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Full text of "Origines du droit français cherchées dans les symboles et formules du droit ..."

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ORIGINES 

r 

DU DROIT FRANÇAIS 



CALMANN LÉYY, ÉDITEUR 



OUVRAGES 



D£ 



J. MICHELET 



Format grand îq-IS, à â fr. 5Û le volume 

L'Amodr^ 19* êdilton. ,, i vol. 

BîBLK DE l*hu«anitj!, 5" édiUon 

I/Étcdiant. Cours au Collège de France (lSi7-1848). 

U Fmm, 19* édilion, * 

Le3 Femmes de la Uévolution, 7* édition 

Histoire aoMArxi, République, 6* éditîoD. . . . 
Inthoduction a l'Histoïbk UNivsRSKLLRj 2» édition. 

Des Jésuites ,,,»,..,, . , 

LÉGENDES D^uocRATiouEs DU NoRD* NouveUe éditioD. 

La Mer, 1Q* édition. 

Le Peuple, 6» éditioe ,..,.... 

Précis de l'Hestoehe hddehne^. Nouvelle édition. . 
Le Prêtre, la Femme et la Famille, NouTelîc édit. 
Les Soldats de la Révolution, 3* édition. . . . 
La Sorcière. Nouvelle édition 



PariiÉ ~ Tjpft|rri]ïliift GuioD K^b, (, ma CuittLA. — 363. 



J." MICHELET 



^ ORIGINES 



t*u 



DROIT FRANÇAIS 

CHERCHÉES DANS LES SYMBOLES 

ET FORMULES DU DROIT UNIVERSEL 



Aniiqui j'urii fabulas. 






PARIS 
CALMANN LÉVY, ÉDITEUa 

BUE AUBEB, ^, ET fiOULEVAHD DBS ITALIENS, IS 
A LU. LIBRAIRIE NOUVELLE 

1890 



4 *- 



(Page LXïivi-Lïixvii de rjntrod.j 



INÏRODUGTIOiN 



Tout le monde coiinail lea aclus ler/rih/u dos afi- 
riens Romains^ les cérémonios bizarres avec les- 
quelles s'accomplissaient los principaux aclCH du 
droit, les formules mesurées, queii[Uf3fois rimées, 
qu'on devait y prononcer sans changer une lettre- 
On sait que la deminliatlo nom operis so faisait 
en lanf;ant une [ïieiTC contre le mui indûment 
élevé; que, flans la vmdicatio, on apportait devant 
le préteur une motte de terre prise du champ en 
litige, etc. 

Ce formalisme dramatique était''déja suranné an 
temps de Cicéron. Il n'en parle que pour s'en mo- 
quer. Justinien va plus loin; il se félicite d'avoir 
fî^tniil la dernitre trace des vieilles comédies du 
droit; Antiqni juris fabulas. 

Nous n'avons plus qu'un petit nombre des for- 
mules symboliques de Rome, Le laborieux Bri^î^on 
n'a grossi sa compilation De formulis Romanorum, 
qu'en y admettant un grand nombre de locutions 

a 



soiKce<. 



étrangères à la langue tlu di'oit. 11 y avait donc iinu 
grande audace à affirmer, comme l^i fait Vieo : 
a Quo lancienno juri^pindence fui loiile poétique, 
que le droit i-omaiii dans î^on premier tige fut un 
poème sérieux. >^ 

Ce paradoxe semble ji ou riant moins hasardé, à 
mesure que Ton étudie les autres légit^lalions an- 
tiques, Les lois de Mauuu, le Digeste indien, pré* 
sentent un grand nombre de ^symbolef^ et de for- 
mules poétiques. Les livres des Juifs, ceux des 
Mahomet ans, malgré leur austérité, n'en sont pas 
entièrement dépourvus. Les lois du pays do Galles 
ont, sous ce rapport, une bigarre originalité. 

De toutes les jurisprudences, la plus féconde 
sans comparaison en formules poétiques, c'est celle 
de rAUemagne* Dès 18 IG, Jacob Grimm, le Ducangc 
de notre temps, avait publié une courte, mais inté- 
ressante dissertation intitulée : Pohie du drùii V En 
1828 parut le gigantesque ouvrage du mémo au- 
teur : AfUifjfitités du di'oH ailemand. Jamais livr^ 
n'éclaira plus subitement, plus pro fou élément une 
science* Il n*v avait là ni confusion m doute. Ce 



I, Les anciens jurisconsultes de Rome étaient d'émiuerUs 
graramainens. La Grammaire de Grimni a éld son premier tra- 
vail. !1 y a embrassé rallemaud dans tous ses dialectes» dans 
tous ses âge,?, et constitué cette vafste langue comme système 
ol comme science. Il en a ensuite étudié les formes poeliques 
dans son opuscule sur les Mi^tsUrmi^nfjer, Alors il a publiiUes 
Àuliqitiiés du droit allemand. Uq autre eût pu les recueillir; 
lui seul pouvait les éditer* Plusieurs auteurs avaient traité 
antéfieuremetit la même matière; aucuu^je pt^nâe^ a y appor- 



'^^rm 



souacES. fil 

n'était pas un sj^^ïcjïk? plus mi moins îng^i/nioux. 
C'élail un magnifique i-uciuiil do formules omjjrun- 
Lec5 à loulos les jumproclences, à tous les idiomes 
de TAllomagn^^ et du Nord. Nous entendîmes dans 
ce livre, non les hypothèses d'un homm<% mais ]a 
vive voix de l'anUquitt^ elle-même, rirrécusable té- 
moignage de deux ou trois cents vieux juriscon- 
sultes qui, dans leurs naïves et poétique*^ formules, 
déposaient des croyances, des usages domestiques, 
des secrets même du foyer, de la plus intime mora- 
lité allemande. 

Ce livre a une valeur immense en lui-même, 
comme révélation de la poésie juridique d'un 
peuple, une plus grande encore comme terme de 
comparaison avec celle de tous les peuples. Aucune 
nation n'étant aussi riche en ce genre que l'Alle- 
magne, ce que les autres poss<'ulent trouve presque 
toujoui'^ une partie correspondante dans le n'eiietl 
de Grimm, et peut en recevoir confirmation, . 
interprétation. Une science nouvelle, indiquée par 
Vico, est devenue possible : la symboli<]ue dudroif. 

J'ai cru que la première question de riustoire 

tait de telles éludés préalables^ une telle autorité. Voyez 
Uûfmanfi, Maiilzel, DunigL% Evrard Oîhon» Schaunilitir^, 
Schukking, Sande, etc. — L'aruiée m^uie où M. (irimm puhlia 
SES Anti'jmltkt tn 1828, M. Artliur Bi^ugiiot imprima un 
opuscule de quelques pageSj sons le titre suivant : Dmert*j- 
tîon sur tes cérémomes symbothiues tisUéûs ihrns l\tnci€t}nr jaris- 
prudsfice fi'tm(;ài^e. Cette disse rtalioOj qui ne fui pas mise en 
Tente, est, à ma connaissance , le seul es?ai qu'on ail fait en 
France sur ce curieux sujet. 



du liroît frantjais tUail dp savoir si cp dn>it n'av; 
pas eu aussi sou Age poéliqu'*. Nos loi^ liarliorrs, 
saliïpie ou ripiiaire, présentent un cerlain nombre 
lie bedet; formult'S. Mais ces lois sonl bien moins 
frangaises que g-ermaiiique^. Les capiLulaircs ne 
présentent guf^re île formules, ni de symboles. Nos 
beaux livres de droit écrits en ft'ani:ais au moyen 
ftge ne sont rien moins que poétiques. Sons I ap- 
parente naïveté du langage, on y sent partout la 
logique et Tesprit d abstraction des docteurs en droit 
romain. Ils présentent toutefois un certain nombre 
de formules féodales. 

Le droit féodal était celui des seigneurs, des sou- , 
veraîns de la France; c'était un droit publie, poli- 
lîque, plutôt que civiL Les sujets des sëigmnirs 
suivaient déjà cerlaiuement les Coutumes qui furent 
écrites plus lard. Ces Coutumes, à en juger par 
celles des autres peuple?^, devaient contenir do 
curieux symboles populaires. Malheurcusemenl 
elles no nous sont parvenues, pour la plupart, que 
sous leur forme la plus moderne, dans la rédaction 
du seizième siècle, et cette forme était enco; 
sciemment altérée par les rédacteurs, 

La France, en cela différente de tons les peupl 
aurait-elle commencé rlans son droit par la prosi 
OlTrirait-eUe Tunique exemple d'une nation proi 
que à son premier âge, mûre a sa naissance, rai 
neuse et logicienne en naissant? Ou bien, tout 
qu'elle eut de poétiques formules, do syuiboli 
juridiques, aurait-il à jamais péri? 




SOURCES!. 



La lâdic est rude pour celui qui vt>ut éclaîrcîr 
cet!e question. Il ne suffit pas ih parcourir les livres 
ik* droit [iroprenieiil dit. Nos lois barbares, nos lois 
féodales, nos coutumes, n'ont éle i^crites que lard, 
lorsque le système qu'elles represenlaient s'était 
aflaibli et prosaisé. Il faut donc avoir recours à une 
înfiaîté d'autres livres, qui rappellent par occasion 
les formes primitives du droit, eiïacées dans les 
livres mêmes des jurisconsultes. 

Les premières sources auxquelles on devait na- 
turellement puiser étaient le glossaire général de 
Ducange, CarpeïUier, etc.; puis le glossaire de Lfiu- 
rière, particulier au droit franc;ais; lecture immense, 
faible résultat, au moins en ce qui touche le sujet 
(jui nous occupe. 

Une autre source fort importante était le livre de 
D. Marteue ; De antiquis ritibus ecclesiœ. Ce recueil 
contient plusieurs rituels françaiî^ de la plus grande 
beauté. Les actes religieux sont souvent en mémo 
temps des actes civils. 

Quel que soit le mérite de ces vastes compila- 
tions, beaucoup de textes curieux ne s'y trouvaient 
point, lis ont été recueillis dans un frrand nombre 
d'ouvrageSj où Ton ne devait pas certainement s'at- 
tendre a les rencontrer* Cluoniques de villes ou de 
provinces, contes, fabliaux, toutes sortes de livres 
dliistoire ou t!e littérature, ont fourni îles textes 
de droit. J'en ai trouvé plus d'un dans des annuaires 
ou des almanachs de province. C'est une re- 
cherche immense, fortuite, qu*un peut poursuivre 



loiitc fia vie sans craindre de répnii^ïT jîimat$,i 

Ll* livre qu'on va lire esl, je le sai&, t*xtrènipmi»Jil 
inconijilot. A vnu dire, ce n'esl qu'un cadre qiiejfi 
rem jd irai un peu mieux avec le temps i D'aulrt*^ 
peut-être voiidnnil bien m\' aider, Noii^ devui: 
LouSj dans les roule.^ diverses que nous parcournnsJ 
recueillir d une main pieuse ces pauvres el rare 
d*î|irifî. 

Quanti cette reclierclie immense ne donnerail 
qu'une sointiou négative, elle n'en somil pas moiaâ 
utile. Si le droîi f rampais â en un Age poétique, il < 
bien ilirGeile que cet âge ait péri sans laisser de? 
Il aces. Si donc ces traces se réduisaienl à peu du 
chose, il en faudrait conchiro que la France a eu i 
bonuf heure indigence, sinon de toule poésie, ail 
uiniusde cette poésie qui vit d'images et de syiû-^ 
brdes. Pour la poésie do mouvement, la poésk 
passioonf^e el raisonneuse, elle ne nous a jamaifi 
maïuiué. 

Jusqu'ici, tes Icxtos allemands font plus de le 
moiliê de ce livre*. Amesuro qu'il s'augmenlera de 
textes nouveaux, F Allemagne, nous respérons, yj 
dominera moins exclusivement. Déjà, pcntlanf rim- 
pression, ils ont aftlué, et nous avons été obligé 
d'en former un supplémenl* 

Crimm avait donné deîî textes dans les dialectea 
originaux de l Allemagne et du Nord. Nous lei 



1. Nous les dt\si^mon3 par riniLialc G, en indiquant la pagisj 
Ou livre île Grimm û*on ih sont tirés. 



avons Iraduits et ordonnés sur un plan qui no\t^ e^L 
propre. 

Nous ne douions pas que le public n'accueille cet 
essai arec une iadulgenle équité. La difficuUé n'était 
pas médiocre pour traduire, de langues et de (lia- 
lL*ctcs divi.^rs, dest passages obscurs en eux-mêmes, 
plus obscurs par leur'isolenicnt. Si donc> malgré Ib 
soin cl la conscience qu'on a porléi^dans ce travail, 
la critique croyait y découvrir quelque inexactilude, 
on la prie d'cxarainer si le doute ne porterait pa^* 
sur un pasi^age à plusieurs sens. Ces oracles de la 
jurispnuience sont quelquefois aussi équivoques 
que ceux des dieux de Tantiquité. Il en est plusieurs 
r[ue nous n^aurîons pu îiUerpréter^ j^i M. Grimm ne 
nous eût prêté le secours^ île sos lumières. Comment 
reconnaître ce que nous devons et à l'ouvrage et à 
riliustre auteur? }Jn suffrage d'une telle gravité 
récompense de tous les travaux. 

Si ces traductions eussent été faites par une main 
plus habile, elles auraient enrichi la langue d'un 
grand nombre de formes heureuses, La nécessité 
d'exprimer des idées qui nous sont étrang?!i'cs 
obligeait de chercber des tours nouveaux, et sou- 
vent un rythme particulier^ dont nos vieux pro- 
verbes juridiques n'offraient que de rares exemples. 

Voilà pour Texéculion, Quant *^i Tordre général, 
le cadre que nous avons prîs^ le seul que nous pus- 
sions prendre, c'est la biographie jtmdiqtie de 
[ homme ^ de la naissance à la mort. Les grandc^s 
divisions étaient indiquées d'elles-mêmes, ou déjà 



VTII MÈTIJOPE. 

marquées Jans le livre ck» Grimm. La difficulté 
6iaiL dans rarrangement du dtHail. 

11 y avait souvonl lieu de douter si un texte devait 
èLrc placd selon son âge probable, selon la langiiP 
^l le peuple qui l'avaient fourni, ou enfin frelon la 
j^eiu^ration pliilosopliiquc des idées auxquelles il 
se rapport ait. I^s symboles devaient-ils se elasser 
trnprëf^ la forme ^ ou d*aprrs Vhiée^ céiu'd encore 
une question. Quoique, entre ces ordres divers, il y 
uit un rapport intime, on n'aurait pu les ramener 
nonstamment à un seul, sans rejeter un grand 
nombre de testes importants, sans fondre ou abré- 
ger lofî autres, La riclie matière historique que nous 
avions entre les mains eût péri, élouffée dans une 
trop rigoureuse systématisation. 

Ne pouvant établir un ordre plus sévère dans iiii 
recueil si varié, nous aurions voulu du moins en 
donner Tesprit dans une lumineuse introduction, 
derrière la diversité des formes, monlrer la sim- 
pi ici té des idées, saisir des lois immuables sous la 
mouvante action de cette Divine Comédie. 

D'antres le feront pout-ètre. Pour nous, qu'il 
nous suffise^ dans les pages qui suivent, de liasarder 
quelques idées. Celui qui va parler de droit n'est 
\K\i^ un légiste, c'est un homme. Un bomme, en 
matière profondément humaine, ne peut-il, tout 
comme un autre, donner et demander avis? Eu 
Israël, les juges qui siégeaient aux portes des villes 
n'étaient autres que les bommes de la ville mt^me. 
Quand les prud'hommes du moyen âge tenaient 



EXPÙSÏTION. AUOmON, IK 

leurs assises au carrefour d'utu?; grande routo, au 
porche tlo l'église, ou sous Taubépine en fleurs, ils 
appelaii^nl, en cas de doute, le premier bon compa- 
g:noii qui passait; il posait son kVton et siégeait 
avec les autres, puis reprenait son chemin. 



Le premier signe auquel les jurisconsulles du 
moyen âge recoimaîssenl que Tenfant a eu vio^ 
c'est qu'il ait pleuré... Ou bien encore qu'il ait pu 
voir le toi L sacré, les murailles de la maison pater- 
nelle. 

Dans l'antiquité classique ou barbare, rcnfunt 
mis aux pieds du pt're n'a pas droit à la vîo, tant 
que le père ne Ta point retev^^^ tant qu'il n'a pas 
goûté aux éléments sous la forme du lait ou du 
mieL L'usage d'exposer les enfanU était universel, 
surtout dans nos tristes climats. Les Th races pleu- 
raient aux naissances. Les Scandinaves épargnaient 
volontiers à l'enfant une vie de peine et do dou- 
leur. Puïfî^que ce nouvtjau-né se plaint de vivre, le 
mieux pour lui, disaienL-ils, serait de mourir. A peine 
sorti de la nuit, qu'il y rentre, qu'il se rendorme, 
comme l'homme qui, s'éveillant à demi, se lïï\Le de 
fermrr les yeux, se retourne et renoue ses songes. 

Rebut de riiomme, livré à la nature, il en élait 
souvent bien venu. Elle l'adoptait, la rude mère, 
lui jonchait de feuilles sa froide couche, elle le 
berçait du vent du nord, le nourrissait du lait des 
louves* de la moelle des lions- 



L ENFANT. 



Quelles éiaienL cepeuJaiit les plaintes ihs mèros? 
clIi'S seules pourraient le dire. Les pierres en pleu- 
raient. L'Océan luî-mônie s'émut en enfendanl la 
Danaé de Simonide... Toutes les fois fjuc la famine 
ou (juolijue autre grande misL^c n'y contraignait 
point la famille, on ne se décidait pas aisément à 
une chose si dure. Ou lo relevait plutôt de terre, 
ce pauvre petit suppliant, on le prenait sur les 
g-enoux, on communiait avec lui par le lait et le 
miel, on le plai^îiît entre la eliemise et la chair,.. 
Ce sont les formes touchantes de radoption antique. 

(( L'ancêtre saisit Tenfanl, dès qu'il sort du sang 
maternel : Te voici donc, ô mon âme^ renée en- 
core une fois, pour dormir de nouveau dans un 
corps! ^ï (Lois iiutieunes.) 

Celte idée de perpétuité se retrouve dans Rome. 
Rome n'est point ^ comme la Grèce, une vîtrgc 
svelle qui dédaigne la maternité. U*est une grave 
et féconde matrone. Elle relèvera J'en Tant, pour 
tpril serve le père, qu'il continue les Sacra pa- 
l(^rna, qu'il soigne ctlionore les Imagines majorum. 

L'Inde voit en lui la reproduction do Tâmo pa- 
[i.Tnelle; Rome, un serviteur du p«''re, un hérilier, 
I^Aliemagne y voit un enfant. Le bon vieux prud'- 
liumme de Fi'ise, au bord du sombre Océan, com- 
pare avec crainte la faiblesse de la petite créature et 
l'ùpreté des hivers du Nord : « Il est un cas de néces- 
sité supTV[ne oii lamlTe peut vendre le bien de Ten- 
faut. C'est quand l'enfant est nu comme ver, qu'il 
est sans asile, et qu'arrivent le noir brouillard et le 



r^m 



L*ESFAXT. XI 

froitî liiver. Tout le inonde rentre dans la fermo ol 
dans la maison, chacun se lient chand au poèlo, 
et la bèto sauvago cherche l'arbre creux, l'anln» 
des monlagncs^ pour mettre sou corps à l'abri. 
L*eiifant d'un an crie el pleure, comme pourdîro 
le dénùment tic sa maison, et que son père, <]in 
Teùt préservé de ta faim, du froid et du brouillard 
rst entre quatre clous profondément clos et couvert 
sous la terre et sous le chêne. Alors la mère peut 
bien engager et vendre le patrimoine de I enfanï. >> 

Une autre vieille Coutume allemande m pose ce! te 
question : a Quelle est la mesure du plus petit bien? 
^r^ Celle du berceau d un enfant et du petit escabeau 
pour la fille fjui !e berce. » 

Ainsi, tandis que le fils est pour Rome la chose 
du père, tandis qu'elle TOit dans la famille une 
forme de la propriété, l'Allemagne lire de la fa- 
mille * ridée de la propriété même. L'homme n'esl 
plus attaché h la chose, mais la chose à l'homme. 
La société a ici pour base ce qu'il y a de pluR humain 
et de plus divin, ile plus fragile et d<* plus stable sur 
cette Ifirre : un berceau* 

Berceau du frère, sifege de la sœur, c est la so- 
ciété pure encore, riiomme et la femme au temps 
ïrinnocence. Le passage serait facile de cetle eu- 

4. L'amour de la fa mille a été de tout temps un caractère 
des liommes du Nord. Saint Jean GhrjsostOine, dans ses 
Homélies, raconte qu'un barbare, voyant les fi i ces reelier- 
cher avec passion Famu sèment des spectacles, tlemaurJa si 
CCS gens n'avaient pas d'enfants, 



Xn BAPTÊME. 

fantine poésie à la sublimité chrétienne. Je chan- 
gerais, si j'osais, cet escabeau en un trône, le trône 
en autel. Jeune sœur qui bercez un frère, vierge et 
mère avant Famour, n'êtes-vous pas la mère d'un 

Dieu? 

Tout ainsi que le grand poète romain voit dans 
reïïfLint un pauvre naufragé jeté à la côte^ tout de 
même que le prud'homme allemand l'aperçoit gre- 
ioliant sous le vent du nord, le prêtre chrétien 
compatit à sa jeune âme lancée sans défense sur 
rOccan de la vie. Cet Océan lui apparaît dans 
Tétroite cuve du baptême (voy. la belle formule, 
page 8). C'est moins la vie physique de Venfani 
qui l'inquiète; il est tout autrement préoccupé de 
lui assurer la vie éternelle. Les dieux du Nord 
firçnl jurer à tous les êtres de respecter la vie de 
Bal<lcr, excepté une toute petite fleur, encore trop 
jeune, qui ne jura pas. Le prêtre chrétien s'adresse 
au«^si à toute créature, les sommant de respecter le 
fils adoptif de Dieu, leur défendant d'en approcher, 
il moins qu'elles ne deviennent pures. L'eau qui 
lave et purifie tout, le sel même de la sagesse, il 
les exorcise, dans son inquiète prévoyance. Le grain,. 
t*iiHiocentfils de la terre, la poudre du grain, pâle, 
inodore, insipide, à peine perceptible aux sens, 
soni encore trop matériels; ils n'approcheront de 



ï... Ui sœvis projectus ab undis navita... Lucret. Denat» 
rerura. 



MARIAGE. XII! 

rbomnirï qu'en ^'abjurant eux-mêmes, et n'existant 
plus que comme espriL 

La première initiation sociale, e*est le baptême j 
la seconde, c'est le mariag^e; deux naissances, deux 
commuoioBB. 

Quand rhommc a aKeint le point le plus haut 
de sa vie première (être et vivre trop pour soi- 
nat'^me), il commence une vie nouvelle, une \ie de 
création. Éire, créer ^ mots ma^i Tiques qui n'ap- 
partiennent qu'à Dieu, mait^ qu'il nous permet 
d'usurper. 

Dans cette communion nouvelle, la femme û*est 
pas d'abord la personne avec qui Thomme commu- 
nie, mais ia chose dont il communie. C'est la diffé- 
rence des deux grandes formes du mariage : le 
mariage béroïque, celui delà force, où la femme est 
enlevée ou achetée {coempHo)^ le mariaf^e sacerdo- 
tal et tinmain où son consentement est requis, où 
elle est admise à l'agape de l'homme, où tous deux, 
comme fr^re et sœur, participent ensemble aux dons 
de la nature [confarrealio), 

La femme, dans le mariage héroïque, n'est que 
la propriété de Thomme, le trésor de son plaisir, 
une plante ravissante, un arbre du paradis, où il 
cueille le fruit humain. Quelque royal et divin que 
soit ce mot, possession, il ne suffira pas à l'homme- 
La plus complète jouissance du fini laisse encore 
un in (lui dans rahîme du désir ; désir infini, tris- 
tesse înfinîcj et les fureurs impuissantes que décrit 



XIV MAH1AGE. 

si LeiTiblenient Lucrèce, t*t le désespoir <hi bon- 
heur!... 

Ne serait-ce pRs., ô homme, 'que vous êtes un es- 
prit, qu'un esprit seul peut vous répondre? Celte 
chose charmante ne peut rien pour vous, si vous 
ne suscitez en elle une volonté, une personne. Alons 
vous serez plus véritablement créateur que si vous* 
fécondez son sein. C est là un moment solonnel, 
comme quand Eve, au signe de Dieu, jaillit du 
neani, k^s mains jointes *; le momenl on te marbre 
s'unime, où la chose veut, où la jeune Malati ré- 
pond enfin à Madhava. — « Madhava : Au nom de 
M ceux que lu aimes, ne parleras-lu donc jamais ! 
i< .Wfï/^//: Comment saurais-^je,ô moiï Seigni*ur!*.. }^ 
Alors, alors, coulent les larmes. Et si niallicureuse- 
raent cette crise de bonheur durait, si Tliomme 
continuait ainsi à vivre hors de soi plus qu'en ^oî, 
il s'échapperait à lui-même, s'évanouirait tout en- 
lien.. « Anima plus vivit ubi amat quàm nbi ani- 
mât. >ï 

Il faudrait pouvoir énumérer îti tous les signes 
muets par hrsquels Tltonime s'est dit et répété ee 
ravissant myslère : symboles du vètemeiit qui 
rappi.'lie avec une volupté chaste la confusion de 
deux exisîtcnces; symboles des occupai îons domes- 
tiques ex [trimant 1" harmonieuse diversité des tra- 
vaux; symboles de la maison qui promettent la 
doncc société de la vie entii^re, la bénédiction d'une 

U Voyez le plafond de la chapelle Siïlîne, Mîcliel-Ang<? a 
compna la destiaée essentiellement relative de la femme. 




DOUAtRK, ' X¥ 

(lemoiire où tout est riant d'iiinoconce ^ symbolt» 
enfin de la prière commnnt^ qui change lo foyer en 
autcL 

Le chri^itianisnic, si favorable ati célihal, a ho- 
noré le mariage, et prononcé sur lui Ae^ paroles 
d*unc ineomparahle gravité : « Seule bénéf^ietion 
qui n'ait été ni efîacée par la peine du péclié origi- 
nel, ni emportée par le déluge. » 

Voilà les époux liés pour toujours. Ils ne veulent 
prévoir rien de plus, La loi, qui prétend mieux 
connaître Tinstabilîté du cœur de rhomme, s^'obs- 
tine ^i prévoir pour eux. Elle persiste à les traiter 
comme deux êtres distincts, à leur croire des inté- 
rets opposés. De là ses prosaïques efforts pour em- 
pêcher les dons entre époux. Le droit romnin 
avoue froidement qnjl craint qu'ils ne- se ruint^til 
Ton Tautre. Les Coutumes germaniques essaient de 
modérer le Don du matin (morgengahe). C'est au 
matin, en effet, lorsqu'au rayon <!e l'iiurore, le 
jeune époux, s'éveillanl, la voit, Tadmire, et croil 
rêver... Cet incomparable trésor cle benuté et d'in- 
nocence'a voulu pourtant se donner à lui!... Lui, 
que ne donnerait-il? Le ciel el la terre, ce n'est pas 
assez. Frêle et rbère créature dont il e*^t main te- 
nant la j)rovideiicej que ne peut-it la porter dans 
son seîu, Tenvelopper de son être ' î... Je crains fort 

i. .*, DoniuB jucundo risit odore. Catull. 

î, MoDtaigiie dil^ en parla[Ll (Fun nianleau que sod père 
avait porté : ^ l\ me setnbloit que je m'eoveloppoîs de raoa 
père. » 



KVI ■ liïSSOLUTlOrf DU MARIAGK, 

ici que les lois ne sa trouvent îm puissante?, que 
toules leurs froides restrictions ne soient oubliées, 
La loi caslillano enlre habilement ^nn^ la passion 
du jeune homme; elle lui permet au moins de cou* 
vrir ce eorps adoré ifun vêtement délicat, inouï, que 
rien n*ait touché jamais \ 

La loi a prévu la dissolution du mariage. Pour 
la rehgion, c'esL un blasphème. (« L'amour, dit 
1^ quelque part la Bible, est fort comme la mort, v» 
— Sic vivendum, sic pereimdum {Tacite}. — Dans 
le mariage indien, la mort de l'épouse qui survit 
est le sceau de l'union. Llnde, selon le génie 
oriental, mêle ici la mort et la volupté; elle pro- 
met ti la veuve qui suit son époux au bùclier 
qu'elle yVji/i*/'a avec iiii pendant quatorze vies dln- 
dnij quatorze de ces longues vies, comme les vivent 
l.*s dieux. 

Bien au-dessus de cette sensuelle Amc, notre Oc- 
cident a élevé un autre idéal du mariage. Au bûcher 
même où Brynhild monte à côlé du corps de Sigurd, 
elle conserve entre eux le glaive, brillant d^or pur, 
qui les sépara dans leur vie. 

Le christianisme n'a pas eu besoin de mettre, 

i, n C'esL un antique fuero de Caslille, que lout Hidalgo 
puisse donner donalion k sa innitié à l'heure du arariage, 
avant qu'ils aient juré; et la donalion qu'il peul donner est 
celle-ci : nue fourrure de peausi^ d*agnmitj: avorlét:^ ki quelle 
soit bien grande et bieji large, et elte doil avoir trois bor- 
dures d'or; el quand elle sera faite, elle doit être si large, 
qu un cavalier armé puisse entrer par une manche et sortir 
par rautre, ^y 



IJ^it ■ t 



MARIAGE SPIRITUEL XVil 

entre l'homme et la femme, la barrière du glaive. Il 
a cru à la chasteté. Il a hardiment rapproché les 
deux sexes ; les séparant par un seul mot, la parenté 
spirituelle. Comme père et fille, comme frère et 
sœur, ils vivaient de la vie des anges. 

Et si ces anges se souvenaient de Tamour, la re- 
ligion leur en laissait quelques pures et gracieuses 
images. Le mariage était comme transfiguré dans 
Tunion toute spiriluellp des prêtres et des vierges 
(Voyez page 28). Partout, à côté des couvents 
d'hommes, il y en avait de femmes. A FontevrauU, 
une femme gouvernait les uns et les autres. Les 
religieuses voyaient les religieux, mais une fois. 
Elles les voyaient morts, lorsqu'on les enterrait à 
visage découvert. On les portait alors au chœur des 
dames, qui leur chantaient les prières des morts et 
recommandaient leurs âmes. 

Lorsque l'archevêque de Rouen allait, pieds nus, 
prendre possession de la cathédrale, il passait de- 
vant Tabbaye de Saint- Amand. L'abbesse, qui 
Taltendait sur la porte, lui mettait au doigt un an- 
neau en disant aux moines de Saint-Ouen, qui ra- 
menaient : Je vous le donne vivant, vous me le 
rendrez mort. 

Que plusieurs peuples aient refusé toute succes- 
sion à la femme, je le conçois à merveille. Ce ne 
fut pas toujours dureté, mépris de la faiblesse, mais 
peut-être aussi un noble instinct, une vue plus 
liante du mariage, plus désintéressée et plus idéale. 



XVm PHOPHIÊTÉ. PASTEUR. ACHlCULTEUn, 

Ils Youiaiênt que la femme pa5^?iVt aux mains di* 
riiommp, sans aulre ilat que sa hlaiirhe robe, son 
voile hlanc, son chapel de roses ; qu'en elle, il fut 
bien sur do n'avoir aimé quV'He-mèmc ; qu'il tra- 
vaillât pour plie, qu'il la nourrit. Là ost la beauté, 
la gravité du mariage, que Tbomme soit la provi- 
dence de sa femme et de ses enfants. 

Un tel liommo .sera de lionne heure sédentaire et 
hiborîenx. Il n'aimera ni la itie incertaine du cbas- 
seur, ni la mobilité du pasteur; il cultivera la terre. 
Lit"? an sol par ta Famille, par le besoin de la ?iubsT?;- 
tance quolidiennej inquietimit<iteur de larégularilc 
des corps ct'^lestes, T agriculteur regarde à la fois la 
lerre et le cieK L'un et Vautre sont sacri^s pour lui. 
Le pa-fiiir erre à ta surface de la terre; il en esl 
l'infidèle amant. L'agriculteur en est P^^poux; il 
déchire sa verte ceinture, il y d<^pose le doubh* 
germe du grain et de la sueur. L'union fixe de 
rhomme el de la femme produit tôtou tard un aulro 
mariage, celui de Thomme et de la terre. Le travail 
de l'agriculteur est une confarrpMhQ avec la nature. 

Mais avant de se fixer ainsi, il a fallu que 1 agri- 
culteur chercbàt, cboisit la bonne terre qui put 
réponJre à son travail... Voilà le monde devant lui. 
De quel cùU'î chcmiuera-t-il,avec sa femme enceinle 
et !^a faible couvée sans ailes?.,. Il s'en remeltra 
aux dieux. Il soufflera la plume au vent, et prendra 
bien garde oîi elle volera. Ou bien encore, T homme 
se fiera à la bète, la raison à l'instinct, muet confia 
dent de la Providence. Ainsi le bœuf, le loup, le 



OCCUPATÎOS. XIV 

pivert, conduisiront Io9 vîeîUtis colonies italique'^, 
La blanchi'! laie, sous un cliênc avec ses livnte pciiU, 
finit les longues courses d'Énée, et la louve albiki 
Romulus on fui Borne. 

i* C'est la ma place au soleil, dît^aient ces piiuvi\*s 
enfants. Voilà Torigiue do Tusurpation .sur la 
iBTve ^ » il fallait dire de roccupalion. 

La place de riiomme, ce qu*îl peut couvrir de son 
corps, cV'sl la vraie mesure de la propriété primi- 
tive. Cest ce que dit î^i bien le droit allemand : 
(f La mesure d'un bouclier, d'une bai;^noire, d'un 
berceau. » Il n'en faut guère plus pour la place 
dune tombe. 

Telle est la pensée enfantine et profonde des an- 
ciens temps. L'homme s'approprie la lorre, en la 
louchant du son corps et de ses membres, Toules 
les fois qu'il la touche, cette terre nourricière, il se 
reltne plus fort^ 

Mais, gr^ce au ciel, Tbomnie n'est pas tellement 
un être matéiiel qu'il soit si étroitement circonscrit. 
La volonté porte où la main n'atteint pas, la vo- 
lonté, ce je ne sais quoi, qui semble tenir flans une 
poitrine d'homme, et qui ne tient pas dans un 
monde. L'augure étrusque partage hardiment de 
son lifuus le ciel et la terre. Le tribun du moyen 
Age (Rienzi) regarde aux trois parties du monde, 



1 . Ces paroles insociales %Qiii do Pascal j on les croirait de 
Rousseau. 

2. Voir les Mythes de Tagès el dr Bacchuâ Epliaptor. 



XX OCCUPATtON. 

fend Tair de trois coups tr(?pée : u Ceci et ceci, cela 
encoro est à moi. » 

Celte occupation à tHslance se consacre et se 
réalise par la flèche, le marteau d'armes, la pîerre 
que rtionmie va lancer (voy. p. 62-58). Il lance, 
et tant long est le jet, tout autant il acquiert* 
t< Doxha niihi Deus, et leliim quod raissîlo lîbro, 
nunc adsint! >i 

it Veux -tu, dit un jour à POcéan un dieu de 
rinde, banni de la terre et de la mt^r, veux-tu me 
céder un peu de ce rivage que tu couvres et décou- 
vres tour a tour? un trait d'arc^ pas davanlage? »^., 
La flfiche vole à deux cents Heue«$. 

Les Bomains étaient les adorateurs de la lance 
(quîrites^ *]"''")? ^^ '^ J*^^'* ^ vol<^ par-dessus le 
monde. En Allemagfm-', l'occupation semble se faire 
on se mesurer [yar le marteau de Thnr, cette arme 
vivante qui^ lancée par le bras du dieu, va et revient 
de soi-même {voy. les formules, p, 63 -3S), ^ Notre 
seigneur de Mayence s'avancera à cheval dans le 
fleuve; auswî loin qu'il pourra lancer dans le Rhin 
un marteau de maréchal, aussi loiu s'étendra sa 
juridiction, n 

La chef'ûitcheecfhi aus?ii une mesure d'occtipatîon, 
ile donation. Les Scythes, les Turcs, le;^ Romains, 
donnent à un homme la terre dont i! peut faire en 
une Journée le tour à cheval ^ ou qu'il peut entourer 
d'un sillon. Clovîs et d'autres rois barbares concè- 
dent à un suint évéque tout ce qu il pourra chevau- 
cher sur un âne pendant que le roi fait sa méri- 



OnlEKTATÏÔN. AGEÏl ROMAI!f. XXÏ 

ttieime. Le bonhnmmf^ met si hum le temps à profit 
qu'ouest obligé créveillerlc roi : (^ Seigneur, prenez 
garde, il va chevaucher tout le royaume, n 

C'est qu*il ne faut pas que les roîs dormeat. 
L'acquisition, de sa nature, est rapide, dans le 
sommeil de la loi. It ne lui faut qu'un mot pour tout 
envaliir. Témoin la fameuse équivoque de la peau 
de bœuf, qui, partagée en lanières, suffit h occuper 
tout remplacement de Garthage; la légende se 
reproduit plusieurs fois, depuis Diilon jusqu'à 
Mellusine, 

D'équivoque en équivoque, la proprii^^té glisse- 
rait jusqu'au bout du monde. L'homme ne se bor- 
nerait pas^ s*il ne trouvait sa hoi-ne dans rhomme. 
Où ils se heurtentT là sera ht frontière- Les Philèncs 
de Carthage consentirent à être enterrés sous la 
pierre des limites. 

Tel est ramour de Thomme pour la terre. Pour 
lui donner, à celte terre inditîé renie et impcrson- 
nelléf l'empreinte de la personnalité humaine, il 
consentira, s'il le faut, à y déposer ses ossemenls. 
Limitée par les tombeaux, mesurée par les membres 
humains, par le pouce, par le pied, par la coudée, 
elle s'harmonise, autant qu^elle en est susceptible, 
aux proportions mêmes de Thomme. Il n'est pas 
rassuré encore* II prend en quelque sorte le ciel à 
témoin qu'elle est bien à lui, il essaie à^orienler sa 
terre, de lui appliquer la forme du cieP. L'orienla- 

1, Voyez, sur ce grand sujet, les pages 77-87 de ce ïolume^ 
et le premier tome de mou liistoin romaine. 



XXII Pt>SSESSlUN, 

tîon et la limitation consliliiaienl chez tes tiiicieus 
une sortp de roligion ffe la propriéLt^. 

L'idéal de la propriété, c'est TAger étrusque et 
rooiain, la terre mesurée par riiomme^ bornée par 
les tombeaux, orientée vers les points sacrés du 
ciel, le champ consacfé ccmime un temple. La pro- 
[vrir^lê ici semble toute individuelle, La Marche alle- 
mande est une propriété commune de la tribu. Dans 
ces vastes et vagues forêts où T écureuil, sautant 
d'arbre en arbre, pouvait courir sept lieues sans^ 
descendre (Grimm), la tribu prétendait fixer ôqs 
liiaites; elle réidamuit comme sienne telle lander 
Udle clairière, l'appelait Marche {terre marquée) et 
fin lerf lisait aux autres tribus, « Celui qui n'est pas 
de la eommime et qui y acquiert des terres De 
peutj quand il traverse la Marche, atteler les chc- 
vaux à la charrue ; il faut qu'il la porte luî-méme- n 
Les gens de la Marche prononcent des peines 
eiiruyables contre celui qui touchera un seul de 
le-iu-s arbres; on dirait que ce sont encore les arbres- 
di<^ux de la Germanie primitive. Rien de plus fier 
que ces rois de la bruyère, ces souverains de la 
piairie. Plusieurs déclarent qu'ils ne relèvent de 
personne, tt ni dn bourg, ni Mx roi^ ni do Tempe- 
reur, » Cette audacieuse prétention est hautement 
déclarée dans te nom môme des terres d^Allcuiagne 
que Ton appelait FicTs du soleil, parce qu'elles ne 
relevaient que de lui. 

Etrange orgueil de la propriété. L'homme se croît 
le dieu de la terre* C'est mou bien, dît-îl, c'est mon 



lot (alcu, alladj al-ôtl, al-lod?), propriété solide, 
immuable, comme le food do l*Oceaii (Fuiulum 
maris imum *). L'enthousiaste possesscuf place sur 
celle lerre Tidee de Tin fini ; il pi^cteiid la posséder 
comme Jtipiltr possède le monde. Il (jualifie la pro- 
[a-iété, dans son ivresse litanique, des noms mt^mc 
du Dieu très grand et très bon : Fuiulus oplimus 
maximus ^ 

Qu'il la frappe du pied en maître^ qu'il y laisse 
ces empreintes de dix coudées qui sont restées du 
pied de Bralmia et d Hercule, elle ivest pourtant 
pas encore à lui. Pour que l'occupation soit parfaite^ 
pour que la terre s'identifie à llionime, qu'elle 
ùamhumane, comme dit Danle^ if faut cju'il y entre 
en eiïet, qu'it mette en elle ce qu'il a de sacré, la 
volonté el le Iravail. Plus tard, il y enfoncera an 
billoû plus profond, il l'occupera plus intimement 
encore, il y sèmera^ non plua Torge et le froment, 
mais 1 liomme même. Il y fera sa couche et ils ne 
seront plus séparés. Kxl èiuyr^uvù çrXflrïiTi.,, . 

En attendant qu elle le possiVde^ il croit la pos- 
séder. Il jouit, il transmet. Pour garantir cette 
transmission aux autres, pour les persuader de sa 
validité, il a fallu tout un monde de symboles. 



i. C'est rétymologio que le vieux glossateur donne du mot 
Alodhim; il lo fait venir du grec SX;, (voj, Ducangi.^j. Cela 
est absurde grammaticalemeiilj mais beau et profoiid au 
point de vue juridique. 

2. Festus et Cic*, Pro Corn. Balbo. V* aussi mou Hht. vù- 
inaine, â= édition, t« 1^ p. 80* 



XMV TRA11ITI0X, 

Dans la tradition de la Icrre» dans les débals qui 
s y rapportent, le témoin principal, c'est la tenu 
«Ue-mÔme '. La g!<^bc est apportée devant le ju^t% 
les parties se la disputent (manum conserunl), ullu 
reste présente et assiste au jugement. Que cette 
glèbe désigne un champ ou un royaume, que h 
débat soit entre Caïus et Sempronius, on bien entre 
Albe el Uonie, il faut que la terre comparaisse. Où 
rapporte, cette terre toute féconde {ncA^jSérupr!}, 
parée de gazon verdoyant, d'herbe fraîche et pure, 
entre ceux qui combattent pour elle ; c'est une 
Hélène entre Ménéks et Paris. 

Au moyen âge, une motte de terre était le signe 
de la donation. On entassait aux autels des églises 
(tes mottes aiTondies, équarries^ en souvenir des 
contrats* Souvent, pour rappeler les arbres qui 
ornaient la terre, on planlaii dans la motte une 
branche de coudrier^ île pommier, de noyer, où 
pendaient les fruits, 

La branche tend à s*aiïranchir de la lourde glèbe. 
Les suppliants, au lieu de faire hommage de la 
terre et de Teau, pourront oITrir une brandie. Dé- 
pouillée de fruits et de feuilles^ devenue sèche et 
sévère, la branche deviendra le bâton pastoral, la 
sceptre des rois- 
Dans l'épuration successive de ce langage maté- 
riel, la branche, devenue bâton, est un signe moins 

1 . Les aulFDs éléments, l*eau et le feu, moins commot!«sï 
employer, ont été prïs plas rarciiient comme sigoes de Ira- 



KT,\T. FHATEHMTÉ GUERRtÈHi:. WV 

lourd Cl plus ab^strail. La paille ( Lipitla, festiica), 
plus légère oiicore^ semble marquer un nouveau 
degré d'abslraclion. Elle n est pouilant pas moins 
antique, mais elle est plus longtemps employée 
comme Pigne. Des Indiens, des Romains, des 
Francs, elle descend jusqu'aux lenips modernes. 
C'est enjetanl, en rompant la paille, qu'on donne 
et qu'on ret^^oit, qu'on acquiert ou qu'on renonce. 

Si la terre a élé employée dès la h au le antiquité 
comme symbole et témoin, c^est que, dans cq^ âges 
poétiques, elle apparaissait comme une personne. 
La personne du contractant peut fournir aussi des 
symboles, La main, le pied, la bouche (par le bai- 
ser), consacrent la tradition. La barbe, lacbevelure, 
parure et dîijmilé de l'homme, signes de la liberlé 
barbare, sont de même touchées, attestées. Les guer- 
riers suèves juraient par leurs tresses. Souvent on 
insérait des cheveux , du poil de la baj'be, dans les 
sceaux des contrats, 

' Aux symboles personnels se rattacJient les sym- 
boles artificiels. Le gant et le soulier sont employés, 
comme le pied et la main; les signes du chapeau 
et du vêtement rappellent ceux de la tèle et des 
cheveux ; les cheveux sont déjà un vêlement, — 
Puis viennent les symboles de guerre, bàlon, lance, 
épée, Qèche, marteau; ceux de la paix, les clefs, la 

I charrue, 

La tradition suprême, la plus remarquable par 
le fond et par la forme, c'est celle où Thomme ne 

b 



IransmeL poiiil la nature, mais ne Iransmel et ^t' 
donne lui-môme de cœur et 4(* volonté. Le symbolf 
de celle tradition est le sacrifice, 

Li^ sacrifice est le point culminant de ta vie 
Immaint}. De Texislence inerte et égoïste do l'en- 
fimce, de l'involontaire communion de la naissance 
et du baplème, l'homme s'élfeve à iY*tat de commu- 
nion volontaire : communion avec la femmej ou 
mariage; conimunîoa avec la nature, ou travail; 
avec DieUj ou relîgiou. Dans tout cela, il y a du 
sacrifice. 

Si nous parlions ici de la communion^ comme 
acte religieux, nous pourrions énumérer les fornios 
sous lesquelles elle s'accomplit : les éléments, la 
terre, I*eau cl le feu ; le sang versiï, communion de 
mort; le pain, communion de vie. Nous relrouvom 
dans le droit des formes analogues. 

La communion du sang et de la terre était parti- 
culier emenl celle du mariage héroïque entre le? 
guerriers. Chez les peuples barbares, où la femme 
est trop bas encore, Tunion étroite^ le mariage des 
unies, ne se tj'ouve que dans Tadoplion fraternelle 
de riiomme par l'homme^ dans Tas^ociation des 
héros. Ce mariage viril se présente, chez les Scan- 
dinaves, dans toute sa pureté farouche. Les deux 
frères entrent sous la terre sacrée, y vurseni ensera- 
blo leur sang, el, se prenant par la main, jurent de 
se venger l'un l'autre. Chaque peuple a eu quelque 
«sage analogue, jusqu'aux derniers temps du la 
chevalerie (voy. p. 161-32), 



IMROîflSATlON. XXVII 

L't^fTort (le i^^^prît social n'est pas do s^unir ini 
égal, mais de ^e constiLuor un supériùun Pour rn 
venir là, il ne suffit pas du besoin de TuniLé sociale; 
il faut le plus souvent une croyance religieuse. Celui 
qui n'aurait pas él^ obéi, comme clief^ le sera comme 
TïU des dieux. 

Ce roi, ce fils des dieux est un médiateur naturel 
vntre le^ dieux nt les hommes. Lej^ M*^xicains 
faisaient jurer k leur empereur que, pendant son 
ri^gne» les pluies auraient Heu selon les saisons, 
qu'il n'y aurait ni dobordement des raux, ni stéri- 
lité de ta terre, ni nialij^^ne influence du soleil. 

Le symbolisme antique de rélecLion, de Tintro- 
nisaUon, tout en faisant un dieu du roi ou du pon- 
tife, lui rapjïélle sans ménagement son humanité. 
[| mêle aux pompes enivrantes des dérisions hur- 
(esi|ues et terribles. Dans le cérémonial de Tintro- 
nisation byzantine, on apporte au nouvel Empereur 
une urne pleine d*ossemenls, on lui brûle sous le 
ne/ un fin dnvet qui s'en va en cendres. — Le cbef 
du monde chrétien, celui dont les rois baisent les 
pieds, lorsqu'il reçoit les clefs et lalripK^ couronne, 
a'a pas d'auti-e Lr6ne d'abord que la slprvoraria. 

** Elle brille, cette tiare, disait un grand pape; 
H le brille, mais c'est qu'elle brûle. >* — Pour pré- 
voir tout ce que la puissance a[qjorle de soucis avec 
t*ll*S il n*est pas besoiïi de consulter les Sorts des 
^iats, comme on faisait au moyen âge (p. 126), Qui 
^aurait lire y lirait toujours le mot qu'y trouva 
fluibi^rt : Ipsius animam perlransibil gladinn-*. 



XXVIII INTHONISATlOfï. 

Sairil Odon s'ùLnnt évrilh'* la nuit qui suivit son 
ordination, et voyant pour la preniièrt^ fois Télole 
suspendue à son cou, se prit à pleurer. 

Si ridée d'un lien indissoluble arracho des larmes 
ù la jeune fiancée, lorsqu'elle quiUe la liberté de la 
maison paternelle, celai qui épouse un peuple, roi, 
pape ou prtMrt', qui s'en fait le serviteur, ne doiL-il 
pas plmu'er aussi? Ce rapport entre rélcclîon el le 
mariage était quelquefois exprimé dans les formules. 
Le duc de Normandie épousait la provinee en rece- 
vant un anneau. Le duc do Carînlhie ne siégeait î?;ur ■ 
son trône de marbre qu'apref^ avoir donné de Tar- 
g-enL; c'était comme une coemptio. 

Nulle part la souveraineté du peuple n'est plus 
fieremoat réservée que dans cette dernière formule. 
Kl le porte un caractère de haute antiquité, de 
R implicite homérique et biblique (voy, p. 117), 
Le duc n'arrive au trône de marbre que sous l'ha- 
bit de paysan, liais le vrai paysan Toccupe déjà. 
entouré des tristes et sévères symboles du peuple 
travailleur, le taureau noir, le cheval maigre. Alors 
commence un rude dialogue: it Et qui donc si fiè- 
rement entre ici? dit le paysan. Est-il un juste juge? 
A-t-il le bien du pays à cœur? Est-il né libre et 
chrétien? — Il Test et il le sera, — Je demande alors 
de quel droit il me fera quitter celte place? — Il 
Vache tera la place soixante pfennings; le chcival et 
le taureau seront tiens, etc. » 

Ce qui n'est pas moins antique et {Vnn sens 
moins profond, c*est que, pendant que le duc bi'an- 



dtl rt'péï' aux iiualrt! VonU, pendant qu'il sit^go, la 
f.ice au soleil, et confère les fiefs, trois fïimillcs ool 
It^ droit de faucher, de piller et de brûler. L'en- 
tfacto de la souveraineté est comme un sonmieU de 
la loi; il faut que le peuple se hâte d'abdi<jui'r et de 
se donner lia défenseur. 

Je voudrais pouvoir suivre le roi, le chef bar- 
bare, tlans la pompe de sa Joyeuse enlnk, sur le 
lourd char d'IIertha, traîné de bœuFs, ou dans sa 
cftevauch^^e aniouv i\(!^ î^on royaume. Je voudrais le 
montrer à table avec ses hommes (convivie régis), A 
chacun sa place et son droit; tout est réglé iravancc, 
nulle part avec plus de détails et d'originiilité que 
dins les lois de Galles, L'étranger, l'héritier pré- 
somptif, le mail re des faucons, la clm]>elaiu, le juge, 
le forg TOn, le barde, tous siègent ensemble, aussi 
gravement que les Electeurs an banquet de la Bulle 
d'or. Un droit du barde, c'est de rect^voir un anneau 
de la reine.,, « Si la reine désire un cliant, ([ue le 
barde aille et lui cliantc tout cbanl qu'elle désire, 
mais à voix basse pour ne pas trotibler la joie dans 
la ^alle. n 

Uerapereur d'Allemagne, au banquet du couron- 
nement» était, comme on sait, servi par des rois; 
OTipeut donner ce nom aux KlectL*urii, Le duc de 
Saxp, arcbi-maréchal, entrait sur un cheval de ba- 
tailh* dans la salle et jusqu'à la table; il apportait 
Tavoine dans un plat d'argent pour les chevaux de 
l'Empereur, Le margrave de Brandebourg donnait 
a laver; le comte Palatin dégustait et mettait les 



^Xt Oï*T ET i'LAIï)* 

plats sur table, etc. Enfin venaieni vl graoit bniil, 
avec les chiens ç-i les cors, les princes de Scliwartz- 
boiirg, grands-venenrs, apportant nn cerf et un 
sangliiT. 

La fiMe était plus belle encore, qnand touh* 
cette conr, devenant une armée féodale et suivant 
au deli\ des Alpes un Frédéric ou un Henri VI, s'en 
allai i, lance en arrêt, l'aider à prendre la couronn*- 
de fer à Milan, celle d*or à Rome; il avait déjy 
rei^ni à Cologne celle d'argent. Le lb(?Atre de la fête 
c'^Mait la Lombardie, ce cirque giganlestjue fermo 
par les neiges des Alpes ; il ne fallait pas moînî^ 
pour tenir ces étals généraux de l'Italie et de FAl- 
lemagne. La plaine de Houcagtîa se trouvait tout a 
coup un vaste camp, une ville. Là venaient, pal- 
mes en main, les ^iuppliants, les exilés; là, au-des- 
sus des ecussonî? variés, des cuirasses élîncelantes, 
siégeaient dans leurs robes noires les docteurs de 
Bologne. Le blond César allemand disait droit et 
dfunKiiL les fiefs. I! fallait que tout seigneur, à peine 
de déchéance, vînt carappr à son rang et faire 
la veillée dr^s armes près la (ente de TKmpf^reur, 

Est-il permis au vassal de tousser ou éternuer, 
on présence de son seigneur? Le Jus Alemanîcum 
n'ose déciifer celle question. — Un vieux feudislL* 
discute celle-ci ; ^^ Aucuns disent que le vassal do il 
(mnhîer des /?irtm5dans l'acte d'hommage. Eh ! quoi î 
tout son corps ne doil-il paa plutôt trembler quand 
il il borde son seigneur? )i 

Fnrm es servi les, esprit libre et Iiardi, tel est le 



droit fêôdHL Au uiilicii de ce droit, les alod, les 
Fiefs du soleil, ainsi nomméâ parce qu'ils ue rele- 
Yaieat de nul autre seigneur, semblaienl prolester 
au nom de la liberté antirpie. Unjourquo ce puissant 
empereur Fréd(?ric Barberousse chevauchait avec 
mn cortège, il vit sur la route uu liommc assis qui, 
sqiTis se lever ni se découvrir, uneltait seul ornent la 
main au chapeau. L*Empereur demandant quel était 
donc cet homme qui ne leuait compte de la majr*?lé 
impériale, il lui fut n^poudu que c\Mait un baron 
indépendant, qui ne relevait de pei-sonne, ni des 
princes, ni de rEnipcreur... Imposante figun* de la 
propriété libre, restée là sur le chemin pour voir pas- 
fter l'orgueil éphémère dn fief. 

Dans la sphère féodale elle-même, dans re 
monde servilement hiérarchique en apparence, 
les foudistes reconnaissent au vassal le droit de re- 
noncer h riiommagej de défier même, de guerroyer 
mu seig'neur. lïeaumanoir est ici d*accord avec le 
droit castillan. Le Rico home mécontent envoie au 
roi un de ses hommes qui lui dit sjmph::^ment : 
'' Sire, un tel vous baise les mains; û'^h ce jour, il 
ii'i'st plus votre vassal. >^ 

Chaque membre do la société féodale, quelque 
yietit cju*il soii, ef^t un propriétaire souverain. Ce 
que nous avons dit ailleurs de rurgneil de la pro- 
priété doit se reproduire ici, La terre est tout dans 
cesystlmie. L'homme y est attaché, il a pris racine 
dnns le rocher où s'élève sa tour. i\u//e terre sans 
ieif/neitry nul seigneur sans terre. II est classé, qua- 



lifié par sd terre, il en suil lo rang^ t^n porli^ b nonii 
Il la po^sfcilp, mais il en e^i possédé; los usagt'^s* 
sa Icrre le domineiil, ce fier baron* Le syslèrae féû 
(lai est ciminie une religion de la terre. 

Toute religion a sa langue sacrifie. Ici, cVst 
blason. Symbolisme «Torguellp en face d« symbo 
lisme cbtélien* L'homn^e de la terre craint lelk 
menl d'èlre pris pour un homme sûfis terre \ qu'ï 
porte sa terre avec lui, peinte sur son éeu* 
champ de Fécn sera noir^ comme la bonne terr 
labourée, vert comme Tlierbe naissante, rouge Ai 
sang di.^ ceux rjui y loucheront. Quels animaux ger 
nieront dans ce champ d'orgueil? des lions sa 
doule, des dragons^ des aigles, des monstres 
symbolisent le mt'dange des nobles familles. 

Le blason est devenu un système» une scienc 
eulre les mains féodales. Jlais il existait de loï 
temps. La haute aaliquilé fil un usage analogue 
d(*s couleurs et des signes. En Orient, le blason do 
royaume, le symbole des castes qui le divisent, c'est 
la ville elle-même dans ses divisions, Ecbatime, par 
exemple, aux sept enceintes, aux sept couleurs. Le 
moins oriental des peuples asiatiques, les Turcs, 
ont gardé quelque oliose de ces traditions. Partis de 
la vie pastorale, ils ont lait de la tente immobilisée 
ht symbole de l'empire. Celte tente a quatre colon- 
nes, qui sont le grand vuir et les trois principaux 
ministres. Elle a deux Portes, la Porte du gouver- 

i. Grave injure au m^yen âge. C'est la plus forte dont ou 
ail pu stitirle nom du plus mouvais roi d' Angleterre. 



nement, laPorledola béatiluilf!(ie hamm), les soins 
de la terre, le repos du ciel (voy Hiimmer, L. I 

et ni). 

Le lion est IV^mbliVmo du roi. Le p:ilais du roi 
contient ordînnircmenl un paiais dvs lions. Les ail- 
les reines de G and, de Berne j nourrissaient des 
lions, des ours, vivantes et m glissante s armoirius, 
Vnft féodale abbaye de Flandre entretenait un aigle 
immortel (perpétua aquila). A Amiens el; ailleurs, 
nageaient en liberté les ey^io?i dn roi, non moins 
blancs, non moins royaux qiJe les lis. 

Les clans d'Ecosî^c se cueillaient sur leurs landes 
et dans leurs montagnes des armoiries vi^gétales, 
d'une triste et vivaee ver.hire ; Pif funèbre, le pin 
aux feuillu?^ en flèches, le houx piqnant comme une 
claymore, le gui qui vit d'aiilrui, le chanlon qui 
accroche volontiers le passanl du border. 

Comme les Ecossais, comme la plupart des popu- 
lations celtiques, nos aïeux aimaient, au tému!- 
gnage de;B anciens, les vêtements bariolés. La diver- 
sité des blasons provinciaux couvrit la France 
féodale comme d*iin tartan multicolore. Ce fut une 
belle chose que nos rois pussent amener toute cette 
bigarrure à la simplicité de deux couleurs. Des fers 
fie lance, des crapauds impurs, ils surent faire des 
lis. Aux couleurs célestes, mais inanimées, du bleu 
et tlu blanc, il ne manquait que de se vivifier iiu 
rowje; le peuple y ajouta le sang. 

L'Allemagne et la France sonï les deux grandes 
nations féodales. Le blason y esl indigène. Il fut 



XXÎCÏV' nOLLECnS. DEVISES. 

importé on Angleterre, iiniti^* en Espagne el en Italie. 

L'Allemagne barbare et féodale aimait â^m^ les 
armoiries le verl, la couleur de la terre, d'une terre 
venloyaiUe. La France féodale^ mais non moîntî 
ecclésiastique, a préféré les cou leurs du ciel. 

Les conleurSj les sij*:nes muets, précèdent long- 
temps les devises. Celles-ci sont la l'évélatîon du 
nrly!ît^re féodal. Elles en sont aussi la décadence. 
1\)ute religion saiTatbIit en s'expli^nanl. Dés que 
Iv blason devient parleur, il est moins écouté. 

L'origine dos devises, ce sont les cris d'armes. 
Quelques-tHis, d'une aimable poésie, semblent em* 
pot 1er les souvenirs de la paix au sein des batailles. 
Le sire de Prie ci'iuit : Cbanis d'oiseaux! Un autre : 
Notre-Dame au peigne d'or! ^ Ces cris de bataille 
font penser au mot tout fran^^ats de Joinvillc : 
« Nous en parlerons devant les dames. » 

Le blason plaisait comme énigme, les devîscï^ 
comme équivoque. Leur beauté princifialc résulte 
des sens mulliples qu*on peut y trouver. Celle du 
dite de Bourgogne fait penser : <^ J'ai hâte. >^ Hâte 
(lu ciel ou du ti'6ne? Celte maisou tie Bourgogne» 
si grande, sitôt tombée, semble dire ici son destin* 
— La devise des ducs de Bourbon est [dus claire; 
un mot sur une épée : Penclrabit, Elle entre m, 

La plus courte devise, le symbole souvent véri- 
diqne de la famille, de Findividu, c*cst le nom. 
Dans Torigine, il n'est pas arbitraire. Los nations 
iuiliques ne nommaient pas Tenfanl au liasard ; 
elles pensaient, peut-être avec raison, que le nom 



dont il est dout^ k sa uaissanco influera sur ses 
(iestint^es (voy, p* 172! 7-3). 

L'usurpation des noms nobles, celle des armoî. 
ries, dans les derniers siècles, offre le spectacle 
d'un curicox travestissement. Ces bourg^eots qui 
deicsteuL les nobles, qui, sous Thermine et comme 
gens du roi, leur font cruelle guerre, les jalouspuL 
pourtant et les imitent, ils inventent un blasïOn à 
eux, sur moyen d'avilir Tautru. De boonc beure, 
les marchands, les artisans^ ont des signes, des 
marques de leurs professions, pour suppléer à 
TécTiture. Peu à peu^ ils mettent leurs ensej^ine!?, 
leurs outils^ sur la bannière de leurs paroisses, puis 
tout hardiment, sur écu, un cbamp d'azur^ de siuo- 
ple ou de gueules. Le fier symbolisme armoriai est 
parodie en rébus, en calembours (jk 172-174). 
C'est comme la po6sie germani(|ue, lorsque des 
hauteurs sublimes de FEdda ut du Nîebelungen, elle 
tombe aux gauches essais des ba^^kelsaing^or, des 
ouvriers poètes, aux chants d'enclume et d'établi. 

Nulle forun^ do société n'a laissé plus de haine 
que le monde féodal, plus de rancune dans le peii)^h\ 
Lanliquité, sans nul doute, avait été plus dure; de 
Tesclavage au servage, au villenage, le progrès est 
sensible. Mais lu féodalité fut insolente, [ileine de 
morgue et de dédain. Le blason seul eût provoqué 
la haine; ces figures de bètes féroces, ces grittons, 
ces vautours, semblaient de muettes menaces, oii 
triomphaient Torgueil du maître, la brutalité du 
guerrier. Les formules expUt^uaient les symbules, 



\\\\l 



DROITS FEODAUX . 



i* Le seigneur enferme leî^ mauuuU, sous porles ùI 
gonds, du ciel à la lerre... Il est ^seigneur dans tuul 
le rêssoii, sur tête et coii^ veiil et pi'idrie; tout e^^i à 
lui, UnH cheaiie, oiseau dans Pair, poisson dans 
Teau, bète au buisson, cloche qui roule, onde qui 
coule.., ^ 

Dure Lyraiinie; mais il y avait des dérisions plus 
dures, dliiunilianles exigences. La corne de vin 
due au seigneur dans ijuulijues endroits ne peut lui 
être apportée que par une fille de dix-huit ans. Le 
fameux droit de marquette et de première nuit, qui 
au funJ ne fut guèrt* qu'une ve5:aliuu fiscale, n*en 
tHait pafï moins «julr^i géant. 

Ce fier baron, ce tyran semble pourtant, dans la 
pratiijuë, avuir été souvent facile et débonnaire. 
Tant que tes besoins du luxe ne le forcèrent pas de 
pressurer ses hoaunes, de leur arracher de FargeDi* 
les redevances se payaient en nature, sans peine et 
do bonne grâce, c'était du blé, des bestiaux, des 
poule§, pour Iti banquet seigneurial. Il y avait tel 
fief dont )a redevance était un mai orné de rubans 
et paré de trois épis. 

Beaucoup de droits féodaux, ijul nous révoltent. 
étaient probablement ceux dont le serf se plaignait 
lemuins, parce qu'ils lui coulaient peu. Telle est la 
fameuse i^tiligaiion de battre Teau la nuit, j*our 
faire taire les grenouilles, lorsque le seigneur vient 
au manuir. Les gens de Roubaix devaient à certain 
jour liattre Toau et faire la moue au cliAleau. 

Maintes redevances semblent dérisoires pour 



PROCEDURE. JUGEMENT. GUERRE. XXXVII 

eeluî qui les reçoit; un vassal italien, par exemple, 
(levait à son seigneur la fumée d'un chapon bouilli. 
D'autres redevances étaient réelles, mais le sei- 
gneur rendait plus qu'on ne lui donnait. Voyez la 
belle formule du petit homme de la S. Walpert 
(p.l87-188).Dans d'autres coutumes, le seigneur doit 
fournir, à ceux qui viennent payer, bon feu, fifre et 
violon, et la Dame doit ouvrir la danse. Saint Louis, 
pour tout droit d'entrée, ordonne que le porteur de 
singe fasse jouer son singe; il tient quitte le jon- 
gleur pour une chanson. 

Plusieurs coutumes allemandes réservent expres- 
sément au paysan le droit d'émigrer. Si même le 
seigneur vient à le rencontrer, et qu'il le trouve 
embourbé, il doit descendre de cheval, au moins 
(Pnne jambe j et lui aider à se tirer d'affaire. 

Nous avons suivi la vie de l'homme dans sa 
marche épique, dans son harmonique développe- 
ment, de la Naissance au Mariage, de la Propriété 
a l'État. Désormais, notre tâche est plus rude. La 
partie dramatique commence, la Procédure, le Ju- 
gement, la Guerre. 

Jusqu'ici, au total, le bien dominait. Mais voilà 
qu'un jour le mal commence; l'idée du mal appa- 
raît, et avec elle la nécessité du remède. Ce remède 
est le jugement. Tout le progrès de la vie était 
jusqu'ici initiation et communion; i'ex-communion 
va être désormais nécessaire. 

Si la vie légale s'est parée de formes symboliques, 



XXXVIII DÉFI. SOMMATION. CONVOCATION. 

combien maintenant s'en chargera-t-elle avec un 
soin plus inquiet? Dans cette lutte sévère, que la 
conscience humaine va soutenir contre soi, elle 
aura peine à trouver des formes assez solennelles. 
L'homme appellera à son aide toute la nature, il 
demandera à l'impartialité du monde physique de 
quoi rassurer la moralité tremblante. 

Le jugement et la guerre ont mêmes formes dans 
les sociétés barbares. Coupable, insolvable, vaincu, 
serf, ces mots sont presque synonymes, au moins 
poui les effets juridiques. 

Le jugement étant encore la guerre, le défi, la 
sommation, la convocation, auront mêmes sym- 
boles, menaçants et funèbres. C'est Tépée san- 
glante, la flèche sanglante, c'est un linceul, c'est 
la rapide croix de feu; ce sont les cris sinistres qui, 
dans la Perse ou dans la Gaule, se répétaient de 
montagne en montagne. 

L'homme appelé en justice, s'il est à table, ne 
doit pas prendre le temps d'essuyer son couteau. 
Notre vieux Desfontaines ne veut pas qu'il reste 
près de sa femme en couches. La loi de Moïse, qui 
est ici une loi de grâce, dispense pour un an de 
partir pour la guerre celui qui n'a pas encore mangé 
du fi-uit de sa vigne et celui qui vient de se marier; 
elle lui donne un an pour le passer en joie avec sa 
femme *. 

1. Conjugis anle coacta novi dimitlere collum, 
Quam veniens una atque allora rursùs hiems 
^octibusin longis avidum saiurasset amorem. CatuiL 



ASSEMBLÉS. TRIBUNAL. XXXIX 

Le rendez- VOUS de guerre est un champ, une 
prairie, un Champ de Mars, un Champ do Mai, le 
long d'un fleuve salutaire qui 'abreuve le peuple. 
L'assemblée de justice est un lieu sacré, au centre 
d'un lac, au milieu d'un pont, un Pont-aigu comme 
celui où Mahomet fait passer les âmes. Ce sera la 
porte de la ville où siègent les anciens; ou bien 
sotis Forme féodal, aux Trois chênes, aux Sept 
chênes, au Hêtre de fer, à la Roche du droit (Juris 
dicundi rupes); ou encore aux Douze pierres, à la 
Pierre noire, au Siège de la piètre hardie; quel- 
quefois, par un gracieux contraste, Devant l'aubé- 
pine, au ciel bleu, Devant la grange tapissée de 
mais verdoyants. i 

Le juge regarde le soleil levant. Le soleil est le 
héraut céleste qui ouvre et ferme Taudience. Solis 
occasus suprema tempestas esto... Jusqu'à heure 
d^estoilea^ dit notre vieux droit. Le jugement ne peut 
se faire que le jour, lorsque le chant du coq a fait 
fuir les mauvais esprits, et mmené sur l'horizon 
les bonnes puissances... Et dans les cœurs même 
il fait jour; avec la nuit s'envole Tessaim des mau- 
vaises pensées. Homère dit : « La nuit divine. » 
Elle l'est en ceci, que l'homme, lant qu'elle pèse, 
s'appartient moins à lui-même qu'aux forces incon- 
nues. Homère dit encore, et dit mieux : « La sainte 
lumière... » La nuit fait les crimes, et le jour les 
juge. Le coupable se trouble à l'aurore; il baisse 
la tête devant le soleil. Cet astre n'est pas seulement 
le triomphant luminaire du tribunal; il comparaît 



XL COMPARUTION. 

comme témoin : « Solem quis dîcere falsum au- 
deal? »» Les fils des Germains, ces vrais Niebelungen, 
qui ne comptaient que par nuits, n'en reconnais- 
saient pas moins cette bonne influence du jour. 
Qui n'a i^prouvé les tentations de la nuit, les len- 
teurs do Taurore, sans dire le dicton allemand : 
H Sainte lumière, sois-moi en aide ! » L'âme en 
peine no perd pas l'espoir, quand, des profondeurs 
du purgatoire, elle attend, elle entrevoit les lueurs 
du paradis. 

Lq^ lois de Manou^ le Gorgias de Platon, con- 
seillent au coupable de se présenter de lui-même 
au ju^G, comme le malade au médecin, de se faire 
guérir, s'il le faut, par le fer, de cette dangereuse 
maladie de l'iniquité. Mais généralement les lois an- 
tiques donnent du temps au coupable pour vouloir 
guérir; s'il ne se sent pas mûr pour l'expiation, il 
peut fuir au prochain asile, aux autels, à son propre 
foyer qui est aussi un autel; personne ne l'en arra- 
clicra. La loi juive reconnaît des villes d'asile. Au 
moyen Age, le coupable n'a qu'à passer le bras dans 
Fannéau des portes de l'église. Lin plusieurs pays, 
son plus sur asile est le manteau d'une femme. 
Qu'elle prenne sous sa manche la tête du fugitif, 
personne n'osera l'assaillir, même avec des j'oses. 
Dans ces temps de violence irréfléchie, de crimes 
sans méchanceté, la pitié est pour le coupable. Les 
vieilles lois l'appellent paternellement le pauvre 
pécfiein\ Encore aujourd'hui, à Rome, quand un 
coup de couteau s*esl donnée celui qu'ils plaignent 



L ASILE. LK JUGE. XLl 

ce u'cst pas le mort, c'est le meurtrier : // pove^ 
rello ! 

Le jugement barbare s'ouvre. Les juges arrivent 
armés; chacun plante son couteau en terre. Le ju- 
gement est une guerre en elTet. Les lois féodales 
réservent expressément au condamné le droit de 
blâmer (blasphemare) la sentence, de défier le juge. 
Le coupable est souvent le contempteur du droit, 
la bête indomptable qui ne marche pasy mais bondit *. 
Il faut que le juge soit un fort chasseur, un Aod 
qui frappe des deux mains, un Samson qui met les 
lions en pièces pour en tirer le miel de la justice '. 
Samson est le juge dlsraël, Hercule est le juge 
hellénique. 

Ce juge, cet homme fort, ce Bouphage, arrive à 
jeun^ triste et terrible. La loi du Nord lui défend 
de s'enivrer les jours de jugement. Il prend place 
sur son siège, comme le lion qui grince les dents; il 
jette la jambe droite sur la jambe gauche... Glaive, 
marteau d'armes, hache, gantelet de fer, toutes les 
menaces juridiques, sont devant lui et attendent 
leur homme. 

Qu'on apporte le mort... On le dépose à neuf pas ; 
on l'approche de trois pas en trois pas, et chaque 
fois on crie. 

L'accusateur s'avance, armé jusqu'aux dents : 
« Malheur à lui, qui sur grande route, a mené de 
vie à trépas mon frère chéri, mon frère que mieux 

i . L'impie axipra, dit Platon. 

2. Examen apum iu ore leoais. Judicum liber, c.U, v. 6-8. 



XiS. SEUMENT. 

j'aimais que trente livres pesant bon poids, et bien 
mieux encore ! » 

Alors tout le monde regarde le cadavre. Si le 
meuiirier est là, le mort ne manque pas de s*émou- 
voir et àe vomir l'écume. Il en advint ainsi lorsque 
Richard Cœur de Lion, après sa guerre parricide, 
vînt prier au cercueil de son père. 

Cet appareil terrible n'élonnera pas Tiimocenl. 
Dans Tantiquité, Thomme libre a ce privilège de 
se justifier par simple affirmation ; tel est le respect 
de ces temps pour la véracité humaine, leur foi 
dans la sainteté de la parole. « Si le frauc-juge 
westphalien est accusé, il prendra une épée, la 
placera devant lui, mettra dessus deux doigts de la 
main droite, et dira : Seigneurs francs-comtes, je 
suis innocent; ainsi me soient en aide Dieu et ses 
saints ! Puis il prendra une pièce marquée d'une 
croix, la jettera en preuve^ tournera le dos, et ira 
son chemin*. » 

Si l'affirmation ne suffit pas, il jurera sur son 
épée, sur les saintes reliques, quelquefois simple- 
ment : Par sa barbe *. En sa barbe est Thonneur de 
l'homme, comme sa force en sa chevelure. 

A mesure que la parole est plus légère, on no 

1. Cette juslification fait penser à celle d'.Cmilius'Scauros 
(V. p. 262-263; et aux paroles de Scipion, entraînant le peuple 
du Forum au Capitole : « Tous les Romains le suivirent, et 
nos cœurs le suivent encore, en lisant ce trait de son his- 
toire. » Voltaire. 

2. « Ma barbe, dit le Cid à son ennemi, dans le Poema del 
Cid, oui, elle est loûgue, ma barbe, parce qu'elle a été nourrie 



ÉPREUVES. XLIII 

pèse plus les serments^ on les compte. L'accusé 
fait jurer sa famille, sa tribu, ses amis. Ils viennent 
tous et jurent bravement, tout comme ils auraient 
combattu. Ils n'ont pas besoin de rien savoir du 
fait; ils ont foi au dire de leur parent et au bon 
sang de leur famille. Le roi Gontran se contenta 
du serment de douze guerriers pour croire à la 
vertu de Frédégonde. Plus tard, il fallut soixante- 
douze serments pour convaincre une reine. Les 
Gallois se défiaient tellement d'eux-mêmes, qu'en 
certains cas ils exigeaient le serment de six cents 
hommes. 

Le besoin d'un si grand nombre de serments 
indique assez que le serment ne vaut guère. La 
pauvre justice barbare, ne sachant où trouver le 
vrai, en appelle de l'homme qui peut mentir à 
l'incorruptible nature. Pourquoi l'accusé repous- 
scrait-il son témoignage? La nature est bien sa pa- 
rente aussi. Le juge somme les éléments de lui 
dire si l'homme dit vrai ; il les met aux prises avec 
l'accusé. Sans doute, l'être innocent et pur aurait 
horreur du coupable^ fuirait le contact du crime 
ou s'élèverait contre lui. L'accusé communiera 
donc avec l'eau ou le feu ; communion humiliante 

pour mon plaisir. Jamais fils né de femme n*a osé la toucher. 
Il n'en fut pas ainsi de vous; lorsque je pris Cabra, et que je 
vous saisis par la barbe^ il n'y eut si petit garçon qui n'en 
arrachât à poignées. » — D. Juan de Castro, délaissé par sa 
patrie dans la guerre des Indes, donna sa moustache aux 
luarchands de Goa, et trouva des millions sur ce gage 
V. LaÛteau. 



XLIV ÉPREUVES. 

OÙ la nalure inanimée juge l'honime, où la per- 
sonne s'abaisse devant la cbose de Dieu. 

Ceux qui s'y soumettaient, c'étaient ordinaire- 
ment les femmes, les pauvres, les serfs. Godruna, 
la reine Teutbergc, la femme de Charles le Gros, 
celle de l'empereur Henri II, la mère d'Edouard 
le Confesseur, appelèrent Teau et le feu à témoigner 
de leur cbasteté. La nalure, femme elle-même, ne 
trahissait pas ces pauvres femmes; elle couvrait 
leurs faiblesses d'indulgence et de pitié. Do même 
qu'à Rome, l'eau s'arrêta dans un crible pour sauver 
la vestale qu'on allait enterrer vive, de même que 
la Bonne déesse implorée par Clodia permit que 
la ceinture inviolée pût traîner un lourd vaisseau, 
au moyen âge aussi l'ordalie sauvait les faibles. Le 
prêtre qui y présidait ne refusait pas un miracle 
à la charité. Quel miracle plus adorable que la 
charité elle-même, en ces temps barbares? L'Église 
couvrait tout de sa robe maternelle. Elle aimait 
mieux sauver au hasard les coupables et les inno- 
cents. C'était son principe dans les épreuves de 
l'eau que l'innocent devait enfoncer ; l'eau, comme 
pure créature de Dieu, ne recevait que les purs... 
Bons prêtres, saints évêques, qui ne baiserait vos 
châsses vermoulues, qui n'honorerait vos reliques? 
Vous sauviez courageusement le pécheur au péril 
de votre salut éternel. •. A de tels mensonges, Dieu 
garde son paradis. 

Les guerriers dédaignaient les épreuves. Ils vou- 
laient que Ton crût ou leur parole, ou leur épée. 



DUEL. , XLV 

Ils juraient par leurs armes, et s'en servaient pour 
se faire croire. C'était bien encore une épreuve. 
Dieu guidait les coups. Nul doute qu'ordinaire- 
ment le bon droit ne l'emportât. Le coupable, dans 
ces âges de foi, était d'avance vaincu par ses 
remords, par l'imminent danger de la damnation. 
Pouvait-il se porter bien hardiment au combat, 
quand il combattait contre Dieu? La foule lui sem- 
blait hostile, la terre indignée, le soleil pesait sur 
sa léte, toute créature était menaçante. On sait 
riiistoire du meurtrier qui fut vaincu en champ 
clos par le chien de sa victime. 

Dans l'absence de preuves, dans le silence des 
vivants et des morts, les animaux auraient parlé. 
Les temps anciens reconnaissent en eux une mo- 
ralité que nous ne savons plus y voir. II semble 
que, dans les âges plus voisins de la création, 
l'homme était moins séparé d'eux ^ Les êtres animés 
étaient encore frères. Celte croyance naïve se. re- 
trouve partout dans les lois barbares. Elles ne met- 
tent pas comme nous l'animal hors du droit. Elles 
le punissent, le protègent, le vengent comme tout 
autre serviteur. Elles l'interpellent ici comme cou- 
pable, là comme témoin (V. p. 74-75, 278-280 et 309). 
« Si l'homme qui vit seul est attaqué en sa maison 
après l'Ave Maria, et qu'il tue le brigand, il tirera 
trois brins de son toit de chaume, prendra son 

1. L'auteur inconnu du Sésoslris de Turin et Michel-Ànge 
dans son Moise n'ont pas crainl de laisser quelque chose de 
la bête dans ces gigantesques images de Thomme primitif. 



XLVI COMPOSITION. 

chien, ou la chatte au foyer, ouïe coq à l'échelle, 
les amènera devant le juge, jurera, et sera déclaré 
innocent \ » 

La sentence prononcée, deux choses suivent, le 
festin des juges ou jurés, la peine des coupables ; 
autrement dit Tagape des purs, Tcxclusion des 
impurs. Cette agape est un droit des juges. Les 
amendes prononcées se boivent et se mangent. 
Dans les Coutumes allemandes, ce point impor- 
tant est réglé avec une remarquable complaisance. 

Les peines corporelles étaient rares, inexécu- 
tables, parmi les barbares. Ce n'était pas chose aisée 
que de mettre la main sur un homme désespéré, 
pour lequel toute une tribu aurait combattu. Les 
représailles d'ailleurs n'eussent jamais fini. Il valait 
mieux éteindre la vengeance, faire payer le cou- 
pable. Pour apaiser les parents du mort, pour 
liiur faire oublier le crime, il fallait couvrir le 
corps du délit, entasser sur le cadavre assez d'or 
ou d'argent pour qu'on ne put le voir ; ou bien le 
leur contrepeser d'or, leur donner un homme d'or 
ou d'argent pour celui qu'ils avaient perdu. Telle 
semble avoir été la forme primitive des composi- 
tions. 

Rarement le pauvre pécheur fOuyaM trouver tant 

4. Le chien, le chat, méchamment tués, obtiennent ven- 
geance et composition. Ils sont placés debout, et le meur- 
trier doit, de la tète à la queue, les couvrir, non d'or, il est 
vrai, mais de grain rouge comme Tor. 



SKNTKNCK. XLVII 

cror. Il fallait que toute la famille, toute la tribu, 
Taidàtà payer, de jmiême qu'elle Tavait aidé k jurer ^ 
à combattre. 

« Si quelqu'un, dit la loi Salique, a tué un 
homme et n'a pas en toutes ses facultés de quoi 
satisfaire à la loi, il présentera douze témoins pour 
jurer que ni sous terre, ni sur terre, il n'a plus de 
bien qu'il n'en donne. Et ensuite il doit entrer 
dans sa demeure, et des quatre coins prendre en 
sa main de la terre, puis se tenir sur le seuiU 
regarder vers l'intérieurde la maison, et, se tenant 
ainsi, de la main gauche jeter de la terre par-des- 
sus ses épaules sur son plus proche parent. Que si 
déjà son père, sa mère. Ou son frère ont payé pour 
luiy il doit jeter de cette terre sur la sœur de sa 
mère, ou sur les fils de celte soeur; s'il' n'y a point 
de tels parents, sur les trois plus proches du côté 
paternel ou maternel. Et ensuite, en chemise, dé- 
ceint, déchaux, bâton en main (palo in manu), sauter 
par-dessus la haie. » — C'est qu'en effet les portes 
ne sont plus à lui, il ne peut plus marcher sur le 
seuil sacré. Un autre doit l'occuper à sa place. 

Nous n'avons pas malheureusement de formules 
de condamnations dans les lois barbares. Les for- 
mules weimiques, bien plus récentes, sont toutefois 
d'une haute poésie : 

« A toi, coupable créature!... En ce jour, je te 
retire tout droit du pays, tout honneut*... Je dépars 
ton corps aux passants, au seigneur ton fief, ton 
hérilage à qui de droit. Ta femme est légalement 



XLVin SENTENCE. LE BANNI. 

veuve, et tes enfants orphelins. Je te mets de 
justice hors justice, de grâce en disgrâce, de paix 
hors la paix, de sorte que, quoi qu'on fasse, on ne 
puisse méfaire en toi... » « Là où chacun trouve 
paix et sûreté, tu no les trouveras pas. Nous t'en- 
voyons aux quatre chemins du monde!... Nous 
t'excluons des quatre éléments que Dieu a donnés 
aux hommes et faits pour leur consolation... Nous 
adjugeons aux corbeaux et corneilles, aux oiseaux 
et bêtes^ ta chair et ton sang; à notre Seigneur, 
au bon Dieu, ton âme, si toutefois il en veut. » 

Puis vient le chant sauvage du gibet, Taigre voix 
de la justice du peuple : 

Bâillon d'aubépine à la bouche, 

Au col baguette de chêne, 

Les cheveux au vent, 

Le corps au corbeau, l'àme au Tout-Puissant ! 

Ordre du roi subir tu dois. 

Glaive d^acier col doit couper! 

Et ailleurs: -^ 

Loi du roi Charles subiras. 
Arbre sec chevaucheras. 

Rejeté de sa famille, de sa tribu, il s'éloignait 
pour toujours, prenait son bâton de juif efrrant, 
mettait ses souliers de fer*. S'il arrivait à la mer, il 
ne devait pas attendre plus longtemps pour partir 
que le flux et le reflux. Une mauvaise barque, fai- 
sant eau, le jetait, loup aflamé, aux rivages dU sud. 

1. Voyez les Sagas. 



^ . ^- -^ .^^ 



LB BANNI. XLIX 

Ou bien, traversant les grandes forêts germaniques, 
cet autre océan, il se laissait guider au cours 
torrentueux du Danube, se donnait au diable, 
aux HunSy ou se vendait corps et âme aux perfides 
Byzantins. 

Quelquefois, après de longues années, vieux et 
chargé d'or, il osait refaire le grand voyage, quitr 
tait les beaux climats, se replongeait aux sombres 
forêts, revenait voir ce qu'étaient devenus sa veuve, 
son fils laissé au berceau. Mais personne ne voulait 
reconnaître cette vieille barbe. Heureux si les siens 
ne lui dressaient des embûches, ou si son fils ne lui 
proposait un combat à mort: « Hélas! dit le vieil 
Hildebrand, j'erre depuis soixante étés, soixante 
hivers... Et maintenant il faut que mou fils me tue, 
ou que je sois son meurtrier. » 

Cette vie aventureuse du proscrit, ces héroïques 
malheurs, ont été chantés par tous les peuples. Que 
dis-je? rêvés et désirés. Tous ont souhaité Texil... 
K Arva béata, petamus arva, diviles et insulas... )> 
Ils auraient volontiers changé le foyer domestique 
pour la verte feuillée de Rofin Hood, ou le roc de 
Don Luis de Galice, F ennemi de la loi. 

Le banni des temps anciens avait de belles 
chances. D'avoir rompu tout lien du passé, brisé 
d'un coup tant de faibles fibres qui pourtant tien- 
nent au cœur, c'était beaucoup pour commencer 
une vie nouvelle. En lui ôtant la patrie, on ne faisait 
que lui donner le monde. Le proscrit, le cadet, le 
bâtard, voilà les fondateurs des peuples. « Que me 



V''\?? 



L LE BAKiM. 

permcUez-Yous d'emporter? disait le banni macédo- 
nien. — Rien que ce rayon du soleil (p. 322). » Il 
l'emporta en effet dans sa robe, le hardi jeune 
homme, et il .fonda sur cet augure le royaume de 
Macédoine. Ce soleil fut celui d'Alexandre, de TA- 
drialique à Tlndus. 

La cité du banni, Vasiley est le grand mystère du 
droit antique. Trois asiles, la Judée*, Athènes et 
Rome, ont été les foyers de la vie de TOccident. 
La cité hospitalière, ce monde nouveau, formé du 
débris des vieux mondes, les contient et les purifie. 
Elle accueille Ores te à Tau tel des suppliants, elle 
lui accorde Texpiation salulaire ; elle inhume pieu 
sèment Œdipe. Les os de l'étranger lui portent 
bonheur ^ Sa haute destinée, sa forlune est d'être 
une tombe. Lo phénix social renaît chaque fois 
plus beau de sa cendre. 

La pénalité héroïque est le bannissement. La 
pénalité sacerdotale est la mort. Les peuples guer- 
riers rejettent le coupable, s'en délivrent; qu'il 
nuise à d'autres, peu importe. Les peuples religieux 

1. C'est le vrai caractère du peuple juif, au moment de sa 
sortie d'Egypte. Les lois de Moïse elles-mêmes sont favo- 
rables à l'étranger et à l'esclave. 

2. Et ce bienfait, comment se révélera- t-il ? — Après ma 
mort, lorsque tu m'auras donné un tombeau. 

Sophocle, OEdip. Colon.. v. 572-3. 



SUrPUCES. LI 

considèrent moins le dommage que le crime même. 
Tout crime leur apparaît comme une révolte contre 
rinfini; infinie devrait être Texpiation. Tant que 
celui-là reste dans le monde, qui en a voulu détruire 
Tordre, le monde languit et souffre. 

La variété des peines, cette infernale poésie où 
semblent se jouer capricieusement les lois antiques, 
se ramène pourtant à deux idées simples. La loi 
veut ou soustraire le coupable aux éléments qu*il 
souille de sa présence (murer, coudre dans un sac, 
aveugler, etc.), ou bien le rendre à la nature, le 
perdre au sein des éléments, Fabsorber dans la terre, 
Teau, le feu ou Tair (enterrer vif, noyer, brûler, 
pendre) *. 

Sous toutes ces formes, c'est toujours le monde 
social qui replonge au monde universel l'individu 
qui a voulu être sa loi, son monde à lui. Apprends, 
rebelle, que tu n'étais qu'une piè|pe dans Tharmonie 
commune ; la mort t'y ramènera. Tu voulais être un 
tout; rentre en l'unité. 

Hélas I j'allais y rentrer de moi-même. Ne som- 
mes-nous pas condamnés en naissant? La loi pro- 
nonce la mort, mais la nature l'avait prononcée. 
L'enfant, plein de vie et d'espoir, que l'on presse 
au sein maternel, bientôt il échappe; c'est un 
homme, un vieillard, c'est de quoi remplir un tom- 
beau. 

{.Quelquefois on ne punit pas Thomme, mais seulement le 
membre, la partie coupable. On coupe la main meurtrière, 
on coud la bouche menteuse. 



LU VIEILLESSE. MORT VOLONTAIRE. 

L'homme barbare dédaignait la mort naturelle. 
Il supprimait par une fin anticipée la triste et 
pesante vieillesse. Il eût rougi d'être vaincu par le 
temps. Il voulait mourir de la main d'un brave, d'une 
main aimée. 

Ici reparaissent autour de la couche du vieillard 
ces misères, dont le berceau de Penfant fut entouré. 
La famine endurcit les cœurs. Celui qui ne fiil 
pas exposé enfant le serait dans son dernier âge, 
s'il n'embrassait lui-même la mort et ne s'immolait 
aux dieux. 

Rome mérita l'empire du monde; elle fut la vraie 
4)atrie du droit. Tandis que les barbares n estiment 
que la force et méprisent l'homme dès qu'il Ta 
perdue, la loi romaine fait du vieillard un dieu 
vivant pour la famille. La mère elle-même a droit 
à une sorte de culte. Cornélie écrit à son fils Calus 
Gracchus : « Qu^d je serai morte, tu me feras 
des sacrifices funèbres et <u imploreras la divi- 
nité maternelle... Ne rougiras-lu pas de les prier, 
ces dieux, lorsque, vivants et présents, tu les auras 
délaissés*? » 
' Les lois du moyen âge, même dans les temps 
chrétiens, accusent tristement la dureté de la 
famille. Elles croient avoir besoin de protéger la 

1. Ubi morlua ero : parentabis mihi, et invocabis Deum 
parentem . . . Non pudet le... eorum Deûm preces expetere, 
qaos viyos atque présentes, relictos atque desertoshabueris. 
Corn. Nepolis fragmenta. — Je doute fort du sens donné 
par Festus aux mots : Senes depontani (V. p. 328}. 



MORT. LUI 

vieille mère; elles la recommandent au fils. Il 
doit lui laisser la meilleure place dans la maison, 
et surtout au feu... C'est alors que votre foyer sera 
sacré, enfants, et que votre maison prospérera. 
Vous ne Taurez pas toujours cette tête vénérable, 
cette voix tremblante, bientôt vous ne l'entendrez 
plus. 

« Quand le Brahmane voit ses cheveux blanchir, 
et qu'il a sous ses yeux le fils de son fils, il s'en va 
dans quelque forêt, habiter seul sous. le ciel, parmi 
les racines d*un figuier indien. Ayant déposé en lui 
le feu saCré, il n'a plus de feu domestique; il vit de 
fleurs ou de racines. Il attend silencieux, comme 
l'ouvrier le salaire du jour. Il ne désire point la 
mort, il ne désire point la vie. Bientôt, il laissera 
Todieusc enveloppe comme l'oiseau quitte la bran- 
che, comme des bords d'une rivière la terre et 
l'arbre se détachent. » 

Le christianisme, entre toutes les religions^ a 
aimé la mort; il Ta embellie à plaisir, Ta parée ten- 
drement, comme une sœur qu'on mène à l'autel. 
Il a fait mieux; il lui a changé son nom, il a juré 
qu'elle était la vie. Il a appelé le dernier jour : 
Natalis dies. -^ « Non moriar, sed vivam, et nar- 
rabo opéra Domini. » — La Idgendc dit d'un saint 
qui meurt : « Et alors, il commença de vivre et 
cessa de mourir! » — '< Et tune viverc incœpit, 
morique desiit\ » 

1. Nous lisons, dans une Vie de' saint Bernard, que le saint, 
deux jours après sa mort, honora d'une apparition Tun de 



Deux formes priDcipales de sr*puiliirt> ; liéroïque, 
sacerdotale. Dans Tune, rhomrae emportant ses 
armes, s^cfForçant d'échapper à riiumiliation du 
tombeau, brave la mort comme un ennemi. Le roi 
des Scythes reste à cheval, tout mort qu'il est, et 
brandit sa lance (p. 332-333). Ou bien, on fait dispa- 
raître toute trace du héros. Un fleuve emporte son 
cadavre (funérailles d'Alaric). Ailleurs, la flamme 
dévorante saisit l'homme, beau et fier encore, et lui 
sauve la laideur du sépulcre. 

Dans la sépulture sacerdotale, Tliomme, aux dé- 
pens de son orgueil, se réconcilie avec la nature, se 
soumet à elle humblement. La grand'mère qui Ta 
nourri si longtemps veut enfin Tavoir à elle seule ; 
réponse toute féconde rappelle celui qu'elle aime 
on son sein. La sépulture est encore un mariage. 

Si le tombeau ne reverdit pas comme Tarbre, 
qui sert aussi de limite, il n'en est pas moins la vi- 
vante plantation du droit *. La tige de la famille y 
est; elle fleurit par-dessus, et de temps à autre y 
laisse tomber des fruits mûrs. 

ses moines, le moindre de tous, homme simple et pauvre 
d'esprit. Le moine mourut peu de jours après. Mais une 
sérénité céleste était sur son visage. On lui aurait dit volon- 
tiers, dit le légendaire : 

Incipe, parve puer, risu cognoscere matrem. 
Petit eufant, connais ta mère à son sourire. 

Voyez, daus Waller Scott, les chants admirables de la mou- 
rante, particulièrement celui qui est sur un air des métho- 
distes. The heart of Mid-Lothian, c. 40. 

i. Naturalitervidelur ad mortuumpertinere locus in quem 



ORIGINfi DES SYMBOLES. LV 

Gardien de la terre, monument de Thomme, le 
tombeau contient un témoin muet, qui parlerait au 
besoin. Laissez-y seulement une étroite fenêtre par 
où le pauvre grand-përe puisse au printemps en* 
tendre l'hirondelle, vous donner quelquefois le soir 
un bon avis, enfants, de la basse et douce voix des 
morts, et, s'il vous manque on protecteur, témoigner 
des droite OBbiiés. 



Essayons de pénétrer dans la nature du symbole, 
d'examiner le symbole juridique sous les deux 
points de vue de la nationalité et du temps, de voir 
comment il naît et périt. 

Le créateur a fait l'homme semblable à lui^ c'est-^ 
à-dire créateur. L'homme aussi crée à son image. 
Symbole lui-même, il crée des symboles. 

Pourquoi cette nécessité de créer? pourquoi 
celui qui a si peu de vie et si courte, doit-il donner 
de la vie, communiquer son être, son néant? C'est 
que, tout néant qu'il est, il a en lui, comme image 
de Dieu, une idée, une force féconde. L'idée qu'en- 



infertur. Ulpian. Leg. 1. De religiosis. — Le texte suivant 
attribue expressément au tombeau le caractère de la person- 
nalité humaine : Gnm loca capta sunt ab hostibus, omnia 
deslnunt religiosa vel sacra esse; sicut horaines liberi in ser- 
vitudinem perveniunl. Quod si ab hâc calamilate fuerint 
liberata, quasi quodam postliminio reversa, pristino stalui 
restîtannlur. Pomponius. Leg. 36. De religiosis. 



tn ORIGINE DBS SYMBOLES. 

k-rme tout symbole brûle d'en sortir, de s'épan- 
cher^ de redevenir infinie. Elles s'efforcent, les 
pensées ailées, à voler sous le poids qui les entraine 
contre terre; elles se soulèvent, comme pour res- 
pirer un peu... Yoilà le malaise universel, la sublime 
tristesse du monde. Homme, nature, toute existence 
est travaillée d'un infini captif, qui veut se révéler 
par la génération, par l'action et par Tart, qui fait 
et défait ses symboles, languissant tour à tour de 
créer et de mourir. 

L'homme porte ainsi en lui comme un infatigable 
arlisLe, qui travaille à la fois au dehors et au de- 
tiaiis. Cette force l'use et le soutient. Elle est sa 
causa Vivendi... Par elle, il se fait et se connaît 
mieux chaque jour. II façonne incessamment son 
argile^ il est à lui-même son Prométhée. 

Gela est frappant dans les hommes vraiment 
hommes, dans ceux qui vivent; ne nous occupons 
pas des morts. Ceux-là, lorsqu'ils ne succombent 
pas dans leur premier effort, trouvent, par le pro- 
grès légitime du travail intérieur, que la vieillesse 
csl le plus beau des âges, le vrai fruit de la vie hu- 
maine. Ils s'élèvent du concret au spirituel, au pur; 
ilt^ j; ravissent, par les degrés des arts ou des sciences, 
lui escalier colossal, qui conduit de la terre au ciel. 
Ainsi Michel -Ange, lorsqu'il eut, jeune, assouvi son 
furieux génie dans les fresques de la chapelle Six- 
line, lorsque, plus âgé, il eut dressé dans les sculp- 
tiirt^s mélancoliques du Penseroso le cénotaphe de 
la patrie, lorsque le monde croyait le vieillard brisé 



ORIGINE DES SYMBOLES. LV1{ 

de chagrins et d'années, alors il prit un autre essor. 
Par-dessus ces arts concrets qui s'attachent à la 
représentation de la forme humaine, il monla à 
rarchitecture, à Tart abstrait et pur, qui cherche le 
beau dans les formes sans modèle. Âù delà de Tar- 
chitecture, si la vie ne lui eût manqué, il rencontrait 
la géométrie, et enfin la métaphysique, comme 
suprême initiation. 

Ce grand artiste platonicien, dans ses poésies, 
nous dit que vivre, c'est dégrossir un bloc, en 
tirer la forme qui y est cachée. L'homme rejette 
peu à peu le poids qui l'opprimait, l'épais vête- 
ment charnel dans lequel il fut emprisonné à sa 
naissance. Qu'est-ce, en effet, que l'enfance, sinon 
une lourde incarnation de la pensée, chargée de 
lait, de sang, de poésie? L'âge nous en guérit, et 
la prose, et l'analyse, la mort surtout, cette su- 
prême analyse *. 

Mais il faut qu'il y ait d'abord enfance et poésie. 



1. L'imagination des premiers hommes fut d'autant plus 
féconde en symboles poétiques, qu'ils étaient plus jeunes, 
plus grossiers, plus incapables d'abstraire. « Dieu, dans sa 
pure intelligence, crée les êtres par cela qu'il les connaît. 
Les premiers hommes, puissants de leur ignorance, créaient 
à leur manière par la force d'une imagination toute maté- 
rielle. Poète veut dire ci'éaleur ; ils étaient donc poètes, et telle 
fui la sublimité de leurs conceptions, qu'ils s'en épouvan- 
tèrent eux-mêmes et tombèrent tremblants devant leur ou- 
vrage. Fingunt simiil creduntque. » (Vico.) — Ils faisaient 
des dieux, et ils étaient dieux. Ils Tétaient, comme au point 
sublime de la passion, lorsque le jeune homme s'écrie dans 
Térence : « Oeus facius su m ! » 



LVnt OBIGIXK DBS SYMBOLES. 

11 est bon qiie Thomme s<^ nourrisse loDgtemps du 
lait de la nature, qu'il TaîmCj la craigne et Técouti^. 
Un jour, les rôles cliangeronl, Jl la dominera par 
Tart ol le travail; il la fécondera à son lour. 

Nous ne nous repri-senlons pas aisément anjonr- 
irhui ramour do Thommc pour la nature dans k*s 
premiers Ages, où il était encoi-e à peine dégagé fie 
son sein- En chaque créature de Dieu, il voyait une 
sœur, une amante, — Lorsque Xerxès emmenait 
contre la Grèce cette fabuleuse armée, il ira versait 
la molle Asie avec sa cour, ses femmes, sei% belles 
maîtresses. Ce mélancolique qui pleurait en son- 
géant que de tant d'hommes pas un ne vivrait dans 
cent ans, ce voluptueux qui promettait un prix à 
qui lui trouverait un plaisir, aperçut à la rencoii- 
Ire do plusieurs routes un beau platane, et fut 
saisi d'admiration et d'amour. Tout ce que put 
r homme pour la plante, l'amant pour Tobjet 
aimé, ce fut de charger ses bras élégants de bra- 
celets et de guirlandes : (t Et il lui donna, dit 
Hérodote, un homme immortel^ pour en avoir 
soin. >T 

Ainsi dans cet antique Orient, le frire et la sœur^ 
l'homme et la nature no s'étaient pas méconnus en- 
core; ils s'aimaient d'amour, La femme avait une 

HeROD, VU, x\i, KxrÉM;c£V, ttr^TUip ipTu^uv^^, ojXaxa if.ii ippciyp^v* 
jElian, hiât, var- U, xïv.^Je iiti crois pas, quoi qu'en disent 
la plupart des traducteurs, qu'il s'agisse i\\n\ soldai <lu corps 
des Immùrtelé, Vûjreï plus haut (p. xxxin) Perpétua o^ui/a, et 
le mot Béies de fe\% dans le glossaire de Ltiurière, 



ORIGINE DES SYMBOLES. LIX 

rivale; c'était la création tout entière. Telle était 
alors en l'homme la puissance d'aimer, qu'il en avait 
pour tout un monde. 

Mais runion était trop inégale. Cette belle et 
formidable amante, Thomme n'était qu'un faible 
nourrisson sur ses genoux. Elle le fascinait de son 
mobile regard; elle le troublait de ses puissantes 
caresses» elle lui faisait signe, mais il avait peine 
à répondre. Ces signes impérieux, pleins d'attrait 
et de terreur, c'était pour lui une étude d'en trouver 
le sens. 

Faisons aujourd'hui, si nous voulons, les fiers, 
les rois de la création. Mais n'oublions pas notre 
éducation sons la discipline de la nature. Les 
plantes, les animaux, voilà nos premiers précep- 
teurs. Tous ces êtres que nous dirigeons, ils 
nous conduisaient alors, mieux que nous n'au- 
rions fait nous-mêmes. Ils guidaient notre jeune 
raison par un instinct plus sûr ; ils nous conseil- 
laient, ces petits, que nous méprisons maintenant *. 
Nous profitions à contempler ces irréprochables 
enfants de Dieu. Calmes et purs, ils avaient Tair, 
dans leur silencieuse existence, de garder les se- 
crets d'en haut. L'arbre qui a vu tous les temps, 
l'oiseau qui parcourt tous les lieux, n'ont-ils donc 
rien à nous apprendre?... L'aigle ne lit-il pas dans 
le soleil, et le hibou dans les ténèbres? Ces grands 

K Noslri necpœnilet illas. Nec te pœniteat pecoris, divine 
poeta ! — Humbles brebis, elles ne vous dédaignent point. ISe 
les dédaignez pas, 6 divin poète I 



LX POESIE JURIDIQUE. 

bœufs eux-mêmes, si graves sous le chêne som- 
bre, n'est-il aucune pensée dans leurs longues rê- 
veries '? 

Ces mouvements et ces repos, ces signes muets, 
ces voix indistinctes, l'antiquité recueillait tout: 
plaintes de l'Océan, murmures des fleuves, et tout 
ce que la forêt roule de bruits dans les jours d'orage, 
et tout ce que l'oiseau dit si bas à ses petits. Cé- 
taient les mot^ d'une langue régulière, dont le? 
phrases se reproduisaient dans un ordre si infail- 
lible que Tune était l'augure de l'autre. Tel signe 
apparaissant, tel autre devait \en\v; tel phénomène 
était pour tel autre un rfro// d'exister. 

Élre et devoir se confondant, toute existence était 
un signe que l'homme se croyait obligé de traduire 
en actes ou en paroles. Les phénomènes étaient 
ainsi des symboles juridiques, qui s'interprétaient 
en formules. La nature jetait ses oracles au vent; 
la poésie suivait, écoulant et recueillant. La grande 
mère parlait, l'humble fille s'efforçait de répéter. 

Dans ce chant alternatif, s'harmonisaient à plaisir 
les rythmes de Tune et de l'autre. Tandis que la 
main mesurait les dactyles et que le pied frappait 
l'iambe, le vent sifflait Tallitération dans les forèls 
du Nord, la vague battait sur les grèves celtiques 
des rimes solennelles. 

Prodigieuse poésie, qui, pour la puissance dos 
symboles, surpassait d'avance toute poésie hu- 

{, llice sub nigrA pallontos ruminât herbas. 



POÉSIE JURIDIQUE. LXI 

maine. Des poètes de l'àme et de la réflexion, nos 
modernes, plus passionnés sans doute, sont en 
comparaison pâles et pauvres d'images. Comment 
lutter de force avec TOcéan, de lumière avec le so- 
leil? Celte poésie n'est pas de l'homme. « Cède 
Dec. » 

Sa force, sa grâce, c'est justement que sa langue 
n'est pas sienne. Cette force devient une faiblesse, 
à mesure que l'idée de droit, se distinguant de celle 
d'existence, cesse d'être naturelle et fatale. La 
poésie juridique semble porter alors malgré elle le 
joug des images et des figures ; elle sent instincti- 
vement qu'elle devrait s'affranchir du symbole. 
Loin d'en suivre l'inspiration, elle se compose, 
prend l'air grave. Jambes croisées, glaive sur table, 
elle va cUre la loi... Mais le juge est trop jeune 
encore. L'arrêt commencé finit par un chant. 

(c Quidquid tentabam dicere, versus erat » Elle 

voudrait, cette poésie, être déjà prose sérieuse, 

faire entendre une voix virile Non, belle vierge, 

il faut que vous restiez longtemps une jeune fille 
au douteux langage, une harmonieuse pylhonisse, 
qui prononce, souvent sans l'entendre, l'équivoque 
oracle des dieux. 

Ne nous étonnons pas si le prêtre, le poète, lo 
jurisconsulte, sont primitivement le même homme. 
Toutes choses se confondent d'abord dans le sein 
de la religion. Même plus tard, lorsque la séparation 
est accomplie, les jurisconsultes, chez certaines na- 



iXlï KATMïNAUtÉS DIVERSES. 

lîoQs, n'ont, pendant longtemps, d'autre nom *}ue 
celui de Poiitet^i, de Trouvères (Scliœiït^n, Fînderj 
eu allemiind). Ils troiiveni en effet la formule ; elle 
tombe de leur bouche nombreuse et rythmique, 
tantôt géminée, tantôt par triades, souvent en 
rimes martelées '. 

Considérons^ maiotenant les formes que la poésie 
juridique revêt chez les nations dîviq'ses ; voyons 
comment chacune improvise à sa manière sur le 
tlifeme commun de la vie civile. Le sujet, ce sem- 
ble, est toujours le même, do la naissance à la mort; 
mais chafjue peuple envisage avec prédilection tel 
moment, telle face du droit; celui-ci la famille, 
celui-là la propriété ou le jugement. Cest aiu&i 
qu entre les langues dont la science moderne a si 
bien établi la parenté, chacune exprime avec plus 
de force un élément grammatical; dans celle-ci \n 
théorie du verbe est plus scientifique, dans telle 
autre celle du substantif; de manière qua elles 
toutes cUf^s représentent complètement la vertu tie 
la langue humaine. Heureuse et féconde liberté de 
la nature, où les diversités, se développant à part et 
instinctivement, ne font jamais dissonance, mais 



i. Injusducïto. SoHs occasiia aupremas tempesLaa esto.— 
Quod felix Faiistumque sîl. Puro pioque duello. Potest pot- 
letque. ïempla lesquaque. Nomeii numenque. Do, dico, aJ- 
dieo. Habeant, teneaiil, pnssideant, Volo, statua, jtibeo, eU% 
^^ Kraft und Maclit. Kurz und klein^ etc. — Mus (mu tus} et 
taisaot. Tejiir el palmoier, Coticéder, gracier et ottroier, elc* 



NATIONALITÉS. — INDE. IXHï 

s'accordent d'elles-mêmes mieux que la science 
n'eût pu faire. 

En nous renfermant dans notre point de vue des 
formules juridiques, nous pouvons y entrevoir Vidée 
dominante de chaque nationalité. 

L'Inde, préoccupée du renouvellement des êtres 
sous les formes de la vie et de la mort, a exprimé 
ces deux moments dans des formules sublimes. 
Ces formules donneraient l'idée d'une moralité 
bien précoce, si d'autres ne montraient combien 
celle de l'Inde est encore engagée dans la nature. 
La nature est ici la vraie, la seule personne. Les 
Épreuves, dont l'Inde donne le premier exemple, 
ne sont qu'une personnification des éléments; la 
loi croît et consulte la chose plutôt que Thomme. 
Dès que cette législation descend sur le terrain du 
droit proprement dit, elle y vacille honteusement. 
Le juge, pour s'assurer du crime, tente Taccusé, 
et le pousse au mal (p. 262; voy. aussi le Sup- 
plément). 

L'Inde ne voit nulle part l'humanité avec plus 
de complaisance que dans la femme, ce charmant 
symbole de la nature, qui en résume la beauté. Elle 
ne trouve pas -sur un si doux sujet de paroles assez 
tendres, assez caressantes : « Ne frappez pas une 
femme, eût-elle fait cent fautes, pas môme avec une 
« fleur. . . » — « Si la terre est adorée, une mère n'est- 
^'lle pas plus digne encore de vénération. » — La loi 
repousse avec horreur le mariage par achat : « Même 
dans les mondes antérieurs à celui-ci, nous n'avons 



LXIV PERSE. 

pas OUÏ dire qu'il y ail eu jamais une telle vente 
d'une fille. » 

Voilà de belles paroles ; mais elles ne se soutien- 
nent pas. Llnde, représentant la nature, en con- 
tient aussi les contradictions infinies. Cette faible 
fleur, la femme, elle sera jetée aux flammes. Cette 
mère si digne de respect, elle devient mère n'im- 
porte comment. Au fond, elle est avant tout le 
moyen de la génération humaine, la terre qui doit 
être semée. Cette religion de la nature demande 
des choses surnaturelles, que la femme affronte le 
feu, que l'homme engendre sans plaisir. La loi 
indienne connaît pourtant si bien la toute-puissance 
de ce voluptueux climat, qu'elle regarde comme 
adultère l'homme qui parle à une femme dans une 
forêt (p. 41, 306). 

Dans la Perse, au rebours de Tlnde, l'État domine 
la nature ; l'État est le monde. Le roi est le symbole 
de l'État ; son palais est une représentation de l'uni- 
vers, comme, chez les Turcs, le sérail du sultan 
(p. xxxii). Au reste, l'idée de pureté, de distinc- 
tion qui domine dans la Perse dut la mettre de bonne 
heure en défiance contre les représentations maté- 
rielles. Le vieux symbolisme chaldéen, dans ses 
monstrueuses images de bêtes, n'apparaît sous le 
magisme que, comme le taureau mithriaque, pour 
être immolé. Peu de symboles religieux. D'autre 
part, le roi, comme symbole vivant de l'État, étant 
toute la loi, il n'y a point de loi écrite, point de 
formules juridiques. 



KATIONAUTÉS. — JUÏ>ÉK. LXV 

La Judée, en un sens, est le comniencemcnl du 
droit* Le droit, le bon, lo pur, qui jtisqac-L\ était 
uno suùsiance, un élément, un dieu, commence h 
apparaître comme action humaine, conforme à 
la volonté divine. Mais la haine de la nature, qui 
fait le caractère sublime du judaïsme, empêche les 
actes juridiques de se produire en symboles, de 
s'harmoniser avec le monde extérieur en formules 
poétiques. Sauf quelques emprunts au symbolisme 
idolâtre (p, 267), que le christianisme lui-même n*a 
pas repoussés, la Judée n'a puère connu de sym* 
bole^. Ce qui y ressemble le plus, c'est le soulier 
du déchaussé (p. 107-108) cl la levée du cadavre 
(p. 230). 

La Grèce n'a eu de symbolisme que la culture 
de la heaulé humaine, je veux dire la gymnastique 
et la statuaire. Tonte préoccupée de Thomme, du 
citoyen, elle dédaignait la nature comme étant hors 
de la cité» Tout ce qui n*est pas la cité est non Grec, 
barbare, La famille et la propriété étant ici des 
accessoires de l'Ktat, il n*y a gnhre place au droit 
civil. Eùt-il existé, il n'aurait pu, chez ce peuple 
sophiste et moqueurs garder longt^mips ces naïves 
pantomimes juridiques, qui se conservèrent reli- 
gieusement k Rome. La Grèce respeclc peu Tanti- 
quité, la paternité. Le présent s y conduit avec le 
passé, comme les fils d'Œdipe ou de Sophocle avec 

f , Tl s'a^t, bien entendu, de la Grèce cÎTÎliaêç, de celle qui 
a laissé des monumenU. 



LXVT GEi-XE. ITAUU, 

lour vieux père,(V. pourtant les p. 2, 9, 19, 2), 27, 
213, 322). 

Le <1roil, trop exclusivement personnel et poli- 
tique en Grî^œ, est phis réel en Italie, Il se prend 
à la terre et participe l\ la stabilité du sol. VAr/er 
limité, divisé^ orienté, comme la cité ou le temple 
(p. 57, 6L 81), ne changera pas aiï?émcnt* Ici, la 
borne ^ le Terme» est un dieu. IVrni- mouvoir le 
Terme, transférer TAger, il faut de magiques for- 
mules, de puissantes conjurations {carmins; lex 
liorrendi carminis erat* Tît. Liv.)^ 

L*opposition des races greC{iucs ne fut jamais 
reconciliée. Celle de ITtalie se résume de bonne 
heure en une cît<^, Rome est un moiidii double, 
étrusque et sabellien, sacerdotal et héroïque. Cela 
est sensible dans le droit civil, comme dans le 
droit politique, particii librement dans les formes 
du mariage : Cnufarreatio, coemplio. La Confar- 
reatio rappelle ITnde, ainsi que les Sacra, Ily a 
cette différence que, dans les Sacra, Rome est 
moins occupée de Tàme du propriétaire que de la 
propriété. 

Il est curieux de mesurer le chemin qui s'est fait 
depuis riiido, La propriété ne se transmet pufere 
en ITnde que naturellement par la succession^ ou 
plutôt elle est immobile, puisque le père vit encore 
dans le fils, A Rome, elle se meut, elle prend lo 
mouvement artificiel de la tradition et du testa- 
ment. La paternité, commjMidéc dans ITnde comme 
devoir par la religion, s'accomplit naturellement, 



INDE, ROME, LNVII 

f»it se supplée naturellement en ^alis^-ant la famille ; 
à Rome, elle se snpplée arlîlicielbmeut par Tariop- 
Lion ^ Ainsi le droit, inerte dans TOrient, devient 
à ftome art et mouvement {hi-^v*A% ars); Rome est 
Ta r liste du dit)it. 

Le droit romain, nous Tavons dit, est surtout un 
<lroit réel; un droit delà propriété ; eest comme 
lel fju'il se survit dans nos lois et rhs^c. eneore sur 
nous. Le droit personnel, non plus cnplif dans la 
cité, comme en Grèce, mais libre comme l*oiseau 
des forêts, s'est développé dans le monde germa- 
nique. 

Si la nature^ est une marâtre pour les hommes 
du Nord, la fralernité n'a été que plus forte entre 
eus. L'idée <le paternité domine dans rindc et dans 
la vieille Itilie; celle de fraternité, chez les peuples 
liéroïques*. La plus belle formule Scandinave est 
r^lle du mariage des deux guerriers sous la terre 
^p, 153-i). Cetïe union, souillée chez les Grecs, 
hrille ici de pureté. La femme même est un héros, 
cVst Brynhild, la reine de la froide Islande. Dans 
U* Nialsa^a, la jeune fille n'a de nourrice et de gou- 



i . La tladirior^, fe testament, l'adoplion, existent dan^ 
Hude. Toute forme de droit existe partout, mais eti geraie. 
On ^eul dire pourtant que chacune appartient en propre au 
peuple qui liii donne son développement, A ce litre, ta tra- 
dition, le lestaraent, l^adoption, sont essentiellemeiit ro- 
mains, le jury essentiellement allemand et anglais^ etc. 

2, Voyeï dans la Grèce les amitiés famrust^sdLS Oresle et 
(Iftî Pyiade, des Piritboiis et des Th6s(^e ; dans la Perse, celle 
de Darios et de Zopire, 



LXVlll SCANDINAVIE. ALLEMAGNE. 

VLM'nante qu'un homme. C'est un monde vierge et 
fort, comme la profonde glace des lacs. 

Tout cela fond en Allemagne. Nulle part, le 
droit ne s'est plus richement épanoui en formules 
juridiques ; capricieuse végétation, et luxuriante, à 
désespérer l'analyse. Vous compteriez tout aussi 
bien les feuilles bruissantes dans les chênes de la 
Forêt Noire. 

Si pourtant vous écartez l'ombre que la féodalité 
projette sur l'Allemagne, si vous évitez les fiefs 
pour vous tenir dans les Marches, vous y surpren- 
drez la véritable antiquité allemande. La Marche^ 
cVst l'Allemagne, comme TAger est Tltalie. 

Mais il y a ceci à remarquer, que la Marche, pro- 
priété indivise, a été moins importante comme pro- 
priété que comme théâtre du droit personnel. 
Cette terre vague de la commune, limitée, non par 
le dieu Terme, mais par la pensée, par la probité 
allemande, a eu une fécondité à laquelle doivent 
rendre hommage les plus riches contrées du monde. 
Celle-ci ne porte ni vin, ni huile; mais elle a porté 
la justice. Ces landes sont un tribunal; c'est le ber- 
ceau de toutes les grandes institutions germaniques, 
peut-être celui du Jury '. 

Le juge ici, c'est tout le monde; au besoin, ce 
serait le passant. L'accusé même se juge. S'il 
affirme son innocence; cela suffit, qu'il s'éloigne 
(p, 262). Aujourd'hui même, dans les parties les 

i. Je sais bien que toutes les nations barbares ont le prin- 
cipe du jury. Voyez la note de la page Lxvn. 



