FOR THE PEOPLE
FOR EDVCATION
FOR SCIENCE
L1BRARY
OF
THE AMERICAN MUSEUM
OF
NATURAL HISTORY
OSTÉOGRAPHIE
D E S CETACES
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0STÉ06RAPHIE
DES CÉTACÉS
VIVANTS ET FOSSILES
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s o 1 i k i , i: t t i : i: r uv s \ s r i : m k d e n t \ i it i;
DE CES ANIMAUX
AINSI OUE DES DOCUMENTS RELATIFS A LEUR HISTOIRE NATURELLK
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PARIS
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INTRODUCTION
Destinés à vivre au soin dos mors, les Cétacés ont une certaine ressemblance
extérieure avec les poissons; mais ils sont bien éloignés d'avoir la structure
anatomique de ces animaux. Leurs poumons conformés comme ceux des mammi-
fères, l'élévation de leur température, leur cœur divisé en quatre cavités, le
\ diurne et la disposition de leur cerveau, l'incontestable intelligence dont ils sont
doués, leur mode de reproduction à la fois vivipare cl placentaire: tout, dans
leur organisation comme dans leurs fonctions, démontre que ce sont bien des
mammifères et la présence de mamelles, destinées à élaborer la première nourri-
ture de leurs petits, complète la série des caractères qui les rattachent aux vertébi es
de cette classe.
Les con«litions spéciales de l'habitat des Cétacés expliquent assez les parti-
cularités qui distinguent ces animaux 'les autres mammifères el en font un
groupe à la fois naturel el facile à reconnaître] aussi leur élude présente-! elle un
intérêt véritable. L'importance îles produits que plusieurs genres Fournissent
à l'industrie justifierait d'ailleurs a elle seule les recherches multipliées dont
les I étacés onl été l'objet depuis le commencement de notre siècle, puisque h
notion 'le leurstructure ou celle de leurs mœurs et de leur répartition dans le- diffé
rentes nui- peut rendre leur capture plus facile et indiquer au comme» e 'le nou-
velles sources île richesses.
Mais le naturaliste qui veut entreprendre de semblables recherches ne tarde pai
ii INTRODUCTION.
à rencontrer des obstacles sans nombre. A cause de leur énorme taille autant que
par la nature des parages qu'ils fréquentent, les Cétacés sont difficilement acces-
sibles à nos moyens d'observation et il est bien rarement possible de préparer
avec tout le soin désirable la dépouille des exemplaires qu'on a réussi à se pro-
curer. Les peaux qu'on en avait d'abord recueillies et conservées dans plusieurs
musées ne peuvent donner qu'une idée fort incomplète des caractères propres aux
différents genres de cet ordre et aux espèces qui composent ces genres. Ajoutons
que de semblables collections fussent elles toujours possibles, peu de musées seraient
assez riches pour les entreprendre ou assez vastes pour les loger, de manière à en
rendre l'examen profitable. Du reste, des difficultés souvent insurmontables
s'opposent à ces sortes de préparations. Les squelettes eux-mêmes sont coûteux,
d'une installation également gênante, et, comme l'importance des indications
que l'on peut en tirer a été longtemps méconnue , on s'est jusque dans ces derniers
temps assez peu préoccupé de les conserver. Quant aux parties molles elles ont
rarement attiré l'attention des naturalistes, ce qui s'explique par les obstacles
plus grands encore qui s'opposent à leur préparation. Aussi la cétologie est-elle
restée longtemps stationnaire, et il y a quelques années seulement la nomencla-
ture des baleines aussi bien que celle des cachalots, des dauphins ou des genres
qui s'en rapprochent, était encore dans un état d'imperfection regrettable.
Cependant l'examen ostéologique des Cétacés devait fournir aux savants les
moyens de faire accomplir à la science des progrès réels, et c'est à ses indications
que nous devons de pouvoir formuler désormais avec certitude la diagnose de la
plupart des animaux de ce groupe; elle a également permis d'en établir la classifi-
cation d'une manière naturelle et de rectifier leur nomenclature. G. Cuvier n'avait
pas tardé à reconnaître les avantages que l'on peut en tirer, et Frédéric Cuvier a
dit avec raison, en parlant des résultats consignés dans le cinquième volume
des Ossements fossiles : « Je crois que le premier exemple bon à suivre a été
donné par mon frère. » Il est également dans le vrai lorsqu'il ajoute : « Ses travaux
seront longtemps encore la base de cette branche importante de la zoologie. » Kn
eflet, les recherches du grand naturaliste français ont jeté une vive lumière sur
l'histoire d'un certain nombre d' espèces, et elles ont montré qu'on pouvait arriver
par l'étude ostéologique des Cétacés à des résultats bien autrement précis que ceux
dont Othou r'abrieius, Lacépède et même Camper s'étaient contentés.
INTRODUCTION ,,,
M sis, depuis l'rpoquc ou G. Cnvier a écrit, les collection- Be Boni enrichies d'un
nombre considérable de pièces relatives aux Cétacés alors connus, et des espèces,
«bus certains cas même des genres entièrement nouveaux ont été découverts.
Aussi quoique toutes les lacunes laissées par ce zoologiste célèbre n'aient pas pu
être comblées, on est des à présent en mesure d'ajouter beaucoup de documents
à ceux qu'il a publiés, et d'asseoir sur des bases plus larges qu'il n'avait pu le faire
l'histoire des mammifères marins. Des travaux considérables consacrés a ces ani-
maux ont été publiés, particulièrement en Danemarck et eu Angleterre, et ces tra-
vaux ont notablement augmenté la somme de nos connaissances. Chaque jour
les musées continuent à s'enrichir de pietés nouvelles, et une histoire a peu près
complète du groupe entier peut maintenant être tentée avec quelque chance de
su< ces.
M. Fsehricht, savant anatomistc de Copenhague, dont la science regrette la
perte récente a réussi, grâce aux circonstances particulières au sein desquelles
ses travaux se sont accomplis, a fournir à la cétologie des documents dont la
valeur est réellement exceptionnelle, et la description des Mysticètes ou Cétacés à
fanons lui doit des découvertes importantes. Les recherches de son compatriote,
M. le professeur Reinhardt et celles de M. Lilljeborg, «Il psal, méritent aussi une
mention particulière, et il en est de même des importantes publications dans les-
quelles MM. .1. E. Gray et Flower ont fait connaître les pièces les plus remar-
quables conservées a Londres, soit au musée britannique, soit au collège des
chirurgiens. Ces savants et plusieurs autres en France, en Belgique, en Allemagne,
aux l'.tai-l m- oui aussi ajouté beaucoup de faits curieux a ceux donl la cétologie
était redevable aux travaux des auteurs antérieurs. Nous aurons soin de rappeler
leurs noms chaque fois que l'occasion s'en présentera, et nous ferons ressortir
l'importance des recherches qui leur sont t\u<^.
Hieux renseigné que ne l'avaient ete ses prédécesseurs Lacépède, I'. Camper
et (1. Cuvier, au sujet des iineuis de ces gig anlesques animaux , H. Fschrichl a pu
se faire une idée plus exacte de différentes espèces propres aux régions
boréales, el la baleine du Groenland a été «le sa pari l'objet de recherches appro-
fondies. Les observations de Scoresby, recueillies dans les parages menu
où se fait la pèche, ont été pour loi une source d'indications fécondes, si il ■
i ii la boooe fortune d'obtenir de M. Holboll, gouverneur du Groenland, plus
iv INTRODUCTION.
de matériaux relatifs à l'anatomie des Cétacés que n'en avait jusqu'alors réuni
aucun zoologiste.
Ces précieuses collections se seraient accrues bien davantage sans la mort de
l'actif et intelligent naturaliste qui les recueillait avec tant de zèle ettant de dévoue-
ment; mais M. Ilolboll a péri au milieu des banquises en retournant au Groen-
land après être venu à Copenbague pour se reposer quelque temps de ses fatigues.
Depuis lors la science a été privée des observations si exactes qu'il poursuivait
ainsi que des objets en nature, squelettes d'âge et de sexes différents appartenant
à toutes les espèces, préparations anatomiques conservées dans le sel ou placées
avec soin dans l'alcool, etc., que M. Escbricbt recevait de lui, et qui ont fourni
à ce savant le sujet de tant de curieuses remarques anatomiques. C'est grâce aux
envois successifs faits par M. Holboll que plusieurs des grands musées de l'Europe
ont pu s'enrichir de pièces relatives aux Cétacés du Nord, et c'est par la publication
de toutes ces précieuses récoltes que M. Escbricbt a si heureusement contribué aux
progrès de la science.
G. Cuvier avait pensé que certaines parties des Cétacés, telles que leurs nageoires,
changent de forme après la naissance, et que le nombre des vertèbres de ces ani-
maux peut aussi varier avec l'âge. Un des plus curieux résultats des études entre-
prises par M. Escbricbt a été de démontrer la ûxité des caractères propres à ces
différents organes, en faisant voir que le squelette des fœtus, même lorsqu'il est
encore cartilagineux, présente déjà, sous les rapports que nous venons d'envisager
et sous d'autres encore, les traits que l'on retrouve chez les adultes. Malgré certai-
nes modiGcations secondaires, inséparables des progrès de l'âge et que l'on constate
dans les autres groupes d'animaux, chaque espèce de Cétacés peut donc être recon-
nue quel que soit l'âge ou le sexe des sujets que Ton en observe.
Ces données et celles qui avaient été réunies à des époques plus anciennes, sou-
vent par des observateurs placés à des distances considérables les uns des autres,
demandaient à être vérifiées et discutées avec soin; la publication des documents
restés inédits était également désirable : aussi avons nous pensé que le moment
était venu de reprendre dans son ensemble l'histoire des différentes familles de
Cétacés.
Tout en insistant sur l'ostéograpbie de ces animaux, qui est la seule base cer-
taine sur laquelle on puisse faire reposer leur classification et la distinction de leurs
INTRODUCTION »
différentes espèces, nous ne négligerons point les autres côtés de leur histoire na-
turelle.
Les Cétacés, parmi lesquels prennent rang les plus volumineux de tous les mam-
mifères, ne forment qu'une partie des espèces de cette classe auxquelles on a
étendu la dénomination de Thalassothériens. Les phoques, souvent classés auprès
dés carnivores, et les Sirénides, dont G. Cuvier faisait ses Cétacés herbivores, -ont
aussi des animaux particuliers aux eaux marines el par conséquent des Thalasso-
tbériens véritables; ils peuvent toutefois être facilement séparés des animaux dont
dous nous occupons, bien qu'ils semblent constituer avec eux une série a pari
dans la classe des mammifères.
Les Cétacés ne quittent jamais l'eau, même pour accomplir les phénomènes
de la parturilion; ce sont les plus aquatiques de tous les mammifères. Bien
qu'on les ait souvent appelés du nom de souffleurs, ils ne lancent point un jet de
liquide par les narines; c'est à la condensation de la vapeur d'eau mêlée à 1 air
expulsé par leur respiration qu'est due cette apparence. Tous si' nourrissent de hiI>-
Btances animales, plus particulièrement de poissons, de crustacés ou de mollus-
ques, et la pâture des plusgros d'entre eux, celle des baleines par exemple . con-
siste en espèces pélagiennes de très-petites dimensions. Les quantités considérabli -
qu'ils en trouvent réunies dans les parages qui leur sont habituels compensent, il
esl mu, la petitesse de ces animalcules, au nombre desquels il nous suffira de citer
les clios et les cétochiles, les premiers du groupe desptéropodes, les seconds de< e
lui des entomostracés.
Quoique essentiellement nageurs, les Cétacés s'éloignent moin- qu'on ne le croit
en général des continents et des iles. Quelques-uns suivent les grands courants
océaniques, et la plupart sonl évidemment cantonnés dans leur répartition hydro-
graphique; Us se contentent de varier dans certaines limites et «lune manière
régulière leurs stations conformément à l'ordre îles saisons.
Il existe des animaux de ce groupe bous toutes les latitudes, mais on ne peut
sijjnaler qu'un peiit nombre de leurs espèces qui soient réellement cosmopo-
lites; encore leurs représentants propres aux mers australes <>u au nord du Pacifi-
que offrent-ils habituellement, lorsqu'on les compare avec ceux de l'Atlantique
boréal ou tempéré, des différences qui pourraient a la rigueur être considén
comme des différences spéciGques.
vi INTRODUCTION.
Par une exception remarquable, quelques Cétacés habitent les fleuves. On sait
que le Marsouin remonte parfois à une hauteur considérable au delà des embou-
chures, et le Plataniste ainsi que le Pontoporia ou Sténodelphe vivent l'un à l'en-
trée de la Plata, l'autre dans les bouches du Gange. Il y a même des espèces qui ne
quittent jamais les eaux douces. Tels sont les Inias et un petit nombre de
Dauphins propres à l'Amazone ainsi qu'à ses affluents.
Tous les Cétacés ont les mamelles au nombre de deux, placées de chaque côté de
l'anus. Leur peau est nue ou garnie de quelques poils seulement; encore n'est-
ce guère que chez les jeunes sujets ou les foetus qu'on en observe. Cependant le
museau de l'inia en est couvert pendant toute la vie. La gestation est longue dans
toutes les espèces, et chaque portée ne donne jamais qu'un seul petit.
La forme en fuseau du corps des Cétacés, l'ample nageoire horizontale et de na-
ture essentiellement fibreuse que porte la partie terminale de leur queue, la dis-
position en rames natatoires dépourvues d'ongles de leurs nageoires antérieures,
les seuls membres qu'ils possèdent, permettent de les distinguer à la première vue
de tous les autres animaux. La présence presque constante d'une nageoire dor-
sale et l'absence des membres postérieurs dont on ne voit extérieurement aucune
trace complètent ce signalement, auquel on peut ajouter la disposition habituelle-
ment uniforme du système dentaire et la condition uniradiculée des dents. Le
corps a la forme d'un double cône allongé à bases réunies; sa surface est
lisse, et le derme recouvre une épaisse couche de graisse qui s'oppose à la dé-
perdition de sa chaleur propre en même temps qu'elle suffit en partie aux dépenses
de la combustion respiratoire. Dans les mouvements, la queue donne à l'animal une
impulsion considérable, et les nageoires thoraciques sont comme une paire de ba-
lanciers destinés à lui conserver son équilibre au sein des eaux.
Le nombre des espèces de ce groupe approche de deux cents, et de temps en
temps on en découvre encore de nouvelles qui avaient échappé jusqu'alors aux
investigations des naturalistes. INos mers si fréquentées qu'elles soient peuvent
elles-mêmes en fournir. Témoin le Dioplodon européens, découvert il y a une
vingtaine d'années à l'entrée de la Manche, et dont depuis lors il n'a été repris
d'exemplaires sur aucun point du globe. Des espèces remarquables et qui
servent de types à des genres particuliers n'ont elles-mêmes été observées qu'ac-
cidentellement; plusieurs ne sont encore connues que par des pièces uni-
INTRODUCTION. \n
qu68 , comme le lîerardius Anuixii , le Dioplodun demirottri» et bon nombre
d'autres. Aus^i ne saurait-on trop recommander aux navigateurs qui trouvent
L'occasion de harponner de semblables animaux ou d'en recueillir des dépouilles
même incomplètes, de les conserver lorsqu'ils leur paraissent offrir quelque
intérêt scientifique, afin de les soumettre à L'examen des savants en Les déposant
dans les collections publiques.
Iii a deux grandes divisions naturelles qu'il est facile d'établir parmi les Cétacés,
celle des Cétodontes ou Cétacés pourvus de dénis et sans fanons es! la plus nom-
breuse en espèces el elle offre les caractères génériques les plus variés. Ses
espèces arrivent à des dimensions très-diverses, el h les cachalots, qui en font partie,
acquièrent le volume des baleines, d'autres sont d'une (aille déjà moindre, comme
les Hypérodons, les Ziphius, les Orques ou les Globiocéphales, el il en est comme
les Marsouins, les Néoméris, Les Pontoporia, etc., qui n'ont guère plus d'un mètre
de longueur totale. Les Cétacés constituant l'autre grande division de cet cidre,
sont les Uysticètes ou Cétacés à fanons, animaux toujours gigantesques, moins
variés dans leurs caractères que les Cétodonles, el donl on ne connaît qu'un
moindre nombre d'espèces. C'est par eux que nous commencerons la partie des-
criptive de cet ouvrage.
Les Cétodontes et les Mysticités n'ont pas uniquement fourni des espèces à la
faune actuelle. Il en a aussi existé pendant la période tertiaire, cl nous trouvons des
débris d'animaux appartenante l'un et à l'autre de ces deux groupes dans les dépôts
pliocènes ainsi (pie dans ceux qu'on a appelés miocènes. H est vrai que les terrains
antérieurs n'en ont pas encore fourni. Nous nous occuperons des < étacéa d esp< » i -
fossiles aussi bien que de ceux qui habitent les mers actuelles, el nous ajoute-
rons également des faits nouveaux aux détails que l'on a déjà publiés à leur égard.
lui ce qui concerne les espèces vivantes, nous ne manquerons pas les oc< usions
qui s'offriront à nous de donner, au sujet de leurs mœurs, de leur s\ n<>n\ mie el d<
leur nomenclature, ainsi que de leur répartition hydrographique, des documents
nouveaux qui compléteront ce que nous aurons dil relativement à leurs carac-
tères anatomiques. A l'occasion , la capture des l étacés nous occupera également,
puisqu elle jel te quelque lumière sur la manière de vivre de ces animaux, el nous
apprend le parti que l'on tire de leurs fanons, de leurs dents, de leurs os el d<
leur huile, on fournil de nouvelles d ies au i ommerce el à l'industrie.
vin INTRODUCTION.
Indépendamment des matériaux réunis à Paris et à Louvain, nous avons pu uti-
liser pour cette publication ceux que l'on possède à Copenhague, à Londres, à
Bruxelles, à Leyde, etc. Rien n'a été négligé pour rendre notre ouvrage utile aux
naturalistes et aux navigateurs, et c'est avec confiance que nous le soumettons au
jugement du public. Nous espérons qu'il ne sera pas indigne de la place que l'édi-
teur du monument élevé à l'anatomie comparée par de Blainville, sous le titre
A'Ostéographie des animaux vertébrés, lui a donnée à côté de l'œuvre entreprise par
notre illustre maître.
J. Van Beneden et Paul Gervais.
OSTÉOGKAPHIK
DES CÉTACÉS
DU SQUELETTE DES CÉTACÉS EN GÉNÉRAL
Le Cétacé est un mammifère qui vit dans l'eau, non comme le Phoque ou le
Sirénien, qui prend librement ses ébats sur le rivage delà mer, mais comme le
poisson qui échoue, quand une vague le jette sur la plage. De là résulte pour lui
la nécessité d'avoir des narines s'onvrant à la partie la plus élevée «1 u corps; «les
muscles ('-normes transformant la queue en appareil de locomotion; une épaissi
couche de lard remplaçant partout les poils, pour conserver à l'animal bs chaleui
propre; enfin toute une série de modifications se manifestant dans tout les
appareils.
Le corps des Cétacés est formé, comme celui des poissons, de deux cônes placés
base à base, et dont la surface lisse permet de fendre aisément l'eau et de gl sseï
rapidement dans cette atmosphère liquide.
Il n'y a aucun organe qui fasse saillie a la surface du corp8; pas même les
organes des sens.
La quene Beule donne l'impulsion au corps eq battant l'eau à droite et à gau< U<-,
2 SQUELETTE DES CETACES.
comme la rame unique qui fait avancer la chaloupe par le balancement «le la
godille.
Les nageoires antérieures ne sont que des balanciers aquatiques, qui ont pour
unique emploi de tenir le corps en équilibre. C'est pour ce motif que le membre
n'a pas d'autre articulation mobile que celle qui unit l'humérus à l'omoplate, et
que tous les autres os sont plus ou moins aplatis.
La nageoire caudale a une direction horizontale, pour battre l'eau de haut en
bas quand l'animal vient à la surface, ou de bas en haut quand il veut s'enfoncer
au fond de la mer.
Le Cétacé, à cause de sa forme effilée aux deux bouts, n'a que des mouvements
fort restreints dans ses diverses surfaces articulaires.
Les os des Cétacés sont en général très-spongieux et fortement imprégnés de
graisse. Il est difficile d'avoir des squelettes complets qui ne soient en partie gras.
Ce sont les corps des vertèbres qui sont en général le plus spongieux.
Les épiphyses restent ordinairement séparées fort longtemps.
Les os n'ont pas de moelle, c'est-à-dire que les os longs sont pleins comme les
autres.
Sous ces rapports, comme sous tant d'autres, les os des Cétacés sont le plus
éloignés possible des os d'oiseaux.
Les os du crâne et ceux des membres sont presque tous unis par suture harmo-
nique; la mandibule, les apophyses des vertèbres, l'humérus et la tète sont les seuls
os qui s'articulent par diarthrose ; les phalanges des doigts sont unies par synchon-
drose.
Dans les Cétacés, les os chevauchent souvent les uns sur les autres ; ainsi, on
voit les pariétaux des baleines glisser sur les interpariétaux, l'occipital ensuite
chevaucher sur ces derniers, le maxillaire supérieur recouvrir en arrière le
frontal (chez les cétodontes) cl l'intermaxillaire s'étaler sur le maxillaire dans une
grande partie de sa longueur.
Le défaut de symétrie, si commun parmi les Cétacés, n'est pas un fait acci-
dentel, et qui sur;;it après la naissance; il existe déjà très-souvent dans le fœtus
et principalement dans certains genres. Ce défaut se fait surtout remarquer dans
les os qui entourent les fosses nasales, et c'est dans la famille des ziphioïdes qu'il
arrive à son maximum. On voit souvent, en effet, les fosses nasales des ziphioïdes
SQUELETTE DES CETACES 3
s'ouvrir sur le côté, et les os maxillaires, de même que les intermaxillaires, le
\ orner et les os nasaux différer notablement à droite et à gauche.
.M. Ilii\l<'\ a représenté une tète de fœtus de cachalot dans laquelle on voit déjà
très-distinctement cette absence de symétrie. Ce n'est donc ni l'effet de l'âge, ni
l'effet de la grande taille. Les intermaxillaires atteignent, de très-bonne heure, des
hauteurs différentes autour des narines, et surplombent irrégulièrement les os
propres du nez, qui sont complètement différents à droite et a gauche.
De tous les Cétacés, ce sont les baleines qui ont les os les plus symétriques.
Certains os sont constamment, non-seulement immobiles les uns sur les autres,
mais complètement réunis; les vertèbres cervicales se trouvent, dans ce cas, chez
un grand nombre de Cétacés. Cette réunion n'est pas non plus l'effet de l'âge,
comme on l'a cru; elle a lieu déjà dans les cartilages mêmes, et on voit dois le
Bquelette du fœtus tous les caractères ostéologiques de l'âge adulte. Burdach a dit
avec raison : le cartilage forme une masse indivise lorsque plusieurs os se déve-
loppent immobiles les uns sur les autres. C'est à tort que divers auteurs prétendent
que toutes les pièces du squelette, qui naissent cartilagineuses, apparaissent tifa-
rées, distinctes, et se soudent seulement plus tard dans le cours du développement,
lorsqu'un seul os doit résulter de la réunion de plusieurs pièces homotypes.
Les Cétacés nous montrent à la dernière évidence que certains os, à l'état os-
seux mi à l'état cartilagineux quand ils passent par celte phase, sont ou libres ou
sépaies des le moment de leur apparition, comme ils le seront pendant toute la vie
on peut tire l'os des Cétacés dans leur cartilage. — C'est ainsi que l'importance d'un
Bquelette d'embryon de cétacé, même en partie cartilagineux, est aussi grande, si
pas plus grande, que le squelette osseux d'un animal adulte.
TÊTE.
La tète des Cétacés se dislingue de celle des autres ordres par le refoulement des
narines, qui b' ouvrent près du sommet du crâne a la base des os maxillaires, ainsi
que p.ii- le-in— ■- insdes, qui se dirigent directement de bas en haut on obliquement
d arrière en avant, et par la place qu'occupent les yeux sur le côté de la léte, au
dessous des nai im
Ofl peut ;ijuiilri i|iie l,i l-'lc de- (dut- Se d isl i n;;ue ein me |i;ir h dilec lien <lu
i SQUELETTE DES CETACES
trou occipital, qui s'ouvre plutôt en haut qu'en arrière et en bas, ainsi que par le
grand développement des condyles articulaires.
Il y a cette différence fondamentale dans la face, en d'autres termes, dans le
rostre des Cétacés, que les fosses nasales étant refoulées à la hase du crâne, les
maxillaires avec les intermaxillaires et le vomer forment une masse compacte
de trois os emboîtés, au centre desquels on trouve ordinairement la partie cartila-
gineuse de l'ethmoïde qui termine en avant la colonne vertébrale.
Rarement ce cartilage est ossifié ; nous n'en connaissons des exemples que dans
les ziphioïdes.
Les fosses nasales sont formées en dehors par le maxillaire, en dedans et en bas
par le ptérigoïdien, le palatin et le vomer ; en dedans et en haut, par le sphénoïde
antérieur et l'ethmoïde, en arrière et en haut par le frontal.
Dans les baleines, l'intermaxillaire forme en haut une grande partie du cadre
qui circonscrit les narines. — C'est le ptérigoïdien qui constitue le cadre des ori-
fices postérieurs.
Dans les baleines, les os propres du nez forment une véritable voûte au-dessus
des fosses nasales. Il n'y a pas de voûte chez les Cétodontes.
Les parois de ces fosses nasales sont à peu près lisses et unies dans toute leur
étendue, et les cornets, comme les sinus, ne sont que fort incomplètement déve-
loppés.
On remarque autour des narines, en avant et sur le côté, les maxillaires et les
intermaxillaires; en arrière et en haut, le frontal, les os propres du nez, et plus
bas l'ethmoïde ; enfin, dans l'intérieur, la cloison formée par le vomer.
La capacité crânienne est comparativement peu grande, et la boite s'étend sur-
tout en largeur; souvent elle est deux fois aussi large que longue.
Le cervelet est fréquemmeut entouré d'une faux osseuse.
La moelle allongée, dès son début, est placée comme le trou occipital, dans l'axe
du corps et se dirige même de bas en haut dans les mysticètes.
L'occipital forme, non-seulement toute la partie postérieure de la lioilc crâ-
nienne, mais souvent même, comme dans les baleines, toute la voûte.
\ cause de la grandeur et surtout de la direction <ln trou occipital, la portion
basilaire est extrêmement développée, et 1rs fosses occipitales, qui logent le cer-
velet, sont situées yers la partie supérieure et postérieure. — L'occipital va
Sol BLETTE DES CETACES.
B'arliculer en avant avec le frontal en refoulant une partie de pariétal an dehors.
\ l'ftge embryonnaire, d'après ce que Eschricht a vu sur la balasnoptera
minor, et ce que nous avons parfaitement vu sur un fœtus de marsouin el de
baleine du Groenland, il existe un interpariétal entre l'occipital et le frontal; mais
cet interpariétal esl ensuite couvert parles deux pariétaux, qui, à leur tour, dis-
paraissent sous l'occipital, de manière que l'on trouve deux ou (rois os juxtaposés
dans les parois de la cavité crânienne.
Nous ne voyons plus de traces de cette juxtaposition à l'à|je adulte, si ce n'esl à
l'intérieur de la boite.
Les pariétaux sont des os fort irréguliers et souvent difficiles à reconnaître. —
Chez les jeunes balamoptera, ils forment le côté et le dessus du crâne avec
l'interpariétal ; mais plus tard, comme nous venons de le dire, les pariétaux
couvrent les interpariétaux, et ceux-ci à leur tour se couvrent de l'occipital, de
manière que l'on ne voit qu'une très-faible partie de ces os a l'extérieur. — Dans
les baleines véritables, nous voyons ces os réunis de très-bonne heure à
l'occipital.
Ils forment toujours le fond de la cavité temporale, s'étendent en arrière et en
dessus jusqu'à la crête de l'occiput, en avant jusqu'au frontal, et en dessous jusqu'à
la partie écailleuse du temporal.
Ils sont toujours fort minces.
Les frontaux sont en général développés transversalement, et s'étendent loin en
dehors pour former la voûte orbitaire. — Ils montrent toujours, sur la face infé-
rieure, une lar{;e gouttière, pour le nerf optique, qui se dirige en dehors cl
davant en arrière.
Le frontal, par son apophyse post-orbitaire, s'articule souvent avec la portion
zygrimahijur du temporal, de manière qu'il apparaît une double arcade : celle dont
non- venons de palier cl une autre formée exclusivement par le jugai en deSSOUS
du globe oculaire.
h& jugai présente une différence fortgrande dans les mysticètes et les céto-
dontes : il consiste, chez les premiers, en un os allongé, mais assez gros el légère-
ment courbé, qui forme toute la partie inférieure du cadre de l'orbite. Dans l<
cétodontes, le jugal consiste en un stylel fort grêlée) délicat, légèrement courl
UU pell ép.'ilr eu ;uii. Te polll' •>'.! I I iculel' d'illl CÔté LVeC I'' temporal de 1*;MI f 1 • >
6 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
le maxillaire, et dont la nature serait aussi difficile à déterminer que celle du tem-
poral, si l'on n'avait les rapports naturels pour se guider.
Le lacrymal n'existe que dans un petit nombre de Cétacés, c'est-à-dire, dans
les baleines et les ziphioïdes. — Il est logé entre le maxillaire et le frontal, au
devant de l'orbite, et consiste dans une lame assez mince, plate et droite, un peu
renflée en dehors, comme un coin entre ces deux os pour les tenir à distance.
— 11 n'est jamais perforé, et si on n'était guidé par les rapports, on ne pourrait
guère le reconnaître. On a déjà confondu ces os, quand ils étaient détachés, avec
les os du bassin.
M. Flower fait remarquer que les os lacrymaux du mysticetus, de la collection
du Collège royal des chirurgiens, sont soudés aux os frontaux. Ayant reçu le
squelette encore entouré de ses ligaments, ces os n'ont pas été perdus, comme on
pourrait le supposer. Ils sont fort distincts et complètement séparés dans le mysti-
cetus de Bruxelles et de Louvain.
Les os nasaux sont fort remarquables, tant par la place qu'ils occupent que par
la forme qu'ils affectent. — Les baleines ont ces deux os parfaitement symétriques,
de forme rhomboïdale, et constituent, comme nous l'avons déjà dit, une véritable
voûte au-dessus des fosses nasales comme dans la généralité des mammifères.
Dans les cétodontes, ces os sont repoussés en arrière des narines, affectent une
forme peu régulière, et ne contribuent en rien à la formation des fosses nasales :
s'ils tombent, c'est à peine si l'on s'aperçoit qu'ils ont disparu. — Ils sont simple-
ment placés au-dessus de la partie la plus reculée du maxillaire, près de la ligne
médiane.
Le basi sphénoïde ou sphénoïde postérieur s'articule, comme toujours, avec la
portion basilaire de l'occipital, et porte deux ailes généralement assez grandes et
fort distinctes, du moins relativement aux ailes du sphénoïde antérieur.
A l'intérieur du crâne, la celle lurcique est très-faiblement indiquée et les trous
pour le passage des nerfs maxillaires supérieurs et inférieurs se confondent.
L'apophyse ptérigoïde externe esta peine indiquée.
Le corps du sphénoïde postérieur se soude plutôt avec le corps basilaire de
l'occipital, qu'avec le sphénoïde antérieur. Le corps des deux sphénoïdes est
plein.
Le presphénoïde ou sphénoïde antérieur consiste dans une pièce étendue en
soi i 1 1 i ir in s i i.tacks. :
largeur, montrant de chaque cote une large gouttière pour le passage «In rteri
optique.
Le corps du Bphénoïde est recouvert en bas et en avant par la lame du
vomer. Il se comporte comme un grand os en V.
Ij ethmoîdc se soude de bonne heurt1 au Bphénoïde antérieur, dont il ne semble
être qu'une dépendance, et sa portion terminale reste pendant toute la vie a l'état
de cartilage dans la plupart des mysticètes et des cétodontes; on ne lui voit pas
d'apophyse crùtagalli. — Cet os n'est ni plus spongieux ni plus délicat que les
autres. — Il est distinctement percé d'orifices, même dans plusieurs cétodontes;
par sa face inférieure, ou plutôt antérieure, il concourt à la formation des fosse-
nasales en haut. 11 est souvent fort peu distinct à cause de sa coalescence avec le
presphénoïde et le vomer.
Le vom r est très-développé dans tous les animaux de ce groupe; il consiste dans
une lame carénée, fort longue, qui prend son origine en arrière sous le sphénoïde
antérieur, longe le cartilage du rostre dont il forme pour ainsi dire la doublure, et
se termine en avant entre les maxillaires et les intermaxillaires.
Le temporal, ou plutôt la portion écailleuse de cet os, occupe comme toujours 1 1
partie inférieure el latérale du crâne; il forme, comme dans les autres ordres, la
fosse temporale qu'il limite en bas par son prolongement zygomatique, qui s'unit
souvent en haut directement avec le frontal, en dessous avec le jugal.
Le temporal présente toujours en arrière une surface glénoïde plane, pour s'ar-
ticuler avec la mandibule; il laisse en dedans un espace pour le rocher, s'unit
en avant avec l'aile du sphénoïde, en haut en avant avec le pariétal, en arrière? el
au-dessus avec l'occipital.
Nous trouvons un os mastoïdien distinct dans les miçroptérons. Partout
ailleurs que dans ce adphioïde, l'occipital descend plus bas derrière le rocher que
le temporal.
Ici, comme ailleurs, le rocher justifie parfaitement son nom ; a l'étal fossile, on
le prendrait pour un morceau de silex.
Le rocher est ordinairement un os arrondi, un peu plus long que large, mon*
liant les mêmes tuiliers «pie les rochers des mammifères terrestres et conservant
souvent en place, même après une macération prolongée, l'osselet de l'étriei . Dei
i i ère le trou ovale oo upé par la base 'le l'éti ier, on voit die/ tous la saillie qui , 01
8 SQUELETTE DES CETACES.
respond au limaçon, et derrière le limaçon sont situés les canaux semi-circulaires.
Le rocher est articulé par suture harmonique avec le tympanal dans les eéto-
dontes, et soudé à cette même caisse dans les mysticètes.
Dans le microptéron, comme dans le ziplrius indiens, le rocher ne s'unit pas
avec la caisse du tympan, mais glisse par un talon assez large dans le mastoïdien
avec lequel il s'articule.
L'union entre le rocher, le tympanal et le mastoïdien est si intime dans les
ziphius, qu'en secouant la caisse, on fait mouvoir le rocher et le mastoïdien en
même temps (I).
Le rocher et le tympanal occupent sur le côté, à la base du crâne, un espace
dont les bords sont formés en dedans et en arrière par l'occipital, en dehors et en
avant par le temporal. Dans les cétodontes, ces os ne tiennent au crâne que par
des parties molles et tombent facilement pendant la macération ; chez les baleines,
le rocher est muni de deux fortes apophyses : l'une se dirige en dehors et en arrière
au-dessus de la suture qui unit le temporal à l'occipital dans une espèce de gout-
tière, et cette apophyse s'adapte parfaitement à ces os dont elle prend la forme;
c'est par suture écailleuse qu'elle s'unit. L'autre apophyse, plus courte, mais plus
massive, se dirige en dedans et en avant pour s'articuler avec cette partie du
temporal.
Dans une mégaptera delà Nouvelle-Zélande cette apophyse a pris un tel dévelop-
pement, que le docteur Gray a jugé bon de créer, à cause de cela, une espèce nou-
velle pour la science (2).
On trouve souvent le rocher et le tympanal séparés parmi les ossements fossiles,
<t on éprouve quelquefois un grand embarras pour bien les déterminer.
La caisse du temporal, ou pour mieux dire, l'os tympanal étant soudé au ro-
cher, et celui-ci étant articulée la basedu crâne avec le temporal et l'occipital dans
les mysticètes, il est très-difficile de détacher cet os avec ses apophyses de la base
du crâne. La caisse elle-même est très-fragile par ses points d'attache.
Nous voyons la caisse soudée au rocher dans les baleines, la caisse articulée par
(1) Van Beneden, A'oi/v. esp. de Ziphius. Mémoires couronnés, col. 8", Académie royale de Belgique,
tom. XVI, page 16.
(2) S. E, Gray, catalogue, pag. 128.
SQl II KTTK IH s CÉTACÉS. 9
SUttire harmonique dans les dauphins, et la caisse libre, le rocher lui-même B 'ar-
ticulant par suture avec le mastoïdien, dans le micropleron.
Quant aux osselets de l'oreille, l'on sait qu'ils naissent de la mandibule primi-
tive (cartilage de Meckel , qui provient a son tour du premier arc viscéral, à
l'exception parait-il de Terrier, qui vient du labyrinthe.
I.rsn>selets de I sont au nombre de trois, en laissanl de i ôté le lenticulaire
ils sont parfaitement distincts ; le marteau est le plus volumineux et se soude à la
caisse dans les mysticètes; la tète est très-grande et présente une double surface
articulaire; l'enclume est moins grande et porte deux apophyses; les deux
surfaces articulaires du marteau correspondent avec celle de l'enclume; l'etrier
n'est pas toujours perforé et s'applique si bien à la fenêtre ovale qu'il est souvent
dans une immobilité complète et ne se détache même que fort dillicilement. H ne
présente jamais la délicatesse de l'etrier des autres mammifères et il esl toujours
plus long que large.
V intermaxillaire est très-développé chez tous les (.etaces : il s'étend d'avant en
arrière le long du bord interne du maxillaire jusqu'autour des fosses nasales.
Souvent, si pas toujours, il dépasse en avant les maxillaires. Quand il ne touche
pas sur (aligne médiane celui du côté opposé, il forme le bord d'un long canal
au fond duquel est logé le fort cartilage de Tethmoïde, qui continue en
ivant le corps des vertèbres. — Ces os sont rarement symétriques, au moins
dans les cétodontes, comme tous les os qui concourent à la formation des
narines
Les maxillaire» sont les os les plus volumineux de tout le squelette. Ils sont
ordinairement étroits CD avant et élargis à leur base, cl celle portion élargie est
tantôt dirigée d'arrière en avant, tantôt de dedans en dehors, tantôt d'avant en
arrière.
Chez les mysticètes, le maxillaire se prolonge en arrière au devant du frontal
laissanl celui-ci à découvert; chez les cétodontes, le maxillaire recouvre le frontal
et s'étend jusqu'à l'occipital.
I -os maxillaires se réunissent au palais sur la ligne médiane, mais laissent,
dan- l.i plupart desefpèces, un intervalle entre eux, sur une étendue plus «m
moins grande, qui laisse percer le vomer et, quelquefois en avant, même l'infer-
s.
10 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
maxillaire. On voit quelquefois le vomer au palais en deux endroits différents
Le maxillaire concourt toujours, au moins en arrière et sur le côté, à la forma-
tion du cadre des fosses nasales chez les cétodontes; chez les mysticètes les inter-
maxillaires les en excluent.
Les os maxillaires sont percés à leur base en haut d'un certain nombre de trous
assez grands, qui correspondent au trou sous-orbi taire des autres ordres. Ces os
n'ont point de sinus, pas plus que le frontal et les sphénoïdes.
Les maxillaires logent les intermaxillaires entre eux, et avec eux et le vomer
ils forment tout le rostre.
Les platanistes ont des maxillaires qui s'élèvent au devant des narines et forment
une voûte au-dessus de la base du rostre, qui affecte la forme d'un casque.
Chez les hyperoodons, les maxillaires s'élèvent de même à la base du rostre,
ayant l'air de servir à la protection des orifices des fosses nasales.
Les palatins sont parfaitement distincts dans tous les Cétacés; ils prolongent le
palais derrière les maxillaires, et derrière eux on voit les pterigoïdiens qui for-
ment les bords des fosses nasales postérieures. Dans les baleines, ces os semblent
simplement border ces orifices. Ils ont une part moins grande dans la formation
du palais chez les cétodontes.
Les pterigoïdiens sont toujours fort reconnaissables par la place qu'ils occupent :
ils forment vraiment l'entonnoir des arrière-narines, et s'étendent parfois en avant
jusqu'à l'orbite. Ce qu'ils offrent de plus remarquable, c'est qu'ils montrent un
large sinus très-variable selon les genres, et qui est en communication directe avec
la cavité de la trompe d'Eustache. Les pterigoïdiens forment en avant les parois
d'une large trompe, qui établit \\x\o. communication directe entre l'oreille
moyenne et les fosses nasales. C'est par cette voie que le son arrive directement à
l'oreille des Cétacés.
Le maxillaire inférieur est précédé du cartilage de Meckel, autour duquel il se
développe et qui naît du premier arc branchial.
Ce cartilage touche à celui du côté opposé, quand même les mandibules ne sont
pas symphisées, et le lissu osseux apparaît directement en dehors du cartilage de
Meckel. C'est un os autogenèse.
Ce n'est doue pas un os, comme on l'a pensé, qui se développe paT plusieurs
points d'ossification; il n'a qu'un seul noyau osseux.
SQl III III DES CÉTACÉS il
Le mu ni lu in iuf< rieur est double dans les mysticètes, simple e( uni par une sym-
physe plus on moins longue dans les cétodontes. Les deux os sonl toujours complè-
tement séparées et ne se touchent même pas au bout dans aucun mysticète.
Les cétodontes ontgénéralemenl le maxillaire comprimé, en arrii re surtout, et fort
élevé, avec une surface articulaire verticale, c'est-à-dire « 1< » n t le c rj le el le bord
postérieur forment du angle droit avecle liorJ inférieur; il est arrondi, au contraire,
dans les mysticètes, non comprimé, peu élevé, à surface articulaire plutôt supé-
rieure que postérieure, el avec une apophyse i oronoïde placée assez loin en avant.
Il y a toujours plusieurs trous mentonnière qui se succèdent dans les baleines;
il n'y en a qu'un ou quelques-uns, en avant seulemenl chez les cétodontes.
L'orifice postérieur du canal dentaire est toujours très-large el Bituéà côté du
condyle dans les baleines ; dans les cétodontes, il est toujours situé beaucoup plus
on ai i ii i et ouvert sur toute la hauteur.
Indépendamment «les trous mentonnière, les mysticètes ont au maxillaire infé-
rieur comme au supérieur une série de trous qui correspondent aux alvéoles des
dents el qui rappellent la gouttière dentaire.
L'oj hyoïde présente toujours la même composition: un corps au milieu, qui
est, ou applati el étendu comme un bouclier, ou arrondi et courbé comme un
os loir; ordinaire. Ce corps porte en arrière deux appendices qui se soudent
de bonne heure, et qui restent toujours libres par l'autre boul ; ce sonl
1rs grandes cornes, l.n avant, deux autres appendices plus longs et plus forts, ne
se soudent jamais au corps de l'hyoïde, et vont B'arliculer « la base du crâne en
dehors de la caisse auditive ; ce sont les petites cornes, pour me sen ir des déno-
minations reçues en anatomie descriptive.
i . i orps el les i ornes, Burtoul les grandes, sont remarquables par leur applatis-
semenl dans tous les ziphioïdi s.
■*■■■■■_ Les fanons représentent-ils les dents, anatomiquemenl parlant '
Quelques naturalistes paraissent partager encore cet avis puisqu'il j en a qui
figurent ces organes à côté des dents des autres mammifères.
— Cependant ces organes i t à noire a\is, rien de commun avec elles sous
iu< nu rappoi t. Les fanons sonl des papilles cornées qu'on trouve à l'étal rudi-
nient, me Hir le palais d'un grand nombre de mammifères, et qui prennent un
développement extraordinain dans les mysticètes.
12 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
Deuts. Tous les Cétacés ont des dents, sinon à l'âge adulte, du moins à l'âge
embryonnaire. — Geoffroy Saint-IIilaire a signalé leur présence dans un embryon
de ôalœna mysticetus, Eschricbt dans la megaptera longimana et dans la ùalsenoptera
rostrata.
Ces dents des baleines ont les mêmes caractères que les dents des delphinidesen
général, c'est-à-dire, que ce sont d'abord de simples godets ou des cônes placés
sur la pulpe, dans l'épaisseur même des gencives.
Ces dents sont toujours implantées dans des alvéoles, mais comme elles sont
souvent serrées les unes contre les autres, les alvéoles ne sont pas toujours très-
distinctes.
Ces animaux possèdent les trois sortes de dents : quelques-uns conservent leurs
incisives, tandis que d'autres, et c'est le plus grand nombre, les perdent; mais les
incisives, comme les canines et les molaires, affectent une même forme.
Les squalodons ont seuls parmi les Cétacés des incisives, des canines, des prémo-
laires et des molaires de formes différentes ; les dernières ont même deux racines,
ce qui ne se voit dans aucun autre Cétacé.
A l'exception des ziphioïdes, les dents sont généralement en même nombre en
dessus et en dessous, mais ce nombre est très-variable d'une espèce à l'autre. —
Certains cétodontes en ont jusqu'à deux cent cinquante.
Vinia semble avoir le nombre le plus élevé ; on en compte jusqu'à soixante-six
et soixante-huit de chaque côté et à chaque mâchoire.
Le delphinus longirostris de la mer Pacifique en a de cinquante-cinq à soixante
de chaque côté.
Les dauphins en général en ont de dix à trente; les ziphioïdes, à l'exception des
physeter, n'en ont qu'une ou deux paires, et cela seulement au maxillaire infé-
rieur.
11 y a des Cétacés qui perdent, à l'âge adulte, leurs molaires, comme d'autres
leurs incisives et leurs canines , et on voit leurs alvéoles même parfois se
combler.
Les trois sortes de dents ont en général la même forme, mais cette forme n'est
pas toujours conique : Vinia geoffrcnsis a des dents globuleuses à couronne fine-
ment striée et une pointe au milieu ou un peu sur le côté; le Ponloporia Blainvillii
H un collier à la base de sa couronne; le phocœna commuais a une couronne com-
SQ1 BLETTE DBS CETACES 13
primée, et, dans le jeune âge, ces couronnes sont Latéralement imbriquées. A l'âg<
adulte, et quand la couronne esl usée, ces dents ont une forme de massue; le aqua-
todon a des dents molaires comprimées et a pointes étalées.
Les dents des Cétacés sont toutes à une seule racine, sauf L'exception que nous
as on-- déjà signalée dans les squalodons.
I,i- dents ne diltcrent e;uère d'un Bexe a l'autre, si ce n'est dans les narvals, le
micropteron et dans quelques ziphioîdes, eomme le cachalot 1 1 1.
Les dents varient beaucoup en nombre, mais ce nombre n'augmente pas avec
l'Age; il y a des Cétacés comme les hyperoodon qui n'ont qu'une ou deux paires de
dents au bout du maxillaire inférieur ; d'autres, comme les micropteron, qui n'en
ont qu'une paire nu milieu des maxillaires; les vrais ziphius n'ont également
qu'une paire an bout au maxillaire.
Dans le jeune âge; ces dents sont souvent rapprochées et se recouvrent même
quelquefois les unes les autres, tandis qu'à l'âge adulte, elles sont toujours
espacées.
Les dent- de Cétacés ne croissent pas indéfiniment ; une fois formées, la racine
s'épaissit et souvent, a un âge peu avancé, elles sont poussées, comme nous venons
de le voir, de leurs alvéoles.
Le monodon n'a qu'une seule dent en forme de défense au maxillaire supé-
rieur; c'est la dent du côté jjauchc ; celle qui lui correspond est cachée dans L'os
maxillaire.
C'est le seul exemple d'asymétrie que l'on connaisse; ce n'est que la dent de
fjauehe qui se développe, l'autre reste cachée.
À Copenhague on possède, en outre, une dent qui forme des loin- île spire,
comme le moule interne de certaines coquilles gastéropodes. Sur trente ou qua-
rante tètes que le professeur Reinhardl a eu l'occasion d'examiner, il a toujours vu
la défense à gauche. On possède quelques1 létes avec deux dents également déve-
loppées. Musée de Hambourg — Musée de Vrolik, à Amsterdam — Musée <]•■
■ On prétend que le mal'' de c* belote vingt-sepl dente et le femelle *ingt-troU. L'on -ail du reele que,
■■■ •■ MiAmeecétacée il oxiete une grende différence entre lesdeui texei que le mâle eet beeu ppUu
kraml qœ la femelle.
14 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
Christiania, Norwège — Musée de Vienne, Autriche — Musée de Copenhague).
Ces dents sont toujours tournées dans le même sens de droite à gauche (I).
Les Cétodontes conservent leurs dents pendant toute la vie, sans montrer jamais
des dents de remplacement. — Il n'existe pas chez eux de véritables dents de lait.
Quelques Cétacés ont bien des dents frappées d'arrêt de développement, comme
les mysticètes ont des dents qui s'atrophient de bonne heure, mais ni les unes ni
les autres ne méritent le nom de dents de lait.
On ne peut baser la division des cétodontes sur les différences des dents, par
la raison que ces organes se modifient, moins d'après le régime, que d'après des
besoins particuliers ; malgré l'énorme canine, développée en défense dans les
narvals, ces Cétacés ne peuvent être séparés des béluga, qui ont plusieurs dents aux
deux mâchoires; ils sont rapprochés les uns des autres par l'ensemble de leur
organisation, comme par leur genre de vie. Le narval est l'animal le plus polaire
de tous les mammifères connus, et en quelques instants il peut être séparé de
l'air par une forte couche de glace. Leur longue canine leur sert de brise-glace
pour donner au besoin de l'air à leur famille.
Une classification des Cétacés, basée uniquement sur les dents, serait peu natu-
relle.
Colonne vertébrale. La colonne vertébrale présente, dans les Cétacés , un
aspect qui leur est propre, tant par sa courbure unique que par la disposition du
corps des vertèbres et de leurs apophyses. — Ce sont les seuls mammifères qui
n'aient pas de région sacrée distincte des régions lombaire et caudale.
Toute colonne vertébrale de Cétacé, qu'on la regarde de profil ou de face,
s'élargit vers le milieu du corps par le développement de ses apophyses épineuses
et transverses.
Le corps des vertèbres, toujours mince dans la région cervicale, s'épaissit
insensiblement dans les régions dorsale et surtout lombaire, où il acquiert la
plus grande épaisseur; jusque dans les premières caudales le corps continue
encore à se développer, dans son diamètre antéro-poslérieur comme dans son dia-
mètre vertical.
(1) Reindhardl,noglcBenHrrkningcrom narlivalrnsSlikltand. Af naturhist. Vidcnsk.mcddclrlsrr for 1862.
D'après Sir Evcrard Home elles restent cachées toutes les deux chez la femelle, et à droite seulement chez
le mâle.
SQ1 II ETTE DES CÉTACÉS. 18
Les dernières vertèbres qui Boni logées dans la nageoire caudale, affectent
souvent la forme de disques, et leur volume diminue insensiblement ; li b dernièi es
ne ressemblent plus ;;m«i c a des vertèbres.
En général les corps vertébraux sont plus larges que hauts dans la région cer-
vicale, .ui>-i liants que larges dans les régions dorsale el lombaire, el plus hauts
que larges dans la région caudale el surtout dans les vertèbres moyennes de cette
région.
Les corps des vertèbres, à l'exception des deux premières, ont leurs deux races
antérieure et postérieure planes; la dernière cervicale et les premières dorsales
sont cependant, dans quelques cas, légèrement convexes en avant et concaves i n
arrière.
La Face inférieure de chaque vertèbre a sou contour régulièrement arrondi . saul
dans les dernières vertèbres dorsales et les vertèbres lombaires qui sont ordinai-
rement carénées. La lare supérieure, celle qui concourt à la formation du canal ver-
hdiial. <•>! -oini'iii applatie ou même un peu concave el en gouttière.
Les vertèbres dorsales présentent sur le bord antérieur de leurs corps une sur-
face articulaire pour la tête des côtes, mais seulement dans les cétodontes. Cette
mu lare articulaire manque chez ions les mysticètes.
Le corps des vertèbres augmente, en général, de grosseur aussi bien d'arrière
en avant que de haut en lias depuis la troisième cervicale jusqu'aux premières
lombaires. Ainsi que nous l'avons dit, les épiphyses des vertèbres sonl séparées
fort longtemps des centres ou corps vertébraux, a tel point que plusieurs natura-
listes ont cru qu'elles restaient distinctes pendant toute la vie. Elles se soudent <m\
corps comme dans |e< mammifères des autres ordres, mais plus tard «pie chez eux .
et chez des femelles, qui ont mis lias, elles peuvent être encore séparées.
Cette soudure ne se fait p is simultanément dans les diverses régions du corps.
« omme l'a fait remarquer M. Flower, les épiphyses peux en I encore être toutes se
pnees dans les régions dorsale ei lombaire, tandis ipie dans les régions cervicales
et caudales la soudure e>( déjà complète. Il peut même y avoir une difféi ence ana-
logue entre la face antérieure et la face postérieure d'une même vertèbre.
Le canal vertébral varie beaucoup en hauteur comme en largeur selon lesdivi ra
régions auxquelles appartiennent les vertèbres; il s'étend d'abord, en largeur,
depuis lef premières jusqu'aux dernières cervicales, puis il gagne en hauteur
16 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
dans les premières dorsales. Dans ces dernières, il n'a plus que la moitié de la
hauteur et de la largeur qu'il présente d'abord, et, dans la dernière moitié des
caudales, on ne voit même plus de canal proprement dit. Ainsi il est d'abord plus
large que haut, puis plus haut que large, et il conserve sa supériorité en hauteur
jusqu'à la fin.
^-^Z^\ Le canal vertébral seul peut donc faire
jr X reconnaître la région à laquelle la vertèbre
// //' \\\ \\ appartient.
// ! \ \\\ Les dernières cervicales, comme les pre-
// f\ \ \\ mières dorsales, ont le canal vertébral le plus
il / / \ \ ri spacieux; comme les cétacés n'ont que des
' \\V // \\ // membres antérieurs, la portion de la moelle
r__^i_. ( i ) I I /// qui fournit les nerfs de ces membres est la plus
XL — «-^ — l/r épaisse. Les trous de conjugaisons sont ex-
\.e canalvertèbralin Micropleron Sowerbiensis dans les diverses . A . . . . . r, , ,
régions de la colonne vertébrale: a. Septième cervicale ;*. Pre- Iremement lai'geS (JailS tOUS lCS LetaœS.
mière dorsale; c. Cinquième dorsale ; d. Dixième dorsale; e. Dixiè-
me îomba.re; (. Qaatrième caudale. Les vertèbres des Cétacés sont articulées de
manière à laisser un certain jeu entre elles sans danger pour la moelle épinière;
l'animal flottant aies mouvements plus réguliers et moins saccadésque l'animal ter-
restre, et il fait naturellement des efforts beaucoup moins considérables; il ne lui
faut que des muscles comparativement faibles pour mettre les leviers en mouve-
ment. Les mandibules des cachalots ou des baleines, que huit ou dix hommes peu-
vent à peine porter, n'ont que des muscles très-faibles pour les soulever.
Les apophyses épineuses, transverses et articulaires ont cela de particulier que
les premières s'allongent et s'élargissent depuis la première dorsale jusqu'aux der-
nières lombaires en s'inclinant toujours en arrière; que les apophyses transverses
s'élargissent et s'allongent brusquement dans la région lombaire; que les apo-
physes articulaires n'existent guère qu'à la région cervicale et aux premières dor-
sales. Les apophyses accessoires, si caractéristiques des vertèbres des cétacés,
consistent généralement en deux lames formant sur le bord antérieur des apophyses
épineuses une coulisse pour l'apophyse épineuse de la vertèbre qui précède; on
les trouve surtout dans la région dorsale et lombaire ainsi que dans les premières
caudales.
SQUELETTE DES Cl FACES 17
C'est dans la famille des ziphioïdes tjm^ nous voyons les apophyses épineuses
1rs plus développées ; c'est dans quelques myslicètes que 1rs apophyses transverses
acquièrent le plus de longueur.
Les os en Y ou en chewnns sont placés derrière la première caudale; ils portent
généralement sur deux vertèbres. Los premiers sont souvent un peu plus petits
que les autres, puis ils augmentent en volume pour diminuer de nouveau à partir
de la cinquième ou de la sixième caudale; chaque os en V appartient à la vertèbre
qui le précède.
Nous voyons aussi quelquefois les premiers os en V prendre un grand dévelop-
pement, se modifier dans leur forme et revêtir un aspect tout particulier; nous
en voyons dans certains squelettes d'orques qui dépassent la longueur du corps
de la vertèbre et prennent la forme d'un bamac échancré en avant et en arrière.
Les drrnii'i • <>- en \ ne sont souvent représentés que par deux noyaux osseux
juxtaposés. Le nombre de ces os varie d'une famille à l'autre. Nous en comptons
onze à douze au minimum , ce qui se voit dans les Ziphiofdet et les Mas, et au
maximum jusqu'à trente. Les lagénorbynques sont dans ce dernier cas. Ce nom-
lire correspond alors au grand nombre de vertèbres dont se compose la colonne
vertébrale de ces cétodontes. Nous nommons la vertèbre qui précède le premier
os on Y la première vertèbre caudale, bien que d'autres auteurs la regardent comme
la dernière lombaire. L'une et l'autre de ces déterminations sont d'ailleurs arbitraires,
puisque dans ici tains mammifères terrestres il y a des vertèbres, entre le sacrum
et les vertèbres caudales, qui sont caudales sans porter de ces os.
La première qui suit le sacrum doit être la première caudale quand il existe
un vrai bassin.
Lu général les artères intercostales passent par le trou de conjugaison pour
entrer directement dans le canal vertébral; mais, dans la région lombaire, ell< - r< a
contrent les apophyses transverses, les contournent et les traversent plus loin dans
la région caudale ; dans les dernières vertèbres elles B'élèvenl vertical) ment dans
le corps de ces os, qui sont abus perforés de bas en haut de chaque <ùie.
< in voit ces canaux se former, d'abord par la fusion des surfaces articulaires anté-
rieures avec 1rs postérieures, puis par la disparition de la gouttière qui sépare le
canal précédent de celui qui traverse la base de L'apophyse transverse; c!esl sui
dernières vertèbres à os en chevrons .que cette transformation s'opère.
lg SQUELETTE DES CETACES.
Le nombre des vertèbres varie dans les diverses familles, mais il ne change point
avec l'âge, comme on l'a cru pendant longtemps; la forme de cesosestdéjà recon-
naissable dans le cartilage.
La famille des ziphioides est celle qui en compte le moins ; il y a des espèces qui
n'en ont que quarante-quatre en tout. Les lagénorbynques sont, comme nous
l'avons déjà vu, les cétacés cbez lesquels on en compte le plus ; ils en ont jusqu'à
quatre-vingt-dix et même Eschricbt en a compté quatre-vingt-quatorze.
Les myslicètes ont un nombre variable de quarante-huit à soixante-six ; la
OaUena mysticelus en a cinquante-quatre, la megaptera ùoops cinquante-trois, la
ôalcnoplera rostrata quarante-huit. Nous avons vu toutefois un squelette à Bergen
de cette espèce qui n'avait que quarante-quatre ou quarante-cinq vertèbres, et un
autre qui en avait quarante-neuL
Nous répétons de nouveau ici que, si la soudure des épiphyses est un effet de
1 âge, il n'en est pas de même de la fusion des vertèbres cervicales ; on voit déjà
dans le cartilage du fœtus tous les caractères propres des os de l'adulte, et c'est
pour ce motif qu'Eschricht recommandait surtout l'étude des fœtus.
L'atlas est toujours formé d'un arc inférieur et d'un arc supérieur. Ce dernier
porte ordinairement une apophyse épineuse plus ou moins développée.
Il existe en outre, de chaque côté, une apophyse transverse. La surface articu-
laire antérieure est toujours double et fort grande ; elle circonscrit le grand trou
vertébral qui a ordinairement la forme d'un biscuit; souvent il est un peu plu*
large en haut qu'en bas.
On ne voit jamais en dedans de l'arc inférieur une surface articulaire pour l'apo-
pbyse odontoide.
J.a surface postérieure s'articule par la plus grande partie de son étendue avec
l'axis, et il n'y a qu'une seule surface articulaire comme aux autres vertèbres.
L'échancrure qui livre en avant passage à l'artère vertébrale est tantôt une sim-
ple gouttière, tantôt un véritable trou dans lequel le vaisseau est parfaitement
protégé.
L'apophyse odontoide, quand les premières vertèbres sont libres, est toujours
logée dans la partie inférieure du trou vertébral.
L'axis est de toutes les vertèbres celle qui acquiert le plus grand développement
<;[ qui fournit les caractères les plus importants.
SQUELETTE DES CETACES 19
L'apopbyse odontoïdeesf moins développée que dans les mammifères terrestres,
el consiste dans nn mamelon qui s'élève en avant et an peu m haut au milieu de
la surface articulaire.
Le canal oeural est comparativement fort petit.
La face supérieure du corps de la vertèbre forme un plan incline qui descend
d'arrière en avant et se termine par le mamelon de l'apophyse odontoïde.
Celte vertèbre a une faillie apophyse épineuse supérieure ; mais, par contre, ses
apophyses transverses sont ordinairement très-développées, et l'on voit l'apophyse
transverse supérieure s'unir par le bout à l'apophyse transverse inférieure, de
manière à former an milieu d'elles un large orifice.
On a toutefois exagéré, «lait- ces derniers temps, l'importance des modifications
des apophyses transverses de l'axis el des vertèbres suivantes. Le genre benedenia
est tout simplement établi sur un jeune animal, qui diffère sous ce rapport légè-
rement avec l'âge adulte. Si l'on prenait ces caractères an sérieux, les deux moi-
nes du corps se rapporteraient parfois à <\v> genres différents. On semble perdre
de vue que ces grands animaux présentent très-rarement les deux moitiés du corps
semblables et qu'il doit y avoir, par conséquent, des différences assez considérables
d'un individu a l'autre.
Les antres vertèbres cervicales ont en général les apophyses épineuses supérieu-
res peu développées , mais elles ont des apophyses transverses, supérieures et
inférieures, qui parfois se soudent comme dans l'axis et forment un large canal de
chaque côté. Souvent les apophyses transverses supérieures persistent seules, et les
inférieures disparaissent.
Les dernières cervicales se rapprochent sous ce rapport, i munie s,, us tant d'au-
tres, des premières dorsales.
< »n voil raremi ni dans deux individus de la même espèce ces apoptn ses égale-
ment développées, et l'on ne les voit même passemblables des deux côtés du corps ,
souvent les anneaux sont plus avancés et plus complets à droite qu'à gauche.
M. Flower fut mention d'un squelette dont la sixième Vertèbre cervicale présente
un anneau complet d'un cote et incomplet de l'autre.
Les Mil, lues dorsales ont leur arc neural incline en avant et elles ont toutes
une apophyse transverse dirigée d'abord de bas en haut et d'arrière en avant, puis
insensiblement de haut en bas et d'avant i a arrière, poui - articule! ave les i 61
20 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
Les dernières vertèbres de cette région ne portent plus, en général, qu'une
apophyse transverse, partant du milieu du corps de la vertèbre et au bout de
laquelle on ne voit plus que vaguement une surface articulaire proprement dite.
Dans quelques cétacés, comme les byperoodons et les microptérons, on voit
même vers le milieu de la région dorsale, à la septième vertèbre, que ce n'est pas
l'apophyse transverse qui fournit en avant la surface articulaire des côtes, puisqur
cette apophyse se montre au-dessous de l'autre et forme avec elle un canal véri-
table (I).
La plupart des vertèbres de cétodontes portent sur le bord postérieur et non
sur le bord antérieur du corps la facette articulaire de la tète des côtes, qui manque
dans les mysticèles. Chaque côte ne s'articule, par la tète, qu'avec une seule ver-
tèbre (2).
Les vertèbres lombaires se distinguent toujours par le grand développement de
leurs apophyses transverses, qui prennent souvent une forme quadrilatère comme
les apophyses épineuses; on les distingue aussi au grand volume de leurs corps.
Souvent ces vertèbres ont la face inférieure carénée, et l'on voit dans quelques-unes
les traces de l'artère intercostale qui s'élève obliquement vers le trou de conjugaison.
Les vertèbres caudales ont toutes les apophyses de plus en plus petites, et elles
finissent par disparaître dans les dernières qui sont logées dans la nageoire cau-
dale (5).
Les dernières n'ont plus aucun mouvement propre.
La dernière vertèbre est souvent reconnaissable par sa surface articulaire
unique et par sa forme triangulaire.
Côte*. — Les côtes sont en nombre variable et diffèrent de forme selon la région
et selon les espèces.
(i) Sur un foetus à teri le globlceps de Loavain, on voit distinctement l'apophyse Iransverse des
premières vertèbres dorsales naître de l'arc neural, et, dans les vertèbres suivantes, on voit ceth
apophyse naître directement du corps sans passer del'une dans l'autre. Les apophyses trànsverses des
premières dorsales n'ont pas la même signification que les apophyses trànsverses des dernières dorsales
ri des lombaires.
Z) Par cette mu race artii ulaire un peut (li>tinf,riier la vertèbre dorsale d'un phoque, qui en a deux, d<
celle d'un cétodontequi n'en a qu'une et enfin d'un mysticètequi n'en a pas.
:i) C'est h tort, que Pander et D'Alton, dans leurs figures de cétacés, ne représentent pas de vertèbres
dans toute la longueur de la nageoire caudale; il yen a jusqu'à l'êchancrure.
5QI BLETTE DBS CÉTACÉS il
Leur nombre varie de neuf à quinze.
Les premières sont toujours les plus larges et les pins courtes.
Dans ions les cétodontes, les premières s'articulent par leur tubérosité avec
les apophyses transverses et par leur tète avec le corps de la vertèbre qui la
pirct'ile. Cette surface articulaire correspond toujours à l'apophyse transverse
inférieure de la septième cervicale, comme si la portion cervicale de la pre-
mière côte lui appartenait.
Les dernières s'articulent., sans tète et sans col, aux apophyse- transverses.
Dans les mysticèteSj l'articulation se fait uniquement parla tubérosité ; quand
même il y a une tète plus ou moins distincte, elle n'aboutit pas jusqu'au corps de
la vertèbre. Les côtes ont, par là, des mouvements beaucoup plus étendus.
Dans les baleines, la première côte seule s'articule avec le sternum et sans
intermédiaire de portion sternale.
Dans les cétodontes plusieurs côtes s'articulent avec le sternum par l'intermé-
diaire d'une portion sternale qui est cartilagineuse dans les ziphioïdes, osseuse;
mu- plus poreuse que les autres, dans le reste des cétodontes.
Le nombre des côtes est assez constant ; toutefois, on voit des individus avoir
une eôte et même deux de plus ou de moins que le nombre propre à l'espèce,
et l'on observe même que ce nombre diffère quelquefois de droite à gauche I .
Les côtes les plus longues sont celles qui limitent le tiers antérieur de la r.i\ ii<
thoraciqne.
Ceso- -uni, en général, plus aplatis dans les cétodontes, plus gros et plusarrondis
dans les baleines.
lue anomalie qui se présente assez souvent, c'est la bifurcation de la pre-
mièrecôte, ou, si on aime mieux, la présence d'une côte supplémentaire complet*
00 incomplète au devant de la première.
Nous avons vn une côte supplémentaire,, correspondanl a la septième cervicale
dans un marsouin et dan- un dauphin commun (2); plusieurs mysticètes non- oui
! i spophy se transverse de la première lombaire se développe quelquefois par un | td'ossifi
qui reste isolé du corps de l'os et constitue une sorte de côte surnuméraire pour la région loml
(i) Un exemplaire de /</< ctena communû rapporte de Coocarneau côte de Brctagm en 1866, pai
H. 1..I Van Beneden montre manifestement celle disposition; un dauphin ordinaire (dclphinus dclpl
acheté » Paris, en chair, et préparé sous la direction de M. le vie le D du Bu?, pour le musée royal i i
Uruvllc.-, porte < gaiement de i baque i oté ■< la leplii me i en ii aie, uni c6li rudimenl
2î SQUELETTE DES CÉTACÉS.
présenté la même particularité. — Dans une balénoptère laticeps que nous avons
reçue du cap nord, on voyait au devant de la première côte de droite une
petite côte supplémentaire libre, et, du côté opposé, également une côte
rudimentaire, mais soudée complètement avec la côte normale.
Les deux côtés diffèrent ordinairement, et, dans le marsouin cité plus baut, la
côte de droite est seule complète ; elle s'articule en haut avec la vertèbre, et en bas
avec le sternum par l'intermédiaire d'une partie sternale, tandis que la côte
opposée est incomplète.
Comme pour les apophyses transverses des vertèbres cervicales, le côté droit
l'emporte sur le côté gauche.
11 est à remarquer que l'on a observé assez souvent une côte supplémentaire
^el]lblable chez l'homme, et que celte anomalie correspondait avec une déviation
de l'artère sous-clavière. « Une côte cervicale surnuméraire est une anomalie qui
n'estpas très-rare chez l'homme, dit Cruveilhier. »
Les côtes, à l'exception de la première paire qui est toujours fort large et apla-
tie, sont plus ou moins convexes en dehors et aplaties en dedans, surtout à leur
extrémité inférieure; elles sont tordues sur elles-mêmes de manière que leur extré-
mité supérieure soit tournée en avant et leur extrémité inférieure en arrière. —
La ligne oblique saillante est souvent très-prononcée, mais si elles ont un angle
costal, les côtes n'ont -guère de gouttière à leur face postérieure pour loger les
vaisseaux et les nerfs intercostaux.
sternum. — Le sternum présente des différences
fort grandes dans les mysticètes et dans les cétodontes,
aussi bien sous le rapport de sa composition que
sous celui de son mode de formation.
Il est toujours simple et formé d'un seul os dans
imd'unfœhudemaM nMxdeui tiers les premiers de ces animaux ; dans les seconds, il est
i rr " iniv, ,i l'uints il'Ossiliraliuli.
*■ «na*g«- toujours formé de plusieurs os qui se suivent. Dans
les mysticètes il n'a qu'un seul point d'ossification, et dans les cétodontes on lui
en reconnaît toujours plusieurs et ils occupent les deux moitiés longitudinales de
cet os.
Les mvslicètes ont ainsi un sternum formé d'une seule pièce qui a la forme d'un
bouclier, et un seul point d'ossification envahit successivement tout le cartilage.
âttfl !>ten
r-MraU.
m oonu; '. I
evtUagiocaiit
ttfttl linlil.l.
SQUELETTE l>i:s CÉTACÉS
Le nombre Je pièces qui entrent dans la compo^iiion «lu -t. i-
num peut varier de une à cinq; c'est dans le micropleron que
nous trouvons ce dernier nombre.
Comme chaque pièce de sternum commence chez les céto-
dontes par un double point d'ossification, on voit tantôt nue
éebancrure tantôt un trou au milieu de ces pièces, mais ordinai-
rement ces modifications s'effacent avec l'âge.
Les pièces de droite et de gauche sont souvent fort peu
symétriques: le micropteron, le itphiue et d'autres ziphioïdes
nous en offrent de curieux exemples.
Il n'\ a qu'une seule cote s'articulent directement avec le sternum, comme
DOUS l'avons déjà dit, dans les mysticètes, tandis que, dans les cétodontes, il v en a
toujours plusieurs.
Le sternum varie souvent de forme d'a-
près l'âge : ainsi, il est éehancré en avant
chez les jeunes megaptera, troué chez les
adolescents, et forme un \ rai bouclier chez
les adultes.
BMsta. — C'est par erreur que l'on a d'a-
bord cru a l'existence d'un os médian dans
le bassin des cétacés; les os de cette partie
du squelette sont toujours pairs et placés
parallèlement de chaque côté de la région
pubienne sans se souder sur la ligne médiane.
1! y en a deux dans les cétodontes qui correspondent à Y Ischion ; leur volume
varie sensiblement selon les sexes. Dans les megaptera, comme dans les baleines
véritables, on trouve de chaque côté deux os, et dans la baleine franche, le profes-
seur Reinhardt et Eschricht >nt même signalé trois dont deux représentent di -
os de membres, un fémur assez développé et un tibia à l'état rodimi ntatre. Les balé-
noptères n'ont que le fémur a leur bassin; M. Plower a signalé dernièrement ce si
i ond os a l'état rudimentaire dans la ùaUenopU ru communia.
Menant antérieurs. Les membres antérieurs, les seuls qui soient apparents
et bien développés, présentent une grande uniformité dans leur composition les
v •■ ri priMOUnt,
24 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
variations qu'on y remarque ne portent que sur leur longueur et leur forme, ou
bien même sur le nombre des os du carpe et celui des phalanges.
On sait que les cétacés sont les seuls mammifères dans lesquels le nombre des
phalanges pour chaque doigt soit supérieur à trois.
Omoplate. — L'omoplate est toujours fort élargie d'avant en arrière, et son épine
est rarement bien développée. Cet os présente ordinairement deux apophyses qui
semblent partir de son bord antérieur; la supérieure représente Xacromion, l'infé-
rieure, le coracoïde.
Ces deux apophyses varient beaucoup dans les divers groupes. Quelquefois l'une
ou l'autre manque, ou bien elles font même parfois complètement défaut. La
mégaptère du Cap et la baleine des antipodes sont dans ce cas. Dans les autres cé-
tacés, elles sont, au contraire, toutes les deux très-développées, par exemple dans
les Inias, les Bélugas, les Monodons et en général dans tous les animaux du même
ordre qui ont les membres courts et larges. C'est quand les membres atteignent leur
plus grande longueur que les apophyses présentent le moins de développement.
Les mégaptères en sont la preuve.
L'omoplate nous fournit donc des indications utiles pour la distinction des
genres et des espèces.
Humérus. — L'humérus est toujours fort court et très-massif; quelquefois
il est a peine plus long que large. La tète de cet os reste distincte, et ses deux sur-
faces d'articulations avec l'avant-bras le font toujours aisément reconnaître. Il est
constamment plus court que le radius et le cubitus.
L'humérus présente en dessus sa tète articulaire pourvu d'une grosse lubérosité,
et en dessous une courbure convexe décomposable en deux surfaces plus ou moins
planes corespondant au radius et au cubitus. La tubérosité est souvent presque
aussi grande que la tête articulaire; c'est elle qui fournit les principaux points
d'attache aux muscles de l'épaule: on y voit aboutir le sous-scapulairc, le petit
rond, le sus-épineux et l'omoplato-hyoulien. Cette tubérosité est située du côté
interne de l'humérus, contrairement à ce que l'on voit dans beaucoup de sque-
lettes montés sans soins. Elle est plus forte dans les cétodontes que dans les
myslicètes.
Le bord antérieur ou inférieur de l'humérus est souvent droit, tandis que son
bord postéiieur ou supérieur est souvent concave.
SQUELETTE DES CÉTAI i S
L'humérus se rétrécil ordinairemenl vers son milieu o( s'élargit ensuite vers les
deux surfaces articulaires. Comme il n'y a pas de mouvement de l'avant-bras sur le
I .f.i— . l'articulation est une synartbrose.
Itwrt fcg— . — Le radius et le cubitus sont ordinairement aplatis dans toute
leur longueur, et, comme nous l'avons déjà dit, ils sont plus longs que l'humérus.
Le radiui est presque toujours plus large en dessous qu'en dessus, et la Burface
articulaire supérieure rappelle plus ou moins la tète de cet os. Le radius a Bouvenl
une largeur double de celle du cubitus.
Le cubitus porte une apophyse olécrànienne située dans le même plan que le
corps de l'os. L'olécràne est très-volumineux dans quelques cétodon tes ziphioïdes
il est radimentaire ou presque nul dans quelques Delphinides comme l'Inia, le
Narval et le Béluga.
La face inférieure do radius correspond au radial et à l'intermédial ; la face
inférieure du cubitus, au cubital et au même intermédial. Chez les baleines, ces
os de l'avant-bras sont séparés du carpe par un large cartilage, et il n'y a pas de
routait immédiat avec les os carpiens.
(«rite. Les os du carpe sont tres-variables quant à leur nombre et quant à leur
volume; on compte habituellement trois os pour la première rangée et deux pour
la seconde. Les Orques sont, de tous les Cétacés, ceux qui s'éloignent le plus du
t\ pe ordinaire par l'étal radimentaire de leurs os carpiens.
Le procarpe, c'est-à-dire la première rangée des os carpiens, comprend commu-
nément trois de ces os parfaitement distincts les uns des autres, savoir : le radial,
le cubital e\ {'intermédial qui correspondent, le premier au scaphoide, le second au
scmiluuairr, le troisième au pyramidal. Le mésocarpe ou la seconde rangée en a
communément deux : le deuxième earpale ou trapémfde, le troisième carpaL ou le
grand os. Le premier et le quatrième manquent ordinairement. Il y a peu de céta-
cés ayant, comme VHyperoodon, quatre os à la seconde rangée.
Tous ces os ont des surfaces rugueuses, et leur texture est excessivement spon-
gieuse ; comme ils n'ont pasde surface articulaire distincte et que leur Forme est peu
arrêtée, on les distingue aisément de tous les autres os du squelette. Ils ont com-
munément leurs côtés m (ci ne et externe aplatis et leur bord très-ii régulier I .
(1) Gegenbanr, Untera, tur »erg1 Anat. dei Wirbelthiere Van Bambeke. sur le iquelelta de l'eilri
mité antérieure de Hem. conronn parl'acad. roj <'■< I B*, 1. XVIII
26 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
Métacarpe. Il existe généralement, sinon toujours, cinq métacarpiens, que le
nombre de doigts soit de cinq ou même de quatre.
Les Cétacés ont au minimum quatre doigts; ce nombre est celui que l'on trouve
le plus communément. Les vraies baleines en ont cinq. Le pouce disparait le
premier et souvent il n'en reste que le métacarpien seul.
Phalanges. C'est l'index qui possède le plus grand nombre de phalanges, du
moins chez les cétodontes, où vient le médian et ensuite l'annulaire. On en compte,
par exemple chez le grindewall treize à l'index, neuf au médian, trois au pouce,
deux à l'annulaire et une seule au petit doigt. Chez les mysticètes, c'est le mé-
dian qui parait en avoir le plus; nous en voyons, dans la baleine de Groenland,
quatre au médian, trois à l'index et à l'annulaire et deux au petit doigt. Le pouce
est représenté par le métacarpien seul.
Le petit doigt ainsi que le pouce n'ont souvent qu'une seule phalange, encore
est-elle presque toujours très-peu développée; l'index en a ordinairement cinq ou
six, le médian quatre ou cinq et l'annulaire deux ou trois. Contrairement à ce que
l'on voit dans les autres mammifères, le nombre de phalanges varie dans chaque
doigt.
La longueur extraordinaire des nageoires n'indique cependant pas toujours qu il
existe un plus grand nombre de phalanges. Les mégaptères, par exemple, qui ont les
nageoires excessivement développées n'ont pas plus de phalanges que les Cétacés
en général.
Quand ces phalanges sont longues comme dans les mégaptères, elles se rétré-
cissent au milieu et prennent la forme d'un clepsidre. Elles sont plus longues sur un
de leurs bords que sur l'autre, de manière qu'elles semblent obliquement tron-
quées.
Souvent, quand la phalange n'est que partiellement ossiflée dans sa longueur,
le bord libre est concave, tandis que l'autre bord est convexe, et on voit alors des
phalanges prendre la forme d'un croissant. On en trouve un curieux exemple dans
les orques, qui ont toutes les phalanges fort larges et courtes.
Ces os sont ordinairement sépares les uns des autres par de larges espaces carti-
lagineux, et ces cartilages sont toujours plus gros que les phalanges elles-mêmes;
ce qui donne un aspect noueux aux doigts.
SQUELETTE DES CÉTACÉS
Les caractères des phalanges se reconnaissent déjà dans le cartilage qui précèdi
les os.
Comme les épiphyses des vertèbres ne se soudent pas en même temps dans [< g
divers ions dn corps, de même fcssi les épiphyses des os des membres ne se
réunissent pas toutes à la lois. Les épiphyses supérieures du radius et du cubitus
sont soudées avant les épipln ses inférieures, tandis qu'à l'humérus, c'est l'épiphl se
inférieure qui se soude avant la supérieure. Lorsque toutes les épiphyses des os des
membres ont déjà opéré leur réunion aux diaphyses, celles des vertèbres dor-
sales et lombaires sont quelquefois encore séparées.
DES MYSTICÈTES
OU CETACKS \ FANONS
Jusqu'à présent, on no connaît qu'une seule espèce de cétacé à fanons qui
entre ilans la Méditerranée, et c'est celle qu'Aristote a nommée my sticetiu. La
bouche de cet animal est garnie en dedans de poils semblables à des soies de co-
chon, dit avec raison le philosophe naturaliste.
Pline donne à ce même animal le nom de musrulus.
Le premier naturaliste qui ait embrassé l'ensemble du règne animal, Linné,
admet six espèces de baleines; mais comme le grand naturaliste avait dû se rap-
porter aux observations souvent incomplètes des zoologistes et des voyageurs
de son temps, il n'y a que deux de ces espèces qui soient véritablement reconnais-
sablés, celle qui entre dans la Méditerranée et celle qui \ il au Spitzberg et au
Gi oenland.
I n des élevés de Linné, o. l'abricius, ayant eu L'occasion d'observer cea ani-
maux en vie pendant son séjour au Groenland, a parfaitemenl connu les espèces
de cea p ir iges; mais, trop confiant dans L'autorité du maître, il a adopté lea noms
donnés \< ir ce dernier et a ainsi contribué à embrouiller la tn oonj nue. Le boont
de F.ibrieiu- <-i le megaptera (keporkak), le rostrata est la ùalsenoptera rostrata ou
minot dea auteurs modernes, et non pas le rostrata de Linné; c'est à tort qui
l on i pris le boopi de Fabricius pour un jeune animal.
30 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
Cuvier a fort bien compris ces animaux, si l'on considère le peu de matériaux
qu'il a eus à sa disposition : il admet trois sous-genres, les baleines propres, les
finnfisch ou giùùars et les rorquals; mais c'est à peine, ajoute-t-il, si l'existence du
deuxième sous-genre est suffisamment constatée (I).
Ce sont les trois divisions génériques que tous les cétologues admettent aujour-
d'hui. Quant aux espèces, Cuvier est parvenu à en distinguer cinq : le mysticète du
Groenland, d'après la tête du British Muséum, la baleine du Cap et le rorqual du
Cap, que Lalande avait rapportés, le rorqual du Nord et le rorqual de la Méditerranée.
Cuvier ne savait pas que les os à l'état de cartilage présentent déjà tous leurs
caractères propres, et que les vertèbres ne se soudent pas plus entre elles qu'elles
n'augmentent en nombre avec l'âge.
C'est le grand mérite d'Eschricht d'avoir démontré ces faits.
De tous les naturalistes, c'est Eschricht qui a le plus contribué à éclaircir l'his-
toire de ces grands mammifères, et le savant professeur de Copenhague a tiré un
grand parti des nombreux matériaux qu'il a eus entre les mains. Le premier, il a
annoncé que le squelette de l'adulte existe en miniature à l'état de cartilage dans
le fœtus. Il est à regretter qu'il n'ait pu achever l'ouvrage dont il avait commencé
la publication à Paris.
Le docteur Gray a tâché de coordonner les nombreux matériaux qui sont aujour-
d'hui réunis dans les divers musées, et il a établi plusieurs espèces et un grand
nombre de genres dans les trois divisions proposées par Cuvier.
Parmi les savants qui ont puissamment contribué à élucider l'histoire des mys-
licètes, nous devons citer surtout M. Rcinhardt, professeur à Copenhague, et
M. Flower, directeur du beau Musée du collège royal des chirurgiens à Londres.
M. Lilljeborg a également contribué à l'avancement de celte partie des sciences
naturelles par diverses publications importantes.
Nous pouvons résumer ainsi les caractères des cétacés à fanons ou mysticètes :
Ils ont des fanons au palais et n'ont de dents qu'au premier âge embryonnaire.
Leurs narines sont à orifice double.
(1) Cuvier, en établissant trois sous-genres dans les baleines, failli tort une différence entre fînnfiscli
elrorqual, et c'est par erreur qu'il donne comme caractère au sous-genre Ae&gibbars, une nageoire sur
le dos ri pas de plis sons la gorge ; la gorge dis gibbars, est cannelée de plis comme celle des rorquals, et
au lieu d'une nageoire les gibbars ont une bosse sur le dos.
SQ1 ELI rTE DES CÉTACÉS 31
l.ntrs mandibules oumaxiltaires inférieurs sont fortement courbés, bombés h leur
surfaa externe, complètement séparés F un de (autre en avant, montrant un sillon à la
ptaa </■ ta gouttière dentaire </ en dehors de ce sillon une série de trous mentonnière.
I ■ maxillaire supérieur s'étend en arrière an devant du frontal, et non au-dessus.
Le sternum est formé d'upt seule pièce et ne s'articule qu'avec une seule paire
</■ côtes.
I \ côtes ne s'articulent qu'aua apophyses transverses des vertèbres et par une seule
sur/aie articulaire; aussi le corps des vertèbres dorsales ne présente-t-il jamais </- sur-
fact articulaire correspondant à la tête de la côte.
Les os nasaua sont symétriques et forment une voûte au-dessus des fosses nasales.
II existe un os lacrymal distinct.
la caisse tympanique est soudée au rocher, et celui-ci porte deux fortes apophyses qui
F attachent solidement à la base du crâne.
I.< marh'ui est soudé au tympanal.
On coiin m îles m\ -lit « u> fossiles depuis le mioeone ; les baleines sans nageoire
dorsale ont paru après les autres el paraissent avoir été partout moins nom-
breuses.
Les mysticètes sont répartis en trois genres ; balœna, megaptera el baUenoptera.
Le premier n'a pas de nageoire dorsale ; le seconda une bosse au lieu de nageoire
le troisième a une nageoire dorsale comme les dauphins.
uni, BAI l M
MYST1I l fBS Du ( à bosse, MEGAPTERA
■ nag i i \i i NOPTI RA
GENRE BAL^ENA
Ce genre comprend les cétacés que l'on désigne communément sous le nom
de baleines franches ; on peut les caractériser ainsi :
Le dos est uni et ne porte ni nageoire ni loupe de graisse; il n'existe de plis
ni sous la gorge ni sous le ventre. La tète forme le quart ou le tiers de la longueur
totale du corps ; la lèvre inférieure s'élève verticalement à une grande hauteur pour
couvrir les fanons; le rostre est fortement argué, et les fanons sont très-longs ; ceux du
milieu ont plus de la moitié de la longueur du rostre, et ils laissent en avant, sur la
ligne médiane, un espace entre eux. Les mandibules sont très-allongées et grêles en
avant, montrant à l'extrémité libre un large sillon ; l'apophyse coronoïde est peu déve-
loppée ; les vertèbres cervicales sont toutes soudées ; l'omoplate est peu développée
d'avant en arrière et porte communément une large apophyse coracoïde ainsi qu'un
acromion ; les côtes n'ont jamais une double surface articulaire ; les premières n'ont
ni col ni tête; celtes du milieu ont un col rudimentaire, mais la tête n'atteint pas le
corps de la vertèbre ; les dernières s'articulent directement par la tète seule aux apo-
physes transverses : le sternum, toujours large, a la forme de bouclier et est formé d'une
seule pièce ; les nageoires pectorales sont courtes, tronquées et fort étendues en largeur.
La nourriture des baleines véritables consiste en mollusques et en crustacés de
petite taille.
Ed général, les baleines ne vivent pas par bandes comme les cétodontes ; elles
se réunissent par couple et on en capture autant de l'un que de l'autre sexe. Tou-
tefois, comme les femelles se rapprochent plus régulièrement des côtes, on prend,
dans certains parages, plus facilement les femelles que les mâles.
C'est ce que l'on voit au cap dp Bon ne-Espérance comme à la Nouvelle-Zélande ,
SQUELETTE [>ES CETACES. Î3
les lamelles entrent dans les baies, disent les baleiniers, tandis que les mâles se
tiennent à distance. An Spitzbeig, on voit le contraire : sur cent-vingt-quatre
baleines, Scoresb] a compté soixante-dix mâles, ce qui provient sans doute de i e
que la poche se lail an Nord plus au large que dans d'autres parages.
I est une erreur généralement répandue que le narval est L'ennemi de la baleine ;
i es animaux vivent au contraire en lionne intelligence avec elle. Les pêcheurs, en
entrant dans les saux des baleines, se rejouissent de leur présence, dit Snoresby.
C'est l'Orque qui est l'ennemi de ces grands cétacés,
A combien se réduit le nombre d'espèces admises par les baleiniers, les mar-
chands de fanons et les naturalises ? lin prenant en considération l'expérience des
premiers, les connaissances des seconds et l'étude des derniers, il y aurait en tout
i un], peut-être six espèces vivantes bien établies, trois dans l'hémisphère boréal.
deux ou trois dans L'hémisphère austral.
Les baleines vérifcbles n'appartiennent qu'aux régions polaires et tempérées des
deux hémisphères ; elles ne passent jamais la ligne équatoriale.
lu nord on trouve la baleine mysticité, a l'ouest comme a l'est du Groenland, au
Spitzberg et au détruit de Behring, depuis le |B" degré jusqu'au 7S1' ; une seconde
espèce, la baleine des basques, vit dans les régions tempérées de L'Atlantique, Be
répand dans toute la Largeur decette mer et habite depuis le '.0' jusqu'au 65' degjé ;
une (roipième espèce de l'hémisphère boréal habite le pacifique depuis le 15*
jusqu'au 60* degré; c'est elle qui est l'objet principal de la pèche actuelle, au sud
des Lies Méoutiennes: c'est [&baUenaJaponica. Dans l'hémisphère austral, la baleine
du cap, bahvna australis passe du Brésil au cap de Bonne-Espérance, s'étendani
depuis le 25' degré jusqu'au ()0°. La secopde espèce de l'hémisphère austral est La
baUena antipodarum, que les pécheurs anglais ont poursuivie avec tant d ardeur dans
ces derniers temps, et qui parait périodiquement sur la côte est de la Nouvelle-
Zélande. Il parait que cette espèce se répand depuis le 50e jusqu au 55' degré.
Enfin entre le cap du Bonne-Espérance et la Nouvelle-Hollande habite une baleine
connue des baleiniers sous le nom commun de black-whale, mais dont les carai
tères ne sont pas connus des zoologistes. — On n'en trouve des i>- dans aucun mu-
tée, — Cette baleine forme probablement une espèce particulière qui complète
|es zones de L'hémisphère austral.
Outre ces espèces qui sont, nous l'avouons, bien loin d'être toutes définitiVf
34 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
ment établies, le docteur Gray en mentionne encore quatre autres dont il sera fait
mention plus loin; ces espèces sont : la ùalœna temminckii , du cap de Bonne-
Kspérance, la ôalœna marginata, des côtes de l'Australie, la balœna nodosa, le Serug-
Whale de Dudley de la côte de l'Amérique du Nord, et la baUena cisarctica , le blaek-
whale des baleiniers de la côte est des États-Unis d'Amérique.
A l'exception de la baleine du Groenland, les espèces que nous admettons oc-
cupent à peu près la même latitude dans les deux hémisphères, et si l'on figure sur
une carie les régions qu'elles habitent, l'on obtient un plan semblable à celui du
commandant Maury, représentant les zones de calme à côté des zones des vents.
11 existe de vraies baleines fossiles, mais plusieurs ossements ont été à diverses
reprises considérés à tort comme tels. Nous avons reconnu de vraies baleines dans
le crag à Anvers, quoique le plus grand nombre d'ossements de cétacés qu'on y
trouve provienne de baleines à nageoire dorsale.
Y a-t-il lieu d'établir des genres parmi les baleines véritables ? Trouve-t-on une
différence organique suffisante pour justifier l'établissement de coupes génériques?
Il existe des affinités plus grandes entre les baleines des régions tempérées, même
des deux hémisphères, qu'entre celles-ci et la baleine du Groenland, mais ces diffé-
rences ne portent guère que sur la proportion relative de la tète, les caractères des
fanons et la courbure du rostre, et nous ne les croyons pas suffisantes pour réta-
blissement de genres. Nous avons fait faire la coupe de la région cervicale de la
baleine australe, et c'est à peine si l'ou trouve une différence avec la coupe de
mysticetus de Groenland, publiée par M. Flower; il en est de même de la cavité
crânienne et par conséquent du cerveau qu'elle loge. Les megaptera et les buhcnop-
tera diffèrent notablement sous ces deux rapports des balaena.
BAL.KNA AUSTRALIS
(Pi.. I et II.)
Les premières notions positives sur cette baleine, que les pêcheurs hollandais
confondaient avec leurnordkaper, sont dues à de Lalande, qui a rapporté du Cap eE
ix|',». un squelette de femelle adulte et un squelette d'un jeune, qui sont conservi -
h.us les dera an muséum de Paris. C'est sur ces pièces que Cuvier a établi la ba-
leine du Cap. [Te grand zoologiste do muséum avait reçu par Laurillard un dessin
de la tête de la baleine du Groenland du British Muséum, qui lui a servi de point
de comparaison.
Baleine du cap, Cuvier, Recherches sur les ossements fossiles, vol. V. — Batœna
atutralis, Desmouline, Met. class., art. Baleine. — Bahena australis, Temm.,
fauna Japon., t. 2x et 28. — Balsena myeticetui antaretica, Schlegel, ibhand;
1844, 57. EnbaUena s4Mra7t« ? Flower, unies <m tke Skeletont, page 12.
Hwnteriui Temminckii, Gray, catalogue of seats and Whaleê; ISGO, p. !•*.
Les caractères que l'on accorde au genre Hunteriua ne sont, si non- ne nous
trompons, que des dispositions individuelles. Le Hunterius Temminckii est pour
nous s\ nonyme de balœna australis.
Les stations de cette espèce semblent bien connues : elle voyage ordinairement
de l'Amérique du Sud a la côte d'Afrique, entre le 5Gr et le 18e degré de latitude ;
de novembre à janvier, ou la trouve surtout a la première latitude; de février
eu avril a la dernière ; de juin jusqu'en septembre, elle se rend a la cote d Afrique
pour mettre 1m- i .
(i Detmoolioi Dicf. c/<u/., tri I 161
36 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
On la trouve surtout sur la côte d'Afrique à False-Bay, Algoa-Bay et à la baie de
Simons, du 10 au 20 juin jusqu'à la fin d'août ou au milieu de septembre, d'après
de Lalande.
Le fort de la pèche aux iles Tristan, dit Roussel de Vauzème, a lieu depuis le
mois d'octobre jusqu'en janvier, par conséquent à leur retour de la côte d'Afri-
que.
La baleine du Sud est très-probablement répandue dans toutes les mers, à par-
tir du 55° de latitude sud, dit Lesson, quoique cependant elle paraisse remonter
jusqu'à l'équateur et tout le long de l'Amérique méridionale ; ce doit être cette espèce,
dit-il, que les baleiniers américains vont harponner sur le banc de Patagonie.
Le capitaine Day écrit à Scoresby, en parlant des mysticetus ou right-whale,
que la plus grande partie de ces baleines parurent à la côte est de l'Amérique du Sud,
Brazil-Bank, sur une latitude de 56° à 48" sud, à la première latitude de no-
vembre à janvier, et à la dernière latitude, comme à New-Holtand Dervcnl- River
et autour Trislian-Islands, en février jusqu'en avril; enfin à la côte ouest d'Afrique
dans la Walwich-Bay, et d'autres baies de juin jusqu'en septembre.
On les trouve aussi à la côte du Brésil près de Sainte-Catherine, et elles vont
même à l'ouest du cap Horn et au nord de Coquimbo à la côte ouest de l'Amérique
du Sud, d'après le capitaine Day, qui ne fait pas de distinction, comme les balei-
niers en général, entre les baleines franches.
Scoresby dit, en parlant de cette baleine : cet animal se trouve sur la côte ouest
d'Afrique et sur la côte est de l'Amérique méridionale; il a des fanons de 0 pieds;
la longueur du corps est de 53 ou 40 pieds. La tète est couverte with a bed of ber-
nicles. Atteint, il plonge jusqu'au fond rarement au-dessous de deux cents brasses,
revient à la surface après quelques minutes, et plonge une seconde, une troisième
rt une quatrième fois. — Quelquefois il fuit horizontalement jusqu'à 20 ou 50 milles
en ligne directe (I).
Cette baleine porte toujours, comme les autres baleines australes, des tubid-
nella, et des coronula dans l'épaisseur ou à la surface de la peau, particulièrement
a la tète.
Les musées qui renferment des restes de Ralivna Australis, sont les suivants :
H) Scoresby, vol. Il, p. 535, d'après des observations faites par des baleiniers.
SQUELETTE DES CÉTACÉS.
I Au Muséum d'histoire naturelle Je Taris, il exisle un squelette complet el
adulte, rapporté par de Lalande (1);
2* Un autre squelette complet d'un jeune animal nouveau-né, rapporté par
le même naturaliste, se trouve également dans les galeries du Muséum d'histoire
naturelle;
5' Un squelette complet de fœtus de 1- pieds de long, provenant de Verreaux,
• si conservé au musée du Collége-Rtyal des chirurgiens. Ce squelette est resté
longtemps sans le crâne dans les magasins (2);
Y Lue tète sciée transversalement et deux paires de mandibules sont corner*
\ées au Musée d'histoire naturelle de Brest;
'.')' Au musée de Leyde se trouvent la tète d'un adulte et le squelette d un jeune
animal, rapportes du cap «le Bonne-Espérance parle docteur llarstok (5 :
6 La tête d'nn jeune animal est conservée au musée de Berlin ;
7° Lue tète incomplète, une omoplate, une région cervicale, trois vertèbres
dorsales et lombaires et une côte appartiennent au musée de Louvain. Ces os
ont été recueillis et envoyés par de Castelnau.
8° Le moule en plâtre d'un fœtus pris dans le ventre de sa mère, capturée aux
en\irons de l'île Tristan d'Acunha, est conservé au musée de Bordeaux.
SQUELETTE.
I omme dans la halama myslicetus, le rostre est fort étroit et courbé , mais la
courhure est hicn moins forte que chez elle. Les haleines australes sont pour
i i . -i au retour de mon premier voyage, 'lit de Lalflnde, que je trouva ■ baleine èi bouée sur (■
-alilc Cet animal. Ion;: de " 5 pieds, avait <■{,■ j < ■ t «'■ à la côte par \< vent nord-oueat... J'en ai conservé ton-
-, — J'ai ajout. • pai la suite deux autres squelettea de baleine à ma collecl I e premier <>t i elui
de la baleine h rentre plissé {megaplera , et le second s'est trouvé an très-jeune individu appartenant
. omme le plut grand, s la baleine franche. J en avais encore préparé deui autres, ajoute-t-il ; mais i
qu'ils étaient presque terminés, le vent les jeta k la mer. Précit <Tun voyage au Cap dt Bonne-Etpérana
Mémoire* du Muséum, 1 ■- jj. p. 153 , Cuvier, OuemenU fo*tilet, yo\. \
: loto- h oui the south seas; la tète et la région cervicale ont été décrites par m. it Owen, Catal
mus. coll. sur'/, t i.tto . le cr&ne et la caisse tympanique par Huxley, Elem comp. Anal. t". to7. p. 27i
tik'. tort, p. 2-; I.
i Ces squelettes ont été décrits par M. Schlegcl, Abhandelungen aut G ■' ■'■ fù .. Leidei
1841 , p, i". par M. Flowersoui le nom dc> Eubalema australis? Notés m Uu ikeletont noi 1861, et i
re nom àt Hunterius ZVmmnicJrri, par le docteur Cray, Catai • i- M
i< SQUELETTE DES CÉTACÉS.
ainsi dire des baleines moins bien épanouies que la baleine du Groenland, c'est-à-
dire, qu'elles sont moins éloignées que les baleines franches de l'état embryon-
naire.
Comme dans les vraies baleines, les intermaxillaires contribuent pour une large
part à la formation du rostre, et ils forment seuls toute son extrémité antérieure;
ils passent en arrière jusqu'au frontal, enveloppant les os propres du nez. Les inter-
maxillaires s'écartent fortement l'un de l'autre au devant de ces os du nez pour
former les narines, autrement dit les évents. Les maxillaires sont formés d'une
partie longiludinale, au milieu de laquelle on voit au palais en arrière le vomer;
puis d'une partie transversale qui se dirige en dehors et d'avant en arrière le long
du frontal. — Cette branche latérale est moins longue et moins dirigée en arrière
que dans les baleines du Nord. — Ici encore la disposition est plus fœtale que dans
les baleines du Groenland.
Les os du nez ont une forme rhomboïdale et constituent, comme dans les autres
mammifères en général, la voûte des fosses nasales; ils sont régulièrement enclavés
entre les frontaux et les intermaxillaires. M. Flower fait remarquer la largeur
excessive et la brièveté de ces os dans le squelette de Leyde; il en donne la figure
à côté des os nasaux des autres baleines.
Le vomer est très-développé, s'étend en arrière jusqu'au-dessous du sphénoïde
antérieur, et se termine en avant non loin du bout du rostre, en formant une vraie
gouttière dans toute sa longueur.
Le palatin est très-large , situé fort loin en arrière , et s'étend en avant entre le
maxillaire et le vomer.
Le ptérigoïdien ne se montre à la base du crâne que comme un cercle entourant
le bord postérieur du palatin.
Le frontal est remarquable par son grand développement en largeur; il ne forme
qu'une bande entre le pariétal et le maxillaire, s'élargissantun peu en se dirigeant
en arrière pour former la voûte de l'orbite.
I.c lacrymal sous la forme d'une lame mince, un peu plus gros au bout externe
qu'au bout interne, est situé au devant de l'orbite dans l'espace laissé entre le
frontal et l'extrémité postérieure du maxillaire. Cet os manque dans la tète adulle
•lu musée de Leyde et dans la tète du jeune.
Le jugal dans toutes les baleines est très-court, comparativement fort pelit, el
SOI El Kl il: DES CÉTACÉS. 39
forme une faible partie des parois latérales du crâne. — Il est soude de bonne
heure à l'occipital.
L'occipital est celui îles os qui prend le plus de développement ; il forme toute la
partie supérieure de la boite crânienne; c'est comme un bouclier qui protège la
surface des hémisphères.
La portion du temporal qui correspond à la partie squainmeuse et glénoïdale ea(
aussi très-volumineuse; elle s'étend fort loin en dehors et en arriére, pour former
la surface articulaire qui reçoit la tète de la mandibule.
Là caisse tympanique est unie au rocher comme dans toutes les vraies baleines
et, a l'aide de deux fortes apophyses, l'une qui se dirige de dedans en dehors,
l'autre d'arrière en avant et un peu en dedans, le rocher est solidement fixé à la
base du crâne.
Le marteau est uni au bord de la caisse; c'est le plus volumineux des trois
Osselets de l'ouïe ; l'enclume s'unit au ['recèdent par une double surface articulaire.
I. etricr > -t as.-e/ Ion;;, et dans lejcuue âge au moins il est perce.
Il existe plusieurs caisses tympan iques de l'hémisphère austral au Muséum d'his-
toire naturelle de Paris, qui diffèrent notablement entre elles, niais sur l'origine
desquelles 00 ne possède malheureusement pas de renseignements précis.
Le corps de l'os hyoïde est allongé, arrondi, légèrement échanerc d'arrière en
avant sur la ligne médiane avec deux cornes assez grêles qui s'attachent au tem-
poral. Il manque dans la squelette du jeune animal du musée de Leyde. — Nous le
trouvons dans le jeune et dans l'adulte du musée de Taris.
Les vertèbres sont au nombre de cinquante-huit ou cinquante-neuf, réparties de
la manière suivante: sept cervicales, quinze dorsales, dix lombaires et vingt-sept
< tudales. Nous considérons comme première caudale la vertèbre qui précède le
premier os en chevron.
On compte dans le squelette du jeune animal du musée de Leyde cinquante-sept
ou cinquante-huit vertèbres.
M. \\ 11 v, ick 11 a reconnu dans une femelle adulte capturée à l'aise li.iy que cin-
quante-deux vertèbres, mais il est probable que les dernières son! restées log<
dan- la nageoire i audale.
L'atlas, l'axis ci Us autres vertèbres de la région carvicale sont unis ensemble
par leur ( orps, et toutes les apophyses épineuses sonl Boudées en one< réte unique.
Kj SQUELETTE DES CÉTACÉS.
La septième est seule distincte des autres par le corps sans cependant en être
complètement séparée. Les cinq premières sont seules soudées dans le squelette
du musée de Leyde.
Les apophyses transverses supérieures des trois premières vertèbres sont unies
entre elles dans le squelette du muséum de Paris; les suivantes sont soudées égale-
ment, tout en montrant distinctement par l'espace qui les sépare, tout ce qui se
rattache à chacune d'elles. La dernière de ces apophyses est la plus développée, et
s'avance en avant jusqu'à l'axis.
Les apophyses transverses inférieures diffèrent beaucoup de celles de la ùalu-na
antipodarum; dans la balœna australis on ne voit aucune trace de leur présence aux
quatre dernières vertèbres.
Nous avons fait faire la coupe de la région cervicale que nous possédons à Lou-
vain et la ressemblance avec la coupe du mysticetus donnée par M. Flover est fort
grande, comme nous l'avons dit plus haut. Il n'y a de différence que dans la sépa-
ration de l'arc neural en haut chez le mysticetus (I), dans la réunion complète de
l'atlas avec l'axis dans l'australis et dans les traces de séparation du corps de la
septième vertèbre; dans l'un comme dans l'autre cas, la face postérieure du corps
de la septième vertèbre est concave ce qui correspond à la surface convexe de la
première dorsale. L'atlas présente en avant, comme celui de mysticetus entre les
deux condvles, à l'entrée du canal vertébral, une cavité peu profonde qui corres-
pond au ligament de l'apophyse odontoide de l'axis.
Il y a quinze vertèbres dorsales; le corps de chaque vertèbre augmente en épais-
seur et en hauteur à mesure que l'on s'éloigne de la région cervicale, et cette aug-
mentation continue jusqu'au commencement de la région caudale.
Le corps des vertèbres croît encore en hauteur quand leur diamètre antéro-
postérieur diminue. De la cinquième lombaire aux premières caudales le diamètre
vertical est le plus fort.
Les apophyses épineuses supérieures sont dirigées d'arrière en avant dans les
cinq premières dorsales, d'avant en arrière au contraire dans les autres, et elles
s'inclinent de plus en plus à mesure que l'on approche de la région lombaire.
Cette apophyse esta peu près verticale dans la sixième dorsale.
,\ Dans le mysticetus de J.ouvain celle séparti.on nV*iste même pa*.
SQUELETTE I>i:s CÉTAI l S il
l.«-s vertèbres de la région dorsale sont au nombre de quinze, comme le montre
le squelette du jeune animal du muséum qui a toutes les cotes encore en place.
Nous trouvons ce même nombre dans le squelette du jeune animal du musée
de l.eydc.
Les apophvses transverscs naissent des premières vert, lues dorsales au milieu
de l'arc ncural ; mais, dans les cinq dernières, elles s'elevent plutôt du milieu du
corps lui-même, surtout les dernières.
On voit dans le squelette du jeune animal du muséum, que les apophyses trans-
verses des cinq dernières dorsales naissent comme chez l'adulte du corps de la
vertèbre, tandis que les autres proviennent distinctement de l'are neural : ces apo-
physes, tout en donnant également insertion aux côtes, oe sont cependant pas de
même origine; les dernières cotes sont comme les première- sans col et sans
tète.
Cette distinction entre l'origine des apophyses est d'autant plus facile a faire
dans ce jeune squelette, que l'are neural est encore complètement sépare dans le?
diverses régions du corps.
Les apophyses épineuses de la jeune Haleine sont comparativement larges
d'avant en arrière et ne sont point aussi inclinées qu'à l 'âge adulte.
Les vertèbres de la région lombaire sont au nombre de dix et se distinguent
toutes par le grand développement du corps et la longueur des apophyses transver-
ses. « i - apophyses sont toutes situées, à l'exception des deux ou trois premières,
qui descendent insensiblement plus bas, vers le milieu du corps. Dans la région
dorsale elles partent de la base du cerceau et se dirigent obliquement de bas en
haut et de dedans en dehors.
Le corps de ces vertèbres se dislingue ('gaiement par la crête qu il porte en
dessous sur la ligne médiane, crête qui devient de plus en plus forte, a mesure
que l'on avance vers la queue. Le corps des vertèbres est, au contraire, parfaite-
ment arrondi a la région dorsale. La jeune baleine nous montre une diffé-
rence de direction dans les apophyses transverses entre la quatrième et la cin-
quième lombaire : les premières se dirigent d'avant en arrière, le> suivantes
d'arrière en avant. Ces apophyses diminuenl en longueur depuis la dernière
dorsale.
La ngion caudale a vingt-sept vertèbres dont les seize premières portent un os
6
42 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
en chevron. Il n'y a que neuf vertèbres à chevrons dans le squelette de Leyde; mais
ce squelette n'est évidemment pas complet.
La cinquième vertèbre de cette région est une des plus fortes pour le développe-
ment du corps, et pour la grandeur de l'os en Y.
Les apophyses transverses de cette vertèbre sont horizontales et n'ont plus que
la moitié du diamètre du corps.
L'apophyse épineuse, y compris l'arc neural, a presque la longueur du diamètre
vertical du corps. Il y a onze vertèbres qui n'ont pas d'os en V, et à peu près
autant, qui n'ont plus d'apophyses; ce sont ces vertèbres qui sont logées dans
l'épaisseur de la nageoire caudale. Les vertèbres à chevron ont des surfaces
articulaires en avant et en arrière, mais ce sont toujours les surfaces postérieures
qui sont le plus développées.
Les apophyses qui fournissent ces surfaces se rapprochent de plus en plus
d'avant en arrière et se réunissent dans les quatorze dernières caudales en formant
une gouttière autour de l'artère spinale.
A commencer de la neuvième caudale, l'artère spinale au lieu de contourner
l'apophyse transverse, la traverse directement de bas en haut, et le trou par où
elle pénètre parait sur le côté depuis la neuvième vertèbre jusqu'à la quatorzième.
Les côtes sont au nombre de quinze. Il ne peut y avoir de doute au sujet de ce
nombre puisque nous voyons au muséum de Paris toutes les pièces en place dans
le jeune squelette. Depuis la première jusqu'à la septième, elles croissent rapide-
ment en longueur puis diminuent insensiblement jusqu'à la dernière.
Les cinq dernières côtes sont incomplètes, en ce sens, qu'elles n'ont pas de
portion cervicale; les autres possèdent au contraire ce prolongement; mais dans
aucune d'elles il n'atteint la longueur de l'apophyse transverse, de manière que les
côtes ne peuvent s'articuler, comme on le voit du reste dans les autres mysticètes,
avec le corps des vertèbres. Le col et la tète manquent du reste également aux
premières côtes.
Dans le jeune âge tous ces os ont à peu près le même diamètre dans toute leur
largeur, tandis qu'à L'âge adulte les premières et surtout la première s'élargissent
considérablement. Dans la femelle adulte rapportée par de Lalande, la première côte
de droite montre un large trou près du bord antérieur. Dans la baleine australe du
musée de Leyde, la première côte est biceps et s'articule avec les deux premières
SQI II II II hl S i II .\t ES U
dorsales. H esi plus probable, comme le fait remarquer M. Flower, que cette
première côte B'articule avec [a dernière cervicale et la première dorsale. C'est ce
que l'on voit du reste chaque lois que la première côte est double.
Cette bifurcation de ta première côte a déterminé M. le docteur Gray à l'aire
delà baleine conservée au musée de Leyde le type d'une espèce distincte, qa il
a plus tord érigé en genre, sous le nom de llunterius Temminckh.
Celte première côte, qui n'est pas plus large en bas qu'en liant dans le squelette
du jeune animal du muséum de Taris esl an contraire très large es bas, chez
l'animal adulte, el embrasse presque toute la bauteur du sternum.
La seconde côte se lait remarquer également, dans le Bquelette de Leyde, par
son épaisseur e( sa largeur à bod extrémité inférieure. Nous ne connaissons pas, dit
H. Lilljehorg, en parlant de cette première côte, on seul genre qui ail cet os aussi
épais a sa partie inférieure.
Le sternum n'es! formé que d'une seule pièce comme dans toutes les baleines.
il esl plus large en avanl qu'en arrière, el ne s'articule qu'avec la première paire
décotes, commele Bquelette du jeune animal, rapporté par de Lalande, le montre
distinctement.
( uvier avail reconnu qu'il n'y a de chaque côté qu'une seule lace articulaire
au sternum. Nous n'avons qu'un seul os du sternum, oôlong, plus large m avant, et
i/ui parU de chaque côté une face articulaire pour une côte, a dit Cuvier, et il a eu
soin de figurer le sternum seul.
Ce squelette de Lalande a été un. nie m 1822, sous la direction de Cuvier, comme
l'indique encore aujourd'hui son étiquette; on comprend à peine comment le grand
naturaliste a pu Be laisser induire en cireur, ayant sous les \<'u\ le Bquelette <^^
jeune animal donl les os sont encore aujourd'hui réunis par leurs ligaments natu-
rels. C'est è\ idemmenl par erreur que le préparateur a uni Irois paires de côtes au
Bternum 1 1 ).
Du Bar, en donnant sa description <h\ grand squelette de Balénoptère d'Ctetende,
rvail reconnu, comme d'autres avanl lui, qu'il n'y a qu'une seule vraie côte qui
ticule avec le sternum.
(i i' oéi reaurlc ills, publié en 1861, Duvernoy adn • |r«"'
l'articulant avec le sternum, lien accordi deui au mégaptera du Cap ttm. « '"•'••
• w
44 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
Nous ne connaissons pas les os du bassin, ce que nous regrettons d'autant plus
qu'ils sont bien connus maintenant dans la baleine de Groenland et qu'il serait
intéressant de pouvoir les comparer.
Ce qui figure comme bassin dans le squelette du Muséum, et ce que Cuvier
reproduit comme tel dans les planches, est un fragment supérieur de côte grossiè-
rement taillé, auquel sont attachés deux autres os qui sont peut-être les os lacry-
maux. Les os lacrymaux, en effet, manquent dans ce squelette, ou du moins ils ne
sont pas en place.
Dans la baleine et le mégaptera du Cap, Cuvier croit que le bassin est tout
autrement fait que dans le dauphin ; il a pour garant, dit-il, l'assertion de La-
lande, qui a préparé les deux squelettes, et qui a enlevé lui-même les os de leur
place (1).
L'omoplate est comparativement peu développée dans l'adulte. Cet os a, dans le
jeune âge surtout, une grande épaisseur. Son diamètre vertical est un peu plus
grand que le diamètre antéro-postérieur.
Le bord antérieur est presque droit et il n'existe qu'une seule apophyse bien
développée qui correspond à l'acromion. L'apophyse coracoïde est rudimentaire.
Dans le jeune animal de Leyde, M. Flower signale une apophyse coracoïde et un
acromion, mais tous les deux sont fort courts.
Dans le jeune âge le bord antérieur de cet os est plus courbé que le bord posté-
rieur et le diamètre antéro-postérieur l'emporte notablement sur l'autre. Les deux
bords antérieur et postérieur sont presque droits à l'état adulte et l'os affecte la
forme d'un éventail ouvert.
L'humérus est comme toujours dans ces animaux, très-massif et atteint juste
la même longueur que les os de l'avant-bras. Cet os est plus gros comparative-
ment dans le jeune que dans l'adulte.
Le radius est comme toujours plus développé en largeur que le cubitus, surtout
chez le jeune. Il est plus large à sa partie inférieure que l'humérus malgré ses
deux surfaces articulaires.
Le cubitus n'est guère plus large en dessous qu'en dessus, et c'est à peine si
on aperçoit à son extrémité supérieure un prolongement olécrànien.
(1) Loc. ci/., p. 386.
snl ELETTE DES CÉTACÉS 45
Nous n'avons pas de certitude au sujet de la composition du carpe, surtout tjur
dans le jeune animal ces os n'existent pas encore, du moins ils ne sont pas visibles
a l'extérieur. Dans la baleine adulte nous voyons dans le procarjie trois 08 comme
i l'ordinaire qui correspondent au radial, au cubital et k Vintermédial, et trois
os dans la rangée mésocarpienne.
La ùalicna antipodarum n'en montre que deux dans cette seconde région.
En dehors du cubital, il existe encore un os dans le squelette du Muséum qui
-mitient dans cette région le cartilage du bord supérieur de la main, mais qui
pourrait bien ne pas être naturel.
Nous avons cinq os métacarpiens; celui du [tome est le plus petit; les quatre
autres différent peu entre eux.
Les doigts sont comparativement courts, le médian est le plus long, vient
• Dsuite l'index, puis l'annulaire, et enfin le petit doigt. Le médian compte cinq
phalanges, les deux autres qui l'entourent, l'index et l'annulaire, chacun quatre,
le petit doigt trois, et le pouce deux.
Le quatrième doigt ou l'annulaire en a cinq dans le squelette de Leyde, le second,
le troisième et le cinquième quatre.
En comparant ce squelette du muséum de Taris à celui du musée de Leyde. nous
trouvons une vertèbre de plus dans l'un que dans l'autre; les six premières cervi-
cales sont soudées dans le squelette de Paris; dans celui de Leyde les cinq pre-
mières seules sont réunies. Le doigt annulaire a cinq phalanges dans le sujet de
Leyde, tandis que ce nombre appartient au doigt médian dans celui de Paris , enfin
la première côte est bifide à Leyde et la seconde très-grosse à son extrémité libre,
tandis qu'à Paris la première côte est simple et la seconde assez mince en dessous.
Les os propres du nez sont extraordinairement larges dans le squelette de Leyde.
BALŒNA ANTIPODARUM
(PL. III.)
C'est le docteur Gray qui a proposé ce nom pour désigner la baleine qui hante
les parages de la Nouvelle-Zélande, et c'est à Dieffenbach que nous devons les pre-
miers renseignements sur leur pêche et leur genre de vie.
Le squelette du Muséum de Paris, monté aujourd'hui au milieu de la cour des
galeries d'anatomie comparée provient d'une femelle et a été longtemps rapporté
à la même espèce que les squelettes rapportés par de Lalande du cap de Bonne-
Espérance; c'est là le principal motif pour lequel il est resté pendant si long-
temps dans les magasins.
Laurillard était si persuadé de son identité avec celui du Cap, que j'avais été
chargé de proposer à Eschricht, de l'échanger contre un squelette de la baleine de
Groenland.
Les fanons sont fort bien conservés et, pendant quelques années, ils ont été
placés en dehors des mandibules.
Syn. : Balœna ans tr a lis, Desmoul., Diction.
Balœna antarctica, Gray, I.Sè»0.
Balœna caperea antipodarnm, Gray, 4 80^.
Caperea antipodarnm, Gray, 1800; Catalogue of Seals and Whalcs,
]». 105.
Cette espèce habite la Nouvelle-Zélande où, d'après Dieffenbach, les établisse-
ments de pêche sont nombreux. On en voit à Te-awa-ili, Clamly Bay, Parurua,
presqu'île de Banks, Entry island, Evans 'slsland/faranaki et Table-cape.
SQIKI.1 l H DES CÉTACÉ8 k-,
Les soûles pièces connues de cette baleine sont : un squelette complet de fe-
melle adulte, monté au Muséum d'histoire naturelle de Paris, sous la direction du
professeur Serres, provenant d'un animal capturé dans la baie de Icaroa, pres-
qu'Be de Banks (Nouvelle-Zélande); ce squelette a été donné par M. le capitaine
Berard, commandant la corvette te Rhin, et le doctenr Arnoux.
Il en existe au Muséum de Paris un modèle en plâtre, réduit au 8e, d'après un
autre modèle, exécuté but nature en 1 s:;G par M. Meryon, enseigne de vaisseau.
Nous connaissons de cette même espèce trois caisses tympaniques, appartenant
au Musée de Bruxelles, dont une d'un jeune animal. Ces caisses ont été rappor-
tées de la Nouvelle-Zélande par le docteur Dechange.
Dieffenbach a donné on l">n dessin réduit de cet animal. — La tête du squelette
a été figurée dans l'Encyclopédie de Chenu. Le docteur Gray a figuré nue caisse
tympanique de droite 1 1 .
B. Dieffenbach, dans son voyage à la Nouvelle Zelamle, voyage qu'il a a< compli
comme naturaliste de la compagnie de la Nouvelle-Zélande, nous fait connaître
les laits les plus importants de l'histoire de cet animal.
Cette baleine j es! désignée sous le nom de Black whale.
Ils virent en arrivant, dit-il, de grandes carcasses de haleines coulée» à fond.
La cote était couverte de déhris de ces animaux, têtes, vertèbres, omoplates et na-
geoires. — Il parle aussi de cadavres flottants de cachalots dans ces mêmes pa-
rag(
<!n \ connail également le Pinback e( le Bumpl Bck, le pr< ut i » i poi lant u lit- na-
lire sur le dos et l'autre une loupe de graisse a fat and cellular lump, dil I'. Dief-
fenbach.
On prend a peu près I Jo baleines par an, dit-il. Leur nombre diminue unis les
ans, ainsi que leur dimension ; aujourd'hui une grande haleine ne donne plue qui
li> tonnes d'huile, tandis qu'avant elle en donnait l- et même in.
Dieffenbach parle d'une femelle de 60 pieds de long. — Le Baleineau a terme a l i
pieds. A. six semaines il aurail -1 pieds, d'après les baleiniers. Cette espèce pré-
sente Jim fanons. La peau est d'un noire velouté, sauf au ventre ou l'on voit une
ind Wbalei 1866, p ICH
48 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
tache blanche. On en a vu aussi dont la peau était marquetée et même on a vu des
albinos.
On distingue les sexes à distance.
Le top-knot est plus élevé chez le mâle, et cette partie est toujours au-dessus de
l'eau.
Au commencement du mois de mai on les voit venir du nord, ditDieffenbach,
et elles passent par Cook's street, longeant les îles du nord (Northern Islands). A la
fin d'octobre elles sont à l'est et puis retournent au nord.
La chasse est la plus productive au commencement de la saison dans le Cook's
street. Au mois de juin elles font leur apparition aux Chatam Islands et leur nombre
augmente dans la même mesure qu'à la Nouvelle-Zélande.
La capture dure du mois de mai jusqu'au mois d'octobre.
Quand les baleines arrivent, les femelles s'approchent de la côte, tandis que les
mâles restent au large. — Elles approchent seules ou avec leur baleineau de l'année
ou des années précédentes. Ces baleineaux sont connus sous le nom de Scrags. —
Les femelles entrent dans les baies et approchent des côtes pour mettre bas. — Les
mâles restent à une certaine distance et sont plus difficiles à atteindre que les
femelles; aussi presque toutes les baleines capturées sont des femelles ou des
jeunes. Elles approchent des côtes et des baies à marée haute et abandonnent ces
lieux à marée basse. On les voit cependant dans des bas-fonds.
Elles ne mettent bas qu'un jeune à la fois, et la baleine qui est accompagnée
de deux baleineaux est regardée par les pêcheurs comme un animal qui a adopté
un orphelin.
Le black whale du Cap est le même que le black whalc de la Nouvelle-Zélande,
dit-il (I). On en a vu au mois de juillet qui sont pleines, et on les a vu également
s'accoupler pendant cette saison.
Tendant six mois les baleines croissent dans les wlialing-grounds, et les baleiniers
prétendent que ce sont des bas-fonds. Ces whafing-grounds s'étendent des îles
Chatam, à l'est, et au nord de la Nouvelle-Zélande jusqu'aux iles Norfolk.
Leur migration pourrait bien correspondre avec l'apparition de leur pâture, et
(1) Les baleiniers hollandais ont cru également retrouver leur nord caper dans la baleine du Cap.
sut i i il 1 1: nrs ci;ï \rj s. i9
leur approche des cotes coïncide évidemment avec l'époque de la parhirition.
Comme au Cap, au mois île juin, elles sont accompagnées de leur baleineau. On
dirait qu'à la fin de la période de gestation ces animaux choisissent le voisi-
nage d'une bonne pâture.
S'il est vrai que dans ce même laps de temps, du mois de mai au mois d'octo-
bre, les baleiniers ont vu ces animaux s'accoupler et qu'à côté des femelles pleines
on en voit arriver qui sont accompagnées de leurs jeunes, la durée de la gestation
serait d'un an à peu près, et les jeunes accompagneraient leur mère pendant un an
au moins. — Cela s'accorde assez bien avec ce que l'on a observé sur d'autres
mystiertes.
On ne connaît pas la manière dont les jeune- tettent; et Dieffenbach assure
que les baleiniers ne croient même pas que ces animaux allaitent leurs petits.
C'e-i probablement a cette espèce que l'on doil rapporter les baleines que le ca-
pitaine |ti\ BÎguale a l'ouesl da cap Horn et au nord de Coquimbo. — A en juger
par analogie, il faut croire qu'elles passent leur quartier d'hiver dans ces parages
de la côte ouest d'Amérique.
SQUELETTE.
Lesquelette unique de cette baleine est monté à la cour du Muséum de Paris. Il a
conservé Bes fanons en place.
La tête ne se distingue de celle de la BaUena atutralis que par quelques légères
différences : ainsi, les os incisifs ou intermaxillaires ne remontent pas aussi baul
derrière les os nasaux; la crête qui pari du bord antérieur de l'occipital présente
une courbure plus forte en avant et en arrière, de manière que la fosse tempor de
esl plus sinueuse; la bande formée par le frontal derrière les os nasaux est plus
large, ainsi que la partie du maxillaire qui le précède dan- cette région. Le fron-
tal en formant la voûte de l'orbite esl plus fortement courbé el pins massif; le pa-
riél il situé immédiatement au-dessous de l'occipital esl notablement plus large, el
la bu tare qu'il forme avec le bord postérieur du frontal esl pins Binueuse. Tout
l'os temporal parait notablement plus massif.
Le jugal, qui complète le cercle de l'orbite, comme dan- tous les mysticètes I
50 SQUELETTE DES CETACES.
formé, à droite et à gauche, de deux os parfaitement distincts, qui pour le reste
ne nous offrent rien de particulier. Il est probable que c'est une disposition indi-
viduelle. Au palais en arrière on voit distinctement le vomer au devant des pala-
tins, qui sont tous les deux tronqués obliquement surjle bord antérieur : les palatins
sont assez étroits en avant, un peu plus longs que larges, et cachent presque entiè-
rement les ptérigoïdiens. — Ceux-ci ne sont guère visibles au palais qu'en arrière,
et surtout en dehors. Le rostre nous avait paru d'abord moins courbé dans cette
baleine, mais la différence provient plutôt de ce qu'il est difficile de se placer au
même point de vue. La mandibule présente exactement la même courbure dans les
deux baleines, mais, dans l'espèce que nous décrivons ici, la surface articulaire
est plus étendue, et toute l'extrémité postérieure est plus solide.
Les trous mentonniers sont moins nombreux, et, en même temps, plus grands
dans Yaustralis que dans celle-ci.
La caisse tympanique est très-facile à reconnaître pour une caisse de vraie ba-
leine. — Nous avons eu l'occasion d'en comparer plusieurs, et elles sont toutes
assez semblables.
La caisse a son bord inférieur légèrement courbé et tout ce côté de l'os est assez
fortement comprimé. — La face interne est très-bombée, et son bord libre, qui
forme l'entrée de la cavité tympanique ou de l'oreille moyenne est fort irrégulier.
Des replis s'étendent sur toute la longueur. La face externe est aplatie dans pres-
que toute sa hauteur; — La partie postérieure qui loge la membrane du tympan
est assez étroite, tandis que l'autre orifice, correspondant à la trompe d'Lustache,
est fort grande et assez large.
Nous avons fait figurer la caisse tympanique d'un jeune animal, qui montre
déjà tous les caractères de la baleine adulte. Cette caisse est encore adhérente au
rocher et les apophyses sont complètes.
Dans la colonne vertébrale nous comptons îles différences qui ne sont pas sans
importance et comme celte colonne est complète, jusqu'aux dernières caudales,
ces différences présentent un intérêt véritable.
Il existe en tout cinmiante-trois vertèbres, sept cervicales, quinze dorsales,
trente et une lombo-caudales.
Les sept vertèbres de la région cervicale sont complètement soudées, du moins
par le corps, et les apophyses épineuses des cinq premières forment une seule crête
snl Bl IM! D*S CÉTACÉS. M
unir, les den dernières forment ne eréteà pari. Ton tes ces vertébrée oui âne apo-
physe transverse supérieure distincte; après celle de l'atlas e( de l'axis, c'esl celle
<lc la septième vertèbre qui esl la plus forte.— On distingue foH bien l'arc oeural
du chaque vertèbre en particulier. — Ces arcs se recouvrent forl régulièrement.
Toutes 1rs vertèbres de cette région, à l'exception toutefois de la septième, ont
unr npophvso transverso uilVri. ur.--. unis tout en lyanl une certaine longueur, elles
ne forment cependant pas d'anneau. Leur longueur aux Irois premières vertèbres
et à la cinquième est à peu près la môme; elles sont forl courtes aux vertèbres
quatre et ^i\. La région cervicale de cette baleine diffère donc surtout par la pré-
sence d'apophyses transverses inférieures, qui uefont défaut qu'à la dernière ver-
tèbreet par let apophyse épineuses des cervicalesqui forment deux crêtes distinctes.
La région dorsale compte quinze vertèbres qui, dans cette espèce comme dans 1rs
autres, se modifient d'avant en arrière par 1rs corps comme par les apophyses.
L'apophyse épineuse s'allonge depuis la première jusqu'à la dernière dorsale, en
m me temps que le diamètre antéro-postérieur de chaque vertèbre augmente.
Les premières apophyses sont presque verticales ; les autres s'inclinent de plus
est plus en arrière. — Les apophyses transverses supérieures naissent du milieu de
l'arc oeural, prennent leur origine de plus en plus bas et aux dernières dorsales
s' insèrent sur le corps lui-môme. Le diamètre antéro-postérieur du corps aug-
mente de même jusqu'au milieu de la région lombaire.
Les vertèbres de la région lombaire sont au nombre de onze; — celles do milieu
ont le corps assez allongé, et leur apophyse épineuse est fortement Inclinée en ar-
rière; lesapoph] ses accessoires sont très-fortes, ainsi que leurs apophyses transverses
qui se sont développées en longueur. Dans la région caudale, qui compte 21 vertè-
bres, dous voyons la Bixième percée i sa base par l'artère spinale.
Les os en \ ne sont pas complets.
La première côte est remarquable par sa forme fort étroite en haut; elle s'élargit
inseusiblemenl et devient assez large par sa partie inférieure pour embrasser le
m H dans toute sa longueur. L'extrémité inférieure de cette première côte i si
fortement échancrée au milieu. Elle no présente a 3on extrémité supérieure au-
cune apparencede bifurcation. Elle n'est bifide qu'en bas.
Dans la Baleinopb re d'Ostende il j avait une disposition pareille dans la partie
inférieure de lapremii re côte, et Du Bar, en la décrivant, faisait remarquer, que cette
52 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
extrémité sternale, pourvue d'une grande échancrure, reçoit le sternum tout en-
tier. — Il est à remarquer que la côte de cette Baleinoptère est bifide également
en haut.
La seconde paire de côtes est également fort large à son extrémité inférieure,
mais elle ne montre plus de traces d'échancrure.
La troisième est longue et dirigée en arrière ; elle n'a pas la moitié de la largeur
de la précédente.
Les trois premières paires de côtes sont articulées en haut par leur tubérosité à
l'apophyse transverse de l'arc neural et ne présentent qu'un commencement de
portion cervicale.
Le sternum a une forme très-régulière : il est élargi en avant, sans échancrure
sur la ligne médiane, et se rétrécit d'une manière très-peu sensible en arrière,
de sorte qu'il est à peine plus large en avant qu'en arrière. Il présente sur le côté,
un peu en avant, une légère dépression qui indique que c'est avec cette partie
de l'os que la première côte s'articule. Toute cette partie inférieure est entourée
de ligaments à l'état frais, qui s'étendent sur toute la longueur de l'os.
L'omoplate est d'une très-grande simplicité; plus longue de bas en haut que d'avant
en arrière, les deux bords antérieurs et postérieurs diffèrent à peine l'un de l'autre;
l'apophyse coracoïde n'est pas plus visible que l'acromion et c'est tout au plus si,
à l'omoplate droite surtout, on distingue une légère saillie pour la représenter.
— La crête qui divise plus ou moins la surface externe de ces os et qui sépare les
muscles sus-épineux des sous-épineux, est tout aussi peu marquée.
L'humérus est comparativement fort court et très-gros; les deux os de l'avant-
bras sont de même fort massifs elle radius, à son bord inférieur, est presque aussi
large que long. — Le cubitus n'a qu'une apophyse olécranienne toute rudimen-
tairc, et se distingue également par sa grande largeur à sa partie inférieure.
Le membre de gauche a ses trois os procarpiens : le radial, le cubital et l'in-
termédiaire ; dans le membre droit le radial manque ou est caché.
Sur la même ligne que les procarpiens, on voit, au milieu du fibroearlilage, qui
forme là une apopbyse molle, un rudiment d'osselet qui correspond à un pisi-
forme.
Le mésocarpe a deux os bien distincts mais un peu plus petits que les précé-
dents.
SQ1 BLETTI DES CBTAI ES. ;,3
Il \ ,i cinq métacarpiens bien développés ; celui du pouce es! le plus petit ; vient
ensuite., pour la dimension, celui du petit «loi;;! ; le métacarpien du doigl annulaire
est le plus long et celui de L'index le plus Tort.
Les phalanges correspondent, sous le rapport du nombre, h la longueur des
doigts; le pouce n'a qu'une phalange, l'index quatre, le médian cinq, l'annulaire
quatre, et le petit doigt trois.
Si qous comparons ces deux squelettes de baleine australe et de baleine des
antipodes l'un avec l'autre, nous trouvons quelques différences dans un grand
nombre d'os : la mandibule est moins grosse à la hauteur de L'apophyse coro-
noïde dans la baleine australe que dans l'autre, mais par contre, elle est plus
développée par sa surface articulaire; le maxillaire supérieur est plus fort dans la
baleine australe et le temporal est notablement plus massif. — 11 est à remarquer
aussi que le rostre esl en apparence un peu moins courbé dans la èakena anlipo-
thirum.
L'humérus est de son côté plus court dans l'antipodarum ainsi que les us de
l'avant-bras, et les os métacarpiens diffèrent [dus entre eux dans cette dernière es-
I ce (pue dans celle du Cap.
L'omoplate diffère notablement par son apophyse acromion; c'est à peine si
cette apophyse esl reconnaissable dans la balsena antipodarum.
Le nombre de vertèbres est de cinquante-trois dans l'antipodarum, de cinquante-
si pt dans l'autre.
I.' premières côtes présentent des différences assez notables entre elles, si on
les compare les une- avec les autres, mais comme on ne connaît qu'un Beul sque-
lette, il serait difficile de faire la part des modifications indh iduelles.
5t SQUELETTE DES CÉTACÉS.
BAL/ENA MYSÏICETUS
(Pl. IV, V et VI.)
La Bahena mysticetus, que les Hollandais ont appris à connaître, en cherchant
au nord un passage aux Indes par l'est, est le même animal que l'on désigne
souvent sous le nom de baleine du Groenland ou de baleine franche proprement
dite (I).
Cet animal est devenu si rare aujourd'hui dans les environs du Spitzberg, que
M. Malmgren, dans un voyage fait récemment dans ces régions, assure n'en avoir
pas vu un seul individu. Cependant en 4 697 les Hollandais seuls en capturèrent
•121)2; les Ilambourgeois et les Brémois ensemble 654. En 1756, -191 navires
hollandais prirent encore 857 baleines; en 4774 ils n'en capturèrent plus que 500
avec 254 navires.
En 1788, 254 navires sortirent encore des porls d'Angleterre pour se livrer à
cette pèche (2).
Une compagnie pour la pèche de la baleine a (rainé son existence à Harlingen
(Pays-Bas), jusqu'au commencement de notre siècle.
(1) Les premières notions sur le mysticetus se trouvent dans le précieux manuscrit islandais du
xii* siècle (Kongskug-Sio), le miroir royal, le plus beau monument de la civilisation des anciens islan-
dais, dit Eschricht. Il \ esl appelé Vordwall, en opposition an S letbag qui y arrivait an printemps
en quittant le golfe de Biscaye.
(2, C'est (ont an [ilns si quelques Groënlandais prennent encore de temps en temps un île ces animaux
le li m île leurs côtes. En 1 837-88, on en a pris quatre à Holsteiii^lnir|,r, en t s:;s--r>'.> , un n'en a pas pris, el
en 1859-60 une seule. Tous ces renseignements sont lires de la belle monographie d'Eschricht et du
profe eurJ. Iteinlian.lt sur cette espèce.
SOI I l I I II DES CÉTACÉS.
/' Camper. Observations anttomiqaes... Pari-, 1820.
ir. - . i • \ count of the BaJaena mysticetus. Werner society, voL 1,1811.
ir. - Jim., An acceunt ofarctic régions; s vol. in-8. Edinburgh, isîo.
/i. / / ht et J. Reinhardl, Om Nordhvalen, iu-4, Kiobenhavn, 1861.
m /. /' . I i of Szandinnvii as bvaldjur, i
t. Reinhardt tmd LiUjel H cent mémoire on tbe cetacea, Raj Bociety, in-fol. tond o, I8C6.
I'. Camper est le premier qui ail donné le dessin d'une léte de baleine I
1 1. de l'aveu de Cuvier même, ce dessin esl forl bon l .
Cuvier a connu la même baleine par la tête qui esl conservée au Brilisb muséum
el que Laurillard a étudiée el dessinée sur place. On ne savait de quelle mer elle
provenait, mais Cuvier n'hésitai! pas à la dire différente de celle du Cap, que le
muséum de Pai is possédait. La tête était plus bombée, disait-il, et, par cons iquent,
inons devaient encore être plus longs que dans la baleine du Cap.
Cuvier a figuré cette tète dans ses recherches Bur les ossements fossib
d'une léte de Megapteraei de Balœnoptera . .
i li el Ratzebourg 5), puis Chr. Pander el E. d'Alton ont décrit et figuré la
tète '!<' baleine de Groenland qui se trouve au musée de Berlin 1 .
Eschrichl el le professeur Reinhardl ont publié ensuite leur beau livre <~>m
nordhvalen (5), qui esl une vraie monographie «le cette espèce remarquable. !
sonne n'a eu autant de matériaux sous les yeux que ces savants naturali tes de
Copenhague, el il eût été forl difficile d'en tirer an meilleur parti au profil de la
science.
Les -;i\;ini> professeurs de < Copenhague se sonl associés pour faire cette publica-
tion, après avoir travaillé séparément pendant plusieurs années; ils ont mi
profil tout ce que les baleiniers, les voyageurs et les naturalistes ont fait connaître;
ils ont consulté avec fruit les précieux registres des stations danoises, poui la pêche
delà baleine Burlacote <lu Groenland; ils ont d< i une descripti ixacte et
détaillée de l'animal aux diverses époques de la vie, el cet important i
été traduit eu anglais, par les soins de la Ray-Society, en 4 866 <■ M. W.
i ni, -, iv niions anatomiqui l in-4, Pai i
iles, lom. \ . i • pai lie pi. \\\
. ttiiere io der treneimilb llehre; i roL in-4 Bi rlin
, lab. IV, fi a. b
rdhvalen, Kiobenhavn •
l. ni nu nioir? "t lh< i w . II. I lo« • i
56 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
H. Flower, conservateur du musée du collège royal des chirurgiens de Londres.
Il mériterait d'être traduit dans toutes les langues de l'Europe.
M. Flower a joint à cette traduction un appendice fort important, ayant pour
objet le beau squelette de mysticetus femelle, que le conseil du Collège royal des
chirurgiens d'Angleterre a acheté pour son musée en 1865.
A la suite d'une visite faite en Hollande et en Belgique, M. Flower a publie
encore la description de plusieurs cétacés qu'il avait étudiés à Leyde, à Louvain et
à Bruxelles, parmi lesquels se trouve le squelette du mysticetus du musée
royal de Bruxelles (1).
En 1862 le professeur Lilljeborg a publié la liste des cétacés qui fréquentent les
côtes de la Scandinavie, et dans cette liste figure la baleine franche dont il donne
une description (2).
Il est fait mention de cet animal dans un grand nombre d'ouvrages, mais la pre-
mière description succincte et scientifique est due à Scoresby. En I8I0, il publia
une première notice (Account of tbe balaena mysticetus or great northern or
Greenland Whale) (5) sur les caractères les plus importants de cette espèce et l'ac-
compagna d'une figure, qui a été souvent reproduite; il l'avait dessinée lui-même
pendant son séjour au Groenland.
En 1820, Scoresby publia son Account ofthe arctic régions, en 2 vol. in-8", avec
de nombreuses figures, et c'est seulement depuis cette publication du célèbre
baleinier, que le naturaliste a pu se faire une idée précise de cette baleine de
Groenland, qui passe, ajuste titre, pour un des animaux les plus remarquables
de l'époque actuelle. Scoresby consigne dans ces deux volumes, le résultat de dix-
sept voyages (4) qu'il a faits à la pêche de cette baleine. Dans le premier volume
il résume les découvertes faites dans les régions arctiques, et dans le second il
expose tout ce qui concerne la pêche dans les mers du Groenland et le détroit de
Davis.
Caractères. — La tète occupe le tiers de la longueur du corps; le rostre
est fortement courbé non en quart de cercle, mais en une véritable parabole,
(i i' i zool oc 1864, p 116, et J. E. Gray, Catalogue of seals and Whales, London, 1866, p. 85.
[2 Olversigl al SI andinaviens bvaldyur, 8" l p ala, I 162, p. 107.
(.')) Wernerian • i- vol. 1, 1811.
(4) Voi âges pendant \< quels il a assisté a la pêche de :t.'2 baleines.
SQUELETTE DES CÉTACÉS il
les fanons sont très-longs, lisses à leur surface el d'un noir d'ébène; ia peau
ne se couvre jamais de cirripèdes, elle ne loge que des cyames.
La longueur totale de l'animal peut varier de 14 à 17 mètres, mais il dépasse
rarement 1 1 première mesure, lui venant au monde il a un»1 vingtaine de pieds ou
le tiers de la longueur totale el le <1<>ul>lc au bout de deux ans. quand il quitte la
mère.
La gestation est probablement de quatorze à quinze mois.
La taille ne varie guère d'après le sexe, connue quelques auteurs l'ont cru. l'n
moyenne, taisant la paît îles erreurs que l'on peut commettre, nous croyons avec
M. Flouer que la longueur totale, dans l'un comme dans l'autre sexe, nedépasse
pas quinze mètres.
1. 1 femelle qui est à Londres mesure I4",65. Le mâle <pii est à Bruxelles mesure
1 5, 23. L'' mil-' qui esl a Copenhague mesure -i-l'V' (danois).
La taille de la femelle qui est a Louvain est de I3",28; oous trouvons :
Pour la tète 5,45
— la région cervicale et dorsale
— lombaire 3,28
— caudale 3(
15,38
Nousavons eu soin de mesurer l'espace qui séparait les vertèbres pendanl qu'elles
étaient encore unies par leurs ligaments; nous avons même calqué les dernières
caudales avant de les faire Bêcher, et de cette manière nous croyons avoir obtenu
la longueur véritable; les six dernières vertèbres réunies mesuraient à l'étal
frais ii, ;."., et desséchées h, 38.
Mutions. Eschricht el le professeur Reinhardt ont étudie, avec le plus grand
-oui, les diverses stations de la baleine franche, et non- devons non- borner a
reproduire les résultats les plu- remarquables de leurs longues et laborieuses re-
cherches, lin hiver, flic se rend jusqu'au 6 5'' degré <\<- latitude, dans le détroit de
Davys et dans la baie de Baffin, tandis qu'en été elle retourne au milieu desglao
on i pu la poursuivre jusqu'au 78e degré. Elle a donc une étendue a parcoui ir, nu-
la côte esl du Groenland, d'au moins M degrés, et cette étendue elle la parcourt à
chaque m>\ ace.
\u Spitzberg el Bur 1 1 cote du Groenland, où pli cette pèche étail Bi Qorissante,
58 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
elle est complètement abandonnée, et c'est tout au plus si les Groènlandais voient
approcher encore une ou deux baleines par an. Comme nous l'avons dit plus
haut, M. Malmgren , dans un voyage qu'il vient de faire au Spitzberg, n'en a pas
rencontré une seule.
Le professeur Reinhardt nous a appris, d'après des documents authentiques, que
les haleines apparaissent régulièrement en décembre, janvier et février près de
Sukkertoppen (05° 5' côte ouest du Groenland), et que leur nombre est toujours
plus considérable pendant les hivers rigoureux que pendant les hivers ordinaires.
On ne les voit guère au sud du 64e degré, et celles que l'on a observées quelque-
fois à cette latitude étaient toutes de jeunes animaux (I).
Un peu plus au nord elles paraissaient plus tôt et quittaient plus tôt aussi.
Entre le 05e et le 66e degré se trouve Sukkertoppen , et c'est là que l'on voit
l'établissement de la pèche le plus méridional de la côte.
Entre le 72e et le 75e degré, les baleines font déjà leur apparition au mois d'oc-
tobre, et on en voit encore au mois de juin. C'est à Uppernavik que se trouve le
dernier établissement danois.
Sir John Ross a vu plusieurs baleines en \ 81 8 entre le 75e et le 76e degré, à la fin
du mois de juin et au milieu du mois d'août. Exceptionnellement on en a vu
paraître un peu plus tôt et quitter un peu plus tard, dit le professeur Reinhardt.
Sur la côte d'Amérique, en suivant le courant des glaçons, on a vu des baleines
descendre beaucoup plus bas, longer la côte de Labrador et même se montrer
dans les parages de Terre-Neuve.
C'est la même baleine de la côte ouest du Groenland, qui visite les parages du
Spilzherg. Il y a un bon nombre d'observations qui le prouvent.
En 1805, une haleine, harponnée dans le détroit de Davys par le capitaine
Franks, parvint a s sauver; mais, dans la même année, elle fut prise par le fils,
près de Spilzberg, qui trouva le harpon de son père encore logé dans les chairs.
Paul Egede rapporte le fait d'une baleine trouvée morte dans le détroit de Davys
(17H7), et qui portait dans ses lianes un harpon qu'il reconnut pour être un harpon
de son frère. - — Au retour de leur expédition, il apprit que ce harpon avait été
(1) Le 2 décembre 1805, on a capturé un jeune animal près de Frederikshaab, au 62' degré; en 1831, un
autre a paru près de Tiksaluknœs ;61°52j, et l'année suivante on en a vu encore à la même place, le
23 juillet (Eschricht et Ueinhardt).
i II. ri II DES CEI LCBS 59
lance .ni Spitzlierp , deux jour- a\ant qu'elle no tut rem-onlr Ian< le détroit «le
Daw-.
Cette nême baleine de Groenland et de Spitokerg visite-i-elle d'autres parages?
N'e-i-ee pa- aussi elle qui pénètre dans le Pacifique par le détroit de Behring, et que
!■ - baleiniers anglais et américains désignent son-; le nom de BouvAi \d?
Nous trouvons une observation importante faite par le capitaine danois Sôdring,
qui a capturé pendant les mois de juin el de juillet, dans la hum- de Behring , vis-à-
vis de Petropavlovsk, deux baleines qui ne sont pas, dit-il, des haleines aus-
trales, et que les baleiniers anglais e( américains appellent Bowhead. Il a vu ces
Bowhead sur un point la limite méridionale où cette espèce se rencontre , à côté
des autres baleines, et il a pu s'assurer, par la comparaison, de la grande difierance
qui Les sépare.
Ce Bowhead est, pensons-nous, une baleine très-voisine, si pas identique, avee
le Myslicetusj el voici les faits que nous trouvons à l'appui de cette opinion. A dé-
faut de débris <>n de squelettes de ces animaux , non- devons recourir au témoi-
gnage des naturalistes el 'les voyageurs.
Le professeur Reinhardt a reconnu dans le dessin d'un fragment de crâne de
baleine, rapporte de la mer d'Okhotsk par Middendorf, plutôt un Mysticetus que
toute autre espèce.
\, cette observation viennent s'en joindre d'autres qui, quoique d'une nature
différente, ne doivent, à notre avis, pas être négligées : sur la «oie de Corée, on
trouve, tous les ans, une grande quantité de baleines, écrivaient à la fin du siècle
dernier des marins qui avaient fait naufrage; et, dans le corps de ces baleines,
il- avaient reconnu les croc- et les harpons des Hollandais el des Français, qui vont
ordinairement à cette pêche ans extrémités del'Europe, vers le nord-est. - Et
comme le font remarquer Eschricht el le professeur Reinhardt, ces observa-
tions Boni faites a une époque ou aucun baleinier européen ne se rendait encore
dan- li mer Pacifique I .
(\) « La Corée s'est bornée in coté du nord-est ']"'• v*r ,,ni' *•**• m,T- "" "" ,r,,"v'' '""s l,"i *m
un> grande quantité de baleinée dont partie porti eni ore les harpon* des Françaie et dei Hollandais,
qui vont ordinairement .1 cette pécha, aux extrémités de 1 Europe, »ew le nord-est. ' • -1 ainsi 'i'"
prime Hendrick Hamel van Gorknm, qui avait (ail naufrage dans oea psi I neil de »<
s ' i. IV, Amsterdam, 1718, pag. Si. Noord en 0 l Tartarye. Ed. S, é • i3
60 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
B. Klerk de Rotterdam, qui a été prisonnier en Corée pendant treize ans, a vu
tirer un harpon hollandais du corps d'une haleine, et comme il avait été lui-même,
étant jeune, à la pèche de la haleine au Groenland, il ne pouvait se méprendre
sur l'origine de ces engins. — D'autres compatriotes de Klerk ont trouvé uu harpon
hollandais dans le corps d'une haleine morte, qui est venue à la côte, sous leurs
yeux.
Ces harpons sont faciles à distinguer, disent-ils, des harpons des Coréens et des
Javanais, puisqu'ils sont trois fois plus grands que les leurs. — Les indigènes leur
donnaient, du reste, l'assurance que très-souvent ils trouvaient des harpons sem-
blables dans les haleines qui venaient échouer chez eux.
Zorgdrager fait également mention d'un harpon marqué W. B., tiré du corps
d'une haleine près de la côte du Japon, et qui provenait d'une expédition faite par
Wilhelm Bastianse au Spitzherg.
Nous trouvons encore d'autres faits du même genre mentionnés par Eschricht et
Reinhardt, mais nous croyons inutile d'en citer davantage. Nousferons seulement
remarquer la manière dont Lacépède s'exprime d'après Duhamel [i) au sujet des
baleines que l'on a vues pendant longtemps périodiquement près des côtes de la
Corée, entre le Japon et la Chine, le dos chargé de harpons lancés près des rivages
du Spitzberg ou du Groenland.
Il est au moins une saison de l'année, dit-il, où la mer est assez dégagée de
glaces pour livrer un passage qui conduisede l'océan Atlantique septentrional dans
le grand océan Boréal, au travers de l'océan glacial Arclique (2).
Comme on a pu constater par la présence des harpons, dans les haleines échap-
pées, que les mêmes animaux fréquentent le détroit de Davys et les parages du
Spitzberg, nous n'avons pas cru que le même fait, se présentant chez des haleines
fréquentant le Spitzherg et le détroit de Behring, eût moins d'importance.
Comme contre- épreuve, nou? citerons quelques autres faits : on a pris, au Spitz-
berg, des haleines avec des harpons en silex, que l'on a tout lieu de croire provenir
M) Duhamel, Traité des Pêches; Pèche delà baleine.
[2 Lacépède, Histoire naturelle des Cétacés, in-4", Paris, l'un XII.
SC rE DES CÉTACÉS. 61
de 1' Amérique rosse, où ces instruments primitifs s< rnblaient encore en usage, il
n'\ .1 pas longtemps, s'ils ne le sont plus aujourd'hui.
Scoresby cite plusieurs exemples de fers de lances en pierre retirés du lard de
baleines capturées au Spitzberg, el que l'on suppose avec raison provenir de
l'Amérique russe : ... and whales with stone lances slicking in their fat « kind of
weapon used 6y no nation nota known) having been caught ùoili in thé seaof Spitz6er~
gni, and in Davis' «trait, dit l'intrépide baleinier anglais, dans son ouvrage clas-
sique sur la baleine du Groenland.
Il n'est pas inutile de citer un autre fait raconté par Scoresby, <|ui a \ u également
un fii- de lance en pierre, de 5 pouces de longueur, de 2 pouces de largeur el de
2/lo dï'paiï-srur, retiré du lard d'une baleine capturée sur la côte duSpitzberg, le
19 juillet isiT) I) et d'un harpon en os trouvé, en ls|_(, par un baleinier deHull,
■ 1 ms le dos d'une baleine, égalemenl au Spitzberg (I).
Nous n'entendons aucnnemenl donner à ces faits plus d'importance qu'ils n'en
méritent, mais nous ne croyons pas devoir les négliger.
Il reste maintenant à savoir si le passage des baleines «lu Spitzberg au détroit de
Behring esl un passage régulier; si ce sont des stations véritables pareilles à celle
que l'on observe sur la côte de Groenland, ou bien si ces haleines, blessées par <les
harpons, n'ont pas cherché à fuir par des rouie- qu'elles oe fréquentent pas ordi-
nairement. Non- aimons à croire , parce que l'analogie nous j conduit, que la
baleine du pôle arctique \i>iie, d'un côté, le détroit de Davys, et, de l'autre côté,
le détroit de Behring.
Eschrichl 1 1 le professeur Reinhardt ne croient pas que l'on esl en droit de con-
clure de ces faits que la baleine du Groenland visite régulièrement ces régions .
d'autant plus, ajoutent ces savants autorisés, que les baleiniers ne rapportent «les
CÔleS du .lapon et de Corée <|lie des fanons d'une haleine in-!iale. Il est a lemar-
quer que, au Groenland et au Spitzberg, aucun fail ne prouve qu'une haleine
blessée suive un autre chemin que sa roule ordinaire, el non- sommes loul dis-
posés a croire qu'il en esl de même pour les baleim - qui passent par le détroit
de Behring. Quant aux Canons qui sont tous de haleine australe, c'est-à-dire diffé-
i Scoreaby, toc. cit., pa I
62 SQUELETTE DES CETACES.
rents de ceux de Mysticetus, ii est probable que l'on ne fait régulièrement la chasse
qu'à l'espèce du Japon.
Ces baleines mysticetus que l'on observe sur les deux cotes du Kamtschatka et
même plus au sud, retournent-elles régulièrement, en été, par le détroit de Beh-
ring dans la mer Arctique? — C'est ce que l'on ne saurait dire aujourd'hui; mais,
s'il faut en juger par ce qui a lieu dans le nord de l'Atlantique, on ne saurait en
douter. — La baleine franche atteint au sud, dans l'Atlantique, la limite nord de
la Bala?na biscayensis; de la même manière, dans le Pacifique, elle atteint la
limite géographique de la baleine du Japon. — Celle-ci ne dépasse pas, au nord, le
cercle formé par les îles Aléoutiennes.
On est donc naturellement conduit à admettre, que la baleine dont il est
question habite toute l'étendue de la mer Polaire, au nord de l'Amérique comme
au nord de l'Europe et de l'Asie , et que , passé le détroit de Behring , elle suit
surtout le courant d'eau froide le long de la côte de l'Asie , comme , en sortant
du détroit de Davis, elle suit quelquefois le courant d'eau froide le long de la
côte du Labrador.
Ces baleines, se rendant d'un côté au détroit de Davis, de l'autre côté au détroit
de Behring, appartiennent-elles à une seule et même espèce, ou y aurait-il, dans
les régions arctiques, deux sortes de baleines franches? Si nous avions\à exprimer
notre sentiment, nous dirions que nous partageons plutôt ce dernier avis, et que
nous trouvons de l'appui dans les observations d'un homme, qui s'est acquis, à juste
titre, une réputation parmi les baleiniers. Nous voulons parler de Zorgdrager.—
Zorgdrager, en effet, distingue au nord, parmi les baleines franches du Spitzbcrg,
une baleine de l'ouest, qu'il appelle Westysvisch, et une autre du sud, Zuydysvisch.
D'un autre côté, M. Meyer de Hambourg, qui a fait une étude longue et appro-
fondie des fanons, croit également qu'au nord des îles Aléoutiennes et dans la mer
d'Okhotsk, il y a un Mysticetus, mais d'une taille plus petite que le Mysticetus
ordinaire.
Il est vrai, quelques baleiniers comme Bennett, par exemple, regardent la ha-
leine rie la côte nord-ouest d'Amérique comme identique avec l'espèce ordinaire
du Groenland (\).
(1 Whaling, Voyage, 11, p. 229.
DELETTE DES CÉTACÉS 63
Il Be peut fort bien que le Bowktad des baleiniers d'aujourd'hui ne soi! autre
chose q u< - le Zuydysvuck de Zorgdrager.
Cest pendant leur station d'été, au milieu desglaces, qne le Ifysticetus parait
mettre bas ; et, su mois de janvier et de février suivants, on voit les femelles re-
venir dans les mêmes parages qu'elles ont quittés l'année précédente, accom-
pagnées de leuT nourrisson.
Il est a espérer qu'avant la destruction complète de ces animaux, les grands
musées parviendront è se procurer les Bquelettes qui permettront de décider le
degré d'affinité qui existe entre ces divers cétacés marins.
OMsemriitM connus. — pendant longtemps <>n n'a connu de cette baleine que la
tète qui est au British muséum et que Cuviera figurée dans se- recherches sur
monts fossiles.
t le musée de Copenhague qui a été le premier en possession d'un squelette
il»- baleine de Groenland, grâce à l'activité d'Eschricht et du professeur R< inhardt.
|ji parlant de squelettes de Cétacés el de phoques «I u Nord, Eschricht m'écrivit
a la date du 8 décembre 1842: « Des squelettes de Mysticetus je ne parlerai pas,
puisqu'il n'a réussi encore à personne d'en obtenir un seul, malgré tout ce qu'on
.1 - icrifié pour parvenir au but. »
L'année suivante le major Fastings envoya au musée royal d'histoire naturelle
de Copenhague le premier squelette d'une jeune femelle qui venait de naître. Llle
avait été bar] née le c> mai f s 1 r> pri s de Godhavn.
Quatre années plus tard, 1846, Bolboll, gouverneur du Groenland, i avoya le
premier squelette adulte de cet animal extraordinaire; il provenait d'un mâle,
i i celui qui est à Bruxelles aujourd'hui et qu'Eschricht a figuré.
Le second squelette, également d'un mâle, a été envoyé dans l'hiver de 1859-
1860 par le docteur liink et M. Elbergau musée de Copenhague, ou il est monte.
I n troisième squelette provenant d'une jeune femelle de -22 pied- i ( té envoyé
pai M. Obriken 1857.
Puis llolludl a encore envoyé un fœtus femelle de s pieds I/-J de longueur, dans
la liqueur. — En 1857-4858, nn jeune animal a été porté au musée, m' crivait
I bi luiclit le t'.i novembre 1860, et m'a Ben i beaucoup, ajcutait-il.
Indépendamment de ces squelettes, le musée de Copenhague i encore reçu de
Bolboll, en is:. ;, une tête complète.
64 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
C'est le dernier envoi qui a été fait par cet énergique et infatigable naturaliste,
et il était à supposer que la grande source pour les animaux du Groenland était
pour toujours tarie, lorsqu'cn novembre 1860, Eschricht reçut, presque sans s'y
attendre, d'un de ses correspondants du Groenland, un nouveau squelette complet
de baleine mâle. Il en avait demandé coûte que coûte, m'écrivait-il, et cemot coiitegue
coûte avait produit le résultat qu'autrefois l'amitié seule effectuait. Eschricbt pou-
vant disposer d'un squelette en faveur d'un musée étranger, préféra se défaire du
premier qui était monté depuis plusieurs années au musée de Copenhague, et
conserva le dernier venu quoiqu'il fût un peu moins grand. C'est le squelette
qui figure aujourd'hui au musée royal de Bruxelles.
D'après les mesures d'Eschricbt, la tête du squelette quiest à Bruxelles a \ 8 4/2',
sur 47 1/2', et celle du squelette qui est resté à Copenhague, -17' 8" sur 44' 5" (I).
C'est le squelette de l'unique baleine qui a été capturée au Groenland pendant
l'hiver de \ 859-4860.
En -1865, après la mort d'Eschricbt, le musée royal de Copenhague reçut le
squelette d'une femelle adulte, et grâce au professeur Reinhardt le Collège royal
des chirurgiens de Londres en fit l'acquisition pour son musée. Ce beau sque-
lette est monté aujourd'bui par les soins de son savant directeur M. Flower, et fait
un des plus beaux ornements de cette célèbre collection.
Au mois de novembre 1867, un dernier squelette arriva de Groenland à l'adresse
du professeur Reinhardt, et par sa bienveillante intervention le musée de l'Uni-
versité catholique de Louvain en fit l'acquisition. Ce squelette provient, comme
celui de Londres, d'une femelle capturée près de Ilolsteinborg sur la côte ouest
du Groenland. — Les fanons mesuraient 1 1 pieds danois.
On cite encore un squelette au musée national de Stockholm et un autre d'un ani-
mal qui a atteint la moitié de sa croissance, au musée d'anatomic d'Edimbourg.
Ce sont les seuls squelettes connus, mais les os séparés ne sont pas très-
rares.
On possède des têtes de haleine de Groenland dans divers musées; indépen-
damment de celle du British Muséum, dont nous avons parlé plus haut, il en
existe une au Johanneum à Hambourg, une autre forl grande à Kiel, une à
(1) La lête du squelette 'I'1 Louvain mesure 19 pieds danois.
s.jl KI.KTTi: l'I •> i I I.VCKS.
Francfort-siir-Mein, une à Berlin, uno jeune à Leyde, une Ebrl jeune à Groningue
(Pays-Bas), une autre à Haarlem, et enfin un crâne complet d'un foetus à Louvain,
Ce crâne a été retiré, à Louvain même, d'une tête envoyée du Groenland avec
toute- ses parties molles conservées au sel.
I). tontes les pièces de squelette les os maxillaires inférieurs sont les os les plus
répandus. — On en possède deux couples au muséum d'histoire naturelle de Paris et
une couple à la Sorbonne, qui a été achetée par Blain ville. On en voit d'autres à
l.i maison de ville de Haarlem, deux énormes au musée de Berlin. Autrefois il y
en avait en Hollande dans toutes les prairies; en Frise, et dans la province de
Groningue surtout, on les fichait en terre, et le hétail allait se frotter contre elles.
Souvent on les peignait avec des bandes, quelquefois en spirale, et quand les
mâchoires manquaient,* on en plaçait en bois que l'on peignait de la même ma-
nière. — On en voit encore en grand nombre à l'embouchure de la Weser où
l'on en faisait des palissades. C'est de là que l'on tirait surtout les équipages pour
li ]"'( he de la haleine.
Nmi- avons vu un dessin de Castelnau, lait au Brésil, représentant de même des
palissades laites de mandibules de haleines ou de baleinoptères.
Il existe trois omoplates de haleines adultes dans les galeries dn muséum de
Paris, et a en juger par le développement de leurs apophyses surtout, ces os pro-
\ i i ■ 1 1 1 h • 1 1 ( tous les trois du Mysticetus.
l'ne de ces omoplates est remarquable par la courbure de son apophyse acro-
mion. Il est à remarquer que dans les baleines australes, dont la balœna biscayensis
se rapproche évidemment plus que du Mysticetus, ces apophyses de l'omoplate
Boni moins développées (pie dans la baleine tranche du Groenland. — Dans la ba-
isons antipodarum elles manquent même complètement.
Rudolphi parle, dans son Mémoire sur la UaLenoplera laticeps, d'un bassin
rapporté par Chamisso de la cote du Kamlschatka, et que le célèbre voyageurs
donné au musée de Berlin. Il sérail de la plus liante importance de pouvoir com-
parer ci bassin avec celui du Mysticetus, el mon ami Peters, le savanl directeur du
musée zçologiq le Berlin, m'a promis de faire les recherches nécessaires pour
le découvrir. Il a été déposé au musée d'anatomie, qui malheureuse nt est
encore séparé du le zoologie.
66 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
Il existe divers fœtus dans des musées d'Europe, les uns encore complets, les
autres plus ou moins mutilés.
11 y en a, entre autres, au musée Teylerien de Haarlem, au musée de Stockholm,
au musée de Hull, au musée du collège royal des chirurgiens à Londres, à Liver-
pool, au musée de Derby, et au musée de Groningue (Pays-Bas). P. Camper en a
disséqué trois, dont quelques parties sont encore conservées au muséum de Gro-
ningue.
A Paris se trouvent les os séparés du fœtus qui a été disséqué par E. Geoffroy-
Saint-Hilaire. — Les os sont encore conservés dans un cadre qui est exposé dans
les galeries d'anatomie comparée (1).
Il y a une peau montée d'un fœtus de 29 pouces dans la collection de Knox, à
Edimbourg (Anat., mus. îiniv., Édimb.), ainsi que le squelette.
SQUELETTE.
Tête. La tète occupe à peu près le tiers de la longueur du corps, du moins à
l'âge adulte ; elle est proportionnellement plus petite dans les jeunes individus. Le
rostre s'accroit à mesure que l'animal avance en âge, comme dans les autres mam-
mifères à face allongée.
Scoresby assure qu'il y a des différences assez grandes entre les individus, quant
au volume de la tête; mais toutes les tètes adultes, conservées dans les collections,
ont à peu près la même dimension.
Pour se faire une bonne idée des rapports des os de la face, el surtout des parois
du crâne, il est indispensable d'en faire la coupe el de faire ensuite la comparaison
entre le jeune animal et l'animal adulte. C'est ce qui nous a été permis de faire.
La tète adulte, figurée par Eschricht et le professeur Reinbardt, comparée à celle
(i ! l'.n passant en ri ■ \ ue les restes de Cétacés consen es dans 1rs magasins du muséum d'histoire natu-
relle, nous avons trouvé, M. P. Gervais el moi, le tronc du même fœtus donl la peau esl montée dans
les galeries de zoologie. Ce i oi ps i si i omplel sauf la tête qui a été disséquée el les nageoin s qui sont
restées dans la peau.— Nous avons retrouvé aussi les vertèbres envoyées de Drontheim par M. Noël de la
Morinière dont Cuvier parle dans ses liirh.rchi x sur les Ossementi fossiles, t. V, p. S68; ces os provien-
nent réellement de Mysticetus. {Voir Cuvier, Recherch. Ossem. foss., t. V, p. 30S.;
SQIKI.ETTE l»KS CETA1 I 5. 67
de fœtus qui" noi» possédons a Louvain, nous montre quelques différences qui
semblent résulter surtout Je la eoelescence plus nu moins complète «les os de la tète
que «.os naturalistes ont étudiée. Noos trouvons, en effet, dans leur dessin, le Basai
enclavé comme bu coin dans le frontal, ce qui u a pas lieu dans la tète de Louvain;
il y a un espace plus grand entre le frontale! la portion antérieure de l'occipital;
le pariétal b's pas été bien distingué, el l'on ae voit pas le canal olfactif entre le
frontal et le présphénoïde, canal qne, dn reste, M. Flower s l'ait connaître depuis.
La paroi antérieure de la boite crânienne est formée, en dessous, par le présphé-
noidal jusqu'au canal olfactif; an-dessus «le ce canal, qui établit parfaitement la
limite, on voit d'abord le frontal qui va recouvrir, en avanl sur la Ligne médiane,
le. nasal ; puis, au-dessus du frontal, on distingue le pariétal qui montre, en avant,
un espace entre Lui el le précédent; enfin, au-dessus du pariétal, apparaît L'occi-
pital qui recouvre ton! le pariétal jusqu'à son bord antérieur. En dessous de la
cavité crânienne on aperçoit, mais faiblement, derrière le présphénoïde, le corps
du basisphénoïde, puis Le basilaire.
nue L'on veuille bien tenir compte, en comparant la planche publiée par Es-
cortent et le professeur Reinbardt, e! «elle que nous publions ici, que dans aotre
dessin, le cartilage ethmoïdal est resté en place dans toute la longueur «lu rostre
tandis qu'il esl complètement enlevé dans la tête de Copenhague.
En dessous <le ce cartilage, appareil le vomer qui est scie dans toute la
longueur, ei derrière lui on voil le palatin, puis le ptérigoïdien.
Eb dehors du cartilage el du vomer, on ne découvre dans tout le rostre que le
maxillaire en dessous, L'intermaxillaire el L'os nasal au-dessus.
Il nous a i illu une tête de jeune animal pour nous rendre compte des divers
rapports dont nous venons de parler, Burtout des os qui forment La boite crâ-
nienne.
Si non- comparons maintenanl la tète du fœtus avec celle de L'adulte, nous
trouvons des différeaces aotables dans le volume de La cavité cérébrale el dans
le développe menl eo longueur «pie prennent Les os de la lace. La direction du
trou occipital esl déjà, dans Le fœtus, la même que dans L'adulte.
« e que nous voyons d'abord de tri B-curieux, c'est que La coupe du corps des
m bres crâniennes présenti l ispect de trois vertèbres de poisson, el qu'elles
68 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
sont toutes les trois parfaitement séparées par un cartilage. C'est la vertèbre du
milieu, c'est-à-dire le corps du basisphénoïde, qui est la mieux marquée.
Le cartilage ethmoïdal est enlevé dans la tête du fœtus que nous avons fait
figurer; mais on voit fort bien comment les corps des vertèbres se comportent
entre elles et le cartilage, quand l'animal approche de son état adulte.
Au-dessus du présphénoïde, on voit un espace qui se rétrécit plus tard pour
former le canal olfactif dont nous avons parlé tout à l'heure, et qui sépare cet os du
frontal.
Le frontal présente un aspect lamelleux, qu'il perdra plus ou moins dans le
cours du développement.
Au devant du frontal, on voit le nasal entièrement libre; et au-dessus du frontal,
au moins au-dessus de sa moitié postérieure, le pariétal est recouvert de l'occipital.
Nous avons fait figurer à part toute la partie supérieure de la boite crânienne,
pi. IV et V, fig. 4. En arrière, on voit la partie postérieure de l'occipital, for-
mant la partie du trou de ce nom ; en avant, la partie antérieure de ce même os
qui recouvre toute la partie moyenne du frontal; en dessous, le pariétal, et, entre
les deux occipitaux, un interpariétal, qui se montre ici encore à l'extérieur, mais
qui est recouvert, plus tard, comme d'autres, par l'occipital. — On voit fort bien
l'aspect feuilleté de la face inférieure du pariétal, qui recouvre immédiatement
l'os frontal.
Les intermaxillaires sont deux os fort longs, assez minces, qui, en arrière, em-
brassent les os nasaux et forment, avec eux, les parois supérieures et externes des
fosses nasales. Ils vont derrière les os nasaux s'unir à une espèce de protubérance
formée par l'os frontal. — Ces os constituent tout le bout libre du rostre. — Au
devant des os nasaux, les intermaxillaires s'écartent assez brusquement l'un de
l'autre, puis se rapprochent insensiblement vers le milieu de la longueur du rostre,
au-dessus du cartilage ethmoïdal.
Les maxillaires supérieurs, à l'âge adulte, sont fortement courbes, très-allongés,
étroits en avant, développés en largeur surtout en arrière, de manière à protéger
tout le bord antérieur du frontal.
On a dit que la courbe décrite par le maxillaire supérieur forme un quart de
cercle. Un de nos meilleurs élèves de l'école des mines à Louvain, M. Emile
SQUELETTE DBS CÉTACÉS. C9
Dallemagne, a bien voulu chercher son expression, el il a trouvé, non un quart
de cercle, mais la formule île la parabole.
A la Face inférieure du maxillaire supérieur, on voit en arrière, de chaque côté,
entre la ligne médiane et le bord externe, une gouttière profonde, qui s'élargit en
arrière el s'efface insensiblement en avant : c'est la gouttière dentaire qui se trans-
forme chez les autres mammifères en alvéoles, et conserve ici des trous espaces
pour les vaisseaux et les nerfs, ('.es Irons diminuent d'arrière en avant.
Les os maxillaires sonl reunis sur la plus grande partie de leur étendue, sauf en
arrière, au devant des palatins, où l'on \<ut apparaître entre eux le vomer.
Chaque maxillaire présente, en dehors de la gouttière dont nous venons de
parler, trois ou quatre mamelons aplati-, de forait ovale, diminuant d'avant en
arrière, les uns derrière les autres comme une rangée de dents palatines. Non-
ne \m\ ons rien de semblable chez le fœtus. - — Nous supposons que la peau qui les
recouvre b' épaissit avec l'âge et que ces mamelons contribuent, sinon a triturer
la pâture, du moins a l'aplatir et à l'agglomérer. — Ces saillies au palais rappellent
les dents œsophagiennes ànColuôerseaèer, formées par le corps des vertèbres.
Les mamelons des deux côtés ne sont pas parfaitement semblables ni pour le
oombre, ni pour l'étendue de leurs saillies, à tel point qu'au maxillaire droit
les deux éminences n'en font qu'une seule. Ils sont situés sur le bord de la
gouttière qui loge les vaisseaux et les nerfs dentaires supérieurs.
Les os propres du nez sont fort grands et forment toute la partie supérieure
des fosses nasales; ils s'unissent, par harmonie, en dehors, avec le- os incisifs
dans toute leur longueur, et, en arrière, par suture profonde, aux os frontaux.
Ils s'accroissent considérablement avec l'Age. Ces os sont parfaitement symé-
triques.
I os palatins ont une forme assez régulière, et se terminent en avant par
une espèce de bec qui embrasse la partie du vomer qu'on aperçoit entre les
maxillaires. En arrière ces palatins sont échancrés au milieu.
I. ptérigoïdiens forment le bord libre de l'entrée postérieure des fo
nasales. Dans les autres cétaa os sont généralement plus développés, et ne
sont pas reculés aussi loin en arrière. En général aussi les ptérigoïdiens forment
un large sinus pour loger nue partie de la trompe d'Eustachej ce sinus est com-
paralivement peu développe dans cet animal.
70 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
Les os lacrymaux sont situés au devant de l'orbite, entre le maxillaire et le
frontal, au devant et au-dessus du jugal. — Ils ne sont pas percés. Ces os ne sont
pas séparés dans le squelette du Collège royal des chirurgiens; ils sont probable-
ment soudés au frontal comme le suppose M. Flower. — Ils sont, au contraire,
fort distincts dans le squelette de Louvain, et se montrent déjà dans le fœtus.
On pourrait tirer parti des os lacrymaux pour la distinction des genres et des
espèces.
Le jugal, comme dans tous les mysticètes, est un os long, courbé en arc de
cercle qui forme en dessous le cercle de l'orbite, et s'élargit en avant où il s'unit
au maxillaire et au frontal, en arrière au temporal. Cet os diffère beaucoup dans
les mysticètes et les cétodontes.
Le sphénoïde postérieur ou basisphénoïde reste séparé assez tard. Le corps a
parfaitement l'aspect d'une vertèbre, dans le jeune âge surtout, et les grandes
ailes ne forment à aucune époque des pièces distinctes. Ce sont vraiment des
apophyses transverses.
Ces ailes sont comparativement grandes et larges dans les baleines, et beaucoup
plus petites dans les baleinoptères. Dans ces dernières, les petites ailes sont les
grandes, comme on peut le voir par le dessin d'Escbricht (1). Chez l'adulte, le
corps du sphénoïde est complètement confondu avec les autres os qui forment la
boite crânienne.
Le sphénoïde antérieur ou présphénoïde est comparativement peu développé et
affecte la forme d'un triangle dont la base se soude avec le sphénoïde postérieur.
— Los petites ailes sont à peine distinctes; mais on voit parfaitement les trous
optiques, et, autour d'eux et en dehors, des apophyses rudimentaires qui rappellent
parfaitement les apophyses clinoïdes antérieures.
A l'état adulte, le sphénoïde antérieur est confondu avec les autres os du crâne
comme le sphénoïde postérieur.
Comme nous l'avons dit plus haut, la coupe de la tète du fœtus offre un haut
intérêt, dans ce sens surtout qu'il n'y a guère moyen de comprendre la composition
-le la tète adulte sans son secours. Dans le corps des trois vertèbres crâniennes
on voit une cloison formée de tissu osseux plus dense, qui rappelle parfaitement
,1 I..»'. cit.. pi. XIII, fig. I.
shI il ETTE Dl 5 CÉTACÉS 7,
la disposition des vertèbres biconcaves. Le présphénoïde se termine <-n avant
par le long cartilage do rostre, donl il semble représenter l'épiphyse.
Noos avons tronvé chez l'adulte trois Inné- osseuses, logées en arrière au-dessus
des parois des Fosses nasales, donl les deux internes correspondent aux <l<'u\
cornets supérieurs, I externe au cornel inférieur. — La membrane qui l<^ recouvre
ne présente ni sillon ai saillie, el la surface de l'os qui regarde les fosses nasales,
est parfaitement nnie.
Dans la tète <ln fœtus loul l'ethmoïde esl représenté par !<• long cartilage qui
rempli! le vomer, el il existe un large espace, qui s'efface plus tard, entre le pré-
sphénoïde el !<■ frontal.
Ce cartilage ethmoïdal s'ossifie commedans plusieurs mammifères, de manière
qu'uni1 partie seulement se transforme en os. Il ne concourt aucunement a la forma-
tion des parois du crâne, et se réunit, par coalescence, avec !«• corps du présphénoïde.
— Les l' irties latérales qui se recourbent sous 1 1 voûte des maxillaires, correspon-
dent aux cornets, <•( l'on observe forl bien sur le côté les deux lames corr< spondant
aux cornets supérieur el médian. — Les cornets inférieurs aux maxillaires sont
représentés par des lames forl minces qui terminent le maxillaire sous l'os frontal.
L< vomer esl énorme déjà dans le fœtus, et forme toute la -aine dans laquelle
se loge l<' cartilage ethmoïdal. — Il esl tout entier ossifié de bonne heure.
Nous croyons, avec Gratiolet, que le vomer esl un grand os en \ de la premii re
vertèbre cervicale.
L'occipital esl peut-être l'os le plus remarquable «le toute la boite crânienne. Il
s él( ve en avant, au-dessus el entre les pariétaux, et, sous la forme d'un bouclier,
M constitue toute la partie supérieure el postérieure «le la boite crânienne. Il va
luvrir rn avant les os frontaux, s'articulanl avec eux par suture profonde.
1 os, en apparence Bimple au-dessus, est formé de plusieurs pièces qui sont
surtout distinctes cheï le fœtus. — Au milieu on remarque, en faisant la coupe
des parois crâniennes, un os médian séparé^ qui ne peut être qu'un interpariétat j
•■t. en dehors de lui, en avant et Burlecoté, -'« i« n< I le pariétal véritable -pii forme
toute li moitié de l'épaisseur <lc cette partie de l'occipital. — Il résulte de cette
disposition, que toute la portion de l'occipital, qui esl en avant de l'interpariétal,
i ■ ■ ouvre le pariétal proprement dit. — L'occipital en avant est donc formé primi-
72 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
tivementde deux lames osseuses juxtaposées, dont l'inférieure dépasse légèrement
la supérieure.
Dans le fœtus presque à terme, les deux occipitaux latéraux sont encore distincts,
ainsi que l'occipital basilaire.
L'occipital basilaire a la forme d'un coin dont la base est dirigée en avant pour
se mettre en rapport avec le sphénoïde postérieur. Un épais cartilage, repré-
sentant les épiphyses vertébrales, s'unit sur le côté avec les occipitaux latéraux et
forment les condyles articulaires.
Les pariétaux, à l'état adulte, sont deux os proportionnellement petits, qui
partent du bord de l'occipital, et forment en grande partie la face interne de la
grande fosse temporale.
Ces os ne sont toutefois pas aussi petits qu'ils le paraissent. On voit dans la tête
du fœtus qu'ils passent sous l'occipital pour rejoindre l'interpariétal, et forment,
en avant, tout le plancher sur lequel l'occipital antérieur repose. — L'occipital
recouvre le pariétal dans toute sa partie moyenne.
11 existe un interpariétal visible seulement pendant le jeune âge. — Il est placé
juste au centre du grand bouclier occipital, et, dans le fœtus presque à terme que
nous possédons, on voit ses jointures en avant et sur le côté avec les pariétaux,
en arrière avec cette portion de l'occipital.
De tous les os du crâne ce sont les temporaux qui se modifient le plus complè-
tement. — La portion écailleuse constitue à elle seule toute la partie latérale du
crâne et forme en dehors et en dessous une large surface glénoïde.
Le rocher est soudé déjà de bonne heure au tympanal, et à l'aide de deux fortes
apophyses -cet os est solidement enclavé, comme dans tous les mysticètes, à la base
du crâne, entre l'occipital et la portion écailleuse du temporal.
Ces apophyses se développent surtout avec l'âge, comme on peut le constater
par la figure que nous donnons de cet os du fœtus et de l'adulte.
Le tympanal est peut-être la pièce la plus importante du squelette pour la dis-
tinction du genre et des espèces. 11 a une forme carrée dans le Mysticetus, un bord
antérieur anguleux en dessous, un bord postérieur arrondi, une surface interne
régulièrement bombée, une surface externe irrégulièrement comprimée avec une
forte saillie en dessus H en arrière. L'ouverture est assez régulière, et c'est à peine
si, en avant, l'entrée descend plus bas qu'en arrière.
BQ1 ELETTE DES CETACES. 73
Cette ouverture, qui fait ressembler cel os a cerl unes coquilles >1<' g tstéropode,
est tournée en dedans, el se divise en une moitié postérieure couverte par la
membrane du tympan, à laquelle aboutit le conduil auditif externe; el une moitié
antérieure, un peu plus grande que L'autre, entièremenl ouverte, communiquanl
en avanl <'t en dedans avec la trompe d'Eustacbe. <>n pourrai) nommer cette partie
antérieure de l'orifice, eustachienne, el l'autre moitié postérieure, tympanique.
Nous avons vu un grand nombre deces os de Mysticetus, dont il y en a au moins
huit au Muséum de Paris, cl ils offrent tous entre eux une très-grande ressem-
blance. Nous en avons plusieurs à Louvain, et ou en trouve du reste dans la plu-
pari des musées.
Les osselets de l'ouïe du fœtus et de l'adulte sonl tellement semblables pour la
forme comme pour le volume et la dureté, que l'on ne sauraitguère les distinguer*
Le marteau a une forme particulière: allongé d'un côté, très-élargi au con-
(r dre du côté opposé, il ressemble plus ou moins à la coquille de certaines Pyrules.
Cette ressemblance est d'autant plus grande, que l'os semble enroulé sur lui—
même, en formant une espèce de péristome.
Il est situé au devant <lc la membrane «lu tympan, au bout d'un repli osseux qu i
borde cette membrane en avant. Cet os est soudé à la caisse tympanique par son
prolongement stiliforme (I), et présente à son extrémité libre une surface articu-
laire qui reçoit la portion élargie de l'enclume. Cette surface articulaire forme
une excavation qui se remplit par la tête de l'enclume.
Le m irteau n'a ni apophyses distinctes, ni manche.
L'enclume est beaucoup plus petit que !<■ marteau et présente, indépendamment
de la tête, qui ressemble à lacouronne d'une dent molaire, deux apophyses assez
semblables à des racines et quicomplètentcette ressemblance. One de ces apophyses
s'articule ivec l'étrier; l'autre esl libre. Cette dernière est peu développée dans les
megaptera.
L'élrier esl le plus petil des (rois. Il esl en général étroil el ne justifie aucune-
ment le nom qu'il porte. — Celui que nous avons bous les yeux est cependant
encore perforé.
i) Ce n'es) pas frat-fouwni que le marteau esl loudé au bord du cadre du tympan, comme le p<
Coi erch. s. I. roi. V, I™ part., pa 176), m dans les bal
i l étal de fœtus • ette soudure existe
10
74 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
L/étrier est immobile sur la fenêtre ovale, comme dans tous ces animaux, et ne
se détache pas facilement.
Comme dans tous les mysticités, les mandibules sont complètement séparées,
et, loin d'être symphysées en avant, elles ne se touchent même pas sur la ligne
médiane. Nous avons pu nous assurer sur une tête de fœtus, qu'il n'y a même pas
de ligaments à la place de la symphyse.
Chaque mandibule est fort massive en arrière, mais, au contraire, fort mince
en avant; et, par leur surface articulaire comme par leur fente dentaire, ces os ne
sont pas difficiles à distinguer de ceux des autres mysticètes.
Chaque os forme une courbe et se tord sur lui-même, de manière qu'à l'extré-
mité antérieure, la face interne devient face supérieure, et la face externe infé-
rieure. A l'endroit où l'os se tord sur lui-même, il s'élargit assez brusquement et
n'est pas sans ressemblance avec une spatule tordue. Dans cet endroit aussi les
deux lames internes et externes s'écartent en haut et en dehors, formant une
gouttière dentaire qui s'étend jusqu'à la face externe.
La face externe de la mandibule est convexe, comme du reste dans tous les mys-
ticètes; et dans toute la longueur de la moitié antérieure on voit, près du bord,
des trous qui correspondent aux trous mentonniers dont le nombre varie de six à
huit.
('.os trous mentonniers, qui sont échelonnés ainsi le long des maxillaires, sont en
rapport avec le grand développement de la lèvre inférieure. Les cétodonles n'ont
qu'un ou deux trous mentonniers de chaque côté, pas loin de la symphyse.
La surface interne des mandibules est aplatie; et, immédiatement au devant du
condyle articulaire, on voit le large orifice postérieur du canal dentaire, qui se
termine en dessous par un sillon s 'étendant le long du bord inférieur dans presque
toute la longueur de la mandibule. Ce sillon correspond, pensons-nous, au sillon
mylo-hyoïdien qui ne prend nulle part un développement aussi considérable.
Le long du bord supérieur, en (bilans des trous mentonniers, on voit une autre
gouttii Te avec des trous placés de distance en dislance et qui ne sont qu'un reste
du canal dentaire de l'âge fœtal. Chacun de ces trous correspond à une alvéole
dont la dent est avortée. Vers l'extrémité antérieure, au moment où la mandibule
se tord, cette gouttière devient supérieure, s'élargit considérablement et divise le
bout des mandibules en formant une forte échancrure.
s, ni 11 Ml DES CÉTACÉS "•
Do peu an devant du trou dentaire postérieur, oo voit sur le bord supérieur «le
chaque mandibule une apophyse coronoïde, mais si peu développée queCuviers
pu dire qu'elle manque.
D'après John Hunter, il H\ aurait pas de capsule Bynoviale dans l'articulation
de la mâchoire inférieure l . Eschrichl el le professeur Reinhardl eu ont reconnu
une dans de jeunes animaux, et bous pouvons confirmer pleinemenl leur observa-
tion. Comme eux, nous n'avons pas trouvé de cartilage meuiscotde, mais bous
avons vu une grande capsule, occupant toute La largeur du condyle articulaire.
— C'est sur un fœtus que nous avons l'ail cette observation.
colonne Tortébraie. — Nous comptons, dans le Bquelette de Bruxelles, cin-
quante-quatre vertèbres : sept cervicales, quatorze dorsales, <li\ lombaires et vingt-
trois caudales.
Les épiphyses «lu corps des vertèbres sont encore distinctes quoique l'animal
ail tous les caractères de l'adulte.
Le squelette de Londres a cinquante-cinq vertèbres : Bepl cervicales, douze dor-
- des, quatorze lombaires el \ ingt-deux caudales.
Nous trouvons dans le squelette de Louvain également cinquante-cinq vertèbres
réparties de la manière suivante: sept cervicales, treize dorsales, onze lombaires
et vingt-six caudales.
ipophyses épineuses. Les apophyses épineuses «les vertèbres dorsales sont d'a-
bord grêles el leur sommet est tronqué obliquement d'avant en arrière el de baul
en bas jusqu'à la cinquième vertèbre. L'apophyse épineuse 'I"' U sixième dorsale,
ainsi que les suivantes, est aussi plus ou moins tronquée au sommet, mais en Bens
inverse des précédentes. Ces apophyses acquièrent brusquement delà largeur,
de la hauteur el de l'épaisseur, puis conservenl une longueur àpeu près égale
jusqu'au milieu de la région lombaire. \ la sixième ou septième lombaire, l'apo-
physe épineuse perd en hauteur touf en B'étendant davantage d'avant en arrière.
Elle diminue encore dans les premières caudales pour disparaître complètement
avec l'arc ueural à la dixième caudale.
Ipophyti i trauiVi ru i. Les apopbi ses transverses sonl doubles à la région cen i-
calt-, comi lans les cétacés en général : l'atlas, l'axis el la septième i 1 1 supé-
i Philo* inaaMt, v.ii TT,
76 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
rieureàpeu près de la môme longueur;, avec une différence légère en faveur de la
dernière. Les autres vertèbres, c'est-à-dire la troisième, la quatrième, la cinquième
et la sixième ont des apophyses transverses supérieures étroites, soudées entre elles
et notablement plus courtes.
Les transverses inférieures manquent dans les quatre dernières cervicales. Celte
apophyse inférieure de l'axis est un peu plus longue que la supérieure.
L'apophyse transverse de la première dorsale est très-développée en longueur,
se dirige d'arrière en avant et un peu de bas en haut, en suivant la même apophyse
de la vertèbre précédente jusqu'à l'axis. Cette apophyse naît au milieu de l'arc
neural et se termine en massue.
Les apophyses transverses des vertèbres suivantes continuent à se diriger d'ar-
rière en avant, jusqu'à la neuvième vertèbre, tout en s'élevant par leur sommet
au-dessus de celles qui précèdent, et en descendant plus bas par la racine. A la
quatrième dorsale, les apophyses transverses forment avec les apophyses de la pre-
mière dorsale un angle de ^50 degrés.
C'est à la septième dorsale que cette apophyse est la plus courte.
Les deux premières côtes, ainsi que les deux dernières, n'ont pas de traces de
col ni de tète; et les vertèbres auxquelles elles s'attachent sont les seules dont les
apophyses transverses ne présentent pas, au bout en-dessous, une espèce de gout-
tière pour loger la portion cervicale.
INous trouvons, à commencer de la huitième vertèbre, des apophyses transverses
avec des surfaces articulaires fort épaisses, échancrées en dessous comme une
fosse orbi taire.
Les dernières vertèbres dorsales ont ces apophyses dirigées horizontalement, et
elles prennent leur origine vers le milieu de la Ti auteur du corps des vertèbres.
Aux dernières lombaires, elles s'abaissent en se recourbant au-dessous des autres.
Apres la septième dorsale ces apophyses gagnent en longueur jusqu'aux pre-
mières lombaires, et, à la dixième vertèbre de cette région, elles égalent le diamètre
(ransverse du corps.
Les apophyses transverses disparaissent à la septième ou huitième caudale.
Pour la direction donc, l'apophyse transverse de la première dorsale se recourbe
et s'élève de bas en haut; a la quatrième elle s'élève encore davantage; à la pre-
mière lombaire elle est horizontale, et à la dernière lombaire elle se recourbe au-
SQ1 iii i !S CÉTACÉS ::
dessous du niveau de la précédente. ! es autres lombaires el caudales ne changent
guère de direction en diminuant de longueur.
Les apophyses musculaires ou accessoir s, qui caractérisent si éminemment les
vertèbn - des cétacés, naissent en dehors des surfaces articulaires à la - le dor-
sale, s'étendent en Be rapprochant de l'apophyse épini use, el forment une coulisse
complète, surtout les vertèbres du milieu de la région dorsale.
Ces apophyses musculaires, au lieu de diminuer avec le raccourcissement de
l'apophyse épineuse, s'accroissent plutôt vers la fin de la région dorsale, puis
irlenl notablement l'une de l'autre, et, dans les premii res i audales, elles ont
k peu près le même développement que l'apophyse épineuse elle-même. Dans la
Bixièmé caudale «Iles disparaissent et on ne les distingue plus que par une fail le
tubérosité qui occupe leur place.
On voit encore l'arc neural dans la huitième et la neuvième caudale; mais '1 ms
la vertèbre bu i van te il disparait.
Les vei I bres de la région lombaire portent a leur face inférieure une crête qui
augmente des premier» s aux dernières, et qui caractérise <n général celte ; égion.
Les deux dernières vertèbres que nous comptons dans cette région montrent
déjà le «a nencement des apophyses ai ticulaires pour le- us eu Y.
Ces apophyses articulaires sont développées d'après l'importance des ■ >- en V, et
ipprochent.dès la quatrième caudalel'une de l'autre, pour former, à laseptiè
un véritable canal livrant | i l'arti re spinal. Ce canal persiste jusqu'à la der-
tudale.
L'artère spinale, provenant directement de l'aorte, passe jusqu'à la quatrième
caudale au devant de l'apophyse transverse avant de pénétrer dans le canal verté-
Ih.i1; mais, à commencer de la cinquième caudale, celte artère passe directement
àtraversla basede l'apophyse transverse, el le trou qui lui livre passage se rap-
proche de pins en plus du Irou formé par les deux apophyses articulaires des <>s
en V. \li fin, à la neuvième caudale, on ne voit plus entre eux qu'une gouttière
qui disparaît à Bon lour, et l'artère spinale pénètre en dessous, s'élève verticale-
ment de chaque côté du corps de la vertèbre, i i tri au-dessus du point où elle a fail
son entrée. De là résulte que les dernières caudales sont traversées des deux
côtés par une goultii re perpendiculaire à l'axe du coi ps.
i anal vertébral. Ce canal nous indique !i différem ur de la moelle
78 SQUELETTE TES CÉTACÉS.
épinière. Dans la région cervicale, comme dans toute la région dorsale, il varie
très-peu : sur t5 centimètres de hauteur, il a à peu près 18 centimètres de lar-
geur et s'élargit un peu dans les premières dorsales; à la première lombaire, il
diffère encore très-peu; mais à la sixième vertèbre de cette région, il n'a plus que
\\ centimètres sur \o de largeur, puis il se rétrécit rapidement à la dernière lom-
baire, où il n'a plus que -8 centimètres et demi de haut, sur 7 de large, et forme
encore une ogive; chez les suivantes, l'ogive se change en plein cintre, et à la
sixième caudale il n'a plus que 5 centimètres de hauteur sur 5 centimètres et demi
de largeur, tandis qu'à la neuvième caudale, sur I centimètre et demi de hau-
teur, il a à peu près 1 et demi centimètre de largeur.
Le corps des vertèbres s'accroît insensiblement à commencer delà première
dorsale ou des dernières cervicales, en diamètre autéro-postérieur aussi bien qu'en
diamètre vertical et transversal.
Lesépiphyses indiquent parfaitement les différences qui distinguent les vertè-
bres dans chaque région du corps, et quand elles sont toutes détachées, on n'a
qu'à les grouper selon leur dimension pour retrouver tout de suite les vertèbres
dont elles proviennent.
Voici quelques mesures :
La première cervicale mesure d'avant en arrière (diamètre antéro postérieur). . 0"',095
La première dorsale 0'\075
La première lombaire 0'",i7!i
La première caudale 0*,265
La première cervicale mesure en largeur (diamètre transverse) 0a,$1
La première dorsale 0",31
La première lombaire 0",28
La première caudale 0"',:i8
La première cervicale mesure en hauteur (l'espace entre les deux surfaces articulaires). 0"\t 15
La première dorsale 0ra,22
La première lombaire 0"',S:>
La première caudale 0™,38
Les os en V ou hœmapophyses sont au nombre de dix; le premier seul est formé
de deux pièces qui restent séparées. — Ces os appartiennent à la vertèbre qui les
précède, de manière que la vertèbre qui porte en arrière le premier os en \ est
pour nous la première caudale. — Il y a des uaturalistes qui la prennent pour la
dernière lombaire. — Cesossonl formés de deux pièces soudées sur la ligne mé-
diane, a l'exception des premiers. — Les seconds elles troisièmes sont les plus forls.
