enfant ki n^avoii que trois
7nois contremanda If il mornt eehnjor. Car te m en fans ne
fait mie à plù}jfrer à home, tant ki s^ahert à le mamele se
mère, se ainssi nest ki fmt mo7't de mort vilaine, ou ors,
ou noiéSj ou estains, ou d'autre mort ki fust plourable : et
iorspvet contremander et noumertensoine, et devera ensi
dire f je contremander ai te jor par le mort de mon enfant,
ki iera bien plourables, ne outre ne le doit ou mie à pres-
ser de dfre ^
Tu me demandes une cose con ne voit mie souvent ave-
«17% savoir mon ; Se mis ftices hom est a joignes en le cort
le lîoif et il muet de sa maison bien apoint pour at oindre
son jor par droites jor nées, et il treuve le pont de le droiftj
voie de fait, et la rivière si espandutï, ke on n'i puist pas-
ser, fors ke par plankes, en tel manière ke chevaus ny
\, Pierre De Fontaines (â la suite du Joiaviïle de Duean^eJ,
éd* 166â, p. 80, S3, S4.
334 EXCUSES. — DÉUIS>
peuf pa^set\ ni s naDi^ ifluecque prth^ mats ffftns n pU i
passoicrtt bkit, ne il dok aler au plait aussi kome tout e&ba-
niant, aier i fi oit : et a' il îiipitPt ai et' sa m ira vaille pourc*
fift on nipuist ûler épié, son ensoine doil faire à saroâ-,
f^t remaîfoh' puet. — Tempe!! te de pierres erctiâe fiieif
tourna (t*aler û Sitnjor, ou de cont remander, se elescAeeni
ù lieu où il ei^ &l tek ke penll de cors fusi de lui meltr*
fort de sainte.
Si un jure est appelé au ju^'ement^ et rjue, voalanl s*y
rendre, il ari'ive à une eau qu'il soit obli^'é de traverser,
il y entrera jusi[u\iux genoux j et placera son hAUm
(levant lui. Si Teau est le lie* qu'elle lui aille aux £re-
noux, il montera et descendra un demi-mille encore ;
puis, i) entrera dans Tcau jtïsqn*aux ^enrmx, et placera
son bàlon devant lui ; si elle lui parait trop profonde, il
pourra rs'eii retourner, et personne ne l'en puulra.
G. 107.
Les coutumes de Melz et de Dijon aceordenl à Taccu^è
un délai de s^pt nnifsK Dans celle de Normandie, h y a
le délai remarqualjle de deux flots et d^me ebùê, c'e^=*-
à-dirc du temps qui sVcoule entre deux marée^i corn-
pi êtes ',
L Lfltiriére, H. Dai*ange, verb, Nox,
a. Houanl, Coût an^ïlo-narni,, I, 471-2. rU-tA, ÎV, 2, 2.
CnAPITHE DEUXIEME
Lîcu rr r^yiv^ m j^iiEMOT.
Les Semnoris, lïit Tacite, se réuniijsent daii^ la tovèi
consacrée par les au^^fiire^ paternels, et par la vieille
lerreur.
.*» Près riu lernple î?e trouve un très grand at'bte qni
&lend ses braiiclips au loin, et qui ver<lnle été comme
iiîver. De quelle espèce est cet arbre, c'eist ce que tïer-
eonne ne sait; il y a ausî^i au mt^me lieu une foittaïue
lofi Ton a coutume de faire les sacri lices païeui? et de
;>lûiïger vif uu homme. En le jitongcanl ainsi, ou coti-
Isacre le vo^u iln peu[ile. Lindeobrogii Scripl-^ cd. Fabr.|
61. G. 708,
Le jugement a souvent lieu sous les arbres : — Aux
rois chênes» Aux cinq drônes. — Ce sont, plus souvent
kncore* des tilleuls, Ain^i : Le lieu de^ sept tilleuls ^
lAojonnrhui encore, on voit dans îa plupart des viMafies
id'Aîîema^me, dans la liesse par exemple, un tilleul
jifanté sur une colline où se rassemblent les (laysans ; la
fcolline est entourée parfois d*une muraille, et des de-
|gré^ y conduisenL
Jugement du sapin sur la iJ^rande route impériale
(année 1:^24); — Sous te bouleari (année 1189); —
L Kiï Fraiioe, lu flï!ign**tïrie dt> Sffpichénes.
236 LIEU DU JUGEMENT.
Sous le noyer ; — Sous le sureau ; — Devant .l'aubépine,
sous le ciel bleu ; — Tribunal de l'aubépine ; — Le
siège des libres, sous le poirier (année 1443); — Sar la
hauteur, au lieu appelé le Hêtre de fer, où un franc jage
doit siéger (année 1490). G. 197.
II y avait des jugements sous Forme, par exemple dans
un village de bailliage de Remiremont *. A Paris, les
vassaux y venaient payer leurs redevances ' : A forme
Saint-Geivats. — Attendez -moi sous l'orme, dit un pro-
verbe français.
Les anciennes assemblées des champs de mars et de
mai se tenaient vraisemblablement dans les prairies,
près des fleuves. On trouve aussi des exemples de juge-
ments tenus sur les fleuves, sur un pont, sur un bateau.
— C'était l'usage dans la basse Allemagne, jusqu'au
dix-huitième siècle, de faire sur le pont les fêtes et les
banquets publics'. — Le lac de Grand-Lieu avait kauie^
basse et moyenne justice. Le tribunal siégeait dans vn
bateau à deux cents pas du rivage ; lorsque le juge pro-
nonçait la sentence^ il devait de son pied droit toucher
Veau du lac. Mém. de l'Acad. celtique. V. 143. G. 800,
En Bretagne, les lacs étaient et sont encore en grande
vénération ; on y apporte à certains jours du beurre et du
pain. — Les jugements se rendaient quelquefois dans
des souterrains ou sur les tombes : — Le tribunal sar la
fosse rouge de Leipzig (année 1559). G. ibid. — Mais
le plus souvent, on jugeait sur la montagne. La loi sa-
lique parle plusieurs fois du Mallberg, ou Montagne de
rassemblée. — Il a été décidé, pour le bien commun et la
commune utilité du pays (patriae), que les Assises de
France, qui se tenaient en deçà de Veau, près de Gis€»rs^
seraient transférées, jusqu'à ce que le Roi en décide autre-
1. Piganiol de la F. XIII.
2. Saint- Victor, Histoire de Paris, II, 2, 814.
3. Cambry, III, 35.
Um &U JL'GEMRXT, 237
ment, près de Chutunont (cal vu m moiïtem, le mû ni
ebauve)j ou Vnn avait coulume de lf?s lenirnfirt*'fmf*meiH '.
— Dans le Nord, ïe Lœgberg, c'était le mont de la loi,
la roche où l'on disait droit : Juris dicundi rupes, — Le
duc d'Athoi, descoadaut des rois de l'île de Man, siège
encore aujourd'liui le visage tourné vers Je levant, sur
le tertre de Tynwuld ^
Montagne se dit put en langue romaue : c'est sur \es
puis que les Rederiker de la Picardie et de Ja Flandre,
lenaient leurs assemblées. Pui ei?t rendu, dans le latin
un moyen éigii,i)tiT podium f pogiitm; en provençal, pwe*;,
pu€i\ puntj puff, Bahu, II, 155:2 ; en italien, ^017, poggio.
Par exemple, le Poggio impériale, près de l^torence*
Les jugements avaient souvent lieu dans un cercle de
pierres : — Et les liérauts contenaient la foule; puis les
vieillards se rangèrent en un cercle sacré sur des pierres
polies \
Les cercles de pierres druidif|ues continuèrent k
servir de tribunal, partout où le e[iristiani.snie ne les
avait pas détruites ^ — En l'pland, les jures s assoient
sur douze pierres , en Sudermanie sur treize, la treizième
pour le président. G. 804, Le jugement était lenu k ciel
ouvert sur une grande pierre plate, le tribunal (juges *?(
jurés) prenait place autour d'uiie table, un collier de IV i-
était attaché par une chaîne à la pierre, eu signe du droit
d'ordonnance et défense. G, 803, — En 1380, Alexan-
dre, lord de Slcwart Bradenach, tint cour aux pkrrc$
deôout(\\ïe standing stones) du conseil de Kingusie \ —
A Cologne, la pierre bleue j la pierre noire, à Worms*
— ' On trouve encore des pierres de ce genre dans l'AI-
1. Carpentier, (, :U4-4.
2. Logan, l, 2a&.
3. lliûd, XVIll, 503.
4* Lûgan, M, 325.
5. Lùgmt Uîidp
lemagnti du Nord K — Ranjjçecs daiis un cerlaiii ordre,
les pierres manjuaiont )a lice de bataille ^ En Framt.
dans la /Jrf'ssf\ te juje-mage di^ Uourg siégeait devant ia
halte, jus'pï*au i^uinzièmâ siéct*^; \ — On appelait siè^û d^
la pîerrr hardie^ la juridiclion (]y chaiiitrc de Saînt-Die,
sur la iMeurlht». 11 y avait k Bourses et ailleurs h pirrr*^
dG la Crk. On trouve quelque ehose d'analo^^ue chet
les Romains : — Tu es là^ debout sur la pierre où le
crieur crie (prEeco prmdie^l) les \eules^ Voyez, dao^
Lauriôrc, Brvh^sc/ufs, chaire de pierre où se font le^
erîôes*
„. Quant au lit^n du jugement du Vènie (feni^taette).
iï a élu déclare qu'il serait là-haut sur la roule, là. oit
sont les croix, et ou se s<^parent Ja route et le seuli^r.
G, 805, — On rendait aussi des ju^^ements dan^ l€a
cimeltèreSj sous le porclie el dans ia cour de l'égiise, ou
bien devariL le ciiateau seigneurial. En Iti88, il exi&tîûl
encore, dans le Hhingau,un tribunal civil qui se tenait :
dans ia cour i ciel ouvert, devant la grange tapissée de
mais verdoyants; le sergent y allumait un fen sans
fnni^^e, tout de braises. — A Nordheim, il y avait ini
tribunal qui se tenait devant la porte du raouliu soii^ l**
tilleul; en hiver, dans une ^ran^'Cj dans la cour du
moidin. G. 807.
Dans certains lieuxj le soigneur sit^geaît mrlfjpf'rrrjn^
pour rendre la Justice, Voyez Legrand, Fabliaux I, 1 [\^;
nij 101. JotLiville tint souvent, par ordre du roi, de.-
plaids de ta porif\ C'est sans doute le sens du siaplas
reg ïV ( e s c al î e r rî ti r o i I d an s 1 a 1 o i des H i p na i r e s . G . 8 M -•'!.
(Juand les tribunaux deviennent réguliers el perma*
1, HfUL^sinanii, Comment, sociei. GaHtinpf, t83D.
2. EgUJs arigii. cil, 67. Wïirtou, 1, p. :ïiivii, Introd. liu dentier
Éditeur*
3» Guichenon, liist. de Savoïei c, 17» p< 29*
4, Pîg. do la FovcG, XÏH.
5. Plaul, in BuccbUUbus.
i>nIE^TATïo^ ùi^ tribunal. i^O
n^riU, on coiiijlruiL «les sfilïes d^iL^sSOïiibléCis, des maisonif
di? justice, — Que Ifi^ lieux oà doment se tenir if s msf^m-
hiMs ([ilacila) soffjnt bkn dirpmés^ de letif &ort€ tftt'on
pvisse sV// servir pour tf^aîr hiver et été h^ placîta. Capit.
ïinnécs 800, 8:25. — Quf* dam les îkux oà doit s*' tenir
t'fusemblêe pMiqmu ^l U ok un ioit^ afin qrte rasst^mhlée
puisse x*" tenir en hirer pf en ffté. Cap^ :2, aaiiôe 80*i), S ï^-
— Nou^ voyiotiR (ptf* lt> €Qm(e fasse construire une rnautin-
dans If lieu ou il doit tenir la fjrande assemùùh' {mMiim)j
de manière que ni ptnie ni sulril n^entrave luliitlé publique*
Capît. amures 810, 811. G. 807,
Ùaiis le Nord, on formait avec des branches légères
de coudrier un cercle autour dnquel on lendail des cor-
dons, quelquefois un simple lil, pour arrêter la foule.
G. 810, 18i.
Les peuples qui orientaient leurs terres el lenr^i villes
ne manquaient pas de soumettre au même mode d orien-
tation les lifîux où se rendait la justice : — Dans la
matinée^ en présence des images des dieux et des brah-
manes^ le juge puriiié irïvitera le.s dwidjai?, ùgalemeut
purifiés et la face tournée vers ïe nord ou vers t'e.^U à
dire la vérité*. - Un tribunal a été, par le consente-
ment des Thuringiens, érigé sur le terrain du village de
Mittelhnsen. Dans la déf>endauce des terres du bourg
d'Eplcbcn, prè.^ de Gera^ sont deux manses de terre
labourable \ le possesseur de ces terres devra, aux temps
déterminés, construire ce tribunal avec des planches
placées derrière et des deux cùlés en hauteur, de sorte
que le juge et ses assesseurs puissent être vus de la té le
aux épaules. L*entrée eu sera ouverte du fùté de
rorient; mais fermée pourtant do barre et verrou,
de crainte que quehjue cavalier peu respectueux ou
quelque intrus ne vienne et violente ie juge. — L'abbé
du mont Saint-Pierre d'Erfurth e.st tenu de veiller aux
1^ Manu», p. â62f traJ* de M, Loiseleur-Dcâlocgchampa^
i40 ORIKKTATIO?* DU TRIBUNAL,
dossiers et Upis sur lesquels doiveat siéger le juge et
les siens. G. 8U7, — A Lutzelnau, le juge, ilebout sor la
pierre, ganté et cuirassé, Tépée nue dans la main droite,
et le visage tourné vers l'orient, dit à haute voix... G.
39, 808. — Sur la hauteur, au lieu appelé le Hêtre de
fer, siégera le franc-comte, le dos tourné vers la terre
de la Marke située à l'occident et le visage vers le pays
de Bilsten (située à l'orient). G. 808. — D'après les lois
du pays de Galles, le juge doit tourner le dos au soleil
pour ne pas être gêné par ses rayons. 11 siège à l'orient,
mais la face tournée vers l'occident. Wotton, ii3. Voyez
aussi plus bas. G 809.
C'est vers le nord que sont placés les prévenus ; les
plaignants se mettent au sud. En matière criminelle,
quand on se purgeait par serment, on tournait le vis- je
au nord. C'est encore vers le nord que l'exécuteur to -ne
la tête du condamné. On appelait le gibet : L*a**bre
tourné au nord G. 809.
Le lieu du jugement fixé, quel jour s'ouvrira le tri-
bunal? D'abord, les affaires des hommcfs après celles
des dieux : point de tribunal les jours de fêtes. Les
anciens Germains se réunissaient le jour de la nouvelle
ou de la pleine lune (Tacite). — A Otterndorf, on fait
droit et justice chaque mois, à la pleine lune. G. 82. Les
Francs se rassemblaient aux Champs de Mars, plus tard
aux Champs de Mai.
Les fêtes servent souvent à déterminer les époques de
réunions. — I\'ous échevins tenons, que ceux qui possèdent
des biens au Keur, comme dit est Keurgoety sont obligés
de venir irais fois par an, aux plaids généraux, savoir :
t. Le troisième jour après treize jours (douze jours entre
Noël et les Rois) ; 2. le troisième jour après la Saint-
Jean-Baptiste ; 3. le troisième jour après la Saint^ilemi
(V' oct.). Record de Nyel. G. 825 : — Les différents sei-
gneurs de Pierre fine en Barrois faisaient rendre justice,
chacun f pendant un temps proportionné à la part qu'Us y
JOUB ET UBUHE. t4!
avaient; ee qui faisait une période solaire de dix-huit
mùû; €i ensuite on recommençait '.
Quant à l'beare, !e lever et le coucher du soleil la
déterminent- A Romej le .soleil ouvre et ferme le tri-
bunal : Solis occasus suprema Lempestas eslo. — De
mime eu AllemagLie ; — Il fait grand jour, et le soleil
est si avanco qiic vous pouvez bieuj si Dieu vous en
accorde la grâce t>t notre gracieux Seigneur la force et
la puissance, ouvrir^ tenir et dresser un public jugement
des limites. — Il devra venir avec des témoins de poids
au lieu déterminé, et s'y tenir avec d'autres prud'hom-
mes Jusqu'à ce qu'apparaisse Tétoile. Document de 1247
de Hucsca en Aragon. DucaugCj VI, 7â9. G. 815, —
M*:'iue principe chez les Francs : Injuriosm se n'iidit à
rassemblée en présence du roi Chïidebert, et il allnidii
pendant trois jours jusqu'au coucher du suliL Greg. Tur.
7, 23. 6. 815. — Et d'eUre aux plaids g^nrran^ aussi
longtemps que le soleil luit. Record de Nyel, § 20* —
Ailleurs : Jusqu'à heure d'estoiles. — // doivent venir en
celui hue an jour que la court lor aura dit avant que le
Sùuleii soii il couche^ ou au maius avant que tes e&ioiles
soient apparans au ci'e/',,.,.
Le temps accordé au plaideur est slrictemenl déter-
miné. Le jour a sa mesure. — Loi de Manon : Dix-buit
nimechas (clins d'ccil) fout une càcbtbà; trente càch-
thàs, une cala; trente calâs> un mouhoùrta ; autant de
mouhoùrtas composent un jour et une nuit *,
A Athènes, on mesurait au sablier le temps que devait
parler Torateur, Chez nous, les enchères se font encore
pendant que les bougies brûlent. La faculté de^' arts décide
fjue hrsquii faudra étire nn Recieurf les électetirs seront
7*en fermés dans une salie où Us devront délibérer, A leur
\, Piganiol de ia Force, XIH.
2. Assises de Jérus.» c. iJO, p. 4K
3. >tanQU, p. 15,1 Gi.
fi
u±
UESVnZ DU TEMPS.
t'ulrée, on tj allumera une chandelle tk cire d'une iùn§Httir
déUr minée, ei r élection devra être terminée avant quA'^
ne mit consumée nitièremenf .i^knikév 1280 *.) — En H9I,
les Pisans ordonnent à fout Florentin de sortir de leur
viïïe, avant qu'une bcm^ni' ^liumëe sous la porte m*îI
con&umée^ — ... Ledit Ludovic (le more) fit allutn**f
un bout de bougie, jurrinl qu'il leur ferait IraïK^her 11
lèle, s'ils ne rendaient la place aidant la chandolî»*
brûlée •->
\. Buîtmia, lil, 151.
2. Sisiu. Xll, 241, d'aprt^s Scipioti Amniiriito» Ub, XXVI, 3*7-
a. Cotumea, liv. Vil, ch. 2.
CflAPITRE TROiSIKME
srGK^ KT irités.
Dans ^origine, les chefs du pcupICj le prêtre et !o
lîTierrieiv sont aussi ses Juges : — Sarnson jugea pen-
ilaot vingt ans le peuple d'Israël ^ — H y avait en ce
temps-là une prophétesse nommée D<;ibora, qui jugeait
le peuple. Elle s'asseyait sous un palmier qu^on avait
iiomm^ de son nom^ — Samuel jiif^eait Israet tous Icg
jours de tîavie : il alla chaque annécàBùthelî à Galgala,
à Maspliat, et il y reïidail la justice ^
A Rome, ïes consuls des premiers siècles de la répu-
blique; cheï les Francs, le maire du palaiSj et plus tard
les grars ou comtes, jugent le peuple et le conduisent au
combat. U faut que le juge soit fort et vaillant, carie
plus souvent il doit exécuter lui-même sa sentence. En
même temps qu'il défend le peuple contre rennemi
extérieur, il doit frapper l'ennemi intérieur, le cou[ïul>lc*
..* Et le prévôt doit tout un jour et une nuit galoper,,
le cou tendu, oii nécessité presse, en tout lieu, liirinn
outillage. ^ Et s'il arrivait qu'un bourg du Rhiugaw
fût forcé ou souffrît dommage, le bailli devra Tempe-
chefj se tenir prés des portes, combattre devant et s'es-
1. Ju^es, XV, 20.
2. Juges, IV, 4-5.
3. Roia, VU, 15-n.
244 iUGBS AKirÉS.
crimer, et ne pas lâcher qu'il ne soit atteint de la pointe
ou du trancbaat, ou ne tombe sur ses genoux* G* T5i^
Quand la société est peu nombreuse, tous les mem-
bres assistent au jugement et à l'assemblée ; ils y Tien-
nent en armes. Cet usage des Quirites de Rome primi-
tive, des anciens Celtes et Germains, des sauvages de
TAmérique et de tous les peuples barbares, se retrouve
dans TAIIemagne du moyen &ge. Les Saxons se ren-
daient à rassemblée, armés de leurs couteaux. Dans le
pays de Delbruck, le conseil était composé de vingt
prud'hommes qui se rendaient au lieu du jugement,
chacun muni d'une lance de conseil. G. 791. — Souvent
les jurés plantaient leurs couteaux en terre, sans doute
pour figurer la stabilité que devait avoir leur décision :
— Tous les gens de la Marche plantent leurs coateaui
au milieu d'un cercle décrit dans la terre ; puis, à l'ap-
pel de leurs noms les en retirent et disent : Je tire pour
justice, ou bien : Je tire pour grâce du Seigneur. Ail-
leurs, c'était le prévenu qui disait : J'enfonce mon cou-
teau pour grâce ; ou. J'enfonce pour justice ; suivant
qu'il se reconnaissait coupable ou innocent. G. 771.
Le bouclier était le signe de la tenue d'une assemblée :
— Loi salique : Le dixenier ou le centenier indUiptera
rassemblée (mallum), et dans rassemblée même, tU devront
avoir un bouclier. — Lorsque l'Empereur tenait l'assem-
blée solennelle de Roncaglia, on suspendait un boacIîe.r
au bout d'une lance. Selon la tradition populaire, Fré-
déric Barberousse doit revenir un jour, et suspendre
son bouclier. G. 851.
Les jurf^'s sont ordinairement au nombre de sept oa
de douze ^ Selon une des lois primitives des Brehons
d'Irlande, il fallait, pour ordonner restitution d'une
terre usurpée par un homme de même tribu, le juge-
1. Voyez, pour rimportaoce des nombres, l^introducUon de
Grimm et mon Histoire romaine, t. I, p. 148.
SÊRMK^T ÏÏC JUfiR,
ii5
lent de douze !miffiie&; nnt ^tuÏQ langue d*mh contrairtî
ipéchail la rejàtjhition ^
Un serment gîirantit rimpartlîilib'^ du juge et des ju-
in:— Le schœiîe weimi(|ue jure tle gaï'der le saint
^TStère^ fie le tenir devant homme et femme, devant hïé
^t gazon* pierres cl bâton^ devant grand et petit, do-
Il touteg eko^esde Dieu, excepté devant Hiommequi
ie et mainlionl le mystère wejmique; il ne s'en
urtera pour peine ni amour, pour gage ou vètemeol,
>iir or ou argent, ni pour cause quelconque, G. Tv'l,
Le franc-inge jure: De garder, tenir et main tenir la
ïi wei inique devant homme et femme, tourbe et Itran-
"les, pierre et bAlon^ herbe et verdure; devant tous
rdis coquins, devant toutes choses de Dieu, devant
mi ce que Dieu a fait entre ciel et terre, si ce n*e^t de-
|ant l'homme qui garde la loi weimique; de porter
cissi devant le franc-siège, au banc secret et sacré du
n, tout ce que vrai il croirait ou deâ gens véridlques
entendrait qui fût jusliciable de la cour weimique,
kfin qu'il en soit décidé d*après le droit do TEmpire et
pçs Saxons, ou à Tamiablej au gré du plaignant ou du
ribunal ; et de ne fioint déserter cela jiour peine ni
aour, pour or, argent ou pierreries 5 ni pour père,
aère, sœur, frère, parenté ou alliance; ni pour chose
^'aucune main, de ce que Dieu a créé; d'avfincer, for-
îfier, aulant qu'il sera en lui, ce tribunal et la Justice;
sur ce, que Dieu et les saints lui soient en aide,
},51,
Le juge doit siéger à jeun (Miroir de Saxe). Son atU-
flde doit être grave, mais terrible, menaçante pour le
léchant: — Que le juge soit assis sur son siège comme
|ii lion en courroux (gris griminender lœwe); qu'il
Btte le pied droit sur le pied gaucho; et sll ne peut
L Colteet. de. rébus llibt lll, lU.— Pour le Nord, V. Bucange,
V( verbô Kembda,
H.
240 TRIBUNAL.
asseoir un jugement saîn sur l'affaire, qu'il y réfléchisse
cent vingt- trois fois. G. 763.
La loi indienne recommande au juge une tout antre
attitude : — Un roi, désireux d'examiner les affaires
judiciaires, doit se rendre à la cour de justice dans un
humble maintien, accompagné de brahmanes et de con-
seillers expérimentés *.
Lois de Galles : — ... D*abord siège Te roi ou son
représentant, le dos tourné au soleil ou au vent, de
peur que le vent n'incommode son visage; le juge le
plus vieux doit être placé devant lui ; à main gauche de
celui-ci quelque autre juge doit se placer dans Je champ
et à sa droite un prêtre ou des prêtres; près du roi, de
chaque côté, doivent siéger ses anciens et ensuite ses
chefs; près des juges, et la face tournée au côté par le-
quel ils arrivent au tribunal, est placé celui qai parie
pour le plaignant, ensuite le plaignant lui-même, avec
son avocat à l'autre main e\ un appariteur derrière. De
l'autre c6té est le défendeur ; à côté de lui son plaideur,
et ensuite un avocat avec un appariteur derrière *.
Comme le roi, le juge a son sceptre; c'est le b4toQ
de justice : c'est en frappant avec le bâton que le jage
imposait silence : — Si le tribunal n'a pas fini avant
midi, et qu'il se lève pour faire collation, le bâton do*
rester pendant, en signe que l'audience n'est pas close.
G. 762. On mettait la main sur le bâton quand on fai-
sait promesse devant le juge ; c'est avec le bâton qu'il
frappait (mot à mot, bâtonnait) le sef^ment.
Que chacun, sous peine de payer un setier de vîn, se
tienne calme et demeure en silence. G. 853. Souvent,
comme symbole du pouvoir du tribunal, on plaçait sur
un banc un gantelet de fer, une épée, une corde» des
ciseaux, un marteau et une hache. La séance levée» on
1. Manou, p. 249, § i.
2. Probert, p. 464.
JUGEMENT roPlTLAIRE,
m
enverâ^aft les tiaiics. G, 761, 813, 851* Si îe cas se?
réâcntait que ledit juge (du Laiidgrave do Hcsse)
irOuhU pas être nu juste juge, s'il ne voulut pas
iterroger Tun comme l'autre, el n'écoutdl qiie la
Iveur ûti la haine, alor;» celui qui se trouve placé
rès do lui, corame délégué de notre gracieux Seigneur
Mayence, doit lui dire : Passe-moi lo bi\.ton; lu ne
aux pa» être un juste juge; moi je veux iuterroger le
luvre comme le rictic. Il saisira donc le bâton et te lui
^odra de la maiu. Pui*?, larsqu il aura quesliuuné t*l
^ù comme il lui semble bon, el qu1l voudra lais.ser
lier Tau Ire juge, it lui rendra le bâtouj car il ne peul le
1er comme un bien béréditaire. G. 161. — Si un
Ig© s prêvariquu, qu'on le traîne par-dessous le souil
|e «a maison- G, 79^, Les Frisons elles Dilmarses brû-
lient an mauvais Juge sa maison jusqu'à rase terre.
Les gens du pays offraient de dire leur avis à sa Gnlee,
[tuteroiâ non sous serment; ils priaient, ifs demandaient
j*on Içî^ dispensât d'un tel serment. Prêter un tel serment
sur paraissait dangereux, attendu que depuis nombre
^'années îa Seigneurie forestière n'avait dùlerminé ni le
3it ni le règlement de îa Marche; attendu ensuite que
les anciens qui en auraient vu et entendu davantage, il
■Vu restait guère en vie^ et que la meilleure part au-
:)urd1iui était jeunes gens nés depuis. Toutefois, ils
ïulait, comme bonnes et pieuses getîs, donner leur
viSjen tant qu'ils avaient ouï dire aux anciens et qu'ils
L savaient eux-mêmes. G. 77â, — It se tient encore à
Scbwytz, pour les aiïaires de peu d'importance, un
ESonseil de rues, composé de sept laboureurs les pre-
Hers venus qui passent. Jean de Miïller, llist, de la
Suisse, I, 4^5, — *.. On le leur donnera (aux experts en
hissons), à telle Qn que si quelque bon compagnon
renaît à passer sur la route, ils pussent l'appeler et
brendre également son avis* G, 774.
218
JUGE CIVIL,
Icf le peuple Jiigo \ù peuple. La jundietion populaiTt
s^exerce sans rétribiition^ cl s'appelle rAumônedu pav^s
G. 834.
Touterois, à côlé de ces juges nalurels, de ces jiirèf*
paraît le juge civil, le judex romaiû, le sachibarû d<>
France, Vmr^a des Frisons. Dans le roman de Ronce-
vaux, Blankardîn^ conseiller du roi de Saragosse, e^l
envoyù pour tromper et attirer Charlemagne, aTec neuf
barons, Qui saje sunt des lois ^
1. Roîiitin iU> Ronr^pvaux, Bibî. r, MS 254, 31 supplëmeDi t.
ns^78. V. la dissertation de M. Moniïi-
CHAPITRE QUATRIÈME
LEVÉE Dr MORT. ACCUSATION. '
Lorsque dans le pays que le Seigneur doit vous don-
ner, il se trouvera le corps d'un homme tué, sans qu'on
sache qui l'a tué, les anciens et less juges viendront el
mesureront depuis le corps jusqu'aux villes d'alentour*
Quand ils auront reconnu la plus proche, les anciens de
cette ville prendront dans le troupeau une génisse qui
n'aura point porté le joug ni labouré; ils la mèneront
dans une vaille raboteuse et pleine de cailloux, qui
n'aura été ni labourée ni semée, et ils couperont le cou
à la génisse; et les anciens de cette ville viendront près
du cadavre; ils laveront leurs mains sur la génisse, et
ils diront : Nos mains n'ont point répandu de sang, nos
yeux ne Tonl point vu répandre*.