INDE. ALLEMAGNE* LXÏX 

plus éloignées du mond*3 germanique, eu Suède et^ 
jo croîs, en Autriche, on n'exécuLo aucun crimmel 
qu'il ne se déclare coupable. 

Cette bonne Allemagne a conGaoce en Thommc- 
Sauf quelques dispositions qui tiennent à la lutte 
féodale, son droit est doux et débonnaire. La 
[propriété nV est point jalouse. Le passant peut 
cueillir trois pommes, couper trois grappes, arra- 
cber trois raves. LWlIemagne est probablement le 
seul pays du monde où Ton ait ordonné de planter 
des arbres h fruits tout exprès pour satisfaire les en- 
vies des femmes grosses qui passeraient (p. 39). 

L'Allemagne, comme Tlnde, est préoccupée de 
la femme. Les coutumes allemandes ne touebent 
guère ce sujet de prédilection, sans dire <les mots 
d'une iueiïable douceur* Elles sont intarissables 
là-dessuSj et trop curieuses peut-être. Elles se ' 
mêlent du ménage, réglementent les rapports des 
époux, souvent avec un adorable eufantillagOj 
parfois avec une bourgeoise et risiblc débonnai- 
re té. 

Vous trouvez ici dans le droit ce je ne sais quoi 
de gaucbe qu'on a toujours reproclié à Tart alle- 
mand, du reste si aimable et si profond. L'Alle- 
magne est variée, subtile; elle n'est pas harmo- 
nique. 

Tandis que Tlnde est gracieusement suspendue 
uu sein de la nature, et comme endormie dans ses 
bras, l'Allemagne s'y attache volontairement; dans 
sus plus grandes naïvetés, il semble encore que. 



LXX ALLEMAGNE. 

pour plaire à la mère commune, elle bégaie et fasse 
renfant. Derrière les formes puériles, son profond 
regard voit toujours l'esprit. A cette jeune poésie 
des symbole^, elle mêle une ironie candide; elle les 
aime, les respecte, et pourtant sourit. Ainsi l'enfant 
berce sa poupée, il l'appelle sa petite sœur; mais il 
sait bien ce qui en est. 

Cette contradiction générale de l'Allemagne res- 
sort dans son droit. Spiritualiste quand au fond, co 
droit, dans les formes, est alourdi par la matière. 
Cbargé d'images et de figures sensibles, il ^,a tout 
l'air d'an paganisme perpétué dans le moyen âge à 
côlé du christianisme; d'autre part, son existence 
vivaco on face du droit catholique et canonique on 
fait une protestation de liberté nationale, un droit 
protestant. 

L'homme vient, comme juge, opiner le jour dans 
la Marche, improviser sur la bruyère sa poésie 
juridique, demander à la nature, aux arbres, aux 
vents, à la terre, les formes du droit. La femme y 
vient la nuit continuer dans la sorcellerie le culte 
des vieilles divinités des forêts et des eaux, deve- 
nues démons. La sorcellerie estici panthéistique ; le 
droit l'est, au moins dans la forme; tous deux récla- 
ment à leur manière pour la nature sensible, mau- 
dite et crucifiée par le christianisme; deux opposi- 
tions fatalistes, qui toutefois, comme opposition^, 
témoignent: de la liberté *. 

1. Ce rapprochement entre le droit et la sorcellerie, consi- 
dérés comme résistances, est surtout frappant, quand on 



ALLEMAGNE. ' LXXt 

La lutte du droit et do la rolîgion, du Jus et du 
fas^ n'apparaît pas ici tlaiis sa simplicité. Le droit 
allemand n'est pas anticliretien; il est au fond très 
spirîtualistc. Mais, d'autre part, il ne peut se tl(?gagor 
des liens de la nature. C'est un esprit profondément 
humain, mais comme enchanté sous Fécorce des 
chèaes, et qui ne s en arrache qu'avec d<5chiremeni. 
On voit bien, a cette merveilleuse végétation, que la 
sève qui circule ici n*est pas moins que le sang de 
l*homme et la plus pure vie de son cœur. Immobilo 
beauté, il y manque souvent la grâce, qui est la 
beauté du mouvement- Toutefois, comme c'est la 
beauté d'un esprit, il y a intention de mouvement; 
de là quelque chose de forcé et do gauche,.. N'im- 
porte; dans le désaccord du symbole, nous n'ado- 
rons pas moins l'esprit. 

Le droit allemand n'est matérialiste que dans la 
forme. Le droit celtique, à en juger par les débris 
qui nous en restent, semblent Tavoir été dans la 
forme et dans le fond. Nous avons remarqué ail- 
leurs que, dans les noms de lieux, les Germains 
avaient égard à la position aslronomique {^^/-Sex, 
iVor^Ilumbi'ie, etc.), tandis que les C(dtes tenaient 
plutôt compte de la forme du sol ( Alp-Pennins, elc. ). 
Les uns semblent avoir regardé le ciel, les autres 
la terre. Le juge germanique, connue le prêtre, 
se tourne vers le côté sacré du monde ; il regarde 
le soleil levant, La loi galloise accorde au juge le 

l'applique au^ cours wmmiquea. C'était, au moias pour la 
forme, comnie ULie sorcellerie juriJi que. 



LXXII GALLES. 

privilège de tourner le dos au soleil, comme à la 
pluie. 

Les disposiUons leîs plus remarquables des lois 
galloises se rapportent au palais du clief, à Tordre 
qui doit régner à sa Itibte, aux places, aux droits de 
chaque sciTileur, Le palais du chef estrËtat; l'État^ 
c'est le monde, 

La femme est souvent meniionnée dans ces lois, 
mais surtout la femme physique. Il y a là des pa- 
roles obscènes, qui peut-être ne sont que naïves. Ou 
senl^ dans cette brusque hardiesse du laDgagCf la 
pétulance, la légèreté du peuple. 

Le rythme est un besoin pour lui, mais il lui 
suffit d'un rythme peu varié. Les Gallois ont écrîl 
une partie de leurs lois et toute leur histoire en 
triades, ou versets, chacun de trois membres. Rien 
n'indique que cette préférence du nombre trois 
soit ici symbolique. C'est poésie, c'est besoin d'aider 
la mémoire des bardes, vivantes archives dcïi 
clans. 

Les poésies celtiques sont rimées. Au eontraîre, 
^allitération *■ semble avoir dominé chez les Scan- 
dinaves, le nombre proprement dit chez les AHe- 
mauds, chez les Grecs et les Latins. Si, comme il 

1. [1 y a quelque cliose d'analogue eu laliu : 

Duel Le ab urbc Donium, inea carmin a^ Ducîte Daphnîm... 
Et Sola in Swct Sccuna SpatiaLur arenâ... 

M. Griram assure (Ueber deu altdeutsclien Meistergesati^, 
J8H] que l'allilération disparut de bonne heure en Alle- 
magne. 



GALLKS. LXXIli 

est probiibie, le mouvemont rospiraloini est le prin- 
cipe commun de ces formeî^ diveri^es, ne semble-t-il 
pas que les Celles et les Scandinaves aient marqué 
fortement le commencement, la fm de la respira- 
tion? C'est un choeur de forgerons; ceux-là poussent 
leur cliant en levant le marteau^ ceux-ci quand il 
tombe. L'allitération et la rime sont des principes 
de versification plus matériels que le nombre. 

II nous reste de si faibles débris du droit celtique, 
qu*il est impossible de déterminer ce que le droit 
français en a conservé. Telle disposition des Cou 
limiGS, qu'on croirait romaine ou allemande, est 
peut-être celtique ; mais qui a droit de Taffirmer? 
Qui oserait dire, comme Groslejs quoique la chose* 
ne soiL pas absolument invraisemblable, que noîs 
Coutumes en grande partie sont antérieures à 
César? 

Je crois au reste qu'il ne faut s'exagérer ni Télé- 
ment celtique, ni les additions étrangères- La divei 
site matérielle des races, comme je Tai dit ailleurs % 
a moins contribué à former la France, que le travail 
de la France sur elle-même. Cotte nation, qui 
n'est que mouvement et action^ s'est plus qu'aucune 
autre transformée sous rinfluence des événements. 

La tendance matérialiste que nous avons entre- 
vue dans les lois de Galles, et qui semble un attri- 
but du génie celtique, a été balancée en France par 
riiistinct du mouvement. L'influence spiritualiste de 

1. HUt. de Fr.. t. [J-H^S cb, 3. 



LXMV FRAXCE. 

rÉglise a aussi puîssammrnt corabatlu cetUi k*ii* 
dance. Le malérialisitic fmnçuis s'ost produit d** 
bonne heure» non sous forme poétique, oonum* 
chez les Gallois, mais indirectement et comim* 
ironie. 

La France» étant un mélange de peiipleîî, n'a pu 
conserver ses foiTiiules juridiques anssi fidfelemeiU 
que leâ races pures, telles que les Galloi» et le^ 
SoxonïK Les formules que présentent le^ lois bai- 
baiTS de l'époque mérovingienne sont pins alle- 
mandes que frani^aises* Celles quV>n trouve dans 
nos rituels ne sont pas toujours exelusivemenf 
françaises ; souvent elles ne présenlenl aucun ca- 
ractere naLionaL Je donne mi pour exemple lu beih» 
formule de mariage (p* 27), qii'nn a tirée des ri tue 1?^ 
maniiscnis d'Arles, de Reims et de Rennes. 

Mais un grand nombre de formules ecclésiaf*- 
tiques sont vraiment fran^^^aises* Elles remontent évi- 
demmeiit à une ôpoquo où Tesprit populaire s^élail 
réfugié dann la religion, où 1 Églîse se l'ecrntail 
parmi les vaincus, les pauvres et le» serfs, où elle 
était le peuple mémo, ndiahîlité sous Tétole et la 
mitre. Le peuple entendant encoi^ la langue latine, 
les formules ecclé^as tiques n'étaient pas chose 
mode, mais vivantes, populaii'eF^, L'assi^^tanee com- 
prenait; son émotion réagissait sur le prêtre, et il 
modifiait lea pri^res selon le génie local ou les évé- 
nemenls de Tépoque, Cela arrivait surtout dans les 
grandes calamités. Les pritres devenaient des chants 
populaires de consolation ou d'espoir. Le culte était 



\ 



ÉGUSE* FRANCE. tXST 

alors im thème larg:o ci libre pour rinspirution'. 
Le droit Lui-même était mêlé an culte, au moins 
pour les serfs et les pauvres. Le prèlro sent écrivait 
pour eux, les jupeatt le plus souvent, comme arbitre; 
ils évihiîonl, tant qu'ils pouvaient» le juge laùjue, 
Be même que le prêtre chrétien adoptait volontiers 
Icsi temples, en les purifiant, il admettait aussi les 
coutumes locales. Il les formulait en prières^. Sou- 
vent, d'après ses souvcnii-s ou le dire des vieil- 
lards, il improvisait Ja formule, la trouvml, selon 
la vieille expression du droit allemand et de la 
poésie française. Il était alors liUéralement le créa- 
teur, le poète, le trouvère du droit, 

9î ce n'était chose hardie de placer des dates, 
même approximatives, dans ctMte flottant»^ anti- 
(juitt"^, nous rapporterions a Fépoque des invasions 
maritimes la bizarre formule de bénédiction des 
fonts baptismaux: (citée p. 8) : a Debout, ehers 
Treres, au boi^i d*.* la cristalline fontaine, amenez 
îps hommes nouveaux qui de la terre au rivage 
Wennent faire échange et commerce. Qu'ils navi- 
^uont ici, chacun battant la mer nouvelle, non 
de la rame, mais de la croix ; non de la main, mais 
du sens; non du bâton, mais du sacrement {non 
virgâ^ sed cruce; non lacliij sed sensu; non baculQ^ 
sed sacramenio). Le lieu est petit, il est vrai, mais 

I* Voyci, dans ks Voj^ages liLurf<iques tle Moléon. quellea 
diversités subsistaient encore dans le cuUe des diverses villes 
au dlx-huîtième siècle, lorsque l'Église avait tant Fait pour 
lea détruire* 



tXÏVl .XATiONALlTÉS. 

il o^i plein de la grâce. Le Saïut-Esprit a été diri^^ 
par un bon pilote, clc. ^y Ce tour d'imagination est 
celui qui domine dans les vies des sainU bretons et 
irlandais, de saint Colomban, de saint Gall, de 
saint Malo, elc. 

Une formule remarcjuable, qu'on trouve dans 
Marcvilfe, est évidemment ecclésiastique et gallo- 
romaine. Les Francs ont pu l'employer, mais elle 
leur élait certainement dictée par les prêtres. Elle 
conti(^nl une réprobation expresse de la loi barbare. 
« À ma douce fille : C^esl chez nous une coutume 
antique, mais impie, que les soeurs nVmtrent pas 
en parlage avec leurs frJîreB dans la ten^e pater- 
nelle. Moi, j'ai pensé que, m'étant donnés tous 
égalemerjL de Dieu, vous deviez trouver tous en 
moi égal amour ol, après mou départ d 'ici-bas, 
jouir également de mes biens. A ces causes, ô ma 
très doure fille, je te constitue, par cette lettre, à 
rencontre de tes frères, égale et légitime liéritière 
en tout mien héritage; de sorte que tu partages avec 
eux non seulement de mes acquêts, mais dans l'allod 
paternel. » 

Les formules de mariage, rimées et non rïniées, 
que nous avons données aux pages 27-8, diaprés les 
rituels de Rouen, de Reims et d'Amiens, sont cer- 
tainement fort anciennes, sinon pour la forme, au 
moins pour le fun>l. Il est probable que, d'âge en 
âge, elles ont été rajeunies, jusqu'au quinzième 
<iiècle. Toutes naïves qu'elles peuvent paraître, elles 
oiïrent déjà un modèle de celle élégante précision» 



ÉGLISE. FRANCE. LXXVIl 

de cette vive et sobre éloquence, qui est le vrai 
génie français. 

Il est des formules qui, pour n'être pas ecclésias- 
tiques, ne sont pourtant pas, au moins dans leur 
principe, sans rapport avec les idées religieuses. Je 
parle des formules de la communauté de biens entre 
serfs : « Être en pain, hors de pain... Le feu, le sel 
et le pain parlent (séparent) Thomme main-mor- 
table (p. 37, 203). » Ce qui veut dire que la commu- 
nauté est rompue, dès qu'un des contractants vit à 
pain séparé. Ces expressions, que l'opinion com- 
mune rapporte à l'époque du servage féodal, sont 
probablement beaucoup plus anciennes. Si le ser- 
vage doit être considéré comme l'origine de la com- 
munauté de biens, ce qui est très douteux, pour- 
quoi remonter au servage féodal, plutôt qu'au ser- 
vage romain ou celtique*? 

Je croirais plutôt que cette forme de la commu- 
nauté dérive de la Confarreatio antique, du ma- 
riage sacerdotal qu'on retrouve chez tant de na- 
tions. La communauté de pain et de feu, restreinte 
chez les Romains, se sera étendue chez nous à 
tous les biens des époux. Cette communauté sacrée 
protégeait le bien du serf; elle assurait Théritagc 
commun au conjoint survivant, contre le droit 

\, Ia communauté de biens par mariage, cette association 
si naturelle, aura été le modèle des associations sans ma- 
riage, qui assuraient entré les travailleurs la même commu- 
nauté. Je crois, contre l'opinion commune, que ces dernières 
associations n'ont pu précéder. 



LXXVIU NATION AUTÉS< 

ûdîoux «lu soi^nçui\ Je ne puis y voir, conim** oîi 

a tait ?^ouveni, nii mena^^Mnenl poUUiiue des mi- 
gneurs pour h'tittaeher leurs hommes. Il y a Ih 
plutôt une nrtœasité sociale de tous les kgm. Ct* 
pain et ee feu sont une dernière trace du symbo* 
JUme HiUii|U<,^ *. 

[.hmp la eommunaut»; de biens, les époux sont 
vraiment ojïoux, pour le salut comme pour la ruine. 
C'est ie véri table idéal du mariage. En pratiqua, 
c eel trop souvent la tyrannie de t 'homme sur k 
bien commun. A ce titre même, la eommunaule 
de biens était clicre à la féodalité, qui, comme 
syt5ti?me niilitaij-ej voulait T uni té des bii^ns et dos 
forcoft dans la main de 1 homme. Dans les cile^ 
commerçantes, la prévoyance des pfTes craignail 
d'abandonner lu fortune de la fille aux hasardeuses 
spéculations d\m époux. A Reims, qui fut tb 
bonne heure un grand centre de coBimerce, h^ 
femmes avaient, de préférence à tout créancier, 
droit do reprise sur le bien commun. Elles tenaienl, 
disaient-ellBs, ce droit du bon saint Rigoberl. 
arcbevi>(iue de Reims. Gela s'appelait à Reims : 
f< Ltf reprise de saint BigoberL « 

Cotte faveur, accordée aux femmes, doit se rap- 
parier à r influence du droit romain et ecclésias- 
tique, plutôt qu'à Tesprit de la vieille France. 
Quoique Tattrait des sexes soit si fort dans les races 
celtiques^ quoique le 'mrt galant goit chez nous le 

\, Voyez p. 3i i : Couvrir k fm, poar sabitt ett.% 



roi national (Charles VI le Bien- Aimé, François l", 
Henri IV), nos coutumes anciennes BonI générale- 
ment peu favorables aux Femmes \ 

Chaque province avait des formes spéciales do 
droit iju'îl serait curieux de recueillir. L'une des 
plus anciennes à coup sur est le jugement breton au 
milieu {fun lac (p. '532-8). — Lu Dénonciation di* 
Nouvel anfvre, telle qu'on la li'ouve dans un docu- 
mcnt assez moderne du Midi (p. 95) ^ n'en est pas 
moines curieuse, comme présentant la formule ro- 
maine dans une rédaction plus complète et peut-(5tre 
plus antique que celle même des jurisconsultes de 
TErapire. 

Un granfl nombre de locutions viilgaîros sont 

1, On serait tenté de présumer !e contraire, lorsqu'on voit 
qu'une fille >auvait quelquefois un meurlrier tit\jà sur l'^cLa- 
tnud, en dédarauL qu'elle voulait Tt-pouner. Utn^ chroTiique 
raconte que, daus une ville de Plandr^^, au mamenl oèi Ton 
aLlaît couper la lu te à un beau jeune kltanl qui avait Ui6 un 
homme, toutes les femmes avaient pUit5 et disaient : u Qu'on 
Dous le donne pïutùt à épouser, m C'est une allusioji à ce pri- 
vilège (les femmes. 

Ce fait et quelques autres sembla l)ïes^ quoique assez 
récents, n'en sont pas moins conformes à Tesprît îles 
anciennes lois barbares. Dan:J ces lois, le coupable ne pou- 
vait être puiii, qu'autant que ^a fiimJlle l'abandonnait et 
refusait d'eu l'épondre, La femmo qui le prend ici pour 
épouï est pour lui comme une autre famille qui Fadopte, et 
devient son garant, 

Oo prétoTid qu'à Rarègee, dans les î*}Ténêeç, le crimitvej 
qui se réfugiait près d'une femme ne pouvait être poursuive 
Celle coutume locale ost-elle franeaise ou espagnole? Jo 
n'ose le décider. Il eu existe ime toute semblable ebe^ lesi 
Arabes. 



OXX NATIONAIFTÉS» 

restées pour témoigner dts actes symboliques» di^s 
formules qui existaient dans notre ancien droit. In 
jeu d'enfant, par exemple, la Afain chaïute, rappelle 
réprÊ*uve formidabl!^, q{\ la main de Thomme as- 
sassiné é(ant apportée au tribnnah eliacun venait 
jurer sur celte main, ebaude encore, qu'il était in- 
nocent du meurtre. Voyez aussi Main morte j 
page2î>l. 

Cette phrase proverbiale : // vaut son pesant dor 
(p. 2R5), fait allusion à la fonne primitive de la 
Composilion, Le meurtrier devait payer aux pa 
rents un poids égal à celui du cadavre, en or^en 
argent, en grain, selon la qualité du mort; ou bien 
encore^ ce poids était donné en cire à Téglise, pour 
ôlre brûlé suri auteL 

Aliendez-moi sous torme, àii im autre proverbe 
(p. 236). C'est que les jugements se faisaient sou? 
Torme, et qu'on y payait les redevances; a Paris 
par exemple, sous Forme Saint-Gervais. Apparem- 
ment on y venait de mauvaise grlce, on s'y taisail 
attendre. 

La Courte poUle rappelle la tradition par le fétu 
(p. 97). Voyez aussi Pot de vin, tlO; Braneloa. 
Bouchon, liO; Main assise, Main levée, 103, 

Dans ces locutions vulgaires, comme dans la plu- 
part des usages français, d*où ils sont dérivés, il y 
a, on a pu le remarquer, une teinte de gaieté, quel 
qtiefois d'ironie. Nos Actns legUimi ne sont ni' 
graves, comme ceux des Romains, ni poétiques, 
comme ceux des Allemands, mais le plus souvent 



t 



FRANCK. > LXXSI 

comiques et burlesques. Ce sont des farces pour le 
peuple, des jeux de piloris, Lo bonnet vei-l, doul on 
coiffait le banqiieroiitierj le désignait aux huées île 
la populace (p, 311), Grands et petits venaient en 
foule voir une riclie veuve, la veuve du plus riclic 
prince de la chrétienté, du duc de Bourgogne, payer 
ses dettes sans argent, en mettant hs clefs sur la 
tombe. 

Les acteurs involontaires de ces spectacles» les 
victimes de la joie du peuple, c'étaient le plus sou- 
vent les maris qui se laissaient batire, les femmes 
infidèles, etc. Le problème de la vertu féminine est, 
comme on sait, un texte tout naLionah Nus livres les 
plus populaires, les Fabliaux, le Roman de la Rose, 
Todyssée rabelaisienne du Pèlerinage a la dive bou- 
teille, n'ont pas d'autre sujet. Les formes de cette 
pénalité burlesque, la chevauchée de Ta ne, l'im- 
mersion dans Teau froide, Tanneau de paille du 
paîl/ard (p. H2), peuvent èlre considérés comme les 
fabliaux de notre droit. Joignez-y les étranges re- 
devances féodales de la première nuit, du mets de 
mariage, etc. 

La féodalité, comme l'Eglise, étant un fait euro- 
péen et non national plusieurs des formules qu'elle 
a données à la France ne sont pas exrhisivemenl 
françaises. Notre droit féodal, quoiqu'il s^c soil 
formé d'une manière toute indépendante, rappelle, 
en une foule de points, celui des peuples voisins. 
Quelquefois, il semble un écho prosaïque du droit 
féodal allemand* 



LXWll NATIONAUTES* 

Nous aurions jju locueillirun pliif^ grand nombre 
flo formules fijodiilos frangaifios* ?ious avons cm 
iievoir noiKS borner aux plus originales. Nous eu 
ilonuerons ici la simple indicatioii dan* Tordre où 
on les trouvera placées* 

Livru l^^ Famille. Tomber de lance eu quenouiUe 

Estoc, Ramage, Branchage, p. o2. 

Livre II* Propriété, Aboulies rt^claeaées, p. 73* 
(Jievaucliéo le roi, Largc*ur du chemin seigneu- 
rial, 87. Vol du Chapon, 88, Taxe sur h' ebariol 
qui verse, 90. 

Livre IlL État, Cheval blanc, comme si^ne de 
suzeraiueU^, p. 130. Election du roi féodal discutée 
[*ar h\^ vassaux, 122. Grands ofûciers, eonnétable, 
maréciia!, etc., l'to. Investiture féodale par épée, 
cuuLeau (par anneau, cloche, encrier, pour les lie fs 
ecclésiastiques), t4i; par bouche et main, 145; par 
le baiser donné au verrou de la porte» 14(». Hom- 
mage sur limites communes, 146, Fraternité cheva- 
leresque, 139, Devises et cris d'armes, 109-171* 

Droit du seigneur sur feu, cloche^ oiseau, pois- 
son, 179* Droit de relief, de cheptel, 483* Rede- 
vance du niouton cornu, lainu, dcntu, ibidem. Droit 
di* raisin, roses » gants, huches, etc., 183-1 1)9'20(), 
itcus au soU?iL 187, Le grës dePéronne, 192, Battre 
Teau pour faire taire les gretiouilIeSj 198* Défense 
de pécher avant le seigneur, de faucher, sinon le 
samedi, IIH, Péages et redevances bizarres, indé* 
ccnteSj 195-202, Service de mariage, 203, Mariage 



fin vilains trchatijjés, 203. Marquette^ meU do ma- 
liage, 2Û6. Gons advolés, 217. 

Livrt^ 1V^ Guerre^ Procédure, Pénalùé. Forme de 
défi, 223. Clameur de haiOj 229. Excuses, enfant 
non piorable, Tempête de pierre, 233. Délai rie sept 
nuitSj de deux flots et une elibe^ 234. Jugement 
devant lalialle, A la Pierre hardie 3**^* ïo**(ïli^^i 238. 
Plaldr^ de la porte, 238. Vente, élection penriant que 
ta bougie brùIe, 2iK Appel de meurtre, 232, Fran- 
chiee de Stavekit, 25ïi* Aideurs au serment, 263. 
Gage de bataille. Champ mortel, 276. J tiges défiés, 
282. Porter la selle, 299. Venir la bart au col, le 
fil de soie au col, id. Nappes coupées, éperons 
tranchés sur le fumier, pain tourné à rebours, 30 L 

Après les formules féodales, il faudrait donner, 
ce seuïble, les formules aiitiféùdales. Elles ne sont 
pas nombreuses. 

Les plaiïianteries sur le royaume dTvetot {p. 130) 
prouvent qu'au moyen âge on avait entît^remeiil 
perdu, diins le nord de la France, la tradition des 
Âleux ou propriétés libres. Ces mots de royaume 
et de royauté indiquent ici rindépendauce absolue, 
comme dans l'Empire le nom des Fiefs du soleil 
(p. J49}. Le peuple voyait avec surprise, mais avec 
complaisance, cette rare exception au système 
féodal, au droit haineux, comme Tappelle Bou- 
teiller. 

Parmi les symboles antiféodaux, nous pourrions 
placer la Masse (p. 319), ce bigarre ostracisme du 
Valais, dirigé contre les nobles* On portait secrète- 




LXXXIV NATIONALITÉS. 

nitMif, fie maison < n maisoTi, une masse rfc bois;, où 
chacun (?nfan(,'aît un clou^ 

Nos bourgetMs de France ne chassaient pas les 
nobles. Ils les avilissaient en les imttant- J'ai donn^^ 
des exemples de ces ridicules armoiries rodirîeres 
(p. 172), qu'il ne faut pas confondre avec les signes 
que Tarlisan adoptait pour suppléer k la signature* 

Les cérémonies du compagnannage ne nous sont 
coijnues que par des textes assez récents (Hécepiion 
du boulanger, p. 178). C^pendanl peut-on affirmer 
qu'elles niaient pas, au moins en quelques points, 
une liaute antiquité? Pour les maçons, la chose 
parait certaine. D'autres métiers sont peut-être dans 
le même ras, N'oubliomî pas que Lyon était déjà, 
BOUS les Romains, une ville industrielle; que Paris 
est né du commerce j qu*il est originairement une 
slalîon des marchands tVemt, qui vendaient sur la 
Seine. 

Dans celte course rapide de Tlnde à la France. 
on a du moins entrevu comment le g6nie national 
modifie les formes symboliques rlu droit. Apres la 
question de la nation ALrrÉ vient celle de I'age. 
Quels sont les âges divers du symbole juridique? 

On a dit avec raison qu'il y avait li'ois âges dan> 
Tbistoire : Divin ^ héroiqiie et humain; autrement 
dit : sacerdotal, guerrier, raisonneur. 

Au premier âge» le droit apparaît comme subs- 

l. Le Valais, pays de ïangye romane, nesl point étranger 
à la Francp, 



MIK lli:S ÉiyMBOIES KT DtS FORMULAS. LSXXV 

fanCL^ coninio Bvimbolc iminobilo^ au second comme 
acte, au Iroisièrac comme întcnlion. Clmque nation 
a les trois âgi^s* Mais le plus souveut» une nation 
n'exprime fortement qu'un des trois. Ainsi, dans le 
cycle ilen peuples asiatiques, l'Irnlo représente 
l'àgc divin, la Perse l'âge héroïque, la Judée Tàge 
humain, TA^e crîlique. 

Nul pt^upïe n'a fourni une can^ière plus complète 
que l'Italie ancienne, nul ne présente les iroi.^ âges 
pîus nettement marqués. En droit civil, la trace sa- 
cerdotale se trouve dans la peine bizarre du parn- 
cide (p. 287), et dans la loi qui ordonnait de l^rùler 
en riionneur de Cérës celui qui avait brùté un tas 
de blé. Le second âge est marqué par les Douze 
Tables; j'aî montré ailleurs que ce code antique 
n'est, lui-même qu'une modification de !uis plus 
antiques, une charte obtenue par Théroïsme plé- 
béien. Au troisième âge, le préteur, respectant 
encore les anciennes formules^ y introduit par l'in- 
terprétation un nouvel esprit. 

Il n'est pas toujours facile de déterminer auquel 
des trois âges on doit rapporter un symbole, une 
formule. On peut bien y reconnaître, en général, 
l'empreinte sacerdotale ou héroïque. Mais rare- 
ment on peut assigner aux symboles des dates, 
même approximatives. Ils commencent d'une ma- 
niëre si naturelle, si nécessaire, qu'on croit qu'ils 
ont toujours existé. Tant qu'ils sont usités, on 
ne songe guère à en assurer le souvenir. Quand on 
s'en avise, c'est qu'ils tombent en désuétude, et 



LWXVl AGE 

risquant trèLre onbUéa. Mais alors Ui plus souvetU 
on les mépri.sOj comme inutiles. VivaDls, on ne 
croit pas avoir bosoin de les écriiv; morts, on n'eu 
prend plus la peine. 

Ce qui rend encore TAge des symboles dir&cile à 
fixer, c'est que tel symbole, tel fait poétirjue, qu'on 
attribuerait natureUemiMit à une époque fort an- 
cienne, peut so rencontrer tout aussi bieu dans la 
barbarie moderne. L'Orient surtout semble n avoir 
pas d époque. Cinq cents ai>6 avant notre ère, 
XerxÏ3s est amoureux d*uo arbre et le pare de bra- 
celets. Au dernier siècle ^ JXadîr Shab fait fustiger 
un arbre, jusqu'à ce qu'on ail retrouvé ce qui a été 
volé Rftus son ombre'. Lequel des deux faits est le 
plus antique ^? 

Autre difficulté pour la cbronoïagie des sym- 
boles, et particulièrement des symboles jnritliques. 
C'est que cette poésie, qu'on serait teiUé de croire 
toute de nature ol d'instinct, est quelquefois, comme 
les autres, classique, imitée. Plusieurs des belles 
formules weimiques me semblent dans ce cas^, La 

1. Malcolm, nisl. of Persia, cb. 17, sub fine. 

2. Nons-Qiéme^ ^"'^ ces Jûrnières années, lorsque nous 
avons pn tendu contor l^s prculîgîeTix conib-its de Sonli, n'a- 
vons-noij3 pns cru remonter au temps, non pas des Léonida?^ 
mais des Piritht.tlis et des Tbé^ée,., Lés rhanU des Klephtes, 
de Doajours^ rapp^^llent quelquefois les cbœurs d'Escbyle. 
u L*OI)Tiîpe et le Kis&rtvos, ces doux moidagnes se querellent . » 
l, 'Olympe alnra eu lourne et dit : n Ne dispute point avec 
ïnnî, ù Kîssavos.>. Je suis ce vieil Olympe, par le monde j?i 
I cnoounè. J'ai qtiarante-dcux sommets, soixante-deux sour- 
ces; et a chaque source sa bannière, et à chaque branche 



DES SYMBOLES ET DES FOHMLLF*â, LXJtXVH 

prolixe fûimule du droit de cliaBsc (p. !94) en est à 
coup sur un exemple. 

Les i m praticables pénalilés proncncées contre 
ceux qui coupe ut les arbres de lu Mareiu.% le par- 
tage du corps du débiteur romaiii outre les créan- 
ciers, le supplice du parricide, pourraient bîeu avoir 
clé purement comminaloircs. 11 semble que la loi» 
se se D tant faiJblir, veuille faii'o peur^ unlle nB. voix 
et menace de revenir à la barbarie. 

La question de Tage et celle de la nationalité si> 
compliquent souvent Tune par Tautre. On p^ ut t' tie 
tenté de considérer comme le caractère invariable 
d'une nation ce qui n*est que l'expression de tid 
état par ou elle passe, de tel moment do sa vie 
sociale. Ici un exemple est uécessaire. Les vieilles 
lois allemandes veulent ti que le juge soit assis 
comme un lîon en courroux, qu'il jt^lte jambe droite 
sur jambe g;auche, cLc. »... t< Le roi, dit la loi in- 
dieune, j> doit se rendre h la cour de justice, dans 
un humble maintitui, aecompa^é de brahmanes el 
de ûouseillerg expérimentés (p. 216). » Que faut-il 



ilariîrc son Kleplile. — Et sur nia bautp rime \m aifîk s'est 
percha, tenant ri an s sa seiTe uue tète de lirave. n — J^'aigle :] 
* Qn'as-lu donc failt ma ttUe, pour être ainsi traiti'e? u ^^ 
« Mange, ûiâL^au, mange ma jeunesse, muii^e ma bravoure.., 
Tùii aile deviendra ^»rande d'une aunr% et ta FieïTe d'un 
empan^ i^ — J'ai modillé quelque peu v^erjs la fin la bollo 
traduction de M. f'aurid (voy. son Recut;il, t, I, p. 38J. J^ 
tenais surtout i\ traduire : \\i^%ki ^ç^j, mu téU. Un peïi phia 
loin, la lêlrt répond ; Ibsif^K fioij, mmi oUcau. Sublime fami- 
barilé entre deux êtres qui échangent leur substance! 



LYXXVÏIÏ AGE ET N ATI L>?f ALITE. 

induire de celle opposlliou ? Doit-on y voir celle 
des doux nalioualités, celle des races héroïque H 
sacerdotale^ ou seulement Tàge différent des deux 
peuples, âge de barbarie féodale pour rAllemagne, 
âge de civilisation caduque pour rinde?Ceux qui 
connaissent tout ce qu'il y a de douceur réelle sous 
la rudesse du guerrier allemand ne se hâteront 
pas d'établir une opposition fondamentale eulre ces 
peuples. Le mysticisme de TAllemagne au moyen 
âge, son panthéisme au temps moderne, la rappro- 
chent au fond de Tlnde, plus que la forme ne peut 
l'en éloigner. 

Nous avons étudié le symbole juridique, sous les 
deux points de vue de Tâge et de la nationalilé, 
qui le diversifient à Tinfini. Quelle que soit pour- 
tant cette variété, l'unité domine. Si la variété est 
grande dans les formes secondaires, dans les plus 
importantes elle disparaît. C'est un imposant spec- 
tacle de voir les principaux symboles juridiques se 
reproduire chez tous les pays, à travers tous les 
âges. Il est peu de nations chez lesquelles on ne 
retrouve la Coemptio, la Confarreatio, la tradition 
par le fétu, le jet et la chevauchée (comme occupa- 
tion ou mesure des terres), Tunion par le sang 
versé, etc. 

D'autres rapports, moins généraux, moins expli- 
cables, se présentent entre des peuples et des siècles 
fort éloignés les uns des autres. Le javelot durci 
au feu du fécial romain fait déjà penser à la croix 



CONCOiniAîiCKS. LXXXIX 

f/e feu des clans d' Ecosse. L'ado p Lion par In che- 
mise^ indiquée dans Diodore comme appaiio liant 
aux temps piîmîlifs de la Grèce, se lelrouvc en 
Syrie au douziî?me siècley à Tépoque tlus ('roisadei=, 
La légilimation se faisait chez nous d'une manière 
analogue, som le manteau de la mère- 
Ces symboles, dont la IradUion sMnlerrompL pour 
reparaître plus loin, font penser aux mois zends ou 
sanskrits, qui ne se sont pas conservés dans Talle- 
mand, et qu'on retrouve dans les langues sœurs ou 
filles de l'allemand, dans le grec, dans l'anglais par 
exemple. 

En vérité, pour qui ne verrait pas dans le genre 
humain la grande famille de Dieu, Tunilé de er<5a- 
tion et de lin, il y aurait quelque chose de presti- 
gieux et de quoi Iroubler l'esprit à entendre ces 
voix qui, sans s'écouter, se ri^pondcnl si juste, de 
rindus à la Tamise \ 

Ce fut pour moi une grande émotion, lorsque 
j'entendis pour la première fois ce chœur universeli 
Un tel accord du monde, si surprenant dans les 
langues, me loucheit profondément dans le droit- 
Tout au rebours du sceptique Montaigne, qui s'in- 
forme si curieusement des usages de tous les peuples 



i. C'est un tles caractères de notre siècle que flmmaiulf- ait 
conimpncé h conrjaltre sa diversité harmonique Je langue, 
de droit et de mœurïi^ à y saisir sod uaité, à avoir conscience 
ïie 501. Cette conscience de l'hunianilé comme une, c'esî-â^ 
dire comme divine, est, selon moi, le gage le plus eùr de notre 
rétiovalîon religieuse* 



XC HIELÛDIES. 

pour y surprendre de^ dissoEiances raoraî<>ft, j'en 
admirais la concordance. Le miracle dovenaiL sen- 
sible. De ma petite existence d'un rtiomenl, je 
voyais, je touchais, indigne, rcterncUo conimu 
nion du genre humain. 

Fraternité des peupleB, fraternité des idé*3e, jo 
distinguais Tune et l'autre dans ranalogie des sym- 
boles. Tout se tient encore dans ces hautes anti- 
quités, parce que tout lient à Torigine commune. 
Les idées les plus diverses dan^ louri; diH'Ldoppi*- 
ments ra'apparaissitît^nt unes en leur naissance. Je 
voyais, dans ces profondeurs, sourdre ensemble luns 
ces fleuves qui, parvenus à la surface, s^Ldolgneul 
de plus en plus. « Omnia aub magnà lahenlia Ûu- 
mina terra. » 

Grand spectacle, mais trop absorbant El tou- 
tefois, dans quelque rêverie que je m'oiibliaisso, 
je ne perdais rien de celte harmonie immen**e..» 

J'entendais avec ravissement les voix mulUpIes 
de rinde, voix confuses, il est vrai, auxquelles la 
nature fait un trop puissant écho pour que le droit 
s'y distingue ; voix variées à rinlinî, quelquefois si 
basses, si douces, qu'on dirait un t^oupir th^s fleurs; 
souvent passionnées et profondes^ comme grondr 
le tonnerre quand la bayadere éperdue tombe entre 
les bras du brahmane ; Féelair tient lieu des flam- 
beaux sacrés, la foule Léiiil, la formule est dans 
Forage *. 

1 . Voyez cette scène admirable diiuB la tradiiclioa de NVikon, 
ou dans celle de M. Langlois, 



MÉLODIES. XCl 

Coiilro cos bentidicliontî sY-I^vcnt dra malôdîo- 
tîons, du CÔL6 de la Jiuléc. CVosL TAsh^ qui maudit 
l'Asie. Aigre oL perçante est celte voix, cett^ 
ïronipotte de Siruiï, L'écho n'est plu-s celui de*Ji 
f^rands llouvcSi de-^ forèLè ^^abréou, dc^s ht'iilanles 
pagodes, mais les mcbes mal vêtues de vignes ou 
Faustérlté du déserl. 

Rome ne béuît, ni ne maudit. EUt^ juge. La loi 
parle encore en oracles, mais ce sont les omcle^s 
de rhoronie. II faut voir le poatife du droit, siéf^eaui 
à SOD foyer, parmi les Imagines niajrirumj près tie 
ses dieux et Dieu lui-même. Il scande lenletnenl la 
formule et rime impérieusement. Comprimée par 
lo^ basses vuùles de rAlriunij grave comme Tins- 
cripï-ion d'un loinboau, bj'ève, rythmî(iue comme 
un arrêt, cetle voix sonne le bronze. Cbaque parole 
^e fixe et tombe en médailles d'airain; le monde 
incliné ramasse, comme au couronnement d'un 
roi- 

La poésie juridique est tout autrement variée en 
Allemagne, Comment indiquer d'un mot ces motifs 
qui changt'nt à rinfini? fugitive mélodie, ici légère 
et gazouillante, comme 1 alouette qui monbe au 
ciel; làj retentissante, lointaine, comme un chant 
sur Teau du lUiîn. Fins souvent, voyageant de 
Marche en Marche, d'écho eu écbo; sombre et gaie, 
grave et aïoqueuse, solennelle et ironique ; non 
moins variée que dans l'Inde, mais ici bien moins 
naïve, plus joueuse, plus décevante dans la forél et 
le brouillard... Vous ne viendriez jamais à bout de 



XCII CARACTICRE ROl^lVOQl'E DU SYMBOLE, 

nator ce.s clianls d'oiseau- Vous y rosteriez des 
ait clos, sans les saisir, sans vous lasser, comme la 
nonne d'Alsace qui s'oublia trois cents ans à écou- 
tfr le rossignol. 

J'y serais resté tout autant...,. Celle s) ive surtout 
du droit alli'tuand me retenait bon gré mal gré. C'é- 
tait ma forèi enchantée. J'y errais dans tous les 
sons; à Innt instant, j'y trouvais des scènes nou- 
vt^lles, des clairières, des ténèbres, des demi-jours, 
plrîns de nri\ stère... Le droit y est tellennent charmé 
et cnsnrrf'liV, que souvent ce n'est plus du droit. On 
conuall CCS paysages qui de loin présentent quelque 
rc.sRiniiljlsiiH avec le profil de Thomme ; appro- 
cUci^i c'e^l lin mont sauvage, avec son bois che- 
velu. 

Maîfî, qujîique ces illusions, ces mirages étranges, 
lie Hfûrnt ]}ns sans quelque fatigue, il en coûte d'y 
rcnon<'i*r. On ne sort pas volontiers de ce royaume 
des .'^ttngt^s. telle est la puissance des symboles, des 
bf'lh^s (^f dt}cevanles images... Hommes et peu- 
pli'^H, nous avons peine à en détacher nos regards. 
N(nis in' baissons qu'à regret cette féerie du jeune 
â^^*^ \tïus nous remettons en marche, mais nous 
tournons toujours la tète, nous soupirons, vieux 
onfniils! 

Avtmriris-le pourtant, cette tyrannie des formes 
pesait \vu\i sur nous. L'idée en était opprimée. S'il 
faut qui^ In no ou l'autre meure, périsse la forme, 
ta beauté îiiême, pour l'affranchissement de l'cs- 
prîl ! 



w 



CAnACTÈRE ÉQUIVOQUE DU SYKBOLK. XCUt 

Nulit! idée, plus que celle du droit, no mérite 
d*étre affranchie. Le droit n'est pas fait pour ser- 
vir. Fils de la moralité, c'est à lui de réformer la 
nature, et non de la suivre. Il ne lui convient pas 
do rester l'humble serviteur du symbole, d'être tou- 
jours une simple cérémonie, ou bien une chose 
tangible et maniable qu'on serre et qu'on lient sous 
clef. 11 y avait eu cela une sorte de paganisme ju- 
ridique. Celte voix qui nous charmait tout à Theure, 
celait celle de Tindifférente nature, usurpant le 
nom du droit. La mère des illusions, la Maïa, se 
donnait pour Téquité, et se faisait adorer pour la 
raison éternelle. 

Tout symbole est une équivoque, ainsi que toute 
poésie, La nature elle-même est-elle autre chose? 
Voyez comme elle se joue dans Tillusion des formes 
vivantes, dans cette sophistique féconde, où toute 
chose est à doublii enlentei traduisant sans cesse 
les êtres, ne demandant pas mieux que de tout ra- 

L Le roi de Hongrie n'était pas roi, lant qu'il n'avait pas la 
cassette où était serrée la couronne Je saint Éliennc. La 
rojauté da Bourgogne tenait à la lance de saint Mauiicc, 
celte d'Ecosse k la pierre de Sconerstir laquelle on inlranisaiE 
les rois; îes Écossais perdirent coura^'éT lorsque Edouard 1*^*" 
eut transporté cette pierre h Westminster, — Un comte de 
ïlandre, apprenant que le beffroi et les archives de Bruges 
avaient péri dans un incendie, rej^arda les privilèges de la 
Tille comme détruits avec les parchemins qia les cotïtt^ïiaienU 
^ Le sceau d'un acte par lequel saiot Louis était engagé se 
trouvant brisé en partie, ses barons jugèrent le roi libre de 
tout engagement* \0}\ p. 65, les équivoques de Didon et de 
MeUu&ine, etj au Supplément, celtes de Posthuoiius, d'Arte- 
veide, etc. 



XCIV AXTISYMBOLISME. 

mener en soi, de confondre toute vie dans une 
immense équivoque. 

Mais Dieu ne la laisse pas faire. Il démêle, pen- 
dant qu'elle brouille. Toute création est une dis- 
tinction. Il distingue incessamment, il décrit, dé- 
finit, prescrit, Téternel mesureur^ le tout-puissant 
jurisconsulte! 

Lg devoir de l'homme était de faire comme Dieu» 
de distinguer aussi, de ne pas se laisser perdre dans 
la nature, de ne point consentir à ce que la per- 
sonne fût une simple dépendance de la chose. 
L'homme a voulu être. Cette résistance est surtout 
la gloire de notre Occident. Son vrai nom, à lui, 
c'est Critique, c'est-à-dire séparation. 

D'abord la Judée abjura la nature et ne voulut 
adorer que ce qu'on ne verrait pas. La Grèce, pour 
ne plus voir que l'homme et la forme humaine, 
s'enferma dans les bonnes murailles de la cité, te 
christianisme n'adora spécialement ni le visible, . 
comme la Grèce, ni l'invisible, comme la Judée, 
mais le passage du visible à l'invisible, je veux dire 
la mort ; mort de l'homme-Dieu, Passion ; mort de 
la matière. Transsubstantiation. 

Rome, plaçant sa religion principalement dans le 
droit, poursuivait de son côté cette grande guerre 
conlre la nature. Elle accomplissait, avec une gra- 
vité pontificale, Timmolation progressive des sym- 
boles. De symbole en formule, de formule en lan- 
gage vulgaire, elle amenait le droit à la clarté, à 
Téquité. 



AXTlSV«BOUSME. XCV 

Vn mal frexplication poiil être ici iK^cessaire. Le 
symbole matériel, immobile et muet, elait, nous 
lavons dit, soiiverainL'mcnt ('équivoque* Le symbole 
parlé, la formule, va toujours se simplifiant et 
s'éclaircîiïsant. Elle rejette peu à peu les images, 
les figures, cette pesante parure, qui la retanlait. 
La rime et le rythme Tcntravent encore; elle les 
laisse en raute. Enfm^ elle se fait esprit^ elle vole^ 
elle est deveniie prose. 

Il est curieux de suivre la bîogriapbie d'un sym* 
Lole, de voir, par exemple, eomment rélément saci^, 
la terre j figura d'abord la cession fte la turre, com- 
ment la noire glèbe comparaissait ome*^ fFlierbe ou 
de verts rameaux; comment le rameau, se civilisant, 
se fit bAton, ?«cpptre, lifuug augura); comment 
Therbe, suivant le cours de sa végétation juridique, 
devint paille (stipula); comment la formule rem- 
plaçant le symbole, et se peixlïint elle*mème dans 
une locution vulgaire, le souvenir de celte paille 
nouK reste en un mot : sftpitler^ 

Ce passage, que je viens d'exprimer en deux 
mots, Rome s'im occupa mille ans. Pieuse lenteur, 
et i^spp^ctable. La perpétuité des traditions était 
chère à ce peuple. Ne nous étonnons pas si Tidée 

L Le moment subMine, dans la vie du symbole, c'est lors- 
fjue ayant rejeté en grande parlîft TéKnient matiiriel, s'èlant 
aUégè, autant qti'U le peut sans perir^ par exemple dans la 
tradition se refaisant au simple ÎHu^ il conserve pourtant sa 
force» lorsque le ïéln sert également à la vente ti'un arpent 
de terre on à la transmission d'un empire, comme il advint & 
la déposition de Charles le Simple, V, p, 07. 



de la paternité domiae tout son droit, Rome a été 
pour i'Occidentj le vrai Patriarche, Ses monuraenls 
sont di^R tombeaux, son génie est celui des épi- 

taplies. 

Dj niajorum umhrîs tenuein el sine pondère lerram, 
el i 11 umà ppi'petuum ver ! 

Mais ce grand peuple, tout en respectant h? 
passé, savait préparer Tavenir, Adorateur de la 
ïetlre, comme l'Orient, dont il garJuit la langue 
sacrée» et toutefois novateur, comme l'Occident, 
auquel il a légué sa langue et son droit; il fut 
digne de commander au monde, puisquil en avait 
le double génie* 

C'est un beau et religieux spectacle de voir avec 
quel scrupule le juge romain se laisse pousser d'in* 
terprétation en interprétation hors dtî la loi écrite, 
marcliant, traîné phUôt, el ne convenant jamais 
qu il a marché. Il faut voir comme il se tourmente 
et tourmente la langue, comme il ruse avec le vieux 
texte, comme il arrache de rimpitoyahle airain des 
pensées de douceur et d'équité qui ii y furent ja- 
mais. Le pieux sophiste nient respectueusement à la 
loi pour m^ pas mentir au droit éturncL 

Un débiteur vend ses biens en fraude des créan- 
ciers. Selon la vieille loi, la vente, la tradition, est 
sacrée. Le préleur n'ira pas à rencontre. Mais il 
affirme qu'il n y a pas eu de Iraditicn. 

Un étranger a été volé. La vieille loi ne lui donne 
point d'action; pour elle, Fétranger est hors du 



FICTIONS. XCVll 

droit. Mais le préteur assure que cet homme est ci- 
toyen. 

La Rome primitive avait inventé à grand^peine 
l'acquisition, la translation de l'Ager, la mobilisa- 
tion du dieu Terme. Quelle puissance d'invention ne 
fallut-il pas au plus grand des jurisconsultes, pour 
porter ce miracle à la seconde puissance, pour légi- 
tinaer V acquisition par un autre ? 

Ainsi, le droit n'immola le symbole, cette fiction 
de la nature, qu'en y substituant tout un monde de 
fictions artificielles. Puissante poésie logique, dont 
l'Homère est Papinien *. 

La fiction la plus hardie fut celle de la Cilé. Les 
colonies qui en sortaient n'y restaient pas moins. 
Les municipes- lointains y venaient, sans bouger de 
place. Des peuples entiers y entraient, qui n'y au- 
raient jamais tenu. Le pomœrium sacré ne se bri- 
sait pas; il reculait; mais le droit Jie pouvait remuer 
si puissamment cette enveloppe de pierre, qu'elle 
ne lui pesât. L'enceinte avait beau s'élargir et se 
faire grande, pour recevoir les nations, les nations 
étouffaient. 

La jurisprudence romaine était néanmoins ferme 
et fière sur sa chaire curule, quand le christianisme 
vint. Il y avait sans doute, au fond de ce droit et de 
cette religion, quelque chose de commun. Ce qui 

1 . Au sens étymologique du mot poésie (création), la vraie 
poésie du droit, ce n'est pas le symbole, mais plutôt la fiction. 
Le symbole est un emprunt fait à la nature; la fictioa est 
vraiment de l'homme. 

f 



1 



xcvur jinniT romain bt ckhistum^he 

était immobile dans le droit de l*Orbnt, Rome î^avail 
moliilj;sé (vov\ p. LXVïî}. Lf* christianisme avait de 
aièmft lire la rcli^i^îon de rimmobiliié dea images, 
(lour la meUro dans le mouvement, dan& Fade et 
1g dratuo, Lo procédé était analogue, mais le prân- 
cipo différait*. 

Comme T enfant qui, daiia le temple, réduiâil Us 
vieillards au silence, le jeune christianisme remon- 
tra tout d'abord au droit romain. Les fomiules, 
les fictions, que celui-ci avait si iiigéniouscment 
élaborée??, senihloront dcveniics inutiles. Ces bornes 
sacrées dos champs, que le droit suait à remuer, la 
iNdlui'U les arracha. Le droit avait bien travaillé à 
légahser la vente; le christianisme n'enseigiïa que 
la duMation, Le droit avait pris beaucoup de peine 
à étendre la famille par l'adoption ; le christiani^mi' 
adopta le moude. 

Le droit romain, essentiel lemeui réel, était resté 
préoccupé de l'AVer, dont le symbole est la glëbe 
on la paille. On 1 apporte devant le préteur, cette 
glèbe paréo d'herbe fraîche et pwre. Mais si pure 

1, Observons que l'extension du droit de cité à tout l'Em- 
pire estdtî Tiui 2&1 ; la ïibertÉ de ctiHe aecord/^e aux chrélipns, 
la victoire du chnstiaïusîne, est de 3H. Lu droit romtfin* 
épurt' el généralisé par le stoïcisme p avait prépare les voi^^ 
a ta nouvelle religion, k Quod jus iiaturale attiut^t, omnes 
immines mquales suut. ^ Natura cûinmur4is est. — Servîliis 
est juris getUium constitulio... conli^à naluram.,. — Co^aa- 
tioaem q nain dam intor uos uatura oonstituit, elc. '> L«â 
Uavaux encore inédits d'un jeutio législc, de M, Bon nier, 
jetteront Je Fespère, un nouveau jour sur la philosoplue du 
droit rûmâin. 



DROIT HOMAIN^ ET CURÎfTUSTSME XC1X 

qu'elle puisse être, c'est encore un grossier sym- 
boie* Emporte la glèbe, ami Cftïus; noire syrahoïd à 
nous, diréliensj tout petit qu'il est, vaut bien 
mieux. A toi ta paille, à nous le graîu- Ton sym- 
bole, tlîs-tn, comprend tout un clianip; le nôtre, 
c est le monde, et plus. Le lien transfère la pauvre 
propriété où tu places Tîdée du bien (Res). Dan^ !e 
nôtre, le bien suprême se donne eu propre. Et l'ap- 
propriatioti se fait de façon si intime, que Fincom- 
parable trésor ne uous échappera jamais. 

Tout raisonnement, droit et philosophie, expira 
dans cette poi^sie immense. Les^ vaincus lait^sèreut 
le monde au christianisme, — Mais le monde, c était 
la prose, les deux vieilles langues [ïrosaïques de 
Téris tique grecque et du droit romain. Dernier ne 
d'un empire caduc, le christianisme présenta cette 
grave dissonance, de cbauLer les hymnes dans la 
langue des disputes, de prier avec les paroles des 
incrédules et des sophistes. 

L'empire eut deux héritiers; le ehristianisme 
deux disciples, rAUemagne et la France; disciples 
raisonneurs qui devaient donner beaucoup h faire à 
leur maître ; rAUemagne ultra-symbolique, la 
France an ti symbolique. ' 

L'AUemague, tout eu se disant le Saint Empire 
romain, ne voulut m de Ja langue de Rome, ni de 
son droit civîL En droit, elle fut semi-païenne, en 
religion, mystique; c'est-à-dire en doi;à et au delà 
de rÉglise, rarement sur la ligne prescrite. 



C ALLEMAGNE ET FRANCE, 

La France sut Tair d'accepter tout, L'Eglise la 
nomma Tris Chrétienne, 

Maïs ce qu'elle accepLa surtout, ce fut cette lan 
gue prosaïque, cette méthode raisonneuse, que 
rÉglise elle-même tenait du droit romain, soû 
ennemi. 

Celte méthode n'est autre chose que Tabstrac- 
tion, la généralisation en logique, en politique la 
cenlralisation ; généraliser, centraliser, c*est sup- 
primer ToriginaliLé du détail, lui ôler ce qu'il a 
d'indivitfuel pour le résoudre dans une grande 
imité \ La France, sous toutes les formes, a suivi 
rigoureusement dans Thistoire ce procédé du rai- 
sonnement. Son histoire est une logique vivante, 
un syllogisme dont la royauté fut le moyen terme. 

L'empire des Francs est déjà la centralisation du 
monde barbare. Les Francs eux-mêmes, comme on 
sait, ne sont pas une race, une tribu, mais une asso- 
ciation. Dans leurs formules de la tradition et du 
mariage, ils mêlent tous les ^symboles juridiques 
des diverses nations allemandes. La belle formule 
relative au bannissement que nous avons citée 
(p. XLvn) ne paraît dans la loi saliquc que pour 
être abolie. 

1. Cette centralisation, quoiqu'on dise, n'anéanlil pas la vie; 
elle IVquilibre, Aiii^i, tandis que nous recevons de Bordeaui, 
réîoquente Hisloive da droit français de M, La Perrière, 
Strasbourg nous envoie les savantes et originale.^ dtsiierta- 
tioDs de M, Kliinralh sur les Coutumes. La polémique du 
Nord et du Midi va se renouveler sur le terrain do THistoire 
du droiL 



ANTISYMBOIISME FRANÇAIS- Cï 

Les capitulaires, IcgislaLLon éminemment pro- 
saïque et ecclésiastique, portent au symbolisme 
allemand un dernier coup en défendant de rendre 
les jugements sous le ricl. Les éléments n'ayant 
plus pour le chrétien de caraclère sacré *y le juge 
n'a pas besoin de voir la nature. 

Le symbolisme féodal n'eut point en Frauce la 
riche efllorescence poétique qui le caractérise en 
AUcniagne. La France est une province roni^iine, 
une terre d'église. Dans ses âges barbares, elle con- 
serva toujours des habitudes logiques. La poésie 
féodale naquit au sein de la prose. 

Cette poésie trouvait dans l'élément primitif, dans 
la race même, quelque chose de plus hostile encore. 
Nos G au loi s j dans leurs invasions d^Italie et de 
Grèce, apparaissent déjà comme un peuple rail- 
leur. On sait qu'au majestueux aspect du vieux Ro- 
main siégeant sur une chaise curule, le soldat de 
Brennus trouva plaisant de lui toucher la barbe. La 
France a touclié ainsi familiërement toute poésie. 

Malgré rabattement des misères, malgré la tris- 
tesse que le christianisme répandait sur le moyen 
âge, rironie perce de bonne heure, Dès le douzième 
siècle^ Guibcrt de Nogent no'yis montre les gens 
d'Amiens, les cabaretiers et les bouchers, se met- 
tant sur leur porte, quand leur comte, sur son gros 
cheval, caracolait dans les rues, et tous effarou- 
chant de leurs risées la bête féodale. 

J, Si ce n'est daas les Ordalies, 



cil AXTI^YMBOLISMiS FRANÇAIS, 

Le symLoHsmc armoriai, ses riches couleurs, ses 
liolbs dovise&, irihiposaicnt probablement pa> 
beaucoup à de telles g^ns. La pantomime |uridiquo 
des licles féodaux faisait rire le bourgeois sou?^ 
cape. Ne croyez pas trop a lasiinpleî^se du peupU^ 
(le ces leinps-là, à la naïveté de celte botme vieille 
km^ue, Leéi renards royaux, qui s'affublèrent de ^^i 
ldancbi> et si douce hermine pour surprendre h^ 
lions, les aigles féodaux, tuaient, comme tuait le 
Hpbifix, par l'énigme et parTéquivoque* 

La France est le vrai continuateur de Rome. Eli' 
])Oursuit l'œuvre de rinlerprétation. Travail logique, 
prosaïque, arïtisymboliquo, 

Cujas éiait^it de bonne foi, quand il disâtl, au 
?injel des nouveautés religieuses ; ïe Kiliil Ijoc ad edic* 
tiim praetoris? w Le droit romain, qui détruisait 1p 
symbolisme féodal, ne contribuait-il pas iudirocie- 
nient à la ruine du symbolisme religieux? Ce droit, 
^l(L»ïeien sous l'Empire, fut calviniste au seiziènio 
silèclc. Un légiste, dès le quatorzième, avait mis la 
main sur le pape; un légît^te la mit sur lEucha- 
ri.stie. 

Le calvinisme fut an ti symbolique et brise-hnage^ 
non seulement dans Téglise, mais dans la litiéra- 
lure. Dans k grande polémique religieuse, notre 
bmgue prit ce stfrieux, cette allure rapide, qui ne 
Vïimuse pas auac fleurs quand il s'agit de poursuivre 
rennemî. 

Sous cette influence austère et dtms roubli pres- 
que total de la poée^ie d'images^ surgit une poésie 



antïstlUBolïsmk français. lail 

d'idoeiï, de raîsonnemeut, de passion, une poésie 
humaine H sociale, où le monde physique n'est pour 
rie a, où Thomme ne doit rien qu'à lui-nnîmc. 
Cetie poésie pouvait répondre comme la Médee do 
Corneille^ quand on lui demantie : <i Que vous reste- 
lAV! — MOI.*» >ï Le moi est un monde, et plus 
grand que l'autre ^ 

Telle Ij Hé rature, telle languf*, tel droit j un droit 
humain. Je m'explique. 

ifumaùi, c'est-à-dire uon national, mais eom- 
mun auîc Dations. Le droit fran(;ais gagne l'Eu- 
rope presque au^si rapidement que la langue fran- 

Ihimam, cesl-à-dire non divin^ san^^ mystère, 
sanfi formule, ni symbole. 

La beauté que peut chereLcr ce droit, e*esl 
juâicment la forme abstraite et pure, féiégaace de 

I . La philosophie frauçaisp, c'est Descartes. La poésie fraa- 
çaise^ c'est Corûeille el Molière, Uacïiie et Uoilyïui^ Voltaire 
encore, dans ses pièces légères. Voilà le vrai fruit iiatiûiial, 
et le pluii exquis. Plus le parfum en e^t e,\quis, itioitïs il peut 
être ijçoûlé tle rétraoger, Eoivrés qu'ils sont de leurs vineuses 
poésies, ils n'ïipprèclerit pas la nymph*: si^ire, le limpide breu- 
vage,.. Cependant, lorsque dans cnlte limpidité t\v langage, 
rima^e se réfléchit par instants, l'image mobile ou passion- 
née, comme dans La Foulaine et dans Pascal, je ue sacl^e 
aucun miroir plus diffue de la pensée humaine'. 

2. Dès qu'il s'agit d'intérêts sérieux, les plus grands enne* 
mis de Iti France n'ont foi qu*â la langue française, Nnlîe 
autre ne possède au mémo degré le mérite de la clarté^ qui 
e^t la probité des tangues (voy. le remarquable article do 
M. Haimurid Tbooiai^sy, daus la Revue fram^ake et éirang&ej 
mars 4637}- 



ia démonstraiitm, pour parli*!' comme les péo 
mètres. 

Notre droit est un droit austère. Celai qui y a été 
nourri ne pourra que sourire en lisani ce livre. 
me prisera les formes gravement puériles de la juris 
prudence antique. 

Mais plus ce droit moderne est\nrîl, plus ilatiri&t^ 
les jeunes esp ri t*?. C'est pour eux un pi'niblepassag 
de laisî^er les éludes littéraires pour cette rudegymJ 
nasttque. Nourrie si longlcmpsde poésie, de belles 
images, ils se trouvent sevrés un matin. Les voili 
pour ta vie au régime de rabstraelion. 

Etrangi* ditîçronce! Le jeune médecin reçoil pour 
livre la nature elle-même. Il la suit avec nue curio- 
sité passionnée, dans ses métamorphoses chimique^ 
dans Ti^popée annuelle de la végétation, tlans h 
crises dramatiques de la vie et de la mort. Vuil 
une séduisante étude, et selon le cneur du Jeui: 
homme.,, réelle du légiste est un combat. Ce n'c 
qu*avL*c de longs eiïorls qu'il parvient à s*enl'ermc 
(lui jeune homme et poète, comme fut le jeune âg 
du monde) dans le cercle de Faustère logique mi] 
derne* 

Et pourtant, nous ne pouvons y revenir k 
formes aimables et jeunes *, Elles sont fanées ! 
retour, ces belles (leurs de la nature.*» 



1. Ce qui en est resté dans les^deraiers temps est bîeot 
Ue chose. Je ne parte pas ici des restaurations ofûeielles d'à 
dermes cérémonies, telles qu'on en a va au couroiineme 
de iicorges IV, o^ le ijratid maréchal est etilré à cheval ds 



ANTISYMBOLISMË FRANÇAIS, CV 

Soyons hommes, ne regrctLons rien. Seulement, 
pour être justes, examiaons si ces formes dédai- 
gnées n'avaient pas de sérieux avautages pour 
lesquelles rhuraanité a dû les conserver long; 
temps, 

B 'abord, elles liaient la loi morale à la loi phy- 
sique. Elles mariaient ces deux mondes qui semblent 
aujourd'hui séparés. 

La gravité de la formule, la muette Icrreur du 
symbole imprimaient la loi dans la mémoire. 
C'était comme les clous d'airain que le magistrat 



la salle du banqucL Np parlons que des symboles vraiment 
populaires ; — Baluze, au ilix-septième siècle^ asisure avoir vu 
encore dans les églises les rooUes de terre qui y étaient 
déposées en souvenir des contrats* — La tradition par le fétu 
était d'usage en Hollande eu 17ôi. — [,es plus belles comé- 
dies juridiques de l'Allemagne, celle de ï impôt de la S. Thomtt^t 
el du petit homme de ta S. Wtiîperi^ s'accomplissaient encore 
au dernier siècle. — Dans la Tljuringe^ c'était^ Jusqu'en 1740^ 
le plus proche parent consanguin du mort qui devait déca- 
piter le meurtrier. ^ Les ventes d'immeubles se font encore 
tu Angleterre au nom de John Uoe et Rkhard flof , qui sont 
le Caïus et le Scmprooius anglais. — La coempth romaine a 
laissé trace jusqu'à nous^ dans ta pièce de mm^iarje. — Aujour- 
d'hui encore^ dans diverses parties de la Poméranie, de la 
Lusace^ du Mecklembourg, dti Holstein et du Hanovre, les 
paysans paient ïe bedemitnl^ iax^ de femme et de vache ^ dioil 
de chemise et de poule, etc. Ce dernier fait est indiqué dans 
tin article du Morgmblaltf 1831-2. — On assure que, récem- 
ment encore, dans quelques parties du Daophinê (1828), on 
menait, selon l'ancien usager îes enfants aux exécutions, et 
qu'on les baUaît pour leur en imprimer le souvenir. En I836i 
une vieille femme d'Elélai près Daut^i^, a ëlé soumise à une 
ordalie barbare* 



CM ANTlSYaBOLlSME FRANÇAIS» 

Fcmniu ânfonçaît chaque aim^'e dans le mur An 
Capitolp ^ 

La fixilé du pigoe, la soIenDité de la farûn\ 
balan(;âiL>nl utilcmenl la mobilité de resprit. lElks 
rtMitl aient rinlerpré talion ijémbl(% mais elles m 
asBii raient la marche. Elles ompèchaieiil la logique 
de |iréoïpKer son mouvement. Le progrès fi'aocon^- 
plissait avec lenteur et graviU^; rien ne piVrî^gail 
ijiie ce qui définitivement avait niérité de périr. 
La loi durait asse^ pour créer des habitudes mo- 
rales; et les mœurs ù la longue s liarmoniBaieiU 
si fortem^'ul avec elle qu^elles raui'aienl remlue 
snpeHlue, 

Ce nVst pas impunément que la loi néglige h 
foiTïie, qu'elle devient prolixe, inèlégaîUe. Son effi- 
cacité en est gravement compromise. II y a uiu^ 
suûclion dans la beauté. Le beau est le frère du 
juste. 

1 , Pour l'inlluence raorale que le symbole a exercée jusquVi 
nos jours, voyez, au Suppriment, un fait 1res rcniarqualîl"T 
que j ai truuvr tlaus les Souvenirs <ie M. Fourcy, 



ORIGINES 



DROIT FRANÇAIS 



i 



ORIGINES 
■DU DROIT FRANÇAIS 

CHEKCHÉES DA^O LES 

SYMBOLES ET FORMULES 

DU DROIT UNIVERSEL 



LIVRE PREMIER 

LA FAMILLE . 



CHAPITRE IPREMIER 

NoQS lisons dans les plus anciennes Una ût: Tfnd^ : 
c avant que reniant mûJe âoU détaché du sein maternel, 
on Ini fera goulet du miel, du beurre clarilié et de Tor, 
eu récitant les paroles sacréesî. — Le père h^ nommera 
^âûlentiellemcntle dixièmeou onzième jour, dans un jour 
lunaire propice, au moment favorable ou sous une heu- 
rpuse étoile. — Le nom du Brahmane exprimera 
faveur; celui du Kchatrya, puiïîsancc ; celui du Vaisya, 
richesse 5 celui du Soudra, dépendance. — Que le nom 
fie la femme soit facile à dire, doux, €laii% agréable L^t 
propice ; qu'il finisse en voyelles longues ; qu'il soit 
comme des paroles de bénédiction. — Au quatrième 

1 



2 E\FAXT. 

mois, 011 Rrra sortir Tenfant pour lui faire voir le so- 
leii, eti*- ^ » 

Chez l*^s Grocs, les Hom ainsi ot la jvlufiart des uatiuiiii 
héroHiuos et bar!>areis, le nouveau-ué est oiis aux p'mh 
*tu père, qui peut l'abandonner ou ie relever {(oiten^ 
avaipiTîràat). Il ^ît lout iiu ù. terre, dil le grand poète 
romain, comme le malelot, jelé à la cùte par le (lot 
furieux -. A Sparlc, le ma^'istrat prononçait pour le 
père; les enfants déï}ilcs ou difformes étaient dtïlruils. 
Mais partout oft la ehose d^j[iendait des parents, il êlait 
rare qu^ils se dùeidasscntà tuer leur enfant eux-méme^. 
Ils Texposaient pkilùt, dans la pensive que les dieux vou- 
draient qu'il véent et sauraient bien le sauver. C'était 
comme un jugmtwnt de Difu sur la destinée de Tinuo- 
ceate créature. Oii peut croire que le coeur des mcre< 
trouvait bien des moyens d'influer sur ce jugement. 
Mais la mère eût-elle manqui^, ta nature s*émonvail et 
prenait des sentiments malerEiels, L'eau refusait d'en- 
î^'loufir Tenfaut; les bêles farfuicties Tallaitaient, Voyez 
les histoires de Cyrus et dXlKdipe, esposûs dans une 
forêt \ celles de Persée, de Moïse et de Romulu^î, aban- 
donnés sur la mer ou sur un tteuve. La pitié, dit Sha- 
kespeare, sous (igure d'enfant nouveau né,., 

La famine, celléau des sociétés peu avancées % est la 
cause la plus commune de Texposition des enfants, des 

I. Lois fie Manun, livre 11, g 2^34, Je doi^ d tuon savait ami 
Mi Eugt'sne Burnont une ret'tiflcatitm es.^eniiiîlle [^rf t/p i'<?rj. — Je 
|kiritm iiilluurs de t Importance symboliquo de^ Ntinis, 
S, Tum porru puer, nt^ttivis projecluB ah unJiB 

iVaviU, HT! dus humj jactH, infaus, ludi^-us anini 
Yiiai fiuxiljo, cùm primÙLu i» Jiiiiihjis oras 
NJxîbua c% aho uiatria Natura profiidit; 
VagitLiqiH! Iqcucd tugiibricooiptct, ut tequamesti 
Cui tuDlùm la vttà rpstet traû^ire Eitnloruui, 

Lucr, Do uat. reniLa, Ub, V* 
3. Voy, ïca Mémoires de Tanner, el Atî? coudre de Homholdï. 
Tobkâux do la uature^ etc. i Irndt lËOS, r, 200, ^ur la a iiaUûils <i<ù 



vieillards ^ des infirmes, ainsi que de IVnii^'rtUioii (ieij 
hommes faits. Le ver sacmm des nations italiques, qui 
dévouait à Texil une partie de la jeuriérise, se retrouve 
(*bez tous les peuples j barbares *- La eolf^nie qni éujîjgre 
e^t elJe-méme en quelque sorte un enfant exposé par la 
métropole. Les expéditions des Scandinaves *ïnt parlicu- 
[jèrement ce earaetère^ La famine est le premier dieu 
du monde du Nord, ee triste enfant que ia nature scjnbïe 
avoir exposé sous la gueule du loup Feurin* 

La jo^nerre que fx*s peuples du Nord et de TOceideut 
soutiennent contre la nature, eoulre leur triste climat, 
contre rOcéati qui groude autour d"ea\, est exprimée 
arec une rude poésie dans la loi de Frise : « Fri^onsj 
nous devons défeudre notre terre avee trois iuslrumerits, 
la bêcbej la brouette et la fourche. Fri:?ims, nous devons 
faire et' entretenir une forteresse de mer, un remj>art 
d'or [ein gulden walle^, qui protège ia Frise couti^e la 
mer salée et le féroce Hcéan*. * 

Celte rude loi de paysans, si llérc contre la nature, 
semble émue el attendrie, lorsqu'elle considère eu 
même leni[is la laiblesse de ! enfaid et rbostilité rlu 
climat, î'àprelê meurtrière des hivers du Nord : ^ U est 
trois cas de néeessîté suprême où la mère (^eut vendre 
le bien de reniant pour lui sauver la vie. La prondère 
nécessité, c'est quand renfant est emmené eajdif au 

i5.ont obligées 0*^ umui^er Ue la tt^re glaise on Je rurgile, pi udnïit 
one partie de t aimée, 

1 . Pour lea vieillard?^ vny. la tin de ce vul, 

2. Jusqu'à r arrivée de fajut Patiiee, !«» irlaiidois, dit-ou, ^atTi- 
a ai eut à Satnan le preiuier-nè de toute e^pii^te. Qilbict. île mb, 
Kib. HIt 457, — Voy. daiis AppieD, TexU tle» jeunes LusUa- 
aietis, ctc* 

3. Dne famine qui déiiolft le JuUaiid iii établir ime loi qui cou- 
damniiit loua Ips cinq ans à resil les fils puliiéH. Odo Chui,,upud. 
Scr. fr-, Vl. 3. 8. Dado, De mor. Norm. 1. L Uudl. fiiîrael., I, \, Tu 

\. Asffgabuch, S. 272, éd, Wiarda» die par Pliî^ter, 11, H2, trad. 
de M, Paqui«. 



4 ENFANT. 

nord sur la mer, ou au midi sur les montagnes. La 
seconde nécessité, c'est quand Tannée est chère, que la 
famine chaufîe fort et qu'elle va par le pays et que Ten- 
faut affamé veut mourir ; la mère alors doit placer et 
vendre le bien de Tenfant, acheter à son petit, vache, 
œufs et grain, afin qu'il vive. La dernière nécessité, 
c'est quand l'enfant est nu comme ver *, qu'il est sans 
asile, et qu'arrivent le noir brouillard et le froid hiver; 
tout le monde rentre dans la ferme et dans la maison, 
chacun se tient chaud au poêle, et la bête sauvage 
cherche l'arbre creux, l'antre des montagnes, pour 
mettre son corps à l'abri ; l'enfant d'un an crie et pleure, 
comme pour dire le dénûment de sa maison, et que soo 
père, qui l'eût préservé de la faim, du froid et du brouil- 
lard, est entre quatre clous profondément clos et couvert 
sous la terre et sous le chêne. Alors la mère peut bien 
engager et vendre le patrimoine de l'enfant. » [Asega- 
buch de la Frise, 86, 7, Grimm. 49.] 

Dans le Nord, les enfants que laissait l'affranchi 
étaient exposés tous ensemble dans une fosse, et sans 
vivres. On les appelait grabkinder, enfants de la fosse. Le 
maître retirait et élevait celui qui vivait le plus long- 
temps. De môme, selon une tradition lombarde, on sau- 
vait de préférence, parmi les enfants exposés, celui qui 
saisissait avec le plus de force la lance du roi. G. 461. 

Les lois du Nord nomment enfant de la formel celui 
que la femme de l'exilé a conçu dans les bois, ou bien 
celui qu'enfante sous le ciel et dans le taillis une femme 
serve, qui a été affranchie avant l'accouchement (sans 
doute par un maître qui veut se débarrasser de l'enfant 
et de la mère). Voyez aussi dans la Bible l'histoire 
d'Agar dans le désert. L'enfant de la forêt semble répon- 
dre à notre vieux mot français cJiampi (Roquefort, 1, 



\ . Stochnackeriy mot à mot : nu comme bâton, Froissart dirait : 
durement nu. 



EXI'OSJTION. 5 

â34\ quij il ost vrai, mi pris pour bàlanl, et en mau- 
vaille parL 

On Ht dans la vio de saint JuEiien* ; Lo jcuno garçon 
lui vint dire : Il y a là vue pauv}*e petite femme qui na m 
painf nîdf. quoi en achnter. Le saint homme ordonna qu^on 
la fit vemrjn sa présence, pxihj d\tn air indulgent et avec 
la tendresse d'un père, il lui demanda pourquoi elle pleu- 
rait si fort et lui était le repos par ses cris. Elle de répon- 
dre : Vrai scrvitmir et ministre de Dieu^ il faut que vous 
sachiez que je va/ s mourir de faim ; te pain me manque^ Je 
ne vends rien. Chaque jour plus a /famée.,. Je suis enceinte 
et je me meurs. Je viens donc implorer notre bonté. Sau^ 
vez-moi de la faim, et je serai votre servante à ioujotirs^ 
et f enfant que je porte dans mon sein sera de même votf^e 
sei^iteur. Nouîri par vous, il appt^ndra de moi à vous 
servir toute sa vie. Faites seulement que je ne mmre pas!.,. 

Les chrétiens exposaient de préférence à la porte des 
église^j où Tenfant pouvait attirer la charité par ses crîs, 
Formul, Andegav. 48- Bignon. 181, 357 : Aous avons 
trouvé devant r église un petit enfant sanguinolent encore 
tinTantulo sangiiî no lento) et qui n'avait point de nom ; 
dans tout le peuple^ nous n avons pu trouver ses parents^ 
— [Diicange, document de 1408 : ] Les exposants misdrmit 
l'en fan t sur un estai au devant de la maison-Dieu d* Amiens, 
et assez pi-ès dudit enfant misdrent du sel eu signe de ce 
qu'il n était pas baptisé. Dans un chant populaire des 
Danois, on met près de Tenfant du sel bénil et une 
chandelle, G. 4til. 

L^enfant ne peut pins être exposé, dès qu'il a pris la 
moindre nourriture, ne fût-ce qu'une goutte de lait et de 
miel ^ Les aliments constituaient chez les païens du 
Nord une sorte de baptême intérieur, d'initiation, de 

1, BibU mP3. Labbe, 11, 573. Laiincrc, Gloesaire, T, 37S. 

2, Cf. le texte de MlLIiejUj ôèya c\U'\ 



fi KNFANT. 

rc^mmunion à la vi<*, qui consîiorail Texislencç û^ rcn- 
fâïit. — lila S. Lutiigeri, lib, U c. 2. G. i58 : Vmlm\ 
ayant été plon^'é dans un baquet, en saisissait lo bord. 
Du ml il celle In lie, par un eiïet merveilleux rie la misé- 
Hciirde du Seigneur, une voisine î^nrvinl, laquelle, 
pleine de cnm(>assj(>nj saisit la pelite fille des mains qui 
la plongeaient, courut *lans sa maison et lui fil goûter 
un peu de miel. Car ehei les païens, nne fois que l'eD- 
faut avait goûté do quelque eliose, il i^était plus permi:- 
de lui donner la mort. — ' Acta, c, 6, 7, Leibnitz, l, 8'>7: 
G. l'ï^ : 1 Elle remjjorte en eourant riiez elle, et, fcrmaiil 
la jKjrle sur soi, elle arrive à la chambre où était k 
miel, et en fait couler dans la bouche de la petite créa- 
ture (juveneufîe), on il alla se foudre,.. Elle ditauxgenî? 
t|ur venaient la ehercher que reniant avait mangé du 
miel, et elle la lonr montra qui se léchait encore les 
J6vrcs- 

Le sij^ne légal de la viabilité^ c'est, dans la loi dis 
Alamaiiîj et dans le Miroir de Souabe^ que renfant 
pni^rise ouvrir les yeux^ voir le toit et les quatre murail- 
le:^, IKins le nord île l'Allemagne, on evige : qu*il ait crié 
aux tfuatre parois. C'est, dit la loi d'Ost-Frise, lorsque 
iVnfajit a fait un cri qu'on pût entendre au deïàde quatn! 
maisons, et, si c'est une petite fille, qu'on ait pu Ten- 
te ndre à travers une plancbo de chêne..»* G. 75, iiO, — 
Klablissernents de saint Louis ; Gmtishom tïent sa vie 
iûtd ce que l'ai H tiotuv^ à parte de moustier (église) «« 
mari fige après la mort sa feme^ tout nail-il hoir; pour 
(poun'u) qu'il en ail eu hoir qui ait crié et brct, se ainsi 
fsl qiie sa feme H ail esté donnée pucelic^. De même dans 
la loi d'Ecosse [année i\î\] : Si ex eâdem hseredem 
habnerit, audituni vel braiantem inler quatuor parietes-. 

Au signe de la viabilité, je rattacherai celui quidéter- 

i» ftlabUssenient^ Je saint Loiila, liv* , c. It. 
2. tîegiftin tnajcBU, lîv. II, c, 58, g L 



EXl'OSlTTaX. î 

mine FiVge de cliHComcmenf. Selon une tradition popu- 
laire ^ on éprouve les enfanls au-dessous de sept ans de 
la manii^re suivante ; on pîaee devant eux une pomme et 
une pièce dardent; slls prennent la poinme, \h sonl 
réputés sans diseernement et non responsables de leurs 
actions, G. 4il. Ler^ rabbins dirent que, pour (^^prouver 
Moïse enfant, on lui présenta du fer et de Tor', Selon les 
jurisconsultes anglo-normamls : L'enfant du Ixnirgeois 
est en âge, lorsi|u'ii sait eompter discrètement i'argent 
et auner le drap^ 

Nous avons parlé du baptême intérieur par les ali- 
uients. Nous devons en rap[ïroclier le baptême extérieur, 
celui do sang (circoncision), et celui du feu et de l'eau. 
Les adorateurs de Molocti faisaient, comme on sait, 
t>asser les enfants par le feu, lï est resté dans la haute 
Ecosse un usage analogue, sans doute en souvenir du 
culte de Beal qui domina si longtemps dans ce pays, 
comme dans l'Irlande- Encore aujourd'hui les monta- 
gnards écossais font passer Tenfant au-dessus du feu, 
dans une sorte de poche^ où ils ont mis du pain et du 
fromage. On dit que quelquefois ils tjaptisaient renfant 
sur une large épée. En Irlande, la mère faisait baiser a 
tïon enfant nouveau né la pointe d'une épée^. En Grèce, 
l'enfant était souvent mis dans un bouclier^ 

L'idée de purification domine dans le baptême chré- 
tien- Ce n'est plus seulement une entrée solennelle dans 
la vie, c'est une initiation morale, La nature et Thomme 
y sont 1 un et Tantre épurés, dégagés de toute souillure, 
pour se réconcilier et s'unir : Exorciso te, crcatura 
aquee, etc. 

1. Du feu et ane perle, selon l'auteur de l'ancienne vie de Moïse» 
en trentc-sii parties. 

2. Vov. Bractofj, H Muta, lib. I, c, n, ^ 7, 

3. Logan, 11, ^64, 122. 1831, 

i. Plut, in Lyciir^, Theocr, Id. y:3. — Eu allemand, ùadschild, 
bouclier do baïn, baignoire. 



Parmi les vietlletï formuîes chrétiennes, il en est peu 
cfauâsî remarquables qu'une bénédiction des fonts d^ 
baptètne [ex mtssali gothico-gallicano] : Debout, chers 
frères y au bord de la cnjsiaUme fontaine y amenez, k^ 
hommes nouveaux qui de la terre au rivage vimnenl fum 
échange rt oimmeree^ Qu'ils naviguent ici\chaçun battant 
lu mer nouvelle ^ non de la rame, inah de la croix:; non de 
la main^ mais du sens ; non du bâton ^ mais du sacrement. 
Le lieu est petit ^ il est vrai, mais il est plein de la grâce. 
Le Saint- Esprit a étt^ dirigé par un bon pilote. Prions 
donc, eicJ. Celle formule demi-barbarp seml^Ie conser- 
ver daui? le christianisme le génie et rinepiration aven- 
tureusedes invasions maritimes. 

Après le baptême, nous devons parler de Vadûpthn et 
de la légitimation. Le baptême est déjà Tune et l'autre ; 
c et?t l'adoption de Tenfant par la société religieuse» sa 
légitimation devant Dieu. 

Lois de Tlnde : Celui qui n'a pa^ d'enfant maie peut 
charger sa fille de lui élever un fds, en faisant une obla- 
tion an feu^ etc. ^ — Le fils donné, c'est le fils qu'un 
père et une mère donnent, en faisant une libation d*eauj 
à celui qui n'a point de fils, Tenfant étant de la mémo 
classe et témoignant de raffection*. 



1. Voy. liî pus^ag^ï de Luert'CP, d^jàcité : l!t f^revis projectus ah 
iTndîs ii^Lvîta^ 

2. Mm-tene^ ï^ 175 c. ; StintM, fratre^ carîsftimî. super ripûiu 
vjlrei foDlia, no vos bomint^s addac eis [sic] de terra Utori, merca- 
tiirôs sfua commercia. Sloguti navjgaotes puisent lUiirti noimui, 
noa virgâi sed cruce; non laclu, seJ sensa ; doû bacuîo, sed sacra- 
Daento. Locus quidein parvu?, sed gratiâ pleoii». Benf^ gubemalus 
e^l Spiritus Sanctos. Oremus (^rgo domînutu et Deum noitroiu 
ut BanctiÛcH hune fontem, etç, 

3* A digestor Rindu Uw, transi, by Colebrooke. Calcutta. 4 SOI. 

4. Manon, p. 342, s 168, Irad. de Sf. Loisekur-IKîsbugcbanip?, 
iS33. 



ADOPTION, V 

Dioctore, éd. Wesel, 1,2^^ : Jiinon, moulant sur le lit, 
\tv\i Hercule fionlro son sein cl ïe laîssîa couler jusqu'à 
terre à travers ses vête monts, imitant la véritable ^îaU- 
ianc€j ce que fonl encore aujourd'hui les barbart^s lors- 
qu'ils veulenl adopter. — Nous retrouvons cette forme 
d*aJ option aux onzième et douzième siècles. Albert d'Aix, 
3, 2î ; Le prince d'Édesse adopta Baudouin pour sou 
fils, en le pressant, selon la coutume du pays, contre sa 
poitrine nue et riutroduisaut sous le vêtement le plus 
près de sa ciiair. — Guibert de Nogent, Gcsta Dei per 
Francos, 3, 1*^ : L ayant fait entrer nu sous ce vôtenienl 
intérieur de lin (lineam interulam) que nous appelons 
chemise, il le serra et confirma le tout par un baiser* La 
femme en Ht ensuite autant. — Surita, \ïh. 1, iud< rer, 
Aragon,^ anno 103ï : L'adoptant faisait passer l'adopté 
sous les plis de sa robe flottante (per stola? fluentis si- 
nus). G. 463. 

Dans les vieilles coutumes Scandinaves, dans celles de 
fa France et des Anglo-Normands, Tadoption et la léj^i- 
timation se font sous le manteau* — GuilL de Jumiéges, , 
8, 36, Duc, 5, 64, v. pallio cooperire. Garpentier, 
V. Mantellatus. On appelait eu France les enfants h5giti- 
més Enfants mis sous le drap. Beaumanoir : Se U avait 
plnriex enfants nez avant que il Pespousast, et (a mvreet H 
enfants à tespous^r estvîent nm des o es le faills en aalnte 
église j ai devenraient-ih loi/aux hoirs K Un poète flamaud 
du treizième siècle, Pbili[ipe Mouskcs, dit : Pardessous 
k maniiei kl mèrt^ furent faits loyal cil trais frères, G. 
160. 

Dans le Nord, k soulier était quelquerois substilué au 
manteau. Le père apprêtait un festin, tuait un bœuf de 
trois ans, enlevait la peau du pied droit et en faisait un 
soulier* — Il mettait le soulier, puis le fils atlopti!! ou 
légitimé^ puis les héritiers, les amis. Cela s'appelait 



Beaumanoir, Coût, do fi£auvoL3Î9, t. lË, p. ^* 



IV 



10 E.VFAXT. 

monter dans lo soulier* Ou bien encore, le père eolêve 
In peau du pied droit ï>ar derrière^ an-dessus de la dvy 
ville ; il ordonne au lîls do chausser le soulier, pendant 
(ju'H tient dans les bras ses enfants, lesquels k leur lour 
viennent y mettre le pied. — Adopter, dans le vieujt 
dmil du Nord, se dît aussi : mettre sur les genoux. G. 

Lois de Galïea : Voici comment on reçoit un fils dans 
la famille : le père lui-môme doit le prendre quand 
la mère l'a apporté. Si le père e?t mort, le chef de la 
famille, assisté de six des hommes les plus honorables 
do la famille, a [louvoir de le recevoir. Le chef de la 
ramillc prendra Iph deux mains de Teufant dans le& 
.siennes et lui donnera un baiser j puis il placera la main 
droite de Tetifaut dans celle dn plus ancien des assis- 
tants, qui le baisera aussi. L'enfant passera ainsi de 
main en main jusqu'au dernier. Probert, 203, G. 46-^- 

La femme eut rail dans le son lier (voy. plus haul)^ 
lorsqu'elle entrait en puissance de mari. L'adopté, pas- 
sant de même sous la puissance du père de famille, 
exprimait quelquefois cette relation de dépendance en 
se laissant tondre, comme le serf. Paul diac, 4, 4^1 : 
Le patrice romain Grégoire fit périr par une ruse per- 
litte Tason et Cacon, les deux fils du duc de FriouL H 
promit à Tason de Tadopter en lui coupant la barbe, 
selon la coutume, Tason vint avec son frère, ne crai- 
gnant rien de mal* Grégoire, pour accomplir son ser- 
ment, se fit apporter la télé de Tason, et lui coupa la 
barbe en effet. —- Voyez de même dans Paul diacre et 
dans Othon de Frisingue, l'adoption de Pépin par Luit- 
prand, qui lui coupe les cheveux. — Roric, ap. Du- 
chesne^ 1, 812 : Alaric devînt père adùpiîf de C foins en 
lui coupant la f^arhe; — [Aimoin^ i, 20 :] en lui totichanl 
tu barh^.. 

On lit dans Grég. de Tours, 5, 17 : Après ceia le rm 
Gontran envoya mrs CMdeberl son petit- fiU, , . avec 



AlïOPTJO?f, 11 

prière de venir le trouver* Celui-ci vint en effet avec êes 
principaux chefs; après quik sû furent embras^és^ le roi 
Gonlran parla ainsi ; Voici qu^ je suis j^slé sans enfants ; 
je demande donc (^ue ce mien pet il -fils devienne mon fils. 
Le plaçant alors sur soît sièf^e royal, iî lui fit iraditian 
de tout son roffaume. ii Que même bouclier nous couvre, 
dit-il, que même lance nom défendra. Le roi passa la larîce 
qu'il ienaii à son neveu, lui disant : A ce signe^ ùien-aimé 
neveu, sache que tu me succéderas aa trône. > Ai moi a, 
3, 68. G- \m, 164. 

Quoi qu*on puisse inférer de ces exe m pies ^ TaclopUon 
par les armes^, n'impliquant aucune inrérioriié du côh> 
de Tadopté, e^st sauvent une fraternité plus qu'une par- 
teraité. Nous suivrons plus tard la fraternilô et Tasso- 
ciation guerriert^, depuis le mariage héroïque des Scan- 
dinaves mêlant ensemble leur sang sous la terre, 
jusqu'aux institutions chrétiennes et spiritualistes de la 
chevalerie Jusqu'aux imitations de la chevalerie^ toiles 
que ralHance de Clissonet de Duguesclin, 



CHAPITRE DEUXIÈME 



L^ FKUHE. — LE UMllAGE. 



Ne fr*ipi>cz pas une femme, eût-elle fail cent fautes; 
pae même avec unn Heur ', 

Une mère est plus que mille pères, ear elle porte el 
nourri! l'eufaut dans son sein ; voilà pourquoi la mère 
est très vénérable.,. Si la Terre est adorée, une mère 
n'est-cllft pas plus digne encore de vénéralion -- 

Le mariage remplace pour la femme T initiât ion. Sou 
zèle à servir l'époux est pour elle ce tju'est pourrhommf 
Tétudé et la discipline sous le brahmane ; fc soin qu'elle 
prend de la maison équivaut à l'entretien dn feu 
sacré \ 

Selon rÉcriture, la loi , les sacrées ordonnances^, 
selon Tusagc populaire, la femme est la moitié du corps 
du mari, prenant part égale aux actes purs el impur?^. 
Celui qui laisse sa femme vivante se survit d'une moi- 
tié» Comment un autre prendrait-il la propriété, lors- 
qu'une moitié du propriétaire est encore en vie ^ ? 

1. Digefl of Hindu law. M, 209, iJunoti, il est vrai, est un peu 
pliîs sévère, p, 296. S 2m, 

2. Dige^t fifllintiu Iflw, lïl, 5ÛÎ. 
[L MrtnûiT, p. 38, § 67. 

4, Di^ۉt uf IHndu ta^, lll^ 4S^, 



MARFAGf: lXf>ÎEN, 1^ 

Le bien est commun au couple marié K 

Comme les iils, ainsi les filles sortent de (!orps suc- 
cessifs ^ quel être humain pourrait hériter de préfé* 
rence^ lorsqu'il existe une fille ^ ? 

Un père qui non naît la loi ne doit pas reeovoîr le 
moindre présent en mariant sa fille. Recevoir un tel 
présent par cupidité, c'est avoir vendu son enfant. Quel- 
ques habiles disent que le présent d*une vai-he et d'un 
taureau n'est qu'une gratification. Non, tout présent 
reçu par le père constitue une vente. Même dans k\< 
mondes antérieurs à celui-ci, nous n'avons pas ouï-dire 
qu'il y ait eu jamais telle vente tacite d'une fille ^ 

La nile du guerrier qui épouse un brahmane tiendra 
une (lèche, à laquelle le mari portera la main ; la fille 
du marchand qui tqiouse un brahmane ou un guerrier 
tiendra un aiguillon; la fille du soudra, le bord du man- 
leauj quand elle épouse un homme des trois classes su- 
périeures *. 

Ce n'est ni Teau versée dans les mains^ ni la promesse 
verbale qui font d'un homme l'époux d'une jeune fille. 
La formule prononcée, le couple marche, la main dans 
la main, et le mariage est irrévocable au septième pas \ 

La femme, c'est la inaison. Une demeure que n'eni* 
bclïït pas la femme n'est pas vraiment une maison,., 
Qu'elle éloigne de la demeure toute chose impure; 
qu'elle évite de parler à tout autre homme qu'au sien; 
qu'elle ne converse pas surtout avec un prétendu men- 
diant; qu'elle ne fréquente pas les couvcntij des soli- 
taires, ni la campagne, ni les bois; qu'elle ne sorte pas 
au crépuscule et ne s'amuse pas en route en allant au 



1. Digc»t of Hindu law, 4BS, terte rfouteux. 

2. Ibid., 186. 

X Manau, p. "33, 306, 331. 

4. Idem. p. "ÏS, g 44. 

5. Digcat of Hindu Jaw, IJ, m. 



14 WAftIAGE LXDIE^, 

puits public; qu'elle s'abslienne de viandes et de li- 
queurs spirilueuses; qu'elle ne se iais-io allor ni aux 
folleïî dépenses, ni à la contradiction, ni à la parc>'^r, 
ni à riiumeur sombre. Elle ne doit pas, avant d avoir 
pourvu au feu ?acré avec autorisation du mari, sonjseï' 
à orner sa personne^ ni, avaut d'avoir lavé ses mains, 
loucbcr la coupe, le tamis et les vasei^ de lait (pour les 
al i m en ï s et les oflrandes).** Quand elle aura lavt^ !*?> 
vases.., balayé la maison et mis deux vêtements blano; 
quand elle aura iavé ses pieds, ses mains, et craché, et 
iiu de IVau, elle entrera au lieu sacré pour adorer, n^ii 
sans avoir laissé à la cuisine du feu pour le sacrifice, 
l'herbe Cusa et des lleurs; elle oindra de beurre epun; 
les aliments, ainsi (jue les oiTrandes; elle présentera *:es 
otTrandes devant les femmes des dieux, Quand îses hôl<fi? 
et son mari seront satisfaits, elle pourra, avec la permis- 
sion du mari, manger le reste eu particulier; puis, ayant 
rincé sa bouche et puridé les vases, elle exposera ua^^ 
partie des restes dans un lieu de l'enceinte domestique» 
à distance é;^ale de Test et du nord, et elle dira : Salut 
à Rudra, seigneur des troupeaux. Elle élèvera encore à 
Hudraun monceau de cendres devant la porte. De res 
cendres elle touchera son seigneur, son fils et les autres, 
elle s'en touchera elle-même et toute chose qui se doit 
larder. Qu'elle n'entre |)as au lit les pieds non lavés; 
qu'elle ii*y entre ni nue, ni souillée, ni sans saluer aver 
respect les pieds de son mari. Qu'eu se levant elle ne 
s'expose point aux regards; qu'elle ne se lève pas plus 
tard que le soleil... Elle tiendra la maison nette et pure, 
sera pleine de retenue, soigneuse du bien, sereine et 
remplie de bons désirs j elle parlera avec affection à sou 
mari, ne <lemeurera pas assise lorsqu'il est debout; n« 
prendra jamais place au-dessus de lui. Il ne faut pas non 
plus qu'elle le regarde continuellement... Elle doit lui 
laver les pieds, le masser, Tévonter, l'essuyer, lorsqu'il 
soutTre de la chaleur. Elle doit le soulager quand sa tête 



MARIAGE HOÎIAiy, lo 

branle et s'affaisse; elJe doit aller au devant, dans la 
cour, quand il r<?viont chargé et las d'une ville lointaine. 
Ne nourrissant contre Jui aucune mauvaise pensée, 
qu'elle Thonore de riz, d'herbe el d'eau présentés dans 
un argha. Qu'enfin, dirigée par lui, elle pratique les 
austérités, remplisse ses devoirs pieux et fasse les ablu- 
tions'- 

La femme qui, h la mort de son mari, monte avec lui 
au bùrher, est exaltée au ciel, comme égale en vertu à 
Arundhati* Celle qui suit son mari en un autre monde 
habitera dans une région de joie autant d*années qu*il y 
a de poils sur le corps humain, ou trente-cinq millions 
d'années. Comme le chasseur de serpents tire de Force 
uû serpent du trou, ainsi elle tire son soigneur de la 
région de tourment, et elle jouit avec lui.„ Elle joue 
avec son mari aussi longtemps que dureraient quatorze 
règnes du dieu Indra, Si son seigneur meurt dans une 
autre contrée, que la veuve fidèle mette ses sandales 
sur sa poitrine et, pure, entre dans le feu^. 

Quelque inférieure el dépendante que la femme puisse 
paraître ici, elle est reconnue expressément comme la 
moitié de Thomme. Tel est le mariage sacerdotal, il 
réunit deux moitiés; il forme ou restitue l'unité humaine, 
(.In connaît Tingénieuse fable du Banquet de Platon, 
peut-être empruntée à quelque tradition orientale ; les 
deux moitiés n'ont fait (ju'un dans un monde antérieur, 
ot, conservaTit un vague souvenir de leur unité primitive, 
elles se cherchentj se reconnaissent et voîidraient tou- 
jours s'unir. 

Le mariage patricîeu de Rome, confarreatione, a beau- 
coup d'analogie avec le mariage indien- La femme (ma- 
trùtm, mater familial) occupe dans Rome une place plus 



1. Digf'i^t of Uindu law, l[, t, 35. 

2. Idem, 11, 4;i 1,453, 




le MARIAGE BOJÏAIN. 

61cvée que dans la Grèce'. L^épousc du (lamine de Jupiter 
rassistait dans la ]>lupart dos sacrifices, et ii iic pouvaîl 
la répudier ^ Le mariage cotifan-eaiione étail coasacrc 
par le grand pontife ou le prêtre de Jupiter, devant dis 
ténioiiiîs. 11 donnait û, goûter aux deux époux un gâteau 
fait de fleur de Ta ri ne, d'eau et de sel. La coiiVure de la 
mariée était en Tormc de tour, comme celle dfs Ve:*- 
tales. Sur la téltr elle avait de? la marjolaine on Heur ^X 
Ëous les vêlements une petite eouromie de verveine. Son 
voile était de pourpre; sa tunique blanche était serrée 
par une ceinture de laine de brebis. On TenlevaUdes 
bras de sa more, et elle passai, saos toucher dos pied:^, 
le seuil de la maison conjugale ^ Lorsque Tépoux lui 
demandait, à rentrée de sa demeure : Qui es-tu? elle 
répoudail : Lbi lu gains, ego gaia ', On la faisait asseoir 
sur une toison. Elle avait app<>rté un fuseau et une que- 
nouille* Elle entourait de bandelettes de laine la porte 
de son époux ^ 

Dans le mariage par achat (coemplionejj il y avait 
pourtant consenlenienl. Sans doute, celte demande dt- 
consentement j si contraire à Tidée d'un tel mariage, fut 
un résultai postérieur du progrès des mœurs. L'épôiix 
demandait ; An sibi mulier materfamilias esae vellet. 
Elïe répondait ; Velle, et demandait à son tour r An vir 
,sibi paterfamilias esse vellet; répoux répondait par le 
môme mot. ~ On partageait les cheveux de la mariée 
avec le fer d'un javelot \ 

En entrant dans la demeure conjugale, la femme 
apportait trois as ; Tun, qu'elle tenait' dans sa main 

i- Voy. le beau livre de iJreyer. 
2, Pkil Qufeat. Rom., II, 27G. D. 
X Feslus. 

A. Gâta vtmt djrf^ vache et terre labourable. -^ Voj- . ii la fi» df- 
mon Histoire Romaine, I voK, les rapports du latiu et du ïtaûskdt 
Ti. Plut. Qumst riom., et Xylander^ !t, 2H, 
(i. Bris&on, dcFormulii, p. OOG, 



IHFÉRlOmxÉ DE LA FEMME. 17 

pour donner à Tépoux ; raulre, clans sa chaus:?uro pour 
les dieux Lares ; quant au Iroisiôme, elle le déposait 
dans le compitum vkinale, pour aobeler l'entrée do la 
maison \ Avant le mariaf^e et dès que ie Jeune homme 
avait promesse du père, iï donnait à la fiancée un 
anneau de Ter qu'elle mettait à ravant-demior doigt do 
sa main gauche ^» 

Rome réunit ainsi les deux formes du mariag*.^ anli- 
que, que j'appellerai le mariage sacerdotal et le mai ia^'c 
héroïque. Celui-ci se conclut par achat. On a vu [\\ï\^ 
haut avec quelle réprobation la loi indienne parle du 
père qui vend ainsi sa fllle. Les nations htMnïqnes, 
n'estimant guère que fa force, considèrent Tel r*' TaîMe 
comme une chose qui peut se vendre et s'acheter* 
fténntssons ici, avant d'entrer dans le détail des diver- 
ses cérémonies du mariage, les textes priucipai^x qtii 
prouvent Hnfériorité de ta femme chez les peuples 
héroïqiieSj Grecs, Celles, et même Germains. 

Dans la loi du pays de Galles, ta femme ne peut témoi- 
gner contre rhomme ; — Car la femme n'est que le 
tiers de Thomme; or, un tiers n'est pas croyable contre 
deux tiers \ 

En Suisse, à SchafThouse, la servante qui déclare une 
naissance, doit porter, si c*est un garçon, un tablier 
blanc et deux bouquets, au sein et à la main ; un bou- 
quet seulement, si*c*est une fille. —A Neflenbach, celui 



L Yarro apiid Noniam in Nubentes. G. 426. 

2. Pline, XXXUi, 1. Juvénal, VJ, 27, 

3. Lois de Galles, Probt^rl» an, — Loi îles Brfîhona d'trlanJc* : 
Pour le paiement ée ce$ auicprlcs, U faut la caution d'un houimt* 
ou de trois reinmep.,. — Lorsque Scucû fit ^ch IoÎs^ il distiii^^iia 
entre propriété mâle ot propriété femeïle, de peur dencnurir la 
peine dont le» Brehoaâ furent frappée pour leur parLialité ; une 
groiee loape leur sortit de la Jouft. Colloctan, de rebua ]iib. IIJ, 



iH M.UUAGE T'Afi ACHAT. 

(|ui ilov(^nait père iKun f2fan;on, recevait deux VDÎturés 
ào bois ; une seule > m c'était une fiHe, G, 403, 

L<? roi de France, Louis Vit, ilil tlaus une charte: 
liffrntjfiH if ne tutus f^fions de la mnlittude de nos fîlks i ter- 
ri ti TutilUlntline lîliarum), nom souhaitions ard^mmtnl 
que Dieu nous accordât di's enfants dun sexe meiiL*ur... 
El il asjsure une concession annuelle de trois niyitisdi* 
rroniculà celui qui vient de lui annoncer la naissance 
de son fils '. 

Dans le droit de Saxe, tle Souabe^ etc., ramende ou 
eomposition est moindre de moitié, .si la perfM>!ine 
l^sée n est qu'une femme. Au contraire, chez les Bava- 
roi?;, rinjure faite k la femme est payil^e au double; Cfir, 
dit ïioble ruent la loi, in femme, n'a pu se défendre par k$ 
armes. Il eu était de même chez les Aï amans, cc peuple 
du midi de rAllemagne, et dans le Nord en certaines 
parties de la Sut^dc, Dans la loi lomoarde, celui (fin 
havre le passa^je k un homnu* ]nûv vini^'t .^olidi seulemen»; 
il paie quarante-citMi lois davantage, neuf c*?nls âoliili, 
>î c'est une femme qu'il a arrètùe ^. G. tOi*6. 

En Saxe, la composition éîail doul)le pour la vierge, 
isimpie pour la femme qui avait déjà enfant^!'. Au con- 
trai re, chez le« Francs et le^^ Visi^^olhs, la femme est 
évaluée par rapport à sa fécondité, 

L'exchision île l'héritage, ou du moins de la terr*:* 
saîique, tlonl la femme est frapiiée dans les lois bar- 

i. Scrïp. rt>r. Kr, XVI. — A Puitierk^ lest parents qm vienntntdî' 
marier la dctni^i'e de l^urs fiUr.^ suivent la noce avec un hâtai ûtw 
de tuùann U'^mrn^ pour indiquer teur fuie d'aimir enfin b&lay^ i^ 
msisQn^^ Noie camuîuiliquéf; pur M. Koiicnrt, professeur de drait 
a Poiti*-»r.i, 

2. Lri Ly^'ions fonl plus ti'bonneur aii\ f^iiijuos qu'aux tiooatû^s: 
Us tirent leor;* tioius de la faaiUle tU^ la tiiùro, f^i ]m^M'\A k p*itri- 
moiue aux illles, non aux fils, Nicul. Daiuasc fie Mor. Ueut ^^■ 
408. — Le nom tin- *le h Euère iatliqurt aciUemeut la proiu[s<:iùl«* 
dos uabuà et i iuccrtltiule de la putcrnil*^. [| y a quelque ctio^^ 
d*analagiie &ut lea cûtaa du Malabar. 



MA H 1 AGE GKÊC. 19 

barei^j se miiinUenl. durant le moyen âge, Daiisi |>!u^i*>uri3 
rfe nos lirovini^eSj la iilîe n'a rien à i^rt^tendrft; elle ont 
dotée d'un .simple chape! de roses ' ; SDUvenl elle a moins 
*?ncore, unn noh ^, comme dans T Anjou et le Maine \ 

Homère appelle les vierges aXtiEoiSoiaî, cVsl-à-flire 
rapportant des bœufs [k leurs parents). Au temps d'Aris- 
tolc, le mariage n*est plus considéré sou:» le même point 
de vue : Les anciens Grecs, dit-il, étaient barlmres; ils 
marchaient armés et achetaient les femmr^s, ÈtuvùÏÏvT^s. 
Arist. polit, i, 8. — Cette coutume était générale *"hpz 
les Germains; rexpression achpjrr, pour éjtouser, s'est 
consente en Allemagne jusf] y 'à la Un du moyen âge* — 
Loi yïixonne : Qui prend femme donne aux parents troi^ 
rents solidi, G. 4^2* — /.es mtoijéadu roi offrirent à C^^*- 
tilde, ftefon fa covtnmede^ Frmics, le sol et le deuif^r: puif^t 
iisTépousèrentaunom dé Chvk^, — Dans Grégoire de 
Toiirsj un homme se présente au juge et dmnandi* 
quuîie fille à laquelle it a donné les arrhes nuptiales hn 
$oî( livrée en mariage; sinon ^ il ne se désistera pas ^ à moins 
de seize mille sotidi ^. — Frotho prescrivit aux fiuthé- 
niens vaincus d*épouser par uchat^ eomme faisaient les 
Danois; il croyait que Le^s mariages en seraient plus 
stables. Saxo Gramni. lib. V, pag. 88, it. 4âl-^. 

Les princi[ialés cérémonies dit maria^'e ont iHé indi- 
quées pour rinde et pour Home. Le maria j:e sacerdotal 
de« Romains [confarrealione] appelait ee rapprnclie- 
ment. Parlons des cérémonies usitées chez les Grccy, 
!es Scandinaves et les Germains. 

i, Coiiluini^s d'ÂnjoQ^ Tours, Loiuhm, M^iiifi. — En Aut^rt/n^, 
Us héritiers du mari demienl à Ifï veuve une riarlande ou chapel 
ri* argent de la râleur du lit nufitiai. 

2. Sparge, uiarUe, nuces; tibi iJeaftrit Hesperus CEtam. Virg- 
Ecïog. 

3. Du Pineau, Sur le» cmituiiiiera d'Anjou et ilu Maine* 

4. Fred*?g, Epiloiu., 18* 
.*!, Greg . Tur., lVj41, 



20 MAHT.VGE GEHMAMOUE. 

A Athènes, on plaçait un pi!on au-dessus delà porte 
de la maison conju^le. Une des jeunes filles de la noce 
tenait dans ses mains un crible, et la nouvelle épousé 
porlait elle-même un vase propre à briiler de l'orge. 
C'était seulement aux approches de la nuit (iiiVîle .^i* 
rendait k sa nouvelle demeure. A l'arrivée des époux, 
on répandait des figues sur Jeur tête, et l'on allumail 
fies loridies. A Tun de t-es flambeaux la mère de la 
mariée attachait le voile de gaze qui avait orné la lêto 
de sa illle. Les époux devaient être enfermés ensemble 
et manjiïcr d'un coing ; le mari dénouait la ceinture do 
Tépouse, Pendant toute la nuit des noces les jenneh 
gens faisaient grand bruit au dehorSj et Tun des pro- 
ches parents gardait l'entrée de la chambre nuptiale- Le 
troisième jour, Tépouse allait visiter son père, recevait 
ses présents, ceux de ses parents et amis, et donnail 
elle-même un riche vêtement à son époux, qui lui 
o lirait h son tour les dons appelés *var>cî£Xu'miipta 
[dvaxaAuxTEïv, découvrir]. Alors, pour la première fois, 
dit-on, j( pouvait voir les traits de la fiancée. A Sparte, 
on rasait la chevelure de la jeune fille et on la couvrait 
d'un vêtement d'homme '. Les nouveaux époux faisaient 
oITrande de quelques boucles de cheveux à Diane ou aux 
Parques- En BéotiCj k femme briMail devant la porte de 
répoux le timon du chariot qui Tavail amenée, afin san^ 
doute d'exclure toute pensée de retour-. 

Dans le mariage héroïque, la femme ne peut aspirer k 

1. A Sparte, ïes célihatair^s iStaient conlramte, chaque anaèf\ 
durant Thiver, iJe courir nus ^mlourdp la place publique eu chau- 
lant de* chansons où iîs étaient fournés en ridicule. Plut, in 
Lycnrg, — A une certaine f(Ho de l'anuée, iU servaient de jou^t 
aux fcuimes qui le» poursuivaient à coups de poing autour des 
autels. Alhen. Ijh. XIIL 

2. Vo>\ PoiL IH, 3; l, i± — Aristoph. Scho!. in Plut. — Scnec 
Theb. V, 505. — Eurrp. Elrlen, \% 12%. — Hom. hymn, in Yen. — 
Siiidag et Hesychio», v. dvaxaluTînlipiov. — Pîut. Selon; LycurgiïB; 
QuaîBt. rom., Il, 2,271, 



FIANÇAILLES, 21 

l*égaUté qu'en devenant un homme, un h^ros. L'un des 
Sagas nous la montre belle d'une pureté farouche; elle 
est élevée par un guerrier qui veille i^ur elle toute sa vie, 
cl qui lue isans pitié Tépoux trop peu respectueux pour 
la flllc d adoption ^ Deux fois la vierf^e fatale coûte ainsi 
la vie h son époux. Dans les Nibelungen, la femme 
charme son barbare amant par sa force autant que par 
îia beauté : — Une reine ré^^aiait au deli des mers; de 
l'aveu commun, elle n'eut point de semblable; elle était 
d'une beauté démesurée, puissante était la force de ses 
membres; elle défiait au javelot les rapides guerriers 
qui briguaient son amour. ^ Elle lançait la pierre au 
loin, et aussi loin elle sautait. Qui la priait d'amour 
devait en tmîs jeux vaincre la noble femme ; vaincu une 
seule fois, il payait de sa tête.-* ■ — On apporte k Bruuhîld 
une lourdf piet-re, ^^ande et grosse, et massive; douze 
^uerrieriri à peine laportaienL Elle lance la pierre, tout 
aussi bien que son javelot.,. Les deux héros tombèrent 
du choc,<. [Sigfrid jette la lance à son tour, mais de 
manière qu'elle ne louche Bruuhild que par le bois.] 
Elle tombe, mais se relevant aussitiit : Noble guerrier, 
merci du coup-!,.. 

De même datïs les poèmes arabes, Djida ne plait (i 
Rlialed qu après qu'elle la combattu à son insu\ Dans 
d'autres traditions poétiques, la fiancée est quelquefois 
le prix de la course. (Ataîante^ etc.) Dans le Nord, ou 
courait ^soienuellenieul autour dr la mariée. G. i34. 

L'intervalle entre les iiajiçaUles et les noces était 
souvent d'une amiée. Dans ce beau moment de la vie, les 
amants se vnyaicEit sans contrainte. Eïi Grèce, le jeune 
homme adiclait ce droit on olfraïil un présent à la Jeune 



i. \nj. le Nlatsa^a. 

â. Der XlboliinçeiUied, 1^17-24, 1810-112. 1853. 
ri. Poi-ines tl'Antjr, traiiuLts en anglais. Voy. aussi [e frûgroent 
traduit k la fia <lu Vi>yagc de M, Uo Lamartine. 



22 FIANÇAILLES. 

fille [appa]'. Dans le Nord, la fiancée recevait le jeune 
homme même la nuit. Brunhild, selon TEdda, reçut 
Sigurd dans son lit; mais le guerrier mit son épée entre 
lui et la vierge. — Cet usage du Kilpen (ou visite noc- 
turne à la fiancée) donna aux Suisses l'occasion de sur- 
prendre le château de Retzberg, la première nuit de 
Tannée 1308; ils montèrent par la corde qui avait sen'i 
à un jeune homme d'Underwald^. 

La froideur du sang germanique justifie cette liberté 
et cette confiance. iMais nous retrouvons les mêmes usa- 
ges dans les pays les plus divers, parmi la vive population 
galloise, comme dans la froide Hollande (îles de Ylie et 
de Wieringen); Tamant est admis la nuit près de la 
jeune fille et dans son lit même ; seulement elle ne quitte 
pas son jupon. On assure que la confiance des parents 
est rarement trompée \ — Rapprochez de tout ceci la 
tradition de la fiancée de Corinthe, et celle dont parle 
Luther*. 

Tacite, Mœurs des Germains : Ce n'est pas la femme, 
c'est le mari qui apporte la dot. Le père et la mère, les 
parents, assistent, et agréent les présents. Ces présents 
ne sont pas des frivolités pour charmer les femmes, ni 
des parures de mariée. Ce sont des bœufs, un cheval tout 
bridé, un bouclier avec la framée et le glaive. Pour ces 
dons, on reçoit Tépouso. Elle, de son côté, apporte quel- 
que arme à son mari. Ce sont leurs sacrés liens, leurs 
mystérieux symboles, leurs dieux d'hyménée. Qu'ainsi 
la femme ne se croie pas hors des pensées héroïques, 



1. Voy. Suidas, Hesych. verb. 6ea)py5Tpa, âOpiÔLiaTa. Isaeus, orat., 
7. — La coutume de donner des arrhes subsiste dans quelques 
provinces de France. Naguère encore, un jeune Alsacien plaidait 
contre sa fiancée mariée à un autre, pour qu'elle lui rendit les 
arrhes qu'il avait donnés. Voy. le National de juin ou juillet 1834. 

2. Muller, H. de la Suisse, IV, 1, 2. 

3. Carr, l'Étranger en Irlande, 194. 

4. Tischreden. Voy. Michelet, Mémoires de Luther, t. III, p. 176. 



FIANÇAILLES, — ÈPÈE, ^23 

hors tics liîiHartlts et ilo la guerre, les auspices de Thy- 
inen le lui disent déjà; elle vient eomme compat^ne des 
travaux^ de?? pi'^rils; sa loi, en paix, comme au eombat, 
c'est d'oser et satilTrir comme lui. Voilà ce que lui dtïnau- 
r^ent ratlela^e de bo^uTâj le cheval préparé et les armes» 
Ainsi il lui faudra vivre, ainsi mourir", — Dans le Nord, 
la fiancée <jtait coimacrée par le marleau de Tbor^ le 
Dieu de la guerre. 0, 4;M. 

Dans une formule lombanle, les fiançailles se font 
par réfiêe et le ^ant : Par celte épée et par ce gant, je 
le donne ma lillc pour épouse; par celle épée et j)ar ce 
i:ant Je t'engage Marie, Gainnani, 11, -UH. 8, — Formule 
de Vérone (Gancîani 2. 47(», 7) : Qwtiî(er vfdua saîicha 
$pondetuK.. « Eu présence du cotide et de l'envoyé 
(miâsus) du roi, i^ié^^eant en jugemenl, assisté de sejït 
juges, la publication faite par le dixenîer ou eentenier, 
la veuve salique est mariée de la manière qui suit : les 
aiisistants sont au nombre de nenl", trois demandeurs, 
trois défetïdeurs, trois témoins. Il faut de plus trois 
<o!idi et un denier de bon poids... Après que le futur 
époux a présenté au leparius - le \tvix ci-dessus énoncé, 
0[i demande à la feinme si eîle accepte l'homme. Si elle 
dit oui^n s'adresse au [\ère du futur pour lui demander 
s'il consent au mariage, et lo râleur commence : He- 
marquez que la veuve est désignéf: dans la formule par 
le nom de Sempronia, le llancé par celui de Fabius, le 
tuteur ou prolecteur de la veuve par le nom de Se* 
neca.] Lorsque Fabius lui a assuré le tiers de son avoir, 
alors l'épée et la chlaniyde sont présentées par Seneca, 
et Torateur doit dire : Par cette épée et cette dilaïuydc, 
dorme pour épouse à Fabius Sempronia, la n^paria, 



I- Taciti Germ., caj). IS* Je me suis aidé de l'excellenie tra^ 
duction de M^ Uuruour. 