SQ1 III III. DES CÉTACÉS
— Les derniers Boni encore très-grands. - rous ces os présentent une double
surface articulaire pour les deux vei tèbres entre lesquelles ils Boni situés.
Les deux dernières vertèbres lombaires onl en arrière el en dessous deux émi-
■i < ' ii • es semblables aux caudales.
Les os en \ -<>nt au nombre <1 ize dans le squelette du collège royal 'les
chirurgiens, el I»' premier, comme les trois derniers, ne son I pas sou dés sur la
ligne médiane.
Eschrichl el le professeur Reinhardt en comptent dix dans deux de leurs gr inds
squelettes, et quatorze è l'étal cartilagineux dans un fœtus.
Région cervicale. La région cervicale est comparativement assez longue, el si
touti - ses vertèbres sont plus <>u moins soudées ensemble, on les distingue cepen-
dant parfaitement les unes des autres, en dessus comme en dessous, par les apo
physes comme par le corps.
En dessus, l'arc de la troisii me vertébrées! caché sous la seconde, de manière
que le i bre d'arcs \isil>le- n'es! que «le sis.
Le corps des deux premières vertèbres occupe presque une longueur égale à
celle des cinq dernières. \ commencer de la quatrième, le corps devient plus
épais de vertèbre en vertèbre, et celte épaisseur continue à augmenter dans la
on dorsale. La séparation du corps devient en même temps plus nette.
Les apophyses transverses supérieures <le l'axis sont très développées, tandis que
cell b des vertèbres suivantes smii faibles el égales, celles de la cinquième moins
nés, celles de la sixième forl courtes el celles de la septième nulles.
Les apophyses transverses supérieures varient plus complètement; elles sonl
soudées dans les deux premières vertèbres, libres el courtes dans la troisi me,
manquent dans la quatrième et dans la cinquième, courtes dans la sixième plus
courtes que dans la troisième el Irès-développées dans la sentit me.
( ette septième apophyse s'élève el se recourbe en dehors, atteignant par son
extrémité l'apophyse transverse inférieure de l'axis.
i es apophyses forment sur le côté de la région cervicale une large exi
protégée de tous côtés et renforcée encore par l'apophyse iransverse supérieure
de la première dorsale.
M. Flower ■ donné la coupe de cette région cervicale dans Bon appendii •■ a la
traduction du livre cTEschrichl el de Reinhard! : on voit l'arc de la première ver-
80 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
tèbre isolé, comme celui de la septième, et les cinq autres souciées ensemble. —
Ces arcs sont soudés complètement dans notre baleine (I).
En faisant mention d'une Baleinoptère capturée le 50 ventôse, an VI, sur la côte
de l'île Sainte-Marguerite, Lacépède figure, à côté de cet animal, une région cervi-
cale de baleine, dont il serait intéressant de connaître l'origine. Cuvier a repro-
duit cette région cervicale (PI. XXVI, fig. 15), en faisant remarquer avec raison
qu'elle appartient au sous-genre des baleines proprement dites, mais à une espèce
très-différente de celles du Cap, et moins grande ("2).
Les apophyses épineuses supérieures sont peu élevées et se distinguent parleur
mode de coalescence : les deux premières sont complètement fondues; les quatre
suivantes également ne forment qu'une seule crête, tandis que la dernière reste
entièrement libre comme la première dorsale.
La coalescence des cinq vertèbres cervicales en deux parties a pour effet de pro-
léger efficacement la moelle épinière dans cette région.
Le corps de la septième vertèbre cervicale a son épiphyse encore séparée à sa
face postérieure; cette face est notablement concave.
Les vertèbres de la région cervicale, surtout les premières, sont carénées à leur
face inférieure comme les dernières lombaires.
Région dorsale. Il y a treize vertèbres dorsales, dont le corps augmente insen-
siblement d'avant en arrière depuis la première jusqu'à la dernière. C'est même
depuis la troisième cervicale que les vertèbres gagnent dans leur diamètre antéro-
posléricur.
La première dorsale est fort remarquable par la direction en avant de son
énorme apophyse transverse supérieure, qui longe celle de la septième cervicale
el entraîne en avant la première côte jusqu'à la bailleur de l'axis. — Cette pre-
mière vertèbre se dislingue encore des autres, non-seulement parce qu'elle a le
corps le plus mince, mais parce qu'elle a sa surface antérieurement bombée. —
Elle est convexe en avant, comme la dernière cervicale est concave en arrière. —
Ce sont les seules vertèbres qui soient dansée cas.
(1) La coupe de i elle ré ;ion cer\ icale présente une ressemblance très-grande avec la coupe de la balama
auslralis.
2 Nous avons retrouvé ces vertèbres dans les galeries du muséum, el noua en luisons mention plus
loin, dans la description de la balœna l ii a laquelle nous les rapportons.
-...I BLETTE DES CÉTACÉS 81
Le corps de la quatrième dorsale esl légèremenl comprimé en dessous, de ma-
nière que la vertèbre devient carénée. Ce caractère augmente insensiblement dans
les Buivant< a.
Les sept premières dorsales onl des apophyses articulaires très-développées, ou
plutôt des surfaces articulaires fort larges, formant une fosse profonde au devant
de chaque arc neural, el dans laquelle se loge l'apophyse articulaire postérieure de
la vertèbre précédente. C'est surtoul depuis la quatrième dorsale jusqu'à la
Beptième que ces surfaces articulaires son! le [dus prononcées.
Après la septième dorsale on ne remarque plus de fosse articulaire; mais on
voit les apophyses accessoires prendre toul leur développement el former une cou-
lisse pour la vertèbre qui les précède.
Les vertèbres lombaires Boni au nombre de onze. La premières leboul des apo-
physes transverses raboteux el élargi, comme si elle portait une côte. — C'est ce-
pendant une lombaire , mais différente des autres en ce que la dernière côte s arti-
cule également avec elle. — La dernière côte, en effet, est attachée, comme cel i
arrive souvent dans les cétacés, aux apophyses transverses de la dernière dorsale
et de la première lombaire.
Le corps des vertèbres de cette région augmente dans dur- les sens, surtout dans
le diamètre antéro-postérieur, depuis la première jusqu'à la dernière, et ce Boni
les vei tèbres lombaires qui ont les apophyses, transverses surtout, les plus fortes.
Ces apophyses transversi - sont toutes plus larges et plus fortes que les apophyses
épineus
Région caudale. Nous comptons vingt-trois vertèbres caudales, dont les dix pre-
mièi es poi tenl des os en V.
Le di imètre vertical, comme le diamètre antéro postérieur, augmente dans i es
s .'il- bres jusqu'à la sixième caudale, qui est la \<m tèbre, non précisément la plus
épaisse, mais la plus élevée. C'est elle aussi quia les disques épiphyses les plus vo-
lumineux, el les bœniapophyses les plus fortes. —Les apophyses épineuses, comme
les autres, diminuent insensiblement d'avanl en arrière, el l'arc neural disparaît
complètement à la neuvième <>u dixième vertèbre.
I dernières vertèbres, qui sonl logées dans l'épaisseur de la queue, vues de
face, ont une forme c urée, et sonl traversées directement, de bas en haut, pai
«2 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
artères spinales. Los vertèbres précédentes ont plutôt la forme d'un pain, et ne sont
anguleuses ni de face ni de profil.
Cotes. — Le nombre des côtes est de treize dans le squelette de Louvain. — Le
squelette du musée de Bruxelles en a quatorze à gauche, treize à droite. — Celui de
Londres n'en a que douze, et à en juger par l'état général de conservation, elles
sont complètes. 11 est toutefois à remarquer que dans le squelette de Bruxelles
les apophyses transverses delà quatorzième vertèbre présentent une surface élargie
qui ferait supposer qu'il existe, là encore, une côte rudimentaire. M. Flower fait la
même observation pour la treizième dorsale dans le squelette de Londres, qui n'a
que douze paires. Nous avons dit plus haut que cela tient à ce que, comme dans
d'autres cétacés, la dernière côte s'articule, en même temps, avec l'apophyse
transverse de la dernière dorsale et de la première lombaire.
Llles diffèrent toutes de forme.
Etendues par terre, la première touche le sol dans toute sa longueur; la seconde
se relève vers le quart supérieur; la troisième se relève encore davantage; puis les
autres se relèvent de moins en moins jusqu'à Pavant-dernière.
Les deux premières s'articulent par leur tubérosité et n'ont aucune apparence
de col ou de tète. — Les suivantes ont un col; mais il e9t loin d'égaler la lon-
gueur de l'apoj hyse transverse, de manière qu'aucune d'elles n'arrive par la tête
au corps des vertèbres. Les deux dernières s'articulent par la tête, directement aux
apophyses transverses.
La seconde et la troisième côte s'élargissent en haut depuis l'angle qu'elles
foi ment jusqu'à la tubérosité articulaire, affectant quelque ressemblance avec une
mandibule de cheval.
Les premières côtes, mais surtout la première, forment un angle bien prononce,
et constituent dans la région dorsale en avant une large gouttière costo-vertébrale.
A cet angle correspond une apophyse qui s'éloigne de plus en plus de la tubé-
rosité articulaire, pour s'en rapprocher de nouveau aux dernières côtes et s'effacer
ensuite.
La première côte s'avance en suivant L'apophyse transverse de la première dor-
sale, et s'articule presque autant, si pas plus, à L'apophyse transverse de l'axis
qu'à la première dorsale. C'est, du reste, ce qui a lieu également dans les Baleinop-
tères.
50.1 BLETTE DES CÉTACÉS
Les côtes antérieures son! forl larges, surtout vers leur extrémité inférieure;
les dernières sont les plus étroites; les plus longues se trouvent de la septii me ■<
la neui ième.
Dans lous les Mysticètes il n'\ a que la première côte qui s'articule avec le ster-
num. C'esl ce que l'on voil forl bien dans le fœtus, e( c'esl ce que Hunier, Camper
et d'au 1res avaient déjà observé.
Comme nos prédécesseurs, Eschricht, Reinhardtel Flower, l'onl reconnu, les
côtes sont au nombre de treize; c'esl le nombre normal dans le Mysticetus, et la
quatorzième côte, que l'on trouve à gauche «lans le squelette de Bruxelles, est une
côte supplémentaire, qui, du reste, esl forl courte.
sternum. Le sternum présente une forme forl régulière; élargi en avant, il
I m trie une échancrure sur son bord antérieur, el se rétrécil insensiblement d'avanl
en arrière, affectant la forme d'un bouclier. —Sur le bord, à droite et à gauche,
;i peo pn - vers le milieu, on distingue une forte échancrure; c'esl la surface arti-
culaire de la première paire de côtes.
Ii surface inférieure esl bombée, la supérieure notablemenl creusée vers !<■
milieu.
S > longueur esl de *>"> centimètres; sa largeur <le :\" centimètres; Bon épaisseur,
au milieu, esl <lc 85 millimètres.
Mans le sternum, figuré par Eschricht, ('échancrure du bord antérieur n'est pas
reproduite, mais elle esl clairemenl indiquée par M. Flower.
Dans le jeune âge , le sternum montre, sur son bord antérieur , une saillir .m
lieu d'une échancrure; il esl proportionnellement moins large el se termine, en
arrière, en une pointe plus ou moins aiguë.
iiiissi.i Le squelette «le Mysticetus, que nous venons de recevoir à Louvain,
a le bassin exactcmenl formé comme celui figuré par Eschricht el le professeur
Reinbardl l .
I M. Reinbardt qui a, le premier, reconnu la véritable composition du bassin,
en décow rant la troisième pièce, <|ui avait échappé à ses prédécesseurs.
Le bassin proprement dit est formé de quatre os, et de deux pièces cartilagineuses
I) Vi i nposilion du bassin dci i ' , Oullrl \ • i. roj de I i \\\
SI SQUELETTE DES CETACES.
que l'on ne voit bien que dans les corps fiais; deux de ces os, les deux principaux,
sont assez longs, puisqu'ils mesurent jusqu'à un pied de longueur; ils sont placés
parallèlement l'un à l'autre, au milieu des parties molles. Ces os, d'après leurs rap-
ports et non d'après leur forme, sont des ischions. On les trouve dans tous les Cétacés.
Chacun de ces ischions porte, en dehors, un os aplati, un peu plus long que
large, terminé en bas par une épiphyse, en haut par une espèce de tète suivie
d'un étranglement, que l'on peut comparer à une tête et à un col de fémur.
Au bout du fémur, le professeur Reinhardt a découvert une troisième pièce, qui
reste pendant toute la vie a l'état de cartilage, et qui représente le tibia. Une cap-
sule synoviale le sépare du fémur.
Quand les os du bassin se dessèchent complètement, on ne voit plus que deux
os, l'ischion et le fémur. C'est dans cet état que l'on trouve en général le bassin
dans les collections.
L'ischion présente des différences assez grandes d'un individu à l'autre dans le
même sexe; celui de Londres, comme celui de Bruxelles, est assez court et tronqué
en avant, tandis que celui de Louvain également de femelle cependant, comme
celui de Londres, est notablement moins courbé, et, par conséquent, moins caché
par le fémur. — La portion postérieure est, par suite, plus longue et plus étroite
dans le bassin de Copenhague (mâle) et dans celui de Louvain (femelle).
Membre thoraelque. L'omoplate de la baleine du Groenland présente la forme
ordinaire des autres vraies baleines; son acromion est très développé et un cora-
coïde très-étendu existe à sa base. Le bord postérieur est presque droit; le bord
antérieur est courbe, de manière à ce que l'angle antérieur dépasse en avant le
bout de l'acromion.
Le bord supérieur forme une courbe régulière, et porte un cartilage dans tout*?
sa Longueur.
Contrairement à ce qui se voit ailleurs, la face interne, au lieu d'être concave
est convexe, et h face externe présente une dépression assez notable vers le milieu.
L'épine de l'omoplate est peu développée, et ne s'éloigne pas beaucoup du bord
antérieur, de manière qu'il n'existe guère 6' épine de l'omoplate, et h fosse sus-
épineuse est peu étendue.
La cavité glénoïdc est concave, et à peu près aussi large que longue; elle n'a pas,
a beaucoup près, une étendue correspondanl a l'énorme tète de l'humérus.
SQUELETTE DES CETACES. 8b
Olivier a figuré une omoplate qu'il attribue avec raison à la baleine de Groen-
land, mais dont l'origine est inconnue (4). Son frère, dans l'article Cétacés, de la
Todd's cyclopedia , voulant reproduire cette figure, fait figurer le bras de la ba-
leine du cap pour le bras du Mysticetus du Groenland.
L'omoplate du Mysticetus se distingue de celle de la baleine du Cap par le déve-
loppement de l'apophyse caracoïde, qui atteint à peu près la moitié de la longueur
de l'acromion. La balaena antipodarum n'a pas d'acromion.
L'humérus a tous les caractères d'un humérus ordinaire de Cétacé. 11 est court
et fort gros, très-écbancré au milieu et un peu tordu sur lui- môme. — La tète
forme une éminencc hémisphérique énorme, et, en dessous du collet, on distingue
en dedans et en avant, un grand et un petit tubercule. — A l'extrémité inférieure
les deux surfaces articulaires forment un angle obtus, et la surface qui correspond
au radius est un peu plus large que l'autre.
M. Flovver signale une différence dans les deux humérus de son squelette,
différence qui consiste, en ce que celui de droite a son bord supérieur ou interne
deux pouces plus court que celui de gauche, tandis que le bord opposé a une lon-
gueur égale dans les deux.
Les épipbyses sont complètement soudées aux deux extrémités, dans notre
exemplaire, mais on dislingue encore la séparation.
Contrairement à ce que nous voyons dans la baleine décrite par Eschricht, les
os de l'avant-bras sont plus courts que l'humérus ; l'humérus a 0,62 et le radius
0,60. Aussi ces os sont, surtout le radius, plus larges dans toute leur longueur.
Les deux os de l' avant-bras sont séparés l'un de l'autre dans toute leur longueur
à peu près, et l'espace qu'ils laissent entre eux occupe au milieu plus de la moitié
de la largeur du cubitus, à la même hauteur.
Le cubitus est plus fortement courbé que l'os précédent et, par son prolonge-
ment olécrànien, il est un peu plus long. — Cet olécràne est notablement moins
long que celui qu'Eschricht a figuré, etque le dessinateur évidemment a exagéré,
en ne tenant pas compte de la partie cartilagineuse. Sa largeur aux deux extré-
mités est à peu près la même, et égale la tête du radius; au milieu le cubitus n'a
(li Descrip, ossem. foss., pi. XXVI, fiç. y.
<fi SQUELETTE ItES CEI VCÉS
qu'un pou plus de la moitié de l'épaisseur du radius; son épiphyse supérieure est
complètement soudée comme au radius.
Le radius est fort gros, épais, plus large notablement à son extrémité posté-
rieure qu'à sou côté humerai, à bord inférieur légèrement bombé, à bord inférieur
concave et régulièrement comprimé de dedans en dehors dans toute sa longueur
d'après Eschricht et le professeur Reinhardt, sa largeur en bas correspond à la
moitié de la longueur de l'os; dans le squelette de Louvain, cette largeur forme
les deux tiers delà longueur.
Une capsule synoviale sépare chacun des os de l' avant-bras de l'humérus, sans
qu'il y ait aucune mobilité de l'avant-bras sur le bras.
L'épiphyse antérieure est complètement soudée, mais on voit, comme à l'extré-
mité inférieure de l'humérus, la ligne de démarcation, qui a séparé le cartilage de
l'os.
Le carpe présente un véritable intérêt, mais il est indispensable pour se faire une
idée de ses divisions, d'avoir un membre non complètement desséché. — Tout le
carpe cartilagineux, du squelette que nous décrivons, était en parfait état et au-
cune de ses parties n'était encore racornie. — Aussi pour conserver immédiate-
ment la forme des compartiments dans lesquels il se divise, nous avons fait mouler
les deux surfaces en plâtre, dans l'intention de les faire copier plus tard; c'est le
moyen de conserver exactement les rapports qu'ont les trois os entre eux ainsi que
les cartilages qui les logent .
Avant de signaler les différences que nous trouvons dans la ligure publiée par
Eschricht et le professeur Reinhardt; nous allons exposer ce que nous avons vu.
Ui bout du radius, on observe commeau bout du cubitus, un large compartiment
cartilagineux, qui correspond parfaitement au radial cl au cubital, et qui, des deux
(•'îles du membre, c'est-à-dire a la face dorsale et à la face palmaire, présente le
même aspect. — Ces deux cartilages n'ont pas de noyau osseux.
Entre ces deux cartilages, on en voit un troisième, qui renferme un os distinct
assez volumineux, le plus forl des trois, cl qui est visible des deux côtés; c' es I
Vin ter médiat.
En dessous de lui, deux autres compartiments renfermenl chacun un os, le
deuxième et le troisième carpale; h1 dernier seul, situe en dessous du cubital, est
visible de deux ei'iies comme le précédent. — Le deuxième carpale n'est visible que
SQUELETTE l)KS CÉTACÉS. 87
d'un seul coté ; c'est en même temps l'os le plus petit, et l'on voit très-bien à l'os
lui-même, qu'il ne perce le cartilage que d'un seul côté.
Le cartilage qui fait saillie du même côté que le cubitus, et par conséquent du
côté opposé au pouce, n'a aucun os dans son intérieur. Escbricbt et le professeur
lieinhardt ont ligure cet os qui est le pisiforme. Nous l'avons cherché en vain dans
le squelette de Louvain; à l'extérieur on croirait en voir un.
M. Flower fait remarquer qu'il existe, entre la description d'Eschricht et liein-
hardt et le carpe qu'il a étudié, quelques différences parmi lesquelles il signale
comme nous, l'absence de l'os pisiforme.
La différence principale que nous trouvons, c'est que l'os qui figure dans le
cartilage, en dessous du radial, doit figurer dans le compartiment plus bas, mais
comme il ne parait pas des deux côtés, cet os aura été ajouté après coup et placé
par erreur où il se trouve. Nous croyons que c'est l'artiste qui est cause de
cette erreur.
Entre le métacarpien du pouce et le radial, il existe encore un carpal distinct,
mais sans os.
Enfin un compartiment distinct correspond à chaque os métacarpien et se com-
porte envers ces os, comme le cubital et le radial à l'égard des os de l'avant-bras.
Ce dernier carpien est donc formé de onze ou douze compartiments, dont
trois du milieu seuls renferment un os.
En somme il existe donc, et nous croyons que c'est chez tous les individus de
même, trois os carpiens, qui correspondent, non à la première rangée d'osselets,
mais plutôt à la seconde; le scaphoïde comme le pyramidal, ou le radial et le
cubital manquent; le semilunaire ou intermédial, est le seul de cette première
rangée qui soit développé.
Dans le squelette du musée de Bruxelles les pièces en bois qui représentent les
os ne sont pas à leur place.
Dans la ùalsena australis, et dans Yantipodarum, il existe dans tous les deux un
radial et un cubital, avec les deux carpales de la seconde rangée.
Ces os présentent tous les trois la forme d'un baril ; ils sont placés en travers au
milieu du cartilage, ont deux surfaces aplaties et tout le reste de leur surface
est couvert d'orifice et d'aspérités qui leur donnent l'aspect d'un fruit.
88 SQUELETE DES CÉTACÉS.
L'os carpien qu'Eschricht et Reinhafdt figurent (I) est le premier os carpal, re-
connaissable parce qu'il ne présente qu'une seule face aplatie visible à l'exté-
rieur, l'autre face restant caché dans le cartilage.
Les doigts sont au nombre de cinq, comme dans toutes les vraies baleines, et
chacun d'eux a un os métacarpien, même le pouce.
Les cinq os métacarpiens sont fort inégalement développés; celui du pouce est
le plus petit, tandis que celui de l'index est le plus grand; le métacarpien de
l'index diffère surtout des autres par sa largeur, et son bord interne seul est
échancré au milieu ; son bord externe, c'est-à-dire celui qui regarde le pouce,
est au contraire très-bombé; les trois autres métacarpiens ne se distinguent que
par leur épaisseur, qui va en diminuant depuis le médian jusqu'au petit doigt.
Il existe peu de différence dans la longueur des doigts, longueur qui est en rap-
port avec le nombre de phalanges; le pouce n'a pas de phalange véritable, l'index
en a trois, le doigt médian quatre, l'annulaire trois comme l'index et le petit doigt
deux. — C'est exactement la même disposition dans les divers squelettes connus.
Si nous comparons la composition de ce membre à celui de la balsena austratis,
nous trouvons ceci de remarquable, que les os du bras et de l'avant-bras sont tous
plus courts dans ce dernier, tandis que chaque doigt a une phalange de plus, et la
région mésocarpienne possède dans labalaena australis, deux os, qui n'existent pas
dans la balœna mysticetus.
La dernière phalange de chaque doigt est terminée par un Gbrocartilage
allongé, qui est surtout fort développé au doigt médian.
Mesure des principaux os du squelette de Louvain (2) :
Maxillaire inférieur : ligne droite 5"',52
— Développement 5°\8!j
Développement de la courbe antérieure a partir de la base de l'occipital. . . 6™, 34
Droite jusqu'au trou occipital (partie postérieure) B^iS
Membre : longueur totale 2"',!i0
— Humains 0e", 02
— Radius 0",G0
Omoplate : hauteur sans le cartilage 1"',10
— largeur maxima 1",12
(l) Oui nordhvalen.. ., p. 1 17.
> Ces mesures ont été prises avec une extrême obligeance, par M. Emile Dallemagne.
BALEINES. sa
Nous reproduisons ici, à la fin de l'article sur la Balœna mysticetus, la tète d'un
fœtus de cette espèce qui est conservée à Louvain et la tète d'un fœtus de la Balœna
antipodarum; cette dernière, dont les principales parties sont conservées dans les
galeries d'anatomie comparée du muséum d'histoire naturelle de Paris, a été des-
sinée par Werner. — Il est inutile de faire remarquer, que, s'il existe déjà à cet
Tête d'un fœtus lie Balœna autipodarum.
Tête d'un fœtus de Balœna mysticetus.
âge des différences tort grandes entre ces baleines qui habitent, l'une l'hémi-
sphère boréal, l'autre l'hémisphère austral, les caractères distinctifs les plus
remarquables ne paraissent cependant que plus tard dans le cours de leur évo-
lution, surtout quand elles approchent du terme de leur développement complet.
12
90
SQUELETTE DES CÉTACÉS.
On voit, dans l'une de ces tètes surtout, les bulbes des poils qui tombent de
bonne heure et dans toutes les deux le bonnet qui occupe à peu près la même place
au bout du rostre.
BALjENA BISCAYENS1S
Pt. VII.
Eschricht, Sur une nouvelle méthode de l'étude des cétacés, Comptes rendus.... 13 juillet 1858.
Eschricht, Développement du questionnaire relatif aux cétacés, Act. Soc. Linnéenne de Bordeaux,
tom. XVII, 1859.
Eschricht, Sur les baleines franches du golfe de Biscaye, Comptes rendus.... 1860, p. 924.
P. J. Van Beneden, Bull. acad. roy. de Belgique, 1801, 40:».
J. E. Gray, Proceed. Zoolog. Soc. 1864.
W, IL Flotoer, Proceed. Zoolog. Soc. 1864, 391.
J.E.Gray, Catalogue of Seals and Whales, London, 1866.
L. 1). Cope, Contribution to the history ofthe cetacea.... (Proceed. ofthe Academy ofNatur. Se. ofPlnla-
delphiafor I86ii;. Philadelphie, 1866.
Cette baleine a té désignée sous le nom de nordkaper (1 ) par les baleiniers hollan-
dais, de sarde parles Français, de stàtèak parles Islandais et les Norvégiens, d'east-
coast whale par les baleiniers qui visitaient autrefois la mer de Baffin et les
cotes de Groenland.
Tous les auteurs s'accordent à dire que les Basques ont fait la pèche de la baleine
dans le golfe de Gascogne et dans la Manche, dès le neuvième ou dixième siècle,
i Ce nom de nordeapt r au Noordkaper a été donné par erreur ii des animaux bien différents les un»
des autres.— D'après Bai, on désigne sous ce nom, mu les côtes d'Ecosse, l'Orque; ailleurs le Tursio; mais
le plus souvent ce sont des Balénoptères.
BALEINES. 91
et que cette race agile et vaillante, adroite à tous les exercices de corps, cou-
rageuse jusqu'à la témérité, a appris aux Hollandais à harponner ces animaux.
Les Basques sont censés avoir introduit le harpon vers 1 550. Ils ont conservé pen-
dant assez longtemps le monopole de cette pèche, et nous voyons les Hollandais,
lors de leurs premières expéditions dans les mers arctiques, prendre des harpon-
neurs basques à leur solde. Ces harponneurs n'étaient engagés que pour la durée
de l'expédition.
Après les hostilités qui éclatèrent au sujet de la pèche entre les baleiniers an-
glais et hollandais (1 6 1 2 à I G 1 4), il y eut, dans les parages du Spitzherg, un partage
des haies et des eaux les plus propres à la capture des haleines, et après que les
Anglais, les Hollandais, les Hamhourgeois et les Danois se furent partagés les
bonnes places, nous voyons encore deux baleiniers basques venir réclamer
la leur.
Les Basques n'avaient donc plus le pas sur les autres, et peu de temps après, ils
cédèrent complètement la place à ceux qu'ils avaient initiés dans l'art de manier
le harpon.
Le baleinier basque a disparu avec la baleine qui porte son nom.
Depuis longtemps il n'existe plus guère de baleines dans le golfe de Gascogne
qui puissent faire l'objet d'une pèche régulière, et c'est tout au plus si, de temps
à autre, on y voit apparaître encore une baleine ou une balénoptère isolée.
Cuvier en avait conclu que cette baleine, que l'on capturait autrefois dans la
Manche, s'était retirée insensiblement vers le nord, devant les attaques incessantes
de l'homme, et qu'elle avait fini par se réfugier au milieu des glaces du Spitzherg
et du Groenland. Le grand naturaliste en était d'autant plus convaincu, que son
opinion était indirectement corroborée par le témoignage de Scoresby qui avait
pris part à la capture de 522 baleines et qui n'avait observé, dans ses nombreux
voyages au nord, qu'une seule et unique espèce de baleine; le nordeaper des pé-
cheurs hollandais ne s'était trouvé nulle part sur son passage. On le comprend
aisément; le nordeaper avait déjà disparu de ces parages à l'époque où Scoresby
faisait ses voyages, comme le mysticetusa presque disparu lui-même de ces régions,
où, dans le courant du siècle dernier, on en prenait encore par centaines. Les
baleiniers basques ont mis plusieurs siècles à détruire le nordeaper dans les ré-
gions tempérées de l'Atlantique; les successeurs des Basques n'ont mis qu'un
92 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
siècle à détruire le mysticetus dans les parages du Spitzberg, et à peu près autant
pour le faire disparaître de la mer de Baffin et du détroit de Davis.
Otte opinion de Cuvier, sur le changement de station de la haleine de la Manche
a été partagée par la plupart des naturalistes; aux yeux de presque tous, le nord-
caper était devenue une espèce nominale qu'il fallait rayer de l'inventaire général.
Fen notre ami Eschricht n'était pas de cet avis; il avait confiance dans le récit
des anciens baleiniers; s'étant assuré que la haleine franche, qui habite les glaces
polaires, ne sort guère, à aucune époque de l'année, du cercle polaire, il en
concluait naturellement que la haleine chassée par les Basques dans la Manche
devait être un autre animal.
Eschricht découvrit, dans un précieux manuscrit islandais du douzième siècle, le
Kongskug-sio, on le miroir royal (I), quelques renseignements du plus haut intérêt
sur cette question. — La pêche de la baleine occupait beaucoup les Islandais de
cette époque, et les pêcheurs distinguaient parfaitement deux sortes de baleines :
l'une au nord qu'ils appelaient nordwall (baleine du nord), et l'autre au sud qu'ils
désignaient sous le nom de slatùag ; la première se montrait au nord pendant
l'hiver, l'autre n'apparaissait qu'au printemps, et cette dernière seule avait la peau
couverte de coquillages (Lepades).
Celte baleine qui se couvrait de lepades ou balanes est évidemment l'animal
auquel les baleiniers hollandais ont donné plus tard le nom de nordeaper.
On trouve également quelques renseignements, qui ne sont pas sans importance,
dans certains ouvrages du seizième et du dix-septième siècle.
Ainsi, Rondelet a eu connaissance de cette baleine, quoiqu'elle n'ait pas fré-
quenté la Méditerranée. En parlant de la Balsena vulgo dicta sive de musculo, il donne
comme caractères distinctifs: rostroest ùrevi, ftstula caret, corio dura nigro inlegi-
tur. Sine pilis, cui Lepades ci ostrea hœrentia aliquando reperiunturfô). — On sait que
les balénoptères ne se couvrent jamais de ces /,e/W<'.v, el (pie la seule espèce de ba-
leine à fanons, qui entre dans la Méditerranée, appartient à ce genre. Nous pou-
(1) Ce manuscril es) signalé dans le muséum Wormianum 1888), et Lesson en fait mention dans soi
Histoire uat ut . 1 1 1 des cél < pa • 31 .
(2) Rondelet, De piscibuslib. XVI, p. 471,. looi.
BALEINES. 93
vons donc conclure de ce passage que Rondelet a eu connaissance du nordcaper,
car il n'est pas probable qu'il ait connu des baleines australes.
Du Hamel admet deux espèces de baleines, la baleine franche et la sarde, qu'il
considère comme le vrai nordcaper. La sarde est plus petite, a moins de lard et est
plus alerte. — On la voit à Terre-Neuve, où elle se nourrit de capellans (I ).
La connaissance de deux sortes de baleines au nord de l'Atlantique parait du
reste assez générale parmi les baleiniers du XVIIe et du XVIIIe siècle. Après la
découverte du Spitzberg (16 H), Tbomas Edge fut chargé de la première expédi-
tion anglaise pour la pêche de la baleine au nord, et dans ses instructions il est fait
mention de deux sortes de baleines, l'une tlie bcardcdwhale, qui est le myslicefus,
et l'autre la sarda, avec des fanons de six pieds, qui est sans doute la biseayensis.
Les baleiniers groënlandais distinguaient de mémo deux sortes de baleines, l'une
sous le nom de easf-coastivhale, qui visite la côte d'Amérique et Terre-Neuve, l'autre
ivest-coast whale, qui ne se montre que sur la côte de Groenland.
Les deux sortes de baleines étaient également connues des marchands, qui
reconnaissaient à la longueur des fanons l'espèce qu'ils désignaient sous le nom
de seven-feet-bone et l'autre qu'ils appelaient grcenland ivhalc ; la première à
fanons courts, l'autre à fanons longs.
Dans un manuscrit conservé à Pau, et qui a pour objet la découverte de Terre-
Neuve, se trouve un passage qui mérite d'être signalé. — Ce manuscrit a été com-
muniqué par le professeur Geffroy à Eschricht et au professeur Reinhardt. Il y est
fait mention de baleiniers basques à la recherche des repaires des baleines, qui
hantaient leurs côtes au milieu de l'hiver. D'après ce récit ces baleiniers voyaient
de plus en plus de baleines à mesure qu'ils avançaient vers l'ouest, et ils arrivèrent
ainsi jusqu'au banc de Terre-Neuve. — Là ils trouvèrent des baleines différentes
de celles qui hantaient leurs parages, et ils leur donnèrent le nom desardaco ba-
leac, baleines de troupe (2).
Le nombre de ces animaux ayant diminué sur les côtes d'Europe, les baleiniers
(1) Du Hamel, T mile des pêches, sect. X, t. IV.
.' ('.os Sardaco Baleac sont sans doute des mysticetus du Groenland, bien différentes des sVnv/.'v, que
les Basques avaient poursuivis jusque daus ces parages. Les mysticetus descendent quelquefois, en effel,
jusqu'il Terre-Neuve.
94 SQUELETTE DES CETACES.
sont allés les poursuivre sur les côtes d'Amérique, et à la fin du XVIe siècle des
vaisseaux de diverses nations prenaient part à la capture de ce riche butin. — Plus
de 500 vaisseaux se rendaient dans ces parages vers cette époque, et il n'y avait pas
moins de 15 vaisseaux anglais, autant de portugais, 150 français, 100 espagnols et
20 ou 50 vaisseaux du golfe de Gascogne qui se livraient à cette pêche, dit Antony
rarkhurst(l578) (I).
Pontoppidan parle également de baleines, à fanons de cinq à sept pieds, différen-
tes des baleines de Groenland, par la largeur comme par la qualité de ces organes,
et que l'on prend dans les parages de Terre-Neuve. Mais à l'époque où Pontoppidan
écrivait, cette pèche devait être à peu près abandonnée, puisque, pendant une
période de dix-sept ans, on n'avait pris que deux baleines, dont un vieux mâle.
Chemnilz fait également mention d'un fait qui mérite d'être signalé. — Un ba-
leinier, après avoir fait la pêche du cachalot au Brésil, se rendit au nord afin de
compléter son chargement. Entre Terre-Neuve et l'Islande, il captura un nord-
caper. — Il fait remarquer qu'il n'y a pas de chasse plus difficile. Le nordcaper
est très-remuant et fait des sauts irréguliers (krumme Sprungen). — Il porte sur
sa tète noire des coquillages et l'animal capturé en portait suffisamment pour
remplir un sac. Chemnitz est d'avis que ces coquillages sont les mêmes que
ceux décrits par Walchs sous le nom de Balanus et que Rumphius a rangés
parmi les Oursins. On peut reconnaître ce nordcaper, dit Chemnitz, non-seu-
lement à la structure du corps, mais surtout à ses mouvements désordonnés et aux
balaues qui lui couvrent la tête.
Il est donc généralement admis qu'une baleine, à fanons courts dans la bouche
et a coquillages sur la tête, était l'objet d'une pèche régulière sur les côtes d'Eu-
rope et, plus tard, sur les côtes d'Amérique (2). Aussi ne doit-on pas être surpris
de voir Zorgdrager admettre une baleine des glaces (ysvisch) et une baleine du cap
nord nordcaper. Le temps nous apprendra si Zorgdrager a eu également raison
(Ij En 1858 mi comptait encore aux Étals-Unis 736 baleiniers; on n'en compte plus que 34S en 18(17, cl
en 1868.— Celte décroissance est constante depuis 1817. Los trésors que ces pêcheurs tirent du fond
île la mer, dépassenten importance la valeur des mines d'or de la Califoi me, dit avec beaucoup de raison
le commandant Maury.
(2) Score bj reconnaît que la baleine des régions tempérées se couvre de lepas diadema, et jamais
celle des régions arctiques.
BALEINES. 95
de distinguer son ysvisch en baleine du sud, que l'on prend entre le Spitzberg et
la Nouvelle-Zemble, et celle de l'ouest que l'on prend depuis le Spitzberg jusqu'au
détroit de Davis.
Nos connaissances en cétologie étaient bien incomplètes à l'époque où Lacépède
écrivit son histoire naturelle des Cétacés ; et cependant, à côté de la baleine franche
du Groenland, le savant successeur de Buffon admettait une espèce distincte sous
le nom de nordcaper, et dont il produisait un dessin qui n'est pas sans mérite.
Une troisième espèce dont parle Lacépède est évidemment la Megaptera boops, que
Cuvier n'a pas connue non plus, mais la quatrième nous paraît nominale.
Cuvier, en écrivant ses recherches sur les ossements fossiles, se livre à l'étude
des baleines et des dauphins; avec beaucoup de raison, il n'admet que les
espèces dont l'authenticité est bien établie, soit sur des squelettes, soit sur des
ossements séparés. Malheureusement le muséum de Paris, comme la plupart des
collections du reste, était fort pauvre en cétacés, à l'époque où le grand natura-
liste se livra à ces travaux. Le muséum d'histoire naturelle de Paris possédait un
squelette de baleine du Cap rapporté par Delalande et un squelette de mégap-
tère désigné sous le nom de Rorqual du Cap. — Le British muséum pos-
sédait une tête de baleine du Groenland. Quelques squelettes de Rorquals étaient
également connus.
L'animal, qui aurait dû être représenté avant tout dans l'un ou l'autre musée
par une pièce quelconque, puisqu'il avait été l'objet d'une pèche régulière sur les
côtes d'Espagne et de France, faisait défaut partout. Les squelettes que nous
venons de signaler étaient à peu près les seuls matériaux dont le naturaliste
pouvait disposer il y a quarante-cinq ans.
..« Quant à la baleine de glace, au vrai nordcaper, au nordcaper du capJ\Tord,
dit Cuvier, le seul dessin, le seul document muni de quelque authenticité que l'on
ait cru pouvoir y rapporter, consiste^ dans les figures faites au Groenland par
Bachstiom, envoyées par sir Joseph Banks à M. le comte de Lacépède, et que
celui-ci a fait graver dans son histoire naturelle des cétacés (PI. II et III). Il suffit
96 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
de comparer cette figure de Bachstrom avec celle de Scoresby, pour être convaincu
qu elles ne représentent qu'une seule et même espèce. » Nous ne partageons pas
cet avis de Cuvier. — Ce dessin de Bachstrom , fait en 1779, d'après un individu
que l'on prétend provenir des mers du Groenland, représente un animal différent
du mysticetus, et, en le comparant au dessin du docteur Monedero, que nous repro-
duisons dans notre atlas, nous ne doutons pas que ce ne soit le même animal, c'est-
à-dire, le véritable nordcaper. La courbure de la lèvre au-dessous du globe de
l'œil, aussi bien que la grosseur et la forme de la tète., nous paraissent caractéris-
tiques dans ce dessin.
Dans son histoire naturelle des cétacés, Fr. Cuvier n'admet que la baleine
franche dans le genre Balaena, et il ne trouve, dit-il, aucune raison d'admettre le
nordcaper comme espèce distincte. .. « Il ne restera en dernière analyse, dit-il,
pour fonder l'existence de cette espèce, que ce nom de nordcaper, appliqué par
les pêcheurs à un cétacé à fanons, et auquel ont été rattachés des notions di-
verses, qui semblent autant appartenir à un rorqual qu'à une baleine proprement
dite. » Fr. Cuvier avait raison : très-souvent on a confondu, sous le nom de nord-
caper, de véritables balénoptères et peut-être aussi des megaptères; mais de ce
qu'on a souvent confondu des espèces distinctes, il ne résulte pas que le nordcaper
ne soit pas une baleine à caractères constants et particuliers.
Comme on le comprend aisément, la grande autorité de Cuvier entraîna la
généralité des naturalistes, et le nordcaper fut rayé du catalogue général des zoo-
logistes.— Cette baleine était devenue, aux yeux de tous, une espèce nominale.
Le professeur Eschricht de Copenhague, ainsi que quelques autres naturalistes,
avaient plus de confiance que Cuvier dans le récit des anciens baleiniers et, en étu-
diant la répartition géographique de la baleine franche, Eschricht avait acquis la
conviction que cette dernière espèce ne quitte jamais les glaces polaires, et ne peut
par conséquent pas être la même baleine que les Basques avaient chassée pendant
des siècles dans le golfe de Gascogne et dans la Manche. — De son côté, le
professeur Reinhardt apportait des preuves plus décisives encore.
En faisant le relevé des documents authentiques recueillis dans les colonies
danoises du Groenland, le savant professeur de Copenhague fit voir à l'évidence,
que la baleine de cette contrée visite exactement les mêmes parages qu'autrefois,
etqueson apparition dans les diverses stations a lieu absolument à la même date.
BALEINES. 97
— 11 n'y a rien de changé depuis plus d'un siècle dans les mœurs de cet intéres-
sant animal.
Toutes ces preuves n'auraient peut-être pas suffi pour faire revenir les natura-
listes à l'opinion des baleiniers des siècles précédents, quand heureusement,
le 17 janvier 185-1, une baleine, une vraie baleine accompagnée d'un baleineau,
fit son apparition dans le golfe de Gascogne. L'animal se montra à diverses
reprises devant Saint-Sébastien ; il resta en vue pendant plusieurs jours, et les
habitants de la côte se décidèrent heureusement à lui faire la chasse; le balei-
neau fût capturé, mais la mère échappa.
Le docteur Monedero, qui était sur les lieux, en fit un bon dessin en couleur,
et le cadavre fut dépecé pour en conserver les os. — Le dessin fut ensui'c
lithographie, et, grâce au docteur Bazin de Bordeaux et au professeur Geffroy,
qui comprenaient l'un et l'autre l'importance de celte capture pour la cétologie,
un exemplaire de la lithographie fut remise entre les mains d'Eschricht.
Eschricht reconnut à l'instant que le cétacé de Saint-Sébastien était une vraie
baleine, et non pas une balénoptère, mais une baleine toute différente de l'espèce
du Groenland. Peut-être est-ce un descendant des nordeaper, se dit-il, el Je
nordeaper ne serait donc pas éteint.
Eschricht m'écrivit le 1 f> octobre \ 857 : « Personne n'a donc été frappé encore
par l'accident de Saint-Sébastien. Ah ! que c'est bien ! C'est donc moi, je l'espère,
qui en prouverai toute l'importance pour l'histoire de la pêche de la baleine. Mais
il me faut pour cela aller à Pampelune ; j'espère trouver le squelette qui vaut »
Mon savant ami fit peu de temps après ses préparatifs de voyage. Une pouvait pas
abandonner à un autre le soin d'étudier les caractères de cette curieuse baleine;
il quitta Copenhague le 18 juin 1858, s'arrêta à Louvain pendant quelques jours,
annonça à l'Académie des sciences à Paris le motif de son passage , arriva
à Saint-Sébastien , puis à Pampelune, où son arrivée était officiellement annoncée
et où les os du squelette se trouvaient déposés. — Le squelette n'était pas
monté. — Eschricht reconnut à l'instantque la jeune baleine différait complètement
de la baleine du Groenland, et, il n'y eut plus de doute pour lui, l'animal qui venait
si inopinément faire son apparition dans le golfe de Gascogne, appartenait à ce
groupe île baleines que les Basques harponnaient dans la Manche, et dont l'espèce
n'était heureusement pas détruite, comme il v avait tout lieu de le craindre,
i SQUELETTE DES CÉTACÉS.
Eschricht fit l'acquisition du squelette par voie d'échange pour le Musée de
Copenhague, et n'éprouva quelque repos que quand le navire qui le porta fut
entré dans le port de Copenhague.
Une de ses grandes préoccupations en partant pour Saint-Sébastien, c'était l'es-
poir de trouver quelque Balane tombé de la peau de cet animal ou de quelque
autre individu harponne près delà côte. — Ses recherches à Saint-Sébastien, ainsi
qu'à Pampelune, ne lui apprirent rien à ce sujet. Depuis la mort d'Eschricht,
nous avons été informés, grâce à l'obligeance du docteur Fischer, que cette baleine
a été observée par les gardiens du phare, lors de son passage dans la baie de
Biarritz, et qu'ils ont parfaitement reconnu la présence de ces crustacés sur la
peau de l'animal.
Eschricht comptait publier la description de ce squelette dans le nouvel ou-
vrage dont il avait commencé l'impression à Paris, lorsque la mort vint le sur-
prendre. « Je joindrai à la seconde livraison, pour les baleines franches [Leioôalsena},
mes recherches sur la baleine de Biscaye et sur lajaponica, dont j'ai reçu un fœtus
très-maltraité », me disait-il dans une lettre datée du 25 juin \ 80 1 .
Le professeur Iteinhardt s'est engagé à publier la description de ce squelette
unique, qui se trouve au musée de l'université de Copenhague. — Nous avions
compté sur cette publication, mais des travaux divers ont empêché le savant pro-
fesseur de Copenhague de terminer son travail.
Là capture du baleineau dans le golfe de <iascogne n'est pas, du reste,
comme on pourrait le supposer, un fait unique; on a conservé le souvenir de
quelques prises du même genre. En effet, à diverses époques , ou a signalé dans
ces mêmes parages l'apparition de quelques-uns de ces animaux, mais jusqu'ici
ils n'ont pas suffisamment éveillé l'attention des zoologistes.
En 1080, au mois de février, il a échoué à file de lié, près de la Rochelle, une
baleine femelle de quarante-sept pieds et demi ; elle portait sur la tète des traces
de Balanes, et, au bout de la mâchoire inférieure, un tas de moules (coutelières?) (I).
Ce n'était donc pas non plus une balénoptère. — Malheureusement rien n'en a été
conservé.
i Seignette, Zniliiicus nicdii-o-^iillirus, annusil, p. 63.
BALEINES. 99
Du Hamel fait mention dune baleine qui est venu échouer avec son baleineau
en février 1764, sur la côte de Saint- Jean-de-Luz.
Le 24 février \ 8*52, ainsi deux ans avant la prise du baleineau à Saint-Sébastien,
une baleine décapitée et pourrie est venue échouer sur la côte du département de
la Gironde, entre la pointe de Grave et le vieux Soulac. Sa longueur était de quinze
mètres, et la nageoire pectorale, de forme ovalaire, mesurait un mètre. M al heureu-
sement on n'en a conservé qu'un fragment d'épiphyse vertébrale; par ordre du
préfet, le cadavre a été brûlé (I).
Nous trouvons un autre cas dans les anciens auteurs : une femelle, accompa-
gnée également de son baleineau, est venue échouer en 1 764 sur la côte de Saint-
Jean de Luz. — Le baleineau avait 25 pieds de long.
Comme il est probable que de temps en temps des nordcapers font encore au-
jourd'hui leur apparition sur la côte d'Espagne et dans le golfe de Gascogne, aux
mois de janvier et de février, il serait à désirer que l'importance de cette question
éveillât l'attention des naturalistes que leur position met à même de visiter- ces
parages. — C'est surtout dans ce but qu'Eschricht a communiqué (2), il y a quelques
années, un questionnaire à la société linnéenne de Bordeaux.
D'après ce qui précède, il n'y a plusà en douter : deux espèces de vraiesbaleines
ont vécu et vivent encore au nord de l'Atlantique; l'une, dans les régions tempérées,
se couvrant de cirrhipèdes, comme les espèces australes; l'autre, vivant au milieu
des glaces qu'elle ne quitte jamais et qui ne loge sur la peau que des cyames.
La première est le nordcaper des baleiniers hollandais; l'autre la baleine de
Groenland ou le mysticetus des naturalistes. — On pouvait croire la première
espèce détruite; mais, puisqu'il y a de temps à autre des individus qui font encore
leur apparition dans le golfe de Gascogne à la même époque de l'année, comme
du temps des Basques, l'espèce s'est conservée quelque part, et il est à espérer
que l'on découvrira bientôt quelles sont les stations qui lui servent de dernier
refuge. Une publication récente paraît devoir nous mettre sur cette voie.
Le professeur Edm. C. Cope, en publiant rémunération des squelettes qui sont
(1) Esohricht, Recherches sur les Cétacés, p. 55, et Annales des sciences naturelles, 1SG4, tome I, p. 203.
en note.
(2) Actes delà Société Linnéenne de Bordeaux, tome XXII, 4' livraison, 1859
100 SQUELETTE DES CETACES.
conservés dans les musées des États-Unis d'Amérique et particulièrement à Phila-
delphie, indique sous le nom de Batœna cisarctica, un squelette qui pourrait fort
bien appartenir à l'espèce qui nous occupe: This species may really occur on the
European coast, dit-il, and is, no douât, allied to, or the same as the species pursued
by the Biscaye Whalers, xvhich Eschricht says is related (<> thcAustralis.
Le savant professeur de Philadelphie a eu l'extrême obligeance de nous envoyer
un os d'oreille complet de sa baleine nouvelle pour la comparer à celle du balei-
neau de Saint-Sébastien, et sa ressemblance avec les baleines australes est frappante.
Nous donnerons plus loin la description de cette pièce intéressante que nous fai-
sons figurer dans notre Atlas, en attendant que le professeur de Philadelphie pu-
blie la description complète du squelette.
Il parait qu'anciennement cette espèce a été aux États-Unis l'objet d'une pèche
régulière au cap Cod pendant l'été, comme elle l'était en hiver dans la Manche en
Europe, puis entre Terre-Neuve et l'Islande. L'île de Nantueket (Massachusets)
compte un grand nombre de baleiniers, et c'est peut-être la présence de cette baleine
sur leurs côtes qui a formé, dans le temps, les premiers baleiniers américains.
Comme en Europe, des individus font encore de temps en temps une apparition
dans les mêmes parages où autrefois ils étaient assez abondants (I). Le pro-
fesseur Cope en a eu trois squelettes à sa disposition. Les" baleiniers américains
les désignent sous le nom de Black Whale, dit le professeur Cope.
Il y a tout lieu d'espérer que d'ici à peu de temps, nous saurons par la compa-
raison des squelettes quel est le degré d'affinité qui unit entre elles les baleines des
régions tempérées.
Avant de finir celle revue historique, nous signalerons quelques ossements qui
pourraient bien provenir de cette même espèce. Nous ne devons rien négliger pour
réunir les débris d'un animal qui est sur le point de s'éteindre, et qui mérite, sous
des rapports fort divers, toute l'attention du naturaliste.
A diverses reprises (in a trouve sur la plage et quelquefois dans l'intérieur des
i Thcj were formerly abundant aboul the nioulh ofthe Delawan Cope
BALEINES. 101
terres, des ossements de baleine qui ne se rapportent pas à la baleine franche du
Groenland, et tout tend à supposer, que plusieurs d'entre eux appartiennent à
l'espèce qui nous occupe. — Malheureusement il arrive souvent que ces pièces
conservées dans les musées ne portent aucune indication d'origine.
Parmi ces ossements nous comptons une région cervicale figurée par Lacépède
et que ce savant attribuait à la Balénoptère qui a échoué, à la fin du siècle dernier,
à l'île Sainte-Marguerite (Var). — Les vertèbres du cou sont toutes réunies et elles
ne peuvent par conséquent pas provenir d'une balénoptère. — Cuvier a figuré
cette même région cervicale, et il a parfaitement reconnu qu'elle n'appartenait pas
à la balénoptère de l'île Sainte-Marguerite; qu'elle devait plutôt être comparée aux
vertèbres cervicales de la baleine du Cap, dont elle est cependant distincte, disait-
il avec beaucoup de raison. Elle n'a aucunement l'air d'avoir été enterrée.
Un autre os remarquable appartient au musée Britannique : c'est aussi une
région cervicale et qui a été déterrée à Lyme-Regis en \ 860. Le9 surfaces articulaires
de l'atlas indiquent une tète plus petite que celle du mysticetus, ce qui s'accorde avec
le volume de la tète du squelette de Pampelune, qui n'a que le quart de la longueur
totale de l'animal.
Ces deux régions cervicales offrent entre elles de notables différences; nous ne
connaissons l'origine que de la dernière et, à en juger par certains caractères, il
n'est pas impossible que la première ne provienne d'un mysticetus du Groenland.
Escbricbt nous a parlé d'un squelette entier qui était ensablé quelque
part sur la côte du Danemark; mais il avait peu d'espoir de l'obtenir, à cause des
grandes dépenses que ce déterrement aurait occasionnées. — Escbricbt rapportait
ce squelette à une baleine et, probablement nous disait-il, à la Oiscayensis.
Une partie de tête trouvée à Paris dans la rue Dauphine et qui se trouve aujour-
d'hui au musée Teyler à Harlem ainsi qu'une vertèbre trouvée en septembre 1859
dans la même rue, pourraient bien se rapporter à la même espèce (1).
On a également trouvé un squelette en Ecosse et MM. Sundevall, Lovèn et Retzius
ont signalé des ossements sur les bords de la Baltique, qu'il serait fort important
de comparer avec la baleine qui nous occupe (2).
[1] l.a Baleine de Lamanon dont Cuvier a fait mention dans ses Recherches.
(2 Ofversigl af Kongl. Vetensk, Aka<l. fôrh., 1854, p. 111.
102 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
Nous avons trouvé dans le cabinet de Paret, à Slykens, deux vertèbres qui ont
sans doute été déterrées dans les dunes, près d'Ostende (I). Une côte trouvée à une
profondeur de quelques pieds dans des travaux faits à Fumes, et qui, par son épais-
seur, parait ne pouvoir appartenir qu'à une baleine véritable, provient sans doute
également de cette espèce (2).
En passant à Carnac (Morbihan), au mois de septembre dernier, avec mon lils,
pour nous rendre à Concarneau, les douaniers de la localité apportèrent acciden-
tellement à l'hôtel, comme curiosité, un corps arrondi et déprimé, semblable à un
pain, qu'ils qualifiaient de pain fossile. — C'était une vertèbre de baleine, qu'ils
venaient de déterrer sur la plage, et qui provient sans doute de la balania biscayensis.
C'était une caudale sans os en V et sans aucune apophyse; elle avait la grandeur
d'une vertèbre de balsena myslicetus; mais elle était notablement plus aplatie
que ne le sont les vertèbres caudales de cette espèce. — On la destinait au musée
do Vannes comme objet de curiosité archéologique.
Enfin nous avons reçu au musée de Louvain une omoplate conservée depuis
longtemps dans une abbaye, et dont tous les caractères se rapprochent des ba-
leines australes, sans cependant s'identifier avec elles. — Cet os provient évidem-
ment d'une baleine vivante, encore jeune, qui pourrait bien être l'espèce des
Basques (5).
Nous mentionnons ici les divers musées qui conservent des restes de celle
baleine ou que nous supposons lui appartenir.
Le musée de Copenhague est en possession du seul squelette positivement connu
de cette espèce, puisque c'est lui qui provient du baleineau capturé en 4854, à
Saint-Sébastien, et qui a figuré pendant quelque temps au musée de Pampelune.
(1) Ces vertèbres n'étaient accompagnées d'aucune indication sur leur origine; mais comme tout lu
musée était formé d'objets recueillis, aOstende et dans les environs, nous avons toutlieu de supposer
qu'elles ont été trouvées sur la plage ou dans 1rs dunes.
(2) Notice sur la découverte d'un os de baleine; Bull. \.ad. roy. de Belgique, 2« Sér. t. XXIII, n' 1,1 807.
(3, Les pécheurs viennent de retirer du fond de la mer, près de la côte de Jutland, une partie de léte de
vraie baleine. Elle est déposée au Musée de Brème. Nous devons ce renseignement a l'obligeance du
docteur Focke, à Brème.
BALEINES. 103
Au musée de Paris se trouve la région cervicale d'une baleine, attribuée à tort h
nue balénoptère de la Méditerranée par Lacépède, et qui a été figurée par ce savant
et par Cuvier.
La région cervicale trouvée sur la côte d'Angleterre à Lyme-Regis, est dé-
posée au musée britannique, comme nous l'avons dit plus baut ; cette région
diffère plus de la baleine du Groenland que celle qui a été figurée par
Lacépède.
Nous possédons à Louvain deux vertèbres lombaires qui proviennent du cabinet
de Paret, formé à Slykens, près d'Ostende, et une omoplate, également d'origine
inconnue, qui a été longtemps conservée dans une abbaye.
La vertèbre caudale trouvée par les douaniers à Carnac (Morbihan), et dont nous
avons parlé plus haut, est probablement déposée aujourd'hui au musée de Vannes.
Nous devons mentionner également une partie de crâne et une vertèbre déter-
rées dans la rue Dauphine, à Paris; la portion de crâne est conservée au musée Tey-
ler, à Harlem; la vertèbre est déposée dans les galeries du Muséum d'histoire na-
turelle de Paris.
Enfin le musée de Philadelphie et d'autres musées des États-Unis posséderaient
di;s squelettes complets de cette espèce, si la baleine, décrite sous le nom de
Cisarctica par le professeur Cope, est réellement, comme nous n'en doutons
pas, la ùiscmjensis.
Grâce à l'obligeance du professeur Cope, le musée de Louvain est en possession
d'un os d'oreille complet de BaLvna cisarctica adulte.
La connaissance des diverses stations, que ces animaux fréquentent dans le
courant de l'année, est un point fort important de leur histoire, et fort heu-
reusement, quoique la baleine des Basques ail presque disparu, l'on possède
quelques renseignements précis sur les lieux qu'elle fréquentait autrefois en hiver
et en été.
Tous les auteurs s'accordent à dire que les Basques faisaient la pèche de la
baleine sur la côte d'Espagne et dans la Manche, et que cette pêche avait lieupen-
104 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
riant l'hiver; que plus tard, enhardis par le succès, ils sont allés les poursuivre
jusqu'au banc de Terre-Neuve, et qu'à la fin du mois de mai on les trouvait près
delà côte d'Amérique.
On leur accorde aussi en général une station entre Terre-Neuve et l'Islande, et
maint baleinier, au retour de la pèche du cachalot dans les mers australes, est allé
compléter son chargement au nord du banc de Terre-Neuve. — Les baleiniers amé-
ricains faisaient même la pèche du nordcaper dans Redeliord et Foxe-Bay en Is-
lande (I).
Au commencement du xvnr siècle, cette pèche se faisait régulièrement vers la
fin du mois de mai, près de la cote de la Nouvelle-Angleterre, dit Dudley, et elle
est d'autant plus aisée, ajoute-t-il, qu'elle ne se pratique que pendant la belle sai-
son (2).
Il semble résulter aussi des nombreux documents que Eschricht et le professeur
Reinhardt ont consultés, que les sardes visitaient parfois la côte de Groenland,
comme les mysticetus descendaient quelquefois jusqu'à Terre-Neuve, ce qui ex-
plique la présence de deux espèces différentes dans les mêmes eaux. Il est à remar-
quer que le même fait est signalé au nord du Pacifique, où la baleine du Japon se
trouverait quelquefois à côté du mysticetus, venant de la côte de Kamschatka. —
L'analogie dans les deux mers est assez remarquable : la àalsena ôiscayensis semble
se complaire dans le Gulfstream comme la Batœna japonicadans le courant noir du
Japon, tandis que le mysticetus dans les deux mers n'abandonne guère le courant
glacial, celui de l'Atlantique longeant la côte du Labrador, celui de l'Atlantique la
côte de Kamschatka.
Le commandant Maury représente comme moyenne équatoriale de la baleine
qui nous occupe, une ligne qui part du détroit de Gibraltar, passe devant l'île de
Madère, atteint le 54e degré, puis se dirige au devant de Terre-Neuve jusqu'au golfe
de Saint-Laurent. — Gette baleine franche du commandant Maury est évidemment
le nordcaper (5).
La baleine (Right-whale) que les Anglo-Américains capturaient sur les côtes de
i Eschrichl et Reinhart, loc. cit., p. 48 (trad. angl.
2 Philosophical Transactions, vol. XXXIII 1724-28
(3) Courants et mouvements généraux de la mer.
BALEINES. 105
Nantucket et de New-England est bien le même animal que la sarde ou le nortl-
capcr » disent Eschricht et le professeur Reinhardt.
Comme nous n'avons été à même d'étudier, ni le squelette de la ùiscayensis
de Copenhague ni celui de la Cisarctica de Philadelphie, de façon à pouvoir
en donner une description, nous devons nous borner à reproduire les détails
isolés qui en sont connus, et à y joindre la description des os que nous croyons
devoir lui rapporter.
La baleine des Basques diffère notablement de la baleine du Groenland, et si l'on
répar tissait les vraies baleines en deux groupes génériques ou sous-génériques, c'est
évidemment des baleines australes qu'il faudrait la rapprocher. — Par la
physionomie aussi bien que par les caractères ostéologiques, elle diffère compa-
rativement peu de la baleine du Cap, et l'on comprend aisément que les baleiniers
hollandais aient cru retrouver leur nordcaper au cap de Bonne-Espérance. — Ainsi
dans la ùiscayensis, comme dans t australis , la tète mesure le quart de la longueur
totale, tandis que la tête du mysticetus atteint jusqu'au tiers de la longueur du corps.
La lèvre inférieure se comporte en arrière, comme dans l'espèce du Cap, et donne
à la tête un caractère particulier qui n'a pu échapper aux marins qui avaient
fait la pêche au nord de l'Atlantique.
Cette baleine se distingue également par quelques autres caractères extérieurs :
indépendamment de la taille et des proportions de la tète, elle a les fanons plus
courts et plus épais que le mysticetus; une peau bleuâtre, plus lisse et plus épaisse,
et, s'il fallait en croire quelques auteurs, Pontoppidan entre autres, la baleine des
Basques aurait une bosse derrière le cou (I).
Comme nous l'avons fait remarquer plus haut, la commissure de la lèvre infé-
rieure est disposée en dessous et en arrière du globe de l'œil dans la baleine des
Basques, comme dans les baleines australes, et son contour suffirait à lui seul pour
distinguer les baleines des régions tempérées. Le dessin du docteur Moncdcro,
montre fort bien celte disposition.
(1) Pontoppidan, Del forste Forscig paa norges naturlige Historié, Kjôbenhavn, 1732-1753.
• 4
!06 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
La longueur totale moyenne paraît être inférieure à celle des mysticetus.
A en juger par le squelette du baleineau de Saint-Sébastien, qui est aujourd'hui
au musée royal de Copenhague, il présente des différences très-grandes, si on le
compare avec celui du mysticetus de Groenland du même âge, tant dans la forme
que dans le développement de certains os.
Eschricht m'écrivit, aussitôt que le squelette du baleineau de Saint-Sébastien était
arrivé à Copenhague : l'énorme différence d'avec le mysticetus surpasse tout ce
que j'en avais pensé lors de mon séjour à Pampelune ; le squelette n'est pas
plus développé que celui du mysticetus d'à peine un an, et l'ossification des ver-
tèbres n'a pas atteint encore les apophyses transverses, de sorte que les arcs sont
encore tout séparés du corps des vertèbres; les deux côtés ne sont même pas unis,
et la colonne vertébrale a la longueur du mysticetus d'un an et demi.
Le corps des vertèbres a presque le double en diamètre de celui du mysticetus.
Le nombre de vertèbres diffère sensiblement de celui de la balcena australis.
La tète n'a que les deux tiers de la largeur d'un mysticetus d'un an et demi.
Dans la Balœna cisarctica décrite par le professeur Cope et que nous supposons
être l'âge adulte de la ùiscayensis, la colonne vertébrale est composée de 56 ver-
tèbres. Les sept vertèbres cervicales sont toutes soudées, les trois dernières seu-
lement par le corps. L'atlas et la dernière cervicale, sont unies aux autres, seu-
lement par la partie supérieure de l'arc neural. Les quatrième, cinquième et sixième
vertèbres sont unies par leurs diapophyses, et séparées par le reste ; la septième
vertèbre est unie avec les trois vertèbres qui la précèdent. Les premières, deuxième
et troisième vertèbres portent seules une apophyse transverse inférieure.
Il existe quatorze côtes et la première est simple à sa partie supérieure; elle est
single-headed pour me servir de l'expression des naturalistes anglais.
L'omoplate est plus large que haute et mesure 29 pouces en largeur, 25 seule-
ment en hauteur.
Le professeur Cope a eu l'extrême obligeance de nous envoyer de Philadelphie
un os d'oreille avec la caisse, le rocher et les apophyses au grand complet. — Cet
os auquel nous attachons depuis longtemps une grande importance au point de
vue de la zoologie systématique, montre à l'évidence, comme nous l'avons fait re-
marquer plus haut, que cette baleine est beaucoup plus rapprochée des baleines
australes que de la baleine du Groenland.
BALEINES. 107
M. le professeur Reinhardt a eu l'obligeance de comparer à Copenhague cet os
avec celui de la biscayensis, mais il y a malheureusement, entre les animaux dont
ces os proviennent, une très-grande différence d'âge. — L'os d'oreille de Bakfna
cisarctica du professeur Cope provient d'un animal adulte, tandis que celui du sque-
lette de Saint-Sébastien provient d'un individu qui accompagnait encore sa mère.
Toutefois il résulte de la comparaison, que les os présentent entre eux trop peu de
différence, pour que l'on soit en droit d'en conclure que les animaux dont ils pro-
viennent, soient d'espèce différente. Le professeur Reinhardt ne croit toutefois pas
que la balœna biscayensis soit synonyme de Balœna cisarctica.
Ce qui frappe au premier abord, en comparant cet os d'oreille avec celui des
autres baleines, c'est la grande ressemblance que présente la caisse tympanique avec
celle des baleines australes; la caisse, au lieu d'avoir son bord inférieur et libre, com-
primé comme danslemysticetus, a ce bord presque arrondi, de manière que l'os tym-
panique a un contour plus ou moins ovale et fort peu anguleux; le bord inférieur est
mince comme dans toutes les baleines; mais, du côté de l'orifice (côté interne),
aussi bien que du côté opposé, la surface est extrêmement bombée, surtout au
point où la caisse adhère au rocher et à l'apophyse postérieure. C'est par cette saillie,
aussi bien que par le contour, que la caisse de cette baleine s'éloigne notablement
de celle du mysticetus.
Une autre différence non moins importante provient de la direction de l'orifice qui
correspond à la terminaison de la trompe d'Eustache ; dans le mysticetus, les lèvres
de cet orifice sont plus ou moins parallèles au bord libre inférieur, tandis que dans le
biscayensis les lèvres descendent en avant beaucoup plus bas qu'en arrière. Les
apophyses du rocher sont l'une et l'autre fort peu développées.
Nous avons retrouvé au Muséum la région cervicale que Lacépède attribuait à
tort au Rorqual de l'île Sainte-Marguerite, et dont Cuvier a donné également
un dessin qu'il a accompagné d'une courte description. Cette région pré-
sente un très-haut intérêt, quoique l'on ne possède aucune indication sur son
origine.
Ce qui la distingue d'abord de toutes les vraies baleines, c'est que non-seulement
les sept cervicales sont réunies, mais que la première dorsale est également soudée
à la masse, et que son apophyse transverse supérieure est la première apophyse
qui atteigne un certain développement. — Dan. Balœna mysticetus, une forte
108 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
apophyse transverse supérieure est fournie par la septième cervicale unie avec
celle de la sixième et de la cinquième.
La première vertèbre cervicale a une apophyse épineuse distincte, tandis que les
vertèbres suivantes, jusqu'à la sixième inclusivement, ont leurs apophyses épi-
neuses supérieures soudées en une crête unique. — Cette apophyse épineuse est
isolée dans la septième cervicale comme dans la première dorsale.
Les apophyses transverses supérieures des cinq dernières cervicales sont à peu
près également développées, de manière que celles de la septième ne sont
guère plus fortes que celles qui précèdent. — Dans le mysticelus il n'en est pas
ainsi et la première dorsale est renforcée par l'apophyse transverse supérieure de
la septième cervicale. — Il en résulte que dans les vertèbres que nous décrivons,
la première dorsale seule fournit une apophyse transverse solide pour le soutien
de la côte, tandis que dans le mysticetus les dernières cervicales concourent à
cet effet aussi bien que la première dorsale. Dans cette région cervicale l'apophyse
transverse de la première dorsale est visible, quand on regarde l'atlas d'avant en
arrière , tandis que chez le mysticetus les apophyses transverses supérieures des
dernières cervicales la masquent complètement.
Les apophyses transverses inférieures des deuxième, troisième et quatrième
cervicales sont également développées et soudées entre elles, tandis que la troi
sième cervicale seule possède une semblable apophyse dans le mysticetus de
Louvain. — Nous voyons la même disposition dans le mysticetus de Bruxelles.
La cinquième et la sixième cervicale portent encore des apophyses transverses in-
férieures, mais elles sont fort courtes. La septième cervicale seule ne possède pas
cette apophyse. Dans le mysticetus de Louvain et de Bruxelles cette apophyse
inférieure manque dans les quatre dernières vertèbres.
L'apophyse transverse supérieure de la première dorsale se porte obliquement
en avant pour rejoindre l'apophyse transverse de l'atlas. — Dans le mysticetus,
cette apophyse de la première dorsale, comme celle des dernières cervicales, lais-
sent plus d'espace entre elles et l'atlas.
Cuvier avait parfaitement reconnu, que la légion cervicale que Lacépède figure
à côté des fanons de la balénoptère de l'île Saint-Marguerite, appartient non pas à
une espèce de ce genre, mais à une baleine proprement dite; et en même temps il
sijmalc les différences que cette région présente avec la baleine du Cap. — Cu-
BALEINES. 109
vier (I) ne pouvait aller plus loin dans ses déterminations, n'ayant point les osse-
ments nécessaires pour faire une comparaison complète.
La région cervicale qui a été pèchée à Lyme- Régis, et dont le docteur Gray a
donné un dessin, appartient, comme la précédente, à une baleine véritable, mais
présente quelques caractères particuliers qui ne permettent pas, pour le moment
du moins, de la rapporter au même type spécifique. Elle s'éloigne évidemment plus
du mysticetus que la précédente.
Ce qui frappe d'abord dans cette pièce, c'est la petitesse des surfaces articulaires
antérieures qui indiquent, que la tête doit être plus petite, observation faite éga-
lement par Cuvier, en parlant de la région cervicale figurée par Lacépède et com-
parée avec celle du Cap.
Nous avons reproduit le dessin du docteur Gray pour qu'il puisse être comparé
avec celui qui représente la région cervicale attribuée à la Balénoptère de l'ile
Sainte-Marguerite.
En attendant que nous ayons des pièces de comparaison, nous rapportons cette
région cervicale à la Balœna ôiscaijensis, quoiqu'il y ait une différence assez grande
avec celle que le professeur Cope vient de décrire.
Le musée de Louvain renferme deux vertèbres provenant d'une collection
faite près d'Ostende, et que nous avons tout lieu de croire recueillies dans les dunes;
ces deux vertèbres appartiennent à la région lombaire; elles sont toutes les deux
dépourvues de leurs épipbyses, tout en étant complètement développées. Comme
elles proviennent d'une vraie baleine, qu'elles présentent des différences notables
avec les vertèbres de la même région du mysticetus et qu'elles se rappro-
chent sous plusieurs rapports des baleines australes, nous croyons devoir en faire
mention ici.
L'une estime lombaire antérieure; comparée au mysticetus, nous voyons le corps
beaucoup moins épais, toutes les apopbyses moins longues et plus délicates et les
zygapopbyses surtout beaucoup moins prononcées.
L'autre est une des dernières lombaires et présente les mêmes caractères dans
(1) Los vertèbres figurées par Lacépède, PI. 7, fig. i, appartiennent au sous-genre des baleines pro-
prement dites, et non pas à celui des Rorquals, eldiffèrent essentiellement des vertèbres cervicales de la
grande baleine du Cap, dit Cuvier (Ossements fossiles, vol. V, prem. partie, pag. 380, PI. XXVI, fig. 18).
1)0 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
le corps et les apophyses; le canal vertébral est plus étroit et plus élevé tandis
que les zygapophyses sont notablement moins fortes et moins écartées.
La vertèbre caudale que nous avons vue à Carnac (Morbihan) n'avait, comme
nous l'avons dit, ni arc neural ni apophyses distinctes, et se faisait remarquer
par le peu d'épaisseur du corps.
Le fragment de côte de baleine trouvé à Furnes, est large de 9 centimètres
et épais de 7 centimètres. Il représente la partie supérieure d'une des pre-
mières côtes.— Il est couvert de différentes entailles qui ont dû être faites
pendant qu'il était encore frais, et qui ont eu principalement pour but d'en faire
un coin. — A l'extrémité opposée à la pointe, les coups ont été donnés en travers
pour briser l'os (1).
L'omoplate d'origine inconnue dont nous avons parlé plus haut et qui a été
conservée longtemps dans une abbaye (2), provient évidemment d'une baleine, et
comme elle diffère complètement de la baleine du Groenland, nous sommes tout
disposés à la rapporter à la baleine des Basques. Cette omoplate provient d'un
baleineau et se distingue par sa grande épaisseur; sa forme n'offre rien de parti-
culier; son apophyse coracoïde manque complètement, et c'est à peine si l'on
y distingue un rudiment d'acromion. Par l'absence de ces apophyses, cet os se rap-
proche donc plus des espèces australes ou tempérées que de l'espèce du Groenland.
Il est probable qu'il aura été anciennement recueilli sur nos côtes.
Nous ferons remarquer, en finissant cet article, que Claas Mulder, professeur a
Franeker, qui s'est occupé des cétacés échoués sur les côtes des Pays-Bas depuis
des siècles, regarde comme synonyme du nordcaper, la Balœna glacialis de Klein et la
Balœna islandica de Brisson, et que le nordcaper est pour lui une Balénoptère.
— Ne connaissant qu'une seule espèce de vraie baleine au nord, le mot de nord-
caper ne pouvait s'appliquer, d'après lui, qu'à un mysticèle du groupe des Balé-
noptères (5).
(1) Notice sur la découverte d'un os de baleine, Dullet. acad. roy. de Belgique, 2e série, ton). XXIII,
n« 1. 1807.
(2) Abbaye d'Hastiorcs (province de Namur), Belgique.
(J (3) Claas Mulder, Iets over Wallvischaardigedieren op de Kusten van Nederland van tyd tôt tyd gestrand
of gevangen.Letterbode, 1836.
BAL/ENA JAPONICA
Nous faisons mention de cette espèce moins pour la faire connaître que pour
attirer sur elle l'attention des naturalistes.
C'est la seule espèce qui est aujourd'hui l'objet d'une pêche régulière au
nord du Pacifique.
Divers auteurs en ont déjà fait mention.
Balœna Japonica, Lacépède, Note sur des cétacés des mers voisines du Japon; Mém. du Muséum, vol. IV,
p. 473. 1818.
Balœna Japonica, de Chamisso, Act. nat. curios., vol. XII, pi. xvm, fig. 3.
Balœna Australis, Temminck, Fauna Japonica, mammif., t. XXVIII et XXIX.
Balœna mysticetus antarclica, Schlegel, Abhand. a. d. Gebiete, etc., Leide, 1841.
Balœna Japonica, Gray, Erebus and Terror, on the cetacean animais, p. 15.
Balœna aleoutiensis, Van Beneden, Bullet. Acad. roy. de Belgique, 2° sér., t. XX, n6 12.
Eubalœna Sieboldii, Gray, Catal. 1866, p. 96.
Cette espèce n'est guère connue que par ses fanons (1), ses stations et un fœtus
qui est déposé au Musée royal de Copenhague.
Ne connaissant rien du squelette, nous aurions pu nous dispenser d'en parler
dans une ostéographie; mais, comme les stations de ces cétacés sont bien déter-
minées par les pêcheurs et que ses fanons ont un nom dans le commerce, nous
n'avons pas cru pouvoir passer cette baleine sous silence.
Plusieurs auteurs ont parlé déjà de cette espèce, mais, comme on le pense
bien, avec doute. — Nous ne savons, disait Cuvier, si les baleines que les Russes
et les Américains pèchent dans le nord de la mer Pacifique sont les mêmes que
(1) Au British Muséum on possède desfanons rapportés de la côte nord-ouestde l'Amérique du Nord.
112 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
celles de l'Atlantique. La baleine de l'Atlantique, chassée par les Basques, étant,
aux yeux de Cuvier, la même que celle qui habite les glaces du Spitzberg et du
Groenland, une seule et même espèce aurait pu habiter, d'après lui, comme d'après
les naturalistes de son époque, l'Océan arctique, la mer Pacifique et l'Atlantique.
On voit par là que les notions que l'on possédait alors sur la répartition géo-
graphique de ces animaux étaient bien incomplètes; les naturalistes sont restés
dans cotte incertitude jusqu'au moment où le commandant Maury a eu démontré,
que les baleines ne se montrent jamais dans les régions équatoriales, et qu'elles ne
franchissent pas l'équateur. — Le cachalot est le seul cétacé de grande taille qui
ne reste pas confiné dans l'un ou dans l'autre hémisphère.
Temminck a donné une figure de cet animal, sous le nom de Balxna Australis,
dans sa Fauna Japonica, d'après un modèle en porcelaine exécuté par les Japonais
sous la direction de V. Siebold et d'un baleinier.
Nous avons vu entre les mains de M. Flower (1) un ouvrage japonais contenant
toute l'histoire de cet animal, avec de nombreuses planches fort détaillées repré-
sentant tout ce qui se rapporte à sa pêche, à la préparation de ses produits et à son
histoire.
Une des planches reproduit les cirripèdes de la peau (diadema), et sur un diadema
nous avons reconnu un autre cirripède du genre Cincras (2).
Nous disions qu'un fœtus de cette espèce est déposé au Musée royal de Copen-
hague. Dans une lettre, datée de Copenhague le 4 mai \ SGI, Escbricht m'écrivait
que cette jeune baleine appartient au groupe des baleines franches, mais pas au
mysticetus.
Eschricht a reconnu dans ce fœtus 59 vertèbres, dont 7 cervicales, -15 dorsales,
\ I lombaires et 26 caudales. — Le mysticetus n'a que 55 vertèbres et l'australis 59.
Ce sont donc deux vertèbres lombaires qu'il porte en plus que le mysticetus (5).
Ce fœtus a été retiré du corps do la mère. — Il a ÔG pouces de longueur.
Au Musée de la Société asiatique de Calcutta sont déposes quelques ossements
1 Ce livre a été confié à M. Flower par M. Joseph Allen, de Stock Nemington.
(2) Le Cineras vitlata a été observé par le professeur Sars, aux îles Lolbclun, sur la Balœnoptera com-
munis.
(3) Eschricht, Nordischc Wallthiere.
BALEINES. I13
de baleines: des vertèbres, des humérus et des omoplates; mais, ne connaissant
point leur origine ni leurs caractères, il serait difficile de dire si on doit les rap-
porter à la Balœna Australis comme le suppose M. Blyth, ou s'ils appartiennent à la
Balwna Japonica comme le pensent d'autres naturalistes. — Il faudra probablement
encore bien du temps avant que l'on ne soit à même de se prononcer avec
quelque certitude sur cette question.
Ce qui semble le mieux connu dans l'histoire de cet animal ce sont ses stations :
il est répandu dans l'océan Pacifique depuis le quarantième jusqu'au soixantième
degré, se montrant dans une saison sur la côte d'Amérique, dans une autre saison
sur la côte du Japon ou dans la mer Jaune, et se rendant sur la côte d'Asie un peu
plus au sud que sur la côte d'Amérique. — Cette baleine a pour limites au nord les
îles Aléoutiennes.
Il est à remarquer que la Baloena Japonica au nord du Pacifique, comme la Ba-
leena Biscayensis au nord de l'Atlantique, en se rendant à l'ouest, la première vers
la côte du Japon, la seconde vers la côte de Terre Neuve, se dirigent toutes les
deux plus au sud que quand elles retournent à l'est, et toutes les deux ne quittent
guère le courant chaud, l'une le gulfstream dans l'Atlantique, l'autre le courant
noir du Japon, dans l'océan Pacifique.
Une autre analogie qui mérite d'être signalée entre ces deux baleines, c'est que la
Japonica se rend au nord comme la Biscayensis jusqu'à la limite méridionale que le
mysticetus atteint pendant l'hiver; les îles Aléoutiennes forment dans le Pacifique
une limite naturelle à peu près comme l'Islande dans l'Atlantique, et ces limites
ne sont guère dépassées ni par l'une ni par l'autre espèce.
D'après les témoignages des baleiniers, on pratique cette pêche surtout pendant
les mois de juin et de juillet.
La baleine du Japon paraît plus grande que la baleine australe, à laquelle elle
ressemble beaucoup, mais elle en diffère cependant d'une manière notable par les
caractères des fanons, qui sont plus épais, plus courts et plus crasseux que ceux
de l' australis. La peau, et particulièrement celle delà tête, est couverte de diadema.
Les fanons de cette baleine ne sont connus dans le commerce que depuis une
trentaine d'années.
.5
H 4 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
Une baleine désignée par les baleiniers anglais et américains sous le nom
de black whale habite l'océan Indien et s'étend depuis le cap de Bonne-Espérance
jusqu'à la côte ouest de la Nouvelle-Hollande.
Ce black whale forme-t-il une espèce distincte? On sait que ce même nom est
donné à la baleine des côtes des États-Unis d'Amérique, et les baleiniers le donnent
encore à d'autres espèces.
Dans la note que nous avons publiée sur leur distribution géographique, nous
avons dit, qu'à priori, il fallait admettre l'existence d'une baleine dans l'espace qui
sépare l'Afrique de l'Australie. Voici comment nous nous sommes exprimé : « Si
nous osions émettre un avis à priori, nous dirions que la baleine que l'on prend depuis
le cap de Bonne-Espérance jusqu'en Australie doit être nouvelle pour la science. »
Mais avant de se prononcer, il faudra que l'on ail eu l'occasion de comparer les
ossements de cet animal, qu'aucun musée n'est parvenu encore à se procurer,
ou tout au moins que l'on connaisse quelques traits positifs de son histoire. On
n'en possède que des fanons, qui proviennent de l'ouest de l'Australie et qui ont
été donnés au Dritisk muséum par M. J. Warwick, esq.; c'est tout ce que l'on en
connaît, et c'est d'après ces pièces que le docteur Gray a établi son Eubalœna mar-
ginal a (1).
Le docteur Gray admet, parmi les baleines proprement dites, cinqgenres, qui sont
désignés sous les noms de Balœna, Eubalœna, lluntcrius, Caperea et Macleayius. Il
De nous semble pas que ces divisions génériques puissent être admises sans rompre
avec tous les principes suivis jusqu'à présent par les zoologistes. Il n'y a, à notre
avis, que les deux premières divisions, les Balœna elles Eubalœna, qui pourraient
faire exception ; comme le pensait également Eschrichl, on pourrait conserverie
nom de Balœna pour le Mysticetus des régions arctiques et celui à! Eubalœna
ou de Leiobalœna comme il le proposait, pour les diverses espèces des zones tem-
pérées. La longueur relative de la tète, l'étendue et la direction des frontaux,
(1) Erebus and Terror, tab. i. 6g. I, el Catalog. of Seale and Wbales, 1866, p. 90.
BALEINES. H5
la forme des caisses tympaniques, les apophyses des omoplates et le développement
des fanons pourrait justifier cette séparation.
Le genre Hunterius ne repose que sur la bifidité de la première côte et il ne nous
est pas démontré que ce caractère n'est pas une disposition individuelle. Nous
avons exposé, dans une notice spéciale, avec quelle facilité celle première côte se
bifurque à ses deux extrémités, du côté du sternum aussi bien que du côté des
vertèbres (I). En attendant que l'on possède un certain nombre de pièces de com-
paraison, nous ne croyons pas que l'on soit en droit de faire avec le seul sque-
lette connu, une espèce distincte. Le squelette de la baleine du cap de Bonne-
Espérance du muséum de Paris a cinquante-sept vertèbres, celui de Leyde, qui
provient également du cap, en a cinquante-six; les sept premières cervicales sont
soudées dans le premier, les cinq premières seulement dans l'autre; le doigt médian
a cinq phalanges dans le squelette de Paris tandis que ce nombre se trouve à l'an-
nulaire dans celui de Leyde; il reste à savoir si ce nombre est normal dans le der-
nier ; les os propres du nez sont très-larges dans le squelette de Leyde, comme
M.Flower (2) l'a fait connaître récemment, et enfin dans ce dernier la première
côte est bifide et la seconde très-grosse à son extrémité libre. Mais si nous trouvons
quelques différences nous avons aussi, en faveur de l'identité, quelques caractères
qui ne sont pas sans importance, comme la seconde et la troisième vertèbre cervi-
cale qui portent seules une apophyse transverse inférieure.
Nous ne pouvons admettre davantage le genre Caperea, qui ne présente, à notre
avis, aucun caractère qui dépasse les limites d'un caractère spécifique ; on reconnaît
dans l'os de l'oreille le véritable faciès des baleines appartenant aux régions tem-
pérées.
Quant au genre Macleayius, il repose sur une erreur commise, on ne sait trop
comment, parla photographie (5) d'une région cervicale envoyée par M. Kreffl, de
Sydney. Nous ne voyons pas de motif de ne pas rapporter cette région cervicale
à la B aliéna antipodarum en attendant que l'on ait des renseignements précis sur
ses caractères distinctifs.
(1) Bulletin de l'Acad. roy. de Belgique, 2e sér., t. XXVI, p. 7. 1868.
(2) Flower, loc. citai., p. 8.
(3) Macleayius, Cray, l'roceed. Zool. Soc, 1864; Macleayius auslraliensis, Gray, Catal. ni' seuls and
whales, p. toa et 371.
GENRE MEGAPTERA
Ici comme ailleurs les pêcheurs ou pour mieux dire les baleiniers, ont été les pre-
miers naturalistes. — Ils avaient observé, avant qu'aucun zoologiste eût une bonne
idée d'une baleine, que ces géants de la mer n'ont pas tous la même conformation ;
que les uns sont plus faciles à capturer que les autres, que l'épaisseur de la couche
de lard et la largeur des fanons diffèrent beaucoup en valeur selon les espèces, que
certaines baleines ont le dos lisse et uni, que d'autres portent une bosse sur le
dos, que d'autres encore ont, à la place d'une bosse, une véritable nageoire. —
D'après cela ils avaient distingué les Wallvisch ou baleines véritables, les GibOars,
dont on a fait ensuite Juùarle, et les Vinnvisch quand au lieu d'une bosse elles
portent une nageoire.
Après une étude convenable de tous les caractères extérieurs et intérieurs, les
zoologistes ont donné raison aux pêcheurs, et leurs trois divisions sont les seules
qui présentent une valeur scientifique.
Nous avons ainsi les baleines franches dont nous avons parlé précédemment, les
megaptera ou les gibbars dont nous allons exposer l'histoire et les balsenoptères ou
les vinnfisch que nous étudierons ensuite.
Les mégaptères ont une ôosse sur le dos à la place d'une nageoire (i), des plis sous la
I Une jeune Megaptera boops, non sevrée, mais déjà plus grande de laille que la Dalœnoptera ros-
MEGAPTÈRES. 117
gorge comme les balénoptères, des fanons courts, des nageoires pectorales très-grandes,
quatre doigts, la lèvre inférieure peu élevée, un rostre presque droit, les vertèbres cer-
vicales séparées, un sternum court et terminé en pointe en arrière, la muqueuse des
intestins grêles formant des alvéoles (\), et les intestins grêles séparés des gros intestins
par la présence d'un cœcum. — Les deux rangées de fanons se réunissent en avant sur
la ligne médiane (2).
Ces mysticètes diffèrent également des autres baleines en ce que pendant la tempête,
comme pendant le temps ordinaire, ils s'élèvent tout entiers dans l'air, et tournent sur
eux-mêmes de manière à tomber sur le dos dans l'eau. — C'est ce que l'on ne voit pas
chez d'autres mysticètes (5).
Ces animaux ont de cinquante à soixante pieds « l'âge adulte, de quatorze « dix-
huit pieds en naissant, trente pieds environ en abandonnant leur mère.
Les nageoires pectorales ont le quart de la longueur totale.
Le corps se couvre de diadema, et sur ces diadema on trouve souvent des Otions et
des cyames.
A en juger par la megaptera de la côte de Groenland, ces mysticètes ont leurs
stations comme les autres baleines, et le naturaliste devra avant tout s'enquérir,
quand une espèce est établie ou à établir, des parages qu'ils visitent comme des
quartiers d'biver et d'été qu'ils fréquentent.
On a observé la présence des megaptera partout où il y a des baleines : au nord
de l'Atlantique, on en voit qui ont leurs stations régulières sur la côte du Groen-
land, aux îles Bermudes comme dans le voisinage de l'Islande, et il en vient
éebouer parfois sur les côtes de Norwége, sur les côtes d'Ecosse, à l'embouchure
de l'Elbe et dans la Baltique.
Au cap de Bonne-Espérance on observe assez communément une autre espèce,
mais nous ne savons si c'est la même qui visite aussi Madagascar et les eaux pro-
rata, avait une nageoire dorsale en tout semblable à celle de sa mère qu'elle accompagnait encore; cette
ressemblance était aussi complète pour la forme que pour la place qu'elle occupait. — C'est en 1833 que
Holbôll eut l'occasion de faire cette remarque tout près de Godthaab.
'i) Les caractères fournis parla surface de l'intestin présentent un haut intérêt et une valeur incon-
testable, a dit Eschrichl avec beaucoup de raison.
(2) Comme dans les Balénoptères. Depuis longtemps cette remarque a été faite par 0. Fabricius, et
Eschrichl avait déposé au Musée de Copenhague des préparations anatomiques qui montrent cette dispo-
sition.
(3) Eschricbt, 1er. cit., \>. 150
118 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
fondes de l'île Sainte-Hélène, les îles Malouines, peut-être les îles de la Sonde (I)
et la côte de la Plata.
Dieffenbach et d'autres voyageurs signalent également des mégaptères à l'est de
la Nouvelle-Zélande, et sur la côte du Chili. Enfin on a reconnu encore ces mysti-
cètes sur la côte du Japon, au sud de la mer d'Okhotsck en compagnie du Bé-
luga (2) ainsi que sur les côtes de la Californie (5). Sous le nom de IL boops, Pal-
las (4) parle d'un mysticète qui a été vu par Steller au détroit do Behring, et qui
paraît être le Ooops de Fabricius. Parmi les trois espèces de cétacés à fanons, que
M iddendorf signale dans ces parages, figure également l& Megaptera boops sous le
nom de Balœnoptera longimana. Il en est venu échouer sept dans le courant de
l'été au sud de la mer d'Okhotsck, dont il a pu on voir deux. — Il a vu les plis
sous la gorge, et la longueur extraordinaire des nageoires pectorales.
On a trouvé des restes de ces animaux à l'état fossile en Europe et en Amérique,
et il y a des squelettes plus ou moins bien conservés qui ont été déterrés à une
assez grande distance des côtes actuelles et à des centaines de pieds au-dessus du
niveau actuel de la mer (5). Parmi des ossements recueillis en Virginie dans le mio-
cène, le professeur Cope a cru reconnaître des os d'oreille de megaptera.
Nous ne croyons pas qu'il y ait lieu d'établir des distinctions génériques parmi
les megaptera, et l'espèce du Cap, que Cuvier réunissait avec les balénoptères, sous
le nom de Rorqual du Cap, ne présente certes aucune disposition qui justifie la
création du genre Poescopia. Nous avons étudié comparativement le squelette de
l'espèce du Groenland avec le squelette du muséum de Paris (6), qui a été rapporté
par Delalande en \ 820 en même temps que les deux squelettes de baleine, et
(1) Une tête, envoyée de Java au Musée de Leyde, et qui a été attribuée d'abord a un animal de ce genre,
n é.té reconnue, par M. Flower, pour une Balénoptère. Depuis peu, une autre baleine de 45 pieds de
longueur, et qui paraît bien être une megaptera, a échoué près de Pekalongan (nier de Java . Natuurl.
ï yilsrbr., voor Nederland. Indie, 18G4, p. 423 et 445.
(2) Schrenk, Reisi a und Forschungen im Amur-Lande; Petersburg, 1858.
3) Most ab un dan l offtlie bold eoast of cape Sainl Lucas, California; lien net, Wbaling Voyage, II, p. 2." 2.
Middendorf fail également mention du Béluga dans les parages de la mer d'Okbotsck : Sibirische Reise,
Wirbelthiere, pag. I -'-'.
4] Zool. Rues. Asiat. 891.
(6) Une lithographie dessinée par Seharf, représentant la tête seule, porte pour inscription : View of an
c.normous head of un unknown animal, found in New Orléans, 180 miles from the sea and 75 feet from
Ihe earlh's surface.
(6) Bulll lin (le l'Académie royale de lielgiipie, 2" série, t. XVIII, n" 12.
MEGAPTERES. 119
nous avons tout au plus reconnu quelques différences spécifiques dans ces deux
cétacés.
Il existe diverses espèces, mais comme on ne possède guère que les squelettes
envoyés de Groenland par Bolbôll, ainsi que le squelette de quelques individus
écboués accidentellement en Europe et aux États-Unis d'Amérique, celui du Cap,
rapporté par Delalande, et celui de la Plata,qui est au Musée de Buenos-Ayres, il
faudra bien du temps encore avant de pouvoir se prononcer définitivement sur leur
nombre.
Pour le moment nous croyons pouvoir admettre comme certain :
\° La megaptera boops deFabricius ou la balsenoptera longimana de Rudolpbi,
qui est propre au nord de l'Atlantique et qui a une de ses stations fixe au détroit de
Davis.
2° La megaptera Lalandii qui appartient à l'Atlantique méridional et que l'on ob-
serve au cap de Bonne-Espérance comme sur les côtes de Buenos-Ayres.
Comme probable :
5° La megaptera Novse Zelandiœ, qui habite le sud du Pacifique, mais dont on ne
connaît que l'os de l'oreille. On la trouve à l'est de la Nouvelle-Zélande et sur la
côte du Chili.
4° La megaptera Imzira, du nord du Pacifique, dont on ne possède aucun débris,
mais que l'on a signalé aux îles Aléoutiennes, et jusque sur les côtes de la Cali-
fornie (-1).
[\) Nous possédons à Louvain des Coronula de la côte de Californie, qui appartiennent évidemment à
une espèce différente de la Coronula diadema de la Megaptera boops.
MEGAPTERA BOOPS
PI. X et XI, Fig. 1-8.
0. Fabricius, Fauna groenlandica, in-8°; Hafniae et Lipsiae, 1780.
Pander et Dalton, Die Skelete der Cetaceen, in-fol. Bonn, 1827.
Rudolphi, Mémoires de l'Académie de Berlin, 1829.
Brandt et Ratzeburg, Getr. Darstell. und Beschreib. d. Thiere... in-4° Berlin, 1829.
D. F. Eschricht, Die nordiscb.enWalltb.iere, in-fol. Leipzig, 1849.
Gray, Catalogue of Seals andWhales. London,1866.
Van Beneden, Le Rorqual du cap de Bonne-Espérance et le Keporkak des Groënlandais: Bullet. acad.
roy. de Belgique, 2e série, t. XVIII, n" 12.
Ni Linné ni Cuvier n'ont connu cette espèce et le muséum de Paris, malgré ses
richesses en tout genre, ne possédait à l'époque où le grand naturaliste du Mu-
séum publiait ses recherches sur les ossements fossiles, aucun os connu de cet
intéressant animal. Je n'ai rien observé dans les collections qui se rapportât au
Gibbar, dit Cuvier.
En visitant les galeries, surtout les magasins et les squelettes non montés, nous
avons trouvé quelques os, qui proviennent évidemment de megaptera, entre
autres, une omoplate d'une fort grande dimension.
Après David Cranz (1761-1762), 0. Fabricius (1768) a étudié cette espèce
ion l'appelle Keporhal, au Groenland) avec beaucoup de soin, pendant son séjour
sur la côte du Groenland, et il l'a désignée sous le nom spécifique ùeBalœna Boops,
la croyant identique avec la Balaena Boops de Linné (1).
Dans le courant de ce siècle, le gouverneur danois au Groenland, Ilolboll, en a
i) La Balaena Boops de Linné esl une Balaenoptera voisine sinon identique avec la Balaenoptera mus-
culus.
MÉGAPTÉRES. i2l
fait une étude plus complète encore et il en a envoyé à Copenhague des squelettes
de tout âge, des fœtus de toutes les dimensions, ainsi que divers organes, y com-
pris même le cerveau, dans un état de parfaite conservation.
Cette espèce a été connue depuis longtemps des baleiniers sans que les natura-
listes en eussent la moindre connaissance ; elle était cependant commune aux îles
Bermudes et surtout dans le détroit de Davis. Une baleine échouée à l'embou-
chure de l'Elbe et décrite sous le nom de Balsenoptera longimana par Rudolphi, a été
reconnue plus tard pour être précisément le Keporkak des Groëulandais si commun
à l'entrée de la mer de Baffin.
C'est Eschricht qui a le grand mérite d'avoir élucidé l'histoire de cet animal.
M. Schlegel a reconnu le premier, si je ne me trompe, les rapports qui existent
entre cette espèce et le Rorqual du Cap décrit par Cuvier.
Syn. : Balœna boops, Fabr.
Balœna nodosa, Klein et Bonaterre.
Balœna longimana, Rud.
Megaptera longimana, Gray.
Kyphobalœna Keporkak, Eschricht.
Humpback, Pflockfisch, Knotenfisch, Knobbelfisch des baleiniers.
Keporkak des Groënlandais.
Baleine à bosse.
Ce mysticète atteint, d'après Holboll, cinquante à cinquante-quatre pieds, et
d'après 0. Fabricius, il atteindrait jusqu'à soixante pieds, comme la baleine du
Groenland. Il en a quatorze en venant au monde, dit Eschricht, et trente en quit-
tant la mère.
Sa nourriture consiste au Groenland principalement en mallotus arcticus, ammo-
dytes lobianus et limacina arctica, etc.; Holboll ajoute encore le gadus agilis et divers
crustacés à sa pâture ordinaire (i).
Cet animal n'est pas farouche, et les Groënlandais le tuent sans le harponner.
I) Eschricht Nord. Walllh., p. 150.
16
122 SQUELETTE DES CETACES.
D'après Eschricht, le keporkak se rend au nord pendant les mois d'août et de
septembre, occupant depuis le soixante-deuxième jusqu'au soixante-sixième degré
et quitte ensuite ces régions froides pour revenir vers le mois d'août et de mai. Il
n'entre pas dans les eaux occupées par la baleine du Groenland.
Dans le détroit de Davis le Keporkak s'établit régulièrement vers la fin d'avril
dit Holboll, et arrive en été par bandes sur la côte du Groenland ; en automne on le
voit près de Frederikshaab (62°), puis jusqu'à Pissukùit (64° 20'), et il quitte en no-
vembre. En hiver on ne voit que des individus isolés. Depuis le mois de mars jus-
qu'à la fin de mai on voit aux îles Bermudes, des femelles avec leur baleineau. En
octobre 4 855 une baleine appartenant probablement à cette espèce, a remonté le
fleuve Saiut-Laurent jusque près de Montréal (4).
Schrenk le signale avec Middendorf, comme nous l'avons vu plus haut, dans la
mer d'Okbotsk, en compagnie du Béluga (2).
Il vient accidentellement dans la mer du Nord et pénètre même dans la Bal-
tique (5).
M. Sophus Hallas (4) nous a appris tout récemment que l'on voit apparaître ces
cétacés vers le milieu du mois de juin sur les côtes de l'Islande, et il en a observé
dans les mêmes eaux jusqu'à son départ, le -14 septembre. Il en a vu deux au mois
de juin, un au mois de juillet, deux au mois d'août et un en septembre.
M. G. 0. Sars a reconnu cet animal aux îles Lofoten ainsi que les balœnoptera
roslrata et laticeps (S). Un individu est venu écbouer il y a quelques années, sur
(1) Journ. phil. d'Edimbourg; juillet 1824.
(2 ... That the riglit whale of lîehring's Strait and the whales of Bafïin's Bay are probably the samc
animais; and ifso, the conclusion is almost inévitable, that there is at times, al least, an open water
communication through the polar régions, bctwecn the Atlantic and Pacific Océans. M. F. Maury, Expia-
nations and Sailing Directions; Washington, 1858, vol. 1, pag. 320.
(3) La baleine qui échoua le 9 avril 1851, prés de l'île Ramusaar, a l'est de Réval, et qui a été envoyée à
Saint-Pétersbourg, est un jeune mâle de trente et un pieds trois quarts de long. Ilubner, C. W. Th. iib. d.
am 9 April 1851 bei Reval aufç/ebr. Wallthier (BAL£J(A longimana, mas.) mit Abbild. Heval, 1852. Ilubner
cite ensuite un autre animal qui aurait échoué au mois de mars 1545 prés de Greifswalde, un autre en-
core en mai 157s, sur la côte de Courlande [fcurlandischen Kiisle), et un troisième, de soixante pieds
de long, qui est venu se perdre près de Stetlin, eu 1628. Heusche, Ueber einem auf der kurischen Neh-
rung bei NiJdsn <j> fuml, mn Knochen, in-4° Schrift. J. l'hys. Oek. lies, zu Koniyxberij. Jahre 1, H. II.
(4) Sophus Ballas, Optegneller ... (Vidensk.medd. fradem naturhist. Foren. farl8G7), Copenhague. 1868.
(8 G. 0. Sars, Beskrivelse af en ved Lofoten.... Balœnoptera musculus; 8*, Christiania, 1865.
MÉGAPTÈRES. 123
la côte de Norvège près de Stavanger (I ) et un autre à l'embouchure de l'Elbe (2). 1 1
en est venu également à la côte en Ecosse (Frith of Forth, et en Angleterre Newcastle,
Berwick, Dee) (5).
En général ces animaux n'échouent pas quand ils visitent leurs stations habi-
tuelles et les divers exemples que l'on connaît, d'individus égarés et morts sur nos
côtes en Europe, indiquent précisément qu'ils n'appartiennent pas à la faune euro-
péenne.
On a trouvé, à Heljarp près de Laudskrona (Suède), des ossements qui appartien-
nent au genre megaptera et peut-être au megaptera boops d'après Lilljeborg (4).
Ces animaux ne sont pas venues se perdre en se rendant du sud au nord comme
on l'a supposé, mais en se rendant du nord au sud.
Les baleiniers qui vont à la pèche de la baleine franche, traversent les régions des
keporkaks pour entrer dans l'Océan glacial où cette espèce ne pénètre pas (Eschricht).
Le keporkak aime surtout les grandes profondeurs.
On trouve sur la peau, des coronula diadema et une espèce particulière de
Cyame, cyamus boopis d'après M. Lutken (5). — Sur les coronula diadema on trouve
parfois des otion auritum.
Sur l'individu de l'embouchure de l'Elbe et dont le squelette est au musée de
Berlin se trouvaient des coronula avec des otions, qui ont été conservés par Bur-
meister.
Il existe des squelettes de cette espèce dans divers musées; grâce à Hol-
(1) Au commencement d'avril, 1846, une femelle de 45 pieds sur le point de mettre bas, vint à la côte
en Norvège, non loin de Stavanger; un fœtus mâle de 14 pieds de long sortait du corps par la queue. Il
était strié en dessous. (Eschricht). — La même année un mysticète mâle de 62 pieds, qu'Eschricht
regarde comme un Balénoptère, échoua non loin de là.
(2) Rudolphi, Ueber Balœna longimana; 1829.
(3) Transact. of the Newcastle Nat. llist. Soc, vol. I.
(4) Retzius, Fauna Suecica, p. 50. Nillsson, Ofversigt. K. Wetensk. Akad. forh. 1860. p. 105. Lilljeborg
On the Scandinavian Cetacea, p. 290; en note.
(5) M. Lutken a bien voulu nous faire part du résultat de ses recherches sur les cyanies, avant la pu-
blication d'un travail qu'il prépare sur ces crustacés parasites.
124 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
boll et Eschricht c'est le mysticète dont les ossements sont aujourd'hui le plus ré-
pandus. — On en possède un squelette de quarante-cinq pieds à Copenhague, un de
vingt-huit pieds à Leyde, un de quarante-six pieds à Bruxelles, un de trente-deux
pieds à Louvain, un autre squelette complet et un crâne au British muséum, un
autre encore à Lund (Suède), tous envoyés par Holbôll et Eschricht. — Le Musée de
Berlin possède le squelette de l'animal échoué en novembre 4 824 à l'embouchure
de l'Elbe; le Musée de Saint-Pétersbourg, celui de l'animal venu à la côte le 5
avril \ 85-1 à l'est de Reval ; le Musée de Liverpoot (Derby muséum) renferme un
squelette de trente et un pieds d'une femelle échouée en 4865 dans l'estuaire du
Dee; au muséum de Niagara-Falls (États-Unis), il existe un squelette de cinquante
pieds provenant d'un animal trouvé mort en mer sur la côte du Maine. Le musée
de Christiania possède une tête, celui de Paris une omoplate de grande dimen-
sion (•!), celui de Munich également une omoplate.
Les musées de Philadelphie et de Niagara-Falls possèdent, le premier des restes
de megaptera americana de Gray, le second de megaptera asphyia.
A Konigsberg on possède l'occipital de l'animal dont Aug. Muller a parlé en
dernier lieu et qu'il rapporte à une balamoptera.
Eschricht a eu à sa disposition pour l'étude du keporkak cinq squelettes com-
plets, plusieurs crânes isolés, diverses parties molles et six fœtus de grandeur
différente. Ces fœtus, deux mâles et quatre femelles, étaient longs de trente-
cinq, de quarante-cinq et de soixante-quatorze pouces et demi.
Le musée de Copenhague possède encore divers fœtus dans la liqueur. — Le
musée du collège des chirurgiens à Londres en possède également un.
Rudolphi a publié le dessin du squelette (2). Pander et d'Alton, celui de la tète,
des membres, de la région cervicale, du sternum et de l'os hyoïde (5). Eschricht,
celui du membre pectoral du fœtus (A) et de la tête (5). Brandt et llalzeburg ont
également reproduit la tête du Musée de Berlin (6).
I Elle mesure i",52 dans son plus grand diamètre,
(2 Mi'in. acad. Berlin, 1829.
.') Die Skelete der Cetaceen.
i Nordische Walltbiere.
(S) Oni nordhvalen.
(il; Mnlii . ZcinliiL'ir .
MÉGAPTÈRES. 125
SQUELETTE.
La tête, ou pour mieux dire le rostre, a uoe forme distincte, surtout quand on
la regarde de face : les maxillaires supérieurs sont légèrement élargis vers leur
milieu et à leur base; le pariétal montre sa suture avec le frontal dans toute la lar-
geur de cet os, en regardant la tête de face, ce qui permet de distinguer facile-
ment les mégaptères des balénoptères.
Les os maxillaires sont assez massifs vers le milieu de leur longueur surtout, et
rendent le rostre beaucoup moins délicat que dans les autres baleines. — Autour des
narines ces os s'élèvent au-dessus des os propres du nez, ne laissant entre eux,
qu'un bord étroit des intermaxillaires et les os nasaux. — La portion dumaxillaire
qui loûge le bord antérieur du frontal se dirige obliquement d'avant en arrière et
non pas brusquement en dehors comme chez les balénoptères.
Au palais les maxillaires sont faiblement écartés et laissent voir le vomer sur
une égale largeur depuis les palatins.
Les os propres du nez sont plus larges que dans les autres mysticètes surtout vers
le tiers supérieur de leur longueur.
Les os nasaux sont de forme triangulaire et sont bien moins développés que dans
les baleines véritables; ils s'écartent l'un de l'autre en arrière, ce qui les distingue
aisément des deux autres genres.
Les os frontaux présentent un très-grand développement en largeur : après avoir
formé la voûte orbitaire ils pénètrent en avant dansle creux du maxillaire supérieur
comme un véritable coin. — Vus d'en haut ils ont la forme d'un éventail.
L'occipital est assez étroit en avant et affecte par sa partie supérieure une forme
triangulaire.
Le lacrymal occupe sa place ordinaire etconsiste dans une lame élargie au milieu,
un peu étroit aux deux bouts et plus épaisse vers le bord externe et le cercle de
l'orbite.
Le jugal complète en dessous la cavité de l'orbite; il est allongé, arrondi, recourbé
pour former le cercle orbitaire ; il est attaché en avant à l'angle du maxillaire, en
arrière à un autre angle formé par le temporal.
120 SQUELETTE OES CETACES.
Le palatin est à peu près aussi large que long, et il est bordé en arrière par le
ptérigoïdien dans toute sa largeur.
Le ptérigoïdien forme un sinus assez profond pour la cavité de la trompe
d'Eustacheet présente une échancrure profonde, par laquelle s'établit la commu-
nication de l'oreille moyenne avec les fosses nasales. La distance est courte entre
la caisse du tympan et l'échancrure dont nous venons de parler.
Le maxillaire inférieur est assez massif, à peine plus gros à sa surface articulaire
qu'à la pointe; son apophyse coronoïde est recourbée en dehors et médiocre-
ment développée. — C'est vers le milieu de sa longueur que cet os est le plus
fort.
La caisse du tympan, au lieu d'être comprimée et anguleuse, est de forme ovale et
régulièrement arrondie de tout côté. Les deux bords de l'ouverture de la caisse
sont fort réguliers.
Le rocher a deux apophyses dont la grande, logée entre le temporal et l'occipital,
est à peine plus longue que la caisse elle-même. Comme dans les autres mysticètes
ces deux apophyses attachent solidement la caisse à la base du crâne et l'on ne
saurait la détacher sans la briser.
Le marteau est très-volumineux et soudé au bord de la caisse. — L'enclume est
petit et une de ses deux surfaces articulaires est peu développée. L'étrier est court
et complètement immobile sur le rocher.
Le nombre de vertèbres est de cinquante-deux ou cinquante-trois : elles sont
réparties en sept cervicales, quatorzedorsales, neuf lombaires et vingt-deux caudales.
Le squelette du musée de Bruxelles en a cinquante-trois comme le squelette de
Copenhague. lUulolphi en attribue cinquante-quatre à son squelette, mais les deux
dernières sont en bois. — Lilljeborg en compte cinquante-deux dans le squelette
d'un jeune animal qui esta Lund et il suppose que la dernière manque.
Le corps de ces vertèbres augmente, depuis les premières dorsales jusqu'à la
troisième ou quatrième caudale, en diamètre antéro-postérieur comme en diamètre
vertical.
Les apophyses épineuses croissent en hauteur depuis la troisième cervicale jus-
qu'à la première lombaire.
L'arc neural disparait à la dixième ou onzième caudale.
Les vertèbres de la région cervicale sont toutes complètement séparées les unes
MEGAPTEKES. 127
des autres par le corps comme par les apophyses. Le docteur Gray fait la remarque
que la seconde et la troisième vertèbre du cou, du squelette d'un jeune animal qui
est à Liverpool, sont réunies par le corps et par l'arc neural.
Le corps de l'axis a le double de l'épaisseur de l'atlas, et cette épaisseur est même
plus grande que celle des troisième, quatrième et cinquième réunies.
L'axis a ses deux apophyses transverses supérieure et inférieure à peu près égale-
ment développées et non encore réunies dans le squelette que nous avons sous les
yeux, comme dans la plupart de squelettes connus.
Les troisième, quatrième et cinquième cervicales ont une apophyse transverse
inférieure à peu près également développée; la sixième présente à la place de l'apo-
physe un tubercule à peine visible; on ne voit plus rien à la septième.
Les apophyses transverses supérieure sont assez développées et descendent pour
incliner sensiblement en avant ou en arrière; celles des deux dernières se dirigent
ainsi que celles de la première dorsale d'arrière en avant et de haut en bas.
Nous comptons douze os en V; les cinquième, sixième et septième sont les plus
forts.
Les côtes sont au nombre de
quatorze. La troisième surtout et la
quatrième diffèrent des autres par
une tète distincte, mais qui est bien
loin d'atteindre le corps des ver-
tèbres.
i
Les cinq premières côtes.
La première côte est assez étroite en haut, mais elle s'élargit vers le milieu de sa
longueur. A son extrémité inférieure elle est à peu près deux fois aussi large qu'en
haut.
C'est la troisième qui est la plus longue et la plus contournée en haut.
Ce sont les cinq ou les six premières qui sont les plus fortes. Elles vont en aug-
mentant de longueur de la première à la sixième et diminuent ensuite insensible-
ment jusqu'à la dernière.
Il y a des squelettes à treize côtes mais l'on peut supposer qu'il y en a une qui
manque.
Les squelettes de Louvain et de Bruxelles en ont quatorze.
128 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
Le sternum varie beaucoup avec l'âge; il a la forme d'un bouclier, et il esta peu
près aussi large que long. Dans les jeunes individus, il est échancréen avant, comme
dans le squelette que nous avons à Louvain ; plus tard il est perforé et plus tard
encore il est tout plein. — Il affecte alors la forme d'une large pointe de
flèche.
Le sternum est plein dans le boops de Ber-
lin, mais la partie arrondie doit être placée en
avant. Rudolphi a fort bien reconnu qu'il n'y
a qu'une seule côte qui s'articule avec le ster-
num.
Le bassin est formé de deux paires de piè-
ces qu'Eschricht a reconnu chez les fœtus
comme chez l'adulte, chez le mâle, comme
chez la femelle; l'une de ces pièces est assez
grande, allongée, pliée vers le milieu, formant un angle très-ouvert et se termi-
nant en pointe plus ou moins arrondie aux deux bouts; c'est vers le milieu de cet
os, que se trouve la seconde pièce, qui est relativement petite, cl qui n'est pas sans
ressemblance avec une rotule. La première qui est placée dans l'axe du corps est
l'ischion, l'autre le fémur.
Rudolphi a vu retirer le bassin des chairs, et il a pu s'assurer que les os du bas-
sin figurés par Cuvier, ne sont pas des os de ce nom et que le grand naturaliste a
été induit en erreur par de Lalande.
L'omoplate desmegaptera se distingue de l'omoplate
des balama par le diamètre antéro-postérieur qui est
plus grand que le diamètre vertical et par l'absence ou
l'état rudimentaire de ses apopbyscs acromion et cora-
coïde. — Nous avons trouvé une omoplate au muséum
d'histoire naturelle, marquée 15. iv, 291, qui mesure, de
la cavité articulaire au bord libre, quatre-vingt-dix-sept centimètres et d'un angle
à l'autre en ligne droite, un mètre cinquante-deux centimètres. — La surface arti-
culaire mesure, dans sa plus grande longueur, trente-six centimètres et en épais-
seur vingt-quatre centimètres.
Dans li- fœtus on voil à l'omoplate un rudiment d'apophyse coracoïde (Eschricht)
MÉGAPTÈRES. 129
Souvent les omoplates ne sont pas tout à fait semblables sous le rapport des apo-
physes surtout, à droite et à gauche.
L'humérus est comparativement plus court et moins fort que dans les baleines;
mais ce sont surtout les osdel'avant-bras qui se distinguent par leur longueur ; ils
ont le double de l'os du bras. En même temps qu'ils sont plus longs, ils ont perdu,
le radius surtout, en largeur, et l'apophyse olécranienne est moins développée,
Le procarpe compte trois pièces à peu près également développées, le radial,
l'intermédial et le cubital, et il en existe également une au mésocarpe; Eschricht
figure deux mésocarpiens dans un bras de fœtus, mais nous ignorons si la figure qu'il
en donne ne représente pas plutôt l'apparence que la réalité. Rudolphi n'a figuré
que les trois os procarpiens (I).
11 n'y a que quatre doigls; le pouce manque. L'index a la même longeur à peu
près que le petit doigt. Outre le métacarpien, l'index a deux phalanges, le petit
doigt, trois. Le médian et l'annulaire ont la même longueur; aussi ont-ils tous 1rs
deux, indépendamment du métacarpien, chacun sept phalanges.
Le cartilage qui termine l'index est plus large que la phalange et il est tronqué
au bout.
Ces phalanges sont en général fort grandes, surtout celles qui sont à la base,
et elles affectent généralement la forme d'un clepsydre, avec des bords libres
coupés obliquement.
Cette nageoire diffère fort peu, dans son ensemble comme dans ses détails, de
celle du fœtus de trente-quatre pouces de longeur, dont Eschricht a donné un dessin
dans son beau livre sur les baleines du nord. Il en est de même de la nageoire dor-
sale, qui avant l'époque du sevrage, est déjà en tout semblable à celle de la mère.
(I) La figure 4, pi. X et XI de l'atlas, représente le membre pectoral complet, et montre par erreur
des os mésocarpiens qui n'existent qu'en apparence. — 11 n'y a en tout que quatre os dans le carpe.
»7
130 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
MEGAFTERA LALAKDII
Pl. IX.
Cuvier, Recherches sur les ossements fossiles, tome V.
Van Beneden, Bulletin de l'académie royale de Belgique, 2e série, tome XVIII, n° 12.
Delalande a rapporté le premier squelette de cet animal que Cuvier a décrit sous
le nom de Rorqual du Cap.
M. Sclilegel a le premier reconnu l'analogie qui existe entre ce cétacé et la
balsena longimana de Rudolphi. Pendant plusieurs années on a même cru que ces ani-
maux ne formaient qu'une seule et même espèce, qui se faisait remarquer par le
grand développement de la nageoire pectorale etpar la présence d'une bosse sur le
dos au lieu d'une nageoire.
Syn. Rorqual du Cap, Cuvier, Oss. foss., V. t. 26, f. I, \ et 19.
Rorqual us anlarclicus, Fréd. Cuv. Histoire naturelle des Cétacés, p. 547.
Balsenoptera Auslralis, Lesson, Cétacés, p. 572.
Bateinopterc Poeskop, Desmoulins, Dict. class. Art. Baleine, vol. Il, p. 164.
Megaplera Poeskop, Gray, Erebus andTerror, on the Cetac. anim., p. 27.
Poescopia Lalandii, Gray, Catal. of Seals and Whales, p. 126.
Poescop ou Humpôack du cap.
Le poeskop d'après Desmoulius et d'autres naturalistes a une bosse sur l'occiput et
une nageoire dorsale au-dessus des pectorales.
MÉCAPTÈRES. 131
L'animal serait assez rare au Cap de Bonne-Espérance d'après quelques auteurs,
et des naturalistes, qui ont séjourné dans ce pays, assurent n'en avoir vu que deux
ou trois par an.
On en a pris sur la côte de Buenos-Ayres aux îles Malouines, et c'est peut-être le
même animal que l'on a capturé dans la mer qui baigne les îles de la Sonde. Le
50 juin -1819 on en a vu entre la pointe du cap de Bonne-Espérance et Hout-Baie, à
l'embouchure de la rivière de Slangtrop.
On le trouve entre le 40" et 70" de latitude sud.
Ce mysticèle aurait, comme la baleine du Cap, ses stations au cap de Bonne-
Lspérance, aux îles Malouines et sur la côie de Buenos-Ayres. Il était assez com-
mun vers le cap llorn, à l'époque du voyage de Forster, puisqu'il en vit plus de
trente autour du navire, si toutefois il n'y a pas d'erreur dans la détermination
de l'espèce (I).
Un squelette complet de trente-cinq pieds de long, rapporté du cap dcBonne-Es-
péranec par Delalande, et un squelette d'un baleineau du même animal, rapporlc
par le même naturaliste voyageur, sont déposés au Muséum d'Histoire naturelle à
Paris. On trouve un Axis, des vertèbres dorsales et lombaires, un humérus, un
radius et un cubitus au musée de Brest. Au musée de Buenos-Ayres, existe un sque-
lette complet sauf les nageoires; h Londres on voit au British muséum, des ver-
tèbres cervicales. A Batavia on conserve, si nous ne nous trompons, le squelette
de quarante-cinq pieds de long, d'un animal éeboué à Pekalongan en I8G5;
au musée de Calcutta, on trouve une tète, une côte, une omoplate et plusieurs
vertèbres.
Il parait que c'est une erreur dans laquelle plusieurs naturalistes ont versé déjà ,
de confondre le rorqual du Cap avec la baleine du Cap; c'est ce qui est arrivé à
Fréd. Cuvier, dans son histoire naturelle des cétacés, en prenant la description de
la baleine du Cap de son frère, pour celle de la megaptera, et Rudolphi a commis
la même erreur (2).
(1) Quoy et Gaimard, L'ranie, pag. 8).
(2) Schlege), Fauna japon ica, 21, note.
132 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
SQUELETTE.
Les deux crânes de la Megaptera boops et de la Megaptera Lalandii présentent
entre eux une très-grande ressemblance, du moins, autant que l'on peut en
juger, quand on n'a pas le moyen de mettre les tètes en présence l'une de l'autre.
D'après un croquis que nous avons fait à Paris et que nous avons comparé avec
la tète que nous possédons à Louvain, les os nasaux sont toutefois un peu plus
allongés dans le rorqual du Cap que dans celui du Nord.
Les vertèbres sont au nombre de cinquante-trois; Cuvier dit cinquante-deux;
elles sont réparties, comme dans le keporkak, en sept cervicales, quatorze dorsales,
neuf lombaires et vingt-deux ou vingt-trois caudales.
Les cervicales sont toutes libres. Le diamètre transverse de l'atlas est à peu près
le même que le diamètre vertical. — L'axis est la vertèbre la plus épaisse du cou ;
elle a presque le double de l'atlas et jusqu'à quatre fois l'épaisseur des troisième et
quatrième cervicales. — Depuis la quatrième cervicale, le corps des vertèbres aug-
mente sensiblement en épaisseur jusqu'à la vingt-neuvième ou jusqu'aux premières
caudales.
On peut dire que toutes les vertèbres, et particulièrement les lombaires, sont
plus courtes d'avant en arrière dans l'espèce qui nous occupe, que dans celle du
Groenland.
Les lombaires et les premières caudales sont légèrement carénées en dessous ; à
la sixième caudale on voit le corps des vertèbres percées d'un trou pour le passage
des vaisseaux.
C'est dans la région cervicale surtout que se trouvent les différences qui séparent
le keporkak de la Megaptera Lalandii. L'apophyse transversc de l'atlas est
moins allongée et moins élevée dans le Lalandii que dans l'autre espèce, et
l'apophyse épineuse supérieure a plus d'étendue d'avant en arrière. Le bord
antérieur de l'atlas du keporkak montre en outre une éebancrurc en avant,
tandis que ce bord s'élève verticalement dans le Lalandii.
L'axis a une apophyse épineuse supérieure moins allongée dans celui du nord,
MECAPTÈKES.
133
c'est-à-dire moins étendue d'avant en arrière, de manière que l'apophyse épi-
neuse de l'atlas est plus à découvert dans cette espèce. Le bord antérieur de celte
apophyse est droit dans l'espèce du Cap et sensiblement lobé dans celui du
nord.
Dans le keporkak les apophyses épineuses vont en diminuant de la troisième à
la cinquième cervicale; ces apophyses s'élèvent au contraire régulièrement,
de la troisième à la cinquième et même jusqu'à la septième dans l'espèce du Cap.
Les apophyses transverses inférieures sont moins développées dans le keporkak
que dans l'autre. Elles sont presque nulles dans la sixième vertèbre et manquent
complètement dans la septième. — Sous ce rapport il y a peu de différence entre
les deux Megaptera.
La seconde et la troisième cervicale sont unies d'après Cuvier par la partie
supérieure du corps et dans un squelette du British muséum, M. Gray a observé
que la deuxième est unie à la troisième par un côté seulement du cerceau neural.
Toutes les vertèbres, surtout les lombaires, sont un peu plus courtes dans
l'espèce du Cap que dans celle de Groenland.
L'omoplate montre une différence assez notable :
dans l'espèce du Cap, comme l'indique la figure ci-
jointe; l'acromion est assez saillant, surtout dans l'o-
moplate du côté droit. L'espèce du nord, au lieu
d'une saillie, montre une proéminence plus bas, près
de la cavité articulaire; son origine et sa direction la
rapprochent davantage du coracoïde.
La première côte est assez étroite en haut mais elle s'élargit vers le milieu de sa
hauteur et, à son extrémité sternale, elle montre à peu près le double de la largeur
qu'elle possède à son extrémité vertébrale.
Les côtes sont un peu moins tor-
dues sur elles-mêmes dans l'espèce
du Cap que dans le keporkak. —
La troisième et la quatrième côtes
moi.trent une portion cervicale
Premières cites do tiegafttra Uhniii dont l'extrémilé ne pCllt s'uilil' ai
corps de la vertèbre que par le secours d'un long ligament.
131 SQUELETTE DES CETACES.
Le sternum est assez semblable dans les deux espèces connues, mais nous ferons
remarquer que son écbancrure est dirigée en avant, et non en arrière, comme on le
croit généralement. — Depuis longtemps on a signalé cette erreur. — Rudolpbi
n'a pas réussi à faire placer dans sa position naturelle le sternum du squelette
qui a été monté sous sa direction à Berlin.
On ne connaît pas le bassin de cette espèce; ce qui a figuré longtemps sous ce
nom est un fragment d'os qui n'a rien de commun avec lui. — Le bassin, à
en juger par celui du Le par lui le, doit avoir de ebaque côté deux os parfaitement
distincts, l'ischion et le fémur, mais qui ne se touebent jamais sur la ligne mé-
diane.
Nous trouvons une grande ressemblance dans la composition de la nageoire
pectorale, et nous pouvons nous prononcer à cet égard avec d'autant plus de certi-
tude, que nous avons pu comparer deux membres dont tous les os étaient encore
en place.
L'humérus, le radius et le cubitus sont à peu près les mômes. — Le procarpe
montre trois os comparativement petits et le mésocarpe un seul.
Le nombre de phalanges dans chaque doigt est exactement le même dans les deux
espèces et les deux doigts du milieu sont d'une longueur égale; il en est de môme
des deux externes.
L'index a deux phalanges, le petit doigt trois, le médian et l'annulaire cha-
cun sept.
Les deux espèces suivantes ne pourront être considérées comme établies défi-
nitivement que quand on aura eu l'occasion d'étudier comparativement louis
caractères extérieurs ou leurs squelettes et que l'on aura reconnu leurs diverses
stations.
Mecaptera Wovœ-Zclandlae. — C'est M. le docteur Gray qui a établi cette espèce
sur une caisse tympanique avec le rocher, envoyée par M.Sluart au Brilish muséum
et qui est remarquable par la longueur extraordinaire d'une de ses apophyses.
Dieffenbach signale cette espèce à la Nouvelle-Zélande, dans le Pacifique et au
cap Horn. — On a vu également des megaptera près de Valparaiso, et en février 18 57
MEC APTERES.
C. Thornam a dessiné un de ces animaux, nageant entre deux eaux, et que l'on
reconnût facilement à sa bosse et à la manière de courber le dos. — Escliricht a
reproduit ce croquis.
Une aulre preuve de l'existence d'une Megaptera sur la côte ouest de l'Amérique
méridionale, a été fournie par le professeur Kroycr de Copenhague, qui a rapporté
de ce pays des diademn, trouvées au milieu des os d'une baleine, qui avait échoué
quelque temps auparavant.
Il est à supposer que c'est la même espèce qui a ses stations dans les parages de
la Nouvelle-Zélande et sur la côte de Chili.
Est-ce la même qui a été capturée sur la côte de Pekalonga ?
Le musée britannique est en possession de la seule pièce sur laquelle cette espèce
a été établie.
Le musée de la société asiatique à Calcutta possède une tète, une côte, une omo-
plate et trente-quatre vertèbres qui appartiennent peut-être à ce même animal.
Il y a quelques années nous avons vu entre les mains d'un marchand naturaliste
à Paris, des caisses tympaniques de Megaptera qui avaient été rapportées de l'île
de Foud par le chirurgien Jacquinot, et qui étaient mêlées avec des caisses
tympaniques de vraie Balscna et de Dugong.
Megaptera ttuzira. — M. le docteur Gray a établi également cette espèce, donl
on ne possède point d'ossements, mais dont V. Sicbokl a rapporté une figure du
Japon. Temminck (I) a publié cette figure dans la fauna Japonica, et Chamisso (2)
a figuré également un animal de ce genre comme originaire des îles Aléoutienncs.
La Zta/.rwaqueSteller a vu dansle détroit de Behring et que Pallas (5) désigne sous
le nom de ùoops (i), la rapportant au boops de Fabricius, appartient peut-être à cette
espèce. — 11 est à remarquer que Léop.-V. Schrenk signale sur les côtes des
A mour-Landen , également une baleine qu'il rapporte à la Balsena australis, à côté
(i) Balcnopt. antarclica, Schlegel, d'après un dessin fait d'une balénoptère, prise sur [es côtes méridio
nalcs du Japon, dessin dû à M. Bùrger. Schlegel fauna japonica, p. 21, PI. XXX.
(2) Aliomoch, Chamisso, N. act. nat. cur. XII, 258, t. 18, f. '6, des îles Aléoutienncs.
(3) Bala?na allamack, Pallas, Zool. Bosso-Asiat.
"i Pallas reproduit la description que Steller a faite de cet animal pendant son naufrage, en 1742, !i
l'île de Behring. Zoographia Bosso-asiatica, Petropoli, 1831.
136 SQUELETTE DES CETACES.
d'une autre qu'il croit identique avec la Megaptera longimana ou la Ba!œnoptera
boops de Fabricius.
Nous ne pouvons que signaler ce cétacé à l'attention des baleiniers et des natu-
ralistes, qui pourront décider, en apportant des ossements ou mieux des squelettes
complets, si la Megaptera du Japon forme une espèce distincte.
Sur la côte orientale de la Nouvelle-Calédonie, aux iles Loyalty et aux Nouvelles-
Hébrides, M. Jouan a vu des Humpàacks, qui sont, paraît-il, fort communs dans ces
parages.
Forstcr dans le voyage de Cook signale une Megaptera entre Terra del Fuego et
Stratten-Island.
GENRE BALENOPTERE.
Comme nous l'avons dit déjà plus haut, les baleiniers ont distingué longtemps
avant les naturalistes les baleines à aileron ou à nageoire dorsale, des baleines à
dos uni, et leur avaient donné le nom de Vinnûsch ou Finnfiscb, qui a été traduit
plus tard par Laeépède en celui de Balénoptère.
Mais existe-t-il des Balénoptères à ventre lisse sans plis sous la gorge et sous le
ventre? Les Rorquals diffèrent-il des Jubartes par la présence de ces sillons? On
l'a cru d'après des dessins incomplets dans lesquels on avait eu trop de confiance. Les
Jubartes, qui sont les Mégaptères des naturalistes modernes, ont sous la gorge et
le ventre les mêmes sillons que les Rorquals; elles forment un genre distinct,
caractérisé, non par l'absence des sillons dont nous venons de parler, mais par
une bosse, qu'elles portent à la place où les Rorquals portent leur nageoire dorsale,
ainsi que par le grand développement de la nageoire pectorale.
C'est ce que Camper avait parfaitement reconnu et ce qui lui avait fait admettre
des mysticètes à dos uni, des mysticètes à dos garni d'une bosse et des myslicètes
portant, à la place d'une bosse, une nageoire ou un aileron (I).
(1) P. Camper, loc. ci/ai. p. 31. — Le célèbre évoque Uno de Troile, admettait, des Baleines a ventre lisse,
Sliidisfis- kur, et des Baleines a ventre sillonné, Reydasfiskur ; la baleine a bosse était comprise dans la
première division. — Les Baleines a ventre sillonné comprenaient le Steipercidar, dont les dimensions rx-
cédent celles du Slelbach (Bal. biscayensis), le hrafncidur, (Bakenoptcra musculus?; et le Andarnefia (Baise
noptera rostrata).
138 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
Comme la plupart des zoologistes n'ont eu l'occasion de voir ces animaux qu'en
dessin et qu'il n'est pas aisé de reproduire toujours fidèlement leur forme (I),
leurs proportions, ou leurs caractères distinctifs, il a régné et il règne encore une
certaine incertitude au sujet de diverses espèces.
Les animaux du genre Balénoptère, ou Rorqual, se distinguent parles caractères
suivants :
Ils portent sur le dos en arrière une véritable nageoire; sous la gorge et le ventre ils
ont des sillons ou longues cannelures; le corps est effilé; le rostre est pointu et peu
arqué; les maxillaires supérieurs sont plats en dessus et portent en dessous deux ran-
gées de fanons qui se réunissent en avait sur la ligne médiane et se terminent en arrit r<
en formant un tour de spire; la tête est comparativement petite et ne forme que le quart
ou le cinquième de la longueur- du corps; la lèvre inférieure est peu élevée et ne recouvre
pas toujours complètement les fanons; les maxillaires inférieurs sont robustes, ne
subissent pas un mouvement de torsion en avant et portent en arrière une forte apophyse
coronoïde courbée en dehors ; l'omoplate a ses deux apophyses, acromion et coracoïde,
tres-dévi'/oppées et un cartilage sous forme de lobe au-dessus de l'angle postérieur :
I humérus est fort comprimé et les os de H avant-bras ont le double de la longueur de
ceux du bras. Les nageoires pectorales sont peu allongées, étroites, terminées en pointe
et ne portent que quatre doigts; le nombre de vertèbres varie entre quarante-huit et
soixante-quatre ; les vertèbres cervicales sont toutes libres; l'axis et souvent les vertè-
bres suivantes, portent un anneau complet ; lis rotes varient de onze à seize; ioslijm-
panique est arrondi et de forme ovale. Le sternum est toujours termine en pointe en
arrière. Le bassin est formé d'un iléon de chaque côte, auquel s'attache quelque/ois un
rudiment de fémur.
Les fanons des Balénoptères ne sont guère estimés dans le commerce; ils sont
toujours d'un blanc jaunâtre dans la BaUenoptera rostrata, noirs ou bleuâtres dans
i) Noua avons trois e qui: es des formes extérieures de notre exemplaire, ili-nit récemment M. Malni,
• h parlant de la Balénoptère ùbbaldii, l'une di ssmèe par un jeune zoologue, l'autre par un artiste el la
troisième exécutée par nous-méme. si on publiait ces trois esquisses et la photographie, on pourrait
t roire que l'on a pris ces figures d'après quatre espèces différentes.
BALÉNOPTÈRES. 139
les autres espèces; on voit également dans le même animal les fanons antérieurs
blancs les autres noirs ou moitié blancs moitié noirs vers le milieu, ou bien encore
des fanons striés de blanc et de noir (l).
Ces fanons sont-ils toujours placés de manière que la lèvre intérieure les re-
couvre complètement? Nous ne le croyons pas et nous avons vu des exemples du
contraire dans deux espèces différentes. — Dans la Balsenoptera musculus que nous
avons vue en chair àScheveningen, les fanons étaient placés obliquement en dehors,
au-dessus des maxillaires inférieurs, de manière que les lèvres ne pouvaient au-
cunement les recouvrir. — Nous avons trouvé la même disposition dans une
Balsenoptera rostrata qui a été tuée dans l'Escaut en amont d'Anvers; dans aucun
des Jeux l'animal ne pouvait fermer complètement la bouche; les fanons par
leur direction écartaient complètement les lèvres. Ceci nous explique comment
quelques naturalistes se sont obstinés naguère à placer les fanons des baleines
véritables en dehors des mandibules.
Les derniers fanons en avant comme en arrière ne consistent que dans des fila-
ments semblables à des soies, de manière que leur nombre est fort difficile à con-
stater. — En arrière ils se terminent, non pas comme on l'a représenté, en cessant
brusquement, mais en formant un tour de spire en dedans; ces derniers ne sont
plus formés que de soies a peine distinctes.
Le genre Balénoptère comprend un nombre d'espèces assez considérable, qui
présentent une grande différence de taille; il y en a qui ne dépassent guère trente
pieds de longueur, et que l'on a pris souvent pour de jeunes animaux; d'autres
atteignent jusqu'à quatre-vingts pieds, et quelques naturalistes leur en accordent
même davantage.
La taille ne varie pas selon le sexe dans les Balénoptères; à en juger par les me-
sures prises sur les individus échoués et capturés, il y a des mâles et des femelles qui
atteignent la grande longueur de quatre-vingts pieds. — La femelle trouvée moite
en mer en IS27, par les pêcheurs d'Ostendc, avait à peu près quatre-vingts pieds
de long, et on a vu des mâles à diverses reprises qui n'avaient guère moins.
(I Nous avons vu également des fanons striés de blanc dans les baleines véritables, même dans le
mysticetus de Groenland.
140 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
Les Balénoptères ont le corps plus grêle, la tète moins volumineuse que les ba-
leines véritables, et, comme le danger de leur pècbe est plus grand en même temps
que le produit est moins abondant et a moins de valeur, on les a négligées jusque
dans ces derniers temps. Ce n'est que depuis quelques années que l'on a commencé
à s'occuper de leur pècbe dans le voisinage de l'Islande et, c'est à ces récentes
expéditions, que la science est redevable de la connaissance définitive d'une espèce,
que les Islandais désignent sous le nom de Steypireydr.
On peut dire que les Balénoptères diffèrent autant des baleines véritables par leurs
caractères zoologiques que par la vivacité de leurs mouvements et la valeur de
leur produit.
Au lieu de poursuivre les crustacés et les mollusques, il parait que les Baléno-
ptères comme les Mégaptères font uniquement lacbasse aux poissons, et il n'est pas
rare de les voir échouer à la suite des bancs de harengs et de gades. — On n'a trouvé
que des poissons dans l'estomac des individus qu'on a eu l'occasion d'ouvrir.
Les Cétacés, en général, bébergent de vrais parasites dans l'intérieur du corps
comme les autres animaux, mais ils fournissent en outre le gitc à un certain nombre
de faux parasites qui s'établissent sur la peau, non pour se nourrir, mais unique-
ment pour se faire remorquer. De ce nombre sont les nombreux cirrbipèdes qui
se colloquent dans la peau des baleines, surtout les baleines des régions tempérées.
— Les Balénoptères, tout en appartenant aux régions tempérées, sont fort mal
partagées sous ce rapport; pas plus que la baleine franebe, elles n'ont aucun cir-
rbipède propre et j'ignore si, comme les autres mystieètcs, elles logent même
des cyames. Parmi les parasites véritables M. Sars a signalé récemment aux iles
Loffoden, et M. Sophus llallas dans les parages d'Islande, des Penella gigantesques
dans l'épaisseur de la peau, qui sont proportionnées à la (aille des hôtes qui les
bébergent i |i.
Leur distribution géographique est fort peu connue ; les baleiniers n'ont
eu jusqu'à présent aucun intérêt a connaître leurs stations; aussi (ont ce que
(i , Non- h,' parlons pas de leur endoparasites qui logent dans le foie, dans l'intestin et jusque dans le
ranal de l'urèlhre
BALÉNOPTÈRES. 1H
l'on en sait, c'est que leur apparition ne parait pas avoir une très-grande régularité,
et ils ne semblent pas aussi nettement confinés que les autres dans des régions
géographiques limitées.
On peut dire toutefois que les Balénoptères ne sont pas des cétacés des régions
polaires, quoiqu'on en ait observé au 78e degré; elles appartiennent aux régions
tempérées, et on en voit qui vivent régulièrement à quelques degrés à peine
de la ligne équatoriale. — Dans le golfe de Bahia comme sur la cùte du Pérou
on observe de vraies Balénoptères. — Il y a même plus, contrairement à ce qui
s'observe chez les autres Mysticètes, certaines espèces semblent même se com-
plaire dans les eaux équatoriales; le révérend II. Baker nous apprend qu'aux iles
Seychelles et aux îles Maldives il existe des stations où l'on se livre régulièrement
à leur pèche.
Comme les baleines véritables et les Mégaptères, les Balénoptères sont répandues
dans les deux hémisphères, et, dans l'un comme dans l'autre hémisphère, les
mêmes formes comme les mêmes grandeurs semblent se reproduire; à côté des
grandes espèces de quatre-vingt pieds, on voit, des deux côtés, de petites espèces
qui ne dépassent pas trente pieds; on a signalé en effet de petites Balénoptères,
semblables à la rostrata du Groenland, aux iles Kerguelen (o0° lat. austr.) et à la
Nouvelle-Zélande, et dans les mêmes parages on a vu des Balénoptères de grande
taille, rappelant par leurs caractères nos grandes espèces du Nord.
Au sud de l'Atlantique les Balénoptères ne sont pas moins répandues qu'au nord;
on en voit abondamment en Amérique, depuis la baie de Bahia jusqu'à la terre de
Feu et les iles Falkland, et sur la côte d'Afrique, particulièrement au cap de Bonne-
Espérance et dans les parages de Table Bay. Au nord de l'océan Pacifique on voit
d'autres Balénoptères depuis le détroit de Formosa , les côtes du Japon et du
Kamschatka, jusqu'au détroit de Behring, les iles Aléoutiennes et la côte Ouest de
l'Amérique; comme on eu voit d'autres encore au sud du même Océan sur les
côtes du Pérou et la partie orientale de l'Australie. — Les baleiniers rapportent.
que dans le voisinage de Bolany Bay on aperçoit régulièrement des Sulfurbottom,
qui sont de grandes Balénoptères, nageant au milieu de petites espèces, qui rap-
pellent parfaitement, comme nous l'avons dit plus haut, pour la taille surtout, les
deux principales espèces du nord de l'Atlantique. On cite également des Balé-
noptères dans la mer des Indes, sur les côtes d'Aracan, de Mekran, deCcylan, d Alipi
U2 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
(où ils sont communs), de Malabar, aux îles Seychelles et Maldives, aux lies de la
Sonde, dans le golfe de Bengale et même au fond de la mer Rouge,
Ces cétacés font des apparitions sur toutes les côtes d'Europe et môme d'Amé-
rique: il y aune espèce qui visite les parages du Labrador et du Groenland, et
qui se montre depuis le cap Nord jusqu'au golfe de Gascogne; il y en a une autre
que l'on voit sur les côtes d'Islande et de Norwége jusque dans la Manche et sur
la côte de Portugal, qui pénétre dans la Dallique comme do- la Méditerranée et
quelquefois remonte même les lleuvcs.
A l'exception de la Balœnoptera rostrata qui visite assez régulièrement la côte de
Finmark elles fjords des environs de Bergen, toutes les autres font leur appari-
tion, sans aucune régularité, et on les voit venir à la côte dans toutes les saisons, à
tout âge et sans aucune distinction de sexes; ce sont partout des individus isolés,
tantôt des mâles tantôt des femelles, qui échouent, ici en hiver, là au printemps
ou au milieu de l'été et qui, à en juger du moins par la vacuité de leur estomac,
périssent généralement par inanition.
Bosenthal avait cru remarque!' (pie toutes les Balénoptères pénètrent dans la
Baltique au printemps; il en était ainsi pour toutes celles qui y avaient fait leur
apparition jusqu'alors; mais depuis on en a vu échouer dans l'arrière-saison.
Il paraitquelesBalénoptères ne hantent pas des latitudes aussi élevées que les ha-
leines proprement dites. Les haleines, en effet se dirigent au printemps de l'Est à
l'Ouest, dit Zorgdrager, et, quand elles ont disparu, on commence à apercevoir les
Vinnfisch a la limite méridionale des régions occupées momentanément par les ha-
leines. Zorgdrager prétend que les Balénoptères vont à la recherche d'une tem-
pérature plus modérée. Cependant M. Malmgren a vu, pendant qu'il était à l'ancre
au 79° 45' le \ " septembre, deux Balénoptères d'une très grande taille, qu'il croit
devoir rapporter, dit-il, à l'espère qui a été désignée sous le nom de gigas (I).
On possède une longue liste des Balénoptères qui ont échoué sur les côtes
d'Europe depuis la fin du siècle dernier; Escbricht en a dressé le tableau indiquant
la date, le sexe, la taille et les divers caractères extérieurs ou intérieurs; ce qui
frappe surtout, quand on fait le relevé de ces captures, c'est le grand nombre
d'individus que l'on a trouvés morts en mer. Il y en a comparativement bien peu
(1) C'est probablement la Balœnoptera Sibbaldii.
BALÉNOPTÈRES. 143
qui ont été capturés en vie! Aussi résulte-t-il de ces observations, qu'aucune des
grandes espèces n'a sa station propre en Europe, pas même celle que Cuvier
croyait propre à la Méditerranée.
Nous l'avons déjà fait remarquer, les cétacés n'échouent guère quand ils
visitent leurs parages propres, ou quand ils sent installés dans leurs stations na-
turelles, et ceux qui viennent se perdre sur nos côtes, sont des animaux qui ont
perdu leur chemin; ils se sont égarés probablement dans le cours de leurs péré-
grinations, les uns à la poursuite des poissons, les autres à la vue de leurs redou-
tables ennemis les orques.
Les Baleines à aileron sont de tous les mysticètes les plus anciens et en même
temps les plus répandus. Nous ne croyons pas toutefois qu'elles remontent au delà
du Miocène. On se figure difficilement l'extrême abondance de leurs ossements
dans certaines localités comme les environs d'Anvers. — On connaît aussi
quelques ossements qui ne diffèrent guère de ceux qui vivent actuellement et qui ont
été recueillis à une certaine distance de la côte au-dessus du niveau actuel. On en
a recueilli dans ces conditions exceptionnelles sur les bords de la Baltique, de la
mer du Nord, sur la côte d'Amérique et dans le bassin delà Méditerranée.
Les ossements du musée deKertsch signalés par Rathke d'abord, puis étudiés par
d'Eichwald, Nordmann et surtout par le professeur Brandt proviennent sans doute
de Balénoptères perdus dans ces parages à l'époque où une atlantique séparait l'Eu-
rope de l'Asie.
Comme le dit avec beaucoup de raison M. Flower, un des plus grands problèmes
qui reste à résoudre par les futurs cétologistes, est relatif aux distinctions spéci-
fiques des Balénoptères; la confusion dans laquelle se trouve la nomenclature de
ces grands animaux est complète et leur histoire vraiment incxtricabl".
Il existe évidemment plusieurs espèces, mais à combien ce nombre s'élevc-t-il?
Et ces espèces peut-on les ériger en genres comme quelques auteurs l'ont proposé?
Cuvier connaissait le squelette de la Balénoptère de l'ile Sainte-Marguerite, le
squelette décrit par Rudolphi de l'animal échoué à l'embouchure de l'Elbe, et le
squelette de l'hôtel de ville de Brème; Cuvier fit du premier le Rorqual de la
Méditerranée, du second le Rorqual de la mer du Nord, du troisième un jeune
144 SQUELETTE DES CETACES.
individu. — Il est reconnu aujourd'hui que ces squelettes appartiennent à (rois
espèces différentes : le Rorqual de la Méditerranée ou la Bataenopiera musculus,
le Rorqual de la mer du Nord ou la Balsenoptera ôorealis [laticeps, Gray) et la petile
espèce que Fabricius a nommée Balsenoptera rostrata. A ces trois espèces du Nord
de l'Atlantique parfaitement établies, on vient tout récemment d'en ajouter une
quatrième qui porte un nom distinct sur les côtes d'Islande, et dont un individu
est venu se perdre il y a peu de temps dans le Kattegat près de Gothemburg.
Le Rorqual du Cap est, comme nous l'avons déjà vu, une Megaptera, mais l'hé-
mispbère austral comprend également plusieurs espèces de Balsenoptera qui ne
tarderont pas à êlrc définitivement établies.
Schlegcl, qui a eu l'occasion de voir des Balénoptères en chair et de comparer un
certain nombre de squelettes, est d'avis que l'on ne connaît avec certitude que deux
espèces de Balénoptères, la Balsenoptera sulcata arctica et la Balsenoptera sulcata
antarctica (I).
Ilolbôll qui a vu beaucoup de ces animaux en vie sur les côtes de Groenland, et
qui a pu recueillir de précieuses observations de la bouche des pêcheurs, est d'avis
qu'il existe cinq espèces de Balénoptères au nord, en y comprenant la Megaptera
ôoops; le Keporlca/i qui est la Megaptera des cétologues, le TmnotiA qui est à noire
avis la Balsenoptera Sibbaldii, léTékugulik qui est sansdoule la Balsenoptera rostrata
et le Keporkarnak qui est probablement la Balsenoptera musculus. Les trois premières
espèces sont mentionnées dans la Fauna groenlandica et sont si faciles à distinguer
des autres, dit Holbôll, que celui qui les a vues une seule fois ne saurait plus les
confondre avec d'autres.
M. 0. G. Sars a eu l'occasion d'observer quelques-uns de ces animaux au
nord de la Norwége (îles Loffoden) et, à son retour, il a étudié avec un grand
soin les squelettes qui sont conservés à Bergen et à Christiania. — Après avoir
comparé et mesuré ces divers squelettes et les os séparément, il croit devoir admet-
tre cinq espèces de Balénoptères au nord de l'Atlantique, la Balsenoptera muscu/us,
la Balsenoptera Carolinse, la Balsenoptera gigas, h Balsenoptera laticeps et l& Balseno-
ptera rostrata.
Dans la faune du littoral de Belgique nous avions admis trois espèces qui vi-
(t) Mémoires de l'Institut des Pays-Bas et Fauna japonica.
BALENOPTERES. 145
sitent la mer du Nord et, comme le fait remarquer M. Flower, le docteur Gray a
érigé ces trois espèces en genres sous les noms de P/iysalus, Sibbaldius et Balœ-
noptera; à ces trois genres le savant directeur du British Muséum en a ajouté un
quatrième, qu'il m'a fait l'honneur de me dédier, le genre Benedenia, et
M. Lilljeborg vient d'en ajouter un cinquième sous le nom de Flowerius, le dé-
diant au savant directeur du Musée royal des chirurgiens de Londres, M. Flower.
EnGn un sixième genre,sous le nom d'Eschrichtius, a été établi pour une Balénoptère
qui a l'apophyse coronoïde du maxillaire inférieur peu élevée et dont les ossements
étaient enterrés à \ 2 ou 15 pieds au-dessus du niveau actuel de la mer et à 840
pieds du rivage actuel. Malgré l'autorité parfaitement justifiée qui s'attache au
nom du docteur Gray et l'importance des travaux dont le professeur Lilljborg a
enrichi la science, nous ne voyons jusqu'à présent aucun motif de conserver ces
divisions génériques. Le genre Eschrichtius que le docteur Gray rapproche des
Megaptera, a une omoplate avec acromion et coracoïde et ne peut être séparé à
notre avis des Balénoptères, et la Benedenia Knoxii n'est qu'une jeune Batsenoptera
musculus comme, du reste, on l'a déjà fait remarquer.
Quant aux genres Physalus et Sibbaldius ils ne reposent, à notre avis, que sur
des différences qui ne sont peut-être que des dispositions individuelles ou tout au
plus spécifiques.
146 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
BAL/ENOPTERA ROSTRATA.
0. Fabricius, Fauna Groenlandica, in-8°. Hafniœ et Lipsiae, 1780.
J. Hunter, Observations on Ihe structure and œconomy of Whales, Philosoph. Transactions, vol. LXXVII,
1787.
Lacépède, Histoire naturelle des cétacés, in-4°. Paris, l'an XII.
Scoresby, An accounl of the arctic régions. Edinburgh, 1820.
Albers, Icon. ad anatom. comparai. 1822.
Knox, Account qf Ihe dissection of a young Rorqual (Bal. rostrata). Journal rinstitut, 1834, p. 336.
11. Kroyer, Nogle Bemœrkuinger med Hensyn til Balœnoptera rostrata, Naturhislor. Tidskrift, 2 Bd.
1838-1839.
Cray, Zool. Ereb. and Terror.
Eschricht, Die NordischenWallthiere. 1849.
Serres et Gratiolet, Comptes rendus hebd., vol. LU, p. 612. 1861.
l'abri-, Tidskrift for naturvidenskaberne, 4 Bind, 1 H. n" 10. Isis, 1827, p. 858.
W. II. Flower, On a Lesser Fin-Whale (Balœnoptera rostrata, Fabr.J recently stranded on ihe Norfolk
Cousis : Froceed. of Ihe Zool. Soc. ofLondon. 1 864.
Iiarker and Macalister, Proeecd. of the Dublin natural liist. soc. for 1865.
Al. Carte and Macalister, Philosophical transactions, 1868.
Van lieneden, Note sur les cétacés, Bull. Acad. roy. de Belgique, 2' série, t. XX, n" 12.
Mailland, Beriglen uit de Diergaarde, p. XXX. (Nederland. Tidschrifl vvor de Dierkundc.)
La Balœnoptera rostrata de Fabricius, qui n'est pas la Balsena rostrata de Linné,
comme nous le verrons plus loin, est connue depuis les temps les plus reculés; il
en est fait mention dans les plus anciens manuscrits des Islandais, et le mot '/V-
kagulik, sous lequel les Esquimaux le désignent, correspond assez bien avec
celui de Tschikagulk, que donnent les babitants de l'Amérique russe à une petite
baleine, pour supposer, que le même animal des côtes de Groenland visite égale-
ment le détroit de Behring; cette ressemblance de nom semble même indiquer des
relations et des communications cuire des peuplades qui depuis longtemps n'ont
plus aucun rapport entre elles.
Eschricht a étudié celte espèce avec le plus grand soin sous ses divers rapports,
BALÉNOPTÈRES. 1 47
et c'est en grande partie au savant cétologue de Copenhague que la science est re-
devable de tout ce que l'on en sait aujourd'hui.
Linné n'a pas connu ce mysticète; mais 0. Fabricius, pendant son séjour au
Groenland (1768-4775), ayant eu l'occasion de l'observer et de l'étudier avec
soin, a cru reconnaître en lui la Balœna rostrata de Linné et l'a désigné sous
ce nom.
Fréd. Martens a parlé de ce mysticète sous le nom de petite baleine [Kleyne
Waiviscli); mais c'est à John Hun ter que l'on doit les premières observations ana-
tomiques. Le savant anatomiste anglais a eu l'occasion de disséquer une femelle,
capturée au Doggersbank dans la mer du Nord, et il a fort bien reconnu que ce
cétacé était le même que 0. Fabricius avait nommé rostrata.
Bonnaterre a fort bien caractérisé cet animal d'après les écrits du savant mis-
sionnaire danois, et Lacépèdel'a fait connaître égalementsous le nom de Baleinop-
tère museau-pointu, d'après un jeune individu pris en avril 1791 dans la rade de
Cherbourg. — C'est la moins grande des balénoptères, dit Lacépède, et elle ne
parvient qu'à une longueur de 8 à 9 mètres. — La gravure dont Lacépède ac-
compagne le texte est faite d'après un dessin que sir Joseph Banks lui a en-
voyé de Londres.
Malheureusement, à l'époque où Cuvier s'occupait des cétacés, on ne possé-
dait aucun ossement de cette petite espèce au Muséum d'histoire naturelle, et
la balénoptère à museau pointu de Lacépède fut considérée comme un jeune
animal qui n'avait pas atteint toute sa croissance. Cette opinion fut partagée
par son frère, Fréd. Cuvier, et parla plupart des zoologistes de cette époque.
En 1854, M. Knox eut l'occasion d'étudierun jeune animal de 9 à 10 pieds de
longueur, capturé près de Queensferry, Firth ol'Forth, qu'il reconnut à ses ver-
tèbres pour la même espèce que 0. Fabricius avait désignée sous le nom de ros-
trata.
Ce qui n'était pas connu de Cuvier, c'est que sur la côte de Norwége, dans le
voisinage de Bergen, on prend à peu près tous les ans de ces petites baleines
dans les fiords, qui y viennent mettre bas. — Par les soins du Stiftsamtmann
Christie on a monté un squelette à Bergen, et, en 4 857, Eschricht en obtint ('gaie-
ment un squelette, puis des fœtus, en même temps qu'il reçut de Groenland de son
ami Holbôll des fœtus de Megaptera. Dès ce moment, il fut définitivement établi
448 SQUELETTE DES CETACES.
qu'il existe une petite espèce de balénoptère, comme Fabrichis, limiter, Lacépède,
knox et d'autres l'avaient prétendu et Eschricht reconnut dans les fœtus tous les
caractères propres à l'animal adulte.
Eschricht a eu plus tard à sa disposition, pour l'étude de cette espèce, plu-
sieurs squelettes et sept fœtus, dont deux mâles et cinq femelles. Un des mâles
avait 8 pouces de long, une femelle avait 54 l/t pouces, et une autre femelle
78 pouces.
On peut dire aujourd'hui que de tous les mysticètes, c'est l'espèce la plus fa-
cile à distinguer, tant par sa taille que par son squelette et ses caractères exté-
rieurs.
La Balœnoptera rostrata a pour caractères :
La taille ne dépasse jamais trente pieds de longueur ; la nageoire pectorale est noire
avec une bande blanche au milieu; les fanons sont courts et d'une seule couleur jau-
nâtre; la colonne vertébrale ne compte que quarante- huit vertèbres ; les côtes sont au
nombre de onze'; te sternum a la forme d'une croix latine.
D'après Echricht la gestation est de dix mois; l'animal a neuf pieds de long
en venant au monde et atteint de 24 à 50 et 51 pieds à l'état adulte [\).
Eschricht (2) a vu plusieurs exemples de jumeaux. Le plus jeune animal que l'on
ait capturé jusqu'à présent est celui qui a été observé par Knox et qui ne paraît pas
avoir plus d'un an ; celui de l'embouchure du Havre et qui a été étudié par Gra-
tiolet en 4861, avait à peu près la même dimension; dans le voisinage de Chris-
tiania on en a pris un de la seconde année et qui venait probablement de quitter
la mère ; les autres en général étaient plus âgés.
On voit ces animaux ordinairement seuls; rarement ils sont plus de deux ou
trois ensemble.
Leur pâture comme celle des autres Balénoptères consiste en poissons.
(1) Melchior a vu un fœtus de 8 pieds 2 pouces qui n'étail pas a terme, cl d'après les observations de
Knox, l'animal n'a pas 10 pieds en naissant.
(2) D'après le nombre de fœtus que l'on a recueilli, Eschricht a pu s'assurer que ces animaux sont
nionopares et que les cas d<- biparilé ne sont pas si raies que dans l'espèce humaine.
BALÉNOPTÈRES. 149
Syn. — Balsena rostrata, 0. Fabric.
Balœnoptera aeuto-rostrata, Lacépède.
Ronjualus minor, Knox.
Pteroôatœna minor, Escliricht.
Balœnoptera rostrata, Gray.
Tikagulik des Groènlandais.
Vaagevhal des Norvégiens.
Zivergivatl des Allemands.
Seigval ou scival des Finmarkois.
Ce même animal dont il y a trente-cinq ans on ne possédait aucun fragment
au muséum d'histoire naturelle à Paris, est aujourd'hui représenté dans la plupart
des musées d'Europe, et dans plusieurs d'entre eux on trouve même plus d'un
squelette.
Voici le nom des principales villes, par ordre alphabétique, qui renferment des
squelettes ou des ossements séparés de cette espèce.
A Bergen (Norwége), à Berlin (un squelette des Fiords de Bergen), à Bordeaux, à
Boulogne-sur-Mer, à Brest, à Brème (squelette d'un animal capturé dans le Weser),
à Bruxelles (squelette d'un animal pris dans l'Escaut, un autre de la côte de Jutland,
et un troisième du Cap-Nord), à Cambridge (musée de l'Université), à Christiania, à
Copenhague, à Édimbourgh, à Gand (squelette d'un animal capturé près d'Ostende),
à Giessen, à Gottingue, à Grcifswald (des os, surtout un occipital d'un animal échoué
en F543, au mois de mars, près de la ville), à IIull, à Heidelberg, à Leyde (un
squelette des Fiords, de Bergen), à Londresau muséeBritannique(squelettedeGroën-
land, de la collection de Brandt, et un autre de la Tamise), au musée du Collège
Royal des chirurgiens (squelette de mâle adulte de 25 pieds, des côtes de Norfolk
(i862), et d'une jeune femelle du Doggersbank, de 4 G pieds de la collection de
Uunter), à Louvain (squelette de Groenland et une tête séparée, d'origine inconnue
mais probablement de nos côtes), à Lund (Suède), à Munich, à Oxford, à Paris
(squelette des Fiords de Bergen, rapporté par Gaimard, et un autre d'un animal
capturé à l'embouchure de la Seine, étudié par Gratiolet), à Rouen, à Stuttgard (un
squelette envoyé directement des côtes de Labrador), à Upsala (Norwége), cl a
Wurzbourg.
150 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
En 1827, il n'existait dans toute l'Allemagne, d'après Rosenthal, que quatre
squelettes de grands cétacés, deux à Berlin, un à Brème et un à Greifswald.
Il existe un grand nombre de fœtus de cette espèce dans divers musées. Depuis
les travaux d'Eschricht on apprécie leur haute importance tant sous le rapport
anatomique que zoologique. Le musée de Bergen possède sept fœtus parfaitement
conservés de diverses grandeurs, et parmi lesquels on en voit qui ont conservé le
cordon ombilical. — Les musées de Copenhague, de Berlin, de Hambourg et de
Bruxelles en possèdent également.
Eschricht a eu entre les mains pour l'étude de cette espèce sept fœtus, un
grand nombre de squelettes de tout âge et des parties molles conservées dans la
liqueur.
Un modèle en plâtre de la tête est conservé au muséum d'histoire naturelle à
Paris, d'après l'individu qui a échoué sur la côte de Bretagne au mois de fé-
vrier ISGI m.
L'animal a été figuré différentes fois: le dessin le plus ancien est celui qui est
conservé clans l'église Sainte-Marie à Greifswald; il a été fait d'après un individu
échoué près de la ville le 50 mars 4 545 ; un autre dessin fait à l'huile, d'après un
animal échoué à l'embouchure duWesercnmai 1099, est conservé à la maison
de ville de Brème; c'est le même que Cuvier a mentionné comme un jeune Borqual
du Nord.
Jobn limiter a publié une bonne figure de ce même animal en 4787, d'après une
femelle de dix-sept pieds de long, capturée au Doggersbank (2). Lacépède a publié
un bon dessin qui lui a été envoyé par sir Joseph Banks, et qui a été reproduit par
F. Cuvier, sous le nom de Rorqual Jubarlc, dans son Histoire naturelle des Cétacés,
et sous le nom de B. boops par f.oldfuss dans son grand Atlas.
Nous trouvons également un dessin do ce même animal dans Scoresby (Pi. XIII,
fig. 2), fait d'après une femelle prise dans Scalpa Bays (Orcades), le 44 no-
vembre 4 808. Dans les actes de la Société liiineemie de Bordeaux, nous en trou-
,1) Les fanons ne sont pas fidèlement représentés.
(2J Philos. Transac/., vol. XVI, 1809.
BALENOPTERES. 151
vous également un d'après un individu échoué dans le golfe de Gascogne, en
août 1855.
Rosenlhal a également publié celui d'un mâle, qui a été reproduit par Brandt
et Ilatzeburg dans leur Zoologie médicale (PI. XV, iig. 4) (-1).
Dans le New-York muséum, de Kay a également figuré cet animai (PI. XXX,
fis- «)•
Il existe encore un dessin entre les mains de notre confrère le vicomte du Bus,
d'après l'animal qui a été tué dans l'Escaut, au mois d'octobre 4865, en amont
d'Anvers.
Escbrichta représenté un fœtus de huit pouces de long.
Albers a fait graver le squelette de Brème, et Pierre Camper a reproduit la
tète.
Le squelette et les principaux os ont été figurés par Albers dans son Icônes ad
anat. comp., et dans le voyage en Islande et au Groenland, par Gaimard (PI. XIII
et XIV) ; mais l'étude la plus complète a été faite par feu notre ami Eschricht,
qui a fait reproduire tous les os qui présentent quelque importance. Eschricht
a même fait dessiner le squelette complet du foetus et les divers os séparément,
tels qu'ils se présentent à l'âge embryonnaire. (PI. VI, VII, IX, XI, XII, XI 1 1
et XIV.)
Nous voyons également le squelette de la tète dans le voyage, Ereôus and Terror,
des vertèbres cervicales, l'os tympanique et la partie supérieure des côtes, dans
le Catalogue of seuls and wlialcs, par le docteur Gray.
On connaît quelques stations de ces cétacés, mais indépendamment des lieux
qu'ils hantent régulièrement, nous mentionnerons également les parages qu'ils
visitent accidentellement et les côtes sur lesquelles on en a vu échouer.
On en prend régulièrement dans les Fiords des environs de Bergen pendant
l'été. — Les années que l'on n'en capture pas sont rares. — Pendant une période
de 25 ans, l'année -1850 est la seule pendant laquelle on n'en a pas pris. En -1855,
on n'en a tué qu'un seul individu, en 1854 et en 1855 trois, en 4 856 égale-
(1) C'est à tort qu'il représente les fanons en avant, montrant un intervalle entre eux sur la ligne mé-
diane et en arriére se terminant en formant une courbe.
tS2 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
ment un On trouve assez souvent des femelles pleines, comme on peut le voir
par le grand nombre de fœtus de toutes les grandeurs que l'on possède au
muséum de Bergen.
On la désigne, sur les côtes de Norwége, sous le nom de baleine d'été, en
opposition avec la baleine des harengs (Herringwhale), qu'on ne voit qu'en hiver.
— Le Herringwhale est la Balsenoptera musculus, pensons-nous.
On y prend plus souvent des femelles que des mâles; sur onze femelles on
n'a capturé qu'un seul mâle. Il est permis d'en conclure que ces mysiicètes visi-
tent les Fiords des environs de Bergen pour y mettre bas. — On a tait la même
observation au cap de Bonne-Espérance et à la Nouvelle-Zélande. Les mâles se
tiennent au large pendant que les femelles pénètrent dans les baies pour mettre
leurs petits au monde. Elles peuvent plus facilement se livrer au repos pendant
et après la parlurition, et le jeune baleineau y court moins de danger qu'en pleine
mer.
Les pêcheurs des environs de Bergen voient approcher avec satisfaction ces.
mysticètes de leurs côtes, et saluent leur entrée dans les Fiords avec grande joie.
La Balénoptère qui nous occupe fait aussi régulièrement son apparition sur les
côtes de Finmark à la poursuite des gades, sei, d'où on lui a donné le nom de
Seiqual. — Le professeur Malmgren a vu trois de ces Balénoptères poursuivies par
des Orques, aller se jeter sur les côtes de Finmark.
Elle a ses stations régulières en Islande comme sur les côtes de Norwége et
dans le détroit de Davis, dit Eschrichf.
Dans ces dernières années, M. Sars fils a signalé également cet animal aux
îles Loffoden, et Scoresby fait mention d'un individu capturé dans le voisinage du
Spifzberg (1813), et dont il a conservé quelques fanons.
Holbôll nous apprend que ces Balénoptères apparaissent en hiver au Groen-
land (I), et il y a lieu de supposer que le détroit de Davis lui sert de station pen-
(1) Cette espèce est très -commune aussi bien au sud qu'au nord du Groenland, (lit Holbôll ; elle est tou-
tefois plus répandue dans la partie méridionale. - Elle arrive à Godhaab en avril et quitte en décembre.
Dans sa correspondance avec Eschricht, Holbôll fail mention d'une espèce plus petite encore que le Tilm-
julih <■{ pour laquelle il propose le nom Dultrimii/rrit niirmcephala. Elle aie même genre de vie, dit-il,
habite les mêmes parages et mange également des Mallotus. - - Elle n'a que dix-huil pieds el diffère par
une tête plus petite et la position de la nag< oire dorsale. Comme on connaît déjà plusieurs squelettes de
ces parages, etquejusqu'à présent on n'a trouvé aucune différence entre eux, il y a tout lieu de supposer
qui dans ces Balénoptères, comme dans la Balœna mysticetus, il existe des individus à tête plus petite.
BALÉNOPTÈRES. 153
dant cette partie de l'année. — Holboll fait connaître à ce sujet un fait très-
curieux, c'est qu'il n'est pas rare de voir ces petites Balénoptères prendre libre-
ment leurs ébats au milieu des grandes baleines. On sait que la Balsenoptera mus-
culus ne se rencontre jamais au milieu des vraies baleines et que l'on considère lu
saison de la pèche unie quand elle apparaît.
Nous possédons à Louvain un squelette de cette espèce de la côte de Groenland,
qui a été envoyé par Holboll, et le musée de Stuttgard en possède un autre, qui
vient directement de la côte de Labrador. — Du reste, Eschricht avait déjà reçu
des nouvelles de leur apparition sur la côte est de l'Amérique du Nord, et il n'y a
pas longtemps, on a fait mention de la prise d'un animal de cette espèce dans la
New-York Bay (I).
Une petite espèce de Balénoptère visite également la côte de Kamschatka et
les îles Aléoutiennes, mais on n'en possède pas de squelette pour s'assurer si c'est
la même. Eschricht pense que c'est le même animal qui habite le nord du Paci-
fique et le nord de l'Atlantique. Du reste Pallas fait mention également d'une Balé-
noptère de vingt deux pieds de long, avec une nageoire pectorale blanche, qui a été
observée par Merle sur la côte de Kamschatka, et qu'il rapporte à la rostrata de
Fabricius (2).
Si ces déterminations sont exactes, on trouverait ainsi au nord du Pacifique,
une Balœna mysticetus, une Megaptera ùoops , une Balsenoptera rostrata et un
Béluga catodon, qui sont précisément les cétacés les plus communs au nord de
l'Atlantique.
Indépendamment de ces apparitions régulières sur les côtes de Norwége et
d'Islande en été, et au détroit de Davis en hiver (5), il y a des apparitions accident
telles sur les diverses côtes d'Europe, tantôt d'individus vivants qui sont évidem-
ment égarés, tantôt de cadavres flottants que les courants viennent jeter sur la
côte. — Nous allons faire l'énumération des principales prises qui ont été faites
dans ce genre et qui ont été consignées dans les annales de la cétologie.
Au mois de juillet 4824 une Balénoptère de la petite espèce, dont le sexe est
(1) De Kay, New-York Mus., 730, t. XXX, fig. 1.
(2) Zoolog. Ross, asiat., p. 293.
(3) Iiob. Brown dit que cette Balénoptère ne se voit que pendant les mois d'été dans le détroit de
Davis, Proceed. zool. Soc. 1868.
ao
154 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
inconnu, mais qui avait dix-huit pieds de longueur, est venu échouer sur la côte
de Jutland. Le squelette est conservé au musée de Halle.
En 1857, sur la côte ouest de Jutland, près de Varde, est venu échouer un in-
dividu de vingt-deux pieds de long. — Le bailli de l'endroit a fait cadeau du sque-
lette à Eschricht.
Nous avons aussi des exemples d'individus qui ont pénétré dans la Baltique;
ainsi en 15 '«5, un animal de vingt-cinq pieds de long, dont le dessin est conservé
dans l'église Sainte-Marie à Greifswald, est venu échouer dans le voisinage de
cette ville (an der Wiek).
Une autre petite Balénoptère, du sexe femelle, de vingt-neuf pieds de long, et
que l'on a rapportée à tort à la Balœna ùoops, a échoué dansleWeser, le 8 mai 1699;
le dessin en est conservé à l'hôtel de ville de Brème, ainsi que le squelette dans
lequel Cuvier avait cru voir un jeune âge de son Rorqual de la Méditerranée.
Le 20 décembre 1862, après un violent orage, un mysticète de cette espèce,
de cinq mètres de long et du poids de deux mille livres, est venu échouer dans
l'Y (I). Nous supposons que son squelette est conservé au musée du Jardin zoolo-
gique d'Amsterdam.
Le 10 juillet 4 858, une jeune femelle a été trouvée morte en mer, près d'Os-
tende ; elle avait une longueur de cinq mètres dix centimètres ; son squelette
se trouve aujourd'hui à Gand. — C'est le même animal dont parle Eschricht
dans sesNordische Wallthiere, d'après les renseignements que je lui avais fournis.
En 4865, au mois d'octobre, une petite baleine de cette espèce a remonté
l'Escaut et s'est fait prendre en amont d'Anvers. Son squelette est au musée de
Bruxelles; M. le vicomte B. du Bus a fait dessiner l'animal.
Dans la mer du Nord, au Doggersbank, les pécheurs ont pris en 4765 une jeune
femelle de seize à dix-sept pieds de long; c'est la môme que John Hunier a dis-
séquée, et dont le squelette est conservé au musée du Collège Royal des chirur-
giens à JiOndres.
Les côtes des îles Orcades ont été visitées également par un animal de cette
(li Maitland, Berigten ml de Diergaardr, p. xxx, 1863. (Nederland. Tydschr. voor de Dierkunde.
(2, Bullet. dead. roy. ,i, Belgique, 2' série, I. XX, n"l2.
BALENOPTERES. 155
espèce, de dix-sept pieds de long, que l'on suppose du sexe femelle, et dont Sco-
resby a publié le dessin. Cet animal a été capturé le \\ novembre 1808 (-1).
Une jeune femelle, de neuf à dix pieds de long, c'est la plus petite taille que
l'on connaisse, s'est échouée en 1854, au mois de février, près de Queensferry
(Firth of Forth). Elle a été étudiée avec soin par Rnox. — Son squelette est con-
servé au musée d'Edimbourg. — D'après la taille, il y a tout lieu de croire que
cet animal venait d'être mis au monde.
Un mâle de vingt-cinq pieds de long est venu à la côte en novembre 1860, à
un mille et demi S. E. de Cromer (Norfolk). — Il était mort quand il a échoué. —
Son squelette est conservé au musée du Collège Royal des chirurgiens à Londres.
— Il avait l'estomac plein de gadus œglefinus.
Sur la côte ouest de France, on a vu à diverses reprises des Balénoptères de
cette espèce.
Au mois d'avril 1791, on en a vu une de quatorze à quinze pieds de long qui
est venu se jeter dans les filets des pêcheurs, près de la rade de Cherbourg. — Elle
avait le milieu des nageoires pectorales tout blanc. — Un médecin de Yalogne en
a envoyé une description à Lacépède, et c'est cet animal si reconnaissable à la
couleur blanche de sa nageoire pectorale, qui a servi de type à sa Balénoptère
Museau-pointu.
La petite Balénoptère qui est venu échouer au mois de février 1861 à l'em-
bouchure de la Seine, et que Gratiolet a disséquée au muséum de Paris, appartient
à cette même espèce. — On a conservé un modèle de la tète, mais l'artiste a mis
les fanons comme dans les baleines véritables. La même année, au mois de février
également, un autre individu est allé se perdre sur les côtes de Bretagne.
Un mâle de vingt-quatre pieds de long (sept mètres et demi) a pénétré le 26
août 4 835, dans la Charente, et a été observé par Lesson.
Une autre Balénoptère, mais dont l'espèce n'a pu être déterminée avec certi-
tude, a été rencontrée flottante près de la côte de Berck (dép. Somme) (2).
Ainsi, nous trouvons parmi ces Balénoptères échouées, deux individus de neuf
à dix pieds, cinq de quinze à dix-sept pieds, et quatre de vinot-quatre à vingt-cinq
(1) Scoresby, loc. cit., p. 485.
(8) Gervais, Patria, p. 506.
i 56 SQUELETTE DES CETACES.
pieds, un seul de vingt-neuf pieds. Nous supposons que les premiers de neuf à dix
pieds venaient de naître, que ceux de quatorze à quinze pieds venaient de quitter
leur mère, et avaient, par conséquent, deux ans, et que les autres de vingt-quatre
à vingt-cinq pieds avaient atteint à peu près leur âge adulte. — Toutefois ils conti-
nuent à croître jusqu'à la longueur de trente pieds.
Si nous tenons compte des dates, nous voyons que les premiers arrivent au
mois de mai, qu'on en voit ensuite en juillet, en août, en octobre, en novembre et
en décembre. — Le premier de l'année a écboué dans le Weser, le dernier dans l'Y.
La présence de cette petite Balénoptère a donc été constatée dans le détroit de
Davis, sur les côtes d'Islande et dans les Fiords de Bergen à des époques à peu
près régulières ; on en a vu apparaître sans aucune régularité sur les côtes de Da-
nemark, dans la Baltique, sur les côtes des Pays-Bas, de Belgique, de France,
d'Angleterre et d'Ecosse.
Cette Balénoptère remonte les fleuves, pénètre dans la Baltique, mais jusqu'à
présent on ne connaît pas d'exemple de sa présence dans la Méditerranée.
Le tableau suivant indique la date, la taille le sexe des individus échoués, les
lieux où on les a recueillis, le musée qui renferme leur débris, et le nom des au-
teurs qui en ont fait mention.
BALÉNOPTÈRES.
157
DATES.
TAILLE.
SEXE.
LIEUX.
MUSÉES.
OBSERVATIONS.
Novembre 1-865. .
31 octobre 1863. .
8 mai 1863
20 décembre 1862.
16'
20'
10'
16'
a*
Escaut.
Saint-Jean de Luz.
Irish coast ofl'., Cloger Head.
Dans l'Y.
Bruxelles.
Amsterdam?
VauBeneden,Bull.Acad.Belg.
Illustrated Times.
Al. Carte aud Alex. Macalister.
Février 1861. . . .
Novembre 1860. .
10'
25'
à"
Bretagne.
Norfolk.
Pari.-;.
Londres, Coll. des chirurgiens.
Graliolet. comptes rendus 1861.
Novembre 1852. .
—
—
Havre.
—
Velins du muséum.
19juin 1850. . . .
2 juillet 1840. . .
Mai 154S
16'
25'
—
Morbihan.
Christiana fjord.
Près de Greifswald.
Christiania.
Greifswald.
10 juillet 1838. . .
10 juillet 1837. . .
17'
22'
2
Ostende.
Ouest Jutland.
Gand.
Bruxelles.
Eschricht, n" 39'.
Eschricht, n" 37.
2G août 1835. . . .
Février 1834. . . .
24'
10'
2
Charente.
Firth of Forth.
Edimbourg.
Act. Soc. lin. Bordeaux, 1841.
Knox.
1825. . . .
Juillet 1824. .
18'
Ile deRugen.
Est Juttland.
Halle.
E. Roll.
Eschricht, n° 20.
14 novembre 1808.
17' V,
2
Orcades.
—
Eschricht, n" 16.
Avril 1791
Février 1764. . . .
Février 1763.. . .
Mai 1669
15'
26'
17'
27'
25'
18'
2
2
Cherbourg.
Saint-Jean de Luz.
DoggeTsbank.
Weser.
Raltique.
Yarmouth.
Londres, Coll. des chirurgiens.
Brème.
Breslau.
Lacépède.
Du Hamel.
Ihinter.
Par le cap Ianke.
1. C'est le numéro du
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ê par Esehr
îcbt dans ses Nùnlisckcu ^Yal
(hiere.
1
SQUELETTE.
Nous avons eu plusieurs squelettes à notre disposition, mais cette description
est faite principalement d'après un squelette du Groenland, qui appartient au mu-
sée de Louvain et un autre du cap Nord, qui se trouve aujourd'hui au musée royal
de Bruxelles.
Nous avons reçu ces deux squelettes encore entourés d'une partie de la
peau et de leurs ligaments, les nageoires desséchées, et les dernières ver-
tèbres de laqueue comme les dernières phalanges des doigts dans leur situation
naturelle. — La tète de la Balénoptère du cap Nord était dans un état d'intégrité si
complète, que nous avons pu, non-seulement nous assurer de toutes les particula-
158 SQUELETTE DES CETACES.
rites que présentent les fanons, mais voir distinctement en place le conduit auditif,
la trompe d'Eustache et toute la cavité des fosses nasales.
La tète vue de face est très-effilée en avant et justifie fort bien ]e nom spécifique
de rostrata. Les maxillaires s'élargissent régulièrement d'avant en arrière, les inter-
maxillaires dépassent les autres et forment tout le bout du rostre. — Ces inter-
maxillaircs s'écartent en arrière pour former la cavité des narines, et par un mince
pédicule ils remontent en dehors et le long des os naseaux jusqu'au frontal. — Le
frontal, vu d'en haut, a de chaque côté une forme carrée et se dirige pour former la
région orbitaire de dedans en dehors et d'avant en arrière, surtout par son bord
antérieur. — L'occipital forme seul toute la partie supérieure de la voûte crânienne
et le frontal qui le sépare des maxillaires et des intermaxillaires, ne montre ici
qu'une bande transverse dans laquelle on reconnaît à peine l'os de ce nom.
Au palais on voit le vomer entre les deux maxillaires dans toute la longueur; ce
n'est que derrière les palatins que cet os est caché. — Les palatins sont fort grands
et sont à peu près deux fois aussi longs que larges. — En arrière ils montrent, sur
leur bord libre une échancrure sur la ligne médiane, qui a la forme d'un V dont
les jambes s'écartent notablement.
En comparant la tête de la Batsenoptera rostrata du cap Nord avec celle des es-
pèces voisines, ùorealis ou musculus, nous trouvons le rostre plus efiilé en avant et
plus large vers le milieu; les intermaxillaires plus courbés, le frontal plus large en
dehors et le bord antérieur moins écliancré; le temporal plus massif cl l'occipital
plus reculé en arrière, avec un bord antérieur sans double échancrure.
Les ptérigoïdiens forment un sinus assez large pour la (rompe d'Eustache, et
se terminent en arrière, et en dehors des palatins, sous la forme d'une lame
triangulaire. — Ces os sont gonflés en tambour, comme le corps de l'hyoïde des
alouates, pour loger l'air qui se rend des fosses nasales à l'oreille.
Les os propres du nez sont fort étroits en haut au point d'insertion dans le fron-
tal; ils s'élargissent lentement et sont tronqués à leur extrémité libre. Ils sont à
peu pics deux l'ois aussi longs que larges. M. Flower a figuré ili comparativement
ces os dans les Balœna mysticetus et australis, la Megaptera boops cl les Balsenop-
i) Flower, Notes i » the squeletom <■> n lm/, ■, Proc. Zool. soc.', novembre 1864,
BALÉNOPTÈRES. 159
tem muscutus, Schlegelii et rostrata. — On voit par ce rapprochement combien ce»
os diffèrent d'un cétacé à l'autre.
L'os lacrymal est comprimé comme une feuille, à bord antérieur un peu convexe
et garni d'un bourrelet qui s'étend du bord du maxillaire au bord du frontal. —
Le bord postérieur est aminci et forme un angle vers le milieu de sa longueur. La
face inférieure est convexe en avant, concave en arrière, et la convexité de dessous
correspond à une concavité au-dessus.
Le jugal a la forme d'une virgule, recourbée presque en demi-cercle, s' articu-
lant en avant avec le maxillaire supérieur, se soudant avec le frontal en dedans et
en arrière avec la partie amincie du temporal. — Il forme la partie inférieure du
cercle de l'orbite.
Les osselets de l'ouïe, le marteau, l'enclume et rétrier étaient encore en place
dans le squelette du cap Nord. — Comme dans tous ces animaux, le marteau est
le plus volumineux et se distingue autant par ses formes que par ses rapports avec
la caisse auditive. L'enclume n'est pas sans ressemblance avec une dent molaire
dont les racines représentent les apophyses, et la couronne la surface articulaire. —
L'étrier est plein et complètement immobile sur la fenêtre ovale.
La caisse tympanique est caractéristique de cette espèce, autant par sa dimen-
sion que par sa forme et ses deux apophyses. — Elle a une forme ovale, très-
régulière de tous côtés avec une crête faiblement indiquée sur le bord opposé à
l'orifice.
Le maxillaire inférieur n'offre de remarquable que le développement assez grand
de son apophyse coronoïde.
De toutes les parties du squelette, c'est la colonne vertébrale qui caractérise le
mieux cette espèce. — En général on peut dire que le nombre de vertèbres est
de quarante-huit; ce nombre toutefois n'est pas aussi constant qu'on l'a cru :
M. Flower a compté cinquante vertèbres dans le squelette mâle qui est au Col-
lège Royal des chirurgiens à Londres; au musée de Bergen, nous avons vu
un squelette de mâle qui a quarante-neuf vertèbres et dans la même collection
celui d'une femelle qui n'en a que quarante-six. C'est le même nombre que
J. Hunter a donné. — Le squelette du cap Nord en a quarante-sept comme celui
de Cambridge et un des deux squelettes du musée de Leyde. — Lacépède ne
100 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
signale que quarante-six vertèbres dans le squelette de Cherbourg dont il a reçu
la description, mais il est possible que les dernières auront échappé.
Dans la plupart des squelettes nous avons compté quarante-huit vertèbres, et ce
nombre peut fort bien être considéré, ainsi que Eschricht le disait, comme nombre
normal.
Nous avons compté scp( vertèbres dans les lobes de la nageoire caudale. — Il
parait que dans la Batsenoptera Sibbaldii on en compte jusqu'à dix-sept et nous
en avons vu dix dans la Balœnoptera musculus. La dernière caudale est souvent fort
petite, et, à moins de soins spéciaux, elle se perd pendant la macération.
M. Flower est tenté de croire que la colonne vertébrale est formée de cinquante
vertèbres, dont les deux dernières, souvent, ne se développeraient pas.
La colonne vertébrale se divise généralement en sept cervicales, onze dorsales,
treize lombaires et dix-sept caudales. — Quand le nombre de vertèbres est au-des-
sous de quarante-huit, ce sont celles de la région caudale qui manquent. —
Ainsi le squelette de Bergen a quarante-six vertèbres, ne possède que quinze ver-
tèbres caudales, au lieu de dix-sept.
L'atlas, vu de profil, montre à peu près la même épaisseur partout et une apo-
physe transverse assez forte se dirige obliquement vers la moitié de la hauteur du
corps de la vertèbre, de dedans en dehors et un peu d'arrière en avant.
L'apophyse épineuse supérieure de l'axis s'élève au-dessus de celle de l'atlas;
elle est plus large d'avant en arrière, surtout vers son extrémité libre; les deux
apophyses transverses supérieures et inférieures se soudent de bonne heure pour
former un anneau complet; la longueur de ces apophyses ainsi que la largeur du
trou varient beaucoup d'un individu à l'autre.
Les quatre vertèbres cervicales suivantes ont à peu près leurs apophyses trans-
verses supérieures et inférieures également développées; elles sont dirigées de
dedans en dehors, d'arrière en avant, et sont comparativement assez délicates. C'est
du moins ce que nous voyons dans le squelette de Groenland.
Ces six dernières cervicales ont leurs apophyses unies par des ligaments, et
servent, avec L'apophyse liansversc de la première dorsale, à soutenir la première
côte. _ On dirait, en voyant les ligaments en place, que la première s'articule
tout autant avec l'axis qu'avec la première dorsale.
Dans le fœtus, Eschricht a trouvé les vertèbres cervicales cinq et six comme
BALENOPTERES. 161
la seconde pourvues d'un anneau complet, et dans les squelettes provenant de
Groenland, il a vu cette même disposition à l'état osseux; il fait même remarquer,
que dans aucun squelette d'origine européenne il n'a trouvé ces anneaux com-
plets. — Nous possédons un squelette de Groenland àLouvain qui n'a, comme les
autres, que l'axis seul à anneaux, et le docteur Gray, en parlant des vertèbres cervi-
cales d'un autre squelette de Groenland, fait remarquer également, que les apo-
physes épineuses supérieures et inférieures des troisième , quatrième , cin-
quième et sixième vertèbres sont séparées. Eschricht a fait dessiner la cinquième
cervicale avec ses anneaux complets (1).
Ces états plus ou moins complets des anneaux, du moins dans les vertèbres
ossiiiées, n'offrent à notre avis aucune importance pour la distinction des espèces :
ce sont simplement des dispositions individuelles. Il n'est pas rare de voir un an-
neau complet osseux à droite et incomplet à gauche dans l'espèce qui nous occupe
aussi bien que dans la Balxnoptera musculus (2).
La sixième cervicale a une diapophyseou apophyse transversale inférieure que
l'on peut fort bien considérer comme une côte cervicale, ainsi que l'ont fait divers
auteurs, entre autres Eschricht. — M. Van Bambeke est d'avis qu'il ne faut regarder
comme côte que la partie externe de l'apophyse.
Les apophyses accessoires disparaissent brusquement à la sixième cervicale.
L'apophyse transverse supérieure de la septième cervicale est toujours la plus
forte et va rejoindre l'anneau de l'axis. — L'inférieure, comme nous l'avons dit
plus haut, est toujours très-faible et, comme Eschricht l'a fait remarquer, elle ne
se développe même dans aucun mysticête.
Les vertèbres cervicales sont généralement toutes séparées, mais il existe sous ce
rapport des variations individuelles assez remarquables; ainsi Eschricht (5) a vu
deux squelettes de Groenland qui avaient leurs axis soudées à la troisième cervicale,
et un squelette du musée de Stockholm présente la même disposition. — Parfois
(1) Page 132.
(2) Le squelette de Nonvége du musée de Leyde, a l'axis et la sixième cervicalc>vec un anneau com-
plet. — La sixième cervicale du squelette de la côte de Norfolk (mus. coll. chirurg.) a un anneau complet
a droite; les autres cervicales sont a anneau incomplet. — Dans le squelette de Yarmouth (femelle de
18 pieds) l'axis a seul ses anneaux complets.
(3) Loc. ci(., p. 134.
2 I
162 SyL'ELETTE DES CÉTACÉS.
aussi les apophyses se soudent quand le corps reste libre. 11 y a des squelettes
qui ont la seconde cervicale unie à la troisième par son arc neural (I). Un squelette
d'un jeune animal de Leyde provenant de l'ancienne collection de l'Université, a
également la seconde cervicale soudée à la troisième par son arc neural; d'autres
ont, comme celui décrit par M. Flower et qui provient d'un animal capturé au mois
de septembre 1860 sur les côtes de Norfolk, la troisième cervicale unie à la qua-
trième, et Barkow a reconnu, dans le squelette de son musée, une réunion entre
les apophyses transverses de la cinquième et de la sixième vertèbre. — Il existe,
si je ne me trompe, au British muséum, un squelette de cette espèce qui montre
l'axis réuni à la troisième cervicale également par les apophyses, et une réunion
semblable se voit dans les mêmes vertèbres de la Balœnoptera swinhoei. Dans le
squelette du Doggersbank, d'une femelle non adulte, les apophyses transverses
des sept vertèbres cervicales sont séparées, même les apophyses de l'axis, ainsi que
le corps.
A voir ces variations individuelles dans une espèce bien établie, il est inutile de
faire remarquer, que nous ne croyons pas à l'importance des caractères tirés des
anneaux plus ou moins complets des cervicales, puisqu'ils ne sont même pas égale-
ment dé\eloppés à droite et à gauche; et nous ne croyons pas plus à l'importance
de la soudure des apophyses de différentes vertèbres; ce sont des différences
résultant uniquement d'une ossification plus ou moins complète.
La région dorsale compte, comme nous l'avons dit plus haut, onze vertèbres,
dont le corps s'accroit insensiblement d'avant en arrière, de manière que le dia-
mètre antéro-postérieur est quatre fois plus grand dans la dernière dorsale que
dans la première.
La face inférieure des dernières vertèbres de cette région devient plus ou moins
carénée tandis que les premières sont parfaitement arrondies. — Cette carène de-
vient plus distincte à mesure que l'on approche de la région lombaire.
Les apophyses épineuses sont fort longues et s'élèvent de plus en plus depuis la
troisième cervicale; elles sont inclinées d'avant en arrière jusqu'à la cinquième ou
sixième vertèbre de cette région. — Ces vertèbres sont celles qui ont le plus fort
(! j Proc. zool, si i mai, ISfii.
BALENOPTERES. 163
diamètre antéro-postérieur. — Les dernières apophyses ont leurs bords antérieurs
et postérieurs à peu près en ligne droite, sauf à la base. — C'estdans les vertèbres cinq
et six que ces bords sont les plus irréguliers.
Les apophyses transverses des quatres premières vertèbres sont épaisses et se di-
rigent d'arrière en avant; à partir de la cinquième, ces apophyses s'amincissent,
s'allongent, se dirigent en dehors et se dilatent surtout par le bord antérieur, de
manière à préparer la forme de rame qu'elles affectent dans la région lombaire.
Cesapophyses s'allongent depuis la première jusqu'à la dernière vertèbre, et dans
cette dernière elles sont un peu plus longues que l'apophyse épineuse mesurée
depuis le corps de la vertèbre.
Les apophyses accessoires croissent depuis la première dorsale jusqu'à la der-
nière et ne s'élèvent guère sur l'apophyse épineuse môme.
Les surfaces articulaires postérieures ne s'observent guère au delà de la cin-
quième ou sixième dorsale.
Comme on le voit ailleurs, le corps des premières caudales gagne légèrement
en diamètre vertical non en diamètre longitudinal, puis il diminue insensiblement
dans les divers sens; l'arc neural persiste jusqu'à la huitième vertèbre et à la neu-
vième on ne voit plus qu'une gouttière à la place. — La dixième vertèbre ne pré-
sente plus de traces même de gouttière. Depuis la quatrième caudale l'apophyse
transverse est percée à sa base pour le passage de l'artère spinale; à la septième
caudale les deux apophyses articulaires des os en V se soudent et forment un
canal, qui s'ouvre au devant de l'orifice qui perce la base de l'apophyse transverse
et forme une gouttière verticale sur le côté de la vertèbre; cette gouttière n'existe
que dans celte seule vertèbre ; à la huitième, l'artère spinale passe directement de
bas en haut dans le canal qui va s'ouvrir en dessus à droite et à gauche de la ligne
médiane. Le canal inférieur s'abouche directement dans le canal diapophysaire,
après la septième vertèbre, et ces deux canaux réunis, pourraient être désignés
à cause de leur direction, sous le nom de canaux verticaux.
La seconde caudale a le corps assez allongée, une apophyse transverse forte au
milieu de la hauteur du corps, une apophyse épineuse supérieure à peu près de la
même largeur que le corps, les apophyses articulaires antérieures également larges
et dirigées obliquement de bas en haut. — Le corps de la vertèbre est échancré au
milieu.
164 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
Les vertèbres, logées dans l'épaisseur des lobes de la nageoire caudale, sont au
nombre de sept. — Nous avons compté huit vertèbres sans os en chevron. — Le
volume de ces dernières vertèbres décroit assez rapidement — La première des
sept, qui est la dixième caudale, a 6 centimètres de diamètre antéro-postérieur et
\ centimètre de plus dans son diamètre vertical. — La dernière n'a plus guère
qu'un centimètre et se distingue comme toujours parla surface articulaire unique.
Il est inutile de faire remarquer que dans ces dernières vertèbres toutes les apo-
physes ont disparu et que le corps est traversé de bas en haut par les artères spinales
q uis'élevcnt verticalement de l'aorte.
La dernière caudale n'est qu'à 2 centimètres du bord postérieur de la nageoire
caudale, de manière que celle-ci est traversée dans toute sa longueur par le rachis.
Ayant reçu des squelettes encore enveloppés de leurs ligaments et la plupart
des os en place, nous avons pu nous faire une idée des os en chevron, tant sous
le rapport du nombre que de la forme et des rapports qu'ils ont avec leurs ver-
tèbres respectives.
La quatorzième vertèbre qui suit la région dorsale est la première caudale; elle
porte le premier os en V en arrière. — Ces os vont en diminuant de volume
depuis la seconde caudale jusqu'à la neuvième. A la dixième caudale on n'aper-
çoit plus d'os de ce nom, de manière que la dernière vertèbre, qui n'est pas logée
dans dans la nageoire caudale, est la première sans os libre en dessous et en même
temps sans apophyses.