Loi d'Edouard i"'' : Si quelqu'un^ soit par vengeance,
soit en se défendant, tue un autre homme, qu'il m^
prenne rien de ce qui appartient au mort, ni son chevaL
ni son casques ni sou glaive, ni quoi que ce soit de son
argent, mais qu'il arrange le corps comme on a coutume
de Taire pour ceux qui ne Kont plus; que sa tête soit
tournée à roricnt, ses pieds à l'occident: sur lui son
1, Deutoronoiu-, c. xit, § i, 2, 0,
^50 LEVÉE DU MORT.
bouclier, s'il en a un ; qu'il plante sa lance en terre,
qu'il mette autour ses armes, qu'il guide (adregniel) le
cheval et qu'il aille au bourg le plus voisin ; le premier
venu qu'il rencontre, il doit lui dénoncer le fait. Cane.
4, 406. G. suppl. 744.
Formule allemande : Malheur àN... qui, sur la roule
impériale, a mené de vie à trépas mon frère chéri, mon
frère que mieux j'aimais que trente livres pesant bon
poids, et bien mieux encore... — Et les plaignants tire-
ront leurs ôpée5 et crieront trois fois : Aux armes ! aux
armes ! — Chez les Frisons, au moment où Ton enseve-
lissait l'homme tué, près de sa tombe même, et en pré-
sence de ceux qui avaient mené le convoi, l'un des pro-
ches donnait trois fois de l'épée nue sur la tombe, en
disant : Yraek ! vraek ! vraek ! (vengeance, vengeance,
vengeance). G. 878.
Dans le poème du Renard, les coqs viennent devant
justice, portant sur une bière la poule égorgée, et
criant: Aux armes! malheur! (wach und we). Dans un
autre passage du même poème, un oiseau apporte des
plumes comme pièce de conviction du meurtre de sa
compagne. G. 881.
A quelle distance du tribunal doit-on apporter le
mort? — : On le portera à neuf pas du tribunal. — El
qui fera ces pas ? — Un homme de moyenne taille, que
le tribunal commettra à cet effet. A chaque trois pas
que fait cet homme, il place un signe ; on pose le cada-
vre successivement à chaque signe, et chaque fois on
crie sur lui. — Droit du Rhin : C'est le droit du pays,
qu'on ne doit pas enterrer le mort que le meurtre n'ait
été puni ou amendé. Si le droit du pays est épuisé, on
extraira les entrailles, on les ensevelira et on mettra le
cadavre en un tonneau scellé. S'il arrivait, au contraire,
que le droit du pays ne fût pas épuisé, et que l'affaire ne
pût être ni amendée, ni terminée à la lumière du soleil,
le plus proche parent mâle du mort lui coupera la main
Rimnimov ne rvBAVïiR,
fSl
Iroite* On pourra alori* enterrer, et Ton pmci^tlora iivi-i!
. fiiaia, coîiiîïie si lo cadavre tout entier y était. — Ainsi ^
lit Fcstiiri, h UijfïKs ûti disait qu'on coupait iiti membre
mort, lorsqu'un lui €Oupailtin doigt, et c'est ce motn-
|re conservé qiïi s'enterrait lorsque le reste du corps
liait brûlé- — Si le parent ne veut pas l>tcsser el désho-
^orer le cadarre^ le juge lui pt'^rmettra d*apporier une
nain de cire, laquelle vaudra autant que si c'était celle
^e chair. Lorsque la main sera là, il la placera sur une
>ée nue, el criera sur le meurtrier et ses souteneurs ;
lis il déposera la main an tribunal* Mais si le meurtre
hBÏ amendé, l'auteur du lail mettra la main sur la fosse.
L880-8«l.
La main chaude, la main morte sont des locutions pro-
^erbiales en France,
Droit de Bacliaraclï sur le Hhin : Lorsque les plaî-
inanls viennent crt'^r le meurtre devsiut la jusUco, iJs
îrent l cpée* On a[îpiirlo le mort aiirès le preuner cri;
ïn remet les épées au fourreau après le troisième,.. De
bluSiquand viennent la quatorzième nuit et jour d'apr^ti,
fe^ plaignants doiventparaîlrej aveu bouclier et massue,
levant lo tribunal, alin que les scliceiïen et jurés misent
lu'un Franconien doit en convaincre un autre de bri-
indage el de meurtre. Celui qui parle pour les pîai-
aants dttt en autres choses ; Et comme le meurtrier
iyail devant, lui, il dut le poursuivre sur la trace du
rime, en criant : Aux armes ! et donnant ralarme, au
plus sombre de la forêt et jusqu*à ce que la nuit noîre
reût pris,,. Si donc il voyall cettiomme dans le tribunal
[le notre Seigneur, il rinlerpellerait pour rapine etmorl,
lue s'il disait Oui, il en prendrait acte, selon le droit du
"pays; s*il niait, il n'hésiterait pa^ aie lui soutenir corps
pour corps, dans un simple liabit, avec bouclier rouge,
massue de chêne, feutre blanc» chapeau relevé, et tout
ce fju1l faut en combat, [lour qu'un Franconien puisse
252 ACCUfrATIO?î.
judiciairement en convaincre un autre de vol et âe
meurtre. G. 879.
Qui veaut faire apeau de Mûrir e y il doit mvoir que est
Martre^ peul gard^tr soi que il ne se rnete en faut ga§ti.
Mitrlre et f/ttant home eU (né de nuit, ou en repog^ dehon
ou dfidam i)ik; et qui x^eaui faire apeau de Murtre^ il doit
faire apor fer (e cors mûri ri devant H hmtûi don seignor,
ou â leue que il est établi que Von porte les murtris, Aprei
doit venir devant te seignor, et demander cottseilf^et quant
ilauraconseiilj si die son conseiil : Sire, 7nandez faire veirce
cors qui la val gisl qui a esté mur l ri. Et le seignor y doit
alors etif^oyer trois de ses homts^ l'un en son (eue, ei defH
com court y et les trois homes que le seignor y envoie doi-
vent ater veir ce cors, et puis revenir devant le seignor^ tt
dire U en présence de la court ; Sire^ nous avons vea et
cors qne vous 7nandastes] veir^ et avoas vehu les cos que U
a, £t doivent dire quant cos a, et en qu*il kuc il les fl> et
de quel chose il lor semblé que il aient esté fais^ Et se il ni
a cosy et il y a ûucun autre entresigne par que îllorsembk
que il a esté murtri, il le doivent dire au seignor^ Mainte-
jîant après que les trais devant dis auront dit au seignor
en la courte celui qui veaut faire r apeau doit dire par son
conseilla au seignor : Sire^ tel se clame à vous de tel qui a
tel murlriy faites le venir en vostre présence^ siorei comil
portera son clatn contre lui ^
La proc<^dure commence, el^ d'abonl^ on constate le
délit, — Loi ^alique : Si quelquun a blessé un hommr
et que le sang tombe à terre.*, — Loi dos Bavarois; S'il
Ta blessé de telle sorte que la paupière ne puisse pîu5
contenir une larme,.. — Loi des Alamans ; Si quelqu'un
a été blessé k ta lète oix à un membre quelconque, et
qu'un os en soit sorti, un os tel que, lance sur un bou-
clier à la distance de douze pieds, il ait retenti... — Loi
j. Assiaca de Jéni^alcm, c. l^xxy^ p. €â.
ÀrrnftciAtiov m: uêLiT,
25a
n face qui puisse se voir à douze iiiej.s de distaucti...
îi ro&, tûUché h un fil do la longueur d one auBC, d
-Sté par-dessus une haie liante de cinq nuue.s, a releulî..,
- Lois galloises ; Si Tes est fracture^ par stlîle de qiid>
ae rîxe, que le chirurgien prenne un bassin, qu'il pas,-
_ ïn coude pu Jerre, .sa main ^ur le haul. du bassin; :^i u,
[w-nil ^e fail entendre, ce sera six pences à payer; mai.
fi rien ne se fait entendre, on n'a drnil à rien. Proberl
K iW. G. 94, 77-79.
15
^,*''rÇT^^-t
CHAPITRE CINQUIÈME
ASILE, DOMICILE.
Les législations anciennes ouvrent des asiles à 1 ac-
cusé qui n'ose comparaître, à l'esclave qui craint la
vengeance d'un maître inexorable. L'asile, c'est le tem-
ple, quelquefois l'enceinte sacrée d'une ville (vêtus urbes
condentium consilium)'.
Vous ne livrerez point l'esclave qui s'est réfugié vers
vous, entre les mains de son maître. Il demeurera par-
mi vous où il lui plaira, et il trouvera le repos et la
sûreté dans quelqu'une de nos villes, sans que vous lui
fassiez aucune peine ^
Capitulaire : Que Veffroi ne les contraigne pas, lors-
qu'ils auront déposé leurs armes, à demeurer autour des
autels et à souiller de leur présence des lieux dignes dt
respect. S'ils ne quittent point leurs armes^ qu'ils sachent
qu'ils seront arrachés de force par des gens armés. Mai*
s'ils les ont déposées, et que quelqu'un tente de les arracher
des portiqueSf des cours, du jardin, des baitis, ou autm
dépendances de Véglise, que celui-là soit puni de mort,
G. 887. — Loi des Frisons: Que l'homme en querelle
1. Tit. Liv.,Ub. I.
2. DeuteroD, c. xxui.
A sa ES.
â55
ftUâ) trouve la paix dans règli^e, ûs^im sa maison^
int à réglise, en revenant do l'églUe, en allant ii
sseinblée, en revenant de rassemblée. Et quiconque
ira rompu celte paix, et aura taé cet hommej qiiHI
imende pour noiif fois XXX solidL
La sainteté des temples comme asiles» reconnue gé-
Sralement en droit, était, dans le kit, souvent violée^
moins indirectement» Le roi de Sparte, Pausanias^
fat pas arraché du temple^ mais on Vy fit mourir de
i. De même, on lit dans les Capitnlaîres : Que /^jt
^middûs ou ks attires foupaùies t/ui doiveni mourir sdoti
loh^ tfi qui a fi jseront réfugiés ven l'éfilhif, ne mi eut pQtnf
vtÂsé$t et qii^ii ne leur tj jfùii pas donné de nourriUtre. —
bien encore l'église n'est qu'un aî^ilc temporaire-
ipitulaire : Si quelqu'un s'est en fui dam téf/lise, qu'il
^iî ^n paix dans les ùâlimenis même de l'^fjlm; il n'est pm
essatre qt/H entre à l'église, Qm pûrêonne ne prétende
aîTacher par violence, mais quil lui sûit permix
muer ce qu'il a fail^ et que de là il soit, par ta main
gens de bien, eondttit en pu If lie pour les débats, 6.
rNouê voyons toutefois que le simple anneau d'une
àrle d'église était quelquefois une sauvegarde pour
lomme poursuivi : Jean le Coquetier, sous-diacre du
OCèie de Sens, ayant été arrêté et battu par les bourgeois
ta garde pendant qu'il tenait fortement f anneau de la
rie de la eut héd raie ^ le parlement condamna leit bour-
m en une amende envers le elergé et envers le roi K —
fem la franc hi^w de S ta ve loi est telle que^ se un g homme
iait meffaict^ reserveirst ardeurs et mordvpurs^ que la dite
mekise le doit sm tenir XL jours ^^ et, se droit le déliwey
Ëtivreissoit, et se droit ne k délivrej on le doit mettre
ïi, Olhti du Paiiumcot lie Paria, 1304* — V. in\^%l Ips eK(*x»ple3
èi daoB \a, dissertalioti de MM. Hippotjtcï Roycr-CoUard et
Jet, iurlci Aaîîe» : Revue de Parti, t. IVt 1*' et 6 âvHI, clc.
256 ASILE. DOMiaLE.
hors des portes la franchise^ et s'il peut esckapper, se
escappe. Rec. de Stavelot. 6. 890.
Nous sommes tout à fait d'avis que la cour, dite de
Saint-Matthieu, à Nennig, est entièrement libre. Si donc
quelqu'un avait frappé un coup de mort, ou s'il avait
forfait & son propre corps, il serait libre six semaines et
trais jours durant; puis, quand ces six semaines et trois
jours seront passés, il jettera, le pauvre pécheur, une
pierre par-dessus la porte de ladite cour; si alors il
peut aller jusqu'à l'endroit où la pierre est tombée, et
même à trois pieds au delà, et qu'il puisse revenir à la
pierre, il aura de nouveau liberté aussi longtemps que
la première fois; et, si l'homme de la cour peut ou veut
l'aider la nuit ou le jour à s'en aller, il en aura la
faculté, en considération de notre vénérable Seigneur.
G. 880.
A Rome, l'esclave maltraité fuyait vers la statue de
l'Empereur, comme vers celle d'un dieu, et il y trouvait
un refuge. — Ils ont décidé et décident que, si un oa
plusieurs hommes libres, ou bien un homme noble,
viennent à fuir jusque sous le bras droit d'un seigneur
de Rieneck, il doit avoir paix et sauf-conduit. G. 888.
— Souvent, au moyen âge, le banni rentrait lorsqu'il
saisissait l'habit ou le cheval du roi à son entrée. G. 265,
739, 888. — Nulle part le droit de protection attaché à
certains offices féodaux n'est plus minutieusement réglé
que dans le droit de Galles. — Dans les lois du Nord,
trois asiles étaient assurés au fugitif; ils ne se trouvaient
pas à plus d'une journée l'un de l'autre. Il était encore
en sûreté sur le chemin qui menait de l'un à l'autre, et
même lorsqu'il s'écartait à un trait d'arc de ces asiles et
de ces chemins, pourvu qu'il ne fît pas le voyage plus
d'une fois par mois. S'il rencontrait d'autres personne:^,
il devait s'écarter de la portée d'une lance. G. 892.
La demeure, quelle qu'elle soit, le domicile, est sou-
vent considéré comme une sorte d'asile qui doit être
ASTLE. DOMICILï:. 8$f
respecté : — Cetui qui en poursuit un auhe à main ar-
mée Jusque dans la maison d'un homme que! qu'il soil^
s'il le suit jusque dans l'étable ou jusque surlaporle ou
dans les lieux d'aisance, il aura outragé ' le maître en sa
maison; s'il pasi^e plus loin, il Taura ont râpé en sa mai-
son d'une manière plus grave encore. Droit d*AugsbourjL,^
G- 891. — Ailleurj^ ; V>n meurtrier aura un répit de qua*
tre semaines dans sa propre maison et dans celle de sou
vfiisin. (Années 12(>i et i 18-2.) G. 89L — », Et le meur-
trier sera en sûreté dans chaque cour ou maison de
schœlTe et juré, et ce, durant quatre semaines et deux
jours, cl s'il peut l'aire quatre pas sur la route, et qu'il
rentre dans la maison du fichœiîe, il aura liberté quatre
semaines et deux jours durant- G. 891 ^
Mère et compagne de l'homme, il est naturel que la
femme reçoive dans son sein, qu'elie protège et défende
celui que l'homme poursuit ; — Un loup même tpà
chercherait asile près des femmes, on devrait le laisser
vivre pour l'amour d'elles. G. 892, — A IJarèges en
Bi^arrêf on remarque entre autres usages celui qui assure
la grâce au crhnimd qui s'f'St réfugié près d'une femme,
Ibid. — Chez les Bédouins, un coupable est sauvé s'il
rencontre une femme, s'il a le temps de courir à elle et
de se cacher la léte sous sa manche en s'ôcriant : Sous
ta protection ! La femme appelle aussitôt par ses cris
tous Jes hommes de la station et dit : Hé! ù Arabes! par
t. Mot h mot : visité, îhhnsuchen^ aftlîger, visiter- Eq atylc
biblique, Di*;u visik* tiaas sa colore . . ,
2, Ce reftpect ùw tïoaiicik eï:i,>ltquc laccorii siiïgnlîer des lois
precquca, rorBaiiici* t?! germoiiiiques, sur le mode tïe^ perqulsî-
tioû» domiciliûirea [G. <>M]. Celui qui cherch*^ nu objet Vi\\é
entrCj dans la roaisûo qii'iï soupçODOe, nu et sans eointurts selon
U$, textea grecs; avec la ceinture seule ment, selou la loi romaiue
(fartura per licium et lancem conceptumj; elle exige, \W plus»
qa1] tieuuï* de5! doiiK mains un plat sur ^a t+>to, sans doute pour
rempècber de ricm ïoiichep et de s'indeminser du vol eu voîaul
lui-mfitne. V. FeatuB, Gaïrt» et ta glo3Sfi ma. lie Turin*
r* rx*"^-^
â58 ARRESTATION.
Dieu, et pour Dieu, et à cause de Dieu, et par la iéte du
père d'un tel (de son mari, ou de son père, si elle n'esi
pas mariée), qu'aucun de vous ne puisse Tassaillir,
même avec des roses. — Dans quelques tribus où les
femmes ne se montrent jamais en public, le coupable
échappe encore au supplice, lorsqu'il se trouve près de
leur tente et qu'il s'écrie ^ Je suis sous la protection dn
harem. A ces mots toutes les femmes répondent sans
paraître : Loin de lui! Et aussitôt il est libre '.
Si le coupable est saisi avant d'avoir atteint Tasile, il
est conduit au juge. Celui-ci doit prendre la garde dn
prisonnier ; ceux qui l'amènent ne peuvent se charger de
ce soin dangereux et difficile : — Les schultheiss du
Seigneur amèneront le malfaiteur au pont de Derobach,
pour le livrer aux mains du schultheiss de Wied ; s'il
ne s'y trouve, ils conduiront le délinquant au delà du
pont, délieront la corde, et le laisseront échapper sans
s'en soucier davantage. — ... Le monastère de Chiemsée
doit faire transporter le voleur jusqu'aux bords du lac,
pour le délivrer au vogt, et le juge de Kling chevauchera
avec ses serviteurs dans le lac jusqu'à la selle. Là on
présentera le voleur ; si le juge de Kling ne s'y trouve,
notre juge mettra le voleur pieds et poings liés dans une
barque vide, qu'il laissera flotter au gré des rames. S'il
échappe, ce ne sera ni nous ni notre monastère qui en
serons cause. — S'ils ne trouvent personne, la nuit, à
la porte de la ville, ils attacheront le coupable au troi-
sième échelon de l'échelle. — Ailleurs, on laisse le cou-
pable attaché à un fil de soie. G. 872-5.
i. Les Bédouins, par Mayeux, II, 101-2; ouvrage fait sur !<
notes inédites de dom Raphaël .
J
CHAPITRE SIXIÈME
SKUMËST.
Que le juge fasse jurer un Brahmane par sa véracité ;
Il Kchatriya par ses chevaux, ses éléphants ou ses ai-*
les ; un Yaîsya, par ses vaches, ses grains et son or^ un
'SoiliJra, jiar tous les crimes'.,. Le juge doit înlerpeller
^un Brahmane^ on lui disant : « Parle ; J> un Kchatrija^
n lui disant : € Déclare la vérité; » un Vaisya, on lui
^présentant le faux témoignage comme aussi conpatde
|îi-un vrtî de bestiaux, de grain ou d'or; un Soûdra, t^n
lilant le faux témoignage à tous les crimes, par h^
>les suivantes : Depuis ta naissance, tout le liieuf|ue
as pu faire, ô honnête homme ! sera perdu yvonrloi^ et
passera à des chieus, si lu dis autre chose que la vérité*
(ïu et chauve, Boudrant delà faim et de la soif, privé de
la vue, le faux témoin mendiera sa nourriture, avec une
sse hrisée, daus la maison de son ennemi. Il est com-
parable h un aveugle f|ui mange les poissons avec les
prêtes, l'homme qui vient en justice parler de ce qu1î
a*a pas vu. 11 tue cinq de ses parents par un faux témoi-
inage relatif à des bestiaux, dix [»our des vacheSi cent
5ur des chevaux, mille pour des hommes*.
2. MâDoa, p.tft2-l, S 88-98.
1
260 SERMEXT,
Chez le*;! Rûmain.s, ceux qui devaient jurer par Jupît* r
tenaient un caillou, et prononçaient ces paroles : Si je
trompe à mon escient, que Jupiter, protégeant la ville et
la citadelle, me chasse de ma demeure et de nies bien^y
comme ma main chasse celte pierre. Feslus, verbo La-
pidem. — Celui des deux peuples qui, par dôl et fraude,
aura enfreint cet accord publie, ô Jupiter, ce jour4à
même, frappe ce peuple, comme je vais frapper ici ce
porc, et frappe-le, d'autant plus que ta puissance est plu>
grande. En disant ces paroles, il frappa le porc d'une
pierre. Tit. Liv. I, 24.
Formule frisonne de réconciliation : Nous jurons
d'être fidèles à ce serment, devant morts et vivants, de-
vant tout homme né et à naître, et cela, tant que sur le
mort marche le vivant, tant que le chêne est deboul
dans le champ, tant que sur terre Teau s'en va coulant.
G. 53.
Les anciens Germains juraient par les eaux, les fon-
taines et les rivières, par les montagnes, les roches et
les pierres sacrées, par le marteau de pierre ou la mas-
sue du dieu du tonnerre. — Dans un chant anglais
(Percy, III, p. 47), Glasgerion fait un serment solennel
par le chêne, la cendre et l'épine. — Chez les Scandi-
naves, celui qui jurait saisissait un anneau, que Ton
gardait dans le temple ; il était rougi du sang des victi-
mes et consacré au dieu UUr." — Les Scytlies juraient
par le vent et le glaive ; les Quades, comme la plupart
des tribus germaniques et Scandinaves, juraient aussi
par l'épée. Ammien, xvii, 107. Fredeg. c. 74. — Etlor>-
que, suivant l'usage, l'épée eut été apportée, pour que
chacun d'eux mettant dessus le pouce, confirmât la pn>-
messe de mariage... (V. le livre I). — Dans le roman
d'Alexandre :
Douze furent par conte ; chacun au pain tenoit
S'espée par la pointe, que bien sénefioit
Miséricorde ou mort, ou il sumelioit.
sehmh;,st.
2m
Rûiii. iFAlex. cilé [mr Garpeutîer, verb, GlaâiUEi.
Les Lombardâ juraient pour lt?â ehtiscs de peu rrim-
portanoe sur les aniieg; sur les Évangiles quand lalTairc
itait grave. Au moyen âge on jurait sur fa croix, et pîus
immuni^mont sur les reliques, — Jurer sur Hvre cL
clocho (by book and bell). G* 8%. — Ouelquefoiâ on
Ptouchail Tautelou le tombeau d'un saint. — frappef* de
main in porte de V^lglisf^ c'élaU, ehoî les Hîpuaires,
Sclamer contre le serment qui devait se pri>ter dans
l'église même- — Si qu^'iquun, voulmit par cupidifé ou
^tstinaùun, soutenir un înensongef osait jur^r sm* Ta mieau
* la porU' de t église.,. De mirac. S- Gcrm. Autiss. apud
lue* |[|, IG08, — Lorsqu'une veuve élail aceusée
ravoir diverli des fondi^j elle se purgeait par serment
^ MUT le perron. ()u prèlait aussi des âcrments, en posant
la main sur ïu porte. Droit de Nonvêge : Lorisqu^on ne
peut me tire aucun livre entre les mains tUi lémoin, il
^ loucbera le poteau de la porte et jurera. G, 174-5.
Loi des Alamans : Que pour le Don du matin il soil
f permis à la femme de jurer par son sein, — Droit d'Augs-
bûurg : Uu*une femme retienne le Don du malin par
uu simple serment sur ses deux mamelles cl sur ses
deuK tresses. —Qu'on n'en croie un b'rison que lorsque
de la main il se prend les cheveux. G. 807-8.
Le serment /î'ir la bnrùe, ou en loucknnt lu ùmi/e^ ne se
I trouve pas dans les lois, mais souvent dans les poèmes,
surtout dans les poèmes carlovingîens ; Par fa wmr. barhe
qti i nest m le mes lée ! Pa r ce a tê moie harhf^ qui p e 7it au
mention! Par ceste moie horhe, dùni noir sont il fîocùnf
Par ma ùarùe florîe! Par celte moie barhe de blanc entre-
mtUée,! — On disait encore : Par ie menton de mon
père, ou par Tâme de mou père \ Par les iauz d*' mu t**:^(e !
Abraham s'engage envers le roi Abimôlech, en jurant
sur sept brebis.
Dans le Nord, uu serment prêté sur le sanglier était
45.
:fG2 DISPENSE DE SERMENT.
inviolable. — On jurait au moyen âge sur le faisan, ic
paon, le héron. On lit dans les canons du lY* concile
d'Orléans : Le roi lui-même^ ou le plus renommé des cht-
vaiiers prhenis^ ayant découpé le paon, ^e leva ei^ mettant
la main sur CoisenUy fit un vœu hardi ; ensuite il passa k
platy et chacun de ceux qui le reçurent fit un voeu sembla-
ble. Edouard I*' d'Angleterre jura aussi sur deux cygnes.
(a. 1306). Voyez le vœu d'Edouard III dans mon Hîsl.
de Fr., tome troisième.
Loi indienne : S'il n'y a point de témoins, il faut que
le juge fasse déposer de l'or, sous des prétextes plausi-
bles, entre les mains du défendeur, par des émissaires
ayant passé l'âge de l'enfance, et dont les manières
soient agréables. Alors, si le dépositaire remet l'objet
tel qu'il lui a été livré, il n'y a pas lieu d'admettre les
plaintes. Mais s'il ne remet pas l'or, qu'il soit arrêté el
forcé de restituer deux dépôts ; ainsi l'ordonne la loi '.
Les peuples héroïques ne connaissent point ces
détours ; ils ont foi à la parole de l'homme ; le guerrier
ne peut mentir, car le mensonge est une faiblesse et
une lâcheté : — Si le franc-juge westphalien est accusé,
il prendra une épée, la placera devant lui, mettra dessus
deux doigts de la main droite, et parlera ainsi : Sei-
^'iieurs francs-comtes, pour le point principal, pour tout
ce dont vous m'avez parlé et dont l'accusateur me
charge, j'en suis innocent ; ainsi me soient en aide Dieu
et tous ses saints! Puis il prendra un pfenning marqué
d'une croix (kreutz-pfnenning), et le jettera en preuve
au franc-comte ; ensuite il tournera le dos et ira son
chemin. G. 860. — Cette fière justification fait penser
à celles de Scipion et d'iEmilius Scaurus : Varîus accuse
.Emilius Scaurus d'avoir reçu des présents pour trahir
1. MaDon, p. 278, § 182, 183, 184.
CO-JURASTS, â63
!a république ; .EmiHus Scaurus déclare qu'il est inno-
cent*.
Cette fal dans la véracité de Thomme doit être le type
prîrailifde la justice antique. Plus tard, la société ncî^e
contente pas de la paroîe, ni même du serment de l'ac-
cusé; il lui faut celui do ses parents et de ses amis ; elle
lui demande des conjuratores [eideshelfer] : — Celui
qui est appelé en jugement solennel pour disculper
quelqu'un doit venir devant le tribunal avec une chemise
et un tiabît de dessous, nu-tète, pieds el jambes nus,
sans fer ni acier, et sa suite n'aura ni ceintures ni cou-
teaux, et sera nu-té te: G. 8G3 et 73 i-
.., Alors fut publié le crime inouï de la reine IJta ;
elle avait livré son corps à un commerce de séduction
et d'iniquité. La chose fut prouvée et décidée à Ratis-
bonne, au mois de juin, en présence des premiers (de la
ville), et soixante-douze hommes jurèrent. Aun. Fulri.
ad a, 81)0, Fertz. i,4-U. G. 8C3. — Chez les Hipuaircs,
ï) pouvait y avoir jusqu'à soixante-douze conjurateurs.
Les Francs-Saliens n'accordaient qu'ù lu noblesse le
droit de produire des conjurateurs; le libre no le pou-
vait que du consentement du demandeur. Si celui-ci
refusait, le libre devait subir Tépreuve. G. 8G1, Les
Bourguignons admettaient à co-jurer les femmes et len
serfs : — Que l'înijénu fivec m femme., s^s fik H ses pro-
che^ij jure Itd douzième. — Dans TEdda, Frigg ne reçoit
pas le serment d'une jeune plante, parce qu'elle lui
paraît trop petite encore. G* 894, 11 est dit dans les capi*
iulaires (année 789) : fjtw les petits enfants qui ne i^ont
ptiâ encore en âge de raison ne soient pQÙU fenm de jurer.