2* Les solidi et le denier s'appclaleut le reipii^ de la veuve; de 
retfj corde, courroie t lieu. G, 426, 



â4 FlAKÇLULLIiS. — tvtE. — FOURREE. — ARBHES, 

qui est de la race des Francs, Senoca consent. Alor^ 
Toraleur se tourne vers Fabius, qui reçoit Tépée él \% 
chlaniyde : Parce gïaive, 6 Fabius, [lar celte i.liîamvic, 
je te la recommande,,, Lor&<]ue le reparius a reçu 1* 
reipuSf lorsqu'il a livré !a veuve par l'épôe et la chln- 
myde, il ne faut pas s'en tenir là^ mais Fabius (le nouvel 
époux) doit prôscaler à Seneca pour le mimdium (ptih- 
sance maritale) une fourrure dp la valeur de XX soliiJi, 
et l'orateur doit dire : Seneca, par celte fourrure, fais 
passer sous le mundium cette femme avec tousses bien;?, 
meubles, immeubles ou esclaves; livre en toute pro- 
pri/jté à Fabius le ^nmidium et la fourrure. Gela fait, Fa- 
bius et sa Scmpronia doivent remettre une gratiflcation 
à Seneca. G. 420, 

Se aucune avoil mn fils, qui feust en non aaff€, <?/ li 
peines deisi à aucuns de ses voisins : Vons a^ez ttne filte, 
qui est nuques de Paage de mon /ils- se vous voliés que eh 
fust â mon fils^ quand elle serait en aage^je le voudra t s 
ùîen^ en le le manière qtie vous me ôailltss^iez une pièce de 
vostre terre, et je dij^ livres par nom d'erres (arrhes)^ fn 
tele manière que les erres me dtmoïïerronl , quand vmire 
fille seroil en aaqe de marier, se elle ne vouloif le marifi^j^ 
otiroier. Les erres demouerroienl à Vautre oit à ^s hoirs, 
se il ny avait liijnaifjef ou autre casy parquoy le marmqf 
ne deust eslre, parcm sainte Eglise ne s'y accordast, les 
eires demouerroienl à cime un, ce qàil auroit bailiié. Et 
se il avait fet tele convenance en autre manière que il eussent 
mis pleiges de rendre C, L. ou plus, un moins^se Hïnariù^ 
ges n estait, la peine ne serait pas tenable par droit ^ 

Dans la Frise, lorsque la noce revenait ï\ la maison 
conjugale, «n jeune homme marchant devant le futur 
portait une épée nue à la main. Quand I'<5pouséc arrivail 
à sa nouvelle demeure, un des proches de l'époux jetail 
devant le seuil un balai, par-dessus lequel la jeune épouse 

1. Élahl. de S. UiHK liv. 1. r. 12L 



FUSÇ-VILLES. — KJ*ÉE. — LANCE. 2^ 

passait, et qui devait écarter les mauvais présages et le?* 
maléflces. Au momcut où ede fraDchUsait le seuil^ im 
autre parent de l'époux mettait une épée nue en travers 
de la porte, pour en fermer reniréc îi la mariée : elle 
lâchait rie pénétrer do force, mais la maison ne lui était 
ouverte que lorsqu'elle en avait acheté 1 c[iln5e fiar un 
petit présent : on Tavertissait ainsi qu'elle devait con- 
server sa chasteté, yous peine d'être frappée ]mr sou 
époux de ce même glaive iious lequel elle avait pai>.sé. 
Les» Friiions appêUeni ce glaive Fépée des noces. 
G. 160. 

Chez les Ripuaîres, la femme libre qui avait épousé im 
esclave contre la volonté de sa famille devait choisir entre 
répée et la quenouille que le roi ou le comte lui présentait^ 
Si elle prenait tépée^ il lui fallait Itter elle-même tesclaee; 
si elle choisissait la quenouille, elle devenait esclave elie- 
mérne. L*cx. rip, 58, 18* — Chez les Frisons, la (ille 
enlevée est mise trois nuits chez le Fràna; le troisième 
jour, le Frâna la conduit au lieu du jugement. Là, il 
pfante deux bâtons au terre, les parents se mettent d'uu 
côté, le ravisseur de Tautre, et la jeune lille au niilicn ;. 
elle est libre de choisir; si elle passe du cùlé du ravis- 
îîeur, le mariage est valable; dans le cas eoiilraire, le 
ravisseur paie une double amende. G, 440, 

Lon&(iue Bruuhild se plaça sur le bûcher avec le cada* 
vre de Sigurd, elle dit : Qu'on place entre lui et moi le 
glaive tranchant, le glaive orné d'or, comme il fut placé 
eiilre nous, quand nous montâmes dans la même couche 
et qu'on nous appelait du nom d'époux ', — 11 mil unt' 
épée à deux tranchants entre lui et la jeune reine. His- 
toire d'Aladin, Mille et une Nuits. Paris, 18ÛG. Yl, 2:1, 
G, iTO< — Dans les romaus de chevalerie, l'époux 
<riseu!t la surprend endormie sur la mousse avec son 
amauL Mais, quaud il voit la lar^e épée qui les sépare^ 

1, Voyeï Ampère, Uttérature' Ja NorJ< 



26 LAN4:K. — FOIRHURE. 

il s'apaîsc et se relire ^ — Lor-^que l'archîdur Maximi- 
lîen épousa |>ar prorurour Marie île Bour^^ogiie, en 1471, 
le seipieiir qui Je représentait entra dans le lil Duptial 
en bottes et en éperons; enlre lui et la rnlurej on avait 
oiis une épée nue. G. 170. 

La farïre, comme on la vu dans le mariage romain, 
jour, dans les r/^'émonies nuptiales, un rôle non moins 
imporlaiil i]ne Féirée. En Suède, le lendemain de.s noces, 
lorsque l'épuux laissait à Tépouse le Jïon du matin : — 
Une lance ou hallebarde ornée de 11 «ends de soie est 
déposée par les proches anx pieds de Tépoux, et levée 
par les témoins <pn siinient le Don du matin; la lance 
est touchée en si;L?ne de donation ; puis, avec une courte 
prière, Tini des témoins la jette jiar la fenêtre de la 
maison nuptiale ; les serviteurs des nobles accourent el 
se la disputejit. Si la pointe est d'acier, Tépoux, en snii- 
venir, doit la rarheler avec de la monnaie ou de l'argent 
non monnayé. Loccenius, Ups- 1670, p. 155. Olaus Ma* 
gnus. II, 4. G. WL 

Fuero viejo, 5, 1, G. 4i8 : C*cst un antique fuero de 
Castille, que tout Hidalgo puisse donner donation à sa 
moitié à Tlienre du mariage, avant qu'ils aient juré; et 
la donalion qu1l peut donner est celle-ci : une Tourrure 
de peaux d'agneaux avoités, laquelle soit bien grande et 
bien large, et elle doit avoir trois bordures dor; et 
quand elle sera faite, elle doit être si large, qu'un cava- 
lier armé jmisse entrer par une manche et sortir par 
l'autre; de jdus, une mule sellée et bridée, et un vase 
d'argent, etc. — Au milieu de cette bizarre emphase 
castillane, il y a une intention bien poétique et bien 
annmreuse ; rien n'est assez doux, assez délicat, assez 
vierge, ijour toucher dignement le corps de la bien- 
aimôe* 



i. Micholet, Histoire de France, •II, c. 1, suh jinem. 



Parmi îes nombrout^os formules i^wh^.siaïiliquc^, nous 
donncroiii? de préférenre celles qui appartiennent aux 
rituels (le nos é^'Iiscs <le France, 

Kituel de îiouen ; ISmts avom fait (es fjftfu en Çf^tic. 
sainte éf^tht^, par tnm dimences confinucs entre td N 
(fttne part, fit tdle N daufre part, et ny amm trouvé nui 
eTïîpéfhement parquoy te mariage ne rf'yye ùlf^n et hf/at/e- 
ment rnsemMer : encore de rechkf nous ks faison première 
ft}is^ seconde fois, tierce fois et quarte fols d* abondant. 
S'ii y a aucun ou aucune qui \j sarht^ ctnpt'chenteni par 
quùy le mariage ne se doye msanbtf^r, si le die. Car, tjuï 
maintenant s en tair^a et après en parlera, on le dénm- 
ehera excommuni^^, (Personne n'cin[iècliant, le prêtre ilU 
h l'époux :) ^V, iWMX-tu avoir A", â femme et épouse, et la 
garder saine et enfetiTie, et lui foire inyale partie de ion 
^forpi et de tes biens ; ne pour pire, ne pour meilleure tu 
ne la changeras tous le temps de sa vie. — .4 lors l'époux- 
répond: — OugL — Que lui haille-tu? — Ma fog^. 

Rilucl d'Amiens ; Le jour des noces, à la porte de 
r ( '^' 1 i s e j l e p r (H IT d i t ; j9 () « H (*s y t' ^ï .s% nous sommes îcy as- 
^emhlez pour faire le mariage de i\\ et N^ dont avons fuit 
les ùans,,. Pourguoy s il y a nul qui y sache aucun empê- 
chement.., si le die présentement si haut, que on foge sur 
peine d'excommuniment . — Le prêtre demande : Lwj fut 
elle oncques donnée. Ji. Ouy, ou nenny. Donnez-lug. Or 
le me rendez. Comme avez â nom ? — A". — Kt vous y 
comment ? — N. — Jean, voulez-vous cette femme qui a 
nom Mane^ par nom de baptesme, à femme et à es pou se ? 
— SirCj ouy. — Marie, coutez^eous cri homme, qui a nom 
A-, par nom de baptesme, à marff et tr espoux ? — Stre^ 
ouy. — Jean^je vous donne Marie ; Marie^je vous donne 
Jean^, 



1. Martene, 11, 367, d'après un missel Je Rotieu iht quloïlàuio 
2* Martene, M, i3"2, tl 'aprèït nn mj.«sei Je Ttifrlise d'Amiens, 



38 MAmAGË> — KGLÎSE. 

Dnîis le rîUiel (k Téjj'lise de Reims (1585), on Ht : h 
prêtre gui doit bénir Vanneau^ demandtt freîzc denîm 
çuU refoit dn consmlement mutnd des deux époux; k 
fiancé prend aisuite t anneau et trois deniers (les diï 
autres 6Lanl réservés pour le prêlre), et par la main du 
prêtre il placé cet anneav au quatrième doigt de la main 
dn la fiancée, en disant après U prêtre : TV, je voHi 
épouse; eur le doigt du milieu et Tannulairej auquel il 
passe l'anneau : t't d^ mon corps je isous honore. Posant 
alors les Irois deniers dans la main droite ou dans !a 
bourse de Tôpousée, il ajoute : El de mes biens je vous 
doue. 

L'anneau est placé au quatrlÉme doigt, parce (\u^ 
Ton croyait qu'une veine de ce dciigl communique avec 
le cœur. Chex les Grecs, il y a deux anneaux, un d'or 
pour l'homme, un d'argent pour la femme. Les époux 
échangent ensuite leurs anneaux ^ 

Dans un ancien manuel du diocèse de Reims, le 
prêtre dit : N. dites après nioy : 

Ad pollicem : par cet anel l'Église enjoint. 

Ad indkem : que nos deux cœtirs eii ung soieni Joints, 

Ad médium : par vray amour et loyale foy ; 

Ad mcdicum : pourtant je te mets en ce doy- 

Dans un autre rituel, !e prêtre dit en passant Tanneau 
au pouce de la fiancée : Au nom du Père (à Findex) et 
<lu ills {au doigt du milieu^ et du Saint-Esprit; puis, il 
Ajoute ces mots bizarres qui sont peut-être la traduction 
littérale d*une ancienne formule hébraïque : Mandu Deus 
uirtulis tim^ confirma hoc Bexts quod opérât us es in nolns. 
A iemplo tuo in Jérusalem ; increpa feras arundinis^ con- 
gregatio taurorum in vaccis populorumj ut excludant eos 
fpài probati sunt argenlO'. 

^.^ïftrtc■nÊ 11,347. A. 

2. M.irt(?r»f! U, ^l(?0, ras- est codicc Victorlno, treizième ?itcle. — 
C'étJiit aussi par rjHincaii f]nt le faisait k traditron des terres au 



MARIAGE* — IRCLÎSR. 29 

Chez les Byzantins, comme dans Tancienne Rome, le 
\oiïe de la fiancée était de pourpre S les deux époux 
portaient des couronnes que l'on conservait ensuite dans 
l*égUse- La couronne était faite en formo de tour. 

« Chez les Grecs, les eouronaes nnptiales sont de 
feuilles d'olivier entourées de soie blanche et pour- 
pre^. > 

Alix secondes noces on ne portait plus la couronne 
sur la lé te, < Celui qui se mariera trois fois, oti lui 
posera-t-on la couronne? Dans la main ou sur le genou V 
puisque la veuve qui se remarie la porte déjà mr 
répaulc^. "A Au moyen âge, la veuve qui se remariai! 
avait là main couverte lorsqu'on lui mettait ramieau. 

Selon un missel de Paris, tors<jue /es époux, rer^eftatti 
dfj la m€&.^e, sont arrivés à ieitr maison, ih trouvent demni 
(a porte le pain et k mn ; le prêtre bénit le pain : alors 
fépottx et, après hdf t épouse mordent dans le pain. U* 
prêtre bénit anssî le vin el leur en donne à boire ^ après ipioi 
iî les introduit lui-même dans In maison conjugale^. 

On litdansuncapitulaJre de Théodore, archevêque de 
Cantorbéry ; La messe dite et la bénédiction reçue, les 
épou^ doivent s'abstenir de l'église durant un moi^, 
faire ensuite pénitence pendant quarante jours, puis 
communier et faire olTrande", 



moyen âge. \\ Ducange. — Chez les Galles, le guerrier portait im 
aimeaii de fer jusqu'au jour nfj k inort d ïm enurrai, îvi^ do sri 
mam, lai pcnu^ttait de fs^ il T livrer de ce signe ignomlnietiK. L-'i 
iïaeédoEiit'DS n'ûvaicut île iiiéme le droit de déposer le licol cm In 
«eiature de cuir qiHIs portai eut qu'après avoir tué un f nneini 
(Griium, p. 118}; alors ils devenaient d^^tî giierrierSi des homm^x 
iihrti. 

1. Marteue, II, 348, A. 

2. Ducange, gloss. fFra^c, 

3* Theod." Studîtii? Epistoin, apui! .^ïnrtene, \l, 349, B. 

4. Martene, IF, 376, d'après un missel de Paris du quinzième 
ai*>cle. 

5. Marte ne/ JI, 3*9. 

a. 



SO 3IARTAGE, — KG USE. 

Pour honorer la bénétHclîott de rég:lKse> les époux 
rloivcfit respecter leur virginité la nuit t!us noces (voyr^ï 
riiistoire de Tobie). Ainsi Basinc, fr^mnir \\\- CîuMerî^ , 
lui dit la première nuit : Abstenons-nous*... L*Eglise 
recommandait encore la continence le dimanche et les 
jours de fêtes; « Car ceux qui, ces jours-là, se livrent à 
Fœuvre de la chair ne donneront naissance qu'à des 
enfants contrefaits, lépreux ou épileptiques^ » 

Les admirables formules qui suivent perdraient trop 
a une traduction (Manuscrits de Reims, an^ 900, de 
Renne:?, 700, et d'Arles, 490?) : — Pater mundi conditor, 
nascenlium genitor, multiplicandœ originis institutor, 
4 ni Ad se eomitem tuis manibus addidisti, cujus ex ossi- 
hus ossa crescentia parem formam admirabili diversi- 
tate signarent; hincad totius multitudinis incrementum, 
conjugal is thori justa consortia, quo totum inler se 
Msculum conligarent, humani generis fœdera nexue- 
runt,,, ut unum efficereris ex duobus, et pari pignore 
soboles rnixta maneret, tune per ordinem ilueret egesta 
poste ri tas^ et priores ventura sequerentur... Deus per 
qucm mnlier conjungitur viro et societas principaliter 
ordinata eâ benedictione donatur, quae sola nec per 
originalis peccati pœnam nec per diluvii est ablata sen- 
ientiam... Floreatis rerum prsesentium copiis, fructifi- 
cetis docenter in filiis, gaudeatis perenniter cum amicis\ 

Comparez à cet hymne sublime en l'honneur du 
mariage, les belles paroles de Luther sur le texte Fons 
omnium viventium*. 

Au-dessus du mariage charnel, il y a l'union toute 
spirituelle des membres de la société religieuse. Nulle 

\, Cesit alors que les deux époux eurent l'étrange vision qu^ 
uouB sYous rapportée ailleurs. (Histoire de France, I). 

2. Grcg. Tur., 1. II. De mirac. S. M., c. 24. Martene, II, 358, 

3. Marteue, II, 354 D, 339 A. 364 E. 
4* M^^Qioires de Luther, t. III. 



MAKUGE KPiHlTLTEL. 31 

paj^t le chrîslianisme n'a été p\u:> tendre et lûus sublime ^ 
Lorsque tarcket^êque de Rouen allait pkds nus prendre 
possession de la cathMraiû^ il passait devant Cabbufje de 
Saint 'Amand; Cahbesse^ qui faHendmt sur (a port*\ lui 
meltail au doigt un anneau^ en disant aux moines de 
Saînt'Oitenqui ramenaient : Je voas le donne vivant^ vous 
me le rendrez mort*. 

Nous arrivâmes à Fontevranli, tîît D, Marteoe, comme 
OH était occupé à faire les obsêqu/^s d'un jeune religieux 
qui était mort ce jour -là. Le matin on t avait porté dans 
l'église des î^cligieuses, où l'on avait chanté pour le repos 
de ^on à me une grande messe, et toutes les religieuses lui 
avaient donné l'eau bénite. De là on l'avait transporté dans 
celle des religieux, oit il était rêvHu de ses habits monasti- 
ques^ tenant en sa main une bougie, avec sa régie ^ qui était 
comme la sentence de son bonheur éternelf s'il t avait bien 
gardée, ou de sa damnation s'il F avait mal observée^. 

L'évéque de Troges, lorsqu'il fait son entrée, va descen* 
dre à la grande ahbage de celle ville. ISabbesse prend son 
cheval par la bifide et f emmène; il lui appmr lient. En 
7'evanche i'évéque a droit de gîte f et le lendemain il emporte 
le lit dam lequel il a couché. — Le dimanche de Pâques 
fleuries, si févêque de Troyes veut porter un rameau, il 
faut qu'il aille le prendre des mains de tabbesse de lYotre- 
Dame. — A la cathédrale de Troyes, dans le saint temps 
de pénitence^ treize femmes vienne7il tous les jours verser wi 
flacon d'eau rose sur les mains des chanoines \ 



1, Voyez au Musée le mariage mystique de sainte Ctitheriue- 

3, Histoire de Rouen, partie première, entrée dc^s roi^ pt arche- 
vêques; Monteil, qiîatantii'ine siècle^ t. H, p. 281, 5U. ^ ^Vdi^^ate, 
ceci n*était pu» piivticnlier à l'fvbbess^. L'abbé de Saint-Oueu prn- 
uoneail la même f(>riDiile, Martene, II, 1127. a. 

3- Voyage littéraire de deux rellgieLix bëné die tins ^ lTt7»Piirlie 11, 
p. 3. 

4. Jean d'Anbigny, topographie de Troye*^ Mooteil, quatorzième 
siècle, t. M, p. 27 4- [i 12. 



32 CrtNrUBTNAT. 

C'esl l'usage dans les Pays-Bas, dit Luther (Méin, 111^ 
72), que chaque nouveau et jeune prôire se dioisi5S€ 
«ne petite fille qii*il lient pour sa fiancée, et rela pour 
honorer le saiul état du mariage. 

Les viprges chrétiennes sont les éponscs de Jésué- 
ChrisL En Allemagne, c'était l'usage f\u^e\[^.s Jeiassen! la 
paille {sïlipula), comme rejetant avec celt^ paille la 
vaine gloiro du monde. G. tîM. — La sœur fledeiHg^ de 
GundolthHm, qui vit encore povr k siècle^ sur /e pninl 
d'être unie par s*' s parants à un jeune homme (r*H rich^ 
fut requise de donner son consentement devant tons les 
par e II f s réunis. Elle déclara qu'elle ne le donnm^ail jammi- 
Selon ia coutume on avait apporté un glaii^e^ afin qm le^ 
futurs conjoints, en posant leurs pouces sur ce glaive, con- 
/innasBent ia promesse de mariage; ladite fille mit S"s 
pount^ dans sa main et la ferma fortement ^ de sorte que^pnr 
aucune violence, on ne pùl ten tirer ni arracher sa mnin 
de son seinK 

De même que le Christ est uni k TÉglisc universelle, 
Tévéque é})0Ui5e une église particnlitrc; c'est le sen^ fie 
l'anneau é[ïiseopaK Rapprochons de ce mariage spirituel 
celui que certaines coutumes semblent impliquer entre 
le prinre et TétaL Nous parlerons pins loin de l'anneau 
donné au duc de Normandie, faisant son entrée à Rouen, 
«n liOa. Voyez aussi le mariage symbolique du doge 
avec rAdriatiquej Fanneau jeté dans la mer, etc. 

Le point de vue élevé sons lequel le chrlsHanisme a 
considéré le mariage, comme symbole de Tunion du 
Christ et de TÉglise, explique la sévôritô des conslilu- 
lions ecclésiastiques pour le concubinage. — Que per- 
Jionne ne mclte, eu jouant, au doi^t d'une pauvre jeune 
fille un anneau de jonc ou de foule autre matière vile ou 
précieuse pour se croire plus libre de pécher avec elle; 

L Manuscrit de la i}Jblïulli*>qne du roi. Je no puis rtjlrourcr 
l'iinlicfatiou de Touvrage oii j'ai irriiu-f cotte citation. . 



mm 



M.lUrAGE. ~~ SÏMBaiEil BIVERS. — CLEFS. 33 

car, en croyant se jouer, U se serait chargé des Hcn.s 
<i'uD mariage légitime '- " Quand à la cour de V officiai^ 
il se p7*ésmle quelçuêB personnê& qui ont forfait en leur 
honneur, la chose étant avérée^ ai ton n*ij peuU remédier 
<iutremeni pour sauver r honneur des maisons. Von a accoii- 
(umé d'amener en ludite église r homme et la femme qui ont 
for f aie en leur honneur; ei là, eslans conduicts par deux 
sergens (au cas qxHh n'y veulent venir de leur bonne 
volonté), ils sont espousez ensemble par le curé dudici lieu 
nnec un anneau de paille'. 

Cette sévérité ecclésiastique contraste avec la loi *lu 
Nordj qui rappelle en quelque chose la Innociium usur- 
paiio des Romains, — Quand un homme garde chez soi 
une servante qui au au de tous partage son Ht, lififl t<'*^ 
flcfis, boit et mange avec lui, et cela trois hivers diiranl, 
elle devient femme légitime et maîtresse de maieon, ii, 
439. 

Nous réunirons ici d autres symboles et usages divers, 
relatifs au mariage et k rinlroduction de Tépocse dans 
sa nouvelle demeure, 

La clef était un des principaux symboles usités dans 
le mariage. A Rome on présentait une clef à la nouvelle 
épouse ^ Dans la primitive législation romaine, le mari 
pouvait la mettre à mort si elle fabriquait de fausses 
clefs. Lorsqu'elle divorçait, elle remettait les clefs \ — 
Chez les Allemands, le jour du mariage, la future por- 
tait les clefs suspendues à sa ceinture ^ — En France : 
Lorsqu'on ostoit les clefs à la femme, c* et ail le signe du 



1, Cousïitutionesi Ricardi pariiieasis, qd. 1217, c. 53. 

2, Du Hieuil, Antiquit('3 de Paris, p. 90, — C'est dcld penL-éLre 
qae vient la mot paillard. 

3, Fealu&t verb» ciavis, 
A. Cic. Philipp. 2, 28, 

5..D'apr*''s Tanden droit nisBo, celui qui porte leadcfa deqtifll- 
qn'un devient 3Prf;'il cuire thi service et sans le pouvoir du seî- 
goeur dont il feriue la porle, Ewçrs, 334, cité par G- 17 a* 



34 V.IETS, QL'ENOITLLES. 

ditrorceK — Ccst une coutume chez Iss Français que h 
t)euv€S déposent leuj's ckfs et leur eeinlure sur le cfip^s 
mort de leur i^poux, en sifjne qxi^ elles renoncent, à la rnim- 
nnmauté den biens '-. — £t là (à ArraK)^ la durh^sse Mac- 
gncrite, sa femme [femme de Philippe le Bon;, renonia 
û SCS l/îens jneuhles pour In doute ffiCelk ne trouvât trop 
f^rands dettes , en inêttant sur m représentai/on sa ceint nrf 
avec sa bourse et les clés, comme il eut de coutume; etè 
ce demanda instrument à un notaire public j f^ni et oit lu 
prissent {\ï^\)^, — lionne, vem-'e de Vnieran, comte à 
Sainte Paul, 7^enonçant aux dettes de son mari, a mis sur 
&a veprêsrntation sa courroie et sa hourse^. 

Le fuseau est le symbole de la mère de fainille. Lei^ 
Romains représentaient Tanaquit avec un fusea» et une 
f[uenouille^ Lucrèce filait quand le fils de Tarquiu 
eulra. <)( Quand la reine Bcrthc filait » (proverbe), CV>1 
ordinairement avec sa quenouille que la reine Pédauqae 
figure dans les sculptures de nos vieilles é^fîîise*;- Au- 
dessus du tombeau de la tilie d'tUhon le Grand, cnsc- 
velïc ù XL^yencCj on avait, en mémoire d'elle, in ejm 
tnemoriam^ suspendu son fu^^eau d argent". — En 13^1, 
tes paysans anglais, révollés contre les nobles, chaa- 
laient; (jLiand Adam bêchait^ quand Eve filait, on était 
alors le gentilhomme". — Le mari peut chasser ïa 
femme adultère, sans lui donner autre chose que sa 
quenouille et quatre pfenningâ ; il ne lui doit rien de 
plus, quelque grand bien qu'elle lui. ait apporté. (Droit 



i. Godftt, Xotea à ia coutume de Cbdïons, 1615, p. 36 L 

2. Coutiinjes de Mi^auXj de Lorraine, de Matig^oeet, de MeluD, de 
ChamnoQt, de Vitrî, de Laon, de Chàlao^, de Boiiri^oçnfir ^^ 
j;amur, euBti le grand Coiituinl<.^r, Iiv, 3, c. H, 

3, Monstrelet, voL l, p. 1^^. 
A. Ibid.» e. 133. 

Ti. Voy^ Fe^tus, verbo Gaia. 

G. Ditmars^ liv. i, 

7. Aiîg, Thierry^ IV, 3^**' 



'■'^W^^W^^^T' 



MARIAGE. — FEU, ETC. 35 

de Soleurc, 1506.) G. 171. — La quenouille est le signe 
d'une vie passée dans la servitude domestique. C'est 
une q,uenouille que l'impératrice Sophie envoie à l'eu- 
nuque Narsès pour lui rappeler la servitude d'où il est 
sorti et où il doit rentrera 

En Laponie, pour exprimer Tunion et Tardent amour 
des nouveaux époux, on frappait un caillou et Ton en 
tirait des étincelles. 6. 431. — Ailleurs, on portait 
devant eux des flambeaux. Voyez plus haut les céré- 
monies du mariage romain. A Marseille, il fut défendu 
de porter des i07*ches de cire ad vigilias sponsarum ; on 
permet cependant au père, à la mère ou au tuteur de 
tépousée d'avoir dans la maison des luminaires^ comme il 
convient, et de se servir de torches et de flambeaux^, — 
Quelquefois on portait la mariée noble sur une civière 
avec un fagot d'épines ou de genièvre^. 

Les parolles dictes et la mariée baisée au son du tam- 
bour ^ vous touts baillei'ez Uung à Vaultre du soubvenir des 
nopces; ce sont de petits coups de poing ^, 

Dans les poésies allemandes du nîoyen âge, les époux 
échangent leurs chemises. G. 441. [Voyez plus haut 
l'adoption par la chemise ou le soulier.] 

Ayant donné l'anneau à la fiancée^ il lui présenta le 
soulier, Grég. de Tours, g. 20. — Le docteur Martin 
Luther était à la noce de la fille de Jean LulTte. Après 
le souper il conduisit la mariée au lit, et dit à l'époux 
<jue, d'après le commun usage, il devait être le maître 
dans la maison... quand la femme n'y était pas. Et pour 
signe, il ôta un soulier à Tépoux et le mit sur le ciel du 
lit, afin qu'il prît ainsi la domination et le gouverne- 
ment^. 

1. Voy. Gibbon. 

2. Statuta mas&iliensia. M S. aon. 1274. lib. 2. 

3. CoUecUoD desmeilleure8idis9ertationssurrHist.de Fr. 1826. 

4. Rabelais, liv. IV. c. 12. 

o. Luther, Tischreden. — Michelet, Mém. de Luther, III, 75. 



36 MARIAGE. — DON DU BIATLN. 

Oter le soulier à quelqu'un, c'est s'humilier devant lui 
et le reconnaître pour son seigneur. Wladimir ayant 
demandé en mariage la fille de Ragvald, elle le refusa, 
disant : Je ne veux pas ôter le soulier au fils d'une ser- 
vante. Nestor. G. 155. 

Le mariage était regardé comme consommé lorsque 
la cauverture avait été étendue sur les deux époux. G. 
440. — Les parents et les amis jetaient leurs cadeaux 
dans le lit du nouveau couple, ou bien le lui apportaient 
le lendemain des noces. — Le matin on servait aux 
deux époux un mets qu'ils mangeaient ensemble. Chez 
les riches, c'était une poule rôtie, qu'on appelait Poule 
des' noces, ou Poule d'amour. G. 441. 

Quant respousée se deust coucher, vindrent plusieurs 
tisserans d'icelle ville de Dreux, lesquelz demandèrent,,, (i 
r exposant, comme administrateur du vin, leur droit du 
ban quilz disoient à eulx appartenir ; c'est assavoir quih 
dient avoir de coustufne au lieu et ou pays cTenviron, que, 
quant aucun se marie, Hz doivent avoir de Vespouséj ou 
de ses commis, une carte ou deux de vin pour leur ban, ou 
argent pour la valeur, et par espécial ceulx qui sont du 
même mestier ou office de tespousé : et pour ce aussi qu'il 
est acoustumé de chantei^par esbatement une chançon par 
ceulx qui font laditte demande, ledit exposant respondi 
amiablement que Hz nen auroient point, se Hz ne chantoient 
la chanson acoustumée ^ 



1. Litt. remiss. i390, reg. 130, Très des Ch. c. 12. — Ibid. 1401 
ex. pour le Gastinois, don de pain, vin et viande., — Ibid. 142". 
ex. pour Chartres : 6 blancs, une quarte de vin et trois pains. — 
II)id. 1424 : ...quil iroient chanter le basl (Normandie). — Ibid. 
1381 : à S. Pèlerin. — Voyez aussi les mots cochetus, cachet, 
coquet, don de noces. Très. de.«» Ch. 1350, 1382, 1397, 1409, 1413, 
1423, 1471, 1472. — Carpentier s'imagine que cocAe^ pourrait êlro 
synonyme de chaudel, chaudeau {verbo Calenum), breuvage (ou 
plat de bouillie?) que les mariés donnaient aux jeunes gens di- 
reudroit. Très, des Ch. 1388, 1396, 147o, 1503. —Aujourd'hui, eu 
1836, dans la Brie, les époux sortant de l'église l'eçoivent, dans le 



K 



tùuj^fTûte tTune foupiêrt, une carotte, un ùîgnon ef un naiei, lires du 
t pot. On hur pfesente en meim temps unt soupi'h^ d<f vin chaud ft 
a-i^erf, ^^ J'ai doimi'' ciuelqiiea usages relatifs au maria|;tî ditiis mou 
ïvibîe^u de la Frauct; [t. Il Je mon ïlist. de Kr-j* Voy, ausjisi phi^ 
it'iu. à fart ic le uns droits foodûux : Meù de jnanayi\ cuUagv, 
rmrquettefeic. 
i^Carp. m, p, IH; an 1386, Reg. 129, c. 280. 

I 3 



CHEVEUX. — COMMINAITË. 37 ' 

Ainsi comme h curé voulait henùtre k lit dtsâitz ma- \ 

riajesdi^ variez,. .^ dirent que le lit ne seroil ja henehl^ \ 

îe ih n* avaient desdtiz mariez detix francs d'or pour les 
imllicrs,^,, Le& variez dndit Hammel à qui le droit des 
ûrilliers appartenoity etc.f\ 

Dans le mariage allemand, Tépoux fait le iendeniam 
des présent:^ à sa jeune épouse. C'est le morgengabe, ou * 

don du malifi. En Grèce, à Homej cet usage se retrouve. 
bans la Germanie, les diverses tribus avaient ï\%é un * 

maximum de ce que pouvait donner Tépoux. C'était, 
djez les Wisigoths, Je dixième des biens du futur ; chez 
les Lombards, le quart; chez les Francs, on allait Jus- 
c|u'an tierSp G. i^^. — Ce don s'appelait aussi Imnkgaôê^ 
lion du banc, parce que IV^pouse devenait la conipa^j^no 
du lit et du banc de son mari. — Il s'appelait scretx en 
Catalogne, f;m.r à Valence, en France o&chtm^ osculum, 
fitrteiay oscle, parce que le don était toujours acrom- 
pagné d\m baiser. — Ducaiige, ÏV, ÏU-Kk G. 4ili, 

liés que la nouvelle mariée avait reçu ce don, elle ne 
pouvait plus laisser flotter Bes cheveux. Le matin elle 
les tressait. Pour désigner la femme mariée, on dit : 
Celle qui porte les cheveux en bandeau; et par opposi- 
tion, ta jeune Tdle s'appelle^ chez les Lombartls, virgo in 
tapillo ; thez les Espagnols, manceha en eaf/ellos. — Le 
^Iroit de porter les cïeis était encore une des distinctions 
extérieures de la maîtresse de maison» 

Uneîques^uns ont cru voir Torigine de la communauté 
de biens entre époux dans la communauté de travail et 
de nourriture qui existait fréquemment entre les serfs 



38 iiïioiTF nr MAKt. 

d'un même sergneur. De là les locutions françaises: 
a^tre en pairiy ko7^s de pain, mise hors de pain, être en pain 
et pot, Aors de pain et pot, le chanteau part le vilaine 
Ces locutions, qui rappellent la Confarreatio, en diffè- 
rent en ce qu'elles ne s'appliquent pas exclusivement à 
la communauté en époux, — Yoy. plus bas Tarticle du 
Serf. 

Les barbares, môme après leur conversion au chris- 
tianisme, prenaient quelquefois une seconde femme du 
vivant de la première : — Un Franc avait épousé, 
d'après la loi saxonne, une femme de Saxe ; mais coramo 
la loi des Saxons n'est pas celle des Francs, il a allégué 
<iu'il ne l'avait ni fiancée, ni acceptée, ni dotée, d'aprè> 
sa loi qui est celle des Francs ; c'est pourquoi, l'ayant 
répudiée, il en a épousé une autre. Concile de Tribiir, 
année 895. G. 431. Les mot« du texte, Dimissâ illà, 
aliam superduxit, feraient croire qu'il retira à la pre- 
mière les droits d'épouse, mais la garda comme concu- 
bine. 

Le mari peut battre sa femme... Flagellando uxorem. 
Baluz. II, 1378. G. 450 : ;— Le mari qui bat sa femme 
avec les verges et le bâton ne viole pas la paix du mé- 
nage. — Corrigez-moi de telles femmes, dit le guerrier 
Sigfried; elles apprendront par là à laisser K)mbereu 
chemin de telles paroles. Nibel. 805. — Oh ! j'aurais dû 
le prévoir! dit la noble dame. Et voilà pourquoi il a 
rendu mes lèvres violettes, à force de me battre. Nibel. 
837. — On bafouait le mari qui se laissait mener par sa 
femme. Mais celle-ci était promenée sur un âne que lo 
mari conduisait par la bride. — Les maris qui se laissent 
/faillie par leurs femmes, dit la Coutume de Sentis de 
l'année 1375, seront contrains et condempnez à chevau- 
rhier un asne, le visaige par devers la queue dudit asne. 
— Voir aussi la Coutume de Saintonge, année 1404, et 

1. Laurière, I, 220; H, 171. 



BROÎTS »E LA FRMME. 3ft 

relie de Dreux, année 1417. G. 722. — Voyez plus bas 
les [reines pôur Tadultère, 

Voici» dissent les triades galloises, les trois choses 
iûdispen^ables pour ujie femme ; droit de virginité, sa- 
lUractiou d'injure, amende d'insulte. L'amende d' insulte 
est la réparai ion que son mari lui fera, excepté dans 
trois cas : savoir, s'il la bat |>our avoir donné quelqne 
chose qu'elle ne doit pas donner, pour avoir été dôcou- 
verte arec un antre homme, et pour avoir souhaité mal- 
heur à !a barbe de son mari* Sa salisfaetiun [tour lin- 
jure est la suivante : Si elle découvre son mari avec 
une autre femme, que celui-ci lui paie cent vingt^sous 
pour la première o(Tense^ pour la seconde, une livre; si 
elle le découvre pour uue troisième fois, elle peut se 
séparer de lui sans perte de propriété ^ 

Si un homme commet un viol el ensuite le nie, qu*il 
y ait serment de cinquante hommes, tous Cambriens el 
rrane-tenanriers, pour le disculper. Si la femme persiste 
dans Taceusatign : Qu'elle jure la main droite sur les 
reliques... Et membro virili sinistrà prchcnso, quùd is 
per vini si isto membro violaverit**, II y a des juges qui 
n'admettent nulle dénégation contre un pareil serments 
— La femme d'un homme ne peut prêter son tamis 
qu'à la distance nii sa voix partant du fumier [ïcut se 
faire entendre, Prof>erL, 127, — L'épouse du laboureur 
ne peut aliéner autre chose que son bandeau, ni prêter 
autre chose que sou tamis, et encore pas plus loin (jue .sa 
voix ne se ferait entendre, si elle criait de sa maii>on 
iju'on eût à le lui rendre. Wollon 4, trias ^ô:], ïJ H*. 
G. 75-0. 

En Allemagne, les femmes enceintes pouvaient, pour 
satisfaire leurs envies, prendre à leur volonté des fruits, 
des légumcsj des volailles, etc. : — Le schcetT est d'avis 

1, Prohnrt» lois ^alloiaus, p. l'ië. 

2. Pi-ôbert, lati. " 



40 DROITS DE LA rEMME. 

que les gens de Schonaw doivent entretenir dans l'Endù:? 
aux moines un verger, alin que, si une femme enceinte 
vient à I laisser, elle puisise contenter son envie, et qu'il 
n'y ait dommage pîus grave. — Les paysans de Souabe, 
qui !?e soulevCirent au commencement du seizième siê- 
cle, mirent dans leurs conditions que, si Tnn d'entre 
eux avait une femme enceinte, il pût, sans que la clio^e 
lui fût îjnpulée à mal, pécher pour elle un poisi=on dans 
le ruisseau. G. 409, 

Question. U"*^ <ioit faire Thomme dont la femme e^t 
en travail d'enfant, pendant tpi'il etst retenu au dehon? 
pour le ï^ervice de sou seigneur, par exemple pendant 
qu'il transporte des meules, (jue doil-il faire quand ou 
vient le lui annoncer? Réponse. Il doit dételer san^ 
retarthse rendre à la maison, et faire pour Taccouchei^ 
ce qu'iî est hou de faire, de sorte qu'elfe puisse allaiter 
et élever son jeune paysan. — L'homme de la Marche, 
dont la femme vient d'accoucher, peut prendre du boi> 
pour ello, et lui acheter avec ce bois du vin et du pai» 
blanc. — Si une femme était en travail, et iju^on eit- 
voyât dïui:? une hôtellerie ou dans une boulangerie' 
demander du vin et du pain pour de TargeuL ou pour 
quelque bon gage, que ce fût le jour ou la nuil, le mar- 
chand devrait les donner à Tinstanl. S'il refusait, celui 
qui a été envoyé pourrait prendre lui-même, en laissant 
l'argent ou le gage, — Les poules de redevance ue 
peuvent être réclamées <le celui dont la femme e^t en 
couches- Seulement le bailli coupera la tête de la poule, 
et la portera à son seigneur. Droit de la Hesse. 
G. 4i(>. 

Loi de Manou ; Une femme enceinte de deux mois ou 
plus, un meiïdianl ascétique, un anachorète et des brali- 
manes portant les insignes du noviciat, ne doivent 
payer aucun droit pour leur passage ^ 

1. Mauou, p. :m, §407, \ 



MARI SUBSTITUÉ. 4l 

Plusieurs législations, dans un but religieux ou poli- 
tique, donnent un substitut au mari. 

Celui à qui la loi de l'Inde impose de donner une pos- 
térité à son frère s'acquitte ainsi de ce devoir : Silen- 
cieux, dans une nuit sombre, il approchera de la femme 
de son frère, prenant garde qu'elle n'ait odeur ni con- 
tact de ses cheveux, de sa barbe, de ses ongles ou du 
poil de son corps. Couvert d'un simple vêtement, les 
membres frottés du beurre clarifié (usité dans tes sacri- 
fices), sans parfum, grave et triste, détournant sa face 
de celle de la femme, évitant le contact des membres, 
il tâchera d'engendrer. Gela fait, il s'arrêtera; qu'il 
n'approche point d'elle dès qu'elle a donné un fils *. 

Lorsque deux frères demeurent ensemble, dit Moïse, 
et que l'un d'eux meurt sans enfants, la femme du mort 
n'en épousera point un autre, mais le frère de son mari 
l'épousera, et suscitera des enfants à son frère. — Et il 
donnera le nom de son frère à l'aîné des fils qu'il aura 
d'elle, afin que le nom de son frère ne se perde point 
dans Israël. — Que s'il ne veut point épouser la femme 
de son frère qui lui est due selon la loi, cette femme ira 
à la porte de la ville, et elle s'adressera aux anciens, et 
leur dira : Le frère de mon mari ne veut pas susciter 
dans Israël le nom de son frère, ni me prendre pour sa 
femme. — Et aussitôt ils le feront appeler, et ils l'in- 
terrogeront. S'il répond : je ne veux point épouser cette 
femme-là; — La femme s'approchera de lui devant les 
anciens, et lui ôtera son soulier dif pied, et lui crachera 
au visage, en disant : C'est ainsi que sera traité celui 
qui ne veut pas établir la maison de son frère. — Et sa 
maison sera appelée, dans Israël, la maison du dé- 
chaussé ^. 

Lycurgue permettait aux maris impuissants d'aban- 



1. Dig. Hiod., II, 468. 

2. Deutéronome, c. 2o, § 5-10. 



42 HAHl Sl^STlTUÉ. 

donnnr leur femme à un homme plui^ jeune et i»Iijs fort. 

^ A AUièneSj si le parent, obligé d'après !<*§ lois 
d*épauser la veuve tic son proche partant, était ineapabk 
de remplir ïes devoirs conjugaux, celle-ci pouvait dé- 
niarider gu'il se substituai un autre homme de la famille. 
Meyer and Shœmann. Proced. ail. G. i45, — A Rome, 
los'loi.s n'avaient rien réglé à ce sujet; mais le marias?'-, 
dans les derniers temps, n\^tant considéré que eomini* 
une obligation de fournir des défenseurs à TÉtat, uiv' 
femme féconde passait f|ueU|uefots dans plusieurs mai- 
sons, Plularque raconte, dans la Vie de Caton d riifiui\ 
que U- Horlensius, désirant mêler sa maison et t^a rMv 
avec celle d'un homme si vertueux, lui demanda sa fdl^' 
Poreia, déjà mariée à Bibulus, dont elle avait eu deux 
enfants* « Si Bihuïus, disait-il, veut absolument cm- 
seïTer sa femme, je la lui rendrai dés qu'elle sera deve- 
nue mère. > Sur le refus de Caton, Hortensius lui 
demanda sa propre femme Marcia, qui était encore eu 
â^^e d'avoir des enfant?^, et luî fm avait déjà donné mffi- 
sammcnf. )i Marcia était grosse alors; cependant, ayant 
Ci^nHulté son beau-père PhilippCj cpii donna son conseiy 
tement, Caton céda sa femme à îlortensius. If la reprit 
après la mort de celui-ci, au commencement des guerres 
civiles. >\ Lucain : Liceat tumulo scripsissc ; Calonis^ 
Marcia. 

L'homme qui ne peut suffisammeul remplir ses de- 
voirs envers sa femme doit, disent les vieux prud'hom- 
mes de rAllemagne, la mener à son voisin. Si celui-ci 
ne peut la satisfaire, le mari la prend doucement entre 
ses bras, ayant soin surtout de ne lui faire aucun maL 
puis il la porte neuf maisons plus loin, la pose douce- 
ment, toujours sans luî frure de mal, il l'y fait attendre 
ciiu| heures; pu'\& il crie : Aux armes, pour que les gens 
TiroLicnt u sou aide. Si on ne peut encore la satisfaire* 
il la soulève tranquillement et doucement, [a pose de 
mémo, ne lui faisant aucun mal; il lui fait alors présent 



d'une robe neuve, d'une Isaiirso pour frak de voyage, et 
la fait conduire à la p^^ndr^ foire de Tannif'e, Si alors il 
n'y a pas moyen de la satisfaire, que mille diables la 
satisfassent, — Demande. Que doit faire le mari qui ue 
peut donner à sa femme les soins maritaux auxquels elle 
a droit de prétendre? Réponse. Il la etiargera sur le dos, 
!a portera au delà d'une haie de neuf années (?); quarïd 
il la fui aura fait franchir, il lui procurera quelqu'un 
(jui soit en état de la satisfaire comme elle le désire. — 
Hem, je suis d*avis qu'un bon mari qui ne peut r^^pon- 
cïre aux désirs de sa femme doit, lorsqu'elle s'en plaint, 
la prendre j la porter au delà de sept hérita^j^es environ- 
nés de clôtures, el U, prier son plus proche voisin de 
venir à Taide de sa femme* Si celui-ci y parvientj il doit 
la reporter chez luij la ]ïoser doucement, et placer 
devant elle une poule rôtie et un pot de vin, tî. lîi. 

Les textes qu*on vient de lire sembleront encore plus 
bizarres, si Ton songe que^ dau3 le primitif idéal geniia- 
nique et indien du mariage, il ne pouvait être dissous, 
même par la mort. Nous avons parlé plus haut de Tobli- 
gation imposée à la veuve indienue de se brûler avec le 
corps de son mari. De même chez les Hérules : La veuve 
qui avait quelque souci de son honneur s'attachait avec 
une corde au tombeau de son époux» el se laissait mou- 
rir: aulremenl elle eut été déshonorée el serait devetuie 
odieuse aux parents de son mari. Procop, De beïî. goth. 
% 1 i, — A la mort de Si^rurd, Brunhild se brûle avec 
srm cadavre. — Si le mari mort est suivi par sa femme, 
dit TEdda, la porte pesante du monde souterrain ne 
battra pas sur ses talons. — On voit, dans un passade 
rapporté par Bartholin, qu'il était légal d'enterrer la 
femme avec le mari. G. iôl. 

ft .Après la défaite des Cimbres, leurs femmes, re ve- 
lues d'habits de deuil, supplii'îrenl qu'on leur promît de 
les respecter, et qu'on les donnât pour esclaves aux pré- 



44 VEUVAGE- — SECONÛES SOGES. 

tresses romaines du feu. Puis, voyant leur prière reçue 
avec dérisioû, elles pouivurent eUes-méines à leur 
liberté... Les présents symboliques é^s noces^ les hœut< 
attelés, lea. armes, le coursier de guerre, annonçaient 
asisez k la vierge qu'elle devenait la compagne des périls 
de l'homme^ qu'ils étaient unis dans une môme desti* 
née^ à la vie et à la mort (sic vivendum, sic pereuo- 
dum. Tacit.). C'est à son épouse que le guerrier rappo^ 
tait ses blessures? après Ja bataille (ad matres et conjuges 
VI il liera referunt). Elle les comptait, les sondait san^ 
pAtir ; car la mort ne devait point les séparer. DaberJ 
les femmes des Cimbres alFrancliirent leurs enfants : 
elles les étranglèrent ou les jetèrent sous les roue;:? de.^ 
ciiartots. Puis elles se pendaient, s'altachaient par un 
nœud coulant aux cornes des bœufs, et les piquaient 
ensuite pour se faire écraser ', 

Au moyen âge^ la reine gui devenait veuve s'appekii 
Blanche^ sojis doute parce rju'ùlk portait le deuil eti llûnc, 
Carpentier, G- 45â* — La veuve n'est point tenue de 
payer les dettes du défunt. Voyez plus haut, h lariicle 
des Clefs, le texte do Monstrelet^ sur la veuve de Plu- 
lippe le Bon. — La femme renonçait encore, en dépo- 
sant sa ceinture, ou en mettant son manteau sur le 
tombeau du mai*i, ou simplement en laissant retomber 
les plis de son vêtement, etc. Lorsqu'elle était accusée 
d'avoir diverti des fonds, elle se purgeait par un serment 
mr le perron. G. 174. 

Le droit saxon ne donne à la veuve qu'un siège et un«ï 
quenouille ; — ■ Ce droit est trop dur, dit Luther; njai:^^ 
par le siège, il faut entendre la maison ; par la que- 
nouille, l'entretien, la subsistance; on paie bien un 
valet. Que dis-je f on donne plus à un mendiant *- 

Chez les Germains, comme cliez les Indiens, le* 



i. llkhclet, Histoire RomaÏTip, 1. 11^ p, SftÛ. Plutarch. m Mario, 
2. Lattiçr, TiachredeiK ilichelet, Mém- de Luther, 111,72, 



SÉPARATION. 45 

veavf^s convolaîont rarement en siecoiides nocés, — -Che?. 
\e^ Saliens le reîfius de la veuve est plus élevé que le 
pris de la vierj^e. G, 453, — Les mariages Ues veuveji 
doivent avoir lîeu la nuit. — Ce î^ont, dan.s notre vieux 
lani^age, des norês réchauffées ', — Le maria/^t?. entre la 
roijne £léonor et Franco à P' fut célSré une heure devant 
le jour ^. — Voyez plus haut les eérémonies ccclé5ia.s- 
tiques. 

Quand la veuve déplaçait son i^tè^'e, elle rompait toute 
commuuauté de biens avec les enfants du premier lit : 
— ^Si la rréature change, les enfants [jeuvent lui mettre 
aa si^^pe devant la porte, G. ib3. 

Lois jfrailoisei! ; Si des i*résent& sont faits à une femme 
mariée, elle doit les considérer comme son douaire à lu 
fin de la septième année. Si les époux se séparent ensuite, 
qu'ils partagent chaque chose en deux paris- La femme 
a le droit de diviser, le mari celui de choisir. Le cochon 
tombe au mari, le mouton à la fenime, Ofi il n'y a que 
Tune des deux espèces, qu'ils la partagent on deux. S'il 
y, a mouton et chèvre, le mouton tombe au mari, la 
chèvre à la femme, etc. S'il y a des enfauts, deux tiers 
vont au père, le troisième à la mère, etc, Le.s draps da 
dessus sont à la femme, ceux de dessous au mari. S'il 
se remarie, qu'il rende les draps à la prcuiière femme ; 
si la seconde dort dessus, qu'elle paie amende h Tautre 
pour TaiTront, S'ils se séparent avaiillafin de la septième 
année, que sou douaire lui soit [layé, ainsi (pie ses hiens 
paraphernaux, son droit de fiîlagc ou virginité. Si elle 
abandonne son époux avant la septième année, elle perd 
tout, excepté son droit de virginité et la joie de cette isé- 
paration injuste. Si le mari est lépreux ou impuissant, 
ou sll a mauvaise haleine, elle peut Tahan* tonner sans 
rien perdre de ce qui doit lui revenir. Si la séparation 

i. [ïacaniîn, V. M.iî'irjjffia recatofacta. 
i 5tart. iïubfîUay, XVIII, 97, 



4fi SÉPARATION. 

ajTJYO pi\r I^morl, la femme* n'^ciame lamoilié de Imil, 
exrr'[ité <hi blé: la femm€ ne peul plus posséder de blé 
ûvii gireilc n'habite pliisaveo son nmrL Si la séparation 
se fait à Tai^proehe de la mort, que Tépoux malade el le 
prt'^tre divisent la propriété, et que Fépoiix en satilé 
ehcdsjîsse "> 

Autre loi i^'alloiâe : Si le nouvel époux trouve que la 
fiancée n'csl pausvierge» et qu'elle ne puisse prouver ^on 
innoeeiice, la ehcmise lui sera coupée à la hauteur d+^s 
fesses; la queue d'un bouvillon d'un an lui sera mise 
dans la main, après avoir été enduite de ^rraisse ; si elle 
peut la retenir, qu'elle soit mii^e en possession de î^ei 
biens para [>htïrn aux; si elle ne peut, qu'elle ne réclama 
rien ^ ^ Si un homme est séparé de sa femme, et qu'elle 
ee marie à un autre; s'il se repent de s'être séparé d'elle, 
et qu*il la surprenne unpird dans le lit du nouveau mari 
et ïaulre pied dehors, il doit la reiH'endre (Probe rt). 

Les épotix qui divorçaient prenaierit une toile de lin. 
Ou la eoupait en deux, et ehaeun conservait une part. 
Celait sans doute la rupture du poêle sous lequel ils 
avaient étr* placés le jour du mariage. Le divorec pro- 
noncé, la femme devait rendre lns elefs. G. A^vi. 

Lois indienne.'ri : Une femme stérile doit être rempla- 
cée la huitième année; celle doni les enfants sont tou^ 
morts, la dixième; celle qui ne met au monde que des 
filles, la onzième; celle qui parle avec aigreur, sur-le- 
champ \ 

1. Prol>ert, lois gnilotar-s, p* 128. 
9. ïbi.l., p. i;i3. 



CHAPITRE TROISIÈME 



FABEL\Tli:. — HERITAGE. 



L'homino, en fcnirulant lu femme, renaît eu son sein 
sous !a forme du fœlu??; l^i^poiHîe est nanum^^e Djâyâj 
parce que son mari naît (Hjâyaté) en elle une seenndtï 
UnsK 

Gomme Toau qui tombe du vase fait croître le figuier 
intHen, de même le père, le ^r and -père, Taïenl, t^ulti- 
vent un iils dès sa naissance, lui donnant nii^l, léjfuine, 
viande, lait et laitage, et se dii^ant : Il nous donnera, 
chaque année, 3e san-ilice fnnètjrc, 

L^ancélre saisit l'enfant qui vient de naître, dès qu'il 
sort du sang maternel : Te voici donc, o mun t\me, renée 
encore uue fois, pour dormir de nouveau dans un corps. 
— Par la grAcc faite aux parents, tu l'appelles llls ou 
Putra; tu les dt^slivreÉ^ en eitet de l'enfer a[ipelé Put-, 

Au moment de la Jiaissance de l'ai ne, un liomnie 
devient père et acquitte sa dette à Té^an! de !^cs ancê- 
tres; le fds aîné devrait tout avoir. — Le fils, par la 
naissance duquel un homme acquitte sa dette et obtient 
l'immortalité, a été engendré pour rac€om[iIissemeut 



\. Manmi, \W. IX, p, 317, ^ 8. 
2. mgest oî Tlindulûw, UT, 1S8. 



48 Sl'CCESSlON t\DlE>>'E, fiOMAlNE, GER31A\TQI:E< 

du < le voir; les sages oonsidèrenl les autres comme nés 
de ramour, ^ Il faut prélever pour V^mé le vingtième^ 
avec le meilleur des meubler; pour le second^ la moitié 
du vingtième; pour le plus jeu ne , le quarL — Par un 
fils, un homme gafjne lei^ mondes; par le fd s d'un (ils, il 
obtietil rimmortalité; par le fds de ce petit-lîls, il 
s*i51t>ve au séjour du soleil '. 

. Un vi[igliême de l'héritage, une couple de vaches^ un 
diariot avei^ hèles rjui aient dents aux deux mâchoires^ 
et le laureau ^^éïiôraleurj seront résen-és à Taîné. Les 
bûtes borgnes ou yieilleSj cornes brisées, queue sans 
poil, reviennent au second frère. Une brebis, du ^rain, 
du fer^ une matsoïi, un char et un joug, une bête de cha- 
que espèce, entrent dans le lot du plus jeune. Le reste 
est également partag<5. — Dans certaines contrées de 
riudc, ta vache noirs, et le noir produit de la lerr*', sont 
dévolus au frère aîné, avec les ustensiles dont se servait 
le père* — Ailleurs, Talné a double part et la dhne des 
vaches et des chevaux, le plus jeune des boucs, les bre- 
bis et une maison; les meubles de la maison, l'épée et 
aittrf^ fer noir, appartiennent au second frère ^ 

Cette importance attachée aux sacrifices funèbres so 
retrouve dans la loi romaine, oîi ils ont toutefois un 
aulrc sens et d'autres etlTets. Voyez, dans mon Histoire 
romaine, Textrait <jue j'ai donné de l'importante disser- 
tation de Saviguy, sur les Sacra, On disait proverbiale- 
ment ; Sine sacris hœreditas^ pour dire, bonheur sans 
mèlan^'e*\ — Jai parlé, dans le même ouvrage, de Tainé 
do la famille étrusque, du Lucumon, Lar ou Lars. 

Le droit d'aînesse ne semble pas avoir prévalu de 
bonne heure chez les Aliemands. Les quatre lits de C!û- 



1. Manou, p. 102-7. § 106-7, Hâ, 137. 

2. Diff. Uindu, IT, 353-5S0-i, 

a. Midiclet, llisU Uoin.. L 28:1, 2tw [*"* ÉcliUrtia]. — Jounid cie 
S^ivtgny^ 2" voL, 1S!6. — 0, Millier, bic Etruaker, L 



^ l'aïiîé, le PLits jauNE. 4Î> 

vis, les quatre fils de Clotairo l"' partagent également le 
royaume, Voy. Grégoire de Tours. Mômes partages entre 
les petitâ-fîlâ de Charlemagne, [Annales de FuJde, 
années S^, 877.] 

Lorme^ plahlé dans les pêrrôm, est compris, par plu- 
sieurs Coutumes, dans la portion des liefs réservée par 
préciput à Tainé- Legrand, Fabliaux, 1, 119. G- suppl. 

Malgré la faveur plus généralement accordée à Tainé^ 
il y a dans les vieux usageti celtit[uea et germaniques 
des exemjiles de préférence pour le dernrer-né. Celte 
préférence est souvent restreinte k certains objets de la 
succession. — A Corbie, le plus jeune des enfants héri- 
tait de la maison. — Rive, T^Yl : Dans la cour d'Ur^ 
l'ainé succédait; dans la cour de Ghor c'était le cadet, 
— L'héritage du cadet s'appelait, en vieil allemand^ 
ffalgi^nmankûi (petit homme du gibet, petit pendard) \ 
G- 11, 174, i75. 

Dans un code provincial de rAUemaj^ne, le cadet des 
jumeaux mis au monde par une seiTe devenait libre; à 
nsnabruck< c'était son premier-ué, Ailleui-s, un lîomnm 
né iibrej se soiïmettant au servage, et se mariant dans^ 
le domaine, peut alfranchir son premier fils ou sa pre- 
mière fille. Souvent le fils aîné tombait en senage, les> 
autres devenaient libres, G. 324- 

Le plus âgé, comme plus sage, devait partage r. Un 
laiî^sait choisir le plus jeune, par égard pour Tinnacence 
de son âge* Voici, mon fils, dit Louis le Déboimairo à 
Lijthaire, voici que tout l'empire se trouve devant toi ; 
partage-le, tel qu'il se contient (prout habuerit). Si tu 
fais, loi, ce parlagCj ce sera Charles qui aura le choix 
des parts; si c'est nous au contraire qui partageons, le 
chois des parts t'appartiendra. — Dans le pays de Gal- 
les, c'était le contraire; le plus jeuue partageait : SUI 



1. le Culot des Françaii dési^îDe non Ttiùrilage du cadet^ mù^ 
l« cadet ui4^nie. 



àB Jl VEIGXKIH, GAVELKlNll. 

n'y a pas de mai^son, le plus jeune doit tli viser l*^ patn- 
mrdne, et raîii6 dioîsii\„ S'il y a des mïùsonsje plut^ 
jeune irore à ïyi ïiieul divise toutes les teimres, cardans 
ce <'as il est le mesureur, et le plus jcuue doit choisir. 
— La renirnr^ rêelame Jo droit de faire les parts, et le 
mari a le choix ^ — 11 en était dv même dans les iah 
normandes. En drciiti:anonit]ue, cette rèjfie s'appliquait 
encore en certains cas. G- WL — Coutume du comté de 
Kent : Vttsfrf' (le foyer) demitrra al pam^ -. Dans cette coii- 
lume, le plus jeune a le foyer et quarante pieds autour'. 

Usance de Quevaize (Brçta^mei : Lhomtue laissant plu- 
sieurs et} fan f s légitimer. If da-nter dca mdlt's succède seul 
au tout de la lenue, à Vexclmwn dns autres ; et, à défa\ft 
des mâles j la dm^nière des filles, sans que les autres puh- 
s*'n( pn}tendre aucune récompense. — Lise ment de Rohaa : 
£n succession directe de père et de mère, le fits juveignenr 
et dermeî'^né desdits tenanciers succède au tout de ladite: 
tenue et en exclut les antres^ soient fils on filles. Art. ±1 
Le fils juvi'if^nem-, aufjuel seul appartient la tenue, 
i^mme dit es(^ doit hf^er ses frères et sœurs j usines à « 
fj n " ils soient m a ries ; et d^fintant qu ils se } -a ïe n t rni n e urs 
dam, doivent les frètes et sœnj^s être mariés et entretenus 
sur le hall et profit de la tenue pendant leur minorité; el 
esfans les frères et sœurs juariés^ le juveignenr peut les 
twpulser tous '\ — Cette loi me semble conforme à l*es' 
prit d'nn peuple navif^ateur et iruerrier qui veut forcer 
les aînés, iU'\k grands ot capables d*agir, à chercher for- 
tune au loin. 

Le droit de succesriîonj appelé par les Irlandais Gab- 
liail-eine (en au ^M ai s, Gavelkin^ littéralement, établiis- 

1. Probert, i;n, ns, 12S. 

2. Duc. verbo tuirum. Proverbe français : Connaître le» ertrfi 
du toffis. — tJom cit qui satoîl thn Ventre. Rom. du Rou, 

3. homh L lui. 

•U Coiitujïiiftp général, t, IV, p. 408, u sauce de Qucvaise, art 6* 
ufancc âe Rohao, art. 17, 512, 



PETÎT-FILSÎ. — FEMMK. H 

Âement ife ramtlle), éUiil commun h Tlrlande» à rficoSîsOj 
ati payi^de Galles etau camttWe Keut. 11 donnait part 
L'Kâle à tous les enfants, garçons ou filïcs, Illégitimes ou 
illégitimc^s. Ce droit sul>sÎHta dans le pays de Galles:* 
jinqu'à Henri VIII, en Irlande jusqu'à Jarf[iiCif l"^ 

Dans le droit allemand, le pcUt-lils n'hérite (ju'à âé-- 
fautd'enfauts, rarrirTe-petît-fils qu'^ défaut df^ petit-filii. 
En [an 9it , Oth uu !'^^ fil décider cMc tiue^^tion de droit 
]3ar le duel (G. i7K Witîk Gorb,) : — Il y etit discussion 
-^ur la diver^iité des lois ; t|ueli|ues-nn5 peuràaieut qu6 
ti'^ fïls des iils ne devaient point être comptés parmi les 
fils ni prendre en rang légitime leur part a Thérédité 
mncnrremmenl avec ces derniers, dans lu cas oii le père 
^(*rait mort du vivant de l'aïeul Mais le roi, j>ar un con- 
^*?ii meilleur, ne voulut pas que les nobles et les anrieus 
au peuple sexposasHCnt îi d'iiulécenles discussions. Il 
ordonna que la chose fût déridée par des ciiampions, 
Or, le parti qui soutenait que les fils des (Ils eom[ïtaient 
entre les fils fut vainqueur, et il fut réglé qu^ils prcn- 
*lraientpart avec leurs oncles paternels, et que ce serait 
f^hose stable et ferme à jamais, — Voyez aussi Si g, 
Gemt)L ad annum 042. 

Dans certains pays les petits-enfants devaient, [lonr 
partager avec leurs oncles, hériter sur la fosse, e'est-à- 
'lire assister à reniorrement du grand-père. G, 473. 

i ai parle, dans le chapitre précédent (et dans le tome 
llï de rilistoire de France), de la dureté des lois har- 
harea pour la femme, sous le rapport de la succession. 
— Dans la Frise, c*était un proverbe juridique ; Quant 



!. Sur cet important f^n'yd, vovr-ït mon Histoire de l-'rance^ L I; 
togaa, Maniierrv of tbc higtiUinders, 1832, p. 11*0-1; Lo^, hist, of 
Scotlïiûd, p, 99; le>ï Collt^etaîieîi de rébus hihcriiicig; les ouvrages 
do SoïUTïer et de Hobinaoïi Fur le (tavelkiml ; Ua^tcdr hi»l. of Rfuit; 
BliikFtoBi^N II, 2, c. It, p. 21:î, rd- tTGlj Palf^rav*^, upoa the Com* 
m^tiwcatthf etc, — Liufiard prétend qu*^ le Gavelkind ejtduait les 
feiuinea, IL 396-9, de la trad, française. 



j|9E PETIT-FILS. -- FEiMME. 

à l'héritage, homme va, femme s en va^'cïer mann gtiht 

zum eràe^ das weift davon). G, 473- 

Chez les Francs, la nature i^emble avoir réclamé tir:' 
bonne heure dans le cœur paternel en faveur des fille^ 
!ii maîtraitées par la loi ; ^ i4 ma douce fille : C'est cki 
nous une coutume nniique, mats impie, f/ue les sœurs nen- 
frent pas en partage avec leurs frères dans la terre pakr- 
tielfe. Moiffai penné que, donnés tous à moi également di 
fiieu, vouM deviez trouver tous en moi égal amour, et apm 
mon dé pari d'icî^bas, jouir également de mes tiens. A cf^ 
cames, o ma très douce fille ^ je te constitue, par cette lettre, 
à feneonfre de tes frères^ égale et légitime héritière en tmtt 
mien hMtage; de sorte que tu partages avec eux non seu- 
lement dans mes acquêts^ mais dans Valiml paterneL (Mar- 
culf, Ij 8, et app. 4Q. Scr, f., p, 519.) 

Le droit germanique est riche en formules eu rieuses 
811 r la tiislinction cIqjh meubles qui doivent échoir m 
héritage k Thomme ou à la femme. La fille hérite orJi- 
nairemcnt des Joyaux de sa mère. — Font partie àei> 
meubler propres à Thomme [heer gcwœtej : l'n chau- 
dron dans lequel on puisse entrer Téperon au talon, une 
cassette où Ton puisse placer une épée.., un pot oii lou 
puisse rt>lir une poule. Il faut encore le meilleur cheval 
après le meilleur de tous... Ou attèle le cheval; si In 
voilure sort tout entière de la maison, elle fera partie 
de ces hiens-meubles. Mais si elle demeure sur le sciiiU 
alors elle n'en fait point partie. G» 107, 

Pour dîstin^^uer les collatéraux consanguins ou ut*^- 
rins, on disait en Allemagne, parents d'épée, paretitsdi^ 
quenotnllCf ou d'un seul mot : Lancea^ fusus, lance ou 
ful!^eau^ chapeau ou eoilfe; chapeau ou voiïe (but Ofler 
schleier). G. 470* — De même en français : Tombew r>E 
LANCE EN ouk>'Ouille; et pour dire parenté, les moU : 

ESTOC, RAM ACE, BRANCHE, BRANCHAGE ^ 
K Voy. Laurièrc, I, is:i; TF, 2n, 



BATARD- 53 

Dans ranckn droit allemamJj \cb degrés et dénomina- 
tions de i^arenlé se rapportent à la disposition du corps 
tiumain. La loî des Ripuaires reconnaît cinq degrés 
Jusqu'au cinquième genuculum. — Le Miroir de Saxe 
compte sept degrés de parenté : L'homme et la femme 
ont ieiir place dans la tète; les enfants nés de mêmes 
p^re et mûre, dans rarticulation du eon \ ceuxde:^ frères 
on sœurs d'un même lit, dans celle qui joint Tépanle au 
bras. Le second degré est placé dans le coude; le trol* 
sième dans le poignet; le quairième dans ta première 
articulation du doigt du milieu; le cinquième dans la 
seconde articulation; le sixiÈme dans la troisième arti- 
culation du même doigt; le septième réside dans Tonglc 
f^l s'appelle nagelmage (p^v^ni de Tongle). G. 408. 

Point de testament chez les Germains^ dit Tacite, Le& 
premiers testaments franciques qu'on rencontre sont de:* 
sixième et septième siècles. L'adition d'hérédité se fai- 
sait d'elle-même^ d'après la maxime 4 Der lodte erbet 
den lebendigen, Le mort saisit te vif. » Dans le Nord, 
on célébrait à cette occasion un banquet solennel. G, 
481. 

Les bâtards héritaient des biens de leurs mères, « Car 
on n'est point l'enfant illégitime de sa mère. * Miroir 
de Saxe. — Diverses lois anciennes donnent même aux 
enfants naturels des droits sur les biens de leurs pères. 
il. 47 1>. — J'ai parlé ailleurs du droit des bâtards en 
France* Selon Olivier de la Marche ^ : Il n'y avait en 
Europe que les Allemands chez qui les hàtards fussent 
(im*h'alement mf'^prhés, Guillaume le Conquérant s'inti- 
tule dans une lettre : Moiy Guillaume, surnommé le bâ- 
Uiri\ CependantjCn France, dans la Coutume de Laon^ 

i. Olivier de ta Marche, c. 4* Inti\ aux Mi'-ui., pag, 62» i^dit. 16*3. 
1 Epist. WiU. AngL régis ad Alaimin Bril. rouiit. Dur.., I. laSO, 
"à. Laupjèrpj L, IjL — Voy, aussi ^ Caq>., I, 48 j. — Frolssard. 

IX. 307. — Le Rtili^icux de Snmt-DeuJs, aniio 1392, ^Leprcnaicr 

Contiû, d£ KaugiB, mwù V-àU, Spidleg. III, M>, 



5i RESOSCrATlOS- 

( anciens artîrîrs in.sérés au procès- vcrbal|, les hâtaré 
ni? pfïuxf aient tt:s(er ^/ns de cûiii sois, 

iifîtm'd, fmnlard (fn lan^nio romane^ bfistardo, Roqutî- 
ïtyrij i!M, 012), paraît venir tles mois bretons baz, las 
peu Moyè, et trfvdd ? germer, souri! re. De lii les locutioiiî; 
usitées ; Fils de bas^ de bmi^ frère d^ ùa^j etc. : Si a la en 
Puille à M f un [roi son fils de hasK — fJortf boré^ bord^ a 
!e même .sensî. Le bord de lîabestmn ', 

Les enfant? naturels sonl dôsignés, dans le moyen àw^j 
par une foule de noms bizarres et injurieux : Gouck 
fjihthbru! (fouvée de coMCOi})^ bajikart , bttnkn^f, banklhfj. 
rn jieu snr le banc, au lieu de Tètre dans le lit (;onjui;aL 
iiornuîigrj qui enl eonru dans le coin, enfant du coin. 
i)n dît ant^si mariage dti vaiUf pour eonenbinat. Unsfni- 
kindy enfant d'immondices* Kotzmsohjh lils vomi, ffuren- 
mhHf fîLsde putain; en espagnol, hide pitfa, Fuero viejo, 
II, I, 9< En Suisse, /i»i*rAA*ijirf, enfant joli; lieheskhtd, 
rjifiint d'amour. Ppiffeakiad, enfant de prêtre. En frau- 
dais , fih de Ihce, d(ï chienne. Roque f, \, 6(>l), G. 47C. 

La sunccssion des ascendants s'appelle, dans la langue' 
usuelle du Nord, la succession du dos { ruckerbschnp ' . 
C'était ime phrase j proverbiale : L'héritage remonte <ii^ 
la poitrine an dos pour retomber dans le gimn, 0"'-'^' 
ipiefois les ascendants ne viennent à la succession qn Câ- 
pres le frère et la sœur. Tacite (Germ. ^Ù) ne parfr 
même pas d eux. La loi dt^s Bnri.'undes les exclut expret^- 
s^mcnt. Pareille défaveur à Tégard des ascendants dans 
certaines Coutumes allemandes: Bien ne retourne, mais 
avance. G. 177. 

Apres avoir parlé delà parenté et de la successio», it 
nous rosleraîl à dire comment Ton renonce à Tune et h 



1, IJist. iijs. lïuc, 1, 1060- 

S. Joinvilb' dp Dut:., note, pa^, 63. — BanuMu bâtard^ fii^^^' 
hùi't. Jaui>b. 1 Ar.ij^. m Inria Oi?c., nn* lâ*7. Duc, gloss, i^i5. 



REKÔNCTATJOK- 



53 



Taulre. Nous trouvons ici peu de formules symboliques. 
Indiquons seulement fa /Mtesiatlo, Alœnniiù snci'ùrnmj 
ujsilée chez les Romatas^ On trouvera plus loin labdi- 
cation germanique de la parenté. 



1. Voy. la dîâB. de SaviftiT, ciir^e pltia haut. 



LIVRE DEUXIÈME 

PMPRIÉTÉ 

CHAPITRE PREMIER 

OCCUFATIO:* 



OsL à la seieiico augurai e, au vol des oiseauXj à la 
direction de îa foudre, que k plupart des nations an- 
tiques demandaient des signes pour choisir ou détermi- 
ner riiabJLatioii de riionime ou des dieux. Nous ne 
reproilu irons pai^ ce que nous avons dit dans uu autre 
i*uvrage sur cette partie importante de la symbolit[ue 
religieuse '. Voyez cependant, au chapitre suivant, 
l'Ager, ou champ limité. 

Uu*iJ nous sufiisc de rappeler que^ dan^ les traditions 
I>oétiques ût liisloriques, les animaux sont iiouvent les 
|juides des migrations primitives et décident rétablisse- 
ment des t>eup!es, ta fondation des villes. Le bœuf, lo 
[■Jvert, le loup, conduisent les colonies Sabellicûes^. La 
iouve allaite Romulus sur l'emplacement futur de Rome* 



1. MjGhel&t, nisi rom.H, liv. l«r^ ctiap. 5, et ÉdaircisËetncuts^ 

2. Vûy. Ici autontès^ ibid., cbap. 4, p. ûO^ deuxième édition. 



SB VOL DE LA l'Llilt:. 

lîïiéc foude la ville d'Albe au lieu où il Irouvc, eoiifoi^ 
uiémeiil à la prédjuUoiij mia laie blanche, euUmFéade 
SCS trente petitîi : 

Trigiiita captLitai fa-tus t'iiixa jacebit, 

Albaj solo recubansj albi t;ircum ubera naii. 

De même au moyen àgt^, lors([ue ssaint Balderic veut 
i*e retirer dans la saliludc, il suit un faucon, el se fixe 
4»n i'ùiseau se pose; le lieu garde le nom de Mttntraucim. 
Un aiîtçle blanc rend le même serviee à saint Tbierri, 
aumOnier de saint Rémi. Tnc i*olombe désigne dans son 
vol le circuit du monastère d'Hautvillierâ^ etcJ. 

Lu chevalier errant i?c remet du choix de la route à 
hi duiïisiou de son chevaL Le compa^mon allemand 
souflle la plume, et en :?uil le voï : — Quand tu seras à 
la porto de la ville, prends trois plumes dans ta main et 
soufîte-les en Tair. L'une s? Vn volera par-dessus les rem* 
[taris, lautre sur ïeau^ la troisième devant toi. 
l.aquclle suîvras-tu?... Si Ui suivais k première par 
ilehi les rejn parts, tu pourrais bien tomber, et tu eu 
serais pour la jeune vie, ta bonne mère eu serait pour 
son filSj et nous pour notre filleul : cela ferait done Iroi^i 
malheurs. Si tu suivais la seconde au-dessus de iV^u^ 
tu (lourrais fe noyer.,, Non, ne sois [las imprudent^ suis 
«M^lie <|ui volera tout droit. Et tu arriveras devant un 
àtan^ où tu verras unG l'oide dliommcs verts assis i^ur 
le rivage, qui te crierout : Malheur! malheur î Passe 
outre. Tu entendras un moulin qui te dira sans s'arrêter: 
Kn arrière ! en arrière î... (alibi :) Poursuis la roule, et 
dis : Moulin, va ton train, et j'irai mon chemin^. 

Le vol de la plume mentionné dans cette rormale 

i. Uaugier, Mém- sur la Clmiupagni-, 11, 14. 

iî, Altdeutache wielder, durch ûle brtider Grimai, 3 heft* Cas- 
sch 1813. Voy. toiite k formule liaduUe dans les notes de luao 
lutrod* à rJhôtoirè iniiv.^ paj;. 90-102 do la preiiiioro édition^ 



orcrpATiox. — JET. hi\ 

dltiUîaUoii des compagnoDii forgerons se retrouve, en 
Allemagne et en Espaf^oe, dans les Joeutioiis prover- 
biales et probablement Tort anciennes : De ([iiei eôté 
sounieà'lu la plume?... Je veux faire voler une [Uunie* 

— Il est convenu que la ville de Lindau aura droit sur 
le lac de Constancej aussi loin *(ue le vent chassera une 
plume dans la direction du Degelsleîn qui s*ôlèvc sur le 
lac, G. 83. Ici la ]>lume n'est [>liis îe fj^nide d'un voyage > 
d'une mig-ration, mais la mesure de la possession. 

La prUicipal© forme de loccupation, le jet du dard, de 
la flèche, du bâton, du marteau, de la pierre, etc., est 
aussi Tune des mesures jndi<juées le plus fréquemment 
pour la terre déjà oecupcc. Il nous serait diflieile, de 
séparer les textes qui ont ces deux sens de roccupation 
ou de la mesure. 

Loi indienne : Trois jets de bilon, ou ([uatro cents 
coudées, tel est l'espace qu'on doit laisser pour pâture 
autour d'un village; trois fois autant autour d'une ville ^ 

— Ce b^ton, dit le commentateur, doit être la cheville 
du joug de la ^lKtrJ'ue^ 

Dans une tradition indienne, Viehnou, sous le nom de 
Parasourâma, demande à l'Océan de lui domier tout le 
pays qui s'étend entre la montagne et la place où tum- 
liera sa Jïèche; le dieu de l'Océan consent, et Viehnou 
gagne toute la côte du Maïabar '. ^ Il y eut de lon^aies 
querelles entre la Perse et Turan au sujet des frontières,- 
Un finit pardéeider qu'Aresch, le meilleur areher, mon- 
terait sur le mont Damarend, et que, tourné vers TOrieidj 
il décocherait une flèche marquée d'un certain signe. 
La frontière devait être lixée au lieu où tomberait la 
flèche. D'Hcrbelot. s. v. Manugeher. G. G7. 



2, Digest of Jllndu law, If, 34g. 

3. Sûuneratt Vu^aye aux Itjilf^, H, 156. 



€0 JET. — BACHE, — MAHTEAU. 

On trouve dans les lois du pays de Galles : Le patri>- 
nage du forestier du roi s't^tend jusqu'où il peut [aniTr 
sa hache ou sou rabot : colui du laveur du roi s*éteni] 
jusqu'où il peut jeter lu- croc dont il se sert. Wotton, 
lia. G. ibiil. 

Loi des Brehons d'Irlande : Quelle sera la route le 
lonfç de la mer? large du jet d'un dard*. 

L'enceinte qui entourait le palais du roi irlandais 
Laogaire était de s^ept jets, d'un javelot-. 

Si la cour n*est pas encore ceinte et dose, celui (jui 
voudra rassurer (defendere) lancera une hache de la 
valeur d'un denier vers le midi, vers l'orient et vers Foe- 
cident. Mais du côt6du nord, là où atteindra 1 ombre, là 
aussi il mettra sa haïe, pas plus loin. Loi des Bavarois, 
XI, 6, 2. G, 57. 

Le marteau que nous avons vu emi^loyé dans le Nonl 
à la eonsécralion de la fiancée l'est aussi k mesurer, 
peut-être ori£,Nnairement à consacrer, la propriété, le 
domaine, rétendue de la juridiction : — Noire seigneur 
de Mayeuce s'avancera lui-même à cheval dans le Rhin; 
aussi loin qu'il pourra lancer dans le Hhiu un marteau 
de maréchal, aussi loin s'étendra sa juridiction. — Loi^- 
que les compagnons de la Marche concèdent à un 
homme une portion de terrain, la tradition se fait ainsi : 
Llunnme, ou quelqu'un des siens, tire un marleau de 
la voilure, et le lance par-dessous la jamhc gauche. 
Aussi loin qu'il iaiicc, aussi loin le terrain lui est con- 
cédé. C'est ce qu'on appelle le jet du martf^au. — Le 
comte de Nassau a autant d*espace dans le Rhin à partir 
du rivaj^e qu'un homme peut y chevaucher sur un grand 
cheval, et de plus, aussi loîn que cet homme peut jeter 
au deh\ dans le Rhin un marleau de maréchal. G, 55-7* 

(Juand Je meunier aura piloté et assuré son moulin, il 

1. CoUtctaucii (ïerebiïs Hibernicia, lîï, 16, 

2. Ou de sept iavelots* Ibid. UI, 5U-520. 



""^WJP^W^' 



LANCE. dt 



montera sur le pieu de défense; puis, de la hache avec 
laquelle il aura charpenté son moulin, il pourra faire un 
jet, en amont et en aval, et aussi loin qu'il jettera, il 
aura faculté de pêcher sans dommage. — Acte de 
l'empereur Albert en faveur d'un habitant d'Ësslin^, 
année 1306 : Quant au droit de pêcher 4)rès de son mou* 
lin : tout aussi loin qu'un de ses serviteurs, debout sur 
la charpente, pourra lancer la hache, tout autant il aura 
en fief. — Le comte de Castzenelnbogen commande, 
dans la Marche et au delà, aussi loin que, chevauchant 
près des buissons de lisière du bois, il pourra lancer une 
hache hors de la Marche et de la forêt. G. 58. 

Saxo Grammaticus, X, 182 : L'empereur Othon ayant 
parcouru le Jutland sans obstacle (ce pays alors n'avait 
pas de roi pour le défendre), il rencontra le golfe qui 
fermait la Vandalie, et il ne pouvait plus avancer. Alors 
il jeta sa lance dans les eaux et rebroussa chemin ; mai^ 
ce retour ressembla à une fuite. Ayant donc ainsi lancé 
son arme dans les flots de la mer, pour y laisser i?iju- 
venir, il donna son nom au détroit*. — Selon une tradi- 
tion du Nord, Othon jeta dans la mer, en fuyant, sa 
lance ensanglantée, et jura vengeance. G. 59. Ainsi 
Xerxès jeta les chaînes dans l'Hellespont, et voulut 
marquer' la mer d'un fer rouge. 

En 1366, la ville de Minden et son évêque convinront 
que les fossés de la ville pourraient être élargis autant 
qu'un homme robuste, se tenant sur le mur de la ville, 
pourrait lancer de toutes parts vers la campagne un 
plomb du poids d'une livre. Leibnitz, Script., 2, 102, 
G. 62. 

Le tact, comme le jet, est une des formes de l'acqui- 

1. Rienzi, qui croyait avoir rétabli TancienDe répubïiquû 
romaine, coupait Talr de son épée, se tournant successivement 
vers les trois parties du monde, et disant à chaque fois : Ceci 
est à moi, ceci est à moi, ceci est à moi. Sismondi, diaprés Tati- 
leur anonyme des Frammenti di Storia romana. 

4 




ftâ JET. — CHEVAUCDilE. 

sitioiu Paul diac, 3, 32, G< 68 : — On raconte que le 
roi des Lombards Autharis alla par Spolète à BL^Dovpat 
Il conquit cette contrée^ et parcourut toute Titalicjui^ 
qu a Hegî^no, la dernière ville et la plus voisine de la 
Sicile. Or, on dit qu'en cet endroit il y a une colouiie 
placée dans les eanx de la mer. H s'en approcha à cheval, 
toucha la colonne de la pointe de sa lance en prononçant 
ces pai'oiés : «t Jusqu'ici s'étendront les frontières d^t 
Lombards. » On ditque la colonne subsiste, et qu'on ra{>- 
pelle la colonne d'Autharis. — Quand le lieutenant du 
calife Alihah arriva à rexlréniité de rAfriquCy en face de 
TKspagne, il poussa son cheval dans la mer pour (*n 
prendre (lossession', Ue même, lorsque l'Espagnut 
Bai boa eut traversé l'isthme do Panama^ et qu'il aper- 
çut pour la première fois l'Océan Pacifique^ il entra 
dans la mer jusqu'à la ceinture et y planta une croix'. 

Ou acquiert enclore en mesurant le sol de ses pas ou 
eu faisant le tour de la propriété. TiehnoUj sous la 
tîl^mre d'un nain, demande à un roi troiî^ pas de lern^; 
mais les pas du nain se trouvent être des pas gigan- 
tesques qui traversent les trois mondes, Maier, myth., 
et Polier, I, ^76. 9. G, 07, — Les Scythes, dans Héro- 
dote, donnent au garde de Tor la terre dont il peut faire 
le lour à cheval en une joumée. Hérad, 4, 7. — Les 
Romains donnent à Horatius Coelès t/uanlùm agri mo 
die circumardrit, Liv, 2, 5. — Niebuhr cite à ce sujet 
certains romans turcs, dont le héros reçoit du sultan 
Mahomet autant de terre en Macédoine que ceinî-a 
en peut lui-même traverser à cheval en un jour. G. ibid< 

Le berger de la communauté peut avancer dans la 
forêt avec ses moutons et t^es chevreaux, jusle aussi loîo 
qu'il atteint eu jetant son bâton. — L'homme qui a dcî^ 
abeilles so mettra à côté de rancienne place au* 

i. (iibbon, X, 2m, iw fr. 

2 V- Uobertaou^ Stor, of tltû America* 



r 



ab'^illeSj §e prendra Toreille Hroite de la main ganrhc, 
el de sa main droite H iancera derrière, par-des.sons te 
bras ï^auche, sa cuillAre k miel, tout aussi loin qu'il le 
pourra; puis il ira oCi est tombée sa cuillère; il y fera 
un nouveau jet semblablement. Enfin il se rendra là oii 
la eu î H ère est tombée pour la deuxième fois, et il fera 
un troisième jet. Là donc oh elle tombe pour la troi- 
sième fois, là il prf*ndra place nouvelle. — Les pêcbeurs 
pourront [lècher librement dans toute la Slye; îls pour- 
ront étendre dans la plaine leurs cordes â sécber les 
filets, aussi loin que Ton peut lancer le clou d'un gou- 
vernai 1 à partir d'un vaisseau. Jus slesviccnse antiquum* 
— Si des poules font dommage aux grains, on grimpera, 
pieds nuSj sur deux pieux aigus, et on lancera k travers 
les jambes; Jusque-là, pas plus loin les poules auront 
droit. G. 62-63. 

Le Norv^^égien qui abordait en Islande prenait pos- 
session de tout le terrain qu'il pouvait parcourir en un 
jouFj depuis sis heures du matin jusqu'à six heures du 
soir. Il allumait un feu au lieu d'où il partait et à celui 
où il s'arrêtait. C'était ce qu'on appelait ; Tourner une 
terre avec le feu. L'usage d'éteindre l'ancien feu et d'en 
rallumer un autre, lorsqn*on prend possession d*une 
propriété nouvelle, était encore en usage dans ces der- 
niers temps en Allemagne. G. 19 i-5. 

Selon un diplôme de Tan 4-96 [D. Bouquet, IV], Clovis 
aurait fait Ja donation suivante A Jean, abbé delieomans 
en Bourgogne : Toute la lerrf de notre fisc dont il tntva 
ptij mr son fine, faire le tour en une jourtu'-e, qu'il In 
tienne n jamau de notre bienveillanre royale. — Flod* 
hisl. Rem. 1, il: Le roi Cîovis promit à saint llemi de 
lui donner en totalité tout ce dont il ferait le ionr paidanl 
quHl reposait vers midi. Le bienheureux lient i partit donc^ 
et laissa des signes sur wn passage, lesffuels sont encore 
manifijstes. — Voy, aussi la Légende dorée, e. I tS, — 
En Tan 676, Dagobert ayant donm^ h saiut Florent la 



64 SBUENCIS. 

vîlie ofi î] riemôurait et ses dépendances, le saint vint 
prier le rai de lui faire savoir combien il avait en long et 
en lar^ge. * Tout ce que tu auras chevauché sur ton peht 
f^ne pendant <^ue je me baignerai et que je mettrai mes 
habits f tu r auras en propre* » — Or saint Florent samif 
fort bien le temps que te roi passait au bain ; aussi if 
monta eu toute hdle sur son âne, et trotta par monts et 
par vaux mieux et plus rapidement que ne Vaurait fait à 
ihcval le meilleur cavalier, et il se trouva encore à thewa 
indiquée chez te roL G, 87. 

l^s mairesj dil Charlemagne, n auront jundiction que 
sur le pays qu^ils pourront parcourir ou visiter en un jour. 
Capital, de villis, §27. 

existe dans la Suède des traditions analogues auK 
exemples cités plus haut. Dans celles de rAllemagne, 
ttenri le Welfe obtient do Louis le Pieux tout le pays 
<iu'il pourra, durant la méridienne du prince, entourer 
du sillon d'une charrue ou de Tornière d'un char d or, 
— Waïderaar^ roi de Danemark, donna en 1^05 à sainl 
André toutes les terres dont il aurait fait le tour sur m 
[loulaiu 4gé de neuf nuits, pendant que le roi sérail au 
bain. Saint André chevaucha si bien, que les geus de 
Waldemar le pressèrent de quitter le bain, s'il ne vouiait 
que le saint chevauchât tout le royaume. — Suivant une 
Tieiîle tradition, une comtesse abandonna un jour en 
jïhiisantant, aux habitants de Brème, tout le terrain 
autour duquel un cul-de-jatte qui venait de lui deman- 
der l'aumône pourrait se traîner en un jour. Le cul-d**- 
jalle alla si bien, que la ville y gagna tout le graurf 
pAtnra^e public. G. 87-9. 

Witekind de Corbte raconte que, peu de temps aprt^ 
l'invaision des Saxons, un de leurs jeunes gens acheta au 
poids de l'or à un Thuringien assez de terre pour emplir 
un pan fie tia robe. Il mit cette terre en poussière et la 
répandit sur le sol, dont il couvrit ainsi une grande 
étendue* Dès ce moment les Saxons regardèrent ce sol 



OCCUPATION. — PEAU, 65 

comme légtlimement acquis^ et le défendirent contre les 
Thnringiens. — L'empereur Henri avait, dit-on, donné 
h un de .^es serviteurs tout le terrain qu'il aurait ense- 
me[icé d'une mesure d'orge. L'homme investi en eut 
asisez pour ensemencer les limites de ce qui plus tard 
fut le comti^ de Mansfeld. — Louis ïe Sauteur gagna, dit- 
on, par le mÉme moyen, le mont de Wartbourg. G. 90. 

Selon une tradition anglo-saxonuR sur l'invasion 
d^Hengist et d'Horsa, en Bretagne, Hengist demanda 
pour s'y établir la terre que pourrait entourer une peau 
de bœuf, mais il la découpa en lanières, et couvrit ainsi 
une grande étendue de pays- — Môme histoire sur Ivar, 
flis de Regnar Lodbrok^ qui obtient d'Ella, roi d'Angle- 
terre, une semblable concession- fMns les traditions 
françaises sur Uaimùnd et MnllimuE^ Raimond demande à 
Beriram^ comte de Poiliers, autant de terres, de champs 
et de pj-airics^ qu'il pourra en entourer d'une peau de cerf. 
Dès que le diplôme est délivré, fialmond achète une peau 
de cerf bien tannée^ il en coupe une longue et mince la- 
nière, dont il entoure toute une grande vailve, G. 91. 

Hassan Ben Sahah Homaïri demanda au gouverneur 
do fort d'Aïamont de lui céder pour 3,000 ducats la 
place que pouvait contenir une peau de bœuf ; cette de- 
mande accordée, il coupa la peau en lanières, et en 
entoura la place ^ 

Didon en fait autant dans Virgile : 

Mercatique solum facti de nomine Byrsam, 
Taurine quantum possent circumdare tergo «. 

Chez les Birmans, quiconque trouve un éléphant 
blanc reçoit en don une couronne d'argent, et de la 
terre, aussi loin qu'on peut entendre le cri de l'éléphant. 

1- Hammer, Histoire des Assassins, tr. par MM. Hellert etLanou- 
raîs, p. 84. 

2. iEneid. ï, 371. — Justin. 18, 4. 

4. 



06 CnABHUGE, 

Wiener Jahrb. XX XI 11, â9, 30, — Aussi loin que se faisait 
entendre l'aboiement du chîen^ aussi loin s'v! tendait ia 
protection de Kuleib^ et aussi loin encore personnï^ ne 
pouvait paître des troupeaux, ni chasser. Ruckert, Ha- 
riri, I, 431. — Une clironique (chronicon novalieieiisc^) 
raconte que C harkmagrif. avait dunn^ m fi^fà un initsimn 
lombard un droit shiguHer : il devait monfer snr une 
haute montagne, y donner fortement du cor, el aussi hin 
que porterait le son, aussi foùi ferre fît gens, (oui serait à 
lui. Le donneur de car sonnt en effet ; puis il descend de k 
montagne, parcourt telles et villages y et chaque homme 
qu*il rencontre, il lui demande : As-tu entendu le cor? Si 
Vautre répondait oui, il lui appliquait un soufflet, en di- 
sant : lu es mon homme. De là le nom de transcomati qv£ 
portèrent longtemps les descendants de ces gens-là, — Un 
bourgeois d'Aule, ou enfant de bourgeois, peut pêcher 
à l'hameçon aussi loin que tinte la cloche. Que nul sei- 
gneur ne le lui défende. G. 76. 

Plusieurs Coutumes allemandes permettaient de pren- 
dre possession d'une terre nouvelle acquise par allu- 
vion, etc., en y faisant passer solennellement la charrue, 
ou la voiture : — Si quelqu'un veut gagner un îlot ou 
alluvion par voie de chariage, il devra prévenir le sei- 
gneur ou le bailli dans le ressort duquel se trouve le 
bien primitif qu'il veut traverser sur sable ou alluvion, 
et demander que le bailli y assiste, qu'il dresse un banc 
sur la terre primitive et institue le jugement... S'il char- 
rie en efiet et que les chevaux et la voiture y passent, ils 
seront échus au seigneur... Quand donc le seigneur ou 
bailli l'aura permis, l'homme prendra une voiture de 
fumier, comme celle qu'un laboureur a coutume de 
conduire dans son champ, il aura avec soi trois ou qua- 
tre chevaux, pas davantage ; et les chevaux ne seront 
pas d'un même poil... Et les conducteurs seront deux, 
l'un sur le cheval de devant, l'autre sur celui du milieu ; 
et le premier aura un flacon de vin au cou et du pain de 



(MXi i*ATto:^. — noiiisE, 67 

froment dans 1p sein^ et ils s'arrêteront à Iroiiâ jels dans 
ï'eaa, et le premier devra tendre trois fols lo Harion à 
celai r\u\ est derrière lui, afin cju'il puirssc botre; et ifs 
mangeront d'abonl du pain, et il suspen^Ira de Jiouveau 
le flacon au con, et ils charrieront ai lisi sur l'alltïvion nu 
le sabïe. Et tout ceïa se fera pendant que le soleil 
monte. Et le bailli devra siéger ati Iribunal avec ses 
gens de juslire jusqu'à ce quo le dtiarriîige ait eu lien. 
Et il siégera sur le rivage du terrain primitif, — Et 
quand le charriage sera terminé, l'homme se présentera 
de nouveau devant le tribunal, et il dira : Seigneur 
juge^ avez-vQus vu que j'ai charrié selon justice ?El s'il 
dit oui, qu'il Ta vu, il s'avancera vers le tribunal, et 
donnera au bailH son argent et le prix de Tacte aux gens 
de justice. Ms. de 1541. G. 184-5. 

Four la détermination de la largeur des routes, la 
C h€vrtuch/'€ le roi, etc., voyez le livre suivaut. Les textes 
que nous ajoutons ici se rapportent aussi bien à TOccu- 
pation qu'à la Limitation, 

Les Carthaginois et les Cyrénéens concluenl une Irève, 
et conviennent qu'à un jour et à une heure déterminés 
des envoyés partiront de chacune des deux villes, et que 
le lieu de leur rencontre sera la limite du territoire dos 
deux pays', — Dans une tradition suisse, deux pdtrea 
d'Uri et de Gîaris courent à la rencontre Tun de Taulro 
pour fixer la rrontière des deux cantons. — S'il y a dis- 
eusaion entre la seigneurie et le paysan au sujet de la 
redevance, que Je forestier ou homme d'aiïalres de notre 
gracieuse dame eu son bien de Munich, et que le paysan 
qui réside sur le bien et le garçon du bailliage de Kœs- 
ching courent ensemble à partir de la grande pierre de 
la marche du chemin de Kesner, qui est placée devant 
la cour seigneuriale de sa Grâce; puis, qu'ils courent 
tous lims de cette même pierre jusqu'à la porte du fort, 

L SaHust,, Jugurtha, 79, 



%6 



Gûimsfi. 



Celui d'entre eux qui arrivera le premier sera aus^i celui 
à qui restera l'argent disputé. — Dans des tradilion» 
liessûisciâ, la décision dépend d'une course d'animaox; 
par exemple j un cheval aveugle détermine la troûtièrc 
en courant, ou bien une écrevisse va à reculons t^l en 
dessine les coins et les recoins» G, 84r5, ~ C'est aiu^i 
fpie dans le Eloman du Renard (1,237) courent les deui 
béliers Belin et Bernard, Ils invitent Isengfiu (le loup):'i 
mé^QT entre eux comme juge : 



« Entre ms deus met accordance 

Qar il dist qiœ ccst cham est siens, 

El je redî queilestmkns, 

Sire^ soies, en ia fonere, 

Chascuns de nos se traie ariere 

El devant vos vendron Curant. 

Cil qui premier vendra mjaTis 

De tml con il plus îost corra 

La gveingnor part du champ CLjra. » G, 



85. 



CHAPITRE DEUXIÈME 



P03SE33Ï0K 



SECTION PREMIÈRE f 

Marche, terre iûdiviae, bien» cornuuiûaux. 

Le trait le plus original du droit romain primitif, 
c*e3t TAger, ou champ limité, orienté. Celui du droit 
allemand^ c'est la Marche, ou terre indivise, qui appar- 
tient à la commune* Nous parlerons de la Marche dans 
cefle section, de TAgcr dans la sui vante- 
Le nom de Marche ou marque [Marca, signum, tcr- 
minuSf limes] semble contraire à Hdée d'une propriété 
vague. Sans doute la tendance de la commune qui re- 
vendique la Marche est de marquer, de limiter cette 
propriété ï\ Tégard des autres communes. Mais la nature 
de la Marche répugne aux limitations précises. Dans ces 
vastes forêts de TAUemagne, où Técureuil, sautant 
d'arbre en arbre, pouvait courir sept milles sans des- 
cendre (GniBm)j la Marche, c'était la clairière* La forêt 
souvent éiait encore comptée dans la Marche, ainsi que 
les rivières ou ruisseaux, les pâturages ou prairies 



70 MATiCHE. 

incultes, Jos animaux sauvages, Ioê oi*!oaax, le:5 abeilles ', 
La Mardie, propri^ité commuuej indivise, est une 
dépendance de la propriété divisée, individuelle. L'on 
n*a droit à la première qu'autant que Ton participe à la 
seconde. Toutefois, ce sont deux ennemies ; etiaciint 
d'elles ne demande jms mieux que d'empiéter sur Tao- 
tre» — Si quelqu'un a laissé son bien se couvrir de 
ronces, au point que deux bœufs ne puissent le laboun^r, 
ee bien est déclaré Marcbe, commun pacage. G. ^*5. — Si 
quelqu'un ayant terre ou pré les plantait en forêt j qnr 
la forêt grandit au point d'y paître deux bœufs, qu'elle 
grandît lellcmentj que les bœuf^ s'y abritassent^ alors 
cette forêt sera comme toute autre Marche (années 14Gt , 
1570). G, 82. Si broussailles montent k réperon, le 
fermier perdra le fonds. G. 92. — Ainsi la Marche e^t 
absorbante ; tout ce qui n*est à personne est à elle- 
Elle est jjour la commune ce qu'est le Use royal dans la 
monarchie. 

Rien de plus lier que ces rois de la bruyère, ces sou* 
verains de la prairie; ceux qui, ayant /eu ei fumée ^ arme 
fit hien, peuvent s'intituler Erff^xen^ c'est-à-dire bâches 
hérédilniresj hommes qui, par droit de naissance, peu- 
vent porter la barbe dans la forêt : — Nous déclarons, 
fcious serment, que la Marche cieBig, forêts, eaux et pa- 
cages, tels qu'ils se contiennent, appartiennent bien et 
l<!îgitimemcnl à ceux de cette Marche, et qu'ils ne relè- 
vent de personne, ni du bourg, ni du roi, ni de l'Empe- 

1» LoJâ lies B relions d'Irlande : Qriela sont les privilèges acoir- 
dés aiiK paysans natifs ? Couper des pommiers sauvages pmir faire 
ries manches (k crocs /i pocher; brûleur des bronsBailka penslant/j 
nuit poiïr appr(^t*îr le puist^on; coaper d« pcHites branches de dùj- 
setters blancs pour faire d<.'s jougs ou seiublahle chose, coiiime<le^ 
ïieus pour U ch:irrae, iiourdca cerceaux, et de» buttoirs àbeiim. 
Ils ont droit aux broussiùMc-s qui bordent la mer, etc.. Il leurt^^t 
aussi permis de jouer le jeu d échecs dans la maison d un Airentî] 
rt d'il voir dn sel dans la maison d'an Bmigh. CoUect. de nW 
Wûi, 111, p. ilO. 



PÉNALITÉ mi LA MARCHE. 7i 

reur- G. 502, Voy. plus loin, Aletix, Fîefs du soleil^ etn. 

Les institutions de la propriété fixe, celles môme de 
rÉtal semblent empruntées aux coutumes de la Marche. 
Le mélange d'hérédité et d'élection qui se ti^ouvent ddiis 
la royauté germanique dérive, selon M, Grimm, de la 
magi.stfature de la Marche, de la prévôté communale- 
Dans celle-ci, toutefois, le principe de Télcction domine : 
— De Vïotre avis, notre seigneur de Falkensteiu est 
prévdt légitime, non de naissance, mais d*élection. 
C'est parce qu'il distrihue justice égale aux hommes de 
la Marche, qu'ils Tout en affection. S'il ne distribuait 
justice égale, ils pourraient bien en faire un autre. 
G. 503. Ce texte n'est pas sans analogie avec le fameux 
serment, vrai ou supposé, des Aragonais. 

La peine la plus rigoureuse qu'on [misse infliger h 
im tiabitant de la Marche est une sorte d'Inlerdictio 
fiqua^ et tecti : — On lui creusera un fossé devant sa 
porte, on barrera sa porte avec des pieux ; on lui abat- 
tra le seau de dessus le puits, on bouchera son four, on 
ne lui p rotera point de feu, on lui refusera vachers et 
porchers, et ou le réduira à une extrémité telle, qu*i[ 
îïOit obligé de ne faire que ce qui est juste et modéré. 
G. 529. 

Les gens de la Marche eurent bien de la peine, pen- 
dant le moyen dge, à défendre la liberté de leurs vieilles 
forêts contre la féodalité insolenlc dont Us étaient envi- 
ronnés. De là, Tesprit de jalousie et de rigueur exces- 
sive qui perce dans tous leurs règlements (V. plus loin, 
Cours ^^'eimir|ues); de lu, ces peines etlroyables» sans 
doute purement comminatoires, qu'ils prononcent contre 
ceux qui violeront le terrain libre. Il semble que la 
forêt soit encore sacrée, comme au temps de la déesse 
llerlha. 

f^e non-résident qui Jifquiert des terres ne peut, 
(|u:^nd il traverse la Marche, atteler les chevaux à la 
charrue^ il faut qull la porte lui-même, G. 518, 



72 PÉH ALITÉ I>E LA HAB^UE. 

S'il arrivait qu'on se saisit d'un brûleur de cendre^^ 
ou d^un homme qui mil le feu ô^ns le bois, on le liera 
sur UD van, et on le placera devant \es ma^ra^sins de la 
commune \ \h il y aura une charretée <le bois allumée, 
et on le tiendra pieds nus devant le feu à neuf pieds de 
diïïtancei jusqu'à ce que la plante lui tombe des pieds 
(année 14^3). — On fera devant seià pi<?ds un feu tel que 
les semelles lui brûlent, les semelles de ses pieds et non 
de ses souliers. — On est d'avis aussi que si quelqu'un 
incendie et brûle méchamment la MarcIie, on placera un 
tel homme dans la peau nouvellement écorchée d'utie 
vache ou d*un bœuf^ on le couchera à trois pas devant 
le feu à Teadroit où il est le plus violent, jusqu'à ce que 
la ilamme flambe par-dessus, et ou répétera cela deux 
et trois fois, toujours à Tendroit ou le feu est le plus 
violent. Cela fait, mort ou vif, il a amendé sa faute, — 
On est encore d avis que si quelqu'un écorce un arbre 
sur pied, on l'ouvrira par le nombril, or» attachera ses 
intestins avec un clou de fer à cheval ^ à Tendroit même 
où il aura commencé à écorcer, puis on le tirera autour 
de Tarbre jusqu'à ce qu'il couvre tout l'espace qu'il a 
écorcé, dut-il ne pas conserver un seul intestin intact. — 
Question ; Si cjuclqu'un coupe un arbre fruitier et en 
cache le tronc, avec dessein de voler, quel cbàlimenl 
doit-il encourir? Celui qui agira ainsi aura ta main droite 
liée sur le dos, le ventre cloUé sur le tronc; une hache 
sera placée dans aa main gauche [^our qu'il se détache 
s'il peut. — S'il arrivait fju'un bonune fût trouvé cou- 
pant du bois pejidaot la nuit, ou emmènera l'homme 
ainsi trouvé avec le tronc qu'il aura abattu, on transfé- 
rera Fhomme et le troQc à Spelie sous le tilleul, et sur 
ce tronc on coupera la tête au coupeur de bois à'un 
seul han (bi enem blase). G* 51(>, 518, 5i0. 

Nous n'avons aucune lïreuve historique (jue ces terri- 
bles menaces aient eu jamais exécution. D'autres testes, 
tout contradictoires, portent au contraire l'empreinle de 



r. 



AXIMAUX- 7S 

l:i débonnaîrcté germanique : Celui-là ne vole point qui, 
pendant le jour, coupe et charge du bois daiisï la Marche; 
rar en coupant et chargeant, an attire le moïjde. — Il 
ïi'y a point de vol avec la hache. S'il arrivait cependant 
que quelqu'un abbattU un arbre de nianit^rt? que le coup 
(ic hache ne se piH entendre, <x> serait un vol. — Dans 
la Franconie, l'on dit : Couper, c'est appeler; charger, 
c'est attendre. G. 47. — Voy. aussi la fin du chapitre 
suivant. 

Les animaux appartiennent à la Marche. Propriété 
mobile et flottante qui ne respecte nulle limite, ils sont 
à la Marche ce que la Marche est à la propriété fixe. — 
Une truie blanche comme neige a droit de marcher paj^ 
tout où elle voudra avec ses sept cochons de lait blant^s 
comme neige. Code des landes de Benken. G. 594. 

Établ. de saint Louis. 5e aucun a Es (abeilles), et elles 
s'enfuient y et cil à qui elles seront les en voye aler et il les 
suit toujours a veue et sans perdre et eles sassieent en aucun 
lieu el manoir à aucuns pi^dhons, et cily en qui porpris 
elles sont assises, les preigne avant que il viegne, et cil dta 
après : Ces Es sont moies; et H autres die : Je ne vous en 
croi mie; ensuite ils se transportent devant le juge oit h 
premier jure que les abeilles sont à lui;.., et par itant aura 
les Es et rendra à Vautre la value du vaissel où il les a 
cuilliesK Un manuscrit de Saint-Gall contient une for- 
mule singulière pour rappeler la reine des abeilles : — 
Je Cadjure, toi, mère des abeilles, au nom de Dieu, roi du 
cielj et du rédempteur, fils de Dieu, je CadJM^c de ne vùh*r 
loin ni haut^ mais de revenir au plus vite à ton arbre. Là 
tu te placeras avec toute ta lignée ou tes compagnes. J'ai 
là un bon vase bien préparé où vous travaillerez au nom 
du Seigneur ^. 

i. Saint Louis, Étahlisseraents, 1, 16.']. 

2. Adjuro te, mater avioriira, por.Dciim regem cœlorum et pi^r 
illum Redeinptorem, filium Dei, te adjuro, ut non te altùm levjire, 



71 A:«lMAiX- 

Loi lombarde : Si quelqu'un, entrant dans le bois d'un 
autre, enlève un essaim d'un arbre qui ait été marqué, 
il composera pour six solidi; mais si Tarbre n'était point 
marqué, le premier survenant pourrait, selon le droit 
naturel, prendre l'essaim, excepté dans la terre du roi 
(excepte de gaio régis). G. 596. — Voy. au chapitre de 
la Tradition, les cérémonies en usage pour le déplace- 
ment d'un essaim. 

Celui qui trouvera des oies dans sa moisson coupora 
une baguette longue du coude jusqu'au bout du petit 
doigt et grosse comme ce petit doigt; et il pourra avec 
cette baguette tuer les oies dans sa moisson. Si les oies 
mangent le grain du grenier ou de l'aire par la herse, 
qu'on leur laisse tomber la herse sur le cou, et qu'elles 
restent là jusqu'à ce que mort s'ensuive*. 

Les bétes qui devaient toujours être remplacées parle 
propriétaire ou le fermier, étaient appelées en France et 
en Allemagne : de fer, d'acier, éternelles^, — La cour de 
Sibotin, à Rastetten, donnera au village de Rasletten 
une bête à cornes d'acier, et la bête sera rouge comme 
le sang. G. 593. — C'est ainsi que Xerxès promet au 
beau platane, dont il était épris, de lui donner, pour en 
avoir soin, un homme immortel \ 

Le bétail, étant une des principales sources de la 
richesse dans les temps barbares, fixe l'attention du 
législateur. Il ne disparaîtra pas une tête du troupeau 
sans que le berger n'en rende compte : — Loi des 
Ripuairos, 76, 6 : Si un animal donne en garde meurt 
dans l'intervalle d'un plaid à l'autre, celui à qui il a été 
confié viendra par-devant le juge avec la peau et la tête 

neclong»': volarc, srd quâm plus citu potesl, ad arborera venirc 
ibi te allocascum oiuni tiio génère, vel ciim sociàtiid; ibi habeo 
bono vaso paralo, ut vos ibi in Dei Domine laboretis, etc. Balui. 
Capit., t. II, p. 663. 

1. Lois galloises, Wotton, II, ch. 10, 11. 

2. Voy. Laurière. 

3. Hérodote. 



dépouillée, afin do |pa montrer à celui de qui il délient 

yuaml uti animal vienl à mourir, que le j>Alre apporte 
àsoQ maître les oreiîles, la peau, la queue, la peau de 
Tabdomen, les leudoiis, et qu'il montre les membres'. 
— Ceïiïi qui a commis le crime de tuer une vache doit 
se raser la tête entièrement, avaler, pendant un mois^ 
des grains d*orge, et s'étahlîr dans un i^âturage do 
\acheSj couvert de la [leau de ceUo qu'il a tuôe. Qu'il 
suive les vaches tout h^ jour, et, se tenant derrière elles, 
qu'il avale la poussière qui n'élève; après tes avoir ser- 
vies et les avoir saluées, que pendant la nuit il se place 
aaprês d'elles pour les garder,.. S'il voit une vache man- 
ger dans une maison, un *^hamp ou une grange, appai*- 
tenant soit à iui-mémej soit à d'autres, qu'il se garde 
d'en rien dire, de même ([ue lorsqu'il voit un jeune veau 
boire du lait^ 

Si le berger est saisi par le roi ou par un cmi mlile, 
frappé du tonnerre, mordu d'un serpent, blessé par la 
chute d'un arbre, déchiré par un ti^^re, etc., il n'est pas 
responsable envers le propriétaire du troupeau ^, 

Nulle amende pour les dcgàls faits i»ar les éléphanlî* 
et chevaux; ils sont considérés comme défenses... Ni 
[lOiir une héte qui n'a ([u^un œil... Ni pour une vache 
qui avôlé naguère** 

Une vache, dans les dix jours après qu elle a vêlé, les 
taureaux que Ton garde pour la Fécondation et les bes- 
tiaux consacrés aux dieux, accompagnés ou non de leur 
gardien, ont été déclarés éxem[)tsd*amendû par Manou'\ 

Le vacher qui a pour gages des rations de lait (îoit 
traire la plus t>elle vache sur dix, avec l'agrément du 

1, Maiiou, p. S36, §234. 
â. Manou, p, 411-2, S tû8-iH. 
X IJigest, of llindu law, H, 3ii9, 
Â. Ibidem, U, 372. 



1 



76 AM3L\LX- 

maître; ce sont là les gages du pâtre qui n'a pas d^autri; 
gai aire '. 

La loi coîinaît TAge et le prix de tous h.'n liabiLanls de 
Tétablo ou de la basse-cour, ou ne peut la tromper sur 
ee qu'ils valent; elle le sait au juste; elle meîiîurc leur 
valeur à leur forcn : — Les poules de redevance doivent 
étru letles, tpi elles puissent d'elle^-m^mes sauter par- 
dessus un pot de Thuringe plein d'eau (année 12(>0), — 
11 doit ôtre livré un coq qui puisse voïer sur un escabeau 
à trois pieds (années lôl7 et iG57). Dans le droit frisou, 
ce sont deux poules qui puissent voler sur un tonneau. 
— Dans les lois de Galles» il est dit : Le veau doit étri; 
capable de marcher neuf pas et de te ter le lait aujc qua- 
tre pis -4 — On donnera une brebis telle, que de satoi- 
ï^on elle puisse abriter son agneau d'une ondée (ie 
niai.^- 

L'hommc des temps barbares, encore dans la fai- 
blesse et rbumililé de son enfauce morale, accorde 
beaucoup à la nature animée; il vit avec elle sans se 
rciKlre compte de Timmense intervalle qui l'en sépare. 
Cst-H trisle ou joyeux, son chien, son bœuf doivent par- 
ta^^er sa Joie ou sa tristesse; ils font pour ainsi dire 
partie de la famille. Quand il les achète, il les introduit 
eu cérémonie dans sa maison, eu évitant de leur laisser 
toucher le seuil de sa porte [G, I50j, comme il fait pour 
la fiancée (Voy. plus haut). S'il est accusé d'un meurtre 
commis dans sa demeure, îl prend son chat, son rbîen 
et son coq, paraît au tribunal pour jurer devant eux de 
î^on iiiuoccncej et leur muet témoignage Fabsoul (Vo\, 
le Jugement). — Les jours de fêle il les orne de ru- 
bans, comme font encore aujourd'hui les muletiers de 



k M[inon,p.fïS6, g 231. 
2. Probprt, p. ^23, 
'à. Ici. ibidem. 



PASTEL HS. ^- AfimClTITÊl'RS- 77 

Provi^nceet d'Espagne. — Lorsiiu'îl arrive im décès ou 
que ]*on célèbre desnoceSj les mclies isioiil eouverles do 
mouchoirs rouges ou noirs [en Bretagne, par exempie]. 
Autrefois le cheval de guerre était enterré avec son iiiaî- 
Ire, Aujourti'hui encore il Tarcompagiie drapé do deuit 
jusqu'au Heu de la sépulture. 



SECTION lï 
L'Agur, ou champ i imité, orienté. 

Il p'éleva une querelle outre les pasteurs d'Ahraham 
et ceux de Lot^ parce que le pays ne leur su 111 sait pas 
pour vivre ensemble, Abraham dit doue à Lot : Qu'il n'y 
ait point, je vous prie, de dispute entre vous et moi, ni 
entre mes pasteurs et les vôtres, parce que nous sommes 
frères : vous voyez devant vous toute la terre, Relirex- 
vous, je vous priCj d'auprès de moi- Si vous allez à la 
gauche, je prendrai la droite ; si vous choisissez 3a 
droite^ jlrai à la gauche. 

Abraliam est l'ancêtre du peuple agriculteur, qui doit 
partager la Judée entre ses douze tribus. Les deux races 
des pasteurs et des agriculteurs trahissent d^avanceTao- 
tipathie qui les divisera. Elle éclate entre les deux frères 
ïsaac et Ismaeï, le Juif et TArabe^ Tagrieultcur et to 
pasteur. Be là encore les guerres des l^gj'pticns et des 
Hycsosj longue et opiniâtre lutte dont TÉgypte a perpé- 
tué la mémoire dans ses monuments, particulièrement 
sur i*un des grands temples de Thèbes. Le pasteur^ en 
effet, n'est pour te laboureur qu*un vagabond, un en- 
Demi^ un sacriiègej qui ne connaît ni tjorne ni limite j il 
ne respecte point Ja terre j celle terre sacrée qui boit la 
sueur de Tbomme et dont Thomme mange le grain. Le 
laboureur a épousé la terre, il en est Tépoux légitime; 
le pasteur en est Tinfidèle amant. Le laboureur se nour- 



78 LIMITATION. 

rit de grain, de fruits; sa vie laborieuse et innocente ne 
coûte rien aux êtres animés. Le pasteur vit de la mort, 
il mange la chair, boit le sang; il aime la guerre; il ne 
craint pas de verser le sang de l'homme. 

Le laboureur est un prêtre, il regarde le ciel autant 
que la terre; il essaie de la consacrer, de l'ot^ienfer, de 
lui appliquer la forme du ciel. )'ai parlé tout au long, 
dans mon Histoire romaine, de TOrientation et de la 
limitation étrusque, dont les lois embrassaient égale- 
ment le temple, le tombeau, la cité et le camp, comme 
le champ du laboureur. Nous trouvons quelques traces 
de rOrientation chez les Indiens ; le Nord, le côté de 
l'Himalaya, du Mérou, est pour eux le point sacré du 
monde *. 

Celui qui mange en regardant l'Orient, prolonge sa 
sa vie; en regardant le Midi, acquiert de la gloire; en se 
tournant vers l'Occident, parvient au bonheur; en se 
dirigeant vers le Nord, obtient la récompense de la 
vérité '. 

Autre loi indienne : Un terrain élevé avec bâtiments 
solides et partout entouré d'un fossé, s'il a la moitié ou 
le quart d'un yojana de longueur, et le huitième en 
largeur, c'est une cité. Mieux encore, si elle a une eau 
profonde à l'Est, et si elle est habitée seulement par des 
hommes de race pure ^. 