Les os en V sont au nombre de neuf. C'est le nombre indiqué aussi par mon sa-
vant confrère M. Flower.
Sauf le dernier, ils sont tous soudés sur la ligne médiane; le premier est propor-
tionnellemenl petit et tronqué obliquement sur son bord antérieur; le second est le
plus long de tous, et le troisième le plus large cl en même temps le plus régulier.
Les autres vont successivement en diminuant d'avant en arrière, de manière que
l'on pi'iit aisément retrouver, dans cette espèce au moins, la place respective de
chacun (1 eux. — Les os en V trois, quatre et cinq, figurés par Eschricht (page 154),
ont exactement la même forme que ceux du squelette de Bergen figurés dans le
voyage en Islande et au Groenland.
Le nombre normal des côtes est de onze. — Le musée de Bergen possède un
squelette à douzejcôles, et, pour rentrer danslarègle, il faudrait dire que la première
BALENOPTERES. 165
lombaire en porle une. En effet, les vertèbres lombaires sont seulement de douze
au lieu de treize.
Le squelette de Groenland que nous possédons à Louvain n'a que dix côtes et treize
vertèbres lombaires comme celui du musée de Cambridge. — Comme il est pro-
bable qu'une côte manque, le nombre de lombaires étant de treize, il en manque-
rait une dans cette région.
La première côte, est comme toujours, la plus courte et la plus large. — Nous
n'avons vu aucun squelette avec une première côte véritablement bifurquée(l). —
Elle s'articule supérieurement à l'apophyse transverse de la première dorsale qui
se rapproebe fortement de l'axis, intérieurement au sternum, en dessous des deux
prolongements latéraux. — Ce sont les quatrièmes et les cinquièmes côtes qui sont
les plus longues.
Les vrais rapports entre la première côte et les prolongements latéraux du ster-
num, ont été établis par le grand cétologue de Copenhague d'après des observa-
tions faites sur les fœtus et sur les adultes (2).
Toutes les côtes s'articulent directement avec les apopbyses transverses de leurs
vertèbres respectives par leurs tubérosilés et il n'y a guère que la seconde qui est
pourvue d'un prolongement qui correspond au col. — On sait que dans aucun
mysticète il n'existe une tète qui s'articule avec le corps de la vertèbre. Entre l'extré-
mité cépbalique de la côte et le corps des vertèbres, il se trouve deux ligaments dont
l'un s'insère à la vertèbre correspondant à la côte, l'autre à la vertèbre précédente.
— Toutes ces côtes sont plus larges à l'endroit où elles s'articulent avec les apo-
physes transverses et toutes aussi sont plus ou moins tordues sur elles-mêmes.
Eschricbt a donné un fort bon dessin des rapports qui existent entre les premières
côtes et les vertèbres, en reproduisant les principaux ligaments qui relient ces os
entre eux (5).
Le sternum est tout à fait caractéristique dans cette espèce et c'est une cliose
bien remarquable, qu'il présente la même forme dans tous les squelettes connus.
— On ne pourrait pas le confondre avec celui d'une autre Balénoptère. Il a la
(1) Dans quelques squelettes, et entre autres dans celui de musée de Cambridge, la première côte
montre sur le bord antérieur et en liant, une saillie, qui fa ilpenser à la cote biceps de plusieurs cétacés.
(2) Nordischen Wallthiere, p. 139.
(:t; Loc. cit., p. 137, fig. 45.
166 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
forme d'une croix latine, dont les bras seraient plus on moins palmés à leur base.
— Ainsi il y a en avant un prolongement de la même longueur que les deux
prolongements latéraux et une longue pointe le termine en arrière. — Ce sternum a
déjà figuré comme bassin dans quelques squelettes, par exemple celui de Brème,
et très-souvent il a été placé la grande pointe en avant, comme dans le squelette qui
est figuré dans le voyage en Islande et en Groenland.
Dans les jeunes animaux le sternum présente déjà la forme caractéristique
comme on peut le voir dans la petite Balénoptère de la Seine, qui a été disséquée
par Gratiolet et dont le savant anatoraiste a bien voulu, dans le temps, nous com-
muniquer un croquis (-1).
Les os du bassin sont conservés dans plusieurs squelettes, mais il n'y en a pas
deux qui se ressemblent complètement. — Autant le sternum est constant dans
sa forme, autant les os du bassin, ou pour mieux dire les ischions, sont variables.
Ceux de notre squelette du Groenland sont droits, comprimés, amincis à un des
bouts, tronqués, élargis et anguleux à l'autre bout.
Il n'y a qu'un seul os de chaque côté. — Eschricht a signalé depuis longtemps
que le prétendu bassin du squelette de Brème est le sternum que Rudolphi avait
soupçonné être l'os hyoïde.
Comme nous avons reçu les nageoires complètes entourées encore de leurs par-
ties charnues et de la peau, nous avons pu parfaitement reconnaître la bande
blanche caractéristique de ces organes, dont Eschricht a fait connaître depuis long-
temps l'importance, et la situation respective de tous les os du carpe, du méta-
carpe et des phalanges.
L'humérus présente les caractères ordinaires des Balénoptères, c'est-à-dire, qu'il
est relativement fort coi'rt, et que son bord inférieur est notablement comprimé.
Le radius et le cubitus ont plus du double de la longueur de l'os du bras. — Le
radius montre à peu près le double de l'épaisseur du cubitus vers le milieu de sa
longueur, et il s'élargit encore légèrement vers ses deux extrémités. — Il mesure à
peu près la même épaisseur à ses deux extrémités. Le cubitus a son bord supérieur
courbé et il s'élargit notablement pour former l'apophyse olécranienne.
(ii Le sternum, qui s'éloigne le plus de la forme ordinaire, est celui qui ;i été 6guré par MM. Carte el
Macalister, dans les Transactions philosophiques, 1868, pi. VI. fig. 1,
BALÉNOPTÈRES. 167
Le procarpe est formé des trois os ordinaires, le radial, Yintermédial et le cubi-
tal; ces deux derniers ont à peu près le même volume. — Le radial est un peu
plus grand que les autres.
Le mésocarpe est formé de deux os qui sont placés en dessous de l'espace qui sé-
pare entre eux les procarpiens.
Il y a quatre doigts portés par autant de mésocarpiens; le métacarpien de
l'index est le plus fort; celui du médium le plus long, celui du petit doigt le
plus court, de manière qu'ils correspondent sous ce rapport avec la longueur des
doigts. — Le doigt médian est le plus long, et compte sept phalanges; l'annulaire
qui suit, pour la longueur, en a six, l'index trois qui sont tous un peu plus allongés
que ceux du petit doigt.
Dans un squelette du Groenland, nous avons trouvé une phalange de moins dans
le médian et dans l'annulaire.
BAL.ENOPTERA MUSCULUS
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P. L. Van der Linden, Notice sur un squelette de Baleinoptère exposé à Bruxelles en juin et juillet 1828 ;
in 8°. Bruxelles, 1828.
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Bernaert, Notice sur la baleine échouée près d'Ostende le 5 novembre 1827. Paris, 1829.
Schlegel, Over eenen in hetjaer 1826 aen de noord-hollandsche kust gestranden Vinnvisch, Niewtoe Verhan-
deling der eerste klatse van hel koningl. ned. Instituât ; 3e deel. Amsterdam, 1831.
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Ofvcrsigt af Kongl. Vetensk. — Akad. Forhandlingar, 1868, n" 2.
G. 0. Sars, Om individuelle Variât ioner hos Rorhvalerne og de deraf betingede Uligheder i de» ydre og indre
Bygning. Vidensk-Selsk. Forhandlinger for 1868.
C'est évidemment l'espèce de baleine la plus anciennement connue, et c'est
d'elle que parle Aristotesous le nom de Mysticetus (I). Elle a dans la bouche des
poils qui rappellent les soies du porc, dit le célèbre Stagirite.
Pline rappelle les paroles d'Àristote et donne à la baleine de la Méditerranée le
nom de Musculus.
Le passage suivant d'un historien turc, se rapporte évidemment au même ani-
mal : après avoir vu plusieurs choses extraordinaires et entre autres de grands
poissons semblables à des vaisseaux renversés dessus dessous, qui, en respirant, jetaient
de l'eau à la hauteur de deux piques, le prince aborda dans un port de la Savoie,
dit Mohammed Soad Uddin, surnommé Cogia effendi, le plus célèbre des historiens
turcs, en racontant les incidents du voyage du prince Gem, fils de Mahomet II, de
Rhodes à Mec (2).
Linné, dans son Systema naturœ, a voulu rattacher toutes les observations faites
par les naturalistes, les voyageurs et les baleiniers à un certain nombre d'espèces,
i\) D'après Camper, le monstre qu'Aristote appelle Mysticetus serait plutôt un poisson ; mais Cuvierfait
remarquer, avec raison, que c'est bien une baleine.
(2) Michaud, Bibliothèque des croisades, 3' partie, p. 470. Paii^. 1829. — C'esl mon savant ami et col-
lègue Thonissen qui m'a coi unique cet extrait. Dans ses miles sur l'Histoire naturelle de Pline, pu-
bliéesa Lyon, en 1606, Dalechamp parle d'un orque à peau striée (Canaliculatïm striata), qui futrejeté
par la mer à peu de distance de Montpellier, et qu'il a en occasion devoir. C'est sans doute le même
animal qui nous occupe ici.
BALÉNOPTÈRES. 169
et il donna le nom de mysticetus précisément à la baleine que les anciens ont le
moins pu connaître, c'est-à-dire à la baleine du Groenland, qui ne quitte jamais
les glaces polaires. — Ce nom aurait dû rester à l'animal qui nous occupe.
Linné a admis en outre quatre autres espèces de baleines qui appartiennent au
genre balénoptère et parmi lesquelles il yen aune qui porte le nom de musculm. Est-
ce l'espèce qui nous occupe et qui pénètre dans la Méditerranée? Personne ne pour-
rait le dire : ses descriptions ne sont pas assez complètes, et l'on ne conservait point
de squelettes de cétacé dans les musées à l'époque où il a écrit son Systemanaturse.
Les premiers squelettes de cétacés, montés dans un musée, sont ceux de limi-
ter et appartiennent à la Balœnoptera rostrata et à YHyperoodon roslratum; ils sont
encore conservés aujourd'hui au musée du collège royal des chirurgiens à Londres.
La cétologie n'a été assise sur une base fixe que depuis le jour où l'on a pu con-
server les ossements de ces animaux et les comparer entre eux.
Parmi les auteurs qui ont le plus contribué, par leurs travaux ostéologiques,
à éclaircir l'histoire de cette espèce, nous devons citer Knox, Vrolik, Eschricht,
le docteur Gray, MM. Schlcgel, Flower et G. 0. Sars.
Cuvier a appelé cet animal Rorqual de la Méditerranée et, lorsqu'en -1854,
Gaimard rapporta de son voyage en Islande quelques caisses tympaniques d'une
grande Balénoptère, il ne nous fut pas difficile de reconnaître, que ces os prove-
naient de l'espèce qui fréquente également la Méditerranée. — Aujourd'hui il est
connu que le Rorqual de la Méditerranée habite l'est et l'ouest de Groenland, qu'il
visite les parages des îles Loffoden et de l'Islande, qu'il pénètre dans la Baltique
comme dans la Méditerranée, et que, de temps en temps, des individus isolés, mâles
ou femelles, jeunes ou vieux, viennent échouer, tantôt dans ces mers intérieures,
tantôt sur les diverses côtes d'Europe, depuis le cap Nord jusqu'au golfe de Gascogne.
Ces animaux apparaissent sans aucune régularité; on en a observé à toutes les
époques de l'année, et si l'on en capture quelquefois en vie dans le voisinage du
littoral, le plus souvent on les trouve morts en mer ou sur le rivage.
Et ce n'est pas seulement depuis les temps historiques que ces animaux sont ve-
nus se perdre ainsi sur le rivage ; on rencontre de temps en temps, à une certaine
distance de la côte au-dessus du niveau actuel de la mer, sur les bords de la Baltique ,
comme sur ceux de la Méditerranée, en Europe comme en Amérique, des squelettes
entiers qui diffèrent fort peu de ceux qui habitent encore aujourd'hui ces parages.
•2 2
HO SQUELETTE DES CÉTACÉS.
Y a-t-il une époque de l'année pendant laquelle leur apparition est plus abon-
dante? Voit-on plus d'individus d'un sexe que de l'autre? Les individus qui vien-
nent se perdre dans certaines localités se ressemblent-ils plus ou moins parleurs
dimensions? Voit-on plus souvent échouer des individus vivants que des morts?
Pour répondre à ces diverses questions et à bien d'autres, il est bon de faire le
relevé des divers échouements qui ont eu lieu; mais, comme les indications en
général sont vagues et incomplètes, parfois même exagérées, surtout dans les an-
ciens auteurs, nous ne ferons mention que des individus de cette espèce qui sont
venus se perdre depuis la fin du siècle dernier, et dont les ossements ont été en
tout ou en partie conservés. 11 importe peu de savoir qu'une baleine a échoué en
1 189 sur les côtes de Blankenberg, qu'une autre est venue se perdre en 4 554 non
loin d'Ostcnde, et qu'en -1404 on en a vu une bande entière de huit individus se
jeter sur la même plage; ne pouvant connaître positivement ni l'espèce, ni le sexe,
ni les dimensions, il y a peu d'intérêt à recueillir des faits aussi incomplets.
Nous ne connaissons guère en Europe de stations régulières de ces animaux,
quoiqu'ils laissent sur toutes les côtes des souvenirs de leur passage. En tout cas,
c'est du Nord qu'ils nous viennent et non du Midi, quand ils visitent nos parages.
Nous allons voir ce que l'on en sait au Groenland, en Islande et au nord de la
Norwége.
Sous le nom de Keporkamak, les pêcheurs désignent au Groenland une lîalénop-
tèrc qui est probablement celle qui nous occupe et à laquelle ils accordent une
longueur de 00 à 80 pieds (I). — C'est un des plus grands cétacés du détroit de
Davis. Les fanons ont jusqu'à un pied et demi de large. 11 paraît fort commun au
nord du Groenland, où on le voit pendant tout l'été (2). — Au sud de ce pays, on
ne le voit qu'au printemps. Il parait qu'on ne le chasse pas, quoiqu'il ne soit pas
(1) L'autre grande espèce que h-s Groëolandais désignent sous le nom de Tunnolik, est sans doute la
Balœnoplt ra SU baldii. — Fabricius ;i déjà exprimé cette idée que le Heporkarnak des Groënlandais esl la
Balcenopiera musculus.
.' il visite les cùies de Groenland seulement en été, de nais a novembre, dit II. Brown.
BALENOPTERES. 171
difficile à capturer, parce que ses fanons sont aussi peu estimés que son huile. Il
n'est pas farouche, disent les pêcheurs, et approche des chaloupes en les côtoyant
pendant des heures, — C'est sans doute parce qu'on ne le chasse pas qu'il montre
plus de confiance que les autres. — C'est de tous le plus facile à ohserver, à ce
qu'il parait. — Il se nourrit surtout de gadus et de mallotus arcticus.
Holbôll, comme nous l'avons déjà fait remarquer, signale sur la côte ouest
du Groenland le Keporkak qui est la Megaptera boops, le Tikagutik qui est la
Balœnoptera rostrata, le Tunnolik qui est la Balœnoptera Sibbatdii, et le Keporkarnak
qui ne peut être que la Balœnoptera musculus. — Les trois premières espèces
doivent être plus abondantes dans ces parages que la dernière; Holbôll n'en a
aperçu que deux fois, c'était entre Godthaab et Sukkertoppen. — Ils avaient 40 pieds
de long, mais leur genre dévie comme leur apparition lui sont inconnus.
En 1845, Môller a trouvé pendant son séjour au Groenland une femelle de 68
pieds morte en mer, dans la baie de Baffin. On en a vu également flottant dans le
détroit de Davis.
En 1671, le 9 mai, Fred. Martens aperçut une baleine tout près de leur navire,
à laquelle ils auraient fait la chasse s'ils n'avaient aperçu sa nageoire dorsale. Du
29 au 51 juillet, ils voyaient tous les jours, des Finnfisch, mais dès que ces
Cétacés avaient paru, il n'y avait plus de baleines à découvrir.
Scoresby fait mention de cette espèce sous le nom de broad nosed Whale, et Ro-
bert Brownlecite également dans sa faune des mammifères de Groenland sous le
nom de Physalus antiquorum, à côté de la Balœnoptera rostrata.
M. G. 0. Sars a constaté sa présence aux îles Loffoden, et M. Sophus Dallas en
a vu sur les côtes d'Islande, où ils sont connus sous le nom de Finnback. M. Sophus
Dallas a séjourné dans ces parages depuis le mois d'avril jusqu'au milieu de sep-
tembre.
Deux individus, que M. Malmgren a vus le 17 septembre 1861 entre l'ile d'Am-
sterdam et le Spitzbergsous le 70° 45' lalitudenord, pendant qu'ils étaient à l'ancre,
sont rapportés à cette espèce, à moins que ce ne soit la Balœnoptera Sibbaldii. —
Ils avaient une dimension colossale, ajoute M. Malmgren.
Cette espèce serait également commune aux Beeren-islands et à la Nouvelle-Zemble,
si tant est que sous ce nom de Sl'àtback, on n'ait pas désigné plutôt la Bahcna
biscayensis.
172 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
Les Balénoptères n'habitent pas les mêmes eaux que les baleines véritables, et
tout en ayant leurs stations dans le nord, elles sont moins polaires qu'elles. Les
pêcheurs s'accordent à dire, comme nous l'avons déjà fait remarquer, que quand
les Balénoptères apparaissent, les baleines abandonnent les lieux et la pêche
touche à sa fin.
Il n'y a guère de Baleinier qui n'ait rencontré des Finnfsch en se dirigeant sur
les lieux que les baleines visitent; mais il n'est pas possible de reconnaître,
d'après leurs récits, ni les lieux précis qu'ils fréquentent, ni l'époque à laquelle
ils font habituellement leur apparition.
La Bala?noptera musculus a pour caractères ■
Les vertèbres ne dépassent pas le nombre de soixante-deux; l'axis et souvent les
quatre cervicales suivantes portent sur le côté un anneau complet; le sternum est trifolié
et pas plus long pie large; les côtes sont au nombre de quinze, la première simple ou
bifide; les os enV sont au nombre de seize ou dix-sept; le frontal est plus large à sa
base qu'au-dessus des orbites; la nageoire pectorale est toute noire, ainsi que les fa-
nons, à l'exception des antérieures qui sont souvent d'un blanc jaunâtre (]).
Cette Balénoptère a été désignée sous les noms suivants :
Mysticetos d'Aristote.
Musculus de Pline.
Balsena boops. Linn.
Rorqual de la Méditerranée. Cuvier.
Rorqual d'Oslende. Van der Linden.
Physalus antiquorum. Gray, Flower.
P/tysa/ttsDuguidii.Heddle.
Sibbaldius borealis. Gray.
(I) Los fanons antérieurs do la balénoptère de l'île Vlieland [Jardin royal de zoologie d'Anvers), de
Pevensey Bay (Musée de Cambridge), de Texel (Musée royal de Bruxelles), comme ceux de l'île deWigbt, de
Katwyk aan Zee (Musée royal de Leyde el de Saint-Brieuc, sont tous de couleur pâle jaunâtre; et, der-
rière eux, on en trouve qui sont pâles en dedans et noirs en dehors, ou quelquefois striés sur toute leur
longueur.
UALÉNOPTÈRES. 173
Pterobalaena communis. Eschricht et Van Beneden.
Balaenoptera tenuirostris, Sweeting.
Balaenoptera musculus, Fleming.
Balaenoptera gigas. Eschricht et Beinhardt.
Pterobalaena gigas. Van Beneden.
Razorback des baleiniers anglais et américains.
Gewoone Finnfisch ou Vinfisch, ou Vinwall, des baleiniers hollandais ou al-
lemands.
Rolirval, des Norvégiens.
Keporkarnak des Groënlandais.
Capidolio des Italiens.
La nourriture de cette balénoptère consiste, comme pour les autres espèces de
ce genre, en poissons. B. Brown a trouvé jusqu'à huit cents gades (Cod) dans
l'estomac d'un individu.
La taille de la Balaenoptera musculus varie naturellement avec l'âge, mais on
n'en voit généralement pas au-dessous de 55 ou de 40 pieds ni au-dessus de 80,
et il n'existe pas de différence sous le rapport de la longueur entre les mâles et les
femelles.
Claas Mulder a fait le relevé des balénoptères de cette espèce qui ont échoué de-
puis des siècles sur les côtes des Pays-Bas et parmi elles il en compte de 55, de 58,
de 59, de 52, de (iO, de 70 et de 85 pieds. Il en cite une de 420 pieds, mais il est
inutile de faire remarquer qu'il y a de l'exagération dans cette dimension.
A voir le grand nombre de balénoptères de la taille d'une quarantaine de pieds
qui échouent, il y a tout lieu de supposer, que les animaux de cette dimension
se sont perdus peu de temps après leur sevrage, et qu'ils sont entrés dans leur
troisième année d'âge. Si l'on juge par analogie, ces animaux ont de vingt à
174 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
vingt-cinq pieds en venant au monde, et, si on estime à 80 pieds l'âge adulte, ils
atteignent comme la baleine du Groenland, le double de la longueur qu'ils avaient
en quittant leur mère.
Parmi les individus d'une quarantaine de pieds de longueur, il existe à peu près
autant de mâles que de femelles, comme parmi ceux qui atteignent de 70 à 80 pieds.
Nous pouvons en tirer cette conclusion : que la taille des mâles ne diffère point de
celle des femelles; que le nombre d'individus des deux sexes est à peu près le
même; enfin que ces animaux sont monogames.
Les plus grands squelettes connus ne dépassent que de fort peu 80 pieds; nous
comptons parmi les plus grands celui d'Ostende, qui a été exhibé dans les princi-
pales villes de l'Europe et qui provient d'une femelle; celui d'Edimbourg qui en
a 80 également; et celui de Plymoutb qui provient également d'une femelle et
qui en a 79 d'après Couch. — Celui de Sibbald n° 2 a 78 pieds et provient d'un
mâle. Le squelette d'un autre mâle du musée de Cambridge (Pevensey-bay)
a 76 pieds. — Le squelette de Plymouth (2 oct. 1851), auquel on avait accordé
d'abord 102 pieds de longueur, en a 74 1/2; celui de l'île de Wigbt, 75 ; celui de
Piosberville, 70; celui d'Anvers, d'un mâle, 70, comme celui de Jutland. —
Comme nous attachons peu d'importance à quelques pouces déplus ou de moins,
nous avons cru inutile de dire si c'est le pied anglais ou le pied du Hbin, mais on
pourra plus tard fixer en mètres, les limites de variations des individus reconnus
comme adultes par la soudure complète de leurs épiphyses.
Puisque les baleiniers qui allaient à la pèche du mysticclus au Spilzberg et au
Groenland, s'accordent à dire que l'on trouve des baleines franches, de grandeur
fort différente, sans que la différence puisse être attribuée à l'âge ou au sexe,
nous pouvons nous attendre à ce que parmi les balénoptères il y en ait également
de taille différente tout en appartenant à la même espèce.
On trouve des squelettes entiers ou dos ossements séparés de cotte espère dans
mi grand nombre de musées. — Nous allons citer, dans l'ordre alphabétique, les
villes qui en renferment.
Vnvers (Jardin royal de zoologie), squelette complet de l'île Vlieland; Amster-
BALÉNOPTÈRES. 175
dam (Jardin de zoologie); Arcachon (France); Barcelone (Espagne), Bergen (Nor-
wége, musée de la ville), squelette complet des côtes de Norwége; Berlin, (musée
anatomique de l'Université, squelette non monté); Bologne (Italie); Boulogue-
sur-mer, ossements séparés; Breslau, squelette d'un animal échoué près de
Greifswald en 1 862 ; Saint-Brieuc (France), squelette d'un animal d'une quaran-
taine de pieds, capturé dans la baie ; Bruxelles (musée royal), squelette complet
de la balénoptère capturée par les pécheurs du Texel ; Cambridge (musée de l'Uni-
versité), squelette complet de l'individu échoué dans la Manche à Pevensey-bay, et
tête avec ossements divers de Margate ; Christiania (Norwége), ossements de trois
ou quatre individus; Copenhague (musée de l'Université), squelette complet ; Edim-
bourg, squelette complet; Frontignan, ossements; Gothenbourg, squelette com-
plet de Finmarken ; Greifswald, squelette complet de l'île de Bùgen ; Kiel, osse-
ments séparés; Leyde (musée royal), squelette complet d'individus échoués sur la
côte des Pays-Bas, et une tête séparée; Londres (musée britannique), squelette com-
plet de Plymouth; (musée du collège royal des chirurgiens), os séparés de la baléno-
ptère échouée à Margate, tète séparée d'un autre animal; Boshervillc-Garden, sque-
lette complet de la Tamise ; Gravesend, (Àlexandra Park), squelette complet de Fal-
mouth; Louvain, crâne et vertèbres de Jutland; Lyon, squelette de la Méditerranée;
Madrid? squelette des Bochers-del-Barro; Marseille, squelette de la Méditerranée;
Munich, des ossements divers; Paris (muséum d'histoire naturelle), tête et diverses
parties du squelette de l'animal éeboué à l'Ile Sainte-Marguerite (Var), en 1798;
squelette complet et monté, d'un animal échoué en 1 847 à l'emboucbure de la
Seine; squelette incomplet d'un animal échoué à Bayonne et un autre également
incomplet d'Abbeville; Perpignan, squelette d'un jeune animal de 19 pieds, de la
Méditerranée ; Pise, crâne d'un animal capturé sur la côte de l'Ile d'Elbe; Home,
squelette complet d'un animal échoué à Civita-Vecchia ; Bouen, squelette complet
d'un animal éeboué au Tréport; Turin, squelette de la Ligurie occidentale;
Slockbolm, un squelette de Finmarken; Wight (île de), Black-gang-chine, sque-
lette d'un animal éeboué sur les côtes de l'île.
La balénoptère qui nous occupe, a déjà été représentée fort souvent : Martens a
donné la figure du Finnfisch (Spitz. 125, t. 2, f. c.) qui appartient probablement à
cette espèce, et c'est évidemment par erreur que les replis sous la gorge et le
ventre, n'ont pas été représentés.
176 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
Le professeur F. Rosenthal, a publié le dessin du mâle de 45 pieds, qui a
échoué au mois d'avril 1825, sur la côle de l'île de Riïgen dans la Baltique (1).
MM. Brandt et Ratzeburg reproduisent ce dessin dans leur zoologie médicale et
donnent la Ggure d'une femelle d'après Matbiessen.
Le professeur Schlegel a publié le dessin de trois individus, qui sont venus se
perdre sur les côtes des Pays-Bas, à quelques années d'intervalle. — Le premier
représente une femelle de 57 pieds de longueur qui est venu à la côte en 4 826 (2),
près de 117/7. aan Zee ; le second est une femelle également, de 54 pieds de lon-
gueur (5), qui a échoué en 4856 et qui est représentée vue de profil et couchée
sur le dos; le troisième est un mâle de 40 pieds qui est venu à la côte également à
Katwyk aan Zee et qui a le corps plus grêle que les autres (4).
Différents dessins de l'animal qui a échoué à Ostende en 1827, ont été publiés
séparément; un d'eux a été reproduit dans l'atlas de Goldfuss, pi. 552. Un autre
dessin du même animal, mais fort médiocre, a été publié par Van Breda, dans
YAlg. Konst en letterôode, 1827. L'animal est placé sur le dos.
Dans les Annales des sciences naturelles (5), le docteur Ravin a publié, en petit, le
dessin d'un mâle qui a échoué le 16 août 4 829 à l'embouchure de la Somme.
Dans les vélins du muséum se trouve un dessin d'un individu qui a échoué en
4 852 au Havre. — Un autre dessin qui n'est pas publié non plus, se trouvait entre
les mains de Meyer et représente un animal échoué près de Lisbonne.
Blumcnbach a fait graver un dessin d'une balénoptère, qu'il a vue en Hollande,
dans le voisinage de Wijk aan Zee, le 28 novembre 4 791 et dont la longueur était de
52 pieds (6). L'animal est représenté vu aux trois quarts. Un dessin original, fait
d'après nature de cette même balénoptère, a été vendu à Leeuwaerden et acheté par
Van Bréda ; nous ne savons entre les mains de qui il se trouve aujourd'hui.
M. Sars, fils, vient de publier de fort intéressants dessins d'un mâle de
'(0 pieds de long, qu'il a eu l'occasion d'étudier aux îles Loffoden (Norwége) et qui
représentent l'animal sous toutes ses faces. Le jeune et actif explorateur des îles
(1) Rosenthal, ueber die Wallo, in fol. Greifswald, 1827.
(2; Nieuw. verhand nederl. Instit. 18)8, III, pi. 1 et II.
(3) Abhandl. a. d. geb. d. Zoologie, | • ] VI.
(4) Abhandl. a. d. geb. d. Zoologie, pi. IX.
( ."., Ann. se. nal., 2" flér. t. B, p. 266.
(6) Rlumenbach, AbbUdungen naturh, Gegeratatn.de, H" Ileft. n° 74, in-8, Cottingue, 18o:>.
BALÉNOPTÈRES. 177
Loflbden a eu soin d'y joindre en outre un dessin de la tète, des principales ver-
tèbres, du sternum, d'une côte, de l'omoplate et du membre pectoral.
Eschricht était en possession d'un dessin original représentant l'animal dont
il possédait le bras et qu'il attribuait à la Pterobalœna gigas.
Lacépède a figuré la tète de la Balénoptère de la Méditerranée qui a été capturée
sur la côte occidentale de l'île Sainte-Marguerite (Var), en 1798, mais c'est par
erreur qu'il fait figurer une région cervicale de vraie baleine comme appartenant
à ce même animal. Cuvier a fait graver cette même tête (1) à côté de celle de
la Balœnoptcra laticrps, qu'il appelle Rorqual du Nord et de la Mégapfère du Cap
qu'il appelle Rorqual du Cap.
Pander et d'Alton donnent le dessin d'un squelette complet et figurent séparé-
ment la tète vue de trois côtés différents, la région cervicale et l'os du bassin,
d'après un squelette du muséum de Berlin.
Le squelette et les principaux os du squelette d'Ostende (1827), ont été dessinés
par Dubar. Goldfuss a figuré également le squelette de cet animal, mais on voit,
par le bassin qu'il a ajouté, d'après le Rorqual du Cap , qu'il n'est pas dessiné
d'après nature.
Eschricht a publié le dessin de la tête, à côté de la tête de la Balœna mysticetus
et de la Megaptera boops (2).
M. Malm a figuré l'omoplate, l'os hyoïde, le sternum, le carpe et les premières
côtes.
Le bassin le plus complet a été figuré par M. Flower (5).
La caisse tympanique que M. Hyrtl a figurée (-4), nous paraît provenir de la
Balénoptère qui nous occupe plutôt que de la Balœna mysticetus.
Tout récemment M. G. 0. Sars a publié, outre le dessin de ranimai complet
(1) Recherches su)- les ossements fossiles , Tom. V, pi XXVI, fig. 5.
(2) Von Nordhvalcn, pi. III.
(3) Vroceed. zool. Soc. Lond., nov. 18fi5.
(4) Vergl. anal. Un/ers. uber dasinnere Gehorgan. PI. III.
178 SQUELETTE DES CETACES.
dont nous parlons plus haut, un dessin do la (ête vue de face et de profil, le ster-
num, l'omoplate, la première côte, les premières cervicales et le membre pectoral.
Nous allons passer en revue les individus qui sont venus échouer depuis le nord
de la Norwége jusqu'à la Méditerranée, en tenant compte de l'époque de l'année à
laquelle ils ont été capturés, de la taille et de leur sexe ainsi que des lieux où leurs
ossements sont conservés.
Sur la côte de Norwége, non loin de Bergen, est venu échouer en 1858, au mois
de novembre, un mâle de 56 pieds de long et dont le squelette est conservé au
musée de cette ville. Est-ce un vieux mâle comme on le dit?
On a signalé sur la pointe méridionale de Norwége, à l'entrée du Skaggerrak,
dans le voisinage de Farsund, au printemps de 1 846, une Balénoptère du sexe mâle,
de 62 pieds de longueur.
A Christiania, on conserve au musée de l'Université des ossements provenant
d'un individu de 68 pieds, qui a été capturé à Oster Risor, au sud de Norwége. Le
professeur Esmark a trouvé une vertèbre de cette même espèce à Faresuad.
Un autre mâle de 65 pieds est venu à la côte dans leKattegat en t8il, et a été
décrit par Eschricht. — La forme de son sternum est extrêmement remarquable par
sa largeur et sa profonde échancrure antérieure.'
La Balœnoptera musculus pénètre dans la mer Baltique comme la Balsonoptera
rostrata et la Megaptcra ùoops.
En avril 1825, est venu échouer sur les côtes de l'île de Rugen au fond de la Bal-
tique, un mâle de cette espèce qui avait une longueur de \\ pieds; son squelette
décrit par Rosenlhal, est conservé à Greifswahl. Bosenthal pensait que les Balé-
noptères ne pénètrent jamais qu'au printemps dans la Biltique; mais on en a vu
échouer en automne depuis qu'il a écrit son mémoire. En effet une Balénoptère de
50 pieds est venue se perdre en automne a \\ ick dans la Baltique en 1860 et a été
étudiée par M. Sigm. Scbultze et Au;;. Mullcr.
\ ne autre Balénoptère a pénétré au mois d'août 1X6:2 dans la Baltique et est venue
échouer près de Greifswald. — Le professeur Mu n ter l'a disséquée, et son squelette
est aujourd'hui au musée de Breslau.
BALENOPTERES. 170
En 1 856, un individu de 70 pieds environ a été jeté sur la côte ouest du Jutland,
la tëfe seule en est conservée et se trouve aujourd'hui au musée de Louvain. — Dans
la liste d'Eschricht, elle porte le n" 56.
Au nord de Seeland (Danemark) a échoué en I84t un mâle de 65 pieds, dont
la tète et d'autres parties sont conservées au musée de Copenhague.
L'exemple le plus ancien de Cétacés échoués sur les côtes des Pays-Bas, est
celui qui est cité dans la chronique de la Frise (I) : deux haleines, y est il dit, ont
apparu près de Oostmahorn ; elles se poursuivaient, et sont venues échouer sur le
sable. — L'une avait 58 pieds, l'autre 29. — Claas Mulder pense qu'elles se
rapportent au genre Dauphin, mais nous ne connaissons pas de dauphin de cetle
dimension; nous croyons plutôt que ce sont des Balénoptères, soit des rostrata,
si les dimensions, delà première surtout, ne sont pas exagérées, soit des jeunes
musculus.
Claas Mulder estime à sept ou huit le nombre de Balwnopkra sulcata arclica de
Sclilegel, qui sont venues échouer ou qui ont été capturées sur les côtes des Pays-Bas.
— Depuis qu'il a publié sa notice, il est venu encore divers individus à la côte qui
appartiennent à l'espèce qui nous occupe. Nous ne parlons que de celles sur les-
quelles on possède des renseignements certains et dont en général on a conservé
quelques pièces.
En 9 novembre 1791, une femelle fut exhibée àWyk aen Zee d'une longueur
de 52 pieds. — C'est elle que le célèbre Blumenbach eut l'occasion de voir et dont il
a publié un dessin (2).
En 1816 une Balénoptère a été capturée dans la Zuiderzee, dont le squelette est
conservé au musée de Leyde.
Le 5 avril 4 826, une autre femelle, longue de L2 mètres, a été trouvée morte
sur les côtes également dans le voisinage de Wyk aen Zee. Son squelette se trouve
au muséum d'histoire naturelle à Paris. Il n'est pas monté. — Il existe un modèle
réduit au 56" parles soins de M. Sclilegel (\). Peut être cette femelle appartient-
elle à la Balœnoptera borenlis ou laficeps.
(1) Chrimykvan Friesland, door Ockam Scharlenseni, Leeuwaerden, 1597, fol. "21 <i.
(2) Abbild. nat. Gegenst. Gôlting, 1810. n"7i.
!80 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
M. Schlegel compare cette Balénoptère avec celle de 1791, échouée à la même
place, puis avec celle de 1 8t 1 , échouée dans la Zuiderzee, et enfin avec celle du Weser,
du Holstein, de l'île de llugen et d'Ostende, et il regarde tous ces animaux comme
ne formant qu'une seule et même espèce; il n'y a pour le savant zoologiste de Leyde
qu'une seule espèce au nord et une autre au sud, et il émet l'avis, avis que nous
partageons pleinement du reste, que les haleines du Groenland pourraient se rendre
uar le détroit de Behring sur la côte du kamschatka, de la Chine, du Japon, et sur
1a côte ouest d'Amérique.
En 1856, une femelle de 51 pieds vint se perdre de nouveau sur les côtes des
Pays-lias, et au mois de septembre 1840 une troisième femelle, de 65 pieds, vint
échouer à l'embouchure de la Meuse (2).
Schlegel a eu la chance d'observer l'année suivante, au milieu de l'hiver (dé-
cembre 1841), un quatrième individu, cette fois-ci du sexe mâle, à la même place
que celui qui a échoué au mois d'avril 1826. 11 avait 40 pieds de longueur.
Schlegel donne un bon dessin de cet animal (5), qui est plus effilé que les autres.
Son squelette est resté longtemps entre les mains d'un particulier à la Haye.
M. Flower a eu l'occasion de l'étudier au Boer's Bazaar en septembre 1864. — 11
est aujourd'hui au musée de Leyde.
Un autre mâle de 70 pieds a été trouvé mort en mer par les pêcheurs de l'ile
d'Lrk, près de Vlieland le 25 novembre \ 85 1 , dontle squelette est exposé au jardin
royal de zoologie à Anvers (4). Ce squelette est complet à l'exception des caisses
tympaniques, de la dernière paire de côtes et d'une ou deux vertèbres caudales.
En avril 1866, on a trouvé une Balénoptère morte au Helder, une autre au
Nieuven Dam, et, au mois de novembre de la même année, les pêcheurs du Texel
ont remorqué jusqu'à Elessingue le cadavre d'une femelle trouvée en mer en pleine
putréfaction. — Cet animal avait le rostre mutilé. — Il avait 47 pieds de long. Le
squelette est au musée de Bruxelles. — L'axis a été perdu pendant le transport.
(i) Schlegel, Overeenen in het Jaér 1 826 aen de noord hollandsche Kust gestranden Vinnisch, Mémoires
de r lu*/ il ut des Pays-Bas, vol. III. année 1828, PI. 1 et II; el Abhandlungen, a. <i. Geb. d. Zoolog., Leiden,
1841, ri. vi.
(2; Abhand., p. 39.
(:( Abhand., p. 10, il; II. PI, IX.
i Van Beneden, Bulletin Acad Roy ,h Belgique, 18u7.
BALENOPTERES. 181
On ne connaît qu'un seul exemple de grande Balénoptère observée sur les côtes
de Belgique, mais il n'y en a pas qui ait occupé autant que lui le public et les natu-
ralistes. Le 4 novembre 1827, les pêcheurs d'Ostende trouvèrent en mer le cadavre
flottantd'un énorme Cétacé qu'ils remorquèrent jusqu'à l'entrée du port. L'animal
avait perdu ses fanons. Acheté par Kessels, la préparation du squelette fut confiée à
Paret. 11 fut exhibé ensuite dans les principales capitales de l'Europe. Ce squelette
revint ensuite à Bruxelles avant 1830 et resta exposé au musée de l'industrie jus-
qu'en 4 855. — C'est à cette époque que nous l'avons examiné. En 4 854, si je ne
me trompe, il a été exhibé de nouveau au public, et en 1848 il a reparu à Man-
chester pour la seconde fois; de là il a été embarqué pour l'Amérique.
Dubar, chirurgien à Ostende, en a laissé une description accompagnée de
planches, et plusieurs naturalistes, parmi lesquels nous citerons, Van der Linden,
Ch. Morren, Van Breda, en ont fait l'objet de leurs études. — Comme on le pense
bien, ces naturalistes étaient loin d'être d'accord sur le nom que cet animal devait
porter. — Van der Linden le considérait comme nouveau pour la science ; Van
Breda et Ch. Morren le regardaient au contraire pour la Balamoptera roslrata de
Fabricius, ce qui était une erreur évidente (I).
Au mois de novembre 1824, une jeune Balénoptère du sexe mâle est venue
échouer à l'embouchure de l'Elbe; ses ossements sont conservés à Berlin.
A diverses reprises cette espèce est venue échouer' sur les côtes d'Angleterre,
d'Ecosse et d'Irlande.
Au mois d'avril 4 823, une femelle de 70 pieds de long a été capturée sur la côte
ouest d'Irlande (2). — Scoresby fait mention de plusieurs individus qui ont échoué
sur la côte d'Irlande en 1762 et 1765.
On cite un exemple également d'un animal qui s'est perdu au nord du pays
de Galles et dont les os sont conservés, parait-il, au British muséum.
On cite plusieurs exemples de Balénoptères de cette espèce échouées surtout en
hiver sur la côte de Cornouailles, dit le Dr Gray.
(1) Une Balénoptère de la même espèce, du sexe mâle, blessée a Pavant-bras par une balle explosive,
est entrée dans l'Escaut clans la uitdu 13 mai dernier et a été prise le lendemain. Nous sommes en pos-
session de son squelette qui est d'une conservation parfaite.
(■/) 1)' Arthur Jacob, Dublin philos. Journal, n'2, novembre 1825; et Essays anat. Zool., Dublin 1 845.
1S2 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
Scoresby fait mention d'un individu de 52 pieds, échoué a Kyemouth, Le 19 juin
1752, et un autre de 70 pieds échoué sur la cote de Cornouailles le 18 juin 1797.
Au mois d'oùt 1805, un mâle de 70 pieds, dont le squelette est conservé à
Alexandra Park, à Londres, est venu à la côte près de Falmouth.
Le 27 septembre 1851, une femelle de 79 pieds a été trouvée morte en mer, et les
pécheurs l'ont remorqué à Ply mou th. — On l'avait vu quelques jours auparavant à
la poursuite des harengs.
Un squelette du British muséum provient d'un animal échoué dans les mêmes
parages le 2 octohre 1851; on l'a trouvé en décomposition dans les environs de
Plymoulh. — On lui accordait d'ahord 102 pieds de longueur et 75 de circonfé-
rence. Le squelette a été longtemps exhibé dans diverses localités. — Les vertèbres
cervicales, à l'exception de la première et de la dernière, ont toutes des anneaux
complets, et c'est l'anneau de la troisième qui est le plus grand.
Une autre a visité le voisinage de Plymouth la même année, également à la pour-
suite des harengs, et l'on assure que Ton en voit tous les ans dans ces mêmes parages.
Au sud de l'île de Wight near the needles, a échoué au mois d'avril 1842, une
Balénoptère de 75 pieds, dont on ne connaît pas le sexe, mais dont le squelette est
conservé dans l'île (Black gang chine).
Au mois de novembre ou de décembre 1805, les pêcheurs ont trouvé eu mer un
mâle de 07 pieds à la côte de Pevensey, près de llastings, qui a été étudié par
M.Flower, et dont le squeletteaété acheté par M. Clark pour le musée deCambridge.
Un autre individu de CI à 05 pieds a été trouvé mort en mer le 29 dé-
cembre 1850.
A Margate, à l'embouchure do la Tamise, on a capturé en 1850 un individu dont
le squelette incomplet est conservé en partie au musée du collège royal des chirur-
giens à Londres, en partie à Cambridge.
Un autre mâle adulte de 00 pieds de long est venu se perdre dans la Tamise
devant Gravesend en mai 1859; son squelette assez complet est conservé à Londres
à Rosherville garden. Les épiphyses sont toutes soudées.
On a l'ail mention également d'une Balénoptère qui aurait échoué en janvier
1857 à Wintcrton (Norfolk) (1).
(1i illn.il i aii d London news, janv. 24, IH57.
BALÉNOPTÈRES. 183
Une femelle «:1e 4 I pieds de long est venue échouer à Charmouth, Dorsetshire, le
5 février 4 840. Sa première côte parait être bifide, et se trouve attachée à deux
vertèbres (I).
Un autre squelette décrit par Sweeting, sous le nom de B. tenuirostris, et que
le docteur Gray rapporte à la B. Gigas, comme la précédente, provient d'une fe-
melle de 42 pieds de longueur (2). Sou squelette était destiné au British muséum,
mais il paraît être perdu.
À Yarmoulh, un individu est venu échouer en -1857, dont la tète est conservée
au musée du collège royal des chirurgiens.
Un Rorqual mâle, long de 26 mètres, connu depuis vingt ans des pêcheurs à un
trou de balle dans sa nageoire dorsale, a échoué en septembre de l'année 1 092 près
du château d Abercorn.
En -1808, un rorqual du sexe mâle échoua sur les bords du Forlh près d'Alloa
(Ecosse); Patrick Neill en a donné une description. 11 avait 45 pieds de longueur.
Le squelette en est conservé à Edimbourg (5).
Sibbald parle d'un individu de 40 pieds, qui est venu à la côte près de Burntis-
land le L7 novembre 1090 et le docteur Walker fait mention d'un autre animal
de la même dimension, échoué le même jour en 1701 sur la même côte.
Le 5 octobre 1851, un autre individu, de 80 à 84 pieds de long, est venu
échouer dans les mêmes parages; le sexe n'est pas connu; son squelette est
conservé également au musée d'Edimbourg.
M. Ileddlea étudié une femelle de 50 pieds de longueur, échouée aux Orcades
le 9 mars 1850, et presque en même temps un mâle est venu cala côte. — M. lleddle
croit devoir placer cet animal entre \ePhysalus ùoops et le Phy sains antiquorum (4).
En 4 804 le docteur Gray a fait de cet animal une espèce nouvelle sous le nom de
Phy sains Duguidii.
On connaît plusieurs exemples d'individus échoués ou capturés sur les côtes de
France.
Une Balénoptère a échoué à Abbeville, et dont les principaux os sont conservés au
(1) Proceed. Zool. Soc, 1840, p. 11.
v2) Mag. nat. hist., 1840, p. 342.
(3) Neill, Mém. Wern. Soc, 1, 201; Gray, Calai..., p. 149.
(4) Proceed. Zool. Soc, 18o(i, p. 187.
184 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
muséum à Paris. — Une autre a été trouvée morte, par les pêcheurs du Tréport, à
six lieues de Boulogne, en février 1857; elle avait 60 pieds de long et était du
sexe mâle (1).
En janvier 1S'»2, les pêcheurs de Berg (Pas-de-Calais) ont trouvé flottant en
mer un cadavre qui a été vu par Blainville et Gervais.
Le 4 6 août 1820, un jeune mâle de A\ pieds est venu se perdre à Saint- Valéry,
département de la Somme, et M. Ravin nous en a fait connaître quelques parti-
cularités (2). Le squelette est à Rouen.
Un autre individu, échoué, le 7 février 1812, près de la pointe de Saint-Quentin
(Somme), a été observé par M. Bâillon (5). — La partie postérieure d'une tête,
conservée au musée de Boulogne-sur-Mer, provient peut-être de cet individu.
En 1847, au mois de novembre, un Rorqual, long de 15 mètres 00 centimè-
tres, a échoué à l'embouchure de la Seine près Saint-Vigor; la peau et le sque-
lette sont montés au muséum d'histoire naturelle de Paris.
En 1865, on a pris un autre individu de cette espèce, sur les côtes de France,
mais sur lequel nous n'avons pu obtenir de renseignements.
On a annoncé qu'une Balénoptère a échoué sur les côtes de Bretagne en juin 1 850,
mais nous n'avons reçu aucun renseignement positif ni sur ses caractères
ni sur l'état de conservation de son squelette.— Il en est de même d'un individu re-
jeté sur la côte de Saint-Malo en 1845.
Il n'en est pas de même d'une femelle de 54 pieds, qui fut jetée morte sur les
sables de l'île d'Oleron le 10 mars 1827, et dont Lesson nous a fait connaître
quelques particularités. Mais à en juger par certains caractères, nous croyons que
c'est plutôt une Balssnoptera Sibbaldii, qu'une Balœnoptcra muscuhts. — Malheu-
reusement le squelette n'en a pas été conservé.
On voit au muséum d'histoire naturelle à Paris les principaux ossements d'un
squelette, provenant d'un animal qui est venu à la côte à Bayonne du temps de
Cuvier, et qui a été presque entièrement perdu pour la science malgré l'interven-
tion du ministre de la marine.
Il y a une dizaine d'années un mâle non adulte, d'environ 40 pieds de longueur,
(1) Le docteur Gros en a étudié l'œil. Annales d'oculistique, 31 juillet I8Î58.
(2) Annales des sciences naturelles, mai 1836.
(3j Haillon, Catalogue des mammifères de V arrondissement d'Abbeville, sous le nom de Jubarfe.
BALENOPTERES. 183
est venu échouer dans la baie de Saint-Brieuc. — Son squelette est conservé dans
cette ville par les soins de M. Rimier.
Il parait que l'on en observe assez souvent sur les côtes de Portugal, et Meyer
élait en possession d'un dessin fait d'après nature dans ces parages.
Comme nous l'avons dit plus haut, cette Balénoptère est le seul mysticète qui
pénètre dans la Méditerranée, et nous trouvons des traces de son passage sur la côte
d'Espagne, de France d'Italie et d'Algérie.
Un gigantesque Rorqual femelle est venu échouer le 20 mars 1797 à l'île Sainte-
Marguerite, arrondissement de Cannes (Var); la tète, ainsi que divers ossements,
décrits par LacépèJe et Cuvier, en sont conservés au muséum d'histoire naturelle
de Paris. — Il avait à peu près 26 mètres de longueur.
En 1 853, un autre individu est venu se perdre sur les côtes de Saint-Tropez dans
le même département, et en 1864 un troisième a échoué sur les mêmes côtes de l'ile
Sainte-Marguerite.
En décembre 1 860, un animal de la même espèce a été trouvé près de Toulon, et
le squelette en a été conservé à l'hôpital de Saint-Mandrier.
En novembre 4 828, un Rorqual mâle de 25m60 de long est venu échouer sur
le littoral des Pyrénées-Orientales et dont le squelette est monté à Lyon parles soins
deMM.Companyo etBenchet. — Blainvillele rapporte à la baleine Jubarte(l), tandis
que MM. Farine et Carcassone le désignent sous le nom de Batœnoptera aratjous.
En 1859, on a pris à Port-Vendres un Rorqual de 19 pieds de long dont le sque-
lette se trouve au musée de Perpignan (2).
Au printemps de 1862 on a vu deux Rorquals, l'un adulte, ayant environ 20
mètres de long, l'autre jeune, que l'on suppose être son petit, n'ayant pas plus de 6
mètres, dans les eaux de Port-Vendres, Paulilles, Collioure, etc. (Pyrénées-Orien-
tales). Ils sont restés plus d'un mois sur les côtes, et l'on suppose que c'est la
même femelle qui est venue échouer quelques mois plus tard aux rochers de Bor-
ro (côtes d'Espagne) et qui a été remorquée à Llanza. M. Gervais pense que son
(1) Séanrc de l'Institut, 13 avril 1829.
(2) Paul Orvais, Sur la baleine de la Méditerranée, Bull. Acad. r. de Belgique, 2e sur., t. IV, 1862; et
Cétacés des côtes françaises de la Méditerranée, Comptes rendus, 28 novembre, 1861.
»4
186 SQUELETTE DES CETACES.
squelette est conservé à Barcelone ou à Madrid. M. Carron, directeur des douanes
à Perpignan, a transmis les renseignements suivants sur cet animal :
« L'un de ces Cétacés, sans doute une femelle mère, mesurait, environ 20
mètres de long sur 4 de large; l'autre, qu'on suppose être son petit, n'avait
guère que 6 mètres de long sur \ mètre 50 centimètres de largeur dans sa partie
antérieure. Ils fréquentaient plus particulièrement l'anse de Paulilles.
« Là, comme sur plusieurs points de la côte, ils ont essuyé des coups de feu. lis
ont alors gajjné la haute mer, pour ne se rapprocher du littoral que quelques
jours après. La felouque des douanes de Port-Vendres, à bord de laquelle se trou-
vaient le capitaine et le commissaire de l'inscription maritime de cette résidence,
a rencontré les deux Cétacés, qui,àson approche, ont rapidement gagné le large.
Le 22 février, ils ont encore été vus dans les eaux de Banuyls. »
On connaît aussi plusieurs exemples de rorquals échoués sur la côte d'Italie. Le
plus récent est celui d'un animal qui est allé se perdre à Civita-Vecchia et dont le
squelette est conservé à la Sapience à Rome.
Au mois d'octobre 1865, une baleine qui aurait été harponnée d'abord et aban-
donnée ensuite, disait-on, a été jetée sur la plage, après une tempête, près de
Sestri au S.-E. de Gènes. — On estimait sa longueur sans la tête à 21 -,50. Dans
l'intérêt de la salubrité publique, il paraît que le sous-préfet de Chiavari a fait
disparaître ce cadavre et rien n'en a été conservé.
Les ossements du musée de Bologne, dont parlent Camper fils et l'abbé Banzani
et qui ont été figurés par Alessandrini, proviennent sans doute d'un animal échoué
sur les côtes d'Italie.
Le musée de l'ise renferme un crâne et des os séparés d'une Balénoptère, qui
est venue se perdre près de l'île d'Elbe.
Dans les environs de Tripoli, à une certaine distance de la côte et au-dessus du
niveau de la mer, on a déterré des ossements d'une Balénoptère très-voisine si pas
identique avec celle qui nous occupe, et que l'on avait pris d'abord pour un
Ziphius. On en a conservé une partie de la tète sans les maxillaires et plusieurs
vertèbres, qui sont au musée de Bruxelh s.
Nous résumons dans le tableau suivant les principales captures de cette espèce,
avec l'indication de la date, du sexe, de la taille, des lieux, des musées qui ren-
ferment leurs restes et des ailleurs qui en ont fait mention.
BALENOPTERES.
187
DATE.
TAILLE.
SEXE.
LIEl'X.
MUSÉES.
OBSERVATIONS.
68'
?
Civita-Vecchia.
Rome.
Chev. V. Diorio.
Au Nieuwcn-Dam.
Au Helder.
Novembre 1866
47'
2
Côtes de Hollande.
Bruxelles.
M. Van Beneden.
13 — 1865
67'
tf
Pevensey-Bay.
Cambridge.
MM.FloweretMurie.
— 1864....
—
—
Ile Ste-Marguerite.
—
Octobre 1863
—
—
Chestrie, S.-E. de Gênes.
—
Juin 1863
75'
Côtes d'Espagne.
Falmoutli.
Saint-Tropez.
Barcelone ou Madrid.
M. Gervais.
Août 1863
70'
ri"
Alexandra Park.
— 1863... .....
M. Gervais.
»
—
—
Port-Vendres.
—
Idem.
185?
45?
50'
51'
tf
Saint-Brieuc.
Wiek.
Greifswald.
Saint-Brieuc.
Breslau.
M. Nimier.
Sigm. Schultze.
M. Mùnter.
Août 1862.
60'
2
Hérault.
—
M. Gervais.
1er septembre 1861.
—
—
Groenland.
—
M. Malmgren.
»
—
—
Kattegat.
Gothenbourg.
M. M al m.
Décembre 1860
—
—
Toulon.
—
M. Gervais.
Mai 1859
60'
50'
Norwége.
Rosherville.
Bergen.
M. Mûrie.
Novembre 1858. . . .
— 1859....
19'
—
Port-Vendres.
Perpignan.
M. Gervais.
Mai 1859.
60'
&
Gravesend.
Rosherville Gardon.
J. Mûrie.
Tout l'été
60'
C?
Tamise.
Iles Loffoden.
Londres, Rosherville garden
M. Sars.
1858
1857
Yarmouth.
Londres, coll. chirurg. Crâne.
Janvier 1857
—
Winterton, Norfolk.
—
15 février 1857
60'
a*
—
Boulogne.
Ileddle.
Mars 1856
50'
2
Orcades.
—
10 novembre 1854..
60'
(Ligurie occident.).
Turin.
23 novembre 1851..
72'
d*
Côtes de Hollande.
Anvers.
M. Van Beneden.
— 1852....
—
—
Bordigliera.
—
28 décembre 1850..
—
—
Margate.
A Londres et à Cambridge.
Vélins, du Muséum.
1847
43'
62'
a"
Havre.
Farsund.
Paris.
Printemps 1846
— 1845....
—
—
Côte de Saint-Malo.
—
1844
40'
60'
68'
a"
2
Côtes de Hollande.
Firth of Forth.
Baie de Baffîn.
Pas-de-Calais.
Edimbourg.
Sehlegel
Goodsir.
MM. Gervais et Blaiuville.
Août 1843
1843
Avril 1842
75'
40'
tf"
Ile de Wight.
Katwyk aen Zee.
Black gang Chine.
Sehlegel.
Décembre 1841 ....
21 septembre 1841 .
65'
d"
Nord-Zélande.
Copenhague.
Eschricht.
188
SQUELETTE DES CETACES.
DATE.
TAILLE.
SEXE.
LIEUX.
MUSÉES.
OBSERVATIONS.
Septembre 1840.. . .
65'
2
Meuse Embouchure.
—
Schlegel.
41'
2
Yarmouth.
—
Proc.zool. Soc, 1840.
43'
—
Dorsetshire, prèsCharmontu.
—
Sweeting.
1837
6.8'
70'
Côtes de Norwége.
Christiania.
Copenhague. Tête.
Louvain. Tète.
1836
Ouest-Jutland.
Eschricht.
1836
70'
51'
50'
Jutland.
1836
2
2
Hollande.
Wyk aen Zee.
Schlegel.
Vrolik.
17 septembre 1835.
1833
56'
—
Saint-Tropez (Var).
Hollande.
—
M. Gervais.
Vrolik.
17 septembre 1833.
7 septembre 1831..
79'
■P
Plymouth.
—
Couch.
—
Plymouth.
British Muséum.
5 octobre 1831
75'
—
North Bervvick.
—
Knox.
1831
76'
—
Écosse-Est.
—
Idem.
1830
63'
41'
<?
Brighton.
Somme. Embouch.
—
M. Ravin.
16 août 1829
1829
72'
—
Bfiwick an Jer Tweed.
Saint Cyprien.
Lyon.
Johnston.
Companyo.
27 novembre 1828..
4 novembre 1827...
80'
wP
Ostende.
?
Dubar.
Avril 1827
70'
*P
Ouest-Irlande.
—
Arthur Jacob.
Avril 1825
44'
68'
43'
*P
a*
Ile Rugen.
Côtesouest d'Irlande.
Elbe. Embouchure.
Greifswald.
Berlin.
Rosenthal.
Arthur Jacob.
Brandi, Rudolphi.
1825
Novembre 1824
Hiver 1817-18
82'
—
Shetland.
—
Scoresby.
1816?
—
—
Zuider-Zee.
Somme. Embouch.
Leyde. Squelette.
Boulogne. Fi.iL'uuiits J«' M'
Bâillon.
23 octobre 1808
43'
d"
Firth of Forth.
—
Pat. Neill.
20 mars 1798
82'
vP
Ile Ste-Marguerite.
Paris.
Lacépède.
18 juin 1797
70'
—
Cornouailles.
—
Scoresby.
28 novembre 1791..
52'
■P
Hollande.
Leyde. Crâne.
Blumenbach.
10 juin 1761
46'
—
Firth of Forth.
—
Walker.
52'
—
r.crw ickshire.
—
Scoresby.
Septembre 1750
101'
—
Emb. de lTlumbcr.
—
Idem.
Septembre 1692.. . .
78'
cf
Firth of Forth.
—
Sibbald.
1690
46'
o"
Firth of Forth.
—
Idem.
BALENOPTERES. 189
SQUELETTE, (i)
La tète vue de face et comparée à celle de la Balœnoptera rostrata et borealis ou
taticcps, présente des différences notables surtout dans la forme de l'occipital et du
frontal.
Le rostre est aplati à sa base où il est en même temps fort large, puis il se
rétrécit insensiblement jusqu'à la pointe.
Les os propres au nez, sont échancrés au milieu en avant du côté des fosses
nasales, et sont proportionnellement courts. M. Flower a montré tout le parti que
l'on peut en tirer sous le rapport zoologique (2).
L'intermaxillaire disparaît à l'intérieur tout autour des os nasaux.
L'os frontal est surtout fort large à sa bas, de manière qu'il se rétrécit insen-
siblement d'avant en arrière jusqu'au bord sus-orbitaire, et que son bord antérieur
est fort oblique.
L'occipital est rétréci en avant entre les deux frontaux, et s'élargit assez brusque-
ment en arrière ; il est plus étroit en avant que dans les espèces voisines, et plus
large en arrière.
Le maxillaire inférieur ne présente rien de particulier; son apopbyse coronoïde
est bien développée et recourbée en dehors comme dans les autres espèces, et l'os
n'est pas tordu en avant ni élargi comme dans les baleines véritables.
La colonne vertébrale est formée de 62 vertèbres, réparties en 7 cervicales,
45 dorsales, \o lombaires et 25 caudales. Quand il y a moins de soixante
vertèbres, on peut dire que le squelette est incomplet. — Le nombre ne dépasse
pas 62 comme l'a fait remarquer M. Flower.
Comme la coalescence des épiphyses vertébrales est fort tardive dans les
cétacées en général, surtout dans les régions dorsales et lombaires, quelques
naturalistes avaient exprimé la pensée, que cette séparation existe toujours dans
(1) M. Flower a eu l'extrême obligeance de mettre à ma disposition ses notes sur les squelettes de Rosb-
erville, d'Alexandra Park, de Leyde et de Cambridge.
(2) IVoles on the skeletuns of ichales, proceed. of ihe Zool. Soc. novembre, 1864.
190 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
ces animaux. — C'est une erreur. — Comme l'a fait remarquer avec raison
M. Flower, cette soudure est complète dans les cétacés adultes, et le savant di-
recteur du Musée royal des chirurgiens cite à l'appui de son opinion les squelettes
du Jardin royal de zoologie d'Anvers, ainsi que ceux des Brilish muséum, de Ro-
sherville Garden, et d'Alexandra Part, à Londres, qui ont toutes leurs épiphyses
complètement soudées au corps des vertèbres, même dans la région dorsale et
lombaire.
De toute la colonne vertébrale, c'est la région cervicale qui présente le plus
d'intérêt au point de vue de la systématisation. —Toutes les vertèbres sont séparées
à l'état normal, tant par le corps que par les apophyses transverses et les arcs
neuraux.
Les deux premières vertèbres ont le canal vertébral plus étroit que les autres
surtout pour le diamètre transversal.
Les apophyses transverses de l'atlas sont assez fortes et ne présentent aucun
caractère particulier.
L'axis a ses deux apophyses transverses supérieure et inférieure très-développées
et, à l'état adulte, elles sont réunies par leur sommet, de manière a former un an-
neau complet. L'orifice de cet anneau est fort variable d'après les individus et
d'après l'âge. Le docteur Gray a fait remarquer avec raison, que la forme comme
le développement de ces anneaux est très-variable.
Les vertèbres suivantes, c'est-à-dire, la troisième, la quatrième, la cinquième
et la sixième ont également un anneau complet, mais elles ont moins d'ouverture,
et si le cadre est plus étroit, l'orifice est beaucoup plus large.
C'est dans la formation plus ou moins complète de ces anneaux, qu'il existe de
très-grandes variations, auxquelles on a eu tort d'attacher une grande importance.
On peut admettre que dans cette espèce, comme dans la Balœnoptera rostrata, ces
anneaux sont toujours complets, à l'état de cartilage, dans le jeune animal et que les
différences ne sont que le résultat d'une ossification plus ou moins complète. Ce
qui montre du reste, qu'il existe de grandes variations indi\ iduelles, c'est que les
apophyses des deux côtés ne sont pas toujours les mêmes et, s'il fallait y attacher
de l'importance, il faudrait quelquefois séparer zoologiquement le côté droit du
côté gauche. Dans plusieurs squelettes, en effet, on voit des anneaux complets d'un
BALÉNOPTÈRES. 191
côté et incomplets de l'autre côté, et, dans ce cas, ils sont toujours plus complets
à droite qu'à gauche.
Dans le squelette du muséum de Paris, qui provient de l'animal échoué à l'em-
bouchure de la Seine, les deux apophyses de l'axis sont écartées à gauche, tandis
qu'elles sont réunies à droite et forment un cercle complet. — La même chose se
voit dans le squelette des lies Loffoden, que M. Sars a représenté et dans plusieurs
autres.
La sixième cervicale d'une Balamoptera rostrata des côtes de Norfolk et dont le
squelette est conservé au musée du collège royal des chirurgiens, présente égale-
ment un côté seulement a anneau complet.
Dans le squelette qui se trouve à Anvers, les cinq vertèbres cervicales du milieu
portent un anneau complet, tandis que dans celui du musée de Bruxelles (du Texel)
l'axis seul en a un. Dans ce dernier squelette, la troisième cervicale a son apophyse
transverse supérieure et inférieure très-développée comme la sixième, tandis que la
quatrième a une apophyse inférieure fort courte, la cinquième une apophyse un
peu plus longue, et la sixième une plus longue encore; comme toujours, cette
apophyse inférieure manque à la septième cervicale.
Ce n'est pas toujours l'âge qui amène des changements dans les dispositions des
anneaux aux vertèbres cervicales, puisque nous ne trouvons, dans le squelette delà
balénoptère fort âgée d'Ostende, des anneaux complets qu'à l'axis, exactement
comme dans le squelette du jeune animal du Texel, qui est au musée de Bruxelles.
Dans le squelette de Rosherville comme dans celui d'Alexandra Paik, les
deuxième, troisième, quatrième et cinquième cervicales, sont à anneaux complets
et dans le premier squelette, la sixième vertèbre même a son anneau comme celui
de Plymouth.
Dans le squelette de l'île de Wight, l'axis et les trois cervicales suivantes ont
seuls un cercle complet.
Dans le squelette préparé par MM. Gerrard et qui se trouve à Londres, à
Alexandra Park, les apophyses latérales inférieures manquent aux deux dernières
cervicales; la septième n'en porte plus de trace, tandis que la sixième montre
encore un tubercule.
La sixième cervicale a généralement l'apophyse épineuse supérieure plus déve-
192 SQUELETTE DES CETACES.
loppée que les précédentes et la septième a une apophyse encore plus longue,
dépassant celle qui la précède d'un pouce à peu près.
Le canal vertébral est également un peu plus large dans la septième que dans
la sixième cervicale.
Comme nous l'avons fait remarquer, c'est par erreur que Lacépède a figuré une
région cervicale de baleine, pour une région cervicale de balénoptère de l'île
Sainte-Marguerite, erreur, qui du reste a été reconnue déjà par Cuvier.
Les vertèbres dorsales sont au nombre de quinze; si on en compte moins, c'est
que la dernière côte s'est probablement perdue. Toutes les vertèbres de cette
région se distinguent par le développement de leur arc neural.
Il y a quinze lombaires dont le corps augmente successivement en volume et
dont les apophyses diminuent d'avant en arrière.
Nous comptons vingt-cinq caudales, dont seize portent des os en chevrons. —
Les huit à neuf dernières sont logées dans l'épaisseur de la nageoire caudale. La
dernière vertèbre est petite et il n'est pas rare de la voir soudée à l'avant dernière.
Les derniers os en chevron sont a l'état de cartilage.
Nous avons eu l'occasion d'étudier toutes ces vertèbres en place, sur une pièce
fraîche à Louvain.
Dans quelques squelettes, comme dans celui d'Anvers, nous avons compté
jusqu'à dix-sept os en V.
Quoique le nombre normal de vertèbres soit de 62, nous n'avons trouvé ce-
pendant que 6t vertèbres dans le squelette du Texel, comme dans celui de l'em-
bouchure de la Seine, et dans celui qui est au Jardin zoologique d'Anvers.
M. Flower a compté 60 vertèbres dans le squelette de balénoptère mâle,
qui a échoué en 4 87H à Katwijk.
11 n'y en avait que 57 dans le squelette de Margate, mais ici il est évident que
les dernières vertèbres ont été perdues. Dans celui de Falmouth il y en a 59.
Le sternum parait varier beaucoup dans sa forme ainsi qu'on peut le voir par les
fiVures qu'Eschricht en a donnés. En général c'est un bouc lier en forme de trèfle,
terminé en pointe eu arrière et qui est d'autant plus échancré en avant que
l'animal est plus jeune. Après l'échancrure il reste souvent un trou qui s'efface à
son tour avec l'âge.
Le sternum est échancré en avant dans le squelette de Saint-Brieuc, dans celui
BALENOPTERES. 193
de Paris (de l'embouchure de la Seine) et dans celui (tr 44 d'Eschricht) qui est
aujourd'hui à Leytle.
Dans le squelette de la balénoptère mâle de l'île de llùgen, il est court et percé
de deux orifices; dans celui des orcades, il a une forme de losange et ne présente
qu'un seul trou au milieu; dans le squelette de Margate, il est percé également
d'un trou sur la ligue médiane. — Ces individus varient de 40 à 55 pieds de
longueur.
Dans la femelle d'Ostende comme dans le mâle de Ilosherville (Gravesend), et le
mâle d'Alexandra Park (Falmouth), il est terminé en avant par un lobe plein;
ces individus avaient de 60 à 80 pieds de longueur.
Comme on trouve assez souvent dans les squelettes montés le sternum mal
attaché aux côtes, il est bon de faire remarquer, que la pointe de cet os est toujours
dirigée en arrière.
La forme du sternum est directement en rapport avec la taille et par conséquent
avec l'âge de l'animal.
Les côtes sont au nombre de quinze. Il est probable que les squelettes qui n'en
ont que quatorze ont perdu la dernière paire. C'est que la dernière n'est pas
toujours attachée par des ligaments (I).
Dans quelques squelettes, par exemple celui du musée de Cambridge, il y a
d'un côté une côte supplémentaire suspendue an milieu des chairs.
La première côte, est comme toujours, distincte par sa brièveté comme par sa
largeur. Elle ne s'articule que par son unique surface articulaire et la tête comme
le cou manque.
La seconde et la troisième au contraire sont pourvues de col et elles sont, pas-
sablement larges à leur extrémité inférieure.
Nous pourrions faire remarquer ici que la première côte a une grande tendance
à'se bifurquer, et si elle n'est pas à tète double, on voit souvent des traces de cette
tendance sur son bord antérieur.
(1) Il paraît cependant qu il n'existe réellement que quatorze côtes dans quelques individus
95
1H4 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
Dans la balénoptère d'Ostende, la première côte est réellement bifurquée, à
tel point que celui qui l'a montée l'a attachée, comme cela devait être, en même
temps aux cervicales et à la première dorsale. — Dubar n'accorde à cause de
cela, que six vertèbres à la région cervicale.
Cette première côte, sans être bifide, porte quelquefois une saillie en haut et en
avant, qui rappelle faiblement la bifurcation C'est ce que nous avons vu également
dans quelques Balsenoptera rostrata.
A Paris, au muséum, on voit pendre au mur deux premières côtes, près de la
tête de balénoptère de l'île Sainte-Marguerite, qui sont très-larges, et l'une d'elles
présente, sur le bord antérieur, des traces d'une bifurcation ou d'une côte supplé-
mentaire. — Elles proviennent d'un individu fort adulte, probablement de celui de
l'île Sainte-Marguerite, mais malheureusemt elles ne portent aucune indication
d'origine. En tout cas, cette première côte nous montre un état intermédiaire entre
la côte biceps de l'individu d'Ostende et les autres.
La nageoire pectorale ressemble beaucoup à celle de la Balœnoptera rostrata,
tant par la forme que par la proportion des os et sa grandeur respective.
L'omoplate n'a rien de particulier en dehors des caractères du genre ; les deux
apophyses acromium et coracoïde sont toujours très-développées, et il est plus
étendu d'avant en arrière que de haut en bas.
L'humérus est toujours distinct, comme dans la balœnoptera rostrata, par sa
forme comprimée et son bord inférieur qui est presque tranchant.
Le radius et le cubitus ont plus du double de la longueur de l'humérus. Entre
ces deux os il n'y a qu'un étroit espace qui s'étend dans presque toute la longueur.
Les trois os procarpiens sont à peu de chose près également grands; les deux
métacarpiens sont plus petits. — Ces os restent quelquefois assez tard à l'état de
cartilage.
Les quatre doigts ont chacun leur os métacarpien dont la longueur correspond
avec la longueur du doigt auquel il appartient. Sous ce rapport il y a des
différences sensibles avec la Balœnoptera rostrata. — Dans cette espèce le méta-
carpien le plus fort correspond au petit doigtVt l'index a cet os fort court.
L'index a trois phalanges toutes notablement plus allongées que dans la
rostrata. ■ — Le médium qui est le plus long comme toujours, n'a que cinq
phalanges et il y en a six dans le rostrata. — L'annulaire a le même nombre et ne
BALÉNOPTÈRES. 195
diffère que fort peu en longueur. — Le petit doigt en a trois comme l'index et elles
sont plus allongées que dans la petite espèce.
La main est d'une phalange plus longue quel'avant-bras.
On voit également que l'espace qui sépare les doigts du milieu, est plus grand
que celui qui se trouve entre les autres doigts, de manière que les doigts sont pour
ainsi dire séparés en deux groupes.
Cette description est faite d'après les nageoires de la balénoptère du Texel que
nous avons pu étudier à Louvain à l'état frais. Les deux nageoires étaient parfai-
tement semblables.
Le bassin est formé de chaque côté d'un os long suspendu dans les chairs, placé
dans l'axe du corps et qui correspond à l'iléon. — Dans le squelette qui est aujour-
d'hui à Cambridge et que M. Flower a étudié frais, le savant directeur du Musée
royal du collège des chirurgiens a trouvé des deux côtés un second os à l'état
de cartilage qui ne peut être qu'un fémur rudimentaire (4). — M. le professeur
Reinhardt m'écrit que, dans quelques squelettes, cette seconde pièce se trouve à
l'état osseux.
Dans l'animal du Texel, dont nous avons étudié le bassin entouré encore de toutes
ses parties molles, nous n'avons pu découvrir aucune trace de fémur, même à l'état
de cartilage, mais nous avons pu constater sa présence dans la balénoptère qui a
échoué dans l'Escaut.
Cet iléon est ordinairement allongé, légèrement courbé, plus ou moins aplati
et montre sur son bord supérieur une apophyse dont la longueur paraît variable.
Dans la balénoptère du Texel, cet os est beaucoup moins allongé que dans l'ani-
mal disséqué par M. Flower, et son ossification est fort peu avancée.
Dans le squelette de Breslau, l'iléon est notablement plus large que dans les
autres- individus, d'après le dessin et la description qui en ont été donnés parle
professeur Barkow.
Ces os sont toujours placés à une certaine distance l'un de l'autre et dans l'axe
du corps. — C'est par erreur que l'on voit dans certains squelettes ces os se tou-
cher et former un angle plus ou moins aigu. On les voit aussi placés sens dessus
dessous dans quelques squelettes.
(1) Proceed. zoul. Soc.
196 SQUELETTE DES CETACES.
On a fait figurer à tort dans quelques squelettes les os lacrymaux pour des os du
bassin et quelquefois même des côtés supplémentaires.
Comme beaucoup de naturalistes, et nous avons été longtemps de ce nombre,
considèrent la grande balénoptère d'Oslende comme une espèce distincte, a laquelle
nous avions même donné, de commun accord avec Escbricbt, le nom de Gigas,
nous allons résumer ici les diverses particularités de son squelette, et l'on verra
que, si l'on fait abstraction de la première côte, il ne peut y avoir aucun motif de le
séparer de l'espèce commune de la mer du Nord.
Quoique Dubar n'accorde que six vertèbres cervicales, on reconnaît les sept ver-
tèbres dans la figure qu'il donne de la colonne vertébrale. La septième est recon-
naissable à l'absence d'apopbyse transverse inférieure.
Dubar accorde quinze vertèbres dorsales mais ne compte que quatorze côtes. —
c'est qu'il fait entier la septième cervicale dans la région dorsale à cause de la pre-
mière côte qui est bifurquée.
II est à supposer que la quinzième côte a été perdue.
Les vertèbres lombaires sont au nombre de quatorze.
11 y a seize vertèbres caudales avec des os en V, puis il y en a deux qui n'en ont
pas. Dubar fait remarquer qu'il en est resté quatre dans la nageoire caudale.
Les vertèbres seraient donc au nombre de cinquante-buit, sept cervicales, quinze
dorsales, quatorze lombaires, vingt-deux caudales.
Il est probable que les quatre dernières vertèbres ont été perdues, ce qui
étonnera d'autant moins, que la personne qui a été chargée de consener les os
n'avait jamais jusqu'alors préparé un squelette; Paret m'a avoué lui-même, que ce
n'est que depuis ce moment qu'il a songé à conserver le squelette des animaux que
les circonstances lui procuraient.
Quoique la planche qui représente la colonne vertébrale fasse supposer qu'il
existe deux vertèbres à anneaux dans la région cervicale, ildit positivement dans le
texle que la seconde vertèbre seule porte un anneau, que les troisième, qua-
trième el cinquième portent des apophyses transverses doubles sans trou.
BALENOPTERES. 197
L'atlas, qu'il a représenté vu de face, porte sur le côté ses apophyses transverses
ordinaires, qui ue diffèrent que par leur position, qui est un peu plus bas, et par un
développement peut-être un pu plus fort.
Dubar avait fort bien observé que la première côte seule s'articule avec le ster-
num, et, sous ce rapport, il a été plus exact que certains naturalistes, qui ont voulu
représenter les côtes des mystieètes, par rapport au sternum, comme dans les
cétacés à dents.
Dubar n'a pas moins bien reconnu, que la seconde côte, ainsi que les trois sui-
vantes, portent en haut, au delà de leur tuborosité articulaire, un rudiment de cou,
mais sans tète, et qui ne s'articule point avec le corps des vertèbres.
La quatrième côte est la plus longue de toutes, dit il, et les autres vont en dimi-
nuant jusqu'à la quatorzième. Cette dernière a encore l"',90 de longueur.
La première côte est remarquable, en haut par sa bifurcation, en bas par sa lar-
geur excessive.
Le sternum qu'il représente a la forme ordinaire des adultes, c'est-à-dire qu'il
est plein en avant, élargi sur le côté et terminé par une large saillie en arrière.
Les os pelviens sont au nombre de deux, et n'ont que 0m, 50 de longueur. Leur
forme est triangulaire. — Dubar les a représentés dans une position verticale au lieu
de les mettre parallèlement à la colonne vertébrale.
L'omoplate a la forme ordinaire des balénoptères par son grand développement
d'avant en arrière et porte en avant un acromion très-développé et sous lui un co-
racoïde également fort.
Les os du bras et de l'avant-bras n'offrent rien de particulier.
Dubar accorde six gros os au carpe dont les uns sont cubiques, dit-il, les autres
cylindriques. 11 est bien possible qu'il ait compté un os de trop à en juger par le
bras qu'il a fait dessiner.
Quant au nombre de phalanges, l'index en a quatre, le médium sept, l'annulaire
six et le petit doigt cinq.
108 SQUELETTE DES CETACES.
BALSENOPTERA BOREALIS OU LATICEPS
Pl. X et XI. Fig. 11-35.
K.-A. Rudolphi, Einigr anatomische Bemerkdngen Uber Balœna rostrata; Abhandlungen der Kônigl.
Akademie der Wissenschaffen zu Berlin, 1820-1821. Taf. 1-5.
Cuvier, Recherches sur les ossements fossiles, t. V, p. 564, pl. XXVI, fig. 6.
Schlegel, Abhand. a. d. G. d. Zoologie, 1841.
• Pander et d'Alton, Die skelete der cetaceen, in-fol. Bonn, 1827, pl. II et III.
• Lesson, Histoire naturelle, Cétacés, in-8°, Paris, 1828.
• Brandt et Ratzebourg, Med. Zool., in-4", Berlin, 1829, p. 119, pl. XV, fig. 3, et tab. XVI, fig. 1 et 2.
•J. Gray, Zoology of the voy. oj ' Erebus and Terror, p. 20, 1839-1843.
' Eschricht, unters. uber die nordischen Wallihiere, Leipzig, 1819.
• H. Flower, notes on the skelelons ofwliales... Proc. Zool. Soc. Lond. sept. 1864.
Cette troisième espèce a été longtemps confondue avec les antres, parce que sa
petite taille la faisait toujours prendre pour un jeune animal. — Elle est cepen-
dant distincte par deux caractères nettement accentués et depuis longtemps les
pêcheurs l'avaient désignée sous un nom particulier.
Cuvier, comparant le squelette décrit et figuré par Rudolphi avec la balénoptère
qui fréquente la Méditerranée, et dont il possédait le crâne, crut que ce squelette
provenait d'une espèce qui fréquente seule la mer du Nord, et proposa pour elle
le nom de Rorqual de la mer du Nord, par opposition au Rorqual de la Méditer-
ranée.
Lesson dans son Histoire naturelle des cétacés (I82S) admet dans le genre balei-
noptère les trois espèces de Cuvier, le Rorqual du Nord, celui de la Méditerranée et
l'austral (megaptera) et y ajoute la balénoptère museau pointu. Le Rorqual du Nord
repose sur la description du squelette du rostrata do Rudolpbi, et il lui donne le
nom de Balsenoptera ùorealis, qui doit avoir, pensons-nous, la priorité.
Lesson considère à tort la femelle, qui fut jetée sur les sables de l'île d'Oléron, le
U) mars 1827, comme une Balsenoptera musculus. Ce Rorqual, qui a 54 pieds de
longueur appartient probablement, comme nous l'avons dit, à la Balsenoptera Sib-
BALÉNOPTÈRES. 19g
baldiix si nous en jugeons d'après son sternum petit et plat et ses 65 vertèbres dont
\1 sont logées dans la nageoire caudale.
C'est ce même animal que le docteur Gray proposa plus tard, dans le voyage
d'Ereùus and Terror, de désigner sous le nom de laticeps.
Trop confiant dans la valeur que l'on accordait à la première côte, qui est parfois
double ou bifurquée en haut, nous avions cru devoir rapprocher, après une visite
que nous avions faite avec Eschricbt à Berlin, l'animal du Ilolstein de celui d'Os-
tende, en les considérant comme des âges différents d'une seule et même espèce.
— C'est évidemment une erreur qui a été relevée avec raison par M. Flovver. En
-1864, le savant directeur du musée du collège royal des chirurgiens visita les
musées de Leide, de Louvain et de Bruxelles, pour y étudier les squelettes de
cétacés et il rapprocba avec raison l'animal du Holstein, décrit par Budolphi,
sous le nom de rostrata, de celui de Moniken Dam et de celui envoyé du Cap
nord à Eschricht.
M. Flovver pense que le nom de laticeps du docteur Gray doit avoir la priorité,
tout en faisant remarquer, que ce nom est trop expressif : unfortunately , dit
M. Flower, it is anything but expressive of the charactcr of the species, the head nol
being broader than in otherfin-w haies.
On ne connaît qu'un petit nombre d'individus de cette espèce qui se sont perdus;
nous allons citer les exemples qui sont arrivés à notre connaissance.
Le premier est celui d'un animal de 52 pieds de long qui est venu à la côte dans
la Zuiderzée, près de Moniken Dam, en ISM et dont le squelette a été acquis pour
le musée royal de Leyde.
Le second exemple est celui d'une femelle, à peu près de la même taille que le
précédent, qui est venu échouer sur la côte du Ilolstein, le 21 février 1819, près
de Gromilz. — L'animal fut apporté à Hambourg, après avoir été vidé avec soin,
et pendant la durée de son exhibition, Lichtenstein en fit l'acquisition pour le mu-
sée de Berlin. C'est lui dont Budolphi a décrit et figuré le squelette dans les mé-
moires de l'Académie de Berlin, sous le nom spécifique de rostrata, et dont Cuvier a
reproduit le crâne sous le nom de Rorqual du Nord.
En juillet 1865 un troisième individu de cette espèce s'est perdu sur les côtes
de Norwége, et son squelette est conservé au musée de Bergen.
M. Sars fils pendant son séjour aux iles Lofiôden y a reconnu celte même espèce,
300 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
et M. le professeur Malmgren la signale également sur la côle est de Finmark.
Nous avons dit plus haut qu'Eschricht a reçu également un squelette de cette espèce
qui lui a été envoyé du cap Nord.
D'après des ossements conservés au musée du collège royal des chirurgiens, et
au musée de l'Université de Cambridge, des individus de cette même espèce ont
échoué également sur la côte d'Ecosse et probablement sur la côte d'Angleterre,
mais on ne possède pas de renseignement précis sur l'origine de ceux qui sont
conservés à Londres. CeuxdeCamhridge viennent de l'embouchure de la Clyde (\).
Cette Balénoptère se distingue par les caractères suivants :
Le frontal n'est pas plus large à sa base qu'au-dessus de l'orbite; les vertèbres
sont proportionnellement petites, au nombre de 55 ou 56; les os en général sont plus
délicats, et, eu égard à leur grandeur, peu spongieux. La première côte a une ten-
dance particulière à devenir biceps; les fanons ne sont pas jaunes; la nageoire pec-
torale n'est pas traversée par une bande blanche. L'animal atteint une longueur de
trente-cinq pieds.
Syn. Balwna rostrata, Rudolphi.
Rorqual du Nord, Cuvier.
Balœnoptera borcalis, Lesson.
Sibbaldius laticeps, Gray.
Langr'or, des pêcheurs deFinmarkcn.
La taille des animaux de celte espèce ne paraît pas dépasser 55 pieds. Le sque-
lette de Berlin indique une longueur de 51 à 52 pieds, celui de Leyde 52 comme
celui du cap Nord, et dans aucun de ces squelettes les épiphyses des vertèbres ne
sont encore complètement réunies. M. Sars en a vu de 20 à 50 pieds aux îles
Loffoden.
Nous ne connaissons que fort peu de choses sur la distribution géographique
de cette espèce et nous ignorons complètement ses stations. Comme nous l'avons
dit plus haut, on en a vu un échouer sur la côle de Norvège, à l'embouchure de
(l) Le squelette d'un animal prH dans la baie de Mabzack [Virginie), 1<' i septembre 1858, et qui a été
décrit par le professeur Taliafcrro (l'rocred. Acad. Philadelph ,1868. p. 8) appartient-il a cette espèce?
Il est déposé au Musée de l'Académie de Philadelphie. - L'animal a été pris d'abord pour une megaptera
à mains courtes. Le professeur Cope pense nue c'est la Balœnoptera latiri ps,
BALENOPTERES. 201
l'Elbe, dans la Zuiderzée et sur la côte d'Ecosse à l'embouchure de la Clyde;
M. Sars a constaté sa présence aux îles Loffoden, et le professeur Malmgren as-
sure qu'on le rencontre fréquemment à l'est de Finmark (I).
Il existe à notre connaissance deux dessins de cet animal faits d'après nature :
le premier a été fait d'après l'animal échoué dans la Zuiderzée, en 481-1, et se
trouvait entre les mains du professeur Van Breda ; nous ignorons le nom de celui
qui en a fait l'acquisition après la mort de Van Breda. Le second a été exécuté par
VonMathiesen, à Hambourg, en 1819, d'après l'animal du Hollstcin, et a été repro-
duit dans la Zoologie médicale de Brandt et Ratzeburg (Tab. XV, Fig. 5).
Le squelette et la tête surtout ont été dessinés plusieurs fois. — Nous le trou-
vons d'abord dans le Mémoire de Rudolphi, et c'est de ce Mémoire que Cuvier a
pris le dessin de la tète, qu'il a figurée dans ses recherches sur les ossements fos-
siles.
Le squelette du même animal a été figuré ensuite dans Brandt et Ratzeburg
(PL XVI, Fig. 4-2), puis par Pander et d'Alton, qui ont reproduit également la tête
séparément, le sternum, le membre pectoral et l'os hyoïde.
Le docteur Gray a reproduit également dans son catalogue la figure de la tète
du même animal, ainsi que la première côte.
Les musées qui renferment des ossements de cette Balénoptère, sont : celui de
Berlin, qui possède le squelette décrit par Rudolphi ; celui de Leyde, qui possède
le squelette de l'animal de Moniken Dam, qui a été préparé sous la direction de
Reinward; le musée de Bergen comprend deux squelettes de cette espèce : l'un
provient des îles Loffoden et a été donné par le docteur Daniellsen, l'autre pro-
vient de l'animal qui a échoué dans le voisinage de Bergen, en 4 865. Le musée
royal de Bruxelles possède le squelette envoyé du cap Nord à Eschricht.
(1) Le professeur V. Bacr m'informe qu'il a rapporté une tète de Balénoplère de ces parafes qui se trouve
aujourd'hui au musée de Saint-Pétersbourg; nous avons tout lieu de croire qu'elle appartient à cette
même espèce.
2t>
202 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
Le musée du collège royal des chirurgiens possède des mandibules, des vertè-
bres, des côtes et des omoplates de deux individus distincts, d'origine inconnue et
qui appartiennent évidemment à celte espèce.
Au musée de Cambridge, se trouve une tète et une omoplate d'un animal échoué
à l'embouchure de la Clyde, et que nous ne pouvons nous empêcher de rapporter
à cette même espèce, quoique les principales pièces du squelette manquent.
Le squelette qui a été envoyé par le musée de Leyde au musée de Paris, et que
nous avons examiné dans les magasins du Muséum, ne portait aucune indication
d'origine, et provient, nous semble-t-il, également de cette espèce.
SQUELETTE.
Cette description est faite d'après un squelette que nous avons reçu du cap Nord,
par l'entremise d'Eschricht. — La tète était encore entourée de la peau, ainsi que
les nageoires, de manière que nous avons pu voir toutes les pièces en place. Mal-
heureusement le sternum et le bout de la queue étaient perdus.
Il n'est pas inutile de faire remarquer qu'Eschricht, en me proposant décéder ce
squelette, m'écrivait : La Pteroôakine a malheureusement perdu une dizaine de ses
vertèbres caudales, mais c'est un bel exemplaire d'une espèce assez rare, probablement
la même gui se conserve à Berlin. Ces animaux [y compris un squelette de Balwnoplera
rostrala) ont été pris entre le cap Nord et la mer Blanche, donc à la pointe la plus sep-
tentrionale de l'Europe.
La tête, tout en se rapprochant plus de la Balwnoplera musculus que de la Balœ-
noptera rostrala, en diffère cependant par quelques particularités qui ne sont pas
sans importance; ainsi, les os intermaxillaires dépassent notablement les maxil-
laires en avant et en arrière; ils forment une doublure aux maxillaires jusqu'au
frontal, sans cesser d'être parfaitement distincts à l'extérieur et d'occuper une lar-
geur assez notable.
Le frontal est beaucoup moins large a la base que dans le musculus, et son bord
antérieur se dirige presque transversalement du fond du maxillaire jusqu'au bord
libre de l'orbite.
Le frontal est surtout remarquable par sa partie sus-orbitaire qui est fort large.
BALENOPTERES. 203
Les os nasaux sont allongés, tronqués en avant et présentent à peu près la même
largeur dans toute leur étendue (-1).
En comparant les têtes du mustulus, du laticeps et du rostrata, et nous sommes
peut-être les premiers qui pouvons juger ainsi les pièces sous les yeux, nous
trouvons le rostre sensiblement plus effilé dans le rostrata et, vers le milieu du
rostre, nous voyons que les deux maxillaires sont un peu plus bombés; mais, ce
qui frappe le plus au premier coup d'œil, c'est la forme du frontal et le contour de
l'occipital.
Le frontal est, comme nous venons de le dire, fort large à la base dans le muscu-
lus, et va en se rétrécissant à mesure qu'il approche de la cavité orbitaire. — Le
bord antérieur de cet os est fort oblique d'avant en arrière, presque aussi oblique
que le bord postérieur qui est dirigé d'arrière en avant.
Le laticeps a l'os frontal moins rétréci vers la cavité de l'orbite, et, proportion-
nellement, moins large à la base.
Le rostrata nous montre ce même os presque aussi large au-dessus des orbites
qu'à sa base, où il se réunit en avant avec le maxillaire, eu arrière avec l'occi-
pital.
Le musculus a l'occipital très-étroit en avant et fort large en arrière; le bord pos-
térieur est fort légèrement ondulé.
Le laticeps a la partie antérieure plus large en avant et moins allongée, avec un
bord postérieur montrant une double échancrure. — Sous ce dernier rapport, le
musculus se rapproche plus du rostrata que de tout autre.
Le rostrata a un occipital terminé en pointe en arrière sans échancrure sur le
bord au-dessus du frontal, et avec un bord postérieur légèrement ondulé.
L'occipital est assez caractéristique : en avant, son bord est large et arrondi, et,
à la hauteur du bord postérieur du frontal, il montre une légère échancrure qui
divise cet os en deux portions assez distinctes. — Cet occipital est proportionnel-
lement peu étroit en arrière.
Son bord postérieur porte deux échancrures de chaque côté, et qui sont passa-
blement prononcées.
(1) La tête conservée au musée de Cambridge et qui provient d'un animal échoué à l'embouchure de
la Clyde (Ecosse) est également remarquable par les os propres du nez et les caractères du frontal. De
tout le squelette on n'a malheureusement recueilli que la tête et une omoplate.
204 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
La partie du temporal qui est visible en haut, est assez grande, mais moins mas-
sive que dans la rostrata.
Lorsque nous avons reçu ce squelette, les os de la tète étaient tous en place et
une partie de la peau les enveloppait encore. Le palais avait conservé en avant
quelques fanons qui indiquaient leur réunion avec ceux du côté opposé. Ces fanons
sont de couleur pâle.
Les plus avancés vers la pointe du rostre sont comme des soies, même à leur base,
et mesurent au plus trois centimètres en longueur. — Ils augmentent assez rapide-
ment, d'avant en arrière, en longueur et en largeur. A quelques centimètres du
bout du rostre, on voit des lamelles d'un centimètre de largeur.
M. Flower a mesuré le squelette de MonikenDam,dumuséede Leyde, et trouve:
Longueur du crâne 6',7", longueur totale du squelette 29', 7". Il est à remarquer
que l'animal est encore jeune.;
La colonne vertébrale est complète, sauf les toutes dernières vertèbres, qui ont
été perdues.
La région cervicale a ses sept vertèbres ordinaires, la région dorsale quatorze, la
région lombaire quinze et la région caudale également quinze. — Cette dernière
région n'est pas complète; les dernières vertèbres manquent. A en juger par la
Balxnoptera rostrata, nous estimons qu'il y aune longueur de M centimètres
environ qui manque. — Et comme dans la Balœnoptera rostrata on trouve sur
cette longeur quatre ou cinq vertèbres, nous estimons qu'il n'y en a que quatre ou
cinq qui font défaut, ce qui élève le nombre total à cinquante-cinq ou cinquante-
six.
Lscbricht croyait qu'il manquait le double ; il jugeait d'après la Balxnoptera
musc u lus.
Il en existe cinquante-trois dans le squelette de lîerlin et, selon toute pro-
babilité, les trois dernières manquent comme ici.
Dans le squelette de Leyde, qui est complet, nous en avons cinquante-cinq ou
cinquante-six. — M. I lowcr dit cinquante-cinq, mais en considérant les deux
dernières connue soudées ensemble.
Nous avions supposé d'abord que les vertèbres de toute la nageoire caudale
manquaient et qu'il fallait ajouter, au nombre existant, celles qui logent habituel-
lement dans cet organe, — mais ce nombre est loin d'être le même dans les
BALÉNOPTÈRES. 205
diverses espèces. — Nous en avons trouvé sept dans la Bafwnoplera rostrata, et
le double, si nous ne nous trompons, dans la Batsenoptcra musculus. Il y en a
dix-sept dans la Batsenoptera Sibbaldii. — Nous aurions dû ajouter au moins sept
vertèbres, si toutes celles qui logent dans la nageoire font défaut. — En examinant
de près, on voit toutefois que ce n'est pas toute la nageoire qui a été perdue et
nous ne croyons pas être loin de la vérité, en estimant le nombre de vertèbres
qui manquent, à quatre.
Les vertèbres ont toutes leurs épypbyses encore séparées.
Les sept cervicales sont, comme on le pense bien, complètement séparées.
L'atlas et l'axis sont celles qui ont le corps le plus épais; l'atlas a un diamètre de
6 1/2 centimètres, l'axis d'un centimètre de moins et les trois vertèbres suivantes
de cette région ne mesurent plus que 5 4/2 centimètres. La dernière cervicale a
presqu'un centimètre de plus que les autres.
Ces vertèbres diffèrent entre elles surtout par les apophyses transverses. L'axis a
les deux bouts réunis comme la suivante, de manière que ces vertèbres possèdent
chacune un anneau vertébral complet. Les trois vertèbres suivantes ont leurs
apophyses transverses supérieures et inférieures séparées, et la septième cervicale
n'a plus que l'apophyse transverse supérieure.
Dans le squelette de Berlin, l'axis seul a un anneau complet, et dans celui de
Leyde les apophyses transverses supérieures et inférieures sont écartées encore
depuis l'axis inclusivement jusqu'à la sixième cervicale. — Le squelette du musée
de Bruxelles est donc de tous les trois le plus avancé sous ce rapport.
Au musée du Collège des chirurgiens, on trouve une première côte avec un atlas,
un axis et quelques autres os d'un animal adulte, dont l'origine est inconnue. —
Ces os ont été achetés chez un marchand. — L'axis est fort remarquable par le
grand développement de ses ailes et la petitesse du trou vertébral, qui n'est pas
plus grand que le trou rachidien.
La première vertèbre dorsale a la même épaisseur à peu près que la dernière
cervicale; elle mesure 50 millimètres; la seconde 60 à peu près; la troisième
dorsale 70; la quatrième près de 80 et la cinquième dorsale environ 95 ou
100 millimètres. Les vertèbres suivantes augmentent toujours en diamètre
jusqu'au milieu de la région caudale, en comptant pour vertèbres caudales toutes
celles qui portent ou sont suivies de celles qui ont un os en V.
206 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
Les apophyses transverses s'allongent insensiblement, depuis la première
dorsale jusqu'à la vingtième de cette région, puis leur longueur diminue lente-
ment. La plus longue apophyse transverse mesure 21 centimètres. — L'apo-
physe épineuse supérieure de cette même vertèbre a 51 centimètres de long.
En approchant de la région caudale, ces apophyses transverses continuent à se
raccourcir jusqu'à ne plus mesurer que \\ centimètres; mais en perdant en lon-
gueur elles gagnent en largeur.
L'atlas ne nous offre rien de particulier si ce n'est son épaisseur. L'axis a les
deux ailes transverses très-développées. — La première et la seconde dorsale sont
fort remarquables par la largeur extraordinaire de l'arc qui présente à son bord
antérieur des espèces de digitations que nous ne voyons dans aucune autre vertèbre.
On remarque généralement, surtout chez les cétacés qui ont un petit nombre
de vertèbres, que le diamètre du corps de la vertèbre augmente à commencer des
premières dorsales. — C'est ainsi que nous voyons la septième dorsale s'étendre
d'un centimètre sur les précédentes, la huitième et la neuvième gagner chacune
autant sur celle qui la précède, tandis que la dixième et les suivantes restent à peu
près stationnaires. La quatorzième gagne de nouveau un centimètre sur la
précédente et la vingt-quatrième trois centimètres, ce qui fait que le corps de
cette dernière mesure vingt-sept centimètres de diamètre.
Le corps de la première caudale mesure dix-neuf centimètres de diamètre, son
apophyse épineuse vingt et une et son apophyse transverse onze:
Delà quarante-quatrième vertèbre, qui mesure en hauteur dix-huit centimètres
il y a une diminution assez rapide, au point que la quarante-cinquième n'en
mesure plus que quinze.
La cinquante et unième vertèbre, c'est-à-dire, la dernière qui est conservée,
à une hauteur de cinq et demi à six centimètres, et sa largeur l'emporte à peu près
de deux centimètres sur sa hauteur.
On voit que cette dernière vertèbre a été coupée par un coup de hache.
Les os en V sont au nombre de dix dans le squelette de Leyde. — Nous en
trouvons quinze indiques dans le squelette gravé de Pander et d'Alton.
Les côtes sont au nombre de quatorze (1). — La première est comme toujours
la plus courte et la plus large.
(1) Un squelette à net^on n'a que treize paires de côtes.
BALÉNOPTÈRES. 207
Comme nous l'avons fait observer plus haut, les os étaient entourés encore de
chair et de ligaments desséchés, lorsque ce squelette nous est arrivé. Je recom-
mandais donc spécialement à mon préparateur de bien soigner les os et surtout la
première paire de côtes. — Au bout de quelques jours, il vint me montrer un os
distinct accolé à la première côte, et logé dans une gaine propre; il était allongé,
entièrement mobile, et je pus le détacher facilement. — C'était une côte rudimen-
taire complètement isolée, couchée sur la première.
Comme le montre la figure, cette côte rudimentaire ou cervicale est un os long,
comprimé et courbé comme une côte véritable, élargi à son extrémité supérieure,
effilé du côté opposé et légèrement bifurqué. — Tout l'os est plat et montre en avant
une espèce de col comme la côte qui la porte.
La première côte à gauche, en tout semblable à celle de droite, porte à la
même place une pièce osseuse, d'une forme fort irrégulière, qui est complète-
ment soudée avec elle. — C'est évidemment le rudiment de la côte supplémentaire
du côté opposé, qui s'est complètement confondu avec l'os (1).
Nous trouvons ainsi une côte supplémentaire, couchée sur la côte véritable à
droite, et, à gauche, une pièce complètement souciée qui fait corps avec l'os. — Ici
c'est le côté gauche qui semble plus avancé que le côté droit, contrairement à ce
que l'on voit ailleurs, quand les deux moites ne se développent pas de la même
manière.
Au musée du collège royal des chirurgiens à Londres, nous avons vu la première
côte de deux individus différents, qui sont régulièrement biceps, c'est-à-dire qu'en
haut, elles sont véritablement comme fendues, et à peine un des bouts est-il plus
développé que l'autre. — La côte du plus jeune est à peine plus large en bas qu'en
haut, tandis que celle de l'adulte est considérablement élargie du côté du sternum.
— On dirait que, dans le premier cas, une côte supplémentaire est venu se souder
à la première, tandis que, dans le second cas, on dirait deux premières côtes
réunies.
Les côtes qui suivent la première ont presque le double de la longueur de celle-
ci. — Les cinq premières sont notablement plus larges que dans la BaUenoplcra
(1) Rudolphi avait déjà l'ait l'observation que la première côte est double ou biceps et ajoute : on dirait
une des fausses côtes de la dernière vertèbre cervicale unie avec la première côte thoracique.
208 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
rostrata. — La quatorzième qui est la dernière est beaucoup plus mince que les
autres, mais elle n'est pas moins longue qu'elles. — Schlegel fait observer que dans
le squelette de Leyde cette dernière était logée dans les cbairs et se serait proba-
blement perdue si le squelette n'avait été préparé avec soin. — C'est sous la direc-
tion de Reinhardtque cette préparation a été faite.
M. Flower n'indique que treize côtes dans le squelette do Leyde.
Les troisième, quatrième et cinquième côtes portent un prolongement cervical,
mais peu développé.
L'omoplate présente les caractères ordinaires du genre, mais nous trouvons son
apophyse acromion fort large et très-allongée. — Le coracoïde par contre est com-
parativement peu développé. — Ce même caractère, nous l'avons trouvé dans
l'omoplate isolée qui a été trouvée à l'embouchure de la Clyde et qui se trouve
avec la tète du même animal au musée de Cambridge.
Comme les nageoires étaient encore entourées complètement de leur peau, lors
de leur arrivée à Louvain, nous pourrons donner une description complète des os
et de leurs rapports. INous avons reçu en même temps et dans les mêmes condi-
tions un squelette de Balœnoptera rostrata, ce qui nous a permis de les décrire com-
parativement.
Le membre a presque la même longueur dans les deux cétacés qui ne diffèrent
pas beaucoup de faille; mais il y a entre eux une différence d'âge : l'un est fort
jeune, l'autre est presque adulte.
Le membre antérieur du borealis est plus long de quelques centimètres et cette
longueur ne provient ni du bras, ni de la main, mais des deux os de l'avant-bras,
qui sont, non-seulement plus larges que dans le rostrata, mais qui sont en même
temps moins massifs.
L'humérus nous semble aussi comparativement un peu plus délicat.
11 n'y a que quatre doigts dans tous les deux. Le pouce n'a aucune pièce solide.
Le carpe a cinq os dont trois comme à l'ordinaire pour le procarpe, deux pour
le mésocarpe.
Le doigt interne est le plus court; outre l'os métacarpien il n'a que trois pha-
langes.
Le doigt suivant atteint presque le bout de la nageoire; le métacarpien est assez
fort et il est suivi de cinq phalanges.
BALÉNOPTÈRES. 209
L'annulaire est le plus long, touten ne différant pas du précédent :— Il comprend
les phalanges les plus fortes, y compris le métacarpien. Outre celui-ci il y a égale-
ment cinq phalanges dont la dernière est encore assez large.
Le petit doigt a trois phalanges comme l'index.
BALŒNOPTERA S1BBALDII
Pl. XII et XIII, Fig. 25-3Zi.
Camper, Observations anatomiques sur la structure intérieure et le squelette de plusieurs espèces de cétacés,
Paris, 1820.
Flower, On Physalus Sibbaldii, Proc. Zool. Soc, 1865,
J.-E. Gray, Catalogue of seals and whales, London, 1866.
A. W. Malm, Nagra blad om Hvaldjur i allmànhet, och Balœnoptera carolinœ isynnerhet. Goteborg, 1866.
A.-W. Malm, Monographie illustrée du Balénoptère, trouvé le 29 octobre 1865 sur la côte occidentale de
Suède. Stokholm, 1867.
J. Reinhardt, Nogle Bœmarkninger om lslœndernes Steypireydr, Videnskab. meddels. f. d. naturh.
Foren., 1867, n" 8-11. Kiobenliavn, 1868.
W.-H. Flower, On the probable identity of the Fin-whales, described as Balœnoptera Carolinœ. Proc. Zool.
Soc, mardi, 1868.
Sophus Hallas, Optegnelser om nogle paa et Hvalfangsl-Tog Vidensk. medd.fra den naturhist. Foren.
for 1867.
Quoique Camper ait fait mention de cette espèce sous le nom de Steipcreidar,
ce n'est que dans ces dernières années qu'elle a été établie sur des caractères
positifs tirés surtout du squelette.
En 4847 un squelette de 50 pieds, conservé au musée de IIull et provenant
d'un jeune animal, attira l'attention du docteur Gray, qui lui donna le nom
spécifique de Sibbaldii.
27
210 SQUELETTE UES CETACES.
Lesson, dans son histoire naturelle des cétacés, après avoir parlé de la Balénop-
tère du Nord qui a échoué sur la côte du Holstein en -1819, fit mention d'une
femelle de o\ pieds de long, qui fut jeté sur les sahles de l'île d'Oleron, le \ 0 mars
4827; elle portait M vertèhres dans les lohes de la nageoire caudale, lui écrivit
M. Sonty, son sternum était petit et plat et dans la colonne vertébrale il comp-
tait 65 vertèbres au moins. — Ces caractères nous font supposer que ce squelette
appartient à la même Bulœnoptcra Sibbaldii (F). — Malheureusement les os n'ont
pas été conservés.
Dans une visite faite à Utrecht en 1864, M. Flower fut frappé des caractères
remarquables qu'il observa dans un squelette qui faisait partie de la collection de
Lidth de Jeude, et comme il ne put l'identifier avec aucune espèce connue, il lui
donna le nom spécifique de Latirostris. — Ce squelette était en effet remarquable
par la largeur du rostre, la forme singulière du sternum, le nombre de vertèbres,
la coalescence tardive des épiphyses, etc. etc.
Peu de temps après, M. Flower reconnut que le squelette de la collection de
Lidth de Jeude appartient à la même espèce que celui de Hull, auquel Gray avait
donné le nom de Sibbaldii.
Le 29 octobre 1865, une Balénoptère de grande dimension vint échouer sur la
côte occidentale de Suède, non loin de Gothenburg et fut acquise pour le musée
de cette ville. — Le superintendant du musée, M. Malm, en fit l'objet d'une étude
suivie, et, croyant l'animal nouveau pour la science, il proposa le nom de
Balwnoplera Carolinx pour ce nouveau mysticète.
Le professeur Lilljeborg, ayant eu l'occasion de voir ce squelette, le regarda
non comme une espèce nouvelle, mais comme une Bulœnoptcra musculus, ce qui
évidemment n'est pas.
Au-si MM. Flower et Reinhardt ont émis leurs avis peu de temps après, et con-
sidèrent avec raison la Baleenoptera Curolinœ, comme synonyme de Balsenoptera
Sibbaldii. — C'est le même animal, dit le professeur Reinhardt, que les Islandais
désignent sous le nom deStcypircyilr.
Fn I SOT, une tête 'le Balénoptère fut apportée à Copenhague provenant de la
(1) Le docteur Fischer est aussi d'avis que cet animal est un Sibbaldii.
BALENOPTERES. 211
pêche des Vinnûsch en Islande. — Le professeur Reinhardt, frappé de la forme
extraordinaire de cette tète, ne sut d'abord à quelle Balénoptère la rapporter,
mais, aussitôt qu'il eut fait la comparaison des espèces établies, il reconnut que la
tête du Steypireydr n'est autre chose'que la Balœnoptera Sibbaldii de Gray, ou la
Balœnoptera Latirostris de Flower. — Le crâne a au delà de -17 pieds et l'animal
doit avoir eu plus de 70 pieds de longueur, m'écrivit le savant professeur de
Copenhague.
Holbôll, pendant son séjour au Groenland, a pu recueillir quelques bonnes
observations sur cet animal. — On ne le chasse guère, dit le savant gouverneur
du Groenland, ses fanons sont courts et sans usage et il donne peu d'huile. —
Du reste, ajoute-t-il, sa pêche est difficile quoiqu'il soit peu farouche et qu'il
côtoie très-souvent les embarcations. — C'est le mysticète le plus facile à observer
sur la côte du Groenland, dit-il.
Il se distingue par les caractères suivants :
Le rostre est fort large, surtout vers le milieu de sa longueur; les os propres du nez
sont très-volumineux; les palatins sont fort étendus en largeur; l'apophyse coronoïde
est haute et pointue; les vertèbres sont au nombre de 64; les cervicales et les dorsales
sont fort massives; les côtes sont au nombre de -16; le sternum est court et large; les
métacarpiens et les phalanges sont comparativement longs.
Les fanons sont courts et fort larges à leur base ; leur couleur est foncée. La nageoire
dorsale est peu élevée, pointue, courbée et rapprochée de la nageoire caudale. — Les
nageoires pectorales sont longues et pointues. — La peau, est d'un brun foncé tirant sur
le vert. — Des poils au nombre d'une trentaine sont placés an menton dans un espace
circulaire [Malm).
Syn. Physalus Sibbaldii, Gray.
Physalus Latirostris, Flower.
Balœnoptera Carolinœ, Malm.
212 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
Tunnolik desGroënlandais (I).
Steypireydr, des Islandais.
Su/phur Botiom des baleiniers anglais.
Holboll leur accorde de GO à 80 pieds (2).
L'animal de Gotbenburg, qui est jeune comme celui de Hull et celui d'Utrecht,
mesure 54 pieds à peu près.
Reinbardt estime, que l'individu dont il possède la tète avait au moins 70 pieds.
Les baleiniers anglais accordent 90 pieds à leur Sulpbur Bottom.
Comme le fait remarquer M. Flower, ce sont les espèces bien connues qui
doivent nous renseigner sur les limites des variations que présente chacune d'elles;
nous connaissons trop peu d'individus pour désigner positivement la taille, mais
nous en savons assez pour leur en accorder une très-grande.
Cette espèce ne loge pas plus de cirripèdes que les autres Balénoptères sur la
peau, mais à l'intérieur elle nourrit un Ecbinorbynque nouveau, qui d'après
M. Malm, ressemble à l' Echinorhynchus porrigens de Rudolpbi. — 11 lui donne le
nom de Echynorhynchus ôrevicollis.
D'après Holboll, sa nourriture principale consiste en malotus arcticus.
C'est lemysticète le plus abondant sur les côtes d'Islande: M. Sopbus Ilallas l'a
observé dans ces parages depuis le 21 avril jusqu'au milieu de septembre. — C'est
lui qui parait le premier. — Il en a constamment observé entre G5°/i0' et G6c/20'
latitude. — Au printemps on le voit apparaître en abondance dans la partie
méridionale du Groenland, puis pendant l'été dans la partie septentrionale, d'après
Holboll.
(1) Le professeur Reinhardl vient de démontrer que le Tunnolik des Groënlandais est le Steypireydr
deslslanil.ii mi la Ualœnopicra Sibbaldii des ailleurs. Eschricht croyait que le Tunnolik correspondait
u la Ualœnopicra (jitjas, c'est-à-dire au musculus.
(2) Cette belle balénoptère est évidemment la plus grande de toutes celles du Groenland, dit
Holboll.
I5ALEN0PTÈRES. 213
11 n'y a que fort peu d'individus qui sont venus se perdre sur les côtes d'Europe:
le premier est celui dont le squelette est conservé au musée de la Société littéraire
et philosophique de Hull; le second est celui dont le squelette se trouvait dans le
cahinet Lidth de Jeude et qui est aujourd'hui au British muséum; le troisième est
un jeune mâle qui est venu se perdre sur la côte de Suède et qui a été étudié par
Malm ; enfin, le plus méridional paraît être celui dont parle Lesson, d'après
Sonty, qui est venu échouer sur les sables de l'Ile d'Oléron.
11 n'existe qu'un petit nombre de dessins de cette espèce ; le docteur Gray a
publié d'abord la figure de l'axis et de la cinquième cervicale; le professeur
Reinhardt a fait figurer ensuite la tête, l'os hyoïde, l'atlas et les os propres du nez,
mais c'est dans la monographie de M. Malm, que l'on trouve, indépendamment
des photographies, représentant l'animal sous différentes faces, diverses parties
du squelette : les sept cervicales vues de profil avec les trois premières dorsales,
l'atlas et l'axis vus de face, l'os hyoïde, l'extrémité supérieure des côtes et la
nageoire pectorale.
SQUELETTE.
La tête et surtout le rostre s'éloigne des autres Balénoptères par sa largeur et
sa convexité ; elle se rapproche sous ce rapport de celle des Mcgaptera. — Les os
nasaux sont remarquables par leur largeur et leur brièveté. — Les os palatins
sont également fort larges. La mandibule ne se fait remarquer que par son
apophyse coronoïde qui est un peu plus élevée et peut-être un peu plus pointue
que dans les espèces voisines.
La caisse tympanique a tous les caractères du genre et ce n'est qu'en la com-
parant attentivement avec les autres qu'on pourrait la distinguer. — Elle a 13
centimètres de long; l'apophyse externe du rocher en a 24 et l'antérieure \\.
(Tête du British Muséum.)
214 SQUELETTE DES CETACES.
De tous les inysticètes c'est celui dont la coloune vertébrale compte le plus
grand nombre de vertèbres : nous en trouvons 64, dont7 cervicales, 4 6 dorsales,
45 lombaires et 26 caudales (I).
De toutes les vertèbres du cou, l'axis seul a ses apophyses trausverses réunies en
cercle à l'âge adulte.
Dans le squelette de Gotheubourg, comme dans celui du British Muséum, les
ailes de cette vertèbre sont très-peu développées et, dans ce dernier squelette, les
apophyses ne se touchent pas encore pour former l'anneau. — Dans le squelette
de Gotheubourg ces apophyses sont rapprochées mais on voit encore leur
soudure.
De la troisième à la septième vertèbre il y a fort peu de différences. — C'est
la dernière qui est la plus forte après l'axis.
La septième cervicale montre à la place occupée par l'apophyse transverse
inférieure, un mince tubercule.
Le corps de toutes ces vertèbres cervicales est comparativement mince.
Dans le squelette du British muséum une des vertèbres cervicales est malade
et présente le même aspect que les vertèbres caudales du mysticctus de Bruxelles.
Les apophyses transverses inférieures de la troisième à la sixième cervicale vont
en diminuant, et leur extrémité reste à une grande distance du bout de l'apo-
physe transverse supérieure.
L'apophyse transverse supérieure de la septième cervicale est beaucoup plus
forte que les autres et se dirige d'arrière en avant et de dedans en dehors.
La septième cervicale n'a pas d'apophyse transverse inférieure.
L'apophyse épineuse de l'axis est fort étendue d'avant en arrière puis elle va en
diminuant jusqu'à la cinquième cervicale. Les arcs neuraux de ces vertèbres
se couvrent les uns les autres; à la sixième cervicale, l'apophyse épineuse, dirigée
d'arrière en avant s'élève au-dessus des précédentes comme la septième, qui s'é-
lève à la même hauteur et suit la même direction.
L'apophyse inférieure de la septième cervicale est surtout très-courte du côté
droit. A gauche elle a une hauteur égale à la longueur du corps de la même ver-
(1) Les verU-bres sont au nombre de soixante-quatre dans les deux squelettes de Hullet du British
muséum.
BALÉNOPTÈRES. 215
tèbre, dit M. Malm. Dans la photographie qu'il a joint au texte nous ne trouvons,
au moins à droite, aucune apparence d'apophyse, pas même de tubercule.
Les os en V sont au nombre de dix-neuf; les deux premières et les dernières
sont séparés sur la ligne médiane.
Les vertèbres dorsales sont très-massives tant par le corps que par les apophy-
ses; à commencer de la première dorsale, l'apophyse épineuse supérieure s'élève
insensiblement et prend un développement de plus en plus grand d'avant en ar-
rière. — Les apophyses transverses des deux premières sont fortes, mais ce sont
surtout celles de la troisième dorsale qui prennent brusquement un développe-
ment excessif. — Leur grand développement donne une physionomie particu-
lière à cette région.
M. Flower fait remarquer que les deux dernières vertèbres sont semblahles et
sont toutes les deux fort aplaties, mais celle qui les précède, change brusquement
de dimension dans tous les sens; si l'on ne rencontrait pas la même disposition
dans les deux squelettes, on supposerait qu'il manque une vertèbre.
Les côtes sont au nombre de seize dans le squelette de IIull; c'est le chiffre
le plus élevé que l'on connaisse. — Le squelette de Gothenbourg n'en a que 45;
il y en a peut-être une qui est restée dans les chairs.
La première côte n'est pas biceps en haut, mais elle se distingue par son côté
sternal qui est excessivement large. Comme toujours elle est plus courte que les
autres.
La sixième et la septième côtes sont les plus longues.
C'est la troisième et la quatrième qui présentent en haut un rudiment de col;
la première n'en offre pas d'apparence.
Le sternum est plus large que long et son ossification est fort tardive.
L'omoplate a comme les autres espèces, son diamètre antéro-postérieur très-
développé, unacromion volumineux mais un coracoïde beaucoup moins fort.
L'humérus est proportionnellement fort court, et présente sur sa face inférieure
une forte échancrure au milieu. — La tète est très-grosse.
Le radius a le double de la largeur du cubitus.
Les os carpiens sont au nombre de trois au procarpe : le radial, l'intermédial et
le cubital, et de deux au rnésocarpe; ils montrent fort peu de différence entre eux.
Les métacarpiens sont fort allongés comme les phalanges. M. Malm a compté
216 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
ces os parmi les phalanges. C'est pourquoi le nombre de phalanges qu'il accorde
aux doigts est plus élevé que dans les autres.
L'index a quatre phalanges, le médian six ou sept, l'annulaire cinq ou six et le
petit doigt, trois.
Dans le squelette de Hull nous trouvons : 4, 6, 5 et 5, dans celui d'Utrecht, 4,
5, 5 et 5, dans celui de Gothenbourg, en déduisant les métacarpiens, 4, 7, 6 et 5.
— Dans les deux premiers squelettes les os des phalanges sont réunis artificielle-
ment, dans le dernier ils sont restés en place.
BAL/ENOPTERA SWINHOEI
J.-E. Gray, Short aceount of part of a skeleton of a finner whale, sont )jy M. Swinhoe froni the coast of
Formosa. (Proceed. Zool. Soc, 18G.'J, p. 725. Ami. nul. hist., 1865.)
Nous venons de faire connaître quatre espèces de Balénoptères propres au
nord de l'Atlantique. — Il est à supposer qu'il en existe également plusieurs
au sud de l'Atlantique comme au nord et au sud du Pacifique; cependant on n'en
possède guère d'ossements dans nos musées, et nous n'avons généralement d'autres
indications que quelques dessins grossiers faits à la hâte ou des observations fort
incomplètes faites en mer
Cuvier n'a connu aucun Rorqual en dehors de ceux qui vivent au nord de
l'Atlantique, puisque son Rorqual du Cap est une megaptera.
Lcsson dit avoir souvent rencontré des Balénoptères dans l'hémisphère sud cu-
ire les quarantième et soixante dixième degrés de latitude, mais 1rs faits positifs
sur lesquels on doit baser la connaissance des espèces, sont, de son propre aveu,
BALÉNOPTÈRES. 217
très-rares. Il cite tout au long l'observation de Quoy et Gaimard (I) qui ont vu
pendant leur séjour aux îles Malouines une balénoptère de l'espèce museau-pointu,
qui vint s'échouer sur les rochers de la baie française, et une autre morte dans
le détroit de Lemaire, reconnaissable aux nombreux plis de. son ventre pour être de
la même espèce.
A. de Chamisso a publié la figure de la plupart des grands Cétacés du nord du
Pacifique, parmi lesquels on reconnaît parfaitement des baleines véritables, des
mégaptères et des balénoptères, et il a joint à ces dessins les noms propres des
pêcheurs de ces parages ; malheureusement ces dessins ne doivent pas inspirer une
fort grande confiance, puisque nous voyons figurer le cachalot avec deux narines
séparées comme les mysticètes. En tout cas on y reconnaît trois balénoptères qui
portent les noms de Kuliomach, d'Abugulick et d'Agamachtschich, mais nous
ne savons si la Balsenoptera rostrata qui hante ces parages est comprise dans le
nombre.
De tout l'océan Pacifique septentrional on ne possède dans les musées européens
que les os que le consul d'Angleterre M. Swinhoe a envoyés de l'ile Formose au
British muséum et qui ont élé trouvés sur les côtes de celte île.
Ces os consistent dans une partie du crâne (la base et le maxillaire supérieur),
trois vertèbres cervicales, huit dorsales et huit côtes. — A en juger par l'état des
épiphyses, ils proviennent d'un animal adulte. Le docteur Cray estime sa longueur
à 60 ou 70 pieds.
Le docteur Gray a représenté la plupart de ces os; il a figuré l'axis avec la
troisième cervicale, puis la sixième cervicale, et la première dorsale vues de face
et de profil. — La Fig. 88 représente à tort les apophyses de droite non soudées,
et la Fig. 89 est renversée (2).
Une autre balénoptère des côtes du Japon est représentée au muséum du collège
médical de Calcutta par plusieurs ossements, mais qui ne sont pas suffisamment
connus pour qu'on ait pu en apprécier les caractères distinelifs : c'est le physahu
iwasii du docteur Gray.
On a vu également des balénoptères sur la côte occidentale de l'Amérique du
(!) Voyage autour du monde de la corvette VUranie, Partie zoologique, p 81.
(2) Catal., p. 383.
s 8
218 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
Nord, mais on ne sait pas positivement si elles appartiennent aux mêmes espèces
qui habitent la côte Est de l'ancien continent. MM. Lewis et Clark font mention de
balénoptères de cent cinq pieds qu'ils ont observées à l'embouchure de la Colomùia,
mais il est probable, pour ne pas dire plus, qu'il faudra en déduire au moins une
vingtaine de pieds.
Grâce à l'obligeance du docteur Gray, qui a bien voulu faire mettre à notre
disposition tout ce qui pouvait nous intéresser pour cette publication, nous avons
examiné les os de la Buhvnoplera Swinhoëi et nous avons pu juger par nous-
mêmes du degré d'affinité qui lie cette espèce aux autres balénoptères. Quoique
cet examen ait eu lieu dans les caves du Brilish muséum, à la lueur d'une lanterne
et que les os se trouvaient encore entassés dans des caisses, nous avons pu nous
assurer, que la base du crâne diffère notablement, si on la compare avec les espèces
du nord de l'Atlantique; l'occipital ainsi que le temporal et la région occupée
par les os de l'oreille ne nous offrent rien de particulier; l'apophyse externe
du rocher, qui présente souvent des caractères importants, est fort aplatie et
s'allonge notablement. Le maxillaire supérieur est tronqué en arrière le long du
frontal; il est bordé en dedans par l' intermaxillaire et se termine en avant comme
dans nos espèces.
L'axis est remarquable par la largeur et la grande étendue de ses ailes qui
sont tronquées au bout; le trou annulaire a à peu près la grandeur du canal
vertébral. — A gauche les deux apophyses, tout en formant un cercle complet, ne
in I passoudées ensemble; du coté opposé, c'est-à-dire à droite, la soudure est com-
plète. Le corps de cette vertèbre a un diamètre transversal de 2G centimètres;
i haque aile a, à peu près, la même longueur.
L'axis est soudé à la troisième cervicale par le corps, mais non par les
apophyses.
La troisième cervicale a ses deux apophyses à peu près également développées
avec une petite différence toutefois en faveur de la supérieure. Ces apophyses
se dirigent de dedans en dehors cl très légèrement de haut en bas. — Elles ont
presque la longueur du plus grand diamètre du corps de la vertèbre dont elle?
dépendent.
Le corps de la troisième cervicale mesure en hauteur 17 centimètres, en largeur
BALÉNOPTÈRES. 210
26 centimètres et demi; d'un bout à l'autre des apophyses transverses de l'axis il y
a 85 centimètres.
Comme nous l'avons vu plus haut, certaines vertèbres du cou se réunissent
quelquefois, tantôt par le corps, tantôt par l'arc neural, et dans cette espèce nous
trouvons un nouvel exempledc cette réunion parle corps. La seconde et la troisième
cervicale sont en effet soudées comme dans quelques individus de la Bakenoplera
roslrata. — M. le docteur Gray considère celte soudure comme un caractère du
genre, mais, à notre avis, on ne doit y voir, comme nous l'avons dit plus haut,
qu'un effet individuel. On ne la trouve que dans un certain nombre de squclcllcs.
La cervicale que le docteur Gray regarde avec raison comme la sixième a une
apophyse transverse supérieure fort longue, correspondant à peu près au grand
diamètre du corps de la \ertèbre et se dirige directement en dehors en s'incli-
nant fort légèrement vers le bout.
Les apophyses transverses inférieures ne méritent que le nom de tubercules.
La première dorsale est remarquable par son apophyse transverse qui est très-
forte, tres-élargie et qui s'étend de haut en bas et d'avant en arrière; l'apophyse a
a peu près une longueur égale au diamètre vertical du corps de la vertèbre.
.M. Gray trouve que ces os ressemblent en général à ceux de la Balœnoptera
musculus et il pense que l'animal dont ils proviennent avait une longueur de
GO à 70 pieds. Le savant directeur du muséum britannique trouve en eux des ca-
ractères des Physalus et des Balœnoptera.
220 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
BAL.ENOPTERA SCHLEGELII
Pi.. XVI.
//. Flower, notes on the skeletons of whales in the principal muséums of llolland and Belgium. (Proc.
Zool. Soc , 1864 )
J.-E. Gray, Catalogue of seals and whales, 1866, p. 178.
D'après les renseignements fournis par les naturalistes et ies voyageurs, la mer
«les Indes nourrit un grand nombre de balénoptères, mais los observations aux-
quelles elles ont donné lieu, sont en général vagues et incomplètes. Nous ne con-
naissons d'autres ossements, recueillis dans ces parages, que ceux du musée de
Leyde et peut-être une mandibule de la mer Rouge, conservée, si nous ne nous
(rompons, au musée du Caire.
En 18C4 le musée royal de Leyde reçut de Java un squelette de balénoptère
loi l remarquable, provenant d'un animal capturé sur la côte nord-ouest de cette
île. C'est à M. Flower que l'on doit la description de cet intéressant squelette.
Les caractères les plus saillants qui le distinguent sont :
Des os frontaux fort larges surtout dans leur portion sus- oùilaire, des os nasaux
longs fort étroits a leur base cl tronc/nés en avant; des côtes au nombre de I \, dont
In première est biceps; des vertèbres au nombre de 55.
Le squelette a 45 pieds de long. Comme nous venons de le dire, l'animal dont
il provient, a été pris sur la côte ouest de l'île de Java et, à en juger par l'élonne-
inent général que la vue du cadavre a produit sur les habitants de la côte, ces ani-
maux ne doivent pas être communs dans ces parages.
Cependant les balénoptères ne sont pas rares dans la mer des Indes, et on dit même
qu'on fait une chasse régulière à plusieurs d'entre elles, surtout aux iles Maldives
et aux iles Séclielles. — On trouve des balénoptères à l'est de l'Afrique depuis le
cap de Bonne-Espérance jusqu'au fond de la mer Rouge, sur les côtes de Ccylan
et de Malabar jusqu'au golfe Pcrsique, à l'ouest des iles de la Sonde, et dans
BALENOPTERES. 221
toute Tétendue de la mer des Indes. Mais nous ne savons à combien d'espèces
se rapportent ces balénoptères; on n'en connaît que les ossements dont nous
venons de parler et quelques autres qui sont conservés dans les musées de
Colombo et de Calcutta. «
M. Flower a joint à la description détaillée qu'il a donnée du squelette de
Leyde, le dessin de l'atlas, de l'axis, de la cinquième et de la sixième cervicales,
de la caisse tympanique, des styloïdes et du sternum.
A l'exception des dernières vertèbres caudales, du bassin, des os lacrymaux
et malaires ainsi que des os de la main, ce squelette est complot et fort bien
conservé.
L'état des epiphyses qui sont en partie soudées, indique que l'animal avait
atteint toute sa croissance.
Le savant directeur du musée du collège royal des chirurgiens de Londres fait
remarquer avec raison, qu'il existe une grande affinité entre cette espèce et la
BaLvnoptera ùorealis (I) du nord de l'Atlantique. M. Edward D. Cope croit avoir
reconnu récemment cette espèce sur les côtes de l'Amérique du Nord (2).
A notre avis cette balénoptère de Java est de toutes les espèces vivantes celle
qui se rapproche le plus des Plésiocètes de nos terrains tertiaires, tant par le
développement en longueur de la tète, que par la conformation des os des
membres.
SQUELETTE.
La tète a une grande ressemblance, comme du reste tout le squelette, avec
les balénoptères d'Europe et particulièrement avec la Balwnoptera ùorealis; ce qui
la distingue particulièrement, c'est la grande largeur de l'os frontal dans sa por-
tion sus-orbitaire, qui est toutefois moindre que dans la ùorealis; dans cette der-
(1) Nous entendons par Dalrenoplera borealis, non la grande espèce ii laquelle on a également donné
le nom de gigas et qui n'est qu'un grand musculus, mais a la petite espèce que le docteur Cray appelle
laiieeps.
(2) Proceed. oflhe Academy d'nat. sciences of Philadrlphia. Philpdelphia, 1866, septembre, octobre cl
novembre, n" 4, p. 297.
■222 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
^ nière il y a peu de différence sous ce rapport entre la base et son bord libre. Le
frontal s'étend très-largement en arrière par son angle postérieur au-dessus du
temporal.
^ Les os propres du nez, comme le fait remarquer M. Flower, sont fort allongés,
tronqués en avant, sans éebancrure sur leur bord libre et très-étroits à leur base.
Il y a moins de différence entre les deux extrémités de cet os dans la Balœnopterà
borealis, que dans l'espèce qui nous occupe.
/ L'occipital est beaucoup plus large à sa base que dans le borealis et nolabie-
fment moins étendu d'arrière en avant, de manière que la boile crânienne gagne
en largeur ce qu'elle perd en longueur.
• Le rostre est comparativement moins effilé que dans le borealis.
• Le maxillaire supérieur forme une courbe peu régulière autour du bord anté-
rieur du frontal.
Le maxillaire inférieur est comparativement massif, surtout du coté de sa sur-
face articulaire et par contre plus mince en avant; les trous moutonniers, au nom-
bre de huit, s'étendent tout près de l'extrémité antérieure. — L'apophyse coronoïde
est peu développée.
Les os palatins sont peu larges et se rétrécissent en avant du côté du maxillaire
au lieu de s'élargir. — En arrière ils se recourbent assez fortement en dehors.
Les os ptérigoïdiens sont fort larges à leur base et se terminent en arrière et
en dedans par une apophyse étroite.
La caisse tympaniquea été figurée par M. Flowcr avec les autres os et le docteur
Gray a reproduit ce dessin dans son catalogue des Cétacés. Elle a la forme ordi-
naire des Balénoptères, mais elle est comparativement petite; nous trouvons sept
millimètres de moins dans sa plus grande largeur que dans la borealis.
La colonne vertébrale a cinquante-quatre vertèbres réparties ainsi : sept cer-
vicales, quatorze dorsales, quatorze lombaires et dix-neuf caudales. — M. Flowcr
suppose qu'il y en a trois ou quatre qui manquent dans la région caudale ce
qui élèverait le nombre à cinquante-sept ou cinquante-huit. — Nous croyons
que c'est Irop. — A en juger par analogie, il ne manque qu'une ou deux vertèbres;
le nombre normal de la borealis, qui est l'espèce la plus voisine de l'Atlantique
septentrionale, n'est que de "">:> ou *Ki.
Les vertèbres de la région cervicale sont fort remarquables. — Les trois cervi-
BALÉNOPTÈRES. 223
cales qui suivent l'axis onl un large anneau complet, qui est comparativement petit
dans l'axis lui-même. Ces apophyses Iransverses Je la seconde vertèbre, qui
forment ses ailes sont fortement recourbées en arrière comme dans la borealis.
L'atlas a son apophyse supérieure tronquée en biais, aux dépens du bord anti-
rieur. — Les apophyses Iransverses sont fort larges à leur base.
L'axis est fort remarquable par le grand développement des apophyses trans-
verses et le peu d'étendue de l'orifice annulaire. — L'apophyse épineuse supérieure
est fort étendue d'avant en arrière vers le milieu de sa hauteur, puis elle se
penche en arrière pour se terminer en pointe au-dessus des cervicales suivantes.
Les trois vertèbres qui suivent l'axis, c'est-à-dire, la troisième, la quatrième
et la cinquième cervicale, ont une grande ressemblance entre elles, et ne diffèrent
guère que par l'orifice annulaire qui s'élargit de la première à la dernière. De
ers trois vertèbres, c'est celle du milieu qui a l'apophyse épineuse la plus courte
et la plus étroite.
La sixième cervicale a l'anneau presque complet et ses deux apophyses sent
fort étendues en dehors.
La septième cervicale n'a que son apophyse transverse supérieure, qui du reste
est très- développée, et descend jusqu'au bord inférieur du corps de la vertèbre.
L'apophyse épineuse est grande, large surtout à la base, et tronquée à son som-
met. Elle dépasse un peu en hauteur l'apophyse épineuse de l'axis.
Ces vertèbres diffèrent sensiblement des cervicales de la ôorealis, mais il est a
remarquer aussi que ce squelette de Java provient d'un animal adulte. .
11 y a quatorze cotes. — La première est franchement biceps et leurs deux
surfaces articulaires ont à peu près le même développement. — Elle a tout a iail
l'air d'être formée par la fusion de deux côtes. — Cette première côte est fort
large a son extrémité sternale et très-courte dans son ensemble. Dans hBalœnopterû
ùorealis, il n'y a que treize côtes, à moins qu'il y en ait une supplémentaire et
qui est égarée, comme on le voit dans certains squelettes.
Les trois côtes suivantes ont un prolongement cervicale rudimentaire et leur
surface articulaire est assez large.
C'est la cinquième côte qui est la plus longue.
Le sternum n'est pas sans ressemblance avec celui de la baUenoptera musculuv,
22i SQUELETTE DES CÉTACÉS.
il est toutefois moins allongé d'avant en arrière, ce qui le rapproche plus ou moins
du borealis du Nord.
L'os hyoïde présente la forme ordinaire, seulement les deux apophyses
antérieures qui donnent attache aux Styloïdes, sont passablement allongées et
présentent entre elles une forte échancrure. — En arrière on voit de môme deux
apophyses assez fortement développées.
Les styloïdes sont fort larges et montrent une courbure assez prononcée qui les
dislingue des autres balénoptères.
Ions ces os sont plus massifs dans l'espèce de Java que dans celles du nord de
1 Ulantique.
L'omoplate est très-développée dans son diamètre antéro-postérieur. — Cet os
présente la forme ordinaire propre au genre. — L'acromion est volumineux et
occupe le quart du grand diamètre de l'os, mais il est comparativement étroit et
fort peu courbé. — L'apophyse coracoide est distincte mais peu étendue en
longueur.
Le diamètre antéro-postérieur de l'omoplate est de '«0 pouces, le diamètre ver-
tical de 22 5/4, et la longueur de l'acromion de 10 pouces, d'après M. Flower.
L'humérus a les caractères des myslicètes vivants en général, mais en l'exami-
nant de près on voit cependant que par sa longueur comme par sa forme il se rap-
proche davantage de l'humérus des Ptésiocèfes; la tète de cet os est à peine plus
volumineuse que le corps, et il conserve la même épaisseur à peu près dans tous
les sens.
Le radius et le cubitus nous semblent comparativement moins longs (pie dans
les espèces vivantes.
M. Flower a soigneusement comparé ce squelette de Java avec ceux d'Europe,
et il reconnaît qu'il est difficile de déterminer les caractères par lesquels il diffère de
la Balsenoptera borealis. Ce que M. flower trouve de plus caractéristique, c'est que
la portion sus-oi hilaire du fionlal est plus étroite dans le crâne de Java que dans
la borealis d'Europe. — Nous croyons pouvoir ajouter que les os propres du nez
sont plus longs et plus étroits a la base dans la Balsenoptera Schlcgelii, et que l'occi-
pital est notablement plus large à la base, moins étendu en avant et ne présente
pas cette forme lobée dans la partie qui recouvre les os frontaux. — Nous trou-
BALÉNOPTÈRES. 2^5
vons des différences également dans le maxillaire inférieur, dans les vertèbres cer-
vicales et le sternum. Enfin les apophyses épineuses des dorsales et des lombaires
nous paraissent plus longues et plus fortes.
Il est inutile de faire remarquer, que le squelette de Java, qui indique une lon-
gueur au moins de 45 pieds, dépasse notablement la taille de la Batœnoptera
ùorealis ou laliceps, qui n'atteint pas au delà de 55 pieds, et qu'au lieu de 15 côtes
comme la Batœnoptera ùorealis, cette espèce en a 14.
BAL/ENOPTERA PATACHON ICA..
■*■>
JI. Barmeister, on a New W'hale [Balœnoptera palachonicà). Proc. zoot. soc, 1865, p. 190. — Ann. and
Magaz. Nat. hist., 1865.
./. E. Gray, Catalogue of Seals and Whales, London, 1866, p. 374.
Pendant leur séjour aux iles Malouines, Quoy et Gaimard ont vu, comme nous
l'avons fait remarquer plus baut, une balénoptère de l'espèce museau-pointu,
disent-ils [Balœna roslrata auslralis), échouer sur les rochers de la baie française,
après avoir essuyé plusieurs coups de feu. L'animal était de sexe mâle et avait
55 pieds de longueur.
Plusieurs petites balénoptères rôdèrent longtemps autour d'elle.
La longueur des nageoires pectorales était de 6 pieds; la largeur de la na-
geoire de la queue, de L5 pieds.
Dans le détroit de Lemaire, ils virent également une baleine morte qu'Us recon-
nurent aux nombreux plis de son ventre pour être de la même espèce.
On cite également de nombreuses balénoptères dans les parages du cap Horn et
on en vit plus de trente autour du navire à l'époque du voyage de Forster.
Les balénoptères doivent être très-abondantes sur quelques points de la côte
de l'Amérique méridionale, puisqu'il y a des fanons, d'après ce que nous apprend
le docteur Gray, qui sont connus dans le commerce sous le nom de Balita fumer .
9 9
:2Î6 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
Nous avons entre les mains un dessin fait au Brésil d'après nature par le comte
de Castelnau, qui représente une palissade faite de mandibules de ces cétacés.
Ces mandibules sont fichées en terre comme on faisait autrefois en Hollande
avec les mandibules des baleines franches, à l'époque où la pêche du Groenland
était florissante.
La côte occidentale d'Afrique n'est pas moins riche en balénoptères : pendant
tout un temps on a été chercher des ossements de ces animaux pour la fabrica-
tion de guano artificiel. — Nous avons vu en LS46 une goélette chargée exclusi-
vement d'ossements de ces cétacés, dans le port de Liverpool. — On voyait que
ces os avaient été longtemps exposés à l'action du soleil et de la marée.
C'étaient surtout des vertèbres. Le nom de Whale Bay indique du reste que
ces animaux doivent être, ou avoir été fort communs dans ces parages.
A. Smyth parle d'un animal de 93 pieds de longueur, qui aurait été capturé
dans Table Day (I).
Verreaux a observé des balénoptères sur la côte d'Afrique, portant les fanons
en dehors du maxillaire inférieur, et il était parvenu à persuader quelques natu-
ralistes à Paris, que tous les mysticètes, même les vraies baleines, portent ainsi
leurs fanons.
Ainsi les balénoptères ne sont pas rares dans l'Atlantique méridionale, ni sur la
côte ouest d'Afrique, ni sur la côte est d'Amérique, mais si on en excepte les
derniers travaux du docteur Burmeister, toutes les observations qui les concernent
sont superficielles, vagues et incomplètes. Aussi nous bornerons-nous à faire
mention des balénoptères dont les ossements sont" conservés au musée de
Buenos- Ayres.
En LSG3, à la séance du \\ février, le docteur Gray communiqua à la société
Zoologique de Londres, une lettre du docteur H. Burmeister, datée de Buenos-
Ayrcs, dans laquelle ce savant fit connaître une balénoptère nouvelle, fort remar-
quable surtout par la conformation du rostre. — On ne peut s'empêcher, en
regardant la figure de la tète, qui est représentée de face, de songer à la
Balssnoptera Sibbaldii des parages de l'Islande, que le professeur lleinhardt a
figurée récemment d'après une tète du musée de Copenhague.
1) Afric. quart, journal page 30.
BALÉNOPTÈRES. 22*7
Le rostre est fort large surtout vers le milieu ; les os frontaux sont également
fort larges à leur base et comparativement étroits dans leur partie sus-orbitaire; les
os propres du nez sont fort longs, larges à leur base et tronqués au bout sans
échancrure au milieu; l'occipital est fort étroit au-dessus et en avant; les man-
dibules sont fortement courbées. — Le canal vertébral est étroit comparativement
au corps de la vertèbre et les apophyses transverses des vertèbres cervicales sont
peu allongées.
M. Burmeister pense que cette espèce peut être la même que celle que le docteur
Gray a décrite sous le nom dePhysatiis australis, Desmoulins, et qui repose sur
un animal de 55 pieds de longueur, vu par Quoy et Gaimard et dont nous avons
parlé plus haut. — Le docteur Burmeister croit toutefois plus convenable de lui
donner un nom nouveau, n'ayant jamais eu l'occasion de voir l'animal et de
juger de ses caractères extérieurs.
Un squelette assez complet est conservé au muséum de Buenos-Ayres ainsi que
la partie postérieure d'un crâne d'un second individu.
Il existe une figure de la tète vue de face, de l'atlas, de l'axis, de la quatrième et
de la dixième cervicale, de ses extrémités supérieures et inférieures, des quatre
premières côtes, de l'omoplate et du bout postérieur du maxillaire inférieur vu
en dedans. Ces dessins ont été reproduits par le docteur Gray dans son catalogue.
L'animal provient de la plage, à quelques lieues de Buenos-Ayres, où il est
venu à la côte il y a une trentaine d'années, sur les bancs du Bio de la Plata.
La tête dans son ensemble présente la conformation ordinaire des Balénoptères
et c'est évidemment, dit le docteur Gray, a typical specics of l/ie yenus Physalus.
L'occipital est fort rétréci au-dessus en avant, et le docteur Burmeister fait remar-
quer, que l'on ne dislingue pas la carène longitudinale qui caractérise la surface
externe de cet os dans la Megapkra Latandii; l'un ne voit pas non plus la sufure
du pariétal avec le frontal en regardant ce dernier os de face.
L'os zygomatique a la même forme que celui du Megaptera du Cap, mais il est
un peu plus étroit que dans cette espèce.
Les sept vertèbres cervicales sont complètement séparées les unes des autres
et chacune d'elles porte ses épiphyses.
L'atlas, à en juger d'après le dessin du docteur Burmeister, est comparativement
élevé, l'arc neural est fort robuste, les deux apophyses transverses sont fortes
'228 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
et placées assez bas, et le caual vertébral est rétréci au milieu, plus large eu
dessous qu'en dessus. — Il y a sous ce rapport une assez grande analogie avec
l'atlas de la Balénoptère des Orcades.
L'axis a l'arc neural très-fort et les anneaux sont fort peu étendus. — L'oriflco
est étroit.
La quatrième cervicale a, comme la troisième, les apophyses transverses réunies
au bout pour former un anneau. — Comme nous l'avons déjà fait remarquer pour
la Baloenoptera musculus de l'embouchure de la Seine, l'anneau n'est complet que
du côté droit.
La cinquième cervicale n'a pas d'anneau complet et à la sixième les apophyses
sont assez fortement écartées.
La septième cervicale se distingue comme toujours par l'absence d'apophyse
transverse inférieure.
Toutes ces dernières vertèbres sont fort minces, surtout la troisième.
Les vertèbres dorsales, au nombre de quatorze, se distinguent par leur surface
articulaire qui termine l'apophyse transverse. — Le corps des vertèbres va en
s'épaississant d'avant en arrière. — Les trois premières ont leurs apophyses trans-
verses dirigées d'arrière en avant, les autres se dirigent ensuite directement de
dedans en dehors.
Les vertèbres lombaires ont leurs apophyses transverses plus délicates et ar-
rondies au bout. M. Burmeislcr n'en compte que douze, mais il n'en est pas sûr.
La région caudale est imparfaitement connue. La première vertèbre de celte
légion a des apophyses transverses plus courtes et plus étroites.
Il n'y a que les sept premières côtes qui ont été conservées. — Ces côtes par leur
extrémité supérieure ressemblent beaucoup à celles de la Bal.moplera musculus,
en ce que la seconde et la troisième ont seules un commencement de portion cer-
vicale. La première n'est pas large à sa base.
Ils ne possèdent au muséum de Buenos-Àyres que quatre os en V.
Le stornum manque, ce qui est vivement à regretter, et le corps de l'os hyoïde est
tout à fait semblable, dit le docteur Burmeislcr, à celui que Cuvicra figuré dansses
recherches sur les ossements fossiles, PI. 25, Fig. 14.
L'omoplate est la seule pièce de la nageoire pectorale qui est conservée. — Cet
os présente tous les caractères des Balénoptères et n'indique aucune analogie avec
BALÉNOPTÈRES. iM
lesMégaptères. —Ce que cet omoplate offre de particulier c'est la courbure un peu
brusque du bord supérieur en arrière, le grand développement de l'acromion qui
est presque droit et l'apopbyse coracoïde qui est courte et tronquée.
Celle description est faile d'après ce que le docteur Burmeister a fait connaître
dans sa notice.
BAL/ENOPTERA BON^RENSIS
H. Burmeister, Prelim. descript. of a new species of Finner whale. (Bal<Enopterabonu'érensis). — V\'occe&.
Zool. Soc. 1867, p. 707. — Annales del Museo publico de Buenos-Aires, 1868.
L'animal qui est décrit sous le nom de Balœnoptera Bonœrensis par Burmeister,
a été trouvé mort dans le Rio de la Plata, près de Belgrano, à environ dix milles de
lîucnos-Ayres le 5 février 1867. Il était du sexe mâle. Le cadavre fut remorqué à la
côte, et le lendemain le savant directeur du Musée deBuenos-Ayres en fut informé.
Il ne put malbeureusement se rendre immédiatement sur les lieux et ce ne fut
que quinze jours après, quand l'animal était en pleine putréfaction, qu'il put s'oc.
cuper de cette intéressante capture.
La balénoptère de 50 pieds de long, observée près de l'île Kerguelen, appartient
peut-être à cette même espèce. Mais on n'en possède malheureusement point de
restes. A en croire les baleiniers qui en ont fait mention, cette balénoptère de
l'île Kerguelen aurait la nageoire dorsale située vers le milieu du dos, comme la
Balœnoptera rostrata de notre hémisphère; et si nous considérons la taille et le
nombre de vertèbres qui composent sa colonne vertébrale, ce rapprochement est
de plus en plus justifié.- — Il est même à remarquer que ces deux espèces semblent
te conduire de la môme manière dans les deux hémisphères relativement a l'At-
lantique et au Pacifique : la Balœnoptera rostrata passe, en effet, au pôle floréal
-m» SQUELETTE DES CETACES.
par le détroit de Behring et par le détroit de Davys, et si cette espèce est la même
à l'île Kerguelen et sur la côte d'Amérique, elle se comporte à peu près de la
même manière dans le grand Océan austral. — Cette balénoptère est répandue
dans le grand Océan austral depuis le 00° longitude ouest jusqu'au 60° longitude
est. — Il est fâcheux, si ce rapprochement est exact, que le nom spécifique à'Âns-
tralis ne puisse pas rester à cette espèce.
La colonne vertébrale est formée de quarante-neuf vertèbres; l'axis, la troisième
et la quatrième cervicale sont, réunies; toutes les trois sont à anneaux complets;
le sternum est en croix latine; le rostre est étroit ; la taille est de trente-deux pieds.
Les ossements sont déposés au musée de Buenos-Ayres.
T. a figure du sternum, de l'atlas et de l'axis réunis à la troisième et quatrième
cervicale, a été publiée dans les Proceedings de la société Zoologique de Londres.
La longeur totale de l'animal est estimée à trente-deux pieds, et la tête en a sept.
M. Burmeister accorde à la région cervicale un pied, à la région dorsale trois et
demi, à la région lombaire douze, et à la région caudale dix.
La mandibule dépasse le bout du rostre de quatre pouces.
La nageoire pectorale a la forme ordinaire et une longueur de trois et demi a
quatre pieds.
M. Burmeister, en comparant le crâne avec celui delà Ikiltcnoplera rostrala, le
trouve un peu plus large et le frontal, dans sa partie sus-orbitaire, moins étroit
f I |>lus fort. — La surface glénoïdc du temporal est également plus forte.
La colonne vertébrale est formée de quarante-neuf vertèbres, sept cervicales,
onze dorsales, douze lombaires et dix-neuf vertébrales.
L'atlas, à en juger par le dessin publié par M. Burmeister, diffère complètement
de tous les atlas connus par le peu de développement des deux condyles occipi-
taux, l'élroitesse et la forme du canal vertébral, ainsi que par l'épaisseur de l'arc
neural et la largeur des énormes apophyses transverses.
L'axis a les deux ailes cxccssivementdévcloppées et chacune d'elles occupe une
fois et demie la longueur du diamètre Iransverse du corps. Les deux orifices réunis
ont tout juste la même grandeur que la surface articulaire du corps de la vertèbre.
Les deux verlehrcs suivantes ont l'anneau complet et l'apophyse transverse in-
férieure s'abaisse obliquement de haut en bas et de dedans en dehors.
BALÉNOPTÈRES. 831
La seconde, la troisième et la quatrième cervicale sont réunies par le corps de
la vertèbre et par la portion centrale de l'arc neural.
Les os du bassin ont 7 pouces 1/2 de longueur cl I pouce 1/2 de largeur.
Le sternum présente le plus baut intérêt et confirme complètement la supposition
des étroites affinités qui lient cette espèce avec la Balsenoptera rostrala de l'hémis-
phère nord. 11 présente également, comme le sternum de cette dernière espèce,
la forme d'une croix latine, avec cette différence seulement, que la pointe eu
avant, le bord antérieur est profondément vers le milieu de sa largeur et, qu'en
arrière est élargie comme une pointe de flèche échancré au milieu.
M. Burmeister estime les fanons à 250 ou 25o. Les premiers sont étroits et n'ont
que trois pouces de largeur. — Les fanons du côté interne sont blancs et noirs du
côté externe sur une largeur de deux pouces.
Il est à remarquer que, par la longueur totale comme par les régions de la
colonne vertébrale, cette balénoptère représente également dans L'hémisphère
austral la Balsenoptera rostrala des côtes de Bergen. — La soudure même des ver-
tèbres cervicales ajoute à la ressemblance.
Après les quatre balénoptères du nord de l'Atlantique, nous venons d'en faire
connaître quatre autres du nord du Pacifique et de l'hémisphère austral, et il
n'est pas douteux que le nombre d'espèces ne soit bien plus considérable ; mais
on ne possède sur elles que des observations trop incomplètes pour les considérer
autrement que comme espèces imparfaitement connues et qui réclament de nou-
velles recherches ; on ne peut les accepter avant d'avoir des renseignements plus
précis.
Nous savons par les baleiniers que, dans toutes les mers où il y a des baleines,
il existe des balénoptères, ou, comme ils les appellent, des ùaleines à aileron, et, à
en juger par ce qui se passait au nord de l'Atlantique, dans les mêmes eaux où
vivait la baleine des régions tempérées, habitaient et habitent encore plusieurs
balénoptères de (aille très-différente. La baleine du Groenland est la seule qui
fréquente des eaux qui ne sont pas visitées par des balénoptères, et encore faut-il
233 SQUELETTE LES CÉTACÉS
l'aire, d'après ïlolboll, une exception pour la Balsenoptera rostrata, qui se monlre
au milieu des grandes baleines. — Nous l'avons déjà fait remarquer, la limite
méridionale des Baliena mysticetus est la limite septentrionale des Battenoptera
musculus.
Une observation qui tend de plus à prendre les caractères d'un fait acquis,
c'est qu'il existe dans les deux hémisphères des espèces qui semblent se répéter
pour la taille comme pour la forme : Peron et Lesueur, pendant leur voyage aux
terres australes, avaient déjà fait cette remarque, et ils ajoutaient avec raison, qu'il
n'est pas un seul amphibie marin austral qui ne se distingue essentiellement des
espèces boréales analogues.
\ l'exemple d'autres naturalistes, nous n'admettons comme espèces que celles
qui sont représentées par des ossements, et dont on peut, par conséquent, vérifier
les caractères.
L'étude des balénoptères est bien plus difficile encore que celle des vraies ba-
leines : on connaît l'histoire de ces dernières par l'histoire de leur pêche et de
leurs stations que les baleiniers ont tant intérêt à connaître, tandis que l'on a
négligé complètement sous ce rapport les balénoptères; ensuite chaque zone a son
espèce de baleine propre, ce qui n'est pas le cas pour les balénoptères. — On
pourra dire, d'après les parages, l'espèce de baleine que l'on découvre, mais on ne
pourra rien assurer au sujet des baleines à aileron qui habitent à plusieurs les
mêmes eaux.
L'histoire de la pèche de la baleine est vraiment l'histoire des diverses espèces
connues ; les Basques ont commencé la capture du biscayensis au ixe siècle, et ont
mis plusieurs siècles à le détruire; ils ont été aidés en cela des Normands et d'au-
tres nations; les Hollandais ont commencé la pèche du mysticetus au commence-
ment du xvnc siècle au Spitzberg et à l'île Jan-Meyen, aidés des baleiniers anglais
et allemands, au commencement du xvnr" siècle au détroit de Davys et dans
la mer de Baffin, et, avant la fin du siècle dernier, le mysticetus avait subi le sort
du biscayensis. — Les Anglo-Américains elles Français, après avoir fait la pèche
du cachalot, se sont occupés de la baleine du Cap, puis de celle de la Nouvelle-
Zélande, et, après avoir fait subir aux deux dernières le même sort qu'au biscayen-
sis et au mysticetus, ils ont commencé, il y a vingt ans, la pèche de l'espèce du
Japon, dont le nombre parait avoir également beaucoup diminué.
BALÉNOPTÈRES. 233
Du reste, cette dernière espèce fait l'objet d'une pêche spéciale de la part des
Japonais, et nous avons vu à Londres entre les mains de M. Flower, un
grand in-folio représentant fort l»ien toute l'histoire de ces animaux et de leurs
produits.
En 4 847, on a commencé la pêche des baleines dans la mer d'Okhotsk, puis
dans le détroit de Behring, et le capitaine Ross, en -18 58, les a poursuivi le
premier jusqu'au delà du détroit dans l'océan Arctique, où il en a trouvé un
grand nombre. — Ces baleines ont recule nom de Bowhead de la part des balei-
niers américains, et appartiennent à la même espèce qui habite le Groenland
el le Spitzberg. — On n'a pas reconnu de cirripèdes sur leur peau. Leur longueur
est estimée de 40 à 65 pieds.
Nous allons mentionner quelques espèces de balénoptères imparfaitement
connues, persuadé qu'il y en a bien d'autres sur lesquelles on ne possède encore
aucun renseignement.
BALENOPTERES IMPARFAITEMENT CONNUES.
La Balssnoptera indica, le grand Rorqual de l'océan Indien, est connue seulement
par divers ossements qui sont conservés au musée du Collège médical de Calcutta;
1 1 ii squelette parait se trouver au Muséum de Colombo (I).
La Balsenoptera fasciata a été établie par le docteur Gray, d'après un anima! ob-
servé par Tschudi sur les côtes du Pérou ; il avait 58 pieds de longueur (2).
La Batœnoptera {V h y salua?) iwasi, ou antarctica de Schlegel, habitant les côtes
(1) Sur le .grand Rorqual de l'Océan indien. Journ. asiat. du Bengale, 1*00, p. 451 et :>93.
(2) Tschudi dans son Conspectus des mammifères du Pérou, fait mention du Physeter macrocéphale,
de la Balena mysticetus, probablement l'Antipodum, de la Balena lunulata, Lac, de la Balena punctata,
Lac, et d'une Balénoptère de 38 pieds de longueur.
*3i SQUELETTE DES CÉTACÉS.
du Japon, n'est représentée par aucun débris conservé. Schlegel en fait mention
dans la Faunajaponica.
La Balsenoptera (Physalus?) antarctica de Gray n'est établie que sur des fanons
d'un blanc jaunâtre (]) provenant de la Nouvelle-Zélande.
Tous les baleiniers signalent plusieurs balénoptères et des mégaplères dans les
parages de la Nouvelle-Zélande; Quoy et Gaimard en mentionnent trois, el Dief-
fenbach, ainsi que le capitaine Jouan, en ont reconnu également plusieurs.
Nous sommes en possession, depuis peu de temps, de deux caisses tympaniques
de balénoptère de ces parages, qui ont la dimension de la balsenoptera muscnlus.
— Les deux os sont parfaitement semblables et se distinguent surtout en ce que,
en arrière et en dedans, la caisse, au lieu d'être arrondie comme dans les autres
espèces, forme un angle droit par son bord interne et postérieur; la face interne;
comme le bord postérieur, forment presque une ligne droite.
La Balsenoptera (Sibbaldius) antarctica, que Burmeister a établie sur une omo-
plate (2) de grande dimension, a été trouvée sur la côte de Buenos- \yres, à l'em-
bouchure de la rivière Salado.
La ïïalicnoptera (Physalus) Grayi est établie par M. Coy sur un squelette d'Aus-
tralie qui a seize côtes et soixante vertèbres (5).
M. Cope désigne sous le nom de Sibbaldius sulfureus une balénoptère de 80
i) Il De faut pas confondre la Physalus anlarclicus de (îraj avec le Sibbaldius anlarcticus de Bur-
meister ni avec la Balœnoptcra antarctica de Schli el
(2) Cet omoplate a 6 pieds de long sur 3 pieds «le haut. — L'acromion a i pied ; | onces l;2 di larj eur,
cl a a pouce-- de lai
(3) M. Coy, on the rccenl Zoology and Palœontolog) of Victoria, Melbourne, 1861
BALÉNOPTÈRES. 235
pieds de long de la côte ouest de l'Amérique du Nord (1), et que les pécheurs
désignent sous le nom de Sulphurbottom (2).
Dans une Notice du capitaine Scammon, publiée sous les auspices du profes-
seur Edward D. Cope (3), il est fait mention d'un mysticète de -i-i pieds de
longueur, qui a les vertèbres cervicales séparées et les doigts au nombre de
quatre comme les balénoptères, et qui, comme les vraies baleines, n'aurait pas de
nageoire dorsale. — M. Cope lui donne le nom de Rachianectes glanais. Il habite
le nord du Pacifique, et ne descend pas plus bas que le vingtième degré. — On le
voit sur la côte de Californie de novembre à mai, et la femelle met bas pendant ce
temps. — On le voit rarement loin de terre. — En été, il se rend dans l'océan
Arctique et la mer d'Okhotsch. — Si ce genre ne repose pas sur une balénoptère
mutilée, c'est-à-dire qui a perdu sa nageoire dorsale, c'est une des plus belles dé-
couvertes qui aient été faites depuis bien longtemps en Célolologie.
Il faudra comparer cette espèce avec la Batœnoptera Swinhoei.
Nous dirons avec le capitaine Scammon, qu'il est vivement à regretter que,
parmi les actifs et intelligents baleiniers des Étals-Unis, il n'y en ait pas eu qui
aient consacré comme lui quelques-uns de leurs moments de loisir à l'histoire
naturelle des grandes espèces de cétacés.
Dans la liste des mammifères de Massachusetts, que vient de publier M. J. A.
Allen dans le Bulletin of tlte muséum of comparative Zoology, at Harvard col-
lège (i), je vois cité, d'après les notes du capitaine N. E. Atwood de Province-
(1) The largest whale found upon the coast, if not the largest known, is the sulphurbotlom. On (lie
Cetacea of the western coast of norlh America, by capt. C. M. Scammon. Edited by Edward 1). Cope.
froceed. Acad. nat. scienc. Phila. 1SG9.
(2) Les baleiniers donnent ce nom a des animaux des deux hémisphères.
(3) Loc. cit., page 20.
(4) Mammalia of Massachusetts, by J. A. Allen. Cambridge, october, 18G9.
236 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
town, et le professeur E. D. Cope, de Philadelphie, plusieurs cétacés, sous des
noms nouveaux; il nous parait prudent, avant de les. admettre, d'attendre que
l'on ait fait une étude comparée de ces squelettes. 11 me semble que l'on ne
tient pas assez compte, dans l'établissement des espèces nouvelles, des limites de
variations dans lesquelles plusieurs de ces cétacés oscillent et varient selon l'âge,
le sexe ou même le milieu ambiant.
La Balsena cisarclica y figure comme espèce distincte; ainsi que nous
l'avons dit plus haut, cette baleine n'est autre que la Balœna biscayensis, c'est-
à-dire l'espèce que les Basques et les Normands ont chassée pendant plusieurs
siècles dans la Manche d'abord, en Islande et sur la côte est des États-Unis
après.
On saura bientôt, puisque le musée de Cambridge en possède un squelette
complet, quels sont les véritables caractères de l'animal adulte. Ce squelette pro-
vient d'un individu échoué près du cap Cod et a été préparé par les soins intelli-
gents de M. Al. Agassiz; malheureusement la peau était en partie enlevée quand
M. Al. Agassiz est arrivé sur les lieux.
L'Agalepkus giùbosus, vulgairement appelé Scragg whale est, à notre avis, un
jeune animal, probablement de l'espèce précédente.
La Megaplcra osp/njia est une Megaplera boops ; nous ne trouvons aucune
différence de quelque valeur pour les séparer.
Le professeur Cope pense que la Balaenoptera (Eshrichticus robustus Lillg) a
été trouvée sur la côte de New-Jersey.
Il y est question de (rois espèces de Sibbaldius et d'une Balœnoptcra rostrata.
La Sibbaldius teclirostris est l'espèce la plus grande et la plus commune et on
la voit en toute saison. Elle est désignée sous le nom de Finback whale. Elle
fournit de \Â à 20 barils d'huile. — Il en existe un squelette de 74 pieds de
Ion;; au musée de Cambridge. — C'est probablement la Bahenoptera musculus.
La Sibbaldius Inberosus que l'on avait d'abord rapportée au taticeps, a été
capturée dans la baie de Mobgack (Virginie), en mai I8GG; d'après les os on
pourra facilement s'assurer si c'est le taticeps.
Le Sibbaldius ùorealis l'isch ou le Sulphur boltôm-wliale, est censé fréquenter
la côte des Etats-Unis, et n'est probablement autre chose que la Balaenoptera
Sihbaldii.
BALENOPTERES.
231
M. Allen cite avec un signe de doute la Balsenoptera rostrata, mais il exprime
en même temps la pensée que sous ce nom, il n'est pas impossible que l'on ait
désigné une jeune Batœnoptera musculus. Cette confusion serait bien difficile, et
nous ne serions pas étonné de voir cette petite Balénoptère parmi les animaux;
de Massachusetts. Le musée de Suttgard en possède un squelette qui lui a été
envoyé de la côte du Labrador. — 11 est à remarquer qu'en Europe cette (ictite
Balénoptère ne s'étend pas aussi loin au Sud que la Musculus, puisque celle-ci
est la seule qui pénètre dans la Méditerranée.
MYSTICETES FOSSILES.
Giacomo Biancani , De Bononiensi scientiarum et artium lnstituto atque Academia, Commentarii. —
Tom. IV. Bononia?, 1757.
Bat-on von Hiipsch in Colin., Beschreibung einiger neu entdecklen versteinten Theile gr< sser Seethiere.
Der Naturforschcr, 3 St., p. 178-183. 1794.
Lamanon, Journal de physique, mai 1781, tom. XVII, p. 393, pi. II.
Daubenton, Mém. de l'Acad. des Sciences, 1782, p. 211.
Cortesi. Sugli Sceletri d'un Bhinoceronte afric. et d'una balena, etc. Milan, 1809.
Cortesi. Saggi geologici, p. 52, tab. III. Piacenza, 1819.
Cuvier, Recherches sur les ossements fossiles. Paris, 1825, t. V, 2e partie.
V. Baer, De fossilibus mammalium reliquiis in Prussia. Regiomonti, 1823.
Baron d'Eschwege ri Al. Ant . Vandelli , Mémoires de l'Académie des sciences de Lisbonne, t. XI,
I"' partie.
Iialhke, Ueber einige aufder Halbinsel Taman gefundene fossile Knochen. — Mémoires de l'Académie
des sciences de Saint Pétersbourg (des savants étrang.). 1835, t. II.
Ed. V. Eichwald, Urwelt Russlands, I-II heft, Pétersbourg, 1848, in-8".
Brandi, Notiz ùber die fossilen Knochen des Celotherium. Verhaudl. der Minerai. Gesellschaft zu
Sl-Pétersbourg, 1844.
Leidy, Proceed. of the_Acad of Philadelphie, t. V, p. 308. 1852.
Brandi, Mém. acad. de Saint-Pétersbourg, 1842.
l'an I Gcrvais, Zoologie et Paléontologie françaises. Paris, 1859.
Xoidmann, Paléontologie von Sud-Russland. Ilclsingfors, 1838-1800.
R. Owen, a History of british fossil mammals, in-8°, In-8°. London, 1840.
Hensche et D' Hagen, Schriflen d. phys. Ock. Gesells. Zu Kcenigsberg, Iahrg. I. II. Il, 18">'-'-
Ed. V. Eichwald, Ueber die saeugcthier fauna (1er neuern Molasse d. Sud Russlands. Mosuka
1861, in-8°.
Capellini, Balajnotlcra fossile... Bologna, 1802. Rivisla italiana di scienze, lettere et aile, n" 114.
-'i novembre.
Aug. Miiller, ueher das Bruchsliïck vom Schadel eines Finnwalcs, Balœnoptera syncondylus , Schrif!
d. phys. œk. ges., zu Konigsherg, jahrg. IV, 1803.
Leith Adams, Sur divers restes fossiles de cétacés trouvés dans l'île de Malte. [Journal VInstitu
4 avril 1867.)
Lilljeborg, On two subfossil whales discovered in Sweden. (Nov. act. of the roy. Soc. cl' Sciences •
Upsala, ser. III, vol. VI.) Upsala, 1807.
240 SQUELETTE DES CETACES.
On a pu se demander dans le temps, si les animaux aquatiques, grands et
petits, ont changé comme les animaux terrestres, aux diverses époques géolo-
giques et, si leurs formes les rapprochent également d'autant plus des animaux
actuels qu'ils appartiennent à une époque plus récente. Cette question n'en
est plus une depuis longtemps : les Thalassot aériens, comme notre collaborateur
les appelle, ont subi à chaque époque géologique les mêmes changements que
les Géothériens, et tel groupe, qui a eu jadis une prépondérance marquée, n'est
plus représenté actuellement que par quelques genres qui semblent perdus
au milieu du monde actuel. Tels sont les Cétacés Ziphioides, jadis si abondants
et aujourd'hui si rares dans toutes les mers, et qui, comme les poissons
ganoïdes, n'ont plus qu'un nombre fort restreint de représentants, devenant
de jour en jour encore plus rares; c'est du reste ce que l'étude des cétacés
fossiles avait déjà révélé en partie à Cuvier: Par là se confirme, disait le grand
naturaliste du muséum, la proposition à laquelle l'examen des coquilles fos-
siles avait déjà conduit : c'est que ce ne sont pas seulement les productions
de la terre qui ont changé lors des révolutions du globe, mais que la mer
elle-même, agent principal de la plupart de ces révolutions, n'a pas con-
servé, les mêmes habitants. »
Les nombreuses découvertes, faites depuis que Cuvier a écrit ces lignes,
n'ont fait que confirmer cette appréciation, et il est probable que les travaux
qui se poursui\cnt partout avec activité ne feront que corroborer cette opinion.
Nous avons commencé ces recherches sur les ossements fossiles de cétacés
a une époque ou les pièces de comparaison étaient encore bien rares dans les
llections, et où les squelettes des animaux qui venaient accidentellement
échouer sur nos côtes restaient en général sans détermination précise.
Il y a près de quarante ans en effet que nous avons commencé à réunir les
premiers ossements de cétacés et depuis cette époque nous n'avons cessé do
rassembler les matériaux dans l'intention d'écrire un jour l'histoire de ces
géants de la création.
VA comme il fallait connaître les cétacés vivants avant d'étudier les fossiles
nous avons mis à profil toutes nos ressources pour créer à Louvain un musée
célologique.
Une circonstance heureuse et inattendue s'est présentée dans le cours de ces
MYSTICÈTES. 2*1
recherches: les travaux des fortifications d'Anvers ont mis au jour une grande
partie d'un ossuaire de cétacés que le sahle recouvre sur une étendue de plusieurs
lieux et pendant quelques années on a pu conduire au musée de l'État à
Iïj uxelles des tombereaux d'ossements de Mysticètes et de Cétodontes. Malheureu-
sement l'accès de ces richesses paléontologiques nous a été interdit au moment
où nous croyions les mettre à profit, et nous devons nous borner à décrire et
à figurer ce que des circonstances favorables ont mis à notre disposition
avant et après ces travaux.
Du reste nous ne croyons pas, que l'étude des riches matériaux du musée
de Bruxelles modifieront beaucoup le résultat auquel l'examen de nos fossiles
nous a conduit, surtout sur les mysticètes.
Avant d'exposer le résultat de nos observations, nous allons jeter un coup
d'œil sur les travaux qui ont été exécutés par nos devanciers, en combinant
autant que possible l'ordre des lieux où les découvertes ont été faites avec l'ordre
des dates.
Les pays où jusqu'à présent on a trouvé surtout des ossements de cétacés
sont : l'Italie, le Portugal, la Crimée, le midi de la France, la Belgique,
l'Angleterre, l'Allemagne, la Suède et une partie de la Russie. II ne sera pas
difficile de distinguer différents bassins en Europe où des ossements de cétacés
se sont entassés pendant un certain laps de temps.
Les premiers travaux qui ont été entrepris sur les ossements fossiles de
cétacés à fanons, sont les recherches faites en Italie par Giacomo Biancani, au
pied du Monte Maggiore. Ils datent de 1757. La notice qui fait mention de ces
travaux a pour titre : De qnibusdam animalium exuriis lapidefactis. — L'auteur
a figuré quatre vertèbres de balénoptères, parfaitement rcconnaissables.
En novembre I80G, sur le flanc oriental de Monte Pulgnasco, à environ six
cents pieds au-dessus de la plaine, M. Cortesi de Plaisance découvrit un squelette
01
242 SQUELETTE DES CETACES.
de baleine (balénoptère), dont il donna une description accompagnée d'une
bonne figure, dans un mémoire publié à Milan en 1809.
Dans ses reeliercbes sur les ossements fossiles, Cuvier cite les observations
de Cortesi et reproduit même la figure du squelette.
La tête de cet animal de Cortesi est conservée au musée de Turin.
Le professeur Car. Giovanni Capellini a publié en 1865 un mémoire sur les
Balénoptères fossiles du Bolonais, avec trois planches fort bien faites; malheu-
reusement les os ne sont pas dans un fort bon état de conservation. Cc>
planches représentent la tête restaurée, la caisse lympanique, l'occipital avec
les condyles, quelques vertèbres parmi lesquelles on reconnaît l'axis ; la
planche III donne la figure du rostre, du maxillaire inférieur et de quelques
vertèbres. — Le professeur Capellini rapporte ces ossements à la Balœnoptera
Cortesii.
€es ossements ont été mis au jour à San Lorenzo in Collina; ils étaient accom-
pagnés de dents de poissons Plagiostomes et du fruit du Pinus haidingeri (4).
B. Gastaldi a recueilli dans les sables pliocènes à Cortanzone, dans l'Aslésan,
une tète, un atlas, un axis, un humérus, des portions de côtes et des vertèbres
de balénoptère avec une tète de dauphin. Et dans les escarpements de San
Lorenzo in collina il a été trouvé sept vertèbres d'une petite baleine (2).
Ces ossements étudiés d'abord par Giacomo liiancani, puis au commen-
cement de ce siècle par Cortesi, et tout récemment par Capellini, appartiennent
selon toute probabilité à la même espèce de balénoptère.
Dans l'ile de Malte on a trouvé des ossements de mysticètes avec des dents
dt! Zeuglodon et de Dugong, d'après M. Leitb Adams. - Ces débris auraient été
lj Desmoulins, dans un article forl remarquable pour l'époque 1822 , ènumère à pmi près toul ce que
l'on -ail des Baleines fossiles, mais il rapporte à tort les animaux pour lesquels Cuvier a proposé le nom
de Ziphius, aux Mysticètes. Il appelle Baleine de Cortesi l'espèce fossile trouvée par ce naturaliste a
Mou ii zaga dans le Plaisantin (Cortesi, pi. .">, lig. !), et Bah ine de Cuvi r, le squelette si bien conservé de
Monte Pulcbnasco Cortesi, pi. 3, fig. 1). Dictionnaire classique, vol. II. p. 165.
2) Revue scientifique italienne, 1802, p, 40,
MYSTICETES. s«l
amenés par un courant dans les lieux où on les trouve (1). Il y aurait un grand
intérêt à étudier comparativement ces ossements. Y a-t-il à Malte des dents
de Zeuglodon ou de Squalodon et la dent figurée par Scilla ne provient-elle
pas d'un phoque comme Agassiz l'a supposé? nous le croyons.
Il existe également des ossements de cétacés fossiles dans la partie orientale
de l'Europe. Ainsi on trouve des ossements de cétacés en Bessarabie et sur
les bords de la mer Noire, comme sur les bords de la mer d'Azow, près
Kertsch .
Dans le tome II des Mémoires des savants étrangers de l'Académie impériale
de Saint-Pétersbourg (-1855) , RatbLe a donné le premier la description d'un
fragment de crâne de cétacé, qu'il avait observé dans» le muséum des anti-
quités de Kertsch, et qu'il rapportait au genre BalaMioptera.
Eichwald fut d'avis d'abord que cet animal était voisin des Dugongs et des
Dinotheriums, et en IS-'iO il exprima l'idée que ces os appartiennent à un Ziphius
auquel il donna le nom de Ziphius frisais. I.e savant académicien partait de
l'idée erronée que les Ziphius habitent, comme les Siréniens, l'embouchure des
tleuves, et que ces localités ne peuvent avoir été visités par des cétacés franche-
ment pélagiques.
Comme la mer Noire et la mer Caspienne ne sont que des restes d'un ancien
Atlantique qui séparait l'Europe de l'Asie, nous ne trouvons point extraordinaire
que les terrains de ces bas-fonds renferment des ossements de grands cétacés pé-
lagiques et qu'à côté d'eux on découvre des débris de Siréniens et de phoques, qui
hantaient l'embouchure des fleuves ou les plages du littoral.
Eichwald ayant eu l'occasion d'étudier plus tard un fragment de maxillaire infé-
rieur, un fragment de côte, deux vertèbres et des os de membres, envoyés à la
Société minéralogique de Saint-Pétersbourg, crut devoir abandonner sa première
opinion. — Nous sommes surpris de voir qu'il n'ait pas reconnu un cétacé à fa-
il) Journal ilnslilut, 4 avril 1867.
244 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
nons à la série de trous mentonniers qui percent la face externe de ce maxillaire.
Les Ziphius n'ont, comme les autres Cétodontes, qu'un ou deux trous mentonniers
de chaque côté et toujours à la hauteur do la symphyse.
Le muséum de Saint-Pétersbourg, grâce à l'intelligente activité du professeur
Brandt, s'est enrichi depuis lors de divers os déterrés près d'Anapa, parmi lesquels
se trouve une omoplate, un humérus et une vertèbre caudale.
Le professeur Brandt a pu se livrer à une étude complète de ces débris: par un
ordre du ministre de l'Intérieur au musée de Kertsch, le crâne étudié d'abord par
llathke a été envoyé à Saint-Pétersbourg avec plusieurs autres os, où il a pu être
soumis à un nouvel examen. Celte dernière étude a conduit le savant directeur
à former un genre nouveau auquel il a donné le nom de Célotlierium.
Pendant la rédaction de ce travail, le professeur Brandt a eu l'obligeance de nous
envoyer un croquis de la lète qu'il a restaurée, et il est de toute évidence que la
forme allongée l'éloigné de tous les Mysticètes connus. Nous avons reproduit ce
croquis.
V. Nordmann a étudié ces ossements en dernier lieu et il a pu les comparer à
ceux qu'il avait rapportés lui-même de Crimée. — 11 attribue ces débris à (rois Cé-
totherium au moins, à une balénoptère, à une baleine et à deux espèces de dauphins.
— Nous croyons que parmi eux il y a des os de véritables Ziphius (Pi. XXVI, hg- •-»
et G), et des vertèbres qui appartiennent sans aucun doute à des Siréniens.
Cesossemenls découverts dans le diluvium et dans la molasse, proviennent d'une
espèce de Sirénien, d'un célacé du groupe des Cétodontes, et le plus grand nombre
île Mysticètes voisins des Balénoptères actuels; la réunion de ces ossements in-
dique non-seulement qu'un atlantique a existé enlre l'Asie de l'Europe, recouvrant
probablement la plaine qui s'étend à l'ouest de l'Oural, mais que le soulèvement,
qui a émergé ce sol, ne s'est effectué qu'à une époque assez récente, puisqu'on
trouve encore une vertèbre de baleine dans le diluvium, et des vertèbres de dau-
phins à peine distinctes de celles du Marsouin et du Tursio qui vivent encore ac-
tuellement dans la mer Noire.
Ces Cetotherium décrits par Rathke, Iichwald, Brandt et V. Nordmann, pro-
viennent surtout de la molasse du bassin de la mer Noire et de la mer d'Azov.
MYSTICETES. 24.)
Le Portugal a fourni également son contingent d'observations sur ces animaux.
Dans les mémoires de l'Académie des Sciences de Lisbonne (1831), à la suite d'un
mémoire géologique du baron d'Eschwege, Al. Ant. Vandelli a publié quelques
observations sur des ossements fossiles du Musée de Lisbonne, parmi lesquels
figurent des portions de tête de cétacés à fanons voisins des Balénoptères, qui y
sont conservés encore aujourd'hui ; mon digne ami Barbosa du Bocage a eu l'ex-
trême obligeance de m'en envoyer un nouveau dessin lithographie. Les dessins de
Vandelli, quoique grossièrement exécutés, sont fort reconnaissantes, et les os
qu'il représente se rapportent probablement à une même espèce. — Al. Ant. Van-
delli a figuré également des dents de quelques Célodontes. Comme nous le verrons
plus loin, ces cétacés à fanons sont remarquables par la longueur de leur rostre
et la distance qui sépare les fosses nasales de l'occipital.
Nous ferons remarquer que ces ossements viennent de la molasse comme ceux
qui ont été signalés sur le bord de la mer Noire.
En France on a reconnu également des restes de cétacés dans diverses localités,
et quelques-uns même dans des circonstances assez curieuses. En effet, en 1799,
on découvrit, dans l'intérieur de Paris môme, dans la cave d'un marchand de vin,
en y faisant des fouilies, une portion de tète de baleine que Lamanon décrivit et
figura d'abord dans le Journal de Physique. Plus tard, Daubenton s'occupa à son
tour de cette tête, et crut qu'elle pouvait provenir d'un cachalot de cent pieds de
longueur. — Il est à remarquer que le muséum de Paris ne possédait à cette époque
qu'une tète de dauphin ordinaire, une tèie de Gloùiceps et une troisième tête du
grand cachalot d'Audiernc, et qu'il était difficile de faire une détermination exacte
avec des matériaux si peu nombreux.
Cuvier a donné une nouvelle description de celte pièce d'après un dessin que
Van Marum lui avait envoyé de Harlem. — Cette pièce intéressante se trouve au
Musée Taylor à Harlem.
11 y a quelques années on a trouvé encore des vertèbres de baleine dans la même
rue, et qui sont déposées au muséum.
-'<•• SQUELETTE DKS CÉTACÉS.
Xotre collaborateur, M. Paul Gervais, a fait connaître l'existence de
grands cétacés à fanons dans le midi de la France. On en a trouvé dans la
molasse, à Saint-Didier (Vaucluse), dans les sables marins pliocènes près de
Montpellier, dans le falun des Romans (Drôme) et dans le falun de Salle (Gi-
ronde!. M. Paul Gervais fait observer avec raison que l'on n'a pas toujours su dis-
tinguer ces os, des cachalots qui vivaient à la- même époque, comme le prouvent
des dents trouvées à Montpellier et à Sainte-Foix (Gironde).
M. P. Gervais a recueilli des caisses auditives et un maxillaire inférieur qui ap-
partiennent sans aucun doute à la division des balénoptères. Le maxillaire infé-
rieur présente sur sa face externe, en debors du sillon alvéolaire, la série de trous
menlonnicrs qui caractérisent les Mysticètcs (cétacés à fanons); et la caisse auditive,
malgré ses dimensions exiguës, a tous les caractères de ce groupe.
M. Delfortrie a eu l'obligeance de nous communiquer une pbolograpbie d'un
crâne, probablement de balénoptère, de la mollasse du département de la Drùme,
mais il est trop mal conservé pour le déterminer avec quelque certitude.
Fn Suisse on a trouve également quelques débris de cétacés. — Studer a signale
dans la mollasse de Pîerne, des ossements de ces animaux, et Cuvier fait mention
d'une omoplate, trouvée dans le lac de Genève cl qui ne peut être que de balénop-
tère d'après lui. — Nous ne savons où cette omoplate est conservée.
Mais c'est surtout en Pelgique, tout autour de la ville d'Anvers, sur une étendue
de plusieurs lieues, particulièrement sur la rive droite de l'Escaut, que ces osse-
ments sont répandus avec une profusion dont on peut à peine se faire une idée.
Ils y sont tellement abondants, (pie l'on ne saurait donner un coup de bêche à
quelques pieds de profondeur, sans en mettre un certain nombre au jour. C'est un
vrai ossuaire, peut-être le plus grand qui existe, où des cadavres de cétacés de
toutes les grandeurs, des mysticètes et des cétodontes, des Siréniens et des phoques,
MYST1CÈTES. 24-
sont venus échouer pendant des siècles. Les ossements y sont généralement mêlés
entre eux et proviennent tous sans distinction d'animaux marins..
Un siècle avant Giacomo Bianconi, dont nous avons parlé plus haut, un médecin
d'Anvers s'était déjà occupé des ossements de ces grands animaux et avait soutenu
avec raison, qu'au lieu de provenir de géants, comme on le pensait généralement,
ces ossements appartenaient à des animaux de grande taille qui avaient vécu au-
trefois dans ces contrées. C'est eu effet la thèse que Garopius Becanus soutenait
dans sa Gigantomachia.
Vers le milieu du siècle dernier ces mêmes ossements attirèrent l'attention d'un
naturaliste plein de sagacité, qui habitait Cologne, le baron Von llupsch. 11 s'était
procuré, dit-il, des restes de grands animaux marins, que les travaux des fortifica-
tions autour de la ville d'Anvers, à cette époque, avaient mis au jour, et il en donna
une description, accompagnée de considérations biologiques, que l'on peut fort
bien lire encore aujourd'hui avec intérêt.
Parmi ces ossements divers, appartenant à de grands animaux marins, la pétri-
fication la plus rare et la plus remarquable, dit le baron Von llupsch, c'est un os
d'oreille d'un animal inconnu, dont la nature lui a été dévoilée par l'os de l'oreille
des (apis manati, connus sous le nom de Seekuhstein. • — On voit distinctement,
par la description qu'il en donne, qu'il a connu la caisse tympanique des mysli-
cètes du crag. — 11 leur accorde trois pouces en longueur sur deux pouces de lar-
geur. C'est en effet la dimension ordinaire de ces os (II.
11 a comparé ces ossements d'Anvers avec des os de baleine qu'il possédait dans
son cabinet, et leur ressemblance est complète, dit-il, surtout par leur nature po-
reuse. 11 ajoute ensuite qu'il a reçu des ossements fossiles d'Amérique et que par
leur aspect aussi bien que par leur couleur et leur structure, ces ossements sont
complètement semblables à ceux d'Anvers.
Il est à regretter, dit le savant baron, que l'ostéologie des animaux marins ne soit
pas plus avancée; leur connaissance incomplète rend la détermination de ces osléo-
lilhes, ajoule-t-il, difficile. — Sans le mot ostéolithes on ne croirait pas que ce pas-
sage porte la date de 177 i.
M) Le baron von llupsch n'a pas moins bien reconnu les Ichtyodontes, Qdontopètrcs, Glossopèlres,
pour des dents de Squales.
248 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
Au commencement de ce siècle, le creusement de nouveaux bassins à Anvers a
mis au jour divers ossements intéressants, qui ont attiré l'attention de plusieurs
naturalistes. Nous pouvons citer Lajonkaire et surtout Cuvier. — C'est avec quel-
ques-uns de ces débris que Cuvier a créé le genre Ziphius, et ce genre est devenu
depuis le type d'une grande famille qui a joué un rôle extrêmement important vers
la fin de l'époque tertiaire.
En I8r>r>, dans une lettre adressée de Paris, nous écrivîmes à l'Académie de
Bruxelles, que les ossements que l'on découvre en si grande abondance dans les en-
virons d'Anvers, proviennent de différentes espèces de cétacés, et que, à en juger
par les caisses tympaniques que nous avions recueillies, la plupart de ces ossements
proviennent de baleines du genre Rorqual (I).
L'année suivante nous attirions l'attention des zoologistes sur l'importance que
présentent les caisses auditives pour la distinction des genres et des espèces (2), à
propos de quelques os que M. E. Robert avait rapportés de son voyage en Islande.
Parmi ces ossements se trouvaient des caisses tympaniques qui nous permirent de
constater que le Rorqual delà Méditerranée de Cuvier s'étendait jusqu'en Islande.
— On a reconnu depuis que sa présence dans la Méditerranée n'est qu'un accident,
et que c'est dans le nord de l'Atlantique qu'il fait son séjour habituel.
Ce n'est donc pas en 1846, dans une note sur les Ziphius (5), que nous parlions
pinir la première fois de Balénoptère fossile, comme Lyell le fait supposer dans son
mémoire sur les terrains tertiaires de la Belgique, mais en 4855.
On trouve également des débris de cétacés fossiles à Elsloo, sur la rive droite de
la Meuse à trois lieues de Maastricht, dans un sable noir qui est situé entre une couche
de cailloux roulés et un sable argileux sans fossiles, qui correspond au Rupelien de
Dumont.
En Angleterre, les ossements de cétacés sont également fort abondants, surtout
(1) Dullet. de l'Acad. roy. de Btltj., 1835, vol. II, p. G7.
t Comptes rendus de T Institut, t. III. p 101, 26 septembre 1830, et Ann. des se. nal., 1836, vol. VI,
p. 158.
(3) Ballet, dt VAcad roy. di />'• Ig t. XIII, 1" part., p. 257, 1846. Noies sur deux cétacés fossiles.
MYST1CÈTES. 249
dans le crag deSuffolk; mais, si on les trouve au milieu des mêmes coquillages qu'à
Anvers, ils diffèrent d'eux sous plusieurs rapports; ils sont, par exemple, toujours
roulés, et l'on trouve ordinairement au milieu d'eux des ossements de mammifères
terrestres (i). Plusieurs naturalistes distingués se sont occupés de l'étude de ces
mammifères : parmi eux nous devons citer surtout le professeur Owen, et, dans ces
derniers temps, le professeur Huxley et un jeune savant qui a pris rapidement
une belle position dans la science, M. Ray Lankaster.
Lé professeur Owen a décrit et figuré quatre caisses tympaniques, fortement rou-
lées, qui proviennent probablement d'une même espèce, plus voisine des Balénop-
tères que des baleines; et, sur le bord de la Manche, on a trouvé une mâchoire
fossile qui est également attribuée à une baleine (2).
En Ecosse, on a trouvé, près du Forth, à vingt pieds au-dessus du niveau actuel
de la mer, un squelette de 72 pieds. On a découvert également des ossements de
baleine, à DumoreRock, Stirlingshire, à40 pieds au-dessus du niveau actuel.
Le docteur Buckland mentionne également sur la côte de Cornouailles, des osse-
ments de mysticète dans un estuaire qui est comblé aujourd'hui.
M. Baker conserve une caisse tympanique de Balsenoptera, trouvée avec des ver-
tèbres dans le sable à Huntshill, près de Dingwall, à M pieds au-dessus du niveau
actuel, dans de l'argile contenant des coquilles marines.
Ces derniers ossements trouvés à un niveau plus élevé que les hautes eaux ac-
tuelles, proviennent d'animaux très-voisins de ceux qui vivent encore aujourd'hui.
On a découvert également des ossements de cétacés dans le Wurtemberg. Jager,
en publiant en -1855 les mammifères fossiles de ce pays (3), signale des restes d'une
petite baleine, d'un dauphin et probablement d'un cachalot, trouvés avec des débris
de morse dans la mollasse deOberschwaben. Ces os sont en général mal conserves
(1) On ne trouve jamais à Anvers un débris d'animal terrestre avec les ossements de Cetacéf .
(2) Mantcll, Medals of création, vol. II, p. 824.
(3) Jager, fossile Sàugelhiere von Wurtemberg. Stuttgart, 185b, in-foî.
02
230 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
et sont par conséquent difficiles à déterminer. — Le rostre de dauphin est bien
reconnaissante ; plusieurs os ne sont pas sans ressemblance avec les Ziphius, et un
fragment de maxillaire (Pi. \, fig. 26) semble bien provenir d'une balénoptère.
Sur le bord de la Baltique, on a découvert des ossements divers de baleines à
fanons, parmi lesquels se trouve une omoplate que lîathke compare à l'omoplate
de la baleine du Cap figurée par Cuvier, mais dont elle s'éloigne par son bord an-
térieur qui est moins droit, et par l'angle de son bord antérieur et supérieur qui
est plus bas. — Auguste Muller pense que cet os provient d'une baleine de Groen-
land. Mais la baleine de Groenland ne quitte jamais les glaces, et, si cette déter-
mination était exacte, il faudrait admettre que cet animal eût échoué dans ces pa-
rages à une époque où le sol de la Scandinavie était en partie encore couvert de
vastes glaciers.
En Suède, on a trouvé à diverses reprises des ossements de cétacés, et souvent
au-dessus du niveau actuel de la Baltique. — Dans ces dernières années, le pro-
fesseur Lilljeborg a fait connaître des ossements dont il a fait la Baleenoptera ro-
busta, qui ont été trouvés à Graso (Upland, Suède), à 12 ou -15 pieds au-dessus du
niveau de la mer et à S i0 pieds de la côtc; au milieu des Teltina baltica, des Mytilus
nl.ilis, qui sont en tout semblables aux espèces actuelles.
Les ossements de baleine que Lilljeborg désigne sous le nom de Balœna Sweden-
borgii, ont été déterrés (novembre 1 705) en Gothland ,, à 80 miles anglais de lacôle,
et à 550 pieds au-dessus du niveau actuel de la mer. On voit par le sternum et
d'autres pièces que ces os proviennent de vraies baleines, du genre mysticelus.
ÎNillson(l) cite une omoplate d'un jeune animal trouvé à 5 mètres delà côte à
Garamelstrop (Scanic). A Sloklosler, Upland (Suède), on a déterré une omoplate,
deux vertèbres et deux côtes qui ont été enfouies pendant longtemps, à en juger
parleur état de conservation (2). — Dans la cathédrale de \N isby (5) on conserve éga-
I] Fauna, Daggdjeuren (Balœna prisca).
(2) Lilljeborg, Oftersigi of Skandinaviens hoaldjur., p. il 3.
i "i l.illji ■li'ini, Dj'rrrxnjl ni SkiiKilinavicus hoaldjur., p. 113.
MYSTICETES. 251
lement une apophyse transverse d'une vertèbre lombo-sacrée, mais dont l'origine
est inconnue. — Au musée national de Zoologie de Stockholm on conserve une
vertèbre caudale d'une baleine trouvée près de cette ville; mais nous ignorons dans
quelles circonstances (I).
Un fragment de côte de baleine est conservé encore dans une église d'Orberga
(Osfcrgolhland), et d'après les traditions il proviendrait d'un animal échoué dans
ces parages. C'est un fragment d'une côte du milieu, dont les deux extrémités man-
quent et qui paraitavoir séjourné longtemps dans l'eau. M. Lilljeborg est d'avis qu'il
se rapproche de la Balœna Swedenborgii (2).
llelzius a fait mention d'un rocher de mysticète, de la montagne de Kinnckulle,
en Vestrogothie(o), qui appartient aux collections de l'école supérieure de Skara.
— M. Lovèn a eu l'extrême obligeance de nous en envoyer un fort beau dessin;
mais il ne nous a pas été possible de nous y reconnaître.
Il existe au musée de Brème une portion de crâne, que les pêcheurs ont retirée
du fond de la mer et qu'ils avaient pris d'abord pour quelque reste de baleine que
des pêcheurs auraient jeté par-dessus bord à leur retour de Groenland. Cette
pièce est extrêmement curieuse. Le docteur Focke a eu l'obligeance de nous en
envoyer une photographie, et, pour autant que l'on peut en juger, nous croirions
certainement sans l'exiguïté de la pièce, qu'elle provient d'un cétacé à fanons;
nous espérons pouvoir étudier bientôt la pièce originale.
Plusieurs auteurs ont fait mention d'ossements fossiles de cétacés trouvés
en Amérique, et, depuis la fin du siècle dernier, le baron von Hupsch dit en avoir
reçu, qui ressemblent complètement, dit-il, à ceux d'Anvers (-4). — P. Camper en
cite également de la Virginie (S).
(1) Lovèn, O/versigt of Kongl- Wetensk. Ak. forh. 1861, p. 305.