— L'usage des conjuratores subsista longtemps, Non^
en retrouvons un exemple en 1548. G, 841. — Un minis-
tre de François I*% Martin Dubellay, raconte sous la
date do 1533 : Fst la comlmne en Gennanie quen toutei
I. Yûj^z Valtre-Maxime.
26^4 ASSISTANTS.
les assemblées qui se font à la requeste d'aucun person-
nage^ et pour ouir et décider ses propres et particulières
affaireSy ledit personnage y mène le plus grand nombre
quHl peult assembler de ses familiers, amis et adhérons,
ou leurs commis et députez, pour assister à Faudienct
et décision de sa matière ; lequel nom et tiltre d'assistance
est de telle condition que, quiconque assiste à aulruy,
faict la cause et matière sienne, et tacitement s'oblige
à luy donner ayde et faveur^ et jusques à prendre les
armes pour luy en cas de dénégation et maligne dis^-
mutation de justice (année 1533*.)... Dubellay refusa
de s'inscrire au nombre des assistants du duc de Wur-
temberg. Car, dit-iJ, en Allemagne, quiconque assiste à
une cause la fait sienne. Il ne voulut y entrer que comme
médiateur entre les parties *. Cette coutume se main-
tint moins longtemps en France; cependant on la
retrouve encore dans les usages de la vicomte d'Eau de
Rouen :
La loi que Von appelle Desramme, par là cou-
iume de Normandie, est faite en plusieurs manières et
plusieurs conditions^ aucune fois par deux tesmoings, ou
par trois, ou par qualité, ou par cinq, ou par six, ou par
sept, et ne surmonte point le nombre de sept tesmoings par
la Coutume de Normandie. . , Il fera escarie la loy en cette
fourme, sa main estenduë sur le livre, et dira après cil,
qui tendra les plés : Se Dieu m'ait et ses sains, F argent que
vous me demandez, je ne le vous dois pas , ou dira : Je nf
le fis pas cen : et adont je dois lever sits du serement, et
de partir s'en. Et dont les autres aideours, sans appeler
et sans detrier, et qui ne soit subçonnés fie par prières, nf
parprins, ne doivent aproucher chascuh pour soy au livre,
la main estenduë dessus, et puis dire Fescarissement en cette
foui^ne : Du serment que N, a chi juré, sauf serment a
1. Martin Dnbellay, Mém., XVIIl, 210-1.
2. MartiQ Dubellay, 1. IV, p. 274.
ASSISTANTS. 265
fufé^ se Dîeuw ïtiait et ^€9 Bains ; et tel manière fùm ie&
lutres doivent jurer ^^
L'eiîprît de parenté, très fort en Bretagne comme
lanâ les clans d'Ecosse, faisait un point d'honneur aux
lembres, même les plus éloignés, d'uuo familte, de se
ïutenir les uns aux autres en guerre et en justice.
Toyez dans Laurière, rartîcle Fimpori^ cl (pour le
laioaul) Tarticle Forjurer les facieun \
1 . Ducange, II, taÊ,
S^ L&uriëre, !<, 484, 493» V. aussi Kévia, Arrêts.
CHAPITRE SEPTIEME
ÉPREUVES. — DUEL.
Il y a dans les Indes neuf sortes d'épreuves : la
balance, le feu, Teau, le poison, Teau où l'on a lavé une
idole, le riz, l'huile bouillante, le fer rouge, l'image de
fer et d'argent. Hastings, Âsiatic researches, I. 6. 935.
Le poison est l'épreuve qu'on ordonne quand il y a
vol de mille pièces; le feu, quand le vol est d'un quarl
au moins, ou de sept cent cinquante pièces ; l'eau quand
il est des trois quarts, ou de deux cent cinquante pièces,
et la balance quand il y a vol de moitié, ou de sept
cents pièces *. — Celui qui subit l'épreuve de l'eau
froide demeure entre deux eaux tout le temps qu'il
faut pour aller décocher une flèche et aller la re-
prendre. G. 936. — Les Indiens qui vinrent en Syrie,
après le règne d'Hélagabal, racontaient à Bardasane,
qu'il y avait, dans l'Inde, un étang appelé l'Étang de
l'Épreuve. L'accusé qui se soumet à cette épreuve doit
entrer dans l'eau avec ses accusateurs; s'il y entre cou-
rageusement jusqu'aux genoux, il est innocent; il est
coupable si, après s'être un peu avancé, il plonge jus-
qu'à la tête ^
i. Digest of Hindu law, I, 504.
2. Porphyr. ap. Stob., ecl. phys.
ÉPtïELiVKS. ^ EAU. %iM
Les Juifs ont Tépreuve de leaii amèrc : — Le prêtre
conjurera la fernmc et dira : Si un hanime étranger ne
s'est point approché de vous et que vous ne vous soyez
point Èouiljée ea quittant Je lit i\e votre mari, ces eaux
très amères que j'ai chargées de malédictions ne vous
nuiront point. — Mais si vous vous êtes retirée de voire
mart^et que vous vous soyez souillée en vous approchant
d'un autre homme, ces malédictions tomberont sur vous.
Que le Seigneur.-, fasse pourrir voire cuisse, que voire
ventre enfle, et qu'il crève enlln* Et fa femme répon-
dra : Qu'il arrive ainsi, qu'il amve ainsi î Mors le prôtr<'
écrira ces malédictions sur un livre, et il les efl'acera
avec ces eaux très amères, chargées de malédictions.
Et il les lui donnera à boire».. Lorsqu'elle aura bu, bi
elle a été souillée, et qu'elle ait méprisé son mari, en
se rendant coupable d'adultère, elle sera pénétrée 'par
ces eaux de malédictions ; son ventre enflera et sa
cuisse pourrira... Que si elle n'a point été souillée^elle
n'en ressentira aucun mal, et elle aura des enfants \
Le môme usage règne, dit-on, parmi quelques peu-
ples de l'Afrique occidentale. {Oldendorp, Mission dos
Frères de l'Evangile chci les Caraïbes, tom. i.) I^es
Japonais ont de même un breuvage d'innocence. G. 037.
Voici, dit Etienne de Byzance, un serment sacré :
Celui qui jure écrit son serment sur une lablette, fju'il
jette dans l'eau Si le serment est sincère, la tablette
surnage ; s'il ne Test pas, elle disparait, et celui qui jure
est brûlé. G. 034. — Lorsqu'une femme est accusée
d'amour, elle entre pour se laver dans une source d'eau.
Or, cette source est petite, et ne monte que jusqu'au mi-
lieu de la jambe. On écrit le serment surune tablctle, on
l'attache par une corde au cou de la femme; si le ser-
ment est sincère, la source ne bouge pas ; s'il est faux,
Teau s'indigne, monte jusqu'au cou^ et couvre ainsi la
^68 i:^u THuiuE.
lablelte. Achille TaLius, de Amor, CJiloph. lib. 8, cap. Ji
f/*ïe femm^ e$t accusée dadtthère par sou mari: elle «c
longtemps le fait devant le juge, et, comme on ne peut «j
convaincre par son aveu^ l'ordre est donné de la pionga
dans Veau, Le peuple accourt^ on la mène sur le pont de la
Saône j on lui attache avec une corde une pierre au cou,
on la précipite f et le mari raccompagne de ses injures: V^
te laver dans les eaux profondes des souillures et des dé-
bauches dont tu as sali ma couche. Mais le Seigneur, qv*
dans sa bonté ne laisse pas souffrir les innocents, permit
quil se trouvât sous les eaux une pointe (stilum), çid ûl-
crocha la corde, soutin la femme, et V empêcha de descendra
au fond du fleuve *. — Le bassin aura douze pieds de
dimension en profondeur et vingt pieds de largeur
dans tous les sens, et on le remplira d'eaujusqu'au boni.
On placera sur le tiers de cette fosse de forts bâtons et
une forte charpente, pour porter le prêtre, les juges qui
l'assisteront, Thomme qui doit entrer dans Teau, et les
deux ou trois autres qui doivent Ty faire descendre *.
En général, Tépreuve de Teau froide n'était eu usase
que pour le petit peuple. On jetait souvent V accusé dan*
une grande cuve pleine d'eau, après lui avoir lié la maih
droite au pied gauche et la main gauche au pied drcut .
s^il enfonçait, il était innocent; s'il surnageait^ il était
coupable, G. 925.
Cette épreuve, dont Louis le Débonnaire avait interdit
Tusage en 829, reparait dans le moyen âge, même eo
1590 et en 1617, quoique le parlement de Paris Teùi
défendue par arrêt du 1" décembre 1601. Cette anoêf,
en 1836, dans la Prusse polonaise, le peuple de la pres-
qu'île d'Héla, près de Dantzick, a soumis une ^ieillo
i. Greg. Tiir., De glor. martyr, cap. 68, 69.
2. Martène, U, 940. E. AncieD règl. du monastère d'Utiqa
avant 600 (?)
ÉPRErVKS. — LAC FROlDK, jBfifl^
rcmme, suspectede sorcellerie, à réprûiive de l'eau. E[\&
a été plongée deux fois dans la mer et enfin assommée
à coups de perches *.
I}ewr prêtres^ l'un arien, Vautre catholique, députaient
jtur îem^$ crot/ances; le dernier dit eu/tn à Caufro : A quoi
bon ces longs discours ? prouvons la vérité de nos paroles
par des faits. Quon fasse chauffer un tfasc d'airain, guon
^ Jette un anneau; celui de nous deux qui le retirera de
fearu bouillante aura gognéf et son aduErsaire se conver^
tira à sa crotjance^ reconnue vér\tahk\ IJajfsemblêe est
reiJtise au lendemain. La nuit porte conseil : le catholique
se lève avec l'aurore, se frotte le bras d huile et k couvre
d*un onguent. Vers la troisième heure ^ on se rassemble sur
la placCf le peuple accourt^ le feu s'allui^ie^ on place dessus
le vase d'airain, on Jette nu anneau dans l'eau bouillante^
Le diacre invite fhérétigue à retirer Vanneau du liquide
fjrûlant; lui de refuser: Tu as fait la proposition, dit-il ^
c'est à toi de f exécuter. Le diacre tremblant découvre
alors le bras; mais son adversaire voit les précautionë
quil a prises et s'écrie: Cest user de supercherie^ V épreuve
ne peut se faire. Survient par hasard tin prêtre de Ravenne,
du nom de Jacinthe; il sinfoi^me de la cause de tout ce
bruit, et sans hésiter il découvre son bras^ et le plonge . Or^
r anneau était petit et léger, et feau Remportait comme fait
le vent dune paille. Longtemps et à diverses reprises it
chercha; et ne trouva quau bout dune heure. Cependant
la chaleur du foyer i^edoublant^ it ne ressentît rien dans sa
chair ^ et déclara au contraire que le vase était fraid au
fond, que seulemenî la surfacs était d'une chaleur tem-
pérée. Ce voyant, C helvétique tout confus plongea audacieu-
sement la main dans te vase et dit : Ma fol m'en fera faire
autant. Il plongea en effets mais sa chair tout entière fut
brûlée jusqu'aux jointure.^ des os. Greg. ïur, Q. 9â0-9âl,
Au nom de Dieu^ et par Tordre de l'archevêque et de
1. Dêhatit %1 août 1S3G.
270 EAU CIIAUUE.
tous nos évèques, nous disposons^ quanta Tordalie, qot
personne n'entre à Téglise lorsque Ton aura apporté le
feu du jugement, si ce n'est le prêtre et celui qui doit
se présenter. Il y aura neuf pieds, mesure du pied de
celui qui doit passer en jugement, de la marque à la
barre. Si c'est un jugement par Teau, elle devra être
chauffée jusqu'à ébullition, et le vase (alfetum) sera df
fer, de cuivre, de plomb ou d'argile... Puis, quand le
jugement sera disposé, les deux hommes entreront dt>
deux côtés, et ils s'assureront de la chaleur de l'eau,
et ils y entreront des deux côtés... Et ils seront à jeun,
et ils ne devront pas avoir visité leurs épouses cettr*
nuit... Et personne ne devra allumer le feu avantque la
bénédiction n'ait commencé, mais on laissera le fer sur
les charbons jusqu'à la dernière Collecte... Et l'accusé
boira l'eau bénite... Et ensuite on en arrosera la maÎD
qui doit être soumise à l'épreuve *.
Au Thibet, l'épreuve se fait ainsi qu'il suit : On jette
deux pierres, l'une blanche, l'autre noire, dans l'eau
bouillante ; les deux parties y plongent le bras en même
temps; et celui qui retire la pierre blanche l'emporte.
G. 936. — Selon certaines lois, quand l'innocence de la
partie accusée est prouvée, l'accusateur subit pour aia<i
dire une contre-épreuve ; on lui fait mettre les mains
dans le vase ; s'il les en retire brûlées, on le plonge dans
un marais. G. 923.
L'épreuve du feu et du fer rouge était connue des
Grecs : — Nous étions tout prêts à saisir de nos main^
des fers rouges, à passer par le feu et à prendre les
dieux à témoins que nous n'avons pas fait cette chose,
que nous n'étions pas de complicité avec celui qui Fa
méditée ou qui l'a faite. Sophocle, Antig. 264. — De
même chez les Byzantins. 6. 934. — Loi des Ripuaire^ :
Si le serf, ayant mis la main au feu, Ven retire brtW*\
\, Martène, II, 931. Lois anglo-saxonnes, année 928.
3on nmîire Mera jugé cotipaf}ie dn vol dont on accuse hi serf,
G- 91± — Uuelquefojs le prévenu traverse le bûcher en
chemise. Dans tiuclques iraditionsj la chemise est même
de cire. G. 012,
Dans les épreuves iodieimes, Taccusé va iiu-pieds par
le feu... Si ï'épreuve est celle du fer raugo, on fait passer
le fer par neuf cercles, et au neuvième, le fer doit encore
être assez chaud pour brûler Therbe qui s'y trouve. ^
En Irlande, lorsque la flamme du caini était ôteiule, un
des chefs prenait les entrailles de la victime, et passait
trois fois pieds nus sur des charbons ardents, pour re-
mettre les entrailles au druide, placé en face de TauteL
G* 9ii5, — A ta murai i mlhî épisvopaîe, on a pris, en
moins des cinq demièven années^ pi if sœurs hcrétiqttes, qui
t*jUs^ par crainte de la mort, nièrent leur crime. Un ckrc
fut alors euvoyè par Vémque^ lequH devait éprouver par
le fer rouge ceux qui niaient aimi, et dtdarcr hêrétiquf's
ceux qui scraieui hrûtés; ils furent tous éprojfvàs et fous
Ijrûlés K — l\ fit apporter uu fer rouge en forme «Je gant,
et il y mit le bras jusr|u'au coude, puis le jeta aux pieds
du prince, faisant voir que sa main n'avait été atteinte
d'aucun c6té. G. 9iy. — Ladite femme fera nu-pieds sur
des socs brûlants quatre pas pour son compte, cinq pour
révèque;si ellebronche, si elle ne porte pas de plein pied
sur chaque soc, si elle est blessée le moins du monde,
qu'on la déclare adultère et prostituée, Ann* ^Vinlon.
eccles. Duc. verb. Vomeres- — Ce disant (Kunégonde,
épouse de l'empereur Henri 11), en présence de tous
les assistants stupéfaits et versant des larmes, elle
marcha pieds nus sur des socs enflammés, et cela sans
souffrir la moindre atteinte. Auct. vit. Henrîc. ap. Gani-
gium, 6,387. G, 9t4.
A côté de ces épreuves de Te au et du feu, plaçons
celle de la TiiRRE, qui semble particulière aux Scandi-
1. Cit'sar Hdflterb,, 111, 16, aimùe J2ao.
272 FEt.
naves. Ceux qui juraient se plaçaient sous une bandt'
de gazon soulevée de terre (Voyez plus haut le chapitrt
intitulé Communion, Fraternité). Si le gazon tom-
bait sur eux, ils étaient considérés comme parjures, li
y avait quelque humiliation à subir cette épreuve *.
Dans les traditions populaires, lorsque le parjure fait
son serment, les doigts lui noircissent; la relique saisit
et retient sa main. A Rome, il y avait une Bocca deils
verità, où celui qui jurait devait mettre la main, et qui
mordait le parjure. Dans le roman de Renard^ on exige
de lui qu'il jure sur les dents d'un saint; un chien faisant
le mort, veut saisir la patte de Renard, mais celui-ci
s'aperçoit de la fraude. Dans l'Edda, Tur est obligé d'en-
foncer la main droite dans la gueule du loup Fenrir,
qui, se voyant dupé, arrache la main avec ses dents.
Si Vaccusateur veut soutenir quHl y a parjure, quils se
tiennent près de la croix. Capit. a. 779. — Lolhaire i*' dé-
fendit cette épreuve : lia été déclaré que personne désor-
mais n'oserait faire une épreuve par la croix, de peur
que quelque inconsidération ne fit mépriser la Passion da
Christ.
Capitula ires : Tu m'as enlevé ce que tu dois me rendit;
et le prévenu doit répondre : Je ne Cai pas pHs et je nai
rien à rendre. Et la dette réclamée une seconde fois, il
doit poursuivre ainsi : Eh bien! élevons nos maitis, pour
le juste jugement de Dieu ! Et tous deux alors lèvent lettrr
mains droites au ciel. G. 928.
Quand une femme veut faire reconnaître son fils,
qu'elle vienne avec lui à l'église où le père présumé a >a
sépulture, qu'elle aille à l'autel et place sa main droite
sur l'autel et sur les sacrées reliques, sa main gauche
i. P.-E. Mdller, Lazdœla Saga, p. 59 [1826], et Arngrimus Jonf
inCrymogœ, p. 101-2 add. Arnesens islandske rettergaog, foroe-
get af J. Erichsen, 5-7, et 5-233-5.
El*HKtVE<» ^ I Lat, TKIllUv.
213
ft la lète de I enfant, et alors qu'elle jure en présence
Dieu, de Tauteh des reliques et par le ÎKiptème de
infant, qti'aucaue personne n'a eu aitalre à elle, sinon
lomme qu'elle uommc le père^
Tel était, le soupçcm qui planait sur lui j qu'il fui
îroué à Willisau» siins cependant être lorluiu. Mais le
btipçon éUil si fort qu'on décida qu'il fallait déterrer
femrne qui, depuis vingt jours, était étendue dans
cimetière d'Ettiswill; qu'on la trausporlerait sur
le bi^ire; qu'on le ferai tj lui, passer dessus, im et
^ndu; que là, on lui ferait poser la main dessus, et
l'on lui ferait premier sermenl solennel par Dieu et ses
Ints qu'il n*avait contribué en rien k cette mort* Et
irsque œ triste i^pectacle si cruel à voir fut disposé,
lus il avança vers elle, plus elle vomit l'écume; et
>rsqu*il eut assex approché et qu'il dut prononcer le
arment, elle changea de couleur,comniençant à saigner
le telle manière que cela coulait à terre, à Iravers la
lièreÉ Alors î^es genoux llét-hirent, et il reconnut publi-
jement son crime. Chronique de Berne, d'Anselme,
lée 1503. G. mu \\ Jean de Mùller, Y, 198 ^
Dans un fabliau français ; Les Messitres saignent, ior»^
te vkni à passer près de la bière le tj^oupeau de brebis^
im h quel se irotwaU le ftélier qui avait pounssé le mori*
ggrand, III, -107, ¥)S. — On plaçait quelquefois dans
bouche du prévenu un morceau de pain ou do fro-
^e, ou bien une hostie. G, 031. — Le jeune est en-
are une épreuve ecclésiastique : — Si quelqu'un a été
^ri» pour vol, et qu'il nie le fait, il se rendra le mardi
air à l'église, en habit de laine et nu-pieds; et là il
taoïeurera jusqu'au samedi sous une garde légale* II
ibserv^era un jeûne de trois jours, ne se nourrissant que
1. Probartt p. i9y.
î. Voye2 aiïisi les Mbelûngei), 98U6, le Cid de CoraoïHe^'^et
ikespearc, Richard III.
274 CROIX, ETC.
de pain azyme fait d'orge pur, d'eau, de sel et de cres-
son d'eau. La mesure d'orge, pour chaque joar, sera
telle, qu'on puisse la prendre en joignant les deux
mains ; du cresson il y en aura une poignée, et da sel
autant qu'il en faudra pour ces aliments. Ancien règle-
ment du monastère d'Utique, antérieur à l'an 600 *. —
Dans la grande querelle suscitée par Bérenger, Grégoire
Vil ordonna, dit-on, un jeûne, pour savoir de la Sainte-
Vierge si Béranger avait raison^.
On trouve dans les éphémérides géographiques, t. i6
(1815), p. 375-6, un usage remarquable du village de
Mandeure, près Montbelliard. Lorsqu'un vol avait été
commis, tous les habitants étaient invités à comparaîtra
le dimanche après les vêpres au lieu du jugement. Un
des maires sommait le voleur de resiitiier, et d'éviter la
société des honnêtes gens pour six mois. Si le coupable
ne se montrait pas, on en venait à ce qu'on appelait la
Décision du bâton. Les deux maires tenaient un bâton
assez haut pour qu'un homme pût passer dessous. Tous
devaient y passer. Il n'y avait pas d'exemple que le cou-
pable l'eût osé; il restait seul et se trouvait découvert.
S'il eût passé et qu'ensuite on l'eût reconnu coupable,
personne ne lui aurait jamais parlé, tous l'auraient fui
comme une bête sauvage.
Les Indiens croient qu'une vierge peut serrer l'eau en
pelote, ou la porter dans un tamis. A Rome, une vestale
se justifia en subissant cette dernière épreuve; une
autre^ en attirant par sa ceinture le vaisseau qui avait
apporté d'Asie la statue de la bonne déesse. Selon Eus-
tathe, il y avait une source qui ne se troublait pas, lors-
qu'une fille encore vierge y entrait, mais qui devenait
trouble si la fille n'avait plus sa virginité.
C'était une croyance populaire en Autriche, qu'une
i. Martèae, II, 938. D.
3. Benno, de vità Hildobr., lib. I, in Gold. apol., p. 3.
était vierge qtiaud elle pouvait d*un soufïîe été 1 mire
Jchaiidellê et d un autre la rallumer. G, 932-3. — Dans
|eomt*5de Kent, si l'enfant posthume criait au moineiil
la naissance, la veuve était iugée InMiiïe '.
^e duel est encore une épreuve. Pendant tout le
lyen Age, la jurisprudence flotte entre le duel et
ireuve, selon que lesprit militaire et saeerdotal l'em-
te ailernativemeiit. Voyez les obser%'ations ingé-
suses et paradoxales^ de Montesquieu eu faveur du
lel judiciaire.
[Le duel, désapprouvé par Constantin et par Ttiéodo-
Test de même par Luitprand, qui regrette de ne
iToir l*aboljr, Propt^r tonsuenidinem ffenlls. Au moyeu
î, le serment et les ordalies élanl trop souvent sus-
tes, les guerriers préféraient le duel. Saint Louis et
Sdéric II le défendirent dès le treizième siècle. Le
lier ordonné en France fut eelui de Jarnae et la Chà-
lltgneraie, en présence d'Henri 1!* En Angleterre, nous
rons vuj en 1810, un certain Thornton* accusé par le
Iro d'une jeune fille de l'avoir tuée, offrir le duel au
ir©i conformément à la vieille loi barbare qui n'était
abrogée. Elle le fut à cette occasion par le parle-
su t -\
Une irup mattuese voujîtuttit* souhk cottrre enchienîte*
mlfit comme nous avons miendu des seigneurs de hù^
' îi aucuns si lonoimt tampions^ en tek manière que il
dévoient combaire pour fouies ks querelles f/ue il aroienf
ifei'ê ou ùonms ou autuveses ^.
Quand aucun n passé âge armme de sùij:aute nnSf ou
'il est déèîliié d'aucun mem//te^ il n'est pas kubik à corn-
Hire. i^t pour ce fut éluUi que s'il étuii accusé d'aucun
fi. Logaa, J, 100.
\2. TailUudier, lois pt-nalet d'Angleterre et de France.
I 3. Beaumaiioîr, p. 2fl:i.
276 ÉPREUVES DIVERSES.
^05, qui par gage de bataille sedeut terminer^ qu il pour-
voit mettre champion qui feroit le fait pour lui, à sespénh
£t dépends, et pour ce fut constitué et établi homage de
foy et de service. Et en souloit-on anciennement plus user
que ton ne fait, car on combattait pour plus de cas^ quou
ne fait pour le présent.,. Et doit Ven savoir^ que quand um
champion faisoit gaige de bataille pour aucun autre ac-
cusé d'aucun crime, se le champion estait desconfit, feu*J
par soi rendant en champ, ou autrement, cil pour qui »7
combattoit estoit pendu, et for faisoit toits ses biens et meu-
bles et héintages, ainsi que la coutume déclaire^ aussi bien
comme cil propre eui été déconfit en champ; et leckamptot»
n'avoit nul mal et ne for faisoit rien^ etc. *.
Len fait suite d'assaut et de paix brisée en diverses ma-
nières, selon la diversité des lieux : car Ven fait dAssauU
de charuè, d^Assault de chemin, d'Assault de maison^ f As-
^ault de champ, etc*.
Les duels judiciaires deviennent rares au quatorzième
siècle. Ils sont dès lors remarqués par les hislorien>
comme des événements singuliers. Voyez dans Froissard
rhistoire dramatique de Jean de Carrouge et de Jacque>
le Gris ^.
En cet an [1405] fut fait en la ville de Quesnoy nn
Champ mortel entre deux gentilshommes du pays de Hai-
naut et du pays de Flandre. Bomette tenait que Sokin
•avait tué un sien, parent. Pour lequel cas, le duc Guillaunie^
•comte de Hainaut, livra lices à ses dépens, selon la cou-
tume. Après les lances vinrent aux épées; mais ledit Sor-
nette vainquit assez brièvement son adversaire qui confesse
le cas et fut décmpité. Ledit vainqueur fui généralement
de tous les seigneurs honoré et conjoui *.
1. DucaDge, II, 4168, vieille glose sur l'ancienne coutume 'I'
^^ormandie.
2. Duc. I, 161, vieille coutume de Norm. c. 75.
3. Froissard, éd. Dacier-Bacbon, X, 276, et appendice.
4. Monstrelet, I, 153.
DIÎEL Jt'DIClAÏHE.
iT7
Eu 1538, un tiiiet sôleiintO eut lieu par-do vaut ic mî
itr»> deux geuMlshommes, dont Tun accusait Tautre
lavoir fui à Ja bataille de Pavie: Après s'éin* qnehjue
^tps ùfiltm d*! îrifn^ f^péeK, ïh l**s jetèrent ff sf^ prireNt
( corps, in ihgmtte au pivng ; mms h roi p^ta stm fMitoit K
^Le vieux duc Arnould de Guotdre jeta le gaut A ^m
fcdigiie liLsqui lavfiifsi cruellement traité K £st nùinhk
ymre le rom/jài du rhevaiier Mackatrc f^i du lévrif^r dé*
if mit Auùrtj dé Mmi(ditlœr\
\î, Martin Dubeïki, XXI, 2\n ,
Soyti cette ùàgique hialoire iUm le vècH do M. dr Bîirftnte,
Lic« lie flourgognt',
Rague.iii, apud Laurièmj I, â6K
*e
CHAPITRE HUITIEME
ANIMAUX COMPARAISSANT EN JUSTICE, COMME ACCUSES
OU COMME TÉMOINS.
Si an bœuf frappe de la corne un homme ou une
femme et qu'ils meurent, le bœuf sera lapidé, et on ne
mangera point de sa chair ; le maître du bœuf sera jugé
innocent*.
Loi des XII tables : Si un animal a causé dommage,
que le maître offre l'estimation ; sinon, qu'il donne ce
qui a nui [Si quadrupes panperiem fecerît, dominus
noxœ sestimationem offerto ; si nolit, quod nocuit dato.
— De même chez les Grecs : Remettre lié d'une qua-
druple corde, le chien qui a mordu. Plut, in Selon.
G. 664.
Loi des Burgundés : Si^ parmi des animaux, un cheval
a tué un cheval, si un bœuf a frappé un bomf, ou si w>
chien a moi'du de telle sorte que l'animal blessé ne puisse
plus travailler {debilitetur), quon livre le premier animal
ou le chien qui paraît avoir causé le dommage à celui qhj
l'a éprouvé. — Loi des Alamans. G. 665 : Si un homme
est tué par le chien d'un autre, le maître du chien doit
payer la moitié de la composition. Si l'héritier demande
la composition entière, on lui fermera ses portes^ dr
1, Exod. c. 2i,§ 28.
lôrlr iiifii ii*etilre el. ne sorte que par unoîseuln. Alors
In pundra le chien à neuf nieds au-dessus du s^euil, et
^n le falsserii jusqu'à co qu'il poyiTisse en entier, qu'il
ïmbe ile pu Iré faction el que ses ossements y restent;
^l rhérilier ne sortira, n'entrera par aucune autre parle ;
ylï jetait le cliien loin de cet endroit, et (pi'il entrât pîif
pue autre porte, il rendrait îa moitié de la composilion*
De même dans le Nord, le maître d*un serf qui avait
Commis un menrtre était tenu de payer la totalité des
juarante marcs de la composition; s'il ne payait pas»
>ïi pendait te serf au-dessus de sa porte, jusqu'à ce
|u'il pourrit et tombât : sUi détachait le serf^ il devait
lyer les quarante marcs. G, 6t>5<
Les oies n'ont aucun droit, sinon autant qu'elles
jeiivent avancer le cou entre deux plandies, Sî elles
il I aient plus loin^ il faudrait sur la place les pendre [jar
cou. Si Tendroit n'était pas convenable pour cela, il
ludrail fendre un bîUon blanc, et les pendre par le cou
fcfilre les deux branches; et si alors quelqu'un venait
blâmant le juf^ejtienl de notre Seigneur, il aurait rf^.*/t»r//fi?
pomme le plus grarnl (irlincfntiHL G. 137.