Sachez que la mer fpt séparée du ciel, et que Jupiter 
se réserva la terre de l'Étrurie, qu'il établit et ordonna 
que les champs seraient mesurés et désignés par des 

1 . Les pasteurs lui attribuent quelquefois aussi uq caractère 
sacré. Chez les Tartares, la porte des maisons est ad sud, Thabi-- 
tation des femmes à l'est ; le maître dans son lit a le visage tourné 
vers le sud. — Les Jugures (peuple tartare) se tournent vers 'le 
nord pour adorer ; leurs temples sont divisés de Test à Touest. 
Du côté du nord, il y a une chambre en dehors; la porte regarde 
le midi. Kubruquis, trad. par Bergeron, 1634, c. 2, 26. 

2. Manou, p. 36, § !>2. 

3. Digest. Hindu, 11, 351. 



ORTENTATIOfT* 79 

limites. Connaissant Tavarice et la cupidité des hommes, 
If vouJut que toute ïimite lut marquée de signes rccon- 
Haïssables. Ces signe^i, l'avidité des hommes du i^ièclc 
qui sera le dernier, les violera par manvaise ruse, les 
touchera, les déplacera. Mais celui qui les touchera et 
déplacera pour accroître son bien aux dépens d'aulrui, 
sera pour ce crime condamné des dieux. Si le coupable 
est un esclave, il tombera sous un maître plus dur. S'il 
a agi àTinstigation de son maître, la maison de celui-ci 
s'en ira bien vile en ruines, et toute sa race périra. Car 
ceux qui touchent aux limites seront affligés de mala- 
dies et de plaies incnrablesj et leurs membres seront 
frappés de débilité. Alors aussi la terre s'ouvrira, les 
tempêtes et les tourbillons en désoleront la surface. Les 
fruits seront flétris et coupés par les plnîes et la grèfe, 
brûlés ïïar iaL-aniculej pourris par la rouille; et des dis- 
cussions violentes s'élèveront parmi les peuples Sachez 
t|ue de telles choses arriveront quand on commettra ces 
crimes. C'est pourquoi repousse la ruse et la fraude, et 
mets la règle dans ton cœur ^ 

Les Grecs plaçaient dan*; les tombeaux la tôte du 
mort vers le Levant. Au contraire, on la tournait vers le 
Couchant chez les Cariens [comme semble le dire le 
texte de Thucydide, ou chez les Phéniciens comme le 
veut le Scholiastej'.Du reste, l'Orientation semble avoir 
été à peu près étrangère aux Grecs et aux Juifs^. Ceux- 

i* Fragmenta m Veg^oiîH Arruïiti Veltunino» apud Goîsîmn, 

2. Voy. le liv. l tle Thucydide et ïes rÊinatqiies du Scbo- 
lia.^te- 

3. A moins que Ton n'explique en cû lens le passage suivant 
des Nombres (c. ;ï5, g A) : Ces faubourg.^ qui s^*rout au dehors 
des murailles de Jeurs villes » s'èteailrout tout autour de l'ef^paca 
*Je milJe pas.— Leur étendue sera de deux mille coudées dn c^tê 
de liiricnt, et de même de deux ûiiile du côté du luili* lis 
aurout ta mÊme mesure vers la mer qui regarde rocciiJent, et 
It; iiCïié du septeutriou sera terminé par de sembla bien Umites- 



80 OfimXTATlON. 

eî pro lestent en quoique t^orte contre le euU<^ de TAsle; 
loin d'ado rnr le soleil ^ ih rarrôleiU dans f^on couTSi 
(Josni^). L'Oriental ion rej>araîl chez les nfilions irerma- 
niqneja; elies reganlcnl h la fois le ciel et la terre; leurs 
royaumes s'appelleril A'ortluinibrio, Sussqx, ïFeasex, 
£'ssex, AV-Anglîc, IFiVï^'olhJe, Osirogothîe, — Nous 
avons parlé ailleurs de l'Orientation chrétienne *. 
(^'église, comme on sait, doit avoir l'autel au Jevanljla 
porte au couclianl. Ces règles furent négligées dès le 
quinzième siècle, Saînl-Bcnoîl, achevé à cette époque, 
l'ut justement nommu ôestornatus^j [larce qu*on avait mis 
d* abord Tau loi au eoucbant^ Mais retournons à rOrien- 
tation des terres* 

L'Orientation reparaîtra [dus tard dans les Fiefs du 
soleil^ dans rintrouisalion du duc de Carinlliie et daus 
la détermination de la place du Jugement, 

Le champ une fois orienté^ l'enceinte doit être mar- 
quée par certains signes. La borne la plus sacrée, c'est 
un lombean, (A'oyez sur eeei l'ingénieuse théorie iJe 
Vico,) On sait Thistoire des frères Philènes ; — Los 
Cyrénéens et ies Carthaginois, depuis longtemps en 
guerre pour déterminer dans le désert ia limite des 
deux territoires, étaient ronvenus qu'elle serait an lieu 
où se rencontreraient des coureurs partis en mémo 
temps des deux villes* Les Cyrénôens, ralentis par nn 
ouragan de sables, proposèrent aux frères qui avaient 
couru pour Carthage que les uns ou les autres se fisseal 
enterrer vivants au lieu où ils voulaient placer lafrou- 
tièrc. Les Philènes acceptèrent la condition; leur toin- 



i. Voy. Boiaseréc^ Calhédralo de Cologne^ et les divers auteurs 
cilés au dernier chap. du 2' vol. de moa Hiat, de France. 

2, Ducauge^ verho Bestornntua, 

3. SaiBt-BeiJott est cette petite égliee de la rue Saint- Jacques, 
dont on a lait uu théâtre et où Ton chante le vaudevUk ?nr l^< 
cendre? de Domat* 



LlMITATinN; 81 

beau df^viïit une borne el un autel. [Sali. Jiig. 79. — 
Fomp. Mcla, 1,7,- Val. Max. V, 6, L] 

Lcri Ktrusques et loâ Koniaiiis placent tics tombeaux 
aux limiter des champs. Chez les IndouSjOn enterre des 
os sous la borne, et de plus quelques parcelles de toutes 
les choses dont l'homme se È^ert : — De grosses pierres^ 
des oSj des queues do vaches, de menues pailles de riz, 
do la cendre, des tessons^ de la bouse de vache séchée, 
des briques, du charbon, des cailloux et du sable; enfin, 
des substances de toutes sortes, que la terre ne corrode 
pas dans un temps considérable, seront déposés dans 
des jarres, et cachées 60us la terre à Ten droit des limites 
communes. 

Que les voisins, mettant de la terre sur leurs têtes, 
portant des guirlandes de fleurs ronfles et des vôtemenls 
rouges, après avoir juré par la n^eompeuse future de 
leurs actions, fixent exactement la limite ^ Mais s'il n'y 
a ni voisins, ni ji^'ens dont les ancêtres aient vécn dans le 
villa^^e depuis le temps ou il a fjté bâti, le roi doit faire 
appeler les hommci^ ((ui passent leur vie dans les bois, 
savoir : des chasseurs, des oiseleurs, des vachers, des 
pécheurs, des gens qui arrachent des racines, des cber- 
cheurs de serpents, des glaneurs et autres hommes 
vivant dans les forôta=^. 

Que le propriétaire d'un champ Tentoure d'une haio 
d'arbrisseaux épineux, par-dessus laquelle un chameau 
ne puisse regarder, et qu'il bouche avec soin toutes les 
ouvertures par lesquelles un chien ou on pore pourrait 
fourrer sa téte\ 

Romulus, dit Plutarque, creusa un fossé autour du 
lîeu qu'on appelle maintenant le Comice; on y Jeta les 
prémices de toutes les choses dont on use légitimement 



K Miinou, p. 289, 290, g 250-1-6. 

2. Manou, p. 289, 290, p. 2o0-t-6-9, 260, 



Manou, p. 389, 2yu, 
Manon, p. 287, | 330, 



Si LIMITATION. 

comme bonnes, et nalurellement comme nécessaires. Â 

la fln, chacun y mit une poignée de lerre qu'il avait 
apportée du pays d oii ii était venu^ après quoi, on mêla 
te tout oiisembîe : on donne à ce fossé le nom de Momie, 
Un Iraça ensuite autour du Tossé, en forme de cercle, 
l'enreinte de la ville.- . Le fondateur, mettant un soc 
d'airain à une ctiarrue, y atleitc un bœuf et une vache, et 
trace lui-même, sur la ligne qu'on a tirée, un si H on pro- 
fond. Il est suivi par des hommes qui ont soiu de rejeter 
en dedans de l'enceinte toutes les mottes de terre que la 
charrue fait lever et de n'en laisser aucune en dehors. 
Lorsqu'on veut faire une porte, on ôte Je soc, on suspend 
la charrue, et l'on interrompt le sillon. Du là vient que 
les Homains, quire^^ardentles murailles comme sacrées, 
en exceptent les portes, Si celles-ci relaient, ils ne 
pourraient, sans blesser la religion, y faire passer h^ 
choses nécessaires qui doivententrer dans la ville, ni les 
choses impures qu'il faut en faire sortir', — Pour mar- 
quer lenceinte d'Alexandrie, les soldats macédoniens 
semèrent de la farine ^, 

Dans le Nord, on mettait sous la borne d*un champ, 
du charbon (comme dans l'Inde), et de plus du verre et 
des pierres. G. 5 KL 

Au moyen âge, lorsqu'on plaçait des bornes, on faisait 
venir des enfants, on leur pinçait roreiîle, ou on leur 
donnait des souRlets, pour mieux leur imprimer le sou- 
venir de ce qu'ils avaient vu. — Dans certaines eommu- 
lies, on les poussait su| lés pierres nouvellement posées. 
— De temps en temps, on visitait et renonvoîait ce^ 
tïornes. Cette visite s^exprime par les mots circumducere, 
p&ragrarûy cavafVtcare (chevaucher) : — Pour la Marche 
tic Wurta:bourfï, les princiiiaux et les vieillards promè- 
nent (circumducunt) autour des limites, et vont eu avant, 

1, Phit. Hoimilos, 

2, Voy. Arritti. 



Lmrr.iTiON, 



83 



engagés ï*ar serm^nl à faire titîelaratioa de tôufe cTiO!!;e 
j jii!*le îians rma dt*gui!?er* G, 5 10, 

Cos arbres et ceti pierros liaient inv iolabliîs et saunSs- 
11 n'était permis d'y prendri^ ni feuilles ni branche^^ Il 
est Tait menlion dans les conles allematids d esprits 
iiiaiidiis qm rasent les champs soua forme de feux foTJets 
pour avoir déplacé les bornes des Marches lor&qulls 
étaient en cette vîe. Ibid* 



Les Coutumes allemandes établissent des peines 
cruelles contre ceux qui en labourant déplantent lew Imr- 
ries : — On est d*avis que i*'est jnsUce d'enterrer un te! 
Iiomiiie jusqu'à la rein lu re dans le trou môme où é\mi sa 
|uerre,puis de |iasser sur lui avec uue charrue et quatre 
chevaux ; c*est bien là son droit* G. 547, — Si quelqu'un 
duracine des bornes, son bœuf, sa charrue et sa voiture 
sont acquis au roi. On paiera dr plus au roi pour le pied 
droit de celui t|ui mène la charme, et pour laïuîungau- 
rhi3 de celui qui pousse, Frobert, Lois galloises, 103-4. 

Droit du NonI (G. 539; : Uuand un bien est parvenu 

à une forme symélriqui* et à. une juste di vision solaire, 
c'est alors la (erre imhiiéc qui devient comme mère de 
la terre cnllimihk; cest d après celle-là ipion dîvifc^e 
^;elle-eij et il est fait au propriétaire limitrophe une bo- 
tiification d\m pied comme Sentier de roïseau^ ile deux 
frieds roumic Sentier île riiomme, de trois pieds comme 
Route de troupe. L'étendue du chauq> détermine la imrl 
de prairicp celle-ci la part de forêt, celle-ci la part de 
roseaux, celle-ci eniin divise l'eau d'après les li le ts; et 
là où des pierres ne pourraient être placées de maniôre 
à être vues, qu'on se serve de perches ou bàlôns pour 
divis!.er îa [lart des roseaux. 

Document de l'an 1185 : .,, f)dn VfT$ h Hhin^ on voit 
encore an sommet (tan rocher ta rc^^sembinnce de la tune 
^simiiitudo IudcB)» gravée par tordre du roi IJagohrt e( 



84 MESfRE. 

en$fi présence, pour ilétermuwr ks lutufes de la Bourgo- 
gne et deia Rhéde. G. 542. 

Planter des chm dans les arbres de la vallée où nous 
avons fait tailler des croix Sitr l'arbre et enfoncer dê$ pier- 
res au-de$sotis K (Ann^*c 528.) — En Touraine, et saos 
cioiite iiUâsi dtm& d'autres provinces, on met à chaque borne 
quatre jnae fions fjuùn appelle les témoins ^. — En Breta- 
gne, on mettait, dit-on, quelquefois des épées^ pour bornes 
des champs O''- 

Un niaiius€rit de réalise de Mayence contient la bé- 
nédiction d'une pierre itinéraire. D'abord l'évèque trace 
du pouce avec de ! eau bénite j un jour de dimanche, 
une croix au milieu de la pierre et aux quatre angles *- 

Quant au point de départ de la mesure et du poids, les 
divers jïcuples rempruntent à divers objets. Les uns le 
prenncjit dans la nature; par exemple, Je Gallois part du 
grain d'orge ; l'Indien, de Talome de poussière qui tour- 
billonne dans un rayon duîSoieiL Les peuples héroïques, 
GrecSj Homains, Germains, partent de Thamme même, 
et prennent un membre, le bras, ia main, le doigl, pour 
point de départ. 

Quand le soleil passe à travers une fenêtre, dilManou, 
cette poussière Une que Ton aperçoit est la première 
quantité perceptible. Huit grains de poussière posent 
comme une graine de pavot; trois de ces graines sont 
égales à une graine de moutarde noire; trois de ces 
dernières ;\ une de moutarde blanche* Six de moutarde 
blanche sont égales à un grain d'orge de moyenne gros- 
seur, trois grains d'orge sont égaux à un crichnala, cinq 

1. Smpt. rer. fr. TV, \ . 

2* AlniatiachtleH viHes et des campagnes^ 1S32, par M.LorraiE* 
Ce petit livre, fait avec beaucoup de soin, mérite ptus de £ôq- 
flance que la plupart dea ouTragea du mi^me genre. 

3. Lobiceau, T. 

4. Carpentierj verbo Àdâi, 43* 



UESITIR. 



85 



' iii 



rîcfmiilas k un mâcha, seize niiklias A un souvarna, 

eux cent Liutjuaule pana.s sont déclart^s t*Lre ia f*rc- 

îère ameiKlCj cinq cents panas doivent être considé^^^î5 

comme l'amende moyenne, et mille panas comme 

lamcnde ha [Aus élevée *. 

Loitf j^Mlloîses: Oynwal Mœlmud mesura loitle Tile en 

ârtant de ia longueur d*un grain dVjrj^^e. Trois ^rmm 

ni un pouce, trois pouces une palme, trois palmes un 

lert* Il y a trois pieds dans un pas, trois pas dans un 

aut, trois yauts dans un sillon ; mille sillons forment 

an millg, etc. C e^^t encore une coutume de mesurer 

l'acre légal en partant du grain d'orge»*. Un aiguillon 

"laDS la main du conduetetir de hauteur égale à sa taille, 

Taulre main au sommet du joug, donnent la largeur 

une acre; pour sa longueur II faut trente fois cette 

esurç. M doit y avoir (juatre acres dans chaque tene- 

ent, quatre tenemenls dans un héritage, qualre héri- 

;es dans chaque lenure, quatre tenures dans chaque 

iwnshrp, quatre townships dans chaque raanorj et 

onze inancirs et deux tnwnships dans cliaque commol. 

e commot doit avoir une centaine de townships, dix 

k dix dans chaque centaine... QuatiT acres légaux doi* 

mi entrer dans chaque teuemcnt, seiïe dans chaque 

iéritage, quatre dans chaque tenure» deux cent quatre- 

ingt-^eize dans le towniship, mille vingt-quatre dans le 

manor, douze mille deux cent qnatre-vingl-troïs dans 

*lf>yie manors. En un mot, il y a douze mille Iniit cents 

cresdan^ un commot, et tout autant dans un autre. Les 

icres de la centaine soni au nombre de vingt-cinq mille 

ix cents, ni plus ni moins. 

Le point de départ pour les mesures de longueur c'est, 
chez les Hrccs, îe doigt et le pied* Les Romains ont de 
même le digitus, le palmurï, le pes, le palmipes, le cubi- 
et le passus. 



1. Maîioo. p.27Û-t»g 132- 



86 MESURE, 

Le roi <les Lombards, LuitpranJ^ avait les pieds d*uné 
longueur telle, qu'ils ne faisaient pas moins qu'une 
coudée; son pied, répété quatorze fois sur perche ou 
cordej faisait une verge; c'est d'après la longueur de son 
pied que les Lombards déterminèrent la mesure de ieurs 
terres, G. 541. 

Le système décimal et centésimal semljle avoir do- 
miné chez les Germains : ^ — lis tiabitent par cent uan- 
tonSj dit Tacite,.- On eu prend cent dans chaque canton, 

— On connaît le dixenier et le centenier dt» la loi sali- 
que {funghms, ceut€na}iits)jei\e^ hundred anglo-saxoDS, 
dont l'institut ion fut rapportée au roi Alfred, elc< 

Chez les Allemand!^, la mesure de la plus petite pro- 
priété c'est le siège ou le berceau de l'homme : — La 
plus petite propriété est relie que peut couvrir le ber- 
ceau d*un enfant et Tescabeau de la petite fille qui berce 
iVnfanL — ,., Mais quel bien avei-vous donc là, vous 
autres? pas même de quoi y poser un siège à trois pieds. 

— Tout tiomme (|ui a du bien peut être appelé au juge- 
ment, n'eùt-il qu'assez de terre pour y placer un siège k 
trois pieds (année 1579), — 81 quelqu*un ne possédait 
plus pour tout avoir qu'un foyer sous un toit où il pût 
s*abriter, assis sur un siège à trois pieds, qu'il s'en serv€ 
pour refaire son bien. ^ On laisàsera aussi dans ce res- 
sort un pauvre homme s'établir sur son bien, pourvu 
qu'il en ait assez pour se tenir sous un bouclier qui 
puisse sentir de baignoire, G. 80, 8L — Si Thomme 
dont la terre est emportée par les eaux, en garde assez 
en branches et gazon pour qu'une oie puisse s'y poser 
avce ses petits, et qu'il Jui en revienne par alluviun, Tal- 
luvion est ï>our lui cl ses héritiers (li52). G. 80, — 
L'eau sera dirigée, et le meunier élèvera sa barrière de 
telle sorte que si une abeille se pose sur la léte du clou 
au milieu du poteau, elle puisse s'y tenir, et, sans mouil- 
ler dans l'eau ses pattes et ses ailes, y goûter et boire* 
G. 79. 



Pour déterrainer la largeur d'une route, un cavalier la 
parcourait avec une lance posée liorizontaiemeut sur la 
selle. (Yoy, la Chcvauchée-le-roL) La roule devait avoir 
en large la longueur de la lance. Pour !a largeur d'ua 
chemin, il fallait qu'une rcmmo pût marcher avec un 
long manlean des deux c6tés d'une voiture qui roulerait 
sur ta route, sans risquer d'être blessée, ou bien encore 
([u'elle pût marcher avec un voile blanc «le chaque cùié 
du charriot. — La route qui conduit de la villiï à la fon- 
taine doit être assez large pour qu6 doux femmes puis- 
aient y |>aiïser côte à côte avec leurs cruches. Celle qui 
coïiduit d deii biens particuliers sera assez large pour 
<[aé deux bêtes de somme, qui se rencontn^raientj [uiis- 
sent passer sans embarras. La mesure d'uEi chemin de 
traverse, c'est que deux chiens y passent sans se gêner. 
G. 104. ^ Jtcm, un chemin de traverse sera assez large 
pour que, >s'il venait k jïasser uu corps mort cliai*ge sur 
îioe voiture ou sur un char, et qu'une llancée, ou quel- 
que autre femme en coiffure le rencontrât, elle pût pas- 
.serà côté sana se souiller. G. 55â. 

Lt chemin seigneurial sera iarge et devra inli'e dff deiix 
rcrges à navels, et chaque verge à navets ^^jra large 19 1/2 
pkds de moulon. Record dç XyeL — La grande route : 
doit ssire assez large pour y passrr nuac herse et rouleau, 
Ibid, G. [>5^. — Établiss* de saint Louis : Geniishons^ se 
il naqwï filles, tout aulreiani prendra tune comme l'autre ^ 
fims Caisnée aura lû^ hêrifagrs et ava tH tiges ^ et un coq, se 
il y estK,. C'est-à-dire, Tespace de terre appelé le Vol 

t. Étabî. ile 8aSnt Loui,^, liv, I, c, iO, — Vol dun chapon : On 
^ppeloii ainsi qitaire. ou dtwt arpcnis de terre aulonr dt*s fossés du 
chdUau qui app/îrienoient à Vaine. Coutume de jTowrjr, arf. ÎGlI. 
^ Par ta Coutume de Clermont, il e,n ejilbn^ â un arpent de 
tfrrt* H de m*!me par ifjf Coutumes d'OrUans^ de B^rry et de LoH^ 
tiunoif. — On appelle aussi l/> vol d'un chapon^ ciiêze. -^ On 
dicter minoit atl$si un ejfpace de terre par un trait darc, un jet de 
pierrf^ une portée d'arqueàuse. Coutume de Bourtfonnais, art. 524| 
LauTière, Glosa. Il, 232» ÏGS. 42fi. 



\ 



88 LE PArV'BE, — LE PASSAXT, 

du chapciK Colle mesure, que M, Grimin n'a rencontrée 
nulle [tart dans Ictj Coutumoî^ de l'Allemagne, se retrouve 
dans pluî^ienrs des nôtrpi^, et se prend, selon les cas, 
pour lin, deux ou trois jours de terre. 

En France, les mesures isoiit ^nérale ment empruntées 
aux membres de Thomme (pouce, pied, etc.)i ou bien 
pucore aux armes (lancea, lancea sartatorîa). Ils m*ùni 
donné un filet de la langueur de dix lances [lance is sarta- 
tûriis]. Charte de Tan f 193. -- Le champ qid va de Br an- 
cor i à /Jarchîas esi large de dix lance$ [lanceis sartatoriis], 
et s'éfend tvj longueur tout autant gucie hois. Charta PhiK 
nom, Fland-, anno 1180. — ^t le contrée de le fowée 
XXX ni mij^^s et xii lances. Charte de Tau 117^* — La 
pique, HasUj ligure souvent aussi parmi nos mesures > 
La phim eU la mesure du champ [hasta raodus agrL] — 
Ils nUribmrent à cette maison ii7ie pique de pré [astam 
lirali], — Astadia et A.stadius ont le même sens dans 
deux actes de Toulouse '• 

Quelle que soit la sôvérité du propriétaire dans la fixa- 
tion des limites, dans l'exclusion du vagatjond et de 
Tel ranger, on trouve pourtant dans les vieilles lois quel- 
ques dispositions humaines en faveur du pauvre, du pèle- 
rin, du voyageur. 

Loi de Manou : Le Dwidja qui voyage, avec de ché- 
tivcs provisionsj s'il vient à prendre deux cannes à 
sucre ou deux petites racines dans le champ d'un autre, 
ne doit pas payer <ramende. — Prendre des racines ou 
des fruits A. de grands arbres non renfermés dans une 
enceinte^ ou du bots pour un feu consacré, ou de Therbe 
pour nourrir des vaches, selon Manou, ce n'est pas un 
voL — Un brahmane qui a passé six repas (trois jours) 
sans manger j doit, au moment du septième repas (c'est- 
à-dire le matin du quatrième jour), prendre à un homme 

L Pour cet ÈJEcmi>le, et lea prêcédeat*, voy, Ducange, ï, 791, 



LE IMl vriE. — LK l'AJiSANT. Sf» 

I dépourvu de charïté de quoi se nourrir la journée shns- 
^Wcufier du lendemain \ 

Quand vous entren^z dans la vigne de voire ^irochaîu, 
roiiî? pourrez manger des raîs^inâ auUut f^ue vous vi.m- 
Irez, mais vous n'en emîKîrlerez [lointdtdiors aven vous* 
Si vous cuirez dans les UUb de votre ami, vous en 
pourreï cueillir des épîs, et les froisser avec la maiu^ 
Ei%i& vous n en pourrez couper avec la faucille \ 

Les Grecs permettaient de prendre du fruit d*autruî : 
Jtisiju'à uni' cliarffe d'homme, — Qu'on ne prenne pas du 
i'ruii d autrui plus qu'un homme ne puisse porter, disent 
ussi les lois du Nord, — Il étaït défendu, dans les lois 
lies Laurc|itiii3, do prendre du fruit d'aulrui sur son bras, 
ycst'à-fJiro ce qui peut faire la charge de Tépaulc (in 
Hrmuni, id est, quod humeri onus sit). Feslus, vcrb* 
^rmalfu (i. 551, 

Loi des Lombards : Si quelqu'un enlève plus de troiis 

!ippes de raisin dans la vigne d*aulruij qu'il paie pour 
COînpoHtion six solidi ; s'il en prend jusqu'à trois seule- 
ment, cela ne lui sera pas ini|)nte, — Eu Allemagne, un 

fisaut pouvait inquinéuient cueillir trois pommes â 
l^arbre d*autruif arracher trois raves dans le champ 
faotrui* — Celui qui coupe des raisins est-il un mal- 
Mteur? S'il s*est coupé trois ou quatre grappes dani 
|!ainain, et les a mangées, il ne sera pas cojisideré pour 
cela comme un mauvais sujet; mais s'il s'en était coupé 
lajiâson sein, dans ses bras, ou dans ses poeîies, et que 
Delà fiU trouvé ainsi par le garde, celui-ci ne lui devrai L 
^as de réparation pour les paroles qu'il pourrait lui 

âresser, et l'autre n*en vaudrait pas mieux pour cela. 
L 5I)L — Item* Un homme qui se trouve en route, et 

îi vient de chevaucher dans la plaine, peut ramasser 



•I. JMauoiî, p, 302^3, g 33§, Ui ; p. 395, § t6. 




WB tZ PASSAIT, 

autant de gerbes qu'il pourra en saisir au grand galop 
avec sa lance, mais pas aulremenl, G. 107. 

Les lois des Brehons d'Irlande permettent de prendre 
du bois pour certains usages : excepté dans les bols 
Êac^és^ 

Ils ont droit de prendre les branches sèches avec un croc 
de bois ou de fer. Arrêt de Tannée 1271- ^ Ih otit droit 
dts prendra, dans la forêt d'Andelau^ le àoiS mort et ks 
branches aussi haut qutls pourront les atteindre^ monta 
sur leur chariot *. 

Le seigneur roi a ordonné f^uon ne pratiquât plus une 
injuste coutume mitée dans quelques partifts du Verinm* 
dois; selon celte coutume, un homme dont le chariot 
verse ne peut le r^ele^er sans l\isseniiment du seigneur sous 
la dépendance duquel se trouve cette terre; ou s il tt 
relrt^e^ïl est tenu de payer sovvanLe sols à ce même sei- 
ifwur. Ch, année 1257. Carpentier, vcrbo Quadriga, 3. 
G. :154. 

!tem, que chaque paysan conduise dcu?r voilures de 
hois, et e|ii'il n'y ail pas plus de quatre chevaux allelés 
A Ja voilure; que ce soit tout bois gâté, bois mort, mau- 
vais bois, de telle façon que ïsept cbiens puissent courre 
un lièvre à travers, ou qu'une pie puisse voler à travers, 
les oreilles droites* G, 93. 



!. CoUect, lie rebiî* Hîb. Ilî, 102, — Voyei ausai dans ie< 
Triailes galloises, certatûs caâ i*ù le pauvre pread sans TOÎer, 
2. Ducaijgc, verbo Brancîi, ï» l^BI. 



CHAPITRE TROISIÈME 



TRADÏTÎON 



Chez les Indiens, celui qui vend ou donne un, fonds, 
répand sur la terre un peu d'eau que l'acquéreur recueille 
dans sa main et boit pour indiquer que désormais la 

propriété lui appartient, — La tradition d'une terre, 
disent ailleurs les lois indiennes, se fait avec six forma- 
lités : Consentement des ^ens du lien, des parents, des 
volsiins, des héritiers, et livraison d'or et d'eaii K 

Ainsi les éléments servent de symboles à la tradition. 
Celle (le la terre se fait souvent par la terre même, sou- 
vent encore par l'eau et la terre. Xerxôs envoie deman- 
der aux Athéniens qu'ils lui doniu.*nt la terre et leau* 
Darius exi^Iique en ce sens le présent qne Uiî font les 
Scythes* Hérod. i, 1"20. — Dans un vieux chruit sur 
rinvasîon hongroise, renvoyé d'Arpad nnnjïlit nue bou- 
teille de Teaii du Danulu', prend un i>eii de terre et 
d'herbe, et porte le lonL à Arpad, ([ui, en vertu de ces 
S}Tnboles, marche en llon^^rie, et revendique le pay^î 
comme sien. G. 12L 

La terre servait aussi romme ^ymbolp k la vindicatio 
romaine, AuL GelL iO, 10 : Us allaient au champ môme, 



(l) Dige»t niudu, U, U)\. 



9t TRADITION. 

qui faii^ait Tolijet «lu \i\v^e, y prenaiont de la terre, et 
en portaiont une glèbe k la ville devant le t>L'éleur*, sur 
cette glèbe, comme .sur le champ tout entier, avait lieu 
la vinflicatio. Voyez aussi Feslus, verbo Viudieiye. — 
Doeumenl hongroi^s de 1360 ; Sous le susdit poirier, 
Tliomns et Miehaël Gliapy, déceiuU et pieds décliaux, 
plaçant la glèbe sur leurs tètes, comme c'est la coutume 
de jurer sur la terre, îls ont juré que la terre qu'ils fou- 
laient (ream bu lassent) et circonscrivaieut (séquestras- 
sent) des premières bornes aux dernières, était bien de 
leur possession et en tlépcndait. G, 130. — Yoy^z plus 
loin les frères d'armes du Nord, qui se juraient trater- 
nité sous la terre. L'ordalie Scandinave se faisait de 
même* 

Dans les traditions et les poèmes allemands, les hèro^ 
qui font un serment enfoncent Tépâe dans la terre jus- 
qu'à la poignée. — C'était un usage dans plusieurs par- 
ties de rAllemagnc de prêter serment sur le blé verL 
— Dans une ballade écossaise rMinalrelsy, II, 416], on 
lit : Elle jura par l'herbe verte; elle en fil autant par le 
bïé. — Serment dans llliade, i t, 274 : D^une main il 
toucha la terre toute féconde, de l'autre main la mer 
brillante, 

Tito Live, t, 24 : Il n est mémoire d'aucun traité plus 
antique : îe fée i al demanda au roi Tuïlus : M'ordounez- 
vous, 6 roi, de frapper iraih^ ^ avec le pater palratus du 
peuple albain* Le roi l'autorisant, il dit : Roi, je vous 
demande les sagmina, Le roi dit : prends-la pure (pitt-am 
. tolliio}. Elle féeial apporta une herbe pure du gaion de 
la citadelle* — Cette herba para des Romains se re- 
trouve dans une des formules des plus ori^nnalesdc la 
loi des Francs, Lex salie. Jit. Gl ; la rhrenecruda (reines 
kraul), qu'y prend le banni, signiJie herbe pure* — 



î. Fetire fœdus^ ûoinme lea Allemaads ÙHwnl bâtonmer ju^^- 



dKRBE. — GAZOrï. 93 

Pliûe dit illisl. nat. 2â, i] : Chcï îcs anciens^ lo signe 
suprême de la victoire, c'était que les vaiiiL-iis lentiissenl 
rherbej cédant ain^^i la terre, torre nourrice, terre des 
tombeaux; je sais que cette coutume subsiste chez \m 
Germains. — Festus : Ce mot de Plaute, Je donne 
rhôrbe, signifie, Je m'avoue vaincu. — Uietoiar, Mers., 
G, (À"i : Les Lusacien!ï vaincus, viennent tÊtc rasiSep ren- 
dent les mains et tendent le gazon. G. 109. 

On trouve fréqûemnient dans les formules franciques 
et saxonnes : Tradition par herbe et terre, par le f^azon, 
parle gazon et îe vert rameau : — Hériolt amcEia ses 
parents et ses proches, apporta du lieu susdit des i^'azons 
verts, et semblable ment de vertes boutures pour planter 
dans le cloître de la vierge Marie; étant donc venu par 
devant le seigneur évéque Hitlon, en présence de tout 
It clergé et du peuple assemblé pour cette solennité, iJ 
s'Approcha de Tau tel de la très sainte Marie, et y posa 
les gazons et boutures en mémoire éternelle de la chose; 
ïe prêtre Oadalpald et le moine Otolf les emportèrent 
I^our les j)lanter dajis le cloître (année 828). ^ Je con- 
cède les susdits biens et terres à Téglisc Sainte-Marie. 
yen fais légitime cession par paille et couteau, gant et 
f(azon, et rameau d arbre, et ainsi je m'en mets dehors* 
ni'en expulse et m'en fais absent, 1), Cahnet, Jlist. de 
Lorraine, I, preuves, p. 5'2-i; année 1107, G. ItL 

En Flandre, ces usa^'es durèrent très Ion ^^trnjps. Le 
DUitre du fonds donné ou vendu y coupait avec un cou- 
t^'îiu une motte de gazon de forme circulaire et large de 
'lyalre doijjçts; il y licbait un brin dMierbe, si c'était un 
f'fé; si c'était un eliamp, une petite branche de quatre 
^ioigts de haut, de manière à rci»résenter aiu^i le fonds 
Ct^tlé, et tï mettait le tout dans la main du nouveau pos- 
sesseur, G, 1J2. — Ces signes pouvaient être produits 
t'H justice. Aussi on les gardait avec soin dans les églises, 
'ïucan^e [^3,1522] : On a conservé jusqu'aujourd'hui dans 
iieaucoup d'églises des signes do ce genre j ou en voit 4 



94 TBADITTON. 

Nivelle et ailleitri>, de forme carrée, ou sembîableé àdes 
briques- 

Chez les AJamans^ en cas de controverse &iir les li- 
mites, on coupait une motte du champ eu litige, oa 
Fapimrtait devant le comte, enveloppée d'un drap; h 
duel décidait, mais auparavant les combattants toti- 
chaient cette terre de leurs épées '. 

Que /es dettx voisins en dispute sur hurs iimites^ appor- 
tent au mal ht m une piéet' de gazon du lieu contesté, d 
jurent en la touchant de leurs épées ^. 

Dans la loi des Bavarois, le vendeur, obligé de coafir- 
Btier la posspssion du bien k Taclieteur qu'un tiers in- 
quiétait, devait renouveler la tradition de la marjière 
suivante ; Aux limites, aux quatre coins du champ^ii 
enlèvera de In lerre avec la charrue, ou si c'est un bois, 
il y cueillera berbe et rameau ; il dira à son acbeleur : 
Je te Tai transmise It^gitimementj je te la garantirai. U 
répétera ces mots trois fois, en lui présentant Therbe ou 
la terre de la main droite, tandis que de la gauche il 
tendra son gaye ù celui qui dispute la terre. Si celui-ci 
disait : injustement tu as garanti; le combat déciderait. 
G. lU. 

Usage du Nord ; Après la troisième publication, rache- 
teur doit inviter le roi, et le traiter, ïui et les coffipa- 
pmous du roi, à trois tables. En leur présence, le roi 
fait tomber quelque peu de la terre vendue dans le F'- 
ron de l'acheteur, eu signe que toute la terre lui e^i 
est transmise. Anciennement les particuliers entre cm 
contraclaîent aussi de cette manière : Les assistant^ 
tendaient le manteau de Tacbeteur, et le vendeur y j^^ 
tait un peu de terre, en prononçant la formule soleîi- 
nelle de Taliénation» G. MO, — V. Innoc, 111, decrelal- 



I* Je ne bqU où j'ai lu que daaa certains caatona de la Bre- 
tagne, au avait quelquefois piaulé pour burue^, des épées. 
2. Dogoberli capitul Hdluze I, p. âl, art. 34. 



J, 4; anno 1199 : Roma in Daniam... ^ On a vu plus 
haut comment les Saxons prétendirent avoir acquis la 
Thuringe, 

Au moyen â^o, t' investiture se faisriit aussi par la 
pierre : — Il ^rinvestit par la tradition d'une petite 
pierre (charte de Tannée 1394)*, — Les Romains con- 
naissaient ce symbole : Il est mieux de Tempéchcr par 
la main, c'est-à-dire par le jet de la pierre, qu'en lui 
dénonçant nouvel œuvre. Uigest, — Un document du 
midi de la France (an 1407) donne des détails plus pré- 
cis ; Il dénonçait nouvel œuvre, et en signe de df^non- 
dation et de défense, il jetait une pierre, en disant aux 
habitants de la maison ; Je vous dénonce nouvel œuvre. 
Il jetait df^ même une seconde pierre en disant : Je vous 
déuonce nouvel œuvre. Et ainsi faisait- il encore une 
troisième J'ois en jetant une troisième pierre ^ — A ceci 
sr? rapporte le proverbe allemand : Le diable a jeté sa 
pierre dessous, Jorsqu*on parle d'une construction qui 
ne peut s'achever. G, 181. 

A Rome, la tradition pouvait encore se faire avec la 
paille : — Celui qui revendique, prend la chose en 
tenant une paille, il place cette paille sur la chose en 
litige, disant: Elle est à moi, Gaius, 1, 19. — SHpuU}\ 
c'est lever de terre une paille, puis Ja rejeter à terre, en 
(lisant : Par cette paille j*abandonne tout droit : et ainsi 
doit faire Tautre, lequel prendra la paille et la conser- 
vera... Et lorsqu'ils auront ainsi fait, si quelqu'un d'eux 
ou de leurs héritiers veut contester le droitjlamème 
paille sera rejiréscnlée en justice devant témoins, tex 
romanaj Paulus, 2, 2 [Ganciani, 4, 509]. G, l^S. 

La donation de la liberté^ TalTranchissement, se fai- 
sait par la paille. Les Grecs, dit Plutarque [De his qui 
fierù puniunturj, jettent sur le corps de Tesctave ua 






96 TRADITION, 

mince Télu, Plante [Miîes glariodus] indiqne i;o même 
usage» L'homme libre par la paille (festucà liber), éUtt 
Je serf alTranchi, Plus tard, il semble qne la paille ait 
grandi ; c'e^l nue baguette dont le lîctenr louche la tête 
de Tesclave, Boethius, II, in Topic. Cir- 

D*aprèt^ la loi salirinc (tit. iO), c'était au tnbunaï que 
devait se faire la tradition des biens ; Il convieni d'ob- 
server ceci : te dixenkr et h cetUenier indiqueront l'assem- 
àlée; et il y aura dam lasse mùlée un Aouc/if/'.., L^nsuik 
ils requerront dans rassemblée même l'homnif^ à gui /e 
bien n'apparîknt pas encore ç et il jettera un fétn dans k 
mn [in laisttm] du donataire et lui dira combien il lui veut 
danner, . . . Ensuite, celui dans le sein duquel il a jeté le 

féiu^ se tiendra dans sa maison et prendra frais hâtes 

Jl doit tout faire avec /es témoins <juil a rassemblés... 
Puis, en présence du roi on dans une assemblée légale^ d 
remettra son bien à celui qnil a choisi et recevra le fétu 
dans l'assemblée même. Et dans le sein de celui quil a 
choisi pour héritier ^il je ttei^a ni plus ni moins que ce qaU 
lui donne. — Les téjnoins diront que ce lui dans le sein 
duquel le donateur jeta la paille, a demeuré dans la mai- 
son du donateur, y a réuni trois hôtes ou plus, qu'il les a 
nourris, et quHls lui ojit rendu grâce en cette maison (et in 
beudo suopultcs mandacâssent). — Dans Pancieii droit 
français laissier et gnerpir sont synonymes. Or guerpir 
(d-oii déguerpir) est le même mot que werpîre, qui signi- 
iie jeter. G. 121. 

Le fétu qui avait servi dans un contrat, était conservé 
avec soin : — Si l\m des contractants ne remplit pas 
ses engagements, f autre ira vers le comte, prendra k fétu 
et dira la parole [la formule de la plainte]. Lex salica, 
53, 3* — Le maître qui rantionnait le serf, devait, en 
signe d'engagement Jeter un brin de paille. Lvx ripuar. 
3L — De môme pour confirmer un serment : lia prù- 
mis par le fétu (nnnéù OUI), Script, rer, fr. IV, Tl. — 
Par la transmission du fétu, on remettait à un autre le 



PAILLB, 



97 



àîl de fmursnivre sdïi aïTaini devatil le tribu iiaL >lar- 

lïan.< une .suppliqiii^ r>u Foo deoiande k Charlemagiic 

rrj+fiT les prèlres du service mililaire, il e^i dît: 

■ ^ifs, /^^jirtHf /ff pmlie dmis ta main druUû et la rejefmti 

la main, nom proiestons ... Balux. Ij 108, 989 (a. 803). 

- A*î,^ grands de la France f réunis $Ghn Casafj^^ pour 

iker cît' tudlifé pubUt^ue du royaume^ ont^ par conseit 

unanime f jeté la fétu et rejeté le roi (Charles Je Sim[)le), 

pour ipiil ne fui plus kur mgneia\ x\cloirjaru^ Ciiliaa, 

1 fVi . — ÎJ /f om m a ge c l fo l, nom les c ù nda m nons, rep ous- 

'!«, rejetûrts par iô fétu [extcstu camus].... Cette réponse 

• its, ih prirmit des fetun et dépouillèrent leur foi {extm- 

I arcrunt). Galli<>rL in viUï Caruli, corn. Fhiiid. 05. G. 

^'l Ainsi un brin de paille sunisaiL pour décider truu 

linmp ou d'un royaume. 

Le brin de paillCp suivant le course de sa végélaltôn 

i'î<ii(|ue, devient noueux : — De toutes les choses dites 

'^ lis, je fais légitiïiie investiture par le couteaUp la 

iioueusG, le i^ant, le gazon et le rameau, Ughellîj 

it4J. — J'ai fait tradifiont sHoji la loi saliffue, par la 

dU nomme. Mabiib>n, Annal. IV, 116 (a, 997). — On 

noiiçait aussi il une propriété par Je fétu noueux, 

^'«is, ce symboJe parais?îaut trop léger eneore, on eiû- 

l'l'>ya non plus uu brin, mais une paille entière (cala- 

''Ji)> Ei jetant une paille (ndiimus), selon l'habitude 

I [iiuple, ils renoncèrent à tout droit sur cette terre. 

Jil (a, J JSrî), — Résignant et abdii;|uajit par la bon- 

" T"> main et le jet de la [laille, tous nos droits sur 

- |n-(»pi-iétés en faveur desdits acheteurs. Ecc* Fr. 

-u. l,57d(a. 13U). 

\^m\^ Tilc dt* Man, dit Spclman (CoJJ. 15G), c'est en* 
re Tusage qu'on ratiHe lu vento des chevaux ou de 



'^ Il y avîiît de mêmç en É«asse des tenures par la ïiaille^ 

Û 



98 THADITION, 

toute aulrfl chose, en JounatiE la paille, — Où lit dans 
le poëme lïaamiid du Reinaert, lorsque le lion gra<iele 
renard : Alors Je roi prenant un brin de paille, pardoana 
à Rcinaerde toute ollense, !a ruse de son père et sod 
propre crime. — Reinaert rendant au roi le trésor 
d'Ermcling, prit un brin de paille/ le présenta et dit ; 
Tieos, seigneur roi, je te rends le trésor. Le roi accepta 
le brin. 

Rompre la paiih^ e'ëtîut chez les anciens faire udc 
promesse; les deux contractants reconnaissaient leunJ 
jirnmesses en rapprochant les deux brins rornpiiî 
Orijç. lY, 24, Dans rancien français^ rompre ie f^stv, 
Yoniait dire évacuer le pays, y renoncer. — Va-l'en tn 
ta contrée, r^ompus es(t le feslti. Roquefort, roman d'Ale- 
xandre, 1, 56'J. — Qui Jadis rompt ie fe&iu^ désigne ('clui 
qui a renoncé au siècle* Ducan^e, o, 411. M. Grimm 
pense que rom;jre ne veut pas dire ici, briser la paiift^ 
en deuXj mais arracher 3e brin du sol. — Encore au- 
jourd'hui les enfants tirent à la courte paille. 

Le brin de paille est dejîV uu si|jfne plus abstrait que 
la motte de terre ou de gazon. Il y a plus : la terre etie 
gazon devaient Être tirés du champ même dont on vou^ 
lait disposer; la paille peut être prise partout, m^ m* 
sur le lieu du jugement. Aussi est-elle un symbole à'mt 
application plus variée ; elle est le signe te plus gênéi^ 
de la tradition. C'est chez les Francs surtout que <^^ 
symbole était en usage; les Frisons et Saxons le t^oo- 
naissaient à peine : — Il renonça au pré de Budenei* 
beinij d*abord par les doigts recourbés^ selon la lo2- 
tume saa^onne; ensuite avec la main et la paille, d'âpre 
Tusage des Francs. G. l!2§. 

Si est Raùoarius [Ripuarius), si est Francus, si ^*f 
Gothus vel Allemannus venditor, pane carlam in terri i' 
super car tant mitte cullellum, festiwam nodata, wantùnm* 
irasonem teiT^ et raittum arboriset airamentariumet Alifi' 
manni tranddanc^ et levet de ten'd et, eo cartam tenenlf^ 



RAMEAU. Ï9 

diciradictionem^ ut suprà diximus, et addein àtorum cartd 
H Bajoarorium et Gundebaldomm ; nam in Gundebalda et 
Bajmfia non ponitur insyper cultellum^ Si Salie hus et 
ceteri élèvent atrarnentarium tanlum snpra pergmnena de 
itrrà, non tribnunt ei$ ierram; si vero triùuuntj funcele- 
vent cultetlum €t cetera, exceptis Bajoariis et Gimdebaldis. 
Carlâ in terra pmitâ, et super calamario, cultello, festucd 
mdatâ, wantone^ clebd^ rarno arèori^, donaiio saliv/ia ita 
sit^ car ta eu ni omnibits supra script is rébus sursitm leva tu 
âonatore teneatur ; et orator dicat : etc. (Formule lom- 
barde dans Canciani» G. 558,) — Ainsi les Bavarois et 
les Bourguignons ne mettaient pas les symboles sur la 
iharle; les Goths, les Francs^ les Alamansj les y pla- 
çaient- 

A Home, la prescription d*unetorrc était inlrrrunipue 
par fa rupture d'une branche. On enfonçait des branches 
en terre pour limiter les champs. Ceux qni demandaient 
il paii portaient des branches d'olivier. C'étaient aussi 
des branches d'ofivier que prenaient les suppliants chez 
les Grecs, Nous retrouvons aussi le rameau chez les 
Pranea ; — Gondebaud envoya au roi deux députas avec 
des rameau;^ consacf^és selon la coutume dts Francs. Gré- 
goire de Tours, VU, ^2. -— Notre dimanche des Ra- 
meaus rappelle Teiitrée pacifique du roi spirituel h 
Jérusalem, 

La branche d'arbre était employée^ comme la motte 
tJe terre ou de gazon, pour la tradition d'un fonds. 
C'était sur le fonde même qu'on prenait le rameau. J'our 
ks jardins, on choisissait une branche de pommier; 
pour les bois et les forêts, une branche de coudrier et 
de bouleau. — Par la tradition du rameau h trois bran- 
ehes, coupé sur le bouleau. — Lorsque les arbres du 
fonds vendu étaient en fleurs ou avaient déjà leurs fruits, 
la branche choisie portait, ce semble, les fruits ou les 
fleurs : — Coudrier chargé de noisettes. Dueange, lU, 



1 



100 TRADITÏO?î. 

La tmditîon |>ar le rameau s*^ trouve dnîis la loi des 
Bavarois^ 17, ^ ; elle dit : **, Un bien par le rameau, s1l 
s'agit d'une fonH, — La loi des Àlaman:^, 84, porte : Ou 
enfoncera dans la terre même des branches d'arbre,— 
Wolfheri ayant coupô un ramean d'arbre en présence de 
tous, et l'ayant mis dans ïa main de Wagon, lui livra 
tout.,. Puis il tira par loreille les témoins légitimes 
(année 8^5). G. 131, 

On rapporte que le susdit Eso prit à un arbre de celle 
lerre nn petit rameau rin'il entoura de gazon, et parce 
rameau il doua son épouse du pré de Brunvilrense,,. 
Cette petite hranclie resta longtemps aimable aiiic yciit 
par sa gracieuse verdure. Leibnitz, I, 315 (dixième siè- 
cle), — .*. De plume et d'encrier, de paille et gazon, de 
branche et de fruits. Murât, Aiïtiq. 11, âi8. — Ce texte 
présente, ainsi que le passage c:ilé plus haut, un singu- 
lier mélange de civilisation et do barbarie. 

Le bâton, c'est encore la branche, mais dépouillée de 
feuilles ; c'est )e rameau travaillé, 

Conra^ï donna l'investiture du bien par le bâton impé- 
rial et laissa ce même bâton en témoignage perpétuel 
(année 1030), —Ce qu'entendant, le seigneur Empereur 
donna audit «HOque la terre par le bâton qu'il tenait à la 
main, Ducange, III, 15^6 (année 013), -^ Ouïs lesun^^ 
et les autres, le susdit arrlïîprésîdent Walpert, parle 
conseil de tous les assistants, [>rit un bâton et (mr lui 
donna lesdites chapelles (année 1*03), — Le duc de Ba- 
vière, Tassiîon, rendit â Charles son duché avec le 
bâton.,, in cujus capite simili tudo nominis erat, Annal' 
Quelferb. Année 787. 0. 1334. 

Tenez la terre, que quitte la tos renl, 
Par cest bas ton vos en fas Je présent. 

Rom. de Garin. 
Dans la Suisse, on se servait du bâton pour les liefsde* 



BATON, iOl 

paysans- t/îimiiian prenîiil U(r LiAtoii tic lu tmun dé l'an- 
bien po.sse?8etïr et. le meUait dans ceUe du nouveau. 
Arî. Hist. «Je S. Gtiïl II, im (année i371>.) 

Loi Saîiqiie, 63 : ^t'* qunlqami mut sp s^atër de 

■a parenté el renoncer à m famille, qu'il aille â 

Janemàlée devant le dij^enier ou le centemeTi que là, U 

mtr $a léte quatre bdtofu de i^oh (fmtlne en quatre 

hùrçeaux, et leâ jette dans rasiemlflée en disant : Je me 

Vd^age de tout ce qui touvhf ce.^ f^ens^ de Mrment, d'héri- 

fûge et du reste, — Le bâton jonc dan,-? loi^ Jug^ements, 1*?- 

aôïne roÎQ que le brin de paille dans la Iradition. [Voyex 

\\m loin.] 

Droit des ofïïeiers de Saint-Pierre de Cologne (trei- 

kième isiôcle) : — Si le chevalier ne veut point recevoir 

les arréraf^es de sa solde, il placera à Tapproclie de la 

[luit, en |»réfïence des serviteurs^ un bàlon dépouilie de 

on écùreR sur le lit de son seigneur. Personne ne 

irangera ce bAton jusqu'à ce que l'archevôque venant 

!ïur dormir le trouve sur son Ht. Si rarcîievéque 

lemande qui a fait cela et si le chevalier reçoit pa.r ce 

Hoyeo sa solde, qu'il continue de marcher avec son 

&i^eur ; sinon, le chevalier viendra au malin vers son 

eîgîienr, et fléchissanl devant lui le genou, il baisera 

ibord de son îuanteau, et alors il pourra légalement 

Bvenir dans sou pays [repatriabitj.** Mais, si Tardie- 

5ue irrité rempéche de baiser son manteau, il prcn- 

en témoignage deux de ses sen-iteurB, et alors il 

arra encore se retirer sans forfaire. — Il s'agit dans 

texte du serviteur d'un archevêque de Cologne, qui 

T'a suivi au delà des Alpes, et qui sans doute, après 

?ivoir accompli le temps de son service militaire, veut 

regagner ses foyers. Ce bâton dépouilla dont il se sert 

est analogue à celui des prisonniers et des suppliants: 

— Le seigneur de Pinzenau envoya au camp deux pages 

[sortant des habits blancs et des bâtons. Il olTrit sa sou- 

Juission cl demanda liberté de partir. Miroir d'bonneur 



iOi TRADITION, 

d'Autriche, année 1504. — .„ Dans la ville de Welda les 
confrères de TArc... viennent devant les statues des 
saints, tenant dans leurs maios des baguettes blanches 
en signe de dépendance* Graroaye, Antiq. d'Anvers. — 
Après leur condamnation, les révoltés, à genoux sur la 
place du marché, et ayant des bâtons blancs à la main, 
juraient fidélité A la nouvelle seigneurie, et s'engageaient 
sous peine de mort à porter toute leur vie ce bâton 
bfanc. Annales de Gœrlitï, année 1516. — Partir avec 
petit bâton^ et du bien faire Tabandon. Archi\es de 
Bade. G. 133. — Aujourd'htii en Hollande les scrvanleà 
sans place vont dans les rues avec des bâtons blancs. — 
Je ne plains pas les garçons, dit Luther, un garçon vit 
partout poun^u (|u*il sache travailler. Mais le pauvre 
petit peuple des filles doit chercher sa vie un bâton à la 
main*. 

Le bâton n'est pas toujours le signe de la tradition, 
de la renonciation ou de la dépendance. Il est souvent 
le sceptre j le signe du commandement. Les pasteurs 
des peuples, prêtres ou roisj à qui les ans ont donné 1a 
sagesse, s'appuient sur un bAton \ iïs ne le quittent 
jamais, c'est in signe de leur pouvoir, L*augure étrusque 
est armé du batou recourbé, du lîluus^ pour diviser le 
ciel ; l*évèque porte la crosse, le magicien son bâton 
bariolé et couvert de signes. 

Ut sceptrum hoc (dfXtrA sceptrum nam forte gerebat) 
Nuniquam fronde b?vï fundet virgulïa neque nmbras : 
Ouum serad in silvis inio de stirpe recisutu 
Matra carets posuitque comas et brachia ferro.„ * 

Les consuls à Rome ne portaient point de sceptre ; 
des faisceaux composés de baguettes d'orme ou de bou- 



i. TiflchredeD. Michelet, Mémoires de Luther, H, p. 160. 
2. \irg. iEiieid. XII. 



BATON, — MAIN. 103 

leau étaient le signe du pouvoir consul aire , dictatorial 
et prétorien. Les ttctcurs du consul qui n*avaient point 
ïes faisceaux étai€^nt armés d'une simple verge, comme 
la baguette noire et blanche de nos huissiers. Au moyen 
âge le sceptre reparaît; le juge germanique est armé du 
bâton blanc. 

La main devait naturellement servir de symbole» dans 
la tradition. C'est par la main que Thomme montre sa 
force, c'est Tinstrument, le signe de la puissance; c'est 
en la main de l'iiomme que le droit romain place la 
femme, les enfants et les biens; la main consacre hi 
transmission du droit de propriété. — Le gage se con- 
tractait en fermant le poing. — On formait le contrat 
de mandai en donnant la main, — Pour accepter miv 
hérédité, rhéritier faisait claquer ses doigts, — Le père 
de famille émancipait son fils en lui donnant un i^ouffiet^ 

— Ceux qui se disputaient la possession d'un fonds se 
saisissaient ïes mains, simulaient une espèce de com- 
bat, puis allaient devant le préteur; de là Texpression 
manu conserfmn pour les débals judiciaires* — Lors- 
qu'on réclamait un menble, on le saisissait avec la main* 

— On enchérissait k une vente pubiiriue en élevant un 
doigt- — Au cirque, le doigt levé élaît le signe de salut 
que donnait le peuple au gladiateur vaincu ; le doigt 
renversé était \^ signe de mort, — Dans les camps et à 
Tarmée, les sentinelles tenaient un doigt levé. 

Si queliju'un trouve son bétail en la possession d 'au- 
trui et quil veuille le reprendre, il esl nécessaire qu'il y 
ait main mise ; d'ordinaire il touche les reliques de la 
main droite^ et de la gauche il saisit Toreille gauche de 
!*animat. G, 140. — Dans Tantiquité comme au moyen 
j\ge, les fiancés se donnaient Tun à l'autre en se donnant 
la main, — Le vassal fait foi et hommage en plaçant 
ses mains dans celles du seigneur : — Quelque^^-irus 
ajoutent, dit un vienne feudisle, que le vassal doit rcinui i 
ses mains comme si elles tremblaient. Est-ce que tout 



104 TRjiDmoîï, 

son corps n'est pas ému lorsqu'il approche de son sei- 
gneur ? Que ses mains tremblent donc aussi* — Dans 
l'aiicif'ti droit du Nord comme dans Tusa^^e de uo^ 
paysans, un contrat n'est valable que lorsque les deuï 
contractants l'ont conJirmé en frappant dans la main 
{'un de Tautre. G, 137, C'étaient chez nous des locutions 
juridiques : Paj* main et bouche ^ et encore : Asseoir h 
main dit roi, rimin auise^ main tturk, féi^îr la paumée^ pnt- 
moiîer le marché^. Palmées j pai ma ns^ sont synonymes de 
prenants ; — on trouve aussi héritier palmier -. 

Mais souvent la main n'est pas nécessaire. A Rome un 
doigt sunisait. — Sa mère, conforméinenl à ïa loi 
saxonne, loua de bouche le don qu'il faisait^ et le 
confirma par le doigt (année 1088). — D'après ks 
lois de Goslafj celui qui rompt un contrat ou un ser- 
ment sera puni par le doigt ijuj a fait le serments — 
G. 139, IIL 

G'eî=it par les doigts que la main parle et précise ses 
actes. Pour un serment, il fallait lever îes deux doigts 
antérieurs de la main droite. Une si ni pie promesse se 
faisait eu étendant un seul doigt : — Élevant un doiiît 
de sa main droite, *^n la forme et manière qu'on appell*^ 
vulgairement aisurénifinl (sichcrn), il promit en boune 
foi de donner ses biens. G, 141, — Voy. la Procé- 
dure. 

Par la main Ton transmet et Ton consacre la trans- 
jnission; par le pied. Ton prend ou l'on réclame pos- 
session (le la chose transmise. — Yoy. ci-dessus^ aux 
Fiançailles, T usage du soulier et la coutume de mettre 
le pied dans la chaussure. — Dans plusieurs cours ft^o- 
dales, le seigneur qui donnait l'investiture appuyait son 
pied droit sur celui du vassal. — Lorsqu'on baptisait un 
enfantj on posait son pied sur le pied du parrain. — 

t. Lûiirière, Glosjiaire, I, 73. 

2. Deiiumanoir. Voy, aussi Coutumes de Mons el tie FlaodrCr 



OREILLE. yj5 

Dans les revendications d*immcubles, on nieUait lepie^ 
droit sur îe bien réclamé. 

Une charte tin^e des archives d'Autun (Duc- 1, 870), 
montre que cet usa^c existait au douzième siècle en 
BourgojL^ne, Aujourd'hui encore, il y en a quelque trace* 
en Dauphiiié aux exécutions % et en Allemagne, lors- 
qu'on pose les bornes des champs^, 

La Ijuuche (os sacrum) confirme et scelle d'un baiser 
les actes les plus importants; c'est quand toutes les cé- 
rémonies sont accomplies que le baiser se donne comme 
dernière et irrévocable confirmation. De tourf lefe orga- 
nes extérieurs de l'homme, la bouche est^ en quelque 
sorte, le plus intime^ c'est par elïc que passe la pens^ii^ 
qui vient de Tàme, le souffle qui vient du cœur. L'époux 
douait sa fiancée par un baiser : Que ma femme coma*vt 
ce que jt> lui ai donné dans le baiser (in oscuio). Notre 
vieux droit en avait fait un mot, Yosclage, qui signiiie Je 
douaire constitué A la femme, et quelquefois le prix de 
savirginitô^ — Dans les contrats on baisait quelquefois 
le cnicîilx et ta main du prêtre : Héoi^ hemberl^faccùrde 
de mes inens ce qui a f^U^ donné à la sainte Vierge et à 
iûfnï Ci/p7^icn, sans abandonner cependant tout dm il set* 
^jnmriai : fai promis en baisant le crnci/ix dans Véglhe de 
Saini-Jiinl, et jai confirmé cHte promesse par un baisei'^ 
^.., J\n promis en offrant cette petite charte sur Vantei 
de Luriac et en Ifaisant îe crucifix et taàbé^, — Dans les 
cérémonies de riiommage, le seigneur et le vassal s'em- 
I>ï'asjjenl. (Juand le seigneur est absent, le vassal baise 
le verroul, la serrure de rhim, ou la porte du flef sei- 

t* Valence. Gatelte des Trib. 20 avril 1858. De plus, des souf- 
fleta et dffs coupa de pied, 

2. Dviuigiï. Quelqufîs coutumes légales dei peuples de FAlIc- 
ïntgDC. Heidelberg, 1812, 

^' Diicange, tid verb, oscuium^ osdeiaf ùicieum, 

V Uuriére, Glossaire, lï, 167, 

5- Besly, Einsel pictav,»j). 5il, 



106 TRADITION. 

gneurial. C'est ce qu'on trouve dans les coutumes 
d'Auxerre, de Berry, de Sens*. — Au siège de Trani 
(1495), Villeneuve, sur le point d'être pris, s'adressa à 
un Esclavon et lui demanda s'il estait homme pour lui sau- 
ver la vie, lequel Esclavon lui répondit que ouy et lui hcilla 
la foy en le baisant à la bouche^. 

Dumoulin prétend que bouche et mains sont synony- 
mes de foi et hommage. Selon Laurière, les roturiers 
juraient, mais ne baisaient point. 

Dans le Gode d'Alphonse X on lit : Le vassal peut dire : 
Je me dépars de vous et vous baise la main; je ne suis 
plus votre vassaP. — Le pape ayant, selon l'usage, pré- 
senté le pied à l'envoyé turc pour qu'il le baisât, celui-ci 
toucha des lèvres, non le pied, mais le genou du pape^ 
On connaît les traditions sur le Sabbat, sur les gnosli- 
ques du moyen âge et les Templiers. Voyez aussi plus 
loin, Baiser donné à la terre. Communion, etc. 

Ainsi chaque organe a son rôle à part dans la tradi- 
tion : la main transmet, la bouche conûrme, l'oreille 
entend et retient, le baiser scelle, le pied prend posses- 
sion. Mais ce n'est pas assez, il faut que le donataire 
emporte quelque chose de la personne du donateur : — 
Sous le sceau du contrat, de la charte, il placera un peu 
de la barbe du donateur pour que cet écrit reste à toujours 
fixe et stable, fy ai apposé la force de mon sceau (robur 
sigilli), avec trois poils de ma barbe^. Voyez l'article 
Adoption. 

Après les symboles naturels, tirés de la nature ou de 
la personne, doivent venir les symboles artificiels, ceui 
que l'on tire d'objets créés par l'industrie. 

Le chapeau est un de ces derniers symboles, mais il 

i. V. Laurière, Glossaire. 

2. Mém. de Villeneuve, coll. Petitot, XIV, 273. 

3. Siete partidas. 

4. Infesaura, ap. Eccard. II, 1987. 

5. Ducange, verbo Barba, 



CBAPEAU* — CAPCf* — SfiCUEH. 



107 



M rarpmerit^iîniployé âeuL Gesymbc^le artilîciel semble 
aroir besoin des symboles naturels ou personnels : — 
Le plus ancien des échevîns présents mit au milieu do 
la salle un chapeau, puis donnant uno paille à chacun 
des légitimes, i! îes informa que chacun d*eux devait 
|ilai;er et jeter (ponero et jactai'e) leur paille sur le char- 
peau, en 8igae de résignation et de renoncement; selon 
cet avertissement, les susdits jetèrent les pailles sur le 
chapean. G. 148. — A Saint-Gall, lorsqu'on achetait un 
fonds, le juge et le vendeur tenaient un bonnet noir. 
L'acheteur devait le leur arracher des mains. — Selon 
la coutume hessoise, une réclamation solennelle se t'ai* 
sait par le jet du chapeau ou du bonnet. G. 150. 

Les symboles artilîciel s correspondent souvent anx 
symboles naturels, le gant à la main, le soulier an pied. 
Ainsi, Von transmet par le gant, l'on prend [jossession 
par le soulier. On a vu pins liant que les gants sen-aienl 
aussi dans la transmission de la propriété; on les pré- 
sentait ou on les jetait : — L'empereur Henri II, appe- 
lant près de lui Meinwerk.,. prit son gant : Reçois, lui, 
dit-îL Meinwerk demandant quelle chose il recevail ; 
L'évèehé de Padcrborn» répoudil l'Empereur. — Avant 
son exe eu Lion, Conrad in légua tous ses droits k Pierre 
d'Aragon en jetant publiquement son gant sm- la place. 
Conlin. Martini Poloni, Ecc, I, iÀ^L — Roman de 
Hou : Vùsfre terre ^ dil-il, vous rf.nd par f:m( mien guni, 

— L avoué de l'Église enleva le gant de la tradition, 
placé selon Tu sage sur les saintes reliriues. Lindenb. 
priviL Haniburg, 33. — L'investiture par le gant existait 
aussi cbeï les Francs* Voyez Chifflet, Lumlna saliea, 
249 [années 110*J, llill, G. 152-3. 

Pour le soulier, voyez Adoption et Jlariage. Ou se 
rappelle le plissage où il est dit que Luther plaça le sou- 
lier de répoux sur le ciel du lit en signe de domination. 

— Les vassaux étiiient quelquetois obligés de porter letî 
souliers du prince, pour témoigner soumission. On lit, 



HÉHr TRADITION, 

^Uïi une chronique des rois de Tile de Maii, que le mi 
de Norwège OîaCiîs Magnus envoya ses souliers à Mure- 
eard, roi d'IUbt^rnie, lui ordonnant de les mettre sur ses 
6paulei5 le jour de îa naissance du Sauveur, de les porter 
dans sa demeure en présence de ses envoyés, et de se 
reconnaître ainsi pour sujet da roi Mag-nus. — Dans ïa 
révolte des paysans de Souabo, un soulier leur servit 
d enscif^ne (bundschuli). G. 155-0. 

Le synibole du soulier se retrouve chez ies Juifs : — 
Or c'était une ancienne coutume dans I.sraël, entre les 
parents, que s'il arrivait ijue Tuu cédét son droit à 
l'autre, i>Qur que la cessicui fiU validcj celui qui se 
démettait de son droit 6tait son soulier et le donnait à 
son parent, Booz dit donc à son parent : Otez votre sou- 
lier. Et lui, rayant aussitôt 6tô de son pied> Booz dit 
devant les anciens et tout le peuple : Vous êtes ténioins 
aujourd bui que j'acquiers tout ce qui a appartenu à 
Éîimelûch, à Chelion et à Mahalon, l'ayant acheté de 
Noumi K 

Dans cette grande action juridique de la Tradition, 
Hiomme fait tout intervenir comme acteur ou témoin: 
les diverses parties de sou corps» de son costume ou de 
sa maison, les ustensiles dont il se sert, les aliments dont 
il se nourrit, ce qui porte ou possède, ce qu'il voit et 
louche sans cesse, tout reçoit de lui la vie et la parole. 
La maison, la porte, les vcrroux, Jcs meubles, fournis- 
sent naturellement plusieurs symboles. — Lorsqu'il y 
avait vente d'une maison, le percepteur enlevait un 
copeau du poteau de la porte, et le déposait entre les 
mains du nouveau possesseur* G. 172. — Rostagiis 
donna son bien à Adon, en prenant la porte, le gazon cl 
l andelanc (?), Mabillon^ Acta Bcned. IV sœcul, — Moi, 
Alexandre, fils d'Ardamunde, de ïa nation des Bavarois, 
selon ta loi bavaroise, je t'ai vendu et livré de ma maia 

1, nutb, c. IV, §",S, 3, 



rOElTE. — CO?ïDS. — SIÈGE. — DENIER. iOO 

par le fétu, le ga2;on, le rameau et la porte*... — Lo 
seigneur de Regimpert vint avec une troupe de nobles 
hommes, et investit légalement de ses droits par la porte 
et les linteaux ledit Amalpert [année 820]. — Tradition 
par les gonds de la porte, dans les formules de Linden- 
brogpr. 154. — Par le seuil de la maison. Anciennes for- 
mules, Bignon, p. 134-. — Le proverbe, laisser Tanneau 
à la porte, veut dire être obligé de quitter sa maison eJ 
ses biens. — La tradition doit se faire par le seuil et 
par Tanneau, et alors on sera en possession du tout : 
Bracton. De legib. et cons. Angl. II, 18. G. 174-6. 

Il lui livra en présence d'hommes probes et par (eiTc 
(aratoria) et porte toutes ces choses-'. — En ce jour, en 
présence de gens probes, il fit par Tintermédiaire d'un 
homme qui se présentait en son nom, tradition dudil 
bien par porte et terre, ou terre et hei'be ^. 

Lesdits frères Crafto, le juge et le bourgrave Hertwinn, 
le mirent et le placèrent en possession de cette maison 
par le siège à trois pieds, le tout avec proclamation et 
paix publique, selon la coutume et droit dCt Mayence. 
[année 1316.] 

Voyez plus loin l'investiture par le chapeau, Tépée, la 
lance, la flèche, la corde des cloches, etc. 

La tradition se fait encore par le denier. Pendant 
quon chantait la messe du matin, il vint, et en présence de 
ious^ il déposa par huit deniers sa maison sur lautd du 
Seigneur, De concert avec eux, il plaça sur l'autel le don 
et récrit, par le couteau et le denier d'Anjou, Ducange, IH, 
ioSO. G. 180. 

Nous avons vu, au commencement de ce chapitre, la 
terre et l'eau employés, surtout dans les âges primitifs, 
comme symboles de la tradition. Plus tard on les trouve 
encore d'une manière moins solennelle, et sous la forniu 



1. Ducange, III, 1535. 

2. Ducange, I, 628, verbo Aratoria. 



^ 1 

no TRADITION. 

d'aliments : — Pour confirmer leurs promesses, ils don- 
nèrent solennellement le vin du témoignage [vinum tes- 
timoniale, anno 1^15], — Dans le poëme de Parcival, on 
voit une réclamation de terre faite par du vin répandu 
dans le sein. G. 192. — Selon l'usage des barbares, ils 
firent pendant huit jours des festins pour confirmer leur 
pacte. Adam de Brome, G. 100. — Aujourd'hui encore 
après les achats, on boit un coup. Le pol-de-vin se don- 
nait autrefois en nature. Voyez plus loin les libations de 
bière dans la r6cej)tion des compagnons allemands. 

C'est un usage général chez nous d'attacher une croix 
de paille à un bâton planté dans un champ qui est à 
vendre. L'on attache de même un bouchon de paille aux 
vieux meubles qu'on expose en vente, et à la queue des 
chevaux que Ton mène au marché. L'usage est ancien: 
il désignait, dans le vieux droit français, la saisie féo- 
dale. Le seigneur se transportait sur le fief, y posait la 
main et y plantait un bâton garni de paille ou d'un mor- 
ceau de drap. — Quelquefois les bouchons de paille 
étaient fiambés au feu. Ils prenaient alors le nom de 
brandons. Voyez plus loin saisie brandonnée, — ^'ou^ 
donnerons au livre Jugement et Guerre, des détails sur 
la croix de feu des Écossais, etc. 



LlVltl!; TROISIEME 

ETAT 



CHAPITRE PREMIER 



LiOTsfjue l*cniprreur<Ju Mexique monLiit sur If trône, 
Uii faisait jurer quts pendant sou règne^ le*? pluios 
jtierit lieu selon les :^aisans, qu'il h y aurait ni débor- 
[lent des eaux, ni slêrilité de la terre ni maligue 
u**fire du soteil *. 

îept rhasetât disent les Brehons crirlande, lémoiîrnent 
rindi^ruité d*uû roi \ Opposition illégale dans le 
Dn^eil, infraction aux lois, disettes, stérilité des Yacbès, 
[larritijre du frnit, pourriture du fa:rain mis en terre. Ce 
là ^ejit flambeaux allumés pour faire voir le mau- 
;iift gouvernement d'un roi 'K 

Nos rois modernes, qui ne descendent pas des dieuif, 
oDime hfy rois et ehofâ barbares, n*ont pas puissance 
nr la nature, et ne répandent paâ de ses phénomèoes» 



2. Coll*îGt. de rebvis IJib. 



Il, no. 



112 ROIS. — NOBLES. 

Mais, par la vertu de leur sacre, ils ont, comme oints du 
Seigneur, une puissance curative; ils ne préservent pas, 
ils guérissent. On sait avec quel succès le roi de France 
touchait les écrouelles. Les autres royaumes y dit le bon 
Mathieu, ont bien eu de pareilles grâces gratuitement 
données^ mais elles nont pas duré. Les rois d* Angleterre 
guérissaient Vépilepsie, ceux de Hongrie la jaunisse, cetix 
de Castille les démoniaques *. — Les rois exercent un 
autre pouvoir, un pouvoir tel que Dieu lui-même n'en a 
point un pareil, celui d'annuler, de supprimer le temps *. 
Charles YIIl dit dans ses lettres de pardon au duc 
d'Orléans : A Végard du temps que le duc peut avoir pass-^ 
en Bretagne avec Varmée qui marchait contre les tr^oupes 
du roi, lequel temps nous déclarons non avoir eu course.. 

Devant Dieu même et aux autels, les rois ont des pri- 
vilèges particuliers : A aller à Voffrande VEmpereur 
s'excusa, pour ce que ne povoit aler ne soy agenouiller. Si 
fu C offrande du Roy telle : trois de ses chambellans 
tenoyent hàultement trois couppes belles dorées; en Vum u 
avoit or, et en Vautre encens, et en l'autre mirre *. Voyez 
aussi Sépulture, à la fin de ce volume. 

Le roi barbare, l'homme des races héroïques, en 
général le héros, le noble, le libre ^, est beau, comme 
fils des dieux : — Theuderic craignait, s'il devenait 
borgne, qu'on ne fit un autre roi ^. — Tyrtée considère 
la beauté comme un caractère essentiel du héros*. 
Sparte, qui ne voulait que des héros, proscrivait l'enfant 
difforme à sa naissance. 

1. Mathieu, Hist. de Louis XI, liv. XI, p. 472. Éd. 1610. 

2. Horace : Numqiiàra diffinget infectumque reddet, quod fu- 
giens semel hora vexit. 

3. Archives du royaume, K. 91. 

4. Christine de Pisan, éd. Petitot \1, 81. 

5. Le roi barbare ne dififère pas essentiellement du noble cl du 
libre. Voyez dans l'Odyssée les cinquante rois d'Ithaque, etc. 

6. Frodoard., lib. I, c. 24. 

7. Tyrt. ultim. frag. sub finem. 



KOBLES, — CHE^'EÙX. 113 

Ce h6ros, ce guerrier, c(3 roi, est Thomme rougo ^ et 
bi<?n nourri- Le bra\^e a le cœur rougo; le serf, ](> lâche, 
«ntle foie paie ^ Dans les lois gailoise*s, 1ns hommes 
d^Anon obtiennent uomme dixième privilège, pour avoir 
combattu vaillamment à Favani-garde, de ne jamais 
boire do bière à demi brassée ^\ 

Le vrai nom du guerrier, c'est le mâle, celui qui a la 
force virile : iaro% kai-l (Kral, Krol, Karolus, nom des 
chefs ou roiSj ciiez les Slaves et chez les Francs). G* 
285. Peut-être le mot primitif, d'où les Quirilcsde Uonie 
mit tiré leur nom, le mot de quir, pointe, lance, indi- 
Hue-t-il aussi la force virile, le culte du pieu, de Paies 
eUa Phallus ^ 

Ctdte force virile est attestée par la longue chevelure, 
"iont la lé te du héros est ornée* Sam son perd sa force 
ivec sa chevelure ; mais dès qu*eHe est repousséCj il 
ébranle et renverï4e un temple, Homère nomme les 
Grecs: Ceux qui soignent leur chevelure '\ Aux Thermo- 
jiylcs, ce fut Tun des derniers soins qui occupèrcul les 
Spartiates, lorsque d'avance ils célébraient leurs jeux 
funèbres. Les Homaîus portaient les cheveux courts, 
tuais ils rasaient les esclaves pour les distinguer des 
hommes libres. 

Une coutume partîctilière aux Suôves, dit Tacite, 

U V. Michelet, Hîst de Franc<\ t. IT, nate sur lc4 roîi d'Aogte- 
lÉrreî â foccAsinn (\c HuiUaQDie le Ruyx. 

2- V. la. fin lies Nibtkingen, 

t Probcrt, p. U4. 

*. Bam. Voyeï IKîcangc, 

J- L' hum lue libn^ a' appelle Hartmann chca Je» Luaibanlfi (t!c 
H-iri, H+^cr. qui signifie, lariiiùe, îa foulrl, chez ]^$ Francs Kr/rAen- 
*ï"*/?» M* Grtuim (ronaiUùre la premi^rf^ partie de ce mot couimé 
puremeQt augmentai) vf^, H Uoi^ne a la tionouJe le peiis da bourfl-, 
i^u celui de pi'otecUon- tj* 2î<i. Ll-s Aiiglo-Saïuna appf^laie[}t 
Frenuiaii le lueiubj e d'un freoburg ou nkiiiion de dix huiiimei 
libres. Griiuin, 29 L 

ft^ Jiiad. paisim. 



14^ 



144 CHEVEUX. 

c'est de retrousser leurs cheveux et de les attacher avec 
un nœud. Ainsi se distinguent les Suèves des autres 
Germains, et parmi les Suèvès, Thomme libre de l'es- 
clave... Chez eux, Ton continue jusqu'à la vieillesse de 
ramener cette chevelure hérissée, que souvent on lie 
toute entière au sommet de la tête. Les chefs y mettent 
quelque recherche ; c'est la seule qu'ils connaissent, et 
celle-là est innocente... ils ne veulent que se donner une 
taille plus haute et un air plus terrible ; avant d'aller en 
guerre, ils se parent comme pour les yeux de l'ennemi '. 

Chez la plupart des tribus germaniques, l'homme libre 
n'a point d'autre signe extérieur de sa condition que sa 
longue chevelure. Loi des Burgundes [0, 4. G. 28 i : 
Celm qui sans la volonté des parents aura tondu, un enfant 
chevelu, paiera soixante^douze solidi. — Quiconque aura 
laissé croître la chevelure à un esclave ou à un ingénu 
fugitif, donnera pour amende cinq solidi et sera tenu de 
payer le prix même du fugitif. 

Il est certain que les Langobards sont ainsi appelés à 
cause de la longueur de leur barbe que le fer ne touche 
jamais. Paul Diac. 1, 9. Ils portent la tête nue jusqu'à 
l'occiput ; de là partent de longs cheveux qu'ils séparent 
au milieu du front, et qui descendent jusqu'à la bouche. 
Idem, 4, 23. — Les Bavarois, comme les Lombards, 
laissaient croître leurs cheveux sur le devant du front, à 
la différence des Suèves, qui les rejetaient en arrière. 
G. 285. Quant aux Saxons, ils se rasaient presque la 
tête, pour que l'ennemi vît bien tous les traits de leur 
visage -. 

Un droit des libres Anglo-Saxons, dans la loi d'Élhel- 
bert, c'est que leurs filles peuvent, quand elles se ma- 
rient et vont à l'église, laisser retomber et flotter leur 



1. Tac. Genn. trad. de M. Burnouf. 

2. Voy. Bidon. Apollin. dans le tableau de la cour du rai 
Théodoric. 



CHEVAUX. — ARMES. 115 

^hevetiirc sur le ilos. La lilU.^ du surf n'a pas ce droit, — 
Dans les lois aiifçîo-saxouîïes et îombardos, utie fiHe li- 
bre porte le nom de CapillaLa, Lihera femiiiii cafTÎllata, 
Filia in capilla. ^ Chez les Souabcs et les Bavarois, les 
remmes raisaienl serment, la inain sur leurs tresi^es. — 
Les Friaons juraient eu touchant les boucles de lenr 
chevelure. G, 200, 

Quand le roi meurt, disent les Goths, que personne no 
monte au Irone^ si, sous forme religieuse, ou l'a fait 
eliauve et honteusement tondu, ConciL Tolet, cati, il, 
— C'était rttsivje chez lex roh des Francs de ne jnntfiis se 
laisser tondre et de garder teurn eheveux intacts dès Pcn- 
ffnwe. Agathias, lih. L \oyrz aussi Greg. Tur, VIH, 10; 
Aimoin, IV, 8; Frodoard, L -L — Uerlonid, dnc des 
Stîxons, ayant rtjvocjuê en dnaïM tarricér et texisfenre de 
Chliih^e, roi des Francs, Chiaire Sf^ montra en silence 
/ireî du Weser. Il iita h casc/ne de sa tête; qî\ une noble 
ffîançheur courrait sa (ouf/iff* ihfXf*lfire. A ce Sffjne, ffs en- 
nsinis reconnarejtt le roL Gcsla Dagob. I, IL G. !2J9. 

Entre te guerrier chevelu et le moine tondu, le firêlre 
observe un milieu» Il ne garde qu'une étroite couronne 
de cheveux, et se rase la barf>e, du moins le prêt m de 
i (église latine* Les Normands, soldats du Saint-Siège, 
i^euple de culture tout ecclésiastique, adoptèrent de 
l>oane heure ce dernier usage. Lorsque les Saxons les 
virent débarquer à ïlastings, ils s'Hininèrent de voir ces 
^^^jnimes d' ai'mes tout rasth\ et ils se demandaient si ce «V- 
^^^t pa^s nne armée de prêtres ^ 

L'homme libre a seul le droit de porter les armes, 
P'irtieuHèrenient ru% assemblées (Voyez le livre du Ju- 
gement), Sa vie est estimée plus haut que celle du seH'. 
^«JQs parlerous plus loin des compositions diverses du 
^erf, du libre, du noble et du roL 

*' Gviill Mftïmesbur., apuit Scr. fr. Xî, 18:j, 



CIIAPITRE DEUXIÈME 



ELECTION, CoUaû>ÎNl!;UEXT ÙU ROI, DUC, ETC. 



La formule la plus origîuaie el la plus complète e?ï 
celle i3e riiilronisalion du iluc de Cariiithie. Kilo était 
obâervoe au treizième et au quatorzième sièeles; mais 
elle porte les caractères d'uue haute aiiijiiuitè : 

Chaque t'oiis (jifiui nuuveap duc vient recevoir bom- 
magc, un |iaysan de ta race dcis Ediingcr, qu'on appelle 
li3 paysau-duCj vient s'as^seoir à Zoîlfeld sur le s^ièp: 
ducal de uiarbrc. Autour de la pierre, en dchorà de l'eu- 
ccinte, se tient rangé, à perte de vue, le peuple de la 
coDlrèc- Le due revêt un surtout gris à ceinture rougr 
et gibecière velue ; du pain, du fromage et des iûslru- 
ments d*a;jriculture, se trouvent danâ cette poche. Il a 
iiiix pif^ds des souliers lacés, à nœuds rouges, sur la tôte 
un chapeau gris à la ra(;on des Wendes, un manteau grï:> 
sur les éijaulcâ, cl à la main un bâton de paire- Escorte 
do deux seigneurs du pays, il s^ipproche du siège; à 
^cs côtés marchent un taureau noir et un maigre cheval 
do paysan ; derrière lui la noblesse, les chevaliers ca 
Imbits de fcte cl dansà le plus grand éclat, portant les 
insignes et le drapeau du duché. Dès que le cortège 
arrive à la pierre de marbre, et que le paysan aperçoit 
le duc, il s écrie en langue des Wendes : El qui donc A 






117 

emmil entre ki? — C*c-sl le prince du pa-vî*. répond 

&ulo. — Lo paysaji : Esl^il iin ju.stc jngp t a44l !e 

dti pays h cœur? €st-il n*^ libn* pX r^KnVlion? ^ M 

. et il le sera, répontï la foule touf tVmw voix, -^ Je 

aande alors de (jiiel droit il me lera r|uittor cette 

ce* Là-des!*Lis le comte ife Gœrz prend la parole : Il 

Ihêlera la place pour soixatilc pFeiiniripé, les bêtes de 

I (cheval et taureau) que voici seront licnncs, comme 

II les habiti^ du prince ; libre ^era ^i maison et ta 
mm ; tu ne paieras ui *lîino ni redevance* — Le 
Eiu alors dtjunc au tlm: un petit coup sur la joue, 

rite à faire bonne ju8tîce, puis dciscend du siège 

amène le ciicval et le taureau. 

Jors Je uouveau duc prend place .sur le siège, brandit 

nue de tous tes côtés, et promet droit et justice 

^peuple. Et, en sif^ne de ijiuiplicilé, il boit un coup 

iu fraîche dans son chapeau* Le cortège se dirige 

Hite vers Féglise Saint-Pierre, située non loin de \k 

ftine colline, pour y assister au service dîvîn* Le duc 

! ses habits de paysan, pour rev*Mir les i ris i gués de 

puis il s'assied à un festin splendide avec lano- 

et les chevaliers^ Au sortir de table, il se rend 

icliaiit de la colline. Là se trouve un autre siège à 

ble place, mais h dos commun. Sur la place de 

nt, et le visai^e au soleil^ se trouve le duc, qui, le 

f t]Ui les doigts levés, jure de maintenir les droits du 

fc. Puis il reçoit à son tour le serment et rhomraiîge 

lire^ et il distribue les iîefs. Assis à la place 

ée, le comte de Gœri répartit les fiefs qui relè- 

! de lui, comme comte palatin héréditaire* Aussi 

[temps que le duc siège et fait les investitures, aussi 

emps ceux de Gradriccke ont le droit antique de 

ber du foin, à moins qu'on ne veuille se racheter 

PS eux* Les Rafiber (brigands?) ont, dans le môme 

ps, liberl"^ de piller ; et les Mordaxtcr (meurtriers da 

lie ?) peuvent mettre le ieu dans le pays partout où 



118 INTRONISATION. — COURONNEMENT. 

ils veulent, à moins qu'on ne compose avec eux. G. 252. 

En Ecosse, on faisait asseoir le nouveau roi sur la 
fameuse pierre de Sconc, que les Anglais ont transpor- 
tée à Londres, et qu'on voit à Westminster *. 

En Suède, les électeurs s'assemblaient près dTpsal, 
dans une prairie où de vieilles pierres étaient entassées. 
Sur la plus grande, on élevait le nouveau roi. 11 s'y 
tenait, non de lui-même, mais soutenu par les chefs... 
Les électeurs siégeaient sur des pierres, et de là don- 
naient leurs sutTragcs ; la stabilité des pierres désignait 
la stabilité de l'acte. Saxo gramm. Puis Ton immolait 
et l'on mangeait un cheval, et le bois du sacrifice était 
teint de son sang. G. 236. 

Les empereurs romains, comme les rois barbare^, 
sont élevés sur un bouclier. Nous en trouvons des exem- 
ples pour Gordien ^ et Julien, pour Vitigès, pour CioviSy 
Sigrbert, Pépifiy etc. L'un des derniers exemples est 
probablement celui de Baudoin de Flandre, porté sur le 
pavois en 1201, comme empereur de Gonsianlinople ^ 

L'empereur grec est, comme nous l'avons dit, élevé 
sur un bouclier. Le patriarche et les grands dignitaire* 
y portent la main. Le patriarche oint l'empereur en di- 
sant : Sanctus ; et le peuple répète trois fois. En lui po- 
sant la couronne sur la tête, le patriarche dit: Dignus... 
A la communion, l'empereur boit le vin, non dans une 
cuiller comme le reste des fidèles, mais dans le calice 
même du patriarche. — Durant la cérémonie, la mère 
du nouvel empereur tient un rameau d'or couvert de 
perles placées en cercle. Avant d'entrer dans le trésor 
où sont conservées les choses saintes, l'empereur prend 
le diadème et revêt un sac... De la main droite il tient 
une croix, de la gauche une férule *, 

1. V. Michdot, Hist. de Fr. 1. 1, livre l»' sub finem. 

2. Herodian. lib. VIII. 

3. Raumer, Hohenstaufen, II, 23. 

4. Marteue, II, 569-574. 



iXïrHOSSEMKKT. 



119 



Après le couronfif^mmlf ceux qui sont (*harg(>fi de la 

COtJstnielioii de?* tombe ;iiix prennent quatre ou cinq 

pi^lil^ moreeriux île (uarl»re île diverses couUurs* Puiis 

^'approcltanL «Je reinpereiir, il.'^ disent : Seigneur, do 

|ael métal ta Piiissiiiiae veot-elle qu*^ isoil construit Ion 

ombeaii ' ? — lin homme se présente devatil le nouvel 

tope^♦^u^, lenantdiiue nuiin titj vtise plein de cendres cl 

W*08semefits, et de TaïUn^ une étonpe de lin lin rccau- 

|rerte irun duvet léj^ei-. i)u en approelie la tlamnie qui 

iévore tout en uu clin d*œil *. 

Aurnunumoment du roi deGermanlei rarchevêqnede 

(Cologne d\\ : Iteçois ce glaive de la niaîn des <h<>quesj 

jf reçois ranueau de la dign il i^ royale. Pnis tii lui di.»uuant 

lleasceptre ; Keçoi» la ver^^e de vertn,,. Ktcnlin : Keçujg 

|b pomme d'or, qui signifie la monarchie de tous les 

uyaumes- — Lor^^qull a reçu le ^daive, il le brandit, 

lis le reinet dans le funrrean, — Le ^^laive que le pape 

ittaehe au eotô de remperenr^ le. t'ait soldat de saint 

"ierre ^, ~ L'enqiereur reçoit trois couronneSj une d'ar* 

ewlj à Aix-Ja-Clra[ielle^ comme roi de Germanie, une 

ie fer h Modène, eonime roi de l.ombardie, la Iroj- 

lième d'or, h Bome, comme empereur** — Celui qui 

menait se faire eourouner à Hoine, devait recevoir deux 

couronues durant ^on vuya^H% une d<' paille à Modène [?J 

l'autre de fera \lilan / 

Ro^f*r 4le (ïoveden donne des détails I/iznrr^s et peu 
|lrraisemhlat)teîi sur le f:ouronnemenl de Henri VI; — Le 
eiglieur jiape était assis dans la eliaire ponlifieale, 
^naut entre ses pifds la couronne d'or. L*empereur et 
îimpératrice prosternés, reçurent de ses pieds la cou- 



L LtoritUi*, \1tft g. Joaunis Aleitand. epiac. c, 11. l^tàrtcaei U- 

X Pctii DaQiianî, epist. 1", Ub, r» Mnrlcnc, tl, jtia. 
3. Martone, U, 58US89. 
4» Martene, II, Sfiiî. 



120 COURONNEMENT. — SACRE. 

ronne. Aussitôt qu'elle fut placée sur leur tête,- il frappa 
du pied la couronne et la jeta à terre, voulant signifier 
par là qu'il avait pouvoir de détrôner Tempereur s'il dé- 
méritait. Mais aussitôt les cardinaux la ressaisirent et 
la replacèrent *. 

L'empereur [en 1495] ayant prêté le serment, em- 
brassa de ses deux bras ladite colonne de marbre, sym- 
bole de l'Italie ; de môme que cette colonne est droite, 
de môme sera droite aussi la justice de l'empereur *. 

Lorsque l'empereur Sigismond visita notre Cbarles V : 
A la chapelle dcscendi r Empereur, et fu montez sur le 
destrier que le roy lui oi envoyé y lequel estoit morel (bai 
brun foncé) et ne fu mie sanz avis envoyé de celluy poily 
car les empereurs, de leur droit, quant Hz entrent es bon- 
nes villes de leur seigneurerie, ont accoustumé estre sus 
citevauls blancs ; si ne voult le roy quen son royaume le 
feist, affin qu'il n'y peust estre noté aucun signe de domina- 
tion ^. 

Le jour de son ordination, l'empereur sert la messe 
du pape, et lui offre le calice comme sous-diacre *. — 
Le pape doit chanter la messe, l'empereur lire l'évangile 
et le roi de Sicile l'épître. Mais si le roy de France s'y 
trouve, il la doit dire devant lui^,„ Oudit échafaud fut 
ledist roy Loys dépouillé de cette cote blanche, et fut vestu 
de tunique et dalmatique, comme soudiacré et diaa^e ^ 

La cérémonie hébraïque du sacre par l'huile fut re- 
nouvelée par l'Kglisc en faveur des rois de France. Pépin 
fit consacrer sa royauté nouvelle par l'onction sainte. 



i. Martene, H, 568. 

2. J. Biirchardi Diar. In Ecc. II, 2074. 

3. Christiue de Pisau, VI, 70. Yoy. plus bas TEnlrée féodale et 
l'importance du cheval blauc comme signe de suzeraineté. 

4. Guill. Durand, Ration, lib. II, c. 8. 

5. Marlene, II. 593. 

6. L'ordonnance du sacre et coronation du roy Loys de Sici)e 
faite à Avignon en 1389, ap. Labbe, 640-199. 



SACRE. !2l 

Charle magne fut oîïit par tout le corps des pieds â la 
tête, t^elon les rites jUits ^ Les rois des autres nations 
prétendirent aussi k cette cûnsâcratîon ; mais rÉgliiàe 
fut pour eux moins prodigue : Les y^ois d'Angleterre re- 
çoivent l onction sur la Lèic, mr la poitrine et sur les bras. 
Les rois de France la reçoivent sur neuf parties du curps^ a 
la téle, à la poitrine, entre les épaules ^ sur les épaules j 
sur ksjotntwes des bras^ enfin sur les mains '. 

Adonc H arche.vesf^ues doit prendre fampole de la main 
de Vabbc (de saint Rémi), ci si li doit promettre en bmine 
fùy que il la rendra.*. Sur t autel doivent être la couronne, 
l'épéet les éperons, le sceptre^ la main de jnstlcCr les chaus- 
ses de sotcmoielle brodée de fleurs de lis d'or, et la cote de 
celle coaletir et de cet œuvre mesmes faille en manière de 
tuniques^ dont les soudiacres sont vestus à la messe. Le 
çtiambriùr ta reçoit des mains de l*abbé de Saint-Denis 
pour en revêtir le roi ; Et aussi li doit lechambrier vesiir 
par-dessus le devant dit sercot, en telle manière que il doit 
avoir lamaindestre délivre devers t ouverture du screot^ et 
mr la senestre jmin doit estre levé léser coi aussi comme la 
c fias u ble d\tn prêt re ^ - 

Le caractère féodal domine dans le couronnement du 
roi d'Aui^leterre. A son sacre, on portait devant lui des 
éperons ii*or. li donnait à rolTraude un marc d'or pur. Il 
prenait lui-mémo la couronne sur l'autel et la donnait à 
rarcbevéfinc de Cantorbéry *|ui la lui rendait. Au ban- 
quet, ceux de Londres servaient Tes mets, ceux de 
Wiûton les vins *. 

L'entrée du souverain et la prise de possession repro- 
duisent parfois certaines cérémonies du mariage* Ce 

1. ilartpue, II, 508. 

2. Mai'tene, lî, 595, 

3. L'ordoniiarico a enoiDdre et â courooner le roy, écrite du 
temps de saint Louis, publiée dans le Q'rc-moDïal françoi*, et 
mieuT lians TAIL cbrou. de Labbe, p. 61^, 19'J. 

A. Sacre de Kii:hard, apud Royor de Hoveden. Marteùe, III bOLï, 



lââ JNTHONISATÏOÎf FÉOÎIALR. 

sont comme les fiançanics ilii prince avec le peuple : — 
Charl^^s arrivé à Rouen, ceulx de ladkte ville le r^c^urml 
et le menèrent en Pintelde leur taille, ou illec rcspojmrmi 
â leur duc, et en ce fnhanl lui baUlvrfM un anneau fjuihk^j 
vnrent au dot/, que a ce faire est ordonne; kt^uel depuh 
mondil seigneur Charles porta [ann6e liG5] ^ 

Les Assises de Jérusalem nous dornienl \e& détails de 
rintrunisatioii d'un roi féodal. Elles lui imposent r*ibli- 
gation de prouver son droit à ses vassaux, et de s'en- 
giiger par serment à respecter leurs privilèges et les 
cou lûmes du royaume : Quant le rot/atime de Jérusalem 
exchritû aucun heir cosleer, mais que tlsoU le drotlàm^otr 
ledit royaume, iJ doit msemhler le pim' et le$ meau^ de sçs 
homes liges dou rofjaumcj et lor doit faire assavoir com&i! 
ledit roijaume H est esc heu, et raconter cornent et por (/ud 
raison^.. Les homes doive ni iuit aicr, en une par t^ et recoy- 
der ce que le seitjnor lor a 7^equis et offert, et se il sont ar- 
tain que il soit droit heir, envi corn H s\'n adooftc^ ildoivinl 
malntenanl venir devant le scignor, et dire H : Sire, nous 
conoisjfons bien r^ue estes tel com vous nous avez diij et 
somesprests et apareillés mainlfnant de faire ce que vous 
avés requis, faisant vous premier, si com vous ten am 
offert, ce que vous dertls... Lors doit estrf^ aportce l'Emn- 
gilCf et le sdgnor se dort agenouiller , et mètre la pamie 
destre dessus, et un des homes doit deviser et dire enà : 
SirÊj vous juréx sur Saintf^s Évangiles de Dieu^ com cres- 
tien^ que vous garder es et sauûert^s et aiderais ri maintm- 
drais el deffendrais de tout voire loyal pooir sainle Vgli^tij 
veves et orphelins, en lor raison et en lor droit ure, p(ii' 
ceslui royaume, et encore par voslre dit serement^ rendrez 
et faire s tenir et maintenir et acompHr de tout vostre k^^ 
pouir les bons us et les ùones eonstnmeSf et les ascises '/w^ 
furent ordenées et faites audit royaume. ,. que vott^ rendre: 
et fuirez tenir et miintenîr les dons el les previléges f(tie 

i, Lengiet Dufresaoj, Preuves de Gommes (?) 



vos devnncm^s ont don*' e( fait en ^estui tvyaume. Klaprez 
ce qnt Irsdiles choses seront compiles^ ie st^fgnor fea\ el tes 
homes Pun aprez C autre ^ ils doivent faire komage^ &\ com 
est divisé en cestui livra ^ 

Les rois furent quelquefois obligés de déposer les 
insignes de leur dignité en signe de pénitence. Théodoae, 
exclu de Té^tise par saint Ambroi^Cj après le massacre 
deThe^snloniqiie^ se dépouilla sept mois des ornements 
impériaux. Le roi d'Anj^leterre, Edgar, s'abstint sept ans 
de porter la couronne, pour expier Je viol d'une jeune 
fi!le ^ D'autres pririees, par humiïîté ou par politi-piej 
refusèrent toujours de porter la couronne : Godefrui de 
Bouillonj Henri rOiseleur, Henri le Saint, Hugues 
Capet, ete. 

Le si^me partiripait au caractère sacré de la ehoye ^ de 
là le soin que prennent les rois jïour conserver leurs cou- 
ronnes. Les Hongrois firent aux Allemands de longues 
guerres pour forcer Frédéric Hl à leur rendre la cou* 
ronnc de saint Etienne, elMalhias Corvlri neiiarut vrai- 
ment roi que quand il eut contraint FEmpereur à celle 
restitution ^. Lorsque saint Louis confie ia couronne et 
les ornements royaux il la garde de Tabbè de Saint- 
Denis, il stipule qu'elle sera placée près de l'autel, avec 
les couronnes des rois ses prédécesseurs. Lahhé et U9 
moinFn itnt forratilhment promis^ disent les lettres du rui, 
dr /lOHs les rendre â jîous oh à nos sticcesseto^s, sans diffi- 
culté ^ ni coniradiclion, iofttes ks fois quelles leur seroni 
demand*'*€ii^. (Année lâtîL) 

Rapprochons du couronnement des rois, TintronisR- 
tion du pape, des archevêques, etc. 
Lorsque le pape est arrivé h la lourde Saint-Étiennej 

I. Assises Hr JiTiisûletti, ch. 28t-"i, p. iM4. 
S. Marient', H, 5%. 

3. VojTK Botjilnius, rerum Hungnicarunï, etr, 
i. Mealapges curieux de Philippe Labbe, p. t5;ifl. 



^^ 



124 INTftOMSATlOlf DU PAPE. 

quelqu'un de sa maiison jett(3 tic la mûnnaie d'un lieu 
élev<^, |>uiî5 encore vicmiciit les Juif^ avec leur loi, pour 
le compUmenier cfc lui présenter h loi à adorer. Lors- 
qu'il arrive au palais Emchius, quelqu'un de sa maisàou 
jette encore du haut de ce palais; ntème cérémonie à 
Saint-Mare, même à Sainl-Adrieiv. Quand (^iifni ouest 
parvenu à la jîlace du Lalran^ on fait aîiscoir le [>ape sur 
certaine eliai.'^e de marbre qu'on appelle Stercoraria; 
lauM led cardinaux doivent Vy élever, de manière à pou- 
voir vraiment dire : 11 tire Tindigent de la poussière, il 
élève le panvre dn fumier, î'aisseoit avec les princes ef 
lui Tait occuper le tr6ne de la gloire. Cependant le pape 
prend dans le sein du cliaïnbellan trois poignées de 
deniers qu'il jette au peuple en disant : Je u*ai à moi ni or 

ni ar^'ent, mais ce que j'ai, je vous le donne A la 

porte de l'è^lise Saînt-Sylvestre» se trouvent deux sièges 
de porphyre; le pape va d'abord s'asseoir snr celui do 
droite, ou le prieur de la basilique de Saint-Laurent lui 
donne une férule comme signe de correction et de direc- 
tion, ainsi que les clefs de ladite basilique et du palais 
sacré de Latran; les clefs désignent le pouvoir d'ouvrir 
et de fermer, de îier et de délier. Avec celle férule et 
ces clefs, il va vers le siège de gauche et il rend au 
prieur les clefs et la férule, et il s'asseoit. . Le même 
prieur ceint an pape une ceinture de soie rouge où doit 
pendre une buursc de pourpre renfermant douze pierres 
précieuses, des cachets et du musc. Et le pape doit se 
tenir sur ces chaises de manière à y paraître couché 
plutôt qu'assis. Aucune ne peut être couverte ou parée; 
elles doivent être nues* Ensuite il est conduit vers la 
basiiiquc de Saint-Laurent, puis reconduit à la chapelle 
de Saint-Sylvestre, où il fait aux cardinaux et au pre- 
mier des prêtres le don accoutumé* 11 est assis sur son 
siège; chacun d euxs'agenouillej ôte sa raitrcj et la tient 
ouverte; le pape y met de U monnaie que lui présenlc 
le chaoïbeilan dans une coupe d'ai'gent; celui qui reccil 



î!VTHONISATION ÉPISCOPAÎ.E, 



m 



Targent baise le geaoudu seigncor pape. Le chambi-llan 

a devant lui une fe'mnde table couverte diâ maimaie» et il 
! est assisté du clert; de la cLanibre et de deux marchands. 

Le pape e^i assis seul à uoe table élevée, où sont pïaci^n 
I de grands vases dor et d'argon t.., et romartiuei i[Uû 
I pendant qu'il mange, il se tient debout, vêtu, chaussé et 
troitré '. 

lorsque tarùhetêque de Tours avait reçu le don de cùn- 
hicralioiï, il atialt à pied du monastère de Sainl-Julkn à 
^glue Stunt^Mariin^d'oà il tHmiporléà ta cnlhédrah- mr 
'mtiif!s deii ùarom, 11 existait dans régîîse de Rouen 
ifque trace de cette ancienne coutume : L'arckmêqite 
Tnmvellf'itieni ordonné venait à pied dt: té^lise d*an$ mile 
|»OWJm% marchant mr la paille $emée devant lui =*. 

Quelqucrôis on donnait au nouvel élu llnvcstiturede 
[son égliïie : V archidiacre de Reims doit conduire rèvéque 
Kflu mn des cloches et lui présenter une des cordes qui les 

netiml en branle, l/évéque la saisit au$siiôl et Vagite; 

te$î ainsi quil est imeali de réglise^\ 

Confinaalion de Tévèque par le pape : — Le pape : 

iTout ceci a-t-il lieu parce que vous avez dignement tra- 

■faille? — Rép. iMcïs frères que voici ont bien voulu nié- 

llifé, mrij indigne, pour les présider comme leur pasteur, 

Dem- l^tcs-vons de cette église on d^nne autre? — 

lép. Be cette égîîsc même, — Dem» De quelle honneur 
fétes-vous revêtu? — Kép, Je suis prôtre — I>em. Corn- 
l>iep avex*vous d'années de prêtrise? — Rup, Dix années. 
tAvez-vous été en mariage? — Rép, Jamais. — Avez- 
lifous pourvu à votre famille? — Rép. J'y ai pourvu* — 
iDem* Quels livres Jît-ou dans votre église? — Rép. 
[LHe[italïquc, les Prophètes, l'Évangile, TApocalypse, 
:les Épilrcs de saint Paul et le reste. — Dem. Gonnais- 



i. MaHene. If. 248-2i». 

2. MartLmt% II, 82. 

3. MdH^nc, H, 81. 



mw^^msm 



^26 IXTRÛXISATION ÉPISGOPALE, — MOINE. 

sez-voua ien Canons ? — Régi. Ensei^niez-nous, Sei- 
gneur'. 

Dauy ïa cért'inotiîe tki sacre d'un évoque, on ouTrait 
lo livre afin ûe ?^av*>ir ce qu'on devait altendre de son 
ponliiicaL Une fois le livre s'onvrit à cos 01014 : Ipsias 
animani pertningihit ^dadius; (une épéc lui traversera le 
cœur). Guïberl de Xoi^^ent, qui raconte ce fait, dit f^iùm 
tira aussi soiiprctnosftc hrs*fHil prit po$semoft de rabkuf. 
de Nogctit. ^Si In paqe qui se pn^senfait à rotwfrture du 
livre était vidt^, c'était, dit le même Guïberl, un tr'-$ 
inativais pre^fiffe. — Au wacre d'Albert, êvèque du Liègtf 
J'archevêque qui officiait ouvrit T Évangile et lui ■ t Le 
roï Hérode envoya un de j^es ^^ardes avec ordre di^ lui 
apporter la tête de Jean, et ee ^ardt> étant entr*.^ dan?; 
la firison lui coupa la tête. » fc Mon fils, dit le prélat au 
nouvel évéque, en le regardant avec des yeux baigné? 
de larmes, vous entrez au service de Dieu ; tenez-vous-y 
toujourâ dans les voies de la justice et de la crainte, et 
j^rrpai-f^z votre âme ;\ la tentation, car vous serez martyr. * 
W lu: l'M efïet assaïîSinè par de?5 émi^ssaires de l'enipr- 
reur Henri Vi, et TÉ^dise rho[iore comme martyr'. 

A la réception d'un moine, tous ïes frères agenouilié?i 
lui doivent répondre : La socfété tVimi et la vmtre venU 
avou\ Et Tabbé leur dit ; Que vunlf^z-t^ous dh^e? Eux, à 
genoux, doivent ré|)ondre : JVous demandom et voulons 
avoir la socifHé de Dieu et ht votre. — Le nouveau moine 
dit : Sire, de ce je ne me fie en moi, mai$ eu IHeu et madmm 
sainte Marie ^ et en fous les saints f*t saintes, et en rows. 
Siî^e, et de saint Convmt de chiens (de céans, d'ici) : qa*^ 
je serai oùédient jusqu'à la mort. Et se le diable me mu- 



1. Mart. Il, 2J8. Kv\\\A tk- Ly<^n, Aiiti'rJPur a Tan aOO (?j. 

2- V, Acadtm. df^s liisci\ XXXI, tijas. ilft Yiih\yî^ lïu Resiii>l sur 
les sorts des saintî^, et 1 Vxi^ellent Mémùite de M. Nicias GailUrti, 
avocat gérjrfrtl à I.1 conr royale de Poitier», Mém. de t& sod^lt 
des antiquaires de rOut'sl^ 1^.?^- 



T^ttÊT^ÉS. 



127 



iaît de ce retrairt*, Je vom prie. Sire, que me fimez t<*nir 

RUuf'l de l'église de SaiiU-Martin de Tours : — Pmi- 
^ itmf çn\vi lit répître^ tf? &énéchaî le mène d ta ut ci en hait il 
de rkfrm\ ta serviette au Côu, €L*/anî dan$ ta main dcB 
m^fffix ; ià^ le prêtre de semaine lui coupe un peu de »es 
rhf^vejtx ; puis te i/ais'^ Ain^i font ie diacre et te sous- 
diaerç^ pfiis tê se né chat te conduit dans le vfiœur. près dti 
doyen et du (résoriar, enmtte vers te cfmnoine, et iôm lui 
Cùupmt çueîifufis cheveux et k haiseni. Les ciMnuxmnt au 
iénéchaî, et la sercîeite à ta fahrifpn'^* 

Un |inf>i^af5r« eiiripux et Iniicliunt «te ta vie de saint 
(Idon, abbé di* Cl ruiv, nous a|tprend *iue les pnMres ayant 
une fois reçu rotule à leur ordinaLion, fa portaiotit lo 
joar el la nuit : — Le mlnt tétant éveillé la nuit qui êuivit 
Ion ordinal ion, et votjant pour ta première fois téloîeÈUS- 
pendue û son cou, $e prit à pleurer-^. 



i. Martfnf, fl, 4f;:» A^ *r.^|irùs le rituel tic Sahil-thjen d** Ri»tioïL 

2, Murtpopjl, 313. 

li, IImcÎ, G4, s. Otli>n. CUin, viln, lib. I, n, :n. 



CHAPITRE TROISIÈME 



LA CHEYAUCIIEE LK HOY, LA COrB, LES CHAXDS OFFfOERS 



De mèmq que la déesse Hertha, sur son char atlelé 
(Ig bceufs, [înrcoiirait chaf]ue annùc la Germanie, et 
' ramenait pai-tout b paix sur son paiiîSage, ainsi le rei 
barbare ouvre ^on l'ê^nic eu chcrauchant sou royaume; 
il en parcourt lati limites ponr en prentlre poissession et 
pour assurer la paix publique. Dagabert visite ainsi la 
Xeus^lriCp la B^urgo^^uc et rOsslrasie. Hugues Capptj à 
la lin du dixième siècîe, observe la même coutume'. — 
La vhevattc/tre le ro^jj comme inapeelion des routes, se 
faisait naguère eïa-ore à Jersey, cette petite ile anglaise 
en face de nos côtes, que le roi d'Angle terre possède 
personnel I émeut coniuie duc de Nornuuidie* 

Les rois de Suicide faisaient au:?si la chevauchée j mais 
ils devaient aller dans la direction du sud, à Tencootre 
du soleil G. 2J8. 

Les Méroviugi eus semblent avoir h (î rite du char de 
la déesse llertha. Lorsqu'ils se rendaient au Champ de 
Mars, et partout où ils paraissaient en public, on les 
voyait sur un char attelé de bœufs*. Aussi, dans Tiîchelle 



L Gesta Ambaaii'DsiaDî, npnd ScripL icr. Kr. X, Î38. 
2, Egîuhanl, Vita Caroli magni^ millo. 



CARÙCCIO- — CIÎEVAt3CnÉE, 



129 



' des compo^if ions, hi bœuf du roi est filaco plus liaut guo 
son waraiïiiîo cm cheval i\Q guerro, Uuî t^^ ^^ waranoin, 
["paie snixaiilB solidi ; ijui lue le ïxiMif ou le taureau du 
roi» en pale quai re- vingt-dix* — ^ Celte coutume des rois 
hnérovjtiï^iejis siinible avoir aussi appartenu à d*autrei? 
{racey de n»is barbares. On voit encore sur une coloime, 
\k Constaulinopîe, 1« rhar d'uu nn caplit; auquel de.i 
[bœufs ioui atlelé:^* — Vopiscus in Aureliano^ IVS : L'on 
[prit aussi un autre char alleic de quatre eerfs, que Ton 
[dit avoir appartenu au roi des Goths. G, 203, 

Oaus Icié- républiques italiennesj c'était le Christ et 
Tétcndard de la cité que l'on plaçait les jours de ba- 
taille sur le chariot ou caroceio. Les bœufs qui le traf* 
Loaient portaient des couvertures blanches ou rougoa ; 
[Us étaionl consacrés exclusivement à ce service, Aruol- 
phe de Milan (Muratori, lY) parle le prenner pour 
IraiinÉe 1039, du caroccio, Corius, Hist. MedioK, part. 1 : 
j Quatre paires de bœufs f rainent ce char; une soie 
[blanche les couvre avec des draperies loarquées d'une 
[croix rouge. Le maître (magister) du caroecio est uu 
I homme honorable, auqnel la cité est tenue de fournir 
cuirasse, épée et solde annuelle, — Les Souabes avaient 
. nn char ëemblabic, lorsqu'ils marchèrent en 1^86 
contre Tempereur Henri IV. Othon IV eu avait un à 
' Botivines : // élem sur son char un pieu, el au hmi de ce 
\ pieu il mit un dragon, GuiîL Armor, Philipp. Un autre 
I historien fait Diejition du carrosche avec la bannière des 
Pay6-Bas, et de celui de Mayonce sous Albert h G. 

363-4. 

Le roi féodal n'e^t point traîné sur son char comme 
les Mérovingiens. Le faible et maladif Charles V che- 
vauche lui-même à îa tôte de ses serviteurs* — Vacous- 
tumée manière de ckeimuchier esfoii de twtafjle ordre : à 
très granl compaignie de tarons cf prinres et tjentilz 
hommes bien montez et en riches abis, luf/ assis sus pale- 
*'rot/ degrani esHUe^ tout temps vestu en aùil roijal, ehc^ 



130 COI H. 

vauchani entre ses gens^ si loing de îivjpar teiie et si hono- 
rable ordormance j {^w^ par raûr7ir maiiiiieti de son bel 
ordre, hknpemt sçavoir ifl cognoistre tout homme, estran- 
gier ou autre, lequel de tous estoil le roy ; ses genûhhom- 
mes devant luy 07*deîtez, et gens d'arrnes, tom esto/fez^ 
Comme pour combat tre^ en ïiombre et quantité de plusieurs 
lances j les que h estoyent soubz capitaines, cheval iet^s nota- 
bles f et tous reeepDoycnt beaals gages pour la desserte de 
e*'l office; les fleurs de lis en esc harpe portez dcuant luy^ 
et par Cescuycr d'escuierie le mon tel d'ermines, l'espéê et le 
ekapeî royal, scions les nobles anciennes cou stumes royales. 
Devant et après les plus prochains du roy chevauchoient 
les princes et barons de son sang, ses frères ou autres ; 
tnais nuljà tie fapprockast, se il ne Vappelast : après luy^ 
plusieurs groz destriers, moult beauh m deîre^ estoyent 
mentez, uorncz de moult tnehes harnois de parement; tft 
quant il entroit en bonnes villes, oà à grantjoye du peuple 
est oit receus ou ckevancho'tt parmg Paris, oii toute ordon- 
nance es toit gardée, bien sembloit estât de très hauit^ 
magnifie, très pois^anl et très orden^ prince^. 

La chevauchée faite , le roi ouvre sa cour, et tient son 
banquet royal La disposition du palais et de la salle 
de^ fesUns, Tordre de la cour barbare, la hiérarchie des 
serviteurs, ne sont prérfenlés nnllû part avec des détails 
plus circonstanciés et plus ori^nnauxque dans les monu- 
Jiients de l'Irlande et du pays de Galles * : 

Le palais de Taniar (en Irlande) était anténeyrement 
la résidence de Gonn aux cent batailles; c'était le siègre 
de tout roi qui ^'ouveniait dans Taniar du temps de 
Niall an?c neuf tours. (1 était construit sur le «ombre 
Irois; car ee roi avait fait vœu de bâtir trois tours. Le 
palais de Laogairo u'élait que la troisième partie du 

1. Chrislïnr de Pisan, U VI fje Iri coll. des Mi'th. p. 2S2, 

2. D^scriplian «ie la salle J.'s fostins de Tamar ou Tara, d'après 
un ancien ïu^^r, irlandais du collège de la Trinité à DuljJin* CollecL 
de rebuâ Hil>^m, li, £ïl4-&âO, 



|>aiai,s «tf Cormar, Du temps tic Langfiirc?, il nvait seu* 
leiiieat trois cents [nods nwvv^^ vimiuAnïv appartemerits 
el i*iat[iiaatiî honiine:?^ (laiii^i rhanm, cimiuaiite chambres 
pour It'în î^ardes, el vingt fiounnes ilnnii charime. La. 
Jiauteiir *Uait de Irr^nti? roadÎH^ï^; Je diamtdre We Ten- 
ceinte qui enlouruit le [iîilîiis était rie sept jeb d'yii 
javelot La riri-iHiférêitco du palais etnft égale a« dia- 
miHre de Tenreinh*. Il y avait &îOpï entrées- On y voyait 
cent cinquante eoupes ordinnirciâ; cinquante cornes à 
boire curiensoment dorées; cinffuaiite coupes curieuse- 

mi gravéeîï pour Pusage particulier des nobles.*- l-a 
_ iiilenrdesî chandeliers «Hait de eîufj roud*^es^ et daus 
rhaeuii il y avait (jualre flînvdx'anx. ïl y avait sept a^tnv 
lognèï^» sept bistorienSj et un druide ^enienient, un seul 
tniiDeou comédien et professeur de musique. Il n'élait 
pas i^ermis dVn avoir ilavantage dans ce palais; et dans 
la cour pas plus d'une vijilure ou chariot à la lois pour 
éviter la confusion. Sous le ri'*gne 4to Corniae, te palais 
de Taniar avait neuf cents pieds carrés; le diamètre de 
renceiûte qui entourai ï li* palais avait sept portées de 
javelot : il contenait cent cinquanle appartetnentSj cent 
cinquante dorloirs pour les fçardcs, et soixante hommes^ 
daii^ chacun; la hauteur <Mait de vingt-sept aunes,*. 
Douze purches, douze jiortchj et mille hôtes par jour, 
outre iesprincesj les orateurs et les hommes de science, 
les graveurs en or et argoof, les ijraveurs en pierre, le» 
modeleurs, et les uobles. 

L a sali e ( \(i s ban q u e ts o (îr a il d f m 1 7. e d i v i s i o n s d e tables 
df» chaque cètéavec seize serviteurs; huit pour les aslro- 
lofTues, historiens et secrétaires, au bout de la salîe, et 
deux pour chaque table h la ]»nrte. U y avait en tout cent 
eonviveg, A charpn^ repas deux boeufs^ deux brebis et 
deux porcs, étaient distribués également. Le nom dé la 
Sîdle était Bruidltean. Les qtïanlités d'hydniinel et de 
beuiTë qui s'y cr*n sommaient chaque jour» surpassent 
Igul calcul : il y avait vingt-sept cuisines et neuf bassins 



132 COUR. — SERVITEURS. 

pour laver les mains et les pieds, cérémonie dont n'était 
dispensé ni le plus grand ni le plus petit... Énuraérons 
maintenant les ordres divers de Filé (philosophes et 
poètes), etc. 