'2) Lilljeborg, O/versigt of Kongl. Wetensk. Akad. forhandl , 1861, p. 157.
(3) O/versigt 1854, p. 111
(4) hoc. cit., IIIe Stuk.
(5) Observ. anatom., p. 15
252 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
Le professeur Leidy fait mention d'une Balsena paleatlantica et d'une BaUena
prisca (I), provenant du miocène; la première espèce est établie sur un fragment
de maxillaire inférieur, une vertèbre dorsale et une portion de temporal; la seconde
également sur un fragment de maxillaire inférieur et une vertèbre caudale.
M. Gibbes fait également mention de restes de cétacés de l'époque éocène qui se
rapprochent des Physeter et àesBalsena: among the fossils ofthe eocene period found
vilh thèse relies, arc tympanic ùones and teclh of cetacea, resemOliny Physeter ma-
crocephalus and Balœna affinis, Owen, as given in Iris British fossil mammatia, dit-il.
Dekay parle également de mysticètes fossiles qu'il rapporte au pliocène de l'Amé-
rique du Nord, tandis que Leidy les rapporte au miocène de Virginie.
Le professeur Cope m'a informé à la date du tcr février 1868, qu'il a découvert
des ossements de mysticètes dans le miocène des États-Unis d'Amérique, qu'il rap-
porte à deux espèces du genre Eschrichtius, et ajoute : That period on our coast
abonné ivith celaceans.
Nous voyons, d'après ce que nous venons de dire, qu'au centre comme aux ex-
trémités de l'Europe, au bord de la Baltique comme sur le bord delà Méditerranée,
rie la mer Noire et de la mer d'Azow, sur les eûtes d'Ecosse comme sur les côtes
d'Angleterre, de France et de lîclgique, on trouve des restes de cétacés à fanons et
que l'Amérique du Nord n'en recèle pas moins que l'Europe. — Les États-Unis
d'Amérique nous montrent également l'apparition de ces cétacés surtout dans le
miocène, et l'existence d'espèces très-voisines des espèces actuelles à des distances
variées de la côte et au-dessus du niveau des plus hautes marées.
En Australie on a trouvé également des cétacés fossiles, mais nous ne connais-
sons jusqu'à présent que l'humérus d'un Cétodonte trouvé à Parimoa (Nouvelle-
Zélande) que le professeur Huxley rapporte à un genre voisin des Phoarna sous le
nom de Phocaenopsis mantellii (2).
(i, Proc. ofthe Acad. of Philadelphie, V, p. 308.
(2 Quart. Journ. geot. soc, feb, 1860.
MYSTICËTES. 253
Comme nous venons de le voir, ces cétacés n'appartiennent pas tous à une même
époque géologique; quelques paléontologistes semblent les faire remonter jusqu'à
l'époque tertiaire inférieure et même au delà, mais ce n'est que dans le miocène et
surtout le pliocène qu'ils font régulièrement leur apparition. — Les premiers
mysticètes se rapprochent plus des balénoptères que des baleines véritables, et les
ossements de ces dernières sont partout fort rares.
Depuis le pliocène, qui renferme des débris de grandes et de petites espèces de
Rorqual, comme Cuvier les appelait, les mysticètes ont traversé l'époque quater-
naire jusqu'aux temps actuels et les ossements de ces derniers sont difficiles à dis-
tinguer des espèces vivantes.
En effet, en Angleterre on en a signalé dans le Forest-Bed, qui est situé immé-
diatement au-dessus du crag, ainsi que dans les falaises de Norfolk ; ces ossements
ont même été trouvés mêlés avec des objets de l'industrie humaine. — Dans la
tourbe on a découvert également des débris de cétacés, qui se rapportent à des
espèces voisines si pas identiques avec les espèces actuelles. Nous en avons vu au
Musée de Cambridge, dont les parties creuses sont encore pleines de tourbe, et qui
sont en tout semblables à uneBalsenoptera, au Delphinus tursio et à l'Orca. Cette
couche de tourbe se trouvait à quarante milles de la côte actuelle.
Il n'est pas rare de trouver également des ossements de cétacés et surtout de mys-
ticètes à des distances plus ou moins grandes des côtes et au-dessus du niveau
actuel de la mer.
En Ecosse, en Angleterre, sur la côte de Cornouailles, en Suède et aux États-
Unis d'Amérique on a trouvé, comme nous l'avons vu plus haut, des ossements de
haleines à de certaines distances de la mer, au-dessus de la ligne des hautes eaux, et
on a trouvé souvent, à côté de ces ossements, des coquilles provenant des mêmes
mollusques qui vivent encore dans ces parages. — Ces os appartiendraient donc;
des couches soulevées depuis l'apparition de l'homme, et les animaux dont ils pre
viennent, seraient, sinon des espèces vivant encore actuellement, du moins d<
espèces de l'époque actuelle.
Le musée de Bruxelles renferme les principaux ossements d'une balénoptère
tout semblable à celle qui fréquente la Méditerranée, et qui ont été mis au jou
254 SQUELETTE DES CETACES.
une certaine distance de la côte, non loin de Tripoli, à quelques mètres au-dessus
du niveau de la Méditerranée.
Dans la Russie méridionale, à peu de distance de lu mer Noire, von Nordmann a
découvert dans le diluvium une vertèbre qu'il rapporte au genre BaLvna (I); et
comme on ne trouve plus dans la mer Noire d'autres cétacés, que le marsouin,
le dauphin ordinaire et le (ursio, de grands changements doivent être survenus
dans ces contrées depuis l'époque diluvienne.
Nous ne connaissons en Belgique des débris de cétacés que dans les terrains ter-
tiaires supérieurs. — Nous en trouvons le plus souvent dansle sable noir du Diestien
ou dans le crag gris ou jaune.
A différentes reprises, nous croyions avoir trouvé des ossements de cétacés dans
le Rupélien, mais nous avons toujours appris par de nouvelles observations, qu'ils
provenaient de la surface de ce terrain, et gisaient mêlés avec des coquilles d'une
époque postérieure. Le cétacé le plus ancien que nous connaissons en Belgique,
est le placoziphius qui a été mis au jour à Edeghem (2).
Ces cétacés fossiles atteignaient-ils, comme en général les animaux terrestres,
une taille plus forte que ceux qui vivent encore actuellement? non ! Les baleines,
comme les balénoptères d'aujourd'hui, semblent plus grandes que celles d'autre-
fois, et on trouve même peu d'ossements qui indiquent des dimensions égales
i «elles de nos espèces actuelles.
Plusieurs auteurs ont fait mention définis longtemps de cétacés fossiles, mais il
v en a fort peu qui ont figuré les os qui ont été mis au jour, et il y en a encore
i ; C'est une vertèbre qui a six pouces en largeur et en hauteur et trois en épaisseur; l'éprphyse est
détachée d'uD cûté seulement. Elle a été trouvée à peu de distance de l'embouchure du Téligul, gouver-
nement de Kherson (Cherson).
(2) Nous ne croyons pas devoir faire mention d'une dent, qui nous paraît provenir d'un cétacé, et qui a
lé recueillie dans l'éocène par un de nos savants ingénieurs, M. Cornet.
MYSTICÈÏES.
moins qui ont cherché à les déterminer spécifiquement. — Cela s'explique:
connaissant fort incomplètement les espèces vivantes on ne pouvait guère déter-
miner les espèces fossiles avec quelque apparence de certitude.
Vandelli a joint une planche àses observations (PI. IV)quireprésentedesporlions
de crânes de mysticètes et quelques dents de Cétodontes (Pi. V, fig. 10 et II).
Cortesi de Plaisance a fort hicn représenté un myslicète qu'il a découvert sur le
liane oriental du Monte Pulgnasco, à environ douze cents pieds au-dessus de la plaine.
Lamanon a publié un dessin de l'os de la tête qu'un marchand de vin de la rue
Dauphine à Paris, découvrit dans sa cave en 4779 en y faisant des fouilles. -
Cuvier a donné une nouvelle figure de cet os remarquable qui est conservé aujour-
d'hui dans le cabinet de Tcyler à Harlem.
Fichwald consacre la pi. XII de sa Lethœa rossica aux cétacés fossiles. — Si figure
une région caudale presque complète, des vertèbres lombaires, un os en V, un
humérus et un fragment de côte, qu'il rapporte au genre Ziphius, mais qui pro\ ient
évidemment d'un myslicète voisin des Balénoptères.
A côté de divers ossements de cétodontes M. le professeur Owen a figuré des
caisses (ympaniques qu'il attribue à des balœna et qui appartiennent évidemment
à des mysticètes à aileron et non à des baleines véritables.
Lilljcborg consacre huit planches à la représentation des os de Y Eschrichtius
roôustus; il a fait figurer les mandibules, les principales vertèbres, une corne de
l'os hyoïde, les côtes, le sternum, l'omoplate, l'humérus avec radius et cubitus, des
os du carpe et des phalanges. Il consacre également trois planches à YHunlerins
Swedenborgii, dont il figure le sternum, l'omoplate, des côtes et plusieurs vertèbres .
Aug. Muller a figuré avec un soin très-grand la portion de crâne qu'il design"
sous le nom de Balœnoptera syncondylus, et qui avait déjà été figurée par le doc-
teur II. Hagen, d'après une photographie.
Les planches 26, 27 et 28 de la Paléontologie de la Russie méridionale de
V. Nordmann, sont consacrées aux cétacés fossiles. — Ils proviennent d'après lui de
irois espèces aumoinsdeCetotherium, d'une Balœnoptera, d'une Balœna, et de deux
espèces de Delphinus. (Delphinus? fossilis bessarabicus, Nordm., phocœna euxinica
fossilis, Nord m.)
M. Paul Gcrvais a fait dessiner la mandibule du Plésiocèle qu'il a décrite dans les
Annales des sciences naturelles.
256 SQUELETTE DES CETACES.
M. Capellini donne le dessin d'une tète restaurée du Rorc/ualus Cortesii, ainsi que
les caisses tympaniques, des vertèbres de différentes régions, le rostre et une man-
dibule.
Les mysticètes fossiles sont répartis comme les vivants en trois groupes géné-
riques, les Baleines véritables, les Mégaptères et les Balénoptères. — C'est en sui-
vant le même ordre que nous allons les passer en revue.
Il est inutile de faire remarquer, que nous n'attachons pas la même valeur
aux espèces fossiles qu'aux espèces vivantes et que c'est plutôt à titre de ren-
seignements que nous énu nierons le plus grand nombre d'entre elles.
GENRE BAL^NA
11 existe de vraies baleines fossiles, mais elles sont très-rares, comparativement
aux Balénoptères, et il ne faut pas s'en étonner, puisqu'on a pu croire, que les
vraies baleines datent seulement de l'époque actuelle.
BALjENA SVEDENBORGII
Pl. VIII. Fig. 8-16.
Lilljeborg, Ofversigt of Skandinaviens hvaldjur, Upsala, 1862. (Aftryck ur Upsala universitets Arsskrift,
1861-1862.)
Lilljeborg, on two Subfossil Whales discovered in Sweden, Upsala, 1867. (Nova actaofthe roy. Soc. ol
sciences at Upsala, ser. III, vol. VI.)]
Sous le nom de Svedenborgska hvalen d'abord, puis de Balxna Svedenborgii et
de Hunterius Svedenborgii, le professeur Lilljeborg a fait connaître une vraie Ba-
55
258 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
leine ; la conformation du sternum et de l'omoplate ne laisse aucun doute à cet
égard.
Les ossements de cet animal ont été découverts au commencement du siècle der-
nier et, pendant longtemps, ils ont été attribués à un géant comme il arrivait sou-
vent aux siècles précédents quand on mettait au jour quelque débris d'un grand
animal.
C'est en Gotbland (Suède) que l'on déterra ces os en I70;>, à 80 lieues de la côte
et à 550 pieds au-dessus du niveau de la mer.
En 1825, une vertèbre, que le professeur Lilljeborg attribue au môme animal,
fut découverte dans la province de Westergotbland au fond d'une excavation, et le
major L. Gullenball la présenta à l'Académie des Sciences de Stockholm (I).
Ces ossements ont appartenu successivement à divers établissements et sont enfin,
d'après ce que nous apprend le professeur Lilljeborg, la propriété du musée zoolo-
gique de l'Université de Stockholm.
C'est au savant professeur d'Upsala que nous devons les premiers renseignements
détaillés sur ces curieux débris ; dans son Synopsis des cétacés Scandinaves, le pro-
fesseur Lilljeborg fait avec soin l'historique de cette découverte et donne une des-
cription détaillée des os, avec l'indication de leurs dimensions.
Plus récemment, dans un mémoire qui a pour titre: On two Suùfossil \Y haies, il
a publié dans les actes de la Société royale des Sciences d'Upsala (1867) une descrip-
tion complète des os, description qu'il a accompagnée de trois planches.
Ces os consistent en une cinquantaine de pièces dont douze appartiennent à
l'Académie royale de Stockholm ; ce sont pour la plupart des vertèbres caudales, un
sternum, une omoplate et plusieurs côtes.
Trois autres pièces, consistant en une seconde omoplate, une vertèbre caudale,
et une partie de côte, découvertes en dernier lieu, appartiennent au musée zoolo-
gique de Stockholm. Elles ont été présentées par le professeur F. Sundcwall.
MM. Sundcwall, Lovèn et A. Retzius ont fait mention encore de quelques autres
ossements de Mysticètcs des bords de la Baltique, mais il serait fort difficile de les
rapporter avec certitude à celte espèce. M. le professeur Lovèn a bien voulu me
(I , A< tes dt l'Académie royale des sciences, 1823, p. 373. LiUjeborg, p. 3G.
BALEINES. 259
faire dessiner un rocher signalé par Retzius (I ), niais, quoique le dessin soit fort
beau, je n'oserais même assurer qu'il représente un rocher de Mysticète quel-
conque.
Nous avons reproduit les principaux os de cet animal d'après les dessins publiés
par le professeur Lilljeborg.
Le professeur d'Upsala rapporte cette espèce à une période plus ancienne que
celle pendant laquelle, dit-il, la Balœna myslicetus visitait la Baltique et antérieure
à YEschriclitius robustus. — C'est peut-être pendant cette période tempérée,
ajoufe-t-il, quel'Emys europsea s'étendait au nord jusqu'à Gothland.
M. Lilljeborg croit devoir rapporter ces ossements au genre Hunteriiis de Gray
en avouant qu'il n'a pas vu le squelette de Leyde sur lequel ce genre est établi ;
n'ayant même pas vu la première côte, nous ne savons trop sur quoi l'auteur se
fonde pour faire cette détermination.
DESCRIPTION DES OS.
Le sternum présente la forme ordinaire des baleines véritables, c'est-à-dire, qu'il
est légèrement bombé et consiste dans un disque de forme ovale un peu plus long
que large, arrondi en avant, pointu en arrière et présentant sur le côté cet aspect
particulier des surfaces osseuses des cétacés qui sont couvertes de cartilages. —
D'après la situation de ces surfaces la première paire de côtes s'articule avec le
sternum vers le milieu de sa hauteur.
Ce sternum est très-développé et provient évidemment d'un animal qui a atteint
son âge adulte.
L'omoplate a comme le sternum tous les caractères des vraies baleines. Son
diamètre vertical est beaucoup plus grand que son diamètre antéro-postérieur, et
sa surface externe est légèrement creusée. L'acromion est fort allongé, mais peut-
être n'est-il pas encore développé complètement; cette apophyse s'étend en lar-
geur comme en longueur, tandis que l'apophyse coracoïde est assez peu développée.
(1) OfversUjt of kowjl. vetensk. akad.fôrh. 1854, p. 111.
260 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
La surface de la cavité glénoïde est de forme ovale comme le sternum. L'épine
s'élève verticalement, et s'éloigne fort peu du bord antérieur.
Il y a trois côtes complètes de droite, que M. Lilljeborg considère comme la
troisième, la quatrième, et la cinquième. — La première est assez large à son extré-
mité sternale quoiqu'elle ne soit pas complète de ce côté.
On ne connaît que \2 vertèbres de ce squelette : la première est une caudale
d'après M. Lilljeborg; il nous parait que c'est la première, ou plutôt la seconde,
de cette région ; elle a son apopbyse épineuse large comme l'apophyse transverse,
et celle-ci, un peu plus large au bout qu'à la base, montre sur son bord antérieur
une échancrure pour le passage de l'artère. — Cette même apophyse transverse est
légèrement inclinée de haut en bas et de dedans en dehors, et faiblement dirigée
d'arrière en avant, en sens inverse de l'apophyse épineuse.
Le canal vertébral est triangulaire, et moins étendu en hauteur qu'en largeur. La
largeur correspond à la hauteur de l'apophyse épineuse.
Les épiphyses antérieures et postérieures sont détachées.
Une seconde vertèbre est considérée par le professeur Lilljeborg comme une
quatrième caudale; les apophyses sont naturellement moins longues, le canal ver-
tébral moins grand, et les surfaces articulaires pour les os en V plus saillantes et
plus étendues.
Les autres vertèbres jusqu'à la dix-septième d'après le professeur Lilljeborg, per-
dent peu en diamètre antéro-postérieur, mais leurs apophyses diminuent insensi-
blement, le canal vertébral disparait, et la dernière n'est plus qu'un disque, mon-
trant à peine, à la face supérieure, les traces de canal vertébral; à côté on voit
les trous pour le passage des artères spinales, qui montent verticalement dans le
corps de la vertèbre.
Le corps de toutes ces vertèbres se dislingue par leur forme angulaire.
M. Lilljeborg l'ait remarquer que dans la Balœna mysticetus, l'artère spinale passe
jusqu'à la quatrième caudale au devant de l'apophyse transverse et à commencer
de la cinquième traverse la base de celle apophyse; dans celte baleine ce n'est qu'à
la dixième caudale que l'artère spinale traverse l'apophyse.
Tous ces os ne proviennent évidemment pas du même animal, puisque le ster-
num indique un individu adulte, tandis que les épiphyses des vertèbres sont encore
complètement séparées.
RAISINES. 261
BAL^NA TANNENBEUGII
Il existe au musée de Konigsberg une vertèbre de baleine trouvée dans l'Aile
et une omoplate quia étédéterrée eiH4J0,àTannenberg, à la distance de ^ 5 milles
de la Baltique (I). — La vertèbre a été donnée au musée par Pancritius.
A quel animal faut-il rapporter cette omoplate, que l'on a prise d'abord pour une
omoplate de Physeter, puis pour une omoplate de Balsena et enfin pour une omoplate
de Balsena mysticetus?
Rathke pense que cet os provient d'un animal qui a échoué, quand ce pays était
encore couvert par la mer, et il la rapporte à une vraie baleine ; cependant ce n'est
ni une omoplate de Balénoptère, ni de mégaptère ni de mysticetus, dit-il.
Cette omoplate a 5 pieds 5 pouces de longeur,4 pieds un pouce et demi de hau-
teur et parait toute pétrifiée; son bord antérieur est plus conique que dans la baleine
du Cap, dit Rathke (d'après la figure donnée par Cuvier) et l'angle antérieur et supé-
rieur est un peu plus bas que dans cette espèce. — C'est de la baleine du Cap
qu'elle semble se rapprocher plus que de tout autre (2). Cet os a été connu
par V. Baer, d'après une communication qui lui a été faite par écrit, et paraissait,
dit l'illustre savant, complètement pétrifié. M. Auguste Muller, aujourd'hui profes-
seur à Konigsberg, appréciant la haute importance de cet os, Ta nettoyé avec beau-
coup de soin, et pense que c'est une omoplate du côté gauche de Balana mysli-
cetus.
Par une comparaison rigoureuse on saura plus tard si elle doit appartenir à l'es-
pèce vivante du Groenland, ou à un animal voisin.
(1) Rathke, Prcuss. Proc. Bl. 18 Bel, 1837, p. 562.
^Hensche, ueber einen aufdei Kurischen Nehrung bei Nidden gefundenen Knochen.
262 SQUELETTE DES CETACES.
BAL/ENA PRIMIGENIUS
Pl. VIII , Fig. 1-8.
Depuis plusieurs années nous avons reconnu parmi les ossements du crag d'An-
vers, des restes de véritables baleines et, à diverses reprises, nous en avons fait
mention.
En \ 855 nous avons signalé au milieu de ces débris des caisses tympaniques et
des rochers, dont nous avons fait connaître la haute importance au point de vue
de la détermination des genres et des espèces. Parmi ces caisses il y en a qui se rap-
portent, disions-nous, par toute leur conformation aux Balénoptères ou Rorquals.
— Depuis lors nous en avons reconnu qui proviennent de vraies baleines. Nous
répéterons ce que nous avons déjà dit ailleurs, qu'il n'y a aucune de celles aux-
quelles le professeur R. Owen a donné le nom dcBaloona (affinis, tlefinita, gibbosa
et marginata), qui provienne d'une vraie baleine; ce sont toutes caisses de Baleines
à ailerons, ce qu'il est facile de voir à leur forme ovale et peu comprimée.
Dans un discours, que notre savant confrère le vicomte B. du Bus a prononcé
en 1827 à l'académie de Belgique, il est fait également mention d'ossements de
baleine provenant des fouilles d'Anvers, et se rapportant à des animaux assez voisins
de la baleine franche de Groenland. M. le vicomte B. du Bus a vu des vertèbres
de la région cervicale qui étaient toutes souciées, plusieurs caisses auditives ar-
rondies et non comprimées, et il propose le nom générique de Protoèalsena pour
désigner les animaux perdus auxquels se rapportent ces débris.
Nous avons pleine confiance dans la détermination de notre savant confrère, et
il est possible que les os que nous possédons se rapportent au même animal ;
mais nous ne croyons pas jusqu'à présent devoir admettre la division générique
qu'il propose.
Les pièces que nous possédons sont : un sphénoïde postérieur, plusieurs caisses
ISALEINES. 263
tyrupaniques, «ne côte complète bien conservée et une phalange. — Le basi-
sphénoide est remarquable par le grand développement de ses ailes; il diffère nota-
blement de celui des Plésiocètes, et a exactement la même forme que cet os aflecte
dans les vraies baleines à l'âge embryonnaire. Malgré sa grande dimension il pro-
vient d'un jeune animal.
Les caisses tympaniques sont comprimées, et, au lieu d'être régulièrement arron-
dies elles sont anguleuses et ressemblent à un porte-monnaie vidé. — Nous en
connaissons plusieurs et il y en a parmi elles dont l'intérieur est couvert de serpules
et de bryozoaires, de manière que ces os ont dû se trouver un certain temps libres
au fond de la mer.
Nous possédons une côte toute entière; à en juger par la tubérosité articulaire et
le cou qui la prolonge, c'est probablement la quatrième; elle a un mètre soixante
centimètres de long sur \o centimètres de large dans sa partie inférieure. — Elle
est légèrement comprimée dans toute sa longueur.
Enfin, nous avons trouvé dans le crag une phalange parfaitement conservée,
qui, si elle n'appartient pas à une mégaptera, genre que nous n'avons pas observé
encore à Anvers, provient évidemment d'une baleine. Cette phalange a 10 cen-
timètres de long, 4 centimètres de large au milieu et 6 aux extrémités et 5 cen-
timètres et demi d'épaisseur aux surfaces articulaires.
Les deux surfaces articulaires indiquent par leurs rugosités, la présence des car-
tilages qui réunissent les phalanges entre elles. — La surface la plus large qui est
sans doute l'antérieure est tronquée transversalement, tandis que l'autre moins large
mais plus épaisse est coupée obliquement. La surface de l'os est fort unie.
2fii SQUELETTE DES CETACES
BAL^ENÀ LAMANONI
En 1779 on découvrit dans la cour d'un marchand de vin, rue Dauphine à Paris,
une portion de crâne, pesant 227 livres, et qui fut décrite d'abord dans \e journal
de Physique t. XVII, p. 595, fig. 2, sous le nom àeBalsena Lamanoni (1). Cette pièce
se trouve aujourd'hui au musée Teyler, à Haarlem où nous l'avons étudiée. — C'est
une portion de temporal de baleine, différente de la baleine duGroënand, mais il
serait difficile de dire si elle provient d'une espèce nouvelle ou si elle se rapporte
à un animal connu. On ne possède pas assez de matériaux pour se prononcer n
cet égard.
Dans la rue Dauphine à Paris, on a trouvé en septembre 1850 des vertèbres qui
sont conservées au muséum d'histoire naturelle de Paris, et qui se rapportent évidem-
ment à un grand mysticète (1); il est probable qu'elles proviennent de cette même
espèce.
(1) Lainanon, Journal de -physique, t. XVII, p. .193, pi. 2. — Daubenton, Mém. acad. se. 1782, p. 211 .
— G. Cuvier, Recherch. ossem./oss., t. V, 2* part., p. 393, pi. 27, fig. 16.— Desmoulins, Dict. class. d'hisl.
nat.,t. II, p. 107. — Pictet, Paléonlol., t. I, p. 321. -P. Gervais, Zoologie et Palëontol. franc., 2e édit.
Paris, 1859, p. 313.
(1 ) Gervais, Paléontologie française.
GENRE MEGAPTERA
Près de Friederichshall, en Norwége, on a trouvé, d'après M. Ilensche, un sque-
lette de baleine, à 250 pieds au-dessus du niveau de la mer et qui présente, à notre
avis, les caractères des Megaptera.
Eichwald fait de son côté mention d'un maxillaire inférieur semblable à celui
des Megaptera et qui aurait été trouvé en Suède.
D'après Lilljeborg, la Balœna prisca de Nillson (Fauna Scandin.), appartiendrait
également à ce genre et il croit même devoir la rapporter à la Megaptera ôoops.
A la Nouvelle-Orléans, à 4 60 miles de la côte et à 75 pieds au-dessus du niveau
de la mer, on a trouvé un squelette de Megaptera dont la tète a été figurée et qui ne
laisse guère de doute sur le genre. — On le reconnaît à la conformation des maxil-
laires supérieurs et au développement des os pariétaux. — Nous sommes en pos-
session d'une lithographie de cette tête, mais nous ne savons si les os sont con-
servés quelque part. — Nous lisons au bas du dessin : View of an mormons head
of an unknotvn animal, found in New Orléans, 160 miles from the sea, and 75 feet
from the earth's surface, iveiglting, 1700 pounds.
Ce n'est qu'après une comparaison rigoureuse que l'on pourra apprécier les
rapports véritables qui se trouvent entre ces divers ossements.
54
266 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
MEGAPTERA SYNCONDYLUS
Stadlrath Hensche et D' Hagen, Ueber einen auf der kurischen Nehrung hei Niddcn gefundenen Kno-
chen, Schrift. d. CEk. Gesell. zu Kônigsbcrg, jahr. I, H. II.
Aug. Muller, De fragmente cranii ceti, quod maris Baltici aestu anno 1860 ejectum est. Regimonti, 1862 4°.
Aug. Muller, Ueberdas Bruchstiick vom Schàdel cincs Finnwales, Balœnoptera Syncondylus, Schrift. d.
Phys. OEk. gesellsch. zu Kônigsberg, jahr. IV, 1863.
En ^860, après une forte tempête, la nier rejeta sur la côte de la Baltique la
partie postérieure d'un crâne de grand cétacé, couverte en partie de /lustra mem-
ùranacea, un des rares bryozoaires de cette mer.
MM. Hensche et Hagen eurent soin de faire photographier ce fragment remar-
quable et publièrent ensemble une notice sur cette découverte avec une descrip-
tion anatomique des parties conservées. — Le docteur Hagen rapporta l'animal
dont cet os provient, à une espèce de Megaptera, voisine de la Megaptera du Cap;
il la considéra comme fossile et, en même temps, comme nouvelle pour la
science.
Eschricht eut l'occasion d'étudier et de comparer ces pièces, et crut aussi que,
si les os ne proviennent pas d'une Megaptera longimana [Boops de Fabricius), ils
proviennent en tout cas d'une espèce voisine.
Eu 1 862, le professeur Aug. Muller soumit cette pièce à un nouvel examen, fit !o
voyage de Copenhague pour y étudier les espèces vivantes, et décrivit, avec le talent
d'un anatomiste distingué, le fragment de crâne dans ses plus minutieux détails.
Après avoir comparé avec soin la manière dont se comporte la portion écailleuse
du temporal (le squammosal) dans les Bal.vnoplcra roslrala, musculus, laticeps, et
la Megaptera boops, il arrive à la conclusion, que le fragment de crâne provient,
non d'une Megaptera, mais d'une Balsenoptera, à laquelle il donne le nom spéci-
fique de Syncondylus à cause de la réunion des deux condyles occipitaux; il sup-
pose que celte espèce est peut-être encore vivante.
M. Aug. Muller ne peut prendre ces os pour fossiles dans le sens ordinaire du
BALÉNOPTÈRES. gffj
mot; ils ne sont pas modifiés sous le rapport chimique, dit-il, et ils renferment
encore leur {Gélatine.
On voit également par les Flustra qui les recouvrent qu'ils ont longtemps séjourne
au fond de la mer.
Le fragment principal consiste dans la partie postérieure de la boite crânienne,
montrant le trou occipital, les deux condyles articulaires, une partie du temporal et
un ptérigoulien.
Aug. Muller n'a pas fait figurer la vertèbre lombaire par la raison que les apo-
physes sont complètement coupées et que le corps lui-même a été creusé pour en
faire un vase.
Outre les fragments de crâne étudiés par le docteur Hagen et le professeur Aug.
Muller, et la vertèbre que ce dernier a reçue du même animal, il a été rapporté par
Claudius un second fragment de crâne de l'île Sylt, qui se trouve aujourd'hui à
Marburg.
Ces fragments présentent, à notre avis, tous les caractères de Megaptera, comme
Kschricht l'a prétendu.
GENRE BAL^ENOPTERA
Ce sont évidemment les mysticètes les plus répandus aujourd'hui depuis la
tin de l'époque tertiaire, et, comme il existe des différences assez notables entre
elles, surtout dans la conformation du rostre, nous avons cru devoir les répartir
en deux sous-genres : Cetotherium et Plesiocetus.
GETOTHERIUM, BHANDT
Ralhke, L'ebcr einige auf der Halbinsel Taman gefundene fossile Rnochen. Mémoires df VAcad. du
se. de Saint-Pétersbourg, Savants étrangers, t. Il, 1835.
Kaihke, Vaterlandiscb.es Aicbiv fiir Wissenschaft, oder Preuss. Provincîalblâlter, Bd. 18, Kœnigsberg,
18.37.
V. Eichwald, Die Urwelt Kusslands, 1840.
V. Eichwald, Beschreîbung einiger Rnochen der Zip/uns priicus, Schriftcn der K. mineralogischén
(îesellschaft. — Bulletin de VAcad. roy. de Sainl-Pétcrsbonrg, 1812.
Brandit Noti/. ùber die fossilcn Rnochen des Cetotherium, Verhand. il R. li. minerai Gesells zu Saint-
Pétersbourg, 1841 Un! h lin de la classe physico-mat hém., t. I, 1 s 4 i , p, 1 i'i
V. Eichwald, l.ethœa rossica, Stullgard, 18o3.
Al. von Nordmann, Pala.'ontologie Sûdrusslands, in-i°, Helsingfors, 1866
BALENOPTERES. 269
Comme le fait remarquer Al. von Nordmann, les premiers renseignements sur
ces Mysticètes de Crimée ont été donnés par Rathke en 4 853.
Le savant professeur de Kônigsberg donna la description d'un crâne mutilé du
musée de Kerlscb, auquel manquait le rostre et le maxillaire inférieur; Rathke
rapporta le crâne à un animal voisin des Balénoptères.
Sur la demande du docteur Brandt, ce crâne fut envoyé au musée de Saint-Pé-
tersbourg, et il reçut, presque en même temps, huit vertèbres et plusieurs frag-
ments de côtes, ainsi qu'une omoplate avec acromion et coracoïde, un fragment
d'humérus et une vertèbre, provenant des travaux à'Ânapa.
Le musée de la Société minéralogique était en possession de deux vertèbres pro-
venant de Kertsch, de deux fragments de maxillaire inférieur et de côte (I).
En 4855, le docteur V. Eichwald avait reçu par M. Antipoff de nouveaux maté-
riaux et donna une description de ces os accompagnée de ligures; il ne crut pas
devoir les séparer des Ziphius.
La description du maxillaire inférieur, surtout la rangée de trous vasculaires
pour la partie des vaisseaux artériels et des nerfs de la mâchoire inférieure, montre
clairement que ce n'est pas un ziphius mais un vrai mysticète.
Les derniers os qu'il figure planche XII s'y rapportent parfaitement à l'exception
peut-être de la figure première, qui ressemble plutôt à une vertèbre de Dugong.
M. d'Eichwald fait remarquer avec raison que tous les mysticètes ou cétacés à
fanons sont des animaux de l'Océan, mais de ce que ces os se trouvent en Crimée
à l'embouchure d'une grande rivière, il en tire la conclusion que l'animal dont ils
proviennent est plutôt un dauphin ou un cétodonte voisin des Ziphius, qu'un cétacé
de haute mer. — Nous ne savons pourquoi les Ziphius sont considérés comme
des animaux moins pélasgiques que les dauphins véritables.
Après avoir fait une étude minutieuse de ces pièces, M. Brandt, au lieu de
rapporter ces ossements au genre Ziphius, les reconnut comme des restes de M\s-
ticètes, et créa pour eux le genre Cetotherium. — Les Cetotherium sont, à son avis,
des animaux intermédiaires entre les Siréniens et les mysticètes. C'est le mélange
de quelques os de Siréniens avec ceux de Cetotherium qui l'a conduit, pensons-
(1) Décrites et figurées par Eichwold, Die Urwelt Russlands, 1S40. Beschreibung einiger Knochen des
Ziphius priscus, Schriften de K. minerai, Gescllsch. Tab. ! et II.
27» SQUELETTE DES CETACES.
nous, à cette idée, qui est évidemment erronée. — Les Cetotherium sont, sous
tous les rapports, de vrais mysticètes.
En ^ 860 Al. v. Nordmann publia le résultat de ses recherches sur ces ossements,
et, d'après lui, ils appartiennent, non pas à un Cétodonte du genre Ziphius,
mais, comme l'a dit le professeur Brandt, à un cétacé à fanons. — II a eu l'occa-
sion de voir une tète de Ziphius, rapportée de l'île Saint-Paul par le Dr Siemaschko,
et il ne croit pas que le Ziphius prisais, soit voisin des Dauphins.
Al. von Nordmann reconnaît, parmi les ossements qu'il a étudiés, des Cétacés à
fanons, de véritahles Dauphins et des formes qui se rapprochent de ces derniers.
Le professeur d'Helsingfors a soumis les dessins qu'il a fait faire des ossements
de l'aman et de Kertsch à l'examen d'Eschricht, qui signale avec raison un humé-
rus qui ne peut appartenir à un cétacé véritable (von Nordmann, Tab. XXVII, fig. 5),
et qui provient selon toute probabilité d'une espèce de manatus, voisine des Ha-
lilherium. — Par sa longueur, il s'éloigne des Stellères et des Dugongs. Von
Nordmann croit, à tort, que cet humérus provient d'une espèce particulière de
Cetotherium. Eschricht écrit à Nordmann qu'il ne peut se prononcer sur la nature
des espèces de mysticètes auxquellesces ossements se rattachent, nes'étant occupé,
dit-il, que des cétacés vivants.
Ce genre Cetotherium ne diffère point des Balénoptères, d'après Rathke, tandis
que Brandt le reconnaît comme intermédiaire entre les Siréniens, et les Cétacés
à fanons. — Ce sont, comme nous venons de le dire, quelques os de Siréniens
mêlés avec eux, qui ont fait songer à cette transition. — Nous ne voyons
pas que les vrais os de Cetotherium présentent d'autres caractères que ceux qui
sont propres à tous les mysticètes.
Le professeur Brandt a eu l'obligeance de nous envoyer un dessin de la tête
qu'il est parvenu à restaurer et, d'après cette tète, les Cetotherium méritent d'être
conservés comme division générique. Ils présentent, en effet, une tête plus longue
et plus étroite qu'aucun autre myslicète, L'occipital ne recouvre en dessus que la
BALENOPTERES. 271
moitié de la longueur du crâne, les parois latérales du crâne sont visibles d'eu
haut, le frontal est plus large dans sa portion sus-orbitaire qu'en se rapprochant de
la ligne médiane et derrière les fosses nasales il se recourbe en arrière de manière
à laisser un long espace entre lui et les os propres du nez. — Le bord postérieur
du frontal est concave au lieu d'être convexe. Les maxillaires supérieurs sont
tronqués obliquement en arrière au devant des frontaux. Les os propres du nez
sont longs et non échancrés sur leur bord antérieur. Les mandibules sont fort
étroites.
Le Cetotherium correspond probablement à cette catégorie de Balénoptères,
qui représentaient ces animaux au nord de la mer des Indes.
CETOTHERIUM HATHKII
Pl. XVII, Fig. 6-7.
Syn. Balsenoptera Rathkii.
Le crâne a été trouvé daus du calcaire tertiaire supérieur, et il ne mesure, entre
les deux arcades zygomatiques, qu'un pied et demi.
On l'a découvert près du promontoire de Takale de la presqu'île de Taman, et
près de la forteresse à'Anape.
SQUELETTE DES CETACES.
CET0THER1UM PRISCUM
S\n. Ziphius priscus, Eichwald.
Balsenoplera prisca.
lu fragment de maxillaire inférieur, provenant de Kertsch, est décrit et figuré
par Al. Von Nordmann. — Quoiqu'il soit un peu plus épais que celui décrit par
Eichwald, il est cependant tellement semblable, dit le professeur d'Helsingfors, qu'il
ne peut y avoir du doute au sujet de l'identité de l'espèce. — Cet os est épais,
convexe en dehors, aplati en dedans, parcouru par un canal maxillaire fort large,
et paraît présenter sur son bord supérieur des orifices correspondant aux trous
mentonniers.
Al. Von Nord m an u décrit et figure une vertèbre lombaire des vertèbres caudales
un fragment de côte, qui me semble avoir une grande épaisseur pour une côte.
Von Nordmann a rassemblé en Bessarabie des ossements de cétacés qu'il rapporte
a une espèce naine du même groupe. — Il serait difficile de dire, ajoute-t-il, qu'ils
se rapportent au Cetotherium priscum. — Les coquilles tertiaires du bassin de lïcs-
sarabie sont différentes de celles de Tanian et des environs de Kertsch.
Il décrit et figure des caisses tympaniques qui, d'après la grandeur et les carac-
res extérieurs, ressemblent assezà celles des Plesiocètes des environs d'Anvers, et
[n'il rapporte à deux espèces différentes; on ne peut méconnaître, dit-il, que ces
os ont delà ressemblance avec ceux que Owen a figuré sous le nom de Balicna
rjibbosa et cmarginata.
Indépendamment de ces caisses tympaniques il a figuré et décrit une autre ver-
tèbre cervicale, des vertèbres caudales, et un humérus.
Ces os ne se rapportent point aux dauphins, mais bien aune balénoptère, dit Von
Nordmann.
Von Nordmann figure encore une vertèbre delà région lombaire qu'il rapporte,
ie
BALENOPTERES. 271
nous nesavons Irop pourquoi, aune vraie balénoptère, plutôt qu'à un Celotberium.
— Il fait remarquer la longueur du corps de la vertèbre.
M. de Verneuil a rapporté de la même localité une vertèbre qui lui a été remise
par un officier et qui provient d'un Celotberium. — Il est à regretter que l'illustre
géologue n'ait pu déterminer exactement la nature du terrain d'où elle provient (II.
CETOTHERIUM PUSILLUM
Un axis de fort petite taille, et qui cependant se rapporte à un animal adulte,
fait supposer qu'il existe encore une espèce de ce genre de fort petite dimension, et
pour laquelle Yon Nordmann a proposé le nom de Pusillum.
CETOTHERIUM VANDELLI
Pi.. XVII, Fig. 8.
La tête semble se caractériser principalement par la distance qui sépare le trou
occipital des fosses nasales et par conséquent par la situation beaucoup plus en
avant de l'os frontal et des yeux.
1 Mémoire gèognosiique sur la Crimée; Mém. Soc. géol. de France, vol. III, pari. I, 1828.
(2j Vandclli était directeur du cabinet de Lisbonne et a écrit sur les poisons de la rivière .des
Amazones.
35
274 SQUELETTE DES CETACES.
L'occipital s'étend également plus eu dehors comme dans les Plesiocètes.
Comme nous l'avons fait remarquer plus haut, les ossements des cétacéi à fa-
nons signalés par Vandelli en Portugal, proviennent de la mollasse et se trouvaient
mêlés également avec des restes de Siréniens et de Cétodontes.
PLESIOCETUS
De Launatj, Sur l'origine dos fossiles accidentels de Belgique, Mém. de l'Acad. de Bruxelles, l. Il, 1*80,
p. 535.
Aniault, Sur des ossements fossiles découverts dans les environs d'Anvers, Ann. des sciences physiques,
t. II. 1819.
De la Jonkaire, Notice géologique sur les environs d'Anvers, Mém. Soc. d'hist natur de Paris, t. I, 1823.
Van Beneden, Buliel acad. roy. sciences, de Bruxelles, t. III, 1838, p. 67.
Van Beneden, Observations sur les caractères spécifiques des grands cétacés, tirés de la conformation de
l'oreille osseuse. Comptes rendus Séance du 26 septembre 1 8.56. Journal l'Institut, 1836, p. 3lti. et
Ann. des sciences natur., vol. VI, 2' sér., p. 188.
Vohmann et Cauchy, Sur une vertèbre de cétacé fossile, trouvée à Stuyvenberg, Anvers, Bulletin acad. roy.
sciences.. .. Bruxelles, 1836. Journal de l'Institut, 1836.
Rose, Découverte de l'os lyn: panique d'une baleine fossile dans le crag d'Ipswich. Quart. Journ. of Ihe
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Piof. Owen, Ahistory ofBritish l'ossil mammals, and birds, London, 1846.
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Le vicomte B. ""« Bus, Sur quelques mammifères do crag d'Anvers, Bull. acad. roy. de Belgique,
décembre IS67.
Depuis -1855, nous avons reconnu, parmi les ossements du Crag d'Anvers, des
caisses de tympan, indiquant la présence île rélacés voisins des Balénoptères, et,
BALENOPTERES. 275
peu de temps après, nous avons adiré l'attention des zoologistes sur l'importance
ue cet os au point de vue de la zoologie systématique. Comme ces cétacés n'ont
point de dents, disais-je, et qu'ils fournissent des modifications constantes remar-
quables dans leurs caisses tympaniques, ces os pourraient bien venir en aide aux
zoologistes pour la détermination si difficile des genres et des espèces (I). Depuis
lors plusieurs naturalistes ont été conduits au même résultat par leurs ol servations
propres et on a même proposé de créer des espèces sur des fragments roulés fort
incomplets.
Nous avons proposé l'établissement du genre Plesiocetus, en nous basantsurtout
sur les différences notables que présentent les os du crâne, particulièrement les os
tympaniques, et les vertèbres cervicales. Nous lui rapportons tous les débris de
mysticètes que l'on découvre à Anvers et qui ne proviennent pas de vraies baleines.
On connaît aujourd'hui dans (oui le centre de l'Europe des ossements de ce genre
et ils se trouvent à peu près partout dansles mêmes conditions.
Mais la localité, sans comparaison la plus riche connue, c'est la province
d'Anvers. — Comme nous l'avons fait remarquer plus haut, le baron Von Ilupsch
en a fait mention au siècle dernier dans des termes qui dénotent une parfaite
connaissance de la nature des os, et, au commencement de ce siècle, plusieurs
auteurs, parmi lesquels nous citerons surtout, Arnault (2), La Jonkaire et Cuvier
en parlent dans leurs écrits.
On trouve des ossements de Plesiocètes en Hollande ; feu le professeur
Van Breda m'a parlé d'un squelette entier qu'il connaissait en place et, indépendam-
ment de ce squelette, il avait recueilli plusieurs os parmi lesquels se trouvaienc
des os tympaniques. — Nous avons vu des vertèbres de cétacés véritables dans les
collections de M. Bosquet, provenant d'Esloo, à 5 lieues de Maestricbt, dans la
vallée de la Meuse, mêlées avec des ossements de Squalodon et d'Halitherium.
M. Staring avait réuni au pavillon de Harlem pendant qu'il faisait ses recherches
pour la carte géologique des Pays-Bas, une belle collection de fossiles provenant
des Pays-Bas, et parmi lesquels se trouvaient divers restes de ces cétacés (3).
(\ Comptes rendus. 26 septembre 1836.
■2 Ann. gincr. des scknc. phys., t. Il, p. Ii4.
(3) Staring, Rodcm von Nederland.
276 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
Le sol de l'Angleterre recèle également en abondance des ossements de ce genre
de mysticètes; on y trouve les mêmes caisses tympaniques, des vertèbres, des frag-
ments de côtes, etc. ; mais tous les os y sont roulés et, contrairement à ce que nous
voyons à Anvers, avec les ossements d'animaux marins, on trouve ordinairement des
débris d'animaux terrestres. A côté des mysticètes et des cétodontes on découvre
en Angleterre des os de Rhinocéros, d'Eléphant et d'Hyène.
Dans le forest bed des falaises de Norfolk, le professeur Owen a reconnu parmi
les mammifères, des ossements de bal een optera et, dans les lits flu.io-marins, à
Ration, on a trouvé deux vertèbres de baleines distinctes que le savant directeur
du Rritish muséum attribue à un animal de dix-huit mètres de long.
Nous avons trouvé au musée de Cambridge une portion de crâne assez bien
conservée qui nous semble appartenir au Plesioectus Hupschii. — Elle a élé trouvée
entre Southwald et Covchylhe, Suffolk. — Les os dénotent un animal adulte, et ils
ont tous les caractères d'un vrai célacé fossile.
Le prétendu crocodile, trouvé près de Whitby dans le Yorkshirc, est sans doute
une baleine, écrivait au siècle dernier Pierre Camper, en parlant des ossements de
Mosasaure de Macstricht (-1). La figure indique clairement que ce squelette n'est
pas de Cétacé mais bien de Reptile.
Dans le nord de l'Allemagne, de Olfcrs a signalé, à côté de dents de squales et
de coquilles marines, des vertèbres de cétacés à fanons, qu'il rapporte à des balé-
noptères, et dont la découverte est due au professeur Recks de Munster. Ces osse-
ments se trouvaient dans une couche d'argile entre Rocholt et OEding (2).
Dans le Meclilembourg, on a mis au jour des vertèbres de cétacés en tout sem-
blables à celles que l'on trouve dans les environs d'Anvers. — Nous en avons vu
au musée archéologique de Sehwerin, et nous aurions pu les croire recueillies à
Anvers, si l'étiquette ne nous avait indiqué leur origine mccklcmbourgeoise.
Jàger a sigrïalé également, dans son ouvrage sur les mammifères fossiles du
royaume de Wurtemberg, des ossements de cétacés qui ont tous les caractères de
niysticètes (3).
i) Pfailos. Transact., vol. XXVI, p. 153.
(2) V. Olfers. Mémoire sur 1rs débris de cétacés fossiles trouvés dans les lilats prussiens. Arad roy do
Berlin, séances des 12 et 19 décembre 1839. Institut, 13 août 1848, p. 298.
3J Jàjrr, ueberdic fossilm Sâugothicrc von Wurtemberg. Stuttgart, 183j.
BALÉNOPTÈRES, -rr,
Dans un affluent droit du Rhin, \cNecker, on a trouvé un dépôt célèbre formé
d'ossements de grands mammifères terrestres, parmi lesquels Cuvier croyait avoir
reconnu de grandes épiphyses oui pourraient faire soupçonner des cétacés. Blainville
fait remarquer avec raison que les épiphyses des vertèbres d'éléphant offrent celte
même particularité que celles des cétacés, et que Cuvier probablement, en émettant
cet avis, ne se rappelait pas cette circonstance (2). Il n'y aurait rien de si extraor-
dinaire cependant do trouver là des ossements de cétacés, puisque les restes de
Ilalitheriums n'y sont pas rares du tout, et nous avons do la peine à croire
que Cuvier, ayant eu sous les yeux des vertèbres de baleines de tout âge, ait pu
les confondre avec d'autres vertèbres.
On a trouvé des ossements fossiles de Plesiocèles dans divers départements en
France. La pièce la plus importante est un fragment de crâne qui vient des environs
de Daycux, et qui a également tous les caractères de nos cétacés du bassin d'Anvers.
— On en a trouvé aussi dans la mollasse du département de la Drôme (I), et on
en découvre encore à tout instant de fort intéressantes dans les Landes des envi-
rons de Bordeaux.
Cuvier cite une cote de la vallée de l'Aulhie, près de Mon(reuil-sur-Mer, des
ossements du Havre et d'autres des environs d'Angers (mâchoire, fragment, au
muséum de Paris), mais on n'est pas certain qu'ils ne proviennent pas d'espèces
vivantes.
Dans le département de Vaucluse on a signalé un atlas et des vertèbres qui
semblent provenir également de cétacés à fanons; ils sont conservés au musée
d'Avignon.
Les principales découvertes de ce genre ont été faites par M. P. Gervais, noire
collaborateur. — A diverses reprises, il a fait connaître des ossements fort im-
portants trouvés dans le midi de la France, parmi lesquels nous citerons surtout
une caisse lympanique et un maxillaire inférieur parfaitement caractérisé.
(1) M. Delfortrie m'a envoyé la photographie de la partie postérieure d'un eràne restauré de sa collec-
tion, mais qui n'est pas assez bien conservé pour discerner ses caractères spécifiques.
(2) Blainville, Oiléogrnpliie... Cravigrades, p. 123.
m SQUELETTE DES CETACES.
A en juger par les ossements qui sont conservés, la tète des Plesiocèles se rap-
prochait beaucoup de celle tics Balénoptères , tout en s' éloignant par certains ca-
ractères; ce qui frappe au premier abord, c'est la grande épaisseur des parois crâ-
niennes, et la fosse glénoïde nous semble proportionnellement plus large et moins
verticale; la caisse lympanique est placée plus en avant que dans les balénoptères
vivantes, et la tète paraît plus étroite, quoique le crâne lui-même semble plus
large; les os frontaux sont moins élargis d'avant en arrière dans la région sus-
orliitaire, et leur bord postérieur est courbe. — Le nombre de vertèbres serait
peu considérable à en juger par les squelettes de Cortesi, les côtes sont au nombre
de douze, et l'humérus est comparativement long.
Tout semble indiquer que ces mysticètes étaient [dus effilés encore que ceux
d'aujourd'hui, et que leur corps était plus souple. — La longueur du cou fait sup-
poser en effet que la tète a\ait les mouvements plus libres que ne l'ont les cétacés
en général, mais ce que l'animal gagnait en liberté de mouvements, il devait le
perdre pour la rapidité à la nage.
DESCRIPTION DES OS.
In des os les plus importants sous le rapport systématique, c'est la caisse du
t\ inpan, et il est d'autant plus précieux que c'est de tout le squelette celui qui se
conserve le mieux.
Cet os est toujours fort reconnaissable à sa forme qui n'est pas sans ressemblance
avec certaines coquilles «le gastéropodes, surtout du genre Pyrule. — On a pris
quelquefois ces débris pour des coprolithes.
Ce qui le dislingue d'abord des autres os, c'est qu'on n'aperçoit point dans sa
texture la disposition spongieuse qui caractérise surtout les os des cétacés, et la sur-
face des fractures leur donne l'aspect de fragments de silex.
Leur forme est tout aussi caractéristique; elles ressemblent assez bien à des
coquilles de gastéropodes ii columelle courte et dont le dernier tour de spire en-
veloppe les autres.
BALENOPTERES. 279
Le bord qui correspond à la columelle présente de nombreux replis fort irrégu-
liers et s'élève toujours plus ou moins d'avant en arrière.
Le baron Von Hupsch, comme nous l'avons vu plus haut, avait déjà reconnu la
nature de ces os vers la fin du siècle dernier, et les avait rapprochés des os
d'oreille des lamantins (I).
Comme dans tous les mysticètes, la caisse tympanique est soudée au rocher
qui est enclavé entre le temporal et l'occipital, de manière que sans le briser on
ne peut le séparer de la base du crâne.
Ces os tympaniques sont toujours de forme ovale et présentent dans toute leur
longueur une ouverture comme le périslomc d'une coquille univalve.
Cet os est attaché au rocher, à la base du crâne, de manière que son ouverture
est dirigée en haut et en dedans, et le côté gonflé dans lequel on croit voir parfois
des (races de tours de spire, est dirigé en arrière. Nous avons de cette manière
une face interne, une face externe et une face inférieure.
La face interne est légèrement bombée, anguleuse en avant et en dessous, puis
recourbée en arrière comme la quille d'une jonque chinoise.
La face inférieure présente une crête médiane d'avant en arrière, puis sur le
coté deux crêtes beaucoup moins marquées qui se réunissent à la première au
bout postérieur.
En somme, cet os lympanal qui a dans les baleines véritables la forme d'une
poche vide et aplatie, est toujours bombé en dedans et en dehors dans les Plesio-
cetes et dans les Balénoptères, comme si elle était pleine.
En classant ces caisses d'après leurs caractères et leurs grandeurs, nous finissons
toujours par les répartir eu trois catégories qui se rapportent aux trois espèces
que nous avons établies.
Nous avons par hasard laisse tomber un rocher, et au lieu d'un os brisé, nous
avons ramassé une préparation anatomique; toute l'oreille interne était mise à nu,
et nous faisait voir une conformation exactement pareille à celle des espèces
\i van tes.
(l) Bfschreibungeiniger neuenldekctcn versteinlen Theile grosser Seclhiere, Der Nuturforscher, 1774.
:r »t., p. no.
230 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
Dans les mysticètes vivants le trou occipital s'ouvre de bas en haut de manière
que la moelle épinière doit former un coude en sortant du crâne. — Dans les ple-
siocètes le trou occipital s'ouvre en arrière et la moelle ne forme aucune appa-
rence de coude. — Ce qui dislingue encore ces mysticètes fossiles, c'est que la
hase de la cavité crânienne est excessivement large, et que le corps du sphénoïde
postérieur s'étend considérablement en largeur.
Nous possédons des fragments de mandibules assez complets avec toute l'extré-
mité libre antérieure, et ces os indiquent, aussi bien que ceux du crâne, une
ressemblance fort grande avec les balénoptères vivantes. — On voit la même
courbure, la même face interne aplatie, la même face externe bombée, les mêmes
trous mentonniers, comme les mêmes orifices pour les trous dentaires.
Les mandibules ne sont point tordues sur elles-mêmes à leur extrémité anté-
rieure, comme dans les baleines véritables, leur bord n'est poiut coupé en biais,
et la gouttière de la face interne s'élève jusqu'au milieu de la hauteur de l'os. —
Le bout libre antérieur de ces os fait parfaitement distinguer ces cétacés.
Dans quelques fragments on voit aussi que l'apophyse coronoïde est très-déve-
loppée et penchée comme dans les espèces vivantes, en dehors.
En arrière, il y a une différence entre les deux mysticètes que nous comparons;
dans les espèces vivantes, la surface glénoïdale du temporal est plus verticale que
dans les espèces fossiles.
Nou^ sommes en possession de vertèbres de diverses régions du corps, et surtout
de la région cervicale.
Toutes ces vertèbres sont complètement séparées.
Nous ne pouvons donner le nombre de vertèbres qui entrent dans la compo-
sition de la colonne vertébrale, mais nous ne craignons pas de dire que ce nombre
doit être peu élevé et qu'il se rapproche plus de celui des Balœnoptera rostrata que
de celui des Balsenoplera Sibbaldii.
L'atlas a la forme ordinaire avec des apophyses transverses placées horizonta-
lement et peu développées. Au-dessus de l'arc supérieur, on voit une apophyse peu
développée.
L'axis a toujours ses deux apophyses transverses réunies au bout de manière
n former un anneau complet. L'apophyse odonloide est peu développée.
Les autres vertèbres cervicales ont leurs apophyses transverses, supérieures et
IsaLÉINOPTEKES. 281
inférieures, peu développées, et ne se réunissent pas au bout, pensons-nous, pour
furmer un anneau complet.
Les vertèbres des autres régions se comportent comme dans les balénoptères
vivantes. Nous avons des vertèbres terminales qui sont comparativement très-
grandes.
Nous n'avons pas d'os que nous pouvons rapporter avec certitude au sternum.
Les côtes se comportent par leur extrémité supérieure comme dans les balénop-
tères vivantes, de manière que celles du milieu ont un prolongement cervical,
mais pas de surface articulaire autre que colle de leur tubérosité. Elles sont plus
larges et toujours tordues sur elles-mêmes.
Sans avoir des omoplates complètes, nous en possédons assez de fragments pour
juger de la conformation de cet os; l'omoplate a un diamètre anléro postérieur
plus grand que le diamètre vertical, comme dans les balénoptères; son apophyse
acromion est très-développée; l'apophyse coracoïde est comparativement peu allon-
gée et n'est pas comprimée. — L'épine de l'omoplate est située (ouf près du bord
antérieur de l'os, et ne présente pas une forte saillie, de manière que la fosse sur-
épineuse est peu développée.
L'humérus présente dans son ensemble les caractères des balénoptères autant
par la tête, éminence demi-spbérique placée presque dans l'axe du corps, que par
le grand et le petit tubercule qui sont dirigés en avant et en dedans. Cependant
le corps de l'os est plus long et plus étroit et fort peu comprimé. — Le corps de
l'os est légèrement comprimé. A l'extrémité inférieure on voit la double surface
articulaire sur le même plan. Cet os est proportionnellement plus long que dans
les espèces vivantes. — Les deux bords supérieur et inférieur sont à peu près
droits.
Le radius et le cubitus sont tous les deux comprimés de dedans en dehors dans
toute leur longueur et dépassent de très-peu l'os du bras. Ces os sont, comparati-
vement aux Baleenoptera, fort courts. L'apophyse olécrànienne est très-grande; la
tête du radius est aplatie et de forme ovale.
Nous possédons quelques phalanges des doigts, mais qui ne nous présentent
rien de particulier, si ce n'est qu'elles sont fort courtes.
Nous n'avons pas vu d'os du bassin.
36
!82 SQUELETTE DES CETACES.
Les ossements de cétacés des environs d'Anvers se trouvent principalement
dans le sable noir ou le Diestien de Durnont, et on les rencontre déjà à la surface
du Rupelien. — Ils s'observent également dans le crag gris et même dans le crag
jaune.
Dans la vallée de la Meuse on trouve également, comme nous l'avons dit plus
haut, des ossements de Pléciocèles mêlés avec des débris A'Halitherium. — Us se
rencontrent immédiatement sous une couche de cailloux roulés, et souvent même
ils sont mêlés avec les cailloux.
D'après les ossements d'animaux adultes, comme d'après les caisses tympaniques,
nous avons cru devoir admettre trois espèces, auxquelles nous avons donné le nom
de trois naturalistes qui se sont distingués par leurs travaux, Garopius Becanus,
médecin célèbre au seizième siècle; Burliii, l'auteur de l'oryctographie des environs
de Bruxelles, et le baron Von Ilupsch de Cologne, qui a parlé longuement des osse-
ments d'Anvers vers la fin du siècle dernier.
PLESIOCETUS HUPSCIIII
I'l. XVI, Fig. 17-2'2 et Pi.. XVII, Fie 1-3.
Celte espèce avait à peu près la taille de la BaUvnoptera rostrata de la mer du
Nord, c'est à-dire de vingt à vingt-cinq pieds. — Nous l'avions estimée trop petite
dans notre première appréciation.
Ces individus dont ces ossements proviennent étaient parfaitement adultes,
comme le montrent les épiphyses des os et l'état de la boite crânienne.
(I) Nous avons dédié cette espèce au baron V. Ilupsch, qui a bien connu ces ossements fossiles à la fin
du siècle dernier.
BALÉNOPTÈRES. 2?3
Nous sommes en possession d'une grande porlion de crâne comprenant l'occi-
pital avec les deux condyles articulaires, le temporal avec le rocher, <étc, de deux
individus différents. — Nous en possédons également plusieurs atlas et axis avec
d'autres vertèbres cervicales, des vertèbres des autres régions du corps, des
fragments de côtes et même des os des membres.
En comparant la base du crâne dans ces deux espèces, nous trouvons tous les os
de l'espèce fossile plus massifs et les apopbyses plus développées : la portion basi-
laire de l'occipital surtout se dislingue par une éminence large et forte qui laisse
au milieu de l'os une large gouttière. Cette éminence existe dans les balénoptères
vivantes, mais ne consiste que dans une lamelle qui se porte de haut en bas et de
dedans en dehors. Cette éminence est précédée en avant du ptérigoïdien qui est fort
reconnaissable. Nous n'avons pu nous assurer si cet os est creusé comme dans les
espèces vivantes pour loger une espèce de tambour dépendant de la trompe
d'Kustache.
.Mais ce qui caractérise surtout le plesiocète qui nous occupe c'est le développe-
ment considérable en épaisseur de l'apophyse postérieure et externe de la caisse
tympanique. Cette apophyse s'étend jusqu'au bord de l'occipital, et la gouttière
qui la loge est si profonde entre l'occipital et le temporal, que le bord inférieur
dépasse à peine la partio la plus saillante du premier de ces os.
Cette apophyse est de toutes les parties de squelette celle qui nous parait la plus
importante pour la distinction des espèces.
Le muséum de Paris renferme une portion de crâne assez complète d'un ple-
siocète provenant du Calvados, et qui a tous les caractères de l'espèce qui nous
occupe. Ce crâne que nous faisons figurer pi. XVII, fig. \-o, a été trouvé à Villiers,
près Bayeux (Calvados), et a été remis à Blainville pour le muséum de Paris par
feu M. de Roissy (I).
Une portion de crâne trouvée dans la mollasse du département de la Drôme et
dont M. Delfortrie a bien voulu nous envoyer une photographie, appartient pro-
bablement à cette même espèce; elle est malheureusement fort mal conservée.
Nous avons trouvé au musée de Cambridge la base du crâne d'un individu adulte,
(1) Gcrvais, ZooL et paléont. fianç., a* édil., p. 31}.
284 SQUELETTE DES CETACES.
à en juger par la soudure des os, qui a élé déterrée entre Southwaldet Covehytli
(Su ÎTolk), et que nous rapportons à celte même espèce.
La base de l'occipital est fort large; le canal logeant l'apophyse externe du ro-
cher c.-t fort étroit: les apophyses ptérigoïdes sont fort éloignées l'une de l'autre;
on \oit la hase des sphénoïdes qui sont complètement soudés; le sphénoïde anté-
rieur a conservé encore sa partie latérale ou ses ailes.
PLESIOCETUS BURTINII (t)
Pl. XXI, Fig. 10-16.
Cette espèce doit avoir eu une longueur de trente à quarante pieds (2). — Nous»
en possédons les principaux ossements: des os temporaux, des caisses tympaniques,
des mandibules, des vertèbres cervicales, dorsales et caudales, des fragments
d'omoplates et de la plupart des os des membres.
L'omoplate est représentée par plusieurs fragments, et nous sommes en posses-
sion d'une surface articulaire a peu près complète.
L'apophyse corocoïde est brisée, mais on voit parfaitement qu'elle existe et que
l'acromion est extrêmement large. — Ce carocoïde ressemble plus à celui des ba-
leines véritables qu'à celui des balénoptères, c'est-à-dire qu'au lieu d'une lame
(1) Burtin s'est occupe des fossiles des environs de Bruxelles, a la fin du siècle dernier, el a écrit u rr
livra fort remarquable pour l'époque : Oryctographie des environs de Bruxelles, in-fol. Bruxelles, 1781.
(2) Nous lui avions accordé, comme aux autres espèces, une taille trop petite.
BALENOPTERES. 288
comprimée de dehors en dedans, c'est le bord antérieur de la cavité glénoïde qui
s'allonge et se recourbe comme un bec de corbeau.
Nous avons des humérus complets; ils se distinguent des humérus des Ziphioïdes
par leur largeur plus grande, leur forme comprimée de dehors en dedans, ainsi
que par la tète articulaire, qui se trouve à peu près dans la même plan que le
corps de l'os.
L'humérus de Plesioceius Burtinii est comparativement long et peu aplati. — Il
diffère notablement et plus que les vertèbres, des balénoptères vivantes.
Les radius et le cubitus présentent la conformation ordinaire des balénoptères ;
fort allongés tous les deux et comparativement étroits, le premier a une tète cir-
culaire, le second une apophyse olécranienne très-forte.
Les phalanges que nous connaissons ont la conformation ordinaire d'un clep-
sydre et sont comparativement peu allongés.
PLESIOCETUS GAROP1I
Pl. XVI, Fie 1-9.
Nous avons dédié celte espèce à un savant médecin d'Anvers du seizième
siècle (-1).
Le Plesiocetus Garopii avait presque la taille de nos grandes espèces de balénop-
tères, à en juger par la dimension de quelques vertèbres fort bien conservées.
(I) " Le savant médecin Van Corp [Garopius Becanus) a combattu dés le xvi* siècle, dit Cuvier
Ossements fossiles, vol. I, p. 11, nouv. édit. in-4", 1821), les préjugés, qui faisaient attribuer à des géants,
des os et des dents trouvés anciennement aux environ- d'Anvers. » Orig. Antw 2ib. Il, p. 107.
Gigantomachia.
2*6 SQUELETTE DES CÉTACÉS.
Nous possédons des fragments de l'occipital avec les condyles articulaires du
maxillaire inférieur, des caisses tympaniques, des atlas , des axis et toute la
région cervicale, des vertèbres des autres régions et des fragments de membres
pectoraux.
A en juger par la dimension des os, cette espèce avait une taille de 50 pieds au
moins.
Ce qui caractérise surtout ce plésiocèle, indépendamment de la taille, c'est la
forme de la grande apophyse du rocher; cette apophyse est fortement aplatie,
étroite à la base, s' élargissant insensiblement vers le milieu pour s'arrondir vers
son extrémité libre, et montre à sa surface des stries longitudinales qui vont eu
divergeant comme dans un éventail. Nous en avons vu plusieurs.
M. Van Breda m'a envoyé le dessin d'un grand fragment de temporal qui a été
déterré en Hollande et qui indique parfaitement la même gouttière qui loge la
grande apophyse du tympanal.
Nous sommes en possession d'une région cervicale presque complète et d'une
partie de l'occipital, ainsi que d'une grande partie du reste de la colonne vertébrale.
L'occipital est fort large et la gouttière, qui loge depuis la neuvième jusqu'à la
douzième paire de nerfs cérébraux, est très-allongée. Celle gouttière s'ouvre géné-
ralement à l'extérieur plus près des condyles occipitaux.
Depuis plus de trente ans nous avons recueilli une vertèbre lombaire qui a été
déterrée hors la porte Saint-George à Anvers sur la roule de Capellen, et qui ne dif-
fère guère pour la dimension des vertèbres des grands Rorquals vivants.
Nous possédons également un condyle de maxillaire inférieur du côté gauche
qui montre parfaitement ses deux gouttières caractéristiques pour le passage des
nerfs et des vaisseaux qui se rendent au canal dentaire, et dont la dimension cor-
respond avec celle <V^ autres (grands os.
Nous avons un atlas complet à l'exception du bout des apophyses transverses. —
On peut toutefois juger par la surface des os à l'endroit où ils sont mutiles, que
ces apophyses sont comparativement peu développées.
L'axis est également complet à l'exception des apophyses. Comme dans les es-
pèces suivantes une apophyse odontoïde se montre vers le milieu de la surface ar-
ticulaire et tout fait supposer que les deux apophyses trausverscs se réunissaient
au bout pour former un anneau conq loi.
BALÉNOPTÈRES. 2S7
Les autres cervicales ont toutes leurs apophyses épineuses supérieures dépen-
dant de l'arc neural, les inférieures ne faisant défaut qu'à la septième.
L'omoplate est représentée par plusieurs fragments distincts représentant la
cavité articulaire, l'apophyse acromion qui est fort large et le coracoïde qui est
également fort distinct.
PLESIOCETUS GERVAISII
Pl. XVI. Fie. 23-24.
Depuis plusieurs années M. P. Gervais nous a communiqué la caisse tympanique
d'un cétacé trouvée dans le miocène de Poussan (Hérault), et que nous ne pouvons
rapporter qu'au groupe de mysticètes qui nous occupe.
La grosse moitié de cet os a été conservée et montre que dans son ensemble il
affectait la forme caractéristique de la caisse tympanique des balénoptères.
Le volume de cet os indique que l'animal était de fort petite taille et était peut-
être le plus petit des mysticètes. Nous avons proposé depuis longtemps le nom de
Plesiocelus Gervaisii.
M. Gervais a décrit et figuré (I) un maxillaire inférieur des sables marins des en-
\ irons de Montpellier (pliocène) et qui appartient évidemment au même groupe; il
a une longueur de 0m,85, ce qui porterait la longueur totale de l'animal à 5m,o0,
d'après son estimation. Son apophyse eoronoïde est très-développée et courbée
en dehors; les trous mentonniers sont fort distincts, la rainure du bord dentaire
est très-marquée, l'os est peu courbé et tout fait supposer qu'il provient d'un ani-
mal complètement développé. M. Gervais lui a donné le nom de Rortjualus prisais.
Nous n'oserions affirmer que ce maxillaire appartient au même animal que la
caisse tympanique dont nous donnons le dessin.
'1) P. Gervais, sur une espèce de Rorqual fossile, Ann. Se. nal , 4' série, 1855, t. III, p. 338.
288 SQUELETTE DES CETACES
PLESIOCETUS CORTESII
Pl. XVII, Fig. A-5.
En 1806, on a trouvé sur le flanc oriental du Monte Pugnasco, a 600 pieds an-
dessous du sommet qui est élevé à 1200 au-dessus de la plaine, dans des couches
régulières d'une argile bleuâtre, remplie de coquilles marines, un squelette de
balénoptère, placé dans la direction des couches de la longueur de 21 pieds. Le
squelette était à peu près complet et les os ont été conservés dans leurs rapports
naturels (t).
La tète ressemble complètement aux balénoptères vivantes, tant par les os de la
face que par ceux du crâne; seulement les os frontaux ne semblent pas avoir leur
largeur ordinaire dans la partie qui longe les maxillaires.
La mâchoire inférieure se distingue par sa courbure et par la manière dont
elle se termine en avant sans se tordre sur elle-même. Elle est longue de 6 pieds
10 pouces en suivant la courbure et dépasse la supérieure de 4 pouces 6 lignes.
L'omoplate est remarquable par son grand développement d'avant en arrière,
c'est-à-dire par son diamètre antéro -postérieur. — L'avant-bras parait comparati-
vement court, et l'humérus présente les mêmes proportions que les Plésiocètes
d envers.
Les vertèbres cervicales sont toutes séparées et Cortesi n'a compté que il ver-
tèbres et 12 côtes.
L'os du sternum est triangulaire.
On estime que l'animal pouvait avoir une longueur de 21 pieds.
En t810, Cortesi a trouve dans des couches de même nature dans un vallon
\oisin, un squelette de même espèce, d'après lui. — La tète n'a que \ pieds de
M) Cortrsi. Saggi geologici. Piazcnza, in-i", 1819.
SQUELETTE DES CÉTACÉS. 289
long et il était plus Itas que le précédent. — La longueur totale du squelette est
de 12 pieds 3 pouces.
Cortesi assure que la forme en est complètement semblable à celle du squelette
précédent, et nous ne voyons aucun motif d'admettre l'opinion de Desmoulins sur
la différence spécifique de cette seconde espèce.
Gastaldi a recueilli dans les sables pliocènes, à Cortansone, dans l'Astésan,
divers ossements qu'il rapporte au genre qui nous occupe (I).
Depuis lors, le professeur Capellini (2; a fait connaître quelques ossements inté-
ressants qu'il rapporte au même animal et qui ont été déterrés à S.-Lorenzo in col-
tina. — Il est à remarquer que les os étaient bouleversés, les mandibules d'un côté,
les maxillaires de l'autre, et entre les deux la base du crâne recouvrant une partie
des vertèbres.
Ces os consistent dans de nombreux fragments de crâne et des maxillaires su-
périeurs et inférieurs presque complets qui lui ont permis de restaurer parfaite-
ment la tête; la caisse tympanique et des vertèbres de différentes régions du corps
ont fort bien conservé leurs caractères propres.
Le professeur Capellini fait remarquer, à la fin de son mémoire, que Giacomo
Biancini a déjà signalé depuis longtemps la présence de vertèbres fossiles de ces
cétacés dans un sommaire intitulé, de quibusdam animalium exuviis lapidefactis, et
qu'en 4 865 on a trouvé un fragment de mandibule à Pradalibno, provenant d'un
animal d'une taille plus grande que ceux de S.-Lorenzo. Le professeur Capellini
fait en outre mention de vertèbres caudales trouvées en \ 864 par le docteur Foresti
dans les mêmes conditions.
A Malte on a trouvé dans un dépôt formé par un courant, et dans lequel on dis-
tinguait quatre coucbes, à côté des restes de Phocodon et de Dugong, des ossements
de Mysticôtes. Il serait important de pouvoir les comparer à ceux qui ont été re-
cueillis en Italie.
(1) Revue scientifique italienne, 1862, p. 10.
(2) Capellini, Dalenottere fossili, in-4". Bologna, 186.5.
3?
290 BALÉNOPTÈRES.
PLESIOCETUS IÏGBUSTUS
W. Lilljeborg, foredrag vid Naturforsk-Motet i Ropenhamn, 1860.
11'. Lilljeborg, Zeits. f. d. ges. naturwiss., Bd. 15. 18G0, p. 270.
W, Lilljeborg, Ofversigt af Skandinaviens hValdjur, L'psala, 1862.
J.E. Gray, Catalogue of Seals and Whales, London, 1866.
W. Lillejborg, On Iwo subfossil Whales discovered in Sweden. in-4*. Upsala, I8G7.
En 1800, W. Lilljeborg a fait connaître sous le nom de Balsenoptera roôusta une
espèce nouvelle de Mysticète établie sur des ossements trouvés à 12 ou 15 pieds
au-dessus du niveau de la mer, et à 840 pieds de la cùle, à Graso (Upland, Suède),
au nord de l'île. — Ces ossements étaient entourés de Tellina ùaltica et de Mytilus
cdulis en tout semblables aux lellines et moules qui vivent encore dans la Bal-
tique.
En IK02 il a donné la description cl la mesure des os; en 1807, adoptant le
nom générique nouveau proposé par le docteur Gray, il a accompagné la descrip-
tion du dessin des principaux ossements qui sont représentés en huit planches
in-quarto.
Ces dessins représentent le maxillaire inférieur, une corne de l'os hyoïde,
l'atlas avec quelques autres vertèbres de diverses régions, les principales côtes,
l'omoplate, les principaux os des membres jusqu'aux os carpiens et le sternum. —
On possède donc le squelette à peu près complet, sauf la tète.
Le docteur Gray pense que des vertèbres cervicales trouvées à Babbicombe lia\
etàïorbay, sur la côte de Devonshire, doivent se rapporter au même animal. Ne
sont-ce pas plutôt des vertèbres de Balsenoptera laticeps?
Se basant Mir celle identité des vertèbres de la côte d'Angleterre avec celles dé-
crites par Lilljeborg, le docteur Gra^ considère l'animal dont proviennent les osse-
ments de Suéde comme habitant la mer <lu Nord et la Manche.
Ces ossements ne peuvent se rapporter, à notre a\is, à une espèce vivante, et
quoiqu'on trouve avec eux des coquilles semblables à celles qui habitent encore
BALENOPTERES. -291
aujourd'hui la Baltique, nous croyons qu'ils se rapportent au môme genre dont
nous trouvons de si nombreux ossements dans le crag des environs d'Anvers. —
Nous lui donnons donc le nom de Plesiocetus robustes, et comme synonymes les
noms de Balssnoptera robusta et Eschrichtius robustus.
La mandibule est massive, l'apophyse coronoïde peu développée; mais cepen-
dant, d'après sa terminaison en avant, c'est une vraie mandibule de Balénoptère.
M. Lilljeborg convient que c'est le maxillaire inférieur qui fournit les caractères
les plus importants de celte Baleine, et il trouve que cet os se rapproche de celui
des Balsena. Nous ne pouvons partager cet avis : la courbure de cet os, surtout l'ab-
sence de torsion sur lui-môme, la grande largeur du bord libre, la gouttière delà
face interne, tout indique que c'est un maxillaire de Baleine à ailerons, et non de
Haleine véritable.
En comparant ces os avec ceux des espèces connues, nous trouvons que tous
indiquent un animal appartenant au groupe des Balénoptères, et non aux Mé-
gaptères.
L'omoplate a un diamètre antéro-poslérieur plus grand que le diamètre vertical
et les deux apophyses sont fortement développées, surtout l'acromion.
L'humérus est comparativement long et étroit, et la tète ne dépasse pas la lar-
geur de l'os au milieu de sa longueur.
Les os de l'avant-bras sont comparativement courts, et le radius conserve la
grosseur qu'il atteint dans les lîalénopteres.
Le sternum n'est pas de Balsena, mais comme il est très-variable dans l&Balsenop-
tera musculus, c'est de cette espèce qu'il se rapproche le plus. - — C'est du sternum
provenant du squelette de l'animal capturé à katwyk, en 1841, qui était à Boer's
Bazaar, et aujourd'hui, pensons-nous, à Leyde, qu'il se rapproche le plus. Il est lar-
gement échancré sur son bord antérieur.
Il compte soixante vertèbres et quinze côtes; ce nombre de soixante vertèbres
ne s'accorde aucunement avec le nombre des Megaptera, mais le rapproche
également des Balssnoptera musculus,
P. .1. Van Beneden.
DES CÉTODONTES
OU CÉTACÉS POURVUS DE DENTS
Principaux caractère» des Cétodontes. — La dénominalion Je Mysticèles, qui
servait à Aristote pour désigner la seule espèce de Balénidés, c'est-à-dire de
Cétacés dépourvus de dents persistantes, mais ayant la mâchoire supérieure garnie
de fanons, qui lut connue de son temps, a été appliquée par Linné à la Baleine
franche (Balsena myslicetns) qui, bien que différant à plusieurs égards du Mysti-
céte de la Méditerranée, rentre néanmoins dans la même famille que lui. Cette
dénomination a été plus récemment étendue à l'ensemble des Mammifères, ex-
clusivement marins, qui présentent les mêmes caractères généraux et sont si
faciles à reconnaître par cette double particularité qu'ils manquent aussi de dents
pendant la vie extra-utérine et possèdent des fanons, c'est-à-dire des lames
cornées de la nature de celles qu'on nomme Baleine dans le commerce. C'est par
l'histoire des Mysticètes ou Cétacés à fanons que nous avons commencé l'examen
des animaux qui font l'objet de cet ouvrage. Les Cétacés pourvus de dents per-
sistantes, qui présentent en outre la particularité de manquer constamment de
fanons, doivent maintenant nous occuper.
On a pendant longtemps considéré ces animaux comme formant plusieurs di-
visions distinctes que l'on a supposées séparément équivalentes de celle des Cé-
tacés pourvus de fanons (I); mais l'importance des caractères qui unissent entre
(I) C'est dans ce sens que Brisson [Ri'jne animal, p. 346) a parlai;!'' les Cétacés en quatre ordres, suivanl
qu'ils manquent de dents {lialuena) — ont des dents à la mâchoire inférieure seulement [Celus] — n'en
ont qu'à la mâchoire supérieure Crraladon) — ou en possèdent aux Arux mâchoires [DelpKinus .
_>!i', CÉTODONTES.
eux les Cétacés don! il s'agil ne permet pas de les laisser ainsi isolés les uns des
autres, et il est convenable de les réunir en un seul groupe, quelles que soient
d'ailleurs les particularités secondaires que présentent soit leur dentition, soit
les autres points de leur osléologie. La présence constante de dents étant le
caractère principal des Cétacés de ce second groupe, j'ai proposé de les com-
prendre sous le nom commun de Qétodontes (I) que M. Gray (2) a changé depuis
lors en Denticètes.
Les Cétodontes diffèrent des Mysticètes par plusieurs caractères importants.
Leur tète est en générai moins \olumineuse que celle de ces animaux, plus aplatie
dans sa partie faciale et souvent plus effilée. Outre qu'ils possèdent, comme
nous l'avons déjà dit, des dents à tous les âges et que leur mâchoire supérieure
ne porte jamais de fanons, ils sont remarquables par l'apparence habituellement
sphéroïdale de la partie cérébrale de leur crâne, leur cerveau n'ayant pas la
même forme que celui des Cétacés à fanons. La plupart manquent d'ailleurs d'os
lacrymaux; leurs os jugaux sont ordinairement grêles et styliformes dans la
plus grande partie de leur étendue; leurs os propres du nez sont inégaux et ré-
duits a desimpies tubercules appliques en avant des frontaux, et leurs narines,
qui sont séparées l'une de l'autre par une crête osseuse remontant delà face su-
périeure de l'ethmoiile, sont inégales entre elles, ce qui entraine une prépondé-
rance marquée de l'un des côtés de la face sur l'autre. Ces animaux ont de pins
li- deux maxillaires inférieurs réunis en avant par une véritable symphyse, et
cette symphyse est parfois ossifiée sur une étendue assez considérable; leur canal
dentaire esl largement ouvert en avant du condyle articulaire qui unit la mâ-
choire inférieure avec le temporal.
Leurs premières côtes prennent insertion sur les vertèbres et non a la partie
terminale des apophyses transverses seulement, et les vertèbres correspondantes
présentent des ficelles articulaires répondant a ces insertions. Le sternum est
généralement de plusieurs pièces et non d'une seule, et il donne attache à plu-
sieurs paires de côtes au moyen de leur partie cartilagineuse. L'os pelvien est
unique pour chaque côte, ainsi que cela a lieu d'ailleurs chez les Mysticètes, mais
(1) Cétodontes, I'. Gerv., Zool et Pal. franc., \<. 2si; 1859.
■i Denticètes, J. E. Gray, Catal. ofSeals and fVhales in Un- British Muséum, \<. 194; 1 86*1.
CARACTERES GENERAUX. 29o
on ne lui reconnaît |>as de pièces accessoires comparables à des rudiments de
membres comme on eu voit chez certains Mysticètes.
A ces particularités principalement tirées du squelette s'en joignent d'autres
encore fournies par les différents systèmes d'organes.
AfflnHcs des Cctodoutes. — Cuvier réunissait sous la dénomination commune
de Cétacés, non-seulement les Mammifères que l'on appelle encore de ce nom,
c'est-à-dire les Cétacés ordinaires, soit Cétodontes, soit Balénidés, mais aussi les
Sirénides dont il faisait une simple famille de son huitième ordre, appelée par
lui Cétacés herbivores. Celte manière de voir a été longtemps adoptée par les
naturalistes. Cependant de Blainville avait, fait remarquer, des IKI(> ili, qu'elle ne
rend pas un compte exact des rapports de structure qui rattachent ces animaux
aux Mammifères ongulés.
Les Sirénides, qui répondent à l'ancien genre Manatus de Scopoli, actuellement
divisé en trois, sous les noms "de Lamantin, dugong et Ryline, sont bien comme
les Cétacés véritables des animaux cite/, lesquels les membres postérieurs ne se dé-
veloppent pas et ils ont comme eux l'apparence pisciforme, étant également
destinés à la vie aquatique; mais l'ensemble de leur structure anatomique les rat-
tache aux Proboscidiens et aux Porcins! En réalité ils ont plus de ressemblance
avec ces quadrupèdes qu'ils n'en ont avec les Haleines et les Dauphins; aussi pa-
rait-il plus naturel de les considérer comme une branche spéciale de la grande
division des Mammifères à sabots destinée à vivre dans l'eau. Leur mode d'exis-
tence, qui comporte une forme particulière des organes Au mouvement, rend
compte de la ressemblance extérieure qu'ils paraissent avoir et qu'ils ont en effet,
mais à certains égards seulement, avec les Cétacés proprement dits ; mais ces der-
niers sont encore plus complètement aquatiques, lui somme, les affinités des Si-
rénides les associent à un groupe tout autre que celui des Cétacés, et les observa-
tions nouvelles dont ils ont été l'objet, depuis de Blainville, sont venues jusliûer
la séparation proposée par ce naturaliste; l'étude des fossiles laisses par la même
famille d'animaux dans les terrains tertiaires, plus particulièrement celle des Si-
(t) Prodrome d'une classification des animaux inséré dans le Bulletin <ir In Société phUomaU/jut
(h Paris).
298 CÉTODONTES.
rénides du genre HaHlherium, dont les débris abondent dans certains gisements
européens, a aussi conduit au même résultat.
On a également proposé de rapprocher des Cétacés un genre singulier de Mam-
mifères éteints, dont les ossements sont enfouis dans les dépôts tertiaires inférieurs
de l'Amérique septentrionale. Ce genre est celui des Zeuglodon ou Hydrarchos,
d'abord attribué à la classe des Reptiles sous le nom de Basilosaure, mais plus ré-
cemment reporté, et avec juste raison, parmi lesThalassothériens. Les détails os -
téologiques publiés à son sujet montrent bien que ce n'est ni un genre de Mysti-
cètes, quoiqu'il ait à certains égards des affinités avec ces animaux, ni un genre de
Cétodonles, bien que ses mâchoires soient garnies de dents fort semblables, en
apparence, à celles des Squalodons. Ses principaux caractères le rattachent davan-
tage aux Phoques, et la forme de son encéphale, que nous connaissons en partie
par le moulage de l'intérieur d'une portion de crâne de ce gigantesque fossile,
semble venir à l'appui de celte manière de voir. Il n'en sera donc pas question
dans la seconde partie de cet ouvrage, notre but étant de compléter par la des-
cription des différents genres de Cétodontes l'histoire des Cétacés dcut la première
division, c'est-à-dire les Mysticètes ou Balénidés, a seule été passée en revue.
Lorsque l'on compare les Cétacés à fanons avec les Cétacés pourvus de dents
persistantes et sans fanons, c'est-à-dire les Balénidés ou Mysticètes avec les Céto
doutes, on est conduit à se demander si ces deux sortes de Mammifères aquatiques
doivent être rapportées à un seul el même ordre ou si les caractères qui les sépa-
rent l'une de l'autre, et dont nous axons énoncé plus haut les principaux, ne sont
pas au contraire d'une importance supérieure à ceux que l'on observe d'ordinaire
(buis des animaux appartenant à lune de ces séries naturelles de Mammifères
auxquelles on donne séparément la valeur d'un ordre, quoiqu'elles aient une
extension moindre que les grands groupes regardés autrefois comme consti-
tuant les véritables ordres, c'est-à-dire les divisions principales de chacune des
classes du règne animal.
La conformation du crâne des haleines et la disposition scutiformedu sternum
de ces animaux, toujours «l'une seule pièce osseuse, se joignent à la présence des
fanons et à l'avorleinent du Système dentaire pour montrer qu'il existe entre
eux et les Cétodontes îles différences considérables; or la valeur de ces différences
est telle, qu'elles ne laissent pas entrevoir, du moins dans l'état actuel de nos
65 3o
!
CARACTERES GENERAUX. 297
connaissances, une condition intermédiaire ou do passage reliant eu tre elles les
deux catégories de Mammifères dont il s'agit, et l'on n'a pas non plus constaté
que la double série de genres qui les composent, étudiée au point de vue de la
succession chronologique des êtres, se rattache à un type primordial commun
qui les aurait précédées dans le temps et auquel ces deux branches se rattacheraient
l'une et l'autre; de même aussi nos deux grands groupes de Cétacés sont com-
plètement séparés dans la nature actuelle. Si l'on n'accepte pas que les Céto-
dontes constituent une division assez différente de celle des Myslicètes pour
que l'on doive la regarder comme justifiant l'admission d'un ordre à part, ce qui
semblerait pourtant en rapport avec les particularités distinctives de ces animaux,
il n'est pas douteux qu'il ne faille en faire un sous-ordre distinct.
De Blainville, qui ne croyait pas à la succession généalogique des espèces,
mais qui a montré dans la plupart des cas un sentiment exquis de leurs affinités,
réunissait les Proboscidiens et les Sirénides dans un même groupe naturel auquel
il attribuait la valeur d'un ordre ou, suivant ses propres expressions, celle d'un
degré d'organisation; on dirait dans la théorie transformiste que ces deux divi-
sions de l'ordre des Gravigrades du grand classificaleur français dérivent d'une
souche commune. La même question posée au sujet des Cétacés, soit Mysticètes,
soit Cétodontes, n'est pas aussi facile à résoudre, et cependant le même auteur
n'avait pas hésité à faire de ces deux importantes catégories des Thalassothériens
les représentants aquatiques des Édentés qui sont des animaux terrestres. 11 y a en
effet entre les Cétacés et les Edentés, envisagés dans les caractères fondamentaux de
leur ostéologie, des analogies qu'on ne saurait contester, et leur cerveau peut,
jusqu'à un certain point, être invoqué à l'appui de ce curieux rapprochement.
Mais les Thalassothériens Mysticètes et Cétodontes, ressemblent bien plus à cer-
tains ongulés par la forme allongée de leur œuf et par la disposition finement vil-
leuse de leur placenta qu'aux ïMcntés tels qu'on les connaît jusqu'à présent dans
leur mode de développement. Ils paraissent avoir à cet égard une analogie spéciale
avec les chevaux (I) ; cependant ils s'éloignent trop par le reste de leurs caractères
de l'ensemble des Mammifères à sabots pour que l'on puisse, en s'en tenant à nos
(1) Voir Turner, Gestation et membranes f étales des Cétacés [Trans. 1: Soc. Edinburgli, t. XXI, p. 467 :
1872. — Journal de Zoologie, 1x7:2, p. !■> et 304.)
58
l2!ih CETODONTES.
principes actuels de classification, admettre que leur groupe doit être rapproché
de celui des Jumentés, et surtout supposer entre ces deux grandes divisions des
Mammifères, les Ongulés et les Cétacés, des rapports de parenté dont on retrou-
verait l'expression dans leurs affinités naturelles. C'est donc là une de ces ques-
tions dont la science n'a point encore réuni les éléments.
Principaux genres de Cétodontes. — Quoique portant sur plusieurs espèces, les
notions que les anciens nous ont laissées au sujet des Cétodontes sont tort incom-
plètes, et cependant ils avaient ces espèces sous les yeux puisqu'il s'agit essentielle-
ment de celles qui vivent dans la Méditerranée; mais il est presque toujours
impossible d'établir la correspondance des noms qu'ils nous ont laissés avec
ceux que portent à présent les animaux du même groupe propres à cette mer.
A part le Dauphin qu'ils appelaient Defpliis (I) et qui répond à notre Delphinus
delphis, sans doute aussi au Tursio, aucune assimilation de noms ne présente1 un
caractère rigoureux d'exactitude, et l'obscurité qui enveloppe ce sujet est telle
que l'on ne peut pas même assurer que la Phalaina (2) soit réellement, comme
ou le pense généralement, l'espèce de Haleines de la section des Rorquals que l'on
nomme actuellement Balxnoptera musculus et non le Cachalot.
Des doutes existent même au sujet du <eima.iv*, dont le nom est habituelle-
ment traduit par Phocœna, signifiant le Marsouin de nos (('des. Aristote dit que lé
Pliocène fréquente principalement la mer du Pont, c'est à-dire la mer Noire, et
Nôrdmann (5) le cite en effet comme étant le plus commun des trois Dauphins qui
entrent dans cette mer. Cependant on n'a encore donné dans aucun ouvrage la
preuve que ce soit bien là le Marsouin des naturalistes modernes, et nos collections
ne possèdent aucune pièce qui vienne à l'appui de cette assertion. J'ajouterai même
que ceCétacé ne m'est pas connu avec certitude dans la Méditerranée, et je crois
pouvoir assurer qu'il n'y vient pas sur nos côtes, (pie j'ai visitées depuis le petit
port de Cerbère, avoisinanl l'Espagne, jusqu'à Menton, le point du littoral fran-
çais le plus rapproché de l'Italie.
Le Cachalot, le Ziphius, qu'on avait d'abord considère comme un Cétacé d'es-
i) 4>ataiva. — Aristote [Hist. ■/< ( Animaux, li\. I, ch. 15) distingue ce Cètacé du Dauphin ru ci' qu'il a
l évenl Mir I.- front au Lieu de l'avoir sur le dos, caractère qui convient bien au Cachalot.
(:i Voy •■!' d int In ltn>M< m, , , lionalc < i In d imée d'A, Demidoff, t. II. ]* 64.
CLASSIFICATION. ■><.)')
pèce perdue, l'Orque ou Épaulard, le Globiceps, le Risso, le Tursio, connu dans
l'Océan sous le nom de Nésarnack, le Dauphin delphis el le Dauphin de Téthys
représentent dans ces parages la grande division des Célodontes. Le Delphis, dont
les Grecs et les Romains ont parlé si souvent et dont il y a des représentations
fort exactes sur un grand nombre d'anciennes monnaies, est seul commun, et
les pêcheurs l'ont de tout temps redouté à cause des dégâts qu'il fait à leurs filets;
aussi est-il l'unique espèce que l'on ait d'abord bien connue.
On voit qu'Aristote est loin de nous avoir laissé un nombre de dénominations suf-
fisant pour établir la nomenclature des Célodontes qui visitent les côtes de la Grèce
et les principaux points de la mer intérieure. 11 les réunissait au Rorqual ou Mysti-
cète sous le nom commun de Cete (J) dont nous avons fait le mot Cétacés, mais il
ne distinguait pas les Cétacés les uns des autres comme l'état de la science et les
méthodes auxquelles nous avons recours aujourd'hui nous permettent de le faire.
Aristolc donne d'ailleurs, au sujet des Cétacés, des renseignements qui montrent
qu'il comprenait très-bien les rapports que ces animaux ont avec les quadrupèdes
vivipares, et il les distinguait des poissons par des caractères certains.
Les renseignements réunis par Pline ont moins de valeur. Ce qu'il dit du P/iy-
seter de la mer des Gaules ne saurait être attribué au Cachalot, ainsi que l'ont fait
beaucoup d'auteurs, plutôt qu'à la Baleine, alors plus commune dans le golfe
d'Aquitaine qu'elle ne l'est de nos jours, et il n'est pas davantage possible de
classer exactement son Pristis qui est, dit-il, avec la Haleine, un Cétacé delà mer
des Indes; en effet, Pline confondait les Sélaciens avec les Cétacés.
De même il est difficile de se former une idée exacte des animaux cités par
Elieu comme étant le plus grands des Cétacés, savoir : le Léon, le Zngaina, le Par-
dalis, le Phusalos, le Pristis, le Malte et le Crios (2). Cet auteur fait les mêmes con-
fusions que Pline. Cependant Pline et lui avaient déjà entendu parler du Cétacé
qui vit dans le Gange, et le premier l'a cité sous le nom de Plat unis ta (5) qui a
été restitué à la même espèce par les naturalistes modernes,
A la fin du moyen âge, Albert le Grand ajouta, grâce aux documents venus par
(1 KriTïi, Aristote, Hist. des Anim., liv.l, ch. 5 et(i; liv. VI, ch. 12 et liv. VIII, ch. 2.
(2, Mur/, lû-faivx, lla^ïAK, <l>ùai>,oç, npT|Œi;, MiaOti, Kpio; : Klicn, Hist, des animaux.
3) Pline, Hist. nat., liv. IX,chap. 15.
300 CETODONTES.
le Nord, quelques faits exacts à ceux qu'avaient recueillis les anciens, mais il fut
encore bien peu en avance sur eux. Le premier, il parla du Narwal.
Quoique plus étendus, les documents enregistrés au sujet des Cétodontes
par les écrivains de la Renaissance, n'ont pas une plus grande utilité, à cause des
erreurs qui s'y trouvent mêlées ou des confusions qui y abondent. Les figures jointes
à ces écrits sont elles-mêmes trop inexactes pour que l'on puisse en tirer quelque
parti, et le fantastique y joue un rôle considérable. Aussi, Cuvier (I), lorsqu'il a
voulu dénommer le Cétacé, alors inédit, dont on venait de trouver, en 1804, un
crâne dans l'un des étangs du littoral de la Provence, a-t-il employé sans scrupule
le nom dont Gcsner s'était servi pour désigner l'une des espèces mentionnées dans
son ouvrage, le nom de Zipliius, reconnaissant sans aucun doute que le Ziphius
du grand naturaliste suisse (2) est un animal plus imaginaire que réel. Le texte
consacré à ce prétendu Cétacé n'offre en effet rien qui puisse nous guider, à moins
qu'on ne veuille comparer à l'Orque un être marin assez vigoureux pour tuer des
Phoques et s'en nourrir ; mais on ne voit pas là une indication suffisante, et si l'on
examine avec attention la figure jointe au texte, on ne tarde pas à reconnaître
qu'elle associe à des détails de pure fantaisie, lorsqu'on les attribue à un Cétacé,
d'autres caractères évidemment tirés du Sphargis, c'est-à-dire de la Tortue Luth,
grande espèce des régions intertropicales que les courants amènent quelquefois
dans nos parages.
De longues années devaient s'écouler avant que l'on eût réuni les documents
nécessaires à une histoire réellement scientifique des Cétodontes, et sans les re-
cherches ostéologiques dont ces animaux ont été l'objet dans ces derniers temps,
cette histoire serait encore très-imparfaite.
Ln examen attentif a montré que les catégories établies par Krisson n'avaient
rien de naturel. En permettant d'établir les véritables caractères des Cétacés dont
nous avons a nous occuper maintenant, cet examen a au contraire facilité leur
répartition en genres, et en même temps il a permis d'en donner des diagnoses
comparatives plus conformes à la nature. C'est pourquoi nous continuerons dans
les pages qui vont suivre a rappeler avec soin le nom des voyageurs auxquels
I Ou. fou., I. V, pari. I, p. 349
.' Ilisi. nat., t. Il, y,. 248.
CLASSIFICATION. 301
on est redevable de tous ces matériaux réunis dans les musées anatomiques où
les hommes de science s'efforcent de les utiliser.
Après avoir traité des Cachalots (genre Physeter] et des animaux qui s'en rappro-
chent, tels que le kogia, dont Blainville Taisait son Cachalot à courte lèle, nous
parlerons des Hypérodons et des Cétacés qui en sont voisins, comme le Ziphius, le
Dioplodon, le Mésoplodon et d'autres encore, soit fossiles, soit actuellement vi-
vants, auxquels on donne souvent le nom de Ziphioïdes.
Le genre Plataniste, qui se rattache aux Cachalots par tant de particularités inté-
ressantes, viendra ensuite, et c'est à propos de lui qu'il sera question, non-seule-
ment de l'Inie et du Sténodelphe ou Pontoporia, qui sont des animaux comparables
à certains égards au Plataniste lui-même, mais aussi des Cétacés de genre éteint,
ayant des dents si différentes de celles de tous les autres Cétodontes, qui ont. reçu
le nom de Sfualodon.
Les autres Cétacés pourvus île dents seront ultérieurement décrits, et cela con-
formément à l'ordre précédemment adopté qui repose sur la considération des
caractères squelettiques et dentaires de ces animaux. Ce sont ces Cétacés que
l'on réunit le plus souvent sous la dénomination de Dauphins et sous celle de Mar-
souins, mais il y a encore bien des distinctions à établir parmi eux.
Les Delphinoïdes qui, sous ce rapport, ont plus de ressemblance avec le Delphis
ou Dauphin ordinaire, ont le museau plus long que les Marsouins ou Phocénoïdes
et leurs dents sont plus nombreuses. Ils se partagent en Lagénorhynques, Del-
phinorhynques ou Sténo, Tursio ou Nésarnacks, Dauphins de diverses sortes, que
l'on confondait autrefois avec le Delphis, Sotalia ou Dauphins ûuviatiles et autres
encore.
Les Marsouins ou plutôt les Phocénoïdes, Cétacés à museau plus court et à dents
plus fortes, mais moins nombreuses que celles des Delphinoïdes, se divisent à leur
tour en Orques, Pseudorques, Globicéphales, Grampus, lîélugas et Narwals, genres
dont les espèces dépassent en volume celles de la catégorie précédente, et l'on
doit placer à leur suite les Phocènes proprement dits dont font partie le Marsouin
de nos côtes et le Néoméris de la mer des Indes.
C'est à propos de chacun de ces principaux genres qu'il sera question des osse-
ments ou des dents provenant de Cétodontes fossiles, qui indiquenl des Delphi-
noïdes et des Phocénoïdes plus ou moins rapproches de ceux de la nature actuelle.
102 CÉTOD0NTES.
De même que les resles fossiles des Mysticèles, les fossiles connus des Céto-
dontes ne remontent pas au delà de l'époque tertiaire moyenne, et, en Europe du
moins, on n'en a pas encore rencontré au-dessous des terrains miocènes.
Nous avons suivi autant que possible le même ordre général dans le classement
des figures composant les planches qui nous étaient réservées, mais sans qu'il nous
ail été possible de réussir à obtenir constamment ce résultat.
La sériafion indiquée ci-dessus est d'ailleurs discutable dans certains de ses
détails, et un examen plus approfondi des caractères des Cétodontes pourra seul
nous en faire comprendre les inconvénients ou les avantages. Lorsque nous aurons
passé eu revue toutes les espèces de ce groupe important qui sont connues dans
leurs caractères ostéologiques, il nous sera plus facile d'en faire ressortir les affi-
nités ou les différences.
Nous en donnerons alors le tableau complet dans un dernier paragraphe en
assignant leur place définitive aux genres qui figurent dans cette première énu-
mération. Ils auront été mentionnés et étudiés dans les chapitres consacrés à la
description ostéologique des Cétodontes, et leurs affinités ainsi que les principaux
caractères qui distinguent chacun d'eux auront pu être discutés avec soin.
DU GENRE CACHALOT
( Phy&eler )
ET DES GENRES QUI S'EN RAPPROCHENT LE PLUS.
Parmi les Cétacés pourvus de dents, il en est de très-grands, que l'on rencontre
dans des parages fort éloignés les uns des autres, et que le renflement de la partie
antérieure de leur tète ainsi que le caractère de posséder des dents nombreuses,
coniques, fortes, à ivoire protégé par une couche épaisse de cément éburné et
n'étant implantées dans des alvéoles profondes qu'à la mâchoire inférieure seule-
ment, ont fait distinguer de tous les autres et prendre pour type d'un genre par-
ticulier : ce sont les Cachalots (genre Physeter).
Ces gigantesques animaux vivent habituellement par bandes, mais ils ne se
montrent qu'accidentellement sur nos côtes. M y en a d'ailleurs dans le Pacifique
aussi bien que dans l'Atlantique, dans l'hémisphère sud comme dans l'hémisphère
nord, et leurs troupes pénètrent aussi dans les principales mers intérieures, dans
la Méditerranée par exemple.
On recherche les Cachalots pour leur huile, comme c'est le cas pour tous les
Cétacés, pour leurs dents, qui fournissent un bel ivoire, pour leurs os, dont quel-
ques-uns, plus particulièrement le maxillaire inférieur, sont d'une dureté remar-
quable, et surtout pour la substance particulière logée dans la grande excavation
surmontant leur crâne et qui donne extérieurement à leur tête l'apparence renflée
qui esl un (les principaux caractères de ce genre. Cette substance, \ ulgai rement ap-
pelée Blanc de Baleine ou Sperma-céli, est la cétine des chimistes. Ramenée a l'état
de pureté, elle constitue un palmilale de cétyle, résultant de la combinaison de
l'acide palmitique avec l'élhal (alcool céthylique) et régénérant ces deux corps par
•'104 CACHALOTS.
la saponification (I). Leblanc de Baleine constitue pour le commerce un article spé-
cial, auquel ses nombreux emplois dans l'industrie donnent un intérêt particulier.
Un autre produit des Cachalots se rencontre flottant à la surface des eaux et, en
beaucoup d'endroits, la vague le rejette à terre : c'est l'ambre gris, sorte de con-
crétion constituée par le résidu de la digestion de ces animaux. On y trouve encore
la partie chitineuse du bec des poulpes qui sont un de leurs principaux aliments.
Son odeur musquée parait également due à ces mollusques, puisqu'il y a des
poulpes, lesElédones en particulier, qui la possèdent à un haut degré. L'ambre
gris est employé en médecine. On lui reconnaît des propriétés analogues à celles
du castoréum. Pendant longtemps on s'est trompé sur l'origine de cette substance.
Avicène croyait que c'était une sorte de bitume qui découlait de fontaines sous-
marines; d'autres l'ont attribuée aux oiseaux, aux crocodiles ou aux phoques, mais
Albert le Grand savait déjà qu'elle est produite par de grands Cétacés, et Marco
Polo a confirmé qu'il en est bien ainsi. Madagascar, les îles Moluques, les Mal-
dives, la Chine et les Antilles en fournissent surtout, et il en vient aussi sur certains
points des côtes européennes parmi lesquelles on cite le golfe de Gascogne. On peut
également tirer directement l'ambre gris des intestins de l'animal. Un baleinier en a
extrait une fois 50 livres du corps d'un Cachalot et une autre fois 150. La Compa-
gnie hollandaise des Indes possédait une masse d'ambre du poids de 082 livres;
mais cette masse énorme résultait peut-être de l'agrégation des fèces de plusieurs
sujets, car à la sortie des intestins, ou lorsqu'on l'en retire artificiellement, l'ambre
gris n'a pas ordinairement la consistance que nous lui connaissons dans le com-
merce.
Nous avons dit que le Cachalot existe dans la Méditerranée comme dans les
autres mers; il est donc probable qu'il a été connu des anciens, mais ceux-ci ne
nous ont laissé dans leurs ouvrages aucune preuve qu'ils aient tenu compte des
caractères qui distinguent ce grand Cétacé des autres espèces propres à nos pa-
rages, et Rondelet qui le regarde comme le P/ujseler cité par Pline dans la mer
des Gaules, n'apporte aucun fait à l'appui de son assertion. Nous avons vu
d'autre part, qu'il est impossible d'affirmer que le Phalaina d'Aristote ne soit pas
le Cachalot plutôt que la Haleine.
i M Chevreul, le premier a saponifié le blanc de Baleine ol en a extrait l'éthal.
GENERALITES. 305
Ces synonymies, telles que nous les ont laissées les auteurs de la Renaissance, ont
été établies sans preuves et sans discussion, quelquefois même avec une singulière
précipitation. C'est ainsi qu'après avoir dit que le Physéter s'appelle en Languedoc
Peis mular, c'est-à-dire poisson mulet, ce qui est également son nom sur les côtes
du Roussillon, et avoir ajouté que c'est aussi le Capidoglio des Italiens et le Sene-
defte des Saintongeois, ce qui n'est pas moins exact, Rondelet ajoute dans le
même article : « Aucunes fois aussi en notre mer Méditerranée se trouvent de
semblables bestes fort grandes, encores auiourdui on en voit la mâchoire d'une
à Mompelier, à l'entrée de la grande église de Saint-Pierre, que le vulgaire pense
estre une coste, mais c'est la mâchoire basse. Les costes sont plus courtes é moins
grosses(l). » Cependant Rondelet vient de dire que le Physéter a « les dents aiguës» .
La mâchoire dont il s'agit, qui est la même que l'on conserve actuellement dans
le musée de la Faculté des sciences de Montpellier, n'est donc pas celle d'un ani-
mal de ce genre, mais bien celle d'un Rorqual, puisqu'elle manque absolument
de dents. Si distrait que soit le vulgaire, il n'aurait pas longtemps considéré
comme étant une côte, un os garni, sur une partie de sa longueur, de dents
semblables à celles des Cachalots ou simplement pourvu des alvéoles dans les-
quelles ces dents auraient été implantées.
On n'a conservé le souvenir que d'un petit nombre de captures de Cachalots
opérées dans la Méditerranée.
Sous le règne de Louis XV, un Cachalot de 60 pieds de long vint échouer à la
Selva, près Collioure. Un sieur Lanquine (Nicolas) en envoya les mâchoires au roi
qui, en récompense, lui fit une pension de 200 livres. M. Companyo (2) dit qu'on
les voit encore « dans la cour des salles d'Anatomie comparée, au Jardin-
des-Plantes; » ce qui n'est pas exact. Il existerait à Collioure, d'après le même au-
teur, un dessin de ce Cachalot. Cependant M. Naudin, de l'Institut, qui habite
maintenant cette ville, a bien voulu, à ma prière, chercher ce dessin, dont je lui
avais demandé une copie; mais il n'a pas réussi à le retrouver.
Un second sujet, de moyenne taille, a été pris dans le golfe de Saint-Nazaire (Var),
(1) Ilist. entière des Poissons, t. I, p. 356; 1558.
(2) Hist. nat. des Pyrénées-Orientales, t. III, p. 70.
306 CACHALOTS.
en -1856; j'en ai vu une moitié de mâchoire inférieure dans le cabinet des Pères
Maristes, à la Seyne, près Toulon (-1).
C'est, au contraire, sur un faux renseignement qu'un semblable éehouage a été
indiqué à Darmon, dans le même département, par M. Moquin-Tandon (2).
Un peu plus à l'est, nous mentionnerons une capture certaine, faite en 4726, à
Saint-Hospice, près Villefranche (Alpes-Maritimes). II s'agit du sujet signalé par
Bayer (5) et dont Risso (4) a fait le type d'une espèce particulière de Dauphins, sous
le nom de Delphmus Baycri.
Ce que dit Bayer de la présence de fortes dents sur les deux côtés de la
mâchoire inférieure, et non aux deux mâchoires, comme le prétend Risso, et la
figure qu'il donne de cet animal, en accompagnant cette figure du dessin d'une
dent de Cachalot véritable prise, il est vrai, dans une collection et non sur le sujet
décrit, tout cela ne permet pas de douter que le Cétacé de Bayer ne soit, comme le
dit d'ailleurs cet auteur, un animal du genre qui nous occupe. S'il n'en était pas
ainsi, il faudrait ou supposer que c'était un Orque, ce que la forme du corps con-
tredit évidemment, ou renoncer à le classer, et il n'y aurait alors, dans l'un et
dans l'autre cas, aucun motif pour admettre l'espèce proposée par Risso.
Lacépède (5) cite un autre Cachalot pris, en -1715, sur les côtes de Sardaigne, et
il entre également de semblables animaux dans l'Adriatique.
Le squelette d'un Cétacé de ce genre, que possède le musée de Vienne, provient
de la petite bande qui fut prise dans cette mer en 1855, et il en est de même de
ceux que l'on voit aux musées de Munich et de Trieste (6). Un crâne de jeune sujet
conservé au musée de Berlin est également de l'Adriatique. C'est sans doute aussi
sur les côtes italiennes, soit dans la Méditerranée, soit dans l'Adriatique, qu'ont
été recueillis les ossements de Cachalots que l'on voit dans les musées de Pise (7),
l I'. Gervais, Coin\)hs rend, hebd., t. L1X, p. 877; 1844.
-' A. Frédol [i-iuilin.ymc de Mo<|uin-TandonN signale, dans son ouvrage intitulé lo Monde de In mer,
un Cachalot du poids de 4000 kil. et long de 1-2°, 70 qui aurait échoué en novembre 1802 à Darnion (Var).
Son squelette aurait été préparé et acquis par le musée de Draguignan. M. Icard, bibliothécaire de cette
ville que j'ai consulté, m'a écrit, à la date du 23 juin 1871, que cette indication élail inexacte.
! .ii lu p/ii/Min-nii ,1. Acad. Nat. Curiosorum, 1734, p. 2, pi. I.
1 Europe méridional'-, t. III, p. 22.
:; Cétacés, \>. 201.
i. Van Bcneden, Bulletin Académ. r. de Belgique, i' série, t. XXV, p. 121.
17] Squelette indiqué par M. Van Beneden [lococit., p. 116).
GENERALITES. 307
de Florence (1) et de Bologne (2). Nous en dirons autant de deux parties osseuses,
provenant d'un crâne, très-mutilées et sans indication d'origine, que l'on conserve
dans la bibliothèque de Modène.
On a gardé l'indication de cinq des échouages de Cachalots qui ont eu lieu
sur nos côtes de l'ouest et du nord-ouest (Océan et Manche); ce sont, en allant
du sud au nord :
\° Le Cachalot rejeté par la mer, vers le milieu de novembre 4 872, à peu de
distance du phare de Biarritz, dans la Conche d'Amour. L'animal était mort et
dans un état de putréfaction avancée. Il était, comme la plupart des Cachalots
pris isolément, du sexe mâle; sa longueur était de L2 mètres. M. Souverbie, di-
recteur du musée de Bordeaux, a vainement essayé d'en recueillir le squelette;
l'état de la mer n'a pas permis ce travail (5).
2° Le Cachalot venu à l'embouchure de l'Adour, prèsBayonne, le -Ie' avril 4 744,
et dont Despelette, major de l'hôpital militaire de cette ville, envoya un dessin au
célèbre chirurgien Lapeyronie : l'animal mesurait 49 pieds de long et avait
L2 pieds \ de circonférence, au niveau de l'œil. C'est sans doute le dessin do
Despelette ou une copie de ce dessin que possède la bibliothèque du Muséum.
F. Cuvier l'a reproduit dans son Histoire des Cétacés (4), mais en supprimant la
nageoire pectorale de gauche qu'on ne devrait pas voir, et qui a fait croire
a un auteur récent, qu'on avait attribué à l'animal une nageoire ventrale, qui
n'existe d'ailleurs chez aucun Cétacé.
Deux autres dessins, tirés du même Cachalot, existent a Bayonne : l'un dans la
Bibliothèque de cette ville, donné par M. de Tolin; l'autre dans les registres des
délibérations du conseil municipal. Duhamel en a publié encore un autre (5).
5° Les 54 Cachalots (d'autres disent 52) échoués, le 14 mars 1784, dans la baie
d'Audierne, près de Primelin (Finistère), et dont tous les auteurs parlent, d'après
la lettre de l'abbé Lecoz, alors insérée dans le Mercure de France et les renseigne-
ments dus à quelques autres personnes. C'était presque tous des femelles, et leur
(1) Mâchoire inférieure d'un sujet de faible dimension.
(2) Squelette presque entier, de sujet adulte, et quelques parties d'un second exemplaire.
(3) P. Gervais, Journal de Zoologie, t. I, p. 537; 1872.
(4) PI XIX, fig. 1.
(5) Hist. nat. des Pèches, part. 2, section X, pi. XV.
308 CACHALOTS.
longueur variait de -Ma 15 mètres. Deux de ces femelles mirent bas, l'une deux
petits, l'autre un seul. Ces petits mesuraient 5m,50. Une tête de sujet adulte et d'au-
tres pièces du squelette, telles que la plus grande partie de la colonne vertébrale,
une portion de l'hyoïde et du sternum, l'omoplate et les os longs des nageoires,
furent envoyés à Paris.
P. Camper (4) et G. Cuvier (2) ont décrit et figuré plusieurs de ces pièces, et
nous en donnons aussi quelques-unes dans notre Atlas.
Bonnaterre a publié une figure de l'un des Cachalots d'Audierne, qui lui avait
été envoyée par M. Chappuis.
Un crâne moins grand que celui de Paris, mais provenant aussi de la bande
de Cachalots d'Audierne, est conservé au musée Lafaille, à La Rochelle.
4° Un Cachalot échoué dans la baie de la Somme, près Saint- Valéry, le 1 9 jan-
vier 1 769. Il n'est connu que par la citation qu'en a faite Haillon, sous le nom de
rhyseter trumpo (5) que Lacépède avait également employé pour celui de l'Adour.
5° Un Cachalot échoué, le 5 mars 4761, à quatre lieues de Boulogne-sur-Mer, et
dont il y a un dessin conservé à la Bibliothèque de cette ville (4).
Il était également venu, dans les siècles précédents, des animaux du même genre
sur les côtes de la Belgique et sur celles de la Hollande ainsi qu'à l'embouchure de
l'Elbe ou sur des poinls plus rapprochés de l'entrée de la Baltique. Le Cachalot si-
gnalé par Ambroise Paré fut pris, en 4 577, à l'embouchure de l'Escaut; ceux
qu'a mentionnés l'Ecluse le furent, en 4598, à Berchey, et, en 1001, à Beverwïck,
deux points de la côte hollandaise (5). Deux autres avaient antérieurement été cités
par Albert le Grand, l'un en Frise, l'autre à peu de distance d'Utrechl. C'est ainsi
que ce grand naturaliste avait pu reconnaître l'origine de l'ambre gris.
On possède aussi des indications relatives à des captures analogues opérées sur
certains poinls des côtes britanniques; mais dans plusieurs cas on a confondu avec
les Cachalots véritables les Globicéphales qui sont beaucoup moins rares et dont
(1) Cétacés, pi XVIII, XIX el XXVII.
(2) Ossements fossiles, t. V, 1" partie, pi. XXIV.
i CataL des l 'ertêbrès de lu Somme {Mém. Soc. r. d'émulation d'Abbeville, 1833, p. !>i>).
', p. Fischer, Journal de Zoologie, t. 1, p. 239; 1872.
(5) Camper ne nous dit pas si le crâne de Cachalot, conservé dans ['église de Schvelunge, en Hollande,
dont il a d'inné des figures pi. XVII , XX, XXI et XXII . a été tiré de l'un de ces exemplaires, ce qui pa-
raît néanmoins assez probable.
GENERALITES. 309
il vient régulièrement de nombreuses bandes aux Orcades et surtout aux Féroë. I.e
petit f.acbalot de Connaterre n'e^t autre que le Globicéphale ordinaire, et il lui
donne même son nom norvégien de Svine-Hval (1). Daubenton en avait figuré,
comme étant aussi de petit Cachalot, un crâne très-reconnaissable (2).
C'est ainsi que Sibbald, Anderson et d'autres auteurs plus modernes ont été
conduits à admettre plusieurs espèces de Cachalots et, dans certains cas, plusieurs
genres de ces animaux.
Cependant il est venu en différentes circonstances des Cétacés du genre des Ca-
chalots véritables sur les côtes de l'Angleterre et de l'Ecosse. Un de ceux au sujet
desquels on possède les renseignements les plus exacts a échoué près de Witsta-
ble, à peu de distance de Canterbury, le 4 6 février 1829 (5).
Un autre Cachalot avait été pris en 1769 sur la côte de Kent; un autre, vers la
même époque, sur celle de Norfolk et, dès 1689, Sibbald, à qui l'histoire des Cé-
tacés est redevable de précieuses indications, en avait déjà signalé un dans le golfe
de Forth. Enfin, James Robertson avait fait une observation semblable en 4770.
M. W. Turner (4) a donné le relevé suivant des captures de Cachalots connues
jusqu'à ce jour sur les côtes écossaises :
LOCALITÉS.
DATES.
r<o»is u'altelrs
Limekilns
ix° ou xc siècle?
février 1689
1701
février 1703
1756
1769
vers 1800
mars 1829
juillet 1863
juillet 1871
George Pétrie.
H. Sibbald.
James Paterson.
R. Sibbald.
W. Jardine.
James Robertson.
George Low.
W. Turner.
J. E. Gray et Flower.
W. Turner.
Koy Sound, Orkney
Oban
Je ne connais pas de liste analogue pour les côtes de la Scandinavie, et
(1) Le Delphinus globiceps de Cuvier ou Globiocephalus svineval de Gray dont il sera question ultérieu-
rement.
(2) Acad. se, 1782, p. 211, pi. I.
(3) H. Wood, Mag. ofnal. Hist., 2' série, t. III, p. 198; 1829.
(4) Proceed. r. Soc. Ediuburgh, 1871 72. p. 644.
il il CACHALOTS.
M. Lilljeborg ne comprend pus le Cachalot dans la liste (jn'il a donnée des Cétacés
de cette région maritime; cependant M. Malm (4) cite le Cachalot parmi les Céta-
cés dont la présence a été constatée sur les côtes de la Suède, et Linné (2) l'avait
déjà indiqué en Norwége.
Les Cétacés de ce genre viennent aussi de temps en temps sur les côtes des
Ktats-Unis. M. Allen (5) les indique particulièrement sur celles du Massachussets,
mais comme y étant rares. M. Scammon (4) dit cependant qu'il en descend jus-
qu'à 56° de latitude.
Les Cachalots paraissent s'étendre encore plus au nord dans le grand Océan que
dans les régions correspondantes de l'Atlantique. Il en vient même dans la mer
d'Okhostk, et, parmi les figurines en bois ou en os employées par les Aléoutes,
qu'a publiées Chamisso, celle qui porte le n" VU représente certainement un Cétacé
de ce genre (S), l'en donne de mon côté, sur la planche XX de cet ouvrage, une
qui a sans doute la même origine. Elle est en os de Cachalot, et m'a été remise
par M. le professeur Steenstrup.
Les mêmes Cétacés fréquentent aussi les mers de L'hémisphère austral, et ils
sont assez abondants sur plusieurs points pour que les baleiniers leur fassent une
chasse régulière.
On n'a pas encore réuni des matériaux suffisants pour écrire une histoire com-
parative de ces animaux qui habitent les différentes mers, et l'on ne sait aussi
que très-peu de chose sur l'étendue des voyages qu'ils exécutent; aussi est-il en-
core bien difficile de dire s'ils constituent réellement plusieurs espèces, et surtout
quels sont les caractères respectifs de ces espèces. Quant à leur séparation en
deux genres sous les noms de Physeter (Linné) et de Catodon (Arlcdi), encore ad-
mise par M. Cray (6), elle ne repose sur aucune indication précise, car on ne
peut attribuer une valeur générique au développement plus ou moins grand de
la nageoire dorsale non plus qu'à la forme plus ou moins relevée du museau.
il, Hvaldjuri Suerigea Museer,âr 1869, p. 20 et 45.
(2) Fatum mi, ri, ,,, 2 éd., |'. 16; 1761.
; Mammalia of Massachussets, p. 239.
l On theCetacea ofthe Western coastof North America, p. 50; 1869.
Vova Acta Nat nui,, s., t. XII. p. 1 ; in-24.
(6) Catalogue, p. lit.",; 1866. — Supplément . p. !i8 ; 1871.
GENERALITES, :iu
Toutes les pièces ostéologiqucs qu'on a recueillies jusqu'à ce jour, aussi bien
les dents que les squelettes eux-mêmes, indiquent des animaux évidemment con-
génères les uns des autres; nous ne ferons donc, des Cétacés dont il s'agit, qu'un
seul et même genre sous le nom de Cachalots, en latin Physeter.
C'est même sous toute réserve que nous devons inscrire ici avec leurs noms les
espèces enregistrées dans les ouvrages de zoologie, même les plus récents.
Les Catodons ou physétères à tète comprimée et coupée carrément en avant, les-
quels n'ont pour dorsale qu'une saillie en forme de tubercule, comprendraient
les trois espèces suivantes :
Le Physeter macrocephalus OU Cachalot ordinaire, — le Physeter ausl/alis ou Ca-
chalot des mers australes de Mac Leay, — et le Cachalot à bosse [Physeter poly-
cyphius) de Quoy et Gaimard.
Aux Physétères à tète déprimée et à dorsale falciformc (le véritable genre Physeter,
d'après M. Cray) appartiendrait au contraire comme unique espèce le Trumpo,
de Bonnaterre et de Lacépède [Physeter trumpo).
C'est à propos des Cachalots des mers australes qu'il sera question du Meganeuron
lire/pil distingué par M. Gray (I) sur l'examen d'une région cervicale dont M, Krefft,
directeur du musée de Sidney a envoyé des photographies à l'Exposition univer-
selle de 1867.
Nous verrons dans un autre paragraphe que le Cachalot bréviceps de Blainville
[Physeter bréviceps), qui est d'ailleurs de plus petite taille que les Cachalots, est au
contraire facile à distinguer de ces animaux, et nous en parlerons sous le nom de
Kogia.
Parmi les Cachalots étrangers aux mers d'Europe, ceux des côtes orientales de
la Nouvelle-Hollande sont au nombre des mieux connus. On conserve à Sidney
le squelette complet de l'un de ces Cétacés, et il y en a également un, ayant la
même provenance, au collège des chirurgiens de Londres.
Ces belles pièces ont déjà donné lieu à des publications que nous devons citer :
Wall, Hist. and Descr. ofihe Skeleton of a Spermwhalc. ln-8" av. pi. Sidney; 18j0.
(1) Catalogne, p 387.
312 CACHALOTS.
Flower, On the Osteology of the Cachalot or Sperme-Whale (Trans. Zool. Soc. London, t. VI, p. 309, pi. LV
à LXI; 1868).
Les autres documents dont la science dispose ont été pour la plupart tirés
d'exemplaires pris sur les côtes d'Europe, ou dont la provenance n'est pas connue
d'une manière certaine.
Ils sont dus aux auteurs dont les noms suivent :
Camper, Ostùologie du crâne des Cachalots (Obsero. anat. sur les Cétacés, p. 94 : pi. XVII à XXII, pour
le crâne des Cachalots d'Audierne (l)etde Schevelinge; pi. XXIII a XXVI, pour le rocher et la caisse au-
ditive; pi. XXVII, pour le maxillaire inférieur du Cachalot d'Audierne; pi. XXVIII, pour les vertèbres cer-
vicales; 1820).
G. Cuvier, Des Cachalots (Oss.foss., t. V, 1" partie, p. 328, pi. XXIV, fig. 1 à 18; 1825.)
Brandt, Medizinische Zoologie, t. I, p. 9, pi. XIII, fig. 7 et 8 (2); 1829»
De Blainville, Sur les Cachalots {Ann. franc, et ètr. d'Anatomie et de Physiologie, t. II, p. 335; 1838).
Beale, Nat. hist. of the Sperm-Whale, avec fig.; 1839.
R. Owen : Skull of a fœtal Cachalot (Descrip. Catal. ofthe osteolog. Séries in the Muséum of the r. Col-
lège of Surgeons of England, t. II, n° 2417). — Petro-tympanic or ear-bone of the récent Cachalot (Brilish
fossil Mammals, p. 526, tlg. 20. — Structure des dents, Odonlography, p. 353, pi. LXXXIX et XC.
Huxley. Crâne non ossifié d'un fœtus de Cachalot (A Manual of the Analomy of vertebraled Animais,
p. 401, fig. 106, in-18; Londres, 1871).
Turner, Détails sur le sternum du Cachalot échoué à Skye, en 1871 {Proceed. r. Soc. Edimburgh, 1871-72,
p. 636 .
Nous traiterons successivement dans les paragraphes qui vont suivre de la tête
osseuse des Cachalots — de la colonne vertébrale et des autres pièces constituant
le squelette du tronc et de la queue des mêmes animaux — de leurs membres an-
térieurs, en y comprenant les omoplates — du labyrinthe et de la caisse auditive
— et ensuite des dents.
Un autre paragraphe sera consacré aux fossiles que l'on peut attribuer au même
genre de Cétacés.
Cette histoire des Cachalots sera suivie de la description des Cétacés, les uns
vivants, les autres fossiles, qui tout en différant génériquement de ces animaux,
s'en rapprochent cependant par l'ensemble de leurs caractères et ont pu être
classés pendant quelque temps dans le même genre qu'eux. Le Kogia des mers
australes rentre dans cette catégorie.
(1) Le crâne d'Audierne, qui appartient au Muséum de Paris, avait été précédemment ligure par Lacé-
péde lllixt. des Cétacés, pi. 11 .
i>: Deux figures représentant un bord de mâchoire inlérieure avec ses dents et deux dents tics-usées;
pierrs du cabinet de Berlin
SQUELETTE ET DENTITION DU CACHALOT
CrAnc — La tèle osseuse du Cachalot, si différente quelle soit, aussi bien de
celle du Dauphin proprement dit que de celle de la plupart des Cétodontes,
par son apparence générale et surtout par les traits secondaires qui la distin-
guent, se laisse cependant ramener aisément au type général des animaux consti-
tuant la grande division des Cétacés ayant les mâchoires garnies de dents en plus
ou moins grand nombre, et il est très-facile de saisir les particularités fonda-
mentales qui l' éloignent de celle des Balénidés ou Cétacés à fanons lorsqu'on
l'examine avec attention et qu'on la compare à la fois à celle des autres Céto-
dontes et à celle des Mysticètes; nous verrons même dans plusieurs des
animaux qui se rapprochent du Cachalot, dans le Kogia, l'Hyperoodon, les
Ziphius et le Plataniste, par exemple, un lien naturel rattachant ce genre à celui
des Cétodontes ordinaires, et ce sera aussi l'examen du crâne qui nous permettra
de juger plus sûrement de ces analogies. La connaissance du squelette du Cachalot
encore jeune, ou même à l'état fœtal, est d'un grand secours dans cette recherche,
car la forme si particulière du crâne de l'adulte ne se trouve pas encore complè-
tement réalisée à cet âge et les os, principalement les pariétaux et les fron-
taux, y sont encore séparés de l'occipital et des maxillaires supérieurs, aux-
quels ils se joignent bientôt en partie pour former la grande muraille osseuse
qui clôt en arrière l'excavation faciale destinée à loger la masse énorme de
sperma-céti qui s'accumule au-dessus de la face des animaux de ce genre.
C'est principalement à cette excavation, que l'on peut comparer à un esquif,
soit encore à un char antique, que la tête du Cachalot doit son apparence si singu-
lière. Elle semble largement ouverte en dessus et se trouve formée supérieurement
et sur les côtés par les os maxillaires, qui en fournissent en partie le plancher
et les parois latérales et postérieures, ainsi que par les incisifs ou intermaxillaires,
appliqués au côté interne des maxillaires et les suivant jusqu'en arrière des na-
rines dans leur portion verticale. Ceux-ci laissent voir entre eux le vomer, en
avant des narines qui sont séparées par la niasse ethmoïdienne. Pris dans son
io
314 CACHALOTS.
ensemble, le vomer représente une longue gouttière logeant le cartilage ici
aplati qui continue en avant l'axe du crâne.
Au-dessus des narines et accolés contre la paroi verticale du cirque facial, se
voient les frontaux formant deux plaques inégales séparées l'une de l'autre par la
partie postérieure et montante des incisifs et en rapport par une sorte de suture
écailleuse avec la branche également montante et supranasale des maxillaires
supérieurs. Ces os ont une surface considérable, mais ils sont inégaux entre eux.
Sauf la portion latéro-externe des os frontaux qui constitue la partie supé-
rieure des orbites, le bord supérieur des os zygomatiqnes et l'apophyse du
temporal à laquelle ces os s'attachent, c'est à peu près là tout ce que l'on voit du
crâne du Cachalot si on l'examine par sa face supérieure. Le bord externe des
maxillaires ne commence à se redresser sensiblement pour limiter latérale-
ment l'excavation supra-faciale qu'en arrière des trous sous-orbitaires qui se
voient au delà de l'échancrure des mêmes os précédant les orbites et à peu près à
la hauteur de ces trous sous-orbitaires que la déformation naturelle subie par
le crâne rend ici sus-orbitaires contrairement au nom qu'ils méritent dans la
plupart des autres animaux.
Eu arrière se trouve la muraille osseuse limitant la cavité faciale de ce côté. Les
branches montantes des maxillaires ne la forment pas à elles seules. L'occipital
supérieur s'applique en arrière contre cette portion des os des mâchoires, et la
muraille acquiert ainsi une remarquable solidité ; mais il existe entre ces deux
principaux éléments osseux de la partie postérieure du cirque facial d'autres
pièces du même ordre, dissimulées chez l'adulte, dont on peut retrouver la trace
dans des crânes encore très-jeunes. Ces pièces sont à leur tour constituées
par les os frontaux et pariétaux dont la position est en effet intermédiaire à celle
des nasaux et ils sont appliqués entre les maxillaires et l'occipital supérieur, les
seconds, c'est-à-dire les pariétaux, ayant avec les temporaux des connexions qu'il
importe aussi de retrouver dans le cas qui nous occupe.
Notre collection ne possède aucune partie susceptible de guider dans ces dé-
monstrations-, mais il existe dans le Musée hunlerien un crâne fort jeune, que j'ai
pu observer avec soin cl qui permet d'arriver à des résultats plus précis. Il avait
déjà été l'objet d'une étude attentive de la part de MM. Owen, Huxley et Flower.
Les frontaux forment, comme d'habitude, le plafond de la loge orbilaire,
CRANE. 3 1 ■>
mais chez l'adulte on ne les distingue plus en arrière de la partie postérieure
et montante des maxillaires avec laquelle ils se soudent pour former le cirque
entourant la masse du blanc de baleine. La face antérieure de l'arrière-mu-
raille osseuse est due à la réunion de ces deux sortes d'os et la postérieure
à l'occipital supérieur. Toutefois ils ne sont distincts en ce point que pen-
dant le premier âge, leur soudure au maxillaire et à l'occipital supérieur
étant fort précoce. Quant aux pariétaux, ils s'appliquent plus tôt encore contre
la face antérieure de l'occipital supérieur, de telle sorte qu'ils ne paraissent
déjà plus le long de la crête du cirque dans les jeunes crânes que l'on con-
naît et ils n'y forment extérieurement qu'une très-faible portion de la fosse
temporale. Mais une coupe longitudinale permet de les retrouver dans la cavité
cérébrale en tant que parois de cette dernière; ils y occupent leur place ordi-
naire, en arrière des frontaux, remontés en crêtes dans leur partie médiane,
et concourant eux-mêmes, comme il vient d'être dit, à solidifier la paroi posté-
rieure du cirque.
Ajoutons, pour compléter l'examen de la face supérieure du crâne du Cacha-
lot, que les intermaxillaires font antérieurement une faible saillie en avant des
maxillaires sur le bord interne desquels ils sont appliqués et qu'ils sont nota-
blement moins larges qu'eux. Ils ont ensemble une apparence hastiforme. Un
trou répondant au trou incisif s'y remarque un peu en avant des narines.
Celles-ci sont très-inégales en dimension, ce qui est en rapport avec la dissy-
métrie crânienne; c'est la gauche qui est la plus grande. Entre elles se voit la
saillie elhmoïdienne et en avant, en partie caché par les intermaxillaires, l'os
vomer logeant le cartilage sus-vomérien qui, habituellement, a disparu dans les
crânes conservés, à cause de son peu de résistance.
Le vomer se montre également en dessous, entre les deux maxillaires; il ne
disparaît que sous les palatins qui sont assez grands et fortement échancrés en
arrière pour recevoir une saillie du bord antérieur des ptérygoïdiens, os rappro-
chés l'un de l'autre sur la ligne médiane et qui entourent complètement l'orifice
postérieur des narines. Le jugal épais et contourné va du bord postérieur de
l'échancrurc faciale des maxillaires jusqu'à l'apophyse ju gale du temporal avec
laquelle il articule, mais sans former dans la partie par laquelle il se joint à cette
apophyse une tige grêle comparable à celle que l'on observe chez les Delphi-
316 CACHALOTS.
nidés(l); il n'existe plus sur notre crâne d'Audierne, mais on le retrouve sui
celui du squelette acquis par Cuvier.
On ne voit pas d'os lacrymal et cet os paraît ne pas exister.
L'alisphénoïde constitué par les grandes ailes sphénoïdales détachées de l'os de
ce nom existe en avant et au dedans de la portion interne du temporal dont une
partie sert comme d'habitude à l'articulation du maxillaire inférieur et forme la
cavité glénoïde, laquelle est peu excavée. On voit à la hase du crâne en arrière
de l'ouverture postérieure des narines une courte pièce osseuse répondant au
présphénoïde ou sphénoïde antérieur et un sphénoïde postérieur déjà synostosé
avec le basilaire chez les jeunes sujets que l'on connaît doit être également
admis. La division de l'occipital en occipital supérieur et occipitaux latéraux
disparait aussi de très-bonne heure.
La longueur du crâne placé dans notre Musée est de 4,50 et sa largeur à
la région frontale de 2,00. La muraille limitant le cirque supra-facial, est haute
de I mètre en arrière.
La tête osseuse du Cachalot n'est pas aussi pesante que son énorme volume
pourrait le faire supposer. Son tissu est en général spongieux, et plusieurs des os
qui la constituent sont creusés de nombreuses cellulosités de la grosseur d'un
pois chiche, mais de forme irrégulièrement polyédrique qui l'allègent notable-
ment. Ces cellulosités abondent dans les os intermaxillaires et maxillaires supé-
rieurs, structure qui a même fait attribuer à un crâne d'Éléphant un fragment,
osseux présentant les cellules dont il s'agit, mais qui provenait cependant bien
de la tète d'un Cachalot. C'est ce qui a eu lieu pour la pièce 2 555 a du Musée hun-
térien. M. Flower n'a pas tardé à rectifier cette erreur, que l'observation du
nombre relativement plus grand des cellules et leur moindre dimension permet
d'éviter. Ce caractère nous a aussi conduit à attribuera un Cachalot les deux grosses
masses osseuses, sans dénomination et sans indication d'origine, conservées dans
la bibliothèque de Kavenne (2), dont nous avons parlé précédemment.
Le rocher est petit; nous en signalerons plus loin la partie formant le labyrinthe
et nous parlerons alors de la caisse auditive constituant l'enveloppe osseuse de
l'oreille moyenne qui y est suspendue.
(1) L' no des figuras de Camper lui altribuo. à tort cette disposition.
\i) VA non de Modène, comme nous l'avons dit a la p. .107.
CRANE. 317
Cette description abrégée de ia tète du Cachalot nous conduit à parler aussi
de la mâchoire inférieure et de l'os hyoïde du même animal.
La mâchoire inférieure du Cachalot est fort allongée et se trouve ainsi en
rapport avec l'étendue du crâne, mais sans que ses branches aient, comme chez les
Baleines, un écartement répondant à sa largeur. Ce n'est qu'en arrière et auprès
de leur articulation avec le temporal dans la cavité glénoïde qu'elles montrent un
élargissement comparable à celui de la tète. Elles se rapprochent au contraire de
plus en plus en avant, et leurs deux branches se symphysent par synehondrose ou
par synostose incomplète, sur une étendue qui égale plus de la moitié de leur lon-
gueur respective.
De fortes dents sont implantées, sur leur bord supérieur, dans toute la
partie symphysée et un peu en arrière d'elle. Les condyles articulaires sont peu
saillants et à peu près dans l'axe des branches; il n'y a qu'un rudiment d'apo-
physe angulaire et l'apophyse coronoïde forme un arc surbaissé partant de chaque
condyle pour aboutir â la ligne dentaire. L'ensemble de la mâchoire est relati-
vement grêle et sa partie inférieure opposée au bord dentaire est sensiblement
convexe et comme en bateau. L'ouverture postérieure interne par laquelle entre
le nerf dentaire est considérable et dans la forme propre aux Cétodontes. 11 y a
plusieurs trous pour la sortie des nerfs et des vaisseaux le long du bord externe ; ils
répondent aux trous mentonniers des autres mammifères.
Toutes les mâchoires inférieures de Cachalots que l'on a réunies dans les
collections ne sont pas exactement de même forme , et les dents qui y sont
implantées présentent aussi quelques différences dans leur apparence extérieure.
Cuvier a essayé, mais sans succès, de reconnaître les espèces de Cachalots à la
forme de leur mâchoire inférieure et à celle de leurs dents.
Cherchant aussi à résoudre cette question de l'unité ou de la multiplicité spéci-
fique des Cachalots, de Blainville, qui ne possédait non plus d'autre crâne en
bon état que celui provenant d'Audierne (Finistère), lequel a été plusieurs fois
représenté et dont nous donnons à notre tour une figure, a eu aussi recours
aux maxillaires inférieurs de ces animaux que nous possédons à Paris pour essayer
de reconnaître si l'on doit admettre plusieurs espèces. Il a publié à cet égard
une note que nous avons citée dans la partie bibliographique de ce chapitre et
318 CACHALOTS.
qui est insérée dans les Annales françaises et étrangères d'anatomic et de physiologie
pour l'année 1858.
Les mâchoires inférieures de Cachalots que de Blainville avait alors sous les
yeux, et dont les principales sont représentées dans notre atlas, lui ont paru se
rapporter a deux ou peut être trois formes spécifiques distinctes.
Voici le résumé de ses remarques à leur égard :
a. lue première forme est indiquée par notre Cachalot d'Audierne (PI. XIX,
j'kj. 6 et <i a) dont la ligne inférieure, dit l'auteur cité, est assez fortement en
bateau. La symphyse va jusqu'à la dix-neuvième dent, et les dents, au nombre
de vingt-cinq tle chaque côté, sont obtuses, émoussées et verticales, si ce n'est en
arrière où elles s'étalent un peu; elles sont en général médiocres, petites même,
et, outre les latérales, il y en a une paire beaucoup plus petite, tout à fait terminale
eu avant.
De Blainville ajoute que l'on doit probablement rapporter à cette espèce, qui est
le Cachalot macrocéphale lui-même, une mâchoire donnée à notre collection par
E. Geofl'roy-Saint-llilaire, et qui ne diffère que parce que ses dents, au nombre
de vingt-six d'un côté et de vingt-sept de l'autre, plus la paire antérieure, sont plus
petites encore, parce qu'elles sont sorties de leurs alvéoles. Plusieurs autres pièces
de la collection de Paris semblent au même savant appartenir également à
cette espèce, c'est-à-dire à l'espèce ordinaire, et il serait d'avis d'y réunir
aussi le squelette monté dans la cour du cabinet d'analomie comparée.
I>. Une seconde forme est représentée par la partie dentaire d'une mâchoire
à bord inférieur beaucoup moin s arqué, presque droit et dont la symphyse atteint
La vingtième dent. «Toutes les dénis sont longues, droites, coniques, subaiguës,
fort étalées en avant et presque horizontales, plus courtes, très-mousses, obtuses
sub-verticales en arrière. »
Cette portion de mâchoire inférieure qui a été rapportée du Cap Horn par
M. Daubrée, de Nantes, a déjà été Bgurée par Cuvier dans ses Ossements fossiles,
I. V. p. 542, PI. 24 [22~* de L'édition in-8), fig- 8. Nous en donnons deux frag*-
inents sous les n 7 et 7 a de notre Planche \l\.
De Blainville se demande si l'on doit en distinguer un autre fragment de
mâchoire inférieure, également signalé par Cuvier (p. nil, même planche,
fig, '.> el reproduit dans notre allas PI. \l\, ////. 8), dont la symphyse répond
CRANE. 319
aux vingt premières dents. Celles-ci sont verticales, coniques, pointues,
recourbées en arrière, où elles sont également plus petites « à en juger du moins
par les alvéoles presque en contact, sans barre osseuse intermédiaire, ce qui
indique évidemment un jeune âge. »
c. Une troisième forme serait celle d'une mâchoire inférieure qui semble inter-
médiaire aux deux précédentes; « elle a 7 pieds et demi de long sur ."> pieds \ pouces
d'écartement aux coudyles. Le symphyse se termine enlre la vingtième etlavingt-
et-unième dent; la ligne inférieure est assez arquée. Ily a vingt-cinq dents latérales
sans paire terminale plus petite; elles sont assez serrées et assez grandes; les anté-
rieures un peu étalées et plus longues, les postérieures presque verticales,
mousses et très-usées. »
De Blainville termine en disant : « Quoique nous connaissions fort peu les limites
de variation du système dentaire des Cachalots, ou entrevoit cependant la possibi-
lité que les deux formes principales de mâchoires que nous venons de signaler
indiquent deux autres espèces distinctes; mais la difficulté est de savoir à quelle
forme extérieure chacune d'elles peut répondre. »
Nous reviendrons sur ce sujet en parlant du système dentaire des Cachalots,
nous bornant à rappeler pour le moment que le maxillaire inférieur des animaux
qui nous occupent acquiert une très-grande densité et qu'à des époques très-
diverses on s'en est servi pour la fabrication d'objets d'art que leur dureté rend
comparables à de l'ivoire. Les Océaniens eux-mêmes les ont employés pour en
faire des armes, et les Européens qui se sont établis les premiers dans leurs îles,
particulièrement à la Nouvelle-Zélande, y ont trouvé de nombreux instruments,
tels que rames de commandement, easse-tètes, etc., faits de cette substance.
Un a décrit plusieurs exemples de maxillaires inférieurs de Cachalots infléchis
ou recourbés sur un de leurs côtés par suite de la torsion simultanée de leurs
deux branches. Ces maxillaires ne devaient plus concourir que d'une manière
incomplète à la mastication. On en voit un au Musée de New- York; les collec-
tions de Londres, soit le Musée britannique, soit le Musée hunléiien, en pos-
sèdent aussi chacune un et il en existe un quatrième au Muséum de Paris qui
l'a reçu de l'Ile Maurice par les soins de M. Desjardins. Nous donnons la figure de
ce dernier sur notre planche XIX, sous le n° 10. Ce sont la autant d'altérations
pathologiques.
320 CACHALOTS.
Beale (-1) en avait déjà cité deux cas. Ceux qui existent dans les collections de
Londres ont été décrits et représentés par M. J. Mûrie (2) qui en signale un troisième,
d'après M. Flower, dans le Musée de Hull, et parle aussi de celui de New- York;
enfin celui du Muséum de Paris a fourni à M. P. Fischer, le sujet d'une courte
note publiée dans le Journal de M. Robin (5).
o* hyoïde. — L'hyoïde du Cachalot n'est pas moins singulier que plusieurs des
pièces du même Cétacé que nous avons décrites, mais, jusqu'à présent, on ne le
connaît encore qu'en partie. La branche styloïdienne est sans doute formée de trois
pièces successives et cylindroïdes ; le corps est grand et irrégulièrement scutiforme,
à peu près penlagonal, ou même si l'on veut hexagonal, puisque son angle anté-
rieur est tronqué, et les deux cornes laryngiennes que ce corps supporte con-
stituent des lames irrégulièrement ovalaires dont la surface est considérable.
L'hyoïde de Cachalot dont nous figurons une partie est emprunté au Cachalot de
Tasmanie et tiré du Mémoire de M. Flower. Il ne se distingue pas d'une manière
notable de celui du Cachalot d'Audierne dont on a conservé les mêmes pièces
à Paris. Dans ce dernier le corps mesure 0,40 d'avant en arrière, 0,50 trans-
versalement dans sa partie la plus large et 0,26 en arrière des deux cornes
laryngiennes. Une seule de ces cornes est retenue au corps par synostose;
pour l'autre l'articulation n'était encore qu'à l'état de carfilage-
Coionne vertébrale. — Les vertèbres, sauf six de celles qui composent le cou,
restent distinctes les unes des autres et simplement unies entre elles pendant la vie
de l'animal par les ligaments fibro-élasliques propres aux autres animaux. On les
distingue en vertèbres du cou, du dos, des lombes et de la queue.
Des sept vertèbres eervicales, la première ou l'atlas est seule distincte, les
six autres se soudant pour constituer une synostose unique dont la forme n'est
pas moins caractéristique que celle de l'atlas.
Celui-ci dont nous avons vu des exemplaires dans un assez grand nombre de
collections est très-élargi transversalement (0,82), tandis qu'il n'a que 0,42 de
hauteur. Son arc iieurapophysaire est assez faible et surmonté d'une saillie assez
peu sensible ; l'arc inférieur est plus épais, mais sans acquérir pour cela
I, Nat. Hist.oJ the Sperm-Wahle, p. 36; 1839.
i] l'roceed. zool. Soc. London, 1865, p. 390.
i Journal <><■ r inalomù et <!•■ l,i Physiologie, p. 382, PI. 13, //.</. 1.
COLONNE VERTEBRALE. 321
beaucoup de force. Le canal rachidien y est percé sous la forme d'un cœur
dont la largeur, sur l'atlas du Cachalot d'Audierne, est de 0,21. Quelques
différences paraissent se manifester avec l'âge.
L'atlas du Cachalot de Tasmanie est moins large que celui d'Audierne et sa
perforation rachidienne est moins étranglée; mais il faut rappeler que cette pièce,
dont nous empruntons le dessin à M. Flower, est d'un sujet moins avancé en
âge, et il en est sans doute de même pour l'atlas du Cachalot d'Australie déposé'
au Musée de Sidney, que M. Gray attribue au Catodon australis de Macleay (-1).
Des modifications dans la forme de l'atlas du Cachalot, plus particulièrement
dans son diamètre transversal , paraissent avoir lieu à mesure que l'animal
vieillit et l'atlas d'un jeune sujet conservé au Musée de Berlin, dont M. Flower
m'a remis le dessin, est moins large que les précédents, ce qui vient à l'appui
de cette opinion ; son canal rachidien est en même temps plus ample.
On est ainsi conduit à penser que l'atlas (PI. XVIII, fig. 17) (2) et la synostose
cervicale, recueillis sur les côtes de l'Australie, à propos desquels M. Gray a fondé
son Meganeuron Krefftii (3), lesquels sont sensiblement plus étroits et pos-
sèdent un trou rachidien plus évasé, ne sont qu'une région cervicale de Cachalot
tirée d'un sujet plus jeune encore; cependant on ne peut émettre à cet égard que
des conjectures qui ont besoin de la sanction de l'avenir. Au dire de M. Gray,
M. Krefft partage cependant la manière de voir qui vient d'être exposée.
Les six vertèbres qui suivent sont réunies entre elles par une synostose précoce
et ne constituent par conséquent qu'une seule pièce, dont la forme n'est pas
moins caractéristique du genre Cachalot. On y voit en avant les deux facettes
destinées à l'articulation de l'atlas et cette partie, qui correspond à l'axis, est
sensiblement plus large que la face postérieure fournie à son tour par la portion
répondant à la masse cervicale du corps de la septième vertèbre, prise à son point
d'articulation avec la première dorsale.
L'axis ne présente qu'une faible saillie odonloïde.
(1) Gray, Cat. qf Seals and Whales in ihe brilish Muséum, p. 207, fig. b5; 1 866.
(2) D'après la photographie dont M. Krefft a bien voulu nous envoyer un exemplaire et que M. Gray a
reproduite de son côté.
.1 Gray, loc. cit., p. Zi'i,fig. 94-96.
4>
322 CACHALOTS.
Les surfaces antérieure et postérieure de la synostose cervicale sont à peu
près dans le rapport de 3 à \ .
La masse neurapophysaire est épaisse et les arcs latéraux destinés à former le
canal vertébral restent incomplets. Cependant on retrouve la trace des six vertèbres
composantes dans la mince lame fournie bilatéralement par chacune d'elles et
dans les cinq trous répondant aux trous de conjugaison de ces vertèbres que
l'on aperçoit de chaque coté. Des indices de la séparation primitive des mêmes
vertèbres se voient aussi à la face externe de l'os unique quelles forment; mais leur
coupe par la ligne moyenne de la synostose exécutée sur notre Cachalot d'Au-
dierne ne laisse voir qu'une masse spongieuse homogène sans distinction des
corps vertébraux de la coalescence desquels elle résulte. C'est ce que montre
la ji(j. 4 de notre PI. XX. Un sujet moins avancé en âge conserverait cer-
tainement la trace des éléments osseux qui ont disparu dans la pièce ici
réprésentée et on les retrouverait d'une manière d'autant plus évidente selon
que ce sujet serait pris à une époque moins reculée de sa naissance.
Feu M. Guyon, chirurgien en chef de l'armée d'Afrique, qui a recueilli en
Algérie beaucoup de curiosités naturelles et les a obligeamment communiquées
aux savants qu'elles pouvaient intéresser, a envoyé à Paris le dessin, exécuté en
18 il), d'une pièce osseuse trouvée sur la rive gauche de l'Oued-Ger, rivière qui
coule au pied de la montagne où se trouve l'hôpital thermal d'IIammam-Hiva.
Cette pièce, qui était alors la propriété d'un cabaretier habitant le village des Eaux-
Chaudes, sur lafcroutede Blidah a Milianah, lui a paru, dit-il dans la note de lui
que j'ai sous les yeux, être une vertèbre de la queue d'un gros Cétacé; mais les
ligures jointes à cette note ne laissent aucun doute sur la nature de l'objet dont il
s'agit, lequel aura dû être porté en cet endroit par l'homme : c'est bien une syn-
ostose cervicale de Cachalot, et elle a probablement appartenu à quelque exem-
plaire de ce genre capturé sur les côtes de la Méditerranée. Dans tous les cas, on
ne saurait y voir,£dans l'état de nos connaissances à son égard, un fossile suscep-
tible de fournir des indications utiles relativement à la géologie du pays dans
lequel elle a été ramassée.
Les Cachalots paraissent ne pas avoir un nombre absolument constant de ver-
tèbres pour les deux autres régions, soit la dorsale, soit la loin bo- sacrée; mais la
variabilité est moindre sons ce rapport, et le nombre total également moins consi-
COLONNE VERTEBRALE. 323
dérable qu'on ne serait conduit à le penser en tenant compte du chiffre de qua-
rante-quatre que Cuvier donne pour ces deux régions réunies et de celui de soixante
attribué par cet auteur à la totalité de la colonne rachidienne. On a d'ailleurs
fait depuis longtemps la remarque que le squelette de Cachalot monté sous les
yeux de Cuvier, et qui est encore exposé dans la cour du Cabinet d'anatomie com-
parée, réunit plus de vertèbres que ne le comporte le nombre normal, ce qui
tient à ce qu'il a été composé de parties osseuses provenant de différents sujets
acquises en bloc, à Londres, en -1818. Aussi les vertèbres ne s'agencent-elles
pas toutes les unes aux autres avec la régularité que comporte le rangement
de semblables pièces lorsqu'elles sont d'un seul et même individu. Elles paraissent
cependant provenir toutes du genre qui nous occupe, et je ne crois pas qu'elles
soient en partie de Baleine, comme on l'a dit. Quoique les Baleines présentent
entre elles certaines différences sous le rapport de la forme des vertèbres, elles se
rattachent, sous ce rapport, à un type commun qui est notablement différent de
celui dont nous traitons ici.
Comparées à celles des Balénidés, les seuls Cétacés avec lesquels leur volume
considérable puisse les faire confondre, les vertèbres du Cachalot, soit celles du
dos, des lombes ou de la queue, peuvent en être distinguées avec assez de facilité
par leur forme. Sans avoir la partie épineuse des neurapophyses aussi saillante
que les Ziphoïdes, il l'a cependant plus élevée que cela n'a lieu chez les Baleines et
les Rorquals et ces apophyses ont aussi une forme un peu différente.
Les apophyses articulaires antérieures que portent les apophyses épineuses
sont courtes, relativement amincies, et de moins en moins indiquées au fur et à
mesure que l'on avance dans la région caudale, région dans une partie de laquelle
elles sont au contraire écartées et sensiblement épaissies chez les vraies Baleines,
plus particulièrement chez le Mysticète. Les corps vertébraux offrent aussi cela de
particulier, qu'au lieu d'être en façon de cylindres raccourcis, ils ont leurs deux
faces latéro-supérieures et leurs deux faces latéro-inférieures obliques et légère-
ment excavées. Il y a des os en V, dont les deux premiers et les derniers sont plus
petits que les autres, à quatorze des vertèbres caudales. Ces os manquent au con-
traire,, ainsi que les arcs neuraux, aux dernières caudales, dont la forme se simplifie,
mais sans devenir identique à celle des Baleines ou des Rorquals et sans prendre
non plus la forme qu'on leur connaît chez les Dauphins.
324 CACHALOTS.
Le nombre des dorsales est de onze dans les squelettes décrits qui sont ceux de
Thurso en Caithness (Ecosse), de ïhunstall en Yorkshire, de Sydney (M. Wall)
et deTasmanie (M. Flower). Je trouve toutefois dans mes notes que celui du Musée
de Bologne n'en a que dis, et qu'il y en a au contraire douze dans celui du Musée
de Vienne, squelettes qui proviennent l'un et l'autre de sujets pris dans l'Adriatique.
Le Cachalot possède habituellement trente-deux vertèbres lombo-coccygiennes,
savoir : huit pour la partie lombaire comprenant aussi les vertèbres associées dans
les animaux terrestres et dans les Phoques pour constituer le sacrum, et vingt-
quatre pour la partie coceygienne ou caudale. Ces chiffres ont été constatés dans
les squelettes de Thurso, de Thunsiall, de Sydney et de Tasmanie. Le nombre
trente-deux peut être également assigné au squelette de Bologne qui manque
de quelques-unes des dernières caudales, et on le retrouve dans le squelette
du Musée de Vienne.
côtes. — Onze vertèbres portent des côtes dont la dernière est beaucoup plus
petite que les autres; ces côtes ont plus de ressemblance avec celles des Baleines
par leur épaisseur et l'élargissement des premières qu'avec celles des Rorquals
qui sont au contraire faibles.
sternum. — Au lieu d'être scutiforme et d'une seule pièce comme cela a lieu
pour celui des Baleines et même de l'inia, quoique ce dernier fasse partie des Céto-
dontes, le sternum du Cachalot résulte, de même que celui des animaux propres à
cette grande division des Thalassolhériens, de la succession de plusieurs sternèbres
qui sont elles-mêmes divisées en deux portions latérales par une fissure médiane,
comme c'est aussi le cas pour les Cétodontes ziphioïdes. La première paire de ces
pièces est fortement élargie en avant et elle présente dans sa partie moyenne une
perforation considérable dont d'autres animaux du même groupe naturel nous
offrent aussi l'exemple. L'hyoïde et le sternum du Cachalot de Bologne ressem-
blent de tous points à celui des Cachalots d'Audiernc et de Tasmanie, et il en est de
même de celui de Sydney, qui montre de plus la troisième des pièces sternébrales.
L'exemplaire pris à Skye, en Lcossc, était plus avancé en âge et il avait les deux
premières sternèbres fortement synostosées par leur bord interne (1).
(1) Turnur, Addilional noteson the occurrena oj Spçrm-Whale in i lie Scotis h. Seas (Journal of Anal.
•uni Pays., [>. f.'ii, cl 631 .
MEMBRES. 325
Os iliaque. — L ne dernière pièce à signaler pour le tronc est l'os iliaque, qui
paraît formé d'une seule pièce comme chez les autres Cétodontes et dépourvu, de
même que celui de ces animaux, de cavité glénoïde et de traces de membres, tandis
qu'on en observe des rudiments plus ou moins évidents, suivant le genre, chez les
Balénidés. Nous ne possédons pas cette pièce en nature, mais nous devons à
M. Flower d'avoir pu en faire exécuter un moule d'après celle qui porte le n° 2400
dans le Musée huntérien. C'est un os cosliforme, arqué, rugueux à son extrémité
antérieure, un peu aminci en arrière et qui est aplati en dedans et convexe en
dehors; il est fortement caréné sur le trajet de son bord inférieur, vers le milieu ;
sa longueur totale est de 0,50 (0,50 si Ton n'en prend que la corde), et il
mesure 0,040 de hauteur vers sa partie moyenne.
Il importe toutefois d'ajouter que M. Wall décrit la partie pelvienne du sque-
lette du Cachalot comme formée, pour chaque côté, de deux pièces dont il donne
même la figure.
Membres antérieurs. — Si nous passons aux membres antérieurs, les seuls
qui existent chez les animaux dont nous aurons désormais à parler, puisqu'il n'y a
même plus chez ces derniers les rudiments de jambes observés chez les Balédinés,
nous constatons qu'ils ne sont pas moins différents de ceux de ces grands Cétacés
que les pièces appartenant à la tète et au tronc ne le sont à leur tour de leurs
correspondantes, prises chez les mêmes animaux.
L'omoplate des Balénidés, quoique présentant certaines différences secon-
daires de valeur spécifique ou même générique, relève d'une forme générale
commune qui la rend facilement reconnaissante pour appartenir à ce groupe, et
d'autre part il en est de même chez les Delphinidés, dont beaucoup de Cétodontes
se rapprochent à leur tour d'une manière plus ou moins évidente. Le même os,
pris chez les Cachalots, n'est pas dans ce cas. Il a une apparence qui l'éloigné sen-
siblement de celle que l'on connaît chez tous les autres Cétacés, en ce sens qu'il
est .beaucoup plus élevé et sensiblement plus étroit. Sa face externe est aussi plus
excavée et son acromion est surmonté par une ligne peu saillante, il est vrai,
mais très-apparente, qui constitue une véritable épine. Cet acromion est cultri-
forme; il dépasse sensiblement en longueur la saillie coracoïdienne.
L'humérus a aussi une autre forme que celui des Balénidés, qui est court, épais
et très-robuste, surtout chez les Baleines proprement diles. Sa diaphyse est plus
326 CACHALOTS.
longue et il s'éloigne aussi par là de celui des autres Cétodontes, plus particulière-
ment des Delphinidés. Il est assez comprimé et l'on voit au milieu de sa face anté-
rieure une forte saillie descendante qui est la saillie deltoïdienne. Son extrémité
inférieure s'ankylose plus ou moins complètement avec l'avant-bras. Elle
mesure dans notre sujet d'Audierne 0,2o; l'humérus lui-même est long de 0,42.
Le radius représente un rectangle un peu arqué en arrière; sa forme est com-
primée et il s'ankylose supérieurement par sa partie postérieure avec la partie
avoisinante du cubitus. Sa longueur totale est de 0,25 et il a 0,15 inférieu-
rement d'avant en arrière.
Le cubitus est large de 0,2G supérieurement, en y comprenant l'apophyse
olécrane qui est forte et sécuriforme. 11 a 0,18 inférieurement mesuré d'avant
en arrière. Sa saillie de l'olécrane atteint 0,07; elle est plus arrondie chez
le sujet de Tasmanie que l'on conserve à Londres.
La partie terminale du membre a été conservée sur plusieurs squelettes,
et MM. Wall et Flower ont pu en donner la description ainsi que le dessin.
Il y a cinq pièces au carpe plus une sixième faisant saillie au bord postérieur
et qui doit être regardée comme le pisiforme.
Les cinq pièces carpiennes sont discoïdes : elles restent engagées dans le
cartilage formant cette région.
M. Flower en attribue trois au procarpe, c'est-à-dire à la rangée carpienne
supérieure des autres mammifères, et deux au mésocarpe, ce qui en constitue
la seconde rangée. Les premiers paraissent répondre au scaphoïde, peut-être
confondu ici avec le trapèze (trapézio-scaphoïde, Flower), au lunaire ou semi-
lunaire et au pyramidal ou cunéiforme. Les deux autres ou ceux du mésocarpe
seraient le trapézoïde, peut-être confondu avec le grand os (trapézo-magnum,
FI.) et l'os crocbu ou unciforme.
Le reste de la patte, c'est-à-dire les parties métacarpienne et digitale, con-
serve d'une manière aussi évidente que le carpe L'apparence de rame propre à
l'embryon de tous les mammifères, mais qui prend ici, comme dans les Sirénides
et tous les Cétacés, un caractère permanent par suite de l'arrêt de développement
dont son évolution morphologique est frappée. Ses parties squelettiques n'en
subissent pas moins leur évolution, puisque les os s'\ développent, mais en revê-
tant, comme chez les animaux que nous venons de rappeler, un étal d'infério-
SYSTÈME DENTAIRE. 327
rite en rapport avec la condition imparfaite de ces mammifères aquatiques. Il y a
cinq métacarpiens et cinq séries de phalanges, par conséquent cinq doigts.
Les métacarpiens sont comprimés, et c'est le second qui est le plus fort; celui
du pouce n'atteint pas eu dimension celui du cinquième doigt et il reste le plus
court de tous; les troisième et quatrième sont à peu près égaux entre eux.
M. Flower ne donne qu'une phalange pour le pouce (I), et attribue cinq au
second doigt, un pareil nombre au troisième, quatre au quatrième, et trois au
cinquième; elles sont comprimées comme les métacarpiens et ne diffèrent que
très-peu entre elles par la forme; toutefois leur grandeur décroit pour chaque
doigt de la première à la dernière.
Oreille interne et oreille moyenne. — Les premières descriptions relatives à
ces deux parties osseuses sont dues à Camper, qui a donné des détails étendus
à leur égard et a même indiqué la forme des osselets de l'ouïe. M. Owen a depuis
lors reparlé du rocher et de la caisse. L'une et l'autre de ces pièces sont relative-
ment petites (2) et la figure publiée par lui est de grandeur naturelle, bien qu'il
l'ait donnée comme réduite de moitié. On conserve plusieurs pièces analogues
au Collège des chirurgiens, et grâce à l'obligeance de M. Flower, nous avons
pu en faire mouler une pour nos galeries (5).
La caisse n'a que 0,065 de long et 0,045 d'élévation. Son bord libre présente
une forte dépression médiane, et la face opposée a ses deux moitiés très-inégale-
ment saillantes. En somme, elle diffère notablement de la caisse des Balénides, et il
est même assez facile de la distinguer aussi de celle des autres Cétodontes, même de
celle des Hyperoodons, qui sont cependant au nombre des Cétacés de cette division
qui sont les plus voisins des Cachalots.
Système dentaire. — Les dents du Cachalot sont uniradiculées, implantées
dans des alvéoles qui ne se délimitent bien qu'avec l'âge, fortes, à racine obtuse
et épaisse lorsque leur ossification est terminée, à couronne saillante et formant
un cône à peu près droit ou plus ou moins arqué en arrière; elles sont grossière-
(1) M. Wall en ligure trois, mais il n'est pas probable que son dessin soit exact.
2) Une expansion osseuse, aliénant au labyrinthe, pourrait bien répondre au mastoïdien; c'est ce que
nous discuterons ailleurs.
:i) Celle que porte sur le Catalogue de Londres le n" 2455 b.
328 CACHALOTS.
ment coniformes, et leur masse est assez volumineuse pour qu'on les utilise
comme ivoire. Ainsi employées, elles se distinguent aisément de l'ivoire tiré des
incisives ou défenses de l'Éléphant, parce que leur substance ne présente pas les
mêmes figures losangiques, et qu'elles sont en outre entourées sur toute leur sur-
face d'une forte couche de cément. On peut encore, à l'aide de ce dernier caractère,
différencier également les dents du Cachalot des canines du Morse, qui manquent
aussi de cément et ont d'ailleurs une toute autre forme. Les dents du Cachalot peu-
vent égaler 0, 1 6 en longueur et avoir 0,06 de largeur moyenne ; celles des parties
anlérieures et intermédiaires de la mâchoire sont plus grandes que les autres; les
postérieures sont moins fortes; et ce sont elles qui s'usent les premières. L'ensemble
de ces dents garnit les deux côtés du maxillaire inférieur et s'étend un peu au delà
de sa partie symphysaire. Elles ne se touchent pas, mais laissent entre elles un inter-
valle à peu près égal à la longueur de leur couronne. Le nombre n'en est pas abso-
lument fixe; il peut même y avoir pour un même sujet une légère différence entre
les deux côtés. Habituellement on en compte vingt-cinq paires, quelquefois il y en
a vingt-quatre, d'autres fois de vingt-sept ou même vingt-huit; mais il ne paraît pas
que ce soit là un caractère spécifique, et jusqu'à présent l'étude de la forme de ces
dents n'a conduit qu'à des indications peu précises. Elles peuvent être droites,
oviformes, à grand axe vertical, un peu fusif ormes, faiblement arquées ou, au con-
traire, plus notablement incurvées en arrière et à fût moins élargi, comme c'est le
cas pour le fragment de mâchoire de la PL MX, fig. S, qui provient d'un Cachalot
pris au Cap Horn.
Certains Cachalots ont la première paire de dents notablement plus petite que les
autres; il peut se trouver des individus de cette forme dans nos mers, comme le
Cachalot d' Audierne, en partie conservés au Muséum de Paris ; il en est de même pour
celui, appartenant au Collège des chirurgiens de Londres, qui est de Tasmanie.
La couronne des dents a sa surface plus lisse que la racine, où l'on voit la trace
de sillons et de tubercules assez faibles, il est vrai, et irrégulièrement distribués.
Ces détails s'appliquent aux dentsdela mâchoire inférieure. Celles de la mâchoire
supérieure sont moins bien connues, mais leur existence est incontestable, quoi-
qu'elles ne laissent pas d'empreintes alvéolaires et qu'on n'en sache pas le nombre.
Elles sont plus petites que celles d'en bas et habituellement de forme irrégulière
ou parfois contournées. Klles paraissent tomber de bonne heure. Nous donnons la
ESPECES FOSSILES. 329
ligure d'une de ces dents (I), ce qu'ont également fait de leur côté MM. Owen et
Flower.
La dentition de lait du Cachalot, pas plus que celle des autres Cétodontes, ne
nous est encore connue, aussi doute-f-on qu'elle existe; mais de nouvelles obser-
vations pourront seules permettre de résoudre cette question.
OSSEMENTS ET DENTS FOSSILES PROVENANT DES CACHALOTS
Cachalot piiocèue de Montpellier. — Pendant mon séjour dans cette ville,
j'ai obtenu des sables marins qui l'environnent, sables que l'on attribue aux assises
anciennes du pliocène et dont un des fossiles les plus caractéristiques est le
Rhinocéros megarhinns, de Christol, appartenant à l'espèce trouvée d'abord en
Piémont par Cortesi et qui doit conserver le nom de Rhinocéros leptorhinus (2),
des débris que l'on peut rapporter sans hésitation au même genre que le Cachalot
véritable (Physeter macrocephahis). Peut-être ne devront-ils pas en être séparés spé-
cifiquement, lorsque les caractères des animaux dont ils proviennent auront pu être
comparés d'une manière suffisante avec ceux du Cachalot actuel. Feu M. de Christol
avait fait antérieurement la même remarque. J'ai provisoirement indiqué ces
restes fossiles de Cachalots comme provenant d'une espèce éteinte sous le nom
de physeter antiquus (5). Parmi eux figurent plusieurs dents dont quatre sont
représentées sur la planche XX de notre atlas, sous les nos 9 à \'l, réduites à la
moitié de la grandeur naturelle. Quoiqu'elles aient sans doute appartenu à une
seule et même espèce, elles diffèrent cependant entre elles par des caractères de
forme comparables dans leur importance à ceux que nous observons chez les
Cachalots actuels et que l'on a été tenté dans certains cas d'attribuer à plusieurs
espèces. Celle figurée sous le n° 12 s'éloigne surtout des autres sous ce rapport.
(1 Pi. XX, fiq. 5.
(2) Voir P. Gerv., Zool. et Pal. franc., p. 91
(3 Ibid.. p. 285, PI. 3, fig. 10-11.
4a
330 CACHALOTS.
I ii fragment considérable de mâchoire inférieure du côté droit trouvé au même
lieu, qui m'a été remis par M. Bourlier, ne laisse non plus aucun doute sur ses
caractères génériques. J'en ai déjà publié l'indication l'Ii cl j'en donne aujourd'hui
une nouvelle figure (PI. \\, fig. 15 el 15 a). Il répond à la fois à une partie de la
symphyse et au commencement delà région où les deux branches mandibulaires
s'écartent l'une de l'autre. On y voit l'empreinte alvéolaire de huit ou neuf dénis;
sa longueur est de 1,50; sa face externe paraît plus aplatie qu'elle ne l'est
d'habitude chez les animaux de ce genre, mais il est bien difficile de dire que ce
soit là l'indice d'une différence d'espèce.
Cachalot «in pliocène <ic la Gironde. — En mentionnant les Cachalots
fossiles de Montpellier, j'ai fait connaître l'existence (2) de débris analogues trou-
vés par feu M. Pedroni, géologue de Bordeaux, dans un dépôt attribué au même
âge, c'est-à-dire au pliocène, qui fait partie du département de la Gironde.
M. Owen (3) avait figuré antérieurement une dent de Cachalot trouvée dans les
couches plionnes récentes de la côte d'Essex, mais que Ton peut attribuer à un
sujet de l'espèce qui visite encore nos mers tout autant qu'à un animal réel-
lement fossile.
On pourrait émettre le même doute au sujet de deux dénis de même forme
provenant du post-pliocène de Holmes, dans la Caroline du Sud, que M. Gibbesa
le premier signalées comme étant en effet de Physekr macrocephalus (4) et dont
M. Leidj lait aujourd'hui son Catodon velus (5) après les avoir décrites précédem-
ment sous le nom de Physeter antigutis (6).
On suppose que des débris provenant de Cachalots qui ont aussi été recueillis
dans les Etats-Unis, ont servi à l'établissement des genres Megistosaurus de
Godmann l") et Nephrosteon de Rafinesque (8), mais nous ne possédons d'autres
renseignements à cet égard que ceux donnés par llarlan|9).
i H.',,, Icad. de Montp., I V, p. L22, PI. 4, fig. 8-9 ; 1861.
> Zool 1 t Pal franc , p. 285
:: British fossil Wammalsanà Birds, p. 524, fia. 217.
i Journ Acad. nat, se, 1847.
5 Extinct fauna oj Dakota and Nebraska, p. 4 36 ; 1869
6 P o ■ i i i' ad mil. te; 1860.
!', [rm , il un Joui i, nj u ,, ,,,■, v ; 182N.
H) Atlantic Journ. 1833.
9 Med. and phys. Researches, p. 279; 1835,
ESPÈCES FOSSILES. 331
Cachalot fossile <lu département îles inmliv - — Je suis porte à regarder
comme ayant aussi appartenu à un animal de ce groupe un fragment d'os incisif,
dépose'- dans la collection du Muséum , qui a été découvert à Tartas, département
des Landes, localité (I) qui a fourni les ossements du petit Hippopotame de.Cuvier
(Hippopotamus minutus, id.) que j'ai montré (2) appartenir au genre Chœropsis, ayant
pour type le petit Hippopotame de Libéria (//. (iùeriensis). Ce fragment (PI. \\.
fi<j. 14) (3) est la partie terminale de l'os incisif droit; sa l'orme est à peu près
aplatie en dessus, également aplatie, mais obliquement inclinée vers la ligne
interne, en dessous de la gorge qui longe son bord interne et répond à l'emplace-
ment du cartilage sus-vomérien ; tout cela répète assez exactement ce que l'on
voit dans le Cachalot ordinaire, mais avec uwc dimension à peu pics moindre de
moitié. La Longueur de la partie conservée est de 0,59; la base du fragment
osseux a 0,10 environ de largeur et 0,033 d'épaisseur à son bord interne.
Celte pièce est la dernière, parmi celles que nous avons observées, qui paraisse
provenir d'une espèce du genre Cachalot, encore cette supposition mérilc-t-clle
d'être confirmée; celles dont il va être question maintenant indiquent des animaux
voisins de ceux dont nous venons de parler, mais qu'on ne saurait considérer
comme en étant congénères. La connaissance en est encore bien peu avancée, et il
est probable que plusieurs des dénominations qu'on leur a imposées devront être
supprimées, comme faisant double emploi, à mesure qu'on aura l'occasion d'étu-
dier les différents genres auxquels ils ont donne lieu sur des matériaux plus
complets. Nous traiterons de ces genres dans les paragraphes qui vont suivre.
(1) J'ignore si c*est le même gisement.
(2) Zool. et Pal. génér., p. 25(1.
(3) Figure retournée par l'impression.
332 GENRES ÉTEINTS VOISINS DES CACHALOTS.
CÉTACÉS FOSSILES AYA>sT DES RAPPORTS AVEC LES CACHALOTS,
MAIS DE GENRES PARTICULIERS, TROUVÉS, POUR LA PLUPART, DANS LE CRAG D'ANVERS.
§ I.
DE L'HOMOCETUS VILLERSII [DU BUS),
GENRE DE PHYSÉTÉR1ENS FOSSILE DANS LES DÉPOTS DU CRAG D'ANVERS.
On distingue parmi les nombreux débris fossiles retirés du crag d'Anvers,
dont la science doit en grande partie la conservation à M. Du Bus, de l'Académie
royale de Belgique, des pièces rappelant à beaucoup d'égard, par leurs princi-
paux caractères, celles qui constituent le squelette du Cachalot, et il suffirait, pour
démontrer la présence dans ces dépôts d'une espèce très-rapprochée de ce dernier,
mais non son congénère, du maxillaire inférieur, non encore décrit, indiquant
un animal d'un tiers moindre environ que nos Cachalots de moyenne taille,
que le Musée royal de Bruxelles a reçu des riches gisements dont nous venons
de rappeler le nom.
Cette mâchoire est longuement symphysée et les dents y ont une forme et un
mode d'implantation comparables à celui qui s'observe chez les Cachalots, bien
qu'elles soient plus grêles et proportionnellement plus longues. Elles ont de 0, 1 1
è 0,1:2, ont aussi l'ivoire revêtu de cément et sont un peu en pointe à leurs
deux extrémités.
J'ai signalé la pièce dont il s'agit dans mon Mémoire sur les Mammifères fossiles
de l'Italie (II, mais en me bornant a appeler sur elle l'attention des observateurs.
M. Du Bus avait précédemment parlé des Cachalots ou animaux voisins des
Cachalots dont on trouve les débris dans le crag d'Anveis. Il signale en particulier
I) Journ. de Zooloyii-, t. I. p. 2Ji; 1872.
GENRE HOMOCETUS. 333
quatorze vertèbres provenant toutes du même individu, qui ont été déterrées au
fort de Vilryck en 4 86-1, et parmi lesquelles se trouvent « un atlas libre, et les
cinq suivantes intimement soudées ». Il a depuis lors donné à l'espèce que ces
débris représentent le nom d'HoMOCJETUS Williersii (I).
Peut-être faudra-t-i! attribuer au même animal c'est-à-dire à l'IIomocète, la
région cervicale, privée de son atlas, que possède notre collection et dont j'ai
donné une coupe verticale exécutée suivant le plan médian, sous le n° 4 b* de la
Planche XX de cet ouvrage.
Nous avons montré plus haut que la trace des vertèbres formant par leur réu-
nion la synostose cervicale du Cachalot actuel disparaissait avec l'âge et que
dans l'animal adulte on ne saurait plus les distinguer les unes des autres.
Il n'en est pas ainsi pour l'animal dont je parle maintenant quoique l'ensemble
de la pièce qui nous le représente indique une forme de région cervicale tout à l'ail
comparable à celle du Cachalot, dont elle a même les plis extérieurs représentant
les corps vertébraux soudés entre eux. La coupe verticale opérée par le milieu
de ses corps vertébraux montre que les vertèbres ne sont pas entièrement
confondues entre elles, et il est d'autant plus facile de les compter qu'un petit
intervalle sépare par endroits les uns des autres les disques qui les représentent;
mais il existe par rapport au Cachalot cette double différence que la pièce dont nous
parlons, tout en provenant d'un sujet adulte, indique une moindre dimension et
qu'il n'y a que quatre vertèbres soudées, les deuxième à cinquième, au lieu de
six, les cinquième et sixième étant libres de même que l'atlas.
La longueur totale de ces quatre vertèbres synostosées est de 0,06o seulement.
Nous avons donc affaire ici à un animal différant génétiquement du Cachalot,
quoique se rapprochant de ce grand Cétacé; mais cet animal est-il le même que
celui dont proviennent la mâchoire inférieure conservée à Bruxelles et d'autres
pièces osseuses, appartenant aussi à ce riche Musée, qui indiquent un Cétacé com-
parable au Cachalot, mais de moindre dimension; c'est ce qu'il ne m'est pas encore
possible de décider, n'ayant pu faire de ces débris une étude suffisamment
complète.
1) Bull. Acad. r. Belgique, %' série, t. XXIV, p. 572; 1 «07.
334 GENRES ÉTEINTS VOISINS DES CACHALOTS.
Afin donc de laisser cette question indécise, je me bornerai à signaler l'espèce
à laquelle appartient la synostose cervicale dont il vient d'être parlé comme
se rapportant à un genre différent de celui des Physéters ou Cachalots proprement
dits, mais qui pourrait être le même que celui des Homocètes. Rien ne nous
prouve encore que l'espèce n'en soit pas non plus identique avec celle qu'à
signalée M. Du Bus.
La pièce elle-même faisait partie d'une petite collection d'ossements fossiles de
Cétacés donnés à notre établissement, il y a un certain nombre d'années, par
M. Lebreton, et qui ont été inscrits comme provenant du Havre, quoique tout
porte à penser qu'ils ont été extraits du crag d'Anvers et que le Havre est sim-
plement le port français par lequel ils nous sont parvenus(li.
§ "•
DU PHYSODON LECCENSE (P. GERV.), FOSSILE PROPRE AL' MIOCÈNE DE L'ITALIE MÉRIDIONALE.
Le terrain miocène de Lecce, dans la province d'Otrante (Italie méridionale), a
fourni une série assez considérable de fossiles, pour la plupart marins, carac-
téristiques des formations de cette époque. Parmi eux se trouve un certain nombre
d'ossements ou de dents que nous avons reconnus pour appartenir à l'Hippa-
rion, au Squalodon, à un Dauphin du genre Schizodelphis, à un grand Croco-
dile, à un Sargue et à un Chondroptérygien du génie Scie.
Des dents qui paraissent indiquer un Cétacé voisin des Cachalots, mais de plus
faible dimension, font aussi partie de ces trouvailles. M. Cuiscardi, professeur à
l'Université de Naples et directeur du Musée qui dépend de cette Université, a bien
voulu nous communiquer quelques-uns des fossiles dont il s'agit, ce qui nous
permet d'en parler avec plus d'exactitude.
Ces dents que nous avons indiquées sous le nom de Physodon llccensi: (2) comme
indiquant un genre voisin des Physéters ou Cachalots, et dont trois sont représen-
I J'ai inscrit 1rs ossements des lialénides qui l'ont partie de cet envoi dans mon Mémoire sur les
animaux de ce groupe i|iie possède la collection du Muséum. Xntif. Inli Uns. Paris, I. VII, p, 1)50 ; 1871.)
_' Bull. Soc. gèol France J Bêrie, i. \\l\. p. 101 : 1872. — Journ. de Zoologie, I. I, p, ii\.
GENRE PALiEODELPÏÏIS. 335
tées dans le présent ouvrage (PI. XX, fig. 16 à 18), ont 0,090 à 0J00 de longueur
respective; elles sont arquées en arrière; leur couronne proprement dite est
courte et recouverte d'une couche d'émail, au-dessous de la portion apparente de
laquelle commence la partie cémenteuse qui se continue jusqu'à l'extrémité de la
racine, laquelle est plus longue que la couronne, mais ne commence qu'à un
cinquième au-dessous de la pointe émaillée. D'ailleurs toutes n'ont pas une
forme absolument identique; les unes sont plus fortes (fig. 17), les autres plus
faibles [fig. 16 et 18).
Ces dents, dont il y avait sans doute un certain nombre sur les bords de la
mâchoire inférieure, ont été attribuées à un Phoque par M. Costa, et signalées
comme telles dans le Mémoire publié par lui au sujet des fossiles de Lecce, en
1855(1); mais cette assimilation ne me parait pas exacte. Elle est contredite par la
forme même des dents, et la présence à leur surface d'une forte couche de cément
rend difficile de les attribuer à un autre groupe qu'à celui des Physétériens ou
des Cétodontes les plus rapprochés de ces derniers.
La plus forte de ces dénis est celle que M. Costa a figurée dans son Mémoire
sous le n° \ de la PI. 1. J'ai sous les yeux un fragment d'une autre dent du même
gisement qui indique un volume à peu près égal. Le diamètre maximum y est de
0,040. D'autres sont plus petites, et n'ont que 0,08 de long sur 0,050 de
diamètre au milieu; leur fût est un peu arqué.
§ m.
DU GENRE PAL.EODELPHIS DU BUS), FOSSILE DA.NS LE CRAG D'ANVERS.
Des Physodons aux Paléodelphis de M. Du Bus, la distance est bien faible, et je
n'aurais certainement pas proposé un nom particulier pour les Physétéroïdes fos-
siles de Lecce si j'avais eu plutôt l'occasion d'étudier en nature les Paléodelphis
du naturaliste belge. La dénomination employée par M. Du Bus est toutefois posté-
rieure à la mienne de quelques mois; ce sera une excuse, pour ce savant et pour
Paléontologie du royaume de Naples, extrait des Atli tlell' Academ. pontaniana, t. V.
336 GENRES ETEINTS VOISINS DES CACHALOTS.
moi, si les deux genres sont, comme je le pense, reconnus pour n'en former
qu'un seul. La notice rédigée par M. Du Ikis n'a été communiquée à l'Académie
de Bruxelles qu'en décembre 1872(1), tandis que la mienne remonte au mois
de janvier de la même année.
« Je comprends, dit M. Du Bus, sous la dénomination générique de Palseodet-
plris différents Dauphins à courte symphyse mandibulaire, dont jusqu'ici on n'a
guère rencontré que des dents. Ces dents sont toujours beaucoup plus fortes que
celles des Dauphins à longue symphyse mandibulaire, et s'en distinguent aussi sous
plusieurs autres rapports. « Il faut ajouter, par exemple, qu'elles sont enveloppées
d'une épaisse couche de cément, sauf à la partie terminale de leur couronne.
L'auteur distingue huit espèces de Paléodelphis. Les dents de trois de ces espèces
sont représentées dans notre atlas d'après les pièces mêmes qui ont servi à leur
distinction et que nous avons fait dessiner à Bruxelles. Voici comment M. Du Bus
définit ces espèces :
« Le Pal.eodelphis grandis (2) est représenté par plusieurs dents en bon état, par quelques fragments
de maxillaire supérieur entièrement corrodés et méconnaissables, et par une partie de mandibule. Ces
dents sont allongées, assez minces, un peu renflées dans leur partie moyenne, légèrement arquées,
surtout vers leur extrémité supérieure, un peu comprimées sur les côtés. Leurs couronnes sont usées et
tronquées à la pointe; leur émail est finement strié en longueur; à l'extrémité de la racine, elles ont un
très-petit cône vide. Leur longueur varie entre 10 et 13 centimètres. Avec ces dents, évidemment adultes,
on en a trouvé deux paraissant entièrement jeunes. Par la couronne elles sont absolument semblables
aux autres, sauf que la pointe est encore entière; elles ont aussi une épaisseur égale, mais la racine est
extrêmement courte, et l'intérieur forme un grand cône vide qui pénètre jusque dans la couronne.
« Paléodelphis uinutus (3). — 11 y a de cette espèce une série de quatorze dents avec quelques
fragments de mandibule. Ces dents ressemblent beaucoup a celles du Pal. grandis, mais elles sont
notablement plus petites et très-adultes; elles sont aussi un peu plus renflées dans leur partie moyenne,
un peu plus cylindriques dans leur section transversale, et courbées vers leur extrémité inférieure, aussi
bien que vers la supérieure. Leur longueur varie entre 8 centimètres et demi et 9 centimètres et demi.
« Palkodelphis A.NM i.ati s. - Cinq dents de ce Dauphin ont été trouvées réunies sur un même point;
elles sont-tout a fait semblables. L'une a la couronne entière, les autres l'ont plus ou moins usée ou
cassée. Ces dents sont épaisses vers le milieu, leur axe est arqué surtout aux extrémités, et l'une des
faces est renflée; elles sont toutes plus ou moins tordues sur leur axe ; leur racine est comprimée à son
extrémité. La couronne entière occupe un cinquième de la longueur totale de la dent; elle est cylindrique
dans sa section transversale ; elle a a sa base un anneau d'émail un peu saillant; cet émail est lisse en
certains endroits, et finement ponctué en d'autres. La longueur totale de ces dents est de 10 centimètres
en ligne directe ; elles ont toutes les mêmes dimensions.
I'ai. EODELPHIS CORONATUS.— L 'examen des séries complètes de dents des Dauphins à courte symphyse
mandibulaire, adultes, qui vivent ii notre époque, démontre que l'on peut trouver réunies, dans un même
animal, les formes les plus disparates avec d'énormes différences dans les dimensions. C'est donc avec la
;i Bull. dead. r. Belgique, 2' série, l. XXXIV, p. 503. — Journal de Zoologie, t. Il, p. 107.
(2] PI. \\ Ug. 24.
(3 PI. XX. /«/• 22-23.
GENRE PAL/EODELPHLS. 337
plus grande réserve qu'il convient de procéder à la détermination des espèces de Dauphins fossiles,
d'après des dents isolées, si l'on veut éviter la création de nombreuses espèces nominales.
Les dents du Palœodelphis coronatus ont été trouvées dans ces conditions, et il n'en existe au Musée
qu'un très-petit nombre. Celle que j'ai prise pour type est intacte; elle est épaisse, arquée dans toute sa
longueur, renflée sur une des faces de son axe. Sa couronne est forte, avec un double renflement
circulaire à sa base, l'un immédiatement au-dessus du collet, fort étroit, et l'autre plus haut et très-large;
l'émail de sa pointe est presque lisse, et celui des anneaux est finement strié. L'extrémité radiculaire est
assez amincie et un peu comprimée sur les côtés; la pointe manque en partie, mais on peut y recon-
naître un commencement de bifidité. La longueur totale delà dent, en ligne directe, est de 14 centimètres.
« Une seconde dent trouvée vers la même époque, et à une certaine distance de l'autre, lui est tout à
fait semblable dans sa forme générale et ses dimensions, mais sa couronne est complètement dépourvue
d'anneaux, et l'extrémité de sa racine est positivement bifide. Je fais ici mention de la seconde dent, à
cause de cette dernière particularité, et sans me prononcer quant à son attribution spécifique.
« Pal/ëodelphis arcuatus. — Parmi toutes les dents soumises à mon examen, je n'en ai trouvé que
deux qui me paraissent appartenir à cette espèce que je crois nouvelle, et que je désigne sous le nom de
Palœodelphis arcuatus.
« L'une est, à peu près intacte l'autre n'est qu'une moitié de dent dont la couche cémenteuse superfi-
cielle a entièrement disparu. La dent intacte est extrêmement courbée; dans son axe elle forme plus
d'un quart de cercle; elle est fusiforme, très-épaisse, renflée dans sa partie moyenne, légèrement
comprimée sur les côtés; sa couronne presque intacte est forte, large à sa base, cylindrique dans sa
section transversale, couverte d'un émail très-rugueux. La longueur totale de cette dent, en ligne directe,
est de 14 centimètres, dont 3o millimètres pour la couronne, et de 16 centimètres en suivant la courbure
de son axe.
« Pal.eodelpuis fusiformis (1). — Parmi les dents de ce Dauphin il en est sept qui ont été trouvées
réunies sur un même point, toutes de même grandeur à peu près. Elles sont fusiformes, assez épaisses,
régulièrement et insensiblement amincies a leurs extrémités, presque cylindriques dans leur section
transversale; quelques-unes sont courbées a leur extrémité coronale, d'autres sont droites dans toute
leur longueur. Les couronnes entières sont coniques, et le diamètre de leur base égale, à peu près, les
deux tiers de leur longueur; l'émail est strié, sans renflement sensible à la base. La longueur totale de ces
dents entières varie de 17 à 19 centimètres, dont 3 pour la couronne seule.
« Pal.eodelphis zonatus. — Les dents de cette espèce ont été recueillies en petit nombre; elles sont
toujours plus ou moins corrodées et souvent méconnaissables. Elles sont fusiformes, assez épaisses; la
plupart sont arquées aux extrémités, d'autres sont presque droites; elles sont toujours un peu comprimées
sur les côtés; l'extrémité radiculaire est toujours plus ou moins effilée. La couronne est en cône allongé,
l'émail est légèrement strié ou presque lisse, avec un renflement circulaire à la base, en forme d'anneau.
Toutes les dents ont ce dernier caractère, mais l'anneau varie de largeur entre 10 et 18 millimètres; le
diamètre de la couronne, à sa base, est de 20 à 24 millimètres. La longueur totale de ces dents varie entre
20 et 22 centimètres.
« PaL/Eodelphis pachyodon. — 11 existe quelques dents trouvées à Anvers, dont les couronnes sont
très-larges, dont la partie radiculaire est aussi fort épaisse, et qui paraissent appartenir à une espèce
distincte de toutes celles dont il est fait mention ci-dessus. Je désignerai ce Dauphin sous le nom de
Palœodelphis pachyodon.
« Malheureusement toutes ces dents sont brisées et incomplètes. La plus forte a sa couronne presque
entière, sauf la pointe qui est cassée. Cette couronne doit avoir, étant entière, de 4 à 4 centimètres et
demi de longueur, sur un diamètre de 4 centimètres à sa base; l'émail en est très-rugueux, il a 1 milli-
mètre d'épaisseur. La partie radiculaire est brisée à 8 centimètres de la couronne, et ce qui en reste est
presque entièrement décortiqué.
« Une seconde dent que j'attribue à la même espèce, quoiqu'elle n'ait pas été trouvée en même temps,
est un peu plus petite; elle est brisée au môme endroit que l'autre, mais elle a conservé son enveloppe
cémenteuse. Sa couronne est usée transversalement, vers le milieu de sa longueur, et sa partie radicu-
laire a, a l'intérieur, un cône vide qui pénètre jusqu'à la base de sa couronne. »
(1) PI. X\,fig. 19.
338 GENRES ÉTEINTS VOISINS DES CACHALOTS.
§ iv-
DU GENRE SCALDICETUS (DU BUS), FOSSILE DANS LE CRAG D'ANVERS.
Une forme peu différente de celle des précédentes et la présence d'une couche
relativement considérable de cément, qui ne laisse apparaître que la partie ter-
minale des dents, caractérise les Scaldicetus de M. Du Bus. Comme celles du
genre nommé Paléodelphis par ce savant, ces dents ont aussi été découvertes par
suite des travaux entrepris pour fortifier Anvers.
On en connaît de deux espèces : le Scaldicetus Carretti et le Scaldicetus antwer-
piensis.
Le type du genre est le Scaldicetus Caretti(I), établi sur l'observation d'un
groupe de quarante-cinq dents trouvées ensemble à Borgerhout, près Anvers, et
dont une est représentée par hfig. 24 de notre planche XX. Leur largeur variait entre
0,20 et 0,24 et leur plus grande circonférence entre 0,1 4 et 0,23. Elles sont en cône
appointi au sommet et faiblement rétréci à la base; leur couronne, qui est courte,
s'usait faiblement par la trituration des aliments ; elle est recouverte d'émail, mais
non séparées par un col rétréci de la racine qui est beaucoup plus longue et
épaissie par une forte couche de cément. L'axe principal est légèrement incurvé.
La seconde espèce de Scaldicètes est ainsi définie par M. Du Bus, qui en a recueilli
un groupe de trente-quatre dents:
« Scaldicetus antwerpiensis (2).— J'ai t'ait connaître, en 1867, les dents d'un grand Cétacé du crag que
j ai désigné sous le nom de Scaldicetus Carretti. Le Musée possède un second groupe de trente-quatre
dents du même genre, provenant du même endroit que les autres, appartenant h un animal plus adulte
que le premier, et probablement d'une espèce différente. Je propose de le nommer Scaldicetus
antwerpiensis.
« La longueur de ces dents varie de 14 à 26 centimètres ; encore les plus longues ont-elles la couronne
usée, de façon qu'étant intactes elles auraient 28 centimètres. La circonférence des plus grosses est de
25 centimètres, el leur poids est d'un kilogramme et demi. Ces dents sont fusiformes en général, un peu
courbées dans toute leur longueur; la plupart n'ont aucune cavité à l'intérieur, quelques-unes ont un
tout petit canal ouvert a l'extrémité de la racine et qui s'étend à peine jusqu'au quart de la longueur de
la dent. La racine est très-épaisse, tantôt elle diminue brusquement à son extrémité, tantôt elle est
amincie à partir de sa partie moyenne, et se termine en pointe. La couronne est usée le plus souvent,
di Du lins. /;,,//. Acai.r. Belgique, ï série, t. XXIV, p. 567; 1867.
2 Bull. Acad. r. Belgique, 1' série, t. XXXIX, p. 508; 1872. — Journal de Zoologie, t. II, p. 12.
GENRE HOPLOCETUS. 239
l'extrémité supérieure de la dent est alors simplement arrondie ou en pointe obtuse. Quelques-unes ont
conservé une portion d'émail, lequel est très-rugueux, un peu plissé longitudinalement et d'une épaisseur.
d'un millimètre. Le diamètre de la base des couronnes, qui ont conservé une partie de leur émail, est de
16 il 23 millimètres. »
Une des dents du Scaldicetus anhverpiensis est figurée dans notre atlas, PI. XX,
fig. 24.