Yoyeï [ilus haut le bélier coupable de meurtre, page
173, et la composition du chien, du clial et du cvi^ne,
' . 285.
Si un homme, qui vit seul et sans serviteurs, est alla-
jiié, après l'Ave Maria, par un assassin^ el qu1l \mr-
ienne à tuer le brij^and, îl prendra trois brins du loil
îe chaume, de plus son ehien quHl détacliera (ou bien
chatte au foyer^ le coq à l'échelle du poulailler), etil
5g amènera devant le juge; là îl jurera, et sera déclaré
ion coupable du meurtre. Jean de MuUer, 111, i58»
55G.
On trouve un exemple remarquable d'animaux cités
>mme témoins dans les contes du jésuite Masenius,
]ul n'a fait probablement que reproduire une tradition
lH>pulairê. Le siu^j le Honet le serpent viennent âépù-
ser devant leg Inquisiteurs d'étal, en faveur de celui r]UJ
les a tirés de la fosse*.
1. Ma^entus, Palcitru JraïnaUca. HVil. Ciflùoim, Vûy« I*i-
troit qvCen a donné M, Saiot-Marc GirarJin,
CHAPITRE NEUVIKJtE
AVEU, APPBL, CLOTURE Dl' JUGEllÈLNT.
Avant de prononcer la sctitonce, on exige souvent
'aveu de Tacoiiàé. C'était la couhime à Genève {comme
incorc auji>urd4mi, je crois^ en Auîricho et tm Suedtî),
le ne point iirononcer d*arrèt tic mort si lacoysé ne
Confessait le crime.
Un fameux' voleur, nommé Mortel j qui toujours
ckoppit^ parce qitùn ne condammtU persimm^ &^H navouoil
ti-mfhfit% t^t qu^il rt^istoft à tottles 1rs tortunw ^.
En vertu du ménm principe qui exige Faveu du cou-
lamnts it peut ausyi, dans la jurisprudence alleuiaude,
ilàmer la sentence, et trouver (lînJen) un meiîlcnr juge-
leot : — La sentence qui a été trouvée contre moi» je
critique; car elle est inique, et je veux en trouver une
|ui soit plus éniiitîtï>le ; et je prie le juré duid je critique
sentence de se lever. — Un tiers étranger à faiïaire,
lo simple assistant ayant capacité pour devenir juré,
>uvait aussi critiquer la sentence :„, — S*il eritiiine
I jugement dauâ son contenu, qull prie le ùnnc d'en
rouver un autre ; et celui qui a trouvé la seutcncc doit
m lever, et l^iutrc s'asseoir en ssa place et trouver celui
juj lui paraîtra juste. Si quelqu'un blâme une décision
i, Spon, Hiit. de GeQève.aonée 1502, p. 406-8,
10,
282 APPEL.
émanée du conseil, et qu'il ne trouve pas mieux, il e>(
tenu de payer à chacun des membres du conseil cinq
schellings, et de lui demeurer soumis aussi longtemps
que l'exige l'antique usage. G. 865.
Le droit féodal permet à celui qui se trouve mal jugô
d'appeler successivement en combat singulier tous le-^
juges qui ont opiné contre lui : Quant nucuns apeU* //•
faux jugement y et il atant tant que li jugemens est pr*^
noriciés et que tuit li hoinmes se sont accordé au jugeni^^ut ,
et li apeliers dit aprèz : Chis jugemens est faus et vnauv*'s,
et pour tel le ferai en la cour de cheens, ou là où dr*»:
me merra. En tele maniei^e d'Opel il vonvenroii que il ^^
combatist tout seus encontre tous les houmes, se luit /»
hounips o/f raient à fere le jugement bon, — Se il aven**t'
que chil qui vouroit apeler de faux jugement , se hastoti
si d\ipeb*r que il ne se feussent pas accordés au jujem*^nt.
fors deux ou trois ou plus, et non pas tous les houmes, » '
il apeloit en le manière que il est dit dessus^ il convenroi^
que il se combatist à tous chaus (ceux) qui se servi^n^
accordé au jugement, et non pas à chaus qui nauroî^nf
pas encore dit leur acort dou jugement *.
Voyez plus bas, au chapitre Proscription, quelque^
exemples de sentences.
La sentence rendue, l'appel reçu, le tribunal est clor?.
Alors le juge descend du siège et se délasse de sa gra-
vité. Un repas lui est servi. Cette partie des droits du
juge est réglée avec une complaisance particulière dan^
la jurisprudence allemande : — Au jugement du Voçt.
il y aura: Linge blanc, verres blancs, blanc manger.
blanches chandelles, draps blancs au lit; le tout en saf-
fisance; entin un feu de bois sec, sans fumée... — L*
juge forestier a droit au siège supérieur, à une blanchf
nappe, à un petit pain blanc et à un verre blanc. Quand
i. Beaumanoir, ch. lxi, p. 3i3.
CLOTURE DU JUGEMENT.
âsa
le seigneur de Greifensée vient pour tenir la eoiir de
raniiée, le McicrdoU aller à sa rencontre jusqu'à T(4-
leiibach, et lui apporter un verre tle vin rouge pour lui,
quart d^avoine pour sou cheval; îl doit ensuite ilnvî-
ler à siéger, G. OU. — S'il se trouve dans le village sus-
it deux tavernes ou Ton boive du vin, les jurés auront
ie meilleur des deux* Si on boit de Irois sortes do
fiifig dans trois tavernes, ils devront avoir le vin de
loyenue qualité. Si on boit d'un seul vin dans une seule
averne, c*est ce vin-là qu*ib auront* — Devra aussî^
lolre honorable dame de Marîentha!, chaque année, le
premier mardi après le dix-hnilième jour, préparer au
rihuuat im déjeuner. Les verres et les i>lats dans lés-
ais on boira rt mangera ce jour-U seront neufs^ et
ïue juré sera assis sur un coussin, et il aura avec
^uî un garçon à qui iJ sera fait coinmc auK jurés, ci en
Be jour, nuL excepté le tribunal et le bailli, ne pourra se
[Ironvcr dans la chambre. G. 870»
L'audience tenue, ceux qui ont prononcé la si-ri-
Bnee pourront entrer dans une auberge pour ftiirc un
bon repas que le saint (le patron du chapitre) paiera.
[Il [mraîl que la bourse du saint était alimentée par les
imeniles :j Tout ce qui revient desditcs amendes sera
ïusomuié sous les tilleuls par les seigneurs cl fions de
lia Marche réunis. — Dans le nord de rAllemague,
'amende était souvent d'une tonne de bière ; — Et si
EîUe était la foule qu'on ne piU approcher du hondon,
m défoncera le toimcau d'un coté, et ou le placera sur
^'autre; puis on mettra des écuelles, afin que chacun
misse boire» G* 87L
CUAPITRE DIXIEMK
COMPOSITÏOX.
La loi juive n'admet pas la composition pour TiiooiJ-
cide : — Vous no recevrez point d'argent de celui qm
vaut se raflicter de la mort r}n'il a mériléej pour avoir
répandu le sang ; il mourra lui-même *.
La composition est surtout germaniijue : — Qui a
des poinfçs peut frapper ^ qui a bien et argent peut payer,
dit le [)ro verbe frison '.
Le.^ dilîé renées de composition in(li)juent avec ]iréei-
sion les divers degrés de la liiiSrarchie sociale. Voyez,
sur cet important sujet, les rapprochements ingèmeu-i
de M, Grimm. Nous donnons plus bas le beau texte /^^
Ckremcntdfi.
Loi des Ripuaires ; Si un esclave en frappe un autrt^
re nest rien (nilûl est). Seulement j pour la paix^ il paiera
une composition de quatre dm i ers.
Le roi des Vîstgoths^ Alaric, et le roi des Francs, Ciotti,
voulurent après de longs différends conclure la ptiix. On
convient d^une conférence ^^ mats les Goths y vimnenl winri,
secrètement. Pnternus, t' envoyé des Francs^ vit en ce tu hji
complot contre (a vie de Clovis^ et il se plaignit. It fut
i. Nombres, § Ht, c. an.
2. Wiardn. Ptkter, UisL d'Allem., lï, XU
MÛXCEAL'.
â85
^liejifht ni ors qw ht d*kision de fa vhos^ serait soutnisi' an
n des O.^lrogoth^ Théodork. Iif teik fnf céilt? dérhma '
/#! *mmijé des Francs devait se présenter à cheval et la
incr drofle^ devant le pulah dWiark ; Alark et les Goths
paient alors jeter des pUcm d* argent jasquà ce qn^ih
eussent couvert l* envoyé et son cheval, jmquà la pointe
%e in lance. Fnklcgaire, ou Exi^eriïhi d'idatius, c. 6il
Bouquet, ^2,46.'i). G. 072.
.. Je pose cette queslion : un maître de maUon a un
m chien, et quelqu'un le mel méchamment à mort;
lelle âf*ra la composition? Bi^ponse : On pendra ïe chipii
ïort par la queuOj de sorte que le ne^ de 1 animal touchô
lerre> et, dans cette position, on répandra mv lui clu
roment rouge jusqu'à ce qull en soit couvert : ce sent
isa composition. G, 0(38. — Si quelqu'un a tué ou sous-
lit le cliat gardien d*un gi'eniei% qu'on pende le chat en
^aîr par la queue, de manière que la tète aille toucher
terre unie et propre ; qo*on répande Hiirlui des grains?
bïO jusqu'à ce (juc le bout de la queue en soit cou-
vert* — En Angleterre, celui qui tuait un cygne devait
pendre par le bec et le couvrir de grains. Wotton,
5. — Le même usage se retrouve chez les Aral)es.
Dans le Nord, on doit remotirc à celui dont le hœuf
été volé la fieau delanimal j emplie de farine. G. 070,
Hreidmar avait trois jiîs, Fafnii-, Otr et Heginn. Otr
rit la forme d'une loutre (conformé ment t\ son nomi
ftler), et il plongea dans le lleuve pour y prendre des
lissons. Un jôur qu'assis sur le rivage il mangeait un
imon en clignant de Tceil^ les trois Ases voyageurs,
lin, Loki et Moenir, vinrent à passer, Loki, voyant la
aire, prit une pierre et la tua. Sur le soir, les voya-
Burs se retirent justement dans la maison de Hreidmar*
if ne sachant pas qu*Otr lui tînt de si près, ils lui mon-
rent leur capture. Hreidmar et ses lils reconnaissent la
aau \ ils saisissent les Ases et leur demandent la ran<,-oiJ
livante : La peau devait ôtre remplie à Tinter ieur d'or
:286 COMPOSITION. — POIDS.
rouge, et à l'extérieur couverte d'or. Les Ases envoyèreol
Loki pour chercher de l'or. L'opération terminée, HreW-
mar examine le monceau d'or; ii restait un poil de
barbe qui n'était pas couvert ; il exige qu'il le soit. L*or
était épuisé ; il fallut qu'Odin se défît d'une bague pré-
cieuse pour couvrir le poil qui passait. G. 670.
Couvrir d'or (xpu<Tw IpùaaoBai, Il iad. XXII, 351). Donner
le même poids en or, dans un chant espagnol : Si tu !<•
tienes preso, a oro lo pesaran. G. 673. Dans le poème
des Quatre fils Aimon, Charles propose à Aimon de lui
payer, pour le meurtre de son cousin Hugo, neuf fois f*,v
pesant dor. Quand Renaud a tué Louis, le fils du roi, il
lui offre de le payer neuf fois en ot\ Il propose aussi de
faire fondre en or un homme de la taille de Louis ; iv
qui fera neuf fois la composition. Ibidem.
Chararic, roi des Suèves, avait un ûls malade ; ayant
ouï parler de la vertu dont les ossements de saint Martin
étaient doués, il fit. peser le poids de son fils en or et er.
argent, et envoya cette somme au saint lieu. Greg. Tur.
De mir. S. Martin. I, 11. G. 674. — Une femme, dont
la fille venait de se noyer, fait ce vœu : Saint Loys, m-'
moi ma filles et je la contrepeserai de froment. Uneaulr'\
ayant été guérie d'un mal de jambe en invoquant sainl
Louis, fit porter à son tombeau une jambe de cire. —
Des malades, guéris par l'invocation d'un saint, fout
porter à son tombeau une chandèle de cire de leur ltn>-
gveur * .
... A la première fête solennelle^ cent des bourg^if^
excommuniés, nu-pieds, sans robe ni ceinture, niarchh^^i'
processionnellementf la croix en tète, deptiis le bas d»' /»'
montagne de Laon jusqu'à la cathédrale. Tirais d'entre »'"
portaient dans leurs bras des figures £ hommes en cir^ *'*
poids de vingt livres, qu'ils remirent au doyen et o**>
i. Miracles de saint Loys, p. 40â, 434, 496, etc.
CU>Jlni^lTll»r URHISOIHK.
287
jHOtïifUK, t'H atpie de vesfiMJnn. llisl, du diocèse de
Si quelqutin Uie un évoque, qu'on Tas^se uno tuniïfue
plomb à sa taille» qu'il donne ensuile aiilanl d'or
i*elle piiseraj s'il n'a pas d'or, qu'il donne toute autre
loonaie, des esclaves, des terres, des farmes, en un mol
^ut ce qu'il aura, jusqu'à ce qu'il ail acquiUô la dette.
\i Bi entin il n^a pas asâez^ qu'il se donne lui, son épouse
SCS enfants, en servitude à l'église jusqu'à ce qu'il
lisse se racbeler, G. 074.
Le parricide devra se racheter en donnant tout son
at d*or, ou deux fois son pesant d'argent, Micralius
Poinéramen, année 980.
On peut refuser la composition : — Je ne veux pas,
il un père, porter mon 111 s mort dans ma bourse.
647. — Alors il y a guerre. Le parent peut tuer inapu-
linent le meurtrier banni de son parent* En signe de
lumposilion, il met quelque monnaie ou la làle d'un
sur le cadavre du meurtrier. G. 679. — Si quelqu'un
lit violence k un autre Bur son propre bien, le maître
^lamaison peut le tuer; il creusera un trou sous le seui)
la maison, y trarnera le malfaiteur et lui mettra un
retitzer (petite monnaie) sur la poitrine, ou, s'il ne
ïul en trouver, qu'il coupe îa tète au coq et la lui mette
aria poitrine : ce sera sa composition. G. 679-680,
Le journalier aura pour composition une paire de
its de laine et une fourclie à fumier. Les enfants de
Itre et les bâtards auront une charrette de foin que
eux bœufs d'un an puissent tirer. Les baladins et lou-
ps gens (|ui se font serfs n auront que l'ombre d'un
:)inme. Les duellistes à gages n'auront, eux et leurs
fants, pour toute composition^ que le reflet d'un bou-
lier au soleil* Deuxiïalais, une paire de ciseaux, seront
composition de ceut qui s'adonnent au voL G. 677-678*
► !♦ kwg. Thierry, Utlre iS, p. 331.
r-^-ïl
288 COMPOSITION.
Selon le droit de la Souabe, les baladins, ceux qui
prennent Targent pour Thonneur et qui se font serfs»
auront pour composition Tombre d'un homme au soleil,
c'est-à-dire que celui qui leur a fait tort se mettra
contre un mur, où le soleil donne; l'offensé ira droil à
Tombre et la frappera à la place du cou. G. 678.
Lois de. Galles : L'amende pour qui insulte le roi
(FAberfraw (village principal de Tile d'Anglesea) sera
payée comme il suit : Cent vaches de chaque hundred
de sa juridiction, une baguette d'or aussi haute que lui
et aussi épaisse que son petit doigt, un plat d'or aus^i
large que sa face et aussi épais que l'ongle d'un laboQ-
reur qui a été laboureur pendant sept ans. L'or n'esl
payé qu'au roi d'Aberfraw. — La reine peut être insul-
tée de trois manières : en violant la protection qu'elle
donne, en la frappant et en lui arrachant quelque chose
de la main. L'amende pour l'insulte faite à la reine esl
le tiers de celle du roi, et elle n'est pas exigible en or
ni en argent. — ... Voici les trois cas dans lesquels ilne
doit rien être payé pour le sang : sang de la dent, san^
de la gale, sang qui vient du nez. Pour avoir arraché
des cheveux blancs, il sera payé un penny par chaque
doigt qui sera entré dans les cheveux et deux pour le
pouce '.
1. Probert, p. 90, 209, 34.
CHAPITRE ONZIÈME
KSâcUTlON.
Le coupable condamné va être Ôté de ce monde, dont
ît trouble Tordre et la paix. Les législations barbares
ont déployé dans l'invention des peinci^ une effroyable
poésie. Nù parlons pas des supplices mylliiques de Pm-
rnéthée, dixion, des Danaïdes, du Loki Scandinave, etc.
Le coupable peut périr, ou par les éléments, ou par
lé fer et la main de Thomme,
Far les éléments : lair. Le gibet est Tinstrument de
mort ie plus ordinaire. Leâ synonymes dn mol Pendre
sont fort nombreux : Pendre jusqu'à mort, Ravir à la
terre, Vouer aux oiseaux, Confier à Tair, assez baul
pour (ju'un cavalier, le casque baut, puisse dessous pas-
ser à chevaL On trouve encore : Chevaucher dans J'air,
Travailler le gibet, Cbovaucher larbre sec* — Si quel-
qu'un est condamné à ôlre pendu, qu'on (e mène à un
arbre vert, qu'on Faltache par le meilleur de son cou, ûo.
sorte que le vent batte dessus et dessous^ que trois jours
durant le soleil et le jour l'y voient; qu'alors enfin on
îe détache et Tcnterre. — Le roi Frode ordonna que le
voteur fût conduit au g"ibet, et qu'on atlaehàt à ses côtés
un loup vivant, pour qu'il le décbiràt de mille maniè-
n
290 EXÉCUTION. — AIR, EAU.
res*. — Jusqu'au quatorzième siècle, on pendait îe?
Juifs entre deux chiens, et la tète en bas. — On suspendail
près du braconnier le bois d'un cerf. G. 68-6,
Eau. Ayant fait saisir la jeune fille par sa chev^lurtj
il la fit jeter à terre, et quand elle eut été foulée mu
pieds, il ordonna quon la dépouillât et qu'on la plovgr^ii
dajis une cuve. Greg. Tur. 5-38. — L'ayant fait plmyr
dans une litière attelée de bœufs indomptés, elle ht ff
précipiter du haut du pont. Grég. Tur. 3-26. Ayant fn''t
mettre la sœur de Bernard, qui était une nonne, dans »/>.
tonneau, il la fit précipiter dans la Saône. Ann. Berlin
ad. ann. 834 (Pertz, 1, 428). G. 696. — On sait qut
sous les Valois rien n'était plus commun que de faire
coudre les condamnés dans un sac pour les jeter à la ri-
vière. Laissez passer la justice du roi. Sous Charles Vil,
un bâtard de la maison de Bourbon périt de ce supplice.
A Rome, le parricide était noyé dans un sac, avec uo
chien, un coq, une vipère et un singe. Gicéron dit ei-
pressément, et sans doute d'après quelque tradition an-
tique, qu'on voulait isoler le coupable du contact de
tous les éléments qu'il aurait souillés '. On trouve de^
dispositions analogues dans les lois allemandes.
Par un nouveau genre de mort, il fut lancé à la source
de la rivière de Ferentinum ; une claie fut jetée dessus,
et des pierres entassées pour qu'il enfonçât. Tit Liv. l.
51. — Voyez aussi la mort de Posthumius, qui faisaii
noyer ses soldats sous la claie '. — Loi des Burgundes :
1. Fuero d'Aragon, an 4247 : On le mettra tout nu, on lui pen-
dra au col par derrière un cfaat, on le mènera ainsi d'une portr
de la viile à Tautre, en le battant de conrroies, de manière <|ac
le brigand et le chat soient également frappés. Fori Otc», Ja>
cobi I. Même supplice en Ecosse* Statuta Alex. U, régis Scotis.
Ducange, IV, verbo Murilegus.
2. Cic. Pro Roscio Araerino.
3. Tit. Liv. anno 412 a. J.*C.
EKV, FEU, 291
Si une femme abandonne Tépoiix auquel on Ta légiliEne-
ment unie, qu'elle metiie dans la boue. G, 005. —
,.. Les lâches, les hommes faibles^, ceux qui prostituent
leur corpSj itsles plongent dans la fange ot la bouc, et
ik jettent une claie par-dessus- TaciL Gerni., c. là.
Fku, Dans le feu lu chevaucheras' ton corp?^ au feu, à
;\ la fumée ta chevelure... G. 41, 10(), — Voyez plus
haut les supplices de ceux qui ont violé le.s droits de k
Marche,
Le feu est un des principaux moyens d'épreuve et de
torture. Dans TEdda, !e roi Geirrœdr fait prendre un
étranger suspect^ du nom de Grimncr, que les chiens
n'osent attaquer. Et comme il ne répond à aucune
question, le roi éprouve sa constance par le feu, Grim-
lier demeure hnit jours durant silencieux entre deux
flammes, jusqu'à ce qu'elles le gagnent et que son
manteau commence à hriiler; alors il élève la voix,
mais c'est pour conjurer la flamme. Sœm, G, 700. ~
VoyezCrésns dans Hérodote, etdans la Bible les jeunes
hommes jetés dans la fournaise ardente.
Au quatorzième siècle, dans Têpoque la plus crnelle
de la tyrannie fiscale, l'eau et le feu sont employés à la
fois pour le supplice des faux monnayeurs; ils sont
ùimillh tout vif^. — ..JMptth, h-etlul Mt:snftfi'if}r aîl Hé
pris pfir notnf ba'tlli fie Coushnifin *'( par ict'Uni pour
ladite cause, m cojif^ssimi uiff, nmd^mpm n mort el à
t^stre bouti Et fpiont Udil Mf'suagier fa mh en (a
rhaadîh'fi ^ etc. — La coutume de Bretagne, réformée
en 1580, porle (article C3i) : Le^t faux m onuoyear.^ seront
bouillis, pms pmdax. Même supplice en Normandie. On
voit, à la Bibliothèque royale, un grand nombre de
i. Annùe 138Û, Voyez lc3 autres eiEcmplcs citf^a p^r Carpen-
tii?ri l, 61U^ aunéââ 13^7, iïîïi, tluprës les regUtrea du Trésor
des chartes» «
292 SUPPLICES.
quittances du quinzième siècle, par lesquelles les exé-
cuteurs des hautes-œuvres de Rouen, Coutances, Cacn.
Seez, reconnaissent avoir reçu certaines sommes po^ir
avoir bovilU ey^ chaudihe des faux monnayeurs*.
Terhr. On connaît le supplice des vestales, et, an
moyen âge, les oubliettes et les in pace. — Qtie rhow'*-
cide soit enseveli sous celui qui a été tué, Stat. fori Mor-
lanensis, 31, 32. Que le meurtrier soit enterré vif son
rkomme quil a tué. Charte du comté de Bigorre (anné»'
1238). — En 1489, à Zurich, on mure deux hommes :
De sorte qu'ils ne voient plus ni soleil ni lune, et qu'il
n'y ait d'ouverture que pour passer des aliments. — Or.
traînait les cadavres des malfaiteurs par une ouverture
pratiquée sous le seuil. G. 726. Le suicide est puni de
même. De plus, si l'homme s'est poignardé, on Ini
plante près de la tète un arbre ou un morceau de bois,
dans lequel on enfonce le couteau ; s'il s'est noyé, od
l'enterre à cinq pieds de l'eau dans le sable; i?i c'est
dans un puits qu'il s'est noyé, on l'ensevelit sur unp
montagne ou près d'un chemin, et on lui pose trois
pierres, l'une sur la tôte, l'autre sur le corps, la troi-
sième sur les pieds. G. 727. On craignait évidemmeni
que le mort ne revint et n'errât.
Supplices divers : _
Telle était, dit-on, la beauté de la reine, que les che-
vaux même eurent horreur de fouler des membres si
beaux. Saxo Gramm. VIII, 57. 6. 693. — Les fliles d»^
Francs, données en otages aux Thuringiens, furent atta-
chées par ces barbares à la queue de chevaux indompté.
Les Francs eux-mêmes traitèrent ainsi leur reine Bru-
nehaut, mère et aïeule de tant de rois. — D^autr*»
furent étendus sur Vornière des routes, et des pifux
- 1. Floquet, Hist. du privilège de S. Romain, î, 22".
DiVERS. W%
étant fixêi en terre, on fil passer de^îus des toitures char-
gées ^ t^t leur ayant brisé les os, on lex donna en pâture «*ia?
oiseaux ft aux chiens. Greg. Tur. 3, Los Indiens se jet-
tent d'eux-mêmes sous les roues des chars de leurîj
dieux ou de leurs rajahs.
Les guerriers du Nord faisaient, dans la chair des
vaincus, des incisions en figures d'aigle ou de hibou. G,
691-9, — Loi des Burgundes : Si quelqu'un a ienfé de
Jt>m/>fi7rr du faucon d'autrui^ le faucon mangera st:E
onces de chair sur son sein; s'il ue le veut^ il paiera six
jsolidi au tnaître du faucon. G. 690-
Que le franc-corale fasse saisir sans miscricorde cehu
qui aura trahi les secrets de la cour Weimiquej qu*il
lui fasse lier les mains, qu'il lui mette un linge devant
les yeux, qu'il le jette sur le ventre et lui arrache la
langue par la nuque du cou, qu'il lui passe une triple
corde au cou et qu'il le fasse pendre sept pieds plus haut
que tout autre voleur. G. 08i.
Chez les Perses, quand un homme avait touché des
vêtements impurs, on lui enlevait la peau depuk la
ceinture* Kleukcr, Yendîdad. G. 705* Gambyse fit ôcor-
cher vif unjuge prévaricateur, et fit siéger sur la peau
du coupable le jvge qui lui succédait. Voyez dans Plu-
tarque (Artaxerxe) et autres auteurs anciens, le supplice
€(es auges, celui de la tour de cendre, etc. Les supplices
encore en usage à Maroc ne sont pas moins atroces ^^
Dans les lois de Guillaume, roi d'Angleterre, ai't. 67,
on lit : Nous défendons de tuer ou pendre le criminel,
quel qu'il soit; mais on lui arractxera les yeux; on lui
coupera les pieds, ou les testicules, ou les mains, afin
qu'il ne reste plus de lui qu'un tronc vivant en mémoire
de son criroe, — Quelquefois on arrai-hail les entrailles,
et on les brûlait en présence du patient vivant et assis.
Tel fut le supplice de Thomas Blounl, sous le roi d'An-
1. Revue dos Deux-Moudes, juillet, août 1830.
294 SUPPLICES
gleterre, Henri IV ^ Voyez, dans Froissard el autres
auteurs du quatorzième siècle, le supplice des favori-
d'Edouard II, et celui d'Edouard lui-même.
On voit dans les règlements de Richard Cœur d€
Lion, pour le^maintien de Tordre sur sa flotte : — En
cas de meurtre, le coupable devra être lié au cadavre et
jeté à la mer, si le crime a été commis à bord des vais-
seaux ; s'il est^commis à terre, on brûlera le meurtrier
sur le rivage témoin de Thomicide... Quiconque daib
une querelle avait tiré le couteau et frappé perdait le
poing; s'il n'y avait pas eu de sang répandu, il était
plongé trois fois dans la mer. Toute parole outrageanlt*
était punie par une amende d'une once d'argent... Tonl
homme convaincu de vol devait avoir la tête rasée, êtn^
enduit de goudnm, couvert de plumes et déposé ainsi
sur le rivage*.
L'i lieres (le Larron) est pendable^ qui emble cheval vu
jument, et qui art meson de nuit^ et cil perd les euh, qvi
emble riens en moutiery et qui fait fausse monnaye^ et 9*/'
emble soc de chai^i^e; et qui emble autres choses, robe ou
deniers ou autt^s menues choses, il doit perdre roreUle tl
premier me/fait, et de Vautre larcin, il perd le pied *.
Loi de Frise : Si quelqu'un a fait effraction dans un
temple, et y a pris quelqu'un des vases, on le mène verb
la mer, et sur l'arène que vient couvrir le flux ; on lui
fend les oreilles, on le châtre et on l'immole aux dieux
dont il a violé les temples. G. 708. Dans les contes slaves
et orientaux, il est dit souvent qu'on coupe les oreille^
à des malfaiteurs, et qu'on les leur met dans la main,
ou dans la poche. Ibidem.
En Suisse, les blasphémateurs baisent la terre, ou
restent trois heures au carcan *. — Nousvoulons... quou
1. LiDgard, t. IV, anno 1400.
2. Rymer, I, 65; Liogard, II, p. 507.
3. ÉtabliFseuiftnts de saint Louis, liv. I, chap. 29.
4. Ruchat, Hist. de la Réf. eD Suisse, H, 324.
fende (tu hlaxphêmateyr la ièvre rfe desms d'un fer chftud,
ft que h'^ (ir:n(s lui appfirohsent ; à la tieree fois^ la ièvre
dessous^ et à ia ifuatre toute lu ùa$-iévn^ '.
Quand un Lansknecht est condamné k passer par les
tc^s, ît^ porte-f^teiiiiard roule FtHemlanJ el t'iifoiice la
jointe en lerre; les Lausknocht ouvrent un pastsag*! par
|ueî ou tail aller et venir trois fois ïe coupable, pour
|ii*îl di^e adieu et demande pardon ; ils laissent ensuite
Homber fes laucefi, dont ils dirigent la [toinie sur le
ituvre pécheur; le porte-étendard tourne le dos au
>leil, et les lances lui percent le iceur. ù. i>80.