Il y a, disent les lois de Galles, quatorze hommes dans 
le palais du roi : quatre ont leur place dans l'étage d'au- 
dessous, dix dans Tétage supérieur. Le premier est le 
roi qui doit être assis près du feu. Auprès de lui le 
porteur de torche; puis vient Thôte, l'étranger, ensuite 
le maître des faucons; ensuite le teneur de pieds (Voyez 
plus loin). Près du feu, de Tautre côté, s'assied le cha- 
pelain de la maison pour bénir la nourriture et chanter 
les prières du Seigneur; et le héraut doit frapper le 
pilier au-dessus de sa tête. Auprès de lui est assis le 
juge de la cour, ensuite le barde de préséance. Le for- 
geron de la cour est assis au bout du banc avant le prê- 
tre. Le maître d'hôtel doit être au bas bout de la salle, 
ayant la porte à main gauche. Ceux de la famille qu'il 
invite, doivent siéger avec lui... Le barde de la maison 
se tient à l'autre côté du maître d'hôtel. Le maître du 
haras doit être proche du feu avec le roi, tandis que le 
chasseur en chef doit être de l'autre côté du roi avec le 
prêtre *... Le huitième seniteur est le barde de la mai- 
son. Il doit posséder un champ en toute franchise et 
avoir un cheval à sa disposition. Il reçoit de la reine son 
vêtement de linge, et son vêtement de laine du roi. Il 
doit être assis à côté du maître d'hôtel dans les trois 
grandes fêtes, afin qu'il puisse faire résonner la harpe 
sous sa main : il réclame les habits du maître d'hôtel 
dans ces trois fêtes. Si un chant est désiré, le barde de 
préséance commencera. Le premier chant est pour Dieu, 
et le second pour le roi qui tient la cour : s'il n'y arien 
à lui chanter, on chantera en l'honneur d'un autre roi. 

1. Probert, p. 92. — V. aussi THistoire du pays de Galles, par 
Warington. 



SERVnEl'RS. 133 

Après le bardo dp- ivrés<5anre, le banle de la maîson a la 
ch?irge de chanter trois cliants. Si la reine d^ëlre uti 
chant^ que le banle de la maison aiHe et lui rharile tout 
chant qu'elle désire, mais à voix basse j pour ne pas trou- 
bler ia joie dans la salle. Il a droit à un houe ou h un 
bœuf sur le butin que la famille peut enlever au royaume 
voisin, lorsque ie roi a choisi son tiers. H doit aussi 
chanter la monarchie de Bretagne, pendant qu'on par- 
tage le butin. Il a droit k uuo tablé d'échees, faite de 
récaîllo d'un poisson de mer^ et k un anneau de ïa reine. 
Son logis est ehez le maître d'hùteL Sa protection est 
conliée au maître d'hôtel. 0"ûnd il chante avec d'autres 
bardes, il a droit aux parts de deux hommes* Uui l'in- 
sulte, paie six vaches et cent vinj^t &ous d'argent; qui le 
lue, doit payer une amende de cent vingt-six vaches ^ 

Le page de la chambre couche dans la chambre de la 
reine \ son Ht est dans le cabinet, afin qu'il puisse 6lre 
prêt à la défendre d'un guet-apens. La iille d'honneur a 
son lit dans la chambre de la reine, afin de pouvoir 
entendre le moindre mot qu'elle dit. 

Servi teu ris infi^ricurs : Le second est le tenem^ de 
pieds,,, son office vient du privilège de sa terre. 11 doit 
tpuir le pied du roi dans son sein, depuis le raomenl oh 
il commence à s'asseoir au banquet jusqu'il ce qu'il 
aille coucher. C'est lui qui doit frotter le roi. Durant ce 
temps, il a charge de veiller à ce qu'il ne lui arrive 
wial. Son droit de garde dure depuis le moment où il 
prend les pieds du roi jusqn^âi ce qu'il aille k sa maison, 
fit il peut emmener le criminel qu'il protège. Il a le 
privilèjre de manger au même plat que ïe roi, le dos 
lourné au feu. — Le dixième serviteur est le chef du 
chant : il doit avoir sa terre en toute franchi se< 11 com- 
"i*Hicera par chanter à la louange de Dieu, et ensuite k 
la louange du roi qui lient la cour... Personne ne peut 

L Probcrt, lois galloisea^ p. iÛ4-îi, 



134 SERVITEURS. 

demander gratification, si ce n'est le chef du chant ; il 
partage avec ses compagnons, et deux parts lui appar- 
tiennent. 11 réclame vingt-quatre sous de chaque mé- 
nestrel lorsqu'il a clos ses leçons. Il réclame quatre 
sous de chaque femme qui a dormi avec des hommes. 
A lui reviennent les droits de mariage des filles des 
autres ménestrels... Il doit coucher avec l'héritier pré- 
somptif. Son droit de garde dure depuis le moment où 
il a commencé à chanter dans le palais jusqu'à ce qu'il 
ait fini son dernier chanta 

Un empereur grec a décrit l'intérieur du palais de 
Constanlinople. Luitprand l'a fait aussi dans son ambas- 
sade. Guillaume de Tyr nous a laissé une description 
très curieuse du palais des Fatemites, au Caire. (Voyez 
mon Histoire de France, Croisades.) 

Chez les barbares, la domesficité s'anoblit par le 



1. Voici les trois degrés du bardisme. Au premier est le chef 
barde ou le libre barde priviléj^ié, qui obtient sa dignité en {étu- 
diant sous un maître légalement auto^risé, sous un barde de l'as- 
semblée bardiqiie. 11 doit conserver^-tous les souvenirs des arts et 
des sciences, tant qu'il continue d'exercer son office de barde. Il 
doit aussi garder les souvenirs et gestes de l'état et de la tribu 
concernant les mariages, les généalogies, les armes, les héritages 
et les privilèges de l'état et tribu des Cambriens. Au second degré 
est rOvate, qui obtient son privilège pour son génie poétique et 
ses connaissances précieuses, après avoir donné des réponses jus- 
tes devant l'honorable assemblée des bardes; ou s'il n'y a pas 
d'assemblée, devant les sessions judiciaires du chef de district 
ordonnées par la tribu; ou devant douze des juges ou des jurés. 
Au troisième degré, est le druide-barde, barde gradué par l'as- 
semblée, versé dans les sciences et la sagesse, et capable de com- 
muniquer son jugement et ses vues... il est élu par scrutin. .. 
Probert, p. 36. — Chaque chef de la harpe a droit d'exiger vingt- 
quatre pences des chantres qui délaissent la harpe garnie de 
cheveux, pour s'unir à la société des ménestrels. (Quelques bar- 
des ont maudit l'introduction des cordes modernes comme infé- 
rieures à celles qui étaient faites d'un long cheveu de femme.) 
Probert, p. 239. 




OFFiniERS, 



dévouement volontaire du serviteur envers son chef j 
c*est comme un souvenir tie Tancienne fraternil*^. des 
compagnons dans la bande guerrière. La four <!u roi 
mérovingien est composée de ses fidèles et de ses con- 
vives ; tous s'asseoient k la table royale. 

Au bout est placé le Major-Domùs, ou mair^ du 
palais, îe premier tles serviteurs du roi^ ie ju^^e et chef 
des leudes, qui jdui^ lard prendra la place dn mî lui» 
même. — La féodalité adoptant Thérùdité de:^ eliarges, 
donna à ta domeslicîlé une sorte de caractère politique. 
Les anciens serviteurs du palais eurent leur place dans 
la hiérarchie féodale, et les plus grands ^eiijneurs se 
firent honneur dï-tre sénéchaux, connétables ou maré- 
chaux d'un roL Airisi, au couronnement des empereurïi 
d'Allemagne, les princes électeurs servaient à table le 
nouvel élu : 

Au couronnementj TEmpereur s étant assis k table, 
dans un lieu peu élevé, les officiers de l'Empire vinrent 
ï^elonTusagc potu' revendi*[uerlesdroits de leurs char^^es. 
D'abord les archevêques avec les sceaux do l'Empire, 
car ils sont Chanceliers- Puis le duc de Saxe, Arehi- 
maréchalj vint sur un haut destrier jus^uVi ta table, 
portant dans un plot d'ar^^ent Tavoine pimr les chevaux 
de TEmpereur ; il fit asseoir les jirim es ;\ la l aille, cha- 
cun à la place qui lui était [>ré[iarce. A[irési lui vint le 
margrave de Brandebourg, ArchichajnbettaJï \ de sa 
main droite, il portait un tiassin d*or et de belles ser- 
viettesj et tl donna à laver à l'enqtereur assis sur son 
tréne. Après vint le comte palatin jKHlant les mets dans 
des plats d'or; ayant tait Tépreuve, il les pîa<;a devant 
TEmpereur. Vint ensuite le duc de Luxembourf^ cl de 
Brabant, représentant i\n roi de Bohême, aurpiet appar- 
tient la charge de grand Kchanson ; il portait le vin 
dans des coupes d'or. Ayant fait l'éjn-cuve, il donnai 
boire à TEmpereur. Enfin vinrent, k grand bruit, les 
princes de Tch\vartïbour^% grands Veneurs, avec trois 



13C OFFICES. 

chiens de diasse et nombre Je cors; lU portèrent à la 
labl€ irapérialo un cerf et un san^^lier,., elc.^ 

Nous avons aussi de nombreux tableaux des cours 
féodïdQs. Les pki:3 remarquables peut-élre sont ceux 
qui ont été consentes de la cour du comte de Foix% de 
celles des ducs de Bourgogne'' et du roi Charles Y*. 

Mangeoù en mie communément le sage r^oy Charités; 
semhlablement huj plaisoii que la royne felst entre sts 
pvineepces et darnes^ se pm^ g rosse une on autre impMiment 
nen es loi t gardée; servie est oit de gentih hojnmes de pur 
h roy à ce commis, sages ^ loyaux, bons et honestes. El 
durant son mangm\ par ancienne coustame des roi/s^ tien 
ordonnfk; pour ûlwier à vaines et vagues paroi les et pen* 
séeSj avoit un preudommo en es faut au bout de la taf/le, 
rjni sans cesser disait gestes de meurs virtueux d'aucuns 
ion irej^passez. 

Le premier des grands offices que nous trouvions eu 
France est celui de Maire du palais ^ Dans les temps 
féodaux, nous y voyons une hiérarchie de grands ofli- 
ciers analogue à celle de l'Empire; mais le cérémonial 
était généralement moins solennel. Au onzième siècle, 
le comte d'Anjon, plus puissant alors que le roi (PUi- 
lippe 1)^ faillit lui faire une guerre dangereuse parce que 
le roi lui refusait la charge de Sénéchal de la couronne. 

Toutes voies twsLre entention n'est pas que en noz dites 



L Ludewig, ap. Str,, 629 B. 
% FroiaaarJ, IX, tU%J, 

3. Olivier de ta Mnrcbe. 

4, Voyez dan» Christine de Pisajij une longue description du 
banquet royal de Charles V* et de la rriceplîou de 1 etupcre\ir 
Sifiisînotid {Qo]l Pt^titot, Vï, S4), Y, aussi V Inventaire générai dfs 
joyau j' du roy Chaple^ lif Quint, dana les raonumeiita de la Dioiiar- 
chie frantvLisc, par Montfaiicon (qiiîitaraiémc siùiile) ; et aiiJt ArcbW 
vea du royauDK% riuvuulaire des joyaux du duc de lïerri et do 
duc d'OrJrans. 

Tu Sur le Mairo du patai^^ voyez la dissertatioa do M. Zin- 
geisen. 



i OFFICES. - 137 

ùrdùTtîtances rjnz officiers fiesvez^ qui ont aucmw jurldic- 
lion ou cof^twfssance de cause en nostre dite vUie d^' Pa?'iSj 
comme le eomiestabie^ ie chamùeriet\ le pannetier et le 
hùutdller de France, et attires officiers fiesvez^etc. ^ 

Ce fut Henri I" qui supprima la charge de comte du. 
palais, doiït il partagea les fûuctions entre quatre nïli- 
ciers, savoir, !o chancelier, le hou fe Hier, le connéinble^ le 
'jrand panel kr *. Il y avait aussi le grand (/u€u:t de 
France, surintendant de tous le>^ officiers des cuisines 
du roi< II tenait son ofllce à vie, et à foi et hommage du 
roi\ 

Loîî Assises de Jérusalem nous donnent beaucoup de 
détails sur les charges et les privilèges des grands orii- 
ciers de ce royaume *. 

Le jour du coronnemént , le Senesckau, si tosi corn le rotf 
hlra de sa chambre où il sera vestu pour aler au mosiier^ 
k Seneschaît doit tenir le septre^ H porter le devant lui 
jiaques d&dan.i ri/glise et le tenir juj^ques a tant que il le 
porgne en sa main^. se il (le roi) îie veut tenir le se pire 
au mangier^il kdoildener au SénesckaL Le Sèneschal 
doit servir le cors dou roy le jour dou couronement^ et 
quand te roy aura mangié, se il ne veau tenir le septre en 
sa main, le Sêneschal le doit tenir devant le roy, et porter 
le devant lui, jitsquesen la chambre ou il se l'odra deponil- 
krdt la robe roijalle ; et puis doit leSeneschau rnangier, 
H toutes les escueles et les greaus en que il aura servi le 
cors dou roy dou premier mes doivent entre jfowejf (siennes), 
plaines de tel viande çom le cors dou roy aura eslf' servi 
C€lui jour, ht il y doit mangier as quatre f estes annuels 
de Pan ou as autres grans solernnités, qu qttant le roy uodra 
porter corone. 
Ci dit r office dou Conestable. Le jour dou coronement, 

1- GarpDutieri lïl, 17. 

±. A.rl du vÉriÛeï- tes dates, V, p, 507. 

3, Lawriàre, I(,p. 237. 

4. Assises de Jérusalem, cti. CCLXXXIS'CCLXCIL 



•^^y-^ 



138 OFFICES. 

le Coneatahle doit venir le matin en la chambre don roy, 
et le Mareschal en sa compagnie, et faire porter le gon fa- 
non royal devant liiiy et si tosi com il sera descendu en pié, 
le Mareschal doit porter le gon fanon devant lui jusgues à 
la porte de la chambre en quoi le roy se vestira, et quant 
le roy istra hors de la chambre, le Conestable doit prendre 
le G on fanon dou Mareschal et aler devant le roy entre h 
cheval et autres qui poiHent les autres offices devant lui 
jusgues au mostier^ et tenir le devant le roy tant com. il 
sera devant Cyglise et raporter devant lui à loisir jusgues 
à la porte dou mostier, et là bailler le au Mareschal, pren- 
dre le cheval au roy, et tenir le par les reignes et par Tes- 
trier tant gue il soit, et puis doit le Conestable comander 
au Mareschal par quel voye il ira. Quant le roy sera 
de.ssendu, le cheval doit estrc dou Conestable.,. Et doit 
faire à faire droit par Vusoge dou royaume à ceaus qui se 
clameront pour lors sodées (solde) à lui, soient chevaliers 
ou scrgens ou Escuiers... Se le roy est en ost ou en che- 
vauchée, ne homme en son levé, le Conestable doit et peut 
estre chevetaine (capitaine) de tous les gens de rost gui 
vivent d'armes et gui pour faire d'ai^mes, sont en Vost, et 
sur la justice d'eaus, faisant la faire par conseill des 
homes le roy^ sans le tort des hommes liges le roy^ et il en 
areaut peut ferir ou pousser de masse ou de baston tous 
ceaus gui sont de la chevetainerie ; sauf les chevaliers 
homes liges, mais à ceaus peut il ferir les chevaus et occire 

de honte coaus de chevaliers ou d'autres gens gue le roy 

Ci dit V office dou Mareschal. Le jour dou couronement, 
le Mareschal doit venir en la her berge dou Roy en la com- 
pagnie dou Conestable, et faire porter le gon fanon royal 
devant lui et si tost com il sera dessendu à pié, il doit 
prendre le g on fanon et porter le devant le Conestable Jus- 
gues à la porte de la chambre en gttoi le roy se vestira, et 
là se doit arrester a tout (avec) le gonfanon, et si tost com 
il istra hors de sa chambre, il doit bailler le gonfanon au 
Conestable, et doit aler tenir le cheval le roy par les 



oFncKs. 



VM) 



reigne^ et men**r If jîtaqyt:^ ou mfHiît*r, Et quand k rmj 
mra monté, le marc se h al u doit monter sur le rhauii duu 
Conéstoble lont ct>urt, et porter k got} fanon devant le rot/ 
à cht^vai^ et st (ost eom le rotj sera dessendu, H doil des- 

, rendra et porter le g un fanon devant ii Jfï rom le eonesttibk 
ia il ijrdonera jmqne^ à le ne où il deisrti mantj'iej\ ef tant 

' com le rotj mangera ii doit tenir le gonfamm devaril lui, 

^ ai quant il an m mangié il doil porter le gon fanon detyant 
lui jtisqucs en la ckùmbre m il devra entrer pour oster ne$ 
vêtements i^otjtms, ^t pui^ doit aler devant le Concstable 
sur le ehemtu don conestalfk, et doit estre sien ehf^ûuu. Et 
^uant le Conenfaltle sera dessendus en son Ilostel^ le 
Mareschal doit faire porter le g on fanon devant lui jusi^uCi 
en WH liosteL,. et doit avoir le Marenchal tûtite» les ùestêB 
grosses qui »eronl ï^enim don gfitng^ et doit avoir totu les 
efif^enus rendns qfd seront â costéer don rog ^auf veans de 
30 it hû^felj et doit faire homage au Conestalde^ ma fie rog 
êl li's aut rat personnes à qui il est tenu de foi. 

Ci ttprès nous dirons roffïce doit Chamberlain. Le jour 

\dùu coronement^ le Chamberlain doit venir le matin en la 
Chambre dou rog et attirer tous lex vt\ttemen!i ruganx en la 
Chambre don j*og, que le rùij doit iJestie ponr faire soi 
tôi^ner. Et quajit le rog vait au ynostter, le Chamberlain 
doit aier avec les offeeiaux devant le se ne s e ha i^ et doit 
porter fespée^ et enirm* u les offeeiaux au ewnr^ et tenir 
fespée tant que le rmj la preigne, et puis doit prendre les 
autres que ks off'f?eiau.c fiegnetit, et doncr les an rmj. Et 
quant le rog est eoroné, il doit akr en tostel et faire apa* 
veiller ee que bcsoing H seraj ce est a savoir faigue que 
il doit douer at mains don rog quant ii vodra mangier,,., 
et avant Et aprez il doit servir le roij de sa couperet quant 
te roy aura mangié, il doit aler o les autres ofjfeviau^ man- 
gier.et la roupe de quoi il aura servi le rof/ doit estre 
sam, et doit boire k jour dedens et tenir H devant à table; 
ûê quatre fesles annuels et gruns solemnités te doit il encin 
faire et servir eom il est dessus dit. Et quant aucun viûut 




140 . OFFICES. 

faire homage, le C kambei^lam est tenus de deviser ramage 
à lui ou celui qui sera en son leuc, et doit avoir toutes les 
dépouilles et robes de céans qui font tomage au roy. 

On voit que ces charges n'étaient pas de simples 
titres; certains privilèges y étaient attachés. Le Cham- 
bellan de la cour d'Eichstadt avait droit au pied gauche 
de chaque cerf ou autre bête de venaison ; mais il ne 
pouvait rien réclamer si la bête avait moins d'un an. 

A Télection d'un évoque, le maréchal héréditaire doit 
chevaucher à ses côtés, jusqu'à la pierre des lîefs (lehen- 
stein); là ce seigneur doit descendre de cheval et tenir 
rétrier à Tévéque, puis monter à son tour le cheval qui 
a porté révoque. Ce cheval devient le sien... Le maré- 
chal enfoncera son bâton dans la meilleure huche à 
avoine... ; ce bâton doit avoir une aune et demie de lon- 
gueur... Il a droit à la tête de chacune des vaches qu'on 
abat dans le voyage... Item, on donnera encore au maré- 
chal les chevaux qu'on aura épuisés... s'il en meurt, le 
maréchal en a bride, selle et peau. — Le maître de cui- 
sine a le pouvoir de prendre les clefs aux paysans, de 
les garder jour et nuit ; mais il doit les rendre quand 
il s'éloigne... Item, s'il arrivait qu'il y eût du blé battu 
sur l'aire, il pourrait y faire entrer son cheval, dût le 
blé monter jusqu'au ventre, ou môme plus haut... Item, 
il retire annuellement à la Saint-Étienne un pain blanc 
de chaque ferme ; ce pain doit monter du sol aux genoux 
et plus haut. G. 277. — ... Item (le drossarl) sera pré- 
sent lorsque le cuisinier de Madame l'abbesse tranchera 
le saumon que Madame a coutume de donner aux baillis 
investis dans sa maison et son abbaye ; et le drossart 
dira où l'on tranchera le saumon. La moitié de la tête 
reviendra au drossart, l'autre moitié au maréchal de 
l'abbesse ; le chambellan et l'échanson auront la partie 
qui suit la tôte ; ensuite viendront le tour des autres 
baillis investis dans la maison abbatiale, et les entrailles 
resteront dans la cuisine de l'abbesse. 6. 251. 



LANCE. — DATO?.'. — ÉPÉE- lii 

Linvéstîltire est îa Iradition féodale. Une grande 
partie dc^ fortnos et dcjs synibolci? de la Tradition ([ue 
nous avons indiquées, pourraient également se placur ici. 
Il y a toutefois cette diiïérenee que T Investi turc n'est 
pas seulement la tradilioii d*unc propriét(5, mais celle 
d'une juridiction, quelquefois celle d'une souveraineté. 
Les signes de l'Investiture rappelleront tantôt la trans- 
mission dû la propriété, tantôt colle de la puissance. 
Nous retrouvons ici la Terre^ le Fétu, le Baiton, la plu- 
part dés symboles dont nous avons déjà parlé. 

Nous avons vu au chapitre de l'Adoption, îe roi Gon- 
traû investir son neveu par la lance. — Fief tenu par Uvre- 
menî de fusi (bâton) et terrée — Guerpire cum lapide, 
investir par la pier^^e (acte do Marseille, année 1085)^, 
— Nous aoùns êtafdi que les ùtUons marquik du sif^tie de 
la commune de Marseille seraient gardés dans les ctiries 
(curiis) d'' Marseille, et que celui à qui son adversaire ou 
tout autre aura montré le hdton sera tenu aassitât ei 
immédiatement rf^ venir à la curie ^^. 

C'estj dit Othon de Frisingue, la coutumcr que les 
empires soient livrés par le glaive, les provinces par 
r étendard*. 

Par la pointe de cette épéf^ de douze livres pesant d'or, 
Je te rends le royaume que tu m'as volontairement dminê. 
[)udo de morib* Normann,, lib, â. G. 4(U>? — Dans le 
roman de Rou, on dit de même : Au roi rendl sonrègne, 
nenvoul m>oir jornée^ — Fièrement Cen saisi par une soe 
eêpée^ — £1 pont de Cespée out d'or dix livres pesante 

Quand la chambre légale de Flandre se tient en présence 
du comte, on fait mettre au milieu du parquet mr un petit 
ht ou coussin une épée nue en signe de souveraineté^'. 

2. Duc ange, IV, "ïâ. 

3. Carpcnticr, p. il'i. 

i. Ottn Krey^. Do gPï*tU FriJ. I, c. 5- 
S. Oudeg-herat, in-l*», 2S:j verso. 



li-2 CISKAUX. — ANNKAU. — CLOCHE. 

Une <''pée tMait envoyée par la ville de Nuremberjg? A 
celle de Bnixellcà, en si^iie des immunités dont elle 
jouissait dans le B^abant^ 

Le mîirteaUj la vieille arme du Nord, Femble, conrune 
Tépée, un signe d'investiture militaire. Le couteau^ les 
ciseaux et la une au, paraissent ^Ire des symboles ecclc- 
siasliques : Un jeune st^ignew de J^oi/es, frappf' de la 
mort sttènede sonpèr^, qui avait volé fo hiem d^ r ah baye 
de Notre-Dame, rendit le prii^uré de Saint-Julien aur 
reliai eux, en s' approchant de V autel, sur lequel il mit un 
couîmu titfir^ (année 1087). — Un gardait à Notre-Dame 
de Paris, dans le trésor des ehâsses, an eônteau pointUn 
sur !e manche duquel Hmt Tacte par lequel un certain 
Guy avait investi le chapitre de plusieurs portion i» do 
terre. — Sous Louis le Gros, ce couteau fut remis 
comme signe d'investiture à Drogon, archidiacre de 
Notre-Dame ^ 

Odmi, comte de Corlfeit, amcf-dd à Diûff et a Saint- 
Germain rfit PonOthe, une voirie qiiil avait dans la ter-^^e 
de JiftfHssartj à rnldede ciseau r fjti'ii tenait ff la mahi; te 
moine Iloùerf le rcinvestil avec les méates ciseaux; sur 4e- 
ckamp le comte tondit tme ùreùis qui appartenait û Guil- 
laume Fomrd^ en se servant de s dit s etseattj:^ 

Y. Ulniarm, Slrf{l(>s esf^n, p* 300. — Comme lex gen.^ dt^ la suite 
du roi s'ineiinm^nt pour fairn kitr prière, un d'fiu:r eut la téme^ 
rite de j}0^ev son ep*!e itur l'mtiel; ses eompagnonn, ép<mrantes 
d'une st'ïtd/lti^tte audace^ rcpotissfhent ff^péç et Jie répandirent en 
reproches contre l'auteur d'une a ri ion si coupable; nwh it leur 
répondit orf^ueillêusement : Quelle est donc celte nouvelle reti^ùn 
qui fait que pùur votu, un tas de pierres, de Sftffle et de chfîu^ ttt 
phLt xfït:re que mon ep^e} Et en même tfmps ta ramassant, il M 
rqdaçu sur VuuleL Aiiuoio, Wirac. S. Keiiçd., îib. I, t^. — Telle 
fut lu muuirredont C loi frire dompta par les armes les Saisons sou-- 
tei}^s contre lui : tt fit tnourir jmrini eujc tous les mâles qtii dépas- 
seraient la longueur de tepèe que par hasard iî portait. Gestâ 
DagoluTti, p. 580, Script, rer. t>. 2. 

"2. Danfîtor, Mém. sur \r Ch^mpagnr-j IT, 23G. 

3. Ddhiur*-, IUrI. de V^rh. Il, ±21. 



CLOCHE. i A% 

En f3i9, Jf.fi/ï, frère (T Anse l le i chevalie7% sire de Jour^ 
non > fit hommage n son êvèque^ qui voit lui t investir par lu 
bâiùJiou le fétu, $elo7t l'usinje. Jmn r** fusa cette investiture 
disant quil nt pouvait accepUr une autre invesîitw^e que 
relie par ranneau d'ùrK — Charte citée dans ThisLoire 
de Beauvais : // reslilua par son anneau d'or les mêmes 
villes à Vévéché de Beanvais occupé alors pur son fils 
Foulques, et il fit suspendre cet anneau attaché à un& 
chaîne de fer sur Paulel de Saint-Pietre comme un monu- 
ment de sa restitution. De plus, il fit percer deux sols qnç 
te Jour même il avait rent desdites miles , en signe de res- 
titution et de pénitence'^ — fin signe dliommage fUtdal 
(astBL* feudalïs), il rinvestltparla remise d'un anneau d'or 
comme son féal vas sa P. 

Le beffroi et la corde du befTroj trouvent na ta relie- 
ment leur pïace dans les înveiilitures eccli^isiasliqiies» — 
Il investit légaiemenl rarchiprûtrc par [a corde de la 
elocïie de ï'égiise. (V, dans Martene, l'investiture tout© 
EsCmblable d*un évéché). 

La cloche et la tour de la cloche Jouent un grand 
rôle dansThistoirc des communes, item nous avon^ donné 
et accordé échevinage, ban chèque grande et peiile. C ha rie 
de 1370 pour la commune de Saint-Valery*. — Une 
ordonnance de Cltarles le Bel {i3i^l) prive les bourgeois 
de Laouj pour un sacrilège co7nmis à t^glise de Laon, des 
(Iroiis de commune, échevinage, mairie ^ collège, sceaux^ 
cloche et beffroi^* — El le diet serment fait^ h comte 
(de Flandre) tire ta cloche deux ou trois coups en prendani 
par ce possession'^'. -^ Dans un autre passage d'Oude- 
gbcrst, un comte de Flandre se croit dégagé de son 

1, Ducange, III, p. 1528. 

± I^uvet. Hiat. de Btiauvais» tT, 2i:ï. 

3, nue. 1. ~iU. 

4, Duc, 1097. 
y. Duc, ibid. 

6. Oudegttorsti in-1", p. 292. 



144 COURONNE. — CHAPEAU. 

serment et regarde les privilèges comme annulés, parce 
que le beffroi a brûlé. 

On peut ranger encore parmi les symboles de Tinves- 
titure ecclésiastique, Tencrier, la plume et le papier ; 
les clercs écrivaient seuls au moyen âge*. — Voyez la 
Tradition. 

Charles d'Anjou investit son fils aine de la princi- 
pauté de Salerne par la couronne au cercle d'or, du 
comté de Lésine par l'étendard, et des droits hoDori- 
fiques du mont Saint-Ange, par Tanneau ^ — Hommage 
de Baliol à Edouard III : Il lui présenta de sa propre 
main la couronne royale, de la terre et des pierres du 
sol de rÉcosse, qu'il disait être sien'*. — Voyez au cha- 
pitre de la Tradition l'exemple de Xerxès, etc. 

Le chapeau est analogue à la couronne. Les nobles 
parmi les Golhs s'appelaient les Pileati. Symbole de la 
liberté chez les Romains, le chapeau est au moyen âge 
celui de la puissance et de la domination. Le roi garde 
le chapeau sur la tête, tandis que tout le monde autour 
de lui reste découvert. — Le chapeau que Gessler avait 
mis au bout d'une lance, et que Guillaume Tell refusa 
de saluer, était le signe de la puissance autrichienne. 
Aujourd'hui encore, dans l'abbaye de Kloster Neubourg, 
est déposé le chapeau électoral d'Autriche, qui ne sert 
qu'une fois par règne, et que l'on vient chercher en 
grande pompe pour la cérémonie de l'hommage à prêter 
au nouvel Empereur. Une imitation colossale de ce 
chapeau surmonte le dôme le plus élevé de l'édifice*. 
— C'est par le chapeau que Richard Cœur-de-Lion fit 
hommage à l'empereur Henri VI du royaume d'Arles. — 



1. Carpeuticr (1360), donne divers exemples, tous iUUeoi. 

2. Giannonc, liv. XX, introd. 

3. Fordun, ad annum 1353. 

4. Voyage de M. Alfred Gros, feuilleton du Temps, 2-3 jan- 
vier 1836. 



U0M3fAGE« 



115 



h 

p 



a vîo de sainl Mcnou parle d'une doualion qae Pépin 
raît faito par le cfiapeaii, et elle ajoiitt* qu'il liîssa 
i^hapoau en témoignage. — Celui qui veut vendre sa 
rmt; dait comparaître au tribnna! et tenir à la maÎD 
o chapeau ; le juge demande par trois fois aux asses- 
iirs &j le vendeur quitte sa ferme selon droite et 
ieiuGH:i répoûdcnt : Oui. Le vendeur 6te la main du clia- 
au ; puis le juge dit à racheteur ; Touche! et il touche. 
*e juge ajoute r Je te transmets la ferme pour la pre- 
mière, seconde et troisième fois ; puis Tacheteur doit 
racheter le chapeau au prix d'un schelling, que le juge 
lève en disant : Que tout le monde sache que c'est le 
gchelling pour lequel la ferme a été cédée ; le vendeur 
prend son chapeau et îe serviteur du juge reçoit le 
schelling. — Aujourd'hui^ dimanche après la Saint- 
Jacques, l'an 16i2, est comparu par-devant tous les 
labitanls deBruchhagen Thonorable Anne Dates, lequel 
fait à Gerdt Linhop cession de sa terre patrimoniale 
ar l'acte d'enfoncer la main dans le chapeau ; jamais 
ti'v aura réclamation taut que pousseront herbe et 
feuillage. G. U9, 

Lorsque le donateur était nn évoque, la mitre rem- 
plaçait le chapeau. Dans le Brandebourg, les flefs étaient 
conférés aux nobles par la mitre. G. 150. 

Inve&titure et hommage sont corrélatifs Le suzerain 

investit en transmettant au vassal le symbole des fiefs; 

le vasîjal fait hommage par acte corporel et formule 

verbale. Ook f homme joindre ses deux mains en nom 

"humiiiiè, et meitre es deux mains de son seigneur en signe 

iùut lui voue, ftl promet foij ;- e£ le seigneur ainsi k 

'troU, et aussi iwj promet à garder foy et loyauté^ et doit 

^hùmmc dire ces paroles : Sire^ je viens à vostre ho mage 

i en vostre foij, et deviens vostre homme de bouche, et de 

ins^ et vous jure et promets foy et ioyauté envei^s tous 

€î contre tous^ et garder votre droit en mon pùuvoirK 

i* Bouleiller, SotniuO' rur&le, Uv. 1, tit. Si. 



146 HOMMAGE. 

On demande dans le Jus feudale Alemanicum s'il est 
permis à un vassal de cracher, tousser, éternuer ou se 
moucher, en présence de son seigneur? S'il mérite 
d*être puni pour ne pas s'être tenu droit, ou avoir 
chassé les mouches en sa présence ' ? — Un vieux feu- 
diste allemand examine la question suivante (G. 139) : 
Certains disent que le vassal doit trembler des mains 
(dans l'acte d'hommage). Mais tout son cofps ne doit-il 
pas être agité, quand il aborde son seigneur? que ses 
mains tremblent donc aussi. 

L'hommage noble était souvent reçu par un baiser : 
Je vous reçois et preing à bons, et vous en bese en nom 
de fotj, et sauf mon droit et Vautruy *. — Les roturiers 
qui étaient investis d'un Vief, juraient^ mais ne baiscuenl 
pas. 

Une lettre de Robert d'Artois (an 1329) indique une 
forme d'hommage toute particulière : Corne nostre 
amée cousine , madame Marie de Brebant, dame d'Arsckot 
et de Virzon nous fust tenue a faire deux hommages... 
Nous et la dame de Vierzon devons estre à cheval, et 
nostre cheval, les deux pies devant en Veauê dudit gué^ et 
les deux piez derrière à terre sèche pardevers nostre tetre 
de Meun : et le' cheval à ladite dame de Vierzon^ les deiur 
piez derrière m Veauë dudit gué, et les deux devant à 
terre sèche par devers nostre terre de Meun, etc. ^. 

Si le vassal ne trouvait pas son seigneur en sa mai- 
son, il devait heurter trois fois à la porte et appeler trois 
fois. Si Ton n'ouvrait pas, il baisait le verrou de la 
porte, et récitait les formules de l'hommage, comme si 
le seigneur eût été présent*. 



1. Scbmidt, Hist. des Allemands, VI, c. 13. 

2. Établiss. de saint Louis, II, 18. 

3. Ducangc, verbo HomiDium, III, 1163. 

4. Loysei, Instit. du droit coutumier, liv. 4, t. III. — Ëtablisft. 
de saint Louis, II, 18. — Salvaing, Usage des fiefs, c. 4. 



RïSNONClAnOH 



îil 



Les signes qui cùasacreui la formalion du conliiit 

i5odaI président souvent au^sî à sa diâsolution. GomniP 

ïa U'adiUoTij îa renonciation se hûi par lapmik;^\\{^ 

^'appelle* alorâ Abfeslucatio*, Nous en avons donné des 

empiète au chapitre de la Tradition. 

L*argeni que ïc roi avait dooné à Pandoïplie conimn 
Wrhe de vassalité (in arrhara subj^itlioni^), il le faida 
.îux pied^, malgré la douleur et ïcs réclamations de 
Tarchevèque de Dublin^, 

L*hommago se fai.saiit quelquefois par la simple parole, 
la renonciation pouvait se faire de la même manièra- 
s'jre, y oyt' €Sté une pteche en mi^lre foy et en vm(re 
^.fjmmage, et tn tenu de vmts lex hertiarjes en fief : et â 
yftommage et à le foij je re notice, pane que vos m avez 
fieff'et, duquel meffet fentens aequérîr vent^ence par 
appel ^. 

Nulle pnrt Tindépendance féodale ne s'est marquée 
avecpïus d'originalité et de Jierté que dans le passage 
suivant du Fuero vicjo de Castille. Le dernier exemple 
de rappliL-ation de cette étrange formule, est, je crois, 
du lemps de Charles-Quinl : — Lorsque le roi exile un 

ico hnmt', son vassal, les vassaux et amis de l'exilé 

auvent partir avec lui; ils doivent même le suivre 
iisqu'à ce qu'il trouve un auLiX' seigneur qui lui ï^oil 
raciey^*.. Si le roi donne coni^^é à nn Hidalgo» va^.^al 
î'un Rico home, le Ritïo home [>ent, s'il le veut, qnitlçr 

pays, et chercher un antre seigneur qui leur fasse du 
fcen à tons deux... Si le roi exile un Rico home, îï lui 
iêcoi*dera trente jours et trois jours en sus, et il lui 
loonera un cheval ; tout Rico home (]ui reste dans hi 
\mys lui donnera aussi un cheval; si t'un d*eux ne lui en 
donne pas, et que Texilé le fasse prisonnier dans quel- 



L Voyez dans Carpoûtier, I» 13, vcrbo Ablestucntio 
AItth. dùcts Lothar., anno 1032, 
â. Matïiipiife Puris* miio 1212. 
3. Ueaiiuiaiiolr, c. 61. 



Cil aria 



fis RENONHATION, 

que conibal, il ne sera pas obligé de lui rendre la 
liberté. Si un Rico home est obligé de quitter le pays^ 
le roi lui donnera un guide qui le conduira à travers 
tout le pays, el Ini fournira des vivres pour son argent... 
EL le roi ne lui fera pa^ de mal, ni à ses amis, ni anx 
biens qu'il laisse. Que si un tel Rico home fait la guerre 
au roi ou au pay?, pour son compte, ou pour celai d*un 
autre sei^^uuur, le roi pourra détruire tout cequ*il pos- 
Bède, abattre les maisons et tours de ceux qui sont avec 
lui, el couper leurs arbres; mais il ne pourra endom- 
mager les biens de famille et héritages qui leur reste- 
ront à eux et à leurs héritiers; les dames, leurs épouses, 
ne î^srjuiTriroal pas de dommage en leur honneur... Si iù 
Rico home exilé fait la guerre au roi, pour son nouveau 
maître, et que ses vassaux faisant invasion chez le roi. 
Ils enlùvcnt quelque choisc, comme prisonniers, armes» 
bestiaux, le partage fait, îla prendront un lot entier, et 
renverront au roi, leur seigneur, et celui qni le p<trter3^ 
dira : Sire, tels et tels chevaliers et vassaux du Rico 
home que vous avez exilé, vous envoient cette part de 
ce que chacun d'eus a gagné sur vos vassaux, et vou> 
prient de faire grâce et d'amender le tort que vous avez 
fait à leur seigneur. A la seconde invasion, chacun 
n'enverra que la moitié de sa part^ et après cela ils ne 
seront plus tenus de rien envoyer. Lorsque de celte 
manière, ils se seront mis en règle, le roi ne leur fera 
pas de malj ni à eux, ni k leurs femmes, enfants» amis 
ou biens... — Pour renoncer ainsi à son souverain na- 
turel, il suffisait qu'un des hommes du Rico home se 
prt'ssentât devant le roi et lui dit : Sire, au nom de tel, 
je vous baise les mains, el dès ce moment il n'est plus 
votre vassal ^ 
Les nobles du moyen âge ne prétendent pas seotc- 



1. Fiiero vk^jo. — Schœll, Cours d'bisL des ÉUU européeiif. 

t. n\. 



FIKFS nv SOLEIL. — ALLEl X. 



119 



meotau droit dn renofieer à rhommage; quel<iiies-uns 
se déclarent Ithres de toute vassalité et se pîaeeiiL fîêro- 
ment en dehors de la hiérarchie féodale : — Qu'on 
i.acbe cm d'abord, n'est que la maison et seigneurie 
de Richolt, n'es^t fief de qui que ce soit; qu'elle n'a pas 
îion plus dlinfjôts, de deniers turcs (pour îa guerre des 
Turcs) à payer, ni rien à faire avec personne. Année 
1469, ^ Record de NieL Le Hainaul était de même un 
tlef tenu de Dieu et du. soleil : A^ovs échevins msdiis 
'^'ftOHs, tpie le seigneur d^ Nrjel [près de Linge] ne lient la 

fiéme seigneurie en fief ou (oui autrement de permnne 
ffautns^ que de Dieu et du soleil et de tui-méme, comme 
ïnffneur foncier du même etjdroit^ et qu*en coméguence, 
a est Voué hért^flitaire de la hauteur d'Anden, située sous 
Gingelom. Nom les érhetmis tenons, que le même seigneur 
de IVijel reeevant la même seigneurie en possession d'icelle 

^ûii être mené à la cloûhe, semer argent el or contre le 
i^yleil et faire le serment comme leur propre seigneur fon- 
cier et comte de Nyet, recevoir le serment des éehevtns et 
^ tijets du même endroit et leur faire aussi pareil serment 
• ftr leur^f privilèges (année 1560). -* Document allemand 

le I6â9 : — Scficenau, près d'Aix-la-Chapelle, est tenu 
»ie Dieu le tout-puissant et du soleil ce magnifique élé* 
meut, lorsque le seigneur a jeté publiquement, comme 
^igne spécial, un pfenning d*or et un d argent à la foule 
desdiLs sujets. — Dans un acte de même teneur, on 
trouve saint au lieu de magnifique, ce qui vaut mieux» 
Pour affirmer fortement, Ton disait en Allemagne : 
Ainsi soit avec moi la sainte lumii^ro (Sam mir daz 
heilige licht). G. 278-9'. 

Vorsde la prise de possession de la seigneurie de 



H, Cea fiefs du sa te il rappellent k furrauje, Dieu et tê mtdl^ 
pTon proBOûçait un conroan^mant du duc dti Cartnthiet et lu 
Irémonk de Rienri mi Capitr-iltî [Vciy. plus haut]. Ll'3 rois de 
nngne. à leur couronnement, brandUsfâîeal aussi une épH vera 
quatre polo Is cardinaux. 



150 FIEFS nu SOLKIL, — ALLEl'X. 

Warberg, le nouveau possesseur en cuirasse et l'épèc 
nue, chevauchait dès Taube, vers l'Orient, et dès que le 
soleil se levait, il frappait trois coups en l'air en 
croisant les coups et jetait des pièces de mormaie au 
peuple. 

L'empereur Frédéric-Barberousse traversant un jour 
sa ville de Tongue, le seigneur de Kreuchingcn, assis t't 
îminobiïe, refusa-* expressément de se lever; seulement, 
il remua le chapeau, mais par simple politesse; et 
comme TEmpereiir sVnquérait et voulait savoir quel 
était donc cet homme qui^ ainsi placé sur sa route, ne 
lui témoignait point la différence due à la majesté impé- 
riale, on répondit que c'était un baron tellement indtï- 
pendant de sa personne, de ses biens et possessions, 
qu'il ne tenait aucune propriété ou jouissance féodale ni 
de TEmpereur ni d*autres princes. G. 279. — On dit 
qu'en Bretagne, certains paysans revendiquaient le 
droit de ne pas se lever devant leurs seigneurs, — Le 
royaume d'Yvetot est devenu en France un article de 
foi populaire. Cependant rien n'en démontre Texistence» 
si ce n est cinq vers d*un poète normand du quinzième 
siècle : 

Au noble pays de Cauï 

Y a qualn* abbayes royaur. 

Six prieurés ronvr^ntuaux, 

Et six barons de grand arroi, 

Qunln^ romtes, Iroia ducs^ un roi. 

Il n*y a nulle apparence qu'Yvetot ait été érigé eu 
royaume par Clotaire ; mais il est constant que long- 
temps après, en VJlOj Yvetot était un franc-flef libre 
de tout service et hommage* Les marchands d'Espagne, 
de Castillo et autres, se rendaient d'Harfienr à Yvetol 
avec leurs marchandises, qu'ils échangaient contrt' 
celles de France. — Il était de tradition générale, en 



AtLEUX- 



I5i 



liCrl, quâncîeûnefBûDt les sires d'Yvctol battaient mon- 
naie *. 

t. Sur 1l' royaijtue d'Yvetot, voyiez Proissard, Cenalis^ Gaj^în, 
^^►haillaii. DiimoMUii, Chopin, elc. En 1774, le coiutc d'Albon, der- 
iityr roi d'Vvetiït, adre&Sîi à Loiïis XV un mémoire pnur Mre 
rtJiiUrfticr les pnvifègt?» de la principauti^. Archivée du royamne* 
K, S^n'e deit vilie^f ef. prot?im'€M, ^ L»" savant el modeste éditent 
du nouveau Proîasariî, M. La Cabane, nous promet wn travail 
*pê<*ifïl j^ur ce point singulier de noire vieux droit féodal. 



i 



CHAPITRE QUATRIÈME 

C0M3ïîJ?fI0N* — FRÂTRBKtTÉ* — ÇHEVALERJE, 



A la bataille de Conrlrai, leB Flamands firent venir un 
prêft-e sur le champ de balailk avec le corps de Christ, de 
sorte qu'ils pouvaient tous le voir, EnguUe de communion 
chacun d^eux prit de la terre à si's pieds et se la mit datts 
ta boucht'\ 

Je revenais à la vie, dit CeïHnï ; j'aurais même com- 
mencé à parler, si des soldats imbéciles ne m*avaieiil 
rempli la bouche de terre, croyant m'avoir donné la 



1, Keciono veiiJrc pcr tiitto il campo udo prête pnralo col cor po 
di Cbnsto, si cbt ciascuiia il vide, et îïi liiojro di co m muni cars i, 
ciascuno prese iino poco t[[ terra, et la si mise in bocca. G, Vil- 
latii, L VI II, eh. 3S^ p. 335. — Le ayrien Naamau dit au proph*Me 
ÉliBée : Je vous coMjuriî de me permettre, d'emporter la chs^ge 
de deux uiuietB d« la terre de ce pays, car ii l'ave air voire aer- 
vilctir irolTrira plu.^ de vichuiea aux dieux t^trangers^ maie ne 
sacrifiera qifau Seiguenr. Roi», liv. IV, cb. 5, — Les solilats de 
Lahore emporte ut avec eux de la terre de lu patri«. C'est sur ce 
peu de terre qulls font leur cuieine, etc. Ce fait m'a été garanti 
par une parf^mme Av^uç de toute confiance, comme recueitU dt- 
la bouche de M. le générai Al lard. — Au mnyen Age, les Pls&ns 
emportèrent sur ilt'a galcres ta terre ^airite qu1la out dêpos/'e au 
Campo Sanlo. — Ou amena îe coupable sur la place publique, 
on enleva la terre (wegptechen und wegstoffen) couverte par fton 
ombre, et on le bannit, Lutherj Tischredeo^ Witlembcrg, p. an. 



CÔMMIBÎION, — TERRE. — SANG* 



n:ï 



immuiiioîi ; mais \h m'avaient plulùt exf*ommnnit% 

ir cette terre m*étoijlTait K 
L'esrarmouchf? se dressa après qtie nm SuisMeM eurent ^ 

omme ih ont (ict&mtftmé, baim^ la tfjrvf* '. — Le^ Lttthi- 
^fuêmtt atfint htiùf^ la ierrt^ à leur môdet /irent promt*,v$e 
de mourir en gt^m d'honîtr^ur °*. — Ft à donc lesdkfii 
Lam q ne n e t,i e t If* je u tt e A d ve ntm *enx àvi^r *} f t es e tt l r h a i se- 
r^nl in (erre, cntvnu' i/v fofjl de coulnttie^ et marehèr*^nt 
tout droiif ronfre leurs ennenm *. 

En Islande, quand deux hommes voulaioiit s'unir trim 
lien fraternel, on plantait droite un javflot plus h?) ut 
qu*un homme; sur la pointe du javelot posait par le 
milieu une bande de gazon, dont les extrémités élnienl 
attaeliéea â la terre; puis eeux qui devaient jurer, pas- 
saient dessous la tête levée : — Ils vinrent au promon- 
toire Eyrarhval, et là coupèrent une bamlc de gazon, 
:i>>r'Z longue pnnr que les deux extrémités étant atla- 
< Incâ â la terre» le milieu put être soutenu par nu jave- 
lot ciselé dont ils louchaient le clou de leurs mains* 
Tous quatre se plaçant sous le gazon tirent couler leur 
$Tmg qui se répandit sur la terre d*ofi le gazon avait été 
coupé ; et lorsque leur sang se fut mêlé, ils fléchirent le 
;^enou, et, unissant leurs mains droites, jurèrent par 
tous les dieux de venger la mort l'un de l'autre comme 
celle d'un frère. Mais au moment de joindre les mains, 
Thorgrim relira la sienne, disaut qu*il y aurait p'^'ril 
pour lui à conclure un tel traité avec ses parents Thov« 
kel et Gisly ^ — Dans un anlre passage, il est parlé de 



H 



! \f< mmres de Bcnvctiulo Celtini, p. 83 de k traducliott. 
!i: \Liitiii Dubellajs ch. XVIll, 5r», 
3, D'Aubigné, éd. Î6lfi, I, 305^ baUille ik Monconlotir. 
1. Fleura rïjgf s, dit rA<lv'(;îiLnr<HiiC, p. 22ô, année 1512, — VojF- 
Amm Vienieville, L XXVI, p. 31 de ta CollecUoa t*etitot, mnén 

5. Noie de P. E» Millier sur le Laïdsla-Saga^ sîve Historîa da 
rebas gcsùs Laxœdleosium. Uarnia:', 1826^ tu-i^ p. Dîl, 

0. 



trois pièces dr gazon. Voyez plus loin les Onlalîes islan- 
daises. 

Formule d'assoeialion Scandinave : ~ Ils partageront 
entre eux rôts et couteaux, et toutes ctioses, corame 
amis, non comi7ie ennemis. Que si l'un d'eux y manque, 
ii doit être chassé, banni <le la contrée^ aussi loin 
qu'homme peut être banni et que chrétiens vont à 
lï^glise, païens aux temples; tiussi loin que feu bnMe, 
que terre tleurît; aussi loin rpie TenTant erie apfès la 
nn^re, et que la mère enfante; au^sï loin que le bois 
nourrit le feu, que le vaisseau vogue, que le bourlier 
brille, que le soleil fond la neige, que la plume vole, 
que le pin croît, que l'autour vole toute une longue 
journée de printemps ' et que le vent bat dessous de se* 
deux ailes ; aussi loin que le ciel est une voiUe eï h 
terre une route; que le vent mugit, et que Tcau full 
TXîrs la mer; aussi loin que l'homme su me le blé, A lui, 
Êeront interdites les églises el maisons de Dieu, la 
communauté des bonnes gens et toute demeure, 
excepté Tenfer, Mais^ il y aura amende pour le mal 
qu'où lui ferait à lui ou aux siens, enfantés el non 
enlanlés, nés et à naître, nommés et non nomm*% 
encore, tant que terre sera^ tant qu'homme vivra... Par- 
tout où les deux amis se rencontreront sur terre ou sur 
mer, sur vaisseau ou sur écueilj sur eau ou cheval, ils 
partageront enscnit>le rames et seaux, terre et plan- 
ches, partout où besoin sera. En toute oceasiout ils 

' auront mutuelle amitié, comme le père au fils, et le 

^ au au père- G. ^^0. 

Bvïire le sang l'un de Tautrc, c'était pour ainsi dire se 
faire même chair. Ce symbole si expressif se trouve 
chez presque un grand nombre de peuples : — La foi 
jurée, dit Hérodote, n'est, chez aucun autre peuple, 
plus respectée que parmi les Arabes; voici les forma* 

I. A sommer daj*. Mtllon, Paradise Lost. ï. 



ALLIANCE. 



155 

Au 



rilésqa'ilsobservenl pour lu donner ou k rocevo 
înîHeu (les deux parlics se place un témoin armé d'une 
^fierro tranchante» avec laquelle U fait une incision dans 
l'iniéneur des mains de chacun des contractants, au- 
deâsoos des pouces; prenant ensuite un flocon de 
laine, tiré de lenr manteau, il le trempe dans le, sang 
qui coule de la blessure et enduit avec ce sanp sept 
pierre.s placées: an centre do rassemblée* Penriaiil qu'il 
accomplit cette cérémonie, il invoque Bacchus et 
l^ranie. Lorsqu'elle est terminée^ celui qui donne la Toi 
offre ses amis pour garants à l'étranger ou à son conci- 
toyen, si c est avec un concitoyen qu'il traite, et ses 
atnb^ de lenr c6té, se considèrent comme liés et gar- 
dent la foi jurée \ 

Hérodote parlant du traité que firent Cyaxare et 
Alyatte après la bataille de TÉclipse : — Les serments 
en usage parmi ces peuples se font h peu près avec les 
mêmes cérémonies que chez les Grecs: ils y ajoutent 
seulement de s1 miser la peau du bras, et de lécher 
réciproquement le sang qui en découle ^ — Tacite 
[Annales, XII, 47 j en dit autant des rois arméniens et des 
ibères du Caucase. ^ Les Scythes, dit encore Hérodote^ 
observent quelques cérémonies particulières pour se 
lier réciproquemenl par des serments. Ou verse du vin 
dans une grande coupe, et on y môle du sang que les 



!, Herod. L ni, c. S, trapue t de M, Mtot 

2' Herod, liv* I, c. 74. — Chez les Arahes moJernes, les alllaa-. 
res te font par la main, ou par le? aliments, L'im des coatfao- 
tant» dit à l^antre ; Frappe ta m^ia dan^ ma mnin* Alors celui-ci 
apptkjue la pauûie de sa ujain aur celîe du premier en sens cnn- 
IrAîre^ et les faisant tourner ausaitût l'une aur Tautre^ il» entre- 
lacent leurs doigts, et diseol : Par le droit des dix que le Trêi- 
llaut Institua, Je ne te trahirai point. Ou bien on frotte sur du 
sel de petits morceaux de pain, que les contraclants ^e mettent 
dan* la bouche les um des autres» eu disant : Par Je droit du 
pain et du sel, je ne IratiirQi point. Les BèdouLua, par Mayeuic, 

p. 65, ex 



156 SANG, 

contraclants tirent de leurs corps avec la peinte d'une 
alènc, ou en se coupant «ne petite ftorlion de chair- 
Chacun trempe daus la cotjpe sou sabre et ses (lèches, 
sa sagare et sou javelot : cette c^^rémouie est aecom- 
paij'uée de grandes imprécations* Ensuite ceux qui ont 
fait serment boivent le vin et le sang, et en donnent à 
boire aux personnages les plus distingués de leur suite'. 

Le sang chez les anciens Latins s*appelaît Assir^ et 
Assiratum désignait l'action de boire du sang mt^lé avec 
du vin. Festus, ad verb. Assir. G. 190. — Les fils de 
Brut us et les autres conjurés qui aA^aient formé le projet 
de ramener les Tarquïns à Rome : furent tous d avis de 
s*obliger les uns les autres avec un grand et borrible 
sermentj en buvant tous ensemble du sang et touchant 
des mains aux entrailles d'un homme qu'ils immole- 
raient -. — Au dire de quelques-unsj lorsque Catalina 
voulut s'attacher ses complices par un serment, il rem- 
plit les coupes de sang humain mêlé avec du vin, et 
lorsque tous y eurent goiMé.-."*, 

On litilans les Gesta Romanorum, eh, C>7: — Veux-lu 
faire convention avec moi ? qu'on nous ouvre la veine 
du bras droit; moi je boirai Ion sang» et loi le mien- 
Personne désormais ne nous ouvrira la veine à l'un ou 
à Tautre dans l'adversité ou dans la bonne fortune, et 
tout ce que Tun acquerra^ l'autre en aura la moitié. 
G. 190. 

Les Siamois veulent-ils se jurer une amitié éternelle, 
ils se piquent une partie du corps pour en faire sortir 
du sang, qu'ils boivent réciproquement ^ Presque tous 
les peuples modernes de l*Orienl observent cet usage* 

<.* Ces barbares (les Irlandais) et leurs chefs s'ouvri- 

1» He?rai!. Mv, 4, c. Ifl., trad. de Miol, Voyez aussi Lucien, Toia- 
rie Eibt Bij*. VI, tOO, 

2. Plut^rq-, Vie lie Publicola, c. 4, Irad, d'Amyot. 

3. Salluste, Cstiïiaa, S2, 

4. Hist. civile et natureîie du roy* de Slam, 1, 63* 



ALLLIXCE. — SA\U. 157 

enllavÉ^ine (venaproîoordikli?i), el répaiulirent do sang 
Oiitte à goutte dans un grand vase. Ce sang, iU l'agî- 



1*^ 



Her 



U 



les 



bureiil 

mitres en si^ie iiu'ils éUiieiit malulenarit et à toujours, 
dans la bonne ou mauvaise furtune, unis jtiïjqu*à la mort 
(tar une alliance indissoîubïe et pour ainçi dire consan- 
ffiineK — De même, les Slaves mêlfiient et buvaient 
It^ursansî lorsquHIs coueluaient dos a!îiauce.s. 

L'empereur de Gonslantinople, Baudouin, faisant nn 
un traité avec les Comans, fut contraint de se sou- 
iriellre à leur usage, et de boire son sang mêlé avec 
rçlui du chef ennemi. 

Souvent ausini on se contentait de teindre les armés 
îivec du sang, comme le dit BoelhiiLs dans son Histoire 
(l'Ecosse. — C'est la coutume dans les HébrideSj quand 
+)n veul faire une promesse solennelle, que les conlrae- 
tmis plongent leurs mains dans le sang, el que, les 
unissant, iî^ jurent en même temps*... 

Lorsque Henri III entra en Pologne pour prendre 
t>ossessiôn de ce royaume, il trouva à son arrivée 
trente mille chevaux rangés en bataille. Le général, 
^approchant de lui, tira son sabre, s'en piqua le bras^ 
t recueillant dans sa main le sang qui coulait de sa 
blessure, il le but en lui disant: Seigneur, malheur à 
<.ehii de nous qui n'est pas prêt à verser pour votre ser- 
vie r^ tout ce qu'il a dans les veines; c'est pour cela que 
je ne veux rien perdre du mien (?) \ 

Plus tard ce vieu.% et énergique symbole devient une 



L MathGBiis Parts., ad annuiu 123G» 

S* Quefqucfoi» la chose était Nioplcraent dite et figurée : Joïh- 
Mh du des Cooianà [i23!l : lU faisoieni passer un cMen enlr^ 
^ur ffûîitet cfllc de mini louîj^ et descop^rent It chien de /ewr //*p^, 
t mire geut atusi dirent qu'ils voutoiertt ainsi être dencopés siU 
kUkieni les uns aua: autres. 

a, tîUt* de France dvi pt^re Daniel, ^ idït, t. X, p* 3ïl2, Je nâ 
^' &I1Y6 pas en ce morne a t de meilleure autorité» 



158 CSfiVALERIB* 

simple adaîrede galanterie, et comme dil ïe cardinal de 
Retz, un enfaïilillage. La dachesse de Bcïnillon, gd pi^ 
î^ence de son marij oblifî(*a le cardinal à signer de ion 
sang !a promesse qu'il faisait de s'unir à M, de Bouillon 
contre lo parlementa 

Chez les barbares, l'adoption du guerrifr se fait sou- 
vent par les armes. Le roi des Gotbs, Th*Vadoric, fut 
adopté comme ûh d armes par Tempercur Zénoo. Thée- 
dortc lui-même écrit au roi des Hérules [Gassîodor, 
var. 4. 2] : Pouvoir devenir fils par les armes, c'est 
comme on sait^ grande gloire parmi Jes nations. Donc» 
selon cette coutume, et comme guerrier (conditioDe vi- 
ril i), nous te procréons fils par le présf^nl que tu reçois. 

Dos le temps de Charlemagne, si l'on en croit uûtexle 
qui ne présente point, 11 est vrai, tous les caractères de 
TauthenUcité^ on agrégeait à la milice, par un soufflet 
donné k l'aspirant ; — /\ 0(/a éiabli^sonjt que^ si un Frison 
Vf^ut servir comjnv soldai ^ le chef lui ceindra sonêpée, et lai 
donnant df* sa mam, suivant V nuage ^ un soufflrt^ h fera 
ainu xoldaL En,ntîle il itti enjoindra formellement de wc 
pliLK porter des armes, comme font tes soldats, dam le 
rofjaume de France. En effets .n les Frhons avaient ce 
droite ib sarpassfifmienf en audace et en courage tous h^ 
autres soldait' du monde, a cause de la haute taille^ de h 
force de corps fpte la natnre dt* Dim leur ont donnée ^ 

La chevalerie est une sorte tradoption. La cérémotVie 
de la réception du chevalier, la purilicalion par le bain, 
la veillée des armes, etc*, présentent plus d'un curieux 
symbole; mais ce sujet est trop connu pour qu'il soit 
nécessaire de nous y arrôter. Hemarquons seulement 
qu'au temps de Charles VI, on ne savait déjà plus ce 
que c'était que chevalerie* Voyez le lil* volume de mon 
Histoire de France. 

i. Mém. de Retjî, février *6i9, 

2* CârpcoticFf verbo kroiûf l, S95. Carolus roi&. rexj dlplom-» 
SOI. 



CUKVALEKIK. 



159 



L'empereur SîgismoncL assislattt à uoo séance dn {mr- 

!?ment, ïïi un dos fdaiileur^ chevalier, pour mettre fin à 

Èlti incident qui meiiHâiil de prt^ongtir îes débaU. 

Poules Je^ cérémouîcs semblent ici se réduire à troi^ 

tMjups de pi al d'épéc : Otjaiti fpt'tm propomit contre ledit 

lignet par le comeil tb' PcHcL queiceluy Signet neêloil 

has chevalier-, et Pestel r^*.stoit^pnHem' tons, itn/ n^uhpar- 

f**iM- ley p7'rside}it, et a* f pif f s haut, appelle ledit Signet, 

mi dlnàfit , que à haj appartenait ht en de faire ehemlier-^^ 

\t print d*HH de ^e^ffûtix mn e^pre^ et kdlt Slynet misa 

moHx près du greffier, frappa irah grands coupa ledit 

ùg sur le dos dndit Signet : pais fît deschansser tun de 

Ès f^tperons dorez, et lui fit chan.tser par Can de xes gens, 

! Cy ceindre une ce m tare oà e.stoji pendit nn eoustean long 

^fntr çffpf'e. Car alnjui avoit-il par avant reeommandf^ 

Tnmineernf'ui de ht canne dudit Signet K 

Quel^iucs années auparavant, le héraut de Berry, 
îîUes le Bouvier, se plaignait, dans son livre d'Armoiries, 
la décadeiiee de la science du blason : iL^ ne mirent 
le présent qnellf^^v arment Us portent. Par Icelîes gnerrex 
dwUfon.\* ont es fé perdus les livres qui anciennement 
mimt exié faits par roys d'armes..^ elç,^ 

Dans la France déjà si |>eii chevaleresque du qualor- 
kiême siècle, les assocîalions d armes se faisaient en 
btyîe de chancellerie : A tons ceux qui ces lettres ver- 
U,^, C\'st àseacoir que nous Bcrtrnn du Guesclin, vou- 
ai re a l iez et no us a Ih n s â t o njo u j 's à vo us , m es s tre 
ilimm\ seigneur de Cliçon, contre tom ceuU qui pevent 
^we et mourir f excepté le rot de France^ ses frères f te 
fkùmte de Hokan et nos autres seigneurs de qui noax 
ienom (errCf et nous promettons aldier et conforter de 
ho u t no ( re povo / r , fout efn k q ue me ttïer im aurez et i? ousno ns 
^« requerrez. ïtem, voulom et consentons que de tons et 

i. Ducange, 267, d'après le*» Acta parL Paris, anno U15. 
2. Entrait du Uv. mss, de GlUes le Bouvier, aptid Labbe. MU 
khron, p. 690. 



4^ CHEVALERIE. 

guelconqui^s profifz f*l droictz qui nom pourront i^mir f*t 

éehoîr tfore en avajitf tant dfi prisouiùirs pris df gtirrr*^ 
par noiLs ftit ïios genjty dmif le pronf/it nou^ pourrait ap- 
partnitr, comme des païa rançonné, vous aïez la moitié 
eniiéremmL Itom, ou tas que nous sçaurions (ïvcime 
ckoiie qui vous peitst porttrr aucun dommage ou fflasîtu\ 
nous le vous fttronfi sravoir el vous f^n accointerons l^ plm- 
lost que ttous pourrons, hi}mf garderotix voxirt^ corps â 
nostre pootr, comme nostr*' frère ^ etc.,. Toutes lesquelles 
choses dessus dites, et chdcune dl ce lies nom^ Bertran et Ot- 
livier dessuz nommez^ avons promues, accordées el jurées, 
promettons^ accordons et jurons sur les seintz évangiles d*' 
Dieu, eorporellemcnt touchiez par nousé^l chacun de nom, 
et par les foy s e t se rm eus de n os c û }'ps ho ille z Vun à Vaut r^^ * 
tenir, garder, entétnner et accomplir ^ sans faire ne venir 
encontre par 710 us ne les nos très ou de iun de nous, et leti 
tenir fermes et agréables à toujours. En tesmoîn desquel l^i 
choses nous aeous fait mettre nos sceaux à ces prévient rj 
h'ttres^ lesquelles nous avons fait doubler. Donn*^ à Pon- 
torson^ le 23^ jour d'octobre Van de grâcn MCCCLXÀK 

J. Tiré des piùcea justif. à la suite dfs Anciens métn. sur Du- 
SUf^^din, pub. par Pctilot, p. iS2 du S" toL de la 1" gérie. (L'èdi- 
ti ur jic dit pas oit il a pris cieLte pièce,) 



SUITE DU CHAPITRE QUATRIEME 



, COULEUftS. *- DRAPEAU ï. — AHMOIRIES. -- ]>EVJSli3, — CUIS 



Déjoces, dit Hérodote, fit Mlir par les Modes; une 

îlîe grande et farte ; elle avait sept enceintes circulaires, 
Relevant les unes au-dessus des autres et peintes cha- 
îne d'une couleur différente. La première était blanche, 

seconde noire, la troisième pourpre, la qualriume 

Heue, la cinquième écarlate, enfin le:* deux dernières 

fiaient Tune argentée, Taulre dorée K 

A Rome et à Gonstantinople, les factions du cirque 

ilaientdèsignéespar leurs couleurs; c'étaient les blancs^ 

i rouges, et plus tard les bleus et les verts* Remar- 
quons que les verts étaient protégés do Caligula, deCa- 
racalta, de Commode, etc, c'est-à-dire des empereurs 
Wbares, de ceux qui avaient moins exclusivement 
regprit romain ; le juriscoasulle Justinicn favorisait au 
^Dntraire les bleus. Nous verrons plus loin que le vert 
st la couleur préférée des Allemands du moyen Age 
iîuis leurs armoiries et peut-être leurs vêtements ; — // 
' ûimit alors à Bruxelics le comte de Nurhe, neveu de 
I ^mp ère ur d *A Ihinng ne , leq fi^l ien o tt gra n del no h le é ta t ^ 
ft QÏioieni lui et au c tins de ses genn, Im téie^ mtes^ chticun 
«H dtapei verd ourson chef en stgrd fiant qu'il ttoit chashif 

1. Hérodote. 1. I, c. 98. 



loi COIXEURS, 

Ja sùk ce qud falsoit mouil fort et dur temps fannée 

Lesjti^sà Athènes et h Platée, à Rome les candidats 

et i^rtv-sque louâ les magîiîlratSy étaient revêtus d'une 
Tùbo blanche. La pourpre était ta couleur des dieux et 
di*^ rois. — Le Seigneur dit aussi à Moïse : Parlez aui 
enfants d'Isra^M et dites -leur qu'ils mettent des frangées 
aux coins de leurs manteaux et qu'ils y Joignent des 
bandes de couleur d'hyacintlie^ adn que les voyant il;! 
se souviennent de tous les commandements dti Sei- 
gneur '* 

iMahomet avait un manteau noir que les califes revê- 
taient et qui est conservé dans te trésor de Constantî- 
no]ïle'(?). Un turban vert désigne encore aujourdltui 
parmi les Turen un descendant du prophète. — Au 
moyen âge, les juifs étaient astreints à coudre sur Icur,^ 
habits une rouelle de drap jaune. 

Les croisades, qui ont tant fait pour constituer le^ 
nationalités européennes, ont amené rétablissement des 
signes généraux: par lesquels IcH peuples se sont dis- 
tingués les uns des autres, aussi bien que l'usage des 
si^'nes particuliers ou armoiries qui ont distingué les 
nobles entre eux. — A une conférence entre Gisors et 
Trie, il fut corivoiUf dit Raoul de DicetOj ^uc le^ Finan- 
çais pi iriseraient la croix de coulfntr aoL'GE^ h s Ang/aîs de 
coubmr B LANGUE et li'n tlamanda de couleur verte: Tannée 
1187! '. — Cependant, au douzième siècle, le drapeau 
des Normands était de drap rouge*; le blanc, au con- 
traire, redevint plus tard la couleur des rois de France- 
— Le blanc et le bleu, qm étaimt If^s couler/rs de Gar- 
ffûntua, sont celles de fecw anden de Fiance \ puhqm le 

i, Moflstrelet, V, 339. 

2. Nombriïs XV, 37-8. 

3. Art de v^rifi^r Jps dates, éditian io-B*, V, 330. 

4. Robert Wace, i, Sût. 

G. Le bleu éUit la livrée de hob rois. Le bleu de roi est pr^- 



rftttf/e^ f^uon y n ajouté dfpitk, ne figure que la couleur 
du rev*!rs de t^cu douhh* de gtieuh' mi d^ rang*', à rnoina 
(pi 'on nesuppost^ que cette dmiblure furme une espèce de 
Tri roussis qui horde le tour du parement de reçu ^ 

Le rouge st^mble préféré par los soi^ni(>urs flaiiinndsj 
à îa bataille de 1304, contre Philippe-le-Bel ; Philïpp*^ 
il ti Flandre f comle de TJut'ite^ Jean dt* Namur aou frère y et 
Guillaume de Jutiers non cousin, rwarjent faict rendrt* 
i**urs pavillons et tentes sus le Mont en Peuele, toutes 
rotfveries de drap rouge. 

Le blason emploie les sept couleurs de rtirc-eo-ciel : 
Tor et Targent, la pourpre, le rouge ou gueules, Taxur, 
le noir ou sables, le vert ou sinople. Le vert, comme 
nous l'avons dit, fut surtout en honneur dans les armoi- 
ries de la iioblÉîssc allemande ^. 

Le P, Chifflet a remarqué*, que, sous Louis Vil, les 
armoiries ne furent d'usage qu'à la gueiTe. Elles étaient 
d'abord sur les babits; quand ils étaient d'or et d*ar- 
ï^utj les Ûgures étaient travaillées nvec rétoffe, et 
"iuand ils étaient de peaux, on formait les figures en les 
découpant *, Les métaux et les couleurs, dans le blason, 
ont tiré leurs noms des fourrures. Ce qu'on appelle 
fjut'uîes étaient des peaux rouges ^. Le sahle était la 
martre zibeline. Le sinople une peau teinlc en vert ^ 

wbiuî. — Le blou eat t^n Angleterre Li couleur préférée d^s To* 
tki, lin parti tï^ la loyauté, comme il» liiienl, — BDQ!iparlo, 
rhomme de U nation (contre le droit divin), avait pris le utri 
pour livrée. 

1- Rabelais, liv. l, c. 9, Note dn commentateur, 

S. Oudegherst, Chr. de Flandre, folio ^33, 

3, Spener, para I, ch. IV, de Uncturîi, pawim. Voyeï ansti la 
Colombière, paa^ioi- 
. i^ Appeii. ad diatribe do ïlluBtri génère S. Bernardin cap, t&, p,670. 

S. V. le Roman de la Rose» 

*î- Horrefint el miiriiim rubricralas peUicaliît, GulaM vocaiit, 
i&aujbus circuttidare sacratia. E^iist. S- fieruardi ad Uenric. ar- 
cbiep. SenoQ. 

"î* Laurière^ GEoi». verb, Écuason. 



iU 



COULEURS. 



Les couleurs do la ville de Paritî étaient ie bleu et le 
rouge; le blanc, la couleur royale do France, était aus^ï 
celle de Gand, Lorsque les deux villes;, au quatonième 
et quinzième siècle, échangèrent leurs chaperons ea 
Êigne d'alliance, elles mêlèrent ces trois couleurs, qui 
devaient reparaître & la fin du dix-huitième, coDune 
eyrabolc de Tunion du peuple et du roi. 

Leiî peuples afTectlûnnent aussi certaines couleurs 
poyr leurs vêtements. Rome, dit Martial, aime les cou- 
leurs sombres: Homa magisfuscis vesiitur^ GaîUa rmm. 
Dans la Bretagne (comme dans TEspagne), les vêteraenls 
noirs dominent; les autres populations celtiques préfè- 
rent les couleurs voyantes et bigarrées *, Le tartan écos- 
gaîs se retrouve chez les anciens Gaulois : srutulals^, 
vtrgatm v**s(e$ '. Chez les Irlandais et les Calédoniens, le 
roi avait le droit de porter sept couleurs, le druide m, 
ie nohic quatre ^ 

En France, le blauc êlaît résen'é pour le deuil des 
veuves de rois, La veuve de saint Louis fut appelée 

1, Voyez le» premiers voliimepi de mon tiiatoire de France, 

2. Pli IIP, Virale pftusim* Les HomaiDs, au dire de JiiTéna!, 
avaient des vèlctnenls peints. Les Thraces de Tannée de Xcntw 
portaient dfs robes de diverses couleurs» Iliîrodote^ VI Tj ch, 75, 

3- SK Logan a fait les plus minutieuf*?!! rechfrcJjca pour dt^n- 
ner le modèJe exact des iarlanfs propres ani divers élans. Il est 
admirable que ces cJana les aj*^nt couservées inal^re les lois l« 
plus s^vi^rfeis... Le mot tartane vient du galliiiire iarsiin on tar- 
sum, de travers; de Jà le franeaii^ tj/relaine^ qu'on trouve déjà 
dauE ie fioman 4e la Ro*û comme faisant partie de Thabît des 
feiumes» Le moine de Saînt-Gali nous dit que le^ Krjincs adop- 
tèrent le $agum rayï* des Gaulois, de prt'frTeucsi au long manteau 
germanique. Les iirctons; commuDiquJrent leur sa^im an£ 
Saxons, selon Wbîtaker, Le carac-challamh ou earacaiîa, était 
une sorte de longue ro£}e gallîque» gallica patla dans Martial.— 
Spenser dit à la lotiange du plaid : C'élaîé un& maison toutfi prétf 
pour un banni (an outlaw)^ un Ui tout â point pour un rebeik, 
un df^ffuùemetït ptiur un vokur. Il dit encore que les irlandais 
jetaient le pTaid sur leur bras gauche, de manière à imiter par- 
faitement le vêtement Écossais. En ISSj^ le parlement défendit de 



ÉTË?^IIAADS* 



165 



lOknche k cause rie soa long veuvage ^ Dans un acle de 
tl;i08jliré des Olîin du Parlement^ Gliarles VI appelle 
\Jitançhf\ sa mère Jeanne lïe Bourbon *, — 11 semble que 

ce fut d'abord une chose jmrtïciilièrc aux Espagnols de 
forler le deuil en noir^ Pierre le vénérable t(!!'moigne 
[sa âur(»nse if avoir trouvé parmi eux cet nsage \ 

Les an^riens préféraient pour étendards des figures 
|d*animaux» soil pour rappeler d'ani:iennes traditîontîp 
liûit pour inspirer la terreur. Les Uoniains eurent la 
|!ouvc> le forbi'uu, puis Taigle, Les Gaulois auxiliaires 
Ide César avaient pour signe Talouette, symbole de la 
Ivigilance; leurs boucliers étaient aussi ornéiî de figures 
[iranimaux, Q^ielquefois les animaux nationaux étaient 
rvhants ot nourris aux frais deTÉtat, comme les animaux 
1 sacrés de TÉi^ypte, comme les fétiches des m^^gres. 
iGaud nourrissait les lions ; Bavon, ainsi que Borne, des 
rtmrs. lîans un monastère de Flandre % on entretenait 
|uû aigle immortel (perpétua aqui!a)^ 

Aux Tliermopyles, dit Pausatiias, les Gaulois ne pou- 
I Valent ne reconnaître, la nuit étant troj* sombre pour 
[•cpt'ils distinguassent les figures peintes sur leurs bou- 
Icliers. Les Germains, selon Tacite, avaient de sembla* 
Ibles in!$tgnes> Les légions bretonnes^ au service de 
iHome, portaient sur leurs boucliers réloilc, le croissant^ 

le grillon, le dragon à deux létes, le serpent à deux tètes. 



I paraître aux asaenibléea en habit irlandais; toiîtcfds les Irlandais^ 
[bu £iiUîeii ihi Jj£-sf?ptièi£ie siècle^ out quitté pJus aiâéiuont laur 
Ltndeu costume <iua lea mùutagnards d'Ecosse. J'ai, d IL M. Logan, 
[vu dans un journal i^cos^ais de J730, un meurlrier acquitté^ 
I parce que aa victime portait la tartane écossaise, Logaa» l| 23T* 
|2S5, 27 L 

t, Ducangff, I» H94* 

S. Carp entier, 5o7, 

». Pèlri veaerab. Epiât., 1. t, p. 1631. 

4. Satideri Gaudavcnsium rerum libi'i sex, Ub. I, p. 3^, 10 « 

I. Ccjimue Vhomme immortel quç XerxL's donna au platane pour 
len ttToir &oin. Y, Hcrodote» 



toi ÉTI^XDAHDS. 

et aiitres Hgurcs héraldiques'. Lo symbole des Dace^ 
était un dragon. Le^s premiers GauIoLs qui parurent à 
Rome comme gladiateurs avaient un poisson (un dra- 
gon ?) ftu cimier de leur casque, et étaient appelés mir- 
miIl{ms(Festus). Le lion est Tarmc de rÉcosse. Cepen- 
dant à la bataille de TÉtendard, c'était une espèce de 
dra^'on". 

Les armes des clans ^^cossais sont des plantes, le gui. 
Tif, le pin, le jonc, ctc, — Trois plumes de Taile d*uii 
aiijie distinguent le chef, deux Je capitaine, une le sim* 
pie guerriei-, — Saîadin faisait peindre sur ses (Mendard> 
des plantes, des fleurs, des abricots et d'autres fruits dr 
couleur d'or '» Une fois, raconte Emad-Eddin, il fil 
servir des abricots au prince de Singar. v Cea fruits sur 
les assiettes brillaient comme des étoiles ; on les eût 
pris pour des boules d*or natif, et l'éclat qulls jetaient 
ressemblait k celui des fruits peints sur les drapeaux du 
sultaji *. u 

Le drapeau des rois de France''' p^orte aussi des 
fleurs : /ù si portez les armes de (rois fleurs df* hj$ **u 
sifftu^ d^ la ùenoile 7Ynîf'/é^\ 

U ruy dr Fran€t^ nrousiumérGHl en leur armes à porkr 
la fhurdi' îh pa'nitt's par frais faeliies^ aussi conum^ s^ lA 
dt'fsnt'îft à tQiii le monde : foy&, mpience et chevalerie, elr..^ 
Les df}ii.r ftielties de la fleur de Hz qui sont oeles (comme 
ses ailes^i, seignefleal sens et thevaleri^j qui gar^dentf't dr- 
fendenl la fier ce fuel lie qui es ( ou milieu £^%'//ex, pltt^ lon- 
gue et plus haute, par laquelle foys est entetidw? et p*- 
nefle ^. 

\, Voyez la Nolitta imperii^ 

2. Loï(aij, ï, p. 287, 2^3- * 

3. Michaud, îiist, des Croîsi., 1, Uù, 

4. liL Bibliotti, dii» Cnm., l. IV, p. 224. 

5. Vo3't?z rUi&loii e des drapeaux, des Jûsigties et couleurs itf 
Ift motiarchie franeai^c, par M. lUy, 

6. Mfîmoirr- eiir Raoul 6ù Preslcs, Acad. dealose. XllL 

7. Nm^hf p. 16D, (^ditïon de 1761. 



llANNIÉliKS. 



107 



VOrifîamme'éiûli une espèce de baDuière rouge, fea- 
^dtie par en bas, etsusi>enduo au bout d^uite lancé dorée; 

le comtes du Yexin, comme avouas de Tabbaye do 
I SaiDl-Denis, le portaient à la guerre, et <*e fut en caMù 
^qualité que Louis VI ïe porta '. 

On voit par un passage do Raoul de Presles que rori- 
[Jîamme, la fmnnièreCharlejnaimief comme on Tappolail, 

restait onlitiairemont à Saint-DouiSy ot Ton en faisnit 
[faire uno pareille, qu'on portail k la guerre* Ausl^î^ 
[quand les 'Fiainandâ prirent l'onllanime à Mous en 
jPuelJe, on ne s'en affligea [las. 

...Et l'oriflamme conirfftnle 
Chai à ferre p et la samrettt 
Flamem qm après ietifuiretd ■. 

Guillaume Martel, sire de Bacqueville, est le dernier 

Chevalier ([ue Ton voie chargé de la garde Vje Tori* 

I flamme. Il fut tué à Azincoarl. — Cependant, eu ! i(i5, 

Louis Xï prend encore cette bannière à Saint-Di^nis 

'jjour aller conïbattre les Bourguignons^, 

Robert Wace, auteur normand du douzième siècle, 

lit que le drapeau des Nrjrniands était de firup jYiufjt* \ 

[B^un autre coté, Albert d'Aix assure que l'étendard de 

fBobémond, au siège d'Antioche^ était de la même eou- 

lleur ^ 

Celle dernière circonstance prouve que les Normands 
lavaient imjMjrté en Italie leur couleur nationale \ qui 
[eu reste était aussi celle de l*oriflanime de Sainl-Denîs. 



I. Lart fîe vérllier hs dattes, t, V^ p* Slfl. — V. Niuisis^ 
Id, i76f. p. ^m. 
S* GuilL Guîot, cit<C^ par Gitlland. Enseign. île France» p. 38 ^ 31*. 
IL Ml' moire ^ur Raout de Prifeles^ par LancdOt, Acad. dv^ 

4, Tom. I, p. 201, et nates^ de M, Aiigu?:t*î Pr<n-ost, 

n, Saagiimei folom. Albert. Aqueiis. HUt* tlkros., 246. 

6. Gauthier d'Arc, p* 37» 



|68t' ARMOIRIES. • 

Le pannonceau ou pennon était Tétendard du bache- 
lier et finissait en pointe* — Quand un bachelier prenait 
bannière, devenait àanneret^ la cérémonie était de 
couper la queue de son pannonceau K Les armes €ii 
carré n'étaient portées à la ^erre'que par les comtes, 
vicomtes et barons. L'écusson servait aux simples 
chevaliers. 

Les deux pays où la féodalité s'est trouvée sur son soi 
natal sont la France ot TAllemagne ; eest là seulement 
qu'elle a produit son art, sa science, le blason ^ cette 
langue si féconde, ce système de mystérieux aymbolei 
où se jouait le génie du moyen âge. On Tiniporta eo 
Angleterre ] on l'imita en Italie et en Espigne -» 

Le dauphin avait mi mou II bel étendard^ tout battu â 
or, où avait un Kt an vigne ei une L. La caase estai i patir 
ce f/f/îl rj avoit une demoiselle moult belle m /W/*?/ de k 
retjne guon nomuioif ta Cassinclle^ de laquelle ledit 
scîfpieur faiaôiî le passionné ^, 

Les Parthcs dessinaient des lettres sur leurs habits *> 
L'empereur d'Allemagne Otlion II avait un vêtement où 
l'on pouvait lire toute l'Apocalypse, 

Les Planlagenets avaient d'abord pour armes des 
lions ; Henri 111 y substitua les léopards de Normandie ^ 
Henri V avait dans sa devis f^ une que ne de rawrt de 
broderie ^ A Tentrôe d'Henri VI & Paris : Il y avoit ittr 
la ^orte Saint Ùent/s ung escu si grant, quil couvroîî 
toute la maronner ie de la porte et estoit à moitié de rouge, 
et le dessus d'aznr semé de fleurs de lis, et au travers de 
fcscu avait une nef d'argent^ graaide comme trois armp^ ^ 

1, V. Oliv. de Ta Marche, U 6, cap. 25, p. 40S et suiT- 

2. Voyejî S[ic"D(*r* 

'S, Juvtrhil tl(33 LWms, p, 275, ad annum 14 M. 

4, PUne, XIU, 2, 

5. llisL Gaiifredi ducïs Normann,, ap. Scr, fr. XII, 521.— SUtb- 
Paris-, ann. 1235, 

6* Journaî du Bourgeois de Paris, p. 62. 
7. Ueiû, p. Î4t, aunèe 143i. 



EMBLÊMECS. — DEVISES. 



im 



Le« arniDs da cardinal de Lorraine étaient un Ikn-e 
màt'trssnni une pt/ramide \ Le liurre embrasii^e. Tarbr^^ 
our l*élou(Ter* On connaît ranibition de la maison de 
uise, 

A coté des armoiries, dans les armoiries inémes» s<* 

placent les devises. Celle des Bourbons olTrait un augure 

lie la haute forlune de cette maison ; c'était une épée 

rec ce mot : /^emtraifil, elle entrera ^ 

François I*^' avait, comme on sait, la galamandre^ 

our emblème; Louis XIY eut le soleil. Hejjrit en 

l'honneur de Diane, avait seulement le croissant, maïs 

VÊG une devise que les Français de son ternies espé- 

ienl bien le voir remplir : VUndra ung temps gu^iu 

onoUiffue sera accomplie ^ et plm H^m^y n^aura à m 

ise itng croisani, car tout le troj/^ant $era rempli ei ne 

ira pim : Donec tûtum impïeat orbem. Les aslres lutj 

mncdeni (ùitU tliaiie de ùrif'f'\ 

Dans les querelles sanglantes des Armagnacs et des 

Dur^uignons, le duc d^Orlcans avait dans ses armes un' 

àton noueux ; ican-sans-Peur mit dans les siennes un. 

■abot. Sa devise uHaît ; Ich houd, jft le tiens; celle du 

ne d'Orléans : Je renvie. Le duc de Berri, onde de 

harles VI, avait, pour i-inblème, un ours et un cygne 

avec cette devise : Orsint!, le temps vem^a. On la lisait 

naguère ssur les vitraux de la cbapelle souterraine de 

^ ourgeSj qu'il avait fondée. 

Sur le beau Froissard de la Bibliothèque royale*! 
Pim est t'H vous, — Sur les manuscrits d'Olivier de la 

IJUarche : Jant a souffert ^ — A Brou en Bresse, sur le 
lombeau de Marguerite d'Autriche enterrée près de soa 
I 1- Mém* de Coudé, I, p. 322, 
I 2- Vojcï le Tnagnîiîqtie anvi'flge de M. Altier? sitût enlevé ûSàiL 
lettres (Arifieti nuurbouuais, etc.)* 
3, Perlîu, p. 6-7, 
4, Fruisâarii, Ms» N»832Û. 
$. Mti^lang4^s d'il u a gmade Bibl. V. 

10 



na 



'470 DEVISES. — CRIS d'armes. 

époux, Philibert-le-Beau, qu'elle pleura si longtemps, 
on voit la devise de cette princesse : Fortune, infortune, 
fortune *. — Chez une autre veuve, dans la maison de 
Louise de Savoie, mère de François r% à Angoulême, 
on lit encore ces deux devises placées dans sa biblio- 
thèque : Libri$ et liberis, mes livres et mes enfants; 
Ferendum ac sperandum, souffrir mais espérer *. — On 
voit partout sur les murs de la chapelle si curieuse et si 
mondaine des Saint-Gelais à Angoulême/5;>ero, j'es- 
père. — Aucune devise peut-être n'a des applications 
plus belles et plus variées, que celle du duc de Bour- 
gogne, Philippe-le-Bon : J'ai hâte! 

Devise des S. John : Data fata secti/tis; j'ai suivi mon 
destin ; — des Saltoun : In God is ail, tout en Dieu ; — 
des Byron : Croys Byron. — On lit encore en France, 
au-dessus du guichet de la prison de la maison seigneu- 
riale de Tourville : Sileto et spera; en Irlande, sous 
Técusson qui surmonte la grande porte du château de 
Fortescue : Forte scutum, salus ducum; en Angleterre, sur 
rentrée principale du manoir hospitalier des comtes 
Cowper : 7\ium est ^. 

Les cris d'armes, moins nombreux que les devises, 
sont probablement plus anciens. Chaque nation, chaque 
grand fief, chaque grande maison féodale, a son cri. 

Français crient : Monjoe, e Noi^mans : Dex aïe; 

Flamens crient : Asraz, e Angevin : Valie *. 

Les seigneurs de Montmorenci : Dieux aieue, ou selon 
les autres: Dieu aide au premier chrétien. — Les Bauf- 
IVomont de Lorraine : Bauffremont au premier chrétien. 
— Les ducs de Bourgogne : Nostre-Dame-Bourgogne. — 

1. V. lintéressaute notice de MM. Quinet et Marmier sur 
l'église de Brou. 

2. Maison de M. Mourier, professeur de philosophie à Angou- 
lême. 

3. Victor Hugo, Notre-Dame de Paris, II, p. 95, 8« édition. 

4. R. Wace, t. I, p. 238-246. 



CKIS D ARME S* 



lit 



Ceux de Borjrboti : Bourbon-Naslre-Damp. — Les comtes 

le Foix ; Noâtre-Dame-Biorn, ou Béani. — Les Yùvgy : 

fergy à Nosire-Dame- — De même, les eomles d'Au- 

^erre Jes Sancerre et Duguesrlin. — Le roi de Portugal : 

Ïrjstre-Dame Portugal. — Le duc de Gueldres: Nostre- 

ïame Cmeldres. — Le ^îrede Gouey : Noslre-Dame an 

igneur de Coucy. — Le comle do Haîiiault : Nostre- 

latne Huhiault. — Les papes : Noslî-e-Darae Saînl- 

^ierre. — Les rois de Castille : San lago* — Les rok 

l'Angleterre ; Saint Georges, — La maison de Vienne, 

Bourgogne ; Saint Georges an puissant duc, — L ou 

>nférait la chevalerie : Au uorn de Dieu ri de monsieur 

lint George* — Les ducs de Bretagne : Malou ou 

laint Malo au riche duc. — Les comtes de Champagne 

^t de Saucerre; Passavant li meillor; ou Passavant la 

libant. — Les ducs de Brabant: Lembourg à celuy qui 

conquis. — La maison d'Auglure : Saladin, nu 

jtamas, — Les Chauvigny, en Berri ; Chevaliers pieu- 

sut. — Le vicomte de Vilîeuoir, en Berri : A la belle. 

Les anciens seigneurs de Préaux en Normandie : 

-Auguste. — Les sires de Coucy : Coucy à la 

iarveille, ou Place à la bannière. — L*empereurOthon» 

Bonvine^ ; Rome. ^ Les Gascons: Bordeaux \ 

Timbre du comte de Sancerre : Un roy à grands chc- 

eux et à grande barbe, avee le cri : Pmsavant ! — Le 

Ire de Sainte-Sevère crie : Brosse! — Le sire de Prie 

jrte pour timbre une tôle d aigle, et crie : Cans 

^oyseauj^! — Le sire de Gnilent crie : Notre fiatmou 

'pH d'or ! — Le sîre de Vauldenay crie : Au hrut! — 

sire de Ja Cbastre crie ; A taitrait des bons cheva- 

drt! — Le sire de Bar crie : Aw /en, au fûuf — Le sire 

\ Jars crie ; Hockerhouari ! — Le sire de Vcrvins crie; 

foussy û la MarveiU'- J — Le sire de Genliscrie: Augmi 

\gvetl — Le sire de Boulogne crie : Bologne belle ! — 

1. Ducaûge, Éclaircissemf'nt an JmovHle, 



i7î INSIGNES DES ROTURIERS. 

Les sires d'Âufremotit et de Gaucourlerîent : Ckrmonl! 
— Le sire de Waurin crie : Mains que k pas ! — Le sire 
<ie Sainl-Pol crie : Leslgnen! et sur son heaume un ser* 
pentqui se baigne. — Le sire de Tournon crie : Auplus 
druz! — Charles 1% duc de Bourbon, cric : Montjnut- 
Saint- Denis * ! 

Les roturiers ont aussi des armoiries, des devises et 
des cris d'armes. Lorsqu'ils sont réuTiisen associations, 
ils s'enhardissent à faire aussi les gentilshommes^ il» 
se créent peu h peu un blason. D abord toute corpora- 
tiou a sa bannière et sur sa bannière le saint qui la pro- 
tège. Qui oserait leur interdire la reconnaissance qu'ils 
doivent à saint Éloi ou à saint Fiacre, leurs patrons? A 
côté, à la place du saint, se mettent peu à peu les insi- 
:gnes du métier que la corporation imprime aussi sur 
ses actes et grave sur son sceau. Ainsi la corporation 
des épiciers-apothicaires de Paris a armoiries et devi- 
ses ; c'est une main qui sort d'un nuage dans un ciel 
étoile et qui tient un fléau avec des balances, et au- 
dessous cette devise : Lances et pondéra sei^vant. — A 
Florence, les plumes étaient l'attribut des Arts, ou cor- 
porations de la soie et de la laine *. 

Dans le soulèvement de 1525, les paysans de la 
Souabe avaient généralement adopté pour signe de 
ralliement une croix blanche. Certains corps avaient 
•des bannières sur lesquelles était représentée la roue 
•de la Fortune '. D'autres avaient des sceaux sur lesquels 

1. Apud Labb. AU. Cbron., p. 690. Suivant Ducange, Montjoie 
vient de monljoie, qui est en vieux français le diminutif de colUnc, 
et doit s*entendre de Montmartre, où saint Denis souffrit le mar- 
tyre. Je crois l'étymologie plutôt toute mysUqne. Monle di gioùit 
•cbez Dante. 

2. Voyez la description du tableau de Gautier de Brienne dans 
le Machiavel de M. Artaud, II, 122-3. 

3. Des témoignages précis font voir que ces roues, quoique 
formées comme les roues de charrues, n*étaieut point employées 
comme symboles de Tagriculture. 



mSTfiNES DES ROTUHTERS, 



n3 



>ii Toyaît un soc do charrue aveu un fléau et un mteau, 
>ii avec une fourche et un sabot formés en croix^', 

Le^ roturiers avaient aussi quelquefois des armes 

adivîduelies : — La BaJio de Sienne reconnut dans le 

pape Jules 11 im descendant d'une noble fainille éteinte^ 

|ni avait, comme lui, pour armes parlantes un chône; 

lais cette descendance ne pouvait guère se prouTcrque 

far le rapport ilu rouvTC des Rovère avec les glands des 

ihtandaronL Le pape, qui désirait ardemment donner de 

l'OIiislration à sa famille plébéienne, s^e prêta avec joie 

ce rapprochements 11 comprit dès lors Sienne dans 

aies ses alliances^ et embrassa la défense de tous les 
itérôts de celle république ^ 

Dans les contrats, les artisans qui ne savaient point 

^igner leur noin^ figuraient souvent les instruments de 

B^ir métier. 11 reste un grand nombre d'actes souscrits 

J'uîi marteau, d'une clef, d'un fer à chevaL d'une roue, 

^côlé desquels le notaire a écrit le uom du maçon, du 

errurier, etc. \ Le père de Luther avait pour marque 

, pour signe un marteau. 

Dans le beau et curieux Cartulaire de Clermont en 

îauvaisis, les tenants d'arrière-Oefs (en villenagr), ont 
>ijg des armes parlantes : Le Serrurier, un** clef, p. 191 
BFSo; Lefcbvre, Faveriau, un fer achevai, 160, 27 0, etc.; 

Tonnelier, un tonneau, 160, etc.; le Carpentierj unû 

^ke, SOB, i63 v. ; G^rboonier, un feu d'or en champ 
DiVj 177, 208; le Maçon, un marteau et une éfjuerre; le 

larron, une roue, 118; le Quen (cuisinier), une mar- 
lî/e, ÎM] le Marchand, un sac, 265 v,; le Bouclujr, une 
268 V,; Cerclier, un cerceau, 365; le Barbier, 

[fx rasofrs, 256; Lescripvainj un livre ouvert, "^66; 



ï. Gropp, Chronique de Wurt^bour^, 1, p. 97. — VVadîsinulh. 
Satoire de la guerre des paysans, p. 3G* 

' Sisinondi, R»^p. iL, XIK 03, 
|3. Vayc2 Monteil, quatorzième siècle, chapitre des six couleurB^ 
Ole 50. 



ilA NOMS. 

Le clerc, im rouleau éctHt^ 201 ; le Forestier, uu arc, 1^: 
le Prévost, le Maire, une épée, 165, lOG, etc.; Diicange, 
lifU' fmlanç€(âe changeur), 105; le Candelierj froîs chiifi- 
fklies allnméeSj 305. — D'autres équivoquent sur le nom, 
et forment une sorte de rébus : Fauquel, une fmx, 
p, 43, iOÎÎ; Boterolle, troh boties^ 160; Duqiiesne, li/i 
chme^ 178, IS'ï; Dclourme, un onm^ ^93; Herenc, iin 
harmig^ 198 ; Corncllej une comelile^ 212 ; le Coq, un coq, 
22i; GouvJDQ, nn goujon^ 229; Poulet, unpouki; Soriz, 
Hng fiùuri&, 280; Dans, un arc, 3!4. — D*autres armoi- 
ries roturières font une allusion plus ou moins directe 
au nom : Dubrulé, une ma7^mitc, 170, 205; Mal ep art, des 
dés, 179; Leblond, tète d'argent à cheveux rfor, 183, 
il8; Laffllé, coutmu, 187-8; Lesac, sac, 18î>; Lermitte* 
tête d'hermite, 189; Langle, tête d*ange, 201; Lorens, 
grille^ 206; Dunioastier. e/ocAe,208; laDamedu Mouche, 
tête de religieuse avec crosse, 209; Pierre Saraziu, léie 
mure, 109; Jehan le pelê^ iéte chauve, 231 ; M argue, trois 
pies, 212; Legay, un geai, 215; Jehan le coq, un coq, 
221; Tliorian do Fores, un taureau dans un fowTéy 225; 
Malin, une tête fwire (de diable), 231 ; Bon temps, gtrhe 
(tor, 2t5; Jehan Courtefoy, trois mains coupées, 254; 
Jacque Lempereur^ trois couy^nnes d'or, 256; Pierre 
Toussaius, une tête avec auréole^ 259; Gorgedieu, idem. 
363; Triquotel, des dés, 260; Cuer de roy, un cœur roug*- 
sons une ronronne d'or^ 265; le Mgine, tête eapiichonw^^ 
de noir, 289 ; Hardy, tî^ois épées, 311 ; le Preux, trois ^pées, 
259; le Brun, ours ou sanglier^ 312; le Yillain, vilaine 
figure, capuchon bleu^ 331; le Pelé, tête avec serre-tétf, 
îfôS; Campdaveine, trois bottes d'or, 346; Loys, dntj L, 
353; Durpain, tr-ois pains, 362; Morel, trois lêles de san- 
glier noir^ 366 * » 

Les noftisdes roturiers sont généralement tirés de la 
qualité t de V accident individuel : Le noir, Le fOUi, etc. 

t. ArcbiveB du rojaume, L. 2B. Cartulaire de Beauvoisis. 



^OMS, lis 

îeux 4^-3 iiobïfs ^hkivent plu 16 L iJe la sitLmtancff do la 
*iTe,du bien (res): De-ville, Ihi-nic, Moiit-aigu, elc. — 
^ariâ 1*1 Hslc dc& seriï:enls de Paris (Ordoan. L 1), henii- 
>ijp de noms se rapportent aux dilîormité^, aux défauts 
lysiqiies : Le borgne, etc. Voyez aussi les Montres, ou 
sles de Gens d'armes, riiic possèdent au &^i les Archives 
la royaume. 

On a remarqué avec raison e|ue beaucoup de noms 
faecordaient réellement avec le caractère moral ou 
tysique de rindividu qui les porte, c*est vraisembla- 
lement qu'ils indiquaient des qualités héréditaires dans 
famille : Petit, etc. 

L'importance symbolique du nom se relrouve dînis 
)utfi Tan lit] ni lé : Hector rappelait Scamaudrios, mttU 
BS autres Aî>tyauax.,, — Meli voeant superi ^ 

Les villes avaient des noms mystérieux, {liAtincts de 
&urs noms vulgaires. Roma-Amor-Flora, d'où Floren- 

Le sobriquet de l'Anglais est John Bull, relui de rAl- 
^mand, Michel ', ceïuiduFrarïçaîs(du moius autrefois) 
ficques on Jean *. Dans l'initiation allemande du eam- 
ignonnage des tonneliers, dont nous avons donné 

"ailleurs les belles lormules, on demande à Tapprenli : 
Comment veux-tu l'appeler de ton nom de rabot? Choiï>is 

~ I joli nom, court, et qui plaise aux lilîes. Celui qui 
>rie un nom court plaît à tout le monde, et tout le 
lùnde boit k sa santé un verre de vin ou de bière ^ ^ 
!*a loi de Manou dit de même : Que le nom d'une Cemme 
îit facile à prononcer, doux, clair, agréaldc; qu'il ^e 
ïrmÎQe par des voyelles longues et resi^emble à des 



1. irmd, Z. — Ovid. Metam, 

2, V, [Doii HisL roinîitne. 

3. PQslor, HUt, d'AUemagne, I, p. xivn, Irad. de 51, Paquif* 

4, Viiyez le troisiéiDc volume de mùù Histoire de France* 

fi. Grinim- Alttl. Wœlder, U beft, !S13, tr. dans les notei de 
iiciieict, lotrod^ â riHst. univ*, p^ 97 de la t" édition. 



il6 DEVISES POTUBTÈRES* 

f>arciles de bénédiction. Que le nom d'un Brahmane 
exprime la faveur propice; celui d'un Kchatriya, la 

pui,'?sance; celui d*un Vais va, la richesse; ci^lui d*uïi 
Soùdra, rahjecUon. Le nom d'un Brahmane Hoil indi- 
quer la félicité; celui d*un guerrierj la protection; celui 
dun marchand, la libéralité; celui d'un Soùdra, la dé- 
pendance'. 

Chez les Grecs, le petit-fils porte le nom de son grand- 
père : Cimon, fils de Milliadéj petit-fils de Cimon. A 
Rome, il n'y a qu'un nom pour toute la Geng;, celui du 
père de famille; ainsi les dix mille Cornéliens de Corné- 
lius Sylîa, étaient dix mille esclaves affranchis par lui. 
Souvent au nom de son maître Tesclave ajoute la termi- 
naison Por : Marcipor, Caipor, etc. Les mulsulmans 
n'ont point de noms de famiïles; ils ont bien des armoi- 
ries, mais elles sont personnelles et meurent avec celui 
auquel elles appartiennent ^ Au moyen âge, les noms de 
famille ne semblent dater que des croisades. 

Dans le Credo do Pierre Plowman les moines disent 
aux fidèles qui leur font des donations ; Votre nom sera 
richement écrit sur les fenêtres de î'égl îse du monaslère, 
où les hommes le liront à jamais; et ailleurs : Il y bril- 
lera avec les marques (marks) des marchands. — Eu An- 
gleterrej les commerçants plaçaient leurs marques sur 
nn écusson, formant ainsi hardiment une sorte de blason 
roturier \ 

Les foires de Champagne avaient un sceau avec cette 
devise : Passavant le meitlor *, 

On a trouvé en creusant des fondations à Lyon, une 



1. Lob (Je Manou, p. 32, g 3t-33. 

2. R e ma u d , D e acr ï p t i ou ùeàm onuiD eo U m usul ma 05 d u ca hia et 
4e M. de Blacas, 1, tl9, 

3. Warton, Hist. of th(ï EJiglîsh poes>% II, i37. 

4. Voyez Tri?sor fie numism. et glyptique, 40^ livraison, 
planche XIX, p, 22 de l' Explication, d'après uo sceau du Iresor 
des chartes. 



FORMULES. 



177 



irpie Je enivre de six pouces de diamètre représen- 
ilia ligure (l'un empereur (Louis le Débonnaire?), 
it autour deux ou troiâ li^Ties en caractères hébraï- 
lûsî Rirle revers, cette légende : Post teilebras spero 
;em — Felieitalisjudex dies ullimus. Celait la devise 
3 juifs de Lyon el de Genève, comme celle des Vau- 
fis ou pauvres de Lyon '. 

lutber s'était fait gi^aver un sceau qui portait un^ 
lix noire avec un cœur au milieu ; le cœur reposait 
* une rose blanche placée dans un champ d'azur et 
itourée d'un cercle d'or *• 

Waller Scott/dans un de ses romans, attribue à un des 
'enteurs de llmprimorie la devise suivante : Kunsl 
itchtgunst^ 

L'université d*Oxford a pour devise : Dommus lUumî- 
itio mea, Dieu est ma lumière; à rentrée de l'un des 
allèges d'Oxford, on lit : Manncrs makyt man. 
A la porte de la chambre dnrée du palais de justice 
I Paris, on avait placé un lion couchant *. 
Les roturiers avaient leurs cris d'armes. Dans le Midi, 
^lait le mot Atiot; chez les hahitanls du pays de Gom- 
inges, Aùlot :-- /celui Vidal ùmtda son arhaieste m 
' l à hùJike voix : Ablo, Mo, rihaux, ear ne mut 
nous. En Bourgogne, c'est le mol Al/or : Leqml 
laii et mfp.mme commentèrent à crier, Af*oc, Afwc, 
„. e$( à dire ainsi comme, A la mort. — Ahors a le 
lème sens dans d autres provinces. Hahaij, hahay, ou 
-f^fg - ^ A hors tes meurdreurs qui ont iué Jehan du la 



fî. Méuestnen Histoire de Lyon, p. 220. 

't. Voye2 TexpUcalioii qii1l donne liii-mfiinc de ces symbolfi^, 
^Ikhelet, Mém, de Lvithen HU Sal. 

3. Wulter Srotrs, thiî Antitîuary, 

4, L^Hospital, Réform, de lajiistic**, L S^i éd. de 1325. 

I 5^ Lettres de? rémission de 1362, 1157, mi, 1365. - \oye* 
«rpentier^ 1» 164, snb vcrbo AUot. 



178 CORI^S DE MÉTltlRS- 

Les roturiers comme les nobles curent leurs associa- 
liuna. je parle des corps de métiers^ des confréries de 
ioutc pspece^ dont quelques restes subsistent encore 
daui; les Compagtjom du devùh-f etc. L'on trouve pea de 
coutumes i^ymlKïliques dans lés corporations de l'aD- 
cieuue France, Tout y est clair, précis, sans équivoque; 
ces bourgeois règlent leur corporation comme leur 
commune, comme une institution politique doot la 
charte doit être sérieuse et ne rien contenir d'inutile. Les 
boulangers sont peut-être les seuls qui se soient écart^^s 
un peu de la si^eheresse ordinaire des statuts de c^jr- 
poration: 

Lorsqu'un jeune garçon a été successivement vanneyr, 
h lu Heur j péhîsseur^ glndre ou matfre-vaietf il peut y en 
pmjani au roi le tonlîûu, éfre aspirant boulanger et en exer- 
m- le mélkr pour son propre compt*\ Quatre an$ api'éj il 
passe maître, ft votc't de quelle manière ii est reçu : au jour 
fLré^ il pm*t de sa maison suivî de toux les boulangers de la 
rtik, il se rend chez le mailre des boulangers, auquel il 
prf^senff" un pot neuf rempli de noix, en lui disant : Mattj^^ 
j'afj falct et accomply mes quatre ann^t'n; veez-ci mon pof 
rempli/ de noix. Alojs h maître des boulangera demande 
an clerc écrivain du métier si cela est vrai ; sur sa répon%* 
affirmative^ le maître des boulangnrs rend te pot à taspi- 
rantqui le brise contre le mm\ et le voilà maître V 

K Montell, quatorzième eiécle, t. H, p-lH et 461, d'après ï)ela- 
luarrei TraUc d& UpûLicei liv. Y, tit, 12, ch. 'à. 



ÇUAPITRE SIXIÈME 



DROITS rio&AL'X* — /rîlll>fr.TÏON. — REDEVANCES* 



' Il faut rcconiiaîLrû comme droit de la nmison-Dieu 

fEchternach ban ot convocation (maniuim et bamium), 

èles privées et ^auva^^cs, cens et dfme, tenue et niaiii- 

awe, oiseau dans l*air, poirâson daus l'eau, ordonnarieo 

défense^ et fc, en long et en larye aussi Unti que 

élend la maison-Dieu du bonsei^eur Saiut-WJllîbrol, 

[^ Le seigneur a droit srtr k feux, h ebectuj (chasi^e) 
pom d*r in klot'k, ioxtaiî:t: oUf aerel !>' pesckon sur f/nf~ 
eL Record de Malmcdy. ^ Le f^a, la cimUît\ Ir sna ih 
I thiehef toisemt.v en lalrH kpoksons mr le^t'amc)'. Uee. 
î Slave lot. — iîccordeli £schffvim de Veîsmcs mesire kMé 
i Stfiueht e( de Mahmdij de dens U hans de Wehmes si 
nQei si lai'ge gitUse^itent, la /mulfeur et seitignorie^ te 
\t, la cloefi et îûkeaux eis ayre et kpeckan sur le graviei. 
ec. de Wcisnies, Ibidem* 

rDans Toriji^iue, ces jaridictions des printres et sei- 
fteurs étaient fort restreintes. On a vu plus haut quelle 
|Uiit riiidépeiidance des hommes de la Marche- Or pri- 
ditivemcnt les Marches comprenaient ]ïresquc toutes 
B3 forets et les rivières. Mais l'envahissement fut ra|nde. 
5s le eommencement du treizième siècle, on entend 
les pîainles : 



466 juRinicnoTï. 

Lps princes saisissent violeinmenl 

Chamj>s et rochers, eaux et forêts,. 

Rétes fauves et bêtes domestiques ; 

Us nous prendraient volontiers Tair^ 

L'air, la commune propriété ; 

Ils voudraient nous ôter le soleil^ 

MémË le veut et la pluie- G. 2i%J 

Quïd regum Bi^t^ sether^ Quminai terra, fretum. Rei- 

nankïri et IsangrinuSt G- Supplem. 

Ces plaintes pourraient paraître exagérées on satin* 
([ue?i. Cependant elles ne sont que Irnp justiGées parle* 
formules do juridictions seigneuriales ; plusieurs clTraieûi 
Tesiprit de leur audacieuse brièveté : 

— Us sont seigneurs à Aldetihoven du ciel à Ja terre 
et ils ont juridiction sur et sous terre. — ... Le seigneur 
enferme les habitants, sous porte et fîonds, du ciel à la 
terre, Tuiseau dans Tair, le poisson dans Teau- — ,., H 
est seigneur suprême dans toute Tôlendue du reîssort^ 
sur cou et tète> eau, vents et prairies. — ... Droit de 
prononcer sur ventre et cou, droit de sauf-conduit, soo 
de cloche, cours d'eau, poisson dans Teau, gibier sitr 
pays, oi??eau dans la verte forêt, poids et mesures, taxe 
et pour^uite. — A nous et à noire chapitre de Trêves 
seront assigmjs et jurés chaque année par les gens do- 
miciliée et par toute la communauté, les €âU3c et paca- 
ges, la forél chenue, riiomme qui vient, la cloche qui 
sonne, le cri public et le droit de lioursuite (Î507)* — 
Nous reconnaissons iV notre gracieux Seigueur, le ban 
vl la convocation, la haute forél, l'oiseau dans lair, le 
poisson dans Feau qui coule, la bêle au buisson, aussi 
loin que notre gracieux Seigneur ou le serviteur de sa 
GrAce [lourra les forcer, l^our ce, notre gracietti: sci* 
gncur prendra sous son appui et protection, la veuve et 

f. ViryfK aussi ks griefa des paysans de Soaabe, dans mei Mtin, 
de LutbtT, U IK 



I 



JCRIDICTION ET DROITS FÉODACX. 



181 



Torphclin, Thomme ijui vient avec sa faille rouUlée, 
comm€ imsÂÏ VhmnmG du [ïays. ^ »,* La cloclie qui 

oulej Teau qui coule (^fookcnklank, wassergang), I^ 

E>isâon dans Tonde, le gibier dans la plaine, Toiseau 
ians la verte forêt ; donc qu*on se garde de le faire fever 
bu le prendre sans permission du souverain Seigneur, 
^bidem. 

Que personne ne prc^nne de poisson dans la pêcherie 
|iilrt^ Genshofen et Rupach, sans Tordre de sa Grâce. 

ae si cependant quelque bon compagnon du comté, 

atrant dans Teau avec bas et souliers, y prend un 
poisson et le mange avec de bons amis, ce ne &era pas 
]|u délit ; mais; qu1l ne le prenne pas au filet, qu'il ne 
' t porte paiî au marché.» De même, si un bergerj albmt 

. ses brebis avec un chien, saisit par hasard un lièvre 
ftu passage, s'il le prend ouvertement sur sou cou^ s'il le 
cuit sans herbes ni choux, mais que le traitant selon son 
dmil, i! le poivre, le rôtisse, et convie au rc|ias le sebul- 
'li6iss ou un servileur du seigneur, il n'aura pas commis 
Se délit. Mais qu*il ne poursuive pas le lièvre, qu'il ne 
' ! recherche pas, qu'il ne le tire ni le vende. 

-, Item, un bourgeois enfant de bourgeois pourra 
prendre avec un cbien un lièvre ou un sanglier, et nul 

eigneur ne Ten empêchera, pourvu qu'il envoie la 
turc à Monseigneur de Ziegenheim à Ziengenbeim. 
1 250, 
La juridiction se limite parfois d'une manière analo- 

m aux mc:^ures de la propriété dont nous avons parlé 
t^Ius haut. Ainsi la juridiction de TarchevêquedeMayence 
le tthin, vers Waldassen, s'étendra jusqu'à Tcndroil 
pu Teau du fleuve touchera le poitrail d'un cheval et sera 

aseï fort(?ponr le repousser. G* 102, 

L'attribut le plus odieux de la puissance féodale, était 
le droit de dépouiller les naufragés, le jdroit de bris. 
Lewêllp, prince des Gallois du nordj dit dans une 
charte : J'ai concédé aux moines Je droit d*user et jouir 

U 



189 RgDE\'ANCES, 

(gauciere et uU) des naufrages dans toutes leurs terres, 
sur tous leurs rivagres, et cela, de la meilleure manière, 
de cnWe môme dont je jouis dans mes terres; c'est à 
savoir que tous les bien^s et elTels qui par submersion, 
perte de navire ou autre infortune, seront jetés par la 
mer sur leurs terres ou sur les rivages qui y touchent, 
deviendront en totalité la propriété de ces moines '- — 
Blanche dit que ausit corn céans que ten a deffié sm la 
mey est p}iuf\ aiml cùqu*' la mer souprent est commun*. 

Dans îcs âges primitïis, l'tiomme paie de son sang; il 
Todre auï dieux, comme sa vie; aux hommes, comme 
sa plus précieuse richesse \ Ainsi, les Athéniens furent 
soumis, selon les poètes, au tribut de sept jeunes gar- 
cous et de sept jeunes filles qui devaient être livrés au 
Minotaure, L'impôt de ïa vie se trouve aussi chez les 
Scandinaves; dans leurs Sagas, il est parlé de trente 
servantes et de trente serviteursque Ton tire au sort.— 
Ailleurs, nous trouvons dans les traditions le tribut de 
rhouneur et de la chasteté. Le roi d'Oviédo, Maureiml, 
est contraint d'envoyer les plus belles filles an sérail du 
calife *, 

L'impôt de la vie ne profite point à celui qui en 
reçoit le tiacrifioie; aussi se changc-t-il naturelïemenlen 
une redevance utile. Les Saxons, vaincus par les Francs, 
fournissent à Glothaire un tribut annuel de eÂnq t:e\U& 
viiches ; au temps de Pépin, ils envoyaient chaque année 
v\n présent d'honimur de trois cents chevatix. Les Thurin- 

\ . Ducange, IV, 22, siib verbo Lagan, et Wrecum, 

•2. Livre MSS de Justice et de Plel dédii à [a rf^itie Blancbct 
Toi. 21 Yera*, col. 2^ cité dans le Ménioire de M. Rlimrath sur les 
tiioiiumeiil^ îQédit.'; de rhlatoire du droit fraot^ais. 

a. Voyez les religions de TanUquïté, de Benjamin Constant- 
dansï la tabic doa miitirreB, au mot : Sacrifices bumaitis* tl â 
rùuni tftus Ipr passages, avec un soin proporUoaD^ à sa^hame pour 
le sncerdocc* 

4. CondÉ. Histoire des filaurcs d'Espagne» L L 



KEAUX, * 113:1 

(tiens payaient leur tribut en porcs, la denrée la p!ug 
précieuse de leur pays S les Frisions en peaux do bcEuTs. 
ils se révoltèrent, parce qu'on exigea des peaux de buf- 
\\e&. Tacite, Annales, IV, 72, — Lorsque Tempereur 
Henri II se préparait à visiter Tévêque de Paderborii, 
iV;véqae fît prendre par tout le pays les brebis pleinf*^^ 
afin de pouvoir présenter à TEmpercur un manteau IViil 
avec les peaux des agneaux qui allaient naître-* — Qu'on 
fasse au maire un présent tel, qu'à sa mort sa femme 
|jiiîsse avoir une pelisse neuve de peau d'agneau qui lui 
flosceude bien sur les pieds. — Le eentenier [centgraf | 
qui aura été élu, devra donner au seigneur deux gants 
lie peau de mouton blanc, suspendus à un bâton de cou- 
drier. Le seigneur l'investira alors du bailliage, sans or 
ni argent, noais seulement avec le bâton qu^il lui reu<lra- 
G. 379. 

Quand un serf venait â mourir, le seigneur avait droit 
ii^i^nmilkure iéied^ son troupeau. — Le serviteur de 
t'abbé devra prendre un bâton blanc et s'avancer à recu- 
lons vers les ctiovaux ou les vaches, et toucber une bêle 
avec le bâton; celle qu'il atteindra appartiendra au sei- 
gneur, rien de plus- G, 360. Cette redevance s'appelait 
Kuehr, — Demande ; Que doivent-ils donner pour ïe 
Koehr? Réponse : Le laboureur donnera le cheval qui 
^'ient après le meilleur; le fermier, la vache qui vient 
^pi'ès la meilleure; la femme, la robr* qui vient après la 
tiieilîéure. — Bien que toute personne mariée doive 
^elte redevance, il y a cependant exception pour les 
t*^Mnmes qui laisseront une fille assez grande pour souffler 
'"ïe lampe allumée. Delbrûcker Landr. G. 370, 

Le Koehr allemand répond au relief ôq^ lois françaises 

^* Che^ les ancLÊDs on estimait surtout les jambon» de West- 
ï'halie, de$ PTrént^e» et do pays des Marses< Voyez Tt^dit de Dio- 
l^'t'Utto, qui flîcu le tuaxiininu du prii dea dcarùes. On Va. relrouvé 
^^ y a quelques auoétia dana TÀBie mmeure, 

^. Voyez au chapitre du Mariage, le don du fiancé espaguût. 



tB4 POULES. 

et anglo-normandes ** 5* un homme de ia paroisse pos- 
ièfk^ au moment de sa mort, (rois (é(es ou plus dequdqw 
bétail que ce soiij la meilleure sera l'és^v*^^ pour qui 
de droH. — De releif à vilain: Le meiUiur aveir, qu'il 
avéra, u chîvai, u huf^ u vache, donral à son seignor di 
releif. Leges Henrici, L'expression nuitée en Angleterre 
^slchailelj en français chepteL Les lois de Ktiut Iheot 
ainsi cette redevance : Un eorl doit fournir huit chevauïj 
quatre sellés, quatre non sellés, quatre casf|nes, quatre 
cuirasses, huit lances, huit boucliers^ quatre épées, ck\ 
G, 373-374. 