De même que les précédentes et celles dont il nous reste à parler dans ce cha-
pitre, les dents du Scaldicète ne peuvent, à cause de leur enveloppe cémen-
teuse, être comparées qu'à celles des Cachalots et des autres Physétéroïdes ou
Ziphioïdes, mais leur nombre doit faire supposer que l'animal auquel elles ont
appartenu avait plus d'analogie avec les premiers de ces Cétodontes qu'avec les
seconds. C'est là une opinion que me semble confirmer l'examen que j'ai fait de
ces dents lors de ma dernière visite au Musée de Bruxelles.
§ v.
DU GENRE HOPLOCETUS (P. GERV.), FOSSILE DANS LES TERRAINS PLIOCÈNES ET MIOCÈNES
DE LA FRANCE, DE LA BELGIQUE ET DE L'ANGLETERRE.
L'indication de ce geure remonte à une époque plus ancienne que celle des
précédents, mais ses véritables affinités ne sont pas mieux établies, et je ne le
place à la suite des Cachalots que parce que les dents sur l'observation desquelles
il repose rappellentparleurvolume celles de ces animaux et qu'elles ont aussi la plus
grande portion de leur surface enveloppée d'une forte couche de cément. Leur
extrémité supérieure constituant la véritable couronne est cependant dépourvue
de substance corticale, et la pointe s'usait régulièrement de manière à fournir
bientôt une surface plane, arrondie, où le champ de l'ivoire se trouvait entouré
d'un cercle bien marqué d'émail qui restait superficiel. Cette partie coronale ne
constitue d'ailleurs que la moindre étendue de la dent, dont la racine est forte
et plus ou moins renflée par l'application de la couche cémenteuse qui en protège
l'ivoire. Un étranglement en forme de col sépare cette portion de la première ou
portion coronale; l'ensemble de la dent est toujours plus ou moins arqué et
l'un de ses côtés est plus renflé que l'autre.
Le genre Hoplocetus a été établi par moi et je figure ici quatre des dents que
340 GENRES ÉTEINTS VOISINS DES CACHALOTS.
j'en ai observées (PI. XX, fig. 25-28); elles proviennent de gisements différents,
les uns pliocènes, les autres miocènes, et ont toutes été recueillies en Europe.
L'Hopiocctascrnsfcidcns (I) en est la première espèce décrite. Il repose sur
l'observation de deux dents extraites du falun de Romans (Drôme) (pue j'ai autre-
fois reçues de M. Chalande.
La première de ces dents (PI. XX, fig. 26) est fusiforme, renflée dans sa partie
radiculaire, qui est relativement considérable, courte, au contraire, et en cône
tronqué par l'usure, dans sa partie coronale. L'axe principal du fût est faiblement
arqué; une des faces est plus renflée que l'autre; la couronne est séparée de la
racine par un étranglement en forme de col.
Longueur de la partie existante de la couronne, 0,01 1 ; longueur de la racine,
0,LI0; circonférence de celle-ci au point le plus renflé, 0,L15.
La deuxième dent observée (PL XX, fig. 27) est forte, analogue dans son appa-
rence générale à celle qui vient d'être décrite et la couronne en est à peu près
semblable, quoique plus veinée sur l'émail. Cependant la racine de cette seconde
dent est beaucoup moins épaisse et elle est un peu plus courte.
Longueur de la partie restante de la couronne, 0,017; de la racine, 0,094.
L'Hopiocctns curvidcns (2) repose sur l'examen d'une dent analogue aux pré-
cédentes, et qui indique un animal du même genre; on l'a trouvée dans les sables
marins pliocènes de Montpellier, au faubourg Figuairolles. J'en ai donné la figure
sous le n" 25 de la PL XX. Elle est plus forte et d'une courbure un peu différente.
Sa racine est épaisse comme celle de la dent de la fig. 26, mais sans être
cependant de forme absolument identique et elle est en même temps plus grosse.
J'ai aussi vu une extrémité supérieure de dent, indiquant une forme analogue
à celle qui vient d'être décrite, mais qui
parait plus comprimée, à couronne
moins dégagée du cément, quoique cepen-
dant semblablement usée à son extrémité
triturante, sans étranglement en manière
Dent ™ de profil et en arrière, fo CQj ^ p[us engagée par Conséquent
l, P. Gerv., Zool. et Pal. fr., 1" éd., t. I, p. 20, PI. 20, fig. 10 et 11 (libres reproduites dans le
présent ouvrage, l'I. XX. — Ibid.,%' éd., p. .118.
2 l' Gerv., Zool. et Pal. fr., I" éd., i. I, p, 161, l'I. :i.//</. 12. - Ibid.,%* i-A-, p. 318.
GENRE HOPLOCETUS. 341
clans le cément dont la presque totalité de la surface de ces sortes de dents se
trouve recouverte. Ce fragment, dont je donne ici la figure, est à certains égards,
comparable à la pointe des dents de Bérardius représentées par les fig. 5 et 4 de
notre PI. XXIII; mais je ne puis dire quelles étaient les dimensions de la partie
radiculaire qui en a été détachée lorsqu'on l'a extrait du sol. Je l'attribue à YHo-
plocetus curvidens, sans pouvoir affirmer que ce rapprochement soit fondé.
Bopiocctns borgerhoutciisis (I). — Des dents assez analogues à celles aux-
quelles j'ai donné le nom A'Hoplocetus crassidens ont été découvertes dans le
crag d'Anvers, postérieurement à la publication des indications que nous venons
de rappeler. Notre savant collaborateur, M. Van Beneden, nous a même remis,
il y a déjà plusieurs années, le moule d'une de ces dents, que nous avons fait
figurer (PI. XX, fig. 22) et M. Du Bus en a signalé d'autres; il en fait une espèce
distincte sous le nom que nous venons de rappeler. Il rapporte que sur les bords
du canal d'Herenthals on a trouvé un groupe de six de ces dents réunies dans
un très-petit espace de terrain et qui ont, selon toute apparence, appartenu à un
même individu. De ces six dents, deux ont encore leur couronne, mais fort usée,
trois n'en ont plus du tout, et la sixième a la couronne cassée. Elles sont remar-
quables par la grande dissemblance existant entre leurs racines, ce qui vient
appuyer l'opinion qu'elles sont du même sujet, et elles diffèrent aussi à plusieurs
égards de celles, provenant de France, que j'ai moi-même fait connaître.
L'une des plus complètes a une longueur totale de 0,16; elle est fusiforme
arquée dans toute sa longueur; sa couronne a l'émail lisse, quoique l'on y dis-
tingue encore des stries longitudinales; la racine est épaisse et présente d'un côté,
au-dessous du collet, une dépression assez considérable; son extrémité est amincie
et pointue. Une autre est brusquement arquée, et toute sa partie inférieure fait
défaut sans qu'il y ait eu aucune cassure; aussi n'a-t-elle que 0,09 de longueur.
La dépression au-dessous du collet existe ici des deux côtés. La plus forte des
dents sans couronne est un peu plus épaisse que les autres et plus arquée; elle
mesure 0,42 en ligne directe. La dépression intérieure au collet est forte, mais
n'existe que d'un seul côté. Les deux autres dents sans couronne sont ovoïdes,
allongées, droites, légèrement comprimées dans toute leur longueur ; leur extrémité
coronale est arrondie; la pointe de leur racine est cassée.
(1) Du Bus, Bull. Acad. r. Belgique, 2e série, t. XXXIV, p. 502 ; 1872.— Joum. de Zoologie, t. Il, p. 106.
342 GENRES ÉTEINTS VOISINS DES CACHALOTS.
La collection de Bruxelles renferme des pièces répondant à deux autres espèces
de ce genre appelées par M. Du Bus H. crassidens et H. zonatus. Une dent de cette
dernière a 0,24 de long, la couronne comprise.
On a aussi indiqué la présence d'Hoplocètes dans les terrains des États-Unis.
Hopiocctus obcsus (l). — M. Leidy a décrit sous ce nom une dent entière et
des fragments d'une autre dent recueillis par le professeur Holmes dans le post-
pliocène d'Ashley-River, au voisinage de Charlestone (Caroline du Sud) ; mais il
n'y a pas de certitude que ces pièces appartiennent bien à des animaux semblables
à ceux qui ont fourni les dents précédemment décrites et leur ancienneté parait
beaucoup moindre que la leur.
§ VI.
DU GENRE BAL/ENODON [OWEN], FOSSILE DANS LE CRAG DE SUFFOLK, EN ANGLETERRE.
Nous arrivons ainsi au genre Balœnodon de M. Owen, qui est le plus ancienne-
ment établi de ceux dont il est question dans ce chapitre et celui auquel plusieurs
d'entre eux doivent très-probablement être réunis comme n'en différant que par
le mode de conservation des dents qui ont servi à leur distinction.
Dans son ouvrage sur les Mammifères et les Oiseaux fossiles de l'Angleterre (2),
le savant anatomiste décrit des portions de dents rappelant par la forme ainsi que
par la disposition de leur racine celles des Cachalots, Quoique de moindre
dimension, ces racines de dents sont également recouvertes d'une forte couche de
cément, que M. Owen figure, en endormant le profil, et une coupe transversale
qui est reproduite sur la PI. XX, fig. 48 et 18 a. Elle avait été trouvée àFelixtow
dans le red crag ou crag rouge de cette localité; il la tenait de M. Bowerbank.
Beaucoup d'autres pièces analogues ont été rencontrées depuis lors au même lieu
ou dans des localités analogues, et j'en donne moi-même une, coupée verti-
calement, qui montre la trace de la partie non ossifiée de son bulbe laquelle
constitue une sorte d'axe vertical au milieu de l'ivoire. Je me la suis procurée
t Leidy, Vr<<c,r,\. i, . „,,/. .sr.,1868, p. 106. — Id., Ex/nui mamm. Fauna of Dakota and Nebraska,
p. 438, pi. 13-16; 1869
(2) A Hislorij oj britishfossil Mammals and Birds, p. 636., fig. 826 et 226; 1846.
GENRE HOpLOCETUS. 3ii
en \ 875 chez un marchand naturaliste de Londres qui en possédait d'autres encore.
Ces dents ont acquis, par leur séjour dans les sables qui les renferment, une
solidité remarquable, et elles sont en partie silicifiées. Toutes n'ont pas absolument
la même forme, et il y en a de plusieurs grandeurs. Peut-être ne proviennent-
elles pas d'une seule espèce; cependant nous devons les attribuer au môme genre.
Malgré le nom qui leur a été imposé, il ne serait pas impossible que ces dents
eussent appartenu au genre de Cétodontes qui a fourni celles qui servent de type à
nos Hoplocètes. C'est ce que l'on sera conduit à admettre si l'on remarque la
similitude de leur forme avec celle que présente la racine de ces dernières et si
l'on fait attention à la facilité avec laquelle la couronne des dents des Hoplo-
cètes se détache de leur partie radiculaire et cémenteuse. En caractérisant le genre
Hoplocète, j'ai déjà fait ce rapprochement (I), mais sans pouvoir décider, à cause
de l'imperfection des matériaux que la science possédait alors, s'il devait être
accepté définitivement dès cette époque comme il est probable qu'il le sera
ultérieurement. Rappelons en outre que M. Owen (2) a fait mention, postérieu-
rement à la distinction établie par lui du genre Balénodon, de dents semblables
à celles de YHoplocetus crassidens, trouvées dans le crag de Suffolk qu'on lui
avait remises pour en faire l'examen. H y a une dent de même origine parmi
les débris fossiles de Cétacés conservés au Musée britannique ; sa longueur est
de 0,075 environ.
M. Owen donne d'ailleurs sous le n° 21 9 du même ouvrage une coupe de la dent
type de sou Balénodon physaloides en la regardant comme provenant d'un Cétacé
physétéroïde {a fossil pliyseteroid). C'est de la même pièce que M. Brandt a parlé
récemment sous le nom de Physeter physaloides (5). Quant aux caisses auditives
de Balénidés que M. Owen a décrites dans le même ouvrage sous la dénomina-
tion de Cétotolithes et qu'il a depuis attribuées à ses Balénodons (4), nous n'avons
pas à nous en occuper ici, M. Van Beneden en ayant déjà traité à propos des
Balénidés (5).
(1) Zool. et Pat. franc., p. 318.
(2) Quarterly Journ. geol. Soc. London, 1856, p. 228.
:i fnstersuchungen iiber die Jossilen und subfossilen Cetaceen Europa's, p. 200 Mêm. Acad. Saint-
l', /, rsbourg pour 1873).
(4) Palœotdology, p. 375.
5) Voir p. 262.
344 GENRES ÉTEINTS VOISINS DES CACHALOTS.
§ VII.
DU GENRE EUCETUS DU BUS] OU DINOPZIPHIUS [VAN BENEDEN '), FOSSILE DANS LE CRAG D'ANVERS.
Nous n'avons pas épuisé la liste des genres à la distinction desquels l'étude des
dents de forte dimension et pourvues de cément, provenant des Cétacés qui ont été
enfouis dans le crag d'Anvers, a conduit M. Du Bus. Celui qu'il appelle Eticetus,
et qu'il regarde comme appartenant au groupe des Ziphius, me parait devoir
être également signalé ici, quelles que soient d'ailleurs ses affinités avec les
animaux parmi lesquels ce savant propose de le classer.
M. Du Bus n'en décrit qu'une seule espèce, I'Eucetus amblyodon (]).
Deux des dents sur lesquelles l'auteur s'appuie plus particulièrement pour
distinguer ce Cétacé de tous les autres sont représentées réduites à la moitié de la
grandeur naturelle dans notre atlas (PI. XX, fig. 29 et 50). C'est de la première
que M. Du lius parle lorsqu'il dit : « Elle est fusiforme, plus amincie à sa base
qu'au sommet, entièrement pleine, légèrement courbée aux extrémités, à cou-
ronne fort obtuse, dépourvue d'émail et coupée en biseau. Elle pèse -tkiI',50. »
La seconde que représente la figure 50, est brisée, ce qui permet de voir
l'épaisseur de la couche de cément qui en recouvre l'ivoire. C'est aussi une de
celles qu'a observées M. Du Bus, et elle fait également partie du Musée de
Bruxelles.
M. Du Bus ajoute que YEucetus ambhjodon n'a été rencontré que dans le crag
gris, et, ce qui tend, d'après lui, à appuyer l'opinion que ses affinités le ratta-
chent aux Ziphioïdes, c'est que ses dents sont isolées ou par paires dans les gise-
ments où on les trouve, ce qui doit faire supposer que chaque individu n'en
possédait en effet que deux comme c'est le cas pour l'Hyperoodon et le Ziphius.
Les caractères de ces dents ne permettent guère de douter qu'elles ne soient de
la même espèce que celles indiquées antérieurement par M. Van Bencden sous
le nom générique de Dinoziphius, et dont mon savant ami a appelé l'espèce
(1) Du Lus, li'ill. Acad. r. Belgique, 2* série, i XXV. p. 571; 1867.
GENRE DIN0PZIPH1US. 348
Dinozipoius IIoemdorrii (I). Celles-ci ont été découvertes à Saint-Nicolas, qui est
aussi un des gisements du crag anversois.
J'en donne deux Ogures réduites à moitié de la grandeur naturelle (Pi. XX,
fig. 51 et 52); l'une représente une dent à peu près entière, l'autre une
portion de la couche cémenteuse détachée de l'ivoire qu'elle recouvrait; ce qui
permet d'établir plus exactement la comparaison du Dinoziphius avec la dent
d'Eucétus de notre figure 50.
REMARQUES.
Les détails dans lesquels nous venons d'entrer au sujet des différents genres
de Cétodontes établis par les auteurs, plus particulièrement par M. Du Bus, sur
l'examen de dents ayant, par leur volume et leur structure cémenteuse, de l'ana-
logie avec celles des Cachalots, nous montrent que fous ces genres ne sont pas
aussi distincts qu'on avait d'abord été porté à le supposer; une étude attentive en
fera peut-être réduire encore le nombre. Dans l'état actuel de nos connaissances
le genre Homocète est celui dont les affinités avec les Cachalots véritables sont
les plus faciles à saisir; d'autres paraissent tenir en même temps des Ziphioïdes,
mais leur description est loin d'être achevée.
On peut établir de la manière suivanle la liste synonymique de ces aenres :
Bala notion (dénomination fautive) : Owen ; 1846.
Dinoziphius, \ an Bcnedeil.
Eucctas, Du Bus; 1867. Synonyme de Dinozip h lus.
Homocetus, Du Bus ; 1867.
ii.»i.i..<< ius P. Gerv.; 1849. Synonyme de Bahenodon.
Palœodelpbis, Du Bus ; 1872. Synonyme de Physodon.
iMiysoaion, P. Gerv. ; 1872.
Scaldlcetus, Du Bus; 1867.
(1) Van Bcneden, Musée de Louvain.
lia
34fi CÉTODONTES FOSSILES VOISINS DES CACHALOTS.
Les débris sur lesquels repose l'indication de ces divers Cétodontes ont été
découverts dans les dépôts miocènes et pliocènes de l'Europe, particulièrement
en Belgique, dans le crag gris d'Anvers; la France et l'Angleterre en ont égale-
ment fourni. Il est encore douteux que l'Amérique en possède.
Pour compléter l'examen des Cétodontes qui se rapprochent le plus des Cacha-
lots, nous aurons à parler maintenant de l'IIyperoodon butzkopf, ainsi que du
Ziphius cavirostre, qui comptent l'un et l'autre parmi les Thalassothériens propres
à nos mers. Le Dioplodon européen qu'on n'y a pris qu'une seule fois nous occu-
pera également, ainsi que le Dauphin de Sowerby, type du genre Mésoplodon, qui
vient échouer de temps en temps sur nos côtes. Ces animaux ont pour repré-
sentants dans les mers australes, le Bérardius, le Dioplodon densirostre, déjà
connu de Blainville, le Dolichodon de Layard et un autre Cétacé qui parait peu
différent du Mésoplodon de Sowerby. Le groupe autrefois mal connu de ces Céto-
dontes avait reçu de Blainville le nom d'Hétérodontes ; je l'ai appelé Ziphioïdes
parce que le Ziphius cavirostre de Cuvier en est un des principaux types et que
les Cétacés qu'il renferme ont dans certains cas une ressemblance telle avec
les fossiles primitivement décrits sous cette même dénomination de Ziphius,
qu'il est impossible de les en séparer, comme genres, parfois même comme
espèces. Il existe en effet dans les mers actuelles des animaux tout à fait analo-
gues aux Ziphioïdes fossiles, et le Ziphius cavirostre lui-même, ainsi que des
Ziphius qui diffèrent assez peu de ceux de la période tertiaire, sont aujourd'hui
connus dans des régions maritimes très-éloignées les unes des autres, quoique les
genres qui les comprennent aient passé pour entièrement anéantis.
Mais nous devons d'abord parler du kogia, qui est une sorte de petit Cachalot,
propre aux mers australes.
DU KOGIA (I)
GENRE DE CËTODO.NTES VIVANTS QUI SE RAPPROCHE DES CACHALOTS.
Le Cétacé qui va maintenant nous occuper est bien inférieur en dimensions aux
Cachalots véritables, et l'on ne peut guère estimer la longueur totale de son corps
qu'à 5 ou, au plus, 4 mètres; mais il est proportionnellement plus trapu, et
sa tète, relativement moins allongée, ne présente pas dans la région moyenne un
renflement aussi considérable. L'ouverture nasale y est reportée en dessus et le
dos présente une nageoire de dimension ainsi que de forme ordinaires. Le museau
du Kogia est saillant sans être pointu, ce qui tient au raccourcissement des
mâchoires ; il rappelle celui de certains Dauphins ou des Marsouins; la bouche est
ouverte inférieurement et le dessus de la tète est chargé d'une masse de sperma-
céti qui, pour être moins considérable que chez les Cachalots n'en existe pas
moins et se trouve logée, comme celle que fournit le Cachalot véritable, dans une
excavation de la région faciale; de sorte qu'il reste en avant une saillie, rappelant
jusqu'à un certain point le bec des grandes espèces de Marsouins.
C'est de Ulainville qui a le premier fait mention de ce curieux Physétérien; mais
il n'en a décrit que le crâne, d'après un exemplaire rapporté, en 1857, des côtes
orientales de l'Afrique du Sud, par feu M. Jules Verreaux, et qui fait partie des
collections du Muséum. 11 l'a considéré comme devant être classé provisoirement
dans le même genre que les Cachalots, et lui a donné le nom de Cachalot à tète
courte (P/iyseter ùreviccps) (2); c'est maintenant le Kogia breviceps. En effet
M. Gray a fait de cette espèce le type d'un genre à part qu'il a appelé Kogia (3).
La gracilité des dents du Cachalot à tête courte et le manque de cément sur ces
organes fournissent un des principaux caractères du genre dont il a du devenir
le type.
Depuis lois la même espèce, ou tout au moins des espèces fort peu différentes,
1 I>1. XX, fig. 1-3 et pi. XXII, fig. 8.
(2J Ann. franc, et élr. d'anat. et de physiol., I. II. y. 337, PI. 10; 183s.
(3) Erebus et Terror, p. 22. —Catal. british Muséum; Celecea, p. -'53; 1850.
348 GENRE KOGIA.
bien qu'on les ait partagées en deux genres distincts sous les noms de Kogia et
A' Euphysetes, sont venues à la connaissance des naturalistes.
M. Wall a publié, en 1854 ,1a description de l'une d'elles, comme constituant un
nouveau genre voisin des Cachalots, et il l'a appelée Euphysetes Grayi (] ), mais c'est
bien un Kogia. Il donne à son égard des détails étendus, principalement relatifs au
squelette. L'exemplaire qu'il a observé avait été pris à Maroobrah Beech, à peu de
distance de Sydney; il avait 9 ou 10 pieds anglais de long.
Un squelette recueilli dans les mêmes parages que le précédent est devenu pour
M. Gérard Krefft le type d'une autre espèce, Y Euphy tes Macleayii , dont l'obligeance
du savant directeur du Musée de Sydney nous a permis de donner une figure
(PI. XXII, fig. 8) (2). Un crâne de ce Cétacé, comparé à celui dont Blainville a donné
la description, ne laisse aucun doute sur l'identité des deux genres Kogia et Euphy-
setes, et, ainsi que je l'ai déjà dit, je serais très-porté à penser que la même identité
s'étend aux autres espèces que l'on a admises parmi ces animaux. Dans tous les
cas nous n'aurions pas, dans l'état actuel de la science, le moyen de les distinguer
sûrement entre elles, et M. Gray, qui ne sépare pas génériquement Y Euphy-
setes Grayi du Kogia ùreviceps dans son Catalogue pour l'année 4866, lui conserve
au contraire son nom générique propre en 1871, mais en reportant alors les
Euphysetes Macleayii et simus parmi les Kogias véritables.
L Euphysetes simus est des côtes de l'Inde. Il vient en effet des Kogias dans cette
région, et M. Owên a parlé sous le nom A' Euphysetes simus (5) d'animaux de ce
genre d'après des documents et des pièces en nature recueillies par M. Walter Elliot,
qui, en -1855, a vu, sur la côte de Valtair, un mâle long de 6 pieds 8 pouces anglais
et une femelle longue de 6 pieds. Les pêcheurs les y nomment Wonga. M. Owen
traite de ces animaux dans un de ses Mémoires en en faisant une espèce différente
des précédentes.
L'observation du crâne de ce Kogia, que j'ai pu voir au Musée britannique, ne
I History ami description of the skeleton of a new Sperm-Whale (Catodon australis), lalely set up
m th£ Australian Muséum, together with account of a new genus of sperm-Whales called Euphyxi 1rs.
avec 2 PE ; in-12. Sydney; 1851.
(2) Plusieurs figures de YEuphyseles Macleayi ont été envoyées à l'Exposition universelle de 1867, à
Paris, par M. Krefft, et sonl restéessous les yeux du public pendant toute la durée de cette Exposition.
(3 Trans. zi ni. Soc. London, t. VI, p. 30, PI. 10, 11 (fig. 1), PI. 12, l.'t et 14 'fig. 1).
SQUELETTE. 349
me permet pas de douter qu'il ne soit de la même espèce que celui dont
Blain ville a parlé autrefois sous le nom àePhyseter breviceps, lequel est le véritable
type du genre Kogia.
SQUELETTE.
Crâne. — On doit à de Blainville une première description du crâne de
son Kogia breviceps, et, depuis lors, MM. Wall et Owen se sont à leur tour occupés
de ce genre remarquable, le premier par l'examen du sujet appelé par lui Euphy-
setes Grayi, le second par celui de l'un des deux exemplaires indiens qu'il a
nommés Euphysetes simus.
Le reste du squelette n'est connu que par les détails que M. Wall a donnés
à son égard et par les figures qu'a bien voulu m'en envoyer M. Krefft, figures
dont la principale est reproduite sur la planche XXII sous le n° 8.
Quant aux dents des mêmes animaux, de Blainville a décrit celles de l'exem-
plaire encore jeune qu'avait rapporté M. Verreaux, et j'y ajoute (PI. XX, fig. 5),
celles d'un maxillaire provenant d'un sujet plus âgé, chez lequel elles sont par
conséquent plus fortes. Ce maxillaire inférieur est conservé au Collège des chirur-
giens de Londres; j'en dois la communication à M. Flower, qui m'a autorisé à en
prendre un moule pour nos galeries.
Les Kogias ont-ils, comme les Cachalots, des dents aux deux mâchoires? C'est ce
que l'on a déjà constaté, ainsi qu'on l'a fait pour les Cachalots, mais il faudrait
avoir l'occasion d'étudier des animaux de ce genre encore jeunes et frais ou con-
servés dans l'esprit-de-vin pour établir définitivement la formule de ces dents.
En l'état, nous ne connaissons d'une manière complète que les dents de leur
mâchoire inférieure.
Crâne. — De Blainville n'a donné qu'une courte définition du crâne du Kogia,
dans laquelle cette partie du squelette se trouve plutôt distinguée à grands traits
de la tête osseuse du Cachalot que décrite dans ses détails. M. Owen a fourni plus
de renseignements à cet égard à propos de X Euphysetes simus, mais les différences
qu'il indique comme étant spécifiques me paraissent dues à l'âge moins avancé du
sujet observé par lui plutôt qu'à toute autre cause, et c'est en particulier pour cela
que la mâchoire supérieure est plus courte. On trouverait d'autres caractères, mais
350 GENRE KOGIA..
dans une autre direction, si l'on étudiait le crâne d'un sujet très-avancé en âge, et
nous aurons plus loin l'occasion de constater qu'il en est principalement ainsi des
dents en place sur la mâchoire inférieure du vieil exemplaire que l'on conserve au
Musée huntérien.
Ce qui frappe au premier abord dans le crâne du genre de Cétacés dont il
s'agit, c'est sa grande ressemblance avec celui du Cachalot. Quoique plus ramassé
dans sa forme générale, c'est-à-dire moins long à proportion et relativement plus
large (0,40 sur 0,34 pour le crâne-type), il a la même apparence générale et le
dessus de la face présente aussi une excavation destinée à loger un amas considé-
rable de sperma-céti; cependant la tète encore recouverte de sa peau offre plus
d'analogie avec celle d'un Marsouin ou d'unGlobicéphale qu'avec celle du Cachalot
lui-même, et M. Elliot avait inscrit cet animal dans ses notes sous le nom anglais
de Porpoise, qui signifie Marsouin.
Les bords du cirque facial sont en effet moins relevés et en même temps plus
épaissis que chez le Cachalot à sa partie postérieure; une forte crête qui se voit
dans la région des narines, relie cette excavation au milieu du bord postérieur
formant une muraille moins abrupte. Les os maxillaires et incisifs remontent aussi
dans les deux vasques postérieures du cirque facial du Kogia, que sépare la crête
épaissie dont il vient d'être parlé, et le premier de ces os va de même concourir,
par suite de son application contre la face antérieure du bord montant de l'occi-
pital supérieur, à former la crête qui limite le cirque en arrière; entre les deux
parois antérieure et postérieure de cette dernière, viennent mourir les frontaux et
les pariétaux, d'autant moins apparents en dehors, que l'animal est mort à une
époque plus éloignée de l'âge fœtal et que l'ossification a pu suivre sa marche. La
gouttière voinérienne reste ouverte et les bords supérieurs internes des inter-
maxillaires qui tendent à la recouvrir chez le Cachalot sont encore moins rappro-
ches l'un de l'autre dans l'espèce que nous citons. Les narines sont inégales;
elles le sont même à un degré bien plus grand que dans le Cétodonte gigantesque
dont le Kogia semble être une représentation réduite; c'est la droite qui est la plus
petite, et de Blainville a déjà fait remarquer qu'elle l'est « vingt fois peut-être plus
(pie l'autre. » Les trous sous-orbitaires sont d'assez faible dimension. Les parties
latérales îles os frontaux forment au-dessus des yeux une voûte arquée en arrière
de laquelle est la fosse temporale, limitée elle-même de ce côté par la saillie du
SQUELETTE. i.,1
temporal. Le jugal a été perdu dans le crâne du Kogia que nous axons sous
les yeux, et la branche par laquelle il limite au-dessous de l'œil la cavité orbitaire
n'a pas non plus été conservée sur le crâne déposé au Musée britannique, de sorte
qu'il n'est pas possible d'en dire la forme. Ce n'est pas en ce point seulement que
le crâne type du Kogia qu'a décrit de Ulainville est incomplet. Le vomer a disparu ;
toute la partie rostrale du maxillaire supérieur gauche a aussi été perdue, et le
palais a également subi quelques détériorations.
La surface basilaire est large et en forme de voûte. Le trou rachidien estovalaire
à grand diamètre vertical; les condyles ne forment qu'une très-faible saillie.
Le maxillaire a la forme générale de celui des Cachalots et il a également ses
deux branches symphysées dans une étendue assez considérable de sa partie den-
tifère. Si sa forme générale rappelle celle des Cachalots, elle n'a pas le même allon-
gement, et certaines autres différences secondaires qu'on y remarque sont en rap-
port avec les particularités présentées par le crâne lui-même. Les figures que nous
donnons à cet égard permettront de les saisir aisément.
M. Wall qui a observé l'hyoïde des Kogias le compare à celui des Cachalots,
attendu que les cornes laryngiennes y sont également larges, aplaties et discoïdes.
Colonne vcr<cl»ral«- e« pièces qui s'y rattachent. — C'est aussi par M. Wall
que nous apprenons que le Kogia possède au total quarante-quatre vertèbres. Les sept
vertèbres cervicales sont réunies en une synostose unique, dans laquelle on dis-
tingue cependant l'atlas et l'axis au moyen de leurs apophyses transverses; les
troisième et quatrième montrent aussi des traces de leur séparation primitive,
mais nous voyons par la figure que nous donnons nous-même de l'exemplaire-
type de YEuphysetes Macleayii que leurs apophyses épineuses sont confondues
avec celles des trois dernières et forment avec elles une crête médiane saillante.
M. Wall compte quatorze dorsales et autant de paires de côtes, tandis que nous
n'en voyons que treize sur notre figure. Mais ici la quatorzième paire, qui est libre
dans les chairs, a très-probablement disparu et le nombre des dorsales doit être sup-
posé identique à celui du sujet précédemment décrit. En effet, la vertèbre placée en
arrière de la treizième dorsale ressemble par sa forme à celle-ci, et non aux
vraies lombaires qui la suivent.
Les apophyses épineuses des vertèbres ne sont pas très-élevées, et l'on ne voit
rien de particulier dans la forme des apophyses articulaires. Sous ce double
332 GENRE KOGIA.
rapport, le genre Kogia ressemble plutôt aux Cachalots qu'aux Hypéroodons
et aux autres Ziphioïdes.
Les côtes sont plates et élargies d'un bord à l'autre ; celles de la première paire
n'ont qu'une seule facette articulaire pour les mettre en rapport avec la vertèbre
correspondante, tandis qu'il y en a deux aux sept suivantes. Une seule articulation
se voit ensuite aux cinq avant-dernières. Quanta la quatorzième ou dernière, nous
avons déjà dit qu'elle est libre et elle est, par suite, sans rapports avec la vertèbre
qui lui correspond ; cette quatorzième paire de côtes n'a, dans le squelette examiné
par M. Wall, qu'un demi-pouce de long.
Le sternum se compose de plusieurs pièces successives, mais nous n'en connais-
sons pas les détails, celui qu'a vu M. Wall étant incomplet et la figure que nous
avons reçue de M. Krefft montrant la série de ses pièces par le proGl, ce qui
empêche d'en bien saisir les détails.
L'unique sternèbre observée par M. Wall est en deux pièces jointes l'une à
l'autre sur la ligne médiane comme cela a lieu chez les Cachalots. M. Wall parle
de neuf lombaires, tandis qu'il n'y en aurait que sept dans le squelette de
YE. Macleayii, si les os en V de ce dernier appartenaient bien aux vertèbres aux-
quelles ils ont été attachés par le préparateur. Toutes celles-ci seraient alors de
la série des coccygiennes. M. Wall compte vingt et une coccygiennes ou vertèbres
de la queue, savoir dix avec os en V et onze sans os de cette sorte.
La figure que nous publions ne donne pas les mêmes chiffres; mais c'est là
une différence à laquelle on ne devra pas s'arrêter tant que les deux squelettes
(E. Grayi et E. Macleayii) n'auront pu être comparés entre eux autrement qu'à
l'aide des figures que l'on en a exécuté; il faudrait savoir d'où vient cette diffé-
rence et si elle est de valeur spécifique.
Un caractère d'ailleurs plus important que celui-là, et dont ni M. Wall ni
M. Owen n'ont fait mention, réside dans la forme des vertèbres lombaires. Leur
corps présente inférieurement deux saillies médianes placées, l'une en arrière,
l'autre en avant sur la ligne médiane et séparées seulement par une échancrure plus
ou moins profonde. Cette double saillie que je ne retrouve chez aucun autre Cétacé
est très-apparente dans l'exemplaire connu sous le nom de Macleayi (PI. XXII, fig. 8),
cl elle n'esl pis moins évidente chez le Grayi. M. Owen qui, ainsi que l'a fait rcmar-
SQUELETTE. 353
quer M. Gray (I), s'est servi de la figure de ce dernier, publiée par M. Wall, pour
le dessin qu'il a donné du squelette de son Euphyseles simus, reproduit cette parti-
cularité, mais sans la signaler, et cependant elle me paraît devoir occuper un rang
important dans le caractéristique du Kogia.
M. Wall parle aussi de la forme des os pelviens, qu'il dit composés de deux pièces
pour chaque côté, ce qui, d'après lui, serait aussi le cas du Cachalot; mais dans le
Kogia ces os auraient une autre forme, l'interne étant aplati et en carré long, et
l'externe, avec lequel il s'articule, plus court, ainsi que plus élargi.
membres. — Les membres du Kogia n'ont pas une conformation absolument
semblable à ceux du Cachalot, et ils paraissent un peu plus longs.
L'omoplate, dont le contour est différent, a cependant une saillie sur sa face
externe qui répond à une courte épine aboutissant à l'acromion qui est forte. 11
existe aussi une saillie coracoïdienne, et elle est proportionnellement plus épaisse.
Le bord supérieur de cet os est arrondi en quart de cercle; ses deux bords anté-
rieur et postérieur sont échancrés.
L'humérus approche de celui des Dauphins par sa brièveté; il présente toutefois
une forte saillie deltoïdienne.
Le radius et le cubitus ne sont pas soudés l'un à l'autre. C'est le premier de ces
deux os qui est le plus fort; l'apophyse olécràne du second est peu considérable.
M. Wall signale sept os au carpe, mais deux de ces os sont allongés et placés, l'un
au-dessous du radius, l'autre au-dessous du cubitus, et ils ne peuvent être regardés
que comme les épiphyses inférieures de ces deux rayons osseux de F avant-bras.
Les autres sont en disques irrégulièrement polygonaux ; il y en a un au-dessus
de chacun des métacarpiens.
Les cinq doigts qui correspondent aux cinq os métacarpiens ont le nombre-
suivant de phalanges : le premier, 2; le second, G; le troisième, G; le qua-
trième, 4, et le cinquième, 5 ou 4.
Deniitiou. — M. Elliot a constaté la présence d'une paire de dents supérieures
placées tout à fait en avant, et il est probable, ainsi que nous l'avons fait remar-
quer, qu'on trouvera un plus grand nombre de ces dents.
Nous avons déjà rappelé que l'on connaissait mieux les dents inférieures des
(1) Ann.andMag. ofnat. Ris t., 4e série, t. XII, p. 184; 1873.
45
354 GENRE KOGIA.
Kogia. Comparées à celles des Cachalots, elles sont grêles, cylindro-coniques,
à couronne longuement sorties des alvéoles, et terminées en pointes aiguës. Le
nombre en est de quatorze ou quinze pour l'exemplaire type de l'espèce, c'est-à-
dire pour celui, provenant des côtes de l'Afrique méridionale, qui a été décrit par
de Blainville (Pi. XX, fig. 2) ; la couronne de ces dents mesure en moyenne 0,015
ou 0,016 de longueur, et elle est large de 0,005 ou à peu près à son milieu.
Une coupe des dents du Kogia préparée pour le microscope montre qu'elles dif-
fèrent en outre de celles des Cachalots par l'absence de la couche corticale dont
celles-ci ont leur ivoire enveloppé. La partie externe de cet ivoire est Gnement
quadrillée et non régulièrement tubulaire comme le reste, mais on n'y voit pas
d'ostéoplastes comme au véritable cément.
M. Wall attribue à l'exemplaire décrit par lui, treize dents de chaque côté delà
mâchoire inférieure, et il n'y en a que onze chez celui de M. Owen (Euphysetes simus).
Dans ce dernier elles sont plus petites et ont leurs alvéoles imparfaites, ce qui tient
à l'âge moins avancé du sujet.
Une mâchoire inférieure de Kogia (PI. XX, fig. 5), que nous avons étudiée dans
le Musée huntérien et qui provient des côtes de l'Australie, a appartenu à un sujet
plus avancé en âge que ceux dont il vient d'être question ; aussi les dents y sont-
elles notablement plus fortes, mais elles sont toujours de forme pointue; les in-
termédiaires sont recourbées en dedans, les postérieures recourbées en arrière;
leur fût a de 0,050 à 0,045 de haut dans sa partie coronale et 0,005 ou 0,006 de
diamètre au milieu; leur sommet est également en pointe. Ces dents ont l'appa-
rence de celles des Pithons ou des Boas et elles indiquent un animal aimant à se
nourrir de proie vivante. Taudis que le Cachalot et l'Hyperoodon, s'alimentent
surtout des Cépbalopodes, il est probable que le Kogia poursuit les poissons.
Il y a qualorze dents à gauche et quinze à droite sur la mâchoire inférieure
d'adulte dont nous venons de parler, ce qui était probablement aussi le nombre
de ces organes pour l'exemplaire rapporté par M. J. Verreaux.
DES CETACES ZIPHIOÏDES
(Genres Hyperoodon, Ziphius, Chsenoziphius, Dioplodon, Belemnoziphius, etc.)
ENVISAGÉS DANS LEURS ESPÈCES VIVANTES ET FOSSILES-
Les espèces de cette famille de Cétodontes sont, les unes actuellement vivantes,
les autres au contraire anéanties et seulement connues par les débris qu'on en a
recueillis dans les terrains tertiaires supérieurs. Les dernières ont été le plus
souvent confondues sous le nom commun de Ziphius, mais il faut en séparer le
Ziphius type, appelé cavirostre par Cuvier, que l'on sait maintenant exister dans
différentes mers et que j'ai le premier signalé dans la Méditerranée. L'Iïyperoodon,
le Bérardius, le Mésoplodon, appelé par de Blainville Dauphin de Dale et par Cu-
vier Dauphin microptère, le Dolichodon et le Dioplodon sont, comme le Ziphius
cavirostre, des Cétacés ziphioïdes propres à la faune actuelle; quant aux espèces
réellement fossiles que l'on avait d'abord attribuées au genre Ziphius, elles en ont
été retirées et l'on a établi pour les y placer plusieurs genres à part, dont le plus
ancien a été nommé Chénoziphius par Duvernoy et le second Bélemnoziphus par
M. Huxley. Depuis lors MM. Van Beneden et Du Bus en ont encore établi plusieurs
autres.
De Blainville a le premier compris la nécessité de séparer les Ziphioïdes des
Dauphins proprement dits, et il en a fait un groupe distinct parmi les Cétacés sous
la dénomination d'IIétérodontes. Ces Hétérodontes ont été depuis lors l'objet de
travaux étendus dont les principaux sont signalés dans le résumé bibliographique
qui suit :
De Blainville, Ilc/érodwi, sizirme sous-genre des Dauphins [in Desmaresl, article Dauphin du Xounnu
Dictionnaire d'Histoire naturelle, t. IX, p. 175; 1817).
356 GENRE HYPER00D0N.
G, Cuvier, Cétacés fossiles voisins des Hyperoodons et des Cachalots (Ossfoss., t. V, part. I, p. 349;
1825).
Eschricht, Zoologish-analomisch-physiologische Vntersuchungen iiber die Nordischen Walllhiere. In -fol.
Leipzig; 1849.
P. Gervais, Recherches sur la famille des Cétacés ziphioïdes et jilus particulièrement sur le Ziphius
cavirostris de la Méditerranée (Compt. rend, hebd., t. XXX, p. 510; 1850. — Ann. se. nat., 3e série, t. XIV,
p. 1 ; 1850. — Zool. et Pal. franc., 1" édit., t. II, p. 5. — Ibid., 2< édit-, p. 291).
Duvernoy, Mémoire sur les caractères ostéologiques des genres nouveaux ou des espèces nouvelles de
Cétacés vivants ou fossiles dont les squelettes entiers ou les têtes seulement so?it conservés dans les galeries
d'anatomie du Muséum d'histoire naturelle, suivi d'un Tableau résumé des caractères de Vordre des Cétacés,
des familles qui le composent , et en particulier des genres et des espèces de la famille des Hètèrodontes
(Ann. se. nat., 3e série, t. XV, p. 6 et G5, PI. 1 et 2; 1851).
Huxley, On the cetacean Fossils termed « Ziphius » by Cuvier ; with a Notice of a new species (Belemno-
ziphius compressus) from the red crag (Quarterly Journ. geol. Soc. London, t. XX, p. 38S, PI. 19; 1864).
Du Bus, Sur différents Zipioides nouveaux du crag d'Anvers (Bull. Acad. r. Belgique, 2e série, t. XXV;
1868).
Owen, Monograph on the british fossil Cetacea from the red crag; n° 1 : genus Ziphius [Palœontogra-
phical Society London; 1870).
Flower, On the récent ziphioid Whales, icith a Description of the Skelelon of Berardius arnouxi (Trans.
zool. soc. London, t. VIII, p. 201, PL 27 à 29; 1871).
Brandt, Ziphince, in Vntersuch. uber die fossilen und subfossilen Cetaceen Europà's,^. 209 (Mém. Acad.
se. Saint-Pétersbourg, 7e série, t. XX, n° 1 ; 1873).
Ce n'est qu'après avoir passé en revue les caractères particuliers des différentes
espèces de Cétacés qui constituent cette famille que nous pourrons en discuter
les affinités et en donner une définition à la fois générale et comparative.
DE L'HYPEROODON ROSTRATUS
Principaux caractères. — L'IIyperoodon est le plus volumineux des Cétacés de
la division des Ziphioïdes; sa longueur totale atteint de \ 2 à \ 5 mètres. 11 fréquente
le nord, est commun au Groenland et dans les parages de l'Islande, se montre
déjà en moins grand nombre dans l'archipel des Feroès ainsi que sur les côtes de
la Scandinavie et ne se voit plus guère que d'une manière accidentelle sur le
littoral de l'Europe tempérée où il ^ ient échouer isolément et à des intervalles irré-
guliers; ainsi, pour une soixantaine d'années qu'ont duré les observations, on n'a
signale que sept individus de celte espèce pris sur les côtes du Calvados, le point de
la France où il s'en rencontre le plus fréquemment, et où, grâce aux travaux de
Baussard et de M. Eudes Deslongchamp, l'étude de ces grands Cétacés a été pour-
suivie avec le plus de soin.
CARACTÈRES PRINCIPAUX. 357
Quoique la synonymie de l'Hyperoodon ne soit pas l'une des plus difficiles à
débrouiller, elle ne laisse pas cependant d'offrir quelque complication, ne fût-ce
que par la multiplicité des noms qui ont été donnés par les auteurs à cette espèce
à propos des différeuts individus qu'on en a d'abord observés; mais les caractères
extérieurs de l'Hyperoodon autant que les particularités distinctives de son sque-
lette sont aisées à saisir.
Le rostre est pointu et la tète renflée par suite de la présence d'une certaine
quantité de sperma-céti au-dessus de la face (I); une muraille osseuse s'élève de
chaque côté des maxillaires et borde latéralement la partie qui précède les na-
rines, sans se relier à l'élévation fronto-nasale qui limite en arrière le cirque
échancré bilatéralement qui occupe une grande partie de la région faciale; les
vertèbres ont leurs apophyses épineuses plus élevées que celles des Cachalots ou
des Dauphins, ce qui est un des caractères principaux des Ziphioïdes, et il n'existe
qu'une seule paire de dents atteignant un développement quelque peu consi-
dérable; elles sont placées à la mâchoire inférieure et en occupent la partie
terminale. A part le caractère de la position de ces dents ainsi que leur nombre,
leur structure cémenteuse se retrouve chez les autres Cétacés du même groupe, et
c'est à cause de cette singularité que de Blainville avait donné à la famille dont
l'Hyperoodon est une des principales espèces la dénomination d'Ilétérodontes,
rappelant que la dentition est très-éloignée d'avoir chez ces animaux l'uniformité
qu'on lui connaît chez les Dauphins.
Quant au mot Hyperoodon lui-même, il a été créé par Lacépède (2) et fait allu-
sion aux dents qu'il croyait exister au palais de ces animaux. Ce nom est resté le
terme générique par lequel on désigne maintenant le genre auquel le Butzkopf,
c'est-à-dire l'espèce dont nous nous occupons, sert de type.
Répartition géographique. — Les premiers Cétacés de ce genre qui aient attiré
l'attention des zoologistes furent deux individus, l'un mâle et l'autre femelle,
égarés dans les eaux anglaises en M\7 et qui échouèrent à Maldcn, eu Essex,
le 23 septembre de la même année. Dale en parla dans son Histoire de Harwick (5);
Klein en a fait son Balsena roslrala.
(1) M. Eudes beslonchanips nie qu'il existe du sperma-céti dans le renflement qui donne il la tète de
l'Hyperoodon une si singulière apparence.
(2) Hist. '/es Cétacés, p. 319.
(3) History of Harwick, p. 411; 1730.
[58 GENRE HYPEROODON.
Un autre entra dans la Tamise en \ 785 et vint échouer au pont de Londres. Hunter
y reconnut le Bottk-nosed Whale de Dale, en parla dans son mémoire sur l'ana-
tomie des Cétacés (1) et en fit préparer le squelette pour le Musée anatomique qu'il
créait au Collège des chirurgiens de Londres, et qui est devenu à la fois si célèhre
et si utile à la science, sous le nom de Musée hunlérien (2).
D'autres captures du même genre ont eu lieu sur les côtes de la Grande-Bretagne,
à des dates plus récentes (5).
Si le Cétacé long de 50 pieds, que l'on trouva sur la plage auprès d'Àrcachon,
en -1810 (4), n'est pas, comme le pensait F. Cuvier, un Hyperoodon (5), et la taille
qu'on lui attribue permet de douter qu'il appartienne hien à ce genre, le Calvados
que nous avons déjà cité comme étant le lieu de notre littoral visité de préférence
à tout autre par les animaux dont il s'agit, serait aussi le point le plus méridional
sur lequel il en aurait encore été signalé en France et même sur les côtes occiden-
tales du continent européen, et en parlant du Ziphius cavirostre , je montrerai
d'autre part qu'il n'a été vu jusqu'à présent aucun Hyperoodon véritable dans la
Méditerranée.
Ln -1705. l'abbé Dicquemare, à qui la science est redevable de tant de belles
observations relatives aux animaux marins que l'on trouve au Havre, avait vu un
Hyperoodon de vingt pieds qui était venu se perdre à peu de distance de cette ville,
et, le \9 septembre 1788, il en échoua deux, une mère avec son petit, peu loin
de là. La mère avait 25 pieds de long et le petit 12; ils se perdirent à IIonuYur
(Calvados). Baussard, officier de marine en retraite, les examina ot on fit le sujet
d'une note qui parut en 4 789 (6). Le crâne de la femelle est très-probablement l'un
de ceux que l'on conserve au Musée de Caen. Un autre crâne de même espèce
appartenant au même Musée lui avait été offert par M. Touchet et provenait d'un
exemplaire trouvé en 1808 ou L080 à Bernière-sur-Mer, dans le même départe-
ment.
Il existait également dans la même collection, lorsque M. Eugène Deslongchamps
I, Philos. Trans. r. Soc. London, t. LXXVII, p. 370, PI. MX; 1787.
(2) N" 217'j du Catalogue
; Voir Gray, Catalogue oj Seals and Whales, p. 331 ; 1806.
(i Voir Bulletin polymaliqut du Muséum d'instruction publique de Bordeaux, 1810, p, 106,
(.') Hisl. nat. des Cétacés, p. 246.
(6) Journal â* Physique, 1. XXXIV, p. 201, avec 2 planches.
RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE. 359
publia les renseignements que nous rappelons ici(-l), un troisième crâne apparte-
nant au genre qui nous occupe, mais sans indication d'origine; M. Eudes Des-
longchamps l'avait reçu en don d'une personne de Caen qui en était propriétaire.
Le premier des trois crânes d'Hyperoodons conservés à Caen, c'est-à-dire celui
qui proviendrait de la femelle décrite par Baussard, a les crêtes faciales ou mu-
railles supra-maxillaires peu épaisses et de forme ordinaire; elles sont plus
épaisses, mais n'arrivent pas à se toucher par leur face interne, dans le second, que
grâce à l'aimable intervention de M. Eug. Deslongchamps, M. le maire de Caen a
bien voulu, sur ma demande, offrir au Muséum de Paris en L872. On possède
aussi à Caen un squelette d'ilyperoodon provenant de l'un des sujets qui ont
échoué à peu de distance de cette ville depuis que M. Eudes Deslongchamps a fait
paraître ses Remarques zoologiques et anatomiques sur l'IIyperoodon (2) et dont
il a aussi parlé dans une note supplémentaire à ce travail (5). Il est remarquable
par un épaississement des crêtes sus-maxillaires dépassant encore celles de l'exem-
plaire actuellement déposé au Muséum.
Quant aux sujets, au nombre de trois, dont le lieu d'échouement a été enregistré,
ils ont été trouvés, le premier à Langrune en 4 840; le second, entre Sallenelles
et Cabourg, en \ 842, et le troisième à Isigny, en \ 852. Le squelette de l'exemplaire
de Sallenelles a été préparé par M. le docteur Sénéchal pour la galerie d'anatomie
comparée du Muséum. J'avais précédemment publié la ligure de son crâne (4) et
je le donne aujourd'hui en entier, en y ajoutant des détails tirés de plusieurs de
ses parties dans les fit/. 1 1, L2, \\, Vô et 16 de la PI. XVIII.
On cite deux Hyperoodons trouvés sur les côtes de la Belgique. Le premier vint
à l'embouchure de l'Escaut en 1840 et fut décrit par Wesmaél (.">); son squelette est
au Musée de Bruxelles. Le second, trouvé au même lieu, le M novembre 1875, a
été préparé pour le Musée de Liège (6).
La Hollande en reçoit aussi, mais on n'en cite qu'un petit nombre- Celui dont
il est le plus souvent question vint auprès de Zantvord le 24 juillet 1846; il a
(1) Observations sur quelques Dauphins appartenant à la section des Ziphidés. Broch. in-8". Caen; 1866.
(2) Mém. Soc. linn. Normandie, t. VII, p. 19, PI. I— II ; 1842.
(:i) Ibitl., t. X, p. 1; 1856.
(4) Zool. et Pal. franc., p. 286, PI. XXXVIII, fig. 5.
(5) Mém. Acad. r. Bruxelles, t. XIII, 14 p. et I pi.; 1841.
(G) E. Van Beneden, Bull. Acad. r. Belgique, 2e série, t XXXVII, p. 23; 1874.
360 GENRE I1YPER00D0X.
été, de la part de Vrolik, l'objet d'une monographie anatomique (I). C'est auprès
de Flessing, petit port hollandais, qu'a été harponné le sujet dont on a tiré le
squelette conservé au Musée de Lille ; il flottait à la surface mais n'était pas encore
mort. Les pécheurs qui s'en sont emparés le remorquèrent jusqu'à Dunkerque,
et c'est, si mes souvenirs sont exacts, par les soins du savant ornithologiste
feu M. Degland, qui habitait Lille, qu'il a été acquis et préparé pour le Musée de
cette ville. Il avait -10 mètres de long et a fourni une quantité considérable
d'huile.
Il faut sans doute aussi attribuer à un Ilyperoodon pris dans les eaux hollan-
daises le sujet dont Camper a décrit et figuré le crâne sous le nom de Balénoptère
à museau pointu (Balssna rostrata de Linné) (2). Le savant anatoraiste avait vu ce
crâne, en 1785, dans la cour d'un négociant de Saardam; c'est le même qui a
servi plus tard aux figures et à la description données par Cuvier (5).
Mais les Cétacés de ce genre se montrent plus fréquemment dans les parages de
la Scandinavie, et c'est dans les régions situées encore plus au nord qu'ils ont leurs
cantonnements réguliers; aussi les naturalistes danois, et en particulier Eschricht (4),
ont-ils pu en faire un examen pour ainsi dire complet. Les Norwégiens l'appel-
lent Baleine à bec d'oie. L'auteur qui paraît en avoir parlé le premier est Ponlop-
pidan, évèque de Bergen, dont l'ouvrage remonte cà F7oo (5). 0. F. Muller, qui
a publié sous le titre de Faune danoise (6) un travail bien connu des natura-
listes, y a inscrit l'IIyperoodonsous ce même nom de Baleine à bec d'oie [Balsena ros-
trata), emprunté à Klein et qu'O. Fabricius (7) a, par erreur, attribué au petit
Balénoptère qui fréquente les mêmes régions, c'est-à-dire au Balsenoptera rostrata
des auteurs actuels (8).
(1) Naiuur en ontleedkundige Beschowving van die Hyperoodon. Harlem; 1848.
(2) Cétacés, p. 78; 1820.
(3) Oss.Joss., t. V, part. 1, p. 224, PI. XXIV, fig. 10 à 23.
Camper et Cuvier figurent la mâchoire inférieure de l'Hyperoodon a l'envers, c'est-â-dire en en plaçanl
le bord dentaire inférieurement.
(4) Nordischen Wallthiere, t. I, p. 21. — Voir aussi Vindensk. ni Tavler lil Optysning af Hvaldrynes
Bygning Selsk. Skr., t. IX, p. il, PI. VI et VII. Copenhague; 1869), travail posthume d'Eschricht, publie
par les soins de M. lieiuliardt et avec sa collaboration.
(6) llisi. nat. Norvegiœ, t. Il, p. 200.
(6) Fauna danica, Prodromus, p. 7.
(7) Fauna groenlandica, p. -iO.
(8) Voir p. 146.
SYNONYMIE. 361
L'Hyperoodon n'est pas seulement le même animal que le Dogling et le Balsena
rostrata, il faut encore rapporter à son espèce YAnarnack des mers polaires [Mo-
nodon spuimis, 0. Fabr.) qui est aussi YAnamakus groenlandicns de Lacépède.
Rappelons également qu'en 4825, Jacob a remplacé les dénominations géné-
riques imposées à ce Cétacé par celle de Cetodiodon (I) et que plus récemment
Escbricbt y a substitué celles de Chssnodelphis (2) et Chxnocetus (5).
L'espèce à laquelle ces diverses dénominations ont été appliquées s'étend dans
le nord jusqu'au détroit de Davis et à la baie de Baffin (4); c'est à son retour des
régions polaires que quelques individus s'égarent dans nos parages.
Escbricbt nous apprend que les Feroës sont une des stations connues de l'Hy-
peroodon et qu'on les y appelle Dogling; il résulte toutefois des renseignements
recueillis par lui à cet égard que l'on n'en prend guère dans ces îles que cinq
ou six individus par an (S). Le même Célacé est cité par Gunner en 4771, et on
le trouve déjà mentionné sous ce nom de Dogling que nous venons de rappeler
dans les Sagas islandais du douzième siècle.
M.Allen (6), d'accord en cela avec M. F. Cope (7), attribue à l'Hyperoodon le
Célacé écboué en janvier 1869 à Nortb Dennis, sur la côte des États-Unis, dont
le squelette a été recueilli pour le Musée de Cambridge (Massacbussets), mais je ne
connais pas de Cétacés d'espèce identique ou analogue, ni même de genre exac-
tement semblable dans les régions intertropicales, non plus que dans les Mers du
Sud ou dans le Pacifique. Les collections anglaises n'en ont pas reçu plus que les
nôtres et il n'en est pas question dans l'ouvrage de M. Scammon, publié par
M. Cope. Quant à l'Hyperoodon que j'ai moi-même signalé à la Nouvelle-Zélande
d'après M. le docteur Arnoux (8), c'est un animal d'un genre un peu différent,
quoique de la même tribu, et Duvernoy lui a donné avec raison un nom à part,
celui de Bcrurdins, sous lequel nous le décrirons dans un autre paragrapbe.
Synonymie. — Telles sont les principales données bibliograpbiques sur les-
(1) Dublin philos. Journal; 1825.
(2) Tsis, 1844, p. 805.
(3) Die Nordischen Wallthiere, p. 20; 1846.
(4) lî. Iïrown, Proceed. Zool. soc. Lond., 1868, p. S56.
(5) Comptes rendus hebd., t. XLVII, p. 59; 1858.
(6) Mammalia oj Massachussels, p. BOS [Bulletin ofthe Harvard Collège ,
(7, Proceed. Âcad. nat. se. Philadelphie, 1869, p. 31.
(8) Ann. se. nat., 3' série, t. XIV, p. 17; 1850.
i6
362 GENRE HYPEROODON.
quelles repose l'histoire du genre Hyperoodon. Voyons maintenant sous quelles
dénominations, soit génériques, soit spécifiques, les exemplaires de ce remarquable
Cétacé dont l'examen a fourni ces documents figurent dans les catalogues métho-
diques et comment la synonymie doit en être établie.
Dale avait appelé les deux Hyperoodons observés par lui des Bottle nosed Whales,
et c'est pour rappeler sa découverte que l'espèce de ces Cétodontes a été nommée
par de Blainville (I) Dauphin de Dale [Belphinus edentulus, Schreber). Quoique
étant de la même espèce, l'exemplaire signalé par Cbcmnitz est devenu à son tour
le Delphinus chemnitzianus du même auteur, qui lui attribue une dent latérale de
chaque côté de la mâchoire supérieure. Celui de limiter, déjà nommé Delphinus
diodon par Lacépède, et Dauphin à deux dents [Belphinus bidcntatus) fut appelé
D. Hunteri\>sr Desmarest, tandis que les sujets étudiés par Baussard sont devenus
le Dauphin de lion /leur, dénomination qui s'est ensuite changée en celles de Bel-
phinus honjlorensis et Hyperoodon de Baussard (Fréd. Cuvier) ou Hyperoodon Baus-
sardi (Duv.).
De Blainville a enregistré la même espèce comme Belphinus buts/code, nom qui
appartient en effet au Dauphin butskopf de Bonnaterre et au Butskopf de différents
auteurs; ainsi que nous l'a appris depuis lors Eschricbt, c'est aussi le Dogling des
Scandinaves.
Les Hyperoodons que l'on prend sur les côtes de l'Europe sont des individus
revenant des mers polaires.
Mais il n'y a là qu'une seule et même espèce, à laquelle on a encore donné
plusieurs autres dénominations. Celle de rostrata, appliquée comme spéciOquc, est
une de celles auxquelles on a eu le plus souvent recours, mais M. Nilsson a employé
de son côté le mot borealis, en s'en servant aussi pour désigner l'espèce du Butzkopf.
Quant au genre de ces animaux, il n'a pas non plus toujours reçu la même ap-
pellation; voici la liste des termes par lesquels on l'a désigné :
Hyperoodon (modifié en Hijperaodon par quelques auteurs), Lacépède, Cétacés,
p. 519; 1804. Lacépède croyait que les animaux de ce genre ont des dents au
palais.
Anarnakus, id., ibid., p. IG5.
(1) J'oir de Blainville, in Desm., article Dauphin, inséré dans le Nouveau Dictionnaire d'histoire
uni m ■(•lie, t. XVI, p. \~'->; 1815.
SYNONYMIE. 363
A ncylodon (parlini), Illiger, Prod. System. MammaL, p. 142; -1811.
Vmnodon, id., ibid., p, -145; -1811.
Nodus (partim), Wagler, Naturl. Syst. der Ampli i bien, p. 54; -1850.
Cetodiodon, Jacob, Dublin philos. Journ.; 1825.
Chœnodelpliinns, Eschricht, Isis, -1844, p. 805.
Cluvnocetus, id., Die Nordischen Wallthiere, p. 2-1; -1849.
Lagcnocelus, Gray, Proceed. zool. Soc. London, -1865, p. 200.
Tous les Hyperoodons dont nous avons parlé jusqu'à présent rentrent dans une
même espèce, pour laquelle nous réservons, avec la plupart des auteurs, le nom
d'IlYPEROODON bctzkopf [Hyperoodon rostratum), dont il faut regarder comme sy-
nonymes toutes les dénominations, de valeur également spécifique, dont rénumé-
ration a été donnée plus haut.
Mais tous les crânes d'Hyperoodons que l'on a réunis dans les musées n'ont
pas les crêtes osseuses des maxillaires étroites comme celles des exemplaires
décrits par Hunter, Baussard, Camper, Wesmael, etc. Chez quelques-uns elles
sont plus élargies et tendent, à cause de leur épaisseur, à se toucher ou se
touchent même par leur bord interne. M. Gray a le premier décrit (1) un crâne
de cette forme, dans lequel l'élargissement des murailles osseuses qui surmontent
les os maxillaires est arrivé à son maximum de développement. Il en a fait le
type d'une seconde espèce appelée par lui Hyperoodon latifrons et dont il a fait
depuis lors un genre à part sous le nom de Lagenocetus (2). J'ai toutefois émis
l'opinion (5) qu'il s'agissait plutôt ici d'un excès du développement de la crête
faciale dû à l'âge très-avancé des sujets chez lesquels on observe cette disposition
et peut-être aussi au sexe, mais qu'il n'y avait pas lieu à la distinction d'une es-
pèce nouvelle, encore moins à celle d'un genre particulier, et M. Eschricht (4) a
accepté cette interprétation. Le crâne étudié par M. Gray provient du Nord.
Il en a été signalé depuis plusieurs autres offrant la même conformation.
M. Reinhardt en figure un, que nous reproduisons (PI. XX, fg. A), dans le Sup-
plément aux travaux d' Eschricht, qu'il a publié en 1869; il est des îles Feroës, et,
(1) Erebus et Terror, Mamm., p. 27, PL \.
(i) l'roceed.zool. Soc. London, 1803, p. 200.
(3) Zool. et Pal. franc., p. 286.
(i) Ann.andmarj. of nat. Ilisl., t. IX, p. 407; 1852.
304 GENRE UYPEROODON.
comme je l'ai déjà fait remarquer, le crâne provenant de Bernières-sur-Mer, côtes
du Calvados, que le Musée de Caen nous a cédé en 1872, est aussi dans ce cas,
mais à un moindre degré, tandis que le caractère d'épaississement se trouve
au contraire très-accusé dans un des sujets que ce Musée possède maintenant;
de telle sorte que l'on peut établir une gradation du sujet-type signalé par
M. Gray vers ceux de moins en moins épaissis que l'on possède à Caen, à Co-
penhague et à Paris, et, de ces derniers, aux crânes de forme ordinaire. Eschricht
pensait, comme nous, que les Lagénocètes ne sont sans doute qu'une variété
d'âge de l'Hyperoodon ordinaire.
SQUELETTE ET DENTITION DE L'nYPEROODON.
Les renseignements ostéologiques que l'on possède au sujet de l'Hyperoodon
sont plus particulièrement dus à P. Camper (I), à Cuvier (2), à M. Owen (5), et
surtout à Eschricht et ainsi qu'à M. Reinhardt (4); cependant ils n'en donnent
pas la description complète.
Crâne — L'apparence extérieure du crâne de l'Hyperoodon a frappé tous les
naturalistes qui ont eu l'occasion de l'observer. Le rostre formé par le rap-
prochement de la partie antérieure des os maxillaires et des intermaxillaires ou
incisifs placés entre eux, y est étroit et allongé. Ces os se voient à la face supérieure
comme à l'inférieure, mais les incisifs occupent inférieurement une place moindre
que les maxillaires, bien que l'on puisse les suivre depuis le pointe du rostre
jusqu'au bord antérieur des palatins. Une bande étroite fournie par le vomer se
remarque entre eux dans presque toute leur longueur; elle est plus apparente
dans le second quart du palais, cachée au contraire dans le troisième et visible de
nouveau dans le quatrième, où elle a plus d'ampleur qu'en avant. En arrière de la
partie inférieure des maxillaires se voient les palatins peu développés, arqués, et
dont la surface est interrompue à peu de dislance de leur bord interne pour
reparaître bientôt le long du bord externe des ptérygoïdiens, entre ces os et la
: Camper, Cétacés, p. 78, PI. XIII-XV1 Bal pi ra rostrata).
I uv., Oss. foss., I. V. part, i, p. 324, PI. XXIV, //y. 19-23 (Hyperoodon).
; h m. Muséum Coll. Surgeons, Descript. Catal. osteol. séries, l. II. p. ils [Hyperoodon bidens).
'<■ /;" " <rdù hen n allthiere, p. 13 Chœnoc tut roslralus). — Eschrichl et Reinhardt, Acad.de Copen
hague, t. IX, PI. VI et \ II; 1869 Hyperoodon lattfrons, Gray, et fœtus d\ET. rostratus).
SQUELETTE. 3C5
partie élargie des maxillaires ainsi que des frontaux, qui répond à la région
orbitaire. Les ptérygoïdiens sont considérables, fortement en saillie, laissant une
rigole médio-longitudinale sur leur ligne de contact, peu élargis inférieurement,
fortement resserrés l'un contre l'autre, mais fournissant bilatéralement une large
surface excavée dont le crête externe formant bourrelet n'a qu'un très-faible
développement, ce qui fait disparaître en grande partie l'espèce d'excavation ou
de fossette que les Daupbins ont en arrière des mêmes os. A ces différents égards la
tète de l'IIyperoodon diffère notablement de celle du Cacbalot, et elle est encore
plus éloignée de ressembler à celle des Daupbins. Un os enclavé entre le bord
antérieur du frontal et le bord postérieur de la base antérieure des zygomatiques
ou malaires, et dont le prolongement interne passe sous la partie latérale des
palatins, mérite une mention particulière. Escbricht et M. Reinhardt sont les
premiers anatomistes qui en aient parlé; c'est pour eux le lacrymal, et cette déter-
mination me semble devoir être acceptée. Escbricbt signale déjà le lacrymal de
l'IIyperoodon dans son ouvrage sur les Cétacés du Nord, et il pose cette conclusion
sur laquelle nous reviendrons ultérieurement, qu'un semblable élément osseux
doit exister aussi chez les autres Célodontes. Dans un crâne provenant du Groenland
que notre Musée a reçu de celui de Copenhague, un prolongement épassi du
lacrymal remonte vers le maxillaire supérieur et se laisse voir entre le saillie anté-
rieure du zygomatique et la grande apophyse antérieure du frontal.
Le crâne du fœtus préparé sur le sujet qui nous en a été adressé par le
même Musée présente une semblable disposition (PI. XLII, fig. 7b); le lacrymal y
est parfaitement distinct en dessous. Nous ne retrouvons pas la saillie supérieure
de cet os sur nos deux sujets adultes échoués sur les côtes du Calvados.
Les autres pièces visibles à la face inférieure du crâne ne présentent rien de
bien particulier; aussi nous bornerons-nous à ajouter aux détails que l'on vient
de lire que sur le crâne originaire du Groenland dont il a déjà été question, il
existe une autre particularité.
Au-dessous de la tubérosité externe formée par la queue ici considérable du
rocher, entre cet os et la partie externe de l'occipital, existe une pièce à part,
mobile dans son enclave, qui me parait devoir être regardée comme le mastoïdien.
Cette disposition se retrouve dans un autre de nos crânes, mais elle n'existe pas
dans celui de Sallenelles, non plus que chez le fœtus dont nous venons de parler.
366 GENRE IIYPEROODON.
Dans ce dernier, l'occipital inférieur, les occipitaux latéraux et l'occipital supé-
rieur sont nettement séparés entre eux, mais les deux condyles sont encore à l'état
cartilagineux.
Ainsi que cela vient d'être dit, le rocher est formé par un long prolongement
osseux plus ou moins large suivant les sujets (PI. XIX, fuj. 1 et 2a), et il diffère
notablement de ce que l'on voit dans les autres genres. La caisse auditive, qui
est un peu déprimée et assez ouverte, tient à la fois à la base de ce rocher et au
bulbe osseux constituant l'oreille interne. Celui-ci est appliqué au rocher propre-
ment dit par une sorte d'articulation écailleuse au moyen de laquelle il se syn-
ostose avec lui lorsque l'animal devient tout à fait adulte. C'est d'ailleurs ainsi que
les choses se passent chez les autres Cétodontes, mais le rocher de ces derniers
est toujours plus ou moins rudimentaire, et les seules parties restantes sont,
pour ainsi dire, le bulbe auditif interne et la caisse.
Le dessus de la tète osseuse de l'Hyperoodon n'est pas moins bien caractérisé
que le dessous. Nous avons déjà indiqué plusieurs des traits principaux qu'il pré-
sente dans la description générale de ce genre.
Les intermaxillaires forment une paire de longues bandes osseuses qui
remontent entre les maxillaires supérieurs jusqu'aux bords latéro-supérieurs des
orifices nasaux, où ils s'épaississent et s'écartent de manière à surplomber en
partie la proéminence formée par les maxillaires de chaque côté de la partie
saillante du crâne. Ils ne se touchent pas par leur bord interne, si ce n'est au
niveau de la saillie en forme de lame que l'intermaxillaire droit fournit au-dessous
des narines, et par laquelle il touche à la partie correspondante du gauche, et
sur ce point même il y a simplement rapprochement, mais point de soudure :
aussi voit-on au fond de L'écartement de ces deux os, lorsque le cartilage sus-vo-
mérien a été détruit par la macération, la face supérieure du vomer dans toute
sa longueur; celle-ci est disposée en gouttière.
Je ne trouve, d'autre part, le cartilage sus-vomérien ossifié dans sa partie ros-
trale chez aucun des sujets connus, pas même chez Le plus vieux de ceux qui ont
reçu le nom générique de Lagénocétus.
Il a déjà été question précédemment de la crête qui s'élève du maxillaire
supérieur dans la région médio-faciale de cet os et de la grande échancrure
qu'il forme de chaque côté. Lu arrière de cette crête, au niveau des narines et en
SQUELETTE. 367
avant de la grosse tubérosité frontale due aux intermaxillaires, le trou sous-
orbitaire s'ouvre à la base interne de la grande crête sus-maxillaire. Quant aux
os du nez, ils forment deux masses subarrondies cbez les adultes; ils sont plus
apparents cbez le fœtus que dans les jeunes sujets, et cbez ces derniers ils sem-
blent enclavés comme des coins en arrière de la partie montante des inter-
maxillaires. Ils se soudent avec eux ainsi qu'avec le crête supérieure des fron-
taux dans les sujets plus avancés en âge.
Dans ce cas la tubérosité supra-nasale ne laisse voir de la partie supérieure du
frontal qu'une bande étroite de cet os, serrée en avant par l'extrémité coneboïde
des os maxillaires, et, en arrière, par la grande surface formée par l'occipital
supérieur; mais ce n'est là qu'une condition adventive, car cbez le fœtus
(PI. XL1I, firj. -'ta), dont les os frontaux et pariétaux n'affectent pas encore
dans leur partie supérieure la disposition écailleuse, et dont les sutures ne sont pas
encore arrivées à l'état de superposition qui les caractérisera plus tard, il n'y a
qu'une simple application de la partie postérieure du maxillaire supérieur contre les
parties antérieures moyennes du frontal, et ce dernier os conserve dans cette
portion de sa surface toute son intégrité; aussi est-il articulé par simple approche
de son bord postérieur avec le bord antérieur de l'os pariétal, et l'un et l'autre
concourent à former en dessus une portion considérable de la surface du crâne.
Les frontaux sont séparés l'un de l'autre sur la ligne médiane par une suture, et
il en est de même pour les pariétaux, entre les deux bords internes desquels se
voit même un interpariétal très-distinct, ayant à peu près la forme d'un trapèze
allongé. Cependant le maxillaire supérieur est déjà appliqué par sa partie cir-
cum-nasale sur la moitié antérieure des os frontaux.
La partie styliforme du zygomafique est assez allongée quoique un peu moins
grêle déjà que cbez les Delphinidés; elle passe comme cbez ces animaux au-
dessous de l'œil et forme pour ainsi dire la corde de l'arc osseux dû à la
partie supra-oculaire du frontal, en allant rejoindre la base antéro-inféricure
de l'arc du temporal qui touebe ici la saillie postérieure de l'arc orbitairc de
ce même frontal.
Le rostre de l'iïyperoodon n'arrive pas au degré de densité qui caractérise
celui du Dioplodon ainsi que des Zipbioïdes fossiles qui s'en rapprochent, et les
os concourant à former la boite cérébrale de ce grand Cétacé sont épais et
368 GENRE IIYPEROODON.
spongieux; aussi les trous nerveux et vasculaires de la base du crâne (PI. XIX, fig, 5)
sont-ils en môme temps plus nettement séparés et plus faciles à reconnaître que
ceux des Balénidés ou de la plupart des autres Cctodontes, animaux chez lesquels
ils restent en partie confondus par suite de l'arrêt dont est frappé chez ces derniers
le développement des pièces qui les fournissent; c'est ce que j'ai déjà fait observer
en traitant sous le même rapport des animaux de la division des Baleines dans
mon Mémoire sur les Cétacés (I).
Une première remarque fournie à cet égard par l'IIyperoodon, c'est que le
bulbe auditif interne, dont la face supérieure se voit cependant très-bien dans la ca-
vité crânienne chez le fœtus, n'est plus apparente dans cette cavité chez l'adulte, et
qu'il existe à sa place un trou distinct conduisant au canal auditif interne. Eu
arrière de ce trou se voient le trou déchiré postérieur, qui est de forme ovalaire
transverse, mais sans apparence de déchirure, et, dans une position plus reculée
encore, le trou condylien, qui occupe la première place, si l'on part des
condyles pour gagner la partie antérieure de la tète. Le trou déchiré antérieur
se voit en avant de l'auditif, et si l'on suit la ligne formée de chaque côté par cette
série à peu près rectiligne de perforations, on arrive à la fente sphénoïdale et au
trou optique, lequel se trouve en avant de tous les autres. Dans le milieu, au centre
du sphénoïde postérieur, on observe deux autres paires de perforations répondant
aux trous ovale et petit rond, également séparés entre eux et de tous les autres,
comme ces derniers le sont aussi. De grandes différences existent donc sous ce
rapport non-seulement entre l'IIyperoodon et les Balénidés, mais aussi entre lui
et les Platanistes (PI. XXX, fig. 17) ainsi que les Delphinidés (PL XXVI, fig. 2)
dont nous avons fait aussi représenter la base de la cavité crânienne pour en
montrer les perforations ; au contraire les autres Ziphioïdes étudiés sous le même
l'apport sont peu différents du genre qui nous occupe, mais sans présenter ce-
pendant une disposition absolument identique; la configuration des trous ne
restant pas la même.
La mâchoire inférieure de l'Hyperoodon participe à rallongement du rostre.
Sa symphyse est étendue et l'angle formé par ses deux branches peu ouvert; elle
est un peu en carène à son bord dentaire, et présente en avant une paire d'al-
(1) Nouvelles • hives du Muséum d'Histoire naturelle, t. VII, p. 131.
SQUELETTE. 369
véoles principales. Camper et Cuvier en ont donné des figures, mais, ainsi que
nous l'avons déjà fait remarquer, en la renversant de telle sorte qu'ils ont pris le
bord supérieur pour l'inférieur.
Os nyoÏDE. — L'os hyoïde de l'Hyperoodon comprend comme celui des autres
Cétodontes, cinq pièces osseuses dont quatre forment des cornes aboutissant à la
cinquième qui répond de son côté au corps de l'hyoïde humain, c'est-à-dire au
basi-hyal. Les cornes les plus petites sont les cornes laryngiennes ou les ento-hyaux;
elles se soudent, chez l'adulte, avec le basi-hyal. Quant aux cornes styloïdiennes,
elles n'ont d'ossifié que leur troisième article, le stylo-hyal, qui est fort, costi-
forme, et comme tourmenté à sa surface. Sa mobilité est assurée par la présence
entre lui et le corps de deux courts cartilages qui répondent aux deux premières
des pièces styloïdiennes de la plupart des autres mammifères, c'est-à-dire au
cérato-hyal et à l'apo-hyal. L'hyoïde de l'IIyperoodon se laisse assez bien distinguer
par son apparence générale de celui des Dauphins; celui du Mésopolodon lui res-
semble beaucoup et il en est de même de celui du Bérardius.
Colonne v<-rtét»raic et cage tkoraciqnc. — Le nombre total des vertèbres est de
45, dont 7 cervicales, 9 dorsales, 9 lombo-sacrées et 20 coccygiennes dont les \0
premières possèdent seules des os en V.
Les vertèbres cervicales de l'Hyperoodon sont soudées les unes aux autres et
forment par conséquent une synostose unique, leurs corps étant réunis en une
seule masse et leurs apophyses épineuses coalescentes dans leur partie ascendante.
De chaque côté se voient seulement les six perforations servant au passage des nerfs
rachidiens qui sortent entre le premier et le septième des éléments vertébraux
confondus ici en une seule masse osseuse. La septième vertèbre a aussi son apophyse
épineuse réunie aux précédentes, mais elle reste apparente par suite de la présence
d'un double sillon qui descend au delà des deux paires de facettes articulaires
par lesquelles elle est en rapport avec la base antérieure de l'apophyse épineuse
de la première dorsale, ainsi qu'avec la saillie située sur la partie moyenne du
bord de l'apophyse transverse, en avant, par conséquent, de la facette terminale par
laquelle celle-ci est mise en contact articulaire avec la protubérance de la première
côte. La même vertèbre, quoique soudée aux précédentes, ainsi que nous venons de
le dire, porte intérieurement, au-dessous de l'articulation qu'elle fournit de chaque
côté à la tèle de la première côte, une forte saillie apophysaire, longue de 0,000.
47
370 GENRE HYPER00D0N.
Notre squelette de fœtus d'Hyperoodon n'a pas les corps des vertèbres cervicales
distincts; ils sont confondus en une seule masse osseuse dont la partie postérieure
donne, comme cela a lieu chez l'adulte, attache à la tète, non encore ossifiée à cette
époque, de la première paire de côtes (PI. XLII1, fig. 2).
D'autre part les arcs neurapophysaires ne sont retenus à la synostose axile que
par des fi bro-car filages et ils sont à cet âge bien distincts entre eux par suite du
défaut d'ossiâcation de leurs sommets et de l'isolement de leur base par rapport
au corps commun des vertèbres, et ils forment sept paires de demi-chevrons
(PI. XLIII, fig. 2).
L'état de la pièce que j'ai sous les yeux ne permet de rien dire de positif au
sujet de l'arc inférieur à l'atlas que l'on regarde à tort, suivant beaucoup d'auteurs,
comme représentant le corps de cette vertèbre, et il n'y a pas non plus de point
spécial d'ossification pour l'apophyse odontoïde.
[I est remarquable que même à cet âge les disques vertébraux du cou ne se
distinguent pas les uns des autres, ce qui fait que la partie axile des vertèbres
cervicales est tout d'une seule pièce.
Le squelette du sujet observé par Hunter a, comme celui du Muséum de Paris qui
provient de la plage de Sallenelles, les sept vertèbres cervicales (PI. XVIII, fig. L2)
réunies en un seul os, et il en est de même pour l'un de ceux que possède le Musée de
Bruxelles, qui est échoué de Horgaluis et a été décrit par Wesmaél. Mais dans l'autre
squelette d'Hyperoodon, également de la mer du Nord, qui appartient au même
Musée, la septième cervicale est indépendante des autres vertèbres de cette région
aussi bien par son corps que par son arc neurapophysaire. Ce squelette, il est vrai,
est celui d'un sujet encore peu avancé en âge; mais ce n'est pas à cette cause qu'il
faut attribuer la différence dont il s'agit, puisque nous venons de voir que dans les
cas ordinaires les noyaux des centres osseux propres aux vertèbres cervicales sont
confond us en une masse unique, sans séparation des disques propres à chacun
d'eux, cl cela même pendant la vie intra-utérine.
I ne partie antérieure de région cervicale (PI. XVIII, fy. 15) ayant à peu de choses
près la forme qui lui est particulière chez les Ilyperoodons, mais provenant d'un
sujet très-avancé en âge, a été donnée autrefois ;i noire collection, et comme elle
ne porte |iis d'indication, on pouvait la supposer venue par l'expédition au pôle nord
que P. Gaimard a dirigée tout aussi bien que par celle de la corvette le Rhin, ce
SQUELETTE. 371
qui conduirait, dans ce dernier cas, à l'attribuer au Bérardius plutôt qu'à l'Hy-
peroodon. C'est cette opinion qui me paraît devoir être préférée.
On n'y voit, en les comptant au moyen des trous destinés aux paires rachi-
diennes, que quatre vertèbres seulement dont les corps et les arcs épineux ou
neurapopbysaires soient coalescents; le cinquième arc épineux y est lui-même
adhérent au quatrième arc, comme chez le Bérardius; il a été scié et est resté
incomplet. Au contraire, le corps de la vertèbre correspondante s'est séparé natu-
rellement, de sorte que l'on peut assurer qu'il était complètement distinct du cin-
quième, et que dans ce sujet quatre corps cervicaux au lieu de sept étaient réunis
entre eux par synostose.
La surface extérieure de cette pièce est d'un tissu compacte et serré, surtout
antérieurement, et la substance intérieure en est uniformément spongieuse, d'un
tissu résistant, mais dont les cellulosités, quoique fines, sont encore très-apparentes.
Lue coupe verticale de cette pièce opérée par le plan médian ne permet d'aper-
cevoir aucune trace de séparation des corps vertébraux comparable à celles que
montre la fig. 4 5 de la PI. XX, ce qui ne laisse pas que de jeter quelque doute sur
l'attribution que nous avons proposée de la pièce que cette figure représente. Ce n'est
donc qu'à titre provisoire que l'on peut y voir une portion du cou d'un Cétodonte
physétérien plutôt qu'un débris de quelqu'un des genres de Balénidés que l'on
trouve fossiles à Anvers.
Le caractère principal des vertèbres placées en arrière de la région cervicale
des Hyperoodons, et cela jusque vers le commencement de la région caudale,
réside dans la hauteur de leurs apophyses épineuses, sensiblement plus élevées
que chez le Cachalot, dans la moindre saillie des apophyses articulaires, ainsi que
dans l'absence d'apophyses articulaires postérieures. Les corps vertébraux sont
aussi moins raccourcis que dans les Dauphins et les vertèbres occupant le milieu
de la colonne rachidienne sont celles dont l'arc neural est le plus haut. Cet arc
peut avoir jusqu'à 0,50, mesuré à partir du plan inférieur du trou médullaire
et sa longueur égale 0,L1 ou plus. Ces apophyses sont relativement assez minces;
au contraire immédiatement en arrière du cou et vers le milieu de la queue elles
sont plus courtes. Quant aux corps vertébraux, ce sont ceux des lombaires
qui sont les plus longs. On constate mieux dans cette région qu'ailleurs, que les
quatre faces supra et infra-vertébrales sont un peu excavées et que la ligne
372 GENRE IIYPER00D0X.
médio-inférieure de ces centres osseux des vertèbres est sensiblement carénée.
A mesure que l'on s'éloigne de lasynostose cervicale, on voit rapidement dimi-
nuer les saillies ou masses latérales doublant en debors les apophyses articu-
laires antérieures et sur lesquelles porte la tubérosité des premières paires de
côtes. Ces saillies commencent la série des apophyses transverses et les dernières
côtes ne s'articulent plus qu'avec elles. De leur côté, les apophyses articulaires pro-
prement dites prennent bientôt une apparence sécuriforme qu'elles conservent,
quoique avec un développement moindre, jusqu'au milieu de la queue, là où les
vertèbres cessent d'être surmontées par des arcs neuraux.
Il y a neuf paires de côtes seulement. Elles sont fortes, assez aplaties, surtout
vers leur extrémité sternale. Les six premières sont articulées aux vertèbres à la
fois par leur tête et par leur tubérosité; les suivantes ne portent que sur la partie
saillante des masses latérales déjà transformées en apophyses transverses; aussi les
dernières dorsales ressemblent-elles notablement aux lombaires. On peut cepen-
dant les reconnaître à la surface costifère qui se remarque à l'extrémité des apo-
physes dont il s'agit; mais cette surface spéciale d'articulation fait défaut aux
mêmes apophyses pour la neuvième vertèbre dorsale, la côte correspondante, qui
est sensiblement moindre que les précédentes, étant suspendue dans les chairs et
retenue à l'apophyse dont il s'agit par une simple attache ligamenteuse. C'est ce
qui explique comment il n'a été conservé que huit paires de côtes, au lieu de neuf
dans le squelette préparé pour le Musée de Lille. Cinq paires de côtes vont jus-
qu'au sternum. La partie sternale de ces appendices reste cartilagineuse.
Ainsi que l'a déjà signalé Eschricht, le sternum est aplati et composé de trois
paires de pièces, placées les unes à la suite des autres, qui se soudent sur la ligne
médiane lorsque l'animal devient adulte, mais en laissant un grand trou médian
entre la première paire de ces pièces et la seconde, et un autre entre la deuxième
et la troisième, qui est échancrée en arrière par la disparition de la partie res-
tante du cartilage dans lequel elle s'est développée. (Pl.W III, fig. 11).
On compte dix os en V placés sous les dix premières vertèbres caudales ; ils sont
insérésau bord postéro-inférieur des vertèbres auxquelles chacun d'eux doit être
attribué; leur apparence est sécuriforme. Ce sont les deuxième à quatrième qui
acquièrent le plus de développement. Les dernières vertèbres n'en ont plus ; plu-
sieurs d'entre elles sont de forme irrégulièrement cuboïde.
SQUELETTE. 373
membres. — L'omoplate (PI. XVIII, fig. 15) ne ressemble pas à celle des
Cachalots dont la forme est assez particulière; ses deux diamètres vertical et antéro-
postérieur sont peu différents l'un de l'autre. On voit deux lignes verticales
saillantes sur sa face externe, et ses deux apophyses acromion et coracoïde sont
assez fortes; la première est en manière de hache et plus saillante que la seconde.
L'humérus (PI. XY1II, fig. 16) a une forme plus caractéristique; il est à la fois
différent de l'humérus des Balénidés et de celui des Delphinidés, et ne ressemble
pas non plus à celui du Cachalot. Il est comprimé, assez allongé, plus long
même que celui des Balénoptères, mais sa tète est moins saillante; il a cependant
une tubérosité interne assez forte et on lui voit un indice de saillie deltoïdienne.
Les deux os de l'avant-bras sont distincts l'un de l'autre ; ils rappellent
sensiblement par leur longueur ceux des Balénoptères, et le reste des membres
a aussi quelque analogie avec celui de ces animaux. Le radius est le plus fort; il
est long de 0,22; sa largeur est de 0,07 en haut, et de 0,08 en bas. Le cubitus
mesure 0,M supérieurement, l'olécràne compris. Celui-ci est saillant, arrondi à
son bord postérieur et excavé en avant, sa partie antérieure formant une articu-
lation gynglinioïdale avec l'extrémité inférieure de l'humérus, ce qui prolonge
jusqu'à la base postérieure de ce dernier os l'articulation huméro-cubitale.
La partie terminale du membre, incomplète dans le squelette que nous possé-
dons, par l'absence d'une partie des doigts, a conservé huit os carpiens: trois au
procarpe, dont l'intermédiaire plus fort que les deux autres, et cinq au mésocarpe,
un pour chacun des cinq doitgs, le cinquième de ceux-ci faisant saillie comme
un pisiforme. Le même nombre d'os carpiens existe aussi dans le squelette
conservé au Musée de Lille. Les métacarpiens ressemblent aux phalanges, mais sont
un peu plus grands; celles-ci, également aplaties, étaient disposées conformément
aux nombres suivants correspondant à chacun des cinq doigts : 2, 4, o, 5 et 2.
nents. — Le Cétacé qui nous occupe est pourvu d'une paire de dents prin-
cipales dont la longcur peut avoir jusqu'à un décimètre, la racine comprise, cl
qui sont placées à la partie terminale de la mâchoire inférieure. Ces dents sont
disposées en pointe à leur couronne et elles ont l'émail revêtu d'une couche
assez forte de cément. On les a quelquefois attribuées par erreur à la mâchoire su-
périeure (I); mais il est bien certain qu'elles sont toujours placées inférieurement.
, (1) Owen, Odonlography, p. 22, PI. 88, fig. 1.
374 GENRE HYPEROODON.
Eschricht a montré qu'elles n'étaient pas les seules que l'on puisse observer chez
les Hyperoodons, et que le long des deux mâchoires supérieure et inférieure de ces
animaux, il en existait une série de plus petites, retenues seulement dans les gen-
cives et qui sont très-probablement caduques. 11 a publié une figure de ces dents,
faite de grandeur naturelle, que nous reproduisons ici.
HYPEROODON FOSSILE.
On ne possède encore qu'une seule pièce provenant des fossiles que les Cétacés
du genre Ilyperoodon peuvent avoir laissés dans les dépôts tertiaires; elle a été
signalée par Al. Van Beneden (1), et se rapporte à une portion de région cervi-
cale trouvée dans le crag gris d'Anvers; elle fait partie du Musée de Bruxelles,
où elle porte le n° 1840. Cette pièce est un produit des fouilles exécutées en 18H4
pour la construction de l'écluse maritime destinée au canal de jonction de la
Meuse à l'Escaut.
Six vertèbres la constituent. Ce sont les six premières cervicales. Elles sont
réunies en une synostose commune, tandis que la septième était restée indépen-
dante. D'après M. Van Beneden leur caractère ne permet pas de douter qu'elles
n'aient appartenu au genre qui nous occupe.
(1) Bull. Acad. r. Belgique, 2e série, t. X. p. ICI; 18G0.
DU ZIPHIUS CAVIROSTPJS
ET DES ANIMAUX DE MÊME GENRE AUXQUELS ON A DONNÉ LE NOM
DE PETRORHYNCHUS.
Remarques historiques. — Le genre Ziphius a été signalé en \ 825 par Olivier,
d'après l'examen d'une tête osseuse incomplète et sans mâchoire inférieure qui
était, suivant lui, pétrifiée, et avait été trouvée sur la côte de Provence; il donna à
l'espèce dont provenait cette tète le nom de cavirostris et publia quelques docu-
ments à son égard. « Nous devons, disait Cuvier, ce morceau précieux à M. Ray-
mond Gorsse, ingénieur des ponts et chaussées, qui le trouva en 4 804, dans le
département des Bouches-du-IUiône, entre le village de Fos et l'embouchure du
Galégeon, près le canal qui réunit l'étang de l'Estomac à la mer. On lui dit qu'un
paysan l'avait découvert l'année précédente sur le bord de la plage et l'avait
apporté en cet endroit. »
Dans le Mémoire que j'ai publié en 4 850 (1) à propos d'un Cétacé, échoué sur
la plage d'Aresquiès, entre \'illeneuve-lès-Maguelone et Frontignan (Hérault)
(Pi. XXI, fig. -1-4), que j'ai considéré comme étant de même espèce que le Ziphius
cavirostre de Cuvier jusqu'alors regardé comme un animal de genre éteint (2),
j'ai cherché à établir que cet exemplaire et celui de Fos n'étaient pas les seuls
appartenant à l'espèce qui va nous occuper que l'on eût dès lors recueillis dans la
Méditerranée, et bien que leur identité spéciûque avec le crâne de Fos eût été jus-
que-là méconnue, j'en ai cité deux qui avaient l'un et l'autre été décrits comme
constituant des espèces h part. Le premier a été pris dans le golfe de Nice et
est devenu le Dclpltinus Desmarestii de Risso (5). que Lessou et Oh. Bonaparte ont
successivement attribué aux genres Dindon, Less. (4), et Epiodon, Raf; le second
(1) Compt. rend. Iwbd. Acad. se, t. XXXI, p. 510; 18:i0. — Ami. se. nat., 3e série, t. XIV, p. o. — Zoo!.
et Pal. franc., 1" éd., t. I, p. loi, PI. 38, fig. 1, et PI. 39. — Ibid., V éd., p. 287.
(2) Cuvier s'était cependant borné a dire lorsqu'il a décrit la tête, osseuse recueillie par M. Gorsse,
qu'elle était « très-pesante, très-dure et complètement transformée en calcaire », ce qui n'est qu'en partie
exact, puisqu'elle n'a sous ces différents rapports aucun des caractères propres aux fossiles véritables, et
que son état indique seulement qu'elle a séjourné sous l'eau pendant un certain temps.
(3) Europe méridionale, t. III, p. 24, PI. III, fig. 3; 1826.
(4) Comprenant aussi le Physeier bidens, Sowcrby, c'est-ii-dire le Mésopolodon, qui sert aussi de type
au genre Aodon du même auteur.
376 GENRE ZIPHIUS.
observé dans le détroit de Messine par M. Cocco et qui a été appelé Delpltinus
Pliilippii^ar ce naturaliste (I). Ces Cétacés pourraient en outre faire double emploi
avec l'Epiodon urganantus , également observé sur les côtes de la Sicile et ainsi
dénommé par Rafinesque (2); mais il n'y a rien de démontré à cet égard.
Quoique ces rapprocbements ne soient pas d'une certitude absolue, jusqu'à ce
jour rien n'est venu les contredire. Il ne faut pas oublier toutefois que Rafinesque
caractérise ainsi son genre Epiodon: « corps oblong, atténué postérieurement;
museau arrondi; màcboire inférieure plus courte que la supérieure; plusieurs
dents obtuses égales entre elles à celle-ci; aucune à la première; point de nageoire
dorsale (5). » Définition vague, peut-être erronée, et qui ne s'applique pas mieux au
Ziphius qu'au Grampus Rissoi, tel que nous le connaissons aujourd'hui, et à qui
on ne peut cependant pas songer à l'appliquer.
Mais la complication dont la synonymie du Ziphius cavirostris se trouve embar-
rassée ne s'arrête pas là. Un Cétacé de cette espèce échoué sur les côtes de la Corse,
et dont le squelette a été recueilli par M. Doumet (A) pour le riche cabinet qu'il a
fondé à Cette et que son fils accroît chaque jour, est devenu Ylhjpcroodon Dournetii
de M. Gray (o). J'en donne le crâne PI. XXI, sous les nos 8 et 9.
Le Ziphius de la plage d'Àresquiès, dont l'examen m'avait conduit aux rectifica-
tions synonymiqucs qui précèdent, a aussi fourni prétexte à de nouvelles dénomina-
tions spécifiques; on l'a successivement appelé Ihj peroodon Gerraisii (G) et Epiodon
Heraullii (7).
Mais, ainsi que j'essayerai de le montrer, les sujets assez peu nombreux cepen-
dant (car les Ziphius n'ont encore été rencontrés qu'isolément) auxquels ces diffé-
rentes dénominations ont été attribuées appartiennent tous à une seule et même
espèce, ce qui n'a pas empêché les auteurs qui en ont observé d'autres plusrécem-
1) Erkhson's Archiv, 1840, p. 204, PI. IV, fig. G.
(2) Précis de découverteé etd< tomiologie, p. 13; 1814.
Desmaresl remplace ce nom par celui de Delphinus epiodon.
(3) Voir Desmarest, Mammalogie, p. 521.
(4) Doumet, Revue :",,/. 'par lu Société cuvierienne, 1842, p. 207, PI. 1; 1850. — P. Gerv., Mém. Acad.
se. Moiilp., I. VII, p. 141, PI. 5; 1808.
.-,) Cal, il. h, il. Muséum, Ceiacea, p. G0; 1850.
i, il <ip . Uni-., Duvei noy, .lun. se. uni., 3' série, I. XV, p. 40 et 67; 1851. — Ziphius <•• rv., I'. Fischer,
Nouv. Arch. .Uns., I. III, [i. 55; 1867. — Epiodon Gerv., Gray, .lun. and Mag. ofnat. Hisl., I. M. p, 19;
1870.
(7 Gray, Ann. <<»</ Mag. ofnat, Hist., 449; 187.'.
DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE. 377
mont de les regarder comme devant être également l'objet de désignations spéci-
fiques particulières. Nous en constatons un nouvel exemple sans sortir de la Médi-
terranée, dans l'exemplaire recueilli par P. Savi, sur la côte de Pise, et que l'on
conserve dans l'intéressant Musée de cette ville où j'ai pu l'examiner en 1871.
C'est le même que j'ai signalé à M. Flower comme étant un Ziphius eavirostris et
qu'il l'a inscrit comme tel dans son Mémoire sur le Bérardius publié en i872 (1).
M.llichiardien a récemment fait figurer l'osléologie sur deux planches in-folio très-
bien exécutées, et il a proposé de lui donner le nom spécifique de Ziphius Savi (2).
Citons encore un Ziphius de la Méditerranée, celui qui a été pris en 1867 à Ville-
franche près Nice, et dont le squelette a été préparé par M. Ilaeckel pour le Musée
d'Iéua. En comprenant celui qu'a décrit Cuvier et que l'on a bien à tort regardé
comme fossile, ce serait le septième exemplaire pris dans la Méditerranée (5).
Distribution géographique. — La Méditerranée n'est pas la seule mer qui nour-
risse des Ziphius analogues aux Ziphius eavirostris et de même espèce. Il existe
aussi de semblables animaux dans l'Océan Atlantique et l'on en cite dans trois
localités appartenant à notre hémisphère. Voici les documents que l'on possède à
leur égard.
\° Un crâne (PI. XXI, fig. G) de Ziphius sans mâchoire inférieure a été trouvé
sur la plage de Lanton (Gironde); il est aujourd'hui déposé au Musée d'Arcachon où
j'ai pu le voir. Il a fourni à M. P. Fischer le sujet d'une note parue en 1 867 (4).
2° Un autre crâne de Ziphius cavirostre a été rapporté des Shetlands, en I870,
par M. Coughtrey, qui l'a trouvé mêlé à de nombreux débris d'autres Cétacés
parmi lesquels était un squelette de Balsenoptera Sibbaldii. M. Turuer a donné la
description de ce crâne en I872 (5).
5° Un troisième exemplaire a été pris à Holma, près Gullmarsfjard, en Suède,
le 22 août I867. Cet exemplaire était une femelle dont le squelette est maintenant
conservé au Musée de Gothenbourg. M. Malin en a parlé dans un de ses Mémoires (6).
(1) Trans. zool. Soc. London, t. VIII, p. 208.
(2; Archivio per la Zoologia, série 2, t. III, PI. VII et VIII; 1873.
(3) Ainsi que nous l'avons déjà fait remarquer, on n'a pas la preuve que YEpiodon urganantus de Rafi-
nesque soit bien un Ziphius.
(4) Nom. Arch. Mus. de Paris, t. III, p. 42, PI. IV.
(5) Trans. r. Soc. Edinlmrg, t. XXVI, p. 759, PI. XXX et XXXI, fig. \, 2, 4, 0, 8, 9, 10, 13 et 14; 1872.
(6) Hvaldjur i Sveriges Museer, iir 1869, p. 95 (Kongl. Svenska Veienskaps-Academiens Handlingar,
t. IX; 1871.)
48
378 GENRE ZIPHIUS
La présence du Ziphius cavirostris n'a pas encore été constatée avec certitude
sur les côtes des États-Unis qui sont baignées par l'Atlantique; cependant
M. Flower est porté à penser que le squelette de YHyperoodon semi-junctus de
M. Cope, qui est conservé au Musée de Charleston, est bien d'un animal de
<■(' genre (I), ce qu'il établit sur ce fait que l'exemplaire dont il s'agit n'était long
que de -12 ou 15 pieds, qu'il avait les quatre dernières cervicales libres et que le
chiffre total de ses vertèbres dorsales était supérieur à celui qui caractérise l'IIyper-
oodon.
Le même genre, peut-être aussi la même espèce, se retrouve dans l'hémisphère
austral. M. Burmeister (2) a en effet consacré l'un de ses Mémoires à la description
détaillée d'un Ziphius encore assez jeune et du sexe femelle, pris le 8 août ISOoà
l'embouchure de la IMata. Nous en reproduisons la région nasale (PI. XXI, fig. 5).
Enfin il y a des Ziphius dans les parages du Cap de 13onne-Espérance ; c'est sans
doutede celte région maritime que provient le crâne (Pi. XXI, fig. -H -15) décrit
par M. Van Beneden, comme originaire de la mer des Indes (5), crâne qui a été
rapporté par M. Fr. de Castelnau; en outre, c'est elle quia sûrement fourni celui
(PI. XXI, fig. I 0) dont M. Gray a fait une espèce encore différente sous la dénomi-
nation de Petrorlii/nc/ius capensis ('i).
On le voit, il n'est pas aisé de triompher des difficultés que présente le classe-
ment exact de semblables animaux, car les naturalistes ne pouvant le plus souvent
donner à l'égard des individus qu'ils observent que des renseignements incom-
plets, ne laissent pas toujours à leurs successeurs des renseignements qui leur
permettent de reconnaître l'espèce dont ils ont parlé; quelquefois même le genre
• le cette espèce ne peut être déterminé, cl il n'y a guère que l'observation du crâne
qui puisse conduire à des résultais posilifs.
Ainsi il est possible que YEpiodon urganantus soit la même espèce animale que
le Cétacé appelé depuis Ziphius cavirostris par Cuvier, mais nous n'avons pas la
preuve matérielle qu'il en soit ainsi, l'Epiodon de Rafinesque n'ayant été ni
(\) Proceed. dead. se. and arts Philadelphia, 1865, p. 380. - Ibid., 1869, p. 31.
2j Dcljihiiiiirlu/iirhiis auslralis, Burin. , Zeitschrift f. </. yes. iïaturw., t. XXVI, p. Z62.— Ziphiarhynchtu
cryptodon, ni., Revislafarm. de Buenos- Aires, t. IV, p. 363. — Epiodon australe, «/•, Ami. del Mus.
publ.di Buen t-Aires, p. 312, PI. XV a XX^ 1868.
(:!) Acad. r. Belgique, Mém. couronnés, t. XVI, p. 23 <:t 1 pi.; 1864.
[i Pro eed. mol. Soc, i mlon, 1865, p. B24.— Calai. ofSeals ami Whales, p. 346.
DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE. 379
décrit en détail ni conservé. C'est pourquoi j'ai laissé à L'espèce et au genre qui
nous occupent les dénominations que leur a imposées Cuvier.
Le delphinus Desmarestii signalé postérieurement par Bisso plutôt que décrit,
ne peut être considéré que comme constituant un double emploi, et il en est
sans doute ainsi des prétendues espèces que l'on a proposées depuis lors à l'occa-
sion de quelques-uns des sujets pris dans la Méditerranée en leur donnant les
noms spécifiques de Philippii, Doumetii, Gervaisii et Savi.
On ne saurait avoir une opinion différente à l'égard des sujets recueillis soit à
Lanton (Gironde), soit sur d'autres points de l'Atlantique septentrionale.
Celui de Magellame, dont nous devons la description à M. Burmeister, parait
être aussi dans le même cas, et, pour, dire toute ma pensée, je ne serais pas
étonné qu'il en fût encore de même pour les Ziphius indiens et capensis. Nous
verrons toutefois qu'il est possible de distinguer deux formes de crânes parmi ces
différents exemplaires : les uns excavés dans la région prénasale et ayant une partie
du cartilage sus-vomérien comme pétreux, ce qui a été reproduit sur notre PI. XXI ;
tels sont les exemplaires de Fos [fig. 7), de Corse (fig. 8), de Lanton (fig. 0), de la
mer des Indes (fig. M), et du Cap (fig. 40) ; les autres à rainure supra-vomérienne
évidée et sans ossification du supra-vomérien (\), ce qui se voit sur les exemplaires
d'Arcsquiès et de la Plata (fig. fô). Mais ne sont-ce pas là des différences d'âge
plutôt que d'espèce ou même de genre comme on l'a dit dans certains cas? Ce qui
tendrait à le faire admettre, c'est que les exemplaires de la deuxième sorte étaient
encore jeunes (2) : c'est là un point sur lequel nous aurons à revenir plus loin. Bor-
nons-nous donc pour îe moment à rappeler que les genres dont les noms suivent font
double emploi avec celui dont nous allons décrire le squelette et que Cuvier a
nommé Ziphius (3) en 4822. Ce sont :
Aliama, Gra)'; t86'i. — Vetrorliyiichus, Gray; 1865. — Zipkiorliynclius, Burmeister.
L'espèce elle-même, dont nous ignorons encore les véritables cantonnements,
a reçu de son côté, entre autres dénominations, les suivantes toutes appliquées à
des sujets pris dans la Méditerranée :
(I; l'arec que le cartilage supra-vomérien n'étail pas encore solidifié lors de la morl il<' l'animal.
(2) M. Burmeister ajoute que celui qu'il a décril ètail une femelle.
(3) M. Gray a transporté h: nom générique de Ziphius au Delphinus sowerbensis, qui d'ailleurs en avait
déjà plusieurs autres, il nous est impossible d'accepter une semblable transposition.
380 GENRE ZIl'HIUS.
Ziphius cavirostris, G. Cuv. (I). — Defpltinus Desmarestii , Risso. — D. Philippii,
Cocco. — Hyperoodon Gervaisii, Duveruoy. — Hyperoodon Doumetii, Gray. —
Epiodon Heraultii, id. — Ziphius Savi, Richiardi.
Des dénominations encore différentes ont été imposées aux Ziphius à propos
de l'exemplaire pris sur les côtes de la Patagonie à peu de distance de l'embou-
chure de la Plata, et des deux crânes, originaires du Cap, que l'on continue à
attribuer à une espèce différente. Ceux-ci ont été appelés de leur côté, Ziphius
indiens et Pelrorhynchus capensis; quant à celui de la côte de Patagonie, nous en
avons rappelé précédemment la synonimie.
Ces différents Ziphius sont, comme Cuvier l'a admis pour celui qui a été recueilli
sur la plage de Fos, des animaux voisins du Cachalot, et surtout de l'Hyperoodon.
Leur rostre est allongé comme chez ce dernier, mais ils n'ont pas comme lui les
maxillaires supérieurs surmontés par une double muraille osseuse; leurs ver-
tèbres sont assez allongées et pourvues d'apophyses épineuses élevées, ce qui leur
est également commun avec l'Hyperoodon, et leur dentition est tout à fait com-
parable à celle de ce dernier, puisqu'ils ont aussi une paire de dents inférieures
terminales, et, à l'une et à l'autre mâchoire, d'autres dents bien plus petites et sim-
plement retenues dans des gencives. Ils ont aussi le corps allongé et la tète renllée.
Leur taille, quoique inférieure à celle de l'Hyperoodon, n'en est pas moins assez
considérable, puisqu'ils sont longs de 6 à 8 mètres.
Squelette. — Cuvier n'a donné que peu de détails osléologiques au sujet du
Ziphius cavirostris dont il n'a connu qu'un crâne incomplet; mais, depuis lors,
j'ai publié des renseignements au sujet du squelette de ce curieux Cétacé, et plus
récemment encore il en a été fourni de nouveaux.
En comparant le crâne de l'exemplaire échoué sur la plage d'Aresquiès (PL XXI,
fit/. 1-1) entre Montpellier et Cette (Hérault) avec celui qui avait été trouvé, près
de cinquante ans auparavant, à Fos-les-Martigues (fiy. 7), j'ai été frappé de la simi-
litude que ces deux crânes ont entre eux, et il m'a semblé que l'on devait les attri-
buer à la même espèce. L'un ol l'autre ont le rostre allongé cl sans alvéoles den-
tifères, quoique pourvu bilatéralement d'une longue rainure dans leur partie
répondant au bord dentaire; les os incisifs remontent au delà des narines pour
(1) Desmoulins avait signalé le crâne décrit par Cuvier sons le nom de Baleine microcéphale, dans
un article du Dictionnaire classique d'Histoire naturelle, paru en 18SS (I. M, p. 167).
SQUELETTE. 381
contribuer à former l'abri comparable à un cimier qui protège ces ouvertures, en
avant de la partie apparente des frontaux, et, de chaque côté des os du nez, ils
sont plus étroits et en même temps plus saillants que chez l'Hyperoodon. Les
maxillaires n'ont qu'une faible largeur en arrière dans leur partie rostrale; mais ils
s'élargissent vers la saillie malaire, sans toutefois fournir une muraille osseuse
comparable à celle de l'Hyperoodon, et, après être remontés vers la région nasale
des intermaxillaires, ils constituent en dehors de ces deux os une excavation ana-
logue à celle qui existe dans ce genre. Inférieurement l'apparence est aussi la
même; le palais se relève un peu dans sa région incisive, et il se termine en
pointe. Le vomer s'y montre entre le premier et le troisième tiers de la longueur,
mais on ne voit plus les incisifs en arrière comme cela a lieu pour l'Hyperoodon;
des lignes longitudinales saillantes parcourent la face inférieure du rostre dans le
sens longitudinal, et les os ptérygoïdiens, resserrés l'un contre l'autre et aplatis sur
la partie libre de leur bord symphysaire, y montrent de chaque côté une large sur-
face excavée également contournée en dessus par les os palatins. Ces deux crânes
sont en outre de même taille ou à peu près. Leur longueur totale dépasse 0,80,
mais reste inférieure d'environ un quart à celle du crâne des Ilyperoodons. On ne
peut attribuer qu'à la diversité d'âge des sujets dont ils proviennent les différences
que l'on remarque entre eux. La principale consiste dans une plus grande exca-
vation de la partie circumuasale chez le sujet recueilli à Fos. Les bords de cette
excavation y sont plus saillants, et sa surface a une apparence conchoïdale, tandis
qu'elle est plus aplatie dans l'autre exemplaire. En outre, une grande partie du
cartilage sus-vomérien est passée à un état d'ossification exagérée et d'apparence
pétreuse, ce dont l'autre sujet ne présente que l'état rudimentaire.
Duvernoy avait vu dans ces dispositions la preuve d'une différence générique,
et pour lui le crâne d'Arcsquiès devait être attribué à un Hyperoodon distinct
de celui de l'Océan et qu'il a appelé Hyperoodon Gervaisii. M. Pictet (I) a égale-
ment pensé que ces deux animaux devaient être séparés génériquement, et il s'est
ainsi rangé à l'opinion de Duvernoy; mais je continue à croire que les particularités
dont il s'agit et quelques autres qui en sont la conséquence, telle que par exemple,
le degré d'ossification plus avancé du crâne de Fos, doivent être attribuées à l'âge
(1) Traité de Paléontologie, t. I, p. 385.
382 GENRE ZIPHIUS.
des deux sujets, et ce qui m'engage à persévérer dans cette manière de voir, que
divers auteurs plus récents ont d'ailleurs acceptée, c'est que les Ziphius les plus
vieux qu'on a recueillis depuis ressemblent à celui de Fos, et ceux qui sont plus
jeunes à celui d'Aresquiès. Le Ziphius dit de Doumet, qui a été trouvé sur les
côtes de la Corse (fig. 8-9), celui de Lanton, dans le département de la Gironde
{fig. 6) et ceux du Cap de Bonne-Espérance {fig. -10) ainsi que de la mer des Indes
\fig. 12-13) sont dans le premier cas, c'est-à-dire plus ou moins semblables à
l'exemplaire de Fos décrit par Cuvier, tandis que c'est au Ziphius d'Aresquiès que
ressemble le crâne de l'exemplaire pris sur la côte de Patagonie, auprès de
l'embouchure de la Hâta, qui appartient au Musée de Buenos-Ayres (fig. 5). Le
trou sous-orbitaire est aussi d'une forme un peu différente dans les sujets de
chacune de ces deux séries.
Les Ziphius sont, comme l'IIyperoodon, pourvus d'un os lacrymal de grande
dimension.
La mâchoire inférieure, que Cuvier n'a pas connue, est allongée, un peu
excavée à son bord supérieur qui est parcouru par une longue rainure partant de la
paire d'alvéoles qui en occupe la partie terminale. Sa symphyse est de médiocre
longueur, forme intérieurement une saillie au point où les deux branches de l'os
maxillaire inférieur se réunissent l'une à l'autre et présente un peu plus d'éléva-
tion dans sa région postérieure. C'est plus en avant et dans le tiers inférieur de
son bord externe que se voit le trou mentonnier (fig. 1 et 9).
L'os hyoïde rappelle celui de l'IIyperoodon par ses principaux caractères (I).
Dans le Ziphius d'Aresquiès, les corps des cinq premières vertèbres cervicales
(PL XXII, fig. 6) étaient soudés entre eux, tandis que ceux de la sixième et de la
septième étaient simplement articulés et par conséquent distincts dans leur ossili-
cation. Les apophyses épineuses des vertèbres occupant les numéros 1 et 6 étaient
synostosées, mais la cinquième et la sixième restaient en partie indépendantes.
L'apophyse de la septième était, comme le corps auquel elle répond, entièrement
détachée de celle de la vertèbre précédente; elle était aussi plus courte que les
autres et également de moindre hauteur que l'apophyse épineuse de la première
dorsale qui se trouve placée en arrière d'elle dans la figure à laquelle nous ren-
i, Burmeister, Ann. Mus. Buenos- Aires, p. 329, PI. XVI. .//y. '■>■
SQUELETTE. 383
voyons. Quant aux apophyses transverses des vertèbres cervicales, la première et
la seconde sont réunies en une seule niasse, tandis que celles des troisième à sep-
tième sont indépendantes, mais de formes et de grandeurs différentes. La septième
ne s'articule pas avec la masse latérale de la première dorsale, comme cela a lieu
pour l'Hyperoodon.
Les vertèbres des autres régions appartenant au même sujet, qu'il m'a été pos-
sible de recueillir, sont au nombre de vingt, provenant toutes de la région dorso-
Iombaire; elles ont été déposées dans la collection du Muséum. Ces vertèbres crois-
sent en volume et en longueur, aussi bien que leurs apophyses épineuses, à partir
de la première, et, par la longueur de leur corps ainsi que par l'élévation de leurs
apophyses épineuses, elles ressemblent aux vertèbres de l'Hyperoodon et du Méso-
plodon, ce qui les éloigne au contraire de celles des Dauphins. Les apophyses
articulaires, plus épaisses aux premières vertèbres, deviennent de plus en plus
minces et lamelleuses sur les vertèbres suivantes. Elles ne sont pas en contact
immédiat avec les vertèbres vers lesquelles elles se dirigent. La dernière de celles
que nous possédons, qui est encore une des lombaires, a le corps long de 0^6 et
haut de 0,LI ; son apophyse épineuse mesure 0,27 à partir de l'échancrure basilaire
de l'apophyse articulaire antérieure.
J'ai pu étudier, en -187-1, le Ziphius préparé par Savi pour le Musée de Pise et
dont M. Richiardi a dernièrement publié de bonnes figures ostéologiques, et j'y ai
compté neuf vertèbres dorsales, onze lombo-sacrées et seize caudales. La première
de celles-ci a un petit os en V. Les mêmes os pris aux trois vertèbres suivantes
sont les plus grands de tous, et ceux qui viennent ensuite vont en décroissant. Le
nombre total de ces hémapophyses est de neuf. Les cinq ou six dernières caudales
en manquent; elles continuent à diminuer de volume et sont de forme irrégu-
lièrement cubique.
Le squelette conservé à Buenos-Ayres possède dix dorsales au lieu de neuf,
comme celui de Pise, et autant de paires de côtes, mais il n'a que dix lombo-
sacrées, ce qui s'explique peut-être par ce fait que la dixième paire de côtes qui
est plus grêle que les autres aura été perdue pendant la préparation du sujet re-
cueilli par Savi ou qu'elle n'est pas constante.
M. Burmcister compte en tout quarante-neuf vertèbres sur l'exemplaire qu'il a
décrit : sept vertèbres cervicales, dix dorsales conformées comme il a été dit plus
384 GENRE ZIPHIUS.
haut, onze Iombo-sacrées (parce qu'il comprend sous ce nom la première vertèbre
pourvue d'os en V) et, à part cette dernière, vingt et une coccygiennes.
Les côtes ne sont pas très-fortes; six paires d'entre elles vont directement au
sternum. Leur partie sternébrale reste cartilagineuse.
L'os iskiatique est, comme d'habitude, d'une seule pièce pour chaque côté.
Quant au sternum, on y compte cinq pièces, tandis qu'il n'y en a que trois chez
l'Hyperoodon. Chacune d'elles est divisible eu deux parties latérales par une
scissure médiane et qui présentent à leur jonction une ouverture plus ou moins
grande qui, dans l'étatfrais, est occupée par du cartilage. Une semblableouverture est
placée au milieu de la cinquième sternèbre qui est en outre échancrée en arrière.
Dans le sujet de Buenos-Ayres, les deux moitiés de la même pièce sont encore
entièrement séparées l'une de l'autre. Le sternum figuré sous le n° 7 de notre
Pi. XXII est celui de l'exemplaire échoué en Corse, conservé dans le Musée Doumet,
à Cette.
En parlant dans mon Mémoire sur les Ziphioïdes de l'omoplate du Ziphius cavi-
rostre, j'ai dit que son acromion était plus long et moins large que celui de
l'Hyperoodon; mais l'ensemble de cet os ne diffère pas moins de l'omoplate du
Cachalot que dans les autres Ziphioïdes.
Les membres sont courts, semblables pour la forme de l'humérus et de l'avant-
bras à ceux des genres qui précèdent. Il y a deux os à la première rangée du carpe
et quatre à la seconde. Les chiffres représentant le nombre des phalanges sont les
suivants : 1, 5? Î3, 4 et 1, du moins sur le sujet de Pisc, car M. Burmeister, qui a
pu étudier, avec plus de soin, le Ziphioïde de Buenos-Ayres, donne \, 2, 5, 2 et
2, et il figure en outre des rudiments de phalanges encore cartilagineuses, ce qui
modifie ces chiffres de la manière suivante : 2, 7, 6, 5 et 5. Les doigts sont courts.
D'après une Ggure donnée par M. Ilaeckel (1 ), et qui se rapporte sans doute au Ziphius
de Villefranchc, conservé à Iéna, la formule digilaire serait : I, 5, 0, 4, 2.
Système dentaire. — J'ai parlé dans les termes suivants de la dentition duCétacé
échoué en 4 850 à Arcsquiès :
Comme le Ziphius dont j'ai trouvé et préparé les débris avait encore une partie de
ses gencives, j'ai pu, en disséquant celles-ci avec soin, connaître le système dentaire
(1) Histoire de la création, PI. IV, fig. 6, Paris; 1874.
DENTITION. 383
de cette espèce. Les dents de la mâchoire inférieure sont au nombre de deux
comme dans l'Hyperoodon, une pour chaque côté (PI. XXII, fig. 4). Chacune de
ces dents est située à l'extrémité terminale de son os mandibulaire et implantée dans
une alvéole qui en cache la plus grande partie. Elles sont longues l'une et l'autre de
0,047, couvertes, dans presque toute leur étendue, d'une couche de matière cémen-
toïde et appointies à leur extrémité terminale. Quoique ces dents ne fussent point
encore visibles à l'extérieur et qu'il n'y eût même aucune trace de perforation à la
peau, très-épaisse au-dessus d'elles, elles semblaient pourtant un peu usées en
biseau à leur extrémité coronale. Le reste de la mâchoire inférieure ne m'a fourni
aucune autre dent, ce qui donne un bon caractère différentiel entre le Ziphius ca-
virostris et les genres Mésoplodon et Dioplodon. Celte dentition pour la mâchoire
inférieure, le distingue donc génétiquement des deux autres Cétacés Ziphioïdes
que je viens de nommer et elle est la même que chez l'Hyperoodon.
L'Hyperoodon, malgré le nom générique que lui a donné Lacépède et celui
d'Uranodon sous lequel Illiger l'a accepté, a été considéré quelquefois comme
manquant absolument de dents à la mâchoire supérieure; mais M. Eschiïeht lui
en a trouvé, et il les a fait connaître dans son ouvrage. On n'en a point observé
d'analogues à la mâchoire supérieure du Mésoplodon ni à celle des Dioplodons;
cependant les deux petites excavations que l'on voit au bout du museau du Chee-
noziphius planirostris sont probablement deux alvéoles.
Dans le Ziphius cavirostris, j'ai trouvé plusieurs dents supérieures encore eu
place (I). Au bout du rostre il y avait une paire de petites dents de forme oli-
vaire, longues de 0,009, entièrement enveloppées de cément, sauf vers leur extré-
mité coronale, qui laisse percer une petite pointe d'émail. La partie terminale de
chaque os incisif porte une petite excavation primitivement destinée à chacune de
ces dents. Outre celles-ci, j'en ai môme constaté huit ou dix autres sur le côté dont
la gencive était le mieux conservée. Elles étaient plus grêles, plus petites, longues
seulement de 0,008 ou à peu près, également recouvertes, sur presque toute leur
surface, par une couche cémenteusc épaisse, et terminées à la couronne par une
petite pointe d'émail sortant de dessous le cément.
Ces différentes dents ne sont pas en rapport avec de vraies alvéoles; elles sont
(1) I>1. XXI.Ay- 3.
49
38G
GENRE ANOPLONASSA.
seulement implantées dans la peau des gencives; je ne puis en dire le nombre
exact. C'est peut-être une disposition analogue qui a suggéré à llaûnesque le nom
d'Epiodon, qu'il donne à un Cétacé des mers de Sicile, mais, je le répète encore
une fois, on ne saurait affirmer que l'Epiodon soit bien le même animal que le
Ziphius.
DE L'ANOPLONASSA FORCIPATA.
On doit à M. Cope (1) la description d'un fragment fossile de maxillaire infé-
rieur de forme grêle et allongée, qui constitue la plus grande partie de la sym-
pbyse mandibulaire d'un Cétacé sans doute voisin de l'Hyperoodon et du Zipbius,
mais qui avait des dimensions moindres que les leurs. Quoique presque entière,
cette région syinphysaire n'a que 0,4 92 de long et sa
largeur varie de 0,022 à 0,026. Elle est faiblement
excavée, ce qui rappelle les deux genres que nous ve-
nons de citer et, de même que cbez eux, elle se termine
dans sa partie libre par une paire de fortes alvéoles indi-
quant qu'il existait aussi dans le Cétacé fossile dont nous
parlons, une paire de dents principales placées à l'extré-
mité de la mâchoire, ce qui est un nouveau trait de res-
semblance entre l'Anoplonassa et les deux genres que
nous venons de décrire. Une série de petites impressions
alvéoliformes, d'ailleurs peu profondes, règne de chaque
côté de la mâchoire sur son bord dentaire, ce qui tond
à faire supposer qu'il y avait en arrière des deux dents
principales dont il vient d'être question, d'autres dents
plus petites, probablement caduques et comparables à
celles qu'Escbricbt et moi avons observées le long de la
mâchoire supérieure cbez l'Hyperoodon et cbez le Ziphius.
(1] Cope, Prociccl. muer, philos. Soc. Pkiladelphia, l. XI, p. 171, PI, V, A.y. •'', et :;«; 1809. — P. Gerv.,
Jour/i. de Zoohxjie, t I, p. 168.
GENRE BERARDIUS. 187
Le seul fragment connu a été recueilli aux environs de Savannah (Géorgie), dans
un dépôt qui renfermait aussi des restes de Mastodontes; il est de structure dense
et a été silicifié par son séjour dans le sol; il appartient au Musée de Cambridge
(États-Unis).
M. Coppe appelle l'animal que cette pièce, encore unique, nous fait connaître,
AnopionasM» forcipata. Nous reproduisons ici les figures, de proûl et en dessus,
qu'il en a données; elles sont réduites à la moitié de la grandeur naturelle.
DU BERARDIUS ARNUX1I.
C'est le grand Cétacé ziphioïde auquel j'ai fait allusion, dans mon Mémoire publié
en I8o0, en disant : « M. Arnoux qui a fait, comme chirurgien-major, la cam-
pagne de la corvette te Rhin, commandée par M. l'amiral Bérard, alors capitaine
de vaisseau, a recueilli sur les côtes de la Nouvelle-Zélande le crâne d'un Hyper-
oodon qui paraît différer de celui de l'Océan atlantique, et dont je compte
m'occuper dans un autre travail. » Celte note ayant appelé sur l'animal auquel
elle se rapporte l'attention de Duvernoy, ce savant examina la pièce dont elle
faisait mention et il en donna une courte description accompagnée de figures en la
prenant pour type d'un genre nouveau qui fut appelé par lui Berardius, et dont il
nomma l'espèce Berardius Arnuxii (I). Des figures du même crâne (PI. XXIII) ont
paru avec les premières livraisons du présent ouvrage, ce dont il est fait mention
dans plusieurs publications, particulièrement dans celles de MM. Gray et Flower.
Le second de ces savants naturalistes a lui-même rédigé à propos du Berardius
Arnuxii, dont il écrit le nom arnouxi, un Mémoire cité dans la partie bibliogra-
phique de ce chapitre, et dans lequel il décrit le squelette de ce Cétacé d'après un
exemplaire également pris sur les côtes de la Nouvelle-Zélande (2).
Le sujet dont le crâne a été déposé au Muséum par MM. Bérard et Arnoux était
un mâle. Il était long de 10 mètres environ, avait, au rapport de M. Arnoux, une
nageoire dorsale assez étendue, et sa couleur était noire, sauf sur la partie avoisi-
(t) Ann. se. nat.,3< série, t. XV, p. 52 et 6s, PI. I; 1851.
(2) Traits, zool. Soc. London, t. VIII, p. 217, PL XXVII-XXIX.
388 GENRE BERARDIUS.
nant les organes génitaux, qui était grisâtre-clair. Celui que possède le Musée
huntérien était de sexe femelle et moins avancé en âge.
Le Bérardius est facile à distinguer par la forme de son crâne moins dissymé-
trique que chez l'Hyperoodon, par l'absence presque complète de muraille
osseuse au-dessus des os maxillaires, par la disposition tubériforme mais non en
cimier de sa partie supra-nasale, et par la présence de deux paires de fortes dents
à la mâchoire inférieure, tandis qu'il n'y en a qu'une seule chez l'Hyperoodon et
chez le Zipbius.
Depuis la publication du Mémoire de Duvernoy, un petit nombre d'exemplaires
de la même espèce de Cétacés sont venus à la connaissance des naturalistes, et
c'est aussi à la Nouvelle-Zélande qu'ils ont été pris; d'autres y ont été rencontrés
à l'état sub-fossile.
Un premier exemplaire s'est perdu dans la baie de Porirua, en janvier -1 862 (I);
un second, près de New-Brighton (Canterbury), le ]eT décembre 4865 (2); et un troi-
sième, dans la baie de Vorser, près le Port-Nicholson, en janvier 1870 (5). Un
autre, qui serait au total le cinquième de ceux qui ont été recueillis, est le
Bérardius dont a parlé le D. Hector (4) et que M. Gray a appelé Bérardius Heclori (5);
mais M. Flower fait observer qu'on ne peut l'attribuer qu'avec doute à ce genre,
puisqu'il ne possède qu'une seule paire de dents, tandis que les vrais Bérardius en
ont deux.
Cependant il est bon d'ajouter que son crâne, à en juger du moins par les
figures qui en ont été publiées, est absolument de même forme que celui de YAmuxii,
et que la paire de dents existantes, qui est l'antérieure, présente aussi la même
conformation que chez ce dernier.
L'exemplaire, encore assez jeune et certainement du sexe femelle dont a parlé
M. J. Haast, a été acquis par le Collège des chirurgiens de Lonrlres. C'est celui
qui a fourni à M. Flower le sujet d'une savante monographie osléologiquc de ce
genre de Cétacés, dont nous avons rappelé le titre dans le résumé bibliographique
inséré au commencement du présent ebapitre.
(1 Knox, Trans. and Proceed. of the New-Zealand Institute, t. III, p. 126; 1870.
(2) Julius Iluast, Proceed. pliil. Institute of Canterbury, Ncw-Zealand, 18G9.
(3) Knox, loc. cit., p. 12!).
(4) Ibid., t. III, p. 129, PI. XVI et XVII.
(6 Ann. and May. oj nul. Uni., 4e série, t. VIII, p. lift; 1871. — Id., Ibid., I. XI, p. 19; 1873.
SQUELETTE. 389
SQUELETTE ET SYSTEME DENTAIRE.
Squelette. — Le crâne, seule partie d'après laquelle cette grande espèce a
d'abord été connue, est long de I ,40, ce qui égale ou dépasse même les dimensions
des Hyperoodons; il est large de 0,75 à sa région supra-oculaire. Ses caractères prin-
cipaux le rapprochent del'IIyperoodon,mais, comme je l'avais fait remarquer autre-
fois, on ne saurait l'attribuer à l'espèce de ce dernier, dont il diffère même assez
pour que, dans les conditions actuelles de la nomenclature, on en fasse l'objet d'un
genre particulier. Sa largeur plus grande, la disposition arrondie de ses contours
en arrière du rostre et sur les côtés de la cavité cérébrale, la dépression de la
muraille osseuse de ses maxillaires qui est réduite à une simple callosité sub-
allongée et comme renversée en dehors, la moindre saillie de la tubérosité supra-
nasale et l'étendue au contraire plus grande des os maxillaires dans leur partie
supra-oculaire, enfin le rétrécissement un peu moindre du palais et l'apparence plus
robuste de la mâchoire inférieure, font aisément reconnaître le Bérardius, bien
que ce Cétodonte ait le rostre allongé des Hyperoodons, qu'il soit, comme eux,
dépourvu de dents persistantes au maxillaire supérieur et qu'il ait les ptérygoï-
diens également resserrés.
Le Bérardius a d'ailleurs le crâne moins dissymétrique que ne l'est celui de
l'IIyperoodon; sa tige sus-vomérienne est ossifiée dans la partie postérieure avoisi-
nant l'ethmoïde, mais à un degré bien moindre que chez les Ziphiusde Lanton,
de Fos et de Corse (PL XXI, fig. 6, 7 et 8) ou chez ceux auxquels on a donné le
nom de Pétrorhynques. En outre, l'absence de crête sus-maxillaire fait paraître le
dessus de son rostre un peu plus convexe; la platine qui sert à l'insertion du
zygomatique entre le maxillaire supérieur et le frontal est assez étendue, et la tige
de cet os commence par une partie moins grêle. Il y a, comme dans les deux
genres précédents, un os lacrymal; il est également grand, mais incomplètement
séparé du frontal dans sa partie postéro-in terne, et les orifices des arrière-narines
sont plus considérables. Le vomer se montre en dessous entre les pointes posté-
rieures par lesquelles les os incisifs se terminent de ce côté avant d'avoir atteint
le milieu du palais, et il forme entre la partie a voisinante des deux maxillaires une
390 GENRE BERARDIUS.
sorte de lance qui s'interrompt à un décimètre environ des palatins pour reparaître
dans une courte étendue entre ceux-ci et le commencement de la symphyse des os
ptérygqïdiens. Les palatins ne sont usibles que sous la forme d'une bande étroite
et de surface irrégulière; les ptérygoïdiens sont grands et présentent la confor-
mation propre aux Ziphioïdes; enfin il y a une expansion caudiforme du rocher
engrenée au-dessous de la partie postéro-inférieure du temporal, mais elle n'atteint
pas la même longueur que chez lllyperoodon, et je ne vois pas, comme cela
arrive quelquefois chez ce dernier, de pièce distincte destinée à représenter le
mastoïdien. La caisse auditive (I) diffère à peine dans sa forme de celle de l'Hype-
roodon. La rainure existant sur une partie de la longueur du bord dentaire des
maxillaires supérieurs permet de supposer qu'il existe à la même mâchoire des
dents caduques comme il y en a chez l'Hyperoodon et le Ziphius, les unes répon-
dant h l'os incisif, les aulres au maxillaire, et dont une ou deux, plus fortes que
les autres, occupent sans doute la place où ces deux os commencent à se toucher.
Le maxillaire inférieur est long de 4,20, large de 0,LI5 au milieu de sa sym-
physe qui mesure elle-même 0,23 de longueur et a 0,24 d'écartement entre les
apophyses coronoïdes et 0,42 entre les apophyses angulaires. La hauteur du
plan externe sous la saillie coronoïdienne est de 0,25. Il existe plusieurs trous
mentonniers situés près de la partie terminale de la symphyse. Le bord inférieur
de la môme mâchoire est légèrement recourbé en dessus dans sa portion anté-
rieure.
L'os hyoïde est formé par la réunion des pièces dont nous avons constaté la
présence chez les genres précédents; mais son basi-hyal est rectangulaire.
Le reste du squelette est connu par la pièce envoyée par M. Ilaast au Musée hun-
lérien où nous l'avons étudiée, et qui provient d'un sujet moins avancé en âge que
le Bérardius du Muséum de Paris. Il a été décrit par Flower (ï).
Les vertèbres cervicales ont la forme propre aux Ilyperoodons, mais sans être
toutes soudées entre elles comme cela a lieu chez la plupart des individus appar-
tenant à celle espèce. La synostose ne comprend que les trois premières de ces
vertèbres (5), et les quatre autres restent séparées. Il y a dix dorsales, douze lombo-
(1) Flower, Trans. zool.Soc. London, t. VIII, p. 21'.), PI. XXIX.
(2) Ibid., p. 223.
(3) Elle en comprend cinq dans la pièce représentée par \s.fig. '■> de la PI. XVIII, décrite p. 370.
DENTITION. 391
sacrées et dix-neuf coccygiennes dont les neuf premières pourvues d'os en V. Les
vertèbres ressemblent notablement à celles des Ziphioïdes précédemment décrits,
mais elles ont leurs apopbyses épineuses un peu moins élevées; d'ailleurs la tran-
sition entre celles des différentes régions est également graduée, et il nous suffira
de renvoyer aux figures que M. Flower en a données (I).
Les côtes sont plus aplaties que dans l'Hyperoodon et plus longues.
Le sternum résulte de l'articulation de plusieurs pièces successives; mais ces
pièces sont au nombre de cinq comme cbezle Ziplnus et non de trois comme dans
l'Hyperoodon ; plusieurs portent une grande perforation au milieu de leur
ligne de jonction. Cette particularité existe entre la première et la seconde,
ainsi qu'entre la seconde et la troisième et la troisième et la quatrième. Il n'y
en a pas entre la quatrième et la cinquième, mais cette dernière est bifide en
arrière. Une perforation arrondie se remarque à la base de la fissure de laquelle
cette disposition résulte.
Les os ischiatiques n'offrent rien de particulier; dans l'exemplaire décrit, leur
structure est spongieuse et de forme sub-cylindrique, faiblement comprimée.
Quant aux membres, ils rappellent par la conformation de leurs principales
pièces ceux des Zipboïdcs dont nous avons déjà parlé. L'bumérus et l' avant-bras
en sont également allongés; au contraire leur partie terminale est relativement
assez courte. Il y a deux os à la première rangée, mais l'antérieur ou interne
résulte de la coalescence de deux pièces que l'on doit regarder comme répondant
au scaphoïde et au semi-lunaire, tandis que celui qui est placé au-dessus du
cubitus serait le pyramidal. Trois os forment la seconde rangée; ce sont le trapé-
zoïde, le grand os et l'oscrocbu. Dans le sujet étudié, celui-ci est soudé en partie
au pyramidal par son bord postérieur.
Les phalanges sont réparties conformément aux chiffres suivants : 2, 5, \, i et 5.
Système «icniaire. — C'est la paire antérieure des dents d'en bas qui se déve-
loppe chez les Ilyperoodons et les Ziphius; dans les Bérardius il y a au contraire
deux paires de fortes dents à la même mâchoire, la première à peu près terminale,
la deuxième un peu en avant de la seconde moitié de la partie symphysaire. Ces dents
(PI. XXIII, [kj. 5 et ■'<) sont fortes, en coins, comprimées et plus larges à la partie
1) Loco cit., PI. XXVII et XXVill,./('y. 1 à 10.
392 GENRE MESOPLODON.
basilaire de leur racine qu'à leur couronne; aussi les alvéoles {fig. 2) qui leur
donnent insertion ont-elles un développement proportionnel. C'est la paire
antérieure qui est la plus forte. L'une et l'autre sont revêtues de cément à leur
surface et l'on ne voit poindre à leur sommet qu'une faible portion de l'ivoire qui
en constitue la partie principale. On ne lui distingue pas d'enveloppe émaillée. La
dent antérieure a 0,090 de longueur maximum et 0,080 de haut. La surface de sa
partie radiculaire est irrégulière; ses deux bords antérieur et postérieur sont
obliques et convergents; l'obliquité de l'antérieur est moindre que celle du pos-
térieure. La seconde paire de dents diffère surtout de l'autre par ses moindres di-
mensions et elle est plus oblique. Sa hauteur est de 0,063 et sa largeur maximum
de 0,050.
L'exemplaire conservé au Musée des Chirurgiens, qui était moins avancé en
âge que celui du Muséum de Paris, a aussi les dents moins fortes. Leur hauteur est
0,072 pour l'antérieure, et 0,045 pour la seconde.
Un des Bérardius trouvés à la Nouvelle-Zélande depuis celui qu'ont rapporté
MM. Bérard et Arnoux n'a qu'une seule paire de dents apparentes, la paire anté-
rieure. C'est celui dont M. Gray a cru devoir faire une espèce à part sous le nom
de Bérardius Hector i (I).
DU MESOPLODON SOWERBENSIS
Remarque» historiques. — Quoique sa taille dépasse sensiblement celle du
Dauphin ordinaire, cette espèce n'a été reconnue que dans le courant du siècle
actuel, et encore n'est-ce qu'après quelques hésitations qu'elle a pu être dis-
tinguée du Cétacé observé par Dale en 1717 et, un certain nombre d'années après,
par Hunier ainsi que par Baussard, c'est-à-dire de l'llyperoodon véritable. Cepen-
dant elle n'atteint pas tout à fait les dimensions de ce dernier; son crâne est
allongé sans relèvement des os maxillaires en forme de crêtes au-dessus de la
(1) Trans. New Zealand Inslitule, t. III, I'I.XIV.
REMARQUES HISTORIQUES. 393
régoin oculaire et deux dents principales, qui sont en coin et font saillie hors de
la bouche dans les mâles, occupent )e milieu de sa mâchoire inférieure.
C'est à J. Sowerby (1), le célèbre conchyliologiste, que l'on doit la première
indication de ce Cétacé, auquel de Blainville a proposé de donner son nom. Il en
avait reçu de James Brodie un crâne qui provenait du sujet échoué sur la côte
d'Elginshire, en Ecosse, et son correspondant lui avait en même temps donné quel-
ques détails sur les autres caractères de l'animal; cet exemplaire était un mâle.
Ce qui frappa surtout Sowerby, ce fut l'existence de deux dents latérales à la
mâchoire inférieure de ce curieux Cétacé, ce qui permettait de la distinguer,
suivant lui, du Balsena roslrata de Gmelin (l'Hyperoodon), dont les dents
étaient alors décrites comme situées à la mâchoire supérieure, et il ajouta qu'il
était d'une espèce différente de ce dernier, lequel répond, disait-il, au Delpliinus
bidens de Schreber; il le croyait nouveau pour la science (2); cependant il lui
donna un nom spécifique appartenant à ce dernier.
C'est sur cette similitude de nom que de Blainville s'est fondé pour attribuer
au Phjseter bidens de l'auteur anglais une nouvelle dénomination scientifique,
et il en a fait le Delphinus sowerbensis (5). Au même exemplaire répondent aussi les
Diodon bidens (A), De/phinorlnjnchus Sowerbyi (5) et Mesodiodon Soiverbyi (6).
Un second exemplaire de la même espèce se perdit le 0 septembre 4825, à
l'embouchure de la Seine, tout près du Havre, et il fut de la part de Blainville,
qui avait pu l'étudier sur place, l'objet d'une première description, mais sans
<pie ce savant observateur y eût reconnu son Dauphin de Sowerby. Il en parla, au
contraire, sous le nom de Dauphin de Dale (7), comme étant de même espèce
que ceux qui avaient été vus en Angleterre en 1717; c'est en l'appelant aussi de
ce nom que F. Cuvier en a traité, d'après de Blainville, dans son grand ouvrage
sur les Mammifères (8).
(1) The british Miscellany, t. I, p. 1, PI. I. Londres, I80G.
(2) « And indeed, ajoute Sowerby, as far as we know it is quite a new species. »
(3) Blainv., in Desmarust, article Dauphins du Nouveau Dictionnaire d'Histoire naturelle (t. IX, p. 177;
1817). — De/ph. Sowerbyi, Desm., Mammalogie, p. 521.
(4) Lesson, Nouv. Tableau du Règne animal, p. 200; 1842.
(5) Gray, Ann. andMag. ofnal. Hisl., t. XVII. p. 84, 1840.
(6) Duvernoy, Ann. se. nat., 3e série, t. XV, p. 58, PI. Il, fig. 2; 1851.
(7) Bull, soc.philom. Paris, 1825, p. 139.
(8) Hisl. nat. des Mammifères, in-fol.
5o
394 GENRE MESOPOLODON.
Le crâne du Mésoplodon du Havre, conservé dans nos galeries d'anatomie,
a servi plus récemment à G. Cuvier pour l'établissement de son Delphinus micro-
pterus (I) et Lesson a fait de l'espèce fictive dont il était devenu le type un genre
à part qu'il a nommé Aodon (2). Mais cet Aodon porte les germes déjà très-appa-
rents des deux dents décrites par Sowerby chez le Physeter bidens, que Lesson
avait attribué à son genre Diodon, et nous avons montré qu'en réalité c'est un animal
de la même espèce (5). C'est donc à tort que Duvernoy a continué à en faire une
espèce particulière, qu'il nomme Mesodiodon mieropterum (4). Il avait d'ailleurs
paru antérieurement une très-bonne description du crâne rapporté du Havre
dans l'Histoire des Cétacés de F. Cuvier, qui nomme alors le Mésoplodon Delphi-
norhynchus micropterus (5).
Les deux exemplaires types du Mésoplodon soiverbensis sont ceux dont nous
venons de rappeler brièvement l'histoire, l'un échoué sur la côte d'Elginshire,
recueilli par Brodie et décrit par Sowerby, l'autre échoué au Havre et décrit
successivement par de Blainville ainsi que par G. et F. Cuvier, sous les noms que
nous venons de citer.
Sowerby avait regardé son Cétacé comme étant un Cachalot [Physeter bidens,
Sow.). De Blainville, en le plaçant parmi les Hétérodontes l'appela Delphinus
soiverbensis, mais aucun auteur n'avait encore songé à le classer dans un genre à pari,
lorsqu'il fut réuni par Wagler au Delphinus edentulus de Schrcber, qui est un
Hyperoodon, sous le nom générique de Nodus (6), que Lesson a remplacé plus
récemment par celui à' Aodon (7), tandis qu'il a aussi placé le Physeter bidens dans
son genre Diodon.
Ni l'une ni l'autre des deux dénominations, Nodus, Wagler, et Aodon, Lesson,
impliqaant l'absence de dents, ce qui est contraire à la réalité, ne pouvait être
conservée, et il en était de même du mot Diodon, proposé par le second de ces
naturalistes, parce qu'il a en ichthyologie un sens bien connu et plus ancien. Il y
,1) Le Règne animal, t. I, p. 288; 1829.
(2) Nouveau Tableau du Règne (mimai, p. 201.
(3) Ami. se. nat., 3° série, t. XIV, p. 16; 18ii0.
(4] Ibid., i. Wll, p. 69.
(5) P. 75 et 114, PL VII.
(6) System der dmphibien, p. .'i4; 1830.
(7) Suppl. à Baffon, p. 155, PI. III, //.'/. 1.
REMARQUES HISTORIQUES. 395
avait bien aussi quelque objection à faire au mot Micropterus , Escbricbt (]),
cbangé en Micropteron par Wagner, qui est emprunté à Cuvier, mais avec une
acception générique tandis que, dans l'intention de cet auteur, il devait rester
spécifique. C'est ce qui m'a conduit à proposer une dénomination nouvelle, celle
de Mesoplodon, souvent employée depuis, et qui fait allusion aux deux dents princi-
pales eu défenses placées à la mâchoire inféreure. J'établissais en même temps
un genre distinct pour le Delphinus densirostris de Bloinville, qui devenait mon
Dioplodon densirostris (2). Cette distinction a également été acceptée par diffé-
rents auteurs. Toutefois Duvernoy, dans un travail publié peu de temps après le
mien, a émis l'opinion que les deux genres Mesoplodon et Dioplodon ne devaient
pas être séparés l'un de l'autre, et il a proposé à son tour une nouvelle dénomi-
nation s' appliquant à tous les deux, celle de Mesodiodon (5).
En ce qui concerne la division des Mésoplodons en deux espèces, il nous
suffira, pour montrer combien elle est peu justifiée , de faire remarquer qu'elle
repose principalement sur la différence de force des deux dents en défenses im-
plantées sur la mâchoire inférieure. Il faut en effet considérer que l'un des exem-
plaires, celui de Sowerby, est adulte et du sexe mâle, tandis que l'autre, celui de
lUainville, est femelle et encore assez jeune.
Ce dernier n'est pas le seul qu'on ait rencontré sur les côtes de France. M. Eudes
Deslongchamps (4) avait obtenu de la pointe de Sallenelles (Calvados) un
second exemplaire, également échoué en 1825. Le squelette est conservé au Musée
de Caen, et M. Eugène Deslongchamps, actuellement professeur à la Faculté des
sciences de cette ville, a bien voulu nous en prêter le crâne ainsi que la nageoire
pour les faire figurer dans cet ouvrage (PI. XXII, fig. 2-5 et XXVI, fig. \-'t.).
Un autre Mesoplodon bien connu est celui, préparé par Paret, qui était échoué à
Ostende, à l'ouest de l'entrée du port, sur le point même où l'on prend les bains de
mer, le 2 1 août 1 855. M. Dumortier en a fait lesujet d'un Mémoire publié en \ 859 (5).
Le squelette de ce Cétacé (PI. XXII, fig. 1) est conservé au Musée de Bruxelles.
I Nordische Wallthiere, p. 50; 1849.
(2) Compt. rend, hebd., t. XXXI, p. 512; 1850. — Ami. se. nat., 3e série, t. XIV, p. 16; 1851.
(3) Ann. se. nat., 3e série, t. XV, p. 58.
(i) Voir Eug. beslongcliamps, Observ. sur quelques Dauphins zyphidés, p. 7. lîroch. in-8% Caen, 18(î(».
(5) Mém. sur le Delpliinorhynque microptère échoué à Ostende {Mém. Acad. r. de Bruxelles, t. XII,
n" 1, PI. 1 et II.
396 GENRE MESOl'OLODON.
Les côtes de la Grande-Bretagne ont été plus favorisées ou mieux explorées sur
le même rapport. Après l'exemplaire de Brodie, dont la description a été donnée
par Sowerby, un second a été pris dans la baie de Brandon, comté de Kerry, en
Irlande, et il a fourni à M. W. Andrews une notice parue en 4869 (I). C'était un
mâle dont la mâchoire inférieure était aussi pourvue d'une partie de fortes dents en
défenses; son crâne est conservé au Musée du Collège de Dublin.
M. Turner en cite un autre échoué au même lieu, le 5 mai 1870 (2), et il men-
tionne en outre, à ce propos, un squelette de même espèce, entier et adulte, qui
est à Dublin dans le Musée de la Société royale.
On a aussi constaté la présence de Cétacés de cette espèce sur les côtes de la
Scandinavie. La première indication à cet égard repose sur la découverte d'un
maxillaire inférieur du Mésoplodon de Sowerby, aujourd'hui déposé au Musée de
Christiania, qu'on a trouvé sur la plage en Norwége (5), et la seconde sur un exem-
plaire que des pêcheurs suédois rencontrèrent entier, encore en chair et flottant
à la surface de la mer, au printemps de \ 869. M. Beinhardt avait bien voulu m'in-
former de cette curieuse découverte, dont M. Malm a parlé depuis lors avec plus
de détails, en appelant l'animal qui y avait donné lieu Micropleron ùideus (4). Le
squelette entier de ce Mésoplodon est actuellement au Musée de Gothenbourg.
La même espèce de Cétodontes visite la côte des États-Unis. M. Allen (5) en
mentionne un individu déjà cité par Agassiz (6) en -1867, qui a été pris à l'île de
Nantucket.
Le même genre, représenté par une espèce très-peu différente de celle dont il
vient d'être question, a été retrouvé dans les mers australes, et M. Krefl't a appelé
cette espèce Mésoplodon i.onghiostius (7). M. Gray a employé depuis lors pour le
même animal le nom de M. Guntheri qu'il a transformé plus récemment en Callidon
Gmtheri, le Mésoplodon australien lui paraissant mériter d'être distingué généri-
(1) Trans. r. irish. Soc, t. XXIV, PI. XXV.
(2) Trans. r. Soc. Edinburgh, t. XXVI, p. 771 ; 1872.
(3) Van Beneden, Bull. Acad. r. Belgique, 2e série, t. XXII, p. 218; 186G, d'après dos indications fournies
par M. Iiœck.
(4) Sveriges Museer, iir 1869, p. 90.
(•)) Mamrn. of Massachusetts (Bull, of the Muséum of comparative Zoology at Harvard Collège; Cam-
bridge Mass).
(6) Boston Society ofnat. Ilist., C, nov. 1867.
(7) Trans. New-Zealand Iiislitute, t. III, p. 125; 1870.
SQUELETTE. 397
queraent de celui qui précède; mais cette supposition ne repose que sur l'examen
d'une dent photographiée que M. Gray a reçue de M. Krefft, et qui a été trouvée à
Little-Bay, à peu de distance de Sydney, localité d'où provient aussi le sujet type
du Mésoplodon longirostre.
Synonymie. — H résulte des remarques historiques qui précèdent que le P/iyseter
ùidens décrit par Sowerby sert de type au Delpkinus sowerùensis de Blainville,
aussi appelé D. sowerùiensis et Soiverbyi par des auteurs plus récents, et que le
Delpkinus Datei de Blainville, également nommé D. micropterus par G. Cuvier fait
double emploi avec cette espèce de Cétacés. On a fait du Physeter ùidens de Sowerby
un genre particulier qui a reçu les dénominations suivantes : Nodus, Wagler (par-
tim); Aodon, Lesson (partim); Diodon, id., (non Linné); Micropterus, Eschricht; Mi-
cropteron, A. Wagner; Mésoplodon, P. Gerv.; Mesodiodon, Duvernoy [partim);
Zip/tins, Gray (non Guv.); Callidon, Gray (pour l'espèce australienne, qui est le
Mésoplodon longirostris , Krefft).
On pourrait considérer comme appartenant aussi au genre Mésoplodon , le
Zipliins Layardii, Gray, espèce des mers du Cap, qui a servi à l'établissement d'un
genre distinct, que le môme auteur a nommé Dolichodon; mais il nous paraît
préférable de parler de ce Cétacé dans un paragraphe spécial; les détails ostéolo-
giques qui vont suivre ne s'appliqueront donc qu'aux Mésoplodons véritables, e(
plus particulièrement à ceux de ces animaux qui ont été pris dans les mers euro-
péennes.
Squelette et dentition.
squelette. — La première description du crâne du Mésoplodon a été donnée en
4855 par Fred. Cuvier (1), qui en a très-bien indiqué les principaux caractères et a
même fait remarquer, cela longtemps avant que Eschricht ne signalât la
même pièce chez l'IIyperoodon, qu'il y existe un os lacrymal distinct. « Une
chose particulière à cette espèce, (2), ou qui ne tient qu'au jeune âge de
(1) Hisf. nat. des Cétacés, p. 75, PI. VU.
(2) Le Muséum ne possédait alors d'autre crâne de Ziphioïde que celui du Ziphius de Fos, trop mutilé
pour que Ton songeât a y retrouver ce caractère; mais nous en avons constaté la présence chez les diffé-
rents Ziphioïdes dont nous avons parlé jusqu'à présent, et nous verrons qu'il existe aussi chez les autres
Cétacés de cette famille.
398 GENRE MESOPOLODON.
l'individu qui la présente, c'est, dit Fred. Cuvier, qu'elle est pourvue d'un os
lacrymal occupant la place où chez les autres Dauphins ou trouve la portion
externe et postérieure du jugal (I), celle qui forme l'angle antérieur de la fosse
orbitaire. Ce lacrymal compose avec le concours du maxillaire un canal qui com-
munique sans doute, soit directement, soit indirectement, avec la fosse nasale, ce
qu'il n'a pas été possihle de constater. »
Par sa forme générale et par les diverses particularités que présente son crâne,
le Mésoplodou se rattache aussi d'une manière non moins directe aux autres
Cétacés ziphioïdes. 11 est pourvud'un rostregrèlc et allongé, constitué par la réunion,
dans leur partie antérieure et rétrécie, des os intermaxillaires et maxillaires
auxquels le vomer et le cartilage styliforme continuant en avant l'ethmoïde qui
! e supporte, fournissent son axe intérieur. Ce rostre est un peu moins grêle chez
l'adulte (PI. XXVI, fig. -I) quedans un âge moins avancé (fig. 5); une rainure en
occupe en partie le hord dentaire, mais on n'y a pas encore observé de dents et le
vomer (fig. \ù) n'apparaît en dessous que dans une faible étendue delà longueur du
palais. Il est un peu incurvé inférieurement. Les os palatins forment une longue
bande arquée de chaque côté de la base du palais, entre la partie pré-frontale des
maxillaires et le bord externe des ptérygoïdiens. Ces derniers sont grands et
rappellent par leur forme générale ceux des autres Ziphioïdes; leur partie sym-
physaire offre aussi la même disposition et elle est de même marginée bilatéra-
lement. Les orifices postérieurs des narines sont relativement moins ouverts que
dans le Bérardius; quant au lacrymal, il remonte sous la partie orbitaire du
maxillaire supérieur et sous la base élargie du zygomatique, sans se montrer à la
face supérieure de Ja saillie pré-orbi taire et la platine du jugal garnit seule le fond
de l'échancrure située en avant de cette saillie. La portion styliforme du même os
n'offre rien de particulier. Il existe un mastoïdien distinctà tous les ùges et facile à
détacher de son enclave entre L'occipital latéral et le temporal. C'est lui qui forme
la saillie mastoïdienne par la partie libre de sa surface, mais le rocher proprement
dit est très-court, quoique un peu plus apparent que celui des Delphinidés, et
lorsqu'on en sépare le bulbe auditif auquel il n'adhère encore que par simple
application dans notre sujet le plus âgé, au lieu d'être synostosé avec lui, il s'en
(1) il vaudrait mieux dire « la portion antérieure ».
SQUELETTE. 399
détache par sa face élargie comme cela a lieu chez les autres Cétacés non encore
adultes et reste attenant à la caisse auditive, dont le bord interne est épaissi, la
cavité assez ample et l'ouverture élargie (fig. A et 4a). Ces dispositions sont
d'ailleurs à peu près conformes dans leur ensemble à celles que nous ont présentées
les Ziphioïdes des genres précédents. C'est donc surtout par la brièveté du rocher
proprement dit que les parties osseuses de la région auditive dont nous parlons
en ce moment se distinguent de celles qui leur correspondent dans le crâne de
l'Hyperoodon.
Examiné par sa face supérieure, le crâne du Mésoplodon se laisse également bien
caractériser. La boîte cérébrale y a des contours arrondis, rappelant plutôt le Bé-
rardius que l'Hyperoodon. Les maxillaires manquent de la crête propre à ce dernier
et ils fournissent de chaque côté de la tête une ample surface demi-circulaire.
La coupe du rostre est convexe en dessus. Le canal supra-vomérien s'y évide par la
disparition de la tige cartilagineuse prolongeant antérieurement le vomer, laquelle
tige n'est ossifiée qu'à sa base, même dans l'exemplaire le plus avancé en âge. La
partie élargie qui termine les inlermaxillaires dans la région circumnasale en-
cadre l'ouverture des narines, sauf sur la ligne médio-supérieure, et leur bord
frontal n'affecte pas la forme d'un cimier recouvrant cette région, comme cela a
lieu chez leZiphius; leur saillie en ce point est relativement peu considérable, et
l'on voit entre eux les os propres du nez dont la forme est celle d'une paire de
longs tubercules comparables à des coins mobiles entre les divers os qui les en-
tourent, c'est-à-dire entre les intermaxillaires, les maxillaires et la pointe mé-
diane des frontaux. L'apparence de cette région du crâne est également particulière
et l'on peut en tirer de nouveaux caractères pour la distinction du Mésoplodon,
qui ne se laisse ainsi confondre ni avec l'Hyperoodon ni avec le Ziphius, mais
devient d'autre part plus semblable au Dolichodon et aux Dioplodons dont nous
nous occuperons plus loin.
La mâchoire inférieure est grêle et allongée comme l'est de son côté le rostre.
La symphyse en forme le tiers antérieur et la portion coronïodo-angulaire le
tiers postérieur ; elle a pour la symphyse 0,040 de hauteur, mesurée au bord
externe dans le sujet du Havre, et 0,050 dans celui de Sallencllcs; son bord in-
férieur est sensiblement excavé dans le milieu de sa longueur et sa partie postérieure
a 0,-10 ou 0,1 1, mesurée dans sa face externe. La partie postéro-inférieure de la
400 GENRE MESOPOLODON.
symphyse est plus saillante chez le sujet conservé à Caeu. Sa longueur totale peut
être évaluée à 0,70 et celle du crâne à 0,75 ou 0,80.
L'os hyoïde ne diffère pas dans ses principales particularités de celui des autres
animaux de la même famille. Dans le Mésoplodon de Sallenelles, les deux branches
laryngiennes sont soudées au corps c'est-à-dire au hasi-hyal, qui est en même
temps à peu près trapézoïde; les cornes styloïdiennes sont fortes, et leur surface
est irrégulière.
Le reste du squelette présente aussi les dispositions principales qui sont carac-
téristiques de celui des autres Ziphioïdes. La première description un peu étendue
qui en ait été donnée est due à M. Yan Beneden (I); elle est tirée du sujet pris à
Ostende. Ce squelette est maintenant déposé dans le Musée de Bruxelles; c'est
aussi celui qui a servi à la figure donnée dans cet ouvrage (PI. XXII, fig. \).
Le Mésoplodon a les trois premières vertèbres cervicales soudées ensemble et
les quatre suivantes libres. La saillie apophysaire des premières est assez saillante;
la septième dépasse sous ce rapport les trois vertèbres qui la précèdent.
Viennent ensuite les dorsales, au nombre de dix, et dont les apophyses épineuses
vont en s' élevant à mesure qu'on se rapproche des lombaires. Dans les lombaires,
cette élévation continue à augmenter, mais pour diminuer vers les dernières et
s'effacer ensuite de telle sorte que les mêmes apophyses cessent d'exister dès le
milieu de la région caudale, ce qui rentre d'ailleurs dans la règle; mais ce que
nous devons enregistrer ici, c'est un développement des apophyses épineuses
absolument comparable à celui que nous avons signalé dans les Ziphioïdes dont
il a été précédemment question.
La forme des vertèbres est aussi sensiblement la même et le mode d'articulation
reste également identique (2).
11 en est de même pour les côtes qui forment un total de dix paires (5). Ainsi que
nous l'avons vu dans les genres qui précèdent, les premières se rattachent au
rachis à la luis par leur tète et par leur tubérosité, tandis que les dernières sont
simplement en rapport avec l'extrémité des apophyses Iransverscs. Elles sont de
(1) Mém.de l'Acad. r. de Belgique, coll. in-8", t. XVI, PI. III.
2 Voir, p. 16, la coupr du canal vertébral du Mésoplodon (sous le nom de Microplcron sowerbiensis)
pour les diverses ré- ions do canal raehidien de cette espèce.
(:i) De Blainville n'en accorde que neuf au Mésoplodon du Havre, mais la dixième qui est plus courte
que les autres lui aura sans doute échappé.
DENTITION. 401
largeur moyenne. Le sternum est composé de cinq pièces successives, échancrées
à leur bord de contact, ce qui constitue des perforations intermédiaires placées
sur la ligne médiane. Dans le sujet de Bruxelles la dernière sternèbre est encore
partagée en deux sur la ligne médiane.
Le membre dont nous donnons des figures d'après l'exemplaire écboué à
Sallenelles (Pi. XXII, fig. 2 à 5) est court, et c'est à cause de cela que Cuvier, qui
n'avait pas reconnu l'identité spécifique du Mésoplodon du Havre avec celui delà
côte d'Elgin, avait appliqué à l'espèce de ces Cétacés le nom de Dauphin microptère.
Cette brièveté relative se retrouve dans l'humérus aussi bien que dans l'avant-bras
et la main. On compte à cette dernière trois os procarpiens, répondant au sca-
phoïde, au semilunaire et au pyramidal, et trois os mésocarpiens, le trapé/oïde, le
grand os et l'os crochu. Les phalanges sont ainsi réparties : \ , 5, 5, 5 et 2.
Dentition. — Le Mésoplodon échoué sur la côte d'Llgin, dont le crâne est
conservé au Musée d'Oxford , porte vers le milieu du bord dentaire de sa
mâchoire inférieure une paire de fortes dents triangulaires comprimées, à base
allongée, à racine fortement implantée dans l'alvéole, et dont la couronne faisait
saillie hors de la bouche; caractères que l'on a retrouvés plus ou moins complè-
tement développés dans d'autres exemplaires de ce genre, par exemple dans celui
qui se perdit à Sallenelles (Calvados). Au contraire, dans les sujets trouvés au
Havre et à Ostende, ces dents, quoique étant à peu près de même forme et occu-
pant la même place, sont beaucoup moins fortes.
Celles du sujet de Sallenelles (PI. XXVI, fig. 5 et 5a) qui approchent davantage de
celles de l'exemplaire de Sowerby, mesurent 0,40 de longueur totale dont 0,055
pour la couronne, tandis que celles du sujet du Havre (fig. 7 et la) n'ont que
0,006. Celles-ci appartiennent à une femelle, tandis que les autres proviennent
d'un mâle; en outre leur développement n'était pas encore terminé tout à fait, le
Mésoplodon auquel elles ont appartenu étant encore assez jeune.
On ne saurait donc avoir recours, comme on l'a fait, aux différences que ces
dents présentent pour établir qu'il y a là deux espèces distinctes, et nous avons
déjà dit que les deux sujets dont il s'agit, celui de Sowerby et celui de Blainville,
étaient non-seulement congénères entre eux, mais aussi de même espèce; l'opi-
nion contraire, défendue par Duvernoy, ne peut être adoptée.
Les dents en défenses ne sont pas les seules que l'on connaisse au Mésoplodon.
5i
402 GENRE DOLICHODON.
Quoique de Blainville ait décrit celui du Havre comme n'ayant « aucune trace de
dents sur le bord des mâchoires », F. Cuvier, en parlant du même exemplaire
sous le nom de Delphinorhynque microptère (1) ajoute que « quelques-unes, à l'état
rudimentaire, ont été trouvées dans les maxillaires inférieurs après qu'ils ont été
dépouillés de leurs chairs » et j'ai de mon côté signalé la présence de ces organes
dans mon Mémoire sur les Ziphioïdes (2). En effet, à trois centimètres à peu près
en arrière de l'alvéole de la dent principale, on voit encore, dans la portion des
gencives qui est restée dans la rainure du bord dentaire, quatre petites dents sur
le côté droit (PI. XXVI, fig. 6 et 8) et deux sur le côté gauche (fig. 6) (5), peut-
être même y en avait-il un plus grand nombre. La lougueur de ces dents acces-
soires ne dépasse pas 0,005.
DU DOLICHODON LAYARDII.
Les mers du Cap possèdent une espèce de Ziphioïde fort semblable au Mésoplodon
deSowerby par la forme de son crâne et à peu près de même dimension. On en
conserve la tête osseuse au Musée britannique qui l'a reçue de M. H. Layard. Ce
Cétodonte pourrait même être attribué au genre que nous venons de citer, et
nous ne l'en séparons que pour rendre plus facile à saisir la diagnose des animaux
do la même famille et faire ressortir les caractères particuliers à chacun d'eux.
Le rostre du Dolichodon est cependant un peu plus grêle que celui de l'espèce
observée dans nos mers; mais ce qui peut surtout le faire distinguer, c'est le
grand développement de ses dents en défenses. Quoique en même nombre, c'est-à-
dire une pour chaque côté, et occupant la même position sur le milieu de la
màcboire inférieure que celles du Mésoplodon de Sowerby, elles sont beaucoup
plus longues, sortent de la bouche, et, après s'être sensiblement inclinées en
arrière, remontent de chaque côté de la mâchoire supérieure pour se rapprocher
(1) Iliit. des Cétacés, p. 116, PI. VII, fig. i.
(2) Zool. et Pal. franc., p. 290, PI. XL, fig. i.
(:i) Le dessin D'ayant pas été retourne lorsqu'il a <;lé lithographie, la fig. G donne iices dénis une posi-
tion inverse de celle qu'elles ont en réalité.
GENRE D1L0P0D0N. 403
l'une de l'autre au-dessus du rostre qu'elles enferment comme dans un anneau.
Mesurées à leur bord antérieur, la racine comprise, elles ont 0,50; elles sont un
peu échancrées en avant au-dessus de leur base; en outre il existe sur chacune
d'elles une saillie subterminale dans laquelle l'ivoire perce le cément pour se
montrer au dehors, dans une partie répondant au sommet de chaque dent.
M. Gray, qui a le premier décrit ce crâne, l'a attribué à son genre Ziphius
(synonyme de Mésoplodon), et il en a appelé l'espèce Ziphius Layardii; mais il a
bientôt après signalé la même espèce comme devant servir à l'établissement d'un
sous-genre particulier, auquel il a dès lors donné le nom de Dolichodon; c'est
aussi la nomenclature que M. Owen a adoptée à propos du Mésoplodon de
Layard.
Voici les indications bibliographiques qui sont relatives à ce Cétacé :
Ziphius Layardii, Gray, Proceed. zool. Soc. London, 1865, p. 358. — Ziph. (Dolichodon) Layardii, Id.,
Calai, of Seals and Whales, p. Z'oS,fig. 72.— Z. (Dolich.) Layardii, Owen, Cetacea of (he red Crag ;
p. 12, PI. 1 (1).
DES DIOPLODONS PROPRES AUX MERS ACTUELLES.
Les Cétacés Ziphioïdes dont l'examen vient de nous occuper, c'est-à-dire
l'IIyperoodon, le Ziphius cavirostre, le Bérardius, le Mésoplodon et le Dolichon,
ce dernier si peu difïérent du précédent qu'il serait mieux placé dans le même
genre que dans un genre à part , ne sont pas les seuls animaux de cette famille
qui existent aujourd'hui, et dont il doive être question ici. Il en est deux autres
encore, appartenant l'un et l'autre au genre que j'ai appelé Dioplodon et dont
l'étude est d'autant plus intéressante que, par leurs caractères, ils sont encore plus
voisins des Ziphioïdes d'espèces anéanties dont on recueille les débris en Europe,
plus particulièrement le rostre, dans les terrains tertiaires supérieurs, que ne le
sont les précédents. Ce sont le Dioplodon européens et le Dioplodon densirostris,
aussi appelé Dioplodon sechellensis.
(1) Nos figures du même Cétacé (PI. XXIV, fiy. 1-3} sont copiées de l'ouvrage de M. Owen.
l04 GENRE DIOPLODON.
Ces Cétodontes ont le rostre allongé en fuseau un peu comprimé latéralement et
très-solide. Les différents os (intermaxillaires, maxillaires supérieurs, vomer et
supra-vomérien) y sont soudés les uns aux autres et acquièrent une dureté si
considérable qu'elle rend leur ensemble comparable à de l'ivoire. La mâchoire in-
férieure est symphysée dans sa partie antérieure; elle porte une dent principale
de chaque côté, et cette dent qui, de même que celle du Mésoplodon, est également
en défense, a sa couronne forte et de forme triangulaire.
DIOPLODON EUROPvEUS. — Le peu de documents que l'on a encore réunis au
sujet de cette espèce peut nous donner une idée des découvertes qui restent à
faire au sujet des Cétacés, même dans les régions maritimes les plus fréquemment
visitées. Elle a été rencontrée dans la Manche il y a déjà une quarantaine d'années,
et cependant on n'en connaît encore qu'un seul exemplaire., dont le crâne (PI. XXIV),
est déposée dans le Musée de la Faculté des sciences de Caen. Voici dans quelles
circonstances il fut trouvé.
A son retour d'un voyage aux colonies, le capitaine de l'un des navires de M. Abel
Vautier, négociant et armateur de Caen, aperçut flottant sur l'eau, à l'entrée de la
Manche, le cadavre d'un grand animal tout couvert d'oiseaux (Goélands,
Mouettes, etc.). Le navire s'approcha de l'épave, et le capitaine, sachant
M. Vautier amateur de productions naturelles, fit enlever la tête du Cétacé, l'amarra
fortement à une corde, la mit à la traîne et, arrivé à Caen, en fit cadeau à M. Vautier.
Celui-ci l'offrit à M. Eudes Dcslongchamps qui après l'avoir fait préparer la déposa
dans le Musée dont il avait la direction.
Ce crâne de Dioplodon n'a encore été décrit qu'en partie, et il n'a été retrouvé
nulle part ailleurs aucun exemplaire de la même espèce.
Les indications bibliographiques suivantes doivent lui être attribuées :
Dioplodon europœus, P. Gerv., Zool. et Pal. franc., 1" édit. , t. Il, explication n" 40. —Id., ibid., 2e édit,
p 289. — Dioplodon Gervaisii, Eug. Dcslongchamps, Observ. sur quelques Dauphins appartenant à la section
des Ziptiiidès {Bull. Soc. linn. Normandie, p. 11 ; 1866). — Neoziphius europœus, Gray, Catal. of Seals and
Whales, Supplément, p. 101 ; 1871.
M. Fischer (I) a pensé qucrexemplaire-type du Dioplodon europœus n'était qu'uu
vieux mâle du Mésoplodon de Sowerby; mais je ne puis partager cette manière de
voir et M. Eug. Dcslongchamps ne l'accepte pas non plus.
(1) ISouv. Archives du Muséum d'hist. nat., t. III, p. 68.
DIOPLODON EUROPÉEN. 405
Crâne. — Le crâne du Dioplodon européens est long de 0,75 et large de 0,54 à sa
région supra-oculaire. Il ne diffère que faiblement par sa forme générale de celui du
Mésoplodon et l'on y retrouve à peu de chose près les mêmes dispositions générales,
par exemple l'élargissement postérieur des maxillaires supérieurs et la saillie
supra-nasale des os intermaxillaires. Cependant plusieurs particularités ne per-
mettent pas de le confondre avec la tète osseuse du Mésoplodon : le rostre y est plus
solide et à certains égards d'une forme un peu différente; il est bordé dans une
grande partie de sa longueur par l'élargissement du bord externe des maxillaires et sa
partie palatine est plus saillante ce qui donne à sa section verticale d'autres contours ;
en outre, le supra-vomérieu, qui est ossifié dans toute son étendue, est largement
visible entre les incisifs depuis sa soudure avec la crête internasale jusqu'à la
pointe du rostre. Le vomer, caché par lui en dessus, n'est pas davantage visible en
dessous, à cause du resserrement des maxillaires, et les sutures qui mettent en
rapport les maxillaires avec les palatins ou ces derniers avec les ptérygoïdiens,
n'offrent pas le même dessin ; en outre la partie postérieure du palais est aussi plus
étroite et la gorge antérieure des ptérygoïdiens plus excavée. L'os lacrymal est
distinct chez le Dioplodon européen au-dessous de la base du zygomatique entre
le frontal et la partie avoisinante du maxillaire supérieur, ce qui est aussi le cas
du Mésoplodon et des autres Ziphioïdes; enfin le mastoïdien est également séparé
du temporal.
Le maxillaire inférieur tient à la fois de celui du Mésoplodon et de celui du
Dioplodon densirostre. Il a 0,H de hauteur à sa partie coronoïdienne, 0,06
seulement dans son milieu, et 0,09 à sa partie alvéolaire dont la table externe
dépasse l'interne en élévation; l'alvéole, unique pour chaque côté, est profonde et
allongée. Il existe une rainure dentaire contenant de petites perforations vascu-
laires alvéoliformes en avant et en arrière d'elle. Enfin trois trous mentonniers se
remarquent au-dessous de la dent unique de cette espèce, et, en ce point encore,
une différence assez évidente sépare le Dioplodon européen du Mésoplodon.
ucntitiou. — La seule paire de dents (fig. 5) que possèdent les Dioplodons, ou,
pour parler peut-être plus exactement, la principale paire de dents de ce genre, pré-
sente une forme particulière qui peut servir à distinguer à la fois l'animal dont il
s'agit du Mésoplodon de Sowerby et du Dioplodon densirostre. Extraites de leur
alvéole, ces deux dents montrent une partie radiculaire assez longue, à peu près
406 GENRE DIOPLODON.
rectangulaire quoique un peu curviligne en arrière et faiblement oblique en avant,
amincie au contraire dans le sens bilatéral (0,006 d'épaisseur au maximum) et
haute de 0,052 sur 0,030 de long. La couronne est triangulaire, très-faiblement
convexe en dehors, un peu échancrée en arrière et arquée en avant; sa hauteur n'a
que 0,030 ; elle est en partie couverte de cément, et ce n'est que dans sa portion
supérieure que l'ivoire est à nu. Nous l'avons fait représenter vue en avant {fig. o),
par sa face externe (fig. 5 6) et par sa face interne (fig. 5 c), réduite à moitié de la
grandeur naturelle. On en voit l'alvéole sur la fig. 2 a.
DIOPLODON DENSIHOSTRIS. — De Blainville aie premier parlé de cette espèce
dont il avait eu l'occasion d'observer un bout du rostre, encore conservé dans nos
collections, et dont nous donnons la figure dans cet ouvrage. L'apparence en est
comme éburnée, ce qui engagea l'auteur à donner à l'animal dont ce fragment
osseux indiquait l'existence le nom de Defphimis densirostris.
Dans son article Dauphins rédigé pour le Nouveau Diclonnaire d'Histoire na-
turelle, de Blainville classa le Dauphin densirostre dans la division des Hétéro-
dontes. Bien qu'il ait donné la pièce sur laquelle cette espèce repose comme ap-
partenant à la mâchoire inférieure, c'est bien une extrémité de mâchoire supé-
rieure sans dents,et tous les os dont se compose cette partie du rostre sont soudés
en une seule masse, d'une grande dureté et ayant l'apparence de l'ivoire.
Cette pièce représente une sorte de pyramide plus étroite sur une de ses faces
que sur les deux autres dont un des angles, formé par la jonction du bord supérieur
des maxillaires, est émoussé, tandis que les angles latéraux répondant au bord
dentaire sont en saillie. Des perforations vasculaires se remarquent à l'extrémité de
cette ligne et il y en a aussi à la face palatine. La face supérieure du supra-vomérien
ne se voit pas en dessus et une section de la pièce elle-même (fig. \ c) montre que
les divers éléments osseux qui la constituent sont réunis en une niasse commune
et compacte que l'on prendrait plutôt, à la première vue, pour la partie terminale
d'une dent en défense que pour l'extrémité antérieure d'une tète de Cétacé (1). Dans
aucune espèce le rostre n'est d'ailleurs plus semblable à celui des Ziphius fossiles
dans les terrains tertiaires supérieurs de L'Europe tempérée et parmi ces derniers,
(1) Une coupe de ce rostre solide préparée pour le microscope montre que les ostéoplastes y sont de
moyenne dimension, assez séparés les uns des autres, ne laissant entre eux que de rares canaliculcs vas-
culaires et englobés dans un plasma solide de nature trés-compacte.
REMARQUES HISTORIQUES. 407
celui avec lequel il a le plus d'analogie est le Ziphius longirostre de Cuvier.
Cependant la pièce décrite par de Blainville n'appartient pas à la même espèce et
certainement elle n'est pas fossile. Il est toutefois singulier que Cuvier ne lui ait
pas comparé l'espèce décrite par lui comme éteinte, dont nous venons de rappeler
le nom.
Desmarest a reproduit les indications données par de Blainville au sujet du
Delpltinus densirostris et rappelé que l'animal auquel elles se rapportent devait avoir
de l'analogie avec le Dauphin de Honileur et avec celui de Sowerby, c'est-à-dire
avec l'IIyperoodon et le Mésoplodon.
En 1839, le Muséum reçut de M. Leduc un crâne de Cétacé provenant de l'Ar-
chipel des Seychelles que de Blainville et moi reconnûmes pour appartenir à la
même espèce que le fragment de rostre dont mon illustre maître avait fait an-
ciennement son Defphinus densirostris, et de Blainville a même inséré une courte
note relativement à ce crâne dans un journal scientifique qui paraissait alors à
Paris (-1). De mon côté, j'en ai parlé dans le Mémoire que j'ai adressé à l' académie
en 4 830, Mémoire sur lequel Duvernoy s'est chargé de faire un rapport, et je l'ai
décrit et figuré dans la première édition de mon ouvrage sur la Zoologie et la Paléon-
tologie de la France. Duvernoy s'en est ensuite occupé dans le travail qu'il a inséré
dans les Annales des Sciences naturelles en 1831 , travail dont mes recherches lui
avaient donné l'idée.
M. Gray a remplacé le nom spécifique de densirostris par celui de sechellensis
et depuis lors M. Krefft nous amis, lui et moi, en mesure de faire connaître le
squelette de cette remarquable espèce en nous adressant à l'un et à l'autre une
photographie du squelette du Mésoplodon densirostre pris à l'île de Lord Ilowe
(Australie) qu'il a fait préparer pour le Musée de Sydney.
Voici, dans l'état actuel de nos connaissances, les indications bibliographiques
se rapportant à ce Cétacé :
a) Rostre signalé par de Blainville : Delphinus densirostris, Blainv., Nouv. Dict. d'hist. nat., t. IX,
p. 178. — Desmarest, Mammalogie, p. 522. — Dioplodon densir., P. Gerv., Ostéogr. des Cétacés, PI. XXV,
fig. 2.
6) Crâne rapporté par M. Leduc : Diopl. densir., P. Cerv., Zool. et Pal. franc., i" édit., t. II, n" 40,
PI. XL, fig. 3-6. — Id„ ibid., 2e édit., p. 289. — Mesodiodon densirostre, Duvernoy, Ann. se. nat., 3e série,
t. XV, p. 58. — Dioplodon sechellensis, Gray, Erebus et Terror. — H., Catal. of Seals and Wahles, p, 355 ;
1866. - P. Gerv., Ostéogr. des Cétacés, PI. XXV, fig. 2-3.
;l) L'Echo du monde savant.
408 GENRE DIOPLODON.
c) Squelette du Musée de Sydney : P. Gerv., Osièogr. des Cétacés, PI. XXII, fig. 9.— Gray, Ann. and Mag.
ofnat. Hist., i' série, t. XI, p. 343, avec fig.; 1870.
Squelette. — L'extrémité du rostre, examinée dans le crâne du Dioplodon
rapporté des Seychelles par M. Leduc présente les mêmes caractères de densité
et de forme que la portion terminale de cette partie du crâne décrit autrefois par
de Blainville comme type de son Dauphin densirostre. Les accidents de structure,
perforations vasculaires , rainures et côtes ou saillies diverses, y ont la même
disposition ; aussi paraît-il impossible de ne pas attribuer ces deux pièces à la même
espèce ou tout au moins au même genre. La seule différence que l'on puisse indi-
quer entre elles consiste en ce que, dans le fragment d'abord observé par de Blain-
ville, les deux bords supérieurs des maxillaires se touchent sans laisser voir entre
eux aucune partie du bord supérieur de l'os supra-vomérien, tandis que, dans le
crâne rapporté par M. Leduc, ce même os supra-vomérien est apparent dans toute
la longueur du rostre et par conséquent dans la partie où il ne se montre pas dans la
pièce incomplète avec laquelle nous venons d'en établir la comparaison. Quoiqu'il
n'y ait pas dans cette faible différence de raison pour faire du Dioplodon des
Seychelles une espèce différente du Dioplodon densirostre, nous l'avons indiqué
dans notre atlas par la dénomination de sechellensis que lui a donnée M. Gray et
non par celle de D. densirostris que porte seul sur nos planches le rostre ancien-
nement connu.
La bordure latérale du rostre répondant à la ligne dentaire se continue jusqu'à
la base de ce prolongement. Cette base du rostre est un peu plus amincie dans son
milieu et celui-ci est renflé en dessous dans la partie correspondante de sa face
palatine. Le reste du crâne diffère d'ailleurs fort peu de celui du Dioplodon euro-
péen ainsi que de celui du Mésoplodon de Sowerby, et il serait sans utilité de
revenir sur les particularités, toutes de médiocre importance, que nous y avons
déjà signalées. Il y existe aussi un os lacrymal en partie distinct et le mastoïdien
reste également séparé. Il a été perdu ainsi que le rocher, la caisse et le bulbe
auditif dans l'exemplaire que nous avons sous les yeux. A part ceux du rostre, tous
les os crâniens du Dioplodon densirostre sont spongieux et comparables sous ce
rapport à ceux qui forment la même partie du squelette dans lllyperoodon et le
Ziphius.
Comme chez les deux espèces qui viennent d'être citées, la mâchoire inférieure
SYSTÈME DENTAIRE. 409
présente des particularités différentielles très-faciles à saisir. La partie qui porte
les défenses est relevée au-dessus du niveau de la région coronoïde et mesure près
de 0, 16 ; en arrière, chaque maxillaire forme un rectangle allongé. En avant, c'est-
à-dire dans la partie symphysaire, qui est surbaissée et à peine haute de 0,06, la
même mâchoire montre, de chaque côté, depuis son extrémité libre jusqu'au
bord antérieur de la défense une rainure qui loge sans doute de petites dents pen-
dant le jeune âge; mais ces dents ne doivent pas être enfoncées dans de véritables
alvéoles, et, si elles existent, elles sont certainement caduques.
Le Dioplodon pris à l'île de Lord llowe avait environ 4 mètres \j1; il était
adulte et le caractère de sa mâchoire inférieure présentait avec plus d'exagération
encore l'apparence signalée dans celui qui a été rapporté des îles Seychelles par
M. Leduc.
Il avait les trois premières vertèbres cervicales synostosécs, la quatrième en
partie libre et les trois dernières de nouveau soudées entre elles.
Les dorsales y étaient au nombre de dix, et l'on en possède les dix paires de côtes,
celles-ci assez fortes, et dont la dernière était plus petite que les autres. Cinq paires
de ces côtes se rendaient directement au sternum.
Le caractère de l'élévation des apophyses épineuses est, comme chez les autres
Ziphioïdes, très-apparent aussi bien aux dorsales qu'aux lombo-sacrées et aux
premières coccygiennes.
Le nombre des lombo-sacrées est de onze et il existe dix-sept caudales dont
les sept dernières sont dépourvues d'os en V.
Ces détails nous montrent que la forme des vertèbres propres aux différentes
régions squelettiques du Dioplodon densirostre est la même que celle qui distingue
les autres Ziphioïdes et que leur nombre est aussi très-peu différent par chaque
région.
Quatre pièces placées successivement composent le sternum; elles sont de
forme rectangulaire et sans perforations entre chacune d'elles.
M. Krefft a aussi eu la bonté de nous envoyer la photographie de l'humérus et
des deux os de l' avant-bras du Dioplodon de l'île de Lord llowe; ces os ne s'éloi-
gnent pas sensiblement de la forme qu'ont leurs analogues observés chez le Méso-
plodon de Sowerby.
Dentition. — Dans le crâne donné à notre Musée par M. Leduc, les deux défenses
5 2
410 ZIPHIOÏDES FOSSILES.
manquaient et il n'était possible de juger de leur volume que par leurs alvéoles
[fûj. 3 a); mais M. Krefft a pu voir ces dents en place sur le sujet qu'il a fait pré-
parer et il nous a également adressé la photographie de l'une d'elles. Leur forme
générale et sans doute aussi leur structure ont une analogie incontestable avec
celles du Dioplodon d'Europe; cependant elles sont plus épaisses, ce que leurs
alvéoles observées dans le sujet pris aux Seychelles suffirait à indiquer; en même
temps la racine est moins régulièrement quadrilatère et la couronne est égale-
ment un peu différente. Elles sont hautes de 0,14, la racine comprise, et mesurent
0,085, dans leur plus grande largeur qui répond à peu près au milieu de la racine.
Au contraire, la dent du Callidon dont M. Gray (1) a publié la figure, d'après une
photographie qu'il a, de son côté, reçue de M. Krefft, paraît s'éloigner beaucoup
moins par sa forme générale de celle du Mésoplodon de Sowerby.
DES ZIPHIOÏDES
DONT LES DÉBRIS ONT ÉTÉ RENCONTRÉS A L'ÉTAT FOSSILE
DANS LES TERRAINS TERTIAIRES DE L'EUROPE.
Après avoir décrit, dans son ouvrage sur les Ossements fossiles, sous la déno-
mination de Ziphius cavirostre, le crâne trouvé sur la plage de Fos, dont nous
avons nous-même parlé plus haut (2), crâne qu'il a proposé de prendre pour
type d'un genre nouveau, ('.. Cuvier a parlé de deux rostres de Cétacés, que l'on
aurait pu croire hyperostosés tant leur consistance esl solide, qui avaient été retires,
m ixoo, du crag d'Anvers, lors des travaux exécutés pour l'agrandissement de ce
\i) Ann. and Mag.ofnat, Hist., I' série.
(2 I'. 37:;.
REMARQUES GÉNÉRALES. 411
port. 11 les considère comme indiquant une seconde espèce du genre Ziphius qu'il
a appellée Ziphius planirostris à cause de la forme élargie et aplatie de sa région
prénasale. Dans un paragraphe suivant, le célèbre anatomiste fait en outre con-
naître un rostre plus étroit que les précédents et en même temps plus allongé que
celui du Ziphius de Fos, qu'il regarde avec raison comme constituant une troi-
sième espèce, et il attribue cette espèce au même genre que les précédentes, en lui
donnant le nom de Ziphius longirostris. L'origine de cette autre pièce lui était
inconnue.
Pendant longtemps on a regardé comme constituant des animaux anéantis non-
seulement les Ziphius planirostre et longirostre, mais aussi le cavirostre; cepen-
dant j'ai montré que le crâne qui a servi de type à cette dernière espèce provenait
d'un Cétacé actuellement existant dans la Méditerranée, et en effet le sujet auquel
il a appartenu parait être mort à une date peu reculée. J'ai également fait voir que
plusieurs autres Ziphius, ayant les mêmes caractères, avaient été pris dans la
même mer. On sait aujourd'hui qu'il s'en rencontre aussi dans différentes parties
de l'Océan, depuis les côtes de la Scandinavie et les Shetland jusqu'au Cap de
Bonne-Espérance et en Patagonie. M. Van Beneden en a même signalé, sous le
nom de Ziphius indicus, un exemplaire qui lui a été remis comme ayant été pris
dans la nier des Indes.
Ce n'est pas là l'unique espèce de Ziphioïdes propre aux mers actuelles. L'Hyper-
oodon, dont nous avons traité en premier lieu en passant en revue les animaux
de cette famille, mérite aussi d'être classé parmi eux, et il en est de même des
Cétacés dont nous \enons de donner la description sous le nom de Bentrdius
Arnuxii, Mesoplodon sowerèensis , Dolichodon Layardii, Dioplodon, densirostris et
Dioplodon européens, lesquels appartiennent à des régions du globe très-différentes
les unes des autres.
Le Ziphius planirostris, fossile dans le crag d'Anvers, où il en a été retrouvé
un petit nombre d'exemplaires depuis que Cuvier l'a signalé aux naturalistes, a,
par la forme solide et comme éburnée de son rostre, une assez grande analogie
avec le Ziphius cavirostre et il se rapproche aussi à certains égards du Ziphius
longirostre, mais il offre également certaines particularités qui lui sont propres,
et Duvernoy a proposé d'en faire le type d'un genre à part sous le nom de Chonc-
ziphius, ce qui a été accepté.
412 ZIPHIOÏDES FOSSILES.
D'autre part, le Ziphius longiroslris est beaucoup plus semblable à une espèce
qui n'a été bien connue que longtemps après que ce zipbius a été signalée par
Cuvier ; cette espèce est celle dont de Blainville avait fait, dès \ 81 7 , d'après l'examen
d'une portion terminale du rostre, un de ses Cétacés Hétérodoutes, proposant de
l'appeler Delphinus densirostris. Lorsqu'il a été plus complètement observé,
le Cétacé dont il s'agit ici est devenu le Dioplodon densirostris. Son principal
caractère est d'avoir la mâchoire inférieure pourvue d'une paire de dents en dé-
fenses dépassant encore en volume celle du Mésoplodon de Sowerby, quoique
cependant moins longues que celles du Dolichodon.
Comme on n'a aucune notion au sujet de la dentition du Ziphius longirostre,
non plus que de celle des espèces de Ziphioïdes pourvues de rostres analogues,
qui ont été découvertes depuis, principalement dans le crag de Suffolk, et décrites
en partie par M. B. Owen comme appartenant au genre Ziphius, M. Huxley a
hésité à étendre, ainsi que j'avais proposé de le faire, le nom de Dioplodon à ces
fossiles, et il a proposé pour eux la dénomination nouvelle de Belemnoziphius (1).
Mais on voit que ce n'est là qu'une diagnose négative, et les affinités que j'avais
signalées entre ces animaux et les Dioplodons actuels ne méritent pas moins d'èlre
prises en considération si l'on veut classer exactement ces animaux; aussi plu-
sieurs auteurs se sont-ils servi du mot Dioplodon aussi bien pour les Ziphioïdes
fossiles ayant le rostre belemnitiforme que pour les espèces vivantes qui sont dans
ce cas.
Plus récemment, MM. Van Beneden et Du Bus ont repris l'étude des
Ziphioïdes de la Belgique d'après les pièces appartenant à ce groupe qui ont été
trouvées dans le crag d'Anvers, et ils ont été conduits à distinguer parmi eux
plusieurs genres encore différents de ceux qu'on avait précédemment reconnus.
Ces genres ont reçu les dénominations qui suivent : Placoziphius, Van Beneden;
Ziphirostrum, id.; Aporotus, Du I5us; Ziphiopsis, id. et Rkinostodes , id. (2). Nous
pourrions ajouter a celle liste, si nous parlions de fossiles étrangers à L'Europe,
YAnoplonassa forcipata de M. Cope, mais nous devons nous en tenir en ce moment
aux Ziphioïdes propres aux anciennes mers de l'Europe, et d'ailleurs ce fossile
fi Quarterly Journ. Geol. soc. London, l. X\. p. 388; 1864.
(2 Voir \>. 344 pour le genre Dinoziphius de M. Van Beneden.
GENRE CH0NEZ1PHIUS. 413
est déjà décrit dans notre ouvrage (I). Quant à ['Encheiziphius teretirostris de
M. liutimeyer (2), c'est bien un fossile de nos contrées, mais, comme il n'appar-
tient pas à la classe des mammifères, il n'en sera pas question ici.
DU GENRE CHONEZIPHIUS.
CHONEZIPHIUS PLANIROSTRIS. —C'est l'espèce d'Anvers : les premières pu-
blications auxquelles elle a donné lieu sont les suivantes :
Ziphius planirostris , Cuv., Oss. foss., t. V, part. 1, p. 352, PI. XXVII, fig. 4-8.
— Choneziphius planir., Duvernoy, Ann. se. nat., 5e série, t. XV, p. 63 et 71,
PI. Il, fig. 5.
Indépendamment de la forme de leur rostre dont les iutermaxillaires sont
soudés en dessus par leur bord interne et dont les maxillaires ne laissent appa-
raître intérieurement entre leurs lignes de contact qu'une étroite bande du vomer
les Choneziphius se distinguaient, en outre, par la non-ossification de leur cartilage
supra-vomérien, ce qui a laissé une excavation fistuleuse suivant la longueur de
leur rostre. L'espace interoculaire est large et aplati. Une double fossette en enton-
noir, comme appliquée sur cette région et dont la droite est plus considérable
que la gauche, existe auprès des narines extérieures, un peu en avant d'elles et
à leur base; ces fossettes aboutissent à un trou vasculaire qui pénètre dans le rostre
en s'enfonçant dans l'intermaxillaire.
Le rostre n'a pas absolument la même forme dans les deux exemplaires, prove-
(1) P. 366.
(2) Mèm. de l'Acad. de Bâte pour 1867.
L'Enchciziphius repose sur l'observation d'un rostre, trouvé dans les sables marins pliocènes de Mont-
pellier, qui appartient à une espèce de poissons de la famille des Scombéroïdes, et que son bec allongé
rapprochait des Xiphias et des Makaires. C'est ce que MM. Steenstrup et Van Beneden ont fait remarquer
les premiers, et j'ai pu m'assurcr de l'exactitude de ce rapprochement, M. Itutimeyer ayant bien voulu
m'adresser pour le Muséum un modèle en plâtre de la pièce qu'il a décrite. M. Van Beneden regarde
X Encheiziphius teretirostris comme rentrant dans le genre Brachyrhynchut qu'il a lui-même établi a .
11 serait possible qu'une vertèbre provenant aussi des sables marins de Montpellier dont j'ai moi-même
parlé (6) comme indiquant un poisson voisin des Xipliias, appartint à L'espèce décrite par M Rutimeyer.
(«) Uni/. Acad. de Belgique, V série, t. XXXI, p. 493; 1871. — Journal de Zoologie, t. Il, p. 80.
(//) Zoul. et Pal. gèn., |i. 2â!>.
414 Z1PHI0ÏDES FOSSILES.
nant d'Anvers, <jui ont été observés par Cuvier. 11 est plus élargi, plus fortement
caréné latéralement à sa base et plus granuleux dans la partie correspondante
chez celui représenté par la fig. 5 de notre PL XXVII. Chez l'autre (ibid., fig. \),
outre qu'il est plus lisse et plus étroit aux mêmes points, il a sa partie moyenne
plus relevée à son bord postérieur et plus semblable à un fuseau ; aussi M. Owcn
regarde-t-il ces deux rostres comme représentant deux espèces différentes, et il
donne à la seconde (Cuv.,//ry. 7 et 8; Ostéogr., fig. 5) le nom deZiphius Cuvieri,
laissant à l'autre (Cuv., fig. 4-6; Ostéogr., fig. 4) celui de planirostris.
Cuvier avait déjà dit que ces deux fragments « offrent des différences qui pour-
raient passer pour spécifiques ».
D'autres rostres de forme analogue, et susceptibles d'être attribués au genre Cho-
noziphius, ont été trouvés depuis lors dans le crag d'Anvers. De ce nombre est
celui dont M. Van Beneden a fait faire un modèle en plâtre adressé par lui à divers
Musées et que l'on trouve cité et en partie figuré dans mon ouvrage sur la Paléon-
tologie française (1). 11 ressemble surtout à celui que Cuvier et M. Owen ont pris
pour type du Choneziphius planirostris ; on trouvera dans notre Allas une nou-
velle ligure représentant la base de ce rostre vue de profil (2). Des pièces indiquant
aussi des animaux analogues proviennent du crag de SuffolK.