Le texte suivant prouve que la guillotîne était connue
lès Je quinzième siècle : Ùémêtri (nche Génois, auteur
Vun soulèvement) e:sîetidii le col sur k chapptut. Le itour-
%u print nnt corde à laquelle tenait attaché un gros ItlûVf
tout une doulouère irtmchautu^ hantée dedans^ venant
t'amoftt entre deux poteau j\ et tira ladite corde en manière
tê le bloc tranchant à celui Génois tomba entre la teit*i ei
es épaules, si que la teste s'en alla d'un céiê et k cot'ps
iùmfm de tauire^,
La liste des supplices serait longue : décapiter, Dtn-
paler, jeter aux bètes» pendre le meurtrier sur la tonilje
lu mort, inntiler, oreiller ^\ etc.
L'exécution publique d'une femme était chose rare.
Grande quantité dji peuple &'y renditt j^tpécialemeni
e^fe^nmes ci filles, pour la grande noumauté que c*e$toil
vùi?' pendre dans la Franc^^ iirw femme; car oneques
ela ne fui veu drdnntt ce royaume' *. — Les 111 les avaient
privilège de pouvoir sauver un criminel en l'épousant :
iu moment oit Con alhit exécuter un très M Jeune fils
IViiviroH vingt-quatre anSj qui twait fait des pi lier tes
i. Gfirp. i\%, StiiL au. 134". Onlouii. II. U^.
a. Jean d'Aiilou» p. 23(ï de raQcleune éditimu Voy, rédtiioo plu*
3- DucaUije, vurbo Aiiricula.
4. Juan CharLier, p» 137, iituitîe iU&.
296 SUPPLICES DIVERS,
autour de Paris, une jeune fille née des Halles le vinthar*
diement demander; et tant fit par son bon pourchos, quîi
fut ramené au Chastellet et depuis furent espousez enstm-
ble'.
Dans la simplicité des mœurs antiques, il n*y a pai
de bourreau. La société elle-même exécute ses arrêt»,
comme on le voit plus tard encore dai^s le supplice da
soldat passé par les armes. Souvent ce sont les coa-
pables qui exécutent la sentence l'un sur l'autre. Capî-
tulaires : Qu'ils se coupent le nez, quils se tondent Cm
lautre. Voyez dans la Confession de Sancy, l'histoire
des cordeliers condamnés par Coligni à se pendre l'un
l'autre *. — Quelquefois le bourreau, c'est l'un des juges,
le plus jeune des jurés, le plus jeune des hommes mariés
de l'endroit. En 1740, à Bûttstadt en Thuringe, le plus
âgé des parents du mort fut chargé de décapiter le meu^
trier. G. 882.
Les biens meubles du condamné étaient souvent par-
tagés entre ceux qui prenaient part au jugement ; —
S'il y a un cheval, une cuirasse ou autre bien, cela
échoit au juge ; ce qui est au-dessus de la ceinture, à
l'huissier; l'épée, le couteau, et ce qui est au-dessous de
la ceinture, au bourreau." Statuts d'Augsbourg. Ibidem.
\. Journal d'un bourgeois de Paris, p. 1Î9, année 1129.
i. D'Âubigné, Confession de Sancy, sub fin.
CHAPITRE DOUZIEME
PEINES iM'AîJAMRil,
Le coupable, le vaincu, <[ui avoue son crime ou &a
défaite, est mou mis quelquefois k une cérémonie humi-
liante qui constate sâ dégradation.
Quand une ville forfait an devoir féodal et qu'elle f^sl
forcée à demander gr^ee, oa enlève la porte des gonds,
et le vainqueur fait son entrée en chevauchant dessuij.
G. Supplém*
L*exposition du vaincu, du coupable, dans un panier
ou une cage, se rencontre plusieurs fois dans riiistoire :
le suUan Bajazet, le roi des Anabaptistes, Jean de Leyde,
etc. — Spjs pn l'en (s sr' } -a nn^i mutent ^ se prffc ip iîf^ut sur lu i
Ht le lunni dam la cage oit il est renfermée Greg* tur. 8, 18,
G. 7âG,
Le Iraiteniêotle plus honteux qui ait jamais été inlligé
aux vaincus est sans doule celui que les Milanais auraient
subi en J ll5:i, si l'on en croyait Hermann Cornerus^
.,* Battus et toûdus, ils sont tenus de se prumcutir
contre leur gré, autour des dix héritages voisins. Lex
visîg. VIj % 3. — Qu'il porte son déshonneur par toutes
les églises conventuelles; c'est ce qu'on appelle vulgai-
rement Harmiscare. Epist. Innocenlii IH, lib, 13^ ep.
i, Hcrm, Corner us, apud Eccard. Il, li'J.
298 PBLNBS INFAMANTES.
135 (année 1210). — Pieds nus, lôte découverte, ei
portant des glaives tirés sur leurs têtes... — Tous le-
principaux citoyens de ladite ville (de Tivoli) se présen-
tent nus, couverts seulement de leurs caleçons, et por-
tant dans la main droite leurs épées, des balais dan>
la main gauche; ils se dirigent ainsi vers le i^hi^
(d'Othon 111). — Les susdits, le chevalier et l'écuyer
feront des processions que Ton appelle vulgairement
hachàesy l'une, et ce sera la première, à partir du lieu où
Ton dit qu'ils ont méfait, jusqu'à la sépulture dadit
prieur..., les autres, les jours de dimanches ou aui
fêtes solennelles, et ce, nu-pieds, en braies, en chemisr>
de toiles à sac, et le susdit écuyer aura au col un petit
drap (panellum, petite bannière?) percé, et il fourrera
sa tète par cette ouverture, et ils porteront des vergfs
à la main, et ils diront: Ainsi nous faisons pour la peine
qui nous a été imposée à l'occasion de la mort du prieur
Jean. Ch. de l'année 1246. Ducange, verbo Harmiscara.
— Si quelque noble, ministérial ou laboureur est
trouvé coupable d'incendie et de pillage, qu'il soit, avant
d'être puni de mort, et pour plus grande honte, tenu
de porter d'un comté à l'autre, le noble un chien, le
ministérial une selle, le vilain la roue d'une charrue.
— Frédéric Barberousse obligea ainsi le comte palatin
et les dix comtes ses complices à porter les chiens l'es-
pace d'un mille allemand. G. 713-710.
Enportera, se vos le commandes^
Sue sa sete à Paris la citéj
Ti^estos nus pieSj sans chauee et sans soler,
La verge el poing, corne home escoupé,
Kyi portera del bore de Saint Denis
Nue sa se le deci que à Paris
Nus pies en langes ^ corne un autre chelis,
La verge el poing, si corne d'orne eschis.
(Roman de Garia le Loherens.)
PORTER LA SELLR. 29ft
Que voU'e sdte d'tnt bel ^mit ti nr^r}.
Port itor HOîi chef^ une tkuc de randoUj
Nus pks en langi's^ tY* &fi sûmbk misQn. —
Qui devant moi veti'lrd tiyenoifier
Nus piez en langes, por la mari-i proit}\
la selie uu €olj quû tendra ptr î%'$tritir
(Gérard de Vienne.)
Quant a RkliaH mni U quem Um,
Une selle â son col pendue.
Son dos offri a ehvMauckwr ;
iVe se pot plus humeHej\
Es toit Gù us tu me à <^et Jour
De querre jnerchî à ^eifjnour.
... Guittuume vint û rnerchî
Nuz pleZi une selle à son coL
(Roman du non.) G, 719.
Dâfis la clironique de Normandie (Duc- fi, 337) : ffue
prend une selle ci la mel vwï' son col, et tout â pkd sen
vtni û la porte ^ où les deux en fans du duc iUckard esloieni,
et se lahsa dwuh- aux pieds de Hkhard fils du due^ afin
que iîickard k chevanchast s*il lui plahoit ^
Hugues de ChdionSj reconnoissant quil uavoit aurun
moyen du réstsler à une jfi redoutable armée , vlni^ porUint
sur ^es épaules une selle de cheval^ se rouler aux pieds du
jeune Hkhard, imphranl, en supplianl, -von purdon*.
Jeaa d'AvcJsnes, comte de Hatnaut, attaqué |>ar Cluirïcs
de Valois, va au-devant de lui, ayant uji fil d*f y oie au-
tour du cmij en guise de hart (l!292)^ — Les gentih-
{. Daus les fabliaux» Je nuM Arï^totn se iîii^sii cheBaucher^ avec
aellc et briiU^ juir la dame dout il cat vpvh. Voyez le charmant
Lai d'AristottÏT dt la notice curieuse de M. LaQgloi>f, 8iir tf»
âtalks iJe la CitLhL'drdc de Itoueu,
2. GuUL GeineL IJl), 5, c, A.
3- Art. de V, les dates, c, de lïftiaaiit, t. XUL
300 PEINES INFAMANTES.
hommes^ faits prisonniers à Oursay el amenés à PatU^
tenoienl chascun en la dextre main une espée toute nm
par le milieu de Valemelle, la pointe contre la poitrine, ^a
signe de gens rendus à la voulentédu prince (an 1423)'.
Un serjant de saint Louis ayant frappé un des cheva-
liers de Joinville, celui-ci s'en plaignit au roi, qui lui lit
faire droit : — Et li droit fu tel selon les usages du Pais,
que le serjant vint en ma herberje deschaus, et en braies,
sanz plus; une espée toute nue en la main^ et s'agenoilk
devant le chevalier^ et li dit : Sire, je vous amende ce qvr
je mis main à vous; et vous ai aportée ceste espée pour^t
que vous me copez le poing, se il vousplet. — Comme des
chevaliers de Joinville chassaient une gazelle, des Hos-
pitaliers coururent sur eux, et boutèrent, chacèrent nos
chevaliers. Et je me pleing au Mestre de VOspilal; et U
viestre de VOspilal me répondi que il m'en ferait le droit,
el Vusage de la Terre sainte, qui estait teie que tt ferait
les frères qui t outrage avaient faite, manger sur leurs
mantiaus, tant que cil les en lèveraient à qui Vùnlrage
avoit esté faite *.
Ean du Seigneur 1395, le jour de l'Epiphanie, commt
rUlustre duc Guillaume, comte d'Ostervant, était assis à la
table du roi de France avec beaucoup d'autres princes^
suroint un héraut ^ qui se mit à couper et à diviser la toiU
de la table devant le susdit comte, disant qu'il ne devoii
pas s^asseoir à la table royale, le prince qui était privé
d'a7*meset de bouclier. Et comme Guillaume répondmtqu'U
avoit armes et bouclier, le doyen des hérauts répondit :
Point, Monseigneur, car Guillaume, comte de Hollande,
ion grand-oncle, a été vaincu jadis par les Frisons, et
aujourd'hui encore il est couché sans vengeance sur la
terre ennemie^.
Se aucun chevalier, ou gentilhomme avoit fait Irahison
1. Journal du Bourgeois de Paris, p. 93, année 1423.
2. Joinville, édit. de 1761, p. 106-7.
3. Ducànge, IV, J. de Leyde, 1. 31, c. 30.
COUP En LA 3VAPPK. 301
eï} aticune parlk, et e^foil assis à fable avec aitlre^ cheva-
liers ^ fjenlihhommes^ ledit rotj d'armes ou héraut lui doit
a 11*^1' couper sa touallle devant lut, et lui virer le pain ou
cotttraire, s'il en esl requis par aucuns chevaliers ou gen--
titshommcs, lequel doit esireprest de le comlmttre sur cette
tltierelk; car ce n'esi pas belle chose que un traistre soit
honnouré comme im autre chevalier ou genf'dhtjmme, —
Cedui Her'rand laissa de son temps une telle remous^
irance en mémoire dedisnpline eide rhevalene^ dont nous
parlons f que quiconque homme no h le se fourfaisoit îrrê-
prochahlemeni en son estât ^ on lui venôii au manger (ran-
rher la nape devant soiK
Un clievalier félon devait avoir des bottes sans épe-
ron, un clieval sans fers, sans selle, et une bride d'é-
i'orce. — Se aucuns hons esloit chemller et ne fusl pas
gentis hons de pjaragfi^ ains le porroit prendre H rois ou
fi àer*, en qui chas tel 1er ie ce serait et trencher *e.ï espé-
rons ^evr un fumier. Etabl. de saint JjOuîs, J, 130.
Uuelquefoîs on le faisait chevaucher par lu ville^ sur
un cheval déferra!!, ou bien avec tin, deux ou trois fers
seuJement. G. 712.
Le diffamateur f?e frappait publiquement la bouche,
et disait ; Bouche tu mentais, lorsqu'ainsi tu parlais*
G. 711* En Suède, le calomniateur payait TAmende des
b>vres, se donnait un coup sur la bouctie et sortait à
reculons du tribunal.
Si qaelquan a produit un fauj; témoin, quHl perde
le nez et la lèvre jusqu'aux dents. (Stat. Avenion., 1243).
G, 7CK). On attachera au faux témoin sur la poitrine
deux langues de drap rouge, longues d'une palme et
demie et large de trois doigts; on lui en attachera deux
autres par derriCîre entre les épaules, avec ordre de les
porter toujours ',
1. Tractatns ms. De <jfflcio heralilaruui,
2. Ducange, IV, 223.
'^Qt PEINES INFAMANTES.
Le voleur convaincu de larcin sera tondu, comme le
duelliste mercenaire ; on lui versera de la poix bouil-
lante sur la tôle; et sur sa tête encore on lui secouera
des plumes d'oreiller, afin qu'on puisse le reconnaître.
Gh. Richardi régis Angl. ann. 1189. Rymer i. 65, G.
725.
Quelques-uns ayant maltraité une religieuse^ Vtufant
enduite de miel^ routée dans des plumes et promenée a
rebours sur un cheval^Philippe- Auguste fit noyer les
coupables dans une cuve d'eau bouillante. (Année 1198j*.
Quand le délit est peu grave, le coupable en est sou-
vent quitte pour quelque cérémonie grotesque. II faut
au peuple des spectacles terribles ou ridicules. Une
femme qui avait battu son mari devait monter à re-
bours sur un âne et parcourir tout Tendroil, en tenant
Tàne par la queue. — Cette peine était aussi en vigueur
dans la Hesse supérieure; le bailli deHombourg décida
en 1593, à Marbourg, que la femme qui aurait battu son
mari devait, suivant Tancien usage, monter sur un âne,
et que l'homme qui se serait laissé battre conduirait
l'âne par la bride. — Le mari battu était soumis à la
même peine : Jls sont contrains et condempnez à chevau-
rhiev un âne, le visaige par devers la queue dudit asne'.
A Vernon, un voisin chevauche pour le mari en procla-
mant son nom. — Ailleurs, la peine est commuée en
argent, 1447.... Payer par forme d*asne, Leur part dudit
asne.
Siunhomme est assez efféminé pour se laisser gronder,
crier et battre par sa femme, sans lui tenir télé et sans
se plaindre, il sera tenu d'habiller de drap les deux ser-
viteurs du conseil.de ville, ou, s'il n'en a pas les moyens.
1. Raucner, Hohenstaufen. V. 63.
2. GoustiiDie de Senliz, 1375. D'autres docucnents de Saintou::'^
et de Dreux, 1401, 1417, se trouvent daas Carpeolier, verbo Asi-
nus, I, 321), et Ciptivare.
PEIF4BS GROTESQUES. 3Ô/t
îl sera emprisonné, et on lui enlèvera le toit de sa mai-
son (année lôOl). G, lU,
Si deux fetnmes se qiicrclienl jusqu'^ se baLtrCj en se
disant en même tecaps des injures, elles porteront^ tout
le long de la ville et par la voie commune, deux pierres
attachées par des chaînes, et ces pierres pèseront, à
eïles deux, un cent; la première les portera de la porto
orientale à la porte occidentale, pr^ndant que l'autre la
stiniulera d'un aiguillon de fer fixé à un bâton, et toutes
deux iront en chemise : la seconde prendra ensuite les
pierres sur ses épaules et les reportera à la porte orien-
tale, la première la stimulant à son tour. Jura tremo-
nensia. C- G. 7âl.
S'il arrivait qu'une femme sans conséquence adressât
à une jeune lUle honnête des paroles blessantes pour
tâou honneur, on lui attachera au cou, par une chaîne,
deux pierres À ce destinées, et les gens de justice ta
mèneront publiquement par la vilte, et ils sonneront de
la trompe devant et derrière, pour la narguer et bai'oucr*
Droit de Hambourg, au née MUT, G. 720.
Si une femme en injurie une autre , si femme ou
servante en lire une autre par le^ cheveux, la frappe ou
Foutrage, et que cependant il n'y ait point de blessures^
la femme doit donner, en réparation^ un sac neuf de six
aunes et un muid d'avoine, le tout accompagné d'un
ruban de soie rouge de deux aunes, peur fermer le sac,
G. 668. Droit de Hanovre.
La femmi' qui dira vilonh à autre ^ si rùuum de putage,
pniera, ou eU portera la pierre. ^ touu nuv- an m chemise,
à la procession, et celé la poindra aprèsfj an lu nage d^nn
aijuiiion '.
Outrages k la pudeur, viol : Theudelinde ayant tendu
la coupe (l Aulharis, qu'elle ne savait pas être son
1. Carpentier, ati \IVI^ ex Charlul Cnmpan., fal. .tl^l, tti Dii-
304 PEINES, OCTRAGES
fiancé, il but et rendit la coupe; puis, sans que personne
pût l'apercevoir, il lui toucha la main du doigt, et se
passa la main du front au nez sur le visage. Elle, cou-
verte de rougeur, va conter le fait à sa nourrice, et celle-
ci lui dit : Certainement, si ce n'était votre fiancé royal,
il n'oserait point vous toucher. Paul Diac. G. 632.
Si un homme libre a pressé la main ou le doigt à "O'
femme Hb7*e, il sera passible de t amende de XV soUé'f.
C'est ce qu'on payait pour le vol d'un bœuf d'an an.
On connaît la remarquable disposition de Moïse : La
fille a crié, et n'a pas été entendue... ,
<( La loi des Allemands est là-dessus fort singulière. Si
l'on découvre une femme à la tête, on paiera une amende
de six sols; autant, si c'est à la jambe jusqu'au 'genoo;
le double depuis le genou. Il semble qu'elle mesurait la
grandeur des outrages faits à la personne des femmes.
comme on mesure une figure de géométrie*... »
Lois de Galles : Si la jeune femme accusée ne veut
se justifier, qu'on lui déchire sa chemise jusqu'à l'aine:
qu'on lui mette à la main la queue d'un jeune bœuf d'un
an, dont on aura oint la queue; si elle peut le retenir
par la queue, qu'elle reçoive uiie partie de sa dot; <i
elle ne le peut, qu'elle n'ait rien... — Si, se tenant sur
le seuil, elle peut retenir un taureau de trois ans, dont ou
aurait frotté la queue de suif, en la faisant passer parunc
porte d'osier, alors que de part et d'autre deux homme>
exciteraient l'animal, la jeune fille l'aura en compensa-
tion de l'attentat à sa pudeur; mais si elle ne le peut,
elle aura tout le suif qui lui collera à la main. G. 679.
La femme qui aura eu un enfant illégitime portera
cet enfant autour de l'église; elle sera nu-pieds et velue
de laine ; ses cheveux seront coupés par derrière, et sa
robe coupée de même. G. 711.
La fille à qui l'on aura fait violence se présentera le^
1. Montesquieu, Esprit des lois, livre xiv, c. 1*.
A LA PUi/ElR. Mis
eheveux en désordie, le visage triste, telle qu'elle a
taUsérhomme, et elle dira au premier qu'elle rencoD-
treraj puis à un autre, sa honte et son déshonneur... à
sa main sera son voile. G. 633.
Chez les Ditmarses, quand une ftlie devenait enceinte,
on pouvait, avec le conseil et Taide des amis dç la
famille, rensevelîr toute vive sous la terre ou sous la
glace. G. 091.
Statuts de Brunswick : Qu'on enterre toutes vives les
femmes qui en livrent d'autres (les entremetteuses),
Leibn. 3^ 139. De plus, on leur enfonçait un pieu dans le
sein, et Ton déposait des épines sur leur tombe.
Statuts d'Augsbûurg : Si quelqu'un fait violence à des
jeunes lllies, à des femmes, ou à des femmes en Voyage,
et qn*on le surprenne en flagrant délit, qu'on Tenterre
lout vif, tel est le droit,
Jfhnn de Champin vavt ^i prisl à forçt^ Jehftnne de la
fi race ^ pour kqmi fait il a Hé noyé. G. 696,
Ce sùnt les droùn du Roifdes Ri baux en Cambvay, Ledit
rot/ doit avûiï\., sur chacune femme ^ qui s'accompugne de
fi'fmmt^ canielemenl^en tvagmtnt nm argent... fifUj solz
parisi^ pour une foiJt. Item .mr toutes les femmea qin
c ennenlen ta cité, qui sont de rordotmancej pour la pre-
mière foisj deux s oh louî'uois *.
Peines de l'adultère :
Loi indienne : Celui qui parle à la femme d'un autre,
dans une place de pèlerinage, dansui^ forêt, ou vers le
confluent de deux rivières, encourt lï peine de l'adul-
te re ^
Pour adultère avec une femme de Brahmane qui était
^'ardée, un Yaisya sera privé de tout son bien afirùs une
détention d'une année; un Kchatriya sera condamné t
1, Girpentîer, III, p. 9L
2* Mttnou, p, 305, J3j6,
*Î06 PfiLNES
nulle panas d'amende, et aura la tôte rasée et arrosée
d'urine d'Ane '.
A celui qui souille le lit de son maître spirituel, on
imprimera sur le front un signe des parties naturelles
de la femme; pour avoir bu des liqueurs spiritueuses, le
drapeau d'un distillateur; pour avoir volé Tor d'un prê-
tre, le pied d'un chien ; pour le meurtre d'un Brahmane,
rimni^^* d'un homme sans tête -.
Peine de Tadultère chez les Germains (Tacit. German.,
r. xix) : L(^ mari l'ayant tondue et mise toute nue, l'ex-
puUe de ïa maison en présence des parents; puis il la
tdias^e A coups de fouets par le bourg ^... — Chez les
Saxons, la femme adultère devait s'étrangler elle-même;
puis on brûlait le corps, et le complice était pendu au-
dessuiï du bûcher... — Loi anglo-saxonne : Si quelque
femme ou 1111e est trouvée en déshonnèteté, que ses vête-
nt ent:? lui soient coupés autour, à la hauteur de la cein-
tuie^ et qirelle soit fouettée et chassée au milieu des
risées du peuple. — Coutume encore existante en An-
gleterre : Si la veuve d'un paysan est convaincue
d 'adultère, elle est obligée de monter sur un bélier
noir, tenant la queue en guise de bride, et de réciter
certaine formule populaire... — Ignominiosa lapidum
pestaLio in eonfusionem fiagitiosiconcubitûstoties célé-
bra (a f^iw etiamnùm extat.,. Asservabant in curiis duos
lapides {{uos lapides publicos seu civitatis vocabant ,
stadzëiî^ shaa; hi scapulis adulterse impositi sunt, ac
deindè funieulus^ génitale adulteri membrum adstric-
(uiâ, (]\iù aie uneraTa sessorem suum per oppidum publiée
eirrumdurt^bat, etc. *.
i. Mcinou, p. 308, § 375.
2. Mamn, p. 354, § 2S7.
3^ Celtt* eoutuine existait encore au temps de S. Boniface,
cotiuue au le voit par une de ses lettres.
i. Siiernhnok, De jure SueoDum, lib. I, p. 19, 326. — Oucange.
iV. 32.
DE l'aDCLTÈHE, 30 i
La leninie ad altère doit dégoerpirj sans emporter
rien autre qu'une quenouille et quatre pfenniugs. Droit
de Soleure, arniéc 1500, G, IH.
Que l'adultère et la complice soient publiquement fus-
tigés devant le juge, et ensuite brûlés. En Wisip. G. 099
— Le roi dn Portugal, Henri, {Hablit fa même peine,
pour le même crime. — Pierre III d'Aragon permît au
mari de tenir sa femme adultère en charte privée, au
Itain et à Teau K — Ditmarus, lib. n\L p. 106 : Si quis
(apud Polonos adhue paganoià) alienis abuti uxoribus,
vel fornicari praesumit, banc YÎndictœ snbsequentis
pœnam protinus sentit : in pontem mercali is duc:tus is
foliem testicuïi clàvo affigitur, et novacula prope posita,
bii^ moriendi, sive de his ab&olvendi dura electio sîbi
datur.
En 1314, les deux amants des bclIes-filles de Philippe
IV furent écorchés vifs en présence du peuple (e^ tinlta
ftmputata]^ puis pendua. — Lettres de rémission (année
139i) ; Julie fhtiete avoit oy dir^ fine Mï compaîf^no/is dr
hi fmckelerie lie in L^'it^pré.s de la linch^lte^ ont acoii.shané
te dijmfjiche dt^ la Trinité chacun an à ùaig?n?rt'n un fo,'isê
phin d'eaUj appelé Lorteniguei} hommes et femmes de-
i. Goûstitution^a PetH [El, régis Aragan. : Dictus Johanutis^ si
inam (uïorein auaai) vuU, habeat teiipre in cîoino proprîa, et lu
ip^a ilomo proprïa bnbeal ftieere (loimïticulaîiJ îpse Johciuurs ha-
benlein ïij palmo» âi} lr>iigItLii11[ii< cl sex do latitudine ut diin!^
l'anîias de alaturfi sive de anUufîine, et quod hahcat dare eidcuî
Eulaliie vmuTti saclipay suffît ien s in n^o dorniiat, et niium lodi-
ceio eiun f^uo valeal se cohopenre, et facere in dicta domo unum
idot ^ive foranieiiT in quo posait solvrre tributa ventrii^ nahiraSia,
i^t per qnod forameii ex^aiit il la fetida, et....*, uimm ft'iH^sUaui
in eâdeiii domo, per quam denlureidem Eulalia* vieLualîa, vide-
ncet quod dictviR JohaiiQcs dabit aibi xviij uuciaB panis cocti toru-
petcrijjs proquàUbet die et aqnam *^\iaiitam vohiiTit ditla Eulalia,
L*t quod non dabit sibi aUquid^ fl^iU faeîet dari q\iod illam pra^-
eipilet ad inorlem, autaliquid alUid faciet ut dicta EnJalia moria-
tur, Carpeiitier, l, 86. Voyeï au&ai Duc, verb, Adulterium, Trotare
vl Alolfanum,
308 PEINES DE L*ADULTÈRE.
meurani audit lieu de la Leu, qui ont eu compagnie cA?//-
nelle contre leur mariage avec autre.,. Pour la vergogne
du monde, crainte dudit baing et batizons, icelle HelieU
vouloit aler et fouir hors du pays, — Autres lettres, an-
née 1479 : Le suppliant par joyeuseté et esbatement com-
mença à dire à Nicolas-le-BlanCy qu*il estait marié en son
pays^ et que néanmoins il avoit esté trouvé avec unf
femme en la ville d'Eu^ et avoit eu sa compaignie; par-
quoy il fallait qu'il fust emplumé^ ainsi que estait les
autres y qui aloient avec autres femmes que les leurs '.
i. CarpeDlicr, verbo Âdulterium. Trésor des ch. reg. i4i,
206.
cuAPiTRE treizième;
LE DÉBlTEvTR ISSOLVABLE,
Lois des XU Tables : Qu'on l'appelle en justice. S'il
n'v va, prends des témoins, conlrains-le. S'il diffère et
veiit lever le pied, mets la main sur lui. Si Tâgc ou la
maladie lempéchent de comparaître, fournis un rlicval,
mais poiut do litière. — Que le riche réponde pour le
riche; pour le prolétaire, qui voudra. — La dette
avouée, l'atTaire jugée, trenle jours de délai. Puis,
qu'on mette la main sur lui, qu'où le mcnc au juge. —
Le coucher du soleil ferme le tribunal. S'il ne satisfait
au jugement, si personne ne répond pour ïui, le créan-
niervivedu sien. Sinon, donnez-lui une livre de farine,
ou plus, à votre volonté. — S^il ne s'arrange point,
tenez-le dans les liens soixante jours; cependant pro-
duisez-le en justice par Iroîs jours do marché.'^, et là,
publiez à combien se monte la dette. — Au troisiùrae
jour de marché, s'il y a plusieurs créancier!^, ryulls cou-
peut îe débiteur en plusieurs parts (in partes secanto).
S'ils coupent plus ou moins, qu'ils n'en soient pas^res-
pensables. S^ils veulent, ils peuvent le vendre à l'étranger
au delà du Tibre,..
310 PRÊT ILLICITE, USURE.
In partes secanto, doit s'entendre de la personne el
non des biens, puisque la loi présente ensuite comme
adoucissement l'esclavage, la vente du débiteur à Félraih
gep^ .
Cette rigueur ne peut surprendre. Le débiteur, \f
proscrit, le vaincu, Fennemi, paraissent sous les mêmes
traits dans les lois barbares. L'humiliation du serf qui
se donne, du vassal qui fait hommage, qui se fait
rhomme d'un autre, est constatée par un cérémonial
analogue à celui de la cession des biens.
L'atrocité de la loi des XII Tables, déjà repoussée par
les Romains eux-mêmes, ne pouvait, à plus forte raison,
prévaloir chez les nations chrétiennes. Voyez cependant
le droit Norvvégien. G. 617. — Dans les traditions popu-
laires, le juif stipule une livre de chair à couper sur k
corps de son débiteur, mais le juge le prévient que S'il
coupe plus ou moins, il sera lui-même mis à mort. Voyei
le Pecorone (écrit vers 1378), les Gesta RomanonuQ
dans la forme allemande, et le Merchant of Venice de
Shakespeare.