,,., S'ensuivent le dénombrement des heritaîges et ausii 
les noms despossenseurs, lesquels à cause d'ieeulx doivent 
chacun an, h nuit de l^Aaeenston à vespres, présenter ^f 
payer, au euer de Pé^Use de Candé, au seigneur du ehapt- 
ire, ung mouton eorfiu, îainu et denlu..., A la suite de ce 
dénombrement d'héritages, se trouve on jugemeulqui 
-condamne au paiement de six livres un des possesseur? 
qui avait pn^scntéau chapitre un mouton qui n'était pas 
dentu de quatre denh ^. 

Les poules étaient la redevance la plus ordinaire. Od 
les désigne diversement : poules de corps, poules de 
cou, poules du foyer, de la fumée; poules du carnaval, 
4e la Pentecôte, de la Saint-Martin; poules du fau- 
con, etc. Le coq devait être grand et rouge; de là Tex- 
prcssion allemande : Rouge comme un coq de redevance. 
L*on disait aussi pour exprimer qu'un serf, devenu 
bourgeois, ne payait plus la redevance au seigneur : 
Poule ne vole au-dessus de la muraille. G. 374, 

On ne trouve point de redevances de chien ou de fau- 
con; on en trouve rarement d'abeilles (si ce n'est pour 
la cire et le miel), quelquefois de sangsues. G. 863* 
Celles de bière^ d'avoine, de farine, sont fréquentes, — 

i. Voyez Dir congé, vcrbo Martuarium. 

2, Cartulaire de Notre-Dame de Coiidf', majouâcrit. MflUteiÎT 
Xiy^ siédô, U, 512. 



IIEDEVATÎCES DIVERSES. 



iH3 



Les ehcvaux du Lmilli auront de lavoine jusque [lar* 
dei^sus les narines pI tie la lilièrc jusqu^au veulre. G. 

k102, — Lcfiaîn doit ôlre dp grandeur li*llc, qu*uii lioûiuié 

1 assis le metlaiil sur sou pied, i) lui passe le gêuouj et 
de telle grosseur, (ju'on puisse eo couper ïe pain du 

I matin pour le berger. G. 103. 

Loi (les Brchon^ d'Irlande ; Tout chef a droit d'épui- 

jser chez chacun le lait d*une vache ^ Pour la table de 
MonseigDeurj deux fromages cFune grandeur tnlle, que 
mettant le pouce au milieu du fromage, et tournant au- 

' tour avec le dernier doigt, on puisse à peine atteindre 
au cotilonr du fromage. Droit de Cologue. — Et la 
viando devra dépasser le bord du plat, de la largeur de 

[quatre doigts. G* 101. 

Nom avons un droite appelé le drok de fjosun^ qui es/ 

Uelf que k siew' et danie Vîdame peuvent par chacun an 
prendre un bassin tfemnron im se$(itr piaîn de raisins^ 
en quelque vig^ie qu*ii noudroit, es envirom de Sami-Mi- 

\chel\ 

Les redevances suivantes ont moins pour but rutilitô 

t que le plaisir du seigneur : — On fait savoir qu'à la mi- 

I mai, les borames de la banlieue auront à apporter <le la 
mouMse à la cour, afin que l'abbé et ses praprielaires 
assistants soient en propreté, ^ Le premier jour de 
mai, celui qui occupe un emphytéose concédé par les 
orplietins de Lacques^ est soumis a cette charge, qu'il 
doit leur apporter un arbre de mai, orné de tiombreux 
rubans, dans Jesquels seront trois épis de blé. Faute de 
qooi, remphytéote est déchu aussitôt du bénéfice de la 

I possession. Muratori Antiq. III, C7. G. 381* 

L*argenL étant rare et le commerce nul, le seigneur 
n'achetai l rien^ il se faisait tout fournir, môme les nniU- 
Weset ustensiles, par ceux qui !ui payaient redevance. 

J. Collcotanea d.i rébus Hîb. Itl, 85. 

S» Diicangê» 906, Charta vicedomiii Caialauocnsîs, anno 15&i. 



186 ARGENT. 

Fers de cheval, socs de charrue, voitures, etc., tout lui 
venait de cette façon, jusqu'aux verres ou cornes à boire; 
encore fallait-il, en certains lieux, que cette corne fût 
apportée par une jeune fille de dix-huit ans tout juste, 
ni plus ni moins. 

Les redevances d'argent sont plus rares. Il y avait en 
Frise un impôt de ce genre, appelé le Klipschild (bou- 
clier sonnant). Voici comment il se payai t. On construit, 
dit Saxo Grammaticus [liv. 8, p. 167], un édifice de 
deux cent quarante pieds de long, divisé en douze par- 
ties de vingt pieds chacune. Dans la partie supérieure 
du bâtiment se trouve le collecteur du roi ; au bas, un 
bouclier rond du pays. C'est dans ce bouclier que cha- 
cun vient jeter sa pièce de monnaie. Si elle rend un 
son clair, et que le collecteur entende distinctement, 
elle compte pour le tribut; sinon, il en faut une autre. 
G. 76. — Chaque année, les anciens propriétaires de 
Téglise de Saint-Romain à Lucques, qu'ils avaient cé- 
dée, à titre d'emphytéose, à des dominicains, venaient 
y chanter la messe, prendre un dîner composé d'un 
nombre de plats déterminé, et recevoir un gros d'ar- 
gent bien sonnant. G. 387. 

On lit dans une Vie rimée de saint Amand, du onzième 
ou douzième siècle [Essais historiques sur le Rouergue, 
par de Gaujal, Limoges, 1825. G. 300] : 

Fel cabalagre gran del comtat que crompet, 
Quatre deniers d^argen Ion poboul rCaleuget 
Cad an percept qu*era del rey honorai César 
Als homes de Rovergue sul cap de cap ostal. 

Dans un de nos vieux poèmes français, Charlemagne 
dit à son vassal Ogier (G. 382) : 

¥el cuivers renoiés ! 
Sers de la teste y rendant IlII deniers ! 
En une horse le cers soient loie 
Ce doit vos pères le mien qui France tient 



ARGENT. 

Soient pendtt (tu col cl un blanc lévrier ^ 
Se li envok à Ratns u ù OrUsm. 



Lesnon^Hbres paient., - : au grand forestier la chaise 
d'honneur avec un coussînj un verre rempli de vin, une 
verge pour défendre Ja Marche, une bourse pour y gar- 
der les amendcB. Droit d'Osnahruck. G. ii81-î, — A 
Wcissensée, le jour de la Saint-Jacques-PhiiippCj on m 
raïasembîait au village de Scherndorf avant le coucher 
du soleil, et chacun déposait un gros sur une large 
pierre exposée sous le ciel; celui qui tardait d'une 
iicure payait deux gros, de deux heures quatre, de trois 
heures huit, et la somme montait toujours dans la 
même proportion, G. 387, — Le bailli devra, à la Saint- 
Martin de chaque année, percevoir, à la lumière du so- 
leil, rimpôt royal pour la justice du roi; et si quelqu'un 
ne le paie pas à la lumière du soleil, il sera grevé du 
double, tant que la cloche tinte, que le coq chante, que 
le vent vente, que soleil ou lune se lève et se couche, 
que flux cl refUix vient et va, Ch, Hildeboldi bremensii^, 
anno 1259, G, 387. 

On dit encore eu France : f^cus au sukil^ argent son- 
nant; Ha tant d^ bien ati soleiL 

Un paysan irlandais, qui a cinq trébas, doit payer les 
amendes et délits, et doit donner uu tiers de ses profiU 
pour nourrir le chef- Les cinq trébas sont : une grande 
maison, une étable à bœufs, une étabïc à pourceaux, 
une bergerie, une étable à veaux \ 

Le village de Salzberg, dans le bailliage hessois de 
Neuenstcifj, avait à payer chaque armée, k la Saint- 
Walpert, six kneken (monnaie de six liards) aux barons 
de Buchenau- On appelait Petit homme de la Walperl 
l'homme de la communauté qui portait cet argent. Il 
devait, dès six heures du matin, se trouver à Buchenan, 



1- Coïlect, de rrJî. Hib , HT, p. LIS, 



1H8 ARGENT. 

etj quelque temps qu'il fît, s'asseoir devant le cbitcan 

sur une certaine pierre du pont. Si le Petit homme tar- 
dait, la redevance croissait toujours, de sorte qu'au soir, 
la commune eût été hors d'élai de payer ^ aussi le bailli 
avertissait chaque fois, et le village avait soin de donner 
deuxcompagnouis au porteur, de crainte qu'il ne lui arri* 
vât quelque accident. Si le Petit homme de la Walpert 
arrivait à point, les barons de Buchenau devaient le faire 
saluer, et recevoir Targcnt- On lui servait certains plais 
déterminés. Il avait de plus un droit : c'est que s'il 
pouvait passer trois jours sans dormir, les seigneurs 
devaient le nourrir sa vie durant. S'il s'endormait, il 
était à rinslaut renvoyé du château. Cet usage a duré 
trois cents ans, et jusqu'à ce siècle. Hersfelder, IntelU- 
genzblatt, ^IHOâ. G. 388. — Un village de la Thuringe 
avait à payer chaque année, à unseîgneurqui demeurait 
h douze milles, trois pfennings de irois bel 1er (liards) 
qu'un cavalier tiorgne devait apporter sur un cheval 
borgne. G. 385. — Dans un village du comté de Mans- 
feld, à Stangerode, treize maisons payèrent, jusqu'en 
1785, la redevance du Kuttenzins (du capuchoD?) au 
bailliage d'Endorf, On devait la payer chaque année, à 
ia Saint-Thomas (21 décembre), avant que la journée 
ne frtt commencée, c'est-à-dire avant minuit» Le 20 dé- 
cembre, le maître-paysan (bauermeistcr) sortait de sa 
maison k huit heures du soir, et allait criant devanl 
chacune des treize maisons imposées : < Donnez à notre 
seigneur le pfenning de la Saint-Thomas, le kuttenzins. > 
— Le maitre de la maison était tout prêl sur la porte, 
et remettait son pfenning d'argent Durant la perception, 
la foule grossissait, et criait sans interruption : t Nous 
portons à notre gracieux Seigneur le pfenning de U 
Saint-Thomas, lo kuLtenzins. » On arrivait à onze heures 
au bailliage d'Endorf, Vers minuit, les paysans se trou- 
vaient dans la maison du bailli, et y payaient les treize 
pfenuings» Le bailïi donnait quittance en toute hâte et 



ARGE3ÎT, 



189 



smetiait au maKra paysan un pour-boire qui dépassait 
beaucoup la vaîeurde la redevauce, en l'avertissant 
bien dt* sorlirdu village avaiit If? coup de miiiuil. Ils 
reprenaient alors leur refrain : * Nous avon^ apporté i 
cotre jETaeieux seigneur le pfenniug de la Saiiil-TliOTnas, * 
et se reliraient cheï eux pour boire l'argent du bailïi. De 
son côtéj le bailli devait envoyer sur liieure le moalanl 
d© la redevance j sous peine de i'ournir pour chaquo 
pjfenning une tonne de harengs frais. Si, au moment du 
paiement, la salle du bailliage se trouvait fermée, c*était 
le bailliage qui devait payer à la commune une blauche 
couveuse avec douze poussins blancs (treize pour les 
Li^eize pfennings), G. 380. 

Pour les Francs-Alleux, les redevances se payaient a 
îa grille de la maison. Le collecteur devait attendre tout 
le jour, c'est-à-dire tant qu'il pouvait voir le verrou de 
la porte; si la redevance n'était point payée ce jour-lâ, 
elJie était doublée pour le lendemain. G, 389. — Si le 
seigneur censier refuse ou ditTère de percevoir la rede- 
vance» le censilaire est en droit de la déposer pubîir|ue- 
ment sur la pierre de la cour, sur les poteaux de la 
porfe, ou sur un siè^e à trois pieds placé en face de la 
porte. Dès ce moment sa redevancG est acquittée. 6,389, 
De même si le seigneur qui reçoit la dîme tarde à la 
faire prendre, celui qui ta doit monte sur la roue de la 
Toiture et crie trois fois i Seigneur Dixmeurï seigneur 
Dixmeur! seigneur Dixraeur! Si personne ne se présenta, 
il prend deux voisins, compte les gerbes, laisse la 
dixième et s'en va, G. 393. Si le sergent du seignenr 
vient pour percevoir les redevances, et que le pauvre 
homme qui aurait tardé de partir avec l'argent ou la 
redevance rencontre le sergent la bride & la main dans 
la cour, avant qu'il n'ait passé la porte, le sergent devra 
faire grâce au pauvre homme. G. 384. Si le shilling 
heuer (locatJiire du shilling) n'acquitte point sa rede- 
vance, le seigneur viendra suspendre le shilling à la 



I 



r 

190 RONCIN DE SERVICE. 

] crémaillère, ou le mettra dans le foyer; le paysan devra 

[ alors déguerpir, lui, sa femme et ses enfants. G. 392. 

j- Le fermier aura mis une table à trois pieds, deux pieds 

hors le seuil de la maison, et un dedans; sur cette table, 
le propriétaire ou seigneur censier lui paiera l'argent 
pour le fumier rapporté. Les deux pieds hors du seuil 
signifient que le bien doit être cédé trois jours avant la 
Saint-Pierre. G. 187. 

On trouve, dans certains villages du Brunswick, de 
petits fermiers appelés Enfants du soleil, parce qu'ils 
sont tenus de t)*availler chaque jour depuis la Saint- 
Martin jusqu'à la Saint-Michel, tant que luit le soleil. 
Les Hommes de la lune sont ceux qui doivent, à chaque 
lune (à chaque mois), travailler pour le maître, ou cul- 
tiver les champs appelés lunaires [lunares]. Duc. IV, 288. 
G. 388. Il y a aussi des services de trois jours par 
semaine, de neuf jours par an, etc. Enfin des services 
d'animaux. Celui, dit Laurière, qui ne devait pas le ser- 
vice militaire personnel, devait cependant, mais une 
seule fois en sa vie, le service du cheval. Établissements 
de saint Louis ^ : — Se aucuns avoit un hons qui H deust 
roncin de service^ et il le semonsit, et H deist : Rendez- 
moy mon roncin de service, car je le viel avoir. Je n'en viel 
mie avoir deyiiers, Adonc il H doit amener son roncin de 
service dedans soixante jours, se cil ne li en veut donner 
plus long terme, et cil li doit amener o frain et o selle, et 
quanque mestiers est, et ferré de tous les quatre pies; et 
se li sire dist, je ne le viel mie, car il est trop foibles, cil U 
pour oit respondre : Sire, fêtes-le ' essayer si comme vous 
devez, Li sires piiet faire monter un escuier dessus si grand 
comme il Faura, et un haubert troussé derrier, et une chaus- 
ses de fer, si fenvoier douze lieues loin ; et se il les pûet 
bien aller en un jour j et lendemain retorner, li sires ne le 

1. ÉtabUss., p. 217, ch. CXXXI, dans le recueil des Ordono. 
Voy. aussi Glossaire de Laurière, 1, 242. 



JIEDEVANCES- 



Î91 



I pikt p(U i'€ fuser par droiL Et se il ne pikl ferê les deuj^ 
Ijmrnées, H ëires le pourroit bien re/w^er. 

Souvent le sseigneur paie pour les services auxquels i! 

, a Jfoil : *- Si le pêcheur apporte ses poissons par-de- 

vaot le bailli, celui-ci devra lui donner un bon pain ; si 

I le p*kheur fait mieux el apporte davantage, il aura tui 

rôti de bœuf. — Quand les jiûeheurs vieudront vider 

leurs paniers, on les traîlera si bien, qu'ils reviendront 

avec plaisir, — Tout pôcheur de Crolxenbourgdoi! nwx 

schœifen ce qu'il fautde poissons pour un repas. Chaque 

pêcheur portera fout ce qu*il aura pris en quatorze 

[jours, des meilleurs de ses poissons et non des pires; 

et il en donnera aux schœlTcn Jusqu'à ce qu'ils disent : 

I Assez, Ui as bien servi. Cela fait et dit, les pêcheurs 

mangeront avec eux fe pain, le vin et les autres choses. 

Et si Tun des pêcheurs, à cause du nombre de ses filets, 

a un valet ou une servante, il pourra les amener manger 

avec lui* G. 047* ^ linn la nohkce du haulet que k sci- 

gtiair dWuU a de deffendre à mndre pousom^ jusqiies il en 

\ y ait pris te (/ue à bd en apparlieni pour son ko tel.,. 

iltem la noblece que lidh sires n a' m/- les poissons rayaulxet 

Uiir tes gros pomons. Charte de l'année 1353 ** Derechef 

\Udh rtligiem ont accordé as dis kabiians de grâce espe- 

cial^ que il vommt es mares dessudh desctos soif hier ^^ 

U'erbe a le fauch'dk, iani seulement les samedis et les mùd 

\de festes gardabks. Charte de Tannée 1310** 

Souvent le don du seigneur surpasse la valeur de la 
I redevance. Le cheval du messager borgne qui apportait 
I les dîmes à Hirschhorn, avait toute la nuit de ravuine 
I jusqu'au ventre* Le messager lui-même avait largement 
i à boire et à manger dans de la vaisselle blanche, et, en 
I le congédiant, on lui remettait quelque argent. On a vu 
1 plus haut comment le Petit homme de la Walpert pou- 



1, Carpenlier, lll, p. 21. 

2. Corpeatier^ lU, p. iS. 



190 . REDEVANXEâ- 

vait gagner son entretien pour sa vie durant. Quelque- 
fois même on régalait les redevables de danse el de 
musique: — Que le bailli se procure ensuite des râ- 
teaux: : ceux: qui ne sauront pas faucher, ramasseront au 
râteau pendant une journée ; il en sera ainsi des veuves 
et de ceux qui doivent demi-redevance. On sonnera 
ensuite les grandes cloches pour ceux qui tr^ivaillent au 
râteau ; au son des clochas, les travailleurs viendront 
en la cour du bailliage, et il y aura en avant un fifre qui 
fffrera ; puis ils s en retournerout. Quand le charbonnier 
et le menuisier paieront la redevance, qu*ou leur raetle 
de la paille autour da feu, et qu'on leur donne un joueur 
de violon, qui leur joue du violon, aûn qu'ils s'endor- 
ment, et un serviteur qui veille à leurs elTels, afin qu'ils 
ne brûlent point, — Item, le maître-paysan recevra de 
la dame une paire de gants, et il dansera le premier pai 
avec la dame (année 1322), G, 395, 

Ouelqucfois aussi le seigneur paie généreusement, 
mais aux dépens d'autrui : Il y a^alimr ta place de Pé- 
Tonne im grès iortg df quatre pieds ^ large de deux^ haut de 
qualrt* ou cinq pouces au-dessus du pav*}. Ce grès d Itii 
seul éiait un fief. Quand le roi entrait à Péronnc^ le te- 
nancier de ce fief devait ferrer d'argent sur cg grés le che- 
val du roi, puis le présenter au roi. Mais, en retour^ il 
avait d'importants pnmléges :i^ la desserte el la vameUt 
du roi après le j^epas d'entrée ; 2** une redevance sur la 
àière qui se buvait à Pêronne ^ 3° im droit sur les haraqmt 
qui s'établissfmnt à la foire. Il choisissait dans les bouti- 
ques d'mstntments tranchants une pièce quon nommé le 
premier taillant, e'est^â-dire le meilleur couteau ou rasoir 
chez les couteliers, la meilleure hache chez le.t taillandiers ; 
Il recevait des autres marchands une redevance en argent. 
Enfin son fief était un asile ; un homme décrété de prise d^ 
corps ne pouvait être enlevé de la pierre^ s*ih*y réfugiait '. 

1, Piganiol de la Farce, Picardie, II, S04, 



UéRErrGKMKNT. 



IW 



LVntrée solennelle du seignetir féodal est ordinaire- 
[ment remarquable, soit parla bizarrerie du cérémonial, 
Isoit par les redevances auxquelles il a droit â cette qq- 
IcaLsion : 

Lé niarkgrave de Juliers montera sur un cheval blanc^ 

jui sera borgne, qui aura une selle de bois et une bride 

ÎYcorce de tllîeuL Et le nmrkgrave aura deux t^perons^ 

f d'aubépine et un biVton hlane^ el ainsi il ehcvaucbera 

iisquau lieu d'où sort la Rubr, — Si le bailli a aiïairo 

|iu prieur, il doit y aller avee onze chevaux el demi, 

c'esl-à-dîrc onze chevaux et une mule ; il aura de plus 

an fauecin el un chien borgne ; on donnera à y es clie^ 

mux de la nouixiture par-dossns les narines et de ta II- 

Itî^re jusqu'au ventre ; on su^spendra une barre ou bâton 

derrière les chevaux pour le faucon^ el les cblons on 

[les mettra coucher, près du faucon, derri/^re les che- 

ivaux. Quant au bailli^ on lui niellra une table avec 

|îiappe blanche, el dessus un paio blanc el un verre 

blanc plein de vin. S'il veut quelque chodc de plus, ce 

sera h lui de le commander, — Dn lit sera préparé pour 

Vogl, en cas (lu'il veuille passer la nuit, un lit à 

iraps secs et craquants, et avec cela on préparera un 

[feu sans fumée. Droit de Francfort, année 1485. — 

iDuand les seigneurs enverront leurs serviteurs recevoir 

Iravoine, on devra à ceux-ci, bonne volonté, cliambrc 

lehaudc et lab!e couverte de linge blanc, mais rien des- 

Isus ; un pot de vin et rien dedans, deux broches au feu 

let rien après. — Le messager du seigneur d'Odenheim 

Jiera borgne et aura un cheval borgne â poil blanc. G. 

^hft. — Voici le droit du paya ; lorsque le bailli ds 

f nôtre seigneur l'évoque viendra traiter avec le pays de 

[Ehingaw, au sujet du si(^ge de Lutzelnaw, il devra eu- 

hrer comme un puissant seigneur et placer la bride de 

[gon cheval entre ses jambes ; dans sa main devra être 

[un petit bâton blanc et sur sa tête un chapeau à plumes 

de paon, et il tiendra jugement d'uu coucher du soleil 



104 DKOIT DE COASSE, 

À Tau Ire. — C cal un droit du seigneur de Dicpiirir, qna 
s'il veut chasser, il devra avoir un arc d'if à cordes de 
soie, à rayons d'argent, à flèches de laurier, empennées 
de plumes de paon. Il se rendra à cheval dans la forêt, 
chez le maître forestier ; il y devra trouver sur un tapis 
de soie et retenu par une corde de soie, un chien de 
chasse blanc aux oreilles pendantes, et il poursuivra le 
gibier, et s'il parvient à le prendre aux rayons du soleil, 
il devra, aux rayons du soleil aussi, remettre en leur 
lieu le droit de venaison et le chien de chasse. S'il ne 
réussit point, il pourra recommencer le lendemain 
(année 1338). G. 254-57. 

Ils décident d'abord que l'Empire est, en droit de 
Marche, souverain maître de la forêt. Ensuite, si la cour 
vient résider dans le bourg de Geilinghausen, un maître 
forestier, à' ce destiné par sa naissance, tiendra de droit 
pour l'Empire et le bourg de Geilinghausen un chien de 
chasse blanc à oreilles pendantes, et ce chien sera cou- 
ché sur un tapis de soie et sur un coussin de soie ; de 

soie sera la laisse, et d'argent doré son collier et il 

devra avoir aussi une arbalète à arc d'if (suit une des- 
cription magnifique de cet arc, où apparaissent tour à 
tour la soie, l'ivoire, l'argent, les plumes de paon et 
d'autruche). — Et s'il arrivait que l'Empereur et les 
impériaux voulussent aller au delà des monts et qu'ils 
le lissent savoir au maître forestier, il devra alors fournir 
un cheval blanc aux risques et frais de l'Empire, et 
ainsi il aura servi son fief (année 1380). G. 260. — Que 
personne là-bas dans ladite vénerie n'aille chasser ou 
giboyer sans le consentement de l'évêque de Mayence ; 
que si cependant il se présentait un cavalier ayant cha- 
peau de zibeline, vêtements aux diverses couleurs, 
arc d'if à corde de soie, à flèches d'autruche et traits 
d'argent emplumés de plumes de paon, ayant de 
plus un chien de chasse blanc à laisse d'argent et 
pendantes oreilles, on lui permettra de se distraire 



liftAltlïtïS. 

an Df rempôclïcra en rîeîi (année 11^3). G- ^57. 

I Si ilcmseigiïeur veut venir avec ses amis, les voîijîns 

evronf lui iliïnner bête^ qui volent et na^eul^ hètcs 

mvages ot privées, et on le Irailera bien. On donnera 

Biiîlet de l*orge d'été, au faui?on nne poule, et ati 

Mea de chasse un pain; aux lévriers aussi on donnera 

I pain en suûlsaneej lorsqu'on l'emporte de tithïc, et 

i devra donner aussi, pendant qu'on sera h table, foin 

avoine en sinffisauce aux chevaux. S'il arrive qu'on 

jfrve trois sortes de vin dans le ressort de Monseigneur, 

i devra servir à Monseigneur et à s^es amis, celui de 

Dyetine qualité; si, deux, on lui donnera le meilleur; 

, un, ce sera celui-là même qu'on lui donnera; et Mrm- 

lîgnetir et ses amis devront se trouver contents, G. 250, 

•Et il devra, le seigneur de la cour, entrer à cheval 

Qs la cour du fermier, avec un cheval et demi, et un 

ime et demi, et la femme du fermier devra lui don- 

'une botte de foin et le fermier mettre ses chevaux k 

eurie.**,. et la femme du fermier fera coii citer le 

feigneur de la cour sur un lit écorché (tout prêt) el sur 

ï draps cjui cratjucnt (secs). Si mieux elle agit, mieux 

! remercie* — Le seigneur envoyé entrera à cheval 

Ir^c quatre clrevaux et demi (quatre chevaux et un 

plet), avec cinq chevaux et demi (cinq hommes et un 

'irçoij); on fui préparera un lit écorché avec des draps 

ai craquent et un feu sans fumée, G< âr>8, — Lrs sei- 

eurs justiciers devront, la veille du jour d'assemblée, 

rheure du repas, se présenter avec deux hommes et 

emi, deux chevaux el demi, deux eluens et demi, el 

pmander le repas; s'il est prêt, ils descendront de 

'eval et boiront chopine; si, au contraire, il no Test 

E^int, ils se retireront dans la première auberge, s*y 

ront préparer un repas, et ce repas, c*est la petite 

opriété [das niederc eigeothum] qui le paiera (an* 

êe 1575). G* 259. — Si donc notre gracieux seigneur de 

Ifertheim voulait séjourner à Husen, le prieur ou le.'î 



ik) REDEVANCES BIZARRES. 

siens auraient à déloger et à se retirer. Et s'il arrÎTait 
que notre gracieux seigneur ne voulût permettre au 
prieur ou aux siens de sortir par la porte de devant, ils 
devront alors (le prieur et les siens), faire abattre un 
mur et sortir par la porte de derrière. G. 259. 

La liste des redevances bizarres serait longue. Dan$ 
une seigneurie de France, les paysans devaient pour 
redevance conduire jusqu'au château un serin placé sur 
une voiture à quatre chevaux *. — En Autriche, un vas- 
sal noble devait chaque année, à la Saint-Martin, 
apporter à son seigneur deux pots de mouches; un 
autre, en Franconie, lui offrait un roitelet ou saute- 
buisson. 6. 378. — Quand l'abbé de Figeac fait son 
entrée dans la ville, le seigneur de Montbrun et Laroque le 
reçoit habillé en arlequin, une jambe nue, etc. Lorsqu'il 
descend de cheval, il lui tient Cétrier et se place d table 
demère lui pour lui verser à boire *. — Le seigneur de 
Pacé a droit de faire travailler les chaudronniers qui pas- 
sent, de prendre aux marchands de verre le plus beau verre^ 
en leur donnant chopine. Il fait amener le jour de la 
Tnnité, par ses officiers, toutes les femmes jolies (sages' 
qu'ils trouveront à Saumur et dans les faubourgs; elle* 
paieront chacune quatre deniers et un chapeau de roses. 
Celles qui refuseront de danser avec ses officiers^ seront 
piquées aux fesses d'un aiguillon marqué aux armes du 
seigneur. Celles qui ne seront pas jolies (qui seront 
ribaudes) viendront chez la dame de Pacé^ ou paieront 
cinq sols ^. — Péages de Provence : Histrions, baladins^ 
mimes et ménestrels feront jeux, exercices etgalantises^ la 
dame du château présente. — Une charrette, conduisant 
larrons au prévôt, paiera une corde valant six deniers; — 
un pèlerin dira sa romance sur un air nouveau, et cou- 



i. Je crois, en Lorraine. Je ne puis retrouver le texte» 

2. Piganiol de la Force. . 

3. Pig. de la Force, Anjou, XII. 



ïlËDEVAÎfCES ET CORVÉES BIÎÎARBES. 19T 

chet'a sur ta paîite fraîche , s il veut passer la nuit au 
manoir; — fourgonnicrs^ lippewst et gens faisant l/onrttr 
chère f laisser ont une pièce cuite pour ie fermier; — Un 
homme à pied, chamsé ou non^ mendiant ou aveniurîerf 
sera logé, quitte de tout droit^ s'il fait quatre soubresauts ; 
— Un Maure jettera en rair son turf/an, et comptera cinq 
sous trébuchant à la porte du château; — Un Juif mettra 
Sf's chausses sur sa téti^tet dira bon gré^ mal gré^ un Pater, 
dans le jargon du pays ; — Un homme à cheval fera une 
demi-veille d*arm€M pour le service du seigneur; — tin 
mareyeur doit poisson à mettre en sauce ver te , t espèce au 
choix du seigneur; — meneurs de chevaux doivent un sou 
far chaque pied, si mieux ils n* aiment porter le seigneur 
jttsqu'au château; — fille folle de son corps est à la dispo^ 
sition du page des chiens cou7'ants; — conducteur d''ani- 
vmux en faille doit faire gambader les singes, et danser 
l'ours oti son du flagealet. 

Saint Louis exempta les Jongleurs qui arrivaient k 
Paria du droit de péage, qui se payait à l'entrée do la 
ville souâ ie petit Châtelet Ci singes au marrhant doit 
quQii^ deniers, se il pour vendre le porte; se li singes est 
û home qui tait acheté por son déduit^ si est quites, et se 
il singes est au joueur, jouer en doit devant le paagier, et 
por son jeu doit estre quites de toute la chose qu'il achète 
à Eon usage, et aussitol li jongleur sont quite por un ver de 
chanson '. 

Oo trouve diverses mentions de redevances non seu- 
lement bizarres, mais impo^^sibles : Quiconque osera 
contredire le roi sera tenu de fournir cent cygnes noirs 
et cent corbeaux blancs [G. Tilj Carpentier, I^ OLtO]. — 
Uuelquefûis aussi la redevance semble ôtre une mysti- 
Hcaiion pour celui qui la reçoit, Muralori cite !e texte 



K EstabîisBPraents tkz mesticra de Paris, par Eati**ntïc Boîleaiv 
pr^ï^oit <k^ Pari», MS. foniis dç Sorbopne, /** S04, col. 3» cbap. 
dti paage de Petit pont. 



198 GRENOUILLES. 

suivant [III, 187] : A Bologne, Temphytéose que conct- 
cJaieni les moines bénédictins de saint Procule payait, à 
litre de redevance, la fumée d'un chapon bouilli. C'est- 
iï-dire que chaque année, à un jour déterminé, Tem- 
phytéose s'approchait de la table de Tabbé, apportait k' 
É hspon dans Teau bouillante entre deux plats, et le dé- 
rouvrait de telle sorte que la fumée s'en échappât; cela 
fait, il emportait le plat, et il était quitte. — La rede- 
vance de TAsina curta semble du même genre; — l^dii 
Jmn réclamait dans toute détendue du bois d'Anioniar, 
pour le service de chaque jour, deux ânes et une ànesse n 
l'f quelle on avait coupé la queue *. 

// y avait à Roubaix, près Lille, une seigneurie du 
prince de Soubise, où les vassaux étaient obligés de venir à 
tiirtainjovrde Cannée faire la moue^ le visage tourné vers 
les fenêtres du château, et de battre les fossés pour empêcher 
hf bruit des grenouilles. — Devant le château du seigneur 
de LaxoUy près Nanci, se trouvait un marais que les pau- 
rres gens devaient battre la nuit des noces du seigneur, 
f'our empêcher les grenouilles de coasser. On les dispensa 
dit te service au commencement du seizième siècle, lorsque k 
duc de Lorraine épousa Renée de Rourbon. Le même usage 
i' notait à Montureux-sur-Saijne. Mémoires des anti- 
i[iiaires de France, 6, 128. G. 356. 

Lorsque Tabbé de Luxeuil séjournait dans saseigneu- 
r ie, les paysans battaient Tétang en chantant : 

Prt, prf, renotte, fid (paix, grenouille, paix). 
Vfxi M, l'attbe que Dieu gâ ! (garde). 

,.. L'homme de la maison devra alors préparer un lit 
jMmr Monseigneur, afin que sa Grâce Monseigneur de 
l'rum puisse y reposer. S'il ne peut reposer à cause du 
rnassement des grenouilles, il y a dans la paroisse, des 
f.'inis qui possèdent leurs biens et héritages sous cetle 

l, Carpentier, I, 32:j. 



nEDBVANCaS. — PAST DE CETENS. 



199 



fvncliUoo qu'ils doivent faire taire les greDouHlos, nfiu 

ne sia Grâce pu î^sfi reposer*— Le géographe* de la Wel- 

rav re dit, en parlant de Freiensenn ; « Ce village, prê- 

ndant h beaucoup de libertins a donné bien à faire à la 

lîgneurie. Les habitants assiire ni» en elTet^ que certain 

lïnpereur avait paisse la nuit danis leur village; i\ue le 

cassement des grenouilles oe lui permettant pas de 

ffiidarniir, les paysans s'étaient tous levés pour donner 

l chasse aux grenouilles, et que rEmpereur en rêcom- 

Qse leur avait accordé la liberté. G* 356. 

lAu nombre des obligations imposées comme redevan- 

ks se trouvait celle d*liéberger les chiens du seigneur, 

r est ce quon appelle le Beniagf'. ^ fircnmgc vaut quinze 

iUsd'avoim^ par an K — On raconte que Tabbé de 

Itirhart vint à Stuttgard se (daindre à Tavouô du cou- 

Ëût, Udalric de Wurtemt>erg : Je pensais, disalt-ÎL que 

! monastère du Murhart avait été fondé pour des reii- 

Kcux; je vois maintenant que c est un chenil à chiens; 

1 n'est plus possible à mes moines de chauler et de psal- 

Jîer^ lorsque des chiens aboient sans cesse- Tant 

l'ils resteront dans mon couvent, moi je demeurerai 

^t; le soigneur avoué me nourrira plus^ aisément que 

Ises chiens ^ — S'il arrive que le chien du Madame 

bbesse elle chien de la Seigneurie viennent à se que- 

eller pour leur pitance, on chassera le chien de la Sel- 

lïeurie, jusqu'à ce que le chien de Madame ait goûté 

tout; alors seulement on y laissera goûter le chien 

la Seigneurie (année tlGâ)- G. Zu^. 

Une espèce particulière de redevance est celle qu'on 

ityait aux juges ^ aux oftlciers du roi, aux hérauts et 

ergeals. Les trésoriers de France et généraux des 

Elances avaient le droit de busche et chantage, — Ce 

^i de buscke appajiknt ausù auw officicn de la cham- 



• l. Duc^înge, t, sub verbo Brena^'îiiin* 
' - L4uriére^ I, snti verbo l*a$t dechifn* 



200 ROSES, GANTS » ETC. 

ItTP des Comptés^ comme le droit de robbe de Pâques^ k 
âroit de Toussainl^ de roses ^ de harmc, de seî blanc, de 
verî^, d\^curie^ ei autreSy outre leurs gages \ — Le I "'^ maL 
sur la table fin roi, au bord de la forêt île Fonlxiine- 
bleaUj le maître des forêts recevoit les hommages et rede- 
vances ^fa" consfstaient en gdteaitXt jambons^ uiit, ete^ 

Quand les seigneurs investissoient et eîisaisinoient k$ 
acquéreurs de gitelqun fonds. Us se servoient toujoun éi 
gants qui restoient au sergent des seigneurs; et dans h 
xuite^ ces formalilez s'étant abolies^ les gants ont été dus 
au.r serge7its en argent , et ont fait partie des droit* s^i- 
gïifitiriaux. fJn d'antres lieux ^ les gants appartenofent aux 
seigneurs comme une redevance. Cette redevance a été ré- 
duite depuis en argent ^ et elle leur est encore due *. — 
Quant le comte de Flandres fait hommage, tes hérmdts et 
sergents à manche du roi, ont droit a sa robe, son cHaptau 
et bonnet j sa ceinture ^ sa bourse et son épée '- 

Le vassal noble donnait à son seigneur pour droit de 
reUef et de rachat une paire d'éperons dorés *- — Ihj^ 
plusieurs fiefs qui ont f'^té donnez à certains devoirs annuels^ 
ou à chacune mutation de seigneur ait de vassal , comme dt 
bailler par chacun an une hure de sanglier^ un esperv\€i\ 
un faucon, une couple de chiens, un chapelet de ro&fs, 
porter la buse h e au f^u de la veille de Noël de son seigneur 
feudal: de bailler un quintal de cire par an, comme à 
Véglise de Mascon, sous le nom de Clypœus cerœ, pour la 
seigneurie ou comté de Baulgey; ou bien soixante livr*^ 
d'huile d'olives par an pour faille le Chresme^ dont le do- 
maine de Mehun-sur-Eure est chargé envers rarchevéqne 
de ffourges, au lieu du devoir de foy et hommage : ou à la 
mutation, un cheval de sefmce, un destrier, un roncin, 
deux arçons de selle de cheval,, des armes, tirer la quin- 

1. Laurière, 1, 192. ^ 

2. Laurière, au mot Gant. 

3. Gudegherst, fo 285. 

4. Coutumes de Seulis, art. 154, et de Mantes, art. 103. 



REl>£v^^cES, 



Sni 



îi?, dire la chanson â la damt', et autreti ehosen pour fv> 

f^ ou pour prmlaùùn de fotj et servive feudai : comme 

nsi piusieurs fi*ifs^ nei^neurîe» et kêrîlagtfs ont été don*- 

à t£gltse en pure ni simple aurnâne^ à dimi service^ 

itères €t oj^aison, à la charge de ijuehpit\'i pains de chtipî- 

ùu dejallagÊsde vin par chacun an envers le s€i(jmurf 

tr reconnousance *, BouteilHer^ Somme rurale, éerU 

f certains fiefs doivent blancs gant s , blanche lance de re- 

fe/i selon les usages des lieux, et appert par la Coutume de 

2rn^ f/ii'aucuus nassaax dôiueni fer de lance ^ espar mer, 

itQur, gants et autres devoirs; phu.parle second livre 

i teneures, au seigneur e$t dû une paire de gants par an^ 

$d0s roses la feste saint Jean- Baptiste^, 

I Parfois la redevance est un baiser : Les chanoines de la 

pnie chapelle de Dijon étaient obligés d'aller tun après 

wuire bûûer la joue de la duchesse de Bourgogne^* 

I Un feuda taire, îwmmé Arnaud de Corbin, était tenu^ 

md le roi passait par Tuyosse, de raccompagner jusqu'à 

i€^bre indiqué. Il dcmit avoir tme charrette chargée de 

OtSf attelée de deux vaches sans queues, et quand ceéte 

hïture était parvenue à Varbre, y mettre le feu et la laisser 

ïterjusquà ce qtie les vaches pussent s'échapper *. 

I Charte de i:391 ; Octroyons audit d'Estoutemlk et à ses 

irs successeurs r/ull leur hisse avoir et tenir ces haies et 

ft, . » en nous païant unesayette peinte en vert et un bou~ 

In blanc. — Reg, de Louîa» duc d'Anjou et roi de Si- 

le, foL 73-81 : Le séagede Bossart^ en Anjou ^ estoit tenu 

î duc^ au devoir d'un bouson empenné d'une plume d'ai'^ 

tf ferré et coché d'argent aux deux bouts ^ â muance de 

jneur^ Jean de Sepeaux^ chevalier^ lient en fotj et hom~ 

I simple du duc d'Anjou la justice de Vielleviile^ au 



I. LAunère, Glas^alrOi I^ +16. 

S._LaurJùre, J, ai' 7. 
1.3, Mooteil^ quatorzième siècle, 
1 *♦ Carpentier, U, 779. 



20t2 REDEVANCES DIVERSES 

devoir (Tun bouson empenné de plume d'cûgle , encor- 
nouaillé d'argent, à nuance de seigneur *. 

Nul droit féodal n'a donné lieu à des dispositions 
plus bizarres, à des interprétations plus honteuses que 
le Maritagium, ou droit du seigneur de marier l'hérîtière 
ou de lui vendre l'autorisation de se choisir un époux. 
Ce droit fondé au moyen âge sur la nécessité d'assurer 
au seigneur un vassal fidèle et capable de servir le fief, 
n'apparaît dans l'antiquité que comme un caprice odieux 
de la tyrannie. — L'empereur Maximin, dit Lactance 
[De mortibus persecut., cap. 38], s'était fait une habi- 
tude de ne permettre à personne de se marier sans son 
autorisation, comme pour cueillir les prémices de toa^ 
les mariages. Il enlevait les filles de condition moyenne 
pour satisfaire au caprice du premier venu. Celles de 
condition plus élevée que l'on ne pouvait enlever, on 



i. Carpentier, verbo Bolzonus. — Autres redevances bizarres : 
le seigneur de Chourée est obligé^ lorsque 'la dame de Montreut^ 
Rellay va la première fois à Monireuil Beliay, de la descendre d* 
sa monture ou voiture, et de lui parler un plein sac de moufse <V 
lieux prives de sa chambre. Aveu de la terre de Montreuil BeUay. 
extrait des registres du Chàtelet de Paris. Pig. de la Fore, 
XII, 203. 

On nous dispensera de traduire le texte suivant, cité psr 
Ducange, II, p. 1224, sub verbo Bombus : -^ Vêtus cbarta homioii 
apud Cambdeuum in Britanniâ, et Spelmannum, de quodaiu Bal- 
dino, qui tenuit terras per serjanciain, pro quâ debuit facere dir* 
Natali Domini singulis annis coram domino rege unum saltum, 
unum suffletum, et unum bombulum. Id est, ut, idem Camd^Qus 
interpretatur, ut saltaret, buccas inOaret, et ventris crepîtom 
ederet. Spelmannus habet : Saltum, suf&um et pettnm. Atquc 
inde eidcm Baldino cognomen inditum le pettour. — Charta 
anni 1398 : Pro loco de Breuil in Burbon. ex Camerà comput. 
Paris. : Item in et super quâlibet uxore maritum suum verbe- 
rante unum tripodem. Item insuper quâlibet flliâ commuais sezûa 
videlicet viriles quoscumque cognoscente de novo in villà Mootis 
Lucii eveniente 4 den. aut unum bombum, sive valgariter pet^ 
super pontem de Castro Montis Lucii solvendum. 



MARTTAGICH. 203 

les demandaU iiomrae hônéfices et dons miliiaircs. El 

Ton ne pouvait reftiser cette demaûde appuyée de T Em- 
pereur, c'eût élé s'exposer à périr ou à prendre pour 
gendre je ne sais quel harbare. G. 43f>, Los Francs^ maî* 
Ire^ de !a Gaule^ paraissent en avoir souvent usé ainsi 
à l'égard des vaincus. Conslitulion de Clolaire ï (anno 
560) : Que pet^wnne n'ait l'audace de prétendre s'unir, 
en vertu de notre auiorltéj à une jeune fille ou à une veuve 
Mani^ tâur consentement. — Edit, de Glot. (anno 615); J\'ui 
lie doii prendre une femme de force j sou.h prétexte qu^il a 
notre consentement ; nul ne doU épouser Its filles ou les 
remues qui se sont faites religieuses. Ces exemples de vio- 
lence ne disparaissent point au moyen âge. Comme fjé- 
rardin de Roncouj^t escuier emtpkviepav mariage... çust 

empêtré une commission par vertu de laquelle main fut 

mise par deux sa-gens ù icelle demoiselle [année 1370 1 ^ 

Dans le droit féodalj la violence se régularise; ie sei- 
i^ïieur force sa vassale, vierge ou veuve, à contracter 
mariage ; il faut que son fief soit mrxï. 

Cornent fcme qui est semonse de baron ;mari_l prendre, 
cornent elle doit respondre : .., Se le seignor li die : Oame, 
il est voir gue vous devés service de voiis marier, etc. — ,.. 
Se ^eroit contre Dieu et contre raison ^ se Signor pour de- 
trere de se7~t^ice peust marier les femmes qui auroi^nt qua- 
tre-vingts ans ou quatre-vingt-dix ou cent, qui seraient si 
deschetœs comme se elles feusseni la moitié pories... — Elle 
doit le mariage à celui sans plus de qui elle t(>nt le fie gnr. 
elle désert de son cors ^. 

Se aucun des homes don sêignor espose feme qui tien fié 
dou seignor et s'en saisit dou fié, quel amende le seignor 
^n peut avoir, et cornent un des homes dou seignor It* peut 
appeller de foi mentie.., : Duquel fié la feme a meffait vers 
vous pour ce que elle s'est mariée sans vostre congiéj de 



!. Carpes t. I, 348. L&ttreu de remise. 1316 reg, 109. ch. 3^0, 
2* Aa^iBes de Jérus,, p* 163-5^ c* 243-1-3. 



204 MARITAGIDM* 

qrtioije dis que il a sa fol merUie vevB vousy et se il i>eaul U 
néer, je snis prest que je li prom de m&n cûts contre k 
sierij et que je le rende moî-f ou recréant en une onre dm 
iourfet vées ci mon gage. Et s*affenouiilc devant ie ni- 
gnorel H te ni son gage. — Quant îe seigtmrveaut semon- 
dre ou faire semondre^ si corn il doît^ feme de prendtt hé- 
ron, quant elle a et tient fié qtnlidoit service de cor&f on n 
damoiselle à qui le fié escheit que il li doit S€jn)i€€ de con^ 
il li doit offrir trois barons r el ttds que il soient ti lui afft- 
rans de parafe, ou à son autr*e baron, et la doit semonév 
de deus de sfis homes ou de plus, ou faire la semondre par 
trois de ses hofues Vmi en teuc de lui^ et deus c&m courir et 
eelui que il a estahli en son leuc à ce faire doit dire end : 
a Dame, je vous euffre de par monseignortel, et ies nome. 
trois durons tel et tel, et les nome, et vous semons de par 
monseignor que dedans tel jour, et motisse le jour ^ aiespnt 
tim des (rois barons que je vous ay î*améî,.**. et mci U 
die par trois fois ^. 

Si le vtLssa! noble n*a pas lîborté de mariage, le setl 
ne l'ii [His à plus forte raison. Quelquefois même» H e*t 
stipuié que lo serf alfranchi ne se mariera pas ; Labk 
et fabùaqe de Saint-Germain affranckisseni Nicolas et 
Odon, à cet te condition que s'ils se marient, ils reioumemnî 
à leur premier état de servitude (année 1262). CetU 
clause se retrouve fréquemment dans les titres de l'alt- 
baye de Sainl-Germain-des-Prés ^ 

Quand lo serf se marie et que son eonjoitit est de eoo* 
dition libre, la loi frappe celui-ci (Lex Bip. 58, 18); Si 
une ripuaire libre a suivi un ripuaire esclave, que te rùi 
ou le comte lui présente une épée et une quenouille. Si ell^ 
accepte répée^ quelle tue l'esclave; si la quenouille^ queU> 
reste serve. De môme dans Ja loisalique, — C'est undic- 
tèn féodal :— Si tu monies ma poule, tu deviens mOû 

1. Aastscfl de Jérusaleûi, c. S42-2i^, 

2, Archives du rûyaume, L. 



MAHITAGIIM. 



â05 



oq, — M^îû non libre, entraîne main libre* — En for- 

^ria^Cf fe pir^ emporte h' bon (G. 336). 

Le serf qui épousait une serve ne pouYait la prendre 

BG dans le domaine sur lequel il vivait luî-mème* à 

bins que son seigneur ne con.sentît à rendre à Tautre 

^igneur une serve de valeur égale. — Assises de Jéru- 

ilara : S^ aucun vilain de que que ce soi ( sg 7na?*ie avec 

orne d'autre (eu sans le eomviandmuni du stugnor de 

ivitaim^ le seignordou vilain à qui sera marié la viiaine 

m^€^ rendra au seignor de la vilaine une autre en 

kange à la vilaine j de tel âge par la connoissance de 

mnej( g^ns^ et se il ne trouve vilaine qui la vaille, il II 

mntra le meilfùr xnlain^ qu'il aura d'àqe de marier ; el 

^cUqui sera marié à la vilaine étrange meurt, k seignor 

vilain doit avoir son esckange &e la vilaine tome à 

premier siguor; et se la vilaine est allée en la terre 

\tau(re^ son seignor a pooir de prendre la^ et son seignor 

}metdi/ference, celuy qui f aura donnée la floit garant ir^ 

\ êê le seignor don vilain dit au seignor de la vilaiuf\ que 

est maHêe par son commandement f le seignor de la 

}^aine doit Jurer sur sains Évanqih*^ que elle fut mariée 

son commandement y et se il ne veut jnj'er^ le seignor 

pu vilain est quitte H nule redarne doit donner. 

^En France et eu Angleterre, les enfants qui naissaient 

fcises mariages, étaient (conibrmémnnl aux Kovelles) 

tagés entre les seigneurs » Le registre des Grands- 

Burs de Troyea porte : Abus aoons toujours accoutumé 

l partir au rog les enfants qui tssent de nos hommes et de 

femmes, qui se nteslent par tnai^iage aux hommes et 

? femmes le roy ^> 

Le serf paie le congé de mariage : — Pour le mariage, 

t ny aura qu*un écud*or ou une peau do bouc à payer; 

laii s'ils meurent, tout ce qu'il y aura de meilleur dans 

i meubles, servira à nos usages [anno 11C6]... ilem. 



Laiirîcré, T, 398. 



il 



!^ MARITAGICM. 

Hiomme qui ne sera pas possesseur rl'une manse, 
paiera à l'église, pour pouvoir contracter mariage^ un 
sûUdtis ou une peau de bouc (an no 12^4), — C'est ainsi 
qu'en Kussie ïe flancé serf est tenu de livrer au seigneur 
lie la future une martre noire- G- 330, — On appeUîL 
cette redevance Maritagiumi quand la future était de la 
môme famille j dans ic cas contraire, Forlsmaritagiam, 

Lu furme la plus choquante du Maritagium, était h 
Manpïctte (cazzagio, cuidge^ braconage)^ Bien uindiquf? 
au reste que ee droit honteux ail jamais été payé en 
nature,.,;— Notre avis est que ceux qui viennent célé- 
brer ici leurs noces doivent inviter le maire et s^u 
épouse. Le mairej de son côté, prêtera au futur un p^t 
où il puii^se facilement faire cuire une brebis; le maire 
amènera encore une voiture de bois, et Je jour des 
noces le maire et son épouse apporteront en outre U- 
(juartd'un ventre de laie (swînbachens ?) Quand lest^oïi- 
\ives se seTOnt retirés, le nouvel époux laissera coucher 
le maire avec sa femme, sinon il la rachètera pour cm} 
sclielliugs quatre pfennings. G, 3Si. 

Ce droit, a])pelé en Angleterre et en Ecosse Marquetta, 
se rachetait, dans ce dernier pays, par un certain nom- 
bre de vaches. Au dernier siècle, on payait encore â 
Ulva la Merchetamulierum** 

En France, les ecclésiastiques, comme seigneurs, per- 
l'cvaienl quelquefois ce droit bigarre. i/'«i' vu^ dans la cour 
de Bour(fes, devant le méfropùlftain ^ un procès d* appel oit 
le recteur ou cuvé de la paroisse prétendait que de vieilk 
date, il avait la première connaissance charnelle avec k 
fiancée ^ laquelle coutume avait été annulée et changée en 
amende. J'ai oui dire encore que quelque^^ seigncun gas- 
euns avaient droit la première nuit den noces de poser unt^ 
jambe nue au côté de la jeune épouse^ ou de transiger avtc 



1, ïtcgjam maicstatem, lib. 4, cap. M. — Braetcû, folio 2*.— 
Voyez aussi JotiQSODp Voyage aux Hébridei, p, 291. 



MABïTAGTFM* 3Ô7 

etix', — Un arrêt du 19 mars 1409, défend à Vévéqut; 
(CAmiens d'exiger une indemnité des personnes nouvel- 
lement mariées pour leur permettre de coucher avec 
leurs femmes la première^ seconde et troisièruc nuit àe 
leurs noces ^ il est dit: que chacun des habitants pourra 
couûher avec sa femme la première nuit de ses noces sans 
penntssion de tévéque *. 

Les ï^etgnenrs de Prelley et Pereanni, en Piémonl, 
jouissaient d'un pareil droit ; les vassaux ayant deman^lé 
en vain à s'en racheter, se révoltèrent cl se donnèrent k 
Amé Yl, comte de Savoie \ 

Les seigneurs consentirent généralement à convertir 
ce droit en prestations diverses. Un accord de ce genre 
fut conclu entre Guy de Châtillon, seigneur de la Fère, 
et la comnaunauté des habitants ^ — Comme sire rf^ 
MareuH ptiel el toit avoir drùit de braconage sur fillù ef 
fillette en médite seigneurie : si se marient^ et si ne If* s 
hracone, échent en deux solz enver ledite seigneurie ^^ 

Parfois aussi le droit se payait aux jeunes amis et 
compagnons du mari. — Litt. remiss. an. 1375, in 
reg. 108, Chartoph. reg* eh. 17â. Comme en ht mile de 
Jiillùnsur- Marne et ou pais d" environ, il suit acoustumé 
et de (on Tj temps, que un chajscun varlet, mais qu'il ne soit 
rferc ou nobles, quant il se ma^^ie, soil tenuz de pager nuj: 
autres eompagnons et variez à marier son Beejauw, 
appelle oudit pays Coullage^* 

Les seigneurs limousins percevaient aussi le droit de 
gendrage, calculé sur l'argent qu'apportaient les épour 
hrxqtf'iis allaient demeurer chez le beau-père, ou lorf^que 
h nouvel époux allait demeurer chez sa femme^, 

1- BoeriuR, Decia. m, n^ n. — Laun 11, iOO, vo Marquette. 
1 Laur-, 1, p* SOS. 

3- Laur,, ï. 307. 

4- Uur. IbnL 

>. Ùirpentiur, h 1228- 
6. Carpetitier, 1» 12*4- 
I Lanr J, 3*3. 



!208 METS DE HAEUGE. 

Un droit, moins odieux dans la forme, mais analogue 
dans le principe, c'est !o meis ou régal de nuirùî^e, 
Servin (Actions notables et plaidoyez, t, II, 166), men- 
tionne l'usage suivant do la seîgneurit^de Souloire, en 
Anjou : Son ser géant doil estre convié hulct joun {fjf 
aller avec deux chiens courant couplez et un leerkr, H 
que ce ser géant doit seoir devant la mariée au distiiret 
estre servi comme elle^ et lui dire la première chanson ^ iî 
que les mariez doivent dotmer à boire et à manger au 
chien et lévrier, G. 384. — Nous avons droit de mets de 
mariage.,,, lequel se doit apporter jitsqu au chasteau par 
Vespouse avec les joueurs d'inslruments. Ledit mets doit 
être composé d'un membre de mouton, deux poulets, deta 
quartes de vin vallants quatre pintes, quatre pains, quatre 
chandelles et du sel, le jour des espousailles, en peine de 
soixante sols parisis d'amende. Tel était l'usage des sei- 
gneuries de Caenchi, de Saulx et de Richebourg. 

Ft quand aucun se marie audit lieu, il est tenu, le jour 
de ses espousailles, nous aporter à nostre manoir de Gènes- 
ville ung plat de via^ide, deux pains et un pot de vin, les 
menestriers précédans, qui s'apelle le plat nuptial *. 

Le prêtre ou chapelain, après la célébration du mariage, 
aura ses plats, et il exigera, si besoin est publiquement, 
et sous peine d' excommunion *. — On rencontre encore 
cette redevance en 1615 : On doit au seigneur de la Boul- 
laie le régal de mariage, c^est^^dire que t époux est tenu, 
le jour des noces, de venir avec des musiciens offrir deux 
brocs de vin, deux pains et une épaule de mouton. Avant 
de se retirer, il doit sauter et danser *. 

Le droit de mariage payé, les mariés ne sont pas 
quittes. Le seigneur s'adjuge les enfants qui résultent 
du mariage, lors même que l'un des conjoints est de 
condition libre. 

1. In Chartul Gemmet. t. i, p. 52. 

2. Statuta eccles. Meldens. Aun. circit. 1346. 

3. Chart. de Ludov. de Ste-Maure, ann. 1613. Laur. II, 112. 



EXFANTS DU SERF. 



Wù 



Femme franrhe de i/onsei^werjr, marif'e à un serf^ 
l^uaire cnfanfs, donî deuj: sonl a Momeigneur, deuj: à la 

M*. — On lit dans un document de 8SI : Il eut dans 

onzième maison un certain artisan libre dont nous 
ïaaoooâ réponse et les enfants. G, 325. — Cependant 
le nomt>reuses exceptions sont faites à ce droit odieux* 
linsi dan^ certains pays, lo pu tué des jumeaux qu'en- 

ile une serve est tibre ; ailleurs, c*est le premicr-né. 
Llïomme né libre, devenu serf, [iOuvaiL alTrancliir 
m premier enfant* Souvent aussi c'est Taîné qui suit 

L condition présente de son père [années 1101 et 1134]- 
ïans te droit suédois, tous sont libres ; mnU dans Tan- 
Eien droit des Germains et dans celui des Ânglo-Saxonâ, 

renfant suit la pire main ^ » G. 3â4. 

Le droit d'hériter n'existe pour les gens de condition 

ervile que quand ils sont communs en biens. — Ce 

rOTt ne leur a été accordé, dit le jurisconsulte Coquille 

|Observ. sur la Coutume du Nivernoisj, qnc pour ininUr 

^€$ parsoniers dt's familles de milage à demeurer ememb le ^ 

rce que le ménage dm champs ne peut être exercé tfue 
Hr plusieurs personnes. Beaumanoir dit [chapitre XXI] : 
^ompaignie se fei selonc notre Coutume, pfjnr seuleîth'fii 
manoir* ensemble à un pain et à un pot un an el un jom% 
mlsque li mue^les de Cun et detauire sont meslez 

ternèle. De là les expressions : Être en pain cl pot, 
7ùri de pain et pol. 

Du moment que la communauté était dissoute ; les 

leigneurs rentraient dans leur droit d'hériter de leurs 

Berts. Aussi, établirent*ilsqu'eila Tétait, sitût qu'un des 

contractants vivait à pain séparé* De là ce proverbe : 

lUn parti, tout esi parti ^* et, le chanieau. (c'est-à-dire, le 

l* Archives du royaume [K, Villes et provinces] : Comptes du 
eomte dû Blûia et de Chartres* 

2. LaCouliime de Gttàlons suivait le principe coDlraire, daoslea 
llQariagei cPutie lïoble et d'un roturier : La truie anoùtU te pQur- 
au. Coutume de Cbàlom, art 2^ ctc, G* 31. 

II. 



210 C051MUWAUTÉ. — nÉRÎTAGE DU SERF. 

pain) part (sépare) le vilain, — Le feu, k sel tt k pain 
paiterit f homme morte-main, CouL. du comlùel Ju duché 
t!e Bourgogne, du Nivernais, de la Mai'che et de TAuver- 
jinie ^ — Dans la Coatuniede Mons, les mot^ : Mm hon 
de patn, Aors de celle (ce lia, maison paternelle), signifient 
émaucipaUoIl^ — Comme l'en fani en celle (eûpuissau^^e 
de père et mère), excluoit de leurs successions son fnf^ 
qui était hors de celle [émancipé], /es jfei^newrse.rcftaritf 
les mifanls horia de celle de la succession de leurB jiirc^K 



2, Voy. Lauriêre, U^ 111. 

3. Latrritnï, I, 208. 



SUITE DU CHAPITRE QUATRIÈME 



LE fERF. 



..- Un jour, quelqu'un des Grecs aux cuirasses d'ai- 
raÏDj t'enlevanl la lumière de la liberté, t'(» m mènera 
pleurante,,. Captive dans Ar go s, tu tisseras de la lotie 
pour une autre, ou tu porteras Teau de Messéide ou 
d'HypériCj hôlais! bien malgré toi; mais la nécessité pè- 
sera implacable. Et te voyant verser des larmcij, quel- 
qu'un dira peut-être : La voilà, la femme d'Hector ^ 

Ces vers de riliade donnent en quelque sorte la for- 
mule des sen^jtudes antiques. ?ïous voyons'de même 
Oambyse condamner la iïUe du dernier roi d'E^^pte i 
porler de Teau. Les Gabaonilcs de la Judée, les Brutiens 
de la Calabre, sont chargés de porter IVau cl de caujier 
ïe Ijois. Les Pelages de l'Altique furent employés à con- 
struire les murs de rAcropolis *, les Juifs à bâtir les 
pyramides d'Egypte. 

*.. Les Gabaonites, ayant appris comment Josué avait 
b"aïlé Jéricho, ils usèrent d'adresse 5 ils chargèrent leurs 
^nesde vieux sacs, d'outrés à rin rompues et recou- 
sues; ils prirent de vieux souliers, de vieux habits, des 
pains durs et rompus en morceaux^ et ils dirent : Voilà 



4* lUad. l. 

** Vojea Hérodote, 



212 SEHVAGE ANTIOLX. 

les pains que nous prîmes tout eliauds quand nous par- 
tîmes de ebez nous pour venir vous trouver, et mainte- 
nant ils sont tout secs, et se rompent, tant ils sont 
vieux. Ces outres étaient neuves quand nous les avons 
remplies de vin, et maintenant elles sont rompues; nos 
habits, nos souliers se sont usés dans un si long voyage, 
et ils ne valent pli^s rien. — Et Josué ayant pour eux 
des pensées de paix, fit alliance avec eux, il leur promit 
qu'on leur sauverait la vie : ce que les princes du peu- 
ple lui jurèrent aussi. Josué, s'étant plus tard aperçu de 
la ruse, appela les Gabaonites, et leur dit : Pourquoi 
nous avez-vous surpris par votre mensonge, disant : 
Nous demeurons bien loin de vous; puisqu'au contraire 
vous êtes au milieu de nous? C'est pour cela que vous 
serez sous la malédiction, et qu'il y aura toujours dans 
votre race des gens qui couperont le bois, et «qui porte- 
ront l'eau dans la maison de mon Dieu ^ 

Celui qui aura frappé son esclave ou sa servante d'une 
pierre ou d'une verge, de telle manière que le patient 
soit mort dans ses mains, sera coupable. S'il a survécu 
un jour ou deux, le maître ne sera pas soumis à la peine, 
car c'est son argent -. Si votre serviteui^ vous dit qu'il 
ne veut pas sortir parce qu'il vous aime, vous et votre 
maison, et qu'il trouve sop avantage à être avec vous, 
vous prendrez une alèue, et vous lui percerez l'oreille à 
la porte de votre maison et il vous servira pour jamais. 
Vous ferez de même à votre servante '. — Même dispo- 
sition dans la préface des lois d'Alfred. G. 339. On per- 
çait aussi l'oreille à l'esclave romain (aures perforât»); 
il avait le pied gypsatus. 

Le servage est un adoucissement du droit de vie et de 
mort que le vainqueur croit avoir acquis sur les captifs. 
S'ils ne sont pas tous massacrés, du moins on en immole 

1. Josué, IX, 12, i3, 45, 22, 23. 

2. Exôd. cap. 21, § 20, 21. 

3. Deutcron. cap. 15, 16, 17. 



CONDITION ÏÏD SEHF. 513 

quelques-uns aux dieux (Polyxène au tombeau iVkr 
chillc, etc.). Mêmes usages chez les Celtes et les Ger- 
mains ^ Les Gîmbres précipitèreot dans le Rhône tout 
ce qu'ils avaient pris dans le camp de Cépion ^. — Lor** 
que les Saxons, mettant à la voile (Sîdonius Apollinaire, 
liv. 8, ép. 6), arrachent Tancre de la terre ennemie, ils 
font, tel est leur rite barbare, ils font périr dans des 
tourments cruels le dixième des captifs^ et dans la foule 
dos victimes ils corrigent par réquîtô du sort llniquilô 
du trépas. 

Les Germains égorgeaîeifit ceux qui avaient lavé le 
char d'Hertha, lorsqu'après sa promenade annuelle, la 
déesse rentrait dans son île sacrée. Voyez aussi, à la fin 
de ce volume, les captifs immolés, les gladiateurs des 
jeux funèbres, etc. — Hannibal, descendant en Italie, 
fît combattre j en présence de son armée, des monta- 
gnards des Alpes, qu'il avait faits prisonniers, soit pour 
animer la valeur des siens par ce spectacle guerrier, soît 
pour en tirer un présage, une sorte de jiigemenl de 
Dieu. A Sparte, laciyptie, ou chasse aux hélotes, aurait 
étéj s'il n'y a sur ce point quelque méprise, une sorte 
de guerre annuelle entre les maîtres et les serfs qui 
cultivaient les campagnes ^ 11 est inutile de rappeler ici 
les caprices féroces de Tescl^vage romain, et les lam- 
proies dé Pollion engraissées de chair humaine. 

En Allemagne, le peuple a longtemps conservé ces 
locutions proverbiales ; Il est mien, je puis le bouillir 
ou le rôtir. — Nous lisons dans une Coutume allemande 
(année 133^) : S'il n'aime mieux mettre le serf aux fers, 
il peut le jeter sous un tonneau, placer dessus un fro- 
mage, une miche de pain et un pot d'eau, et le laisser 
ainsi jusqu'au troisième jour. G. 315, 

Le serf, comme nous Tavons vu, a souvent l'oreille 

I , Voyez les autontêg cUéea daps mon Hi?t. tle Fraacen 

2- Paul. Oroîft. V. IC. 

3, HeracL de Poïit. Phitarch, iu Lyciirgo. 



iU CONDITION m SERF. 

percée. Il porte les vêtements courts, étroits; le libn: 
les porte longs et larges* Le serf a la chevelure raseji 
noble et le libre la portent longue- G. 284, 330. Il te prit 
avec son fih, il tes enchaina et leur rasa la têtf*. Grtg. 
Tur.2, il. — Après une bataille de Tan 711 ^ on recorn 
nut, dit un chroniqueur, les cadavres des Golhs à leur; 
bagues; celles des nobles étaient d'or, celles des libi^ 
d'argent, celles des serfs de cui^Te. CapituL 5, ^7;fs 
271 : — Le$ serfs ne porleronl point de lances; s*il en 
est un que Ton rencontre hors le ban, qu on lui bri>* 
son arme sur le dos. — Le nom même du peuple ^erf e4 
un outrage, tel que le nom de Vendes, Windes, que p^ir- 
talent certaines tribus slaves soumises par les Aile- 
mands. Celui de Slave (slavat victoire?) désigne ihn 
presque tous les peuples modernes Tétai de sen^asc; 
c'est en italien Schiavo, Esclavo eu espagnol^ en fraJï- 
çais Esclave. G. 32^. 

Les empereurs saxons avaient déjà régné avec gloîn^ 
et néanmoins Fempereur Henri IV, de la maison *J^ 
Franconie, leur répétait que tous les Saxons étaieiilfJf' 
condition sei-vile et demandaient pourquoi ils ne vou- 
laient pas, comme leurs ancôtres, senir servilem^-ni 
(curserviliternon servirent). Lamb.^ anno 1073. G.^fâ. 

Quelles que soient ces rigueurs de Tesclavage, ]^ 
esclaves nés dans la famille en font eu quelque sorte 
partie. Le Verna des Romains prend part et ajoute au 
bien-être do la famille. Positosque vernas ditis exameo 
domùs, circà renidentes lares K — La première femme 
de Caton nourrissait son iiïs de son lait ; souvent même 
elle donnait le sein aux enfants de ses esclaves, aQo ^]ue, 
nourris du même lait, ils conçussent pour son fils uû*^ 
bienveillance naturelle '. 

Le mariage, ainsi qu'on Ta vu plus liant, peut êtr^^ 
comme la naissance, une cause de servitude, 

1. norat. EpoiK 

1. PUibrch. in Cat. c. XIIX. 



L'air rend serf, disait-on de cerLaîns pays; s'y établir, 
c'était se soumettre à la servitude. G, Ml : On appelait 
U ildrange, Wildflugel, Wildftiegel, fiaeh-stelzen (gibier 
sauvage, oiseau sauvage, volatile sauvage, hoche-queuc) 
les serfs que le seigneur acquérait de cette manière. 

Quelquefois la servitude était acceptée et consentie. 
Telle était celle des Dedititii de Rome, Tacite parJe 
[German.j c. 24) des Germains qui se jouent eux-mê- 
mes sur un coup de dé. On trouve au moyen âge de 
nombreux exemples de seniture volontaire. On se ren- 
dait serf de Téglise en plaçant sa tète sur Taulel (capuL 
attari impanere, Duc. I, 351), ou bien en mettant la 
télé sous la corde de la cloche. — Quelquefois le débi- 
teur se mettait en servage jusqu'au paiement (form, 
BignOR., p. 297) : J* ai placé voire bras sitr mon cou et 
par ia chevelure de ma tête f ai voulu me livrer, en ce ^ûm, 
^pt€ jusque ce que je puisse vous rendre votre argent jt!- 
suùirai votre service, Aimoin. 3, 4 : ci plaçant son ùras 
sur son cou^ il lui donna ainsi le signe de sa future domi- 
nation. — Autre cas remarquable; Thomme qui se livre 
a fait un vol : // est arrivé^ dit-il, que,., fai Itrisé voire 
grenier à blê^ que fen ai volé k froment et autre butin 
(raupam) pour la valeur de tani„. Vous, sur rCf vous 
TH arei fait traduire devant le comte que voie i^ et moi je ne 
puii en aucune manière nier le fait,,, il a donc été juge 
que,*, je devais en payer la composition^ c*est'd-dire tant de 
soiidi.,, mais comme je nai pas du tout ces solidi pour 
m^acquitter ; ceci m'a paru convenable (aptifieavit mihi) : 
Suit une formule de servage analogue à celle du débi- 
teur- 

Les noms du serf sont tirés, tantôt de Tdge, tantôt 
de Torigine du servage, tantôt des fonctions^ des rede- 
vances, etc. 

Le serf reste toujours, par rapport au maître, dans 
l'infériorité d'un enfant par rapport au père< Il ne vilhI- 
Ht pas; il est toujours Puer^ :t«tî, le garçon^ le varlct, 



216 NOMS DU SERF. 

etc. — Dans le nord, la FamiUa des serviteurs s'appelle 
Yarnadr (analogue au Verna des Latins ?). G, S^O. 

Quelquefois son nom indique un captif^ un prisonnier : 
Manucaptus, Mancipium. — Ou bien, c'est une tête 
d'homme : Mauahoupit» Sers de la tète, rendans ïv der- 
niers; les Danois tributaires sont ainsi désignés dans k 
vieux roman français d'Ogîer, G< 301. -- Le Stniscalcu^, 
sériffchai, est originairement !e plus ane^ :'n seirileur 
(servu:^ super duodecim vasso infrà domuui), le seni- 
leur qui commande à douze autres. Le Mariscalcuiï, 
maréchal^ a charge de douze chevaux. G, 30â. — Meier» 
Meiger, Majores, les principaux (d'où nos Maires du 
palais), ceux qui sont chargés de la snr^'eillance de la 
maisouj du patrimoine. — Les Villicl, Archiviilani, 
sont les premiers entre les gens de la Villa. 

Les paysans sont appelés cher nous manans^ levaris 
et coucham (levantes et cubantes) ; — ,,, Et s'il n'a au- 
cun seigneur lige, qu'il paie à celui sur le fief duquel il 
aura demeuré tevam et cuùans, la dimc de sa propriété 
mobilière. Bracton^ 1, 10^ § 3. Duc. IV, 13Î. Levant et 
COUCHANT est du quand les ôeœstes ou cateld'un esîrang^ 
sont vetiue en la terre d'un autre home et là ont remauié 
un certaine bone espace de temps, — On appelait encore 
les serfs, gem de corps^ de corsage, de main morte, etc. 

L'état intermédiaire entre rcsclave et le libre est ce- 
lui du LituSj Lidusj Lida, de la loi Salique et de celle 
desAlamans. — On lit dans un document français de 
135t (Ord. 4, 301) : Pour les nobtes Cù7ilre les las ou leurs 
su/jjis (sujets). Ces Liti semblent analogues aux L^lî^ 
Lcti, cest-à-dirc aux Germains qui s'étaient donnés aux 
Romains, et qui en avaient obtenu des terres à cultiver, 
sans doute sous condition de tribut et de ser\ice mili- 
taire, G. 300, 307. 

Les nuances intermédiaires entre la liberté et la ser- 
vitude se graduent à l'infini. Voyez dans Dueange et 
dans Grimm, les mots ColouuSj Barscalcus^ Mamâiona' 



- ArFR.'iNCHISSEMENT. 217 

ri US, AccoIEj Accolaberta, Ligius, etc* — Gens mfuo/er 
qui n^ûvaknt menaige, feu ne Heu *, — On Irouve dans les 
lois d'Henri l"% roi d'Angleterre, mciiliûiides Acephali 
{fcîaiis têto), gens qui n'ont ni roi, ni baron, ni église, ni 
seigneur, gens si pauvres qu'ils n'ont pas de terre pour 
laquelle aucun seigneur [misse lejs reconnaître pour des 
tètes à soi (?). Duc. I, 92, Voyez [iluslmut le Wildfang, 
et plus bas, le Wargr, Wargus, UutlaWj Ex-lex» 

L'homme bienveillant, dit lu loi indit;nne, qui voudra 
affranchir un esclave^ prendra un vase d'eau de dessus 
ses épaules, et Je mettra immédiatement en pièces. Il 
lui versera sur la lèle de Teau où se trouveront des 
tleurs et du riz, l'appellera trois fois libre; cela fait, le 
maître le renverra le visage tourné vers Test, Dès ce 
moment on l'appellera Thomme chéri de son niaitre. i>ii 
pourra manger de son manger, accepter ses dans, et il 
sera considérii parmi les honnêtes gens-. 

Chez les Hébreux, les règles de laflranehissement ne 
sont pas moins humaines. D'abord, en principe, point 
d'esclavage perpétuel. L'esclave aiîranchi ne se retire 
pas les mains vides : — Vous compterez sept semaines 
d'années, c'esl-à-dirc sept fois sept, (jui font en loiit 
quarante-neuf ans j et au dixième jour du septième mois, 
qui est le temps de la fête des expiations, vous ferez 
sonner du cor dans toute votre terre. Vous sanctifierez 
la cinquantième année, et vous proclamerez liberté gé- 

1, Curpentîer, î» 91-6, 1400, reg, 135. Très, des ch. 1, 29. 

S. DJg. of UiLjdu liiw. Il, 248, â5S, Slfi. — Le maître qui ïaisrfu 
sur ta route nï\ serviteur rendu de iasâitude ou nitiliidc, et qui ne 
le fait pas soigiKT dans un village pour trois Jours, doit payer 
amende, — L'homme qui traite t;n esclave la nourrice d\ia en- 
fant oa uae femme libre ou Ui feiutne diîu de ^es gens^ encourt 
11 uc première amendas — Celui qui tentti de vendre une esclavt* 
souniLseT et sans qu il euit contraint à cette vente par le feeHoiu 
et la tiécei^sii6 de âiibsister, doit payer une amende de deux ceala 
panafl. Dt^t^i of Hîndu law, II, -À^%. 

49 



218 .\KKKAN":ïll:5St:>ïliST. 

néralc à tous les habitants du pays, parce que c'est l'an- 
née du Jubilé. Tout homme rentrera dans le bien qu'il 
possédait, et chacun retournera à sa première famille ^ 
Lorsque votre frère ou votre sœur, Hébreu d'origint\ 
vous ayant été vendu, vous aura servi six ans, vous les 
renverrez libres la septième année; et vous ne laisserez 
pas aller les mains vides celui à qui vous donnerez )a 
liberté; mais vous lui donnerez, pour subsister dan.^ile 
chemin, quelque chose devos troupeaux, de votre granire 
et de votre pressoir, comme des biens que vous avez 
reçus par la bénédiction du Seigneur votre Dieu. — 
Souvenez-vous que vous avez été esclave vous-même 
dans rÉgypte, et que le Seigneur votre Dieu vous a rais 
en liberté : c'est pour cela que je vous ordonne ceci 
maintenant. — Que si votre serviteur vous dit qu'il ne 
veut pas sortir parce qu'il vous aime, vous et votre mai- 
son, et qu'il trouve son avantage à être avec vous, vou> 
I)rendrez une alêne et vous lui percerez l'oreille à h 
porte de votre maison, et il vous servira pourjamai>. 
Vous ferez de môme à votre servante '. — Si vous ache- 
tez un esclave hébreu, il vous servira durant six ans; à 
la septième année il sortira libre sans vous rien donner. 
Il s'en ira de chez vous avec le même habit qu'il y esi 
entré ; et s'il avait une femme, elle sortira aussi avec 
lui. Mais si son maître lui en fait épouser une dont i- 
ait eu des fils et des fdles, sa femme et ses enfants 
seront à son maître, et pour lui il sortira avec son habit. 
— Que si l'enfant dit : J'aime mon maître, et ma femme 
et mes enfants ; je ne veux point sortir pour être libns 
son maître le présentera devant les dieux, et ensuite 
l'ayant fait approcher des poteaux de la porte, il lui per- 
cera l'oreille avec une alêne, et il demeurera son esclave 
pour jamais 'K 

1. Lévit. c. XXV, §8, 9, 10. 

2. Deutéronome, c. 15, § 12-17. 

3. Exod. c. XXI, § 2. 



ArnuNClllSiîEMK>T. ^1% 

L'esclave t'itait tlii; scïon FcsUïï*, manumiujimj lorsrjiic 
son maikep tenant la UHe ou un membre de rcscinvo 
dirait : Je veux qtie cet homme soH liîïre, et qu'il le 
renvoyait (e manui lîc la main. G, ÎJ3I, A ces mots : Je 
veux qu'il noii iiàrêt on ajoutait volontiers : et qhU ai lie 
où il vfntdr/i. C'était aussi la formule des Franes (BalTiz, 
II, 46G) et des Lombards. Rn cousi^^quence, rafrrunchis- 
semenl avait lieu souvent Aur quatre chemws, dans uu 
carrefour; s'il avait lieu dans une maison, on laissait lerf 
portes ouvertes. 

II y avait un autre mode d'atTraucliissemont, qui rap- 
pelle les formes de l'adoption : Celui qui veut par han- 
trada (tradition par la main) renvoyer un homme Ubrt}, 
do il ^ lu i do uz iè m e , du n a u u lieu t -êp u lé saint, le re ï i v ot/e } ' 
libre de la douzième main (CajùtuL, anuo 81îi), Ce qui 
iïigaific (fii'il devait passer par douîe mains, celles des 
témoins et du mai Ire. G* Sôt, — Dans le Nord, on pla- 
çait le serf sur uti coflVe pour ralïrancliir. En Norwège, 
l'aiTraiiotn devait faire (iréparer un bampiet solennel; on 
y tuait un bélier; un homme libre coupait la tète, et le 
patron la recevait. G* î^ilS. — LVaiïraiichissement se 
Taisait encore par une pièce de monnaie (comme signe 
d*achat ou de vente) : — IVous avons affrunthi un serf à 
noits appartiinunL du nom d^Albtrî^ en lift faisant stmler 
de n tre propre m ain , se lo n ta lo i sa lifftte, un deu !> ï ^ 
placé dans la sienne ^ et t avons ainsi df^fir de (ont lien de 
sert)Uude. Duc. 4, 470 (année %my G. 180 \ 

Dans les symboles qui |)récèdeut, ou a vu TalTrauebi 
devenir homme et libre. MaiiiteTiaut, on va on faire un 
guerrier : ^ — Si quelqu'un veut rendre son serf libre, 



1. Ul monnaie p&ralt eacore d&ua xitut autr^ oecasioa; c'est en 
jetant une pièce dor que Ici auabaptbtcs envoyc^a c oui me 
«ipdtrejt par Jr-iiii lîe Lcyd*.* prot^^'îtf^nl i^Jijlrf* rmcr^iîulj*!- de 
rf^ux qui Its (îîcoutiu^ut . Michèle t, M'\n, do Luther, lll, 38, — 
La monnaie figure de même dan» la renoacUlioa à l*huiu- 
tuftge. 



qu1l le livre en pleine assemblée et dç la niaîn droite au 
vicomte; qu'il le d^^clare quitte du joug de son senasç^- 
par le renvoi de la main; qu'il lui montre les voie:: -: 
les portes ouvertes devant lui, et qu'il lui remette le^ 
armes des libres, c'est-à-dire la lance et Tépée ; ainsi 
devient-il un homme libre. Leg. Guilielmi, cap. Gi. G. 
332. Chez les Lombards, le symbole était une flèche. 
G. 161. — Le serf ingrat pouvait être rendu à l'escla- 
vage. Il déposait Tépée et s'inclinait en signe de servi- 
tude. 

La prescription (de l'an et jour, par exemple) était 
souvent pour le fugitif un moyen d'affranchissement. 
Ch. Ottonis IV (anno 1209). G. 337. — L'homme dont 
on va parler, le pauvre homme, sort de l'état de demi- 
servage, lorsqu'il part de la terre du seigneur, et que le 
soleil qui se lève ensuite le retrouve libre avant qu'on 
l'ait atteint; ou bien encore, lorsqu'il ne peut plus sub- 
sister, et que le seigneur lui permet de se retirer 
ailleurs. Cet adoucissement au servage semble particu- 
lier à TAllemagne : — ... Ils établissent aussi en droit que, 
s'il se présente un homme de Schaffheim, demandant à 
entrer dans la cour (du seigneur), un schultheiss (maire) 
devra prendre avec lui deux membres du tribunal de 
SchafTheim, et accueillir le pauvre homme avec uu 
demi-quart de vin: puis, avertir sur-le-champ le sei- 
gneur auquel il est échappé, et il hébergera cet homme 
pendant la nuit. Si alors, le seigneur ou quelqu'un de 
ses gens vient le matin, avant le lever du soleil, le récla- 
mer, qu'on le lui rende; mais s'il n'est point réclamé 
avant que le soleil n'ait paru sur lui, alors il n'est plus 
au seigneur, et c'est justice ; il est homme delà cour, 
comme les autres. G. 945. De même, si un pauvre 
homme, placé sous la juridiction de notre très honoré 
seigneur, ne pouvait plus subsister, et qu'il voulût émi- 
grer ; s'il arrivait ensuite que notre très honoré seigneur 
rencontrât ce même pauvre homme, que ce pauvre 



DROIT r/ÉMîOBEn, 



m 



mme ne put plus avancer, notre très honoré soi- 

leur devra alors quitter la selle, descenrire d'un étner, 

ieurer sur Taulre et aider cet homme de telle sorte^ 

k'il puisse avancer jusqn'oii il trouvera â vivre. — 

ï'il est si durement charjLçé qu'il ne puisse avancer, 

que le prévôt collecteur avec son valet vienno k le 

tocoDlrer^ le valet devra deï^cendre et l'aidera avancer j 

^le secours du valet ne suffit pas, ce sera au pn-vôt 

Ime à descendre; laissant uti pied dans i'élrîer,il Tai- 

Ira de Taulre, et dira ; Pars, puisses-tu être assez 

lureuxpour revenir en voiture! 

[•,,, On devra souiïrir aii?*si dans cette juridiction un 

ivre homme étabîi sur son bien, pourvu cjull ait 

BE de plane pour se tenir sous une baignoire (bads- 

kildj bouclier oii l'on se baigne). S'il arrivait ensuite 

|*U ne pût plus s'y tenir, qu'il chargeât sur une char- 

tte lojit son avoir, qu'il se mit en roule, qu*iï fût 

Hé, et que nos seigneurs vinssent à le rencontrer, ils 

ront lui porter aide, afin qu'il puisse avancer, et se 

Eiurrir lui et ses enfants* G* 34&-3i7. 

Le centenier, frappant trois fois sur sa lance» 
le: Écoute! écoute î écoute! S'il y a dans cette libre 
ridiclion quelque homme qui ne puisse m sy 
irrir ni s'y entretenir, qu il paie d'abord mon 
ieieu3[ seigneur Télectetir, puis la sainte Kglise 
ta commune, et il éteindra son feu à la In- 
sère du soîeih S'il advenait ensuite que ie pauvre 
Imme eiit chargt5 son petit avoir» (ju'il arrivai dans une 
liïie ou une ville, et que mon gracicus princc-ôlecleur 
%i à passer à cheval, deux de ses serviteurs devront 
^scendro et aider le pauvre homme en poussant la roue 
derrière. Ce raisant, mon gracieux prince-(J lecteur 
ira fait son devtnr et le pauvre homme le sien. Mais 
, ce pauvre tiomme ne peut pas mieux se nourrir au 
m où il s'est retiré, et qu'il ait intention de revenir 
lui la même juridiction, on devra le laisser rentrer. 



lui 1^11(1 an t part i\ k culLnre, à Timiiôt et à la terre, 
telle qu'il Teul airjtaravîiut, G. 84^, — S'il arrivail qoe 
quelqu'un pas-iAL la J)icz et la Suize, el qu'il vouhil se 
retirer dans la principauté de uolre graeieux setgnear 
et prince ^le Hesse, et qu'il m IrouvAt arrêtai daus Vtm 
de la biei ou de la Sulze, ce sera h ecux 4p Nassau à lui 
porter aide^ mais si quelqu'un voulait passer de la prin- 
cipauté de notre gracieux seipneur el [irince de Hess^ 
daos le pays de Nassau, ce sera à ceux du Langraviit 
de Hesse à lui donner aide. Les gens du pays qu'il vcat 
quitter doivent Taider k gagner la rive opposée. G. 3i7. 
De plus, c'est leur avis : si un pauvre lionime venait 
'loman<ler accours à sa Grâce» et tpie sa tîrAce ne vouliil 
[las le accourir, le pauvre homme pourrait ^e retirer chci 
un antre seigneur qui pùL l'aider. Si le même homme 
s'en va^ qu*il demeure embourbé sur la rontc^ et que sa 
GrAce le roncontrej elle doit descendre de cheval, elle 
ou SCS gens, et l'aidera se tirer de là; le pauvre homme 
ne sera pour cela regardé comme un homme sans fol 
ni honneur* G, 9-15, 

S'il arrivait queqnelqn'un eiU Tinïention de ne plu?; 
demeurer ni sépmruerdans notre libre jundiclinn, quil 
possédât ee[»endantmaiHon et héritage dans celte même 
juridiction, il pouï-i'a les vendre moyennant le quatrième 
pienningj que l'acheteur devra nous laisser à nous et à 
nos héritiers; il devra aller ensuite, en compagnie du 
maire eldesjages, vers la croix de la libre juridiction, et 
y dire ou verte mc^nt : Messe igné urs, Dieu vous béuiss**! 
je veux partir. Les juges doivent alors prononcer, en 
appelant cet homme par son uom, ces trois roots ; 11 
veut partir! S'il advenait alors que quelqu'un rinler- 
pell&t pour une dette, une caution ou autre atlaire, il 
serait tenu de demeurer jusqu'à ce qu'il se tnt acquitté. 
Cela fait, il lui b;era loisible de partir en plein jour, 
d'emmener son bien, el, s'il y a nécessité, la justice 
l'accompagnera au delàm(^me du ressort. Mais quicoch 



hiiuit u ÈiviriiiïKJt. 



223 



|iie se rctirora d'iinn autre manière doil., s'il est naisî, 
1011:5 èlre dévolu t'orpsct bion. G. 287. 

Dans riuelf|iJ6ï^ rontréeîs, l'iMiiiKi^ritiMU iie fjouvait so 
lire que ser^ un lieu ckHermiué. — Il n^^ne à OUéii- 
leim, SMr rriiïigimtion^ un usage ancien, et que iiûs 
ktti'ôlres ont loujourâ ohscnu : Quiconque voulait 
|uitler (Kleiiheim devait se diriger vers Scliutter ou 
rersLarcj et ver* quelque côté qu*il se rctinU, it devait 
^erviv une année enlrère le môme seigneur, el lui 
lemeurer attaché pendant ce temps, et il devait égale- 
lent, petjdnnl l'an et jour, éviter le resi^ortel juridiction 
rOUenlièiin avâiït le lever et apr<^s le couclier du soleil* 
318, — Loi de« Drefiouë d'Irlande : (juand le 
^nyiîan quitte son chef, il dit : Je demande ma liberté et 
bétail que J'ai donné pour avoir protection. M ne 
lîltera pas la terre du chef jusqu'à ce qu'il 5>oit salis- 
lit \ 
J'ai parié ailleurs do Tasile ([ue le î^ert' friinçais Irou- 
îit daiiîï le*s villes, et des ordonnances par Ic^^quelles 
los rois arrêtèrent la po|>ulatiûii ile^i campagnes qui s'y 
prait réfugiée tout entière, eoumie il étail g*iuéralemenl 
irrivé dant^ nue ^^raude |*arlie du unuide romaiiu Mais 
rett»^ [ïarlîe de notre vieux droit ne ]*résente, ([ueje 
^ache. aucun symbole, aucune formule remarquable* 



I. Colloct. t!t' vvhm Mlb. lît, \hK 



LIVRK IV 

GUERRF. PHOCÉDUHE. PÉNALITÉ. 



CHAPITRE PREMIER 

nÉFJ, — SOSIMATION- ^ CONVOCATION, 



Lorsque le Vieux de la moulagne, le chef des Assas* 

eins, Jit fleniandop à saint Louis de l'exempter du Iribuî 
qu'il payail aux liospita!iers€taux templiers, son envoyé 
devait prt5setiler au roi, en cas de refus^ trois poignarda 
et un linceul ^ 

Pour dtSt'Iaralîon de guerre/le fécial romain lançait 
sur le territoire cnacrai un javelot durci au feu et en- 
sanglanté ^ 

r DfirîAr^ Vnmirnl^ avait un /jmhder bien atnumé qui tenaît 
h-tîiiicoitiîfiititen son poinff^ dont Vun tntrùii ou mnjtche de Vuntr^: 
pour (*e que îc l'ami} at eusi éié reftts^, il eusl présenté au t^^ c^a 
trois CQuUmis pour le deffîer. Dnri*^re cçU qui lenait les troîA ùou^ 
îiaus, avoil un autre qui i^naii un bougueran (pièce de toile de 
colon) eniori^ilié enlour son bra.^, que il eust au.^si pré^ênié au rrj^ 
pour ii ensevelir ^ se il eust r/^fti^f^e la rrqueste au Vieil de la mon- 
tagne, Join ville, Édit. de !7GU p. 9,1, — Dans les deraièivi 
aoiif^t!9, un clief ïi^griï dtîs côLea d'Afrique envoya à un chef mi 
cercueil pour fi;^tjrer drclaration de guerre. M, Èd* Corbière y 
NiL^grrier, t. IVj jL^farantil ce fait comme authentique. 

î. Lea CarlîmgiiioiH rcfuaant aatisfactioo aux Uomains. Quintu^ 
P'abiuîï, l'un àû^ ambaaaadeur^, releva un pan de sa ti>ge et dit: 



Loraqu'en lâSi, les Pisans vinrent jusqu'à Gènes 
provoquer les Génois au combal, \h lancèrent dants le 
port des flèches d'argent ', — En Transylvanie, on pré- 
sentait, en signe de défi, une épiïe sanglante- 

Au moyen Age, fa loi règle elle-môme les formalités 
du défi. Formule lombarde : — PiorrCj Martin te fait un 
appel parce qu'il a la pensée que tu as honteusement 
vécu et convergé avec Aida son épouse. Je veux, dit Mar- 
tin, essayer (adardirc) avec lui. Entrez en combat (va- 
diate pugnam)- Assise de Jérusalem, cb* 65 : £l le qmt- 
rent que Von iikve^ sicom esl di( ci-dessus, comme espar hu\ 
doit respondre mainienanl à celui qui ensi te lime : 7\i 
mens^et je suif presl, que jù fnen (ttea nf c {quQ je prouve 
iDa loyauté) contre loy et défende lit on cors contre k*lhtu 
JEt se le quarenl, qui est ensi levé et toviié, corn est avant 
ditt ne s'en aleauîe, si corn est dessus devise, il y a tou- 
jours perdue vois si i^espons en court ^ et sera tenu à fam 
et desloiau toute sa vie^. 

Artois, roi d'armes de Bourgogne^ ayant vainement prié 
ceux qui g ar dotent la pot* le Saint-Anloine de recevoir /^^ 
lettres du duc de Bowgofjne^ bouta les dites lettres en un 
bâton fenduj lequel il ficha en terre et les laissa ". 

Je voua apporte ici la paix et la gu'*rre; choi^isne^. — Chdsîs^cî! 
Touvmèîue^ cri ère ut Iqa Carihii>rinois. *- Je vons JoQiie la f^Mieire, 
dît- Ut et il laissa rctouaber sa ti>f{e. — Il semble que io romaD de 
Oana h Loherain ait conservé ce aoa venir classique. 

!l priit deus pans del pfHon Aermin, 
Envers lUrUrl tes run et jftti^ 
Puis li a dit^ Giùert, je vos d*^ffi. 

Voyez dane rodyasfie Tare tîUlysse que personne ne peut 
tendre, dans Hérodote l'arc du rui d'Élhiopie, et ïe prôsnuL 
menaçant dos Scythos à Darius : dnq ûtthesi une souris et une 
grenoatij(î, 

1, Giovanî Villani, apnd Muratori, XIII, 294. 

2, Assîmes de Ji.^ruBakn], c. 45, 

3, Monstrelet, Hl, ILS» voyez aussi iefèvro de Saînt-Remy, 
p. 55. 

13. 



L*' Aire de Sn^^rac envof/a au sif^ d'Arpftjon UiWes dt 
ficffiftnrt* pnyùeH par A^ /^ C, c'^^t â sr/jooir qit\^Uei 
f^faknt fktiies desms et des^^ons rtmif^ feiiiHf d^, papier H 
au mifkn éiaimt les dites lettrea pannrj (demi) roupe^t 
contrnant def fiances. [Année 14^5 '.] 

/.c duc de /iom'ffOf/ne fit puffiier par tous les payit la 
gnt^rre contre tes Llégtiois: ; et ceut.v gui fmaieni If'S dicter 
putflîcations, en icelie publiant^ tenaient m une main w/*e 
éjff'-e foule ntt fi. f^i en Vautre une torrhe n/ntn^e qui signi^ 
fiait /jiierrft de feu H de sang. [Anni^o 1407 ^-] 

Ouelt]uefois celui qui défie et menace montre sa co^ 
ière eu mordant son tloîgl, comme s'il voulait broyer 
son ennemi : — Robert, dnc deCalabre, faisant un jour 
une reconnaissance près d'un château qu'il altarjuait, 
faillit rHre lue par les assiégés; il se mordit le doigt en 
signe de menace^. 

Les bourgeois de Genève rofus^renl en 1519 de rece- 
voir dans leurs murs le due de Savoie ; l^^ kérauit d^ar- 
nifiis de ce prince revêtit sa coUe d'armes et dit : Je r&'is 
déclare reheîles ù voire prince, a feu et à snng^ et peur 
Piarquf^ de cdfi.jnvom jette cette haguette ; qui ta roudra 
lever la lêoe^! — Les clicvaliers, comme on sait^ 
jetaient, leurs fîants en signe de défi. 

Le i\éii doit être fait en présence de témoins. // t^s/ 
mes lier de prouver la def^aneke^ pour soi OJiter de k 
traison ^ 

Le droit romain, qui substitue partout l'action froide 
el régulière de la loi aux passions individuelles, a con- 
servé cependant une espèce de déli juridique dans la 
dénonciation de Nouvel œuvre par le jet d'une pierre- 



1. Petitot, Vlïlf Hé, Aliîui. conrrntanl la PuceUe. 

2. Jean âc Trayi^fi, :Uoin. Xill, ^60. 

3. Infe^sura apiîd Eccard, II, l%û. Voy, imasi danâ Roméo et 
Juliette. 

4. Spnn, Uist. de (tôDÙvi^ 1, U8, 

5. BeûumaLioJrf p, ?0K 



.KVVrh AUX ARMES. 227 

Le texte du Code se trouve développé d'imn manière re- 
mar(|uable dans une charte du midi de ta France : — Il 
dénonça tionc nouoi œtwrû aav Carmf^s; et gh signe de 
Ces d^noncmlions fti pi\f klbi lions ^ h susdti seu^mrHf recli'ur 
ou son mçaire jetant incontinent itne petiic pl^.rre en cet 
endroit a dît : Je vous d^Uionce nouvel miuyrn. Lu même 
JpJant un^ seconde petite pierre t II a dit : Je von.^ dénonce 
nouvel œuvre. Jetant encore une troiuêmû peine pierre , 
il a dit : Je mus dMoncû nnuvel œuvre, et je fais df^fen&êà 
rous, susdits Carmes, et à qui que ce soit d^mlre vou^.^. 
iiniant qt*e légitimement je. h puis et le dois... déplus à 
r avenir coiisiritlrc ou bâtir dans ledit hospice ^ 

Le défi porté et reçu, les parties se rassemblent et se 
préparent; c*Cî^E lappel aux armes : — Quand un chef 
des montagnards d'Ecosse recevait une injure ou une 
provocation^ ou bien encore 8*il craignait une invasion 
du territoire, il faisait une croix de bois léger dont il 
passait Jed bouts au feu, puis il réteigualt dans le sang 
d'un animal ((ruue clièvre ordinal remetd); il donnait 
celte cfoix h un messager rapide et (idole. Celui-ci cou- 
rait au bonrg le pins proche, et remettait la croix au 
premier frère de Clan, lui indiquant le rendez-von^; le 
ficcond courait au prochain villa ^a^ ; partout môme ponc- 
tualité, mêmes paroles. La croix voyageait ainsi avec 
une incroyable rajddité. La mort frappait ceux ijui ne 
se conformaient pas à la sommation. Kn 1745, le crann- 
tair on crostair, comme on l'appelait, traversa le 
vaste district de Breadalbane, plus de trenle mîHes, en 
trois heures, Armslrong, Gaëlic dictionary, [H±7k G, 164, 
— Quand l'ennemi menace, un bâton à troi^ branches 
(trjpalmatus) estenvoy^^ à tel bonrg on village... afin que 
sous trois, quatre on huit jours, nu homme ou deux, ou 
trois, ou même tous... prenant arme^^ et vivres pour dix 

t. Chartâ ûccUaniciv, aonoc 1Û17, Uncang:*;, IV. 



5â8 CONVOCATION* 

OU viDgl jotirri, SOUS peine dp voir brùîer leurs maisons. 
sre rendent san.s relard dans la plaine ou la vallée. Olaus 
inagnns, îib, 7, Ibid, 

En Hongrie, un homme à t-heval armé de loules pièces 
cl ii[] homme à pied tenant nnc 6péc ensanglantée par- 
couraient le pays en poossanl le cri de guerre , selon 
l'ancien uâag(> transylvain *. — Dans le Nord, en cas de 
guerrt: iinnîineute, on envoyait à chaque liomme une 
fl4'':'die de bois, ayant i apparence d'une Hèrliede fer, G. 
10:2, d'aprèià Saso gram maliens, — En Suisse, lorsque 
le danger éiail imminent, on enfonçait renseigne dans 
un puiti?, et l'on jurait de ne pas retourner, que len- 
ncmi ne Mt ballu ou que l'enseigne n'eût séché à i air. 
G. 16J. 

Quand la société est menacée^ non par un ennemi 
étranger, mais par le crime d'un de ses membres, on 
voile de même l'enseigne nationale : — Lorsqu'un 
homme est traduit en jugement pour un crime, le porte- 
enseigne devra rouler rent^eigue, en enroncer la pointe 
en terre, et ne la déployer qu'après le prononcé de la 
sentence. G. ihîd. 

En Frise et en Suisse on convoquait le peuple par feu 
pt pfiilk. G. 195. — Es marches de Scotland en la fron- 
tière d'Angleterre sont fiefs tenus par cornage pour aver- 
tir à cor et à cri puhïic le pays que les Écossais ou 
autres ennemis viennent ou veulent entrer en Angle- 
terre ^ — Ancienne coutume de Bretagne : Tous ef foutr% 
dhïl/et'ni nlltr an cnj commune ment , quand cry de feu m* 
tff' menrlre oynU^ ei aider au hesoln ', — Dans nos pro- 



!- Rroheî, lli^Loire rie MfirliiinstuFs, p, 324. 

2- L-itinère, L Voy. ans»i Hoiiard, losti tûtes de LitlleConf L L 
VI, 179. 

3. La^ir.. \\, 4. — Lorsqu»; îa Gauly entière se leva coatre 
Cé^ar, !(■ fif]Hai parti ds Genaf/um fui répété pnr dex crû à irarfrt 
les champ'ç fi Uft rv/to^w, t;t parvint le Aoir même à ceni citiqîtunif 
millejches ks Ai*vernes. Utsar. BelL gall,^ VU| 3. 



SOMMATION. 229 

vînces niéridionalcî!i, It* mot lia fora désignait le cri par 
leqiïcl io plaignant, le juiu^e ou ïe témoin du crimo» appc- 
îait la commune. En Catalogne, quand ce cri est fait 
sur les terres du roi, on sonne les cloches; sur les lerrcs 
fies baronj?, on sonne le cor, — En Normandie et dans 
le nord de la France, le cri s'appelait e/ampurV^ hnnK 

En Allenia^e, jusqu'aux derniers temps, on convo- 
quait les juges et jurés en faisant circuler un marteau 
ou batlant de porte : — A Lindenthal en Saxe, le \\^^^y 
fait lenir ce marleau h. la ferme du voisin j celui-ci ii la 
ferme d'un autre, et ainsi de suite, G. 840 et 1G"2. Il osl 
h remarquer que le signe de convocation circulait tou- 
jours d*Urient en Occidentj selon la marche du soleil. 

Le tribunal réuni, le défendeur absent doit s'y présen- 
ter sans relard : — Celui qui est à Tétrangor sur terre 
ou sur mer, et auquel on fait savoir que son bien a été 
frappé d*un jugement, doit, s'il est à table, ne pas 
essuyer son couteau, mais se lever et partir. Il ne pas- 
sera pas la seconde nuit on il a passé la première, et ce, 
jusqu'à ce qu'il arrive à la cour et s'y représente. — S'il 
arrivait que les héritiers d'un bien aliéné ne fussent pas 
au pays, et que dan^^ Tan et jour ils voulussent revenir h. 
la maison et réclamer le bien ; alors, s'ils avaient ùté un 
soulier, ils ne devraient pas ôler Tautre, mais reniettrr 
le premier. G. 98-1)9. 

La loi, en certains lieux, ne souffre pas plus de relard 
quand il s'agit de la protection que le seigneur doit à 
ses vassaux : — Si un homme du pays est fait prison* 
nier, le seigneur d'Ohsenstcin devra, eiU-îl un pied nu, 
monter à cheval, quand même son cheval ne serait pai? 
sellé; et sans s'arrêter à mettre l'autre soulier, il courrii 
à la poursuite de rennemi jusqu'à ce qu'il délivre 
Khomme. G. 90. 

La loi indienne, en certains cas, ne veut pas que Tac- 
cusé attende la sommaîion. Elle lui prescrit de se prA- 
senter lui-même. Ainsi Platon, dans Iç Gorgias^ ditqu«* 



i^r" 



â^J SOMMATIOX. — COVTRAL'iTË. 

le caupabïe dcvraïl courir au maKii^li^fit \ comme ïo 
malade au mèderin, pour se faire guérir de la maladie* 
do riniquiti^. — Ceïui qui a voie de l*or à un brahmane 
duit courir en toute liâte vers le roi^ les l'iievoux défaits, 
et doelarer son vol eu disant : h J'ai commis lelle ac- 
tioiij punis-inoi. » il doit porter sur ses épaules une 
masse <rannes ou une massue de bois de Khadira, ou 
une javeline pointue <le deux bouts, ou une barre de fer. 
Li} voleur, qu'il meure sur le coup, ou <[u*il sort laîs^^é 
pour mort et survive, est purgi^ de son ertuie; maïs si 
le roi ne te punit, îa faute du vuleur retombe sur lui *,.. 

Généralement le coupable est moinî> soumis^ et la 
toi est obligée de le traîner au IribunaK — Loi des \îl 
tables : — Appcllc-le eu justice. S'il n'y va» prendra lies 
lémoius, contrains le. S'il diffère et veut lever le pied, 
mets la main sur lui. Si Tàge ou la maladie Tempôche 
de comparaître, fournis un cheval^ mais poiut de litière '. 

Dans la Joi salique le demandeur doit, accompa^é 
de témoinsj aller trouver le défendeur et dire : Puisque 
tu nf* V(^ux fjns me rendre ce qui tna/ipariiÉnL garde-le 
pour cette turif^ lemps que la loi mliqur* accordf^; et ain$i 
il fixera le jour. — Si l'emprunteur refuse de rendre ^ ou 
dt' pQim\ voici commerti le créancier dùit t assigner : Je 
te prie, ôjtige^ d^nstreindre^ pour moi, (faprh la loi itali- 
que cet /tomme (meuni gasachionem ?i/*?çuf?/;^i'fl/ijî/ jE>r«- 
7nesse. ht le juge doit dire : J'ussifjne ponr le délai fixe 
par lu hfi mlique ledit homme (tuum gasacbium). Aiar* 
celui à qui promesse a ffé fuile,^. doit en toute kàte^ et 
avec témoins, aller vers la maison de l'autre et le pri^r d^ 
lui patftr :tondii; x'ii ne veut pas^ il lui firera jour (so* 
Jem collocet)* — Que si un esclavf> s'est frffuné présent ^ 

i. Plato, (lOrgias, t. IV, l'îd, Ulpont., p. 13 : ^viàv èx^^vti levai bnia 
4tîo*j (wç Tixwta it^aii cîk/^v, iia^à tôy Sixtffi^v, iLai^tp napi to% 

2. Mftnim, p, ÎHS, §311. fi. 

3. Lois lies Xll Uibks, voy. U Icxie dfiu» Divkseu. 



SnMJlATlOX. 231 

rrî^ss/M/ Cf'lm qui rérlnnv* dûDrti fixer jour {sotem collocet) 
au maître de tesrimej ^t if lui avcorderu le plaid pour sept 
tiaits. G. 8ti. 

D'après le droit <Je Freyberg, le demandeur» qui 
voulait légalement prendre le défendeur, devait le 
saisir tic ses deux doigtsî à la [mrtie sii[ïêrieure de son 
habiL Question : Si un autre doîgl vient à toucher par 
hasart], cela peut-il porter titleinte à son droit? Réponse: 
Non. G, lil. — Les schoeiïcu ont fait cette qnestiori : 
Si un homme qui n'a point faitassignerun autre homme 
devant justice le rencontre quelque autre part, cet 
homme est-il tenu de lui répondre ? On est d'avis qn^^ 
ouï (Lst gewiïït jaî)* Mais, s'il so trouvait âïjueïquc diis- 
tance du trihunal, et qu'il y eût le do^ tourné et que le 
heïmhurge Tappelât, il pourrait, pourvu (prit ne regar- 
dât pas derrière soi, s'en retournersans être moîesté. S11 
a regardé autour de lui, il faut qu'il réponde, — Item. 
Us ont fait cette question : Une femme veut fiiire récla- 
mation à un des compagnons (logés chez elle V), et lui, 
îl B le dos tourné au tribunal, et le procureur de la 
femme de dire : Entends-tu? cette femme te réclame 
quatre-vingt-seize llorins. Et lui ne regarde pas der- 
rière, et passe son chemin. Qtie perdra-t-il pour cela? 
Rien, c'est la réponse inditiuée. G. SW. 

Quand Taccusé refuse de comparaître, le demandeur 
le fait citer par messagers. S'il y a,emï>êehement ci ce 
que ceux-ci puissent remplir leur mission j ils poiïrront 
ficher ou pendre Tassiguation à la porte du défemleur, 
ou la pousser dessous. — Toute assignation devait se 
faire de jour. Les messagers weiiniques pouvaient seuln 
assigner de nuit. Ils fixaient, au moyen d'un pfenniny, 
rassîgnation au verrou de la porte, et, pour preuve, em- 
portaient trois copeaux de la barrière; ils criaient au 
veilleur qu'ils avaient apporté un message à son sei- 
Kneur, et qu'ils l'avaient fixé au verrou, Wigand, 510, 
0,845,815, 



232 EXCUSES, 

Des amendes, souvent des peines graves, sont pro- 
oOTicées contre ]es jurés retardataires : - Si un homme 
libre refusait de veuir un jugement, Monseigneur pour- 
rait envoyer près de lui l'un de ï^es baillis ou servilciir^. 
S'il demeurai I ainsi de son plein gré trois ans sans 
comparaître, on lof^TraiL chex lui deux garçons^ Irob 
chevaux^ ri eux lévriers et un faucon, — Et s'il se re- 
fusait k payer l'amende, et tiu'uïie troisième fois U iift 
vînt point au jugement, îl perdrait la main. Cependant 
il lui sera permis de la racheter du seigneur du t^^y^ 
moyennant dix livres. G. 81i. — Dans le droit de FraiiL- 
fort, celui qui ne comparaît point est tenu, les mains 
liées, devant un repas et une bouteille de vin, jusqu a 
ce qu'il se rachète. 

Les lois antiques admettent des excuses pour le ser- 
vice de Vôst ou du plaid. Dans les Capitutaires de Ghmr- 
le magne, tous les hommes libres doivent se rendre à 
l'armée, mais le nouveau marié obtient un délai d'une 
année. Celle dis]>ositîon semble empruntée aux loi> 
Juives : — Lorsqu'un homme aura épouse une femme 
depuis peu, il n'irapointàla guerre,et onueluiimposem 
aucune eharge publique; mais il pourra s'occuper de sa 
maison, et passer une année en joie avec sa femme. — 
Les ofiieiers au^^si crieront, chacun à la tête de son 
corps, en sorte que Tarmée Fcnteude : Y a4*il quel- 
qu'un qui ait bàli une maison neuve, et qui n*y ail pas 
encore logé ?,., Y a-t-il quelqu*un qui ait planté une 
vigne, dont on ne puisse encore manger le fruit f... Y a- 
t-il quelqu'un qui ait été fiancé à une fille, et qui ne Tait 
pas encore épousée? Après avoir dit ces choses, ils ajou- 
teront encore ce qui suit, et diront au peuple : Y a-l il 
quelqu'un qui soit timide, et dont le cœur soit frappé d^ 
frayeur ? Qu'il s*en aille et qu'il retourne en sa maison, 
de peur qu il ne jette Tépouvanle dans le cœur de ses 
frères '. 

i. Deuteroiiouj., c XX. 



Bkn dQÎi souffrir hitmanUé et daàonnairelé de droit, 
ke cilkieM là ou on tkni non père, se feme, sea enfar^s, 
son frère, te candelie en la main pour cr^meur de mort, 
puisse son Jor conl remander, aind comme iil fmt moffi. 
— Cil navfiit mie grand talent de fiuer sa besoigne, ki 
contremanâe por se feme ki iravaiUoii d'enfant, encore 
en ait on veu mainte mourir. Car ii n^esi mie honnesle 
cose à home d^abiler entor feme, ki est en tel point. Se on 
propose engrossemenl y H demandei^es qui dist ke li contre* 
mans ne fu mie loiatis, ki fit fais de le mort un enfant., et 
fust mors nins ki fust nés. Mais certes graindrs dùlenrs 
doit cil engenrer en cors d^oume, ke de le mort de cïtfws 
bautisiéset leués, pour le kel li contremans est ioiaus, — 
Il y a excusance daler piaidier^ pour la femme qui est à 
deus mois, ou à là entor près de raeeoukicr. Car la grant 
volontés k'etes ont dealer ^ leur fait légièremeni porter leur 
frais /u5^'e4f à tel terme, et Uns doivent contremander 
leurs plais sans terme... etc. — Cil ne contremanâe mie 
sagement ki pour la mort de son enfant ki n^avoii que trois 
7nois contremanda If il mornt eehnjor. Car te m en fans ne 
fait mie à plù}jfrer à home, tant ki s^ahert à le mamele se 
mère, se ainssi nest ki fmt mo7't de mort vilaine, ou ors, 
ou noiéSj ou estains, ou d'autre mort ki fust plourable : et 
iorspvet contremander et noumertensoine, et devera ensi 
dire f je contremander ai te jor par le mort de mon enfant, 
ki iera bien plourables, ne outre ne le doit ou mie à pres- 
ser de dfre ^ 

Tu me demandes une cose con ne voit mie souvent ave- 
«17% savoir mon ; Se mis ftices hom est a joignes en le cort 
le lîoif et il muet de sa maison bien apoint pour at oindre 
son jor par droites jor nées, et il treuve le pont de le droiftj 
voie de fait, et la rivière si espandutï, ke on n'i puist pas- 
ser, fors ke par plankes, en tel manière ke chevaus ny 



\, Pierre De Fontaines (â la suite du Joiaviïle de Duean^eJ, 
éd* 166â, p. 80, S3, S4. 



334 EXCUSES. — DÉUIS> 

peuf pa^set\ ni s naDi^ ifluecque prth^ mats ffftns n pU i 
passoicrtt bkit, ne il dok aler au plait aussi kome tout e&ba- 
niant, aier i fi oit : et a' il îiipitPt ai et' sa m ira vaille pourc* 
fift on nipuist ûler épié, son ensoine doil faire à saroâ-, 
f^t remaîfoh' puet. — Tempe!! te de pierres erctiâe fiieif 
tourna (t*aler û Sitnjor, ou de cont remander, se elescAeeni 
ù lieu où il ei^ &l tek ke penll de cors fusi de lui meltr* 
fort de sainte. 

Si un jure est appelé au ju^'ement^ et rjue, voalanl s*y 
rendre, il ari'ive à une eau qu'il soit obli^'é de traverser, 
il y entrera jusi[u\iux genoux j et placera son hAUm 
(levant lui. Si Teau est le lie* qu'elle lui aille aux £re- 
noux, il montera et descendra un demi-mille encore ; 
puis, i) entrera dans Tcau jtïsqn*aux ^enrmx, et placera 
son bàlon devant lui ; si elle lui parait trop profonde, il 
pourra rs'eii retourner, et personne ne l'en puulra. 
G. 107. 

Les coutumes de Melz et de Dijon aceordenl à Taccu^è 
un délai de s^pt nnifsK Dans celle de Normandie, h y a 
le délai remarqualjle de deux flots et d^me ebùê, c'e^=*- 
à-dirc du temps qui sVcoule entre deux marée^i corn- 
pi êtes ', 



L Lfltiriére, H. Dai*ange, verb, Nox, 

a. Houanl, Coût an^ïlo-narni,, I, 471-2. rU-tA, ÎV, 2, 2. 



CnAPITHE DEUXIEME 



Lîcu rr r^yiv^ m j^iiEMOT. 



Les Semnoris, lïit Tacite, se réuniijsent daii^ la tovèi 
consacrée par les au^^fiire^ paternels, et par la vieille 
lerreur. 

.*» Près riu lernple î?e trouve un très grand at'bte qni 
&lend ses braiiclips au loin, et qui ver<lnle été comme 
iiîver. De quelle espèce est cet arbre, c'eist ce que tïer- 
eonne ne sait; il y a ausî^i au mt^me lieu une foittaïue 
lofi Ton a coutume de faire les sacri lices païeui? et de 
;>lûiïger vif uu homme. En le jitongcanl ainsi, ou coti- 
Isacre le vo^u iln peu[ile. Lindeobrogii Scripl-^ cd. Fabr.| 
61. G. 708, 

Le jugement a souvent lieu sous les arbres : — Aux 
rois chênes» Aux cinq drônes. — Ce sont, plus souvent 
kncore* des tilleuls, Ain^i : Le lieu de^ sept tilleuls ^ 
lAojonnrhui encore, on voit dans îa plupart des viMafies 
id'Aîîema^me, dans la liesse par exemple, un tilleul 
jifanté sur une colline où se rassemblent les (laysans ; la 
fcolline est entourée parfois d*une muraille, et des de- 
|gré^ y conduisenL 

Jugement du sapin sur la iJ^rande route impériale 
(année 1:^24); — Sous te bouleari (année 1189); — 



L Kiï Fraiioe, lu flï!ign**tïrie dt> Sffpichénes. 



236 LIEU DU JUGEMENT. 

Sous le noyer ; — Sous le sureau ; — Devant .l'aubépine, 
sous le ciel bleu ; — Tribunal de l'aubépine ; — Le 
siège des libres, sous le poirier (année 1443); — Sar la 
hauteur, au lieu appelé le Hêtre de fer, où un franc jage 
doit siéger (année 1490). G. 197. 

II y avait des jugements sous Forme, par exemple dans 
un village de bailliage de Remiremont *. A Paris, les 
vassaux y venaient payer leurs redevances ' : A forme 
Saint-Geivats. — Attendez -moi sous l'orme, dit un pro- 
verbe français. 