I . — Ziphioïdes fossiles que les caractères de leur rostre paraissent devoir faire
rapprocher des Choneziphius.
Parmi les rostres de Ziphioïdes retirés du crag- gris d'Anvers que l'on a consi-
déré comme indiquant des espèces différentes des Choneziphius planirostris et
Cuvieri, mais dont quelques-uns font peut-être double emploi avec eux, nous ci fe-
rons d'abord ceux dont le supra-vomérien n'était pas non plus ossifié et qui avaient
les bords supéro-internes des os intermaxillaires en contact plus ou moins parfait
dans toute la longueur de la partie de ces os qui se prolonge en avant, ce qui, par
suite de la disparition du cartilage supra-vomérien, fait paraître l'axe de ces rostres
comme évidé.
On eu a l'ail différentes espèces.
Telles sont eu première ligne l'ensemble des espèces dont M. Van Beneden a fait
l, I'. 289, PI. 10, fig. 2.
■ l'I. XXVII bis, fig. I.
GENRE CHONEZIPHIUS. 415
son genre Ziphirostrum (I), espèces dont, d'après M. Du Bus, ou devrait porter le
nombre à cinq, savoir :
ZlPIIIROSTRUM TURNINENSE (2).
Du Bus, Bull. Acad. r. Bclrj., 2e série, t. XXV, p. 622.
M. Du Bus dit du cette espèce qu'elle a le rostre allongé droit, presque aussi haut que large. La fosse
prénasale est très-petite, les maxillaires sont compactes, très-épais dans leur partie roslrale; ils s'élargis-
sent h la base du museau et se relèvent subitement sur les côtés de la fosse prénasale, plus haut que les os
jugaux; les canaux vasculaires qui les parcourent sont petits. Le vomer est visible a la surface du palais;
dans le tiers moyen de la longueur de celui-ci , il est étroit. Le canal supra-vomérien est petit et ovale.
Les incisifs sont épais et forment, vers le milieu du museau, à peu près la moitié de sa hauteur.
ZlPIIIROSTRUM TUMIDUM.
Du Bus, loco cit., p. 023.
Connu seulement d'après une partie moyenne de rostre, comprenant les incisifs presque entiers, lesquels
sont beaucoup plus développés dans celte partie que ceux d'aucune autre espèce de la même famille
et y occupent une largeur a peu près égale a celle, des maxillaires; le canal évidé est un peu plus haut
que large; les maxillaires sont assez minces.
ZlPIIIROSTRUM MARGINATUM.
Du Bus, loco cit., p. 624.
Le seul rostre qu'on ail observé a eu la pointe brisée; il est partout plus large que haut. Les incisifs
sont étroits et médiocrement élevés en avant de la losse prénasale; en dessus ils sont séparés des maxil-
laires par une gouttière très-prononcée, surtout vers la base du museau. Les maxillaires sont épais,
horizontaux en dessus sur les côtés des incisifs, où ils occupent la moitié do la longueur totale du
museau ; leurs bords denlaircs sont tranchants latéralement. Le canal vomérien est de moyenne longueur,
ovale. Le vomer apparaît h la surface du palais, un peu en avant du point occupé par l'extrémité
antérieure des palatins. La fosse prénasale est assez étroite et n'occupe pas la moitié de la largeur du
rostre.
ZlPIIIROSTRUM L/EVIGATUM (5).
Du Bus, loco cit., p. C>2 i.
Rostre droit, allongé, déprimé et plus large que haut dans toute sa longueur. Maxillaires minces et en
partie composés de substance spongieuse, notamment sur les côtés, dans la région des canaux deutaircs.
Vomer également spongieux, étroit dans sa partie palatine. Canal supra-vomérien grand, un peu plus
haut que large. Fosse prénasale grande; sa largeur en haut entre les maxillaires égale ii peu près la
moitié de la largeur totale du museau au même endroit. Incisifs de moyenne épaisseur dans leur partie
rostrale où ils sont notablement plus étroits que les maxillaires; leur plus grande épaisseur est un
peu en avant de la fosse prônasale; ensuite ils sont droits jusqu'à la pointe. Leurs bords inférieurs sont
plus ou moins spongieux, de même que les parties avoisinantes des maxillaire-.
ZlPIIIROSTRUM GRACILE.
Du Bus, loco cit., p. ()2.'i.
Connu seulement par des incisifs incomplets et quelques fragments des maxillaires indiquant que r.
(1) M. Du Bus, Bull. Acad. r. Belgique, ■>' série, t. XXV, p. 621.
(2) PI. XXVI I bis, fig. G.
(3) PI. XXVII bis, fig. S.
tiii Z1PIII01DES FOSSILES.
os étaient, au moins en partie, spongieux comme ceux de l'espèce précédente. L'un de ces incisifs, qui
appartient au côté gauche, est plus petit que les autres et provient probablement d'un sujet plus jeune; il
présente une particularité remarquable : un fragment du bord dentaire qui y est adhérent laisse voir une
série de dix ou douze alvéoles assez profonds, larges, très-réguliers, très-rapprochés et qui permettent
de supposer l'existence, chez cette espèce, de petites dents comme il en a été observé dans le Ziphius
cavirostre et dans l'Hyperoodon.
Cette espèce et les précédentes appartiennent au crag d'Anvers.
GENRE APOROTUS (1).
Ce genre ne diffère du précédent que parce que les bords supérieurs des os
intormaxillaires sont appliqués l'un contre l'autre dans leur partie rostrale, mais
sans jamais se souder entre eux; ce qui rentre davantage encore dans la disposition
propre aux Choneziphius.
M. Dubusy distingue trois espèces, toutes trois du crag d'Anvers, savoir :
Aporotds reccrvirostris.
Du Bus, loco cit., p. 626.
Hoslre épais à la base, s'amincissant régulièrement vers son extrémité, qui est sensiblement recourbée
vers le haut. Maxillaires peu épais, occupant dans toute leur partie rostrale une plus grande largeur que
Les incisifs, s'élargissant et se relevant sur les côtés de la fosse prénasale, qui est très-large et très-
profonde. Incisifs descendant très-bas dans cette fosse, presque au niveau de la gouttière voniérienne et
acquérant ensuite leur plus grande épaisseur en avant de celte fosse, pour aller de là en diminuant
régulièrement d'une manière brusque jusqu'à leur extrémité antérieure. Canal supra-vomérien assez
large. Le vomer apparent à la surface palatine depuis la base du rostre jusque vers le milieu de sa
longueur.
Aporotds àffinis.
Du Bus, loco cit., p. 626.
Le peu que l'on connaît de celte espèce indique que le rostre était droit, légèremenl relei é vers la pointe
et plus large que haut partout. Les maxillaires sont minces, ii bords dentaires plus ou moins tranchants
et sensiblement relevés sur les côtés de la fosse prénasale, qui semble avoir été large et profonde.
Le canal sus-vomérien est à peu près aussi haut que large. Les incisifs sont fort épais; ils sont très-
déprimés et atténués dans la fosse prénasale, mais relevés et brusquement épaissis en avant de cette fosse;
ensuite ils vont en diminuant jusqu à leur extrémité antérieure.
Fossile dans le crag rouge et dans le crag gris.
\l'nliHTl s DICYRTl S.
Du lins, loco cit., p. i\27 (-2).
1 Du Bus, loco cit., p. 626.
(2) PL XXVII bis,fig. 7.
GENRE ZIPHIOPSIS. 417
Un peu plus petit que le précédent, a en juger du moins par le seul fragment qu'on en connaisse. Le
rostre est droit jusqu'au bout et plus haut que large dans sa partie moyenne. Les maxillaires sont assez
épais; le canal vomérien est grand, presque aussi large que haut. Les incisifs sont fort épais. A partir de
la fosse prénasale, ils s'élèvent et s'enflent sensiblement, mais leur plus grande épaisseur est vers le
milieu de la partie rostrale, où ils présentent un second renflement plus considérable que le premier.
A partir de ce point, ils vont en diminuant jusqu'à l'extrémité.
GENRE ZIPHIOPSIS (I).
Caractères peu différents de ceux des deux genres précédents, ainsi que des
Chonéziphius. M. Du Bus les exprime ainsi : Rostre de moyenne longueur, droit,
à peu près aussi haut que large; maxillaires supérieurs très-épais; canal vomé-
rien petit; incisifs médiocrement développés, à bords internes soudés ensemble
dans toute leur partie rostrale, depuis la fosse prénasale jusqu'à la pointe.
ZiriIIOPSIS PIIYMATODES.
Du Bus, loco cit., p. 628 (2).
Région basilaire du rostre, avoisinant la fosse nasale, marquée de chaque côté en dessus de nombreux
tubercules qui rappellent ceux du Chonéziphius Cucieri. Cette région est également aplatie. Vomer visible
en dessous, vers le milieu de la longueur du rostre.
M. Du Bus attribue à la même espèce un rostre trouvé dans le môme gisement, dont les tubercules sont
moins prononcés, ce qui le rapprocherait de la pièce regardée comme type du véritable Chonéziphius
planiroslris , dont le Ziphiopsis phymatodc ne diffère peut-être que par son âge plus avancé. Ce second
exemplaire paraît aussi plus semblable au C planirostre de la première forme, c'est-à-dire au C. de Cuvier
qu'au véritable C h. planiroslris, par la portion que l'on en connaît.
Ziphiopsis servatus.
Du Bus, loco cit., p. 629 (5).
Espèce établie sur la seule pièce brisée que nous figurons. Elle a le rostre triangulaire à sa base et à
peu près aussi haut que large partout. Ses maxillaires sont extrêmement épais; leur épaisseur dans le
sens vertical, à la base du fragment, égale trois fois la hauteur du canal sus-voméricn, lequel est ovale,
comme dans l'espèce précédente. Le vomer apparaît inférieurement un peu au delà des os palatins; il a,
au milieu, plus d'un centimètre de largeur, et il disparaît entre les incisifs au delà des orifices antérieurs
des canaux palatins.
Dans son Mémoire sur les Ziphioïdes du crag rouge de Suffolk, M. Owen décrit
aussi une espèce qui rentre dans la division à laquelle on peut donner pour type
(1) Du BUS, loco cit., p. (rïH.
(2) PI. XXVII bit, fig. 1 et 1 a.
(3) PL XXVII bis, fig. 8.
00
418 ZIPHIOIDES FOSSILES.
le Choneziphius planirostris, et dont les principaux caractères consistent à avoir
l'axe sus-vomérien non ossifié ot les os intermaxillaires plus ou moins en contact
l'un avec l'autre par leur bord interne. Celte espèce est la suivante :
Ziphius planus, Owen, Monograph of the british fossil Cetacea from tltc red
crag; Ziphius, p. 16, PI. II, fig. I (-1).
La pièce-type provient de Sholley, en Suflblk; elle a appartenu à un sujet adulte
et est complètement ossifiée. Son état de conservation permet assez difficilement
de la comparer avec celles qui ont servi à établir les espèces dont nous venons de
parler. On pourrait cependant lui trouver quelque différence par rapport aux autres
Choneziphius. M. Huxley a rangé le Ziphius planus parmi ses Bélemnoziphius, mais
il n'a pas l'os supra-vomérien visible entre les intermaxillaires et la forme de son
rostre l'éloigné de ces animaux.
GENRE PLACOZIPHIUS.
C'est encore au même groupe que nous attribuerons le genre Placozipbius établi
par M. Van Beneden (2) sur une portion de crâne comprenant une partie du rostre
qui appartient au Musée de Couvain. Comme les os intermaxillaires n'y sont rap-
prochés en dessus de la ligne médiane que sur une faible portion de leur longueur,
on reconnaît qu'il s'agit ici d'un sujet encore assez jeune, et sa comparaison avec
les autres pièces connues devient par cela même difficile; le cartilage sus-vomé-
rien n'y est pas ossifié, mais ce caractère est peut-être un effet de l'âge peu avancé
de l'animal; l'atlas est séparé des autres cervicales, ce qui ne se voit pas dans les
Ziphioïdes actuellement existants, les Dioplodons compris.
Plàcoziphids Diboisii.
Van Beneden, loco cit., av. 2 pi. (3).
Ces débris de crâne ligures sous ce nom par M. Van Beneden et l'atlas provenant
(i PI. XXVII, fig. 46 (copie).
1) .Iriul. r. tir ItrttJKJiir, t. XXXVII; I8lili.
i) PI. XXVII, fig. 11 et il b rostre d'après naturo) — fig. 19 [atlas, copié de M. Van Beneden).
GENRE DIOPLODON. 419
du même sujet, qui a été décrit par le même auteur, ont été recueillis à
Edeghem, près Anvers.
2. — Zipkioides fossiles que les caractères de leur rostre rapprochent
des Dioplodons.
J'ai iudicpié depuis longtemps l'analogie remarquable qui existe entre le rostre
de certains Cétacés fossiles décrits par Cuvier et par d'autres auteurs sous le nom
de Ziphius, et que l'on regardait jusqu'alors comme entièrement différents de ceux
des mers actuelles, et celui du Dioplodon densirostre (I), et j'en ai conclu que ces
Cétacés étaient du même genre que celui dont nous venons de rappeler le nom,
quoique la forme de leurs dents fût restée inconnue.
GENRE DIOPLODON.
(Espèces fossiles.)
Ces animaux ont, de même que leurs représentants actuels, le rostre allongé,
comme bélemnitiforme, et d'une solidité qui le fait paraître éburné; en même
temps leur axe sus-vomérien, au lieu de rester cartilagineux comme dans les
Chonézipbius et toutes les espèces dont nous venons de parler, est ossifié, et il était
entièrement soudé aux maxillaires, au vomer ainsi qu'aux intermaxillaires, ce qui
donnait au prolongement facial une solidité encore plus grande; mais sans cesser
pour cela d'être apparent sur la ligne médio-supérieure qu'il suit dans une partie
plus' ou moins considérable de sa longueur. J'ai donc appelé Dioplodon fongiroslris
le 'Ziphius longirostris de Cuvier, et, d'accord avec M. Van Bencden, j'ai décrit,
sous le nom de Dioplodon Becanii, une espèce offrant des caractères génériques
analogues.
Dioplodon recdrvus (1).
Belemnoz. rec, Du Bus, loco cit., p. (530.
(1) Voir plus haut, p. 400.
(2) PI. XXVil bisjjig. 2 t;t 2 0, sous, le nom de Belemnoziphius recurvus.
420 Z1PHIOIDES FOSSILES.
Dans cette première espèce, le sus-vomérien n'est visible que dans une faible
partie de sa longueur, et sous ce rapport cette espèce échappe en partie aux carac-
tères du groupe qui nous occupe; M. Du Bus en a fait un Bélemnoziphius sous
le nom de Bélemnoziphius recur'vus, mais en rappelant qu'il l'attribue au même
genre que le Ziphius longirostre. Voici le résumé de ce qu'il en dit :
Connu par un seul rostre, lequel est mutilé et incomplet. II est extrêmement compacte et très-pesant;
les différents os qui le composent sont tellement soudés entre eux qu'il est impossible dans plusieurs
endroits d'en distinguer les brisures; sa bauteur égale presque deux fois sa largeur, et il est recourbé en
haut vers son extrémité; l'os sus-vomérien n'est visible que vers cette dernière. C'est le contraire de ce
qui a lieu pour le bout du museau de Dioplodon densirostre décrit par de lïlainville.
DiOPLODON LONGIROSTRIS (I).
Ziph. long., Cuv., Oss. foss., t. V, part. \, p. 356, PI. xxvn, fig. 9-10. — Diopt.
long., P. Gerv., Zoo!, et Pal. fr., p. 291).
Quoique incomplet dans sa partie terminale, le rostre sur lequel Cuvicr a établi
cette espèce est long de 0m,50; mais il est proportionnellement grêle, sa hauteur au
milieu n'ayant que 0m,06 et sa largeur 0'",00i seulement. Les palatins en sont dé-
tachés, mais les différentes pièces qui subsistent sont intimement soudées entre
elles de manière à lui donner une grande solidité, et le sus-vomérien, d'apparence
éburnée, qui en suit toute la ligne médiane, bordé par les intermaxillaires entre
lesquels il se montre comme une longue bande saillante, égale en largeur près de
0,020; ce qui lui donne plus d'importance qu'à celui du Dioplodon densiroslris et
même du Dioplodon européens. C'est d'ailleurs là un caractère que nous allons
retrouver, avec plus ou moins de développement, dans toutes les espèces qui vont
suivre. Ici il n'y a pas de sillon longitudinal sur le milieu du sus-vomérien.
Dioplodon Becanii (2).
Ziphius longirostris, Van Beneden, Bull. Acad. Brux., t. XIII, p. 2SS, non Cuv.
— Diopl. Dec, Y. Gerv. et Van Ben., in P. Gerv., Zool. et Val. fr., Ire édit., t. Il,
Explication a* 38, p. 2.— Diopl. Bec, P. Gerv., ibid., T édit., p. ^90, Pi. XXXVIII,
fig. \.
Rostre un peu plus large et un peu moins long que celui de l'espèce précédente,
et en même temps un peu plus bombé vers son premier tiers et plus relevé à sa
(i PI. \\\\\,jig. >• et 6a.
[S PI. XXVII, fig. 7 (copie et PI. XXVII bit, fig. 3, sous le nom de X. longirostris.
GENRE DIOPLODON. 421
base. Os sus-vomérien également visible en dessus dans toute sa longueur entre
les intermaxillaires.
Un rostre allongé que l'on conserve au Musée de Bruxelles et qui provient aussi
d'Anvers, a le sus-vomérien sillonné dans toute sa longueur par uue ligne médiane,
ce qui n'existe pas dans le Diupfodon longirostris, mais se retrouve dans le D.
Becanii; M. Du Bus l'a attribué au D. longirostris. 11 appartient sans doute au Dio-
plodon Becanii et devra être également comparé avec le Ziphius medilineatus de
M. Owen, qui présente le même sillon.
Fossile dans le crag gris d'Anvers. C'était un animal très-peu différent du
Dioplodon longiroslre.
D'autres pièces décrites par les auteurs comme indiquant des espèces différentes
de celles-là, quelquefois même des genres à part, s'en rapprochent par leur appa-
rence générale et elles doivent èlre signalées immédiatement après elles.
M. Du Bus en décrit une première, également originaire du crag d'Anvers, dont il
a cru devoir faire un genre particulier appelé par lui Hhinostodes, l'espèce elle-
même prenant le nom de Bhinostodes antverpiensis (-1).
Il n'existe au Musée de Belgique, dit M. Du Bus, qu'un fragment de tête de cet animal : c'est la partie
moyenne d'un rostre extrêmement mutilé. Sa forme rappelle celle du Belemnoziphius longirostris (2),
mais il est moins comprimé sur les côtés. Il est tout entier formé de substance spongieuse et par
conséquent léger, à la différence des autres rostres de Ziphioïdes, qui sont compactes et pesants. Sa
longueur est de 24 centimètres.
D'autres rostres de Ziphioïdes provenant de Dioplodons à bec allongé et
étroit, dont le sus-vomérien s'ossifiait aussi et était visible entre les intermaxillaires,
ont vécu en Angleterre pendant le dépôt du crag de Suffolk.
Les pièces que l'on en connaît ont servi à établir les espèces dont les noms
suivent :
Dioplodon gibbus.
Ziphius gibbus, Owen, Genre Ziphius, p. 17, PI. II, fig. 2 (5), et PI. III, fig. 3.
La bande sus-vomérienne est très-apparente, quoique un peu rétrécic entre le premier et le second
tiers; elle ne présente pas de sillon médian ; la partie basilaire du rostre est sensiblement élargie.
Fossile dans le crag de Suffolk.
(1) Du Bus, loco cit., p. 629.
(2) Le Ziphius longirostris de Cuvier.
(3) PI. XXVII, fig. 18 (copie).
422 ZIPH101DES FOSSILES.
DlOPLODON ANGUSTUS.
Ziphius angustus, Owen, loco cit., p. 19, fol. 3, fig. 1 (1) et 2.
Un peu plus étroit que le précédent et k bande supra-vomérienne bien apparente, mais plus égale dans
sa largeur; point de sillon médian.
Fossile dans le crag de Sufiolk.
DlOPLODOiN ANGULATUS.
Ziphius angulatus, Owen, loco cit., p. 20, PI. Vf, fig. I (2) et 2.
La bande du sus-vomérien paraît plus saillante; elle est toujours large, et ses côtés sont parallèles
dans toute leur longueur.
C'est encore un animal du crag de Suflblk.
Je lui attribue, mais sans certitude, un fragment de rostre assez étroit, proportionnellement assez
élevé à sa base, provenant d'Anvers, que m'a remis mon savant collaborateur M. Van Beneden, et dont on
trouvera aussi la figure dans notre Allas (3). On n'y voit pas de sillon médian sur le sus-vomérien, et
cet os lui-même est difficile à séparer des intermaxillaires a cause de l'intimité de la soudure qui l'attache
il ellX.
DlOPLODON MEDILINEATUS.
Ziphius medilineatus, Owen, loco cit., p. 22, PI. XXVII, fig. 3 (4).
Rostre peu différent de celui du Dioplodon Becanii, et dont le sus-vomérien est également parcouru
par un sillon médio-longitudinal. Peut-être provient-il de la même espèce.
Dioplodon tenmrostris.
Ziphius tenuir., Owen, loco cit., p. 24, PI. V, fig. 1-2.
C'est encore un rostre peu différent de ceux des Dioplodon Becanii et medilineatus, et qu'il me paraît
difficile d'en séparer avec quelque certitude. La figure donnée par M. Owen est reproduite dans notre Atlas (S]
ainsi que cela a été fait pour celle des espèces précédentes, et nous y avons joint 'G) celle de deux pièces
ayant des caractères analogues, provenant aussi du crag de Suflblk, dont le Muséum de Paris a fait l'acqui-
sition il y a quelque temps.
Le crag de Suflblk a fourni un autre rostre de Ziphius que M. Huxley a décrit comme différent de ceux
observés par M. Owen, lesquels sont conservés au Musée britannique. C'est encore une forme allongée
ii sus-vomérien ossifié et bien apparent, montrant sur sa partie la plus rapprochée des narines [e
commencement d'un sillon médian.
On peut en appeler provisoirement l'espèce
Dioplodon compresscs.
C'est eu effet le Belemnoziphius compressas, Huxley, Quarterly Journ. geol. Soc.
London, t. X\, p. 393, PI. xi\, fig. a, b, c (7) et d.
(i) PI. XXVII, frj. 17, sous le noni de Z. angulatus (copie).
(2) PI. XXVII, fig. 18 copie).
(3) PL XXVII, fig 15a.
(1. PI. XXVII, fig. 14 (copie).
(5) PI. XXVll, fig. s (copie).
6] il. XXVII, fig. 9 et 10.
(7) PI. XXVll, fig. 13 copie .
DES ZIPHIOIDES EN GÉNÉRAL. 42 ï
Cette revue des Ziphioïdes terminée, nous devons chercher à nous rendre compte
des caractères fondamentaux qui distinguent ces animaux et essayer de nous faire
une idée des affinités qu'ils ont les uns avec les autres, de manière à en établir la
classification sur des bases naturelles en tenant compte de leurs espèces fossiles
aussi bien que de celles qui vivent dans les mers actuelles.
Les Ziphiidés ou Cétodontes ziphioïdes, dont la nourriture consiste principalement
en Céphalopodes, prennent place dans la classification de cette grande division des
Cétacés après les Cachalots, auxquels ils se rattachent directement par l'Hyperoodon,
espèce particulière à l'hémisphère boréal, qui est essentiellement propre aux ré-
gions circumpolaires de cet hémisphère.
L'Hyperoodon se distingue du liérardius, qui le représente dans les mers du
Sud, par la présence d'une seule paire de fortes dents existant à la partie terminale
de sa mâchoire inférieure, tandis que celui-ci possède deux paires de ces dents.
La disposition dentaire caractéristique de l'Hyperoodon se retrouve chez le
Ziphius cavirostre, ce dernier posséda en outre, de même que l'Hyperoodon lui-
même, des dents de petite dimension et caduques placées le long de ses mâchoires.
Au contraire, chez le Mésoplodon, c'est une des paires de dents appartenant à
la région intermédiaire de la mâchoire inférieure qui prend un développement
plus considérable que les autres, et, dans le Dioplodon, cette paire de dents est
encore plus forte; dans le Dolichodon, elle remonte au-dessus de la mâchoire
supérieure et sort de la bouche comme une double défense.
Certains Ziphioïdes fossiles paraissent avoir aussi possédé des dents assez
fortes et placées en avant de la mâchoire inférieure, comme celles de l'Hyperoodon
et du Ziphius cavirostre; c'est en particulier ce qui avait lieu pour l'Anoplonassa
propre aux dépôts à Mastodontes de l'Amérique septentrionale; mais il est impos-
sible de dire comment les Chonéziphius étaient caractérisés sous ce rapport.
La même difficulté se présente pour les autres espèces fossiles, lesquelles ont
plus d'analogie avec les Dioplodons et ont fourni les genres Bélemnoziphius
et Rhinostodes; aussi est-ce principalement en considération de la forme de
leur rostre que nous les plaçons dans la même division que les Dioplodons
actuels.
Les Chonéziphius et les Dioplodons fossiles constituaient certainement plusieurs
espèces et leurs débris, de même que ceux de tous les autres Cétacés éteints, se
424 DES ZIPHIOIDES EN GÉNÉRAL.
rencontrent dans les dépôts miocènes et pliocènes, tandis qu'ils paraissent jus-
qu'à ce jour manquer à l'éocène.
Les Ziphiidés sont facilesà caractériser, non-seulement par l'allongement de leur
rostre et la solidité qu'il présente dans la plupart des cas, surtout lorsque le carti-
lage sus-vomérien s'y ossifiait et se soudait aux autres pièces dont ce rostre est con-
stitué, mais aussi par le grand développement de leurs os lacrymaux qui restaient
distincts à tous les âges. Leurs vertèbres cervicales sont en partie soudées entre
elles et l'atlas entre dans de cette synostose, ce qui n'a pas lieu chez le Cachalot (I).
Le nombre total des vertèbres est moindre que chez les Dauphins véritables; leur
corps est plus allongé et leurs apophyses épineuses sont sensiblement plus élevées.
Les os du bras et de l'avant-bras sont assez longs, tandis que la main reste courte.
Les Ziphiidés sont cependant bons nageurs. Ce sont des Cétacés migrateurs
dont on connaît peu les stations, si ce n'est pour l'Hyperoodon qui vient
jusque sur les côtes de l'Europe tempérée et pour le Bérardius dont tous les exem-
plaires connus ont été pris à la Nouvelle-Zélande. Des Ziphius ont été observés
dans des parages très-différents les uns des autres; on a pris des Dioplodons den-
sirostres aux îles Sechelles et sur les côtes de l'Australie méridionale; au con-
traire, le Dioplodon européen n'a été vu qu'une seule fois, et cela à l'entrée de la
Manche.
Les Chonéziphius et les Dioplodons fossiles paraissent cependant avoir visité
régulièrement la mer sous laquelle se sont déposés les terrains de crag, soit dans
le Suffolk, soit à Anvers, et les débris qu'on en trouve montrent qu'ils y étaient
assez nombreux.
M. Leidy nous communique qu'il va prochainement publier une espèce de
cette catégorie dont on a découvert un rostre fossile dans la région de l'Ashley
Hiver (Caroline du Sud).
(1; D'après une observation de M. Van lîencden, l'atlas reste également séparé des autres cervicales
dans le Placoziphius Duboisii (PI. XXVIII, fnj. 12).
DES DELPÏIINORIIYNQUES
ENVISAGÉS DANS LEURS DIFFÉRENTS GENRES, SOIT VIVANTS,
SOIT FOSSILES.
Dans la classification des Dauphins, que de Blainville a fournie à Desmaresl pour
la rédaction de l'article qu'il a consacré à ces animaux, article dont nous avons déjà
parlé a propos des Ilétérodonles(-I), figure au premier rang comme « sons-genre»
le groupe des Delphinorhynques (2), dans lequel le célèbre naturaliste ne men-
tionne que quatre espèces, savoir : le Dauphin de Geoffroy (Delphinus geoffrensis,
Hlainv.), qui est devenu le genre Inia; le Dauphin couronné (Delphinus coronatus,
lYéminville), espèce restée douteuse; le Dauphin de Shaw (Delphims schawensis,
Hlainv.), qui est le Plataniste du Gange, et le Dauphin de Pernetty [Delphinus per-
nettensis, Blainv.), dont l'auteur dit qu'il n'appartient peut-être pas à cette caté-
gorie. En rédigeant sa Mammalogie, Desmarest n'a apporté d'autre changement à
cette énumération que de rendre au Dauphin de Shaw sa véritable dénomination, et
il l'a appelé Delphinus gangelicus (5); mais on ne sait pas encore ce que sont les
Delphinus coronatus et pemellensis ; d'où il résulterait que la division des Delphino-
rhynques se réduirait à deux espèces seulement, aujourd'hui types des deux genres
bien distincts des Inia et des Plalanista, si plus récemment un autre genre de Del-
phinorhynques n'avait été trouvé à l'embouchure de la Plala. J'ai appelé ce der-
nier du nom de Slenodelphis, nom auquel M. Gray a substitué celui de Ponto-
poria, généralement adopté depuis. L'espèce- type de ce troisième genre avait
d'abord été décrite par moi sous le nom de Delphinus Blainvillei (4).
(I) V. 355.
[1] Non, -nui Dictionnaire d'Hist. nat., t. IX, p. 1 B1 ; 1817.
.'!) Mammalogie, p. 512.
(4) Bull. Soc. philom. Paris, 18U, p. 38,
54
426 (iEIS'RE SQUALODON.
Mais il s'en faut de beaucoup que ces trois genres de flétodontes soient les
seuls dont se compose, dans l'état actuel de la science, la famille des Delphino-
rhynques. L'étude des fossiles a fait connaître un certain nombre d'animaux
plus ou moins rapprochés, par leurs caractères, des Delphinorhynques exis-
tants, et qui ont comme eux le rostre allongé et garni de dents nombreuses. Un
autre caractère de ces Cétodontes est d'avoir les vertèbres du cou séparées les unes
des autres; leurs vertèbres dorso-lombaires sont habituellement moins nom-
breuses que celles des Dauphins ordinaires et le corps de ces vertèbres, ainsi que
des coecygiennes, est plus allongé que cela n'a lieu chez les Dauphins proprement
dits.
Nous commencerons l'étude des Delphinorhynques ou Delphinorhynchidés, par
celle des Squalodons? animaux qui s'éloignent le plus des autres genres du même
groupe par la diversité de forme de leurs dents. Ce genre n'est connu qu'à l'étal
fossile. Des débris ont été recueillis en Europe, dans l'Amérique septentrionale
e(, assure-t-on, dans les dépôts marins supérieurs de l'Australie.
GENRE SQUALODON.
Si nous faisons abstraction des dents de Phocodon provenant de la molasse
marine de Malte, dont Scilla a le premier parlé, c'est en France que l'on a d'abord
recueilli des restes du Squalodon, et le nom que porte ce genre lui a été donné
par un auteur français, Grateloup, savant conchyliologiste de Bordeaux, auquel
on doit un ouvrage sur les Mollusques fossiles du bassin de la Gironde. Il en avait
reçu un fragment de mâchoire supérieure (1) do Léognan, localité devenue célèbre
par la variété des espèces que l'on y rencontre. Mais bien que ce fragment fût encore
pourvu de quatre dents implantées dans des alvéoles du maxillaire supérieur; bien
qu'il y restât aussi dans la partie antérieure les alvéoles de six autres de ces
organes et que le fragment observé indiquât un animal à rostre allongé, pourvu de
longs maxillaires et de longs inlermaxillaires, à ouvertures nasales rejetées en
arrière du palais, placées à la base postérieure du rostre et dilatées dans leur
i PL XXVIII, fig. 1
CARACTÈRES GENERAUX. 427
partie pharyngienne, ce qui ne pouvait se rencontrer que chez un animal du même
groupe que les Dauphins, l'auteur de cette intéressante découverte rapporta l'espèce
dont provenait la pièce décrite par lui à un grand reptile de la division des Sau-
riens qu'on a appelés, depuis lors, les Dinosauriens, et il en fit un genre particu-
lier sous le nom de Squalodon (I).
La forme crénelée des dents avait surtout contribué à induire Grateloup en
erreur. Cependant il ne s'était pas arrêté sans quelque hésitation à ce résultat. Il
dit en effet qu'il regarde l'animal signalé par lui « comme un carnassier marin
pouvant peut-être former le passage des Sauriens [Lacertiens) avec les Squales »,
et il ajoute : « C'est pour cela que je propose de lui donner le nom de Squalodon. »
Toutefois la méprise commise par Grateloup ne tarda pas à être rectifiée.
En passant à Bordeaux peu de temps après la publication du travail dans le-
quel le Squalodon venait d'être décrit, M. Van Beneden eut l'occasion de voir
la pièce même sur laquelle reposait ce nouveau genre, et il en reconnut immé-
diatement la ressemblance avec la partie correspondante de la tète des Dau-
phins. C'est ce dont il fit part à de Blainville, qui corrigeait alors les épreuves
du fascicule de son Ostéographie consacré aux Phoques. De Blainville admit
l'opinion de M. Van Beneden; en même temps, il consigna la remarque que
je lui avais soumise relativement aux rapports que semble avoir le Squalodon
avec le fossile déjà figuré par Scilla en 4 7'<7, et dont L. Agassiz venait de
former un genre à part sous le nom de Phocodon (2); remarque que beaucoup
d'auteurs ont acceptée comme fondée. Cependant nous montrerons que le Pho-
codon est probablement différent du Squalodon comme genre.
Quant au Squalodon même, sa synonymie est des plus compliquées, attendu
que la plupart des débris qui en ont été recueillis postérieurement à la publication du
Mémoire de Grateloup, ont servi à l'établissement d'espèces nouvelles, sinon de
genres nouveaux; ce qui tient à la singularité des caractères de ce genre de Cétacés
tout autant peut-être qu'à l'habitude propre aux paléontologistes qui s'occupent
des animaux supérieurs, de baser des distinctions de celte valeur sur l'observa-
[1] Grateloup, Description d'un fragment de mâchoire fossile d'un genre nouveau de reptiles (Sauriens ,
dr taille gigantesque, trouvé dans le grès marin à Léognan, pris Bordeaux (Gironde1. Actes de VAcad. des
se, belles-lettres et arts de Bordeaux, 1840, p. 201.)
2) Blainv., Ostéogr., g. Phoca, p. 51.
428 GENRE SQUALODON.
(ion de parties différentes du squelette qui peuvent cependant provenir d'une
même espèce. C'est ce qui s'est trouvé être le cas, du moins en grande partie, pour
le Squalodon et les prétendus genres établis sur des pièces lui appartenant qu'on
avait jugé d'abord en être distincts; leurs caractères semblent bien différents et
paraissent, pour ainsi dire, si contradictoires qu'on se croit autorisé à admettre
qu'ils ne sauraient se trouver réunis sur un même animal; et en effet, il est sou-
vent difOcile de supposer a priori qu'il en sera ainsi puisqu'on ne les a encore
rencontrés dans aucune espèce du même groupe.
Ce sont surtout les dents qui ont conduit à cet égard à des résultats singuliers,
et en effet, comment supposer, avant d'en avoir obtenu la démonstration, que
les longues dents caniniformes qui terminent les mâchoires du Squalodon, les dents
uniradiculées et en cône incurvé, qui viennent immédiatement après et surtout les
dents suivantes, toutes en forme d'arrière-molaires et à couronne plus ou moins
épaisse, à bords crénelés, à racines doubles ou même parfois triples, seraient les
dents d'un même animal et que cet animal appartiendrait aux Cétodontes, Thalas-
sothériens à dents presque semblables entre elles et toujours uniradiculées? La
dentition du Plataniste elle-même, si compliquée qu'elle paraisse quand on
l'observe dans ses détails, principalement chez l'exemplaire décrit par Everad
Home (i), ne pouvait donner l'idée d'une semblable diversité.
Après l'identification des parties dentaires du Squalodon et la restauration bien
imparfaite encore de quelques parties du squelette du même animal, il restait à
décider de la place que ce singulier genre mérite d'occuper dans la classification.
Qu'il ne doive pas être rangé parmi les Reptiles dinosauriens, ceia ne fait au-
cun doute; mais fallait-il l'associer aux Cétacés delphinoïdes , comme M. Van
lieneden avait d'abord proposé de le faire, ou était-il préférable de le réunir, comme
voulait J. Muller (3), au Zeuglodon qui est un Thalassothérien gigantesque propre
aux terrains éocènes des États-Unis? C'est une question à propos de laquelle plu-
sieurs auteurs ont hésité,, et M. Van Beneden lui-même, après avoir émis la pre-
mière de ces opinions et fait du Squalodon un Delphinidé, a cru devoir se rendre
à la seconde. Mais le Zeuglodon dont llarlan avait aussi fait d'abord un genre de
(1) Phil. Tram., 1818, p. 117, PI. XX.
(2) PI. XXXI, y/7, 1.
(3) Uber die fossilen reste des Zeuglodonten von Nordamerica ; in-i'ol.. Berlin, 1849.
SYNONYMIE. 439
grands reptiles sous le nom de Basilosaurus (1) a été reconnu pour un mammi-
fère par M. Owen (2) et rapproché tantôt des Cétacés, tantôt des Sirénides ou des
Phoques. C'est ce dernier mode de classification qui paraît devoir être préféré (3);
mais le Squalodon me semble n'avoir rien de commun avec le Zeuglodon. J'ai
toujours pensé que c'était réellement un Cétacé, et ses dents prouvent qu'il faut le
réunir aux Cétodontes; j'ai fait remarquer également qu'il se rapproche surtout
des Inias, ainsi que des autres Platanistidés, c'est-à-dire des DeIphinorhynqu.es
tels que nous allons les décrire. Les observations qu'on trouvera réunies dans ce
chapitre donneront, je l'espère, une nouvelle force à cette manière de voir.
Synonymie. — Mais c'est de la synonymie des Squalodons que nous devons premiè-
rement nous occuper, et je suis d'autant plus intéressé à l'établir aussi exactement
que possible, que n'ayant pas saisi tout d'abord la disposition entièrement spéciale
du système dentaire de ces singuliers Cétodontes, j'ai peut-être plus qu'aucun aulre
naturaliste contribué à accroître le nombre des genres faisant double emploi avec
celui proposé par Grateloup qui ont été successivement établis et, par suite, à mul-
tiplier celui des espèces fictives auxquelles les restes connus des mêmes animaux
ont donné lieu. Les rectifications que j'ai proposées à cet égard ont d'ailleurs é(é
acceptées par les savants qui se sont occupés, depuis lors, du même sujet; mais
en citant les erreurs que j'avais commises à propros des Squalodons et en acceptant,
d'après mes nouvelles indications, la synonymie de ces animaux, plusieurs des
savants qui ont abordé cette question ont omis de rappeler que les rectifications
qu'ils reproduisent se trouvent, tout aussi bien que les erreurs qui ont nécessité ces
rectifications, dans les publications que j'ai successivement consacrées au même
genre. Elles sont en partie consignées dans une lettre adressée par moi à M. Van
Benedcn, en 1862 (4), et dont voici un extrait :
« Nous pouvons affirmer que les genres nommés Squalodon, Delphinoïdes, Crenidelphinus, Phocodonlb)
et Rhizoprion, ne doivent pas être séparés et que, probablement, il faut aussi réunir au Squalodon le pré-
tendu Phoque signalé à Léognan et la mâchoire inférieure du même terrain que j'avais à tort regardée
comme élan t de Champsodelphis. Hâtons-nous de dire que ces fossiles ne sont pas les seuls dont la séparation
générique est aujourd'hui contestable; et, pour ma part, je ne serais pas très-surpris que l'on dût ésale-
(lj Physical and médical Rescarches, p. 349, PI. XXVI il XXVIII; 1835.
i2) Proceed. geol. Soc. London, t. III, p. 24.
(3) P. Gerv., Journ. de Zoologie, t. III, p. 581, PI. XIX, jig. 7; 1874.
(4) Bull. Acad. r. Drlgique, 2e série, t. XIII, p. 469.
(5) Voir plus loin l'exposé de ce que l'on doit actuellement penser du Phocodon.
430 GENRE SQUALODON.
ment voir une pièce appartenanl aux Squalodons, peut-être la deuxième dent inférieure de ce genre, dans
la dent que j'ai signalée autrefois, sous le nom provisoire de Smilocamptus, n'ayant pu à celte époque
lui trouver quelque ressemblance qu'avec le fossile américain, aujourd'hui assimilé aux Zeuglodons, dont
M. Gibbes a fait son genre Dorudon.
« l.e fragment de rostre du Squalodon de lîarie, que m'a remis M. Matheron, me permet aussi d'entre-
voir comme possible une autre rectification. J'ai donné, comme pouvant faire soupçonner un animal du
groupe des Otaries, une dent caniniforme trouvée dans la molasse d'Uzès (Gard , et j'en ai reproduit la
ligure dans la PI. VIII de mon ouvrage. Cette dent a bien quelque analogie avec la canine inférieure du
genre de Phoques que je viens de citer; mais en en comparant le dessin avec les dénis antérieures du
Squalodon de Barie, je suis porté a me demander si elle ne provient pas aussi d'un animal de cette espèce,
ou du moins d'un Cétacé peu différent. Dans tous les cas, on ne devra plus citer qu'avec une extrême
réserve les Otaries comme avant été représentées parmi les animaux de l'époque miocène.
« Si les rapprochements que j'ai indiqués dans cette lettre se vérifient, le nombre des gisements du
genre Squalodon déjà observés, devra être regardé comme plus considérable qu'on ne le pensait. En
même temps, plusieurs des espèces inscrites sur la liste de nos Thalassothériens miocènes devraient rire
rayées de cette liste. Le genre qui nous occupe serait, en outre, une nouvelle preuve des difficultés que
l'on renconlre dans l'appréciation exacte des fossiles isolés, lorsque ces fossiles ont été laissés par dis
animaux ayant réuni un ensemble de caractères différents de ceux que nous montrent les espèces actuelles
auxquelles nous pouvons les comparer. M. de Christol en avait donné un exemple dans ses recherches
sur le genre Malitherium, cl j'en ai signalé moi-même un autre, non moins curieux, pour les reptiles du
trias, auxquels on donne maintenant le nom de Simosauriens. Dans ces deux cas, et dans d'aulres encore,
des pièces appartenant a la même espèce ou à des espèces très-voisines, ont, à cause de la singularité
même des animaux auxquels elles avaient appartenu, été regardées comme signalant des espèces diffé-
rentes, qu'on a classées dans des genres très-éloignés les uns des autres, et dont il a été ensuite très-
difficile d'établir le rapprochement. Des squelettes entiers ou des parlies considérables de squelettes ont
seules permis d'arriver à ce résultat. »
Une énumération des pièces appartenant au Squalodon, qui ont été recueillies
dans les différents gisements, accompagnée de la mention des publications
auxquelles elles ont donné lieu, servira de complément à la citation qu'on vient
de lire; j'indiquerai d'abord celles qui ont été découvertes en France.
I. Squalodons signalés en France.
A. Bassin tic la Gironde. — Diverses dents, des fragments considérables de
mâchoires et quelques os provenanl du l'alun de Léognan (Gironde), qui sont de
Squalodon, ont été généralement attribués à une même espèce de ce genre (I), le
Squalodon Gratelowpi. Tels sont :
-1° La partie d'un crâne décrite par Grateloup (2), comme type de l'espèce et
dont nous reproduisons la figure dans noire Allas (5);
I) Laurillard [Dict. univ. d'Hist. nat,, p. 636) a changé le nom de Squalodon en celui de Crenidel-
phinus, el M. Pedroni dclet Soc. linn. de Bordeaux, l. XVI, p. 10.r>; 1845) en celui de Delphino'ides.
(2) Lui" citato.
3 PI. XXVIII. //.y. i.
ESPÈCES ET GISEMENTS DIVERS. iîl
2° Différentes pièces, signalées par M. Delfortrie, qui ont donné lieu aux
Notices suivantes :
a) Ossements entaillés et striés du miocène aquitanien (Actes Soc linn. Bordeaux,
t. XXVII, p. 261, PI. XIV; 4869). Il est question, dans cette Note, de côtes ou
fragments de côtes, que l'auteur attribue au Squalodon et qu'il suppose avoir été
striés par les dents du Sargus serratus.
(>) Description d'une nouvelle mâchoire inférieure de Squalodon Gfateloupi, dans
les grès marins de Léognan ( ides Soc. linn. Bordeaux, t. XXVII, p. -1 55, PI. V; 4 869).
La partie conservée de cette mâchoire est longue de 0,75; elle est pourvue de six
alvéoles représentant six des dents de la région moyenne dont les racines étaient
ovalaires et en arrière desquelles sont six dents en place répondant aux six avant-
dernières; celles-ci ont leur racine didyme et leur couronne festonnée; elles sont
suivies du dernier alvéole qui est, comme les leurs, allongé et un peu étranglé
dans son milieu. La planche jointe à cette Note donne aussi la figure de deux dents
caniniformes ou dents de la partie antérieure des mâchoires, qui ont été trouvées
dans le même gisement que la pièce dont il vient d'être question et à peu de
distance.
c) Note sur quelques ossements de Cétacés de Léognan (Actes Soc. linn. Bordeaux,
t. XXVIII, p. 372, PI. XXIII et XXIV; 1872). Dans cette Note, qui lui est commune
avec M. P.Fischer, M. Delfortrie donne la description et la figure d'une pièce anté-
rieure de sternum (I), ainsi que celle d'une vertèbre appartenant à la partie
moyenne de la région dorsale (2). MM. Delfortrie et Fischer acceptent l'opinion,
émise par moi, que le Squalodon avait des affinités avec les Platanistidés.
d) Lne autre moitié de mâchoire inférieure de Squalodon à peu près complète,
trouvée par M. Delfortrie à Léognan, a été signalée par M. Fischer (5). Celte pièce
fait partie de la belle collection de M. Delfortrie, et elle a été moulée par ses soins.
Ce savant paléontologiste a bien voulu m'en envoyer un exemplaire, dont on trou-
vera la figure dans l'Atlas de cet ouvrage (4).
e) En lui comparant ainsi qu'à la figure de celle précédemment citée, la derai-
(1) AcIesSoc. linn. Bordeaux, t. XXVII, p. 12, PI. II, fig. 3; 1869.
(2) PI. XXVIII, fig. 7.
(3) PI. XXVIII, Jig. 6.
(4) PI. XXVIII, fig. i et 4a.
432 GENRE SQLALODON.
mâchoire provenant également du grès de Léognan, que j'ai décrite sous le nom
de Champsodelphis macrogenius (1), je trouve une incontestable ressemblance dans
la forme et dans l'apparence générale; pourtant quelques détails, principalement
en ce qui concerne les alvéoles, ne sont pas les mêmes. Cependant je crois devoir
rapporter cette pièce au même genre que les précédentes, et une semblable
manière de voir avait été antérieurement émise par feu ML Pedroni (2).
Il me semble qu'on peut en dire autant de la pièce analogue, provenant du
même lieu, mais moins bien conservée, que j'ai signalée sous le nom de Champso-
delphis Bordée (5). On ne saurait toutefois se dissimuler qu'elle présente des
différences réelles dans la forme et dans la disposition des alvéoles.
M. Pedroni avait antérieurement parlé de ces pièces sous le nom générique de
Delph inoides Grateloupi.
Une remarque de M. Valenciennes doit être rappelée ici. Dans une Note, publiée
en ^1862(4), il a combattu avec raison l'attribution au genre Champsodelphis du
maxillaire inférieur signalé par M. Pedroni dont il vient d'être parlé.
/') Léognan n'est pas la seule localité du bassin de la Gironde qui ail fourni des
dénis du Squalodon. Avant d'avoir observé les dents antérieures de ce Cétacé,
j'avais signalé comme ne pouvant être rapporté qu'à un genre inconnu une dent
cultrif'orme, trouvée par feu le 1>. Burguet, directeur du Musée de Bordeaux, dans
le falun de Salele. Tout en la comparant aux dents antérieures du Basilosaure ou
Zeuglodon, ainsi qu'a cellesdu Dorudon de M. Gibbes, je proposais d'appeler Smilo-
camptus Burgueti (5) l'animal supposé inconnu que cette dent indiquait, mais en
ajoutant que celle classification était tout à fait provisoire.
Nous avons plus récemment reçu comme recueillie aux environs de Bordeaux,
mais sans désignation précise de localité (6), une demi-mâchoire supérieure
presque entière de la taille de celle décrite par Grateloup, dont les alvéoles auraient
plus d'analogie avec ceux du maxillaire inférieur signalé par AI. Pedroni. Ils sont
l; Zool.et l'ai. //•.. |i. 311, PI. Xl.l.. //.</. 7. — Atlas, pi. XXVIII, A//. 2.
(2) Jetés Soc. linn. Bordeaux. I. XIV. p. 107.
I- ' p IU, /■ 7. Allas, l'I XXVIII. ft,,. 2.
(4) Compf. n nd. lu '</., Acad. se. Paris, l I.IV, p. 788.
(S Compt. rendus hebd., I. XXVIII, p. 645. - Zool. el Pal.fr., p. 319.
(6) Peut-être cette pièce csl elle de Léognan.
ESPÈCES ET GISEMENTS DIVERS. i.j!
séparés pour chaque racine et sub-arrondis; les deux ou trois derniers sont sensi-
blement moins profonds que les autres.
Je puis citer une autre localité propre au département de la Gironde.
Deux dents de Squalodon, l'une antérieure, l'autre de la partie moyenne des
mâchoires, à couronne non encore crénelée mais finement serratiforme à ses
bords (I), m'ont été communiquées par M. Tournouër, comme provenant de Saint-
Métlard-en-Jalle, localité située près de Bordeaux.
L'antérieure (fi g. a) ressemble à celle de ÏArionius servatus, qui est représentée
sous le n° 25 dans notre PI. XXVIII; elle a aussi une grande analogie avec celle
que j'ai signalée sous le nom de Smilocamptus; l'intermédiaire (fig. b et b') n'offre
Squalodon : dents recueillies à Saint-Médard-en-Jalli' (1).
qu'un faible indice de la division de sa racine en deux parties. Les ligures que je
reproduis ici sont les mêmes que j'ai déjà publiées dans un autre ouvrage (2).
D. — Bassin du Rhône. Nous trouvons des fossiles analogues à ceux dont il
vient d'être question dans plusieurs localités situées dans le bassin de ce fleuve ou
que son lit a entamées. Les dépôts qui les renferment remontent, comme les pré-
cédents, au miocène moyen, et font en général partie de ceux auxquels les géo-
logues de cette contrée donnent le nom de molasse marine.
Les gisements de Squalodon que l'on a dès à présent constatés dans le midi de
la France sont plus nombreux que ceux du bassin de la Gironde. Le premier que
l'on ait reconnu est celui de Saint-Jean-de-\ édas, localité située à l'ouest de Mont-
pellier, dont la molasse marine m'a fourni deux dents : l'une en pyramide relevée
;i a, Dent antérieure. — b, dent intermédiaire, vue en dehors; b', la même, vue par sa face interne.
(2) Zool. et l'ai, gén., p. !77,.Av ' l <'l 15.
434 GENRE SQUALODON.
et un peu incurvée ayant ses cinq dentelons visibles sur le bord postérieur de la
couronne, ceux du bord antérieur, au contraire, usés, ce qui laisse apparaître
une rainure un peu excavée, étendue le long de remplacement qu'ils occupaient.
Comme je l'ai signalé, la racine de cette dent a été brisée, mais il est facile de
voir qu'elle se partageait en trois pointes et que la dent elle-même était tiradi-
culée. C'est ce -qui a conduit M. Yau Beneden à prendre la pièce dont il s'agit
pour type d'une espèce à laquelle il a donné le nom de Squalodon Gervaisii; je
l'avais précédemment attribuée au Squalodon Gratcloupi (I). Cette dent fait partie
d'une petite collection formée par feu M. Boucbet Doumencq, de Montpellier,
dont j'avais fait l'acquisition en -1847, pour la Faculté des sciences de cette ville.
L'autre dent de Saint-Jean-de-Védas dont la couronne dentelée était fortement
comprimée et usée, et la racine au moins didyme, sinon biradiculée, a été re-
cueillie par M. Paul Litchlenslcin et par moi dans le même gisement, qui est riche
en dents de Squales et renferme aussi quelques rares débris de mammifères, entre
autres des fragments de Bbinocéros (2).
C'est encore à l'ouest de Montpellier, à Bregines, près de Béziers, qu'ont été
découvertes deux dents antérieures de Squalodon données au Muséum de Paris par
l'intermédiaire de M. D'Arcbiac.
11 est aussi venu des Squalodous dans le petit golfe qui a déposé, à l'est de
Montpellier, les marnes et les calcaires dits de Castries et je figure une dent de
cette localité, appartenant à la partie antérieure des mâchoires (5), qui provient
d'un animal de ce genre. Elle a été recueillie dans cette localité, par M. le
1). Delmas.
La dent caniniforme ('<), indiquée comme ayant été trouvée dans le miocène
marin d'Uzès (Gard) que j'ai vue au Musée d'Avignon, m'avait d'abord semblé
comparable aux canines de certaines Otaries et je l'avais signalée sous le nom
à'Otaria? prisca. Mais maintenant que je connais mieux la dentition du Squalodon,
je la crois plutôt l'une des dents antérieures d'un animal de ce genre (S).
I) |>. Gervais, Zool. ri Pal.fr., |>. 310, PI. XLI, fig. î. — Sq. Gervaisii, Van Beneden, Recherches sur
[, Squalodons, p. 71. — Atlas, PI. WVlll. //>/. 12 el 12 a.
: P. Gerv., ./"». se. nul., 3' série, t. V, p. 2us. - Zool. cl Pal.fr., \>. - î ï < » , PI. XI, I. fig. 12. — Allas
PI. XXVIII, /?.'/• 13 el i 3 a.
(3) PI. XXVIII. fig. 11 el M.',
l PI. XXVlll fig. to.
(5) Otaria? p " '■ P. Gerv., Zool. et Pal. //.. p. 275, PI. VIII, /';/. 8.
ESPÈCES ET GISEMENTS DIVERS. 135
Je serais assez porté à penser que ce sont également des restes de Squalodon
qui ont donué lieu à la distinction du Stereodelphis brevidens signalé par Dubrueil
et par moi (\), dans la molasse jaune de Castries (Hérault), d'après un fragment
de maxillaire inférieur et deux dents épaisses (2), presque en forme de ligues
allongées, à couronnes raccourcies et rendues à peu près hémisphériques par
l'usure. Ce seraient alors des dents antérieures très-usées.
Un crâne presque entier de Squalodon (5) a été découvert, il y a assez longtemps,
à Bari, près de Taulignan, non loin de Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôrae).
Cette belle pièce, qui m'avait été signalée par Requien, d'Avignon, a été remise au
Musée de Lyon par M. le comte du Bord, propriétaire des carrières où on l'avait
trouvée, et feu M. Jourdan, directeur du Musée de cette ville en a fait faire des
ligures de grandeur naturelle. Dans la Note qu'il lui a consacrée (4), tout en recon-
naissant bien qu'elle appartenait au genre Squalodon, il a changé ce nom en Rhi-
zoprion, la désignation de Squalodon conduisant, suivant lui, à des appréciations
fausses. Comme il a pensé que l'espèce en était différente du Squalodon de Gra-
teloup, il lui a donné le nom de Rhizoprion bariensis rappelant la localité où le
crâne type de cette espèce a été découvert.
Ce crâne conservé à Lyon manquait malheureusement d'une partie de son
rostre, et M. Jourdan n'a pu en faire connaître qu'incomplètement la dentition.
M. Matheron, de Marseille, dont tous les naturalistes apprécient les beaux travaux
relatifs à la géologie de la Provence, m'a mis à même de combler à quelques
égards cette lacune en me donnant l'extrémité rostrale encore pourvue de quelques
dents du Rhizoprion de Bari (5); c'est ce qui m'a permis de faire, au sujet des
Squalodons, la plupart des rectifications dont j'ai parlé plus haut. La pièce pro-
venant du cabinet de M. Matheron est décrite par moi dans une lettre à M. Van
Beneden, et il en a été donné une figure lorsque cette lettre a paru (6).
M. Delfortrie a reçu de Taulignan (Drôme) une dent que nous devons rap-
peler àpropos du Rhizoprion de Bari. Elle est un peu moins usée que la seconde de
(1) PL XXVIII, /hj. 14-16.
(2) Delph. brevidens, Dubrueil et 1'. C.erv., Compt. rend, hebd., PI. XXVIII, p. 139; 1849. — Stereod.
brev., P. Gerv., Zool. et Pal.fr., p. 310, pi, IX, fig. 4-7. — Allas, I'I. XXVIII, fig. li-16.
(3) PI. XXV III. /itj. 8 et 8a.
(4) Compt. rend, hebd., t. LUI, p. 959; 1861.
(5) PL XVIII, fig. 9 et 9 a.
((>) Bail. Acad. r. Belgique, 2" série, t. MIL p. 469 avec Pi.; 1862.
436 GENRE SQUALODON.
celles provenant de Saint-Jean-de-Védas que j'ai publiées, mais ses deux racines sont
restées à peu près entières et elles sont parfaitement distinctes l'une de l'autre, carac-
tère que M. Van Beneden a, de son côté, observé sur une partie des dents de Squa-
lodons que l'on extrait du crag d'Anvers et que les arrière-dents trouvées à Léognan
présentent aussi; mais trompé sans doute par les altérations produites par l'usure
dans les dentelons postérieurs qui sont excavés par la disparition d'une partie de
l'ivoire que l'émail ne protégeait plus suffisamment et par la formation en avant,
par suite de la même cause, d'une sorte de gouttière qui descend du sommet
de la dent jusqu'à son collet, il y a vu l'indication d'une espèce encore nouvelle
Sqnalodon Yocontiorum.
à laquelle il a imposé le nom de Sqnalodon Vocontiorum (1). Nous donnons ici la
figure de cette dent vue en avant (a), de profil (ù) et en arrière (<■).
La molasse de Saint-Didier (Vaucluse), a fourni une dent analogue à celles du
Stéréodelphis qui m'a été remise par M. Eug. Llaspail et qui semblerait indiquer
un état d'usure également avancé (2).
On ne saurait encore décider si c'est à un Squalodon, ou comme nous l'avons
dit (5) à un Dauphin voisin du Delphimis Cortesii, qu'il faudra attribuer un frag-
ment de mâchoire inférieure indiquant une assez grosse espèce de Cétodontes
trouvé par M. Chalande dans le falum de Romans (Drôme). Quatre alvéoles
arrondis et séparés les uns des autres, mais qui paraissent être alternativement plus
grands et plus petits, comme ceux qui répondent aux arrière-molaires des Squalo-
dons dont les dents ont chacune deux alvéoles distincts se voient encore sur ce
fragment. La longueur est de 0,070, et la hauteur de 0,0 ï'>. Dans le cas où il
I Actes Soc. limi. Bordeaux, 1. XMX, p. 257, a\ec fig,
[i Zool. et Pal. franc., p. 310. Atlas, l'I. XXVIII. fig. 17.
; Zool. et Pal./ra >>-., p. 308
ESPÈCES ET GISEMENTS DIVERS. 437
proviendrait d'un Squalodon on devra le rapporter, à cause de la disposition de
ses alvéoles, à la forme que j'avais autrefois réunie au Champsodelphis macrogenius.
Disons enfin qu'une deut regardée comme étant du Squalodon m'est, en outre,
signalée comme trouvée dans la molasse miocène des environs de Lyon,
par M. Pascal.
C. — Bretagne. Enfin je dois rappeler, pour terminer la liste des gisements de
squalodons que je connais en France, que M. Lebesconte, pharmacien à Rennes,
m'a communiqué (I) une dent, appartenant bien évidemment à ce genre, qui
provient du falun de Dinan (Côtes-du-Nord) (2). C'est une arrière-molaire bira-
diculée, à couronne bien entière et dont ni la pointe ni les dentelons ne sont
encore entamés; il y a quatre de ces derniers en avant de la pointe et quatre en
arrière.
II. Squalodons signalés dors de France. — Si maintenant nous passons aux
gisements signalés hors de France, nous en voyons plusieurs qui appartiennent à
différentes parties de l'Europe.
A. — Ainsi, dans les Pays-Bas, nous constatons la présence de débris assez
nombreux qui provient du genre qui nous occupe. Ils ont été principalement
observés par M. Van Beneden et font surtout partie du crag d'Anvers (Belgique) (5).
11 y en a aussi dans les pays de Gueldre et d'Elsoo (Hollande).
Les restes du Squalodon, trouvés à Anvers, qui ont été étudiés par M. Van Be-
neden, sont nombreux et d'une grande importance pour l'histoire de ce genre ; on
y remarque une grande partie de crâne et une série dentaire presque complète.
La description détaillée en a été donnée par mon savant collaborateur, dans le
Mémoire que j'ai déjà cité. L'ensemble des pièces osseuses présente une confor-
mation peu différente de celle qui caractérise les Delphinidés et en particulier
couforme à celle du Squalodon de Bari; quant aux dents, elles sont rapportées
par l'auteur à la formule suivante :
3.1 11 , , ,4 av. -mol. .7 .
- i : T c. — mol. dont ; T et- arr.-mol.,
3 ' l ' 1 1 4 av.-mol.
les dernières sont pourvues de deux racines.
(1) P. Gerv., Bull. Soc. géol. France, 2e série, t. XXVII, p. 702.
(2) PI. XXVIII. //#. 19.
(3) Van Beneden, Recherches sur les Squalodons, in-4°, avec 3 PI. [Mèm. Acad. r. de Belgique, t. XXX
1865 — /(/., Supplément au Mémoire précédent, avec une PI. llbid. t. XXXVII; 1868.)'
4:;8 C.ENRE SQUALODON.
M. Jourdan supposait l'existence chez le Squalodou de Bari de 24 à 26 paires
de dents uniradiculées à chaque mâchoire et de - paires d'arrière-molaires; mais
l'état du rostre, dans la tête qu'il a décrite, ne permettait aucune détermination
précise à cet égard.
M. Van Beneden regarde les Squalodons qu'on a trouvés, h Auvers (I ), comme con-
stituant une espèce différente de celles qu'on avait précédemment observées; il
lui donne le nom de Squalodon antverpiensis (2).
C'est aux environs d'Eibergen , dans le pays de Gueldre, que les débris de
Squalodons propres à la Hollande ont été rencontrés en partie. Ils ont été décrits
par M. Staring (5), et ensuite signalés à MM. Owen et Van Beneden (4) par feu
M. Van Breda.
B. — Angleterre. D'après M. llay-Lancaster, cité par M. Van Beneden (5), il s'en
trouverait également dans le crag d'Angleterre. Mais je ne crois pas qu'ils aient
encore été l'objet d'une publication spéciale.
C. — Autriche. — ][ s'en rencontre aussi dans la Haute-Autriche. Ils ont été
découverts par M. Erhlich à Lintz, dans le miocène de la vallée du Danube, et suc-
cessivement signalés par MM. Klipstein (6), Erhlich (7) et Van Beneden. Ces osse-
ments constituent le Squalodon Erhlichii de ce dernier naturaliste (8).
D'après M. Van Beneden, la distinction spécifique du Squalodon d'Erhlich serait
justifiée par la largeur extraordinaire et la brièveté du rostre.
0. — Wurtemberg. — Les terrains marins déposés dans le Wurtemberg pendant
l'époque tertiaire moyenne ont aussi enseveli des débris de Squalodons. J'en ai
remarqué parmi les fossiles de Steinheim que l'on conserve au Musée de Stutt-
gard (0), et je pense que la tète fossile provenant de ce gisement que M. Herm. von
I Pl. XXVIII, fig. M cl >l copies).
(2) Loco cit., p. 70.
[3 Staring, Bodem van Nederluud, t. Il, p. 2IG, Pl. III, fig. 3 et l. — Van Beneden, loco cil. p. S5.
[i \ an Beneden, Lcico cit., p. 8.
(o Van lirni'ilfi), L<>ct> cit., p. 10.
(6) Karsteris und Decken's Archiv.; 1812. — Jarbv.ch.fiir Minéralogie, I8i:i, p. 704.
(7) Beitràye zur Paléontologie; Lintz; 1855.
(8) Loco cit., p. 72.
"i Pl. XXVIII, fig. 23 et 24.
ESPÈCES ET GISEMENTS DIVERS. 439
Meyer a décrite sous la dénomination à'Ârionius servatus (I) est aussi celle d'un
animal de ce genre.
C'est, ainsi que je l'ai dit précédemment, ce dont je crois m'être assuré par
l'examen de cette pièce que l'on conserve au Musée de Stuttgard où elle m'a été
montrée par M. le professeur Fraas.
Ce crâne (2) a été trouvé dans le terrain miocène; sa forme générale est Irès-
somblable à celle du crâne de Bari, décrit par M. Jourdan, et l'apparence de deux
dents que M. Fraas et moi avons dégagées en partie de leur gangue, ainsi que le
caractère double des alvéoles visibles sur un autre point des mâchoires; enfin
l'apparence caniniforme des dents antérieures figurées par von Meyer ne me
semble laisser aucun doute a cet égard. L'Arionius me parait donc devoir être
ajouté à la liste, déjà longue, des genres qui font double emploi avec celui du
Squalodon. Le crâne de l'Arionius a appartenu à un sujet moins grand et aussi
moins avancé en âge que celui de Barie.
E. — Il me reste pour terminer la liste des gisements européens du genre Squa-
lodon à rappeler ceux qui ont été observés en Italie.
Italie. — J'ai vu au musée de Tienne (5) une dent crénelée d'un animal de ce
genre qui était étiquetée comme venant de Miniato (Toscane).
De son côté, M. le professeur Suess signale également dans cette localité (4), la
présence du genre dont il s'agit et cela d'après la même dent. C'est le Squalodon
Suessii de M. Brandt (5).
Il y en a aussi à Libano, près Bellune, où ils ont été signalés par M. Molin (6).
Ce naturaliste en fait, il est vrai, un genre à part sous le nom de Vaclnjodon Calulli :
mais M. Brandt rapporte, quoique avec doute, l'animal que ces fossiles indiquent
au genre qui nous occupe, et il l'appelle Squalodon Calulli (7).
(1) II. von Meyer, N. Jahrbuchf. Minéralogie, 1841, p. 31b.— Id., Paleontographica, I. VU, p. 31, PI. VI
(en partie reproduite dans notre Atlas, Pi. XXVIII, 22-24). - - P. Gerv., Zool. et Pal. gên., p. 255. — Squa-
lodon Meyeri, Brandt, Cetacccn Europcfs, p. .'SIC. — Id., SuppL, p. 29.
(2) PI. XXVIII, fig. 22 (copie).
(3) P. Gerv., Zool. el l'ai, gén., p. 255.
(4) Jahr. der Geol. Reichsans/alt, Vienne, t. XVIII, p. 290. PI. X; 1868.
(5) Lococil., p. 330, PI. XXXII, fig. 24.
(G; yitzunyucr. der 117 n. Acad., I. XXXV, p. 1 17, PI. I et II et t. XXXVIII, p. 326, PI. I
(7) Loco cit., p. 332.
I.e nom de Pachyodon est plus particulièrement synonyme de Phocodon.
440 GENRE SQUALODON.
J'ai en outre reconnu la présence du même genre parmi ceux qui ont été
recueillis à Lecce, dans la terre d'Otrante, et que possède le Musée de Naples (-1).
Enfin M. Brandt a plus récemment appelé Squalodon Gaslaldii (2) des restes ana-
logues découverts dans la molasse d'Aquia.
III. Squalodons signalés en Amérique.
États-Unis. — Nous avons vu qu'on avait quelquefois regardé, mais à tort,
les Squalodons comme étant des animaux du même genre que les Zeuglodons. Les
Zeuglodons, dont Harlan avait fait son genre Basilosaure, sont exclusivement
propres à l'éocène; c'est au contraire dans le miocène qu'ont été enfouis les
Squalodons des différents gisements européens que nous venons de citer. D'après
MM. Leidy et Cope, il n'en serait pas de môme dans l'Amérique septentrionale;
Squalodon atlanticus (3).
les Squalodons s'y rencontreraient aussi bien dans l'éocène que dans le miocène.
M;iis la preuve de cette assertion est-elle bien réellement acquise à la science?
Si l'on étudie les détails réunis avec tant de soin par M. Leidy dans un de ses der-
niers ouvrages sur les Mammifères fossiles de cette vaste région (A), il semble qu'une
seule des cinq espèces qui y sont attribuées au genre Squalodon doive conserver
ce nom, du moins dans l'état actuel de nos connaissances à leur égard, (.'est le
Squalodon atlanticus (5) dont il figure un fragment de maxillaire supérieur encore
i ;•/., Journ. de Zool., t. I. p. 224; 1872.
(2) Fossilen Cetaceen Europa's, p. 326, fig. \-i.\.
; Vrrière-molaire inférieure, copiée de l'ouvrage de M. Leidy (PL XXIX, y/y. •'>).
i The extinct mammalian Fauna oj Dokota and Vebraska, in-4° avec PI. Philadelphie; 1869.
5 Leidy, loco cit., p. 416.
ESPÈCES ET GISEMENTS DIVERS. Hi
pourvu de quatre dents appartenant à la partie postérieure delà mâchoire et cinq
dénis isolées qui sont caniniformes, comparables à des fausses molaires ou à cou-
ronne denticulée; il est remarquable que celte espèce soit précisément la seule
qui appartienne à la faune miocène. Les arrière-dents y sont plus serrées que dans
nos Squalodous d'Europe, et celles de la partie antérieure ont leur couronne plus
guillochée ; leur forme parait aussi offrir quelques différences, quoiqu'elles soient
d'abord caniniformes, à longues racines et uniradiculées, puis en coin et à racine
didyme, enfin garnies de deux racines bien distinctes et pourvues de dente-
lons a leurs bords antérieur et postérieur. Nous reproduisons d'après l'ouvrage
de M. Leidy un fragment de mâchoire supérieure portant quatre dents (4) ainsi
qu'une arrière-molaire du Squalodon atlantique, celle-ci vue isolément.
Ces fossiles proviennent des marnes miocènes de Shiloh, Cumberland, dans le
New-Jersey.
Quant aux quatre autres espèces qui ont été attribuées au même genre par les
naturalistes américains, j'en réserverai la classification jusqu'à une connaissance
plus complète de leurs caractères. Ces espèces sont les suivantes :
Squalodon Holmf.su, Leidy, loco cit., p. 418, PI. XXVlll, fig. 15-17, etP). XIX, fig. 9 (Colophonodon
Holmesii, id., Proceed. Ac. nul. se. 1853, p. 377).
De l'éocène de l'Ashley-Iîiver (Caroline du Sud).
Squalodon pelagius, Leidy, ibid., p. 420, PI. XIX, fig. I.
De l'éocène de l'Ashley-River, près Charlestone.
Squalodon pygm.bus, Leidy, ibid., p. 420, PI. XXIX, fig. 7 et 8. — Basilosaurus pygmœus, Leidy
Zeuglodon, Tuomey; Dasilosaure, id.; Zeuglodon pygmœus-, i. Mull; Doryodon pygmœus, Cope).
De l'éocène de FAshley-Rîver, près Charlestone.
La pièce observée est un crâne presque entier, dont nous reproduisons la figure d'après M. Leidy (2),
comparativement avec celle du Rhizoprion de Barie, qui est bien certainement un Squalodon. Les dif-
férences qui existent entre ces deux crânes n'échapperont à personne, celui du Rhizoprion de Barie,
indique, a n'en pas douter, un animal de la grande division des Cétodontcs delphinoïdes ; celui du Squa-
lodon pygmée rappelle, au contraire, la même partie du squelette prise dans les petites espèces de Balé-
nides fossiles, avoisinant les Balénoptères, et ses affinités semblent le rapprocher plutôt de ces ani-
maux que des Zeuglodons véritables; mais, ainsi que je l'ai fait remarquer ailleurs (3), une nouvelle étude
de ce crâne est à désirer et j'ai déjà appelé sur lui l'attention des naturalistes. Cette étude aurait d'autant
plus d'utilité que le Squalodon pygmœus paraît avoir été pourvu de dents, caractère qui paraît cire
en faveur de l'opinion soutenue par plusieurs naturalistes cités ci-dessus et par M. Leidy lui-même, à
une certaine époque, que ce fossile appartenait au genre Zeuglodon'. Nous avons d'ailleurs dit qu'il était
éocène.
Squalodon protervus, Leidy, ibid., p. 123, PI. XXVIII, fig. 18-19 [Cynorca proterva, Cope .
De l'éocène de l'Ashley-River, Caroline du Sud.
(1) PI. XXVIII, fig. ïo copie).
i PI. XXVIII, fig, 20 (copie).
(3) Nouvelh v Archives du Muséum, t. Vil, p, 138.
;>i;
u_> genre squalodon.
Sqcalodons signalés en Australie.
D'après M. Frédéric Mac Coy, les terrains tertiaires moyens de l'Australie renfer-
meraient aussi des fossiles provenant du genre Squalodon. Ce naturaliste signale
en effet la découverte à Castle-Cove, cap Otway, côte de Victoria, d'une dent cré-
nelée, pourvue de deux tubercules en avant et de trois en arrière, qu'il regarde
comme étant d'un Cétacé de ce genre, et il lui donne le nom de Squalodon
Wilkensoni {\).
SQUELETTE ET DENTITION.
Squelette. — Le crâne de Squalodon trouvé à Bari (2) est presque complet, tandis
que la pièce décrite par (Irateloup était réduite à une simple portion de cette
région du squelette, comprenant une partie des maxillaire et intermaxillaire
droits avec le palatin correspondant. Cette pièce était peu propre par conséquent
à nous donner une idée des caractères particuliers de ce genre, mais elle sufli-
sait pour reconnaître l'ordre auquel il appartient. La forme du crâne étudiée sur
le sujet de Bari est, dans son ensemble, comparable à celle du crâne des Del-
phinidés, ce que Grateloup avait déjà entrevu pour le crâne moins complet de
Léognan, mais sans s'y arrêter. Elle rappelle surtout par certains de ses détails le
crâne de l'inie et celui du Pontoporie. Au lieu que la boîte cérébrale soit élargie
et bombée en arrière, elle est comme resserrée entre les fosses temporales ici
plus grau les que dans le Dauphin ordinaire, ce qui est aussi le cas pour les
deux Cétodontes que nous venons de citer, et le plan de la région occipitale y esl
également oblique.
Toutefois le crâne du Squalodon n'est pas entouré de crêtes aussi saillantes que
dans le Plataniste et l'inie. L'apophyse zygomatique du temporal y est d'ailleurs
épaisse et plus forte que dans les Dauphins ordinaires, ce que l'on observe aussi
dans le Plataniste, animal chez lequel ce caractère se montre même à un degré
d'exagération que nous ne voyons pas ailleurs. Le bord externe de la partie anté-
rieure des os zygomatiques est ('pais el le bourrelet extérieur qu'il forme par sa
jonction avec le bord fourni par les frontaux aux arcades or bitaires occupe une
(1) Geolog. Magazine, 186 7, p, 145, PI. \ III. fig. 1.
j PI XWili. fig. 8 et * a.
SQUELETTE. 443
longueur relativement considérable. La région qui entoure les narines et s'étend
entre les yeux est formée comme d'habitude par la partie postérieure des os
intermaxillaires et maxillaires, mais on n'y voit pas les crêtes longitudinales
propres aux Delphinorhynques actuellement existant ; l'apparence en est celle
d'un plan médiocrement incliné qui descendrait de la crèle occipitale pour
atteindre la partie prolongée du museau , celle-ci lui faisant suite sans inter-
ruption à partir des échancrures pré-or bitaires. Dans la partie postérieure les
intermaxillaires et les maxillaires semblent remonter moins haut vers la crête occi-
pitale. Les intermaxillaires sont plus étroits que les maxillaires dans toute leur
longueur et les narines au lieu de représenter, dans leur ensemble, une sorte de
demi-lune, sont plus rétrécies et comme enfoncées entre les mêmes os. Le cartilage
sus-vomérien a laissé par sa disparition une large rainure qui les sépare, l'un de
l'autre clans toute leur longueur. Le rostre est allongé et relativement étroit. La
partie des os intermaxillaires et maxillaires qui les constituent est sillonnée par une
rainure dont la profondeur parait variable mais qui n'arrive pas au degré d'exa-
gération que nous lui trouvons chez les Glyphidelphis.
Il sera facile de compléter cette description lorsque l'on aura dégagé le crâne
de Bari des portions calcaires qui l'encroûtent encore et aussi en faisant subir
la même opération à celui de l'Arionius qui est conservé au Musée de Stuttgard.
Le maxillaire inférieur est également dans la forme caractéristique des Céto-
dontes.
Tous ces caractères sont en partie visibles dans le crâne signalé par Hermanu
von Meyer sous le nom d'Arionius, mais ce dernier et celui de Bari auraient be-
>-oin de subir une dernière préparation pour pouvoir être décrits sûrement et défi-
nitivement comparés entre eux.
On attribue au Squalodon une vertèbre atlas (1) dont .1. Muller et AI. Yun Beue-
den ont parlé l'un et l'autre. Elle est séparée de l'axis, mais l'axis lui-même n'est
pas connu, non plus que le reste des cervicales.
J'ai fait figurer, de mon côté (2), une vertèbre dorsale appartenant à la partie
moyenne de cette région, qui pourrait bien avoir appartenu à un Squalodon; elle
a été trouvée dans le miocène de Fézenas (Hérault); le corps en est plus long que
(1) PI. XXVIII, fig. 5 et 5 a.
(2) Zool. ri Pal. franc., PL XIX, fig. 8.
444 <;ENRE SQUALODON.
large et l'on y voit de chaque côté une surface articulaire destinée à l'attache de la
paire de côtes correspondantes.
Une vertèbre, trouvée à Léognan, que m'a communiquée M. Tournouër, est du
commencement de la région coccygienne; elle est plus longue que large et a ses
apophyses épineuses et transverses moins fortes que dans Finie. On en trouvera
la figure dans le Mémoire de MM. Delfortrie et Fischer (1). Sa forme vient à l'appui
de l'opinion émise par moi qui fait du Squalodon un Cétodonte de la même famille
que Finie et le Pontoporie; mais on ne lui voit pas la forte saillie articulaire propre
aux \ertèbres lombo-coccygiennes du Plataniste.
Notre collection possède quelques aulres vertèbres fossiles provenant des faluns
de la Gironde et d'autres localités, dont la forme indique des Cétodontes analogues
aux Delphinorhynques, mais auxquels nous ne saurions donner dès à présent
des noms de genre et encore moins de noms spécifiques.
Citons enfin une plaque sternébrale antérieure (2) également recueillie à Léo-
gnan, dont MM. Delfortrie et Fischer ont aussi donné des figures (5). File n'a
rien de commun dans sa forme avec le sternum de Finie qui est d'une seule pièce,
mais on pourrait lui trouver quelque analogie avec la partie correspondante du
sternum du Plataniste , si ses angles latéro-antérieurs n'étaient pas écarlés et
arrondis; on voit sur sa ligne médiane la trace de sa séparation primitive en doux
moitiés bilatérales.
D'après M. Van Beneden (4), une caisse auditive trouvée a Lintz pourrait bien
provenir du Squalodon d'Frlich; mais cette pièce n'a pas encore été décrite com-
parativement, et je ne connais pas son analogue parmi les fossiles appartenant
bien au même genre que j'ai pu observer jusqu'à ce jour.
Dentition. — C'est à cause de la forme surélevée et crénelée de la couronne des
dénis qu'on a d'abord connues et de l'analogie apparente de ces dernières avec
cilles de certains Squales, que les Squalodons ont reçu le nom par lequel les na-
turalistes ont continué à désigner ce genre si curieux; mais celle forme, envisagée
en elle-même, avait d'abord l'ail penser qu'il devait prendre rang parmi les Sauriens
il; Act.6oc.linn. Bordeaux, I. XXVIII, p. I,PJ. XXIII, fig. 2 a el 2 6.
(2 PL XXVIII, fig. 7.
(3] Loco cil., p. 375, PI. XXIII, fig. 1 a-c
(4 IjOco cil p. 76.
DENTITION. 445
et qu'il avait quelque analogie avec les Iguanodons. Non-seulement elle paraîtra
différente si on l'examine avec soin, mais les caractères mémos de l'implantation
des dents montreront qu'elles sont très-différentes dans les Squalodons de celles des
reptiles avec lesquels on avait d'abord comparé ces animaux. Elles sont gompho-
dontes, c'est-à-dire implantées clans des alvéoles distincts, ce qui constitue la dis-
position dite aussi théeodonte, au lieu d'être appliquées à la face interne des maxil-
laires, et, de plus, elles ont deux racines ou même trois, comme dans le Squalodon
Gervaisii, qui repose sur une dent encore unique, trouvée à Saint-Jean-de-Vedas
(Hérault), laquelle parait être une dent supérieure.
Pour la mâchoire supérieure les dents qui possèdent le caractère d'être biradi-
culées paraissent être au nombre de sept paires; c'est en effet le nombre indiqué
par M. Van Beneden, qui considère que ce chiffre est aussi le mèmeà la mâchoire in-
férieure. Les doubles racines de celles de ces dents dont la position est intermé-
diaire aux autres sont plus longues et plus écartées dans l'un des sujets recueillis à
Anvers et qu'a décrit notre collaborateur, mais cinq de celles qui y sont conservées
ont leurs deux racines bien séparées entre elles; elles sont au contraire conni-
venles et seulement distinctes en partie dans la pièce découverte à Léognan, que
Grateloup a étudiée le premier, et une différence concordante se remarque entre
les alvéoles chez ces deux exemplaires.
Les alvéoles des deux premières molaires festonnées des Squalodons de Léognan
qui sont restés vides sont à peine didymes et celui de la quatrième de ces dents qui
est aussi dans ce cas, tend aussi à se confondre en une seule fosse alvéolaire, bien
que l'on y voie l'indication des deux racines en partie confondues de la dent qu'il
logeait. Il se pourrait que ce fût là un caractère spécifique, et M. Van Beneden
aurait eu raison dans ce cas de distinguer le Squalodon d'Anvers [Squalodon
antverpiensis, V. Bened.), de celui de Léognan [S. Graleloupi, \\ Gerv.).
Le Squalodon de Bari paraît sous ce rapport différent de celui d'Anvers. A
en juger par le moule qui en a été exécuté, les molaires festonnées de sa mâchoire
supérieure ont leurs deux racines distinctes l'une de l'autre.
Parmi les mâchoires inférieures découvertes à Léognan postérieurement à la
pièce décrite par Grateloup, il en est qui ont les deux racines de leurs arrière-
molaires bien séparées. Cette disposition est très-évidente dans une des pièces de
s
446 i.ENRE SQUAL0D0N.
la collection de M. Delfortrie, dont nous reproduisons la figure (1); les alvéoles
correspondants y sont presque complètement divisés en deux, y compris celui de la
dernière de ces dents, et l'on retrouve facilement les deux cavités propres à chacune
des racines après la chute des dents elles-mêmes. Mais cette disposition est loin
d'être aussi nette dans une mâchoire provenant du même gisement, que j'ai autrefois
rapportée au Champsodelphis macrogenius, et que M. Pedroni avait précédemment
attrihuée au Detphinoides Grateloupi, c'est-à-dire au Squalodon ordinaire. Les
alvéoles y sont plus arrondis, et il n'en est qu'une partie qui soient rapproches
deux à deux pour recevoir les deux racines des molaires correspondantes, ('eux
des deux racines sont bien séparés pour chaque dent, et l'on pourrait croire qu'ils
correspondent à autant de dents distinctes; c'est là ce qui m'avait fait attribuer
ce fossile au Champsodelphis.
Les dents antérieures des Squalodons, au lieu d'être crénelées à leur couronne
comme celles dont nous venons de parler, sont simples et d'apparence plus ou
moins lancéolée; elles n'ont aussi qu'une racine chacune, et si quelquefois une
tendance à la séparation de celte racine en deux parties semble indiquée, ce
n'est que pour celles qui sont le plus rapprochées des arrière-dents et la division ne
s'accomplit pas comme cela a lieu pour ces dernières.
< >n a diversement interprété la nature des dents des Squalodons qui sont implan-
tées en avant de leurs dénis crénelées; ces dernières ayant été regardées comme
«les arrière-molaires, et on peut leur laisser ce nom que leur position, a défaut
de leur forme, justifierait, il a paru convenable à quelques auteurs de voir dans les
antérieures des incisives et des canines, el ils ont donné à celles qui précèdent im-
médiatement les arrière-molaires le nom d'avant-molaires ou de prémolaires.
M. Van Beneden admet que l'ensemble des dents antérieures îles Squalodons
. 5 . . . I 4 , , . ... ,
représente : -incisives, -canines et ~ prémolaires; ce qui, joint aux sept paires
d'arrière -molaires ou molaires crénelées, porterait à quinze paires le nombre des
dents de chaque mâchoire el à soixante le chiffre total de celles que présente chaque
sujet. M. Jourdan portai t à tort à 2 \ paires le nombre des dénis uniradiculées.
Prenons d'abord les terminales antérieures dont la forme esl si singulière. I n
(i P1.XXVI11, //. 4.
DENTITION. 417
examen attentif permet de les comparer aux dents correspondantes des Platanistes (4 )
qui seraient devenues ici beaucoup plus fortes que chez ces Delphinorhyncidés.
Voici dans quel état elles se trouvent dans la partie terminale des mâchoires du
Squalodon de Bari (2), qui m'a été remise par M. Matheron. J'en ai déjà parlé dans
ma lettre à M. Van Beneden et c'est à leur examen que je dois d'avoir été mis sur
la voie de plusieurs des rectifications auxquelles la synonymie des Squalodons a
donné lieu de ma part.
La première paire des dents supérieures et, parmi les inférieures, la terminale
du côté droit, ont leur couronne en partie usée, ce qui résulte de frottements
actifs et fréquents opérés par l'animal lui-même sur ces dents les quelles avaient
plus d'un décimètre de longueur et pourraient presque être appelées de petites
défenses. L'usure de la première inférieure droite est bien plus prononcée que celle
de sa correspondante de gauche.
Un développement presque égal à celui des dents de celte première paire se re-
trouve dans celles qui leur succèdent immédiatement soit à l'une soit à l'autre
mâchoire et qui constituent évidemment la seconde paire; mais je suppose que les
dents suivantes étaient moins grandes, et cette progression décroissante devait évi-
demment se continuer.
Les premières dents du Squalodon sont donc plus allongées que les autres et leur
couronne est de forme un peu irrégulière. Leur racine est couverte par une
épaisse enveloppe de cément entourant l'ivoire que la cassure de plusieurs d'entre
elles permet d'observer; mais la couronne manque presque complètement de ce
cément et sa surface est protégée par une couche d'émail.
La première paire des dents supérieures est conservée des deux cotés delà
pièce. Elle est longue de 0,105, dont 0,080 pour la racine et le reste pour la cou-
ronne. L'ensemble de la dent est irrégulièrement fusiforme. Les dents de la
seconde paire supérieure sont à peu près entières ; une cassure accidentelle en a
cependant enlevé la pointe, surtout pour celle du côté droit. Ces dents sont plus
arquées que les précédentes. La longueur totale de ces dents devait être de 0,150
environ, dont 0,080 pour la partie radiculaire. Elles oui ('gaiement dû servir à la
M PI. XXXI, fig. 1 et 2.
(2) PI. XXVIII, fig. 9 et 'i o.
448 GENRE SQUALODON.
défense de l'animal, dont la gueule se trouvait ainsi fortement armée en avant,
et le Squalodon pouvait certainement se nourrir d'animaux dont le corps était pro-
tégé par des parties dures; peut-être de Crustacés, de Mollusques ainsi que de
poissons placoïdes et sparoïdes.
La première paire de dents inférieures est proclive comme la supérieure,
mais d'une façon moins complète. Des deux dents qui composent cette paire, celle
de gauche a sa couronne presque entière, mais la partie basilaire de sa racine a été
brisée; à l'état complet elle pouvait mesurer 0,15 ou 0,1 i dont la moitié envi-
ron pour la couronne. La couronne de celle de droite a été en grande partie
usée pendant la vie de l'animal. La paire suivante était plus régulièrement canini-
forme, mais à couronne renflée au-dessous du collet; elle a une moindre lon-
gueur. La troisième dent inférieure, qui ne reste plus que du cote droit, pré-
sente les caractères de la précédente d'une manière encore plus accusée.
Entre ce fragment des maxillaires portant encore neuf des dents antérieures,
quatre de la mâchoire supérieure et cinq de l'inférieure, et la portion considé-
rable de crâne provenant du même sujet qui a été remise à M. .lourdan, il existe
une lacune, plusieurs paires de dents de la région moyenne et la portion des maxil-
laires auxquels elles étaient attenantes ayant été perdues. Il ne reste en effet sur la
tèle du Squalodon que possède le Musée de Lyon qu'une partie des dents posté-
rieures, et, sauf une seule eu haut et une en bas, elles ont toutes les bords cré-
nelés. Or nous sa\oiis par le Mémoire de M. Van Beneden qu'il existe à chaque
mâchoire chez les animaux de ce genre huit paires de «lents à couronne non
dentelée et à racines simples, placées en avant de celles dont la couronne est
festonnée et qui possèdent deux racines.
Les trois premières paires seraient, d'après le même naturaliste, des incisives;
la paire qui vient ensuite représenterait une paire de canines, et les quatre suivantes
devraient être comparées à des prémolaires après lesquelles viendraient les sept
paires d'arrière-molaires ou molaires à bords crénelés.
Mais y a-t-il réellement lieu de distinguer chez les Squalodons des incisives et
des canines? Si je compare aux dénis qui ont été regardées comme incisives les
trois paires de dents antérieures des Platanistes, je remarque (pu- ces dents ne
sont pas implantées dans l'os incisif, quoique cet os dans son extrémité terminale
tende à se confondre avec la partie correspondante du maxillaire; je crois même
DENTITION. 44«i
qu'on peut les regarder sans hésiter comme ayant leur racine dans les os maxil-
laires. 11 en est d'elles, sous ce rapport, comme des dents suivantes. L'Inie a les
mêmes dents implantées d'une manière plus évidente encore dans les os des mâ-
choires; lePontoporie est aussi dans ce cas. D'ailleurs, il n'est pas inutile de rappeler
que les affinités du Squalodon rattachent ce mammifère aux Homodontes, malgré
la diversité de forme de ses dents et la double racine que portent celles qui
occupent la partie postérieure de ses mâchoires; il est donc préférable d'assimiler
aussi son système dentaire à celui des Cétodontes, au groupe desquels il appar-
tient en réalité, tandis qu'il s'éloigne de celui des Phoques.
Les dents antérieures du Squalodon sont plus ou moins caniniformes ou plutôt
cultriformes, mais elles perdent ce caractère â mesure que l'on se rapproche de
celles qui sont crénelées, c'est à dire des postérieures, et, avant d'arriver à celles-ci,
auxquelles on donne le nom d'arrière-molaires, il s'en trouve déjà une ou deux
paires, peut-être davantage, dont la racine commence à se dédoubler. Une des
dents provenant de Saint-Médard-en-Jalle que m'a communiquées M. Tour-
nouér et dont j'ai donné précédemment la figure (I), est dans ce cas.
La forme de chacune des dents du Squalodon est donc pour ainsi dire spéciale
chez un même sujet, et chaque dent se reconnaît en outre à quelques-uns de ses
détails, mais elle peut varier aussi dans les différents individus : -1° par les rainures
verticales qui existent parfois à la surface des antérieures, comme dans le sujet de
Saint-Médard-en-.lalle, ou au contraire manquent, comme dans celui de lïari ;
2° par les fines dentelures qui dans certains cas se voient au bord des dents intermé-
diaires comme cela a lieu dans le Squalodon antverpiensis , quoiqu'elles y soient
faiblement accusées, tandis qu'elles peuvent, au contraire, manquer tout à fait
aux dents de la même région dans d'autres exemplaires; 5° par leur disposition qui
est plus ou moins serrée dans les diverses régions qu'elles constituent.
On remarque aussi que les alvéoles de celles qui ont deux racines ne :-ont pas
toujours disposés de la même manière, particulièrement à la mâchoire infé-
rieure, et, dans un même gisement, il peut se rencontrer des mâchoires qui sont
disposées suivant l'un ou l'autre mode : telles sont, parmi les mâchoires recueil-
lies à Léognan, celles qui ont été signalées par M. Pedroni et par M. Dellôrtrie,
(I) Voir p. 133.
iSO GENRE PHOCODON.
Sont-ce là des caractères spécifiques? On est porté aie supposer; cependant
il me paraîtrait imprudent de chercher à arrêter dès à présent la liste réelle des
espèces, et surtout la synonymie de chacune d'elles, tant les renseignements qu'on
a fournis à leur sujet sont encore pour la plupart insuffisants. De nouvelles com-
paraisons et la découverte de pièces plus caractéristiques que celles que nous pos-
sédons pourront seules conduire à ce résultat.
REMARQUES AU SUJET D'UN GENRE
INCOMPLÈTEMENT CONNU, OUI A ÉTÉ RÉUNI AUX SQUALODONS, LE GENRE
PHOCODON.
Scilla a publié en ^ 652 (I) la figure d'un fragment de mâchoire inférieure
trouvé dans la molasse marine de l'île de Malte avec des dents du Carcharodon
mégalodon et antres espèces caractéristiques du miocène, et il le cite dans son
texte comme un argument contraire à l'opinion soutenue par Fabius Columna (2)
que les fossiles seraient des pierres figurées, ajoutant que l'on y voit des dents en-
core implantées dans l'os et quocetos lui-même est brisé de façon à laisser voir sa
structure. En effet, trois dents sont encore en place sur ce fragment de mâchoire.
Elles sont toutes trois de même forme, à couronne comprimée et festonnée à son
pourtour où l'on voit quatre denticules sur le bord antérieur et cinq sur le
bord postérieur. Ces dénis ont chacune deux racines très-manifestement implan-
tées dans un nombre égal d'alvéoles et ces racines sont incurvées en sens oppose
l'une de l'autre (5).
Dans son ouvrage sur les Poissons fossiles, de Blainville, en parlant des
i De Corporibui manu,., lapidescentibus qua defossa reperiuntur, p. 23 et 54, PI. XII, //.</. I; in-i
Home.
.' La dissertation de Fabius Columna esl insi rée ;i la suite il'- l'ouï i age de Scilla.
:< PI. XNVIII, A.v. is ,:„pir ,1, S, Hl.i).
HISTORIQUE. loi
Squales tertiaires, fait mention de la pièce signalée par Scilla, mais en s' expri-
mant ainsi : « Je place avec cloute, parmi les dents de Squales, les trois que
Scilla a figurées, contenues dans une sorte de mâchoire (PI. XII, fig. \). Par leur
forme triangulaire aplatie, par leurs deux espèces de racines, fort longues, en
fer achevai et leurs deux bords égaux, droits et divisés en cinq ou six grosses
dentelures mousses, il est évident qu'elles ont quelque rapport avec les dents des
Squales; mais leur implantation dans la mâchoire, si elle a lieu, devrait les en
éloigner (1). » De Blain ville n'avait pas vu le fossile figuré par Scilla, et l'on pouvait
croire que ce fossile était perdu lorsqu'il fut observé de nouveau par MM. L. Agassiz
et R. Owen. Il était passé avec la collection de Woodward (2) dans celle du Collège
delà Trinité, à Cambridge (Angleterre), où il est encore maintenant. M. Agassiz
crut y reconnaître les dents d'un genre particulier de la famille des Phoques auquel il
donna le nom de Phocodon (5). Quant à M. Owen (4), il le regarda comme provenant
probablement [apparently) de Y Hippopotamus minor de Cuvier (5), ce qui a été rec-
tifié depuis (6), et il donna la figure de l'une des dents encore en place sur le frag-
ment fossile dont il s'agit (7).
Ainsi que je l'ai rappelé en commençant l'histoire desSqualodons, j'avais pensé
autrefois que le Phocodon ne devait pas être séparé génériquement de ces der-
niers, et cette opinion a été partagée depuis par beaucoup d'auteurs. Cependant la
forme des dents n'est pas tout à fait la même dans les deux cas, et leurs dentelures,
quoique en apparence semblables, ont en réalité une autre disposition; c'est ce
que l'on reconnaît bientôt, même en se bornant à consulter la figure donnée par
Scilla.
Quoique Ton ne puisse dire, ainsi que le faisait alors de Blainville, « Mais les
lj Ichihyolites, p. 81; 1818. — Article Poissons fossiles du Nouveau Dictionnaire d'Histoire naturelle,
t. XXVIII, p. 385.
(2) Woodward cite et ligure à son tour le fossile de Scilla dans son Catalogue of foreign fossils, p. 25,
PI. Il, fig. 5; 1728.
(3) Repertorium do Valentiu, 1841, p. 336.
(4) Udonlography, p. 564.
(5) V Hippopotamus minutus, Cuv., de Tartas (Landes), qui esl un Chœropsis, ri par conséquent un
anima] congénère de Y Hippopotamus liber iensis.
{i\) P. Gerv., Sur le genre Squalodon, Mèm. Acad. Montpellier, t. VU, p. 80; 1867. — Id., Zool. cl Pal.
;/én., p. 170.
(7 Lococit., Pl.XCU, fig. 3.
452 GENRE l'HOCODON.
dents de Squalodon n'ont certainement qu'une racine (1), il est vrai implantée
et non appliquée comme dans les Iguanes, tandis que celles du fragment de
Scilla en ont deux fort longues et fort distinctes, en sorte que la certitude que le
Squalodon serait un Dauphin n'entraînerait pas celle que les dents figurées par
Scilla en seraient aussi, et qu'alors elles ne proviendraient certainement pas d'un
Phoque », il est certain que les doutes exprimés par ce savant ne sont pas dénués
de fondement.
Je ne voudrais pas assurer cependant, comme l'ont fait quelques naturalistes,
que ces dents ont appartenu à un Zeuglodon, et c'est pour ce motif que j'inscris
ici sous la dénomination de Phocodon et non sous celle de Zeuglodon, une dent
qu'il paraît bien difficile de ne pas attribuer au genre Phocodon. Cette dent a été
trouvée daDs le gisement de Saint-Médard-en-Jalle, près Bordeaux, qui renferme
aussi des débris de Squalodon, et elle a servi à M. Dell'orfrie pour établir son
Zeuglodon Vasconum (2). J'en donne moi-même, sur la page qui suit, une figure
faite d'après nature et de grandeur naturelle.
La dent de Phocodon de Saint-Médard-en-Jalle, mesurée au collet, a 0,052
d'avant en arrière, et elle est épaisse de 0,012 au maximum. Ses bords, son
sommet et ce qui reste de sa double racine sont un peu plus minces; elle a un
côté sensiblement plus renflé que l'autre, et, en prenant ce côté comme l'externe,
je la suppose gauche, dans le cas, bien entendu, où elle aurait appartenu, comme
je crois que cela a eu lieu, à la mâchoire inférieure. La portion delà racine visible au-
dessous du collet est plus longue que la couronne elle-même n'est élevée au-dessus
de ce collet, et cependant elle n'est pas complète. Elle ne va que jusqu'au point
de sa division eu deux racines secondaires, l'une antérieure dont la coupe
mesure 0,015 dans le sens antéro-postérieur et 0,007 transversalement, et l'autre
postérieure mesurant suivant les mêmes lignes 0,015 et 0,010. L'écartement entre
les deux racines pris à leur naissance est de 0,000; entre ce point et le collet la
hauteur de la partie basilaire de la racine est de 0,052 à la face externe et de
0,055 à la face interne. La couronne est entourée de lésions qui vont en grand is-
(i Lea arrière -molaires en ont deux ou môme irois comme dans la dont que M. Van Beneden prend
pour type du Squalodon Gervaisii.
i Delfortrie, Un Zeuglodon dans les [aluns du Sud-Ouest de la France (.ides Soc. linn. Borà
I. XXIX, p. Il !, av. lig.) — Td., Journal de Zoologie, l. III, p. i », av. fig.
DESCRIPTION. 453
sant à partir du collet jusqu'au sommet ou dentelon terminal supérieur, qui est le
plus fort de tous, et mesure 0,04 0 à sa base. Il y en a quatre le long du bord
placé au devant de lui et cinq au bord placé en arrière ; en avant et en arrière,
celui de ces festons qui est le plus rapprocbé du collet est relativement très-
petit (0,002). Cette dent diffère des dents biradiculées du Squalodon, en ce
qu'elle est un peu plus longue, à couronne un peu plus élevée et plus amincie, à
sommet moins rejeté en arrière et à bords antérieur et postérieur moins inégaux
entre eux; la partie basilaire de sa racine est aussi plus aplatie et plus longue;
sa couronne, à peu près lisse en debors, est un peu guillocbée en dedans au-
dessous des festons; elle est aussi plus comprimée.
Dent 'le PhocoJon trouvée à Saint-Médard-en-Jalle (I).
M. Delfortrie a bien voulu me communiquer cette dent et m'autoriser à en
prendre un moule. L'examen que j'en ai fait ne me permet pas de douter qu'elle
ne soit d'un animal génériquement différent du Squalodon; si donc elle appar-
tient bien à un Pbocodon, comme je le suppose, ce qui pourrait bien être aussi
le cas pour quelques-unes des dents que j'ai signalées, d'après les auteurs, comme
étant véritablement de Squalodons, il restera démontré que les Phocodons et les
Squalodons doivent être eux-mêmes séparés dans la classification. Les Squalodons
sont des Cétodontes du groupe des Delphinorhynques ou Platanistidés, mais je
n'oserais pas me prononcer encore au sujet des affinités des Pbocodons.
i Zeuglodon Vasconum, Delfortrie, loco citalo.
154 GENRE PLATAN1STE.
A la synonymie du genre Phocodon se rapporteraient les indications suivantes :
Scilla, De Corp. mar., PI. XII, fig. 1. — ld., Vana speculazione disingannata dal senso , p. 4, PI. XII,
fig. I ; Naples, 1G70. — Woodward, Calai, foreignfossils, p. 25, PL II : 17-28. — Phocodon Scillœ, Agass., lîe-
pertorium de Valentin, 1841, p. 236. — Hippopotamus minor, Owen, Odoniogr., p. 564. — Phoca melitensis.
antiqua, de Blainv., Ost. du g. Phoca, p. 51. — Squalodon Scillœ, Brandt, Foss. Celac. Europa's, p. 330.
— ld., ibid., Suppl., p. 46. — Zeuglodon Vascomun, Dellbrtrie, loc. cit.
Je ne suis pas en mesure de décider si la dent de Phocodon trouvée aux envi-
rons de Bordeaux est bien de la même espèce que celles figurées par Scilla d'après
la pièce recueillie à Malte. Un examen comparatif des pièces attribuées aux Squa-
lodons, plus particulièrement des dents considérées comme appartenant à ce genre
qui ont été découvertes en Italie, permettera seul de reconnaître si plusieurs
d'entre elles ne devraient pas être rapportées de préférence à des Phocodons.
DU GENRE PLA.TAÏSISTE.
Tous les Cétodontes dont nous avons parlé jusqu'à présent sont des animaux
essentiellement propres aux eaux de la mer, et ce n'est que par accident que nous
(ii voyons quelques-uns échouer à l'embouchure de certains fleuves, comme cela
a eu lieu pour l'Hyperoodon décrit par Hunier, lequel fut pris en 1785, au pont de
Londres, ou pour ceux au nombre de trois dont ont parlé Dicquemare et Uaussard
qui vinrent se perdre a l'embouchure de la Seine en 1765 et en 1788, soit au
Havre, soit à Honlleur; ou bien encore pour le Mésoplodon signalé par deBlain-
ville, Mésoplodon qui fut également capturé au Havre, où il se perdit en IK:2:>.
C'est la mer qui les avait amenés, et leurs espèces méritent à tous égards le
nom des Thalassolhériens par lequel nous avons proposé de désigner en commun
les Phoques, les Sirénidcs, les Halénides, les Cétodontes et les Zeuglodontes ,
animaux essentiellement propres aux eau\ salées cl qui, sauf de rares exceptions,
font tous partie de la faune maritime. Mais les Lamantins ne se rencontrent pas
seulement à la mer; il en existe aussi dans les grands lleuves de l'Amérique méri-
dionale et de l'Afriqne intertropicale et il y a des Cétodontes qui sont exclusive-
ment lluvialilcs. On les observe dans l'Inde et dans l'Amérique méridionale. Ce
HISTORIQUE. 4,:>
sont pour la première de ces régions les Platanistes, animaux de la famille des
Delphinorhynques, ainsi que les Oreelles plus rapprochés des Marsouins, et, pour
la seconde, les Inies constituant un autre genre de Delphinorhynques ainsi que
les Soialies qui diffèrent bien moins des Delphi nidés (4).
Des différentes espèces de Cétodontes fluviatiles, le Plataniste est celle qui s'é-
loigne le plus des animaux marins de cette division des Cétacés. Il a déjà été signalé
par Pline et par Elien qui le donnent l'un et l'autre comme un animal vivant dans
le Gange (2). Il existe, en effet, dans ce fleuve ainsi que dans ceux qui versent
comme lui leurs eaux dans le golfe du Bengale tels que le Brahmaputra et l'Ira-
waddi; les cours d'eau tabulaires de ces trois fleuves le possèdent aussi et il est
particulièrement commun dans les Bouches du Gange; mais il ne va jamais à la
mer. On le trouve au contraire à une grande distance des embouchures, même aux
pieds des grandes chaînes propres à cette partie de l'Inde, et le général anglais
Hardwicke en a fait autrefois dessiner un qu'il avait pris à 1000 milles de l'Océan.
Le Plataniste porte au Bengale le nom de Sisuc/c que divers auteurs écrivent
Susu, Susuh, Sousou, etc. C'est Lesson qui a repris comme générique le nom de Pla-
tanistafô), pour l'appliquer au Delphinorhynquc du Gange; mais on doit à Henri
Jules Lebeck, missionnaire danois à ïranquebar. ainsi qu'à Boxburg, d'avoir
les premiers signalé ce Cétacé aux modernes. Ils lui ont l'un et l'autre consacré une
notice publiée, la première en 1 80 1 et la seconde en \ 805; c'est Shaw qui lui a d'abord
assigné sa place dans les catalogues méthodiques en l'appelant Dephinus roslratus.
quoiqu'il eût déjà reçu de Lebeck la dénomination de Delphinus gangeticus. Diffé-
rents naturalistes se sont occupés depuis lors de cette singulière espèce, et plu-
(1) D'autres Cétodontes fluviatiles nous sont encore signales ailleurs, mais nous n'avons pas la preuve
certaine qu'ils y existent réellement, et si ce sont bien des animaux de ce groupe, leurs caractères nous
sont restés entièrement inconnus jusqu'à ce jour. Ainsi, des personnes qui ont remonté le Mékong, prin-
cipal fleuve de la Cochinchinc, assurent qu'il s'y rencontre un Dauphin, mais aucune d'elles ne l'arapporté.
l/abbé David nous en a indiqué un en Chine, dans l'Aleu, à plusieurs centaines de lieues de l'embouchure
de ce fleuve, et M. Aucapitaine, qui était excellent naturaliste, dit (Revue zoolcgiqur, 1859, p. 23'J) d'après
Denham etClaperton qu'il y a un Cétacé du menu; groupe dans le bassin du Niger; mais ce sont là autant
d'indications à vérifier, et je ne les reproduis que pour appeler sur elles l'attention dis voyageurs.
{■2 Pline le signale en ces termes : •< In Gange Indiae Platanistas vocant, rostro Delphini el cauda
magnitudine autem XV cubitorum. » (Ilinl . nat. lib., C. XV).
Elien dit de son côté en parlantdu Gange : « Cete procréât quorum adeps unguentorum usum prœstal
il donne aussi à ces Cétacés le nom de Plataniste [Plalanista).
(3) Nouv. Tableau du Règne animal, p. 198; 1842.
456 GENRE PLATANISTE.
sieurs parmi eux ont fait connaître des particularités intéressantes de sa structure.
Rappelons d'abord les détails synonymiques suivants, qui sont relatifs au Pla-
taniste :
Platanista, Pline. — Delphinus gangeticus, Lebeck, iVeu. Schriften der Berlin Naturforsch., t. [II, p. 280,
PI. Il; 1801. — Roxburgh, Account on a new species of Dolphin [Asiat. Research., t. VII, p. 170, PI. III;
1801). — Delphinus gangeticus, Shaw, Zool., t. Il, p. 514; 1801. — D. Shawensis , Blainv., in Desni.,
Nouv. Dict. d'Hist. nat., t. IX, p. 153; 1817.
On possède un certain nombre de Platanistes dans les collections européennes,
soit des peaux montées, soit des squelettes ou diverses pièces séparées pouvant
également servir a l'étude anatomique de ces animaux. Ils y ont été apportés par
les voyageurs depuis le commencement du siècle actuel et il en est aussi venu de
nouveaux exemplaires durant ces dernières années. Ceux des collections anglaises
ont d'abord été offerts par Roxburgh, par le D. Wallicb et par Hardwicke; d'autres
sont dus à MM. Blytk, lilake, etc. Ils ont servi aux publications d'Everard Home (I),
ainsi qu'à celles de MM. Gray, 11. Oven et Flower. Le Muséum de Paris en a reçu
d'autres de deux voyageurs français qui ont beaucoup contribué à faire connaître
les produits naturels de l'Inde, Diard et Duvaucel. Cuvier en a parlé dans son
ouvrage sur les Ossements fossiles (2) et ils sont devenus la base principale des
observations réunies dans ce chapitre. Citons aussi un exemplaire, encore jeune,
pris auprès de Calcutta, en 18-45, qui fut dessiné frais par les soins de M. Rcinhardt,
naturaliste de l'expédition danoise la Galalhea à qui l'avait remis le D. Wallich.
C'est le même qui a fourni à Eschricht les matériaux du Mémoire publié par lui sur
le genre qui nous occupe (5).
Principaux caractkkks. — Le Plataniste est très-facile à distinguer de tous les
autres Cétodontes, et plusieurs de ses caractères sont si singuliers que l'on est
bientôt conduit à le regarder comme constituant non-seulement un genre à part
niais une tribu bien distincte auprès de laquelle viendraient se placer aussi les Inies
et les Pontopories. C'est à cette tribu que j'ai proposé de donner le nom de Plata-
(1) Everard Hume, Philos. Trans., 1818, p. 'il 7, PI. \\ [pièce déjà figurée par Koxburgh dans les Asialic
Hesearchet pour 1801 et reproduite dans m. lie Allas Pl.XXXI.^.l).— Ovtm,Descript.Catal.r. Coll.o/Sur-
geons, Osteological Séries, t. II, p. W8.— Id., Odontography, p. 352, PI. 1.XXXVI1 a, fig. 7. - Cray, Cala-
logue "I Seal» and Whales, y. 220, et Supplément, p. 62.- Flower, Trans. zool. Soc. London, t. VI, p. 114.
(2) Oss. foss., i. \. part. I. p. 27!) d 298, PI. XXII, fig. .s a m.
(3) ln-4" avec PI-, Copenhague, 1851. — Mémoire reproduit snus le titre de <>n gangetic Dolphin, dans
!,•> Annal» and Magazine ofnaiural History, i' série, t. IX, p. 161 ci 279, Pi. V-VII ; 1852.
CARACTÈRES GÉNÉRAUX. .457
nistins (1), mais il me semble ajourd'hui que le Plataniste doit en former nue
à lui seul, tant les particularités qui le distinguent des autres animaux de cette
famille sont elles-mêmes prononcées.
Son museau est en forme de rostre allongé et comprimé, garni d'une trentaine de
paires de dents pour chaque côté des mâchoires, dents dont les antérieures sont rele-
vées en cônes aigus, tandis que les autres se raccourcissent et tendent à devenir gem-
miformes; ses lèvres sont rudimentaires, ce qui laisse les dents à découvert et donne
à l'animal un air de voracité tout particulier; sa bouche est fendue jusqu'au-des-
sous des yeux, qui sont très-petits; l'évent est dirigé longitudinalement; le front
est renflé, mais non séparé brusquement du rostre; les nageoires pectorales, répon-
dant aux membres antérieurs des autres Mammifères, sont comme flabelliformes,
elles s'élargissent vers leur partie terminale qui est coupée carrément; la nageoire
dorsale est courte et surbaissée; la queue est terminée par une nageoire élargie
et échancrée.
La longueur de l'animal semble pouvoir acquérir près de 4 mètres; mais celle
de la plupart des sujets que l'on connaît atteint au plus 2 mètres.
Si l'on ajoute à ces caractères de valeur diverse, mais dont plusieurs ont une
importance considérable, la forme singulière du crâne, la disposition longuement
symphysée de la mâchoire inférieure, qui rappelle à certains égards celle du
Cachalot, la présence au-dessus du front et retenue dans les mailles d'un réticule
fibreux d'une masse d'apparence graisseuse comparable, sinon par sa nature chi-
mique, du moius par la manière dont elle se développe, au sperma-céti comme il
y en a chez ce dernier genre, mais protégée ici par une expansion en forme
de coiffe fournie par la partie circumnasale des maxillaires supérieurs, enfin
le petit nombre des rénules dont les reins sont formés, on reconnaît toute la
valeur des particularités distinctives du Plataniste, et comme ces particularités sont
loin d'être les seules qu'il présente, on est tenté d'admettre, ainsi qu'on le fait
dans quelques ouvrages récents, que ce Cétacé devrait former à lui seul une famille
distincte; mais la classification que nous avons proposée pour le Plataniste
semble mieux rendre compte des véritables affinités de ce genre, et nous admet-
trons que la tribu qu'il constitue à lui seul doit rester associée dans une même
(I Ilist. des Mammifères, t. II, p. 321 ; 1845.
58
458 GENRE PLANATISTE.
famille à celles des Iniens et des Pontoporiens. C'est dans cette famille que
nous proposons de classer aussi divers genres non moins bizarres propres à la
faune miocène, et dont un des plus remarquables nous a précédemment occupés
sous la dénomination de Squalodon. Ainsi se complétera l'histoire encore peu
connue des Delphinorhynques ou Platanistidés, Cétodontes piscivores particuliers
aux eaux douces, vivant à peu de distance du littoral, comme c'est encore le
cas pour le Pontoporia, ou visitant, ainsi qu'il le fait lui-même l'embouchure de
grands fleuves.
On rencontre les ossements de ces Delphinorhynques de genres éteints dans
les assises calcaires ou marneuses ainsi que dans les faluns laissés par la mer durant
les derniers temps de la période tertiaire. Les petits golfes qu'elle a abandonnés
nous ont conservé de nombreux débris, surtout en France et en Belgique; il y en
a aussi aux États-Unis. Nous en parlerons après avoir terminé l'histoire de trois
genres actuellement existants de la famille des Platinistidés ou Delphinorhynques,
savoir le genre Plataniste, objet du présent chapitre, le genre Inia ou Inie et le genre
Pontoporia aussi appelés Sténodelphis.
Squelette. — La tète osseuse du Plataniste est remarquable à plusieurs égards;
mais ce qui la distingue principalement de celle de tous les autres Cétacés,
c'est l'espèce de casque, fendu sur la ligne médiane, que forme au-dessus de la
région faciale une expansion conchoïde de la partie correspondante des os maxil-
laires, la môme qui se joint à la crête des os frontaux limitant extérieurement la
fosse temporale.
Il en résulte une sorte de voûte ouverte au-dessus des orifices extérieurs des na-
rines pour donner passage aux évents, et antérieurement, au-dessus de la base du
rostre, laquelle se trouve surmontée par l'appareil osseux dont il s'agit et contient
entre elle et ce dernier le système fibreux riche en principes graisseux dont nous
avons déjà parlé, comme contenant une matière à certains égards comparable à
l'éthal des Cachalots (1). Derrière l'échancrure postérieure du casque osseux se re-
trouve la branche montante des os maxillaires, dont les deux extrémités vont se
rejoindre sur la ligne médiane et concourent avec la partie voisine des frontaux
à former la saillie médio-frontale. Les deux moitiés du casque lui-même portent
(i , L'analyse d'une portion de cette Bubslance, faite, il est \ rai, d'après un fragment lire d'un individu
qui avait séjourné plus de trente ans dans l'alcool, n'y a pas démontré la présence d'éthal ou sperma-céti.
SQUELETTE. 459
sur la crête, formée par les frontaux, qui limite en avant la fosse temporale, mais
sans se souder avec cette crête, et leur continuité avec le reste des maxillaires est
facile à constater au moyen d'une coupe transversale du crâne, allant du sommet
des ouvertures nasales externes à celui des condyles occipitaux. Les os intermaxil-
laires remontent aussi dans la région nasale de la face, comme cela a lieu chez les
autres Cétacés; mais ils ne le font pas autant que les maxillaires, et ce n'est qu'au-
dessous des ouvertures de narines qu'ils se touchent entre eux. Au-dessus, ils
se rapprochent sans se mettre en contact. Ces os se continuent en avant, ainsi
que les maxillaires, et ils sortent de dessous la voûte conchoïde en se prolongeant
longuement en avant pour former le rostre par leur jonction avec les intermaxil-
laires; de chaque côté des narines la partie interne de ces derniers est recouverte
par eux dans une certaine étendue.
Quant au rostre lui-même, il est comprimé, moins élevé dans son milieu qu'à
sa base et en avant, sillonné dans la presque totalité de sou parcours par une gorge
plus élargie en arrière qu'elle ne l'est en avant, et qui est située auprès de son
bord supérieur. La partie correspondante des intermaxillaires y est entièrement
unie aux maxillaires; mais la suture des premiers entre eux persiste pendant un
temps plus long que celle qui les unit aux maxillaires. La coupe verticale du rostre
donne une sorte de trèlle, doublement évidé dans ses parties latérales inférieures
qui correspondent aux os maxillaires, simplement évidé, au contraire, c'est-à-dire
unicanaliculé dans celle qui répond aux deux intermaxillaires réunies. Les deux
faces de ces os maxillaires sont disjointes dans leur partie pré-oculaire en dedans
des voûtes orbitaires, et c'est vers ce point que sortent les nerfs sous-orbitaires, à
peu de distance en avant des trous optiques. Les palatins sont grands, prolongés
en pointe en avant et ils ont leurs deux faces dédoublées inférieurement. On ne
voit pas de ptérygoïdiens.
La face extérieure des voûtes conchoïdes est marquée de stries curvilignes, très-
apparentes dans les jeunes sujets; l'inférieure est simplement rugueuse à un âge
plus avancé. Leur face interne présente des vacuoles ou excavations anastomotiques
en rapport avec la masse fibro-graisseuse qu'elle recouvre. La boîte cérébrale est
petite; extérieurement, sa surface occipitale est contournée par une double crête
de direction sigmoide notablement dissymétrique, qui la sépare de la région tem-
po ro-oculaire; elle a l'apparence d'une fosse d'abord élargie, mais qui se resserre en
460 GENRE PLATANISTE.
remontant vers la saillie syncipitale. Les os pariétaux et frontaux sont visibles de
chaque côté dans une étendue considérable, bien que les pariétaux soient en partie
doublés par les temporaux. Les os nasaux sont au contraire très-petits, représeu tés
par deux petites plaques squamiformes de grandeur inégale, appliquées près du
bord interne des intermaxillaires à la partie supérieure des conduits olfactifs qui
servent au passage des évents. L'apophyse zygomatique des temporaux est épaisse
et forte; elle aboutit directement à la partie supra-orbitaire des frontaux, avec
laquelle elle forme une articulation fixe.
L'os zygomatique mérite une mention spéciale : on ne saurait mieux le comparer
qu'au marteau de l'oreille ; il est en effet renflé en manière de tète à sa partie anté-
rieure, et, postérieurement, il se prolonge en une apophyse assez courte rappelant
le manche du même osselet. Ce manche est la partie styliforme de l'os qui nous
occupe; il le fixe sous la pointe antérieure de l'apophyse zygomatique du tem-
poral, tandis que sa tète renflée et l'élargissement qui lui fait immédiatement
suite, élargissement qui présente à son tour une saillie rappelant l'apophyse de
Raw, le mettent en rapport avec la partie antéro-inférieure de la voûte orbitaire
du temporal, ce qui complète le cercle orbitaire encadrant l'œil si petit de ce sin-
gulier animal.
Le palais est étroit, et les deux séries dentaires se touchent dans une partie de
leur longueur, surtout vers le commencement du troisième tiers de la mâchoire
supérieure.
La base du crâne est plus solide chez le Plataniste que chez la plupart des autres
Cétacés, et les trous qu'on y remarque présentent un moindre développement. On
voit cependant quelques trous dans la partie de l'ethmoïde qui répond à la portion
criblée de cet os, et, à la base du crâne, on en reconnaît plusieurs autres indépen-
damment des trous déchirés au bord externe desquels est attachée l'oreille
osseuse; mais il faudrait en faire l'étude sur des sujets plus jeunes encore que ceux
que possèdent nos collections.
Ajoutons pour terminer cet exposé des os crâniens du Plataniste que ces os n'ont
que peu ou point de diploé, et que leur structure est en grande partie éburnée au
lieu d'être spongieuse comme elle l'est dans beaucoup d'autres espèces du même
ordre.
On reconnait l'os de la caisse auditive du Plataniste à la division bien marquée
SQUELETTE. 4G1
en deux lobes inégaux de sa partie renflée ou partie inféro-postérieurc, et surtout
à la forme rétrécie et terminée en pointe aiguë de sa portion antérieure; eette
forme s'éloigne sensiblement de celle des Ziphioïdcs, aussi bien que de celle des
Daupbins ou des Marsouins. Le sillon longitudinal tracé sur la face inférieure ne
parcourt pas la caisse en totalité, mais il laisse un volume bien plus considérable
au lobe externe qu'à l'interne; il n'offre rien de bien particulier.
La mâchoire inférieure du même Cétacé a, de son côté, une forme spéciale : elle
rappelle d'une manière singulière celle du Cachalot, soit que l'on considère les
nombreuses dents dont elle est armée, soit que l'on tienne surtout compte de sa
longue sympbyse. Ses deux moitiés droite et gaucbe sont entièrement soudées
l'une à l'autre dans toute leur partie dentaire, mais plus loin les deux brandies
s'écartent avant de fournir pour chaque côté l'apophyse coronoïde qui est curviligne.
Les condyles, qui sont épaissis en dehors et situés dans le prolongement de la ligne
longitudinale de l'os, ont leur saillie angulaire assez faible et émoussée. La moindre
épaisseur de la mâchoire est en arrière de l'insertion des dents; une ligne excavée,
placée près du bord inférieur, suit la partie dentifère dans presque toute sa lon-
gueur, à peu de distance du bord symphysaire inférieur et se continue en arrière
jusque sous le coudyle, où elle s'élargit. En pratiquant une coupe verticale de la
même pièce, dans sa partie symphysée, on constate que les canaux dentaires, droit
et gauche, ici assez amples et excavant à leur point d'origine la partie antérieure
des condyles, se continuent dans la longueur de la mâchoire, ce qui occasionne le
renflement plus ou moins prononcé que celle-ci présente, surtout dans la moitié
postérieure de sa partie symphysée, au-dessus de la cannelure externe. Vers sa
portion terminale la mâchoire inférieure décrit une faible courbure qui tend à la
relever en avant, là où précisément ses dents sont le plus acérées et ont le plus
de longueur; ce recourbement en dessus est plus saillant chez les sujets avancés
en âge que chez les jeunes. La partie antérieure de la même mâchoire est aussi plus
comprimée et son apparence carénée est plus manifeste.
L'os hyoïde ne nous est pas connu chez l'animal entièrement adulte; celui des
sujets encore jeunes que nous possédons est encore incomplètement ossihé ; il
a le corps formé par un disque représentant un peu plus d'un demi-cercle et dont
la troncature est en arrière; les cornes thyroïdiennes s'y articulent par l'in-
termédiaire d'un court cartilage, mais sans se souder avec lui ni prendre l'appa-
462 GENRE PLATANISTE.
rence, en croissant, habituelle aux Dauphins ; en oulre les cornes styloïdiennes n'ont
que leur articulation terminale d'ossiûée; celle-ci est, comme à l'ordinaire, la plus
longue des trois, mais les deux qui la précèdent sont moins courtes que chez le
Dauphin ou le Marsouin. 11 sera bon d'examiner la forme que cette partie du
squelette affecte chez les sujets adultes.
Le rachis se compose de quarante-sept vertèbres en tout, savoir : sept cervicales,
onze dorsales, six lombo-sacrées et vingt-trois coccygiennes.
Les cervicales sont toutes séparées les unes des autres; c'est l'atlas qui offre le
plus de largeur. Les autres vont en décroissant sous ce rapport et les cinq pre-
mières dorsales continuent à diminuer dans la môme progression ; mais l'élargisse-
ment des vertèbres suivantes se continue jusqu'au milieu des lombes. Les deux
surfaces articulaires fournies par l'atlas aux deux condyles occipitaux sont grandes,
assez fortement séparées l'une de l'autre et situées latéralement; le trou qui donne
passage à la moelle est considérable, il est un peu plus élargi en haut qu'infé-
rieurement ; l'arc supérieur en est presque droit, quoique faiblement en voûte trans-
versale, il n'a que peu d'épaisseur et manque de saillie médiane répondant à l'a-
pophyse épineuse; l'inférieur décrit une ligne plus arquée, il est épais, mais on voit
sur la partie médiane de son bord supérieur une fossette articulaire destinée à
l'apophyse odontoïde de l'axis; en ce point, il présente une saillie dirigée en ar-
rière et qui s'applique sous la seconde vertèbre en s' articulant avec elle. L'apo-
physe épineuse de l'axis fait une notable saillie qui penche en arrière. On ne voit
pas à cette vertèbre de trou pour former le canal vertébral, mais une saillie existe
en arrière sur la base de son apophyse épineuse, et il y en a une paire située plus
bas, et en avant, pour constituer les deux grandes facettes articulaires destinées
à l'atlas ; l'apophyse odontoïde est représentée par une tubérosité irrégulièrement
conique qui prolonge obliquement en avant la face antérieure du centrum ou
corps de cette vertèbre comme une sorte de mamelon incliné; elle contribue
à donner à l'arc vertébral inférieur un diamètre antéro-postérieur plus long que
celui (h; l'atlas, et tout sou bord inférieur est en relation articulaire avec le dessus
de la saillie postérieure de ce dernier; elle est également en contiguïté avec les
doux glandes facettes latérales au moyen desquelles l'axis joue sur celui-ci.
Les vertèbres qui suivent, à partir de la troisième cervicale, sont courtes, arti-
culées entre elles par des facettes antérieures et postérieures placées à la base
SQUELETTE. 463
externe de leurs arcs neuraux, lesquels manquent d'apophyses épineuses ou n'en
ont que de rudimentaires. Le trou bilatéral destiné à l'artère vertébrale ne se montre
qu'à la troisième, encore est-il petit et parfois il n'existe pas. On n'en voit pas aux
trois autres, qui n'ont de chaque côté qu'un arc largement ouvert par suite de la
disjonction persistante des deux paires d'apophyses qui le ferment chez beaucoup
d'autres Mammifères; en se joignant l'une à l'autre sur chaque côté; celui de la qua-
trième vertèbre est cependant plus près de se compléter que celui des cinquième
et sixième, et il est probable que cela a lieu avec l'âge; quant à la septième,
elle ne doit pas en avoir, et en effet, la saillie inférieure manquant de chaque côté
de cette vertèbre, elle devient par cela même plus semblable aux premières dor-
sales.
Les vertèbres qui suivent depuis la première dorsale jusqu'aux premières
coccygiennes, celles-ci comprises, ont leurs apophyses épineuses saillantes, fortes
et cultriformes; mais après les dorsales, on ne constate plus la présence à leur base
que d'une scide paire de facettes pour l'articulation de cette partie des vertèbres entre
elles; les saillies articulaires antérieures deviennent déplus en plus prononcées àl'en-
contre des postérieures qui diminuent successivement et disparaissent avant la fin
de la région lombo-sacrée. Vers ce point les saillies articulaires antérieures se rape-
tissent également peu à peu et la plupart des vertèbres coccygiennes manquent de
ces saillies ou n'en ont que de rudimentaires; les coccygiennes postérieures man-
quent aussi d'apophyses épineuses; enfin les plus reculées des vertèbres sont plus
larges que hautes, percées verticalement d'un trou sur leurs masses latérales, et elles
décroissent en volume depuis la neuvième avant-dernière jusqu'à la terminale. C'est
toutefois un caractère des vertèbres du Plataniste que d'avoir les facettes articu-
laires antérieures de ses vertèbres portées par des apophyses plus ou moins
longues et qui sont plus épaisses aux antérieures, plus longues aux intermédiaires
et plus grandes aux postérieures. Le centrum des vertèbres autres que les cervi-
cales est à peu près aussi long que large, notablement plus aplati que chez le
Dauphin ou le Marsouin. La forme en est irrégulièrement cylindrique. Celles qui
portent les côtes et font partie de la série dorsale ont d'abord leurs saillies costi-
fères raccourcies et la cinquième dorsale a la sienne qui est plus particulièrement
dans ce cas; ultérieurement les mômes saillies s'allongent en s'aplatissant, pour
prendre en partie la forme de véritables apophyses transverses, forme nettement
464 GENRE PLAÏAN1STE.
accusée, chez les suivantes, sur leurs deux surfaces articulaires aplaties. Enfin, à
partir des lombes les apophyses des vertèbres transverses recommencent à diminuer
et elles sont rudimentaires ou nulles dans la région caudale postérieure, laquelle
est caractérisée à son tour, du moins pour ses huit ou neuf premières vertèbres,
par la présence d'os en V situés sous les corps vertébraux.
Les premières côtes s'articulent avec les vertèbres auxquelles elles correspondent
par une tête et une tubérosité distinctes, quoique peu séparées l'une de l'autre. Le
nombre des côtes est de onze paires; ces os sont peu épais et en général plus ou moins
aplatis. Ceux de la région intermédiaire sont plus larges dans leur milieu qu'à leurs
extrémités supérieure et inférieure; ce sont aussi ceux qui acquièrent la plus
grande dimension.
Le sternum résulte do plusieurs pièces disposées en série, sans doute trois : la
première est irrégulièrement carrée, ayant le bord antérieur plus large que le pos-
térieur et les angles latéro-antérieurs saillants pour servir à l'insertion de la partie
cartilagineuse delà première paire de côtes. Cette première sternèbre n'est plus
séparée en ses deux moitiés latérales dans nos squelettes, comme l'est au contraire
la suivante dans deux d'entre eux, et celle-ci présente une moindre surface ; ses deux
moitiés sont inégales entre elles; avec le temps elle se soudent ensemble pour ne
plus former qu'une seule pièce (1). A la jonction de cette seconde sternèbre avec la
première s'insère la seconde paire de cartilages costaux, et, entre elle et la troisième
sternèbre, la troisième paire de ces cartilages. De même que la seconde, la troisième
sternèbre est d'abord formée de deux pièces placées l'une à côté de l'autre et qui
diffèrent entre elles par l'étendue de leur surface; cette troisième sternèbre est à
son tour moins large que les deux précédentes et son diamètre transversal n'égale
guère que le quart du bord antérieur de la première.
L'omoplate est sécuriforme, plus allongée que haute et plus prolongée en arrière
qu'en avant ; on n'y voit pas de partie coracoïdicnne, mais son acromion est très-
marqué et il surmonte une échancrure arrondie; en même temps son bord infé-
rieur, d'abord sensiblement rectiligne, descend obliquement en s'élargissant vers
son extrémité. La face externe est un pen convexe et l'interne concave. La partie
glénoïdienne du même os est nettement dégagée de sa portion aplatie.
(I. PI. XXX, fig. 1i).
SYSTÈME DENTAIRE. 465
Quand à l'humérus, il s'élargit notablement à sa partie inférieure, où l'on voit
deux surfaces articulaires, une pour chacun des os de l' avant-bras.
Ceux-ci participent à l'élargissement de l'humérus, et c'est même le cubitus qui
est le plus fort sous ce rapport ; il est presque carré.
Au-dessous du radius sont trois os carpiens formant une première rangée; une
seconde rangée comprend quatre os : le premier, un peu allongé, portant le méta-
carpien du pouce, les trois suivants subarrondis et sur chacun desquels porte aussi
un des métacarpiens; vient ensuite le métacarpien du cinquième doigt en partie
inséré sur la moitié postérieure de l'extrémité distale du cubitus, en partie sur le
métacarpien du quatième doigt.
Au delà des métacarpiens nous trouvons, toujours en recourant à l'exemplaire
jeune et tiré de l'alcool, que notre collection avait autrefois reçu par les soins
d'Alfred Duvaucel et de Diard : \ , 5, 5, 5 et 5 phalanges.
L'os ischiatique, seul représentant du membre postérieur, n'offre rien de par-
ticulier.
Système dentaire. — La forme des dents du Plataniste traduit d'une manière aussi
évidente que remarquable le mode de nourriture de cet animal et elle est plus parti-
culièrement en rapport avec la façon dont il saisit ses aliments. Elles sont grêles,
pointues et un peu incurvées en dedans ou en arrière sur toute la partie anté-
rieure des mâchoires; lorsque la bouche se ferme, les supérieures s'intercalent
entre les inférieures, ce qui donne lieu à une quadruple série de cônes ou fuseaux
acérés constituant autant de herses qui ne laissent échapper aucun poisson si
glissant qu'il soit, lorsqu'il a pu être saisi; les dents diminuent de grandeur à
partir de la portion terminale du rostre jusque vers son milieu, mais en conservant
toujours leur disposition en crochets; on constate cependant qu'elles deviennent
un peu plus épaisses en se raccourcissant, et qu'elles ont aussi leurs deux côtés,
antérieur et postérieur, moins aplatis; elles tendent ainsi à devenir moins aiguës
et, surtout à la mâchoire supérieure, elles sont plus comprimées, en même temps
qu'elles s'élargissent davantage, ce qui tend à les rendre jusqu'à un certain point
aptes à un commencement de mastication.
Je compte au total LI7 dents sur la tête très-entière et bien conservée du Pla-
59
466 GENRE PLATANISTE.
taniste eocore jeune et de sexe mâle que j'ai fait préparer et dont le squelette
vient d'être décrit; elles sont ainsi réparties :
27 — 28
30 — 32"
Mais les chiffres ne se retrouvent pas exactement les mêmes dans tous les exem-
plaires observés, et l'on constate à cet égard quelques légères variations.
Au point de vue de leur structure, les dents des Platanistes diffèrent de celles des
Cachalots et des Cétodontes ziphioïdes en ce que leur couronne manque de l'enve-
loppe cémenteuse propre à ces derniers; une couche brillante d'émail en recouvre
la partie principale, qui est de nature éburnée. Celle-ci se continue dans la racine;
mais elle y est entourée par un dépôt considérable de véritable cément, facile à
reconnaître aux corpuscules osseux qui le constituent, et dont la couche épaisse
recouvre la partie éburnée, c'est-à-dire l'ivoire proprement dit, en s'étendant jus-
qu'à la base de la couronne.
La forme des dents subit chez les Platanistes des changements très-considérables
à mesure que les Cétacés de ce genre avancent en âge. Outre que l'ivoire et la
couche d'émail y sont entamés par l'usure, ces organes se modifient dans leur forme;
ils poussent en s'élargissant par la base, deviennent ainsi plus robustes, et pren-
nent une apparence triangulaire principalement due à l'allongement antéro-posté-
rieur de la portion nouvelle de leur base, soit racine, soit partie inférieure de la
couronne, ce qui est facile à constater malgré les pertes éprouvées par la substance
dentaire sur toute la longueur des mâchoires. Les alvéoles, plus particulièrement
ceux des dents antérieures et moyennes, participent à cet accroissement; ils de-
viennent plus profonds et l'ouverture rectangulaire dans laquelle sont fixées les
racines est plus considérable; ceux des dents postérieures s'élargissent aussi,
mais ils perdent de leur profondeur et les dents qui s'y adaptent manquent de
solidité ou se déchaussent même facilement.
La figure des dents du Plataniste, donnée par F. Cuvier (I), est tirée d'un
sujet moins jeune que celui dont nous avons surtout parlé dans cet article; c'est
au contraire un exemplaire très-avancé en âge qui a fourni celles dessinées par
Everard Home (2). La pièce elle-même qu'a vue cet anatomiste est encore conser-
i\) Dents des Mammifères, p. 242, l'I. XCIX.
/2) Loco citalo.
ESPÈCE DE L'INDIUS. 467
vée au musée des chirurgiens de Londres, et M. Flower a bien voulu nous la prêter
pour en faire un dessin pour notre Atlas (4) et en même temps la mouler. Cette
pièce a aussi été représentée par M. Owen(2). Nous tenons de M. Anderson, de
Calcutta, que les vieux Platanistes ont toujours les dents ainsi modifiées.
La ligne dentaire supérieure du Plataniste d'Everard Home est longue de 0°',50.
SECONDE ESPÈCE DU GENRE PLATANISTE.
PLATANISTA TND1 (5). — Les détails qui précèdent sont plus particulièrement
tirés de Platanistes originaires du Gange (Platanista gangetica) ; mais il est bien
constaté que le bassin de ce grand fleuve n'est pas le seul qui nourrisse des ani-
maux du même genre. S'il n'est pas possible dédire encore si le Dauphin signalé dans
le grand lac du Cambodge est ou non un animal analogue, il est, d'autre part, incon-
testable que l'on doit regarder comme tel le Cétacé dont la présence a été constatée
dans les eaux de l' Indus. On l'avait d'abord regardé comme une simple variété de
celui du Gange ; mais M. Blyth croit qu'il représente une espèce particulière, et
M. Gray a adopté cette manière de voir.
J'ai étudié à Londres, dans le musée du collège des chirurgiens, la tête osseuse
sur laquelle repose la distinction du Ptatanistalndi, etil m'a été permis de la faire des-
siner pour cet ouvrage (4); elle est d'un sujet encore jeune, ce qui ne permet pas de
juger de la nature réelle de ses caractères spécifiques, et comparable, quant à son
âge, à celui du Gange dont je donne moi-même différentes parties; elle est même
un peu plus jeune, et ses dents n'ont pas toutes été conservées, ce qui ajoute aux
difficultés d'une comparaison suffisamment exacte. Quant à son assimilation géné-
rique avec le Plataniste du Gange, elle ne saurait être contestée, et on lui retrouve
toutes les particularités principales observées chez ce dernier. Peut-être même
n'y a-t-il pas entre ces animaux de différence spécifique réelle; mais c'est ce que
l'examen de plusieurs sujets, et surtout de sujets adultes, permettra seul de décider.
Le crâne type du Platanista Indi n'a que 0m,29 de longueur totale; celui du
Plataniste du Gange auquel nous l'avons comparé mesure 0m,57.
(i) pi. •ns.hfig. i.
(2) Odonlography, p. 3i>2, PI. LXXXVII a.
(3) Blyth, Journ. asiat. Soc. Beng., t. XXVIII, p. 493. — Gray, Catal. Seals and Whales in the Brit
Muséum, p. 224.
(4) PI. XXXI, fig. 9.
468 GENRE INIA.
GENRE INIA
Il existe dans plusieurs des rivières de l'Amérique méridionale qui portent leurs
eaux à l'Amazone ou appartiennent au même bassin, et dans ce grand fleuve lui-
môme, un genre particulier de Cétodontes ayant les principaux caractères extérieurs
des Dauphins, mais qui appartient plus particulièrement à la série des animaux de
cette division de Cétacés à laquelle nous avons laissé en propre le nom de Del-
phinorhynques ; ce genre est celui des Inias, dont l'unique espèce a reçu plusieurs
appellations.
En effet elle a été mentionnée pour la première fois par Duhamel, qui par
une singulière erreur en faisait un animal particulier au Canada, et qui a rappelé
ce prétendu habitat eu lui donnant le nom de Dauphin blanc du Canada (l); mais
le dessin original que possédait Duhamel, dessin que j'ai vu et dont il a publié lui-
même la partie représentant la tête et la moitié antérieure du corps, ne parait
laisser aucun doute au sujet de cette assimilation. Cela admis, voici la synonymie
de l'Inia :
Delphinus canadensis, Desm., Mamm., p. 516 (d'après Duhamel).
Delphinus geoffrensis, Iilainv., in Desm., Nouv. Dict. d'Ilist. nat., t. IX, p. 131 ; 1867 (exemplaire tiré
du musée de Lisbonne).
Delphinus Georffoyi, Desm., Mamm., p. 512.
Delphinus frontatus, Cuv., Oss. foss., t. V, 2e partie, p. 278 (2).
Delphinus amazonicus , Spix et Maitius, Reise in Brasil, t. III, p. 1 1 19, 1133 et 1831.
(1) « On m'a envoyé, dit Duhamel [Traité des Pèches, partie II, section X, p. il , PL X, fig. 4), sous le nom
de Dauphin ///anc, de douze pieds de longueur, le dessin qui avait le museau très-pelitet tout le front fort
élevé ; la position des yeux et des nageoires à peu près comme à la ligure 3 (a) ; mais je prie que l'on fasse
attention que ce que je dis des Marsouins [fig. 3 et i) n'est que d'après les figures qu'on m'a envoyées ; car
je n'ai pas été à porlée de voir ces poissons, ni en vie, ni desséchés. »
i Le Delphinus Bertini, Desm., Mamm., p. :;x;.
la) Le cràni' représenté par Cuvier PI. XXI, fig. 7et8), et qu'il a d'abord attribué à la même espèce que l'exemplaire du musée do
Lisbonne, appartient, ainsi qu'il tst dit dans l'explication publiée avec la quatrième édition de sou ouwage, au Delphinus roslralus.
CARACTERES PRINCIPAUX. 469
Inia boliviensis, d'Orbigny, Noue. Ann. Mus. Hist. nat. Paris-, t. III, p. 22, PI. III.
Inia boliv., P. Gerv., in D'Orb., Voy. Amer, mérid., Mamm., p. 30, PI. XXII ; 1847.
Inia geoffrensis, P. Gerv., in Castelnau, Anim. rares ou nouv. de l'Amer, du Sud, Mamm., p. (.I0, PI. XIX.
Iniageoffr., Flôwcr, Trans. zool. Soc. London, t. VI, p. 87, PI. XXV-XXVII; 186fi.
Caractères principaux. — L'inia dépasse 2 mètres lorsqu'il est arrivé à toute
sa croissance. Son corps est assez épais, mais cependant fusiforme; il a le front
renflé; son rostre est allongé et garni de poils pendant une partie de la vie; sur les
bords des mâchoires sont rangées de nombreuses dents coniques assez fortes,
lesquelles ont la couronne fortement grenue ; les postérieures sont pourvues d'un
talon interne saillant, également couvert de granulations. Ses nageoires pectorales
sont sensiblement élargies, mais elles se terminent en pointe, au lieu d'être cou-
pées carrément comme chez le Plataniste et le Pontoporia. La couleur de l'animal
est rosée, principalement sur le dessus du corps et à la tète; la face externe des
pectorales est aussi de cette teinles; le desous est gris blanchâtre. La nageoire
dorsale est surbaissée au lieu d'être falciforme ; elle est comparable à une simple
crête ou à un bourrelet s'étendant de la région dorsale postérieure à l'origine
de la partie caudale, laquelle se termine, comme chez les animaux du même ordre,
par une nageoire échancrée, de nature cutanée.
Ce Cétacé vit non-seulement dans une grande partie de l'Amazone, depuis les
environs de Para jusque dans les parties de ce fleuve qui arrosent le haut Pérou,
à la hauteur de Pébas et de Nauta, par exemple, mais aussi dans ses principaux
affluents et dans quelques-uns de ses sous-affluenls. MM. Castelnau et E. Deville,
l'ont pris dans l'Uruguay, assez loin de son confluent avec le Tocantin, lequel se
jette dans l'Amazone, à peu de distance de Para; ils l'ont aussi trouvé dans l'Ucayale,
qui coule au Pérou. D'Orbigny l'a signalé dans les grandes rivières des plaines de
Moxos et de Santa-Cruz, particulièrement dans le Rio-Mamoré et dans le Guaporé,
qui versent leurs eaux dans le ilio-Madeira, cours d'eau qui s'étend aussi sur une
grande étendue de pays avant de rejoindre l'Amazone.
11 serait possible que l'exemplaire, précédemment au musée de Lisbonne, que
l'on conserve depuis longtemps à Paris, ait fourni la figure publiée par Dubamel
sous le nom de Dauphin blanc du Canada, mais cela n'est pas certain. Il est au con-
traire bien connu que le même sujet a servi de type au Delphinits geoffrensis de Blain-
ville et que c'est bien à la même espèce qu'appartient le Cétacé prétendu nouveau
470 GENRE INIA.
que d'Orbigny a nommé plus tard Inia ôoliviensis. En outre on ne doit pas en
séparer le Dauphin appelé Delphinus amazoniens par Martius. La comparaison
du crâne, tirée de la peau rapportée de Lisbonne (I), avec celle de l'exemplaire
typedel'Inia (\) ne laisse aucun doute au sujet de la première de ces assertions, et
la seconde n'est pas davantage contestable, aussi est-elle généralement admise.
SQUELETTE.
Non-seulement le crâne de l'Inia est facile à distinguer de celui de la plupart
des autres Cétacés par l'allongement considérable de son rostre et la petitesse rela-
tive de sa caisse cérébrale, mais aussi par diverses autres particularités, et il offre
dans son ensemble quelque analogie avec celui de certains Ziphioïdes; mais on ne
saurait le confondre avec celui d'aucun des animaux du même ordre qui appartien-
nent à la grande famille des Dauphins et des Marsouins. Une crête saillante part de la
base supérieure des apophyses zygomatiques des temporaux pour remonter, vers
le sommet de tête, en décrivant une double courbure régulière qui sépare la surface
occipitale d'avec les fosses temporales, et touche, vers la région orbitaire, la ligne
également saillante qui limite antérieurement la fosse temporale. Le bord supérieur
de l'occipital lui-même et le bord des pariétaux, visible en dessus, forment la partie
postérieure de ces lignes ou crêtes, qui encadre la surface occipitale et va en s'épais-
sissant relever la région supra-nasale, où se voient appliquées, au-dessous d'elles
sur le plan postérieur des cavités nasales, les os propres du nez. Ceux-ci, au lieu
de rester petits et inégaux comme dans le Plataniste, constituent deux plaques en
rectangles, appliquées l'une contre l'autre par leur côté interne et qui séparent
la terminaison postérieure de la branche montante des maxillaires.
De chaque côté, la région fronto-nasale se continue, au moyen de la partie anté-
rieure des frontaux recouvrant le milieu des pariétaux, contre le bord externe de
l'extrémité postérieure des maxillaires, et, par le reste de son étendue, elle aboutit
à la saillie antérieure des frontaux; la crête bilatérale n'étant plus fournie, alors,
que par le bord externe des os maxillaires.
Les expansions sus-orbitaires, formées comme d'habitude par le prolongement
(1) PI. XXXIII, fig. 8-11.
(2) Ibià., fig. 12.
SQUELETTE. 47,
extérieur des frontaux auxquels se soudent en avant la partie épaissie des os zygo-
matiques, sont courtes et fortement arquées; l'apophyse post-orbitaire des os du
front est très-sentie, mais elle reste séparée de celle que fournissent de chaque
côte les temporaux par une distance assez considérable, et la portion élargie des
os zygomatiques s'associe antérieurement à la voûte orbitaire en formant une sorte
d'apophyse orbilaire antérieure, ce qui donne à cette voûte une disposition assez
différente de celle qu'elle a chez les autres Delphinorhynques. Nous ignorons le
mode de terminaison de la partie grêle des zygomatiques, os bien moins différents
ici de la forme habituelle aux Cétacés que ne le sont ceux du Plataniste.
La partie inférieure du crâne participe à l'étroitesse signalée pour sa face
supérieure.
Les intermaxillaires sont soudés aux maxillaires dans presque toute leur longueur,
et l'on ne voit de trace de leur suture primitive qu'auprès des ouvertures
nasales; encore, un seul des trois crânes que nous possédons les a-t-il conser-
vées. La synostose est complète dans tout le reste de leur longueur, et l'on n'ob-
serve point de chaque côté du rostre le sillon bilatéral propre au Plataniste, ainsi
qu'au Pontoporia; l'Inia rappelle cet égard le Squalodon. H en est de même
pour sa mâchoire inférieure, ce qui constitue un nouveau point d'analoaie entre
le genre éteint des Squalodons, dont nous avons parlé dans un des précédents
chapitres, et le Delphinorhynque du bassin de l'Amazone.
La cavité glénoïde est assez ample. La mâchoire inférieure s'articule au
moyen d'un condyle également fort et dont la partie externe est reietée en
dehors; son apophyse coronoïde est élevée et le contour en est sensiblement
curviligne. Une longue symphyse synostosée rattache l'une à l'autre les deux
branches de cette mâchoire. Elle occupe la moitié de son étendue, mais seule-
ment les trois quarts de la partie dentifère. De même que la supérieure, la mâ-
choire inférieure est à peu près rectiligne. On voit sur le bord extérieur de sa
portion pourvue de dents une série de petits trous écartés les uns des autres
situés le long de la ligne occupée, dans les deux genres voisins, par le sillon
latéral.
Les vertèbres du cou sont toutes séparées les unes aes autres, et elles restent
sous cet état pendant toute la vie de l'animal, ce qui constitue l'un des caractères
principaux des Delphinorhynques, comparés à la plupart des autres Cétodontes.
472 GENRE INIA.
L'atlas forme un anneau complet, disposition également propre anx six autres
cervicales. Ses deux facettes d'articulation avec les condyles occipitaux repré-
sentent deux surfaces ovalaires assez considérables, nettement séparées l'une de
l'autre, et dont le grand diamètre est dirigé obliquement. En arrière de l'arc infé-
rieur se voit une forte saillie apophysaire, déforme à peu près rectangulaire, qui
s'applique sous la face inférieure de l'axis, avec laquelle elle est en rapport au moyen
d'une articulation jouant sur la partie correspondante de la saillie odontoïde.
Cette partie articulaire supplémentaire se joint, par ses expansions supérieures,
aux deux surfaces articulaires que présente l'atlas, en arrière. C'est l'exagération
d'une disposition que nous avons déjà observée chez le Plataniste. Quant à la
saillie du bord postérieur de l'atlas, elle s'étend à 0ra,07 au delà de sa partie pro-
prement articulaire.
L'apophyse épineuse de l'axis est considérable et aplatie d'avant en arrière.
Au milieu de sa hauteur existent deux apophyses articulaires postérieures, une
pour chacune de ses branches neurapophysaires ; le centrum de cette vertèbre
est aplati à sa face postérieure; ses apophyses transverses sont plus saillantes
que celles de l'axis, mais également privées de trou pour l'artère vertébrale,
tandis qu'il en existe un complet à la vertèbre suivante. Les quatrième, cinquième,
et sixième cervicales en portent également un, mais qui est largement ouvert laté-
ralement à chacune d'elles, par suite de l'ossification incomplète de son pourtour,
d'où il résulte que les expansions supérieure et inférieure, dont le double canal
devrait être fermé de chaque côté, restent disjointes. La quatrième de ces dernières
vertèbres cervicales n'a, comme la troisième, qu'une faible épaisseur; au con-
traire, la cinquième et la sixième prennent plus de force et leurs apophyses
latérales inférieures sont également un peu plus épaisses. Ces dernières apo-
physes manquent à la septième cervicale. Rappelons aussi que les troisième
et septième cervicales ont leurs apophyses articulaires antérieures et posté-
rieures nettement établies, mais que leur arc spinal ne se prolonge pas en dessous
en une apophyse épineuse épaissie, comme cela a lieu pour l'axis; elles ne présen-
tentsupérieurement qu'une faible saillie. Ces différentes vertèbres sont d'ailleurs,
comme d'habitude, delà forme dite biplane, et il en est de même pour les autres
pièces de même ordre qui leur fonl suite, quelle que soit la portion du rachis
que l'on étudie.
SQUELETTE. 473
On compte 13 dorsales ou vertèbres costifères, toutes surmontées d'apophyses
épineuses fortes, qu'on les mesure dans le sens de leur hauteur ou d'avant en arrière.
A la base des apophyses épineuses surmontant les vertèbres dorsales se voient les
apophyses articulaires antérieures; elles sont de plus en plus distantes des saillies
qui portent les côtes à mesure que l'on passe des premières de ces vertèbres aux
dernières, et elles prennent sur celles-ci la forme de saillies triangulaires, tandis
qu'elles sont rudimentaires aux vertèbres lombaires. Les premières vertèbres
dorsales sont seules pourvues de facettes articulaires antérieures et de facettes
articulaires postérieures. Les côtes qui s'insèrent sur ces premières vertèbres pos-
sèdent à la fois une tête et une tubérosité, ce qui leur permet une double articu-
lation avec ces masses latérales, toutes plus ou moins raccourcies. D'autre part,
les dernières côtes sont portées directement et par une seule articulation sur
les saillies latérales devenues plus longues que celles des précédentes, et qui
prennent alors l'apparence d'apophyses transverses.
Il n'y a que trois vertèbres que l'on puisse regarder comme des lombo-sacrées,
parce qu'elles ne portent ni côtes ni os en V. Leurs apophyses épineuses ont
l'ampleur de celles des dorsales et leurs apophyses transverses sont toutes grandes
et élargies. Le corps de ces vertèbres, comme aussi celui des dorsales, est d'ailleurs
moins court qu'il ne l'est en général chez les Dauphins ou les Marsouins, et elles
tiennent aussi à certains égards de la disposition que nous avons constatée chez
les Ziphioïdes, sans cependant acquérir une égale longueur. D'ailleurs la forme
des lombaires, de même que celle des autres vertèbres, ne permet pas de confondre
ces pièces avec leurs analogues tirées des Dauphins ou des Marsouins.
Les premières coccygiennes présentent l'apparence des dernières dorsales, mais
elles portent en arrière de la partie inférieure de leur corps une double facette
articulaire servant à l'attache des os en V, dont le premier ne dépasse pas le
onzième en volume, mais a ses deux moitiés soudées entre elles, tandis que celles
du onzième restent distinctes l'une de l'autre. Les autres os en V sont presque
tous assez grands, surtout ceux des seconde à septième vertèbres de cette région.
Les apophyses transverses des coccygiennes diminuent peu à peu, à mesure que
l'on se rapproche de la partie terminale de la queue. Le corps ou centrum d'un
certain nombre d'entre elles devient plutôt ovalaire que circulaire, et les termi-
nales prennent une apparence à peu près cubique, sauf toutefois que leur diamètre
(30
474 GENRE IN1A.
transversal dépasse leur diamètre antéro-postérieur. Elles manquent complète-
ment d'apophyses épineuses et d'os en V, et une double perforation vasculaire
les traverse verticalement de part en part. Il y a dix-sept vertèbres coccygiennes,
«
peut-être plus, car il n'est pas certain qu'une ou deux de ces pièces, parmi les plus
reculées, n'aient pas disparu du squelette qui figure dans notre collection, et que
nous devons à MM. de Castelnau et Deville (1).
Trois paires de côtes seulement vont des vertèbres au sternum, sur le bord
duquel elles s'articulent par une assez courte portion cartilagineuse; ces côtes
et les suivantes sont épaisses et irrégulièrement arrondies plutôt qu'aplaties.
Le sternum a une forme tout à fait particulière : c'est une sorte d'écusson ova-
laire, constitué d'une seule pièce osseuse, ce qui rappelle la disposition de cet os
chez les Balénides. On y voit, en avant, une profonde échancrure médiane, bordée
par une double crête épaissie, rejoignant, de chaque côté, une autre paire
d'éminences placées un peu en avant de la ligne qui va de l'une à l'autre des
insertions des deux premières paires de côtes. Les deux faces du sternum sont
d'ailleurs aplaties et le bord postérieur de cet os dépasse l'insertion de la troisième
paire de côtes. Il sera intéressant de l'étudier avant sa complète ossification; tel
qu'il existe chez l'adulte, il représente une sorte de bouclier dont la largeur
égale à peu près les deux tiers de la longueur. Sa conformation se distingue de
celle du même os envisagé dans le reste des Cétodontes.
L'omoplate est sécuriforme et sensiblement excavée dans la partie médiane de sa
face externe. Ses apophyses coracoïde etacromion font une forte saillie en avant
de son bord antérieur; la première de ces apophyses est faiblement arquée en
dehors, la seconde, au contraire, notablement courbée en dedans, remontée au-
dessus d'elle, et placée plus en dehors. La cavité glénoïde est ovalaire d'avant en
arrière.
L'humérus est dans les proportions ordinaires, mais moins court que celui du
Dauphin ou du Marsouin; il présente supérieurement une lubérosité bien
marquée, et sa moitié inférieure est comprimée; disposition qui se retrouve au
radius et au cubitus.
Ces deux os, à peu près aussi larges l'un que l'autre, quoique l'avantage, sous ce
;l) Le h.iuelette conservé au musée des Chirurgiens de Londres en possède 18.
SYSTÈME DENTAIRE. 475
rapport, reste au radius, ont plus d'étendue en largeur à leur extrémité carpienne
que du côté de l'humérus, et leur longueur dépasse d'un tiers à peu près celle
de ce dernier. Il n'existe point d'apophyse olécrane au cubitus.
La paitie osseuse du carpe est composée de sept os: deux situés au-dessous du
radius forment pour ainsi dire la première rangée; les cinq autres constituent
la seconde. On peut toutefois considérer que le dernier de ceux-ci répond au pisi-
forme; il est en effet situé au delà du cinquième métacarpien.
Les phalanges, aplaties comme le reste des os du bras, sont supportées pour
chaque doigt par un os métacarpien dont l'intermédiaire est le plus large. Il y a
une phalange au premier doigt, cinq au second, cinq au troisième, trois au
quatrième et deux au cinquième. La longueur du troisième doigt, son métacarpien
compris, est presque double de celle de l'avant-bras.
Je ne connais pas l'ischion de ce Cétacé et ne puis par conséquent rien dire au
sujet de son bassin.
Dents. — La dentition de l'Inia n'est pas moins caractéristique de ce genre de
Cétodontes que son squelette.
Les dents y sont nombreuses, variant, chez les sujets connus, de 407 à 422,
pour ce qui concerne l'ensemble des deux mâchoires, et, pour chaque côté de
chaque mâchoire, pris séparément, de 27 à 54 en dessus, ou de 25 à 55 en
dessous.
Leur couronne a un centimètre au plus de hauteur, et leur racine mesure de
\ à 2 centimètres.
Voici les nombres de ces dents observés sur les sept exemplaires dont il est
parlé dans les auteurs :
l" Exemplaire du musée de Lisbonne, type de l'espèce, actuellement au Muséum deParis: _T = 107.
2° Appartenant au Muséum et décrit par d'Orbigny sous le nom à'inia bol iviensis : — 53= 132.
28 -- 28
3" Appartenant au Muséum et décrit par moi dans l'ouvrage de M. deCastelnau :— — = 108.
28 28
4" Décrit par Martius: — — = 114.
29 — 29
5° De Nauta (Musée britannique):—! = 104.
^ 2b — 27
OQ 90
6" D'Ega (Musée britannique):-- — = 109.
2G 29
7° D'Ega (Musée britannique;: — — = 110.
* — 28
476 GENRE PONTOPORIA.
Comme le palais et la mâchoire inférieure, celle-ci envisagée dans sa partie
symphysée, sont allongés et étroits, ces organes garnissent chacune des deux
mâchoires d'une double série d'armes défensives, à l'aide desquelles les Inias
peuvent aisément saisir au passage les poissons, que le corps de ceux-ci soit
onctueux et glissant, ou qu'il soit au contraire protégé par des écailles résistantes.
Toutes les dents sont grenues à leur surface, et elles représentent des sortes de
cônes à peu près droits pour la partie antérieure des mâchoires, un peu courbés
en arrière dans la région intermédiaire. Les postérieures, légèrement infléchies
en dedans, sont munies à leur base interne d'un épais tubercule ou talon
qu'on ne retrouve dans aucune autre espèce du même ordre. Ce talon a sa surface
granuleuse comme les dents elles-mêmes, et celles-ci peuvent avoir leurs pointes
plus ou moins usées par la mastication; il se montre à partir du point où les deux
branches du maxillaire inférieur s'écartent l'une de l'autre.
Les racines sont également fortes, et chez les sujets adultes elles s'élargissent
vers leurs extrémités.
DU GENRE PONTOPORIA OU STÉNODELPHIS.
Le Cétacé auquel cette double dénomination a été imposée a été signalé pour la
première fois par moi en -J84-,i. Je l'ai alors appelé lklpkinus Blainvillei, en faisant
toutefois remarquer les caractères principaux par lesquels son crâne, la^ seule
partie que l'on en possédât alors, l'éloignent des espèces constituant la division des
Dauphins proprement dits, et, bientôt après (4 847), j'ai montré qu'il devait consti-
tuer un genre à part auquel j'ai donné le nom de Slenodelphis. Voici en quels
termes j'en parlais alors : « In crâne de Dauphin pris à Montevideo, c'est-à-dire
à l'embouchure de la Plala, et déposé au Muséum de Paris par M. de Freminville,
PRINCIPAUX CARACTÈRES. 477
officier de la marine royale et naturaliste très-zélé, démontre l'existence d'une
espèce de Dauphin à bec allongé, qui était restée jusqu'à présent ignorée des zoo-
logistes. Ce crâne a des affinités avec ceux des Platanistes et des Inias sous quel-
ques rapports, mais il diffère assez de l'un et de l'autre, ainsi que de tous les Dau-
phins connus, pour qu'on fasse de l'espèce à laquelle il appartient un sous-genre
que nous nommerons Stenodelphis . »
M. Gray, à qui j'avais montré, pendant une de ses visites à Paris, la tète osseuse
du Delphinus Blainvillei, en lui faisant savoir que je me proposais d'en faire le type
d'un genre distinct, n'attendit pas que mon travail eût paru, et au lieu de seK-^i'
du nom que je voulais employer, il proposa, vers la fin de 1846, celui dePotitapo-
via, qui a prévalu et que je ne fais d'ailleurs aucune difficulté d'accepter, le
mien n'ayant en réalité été publié que l'année suivante. Je me bornerai donc à
faire observer que le savant zoologiste du musée britannique a attribué à tort à
M. de Freminville d'avoir dénommé spécifiquement le Delphinus Blainvillei, ce
qui l'a conduit plus tard à donner à ce Cétacé des caractères en partie différents
de ceux qui lui sont propres (I). En outre, il le rapproche des Sténo, tandis que
c'est avec les Platanistes et les Inias qu'il offre, ainsi que je l'avais dit, le plus
d'affinités. L'étude approfondie que MM. Flower et Burmeister en ont faite récem-
ment ne laisse aucun doute à cet égard.
Principaux caractères. — Le genre Pontoporia est facile à distinguer de tous
les autres. L'espèce encore unique qui s'y rapporte est de petite dimension; elle
n'atteint guère que I mètre ou 4 ",20 de longueur totale; son corps est fusiforme
comme celui de la plupart des Cétacés ; elle prend place parmi ceux qui ont le
rostre allongé, plus particulièrement dans la section de ces animaux qui a pour
caractère de posséder un grand nombre de dents à l'une et à l'autre mâchoire, et
auxquels on a donné dans plusieurs occasions le nom de Delphinorhynques. Les
dents du Pontoporia sont plus fines que celles de l'iniaet leur couronne est lisse;
en outre, les os maxillaires supérieurs du même animal ne se relèvent pas au-
dessus des narines en manière de casque, comme cela se voit au crâne du Plata-
niste; mais les mâchoires sont creusées, à leur face externe et dans toute leur lon-
; 1) Cutaloyue oj Seals and Wliales in the Brilish Muséum, p. 231 ; 1866.
17s GENRE PONTOPORIA.
gueur, par un sillon bilatéral plus fort que celui del'Inia,etun peu différent dans
son apparence de celui du Plataniste, ce qui est l'un des caractères que l'animal
dont nous allons nous occuper présente également en commun avec plusieurs
genres de Cétacés à rostre allongé qui sont fossiles dans les dépôts miocènes de
l'Europe.
Le Pontoporia, tout en ressemblant extérieurement aux deux autres genres ac-
tuellement existants de Platanistidés, ne se laisse pas confondre avec eux sous
le rapport descriptif.
Ses nageoires pectorales sont en forme de palettes coupées carrément à
leur bord libre qui est élargi; à cet égard il rappelle ce que l'on voit
chez le Plataniste, mais s'écarte de la disposition propre à l'Inia, qui a les
mêmes nageoires appointes. Sa dorsale est, d'autre part, différente de celle de
l'un et de l'autre; elle est en demi-croissant et s'élève au-dessus du dos comme
dans le plus grand nombre des espèces du même ordre au lieu d'être surbaissée et
de ne représenter, comme chez les deux autres genres de la famille des Platanisti-
dés, qu'une simple carène plus ou moins épaissie, située en arrière de la région
dorsale.
Le Pontoporia n'est pas, comme le Plataniste et l'Inia, un Cétacé exclusivement
lluviatile. On le prend à l'embouchure de la Plata ou d'autres fleuves versant dans
l'Atlantique méridionale sur les côtes de la république Argentine ou de la Patago-
nie, le rio Quequen, par exemple; mais il s'étend aussi le long du littoral de cette
région maritime, tandis que les deux genres que nous venons de citer ne quittent
pas les eaux douces.
Outre le crâne que j'ai signalé en 1844, un exemplaire du même Cétacé avait été
antérieurement observé par d'Orbigny en 4 829, pendant son voyage dans l'Amé-
rique méridionale; il en avait conservé un dessin, qu'il m'a donné plus tard et
sur lequel se voit l'animal en peau, ainsi qu'une figure très-reconnaissable de sa
tète osseuse.
Le crâne d'un troisième sujet, envoyé au musée britannique par M. Bur-
meister, a été décrit par M. Flowcr, et M. Burmeister a eu lui-même l'occasion
d'en observer plusieurs autres, ainsi que deux sujets entiers qui avaient été
portés frais sur le marché de Buenos-Ayres pour y être vendus.
SYNONYMIE. 47»
Les indications qui suivent constituent, clans l'état actuel de la science, la
partie bibliographie de l'histoire du Pontoporia.
Delpliinus Blainvillei, P. Gerv., Bull. Soc. philom. Paris, 1844, p. 38, elJoum. l'Institut, même année.
Delph. (Stenodelphis) Blainv., id., in d'Orb, Voy. Am. mérid., Mamrn., p. 31, PL XXIII; 1847.
Pontoporia Blainvillei, Gray, Zool. Erebus and Terror, Mamrn., p. 6, PI. XXIX; 1846?
Pontop. Blainr,, Flower, Trans. sool. Soc. Lond., t. VI, p. 106, PI. XXVIII ; 1866.
Pontop. Blainv., Burmeister, Ann. Mus. Buenos- Ayres, t. I, p. 389, PI. XWl't, fig. 1, et PI. XXVà XXVIII ;
1869.
Pontop. tenuirostris, Malm, Kvaldjur i Sveriges museer, âr 18G9, p 46, PI. II, fig. 10.
Pontop. Blainv., Giglioli, Zoologia délia Magenta, Cetacei,p.l8.
llappelons aussi qu'il y a un squelette du môme Cétacé au musée de Gênes, où il
m'a été possible de l'étudier, et que le crâne, décrit par M. Malm, est conservé au
musée de Gothenbourg, en Suède.
Squelette. — On ne saurait donner une meilleure idée du crâne du Pontoporia,
envisagé dans son apparence générale, qu'en le comparant à celui de certains
oiseaux de la famille des Bécasses. Sa caisse cérébrale est, en effet, globuleuse et
son rostre est grêle et allongé; en outre, il est de moindre dimension que celui des
autres Cétodontes.
Toutefois, l'étude de ses caractères principaux permet bien vite de reconnaître
les véritables affinités de l'animal dont ilprovient, soit que l'on tienne compte des
dents fines et nombreuses qui arment ses deux mâchoires, soit que l'on observe
les crêtes temporale et frontale qui se remarquent à sa surface.
L'épaisseur de l'apophyse zygomatique fournie par le frontal et surtout de
celle qui provient du temporal, ainsi que la saillie de la région orbitaire, où l'on
voit la protubérance du zygomatique avec ses relations habituelles et avec la forme
qui lui est particulière chez l'Inia, tandis que chez le Plataniste le même os est
fort différent de ce qu'il est chez tous les autres Cétacés, sont autant de caractères
qui rendent facile à reconnaître le crâne du Pontoporia. Cependant la partie sty-
liforme de ce zygomatique ne parait pas aboutir au temporal, ou du moins on ne
la suit pas jusqu'à lui dans les crânes dont la science possède des descriptions. En
somme, la tète osseuse du Cétacé que nous allons examiner indique évidemment,
comme nous l'avons déjà fait remarquer, une espèce de la même division que
l'Inia et le Plataniste, et nous verrons plus loin l'examen du squelette du même
animal confirmer de tout point ce rapprochement.
Les os propres du nez ne forment pas, chez le Pontoporia, une proéminence
480 GENRE PONTOPOR1A.
au-dessus de l'orifice externe des narines, comme il s'en voit une chez l'hua; mais
ils sont de grandeur ordinaire et non réduits à de simples plaques de petite dimen-
sion et inégales entre elles, comme cela a lieu chez le Plataniste.
Une rainure, semblable à celle qui se voit le long de la mâchoire au point de
jonction des os intermaxillaires avec les maxillaires supérieurs, existe aussi à la
mâchoire inférieure, qu'elle suit dans toute l'étendue de sa partie symphysaire,
mais en commençant un peu en arrière de la région mentonnière. C'est une dispo-
sition propre aux deux autres genres de Platanistidés actuellement vivants, et nous
la retrouvons chez les espèces à long bec, également pourvues de nombreuses
dents et à symphyse solide et prolongée, qui ont existé pendant les époques mio-
cène et pliocène. En effet, celles-ci sont aussi des Platanistidés, ou, pour expri-
mer plus nettement notre pensée, des Delphinorhynques, et leur squelette pré-
sente des particularités fort semblables à celles qui distinguent ces animaux des
Dauphins et des Marsouins.
C'est un caractère des Platanistidés d'avoir les vertèbres cervicales séparées les
unes des autres à tous les âges, tandis qu'un nombre variable de ces pièces osseuses
se soudent entre elles et avec l'atlas chez les Cétodontes appartenant aux
groupes dont il a été question jusqu'à présent dans cet ouvrage ou chez le plus
grand nombre de ceux dont nous aurons à nous occuper ultérieurement. Ainsi
qu'on le verra par les figures que nous empruntons au travail de M. Burmeister, le
Pontoporia rentre sous ce rapport dans la condition des Cétodontes delpbinorhyn-
ques; mais plusieurs de ses cervicales sont assez différentes par leur forme de ces
vertèbres envisagées chez l'Inia, ainsi que chez le Plataniste lui-même; ce ne sont
là, toutefois, que des différences d'une valeur secondaire et confirmant la distinc-
tion générique dont le Cétacé découvert à l'embouebure de la Plata a été l'objet.
Les vertèbres des régions qui suivent ont aussi dans leur disposition générale
une incontestable analogie avec celles des autres Delpliinorbynques, leur diamètre
transversal s'élargissant considérablement à partir des dernières dorsales, ce qui se
continue jusqu'aux premières coccygiennes inclusivement, et leurs apophyses
transverses acquérant pour ces différents points une largeur bien plus grande que
chez les Cétodontes des autres groupes. Il y a 10 vertèbres dorsales, et par consé-
quent iO paires de côtes; 5 vertèbres existent entre la dernière dorsale et la pre-
mière de celles qui portent un os bémapopbysaire ou os en V, inséré à leur bord
SYSTÈME DENTAIRE. 4SI
postérieur, vertèbres dont le nombre est alors de 18, et qui répondent à la région
coccygienne, tandis que celles de la série précédente représentent a la fois les lom-
baires et les sacrées. Les dernières vertèbres coccygiennes n'ont plus d'os en V, et
deux ou trois de celles qui ne sont pas encore arrivées à ce degré de simplifica-
tion manquent déjà d'arc neurapopbysaire.
L'os hyoïde ne présente rien de particulier.
Toutes les vertèbres de la région postérieure du racbis manquent d'apophyses
articulaires; mais celles de la région antérieure en ont, au contraire, et qui sont
d'autant plus prononcées qu'on se rapproche davantage du crâne.
Le sternum est de deux pièces, à la jonction desquelles s'articule la seconde
paire de côtes; il n'y a que quatre paires de côtes allant directement jusqu'à lui.
Quant aux membres antérieurs, il faut y signaler une saillie acromiale assez
élargie et une saillie coracoidienne qui, sans être aussi grande, est cependant
bien apparente.
L'humérus ne paraît pas affecter une disposition spéciale.
Le radius et le cubitus sont l'un et l'autre assez forts.
La première rangée du carpe ne présentait, dans le sujet décrit par M. Bur-
meister, que deux os et la seconde quatre.
Les métacarpiens ne sont pas très-longs et l'on compte pour les cinq doigts le
nombre suivant de phalanges : 0, 5, 3, 2 et 2. M. Burmeister, qui accepte comme
métacarpiens les os de la seconde rangée carpienne, admet, par suite, une phalange
pour le pouce.
Le bassin est réduit à un ischion assez court.
La forme de la caisse auditive et celle du rocher n'ont point été décrites.
Dentition. — Les caractères que présente sous ce rapport le Ponloria peuvent
être exprimés de la manière suivante : les dents sont nombreuses, petites, de forme
aiguë et conique aux deux mâchoires; celles de la partie postérieure, un peu
moins appointies et un peu moins longues que les autres, ont leur partie termi-
nale faiblement recourbée en arrière; ces dents ont 5 ou 6 millimètres au plus de
hauteur au-dessus du collet.
Chez le sujet qui a servi de type à l'espèce, il existait au total ;»r> dents d'un
côté et 34 de l'autre, supérieurement, et autant à la mâchoire inférieure. M. Flower
61
482 DELPHINORIIYNQUES FOSSILES.
en a compté^. — ^—^ sur le crâne conservé au Musée de Londres. De son côté,
o4 ! — <>4 !
M. Burmeister a constaté la présence de — -, de ces oraaues sur les crânes de
59
55
jeunes sujets qu'il a observés, et ~ sur ceux des vieux.
SUR DIFFÉRENTS GENRES ÉTEINTS
APPARTENANT A LA FAMILLE DES DELPHINORHYNQUES.
GENRE CHAMPSODELPHIS.
Les premiers fossiles connus de la famille des Delphinorhynques sont ceux
que Lacépède a signalés comme provenant d'un Crocodilien du même genre que le
Gavial du Gange, et dont Cuvier a reconnu les affinités avec les Cétodontes en
même temps qu'il en a décrit l'espèce sous la dénomination de Dauphin à longue
symphyse. Ces fossiles ont servi de type au genre que j'ai plus tard appelé Champ-
sodetph/s (I). Ils avaient été trouvés vers la fin du siècle dernier, dans le falun de
Sort, près Dax (Landes), par de Borda d'Ovo, ancien magistrat, parent du phy-
sicien de ce nom, qui en possédait une mâchoire inférieure assez complète dont
Cuvier a donné des figures, et qui en avait envoyé au Muséum un fragment de
mâchoire supérieure, le même qu'étudia Lacépède et qui est également repré-
senté dans le grand ouvrage de Cuvier sur les Ossements fossiles. Je l'ai repro-
duit à mon tour dans un précédent travail, et il est également au nombre des
pièces données dans la PI. LVII de notre Atlas.
CHAMPSODELPHIS MACROGENIUS (2).
Voici les indications synonymiques qui se rapportent à cette espèce :
Gavial, des environs de Dax, Lacépède, Quadrupèdes ovipares, p. 238. — Dauphinà longue symphyie, Cuv.,
(1) P. Gerv., Zovl. et Pal. franc., I" édit. , t. I, p. 152.
(2) PI. LVH, fig. 1.
GENIIE CHAMPSODELPHIS. 483
Oss.foss., t. V, part. 1, p. 312, Pi. XXXIII, fig. 8-11 (mâchoire supérieure), fig. 4-5 (mâchoire inférieure1.
— Dauphin à longue symphyse et Gavialis longirostris, GrateJoup, Actes de la Société linnéenne de Bor-
deaux, 1S40. — Delphinus macrogenius, Laurillard, Dicl. unie. d'Hist. nat., t. IV, p. 634. — Champsodelphis
macrogenius, P. Gerv., Zool. et Pal. jranc.,%*. édit. , p. 311,PI.XLI, fig. 6, non fig. T.— Champs, macro-
gnathus et Champs. ? Valenciennesii, Brandt, Celaceen Europa's, p. 263 et 266. — Platanista macro g en. et
PL Val.,id., ibid., Suppl., p. 20 et 21.
Le fragment de mâchoire supérieure conservé dans nos collections porte encore
trois dents plus ou moins complètes et l'indice des alvéoles de quelques autres; il
est long de 0m,17 et il est facile de constater qu'il provient d'un animal dont la taille
dépassait celle de l'Inia chez qui la partie correspondante, mesurée sur notre plus
grand exemplaire, n'a guère que 0m,08; il répond au milieu du rostre. Ses ca-
ractères sont sensiblement différents de ceux que présente ce genre sous le même
rapport, et il n'est pas davantage possible de les assimiler à ceuxdu Plataniste, mais
une analogie plus réelle paraît avoir existé avec le Pontoporia, quoique celui-ci soit
bien moins grand et que ses dents ne soient pas absolument de même forme, étant
d'ailleurs relativement plus grêles. Toutefois le rostre du Champsodelphis était
parcouru, comme celui du Pontoporia, par un sillon longitudinal profond situé au
point de contact des os maxillaires et intermaxillaires. La coupe transversale laisse
voir un évidement considérable et de forme ovalaire lancéolée pour cette partie
moyenne du rostre, évidement circonscrit par les intermaxillaires qui descendent
inférieurement entre les bords palatins des maxillaires et se montrent le long du
palais, entre ces derniers os. Celte partie descendante des intermaxillaires est ccllu-
leuse et il en est de même des os maxillaires au pourtour des alvéoles dentaires. La
même coupe donne 0'",040 pour le diamètre transversal du rostre dans la partie
convexe des incisives et 0,055 pour les deux maxillaires au-dessus de leur bord
gengival. La face externe des os maxillaires et intermaxillaires est lisse et non ru-
gueuse, ce qui aurait eu lieu si, comme l'a supposé Lacépède, la pièce ici décrite
provenait d'un Crocodilien.
Quant aux dents, elles sont fortes, un peu arquées en arrière et vers le dedans
de la mâchoire dans leur partie coronale; on voit autour de leur racine une
épaisse couche de cément, au centre de laquelle l'ivoire se termine en s'appoinlis-
sant. La longueur de la partie émaillée de la couronne est de 0'",015; la largeur
de sa base mesure 0",010, et la longueur de la racine, ou partie recouverte de
cément, égale 0"',030.
481 DELPHINORHYNO.LES FOSSILES.
La mâchoire inférieure observée par Cuvier dans le cabinet de Borda n'était pas
entière, mais il en restait une longueur assez considérable et l'on pouvait recon-
naître qu'elle ne se divisait pas en plusieurs nièces pour chaque côté comme cela
se voit chez les reptiles. Les dents y étaient semblables à celles de la mâchoire
supérieure pour les dimensions, mais pourvues à la partie postérieure de leur base
d'une saillie que Cuvier désigne comme formant « un petit talon ou tubercule
mousse. »
Deux vertèbres provenant des marnes bleues de Sort que M. Michaud a données
au Muséum pourraient bien provenir de l'espèce qui nous occupe, ou tout au
moins d'une espèce peu différente. La plus grande a 0,070 de long sur 0,051 pour
le corps ou centrum ; l'autre est un peu moins forte. L'une et l'autre paraissent
être des lombaires ; leur forme rappelle celles de l'Inia, mais elles sont proportion-
nellement plus longues et elles semblent provenir d'une espèce de taille un peu
plus grande; elles ont la face inférieure du corps sensiblement carénée.
Deux vertèbres caudales, également trouvées au même lieu, s'éloignent aussi
de celles des Delphinidés pour se rapprocher, par leur forme, de celles des Delphi-
norhynques et en particulier des Eurhinodelphis du bassin d'Anvers.
J'ai rappelé ailleurs que, d'après Valenciennes (1), il ne fallait probablement pas
attribuer au genre Champsodelphis des maxillaires inférieurs trouvés à Leognan
par feu M. Pedroni, et que ce savant avait mieux fait de les rapporter au Squa-
lodon (2); on en jugera par ce que j'en ai dit plus haut, ainsi que par les figures
qui en ont été données (3).
La dent faisant partie de la même collection et provenant du même gisement, que
j'ai prise pour type du Phocn Pedronii (4), devra être soumise à un nouvel examen ;
elle paraît avoir une certaine ressemblance avec celle du Champsodelphis, mais
comme ce dernier n'a pas encore été observé avec certitude au même lieu, il
reste des doutes à son égard et l'on pourrait supposer qu'elle a appartenu soit au
Squalodon, soit à quelque autre espèce du groupe des Delphinorhynques. La
plus grande partie des pièces réparties par M. Brandi entre ses Champsodelphis
(1) Comptes rend, hebd., t. LIV, p. 789 ; 1802.
(2) Son genre Delphinoïdes.
(3) PI. XXVIII.
(4) Zoo/, et Valéont. franc., 1. I, p. I in, |'|. XU, fi>j. 1.
GENRE CHAMPSODELPHIS. 485
macrognathus et Valenciennesii appartient au contraire au Champsodelphis macro-
geniuset elles sont au nombre de celles qui devront servira l'établir comme espèce.
CHAMPSODELPHIS TÊTRAG.ONORHINUS.
La présence de Cétacés de ce groupe dans les eaux au fond desquelles se sont
déposés les grès faluniers de Léognan ne saurait être mise en doute; nous en
avons pour preuve :
1° La découverte d'un crâne presque entier provenant d'un Cétacé offrant les
mêmes caractères généraux, dont M. Delfortrie a publié la description sous le nom
de Delphinus tetragorhinus (]); c'est le même dont nous donnons des figures d'a-
près nature, PL LIX, fig. 1 ;
2° Un fragment considérable de maxillaire inférieur gauche indiquant une
espèce à longue symphyse qui était pourvue de dents nombreuses ; fragment qui
nous a été communiqué par M. Souverbie, directeur du Musée de Bordeaux, et que
nous avons pu faire figurer dans notre Atlas (Pi. LX, fig. 18) après l'avoir fait mouler
pour la collection du Muséum ;
5° Une cinquième ou sixième vertèbre cervicale (2) indiquant une espèce un peu
plus grande que l'Inia; cette vertèbre est différente par certains détails de sa cor-
respondante prise chez ce dernier; j'en dois la communication à M. P. Fischer.
Bien qu'elle appartienne certainement au même groupe que les deux pièces précé-
dentes, je n'oserais pas affirmer qu'elle provienne réellement du Delphinus tetrago-
rhinus, étant comparativement d'une taille un peu supérieure à celle que ces deux
pièces semblent indiquer. Je n'y reviendrai pas et me bornerai à parler de la tète
osseuse ainsi que du fragment de mâchoire inférieure dont il vient d'être question.
Le cràne-type du Delphinus tetragorhinus, Delf., quoique écrasé, permet de con-
stater que le Cétacé dont il provient avait les crêtes occipitales et temporales très-
prononcées, ce qui est un des traits distinctifs des Delphinoryhnqucs, et que la
cavité cérébrale en était, comme cela a lieu chez ces animaux, de médiocre capa-
cité. Les apophyses zygomaliques des os temporaux sont fortes et épaisses, ce qui
se voit aussi à un degré plus ou moins prononcé chez les mêmes Cétacés; elles sont
(1) Actes Soc. linn. Bordeaux, t. XXX, p., 1, PI. V; 1875.
(2) PI. LX, fi'j. 19.
486 DF.LPIIINORHYNQL'ES FOSSILES.
presque aussi renflées que celles de certains Sirénides; la portion sus-orbitaire des
frontaux et la base antérieure des os zygomatiques concourant à la formation de
la même voûte étaient également fort épaisses; la région médio-frontale avait
une conformation peu différente de celle qu'elle présente chez l'Inia, mais sans
fournir une saillie aussi prononcée que chez ce dernier. Les deux narines externes
étaient à peu près d'égale dimension. Les os intermaxillaires remontaient de chaque
côté des narines sans se joindre au-dessus d'elles, et ils étaient séparés sur ce point
ainsi que la partie correspondante des maxillaires par une double surface rectan-
gulaire fournie par les os propres du nez aussi grands ici que chez l'Inia; au-
dessous d'eux se voit la crête montante du vomer. La partie rostrale des maxil-
laires et intermaxillaires paraît avoir été allongée; il semble que ces deux os
étaient séparés l'un de l'autre à leur point de contact extérieur par une rainure
longitudinale qui suivait le rostre, ce qui donnait à sa coupe un commencement
de l'apparence trilobée fréquente chez les Cétacés du même groupe. Toutefois il
nous est impossible d'évaluer au juste la longueur du rostre, dont toute la partie
précédant la dixième avant-dernière paire de dents a été brisée et perdue. Le
crâne entier devait être à peu près égal en volume à celui de l'Inia.
Il ne reste qu'une dent en place, encore est elle incomplète : c'est la dernière
du côté droit. Elle paraît avoir été lisse et conique, tandis que celles de l'Inia sont
grenues, les postérieurs étant en outre pourvues dans ce dernier genre d'un
fort talon interne; les alvéoles visibles et l'unique dent en place ne permettent
pas de douter que ces organes n'aient été de moindre dimension que chez le
Champsodelphis macrogenius ; ils étaient cependant plus forts que dans les Champ-
sodelphis Dationum et Renovi, dont il sera question plus loin.
Quant à la mâchoire inférieure de Delphinorhynquc de Léognan, que je crois
pouvoir attribuer à la même espèce que le crâne ici décrit, elle ne nous est égale-
ment connue que d'une manière incomplète. Le fragment qu'on en possède est
long de 0,27 et en partie emprunté à la région symphysairc, mais sans comprendre
cette région tout entière. Les dents manquent, mais on voit encore 35 alvéoles,
dont i\ci\x seulement sont situés en arrière de la symphyse. Ils sont assez serrés
les uns contre les autres, un peu moins grands qu'à la mâchoire supérieure et
séparés par des cloisons osseuses moins ("paisses, quoique persistantes. La lon-
gueur occupée par ces alvéoles est de 0,25. La table externe de l'os montre
GENRE CIIAMPSODELPHIS. 487
quelques rainures allongées, mais discontinues., répondant aux trous mentonniers;
il n'y a pas de sillon profond régnant le long delà région dentaire, comme cela
a lieu chez le PontoporiaetleSchizodelphis.
CHAMPSODELPHIS ACUTUS.
J'ai fait représenter sous ce nom (PI. LVII, jîg. 1) une région palatine allongée
et étroite, ayant les os maxillaires soudés entre eux sur la ligne médiane, et dont
les côtés extérieurs ont conservé chacun quinze alvéoles ou traces d'alvéoles,
lesquels indiquent des dents assez fortes relativement à la taille de l'aninal dont
cette pièce provient, et en effet on ne saurait mieux la comparer qu'à la partie cor-
respondante du rostre du Champsodelphis macrogenius, quoique celui-ci soit encore
bien incomplètement connu. Cette pièce, qui est donnée ici de grandeur naturelle,
provient du falun de Romans (Drôme); elle indique une espèce beaucoup moindre
en dimension que ne l'était le Champsodelphis de Sort; c'est sur l'examen delà
figure que nous en avons publiée, figure qui a paru bien avant le texte qui lui est
consacré, que M. Brandt a parlé du Champsodelphis acutus dans le Supplément à
son ouvrage sur les Cétacés fossiles de l'Europe (1).
Quoique de taille moindre que le Champsodelphis macrogenius et pourvues de
dents moins fortes, les espèces suivantes peuvent rester provisoirement classées
dans le même genre que lui.
CHAMPSODELPHIS RENOVI.
C'est en effet à une espèce peu éloignée des précédentes, mais dont les dents attei-
gnaient un volume moindre et dont le palais s'élargissait en arrière de la série den-
taire, qu'a appartenu le fragment de crâne (PI. LVII, fig. 9), trouvé autrefois par
M. Renou, professeur d'histoire naturelle à Angers, dans les dépôts de molasse
coquillière du département de l'Orne, lesquels renferment aussi des restes de
Y Ilalitherium fossile, du Carcharodon megalodon et des autres animaux marins ca-
ractéristiques du miocène moyen.
(I P. 25.
488 DELPHINORHYNQUES FOSSILES.
Voici les données synonymiquès se rapportant à cette pièce :
Dauphin dont une portion de mâchoire supérieure a été trouvée dans le calcaire
grossier dans le département de l'Orne, Cuv., Oss. foss., t. V, part. I, p. 517,
PI. XXIII, fig. 58. — Dclph. tongirostris, Auct., nonD. long., Gray nec Dussnmier.
— Delph. Itenovi, Laur illard, Dict. univ. d'Hist, nat., t. IV, p. 654 — P. Gerv.,
Zool, et Pal. franc., p. 505, PL LXXXII, fig. 5.
Le rostre était parcouru par une profonde rainure longitudinale existant au
point de contact de la partie inférieure externe de l' intermaxillaire avec le maxil-
laire. Les dix-huit alvéoles conservés, qui répondaient aux seize dernières dents du
côté droit, occupent une longueur totale de 0,17. Derrière elles le palais s'élargit
et conserve son horizontalité au lieu de descendre angulairement comme il le fait
d'habitude chez lès animaux du même groupe.
GHAMPSODELPHIS DATIONUM.
Cette espèce et la suivante ont été établies sur l'examen de pièces appartenant
à la mâchoire inférieure, ce qui ne permet pas de les comparer avec celles dont il
vient d'être question et rend en particulier difficile de décider si elles sont ou non
identiques avec la précédente bien que les sujets qui ont fourni ces pièces parais-
sent avoir eu à peu près les mêmes dimensions. Le Champsodelphis Dationum
a été d'abord signalé par M. Grateloup comme ayant les principaux caractères du
Dauphin vulgaire, ses dents étant, a-t-il dit, semblables aux siennes, mais d'une
courbure différente.
Dauphin, Grateloup, Ann. gén. se. phys., t. III, p. 58, av. Pi. — Cuv., Oss. foss.,
t. V, V partie, p. 310 (1) — Delph. Dationum, Laurillard, Dict. univ. d'Hist. nat.,
t. IV, p. 03 '<. — P. Gerv., Zool et Pal. franc., p. 505.
Fossile dans le falun de Dax (Landes).
A ne tenir compte que des courtes indications données au sujet de cette espèce
par Grateloup et, d'après lui, par Cuvier, il est difficile de se faire une idée sufli-
(1) Sous l'indication suivante : « Dauphin fort voisin de l'espèce commune. »
GENRE CHAMPSODELPHIS. 480
santé deses caractères distinctifset Lauriilard, en lui donnant un nom particulier,
n'a rien ajouté à nos connaissances à son égard.
« C'est, dit en effet Cuvier, une portion de mâchoire inférieure longue de 0,08, haute de 0,026 et épaisse
de0,013, contenant huit dents et l'alvéole d'une neuvième. Ces dents, hautes de 0,008 sur 0,00o de dia-
mètre a leur base, et distantes entre elles d'à peu près 0,004, sont grêles et pointues. Leur base est un
peu renflée, et elles sont arquées un peu en arrière et en dedans; leur émail est d'un beau noir, brillant;
leur base ainsi que l'os entier est d'un brun ferrugineux.
« Leurs racines, longues de 0,01 à 0,013, sont renflées vers le haut et crochues a leur extrémité enfoncée
dans l'alvéole.
« Les dimensions de ce morceau, la grandeur de ses dents sont aussi semblables qu'il est possible a
celles du Dauphin vulgaire, mais leur courbure est un peu différente et surtout je ne vois pas a cette
mâchoire ce sillon profond dans lequel sont creusés les alvéoles de celles du Dauphin commun, ou en
d'autres termes l'arête qui y règne le long de leurs bords internes et qui manque aussi dans quelques
espèces assez ressemblantes pour les dents, tels que le Dubius et le Leucorhamphus. Les racines des dents
du Dauphin vulgaire sont aussi moins hautes. Ce ne sont l'a, au reste, que des indications, qui auront
besoin d'être confirmées par d'autres parties osseuses, si l'on parvient a en découvrir. »
J'ai attribué au Dclphinus Dationum (1), mais sans pouvoir en établir la compa-
raison avec la pièce observée par Grateloup, un fragment du maxilliaire inférieur
d'un Cétacé delphinorhynque qui a été découvert dans le falun de Salles (Gironde),
par M. Lafon, et m'a été communiqué par M. le professeur Raulin, de la Faculté
des sciences de Bordeaux. Voici en quels termes j'ai parlé de ce fragment, dont je
reproduirai la figure (PI. LVII, fig. 1 1).
« Il porte cinq dents en place, qui sont les 4, 5, 7, 8 et 9e, en commençant leur
dénombrement parles plus reculées, et il y a, outre les alvéoles des trois dernières
molaires, ainsi que ceux des 6, 10, 1 1 et 12e. D'autres dents existaient en avant de
celles-ci, mais elles manquent aussi bien que la partie osseuse qui les supportait.
Les dents en place ou les alvéoles apparents de celles qui manquent, sont dans une
rainure bien marquée, mais les alvéoles sont entièrement distincts les uns des au-
tres. Ceux-ci sont à peu près arrondis et de plus en plus rapprochés à mesure
qu'ils sont plus reculés; les douze pris ensemble occupent une longueur de 0,1 I .
La partie osseuse qui leur correspond nous montre antérieurement une portion
de la symphyse mandilmlaire, qui était solidiûée et prolongée jusque vers les
dernières dents. C'est une disposition qui rappelle les Champsodelphis, les Delphi-
norbynques proprement dits et, jusqu'à un certain point, les Dauphins à longue
(1) Delphinorhynchus, de Salles, P. Gerv., Mèm. Aead. se. Montp., t. Il, p. 313, PI. VU, fig. 4. —
Delphvws Dationum, id., Zoo!, et Pal. franc, p. 306, Pi. LXXXI1I, //</. 1-2.
62
490 DELPHYKORHYNQUES FOSSILES.
symphyse, dont nous avons parlé à propos du Defphinus sulcatus , et dont le
D. Dationum devra sans doute être rapproché; toutefois, les dents en place, sur le
fragment trouvé à Sort, n'ont pas la même forme que celle de Poussan, représentée
par notre figure 8, et elles sont petites, au lieu d'être fortes et épaisses comme
celles du Champsodelphis macrogenius. Elles sont étranglées au collet, lisses à leur
couronne qui est subappointie, un peu courbées en dedans, et subrenflées à leur
racine par l'addition d'une couche de cortical osseux; elles n'ont que 0,006 de
hauteur pour la couronne, et à peu près 0,005 dans leur plus grande largeur,
mesurée sur la plus forte de celles qui subsistent. Cependant, il est fort probable
que les dents placées plus en avant étaient plus fortes et plus élevées.