Moïse s'efforce déjà de prévenir le prêt iilîcite. Il
défend de prendre en gage ce qui est indispensable à
l'existence du débiteur : — Vous ne recevrez point en
gage la meule de dessus ou de dessous, parce que celui
qui vous l'offre vous engage sa propre vie. — Si votre
débiteur est pauvre, le gage qu'il vous aura donné ne
passera pas la nuit chez vous. Mais vous le lui rendrez
avant le coucher du soleil, afin que, dormant dans soo
vêtement, il vous bénisse, et que vous soyez trouvé juste
devant le Seigneur votre Dieu ".
Les capitulaires défendent d'acheter le blé sur pied,
1. J'ai cotntueuté cette loi dana mon Hist. romaine [I, 134-1,
2« édition); on y trouvera le texte épuré de Dirkseu, ibid.,
p. 343-357.
2. Deuter, c. 24, § 12-13. Exod.,c. 22, § 2<i.
UONNKT VERT, 31 1
ni te Pin à la vigne. Plusieurs fJe nos Coutumes exc^p- '
t*îîJt des choses qu'on peut engager : tatfehge df* bœnfs^ I
le /iot/att^ la charrue. If. charioi '. Défense aussi dans les
diverses lois du aïoyen %c de prêter sur le* étoJTes usées,
les peaux mouillées, les habits sanglants.
Celui qui sera trouvé usurier fera trois dimanches do
suite le tour de Téglise, l'eau hénilc à la main, nu-pieds,
velu de laine, et un uhapeau de juilsur la lète, (Année
Se aucun autre qut^ c/ievftiirr doit dete..., il doit estre
licf'é à celui à t/ui il doii ladite de(e^ ei il le peue t^nir
com son e^^claf, tant qu*^ il^ ou autre pour lut, ail paie ou
fait sou gr*^ d^ ladite dete ; et il le doit tenir sans fer,
mais que un aneatt de fer au bras, pour }*ecûnnoiisance
fjue il est â pooir d' autrui pour dete *,
6'e desci'indre, c'est le signe de la (Cession de biens. Le
débiteur fait cession, desceinl et tête nue^ selon Tédit de
Louis XII, ann<^e 131:2. En certaines villes d'Italie, celui
qui fait cession a payé pour toujours, « s'il frappe du
cul sur ia pierre en présence du juge'. »
Le vassal eu faisant hommage doitrf^«mfl(/re m cin-
tare y ei ôter son épée et hâton. Coutume delà Marche,
art. 189. — De môme, dans Tancicmie chronique de
Flandre, c. 19, le comte de Boulogne, se réconciliant
avec saint Louis, son neveu, laisse sa reintureet son cha-
peron. Monstrelet, ch. 45 : 11 est requis que le due de
Bourgogne fasse émende konorahk à ia veuve et au^x ^i»-
fanlB du dm d'Orléans Kans courroye et sans chaperon
étant à genoux.
Des arrêts de ltK)6 ont jugé que tauM ceux qui faisnirnt
cession ds èiensy sait quils eussent été ruinés par leurs
débauches ou par cas fortuit^ étoieni obligés indistincte-
\, Dombee. ni»9, ami. 1325. Carpentîcr, vDrbo Arîir.
S, Asâiscs de Jcrus., ch. 119.
3. Uur., L, 106.
312 SAISIE. — EXTORSIONS.
ment déporter le bonnet vert. D'autres arrêts ont déci*;-
que ceux qui avaient fait cession de biens pourrotrn
être réintégrez dans les prisom par leurs créanciers, *
les créances les rencontroient sans le bonnet vert *. De?-
préaux, Satires : Du bonnet vert le salutaire affront..
Voyez Sidoine Apollinaire (epist. 6, VII), et Jean de
Damas, au sujet du xd^tvoç des Béotiens.
En Allemagne, le créancier qui avait en vain somme
le débiteur de payer lui dénonçait le tableau infamant
Il faisait exécuter un tableau grotesque, dans lequel le
débiteur était représenté de la manière la plus avilis-
sante. Tantôt c'est maître Urian (le diable) et la bète il*^
l'Apocalypse qui viennent arracher le débiteur de ts
tombe; tantôt, il est au milieu des flammes deTenfer.uJ
sur la roue, ou pendu à une potence, et des corbeaux
déchirent son cadavre. Cet usage ne fut aboli que par lo
recès de TEmpire en 1757. Voyez Selchow, elect. juri?
Germ., p. 336. G.
■ Couvrir le feu de son finatier^ c'est le signe du hah,
saisie, et main-mise du seigneur de fief, quand son sujc'
ne luy paye pas ses droits et devoirs. Comme aussi f i»»
affige un panonceau^ Von met un brandon, ou une croix,
en signe de saisie '. — Dans^ les Coutumes de différentf>
provinces, on se sert de l'expression : Brandonner ihér»
tage.,. qui est, quand on fait saisir ou an^êter les fruit
pendants par les racines ^ en signe de quoy on pique dfV'>
la terre un bâton garni de paille. Comme aussi on aitark
à la porte d'une maison saisie un pannonceau aux arm'^
du roy. On dépend aussi Vhuis de la maison en signe d^
main-mise et d'exécution. — Statuts de Fulcrand, arch»^
véque de Bourges : Quelquefois ils forcent les ecclési'i^-
tiques à contribuer aux tailles, ils fennent leurs demeurr^.
ou ils attachent par malice l'ouverture des portes à h
1. Laurière, I, 467, 206.
2. Coût, de Solle, tit. X, art. 8; Lauiière, I, fOl.
SAISÏ!-:. — EXTOHSIOXS.
:m
mwatile^ ou bien ih placent au Iract^rs de la porte un pi
dfjnt lis rarliH^nt les déntx fjouLs^ afin qnils ne pui.iMnt
entrer dam It^itn maUonSy ei qtte^pomsés à bout, ils vompa-
rfiù^eni devant eux' e4 ne conforment â tûnr volonté^. —
Pourront ledit seigneur Abbe ei lex siens ^ par euj:-méines
ou par ieurji gens, {tore et fermer â clé les maisons des dit s
hommes '.
f . Cappen lier, 475, Ban^e i a rc ,
i!* Cttrpeiitierj 1, ïlèo, Pactoin inter Ayrn*M- Je Narb, pt abbal,,
aiino 1317; Trùior îles ehartes, reg. 6L cb. 433,
IH
CUAPITRE QUATORZIEME
PROSCRIPTION, BANNISSEMENT. — L AUBAIN, l.E BATAAO.
Le juge de Nuremberg, qui prononçait la sentence d»'
bannissement, devait, si le coupable éïxkïi un Franco-
nien, se tenir sur terre de Franconie, au delà du pont
près de Furth, sur la route vers Neuensladt ; s'il êtail
Souabe, le juge siégeait sur le territoire de Souabe, an
delà du pont de la Pierre, sur la route d'Onolzbach ; si
Bavarois, devant la porte aux Femmes à Nuremberîr:
enfin, s'il s'agissait d'un Saxon, devant la porte de la
Ménagerie sur la route d'Erlangen. G. 399.
... Seront présents le lieutenant, tous les jurés, et
schœffen du Rhingau et le messager de justice. Le lieu-
tenant aura deux gants blancs et montera de son pied
droit sur la pierre qui est à Lutzelnau, en haut du chemin
de traverse à droite, au nom du seigneur de Mayence;
puis il jettera un des gants, en disant : Je me tiens iri
aujourd'hui, et j'ôte à Jean ou Conrad le droit du pays,
déclarant sa femme veuve et ses enfants orphelins, a>^i-
gnant son bien à l'héritier et ses fiefs au seigneur suze-
rain, le cou au pays, le corps aux oiseaux. Désorniai>
nul ne peut méfaire en sa personne, nul ne peut lui
rendre le droit du pays, si ce n'est par notre seigneur
de Mayence ou son lieutenant, et cela au susdit lieu du
PfiOSriiîPTÏOX, BANNISSEMENT, 315
jugement, i\ Liili€'liiau, i-oiTime il est i»resci'it sur la
pif*rre tle Lutzelnau. G. 1534.
Les rirheiî lar^'esaes, leK dons de glaîveSj toutes les
joies et nouiTihire de la patrie n'exi^leront plus pour
votre race... — Où donc aiira-t-il la paix^ l'homme mis
hors la loi du pays? Et les .schœflTfî répondent: Là où
Ton ne peut le voir iiî l'entendre. G, 731,
Formidcs weimiques : Je te relire aujourd'hui tout
droit de pays, tout honneur, à cause du coup de mort
que tti as frappé sur la route d*Empire, Doue, je dépars
ton corps aux gens du pays, au seigneur Ion lief, Ion
héritage à qui de droit. Ta femme [égilinie est de droit
veuve, tes enfants do droit orphelins. Je te mets de juge-
ment hors jugement, de grâce eu disgrâce, de paîx
hors ta paix, de sorte, quoi qu'on fasse, qu'on ne puisse
méfaire en loi. G. li{)-ii.
Nous te Jugeons, te bannissonsj te desMluons de tout
droit pour te mettre en tont non-droit; nous faisons ta
ménagère Inégalement veuve, les enfants légalement
orphelins; donnons tes fiefs au seigneur dont ils meu-
vent, tes lïiens et héritages à tes enfanls, ton corps et ta
chair aux botes dans les forèls^ aux oiseaux dans l'air,
aux poissons dans l'eau... Que là ou chacun Irouvern
paix et sûreté, toi seul tti ne les trouves pas. Nous t'en-
voyons enfin aux quatre chemins du monde. Ihîd,
A toi, coupable créatnreî En ce jour, je te proscris.
Ouela femme soit veuve, tes enfants pauvres orpheîins.
Tu subiras le prescrit du roi Charles, Ui chevaucheras
l'arbre sec, avec- haillon d'aubépine et baguette de
eh^ne au cof^ les cheveux au vent, le corps aux cor-
beaux, Tàme au Tout-Puissant.,. I Ailleurs] : Ordre du
roi, subir In dois ; glaive d'acier, ton cou doit couper,..
[Ailleurs eucore| ; tu chevaucheras dans la flamme, les
cheveux à la fumée, au feu le corps, l'âme an bon Dieu!
Ihid.
Je le condamne el le proscris (verfonie) de par la puis-
316 BANNISSEMENT ET CESSION.
sance et autorité impériale ; je l'excepte de la paix ; je
le mets hors de toute franchise et droit dont il a joui
depuis qu'il fut levé de baptême..., l'excluant des quatre
éléments que Dieu a donnés aux hommes et faits pour
leur consolation... Qu'il ne trouve ni liberté ni sûreté
dans aucune ville ou château, si ce n'est dans les places
consacrées. Je maudis ici sa chair et son sang, de sorte
qu'il ne trouve plus aucun lieu sur terre, que vent le
chasse, que corbeaux, corneilles et bêtes de l'air, l'em-
portent et le dévorent. J'adjuge et dépars aux corbeaux
et corneilles, aux oiseaux et bêtes ses chair, os et sang,
mais à notre Seigneur, au bon Dieu, son àme, si tou-
tefois il en veut. Ibidem.
Avant de quitter le pays, le meurtrier qui ne pouvait
payer la composition faisait un appel à ses parents. Loi
salique : Si quelqu'un a tué un hommey et n'a pas en toutes
ses facultés de quoi satisfaire à la loi, il donnera douze
témoins pour jurer que ni sous terre ^ ni sur terre y il n*a
plus de bien qu'il n'en a donné. Et ensuite il doit entrer
dans son habitation^ et des qualité coins prendre en sa main
de la terre, puis se tenir sur le seuil, regarder vers Cinté"
riewr, et de la main gauche en lancer par-dessus les
épaules sur son plus proche parent. Quand son père, sa
mère ou son frère ont déjà payé pour lui, il jette de cette
même terre sur la sœur de sa mère ou sur les fils de cette
sœur *; s'il n'y a point de tels parents, sur les plus proches
du côté paternel ou maternel. Et ensuite: en chemise,
déceint, déchaux, bâton en main (palo in manu), il doit
sauter par-dessus la haie *.
Lois du Nord: Si quelqu'un est convaincu de trahison
on le place sur un navire, et l'on attend sur le rivage
!. Au lieu du mot ten'e, ]es deux autres éd. de la loi salique
portent chrenecruda (reines krant), qui répond à Vherba pura
que le fécial prend dans Tite-Live {V. plus haut, p. H6).
2. Lex Salie, in Script, franc, t. IV, p. 135, 178, 202.
ISTERÏÏICTIO TECTL 317
jii2§qij'à ce que le vent ou les ramené» le metienHiors de
vue. Sitôt qu'il est assez loin pour être caclié par les
vagues, Ton fait sonner le^ trompettes^ et trois fois l'on
crie : 11 a perdu tous les droits de Tantiquc alliance.,*
S'il est au pays natal, tous les guerriers doivent rac-
compagner vers une forôl profonde, mais s'arrêter à la
lijsière jusqu'à ce qu'il soit arrivé lui-même dans un
é{iaîs fourré d'où il ne pourra entendre leurs cris* Puis
la troupe criera par trois fois, de sorte qu'il n'y ait plus
pour lui de retour. Gela fait, si quelqu'un des guerriers,
se trouvant mieux armé ou accompagné d'un camarade
Tient à le rencontrer et ne l'attaque pas, qu'il soit lui-
même frappé de la même honte, de la môme proscrip-
tion'. ^ Le proscrit pouvait se racheter en tuant
d'autres proscrits.
Loi saltque (G. 731) : Ltts parants du défunt do'nmil
de ma n d^r au j ug e que Vaut e u r du crime (celui qui a dé-
terré un mort) nhnbite point parmi tes hommes, et que
c^tui qui lui donnerait l'hospitalité avant qu'il ail fait
réparation aux parents, soit teiiu de payer quinze soiidi. —
Si quelqu'un a déterré ou dépouillé an corps, qu'il soit
fvavqus (errant, banni), — Loi des rîpuaires : Si f/uel-
qrt'un lui a donné du pain ou un gile^ fut-ce son épQU&e^ il
paiera quinze salidi.
L'Interdiction tecti s'eiécutail, en Allemagne, en en-
levant le toit du proscrit, en abattant sa maison, en pa-
lissadant sa porte, comblant son puits, éteignant son
feu. Gfîlase faisait encore audix-seplièmesiècleàLeipzic.
^ — Les Frisons arrachaient l'herbe qui poussait à la
'place où avait été la maison du juge prévaricateur.
G. 129.
On taillait une t^^oix dans le manoir des chc valiers
condamnés, en perçant les quatre murailles. — I émolîr
1. Duciuigc, Terba Abjnratio terrte, d'aprûf lea Lois inlUlaireë
«Je SiiénoD. Voy. auesi Saïo, lib. X, ^
18,
318 l'uomme-loup.
la maison du condamné s'appelait, en vieux français :
hanoter la maison^ la mettre à hanot. Duc. verbo Con-
demnare. G. 730, 173.
Luther conte, dans ses Propos de table, qu'un arrêt do
mort étant commué en bannissement par Tcmpereur
Maximilien, on conduisit le criminel à la place du juge-
ment, et Ton enleva la terre que couvrait son ombre •.
Dans le Nord, en Angleterre et en Hongrie ^> le p'ros-
crit était appelé Loup, Tête de loup (wargr). On l'ap-
pelait aussi Homme des bois (waldgang, waldemann)^.
Chez les Anglo-Saxons, le criminel se réfugiait au
sanctuaire; le Coroner venait recevoir la confession de
son crime, et lui enjoignait d'Abjurer la terre du roi dans
quarante jours. L'Abjuration se faisait en ces termes :
Vous entendez, sire Coroner, que je suis larron de bre-
bis (ou autre animal, ou meurtrier d'un homme ou de
plusieurs), et félon envers le roi d'Angleterre. Et comme
j'ai commis beaucoup de méfaits et larcins, j'abjure la
terre du seigneur roi. J'irai promptement vers le porl
que vous m'avez assigné, sans chercher à sortir par une
autre voie ; sinon, que je sois pris comme larron et félon
envers le seigneur roi d'Angleterre. Là j'attendrai seu-
lement le flux et le reflux. Si je ne puis obtenir passage,
j'entrerai chaque jour dans la mer jusqu'au genou, pour
essayer de passer. Et si, après quarante jours, je ne
puis passer, je m'acheminerai de nouveau vers l'église,
comme larron et félon du seigneur roi. Et qu'ainsi Dieu
me soit en aide*.
Abjuration^ dit Stamford, e$t «n ierement que home ou
feme preignent, quant ils ont commise félonie, et fué à
Véglisey ou cimitoire, pour tuition de lour vies, eslisant
U V. mes Mémoires de Luther, t. III.
2. Ducauge, IV, vcrbo Lupum proclamare.
3. Voyez l'intéressante dissertation de M. Barry, professeur h
la faculté de Toulouse, sur les ballades de RobïD Hood.
4. Ducange, I, 44, vcrbo Âbjuratio terrœ.
ABJURER LE PAVS. Hl}
phuioit perpétuai hannmêment /tùrs dei reaime, que ù
cstoiier à h d'y, et ctestre trié del félonie. — Celui qui
abjurait s'en allait avec l/n croijs de fusf (une oroix de
bois) en sa main, desrhaucé, dareint, à testé découuerit%en
pur cote soûle, — Charlulaire de S. Marie de Bonne-
Nouvelle à Rouen : Robert U barbier..., lUchard le
koiullier (coutelier), qui a tué H^vre de Fotvfue, et gtti a
abjuré la ferre desdits reiiqieuT, a été cQndnit par leur
justice avec la ct^tJt et Veau bénite.
Ain» îTitîî iviii fovi^ du paU à pié^
Un pet au cou, non autre pmnonnier.
Roman d'Ogier. G, 13^{CepeleslleptiliisâB[a\Q\SQMqjie.)
Si un fils a tué ses parents par imprudence^ qu*oii lui
rive des fera au cou, au bras, au coriis et aux jambiis,
qu'il délaisse le pays, qu'il jure de ne recourir à nul
aide pour se délier, si ce n'est à la grâce de Dieu, Ue ne
pas coucher une nuit au lien oii il a couché laulre, enfin
de marcher juiiiqu^à ce que ses liens se romjient d'eus-
mêmes. — Si le cas était excusable, il devait ccpenduul
se laisser mettre une ou deux rhaines, vivre de pain et
d'eau plusieurs jours de cha(]ne semaine, passer aux
grandes fêtes devant la procession, nu jusqu'à la cein-
ture, une poignée de verges à la main et se fra[)pant
jusqu'au sang pour engager les gémi à prier Dieu poyr
lui. G. 710.
L'ostracisme atliénien, le pélaiisme syracusain, cette
condamnation par le peuple d*un homme non roupabhs
mais dangereux h la liberté^ se retrouve en Suisse, dans
le haut Valais : *t Cet ostracisme s'appelait la Mazza, On
prenait en efîet une massue façonnée eu tête humaitu'.
D'abord iiromenée dans Tombre, chacun y enfonçait nu
clou ; puisj quand le nombre de ces clous assurait i\ la
condamnation ta pluralité des suffrages, alors la masse
était enlevée, au milieu d'un bruit et d'un concours for-
320 l'étranger.
midables, et dressée à la porte de celui qu'elle mena-
çait. Condamné sans examen, il fallait qu'il se souoiit
sans délai, et son château était détruit. C'est ainsi que
les Yalaisans se délivrèrent successivement des puis-
sants ennemis de leur indépendance, des Raron, des
Chatillon, des Supersax ; et lorsqu'après plus d'un siècle
de vengeances et à la prière des cantons helvétiques, ils
consentirent enfin à ensevelir cette formidable masse, il
semblait, dit un historien, qu'ils assistassent à l'enter-
rement de leur liberté même ^ »
Dans l'état barbare, dans la défiance mutuelle des tri-
bus guerrières, l'étranger est un ennemi. L'ancien mot
latin, Hostis, signifiait d'abord Étranger. Le sort de l'é-
tranger, de l'homme qui erre sans feu ni lieu ne vaut
guère mieux que celui du proscrit. Son nom dans les
lois germaniques est Wargangus, errant (distinct de
Vargus, exilé, et de Wargr, loup). Les Anglais l'appel-
lent Wretch, le misérable. G. 396-7, 733.
On le reconnaît à ses souliers usés, à sa lance rouil-
lée (G. 249), à son chariot brisé *. Voyez plus haut fa
ruse des Gabaonites, et la belle tradition de l'homme
aux souliers de fer, qui vient au-devant du pirate Scan-
dinave, et le décourage d'aller à Rome, eu lui disant
qu'il a usé de tels souliers depuis qu'il en est parti '.
La vie errante et les prodigieuses rencontres auxquel-
les elle donne lieu font le sujet de toutes les Odyssées,
des voyages de Sindbad*, etc. Nulle part elle ne se ca-
ractérise d'une manière plus touchante que dans l'his-
toire d'Hildebrand et Hadubrand,ce vénérable débris de
1. Lettres sur la Suisse, par M. Raoul-Rochette, II, p. 74. Voy,
aussi Spon, Hist. de Genève, p. 122.
2. Triades de Galles.
3. Saga de Regoar Lodbrog. Voyez les travaux de MM. Auipère
et Marinier sur la littérature du Nord.
i. Mille et une Nuits.
la primitive poésif* f^ermaiiique. Lf^ père et le Ûh se ren-
contrent au bout du mon<ie, maîj^ pour s'éi^orger*.
Au moyen âge, rÉjiave, l'Aubain, le Bâtard, sont
comme hors la loi. Tout élément mobile et nouveau est
hostile à la société féodale.
Se aucuns horn eslrattffe es fuit uenu exter en aucune
chasiellenie de aucun baron, et il navoU fait seigneur de-
dans tan et If jow\ il en estai l esphi fable nu baron ; et se
adventure esloit qu^ Il jnourusf^ et it neùl commandé à
rendre quatre deniers au baron^ tout si muéble es(oieni an
baron *.
Il y a de teles terres f/ttant un frans fions gui n'est pas
gentixhons de lignage, ij a mûnoh\ et y est résident un an
et vn jour, ii devkntj soil itons^ soil famé ^ serf au seigneur
dessoubs gui it i^leuît eiftre résident ^
L'aubain était obligé de faire serment de fidélité eu
ces termes, selon le Grand Coutumier» livre 2, chap. 31 ^
Tu me jures gue d'ici en avant iu me porteras fo^j et loyauté
comme à ton seigneur, et que tu te maintiendras comme
homme de telle condition comme tu es, gue tu me payeras
mes debtes et devoirs, bien et loyaument^ toutes fois gue
payer les deoras, ni ne pourchasseras ckost^s^ pourguoy je
perde l* obéissance de loy, ne de tes hoirs^ ne te partiras de
ma cour, ce nesl pas deffaue de droit ou dû mauvais jaye^
ment, en toits cas tu aduoues ?na cour pour tog et pour les
hoirs.
Albains sont hommes et femmes, gui sont nez en villes
dehors le royaume si prouchaims, gue feupeut congnois^
tre les noms et nativités de tels hommes et femmes : e(
i. Les frères Grinmi croient f;e chant du bniUème si^^ck. U A
été traduit par M. Gley fLaugiie des FraiicPp 18i*j cl par M. Am-
père (Études h\&L de Chati^aiibriand). J'en ai dounù une traditc-
tioa nouvelle daii^ mon Hinl. de France, 1, IHdAdij première
édition.
2. Établifls. de saint Loui?, c.'S5.
3. Beaumanoir, c. ^5^ p, 154,
Bfc^ ^- __
3^2 BANNI, ETC.
quant ilz sont venuz demeurer ou royaume^ Hz sont pro-
prement appelez Albains et non Espaves *.
Sont, par ladite coutume el usage (de Laon), réputcz
Epaves^ ceux qui sont natifs hors du royaume^ sujets
néanmoins, et demeurans audit royaume, el sont leurs en-
fans tenus et réputés Albains^ et pareillement les enfam
des bâtards ; en telle manière que si leurs en fans décèdent
sans hoirs légitimes de leurs corps, leurs biens appartien-
nent au roi. Et ne peut un Épave^ ne le bâtard tester, ne
faire testament, et par icelui disposer de ses biens, fors
que de cinq sols ; mais un Aubain peut tester^, L'Aubain
est encore celui qui, quoique Français et né dans le
royaume, demeure et décède dans un autre diocèse que
celui où il est né^.
Le bâtard est dans une situation analogue à celle de
l'aubain ; sa vie, dans l'antiquité et au moyen âge, est
généralement errante, aventureuse. Elle semble souvent
une protestation héroïque contre l'ordre social qui Ta
proscrit à sa naissance. L'histoire des bâtards serait
longue depuis Hercule et Romulus jusqu'aux bâtards si
fortement esquissés par Shakespeare dans le roi Lear
et le roi Jean, jusqu'au bâtard Dunois, jusqu'à ce bâtard
de François 1®*' qui s'obstinait si plaisamment à être
pendu *. (V. plus haut les Cadets.)
Le banni, le bâtard, le cadet, ceux enfin que la so-
ciété maltraite, la fortune les adopte souvent et leur
donne de grandes destinées. Ainsi Joseph entre ses
frères, ainsi Perdiccas, le fondateur du royaume de
Macédoine : — Alexandre, fils d'Amyntas, avait pour
septième aïeul' Perdiccas, qui s'empara de l'autorité
souveraine en Macédoine, comme je vais le rapporter.
1. CarpenUer, I, 141, d'après les registres du Parlement.
2. Voyez le procès-verbal de la Côiitiime de Laon, el le traité
du droit d'Aubaine de Bacquet, chap. 3, n. 5. • ■
3. Laurière, I, 90?
4. V. Bonaventnre Desperrier?.
HOSPITALITÉ. ;i43
Trois frères descendants de Téménus, et bannis d'Argo^^
s'étaient réfugiés dans Tlllyrie : ils se nommaient Ga-
vane, iEropus et Perdiccas. Ils passèrent de llllyrie
dans la haute Macédoine, et se mirent au service du voL
L'un fut commis au soin des chevaux, l'autre faisait
paître les bœufs, et Perdiccas, le plus jeune, était chargé
du menu bétail... La femme du roi faisait elle-même
cuire le pain pour les serviteurs; mais toutes les km
qu'elle le faisait, le pain destiné à Perdiccas doublait
en cuisant. Elle en fit pari au roi, qui crut y voir un
prodige. Il fit venir les trois frères, et leur ordonna tle
s'éloigner sur-le-champ de ses terres. Ils répon diront
qu'ils étaient prêts à obéir, aussitôt qu'ils auraient reçu
le salaire qui leur était dû. A cette demande, le roi, qui
se trouvait près de la cheminée du foyer par laquelle les
rayons du soleil entraient dans sa chambre, comme
saisi d'une inspiration divine, dit en leur montrant tes
rayons : « Tenez, je vous donne cela; ce senties pa^es
que tous méritez. » A cette réponse, les deux plus Aiié^
des frères demeurèrent interdits; mais le plus jeune,
Perdiccas, qui, par hasard, avait un couteau, s'en ïa :
« Eh bien ! nous acceptons ce que vous nous donin^z »
Et ayant tracé, avec son couteau un cercle autour de
l'espace éclairé parle soleil, il se baissa à trois re]>rises>
feignant, à chaque fois, de puiser les rayons et de les
renfermer dans son sein, puis il s'éloigna avet' î^es
frères*.
Quel que soit l'esprit de défiance des lois et coutumes
barbares à l'égard de l'homme errant, de l'étranger, on
y trouve avec plaisir quelques dispositions hospitalières,
particulièrement dans les Coutumes allemande:» du
moyen âge.
i. Hcrodol., VIIÎ, «37-8, trad. de M. Miot, légèrement ino-
diûée.
k.
324
LE PASSANT.
La loi des Burgundes fait un devoir de l'hospilalilé
St quelqu'un a refusé le couvert ou le foyer à un vouageur
qu il sou frappé d'une amende de trois solidi. Peut-être né
doit-on voir ici qu'une disposition en faveur du barbare
moins sédentaire que le Romain, et voyageant volontier!
aux dépens de celui-ci, — Capitul. ann. 802. Notre vo-
lonté est que dans toute l'étendue de notre royaume ni
riche, m pauvre, ne se permette de refuser le toit, le fôuer
et l'eau. — Capitul. ann. 803 : Que personne, dans reten-
due de notre domination, ne refuse F hospitalité à ceux qui
sont en roule; que personne ne les attaque pour cause de
pâture, si ce n'est au temps de la moisson ou de la fenai-
son
La loi des Wisigoths permet au voyageur d'allumer
du feu, de faire paître son cheval et d'abattre des bran-
ches. — Les usages de la Marche permettent au voya-
geur éloigné de toute habitation de prendre de quoi'sc
nourrir, lui et son cheval : — Le voyageur peut cueillir
trois pommes à l'arbre, se couper dans la main trois ou
quatre grappes de raisins, prendre des noix plein le
gant — On est d'avis encore que s'il arrivait un étran-
ger d une distance de cent milles, et qu'il voulût pécher
Il aurait la faculté d'emprunter un hameçon à un homme
de la Marche, puis d'aller pécher au ruisseau; il pourra
faire du feu sur le bord, faire cuire sa pêche et la man-
ger; mais qu'il n'aille pas l'emporter au delà de la Mar-
che. — Advienne le cas qu'un homme traverse la forêt
avec son chariot, il pourra regarder autour, et s'il aper-
çoit un tronc d'arbre qui puisse venir en aide à son cha-
riot, Il pourra l'abattre et réparer son chariot: il mettra
le vieux bois sur le tronc qu'il a abattu. S'il tenait pour-
tant à garder ce vieux bois et qu'il l'emportât avec lui il
devra placer sur le tronc trois pfennings de Worms '—
Si un homme chevauche par un chemin qui traverse au
large la prairie, et qu'il ait besoin de faire paître son
cheval, il faut qu'il ait une corde de cinq aunes et une
LE PASSANT. 325
perche de six pieds et demi ; il plantera dans son chemin
ce bois, auquel tiendra la corde, moyennant quoi il
pourra impunément faire paître le cheval dans la prairie.