Les anciennes assemblées des champs de mars et de 
mai se tenaient vraisemblablement dans les prairies, 
près des fleuves. On trouve aussi des exemples de juge- 
ments tenus sur les fleuves, sur un pont, sur un bateau. 
— C'était l'usage dans la basse Allemagne, jusqu'au 
dix-huitième siècle, de faire sur le pont les fêtes et les 
banquets publics'. — Le lac de Grand-Lieu avait kauie^ 
basse et moyenne justice. Le tribunal siégeait dans vn 
bateau à deux cents pas du rivage ; lorsque le juge pro- 
nonçait la sentence^ il devait de son pied droit toucher 
Veau du lac. Mém. de l'Acad. celtique. V. 143. G. 800, 
En Bretagne, les lacs étaient et sont encore en grande 
vénération ; on y apporte à certains jours du beurre et du 
pain. — Les jugements se rendaient quelquefois dans 
des souterrains ou sur les tombes : — Le tribunal sar la 
fosse rouge de Leipzig (année 1559). G. ibid. — Mais 
le plus souvent, on jugeait sur la montagne. La loi sa- 
lique parle plusieurs fois du Mallberg, ou Montagne de 
rassemblée. — Il a été décidé, pour le bien commun et la 
commune utilité du pays (patriae), que les Assises de 
France, qui se tenaient en deçà de Veau, près de Gis€»rs^ 
seraient transférées, jusqu'à ce que le Roi en décide autre- 



1. Piganiol de la F. XIII. 

2. Saint- Victor, Histoire de Paris, II, 2, 814. 

3. Cambry, III, 35. 



Um &U JL'GEMRXT, 237 

ment, près de Chutunont (cal vu m moiïtem, le mû ni 
ebauve)j ou Vnn avait coulume de lf?s lenirnfirt*'fmf*meiH '. 
— Dans le Nord, ïe Lœgberg, c'était le mont de la loi, 
la roche où l'on disait droit : Juris dicundi rupes, — Le 
duc d'Athoi, descoadaut des rois de l'île de Man, siège 
encore aujourd'liui le visage tourné vers Je levant, sur 
le tertre de Tynwuld ^ 

Montagne se dit put en langue romaue : c'est sur \es 
puis que les Rederiker de la Picardie et de Ja Flandre, 
lenaient leurs assemblées. Pui ei?t rendu, dans le latin 
un moyen éigii,i)tiT podium f pogiitm; en provençal, pwe*;, 
pu€i\ puntj puff, Bahu, II, 155:2 ; en italien, ^017, poggio. 
Par exemple, le Poggio impériale, près de l^torence* 

Les jugements avaient souvent lieu dans un cercle de 
pierres : — Et les liérauts contenaient la foule; puis les 
vieillards se rangèrent en un cercle sacré sur des pierres 
polies \ 

Les cercles de pierres druidif|ues continuèrent k 
servir de tribunal, partout où le e[iristiani.snie ne les 
avait pas détruites ^ — En l'pland, les jures s assoient 
sur douze pierres , en Sudermanie sur treize, la treizième 
pour le président. G. 804, Le jugement était lenu k ciel 
ouvert sur une grande pierre plate, le tribunal (juges *?( 
jurés) prenait place autour d'uiie table, un collier de IV i- 
était attaché par une chaîne à la pierre, eu signe du droit 
d'ordonnance et défense. G, 803, — En 1380, Alexan- 
dre, lord de Slcwart Bradenach, tint cour aux pkrrc$ 
deôout(\\ïe standing stones) du conseil de Kingusie \ — 
A Cologne, la pierre bleue j la pierre noire, à Worms* 
— ' On trouve encore des pierres de ce genre dans l'AI- 

1. Carpentier, (, :U4-4. 

2. Logan, l, 2a&. 

3. lliûd, XVIll, 503. 
4* Lûgan, M, 325. 

5. Lùgmt Uîidp 



lemagnti du Nord K — Ranjjçecs daiis un cerlaiii ordre, 

les pierres manjuaiont )a lice de bataille ^ En Framt. 
dans la /Jrf'ssf\ te juje-mage di^ Uourg siégeait devant ia 
halte, jus'pï*au i^uinzièmâ siéct*^; \ — On appelait siè^û d^ 
la pîerrr hardie^ la juridiclion (]y chaiiitrc de Saînt-Die, 
sur la iMeurlht». 11 y avait k Bourses et ailleurs h pirrr*^ 
dG la Crk. On trouve quelque ehose d'analo^^ue chet 
les Romains : — Tu es là^ debout sur la pierre où le 
crieur crie (prEeco prmdie^l) les \eules^ Voyez, dao^ 
Lauriôrc, Brvh^sc/ufs, chaire de pierre où se font le^ 
erîôes* 

„. Quant au lit^n du jugement du Vènie (feni^taette). 
iï a élu déclare qu'il serait là-haut sur la roule, là. oit 
sont les croix, et ou se s<^parent Ja route et le seuli^r. 
G, 805, — On rendait aussi des ju^^ements dan^ l€a 
cimeltèreSj sous le porclie el dans ia cour de l'égiise, ou 
bien devariL le ciiateau seigneurial. En Iti88, il exi&tîûl 
encore, dans le Hhingau,un tribunal civil qui se tenait : 
dans ia cour i ciel ouvert, devant la grange tapissée de 
mais verdoyants; le sergent y allumait un fen sans 
fnni^^e, tout de braises. — A Nordheim, il y avait ini 
tribunal qui se tenait devant la porte du raouliu soii^ l** 
tilleul; en hiver, dans une ^ran^'Cj dans la cour du 
moidin. G. 807. 

Dans certains lieuxj le soigneur sit^geaît mrlfjpf'rrrjn^ 
pour rendre la Justice, Voyez Legrand, Fabliaux I, 1 [\^; 
nij 101. JotLiville tint souvent, par ordre du roi, de.- 
plaids de ta porif\ C'est sans doute le sens du siaplas 
reg ïV ( e s c al î e r rî ti r o i I d an s 1 a 1 o i des H i p na i r e s . G . 8 M -•'!. 

(Juand les tribunaux deviennent réguliers el perma* 



1, HfUL^sinanii, Comment, sociei. GaHtinpf, t83D. 

2. EgUJs arigii. cil, 67. Wïirtou, 1, p. :ïiivii, Introd. liu dentier 
Éditeur* 

3» Guichenon, liist. de Savoïei c, 17» p< 29* 

4, Pîg. do la FovcG, XÏH. 

5. Plaul, in BuccbUUbus. 



i>nIE^TATïo^ ùi^ tribunal. i^O 

n^riU, on coiiijlruiL «les sfilïes d^iL^sSOïiibléCis, des maisonif 
di? justice, — Que Ifi^ lieux oà doment se tenir if s msf^m- 
hiMs ([ilacila) soffjnt bkn dirpmés^ de letif &ort€ tftt'on 
pvisse sV// servir pour tf^aîr hiver et été h^ placîta. Capit. 
ïinnécs 800, 8:25. — Quf* dam les îkux oà doit s*' tenir 
t'fusemblêe pMiqmu ^l U ok un ioit^ afin qrte rasst^mhlée 
puisse x*" tenir en hirer pf en ffté. Cap^ :2, aaiiôe 80*i), S ï^- 
— Nou^ voyiotiR (ptf* lt> €Qm(e fasse construire une rnautin- 
dans If lieu ou il doit tenir la fjrande assemùùh' {mMiim)j 
de manière que ni ptnie ni sulril n^entrave luliitlé publique* 
Capît. amures 810, 811. G. 807, 

Ùaiis le Nord, on formait avec des branches légères 
de coudrier un cercle autour dnquel on lendail des cor- 
dons, quelquefois un simple lil, pour arrêter la foule. 
G. 810, 18i. 

Les peuples qui orientaient leurs terres el lenr^i villes 
ne manquaient pas de soumettre au même mode d orien- 
tation les lifîux où se rendait la justice : — Dans la 
matinée^ en présence des images des dieux et des brah- 
manes^ le juge puriiié irïvitera le.s dwidjai?, ùgalemeut 
purifiés et la face tournée vers ïe nord ou vers t'e.^U à 
dire la vérité*. - Un tribunal a été, par le consente- 
ment des Thuringiens, érigé sur le terrain du village de 
Mittelhnsen. Dans la déf>endauce des terres du bourg 
d'Eplcbcn, prè.^ de Gera^ sont deux manses de terre 
labourable \ le possesseur de ces terres devra, aux temps 
déterminés, construire ce tribunal avec des planches 
placées derrière et des deux cùlés en hauteur, de sorte 
que le juge et ses assesseurs puissent être vus de la té le 
aux épaules. L*entrée eu sera ouverte du fùté de 
rorient; mais fermée pourtant do barre et verrou, 
de crainte que quehjue cavalier peu respectueux ou 
quelque intrus ne vienne et violente ie juge. — L'abbé 
du mont Saint-Pierre d'Erfurth e.st tenu de veiller aux 

1^ Manu», p. â62f traJ* de M, Loiseleur-Dcâlocgchampa^ 



i40 ORIKKTATIO?* DU TRIBUNAL, 

dossiers et Upis sur lesquels doiveat siéger le juge et 
les siens. G. 8U7, — A Lutzelnau, le juge, ilebout sor la 
pierre, ganté et cuirassé, Tépée nue dans la main droite, 
et le visage tourné vers l'orient, dit à haute voix... G. 
39, 808. — Sur la hauteur, au lieu appelé le Hêtre de 
fer, siégera le franc-comte, le dos tourné vers la terre 
de la Marke située à l'occident et le visage vers le pays 
de Bilsten (située à l'orient). G. 808. — D'après les lois 
du pays de Galles, le juge doit tourner le dos au soleil 
pour ne pas être gêné par ses rayons. 11 siège à l'orient, 
mais la face tournée vers l'occident. Wotton, ii3. Voyez 
aussi plus bas. G 809. 

C'est vers le nord que sont placés les prévenus ; les 
plaignants se mettent au sud. En matière criminelle, 
quand on se purgeait par serment, on tournait le vis- je 
au nord. C'est encore vers le nord que l'exécuteur to -ne 
la tête du condamné. On appelait le gibet : L*a**bre 
tourné au nord G. 809. 

Le lieu du jugement fixé, quel jour s'ouvrira le tri- 
bunal? D'abord, les affaires des hommcfs après celles 
des dieux : point de tribunal les jours de fêtes. Les 
anciens Germains se réunissaient le jour de la nouvelle 
ou de la pleine lune (Tacite). — A Otterndorf, on fait 
droit et justice chaque mois, à la pleine lune. G. 82. Les 
Francs se rassemblaient aux Champs de Mars, plus tard 
aux Champs de Mai. 

Les fêtes servent souvent à déterminer les époques de 
réunions. — I\'ous échevins tenons, que ceux qui possèdent 
des biens au Keur, comme dit est Keurgoety sont obligés 
de venir irais fois par an, aux plaids généraux, savoir : 
t. Le troisième jour après treize jours (douze jours entre 
Noël et les Rois) ; 2. le troisième jour après la Saint- 
Jean-Baptiste ; 3. le troisième jour après la Saint^ilemi 
(V' oct.). Record de Nyel. G. 825 : — Les différents sei- 
gneurs de Pierre fine en Barrois faisaient rendre justice, 
chacun f pendant un temps proportionné à la part qu'Us y 



JOUB ET UBUHE. t4! 

avaient; ee qui faisait une période solaire de dix-huit 
mùû; €i ensuite on recommençait '. 

Quant à l'beare, !e lever et le coucher du soleil la 
déterminent- A Romej le .soleil ouvre et ferme le tri- 
bunal : Solis occasus suprema Lempestas eslo. — De 
mime eu AllemagLie ; — Il fait grand jour, et le soleil 
est si avanco qiic vous pouvez bieuj si Dieu vous en 
accorde la grâce t>t notre gracieux Seigneur la force et 
la puissance, ouvrir^ tenir et dresser un public jugement 
des limites. — Il devra venir avec des témoins de poids 
au lieu déterminé, et s'y tenir avec d'autres prud'hom- 
mes Jusqu'à ce qu'apparaisse Tétoile. Document de 1247 
de Hucsca en Aragon. DucaugCj VI, 7â9. G. 815, — 
M*:'iue principe chez les Francs : Injuriosm se n'iidit à 
rassemblée en présence du roi Chïidebert, et il allnidii 
pendant trois jours jusqu'au coucher du suliL Greg. Tur. 
7, 23. 6. 815. — Et d'eUre aux plaids g^nrran^ aussi 
longtemps que le soleil luit. Record de Nyel, § 20* — 
Ailleurs : Jusqu'à heure d'estoiles. — // doivent venir en 
celui hue an jour que la court lor aura dit avant que le 
Sùuleii soii il couche^ ou au maius avant que tes e&ioiles 
soient apparans au ci'e/',,.,. 

Le temps accordé au plaideur est slrictemenl déter- 
miné. Le jour a sa mesure. — Loi de Manon : Dix-buit 
nimechas (clins d'ccil) fout une càcbtbà; trente càch- 
thàs, une cala; trente calâs> un mouhoùrta ; autant de 
mouhoùrtas composent un jour et une nuit *, 

A Athènes, on mesurait au sablier le temps que devait 
parler Torateur, Chez nous, les enchères se font encore 
pendant que les bougies brûlent. La faculté de^' arts décide 
fjue hrsquii faudra étire nn Recieurf les électetirs seront 
7*en fermés dans une salie où Us devront délibérer, A leur 

\, Piganiol de ia Force, XIH. 

2. Assises de Jérus.» c. iJO, p. 4K 

3. >tanQU, p. 15,1 Gi. 

fi 



u± 



UESVnZ DU TEMPS. 



t'ulrée, on tj allumera une chandelle tk cire d'une iùn§Httir 
déUr minée, ei r élection devra être terminée avant quA'^ 
ne mit consumée nitièremenf .i^knikév 1280 *.) — En H9I, 
les Pisans ordonnent à fout Florentin de sortir de leur 
viïïe, avant qu'une bcm^ni' ^liumëe sous la porte m*îI 
con&umée^ — ... Ledit Ludovic (le more) fit allutn**f 
un bout de bougie, jurrinl qu'il leur ferait IraïK^her 11 
lèle, s'ils ne rendaient la place aidant la chandolî»* 
brûlée •-> 



\. Buîtmia, lil, 151. 

2. Sisiu. Xll, 241, d'aprt^s Scipioti Amniiriito» Ub, XXVI, 3*7- 

a. Cotumea, liv. Vil, ch. 2. 



CflAPITRE TROiSIKME 



srGK^ KT irités. 



Dans ^origine, les chefs du pcupICj le prêtre et !o 
lîTierrieiv sont aussi ses Juges : — Sarnson jugea pen- 
ilaot vingt ans le peuple d'Israël ^ — H y avait en ce 
temps-là une prophétesse nommée D<;ibora, qui jugeait 
le peuple. Elle s'asseyait sous un palmier qu^on avait 
iiomm^ de son nom^ — Samuel jiif^eait Israet tous Icg 
jours de tîavie : il alla chaque annécàBùthelî à Galgala, 
à Maspliat, et il y reïidail la justice ^ 

A Rome, ïes consuls des premiers siècles de la répu- 
blique; cheï les Francs, le maire du palaiSj et plus tard 
les grars ou comtes, jugent le peuple et le conduisent au 
combat. U faut que le juge soit fort et vaillant, carie 
plus souvent il doit exécuter lui-même sa sentence. En 
même temps qu'il défend le peuple contre rennemi 
extérieur, il doit frapper l'ennemi intérieur, le cou[ïul>lc* 

..* Et le prévôt doit tout un jour et une nuit galoper,, 
le cou tendu, oii nécessité presse, en tout lieu, liirinn 
outillage. ^ Et s'il arrivait qu'un bourg du Rhiugaw 
fût forcé ou souffrît dommage, le bailli devra Tempe- 
chefj se tenir prés des portes, combattre devant et s'es- 



1. Ju^es, XV, 20. 

2. Juges, IV, 4-5. 

3. Roia, VU, 15-n. 



244 iUGBS AKirÉS. 

crimer, et ne pas lâcher qu'il ne soit atteint de la pointe 
ou du trancbaat, ou ne tombe sur ses genoux* G* T5i^ 

Quand la société est peu nombreuse, tous les mem- 
bres assistent au jugement et à l'assemblée ; ils y Tien- 
nent en armes. Cet usage des Quirites de Rome primi- 
tive, des anciens Celtes et Germains, des sauvages de 
TAmérique et de tous les peuples barbares, se retrouve 
dans TAIIemagne du moyen &ge. Les Saxons se ren- 
daient à rassemblée, armés de leurs couteaux. Dans le 
pays de Delbruck, le conseil était composé de vingt 
prud'hommes qui se rendaient au lieu du jugement, 
chacun muni d'une lance de conseil. G. 791. — Souvent 
les jurés plantaient leurs couteaux en terre, sans doute 
pour figurer la stabilité que devait avoir leur décision : 

— Tous les gens de la Marche plantent leurs coateaui 
au milieu d'un cercle décrit dans la terre ; puis, à l'ap- 
pel de leurs noms les en retirent et disent : Je tire pour 
justice, ou bien : Je tire pour grâce du Seigneur. Ail- 
leurs, c'était le prévenu qui disait : J'enfonce mon cou- 
teau pour grâce ; ou. J'enfonce pour justice ; suivant 
qu'il se reconnaissait coupable ou innocent. G. 771. 

Le bouclier était le signe de la tenue d'une assemblée : 

— Loi salique : Le dixenier ou le centenier indUiptera 
rassemblée (mallum), et dans rassemblée même, tU devront 
avoir un bouclier. — Lorsque l'Empereur tenait l'assem- 
blée solennelle de Roncaglia, on suspendait un boacIîe.r 
au bout d'une lance. Selon la tradition populaire, Fré- 
déric Barberousse doit revenir un jour, et suspendre 
son bouclier. G. 851. 

Les jurf^'s sont ordinairement au nombre de sept oa 
de douze ^ Selon une des lois primitives des Brehons 
d'Irlande, il fallait, pour ordonner restitution d'une 
terre usurpée par un homme de même tribu, le juge- 



1. Voyez, pour rimportaoce des nombres, l^introducUon de 
Grimm et mon Histoire romaine, t. I, p. 148. 



SÊRMK^T ÏÏC JUfiR, 



ii5 



lent de douze !miffiie&; nnt ^tuÏQ langue d*mh contrairtî 

ipéchail la rejàtjhition ^ 

Un serment gîirantit rimpartlîilib'^ du juge et des ju- 

in:— Le schœiîe weimi(|ue jure tle gaï'der le saint 

^TStère^ fie le tenir devant homme et femme, devant hïé 

^t gazon* pierres cl bâton^ devant grand et petit, do- 

Il touteg eko^esde Dieu, excepté devant Hiommequi 

ie et mainlionl le mystère wejmique; il ne s'en 

urtera pour peine ni amour, pour gage ou vètemeol, 

>iir or ou argent, ni pour cause quelconque, G. Tv'l, 

Le franc-inge jure: De garder, tenir et main tenir la 

ïi wei inique devant homme et femme, tourbe et Itran- 

"les, pierre et bAlon^ herbe et verdure; devant tous 

rdis coquins, devant toutes choses de Dieu, devant 

mi ce que Dieu a fait entre ciel et terre, si ce n*e^t de- 

|ant l'homme qui garde la loi weimique; de porter 

cissi devant le franc-siège, au banc secret et sacré du 

n, tout ce que vrai il croirait ou deâ gens véridlques 

entendrait qui fût jusliciable de la cour weimique, 

kfin qu'il en soit décidé d*après le droit do TEmpire et 

pçs Saxons, ou à Tamiablej au gré du plaignant ou du 

ribunal ; et de ne fioint déserter cela jiour peine ni 

aour, pour or, argent ou pierreries 5 ni pour père, 

aère, sœur, frère, parenté ou alliance; ni pour chose 

^'aucune main, de ce que Dieu a créé; d'avfincer, for- 

îfier, aulant qu'il sera en lui, ce tribunal et la Justice; 

sur ce, que Dieu et les saints lui soient en aide, 

},51, 

Le juge doit siéger à jeun (Miroir de Saxe). Son atU- 
flde doit être grave, mais terrible, menaçante pour le 
léchant: — Que le juge soit assis sur son siège comme 
|ii lion en courroux (gris griminender lœwe); qu'il 
Btte le pied droit sur le pied gaucho; et sll ne peut 



L Colteet. de. rébus llibt lll, lU.— Pour le Nord, V. Bucange, 
V( verbô Kembda, 

H. 



240 TRIBUNAL. 

asseoir un jugement saîn sur l'affaire, qu'il y réfléchisse 
cent vingt- trois fois. G. 763. 

La loi indienne recommande au juge une tout antre 
attitude : — Un roi, désireux d'examiner les affaires 
judiciaires, doit se rendre à la cour de justice dans un 
humble maintien, accompagné de brahmanes et de con- 
seillers expérimentés *. 

Lois de Galles : — ... D*abord siège Te roi ou son 
représentant, le dos tourné au soleil ou au vent, de 
peur que le vent n'incommode son visage; le juge le 
plus vieux doit être placé devant lui ; à main gauche de 
celui-ci quelque autre juge doit se placer dans Je champ 
et à sa droite un prêtre ou des prêtres; près du roi, de 
chaque côté, doivent siéger ses anciens et ensuite ses 
chefs; près des juges, et la face tournée au côté par le- 
quel ils arrivent au tribunal, est placé celui qai parie 
pour le plaignant, ensuite le plaignant lui-même, avec 
son avocat à l'autre main e\ un appariteur derrière. De 
l'autre c6té est le défendeur ; à côté de lui son plaideur, 
et ensuite un avocat avec un appariteur derrière *. 

Comme le roi, le juge a son sceptre; c'est le b4toQ 
de justice : c'est en frappant avec le bâton que le jage 
imposait silence : — Si le tribunal n'a pas fini avant 
midi, et qu'il se lève pour faire collation, le bâton do* 
rester pendant, en signe que l'audience n'est pas close. 
G. 762. On mettait la main sur le bâton quand on fai- 
sait promesse devant le juge ; c'est avec le bâton qu'il 
frappait (mot à mot, bâtonnait) le sef^ment. 

Que chacun, sous peine de payer un setier de vîn, se 
tienne calme et demeure en silence. G. 853. Souvent, 
comme symbole du pouvoir du tribunal, on plaçait sur 
un banc un gantelet de fer, une épée, une corde» des 
ciseaux, un marteau et une hache. La séance levée» on 



1. Manou, p. 249, § i. 

2. Probert, p. 464. 



JUGEMENT roPlTLAIRE, 



m 



enverâ^aft les tiaiics. G, 761, 813, 851* Si îe cas se? 
réâcntait que ledit juge (du Laiidgrave do Hcsse) 

irOuhU pas être nu juste juge, s'il ne voulut pas 
iterroger Tun comme l'autre, el n'écoutdl qiie la 
Iveur ûti la haine, alor;» celui qui se trouve placé 
rès do lui, corame délégué de notre gracieux Seigneur 

Mayence, doit lui dire : Passe-moi lo bi\.ton; lu ne 
aux pa» être un juste juge; moi je veux iuterroger le 
luvre comme le rictic. Il saisira donc le bâton et te lui 
^odra de la maiu. Pui*?, larsqu il aura quesliuuné t*l 
^ù comme il lui semble bon, el qu1l voudra lais.ser 
lier Tau Ire juge, it lui rendra le bâtouj car il ne peul le 

1er comme un bien béréditaire. G. 161. — Si un 

Ig© s prêvariquu, qu'on le traîne par-dessous le souil 

|e «a maison- G, 79^, Les Frisons elles Dilmarses brû- 

lient an mauvais Juge sa maison jusqu'à rase terre. 

Les gens du pays offraient de dire leur avis à sa Gnlee, 
[tuteroiâ non sous serment; ils priaient, ifs demandaient 
j*on Içî^ dispensât d'un tel serment. Prêter un tel serment 
sur paraissait dangereux, attendu que depuis nombre 

^'années îa Seigneurie forestière n'avait dùlerminé ni le 
3it ni le règlement de îa Marche; attendu ensuite que 

les anciens qui en auraient vu et entendu davantage, il 

■Vu restait guère en vie^ et que la meilleure part au- 

:)urd1iui était jeunes gens nés depuis. Toutefois, ils 

ïulait, comme bonnes et pieuses getîs, donner leur 

viSjen tant qu'ils avaient ouï dire aux anciens et qu'ils 

L savaient eux-mêmes. G. 77â, — It se tient encore à 

Scbwytz, pour les aiïaires de peu d'importance, un 

ESonseil de rues, composé de sept laboureurs les pre- 
Hers venus qui passent. Jean de Miïller, llist, de la 

Suisse, I, 4^5, — *.. On le leur donnera (aux experts en 
hissons), à telle Qn que si quelque bon compagnon 

renaît à passer sur la route, ils pussent l'appeler et 

brendre également son avis* G, 774. 



218 



JUGE CIVIL, 



Icf le peuple Jiigo \ù peuple. La jundietion populaiTt 
s^exerce sans rétribiition^ cl s'appelle rAumônedu pav^s 
G. 834. 

Touterois, à côlé de ces juges nalurels, de ces jiirèf* 
paraît le juge civil, le judex romaiû, le sachibarû d<> 
France, Vmr^a des Frisons. Dans le roman de Ronce- 
vaux, Blankardîn^ conseiller du roi de Saragosse, e^l 
envoyù pour tromper et attirer Charlemagne, aTec neuf 
barons, Qui saje sunt des lois ^ 



1. Roîiitin iU> Ronr^pvaux, Bibî. r, MS 254, 31 supplëmeDi t. 
ns^78. V. la dissertation de M. Moniïi- 



CHAPITRE QUATRIÈME 

LEVÉE Dr MORT. ACCUSATION. ' 



Lorsque dans le pays que le Seigneur doit vous don- 
ner, il se trouvera le corps d'un homme tué, sans qu'on 
sache qui l'a tué, les anciens et less juges viendront el 
mesureront depuis le corps jusqu'aux villes d'alentour* 
Quand ils auront reconnu la plus proche, les anciens de 
cette ville prendront dans le troupeau une génisse qui 
n'aura point porté le joug ni labouré; ils la mèneront 
dans une vaille raboteuse et pleine de cailloux, qui 
n'aura été ni labourée ni semée, et ils couperont le cou 
à la génisse; et les anciens de cette ville viendront près 
du cadavre; ils laveront leurs mains sur la génisse, et 
ils diront : Nos mains n'ont point répandu de sang, nos 
yeux ne Tonl point vu répandre*. 

Loi d'Edouard i"'' : Si quelqu'un^ soit par vengeance, 
soit en se défendant, tue un autre homme, qu'il m^ 
prenne rien de ce qui appartient au mort, ni son chevaL 
ni son casques ni sou glaive, ni quoi que ce soit de son 
argent, mais qu'il arrange le corps comme on a coutume 
de Taire pour ceux qui ne Kont plus; que sa tête soit 
tournée à roricnt, ses pieds à l'occident: sur lui son 

1, Deutoronoiu-, c. xit, § i, 2, 0, 



^50 LEVÉE DU MORT. 

bouclier, s'il en a un ; qu'il plante sa lance en terre, 
qu'il mette autour ses armes, qu'il guide (adregniel) le 
cheval et qu'il aille au bourg le plus voisin ; le premier 
venu qu'il rencontre, il doit lui dénoncer le fait. Cane. 
4, 406. G. suppl. 744. 

Formule allemande : Malheur àN... qui, sur la roule 
impériale, a mené de vie à trépas mon frère chéri, mon 
frère que mieux j'aimais que trente livres pesant bon 
poids, et bien mieux encore... — Et les plaignants tire- 
ront leurs ôpée5 et crieront trois fois : Aux armes ! aux 
armes ! — Chez les Frisons, au moment où Ton enseve- 
lissait l'homme tué, près de sa tombe même, et en pré- 
sence de ceux qui avaient mené le convoi, l'un des pro- 
ches donnait trois fois de l'épée nue sur la tombe, en 
disant : Yraek ! vraek ! vraek ! (vengeance, vengeance, 
vengeance). G. 878. 

Dans le poème du Renard, les coqs viennent devant 
justice, portant sur une bière la poule égorgée, et 
criant: Aux armes! malheur! (wach und we). Dans un 
autre passage du même poème, un oiseau apporte des 
plumes comme pièce de conviction du meurtre de sa 
compagne. G. 881. 

A quelle distance du tribunal doit-on apporter le 
mort? — : On le portera à neuf pas du tribunal. — El 
qui fera ces pas ? — Un homme de moyenne taille, que 
le tribunal commettra à cet effet. A chaque trois pas 
que fait cet homme, il place un signe ; on pose le cada- 
vre successivement à chaque signe, et chaque fois on 
crie sur lui. — Droit du Rhin : C'est le droit du pays, 
qu'on ne doit pas enterrer le mort que le meurtre n'ait 
été puni ou amendé. Si le droit du pays est épuisé, on 
extraira les entrailles, on les ensevelira et on mettra le 
cadavre en un tonneau scellé. S'il arrivait, au contraire, 
que le droit du pays ne fût pas épuisé, et que l'affaire ne 
pût être ni amendée, ni terminée à la lumière du soleil, 
le plus proche parent mâle du mort lui coupera la main 



Rimnimov ne rvBAVïiR, 



fSl 



Iroite* On pourra alori* enterrer, et Ton pmci^tlora iivi-i! 

. fiiaia, coîiiîïie si lo cadavre tout entier y était. — Ainsi ^ 
lit Fcstiiri, h UijfïKs ûti disait qu'on coupait iiti membre 
mort, lorsqu'un lui €Oupailtin doigt, et c'est ce motn- 
|re conservé qiïi s'enterrait lorsque le reste du corps 
liait brûlé- — Si le parent ne veut pas l>tcsser el désho- 
^orer le cadarre^ le juge lui pt'^rmettra d*apporier une 

nain de cire, laquelle vaudra autant que si c'était celle 
^e chair. Lorsque la main sera là, il la placera sur une 

>ée nue, el criera sur le meurtrier et ses souteneurs ; 

lis il déposera la main an tribunal* Mais si le meurtre 
hBÏ amendé, l'auteur du lail mettra la main sur la fosse. 

L880-8«l. 



La main chaude, la main morte sont des locutions pro- 
^erbiales en France, 

Droit de Bacliaraclï sur le Hhin : Lorsque les plaî- 
inanls viennent crt'^r le meurtre devsiut la jusUco, iJs 
îrent l cpée* On a[îpiirlo le mort aiirès le preuner cri; 
ïn remet les épées au fourreau après le troisième,.. De 
bluSiquand viennent la quatorzième nuit et jour d'apr^ti, 

fe^ plaignants doiventparaîlrej aveu bouclier et massue, 

levant lo tribunal, alin que les scliceiïen et jurés misent 

lu'un Franconien doit en convaincre un autre de bri- 

indage el de meurtre. Celui qui parle pour les pîai- 

aants dttt en autres choses ; Et comme le meurtrier 

iyail devant, lui, il dut le poursuivre sur la trace du 

rime, en criant : Aux armes ! et donnant ralarme, au 

plus sombre de la forêt et jusqu*à ce que la nuit noîre 

reût pris,,. Si donc il voyall cettiomme dans le tribunal 
[le notre Seigneur, il rinlerpellerait pour rapine etmorl, 
lue s'il disait Oui, il en prendrait acte, selon le droit du 

"pays; s*il niait, il n'hésiterait pa^ aie lui soutenir corps 
pour corps, dans un simple liabit, avec bouclier rouge, 
massue de chêne, feutre blanc» chapeau relevé, et tout 
ce fju1l faut en combat, [lour qu'un Franconien puisse 



252 ACCUfrATIO?î. 

judiciairement en convaincre un autre de vol et âe 
meurtre. G. 879. 

Qui veaut faire apeau de Mûrir e y il doit mvoir que est 
Martre^ peul gard^tr soi que il ne se rnete en faut ga§ti. 
Mitrlre et f/ttant home eU (né de nuit, ou en repog^ dehon 
ou dfidam i)ik; et qui x^eaui faire apeau de Murtre^ il doit 
faire apor fer (e cors mûri ri devant H hmtûi don seignor, 
ou â leue que il est établi que Von porte les murtris, Aprei 
doit venir devant te seignor, et demander cottseilf^et quant 
ilauraconseiilj si die son conseiil : Sire, 7nandez faire veirce 
cors qui la val gisl qui a esté mur l ri. Et le seignor y doit 
alors etif^oyer trois de ses homts^ l'un en son (eue, ei defH 
com court y et les trois homes que le seignor y envoie doi- 
vent ater veir ce cors, et puis revenir devant le seignor^ tt 
dire U en présence de la court ; Sire^ nous avons vea et 
cors qne vous 7nandastes] veir^ et avoas vehu les cos que U 
a, £t doivent dire quant cos a, et en qu*il kuc il les fl> et 
de quel chose il lor semblé que il aient esté fais^ Et se il ni 
a cosy et il y a ûucun autre entresigne par que îllorsembk 
que il a esté murtri, il le doivent dire au seignor^ Mainte- 
jîant après que les trais devant dis auront dit au seignor 
en la courte celui qui veaut faire r apeau doit dire par son 
conseilla au seignor : Sire^ tel se clame à vous de tel qui a 
tel murlriy faites le venir en vostre présence^ siorei comil 
portera son clatn contre lui ^ 

La proc<^dure commence, el^ d'abonl^ on constate le 
délit, — Loi ^alique : Si quelquun a blessé un hommr 
et que le sang tombe à terre.*, — Loi dos Bavarois; S'il 
Ta blessé de telle sorte que la paupière ne puisse pîu5 
contenir une larme,.. — Loi des Alamans ; Si quelqu'un 
a été blessé k ta lète oix à un membre quelconque, et 
qu'un os en soit sorti, un os tel que, lance sur un bou- 
clier à la distance de douze pieds, il ait retenti... — Loi 

j. Assiaca de Jéni^alcm, c. l^xxy^ p. €â. 



ÀrrnftciAtiov m: uêLiT, 



25a 



n face qui puisse se voir à douze iiiej.s de distaucti... 

îi ro&, tûUché h un fil do la longueur d one auBC, d 

-Sté par-dessus une haie liante de cinq nuue.s, a releulî.., 
- Lois galloises ; Si Tes est fracture^ par stlîle de qiid> 
ae rîxe, que le chirurgien prenne un bassin, qu'il pas,- 

_ ïn coude pu Jerre, .sa main ^ur le haul. du bassin; :^i u, 

[w-nil ^e fail entendre, ce sera six pences à payer; mai. 

fi rien ne se fait entendre, on n'a drnil à rien. Proberl 

K iW. G. 94, 77-79. 



15 



^,*''rÇT^^-t 



CHAPITRE CINQUIÈME 



ASILE, DOMICILE. 



Les législations anciennes ouvrent des asiles à 1 ac- 
cusé qui n'ose comparaître, à l'esclave qui craint la 
vengeance d'un maître inexorable. L'asile, c'est le tem- 
ple, quelquefois l'enceinte sacrée d'une ville (vêtus urbes 
condentium consilium)'. 

Vous ne livrerez point l'esclave qui s'est réfugié vers 
vous, entre les mains de son maître. Il demeurera par- 
mi vous où il lui plaira, et il trouvera le repos et la 
sûreté dans quelqu'une de nos villes, sans que vous lui 
fassiez aucune peine ^ 

Capitulaire : Que Veffroi ne les contraigne pas, lors- 
qu'ils auront déposé leurs armes, à demeurer autour des 
autels et à souiller de leur présence des lieux dignes dt 
respect. S'ils ne quittent point leurs armes^ qu'ils sachent 
qu'ils seront arrachés de force par des gens armés. Mai* 
s'ils les ont déposées, et que quelqu'un tente de les arracher 
des portiqueSf des cours, du jardin, des baitis, ou autm 
dépendances de Véglise, que celui-là soit puni de mort, 
G. 887. — Loi des Frisons: Que l'homme en querelle 

1. Tit. Liv.,Ub. I. 

2. DeuteroD, c. xxui. 



A sa ES. 



â55 



ftUâ) trouve la paix dans règli^e, ûs^im sa maison^ 

int à réglise, en revenant do l'églUe, en allant ii 

sseinblée, en revenant de rassemblée. Et quiconque 

ira rompu celte paix, et aura taé cet hommej qiiHI 

imende pour noiif fois XXX solidL 

La sainteté des temples comme asiles» reconnue gé- 

Sralement en droit, était, dans le kit, souvent violée^ 

moins indirectement» Le roi de Sparte, Pausanias^ 

fat pas arraché du temple^ mais on Vy fit mourir de 

i. De même, on lit dans les Capitnlaîres : Que /^jt 

^middûs ou ks attires foupaùies t/ui doiveni mourir sdoti 

loh^ tfi qui a fi jseront réfugiés ven l'éfilhif, ne mi eut pQtnf 

vtÂsé$t et qii^ii ne leur tj jfùii pas donné de nourriUtre. — 

bien encore l'église n'est qu'un aî^ilc temporaire- 

ipitulaire : Si quelqu'un s'est en fui dam téf/lise, qu'il 

^iî ^n paix dans les ùâlimenis même de l'^fjlm; il n'est pm 

essatre qt/H entre à l'église, Qm pûrêonne ne prétende 

aîTacher par violence, mais quil lui sûit permix 

muer ce qu'il a fail^ et que de là il soit, par ta main 

gens de bien, eondttit en pu If lie pour les débats, 6. 

rNouê voyons toutefois que le simple anneau d'une 

àrle d'église était quelquefois une sauvegarde pour 

lomme poursuivi : Jean le Coquetier, sous-diacre du 

OCèie de Sens, ayant été arrêté et battu par les bourgeois 

ta garde pendant qu'il tenait fortement f anneau de la 

rie de la eut héd raie ^ le parlement condamna leit bour- 

m en une amende envers le elergé et envers le roi K — 

fem la franc hi^w de S ta ve loi est telle que^ se un g homme 

iait meffaict^ reserveirst ardeurs et mordvpurs^ que la dite 

mekise le doit sm tenir XL jours ^^ et, se droit le déliwey 

Ëtivreissoit, et se droit ne k délivrej on le doit mettre 



ïi, Olhti du Paiiumcot lie Paria, 1304* — V. in\^%l Ips eK(*x»ple3 
èi daoB \a, dissertalioti de MM. Hippotjtcï Roycr-CoUard et 
Jet, iurlci Aaîîe» : Revue de Parti, t. IVt 1*' et 6 âvHI, clc. 



256 ASILE. DOMiaLE. 

hors des portes la franchise^ et s'il peut esckapper, se 
escappe. Rec. de Stavelot. 6. 890. 

Nous sommes tout à fait d'avis que la cour, dite de 
Saint-Matthieu, à Nennig, est entièrement libre. Si donc 
quelqu'un avait frappé un coup de mort, ou s'il avait 
forfait & son propre corps, il serait libre six semaines et 
trais jours durant; puis, quand ces six semaines et trois 
jours seront passés, il jettera, le pauvre pécheur, une 
pierre par-dessus la porte de ladite cour; si alors il 
peut aller jusqu'à l'endroit où la pierre est tombée, et 
même à trois pieds au delà, et qu'il puisse revenir à la 
pierre, il aura de nouveau liberté aussi longtemps que 
la première fois; et, si l'homme de la cour peut ou veut 
l'aider la nuit ou le jour à s'en aller, il en aura la 
faculté, en considération de notre vénérable Seigneur. 
G. 880. 

A Rome, l'esclave maltraité fuyait vers la statue de 
l'Empereur, comme vers celle d'un dieu, et il y trouvait 
un refuge. — Ils ont décidé et décident que, si un oa 
plusieurs hommes libres, ou bien un homme noble, 
viennent à fuir jusque sous le bras droit d'un seigneur 
de Rieneck, il doit avoir paix et sauf-conduit. G. 888. 
— Souvent, au moyen âge, le banni rentrait lorsqu'il 
saisissait l'habit ou le cheval du roi à son entrée. G. 265, 
739, 888. — Nulle part le droit de protection attaché à 
certains offices féodaux n'est plus minutieusement réglé 
que dans le droit de Galles. — Dans les lois du Nord, 
trois asiles étaient assurés au fugitif; ils ne se trouvaient 
pas à plus d'une journée l'un de l'autre. Il était encore 
en sûreté sur le chemin qui menait de l'un à l'autre, et 
même lorsqu'il s'écartait à un trait d'arc de ces asiles et 
de ces chemins, pourvu qu'il ne fît pas le voyage plus 
d'une fois par mois. S'il rencontrait d'autres personne:^, 
il devait s'écarter de la portée d'une lance. G. 892. 

La demeure, quelle qu'elle soit, le domicile, est sou- 
vent considéré comme une sorte d'asile qui doit être 



ASTLE. DOMICILï:. 8$f 

respecté : — Cetui qui en poursuit un auhe à main ar- 
mée Jusque dans la maison d'un homme que! qu'il soil^ 
s'il le suit jusque dans l'étable ou jusque surlaporle ou 
dans les lieux d'aisance, il aura outragé ' le maître en sa 
maison; s'il pasi^e plus loin, il Taura ont râpé en sa mai- 
son d'une manière plus grave encore. Droit d*AugsbourjL,^ 
G- 891. — Ailleurj^ ; V>n meurtrier aura un répit de qua* 
tre semaines dans sa propre maison et dans celle de sou 
vfiisin. (Années 12(>i et i 18-2.) G. 89L — », Et le meur- 
trier sera en sûreté dans chaque cour ou maison de 
schœlTe et juré, et ce, durant quatre semaines et deux 
jours, cl s'il peut l'aire quatre pas sur la route, et qu'il 
rentre dans la maison du fichœiîe, il aura liberté quatre 
semaines et deux jours durant- G. 891 ^ 

Mère et compagne de l'homme, il est naturel que la 
femme reçoive dans son sein, qu'elie protège et défende 
celui que l'homme poursuit ; — Un loup même tpà 
chercherait asile près des femmes, on devrait le laisser 
vivre pour l'amour d'elles. G. 892, — A IJarèges en 
Bi^arrêf on remarque entre autres usages celui qui assure 
la grâce au crhnimd qui s'f'St réfugié près d'une femme, 
Ibid. — Chez les Bédouins, un coupable est sauvé s'il 
rencontre une femme, s'il a le temps de courir à elle et 
de se cacher la léte sous sa manche en s'ôcriant : Sous 
ta protection ! La femme appelle aussitôt par ses cris 
tous Jes hommes de la station et dit : Hé! ù Arabes! par 

t. Mot h mot : visité, îhhnsuchen^ aftlîger, visiter- Eq atylc 
biblique, Di*;u visik* tiaas sa colore . . , 

2, Ce reftpect ùw tïoaiicik eï:i,>ltquc laccorii siiïgnlîer des lois 
precquca, rorBaiiici* t?! germoiiiiques, sur le mode tïe^ perqulsî- 
tioû» domiciliûirea [G. <>M]. Celui qui cherch*^ nu objet Vi\\é 
entrCj dans la roaisûo qii'iï soupçODOe, nu et sans eointurts selon 
U$, textea grecs; avec la ceinture seule ment, selou la loi romaiue 
(fartura per licium et lancem conceptumj; elle exige, \W plus» 
qa1] tieuuï* de5! doiiK mains un plat sur ^a t+>to, sans doute pour 
rempècber de ricm ïoiichep et de s'indeminser du vol eu voîaul 
lui-mfitne. V. FeatuB, Gaïrt» et ta glo3Sfi ma. lie Turin* 



r* rx*"^-^ 



â58 ARRESTATION. 

Dieu, et pour Dieu, et à cause de Dieu, et par la iéte du 
père d'un tel (de son mari, ou de son père, si elle n'esi 
pas mariée), qu'aucun de vous ne puisse Tassaillir, 
même avec des roses. — Dans quelques tribus où les 
femmes ne se montrent jamais en public, le coupable 
échappe encore au supplice, lorsqu'il se trouve près de 
leur tente et qu'il s'écrie ^ Je suis sous la protection dn 
harem. A ces mots toutes les femmes répondent sans 
paraître : Loin de lui! Et aussitôt il est libre '. 

Si le coupable est saisi avant d'avoir atteint Tasile, il 
est conduit au juge. Celui-ci doit prendre la garde dn 
prisonnier ; ceux qui l'amènent ne peuvent se charger de 
ce soin dangereux et difficile : — Les schultheiss du 
Seigneur amèneront le malfaiteur au pont de Derobach, 
pour le livrer aux mains du schultheiss de Wied ; s'il 
ne s'y trouve, ils conduiront le délinquant au delà du 
pont, délieront la corde, et le laisseront échapper sans 
s'en soucier davantage. — ... Le monastère de Chiemsée 
doit faire transporter le voleur jusqu'aux bords du lac, 
pour le délivrer au vogt, et le juge de Kling chevauchera 
avec ses serviteurs dans le lac jusqu'à la selle. Là on 
présentera le voleur ; si le juge de Kling ne s'y trouve, 
notre juge mettra le voleur pieds et poings liés dans une 
barque vide, qu'il laissera flotter au gré des rames. S'il 
échappe, ce ne sera ni nous ni notre monastère qui en 
serons cause. — S'ils ne trouvent personne, la nuit, à 
la porte de la ville, ils attacheront le coupable au troi- 
sième échelon de l'échelle. — Ailleurs, on laisse le cou- 
pable attaché à un fil de soie. G. 872-5. 



i. Les Bédouins, par Mayeux, II, 101-2; ouvrage fait sur !< 
notes inédites de dom Raphaël . 



J 



CHAPITRE SIXIÈME 



SKUMËST. 



Que le juge fasse jurer un Brahmane par sa véracité ; 
Il Kchatriya par ses chevaux, ses éléphants ou ses ai-* 
les ; un Yaîsya, par ses vaches, ses grains et son or^ un 
'SoiliJra, jiar tous les crimes'.,. Le juge doit înlerpeller 
^un Brahmane^ on lui disant : « Parle ; J> un Kchatrija^ 
n lui disant : € Déclare la vérité; » un Vaisya, on lui 
^présentant le faux témoignage comme aussi conpatde 
|îi-un vrtî de bestiaux, de grain ou d'or; un Soûdra, t^n 
lilant le faux témoignage à tous les crimes, par h^ 
>les suivantes : Depuis ta naissance, tout le liieuf|ue 
as pu faire, ô honnête homme ! sera perdu yvonrloi^ et 
passera à des chieus, si lu dis autre chose que la vérité* 
(ïu et chauve, Boudrant delà faim et de la soif, privé de 
la vue, le faux témoin mendiera sa nourriture, avec une 
sse hrisée, daus la maison de son ennemi. Il est com- 
parable h un aveugle f|ui mange les poissons avec les 
prêtes, l'homme qui vient en justice parler de ce qu1î 
a*a pas vu. 11 tue cinq de ses parents par un faux témoi- 
inage relatif à des bestiaux, dix [»our des vacheSi cent 
5ur des chevaux, mille pour des hommes*. 



2. MâDoa, p.tft2-l, S 88-98. 



1 



260 SERMEXT, 

Chez le*;! Rûmain.s, ceux qui devaient jurer par Jupît* r 
tenaient un caillou, et prononçaient ces paroles : Si je 
trompe à mon escient, que Jupiter, protégeant la ville et 
la citadelle, me chasse de ma demeure et de nies bien^y 
comme ma main chasse celte pierre. Feslus, verbo La- 
pidem. — Celui des deux peuples qui, par dôl et fraude, 
aura enfreint cet accord publie, ô Jupiter, ce jour4à 
même, frappe ce peuple, comme je vais frapper ici ce 
porc, et frappe-le, d'autant plus que ta puissance est plu> 
grande. En disant ces paroles, il frappa le porc d'une 
pierre. Tit. Liv. I, 24. 

Formule frisonne de réconciliation : Nous jurons 
d'être fidèles à ce serment, devant morts et vivants, de- 
vant tout homme né et à naître, et cela, tant que sur le 
mort marche le vivant, tant que le chêne est deboul 
dans le champ, tant que sur terre Teau s'en va coulant. 
G. 53. 

Les anciens Germains juraient par les eaux, les fon- 
taines et les rivières, par les montagnes, les roches et 
les pierres sacrées, par le marteau de pierre ou la mas- 
sue du dieu du tonnerre. — Dans un chant anglais 
(Percy, III, p. 47), Glasgerion fait un serment solennel 
par le chêne, la cendre et l'épine. — Chez les Scandi- 
naves, celui qui jurait saisissait un anneau, que Ton 
gardait dans le temple ; il était rougi du sang des victi- 
mes et consacré au dieu UUr." — Les Scytlies juraient 
par le vent et le glaive ; les Quades, comme la plupart 
des tribus germaniques et Scandinaves, juraient aussi 
par l'épée. Ammien, xvii, 107. Fredeg. c. 74. — Etlor>- 
que, suivant l'usage, l'épée eut été apportée, pour que 
chacun d'eux mettant dessus le pouce, confirmât la pn>- 
messe de mariage... (V. le livre I). — Dans le roman 
d'Alexandre : 

Douze furent par conte ; chacun au pain tenoit 
S'espée par la pointe, que bien sénefioit 
Miséricorde ou mort, ou il sumelioit. 



sehmh;,st. 



2m 



Rûiii. iFAlex. cilé [mr Garpeutîer, verb, GlaâiUEi. 

Les Lombardâ juraient pour lt?â ehtiscs de peu rrim- 

portanoe sur les aniieg; sur les Évangiles quand lalTairc 

itait grave. Au moyen âge on jurait sur fa croix, et pîus 

immuni^mont sur les reliques, — Jurer sur Hvre cL 

clocho (by book and bell). G* 8%. — Ouelquefoiâ on 

Ptouchail Tautelou le tombeau d'un saint. — frappef* de 

main in porte de V^lglisf^ c'élaU, ehoî les Hîpuaires, 

Sclamer contre le serment qui devait se pri>ter dans 

l'église même- — Si qu^'iquun, voulmit par cupidifé ou 

^tstinaùun, soutenir un înensongef osait jur^r sm* Ta mieau 

* la porU' de t église.,. De mirac. S- Gcrm. Autiss. apud 

lue* |[|, IG08, — Lorsqu'une veuve élail aceusée 

ravoir diverli des fondi^j elle se purgeait par serment 

^ MUT le perron. ()u prèlait aussi des âcrments, en posant 

la main sur ïu porte. Droit de Nonvêge : Lorisqu^on ne 

peut me tire aucun livre entre les mains tUi lémoin, il 

^ loucbera le poteau de la porte et jurera. G, 174-5. 

Loi des Alamans : Que pour le Don du matin il soil 
f permis à la femme de jurer par son sein, — Droit d'Augs- 
bûurg : Uu*une femme retienne le Don du malin par 
uu simple serment sur ses deux mamelles cl sur ses 
deuK tresses. —Qu'on n'en croie un b'rison que lorsque 
de la main il se prend les cheveux. G. 807-8. 

Le serment /î'ir la bnrùe, ou en loucknnt lu ùmi/e^ ne se 
I trouve pas dans les lois, mais souvent dans les poèmes, 
surtout dans les poèmes carlovingîens ; Par fa wmr. barhe 
qti i nest m le mes lée ! Pa r ce a tê moie harhf^ qui p e 7it au 
mention! Par ceste moie horhe, dùni noir sont il fîocùnf 
Par ma ùarùe florîe! Par celte moie barhe de blanc entre- 
mtUée,! — On disait encore : Par ie menton de mon 
père, ou par Tâme de mou père \ Par les iauz d*' mu t**:^(e ! 
Abraham s'engage envers le roi Abimôlech, en jurant 
sur sept brebis. 

Dans le Nord, uu serment prêté sur le sanglier était 

45. 



:fG2 DISPENSE DE SERMENT. 

inviolable. — On jurait au moyen âge sur le faisan, ic 
paon, le héron. On lit dans les canons du lY* concile 
d'Orléans : Le roi lui-même^ ou le plus renommé des cht- 
vaiiers prhenis^ ayant découpé le paon, ^e leva ei^ mettant 
la main sur CoisenUy fit un vœu hardi ; ensuite il passa k 
platy et chacun de ceux qui le reçurent fit un voeu sembla- 
ble. Edouard I*' d'Angleterre jura aussi sur deux cygnes. 
(a. 1306). Voyez le vœu d'Edouard III dans mon Hîsl. 
de Fr., tome troisième. 

Loi indienne : S'il n'y a point de témoins, il faut que 
le juge fasse déposer de l'or, sous des prétextes plausi- 
bles, entre les mains du défendeur, par des émissaires 
ayant passé l'âge de l'enfance, et dont les manières 
soient agréables. Alors, si le dépositaire remet l'objet 
tel qu'il lui a été livré, il n'y a pas lieu d'admettre les 
plaintes. Mais s'il ne remet pas l'or, qu'il soit arrêté el 
forcé de restituer deux dépôts ; ainsi l'ordonne la loi '. 

Les peuples héroïques ne connaissent point ces 
détours ; ils ont foi à la parole de l'homme ; le guerrier 
ne peut mentir, car le mensonge est une faiblesse et 
une lâcheté : — Si le franc-juge westphalien est accusé, 
il prendra une épée, la placera devant lui, mettra dessus 
deux doigts de la main droite, et parlera ainsi : Sei- 
^'iieurs francs-comtes, pour le point principal, pour tout 
ce dont vous m'avez parlé et dont l'accusateur me 
charge, j'en suis innocent ; ainsi me soient en aide Dieu 
et tous ses saints! Puis il prendra un pfenning marqué 
d'une croix (kreutz-pfnenning), et le jettera en preuve 
au franc-comte ; ensuite il tournera le dos et ira son 
chemin. G. 860. — Cette fière justification fait penser 
à celles de Scipion et d'iEmilius Scaurus : Varîus accuse 
.Emilius Scaurus d'avoir reçu des présents pour trahir 

1. MaDon, p. 278, § 182, 183, 184. 



CO-JURASTS, â63 

!a république ; .EmiHus Scaurus déclare qu'il est inno- 
cent*. 

Cette fal dans la véracité de Thomme doit être le type 
prîrailifde la justice antique. Plus tard, la société ncî^e 
contente pas de la paroîe, ni même du serment de l'ac- 
cusé; il lui faut celui do ses parents et de ses amis ; elle 
lui demande des conjuratores [eideshelfer] : — Celui 
qui est appelé en jugement solennel pour disculper 
quelqu'un doit venir devant le tribunal avec une chemise 
et un tiabît de dessous, nu-tète, pieds el jambes nus, 
sans fer ni acier, et sa suite n'aura ni ceintures ni cou- 
teaux, et sera nu-té te: G. 8G3 et 73 i- 

.., Alors fut publié le crime inouï de la reine IJta ; 
elle avait livré son corps à un commerce de séduction 
et d'iniquité. La chose fut prouvée et décidée à Ratis- 
bonne, au mois de juin, en présence des premiers (de la 
ville), et soixante-douze hommes jurèrent. Aun. Fulri. 
ad a, 81)0, Fertz. i,4-U. G. 8C3. — Chez les Hipuaircs, 
ï) pouvait y avoir jusqu'à soixante-douze conjurateurs. 
Les Francs-Saliens n'accordaient qu'ù lu noblesse le 
droit de produire des conjurateurs; le libre no le pou- 
vait que du consentement du demandeur. Si celui-ci 
refusait, le libre devait subir Tépreuve. G. 8G1, Les 
Bourguignons admettaient à co-jurer les femmes et len 
serfs : — Que l'înijénu fivec m femme., s^s fik H ses pro- 
che^ij jure Itd douzième. — Dans TEdda, Frigg ne reçoit 
pas le serment d'une jeune plante, parce qu'elle lui 
paraît trop petite encore. G* 894, 11 est dit dans les capi* 
iulaires (année 789) : fjtw les petits enfants qui ne i^ont 
ptiâ encore en âge de raison ne soient pQÙU fenm de jurer. 
— L'usage des conjuratores subsista longtemps, Non^ 
en retrouvons un exemple en 1548. G, 841. — Un minis- 
tre de François I*% Martin Dubellay, raconte sous la 
date do 1533 : Fst la comlmne en Gennanie quen toutei 

I. Yûj^z Valtre-Maxime. 



26^4 ASSISTANTS. 

les assemblées qui se font à la requeste d'aucun person- 
nage^ et pour ouir et décider ses propres et particulières 
affaireSy ledit personnage y mène le plus grand nombre 
quHl peult assembler de ses familiers, amis et adhérons, 
ou leurs commis et députez, pour assister à Faudienct 
et décision de sa matière ; lequel nom et tiltre d'assistance 
est de telle condition que, quiconque assiste à aulruy, 
faict la cause et matière sienne, et tacitement s'oblige 
à luy donner ayde et faveur^ et jusques à prendre les 
armes pour luy en cas de dénégation et maligne dis^- 
mutation de justice (année 1533*.)... Dubellay refusa 
de s'inscrire au nombre des assistants du duc de Wur- 
temberg. Car, dit-iJ, en Allemagne, quiconque assiste à 
une cause la fait sienne. Il ne voulut y entrer que comme 
médiateur entre les parties *. Cette coutume se main- 
tint moins longtemps en France; cependant on la 
retrouve encore dans les usages de la vicomte d'Eau de 
Rouen : 

La loi que Von appelle Desramme, par là cou- 
iume de Normandie, est faite en plusieurs manières et 
plusieurs conditions^ aucune fois par deux tesmoings, ou 
par trois, ou par qualité, ou par cinq, ou par six, ou par 
sept, et ne surmonte point le nombre de sept tesmoings par 
la Coutume de Normandie. . , Il fera escarie la loy en cette 
fourme, sa main estenduë sur le livre, et dira après cil, 
qui tendra les plés : Se Dieu m'ait et ses sains, F argent que 
vous me demandez, je ne le vous dois pas , ou dira : Je nf 
le fis pas cen : et adont je dois lever sits du serement, et 
de partir s'en. Et dont les autres aideours, sans appeler 
et sans detrier, et qui ne soit subçonnés fie par prières, nf 
parprins, ne doivent aproucher chascuh pour soy au livre, 
la main estenduë dessus, et puis dire Fescarissement en cette 
foui^ne : Du serment que N, a chi juré, sauf serment a 

1. Martin Dnbellay, Mém., XVIIl, 210-1. 

2. MartiQ Dubellay, 1. IV, p. 274. 



ASSISTANTS. 265 

fufé^ se Dîeuw ïtiait et ^€9 Bains ; et tel manière fùm ie& 
lutres doivent jurer ^^ 

L'eiîprît de parenté, très fort en Bretagne comme 
lanâ les clans d'Ecosse, faisait un point d'honneur aux 
lembres, même les plus éloignés, d'uuo familte, de se 
ïutenir les uns aux autres en guerre et en justice. 
Toyez dans Laurière, rartîcle Fimpori^ cl (pour le 
laioaul) Tarticle Forjurer les facieun \ 



1 . Ducange, II, taÊ, 

S^ L&uriëre, !<, 484, 493» V. aussi Kévia, Arrêts. 



CHAPITRE SEPTIEME 

ÉPREUVES. — DUEL. 



Il y a dans les Indes neuf sortes d'épreuves : la 
balance, le feu, Teau, le poison, Teau où l'on a lavé une 
idole, le riz, l'huile bouillante, le fer rouge, l'image de 
fer et d'argent. Hastings, Âsiatic researches, I. 6. 935. 

Le poison est l'épreuve qu'on ordonne quand il y a 
vol de mille pièces; le feu, quand le vol est d'un quarl 
au moins, ou de sept cent cinquante pièces ; l'eau quand 
il est des trois quarts, ou de deux cent cinquante pièces, 
et la balance quand il y a vol de moitié, ou de sept 
cents pièces *. — Celui qui subit l'épreuve de l'eau 
froide demeure entre deux eaux tout le temps qu'il 
faut pour aller décocher une flèche et aller la re- 
prendre. G. 936. — Les Indiens qui vinrent en Syrie, 
après le règne d'Hélagabal, racontaient à Bardasane, 
qu'il y avait, dans l'Inde, un étang appelé l'Étang de 
l'Épreuve. L'accusé qui se soumet à cette épreuve doit 
entrer dans l'eau avec ses accusateurs; s'il y entre cou- 
rageusement jusqu'aux genoux, il est innocent; il est 
coupable si, après s'être un peu avancé, il plonge jus- 
qu'à la tête ^ 

i. Digest of Hindu law, I, 504. 
2. Porphyr. ap. Stob., ecl. phys. 



ÉPtïELiVKS. ^ EAU. %iM 

Les Juifs ont Tépreuve de leaii amèrc : — Le prêtre 
conjurera la fernmc et dira : Si un hanime étranger ne 
s'est point approché de vous et que vous ne vous soyez 
point Èouiljée ea quittant Je lit i\e votre mari, ces eaux 
très amères que j'ai chargées de malédictions ne vous 
nuiront point. — Mais si vous vous êtes retirée de voire 
mart^et que vous vous soyez souillée en vous approchant 
d'un autre homme, ces malédictions tomberont sur vous. 
Que le Seigneur.-, fasse pourrir voire cuisse, que voire 
ventre enfle, et qu'il crève enlln* Et fa femme répon- 
dra : Qu'il arrive ainsi, qu'il amve ainsi î Mors le prôtr<' 
écrira ces malédictions sur un livre, et il les efl'acera 
avec ces eaux très amères, chargées de malédictions. 
Et il les lui donnera à boire».. Lorsqu'elle aura bu, bi 
elle a été souillée, et qu'elle ait méprisé son mari, en 
se rendant coupable d'adultère, elle sera pénétrée 'par 
ces eaux de malédictions ; son ventre enflera et sa 
cuisse pourrira... Que si elle n'a point été souillée^elle 
n'en ressentira aucun mal, et elle aura des enfants \ 

Le môme usage règne, dit-on, parmi quelques peu- 
ples de l'Afrique occidentale. {Oldendorp, Mission dos 
Frères de l'Evangile chci les Caraïbes, tom. i.) I^es 
Japonais ont de même un breuvage d'innocence. G. 037. 

Voici, dit Etienne de Byzance, un serment sacré : 
Celui qui jure écrit son serment sur une lablette, fju'il 
jette dans l'eau Si le serment est sincère, la tablette 
surnage ; s'il ne Test pas, elle disparait, et celui qui jure 
est brûlé. G. 034. — Lorsqu'une femme est accusée 
d'amour, elle entre pour se laver dans une source d'eau. 
Or, cette source est petite, et ne monte que jusqu'au mi- 
lieu de la jambe. On écrit le serment surune tablctle, on 
l'attache par une corde au cou de la femme; si le ser- 
ment est sincère, la source ne bouge pas ; s'il est faux, 
Teau s'indigne, monte jusqu'au cou^ et couvre ainsi la 



^68 i:^u THuiuE. 

lablelte. Achille TaLius, de Amor, CJiloph. lib. 8, cap. Ji 

f/*ïe femm^ e$t accusée dadtthère par sou mari: elle «c 
longtemps le fait devant le juge, et, comme on ne peut «j 
convaincre par son aveu^ l'ordre est donné de la pionga 
dans Veau, Le peuple accourt^ on la mène sur le pont de la 
Saône j on lui attache avec une corde une pierre au cou, 
on la précipite f et le mari raccompagne de ses injures: V^ 
te laver dans les eaux profondes des souillures et des dé- 
bauches dont tu as sali ma couche. Mais le Seigneur, qv* 
dans sa bonté ne laisse pas souffrir les innocents, permit 
quil se trouvât sous les eaux une pointe (stilum), çid ûl- 
crocha la corde, soutin la femme, et V empêcha de descendra 
au fond du fleuve *. — Le bassin aura douze pieds de 
dimension en profondeur et vingt pieds de largeur 
dans tous les sens, et on le remplira d'eaujusqu'au boni. 
On placera sur le tiers de cette fosse de forts bâtons et 
une forte charpente, pour porter le prêtre, les juges qui 
l'assisteront, Thomme qui doit entrer dans Teau, et les 
deux ou trois autres qui doivent Ty faire descendre *. 

En général, Tépreuve de Teau froide n'était eu usase 
que pour le petit peuple. On jetait souvent V accusé dan* 
une grande cuve pleine d'eau, après lui avoir lié la maih 
droite au pied gauche et la main gauche au pied drcut . 
s^il enfonçait, il était innocent; s'il surnageait^ il était 
coupable, G. 925. 

Cette épreuve, dont Louis le Débonnaire avait interdit 
Tusage en 829, reparait dans le moyen âge, même eo 
1590 et en 1617, quoique le parlement de Paris Teùi 
défendue par arrêt du 1" décembre 1601. Cette anoêf, 
en 1836, dans la Prusse polonaise, le peuple de la pres- 
qu'île d'Héla, près de Dantzick, a soumis une ^ieillo 



i. Greg. Tiir., De glor. martyr, cap. 68, 69. 
2. Martène, U, 940. E. AncieD règl. du monastère d'Utiqa 
avant 600 (?) 






ÉPRErVKS. — LAC FROlDK, jBfifl^ 

rcmme, suspectede sorcellerie, à réprûiive de l'eau. E[\& 
a été plongée deux fois dans la mer et enfin assommée 
à coups de perches *. 

I}ewr prêtres^ l'un arien, Vautre catholique, députaient 
jtur îem^$ crot/ances; le dernier dit eu/tn à Caufro : A quoi 
bon ces longs discours ? prouvons la vérité de nos paroles 
par des faits. Quon fasse chauffer un tfasc d'airain, guon 
^ Jette un anneau; celui de nous deux qui le retirera de 
fearu bouillante aura gognéf et son aduErsaire se conver^ 
tira à sa crotjance^ reconnue vér\tahk\ IJajfsemblêe est 
reiJtise au lendemain. La nuit porte conseil : le catholique 
se lève avec l'aurore, se frotte le bras d huile et k couvre 
d*un onguent. Vers la troisième heure ^ on se rassemble sur 
la placCf le peuple accourt^ le feu s'allui^ie^ on place dessus 
le vase d'airain, on Jette nu anneau dans l'eau bouillante^ 
Le diacre invite fhérétigue à retirer Vanneau du liquide 
fjrûlant; lui de refuser: Tu as fait la proposition, dit-il ^ 
c'est à toi de f exécuter. Le diacre tremblant découvre 
alors le bras; mais son adversaire voit les précautionë 
quil a prises et s'écrie: Cest user de supercherie^ V épreuve 
ne peut se faire. Survient par hasard tin prêtre de Ravenne, 
du nom de Jacinthe; il sinfoi^me de la cause de tout ce 
bruit, et sans hésiter il découvre son bras^ et le plonge . Or^ 
r anneau était petit et léger, et feau Remportait comme fait 
le vent dune paille. Longtemps et à diverses reprises it 
chercha; et ne trouva quau bout dune heure. Cependant 
la chaleur du foyer i^edoublant^ it ne ressentît rien dans sa 
chair ^ et déclara au contraire que le vase était fraid au 
fond, que seulemenî la surfacs était d'une chaleur tem- 
pérée. Ce voyant, C helvétique tout confus plongea audacieu- 
sement la main dans te vase et dit : Ma fol m'en fera faire 
autant. Il plongea en effets mais sa chair tout entière fut 
brûlée jusqu'aux jointure.^ des os. Greg. ïur, Q. 9â0-9âl, 
Au nom de Dieu^ et par Tordre de l'archevêque et de 

1. Dêhatit %1 août 1S3G. 



270 EAU CIIAUUE. 

tous nos évèques, nous disposons^ quanta Tordalie, qot 
personne n'entre à Téglise lorsque Ton aura apporté le 
feu du jugement, si ce n'est le prêtre et celui qui doit 
se présenter. Il y aura neuf pieds, mesure du pied de 
celui qui doit passer en jugement, de la marque à la 
barre. Si c'est un jugement par Teau, elle devra être 
chauffée jusqu'à ébullition, et le vase (alfetum) sera df 
fer, de cuivre, de plomb ou d'argile... Puis, quand le 
jugement sera disposé, les deux hommes entreront dt> 
deux côtés, et ils s'assureront de la chaleur de l'eau, 
et ils y entreront des deux côtés... Et ils seront à jeun, 
et ils ne devront pas avoir visité leurs épouses cettr* 
nuit... Et personne ne devra allumer le feu avantque la 
bénédiction n'ait commencé, mais on laissera le fer sur 
les charbons jusqu'à la dernière Collecte... Et l'accusé 
boira l'eau bénite... Et ensuite on en arrosera la maÎD 
qui doit être soumise à l'épreuve *. 

Au Thibet, l'épreuve se fait ainsi qu'il suit : On jette 
deux pierres, l'une blanche, l'autre noire, dans l'eau 
bouillante ; les deux parties y plongent le bras en même 
temps; et celui qui retire la pierre blanche l'emporte. 
G. 936. — Selon certaines lois, quand l'innocence de la 
partie accusée est prouvée, l'accusateur subit pour aia<i 
dire une contre-épreuve ; on lui fait mettre les mains 
dans le vase ; s'il les en retire brûlées, on le plonge dans 
un marais. G. 923. 

L'épreuve du feu et du fer rouge était connue des 
Grecs : — Nous étions tout prêts à saisir de nos main^ 
des fers rouges, à passer par le feu et à prendre les 
dieux à témoins que nous n'avons pas fait cette chose, 
que nous n'étions pas de complicité avec celui qui Fa 
méditée ou qui l'a faite. Sophocle, Antig. 264. — De 
même chez les Byzantins. 6. 934. — Loi des Ripuaire^ : 
Si le serf, ayant mis la main au feu, Ven retire brtW*\ 

\, Martène, II, 931. Lois anglo-saxonnes, année 928. 



3on nmîire Mera jugé cotipaf}ie dn vol dont on accuse hi serf, 
G- 91± — Uuelquefojs le prévenu traverse le bûcher en 
chemise. Dans tiuclques iraditionsj la chemise est même 
de cire. G. 012, 

Dans les épreuves iodieimes, Taccusé va iiu-pieds par 
le feu... Si ï'épreuve est celle du fer raugo, on fait passer 
le fer par neuf cercles, et au neuvième, le fer doit encore 
être assez chaud pour brûler Therbe qui s'y trouve. ^ 
En Irlande, lorsque la flamme du caini était ôteiule, un 
des chefs prenait les entrailles de la victime, et passait 
trois fois pieds nus sur des charbons ardents, pour re- 
mettre les entrailles au druide, placé en face de TauteL 
G* 9ii5, — A ta murai i mlhî épisvopaîe, on a pris, en 
moins des cinq demièven années^ pi if sœurs hcrétiqttes, qui 
t*jUs^ par crainte de la mort, nièrent leur crime. Un ckrc 
fut alors euvoyè par Vémque^ lequH devait éprouver par 
le fer rouge ceux qui niaient aimi, et dtdarcr hêrétiquf's 
ceux qui scraieui hrûtés; ils furent tous éprojfvàs et fous 
Ijrûlés K — l\ fit apporter uu fer rouge en forme «Je gant, 
et il y mit le bras jusr|u'au coude, puis le jeta aux pieds 
du prince, faisant voir que sa main n'avait été atteinte 
d'aucun c6té. G. 9iy. — Ladite femme fera nu-pieds sur 
des socs brûlants quatre pas pour son compte, cinq pour 
révèque;si ellebronche, si elle ne porte pas de plein pied 
sur chaque soc, si elle est blessée le moins du monde, 
qu'on la déclare adultère et prostituée, Ann* ^Vinlon. 
eccles. Duc. verb. Vomeres- — Ce disant (Kunégonde, 
épouse de l'empereur Henri 11), en présence de tous 
les assistants stupéfaits et versant des larmes, elle 
marcha pieds nus sur des socs enflammés, et cela sans 
souffrir la moindre atteinte. Auct. vit. Henrîc. ap. Gani- 
gium, 6,387. G, 9t4. 

A côté de ces épreuves de Te au et du feu, plaçons 
celle de la TiiRRE, qui semble particulière aux Scandi- 

1. Cit'sar Hdflterb,, 111, 16, aimùe J2ao. 



272 FEt. 

naves. Ceux qui juraient se plaçaient sous une bandt' 
de gazon soulevée de terre (Voyez plus haut le chapitrt 
intitulé Communion, Fraternité). Si le gazon tom- 
bait sur eux, ils étaient considérés comme parjures, li 
y avait quelque humiliation à subir cette épreuve *. 

Dans les traditions populaires, lorsque le parjure fait 
son serment, les doigts lui noircissent; la relique saisit 
et retient sa main. A Rome, il y avait une Bocca deils 
verità, où celui qui jurait devait mettre la main, et qui 
mordait le parjure. Dans le roman de Renard^ on exige 
de lui qu'il jure sur les dents d'un saint; un chien faisant 
le mort, veut saisir la patte de Renard, mais celui-ci 
s'aperçoit de la fraude. Dans l'Edda, Tur est obligé d'en- 
foncer la main droite dans la gueule du loup Fenrir, 
qui, se voyant dupé, arrache la main avec ses dents. 

Si Vaccusateur veut soutenir quHl y a parjure, quils se 
tiennent près de la croix. Capit. a. 779. — Lolhaire i*' dé- 
fendit cette épreuve : lia été déclaré que personne désor- 
mais n'oserait faire une épreuve par la croix, de peur 
que quelque inconsidération ne fit mépriser la Passion da 
Christ. 

Capitula ires : Tu m'as enlevé ce que tu dois me rendit; 
et le prévenu doit répondre : Je ne Cai pas pHs et je nai 
rien à rendre. Et la dette réclamée une seconde fois, il 
doit poursuivre ainsi : Eh bien! élevons nos maitis, pour 
le juste jugement de Dieu ! Et tous deux alors lèvent lettrr 
mains droites au ciel. G. 928. 

Quand une femme veut faire reconnaître son fils, 
qu'elle vienne avec lui à l'église où le père présumé a >a 
sépulture, qu'elle aille à l'autel et place sa main droite 
sur l'autel et sur les sacrées reliques, sa main gauche 



i. P.-E. Mdller, Lazdœla Saga, p. 59 [1826], et Arngrimus Jonf 
inCrymogœ, p. 101-2 add. Arnesens islandske rettergaog, foroe- 
get af J. Erichsen, 5-7, et 5-233-5. 



El*HKtVE<» ^ I Lat, TKIllUv. 



213 



ft la lète de I enfant, et alors qu'elle jure en présence 
Dieu, de Tauteh des reliques et par le ÎKiptème de 
infant, qti'aucaue personne n'a eu aitalre à elle, sinon 
lomme qu'elle uommc le père^ 

Tel était, le soupçcm qui planait sur lui j qu'il fui 
îroué à Willisau» siins cependant être lorluiu. Mais le 
btipçon éUil si fort qu'on décida qu'il fallait déterrer 
femrne qui, depuis vingt jours, était étendue dans 
cimetière d'Ettiswill; qu'on la trausporlerait sur 
le bi^ire; qu'on le ferai tj lui, passer dessus, im et 
^ndu; que là, on lui ferait poser la main dessus, et 
l'on lui ferait premier sermenl solennel par Dieu et ses 
Ints qu'il n*avait contribué en rien k cette mort* Et 
irsque œ triste i^pectacle si cruel à voir fut disposé, 
lus il avança vers elle, plus elle vomit l'écume; et 
>rsqu*il eut assex approché et qu'il dut prononcer le 
arment, elle changea de couleur,comniençant à saigner 
le telle manière que cela coulait à terre, à Iravers la 
lièreÉ Alors î^es genoux llét-hirent, et il reconnut publi- 
jement son crime. Chronique de Berne, d'Anselme, 
lée 1503. G. mu \\ Jean de Mùller, Y, 198 ^ 
Dans un fabliau français ; Les Messitres saignent, ior»^ 
te vkni à passer près de la bière le tj^oupeau de brebis^ 
im h quel se irotwaU le ftélier qui avait pounssé le mori* 
ggrand, III, -107, ¥)S. — On plaçait quelquefois dans 
bouche du prévenu un morceau de pain ou do fro- 
^e, ou bien une hostie. G, 031. — Le jeune est en- 
are une épreuve ecclésiastique : — Si quelqu'un a été 
^ri» pour vol, et qu'il nie le fait, il se rendra le mardi 
air à l'église, en habit de laine et nu-pieds; et là il 
taoïeurera jusqu'au samedi sous une garde légale* II 
ibserv^era un jeûne de trois jours, ne se nourrissant que 



1. Probartt p. i9y. 

î. Voye2 aiïisi les Mbelûngei), 98U6, le Cid de CoraoïHe^'^et 
ikespearc, Richard III. 



274 CROIX, ETC. 

de pain azyme fait d'orge pur, d'eau, de sel et de cres- 
son d'eau. La mesure d'orge, pour chaque joar, sera 
telle, qu'on puisse la prendre en joignant les deux 
mains ; du cresson il y en aura une poignée, et da sel 
autant qu'il en faudra pour ces aliments. Ancien règle- 
ment du monastère d'Utique, antérieur à l'an 600 *. — 
Dans la grande querelle suscitée par Bérenger, Grégoire 
Vil ordonna, dit-on, un jeûne, pour savoir de la Sainte- 
Vierge si Béranger avait raison^. 

On trouve dans les éphémérides géographiques, t. i6 
(1815), p. 375-6, un usage remarquable du village de 
Mandeure, près Montbelliard. Lorsqu'un vol avait été 
commis, tous les habitants étaient invités à comparaîtra 
le dimanche après les vêpres au lieu du jugement. Un 
des maires sommait le voleur de resiitiier, et d'éviter la 
société des honnêtes gens pour six mois. Si le coupable 
ne se montrait pas, on en venait à ce qu'on appelait la 
Décision du bâton. Les deux maires tenaient un bâton 
assez haut pour qu'un homme pût passer dessous. Tous 
devaient y passer. Il n'y avait pas d'exemple que le cou- 
pable l'eût osé; il restait seul et se trouvait découvert. 
S'il eût passé et qu'ensuite on l'eût reconnu coupable, 
personne ne lui aurait jamais parlé, tous l'auraient fui 
comme une bête sauvage. 

Les Indiens croient qu'une vierge peut serrer l'eau en 
pelote, ou la porter dans un tamis. A Rome, une vestale 
se justifia en subissant cette dernière épreuve; une 
autre^ en attirant par sa ceinture le vaisseau qui avait 
apporté d'Asie la statue de la bonne déesse. Selon Eus- 
tathe, il y avait une source qui ne se troublait pas, lors- 
qu'une fille encore vierge y entrait, mais qui devenait 
trouble si la fille n'avait plus sa virginité. 

C'était une croyance populaire en Autriche, qu'une 

i. Martèae, II, 938. D. 

3. Benno, de vità Hildobr., lib. I, in Gold. apol., p. 3. 



était vierge qtiaud elle pouvait d*un soufïîe été 1 mire 

Jchaiidellê et d un autre la rallumer. G, 932-3. — Dans 

|eomt*5de Kent, si l'enfant posthume criait au moineiil 

la naissance, la veuve était iugée InMiiïe '. 

^e duel est encore une épreuve. Pendant tout le 

lyen Age, la jurisprudence flotte entre le duel et 

ireuve, selon que lesprit militaire et saeerdotal l'em- 

te ailernativemeiit. Voyez les obser%'ations ingé- 

suses et paradoxales^ de Montesquieu eu faveur du 

lel judiciaire. 

[Le duel, désapprouvé par Constantin et par Ttiéodo- 
Test de même par Luitprand, qui regrette de ne 
iToir l*aboljr, Propt^r tonsuenidinem ffenlls. Au moyeu 
î, le serment et les ordalies élanl trop souvent sus- 
tes, les guerriers préféraient le duel. Saint Louis et 
Sdéric II le défendirent dès le treizième siècle. Le 
lier ordonné en France fut eelui de Jarnae et la Chà- 
lltgneraie, en présence d'Henri 1!* En Angleterre, nous 
rons vuj en 1810, un certain Thornton* accusé par le 
Iro d'une jeune fille de l'avoir tuée, offrir le duel au 
ir©i conformément à la vieille loi barbare qui n'était 
abrogée. Elle le fut à cette occasion par le parle- 
su t -\ 

Une irup mattuese voujîtuttit* souhk cottrre enchienîte* 
mlfit comme nous avons miendu des seigneurs de hù^ 
' îi aucuns si lonoimt tampions^ en tek manière que il 
dévoient combaire pour fouies ks querelles f/ue il aroienf 
ifei'ê ou ùonms ou autuveses ^. 
Quand aucun n passé âge armme de sùij:aute nnSf ou 
'il est déèîliié d'aucun mem//te^ il n'est pas kubik à corn- 
Hire. i^t pour ce fut éluUi que s'il étuii accusé d'aucun 



fi. Logaa, J, 100. 

\2. TailUudier, lois pt-nalet d'Angleterre et de France. 
I 3. Beaumaiioîr, p. 2fl:i. 



276 ÉPREUVES DIVERSES. 

^05, qui par gage de bataille sedeut terminer^ qu il pour- 
voit mettre champion qui feroit le fait pour lui, à sespénh 
£t dépends, et pour ce fut constitué et établi homage de 
foy et de service. Et en souloit-on anciennement plus user 
que ton ne fait, car on combattait pour plus de cas^ quou 
ne fait pour le présent.,. Et doit Ven savoir^ que quand um 
champion faisoit gaige de bataille pour aucun autre ac- 
cusé d'aucun crime, se le champion estait desconfit, feu*J 
par soi rendant en champ, ou autrement, cil pour qui »7 
combattoit estoit pendu, et for faisoit toits ses biens et meu- 
bles et héintages, ainsi que la coutume déclaire^ aussi bien 
comme cil propre eui été déconfit en champ; et leckamptot» 
n'avoit nul mal et ne for faisoit rien^ etc. *. 

Len fait suite d'assaut et de paix brisée en diverses ma- 
nières, selon la diversité des lieux : car Ven fait dAssauU 
de charuè, d^Assault de chemin, d'Assault de maison^ f As- 
^ault de champ, etc*. 

Les duels judiciaires deviennent rares au quatorzième 
siècle. Ils sont dès lors remarqués par les hislorien> 
comme des événements singuliers. Voyez dans Froissard 
rhistoire dramatique de Jean de Carrouge et de Jacque> 
le Gris ^. 

En cet an [1405] fut fait en la ville de Quesnoy nn 
Champ mortel entre deux gentilshommes du pays de Hai- 
naut et du pays de Flandre. Bomette tenait que Sokin 
•avait tué un sien, parent. Pour lequel cas, le duc Guillaunie^ 
•comte de Hainaut, livra lices à ses dépens, selon la cou- 
tume. Après les lances vinrent aux épées; mais ledit Sor- 
nette vainquit assez brièvement son adversaire qui confesse 
le cas et fut décmpité. Ledit vainqueur fui généralement 
de tous les seigneurs honoré et conjoui *. 

1. DucaDge, II, 4168, vieille glose sur l'ancienne coutume 'I' 
^^ormandie. 

2. Duc. I, 161, vieille coutume de Norm. c. 75. 

3. Froissard, éd. Dacier-Bacbon, X, 276, et appendice. 

4. Monstrelet, I, 153. 



DIÎEL Jt'DIClAÏHE. 



iT7 



Eu 1538, un tiiiet sôleiintO eut lieu par-do vaut ic mî 
itr»> deux geuMlshommes, dont Tun accusait Tautre 
lavoir fui à Ja bataille de Pavie: Après s'éin* qnehjue 
^tps ùfiltm d*! îrifn^ f^péeK, ïh l**s jetèrent ff sf^ prireNt 
( corps, in ihgmtte au pivng ; mms h roi p^ta stm fMitoit K 
^Le vieux duc Arnould de Guotdre jeta le gaut A ^m 
fcdigiie liLsqui lavfiifsi cruellement traité K £st nùinhk 
ymre le rom/jài du rhevaiier Mackatrc f^i du lévrif^r dé* 
if mit Auùrtj dé Mmi(ditlœr\ 



\î, Martin Dubeïki, XXI, 2\n , 

Soyti cette ùàgique hialoire iUm le vècH do M. dr Bîirftnte, 
Lic« lie flourgognt', 

Rague.iii, apud Laurièmj I, â6K 



*e 



CHAPITRE HUITIEME 



ANIMAUX COMPARAISSANT EN JUSTICE, COMME ACCUSES 
OU COMME TÉMOINS. 



Si an bœuf frappe de la corne un homme ou une 
femme et qu'ils meurent, le bœuf sera lapidé, et on ne 
mangera point de sa chair ; le maître du bœuf sera jugé 
innocent*. 

Loi des XII tables : Si un animal a causé dommage, 
que le maître offre l'estimation ; sinon, qu'il donne ce 
qui a nui [Si quadrupes panperiem fecerît, dominus 
noxœ sestimationem offerto ; si nolit, quod nocuit dato. 
— De même chez les Grecs : Remettre lié d'une qua- 
druple corde, le chien qui a mordu. Plut, in Selon. 
G. 664. 

Loi des Burgundés : Si^ parmi des animaux, un cheval 
a tué un cheval, si un bœuf a frappé un bomf, ou si w> 
chien a moi'du de telle sorte que l'animal blessé ne puisse 
plus travailler {debilitetur), quon livre le premier animal 
ou le chien qui paraît avoir causé le dommage à celui qhj 
l'a éprouvé. — Loi des Alamans. G. 665 : Si un homme 
est tué par le chien d'un autre, le maître du chien doit 
payer la moitié de la composition. Si l'héritier demande 
la composition entière, on lui fermera ses portes^ dr 

1, Exod. c. 2i,§ 28. 



lôrlr iiifii ii*etilre el. ne sorte que par unoîseuln. Alors 
In pundra le chien à neuf nieds au-dessus du s^euil, et 
^n le falsserii jusqu'à co qu'il poyiTisse en entier, qu'il 

ïmbe ile pu Iré faction el que ses ossements y restent; 
^l rhérilier ne sortira, n'entrera par aucune autre parle ; 
ylï jetait le cliien loin de cet endroit, et (pi'il entrât pîif 
pue autre porte, il rendrait îa moitié de la composilion* 
De même dans le Nord, le maître d*un serf qui avait 
Commis un menrtre était tenu de payer la totalité des 
juarante marcs de la composition; s'il ne payait pas» 
>ïi pendait te serf au-dessus de sa porte, jusqu'à ce 
|u'il pourrit et tombât : sUi détachait le serf^ il devait 

lyer les quarante marcs. G, 6t>5< 

Les oies n'ont aucun droit, sinon autant qu'elles 
jeiivent avancer le cou entre deux plandies, Sî elles 
il I aient plus loin^ il faudrait sur la place les pendre [jar 
cou. Si Tendroit n'était pas convenable pour cela, il 
ludrail fendre un bîUon blanc, et les pendre par le cou 
fcfilre les deux branches; et si alors quelqu'un venait 
blâmant le juf^ejtienl de notre Seigneur, il aurait rf^.*/t»r//fi? 
pomme le plus grarnl (irlincfntiHL G. 137. 

Yoyeï [ilus haut le bélier coupable de meurtre, page 
173, et la composition du chien, du clial et du cvi^ne, 
' . 285. 

Si un homme, qui vit seul et sans serviteurs, est alla- 
jiié, après l'Ave Maria, par un assassin^ el qu1l \mr- 
ienne à tuer le brij^and, îl prendra trois brins du loil 
îe chaume, de plus son ehien quHl détacliera (ou bien 
chatte au foyer^ le coq à l'échelle du poulailler), etil 
5g amènera devant le juge; là îl jurera, et sera déclaré 
ion coupable du meurtre. Jean de MuUer, 111, i58» 
55G. 

On trouve un exemple remarquable d'animaux cités 

>mme témoins dans les contes du jésuite Masenius, 

]ul n'a fait probablement que reproduire une tradition 



lH>pulairê. Le siu^j le Honet le serpent viennent âépù- 
ser devant leg Inquisiteurs d'étal, en faveur de celui r]UJ 
les a tirés de la fosse*. 



1. Ma^entus, Palcitru JraïnaUca. HVil. Ciflùoim, Vûy« I*i- 
troit qvCen a donné M, Saiot-Marc GirarJin, 



CHAPITRE NEUVIKJtE 



AVEU, APPBL, CLOTURE Dl' JUGEllÈLNT. 



Avant de prononcer la sctitonce, on exige souvent 
'aveu de Tacoiiàé. C'était la couhime à Genève {comme 
incorc auji>urd4mi, je crois^ en Auîricho et tm Suedtî), 
le ne point iirononcer d*arrèt tic mort si lacoysé ne 
Confessait le crime. 

Un fameux' voleur, nommé Mortel j qui toujours 
ckoppit^ parce qitùn ne condammtU persimm^ &^H navouoil 
ti-mfhfit% t^t qu^il rt^istoft à tottles 1rs tortunw ^. 

En vertu du ménm principe qui exige Faveu du cou- 

lamnts it peut ausyi, dans la jurisprudence alleuiaude, 

ilàmer la sentence, et trouver (lînJen) un meiîlcnr juge- 

leot : — La sentence qui a été trouvée contre moi» je 

critique; car elle est inique, et je veux en trouver une 

|ui soit plus éniiitîtï>le ; et je prie le juré duid je critique 

sentence de se lever. — Un tiers étranger à faiïaire, 

lo simple assistant ayant capacité pour devenir juré, 

>uvait aussi critiquer la sentence :„, — S*il eritiiine 

I jugement dauâ son contenu, qull prie le ùnnc d'en 

rouver un autre ; et celui qui a trouvé la seutcncc doit 

m lever, et l^iutrc s'asseoir en ssa place et trouver celui 

juj lui paraîtra juste. Si quelqu'un blâme une décision 



i, Spon, Hiit. de GeQève.aonée 1502, p. 406-8, 



10, 



282 APPEL. 

émanée du conseil, et qu'il ne trouve pas mieux, il e>( 
tenu de payer à chacun des membres du conseil cinq 
schellings, et de lui demeurer soumis aussi longtemps 
que l'exige l'antique usage. G. 865. 

Le droit féodal permet à celui qui se trouve mal jugô 
d'appeler successivement en combat singulier tous le-^ 
juges qui ont opiné contre lui : Quant nucuns apeU* //• 
faux jugement y et il atant tant que li jugemens est pr*^ 
noriciés et que tuit li hoinmes se sont accordé au jugeni^^ut , 
et li apeliers dit aprèz : Chis jugemens est faus et vnauv*'s, 
et pour tel le ferai en la cour de cheens, ou là où dr*»: 
me merra. En tele maniei^e d'Opel il vonvenroii que il ^^ 
combatist tout seus encontre tous les houmes, se luit /» 
hounips o/f raient à fere le jugement bon, — Se il aven**t' 
que chil qui vouroit apeler de faux jugement , se hastoti 
si d\ipeb*r que il ne se feussent pas accordés au jujem*^nt. 
fors deux ou trois ou plus, et non pas tous les houmes, » ' 
il apeloit en le manière que il est dit dessus^ il convenroi^ 
que il se combatist à tous chaus (ceux) qui se servi^n^ 
accordé au jugement, et non pas à chaus qui nauroî^nf 
pas encore dit leur acort dou jugement *. 

Voyez plus bas, au chapitre Proscription, quelque^ 
exemples de sentences. 

La sentence rendue, l'appel reçu, le tribunal est clor?. 
Alors le juge descend du siège et se délasse de sa gra- 
vité. Un repas lui est servi. Cette partie des droits du 
juge est réglée avec une complaisance particulière dan^ 
la jurisprudence allemande : — Au jugement du Voçt. 
il y aura: Linge blanc, verres blancs, blanc manger. 
blanches chandelles, draps blancs au lit; le tout en saf- 
fisance; entin un feu de bois sec, sans fumée... — L* 
juge forestier a droit au siège supérieur, à une blanchf 
nappe, à un petit pain blanc et à un verre blanc. Quand 

i. Beaumanoir, ch. lxi, p. 3i3. 



CLOTURE DU JUGEMENT. 



âsa 



le seigneur de Greifensée vient pour tenir la eoiir de 

raniiée, le McicrdoU aller à sa rencontre jusqu'à T(4- 

leiibach, et lui apporter un verre tle vin rouge pour lui, 
quart d^avoine pour sou cheval; îl doit ensuite ilnvî- 

ler à siéger, G. OU. — S'il se trouve dans le village sus- 
it deux tavernes ou Ton boive du vin, les jurés auront 

ie meilleur des deux* Si on boit de Irois sortes do 

fiifig dans trois tavernes, ils devront avoir le vin de 
loyenue qualité. Si on boit d'un seul vin dans une seule 
averne, c*est ce vin-là qu*ib auront* — Devra aussî^ 
lolre honorable dame de Marîentha!, chaque année, le 
premier mardi après le dix-hnilième jour, préparer au 
rihuuat im déjeuner. Les verres et les i>lats dans lés- 
ais on boira rt mangera ce jour-U seront neufs^ et 
ïue juré sera assis sur un coussin, et il aura avec 

^uî un garçon à qui iJ sera fait coinmc auK jurés, ci en 
Be jour, nuL excepté le tribunal et le bailli, ne pourra se 

[Ironvcr dans la chambre. G. 870» 

L'audience tenue, ceux qui ont prononcé la si-ri- 
Bnee pourront entrer dans une auberge pour ftiirc un 
bon repas que le saint (le patron du chapitre) paiera. 

[Il [mraîl que la bourse du saint était alimentée par les 
imeniles :j Tout ce qui revient desditcs amendes sera 
ïusomuié sous les tilleuls par les seigneurs cl fions de 

lia Marche réunis. — Dans le nord de rAllemague, 

'amende était souvent d'une tonne de bière ; — Et si 

EîUe était la foule qu'on ne piU approcher du hondon, 

m défoncera le toimcau d'un coté, et ou le placera sur 

^'autre; puis on mettra des écuelles, afin que chacun 

misse boire» G* 87L 



CUAPITRE DIXIEMK 



COMPOSITÏOX. 



La loi juive n'admet pas la composition pour TiiooiJ- 
cide : — Vous no recevrez point d'argent de celui qm 
vaut se raflicter de la mort r}n'il a mériléej pour avoir 
répandu le sang ; il mourra lui-même *. 

La composition est surtout germaniijue : — Qui a 
des poinfçs peut frapper ^ qui a bien et argent peut payer, 
dit le [)ro verbe frison '. 

Le.^ dilîé renées de composition in(li)juent avec ]iréei- 
sion les divers degrés de la liiiSrarchie sociale. Voyez, 
sur cet important sujet, les rapprochements ingèmeu-i 
de M, Grimm. Nous donnons plus bas le beau texte /^^ 
Ckremcntdfi. 

Loi des Ripuaires ; Si un esclave en frappe un autrt^ 
re nest rien (nilûl est). Seulement j pour la paix^ il paiera 
une composition de quatre dm i ers. 

Le roi des Vîstgoths^ Alaric, et le roi des Francs, Ciotti, 
voulurent après de longs différends conclure la ptiix. On 
convient d^une conférence ^^ mats les Goths y vimnenl winri, 
secrètement. Pnternus, t' envoyé des Francs^ vit en ce tu hji 
complot contre (a vie de Clovis^ et il se plaignit. It fut 

i. Nombres, § Ht, c. an. 

2. Wiardn. Ptkter, UisL d'Allem., lï, XU 



MÛXCEAL'. 



â85 



^liejifht ni ors qw ht d*kision de fa vhos^ serait soutnisi' an 
n des O.^lrogoth^ Théodork. Iif teik fnf céilt? dérhma ' 
/#! *mmijé des Francs devait se présenter à cheval et la 
incr drofle^ devant le pulah dWiark ; Alark et les Goths 
paient alors jeter des pUcm d* argent jasquà ce qn^ih 
eussent couvert l* envoyé et son cheval, jmquà la pointe 
%e in lance. Fnklcgaire, ou Exi^eriïhi d'idatius, c. 6il 
Bouquet, ^2,46.'i). G. 072. 

.. Je pose cette queslion : un maître de maUon a un 
m chien, et quelqu'un le mel méchamment à mort; 
lelle âf*ra la composition? Bi^ponse : On pendra ïe chipii 
ïort par la queuOj de sorte que le ne^ de 1 animal touchô 
lerre> et, dans cette position, on répandra mv lui clu 
roment rouge jusqu'à ce qull en soit couvert : ce sent 
isa composition. G, 0(38. — Si quelqu'un a tué ou sous- 
lit le cliat gardien d*un gi'eniei% qu'on pende le chat en 
^aîr par la queue, de manière que la tète aille toucher 
terre unie et propre ; qo*on répande Hiirlui des grains? 
bïO jusqu'à ce (juc le bout de la queue en soit cou- 
vert* — En Angleterre, celui qui tuait un cygne devait 
pendre par le bec et le couvrir de grains. Wotton, 
5. — Le même usage se retrouve chez les Aral)es. 
Dans le Nord, on doit remotirc à celui dont le hœuf 
été volé la fieau delanimal j emplie de farine. G. 070, 
Hreidmar avait trois jiîs, Fafnii-, Otr et Heginn. Otr 
rit la forme d'une loutre (conformé ment t\ son nomi 
ftler), et il plongea dans le lleuve pour y prendre des 
lissons. Un jôur qu'assis sur le rivage il mangeait un 
imon en clignant de Tceil^ les trois Ases voyageurs, 
lin, Loki et Moenir, vinrent à passer, Loki, voyant la 
aire, prit une pierre et la tua. Sur le soir, les voya- 
Burs se retirent justement dans la maison de Hreidmar* 
if ne sachant pas qu*Otr lui tînt de si près, ils lui mon- 
rent leur capture. Hreidmar et ses lils reconnaissent la 
aau \ ils saisissent les Ases et leur demandent la ran<,-oiJ 
livante : La peau devait ôtre remplie à Tinter ieur d'or 



:286 COMPOSITION. — POIDS. 

rouge, et à l'extérieur couverte d'or. Les Ases envoyèreol 
Loki pour chercher de l'or. L'opération terminée, HreW- 
mar examine le monceau d'or; ii restait un poil de 
barbe qui n'était pas couvert ; il exige qu'il le soit. L*or 
était épuisé ; il fallut qu'Odin se défît d'une bague pré- 
cieuse pour couvrir le poil qui passait. G. 670. 

Couvrir d'or (xpu<Tw IpùaaoBai, Il iad. XXII, 351). Donner 
le même poids en or, dans un chant espagnol : Si tu !<• 
tienes preso, a oro lo pesaran. G. 673. Dans le poème 
des Quatre fils Aimon, Charles propose à Aimon de lui 
payer, pour le meurtre de son cousin Hugo, neuf fois f*,v 
pesant dor. Quand Renaud a tué Louis, le fils du roi, il 
lui offre de le payer neuf fois en ot\ Il propose aussi de 
faire fondre en or un homme de la taille de Louis ; iv 
qui fera neuf fois la composition. Ibidem. 

Chararic, roi des Suèves, avait un ûls malade ; ayant 
ouï parler de la vertu dont les ossements de saint Martin 
étaient doués, il fit. peser le poids de son fils en or et er. 
argent, et envoya cette somme au saint lieu. Greg. Tur. 
De mir. S. Martin. I, 11. G. 674. — Une femme, dont 
la fille venait de se noyer, fait ce vœu : Saint Loys, m-' 
moi ma filles et je la contrepeserai de froment. Uneaulr'\ 
ayant été guérie d'un mal de jambe en invoquant sainl 
Louis, fit porter à son tombeau une jambe de cire. — 
Des malades, guéris par l'invocation d'un saint, fout 
porter à son tombeau une chandèle de cire de leur ltn>- 
gveur * . 

... A la première fête solennelle^ cent des bourg^if^ 
excommuniés, nu-pieds, sans robe ni ceinture, niarchh^^i' 
processionnellementf la croix en tète, deptiis le bas d»' /»' 
montagne de Laon jusqu'à la cathédrale. Tirais d'entre »'" 
portaient dans leurs bras des figures £ hommes en cir^ *'* 
poids de vingt livres, qu'ils remirent au doyen et o**> 

i. Miracles de saint Loys, p. 40â, 434, 496, etc. 



CU>Jlni^lTll»r URHISOIHK. 



287 



jHOtïifUK, t'H atpie de vesfiMJnn. llisl, du diocèse de 

Si quelqutin Uie un évoque, qu'on Tas^se uno tuniïfue 

plomb à sa taille» qu'il donne ensuile aiilanl d'or 

i*elle piiseraj s'il n'a pas d'or, qu'il donne toute autre 

loonaie, des esclaves, des terres, des farmes, en un mol 

^ut ce qu'il aura, jusqu'à ce qu'il ail acquiUô la dette. 

\i Bi entin il n^a pas asâez^ qu'il se donne lui, son épouse 

SCS enfants, en servitude à l'église jusqu'à ce qu'il 

lisse se racbeler, G. 074. 

Le parricide devra se racheter en donnant tout son 
at d*or, ou deux fois son pesant d'argent, Micralius 
Poinéramen, année 980. 

On peut refuser la composition : — Je ne veux pas, 
il un père, porter mon 111 s mort dans ma bourse. 
647. — Alors il y a guerre. Le parent peut tuer inapu- 
linent le meurtrier banni de son parent* En signe de 
lumposilion, il met quelque monnaie ou la làle d'un 
sur le cadavre du meurtrier. G. 679. — Si quelqu'un 
lit violence k un autre Bur son propre bien, le maître 
^lamaison peut le tuer; il creusera un trou sous le seui) 
la maison, y trarnera le malfaiteur et lui mettra un 
retitzer (petite monnaie) sur la poitrine, ou, s'il ne 
ïul en trouver, qu'il coupe îa tète au coq et la lui mette 
aria poitrine : ce sera sa composition. G. 679-680, 
Le journalier aura pour composition une paire de 
its de laine et une fourclie à fumier. Les enfants de 
Itre et les bâtards auront une charrette de foin que 
eux bœufs d'un an puissent tirer. Les baladins et lou- 
ps gens (|ui se font serfs n auront que l'ombre d'un 
:)inme. Les duellistes à gages n'auront, eux et leurs 
fants, pour toute composition^ que le reflet d'un bou- 
lier au soleil* Deuxiïalais, une paire de ciseaux, seront 
composition de ceut qui s'adonnent au voL G. 677-678* 



► !♦ kwg. Thierry, Utlre iS, p. 331. 



r-^-ïl 



288 COMPOSITION. 

Selon le droit de la Souabe, les baladins, ceux qui 
prennent Targent pour Thonneur et qui se font serfs» 
auront pour composition Tombre d'un homme au soleil, 
c'est-à-dire que celui qui leur a fait tort se mettra 
contre un mur, où le soleil donne; l'offensé ira droil à 
Tombre et la frappera à la place du cou. G. 678. 

Lois de. Galles : L'amende pour qui insulte le roi 
(FAberfraw (village principal de Tile d'Anglesea) sera 
payée comme il suit : Cent vaches de chaque hundred 
de sa juridiction, une baguette d'or aussi haute que lui 
et aussi épaisse que son petit doigt, un plat d'or aus^i 
large que sa face et aussi épais que l'ongle d'un laboQ- 
reur qui a été laboureur pendant sept ans. L'or n'esl 
payé qu'au roi d'Aberfraw. — La reine peut être insul- 
tée de trois manières : en violant la protection qu'elle 
donne, en la frappant et en lui arrachant quelque chose 
de la main. L'amende pour l'insulte faite à la reine esl 
le tiers de celle du roi, et elle n'est pas exigible en or 
ni en argent. — ... Voici les trois cas dans lesquels ilne 
doit rien être payé pour le sang : sang de la dent, san^ 
de la gale, sang qui vient du nez. Pour avoir arraché 
des cheveux blancs, il sera payé un penny par chaque 
doigt qui sera entré dans les cheveux et deux pour le 
pouce '. 

1. Probert, p. 90, 209, 34. 



CHAPITRE ONZIÈME 



KSâcUTlON. 



Le coupable condamné va être Ôté de ce monde, dont 
ît trouble Tordre et la paix. Les législations barbares 
ont déployé dans l'invention des peinci^ une effroyable 
poésie. Nù parlons pas des supplices mylliiques de Pm- 
rnéthée, dixion, des Danaïdes, du Loki Scandinave, etc. 

Le coupable peut périr, ou par les éléments, ou par 
lé fer et la main de Thomme, 

Far les éléments : lair. Le gibet est Tinstrument de 
mort ie plus ordinaire. Leâ synonymes dn mol Pendre 
sont fort nombreux : Pendre jusqu'à mort, Ravir à la 
terre, Vouer aux oiseaux, Confier à Tair, assez baul 
pour (ju'un cavalier, le casque baut, puisse dessous pas- 
ser à chevaL On trouve encore : Chevaucher dans J'air, 
Travailler le gibet, Cbovaucher larbre sec* — Si quel- 
qu'un est condamné à ôlre pendu, qu'on (e mène à un 
arbre vert, qu'on Faltache par le meilleur de son cou, ûo. 
sorte que le vent batte dessus et dessous^ que trois jours 
durant le soleil et le jour l'y voient; qu'alors enfin on 
îe détache et Tcnterre. — Le roi Frode ordonna que le 
voteur fût conduit au g"ibet, et qu'on atlaehàt à ses côtés 
un loup vivant, pour qu'il le décbiràt de mille maniè- 

n 



290 EXÉCUTION. — AIR, EAU. 

res*. — Jusqu'au quatorzième siècle, on pendait îe? 
Juifs entre deux chiens, et la tète en bas. — On suspendail 
près du braconnier le bois d'un cerf. G. 68-6, 

Eau. Ayant fait saisir la jeune fille par sa chev^lurtj 
il la fit jeter à terre, et quand elle eut été foulée mu 
pieds, il ordonna quon la dépouillât et qu'on la plovgr^ii 
dajis une cuve. Greg. Tur. 5-38. — L'ayant fait plmyr 
dans une litière attelée de bœufs indomptés, elle ht ff 
précipiter du haut du pont. Grég. Tur. 3-26. Ayant fn''t 
mettre la sœur de Bernard, qui était une nonne, dans »/>. 
tonneau, il la fit précipiter dans la Saône. Ann. Berlin 
ad. ann. 834 (Pertz, 1, 428). G. 696. — On sait qut 
sous les Valois rien n'était plus commun que de faire 
coudre les condamnés dans un sac pour les jeter à la ri- 
vière. Laissez passer la justice du roi. Sous Charles Vil, 
un bâtard de la maison de Bourbon périt de ce supplice. 

A Rome, le parricide était noyé dans un sac, avec uo 
chien, un coq, une vipère et un singe. Gicéron dit ei- 
pressément, et sans doute d'après quelque tradition an- 
tique, qu'on voulait isoler le coupable du contact de 
tous les éléments qu'il aurait souillés '. On trouve de^ 
dispositions analogues dans les lois allemandes. 

Par un nouveau genre de mort, il fut lancé à la source 
de la rivière de Ferentinum ; une claie fut jetée dessus, 
et des pierres entassées pour qu'il enfonçât. Tit Liv. l. 
51. — Voyez aussi la mort de Posthumius, qui faisaii 
noyer ses soldats sous la claie '. — Loi des Burgundes : 



1. Fuero d'Aragon, an 4247 : On le mettra tout nu, on lui pen- 
dra au col par derrière un cfaat, on le mènera ainsi d'une portr 
de la viile à Tautre, en le battant de conrroies, de manière <|ac 
le brigand et le chat soient également frappés. Fori Otc», Ja> 
cobi I. Même supplice en Ecosse* Statuta Alex. U, régis Scotis. 
Ducange, IV, verbo Murilegus. 

2. Cic. Pro Roscio Araerino. 

3. Tit. Liv. anno 412 a. J.*C. 



EKV, FEU, 291 

Si une femme abandonne Tépoiix auquel on Ta légiliEne- 
ment unie, qu'elle metiie dans la boue. G, 005. — 
,.. Les lâches, les hommes faibles^, ceux qui prostituent 
leur corpSj itsles plongent dans la fange ot la bouc, et 
ik jettent une claie par-dessus- TaciL Gerni., c. là. 

Fku, Dans le feu lu chevaucheras' ton corp?^ au feu, à 
;\ la fumée ta chevelure... G. 41, 10(), — Voyez plus 
haut les supplices de ceux qui ont violé le.s droits de k 
Marche, 

Le feu est un des principaux moyens d'épreuve et de 
torture. Dans TEdda, !e roi Geirrœdr fait prendre un 
étranger suspect^ du nom de Grimncr, que les chiens 
n'osent attaquer. Et comme il ne répond à aucune 
question, le roi éprouve sa constance par le feu, Grim- 
lier demeure hnit jours durant silencieux entre deux 
flammes, jusqu'à ce qu'elles le gagnent et que son 
manteau commence à hriiler; alors il élève la voix, 
mais c'est pour conjurer la flamme. Sœm, G, 700. ~ 
VoyezCrésns dans Hérodote, etdans la Bible les jeunes 
hommes jetés dans la fournaise ardente. 

Au quatorzième siècle, dans Têpoque la plus crnelle 
de la tyrannie fiscale, l'eau et le feu sont employés à la 
fois pour le supplice des faux monnayeurs; ils sont 
ùimillh tout vif^. — ..JMptth, h-etlul Mt:snftfi'if}r aîl Hé 
pris pfir notnf ba'tlli fie Coushnifin *'( par ict'Uni pour 
ladite cause, m cojif^ssimi uiff, nmd^mpm n mort el à 

t^stre bouti Et fpiont Udil Mf'suagier fa mh en (a 

rhaadîh'fi ^ etc. — La coutume de Bretagne, réformée 
en 1580, porle (article C3i) : Le^t faux m onuoyear.^ seront 
bouillis, pms pmdax. Même supplice en Normandie. On 
voit, à la Bibliothèque royale, un grand nombre de 

i. Annùe 138Û, Voyez lc3 autres eiEcmplcs citf^a p^r Carpen- 
tii?ri l, 61U^ aunéââ 13^7, iïîïi, tluprës les regUtrea du Trésor 
des chartes» « 



292 SUPPLICES. 

quittances du quinzième siècle, par lesquelles les exé- 
cuteurs des hautes-œuvres de Rouen, Coutances, Cacn. 
Seez, reconnaissent avoir reçu certaines sommes po^ir 
avoir bovilU ey^ chaudihe des faux monnayeurs*. 

Terhr. On connaît le supplice des vestales, et, an 
moyen âge, les oubliettes et les in pace. — Qtie rhow'*- 
cide soit enseveli sous celui qui a été tué, Stat. fori Mor- 
lanensis, 31, 32. Que le meurtrier soit enterré vif son 
rkomme quil a tué. Charte du comté de Bigorre (anné»' 
1238). — En 1489, à Zurich, on mure deux hommes : 
De sorte qu'ils ne voient plus ni soleil ni lune, et qu'il 
n'y ait d'ouverture que pour passer des aliments. — Or. 
traînait les cadavres des malfaiteurs par une ouverture 
pratiquée sous le seuil. G. 726. Le suicide est puni de 
même. De plus, si l'homme s'est poignardé, on Ini 
plante près de la tète un arbre ou un morceau de bois, 
dans lequel on enfonce le couteau ; s'il s'est noyé, od 
l'enterre à cinq pieds de l'eau dans le sable; i?i c'est 
dans un puits qu'il s'est noyé, on l'ensevelit sur unp 
montagne ou près d'un chemin, et on lui pose trois 
pierres, l'une sur la tôte, l'autre sur le corps, la troi- 
sième sur les pieds. G. 727. On craignait évidemmeni 
que le mort ne revint et n'errât. 

Supplices divers : _ 

Telle était, dit-on, la beauté de la reine, que les che- 
vaux même eurent horreur de fouler des membres si 
beaux. Saxo Gramm. VIII, 57. 6. 693. — Les fliles d»^ 
Francs, données en otages aux Thuringiens, furent atta- 
chées par ces barbares à la queue de chevaux indompté. 
Les Francs eux-mêmes traitèrent ainsi leur reine Bru- 
nehaut, mère et aïeule de tant de rois. — D^autr*» 
furent étendus sur Vornière des routes, et des pifux 

- 1. Floquet, Hist. du privilège de S. Romain, î, 22". 



DiVERS. W% 

étant fixêi en terre, on fil passer de^îus des toitures char- 
gées ^ t^t leur ayant brisé les os, on lex donna en pâture «*ia? 
oiseaux ft aux chiens. Greg. Tur. 3, Los Indiens se jet- 
tent d'eux-mêmes sous les roues des chars de leurîj 
dieux ou de leurs rajahs. 

Les guerriers du Nord faisaient, dans la chair des 
vaincus, des incisions en figures d'aigle ou de hibou. G, 
691-9, — Loi des Burgundes : Si quelqu'un a ienfé de 
Jt>m/>fi7rr du faucon d'autrui^ le faucon mangera st:E 
onces de chair sur son sein; s'il ue le veut^ il paiera six 
jsolidi au tnaître du faucon. G. 690- 

Que le franc-corale fasse saisir sans miscricorde cehu 
qui aura trahi les secrets de la cour Weimiquej qu*il 
lui fasse lier les mains, qu'il lui mette un linge devant 
les yeux, qu'il le jette sur le ventre et lui arrache la 
langue par la nuque du cou, qu'il lui passe une triple 
corde au cou et qu'il le fasse pendre sept pieds plus haut 
que tout autre voleur. G. 08i. 

Chez les Perses, quand un homme avait touché des 
vêtements impurs, on lui enlevait la peau depuk la 
ceinture* Kleukcr, Yendîdad. G. 705* Gambyse fit ôcor- 
cher vif unjuge prévaricateur, et fit siéger sur la peau 
du coupable le jvge qui lui succédait. Voyez dans Plu- 
tarque (Artaxerxe) et autres auteurs anciens, le supplice 
€(es auges, celui de la tour de cendre, etc. Les supplices 
encore en usage à Maroc ne sont pas moins atroces ^^ 

Dans les lois de Guillaume, roi d'Angleterre, ai't. 67, 
on lit : Nous défendons de tuer ou pendre le criminel, 
quel qu'il soit; mais on lui arractxera les yeux; on lui 
coupera les pieds, ou les testicules, ou les mains, afin 
qu'il ne reste plus de lui qu'un tronc vivant en mémoire 
de son criroe, — Quelquefois on arrai-hail les entrailles, 
et on les brûlait en présence du patient vivant et assis. 
Tel fut le supplice de Thomas Blounl, sous le roi d'An- 

1. Revue dos Deux-Moudes, juillet, août 1830. 



294 SUPPLICES 

gleterre, Henri IV ^ Voyez, dans Froissard el autres 
auteurs du quatorzième siècle, le supplice des favori- 
d'Edouard II, et celui d'Edouard lui-même. 

On voit dans les règlements de Richard Cœur d€ 
Lion, pour le^maintien de Tordre sur sa flotte : — En 
cas de meurtre, le coupable devra être lié au cadavre et 
jeté à la mer, si le crime a été commis à bord des vais- 
seaux ; s'il est^commis à terre, on brûlera le meurtrier 
sur le rivage témoin de Thomicide... Quiconque daib 
une querelle avait tiré le couteau et frappé perdait le 
poing; s'il n'y avait pas eu de sang répandu, il était 
plongé trois fois dans la mer. Toute parole outrageanlt* 
était punie par une amende d'une once d'argent... Tonl 
homme convaincu de vol devait avoir la tête rasée, êtn^ 
enduit de goudnm, couvert de plumes et déposé ainsi 
sur le rivage*. 

L'i lieres (le Larron) est pendable^ qui emble cheval vu 
jument, et qui art meson de nuit^ et cil perd les euh, qvi 
emble riens en moutiery et qui fait fausse monnaye^ et 9*/' 
emble soc de chai^i^e; et qui emble autres choses, robe ou 
deniers ou autt^s menues choses, il doit perdre roreUle tl 
premier me/fait, et de Vautre larcin, il perd le pied *. 

Loi de Frise : Si quelqu'un a fait effraction dans un 
temple, et y a pris quelqu'un des vases, on le mène verb 
la mer, et sur l'arène que vient couvrir le flux ; on lui 
fend les oreilles, on le châtre et on l'immole aux dieux 
dont il a violé les temples. G. 708. Dans les contes slaves 
et orientaux, il est dit souvent qu'on coupe les oreille^ 
à des malfaiteurs, et qu'on les leur met dans la main, 
ou dans la poche. Ibidem. 

En Suisse, les blasphémateurs baisent la terre, ou 
restent trois heures au carcan *. — Nousvoulons... quou 

1. LiDgard, t. IV, anno 1400. 

2. Rymer, I, 65; Liogard, II, p. 507. 

3. ÉtabliFseuiftnts de saint Louis, liv. I, chap. 29. 

4. Ruchat, Hist. de la Réf. eD Suisse, H, 324. 



fende (tu hlaxphêmateyr la ièvre rfe desms d'un fer chftud, 
ft que h'^ (ir:n(s lui appfirohsent ; à la tieree fois^ la ièvre 

dessous^ et à ia ifuatre toute lu ùa$-iévn^ '. 

Quand un Lansknecht est condamné k passer par les 

tc^s, ît^ porte-f^teiiiiard roule FtHemlanJ el t'iifoiice la 
jointe en lerre; les Lausknocht ouvrent un pastsag*! par 

|ueî ou tail aller et venir trois fois ïe coupable, pour 

|ii*îl di^e adieu et demande pardon ; ils laissent ensuite 

Homber fes laucefi, dont ils dirigent la [toinie sur le 

ituvre pécheur; le porte-étendard tourne le dos au 

>leil, et les lances lui percent le iceur. ù. i>80. 

Le texte suivant prouve que la guillotîne était connue 
lès Je quinzième siècle : Ùémêtri (nche Génois, auteur 
Vun soulèvement) e:sîetidii le col sur k chapptut. Le itour- 

%u print nnt corde à laquelle tenait attaché un gros ItlûVf 

tout une doulouère irtmchautu^ hantée dedans^ venant 

t'amoftt entre deux poteau j\ et tira ladite corde en manière 

tê le bloc tranchant à celui Génois tomba entre la teit*i ei 

es épaules, si que la teste s'en alla d'un céiê et k cot'ps 

iùmfm de tauire^, 

La liste des supplices serait longue : décapiter, Dtn- 
paler, jeter aux bètes» pendre le meurtrier sur la tonilje 
lu mort, inntiler, oreiller ^\ etc. 

L'exécution publique d'une femme était chose rare. 
Grande quantité dji peuple &'y renditt j^tpécialemeni 
e^fe^nmes ci filles, pour la grande noumauté que c*e$toil 
vùi?' pendre dans la Franc^^ iirw femme; car oneques 
ela ne fui veu drdnntt ce royaume' *. — Les 111 les avaient 

privilège de pouvoir sauver un criminel en l'épousant : 
iu moment oit Con alhit exécuter un très M Jeune fils 
IViiviroH vingt-quatre anSj qui twait fait des pi lier tes 



i. Gfirp. i\%, StiiL au. 134". Onlouii. II. U^. 

a. Jean d'Aiilou» p. 23(ï de raQcleune éditimu Voy, rédtiioo plu* 

3- DucaUije, vurbo Aiiricula. 

4. Juan CharLier, p» 137, iituitîe iU&. 



296 SUPPLICES DIVERS, 

autour de Paris, une jeune fille née des Halles le vinthar* 
diement demander; et tant fit par son bon pourchos, quîi 
fut ramené au Chastellet et depuis furent espousez enstm- 
ble'. 

Dans la simplicité des mœurs antiques, il n*y a pai 
de bourreau. La société elle-même exécute ses arrêt», 
comme on le voit plus tard encore dai^s le supplice da 
soldat passé par les armes. Souvent ce sont les coa- 
pables qui exécutent la sentence l'un sur l'autre. Capî- 
tulaires : Qu'ils se coupent le nez, quils se tondent Cm 
lautre. Voyez dans la Confession de Sancy, l'histoire 
des cordeliers condamnés par Coligni à se pendre l'un 
l'autre *. — Quelquefois le bourreau, c'est l'un des juges, 
le plus jeune des jurés, le plus jeune des hommes mariés 
de l'endroit. En 1740, à Bûttstadt en Thuringe, le plus 
âgé des parents du mort fut chargé de décapiter le meu^ 
trier. G. 882. 

Les biens meubles du condamné étaient souvent par- 
tagés entre ceux qui prenaient part au jugement ; — 
S'il y a un cheval, une cuirasse ou autre bien, cela 
échoit au juge ; ce qui est au-dessus de la ceinture, à 
l'huissier; l'épée, le couteau, et ce qui est au-dessous de 
la ceinture, au bourreau." Statuts d'Augsbourg. Ibidem. 

\. Journal d'un bourgeois de Paris, p. 1Î9, année 1129. 
i. D'Âubigné, Confession de Sancy, sub fin. 