« La portion conservée de l'os mandibulaire, portion qui répond à celles situées
un peu en avant et un peu en arrière du bord postérieur de la symphyse, a pour
hauteur, au plan vertical de la mandibule, sous les dernières dents molaires, 0,55 ;
elle est un peu moindre en avant. Au niveau du bord postérieur de la symphyse
elle a 0,028. »
Un autre fragment (PI. LIX, fig. 2) beaucoup plus incomplet que le précédent
et ne portant plus que deux dents a été trouvé à Sort (Landes) par M. Michaux et
fait partie de nos collections; il paraît appartenir à la mâchoire supérieure.
C'est encore à un animal peu différent de celui dont proviennent les pièces ci-
dessus, peut-être même spécifiquement identique avec lui, que je crois devoir attri-
buer le fragment de maxillaire inférieur, également pourvu d'une longue symphyse
(PI. LVII, fg. 10 et 10a), trouvé à Montfort, près Dax, par M. Thore, dans une
marnière miocène appelée Jean-Bouton; Valcnciennes l'a décrit sous le nom
de Delplrinus tophogenius (1). Les dents y sont de même forme, c'est-à-dire en
cône épaissi, un peu incurvées en dedans, à leur couronne, et un peu renflées au-
dessus du collet, du moins pour celles de ces dents qui sont placés le plus en arrière.
Quant à la racine, elle est également pourvue de cément. On compte douze dents
encore en place sur le côté gauche où se voient en outre sept alvéoles, dont deux
en arrière des dénis existantes, les autres en avant; il a six dents sur le côté droit;
mais ce côté ne montre pas la fln de la série alvéolaire et en avant de ses dents
11) Comptes rendu ht'Ldvm., I. I.IV. p, 7,s7, 1862.
GENRE CHAMPSODELPHIS. 491
existent quatre alvéoles entièrement vides, tandis que ceux de l'autre branche
sont encore en partie remplis par les racines qu'ils logeaient.
La longueur occupée par les dix-huit dents du côté gauche était de 0,100,
mais le bout de la mâchoire manque et l'on ne saurait dire quel était l'espace
occupé par la totalité des dents ni à combien s'élevait le nombre de celles-ci.
Toutefois la taille de l'animal devait être à peu de chose près la même que celle
des fossiles de Salles et de l'Orne, dont nous avons déjà parlé.
11 n'y a point de ligne cannelée le long du bord de cette mâchoire et les alvéoles
étaient bien séparés les uns des autres sans que les bords dentaires aient été relevés
pour former gouttière. Valenciennes indique comme caractère principal de l'es-
pèce nouvelle proposée par lui une petite crête médiane bordée bilatéralement
par une étroite gouttière qui règne sur un peu plus de la moitié antérieure de la
partie conservée de la symphyse synostosée de ce Delphinorhynque. Bien que la
même crête manque au fossile qui m'a été communiqué par M. llaulin, on peut se
demander si la particularité qu'elle indique présente assez de valeur pour carac-
tériser l'espèce que ce savant naturaliste se croyait fondé à admettre comme dis-
tincte? C'est ce que je n'oserais décider avant d'avoir pu comparer entre eux
d'autres exemplaires présentant ce mode de conformation, ainsi que le précédent.
Ici se termine l'énumération descriptive des pièces recueillies en France, dans
les dépôts miocènes du sud-ouest, qui me paraissent pouvoir être attribuées au
même genre que le Champsodelphis maerogenius, ou qui, du moins, doivent en
être rapprochées.
In Cétacé du genre Champsodelphis, regardé comme distinct de ceux dont nous
avons déjà parlé, est signalé dans le crag de Belgique sous la dénomination qui suit :
CHAMPSODELPHIS SCALDEXSIS.
Du L5u>, Bull.acad. r. Belgique, 2' série, t. XXXIV, p. 498, 1872. — Journal de Zoologie, t. II, p. 103.
Espèce établie sur Texamen de la portion symphysaire d'un maxillaire inférieur lequel est un peu re-
courbé vers le haut et mesure 0,17. Les alvéoles y sont grands, très-rapprochés; les cloisons osseuses
complètes et beaucoup plus étroites que le diamètre des alvéoles, dont quatorze seulement ont étéconser-
vés pour chaque côté. Les alvéoles antérieurs paraissent avoir été plus grands que les autres, et de ceux-
ci, les derniers sont les plus petits; ils sont aussi plus rapprochés entre eux.
J'ajouterai, pour terminer, que le même groupe est également représenté
parmi les animaux fossiles delà molasse miocène du Portugal, ainsi que le prouve
492 DELPHINORHYNQUES FOSSILES.
un fragment de maxillaire trouvé à Xabregas, près Lisbonne, par M. Valentin.
Cette pièce est conservée au Musée britannique.
Le Crag de la Belgique renferme les débris de Cétodontes qui différaient peu des
Champsodelpbis et qui doivent certainement être classés dans le même groupe. La
onorieur de leur rostre, le grand nombre de leurs dents toutes fort petites, ainsi
que la dimension relativement faible de leur boile crânienne, peuvent faire regarder
certains d'entre eux comme se rapproebant du Pontoporia plus que de tout autre
genre actuel; de ce nombre est plus particulièrement le genre que M. Du Bus a
nommé Eurbinodelpbis. Celui que le même paléontologiste a appelé Priscodelphis,
dénomination empruntée à M. Leidy, n'en diffère de son côté que par quelques
caractères d'une faible importance, et nous avons rappelé plus haut la présence
également annoncée par M. Du Bus d'un Champsodelpbis véritable parmi les espèces
enfouies dans le bassin d'Anvers. Nous parlerons des deux genres Eurhinodelphis
et Priscodelphis dans les paragraphes qui vont suivre.
GENRE EURHINODELPHIS.
Le nom d'Eurhinodelphis a été proposé par M. Du Bus(l) pour des Delphino-
rbvnques, fossiles dans le crag d'Anvers, dont le principal caractère est d'avoir le
rostre long et étroit, pourvu d'un grand nombre de dents de petites dimensions et
la boite crânienne peu volumineuse; leurs os intermaxillaires sont intimement
coudés aux maxillaires dans toute la longueur de la partie rostrale et ils ne s'en
distinguent que par le sillon (jui se voit à leur ligne de contact. Les os propres du
nez sont ovalaires transverses, à peu près réniformes ou en carrés irréguliers, ce
qui est un commencement de la disposition propre aux Dauphins et aux Marsouins;
les os palatins sont apparents entre les bords iuféro-internes des maxillaires; les
vertèbres cervicales restaient disjointes et celles des différentes régions du corps
étaient de forme relativement allongée; les alvéoles cessent d'être distincts vers la
partie terminale du rostre, où ils ne sont plus représentés (pu1 par une] simple
rainure.
(ij Bull. Acid. de Belgique, i< s ri , t. XXIX, p. 50; 186'
GENRE PRISCODELPHINUS. 493
Trois espèces ont été signalées par l'auteur; les deux premières nous sont seules
connues ; nous en avons vu les pièces-types au Musée de Bruxelles ; on en trouvera
des figures dans notre Atlas.
EL'RHINODELPHIS C0CHETEUX11 (PI. LV111, fvj. 1).
Du Bus, loc. cit.
Environ quarante dents de chaque côté a la mâchoire supérieure.
Fossile dans le crag noir d'Anvers.
EHRHINODELPHIS LONGIROSTRIS (PI. LVIII , fig. 2).
Du Bus, Bail. Acad. r. Belgique, 2e série, t. XXIV, p. 491 ; 1872. — Joum.de Zoologie, 1. 11, p. 97.
Plus petit que le précédent. Son crâne a un quart de moins dans tous les sens et mesure cependant 1 ,05
dont 0,20 pour la caisse cérébrale; son rostre est proportionnellement plus long et il a plus de quatre fois
la longueur du reste du crâne. Le nombre des dents s'élève à cinquante au moins de chaque côté du
maxillaire supérieur.
EURH1.N0RUYNCHUS AMBIGUËS.
Du Bus, ibidem.
Sans doute de la taille du précédent; sillons latéraux du rostre plus profonds; dents paraissant plus
espacées; os incisifs plus épaissis en quelques endroits.
Fossile dans le crag d'Anvers; n'est connu que par quelques fragments.
GENRE PRISCODELPHINUS.
Ce genre a été établi par M. Leidy en 1851 et nous aurons l'occasion d'y re-
venir à propos des espèces américaines qui lui ont servi de type. Celles, provenant
du crag d'Anvers, que M. Du Bus lui attribue sont au nombre de dix ; nous représen-
tons (PI. LVIII, fig. 3) plusieurs parties caractéristiques de l'une d'elles, le Prisco-
delphinus produclus, d'après des pièces conservées à Bruxelles et que M. Du Bus a
déposées dans la ricbe collection cétologique dumusée de cette ville; elles indiquent
une forme éteinte peu différente des Eurbinodelpbis, tout en appartenant bien
comme eux aux Delpbinorbynques.
L'arcade zygoma tique y était également épaisse, le rostre fort long, sans ossifi-
cation du cartilage supra-vomérien, et les dents petites mais nombreuses. Les
crêtes occipitale et temporale ne faisaient pas non plus une aussi forte saillie que
dans le Platauiste ellTnia.
494 DELPHINORHYNQUES FOSSILES.
Les Priscodelphinus sont fossiles dans le crag inférieur.
Les dix espèces de ce genre que M. Du Bus dénomme sont loin d'être suffisam-
ment caractérisées les unes par rapport aux autres, et les pièces attribuées à cha-
cune d'elles n'ont probablement pas toutes l'origine qui leur est attribuée sous ce
rapport; il devra en être fait une classification nouvelle, ce qui présentera sans
aucun doute de grandes difficultés, mais permettra d'en établir une caractéris-
tique plus exacte et en même temps de décider si foutes les espèces à l'établisse-
ment desquelles une première étude a conduit, ont réellement existé.
PRISCODELPHINUS PRODUCTUS (PL LVIII, fig. 3).
Uu Bus, Bull. Acad. r. Belgique, 2e série, t. XXXIV, p. 493; 1872. —Journ. de Zoologie, t. II, p. 98.
La distinction de cette espèce repose sur une tète presque complète conservée au Musée de Bruxelles, et
dont la boîte cérébrale mesure à clle-seule 0,20. Le rostre dont la portion terminale manque est long et
étroit; on y voit encore une partie des alvéoles répondant à 42 dents pour chaque côté et le nombre total
de ces organes peut être évalué à plus de 50. Il y reste encore une dent entière : « La couronne, ajoute
M. L»u Bus, est assez mince, courbée, pointue et déprimée d'avant en arrière; sa racine est taillée en
biseau a son extrémité » ; elle paraît indiquer une forme peu différente par sa gracilité de ce que
l'on voit chez les Champsodelphis à petites dents que nous avons décrits d'après les pièces recueillies
dons le sud-ouest de la France, mais sans paraître cependant identique avec elles.
PRISCODELPHINUS ROBUSTUS.
Du Bus, Bull. Acad. r. Belgique, p. 393. — Journ. de Zoologie, p. 99.
Etabli sur l'examen d'un temporal gauche dépourvu de sa portion écailleuse et sur celui d'un occipital
latéral du même côté ayant conservé le condyle correspondant. La taille était comparable à celle ae
l'Eurhinodelphis Cocheteuxii.
PRISCODELPHINUS VALIDUS.
Uu Bus, ibidem.
Connu seulement par un temporal, qui indique une taille un peu supérieure à celle de lespèoe pré-
cédente.
PRISCODELPHINUS CRASSUS.
Du Bus, Bull. Acad. r. Belgique, p. 434. — Journ. de Zoologie, p. 100.
Ne repose que sur l'observation d'une partie d'intermaxillaire, répondant à la portion moyenne et mé-
diane du rostre, pour une longueur de 0,36 et 0,038 de largeur vers son milieu; cette pièce est légère-
ment courbée et très-épaisse en arrière ; on y voit l'indication du canal sus-vomérien ; son bord interne
est arrondi.
PRISCODELPHINUS TBRES.
Du Bus, ibidem.
Établi sur l'examen de deux fragments d'intermaxillaires droils provenant de deux individus différents.
Us sont rectilignes, assez épais, régulièrement arrondis dans le sens transversal en dessus et creusés en
gouttière en dessous, ce qui ne permet pas de les attribuer ;i une autre partie du squelette. Leur bord in-
terne, dit aussi M. Du Bus, est carré, très-épais, offrant une surface plane, variantentre 10ctl'i milimèlivs
PRISCODELPHLNUS D'ANVERS. 495
de largeur, évidemment destiné a être appliqué contre le bord correspondant de l'intermaxillaire opposé
de manière à former une sorte de « trompe » (ou plutôt de demi-cylindre) ; le plus grand de ces fragments
21 centimètres de longueur. Sa dimension indique un animal a peu près du de la taille précédent. ••
PRISCODELMINUS DECL1V0S.
Du Dus, Bull. Acad. r. Belgique, p. 495. •- Journ. de Zoologie, p. 100.
Repose sur deux tronçons de rostre, l'un basilaire, l'autre provenant d'une partie plus avancée, entre
lesquels il y a une grande lacune; taille inférieure à celle du précédent.
PRISCODELFHINUS M0RCKH0V1ENSIS.
Du Dus, Bull. Acad. r. Belgique, p. 495. — Journ. de Zoologie, p. 101.
On en possède une tète bien conservée, mais qui manque de la plus grande partie du rostre; la boîte
crânienne seule a 0,18 de longueur sur un peu plus de largeur. M. Du Dus fait remarquer que « le sur-
occipital a au centre une gouttière large et assez profonde, et au sommet, en arrière des frontaux, deux
fossettes sur les côtés. Les os sont minces en général, notamment ceux de l'arcade orbitaire. » La partie
conservée du rostre montre dix-sept alvéoles régulièrement espacés, séparés entre eux par des cloisons
complètes. La grande gouttière médiane du palais est très-profonde.
PRISCODELPHINUS ELEGANS.
Du Bus, Bull. Acad. r. Belgique, p. 495. — Journ. de Zoologie, p. 101.
A peu près de la taille du précédent auquel il ressemble beaucoup par certaines partiesdela tète, mais
connu par des fragments de crâne seulement. Vus par-dessus, les os propres du nez, très-intacts etencore
en place, ont la forme de carrés irréguliers, plus étroits en arrière qu'en avant, plus longs que larges, et
leur angle antérieur externe est muni d'une petite apophyse de 5 a 6 millimètres de longueur, dirigée en
avant et appliquée contre l'intermaxillaire, à l'extrémité supérieure du canal nasal. Les os temporaux sont
à peu près de même forme que chez le précédent.
PRISCODELFHINUS PULV1NATUS.
Du Bus, Bull. Acad. r. Belgique, p. 496. — Journ. de Zoologie, p. 102.
Taille un peu supérieure à celle du P. morckhoviensis. Les fragments que l'on en possède permettent
de constater la longueur de la symphyse mandibulaire. Une dent inférieure en place mesure 24 mil-
limètres (ce qui dépasse la longueur de celles des petites espèces françaises); sa couronne est assez
mince, pointue et courbée; au-dessous de la couronne est un bourrelet circulaire assez développé; la
racine est légèrement comprimée sur les côtés et elle a son extrémité crochue.
PRISCODELPHLNUS CR1STATUS.
Du Bus, Bull. Acad. r. Belgique, p. 437. — Journ.de Zoologie, p. 102.
Les inlermaxillaires, qui étaient très-compactes et assez épais, sont seuls bien conservés; le rostre
devait être extrêmement long. M. Du Bus ajoute que les dents étaient très-nombreuses et très-rapprochées
entre elles. La partie rostrale des incisives d'un jeune individu, plus petit que les autres d'environ un
huitième, mesure 0,75 ce qui donne 0,90 pour la même partie chez les adultes et doit l'aire supposer nue
taille égale à celle de ÏEurhinodelphis longiroalris. La partie supérieure du crâne offre un enfoncement
assez considérable au sommet de l'occipital, en arrière des frontaux, lesquels sont très-saillants et forment
DELPHINORHYNQUES FOSSILES.
une crètc transversale bien prononcée. L"ne série de vertèbres cervicales montre que ces vertèbres étaient
toutes libres. L'atlas était fort épais ainsi que l'axis, dont l'apophyse épineuse avait son extrémité bifide
dans le sens longitudinal. La septième cervicale (1), dit encore M. Du Bus, a des apophyses transverses
inférieures ou par apophyses très-développées.
M. Brandi a proposé de rapporter au genre Champsodelphis, non-seulement le
Delphinus lophogenius Valenciennes, dont il a été question plus liant, mais aussi les
espèces suivantes :
Champsodelphis Letoch.e.
lîrandt, Cetaceen Europas,p. 267, PL XXVIII, et suppl., p. 22, PI. 111.
Pieposant sur des pièces trouvées fossiles à Nussdorft', bassin de Vienne, conservées au Musée impérial
de cette ville, dont on ne saurait nier l'analogie avec les parties correspondantes observées dans l'espèce
du falun de Sort et dans les Delphinorhynques actuels. Ses alvéoles indiquent même une dimension des
dents comparable a celle du C. macrogenius.
Champsodelphis Karreri.
Brandt, foc. aï., p. 277, PL XXX, fig. 1-12.
De Nussdorff ; espèce établie d'après des pièces conservées dans le Hofmineralien-Kabinet de Vienne.
CllAMPSODF.LUIS BUB'.US.
Brandt, loc. cit., p. 280, pi. XXX, fig. 14-16.
Fossile dans le bassin de Vienne; pièces conservées dans le Hofmineralien-Kabinet de cette ville.
Champsodelphis Fuchsh.
Brandt, loc. cit., p. 269, PI. XXIX, — Espèce répondant aux Delphinus fossilis bessarabicus, Nordmann,
Paléontologie Suedrusslands, p. 350, PI. XXVIII, fig. 6 et 12 et Phocœna euxinica, id., ibid., et p. 351,
PI. XXVII, fig. 9-11.
D'après des pièces que Nordmann avait déjà signalées comme appartenant h deux espèces distinctes, l'une
voisine du Marsouin, l'autre plus rapprochée du Dauphin ordinaire, mais en faisant remarquer, à propos
de cette dernière, que ses vertèbres cervicales sont disjointes, ce qui n'a pas lieu chez le Delphinus delphis,
qu'elle a les dorsales plus longues et que ses apophyses transverses sont plus larges que celle du fossile
dit Dauphin de Bessarabie.
Cette espèce, si elle était réellement distincte de celles qui ont été dénommées, et si c'était bien un
Champsodelphis devrait être appelée C. bessarabica ; mais il n'est pas certain que Nordmann se soit
trompé en admettant qu'il s'agit ici des animaux différents.
Le Muséum a reçu de ce savant naturaliste cinq vertèbres provennant du gisement qu'il a exploré.
L'une d'entre elles, qui est une septième cervicale, indique un animal dépassant l'Inia par ses dimen-
sions; elle se distingue, en outre, par le plus grand allongement de ses apophyses transverses; elle est
sans doute du D. bessarabicus, qui sera mieux nommé Champsodelphis bessarabicus, tant que l'on n'en
connaîtra pas le véritable genre. On pourrait attribuer au même animal la seconde qui est une der-
nière dorsale ou une première lombaire, longue de 0,07:; sur o,06.'i, pour le corps ou centrum. Sa
ressemblance avec celles des Eurhinodelphis d'Anvers, dont nous avons parlé plus hauf, mérite d'être
i Ne serait-ce pas plutôt la sixième, ce qui est le cas du Plataniste et de l'Inia?
PRISCODELPHINL'S D'ANVERS. 497
signalée dès a présent; c'est aussi le cas des deux vertèbres trouvées à Sort dont il a été parlé plus haut.
Les trois autres sont également comparables à celles des mêmes animaux : 1° une des premières dor-
sales; 2" une des lombaires, et 3° une des premières caudales: elles proviennent d'un Cétodonte plus
rapproché des Delphinorhynques que des Marsouins, dont elles n'ont pas les caractères, mais qui avait à
peu près la taille de ce dernier. Elles en diffèrent par un moindre raccourcissement des corps vertébraux
et par une plus grande largeur des apophyses transverses des régions lombaire et caudale. Cette espèce
parait répondre au Phocœna euxinica; on pourrait l'appeler provisoirement Champsodelphis euxiniciis.
Elle était inférieure, en dimensions, au Champsodelphis dubius.
C'est sans doute à la même division des Delphinorhynques qu'il faut encore
attribuer deux autres genres donnés comme distincts par M. Brandt, mais que
nous ne connaissons que par les descriptions que M. Muller et lui en ont puhliées.
Ces deux genres, qui ne renferment qu'une espèce chacun, sont les suivants :
Delphinopsis Freyeri.
J. Mull. Sitzgberichte Akad Wissench. Wien, t. X, p. 84 (1853), et t. XV, p. 345, avec planches (1855).
— Brandt, Cetaceen Europa's, p. 281.
Du terrain miocène de Radoboy, en Croatie.
IIeterodelphis KuNDEr.i.
Rrandt, Cetaceen Europas, p. 249, PI. XXV et XXVI, fig. 1-26.
Les dents sont petites, ce qui indique une différence notable par rapport aux Champsodelphis. L'espèce
devra être comparée néanmoins au Champsodelphis? bessarabicus lorsque celui-ci sera mieux connu.
Des environs de Nicolaief, en Crimée, associé a des restes de Cétothérium.
GENRE PACHYACANTHIJS.
Un trouve dans les argiles miocènes du bassin de Vienne, à Nussdorf et à
Ilcrnals, localités peu distantes de cette ville, des ossements indiquant un Cétacéde
la taille de ceux qui nous occupent dans ce chapitre; il en existe dans la galerie
géologique du Musée impérial de très-belles pièces. Elles m'ont paru, lorsque je les
ai vues, en 1 868, provenir d'un Cétodonte de la grande division autrefois comprise
sous la dénomination commune de Dauphins, et je suis porté à les rapprocher de
préférence des animaux de la même catégorie qui possèdent un rostre allongé
et sont pourvus d'une longue symphyse osseuse; mais la plupart sont re-
marquables en ce qu'elles présentent la singulière particularité d'être épaissies
comme chez des sujets anormalement hyperostosés, et certaines vertèbres sont
arrivées à un tel degré d'hypertrophie osseuse que le trou raehidicn y est réduit
à une très petite ouverture, ce qui a dû comprimer fortement la moelle et altérer
63
498 DELPHINORHYNQUES FOSSILES.
d'une manière notable les mouvements, sinon occasionner la mort. Les apo-
physes épineuses et transverses sont, de leur côté, renflées et comme bour-
souflées jusqu'au point de prendre un aspect piriforme, tout en étant devenues
denses et compactes dans leur tissu; les côtes elles-mêmes, dans l'intérieur
desquelles on ne trouve plus de cellulosités5 ont acquis une consistance tellement
solide qu'elles rappellent celles des Sirénides, en même temps leur forme a pris
une apparence rbopaloïde qui rappelle souvent, en l'exagérant, celle des larmes
bataviques. C'est ce dont on se fera une idée exacte en examinant les figures de
notre planche LX, qui sont empruntées à l'ouvrage de M. Brandt (I) que nous
avons déjà cité plusieurs fois.
J'ai, de mon côté, signalé quelques-unes de ces pièces hyperostosées (2),
que le Musée de Vienne a bien voulu me donner, et j'ai montré que la disposi-
tion qui les caractérise constituait bien réellement un état pathologique, ce qui se
rencontre d'ailleurs dans certains autres animaux appartenant à différentes classes
de l'embranchement des vertébrés.
Quelque évidente que soit la condition pathologique de ces vertèbres et de ces
côtes, M. Brandt n'en a pas moins tiré de la disposition, à mon avis exceptionnelle
qu'elles présentent, le nom générique de Pachyacanthus, rappelant l'épaississement
des apophyses vertébrales, nom par lequel il a désigné en \ 87 1 (3) les fossiles hyper-
osfosés de Nussdorf et d'IIcrnals, et il les a décrites comme indiquant un genre
particulier appartenant à la division des Balénides. Mais tous ne sont pas dans ce
cas.
Certaines pièces de la catégorie de celles qui viennnent d'être indiquées ont
conservé l'apparence normale, et en outre celles qui proviennent du membre
pectoral paraissent, comme le sternum, être restées constamment normales.
Toutefois tel n'est pas le côté difficile des questions soulevées par 1 élude du
Pachyacanthus : il s'agit avant tout de savoir à quel groupe naturel l'animal de ce
nom appartient réellement et si l'on n'a pas confondu sous une appellation unique
des pièces provenant de genres et même d'ordres divers.
(1) Ceiaceen Eumpa's.
(2) De l'hyperost08e chez l'homme h chez les vertébrés (Journal de Zoolwjie, i. IV, p. 282, PI. Vil;
1875 .
(3) Bull. Acad. de Sainl-Pélersbourg, t. XVI.
GENRE PAÇHYACANTHDS. 499
En effet, il ne serait pas sans intérêt de constater si certaines portions osseuses de
celte espèce prétendue distincte de toutes les autres n'ont pas été attribuées à des
groupes différents et quels sont, en réalité, les caractères propres du Pachyacan-
thus, en supposant, comme l'a fait M. Brandt et comme je suis disposé à l'ad-
mettre, qu'il ne s'agit ici que d'un seul et même animal.
Pour M. Brandt, ce genre appartient à la division des Cétacés à fanons, c'est-à-
dire aux Balénides ou Mysticètes, et dans son travail il le classe entre les Plésiocètes
de M. Van Beneden et les Baleines proprement dites; au contraire, M. Van Be-
neden (\) estime que le savant anatomiste de Saint-Pétersbourg a confondu sous
un même nom des pièces ayant appartenu, les unes, principalement les vertèbres
et les côtes, à un Sirénide, les autres (sternum et os du membre) à un Delphinoïde.
Est-ce là la solution à laquelle on doit définitivement s'arrêter? Il me semble
que l'on ne peut l'accepter comme jugeant la question, et je demanderai la per-
mission d'en proposer une plus complète, sans cependant affirmer qu'elle soit
définitive, bien que je la regarde comme étant fort probable.
Le Pacbyacanthus a les vertèbres cervicales séparées les unes des autres, ce qui.
non-seulement est un des caractères propres au Dugong, animal aux vertèbres cervi-
cales duquel celles du Pachyacantbus ont été comparées, mais constitue en même
temps une des particularités les plus caractéristiques des Delphinorhynques.
Dans ce genre l'atlas est pourvu en arrière de l'arc inférieur d'une forte apophyse
récurrente manquant au Sirénide que nous venons de citer (2), tandis que la présence
de cette apophyse est un signe distinctifde l'atlas des Delphinorhynques; c'est là
en même temps une disposition en rapport avec la flexibilité du cou plus grande
chez le Cétacé du bassin de Vienne et chez tous les autres Delphinorhynques, que
cela n'a lieu que chez les Dauphins et les Marsouins; aussi le Pachyacanthus pos-
sédait-il, comme les autres Delphinorhynques, une large facette articulaire de
l'atlas destinée à l'apophyse odontoïde de l'axis, caractère qui se retrouve, il est
vrai, chez le Dugong, ainsi que dans l'Halithérium, mais sans affecter chez eux une
apparence tout à fait semblable.
Les autres traits distinclifs de son atlas n'excluent pas davantage la possibilité de
(1) Les Pachyacanthus du Musée de Vienne [Bull. Acad. roy. Belgique, 2* série, t. LX; 1875).
(2) L'atlas de l'Halithérium est conformé comme celui du Dugong.
500 DELPHINORHYNQUES FOSSILES.
réunir le Pachyacanthus aux Delphinorhynques, et son axis, tel qu'il est décrit et
tel que le représente M. Brandt, rappelle aussi celui de l'Inia. En outre, sije com-
pare les autres cervicales du fossile à celles de ce dernier genre, je trouve, en m'en
rapportant aux données fournies par M. Van Beneden, qu'elles ont au moins autant
de ressemblance avec celles du Delphinorhynque propre au bassin actuel de l'A-
mazone, c'est-à-dire de l'Inia, qu'avec les mêmes pièces osseuses examinées chez
le Dugong. Sont-elles réellement au nombre de six comme chez celui-ci? C'est là
une supposition sur laquelle je ne saurais me prononcer et que, jusqu'à preuve
du contraire, je ne saurais admettre. Je crois aussi que la forme des autres ver-
tèbres, soit les dorsales, soit celles des régions plus reculées, vient à l'appui de
mon interprétation plus qu'elle ne la contredit, surtout si l'on ne tient pas compte
de l'épaississement maladif de ces parties osseuses. Sous ce rapport les affinités du
Pachyacanthus le rapprochent donc de l'Inia et du reste des Delphinorhynques
beaucoup plus que des Sirénides; on en jugera en comparant les pièces décou-
vertes aux environs de Vienne avec les os correspondants empruntés au squelette
de l'Inia qui sont représentés sur nos planches XXIX et XXXII.
Parlons maintenant des côtes du Pachyacanthus. Nous eu avons déjà indiqué la
forme et l'épaisseur ; sous cedouble rapport, elles présentent plutôt une exagération
de la disposition propre à l'Inia qu'une similitude réelle avec celles du Dugong, et,
si elles manquent, comme chez ce dernier et comme chez les Lamantins, du tissu
spongieux intérieur habituel aux mêmes pièces osseuses, il faut en rechercher la
cause dans l'altération pathologique que la plupart d'entre elles ont subie. Il serait
bon de voir si parmi celles dont l'épaisseur est normale il ne s'en trouve pas qui
possèdent un véritable tissu spongieux, tissu qui est d'ailleurs très-réduit chez
l'Inia. Leur forme n'est pas non plus celle qui caractérise les côtes des Sirénides
et leurs caractères histologiques ne sont pas les mêmes (I).
M. Brandi s'est fondé sur le sternum de l'animal qui nous occupe pour faire de
celui-ci un Balénide; mais ou doit faire remarquer avec M. Van IJeneden que cet
ij Si l'on compare sous <■<■ rapport des lamelles osseuses de eûtes provenant du Dugong, de l'Inia et
du Pachyacanllius préparée* pour le microscope, on arrive aux résultais suivants : la ressemblance
paraît plus grande entre lé Pachyacanthus et l'Inia qu'entre lui et le Dugong, que l'on tienne compte
de la disposition des canalicules de Havers ou de l'apparence des ostéoplastes. I.escanalicules sont plus
épais et moins sert es dans 1 i Dugong, et les ostéoplastes ont leurs radicules plus allongées.
GENRE PACHYACANTHUS. 501
os n'est pas d'une seule pièce chez les Pachyacanthus, comme il devrait l'être s'il
s'agissait d'un Cétacé à fanons, et, le fût-il, on ne saurait en induire que c'est
avec ces derniers qu'il doit être classé, puisque c'est un caractère de l'Inia d'avoir
le sternum en forme de plastron indivis, du moins chez les deux sujets adultes
appartenant à cette espèce que possèdent les collections de Paris (1) et de Londres.
Le sternum du Pachyacanthus est d'ailleurs formé de plusieurs sternèbres succes-
sives qui sont larges et aplaties. On en connaît deux, dont la première est plus
élargie que la seconde, avec laquelle s'articulent les deuxième et troisième paires
de côtes.
L'omoplate, le bras et l'avant-bras du Pachyacanthus conviennent aussi très-
bien par leur forme et leurs principaux caractères à un Cétacé, plus particuliè-
rement à un Cétodonte, et je partage entièrement l'avis de M. Van Beneden, lors-
qu'il attribue les pièces osseuses qu'il en a observées à un animal de ce groupe ; je
crois même pouvoir aller plus loin et dire qu'elles justifient le rapprochement que
je fais du Pachyacanthus avec les Delpbinorhynques, mais je ne voudrais pas en
distraire, comme il propose de le faire, les vertèbres et les côtes, et je ne les crois
pas des Sirénides. Ne pourrait-on pas continuer ce raisonnement et, s'il était reconnu
que ces deux séries de pièces, vertèbres et côtes, d'une part, sternum et membres,
de l'autre, ont appartenu à un Delphinorbynque, ce qui ne me paraît pas contes-
table, pourquoi n'attribuerait-on pas à ce Cétodonte les mâchoires à longue sym-
physe, pourvues d'un grand nombre de dents, que l'on trouve avec les ossements
àÏNUSsdorf?
Ces mâchoires ont en effet des caractères comparables à celles des Cbampso-
delphis dont nous avons parlé précédemment, et M. Brandt les a lui-même attri-
buées à une espèce de ce genre qu'il a appelée Champsodelphis Leloclue (2), du nom
de M. Letocha, naturaliste viennois, qui possède une belle collection d'ossements
appartenant aux Cétacés de Nussdorf.
Je suis donc porté à admettre que si l'animal qui a fourni ces mâchoires n'était
pas le Pachyacanthus lui-même, il en était, du moins, peu éloigné par l'ensemble
de ses caractères, et comme on peut ajouter à ces remarques qu'aucun fragment
(1) PI. XXXII, .^.i 8.
(2) Voir ci-dessus, p. 49fi.
:i02 DELPHINORHYNQUES FOSSILES.
de la tète d'un véritable Balénide n'a été encore rencontré, soit à Nussdorf, soit
à llernals, il est évident que ce rapprochement mérite d'être pris en sérieuse con-
sidération.
Nous sommes ainsi conduit à persévérer dans notre opinion que les ossements
trouvés dans ces deux localités, qui ont servi de type au genre Pachyacanthus de
M. Brandt, sont bien ceux d'un animal du groupe des Delphinorhynqucs, et qu'il
en est sans doute ainsi des mâchoires sur l'examen desquelles M. Brandt s'est fondé
pour établir son Champsodelphis de Letocha, mâchoires qui nous paraissent
devoir être provisoirement attribuées au même Cétacé que les vertèbres, les côtes,
le sternum et les os des membres provenant des mêmes gisements. Il resterait à
établir une comparaison rigoureuse du Pachyacanthus avec les autres espèces
de ce groupe qui ont déjà reçu des noms particuliers, et à constater dans quelles
limites il en diffère; mais c'est ce que l'état de nos collections ne nous permet
pas de faire. Nous ne saurions pas davantage décider si le nouveau genre proposé
par M. Brandt comprend, dans l'état actuel de la science, plusieurs espèces, comme
ce savant naturaliste est conduit à l'admettre, ni distinguer avec exactitude quelles
sont ces espèces ; à plus forte raison sommes-nous dans l'impossibilité de dire quels
caractères sont propres à chacune d'elles ni sous quelles dénominations elles de-
vront rester inscrites dans les catalogues méthodiques. Qu'il nous suffise de rap-
peler, pour le moment, les noms suivants que M. Brandt a imposés à celles qu'il
admet :
Pachycanthus Suessii, Brandt, Celaceen Etiropa's, p. 469, PI, XIV, fig. 6-25,
PI. XV, XVI, XVII.
Pachyacanthus traciiyspondylcs, id.} iOid.,\>. 187, PI. XVIII, fig. \-\.
Pachyacanthus LEToeniE, id., ibid., Suppl., p. H. (1)
(1) Séparé, bien entendu, par M. Brandt, de son Champsodelphis Letochœ, bien que l'on puisse admettre
que celui-ci ne repose que sur des portions de mâchoires provenant du même animal que les os attribues
au genre Pachyacanthus.
(IENRE SCH1Z0DELPHIS. 503
GENRE SCHIZODELPHIS
Un autre genre de Cëtodontes delphinorbynques propre à la faune miocène,
dont la présence a été constatée en France, est celui des Schizodelphis (1) qui avait,
comme les précédents, le rostre étroit et allongé, mais déprimé et marqué dans sa
longueur de trois sillons aussi bien à la mâchoire supérieure qu'à l'inférieure. Des
sillons supérieurs, le médian est placé au point de contact des intermaxillaires
entre eux; les deux latéraux sont entre les intermaxillaires et les maxillaires;
ceux-ci sont très-apparents. Quant au médian, il disparait plus ou moins complè-
tement dans sa longueur et les deux intermaxillaires tendent par suite à former
une bande longitudinale unique et de forme élargie. Le sillon inférieur médian
est encore mieux marqué, et il ne persiste qu'incomplètement chez les sujets
adultes, par suite de la condition avancée de la synoslose symphysaire ; les latéraux
restent distincts et profonds; l'espace qui les sépare l'un de l'autre est large et
représente uue sorte de bande subaplatie qui rend cette portion du squelette très-
reconnaissable.
Les dents sont petites, nombreuses, lisses à leur couronne et implantées dans
des alvéoles séparés par des intervalles osseux.
La caisse auditive se prolonge un peu en bec à sa partie antérieure, ce qui rap-
pelle la disposition caractéristique des Platanistes.
(1) Schizodelphis, P. Gerv., Uérn., Acad. se. Montpellier, t. V, p. 124; 1861. — Platydelphis, Du Bus,
Bull. Acad. r. de Belgique, 2* série, t. XXXIV, p. 498, 1872. — Platyrhynchus, Van Beneden., Bull. Acad.
r. Bely., 2e série, t. XLI, 1876.
504 DELPHINORHYNQUES FOSSILES.
SCHIZODELPHIS SULCATUS.
(PI. LVII, fig. 3-7.)
Detphinus pseudo-delpMs, P. Gerv., Bull. Acad. se. Montp., J840, p. Il, et
journal l'Institut, \ 840, p. 400, non D. pseudo-delphis, Schlegel. — Delphinorhynchus
sutcatus, id., /Wm. ,lcflf/. se. Mon*/?., t. II, p. 320, PL \U,fig. 5-7. — Id., Zool. et
Val.fr., p. 506, PI. IX, /fy. 2 et PI. LXXX, fig. 5-7. — Sclihod. suie, id., M».
y4cflrf. se. l/o»//>., t. V., p. 12',, PI. IV, fig. 1-3.
Taille du Dauphin ordinaire, mais avec le rostre beaucoup plus long.
Espèce fossile dans les dépôts miocènes des environs de Montpellier, ainsi que
dans les faluns de la Touraine.
Le curieux Cétacé auquel j'ai donné ce nom m'est connu par des fragments de
crâne recueillis àVendargues, à La Vérune, à Cournonsec et àPoussan, localités
miocènes du département de l'Hérault, dont trois appartiennent à la molasse ou
aux sables» et dont l'autre est formée de marnes bleues. Parmi les pièces que j'avais
déjà représentées et qui sont en partie reproduites dans l'Atlas du présent ouvrage,
la plus remarquable est un crâne presque entier provenant de la molasse de Cour-
nonsec.
Ce crâne (PI. LVII, fig. 9, 3) est presque entier (1). En en donnant précédemment la description, j'ai fait
remarquer qu'on pouvait le comparer sous certains rapports à ceux du Delphiuus plumbeax et ros/ralus
dont le premier sert de type au genre Sténo de M. Gray; il présente de même à la surface palatine une
forte rainure médiane située au-dessous du vomer et qui s'étend en avant, entre les incisifs, mais il n'offre
pas la grande rainure bilatérale que l'on voit chez le Delphinus delphis. Il a conservé une partie de sa
région occipitale, les maxillaires supérieurs presque entiers en dessus comme en dessous, et les inter-
maxillaires, mais la partie terminale du rostre a été perdue. Celui-ci était allongé et les intermaxillaires
y étaient Séparés des maxillaire* par un large sillon régnant dans la plus grande partie de leur longueur,
ce qui donne à la section résiliant de la coupe du rostre une figure particulière, constituant l'un des
principaux caractères du genre.
Les dimensions de ce crâne sont les suivantes :
Longueur de la léte sans le rostre 0,16
Longueur du rostre (partie conservée O.^ii
Longueur du rostre (partie manquante), au moins 0,10
Largeur au-dessus îles orbites 0,18
Largeur du rostre il sa base 0,u7'j
Largeur à son milieu 0,046
1 1 l'en avais donné précédemment des figures, Zool. et Pal. franc, PI. LXXX1II, fi<j. 3-7.
GENRE SCHIZODELPHIS. 505
Le Glyphidelphis sulcalus était pourvu de nombreuses dents, mais aucune n'a été conservée sur la
pièce dont il s'agit. Un de ces organes, qui a été trouvé à Poussan (1), et qui m'a alors paru pouvoir appar-
tenir à la même espèce, était grêle et sa couronne était bicarénée, presque à double tranchant; je doute
aujourd'hui de cette assimilation.
Plus récemment, M. Paul Mares a découvert à Loupian, dans un terrain argilo-
sableux remontant au même âge que les précédents, des fragments (PI. LVII,
fig. 4-6), qui m'ont permis de reconstituer une portion considérable de la mâ-
choire inférieure; la forme en est très-singulière. Ce qu'il m'a été possible d'en
restaurer commence un peu en arrière de la partie sympbysaire, qui était fort
longue et mesure 0m,40, mais ici incomplète en avant aussi bien qu'en arrière. Les
dimensions de cette pièce répondent assez exactement à celles du crâne trouvée
Cournonsee; elle m'a mis à même de décrire la mâchoire inférieure que je ne
connaissais pas encore.
Par son faciès général, par sa forme et par son étroitesse, cette mâchoire inférieure rappelle sensible-
ment la parlie correspondante étudiée dans le Gavial; mais on ne saurait cependant l'attribuer à un
animal de ce genre, attendu qu'e'le est d'une seule pièce, et que c'est un des caractères des reptiles d'a-
voir chaque moitié de la mandibule décomposée en plusieurs os.
Sa partie symphysaire est aplatie à sa face dentaire et présente un fort sillon médian; elle est à
peu près demi-cylindrique à sa face inférieure, qui se divise en trois régions longitudinales, une mé-
diane et deux latérales séparées de la précédente par un très-fort sillon. La bande médiane ne présente
plus de trace apparente de la symphyse articulaire, si ce n'est vers la base même de la même région.
La coupe de cette mandibule est également remarquable, à cause de la disposition trilobée des parties
qu'elle laisse voir. Le lobe médian est représenté par la bandelette médio-inférieure qui vient d'être dé-
crite, et les lobes latéraux répondent aux parties latérales de la mâchoire. Chacun d'eux est séparé du
lobe médian par le sillon profond déjà signalé, et ils laissent entre eux et ce lobe un canal évidé presque
aussi large que lui, le surmontant, et au-dessus duquel les bords externes des deux lobes latéraux se
rapprochent, mais sans se souder. Entre eux se voit le sillon mèdio-supérieur qui longe toute la sur-
face palatine de la mâchoire inférieure.
L'allongement et la disposition de la mandibule chez l'exemplaire recueilli à Loupian par M. P. Mares,
répondent d'une manière exacte aux caractères que j'avais déjà signalés dans le rostre du Schizodel-
phis sulcalus, et il est bien évident que nous avons affaire ici à une pièce appartenant à la même
espèce.
la soudure des deux moitiés de la mâchoire inférieure n'était ni moins intime ni moins solide que
chez llnia, le Plataniste et le Pontoporia; mais la coupe de la mandibule était différente, l'Inia et les
espèces actuelles manquant des sillons longitudinaux qui caractérisent le Schizodelphis.
Aucune des dents n'est restée en place sur la mandibule que nous décrivons, et les alvéoles y sont
tous obturés par la substance marneuse dans laquelle la pièce elle-même a été enfouie, on peut constater
cependant qu'ils étaient de petite dimension, ce qui permet de conclure que les dents elles-mêmes étaient
grêles et aiguës ; la même disposition avait sans doute également lieu pour les dents supérieures.
Avant de recevoir les débris fossiles de Schizodelphis trouvés à Cournonsec et à Loupian, j'avais
signalé une tète du même animal (2) dont on voit la coupe dans une de ces dalles que l'on débite dans les
(1} Zool. et Pal. franc., p. 308, PI. LXXXIII, fig. 8.
(2 Ibid., p. 307,, PI. IX, fig. 2 et ia.
64
506 DELPHINORHYNQUES FOSSILES.
carrières de Vendargues,pour en garnir le sol des habitations, dalles qui sont très-usitées a Montpellier,
ainsi que dans les environs.
C'est par l'examen de cette pièce que j'ai d'abord distingué l'espèce qui nous occupe en ce moment;
elle appartient aux collections de la Faculté dps sciences de Montpellier.
Des débris fossiles du même animal se rencontrent aussi dans le miocène de
Castries (Hérault), soit dans les marnes bleues, soit dans la molasse.
J'ai vu récemment chez M. Delmas, médecin de Castries, qui a recueilli avec beaucoup de soin les fos-
siles de cet endroit, les deux mâchoires supérieure et inférieure, ainsi qu'une partie de la boîte crâ-
nienne d'un Schizodelphis sulcatus ; elles sont longues de 0m.95 et larges de 0°,04 ou 0m,05 seulement ; on y
distingue environ 60 alvéoles de chaque côté. Les mâchoires sont droites et comme spadiformes; leur
extrémité se rétrécit un peu. Elles n'ont conservé que quelques dents, lesquelles sont coniques, un peu
arquées et faiblement comprimées à leur couronne qui est lisse
et a le bord externe un peu aplati. La racine n'est pas de forme
bien régulière, elle est forte. Les figures ci-contre représentent
deux de ces dents vues de grandeur naturelle par leurs faces in-
terne et externe ; l'une, indiquée par la lettre A, vient de la mâchoire
supérieure; l'autre (B) est de la mâchoire inférieure. Il suffira de
les comparer a celles du Champsodelphis Dationum pour recon-
naître qu'elles en diffèrent assez notablement. La boîte crânienne
du sujet dont elles proviennent est de médiocre dimension ; quoiqu'elle soit en mauvais état, on peut
constater que ses apophyses zygomatiques du temporal étaient fort épaisses, ce qui est un des caractères
du genre. Cette belle pièce a été tirée des marnes bleues.
C'est peut être au Schizodelphis canaliculatns qu'il faudra rapporter, lorsqu'on
le connaîtra mieux, le Dauphin fossile que j'ai également signalé dans les marnes
miocènes de Pézénas (Hérault).
Un fragment de maxillaire inférieur (PI. LX, fiy. M) nous démontre la pré-
sence parmi les fossiles enfouis dans les faluns de la Touraine d'un animal appar-
tenant certainement au même genre que ceux des terrains de molasse de l'Hérault,
mais qui pourrait bien, à en juger par la grandeur un peu plus considérable de ses
alvéoles, ne pas avoir été de la même espèce.
Des fossiles analogues aux Schizodelphis de France et appartenant au même
genre se rencontrent également en Allemagne, à Baltringen, entre Ulm et Biberach
(Wurtemberg), en Suisse, à Othmarsingen et à Niederstotzingen (canton d'Argovie),
ainsi qu'en Belgique, dans le crag d'Anvers, où ils ont été signalés par MM. Her-
mann de Meyer et du Bus.
C'est à ces gisements que se rapportent les indications bibliographiques qui
suivent :
Delphinus canaliculaius, II. v. Meyer, Palœontographica, t. VI, p. 44, PI. VIL - Platydelphù canal,:.,
du Bus, Bull. Acad. r. Belgique, 2' série, t. XXXIV, p. 498, 1872, et Journ. de Zoologie, t. II, p. 103. (Atlas,
pi. LVl'll, fig. 4). — l'lahjrhynchus canalicul.,V&x\ Bencden, Bull. Acad. r. Bchj., 2e série, t. XLI ; 1876.
GENRE SCHIZODELPHIS. 507
SCHIZODELPHIS PLANUS.
M. Chalande a découvert, dans les terrains tertiaires moyens, un morceau de
maxillaire supérieur long de 0m,245 et large de 0ra,05 qui porte encore les alvéoles
des vingt-deux dernières dents, rangés en ligne droite et indiquant des dents
d'assez faible dimension, mais qui étaient peut-être un peu plus fortes que celles
du Schizodelphis canalkulatus ; les deux derniers de ces alvéoles sont réunis en-
semble de manière à former une courte rainure. Le maxillaire est aplati dans
toute sa longueur, même au delà du point où il cesse de porter des dents, ce qui
pourrait faire rapprocher l'espèce dont il provient du Champ&odelphis Renovi si
la forme de la partie postérieure était tout à fait la même, mais la séparation des
deux espèces est d'ailleurs rendue évidente par le fait que les os incisifs du S.
planus, au lieu de rester séparés comme dans l'espèce découverte par Renou, se
soudaient entre eux pour former, ainsi que j'ai pu le constater, par l'examen d'une
seconde pièce provenant du même animal, et qu'on avait recueillie au même lieu
que la précédente et en même temps qu'elle, une bande longitudinale unique ne
conservant qu'une faible trace linéaire de la soudure des deux os qui la constituent,
tandis qu'elle se trouve au contraire séparée des maxillaires droit et gauche par
une double rainure comme il s'en voit une chez les autres Schizodelphis; cette
bande est large de 0m.025.
Delphinus planus, P. Gerv., Zool. et Pal.fr., p. 305, PL W,fig. 13.
Du Falun de Romans (Drôme) qui fournit aussi des ossements de Listriodon
splendens et de Dinothérium (I).
On conserve au Musée de l'Université de Naples, une portion de rostre (PI. LX ,
fifj. 16) dont il m'a été permis de prendre le moule, laquelle parait être aussi de
Schizodelphis. Ce fossile, dont j'ai déjà fait mention ailleurs (2), provient du gise-
ment de Lecce, terre d'Otrante.
(1) Ce sont des ossements de ce genre de Proboscidiens provenant de Romans qui ont été attribués
au roi des Cimbres Teuthobochus et montrés comme tels dans plusieurs villes sous le règne de Louis XIII.
Ceux auxquels de Blainville avait d'abord supposé cette origine appartiennent au Mastodon Humboldtii,
qui est une espèce sud-américaine, mais notre savant maître a rectifie cette méprise dans une note
insérée dans les Comptes rendus hebdomadaires de l'Académie, cl j'ai moi-même reçu de l'eu M. Dubreuil,
professeur d'anatomie a la Faculté de médecine de Montpellier, un des os qu'on avait supposé être de géant,
et qui avaient donné lieu a l'exhibition faite par Habicot.
(2) Zool. et Pal. yen., t. II, p. 24.
508 DELPH1NORHYNQUES FOSSILES.
Enfin on devra attribuer à un Schizodelphis de préférence, ou tout au moins la
considérer comme provenant sans doute d'un genre de la même famille, la portion
de rostre trouvée à Felixtow, dans le crag de Suffolk, que M. Owen a mentionnée
dans une Note relative aux Mammifères fossiles de ce gisement en la donnant
comme d'un Ziphius du groupe des Dioplodons (-1), ce que les rainures longeant le
rostre ne permettent guère d'admettre.
Ajoutons encore que M, Cope (2) signale la présence de ce groupe de Delphi—
norhynques parmi les fossiles miocènes des États-Unis. 11 regarde, en effet, l'es-
pèce dont il avait d'abord fait un Priscodelphinus sous le nom de P. acutidens
comme devant être classée dans le même genre que le Delphi nus eanaticulatus ;
il est vrai qu'il n'en connait qu'une seule dent, trouvée dans le comté de Charles,
Maryland, ce qui laisse bien planer quelque doute sur celte indication.
GENRE CETORHYNCHUS.
Si, comme cela semble probable, c'est à la famille des Delpbinorbynques que
doivent être rapportés les Cétodontes propres aux mers miocènes qui avaient le
rostre très-allongé et dont les deux moitiés de la mâchoire inférieure se soudaient
entre elles dans une grande partie de leur étendue, de manière à fournir une
longue symphyse osseuse, c'est aussi à ce groupe qu'il faudra attribuer le genre
Cetorhynchus qui m'est indiqué par une portion de mâchoire inférieure présentant
en effet ce double caractère (5).
Les alvéoles n'y étaient point séparés les uns des autres par des cloisons osseuses,
mais confondus en une gouttière commune, où ils se reconnaissent cependant de
manière à pouvoir être comptés parla concavité externe qui contribuait à former
1) Quarterly Journ. geol<>:/. Soc. London, 1 856, p. 230 /ig. 24, et 24a.
2) Proceed. Acad. nat. .sr. Pkiladtrlphin, 18IJ7, p. 145.
(3) P. Gerv., Comptas rend. hebd. tcad se, t. LUI, p. 156; 1801.
GENRE CETORHYNCHUS. !i09
chacun d'eux. Les dents devaient être assez fortes, mais on n'en possède aucune.
La pièce sur laquelle ce genre a été établi a été découverte dans le midi de la
France par feu M. Jules de Christol, dont les naturalistes connaissent les utiles
travaux relatifs à la géologie de cette contrée.
Elle manque de la partie terminale et ne s'étend pas en arrière jusqu'à la région
condylienne; cependant elle est longue de 0,51, dont 0,27 pour ce qui reste de la
symphyse et 0,24 pour ce qui dépend de la partie post-symphysaire; la largeur
des deux branches au point où cesse la symphyse est de 0,09; elles ont encore de
0,07 à 0,20 près de leur terminaison.
On constate les traces d'une quarantaine d'alvéoles incomplets qui se dessinent
dans la gouttière dentaire; ils s'élargissent à mesure que l'on passe des plus
reculés à ceux qui sont placés plus en avant; ceux-ci ayant jusqu'à 0,020 de large
sur 0,0H de long si on les suppose séparés dans ce sens, ce qui n'a cependant
pas lieu.
La partie symphysaire est aplatie en dessus c'est-à-dire sur sa face dentaire;
sa coupe transversale décrit en dessous un arc de cercle.
11 n'y a pas de canalicule ou sillon longitudinal sur le bord externe de cette
mâchoire, ce qui rappelle la disposition propre aux Champsodelphis à grosses et à
petites dents, malgré la différence sensible de la courbe donnée par la coupe de
cette pièce, et sépare nettement le Cétorhynchus des Schizodelphis.
CET0RHYNCH0S CHRIST0LII.
P. (ierv ., Comptes rendus hebrlom., t. LUI, p. 456 ; 18(*il . — ld., Mém. Acad. se.
Montpellier, t. V, p. 122, PI. IV, fig. 5-7.
N'est connu que d'après la seule pièce (PI. LVIII, fig. 12) découverte par
feu M. Jules de Christol et qui provient du falun miocène de Poussan (Hérault). On
peut lui supposer une taille peu inférieure à celle du Bérardius ou même de l'Hy-
peroodon.
510 DELPHINORHYNQUES FOSSILES.
Delphinorhynques fossiles dont on a trouvé les ossements dans F Amérique
septentrionale.
GENRE PRISCODELPHINUS.
Les terrains tertiaires supérieurs des États-Unis ont fourni des ossements qui
paraissent provenir de Cétodontes delphinorhynques. Le premier de ces fossiles
qui ait été observé a été recueilli dans le comté de Gloucester, New-Jersey. Le
D. Harlan (1), qui l'a signale aux naturalistes, le croyait de Plésiosaure et il le don-
nait comme extrait du Grès-Vert (Green Sand).
M. Leidy, ayant eu l'occasion d'étudier la pièce dont il s'agit, y a reconnu une
vertèbre d'un Cétacé allié aux Dauphins, mais plus longue que ne le sont les os de
cette sorte dans les espèces ordinaires du même groupe; aussi a-t-il proposé de
faire de l'animal indiqué par cette vertèbre un genre auquel il a donné la dé-
nomination de Priscodelphinus (2), appelant L'espèce-type de ce genre, c'est-à-dire
celle de Harlan, du nom de cet anatomiste, Priscodelphinus Harlani et proposant
celui de Priscodelphinus grandœvus pour une seconde espèce établie par lui sur
l'examen de deux vertèbres caudales qui provenaient d'un sujet encore jeune re-
cueillies dans le même gisement; mais M. Cope reporte cette seconde espèce dans
son genre Trétosphys.
M. Leidy y voyait un représentant de la classe des Mammifères parmi les ani-
maux delà période crétacée; mais cette opinion a dû être abandonnée plus tard,
le dépôt qui a fourni les fossiles décrits dans cette occasion ayant été reconnu
appartenir à la formation miocène. D'autres espèces ont été ensuite ajoutées par
les naturalistes américains, particulièrement par M. Cope, à celles dont il vient
d'être question.
(1) Joum. Acad. nat. se. Philadelphie^, t. IV, p. 2'M, PI. XIV, 7/7. I. — l<l., Médical and phys. Itest ar-
ches, p. 382, PI. san* numéro, fig. i.
(2) Leidj , l'roeeed. 0/ the . Icad. nat. sciences Philadelphia, t. V, p. 326 ; 1851 . — /(/., Extinct. Mamma-
lian Fauna oj Dacota and Nebraska, p. 4:t:i ; INiiy.
GENRES AMÉRICAINS. 511
C'est sur les indications qui précèdent que M. du Bus a été conduit à étendre
la dénomination générique de Priscodelphinus à une partie des Delphinorhynques
enfouis dans le crag d'Anvers, dont nous avons parlé plus haut(-l); il est inutile
d'insister sur ce qu'une pareille assimilation présente encore d'incertain. Les autres
genres américains ne sont pas mieux déûnis, et la diagnose de leurs espèces n'a
point encore été donnée comparativement avec celle des espèces européennes;
c'est en particulier ce qui m'a empêché de donner un nom générique aux petites
espèces de Delphinorhynques voisines du Champsodelphis macrogenius, mais très-
prohablement différentes par le genre, qui sont fossiles en Europe.
Les Priscodelphinus américains ont reçu les noms suivants :
PRISCODELPHINUS CONRADI.
Delph. Conradi, Leidy, Proceed. Acad. nat. se. Philad., 1852, p. 35. — Prise. Conr., Cope, ibid., 1868.
p. 183.
Établi d'après des vertèbres découvertes dans le miocène de la Virginie et dans le comté de Charles,
Maryland.
PRISCODELPHINUS SPINOSUS.
ld.,ibid, 1868, p. 187.
Établi sur des vertèbres trouvées au même lieu.
PRISCODELPHINUS ATR0P1US.
Id., ibid, 1868, p. 187 et 188.
Établi sur des vertèbres trouvées au même lieu.
PRISCODELPHINUS STENUS.
/(/., ibid, 1868, p. 188.
Établi sur des vertèbres trouvées au même lieu.
Le Priscodelphinus 'jrandœvus de M. Leidy est devenu pour M. Cope (2) le type d'un second genre de
Delphinorhynques fossiles en Amérique, dans lequel prennent également place plusieurs espèces.
Ce genre et les suivants ne sont pas mieux connus que celui des Priscodel-
phinus; il nous suffira de mentionner les espèces signalées dans chacun d'eux.
GENRE TUETOSPHYS.
TRETOSPHYS GRAND.EVUS.
Priscodelphinus grand., Leidy, Proceed. Acad. nat. se. Philadelphia, 1851, p. 327. — Tretosph. grand..
Cope, ibid., 1868, p. 191.
(1) Voir p. 493.
(2; Cope, Proceed. Acad. nat. se. Philadelphia, p. 190; 1868.
512 DELPH1N0RHYNQUES FOSSILES.
Du comté de Gloucester, New-Jersey.
TRETOSPHYS LACERTOSUS.
Delphinapterus lacert., et D. Hawkiiisii, ibid., 1868, p. 190.— Tret. lacert., id., ibid; 1869, p. 7.
Miocène de Charles. Maryland.
TRETOSPHYS GABBII.
Delphinapterus Gabbii, Cope, ibid., 1868, p. 191. — Tret. Gabb., id., ibid., 1867, p. 7 et 8.
Du même gisement que le précédent.
TRETOSPHYS URjEUS.
Cope, ibid., 1869, p. 7 et 8.
Du Miocène de Shilot, Cumberland, dans le New-Jersey, et de celui de Patuxent, Maryland.
TRETOSPHYS RUSCHENBERGER1.
Delphinapt. Rusch., Cope, ibid., 1868, p. 189.— Tret. Rusvh., id., ibid, 1369, p. 7 et 9.
Miocène de Charles, Maryland.
GENRE ZARACH1S (1)
M. Cope en distingue trois espèces, toutes les trois fossiles dans les dépôts miocènes des Etats-llnis;
nous nous bornerons, vu le peu de renseignements que l'on possède encore à leur égard, a en rappeler
les noms :
ZARACHIS FLAGELLATOR.
Cope, Proceed. Acad. nat. se. Philadelphia, 1868, p. 189.— Id., ibid., 1869, p. 9.
Comté de Charles, Maryland.
ZARACH1S TYSOMI.
Cope, ibid., 1869, p. 9.
De l'embouchure du Patuxent, Maryland.
ZARACHIS VELOX.
Cope, ibid., 1869, p. 10.
Miocène de Shiloh, en Cumberland, New-Jersey.
GENRE LOIMIOCETUS (2)
LOPHOCKTUS CALVERTENS1S.
Delphinus calvertensis, llarlan, Proceed. nat.inst. Washington, 184S, p. 195, av. 3 pi.— Pontoporia
calv., Cope, Proceed. Acad. nat. se. Philadi Iphia, 1866, p. 297.— Loph.,calv.,id., ibid, 1867, p. 141 et 146.
Etabli sur L'examen d'un crâne découvert dans les marnes miocènes de Calvert, Maryland
I ) Cope, Proceed. Acad. nat. se. Philadi Iphia, 1868. p. 9.
(2) Cope, Ibid., 1867, p. 146.
GENRES AMÉRICAINS. ;,l t
GENRE RHABDOSTEUS (1)
RHUBDOSTEUS LATERAD1X.
Cope, loco cit.
Du comté de Charles, Maryland. Espèce connue d'après des fragments de mâchoires et des dents dont
il n'a pas été publié de figures.
. GENRE IXACANTHUS (2)
IXACANTHUS COELOSPONDYLUS.
Cope, loco. cit.
Espèce fossile dans le miocène du Maryland. On n'en a découvert qu'un petit nombre de vertèbres.
(1) Cope, Proceed. Acad. nat. se. Philadelphia, 1867, p. 145.
(21 /<*., Ibid., 1868, p. 159.
05
ADDITIONS
RELATIVES AUX CÉTODONTES DONT IL EST QUESTION
DANS LES CHAPITRES PRÉCÉDENTS.
Avant de nous occuper des Delphinidés, plus particulièrement des Bélugins,
animaux de cette famille qui ressemblent encore aux Delphinorhynques, par l'in-
dépendance de leurs vertèbres cervicales, il ne sera pas inutile de rappeler quelques
observations ou remarques nouvelles relatives aux familles de Cétodontes dont nous
avons traité jusqu'à présent, c'est-à-dire aux familles des Physétères (I), des
Ziphioïdes (2) et des Delphinorbyuques (5).
FAMILLE DES PHYSÉTÈKES
GENRE CACHALOT {Physeter) .
Page 308. - Deux Cétacés de ce genre, appartenant à l'espèce du Cachalot ordinaire (Physeter macro-
cephalus), ont été vus dans les parages de Guéthary (Basses-Pyrénées) en 1875. L'un était du sexe mâle,
l'autre du sexe femelle. Le mâle seul a pu être capturé; son squelette a été acquis par le musée de
Hayonne (4).
GENRE HOMOCETUS.
Page 333. — La portion de synostose cervicale (PI. X\, /iy. 15) que nous avons attribuée provisoirement
à Y Homocetus Villersii, pourrait bien provenir du genre Balœnulu de M. Van Heneden; cette pièce est trop
incomplète pour que nous nous prononcionsàson égard avant d'avoir pu en faire de nouveau la comparaison.
GENRE EUCETUS.
Page 344. — Une dent, trouvée dans les faluns miocènes de la Bretagne, que M. Sirodot m'a montrée
dans le musée de la Faculté des sciences de Hennés, rappelle assez exactement par ses caractères celle-.
provenant du crag d'Anvers dont on a fait le genre Eiteetits-, aussi appelé Diiioziphius (D. Roemdonkii,
Van Bcned.).
GENRE tOGIA.
Page 347. — Nous persistons, malgré les particularités, d'ailleurs peu importantes, qui les distinguent,
à regarder le Physeter breviceps de lSlaiuville, type du genre Koyia de Cray, VEuphysetes simus de
M. Owen et VEuphysetes Grayii comme se rapportant a un seul genre; peut-être même devra-ton n'en
faire qu'une seule espèce lorsqu'ils seront mieux connus dans les caractères qui les distinguent suivant
(1) P. 303
(2) P. 355.
(3) P. 425.
(4) Journal de Zoologie, t. V, p. 462.
PHYSÉTÈRES ET ZIPIII01DES. 515
l'âge ou le sexe. M. Gill (1) signale sous le nom de Kogia Floweri un animal d'espèce analogue sur la
côte de Mazallan et il y a aussi des Kogia au Japon.
Le squelette, malheureusement incomplet a quelques égards, d'un Cétacé qui nous a été envoyé
par le gouvernement de ce pays, sous le nom à'Uki-Kuzira, est fort semblable, par la forme de
son crâne, à YEuphysetes simus, dont il possède la brièveté, en étant également disposé en forme de
cirque dans sa région faciale, en même temps qu'il en offre la crête supra-nasale et les deux murailles
externes, formées par la partie supra-orbitaire des os maxillaires. La rainure alvéolaire des dents supé-
rieures y est aussi placée, en dedans du bord externe des maxillaires, sur les parties latérales de leur face
palatine, et les autres os y ont une disposition identique. Nous ne possédons que 25 dents de ce sujet,
et il est probable quelles appartiennent à la mâchoire inférieure plutôt qu'à la supérieure. Leur bulbe
était loin d'être entièrement ossifié et indiquait par conséquent un sujet assez peu avancé en âge. Le crâne
lui-même est long de 0,33 et large de 0,30 a la région interorbitaire. La caisse osseuse de l'oreille
moyenne n'est pas sans analogie avec celle du Cachalot, et elle est également de petite dimension, eu
égard h la grosseur de la tête. Sa face antérieure est aplatie, son bord inférieur divisé en trois saillies
surbaissées par deux faibles échancrures et sa face supérieure sub-aplatie; la communication avec la
trompe d'Eustache forme une échancrure elliptique ouverte du côté du labyrinthe osseux, qui est égale-
ment peu volumineux et s'attache par une articulation fixe au mastoïdien, auquel la caisse adhère de
son côté par sa portion opposée à l'orifice de la trompe. Le mastoïdien est celluleux et en forme de
champignon irrégulier; il est léger, très-encastré dans les échancrures occipitales latérales, mais ne
présente pas l'apparence flabelliforme qui le distingue chez l'Hyperoodon et le Beradius. Nous possédons
la région cervicale, dont toutes les vertèbres sont synostosées entre elles, par leurs corps aussi bien
que par leurs neurapophyses. Il y a 13 vertèbres dorsales, reconnaissables à leurs facettes d'articulation
costale, mais il pourrait bien avoir existé quatorze paires de côtes dont la dernière libre dans les chairs.
Ces vertèbres montrent un rudiment de carène h la face inférieure de leur corps; les lombo-sacrées, au
nombre de 8, sont plus fortement carénées, et l'on retrouve l'indication de l'échancrure divisant cette
carène en deux parties dans le sujet de notre figure 8 de la planche XXII, sujet qui est d'origine austra-
lienne. Les apophyses épineuses ne sont pas aussi élevées que dans les Ziphioïdes; elles ne sont pas non
plus aussi allongées; sous ce rapport, elles sont plus comparables à celles du Cachalot. Les os en V
manquent en partie à notre exemplaire, mais les facettes articulaires des vertèbres qui leur sont des-
tinées sont très-apparentes. Les dernières vertèbres n'ont plus ni neurapophyses ni hémapophyses ou
os en V. Les côtes ne sont pas aussi fortes que dans YEuphysetes Macleayii, ce qui tient sans doute à
l'âge du sujet. L'omoplate a ses apophyses acromion et coracoïde distinctes. Nous ne pouvons rapporter
qu'a un os hyoïde incomplet quatre pièces dont trois ont une apparence scutiforme el paraissent repré-
senter le corps de cet os et ses apophyses thyroïdiennes, tandis que la quatrième serait un des stylo-
hyoïdiens; cette disposition rappelle d'ailleurs celle qui caractérise les Cachalots (PI. XVIII, fig. 3).
Notre planche LXI est consacrée au squelette du Kogia des mers du Japon, dont il vient d'être question.
FAMILLE DES ZIPHIOÏDES
GENRE HYPEROODON.
Page 358.— La Note relative au Ziphioïde échoué auprès d'Arcachon, en 1810, que nous avons citée
d'après F. Cuvier, donne à ce Cétacé 22 pieds 8 pouces de long (soit 7,50) et non, comme nous l'avons laissé
imprimer par erreur, 50 pieds, ce qui n'exclut pas la possibilité que ce soit un Ilyperoodon ; mais il est
bon de rappeler que la présence du Ziphius sur le même point de notre littoral a été également
constatée.
GENRE RERARDIUS.
Page 392. — Nous avons reçu de M. von Haast, de Christchurch (Nouvelle-Zélande), un squelette de
(1) An. Naf., t. IV, p. 738, fig. 167 et 168; 1871. — Dali, in Scammon, American Mammals, p. 301.
516 ZIPHI01DES.
l'espèce type de ce genre, provenant des parages de cet archipel, et des ligures en ont été données dans
l'Atlas du présent ouvrage (PI. XXI bis, fig. 1-4, et XXIII bis).
Le Berardius Hectori, double emploi du B. Arnuxii, est inscrit par M. Hector dans son Catalogue des
Baleines et des Dauphins de la Nouvelle-Zélande, sous le nom de Mesoplodon Knoxi (1).
GENRE MESOPLODON.
Page 402. — M. Ray Lankaster a donné des détails sur la structure des dents du .)/. Sowerbense ,
étudiées au microscope (-2).
GENRE ZIPHIUS.
Page 379. — Il existe des Cétacés de ce genre dans les mers australes aussi bien que dans les parties
septentrionales de l'Atlantique. M. Hector a décrit, sous le nom A'Epiodon Chathamiense, le crâne d'un
animal très-semblable au Ziphius cavirostris pris à l'île Chatham, et il en cite un autre conservé au musée
de Canterbury, également a la Nouvelle-Zélande, qui présente les mêmes caractères principaux. Je dois
à l'obligeance de M. Hutton, de Dunedin, un pareil crâne dont on trouvera la représentation sur
notre planche XXI bis, fig. 5-6. Quoique plus robuste, il rappelle, à certains égards, celui du Ziphius
cavirostris, provenant d'Aresquiès (Méditerranée), qui est une des deux formes de cette espèce telle que
nous l'avons décrite. Le sujet de M. Hector paraît, au contraire, plus semblable, par l'excavation de sa
région pré-nasale, a celui de Fos, qui a été donné par Cuvier comme type du Ziphius cavirostris. Le
crâne offert par M. Hutton est déposé dans les galeries anatomiques de notre musée.
Les Ziphius dont il s'agit ont reçu de M. von Haast la dénomination de Ziphius Nowœ-Zclandi<p [3).
GENRE DOLIGHODON.
Page 403. — Le Dolichodon Layardi visite aussi la Nouvelle-Zélande. M. Hector en fait mention dans
sa Notice sur les Baleines et les Dauphins de cet archipel (4).
MM. von Haast et Flower s'en sont également occupés, le premier sous le nom de Mesoplodon Flowt
ri (5), le second sous celui de Mesoplodon {Dolichodon) Layardi (6).
GENRE OULODON.
Le Mesoplodon Grayi de M. von Haast (7), qui sert de type au genre Oulodon du même auteur (8 , esl
un Ziphioïde nouveau, propre aux mêmes parages, qui présente pour caractère principal d'avoir en
outre de la forte paire de dents inférieures distinctive du Mesoplodon Soioerbeme, ainsi que du Dio-
plodon densirostre, des dents fines et aiguës, rangées le long d'une partie de sa mâchoire supérieure,
ce qui rappelle, mais avec une autre forme, les dents signalées par nous a la même mâchoire chez le
Ziphius cavirostris, et, à la mâchoire inférieure, chez le Mesoplodon Sowerbense.
C'est aussi un animal de la Nouvelle-Zélande.
M. von Haast a bien voulu nous adresser le squelette d'un exemplaire de cette remarquable espèce,
ce qui nous donne l'occasion d'en faire connaître les caractères dislinctifs; on en trouvera des ligures
sur notre planche LXU.
(1) Trans. of the New Zeland Instilute, t. V, p. 14; 1872.
(2) Quarlerley Journ. of microsc. science, t. VII, p. 55, pi. V-VI ; 1867.
(3) Proceed. zool. Soc. London, 1876, p. 466, pi. XLV, fig. 2, et pi. XLVI,. //,'/. 2.— Flower, Ibid., p. 177.
(4) Trans. New Zealand Instilute, t. V, p. 164, pi. III; 1873.
(5) Proceed. zool. Soc. London, 1876, p. 477. — Flower, Ibid., p. 185.
(6.i Loco citalo, p. 485.
(7) Loco citalo, p. 7.
(8) Loco cilato, p. 457.
ZIPH101DES. .,17
S«(uelelte. — Le crâne de cet animal est long de O"^, très-effilé dans sa partie rostrale. subglobu-
leux dans sa région occipitale, et subarrondi suivant la coupe qui irait du trou occipital au trou sous-
orbitaire en passant par les arcades frontales; les os nasaux y sont comme étranglés entre la partie
montante des intermaxillaires formant, de chaque côté des narines, une double surface concave il peu près
en forme de 8 Les intermaxillaires se continuent dans le rostre dont ils constituent la partie supérieure
sans s'accoler par leur bord supéro-interne, de manière a laisser libre la place occupée par le cartilage
supra-vomèrien que la macération a fait disparaître. La coupe du rostre est k peu près triangulaire,
quoique un peu renflée inférieurement dans sa partie rapprochée des palatins, qui sont étroits à ce
point, mais plus larges en dehors de lui. Un sillon, d'abord fort, creusé dans la saillie externe des os
maxillaires, longe de chaque côté les angles externes du rostre, en se rétrécissant vers le milieu du prolon-
gement de la face pour s'élargir de nouveau dans son tiers antérieur qui est principalement formé par la
pointe terminale des os intermaxillaircs; on ne voit pas d'alvéoles et la gouttière dont il vient d'être
question ne répond pas à l'insertion des dents. Le vomer est visible il la face palatine dans le tiers
moyen de cette dernière sous la forme d'un losange étroit et allongé. Les fosses ptérygoïdiennes sont peu
différentes par leur forme de celles du Mésoplodon et du Dolichodonetil en est de même desptérygoïdiens;
mais la région des palatins n'est pas aussi aplatie que dans le Dioplodon et la face ptérygoïdienne est
plus excavée, ce qui rapproche aussi l'Oulodon du Doliahodon. Un élargissement dû aux maxillaires
existe entre la partie antérieure des os zygomatiques et la base du rostre ; l'arcade zygomatique est formée
par la portion grêle et allongée des os de ce nom ; les os lacrymaux sont grands et bien distincts, ce qui est
aussi l'un des caractères propres aux Ziphioïdes. Les mastoïdiens restent séparés des temporaux comme
chez les Cétodontesdu même groupe; ils jouissent aussi d'une certaine mobilité dans l'état de dessiccation.
C'est sur leur partie interne que s'insère l'os de la caisse comme cela se voit chez le Herardius, mais les
mastoïdiens n'ont pas ici la disposition flabelliforme propre a ce dernier genre (PI. XXI bis, firj. 4); ils
sont toutefois plus forts que chez le Mésoplodon (PI. XXVI, Jig. 4 et 4"). La caisse elle-même diffère peu par
son apparence de celle qu'elle présente dans ces deux genres; il en est de même pour l'oreille interne.
La mâchoire inférieure a ses deux branches attachées l'une à l'autre par une symphyse assez longue;
son bord inférieur montre une double courbure saillante dans la partie postérieure et au-dessous de
l'insertion de la défense; rentrante, au contraire, dans la région placée au-dessous du bord dentaire et un
peu plus en arrière; elle remonte un peu de bas en haut dans la portion symphysaire.
Des sept vertèbres cervicales, les deux premières sont soudées l'une à l'autre par leur corps ou centruni
et par leurs apophyses épineuses et elles ne laissent entre la base de ces dernières que deux trous ova-
laires pour le passage de la seconde des paires nerveuses du cou. Les cinq autres sont libres, dans notre
exemplaire du moins, car la troisième de la série totale est également associée à l'atlas et à l'axis dans
le squelette d'une femelle vieille que M. v. Haast a fait préparer pour le Canterbury Muséum. Les apo-
physes épineuses des troisième à septième cervicales vont en augmentant de hauteur a mesure qu'on se
rapproche de la région dorsale; la saillie qui répond a leurs apophyses transverses est plus forte que celle
qui termine inférieurement les apophyses épineuses et une échancrure placée entre ces deux apophyses
indique la place du canal vertébral, lequel est plus près d'être complet k la troisième de ces vertèbres
qu'a aucune autre; la septième a son apophyse transverse courte, allongée de haut en bas et pourvue d'une
facette articulaire destinée k la té te de la première paire de côtes dont la tubérosilé porte sur la facelte sous-
épineuse delà première vertèbre dorsale; les corps vertébraux n'ont qu'une médiocre épaisseur.
Il existe 10 vertèbres dorsales. Les sept premières présentent de chaque côté une double facette articu-
laire destinée a autant de paires de côtes ; celle de ces facettes qui est portée par l'apophyse tranverse, la-
quelle apophyse est toujours raccourcie aux huit premières dorsales, sert d'attache k la tète des deuxième à
huitième côtes; k la base des apophyses épineuses des mêmes vertèbres, se voit la facette donnant insertion
k la tubérosité des première k septième paires de côtes.
Tandis que les tubérosités des sept premières côtes prennent leur appui sur les saillies placées k la
base extrême des apophyses épineuses, la huitième côte manque de tubérosité, ce qui a lieu aussi
pour les deux suivantes, et l'apophyse épineuse sur laquelle elle s'insère fait k peine saillie : c'esl
elle que nous avons dit être située près l'extrémité antérieure du centrum vertébral et non en arrière. Au
contraire, les 9e et 10' côtes sont supportées par les apophyses transverses des deux dernières vertèbres
dorsales, lesquelles forment une saillie considérable; c'est aussi ce que l'on voit chez le Ziphius cavi-
rostre et chez lllyperoodon.
r,)R ZIPHIOÏDES.
Les apophyses épineuses des vertèbres dorsales, de même que celles de la région lombo-sacrèe ei de la
plus grande partie de la queue, sont hautes et plates; ce qui rappelle aussi l'une des dispositions les plus
caractéristiques des Ziphioïdes, particulièrement des Mésoplodons et des Dioplodons. 11 y a H lombo-sa-
crés et 19 coccygienties dont les plus reculées sont de forme à peu près cubique, dépourvues d'apophyses
épineuses et d'os en TT; quelques-unes sont percées de part en part de deux trous perpendiculaires dans
les deux moitiés de leur masse.
Le sternum indique aussi par sa conformation un animal du groupe des Ziphioïdes. Il reste décom-
posé en cinq pièces successives diminuant de grandeur de la première à la dernière et dont les articula-
tions intermédiaires présentent une forte échancrure dans leur point de contact.
Le membre est conformé suivant le même plan que celui des genres cités plus haut, mais il est un peu
plus allongé. Il existe sept os au carpe, dont quatre au procarpe et trois au mésocarpe. Le premier mé-
tacarpien est grêle; il ne porte pas de phalange ; celui du second doigt en présente 6; celui du troisième 5;
celui du quatrième 4 et celui du cinquième 2.
Système dentaire. — L'Oulodon deGray appartient à la division des Ziphioïdes, qui n'ont pas une
paire de foi tes dents terminales à la mâchoire inférieure et chez lesquels les dents de cette paire ne sont
même pas signalées: tels sont les genres Mèsoplodon, Dolichodon et Dioplodon, que le Berardius, animal
pourvu de deux paires de fortes dents près la même extrémité des mâchoires, semble d'ailleurs relier h ceux
chez lesquels la mâchoire inférieure porte à son extrémité deux dents de dimension plus ou moins consi-
dérable, ainsi que cela se voit chez les Ziphius et les Hyperoodons; mais c'est particulièrement auprès du
Mèsoplodon Sowerbense qu'il doit prendre place, et dans la rangée de dents qu'il présente dans une partie
de la longueur de sa mâchoire supérieure, on ne trouverait aucune bonne raison pour le séparer généri-
quement de ce dernier, encore moins du Dolichodon. Ces petites dents sont antagonistes par leur
position de celles que le Mèsoplodon présente inférieurementdans l'exemplaire échoue au Havre (PI. XXVI,
fig. 6 et 8), mais elles sont plus nombreuses. On en voit 18 à gauche et 17 à droite; encore toutes
ne se sont peut-être pas conservées et ces chiffres ne sauraient être considérés comme définitifs; elles sont
petites, pointues, sans enveloppe cémenteuse et implantées dans la peau seulement: la parlie correspon-
dante du maxillaire ne présente pas d'alvéoles. Chez l'Oulodon, ces petites dents ont d'ailleurs une forme
régulière ; elles sont faiblement arquées à leur couronne et leur diamètre transversal dépasse le diamètre
anléro-postérieur, de sorte que la coupe en est ovalaire ; elles sont recouvertes par une couche très-appa-
rente d'émail, mais on ne leur voit de cément que dans leur partie radiculaire. Les petites dents du
Mèsoplodon de Soworby ont également la couronne dépourvue décernent.
La grosse dent de l'Oulodon est placée à peu près au milieu du bord dentaire du maxillaire inférieur ;
i'lle est de forme triangulaire, un peu inclinée en arrière à son sommet: dans le sujet que nous décri-
vons, elle était encore loin d'avoir pris son entier développement et était restée sous la forme de triangle
èquilatéral mesurant 0"',015 sur chaque côté ; son bulbe n'était qu'incomplètement ossifié. Une partie de
sa couronne est protégée par du cément, mais son sommet laisse apercevoir la couche vitreuse de l'émail
sur une partie de la couronne. Cette dent est comprimée; elle est logée dans un grand alvéole qui se res-
serre au point correspondant a son collet, de manière à la maintenir plus aisément en place; cet alvéole
communique largement avec le canal dentaire.
Page 410. — .le regarde provisoirement comme ayant appartenu a des Cétodonles du groupe des
Ziphioïdes, sans doute voisins des Ziphius et des Hyperoodons, deux dents provenant de la molasse miocène
du département des Bouches-du-Rhône. L'une [PI. LIX, fig. 4 et 4a, de grandeur naturelle), a été re-
cueillie à Saint-Rémy et m'a été donnée par M. le professeur Marion, de la Faculté des sciences de Mar-
i
seille; l'autre (PI. XXI, fig. 14 et 14a, réduite a -) est des environs de Roue. Os dents ont toutes deux leur
il
partie éburnée recouverte d'une forte couche de cément.
FAMILLE DES DELPHINORHYNQUES
GENRE SQUALODON.
Page 438. — M. Van Beneden confirme l'opinion que nous avons émise au sujet de l'identité de
i'Arionius de Meyer avec les Squalodons, et il parle, dans une Note spéciale, des pièces ayant servi à
rétablissement de ce genre que l'on conserve au musée de Stuttgard. 11 donne à l'espèce à laquelle elles
se rapportent le nom de Squalodon servalus (1); ces pièces proviennentdu miocène de Baltringen. M. Zittel
appelle au contraire Squalodon bariensis, l'espèce à laquelle ont appartenu quelques pièces une portion
de crâne et de côtes) trouvées dans la basse Bavière (2).
Page 439. — M. A. de Zigno vientdedécrire (3),souslenom àcSqualodon Catulli, une très-belle pièce trou-
vée dans le Bellunais, qui provient de la mâchoire supérieure d'un animal de ce genre, et il en a publié de
très-bonnes figures. On y voit encore 8 dents d'un côté et 6 de l'autre. Elles ressemblent, par les lignes
saillantes, dirigées de haut en bas, qui en parcourent la couronne, ainsi que par la fine serrature de
leurs bords, a celles provenant de Saint-Médard-en-Jalle (Gironde), que nous avons nous-mènie fait re-
présenter (4/, et pourraient bien provenir de la même espèce que ces dernières.
Page 438. — Trois dents découvertes dans le crag de Suffolk, que possède le Musée britannique, sont
des dents de Squalodon; elles ont appartenu à la partie des mâchoires dont les dents sont biradiculées.
Page 440. — Le Squalodon atlaniicus avait été précédemment signalé par M. Leidy sous le nom de
Macrophoca atlantica (5).
Page 450. — Le genre Phocodon, L. Agassiz, ne me paraît pas devoir être distingué de celui des Squa-
lodons, si on ne le fait reposer que sur les dents recueillies, il y a déjà si longtemps, dans la molasse
de Malte, et que Scilla a figurées dans son ouvrage sur les Corps pé-
trifiés. Une photographie de la pièce trouvée à Malte, que l'on con-
serve au musée de Cambridge l'Angleterre), m'est parvenue par les
soins de M. Clark; on la trouvera reproduite sur notre planche LIX,
figure 3. Sa comparaison avec la figure copiée de Scilla lui même
(PI. XXVIII,- fig. 18) montre que cette pièce, dont nous reprodui-
sons ci-contre la dent intermédiaire, a beaucoup souffert depuis
qu'elle a été publiée par cet auteur, mais on reconnaîtra en même
temps, je pense, que la forme des dents qu'elle porte ne s'éloigne
pas autant qu'on l'avait supposé de celles qui caractérisent leurs cor-
respondantes chez les Squalodons proprement dits.
Page 453. — Quant à la dent du Zeuglodon Casconum de M. IJel-
fortrie, que m'a communiquée ce savant naturaliste, je continue à
penser qu'elle n'est pas d'un véritable Zeuglodon et qu'il ne faut pas
davantage l'attribuer à un Squalodon; c'est, je crois, ce qui ressor-
tira de la comparaison de la figure que j'en donne avec celles des
différents Squalodons représentés dans cet ouvrage (PI. XXVIII). Il
nia paru convenable d'y voir, provisoirement du moins, l'indice d'un genre particulier, et j'ai donné
k ce genre le nom de Phococetus (6).
(1) Bull. Acad. r. de Belgique, 2e série, t. XLI, PI., fig. 1-14; 1876.
(2) Bericht des Naturislorischen Vereins Augsburg, 1877, p. 21, pi. I.
(3) Sopra i resli de uno Squalodonle scoperli nelV arenaria miocena del Bellunese Mùm. de l'inst. de
Venise, t. XX; av. 1 pi.; 1876).
(4) P. 433.
(5) Proceed. Acad. Philadelphia, 1856, p. 220.
6 Journal de Zoologie, t. V, p. 70; 1876.
L'espèce elle-même à laquelle cette dent a appartenu deviendra le Phococetus Vasconum.
1*0 DEI.PH1N0RHYNQUES.
GENRE PLATAMSTE.
Page 4SS. — Le Muséum vient enfin de recevoir deux tètes en chair du Célacé fluviatile signalé plu-
sieurs fois dans le Mékong, et que nous avions recommandé à différents voyageurs, ses caractères étant
restés inconnus; elles lui ont été envoyées par M. le b' Roux, grâce à l'obligeante intervention de M. le
commandant Vignes. Ce n'est point un Plataniste, comme on aurait pu le croire, mais une espèce plus
semblable aux Phocénins et ayant les dents de forme aigué. Son apparence rappelle d'une manière
remarquable celle de YOrceellaJlmnînalis, espèce de Delphinidé propre à l'Irraouaddi, au sujet rie laquelle
M. Anderson, de Calcutta, a donné des détails (1).
Nous y reviendrons plus loin, k propos de ces animaux, dont le Phocœna brevirostris, Owen, est cer-
tainement congénère.
Page 467. — M. le professeur Anderson vient de nous adresser, pour le Muséum, un squelette rie Plata-
niste du (lange provenant d'un sujet adulte, mais non encore avancé en âge. La dentition y est dans un
OQ OO
état parfait de conservation. On y compte '— — dents.
(1) Proceed. zcol. Soc. London, 1871, p. 142.
DES CETACES DELPIIINOIDES
(Bélugiiis, Phocénins et Delphinint)
ENVISAGÉS DANS LEURS ESPÈCES VIVANTES ET FOSSILES.
Celte famille de Cétodontes, la plus nombreuse de celles que nous avions à dé-
crire dans cet ouvrage, présente clans les caractères des genres qui la composent
des différences considérables, que l'on en examine les formes extérieures ou
certaines particularités anatomiques propres aux organes internes; elle n'est pas
moins intéressante à étudier dans cbacune de ses espèces, si l'on se préoccupe de
sa distribution hydrographique. En effet, quoiqu'elle soit représentée dans les
divers Océans, les animaux qui lui appartiennent sont souvent particuliers à des
régions maritimes déterminées. Le Narval vit dans l'Océan glacial arctique; les
Marsouins du genre Pbocœna sont de l'Océan atlantique; leNeomeris se trouve dans
la merdes Indes et dans le nord du Pacifique. Au contraire, d'autres genres peuvent
être considérés comme cosmopolites; un des plus remarquables, sous ce rapport,
est celui des Globicéphales, dont les pectorales semblent mieux appropriées que
celles des autres Cétodontes pour l'aider dans ses lointains voyages; il est vrai
qu'on a admis l'existence de plusieures espèces dans ce genre et que certaines
d'entre elles paraissent propres à des parages différents.
Quelques Delphinidés sont exclusivement propres aux eaux douces; les Orcelles
habitent, comme les Platanisles, plusieurs des grands fleuves de l'Asie méridionale,
et il existe dans l'Amazone, ainsi que dans ses principaux affluents, des Cétodontes
appelés Tucuxis, qui sont très-peu différents des Dauphins proprement dits.
Les Delphinidés ont, en général, les vertèbres assez courtes, et leurs premières
cervicales ou même la totalité des vertèbres de la même région s'unissent en-
semble de manière à ne former qu'une seule pièce. Les uns ont le museau ter-
miné extérieurement en manière de bec, et leur rostre est allongé; ils ont aussi
68
822 DELPHINIDÉS BÉLUGINS.
les dents nombreuses et aiguës; ce sont les Delphinins des auteurs actuels, ayant
pour type le Dauphin proprement dit ou AsXot; des anciens. Chez d'autres, le
dessus de la tête est renflé, par suite du dépôt, dans cette région, d'une masse
plus considérable de substance huileuse; le rostre est plus ou moins raccourci
et il est sensiblement élargi; l'enveloppe cutanée de la mâchoire supérieure
ne se termine pas en forme de bec. Comme ces Delphinidés tiennent du Marsouin
(Pliocxna) à certains égards, et qu'on les appelle souvent du même nom que lui,
nous en ferons la tribu des Phocénins. Il est une troisième tribu de la même
famille, laquelle ne se compose que des deux genres Narval et Béluga.
Quoique différents les uns des autres par la disposition de leur système
dentaire, les animaux qui rentrent dans ces trois tribus ont cependant une incon-
testable ressemblance dans leurs caractères principaux, et, ce qui les distingue sur-
tout des Cétacés qui précèdent, c'est la forme de leur crâne et souvent aussi la dis-
position de leur dentition. Les Bélugins sont les seuls qui se fassent remarquer
par l'état indépendant de leurs vertèbres cervicales. Leur atlas n'est pas même
soudé à l'axis, et il joue sur lui, comme cela a lieu chez les Delphinorhynques.
Linné a réuni presque tous les animaux dont nous aurons à parler maintenant
dans un seul et même genre sous le nom commun de Delphinus; un seul, le
Narval, faisait exception. C'était le type du genre Monodon, et il est resté l'unique
espèce de ce genre. Une nouvelle étude des Delphinidés et la comparaison des
nombreuses espèces dont cette famille se compose les unes avec les autres a
permis d'y établir des divisions assez multipliées qui se laissent cependant pour la
plupart nettement différencier et rapporter à l'une des trois catégories ou tribus
établies dans ce grand groupe de Cétacés.
C'est par la tribu dite des Bélugins que nous commencerons.
I.
TRIBU DES BÉLUGINS.
Des deux genres composant cette première division des Delphinidés, le premier,
celui des Narvals, présente une disposition si particulière des dents qu'on l'a
presque toujours éloigné des Cétacés de cette famille; l'autre, ou celui qui a pour
type le Béluga, en diffère aussi à plusieurs égards, quoique sa formule dentaire
GENRE MONODOiW 523
ne soit pas aussi singulière; mais, ainsi que nous l'avons dit, ce qui doit surtout les
en faire séparer l'un et l'autre, c'est que chez tous deux les vertèbres cervicales
restent distinctes.
Au lieu de faire du Narval une famille à part et de réunir le Béluga seul aux
Dauphins, comme on l'a fait à tort pendant longtemps, on a proposé, dans ces
dernières années, de les placer tous deux dans une même tribu à la fois différente
de celles qui comprennent les Delpbinins et les Phocénins de toutes sortes. Ce
rapprochement du Narval et du Béluga paraîtra plus naturel encore si l'on re-
marque que ces animaux ont en réalité une conformation du crâne presque iden-
tique, et que si l'on ne tenait compte de l'absence, du moins apparente, des dents
chez la femelle du premier et de la présence, pour ainsi dire normale, de ces
organes dans les deux sexes du second, on serait tenté de se demander s'ils n'ap-
partiennent pas à la même espèce ou tout au moins au même genre, et cela est
si vrai, que les Groènlandais confondent, dit-ton, sous une même dénomination,
le Narval femelle et les deux sexes du Béluga; aussi avons -nous conseillé de
l'approcher ces deux genres dans la classification (\).
M. Flower acceptant cette manière de voir, a établi, pour y placer le Narval et le
Béluga, une tribu particulière à laquelle il a donné le nom de Beluginue (2) et qu'il
a caractérisée par la disposition libre des vertèbres cervicales. M. Gray a été plus
loin encore en proposant d'élever ce groupe au rang de famille, et il l'a appelé
Beluginidse (5).
GENRE MONODON.
Le Narval ou Narwhal est une espèce remarquable des Cétacés, facile a recon-
naître extérieurement a sa tête ronde et courte, à ses pectorales obtuses, à la
forme surbaissée de sa dorsale et surtout à la grande dent lancéolée dirigée en
avant qui arme sa mâchoire supérieure dans le sexe mâle. Il n'a été connu, pen-
dant longtemps, que par cette dent, à laquelle on attribuait des propriétés parti-
culières, sans toutefois décider si c'était bien une dent véritable ou au contraire
une corne. On l'appelait même Eenhioming, Einhorn, Vnicorne, et on l'attribuait
à la Licorne des anciens. C'est par les Scandinaves qu'on l'obtenait, et c'est par
(1) P. Gerv. et Van Beneden, Zoologie médicale, l. I, p. 87; 18o9.
(2) Trans. Zool. Soc. London, t. VI, p. 115; 1866.
(3) Supplément to the Catalogue qf Seals and Whales i» llir British Muséum, p. 93; 1871.
524 GENRE MONODON
suite de leurs relations avec les peuples pêcheurs des régions polaires, (els que les
Islandais, les Groénlandais, les Kamtsehadales, que ceux-ci s'en procuraient des
exemplaires. Albert le Grand en parle déjà; niais ce n'est qu'au xvne siècle que
l'on a su quel était l'animal qui porte cette prétendue corne.
Worms (1), professeur en médecine à l'Université de Copenhague, réussit à se
procurer un dessin de la prétendue Licorne de mer. ainsi qu'un crâne dépouillé de
ses chairs qui provenait de la même espèce, et il lit voir que c'était un Cétacé ; les
renseignements qu'il avait reçus en même temps lui apprenaient que les noms des
Nar-hual ou Nar-whal, employés parles Islandais qui étaient en relation avec les
riverains de l'Océan glacial ou qui péchaient le Narval sur leurs côtes, avaient
pour racines deux mots signifiant cadavre et haleine, ce qui était une allusion
à l'habitude attribuée au Narval de se nourrir de cadavres; aussi les anciens
Sagas islandais défendaient-ils d'employer la chair de cet animal comme aliment.
Artedi et Linné ont les premiers distingué le Narval comme genre, et ils ont
donné à ce genre le nom de Monodon (2), qui fait allusion à la longue dent de
l'animal qui en est le type; on l'a aussi appelé Ceratodon (3), Narwatus (A),
Oryx (o) et Tachynices (6).
Il paraît n'exister qu'une seule espèce de Narval, le Monodon monoceros des au-
teurs. Ce Cétacé peut atteindre 4m,50 de longueur pour la totalité du corps, la
nageoire caudale comprise,, et sa dent hastiforme, qui est implantée dans le
maxillaire gauche, a jusqu'à 2", 50; elle est parcourue par plusieurs grandes
rainures spirales, marchant de gauche à droite, et il en est également ainsi pour
la seconde dent lorsqu'elle prend le même développement, ce qui est un fait pu-
rement accidentel.
Lacepède admettait plusieurs espèces de ces animaux, mais son opinion à rcl
égard n'est pas fondée; ses Narvals microcéphale (7) et d'Anderson (8) ne dif-
fèrent pas du Monodon monoceros, qu'il appelle Narval vulgaire (9).
(1) Peyrère, Relation du Groenland, publiée en 1617. — Wormius, Description de son Muséum, 1655.
(2) Artedi, G'e»., p. 78.— Linné, Syst. Nul., éd. XII, t. I, p. 105.
(3) Brisson, Bègn. anitn., p. 231; 1782.
(i) Lacppède, Ilisl. nat . des Cétacés, p. 112.
(5) Oken, Lehrb. Natur//., p. 672; 18i:>.
(6) 1. Brookes, Calai. Mus., p. 40; 1828.
(7) JVarvalus microceplialus, I.acep., loco cit., p. \'o9.
(8) iV. Andersoniensis, id., ibid., p. 163.
■i .v. vulgaris, id., ibid.,j>. 14^.
CARACTÈRES PRINCIPAUX. 525
Habituellement ce Cétacé ne s'éloigne pas des régions polaires. Cependant il en
a été vu, quoique très-rarement, dans quelques parages plus rapprochés des pays
tempérés, par exemple à Boston, en Lincolnshire (Angleterre), où en 1800 on en
prit un, le même dont Lacepède a parlé sous le nom de Narval microcéphale.
En autre, décrit par Fleming, échoua aux Sehetlands, en -1808 (-1). Il en avait déjà
été capturé un, à l'embouchure de l'Elbe, en -1756; c'est celui dont s'était
occupé Anderson (2), et qui répond au Narval d'Anderson de Lacepède.
Un des premiers Narvals qui furent observés avec exactitude avait été trouve
en 1648 à l'île de May ; Tulpius en a parlé de visu (3).
On n'a pas la preuve que !a même espèce de Cétacés ait été moins rare dans nos
mers à des époques plus anciennes, mais une connaissance plus complète des fos-
siles de l'époque glaciaire que celle que nous possédons maintenant permettra de
résoudre cette question. Rappelons, en attendant, que Cuvier a signalé, d'après
Parkinson (4), deux fragments de dents de Narval, conservés dans le cabinet de
Sir Ashton Lever, que l'on supposait avoir été déterrés sur la côte d'Essex;
M. Owen a donné plus récemment une figure de ces débris (o). Peut-être aussi
a-t-il été transporté dans nos contrées de l'ivoire de Narval par les premiers habi-
tants de l'Europe. Ainsi s'expliquerait l'origine du fragment de dent de l'un de
ces Cétacés, qu'on a signalé dans la caverne du Bauman, située sur les bords
du Hartz, en Blakenbourg, laquelle caverne est mentionnée par Eeibnitz (6).
Squelette. — Le Narval présente plusieurs particularités ostéologiques faciles à
constater. Si nous examinons d'abord le crâne de ce Cétacé, nous remarquons qu'il
est de forme plus déprimée que celui des Dauphins ou des Marsouins, malgré l'élé-
vation cependant assez considérable de sa région frontale, élévation principale-
ment due à la saillie des os nasaux, lesquels sont intimement unis aux frontaux,
et celle de la partie médiane des mêmes os. far son aspect général, il s'éloigne
cependant un peu moins de celui du Grampus que de toute autre espèce, le Béluga
excepté. Toutefois il n'est pas arqué dans sa partie faciale comme chez ce dernier;
(1) D. A., 37.
(2) l.illjeborg, Note sur la distr, géogr. des Narvals (Proceed., 1860, p. 559).
(3) Observ. med., p. 376, pi. 8.
(4) Organic Remains, I. III, p. 309; 1811.
(5) Brilish fossil Mammals and Birds, p. 5-21, p!.215.
(6; Pru/ogœa.
526 GENRE MONODON.
il y est en même temps plus élargi et plus court : la partie antérieure des maxil-
laires offre aussi plus d'élargissement. La ligne de séparation des intermaxillaires
avec les maxillaires présente d'ailleurs une direction un peu différente, d'où ré-
sulte le rétrécissement des premiers de ces os en avant de leur partie renflée pré-
cédant les narines. La fosse temporale est allongée. Les saillies pré et post-orbi-
taires sont fortes, et il en est de même de l'apophyse zygomatique du temporal.
Le zygomatique est grêle dans la plus grande partie de son étendue, ce qui est une
disposition fréquente chez les Cétodontes. 11 s'élargit à son point d'articulation
avec le temporal et d'une manière plus considérable encore en avant, où il prend
la forme d'un quadrilatère appliqué sous la partie antérieure du frontal et la dé-
bordant un peu en avant. La surface occipitale est moins renflée que cela n'a lieu
d'ordinaire : les ptérygoïdiens, séparés l'un de l'autre non-seulement par la base
du vomer, mais aussi par les palatins, sont peu élargis, non dilatés en ampoules
dans leur partie palatine et simplement prolongés en arrière en uue lame aliforme
qui soutient les arrière-narines. La surface palatine des maxillaires est élargie;
elle ne laisse apercevoir entre les deux os qui la constituent qu'une faible partie
des intermaxillaires, visible près de la région antérieure sous la forme d'un double
triangle étroit ayant son sommet dirigé en arrière.
La mâchoire inférieure est obtuse en avant, très-brièvement mais solidement
svmphysée. On constate déjà chez le fœtus un commencement de cette disposition.
À cette époque, le crâne du Narval (PL XLV, fig. 5) n'a pas tous les caractères
de l'adulte. 11 ressemble davantage à celui des Marsouins et autres genres de la
même tribu; le renflement général des os maxillaires et intermaxillaires ne s'y
observe pas encore, et la platine antérieure du zygomatique n'a pas une forme
aussi régulière que dans l'adulte; les os du nez ne sont pas encore soudés à la partie
antérieure des frontaux, et ceux-ci, dont la suture est alors apparente, ne se ren-
flent pas sur la ligne médiane comme ils le font dans l'âge adulte.
Lin os particulier, que l'on peut considérer comme le lacrymal, se voit de
chaque côté au milieu de la fosse orbito-temporale; comme son analogue chez, le
Marsouin (PL LV, fig. 15), cet os est en rapport avec la saillie postérieure du pala-
tin et avec le bord inférieur du frontal.
L'os hyoïde du Narval ne présente pas de particularité notable, et il en est de
même de celui du Béluga.
SQUELETTE. Wi
Le Narval a les vertèbres du cou séparées pendant toute la vie, et par conséquent
susceptibles de se mouvoir les unes sur les autres, comme celles du reste du corps.
Toutes les sept n'ont qu'une faible épaisseur. L'arc supérieur de l'atlas est à peine
saillant, et il en est de même de ses facettes articulaires antérieures et postérieures
qui occupent cependant une surface assez considérable ; l'arc inférieur se prolonge
en arrière dansson milieu, et il présenteàsa surface de contact avec la saillie odon-
toïde de l'axis une facette articulaire spéciale de forme à peu près arrondie. Le
corps de l'axis descend obliquement d'arrière en avant depuis la surface articu-
laire postérieure jusqu'à la saillie, d'ailleurs peu considérable, formée par son
apophyse odontoïde; on voit de chaque côté de celle-ci une grande surface arti-
culaire en rapport avec celles placées à droite et à gauche sur la face postérieure
de l'atlas et dont les contours sont ovalaires, comme nous savons qu'ils le sont
dans ces dernières. Sous la partie antérieure et médiane du corps vertébral et ré-
pondant plus particulièrement à la face antérieure de celui-ci ou, mieux encore, à
son apophyse odontoïde, est une facette articulaire médiane et circulaire sur laquelle
joue la facette correspondante de l'atlas que nous avons signalée tout à l'heure, et
il y a en arrière de la facette odontoïdienne, qui est un peu oblique, une saillie
longitudinale médiane cariniforme placée sous le corps de la vertèbre elle-même.
L'atlas et l'axis sont les plus épaissies des sept cervicales. L'axis présente en
arrière et au milieu de sa neurapophyse une paire de facettes articulaires jouant
sur les facettes de même ordre, mais antérieures, de la troisième cervicale et cha-
cune des vertèbres suivantes, appartenant à la même région, porte également en
avant ses facettes articulaires antérieures, et en arrière les deux postérieures; les
apophyses transverses y sont raccourcies, sauf à la septième, dont la partie atte-
nante à la neurapophyse forme une saillie en arc de cercle, tandis que la saillie
située au bas de la même hémapophyse manque. Le corps vertébral présente au
point correspondant une petite surface articulaire destinée à la tête de la première
côte, tandis que la tubérosité du même côté porte la saillie de la première dorsale
qui répond à la saillie en arc de cercle de la septième cervicale.
Les troisième à sixième ont chacune une saillie supérieure et une saillie infé-
rieure, sans que ces saillies se réunissent à chaque vertèbre, même dans notre
exemplaire le plus âgé, pour constituer un canal vertébral fermé; l'échancrure
répondant à ce canal reste largement ouverte.
52* GENRE MONODON.
Dans notre second squelette, une partie des arcs destinés au même canal ne
s'est développée que d'une manière moins complète encore.
C'est à tort que M.Gray (I) a attribué des vertèbres cervicales ankyloséesau sque-
lette du Narval conservé au Collège des chirurgiens sous le n° 252t . M. Owen (2)
avait dit qu'elles sont libres \unanclnjlosed), ce qui est exact, ainsi que M. Flower
vient de me le confirmer.
Les dorsales sont au nombre de 11, et il y a autant de paires de côtes, dont six
vont jusqu'au sternum, s'y joignant par leurs fausses côtes qui sont ossifiées. On
compte 8 lombo-sacrées et 24 caudales (5). La description qui sera faite plus
loin des mêmes os chez le Béluga en donnera une idée assez exacte, mais, ici
elles sont en général moins fortes que dans le second de ces genres.
Le sternum rappelle celui des autres Delphinidés. Il est plus élargi en avant que
celui du Béluga et présente à la hauteur de la deuxième paire de côtes, une paiie
de saillies plus fortes que cliez ce dernier. Chez le fœtus, il montre plusieurs points
d'ossification formant trois paires principales de demi-sternebres qui vont en dé-
croissant de la première à la troisième.
L'omoplate est élevée antérieurement, et l'apophyse acromion s'y avance entre
deux échancrures que bordent supérieurement la partie antérieure saillante du
même os et inférieurement l'apopbyse coracoïde. Elle est moins allongée que celle
du I5élu;>,a. L'humérus est renflé dans sa partie articulaire supérieure et plus long
que chez les Dauphins, le cubitus est aussi moins aplati et plus séparé du radius
que chez ces animaux. Il y a trois os à la première rangée carpienne et deux à la
seconde : l'os intermédiaire du procarpe est plus gros que tous les autres. Les doigts
sont courts et la nageoire elle-même est comme tronquée. Les métacarpiens por-
tent : le premier 1 phalanges, le second h, le troisième 4, le quatrième 2 et le cin-
quième 2. Ces phalanges sont plus courtes et moins aplaties que chez les Dauphins.
Système «i«-ntaire. — On connaît la particularité remarquable offerte par les
Narvals mâles. Dans ces animaux, une longue dent qui peut avoir jusqu'à 2 mètres
ou 2'°, 50 (4) est implantée dans le maxillaire supérieur gain lie. Ainsi que nous
(1. fat. Dnl. Bltis., p. 312.
(2) Cat. Coll. of Surgeon, p. 45(i.
(3 lin fœtus nous montre 11 dorsales, loinbo-sacrées 9, et 25 caudales.
1 l.a plus grande de celles que nous possédons mesure 2,27. •
SYSTEME DENTAIRE. 529
l'avons rappelé, cette dent est connue depuis longtemps : elle constitue un cylindro-
eône ressemblant à la hampe d'une lance et qui se rétrécit peu à peu de manière à
se terminer en pointe à son extrémité libre. Son plus grand diamètre est d'environ
<K07. Cette dent se dirige en avant en ligne droite; elle conslilue une arme
puissante dont ces animaux se servent, dit-on, pour percer la glace et donnera
leur famille, ainsi qu'à eux-mêmes, la possibilité de venir à la surface de l'eau cher-
cher l'air nécessaire à leur respiration. Elle est marquée de forts sillons disposés
eu spirale sur plusieurs lignes assez serrées les unes contre les autres. Une coupe
(PI. XLV, fig. 6) montre bien les deux substances dont se compose cette défense :
l'intérieure, qui est la plus considérable, est formée par l'ivoire, elle est percée dans
une grande partie de sa longueur par un trou qui représente la place qu'occupait
lu partie restante du bulbe; l'extérieure, plus mince, se compose de cément; au-
cune couche d'émail ne se dislingue entre ces deux substances.
IJeaucoup d'auteurs ont successivement décrit la défense dont il s'agit.
C'est la dent maxillaire gauche du Narval; seule elle acquiert un pareil dévelop-
pement, du moins dans la majorité des cas, car on prend quelquefois des sujets
dont la dent de droite présente le même allongement que la gauche, et qui sont
ainsi pourvus de deux défenses pouvant avoir une égale longueur. Cette particu-
larité est facile à comprendre : il existe dans l'os maxillaire droit des Narvals
mâles une dent (fig. 7) correspondant à leur défense, mais qui ne prend pas la
grandeur exagérée à laquelle celle-ci parvient; elle reste ordinairement cachée à
tous les âges, comme cela a également lieu pour les dents gauche et droite chez la
femelle (fig. 10), chez laquelle les deux dénis restent rudimentaires; tel est le cas
ordinaire. La surface n'en est pas striée, mais plus ou moins rugueuse; leur ivoire
s'ossiûe de bonne heure par la solidification de son bulbe, et la base en est ordi-
nairement renflée. Le bulbe de la dent gauche continue, au contraire, à pousser
pendant toute la vie chez les mâles, ce qui explique le développement considérable
auquel elle peut arriver. L'ivoire de la dent rudimentaire, ou des deux dents, s'il
s'agit des femelles, est revêtu de cément comme celui de la dent gauche des mâles.
Lorsque la dent droite sort a son tour de l'alvéole, ce qui est l'exception, ainsi
(pie nous venons de le dire, elle est tantôt lisse ou faiblement rugueuse à sa sut face,
ce qui est aussi le cas de celles dont le développement reste peu considérable
r>7
530 GENRE MONODON.
(fig. 8), tantôt, au contraire, striée comme celle de gauche. Ces stries ont la même
direction, c'est-à-dire qu'elles marchent aussi de gauche à droite.
M. W. Clark a relevé les cas de cette sorte d'anomalie dans une Note spéciale (1),
rédigée à propos d'un très-hel exemplaire qu'il en avait reçu du Musée de Co-
penhague et que nous reproduisons {fig. 9) d'après le dessin qu'il en a donné. Les
mâles ne sont pas seuls à présenter cette disposition ; dans certains cas, un égal
développement des deux dents maxillaires peut, à ce qu'il parait, se rencontrer
aussi chez les femelles.
Lacepède (2) figure sous le nom de Narval microcéphale un crâne de Narval à
deux dents, quoiqu'il dise dans le texte relatif à cette prétendue espèce qu'on ne
lui voyait qu'une défense.
Habituellement la dent droite du mâle et les deux dents gauche et droite de la
femelle restent cachées dans les maxillaires et leur longueur ne dépasse guère
0,20.
Désirant observer le premier état des dents du Narval, je me suis adressé à
M. lleinhardt. l'un des directeurs du Musée de Copenhague, qui, avec sa complai-
sance habituelle, m'a communiqué un fœtus presque à terme et encore en chair
de cette espèce. Ainsi que je l'ai signalé dans une Note parue en 4875 (5), les deux
dents droite et gauche (fig. 5 c) y sont apparentes et de même grandeur; l'extré-
mité terminale de chacune d'elles fait une petite saillie en avant du bord antérieur
du maxillaire dans lequel elle est implantée (fig. 5); elles sont en cône allongé, a
pointe sensiblement émoussée et longues de 0,065 (fig. H c). Le bulbe (fig. 3 c)
remonte dans l'intérieur jusqu'auprès de leur pointe, et l'on voit sur cette dernière
l'ivoire se prolonger en une courte saillie au delà de l'enveloppe cémenteuse
(fig. 5 c).
Outre ces deux dents (fig 5 a), qui répondent aux dents connues des Narvals et
sont de même implantées dans les os maxillaires, j'en ai trouvé deux autres (fig 5 f>
et 5 c) une pour chaque côté, n'ayant que quelques millimètres de long et placées
en arrière de celles que l'on avait observées jusqu'à ce jour. Ces dents étaient à peu
près piriformes ou plutôt en toupies, et elles avaient déjà leur bulbe entièrement
(1) Proceed. zool. Soc. Lond.< 1871, p. 42.
1 Cétacés, p. 160, pi IX, fig. i.
(3) Journal de Zoologie, t. Il, p. 498.
FOSSILES ATTRIBUÉS A CE GENRE. 531
ossifié. Llles n'existent pas, à un âge plus avancé, ou du moins nous ne les avons
pas retrouvées chez les sujets adultes et chez ceux-ci on ne voit pas même la trace
de leurs alvéoles. L'examen du même fœtus ne m'a montré aucun germe d'autre
organe de môme sorte, et je n'en ai pas non plus trouvé à la mâchoire inférieure.
On sait d'ailleurs que celle-ci manque de dents; il en est déjà ainsi même pen-
dant la vie intra-utérine et dès les premiers moments qui suivent la naissance.
D'UN FRAGMENT DE DENT FOSSILE QUI A ÉTÉ ATTRIBUÉ A UiN ANIMAL VOISIN
DU NARVAL.
M. Delbos a trouvé dans le l'alun de Sort (Landes) une portion du cône dentaire
d'un animal que j'ai regardé (I) comme pouvant avoir appartenu au même genre
que le Narval actuel, mais dont l'espèce devait être certainement différente; j'en
reproduis ici la figure (PI. XLV, fig. II). Ce fragment est long de 0°,(i90, en forme
de cône tronqué au sommet; il a 0n',052! de diamètre à sa base, qui est également
fracturée. C'est une portion d'un cône allongé d'ivoire enveloppé d'une seconde
matière qui est du cément. A la cassure basilaire, le rayon de la circonférence
de l'ivoire est de 0,n,02o. Par sa structure, ce fragment est comparable à la dé-
fense du Narval ou aux dents des Cachalols, mais il n'en a pas tout à fait la forme.
Il ne nous est pas possible de dire s'il provient bien d'un animal du genre Narval,
et comme sa surface ne présente pas de lignes spirales, des doutes subsistent au
sujet de l'espèce dont il indique l'ancienne existence. Aucune autre pièce trou-
vée dans le même gisement ne saurait nous guider à cet égard.
GENRE BELUGA.
Ce genre a pour caractères principaux, indépendamment de la forme arrondie
de sa tête, de la brièveté de ses pectorales et de l'absence de nageoire dorsale,
d'être pourvu de dents aux deux mâchoires. Il a reçu de divers auteurs le nom de
Béluga, qui est celui de son espèce la plus anciennement connue; mais Lacepède
l'a remplacé par celui do Delphinapterus, qui n'a pas été accepté, d'autres Céto-
(1) Mém. Acad. se. Montpellier, t. II. p. U4, pi. VI, fig. i. — Xool. el l'ai, franc., p. 319, pi. I. XXXII
fig. 2.
632 GENRE BELUGA.
dontes faciles à disliuguer <ies Bélugas étant d'ailleurs privés, comme eux, de na-
geoire dorsale.
Le Béluga (Béluga albicans), souvent appelé en anglais White Fish, à cause de
sa couleur blanche ou blanc jaunâtre, est long d'environ 7 mètres.
Ce Cétacé(-I) vit par troupes, principalement sur les côtes du Groenland, sur
celles du Spitzberg, et au nord de la Sibérie. Bien qu'il s'éloigne rarement de ces
parages, on le cite aussi auprès du Saint-Laurent, à la hauteur du Canada; c'est
alors le Béluga canadensis accepté comme espèce distincte par M. Allen (2) et dont
on en a monté un squelette pour le musée de Boston.
D'autre part, le Béluga entre dans le détroit de Davis et dans la mer de Baflin ; il
passe par le détroit de Berhing pour venir dans le nord du Pacifique, sur la côte
nord-ouest d'Amérique ; on le cite dans la mer d'Okhosk et même jusqu'au Japon ;
mais il se pourrait qu'il fût représenté dans ces différents parages par des espèces
différentes les unes des autres, et M. Cope donne comme tels les Béluga rhinodon,
anguslata et declivis ou voncreta, dénommés par lui (5).
Une espèce de Béluga parait même avoir été observée dans les mers australes,
jusqu'à la Nouvelle-Zélande; M. Gray lui a donné le nom de B. Kingii(A).
L'état actuel de nos collections ne nous permet pas de contrôler ces indications,
et nous devons nous borner à les rappeler ici en renvoyant aux auteurs cités pour
la description des espèces admises par eux dont nous venons de rappeler les noms.
Des Bélugas sont signalés comme ayant été trouvés enfouis dans des terrains
post-tertiaires aux Etats-Unis, et M. Thompson a regardé comme indiquant une
espèce particulière de ce genre sous le nom de Béluga vermontana (5), des por-
tions de deux squelettes d'animaux déterrés à Charlotte, comté de Chettenden
(Vermont), ainsi qu'à Monl-Iîeal (Canada).
Squelette. — Gomme nous l'avons dit, le crâne du Béluga s'éloigne peu, par
sa forme générale, de celui du Narval; cependant il est facile de l'en distinguer,
1) Balcena albicans, Klein, miss. Pisc, II, \i. — Cetui alb., Brisson, Règne anim., 359. - Physete)
Catodon, l.inn , Syst. nu/., édit. XII, p. 10. — Delphinus léucas Pallas, Rei.se, III, 92. — Delpli. albicans,
O. Kabr., Fauna groe.nl. — Delphinaplerus Béluga, Lacep., Cétacés, p. !i0. — Catodon albicans, id., ibid.,
p. 218. — Béluga Catodon, Gray, Cal., p. 307.
(2) Mammalia qf Massachusetts, p. 206 (Muséum at Harvard-Collège, Bulletin n° 8J.
(3) Proceed. Acad. nal. se. Philadelphia, 186.'}, p. 5, et 1869, p. 20.
(4) Catal. S. and W., p. 300. — Synopsis of Whales and Dolphins, pi. VII — Proceed. zool. Soc.
London, 1873, p. 114. — Voir aussi Hector, Ami. and ttag. mil. Ilixl , t. IX. p. 438; 1872.
15) Hist. of Vermont, appendice, p. 1!;. //y. 1-13: 1853.
SQUELETTE. 533
même en ne tenant pas compte de la présence des dents dont il est armé. Il est
moins relevé en arrière, un peu plus étroit et plus long, et en outre, légèrement
arqué dans sa région faciale; sa fosse temporale est encore plus longue.
La mâchoire inférieure est, de son côté, presque semblable à celle du Narval,
et sa symphyse présente particulièrement la même disposition: c'est surtout la
présence de dents qui peut servir à la faire reconnaître.
Les vertèbres cervicales sont indépendantes les unes des autres, comme le sont
aussi celles du Narval. Elles sont toutes sensiblement plus épaisses, mais leur
forme ne diffère pas. L'atlas présente de même, sur la face rachidienne de son arc
inférieur, une facette d'articulation pour l'apophyse odontoïde, et cette facette
est elliptique, ayant son grand diamètre longitudinal plutôt que circulaire. Les
deux facettes d'articulation de l'axis avec la partie postérieure de l'atlas ne sont
plus semi-lunaires, mais irrégulièrement ovalaires, et la partie épineuse de la
neurapophyse est plus forte; la facette odontoïdienne est un peu plus allongée et
la partie médiane inférieure du corps vertébral qui lui fait suite ne présente pas
de caractère bien saillant. Les masses latérales des troisième et quatrième ver-
tèbres, c'est-à-dire de celKs immédiatement placées après l'axis, tendent à se
rapprocher par leurs pointes, et elles ont une tendance à s'unir pour former le
canal vertébral d'une manière plus évidente que sur aucune autre, surtout au
côté gauche de la troisième; par contre, l'apophyse épineuse de ces troisième et
quatrième cervicales cesse au-dessus de leur facette articulaire, et ses deux moitiés
se trouvent disjointes. Les masses latérales des cinquième et sixième sont épaisses,
niais courtes, et l'on ne voit à la septième que la paire la plus élevée de ses masses
latérales ossifiées dont le trajet diffère d'ailleurs, à quelques égards, de la saillie
correspondante observée dans le Narval. Comme chez celui-ci, la paire infé-
rieure des masses transverses est remplacée par une paire de facettes articulaires
destinées à la tète de la première paire de côtes.
Il y a 14 vertèbres dorsales (I), 9 lombo-sacrées et 22 caudales coccygiennes.
Les corps vertébraux vont en grandissant depuis la première dorsale jusqu'aux
premières coccygiennes, après quoi ils deviennent plus trapus sans être sensible-
ment plus grands; ils diminuent ensuite prenant d'abord une forme plus cont-
(1) Il n'y en a que 10 sur le squelette de fœtus représenté sur notre planche I XIV; le nombre des lomho-
sacrées y est de 11.
534 GENRE BELUGA.
primée, puis l'apparence de disques épaissis, el enfin celle de petits carrés élargis
perforés en dessus et en dessous par une paire de trous vaseulaires, mais manquant
lorsqu'ils commencent à devenir discoïdes de neurapophyses et d'hémapophyses.
Les côtes, dont la première paire est plus large que les autres, vont en aug-
mentant de longueur jusqu'à la huitième; les sept premières ont une tète et une
tubérosité séparées l'une de l'autre et s'articulent chacune par ces doubles saillies
sur deux vertèbres différentes, la tète costale portant sur une facette articulaire si-
tuée au bord postérieur du corps vertébral, la tubérosité sur la saillie latérale qui
répond aux apophyses transverses. La tête de la première paire de côtes porte sur le
corps de la septième cervicale. Les quatre dernières paires de côtes n'ont pas de tète
séparée de la tubérosité et elles ne portent que sur les apophyses transverses. C'esl
un caractère des côtes du Béluga que d'être plus fortes que celles du Narval.
Aux lombes, les apophyses épineuses ne sont que faiblement élevées; les apo-
physes transverses sont au contraire larges, aplaties et sécuriformes. Le mode
d'articulation des apophyses épineuses soit pour cette région, soit pour les autres,
ne présente rien de particulier à ce genre; c'est ce qui se voit d'ailleurs sur la
(if/. \ de notre planche XLÏV.
Les fausses côtes sont de nature osseuse; cinq d'entre elles, pour chaque côté,
sont articulées directement avec le sternum ; celui-ci se rapproche, par sa forme
générale, du sternum des Delphinidés.
Le bord supérieur de l'omoplate est en arc surbaissé, en rapport avec la forme
assez allongée de cet os. L'acromion et l'apophyse coracoïde y sont assez forts.
Cette seconde apophyse y est en particulier plus développée que dans le Narval,
et elle est coupée obliquement en avant au lieu d'être terminée en arc saillant.
Les pièces composant les nageoires paraissent peu différentes de ce qu'elles sont
dans le genre précédent. Celles que nous possédons ne sont pas suffisamment com-
plètes et nous ne pourrions en donner la description sans craindre de nous trom-
per à propos de quelques-unes d'entre elles. Nous ne saurions également assurer
quel est le nombre des os du carpe, ni celui des phalanges pour chacun des
doigts (li.
Système dentaire. — Les dents du Béluga n'ont d'autre ressemblance avec
(1) M. Van Bembeke (Acad. r. Deh/., âfèm. couronnés, I. XVIII, p. 14) donne les chiffres suivants pour
les phalanges du Béluga : 2, 6, 4, 1 et 1.
SYSTÈME DENTAIRE 5!!Ji
celles du Narval, que d'être, comme elles, garnies d'une couche de cément. Quoique
différentes à quelques égards des dents des autres Delphinidés par leur forme, elles
sont disposées d'après une formule qui rappelle sensiblement celle de certains de
ces animaux. On en compte de 7 à 10 paires supérieures dans les crânes que nous
avons sous les yeux; mais le nombre ne s'en répète pas toujours régulièrement à
droite et à gauche; le plus généralement il existe 8 paires de dents inférieures.
Les supérieures sont penchées en avant, les inférieures en arrière.
Les alvéoles dans lesquels sont implantées les dents supérieures sont larges, peu
profonds et disposés obliquement; ceux des dents inférieures sont plus creux.
Toutes les dents ont d'abord la couronne conique et terminée à son extrémité
libre par une petite saillie de l'ivoire qui est le sommet du cône éburné dépassant
un peu la partie cémenteuse; mais l'usure fait bientôt disparaître cette portion
terminale de la dent et la couronne est presque toujours entamée largement et
d'une manière oblique, soit en dehors, soit en dedans, soit d'avant en arrière,
plus rarement d'arrière en avant ou horizontalement. La première paire de dents
inférieures est plus petite que les autres.
Certains exemplaires possèdent une paire d'incisives supérieures, c'est-à-dire
une dent, ici de forme peu différente des autres, mais cependant plus petite, qui
est insérée dans un alvéole spécial creusé au bord extéro-antérieur de chaque os
intermaxillaire ; d'autres n'ont plus que les alvéoles de ces incisives, celles-ci
étant caduques.
Les alvéoles sont en général élargis et peu profonds, aussi les dents tombent-
elles facilement.
Je trouve 9 germes de dents maxillaires, plus le germe d'une incisive à la mâ-
choire supérieure du fœtus du Béluga (PL LXIV, fig. I) et 9 germes de dents
inférieures.
II.
TRIBU DES PHOCÉNINS.
Bien qu'il soit difficile d'établir encore une classification absolument naturelle
des différents genres de la famille des Delphinidés, nous croyons que l'on peut
réunir sous une dénomination commune ceux qui ressemblent le plus aux Mar-
}!6 GENRE ORCA.
souins (Phocsena) et qui ont comme eux les dents moins nombreuses que cela n'a
lieu pour les Delphinins; ils ont aussi la tète plus courte que ceux ci, le front plus
renllé et l'extrémité de la mâchoire peu ou point séparée de ce dernier, au lieu de
simuler le bec d'une oie ou d'un cygne. C'est à ces animaux que nous avons pro-
posé de réserver le nom de Phocénins; ils se divisent génériquement en Orca,
Pseudorca, Orcxlla, Globicephalus , Grampus, Phoaena et Neomeris.
GENRE ORCA (1).
Les Orques appelés Épaulards par les marins français et Killers par les Anglais.
sont de très-grands Delphinidés, remarquables par leurs fortes dents, au nombre de
10 à 13 paires à chaque mâchoire. Ce sont les plus carnassiers de toute la division
des Cétacés et par leur voracité, ils jouent sous ce rapport, parmi ces mammifères,
le même rôle que les Requins parmi les Plagiostomes. On en trouve dans toutes les
régions maritimes et partout ils se font redouter, dévorant les autres Cétacés, les
Phoques et les animaux terrestres voire même les hommes, lorque ceux-ci tombent
à la mer. Ils ont une nageoire dorsale et dans quelques-uns, particulièrement dans
VOrca recti/rinna, des parties septentrionales du Pacifique, cette nageoire est droite
et élevée; chez les autres, sa forme ne diffère pas sensiblement de ce qu'elle est
chez les autres Phocénins et les Delphinins. Leurs pectorales sont de médiocre lon-
gueur et obtuses a leur extrémité. Ils sont le plus souvent colorés de noir et de
blanc d'une manière assez caractéristique, le blanc s'étemlant sur le dessous du
corps depuis la lèvre inférieure jusqu'auprès de l'anus, où il se bifurque pour re-
monter en un large fer a cheval de chaque côté de la base de la queue; une grande
tache blanche allongée se voit sur les tempes; une demi-lune de même couleur
existe parfois en arrière de la dorsale.
Les navigateurs ont souvent parlé des Orques ou Épaulards, et la présence de
ces redoutables Cétacés sur les côtes européennes de l'Océan ainsi que dans la Médi-
terranée est déjà signalée par les naturalistes de la Renaissance. Ils n'en distin-
jmaientqu'uneseule espèce. C'est ce que firent Rondelet et Aldrovande, et Linné a
appelé cette espèce Delphinus Orca. Lacepède a cru devoir en admettre deux sous les
1 Orca, Rondelet, De Piscibus, p. 183; 1 554.
REMARQUES SYNONYMIQUES. 537
noms de Dauphins Orque et Gladiateur et il y ajoute Y Orque de Duhamel (1), qui
repose sur un sujet pris à l'embouchure de la Loire, dont il est question dans le
Traité des pèches de Duhamel (2).
En outre, la comparaison de figures d'Orques faites d'après des animaux de ce
genre observés dans différentes régions, les unes plus rapprochées du cercle arc-
tique, les autres situées dans les parties tempérées des mers d'Europe, ou dans des
régions éloignées, au cap de Bonne- Espérance par exemple, en Australie, en Tas-
manie, et même plus près du pôle Sud, ou bien encore sur des points de l'Océan
Pacifique fort distants les uns des autres, a conduit les zoologistes à admettre un
assez grand nombre d'espèces parmi ces animaux. Les travaux que la science pos-
sède à cet égard sont principalement dus à MM. Eschricht (5), Reinhardt(4), Lillje-
borg(5), Cope, Scammon (6), Flower(7), Burmeister (8), Gray(9), Fischer (10),
Souverbie, etc., auteurs dont les derniers ont pu utiliser, pour les com-
paraisons qu'ils avaient à faire, les planches publiées par nous dans cet ouvrage
(1) Delphinus Duhameli, Cétacés, p. 314.
(2) Traité des pêches, t. IV, 2e partie, p. 39, PI. IX, fie/. 1 .
(3) Acad.sc. Copenhague, 1862. — Ray Society, Cetacea, p. 151.
(4) Ray Society, Cetacea, p. 188 (Orca Eschrichtiï). — Idem, différents Mémoires sur ce sujet. M. Rein-
hardt a signalé une autre espèce du même genre sous le nom à'Orca minor; nous n'en possédons encore
aucune pièce.
(5) Orca Schlegelii [Ray Society, p. 235).
(6) Proceed. philos. Acad. Philadelphia, 1860 : Orca destructor, 0. reclipinna et O. atra des parties nord
du Pacifique. — Voir aussi pour ces espèces : Scammon, Marine Mammals N. W. coast of North Ame-
rica (Orca or Killers), p. 88, PI. XVII, 1874 et Dali, Ibid., p. 296.
(7) Orca méridionales, de Tasmanie (Proceed zool. Soc. London, 1864, p. 470, et 1865, p. 420).
(8) Orca magellanka (Ann. Mus. pub. Buenos-Aires, t. I, p. 373, PI. XXII, fig. 1-3(1869).
(9) Gray, Proceed. zool. Soc. London, 1870, et Catal. Brit. Mus., 1871. M. Gray admet: Orca stenorhyn-
cha, Gray; l'O. gladialor, Lacép. — O. capensis, Gray ; le Grampus gladiator d'A. Smith. — Orca africana,
d'après la. fig. 2 de la PI. XLVIII de notre Osiéographie. — Orca latirostris, autre espèce comprenant,
d'après l'auteur, outre le crâne de D. Orca, Cuv., Oss.foss., t. V, part. 1, PI. XXII, fig. 4, qui est le
même que celui figuré par Lacépède sous le nom de Gladiator (Cétacés, PI. XVI) et dans notre ouvrage,
PI. XLVII, fig. 4, le crâne d'un sujet des îles Feroô, qui nous a été remis par le musée de Copenhague
comme étant l'un des types de l'Orca Eschrichlii.—Orca magellanica, Burm.— Orca tasmanica, ayant pour
type l'O. glad. australis, de Tasmanie (Osiéographie, PI. XLVII, fig. 1, d'après un crâne du Collège des
Chirurgiens que nous a communiqué M. Flower et qui est de l'espèce appelée Orca meridionalis par ce
savant). — Orca reclipinna, Cope. — 0>-ca atra, id. — O. Pacifica, objet du nouveau genre Ophysia, Gray.
Cet Ophysia aurait pour types connus l'O. capensis, Gray, Erebus and Terror, PI. IX, non O. cap., id.,
Synops. Whales and Dolphins, PI. IX, et l'O. capensis, Ostéogr., PI. XLVIII, fig. 1, 1 a et 1 b.
(10) Journ. de Zoologie, t. V, p. 146 : Orca antarctica, espèce établie sur l'examen d'une figure d'Orque
faite au voisinage des îles Powel et des Nouvelles-Shetland par Dumoutier.l'un des naturalistes de l'Ex-
pédition au pôle Sud commandée par Dumont d'Urville.
68
538 GENRE ORCA.
(nos XLVII à XLIX), planches qui sont même citées dans le Catalogue supplémen-
taire rédigé par M. Gray en 1874 (1).
Indépendamment des détails relatifs au squelette (PL XLVI et XLVIII, fig. 5), on
trouvera sur ces planches les crânes de différents animaux du genre Orque, savoir:
Orca Giatitator, des côtes de l'Europe. — PI. XLVI, XLVII et XLIX.
1° PI. XLVII, fig. \ et 4 a : Crâne du sujet adulte, sans doute des côtes de l'Océan,
1 1 — 1 1
déjà décrit et figuré par Lacépède et Cuvier. Il a — — — dents. Un de ses carac-
tères distinctifs consiste dans le peu de différence que présentent sur la longueur
de leur partie rostrale les os incisifs, os moins étroits dans leur portion médiane
et moins grêles qu'ils ne le sont dans le crâne de la fig. 3, lequel est l'un des types
de Y Orca Eschriclitii.
2" PL XLIX, fig. \ : C'est un crâne d'Orque fort semblable au précédent qui appar-
tient au musée de Boulogne; il nous a été communiqué à la demande de M. le D.
Hamy. Ce crâne a été trouvé dans un terrain argileux (vase bleue), du port de cette
ville; on suppose que son enfouissement remonte à l'époque de la pierre polie, ou
tout au moins à l'époque du bronze, et qu'il est, par conséquent, antérieur à
l'occupation romaine.
Si je compare à ces deux crânes celui, provenant des côtes d'Angleterre, dont
M. Gray fait son Orca s ténor ligne ha, et dont il donne la figure (I), je suis porté à l'at-
tribuer à la même espèce qu'eux; il en est de même du crâne de l'Orque de la côte
de Bohulanska (Suède), que M. Otto von Friesen(2) a fait représenter depuis lors en
l'accompagnant de la figure de l'animal tel qu'il était au moment où l'on s'en est em-
paré. La figure de cet Orque nous offre un double intérêt; elle nous donne les ca-
ractères extérieurs du Cétacé dont provient le crâne décrit et nous en permet la
comparaison avec celui pris à l'embouchure de la Gironde, à Bordeaux même,
que M. Souverbie a eu l'occasion d'observer en 4 876 et dont il a aussi donné un
dessin (5), mais en le rapportant à Y Orca Duhameli de Lacépède. Ces figures repré-
sentent évidemment des animaux de même espèce (i).
(1) Proceed. zool. Soc. London, 1870, p. 74-76. — Calai., Suppl., p. 60, fig, 7 et !); 1871.
(2) Acad. se. Stockholm, 1872, n° 10. Le crâne étudié par M. V. Friesen est reproduit dans notre Atlas,
PI. XLIX, fig. 2. Le dessinateur a évidemment donné trop de saillie aux condyles occipitaux.
(3) Act. Soc. linn. Bordeaux, 1876, p. 61, pi. III. — Journ. de Zoologie, t. VI, p. 69.
(4) Le squelette de l'Orque observé par M. Souverbie est conservé au musée de Bordeaux. 11 indique un
REMARQUES SYNONYMIQUES. 539
PI. XLVII, fig. 5. Crâne d'un Orque encore assez jeune, pris dans la Méditer-
ranée, auprès de Cette (Hérault); j'en avais déjà donné la figure {Zoologie et Paléon-
tologie française, PI. XXVIII, fig. 3-4). Il paraît devoir être attribué à la même
JO M
espèce que les précédents. Sa dentition est la suivante : — — — -, et je considère
qu'il en est également ainsi pour celui, plus jeune encore, qui est figuré PI. Ll, fig. 15,
du présent ouvrage. Ce crâne provient du sujet échoué sur la plage de Palavas, aussi
H
dans le département de l'Hérault. Il présente comme dentition jj-, ce qui s'écarte
peu des chiffres donnés dans les formules rappelées ci-dessus. Il doit être d'un
sujet qui venait de naître.
Le crâne d'un Orque, un peu moins jeune (1*1. XLIX, fig. 5), échoué à Ostende,
dont on conserve le squelette au musée de Bruxelles, est à peu près semblable à
celui de l'animal du même genre, mais déjà plus âgé, que nous donnons comme
ayant été capturé auprès de Cette. La même remarque s'applique au jeune exem-
plaire du musée de Louvain (PI. XLVI, fig. 1). Celui-ci provient aussi des côtes
de Belgique.
Orca Eschrichtii — PI. XLVII, fig. 5.
Ce crâne est celui d'un exemplaire des îles Feroë; il nous a été remis, ainsi que
cela est dit plus haut, par M. Ueinhardt, comme appartenant certainement à l'espèce
décrite par M. Steenstrup, sous le nom qui vient d'être rappelé. Les caractères par
lesquels il se distingue de Y Orca gladiator ordinaire n'offrent pas une importance
considérable, mais cependant si on l'attribuait à cette espèce, on ne saurait douter
qu'il ne provienne d'une variété différente de celle à laquelle se rapportent les crânes
énumérés plus haut. La partie rostrale y est un peu plus longue et un peu moins
large; en outre, les os incisifs présentent plus d'étroitesse; ils sont surfout plus
rétrécis dans leur partie moyenne. D'ailleurs levolumede ce crâne est sensiblement
le même que celui des crânes figurés sous le n°4 de la PI. XLVII et sous le n° I
sujet à peu près du même âge que celui de Cette, cité plus loin, et dont les dents, encore creuses intérieu-
II — 1 1
rement par défaut d'ossification de leur bulbe, sont au nombre de . Les trois premières cervicales
11 — 12
sont soudées entre elles, l'axis et l'atlas plus intimement que la troisième. On compte 11 dorsales, 10 lom-
bo-sacrées et 23 coccygicnnes ; le sternum est composé de trois paires de pièces séparées les unes des
autres; le crâne est long de (P. 73 et large de (T. 35 a l'implantation des os malaires.
540 GENRE ORCA.
de la PI. XLTX, et il indique un animal de même taille. Sa formule dentaire est
M — M
la suivante : r^ — rr(^)-
12 — M K
Orca ansfralis 11° 1 . — PI. XLVII, fig. I .
C'est kYOrca Eschrichtii tout autant qu'au gladiator que semble devoir être com-
paré uncràne d'Orque provenant deTasmanie, qui appartient au Collège des chirur-
giens de Londres(2); en supposant qu'il doive être distingué de l'un et de l'autre, je ne
saurais établir avec précision les caractèresde l'espèce dontildeviendraitalorsle type,
à moins que l'on ne se fie à la formule dentaire. On compte en effet -r- r-r, dont
la première paire supérieure est bien plus petite que les autres. Ce crâne m'a été
adressé en communication par M. le professeur Flower. Je retrouve les caractères
ostéologiques de la pièce dont il est question ici dans une photographie de tête
osseuse tirée d'un animal du même genre que M. Krefft a fait faire au musée de
Sydney et qui provenait de la même partie des côtes de l'Australie.
Orca australls n° 2. — PI. XLVII, fig. 2.
Ce crâne ne s'éloigne pas non plus suffisamment des autres pour que l'on puisse
établir qu'il doit servir de type à une espèce à part, comme M. Gray a proposé de
le faire; il est cependant plus étroit que celui du sujet de Cette et rappelle sous ce
rapport Y Orca Eschrichtii. Il provient d'un exemplaire qui n'était pas encore com-
plètement adulte. Aussi continuerai-je, comme je l'ai fait sur la planche où l'on en
trouvera la figure, à l'appeler Orca gladiator australis, dénomination que j'ai égale-
ment appliquée à l'Orque deTasmanie. On ne saurait en effet y voir encore le repré-
sentant d'une espèce particulière. Ce crâne a été autrefois rapporté d'Algoa Bay par
MM. J. et E. Verreaux; M. Gray l'a pris pour type de l'espèce plus que douteuse
à laquelle il donne le nom A' Orca africana.
Orca magcllanlca.
Une disposition, également différente a quelques égards, se voit dans l'étrangle-
ment des os intermaxillaires de YOrca magellanica de M. lîurmeister. Le crâne lui-
même de cette espèce supposée paraît être un peu moins allongé, surtout si on le
(1) Les fig. 3 et 3 6 de la PI. XLVII n'ont point été faites a la glace, ce qui a transposé la formule.
(2) n" 2517.
REMARQUES SYNONYMIQUES. 541
compare à celui àeYOrca Eschrichtii; mais est-ce là encore un caractère réellement
spécifique et doit-on y voir autre chose que l'indice d'une variété individuelle?
Oroa Capcnsls. — Pi. XLVIII, fig. 1 .
Si nous passons à l'examen du crâne rapporté au Muséum par F. Eydoux, à la
suite de l'expédition de la Favorite, crâne que ce zélé naturaliste s'était procuré sur
la côte du Chili (I), mais qu'il tenait peut-être de quelque baleinier, nous nous
trouvons en face de particularités plus faciles à saisir et qui ne permettent pas de
douterqu'il ne s'agisse bien ici d'un Cétacé distinct comme espèce de tous ceux aux-
quels ontappartenu les crânes dontilvientd'être question. Cette tète osseuse indique
un animal des plus robustes et qui dépasse notablement en dimensions l'Orca yla-
diator et ses variétés précédemment énumérées; elle a \ "'.25 de long et 0°'.60 de
large, mesurée avant le rétrécissement facial. Les saillies et les crêtes osseuses y
sont encore plus accusées que dans les Orques ordinaires arrivés à l'âge adulte, et
les lignes des os intermaxillaires, pour la partie faciale, dessinent une figure assez
différente de celle qu'elles forment dans ces derniers, tout en conservant à l'en-
semble des deux os auxquels nous faisons allusion la forme en fer de lance ; c'est
d'ailleurs ce que l'on constatera aisément en comparant la figure de ce crâne avec
celles de ceux qui sont aussi représentées sur nos planches. Le dessous de cette
partie du squelette participe aussi à l'élargissement de sa face supérieure.
Les dents sont au nombre de j^ — r-r. Celles de la première paire pour chacune
des mâchoires sont plus petites que les autres, surtout à la mâchoire inférieure, où
cette paire n'est pas représentée du côté gauche; aussi ne peut-on donner à la
formule dont il vient d'être question une valeur absolue.
On voit quelquefois de ces énormes crânes d'Orques soit dans les collections,
soit chez les marchands d'histoire naturelle, mais on n'en connaît encore qu'un
petit nombre. Celui qu'a rapporté F. Eydoux est depuis 4 852 dans les collec-
tions du Muséum et il y a été étudié par plusieurs cétologues. Sa comparaison avec
la figure de \'Orca capensis de M. Gray {]) nous avait engagé à l'attribuer à cette
espèce, ce qu'avait d'ailleurs adopté M. Gray lui-même (2); mais ce rapprochement
(1) Erebus and Terror, Mammals, p. 34, PI. IX.
(2) Gray, Catal., édition de 1850, p. 95. — /</, ibid., édition de 1866, p. 283.
542 GENRE ORCA.
a été contesté par le naturaliste célèbre qui nous l'avait inspiré et, en 4 874, il a
réservé le nom d'Orca capensis au Grampus gladiator de A. Smith (\) qu'il n'avait
pas attribué précédemment à cette espèce, et il l'a retiré au crâne qu'il avait lui-
même figuré sous ce nom (2); en même temps il l'a appliqué à un autre crâne
rapporté du Cap, dont il a alors donné une figure (5). On comprend combien ces
changements sont loin d'avoir simplifié la synonymie de l'animal qui nous occupe.
En résumé, M. Gray a retiré à l'espèce dont Eydoux avait rapporté un crâne,
considéré par lui comme un des types de cette espèce, le nom d'Orca capensis
pour lui substituer celui d'Orca Pacifica, et il a lait de cette espèce l'objet d'un
genre à part sous le nom d'Ophysia; mais c'est encore là un genre dont la né-
cessité reste douteuse. D'après M. Gray, le capitaine Delville, de la marine
anglaise, aurait constaté l'existence de YOrca capensis ou Opliysia Pacifica, dans le
nord du Pacifique. Il serait donc intéressant d'établir quels sont les rapports de
cette espèce avec YOrca rectipinna de MM. Cope, Scammon et Dali, dont il existe,
assure-t-on, un crâne au musée de l'Académie des sciences de Californie, à San
Francisco; mais personne ne nous a encore rien appris à cet égard, quoique la
figure donnée par nous du crâne dû à Eydoux, et qui reste le vrai type de YOpliysia
Pacifica, ait paru avec les premières livraisons du présent ouvrage.
L'Orca rectipinna ne présente pas de blanc sur les surfaces du corps que nous
avons dit être ainsi colorées dans les autres espèces que les zoologistes ont admises
parmi les Orques des différentes mers.
L'Orca atrat également du Pacifique, est remarquable par la lunule blanchâtre
qui se voit en arrière de la base de sa dorsale; mais il est difficile de se prononcer
sur la valeur de ce caractère, la conformation ostéologique de cet animal n'ayant
pas encore été décrite.
Les espèces créées dans le genre Orque par les auteurs devront sans doute,
comme nous le supposons, être réduites à quelques-unes seulement. On pourra,
dans ce cas, admettre que la principale d'entre elles, c'est-à-dire I'Épaulard ou
Orque gladiateur (Orca gladiator), possède une extension hydrographique plus
1 1 South African Zoolo'jy, p. 126.
(2) Erebus and Terror, loc. cit.
(3) Proceed zool. Soc, 1870, p. 71, fig. > et 4. - Calai. 1871, p. 90, fiçj. 8 et 10.
SQUELETTE. 543
grande qu'on ne l'avait d'abord supposé, et la plupart des distinctions spécifiques
admises dans le genre qui nous occupe devront être regardées comme ne reposant
que sur des doubles emplois ou dans certains cas sur des variétés plus ou moins
accentuées, tout au plus sur des sous-espèces de l'Épaulard lui-même. L'Orque
d'Esehricht serait une de ces sous-espèces les mieux caractérisées, mais la forme
ordinaire de l'espèce ou des variétés peu tranchées de cette espèce s'étendrait
jusque dans les mers australes, depuis les parages du cap de Bonne-Espérance
jusqu'à la Tasmanie, etc. Tel serait le cas des Orca africana, magellanica, tasma-
nica et de quelques autres encore qu'il est bien difficile de distinguer nettement
des Orques épaulards, plus particulièrement classés jusqu'ici dans la variété sep-
tentrionale ou typique; c'est à des Orques de notre hémisphère et, par suite, â des
Épaulards, que l'on a donné les noms d'Orca Duhameli. stenorliyncha, latirostris,
Schlegelii, etc. L'Orca minor (-1) serait une variété d'Épaulard également propre aux
régions septentrionales qui resterait au-dessous de la taille ordinaire à cette espèce.
Une seconde espèce bien distincte des autres est POphysie, d'abord appelé Orca
capensis par M. Gray (2). Il conviendra de l'appeler désormais, pour éviter toute
confusion dans sa synonymie, Orca Pacifica, ainsi que ce célèbre cétologue l'a lui-
même proposé; à moins qu'on ne démontre quelque jour son identité avec Y Orca
destructor (3) de M. Cope, qui a été signalé à Payta (Pérou) par ce dernier natu-
raliste.
Un examen attentif des caractères jusqu'à présent mal connus de certaines
autres formes d'Orques devra être fait avec soin, si l'on veut constater leurs
relations spécifiques et décider s'il convient de les séparer de celles qui précèdent.
Il sera particulièrement utile de comparer, a défaut de leur squelette entier, les
crcànes de ces animaux avec ceux des Orques dont l'ostéologie est dès à présent
connue sous ce rapport.
Sqnciette. — Le crâne des Orques a une longueur a peu près double de sa lar-
geur; il est bombé dans la région cérébrale, mais ne conserve pas sous ce rapport
un volume aussi considérable en cet endroit que celui des Marsouins et surtout
(1) Reinhardt, Mus. Copenhague. — Malm, Hvaldjur i Sveriges Museer, Ar 1869, p. 81 (Svenska
Vetenskaps-Akademiens Handlingar, t. IX, n° 2; Stockholm, 1871.
(2) Gray, Catal., édit. 1850, p. 95.
(3) Proceed. Acad. Philadelphin , 1866, p. 293.
544 GENRE ORGa.
des Dauphins ordinaires, ce qui tient au grand développement que prennent avec
l'âge les crêtes bordant les fosses temporales et la crête occipitale supérieure qui
relie au-dessus du front les deux angles de ces dépressions. Rétréci dans sa partie
faciale en avant de la platine des os zygornatiques, il y prend un aspect lancéolé
tout en conservant le caractère trapu distinctif des Phocénins.
C'est ainsi qu'il se modifie sensiblement dans son apparence générale, à me-
sure que l'animal vieillit. On pourra se faire une idée de ces changements
en comparant la fig. \ 5 de la PI. LI aux fig. 4 et 5 de la PL XLVII, figures qui
appartiennent toutes trois à des exemplaires de même espèce et de même race,
l'Orque gladiateur provenant de nos côtes, mais différents par leur âge des sujets
de la même espèce auxquels est consacré le reste de nos figures. En mettant ces
figures en regard les unes des autres et à côté de celles qui représentent des
crânes d'Orques adultes, les changements que ces animaux subissent avec l'âge
paraîtront considérables.
Un des caractères des Orques est d'avoir la face supérieure des intermaxillaires
lancéolée à une certaine distance en avant des trous sous-or bitaires, de largeur
moindre que la partie des maxillaires qui les borde et plus ou moins rétrécie dans
son milieu, ce qui permet de distinguer aisément et au premier abord leur crâne
de celui des Pseudorques chez lesquels ce rétrécissement est situé plus près des
narines et qui ont la partie faciale des mêmes os plus large et plus rectiligne (PI. L,
fig. \ et 7). On voit dans certains exemplaires une petite partie du vomer sous le
palais; chez d'autres, il est caché entièrement par la suture interne de la portion
palatine des maxillaires et des intermaxillaires. L'Orca minor du musée de Copen-
hague est dans ce dernier cas.
La mâchoire inférieure des mêmes animaux est très-robuste cl les alvéoles y
sont larges et profonds.
Quant à leur colonne vertébrale, elle offre aussi plusieurs particularités distinc-
tives et qui méritent d'être signalées. Les vertèbres sont un peu moins raccourcies
que chez les Lagénorbynques, les Dauphins et les Marsouins; les apophyses épi-
neuses y sont moins saillantes, mais plus robustes, et les apophyses transverses
présentent aussi des particularités distinclives.
Les vertèbres des Orques sont aussi moins nombreuses que celles de ces diil'é-
rents genres. INous en comptons 51 sur le squelette du jeune exemplaire con-
SQUELETTE. 545
serve au musée de Louvain (Pi. XLVJ, fig. \), savoir : 7 cervicales, dont trois sont
soudées entre elles, 1 \ dorsales , -1 0 lombo-sacrées et 23 coccygiennes, dont les \ 2
premières possèdent des os en V.
Le même nombre de vertèbres dorsales et de lombo-sacrées s'observe aussi sur
d'autres squelettes d'Orques, provenant de localités différentes. Il existe égale-
ment Il dorsales et 10 lombo-sacrées sur un squelette d'ailleurs incomplet, qui
fait partie de notre cellection; mais celui du musée de Copenhague en a -12 et il
en est de même pour celui du musée de Bruxelles, qui possède cependant 4 0 lom-
bo-sacrées. Ce dernier squelette provient de l'exemplaire échoué à Ostende. On
retrouve H dorsales à YOrca minor.
Les trois premières vertèbres cervicales sont en partie soudées par leurs apo-
physes épineuses ; les deux premières de ces vertèbres ont aussi leurs apophyses
transverses qui sont fort saillantes unies à leur base, tandis que celles de la troi-
sième sont petites, échancrées et séparées de l'axis ; les quatrième à septième cervi-
cales ont peu d'épaisseur, ce qui est aussi le cas de la troisième, mais elles restent
distinctes à tous les âges et leurs apophyses sont peu saillantes; les quatrième à
sixième sont échancrées latéralement; la saillie inférieure de la septième est rem-
placée par la facette articulaire destinée à la tête de la première paire de côtes.
La première paire de côtes de YOrca Eschrichtii m'a paru plus longue que celle
des Épaulards ordinaires.
Le sternum présente la forme caractéristique des Delphinidés. Dans le jeune
âge, il se divise en trois pièces sternébrales placées successivement, et l'on voit
encore dans celui du squelette jeune appartenant au musée de Bruxelles la division
en deux pièces latérales de la sternèbre postérieure (fig. 5); ainsi que nous
l'avons rappelé plus haut, cette division existe pour les deux moitiés de chacune
des trois sternèbres dans le squelette décrit par M. Souverbie, qu'il nous a été
possible d'étudier récemment.
Six paires de côtes s'attachent au sternum.
Les membres sont forts, larges et courts. Les os du carpe ne se solidifient que
tardivement et parfois en partie seulement. M. Van Bembeke dit qu'il n'en existe
qu'un seul; cependant Eschricht rappelle dans son mémoire qu'il y en a 5, et il a donné
une figure que nous reproduisons (fig. 15). Trois sont nettement ossifiés dans le
jeune squelette de Louvain; ils répondent aux nos 2, \ et S du sujet de Copenhague.
69
P46 GENRE ORCA.
Les métacarpiens sont courts et il en est de même des phalanges; le nombre de ces
dernières pour les différents doigts est de 1, 6, 4, 5 et 2 pour l'exemplaire d'Es-
chricht. Il n'en a été conservé que 4, A, 5, 2 et 4 dans celui de Louvain, dont le
degré d'ossification est, comme nous l'avons dit, beaucoup moins avancé.
Eschricht a observé l'os pelvien de plusieurs Orques et il en a donné des figures
que notre Atlas reproduit [fig. 4 6-19).
Ils proviennent:
1° D'un Orque trouvé en mer près de Randers (Jutland) en juillet 4861, par
M. E. Benzon {fig. 4 6);
2° D'un sujet dont le squelette est conservé au musée de Bergen (fig. 17);
3° De l'exemplaire femelle, capturé à Aarhuns par M. Thompson, en4 8o5(/fy. 48);
4° De celui qu'a observé Bloch, et qui était d'un âge assez avancé, mais aussi de
sexe femelle; il avait été péché au Groenland (fig. 4 9).
La caisse auditive des Orques rentre, par ses caractères généraux, dans la même
forme que celle des Dauphins et des Marsouins; toutefois le labyrinthe osseux y
est proportionnellement plus volumineux et la caisse a sa face inférieure plus
aplatie, en même temps que son échancrure antérieure est plus arrondie
(PL XLVIII, fig. 2).
Système dentaire. — Les dents des mêmes Cétodontes (PL XLIX, fig. 4) sont
pour la plupart fortes, arquées, pouvues d'une racine volumineuse, à couronne
de moindre longueur que cette racine, et plus aplaties à leur face postérieure
qu'à l'antérieure. Les plus grandes atteignent 0,n.4 0 de longueur totale, sur 0m,04
d'épaisseur transversale etOm.02o dans le sens antéro-postérieur; celles qui sont
placées en avant et en arrière, surtout la première antérieure, sont plus
petites que les autres et celle-là est parfois cachée dans les gencives.
Toutes sont dépourvues de cément, et leur couronne est protégée par une
couche d'émail; l'ivoire en est compacte et de belle apparence, quand elles sont
ossifiées, et il pourrait être utilisé; elles s'usent tantôt par le sommet, ce qui est
plus rare, tantôt par la face antérieure, principalement celles d'en bas, ou par la
face postérieure, surtout celles d'en haut.
4 4 4 5 41
Ces dents sont disposées d'après une formule qui varie de — à — et peut-être j-r,
\ y) I o 1 4
mais d'une manière irrégulière, ce qui rend impossible d'employer les diffé-
rences qu'elles présentent sous ce rapport comme caractères spécifiques.
FOSSILES ATTRIBUÉS A CE GENRE. 547
Les alvéoles sont le plus souvent en partie confondus dans une même gouttière,
mais qui laisse entre chaque dent des cloisons incomplètes. Les deux côtés d'une
même mâchoire n'ont pas toujours le même nombre de dents, comme on le voit
par les chiffres qui suivent:
\\ \\ 42 — 42
Epaulard: 77^ — (crâne adulte du Muséum de Paris). — — — (musée de
42 — \,\ v 4o — 42
]2 4 4 15
Boulogne, PI. XLIX, fig. 4 a). — -^ (musée de Bruxelles). — (musée de Co-
\\ \\ 45
penhague). — j~ — j-r (0. Eschrichtii, Mus. Paris). — — (O. minor, mus. Copen-
44 4 5
hague. — — (d'Àlgoa, Mus. Paris; PI. XLVII, fig. 2). — -j^, la première paire est
très-petite (de Tasmanie. Coll. des chirurgiens; Pi. XLVII, fig. \). Un très-jeune
Epaulard échoué à Palavas, dont le crâne est représenté sur notre PI. Ll, fig. 45,
présentait la formule — j-; celui de la Gironde, décrit par M. Souverbie, portait
44—44 . .
TT—n molaires.
Aucun Orque ne nous a montré de dents insérées dans les os intermaxillaires.
Ofuysie : Vî~Vï-, (du Chili, par M. Eydoux; Mus. Paris; PI. XLVIII).
FOSSILES ATTRIBUÉS AU GENRE DES ORQUES.
Cuvier (4) considérait comme un Delphinidé intermédiaire à l'Épaulard et au
ïursio ou Nésarnack, mais qu'on ne devait, suivant lui, confondre ni avec l'un ni
avec l'autre de ces animaux, l'espèce découverte en 1795, par Cortesi, dans la
colline de Torazza (Apennins) ; il en sera question à propos des Tursiops. Quant
à YOrca Meyeri de M. Brandt (2), qui répond au Delphinus acutidens de H. de
Meyer, il nous est encore impossible de nous prononcer à son égard.
(1) Oss./oss., t. V, partie 1, p. 309, PI. XXIII, ^. 1-2.
(2) Delphinus acutidens, H. V. Meyer, Paleeontogr., t. VII, p. 105, PI. XIII. — ? Orca acutidens, H. Brandt,
Cetacea Europa's, p. 227.
S48 GENRE PSEUDORCA.
GENRE PSEUDORCA.
Les Pseudorques (1) sont des Phocénins se rapprochant des Orques proprement
dits par leurs dimensions; il ont les habitudes voraces de ces animaux et ne se
distinguent d'eux que par des caractères peu tranchés. C'est à M. Reinhardt que
l'on doit d'avoir reconnu qu'ils doivent cependant en être séparés générique-
ment.
Il a pensé que le squelette presque entier d'un Cétacé voisin de l'Orque qui fut
trouvé en -1845 dans une grande tourbière située dans le Lincolnshire, auprès de
Stamford (Angleterre), et que M. Ovven avait décrit en en faisant figurer le crâne ainsi
que la synostose cervicale comme provenant d'une espèce voisine de l'Orque à la-
quelle il avait donné le nom de Pliocxna crassidens (2), appartenait à une espèce
dont il venait lui-même de constater la présence dans la faune maritime du Dane-
mark, espèce qui lui paraissait devoir constituer un genre à part.
Depuis lors, M. Flower (5) a signalé sous le nom de Pseudorca meridionalis
uue seconde espèce du même genre.
Ayant reçu de M. Reinhardt une tête osseuse et quelques ossements de son
Pseudorca crassidens (PI. L, fig. 7-17), et, de M. Flower, des pièces analogues tirées
du Pseudorca meridionalis (PI. L, fig. 1-6), il nous a été possible de constater que
ces animaux doivent être en effet séparés des Orques et qu'ils appartiennent bien
à deux espèces distinctes. C'est aussi au moyen de ces éléments de comparaison
que nous avons été conduit à reconnaître dans le Globiocephalus Grayi de M. Rur-
meister, pris à l'embouchure de la Plata, un animal du même genre, et nous avons
publié à cet égard une Note spéciale (5). M. Reinhardt était, de son côté, arrivé à la
même conclusion, ainsi qu'il s'en est expliqué dans un travail paru à Copenhague
en 1872 (6). Tout porte même à penser que ce Pseudorque des côtes de Patagonie
(1) Pseudorca, Reinhardt, Acad. r. se. Copenhague, 1862. — ld., Ray Society, Cetacea, p. 189.
(2) Fossil Mammals and Dirds, p. 516,_/fy. 213 et 21 4; 1846.
(3) Proceed. zool. Soc. London, 1864, p. 420, fig. 1 et 2.
(4) Ann. Mus. publ. Buenos-Aires, t. 1, p. 367, PI. XXI, fig. 3-6; 1869.
(5) Journ. de Zoologie, t. I, p. 68.
(6) Videnskabelige Meddelelser natur. Forening. — Journ. de Zoologie, t. II, p. 36.
CARACTÈRES PRINCIPAUX. 549
ne diffère pas comme espèce de ceux qui ont été pris sur les côtes du Danemark.
La partie dentaire de la mâchoire inférieure d'un Cétacé approchant des Pseud-
orques par ses dimensions, mais cependant moins grand qu'eux et qui portait
\ 0 paires de dents, toutes plus semblables par leur forme conique à celles des ani-
maux de ce genre qu'à celles des Orques proprement dits dont le lut est comprimé
et qui m'a été remise par M. le professeur Crova, de Montpellier, pourrait bien
provenir du genre dont nous parlons actuellement. Sa région symphysaire est aussi
de même forme; cependant de nouvelles observations permettront seules de dé-
cider s'il existe réellement des Pseudorques dans la Méditerranée. Cette màcboire
est celle d'un individu échoué entier sur la côte d'Elue (Pyrénées-Orientales) en
1857. On trouvera la figure de cette pièce dans la PI. LXIV, fig. 5.
Squelette. — Le crâne des Pseudorques est plus court que celui des Orques et
plus large dans sa partie faciale. Son principal caractère consiste dans la forme des
os intermaxillaires, qui, au lieu d'être hastiformes dans leur partie faciale, sont plus
élargis, plus obtus, rétrécis plus près du trou sous-orbitaire et élargis un peu en
avant du même point au lieu d'y être resserrés comme cela a lieu chez les Orques,
plus particulièrement chez l'Épaulard. Les crêtes temporales y sont moins sail-
lantes que chez ce dernier, et la crête cérébrale conserve plus d'ampleur. La forme
de la mâchoire inférieure envisagée dans sa portion symphysaire est sensiblement
différente à certains égards. La forme de la partie faciale des intermaxillaires, qui
est à peu près la même dans les deux espèces n'est cependant pas identique. Ces
os sont un peu moins larges et plus bombés dans le Psendorca meridionalis et
ils s'éloignent déjà moins de ceux des Ophysies que ceux du Pseudorca cras-
sidens.
Les Pseudorques ont les vertèbres à peu près semblables à celles des Orques,
cependant les apophyses y sont déjà un peu plus faibles et un peu plus longues.
Les cervicales antérieures de ces animaux ont les apophyses épineuses moins sail-
lantes. Chez le Pseudorca meridionalis (PI. L, fig. 5, et LUI, fig. 2), les cinq pre-
mières des vertèbres de cette région ont ces apophyses synostosées sans que la
partie neurapophysaire postérieure de la cinquième ni son centrum se soudent
avec la face antérieure de la sixième, et, chez le P. crassidens (PI. L, fig. 0, et Ll,
fig. 3), le centrum de la sixième fait partie de la synostose formée par ces
550 GENRE ORCdSLLA.
vertèbres sans que son apophyse épineuse soit coalescente avec les leurs (\).
Dans les deux espèces, la septième cervicale reste libre, mais son corps ne
fournit pas de facette costale apparente.
La pectorale de ces animaux (pi. L, fig. 6 et 15 à 16) est courte sans l'être autant
que celle des Orques ; il y a cinq os carpiens et les phalanges sont disposées con-
formément aux nombres suivants : 1, 6, 6, 5 et \ .
Système dentaire. — Les Pseudorques ont les dents fortes à la manière de celles
des Orques, mais plus régulièrement coniques et un peu inclinées en dedans; ces
dents ont aussi la racine plus grande que la couronne, laquelle manque de cément.
g Q
Notre crâne de Pseudorca crassidens possède^ — ^, et a ses alvéoles bien dis—
q e
tinctes; on trouve la même formule : ^ — ^ chez le Pseudorca meridionalis , mais
ici la première paire supérieure est bien plus petite que dans l'espèce précédente.
GENRE ORCELLA.
C'est un genre propre à l'Inde; il est fondé sur l'examen d'un petit nombre
d'exemplaires dont on a fait deux espèces, mais qui n'en constituent peut-être'
qu'une seule. M. Owen en a d'abord décrit un sous le nom de Phocxna brevi-
rostris (2), un crâne provenant des parages de Visagapatam, près Madras, recueilli
par M. Elliot; MM. John Anderson et Blyth (5) signalent, de leur côté, l'Orcella dans
les estuaires du Gange, et le premier de ces naturalistes l'a également reçu de
l'irrawaddy, où il vit dans les branches profondes de ce fleuve depuis 500 jus-
qu'à 1 ,000 milles de la mer; c'est alors son Orcœlla jluminalis (A).
Nous attribuons au môme genre, sinon à la même espèce (5), le Dclphinidé flu-
(I) Dans la figure de Pseudorca crassidens, donnée par M. Owen, les cinq cervicales antérieures sont
seules soudées entre elles.
>) Trans. zool. Soc. London, t. VI, p. 24, PI. IX, fig. 1-3 (reproduites dans l'Atlas du présent ouvrage,
PI. XI. IX, fig. Bet8 bis).
(3) Cités par M. Gray, Calai. 1871, p. 80.
(4) Vroceed. zool. Soc. London, 1871, p. 42 (avec figures reproduites ci-dessous).
:.) P. Gervais, Journal de Zoologie, t. VI, p. 157; 1877.
CARACTÈRES PRINCIPAUX. 551
viatile du Meï-Kong, dont M. le D. Roux, chirurgien de la marine française, en
ce moment sous les ordres de M. le commandant Vignes, a récemment envoyé au
Muséum de Paris deux têtes en chair dont les crânes ont été préparés; la figure
que l'on en voit sur notre PI. LXIV est celle de l'un de ces exemplaires; on y
a joint le dessin de moule extérieur de cette portion de l'animal lorsquelle était
encore revêtue de ses chairs et de sa peau.
M. Roux s'est procuré plusieurs de ces Dauphins, et il compte envoyer bientôt à
Paris le squelette complet de l'un d'eux.
Dans une lettre écrite à M. le commandant Vignes, et dont celui-ci a transmis
copie à M. A. Edwards, il rappelle que, d'après les pêcheurs cambodgiens, les Dau-
phins du Meï-Kong ne vivent que dans l'eau douce. Lorsqu'à l'époque des inonda-
tions, le fleuve entre en crue, on en trouve à Phnum-Pente et même au-dessous ;
mais lorsque la baisse arrive et que les effets de la marée commencent à se faire
sentir, ces animaux remontent vers le haut du Meï-Kong, fuyant les eaux saumà-
tres. Les deux exemplaires dont M. Roux nous a envoyé les têtes ont été pris à
260 milles marins de l'embouchure du fleuve, en un point où l'eau est toujours
douce, et, bien que ce fût à l'époque des basses eaux, bien que l'énorme colonne
d'eau que débite le Meï-Kong ne fût plus en ce moment un obstacle aux effets de
la marée, jamais l'eau n'a été saumàtre au point où ils vivaient; déjà même il en
est ainsi à moitié de la distance de ce point à l'embouchure du fleuve.
Il est difficile de décider si l'Orcella de Meï-Kong est de la même espèce que
celui de l'Irrawaddy, attendu qu'on ne connaît pas les caractères ostéologiques
de ce dernier; mais rien ne nous autorise non plus à dire qu'il en diffère. Ses
rapports génériques avec ce Cétacé nous sont démontrés par la forme exté-
rieure de la partie que nous avons pu en observer, c'est-à-dire par la tête
encore recouverte de sa peau, et la comparaison de cette portion de l'animal,
dont nous donnons d'ailleurs la figure, ainsi que celle de son crâne (PI. LXIV),
avec les petites figures publiées par M. Anderson, la ressemblance extérieure de
l'Orcella de l'Irrawaddy (Orcxlla fluminalis) avec YOrcxlla brevirostris , espèce
également reproduite ici, d'après le même naturaliste, ne laissent aucun doute
sur son identité générique avec l'Orcella du Gange. En effet, M. Anderson a
eu l'occasion de comparer entre eux les deux animaux dont il s'agit, et, sans
doute aussi, leurs crânes avec celui qu'a décrit M. Owen. Or, le crâne de l'Orcella
552 GENRE ORC^ELLA.
du Meï-Kong ne différant pas sensiblement de celui qui sert de type à YOrcœtta
brevirostris , du moins à en juger par la figure qui a été publiée de ce dernier,
le classement de ce Dauphin
dans le genre qui nous occupe
ne nous paraît pas contes-
table. Cependant les éléments
nous manquent encore pour
décider si ces animaux sont,
comme on pourrait le croire,
d'une seule et même espèce,
ou s'il faut, au contraire, les
séparer les uns des autres, ce
qui est moins probable; aussi
parlerons-nous de l'Orcella
Orcïlla flumiualis.
de Cochinchine sans lui donner de nom spécifique particulier.
Squelette. — Ainsi que uous l'avons dit, nous ne possédons que le crâne des Or-
cella du Meï-Kong, et c'est aussi une pièce analogue, conservée au musée de Lon-
dres, où il nous a été possible de l'étudier, qui sert de type à YOrcœlla brevirostris.
M. Owen a accompagné d'une longue description la figure donnée par lui de
cette dernière pièce.
Les crânes dont nous parlons n'indiquent pas un animal appartenant au genre
Phoesena, tel qu'on le définit aujourd'hui. Ils sont plus renflés et plus larges dans
la région cérébrale et la partie rostrale en est plus élargie ; les côtés en sont aussi
plus convexes. On ne saurait pas davantage comparer ces crânes à celui des
Céphalorhynques, dont une des formes les mieux connues répond au Phoca-na
capensis de F. Cuvier, et ceux-là s'éloignent à leur tour des Marsouins propre-
ment dits par la forme conique et non en palmettes de leurs dents; ce qui est
aussi le cas du Phoesena breviroslris et des autres Orcella.
L'analogie est bien plus grande avec le crâne des Globicéphales, quoique le
rostre soit moins élargi à la partie correspondante de ses os iutermaxillaires qui
reste ainsi notablement plus étroite.
Ln réalité, c'est avec celui des Orques du groupe de l'Épaulard que le crâne du
CARACTÈRES PRINCIPAUX. 553
Delpbinidé fluviatile, particulier aux grands fleuves de l'Inde, doit être comparé,
bien qu'il soit de forme plus raccourcie et que les sutures des os maxillaires et
intermaxillaires n'y présentent pas exactement les mêmes lignes. D'ailleurs, des
figures (1) mettront mieux en relief ces caractères que ne pourrait le faire une
description même détaillée.
Le plus fort de nos deux crânes mesure 0,50 depuis l'extrémité des os inter-
maxillaires jusqu'à la saillie des condyles occipitaux. Sa largeur, prise entre les
cavités glénoïdes, est de 0,21 et de 0,4 85 aux saillies préorbitaires.
La mâchoire inférieure est longue de 0,24 ; sa symphyse est courte, mais solide :
elle occupe 0,030.
C'est par allusion à la ressemblance du crâne du Phocssna breviroslris , Owen,
avec celui des Orques, que M. Gray avait proposé de donner à ce curieux Dauphin
le nom iVOrcéel/d (2), qui est un diminutif du mot Orca. Cette dénomination a
dû être étendue aux animaux analogues, propres aux grands fleuves de l'Inde, qui
ont été découverts ces dernières années.
Nous avons dit que les Orcelles avaient les dents déforme conique; elles sont
courtes et pointues; leur couronne est dépourvue de cément. Sur celui de nos
19 17
deux sujets qui les possède en totalité, il y en a j^ — r^; chez le second, elles
ont été pour la plupart cassées au collet, sans doute lorsque l'animal a été capturé.
Leur nombre paraît avoir été sensiblement le même.
Les autres crânes observés ont pour formule dentaire :
Orcœlla brevirostris : —, d'après MM. Owen et Gray; r^, d'après M. Anderson.
14
Orcxlla fluminalis : — , d'après M. Anderson.
(1) Voir pi. LXIV, fig. 3 et 3'.
(2) Calai. Seals and Whales Brit. Mas., p. 283; 1866.
70
GENRE GLOBICEPHALUS
Remarques historiques. — Il existe en quantité dans l'Océan Glacial, ainsi que
dans les régions septentrionales de l'Atlantique, une grande espèce de Phocénins,
qui est, après l'Épaulard, le plus gros des animaux fournis par la même famille
à ces parages : c'est le Svineval des Scandinaves (1). Elle est différente de l'Epau-
lard par ses dents plus petites, moins solidement implantées, et qui ne lui fournis-
sent pas des armes aussi redoutables; en outre, le Svineval se distingue extérieu-
rement par la forme renflée et comme globuleuse de sa tête; ses pectorales sont
aussi beaucoup plus longues que celles des Orques et comme falciformes, ce qui,
à défaut des autres caractères, fournis par le squelette, le reste des organes et la
forme extérieure du corps, ne permettrait de le confondre ni avec ces animaux, ni
avec aucun autre des genres que l'on doit aujourd'hui admettre parmi les Céto-
dontes. Le renflement de sa tête tient à la présence au-dessus des os de la face
d'une substance d'apparence huileuse, renfermée dans les mailles d'un tissu de
nature fibreuse, que l'on donne comme étant analogue au sperma ceti.
Quoique les principaux traits distinctifs de l'animal dont il s'agit n'aient été
décrits qu'à une époque récente, il a dû être observé et séparé des autres espèces
de la même grande division des Cétacés depuis bien longtemps. Il passe réguliè-
rement en bandes considérables dans certains parages, ou s'y montre constam-
ment, et l'on en tire à l'occasion un grand profit, particulièrement sur les
côtes d'Islande et dans les îles qui sont situées au nord de l'Ecosse. Le Svineval
vient aussi clans les eaux de la Norwége, dans celles de la Hollande et de la Belgique,
sur certains points du littoral de la Grande-Bretagne, mais il y est moins abondant.
On l'observe également, quoique d'une manière purement accidentelle, sur certains
points de nos départements maritimes, soit dans l'Océan, soit dans la Méditer-
ranée (2), et l'espèce va jusque dans l'Adriatique. Le plus souvent, elle apparaît
(1) Grmd-Whale des habitants des Feroës; Ca'uitj-Whale de ceux des Shetlands; Nesar~Nack des
Islandais (d'après Eschricht).
(2) Risso, Europe mérid., t. III, p. 23. — P. Gervais, Comptes rendus hebd., t. LIX, p. 878 ; 186i.
Le squelette d'un exemplaire pris à San-Rossorc esteonseivé au musée de Pise.
DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE. 555
par troupes et ces troupes peuvent être composées d'un très-grand nombre d'in-
dividus.
JI y en avait 70 dans celle qui échoua en 1807 dans la baie de Paimpol (Côtes-
du-Nord), et dont G. Cuvier (F) a parlé d'après les renseignements accompagnant
quelques crânes tirés de ces animaux, que lui envoya M. Lemaout, pharmacien
de Saint-Brieuc, dont le fils s'est fait connaître très-avantageusement comme
botaniste.
En 4 871, une bande d'au moins cent Globicéphales, mais dont quelques sujets
purent seuls être capturés, s'est montrée dans la baie de la Forêt, située dans le
département du Finistère. Le crâne d'un de ces Cétacés que M. Guillou conserve à
Concarneau, où je l'ai examiné, ne laisse aucun doute sur leur identité spécifique
avec les animaux dont nous parlons.
Une autre troupe, composée de quelques individus seulement, se perdit en
\ 804, sur le littoral des Pyrénées-Orientales (2). Nos planches LI, fig. M4 et LUI,
fig. 4-1 1 , sont tirées d'un deces exemplaires, appartenant à la Faculté des sciences
de Montpellier, et j'ai remis à différents musées des crânes de sujets provenant de
la même capture.
En général, c'est l'échouement du chef de la troupe avant qu'ils n'aient lou-
ché terre, qui détermine la perte de tous les autres ou de la plupart d'entre eux ; ils
le suivent et restent impuissants sur la plage, où ils ne tardent pas à être pris.
Leurs cris plaintifs attirent les gens du littoral, et l'on peut aider à cette chasse
en les poursuivant au moyen de bateaux. C'est à l'habitude qu'ont les Globiceps
de suivre leur conducteur, que fait allusion le nom de Delphims deductor donné
à l'espèce européenne de ce genre, par Scoresby (5).
D'autres fois, ce sont des individus isolés qui viennent à la côte; tel est, entre
autres cas, celui d'un animal de cette espèce pris au Havre en \SV>6 et qui a été des-
siné pour la collection des Vélins du Muséum. Son squelette est conservé dans
le même établissement.
C'est aussi un sujet isolé qui fut capturé sur les côtes de la Belgique, à Anvers,
(1) Ami. Muséum, t. XIX, p. 1, PI. l,Jlg. 2 et 3. - Oss.foss., t. V, part. 1, p. 2S5, PI. XXI, Jig. 11-13.
(2) L'èchouage a eu lieu à Barcarès et sur quelques points peu éloignés. Je parle de ces Globicephalus
dans la communication que j'ai adressée a l'Académie des sciences pendant la même année.
(3) An account qf thf arclic régions.
556 GENRE GLOBICEPHALIS.
en -1 859 . Celui-ci a fourni à M. Van Beneden ( I) le sujet d'une note spéciale; on
cite d'autres exemples de pareils échouements en divers autres lieux et à diffé-
rentes époques.
Malgré les facilités que donnait, pour l'étude de cette espèce, la fréquence de
ces échouements, elle n'a été distinguée des autres animaux du genre Delphinus, tel
que l'avait compris Linné, que parles naturalistes du siècle actuel. 0. Fabricius
et 0. F. Muller ne semblent pas l'avoir connue et aucun des Dauphins men-
tionnés par Gmelin, dans son édition du Systema naturx, ne paraît non plus lui
correspondre. ïraill l'a nommée Delphinus mêlas (2) par allusion à sa couleur
noire, avant que Scoresby ne l'appelât D. deductor; ce n'est qu'à une date plus
récente qu'elle est devenue le D. globieeps de Cuvier (3). •
On rencontre des Cétacés de la forme duSvineval, noirs comme lui et fréquem-
ment pourvus d'une bande blanchâtre qui s'étend en dessous du corps depuis la
gorge jusqu'à l'anus, non-seulement dans l'Océan Glacial et dans les parties septen-
trionales ou tempérées de l'Atlantique, soitcelles qui dépendent de l'Europe, soit le
long de l'Amérique septentrionale (4); il s'en prend aussi dans la Caroline du Sud
et aux Antilles (5); il en existe aussi dans les régions les plus chaudes de l'Atlan-
tique (6); et l'on en retrouve dans le Pacifique, au nord comme au sud; il
y en a également à la Nouvelle-Zélande (7).
Toutefois les caractères de ces Globicéphales, animaux souvent appelés Black
fis h par les navigateurs, à cause de leur couleur noire, ne sont pas absolument les
mêmes, dans toutes les régions maritimes où on les observe et il est évident qu'il
(i) Bull. Acud. r. de Belgique, 2e série, t. VIII, p. 312. — Mêm. Acad. r. Belgique, t. XXII, p. 18.
(2) Niclwlsons Journal, t. XXII, p. 21, PI. III ; 1809.
(3j Loco cit.
(4) Delphinus intermedius, Harlan, Journ. Acad. nat. se. Philadelphia, t. VI, p. 51, PI. I et Médical and
physical Eesearches, p. 72, av. fig. — Globiocephalus mêlas, Allen, Mammals of Massachusetts, p. 30.
(5) PI. \A\,fig. 3 (Muséum de Paris).— Gl. intermed, Gray, Cal. 1866, p. 318.— Gl. brachypterus, Cope,
Proceed. Acad, nal. se. Philadelphia, 1876, p. 10 avec fiy. (de la baie de Delaware).
(6) Globiocephalus propinquus, Malm, Hvaldjur i Sveriges Museer (Musée de Gothembourg).
(7) PI. 1,11, fig. i. C'est le Globiocephalus macrorhynchus, Gray, dont nous possédons au Muséum plu-
sieurs crânes et des squelettes, rapportés ou envoyés pardiverses personnes (MM. le D. Arnoux, le capitaine
de vaisseau de Lavaud, von Ilaast, le 1). H Filhol, etc.). Un velin de la collection du Muséum représentant
l'exemplaire, encore jeune, iiu'a rapporté M. de Lavaud, montre que le Globicéphale de la Nouvelle-Zélande
manque delà bande blanchâtre médio-inférieurc qui se voit chez les Svineval de l'Atlantique septen-
trionale et môme chez les exemplaires que l'on prend dans la Méditerranée ainsi que dans l'Adriatique et
aux États-Unis.
CARACTERES SPÉCIFIQUES 357
existe parmi eux plusieurs espèces ou tout au moins plusieurs races bien dictinctes
que l'on peut même reconnaître à certaines particularités de leur forme crânienne.
Des Cétacés du même genre ont été signalés au cap de Bonne-Espérance (-1), dans
l'Inde (2), en Chine (5), au Japon (4), sur les côtes de la basse Californie (o) et
dans le voisinage d'Honolulu, aux îles Hawaii (6).
Doit-on accepter autant d'espèces parmi les Globicéphales que M. Gray a été porté
■ à l'admettre? C'est ce que nous n'oserions affirmer, des crânes provenant de toutes
ces espèces supposées n'ayant pas encore pu être comparés les uns aux autres.
Nous sommes porté à penser qu'il est peu probable qu'il en soit réellement
ainsi. Cependant plusieurs de ces animaux diffèrent les uns des autres d'une
manière très-appréciable, principalement par la forme de leurs os incisifs exami-
nés dans la partie faciale, c'est-à-dire au rostre, et il est facile de les distinguer
par ce caractère du Svineval qui reste le type du genre et devra conserver la déno-
mination de Globicephalus mêlas; c'est ce que nous essayerons de montrer en dé-
crivant le crâne des Globicéphales.
Mais, très-probablement, ce ne sont pas là autant d'espèces différentes les unes
des autres, et si l'on se bornait à en juger par les nombreuses dénominations que
l'on a imposées aux Cétacés de ce genre, on serait certainement conduit à exagérer
le nombre de celles qui existent réellement.
Les caractères communs des Globicéphales sont tirés de la forme globuleuse de
leur front, de la conformation générale de leur crâne, de l'apparence de leurs dents et
du médiocre développement ainsi que du nombre de ces organes qui sont le plus
\ 0 12
souvent établis d'après la formule j7»ày~. La disposition falciforme des pecto-
rales et leur allongement, la forme de la nageoire dorsale qui est peu différente de
(1) Musée de Bordeaux : exemplaire rapporté des environs du cap de Bonne-Espérance par MM. J. et
E. Verreaux. C'est peut-être le Phocœna Edwardsii, A. Smith {Globiocephalus Edwardsii, Gray).
(2) Globiocephalus indicus, Blyth. Journ. asiatic Soc. liengal, t. XIX, p. 246.
(3) Delphinus chinensis, Blyth, Report Asialic Soc, 11.
(4) Delphinus globiceps, Schlegel, Faunajap., p. 17, PL XXVII {Globiocephalus Sieboldii, Gray). M. Schle-
gel dit que c'est le Golô des Japonais qui en distingueraient trois variétés, savoir: le Naisa-Golô, entière-
ment noir; le Siho-Golô, de couleur pourpre, avec une tache blanche derrière la dorsale et plusieurs plis
à la mâchoire inférieure, et YOhonau-Gotô, noir, à gueule spacieuse et à museau très-large. Rien ne
prouve toutefois que ce sont bien là des animaux de môme espèce.
(5) Globiocephalus Scammoni, Cope, Proceed. phil. Acad., 1869, p. 22. — Scammon, Marine Wammals
p. 85, PI. XVI.
(6) Muséum de Paris; envoi de M. Ballieu, consul de France à Honolulu.
558 GExNRE GLOBICEPHALUS.
celle des Dauphins ou des Marsouins, enfin certaines parties du squelette, four-
nissent aussi de bons caractères qui ne permettent pas de réunir, comme on l'a
fait longtemps, les Delphinitlés dont nous parlons aux Orques ou aux Grampus,
et il est certainement convenable de faire de ces animaux un genre à part,
comme l'a proposé Lesson. Le nom de Globicepliala a d'abord été donné à ce genre
par cet auteur (1), et ce nom a été remplacé bientôt après par M. Gray (2) par celui
de Globiocephalus, auquel on a substitué depuis celui de Globicephalus, qui paraît
avoir prévalu comme plus correct. Wagler avait précédemment réuni les Globicé—
phales aux Grampus sous la dénomination de Cetus (5).
Quoique nos collections ne possèdent pas des crânes de Globicépbales recueillis
dans toutes les localités citées plus haut, elles en ont reçu d'un certain
nombre d'entre elles et il nous sera possible de décider, avec quelque certitude,
de la valeur de quelques-unes des espèces admises par les auteurs qui viennent
d'être mentionnées. La mieux connue de ces espèces est la suivante :
»ioMcepBs>»Eii3 oiteias (le Svineval). — Cette première race ou espèce, à laquelle
appartiennent les Globicépbales propres à l'Océan Glacial, à l'Atlantique septen-
trionale et à la Méditerranée, a pour caractères constants la couleur presque en-
tièrement noire de son corps et la bande blanchâtre qui s'y dintingueà la partie
inférieure. Cette espèce (PL Ll, fig. I , et LU, fig. \ et 2), dont Lacépède (4) a parlé,
sous le nom de Catodon Svineval, et V. Camper (6) sous celui d'Aodon ou Narval
édenté, répond, ainsi que nous l'avons déjà dit, au Delphinus deductor deScoresby
ou I). gbbiceps de Cuvier et fait par conséquent double emploi avec le Delphinus
mêlas de Trail.
On doit sans doute attribuer aussi à ce Globicéphale, le Globiocephalus a finis de
M. Gray, et même le Sphserocephalus incrassatus du même auteur, genre pré-
tendu nouveau, établi par lui sur un crâne trouvé à Bridpoi t, côtes d'Angleterre,
qui est aujourd'hui conservé au Musée britannique. Ce crâne m'a paru être celui
(1) Nouv. Tabl. Règne anim., p. 200; 1842.
(2) Catalogue of ihe spécimens of Mammalia in llw coll. of thn Brit. Muséum, pari. 1 : Celacea, p. 86;
1846.
(3; System der dmphibien, j>. 33; 1830.
(4) Cétacés, p. 216, PI. IX, fig. 2.
(5) Cétacés, p. 120, PI. XXXU-XXXIV.
(6) Calai, oj Seuls and Whales m the British Mmeum, p. 137 (de la mer du Nord).
(7) Ibid., p.:!'23,.//y. 63 et 64.
SQUELETTE. 559
de quelque Globicéphale ordinaire, roulé par les eaux et, par conséquent, ayant
ses contours émoussés sur différents points.
L'anatomie du Globicepltalus mêlas a été faite plusieurs fois; nous citerons par-
ticulièrement comme s'en étant occupés MM. Macalister (4) et Mûrie (2). On voit
dans les galeries d'anatomie du Muséum quelques bonnes préparations relatives au
même animal.
Scgucictte. — Les Globicéphales possèdent des caractères assez importants pour
justifier la séparation de ces animaux en un groupe à part dans la grande famille
des Delphinidés, et il nous eût été facile d'en faire une sous-tribu particulière plutôt
qu'un simple genre; mais cela nous eût conduit à la distinction d'un nombre de
catégories bien supérieur à celui que nous nous sommes proposé d'adopter, car
la même remarque est également applicable à d'autres genres de la même série.
L'examen du squelette justifierait au besoin cette assertion; il nous montre que ces
animaux diffèrent déjà notablement des Orques, mais leurs caractères ne sont
encore ni ceux des Marsouins ni ceux des Dauphins ordinaires ; on ne saurait pas
davantage les associer aux Grampus, comme quelques auteurs ont cependant
conseillé de le faire.
Leur crâne est très-élargi dans sa région cérébrale et sa partie rostrale ne se
rétrécit pas autant que chez les Marsouins ou les Grampus, animaux qui l'ont ce-
pendant moins appointie que les Dauphins ordinaires. La région fronto-nasale est
également plus relevée, mais la face reste aplatie et les os intermaxillaires en occu-
pent en grande partie le dessus ; leur largeur y excède de beaucoup celle des
maxillaires; parfois même ces derniers ne sont plus apparents au-dessus delà ligne
dentaire. C'est en particulier ce qui arrive chez les sujets avancés en âge, princi-
palement chez ceux de la race propre aux mers de la Guadeloupe et des
Etats-Unis, race sur laquelle repose l'espèce que M. Gray a proposé de désigner
par le nom de Globiocephalus inter médius.
Le crâne des animaux de ce genre acquiert en même temps une dimension
relativement considérable. L'un des plus gros que nous possédions a 0"',70 de
long et 0m,48 dans sa partie la plus large. La même région osseuse subit quel-
ques légères modifications dans sa forme à mesure que l'animal avance en âge, et
(1) Proceed. zool. Soc. London, 1867, p. 47.
(2) Trans. zool. Soc. London, t. VIII, p. 235, PI, XXX à XXXVI11 ; 18G7.
560 GENRE GLORICEI'HALUS.
nous l'avons représentée non-seulement telle qu'elle est chez les adultes, mais
aussi chez le fœtus (PI. LXI1I, fitj. I), où l'espace occupé en dessus par les maxil-
laires est bien plus large qu'il ne le sera plus tard.
Il est intéressant devoir que tous les sujets adultes ne sont pas absolument sem-
blables entre eux sous ce rapport. Dans les Globicéphales de l'Atlantique septen-
trionale, la partie antérieure des intermaxillaires devient rugeuse, mais les maxil-
laires continuent à rester visibles de chaque côté de ces os, à droite et à gaucbe,
bien qu'ils aient perdu en ce point beaucoup de leur étendue. Cependant l'exem-
plaire de la Méditerranée dont nous donnons la figure (Pi. LI, fig. \) a la ligne de
séparation de ces deux pièces osseuses (os intermaxillaires et maxillaires) moins
arquée au-dessus de la région dentaire qu'elle ne l'est chez nos autres Globicé-
phales européens, dont l'un (PI. LU, fig. \) est du nombre de ceux que Le-
maout père a pris autrefois sur les côtes de Bretagne, et dont un autre [fig. 2) fait
partie de ceux qui ont été rapportés d'Islande par P. Gaimard.
A ne considérer également que la région faciale, on trouve un aspect différent
chez les Globicéphales du golfe du Mexique et de la Guadeloupe (PI. LU, fig. 5) que
notre collection a reçus de MM. de Castelnau et Lherminier; cette disposition
résulte d'un élargissement encore plus grand des os intermaxillaires, dont le bord
externe, encore plus arqué, recouvre en totalité la partie correspondante des
maxillaires. Par une singularité digne de remarque, nous trouvons une disposition
à peu près identique dans le crâne de Globicépbale que M. Ballieu nous a dernière-
ment adressé des îles Hawaii. M- Copel'a également signalée dans son Globicépbale
brachyptère.
Chez tous ces exemplaires et chez ceux qui sont arrivés, comme eux à l'âge
adulte, la partie faciale des intermaxillaires a acquis l'apparence rugueuse que nous
avons précédemment signalée. Au contraire, cette disposition manque, ou n'est que
très-légèrement indiquée sur les os intermaxillaires des crânes provenant de la Nou-
velle-Zélande (Pi. LU, fig. A), lesquels répondent à l'espèce appelée Globiocephatusma-
crorltyncltus par M. Gray, et le bord externe des mêmes os affecte une direction plus
rectiligne, caractère que nous avons retrouvé chez l'exemplaire, originaire des
mers du Cap, que possède le musée de Bordeaux.
Si l'on admettait comme réelle la multiplicité des espèces du genre Globicé-
pbale, on pourrait ajouter ces caractères à ceux que l'on a tirés de la couleur de
SQUELETTE. 561
ces animaux: mais nous ne craignons pas de répéter qu'il s'agit bien plutôt ici de
simples races que d'espèces véritables.
Six des vertèbres cervicales sont en général soudées entre elles (Pi. LI, fig. 5
et 5a, et LUI, fig. 4) chez les Cétacés du genre Globicéphale; ce sont les six pre-
mières. Leur synostose s'opère à la fois par les centrums et par les apophyses
épineuses, mais à partir de la quatrième, le centrum tend à rester distinct et il
l'est presque entièrement pour la sixième, du moins chez les sujets qui ne sont
pas encore arrivés à un âge avancé. Nous possédons 8 régions cervicales affec-
tant cette disposition. Deux autres de nos exemplaires ont non-seulement la
septième vertèbre séparée, mais aussi la sixième, et, chez l'un d'eux, qui pro-
vient des mers de la Nouvelle-Zélande, ces sixième et septième cervicales sont
réunies entre elles. Un autre sujet, également Nouveau-Zélandais, rentre dans le
cas ordinaire : 6 + \ (1).
On compte \\ vertèbres dorsales, L5 lombo-sacrées et 25 coccygiennes, dont
les M premières portent des os en V.
Ces vertèbres diffèrent de celles des Orques et des Grampus par leur forme, mais
en tenant à la fois de ces deux genres de Delphinidés. Elles sont un peu
moins robustes que chez les premiers et moins raccourcies que chez les seconds ;
leurs apophyses épineuses et transverses sont en même temps moins semblables à
celles d s Dauphins ordinaires que dans les Grampus; on en jugera par les
ligures composant la PL LUI.
Les côtes n'offrent rien de particulier; bornons-nous à rappeler qu'elles sont en
partie aplaties, et que la première paire dépasse les autres sous ce rapport. Il y
en a cinq qui vont jusqu'au sternum.
Le sternum affecte une forme qui lui est propre. Sa première sternèbre, dont
les contours sont à peu près arrondis, est échancrée bilatéralement, et son bord
postérieur présente deux fissures. En outre, elle est percée à son milieu d'un trou
plus ou moins graud qui est le reste de sa division primitive en deux moitiés. La se-
conde sternèbre est un peu plus longue et sensiblement plus étroite, elle est fendue
longitudinalement sur une partie de la ligne médiane, et il en est de même de la
troisième.
(1) Je retrouve la disposition 5 + 2 dans le Globicéphale des mers du Cap que possède le musée de
Bordeaux, signalé plus haut comme pouvant être un Globicephalus macrorhynchus.
562 GENRE GLOBICEI'HALUS.
L'omoplate a ses deux apophyses coracoïde et acromion bien développées et la
première est laminiforme.
La nageoire pectorale est remarquable par sa grande longueur et par le nombre
considérable de phalanges composant ses second et troisième doigts.
Le carpe comprend six pièces osseuses irrégulièrement disposées sur deux
rangs. Le nombre des phalanges portées par les cinq métacarpiens est le
suivant: 5, 4 5, 8, 2 et I .
Le radius est plus large que le cubitus; la forme de ces deux os [fîg. 14) est
assez particulière.
Quant à celle des parties osseuses de l'oreille moyenne et de l'oreille interne, il
nous suffira de renvoyer aux fîg. 2 et 2a de la PI. LI, représentant ces parties.