G. 400-401.
i9
LIVRE CINQUIÈME
VIEILLESSE, SÉPULTURE,
Quoique les peuples barbares croient à la sagesse
des vieillards^ g^énéralement iisméprisenl kur faiblesse
et les Iraitent maL Les ascendants n^héritent pas dans
plusieurs Coutumes allemandes. L'une d'elles pose ce
principe : Nul l)îen ne revient, mais avance. G, 477.
Le vieillard, le malade, ne peuvent tester (iu*aul^-int
qu*ils conservent ta force physique : — S'il arrive qu'un
fermier veut donner à ses enfants ou serviteurs partie
de ses biens ou de ses droits de ferniej ledit fermier ma-
4
lade devra être assez fort pour s'habiller lui seul, tout
comme s'il élaîL de noces et qu'il allât à Téglise, assez
fûrl pour prendre un couteau ou une hache en main* U
sortira ainsi de la maison et il enfoncera le couteau
dans Tarbre jusqu'à trois fois, — 11 faut qu'il puisse
se lever et s'habiller lui-même, se chausser et frapper
trois coups de son épée..- — Qu'il puisse enfoncer un
couteau dans une table ou dans un mur cimenté. —
hem, quand un homme sera assez sain d'esprit et puis-
sant de ses membres pour soulever un marc d or pur et
le porter d*un endroit à l'autre, il pourra disposer de
6on bien, hunnétement gagné, en faveur de qui il vou-
dra. — Pourront disposer de leurs biens, un paysan tant
3^S VIEILLARDS MIS A MORT.
qu'il pourra labourer le pourtour d'un jour de terre, une
femme tant qu'elle peut aller à l'église, si elle demeure
à vingt verges de là. G. 95-97.
Le droit de Berne craint que la vieille mère ne soit
maltraitée par son fils ou sa bru ; il lui garantit la meil-
leure place au foyer : — Le fils qui se marie peut s'éta-
blir dans la maison de sa mère, et y demeurer, pour\'u
toutefois qu'il ne nuise pas à la mère; il doit lui laisser
au feu, et partout ailleurs, la meilleure place. G. 490.
L'abandon, la mise à mort des vieillards, dérivent du
même principe qui déterminait l'exposition des enfants.
— Les Latins, dit Festus, appelaient Depontani senes
les sexagénaires qu'autrefois l'on précipitait d'un pont *.
— Yalérius Flaccus (Argon. 6, 125), en dit autant des
lazyges, et Silius Italiens des Cantabres (Punica, 3,3i8.
G. Suppl.).
On appelait la Roche des aïeux un rocher qui était
situé aux limites des terres des Wisigoths, et d'où leurs
, vieillards se précipitaient, quand ils étaient fatigués de
la vie. — Lorsque Skapnarlœngr eut fait le partage de
son patrimoine, ils se précipitèrent gaiement, sa femme
et lui, du haut du rocher; leurs enfants leur avaient fait
la conduite. — Un autre saga dit expressément qu'en
Islande, un froid excessif ayant été suivi d'une famine,
on décréta dans l'assemblée du peuple qu*on abandon-
nerait et qu'on laisserait mourir de faim les vieilles gens,
les perclus et les infirmes. — Chez les Hérules, dit Pro-
cope, on ne laissait vivre ni malades ni vieillards.
1 . A cette explication, il en ajoute une antre qui ne contredit
pas la première, mais qui doit s'entendre d'une époque plus
récente.
VIEILLARDS MIS A MORT. 329
Lorsque la vieillesse ou la maladie s'emparait de l'un
d'eux, il devait prier ses parents de l'ôter du milieu des
hommes. Les parents rassemblaient sur une hauteur une
grande quantité de bois, y faisaient placer le malade,
puis envoyaient vers lui un Hérule armé de son poignard ;
cet homme devait lui être étranger; c'eût été une im-
piété chez eux qu'un parent tuât son parent. Lorsque le
meurtrier était de retpur, ils allaient mettre le feu au
bois, en commençant par les extrémités, et, quand le feu
avait cessé de brûler, ils rassemblaient les os et les en-
sevelissaient aussitôt. Procop., Debell. Goth. 14.
Cet usage de tuer les vieillards et les malades se
conserva assez tard dans le nord de l'Allemagne. C'était
à Brème un dicton populaire qu'on adressait aux gens
âgés : Enfonce, enfonce, le monde t'en veut! On retrouve
le même dicton près du Harz et en Wesphalie, en
Bohème et en Frise. Un chroniqueur de la Frise assure
qu'en 1607 une tribu dans sa retraite enterra toute vive
dans le cimetière de Pehvorm une vieille qui ne pou-
vait plus avancer, et que cette coutume était considérée,
chez les Wendes, comme bonne et louable. — C'était,
dit un autre, chose honnête et d'usage en Wagrie et
autres pays wendes, que les enfants tuassent leurs pères
et mères devenus vieux, leurs parents et alliés, en gé-
néral tous ceux qui ne pouvaient plus guerroyer ni tra-
vailler; ils les faisaient bouillir, les mangeaient ou les
enterraient vifs. Ils ne laissaient pas vieillir ceux qu'ils
aimaient; les vieux eux-mêmes ne demandaient pas
mieux, plutôt que de traîner une triste et pesante vieil-
lesse. — Sdon un témoignage bien plus ancien, les Sla-
ves Willzi ne pouvaient renoncer à croire qu'ils
n'eussent pas plus de droit que les vers de manger leurs
parents. — De même chez les anciens Prussiens, le fils
tuait ses parents vieux et infirmes. Le père tuait, par le
fer, le feu et l'eau, ses enfants aveugles, louches, diffor-
mes. Le maître pendait ses serviteurs perclus et aveugles
330 MORT VOLONTAIRB.
à des arbres qu'il ployait violemment vers la terre et
laissait revenir ensuite. — On brûlait Tenfant malade
d'un noble en lui criant : Va-t'en servir les dieux, en
attendant que tes parents te suivent. G. 486-9.
Les lois de Manou oiTrent le spectacle de la mort du
Brahmane, mais 'cette mort est entièrement volontaire;
elle est préparée par la retraite aux forêts, par le déta-
chement progressif des choses du monde. Nous avons
donné, dans notre introduction, les traits les plus frap-
pants de ce tableau sublime. On peut en rapprocher les
textes anciens sur le suicide des gymnosophistes, de
Calanus devant Alexandre, etc.
Lorsque le chef de famille voit sa peau se rider et ses
cheveux blanchir, et qu'il a sous ses yeux le fils de son
fils, qu'il se retire dans une forêt. — Renonçant aux ali-
ments qu'on mange dans les villages et à tout ce qu'il
possède, confiant sa femme à ses fils, qu'il parte seul,
ou bien qu'il emmène sa femme avec lui. — Emportant
son feu sacré et tous les ustensiles domestiques employés
dans les oblations, quittant le village pour se retirer
dans la forêt, qu'il y demeure, en maîtrisant les organes
de ses sens.... — Qu'il porte une peau de gaielle ou un
vêtement d'écorce ; qu'il se baigne soir et matin ; qu'il
porte toujours ses cheveux longs et laisse pousser sa
barbe, les poils de son corps et ses ongles. -^ Autant
qu'il est en son pouvoir, qu'il fasse des offrandes aux
êtres animés, et des aumônes, avec une portion de ce
qui est destiné à sa nourriture, et qu'il honore ceux qui
viennent à son ermitage en leur présentant de l'eau,
des racines et des fruits. — 11 doit s'appliquer sans cesse
à la lecture rfii Véda, endurer tout avec patience, être
bienveillant et parfaitement recueilli, donner toujours,
ne jamais recevoir, se montrer compatissant à l'égard
de tous les êtres — Ou bien qu'il ne vive absolu-
ment que de fleurs et de racines, et de fruits tombés
spontanément, observant strictement les devoirs des
r
SÉPULTURE héroïque:. 331
anachorètes. — Dans la saison chaude, qu'il supporte
l'ardeur de cinq feux ; pendant les pluies, qu'il s',expose
nu aux torrents que versent les nuages; durant la froide
saison, qu'il porte un vêtement humide, augmentant par
degrés ses austérités. — Trois fois par jour, en faisant
son ablution, qu'il satisfasse les Dieux et les mânes ; et,
se livrant à des austérités de plus en plus rigoureuses,
qu'il dessèche sa substance mortelle. — Alors, ayant
déposé en lui-même les feux sacrés (en avalant les cen-
dres)y qu'il n'ait plus ni feux domestiques, ni demeure,
gardant le silence le plus absolu, vivant de racines et
de fruits ; exempt de tout penchant aux plaisirs sen-
suels, chaste comme un novice, ayant pour lit la terre,
ne consultant pas son goût pour une habitation et se
logeant au pied des arbres — Ou bien [s il a quelque
maladie incurable) qu'il se dirige vers la région invin-
cible {du nord-est) et marche d'un pas assuré jusqu'à la
dissolution de son corps, aspirant à l'union divine, et ne
vivant que d'eau et d'air — Un pot de terre, la racine
des grands arbres {pour habitation), un mauvais vête-
ment, une solitude absolue, la même manière d'être
avec tous, tels sont les signes qui distinguent un Brah-
mane qui est près de la délivrance finale. — Qu'il ne
désire point la mort, qu'il ne désire point la vie ; qu'il
attende le moment fixé pour lui, comme un serviteur
attend ses gages — Le soir, lorsqu'on ne voit plus la
fumée de la cuisine, que le pilon est en repos, que le
charbon est éteint, que les gens sont rassasiés, que les
plats sont retirés, c'est alors que l'anachorète doit men-
dier sa subsistance... — Soumise à la vieillesse et aux
chagrins, affligée par les maladies, en proie aux souf-
frances de toute espèce, unie à la passidn, destinée à
périr, que cette demeure humaine soit abandonnée avec
plaisir. — De même qu'un oiseau quitte le bord d'une
rivière [lorsque le courant l'emporte), de même qu'un
oiseau quitte un arbre, ainsi celui qui abandonne ce
332 SÉPULTURE.
corps est délivré d'un monstre horrible. — Laissant k
ses amis ses bonnes actions, à ses ennemis ses fautes,
le sannyâsi, se livrant à une méditation profonde, s'é-
lève jusqu'à Brahme, qui existe de toute éternité *.
Il n'entre point dans notre plan de donner ici les rites
innombrables des sépultures «n usage chez les diverses
nations. Cette recherche appartient à l'étude de la reli-
gion plus qu'à celle du droit. Nous ne pouvons toutefois
nous empêcher de rapporter ici quelques textes cu-
rieux:.
Les tombeaux des rois scythes sont dans le pays des
Gerrhes, au point où le Borysthène cesse d'être navi-
gable, en remontant. Dès que le roi est expiré, on creuse
dans ce lieu une grande fosse carrée, et l'on y transporte
le cadavre. Le corps est enduit de cire et la capacité de
l'abdomen remplie de souchet odorant pilé, d'aromates
et de graines de selin et d aneth. Le cadavre ainsi pré-
paré est conduit sur un chariot d'un peuple à l'autre.
Ceux qui le reçoivent à son passage, pour marquer leur
douleur, imitent ce que les Scythes Royaux ont fait en
signe de deuil. Ils se coupent le bout des oreilles, se
rasent les cheveux, se font des entailles aux bras, se
découpent le front et le nez, et se percent la main gauche
avec une flèche. Cependant le chariot traverse successi-
vement le pays soumis à la domination des Scythes, et
le cortège qui l'a d'abord accompagné à son départ,
s'accroît de tous ceux qui se réunissent à lui. Enfin, le
convoi atteint le pays des Gerrhes, le dernier de ceux
qui reconnaissent la domination des Scythes. Lorsque
le corps a été déposé sur un lit dans le tombeau pré-
paré, on piaffe çà et là autour du mort des piques pour
soutenir diverses pièces de bois sur lesquelles on étend
des claies d'osier en forme de toiture. En même temps,
1. Manou, livre VJ, trad. de M. Loiseleur-Desionchaïups.
SÉPULTURE. 333
on étrangle et l'on enterre, dans un lieu réservé sur la
largeur du tombeau, une des concubines du roi, un
échanson, un cuisinier, un écuyer, un secrétaire » un
huissier, des chevaux; enfin, les prémices de tout ce que
le roi possédait, ainsi que des flacons d'or; les Scylhes
ne connaissent Tusage ni de l'argent, ni de Tairain. On
élève ensuite sur le tout un tertre, que Ton travaille à
porter le plus haut possible. Après une année révolue,
d'autres cérémonies ont lieu. Parmi les serviteurs du
roi, qui sont toujours Scythes d'origine, cinquante
hommes, choisis comme les plus distingués et les [Au^
beaux, sont étranglés, et l'on tue en môme temps un pa-
reil nondbre des plus beaux chevaux. On enlève les intes-
tins du corps des hommes et des chevaux, on remplit le
vide avec de la paille et l'on recoud la peau. On place
ensuite un demi -cercle en bois, soutenu par deux pieux
fichés perpendiculairement en terre, et plus loin, a une
certaine distance, un second demi-cercle, porté de la
même manière sur deux autres pieux. Lorsque le nom-
bre nécessaire de ces sortes de châssis a été construit,
on monte dessus les corps des chevaux empaillés et tra-
versés jusqu'au cou par une barre épaisse de bois ; ces
corps reposent ainsi dans les demi-cercles, l'anti^ rieur
servant à soutenir les épaules, et celui de derrière les
cuisses et le ventre ; les jambes de l'animal restent sus-
pendues à quelque distance de terre. Après, on ^ijuste
les mords et les brides, dont les extrémités sont atta-
chées en arrière à l'un des pieux. Les choses ainsi dis-
posées, on met sur les chevaux les corps des cinipiaiilc
domestiques étranglés, on les y assujettit au moyen d'un
pieu pointu, qui, pour maintenir le corps^ droit, y pénè-
tre jusqu'au cou '.
Ces cavaliers empalés font penser à la belle romance
du Cid, où le héros mis à cheval, et tenant l'épée liée ù^
1. Herodot, Ilb. iv, c. 71-72, trad. de M. Miot.
i9.
334 SÉPULTURE ECCLÉSIASTIQUE.
sa main droite, remporte^ tout mort qu'il est, sa der-
nière victoire*.
Quant aux serviteurs tués, voyet dans l'Edda les funé-
railles de Sigurd et de Brunhilde. Les tribus américai-
nes, au rapport des voyageurs, ont des usages analo-
gues.
A la mort d'Alaric, les Goths détournèrent le lit d'une
petite rivière de Galabre, y déposèrent le corps du roi,
avec des dépouilles et des trophées ; puis ils laissèrent
le fleuve reprendre son cours, et mirent à mort les cap-
tifs qu'ils avaient employés k ce travail ^.
Les combats des gladiateurs, qui se donnaient aux fu-
nérailles chez les Étrusques et les Samnites> quelque
inhumains qu'ils puissent paraître, sont pourtant on
adoucissement des sacrifices humains ; ils laissaient du
moins une chance à la valeur.
Les principales formules relatives aux rites des sépul-
tures chez les Romains se trouvent dans le recueil de
Brisson *.
Le dernier de la famille était enterré avec les Imagi-
nes majorum ; au moyen Àge^ il Tétait avec le bouclier,
l'épée et l'écusson ^
Les tombeaux étrusques et romains étaient, comme
on sait, orientés. Nous retrouvons quelque chose d'ana-
logue en Chine. Khoung-fou-tseu fit enterrer sa mère
près de son père, le mari à l'est et la femme à Touest,
ayant tous les deux la tète au nord et lespieds au midi ^.
Aux détails nombreux et bien connus que nous avons
sur les sépultures chrétiennes des premiers âges, on
peut ajouter le suivant. Dans les tombes récemment dé-
couvertes à Monzie, près Bergerac, on a trouvé sous la
i. Traduite ptr Sismoodi, Litt du midi de l'Europe, lil, 198.
2. GibboD, c. xxx(. Jornandes, De reb. get., c. 30» p ^34,
3. Brisson, De formulis Romanorum, lib. VII, et p. 833.
4. Speiier, p. 58.
5. Le P. Âmiot, Vie de Coofuciaa, io-i*»
t SÉPDLTCRE ECCLÉSUSTTOITE. 333
tête des morts trois sortes de graines : l'héliotrope
d'Earope, le trèûe et le bluet. Parfaitement garanties de
t Tair, elles s'étaient conservées. On les a semées, et
; elles sont bien venues ^
De môme qu'à Rome^ on offrait un festin splendide
j aux statues des dieux (lectistenium), on plaçai t au moyen
I âge des mets devant le lit funèbre où reposait TetUgie
l du roi. Les sauvages^ dit Tavannes, servent les imafieSf et
notts portons à manger à celles de nos rois, quand ils sont
morts ^.
C'est la foj*me et la manière après le trespas dtt Hoy^
comment il se doit porter en litière pour portée'' au Heu ou
H a élu sa sépulture : Premièrement, conment avoir une
litière portée par certains officiers royaux,' et doit estrp en
ladite litière une fdrune ou forme en semblante de Roy
couché en lit, en grands draps; la forme toute vesiue en
forme de hofnme comme roy; c'est à seavoir vt^aiu (Vun
pourpoint y tunique et dalmatique de drap d'or à fleurs de
lys fourré d'hermines, fermé dessus Vespaule d'tm bouton
de perles y tenant en sa main dextre un grand sceptre et
en la main senestre une main de justice avecqves anneari:^
esdites mains, en sa tête une eouraune, les sandales^
chnusses, semblables ausdits vestements, avec souih'rs d^
mesme, couvert ladite litièf^e de drap d'or pendant d^ iout
caste de ladite litière, et dedans ladite litière vers ia teste
dudii roy à deux oriUiers de ve lotis vermeil à quntre kmtp-
pes de perle chacun; au pied de ladite litière^ dmiji tam-
piers d^or pleins de cire, ardants continuel le muni jus-
qu'après la sépulture, une croix, un bénoistier el deux
ascensiers d'or; et, pour couvrir ladite litière, un ciel de drap
{for à quatre lances; et après la sépulture dudit Roy, est
couverte la place d'un drap d'azur à fleurs de lys à une
croix blanche de velous [année 1461] '.
1. Notice de M. JouaDnct, dans l' Annuaire de la Dordogtie, \M^.
i. Mémoires de TaTatonesy t. XXIV, p. 47.
3. Marlène, II, 1130, ex ms. codice monastarii PontialcviJ^
Ë^T-
33tt SÉPULTURE ECCLÉSIASTIQUE.
Dam la célèbre église de Saint-Denis, on lisait (il n'y a
pas. soixante ans) la vie de Dagobert, le jour de son anni-
versaire *.
Autrefois, la sépulture des marins présentait des parti-
cularités remarquables : « On lavait le défunt et on
l'ensevelissait dans une couverture ou mante, dans une
natte ou dans un vieux morceau de toile à voile ; on
attachait à ses pieds une grosse pierre ou un boulet (les
Portugais seuls négligeaient cette précaution), et on le
jetait à la mer sous le vent de la route, avec un tison de
feuy dit le père Foumier*. >
Nous reproduisons ici un beau texte que nous avons
déjà cité, page 31 : Nous arrivâmes à Fontevrault, dit
D. Martène, comme on étoit occupé à faire les obsèques
iun jeune religieux qui étoit mort ce' jour-là. Le matin on
Vavoit porté dans Véglise des religieuses, où ton avoit
chanté pour le repos de son âme une grande messe, et
toutes les religieuses lui aboient donné l'eau bénite; de là
on l'avoit transporté dans celle des religieux, oii il étoit
revêtu de ses habits monastiques, tenant en sa main une
bougie,, avec sa règle, qui étoit comme la sentence de son
bonheur éternel, s'il l^avoit bien gardée, ou de sa damnation
s'il Vavoit mal observée^,
... On donne dans la chambre de Vabbé qui vient de
mourir un repas, composé d'épices de toutes sortes et de bon
vin. Rituel de Saint-Ouen de Rouen*.
Quand un moine de la Grande Chartreuse vient à
mourir, on Tétend tout habillé sur une planche. C'est
un jour de fête pour la communauté. On s'assemble au
réfectoire; les jeûnes de l'Ordre sont rompus, pour célé-
brer ce jour qui commence une nouvelle vie {natalis
dies),
1. Martène, II, 1053 D.
2. Jal, Scènes maritimes, II, i90.
3. Voyage litt. de deux religieux bénédictins, 1717, 2» partie, p. 3.
4. Martène, II, 1128 B.
SUPPLEMENT
L'INTRODUCTION
Page xxvjiK — Entre autres rapprochements curieux,
on peut indiquer le suivant. L'idée commune est le
danger de tout intern>gne. Pendant le couronnement du
duc do Carînthie (p. 117), certaines familles ont droit de
piller. Pendant te sommei! du roi Glovîs (p, 03)* un
évêque chevauche et occupe une vaste étendue de lerres.
Pendant Texposition du roi mort sur son lit de parade,
on continuait de lui servir à manger, afin quUl parut
vivant el qu'il n'y eut pas un seul moment d'interrègne
(p. 335). Plus tard, à cet acte, on a substitué un mot; « Le
roi est mort^ vive le roi ! »
PagexcMî. — L'esprit du droit antique, c'est le respect
de lalettrej aux dépens mômes de l'esprit. On pourrait
citer une foule de faits qui prouvent que le droit semblait
contenu matériellement dans le ^signe ou dans la for-
mule. Nous avons parlé de la couronne de saint Élienne.
Le fait suivant est analogue.
Lorsqu'on élit îe Veliki KnhSj ou graud-comte de Po-
glissa, quehiuc partisan de l'un des prétendants s'em-
pare de la cassette où sont renfermés les privilèges de
la province. On a droit do le poursuivre à coups de
338 SUPPLÉMENT
mousquet, de pierres ou de couteau; mais s'il parvient
sain et sauf chez le prétendant, celui-ci est dûment élu.
Fortis, Dalmatie, II. Daru, Venise, IV, 598-601.
« En 1729, le feu se print à Bruges, de sorte que le
belïroy, estant sur le marché, se brûla entièrement.
Suivant quoy, le conte Guy pensant que tous les privi-
lèges d'illec y fussent semblablement esté brûlez, prinl
résolution de réduire la dicte ville, et la gouverner de
mesme manière, comme si elle eust été sans aucun pri-
vilège. » Oudegherst, année 1279, p. 202.
Deux frères, engagés dans une guerre contre une des
îles écossaisses, étaient convenus entre eux que le pre-
mier dont la chair et le sang (expression écossaise) en
toucheraient le sol serait le seigneur de Tîle. Comme
ils approchaient à force de rames, leurs vaisseaux ne
purent avancer davantage, à cause de quelques rochers,
et les deux frères se jetèrent à la nage. L'aîné, voyant
que le cadet avait l'avance, tira sa courte épée, posa la
main gauche sur un rocher, la coupa et, la saisissant
avec les doigts de la main droite, la jela toute sanglante
sur la rive, en criant à son frère : « Dieu m'est témaiD
que ma chair et mon sang ont les premiers touché le
sol. » Il devint roi de l'île, que ses descendants gouver-
nèrent pendant dix générations. Puckler Muskau, t. I,
p. 339.
Les exemples précédents indiquent le respect du signe
matériel, les suivants celui de la formtUe :
Alors Balac dit à Balaam : Qu'est-ce que vous faites?
je vous ai fait venir pour maudire mes enniemis, et au
contraire vous les bénissez. — Venez, et je vous méfie-
rai à un autre lieu, pour voir s'il ne plairait poiut à
Dieu que vous le maudissiez en cet endroit-là. Numer.,
c. 23, §1127.
La Bible présente un grand iioaibre de faits ana-
logues. Voyez particttlièremeAt le troisième, livre des
Rois, c. 20, § 35-38.
Dans mon Histoire romaine^ j ai cité les exemples
remarquables de Numa^ d'Olenus Calenus, de Publi-
cola, de PosUiumius, etc., 1. 1, p. ^22-334, etâlti{2* édi-
tion).
DaDS TEdda [Daeraisaga, 59]^ Loki parie avec un
nain : sur sa tète. Ayant perdu, il dit au naiu : Tu a^
ma t^te, mais non pat* mon coL Le nain Juî coud les
lèvres.
Les frères d'Harold r€n gagèrent à ne pas combattre
de sa personne, puisque après tout, disaienl-ils, il avait
juré, Michelet, Hist. de Fr., Il, 199, V* éd.
Les Flamands t pillèrent plusieurs navires marchan-
des de France, disant qu*ils n*esloyent oblegez de tenir
la paix, que par terre >. 1316, Oudeglierst^ f âli,
t Le roi Philippe envoya 12t>0 lancés en Tost de sou
fils; après, il y vint comme soudoyor du duc son fils,
car il ne pouvoit nullement venir à main armée sur
rEmpiru,si il vouloit tenir son serment ainsi qu'il fit. >
Froissart, 1340, L I, p, 3i7.
Artevelde persuada à Edouard IH de prendre le litre
de roi de France, puisque les Flamands ne voulaient
obéir qu'à un roi de France. Froissart, c. 65, c. 95-6.
Oudeghcrst, c, 156, r. 263. Meyer, L Xïl, 437-139.
Le comte de Foix, assiégeant Cassières, avait juré
que )es assiégés ne sortiraient pad par les portes. Lors-
qu'ils furent pris, on fil on trou an mur, par où ils pas-
sèrent un k un, Froissart, IX, ^'î6,
t Quand ce roy d'Angleterre, à qui il avoit foit ce ser-
ment, fut mort en li^t, il luy sembla, et aussi estoil-il
vray, qu'il criloit quitte de toutes les promesses qu'il
avoit faites au roy d ' An fs'le terre ; car elles n'étoienl que
personnelles. > Mém, concernant la Pucelle. Pelitot,
TIII, lia.
340 SUPPLÉMENT. — FAMILLE.
a •
LIVRE I. — FAMILLE.
Page 6. — Chez les Gabardiens, tribu circassienne,
on présente à l'enfant, âgé de trois ans, des armes et
des jouets ; s'il préfère les armes, la famille s'en réjouit.
Ségur, Mém., t. II, p. 387.
Chez certaines tribus du Caucase, où la promiscuité
était passée en usage, la paternité étant souvent dou-
teuse, l'enfant choisissait lui-même son père parmi les
maris de sa mère, en lui remettant une pomme. —
Avant Mahomet, les Arabes décidaient les questions de
ce genre, d'après la ressemblance des traits. Hammer,
t. YH, p. 91 de latrad. de M. Hellert.
Pages 7-8. — Aux symboles et formules du baptême
se rattacheraient naturellement celles de dédicace d'é-
glise, de lancement de navire, etc. Les Anglais en ont
de remarquables pour ce dernier objet. Avant que les
pièces de bois qui retiennent le bâtiment sur le chantier
soient enlevées, une femme va casser une bouteille con-
tre l'avant, et c'est comme le signal du départ pour le
vaisseau. Jal. Scènes marit., II, 159.
Page 12. — L'iman, assis sur ses genoux à côté de la
tombe, appelle trois fois le mort par son nom et par
celui de sa mère : il n'articule jamais celui du père. En
cas d'ignorance du nom de la mère, il substitue pour
les hommes celui de Marie en l'honneur de la sainte
Vierge, et pour les femmes cehii d'Eve. Cette coutume
s'observe même à l'égard des sultans. Mouradja d'Ohs-
son, II, 335.
Page 17. — Les Morlaques ne parlent jamais des
femmes sans se servir auparavant d'une formule d'excuse.
Fortis, Voy. en Dalmatie, t. II, Daru, Hist. do Venise,
IV, 598-601.
Page 23. — En Castille, la veuve de noble naissance
qui avait épousé un homme de rang inférieur pouvait,
rnopRiÉTÉ, ETC. 34!
après la mort de son mari, aller à l'église avec une
hallebarde sur Tépaule ; là, elle touchait de la pointe la
fosse du défunt et lui disait : te Vilain, garde ici ta vilai-
nie, que je puisse reprendre ma noblesse, » Dès lors, elle
était redeveïiue noble, elle et ses biens. — Cette loi ne
se trouve que dans la traduction castillane^ poâtiirieurc
an code gothique de plusieurs siècles. Noie communi-
quée par M, hossew S. Hilaire,
LIVRE IL — nHOPRiÉTÉ.
Page 58. — Les légendes disent que saint Bal d cric
ayant dessein de se retirer dans la sollitudc, il suivi! un
faucon qui se reposa A l'end ro il <|u'il occupa depuis, et
qui fut appelé Montfaucon, Un aigle blanc rendit le même
office à saint Thierry, aumônier de saint Remy. Lue
colombe désigna le circuit du monastère d'Hautvilliers,
un ange marqua T étendue de celui d'Avenay. Baugierj
Mém. sur la Champagne, t. Il, p. l-t.
Page 00. — Avant de combaUre les Golhs, Clovis pro-
met d'élever une église aux saints Apùtres dans i endroit
où tombera sa francisque. Gesta Francorum^ t. Il,
p. 554. Gibbon, t. YIl, p. 29.
Page 83. — Sur les croyances populaires, relatives à
la. violation des bornes des champs, voyez Grimra*,
Mythologie allemande, p. 514.