CHAPITRE DOUZIEME 



PEINES iM'AîJAMRil, 



Le coupable, le vaincu, <[ui avoue son crime ou &a 
défaite, est mou mis quelquefois k une cérémonie humi- 
liante qui constate sâ dégradation. 

Quand une ville forfait an devoir féodal et qu'elle f^sl 
forcée à demander gr^ee, oa enlève la porte des gonds, 
et le vainqueur fait son entrée en chevauchant dessuij. 
G. Supplém* 

L*exposition du vaincu, du coupable, dans un panier 
ou une cage, se rencontre plusieurs fois dans riiistoire : 
le suUan Bajazet, le roi des Anabaptistes, Jean de Leyde, 
etc. — Spjs pn l'en (s sr' } -a nn^i mutent ^ se prffc ip iîf^ut sur lu i 
Ht le lunni dam la cage oit il est renfermée Greg* tur. 8, 18, 
G. 7âG, 

Le Iraiteniêotle plus honteux qui ait jamais été inlligé 
aux vaincus est sans doule celui que les Milanais auraient 
subi en J ll5:i, si l'on en croyait Hermann Cornerus^ 

.,* Battus et toûdus, ils sont tenus de se prumcutir 
contre leur gré, autour des dix héritages voisins. Lex 
visîg. VIj % 3. — Qu'il porte son déshonneur par toutes 
les églises conventuelles; c'est ce qu'on appelle vulgai- 
rement Harmiscare. Epist. Innocenlii IH, lib, 13^ ep. 

i, Hcrm, Corner us, apud Eccard. Il, li'J. 



298 PBLNBS INFAMANTES. 

135 (année 1210). — Pieds nus, lôte découverte, ei 
portant des glaives tirés sur leurs têtes... — Tous le- 
principaux citoyens de ladite ville (de Tivoli) se présen- 
tent nus, couverts seulement de leurs caleçons, et por- 
tant dans la main droite leurs épées, des balais dan> 
la main gauche; ils se dirigent ainsi vers le i^hi^ 
(d'Othon 111). — Les susdits, le chevalier et l'écuyer 
feront des processions que Ton appelle vulgairement 
hachàesy l'une, et ce sera la première, à partir du lieu où 
Ton dit qu'ils ont méfait, jusqu'à la sépulture dadit 
prieur..., les autres, les jours de dimanches ou aui 
fêtes solennelles, et ce, nu-pieds, en braies, en chemisr> 
de toiles à sac, et le susdit écuyer aura au col un petit 
drap (panellum, petite bannière?) percé, et il fourrera 
sa tète par cette ouverture, et ils porteront des vergfs 
à la main, et ils diront: Ainsi nous faisons pour la peine 
qui nous a été imposée à l'occasion de la mort du prieur 
Jean. Ch. de l'année 1246. Ducange, verbo Harmiscara. 

— Si quelque noble, ministérial ou laboureur est 

trouvé coupable d'incendie et de pillage, qu'il soit, avant 
d'être puni de mort, et pour plus grande honte, tenu 
de porter d'un comté à l'autre, le noble un chien, le 
ministérial une selle, le vilain la roue d'une charrue. 

— Frédéric Barberousse obligea ainsi le comte palatin 
et les dix comtes ses complices à porter les chiens l'es- 
pace d'un mille allemand. G. 713-710. 

Enportera, se vos le commandes^ 

Sue sa sete à Paris la citéj 

Ti^estos nus pieSj sans chauee et sans soler, 

La verge el poing, corne home escoupé, 

Kyi portera del bore de Saint Denis 

Nue sa se le deci que à Paris 

Nus pies en langes ^ corne un autre chelis, 

La verge el poing, si corne d'orne eschis. 

(Roman de Garia le Loherens.) 



PORTER LA SELLR. 29ft 

Que voU'e sdte d'tnt bel ^mit ti nr^r}. 
Port itor HOîi chef^ une tkuc de randoUj 
Nus pks en langi's^ tY* &fi sûmbk misQn. — 
Qui devant moi veti'lrd tiyenoifier 
Nus piez en langes, por la mari-i proit}\ 
la selie uu €olj quû tendra ptr î%'$tritir 

(Gérard de Vienne.) 

Quant a RkliaH mni U quem Um, 
Une selle â son col pendue. 
Son dos offri a ehvMauckwr ; 
iVe se pot plus humeHej\ 
Es toit Gù us tu me à <^et Jour 
De querre jnerchî à ^eifjnour. 
... Guittuume vint û rnerchî 
Nuz pleZi une selle à son coL 

(Roman du non.) G, 719. 

Dâfis la clironique de Normandie (Duc- fi, 337) : ffue 
prend une selle ci la mel vwï' son col, et tout â pkd sen 
vtni û la porte ^ où les deux en fans du duc iUckard esloieni, 
et se lahsa dwuh- aux pieds de Hkhard fils du due^ afin 
que iîickard k chevanchast s*il lui plahoit ^ 

Hugues de ChdionSj reconnoissant quil uavoit aurun 
moyen du réstsler à une jfi redoutable armée , vlni^ porUint 
sur ^es épaules une selle de cheval^ se rouler aux pieds du 
jeune Hkhard, imphranl, en supplianl, -von purdon*. 
Jeaa d'AvcJsnes, comte de Hatnaut, attaqué |>ar Cluirïcs 
de Valois, va au-devant de lui, ayant uji fil d*f y oie au- 
tour du cmij en guise de hart (l!292)^ — Les gentih- 

{. Daus les fabliaux» Je nuM Arï^totn se iîii^sii cheBaucher^ avec 
aellc et briiU^ juir la dame dout il cat vpvh. Voyez le charmant 
Lai d'AristottÏT dt la notice curieuse de M. LaQgloi>f, 8iir tf» 
âtalks iJe la CitLhL'drdc de Itoueu, 

2. GuUL GeineL IJl), 5, c, A. 

3- Art. de V, les dates, c, de lïftiaaiit, t. XUL 



300 PEINES INFAMANTES. 

hommes^ faits prisonniers à Oursay el amenés à PatU^ 
tenoienl chascun en la dextre main une espée toute nm 
par le milieu de Valemelle, la pointe contre la poitrine, ^a 
signe de gens rendus à la voulentédu prince (an 1423)'. 

Un serjant de saint Louis ayant frappé un des cheva- 
liers de Joinville, celui-ci s'en plaignit au roi, qui lui lit 
faire droit : — Et li droit fu tel selon les usages du Pais, 
que le serjant vint en ma herberje deschaus, et en braies, 
sanz plus; une espée toute nue en la main^ et s'agenoilk 
devant le chevalier^ et li dit : Sire, je vous amende ce qvr 
je mis main à vous; et vous ai aportée ceste espée pour^t 
que vous me copez le poing, se il vousplet. — Comme des 
chevaliers de Joinville chassaient une gazelle, des Hos- 
pitaliers coururent sur eux, et boutèrent, chacèrent nos 
chevaliers. Et je me pleing au Mestre de VOspilal; et U 
viestre de VOspilal me répondi que il m'en ferait le droit, 
el Vusage de la Terre sainte, qui estait teie que tt ferait 
les frères qui t outrage avaient faite, manger sur leurs 
mantiaus, tant que cil les en lèveraient à qui Vùnlrage 
avoit esté faite *. 

Ean du Seigneur 1395, le jour de l'Epiphanie, commt 
rUlustre duc Guillaume, comte d'Ostervant, était assis à la 
table du roi de France avec beaucoup d'autres princes^ 
suroint un héraut ^ qui se mit à couper et à diviser la toiU 
de la table devant le susdit comte, disant qu'il ne devoii 
pas s^asseoir à la table royale, le prince qui était privé 
d'a7*meset de bouclier. Et comme Guillaume répondmtqu'U 
avoit armes et bouclier, le doyen des hérauts répondit : 
Point, Monseigneur, car Guillaume, comte de Hollande, 
ion grand-oncle, a été vaincu jadis par les Frisons, et 
aujourd'hui encore il est couché sans vengeance sur la 
terre ennemie^. 

Se aucun chevalier, ou gentilhomme avoit fait Irahison 

1. Journal du Bourgeois de Paris, p. 93, année 1423. 

2. Joinville, édit. de 1761, p. 106-7. 

3. Ducànge, IV, J. de Leyde, 1. 31, c. 30. 



COUP En LA 3VAPPK. 301 

eï} aticune parlk, et e^foil assis à fable avec aitlre^ cheva- 
liers ^ fjenlihhommes^ ledit rotj d'armes ou héraut lui doit 
a 11*^1' couper sa touallle devant lut, et lui virer le pain ou 
cotttraire, s'il en esl requis par aucuns chevaliers ou gen-- 
titshommcs, lequel doit esireprest de le comlmttre sur cette 
tltierelk; car ce n'esi pas belle chose que un traistre soit 
honnouré comme im autre chevalier ou genf'dhtjmme, — 

Cedui Her'rand laissa de son temps une telle remous^ 

irance en mémoire dedisnpline eide rhevalene^ dont nous 
parlons f que quiconque homme no h le se fourfaisoit îrrê- 
prochahlemeni en son estât ^ on lui venôii au manger (ran- 
rher la nape devant soiK 

Un clievalier félon devait avoir des bottes sans épe- 
ron, un clieval sans fers, sans selle, et une bride d'é- 
i'orce. — Se aucuns hons esloit chemller et ne fusl pas 
gentis hons de pjaragfi^ ains le porroit prendre H rois ou 
fi àer*, en qui chas tel 1er ie ce serait et trencher *e.ï espé- 
rons ^evr un fumier. Etabl. de saint JjOuîs, J, 130. 
Uuelquefoîs on le faisait chevaucher par lu ville^ sur 
un cheval déferra!!, ou bien avec tin, deux ou trois fers 
seuJement. G. 712. 

Le diffamateur f?e frappait publiquement la bouche, 
et disait ; Bouche tu mentais, lorsqu'ainsi tu parlais* 
G. 711* En Suède, le calomniateur payait TAmende des 
b>vres, se donnait un coup sur la bouctie et sortait à 
reculons du tribunal. 

Si qaelquan a produit un fauj; témoin, quHl perde 
le nez et la lèvre jusqu'aux dents. (Stat. Avenion., 1243). 
G, 7CK). On attachera au faux témoin sur la poitrine 
deux langues de drap rouge, longues d'une palme et 
demie et large de trois doigts; on lui en attachera deux 
autres par derriCîre entre les épaules, avec ordre de les 
porter toujours ', 

1. Tractatns ms. De <jfflcio heralilaruui, 

2. Ducange, IV, 223. 



'^Qt PEINES INFAMANTES. 

Le voleur convaincu de larcin sera tondu, comme le 
duelliste mercenaire ; on lui versera de la poix bouil- 
lante sur la tôle; et sur sa tête encore on lui secouera 
des plumes d'oreiller, afin qu'on puisse le reconnaître. 
Gh. Richardi régis Angl. ann. 1189. Rymer i. 65, G. 
725. 

Quelques-uns ayant maltraité une religieuse^ Vtufant 
enduite de miel^ routée dans des plumes et promenée a 
rebours sur un cheval^Philippe- Auguste fit noyer les 
coupables dans une cuve d'eau bouillante. (Année 1198j*. 

Quand le délit est peu grave, le coupable en est sou- 
vent quitte pour quelque cérémonie grotesque. II faut 
au peuple des spectacles terribles ou ridicules. Une 
femme qui avait battu son mari devait monter à re- 
bours sur un âne et parcourir tout Tendroil, en tenant 
Tàne par la queue. — Cette peine était aussi en vigueur 
dans la Hesse supérieure; le bailli deHombourg décida 
en 1593, à Marbourg, que la femme qui aurait battu son 
mari devait, suivant Tancien usage, monter sur un âne, 
et que l'homme qui se serait laissé battre conduirait 
l'âne par la bride. — Le mari battu était soumis à la 
même peine : Jls sont contrains et condempnez à chevau- 
rhiev un âne, le visaige par devers la queue dudit asne'. 
A Vernon, un voisin chevauche pour le mari en procla- 
mant son nom. — Ailleurs, la peine est commuée en 
argent, 1447.... Payer par forme d*asne, Leur part dudit 
asne. 

Siunhomme est assez efféminé pour se laisser gronder, 
crier et battre par sa femme, sans lui tenir télé et sans 
se plaindre, il sera tenu d'habiller de drap les deux ser- 
viteurs du conseil.de ville, ou, s'il n'en a pas les moyens. 



1. Raucner, Hohenstaufen. V. 63. 

2. GoustiiDie de Senliz, 1375. D'autres docucnents de Saintou::'^ 
et de Dreux, 1401, 1417, se trouvent daas Carpeolier, verbo Asi- 
nus, I, 321), et Ciptivare. 



PEIF4BS GROTESQUES. 3Ô/t 

îl sera emprisonné, et on lui enlèvera le toit de sa mai- 
son (année lôOl). G, lU, 

Si deux fetnmes se qiicrclienl jusqu'^ se baLtrCj en se 
disant en même tecaps des injures, elles porteront^ tout 
le long de la ville et par la voie commune, deux pierres 
attachées par des chaînes, et ces pierres pèseront, à 
eïles deux, un cent; la première les portera de la porto 
orientale à la porte occidentale, pr^ndant que l'autre la 
stiniulera d'un aiguillon de fer fixé à un bâton, et toutes 
deux iront en chemise : la seconde prendra ensuite les 
pierres sur ses épaules et les reportera à la porte orien- 
tale, la première la stimulant à son tour. Jura tremo- 
nensia. C- G. 7âl. 

S'il arrivait qu'une femme sans conséquence adressât 
à une jeune lUle honnête des paroles blessantes pour 
tâou honneur, on lui attachera au cou, par une chaîne, 
deux pierres À ce destinées, et les gens de justice ta 
mèneront publiquement par la vilte, et ils sonneront de 
la trompe devant et derrière, pour la narguer et bai'oucr* 
Droit de Hambourg, au née MUT, G. 720. 

Si une femme en injurie une autre , si femme ou 

servante en lire une autre par le^ cheveux, la frappe ou 
Foutrage, et que cependant il n'y ait point de blessures^ 
la femme doit donner, en réparation^ un sac neuf de six 
aunes et un muid d'avoine, le tout accompagné d'un 
ruban de soie rouge de deux aunes, peur fermer le sac, 
G. 668. Droit de Hanovre. 

La femmi' qui dira vilonh à autre ^ si rùuum de putage, 
pniera, ou eU portera la pierre. ^ touu nuv- an m chemise, 
à la procession, et celé la poindra aprèsfj an lu nage d^nn 
aijuiiion '. 

Outrages k la pudeur, viol : Theudelinde ayant tendu 
la coupe (l Aulharis, qu'elle ne savait pas être son 

1. Carpentier, ati \IVI^ ex Charlul Cnmpan., fal. .tl^l, tti Dii- 



304 PEINES, OCTRAGES 

fiancé, il but et rendit la coupe; puis, sans que personne 
pût l'apercevoir, il lui toucha la main du doigt, et se 
passa la main du front au nez sur le visage. Elle, cou- 
verte de rougeur, va conter le fait à sa nourrice, et celle- 
ci lui dit : Certainement, si ce n'était votre fiancé royal, 
il n'oserait point vous toucher. Paul Diac. G. 632. 

Si un homme libre a pressé la main ou le doigt à "O' 
femme Hb7*e, il sera passible de t amende de XV soUé'f. 
C'est ce qu'on payait pour le vol d'un bœuf d'an an. 

On connaît la remarquable disposition de Moïse : La 
fille a crié, et n'a pas été entendue... , 

<( La loi des Allemands est là-dessus fort singulière. Si 
l'on découvre une femme à la tête, on paiera une amende 
de six sols; autant, si c'est à la jambe jusqu'au 'genoo; 
le double depuis le genou. Il semble qu'elle mesurait la 
grandeur des outrages faits à la personne des femmes. 
comme on mesure une figure de géométrie*... » 

Lois de Galles : Si la jeune femme accusée ne veut 
se justifier, qu'on lui déchire sa chemise jusqu'à l'aine: 
qu'on lui mette à la main la queue d'un jeune bœuf d'un 
an, dont on aura oint la queue; si elle peut le retenir 
par la queue, qu'elle reçoive uiie partie de sa dot; <i 
elle ne le peut, qu'elle n'ait rien... — Si, se tenant sur 
le seuil, elle peut retenir un taureau de trois ans, dont ou 
aurait frotté la queue de suif, en la faisant passer parunc 
porte d'osier, alors que de part et d'autre deux homme> 
exciteraient l'animal, la jeune fille l'aura en compensa- 
tion de l'attentat à sa pudeur; mais si elle ne le peut, 
elle aura tout le suif qui lui collera à la main. G. 679. 

La femme qui aura eu un enfant illégitime portera 
cet enfant autour de l'église; elle sera nu-pieds et velue 
de laine ; ses cheveux seront coupés par derrière, et sa 
robe coupée de même. G. 711. 

La fille à qui l'on aura fait violence se présentera le^ 

1. Montesquieu, Esprit des lois, livre xiv, c. 1*. 



A LA PUi/ElR. Mis 

eheveux en désordie, le visage triste, telle qu'elle a 
taUsérhomme, et elle dira au premier qu'elle rencoD- 
treraj puis à un autre, sa honte et son déshonneur... à 
sa main sera son voile. G. 633. 

Chez les Ditmarses, quand une ftlie devenait enceinte, 
on pouvait, avec le conseil et Taide des amis dç la 
famille, rensevelîr toute vive sous la terre ou sous la 
glace. G. 091. 

Statuts de Brunswick : Qu'on enterre toutes vives les 
femmes qui en livrent d'autres (les entremetteuses), 
Leibn. 3^ 139. De plus, on leur enfonçait un pieu dans le 
sein, et Ton déposait des épines sur leur tombe. 

Statuts d'Augsbûurg : Si quelqu'un fait violence à des 
jeunes lllies, à des femmes, ou à des femmes en Voyage, 
et qn*on le surprenne en flagrant délit, qu'on Tenterre 
lout vif, tel est le droit, 

Jfhnn de Champin vavt ^i prisl à forçt^ Jehftnne de la 
fi race ^ pour kqmi fait il a Hé noyé. G. 696, 

Ce sùnt les droùn du Roifdes Ri baux en Cambvay, Ledit 
rot/ doit avûiï\., sur chacune femme ^ qui s'accompugne de 
fi'fmmt^ canielemenl^en tvagmtnt nm argent... fifUj solz 
parisi^ pour une foiJt. Item .mr toutes les femmea qin 
c ennenlen ta cité, qui sont de rordotmancej pour la pre- 
mière foisj deux s oh louî'uois *. 

Peines de l'adultère : 

Loi indienne : Celui qui parle à la femme d'un autre, 
dans une place de pèlerinage, dansui^ forêt, ou vers le 
confluent de deux rivières, encourt lï peine de l'adul- 
te re ^ 

Pour adultère avec une femme de Brahmane qui était 
^'ardée, un Yaisya sera privé de tout son bien afirùs une 
détention d'une année; un Kchatriya sera condamné t 



1, Girpentîer, III, p. 9L 
2* Mttnou, p, 305, J3j6, 



*Î06 PfiLNES 

nulle panas d'amende, et aura la tôte rasée et arrosée 
d'urine d'Ane '. 

A celui qui souille le lit de son maître spirituel, on 
imprimera sur le front un signe des parties naturelles 
de la femme; pour avoir bu des liqueurs spiritueuses, le 
drapeau d'un distillateur; pour avoir volé Tor d'un prê- 
tre, le pied d'un chien ; pour le meurtre d'un Brahmane, 
rimni^^* d'un homme sans tête -. 

Peine de Tadultère chez les Germains (Tacit. German., 
r. xix) : L(^ mari l'ayant tondue et mise toute nue, l'ex- 
puUe de ïa maison en présence des parents; puis il la 
tdias^e A coups de fouets par le bourg ^... — Chez les 
Saxons, la femme adultère devait s'étrangler elle-même; 
puis on brûlait le corps, et le complice était pendu au- 
dessuiï du bûcher... — Loi anglo-saxonne : Si quelque 
femme ou 1111e est trouvée en déshonnèteté, que ses vête- 
nt ent:? lui soient coupés autour, à la hauteur de la cein- 
tuie^ et qirelle soit fouettée et chassée au milieu des 
risées du peuple. — Coutume encore existante en An- 
gleterre : Si la veuve d'un paysan est convaincue 
d 'adultère, elle est obligée de monter sur un bélier 
noir, tenant la queue en guise de bride, et de réciter 
certaine formule populaire... — Ignominiosa lapidum 
pestaLio in eonfusionem fiagitiosiconcubitûstoties célé- 
bra (a f^iw etiamnùm extat.,. Asservabant in curiis duos 
lapides {{uos lapides publicos seu civitatis vocabant , 
stadzëiî^ shaa; hi scapulis adulterse impositi sunt, ac 
deindè funieulus^ génitale adulteri membrum adstric- 
(uiâ, (]\iù aie uneraTa sessorem suum per oppidum publiée 
eirrumdurt^bat, etc. *. 



i. Mcinou, p. 308, § 375. 

2. Mamn, p. 354, § 2S7. 

3^ Celtt* eoutuine existait encore au temps de S. Boniface, 
cotiuue au le voit par une de ses lettres. 

i. Siiernhnok, De jure SueoDum, lib. I, p. 19, 326. — Oucange. 
iV. 32. 



DE l'aDCLTÈHE, 30 i 

La leninie ad altère doit dégoerpirj sans emporter 
rien autre qu'une quenouille et quatre pfenniugs. Droit 
de Soleure, arniéc 1500, G, IH. 

Que l'adultère et la complice soient publiquement fus- 
tigés devant le juge, et ensuite brûlés. En Wisip. G. 099 
— Le roi dn Portugal, Henri, {Hablit fa même peine, 
pour le même crime. — Pierre III d'Aragon permît au 
mari de tenir sa femme adultère en charte privée, au 
Itain et à Teau K — Ditmarus, lib. n\L p. 106 : Si quis 
(apud Polonos adhue paganoià) alienis abuti uxoribus, 
vel fornicari praesumit, banc YÎndictœ snbsequentis 
pœnam protinus sentit : in pontem mercali is duc:tus is 
foliem testicuïi clàvo affigitur, et novacula prope posita, 
bii^ moriendi, sive de his ab&olvendi dura electio sîbi 
datur. 

En 1314, les deux amants des bclIes-filles de Philippe 
IV furent écorchés vifs en présence du peuple (e^ tinlta 
ftmputata]^ puis pendua. — Lettres de rémission (année 
139i) ; Julie fhtiete avoit oy dir^ fine Mï compaîf^no/is dr 
hi fmckelerie lie in L^'it^pré.s de la linch^lte^ ont acoii.shané 
te dijmfjiche dt^ la Trinité chacun an à ùaig?n?rt'n un fo,'isê 
phin d'eaUj appelé Lorteniguei} hommes et femmes de- 

i. Goûstitution^a PetH [El, régis Aragan. : Dictus Johanutis^ si 
inam (uïorein auaai) vuU, habeat teiipre in cîoino proprîa, et lu 
ip^a ilomo proprïa bnbeal ftieere (loimïticulaîiJ îpse Johciuurs ha- 
benlein ïij palmo» âi} lr>iigItLii11[ii< cl sex do latitudine ut diin!^ 
l'anîias de alaturfi sive de anUufîine, et quod hahcat dare eidcuî 
Eulaliie vmuTti saclipay suffît ien s in n^o dorniiat, et niium lodi- 
ceio eiun f^uo valeal se cohopenre, et facere in dicta domo unum 
idot ^ive foranieiiT in quo posait solvrre tributa ventrii^ nahiraSia, 
i^t per qnod forameii ex^aiit il la fetida, et....*, uimm ft'iH^sUaui 
in eâdeiii domo, per quam denlureidem Eulalia* vieLualîa, vide- 
ncet quod dictviR JohaiiQcs dabit aibi xviij uuciaB panis cocti toru- 
petcrijjs proquàUbet die et aqnam *^\iaiitam vohiiTit ditla Eulalia, 
L*t quod non dabit sibi aUquid^ fl^iU faeîet dari q\iod illam pra^- 
eipilet ad inorlem, autaliquid alUid faciet ut dicta EnJalia moria- 
tur, Carpeiitier, l, 86. Voyeï au&ai Duc, verb, Adulterium, Trotare 
vl Alolfanum, 



308 PEINES DE L*ADULTÈRE. 

meurani audit lieu de la Leu, qui ont eu compagnie cA?//- 
nelle contre leur mariage avec autre.,. Pour la vergogne 
du monde, crainte dudit baing et batizons, icelle HelieU 
vouloit aler et fouir hors du pays, — Autres lettres, an- 
née 1479 : Le suppliant par joyeuseté et esbatement com- 
mença à dire à Nicolas-le-BlanCy qu*il estait marié en son 
pays^ et que néanmoins il avoit esté trouvé avec unf 
femme en la ville d'Eu^ et avoit eu sa compaignie; par- 
quoy il fallait qu'il fust emplumé^ ainsi que estait les 
autres y qui aloient avec autres femmes que les leurs '. 



i. CarpeDlicr, verbo Âdulterium. Trésor des ch. reg. i4i, 
206. 



cuAPiTRE treizième; 

LE DÉBlTEvTR ISSOLVABLE, 



Lois des XU Tables : Qu'on l'appelle en justice. S'il 
n'v va, prends des témoins, conlrains-le. S'il diffère et 
veiit lever le pied, mets la main sur lui. Si Tâgc ou la 
maladie lempéchent de comparaître, fournis un rlicval, 
mais poiut do litière. — Que le riche réponde pour le 
riche; pour le prolétaire, qui voudra. — La dette 
avouée, l'atTaire jugée, trenle jours de délai. Puis, 
qu'on mette la main sur lui, qu'où le mcnc au juge. — 
Le coucher du soleil ferme le tribunal. S'il ne satisfait 
au jugement, si personne ne répond pour ïui, le créan- 




niervivedu sien. Sinon, donnez-lui une livre de farine, 
ou plus, à votre volonté. — S^il ne s'arrange point, 
tenez-le dans les liens soixante jours; cependant pro- 
duisez-le en justice par Iroîs jours do marché.'^, et là, 
publiez à combien se monte la dette. — Au troisiùrae 
jour de marché, s'il y a plusieurs créancier!^, ryulls cou- 
peut îe débiteur en plusieurs parts (in partes secanto). 
S'ils coupent plus ou moins, qu'ils n'en soient pas^res- 
pensables. S^ils veulent, ils peuvent le vendre à l'étranger 
au delà du Tibre,.. 



310 PRÊT ILLICITE, USURE. 

In partes secanto, doit s'entendre de la personne el 
non des biens, puisque la loi présente ensuite comme 
adoucissement l'esclavage, la vente du débiteur à Félraih 
gep^ . 

Cette rigueur ne peut surprendre. Le débiteur, \f 
proscrit, le vaincu, Fennemi, paraissent sous les mêmes 
traits dans les lois barbares. L'humiliation du serf qui 
se donne, du vassal qui fait hommage, qui se fait 
rhomme d'un autre, est constatée par un cérémonial 
analogue à celui de la cession des biens. 

L'atrocité de la loi des XII Tables, déjà repoussée par 
les Romains eux-mêmes, ne pouvait, à plus forte raison, 
prévaloir chez les nations chrétiennes. Voyez cependant 
le droit Norvvégien. G. 617. — Dans les traditions popu- 
laires, le juif stipule une livre de chair à couper sur k 
corps de son débiteur, mais le juge le prévient que S'il 
coupe plus ou moins, il sera lui-même mis à mort. Voyei 
le Pecorone (écrit vers 1378), les Gesta RomanonuQ 
dans la forme allemande, et le Merchant of Venice de 
Shakespeare. 

Moïse s'efforce déjà de prévenir le prêt iilîcite. Il 
défend de prendre en gage ce qui est indispensable à 
l'existence du débiteur : — Vous ne recevrez point en 
gage la meule de dessus ou de dessous, parce que celui 
qui vous l'offre vous engage sa propre vie. — Si votre 
débiteur est pauvre, le gage qu'il vous aura donné ne 
passera pas la nuit chez vous. Mais vous le lui rendrez 
avant le coucher du soleil, afin que, dormant dans soo 
vêtement, il vous bénisse, et que vous soyez trouvé juste 
devant le Seigneur votre Dieu ". 

Les capitulaires défendent d'acheter le blé sur pied, 

1. J'ai cotntueuté cette loi dana mon Hist. romaine [I, 134-1, 
2« édition); on y trouvera le texte épuré de Dirkseu, ibid., 
p. 343-357. 

2. Deuter, c. 24, § 12-13. Exod.,c. 22, § 2<i. 



UONNKT VERT, 31 1 

ni te Pin à la vigne. Plusieurs fJe nos Coutumes exc^p- ' 

t*îîJt des choses qu'on peut engager : tatfehge df* bœnfs^ I 

le /iot/att^ la charrue. If. charioi '. Défense aussi dans les 
diverses lois du aïoyen %c de prêter sur le* étoJTes usées, 
les peaux mouillées, les habits sanglants. 

Celui qui sera trouvé usurier fera trois dimanches do 
suite le tour de Téglise, l'eau hénilc à la main, nu-pieds, 
velu de laine, et un uhapeau de juilsur la lète, (Année 

Se aucun autre qut^ c/ievftiirr doit dete..., il doit estre 
licf'é à celui à t/ui il doii ladite de(e^ ei il le peue t^nir 
com son e^^claf, tant qu*^ il^ ou autre pour lut, ail paie ou 
fait sou gr*^ d^ ladite dete ; et il le doit tenir sans fer, 
mais que un aneatt de fer au bras, pour }*ecûnnoiisance 
fjue il est â pooir d' autrui pour dete *, 

6'e desci'indre, c'est le signe de la (Cession de biens. Le 
débiteur fait cession, desceinl et tête nue^ selon Tédit de 
Louis XII, ann<^e 131:2. En certaines villes d'Italie, celui 
qui fait cession a payé pour toujours, « s'il frappe du 
cul sur ia pierre en présence du juge'. » 

Le vassal eu faisant hommage doitrf^«mfl(/re m cin- 
tare y ei ôter son épée et hâton. Coutume delà Marche, 
art. 189. — De môme, dans Tancicmie chronique de 
Flandre, c. 19, le comte de Boulogne, se réconciliant 
avec saint Louis, son neveu, laisse sa reintureet son cha- 
peron. Monstrelet, ch. 45 : 11 est requis que le due de 
Bourgogne fasse émende konorahk à ia veuve et au^x ^i»- 
fanlB du dm d'Orléans Kans courroye et sans chaperon 
étant à genoux. 

Des arrêts de ltK)6 ont jugé que tauM ceux qui faisnirnt 
cession ds èiensy sait quils eussent été ruinés par leurs 
débauches ou par cas fortuit^ étoieni obligés indistincte- 

\, Dombee. ni»9, ami. 1325. Carpentîcr, vDrbo Arîir. 
S, Asâiscs de Jcrus., ch. 119. 
3. Uur., L, 106. 



312 SAISIE. — EXTORSIONS. 

ment déporter le bonnet vert. D'autres arrêts ont déci*;- 
que ceux qui avaient fait cession de biens pourrotrn 
être réintégrez dans les prisom par leurs créanciers, * 
les créances les rencontroient sans le bonnet vert *. De?- 
préaux, Satires : Du bonnet vert le salutaire affront.. 
Voyez Sidoine Apollinaire (epist. 6, VII), et Jean de 
Damas, au sujet du xd^tvoç des Béotiens. 

En Allemagne, le créancier qui avait en vain somme 
le débiteur de payer lui dénonçait le tableau infamant 
Il faisait exécuter un tableau grotesque, dans lequel le 
débiteur était représenté de la manière la plus avilis- 
sante. Tantôt c'est maître Urian (le diable) et la bète il*^ 
l'Apocalypse qui viennent arracher le débiteur de ts 
tombe; tantôt, il est au milieu des flammes deTenfer.uJ 
sur la roue, ou pendu à une potence, et des corbeaux 
déchirent son cadavre. Cet usage ne fut aboli que par lo 
recès de TEmpire en 1757. Voyez Selchow, elect. juri? 
Germ., p. 336. G. 

■ Couvrir le feu de son finatier^ c'est le signe du hah, 
saisie, et main-mise du seigneur de fief, quand son sujc' 
ne luy paye pas ses droits et devoirs. Comme aussi f i»» 
affige un panonceau^ Von met un brandon, ou une croix, 
en signe de saisie '. — Dans^ les Coutumes de différentf> 
provinces, on se sert de l'expression : Brandonner ihér» 
tage.,. qui est, quand on fait saisir ou an^êter les fruit 
pendants par les racines ^ en signe de quoy on pique dfV'> 
la terre un bâton garni de paille. Comme aussi on aitark 
à la porte d'une maison saisie un pannonceau aux arm'^ 
du roy. On dépend aussi Vhuis de la maison en signe d^ 
main-mise et d'exécution. — Statuts de Fulcrand, arch»^ 
véque de Bourges : Quelquefois ils forcent les ecclési'i^- 
tiques à contribuer aux tailles, ils fennent leurs demeurr^. 
ou ils attachent par malice l'ouverture des portes à h 



1. Laurière, I, 467, 206. 

2. Coût, de Solle, tit. X, art. 8; Lauiière, I, fOl. 



SAISÏ!-:. — EXTOHSIOXS. 



:m 



mwatile^ ou bien ih placent au Iract^rs de la porte un pi 
dfjnt lis rarliH^nt les déntx fjouLs^ afin qnils ne pui.iMnt 
entrer dam It^itn maUonSy ei qtte^pomsés à bout, ils vompa- 
rfiù^eni devant eux' e4 ne conforment â tûnr volonté^. — 
Pourront ledit seigneur Abbe ei lex siens ^ par euj:-méines 
ou par ieurji gens, {tore et fermer â clé les maisons des dit s 
hommes '. 



f . Cappen lier, 475, Ban^e i a rc , 

i!* Cttrpeiitierj 1, ïlèo, Pactoin inter Ayrn*M- Je Narb, pt abbal,, 
aiino 1317; Trùior îles ehartes, reg. 6L cb. 433, 



IH 



CUAPITRE QUATORZIEME 



PROSCRIPTION, BANNISSEMENT. — L AUBAIN, l.E BATAAO. 



Le juge de Nuremberg, qui prononçait la sentence d»' 
bannissement, devait, si le coupable éïxkïi un Franco- 
nien, se tenir sur terre de Franconie, au delà du pont 
près de Furth, sur la route vers Neuensladt ; s'il êtail 
Souabe, le juge siégeait sur le territoire de Souabe, an 
delà du pont de la Pierre, sur la route d'Onolzbach ; si 
Bavarois, devant la porte aux Femmes à Nuremberîr: 
enfin, s'il s'agissait d'un Saxon, devant la porte de la 
Ménagerie sur la route d'Erlangen. G. 399. 

... Seront présents le lieutenant, tous les jurés, et 
schœffen du Rhingau et le messager de justice. Le lieu- 
tenant aura deux gants blancs et montera de son pied 
droit sur la pierre qui est à Lutzelnau, en haut du chemin 
de traverse à droite, au nom du seigneur de Mayence; 
puis il jettera un des gants, en disant : Je me tiens iri 
aujourd'hui, et j'ôte à Jean ou Conrad le droit du pays, 
déclarant sa femme veuve et ses enfants orphelins, a>^i- 
gnant son bien à l'héritier et ses fiefs au seigneur suze- 
rain, le cou au pays, le corps aux oiseaux. Désorniai> 
nul ne peut méfaire en sa personne, nul ne peut lui 
rendre le droit du pays, si ce n'est par notre seigneur 
de Mayence ou son lieutenant, et cela au susdit lieu du 



PfiOSriiîPTÏOX, BANNISSEMENT, 315 

jugement, i\ Liili€'liiau, i-oiTime il est i»resci'it sur la 
pif*rre tle Lutzelnau. G. 1534. 

Les rirheiî lar^'esaes, leK dons de glaîveSj toutes les 
joies et nouiTihire de la patrie n'exi^leront plus pour 
votre race... — Où donc aiira-t-il la paix^ l'homme mis 
hors la loi du pays? Et les .schœflTfî répondent: Là où 
Ton ne peut le voir iiî l'entendre. G, 731, 

Formidcs weimiques : Je te relire aujourd'hui tout 
droit de pays, tout honneur, à cause du coup de mort 
que tti as frappé sur la route d*Empire, Doue, je dépars 
ton corps aux gens du pays, au seigneur Ion lief, Ion 
héritage à qui de droit. Ta femme [égilinie est de droit 
veuve, tes enfants do droit orphelins. Je te mets de juge- 
ment hors jugement, de grâce eu disgrâce, de paîx 
hors ta paix, de sorte, quoi qu'on fasse, qu'on ne puisse 
méfaire en loi. G. li{)-ii. 

Nous te Jugeons, te bannissonsj te desMluons de tout 
droit pour te mettre en tont non-droit; nous faisons ta 
ménagère Inégalement veuve, les enfants légalement 
orphelins; donnons tes fiefs au seigneur dont ils meu- 
vent, tes lïiens et héritages à tes enfanls, ton corps et ta 
chair aux botes dans les forèls^ aux oiseaux dans l'air, 
aux poissons dans l'eau... Que là ou chacun Irouvern 
paix et sûreté, toi seul tti ne les trouves pas. Nous t'en- 
voyons enfin aux quatre chemins du monde. Ihîd, 

A toi, coupable créatnreî En ce jour, je te proscris. 
Ouela femme soit veuve, tes enfants pauvres orpheîins. 
Tu subiras le prescrit du roi Charles, Ui chevaucheras 
l'arbre sec, avec- haillon d'aubépine et baguette de 
eh^ne au cof^ les cheveux au vent, le corps aux cor- 
beaux, Tàme au Tout-Puissant.,. I Ailleurs] : Ordre du 
roi, subir In dois ; glaive d'acier, ton cou doit couper,.. 
[Ailleurs eucore| ; tu chevaucheras dans la flamme, les 
cheveux à la fumée, au feu le corps, l'âme an bon Dieu! 
Ihid. 

Je le condamne el le proscris (verfonie) de par la puis- 



316 BANNISSEMENT ET CESSION. 

sance et autorité impériale ; je l'excepte de la paix ; je 
le mets hors de toute franchise et droit dont il a joui 
depuis qu'il fut levé de baptême..., l'excluant des quatre 
éléments que Dieu a donnés aux hommes et faits pour 
leur consolation... Qu'il ne trouve ni liberté ni sûreté 
dans aucune ville ou château, si ce n'est dans les places 
consacrées. Je maudis ici sa chair et son sang, de sorte 
qu'il ne trouve plus aucun lieu sur terre, que vent le 
chasse, que corbeaux, corneilles et bêtes de l'air, l'em- 
portent et le dévorent. J'adjuge et dépars aux corbeaux 
et corneilles, aux oiseaux et bêtes ses chair, os et sang, 
mais à notre Seigneur, au bon Dieu, son àme, si tou- 
tefois il en veut. Ibidem. 

Avant de quitter le pays, le meurtrier qui ne pouvait 
payer la composition faisait un appel à ses parents. Loi 
salique : Si quelqu'un a tué un hommey et n'a pas en toutes 
ses facultés de quoi satisfaire à la loi, il donnera douze 
témoins pour jurer que ni sous terre ^ ni sur terre y il n*a 
plus de bien qu'il n'en a donné. Et ensuite il doit entrer 
dans son habitation^ et des qualité coins prendre en sa main 
de la terre, puis se tenir sur le seuil, regarder vers Cinté" 
riewr, et de la main gauche en lancer par-dessus les 
épaules sur son plus proche parent. Quand son père, sa 
mère ou son frère ont déjà payé pour lui, il jette de cette 
même terre sur la sœur de sa mère ou sur les fils de cette 
sœur *; s'il n'y a point de tels parents, sur les plus proches 
du côté paternel ou maternel. Et ensuite: en chemise, 
déceint, déchaux, bâton en main (palo in manu), il doit 
sauter par-dessus la haie *. 

Lois du Nord: Si quelqu'un est convaincu de trahison 
on le place sur un navire, et l'on attend sur le rivage 

!. Au lieu du mot ten'e, ]es deux autres éd. de la loi salique 
portent chrenecruda (reines krant), qui répond à Vherba pura 
que le fécial prend dans Tite-Live {V. plus haut, p. H6). 

2. Lex Salie, in Script, franc, t. IV, p. 135, 178, 202. 



ISTERÏÏICTIO TECTL 317 

jii2§qij'à ce que le vent ou les ramené» le metienHiors de 
vue. Sitôt qu'il est assez loin pour être caclié par les 
vagues, Ton fait sonner le^ trompettes^ et trois fois l'on 
crie : 11 a perdu tous les droits de Tantiquc alliance.,* 
S'il est au pays natal, tous les guerriers doivent rac- 
compagner vers une forôl profonde, mais s'arrêter à la 
lijsière jusqu'à ce qu'il soit arrivé lui-même dans un 
é{iaîs fourré d'où il ne pourra entendre leurs cris* Puis 
la troupe criera par trois fois, de sorte qu'il n'y ait plus 
pour lui de retour. Gela fait, si quelqu'un des guerriers, 
se trouvant mieux armé ou accompagné d'un camarade 
Tient à le rencontrer et ne l'attaque pas, qu'il soit lui- 
même frappé de la même honte, de la môme proscrip- 
tion'. ^ Le proscrit pouvait se racheter en tuant 
d'autres proscrits. 

Loi saltque (G. 731) : Ltts parants du défunt do'nmil 
de ma n d^r au j ug e que Vaut e u r du crime (celui qui a dé- 
terré un mort) nhnbite point parmi tes hommes, et que 
c^tui qui lui donnerait l'hospitalité avant qu'il ail fait 
réparation aux parents, soit teiiu de payer quinze soiidi. — 
Si quelqu'un a déterré ou dépouillé an corps, qu'il soit 
fvavqus (errant, banni), — Loi des rîpuaires : Si f/uel- 
qrt'un lui a donné du pain ou un gile^ fut-ce son épQU&e^ il 
paiera quinze salidi. 

L'Interdiction tecti s'eiécutail, en Allemagne, en en- 
levant le toit du proscrit, en abattant sa maison, en pa- 
lissadant sa porte, comblant son puits, éteignant son 
feu. Gfîlase faisait encore audix-seplièmesiècleàLeipzic. 
^ — Les Frisons arrachaient l'herbe qui poussait à la 
'place où avait été la maison du juge prévaricateur. 
G. 129. 

On taillait une t^^oix dans le manoir des chc valiers 
condamnés, en perçant les quatre murailles. — I émolîr 

1. Duciuigc, Terba Abjnratio terrte, d'aprûf lea Lois inlUlaireë 
«Je SiiénoD. Voy. auesi Saïo, lib. X, ^ 

18, 



318 l'uomme-loup. 

la maison du condamné s'appelait, en vieux français : 
hanoter la maison^ la mettre à hanot. Duc. verbo Con- 
demnare. G. 730, 173. 

Luther conte, dans ses Propos de table, qu'un arrêt do 
mort étant commué en bannissement par Tcmpereur 
Maximilien, on conduisit le criminel à la place du juge- 
ment, et Ton enleva la terre que couvrait son ombre •. 

Dans le Nord, en Angleterre et en Hongrie ^> le p'ros- 
crit était appelé Loup, Tête de loup (wargr). On l'ap- 
pelait aussi Homme des bois (waldgang, waldemann)^. 

Chez les Anglo-Saxons, le criminel se réfugiait au 
sanctuaire; le Coroner venait recevoir la confession de 
son crime, et lui enjoignait d'Abjurer la terre du roi dans 
quarante jours. L'Abjuration se faisait en ces termes : 
Vous entendez, sire Coroner, que je suis larron de bre- 
bis (ou autre animal, ou meurtrier d'un homme ou de 
plusieurs), et félon envers le roi d'Angleterre. Et comme 
j'ai commis beaucoup de méfaits et larcins, j'abjure la 
terre du seigneur roi. J'irai promptement vers le porl 
que vous m'avez assigné, sans chercher à sortir par une 
autre voie ; sinon, que je sois pris comme larron et félon 
envers le seigneur roi d'Angleterre. Là j'attendrai seu- 
lement le flux et le reflux. Si je ne puis obtenir passage, 
j'entrerai chaque jour dans la mer jusqu'au genou, pour 
essayer de passer. Et si, après quarante jours, je ne 
puis passer, je m'acheminerai de nouveau vers l'église, 
comme larron et félon du seigneur roi. Et qu'ainsi Dieu 
me soit en aide*. 

Abjuration^ dit Stamford, e$t «n ierement que home ou 
feme preignent, quant ils ont commise félonie, et fué à 
Véglisey ou cimitoire, pour tuition de lour vies, eslisant 

U V. mes Mémoires de Luther, t. III. 

2. Ducauge, IV, vcrbo Lupum proclamare. 

3. Voyez l'intéressante dissertation de M. Barry, professeur h 
la faculté de Toulouse, sur les ballades de RobïD Hood. 

4. Ducange, I, 44, vcrbo Âbjuratio terrœ. 



ABJURER LE PAVS. Hl} 

phuioit perpétuai hannmêment /tùrs dei reaime, que ù 
cstoiier à h d'y, et ctestre trié del félonie. — Celui qui 
abjurait s'en allait avec l/n croijs de fusf (une oroix de 
bois) en sa main, desrhaucé, dareint, à testé découuerit%en 
pur cote soûle, — Charlulaire de S. Marie de Bonne- 
Nouvelle à Rouen : Robert U barbier..., lUchard le 
koiullier (coutelier), qui a tué H^vre de Fotvfue, et gtti a 
abjuré la ferre desdits reiiqieuT, a été cQndnit par leur 
justice avec la ct^tJt et Veau bénite. 

Ain» îTitîî iviii fovi^ du paU à pié^ 
Un pet au cou, non autre pmnonnier. 

Roman d'Ogier. G, 13^{CepeleslleptiliisâB[a\Q\SQMqjie.) 

Si un fils a tué ses parents par imprudence^ qu*oii lui 
rive des fera au cou, au bras, au coriis et aux jambiis, 
qu'il délaisse le pays, qu'il jure de ne recourir à nul 
aide pour se délier, si ce n'est à la grâce de Dieu, Ue ne 
pas coucher une nuit au lien oii il a couché laulre, enfin 
de marcher juiiiqu^à ce que ses liens se romjient d'eus- 
mêmes. — Si le cas était excusable, il devait ccpenduul 
se laisser mettre une ou deux rhaines, vivre de pain et 
d'eau plusieurs jours de cha(]ne semaine, passer aux 
grandes fêtes devant la procession, nu jusqu'à la cein- 
ture, une poignée de verges à la main et se fra[)pant 
jusqu'au sang pour engager les gémi à prier Dieu poyr 
lui. G. 710. 

L'ostracisme atliénien, le pélaiisme syracusain, cette 
condamnation par le peuple d*un homme non roupabhs 
mais dangereux h la liberté^ se retrouve en Suisse, dans 
le haut Valais : *t Cet ostracisme s'appelait la Mazza, On 
prenait en efîet une massue façonnée eu tête humaitu'. 
D'abord iiromenée dans Tombre, chacun y enfonçait nu 
clou ; puisj quand le nombre de ces clous assurait i\ la 
condamnation ta pluralité des suffrages, alors la masse 
était enlevée, au milieu d'un bruit et d'un concours for- 



320 l'étranger. 

midables, et dressée à la porte de celui qu'elle mena- 
çait. Condamné sans examen, il fallait qu'il se souoiit 
sans délai, et son château était détruit. C'est ainsi que 
les Yalaisans se délivrèrent successivement des puis- 
sants ennemis de leur indépendance, des Raron, des 
Chatillon, des Supersax ; et lorsqu'après plus d'un siècle 
de vengeances et à la prière des cantons helvétiques, ils 
consentirent enfin à ensevelir cette formidable masse, il 
semblait, dit un historien, qu'ils assistassent à l'enter- 
rement de leur liberté même ^ » 

Dans l'état barbare, dans la défiance mutuelle des tri- 
bus guerrières, l'étranger est un ennemi. L'ancien mot 
latin, Hostis, signifiait d'abord Étranger. Le sort de l'é- 
tranger, de l'homme qui erre sans feu ni lieu ne vaut 
guère mieux que celui du proscrit. Son nom dans les 
lois germaniques est Wargangus, errant (distinct de 
Vargus, exilé, et de Wargr, loup). Les Anglais l'appel- 
lent Wretch, le misérable. G. 396-7, 733. 

On le reconnaît à ses souliers usés, à sa lance rouil- 
lée (G. 249), à son chariot brisé *. Voyez plus haut fa 
ruse des Gabaonites, et la belle tradition de l'homme 
aux souliers de fer, qui vient au-devant du pirate Scan- 
dinave, et le décourage d'aller à Rome, eu lui disant 
qu'il a usé de tels souliers depuis qu'il en est parti '. 

La vie errante et les prodigieuses rencontres auxquel- 
les elle donne lieu font le sujet de toutes les Odyssées, 
des voyages de Sindbad*, etc. Nulle part elle ne se ca- 
ractérise d'une manière plus touchante que dans l'his- 
toire d'Hildebrand et Hadubrand,ce vénérable débris de 

1. Lettres sur la Suisse, par M. Raoul-Rochette, II, p. 74. Voy, 
aussi Spon, Hist. de Genève, p. 122. 

2. Triades de Galles. 

3. Saga de Regoar Lodbrog. Voyez les travaux de MM. Auipère 
et Marinier sur la littérature du Nord. 

i. Mille et une Nuits. 



la primitive poésif* f^ermaiiique. Lf^ père et le Ûh se ren- 
contrent au bout du mon<ie, maîj^ pour s'éi^orger*. 

Au moyen âge, rÉjiave, l'Aubain, le Bâtard, sont 
comme hors la loi. Tout élément mobile et nouveau est 
hostile à la société féodale. 

Se aucuns horn eslrattffe es fuit uenu exter en aucune 
chasiellenie de aucun baron, et il navoU fait seigneur de- 
dans tan et If jow\ il en estai l esphi fable nu baron ; et se 
adventure esloit qu^ Il jnourusf^ et it neùl commandé à 
rendre quatre deniers au baron^ tout si muéble es(oieni an 
baron *. 

Il y a de teles terres f/ttant un frans fions gui n'est pas 
gentixhons de lignage, ij a mûnoh\ et y est résident un an 
et vn jour, ii devkntj soil itons^ soil famé ^ serf au seigneur 
dessoubs gui it i^leuît eiftre résident ^ 

L'aubain était obligé de faire serment de fidélité eu 
ces termes, selon le Grand Coutumier» livre 2, chap. 31 ^ 
Tu me jures gue d'ici en avant iu me porteras fo^j et loyauté 
comme à ton seigneur, et que tu te maintiendras comme 
homme de telle condition comme tu es, gue tu me payeras 
mes debtes et devoirs, bien et loyaument^ toutes fois gue 
payer les deoras, ni ne pourchasseras ckost^s^ pourguoy je 
perde l* obéissance de loy, ne de tes hoirs^ ne te partiras de 
ma cour, ce nesl pas deffaue de droit ou dû mauvais jaye^ 
ment, en toits cas tu aduoues ?na cour pour tog et pour les 
hoirs. 

Albains sont hommes et femmes, gui sont nez en villes 
dehors le royaume si prouchaims, gue feupeut congnois^ 
tre les noms et nativités de tels hommes et femmes : e( 

i. Les frères Grinmi croient f;e chant du bniUème si^^ck. U A 
été traduit par M. Gley fLaugiie des FraiicPp 18i*j cl par M. Am- 
père (Études h\&L de Chati^aiibriand). J'en ai dounù une traditc- 
tioa nouvelle daii^ mon Hinl. de France, 1, IHdAdij première 
édition. 

2. Établifls. de saint Loui?, c.'S5. 

3. Beaumanoir, c. ^5^ p, 154, 



Bfc^ ^- __ 



3^2 BANNI, ETC. 

quant ilz sont venuz demeurer ou royaume^ Hz sont pro- 
prement appelez Albains et non Espaves *. 

Sont, par ladite coutume el usage (de Laon), réputcz 
Epaves^ ceux qui sont natifs hors du royaume^ sujets 
néanmoins, et demeurans audit royaume, el sont leurs en- 
fans tenus et réputés Albains^ et pareillement les enfam 
des bâtards ; en telle manière que si leurs en fans décèdent 
sans hoirs légitimes de leurs corps, leurs biens appartien- 
nent au roi. Et ne peut un Épave^ ne le bâtard tester, ne 
faire testament, et par icelui disposer de ses biens, fors 
que de cinq sols ; mais un Aubain peut tester^, L'Aubain 
est encore celui qui, quoique Français et né dans le 
royaume, demeure et décède dans un autre diocèse que 
celui où il est né^. 

Le bâtard est dans une situation analogue à celle de 
l'aubain ; sa vie, dans l'antiquité et au moyen âge, est 
généralement errante, aventureuse. Elle semble souvent 
une protestation héroïque contre l'ordre social qui Ta 
proscrit à sa naissance. L'histoire des bâtards serait 
longue depuis Hercule et Romulus jusqu'aux bâtards si 
fortement esquissés par Shakespeare dans le roi Lear 
et le roi Jean, jusqu'au bâtard Dunois, jusqu'à ce bâtard 
de François 1®*' qui s'obstinait si plaisamment à être 
pendu *. (V. plus haut les Cadets.) 

Le banni, le bâtard, le cadet, ceux enfin que la so- 
ciété maltraite, la fortune les adopte souvent et leur 
donne de grandes destinées. Ainsi Joseph entre ses 
frères, ainsi Perdiccas, le fondateur du royaume de 
Macédoine : — Alexandre, fils d'Amyntas, avait pour 
septième aïeul' Perdiccas, qui s'empara de l'autorité 
souveraine en Macédoine, comme je vais le rapporter. 

1. CarpenUer, I, 141, d'après les registres du Parlement. 

2. Voyez le procès-verbal de la Côiitiime de Laon, el le traité 
du droit d'Aubaine de Bacquet, chap. 3, n. 5. • ■ 

3. Laurière, I, 90? 

4. V. Bonaventnre Desperrier?. 



HOSPITALITÉ. ;i43 

Trois frères descendants de Téménus, et bannis d'Argo^^ 
s'étaient réfugiés dans Tlllyrie : ils se nommaient Ga- 
vane, iEropus et Perdiccas. Ils passèrent de llllyrie 
dans la haute Macédoine, et se mirent au service du voL 
L'un fut commis au soin des chevaux, l'autre faisait 
paître les bœufs, et Perdiccas, le plus jeune, était chargé 
du menu bétail... La femme du roi faisait elle-même 
cuire le pain pour les serviteurs; mais toutes les km 
qu'elle le faisait, le pain destiné à Perdiccas doublait 
en cuisant. Elle en fit pari au roi, qui crut y voir un 
prodige. Il fit venir les trois frères, et leur ordonna tle 
s'éloigner sur-le-champ de ses terres. Ils répon diront 
qu'ils étaient prêts à obéir, aussitôt qu'ils auraient reçu 
le salaire qui leur était dû. A cette demande, le roi, qui 
se trouvait près de la cheminée du foyer par laquelle les 
rayons du soleil entraient dans sa chambre, comme 
saisi d'une inspiration divine, dit en leur montrant tes 
rayons : « Tenez, je vous donne cela; ce senties pa^es 
que tous méritez. » A cette réponse, les deux plus Aiié^ 
des frères demeurèrent interdits; mais le plus jeune, 
Perdiccas, qui, par hasard, avait un couteau, s'en ïa : 
« Eh bien ! nous acceptons ce que vous nous donin^z » 
Et ayant tracé, avec son couteau un cercle autour de 
l'espace éclairé parle soleil, il se baissa à trois re]>rises> 
feignant, à chaque fois, de puiser les rayons et de les 
renfermer dans son sein, puis il s'éloigna avet' î^es 
frères*. 

Quel que soit l'esprit de défiance des lois et coutumes 
barbares à l'égard de l'homme errant, de l'étranger, on 
y trouve avec plaisir quelques dispositions hospitalières, 
particulièrement dans les Coutumes allemande:» du 
moyen âge. 

i. Hcrodol., VIIÎ, «37-8, trad. de M. Miot, légèrement ino- 
diûée. 



k. 



324 



LE PASSANT. 



La loi des Burgundes fait un devoir de l'hospilalilé 
St quelqu'un a refusé le couvert ou le foyer à un vouageur 
qu il sou frappé d'une amende de trois solidi. Peut-être né 
doit-on voir ici qu'une disposition en faveur du barbare 
moins sédentaire que le Romain, et voyageant volontier! 
aux dépens de celui-ci, — Capitul. ann. 802. Notre vo- 
lonté est que dans toute l'étendue de notre royaume ni 
riche, m pauvre, ne se permette de refuser le toit, le fôuer 
et l'eau. — Capitul. ann. 803 : Que personne, dans reten- 
due de notre domination, ne refuse F hospitalité à ceux qui 
sont en roule; que personne ne les attaque pour cause de 
pâture, si ce n'est au temps de la moisson ou de la fenai- 



son 



La loi des Wisigoths permet au voyageur d'allumer 
du feu, de faire paître son cheval et d'abattre des bran- 
ches. — Les usages de la Marche permettent au voya- 
geur éloigné de toute habitation de prendre de quoi'sc 
nourrir, lui et son cheval : — Le voyageur peut cueillir 
trois pommes à l'arbre, se couper dans la main trois ou 
quatre grappes de raisins, prendre des noix plein le 
gant — On est d'avis encore que s'il arrivait un étran- 
ger d une distance de cent milles, et qu'il voulût pécher 
Il aurait la faculté d'emprunter un hameçon à un homme 
de la Marche, puis d'aller pécher au ruisseau; il pourra 
faire du feu sur le bord, faire cuire sa pêche et la man- 
ger; mais qu'il n'aille pas l'emporter au delà de la Mar- 
che. — Advienne le cas qu'un homme traverse la forêt 
avec son chariot, il pourra regarder autour, et s'il aper- 
çoit un tronc d'arbre qui puisse venir en aide à son cha- 
riot, Il pourra l'abattre et réparer son chariot: il mettra 
le vieux bois sur le tronc qu'il a abattu. S'il tenait pour- 
tant à garder ce vieux bois et qu'il l'emportât avec lui il 
devra placer sur le tronc trois pfennings de Worms '— 
Si un homme chevauche par un chemin qui traverse au 
large la prairie, et qu'il ait besoin de faire paître son 
cheval, il faut qu'il ait une corde de cinq aunes et une 



LE PASSANT. 325 

perche de six pieds et demi ; il plantera dans son chemin 
ce bois, auquel tiendra la corde, moyennant quoi il 
pourra impunément faire paître le cheval dans la prairie. 
G. 400-401. 



i9 



LIVRE CINQUIÈME 



VIEILLESSE, SÉPULTURE, 



Quoique les peuples barbares croient à la sagesse 
des vieillards^ g^énéralement iisméprisenl kur faiblesse 
et les Iraitent maL Les ascendants n^héritent pas dans 
plusieurs Coutumes allemandes. L'une d'elles pose ce 
principe : Nul l)îen ne revient, mais avance. G, 477. 

Le vieillard, le malade, ne peuvent tester (iu*aul^-int 
qu*ils conservent ta force physique : — S'il arrive qu'un 
fermier veut donner à ses enfants ou serviteurs partie 
de ses biens ou de ses droits de ferniej ledit fermier ma- 

4 

lade devra être assez fort pour s'habiller lui seul, tout 
comme s'il élaîL de noces et qu'il allât à Téglise, assez 
fûrl pour prendre un couteau ou une hache en main* U 
sortira ainsi de la maison et il enfoncera le couteau 

dans Tarbre jusqu'à trois fois, — 11 faut qu'il puisse 

se lever et s'habiller lui-même, se chausser et frapper 
trois coups de son épée..- — Qu'il puisse enfoncer un 
couteau dans une table ou dans un mur cimenté. — 
hem, quand un homme sera assez sain d'esprit et puis- 
sant de ses membres pour soulever un marc d or pur et 
le porter d*un endroit à l'autre, il pourra disposer de 
6on bien, hunnétement gagné, en faveur de qui il vou- 
dra. — Pourront disposer de leurs biens, un paysan tant 



3^S VIEILLARDS MIS A MORT. 

qu'il pourra labourer le pourtour d'un jour de terre, une 
femme tant qu'elle peut aller à l'église, si elle demeure 
à vingt verges de là. G. 95-97. 

Le droit de Berne craint que la vieille mère ne soit 
maltraitée par son fils ou sa bru ; il lui garantit la meil- 
leure place au foyer : — Le fils qui se marie peut s'éta- 
blir dans la maison de sa mère, et y demeurer, pour\'u 
toutefois qu'il ne nuise pas à la mère; il doit lui laisser 
au feu, et partout ailleurs, la meilleure place. G. 490. 

L'abandon, la mise à mort des vieillards, dérivent du 
même principe qui déterminait l'exposition des enfants. 

— Les Latins, dit Festus, appelaient Depontani senes 
les sexagénaires qu'autrefois l'on précipitait d'un pont *. 

— Yalérius Flaccus (Argon. 6, 125), en dit autant des 
lazyges, et Silius Italiens des Cantabres (Punica, 3,3i8. 
G. Suppl.). 



On appelait la Roche des aïeux un rocher qui était 
situé aux limites des terres des Wisigoths, et d'où leurs 
, vieillards se précipitaient, quand ils étaient fatigués de 
la vie. — Lorsque Skapnarlœngr eut fait le partage de 
son patrimoine, ils se précipitèrent gaiement, sa femme 
et lui, du haut du rocher; leurs enfants leur avaient fait 
la conduite. — Un autre saga dit expressément qu'en 
Islande, un froid excessif ayant été suivi d'une famine, 
on décréta dans l'assemblée du peuple qu*on abandon- 
nerait et qu'on laisserait mourir de faim les vieilles gens, 
les perclus et les infirmes. — Chez les Hérules, dit Pro- 
cope, on ne laissait vivre ni malades ni vieillards. 

1 . A cette explication, il en ajoute une antre qui ne contredit 
pas la première, mais qui doit s'entendre d'une époque plus 
récente. 



VIEILLARDS MIS A MORT. 329 

Lorsque la vieillesse ou la maladie s'emparait de l'un 
d'eux, il devait prier ses parents de l'ôter du milieu des 
hommes. Les parents rassemblaient sur une hauteur une 
grande quantité de bois, y faisaient placer le malade, 
puis envoyaient vers lui un Hérule armé de son poignard ; 
cet homme devait lui être étranger; c'eût été une im- 
piété chez eux qu'un parent tuât son parent. Lorsque le 
meurtrier était de retpur, ils allaient mettre le feu au 
bois, en commençant par les extrémités, et, quand le feu 
avait cessé de brûler, ils rassemblaient les os et les en- 
sevelissaient aussitôt. Procop., Debell. Goth. 14. 

Cet usage de tuer les vieillards et les malades se 
conserva assez tard dans le nord de l'Allemagne. C'était 
à Brème un dicton populaire qu'on adressait aux gens 
âgés : Enfonce, enfonce, le monde t'en veut! On retrouve 
le même dicton près du Harz et en Wesphalie, en 
Bohème et en Frise. Un chroniqueur de la Frise assure 
qu'en 1607 une tribu dans sa retraite enterra toute vive 
dans le cimetière de Pehvorm une vieille qui ne pou- 
vait plus avancer, et que cette coutume était considérée, 
chez les Wendes, comme bonne et louable. — C'était, 
dit un autre, chose honnête et d'usage en Wagrie et 
autres pays wendes, que les enfants tuassent leurs pères 
et mères devenus vieux, leurs parents et alliés, en gé- 
néral tous ceux qui ne pouvaient plus guerroyer ni tra- 
vailler; ils les faisaient bouillir, les mangeaient ou les 
enterraient vifs. Ils ne laissaient pas vieillir ceux qu'ils 
aimaient; les vieux eux-mêmes ne demandaient pas 
mieux, plutôt que de traîner une triste et pesante vieil- 
lesse. — Sdon un témoignage bien plus ancien, les Sla- 
ves Willzi ne pouvaient renoncer à croire qu'ils 
n'eussent pas plus de droit que les vers de manger leurs 
parents. — De même chez les anciens Prussiens, le fils 
tuait ses parents vieux et infirmes. Le père tuait, par le 
fer, le feu et l'eau, ses enfants aveugles, louches, diffor- 
mes. Le maître pendait ses serviteurs perclus et aveugles 



330 MORT VOLONTAIRB. 

à des arbres qu'il ployait violemment vers la terre et 
laissait revenir ensuite. — On brûlait Tenfant malade 
d'un noble en lui criant : Va-t'en servir les dieux, en 
attendant que tes parents te suivent. G. 486-9. 

Les lois de Manou oiTrent le spectacle de la mort du 
Brahmane, mais 'cette mort est entièrement volontaire; 
elle est préparée par la retraite aux forêts, par le déta- 
chement progressif des choses du monde. Nous avons 
donné, dans notre introduction, les traits les plus frap- 
pants de ce tableau sublime. On peut en rapprocher les 
textes anciens sur le suicide des gymnosophistes, de 
Calanus devant Alexandre, etc. 

Lorsque le chef de famille voit sa peau se rider et ses 
cheveux blanchir, et qu'il a sous ses yeux le fils de son 
fils, qu'il se retire dans une forêt. — Renonçant aux ali- 
ments qu'on mange dans les villages et à tout ce qu'il 
possède, confiant sa femme à ses fils, qu'il parte seul, 
ou bien qu'il emmène sa femme avec lui. — Emportant 
son feu sacré et tous les ustensiles domestiques employés 
dans les oblations, quittant le village pour se retirer 
dans la forêt, qu'il y demeure, en maîtrisant les organes 
de ses sens.... — Qu'il porte une peau de gaielle ou un 
vêtement d'écorce ; qu'il se baigne soir et matin ; qu'il 
porte toujours ses cheveux longs et laisse pousser sa 
barbe, les poils de son corps et ses ongles. -^ Autant 
qu'il est en son pouvoir, qu'il fasse des offrandes aux 
êtres animés, et des aumônes, avec une portion de ce 
qui est destiné à sa nourriture, et qu'il honore ceux qui 
viennent à son ermitage en leur présentant de l'eau, 
des racines et des fruits. — 11 doit s'appliquer sans cesse 
à la lecture rfii Véda, endurer tout avec patience, être 
bienveillant et parfaitement recueilli, donner toujours, 
ne jamais recevoir, se montrer compatissant à l'égard 
de tous les êtres — Ou bien qu'il ne vive absolu- 
ment que de fleurs et de racines, et de fruits tombés 
spontanément, observant strictement les devoirs des 



r 



SÉPULTURE héroïque:. 331 

anachorètes. — Dans la saison chaude, qu'il supporte 
l'ardeur de cinq feux ; pendant les pluies, qu'il s',expose 
nu aux torrents que versent les nuages; durant la froide 
saison, qu'il porte un vêtement humide, augmentant par 
degrés ses austérités. — Trois fois par jour, en faisant 
son ablution, qu'il satisfasse les Dieux et les mânes ; et, 
se livrant à des austérités de plus en plus rigoureuses, 
qu'il dessèche sa substance mortelle. — Alors, ayant 
déposé en lui-même les feux sacrés (en avalant les cen- 
dres)y qu'il n'ait plus ni feux domestiques, ni demeure, 
gardant le silence le plus absolu, vivant de racines et 
de fruits ; exempt de tout penchant aux plaisirs sen- 
suels, chaste comme un novice, ayant pour lit la terre, 
ne consultant pas son goût pour une habitation et se 

logeant au pied des arbres — Ou bien [s il a quelque 

maladie incurable) qu'il se dirige vers la région invin- 
cible {du nord-est) et marche d'un pas assuré jusqu'à la 
dissolution de son corps, aspirant à l'union divine, et ne 

vivant que d'eau et d'air — Un pot de terre, la racine 

des grands arbres {pour habitation), un mauvais vête- 
ment, une solitude absolue, la même manière d'être 
avec tous, tels sont les signes qui distinguent un Brah- 
mane qui est près de la délivrance finale. — Qu'il ne 
désire point la mort, qu'il ne désire point la vie ; qu'il 
attende le moment fixé pour lui, comme un serviteur 

attend ses gages — Le soir, lorsqu'on ne voit plus la 

fumée de la cuisine, que le pilon est en repos, que le 
charbon est éteint, que les gens sont rassasiés, que les 
plats sont retirés, c'est alors que l'anachorète doit men- 
dier sa subsistance... — Soumise à la vieillesse et aux 
chagrins, affligée par les maladies, en proie aux souf- 
frances de toute espèce, unie à la passidn, destinée à 
périr, que cette demeure humaine soit abandonnée avec 
plaisir. — De même qu'un oiseau quitte le bord d'une 
rivière [lorsque le courant l'emporte), de même qu'un 
oiseau quitte un arbre, ainsi celui qui abandonne ce 



332 SÉPULTURE. 

corps est délivré d'un monstre horrible. — Laissant k 
ses amis ses bonnes actions, à ses ennemis ses fautes, 
le sannyâsi, se livrant à une méditation profonde, s'é- 
lève jusqu'à Brahme, qui existe de toute éternité *. 

Il n'entre point dans notre plan de donner ici les rites 
innombrables des sépultures «n usage chez les diverses 
nations. Cette recherche appartient à l'étude de la reli- 
gion plus qu'à celle du droit. Nous ne pouvons toutefois 
nous empêcher de rapporter ici quelques textes cu- 
rieux:. 

Les tombeaux des rois scythes sont dans le pays des 
Gerrhes, au point où le Borysthène cesse d'être navi- 
gable, en remontant. Dès que le roi est expiré, on creuse 
dans ce lieu une grande fosse carrée, et l'on y transporte 
le cadavre. Le corps est enduit de cire et la capacité de 
l'abdomen remplie de souchet odorant pilé, d'aromates 
et de graines de selin et d aneth. Le cadavre ainsi pré- 
paré est conduit sur un chariot d'un peuple à l'autre. 
Ceux qui le reçoivent à son passage, pour marquer leur 
douleur, imitent ce que les Scythes Royaux ont fait en 
signe de deuil. Ils se coupent le bout des oreilles, se 
rasent les cheveux, se font des entailles aux bras, se 
découpent le front et le nez, et se percent la main gauche 
avec une flèche. Cependant le chariot traverse successi- 
vement le pays soumis à la domination des Scythes, et 
le cortège qui l'a d'abord accompagné à son départ, 
s'accroît de tous ceux qui se réunissent à lui. Enfin, le 
convoi atteint le pays des Gerrhes, le dernier de ceux 
qui reconnaissent la domination des Scythes. Lorsque 
le corps a été déposé sur un lit dans le tombeau pré- 
paré, on piaffe çà et là autour du mort des piques pour 
soutenir diverses pièces de bois sur lesquelles on étend 
des claies d'osier en forme de toiture. En même temps, 

1. Manou, livre VJ, trad. de M. Loiseleur-Desionchaïups. 



SÉPULTURE. 333 

on étrangle et l'on enterre, dans un lieu réservé sur la 
largeur du tombeau, une des concubines du roi, un 
échanson, un cuisinier, un écuyer, un secrétaire » un 
huissier, des chevaux; enfin, les prémices de tout ce que 
le roi possédait, ainsi que des flacons d'or; les Scylhes 
ne connaissent Tusage ni de l'argent, ni de Tairain. On 
élève ensuite sur le tout un tertre, que Ton travaille à 
porter le plus haut possible. Après une année révolue, 
d'autres cérémonies ont lieu. Parmi les serviteurs du 
roi, qui sont toujours Scythes d'origine, cinquante 
hommes, choisis comme les plus distingués et les [Au^ 
beaux, sont étranglés, et l'on tue en môme temps un pa- 
reil nondbre des plus beaux chevaux. On enlève les intes- 
tins du corps des hommes et des chevaux, on remplit le 
vide avec de la paille et l'on recoud la peau. On place 
ensuite un demi -cercle en bois, soutenu par deux pieux 
fichés perpendiculairement en terre, et plus loin, a une 
certaine distance, un second demi-cercle, porté de la 
même manière sur deux autres pieux. Lorsque le nom- 
bre nécessaire de ces sortes de châssis a été construit, 
on monte dessus les corps des chevaux empaillés et tra- 
versés jusqu'au cou par une barre épaisse de bois ; ces 
corps reposent ainsi dans les demi-cercles, l'anti^ rieur 
servant à soutenir les épaules, et celui de derrière les 
cuisses et le ventre ; les jambes de l'animal restent sus- 
pendues à quelque distance de terre. Après, on ^ijuste 
les mords et les brides, dont les extrémités sont atta- 
chées en arrière à l'un des pieux. Les choses ainsi dis- 
posées, on met sur les chevaux les corps des cinipiaiilc 
domestiques étranglés, on les y assujettit au moyen d'un 
pieu pointu, qui, pour maintenir le corps^ droit, y pénè- 
tre jusqu'au cou '. 

Ces cavaliers empalés font penser à la belle romance 
du Cid, où le héros mis à cheval, et tenant l'épée liée ù^ 

1. Herodot, Ilb. iv, c. 71-72, trad. de M. Miot. 

i9. 



334 SÉPULTURE ECCLÉSIASTIQUE. 

sa main droite, remporte^ tout mort qu'il est, sa der- 
nière victoire*. 

Quant aux serviteurs tués, voyet dans l'Edda les funé- 
railles de Sigurd et de Brunhilde. Les tribus américai- 
nes, au rapport des voyageurs, ont des usages analo- 
gues. 

A la mort d'Alaric, les Goths détournèrent le lit d'une 
petite rivière de Galabre, y déposèrent le corps du roi, 
avec des dépouilles et des trophées ; puis ils laissèrent 
le fleuve reprendre son cours, et mirent à mort les cap- 
tifs qu'ils avaient employés k ce travail ^. 

Les combats des gladiateurs, qui se donnaient aux fu- 
nérailles chez les Étrusques et les Samnites> quelque 
inhumains qu'ils puissent paraître, sont pourtant on 
adoucissement des sacrifices humains ; ils laissaient du 
moins une chance à la valeur. 

Les principales formules relatives aux rites des sépul- 
tures chez les Romains se trouvent dans le recueil de 
Brisson *. 

Le dernier de la famille était enterré avec les Imagi- 
nes majorum ; au moyen Àge^ il Tétait avec le bouclier, 
l'épée et l'écusson ^ 

Les tombeaux étrusques et romains étaient, comme 
on sait, orientés. Nous retrouvons quelque chose d'ana- 
logue en Chine. Khoung-fou-tseu fit enterrer sa mère 
près de son père, le mari à l'est et la femme à Touest, 
ayant tous les deux la tète au nord et lespieds au midi ^. 

Aux détails nombreux et bien connus que nous avons 
sur les sépultures chrétiennes des premiers âges, on 
peut ajouter le suivant. Dans les tombes récemment dé- 
couvertes à Monzie, près Bergerac, on a trouvé sous la 

i. Traduite ptr Sismoodi, Litt du midi de l'Europe, lil, 198. 

2. GibboD, c. xxx(. Jornandes, De reb. get., c. 30» p ^34, 

3. Brisson, De formulis Romanorum, lib. VII, et p. 833. 

4. Speiier, p. 58. 

5. Le P. Âmiot, Vie de Coofuciaa, io-i*» 



t SÉPDLTCRE ECCLÉSUSTTOITE. 333 

tête des morts trois sortes de graines : l'héliotrope 
d'Earope, le trèûe et le bluet. Parfaitement garanties de 
t Tair, elles s'étaient conservées. On les a semées, et 
; elles sont bien venues ^ 

De môme qu'à Rome^ on offrait un festin splendide 

j aux statues des dieux (lectistenium), on plaçai t au moyen 

I âge des mets devant le lit funèbre où reposait TetUgie 

l du roi. Les sauvages^ dit Tavannes, servent les imafieSf et 

notts portons à manger à celles de nos rois, quand ils sont 

morts ^. 

C'est la foj*me et la manière après le trespas dtt Hoy^ 
comment il se doit porter en litière pour portée'' au Heu ou 
H a élu sa sépulture : Premièrement, conment avoir une 
litière portée par certains officiers royaux,' et doit estrp en 
ladite litière une fdrune ou forme en semblante de Roy 
couché en lit, en grands draps; la forme toute vesiue en 
forme de hofnme comme roy; c'est à seavoir vt^aiu (Vun 
pourpoint y tunique et dalmatique de drap d'or à fleurs de 
lys fourré d'hermines, fermé dessus Vespaule d'tm bouton 
de perles y tenant en sa main dextre un grand sceptre et 
en la main senestre une main de justice avecqves anneari:^ 
esdites mains, en sa tête une eouraune, les sandales^ 
chnusses, semblables ausdits vestements, avec souih'rs d^ 
mesme, couvert ladite litièf^e de drap d'or pendant d^ iout 
caste de ladite litière, et dedans ladite litière vers ia teste 
dudii roy à deux oriUiers de ve lotis vermeil à quntre kmtp- 
pes de perle chacun; au pied de ladite litière^ dmiji tam- 
piers d^or pleins de cire, ardants continuel le muni jus- 
qu'après la sépulture, une croix, un bénoistier el deux 
ascensiers d'or; et, pour couvrir ladite litière, un ciel de drap 
{for à quatre lances; et après la sépulture dudit Roy, est 
couverte la place d'un drap d'azur à fleurs de lys à une 
croix blanche de velous [année 1461] '. 

1. Notice de M. JouaDnct, dans l' Annuaire de la Dordogtie, \M^. 

i. Mémoires de TaTatonesy t. XXIV, p. 47. 

3. Marlène, II, 1130, ex ms. codice monastarii PontialcviJ^ 



Ë^T- 



33tt SÉPULTURE ECCLÉSIASTIQUE. 

Dam la célèbre église de Saint-Denis, on lisait (il n'y a 
pas. soixante ans) la vie de Dagobert, le jour de son anni- 
versaire *. 

Autrefois, la sépulture des marins présentait des parti- 
cularités remarquables : « On lavait le défunt et on 
l'ensevelissait dans une couverture ou mante, dans une 
natte ou dans un vieux morceau de toile à voile ; on 
attachait à ses pieds une grosse pierre ou un boulet (les 
Portugais seuls négligeaient cette précaution), et on le 
jetait à la mer sous le vent de la route, avec un tison de 
feuy dit le père Foumier*. > 

Nous reproduisons ici un beau texte que nous avons 
déjà cité, page 31 : Nous arrivâmes à Fontevrault, dit 
D. Martène, comme on étoit occupé à faire les obsèques 
iun jeune religieux qui étoit mort ce' jour-là. Le matin on 
Vavoit porté dans Véglise des religieuses, où ton avoit 
chanté pour le repos de son âme une grande messe, et 
toutes les religieuses lui aboient donné l'eau bénite; de là 
on l'avoit transporté dans celle des religieux, oii il étoit 
revêtu de ses habits monastiques, tenant en sa main une 
bougie,, avec sa règle, qui étoit comme la sentence de son 
bonheur éternel, s'il l^avoit bien gardée, ou de sa damnation 
s'il Vavoit mal observée^, 

... On donne dans la chambre de Vabbé qui vient de 
mourir un repas, composé d'épices de toutes sortes et de bon 
vin. Rituel de Saint-Ouen de Rouen*. 

Quand un moine de la Grande Chartreuse vient à 
mourir, on Tétend tout habillé sur une planche. C'est 
un jour de fête pour la communauté. On s'assemble au 
réfectoire; les jeûnes de l'Ordre sont rompus, pour célé- 
brer ce jour qui commence une nouvelle vie {natalis 
dies), 

1. Martène, II, 1053 D. 

2. Jal, Scènes maritimes, II, i90. 

3. Voyage litt. de deux religieux bénédictins, 1717, 2» partie, p. 3. 

4. Martène, II, 1128 B. 




SUPPLEMENT 

L'INTRODUCTION 



Page xxvjiK — Entre autres rapprochements curieux, 
on peut indiquer le suivant. L'idée commune est le 
danger de tout intern>gne. Pendant le couronnement du 
duc do Carînthie (p. 117), certaines familles ont droit de 
piller. Pendant te sommei! du roi Glovîs (p, 03)* un 
évêque chevauche et occupe une vaste étendue de lerres. 
Pendant Texposition du roi mort sur son lit de parade, 
on continuait de lui servir à manger, afin quUl parut 
vivant el qu'il n'y eut pas un seul moment d'interrègne 
(p. 335). Plus tard, à cet acte, on a substitué un mot; « Le 
roi est mort^ vive le roi ! » 

PagexcMî. — L'esprit du droit antique, c'est le respect 
de lalettrej aux dépens mômes de l'esprit. On pourrait 
citer une foule de faits qui prouvent que le droit semblait 
contenu matériellement dans le ^signe ou dans la for- 
mule. Nous avons parlé de la couronne de saint Élienne. 
Le fait suivant est analogue. 

Lorsqu'on élit îe Veliki KnhSj ou graud-comte de Po- 
glissa, quehiuc partisan de l'un des prétendants s'em- 
pare de la cassette où sont renfermés les privilèges de 
la province. On a droit do le poursuivre à coups de 



338 SUPPLÉMENT 

mousquet, de pierres ou de couteau; mais s'il parvient 
sain et sauf chez le prétendant, celui-ci est dûment élu. 
Fortis, Dalmatie, II. Daru, Venise, IV, 598-601. 

« En 1729, le feu se print à Bruges, de sorte que le 
belïroy, estant sur le marché, se brûla entièrement. 
Suivant quoy, le conte Guy pensant que tous les privi- 
lèges d'illec y fussent semblablement esté brûlez, prinl 
résolution de réduire la dicte ville, et la gouverner de 
mesme manière, comme si elle eust été sans aucun pri- 
vilège. » Oudegherst, année 1279, p. 202. 

Deux frères, engagés dans une guerre contre une des 
îles écossaisses, étaient convenus entre eux que le pre- 
mier dont la chair et le sang (expression écossaise) en 
toucheraient le sol serait le seigneur de Tîle. Comme 
ils approchaient à force de rames, leurs vaisseaux ne 
purent avancer davantage, à cause de quelques rochers, 
et les deux frères se jetèrent à la nage. L'aîné, voyant 
que le cadet avait l'avance, tira sa courte épée, posa la 
main gauche sur un rocher, la coupa et, la saisissant 
avec les doigts de la main droite, la jela toute sanglante 
sur la rive, en criant à son frère : « Dieu m'est témaiD 
que ma chair et mon sang ont les premiers touché le 
sol. » Il devint roi de l'île, que ses descendants gouver- 
nèrent pendant dix générations. Puckler Muskau, t. I, 
p. 339. 

Les exemples précédents indiquent le respect du signe 
matériel, les suivants celui de la formtUe : 

Alors Balac dit à Balaam : Qu'est-ce que vous faites? 
je vous ai fait venir pour maudire mes enniemis, et au 
contraire vous les bénissez. — Venez, et je vous méfie- 
rai à un autre lieu, pour voir s'il ne plairait poiut à 
Dieu que vous le maudissiez en cet endroit-là. Numer., 
c. 23, §1127. 

La Bible présente un grand iioaibre de faits ana- 
logues. Voyez particttlièremeAt le troisième, livre des 
Rois, c. 20, § 35-38. 



Dans mon Histoire romaine^ j ai cité les exemples 
remarquables de Numa^ d'Olenus Calenus, de Publi- 
cola, de PosUiumius, etc., 1. 1, p. ^22-334, etâlti{2* édi- 
tion). 

DaDS TEdda [Daeraisaga, 59]^ Loki parie avec un 
nain : sur sa tète. Ayant perdu, il dit au naiu : Tu a^ 
ma t^te, mais non pat* mon coL Le nain Juî coud les 
lèvres. 

Les frères d'Harold r€n gagèrent à ne pas combattre 
de sa personne, puisque après tout, disaienl-ils, il avait 
juré, Michelet, Hist. de Fr., Il, 199, V* éd. 

Les Flamands t pillèrent plusieurs navires marchan- 
des de France, disant qu*ils n*esloyent oblegez de tenir 
la paix, que par terre >. 1316, Oudeglierst^ f âli, 

t Le roi Philippe envoya 12t>0 lancés en Tost de sou 
fils; après, il y vint comme soudoyor du duc son fils, 
car il ne pouvoit nullement venir à main armée sur 
rEmpiru,si il vouloit tenir son serment ainsi qu'il fit. > 
Froissart, 1340, L I, p, 3i7. 

Artevelde persuada à Edouard IH de prendre le litre 
de roi de France, puisque les Flamands ne voulaient 
obéir qu'à un roi de France. Froissart, c. 65, c. 95-6. 
Oudeghcrst, c, 156, r. 263. Meyer, L Xïl, 437-139. 

Le comte de Foix, assiégeant Cassières, avait juré 
que )es assiégés ne sortiraient pad par les portes. Lors- 
qu'ils furent pris, on fil on trou an mur, par où ils pas- 
sèrent un k un, Froissart, IX, ^'î6, 

t Quand ce roy d'Angleterre, à qui il avoit foit ce ser- 
ment, fut mort en li^t, il luy sembla, et aussi estoil-il 
vray, qu'il criloit quitte de toutes les promesses qu'il 
avoit faites au roy d ' An fs'le terre ; car elles n'étoienl que 
personnelles. > Mém, concernant la Pucelle. Pelitot, 
TIII, lia. 



340 SUPPLÉMENT. — FAMILLE. 

a • 

LIVRE I. — FAMILLE. 

Page 6. — Chez les Gabardiens, tribu circassienne, 
on présente à l'enfant, âgé de trois ans, des armes et 
des jouets ; s'il préfère les armes, la famille s'en réjouit. 
Ségur, Mém., t. II, p. 387. 

Chez certaines tribus du Caucase, où la promiscuité 
était passée en usage, la paternité étant souvent dou- 
teuse, l'enfant choisissait lui-même son père parmi les 
maris de sa mère, en lui remettant une pomme. — 
Avant Mahomet, les Arabes décidaient les questions de 
ce genre, d'après la ressemblance des traits. Hammer, 
t. YH, p. 91 de latrad. de M. Hellert. 

Pages 7-8. — Aux symboles et formules du baptême 
se rattacheraient naturellement celles de dédicace d'é- 
glise, de lancement de navire, etc. Les Anglais en ont 
de remarquables pour ce dernier objet. Avant que les 
pièces de bois qui retiennent le bâtiment sur le chantier 
soient enlevées, une femme va casser une bouteille con- 
tre l'avant, et c'est comme le signal du départ pour le 
vaisseau. Jal. Scènes marit., II, 159. 

Page 12. — L'iman, assis sur ses genoux à côté de la 
tombe, appelle trois fois le mort par son nom et par 
celui de sa mère : il n'articule jamais celui du père. En 
cas d'ignorance du nom de la mère, il substitue pour 
les hommes celui de Marie en l'honneur de la sainte 
Vierge, et pour les femmes cehii d'Eve. Cette coutume 
s'observe même à l'égard des sultans. Mouradja d'Ohs- 
son, II, 335. 

Page 17. — Les Morlaques ne parlent jamais des 
femmes sans se servir auparavant d'une formule d'excuse. 
Fortis, Voy. en Dalmatie, t. II, Daru, Hist. do Venise, 
IV, 598-601. 

Page 23. — En Castille, la veuve de noble naissance 
qui avait épousé un homme de rang inférieur pouvait, 



rnopRiÉTÉ, ETC. 34! 

après la mort de son mari, aller à l'église avec une 
hallebarde sur Tépaule ; là, elle touchait de la pointe la 
fosse du défunt et lui disait : te Vilain, garde ici ta vilai- 
nie, que je puisse reprendre ma noblesse, » Dès lors, elle 
était redeveïiue noble, elle et ses biens. — Cette loi ne 
se trouve que dans la traduction castillane^ poâtiirieurc 
an code gothique de plusieurs siècles. Noie communi- 
quée par M, hossew S. Hilaire, 

LIVRE IL — nHOPRiÉTÉ. 

Page 58. — Les légendes disent que saint Bal d cric 
ayant dessein de se retirer dans la sollitudc, il suivi! un 
faucon qui se reposa A l'end ro il <|u'il occupa depuis, et 
qui fut appelé Montfaucon, Un aigle blanc rendit le même 
office à saint Thierry, aumônier de saint Remy. Lue 
colombe désigna le circuit du monastère d'Hautvilliers, 
un ange marqua T étendue de celui d'Avenay. Baugierj 
Mém. sur la Champagne, t. Il, p. l-t. 

Page 00. — Avant de combaUre les Golhs, Clovis pro- 
met d'élever une église aux saints Apùtres dans i endroit 
où tombera sa francisque. Gesta Francorum^ t. Il, 
p. 554. Gibbon, t. YIl, p. 29. 

Page 83. — Sur les croyances populaires, relatives à 
la. violation des bornes des champs, voyez Grimra*, 
Mythologie allemande, p. 514. 

LIVRE ill. — L'ÉTAT. 

Page IlL — Le roi s'étant levé à la dernière veille de 
la nuit, après s être jmriQéj adressera, dans un profond 
recueillement, ses offrandes au feu et ses hommages aux 
Brahmanes, et entrera dans la salle d'audience conve- 
nablement décorée. Montant au sommet d'une mon- 
tagne, ou bien se rendant en secret sur une terrasse ou 
dauii la solitude d'une foret, il délibérera avec eux. sans 



342 SUPPLÉMENT. — L ÉTAT, ETC. 

èlrc observé... — Ainsi que la sangsue, le jeune veau et 
l'abeille prennent petit à petit leur nourriture, de môme 
ce n'est que par petites portions que le roi doit per- 
cevoir le tribut annuel de son royaume. Manou, page 
232-4, § 129, 147. — Que le roi cueille fleur à fleur, comme 
le fleuriste dans le jardin, qu'il n'extirpe pas la plante, 
comme le brûleur de charbon. Digestof Hindu law. 

Page 112. — L'Empereur aagea le dauphin (en lui 
donnant l'investiture du royaume d'Arles) et suppléa 
toutes choses qui par enfance de aagc pourroient donner 
empêchement. Christine de Pisan, Coll. desMém., éd. 
Petitot, Yl, 98. 

Pagell7. — Le Khalife assis sur son trône, derrière un 
voile noir, et couvert du manteau noir de Mohammed 
(al-borda), tenait, en guise de sceptre, le bâton du pro- 
phète. Toghrul, après s'être prosterné, s'assit, à un 
signe du Khalife, à côté de son trône. Après la lecture du 
diplôme qui le désignait comme représentant du Khalife, 
chef suprême de tous les pays soumis à sa domination, 
et protecteur des Musulmans, on le revêtit successive- 
ment de sept habits d'honneur; cela fait, on lui offrit en 
présent sept esclaves pris dans les sept empires du 
Khalife,' puis on étendit au-dessus de sa tête un voile 
d'or parfumé de musc, et on le coiffa de deux turbans, 
symboles des couronnes de Perse et d'Arabie. Enfin, 
quand il eut baisé deux fois la main du Khalife, on le 
ceignit de deux épées comme maître de l'Orient et de 
l'Occident. Hammer, Hist. de l'emp. ottoman, 1. 1, p. 12, 
trad. de M. Hellert. 

Page 118. — On présentait au nouveau roi un vase 
de lait et de vinaigre, qu'il devait avaler d'un trait pour 
apprendre que les douceurs de la royauté sont mêlées 
d'amertume. Brisson, de regno Persarum. 

Page 147. — Je trouve un exemple tout récent de 
l'indépendance des guerriers barbares à l'égard de leurs 
chefs dans une défaite d'Abd-el-Kader ; un des siens lui 



LÏHATj ETC. 3i3 

a arraché !e gonfanon du comniandemenl, en disanl : 
« Nous vûiîïî le rendrons, quand vous serez redevenu 
sultan. ]> Débats du il-i5déc. 1835. 

Page ii}'i-lL — et Une fermière du Hanovre et son 
valet de ferme, afin de se marier ensemble, avaient 
compiolé d'aëiïassiner le fermier. La nuit, pendant son 
sommeil, le vafet devait s'introduire dans Ja chambre 
de son maître par uuefenélrcque la femme lui ouvriraiL 
La fenêtre se trouvant un peu trop élevée, la fcrmiùre 
fit passer à 1 assasiiiin un pétrin sur lequel il put monter, 
pour J'cuicalader plus aisémeoL Mais, au moment de 
poserlepied sur ce pétrin, il s'aperçut qu'il y restait un 
peu de^pAte, et s'écria : ^ Je ne marcherai pas là-des- 
sus : c'est un don de Dieu ; ce serait un péché- » 11 
fallut lui passer un autre meuble* > — Je trouve ce fait 
dans les Mémoires d'un de mes plus cbers amis, 
M. Fourcy, bibliothécaire de TÉcole polytechnique 
{Souvenirs du collège et de l'armée). L'esprit observa- 
teur qui brille partout dans ce curieux ouvrage a tou- 
jours été l'un des caractères de nos ofUciers^ depuis 
Yauvenargues et Descaries. 

Page 15;i. — Sur la fraternité guerrière. Voyez 
Œ^melin, Histoire des Boucaniers et Flibustiers, t, I, 
p, 79, 128, 130, 

Page 153, — Avant le combat, les Mahométans se 
frottent parfois la barbe avec de la terre trempée de 
leurs larmes. Mouradja d'Ohsson, II, 20:2. 

Page 167. — Âlonso Ferraiulez prie D. J. Albu- 
querque d'obtenir du roi qu'il soit fait Rico ome, et 
qu'on lui donne banmère et marmit*^ Il n*ctait que che- 
valier. Apala, p. 07, 1, 3i, année 135L — Les manni/tts 
renversées des janissaires sont le signal ordinaire des 
révolutions de Constantinople, 

Page 108. — Tint le royne Isabeau à Parirf, et portoit 
on devant la litière deux vianteaxdx d^^rmiues^ dont le 
peuple ne sçavoit que penser sur ce, se non que c'estoit 



344 SUPPLÉMENT. — l'état, 

signe qu'elle estoit royne de France et d'Angleterre. 
1422. Journal du bourgeois de Paris, p. 86. 

Page 174. — Je fis aussi graver sur le marbre les 
armoiries des Cellini, qui sont un lion d'or naissant, 
sur un champ d'azur, avec un lis rouge à sa griffe droite 
et ti|is lis d'or sur une herse, ainsi que les portent 
les Cellini de Ravenne, gentilshommes très dis- 
tingués. Cependant je fis mettre à la griffe du |/on une 
hache au lieu du lis rouge, pour me faire souvenir qu'il 
fallait venger la mort de mon frère. Mém. de Benvenuto 
Cellini, p. 120 de la trad. 

Page 191. — Une ordonnance de saint Louis, en date 
de 1268 (?) assujettit le crieur public à crier le vin du roi 
par les rues de Paris : l'ait lui autre tavernier cessent^ 
et li crieurs lui ensemble doivent crier le vin le roy, au 
matin et au soir, par les carrefours de Paris. 

Page 195. — La maison de Chastellux avait un droit 
héréditaire à la dignité de chanoine de Saint-Germain 
d'Auxerre, en mémoire de Claude de Beauvoir, seigneur 
de Chastellux, qui reprit la ville Cravant sur des bri- 
gands, et la remit au chapitre de Saint-Etienne. Le 
chanoine reçu, après avoir prêté le serment d'usage, se 
présentait à la porte du chœur en habit militaire II était 
botté et éperonné; un beau surplis blanc et bien plissé cou- 
vrait son habit; un baudrier passait sur ce surplis, et son 
épée y était suspendue; il avait les deux mains gantées^ 
un faucon sur le poing, une aumusse sur le bras gauche, 
et il tenait de la main droite un chapeau orné de plumes 
blanches. Miilin, Voyage, I, 63. 

Page 195. — Acte de l'an 1642, cité dans le Mercure 
français, février 1735, p. 293 : Peut le dit sieur de Sas- 
say faire dire la messe par le curé d'Ezy, ou autre, en 
l'église Notre-Dame d'Évreux devant le grand autel, 
quand il lui plaira; et peut ledit sieur ou curé, chasser 
sur tout le diocèse d'Évreux avec autour et tiercelet, six 
épagneuls et deux lévriers, et peut ledit sieur faire porter 



PROCÉDURE. GUERRE- 345 

el mettre sori oiseau sur le coin du grand anîdj au Iteu le 
plus près et le plus commode, à son voulûir. Peut ledit 
sieur curé dire la messe hotte et éperonm^ en ladite église 
Notre-Dame d'Évreux, tambour battant^ en lieu et place 
des orgues. — Il existait un usage semblable à Auxcrre. 
Carpentier, verbo Acceptor. 

Page 210. — Le Flibustier qe se rendit (\\\'k condi- 
tion qu'on lui donneroit quartier, à lui et aux siens, et 
quon ne lui feroit porter ni pien^e ^ ni elmi^r^cav c'est 
ainsi que les Espagnols en usent lorsqu'ils prcnuent 
ces sortes de gens; ils les tiennent deux ou trois anâ 
dans les forteresses qu'ils bâtissent, et les emploient 
au service des maçons. CExmelin, HisL des boucanierS| 
I, 143, 1744. 

Page 221. — L'un des derniers exemples de prison- 
niers réduits en esclavage est celui des Irlandais ven- 
dus par Gromwell. Voyez aussi (Exmelin, I, 112. 

LIVRE IV. — r PROCÉDURE. GUERRE. JUGEMENT. 

Page 225. — Les princes se faisaient de>î présents 
symboliques en signe de défi ou de réconeiliation. 

Le roi Lothaire, allant à Rome pour son divorce avec 
Teutberge, obtint que le pape lui donnerait ww lionne, 
une palme et une baguette. La lionne signifiait, selon /ui, 
qu'il reprendrait Waldrade, la palme gu il serait victo- 
rieux y la baguette qu'il contraindrait les évérincs à se sou- 
mettre. Annal. Bertin., anno 867. 

Alix présents qu'il envoyait à saint Louis, le Seigneur 
delà Montagne avait joint une chemise et un anneau. 
« Vous et notre maître j disent les envoyés, vous tlevez rester 
unis comme les doigts de la main, et comme la eàmàse 
rest au corps. Michaud, Croisades, IV, 406. 

Mangu-Khan envoya à saint Louis un arc que deux 
hommes pouvaient à peine bander, et deux flèches d ar- 
gent remplies de trous, qui sifflaient en volant; si le roi 



346 SUPPLÉMENT. PROCÉDURE, ETC. 

n'acceptait pas son amitié, Tambassadeur devait les 
rapporter, en disant au roi que Mangu savait tirer de 
loin et frapper fort. Voyage de Rubruquis, c. 34. 

Après la bataille de Nicopolis (1397), Bajazet fait de 
même à Charles VI des dons menaçants. 

Le roi d'Angleterre Henri V en voulut au duc. d!Or- 
léans, qui lui avait envoyé en présent des balles de 
paume. 

,., Le roi d* Angleterre envoya au roy des trompes de 
chasse et des bouteilles de cuir^ à rencontre des pièces 
d'or^ couppe d'or, vaisselle^ pietTeries et autres belles 
besongnes que le roy et aultres seigneurs avrient donné à 
Warwick, à son partement de Rouen, 4467. Jean de 
Troyes, XIII, 354. 

... Ce roy envoya à Edouard, quiréclamoit la Nor^ 
mandie et la Guyenne, le plus beau courcier quHl eût en 
son écurie y et depuis ce le roy lui envoya encores un asne, 
ung loup et ung sanglier. Ibidem, p. 450. 

... Le roy envoya au roy d'Angleterre une dent de san- 
glier longue d'un pied et trois doigts, et une teste seiche de 
une beste, comme de un chevreul de bois, de la plus mer^ 
veilleuse façon que Von ayt oncques vue. Quelle chose ce 
présent signifie, je le laisse interpréter aux autres, 1480. 
Preuves de Comines, éd; Lenglet-Dufresnoy, IV, 9, 

Page 286. — L'en doit savoir que chelui s'accorde à 
pès par fet et par parole, qui avec chelui qui souloit estre 
ses annemis boit et menge et parole, et tient compagnie; 
doncques après che que il aura che fet, se il H fet ou pour- 
cache honte ou enui, il puét estre sievis de trahison et de 
pès brisiée. — Beaumanoir, p. 300. 

En signe de réconciliation, Philippe-Auguste couche 
avec Richard Cœur de Lion, Raymond VII avec Amaury 
de Montfort (Guill. de Podio Laur., ap. Scr. Fr. XIX, 
215), François de Guise avec le prince de Condé, etc. 

M. Paulin Paris soupçonne, non sans vraisemblance, 
que, lorsqu'on faisait la criée d'un traité, il y avait des 



PROCÉDURE, ETC. Ml 

bouffons qui en parodiaient les termes. Voyez la Paix 
aux Anglais, publiée par M. Jubinal. 

Page 229. — Avant d'exécuter une sommanon des 
Kiephtes. un village grec se la faisait répéter plii^^ d'une 
fois. A la seconde ou troisième sommation, le papier^ 
sur lequel elle était écrite, était brûlé aux quaire coins. 
M. Fauriel. Introd. aux Chants grecs, p. lv. 

Page 249. — S'il était allé avec lui en une forêt pour 
couper du bois, que le fer de sa cognée se fût échappé 
de sa main, et, sortant du manche, eût frappé son ami 
et l'eût tué, il se retirera dans Tune de ces trois villes, 
et sa vie y sera en sûreté. Deuteronom., c. XIX, § 5, 

Loi galloise : Voici les trois coups permis en disputes. 
Le premier est d'enfoncer une lame enterre d'une seule 
main, et si bien qu'un autre puisse à peine l'en tirer 
avec les deux; le second est de frapper la tête de Tarme 
dans un tertre, jusqu'à ce qu'une partie du bois soit 
cachée; le troisième est de la placer, sur un buisson, à 
hauteur d'homme; si la pointe n'est t.insi placée^ et que 
quelqu'un tombe dessus etse blesse, un tiers de J'amende 
du meurtre est imposé au possesseur de cette lame, 
Probert, p. 283. 

Page 262. — Les textes suivants, tirés de la législa- 
tion indienne, autorisent en certains cas le mensonge et 
le vol : — Lorsqu'un créancier, par une ruse habile, 
emprunte une chose à un débiteur, ou soustrait une 
chose mise en dépôt par lui, pour le forcer ainsi à payer, 
cela s'appelle légitime déception. Digest orHindu law, 
I, 341. — Toutes les fois que la déclaration de la vérité 
pourrait causer la mort d'un soûdra, d'uo vaisya, d'un 
kchatriya ou d'un brahmane, lorsqu'il s'agit d'une faute 
commise dans un moment d'égarement, et non d un 
crime prémédité, comme vol, effraction, il faut dire un 
mensonge; dans ce cas, le mensonge vaut mieux que la 
vérité. — Avec une maîtresse, avec une jeune tille que 
l'on recherche en mariage, ou bien lorsqu'il s'agit de 



348 SUPPLÉMENT. PROCÉDURE, ETC. 

nourrir une vache, de trouver du bois pour un sacrifice^ 
ou de sauver un brahmane, ce n'est pas un crime que de 
faire un faux serment. Manou, § 265-7, p. 104-12, de 
la trad. 

Page 276. — Une femme, accusée .de la mort de son 
mari, s'étant laissée condamner sans se défendre : Sine 
cibo et potu, in artâ prisonâ, per 40 dies, vitam suslî- 
nuit, via miraculi. Pardonavimus eidem. Rymer, III, 
part, 1, p. 358, anno 1357, éd. 1825. 

L'épreuve du feu et de Teau bouillante est encore en 
usage en Dalmatie. Quelquefois aussi, quand un homme 
est soupçonné d'un crime, on lui met des éclats de sapin 
entre la chair et les ongles. Fortis, Voy. en Dalmatie. 
Daru, Venise, IV, 598-601. 

Page 278. — Le 2 mars 1552, le juge du chapitre de 
Chartres, après information faite, condamna un pour- 
ceauy qui avoit occis une fille, à être pendu et étranglé à 
une potence mise dans un endroit apparent du lieu du 
délit. La sentence fut exécutée à la lettre. — Je ne puis 
affirmer avec certitude de quel auteur ce fait est tiré. 
Peut-être l'ai-je trouvé dans l'histoire de M. Monteil. 

Page 286. — La ville de Paris, pendant la captivité du 
roi Jean^ offrit à Notre-Dame une bougie de longueur 
égale, au pourtour de Paris ^ pour bmler jour et nuit 
devant l'image de la Vierge (année 1357). Félibieû, I, 
p. 639. — A Nevej'Sf la peste ayant régné deux ans et 
demief les habitants vouèrent à saint Sébastien une bougie 
longue comme la ville , c'est-à-dire de 1720 toises (janvier 
1564). Sainte-Marie, Recherches historiques sur Nevers, 
1810, p. 417. 

Page 292. — Les trente-deux Kurdes prisonniers 
furent rangés suivant les trente-deux directions du vent, 
et livrés à diverses tortures. Hammer, VI, p. 326 de 
la trad. 

Page 292. — Zuckee Hhan se fit faire un jardin de 
ses ennemis. Des trous furent creusés à distances égales, 



f»{*>Lt-. [IL'IÎ^:^ hti. 



340 



lime pour planter les arbres d'une avenue, iUx y plaça 
ff>rles branches à chacune desquelles on allacha xm 

iHiîer la têie en bas; piu^ on comhbiit \v^ Irons, 
Im, Hîtit. of PerÈia, v. lU (à l^année \li}2). 

^Q 315. — Par ht cent tu me notoire de la ditfe rontft 
..:uti, ceilui ou ceuîz qui trouvent bannis è$ melif*$ 
oaUêres) de la dilie cùnté, et les mettent à nwrt, su?i( et 

-HÎ esfrede ce quiftes et tenuz paisibles, m mettant un 

>- d*argeni soubz la te&ie du banni mort. Carpentici*, 
i, 4Ô3, Tiéiior des Charles, reg- lli, n" lâO, 



FIN 



ao 



TABLE DES MATIÈREIS 



INTRODUCTION. 

Sources n 

MéTHODK , VII 

Famille. L'enfant. Exposiltou, Adoption, BapU%ie. - * ix 

Mariage xm 

Douaire. Dissolution du mariage xv 

Mariage spirituel xvii 

PropHété. Pasteur, Affrl*^"ltciJv. * , xvm 

Occupation. ...*.,, xix 

Orientation. Ager romain. ...,..,.,.... \%i 

Possession , xxtf 

Tradition xïiv 

État. Fraterniti"^ jgtierri^re %%y 

Royauté. tntronisaLiuri . » , . icxvr 

Chevauchée. Banquet . + . . . ixix: 

Ost et plaid , . lïjt 

Aleu xxiT 

Blason. Couleurs, Deviies .-,,*., x%xn 

Droits féodaux ................... xxxv 

Procédure, jugcme fit, gupTv*;. .*..,,.,.,, xxxvii 

Défi, sommation» con vocation- ,...,...,,, Xïxvtii 

Assemblée. Tribunal xxxix 

Comparution. .....,.,.......,,,. xt 

L'asile du juge ili 

Serment ........,« xlil 



35:2 TABLE DES MATIÈRES. 

Page.^. 

Épreuves xuu 

Duel XLv 

Composition . . xlvi 

Seiilence * . XLvn 

Le banni • xux 

Supplice Li 

Vieillesse. Mort volontaire ui 

Mort LUI 

Tombeau liv 

Origine des symboles lv 

Poi'sie juridique lx 

Nationalités diverses lxii 

Inde. Perse. Judée Lxin 

Grt'ce. Italie i.xvi 

Iode-Rome Lxvn 

Scandinavie Lxviii 

Inde-Allemagne lxix 

Allemagne lxx 

Galles Lxxu 

France-Église. Nationaliti's lxxyi 

Église. France. Nationalités lxxvui 

Ages des symboles et formules lxxxiv 

Age et nationalité lxxxviii 

Concordance lxxxix 

Mélodies xc 

Caractère équivoque du symbole xcii 

Anti-symbolisme xciv 

Fictions xcvii 

Droit romain et christianisme xcvni 

Allemagne et France , . c 

Anti-symbolisme français ci 

Livre I. LA FAMILLE I 

Chapitre I^"^. L'enfant. — Exposition. — Adoption 1 

Exposition, enfant 2 

Adoption, enfant 9 

Chapitre II. La femme, — Le mariage 12 

Mariage indien 13 



TAULE B ES MATrÈRES. :tf>3 

Mamge roniûiîL .,.,,, * , . . . 15 

f rift^riorili'^ de l.i feirniuj ,.,,.. . 17 

M:irjîige par achrit. , .,,... IH 

Maritige grec , 19 

Mrtriage geriuanîqup. ..,,....., 20 

KiuîiiNiitle^ *'....»...►.,,*,,♦,,, ^ » 2i 

Haindillpa, Épée. Lance, Fourure, elc* . :Î3 

â1ari.igt% égïise ,.,.,,....,,,,,..,,,, 27 

Mariage spiritufl , .,..*, 31 

Gïmciibin?it ...►,.,».*,.,...,.,» ^ , , â2 

S^^mbûles ilivcrs du inana^e. .,..., 33 

Clef.% querit>tiïi3p, ..*..»,..,.*.,.,. ^ , , 34 

Feu, mariage, d<% , , , 33 

Dfm-du-matïïi. , , . . . 36 

CLpvcux, coitiomoaiilr ,...., , . , 37 

Dniits du uuïti .....,,,.......,..,,, 3Jî 

Droif^ de la ft*tnai<? .....,.,.,...,...,, 3*1 

Mari ?ul)AtïIui'. , , 41 

V^uvag*^ .-*.*.*...♦.,,,.,,,.*.,, 43 

YLnivugc, secondes nf*c»?^ .-.-.,.,,.....* 44 

Séparulioîi ,..,♦. ♦ . . 43 

CttAPrtm m. Parenté, he'ritagt, .............. 17 

Sïifrpasioîi rndienno, romaïDe, gcrmanjque, . , is 

hain*', le plus jeune 40 

Jtiveixnpui-, Gnvulkmd 30 

petit-nu, fcuiQie , 51 

Bâtard ,.....,... 53 

Eeiiondatiou , S4 

iVKE U. PROPiMÉTÉ _ 57 

[CliAPiTWi l'"". Occitpaiwn , , . 57 

Vùl di? la pluiue» .,,,.,..* *.,.». îiS 

O€«ntpiiltou, jet, hache» lïiarteau, laace , . , îiî> 

Jet, ft'u, chQvauch'îfî , , ai 

Seineuce .,..,.»*...,.....,,,..,. 54 

Oreiipidion, peau, *».....,,., , . , f^:; 

ChaiTittgii, occupation, couràc^ . . , , , . . fifi 

IiiAtntuB H. Posseuion **.*,,»...,,,.,,,. (îîj 

Ibctio.n J. ^fa^vke, taré indivh<f^ biem communatia^ m 

20, 



d&i TABLS DES HATIÈRflS. 

Pages. 

Marche 70 

Pénalité de la Marche *....;,., 71 

Animaux « 73 

Section II. Lager^ ou champ limité, orienté. Pasteurs, agri- 

cidteurs , 77 

Limitation , 78 

Orientation 79 

Limitation . 81 

Mesure 84 

Le pauvre, le passant 88 

Chapitre III. Tradition 91 

Herbe, gazon * 93 

Terre, pierre », ... ^ 94 

Paille 97 

Rameau 99 

Bâton 100 

Dàton, main 102 

Oreille 104 

Chapeau, gant, soulier , . . . 106 

Porte, gonds, siège, denier 108 

LiVHE Ilï. ÉTAT , . , , ^ , 110 

Chapitre I«' Le roi, le noble, le libre 110 

Rois, nobles 112 

Nobles, cheveux 113 

Cheveux ; * 114 

Cheveux, armes 115 

CHAPrrKE II. Élection, couronnement du roi, ctc 116 

Intronisation 117 

Intronisation, couronnement 118 

Couronnement, sacre , . . • , 120 

Introni station féodale ^ , s . . . , . 122 

Couronne , 123 

Intronisation du pape ,.,,.. s . , 124 

Intronisation épiscopale , ^ . , . . ^ . .« ^ 125 

Moines, prêtres 126 

Chapitre III. La chevauchëe-le-roy, la cour, les grands o/)î- 

cUrs 128 



TABL£ BBS MATFÈRESp ^55 

Caroccio, chevauchée 1^9 

Cour ^ i:jO 

Cour, aerviieurs , , . . VA^l 

Serviteurs 130 

Officiers \ , . 135 

Offices , , llifi 

Lauce, bâton, épée , Ul 

Ciseaux, anneau, cloche. ....,,,..., 142 

Cloche ta 

Couronne, chapeau .,..., IH 

Hommage i45 

Renonciation , , , UT 

Fiefs (lu soleil, aïeux . . , , , IVi 

CuAPiTRB IV. Communion^ fraternité, chevnierk. , IjJ 

Communion, terre, san^. .,,....,.. UVA 

Sang, alliance, sang I5i 

Chevalerie ..,,....,...... lOÔ 

Suite du CHAPrraB IV. 

' Couleurs, drapeaux^ ai^mùiri^s, dt^vms, crk d'annci^ . . , MH 

Couleurs 16i* 

Étendards ..,,., 16:* 

Bannières ..,..,... 167 

Armoiries *,>.,, IfiH 

Emblèmes, devises ...,,,.,.... , i6U 

Devises, cris d'armes , , . , HD 

Insignes des roturiers. . . » , , * . , . , 112 

Noms .*....,...., M\ 

Devises roturières. ,..*..... . . . nu 

Formules des corps de mî-tiers *,,.,.. 177 

Chapitre V. Droits féodaux^ juridiction^ r^demnms, .... IT^) 

Juridiction * . . . 18o 

Juridiction et droits fé<id2iujc ....,..,.. i%\ 

Redevances, peaux, poules, redevances divergea. , , , . ISii 

Argent la^; 

Roncin de service. ..,*,...*♦,.-.,,,,, IGU 

Redevances 101 

Hébergement. . ^ 19:1 

Droit de chasse , IHl 



356 TADLB DES MATIÈRES. 

Pages. 

Redevances bizarres 195 

Redevancea et corvées bizarres 191 

Grenouilles 198 

Redevances, past de chiens 1 99 

Roses, gants, etc 200 

Redevances diverses 201 

Maritagium 203 

Mets de mariage 208 

Enfants du serf, communautù, héritage du serf. 209 

SurrB DU Chapitre IV. Le Serf. 2li 

Servage antique 212 

Condition du serf 213 

Servage . 215 

Noms du pei-f 216 

Affranchissement .• 217 

Droit d'émigrer 221 

Livre IV. (iUERRE, PROCÉDURE, PÉNALITÉ 224 

Chapitre I^r. Défi, sommation, convocation. 22k ^ 

Défi 225 

Appel aux armes 227 

Convocation 228 

Sommation et contrainte 229 

Excuses 23i 

Délais 234 

Chapitre II. Lieu et temps du jugement 23.'5 

Lieu du jugement 236 

Orientation du tribunal 239 

Jour et heure 241 

Mesure du temps 242 

Chapitre III. /w.7W e/ 7 Mré* 243 

Juges armés 244 

Serinent du juge 243 

Tribunal 2i6 

Jugement populaire 247 

Juge civil 248 



TABLE DË5 MMli:RES\ 35T 

SArrruE ÎV, Lepée du mùrt^ ammathm .,,,..*».. 219 

[Lovés ilu iTiiirt ..*,*.....<., 250 

lExIiibilkm (lu cadavre . > , * 25* 

I AccuPMlinTi .....,.,.,...,,..,,.,.. âSÎ 

I AppTfVîwlîfu) t!« dMil, *.,.,**..♦ , S^ 

iAPiTitE V. Asi^^ dommiU. 234 

l Asiles. . ^ ...♦,.,,,,....,.*.,..- . 2:jrî 

[ Asilcj ilomîcile .,,..,,,*,. * . . . arilt 

I Arrestation . 25S 

fiAitiTHE M. Sermmf .,...,...♦., 230 

Dîispci*?e fie pertnent . , . - , * * . , , â62 

Dj-jtiranfs 2fi3 

|A$aistaBU. * . .,,*,,.....,.,, fïl5l 

BArrrriE VU.^/Mr/^/îpHλ {ImL 266 

I Épreuves, eau 261 

Eiiii frnitïe . . , , 268 

ïEnu chaude * 27Û 

fFcu . 272 

Bpreuves, feu, terre. 2T3 

fçroîx, (^ti;, .,..*.... . 211 

* prouves, lïu>rej épreuves iliverses ♦......,,, . 215 

ttôl juilïclaire .*...,,.*...... ^ .... . 211 

llArrrRE VUL Atnmnttjr cQwparQmatit en Jut/liee^ CQmme 

act't/i(Cft^ mi i^wrtme fë moins. ..*.,..,..,,., 21ê 

fJknim^\x% coupables , 21t» 

tiimaux tuoaoiïi's . * 280 

liAPiTHE IX, Avm, appel t cîôUtrt dujugemeni. ...... 281 

Uppel 2S2 

lOÔtnre du jugement ........*., 2nà 

iriTiu X. ComposHiott^ ,..,♦. 284 

iimceau 285 



338 TABLE DES KATlERËS* 

CttmpcHtitîou, poifU ,,..*. ÈH^ 

Gomposiliari dfiisoirp » , , . S HT 

CllAPtTns XI. Ej;!CCidi(in *,*,... , . , » 2S9 

Ex/rution, ^r, eau ,.**,.*.,* * , * » 21*U 

Eau, fer , . , , , 2^1 

SuppUcea Uivcrs. ,,,,,..»....... 2l*i 

Porter la sHIp , . . i!l»0 

Couper la nappe 3Ûl 

Peiot'S grf>lei?qn*^d .*»,*.,*».. ..*,-..,< 303 

Peiues, outraj^C:^ ù la pudeur. ,,,,.**»,...«• 30 i 

Peiiiea de l^adulti^re, , » , - 306 

CHAriTiiE XML Le débiteur inmlvabie .-,,,,..,.. 309 

Prrt illicite, mure 5J0 

Bmiuet vtrt . 3(i 

Saisie j exlarBions. , . - , . 31i 

CttA?rrRK XÏV.* BanmsËemeni, proËn^ipiion, l'aubaine U 

btUani 311 

Banni ssement, proflcription 3!u 

Baîuiiai<ii^ ment et cession. . . . , , . • 3li3 

Jnlerdiiitjû tecti. »...*. 3i" 

L'iiomme-luup. *.*..,, *..,...,. ^Ifi 

.Uijurer le pay* ,».,♦.,,,.,, , , , , 31S 

l/('lran^er 320 

L'AuÏJidu , » , ...».....*..>.. 3âl 

Banni, etc ., 32â 

Hospitîilil^'- . , * SiS 

Le Passant ,,*...< 3;îi 

LtvftK V. VIEILLESSE, SÉPlLTUUE , 321 

VieUJank mÎF à mnrt ,,.,...,. , , 3i8 

Murl volmik^ire ..♦,.... 330 

Srpulturc luVmque .,.*,,.,.* , . . aîït 

SépuUure. ,,.,,..-..... 33i 

Se|»aLturfi oedêdastLqiie. .,.,........*«*« 334 



TADLE DES MATIÈRE?, 3S9 

SUPPLÉMENT à V introduction ^37 

— I«. Famille. ,.,.... , , . . . S+0 

— II. Pt'oyriélé 3^1 

— m. État , M2 

— IV* l'rocédure, guerre. ,.*..,......*.* 345 

— V. Procédure, etc. , 348 






363. — Paris. TyiiotfTïiphia Gaaloii Nkr, ruû CâMfitto, J, 



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