LIVRE ill. — L'ÉTAT.
Page IlL — Le roi s'étant levé à la dernière veille de
la nuit, après s être jmriQéj adressera, dans un profond
recueillement, ses offrandes au feu et ses hommages aux
Brahmanes, et entrera dans la salle d'audience conve-
nablement décorée. Montant au sommet d'une mon-
tagne, ou bien se rendant en secret sur une terrasse ou
dauii la solitude d'une foret, il délibérera avec eux. sans
342 SUPPLÉMENT. — L ÉTAT, ETC.
èlrc observé... — Ainsi que la sangsue, le jeune veau et
l'abeille prennent petit à petit leur nourriture, de môme
ce n'est que par petites portions que le roi doit per-
cevoir le tribut annuel de son royaume. Manou, page
232-4, § 129, 147. — Que le roi cueille fleur à fleur, comme
le fleuriste dans le jardin, qu'il n'extirpe pas la plante,
comme le brûleur de charbon. Digestof Hindu law.
Page 112. — L'Empereur aagea le dauphin (en lui
donnant l'investiture du royaume d'Arles) et suppléa
toutes choses qui par enfance de aagc pourroient donner
empêchement. Christine de Pisan, Coll. desMém., éd.
Petitot, Yl, 98.
Pagell7. — Le Khalife assis sur son trône, derrière un
voile noir, et couvert du manteau noir de Mohammed
(al-borda), tenait, en guise de sceptre, le bâton du pro-
phète. Toghrul, après s'être prosterné, s'assit, à un
signe du Khalife, à côté de son trône. Après la lecture du
diplôme qui le désignait comme représentant du Khalife,
chef suprême de tous les pays soumis à sa domination,
et protecteur des Musulmans, on le revêtit successive-
ment de sept habits d'honneur; cela fait, on lui offrit en
présent sept esclaves pris dans les sept empires du
Khalife,' puis on étendit au-dessus de sa tête un voile
d'or parfumé de musc, et on le coiffa de deux turbans,
symboles des couronnes de Perse et d'Arabie. Enfin,
quand il eut baisé deux fois la main du Khalife, on le
ceignit de deux épées comme maître de l'Orient et de
l'Occident. Hammer, Hist. de l'emp. ottoman, 1. 1, p. 12,
trad. de M. Hellert.
Page 118. — On présentait au nouveau roi un vase
de lait et de vinaigre, qu'il devait avaler d'un trait pour
apprendre que les douceurs de la royauté sont mêlées
d'amertume. Brisson, de regno Persarum.
Page 147. — Je trouve un exemple tout récent de
l'indépendance des guerriers barbares à l'égard de leurs
chefs dans une défaite d'Abd-el-Kader ; un des siens lui
LÏHATj ETC. 3i3
a arraché !e gonfanon du comniandemenl, en disanl :
« Nous vûiîïî le rendrons, quand vous serez redevenu
sultan. ]> Débats du il-i5déc. 1835.
Page ii}'i-lL — et Une fermière du Hanovre et son
valet de ferme, afin de se marier ensemble, avaient
compiolé d'aëiïassiner le fermier. La nuit, pendant son
sommeil, le vafet devait s'introduire dans Ja chambre
de son maître par uuefenélrcque la femme lui ouvriraiL
La fenêtre se trouvant un peu trop élevée, la fcrmiùre
fit passer à 1 assasiiiin un pétrin sur lequel il put monter,
pour J'cuicalader plus aisémeoL Mais, au moment de
poserlepied sur ce pétrin, il s'aperçut qu'il y restait un
peu de^pAte, et s'écria : ^ Je ne marcherai pas là-des-
sus : c'est un don de Dieu ; ce serait un péché- » 11
fallut lui passer un autre meuble* > — Je trouve ce fait
dans les Mémoires d'un de mes plus cbers amis,
M. Fourcy, bibliothécaire de TÉcole polytechnique
{Souvenirs du collège et de l'armée). L'esprit observa-
teur qui brille partout dans ce curieux ouvrage a tou-
jours été l'un des caractères de nos ofUciers^ depuis
Yauvenargues et Descaries.
Page 15;i. — Sur la fraternité guerrière. Voyez
Œ^melin, Histoire des Boucaniers et Flibustiers, t, I,
p, 79, 128, 130,
Page 153, — Avant le combat, les Mahométans se
frottent parfois la barbe avec de la terre trempée de
leurs larmes. Mouradja d'Ohsson, II, 20:2.
Page 167. — Âlonso Ferraiulez prie D. J. Albu-
querque d'obtenir du roi qu'il soit fait Rico ome, et
qu'on lui donne banmère et marmit*^ Il n*ctait que che-
valier. Apala, p. 07, 1, 3i, année 135L — Les manni/tts
renversées des janissaires sont le signal ordinaire des
révolutions de Constantinople,
Page 108. — Tint le royne Isabeau à Parirf, et portoit
on devant la litière deux vianteaxdx d^^rmiues^ dont le
peuple ne sçavoit que penser sur ce, se non que c'estoit
344 SUPPLÉMENT. — l'état,
signe qu'elle estoit royne de France et d'Angleterre.
1422. Journal du bourgeois de Paris, p. 86.
Page 174. — Je fis aussi graver sur le marbre les
armoiries des Cellini, qui sont un lion d'or naissant,
sur un champ d'azur, avec un lis rouge à sa griffe droite
et ti|is lis d'or sur une herse, ainsi que les portent
les Cellini de Ravenne, gentilshommes très dis-
tingués. Cependant je fis mettre à la griffe du |/on une
hache au lieu du lis rouge, pour me faire souvenir qu'il
fallait venger la mort de mon frère. Mém. de Benvenuto
Cellini, p. 120 de la trad.
Page 191. — Une ordonnance de saint Louis, en date
de 1268 (?) assujettit le crieur public à crier le vin du roi
par les rues de Paris : l'ait lui autre tavernier cessent^
et li crieurs lui ensemble doivent crier le vin le roy, au
matin et au soir, par les carrefours de Paris.
Page 195. — La maison de Chastellux avait un droit
héréditaire à la dignité de chanoine de Saint-Germain
d'Auxerre, en mémoire de Claude de Beauvoir, seigneur
de Chastellux, qui reprit la ville Cravant sur des bri-
gands, et la remit au chapitre de Saint-Etienne. Le
chanoine reçu, après avoir prêté le serment d'usage, se
présentait à la porte du chœur en habit militaire II était
botté et éperonné; un beau surplis blanc et bien plissé cou-
vrait son habit; un baudrier passait sur ce surplis, et son
épée y était suspendue; il avait les deux mains gantées^
un faucon sur le poing, une aumusse sur le bras gauche,
et il tenait de la main droite un chapeau orné de plumes
blanches. Miilin, Voyage, I, 63.
Page 195. — Acte de l'an 1642, cité dans le Mercure
français, février 1735, p. 293 : Peut le dit sieur de Sas-
say faire dire la messe par le curé d'Ezy, ou autre, en
l'église Notre-Dame d'Évreux devant le grand autel,
quand il lui plaira; et peut ledit sieur ou curé, chasser
sur tout le diocèse d'Évreux avec autour et tiercelet, six
épagneuls et deux lévriers, et peut ledit sieur faire porter
PROCÉDURE. GUERRE- 345
el mettre sori oiseau sur le coin du grand anîdj au Iteu le
plus près et le plus commode, à son voulûir. Peut ledit
sieur curé dire la messe hotte et éperonm^ en ladite église
Notre-Dame d'Évreux, tambour battant^ en lieu et place
des orgues. — Il existait un usage semblable à Auxcrre.
Carpentier, verbo Acceptor.
Page 210. — Le Flibustier qe se rendit (\\\'k condi-
tion qu'on lui donneroit quartier, à lui et aux siens, et
quon ne lui feroit porter ni pien^e ^ ni elmi^r^cav c'est
ainsi que les Espagnols en usent lorsqu'ils prcnuent
ces sortes de gens; ils les tiennent deux ou trois anâ
dans les forteresses qu'ils bâtissent, et les emploient
au service des maçons. CExmelin, HisL des boucanierS|
I, 143, 1744.
Page 221. — L'un des derniers exemples de prison-
niers réduits en esclavage est celui des Irlandais ven-
dus par Gromwell. Voyez aussi (Exmelin, I, 112.
LIVRE IV. — r PROCÉDURE. GUERRE. JUGEMENT.
Page 225. — Les princes se faisaient de>î présents
symboliques en signe de défi ou de réconeiliation.
Le roi Lothaire, allant à Rome pour son divorce avec
Teutberge, obtint que le pape lui donnerait ww lionne,
une palme et une baguette. La lionne signifiait, selon /ui,
qu'il reprendrait Waldrade, la palme gu il serait victo-
rieux y la baguette qu'il contraindrait les évérincs à se sou-
mettre. Annal. Bertin., anno 867.
Alix présents qu'il envoyait à saint Louis, le Seigneur
delà Montagne avait joint une chemise et un anneau.
« Vous et notre maître j disent les envoyés, vous tlevez rester
unis comme les doigts de la main, et comme la eàmàse
rest au corps. Michaud, Croisades, IV, 406.
Mangu-Khan envoya à saint Louis un arc que deux
hommes pouvaient à peine bander, et deux flèches d ar-
gent remplies de trous, qui sifflaient en volant; si le roi
346 SUPPLÉMENT. PROCÉDURE, ETC.
n'acceptait pas son amitié, Tambassadeur devait les
rapporter, en disant au roi que Mangu savait tirer de
loin et frapper fort. Voyage de Rubruquis, c. 34.
Après la bataille de Nicopolis (1397), Bajazet fait de
même à Charles VI des dons menaçants.
Le roi d'Angleterre Henri V en voulut au duc. d!Or-
léans, qui lui avait envoyé en présent des balles de
paume.
,., Le roi d* Angleterre envoya au roy des trompes de
chasse et des bouteilles de cuir^ à rencontre des pièces
d'or^ couppe d'or, vaisselle^ pietTeries et autres belles
besongnes que le roy et aultres seigneurs avrient donné à
Warwick, à son partement de Rouen, 4467. Jean de
Troyes, XIII, 354.
... Ce roy envoya à Edouard, quiréclamoit la Nor^
mandie et la Guyenne, le plus beau courcier quHl eût en
son écurie y et depuis ce le roy lui envoya encores un asne,
ung loup et ung sanglier. Ibidem, p. 450.
... Le roy envoya au roy d'Angleterre une dent de san-
glier longue d'un pied et trois doigts, et une teste seiche de
une beste, comme de un chevreul de bois, de la plus mer^
veilleuse façon que Von ayt oncques vue. Quelle chose ce
présent signifie, je le laisse interpréter aux autres, 1480.
Preuves de Comines, éd; Lenglet-Dufresnoy, IV, 9,
Page 286. — L'en doit savoir que chelui s'accorde à
pès par fet et par parole, qui avec chelui qui souloit estre
ses annemis boit et menge et parole, et tient compagnie;
doncques après che que il aura che fet, se il H fet ou pour-
cache honte ou enui, il puét estre sievis de trahison et de
pès brisiée. — Beaumanoir, p. 300.
En signe de réconciliation, Philippe-Auguste couche
avec Richard Cœur de Lion, Raymond VII avec Amaury
de Montfort (Guill. de Podio Laur., ap. Scr. Fr. XIX,
215), François de Guise avec le prince de Condé, etc.
M. Paulin Paris soupçonne, non sans vraisemblance,
que, lorsqu'on faisait la criée d'un traité, il y avait des
PROCÉDURE, ETC. Ml
bouffons qui en parodiaient les termes. Voyez la Paix
aux Anglais, publiée par M. Jubinal.
Page 229. — Avant d'exécuter une sommanon des
Kiephtes. un village grec se la faisait répéter plii^^ d'une
fois. A la seconde ou troisième sommation, le papier^
sur lequel elle était écrite, était brûlé aux quaire coins.
M. Fauriel. Introd. aux Chants grecs, p. lv.
Page 249. — S'il était allé avec lui en une forêt pour
couper du bois, que le fer de sa cognée se fût échappé
de sa main, et, sortant du manche, eût frappé son ami
et l'eût tué, il se retirera dans Tune de ces trois villes,
et sa vie y sera en sûreté. Deuteronom., c. XIX, § 5,
Loi galloise : Voici les trois coups permis en disputes.
Le premier est d'enfoncer une lame enterre d'une seule
main, et si bien qu'un autre puisse à peine l'en tirer
avec les deux; le second est de frapper la tête de Tarme
dans un tertre, jusqu'à ce qu'une partie du bois soit
cachée; le troisième est de la placer, sur un buisson, à
hauteur d'homme; si la pointe n'est t.insi placée^ et que
quelqu'un tombe dessus etse blesse, un tiers de J'amende
du meurtre est imposé au possesseur de cette lame,
Probert, p. 283.
Page 262. — Les textes suivants, tirés de la législa-
tion indienne, autorisent en certains cas le mensonge et
le vol : — Lorsqu'un créancier, par une ruse habile,
emprunte une chose à un débiteur, ou soustrait une
chose mise en dépôt par lui, pour le forcer ainsi à payer,
cela s'appelle légitime déception. Digest orHindu law,
I, 341. — Toutes les fois que la déclaration de la vérité
pourrait causer la mort d'un soûdra, d'uo vaisya, d'un
kchatriya ou d'un brahmane, lorsqu'il s'agit d'une faute
commise dans un moment d'égarement, et non d un
crime prémédité, comme vol, effraction, il faut dire un
mensonge; dans ce cas, le mensonge vaut mieux que la
vérité. — Avec une maîtresse, avec une jeune tille que
l'on recherche en mariage, ou bien lorsqu'il s'agit de
348 SUPPLÉMENT. PROCÉDURE, ETC.
nourrir une vache, de trouver du bois pour un sacrifice^
ou de sauver un brahmane, ce n'est pas un crime que de
faire un faux serment. Manou, § 265-7, p. 104-12, de
la trad.
Page 276. — Une femme, accusée .de la mort de son
mari, s'étant laissée condamner sans se défendre : Sine
cibo et potu, in artâ prisonâ, per 40 dies, vitam suslî-
nuit, via miraculi. Pardonavimus eidem. Rymer, III,
part, 1, p. 358, anno 1357, éd. 1825.
L'épreuve du feu et de Teau bouillante est encore en
usage en Dalmatie. Quelquefois aussi, quand un homme
est soupçonné d'un crime, on lui met des éclats de sapin
entre la chair et les ongles. Fortis, Voy. en Dalmatie.
Daru, Venise, IV, 598-601.
Page 278. — Le 2 mars 1552, le juge du chapitre de
Chartres, après information faite, condamna un pour-
ceauy qui avoit occis une fille, à être pendu et étranglé à
une potence mise dans un endroit apparent du lieu du
délit. La sentence fut exécutée à la lettre. — Je ne puis
affirmer avec certitude de quel auteur ce fait est tiré.
Peut-être l'ai-je trouvé dans l'histoire de M. Monteil.
Page 286. — La ville de Paris, pendant la captivité du
roi Jean^ offrit à Notre-Dame une bougie de longueur
égale, au pourtour de Paris ^ pour bmler jour et nuit
devant l'image de la Vierge (année 1357). Félibieû, I,
p. 639. — A Nevej'Sf la peste ayant régné deux ans et
demief les habitants vouèrent à saint Sébastien une bougie
longue comme la ville , c'est-à-dire de 1720 toises (janvier
1564). Sainte-Marie, Recherches historiques sur Nevers,
1810, p. 417.
Page 292. — Les trente-deux Kurdes prisonniers
furent rangés suivant les trente-deux directions du vent,
et livrés à diverses tortures. Hammer, VI, p. 326 de
la trad.
Page 292. — Zuckee Hhan se fit faire un jardin de
ses ennemis. Des trous furent creusés à distances égales,
f»{*>Lt-. [IL'IÎ^:^ hti.
340
lime pour planter les arbres d'une avenue, iUx y plaça
ff>rles branches à chacune desquelles on allacha xm
iHiîer la têie en bas; piu^ on comhbiit \v^ Irons,
Im, Hîtit. of PerÈia, v. lU (à l^année \li}2).
^Q 315. — Par ht cent tu me notoire de la ditfe rontft
..:uti, ceilui ou ceuîz qui trouvent bannis è$ melif*$
oaUêres) de la dilie cùnté, et les mettent à nwrt, su?i( et
-HÎ esfrede ce quiftes et tenuz paisibles, m mettant un
>- d*argeni soubz la te&ie du banni mort. Carpentici*,
i, 4Ô3, Tiéiior des Charles, reg- lli, n" lâO,
FIN
ao
TABLE DES MATIÈREIS
INTRODUCTION.
Sources n
MéTHODK , VII
Famille. L'enfant. Exposiltou, Adoption, BapU%ie. - * ix
Mariage xm
Douaire. Dissolution du mariage xv
Mariage spirituel xvii
PropHété. Pasteur, Affrl*^"ltciJv. * , xvm
Occupation. ...*.,, xix
Orientation. Ager romain. ...,..,.,.... \%i
Possession , xxtf
Tradition xïiv
État. Fraterniti"^ jgtierri^re %%y
Royauté. tntronisaLiuri . » , . icxvr
Chevauchée. Banquet . + . . . ixix:
Ost et plaid , . lïjt
Aleu xxiT
Blason. Couleurs, Deviies .-,,*., x%xn
Droits féodaux ................... xxxv
Procédure, jugcme fit, gupTv*;. .*..,,.,.,, xxxvii
Défi, sommation» con vocation- ,...,...,,, Xïxvtii
Assemblée. Tribunal xxxix
Comparution. .....,.,.......,,,. xt
L'asile du juge ili
Serment ........,« xlil
35:2 TABLE DES MATIÈRES.
Page.^.
Épreuves xuu
Duel XLv
Composition . . xlvi
Seiilence * . XLvn
Le banni • xux
Supplice Li
Vieillesse. Mort volontaire ui
Mort LUI
Tombeau liv
Origine des symboles lv
Poi'sie juridique lx
Nationalités diverses lxii
Inde. Perse. Judée Lxin
Grt'ce. Italie i.xvi
Iode-Rome Lxvn
Scandinavie Lxviii
Inde-Allemagne lxix
Allemagne lxx
Galles Lxxu
France-Église. Nationaliti's lxxyi
Église. France. Nationalités lxxvui
Ages des symboles et formules lxxxiv
Age et nationalité lxxxviii
Concordance lxxxix
Mélodies xc
Caractère équivoque du symbole xcii
Anti-symbolisme xciv
Fictions xcvii
Droit romain et christianisme xcvni
Allemagne et France , . c
Anti-symbolisme français ci
Livre I. LA FAMILLE I
Chapitre I^"^. L'enfant. — Exposition. — Adoption 1
Exposition, enfant 2
Adoption, enfant 9
Chapitre II. La femme, — Le mariage 12
Mariage indien 13
TAULE B ES MATrÈRES. :tf>3
Mamge roniûiîL .,.,,, * , . . . 15
f rift^riorili'^ de l.i feirniuj ,.,,.. . 17
M:irjîige par achrit. , .,,... IH
Maritige grec , 19
Mrtriage geriuanîqup. ..,,....., 20
KiuîiiNiitle^ *'....»...►.,,*,,♦,,, ^ » 2i
Haindillpa, Épée. Lance, Fourure, elc* . :Î3
â1ari.igt% égïise ,.,.,,....,,,,,..,,,, 27
Mariage spiritufl , .,..*, 31
Gïmciibin?it ...►,.,».*,.,...,.,» ^ , , â2
S^^mbûles ilivcrs du inana^e. .,..., 33
Clef.% querit>tiïi3p, ..*..»,..,.*.,.,. ^ , , 34
Feu, mariage, d<% , , , 33
Dfm-du-matïïi. , , . . . 36
CLpvcux, coitiomoaiilr ,...., , . , 37
Dniits du uuïti .....,,,.......,..,,, 3Jî
Droif^ de la ft*tnai<? .....,.,.,...,...,, 3*1
Mari ?ul)AtïIui'. , , 41
V^uvag*^ .-*.*.*...♦.,,,.,,,.*.,, 43
YLnivugc, secondes nf*c»?^ .-.-.,.,,.....* 44
Séparulioîi ,..,♦. ♦ . . 43
CttAPrtm m. Parenté, he'ritagt, .............. 17
Sïifrpasioîi rndienno, romaïDe, gcrmanjque, . , is
hain*', le plus jeune 40
Jtiveixnpui-, Gnvulkmd 30
petit-nu, fcuiQie , 51
Bâtard ,.....,... 53
Eeiiondatiou , S4
iVKE U. PROPiMÉTÉ _ 57
[CliAPiTWi l'"". Occitpaiwn , , . 57
Vùl di? la pluiue» .,,,.,..* *.,.». îiS
O€«ntpiiltou, jet, hache» lïiarteau, laace , . , îiî>
Jet, ft'u, chQvauch'îfî , , ai
Seineuce .,..,.»*...,.....,,,..,. 54
Oreiipidion, peau, *».....,,., , . , f^:;
ChaiTittgii, occupation, couràc^ . . , , , . . fifi
IiiAtntuB H. Posseuion **.*,,»...,,,.,,,. (îîj
Ibctio.n J. ^fa^vke, taré indivh<f^ biem communatia^ m
20,
d&i TABLS DES HATIÈRflS.
Pages.
Marche 70
Pénalité de la Marche *....;,., 71
Animaux « 73
Section II. Lager^ ou champ limité, orienté. Pasteurs, agri-
cidteurs , 77
Limitation , 78
Orientation 79
Limitation . 81
Mesure 84
Le pauvre, le passant 88
Chapitre III. Tradition 91
Herbe, gazon * 93
Terre, pierre », ... ^ 94
Paille 97
Rameau 99
Bâton 100
Dàton, main 102
Oreille 104
Chapeau, gant, soulier , . . . 106
Porte, gonds, siège, denier 108
LiVHE Ilï. ÉTAT , . , , ^ , 110
Chapitre I«' Le roi, le noble, le libre 110
Rois, nobles 112
Nobles, cheveux 113
Cheveux ; * 114
Cheveux, armes 115
CHAPrrKE II. Élection, couronnement du roi, ctc 116
Intronisation 117
Intronisation, couronnement 118
Couronnement, sacre , . . • , 120
Introni station féodale ^ , s . . . , . 122
Couronne , 123
Intronisation du pape ,.,,.. s . , 124
Intronisation épiscopale , ^ . , . . ^ . .« ^ 125
Moines, prêtres 126
Chapitre III. La chevauchëe-le-roy, la cour, les grands o/)î-
cUrs 128
TABL£ BBS MATFÈRESp ^55
Caroccio, chevauchée 1^9
Cour ^ i:jO
Cour, aerviieurs , , . . VA^l
Serviteurs 130
Officiers \ , . 135
Offices , , llifi
Lauce, bâton, épée , Ul
Ciseaux, anneau, cloche. ....,,,..., 142
Cloche ta
Couronne, chapeau .,..., IH
Hommage i45
Renonciation , , , UT
Fiefs (lu soleil, aïeux . . , , , IVi
CuAPiTRB IV. Communion^ fraternité, chevnierk. , IjJ
Communion, terre, san^. .,,....,.. UVA
Sang, alliance, sang I5i
Chevalerie ..,,....,...... lOÔ
Suite du CHAPrraB IV.
' Couleurs, drapeaux^ ai^mùiri^s, dt^vms, crk d'annci^ . . , MH
Couleurs 16i*
Étendards ..,,., 16:*
Bannières ..,..,... 167
Armoiries *,>.,, IfiH
Emblèmes, devises ...,,,.,.... , i6U
Devises, cris d'armes , , . , HD
Insignes des roturiers. . . » , , * . , . , 112
Noms .*....,...., M\
Devises roturières. ,..*..... . . . nu
Formules des corps de mî-tiers *,,.,.. 177
Chapitre V. Droits féodaux^ juridiction^ r^demnms, .... IT^)
Juridiction * . . . 18o
Juridiction et droits fé<id2iujc ....,..,.. i%\
Redevances, peaux, poules, redevances divergea. , , , . ISii
Argent la^;
Roncin de service. ..,*,...*♦,.-.,,,,, IGU
Redevances 101
Hébergement. . ^ 19:1
Droit de chasse , IHl
356 TADLB DES MATIÈRES.
Pages.
Redevances bizarres 195
Redevancea et corvées bizarres 191
Grenouilles 198
Redevances, past de chiens 1 99
Roses, gants, etc 200
Redevances diverses 201
Maritagium 203
Mets de mariage 208
Enfants du serf, communautù, héritage du serf. 209
SurrB DU Chapitre IV. Le Serf. 2li
Servage antique 212
Condition du serf 213
Servage . 215
Noms du pei-f 216
Affranchissement .• 217
Droit d'émigrer 221
Livre IV. (iUERRE, PROCÉDURE, PÉNALITÉ 224
Chapitre I^r. Défi, sommation, convocation. 22k ^
Défi 225
Appel aux armes 227
Convocation 228
Sommation et contrainte 229
Excuses 23i
Délais 234
Chapitre II. Lieu et temps du jugement 23.'5
Lieu du jugement 236
Orientation du tribunal 239
Jour et heure 241
Mesure du temps 242
Chapitre III. /w.7W e/ 7 Mré* 243
Juges armés 244
Serinent du juge 243
Tribunal 2i6
Jugement populaire 247
Juge civil 248
TABLE DË5 MMli:RES\ 35T
SArrruE ÎV, Lepée du mùrt^ ammathm .,,,..*».. 219
[Lovés ilu iTiiirt ..*,*.....<., 250
lExIiibilkm (lu cadavre . > , * 25*
I AccuPMlinTi .....,.,.,...,,..,,.,.. âSÎ
I AppTfVîwlîfu) t!« dMil, *.,.,**..♦ , S^
iAPiTitE V. Asi^^ dommiU. 234
l Asiles. . ^ ...♦,.,,,,....,.*.,..- . 2:jrî
[ Asilcj ilomîcile .,,..,,,*,. * . . . arilt
I Arrestation . 25S
fiAitiTHE M. Sermmf .,...,...♦., 230
Dîispci*?e fie pertnent . , . - , * * . , , â62
Dj-jtiranfs 2fi3
|A$aistaBU. * . .,,*,,.....,.,, fïl5l
BArrrriE VU.^/Mr/^/îpHλ {ImL 266
I Épreuves, eau 261
Eiiii frnitïe . . , , 268
ïEnu chaude * 27Û
fFcu . 272
Bpreuves, feu, terre. 2T3
fçroîx, (^ti;, .,..*.... . 211
* prouves, lïu>rej épreuves iliverses ♦......,,, . 215
ttôl juilïclaire .*...,,.*...... ^ .... . 211
llArrrRE VUL Atnmnttjr cQwparQmatit en Jut/liee^ CQmme
act't/i(Cft^ mi i^wrtme fë moins. ..*.,..,..,,., 21ê
fJknim^\x% coupables , 21t»
tiimaux tuoaoiïi's . * 280
liAPiTHE IX, Avm, appel t cîôUtrt dujugemeni. ...... 281
Uppel 2S2
lOÔtnre du jugement ........*., 2nà
iriTiu X. ComposHiott^ ,..,♦. 284
iimceau 285
338 TABLE DES KATlERËS*
CttmpcHtitîou, poifU ,,..*. ÈH^
Gomposiliari dfiisoirp » , , . S HT
CllAPtTns XI. Ej;!CCidi(in *,*,... , . , » 2S9
Ex/rution, ^r, eau ,.**,.*.,* * , * » 21*U
Eau, fer , . , , , 2^1
SuppUcea Uivcrs. ,,,,,..»....... 2l*i
Porter la sHIp , . . i!l»0
Couper la nappe 3Ûl
Peiot'S grf>lei?qn*^d .*»,*.,*».. ..*,-..,< 303
Peiues, outraj^C:^ ù la pudeur. ,,,,.**»,...«• 30 i
Peiiiea de l^adulti^re, , » , - 306
CHAriTiiE XML Le débiteur inmlvabie .-,,,,..,.. 309
Prrt illicite, mure 5J0
Bmiuet vtrt . 3(i
Saisie j exlarBions. , . - , . 31i
CttA?rrRK XÏV.* BanmsËemeni, proËn^ipiion, l'aubaine U
btUani 311
Banni ssement, proflcription 3!u
Baîuiiai<ii^ ment et cession. . . . , , . • 3li3
Jnlerdiiitjû tecti. »...*. 3i"
L'iiomme-luup. *.*..,, *..,...,. ^Ifi
.Uijurer le pay* ,».,♦.,,,.,, , , , , 31S
l/('lran^er 320
L'AuÏJidu , » , ...».....*..>.. 3âl
Banni, etc ., 32â
Hospitîilil^'- . , * SiS
Le Passant ,,*...< 3;îi
LtvftK V. VIEILLESSE, SÉPlLTUUE , 321
VieUJank mÎF à mnrt ,,.,...,. , , 3i8
Murl volmik^ire ..♦,.... 330
Srpulturc luVmque .,.*,,.,.* , . . aîït
SépuUure. ,,.,,..-..... 33i
Se|»aLturfi oedêdastLqiie. .,.,........*«*« 334
TADLE DES MATIÈRE?, 3S9
SUPPLÉMENT à V introduction ^37
— I«. Famille. ,.,.... , , . . . S+0
— II. Pt'oyriélé 3^1
— m. État , M2
— IV* l'rocédure, guerre. ,.*..,......*.* 345
— V. Procédure, etc. , 348
363. — Paris. TyiiotfTïiphia Gaaloii Nkr, ruû CâMfitto, J,
Il ■v.H^-t
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