Système dentaire. — La dentition des Glohicéphales offre des caractères par-
ticuliers, soit que l'on considère la forme des dents de ces Delphinidés, soit que
l'on ne tienne compte que de leur nombre. Elles sont subfusiformes, plus épaisses
à la racine qu'au sommet de la couronne, qui se termine en cône, et longues au
plus de 0m,050. Leur insertion dans les alvéoles n'est pas solidement établie, aussi
tendent-elles avec l'âge à être expulsées de ces cavités, qui se remplissent en partie
de substance osseuse, ou à n'être plus retenues que dans les gencives. Leur cou-
ronne n'a pas de cément, mais elle est garnie d'une couche d'émail. On en compte
le plus souvent jj, dont les antérieures et les postérieures sont moins fortes que les
intermédiaires; d'autres fois, il n'y en a que 10 et même 9, et leur nombre peut
être différent pour chaque côté, ce qui doit tenir à leur condition caduque, mais
ne semble pas être en rapport avec les caractères que nous avons rappelés à
propos des os intermaxillaires envisagés dans leur partie faciale.
— Deux crânes de Glohicéphales ont été découverts dans les argiles remaniées
du Havre; et l'on a trouvé avec eux des débris de pyrogues indiquant un
enfouissement très-ancien. Un troisième, déterré sur les bords de la Seine, à
peu de distance de Saint-Germain-en-Laye, aurait également pu être regardé
comme fossile, mais il ne mérite pas davantage cette qualification. Des débris
du même animal ont été rencontrés dans les tourbières, en Angleterre et ailleurs,
ce qui prouve que les hommes utilisent depuis longtemps le Globicéphale.
GENRE GRAMPUS
Le nom de Grampus, appliqué par Hunter à l'une des espèces dont cet anatomiste
célèbre a parlé dans son Mémoire sur les Cétacés (1), a été repris par M. Gray (2)
et employé par lui pour désigner un genre de Phocénins dans lequel prennent
place les Dauphins gris et de Risso, le premier, observé d'abord à La Rochelle et à
Brest, le second, dans le golfe de Nice, et signalés l'un et l'autre comme encore
inconnus des naturalistes, par Cuvier (3), quoiqu'il en eût, depuis Hunter,
été déjà question dans plusieurs ouvrages.
Ainsi le Delphinus griseus parait bien être le Marsouin a museau arrondi repré-
senté par Duhamel, dans la fig. o de sa PI. X, quoique cette figure lui attribue
des dents supérieures, et c'est plus certainement encore le Delphinus ventricosus de
Bonnaterre (4) ainsi que de Lacepède (5), puisque ce qu'en disent ces auteurs est en
partie emprunté à Hunter. Plusieurs naturalistes ont même donné le Delphinus
Rissoanus comme étant l'Àries d'Aldrovande; c'est en particulier l'opinion de
Risso (6).
Quoi qu'il en soit de ces indications synonymiques, les Grampus des côtes de
l'Europe et leurs analogues observés en Amérique, dans les mers du Cap (7), au
Japon (8) et dans le Pacifique (9), se laissent aisément distinguer des Cétodontes
propres aux autres genres, et il en est sans doute de même de l'animal d'ori-
(1) Philosophical Transactions, 1787, PI. XVII.
(2) Erebus and Terror ; 1847.
(3) Ann. Muséum, t. XIX, p. 12. — Oss.foss., t. V, 1" partie, p. 297, PI. XXII, fig. 1-2.
(4) Cétologie, p. 21, pi. XII, fig. 2 (copiée de Hunter).
(5) Cétacés, p. 311.
(6) Europe méridionale, t. III, p. 23.
(7) Grampus Richardsonii, Gray, Calai., p. 299.
M. Hector (New Zealand Instdute, t. V, p. 163) parle aussi de cette espèce.
(8) PI. LXIV, fig. 5. — Peut-être est-ce le Grampus Sakamata, Gray, dont M. Schelegel l'ait un Orque,
mais que l'auteur anglais rapporte au genre Grampus, parce que M. Schelegel a dit, d'après les Japonais,
que ce Cétacé n'a des dents qu'à la mâchoire intérieure, et qu'il existe au Musée britannique une mâ-
choire inférieure de Grampus, provenant du Japon, qui a pour formule dentaire f dents. Notre
exemplaire n en porte que-; — -.
(9) Grampus Stearnsii, Dali, in Scammon, Marine Mammals, p. 299.
564 GENRE GRAMPUS.
gine inconnue dont M. Gray signale le crâne sous le nom de Grampns a/finis (J).La
tête de ces Delphinidés n'est pas renflée dans sa région frontale comme celle des
Globicéphales ou celle des Orcelles, et la partie répondant a leurs lèvres ne se
distingue pas de la région avoisinante, de manière à former ce qu'on appelle le bec
d'oie chez le Dauphin ordinaire. En outre, les dénis sont beaucoup moins nom-
breuses. 11 n'y en a que quelques paires seulement, toutes placées au-dessus de la
région symphysaire de la mâchoire inférieure et variant dans les sujets connus de
1 à 6 (PI. LXIV, fig. Sa)à G — 6 (PI. LIV, fig. \a). Les nageoires pectorales n'ont
pas la longueur qui les caractérise chez les Globicéphales; elles sont obtuses au
lieu d'être falciformes.
Diverses particularités importantes caractérisent aussi le squelette des Grampus.
Ces animaux sont moins grands que les Orques et même que les Globicéphales,
leur longueur totale ne dépasse guère 5",o0. On les a donnés comme consti-
tuant plusieurs espèces distinctes les unes des autres. Nous ne possédons pas le
Grampus Sleamsii et il nous est par conséquent impossible de décider de la valeui
des particularités ostéologiques qu'il peut présenter, mais à en juger par ce que
nos collections renferment de pièces provenant des Grampus griseus etRissoanus,
nous pensons que ces deux prétendues espèces doivent être réunies en une seule.
Cette opinion semble se confirmer si l'on compare entre elles les pièces que nous
avons fait figurer de l'un et de l'autre de ces animaux sur notre PI. LIA'.
Le Grampus du Japon, que nous appellerons Grampus Sakamata pour nous con-
former à la nomenclature de M. Gray, devra peut-être être considéré comme for-
mant une espèce à part, ou tout au moins une variété bien distincte, et celte interpré-
tation trouve un argument en sa faveur dans la forme de la partie faciale des os
intermaxillaires étudiés dans leurs rapports avec la partie correspondante des
maxillaires (PL LX1V, fuj. S); c'est, comme on le voit, une différence de l'ordre
de celles que nous avons signalées chez les Globicépbalcs.
Les Grampus européens sont au contraire presque entièrement semblables les
uns aux autres sous le même rapport, et la disposition qui est commune aux ani-
maux adultes de celte espèce, se retrouve à peu près identiquement la même
chez les sujets plus jeunes ainsi qu'on peut s'en assurer par le crâne d'un exem-
(1) CataL, p. 300.
REMARQUES GÉNÉRALES. 565
plaire encore peu avancé en âge (PI. LXIV, jig. 4 et 4a), quoique déjà long de
2m,250, qui a été pris par les pêcheurs de Concarneau le Ier septembre 1877 et
que M. Guillou a bien voulu me faire parvenir, ce qui a permis d'en faire figurer
aussi les vertèbres cervicales et la nageoire pectorale dans cet ouvrage.
Les Grampus dits de Risso, c'est-à-dire ceux de la Méditerranée, viennent régu-
lièrement au printemps et en automne dans le golfe de Nice et dans la baie de
Villefrancbe (I). J'en ai signalé un crâne provenant d'un sujet pris à Carry
(Bouches-du-Rhùne), qui est conservé au musée de Marseille (2), et le musée de
Bruxelles a fait l'acquisition d'un sujet entier de cette sorte de Delphinidés, péché
en 1876 à Alger,, qui avait été expédié de cette ville à Marseille. Une Note a été
publiée par M. Van Beneden, sur ce Grampus qui était de sexe femelle (5).
Nous avons déjà cité des côtes occidentales de la France comme étant visitées, à
l'occasion, par les Cétacés de cette espèce. Les premiers connus ont été appelés
Grampus griseus par Cuvier, qui a parlé de deux de ces animaux pris, l'un à
l'Aiguillon, près la Rochelle, et l'autre à Brest.
Il en a aussi été capturé auprès d'Arcachon, mais ce n'est pas à l'un de ces der-
niers que feu M. Burguet, ancien directeur du musée de Bordeaux, a donné le nom
de Dclphinus f/uadridens (4); un squelette de Grampus véritable se voit en ce
moment au musée d'Arcachon (5). De semblables animaux ont été pris sur les
côtes du Schleswig-Holstein (6). Enfin il en a été signalé sur plusieurs points des
côtes de l'Angleterre (7) et au Massachusetts (8). Ils avaient extérieurement les
mêmes caractères que les précédents ou que ceux du Risso et présentaient jus-
qu'aux gerçures de la peau qu'on a signalées chez ces derniers.
M. Flower a décrit ostéologiquement un Grampus des côtes d'Angleterre,
pris le 28 février 4870, à Eddystone Lighthouse, lequel fut transporté à Plymouth,
et il en a établi la comparaison avecles figures données sur notre PI. L1V. M. Mûrie
(1) P. Gerv., Zool. et Pal. franc., p. 300, PI. XXXVII, fig. 1.
(2) Comptes rend. Acad se., t LIX, p. 879; 1864.
(3) Bull. Aead. de Belgique, 2e série, LX1I, av. PI. ; 1876.
(4) Soc. linn. Bordeaux; 1845. Ce D. quadridens est un Ilyperoodon. Voir p. 388 et 515.
(5) Fischer, A/m. se. nat., 5e série, t. VIII, p. 363.
(6) Mobius, Schriften der Naturwiss. ; 1873.
(7) Trans. zool. Soc. London, t. VIII, p. 1, PI. I et II.
(8) Cope, Proceed. Acad. nat.se. Philade/pliia, 1876, p. 120, PI. III.
566 GENRE GRAMPUS.
a eu également l'occasion de faire l'examen anatomique de ce genre de Cétacés (4).
Il résulte de ces détails que les Grampus Aries ou Grampus ventricosus et G. gri-
seus, appelé aussi G. Rissoanus et d'autres noms encore, par exemple Grampus
Cuvieri (2), etc., n'ont été vus qu'individuellement et en petit nombre dans l'Océan
Atlantique, tandis qu'il paraissent se montrer plus abondamment dans certains
parages de la Méditerranée, particulièrement dans la baie de Nice. Ils s'étendraient
dans le nord jusque sur les côtes de la Suède si l'on devait leur attriber, ainsi
que cela a été proposé, un Delphinidé de ce pays, décrit par M. Nilsson (5), comme
ne constituant qu'une simple variété du Delphinus globiceps, c'est-à-dire du Svi-
neval; mais ni M. Lilljeborg ni M. Malm n'en font mention.
Squelette. — Les Grampus sont faciles à reconnaître à leurs caractères exté-
rieurs et à leur système dentaire, sur lequel nous aurons d'ailleurs l'occasion de
revenir plus loin; ils ne le sont pas moins si l'on tient compte des particularités
que présente leur squelette.
Leur crâne, tout en ne différant de celui des autres Delpbinidésque par des dispo-
sitions de valeur purement générique, rappelle encore, mais par son faciès seule-
ment, celui du Béluga bien qu'il soit aisé de l'en distinguer. En l'examinant avec
quelque soin, on voit qu'il se rapproche davantage de celui des Globicépbales, mais
on reconnaît alors qu'il est moins large entre les insertions des os zygomatiques sur
les os maxillaires, que la saillie fronto-nasaley est moins considérable et que la
partie faciale des intermaxillaires est d'une moindre largeur, en même temps qu'elle
s'allonge un peu plus. La ligne d'application de ces deux paires d'os, l'un
sur l'autre, n'y est pas non plus entièrement semblable, étant moins convexe en
debors. En même temps la partie pré-nasale des intermaxillaires tend à se rentier
avec l'âge.
Le Grampus Sakamata s'éloigne sous ce double rapport des Grampus de
L'Atlantique; il a la partie basilaire des intermaxillaires aplatie et la ligne de
jonction de ces os avec les maxillaires presque droite. C'est une disposition que
nous avons rappelée plus haut et dont nous avons déjà discuté la valeur. Le rostre
(1) Journal of Anulomy and Physiology, t. V, p. 118, PI, V; 1870.
(2) Gray, Ann. and Mag. mil. Hist., 1846.
(3,i Skand. Fauna, p. 608.
SQUELETTE. 567
est aussi moins large dans l'espèce japonaise dont il vient d'être question.
La symphyse des deux moitiés du maxillaire inférieur entre elles est courte.
L'os de la caisse rentre dans les tormes propres à la famille des Dauphins;
l'échancrure antérieure en est assez large.
Les vertèbres cervicales sont en grande partie soudées ensemble; l'axis et l'atlas
le sont très-intimement, dans presque toutes leurs parties, et les cinq vertèbres sui-
vantes le sont dans leurs corps ou centrums, ainsi"que dans leurs arcs neuraux
qui se confondent avec ceux des deux vertèbres précédentes. La septième seule reste
indépendante ; elle fournit une petite facette articulaire à la tête de la première paire
de côtes. Chez les Grampus de nos pays, étudiés encore jeunes, les six premières
cervicales sont déjà réunies en une synostose unique et il en est de même chez le
Sakamata.
11 existe 12 paires de côtes ou peut-être 15, à en juger par la petite facette articu-
laire que porte l'apophyse transversede la vertèbre qui suit celle sur laquelle s'in-
sère la dernière des paires de côtes du squelette de Grampus griseus, reçu de Brest
parDuméril.La vertèbre correspondante du Grampus de Hisso ne présente pas une
semblable facette (-1). Celle-ci, de même que celles qui la précèdent, diffère
d'ailleurs peu deslombo-sacrées; ces dernières ont aussi les apophyses transverses
grandes, et leurs apophyses épineuses sont dans le même cas, ce qui éloigne déjà
sensiblement les Cétacés du genre qui nous occupe des Globicéphales et plus encore
des Orques, pour les rapprocher de la plupart des Delphinides dont il nous reste à
parler.
Les six premières côtes ont seules une double articulation avec la colonne ver-
tébrale : l'une par la tubérosité, l'autre parla tête costale. La cinquième s'y an-
kylose par ces deux points. Les six ou sept dernières des côtes ne portent, au
contraire, que sur les apophyses transverses et celles-ci, de même que les neur-
apophyses, sont plus élevées pour les parties moyennes du corps ou antérieures
delà queue.
Quant au nombre des vertèbres, il est plus considérable que chez les genres
dont nous avons parlé jusqu'ici. On y compte 16 ou 17 lombo-sacrées et
50 caudales environ, dont les dernières sont dépourvues d'os en V; ce qui fait,
(i) M. Flower (loco cit., PI. II, fig. \ et 2) ne figure aussi que 12 paires de côtes.
568 GENRE GIUMPUS.
en ajoutant à ces chiffres les dorsales et les cervicales, à peu près 70 vertèbres
en tout.
Le sternum commence par une sternèbre plus grande que les deux suivantes et
de forme irrégulièrement hexagonale. On ne voit chez les adultes aucune trace
de division sur sa partie médiane.
Les deux portions de chacune des côtes sont osseuses. Cinq paires costales vont
des vertèbres au sternum; elles sont subarrondies.
Les omoplates ont leurs deux apophyses très-accusées et dont l'acromiale est
en lame remontante ne laissant entre elle et le bord antérieur de l'os dont il s'agit
qu'un intervalle triangulaire peu ouvert, au lieu d'une échancrure élargie comme
dans les genres voisins.
Le membre est assez court. Le cubitus et le radius participent à ce caractère. Les
os carpiens sont au nombre de 5 dans les adultes et de 7 dans le jeune sujet pris à
Concarneau. Dans le premier cas, il existe 2, 7 ou 8, 6 ou 7,5 et 1 phalanges.
Nous en avons compté 1 ,9, 6, 2 et 0 dans le jeune; mais ces différences tiennent
à des degrés plus ou moins avancés de l'ossiûcation, et elles n'ont qu'une
valeur individuelle.
L'os pelvien reste dans les conditions ordinaires.
Système dentaire. — Un des caractères principaux du genre Grampus est de ne
posséder qu'un très-petit nombre de dents, habituellement de deux à six paires
seulement, lesquelles sont toutes implantées dans la partie symphysaire de la mâ-
choire inférieure; il peut même arriver qu'elles fassent entièrement défaut comme
par exemple dans le sujet mâle étudié par M. Môbius, mais il paraît probable
que c'est par le fait de la caducité de ces organes et non par suite de leur absence
primitive. On retrouve en effet des traces des alvéoles oblitérés dans lesquels
étaient implantées les dents tombées et, dans l'état normal, ces alvéoles ont une
tendance à se combler pour expulser la dent qui s'y trouve implantée.
Les dents sont de forme conique et deviennent irrégulièrement cylindriques
avec l'âge. Leur couronne s'use alors et parait obtuse au sommet; elle n'est
pas enveloppée de cément.
Voici les différentes formules de ces dents qui ont été constatées: 0 — 0 (mâle
observé par M. Môbius); 2 — 2 (de Brest, par Dumeril); 2 — 2 (Grarnpus Sakainala,
du Japon); 5 — 3 et 4 — 4 (de l'Aiguillon, près la Rochelle, par D'Orbigny père);
SYSTEME DENTAIRE. 569
5 — 4 (jeune, de Concarneau, et exemplaire de M. Flower), 4 — 4 (d'Areaehon,
M. Fischer); 5 — 4 (d'Algérie, M. Van Beneden); S — 5 (de Nice, par Laurillard);
6 — 6 (de Nice, par Laurillard).
Le jeune sujet provenant des parages de Concarneau, que nous avons étudié,
ne nous a montré que 5 — 4 dents, mais on voit sur sa mandibule gauche l'indica-
tion du quatrième alvéole.
En arrière des dents existantes et du troisième alvéole de gauche, la rainure
dentaire est étroite et, malgré le soin avec lequel nous l'avons examinée, nous
n'y avons trouvé aucun germe dentaire.
Il en était de même pour la mâchoire supérieure de l'exemplaire dont il vient
d'être question, bien que la partie terminale des os incisifs et la moitié anté-
rieure de la région dentaire des maxillaires supérieurs présentassent une forte
rainure qui eût pu faire supposer qu'il s'y développe des dents caduques, comme
nous voyons que cela a lieu chez certains autres Cétodontes, les Hyperoodons et
les Ziphius par exemple; aussi sera-t-il bon d'observer un certain nombre de
sujets du même âge avant d'affirmer qu'il n'en est point ainsi. On voit, en effet,
au Musée de Bordeaux un crâne de Grampus dont les deux maxillaires supé-
rieurs présentent chacun des impressions alvéoliformes, à la vérité presque obli-
térées, mais au nombre de 4 — 5 et que l'on ne peut considérer que comme lais-
sées par ia chute d'autant de dents qui auraient ainsi disparu, chute qui se serait
opérée un certain temps avant la mort de l'animal. Ce fait intéressant m'a été si-
gnalé par MM. Souverbieet P. Fischer, et j'ai pu en vérifier l'exactitude pendant
le voyage que je viens de faire dans le sud-ouest de la France.
(lj La même formule se retrouve dans l'exemplaire de la Nouvelle-Zélande cité par M. Hector, dans
son Mémoire sur les Cétacés de cet archipel.
7 *
570
GENRE PHOC/ENA
Distribution géographique — Le nom de Phocœna est employé par Ron-
delet (-1) pour désigner l'espèce type du genre qui va nous occuper. 11 l'a tiré
d'Aristotequi l'écrit (^wmnm, et l'a appliqué à l'une des deux espèces (Pliocène et
Dauphin) signalées par lui dans la mer Noire ou mer du Pont. Après avoir rappelé
la rareté des grands poissons voraces de cette mer, il ajoute : « On n'y en trouve
pas d'autres que le Dauphin et la Pliocène, encore le Dauphin y est-il petit; dès
que l'on sort du Pont, on trouve de grands Dauphins (2). » Cependant, comme le
Marsouin n'existe pas, du moins à ma connaissance, dans la Méditerranée (5),
j'hésite à voir dans la Phocène de la mer du Pont la même espèce que lui, quoi-
qu'il y ait été cité plusieurs fois. Aristote ne semhle pas lui attribuer des dimen-
sions inférieures à celles du Dauphin; il dit même que le vrai Dauphin y est
plus petit qu'ailleurs. On pourrait se demander si cette Phocène n'est pas le Tursio.
Nordmann (4), en rappelant que Pallas a mis le Marsouin au nombre des animaux
aquatiques vivant dans la région dont il s'agit, place avec eux, d'après Ralke,
le Tursio, ce qui lui fait porter à trois le nombre des Cétacés de la môme
catégorie qui fréquentent les côtes de la Crimée. Il est vrai qu'il ne donne pas
la caractéristique des animaux dont il parle, et il faut bien reconnaître qu'il
reste encore quelque doute au sujet de la manière dont il applique les noms
qu'il emploie et du nombre des espèces qu'il admet. Celles-ci devront donc être
examinées avec soin.
Quoi qu'il en soit, la dénomination AePhocxna, telle que l'a définie Rondelet
et telle que l'ont acceptée les autres naturalistes de la Renaissance, a été conservée
au petit Delphinidcde l'Atlantique septentrionale que nous appelons Marsouin et
(1) De Piscibus, p. 473 ; 1554.
(2) Livre XII, chap. xui (trad. de Camus, t. I, p. 491).
(3) Je n'en ai vu prendre aucun sur les côtes de France pendant le long séjour que j'ai fait a Mont-
pellier, et mes excursions sur le littoral, depuis Cerbère et Collioure jusqu'à Menton, ne me l'ont point fai
rencontrer encore. Il n'existe pas non plus dans les collections italiennes que j'ai visitées, particu-
lièrement dans celles de Ilologne, de Pisc et de Naples, et je ne le trouve pas davantage parmi les Del-
phinidés qui m'ont été envoyés des côtes de l'Algérie.
(4) Voyage d'A. Demidoff dans la Russie méridionale, t. III, p. 61; 1840.
DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE. 571
que les Anglais appellent Porpoise, les Allemands Meerschwein, les Flamands Tuy-
melaer, les Suédois Tumelare (I).
On rencontre en abondance des Marsouins de cette espèce sur les côtes de
France et d'Angleterre; il s'en trouve aussi dans le Nord jusqu'au Groenland
(PI. LVII, fig.. -1 0—1 2) , et l'on en cite aussi dans la mer de Baffin, mais on ignore
si ceux de cette dernière mer sont entièrement semblables aux nôtres.
Des bandes de ces petits Cétacés entrent cbaque année dans la Baltique par le
Sund, à la poursuite des Harengs, et ils en sortent par le petit Belt.
Les Marsouins sont des animaux littoraux, qui aiment à se jouer dans les
baies et jusque dans les ports; ils remontent même quelquefois les rivières et
l'on en a pris dans la Tamise à peu de distance de Londres; un exemplaire a
■ \ même été vu dans la Seine, àNeuilly, près de Paris.
La chair des Marsouins était, au moyen âge et à la Renaissance, plus usitée
quelle ne l'a été depuis, à mesure que l'alimentation publique est devenue plus
délicate et plus variée. Belon rapporte que, de son temps, il été apporté, un
vendredi, cinq Marsouins à la halle de Paris.
. Les Marsouins de la côte du New-Jersey (États-Unis) ont été donnés, par L.
Agassiz et par M. Cope (2) comme constituant une espèce particulière sous le nom
de Phocsena americana. M. Cope a aussi distingué ceux de la baie de New-York (5)
et l'on en peut dire autant, plus sûrement peut-être, du Marsouin des parages
de la Patagonie, que M. Burmeister a décrit sous le nom de Phoaena spini-
pinnis (4) et dont M. Gray a même proposé de faire un genre à part qu'il a appelé
Acanthodelphis (5), parce qu'il a le bord antérieur de la dorsale garni de tuber-
cules épineux; mais ce caractère s'observe parfois, quoiqu'à un moindre degré,
chez nos Marsouins.
Une étude attentive des animaux de ce genre qui viennent dans la mer de Baffin
(1) Delphinus Phocsena, Linné. — Phocsena commuais, Lesson, Man. Mammal.,?. 413. — Phocœna
Linnei, Malm, Zool. Observationes, p. 40; Golhembourg, 1873.
[2)Ph.amer., L. Agass., in Allen, Mammals of Massachusetts, p. 206; 1869. — Ph. brachycium, Cope,
Proceed. Acad. nat.se. Philadelp/iia, 1866, p. 294.
(3) Phocœna lineola, Cope, Proceed. .le. nat. se. Philadelphia, 1876, p. 135 (de la baie de New-York).
(4) Proceed. zool. Soc. London, 1865, p. 228, fig. 1-4. - Ann. .Vus. Buenos-Aiies, t'asc. VI, p, 380, PI. XXIII
et XXIV; 1869.
(5) Calai. oJSeals and Whales, Suppi., p. 81 ; 1871.
572 GENRE PHOCyENA.
serait d'autant plus utile qu'il existe dans la partie septentrionale du Pacifique des
Marsouins que l'on a donnés comme différant spécifiquement des autres; ils ont été
pris dans la baie de San Francisco (1).
Quoiqu'il soit souvent question dans les récits des navigateurs, sous le nom de
Marsouins, de certains Phocénins d'une taille supérieure à celle des Marsouins
véritables, nous n'avons pas à nous en occuper ici; ce sont des Globicépbales,
des Grampus ou des animaux de genres encore différents.
Caractères séiieriqucs. — Les vrais Marsouins, à quelque espèce qu'ils appar-
tiennent, sont des Cétacés de petite dimension; les individus les plus forts ne dé-
passent point 2 mètres. Ces animaux se reconnaissent à leur tète peu renflée et au
manque de la rainure existant chez le Daupbin entre la partie naso-frontale et la
lèvre supérieure, ce qui forme le bec d'oie de cette dernière espèce. Leur nageoire
dorsale est peu élevée et d'apparence ordinaire; elle est située à la partie moyenne
du corps. Les pectorales sont médiocres et subarrondies. Les dents fournissent
un bon caractère; elles ne sont pas aussi nombreuses que celles des Daupbins et
l'on n'en compte en moyenne que 23 paires à ebaque mâchoire. La plupart ont
la couronne élargie en palme tte; la première paire est insérée dans les os
intermaxillaires. Le crâne se reconnaît assez aisément et l'on remarque quelques
autres caractères particuliers au squelette; telle est entre autres la réunion des six
premières cervicales entre elles, du moins dans l'espèce européenne qui est le
type du genre.
On a quelquefois associé au Marsouin commun le Delphinus phoeœnoides de
M. Dussumier dont les dents sont de même apparence que les siennes, mais ce
Phocénin manque de nageoire dorsaleet son crâne n'est pas entièrement de même
forme que celui des Phocrena; nous en parlerons séparément sous le nom de
Neomeris que lui a imposé M. Cray.
Ce petit groupe, auquel le nom de Pbocénins s'applique mieux encore qu'aux
autres génies de la même tribu dont nous avons traité précédemment, parait
avoir des représentants parmi les fossiles. En effet, M. Huxley a décrit, comme
indiquant un genre voisin des Marsouins, un humérus trouvé par M. W. Mantell
I) l'hocœna vomerina, Gill, Proceed . philos. .4 cad., 186.';, p. 178. — Dali, in Scamnion, Marine Main-
mal.--, p. 298.
DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE. 573
dans le terrain tertiaire de Parimosa, localité située à cinq milles au nord de
Kakaunui (Nouvelle-Zélande), et il a proposé d'appeler ce genre phocjenopsis. Quanl
à l'espèce encore unique et si imparfaitement connue qui en serait le type, elle
devient le Pkocsenopsis Mantelli []). L'humérus, sur l'examen duquel repose cette
espèce, est celui du côté gauche; l'auteur eu donne une figure. Ses dimensions dé-
passent sensiblement celle des autres animaux de la même division.
On a également signalé la présence de Marsouins parmi les fossiles du crag
rouge de Suffolk, en Angleterre, et M. R. Lankesler a décrit, sous les nomsdeUet-
phi/tus (Phocsena) uncidens (2) et de Delpkinus (Phocsena) orcoides (3), des dents et des
oreilles internes provenant de ce terrain; mais les figures qu'il a données des dents
des animaux dont il parle ne permettent pas une semblable assimilation. Llles in-
diquent une plus grande ressemblance avec les Champsodelphis, lesTursio et le Del-
pkinus Droccliii ou avec les Dauphins fossiles en Italie que nous publions sous les
nos o à 7 de notre PI. LX. Quand au labyrinthe osseux, également figuré par M. Lan-
kesler, il est semblable à celui, provenant aussi du Suffolk, qui fait l'objet de la
I'hj. 8 de la même planche. Le mot Phocsena est pris par M. Lankester dans un
sens différent de celui qu'on lui donne actuellement.
Je ne puis que mentionner, sans le décrire, le genre Sagmatias de M. Cope (4)
que M. Dali, dans son énumération des Cétacés du Pacifique, classe entre les Mar-
souins et les Néomeris. L'espèce, encore unique de ce genre (5), est mal connue dans
ses caractères et l'on ignore dans quels parages elle vit; c'est le Sagmatias amblodon,
animal dont le museau ne présente pas de ligue déprimée au-dessus de la lèvre
supérieure, « no triangle », et quia les dents nombreuses, arrondies, obtuses et
épaisses. 11 n'en a pas été donné de figures.
Squelette. — Les parties osseuses appartenant au genre Phocsena que nous
avons sous les yeux (6) proviennent toutes du Ph. communis et sont tirées d'exem-
plaires pôchéssur les côtes de la Bretagne, dans la Manche, dans la mer du Nord ou
(1) Quarlerly Journal geol. Soc. London, t. XVI, p. 67, avec 2 fig. ; 1859.
(2) Ami. and Mag. nat. Hist., 3e série, t. XIV, p. 356, PI. VIII, fig. 2-3 (l'otique) elfig. 12-13 (les dents).
(3) Ibid.,fig. 14-16.
(4) Proceed. philosoph. Acad., 1866, p. 294.
(5) Scammon, Marine Mammals, p. 298.
(6) I']. XLIII, fig. 5-7, LV et LVI, 5-12.
574 GENRE PHOC.€NA.
au Groenland; nous possédons de cette dernière localité deux tètes qui ont été
données à nos collections par le musée de Copenhague.
Le crâne du Marsouin a environ 0m,24 de long sur Om,Li dans sa plus grande
largeur, c'est-à-dire entre les apophyses zygomatiques des os temporaux. L'espace
interzygomatique est plus étroit et le rostre l'est encore davantage. Les maxillaires
et les intermaxillaires, envisagés dans leur partie faciale, sont à peu près d'égale
largeur; cependant la surface transversale des premiers de ces os l'emporte un
peu sur celle des seconds, qui ont le bord externe à peu près droit, quoique un
peu courbé en dedans à la racine du rostre, et très-faiblement élargi à son milieu.
La coupe du rostre ne présente qu'une faible convexité et la partie pré-nasale des
intermaxillaires est renflée, de manière à former deux saillies longitudinales qui
se terminent en avant par un aplatissement en forme de triangle aigu que l'on
prendrait d'abord pour une paire d'os particuliers en forme de coins enclavés
entre les intermaxillaires eux-mêmes, dont cette double surface fait néanmoins
partie. Les os propres du nez sont carrés et placés au-dessus de la sallie en
forme de crête de la partie basilaire du vomer ; au-dessus d'eux est une autre saillie
fournie par la jonction des bords internes des frontaux dont les bords externes
forment, comme à l'ordinaire, le dessus de l'arcade sourcilière.
Comme c'est également le cas pour tous les autres animaux du même sous-
ordre, la portion élargie des maxillaires recouvre les frontaux dans une grande
partie de leur étendue, et ces derniers sont articulés en arrière avec les pariétaux,
lesquels ne remontent pas jusqu'à la ligne médiane, où ils sont séparés l'une de
l'autre par une saillie de l'occipital supérieur.
Le vomer se laisse voir en dessous, dans une petite étendue de la surface pala-
tine entre les os incisifs, et, un peu plus en arrière, entre les maxillaires propre-
ment dils; sa forme en ce point est à peu près losangique. Les palatins sont assez
grands et l'on voit en arrière d'eux les ptérygoïdiens formant une lame repliée dont
l'ouverture est dirigée en arrière. Les zygomatiques, grêles et slyliformes dans
presque toute leur longueur, portent en arrière sur l'apophyse zygomatique des
temporaux, antérieurement sur la face inférieure des maxillaires, en avant de
l'arcade sourcilière des os temporaux; en ce point, ils s'élargissent et donnent
ainsi à la tige grêle, dont ils sont en grande partie formés, une attache solide.
Ces dispositions sont d'ailleurs celles qui distinguent les mêmes os dans presque
SQUELETTE. 575
tous les autres Cétodontes; elles ne sont pas, du moins pour la plupart, spéciales
aux Marsouins.
L'examen de crânes provenant de très-jeunes Marsouins (PI. LV ,fig. L2 à 45)
ou de fœtus d'animaux delà même espèce [fiij. 17-18) montre plus clairement
ces caractères et il nous explique les changements qu'ont à subir, avant de les
présenter, les différentes pièces osseuses dont le squelette de la tète est formé.
Les occipitaux latéraux sont séparés les uns des autres ainsi que du basilaire et ils
sont pendant un certain temps distincts de l'occipital supérieur. Il existe on avant
de la ligne sur laquelle ils s'affrontent un interpariétal, qui sépare le pariétal
droit et le pariétal gauche; mais cet interpariétal lui-même se réunit bientôt à
l'occipital supérieur. Les frontaux ont une étendue considérable ; ils portent,
en avant de leur suture médiane et appliqués auprès de leur bord interne, deux os
de forme quadilatère qui sont, comme nous l'avons déjà dit, les nasaux (fig. 12).
La boîte cérébrale se trouve complétée inférieurement (fig. 13) par un double
sphénoïde dont le corps postérieur est situé en avant du basilaire et l'antérieur en
arrière du vomer. Les ptérygoïdiens (ailes du sphénoïde postérieur) sont alors
complètement séparés du ccntrum aplati de cet os et chacun d'eux est en rapport
latéralement avec un os aplati, de forme quadrangulaire, un peu oblique, qu'on
ne peut regarder que comme répondant au lacrymal, os que nous avons vu
acquérir une si grande surface chez les Ziphioïdes, Cétodontes chez lesquels il
reste distinct, tandis qu'il se soude ici aux temporaux, aux ptérygoïdiens et aux
frontaux; au-dessus de chacun d'eux s'ouvre le canal lacrymal. Entre les occipitaux
latéraux et les apophyses ptérygoïdiennes se voient les parties osseuses de l'oreille.
A son tour, le basilaire les soutient en arrière et le pariétal en dehors; il n'y a
qu'une faible trace du mastoïdien, mais le temporal occupe déjà sa place ordi-
naire et son apophyse zygomatique est très-apparente. Le zygomatique lui-même
a déjà sa forme définitive, soit que l'on envisage la platine par laquelle il
s'applique sous l'apophyse préorbitaire du frontal, soit que l'on considère la
tige allongée et grêle qui le relie au temporal.
Le reste des os crâniens concourt à former la face, plus particulièrement sa
partie allongée que nous avons appelée le rostre. Ce sont d'abord, pour le dessus,
les maxillaires supérieurs et les os incisifs ou intermaxillaires, les premiers
remontant jusque sur les frontaux qu'ils recouvrent en s' étalant en dehors des os
576 GENRE PBOCiEXA.
du nez, les seconds allant jusqu'au bord antérieur des ouvertures nasales et
presque jusqu'aux os nasaux. On revoit en dessous les maxillaires, principalement
entre eux et les palatins, et ces pièces forment, avec les ptérygoïdiens, la face infé-
rieure ou palatine du rostre comprenant aussi la partie terminale des intermaxil-
laires; de leur réunion résulte le palais. Le vomer {fig, 14), os en fer de lance
allongé, aplati vers sa base, qui s'applique sous le sphénoïde, est creusé en
gouttière dans la plus grande partie de son étendue. Dans cette gouttière vomé-
rienne, est logé un axe cartilagineux, qui paraît être la continuation de l'elhmoide
et auquel on a étendu ce nom quand on ne lui a pas appliqué celui de vomer
[fig. \~2 et -14). Cet axe supravomérien nous a déjà occupé, particulièrement chez
les espèces où il s'ossifie, ce qui se voit surtout pour certains Ziphioides.
Deux noyaux osseux situés près de l'ouverture par laquelle le sphénoïde antérieur
et les frontaux sont en rapport, paraissent être les premiers représentants de
l'ethmoïde. La face inférieure du vomer est visible en dessous entre les intermaxil-
laires et les maxillaires, mais dans une petite étendue seulement {fig. \l\). Sur le
bord palatin des maxillaires, s'articulent les os palatins et, en arrière de ceux-ci, les
ptérygoïdiens souvent repliés en oublis qui concourent à former l'encadrement
des arrière-narines.
On sait que chez les Marsouins et chez les Dauphins, la caisse auditive est
soudée avec le labyrinthe osseux, mais que cette soudure n'est qu'adventive. Ces
deux pièces sont d'abord séparées l'une de l'autre et simplement accolées, la caisse at-
tenant à une tubérosité osseuse, aplatie et élargie à sa surface de contact avec le bord
inférieur du rocher. La caisse est repliée en volute et son ouverture s'étend en avant
sous la forme d'une échancrure dont les deux lèvres sont diflerentespour chaque côté,
l'interne étant élargie et aplatie dans la partie de son étendue que surplombe
le rocher, l'autre ou l'externe, au contraire, amincie. C'est par deux points
que la caisse auditive, appelée tympanic bouc par les anatomistes anglais, adhère
au labyrinthe (periotic bone), et ces deux points sont séparés l'un de l'autre par
l'ouverture tympanique qui manque ici de cadre osseux. Quant au labyrinthe, ses
deux portions doivent être distinguées l'une de l'autre. L'une est le véritable
labyrinthe, puisque l'on voit, à sa superficie, la fenêtre ronde, la fenêtre
ovale sur laquelle est soudée la platine de l'étrier, les méats auditifs interne et
externe et, intérieurement, le limaçon, ainsi que les canaux semi-circulaires;
SQUELKTTE. 577
l'autre, simplement tubériforme, est, en réalité, le mastoïdien. Chez les Ziphioïdes
et les Physétéroïdes, elle s'allonge, devient flabelliforme, et, dans les crânes
desséchés, jouit d'une mobilité particulière, quoique servant de point d'appui au
labyrinthe et à l'oreille moyenne. Le Cachalot (Pi. XIX, fig. Il), i'Hyperoodon
(PI. XIX, fig, 2), le Kogia (PI. LXI, fuj. 2), le Pierardius (PI. XXI bis, fig. A), le
Mésoplodon (Pi. XXVI, fig. 4), nous en ont principalement montré des exemples.
M. Flower avait déjà signalé sous ce rapport le Cachalot et le Berardius; M. Clau-
dius (I) et M. Hyrtl (2) se sont occupés antérieurement des parties osseuses de
l'oreille moyenne et de l'oreille interne des Delphinidés.
Les osselets de l'ouïe ne sont qu'au nombre de trois, le lenticulaire faisant défaut.
Le marteau est appliqué contre la caisse; sa forme est compliquée et son volume
relativement considérable. L'enclume, placée entre lui et l'étrier, est notablement
plus petite et pourvue d'une apophyse pointue; l'étrier a la forme d'un fût
de colonne sub-ovalaire; il se termine vers l'oreille interne en un élargisse-
ment qui répond à la platine du même osselet chez les autres Mammifères, mais
ici la perforation de cet étrier est bien plus petite que d'habitude et elle est placée
notablement au-dessus de la platine, laquelle s'enfonce dans une sorte d'enton-
noir, au fond duquel est la fenêtre ovale; elle y est maintenue fortement, aussi
retrouve-t-on fréquemment l'étrier en place, même sur les oreilles internes qui ont
été soumises à la macération. Les mêmes faits s'observent d'ailleurs dans la plu-
part des autres Cétodontes, et si l'on remarque certaines différences, elles ne sont
que d'une valeur secondaire.
Des sept vertèbres constituant la région cervicale, six sont soudées entre elles :
ce sont les six premières ; la septième seule est libre. Leur soudure a lieu à la fois
parlescentrumsetparles arcsneuraux,et c'est au moyen des trous intervertébraux
ou de conjugaison qu'elles restent distinctes les unes des autres. L'atlas et l'axis
se confondent en une masse plus volumineuse que le reste, élargie latéralement
par suite du grand développement pris par leurs apophyses transverses qui ne
forment de chaque côté qu'une sorte de saillie acuminée. Leurs parties neu-
rales, également en saillie, sont couchées en arrière au-dessus des vertèbres qui
(1) Phys. Remark uber das Gehorgan der Cetaceen und der Labyrinth der Saugethiere.
(2) Gehorgan.
73
578 GENRE PHOCjENA.
suivent. L'extrémité en est bifurquée et reçoit, dans l'espèce de fourche qu'elle
constitue par suite de cette bifurcation, la pointe montante de l'apophyse épineuse
de la sixième vertèbre. Les troisième à cinquième, dont les arcs sont moins soudés
entre eux que ne lesontlescentrums, paraissent comme resserrées dans cet inter-
valle. La septième, libre comme nous l'avons dit, asoncentrum plus épais que celui
des précédentes, mais sans que ses lames transverses soient constamment plus
grandes; celle du côté gauche est cependant longue de 0ra,03 dans un de nos
exemplaires. Cette vertèbre fournit un appui à la tête de la première paire décotes.
Si l'on observe les mêmes parties chez des sujets encore jeunes et dont les os
soient épiphysés, on remarque que les six vertèbres synostosées des adultes ont
déjà leurscentrums soudés entre eux, quoique moins complètement, et que les arcs
supérieurs de l'atlas et de l'axis le sont aussi d'une manière notable. L'atlas est alors
composé de trois pièces, l'une inférieure, en forme d'arc, et deux supérieures,
qui sont ses apophyses épineuses; les apophyses transverses ne se voient pas encore.
Quoiqu'un commencement d'ankylose réunisse l'arc inférieur de l'atlas au
centrum de l'axis, centrum avec lequel se confond l'apophyse odontoïde de ce
dernier, il a, à cette époque de la vie, la double lame de son apophyse neurale
distincte inférieurement de celle de l'atlas, quoique se réunissant avec cette dernière
par sa portion supérieure qui devient contluente, c'est-à-dire ankylosée avec
celle de l'axis. L'apophyse odontoïde n'est pas représentée par un noyau osseux
distinct.
Pendant la vie intra-utérine, alors que l'ossification des vertèbres cervicales est
moins avancée encore, on ne distingue qu'une seule masse en voie de solidification
pour représenter les centrums des six premières cervicales, mais celui de la
septième est des lors séparé. Quant à l'atlas et à l'axis, ils ont déjà leurs apophyses
épineuses soudées entre elles et l'on voit en dessous du premier un noyau osseux
comparable aux sésamoïdes hypapophysaires qui existent sous les vertèbres lom-
baires de certains Mammifères insectivores (1). Le fœtus de l'IIypcroodon (pie
nous avons étudié sous le même rapport (2) ne nous a pas présenté cette pièce, qui
semble devoir être assimilée à l'arc sous-ncural de la même vertèbre que l'on a
(1) Voir Journal 'de Zoolo/jir, t. V, p. Hfj.
'2,1 I». :i-0, I'I, Xl.lll, fig. i.
SQUELETTE. 57S
considéré pendant longtemps, mais à tort, suivant M. Ch. Robin, comme consti-
tuant le centrum de cette vertèbre.
Les vertèbres sont au nombce de 65 environnes cervicales comprises.
On compte le plus souvent \ 2 dorsales, mais quelquefois 15, comme c'est
le cas du sujet représenté PL LV, fig. 2 et 5.
Il y a 15 lombo-sacrées et 50 ou 52 caudales, dont 17 ou 48 sont pourvues
d'os en V.
La plupart des vertèbres dorsales, de même que les lombo-sacrées et les
premières caudales, ont la partie moyenne de leur centrum sensiblement ré-
trécie et les bourrelets répondant à leurs épiphyses forment un rebord; elles
présentent sur la ligne médio-inférieure une carène qui a l'apparence d'une
courte crête. Les apophyses épineuses des lombaires sont moins saillautes que
chez les Dauphins, mais en même temps un peu plus robustes, et elles ont les
facettes articulaires plus rapprochées entre elles que cela n'a lieu dans les es-
pèces de la troisième tribu de la grande famille des Delphinidés.
Les vertèbres de la région moyenne de la queue sont comprimées; les dernières,
au contraire, ont la forme de petits carrés un peu élargis et présentent chacune
une paire de perforations allant de la face supérieure à l'inférieure.
De semblables caractères se retrouvent d'ailleurs en partie dans la plupart des
autres Cétodontes, et il est inutile d'ajouter qu'il en est également ainsi de la
condition épiphysaire des corps vertébraux pour les jeunes sujets; les doubles
épiphyses discoïdes qui s'observent alors restent même, pendant un temps assez
considérable, sans se souder aux centrums contre les faces antérieure et posté-
rieure desquels elles sont applicpaées. On peut, pour ainsi dire, assister à la formation
de ces vertèbres en étudiant des Marsouins ou d'autres Cétodontes à des époques en-
core moins avancées de leur développement. On voit par exemple, chez les fœtus, les
lames latérales des apophyses épineuses être d'abord séparées l'une de l'autre aussi
bien que du centrum ; leur apparence est alors réniforme et les apophyses trans-
verses ne sont encore que très-incomplétement ossifiées ; c'est ce que l'on constate
chez le sujet avant terme, représenté par la fig. 5 de notre PL XLIIL
Quant à l'hyoïde (PL LV, fig. 8 et 19), nous nous bornerons à rappeler que
son corps se soude de bonne heure aux cornes thyroïdiennes, pour former une
pièce unique, échancrée en arrière et dont la pointe antérieure est tronquée; sa
580 GENRE PHOCjENA.
corne styloïdienne, assez grêle en avant, est plus forte à la partie la plus rappro-
chée du crâne; elle est jointe au corps de l'hyoïde par une portion cartilagineuse
de moitié moins longue qu'elle, et qui se fixe sur le bord tronqué de cette partie
du même os.
Le sternum, plus élargi au point où il donne insertion à la première paire de
côtes, commence à se rétrécir vers son articulation avec la seconde et il est plus
étroit encore à la troisième; il devient ensuite cartilagineux.
Cet os est d'abordforméd'un longcarlilage dans lequel on ne distingue que deux
paires de noyaux osseux de grandeur inégale (PI. XLIÏI, fig. 6); il se durcit à
mesure que l'animal avance en âge, mais on voit souvent près de son bord
supérieur une perforation qui est le reste de sa séparation primitive en deux
moitiés, l'une droite, l'autre gauche, pendant l'état cartilagineux qui précède son
état osseux. Son bord antérieur est échancré (PI. LV, fig. 9).
Les côtes sont sub-aplaties, particulièrement les antérieures, et leur partie
répondant aux cartilages costaux s'ossifie. Quatre d'entre elles vont jusqu'au
corps du sternum. Les sept premières sont rejointes aux vertèbres par deux points
articulaires fournis par leur tubérosité et par leur tète; les autres le sont par
leur tèfe seulement. Les premières côtes dépassent un peu les autres en largeur.
Le nombre des côtes varie, comme celui des vertèbres dorsales, de 12 à \'.\.
Les antérieures sont plus aplaties que les postérieures.
Aux membres antérieurs nous signalerons l'omoplate, dont les deux apophyses
acromion et coracoïde sont nettement accusées ; la courbure de leur bord supé-
rieur est surbaissée.
L'humérus est assez court et le cubitus est serré contre le radius, qui est plus
large que lui.
!l y a six os au carpe; ils sont rangés sur deux lignes, et les phalanges affectent
les nombres suivants : \ , G, 5, 5, 0.
Système dentaire. — La forme des dents présente un caractère qui les rend
faciles à reconnaître et n'a d'analogue que celles du ftéoméris ; au lieu d'être co-
niques, elles ont la racine plus étroite que la couronne, et celle-ci s'étale, dans
la presque totalité de ces organes, en une sorte de disque ou palmette subcircu-
laire dirigé d'avant en arrière, qui présente dans certains d'entre eux une ou deux
ligne-; verticales, presque marginales, disposés en sillon sur la face externe des
GENRE NE0MEKIS. 581
supérieures et une ou deux lignes situées au milieu sur la face interne des
inférieures. Ces sillons tendent à diviser la surface coronale de chaque dent en
deux parties.
Le nombre des dents est de 25 paires environ, pour chacune des mâchoires,
chez le Marsouin de nos mers, et une paire des supérieures, quelquefois deux, est
implantée dans l'os intermaxillaire. La couronne manque de cément; on n'y
voit que de l'ivoire enveloppé par une couche d'émail.
M. Burmeister ne donne au Marsouin spinipenne qu'il a découvert à l'embou-
chure de la Plata, que j^ ^f dents, et la figure qu'il en publie indique qu'elles
ont en outre une forme moins discoïde à leur couronne que cela n'a lieu chez
le Marsouin commun.
GENRE NEOMERIS
Remarques synonymiques. — M. Dussumier, ancien armateur de Bordeaux,
à qui le Muséum est redevable de précieuses collections d'animaux recueillis par
lui au cap de Bonne-Espérance et dans l'Inde, ainsi que dans les mers qu'il a
traversées pour se rendre dans ces régions, a découvert sur la côte de Malabar un
petit Delphinidé de couleur noire, assez semblables extérieurement au Marsouin,
dont il se rapproche aussi par la forme en palmettes de ses dents, mais qui a la
tête plus raccourcie et manque de nageoire dorsale, ce qui en ferait unDelphin-
aptère, si son crâne et sa dentition nel'éloignaient des Cétacés auxquels on a appli-
qué cette dénomination. M. Dussumier a appelé cette espèce Delplnnus phoesenoïdes
et elle a été indiquée sous le même nom par G. Cuvier (1), ainsi que par F. Cuvier (2).
Le même animal a été retrouvé dans d'autres parages de la mer des Indes ; ainsi
M. Blyth le signale au Bengale, et il est probable que le Delphinapterus Molagan de
Madras, dénommé par M. Owen (3), d'après M. VV. Elliot, n'en diffère pas. 11 existe
(1) Règne animal, 2'édit., t. I, p. 291.
1) Hist nat. des Mammifères.
(3) Trans. zoo/. Soc. London, t. VI, p. 24; 1.S65.
582 GENRE NEOMERIS.
aussi au Japon; MM. Temminck etSchlegel (I) ont donné à cet égard des renseigne-
ments circonstanciés, tirés d'exemplaires rapportés de cet archipel par M. de
Siebold. Ils appellent le Phocénin dont il s'agit Delphinus mêlas, quoique cette déno-
mination ait déjà été employée par Traill pour le Globicéphale des mers d'Europe.
M. Gray a proposé d'établir pour le Dauphin phoeénoïde un genre à part, et
il a nommé ce genre Neomeris (2). J'ai usé de la même expression lorsque j'ai eu
à signaler cette espèce (5), et M. Pucheran l'a également employée dans une
Notice relative à plusieurs Cétacés de la collection du Muséum, qu'il a publiée
en 1856 (4).
I.o ttcomcris piioctcuoïdes (5) a, comme nous l'avons déjà dit, le corps de
couleur noire; il manque de nageoire dorsale et sa tête est plus courte encore
que celle du Marsouin, dont il se rapproche par la forme de ses dents et par quel-
ques-uns de ses principaux caractères; il est toutefois de taille un peu moindre.
Squelette. — Le crâne de ce Cétodonte est plus court et plus large que celui
du Marsouin; les bosses occipitales y sont perforées; les os nasaux ont moins de
saillie et ils sont moins remontés; chacun d'eux présente au milieu, près de son
bord externe, une saillie tuberculeuse; la partie sous-nasale de chacun des inter-
maxillaires montre une double saillie dont la forme diffère à quelques égards de
celle qu'elle présente chez le Marsouin; le rostre est plus large et plus court, et en
même temps il est plus aplati ; enfin les deux interma\illaires ainsi que les deux
maxillaires dans leur partie visible à la face supérieure participent de cette dispo-
silion, et ils sont séparés l'un de l'autre par une ligne droite plus régulière ;
l'élargissement du crâne se retrouve aussi eu dessous; l'excavation sphéno-basilaire
esl plus ample et les crêtes latérales en sont moins relevées; les arrière-
narines sont plus élargies et la pointe postérieure des palatins est plus obtuse;
ces os n'ont pas les mêmes contours que chez le Marsouin, et le palais est plutôt
demi-ovalaire qu'en forme de triangle isocèle allongé comme chez ce dernier; le
vomer ainsi que les intermaxillaires n'y sont visibles que sur une moindre étendue,
D Fauna Japonica, p. il, PI. 23 cl :>ii.
[2 Erebus and Terror, Mammals, p. 30; 1846.
; //, ■ ,,!. des Mammif res, t. II. p. Ml.
(i) Revue et Magasin de Zoologie, p. 545.
f. Pl.LVI, fig. \-k
SYSTÈME DENTAIKE. 583
à quoi il faut ajouter encore que la fosse orbitaire est plus excavée et plus com-
pliquée dans les détails de sa surface que dans le genre qui nous a précédemment
occupé.
Chacun de nos deux crânes de Néoméris mesure un peu plus de 0,18 en lon-
gueur et de 0,12 en largeur.
La mâchoire inférieure a près de 0,1 4 ; elle ne possède qu'une courte symphyse.
La caisse auditive est plus élargie que chez le Marsouin et elle a son tubercule
postéro-externe plus saillant.
MM. Temminck et Schlegel ont donné quelques détails au sujet des autres par-
ties du squelette du Néoméris.
11 résulte de l'examen qu'ils en ont fait que deux des vertèbres cervicales seule-
ment sont coudées entre elles, ce que nous verrons être le cas ordinaire pour les
Delphinins. La septième a son apophyses transverse surmontée d'un point épiphy-
saire costiforme.
On compte 15 dorsales, 14 lomho-sacrées et 29 coccygiennes.
Le sternum est élargi et échancré en avant; il est court et présente en arrière
une large fissure.
Le bord supérieur de l'omoplate est moins arrondi que chez le Marsouin, mais
les apophyses coracoïde et acromion ne sont pas sensiblement différentes.
Système dentaire. — Ainsi que nous l'avons déjà fait remarquer, les dents du
Néoméris ressemblent plus par leur forme à celles du Marsouin qu'à celles d'au-
cune autre espèce de Cétacés ; leur apparence palmiforme ou en disque pédicule
est même plus prononcée encore, et elles sont plus serrées; d'ailleurs les deux
paires de dents antérieures sont également implantées dans les os incisifs; celles-
ci passent à la forme conique. On compte en tout \ 8 ou 20 dents pour chaque
côté et à chaque mâchoire; quelques-unes d'entre elles ont le bord de leur
couronne légèrement crénelé; mais il n'en est qu'un petit nombre qui présentenl
la (race des sillons que nous avons signalés aux dents du Marsouin.
58i
m
TRIBU DES DELPHININS
Les Cétodontes dont il nous reste à parler ont pour représentant le plus connu
le Dauphin ordinaire (De f plu' nus delphis de Linné), qu'Aiïstote signale déjà, en lui
donnant le nom de AeX<piç ; c'est le même animal que nos pêcheurs appellent sou-
vent le ùcc-d'oie, par allusion à la forme de son rostre, dont la lèvre supérieure
est comme séparée de la partie avoisinant les évents par un sillon très-profond, ce
qui diffère notablement de la disposition propre au Marsouin et ressemble en
même temps, jusqu'à un certain point, au bec d'une oie.
Le Delphinus delphis sert de type à un genre distinct qui renfermerait, si l'on
devait en croire les naturalistes qui se sont occupés des Cétacés de ce groupe, un
nombre assez considérable d'espèces, répandues elles-mêmes dans les différentes
mers. On en a séparé, dans ces derniers temps, les Cétacés très-peu distincts
d'ailleurs, qu'on appelle aujourd'hui Clangula ou Prodelphinus. Les Delphininsles
plus voisins du Delphis conservent clans ce mode de classilication le nom de Delphi-
nus auquel nous avons cru devoir substituer, pour éviter toute équivoque, celui
à'Eudelphinus. On doit également placer dans la tribu des Delphinins les Sotalies
(genre Sotalia), les Lagénorhynques (genre Lagenorhynchus), les Tursiops, ayant
pour tvpe le Nésarnak ou Delphinus Tursio, et les Slcno, qui sont de tous ceux
dont le museau est le plus grêle, et cela à tel point, qu'on les a quelquefois rap-
prochés des Delphinorhynques bien qu'ils n'en aient pas les véritables caractères.
Ces Cétacés sont loin d'atteindre les dimensions des Balénidés ou celles des plus
gros Cétodontes, des Cachalots, par exemple, des Orques ou de certains Zipbioï des,
et si quelques-uns d'entre eux arrivent encore à une taille moyenne, il en est qui
ne dépassent pas en longueur le Marsouin ; quelques-uns paraissent même plus petits
que lui. C'est en particulier le cas pour l'espèce propre aux mers australes à la-
quelle on a donné le nom de delphinus roseiventris, et il en serait plus évidemnn ni
ainsi du Delphinus miniums de Lesson, auquel cet auteur n'accorde que soixante et
quelques centimètres, si ce qu'il dit à son égard avait été confirmé par de
nouvelles observations.
DELPHININS. — GÉNÉRALITÉS. 585
Les Delphinins, quel que soit le genre auquel ils appartiennent, ont le museau
étroit et allongé; leur mâchoire supérieure se termine en bec d'oie et ils ont les
dents à la fois plus ou moins nombreuses et déforme aiguë : caractères auxquels
il faut ajouter que leur vertèbre atlas se soude seule avec l'axis. On trouve ce-
pendant des cas où les trois cervicales sont ankylosées mais cela se voit rarement.
Quoique ces animaux possèdent en général une nageoire dorsale, tous ne
sont pas dans ce cas; on en signale qui en manquent complètement; c'est à eux
que semble revenir en propre le nom de Detphinapterus. L'espèce la moins impar-
faitement connue de ce genre est le Delphinus Peronii (-1), qui a été signalée dans
plusieurs parties de l'hémisphère sud, depuis les côtes du Brésil jusqu'à la terre de
Diémen, mais au sujet de laquelle il reste encore beaucoup d'incertitude. D'Or-
bigny et moi en avons publié une figure.
• Par contre, le Dauphin de Mongitore aurait le dos surmonté de deux appendices
de cette sorte; on l'a distingué génériquement sous la dénomination i'0xypterus(2).
Il a été signalé un grand nombre de Delphinidés de la tribu des Delphinins, sur-
tout parmi ceux qui se rapprochent le plus des Dauphins ordinaires, soit de ceux que
nous nommons Eudelphinus, soit des Prodelpliinus, animaux qui constituent en
effet deux genres distincts. Mais dans la plupart des cas, les espèces de cette caté-
gorie qui ont été dénommées, n'ont pour la plupart été décrites que d'une manière
incomplète; elles n'ont pas été comparées suffisamment entre elles et leur syno-
nymie est d'autant plus difficile à débrouiller que beaucoup d'entre celles qui
rentrent néanmoins dans les genres de Delphinins, autres que ceux dont nous
venons de rappeler les noms, ont aussi été appelées génériquement du nom de
Delphinus, ce qui devient une nouvelle source de complication. Nous ne parlerons
que des espèces qui sont suffisamment connues, ou qui, l'étant moins bien, peuvent
(1) Delphinus leucorhamphus, Péron, Voy . aux Terres austr., 1. 1, p. 217 ; 1807, non kucl.—Delph. Peronii.
Lacépède, Cétacés, p. 517; 1804. — Cuvier, Oss.foss., t. V, p. 295, PI. XXI, fig. 5-6 (crâne qui est peut-
être d'une autre espèce). — Detphinapterus Peronii et Delphinus bicolor, Stephenson, Gray, Calai., 1866,
p. 276. — Leucorhamp/ms Peronii, Dali, in Scanimon, Marine Mammals, p. 296. — F. Cuv., Cétacés,
p. 162. — Delphinapt. Peronii. A. d'Orb. et P. Gerv., Voyage ded'Orbigny dans l'Amer, mèrid., Mammif.,
p. 31, PI. XXI, fig. 5.
(2). Les auteurs indiquent comme tels les deux Delphinidés suivants dont les caractères ostéologiques
nous sont complètement inconnus: Oxypterus Mongitori, Rafinesque, Précis de sémiologie, p. 13 (Mé-
diterranée). — Delphinus Rhinocéros, Voy. autour du Monde, de l'Uranie, Zool., p. 8S, PI. XI, fig. 1
(aperçu entre les Sandwich et la Nouvelle-Galle du Sud1. On le cile également à la Nouvelle-Guinée.
586 GENRE TURS10PS.
cependant être classées avec quelque précision ; ce serait perdre son temps et
s'exposer à commettre de nouvelles erreurs que de parler longuement des autres.
GENRE TURSIOPS
Il existe dans l'Océan Atlantique et dans les mers qui en dépendent, depuis les
côtes du Groenland et celles de la Scandinavie jusqu'à la hauteur du détroit de
Gibraltar et encore plus au Sud, une grosse espèce de Delphinidés, à bec séparé du
front par une rainure bilatérale, rainure dont les deux moitiés se rejoignent en
dessus en avant de la pointe du rostre, ce qui est l'un des caractères distinctifs de
tous les Delpbinins.
Celte espèce, qui se retrouve dans la Méditerranée et que l'on signale jusque dans
la Mer Noire, n'a pas le corps aussi svelte que la plupart des autres animaux de la
même tribu, et son museau est plus épais; la plus grande partie de son corps est
brun noirâtre; sa nageoire dorsale n'est pas très-élevée; la partie étalée de sa
queue est dune médiocre largeur ; ses dents, moins grêles que celles des autres
animaux de la même tribu, sont cylindro-coniques, lisses, appointies au sommet
2 1 %'i
et au nombre de^r a ^= au plus. C'est l'Orque ou grand marsouin de Bellon (I),
mais le nom d'Orque ne lui convient pas; peut-être cette espèce répond-elle à la
Pliocène d'Aristote (2); on l'appelle fréquemment Soi/flleur, du moins sur nos côtes
de la Méditerranée ; elle n'est autre que le Nesarnak ainsi que l'Anarnak des au-
teurs (5). Les anglais l'appellent Bottle nose Dolphin et les suédois Oresvin. Fabri-
cius en a fait son Delphinus Tursio ou du moins l'a associée aux Dauphins qu'il
nomme ainsi ; enfin pour Montagu c'est le D. truncatus, ce qui fait allusion à l'usure
fréquente des dents chez les sujets avancés en âge, lesquels ont souvent la cou-
ronne de ces organes comme tronquée ou rasée jusqu'à son milieu et même audelà.
Les caractères ostéologiques de ce Cétacé se modifient insensiblement lorsqu'il
(1) De Aquatilibus, p. 18 av. fig. i.
(2) Voir p.: 571.
(M Lacépède, Histoire des Cétacés, p. 163. — F. Cuv., Histoire des Cétacés, p. 215.
GÉNÉRALITÉS. 587
devient vieux, et cela par suite de la solidité croissante des os ainsi que de la force
qu'acquièrent à leurs épiphyses, ce qui arrive aussi chez d'autre Cétodontes.
Le Delphinus Tursio (\) doit servir de type à un genre à part, dont il existe des
représentants dans des parages très-éloignés de nos côtes; on en voit par exemple
sur les côtes de l'Afrique, au cap de Bonne-Espérance, en différents endroits de l'o-
céan Indien et jusque dans la mer Rouge, dans les eaux de la Chine et dans celles du
Japon ainsi que du Pacifique et jusqu'à la Nouvelle-Zélande, ce qui a conduit les
Cétologues à établir parmi eux différentes espèces ; mais, a considérer les caractères
des animaux dont il s'agit le nombre de ces espèces a été certainement exagéré.
Si j'en juge par les crânes et les mcàchoires provenant de plusieurs de ces localités
que possède la collection du Muséum, il n'y a que peu ou point de différence parmi
eux; le plus nettement distinct des autres, est celui rapporté des mers du Cap qui
nous a été communiqué par M. le professeur Eug. Deslongchamps, de la Faculté des
sciences de Caen et dont on trouvera la figure dans cet ouvrage (2). Il est moins
élargi et plus allongé que le grand Tursiops que nous avons reçu de Cette; ses
24
dents sont au nombre de ^j. Nous l'avons appelle Tursiops aduncus, du nom donné
par Hemprich et Ehrenberg à une espèce de la mer Rouge avec laquelle nous
le supposons identique et qui paraît être aussi le Delphinus abusalam de Ruppel (5).
Parmi les autres Delphinidés qui ont été attribués avec quelque certitude, à la
même coupe générique, on peut citer les suivants :
Tursiops erebenus, Cope, Proceed. Acad. nat. Philadelphia, 1865, p. 199. (Côtes des États-Unis, près de
Philadelphie).
Tursiops eurynome, Gray, Cat. 1866, p. 261 ; id., Erebus and Terror, p. 17. (Baie du Bengale).
Tursio Gillii. Dali, in Scammon, Marine M animais, p. 288, 1874. Monterey, (Californie).
Tursio métis, Gray, Cat. 1866, p. 216; id. Erebus and Terror, PI. XVIII. — J. Hector, Trans. N. Zeeland
Institut, t. 5, p. 162; 1872. — Hutton, Trans. N. Zeeland Institut, VIII, 180, 1876.
Tursio Catalama, Gray Cat. 1866, p. 262. —D. cœrulescens Giglioli, Expêd. du Magenta, Cétacés, p. 88.
(Côte nord-est de l'Australie).
On pourrait aisément augmenter cette liste, mais en y ajoutant des espèces dont
les caractères distinctifs sont restés plus douteux encore et qui ne sont probable-
ment pas toutes de la même division.
(1) Atlas, PI. XXXIV, fig. 3 à 6 (de la Méditerranée), et 7 à 9 (delà Manche).
(2) PI. XXXIV, fig. 1-2.
(3) Hempr. elEhr., Symbole physicœ, fasc. II.
588 GENRE TURS10PS.
Le Delphinus tursio et les Delphinidés qui s'en rapprochent le plus par leurs
principaux traits dislinctifs ayant paru devoir être groupés dans un genre à
part, M. Gray a appliqué à ce genre la dénomination de Tursio (I); mais, outre
que cette appellation revient à l'espèce type elle-même, il ne faut pas oublier
qu'elle avait déjà été employée par Wagler (2) pour un groupe de même valeur
auquel le Delphinaptère de Péron sert de type, ce qui m'a engagé à lui préférer le
mot Tursiops (5) qui échappe à ce double inconvénient. Plusieurs Cétologues l'ont
adopté.
Les Tursiops sont reconnaissables à leurs dents au nombre de 21 à 25 à chaque
mâchoire ; ces dents sont plus fortes que celles des autres Delphinins. Ils ont en
outre pour caractère d'avoir les deux premières cervicales soudées entre elles (4).
Le Delphinus Brochii, espèce fossile dans les terrains tertiaires supérieurs de
l'Italie leur ressemble sous le premier rapport, c'est-à-dire par sa dentition (5),
mais sa synostose cervicale comprend les trois premières vertèbres de cette
espèce, tandis que l'atlas et l'axis sont seuls réunis dans les Tursiops actuels, du
moins dans le Tursiops tursio, dont plusieurs exemplaires nous ont tous présenté
cette particularité (5) ; il est vrai que cette espèce est la seule que nous ayons pu
encore observer à cet égard.
Le Delphinus Brochii dont M. Brandt fait son Detphinapterus (Ilemisyn-
thrachelus) Brochii (6) mérite d'ailleurs, si l'on tient également compte de la force
de ses dents et de la largeur plus grande de ses os incisifs, d'être distingué spéci-
fiquement des véritables Tursiops; son crâne égale en dimensions celui du T.
(1) Gray, CaM8G6, p. 254.
(2) Naturliches system der Amphibien, p. 34, 1830.
(3j Hisl. nat. des Mammif., t. II, p. 283; 1865.
(4^ Je dois cependant faire remarquer que dans un des quatre exemplaires que je me suis procurés à la
Nouvelle (Aude), grâce au concours de M. le lieutenaut de vaisseau Trotabas, qui commandait alors le
«arde-cùte le Favori, les troisième, quatrième et cinquième cervicales ont leur corps en partie soudés
entre eux; le corps de la troisième se rattache par une semblable soudure à la face postérieure de l'axis
et en môme temps son apophyse épineuse et celle des quatrième et cinquième vertèbres se joignent aux
apophyses épineuses des deux premières.
Dans le squelette provenant de Cette que nous décrivons plus loin, la sixième et la septième cervicales
sont soudées ensemble par leurs apophyses épineuses ; mais c'est encore un fait accidentel.
(5) PI. XXXIV,Ay. 10.
(6) Celaceen Europas, p. 241.
SQUELETTE. 589
aduncus. Cette espèce fossile de Delphinidés a été distinguée en premier lieu par
M. Balsamo Crivelli (I).
Indépendamment de ceux recueillis sur les côtes de France et de celui que nous
avons dit provenir des mers du Cap [Tursiops aduncus), les crânes de Tursiops que
nous possédons sont originaires : -1° des côtes de la Chine (crâne acquis à un mar-
chand d'histoire naturelle de Paris) ; 2° des îles Seychelles (don de M. Plate); 5° de
la Nouvelle-Zélande (rostre envoyé par M. Ilutton) (2).
Bien que ces pièces osseuses ne soient pas absolument semblables entre elles,
je ne leur trouve pas des caractères suffisants pour les attribuer à des espèces diffé-
rentes les unes des autres. Un nouvel examen, portant sur un plus grand nombre
de sujets, permettra seul de décider de ce qu'il faut penser à cet égard.
Des Tursiops ont été encore rencontrés dans d'autres localités : au Cap-Vert
(musée de Bordeaux), sur les côtes de Gambie (musée de Liverpool), au Brésil
(musée de Liège), dans la mer des Indes et ailleurs.
Squelette. — Je prendrai pour sujet de la description ostéologique qui va
suivre, le squelette d'un vieux Tursiops tursio, de sexe mâle, qui m'a été envoyé
entier de Cette (Hérault), en novembre 1869 et qui venait d'être capturé parles
pêcheurs de cette ville (5).
(1) Delph. phocœna, Cortesi Nuava Scella d'apusculi. — Delph. Brochii, B. Crivelli, Giornale delV, I. if.
Lomb., t. II, p. 132; 1842. — Capellini, Mem. acad. de Bologna, 2e série, t. III, p. 256, PI. II et 111; 1864.
(2) Un crâne de Tursiops de forte taille se voit au musée de Lyon ; un autre, a dents très-usècs, existe à
Cette, dans la collection Doumet.
(3) Voici quelques mesures prises sur cet exemplaire du sexe mâle :
Longueur totale 3,05
Id. de la fente de l'évent jusqu'au renflement frontal 0,29
Id. de l'angle postérieur de l'œil au trou auditif. 0,06
Id. du rostre au renflement frontal 0,11
Id. de l'angle postérieur de l'œil a la naissance de l'aileron 0,32
Id. de l'aileron (nageoire pectorale) 0,45
Id. du bout du museau à la naissance de la nageoire dorsale 1,27
Id. de la nageoire dorsale mesurée à sa base 0,45
Hauteur verticale de cette nageoire, qui est éebancrée en arrière 0,35
Diamètre transversal de la nageoire caudale 0,70
La queue est comprimée et carénée à ses bords supérieur et inférieur.
Ëcartement des deux ailerons 0 22
Distance des organes génitaux k l'anus 0 10
Longueur de l'orifice génital 0 17
Longueur de l'orifice anal 0 05
Hauteur verticale de la partie terminale de la queue mesurée dans sa portion
carénée , 0 29
Poids total de l'animal : 322 kilogrammes.
590 GENRE TURSIOPS.
Quoique les Delphinins de cette espèce soient assez loin d'être les plus sveltes
de la tribu à laquelle ils appartiennent, ils nous donnent une idée assez exacte de
la physionomie des Cétacés qui s'y rapportent : rostre moins élargi queceluides Pho-
cénins et garni d'un nombre plus considérable de dents, que l'on retrouve à peu
près le même, quoiqu'avec une autre forme chez les marsouins proprement dits;
boite crânienne renflée; os zygomatiques grêles sauf la portion par laquelle ils
s'attachent aux maxillaires; os pétreux, tout à fait rudimentaires; vertèbres courtes
et nombreuses, surtout si on les compare à celles des Delphinorhynques, pour-
vues pour la plupart d'apophyses épineuses saillantes; les dernières vertèbres
caudales en forme de disques quadrilatères, aplades, plus larges que hautes
et pourvues de deux fortes perforations vasculaires. Sauf des différences secon-
daires existant dans le nombre des pièces ainsi que dans les détails de leur forme
ou dans leur grandeur, nous retrouvons les mêmes caractères principaux dans les
autres Delphinins; déjà plusieurs espèces des autres tribus et plus particulièrement
de celle qui précède, nous les ont montrés en partie, surtout en ce qui concerne
la conformation de la partie terminale de la queue.
Le crâne du grand Tursio de Cette (4), dont nous donnons le squelette (2) est
long de 0m,51 depuis les condyles occipitaux jusqu'à la pointe des os incisifs;
il est large de 0"',26 entre les apophyses zygomatiques des temporaux (5).
Nous avons déjà parlé des vertèbres cervicales (4) dont les deux premières sont
soudées par leur corps, par leurs apophyses épineuses et par la base de leurs apo-
physes transverses, ne laissant de passage entre elles que pour les nerfs de la
seconde paire.
Les quatre premières dorsales présentent seules deux surfaces articulaires
pour recevoir les côtes correspondantes, côtes dont la tête et la tubérosité sont
bien distinctes l'une de l'autre et assez distantes entre elles. Ces surfaces articu-
laires vont en augmentant, aussi bien celles qui donnent appui aux tètes costales
que celles sur lesquelles portent les tubérosités, mais la cinquième côte ne prend
attache qu'aux quatrième (tète costale) et cinquième vertèbres (tubérosité costale).
(1) PI. XXX\\,.fig. 3-6.
(2) PI. XXXV, fig. 1 à M.
! PI. XXIV, fi<j. G. Celui du Tursiops aduncus mesure 0,60 sur 0,2!). — Pour le Tursiops Brochii, du
musée de Milan, cette distance est égale à O.fiO sur 0,205.
(4) Voir pour les différentes régions du squelette dont il va être question, pi. XXXV. fig. t a 14.
SQUELETTE. 591
La cinquième vertèbre manque de surface articulaire pour la tète de la côte sui-
vante, celle-ci commençant par la partie dite tubérosilé et n'ayant dès lors d'at-
tache quesur l'apophyse transverse de cette sixième vertèbre. C'est aussi le cas
pour les autres côtes dont le nombre est de 6, ce qui ferait en tout 12 paires de
côtes, 5 sternales et 7 asternales s'il n'existait une côte libre en arrière de
celles-là ; il y a donc en tout L5 paires de côtes. L'apophyse transverse de la
douzième dorsale est presque semblable à celles des lombaires.
On compte M lombaires dont les apophyses épineuses égalent ou dépassent
même un peu en élévation les mêmes saillies osseuses des dernières dor-
sales; à mesure qu'on se rapproche de la région caudale, les apophyses trans-
verses décroissent petit à petit, mais elles sont encore très-apparentes, ainsi que
les apophyses épineuses, dans une grande partie de cette région.
Les apophyses articulaires antérieures existent seules, mais pas à toutes les ver-
tèbres; elles sont nulles ou à peine développées dans le milieu de la région dorso-
lombaire et aux dernières vertèbres de la queue ; les apophyses épineuses ainsi que
les transverses sont fort réduites dans cette seconde région ou même tout à fait
nulles. Les apophyses épineuses des vertèbres de la dorsale penchent en arrière;
celles de la partie de la région postérieure lombaire et les premières caudales,
sont au contraire dirigées en avant.
Il existe 27 caudales, les premières ont la forme de disques, les huit dernières
ont laforme des parallèlipipèdes, doublement perforés, dont nous avons déjà parlé ;
elles diminuent graduellement à mesure qu'elles sont plus voisines de l'extrémité
postérieure; les deux dernières ou la dernière seulement sont très petites et leurs
trous vasculaires à peine marqués.
Ainsi qu'il a déjà été dit, les dernières caudales ont une forme particulière, on
n'y voit plus d'arc spinal, et les os en V manquent ou ne sont plus représentés que
par deux très-petits os disciformes, l'un droit l'autre gauche, articulés aux corps
vertébraux, mais séparés l'un de l'autre sur la ligne médiane.
Il y a \ 5 paires de côtes dont 8, les antérieures, sont pourvues de chondropleures
ossifiées; 5 de ces derniers seulement aboutissent au sternum. L'ostéopleure for-
mant la partie principale delà première côte est arqué et aplati, son chondropleure
presque aussi large mais moins recourbé et plus court. L'ostéopleure présente une
tète et une tubérosité, caractère qu'on retrouva jusqu'à la cinquième paire des os de
592 GENRE STENO.
cette sorte, lesquels sont d'ailleurs plus longs et moins larges et vont en grandissant
en même temps qu'ils diminuent d'épaisseur jusqu'à la sixième paire exclusive-
ment. En effet celle-ci est déjà un peu moins longue que la cinquième, et de même
que les suivantes elle n'a plus de tête articulaire. Ainsi que nous l'avons dit
précédemment, la treizième côte est flottante, c'est-à-dire libre dans les chairs.
La première pièce du sternum est plus large que les autres, faiblement écbancrée
en avant et comme ailée de chaque côté ; elle est suivie de trois autres, ce qui
fait au total, quatre articulations sternales. Dans les sujets âgés, ces quatre pièces
sont pleines, mais, à une époque moins avancée, l'échancrure présternale forme
une fissure profonde aboutissant à une perforation de forme ovalaire et la qua-
trième sternèbre est encore incomplètement formée. A cette époque les sternèbres
sont d'ailleurs disjointes et simplement réunies par synchondrose.
Les membres ne sont pas allongés, mais plutôt un peu élargis et assez obtus.
L'humérus est court et pourvu de tubérosités saillantes, en même temps que
presque confondues entre elles. Il se soude à peu près complètement par son extré-
mité inférieure aux os de l'avant-bras, dont le cubitus présente une saillie olé-
crànienne qui, sans être volumineuse, est cependant très-marquée. Le radius est le
plus large des deux os de cette partie du bras; son extrémité inférieure l'emporte
sensiblement sous ce rapport sur la supérieure. Il existe cinq os au carpe, dont
quatre sont en rapport avec les doigts par l'intermédiaire des métacarpiens,
l'autre étant placé entre cette rangée et l'avant-bras. Le pouce n'a qu'une pha-
lange, le second doigt en a 7, le troisième 6, le quatrième 2 et le cinquième 1 . A
tous les doigts la phalange terminale est constamment de petite dimension.
Nous ne possédons pas l'os pelvien de ce cétacé.
Système dentaire. — Ce que nous avons déjà dit dans ce chapitre des dents
des Tursiops nous dispense d'y revenir ici.
GENRE STENO
La coupe générique, ainsi dénommée (I) ne réunit qu'un petit nombre d'es-
pèces, autrefois annoncées et quelques autres alors mal définies, mais aujourd'hui
(1) Gray, El bus and Terror,zool., p. 13 j 1847.
SQUELETTE. 593
mieux connues, sous la dénomination DelpAinorkynchus dont nous avions con-
tinué nous même à nous servir (I), mais qui ne doit plus être appliquée. Les
Sténos vivent de préférence dans les mers des pays chauds; cependant nous en
avons un qui fréquente les côtes de l'Océan, où il se montre de préférence,
bien qu'assez rarement, sur les côtes de Hollande ; c'est le V Iphinus rostratus
aussi appelé D. Bredaensis, dont j'ai fait de mon côté un genre distinct, sous
le nom de Glyphidelphis (2), parce que la surface de ses dents est finement guillo-
chée, ce qui n'a pas lieu pour les autres animaux de la famille qui nous occupe.
Les Sténos out le crâne allongé et grêle dans ses parties faciales; la coupe de
cette partie de la tète devient ainsi assez régulièrement ovalaire.
Leurs dents sont toujours acuminées ; elles sont d'ailleurs moins nombreuses que
celles des Dauphins ordinaires, plus fortes et plus épaisses, sous ce rapport elles
ont encore une certaine analogie avec celles des ïursiops et des Sotalias, mais
dépassent en épaisseur les dents de ces derniers pour ressembler davantage aux
dents des Tursiops.
A en juger par la Delphinus sinensis, espèce de Sténo dont M. Flower a pu ob-
server le squelette (5), les animaux de ce genre ont aussi l'atlas et l'axis soudés
ensemble.
Un des Sténos dont il est le plus souvent question dans les auteurs, est le
suivant :
Sténo plumbeus : Dussumier, in G. Cuv., Règne animal, t. I, p. 288. — F. Cuv., Mamm. lith. — Puche-
ran, Revue et Mag. de Zool, 1856, p. 18. — Giglioli, Cet. délia Magenta, p. 83. — D. malayanus, Les-
son, Voyage de la Coquille, Zool., p. 184, 1']. IX, fig. 5. — D. Capensis. Rapp., Cétacés, PL II, fij. \
[nonauctorum). — D. Rappii, Reinschenb., t. III, p. 48, PL \\U\,/ig. 5-7 (Océan indien). Les dents de ce
38
Sténo sont au nombre de — •
34
Sténo CHlNENSiS : Delphinus chinensis, Osbeck, Voyage ci la Chine, t. 1, p. 7.— D. sinensis, Desm.
Mamm. p. 514. — Flower loco cit. (des mers de la Chine et de Formose). Dans le crâne ou la partie de
39 33
crâne que j'ai fait figurer comme appartenant à cette espèce (4), on compte '— et — dents. L'exemplaire
OU DO
23 31
décrit par M. Flower en possédait— d'un côté et — de l'autre. Je n'oserais affirmer que j'ai eu sous les
yeux des exemplaires de la même espèce que celle étudiée par ce savant, mais ce sont en tous cas des
animaux très voisins.
(1) Zool. et Pal. franc., p. 301.
(2) Trans. zool., soc. Lond., t. VII, p. 151, PI. XVII-XVIII; 1869.
(3) PL XXXVII, fig. 1-5.
(4) PL XXXVII, fig. G-7.
75
594 CEXRE SOTALIA.
M. Gray cite d'autres Sténos, mais qui tous ne méritent pas ce nom. Le Delphinus perspicillatus de
M. Peters (1), provenant de l'Atlantique, appartient plus sûrement au groupe qui nous occupe.
Gi/vphidblphis rostratl'S : Del phinus frontatus, Cuv., Oss.foss., t. V, lre partie, p. 296, PI. XXI, fig. 7-8
et XII, /(tf. 8 (partim). — D. bredaensis, id., ibid., p. 400. — D. rostratus, F. Cuv., Cétacés, p. 157,
PI. X, fig. 2. — Lesson, Cétacés, t. i, p. 237. - P. Gerv., Zool. et Pal. franc., lococit. (Côtes occiden-
21
taies de l'Europe), — dents.
A cause du nombre de ses dents qui c-st moindre que chez les véritables Sténos et de la disposition
guillochée de ces organes, je continuerai à faire du Delphinus rostratus (2! l'objet d'un genre particulier,
auquel on pourra laisser le nom de Glyphidelphis.
GENRE SOTALIA
Voici encore une dénomination générique proposée par M. Gray (5), qui s'ap-
plique au Delphinus guyanensis décrit par M. Van Beneden (4), d'après un squelette
envoyé à ce savant par le Musée de Stuttgard et qui provient de l'embouchure du
Surinam. M. E. Van Beneden y a associé un Dauphin du Brésil, dont il a donné la
description, en l'appelant Solalia brasiliemis (5) ; c'est de même que le D. Guyanensis,
une espèce qui ne quitte pas le littoral et M. E. Van Beneden se l'est procuré, pen-
dant son séjour au Brésil, dans la baie de Rio de Janeiro.
Le Delphinus microps de Gray (6) se tient à l'embouchure de la Plata et paraît,
d'après le D1 Dickie, exister aussi sur les côtes du Brésil, doil rentrer dans le genre
qui nous occupe, et son espèce ne diffère peut-être pas de celle de D. brasiliensis.
Le crâne de ces Dauphins (7) a encore dans son apparence générale, quelque
chose de celui des Tursiops, mais sans être identiquement conformé et il lui res-
semble aussi sous le rapport des dents qui sont un peu plus fortes que celles i]v<
autres Delphinins, sauf toutefois les Sténos.
La colonne véritable se compose de 54 vertèbres : 7 cervicales, I I dorsales,
10 lombaires et 25 caudales. Leur forme est à peu de chose près la même que
celle des autres Cétacés de la même tribu; l'axis est également soudé à l'atlas.
(I Monatsbericht dkad. Wissensch ften Berlin, 1876, p. 360.
[2] PI. XXXVII, fig, 12.
(3 Calai, of Seuls and W/iales, p. lui ; 1866.
(4) Bull. acad. de Belgique, 2' série, t. Il, p. 27 ; 1863.
i.',) M: m. acad. de Bruxelles, t. XI. I. p. 1. PI. 1 et -'; 1874.
{G) Calai. 1866, p. 240 et 395.
7 PI. I.l.
SQUELETTE. 69o
Quelques particularités de valeur secondaire distinguent le Dauphin du Brésil du
Sotalia guyanensis.
Les vertèbres du Sotalia guyanensis sont au nombre de 55 et cette espèce possède
12 côtes.
ô2 54
On compte -^ dents au Sotalia guyanensis et'^m B/asiliensis. Elles sont plus
épaisses et moins aiguës que chez les Dauphins et rappellent à quelques égards
celle des petites espèces de Delphinorhynques ; elles sont aussi moins nom-
breuses.
Peu de temps après la publication du genre Sotalia, P. Gervais a associé à ce
genre (1) deux espèces lluviales, rencontrées dans le Haut-Amazone par MM. Fran-
cis de Castelnau et E. Deville, dont il avait antérieurement donné la description (2)
dans l'ouvrage publié par le premier de ces zélés voyageurs à la suite de l'expé-
dition dont il avait été le chef.
De ces deux espèces, la Sotalia pallida, est celle dont nous possédons le plus
grand nombre de parties; nous en avons un squelette presque entier, aussi
a-t-il été possible d'en Ggurer un certain nombre de pièces : le crâne avec sa
mâchoire inférieure, le labyrinthe, la région cervicale, le sternum et la nageoire
pectorale.
L'axis et l'atlas sont soudés ensemble ; les deux vertèbres qui suivent ont le
canal de l'artère vertébral fermé et la septième a l'apophyse transverse très déve-
loppée, mais du côté gauche seulement (5). Le sternum diffère peu de celui du
Sotalia guyanensis, mais on reconnaît à son degré plus avancé d'ossification
qu'il provenait d'un sujet plus avancé en âge ; l'omoplate a ses apophyses acro-
mion et coracoide sensiblement plus grêles que dans les Delphinins ordinaires, ce
qui est conforme avec la disposition caractéristique des Sotalia guyanensis et brasi-
(1) Pi. XLI, fit/. 6-17.
(2) Delphinus fluviatilis et D. pallidus, P. Gerv., in Castelnau, Amer, du Sud, Mammif., p. 92 et '.14,
PI. \IX, fig. 1 et 2; 1855. C'est très-probablement au même groupe que ces deux espèces qui d'ailleurs
diffèrent très-peu l'une de l'autre que l'on devra rapporter le Dauphin du Brésil rapporté par Spix et
Martins, et qui a reçu de Natterer le nom de Delphinus tuchuschi transformé par M. Gray en Tucaxi m
en faisant son Sténo Tucaxi.
(3) Une septième cervicale inférieure (PI. \lA,fig. \H), qui faisait partie du lot de fossiles remis par M. Du-
puis de Buenos-Ayres au Muséum de Paris paraît fort semblable a celle dont il est ici question et pourrait
bien avoir appartenu a un animal du même genre.
596 GENRE LAGENÛRHYNCHUS.
liensis; enfin la nageoire est à peu près conformée comme chez ces derniers, bien
qu'on y remarque quelques légères différences faciles à constater par la figure
que nous donnons de ces parties (I ) .
Les mâchoires qui sont courtement symphysées et réunies seulement par un
ligament portent 50 paires de dents.
Dans le Sotalia fluviatilis (2), espèce qui ne doit pas être séparée de la précédente,
la mâchoire supérieure à 51 dents et l'inférieure 29.
GENRE LAGENORHYNCHUS.
Les Delphinidés auxquels on a imposé ce nom générique, sont à quelques
égards, intermédiaires aux Tursiops et aux Dauphins proprement dits. Ils ont le
crâne assez élargi, surtout dans sa partie cérébrale et leur rostre est moins long
que celui des Tursiops, en môme temps qu'il est relativement plus large; en outre
ces Delphinins ont les dents plus grêles que celles des Tursiops, dont ils se rap-
prochent par la taille, et ils possèdent un nombre variable de dents, soit 22 à 58
pour chaque mâchoire selon les espèces, sans toutefois en avoir autant que les
Dauphins ordinaires, soit les Eudelphinus, soit les Prodelphinus. Ces dents sont
moins fines que chez les Dauphins ordinaires.
Les Lagénorhynques dont il existe différentes espèces sont répandus dans des
mers assez distantes les unes des autres, mais nous ne possédons pas des pièces
osseuses de toutes celles qui ont été décrites, ce qui ne nous permettra pas d'en
discuter la valeur. Ce sont ceux des régions arctiques qui ont le plus de dents. La
planche XXXVI du présent ouvrage qui a paru il y a quelques années déjà, donne
la figure du crâne de plusieurs de ces espèces.
C'est encore M. Gray qui a le premier proposé la dénomination générique im-
posée à ces animaux (5), mais il les a partagés depuis lors en quatre groupes, dans
le supplément à son Catalogue Cétacés paru en 1874 ; il les divise en effet en quatre
genres différents sous les noms à'Electra, de F<>resa, de Leucopleurus et Lagenor-
0) PI. TOA,Jlg. 5 d 17.
I PI. \\.\,'/iy.l.
13) Ert bus and Ternir, Zool., p. 34; 1846.
GÉNÉRALITÉS. 597
hynchus (I), ce qu'il n'avait pas fait antérieurement. Le genre Cephalorhynchus
quoique différent peu des Lagénorbynques, nous parait cependant devoir en être
distingué, mais c'est dans la même section qu'il doit être classé.
Les deux premières vertèbres cervicales des Lagenorhynquos sont seules soudées
ensemble. À l'extérieur ces CétaJontes se font remarquer par une moindre longueur
de la partie en forme de bec d'oie terminant leur museau, que cela n'est habituel
aux Delpbinins; l'aspect plus trapu de leur tête est en rapport avec le volume de
leur crâne, ainsi que le raccourcissement plus ou moins prononcé de leur région
faciale. On possède plusieurs bonnes figures de ces animaux.
Certains d'entre eux sont propres aux parties septentrionales de l'Atlantique,
particulièrement les Lagenorhynchus Eschrichtii (2). L'Alùirosiris (5) et d'autres
habitent les parages de la Patagonie (4), sur les côtes des Etats-Unis (3), dans la
mer des Indes (6), dans l'Océan Pacifique et les parages de la Nouvelle-Zélande (7).
La côte occidentale d'Afrique possède le Lagenorhynchus Asia (8), dont la présence
a été constatée aux îles Bissagos, situées dans le golfe de Guinée ; un crâne rap-
porté des îles Hawaï au Muséum par M. Ballieu, paraît aussi lui appartenir. Cette
espèce est un peu plus grande que les autres; nous possédons un crâne (9) dont
58 57
les dents, plus fines, paraissent avoir été au nombre de^ou — .
DO 0^4
(1 Suppl. Catal. Seuls and Whales, 1871, p. 7">.
(2) Lagenorhynchus Eschp.ichïii. — PI. XXXXVI, fig. 4. — Schlegel, Abhandl. Zool. und Vergleischende
Anal., p. 23, PI. I, II, fig. 4 et IV, fig. b; 1811. — D. leucopleurus, II. Rasch, Nova spec. descripta, p. 97.
Christiania ; 1843. — D. acutus, Gray, Spicil. Zool., p. 1, des îles Feroe el de Scandinavie.
(3 Lagenokhyxchus albip.ostris, PI. XXXVI, fig. 5. Delph. albir. ou Ibsenii, Esch. In. — Claudius,
Dissertatio de Lagenorliynchis; Kiel, 18i3:i. — Clark, Froceed. Zool. soc. London, 1871!, p. G8G. — Mûrie,
38
Linn. Soc. Jour». (Zool.), t. XI, p. 141, PI. V (des côtes de la Scandinavie). Denis — ; (des côtes d'An-
29
gleterrcet de la mer du Nord). Dents ^- .
(4) LAGb.NOr.HYNCHUs THICOLEA, Gray, Proceed. Zool. Soc. London, 1849, p.
(b) Lagenouhynchus coeulleo-albls, Meyen. Acla Nat. Curios, t. XVI., p. G09, PI. XLIII, fig. 1.
(G) Lagenorhynchus clanculls, Gray, Proceed Zool. Soc. London. l s i 9 , p. 2. — Delphinus fusi/ormis,
Owen, Trans. zool. Soc. London, t. VI, p. 1, pi. VII.
(7) Lagenorhynchus clanculus. Dali et Hector, Trans. Neiv-Zealand Institut, 1870, p. £ï.
(8) Lagenoriiynchls asia (PI. XXXXVI, fig. G). — Lag. Asia, Gray, Catal., 1866, pr. 2G9. Dents de
22 22
^exemplaire de M. Ballieu jt; de notre second exemplaire -=- .
S I l
(9) PI. XXXVI, fig. G.
598 GENRE LAGENORHYNCHTS.
Il semble que l'on doit aussi attribuer au même groupe le Delphinus (>rcriceps(\)
de l'embouchure de la Plata, dont le crâne est figuré dans notre Atlas (2), ainsi
que le Delphinus crueiger (5) du cap Horn, espèces qu'il nous a été possible d'ob-
server et de comparer avec celles qui fréquentent le nord de l'Europe, ainsi
qu'avec le Lagenorhynchus [s/a.
M. Van Beneden signale sous le nom de Lagenorhynqde de Castelnac (4) une
autre espèce du genre dont il vient d'être question ; elle a pour habitat le cap de
Bonne-Espérance et repose sur l'examen du dessin fait par Francis de (las—
telnau pour en prendre le nom.
Squelette. — Nous nous bornerons à quelques remarques relativement au
squelette du Lagenorhynque, dont nous donnons d'ailleurs des figures PI. XXXV,
fig. 15 à 55. C'est chez eux que l'on rencontre le plus grand nombre de vertèbres.
On en compte 91 chez le Lagenorhynchus allrirostris, savoir : 7 cervicales, 14 dor-
sales, 20 lombo-sacrées et 49 ou 50 coccygiennes. Chez le L. Eschrichtii, il n'y en
a plus que 81 : 7 cervicales, \\ dorsales, 20 lombaires et 59 ou 50. Le h. Leuco-
pleurus possède comme les deux précédents 14 dorsales; c'est celui dont les apo-
physes épineuses et transverses sont les plus fortes. Ses quatre premières cervicales
sontsoudées. Le L. Eschrichtii est dans le même cas ; au contraire le L. ilbirostris
a seul l'atlas et l'axis réunis.
Les omoplates sont assez fortes, assez élevées et en forme d'éventail.
Les sternums ont les caractères de ceux des Dauphins. Signalons dans ceux que
ii; us possédons une faible échancrure antérieure el deux cornes latérales dirigées
en arrière dans la première pièce osseuse du L. Alùirostris, dont les autres pièces
ont leurs bords externes faiblement concaves; un trou antérieur incomplètement
i. Lagenorhynchus breviceps.— Dauphins à museau court, Hombron etJaquinot, Voyage au Pôle Sud
et dam VOcéanit , Zool., p. 39, PI. XXII, fig. I. — Delphinus breviceps, Wagner, in Schreb., Sâugelhiere
ni,' l'embouchure de la Plata). Dents ~.
±) PI. x\\vi../vy. ■>.
(3) Lagenorhynchus cruciger (PI, KXXXV1, fig. 3). — Delphinus crueiger, Qiioy et Gaimard, Voy. de
l'Vranie, Zool., p. 87, PI. Il, fig. 1-4. — D. bivittatus, Les*., Bull., se. nat., par Férussac, I. VII, p. 373.
— Id., Voy. delà Coquille, Zool., t. I, p. 178, PI. IX, fig. :t. — l> crueiger et l>. bivittatus, V. Cav. ,
Cétacés, p. 225. -- D rm iger, à Drb. et P. Gerv., in d'Orb., Voy. Amer, mérid., t. IV, p. 83, PI. XIII,
26 _"'
fig. i a 4. - Dent;. ^ _ ^.
(4) Bull.Acad. r. Bely., 2' série, t. XXXVI, p. 266, PL \,fig. 2: 1873.
GENRE CEPHALORHYNCHl S. 59!>
fermé de la première pièce; plus de gracilité dans l'ensemble des pièces et une
simple obliquité des bords latéraux des pièces suivantes chez le L. Esehrkhlii.
Signalons enfin une forme encore différente, caractérisée par les deux saillies an-
térieures recourbées en arrière et l'allongement des autres sternèbres chez le
L. Leucoplcurus .
La première paire de côtes est large, curviligne et aplatie dans la dernière
espèce que nous venons de nommer; plus longue et moins élargie dans le L. Alôi-
rosfnis. Les chondropleures ou parties ordinairement cartilagineuses tles côtes,
sont ossifiées comme dans les autres Delpbinidés. On trouve aux L. itbirortris et
L. Esekrichtii des tubérosités et des tètes costales aux six premières côtes, et aux
cinq premières seulement chez le L. Leucoplcurus. V Etidelphinus delphis en a aux
six premières, le Prodetphinus marginatm est dans le cas du L. Leucopkurus.
GENRE CEPHALORHYNCHUrv
Les Céphalorhynques sont des Delphinidés assez faciles à distinguer des
autres animaux de cette famille, quoique se rapprochant sensiblement à cer-
tains égards des Lagenorhynques. Leur crâne (I) est sensiblement plus étroit,
et la coupe de ses côtés est davantage en ligne droite dans la partie enveloppant le
cerveau ; en outre, leur rostre n'est que médiocrement allongé, et il est moins
élargi que celui des espèces auxquelles nous venons de les comparer ; enfin ils ont
les os incisifs moins larges que les leurs. Les Lagenorhynques ont d'ailleurs les
deux premières vertèbres cervicales soudées entre elles. Ce sont des animaux de
taille médiocre, à dents assez fines mais moins nombreuses que celles des Dau-
phins ordinaires, aiguës comme celles de tous les animaux de la même famille,
bien que Cuvier, qui a le premier parlé d'eux, les ait rapportés aux animaux du
genre des Phocènes ou Marsouins (2), qui ont des dents d'une toute autre forme.
Le nombre de ces organes varie suivant les différents sujets entre 25 et 51 .
Lne des premières descriptions de ces Dauphins est due à F. Cuvier (5);
I PL XXXVI, fig. 1.
(2 Règru animal, t. I, p. 289;
(3 Mammif. L sson, livr. 58.
600 GENRE EUDELPHINUS.
M. Gray en a publié une autre peu de temps après (1). D'autres auteurs s'en sont
ensuite occupés et leur ont assigné des noms différents (2), auxquels il faut ajouter
celui à'Orca capensis proposé plus récemment par M. Van Beneden (5).
Des nouvelles espèces différentes de celles-là avaient aussi été indiquées sous les
dénominations suivantes :
Delphinus eotropia, Gray, Proceed zoal. Soc. London, 1819, p. t. — Cephalorhynchus eulrop, Dali,
in Scammon, Marine mammals,^. 389 Pacifique du Sud, Chili).
Edtropu dickibi, Gray, Proceed, 18G6, p. 213; 1868, p. 7, PI. XXX1V;1S37, p. 75.
LvGEiNOiuiYNCHUS clan'Colus, Gray, Catal., 1866, p. 271. — Ileoctor, Trans. New Zeeland Institut, t. Il,
p. 27, 1870.
Ces Cétacés vivent au cap de Bonne-Espérance, dans le Pacifique et jusqu'à la
Nouvelle-Zélande. La distinction en espèces diverses qu'on a cherché à établir,
ne nous paraît pas démontrée; nous en avons reçu de plusieurs localités,
particulièrement du Cap par M. Fournier et de la Nouvelle-Zélande, d'où ils nous
ont été envoyés par MM. llaast et rapportés par II. Filhol; M. Eug. Deslong-
champs, professeur à Caen, nous en a prêté plusieurs.
Les Céphalorhynques, si rapprochés qu'ils soient des Lagénorhynques, s'en lais-
sent séparer comme genre, ou tout au moins commesous-genre,par leur plus petite
taille, ainsi que par la forme de leur crâne ; leur mode de coloration paraît égale-
ment offrir un caractère particulier. Le nom générique sous lequel nous en par-
lons a été employé par F. Cuvicr comme spécifique, mais plusieurs auteurs l'ont
accepté avec la valeur que nous lui attribuons.
Le seul squelette que nous possédions des Céphalorhynques a au total
(12 vertèbres, savoir ; 7 cervicales, (2 dorsales, 17 lombo-sacrées, 20 coxygiennes.
GENRE EUDELPHINUS.
Les espèces comprises dans ce genre sont, avec celles du genre suivant, les plus
nombreuses de cette tribu et en même temps les plus semblables entre elles, aussi
i Specilegia zoologica, fasc. II, PI. Il, fig. .' el 6 sous le nom de Delphimn Heavisidii).
(2) Delphinui cephal rhynchus, F. Cuv., Cétacés, p. 138. — Detjih. hastatus, /</., ibid., p. 161. —
Il <<t,, 1. U. tridens, Ch. Smith. — Delph. Homsi, Fischer, Synopsis Mammals, p. 656. — Delph., pliocee-
'.. p. 657.
(3 lSnll. Acad. r. Il Ig , 2' séné, I \W\ I, p. !-'. av. pi.; \s: ;.
GÉNÉRALITÉS. 601
les a-t-on associées à ces dernières sous la dénomination commune de Delphinus,
manière de voir que quelques auteurs ont partagée jusque dansces derniers temps,
et qui fait encore appeler Delphinus ceux de ces animaux que l'on ne connaît pas
d'une manière suffisante. 11 est cependant facile de les diviser en deux catégories
par la simple inspection de la base de leur rostre. Dans celles de ces
espèces qui se rapprochent le plus du De Iphis des anciens, la partie palatine des
maxillaires est sillonnée par un double sillon longitudinal de forte dimension qui
ne se retrouve pas chez les autres. Les premiers sont, ainsi que je l'ai déjà dit, les
Delphis de M. Gray (I) que j'appelle Eudelphinus (2), pour éviter toute confusion,
et je désigne les seconds par le nom de Prodelphinus ; le même auteur les appelle
Clymène, mais un des Dauphins qu'on y classe, le Delphinus Clymene a déjà reçu
cette dénomination à titre de désignation spécifique.
Les Eudelphinus et les Prodelphinus sont d'ailleurs des animaux très-peu dif-
férents par leurs caractères tant extérieurs qu'intérieurs, et sans la double fissure
palatine qui les distingue et que je crois avoir le premier signalée, on aurait beau-
coup de peine à les séparer entre eux.
Ce sont eux qui ont le plus grand nombre de dents, et ces organes sont toujours
lisses et acuminés; ils sont en outre de faible épaisseur et l'on ne voit entre eux
sous ce rapport que des différences si légères, qu'il est difficile de considérer ces
différences comme des caractères réellement spécifiques. Le nombre de ces or-
ganes offre cependant quelques variétés, mais jusqu'à quel point peut-on en tirer
parti pour la distinction des espèces elles-mêmes, c'est ce qui ne se voit encore d'une
manière certaine. Le plus grand nombre des dents est en rapport avec la lon-
gueur du rostre; V Eudelphinus longiroslris, de la côte de Malabar, est à ce point
de vue une des espèces les plus remarquables que nous connaissions, et il est
difficile d'hésiter à la considérer comme devant être séparé des autres.
L'espèce type de cette division générique et la mieux connue de toutes celles qui
appartiennent à la grande tribu des Cétacés que nous étudions et auxquels on
étendait autrefois le nom générique de Delphinus ou Dauphin, d'ailleurs pris dans
ce cas clans une acception trop étendue, est le Delphinus delphis de Linné, ainsi que
(1) Calai. I8BI5, p. 339.
(2) PI. XXXIX.
7.i
602 GENRE EUDELPHINUS.
des auteurs plus récents. Elle est devenue le type d'un petit groupe pour lequel j'ai
proposé le nom d'EudelpIiinus. Ces Dauphins dont la taille égale àpeu près la moyenne
de cellesdes animaux de la tribu desDelphinus envisagés d'une manière générale, ont
les mêmes caractères extérieurs qu'eux, mais leur rostre est assez allongé et les dents
qui s'y insèrent ont une formule habituellement représentée par les chiffres — à — .
Ces dents sont pointues et grêles sans être très-longues et la surface de leur cou-
ronne est lisse comme d'habitude. Sous ce double rapport elles ressemblent nota-
blement à celles des Clangula de M. Gray (Prodelphinus, P. Gerv.), dont on fait
aussi une petite division générique distincte; quelques exemplaires ont les dents
encore plus fines que les autres.
V Etui cl phi nus delphis s'étend depuis les eûtes de la Scandinavie jusque sur celles
de la Hollande, de l'Angleterre, de la France (1) et de l'Espagne, pour ce qui re-
garde l'Atlantique. On le trouve aussi dans la Méditerranée (2), et il a donné lieu,
chez les anciens à des récits qui pour être souvent très-intéressants n'en sont pas
moins de pure imagination, du moins dans la plupart des cas. Une fouille faite
près de Moulins, a mis à jour une terre cuite représentant un Dauphin qui porte
un enfant sur son dos (3). C'est une allégorie du passage des iles Fortunées des
mortels qui avaient vécu vertueux. « Les Celtes, dit Alfred Maury, cité par
M. Tudot (i), avaient connu cette ancienne tradition et aujourd'hui on sait que les
îles bretonnes sont précisément ces iles Fortunées dont les anciens s'entre-
tenaient. »
Les récits que nous out transmis les Grecs et les Romains au sujet du Dauphin or-
dinaire, sont loin d'être exacts, c'est ce dont nous avons des preuves certaines
dans ce qu'ils rapportent au sujet de l'enfant du lac Lucrin, avec lequel un
Dauphin s'était lié d'amitié et qui le promenait sur les Ilots.
Dans les temps reculés on a également cherché à représenter les caractères des
animaux qui nous occupent, et dans certaines circonstances ils nous ont été
transmis sur des médailles avec assez d'exactitude. Certaines monnaies dont on
(i) Pi. xxxix, fig. i-:;.
(2) PI. XXXIX, fig. 6-7.
(3) E. Tudot, Collection des figures en argile, œuvres pre mières de l'art gaulois, p. 42, PI. XLVII ; 18C0.
(4) Ibid., p. 42.
SQUELETTE. 003
voit de nombreux exemplaires dans les collections numismatiques, sont en parti-
culier dans ce cas.
Le squelette àeYEudelpkinm delphis(i), possède 7fo vertèbres, savoir : 7 cer-
vicales, 45 dorsales, 21 lombo-sacrées et 52 caudales; la forme générale est peu
différente de celle ànProdelpkinus marginatus que nous figurons (2), et dont lesos
vertébraux sont d'ailleurs en même nombre. Toutefois des différences peu impor-
tantes se remarquent dans quelques-unes des pièces du squelette; citons seu-
lement lesapopbyses transverses du Dauphin marginé qui sont le plus souvent très
allongées. La partie antérieure du sternum n'est pas non plus tout à fait de même
forme dans les deux espèces que nous venons de nommer, celle du D. Marginatus,
étant bien plus élargie. Les autres espèces du même groupe dont nous possédons
ces pièces ostéologiques, ne les ont pas non plus identiquement semblables à celles
de ces deux Dauphins.
En ce qui concerne les vertèbres cervicales, nous constatons que : les deux pre-
miers de ces os sont seuls soudés entre eux, dans le plus grand nombre des espèces
ou variétés qu'il nous a été possible d'observer, mais il n'en est. pas toujours ainsi.
La troisième vertèbre est réunie avec l'axis dans un Dauphin du Sénégal, que nous
devons à MM. Perrotet et Leprieur, mais la réunion ne s'est opérée que par les
apophyses épineuses ; il en est de même pour une région cervicale, d'origine
inconnne, qui appartient à un autre sujet. Dans un exemplaire dont nous
ignorons également la provenance, l'apophyse épineuse de la quatrième cervicale se
joint à la synostose des trois premières. Le Dauphin rapporté par MM. Perrotet et
Leprieur a comme plusieurs de nos Prodelphinus, les apophyses de la septième
cervicale allongés et styliformes.
Des variations comparables à celles que nous avons signalées plus haut se voient
dans les sternums. La pièce autérieure est tantôt élargie comme dans YEudel-
phinus marginatus, tantôt moins élargie et de ligure assez diverse; les pièces ster-
nales qui suivent varient également en largeur.
L'omoplate montre aussi quelques particularités suivant les espèces que l'on
étudie ; elle est tantôt plus raccourcie, tantôt un peu plus allongée, et ses deux
apophyses ne sont pas toujours absolument semblables entre elles.
" (1) PI. XL, fig. 1-17.
(2) PI. XL, fig. 18-24.
604 GENRE PRODELPHINUS.
Il existe, dans d'autres mers que celles que nous venons de citer, des Dauphins
du groupe des Eudelphinus, ayant comme YE. delphis le palais sillonné par une
double rigole suivant la face interne des dents, et dont les deux larges sillons sont
séparés l'un de l'autre par une forte élevure longeant le milieu de la surface
palatine des os maxilaires. Nous en possédons des individus provenant de localités
très-éloignées les unes des autres, mais aucun animal de ce genre ne nous est
encore connu avec certitude à l'état fossile.
Nous citerons parmi ceux que possède le Muséum :
E. Tasmaniensis (I), de Tasmanie, rapporté par M. Jules Verreaux.
E. fulvio fasciatl's (2), Hombrone et Jaquinot, Voyage au Pôle Sud, Zool., p. 37, PI. XXI,. fiy. i,
D'Hobart Town (Tasmanie). Peut-être le même que le Delphinus Norœ-Zelavdite de Quoy et Gayniard. —
E. Longiuostris, Dussumiertre F. Cuv., Mamm. lithoy.fi), espèce plus distincte de l'Eudelphinus delphis
et remarquable par le plus grand allongement ainsi que par l'étroitesse plus sensible de son rostre (côte
55 55
de Malabar). Les dents sontau nombre de ^ '^- .
04 — oi
M. Hector donne aussi comme appartenant aux Eudelphinus le Uei.phinls Forsteri, Gray (de la Nou-
velle-Zélande;, et M. Lai), en dit autant du D. Baikdii (du Pacifique, qu'il a lui-même décrit (4).
GENRE PRODELPHINUS.
Autres Dauphins à symphyse courte et non soudée, dont le crâne est à peu près de
même forme, bien que parfois plus large que celui des animaux qui appartiennent
au genre précédent; leurs dents sont également de même forme et en même nombre
et leurs caractères extérieurs, sont tellement semblables qu'on a confondu jusque
dans ces derniers temps ces Cétacés avec ceux qui précèdent. Toutefois ils man-
quent du double sillon longitudinal qui se remarque au palais des Eudelphinus,
et c'est sur cette remarque faite par moi il y a déjà longtemps, que repose leur
distinction en un groupe particulier. M. Gray les a nommés Cfymenia (5) et, pour
plus de régularité dans la synonymie, je les ai appelés Prodetphinus .
(1) PI XXXIX, fig 9.
(2j PI. XXXIX, fig. 8.
Ci PI. XXXIX,. Ay. 10 11.
' (4) Prelim. Descripl. Proceed. Cal. Acad. Se. t. V ; 1878.
(ij) Clymene, (iray, Cotai., 1866, p. 249 (nom d'une des espèces du genre). — Clymenia, id., Synopsis
Whales and Delphins, p. 6; I8C8.
DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE. 603
Nous avons des Dauphins de celte catégorie sur nus côtes, en particulier les
suivants :
Prodelphinus marginatus. — Delphinus marginatus (1), Duvernoy, 1854. — Pucheran, Reçue et Mag. de
ZooL, 1886, p. 346, PL XXV. — E. Desmarest. Enrycl. d'Hist. nat. de Chenu (Manche ; exemplaire
prisa Dieppe par le D' Guiton.
Prodelphinus dubius. — D. dubius, Cuv., Ann. Mus. d'IIisl. nat., t. XIX, p. 14. — F. Cnv., Cétacés,
p. 199 (Océan Atlantique, côtes d'Europe; va peut être jusqu'au Cap Vert et plus au sud). C'est une espèce
plus petite que la précédente et que l' Eudelphinus delphis.
Prodelphinus Tethyos. — D. Thelhyos, P. Gerv. (2), Bull. soc. agric, Hérault, 1853, p. 1 40, PI. I (Médi-
terranée; embouchure de l'Orb, Port-Vendres, Alger).
Des crânes appartenant à d'autres animaux de la même division se voient au
Muséum, nous y remarquons plusieurs espèces et plusieurs d'entre elles sont
précisément les types décrits par les auteurs. Citons seulement les suivants :
Prodelphinus frontalis (3).
Prodelphinus, species? du Sénégal, par MM. Lepiieur etPerrotet.
Prodelphinus, species? du Cap de Bonne-Espérance.
Prodelphinus frœnatus (4), du Cap Vert, par M. Dussumier (5).
Prodelphinus, species? de la mer des Indes, par M. Berlhelot, rostre étroit rappelant celui des Eudel-
phinus des mers du Sud.
Prodelphinus, species? à rostre moins long; de la mer des Indes, par M. Lantz, de Madagascar.
Prodelphinus, *pec('es?par M. Dussumier.
Prodelphinus, species? de la Vera-Cruz, par M. Poulain.
Prodelphinus, species? des îles Honolulu, par M. Ballieu.
Prodelphinus brevimanus, Hombron et Jaquinot, Voyage au Pôle sud, zool., t. 1, p. 38, PI. XXI, fig. 2
(Délroitde Bancaet mer de Singapour).
Prodelphinus roseiventris (6) Id., ibid., p. 39, PL XXII, fig. 2. — Pucheran, ibidem (mer des Malaques
et en vue de la côte de la Nouvelle-Guinée). C'est la plus petite de nos espèces, ainsi qu on peut le voir
par la figure que nous donons (7), et l'on pourrait peut-être le regarder comme identique avec le Delphi-
nus minimus de Lesson (8), si ce dernier n'était pas aussi incomplètement connu.
Il est une autre espèce de Prodelphinus de plus forte, taille que celle-là et que celles qui précèdent, à rostre
plus élargi et plus aplati, dont nous possédons plusieurs crânes étiquetés Delphinus leucorhamphus (9), et
qui proviennent d'envois faits par diftérents voyageurs. Les crânes dont il s'agit méritent-ils bien ce
nom et doit- on les admettre avec la plupart des Cétologues.
Paul Gervais.
Les pages 585 à la fin, ainsi que les deux tables,
ont été rédigées par M. Henri Gervais, d'après
les notes laissées par son père.
(1) PI. XXX\Ul,jig. 1.
(2) PL XXXVIII, fig. 2.
(3) PL XXXVIII, fig. 6.
(4) PL XXX\Ul,/iy. 4.
(5) Dussumier, in Fred. Cuv., Mammif. litlwyr. — F. Cuv., Cétacés, p. 155, PL X, fig. 1.
(6) PL XXXVIII, fig. 6.
(7) Le crâne est long de 0,39 et large de 0,14 entre les apophyses zygomatiques. Le rostre est effilé.
(8) Voyage de la Coquille, Zool., p. 183. — F. Cuv., Cétacés, p. 229.
(9) PI. XXXVIII, fig. 3.
EXPLICATION DES PLANCHES
PLANCHES I ET II
BALiENA AUSTRAL1S.
Les squelettes représentés ici ont été rapportés
en 1820 du cap de Bonne-Espérance par La-
lande; ils se trouvent dans la galerie d'anatomie
comparée du Muséum d'histoire naturelle de
Paris.
Les figures 1 à 6, puis 13, V. 19 repré-
sentent la baleine adulte; les autres, le jeune
animal.
Les réductions des os sont indiqués à côté du
chiffre.
Fig. 1. Squelette complet, à l'exception du bas-
sin.
Fig. 2. Sixième vertèbre dorsale, vue de l'ace.
Fig. 3. Sixième vertèbre lombaire, vue égale-
ment de face.
Fig. 4. Sixième vertèbre caudale, vue du même
côté que les précédentes.
Fig. li. Corps de l'os hyoïde.
Fig. 6. Sternum avec la première paire de
côtes, vu de face.
Fig. 7. Squelette complet d'une jeune Baleena
ausiralis. Le bassin manque, comme dans l'a-
dulte; et quelques os, comme les épiphyses des
vertèbres sont encore en partie au moins à l'état
de cartilage. La nageoire pectorale est dessinée
telle qu'on la voit avec les phalanges en place, mais
sans os du carpe visibles.
Fig. 8. La tête du même animal, vue d'en haut,
montrant, d'arrière en avant, l'occipital, le parié-
tal, le frontal, les os nasaux, les intermaxillaires et
les maxillaires.
Fig. 9. La tète du même animal, vue par la face
postérieure, montrant en dessous les cornes de
l'hyoïde et la manière dont cet os est attaché au
crâne. Ces os sont tous en place.
Fig. 10. Une caisse tympanique, dessinée au 1/3
avec le rocher et les apophyses, du même squelette,
vue par la face externe.
Fig. 11. La même caisse, vue par la face interne.
Fig. 12. La chaîne d'osselets de l'oreille, le mar-
teau, l'enclume et l'étrier, de grandeur naturelle.
Fig. 13. Caisse tympanique du squelette adulte,
dessinée au 1/3, avec ses deux apophyses, vue par
sa face interne
Fig. 14. La même, vue du côté opposé.
Fig. 15. Sixième vertèbre dorsale du jeune sque-
lette, vue de face.
Fig. 1G. Sixième dorsale du même squelette, vue
également de face.
Fig. 17. Sixième lombaire du même squelette,
vue de face comme les deux précédentes.
Fig. 18. Sternum, avec la première paire de
côtes encore en place, au 1/6, du jeune squelette.
Fig. 49. Région cervicale isolée du squelette
adulte, dessinée au 1/10.
PLANCHE III
BAL.EN'A A.NTIl'ODUl.
i
Fig. I. Tète isolée d'un squelette qui est monte
dans la cour des galeries du Muséum d'histoire na-
turelle de Paris. Il a été placé sous la direction
du professeur Serres. — L'Amiral Bernard, com-
mandant la Corvette le Rhin, en a fait cadeau au
Muséum. — L'animal a été capturé dans la baie
d'Acaroa, presqu'île de Banks, Nouvelle-Zélande.
Fig. 2. Sternum et premières côtes, vus de face,
dessinés au 1/10.
Fig. 3. Sternum et une première côte, vus de
profil.
Fig. 4. Région cervicale du même squelette, vue
de profil.
Fig. 5. La même région, vue par la face infé-
rieure.
Fig. 6. Membre du côté droit, complet avec les
os en place, sans en excepter les os du carpe.
Fig. 7. Omoplate du même côte droit; les apo-
physes acromion et coracoïde sont a peine indi-
quées.
Fig. 8. Os hyoïde, vu de face.
Fig. S. Sixième vertèbre dorsale.
Fig. 10. Sixième vertèbre lombaire.
Fig. 11. Sixième vertèbre caudale.
Fig. 12. Caisse tympanique (côté gauche) d'un
jeune animal, avec ses apophyses, d'après une
caisse du Musée royal de Bruxelles.
Fig. 13. La même, vue du côté opposé.
Fig. 14 La caisse tympanique, du côté droit,
appartenant au squelette du Muséum de Paris (1).
(1) C'est la caisse que M. le docteur Gray croyait
perdue.
603
EXPLICATION DES PLANCHES.
PLANCHES IV ET ï.
BALjENA mysttcetus.
Fit/. 1 Têle de femelle adulte, vue du côté droit,
montrant le maxillaire, l'intermaxillaire, le nasal,
le frontal, le lacrymal, le jugal, l'occipital, le pa-
riétal et une partie du temporal. La mandibule
montre les trous mentonniers, comme le maxil-
laire montre ses trous sous-orbitaires. Toutes ces
figures, a l'exception des fig. 3 et 4, sont faites
d'après un squelette du Musée de Bruxelles (1).
Fig. 2. La coupe de la môme tête; en avant on
voit le maxillaire, l'intermaxillaire et le vomer,
qui forment le rostre. — Dans toute la longueur,
le cartilage, représentant FEthmoïde, occupe l'es-
pace entre le vomer et les deux autres os. En
arrière et en dessous du vomer, on voit le palatin
et le ptérigoïdien. En haut, le nasal, l'interpariétal,
l'occipital, le frontal, puis en arrière la coupe de
l'occipital basilaire, du basiphénoïdal et du pré-
sphénoïdal.— Ces trois derniers sont unis parcoa-
lescence. — On voit en arrière et en dessous le
squamal avec sa surface glénoïde. La mandibule
montre en arrière l'entrée du canal dentaire et en
dessus le sillon qui correspond aux alvéoles den-
taires. En dessous du canal dentaire, on voit le
sillon mylo-hyoïdien qui longe la mandibule dans
toute son étendue, et qui caractérise les vraies
Baleines.
Fig. .1. Coupe d'une tète de fœtus de la col-
lection de Louvain; on voit en avant l'inter-
maxillaire, le maxillaire, le vomer, le nasal, le
frontal, le pariétal et l'occipital qui le recouvre,
l'interpariétal, la partie postérieure de l'occipital,
puis en dessous et en arrière, le basilaire, en
avant le basisphénoide et le présphénoïde. Ces
trois derniers ris portant tous les caractères du corps
des vertèbres. Derrière le vomer, on voit le palatin
et b' ptérigoïdien. — Dans l'intérieur de la boîte
crânienne, on voit les sutures de l'interpariétal et
du pariétal. — On aperçoit en mitre la partie du
maxillaire qui concourt h la formation de l'orbite,
le jugal, le lacrymal, et en arrière, le squamal, avec
sa surface articulaire glénoïdale.
Fig. 4. La calotte occipitale entière du même
fœtus montrant tout l'espac ;cupé par le pariétal,
la place et les sutures de l'interpariétal. Ce dernier
est couvert et enveloppé par l'occipital. Ces os sont
déjà complétemenl réunis. On voit bien en avant
que toute cette partie de l'occipital recouvre le pa-
riétal
(1; Le musée de Paris ne possédait pas de squelette
de Baleine franche à l'époque où ces dessins ont été
faits,
Fig. 5. Région cervicaledu squelette adulte, vue
du côté antérieur.
Fig. 6, La même, vue du côté postérieur, mon-
trant la grande cavité formée sur le côté, par les
apopbyses transverses supérieures et inférieures.
Fig. 7. La même région cervicale vue par des-
sus; la troisième vertèbre est couverte de ce côté
par la seconde; l'arc de la septième vertèbre est seul
complètement séparé ; on voit les arcs de toutes les
autres vertèbres avec leurs apophyses transverses.
Fig. H. La même région vue en dessous; on dis-
tingue fort bien la limite du corps de toutes les
vertèbres et de leurs apopbyses.
Fig. 9. La même région vue de profil, montrant
les apophyses transverses supérieures et infé-
rieures.
Fig. 10. Huitième vertèbre dorsale vue de profil.
Fig. 11. La même vertèbre vue de face.
Fig. 12. La dernière vertèbre dorsale vue de
profil.
Fig. 13. La même vertèbre dorsale vue de face.
Fig. 14. La première vertèbre lombaire vue de
profil.
Fig. lis. La cinquième vertèbre lombaire vue du
même côté.
Fig. 16. La même vertèbre vue de face.
Fig. 17. La dernière vertèbre lombaire vue de
profil.
Fig. 18. La même vue de face.
Fig. 19. La première vertèbre caudale avec son
os en V, de profil.
Fig. 20. La troisième vertèbre caudale vue de
profil.
Fig. 21. La même vertèbre caudale vue de face.
Fig. 22. Trois vertèbres caudales, avec le der-
nier os en V, en place.
Fig. 23. Les dernières vertèbres caudales.
Fig. 24. Le sternum avec la première côte de
chaque côté, en place.
Fig. 25. L'os hyoïde.
Fig. 26. L'omoplate
Fig. 27. Membre antérieur complet avec tous les
os en place : Humérus, radius et cubitus, intermé-
dial, premier carpale, second carpale, quatre méta-
carpiens, trois phalanges à l'index, quatre au doigl
médian, trois a l'anulaire et deux au petit doigt (1).
Fig. 28. Le bassin vu du côté gauche : on dis-
tingue l'ischion, le fémur et le tibia.
Fig. 29. La caisse tympanique avec le rocher
et ses deux apophyses, d'après le squelette de
Bruxelles.
(1) Ce dessin est fait d'après l'exemplaire de Louvain,
EXPLICATION DES PLANCHES.
60(1
planche vi.
BALjENA mysticetus.
Une partie des figures de cette planche son!
faites d'après une tète de fœtus du muséum
d'histoire naturelle de Paris, fig. 2, 3, 10, H,
12, 13, 14 (1). d'autres d'après un fœtus du
musée de Louvain, fig. I, i, 5, 7, 8, '.i _> . el
quelques-unes d'après des os du musée de Co-
penhague, fig. 6 et 15.
Les fig. 2, 3, 7, 10, 11, 12, 13, 14 sonl de
grandeur naturelle; les fig. I, 5, 6, 8, 9 sonl
demi-grandeur naturelle; la fig. 1S es1 vue au
quart et la fig. 1 au sixième.
Fig. 1. Squelette de la tète d'un fœtus entouré
de la peau; la lèvre inférieure n'est pas assez éle-
vée vers le milieu. Ce fœtus a été retiré du corps de
la mère sur la côte ouest du Groenland. On voit
sur le côté, dans toute la longueur du rostre, le
maxillaire supérieur; en haut l'intermaxillaire; au-
dessus des narines les os naseaux; en haut et en ar-
rière l'occipital; sur le côté le squammeux (tempo-
ral); au devant de lui et en haut le pariétal ; entre
le pariétal et le maxillaire, le frontal ; en dessous du
cadre de l'orbite, le jugal ; et un peu en avant entre
le maxillaire et le frontal, le lacrymal sous la forme
d'un tubercule. Ce dessin est fait d'après la même
tète, dontles coupes sont reproduites sur la planche
précédente, (fig. 3) la tète entière, [fig. 4) une par-
tie de la boîte crânienne.
Fig. 2. Mandibule inférieure gauche de gran-
deur naturelle, vue par sa face interne, montrant
le sillon niylo-hyoïdien qui part de l'orifice pos-
térieur du canal dentaire et qui s'étend dans toute
la longueur de l'os; en haut, on voit le sillon den-
taire presque entièrement ouvert encore, dans le-
quel se sont trouvées les dents.
Fig. 3. La même mandibule montrant, outre
l'orifice postérieur du canal dentaire, le même
sillon dentaire correspondant à l'arcade alvéolaire,
et en dehors, le long du bord convexe, les trous
mentionnées.
Fig. 4. La caisse tympanique de droite vue du
côté interne, avec le rocher, ses apophyses telles
qu'on les trouve a cet âge, et la chaîne d'osselets
de l'ouïe en place ; le marteau en bas est soudé à
l'os tympanique, au-dessus de lui, on voit l'en-
clume, et au-dessus de l'enclume on distingue
l'étrier. — Le contour pointillé indique la place de
(1) Tète disséquée par G. Geoffroy-Saint-IIilaire, et
dans laquelle il a reconnu les dents.
(2) Tète envoyée du Groenland à Copenhague, et de là
i. Louvain, dans le sel.
la membrane du tympan que l'on ne peut voir de
ce côlé.
Fig. 5. La même caisse de droite, vue par sa
face externe, avec la membrane du tympan en
place. Cette membrane a sa face externe fortement
bombée et ressemble a un dé a coudre.
Fig. 6. Une caisse tympanique isolée adulte, de
droite également, d'après une pièce du musée de
Copenhague. Le rocher et les apophyses sont brisés.
Fig. 7. Chaîne d'osselets de l'ouïe, de gran-
deur naturelle: ce sonl les mêmes que nous voyons
en place dans la fig. 4. — En dessous, on voit le
marteau, au milieu l'enclume, au-dessus l'étrier.
Fig. 8. Os hyoïde de fœtus, demi-grandeur natu-
relle. Le corps montre son point d'ossification uni-
que au milieu, et les deux paires de cornes ne sont
également ossifiées qu'au centre. Tout ce qui est
strié est a l'étal de cartilage.
Fig. 9. Les deux os nasaux, également demi-
grandeur naturelle, vus d'en haut; ils sont articu-
lés au frontal par le bord inférieur; le bord anté-
rieur est libre et correspond aux fosses nasales.
Fig. 10. Les vertèbres crâniennes du fœtus dis-
séqué par G. Geoffroy Saint llilaire, et qui sonl
conservées au Muséum d'histoire naturelle avec les
autres os du crâne; elles sont représentées dans
leur situation respective montrant leur face supé-
rieure ou interne. En dessous, on voit l'occipital
hasilaire et l'occipital latéral, au milieu le basis-
phénoïde, et avant, le présphénoide, avec l'éth-
moïde cartilagineux,
Fig. 11. Le vomer isolé, vu d'en haut; c'estdans
la gouttière qu'il forme qu'est logé le cartilage,
figuré au devant du présphénoïde. Le vomer forme
en dessous uue sorte de gaîne osseuse dans laquelle
loge le cartilage.
Fig. 12. Les os nasaux, placés en sens contraire
de ceux représentés fig. 9.
Fig. 13. Le frontal de droite isolé, dans la même
direction que les os du nez.
Fig. 14. Le pariétal du même fœtus.
Fig. 15. Le bassin de l'adulte, d'après Eschricht
et le professeur Iïcinhardt. On peut le comparer au
bassin que nous avons figuré sur la planche précé-
dente, d'après le squelette de Louvain.
PLANCHE VII.
BALiENA BISCAYEKSIS.
Fig. 1. Baleineau capturé auprès de sa mère sur
la plage de Saint-Sébastien, le 17 janvier 1834 et
dont le quelette est au musée de Copenhague. Ce
dessin a été publié par les soins du docteur Mo-
nedero.
Fig. 2. Vertèbre lombaire que nous croyons de-
voir rapporter ;i cette espère. — Nous devons sup-
77
610
EXPLICATION DES PLANCHES.
poser que cette vertèbre a été déterrée dans le voi-
sinage de la côte d'Ostende.
Fig. 3. Autre vertèbre lombaire qui a la même
origine que la précédente et qui provient proba-
blement du même individu.
Fig. 4. Caisse tympanique gauchi', vue par sa
face externe; c'est la balcpna cisarctica, du pro-
fessur Cope, de Philadelphie, que nous croyons
synonyme de Balsena biscayensis. — Les apophyses
sont complètes.
Fig. 5. La même caisse vue du côté antérieur.
Fig. fi. La même, vue par sa face interne.
Fig. 7. Région cervicale trouvée sur la côte, en
Angleterre, et déposée au British Muséum.
'Fig. 8. Région cervicale figurée par Lacépède et
Cuvier, et attribuée à tort à une Balénoptère de la
Méditerranée par le premier. Elle est vue par sa
face antérieure.
Fig. 9. La même, vue de profil.
Fig. 10. La même, vue pardessus.
Fig. il. La même, vue par dessous.
Fig. 12. Fragment de côte déterré à Fumes.
PLANCHE VIII.
BAL.ENA PRIMIGENICS.
Fig. l. Caisse tympanique de gauche, de gran-
deur naturelle, provenant du sable supérieur
d'Anvers.
Fig. 2. Caisse tympanique de droite, également
de grandeur naturelle, provenant du même sable
d'Anvers, vue par le boni inférieur.
Fig. 3. La même caisse de droite, vue pur sa
face interne.
Fig. 4. Une autre caisse tympanique de gauche,
de la même localité.
Fig. 5. Un basisphénoïde d'un jeune animal, vu
par sa face supérieure.
Fig. 6. Une phalange de grandeur naturelle.
Fig. 7. Une côte. Ces trois derniers os sortent
également du sable des environs d'Anvers.
Bit ENA SVEDENBORGU (1 .
Fig. 8. Omoplate de />'■■■ denborgii, vue
par sa face externe.
Fig. 9. Le même os, vu par sa surface articu-
laire; on voit la disposition de l'acromion connue
dans la figuri nte.
Fig. 10. Sternum, vu par sa face antérieure.
Fig. H. Côte entière, probablement la cin-
quième, d'après l professeur Lilljeborg.
(1) Ce figures 3-16 sonl reproduit d'aprè les des-
sins du professeur Lilljebo ' o mente ont été
déterrés en Oothlauii (S déposé au musée
i isal
Fig. 12. Vertèbres lombaires vues de profil.
Fig. 13. Une de ces vertèbres lombaires, vue de
face.
Fig. 14. Premières vertèbres caudales.
Fig. 15. Dernières vertèbres caudales.
Fig. 16. Vertèbres caudales moyenne-,
PLANCHE IX.
MEGAPTERA LALANDII.
Tous ces dessin- sont faits d'après le squelette
rapporté par Lalande et qui esl conservé dans
les galeries d'anatomie comparée du .Muséum
de Paris.
Fig. i. Tète vue de prolil et mandibule.
Fig. i Vertèbres de la région cervicale.
Fig. 3. Membre, avec les doigts el les phalanges
au complet. Le nombres correspond parfaitement it
celui de megaplera boops de notre hémisphère.
Fig, 4. Omoplate vue par sa face externe.
Fig. 5. Sternum et premières côtes.
Fig. 6. Sternum et premières eô tes vus de profil.
Fig. 7. Os hyoïde.
Fig. 8. Sixième vertèbre dorsale.
Fig. 9. Sixième vertèbre lombaire.
Fig. 10. Sixième vertèbre caudale.
Fig. II. Caisse tympanique, vue par sa l'ace in-
terne, avec ses apophyses.
Fig. 12. Caisse tympanique sans rocher et sans
apophyses, vue par sa face supérieure.
PLANCHES X ET XI.
BlEfiAPTERA LGNGIMANA OU BOOPS.
Fig. I. Squelette complet.
Fig. 2. Coupe de la tête.
Fig. 3. Région cervicale complète.
Fig. 4. Sixième vertèbre dorsale.
Fig. 5. Membre complet, d'après le squelette du ■
musée de Bruxelles (t). Tous les os sont encore en
place avec leurs cartilages.
Fig. G. Omoplate, d'après le squelette du musée
de Bruxelles.
Fig. 7. Caisse tympanique complète, avec see
apophyses et le rocher, vue par sa l'ace interne.
Fig. 8. Autre caisse tympanique de droite, vue
par sa face externe, montrant les osselets de l'ouïe
en place.
Fig. 8'. Osselets de l'ouïe isolés: a, marteau;
b, enclume; C, ('trier.
BAL BB \ Al s TUA M S.
Fig. 9. Coupe de la région cervicale de lialœna
(1) C'est par erreur que le dessinateur a figuré ainsi
les os du carpe, La nature «lu cartilage l'a induit en
erreur.
EXPLICATION DES PLANCHES.
611
australis, d'après un exemplaire du musée de
Louvain.
Fig. 10. Coupe du crâne du même animal, con-
servé au musée de Louvain.
Fig.
BALENOPTERA LAT1CEPS.
11. Tète de Balenoptera laliceps, d'après le
squelette conservé au musée de Bruxelles.
Fig. 12. Tète de Balenoptera laticeps, vue de
profil, d'après la tète du musée de Leide.
Fig. 13. Membre de gauche, d'après le squelette
de Bruxelles.
Fig. 14. Omoplate, d'après le même.
Fig. 15. Os hyoïde, d'après le squelette de
Leide.
Fig. 16. Les cornes du même.
Fig. 17. Sternum, d'après le squelette de Leide.
Fig. ls. Première côte de droite, d'après le
môme squelette.
Fig. I!). Première côte de gauche du même sque-
lette.
Fig. 20. Région cervicale, d'après le squelette du
musée de Bruxelles.
Fig. 31. Région cervicale, d'après le squelette du
musée de Leide. On voit qu'il provient d'un animal
plus jeune.
Fig. 22. Sixième vertèbre dorsale, d'après le
squelette du musée de Bruxelles.
Fig. 23. Dernière vertèbre dorsale et première
lombaire, d'après le mémo squelette, ainsi que les
vertèbres suivantes, jusqu'à la fig. 28.
Fig. 24. Dernière vertèbre lombaire.
Fig. 25. Première vertèbre caudale.
Fig. 26. Huitième vertèbre caudale.
Fig. 27. Neuvième vertèbre caudale.
Fig. 28. Dixième vertèbre caudale.
Fig. 29. Sixième vertèbre dorsale , d'après le
squelette de Leide. Les vertèbres suivantes sont
du même squelette.
Fig. 30. Deux vertèbres dorsales.
Fig. 31. Dernière vertèbre lombaire.
FÏJ7. 32. Première vertèbre caudale.
Fig. 33. Huitième vertèbre caudale.
Fig. 34. Neuvième vertèbre caudale.
Fig. 35. Dixième vertèbre caudale.
PLANCHES XII ET XIII.
BALENOPTERA ROSTRATA.
Fig. 1. Balenoptera rostrata, squelette complet
sans le sternum et le bassin.
Fig. 2. Coupe de la tète d'après un exemplaire du
Musée de Louvain.
Fig. 3. Région cervicale.
Fig. i. Os hyoïde.
Fig. ">. Sternum.
Fig. 6. Omoplate.
Fig. 7. Membre complet.
Fig. 8. Os du bassin.
Fig. 9. Rocher et apophyses de la caisse tympa-
nique.
Fig. 10. Caisse tympanique isolée.
BALENOPTERA MUSCCLUS.
Fig. 11. Balenoptera musculus, squelette.
Fig. 12. Tète d'un individu adulte, du Musée de
Louvain.
Fig. 13. Coupe delà même tète.
Fig. 14. Sternum du Muséum de de Paris.
Fig. 14. Sternum, d'après un jeune animal du
Musée de Bruxelles.
Fig. 15. Os hyoïde.
Fig. 15'. Os hyoïde d'après le même jeune ani-
mal du Musée de Bruxelles.
Fig. 16. Allas, d'après un jeune animal du Mu-
séum de Paris.
Fig. 17. Axis du même animal.
Fig. 18. Quatrième vertèbre cervicale du même
animal.
Fig. 19. Omoplate, vue par sa l'ace externe.
Fig. 20. Membre complet d'un jeune animal.
Fig. 21. Bassin d'après M. Flower.
Fig. 22. Os du bassin du jeune anima] du Musée
de Bruxelles.
Fig. 23. Première côte, partie supérieure.
Fig. 24. Caisse tympanique isolée et étrier du
même animal.
BALENOPTERA SIBBALDII.
Fig. 25. Tête de Balenoptera Sibbaldii, d'après
un dessin du professeur Reinhardt. — Ce dessin,
ainsi que les trois suivants, sont faits d'après des
pièces conservées au Musée de Copenhague.
Fig. 26. Os nasaux.
Fig. 27. Os hyoïde.
Fig. 28. Atlas.
Fig. 29. Autre atlas, d'après un squelette du
Musée de Gotenburg, photographie et publié par
M. Malm; les figures suivantes sont faites d'après
le même animal.
Fig. 30. Axis.
Fig. 31. Région cervicale.
Fig. 32. Sternum.
Fig. 33. Omoplate.
Fig. 34. Membre complet.
PLANCHES XIV ET XV.
BALENOPTERA SCHLEOEL1I.
Ce squelette est déposé au musée de Leide.
Il a été envoyé de Java en IStii.
Fig. I. Tète vue de face.
Fig. 2. La même vue de dessons.
612
EXPLICATION DES PLANCHES.
Fig. 3. La même vue de profil.
Fig. 4. Mandibule vue par sa face externe.
Fig. 5. Région cervicale complète.
Fig. 6. Atlas isolé.
Fig. 7. Axis isolé.
Fig. 8. Troisième vertèbre cervicale.
Fig. 9. Quatrième vertèbre cervicale.
Fig. 10. Cinquième vertèbre cervicale.
Fig. H. Sixième vertèbre cervicale.
Fig. 12. Septième vertèbre cervicale.
Fig. 13. Sixième vertèbre dorsale vue de profil,
comme les précédentes.
Fig. li. La même vertèbre vue de l'ace.
Fig. 15. La dernière vertèbre dorsale et la pre-
mière lombaire.
Fig. 16. La première vertèbre lombaire, vue de
face.
Fig. 17. La dernière vertèbre lombaire et la pre-
mière caudale.
Fig. 18. La première vertèbre caudale, vue de
face.
Fig. 19. La quatrième vertèbre caudale, la plus
forte de toutes.
Fig. 20. La même vertèbre vue de face.
Fig. 21. La treizième vertèbre caudale.
Fig. 22. La quatorzième vertèbre caudale.
Fig. 23-26. Quatre os en chevron.
Fig. 27. Os hyoïde.
Fig. 28. Cornes du nièniP.
Fig. 29. Sternum.
Fig. 30. Omoplate.
Fig. 31. Humérus.
Fig. 32. P.adius.
Fig. 33. Cubitus.
Fig. 34. Première côte gauche, vue par le bord
interne.
Fig. 33. La même vue parle bord externe.
PLANCHE XVI 1).
PLES10CETUS (iOROPIl.
Fig. 1. Occipital du Plesiocetus goropii.
Fig- 2. Caisse tympanique.
Fig. 3. Caisse tympanique, vue du côté opposé.
Fig. 4. Atlas vu par la face antérieure. Les apo-
physes transverses sont artificielles.
/ ig. 5. Axis complet seulement d'un côté.
Fig. 6. Vertèbre cervicale.
Fig. i V erlèbre dorsale.
(1) Ces dessins de la planche XVI et XVII ont été exé-
i une époque où les ossemements du muxV do
Bruxelles n'étaient point à noti tion. L'étude
de ces matériaux nombreux ont fait changer plu un
détermination.
Louvain, octobre 1877,
Fig. 8. Vertèbre lombaire.
Fig. 9. Vertèbre caudale.
PLESIOCETUS BURTINII.
Fig. 10. Caisse tympanique de Plesiocetus bur-
tini.
Fig. 11. Atlas.
Fig. 1 2. Axis, dont les apophyses transverses sont
brisées, vu par sa face antéiieure.
Fig. 13. Vertèbre dorsale, une des premières.
Fig. 14. Une autre vertèbre dorsale.
Fig. 15. Une troisième vertèbre dorsale.
Fig. 16. Humérus.
PLESIOCETUS HUPSCHII.
Fig. 17. Plesiocetus hupschii, partie postérieure
du crâne vue en dessous.
Fig. 18. Caisse tympanique.
Fig. 19. Une autre caisse tympanique.
Fig. 20. Atlas.
Fig. 21. Axis.
Fig. 22. Troisième cervicale.
PLESIOCETUS GERVAISII.
Fig. 23. Os tympanique de Plesiocetus gervaisii.
Fig. 21. Le même vu du côté opposé.
PLANCHE XVII.
PLESIOCETUS HUPSCHII,
d'après un crâne du Muséum d'histoire naturelle de Pa
provenant de Villiers, près Baveux fCalvadnsi.
Fig. 1. Crâne vu par dessus.
Fig. 2. Le même, vu par dessous.
Fig. 3. Le même, vu de profil.
PLESIOCETUS CORTESII.
i e pièi es -"»i au musée 'le Bologne.
Fig. i. Partie postérieure du crâne d'après Ca-
pellini.
Fig. 5. Caisse tympanique du même animal.
CETOTHERIUM RATHKEI,
d'après des ossements conservés a Satnl Pétersbourg.
Fig. 6. Crâne restauré par le docteur Brandi,
d'après des ossements de Ciimée.
Fig. 7. Caisse tympanique, d'après Nordmann.
CET0THERIDM VANDELLII.
conservé" us le Lisbonne.
Fig. -s. I i'Tc \ ne par dessus, montrant une partie
de la face.
PLANCHE XVIII.
PHYSETEli AUSTRAL IS.
Fig. 1. Squelette complet provenant de Tas
manie et conservé au Musée des chirurgiens de
Londres. Figuré d'après un dessin de M. Flouer.
EXPLICATION DES PLANCHES.
i.l :
Fig. 2. Atlas du même sujet, vu par sa face an-
térieure.
Fig. 3. Os hyoïde, vu parla face antérieure.
Fig. 3a. Corne de l'hyoïde.
Fig. 4a. Sternum, vu par sa face antérieure.
PHYSETER MACROCEPHALUS.
Fig. 5. Atlas du sujet d'Audierne, vu par sa face
antérieure. Pièce conservée au Muséum de Paris.
Fig. (i. Région cervicale, vue de profil.
Fig. 7. Atlas et région cervicale synostosés trouvés
sur les côtes d'Australie, d'après une photographie
communiquée par M. Krefft.
Fig. la. Région cervicale du même sujet, vue
par la face postérieure.
Fig. 8. Omoplate, vue par sa face externe.
Fig. 9. Membre antérieur incomplet (humérus,
radius et cubitus' du sujet conservé autrefois au
Muséum de Paris.
MEGRANEURON KREFFT1I.
Fig. 10. Atlas, vu par sa face antérieure, d'après
une photographie envoyée par M. Krefft.
HYPER00D0N BUTZKOPF.
Fig. 11. Squelette d'un individu échoué entre
Sallenelles et Cabourg et conservé au Muséum de
Paris.
Fig. 12. Région cervicale, du même sujet, vue par
la face antérieure.
Fig. 13. Région cervicale, vue par la face pos-
térieure.
Fig. 14. Sternum, vu par sa face antérieure.
Fig. 15. Omoplate, vue par sa face externe.
Fig. 16. Membre antérieur.
PLANCHE XIX.
BYPEROODON BUTZKOPF.
Fig. 1. Tète, vue par la face supérieure, d'après
le sujet échoué à Sallenelles et conservé au Mu-
séum de Paris.
Fig. 2. Rocher et caisse auditive du même ani-
mal, vus par la face externe.
Fig. 2a. Rocher et caisse auditive du même ani-
mal, vus par la face interne.
Fig. 3. Base du crâne du même animal, vue par
la face interne. On y voit : le trou optique, le trou
déchiré antérieur, le trou grand rond, le conduit
auditif interne, le trou déchiré postérieur, le trou
condylien antérieur, etc.
IIYPEROODON LVTlFIiONS.
Fig. 4. Tête, vue par la face supérieure, appar-
tenant au sujet échoué aux îles Féroë, figurée
d'après un dessin d'Eschricht, publié par M. Rein-
hardt. Appartient au Musée de Copenhague.
PHYSETEB MACROCEPHALUS.
Fig. 5. Tète du sujet d'Audierne, vue par la face
supérieure. Appartient au Muséum de Paris.
Fig. 6. Mâchoire inférieure; les dents sont vues
par la couronne.
Fig. 6a. Même mâchoire, vue de profil.
Fig. 7. Extrémité antérieure d'une mâchoire
inférieure rapportée du Cap-tforn. Appartient ai
Muséum de Paris.
Fig. 7. Portion symphysaire de la même mâ-
choire.
Fig. 8. Portion symphysaire d'une mâchoire
inférieure déposée au Muséum de Paris.
Fig. 9. Mâchoire inférieure, vue de profil. Appar-
tient au Muséum de Paris.
Fig. 10. Mâchoire inférieure d'un sujet échoué
à l'île Maurice et déposée dans les collections du
Muséum de Paris. Cas pathologique.
Fig. 11. Caisse auditive droite, figurée d'après
R. Owen.
Fig. 12. Colonne vertébrale, vue par la face su-
périeure et appartenant au sujet figuré sur la
planche précédente Cet exemplaire, provenant des
côtes de Tasmanie, est, comme nous l'avons dit,
déposé au Collège des chirurgiens de Londres.
PLANCHE XX.
K0G1A BREVICEPS.
Fig. 1. Tète, vue par la face supérieure. Appar-
tient au Muséum de Paris.
Fig. la. Même tête, vue par la face inférieure.
Fig. \b. Même tête, vue de proGl.
Fig. 2. La mâchoire inférieure.
Fig. 3. Portion de mâchoire inférieure, vue par
son bord supérieur. Cette pièce, provenant des
côtes d'Australie, est conservée au Collège des
chirurgiens de Londres.
Fig. 3a. Même mâchoire, vue de profil.
PHYSETER MACROCEPHALUS.
Fig. 4. Région cervicale du sujet d'Audierne,
section longitudinale.
Fig. 3. Dent de la mâchoire supérieure. Pièce
conservée au Muséum de Paris.
Fig. 6. Dent, vue de la face externe. Muséum de
Paris.
Fig. 7. Dent, section longitudinale. Même Musée.
Fig. 8. Dent, section transversale. Même Musée.
PHYSETER ANTIQ1 l S.
Fig. 9 h 12. Dents fossiles des sables pliocènes
de Montpellier.
Fig. 13. Portion de mâchoire inférieure trouvée
dans les sabler pliocènes de Montpellier. Celle
61-
EXPL1CAT10N DES PLANCHES.
pièce est déposée dans les collections du Muséum
de Paris.
Fiy. 13a. La même mâchoire vue par la face
interne.
Fig. 14. Fragment d'os incisif, trouvé a'Tartas
dans les Landes.
Fig. 14a. Môme fragment, vu parla face infé-
rieure.
Fig. 146. Coupe transversale du même os.
PROPHYSETER CERVICAL1S.
Fin. 15- Région cervicale, coupée par un plan
vertical.
PHYSOUO.N LECCE»SE.
Fig. 16 à 18. Dent provenant du miocène de
Lecce (Italie méridionale). Ces pièces sont déposées
au Musée de Naples.
PAL.E0DELPH1S FUS1F0RME.
Fig. 19 et 20. Pièces appartenant au Musée de
Bruxelles.
PA1..E0DELPH1S GRANDIS.
Fig. il. Dent ligurée d'après l'original déposé au
Musée de Bruxelles.
PAL.EODELPHIS MINOTUS.
Fig. 22 et 23. Dents appartenant au même Musée.
SCALDICETUS CARETTI.
Fig. 24. Dent trouvée dans le cragd'Anvers. Mu-
sée de Bruxelles.
I10PL0CET.US Cl'RVIDENS.
Fig. 25. Dent trouvée dans les sables pliocènesde
Montpellier.
HOPLOCETUS CRASSIDEHS.
Fig. 26 et 27. Dents provenant des faluns de
Romans Drôme).
HOI'LOCETBS BORGERHOUTENSIS.
Fig. 28. Dent provenant du crag d'Anvers. Ap-
partient au Musée de Bruxelles.
EUCETUS AMBLIODON.
Fig. 29 et 30. Dents du crag d'Anvers. Musée de
Bruxelles.
DIH0Z1PHIUS RAEMDOMKII.
Fig. 3t et 32. Denis du crag d'Anvers. Pièces
déposées au Musée de Bruxelles.
PLANCHE XXI.
Z1PH11S.
Fig. 1. Télc. vue par la face supérieure, d'un
sujet échoué aux Aresquiès département de l'Hé-
rault).
FUj. la. Même tète, vue de profil.
Fig. 2. La mâchoire inférieure, vue par sa face
externe.
Fig. 3. Dents de la mâchoire supérieure.
Fig. 4. Dent de la mâchoire inférieure.
Fig. '■>. Région supra vomérienne, vue par la face
supérieure d'un sujet échoué sur les côtes de Pala-
gonie et appartenant au Musée de Buenos-Aires.
Fig. 6. Tête, vue par la face supérieure d'un su-
jet échoué à Lanton (Gironde!.
Fig. 7. Région supra vomérienne d'un sujet
échoué à Fos-les-Martigues.
Fig. 8. Tête, vue parla face supérieure d'un su-
jet échoué dans l'île de Corse; appartient au Musée
de Cette.
Fii/. 8a. Môme tète, vue de profil.
Fig. 9. La mâchoire inférieure vue de profil.
Fig. 10. Ziphius du cap de Bonne-Espérance.
Fig. 11. Tête vue par la face supérieure d'un
sujet provenant de la mer des Indes.
Fig. lia. Région supra vomérienne du même
animal.
Fig. 12. La mâchoire inférieure vue de profil.
Fig. 13. Dent de la même mâchoire, sortie de
l'alvéole.
Fig. 13a. Môme dent, section transversale.
Fig. 14. Dent fossile trouvée à BoucBouches-du-
Bhôno).
Fig. I4a. Môme dent, section transversale.
PLANCHE XXI BIS.
BERARDIUS A.RN00XII.
Fig. I. Tôte vue de profil d'un sujet appartenant
au Muséum de Paris.
Fig. 2. La mâchoire inférieure vue par sa face
l'xterne.
Fig. 3. Tète du môme sujet vue par si face su-
périeure.
Fig. t. Caisse tympanique et rocher du même
sujet.
ZIP H 11! S CHATAM.ËNSIS.
Fig. S. Tète vue par la face supérieure, appar-
tient au Muséum de Paris.
Fig. 6. Même tête, vue par la face inférieure.
PLANCHE XXII.
MESOPLODO.N S0WERB1ENSIS.
Fig. I. Squelette complet du sujet échoué a Os-
tende, conservé au Musée de Bruxelles.
Fig. 2. Omoplate du sujet échoué il Sallenelles
(Calvados) et conservée au Musée de Caen.
EXPLICATION DES PLANCHES.
6 I ',
Fig. 3. Humérus du même sujet.
Fit/. 4. Radius et cubitus du môme sujet.
Fig. 5. Extrémité du membre du même sujet.
ZIPHIUS CAVIROSTRIS.
Fi;/, (i. Région cervicale du sujet échoué aux
Aresquiès (Hérault1.
Fig. 7. Sternum du même sujet, vu par sa face
antérieure.
EUPHYSETER MACLEAYII.
Fig. 8. Squelette complet sauf les membres, d'a-
près une photographie communiquée par M. Krefft,
directeur du Musée de Sydney.
DI0PL0D0N SEYCHELLENS1S.
Fig. 9. Squelette complet sauf les membres.
PLANCHE XXIII.
BERARDIUS ARNOUXII.
Fig. i. Tête vue de profil du sujet échoué sur
les côtes de la Nouvelle-Zélande et dont le squelette
est déposé au Muséum de Paris.
Fig. \a. Tête du même sujet, vue par la face
supérieure.
Fig. 16. Tête du même sujet, vue par la face
inférieure.
Fig. 2. Maxillaire inférieur vu de profil.
Fig. 2a. Portion symphysaire de la mâchoire
inférieure, vue par le bord alvéolaire.
Fig. 26. Même région montrant les dents en
place.
Fig. .'i. Dent de la 1" paire sortie de son alvéole
et vue par sa face externe.
Fig. 4. Dent de la 2e paire sortie de son alvéole
et vue par sa face externe.
PLANCHE XXIII BIS.
BERAUDIVS ARNOUXII.
Fig. 1. Vertèbres delà région cervicale vues par
leur face inférieure. Les trois premières vertèbres
de cette région sontsoudées entre elles.
Fig. 2. Os synostosé des trois premières vertè-
bres cervicales, vu de profil.
Fig. 2a. Mêmes vertèbres vues par la face anté-
rieure de l'atlas.
Fig. 26. Mêmes vertèbres, vues par la face pos-
té'ri cure.
Fig. 3. Quatrième vertèbre cervicale, vue par la
face antérieure.
Fig. t. Cinquième vertèbre cervicale, vue par la
face antérieure.
Fig. '■<. Sixième vertèbre cervicale, vue par la
face antérieure.
Fig. 6. Septième vertèbre cervicale, vue par la
face antérieure.
Fig. 7. Vertèbres delà région dorsale, vues par
la face inférieure.
Fig. 8. Vertèbres de la même région, vues d<
profil.
Fig. 9. Vertèbres de la région sacro-lombaire ,
vues de profil.
Fig. te. Vertèbres de la région caudale et os en
V, vus de profil.
Fig. 10a. Les six dernières vertèbres caudales
vues par leur face supérieure.
Fig. 11. Dernière vertèbre lombaire, vue par sa
face postérieure.
Fig. \i. Première vertèbre caudale, vue parla
face antérieure
Fig. 13. Hyoïde vu par la face antérieure.
Fig. 14. Sternum vu par la face antérieure.
Fig. 15. Les cinq premières côtes, vues par leui
face externe.
Fig. 15a. Les cinq dernières côtes, vues par leur
face externe.
Fig. 16. Omoplate vue par sa face externe.
Fig. 17. Membre thoracique droit, vu par sa face
externe.
Les différentes pièces représentées sur celte
planche apparliennent à un squelette envoyé au
Muséum de Paris par M. V. Haasl de la Nouvelle-
Zélande.
PLANCHE XXIV.
DIOPLODOH EUR0P0EHS.
Fig. 1. Tète vue par la face externe. Figuréi
d'après Owen.
Fig. la. Tète du même sujet, vue par la faci
supérieure.
Fig. 16. Tête du même sujet, vue par la face
inférieure.
Fig. 1c. Tète du même sujet, vue par la faci
postérieure.
Fig. 2. Le maxillaire inférieur (côté droit . vu
de profil.
Fig. 2a. Son extrémité' antérieure, vue par le
bord alvéolaire.
Fig. 3. Dent du maxillaire inférieur, vue par son
bord antérieur.
Fig. 3a. La même dent sortie de son alvéole et
vue par sa face externe.
Fig. 36. La même dent, vue par sa face interne.
PLANCHE XXV.
DIOPLODOH DENSIROSTRIS.
Fig. 1. Extrémité du rostre vue par la face ex-
terne droite.
i]
EXPLICATION DES PLANCHES.
Fi//, la. Extrémité du rostre vue par sa l'ace su-
périeure.
Fig. 16. Extrémité du rostre vue par sa face in-
férieure.
Fig. le. Section transversale de la même région
pratiquée près de L'extrémité, suivant par un plan
perpendiculaire a l'ave.
DI0PL0D0X SECHELLENSE.
Fig. 1. Tète vue de profil. Cette pièce rapportée
des îles Seychelles est conservée dans les galeries
du Muséum de Paris.
Fig. lu. Tête du même sujet, vue par sa face su-
périeure.
fig. 2b. Tête du même sujet, vue par sa face in-
férieure.
g. 2c. Section transversale du rostre.
Fig. :î. Le maxillaire inférieur du côté droit, vu
par sa face externe.
Fig. 3a. Portion du même maxillaire, vu parson
bord alvéolaire.
PLANCHE XXÏI.
MESOPLODON SOWERBIENSIS.
, l. Tète vue de profil de l'individu échoué à
Sellenelles et conservécau Musée de Caen.
Fig. lu. Tète du même sujet, vue par la l'ace
supérieure.
Fig. 16. Tète du même sujet, vue parla face in-
férieure.
Fig. 2. La mâchoire inférieure vue de profil.
Fig. 2a. Portion symphysaire delà même mâ-
choire, vue par le bord supérieur.
Fig. 3. Dent de la mâchoire inférieure, vue par
sa face externe.
Fig. 3a. La même dent, vue par son bord anté-
rieur.
Fig. 4. Caisse auditive, vue par sa face externe.
Fig. 4a. Caisse auditive et rocher, vus par leur
e interne.
Fig. 5. Portion du rostre d'un sujet échoué au
Havre et dont la tète es! déposée au Muséum de
Paris, pièce vue par le côté droit.
Fig. 6. Portion symphysaire de la mâchoire in-
férieure du même sujet, vue parson bord alvéo-
laire. En arrière de l'alvéole de la dent principale
se voient du côté gauche sur la ligure quatre petites
dents; il n'y a que deux de ces organes du côté
gauche. La pièce n'ayant pas été retournée lors-
qu'elle a été dessinée sur pierre la figure repré-
sente le contraire de ce qui a lieu sur nature.
Fig. 7. Dent du maxillaire inférieur, \ ne par sa
face externe.
Fig. la. Même dent, vue par son bord antérieur.
Fig. s. Dents situées en arrière de la dent prin-
cipale du côté droit, représentées de grandeur na-
turelle et renversées par le dessin comme il a été
dit plus haut.
PLANCHE XXVII.
D0L1CH0D0N LAYARD1I.
Fig. I. Tète vue de profil de l'individu conservé
au Musée Britannique. Représentée d'après Owen.
Fig. la. Même tête, vue par la l'ace supérieure.
Fig. Ib. Extrémité du rostre, vue par sa tace in-
férieure.
Fig. 16'. Section du môme rostre par un plan
perpendiculaire a l'axe.
Fig. i. Mâchoire inférieure , vue par sa face
externe.
Fig. 3. Extrémité supérieure de la dent droite
du même maxillaire, représentée dans sa vraie
grandeur et sur laquelle on voit le petit cône d'é-
mail s'élevant au dessus du cément qui revêt l'or-
gane.
Fig. 3a. Section transversale delà même dent.
Z1PHIUS PLAN1R0STRIS.
Fig. i. Portion de crâne et rostre provenant du
crag d'Anvers. Appartient au Muséum de Paris.
Fig. la. Même pièce vue de profil.
Fig. '■>. Portion de crâne et rostre d'un deuxième
sujet provenant du même gisement. Appartient au
même musée.
Fig. Sa. Même pièce, vue de profil.
ZIPHIUS LONGIROSTRIS.
Fig. 6. Extrémité de rostre, vue de profil. Col-
lection du Muséum. Pièce provenant du crag d'An-
\ ers.
Fig. 6 . s. lion du même rostre par un plan per-
pendiculaire il l'axe.
Fig. (>a. Même rostre, vu par sa face supérieure.
ZIPHIUS BECANII.
Fig. ',. Extrémité du rostre, vue par la face su-
périeure. Même gisement que les pièces précé-
dentes
ZIPHIUS TEXUIROSTRIS.
Fig. s. Extrémité du rostre vue par la lace supé-
rieure, figurée d'après Owen. Pièce provenant du
ei ag de Suil'olk.
Fig. 9. Extrémité de rostre d'un sujet de lamême
espèce provenant du crag d'Anvers et conservée au
Muséum de Paris.
Fig. 10. Portion de rostre d'un deuxième sujet
provenant du même gisement. Appartient au Mu-
séum de Paris.
Fig. lOo. Même pièce, vue par la face inférieure.
EXPLICATION DES PLANCHES.
617
PLACOZIPHIIIS DUBOISII.
Fig. 11. Portion de rostre recueilli a Edeghem,
près d'Anvers.
Fig. Ma. Portion de rostre provenant d'Emixen,
également près d'Anvers.
Fig. Mb. Portion de crâne et rostre, vue de pro-
fil. Pièce déposée au musée de Louvain.
Fig, 12. Atlas provenant du même gisement, vu
parla face antérieure. Figuré d'après M. Van Be-
neden.
BELEMNOZIPHIUS COMI'RESSUS.
Fig. 13. Extrémité de rostre du crag de Suft'olk.
Pièce figurée d'après Huxley.
Z1PH1US MEDILINEATUS.
Fig. 14. Extrémité de rostre provenant du crag
de Suffolk. Pièce figurée d'après Owen.
ZIPHIÏÏS ANGULATUS.
Fig. 15. Extrémité de rostre provenant de la
même localité. Figuré d'après Owen.
Fig. 15a. Fragment de rostre du crag d'Anvers.
Pièce faisant partie des collections du Muséum de
Paris.
ZIPH1US PLANUS.
Fig. 16. Portion de rostre trouvé dans le crag
de Suffolk. Figuré d'après Owen.
ZIPHIUS ANGUSTUS.
Fig. 17. Portion de rostre du crag de Suflolk.
Figuré d'après Owen.
ZIPHIUS GIBBUS.
Fig. 18. Portion de rostre du crag de Suffolk.
Figuré d'après Owen.
PLANCHE XXVII BIS.
ZIPHIOPSIS PHYMATODES.
Fig. 1. Base du rostre, vue de profil.
BELOMNOZIPHIUS RECURVUS.
Fig. 2. Bostre vu de profil.
Fig. 2*. Coupe du rostre.
ZIPHIUS LONGIRASTRIS.
Fig. 3. Rostre vu par sa face supérieure.
Fig. 3*. Coupe du rostre.
ZIPHIUS PLANIROSTRIS.
Fig. 4. Rostre brisé, vue de profil.
ZIPHIROSTRUM LEVIGATTCM.
Fig. o. Rostre vu par sa face supérieure.
Fig. 5*. Coupe du rostre.
ZIPHIROSTRUM TURNINENSE.
Fig. 6. Rostre entier vu par sa face antérieure.
Fig. 6*. Coupe du rostre.
APOROTUS DISCYRTUS.
Fig. 7. Rostre vu par sa face supérieure.
Fig. 7* Coupe du rostre.
ZIPHIOPSIS SERVATUS.
Fig. 8. Haut du rostre vu par la face supérieure.
Fig. 8*. Coupe du rostre.
PLANCHE XXVIII.
SO.UALODON GRATELOUPI.
Fig. 1. Fragment de mâchoire supérieure, vue
par sa face externe. Pièce découverte a Léognan.
Fig. 2. Portion de mâchoire inférieure prove-
nant delà même localité. Pièce vue par son bord
alvéolaire.
Fig. 3. Mâchoire inférieure gauche, vue par sa
face interne. Musée Graleloup.
Fig. 4. Mâchoire inférieure, vue de profil. De
Léognan, collection de M. Delforlrie.
Fig. 4a. Même mâchoire, vue par son bord al-
véolaire.
Fig. 5. Atlas, vu par sa face antérieure. De Léo-
gnan.
Fig. 5a. Même vertèbre, vue par sa face posté-
rieure.
Fig. 6. Vertèbre dorsale, vue par la face anté-
rieure. Pièce provenant du miocène de Pézénas
(Hérault).
Fig. 7. Plaque sternébrale antérieure. De Léo-
gnan (Gironde).
RHIZOPRION BARIE.NSIS.
Fig. 8 Crâne trouvé a Bari (Drôme) et faisant
partie des collections du Muséum de Lyon, vu de
profil.
Fig. Sa. Le même crâne vu par la face supé-
rieure.
Fig. 9. Extrémité du rostre du même sujet, vue
par sa face externe gauche; pièce appartenant au
Muséum de Paris.
Fig. 9a. La même extrémité, vue par lecôtédroit.
Fig. 10. Dent, vue par sa lace externe. D'Uzès
(Gard).
Fig. 11. Dent supérieure, vue par la face ex-
terne. De Castres (Hérault).
Fig. lia. Même dent, vue par sa face interne.
SftUÀLODON GERVAISII.
Fig. 12. Dent, vue par sa face externe. Pièce
provenant de Saint-Jean-de-Vé la- lié. nuit .
78
618
Fig. 12a. Même dent, vue par sa face iDterne.
Fig. 13. Dent provenant de la même localité, re-
présentée par sa face externe.
Fig. 13a. Même dent, vue par sa face interne.
STEREODELPHIS RREY1P.ENS.
Fig. 14. Portion de maxillaire inférieur, vue par
sa face externe. Pièce découverte il Fonmagne.
Fig. 14a. Même pièce, vue par son bord alvéo-
laire.
Fig. 15. Dent supérieure, vue par sa face ex-
terne. Même localité.
Fig. 16. Dent supérieure, vue par sa face externe.
De Saint-Didier (Vaucluse).
Fig. 17. Dent de Saint-Didier.
EXPLICATION DES PLANCHES.
l'Ëocènede l'Ashley-River, près Charleston. Figuré
d'après Leidy.
PLANCHE XXIX.
INIA GEOFFRENSIS.
Fig. 1. Vertèbres de la région cervicale, vues par
leur face supérieure.
Fig. 2. Les sept premières vertèbres dorsales,
vues par leur face supérieure.
Fig. 3. Dernières vertèbres dorsales, vertèbres
lombaires et les huit premières caudales, vues par
leur face supérieure.
Fig. 4. Dernières vertèbres caudales, vues par
leur face supérieure. Ces différentes parties du
squelette appartiennent a un individu conserve au
Muséum de Paris.
PHOCODON.
Fig 18. Trois dents trouvées à Malte et figurées
d'après Scilla.
Fig. 19. Dent trouvée à Dinan (Côtes-du-Nord .
SQUALODON ANTVERPIENSIS.
Fig. 20. Mâchoire supérieure, vue de profil.
Pièce trouvée dans le crag d'Anvers et figurée d'a-
près M. Van Beneden.
Fig. 21. Portion antérieure de mâchoire infé-
rieure portant les dents en place. Au-dessus d'elles
se voient en place les trois premières dents de la
mâchoire supérieure. Pièce trouvée dans le crag
d'Anvers.
ARIONUS SERVATUS.
Fig. 22. Portion du crâne et base du rostre, vues
par la face supérieure. Cette pièce, découverte à
lîaltringen (Wurtemberg), est déposée au Musée de
Stultgard. Figurée d'après II. de Meyer.
Fig. 22a. Le même crâne, vu par sa face infé-
rieure.
Fig. 23. Dent inférieure, vue par son bord anté-
rieur. D'après II. de Meyer. De la même localité que
la pièce précédente et déposée dans le même Musée.
Fig. 23a. La même dent, vue par sa face posté-
rieure.
Fig. 21. Dent inférieure, vue par la face anté-
rieure. Figurée d'après II. de Meyer. Musée de
Stutlgard.
Fig. 24a. La même dent, vue par sa face posté-
rieure.
SQUALODON' ATLANTIU s.
Fig. 25. Portion de maxillaire supérieur pourvu
de quatre dents, trouvée dans le New-Jersey et
figurée d'après Leidy.
SQUALODON? PYGMd ! S.
Fig. 2(i. Crâne presque complet trouvé
dans
PONTOPORIA RLAINVILLEI.
Fig. 5. Squelette complet, appartenant au Mu-
séum de Paris.
Fig. 6. Atlas, vu par la face antérieure.
Fig. 7. Axis, vu par la face antérieure.
Fig. 8. Troisième vertèbre cervicale.
Fig. 9. Quatrième vertèbre cervicale.
Fig. 10. Cinquième vertèbre cervicale.
Fig. 1 1. Sixième vertèbre cervicale.
Fig. 12. Septième vertèbre cervicale.
Ces différents os sont vus par leur face anté-
rieure.
Fig. 13. Base du rostre et portion correspondante
du maxillaire inférieur, vues par leur face externe.
Fig. 14. Môme portion du maxillaire inférieur,
représentée dans la figure précédente, vue par le
bord alvéolaire.
PLANCHE XXX.
PLATAMSTA GANGETICA.
Fig. 1. Squelette complet, sauf les membres,
d'un jeune sujet conservé au Muséum de Paris.
Fig. 2. Vertèbres de la région cervicale, vertèbres
dorsales, etc., vues par leur face inférieure.
Fig. 3. Atlas, vu par sa face antérieure.
Fig. 4. Axis, vu par sa face antérieure.
Fig. 5. Troisième vertèbre cervicale, id.
Fig. 6. Quatrième vertèbre cervicale, id.
Fig. 1. Cinquième vertèbre cervicale, id.
Fig. 8. Sixième vertèbre cervicale, id.
Fig. 9. Septième vertèbre cervicale, id.
Fig. 10. Sternum d'un sujet adulte, vu par sa
face antérieure.
Fig. 11. Sternum d'un autre sujet, vu également
par sa face antérieure.
Fig. 12. Sternum du jeune sujet dont le sque-
lette est figuré sur cette planche (face antérieure).
Fig. 13. Omoplate d'un sujet adulte, vue par la
face externe.
EXPLICATION DES PLANCHES.
619
Fig. 14. Membre du même sujet, vu par sa face
externe.
Fig. 15. Omoplate du jeune sujet représenté
fig. 1, vue par sa face externe.
Fig. 16. Membre du même sujet, vu par sa face
externe.
Fig. 17. Base du crâne, vue par la face supé-
rieure.
Fig. 18. Base du crâne, vue parla face inférieure.
Fig. 19. Crâne, vu par la face supérieure, et dont
les apophyses du maxillaire supérieur, formant les
expansions conchoïdes, ont été détachées.
Fig. 19a. Apophyse conchoïde du côté droit, vue
par la face interne.
Fig. 196. Apophyse conchoïde du côté gauche,
vue par la face interne.
Fig. 20. Crâne, vu par la face postérieure.
PLANCHE XXXI.
PLATANISTA GANGETICA.
Fig. 1. Rostre, vu de profil. Pièce faisant partie
des collections du Collège royal des chirurgiens de
Londres.
Fig. 2. Tète, vue de profil. Sujet rapporté par
Duvaucel, et conservé au Muséum de Paris.
Fig. 2a. Même tète, vue par sa face supérieure.
Fig. 26. Môme tête, vue par sa face intérieure.
Fig. 3. Région postérieure de la mâchoire infé-
rieure, vue parle bord supérieur.
Fig. 4. Région antéro-supérieure du crâne mon-
trant : n l'os nasal ; — / le frontal ; — i l'os incisif;
— e l'ethmoïde, etc.
Fig. 5. Os zygomatique, en rapport avec les os
maxillaire supérieure, frontal et temporal.
Fig. 6. Le même os, vu isolément.
Fig. 7. Caisse auditive, vue par sa face interne.
Fig. la. Caisse tympanique, vue par sa face ex-
terne.
Fig. 76. Caisse auditive, vue par sa face interne.
Fig. 8. Section transversale du rostre dans un
point voisin de sa base.
Fig. 8a. Section transversale de la symphyse du
maxillaire inférieur à une petite dislance de la par-
tie intérieure de la symphyse.
PLATANISTA INDI.
Fig. 9. Tète, vue de profil.
Fig. 9a. La même tête, vue par sa face supé-
rieure.
PLANCHE XXXII.
INIA GEOFFRENSIS.
Fig. 1. Atlas, vu de profil.
Fig. \a. Même vertèbre, vue par sa face anté-
rieure.
Fig. 16. Même vertèbre, vue par sa face posté-
rieure.
Fig. le. Même vertèbre, vue par sa face supé-
rieure.
Fig. 2. Axis, vu de profil.
Fig. la. Même vertèbre, vue par sa face anté-
rieure.
Fig. 3. Troisième cervicale, vue de profil.
Fig. 3a. Même vertèbre, vue par la face anté-
rieure.
Fig. 4. Quatrième cervicale, vue de profil.
Fig. 5. Cinquième cervicale, vue de profil.
Fig. 6. Sixième cervicale, vue de profil.
Fig. 6a. Même vertèbre, vue par sa face anté-
rieure.
Fig. 7. Septième vertèbre cervicale, vue de profil.
Fig. la. Môme vertèbre, vue de face postérieure.
Fig. 8. Première vertèbre dorsale, vue par la
face antérieure.
Fig. 9. Vertèbres de la région dorsale, vues de
profil.
Fig. 10. Treizième vertèbre dorsale, vue par la
face postérieure.
Fig. 11. Première côte, vue par la face externe.
Fig. 12. Neuvième côte, vue par son bord anté-
rieur.
Fig. 13. Dernière fausse côte, vue par son bord
antérieur.
Fig. 14. Première vertèbre lombaire, vue par la
face antérieure.
Fig. 15. Première, deuxième et troisième ver-
tèbres lombaires vues de profil.
Fig. 15a. Les mêmes vertèbres, vues par la face
inférieure.
Fig. 16. Vertèbres de la région caudale, vues de
profil. Au-dessous du corps de ces vertèbres sont
figurés les os en V.
Fig. 17. Dernières vertèbres caudales, vues par
leur face supérieure.
Fig. 18. Sternum, vu par la face antérieure.
Fig. 18a. Sternum, vu par la face postérieure.
Fig. 186. Sternum, vu de profil.
Fig. 19. Omoplate droite, vue par la face ex-
terne.
Fig. 19a. Même os, vu par la face interne.
Fig. 20. Membre droit, vu par sa face externe.
Les différentes parties du squelette représentées
sur cette planche appartiennent it un sujet rap-
porté du Haut-Amazone et conservé dans les galeries
du Muséum de Paris.
PLANCHE XXXIII.
INIA GEOFFRENSIS.
Fig. 1. Tète, vue de profil. Appartient au sujet
620
EXPLICATION DES PLANCHES.
rapporté du Haut-Amazone et conservé dans les ga-
leries du Muséum de Paris.
Fig. la. Même tète, vue par la face supérieure.
Fig. 16. Même tête, vue par la face inférieure.
Fig. le. Même tète, vue par la face postérieure.
Fig. 2. Avant-dernière dent du maxillaire supé-
rieur, vue de profil.
Fig. 3. Dent de la région médiane du même os
supérieur, vue de profil.
Fig. 4. Deuxième dent du même os, vue de
profil.
Fig. 5. Avant-dernière dent du maxillaire infé-
rieur, vue de profil.
Fig. G. Dent de la région médiane du même os,
vue de profil.
Fig. 7. Deuxième dent antérieure du même os,
vue de profil.
Fig. 8. Maxillaire supérieur, vu par son bord
alvéolaire et montrant les dents en place. D'après
une tête donnée au Muséum de Paris par le Musée
de Lisbonne.
Fig. 9. Le maxillaire inférieur, vu par son bord
alvéolaire et montrant les dents en place.
Fig. 10. Dernières dents du maxillaire supérieur
du même sujet, vues par la couronne.
Fig. 11. Dernières dents du maxillaire inférieur
du même sujet, vues par la couronne.
LMA BOLIVIENSIS.
Fig. 12. Tète, vue par la face supérieure. Collec-
tions du Muséum de Paris.
PLANCHE XXXIV.
TPRS10PS ADUNCUS.
Fig. 1. Tète vue par la face supérieure. Appar-
tient au Musée de Caen.
Fig. 2. Le maxillaire supérieur, vu par sa face
inférieure.
Fig. 2a. Le maxillaire inférieur, vu par son bord
alvéolaire.
TURSIOPS TURSIO.
Fig. 3. Tète vue par la face supérieure d'un in-
dividu pris a Cette (Hérault) et conservéeau Muséum
de Paris.
Fig. 4. Caisse auditive du même sujet, vue par
la face interne.
Fig. 4a. Caisse lympanique, vue parla face ex-
terne.
Fig. <kb. Caisse lympanique, vue par la face anté-
rieure.
Fig. '■>. Maxillaires supérieur et inférieur du
même sujet, vus de profil.
Fig. 6. Partie antérieure du crâne et du rostre
du même sujet, vus par la face inférieure.
Fig. 7. Tète vue par la face supérieure et appar-
tenant a un individu échoué sur les côtes de la
Manche. Musée de Caen.
Fig. 8. Le maxillaire supérieur vu par sa face
inférieure et montrant les dents vues par la cou-
ronne.
Fig. 8a. Le maxillaire inférieur, vu par son bord
alvéolaire.
fig. 9. Maxillaires supérieurs et inférieurs du
même sujet, vus de profil.
DELPMNUS BROCHII.
Fig. 10. Série des dents inférieures d'un individu
pris à San Lorenzo.
PLANCHE XXXV.
TURSIOPS TURSIO.
Fig. 1. Région cervicale d'un vieux mâle échoué
ii Cette (Hérault) et dont le squelette est conservé
au Muséum de Paris. Les deux premières vertèbres
de cette région sont soudées entre elles ; l'os unique
qu'elles forment est représenté a droite de la figure
par la face antérieure de l'atlas. Les 3e, 4e, 5% 6'
et 7e vertèbres cervicales sont également figurées
par leur face antérieure.
Fig. 2. Vertèbres de la région cervicale du même
sujet, vues par leur face inférieure.
Fig. 3. Première vertèbre dorsale, vue par la
face antérieure.
Fig. 4. Dernière vertèbre dorsale, vue par la
face antérieure.
Fig. S. Première vertèbre lombaire, vue par sa
face antérieure.
Fig. 6. Dernière vertèbre lombaire, vue par sa
face antérieure.
Fig. 7. Première vertèbre caudale, vue par sa
face antérieure.
Fig. 8. Neuvième vertèbre caudale, vue par sa
face antérieure.
Fig. 9. Colonne vertébrale représentée par sa
face inférieure. Pour compléter cette région, ajou-
tez la région cervicale du même sujet représentée
fig. 2 de cette planche.
l<ig. 9a. Région caudale du même sujet, vue de
profil.
Fig. 10. Première côte, vue par sa face anté-
rieure.
Fig. 11. Dernière fausse côte, vue par sa face
externe.
Fig. 12. Sternum, vu par sa face antérieure.
Fig. 13. Omoplate, vue par sa face externe.
Fig. 14. Membre antérieur droit, vu par sa face
externe.
Les diflérentes parties du squelette représentées
de 1 à 14 appartiennent toutes au sujet pris il Cette
et conservé au Muséum de Paris.
EXPLICATION DES PLANCHES.
(i-21
LAGENORHYNCHUS LEUCOPLEURUS.
Fit/, 15. Vertèbres de la région cervicale, vues
par leur face antérieure.
Fig, 16. Première vertèbre dorsale, vue par sa
face antérieure.
Fig. 17. Dernière vertèbre dorsale, vue par sa
face antérieure.
Fig. 18. Première vertèbre lombaire, vue par sa
face antérieure.
Fig. 19. Dernière vertèbre lombaire, vue par sa
face postérieure.
Fig. 20. Première vertèbre caudale, vue par sa
face antérieure.
Fig. 21. Seizième vertèbre caudale, vue par sa
face antérieure.
Fig. 22. Sternum, vu par la face antérieure.
Fig. 23. Omoplate, vue par sa face externe.
Toutes les pièces figurées de 15 a 23 appartien-
nent à un sujet conservé au Muséum de Paris.
LAGENORHYNCHUS ESCHRICHTH.
Fig. 24. Vertèbres de la région cervicale. Les
quatre premières vertèbres, confondues en une
seule masse, sont représentées vues par la face an-
térieure de l'atlas, sur la figure de droite ; elles sont
représentées par leur face externe sur la seconde
figure. Les autres vertèbres sont vues par leur
face antérieure.
Fig. 25. Première vertèbre dorsale, vue par sa
face antérieure.
Fig. 26. Dernière vertèbre dorsale, vue par sa
face antérieure.
Fig. 27. Première vertèbre lombaire, vue par sa
face postérieure.
Fig. 28. Dernière vertèbre lombaire, vue par sa
face antérieure.
Fig. 29. Première vertèbre caudale, vue par sa
face antérieure.
Fig. 30. Seizième vertèbre caudale, vue par sa
face antérieure.
Fig. 31. Colonne vertébrale complète, vue par
sa face inférieure.
Fig. 32 Sternum, vu par sa face antérieure.
Fig. 33. Membre thoracique droit, vu par sa face
externe
Les pièces figurées de 24 à 33 appartiennent à un
sujet conservé au Muséum de Paris.
PLANCHE XXXVI.
CEPHALORHYNCHUS HEAVIS1DII.
Fig. 1. Tète vue par la face supérieure. Pièce
conservée au Muséum de Paris.
Fig. la. La même tète vue par la face infé-
rieure.
Fig. \b. Maxillaires supérieur et inférieur, vus
de profil.
LAGENORHYNCHUS BREYICEPS.
Fig. 2. Tête vue par la face supérieure. La ca-
lotte crânienne a été sciée pour montrer la face su-
périeure de la base du crâne. Pièce conservée au
Muséum de Paris.
LAGENORHYNCHUS CRUCIGER.
Fig. 3. Tète vue par la face supérieure. Pièce
conservée au Muséum de Paris.
Fig. 3a. La même tête, vue par sa face infé-
rieure.
LAGENORHYNCHUS LEUCOPLEURUS.
Fig. 4. Tète vue par la face supérieure. Appar-
tient au sujet conservé au Muséum de Paris et dont
les parties caractéristiques du squelette sont repré-
sentées sur la planche précédente.
Fig. 4a. Les mâchoires supérieure et inférieure,
vues de profil.
LAGENORHYNCHUS ALBIROSTRIS.
Fig. 5. Tète vue par la face supérieure. D'après
Reinhardt.
LAGENORHYNCHUS ASIA.
Fig. 6. Tète vue par la face supérieure. Appar-
tient au Muséum de Paris.
PLANCHE XXXVII.
DELPHLNORHYN'CHUS (STENO) PLUMBEUS.
Fig. 1. Tête vue de profil. (Collection du Muséum
de Paris.)
Fig. 2. La mâchoire inférieure, vue de profil.
Fig. 3. La même tête, vue par sa face supé-
rieure.
Fig. 4. La même tète, vue par sa face infé-
rieure.
Fig. 5. Caisse auditive du même sujet, vue par
sa face interne.
DELPHINORHYNCHUS (STENO) SINENSIS.
Fig. 6. Maxillaire supérieur, vu de profil.
Fig. 6a. Le maxillaire supérieur, vu par sa face
inférieure.
Fig. 7. Maxillaire inférieur du même sujet, vu
de profil.
Fig. la. Le même maxillaire, vu par son bord
alvéolaire.
DELPHINORHYNCHUS ROSTRATUS.
Fig. 8. Crâne vu de profil.
Fig. 9. Le maxillaire supérieur, vu par sa face
inférieure.
622
EXPLICATION DES PLANCHES.
Fig. 10. Le maxillaire inférieur, vu de profil.
Fig. 10a. Le même maxillaire, vu par son bord
alvéolaire.
Fig. 11. Dents supérieure et inférieure représen-
tées de grandeur naturelle.
DELPHINORHYNCHUS FRONTATUS.
Fig. 12. Tète vue par la face supérieure.
PLANCHE XXX VIII .
PRODELPHINUS MARGINATUS.
Fig. 1. Tète vue par la face supérieure, d'un in-
dividu pris sur la plage de Dieppe. Collection du
Muséum de Paris.
Fig. la. La même tête, vue par sa face infé-
rieure.
Fig. 16. Caisse auditive, vue par sa face interne.
Fig. le. Caisse auditive, vue par sa face interne.
PRODELPHINUS TETHYOS.
Fig. 2. Tête vue par la face inférieure d'un in-
dividu échoué ii Port-Yendres. Collection du Mu-
séum de Paris.
PRODELPHINUS? LEOCORAMPHUS.
Fig. 3. Tète vue par sa face inférieure. Muséum
de Paris.
Fig. 3(i. Le maxillaire inférieur, vu par son bord
alvéolaire.
PRODELPHINUS FR^NATUS.
Fig. 4. Tète vue par la face inférieure. Pièce rap-
portée du Cap-Vert et conservée au Muséum de
Paris.
Fig. la. Le maxillaire inférieur droit, vu par son
bord alvéolaire.
PRODELPHINUS FRONTALIS.
Fig. S. Tète vue par la face inférieure. Muséum
de Paris.
PRODELPHINUS ROSEIVENTRIS.
Fig 6. Tête vue par la face supérieure. Collec-
tion du Muséum de Paris.
Fig. Ga. La même tète, vue par la face infé-
rieure.
PLANCHE XXXIX.
EUDELPHINUS DELPHIS.
Fig. I. Tête vue de profil et appartenant à un
sujet pris sur les côtes de l'Océan. Collection du
Muséum de Paris.
Fig. i. Tète du même sujet, vue parsa facesupé-
rieure.
Fig. 3. Tête du même sujet, vue par sa face infé-
rieure.
F/g. 4. Os de l'oreille, vus par leur face interne.
Fig. 4a. Caisse auditive montrant le trou auditif
interne.
Fig. 46. Caisse tympanique, vue par sa face in-
terne.
Fig. 4c. Les osselets de l'ouïe isolés.
Fig. 5. Le maxillaire inférieur gauche, vu par
son bord alvéolaire.
Fig. 6. Portion antérieure de la base du crâne et
rostre d'un individu pris dans la Méditerranée, vus
par la face inférieure. Collections du Muséum de
Paris.
Fig. 7. Le maxillaire inférieur droit, vu par son
bord alvéolaire.
EUDELPHINUS FULYO-FASCIATUS.
Fig. 8. Rostre vu par la face inférieure. Collec-
tion du Muséum de Paris.
EUDELPHINUS TASMAN1ENSIS
Fig. 9. Rostre vu par la face inférieure, d'un
individu provenant d'Hobart-Town (côles de Tas-
manie). Collection du Muséum.
EUDELPHINUS LONGIROSTRIS.
Fig. 10. Tête vue parla face supérieure. Collec-
tion du Muséum.
Fig. 11. Même tète, vue par sa face inférieure.
PLANCHE XL.
DELPHINUS (EUDELPHINUS) DELPHIS.
Fig. 1. Série des vertèbres cervicales, vues par
leur face antérieure. Collection du Muséum.
Fig. 2. Première vertèbre dorsale, vue par la face
antérieure.
Fig. 3. Quinzième vertèbre dorsale, vue par la
face postérieure.
Fig. 4. Dernière vertèbre lombaire, vue par la
face postérieure.
Fig. 5. Quinzième vertèbre dorsale, vue par sa
face antérieure.
Fig. 6. Première vertèbre lombaire, vue par sa
face antérieure.
Fig. 7. Dernière vertèbre lombaire, vue par sa
face antérieure.
Fig. a. Première vertèbre caudale, vue par sa
face antérieure.
Fig. 9. Colonne vertébrale, vue de profil, (l'un su-
jet acheté il la halle de Paris et dont les différentes
parties du squelette, figurées sur cette planche, sont
conservées au Muséum de Paris.
Fig. 9a. Même colonne vertébrale, vue par sa face
inférieure.
EXPLICATION DES PLANCHES.
623
Fiff. 10. Hyoïde vu parla l'ace antérieure et appar-
tenant à un sujet dont le squelette est conservé
dans les galeries du Muséum de Paris.
Fi(/. 11. Hyoïde, vu par la face antérieure, d'un
sujet pris à Concarneau.
Fig. 12. Sternum du même sujet, vu par sa face
antérieure.
Fig. 13. Première côte, vue parla face antérieure
(sujet des Halles).
Fig. 14. Sixième côte du même individu, vue par
son bord antérieur.
Big. 15. Quinzième côte du même sujet, vue par
son bord antérieur.
Fig. 16. Membre antérieur droit, vu par sa face
externe, de l'individu pris à Concarneau.
Fig. 17. Membre antérieur droit, vu par sa face
externe, de l'individu pris à Cette.
Fig. 18. Les deux premières vertèbres cervicales
soudées, vues par la face antérieure de l'atlas. Col-
lection du Muséum.
Fig. 19. Vertèbres delà région cervicale, vues de
profil.
Fig. 20. Vertèbres de la région cervicale d'un
jeune individu de la même espèce, vues par leur
face antérieure. Muséum de Paris.
Fig. 21. Première vertèbre dorsale, vue par sa
face antérieure.
Fig. 22. Sternum d'un sujet pris à Dieppe, vu par
sa face antérieure.
Fig. 23. Omoplate du même sujet, vue par sa face
externe.
Fig. 24. Membre tboracique droit du même sujet,
vu par sa face externe.
DELPHINUS BREV1MANUS.
Fig. 25. Omoplate vue par sa face externe. Mu-
séum de Paris.
Fig. 20. Membre thoracique droit du même sujet,
vu par sa face externe.
DELPHINUS ROSEIVENTRIS.
Fig. 2". Atlas et axis soudés, vus par les faces
antérieure et externe.
Fig. 28. Sternum vu par sa face antérieure. Col-
lection du Muséum.
Fig. 29.. Omoplate du môme sujet, vue par sa face
externe.
Fig. 30. Membre thoracique droit du même sujet,
vu par sa face externe.
PLANCHE XLI.
SOTALIA GUYANENSIS.
Fig. 1. Squelette complet d'un individu rapporté
de la Guyane et conservé au musée de Louvain.
Fig. 2. Mâchoires supérieure et intérieure, vues
par leur bord alvéolaire.
Fig. 3. Sternum vu par la face antérieure.
Fig. 4. Omoplate droite, vue par la face externe.
Fig. 5. Membre thoracique du même côté, vu par
sa face externe.
Fig. 6. Tête vue par sa face supérieure. Collec-
tion du Muséum de Paris.
Fig. 6a. La même tête, vue par sa face inférieure.
Fig. 7. Maxillaires supérieur et inférieur, tus par
leur bord alvéolaire.
Fig. 8. Caisse auditive, vue par la face externe.
Fig. 8a. Caisse auditive, vue par la face interne.
Fig. 9. Vertèbres de la région cervicale, vues
par leur face inférieure.
Fig. 9a. Vertèbres de la même région, vues par
la face antérieure de l'atlas.
Fig. 10. Troisième vertèbre cervicale, vue par la
face antérieure.
Fig. 1 1 . Quatrième vertèbre cervicale, vue par la
face antérieure.
Fig .12. Cinquième vertèbre cervicale, vue par la
face antérieure.
Fig. 13. Sixième vertèbre cervicale, vue par la
face antérieure.
Fig. 14. Septième vertèbre cervicale, vue par la
face antérieure.
Fig. 15. Sternum, vu parla face antérieure.
Fig. 16. Omoplate, vue par la face externe.
F/g. 17. Membre thoracique droit, vu par la face
externe.
Fig. 18. Septième vertèbre cervicale incomplète
envoyée de Buenos-Ayres au Muséum de Paris.
PLANCHE XL1I.
BELUGA ALBICANS.
Fig. 1. Squelette vu de profil, d'après un fœtus
faisant partie des collections du Muséum de Paris.
Fig. 2. Squelette du même sujet vu par sa face
supérieure.
Fig. 3. Atlas vu par sa face antérieure.
Fig. 4. Axis vu par sa face antérieure.
Fig. 5. Membre thoracique droit, vu par sa face
externe.
F,g. 6. Atlas d'un individu adulte, vu par sa face
antérieure.
Fig. 7. Axis du même sujet, vu par sa face anté-
rieure.
Fig. 8. Septième vertèbre cervicale, vue par sa
face antérieure.
Fig. 9. Les deux premières vertèbres cervicales
et la septième vues de profil.
MONODON MONOCEROS
Fig. 10. Atlas d'un individu adulte, vu par sa Face
antérieure. Collection du Muséum de Paris.
624
EXPLICATION DES PLANCHES.
Fig. 11. Axis du même sujet, vu par sa face anté-
rieure.
Fig. 12. Septième vertèbre cervicale, vue par sa
face antérieure.
PLANCHE XLIII.
HYPEROODON BUTZKOPF.
Fig. 1. Squelette d'un f.etus appartenant au Mu-
séum de Paris.
Fig. 2. Dents vues dans leur vraie grandeur.
Fig. 3. Sternum du même sujet vu par la face
antérieure.
Fig. 4. Le membre thoracique droit, vu par sa
face externe.
PHOCOENA COMMUNIS.
Fig. 5. Squelette d'un fœtus conservé au Mu-
séum de Paris.
Fig. 6. Sternum du même sujet, vu par sa face
antérieure.
Fig. 7. Membre thoracique droit, vu par sa face
externe.
PLANCHE XLIV.
BELUGA ALBICANS.
Fig. 1. Squelette complet moins le bassin. Sujet
conservé au Muséum de Paris.
Fig. 2. La tète vue par la face supérieure.
Fig. 2a. Même tète, vue par sa face inférieure.
Fig. 3. Caisse auditive, vue par les faces interne
et externe.
Fig. 4. Sternum vu par sa face antérieure.
Fig. 5. Membre thoracique droit, vu par sa face
externe.
MONODON MONOCEROS.
Fig. 6. Squelette d'un sujet conservé au Muséum
de Paris.
Fig. 7. Tète vue par la face supérieure.
Fig. la. La même tète, vue par sa face inférieure.
Sternum vu par sa face antérieure.
Membre thoracique droit, vu par sa face
Fig. 8.
Fig. 9.
externe.
PLANCHE XLV.
MONODON MONOCEROS.
Fig. 1. Squelette de fœtus à terme conservé dans
les galeries du Muséum île Paris.
Fig. 2. Membre thoracique droit, vu par sa face
externe.
Fig. 3. Tète vue par sa face supérieure.
Fig. 3a. Itostre vu par la face supérieure et mon-
trant les dents en place.
lui :s/<. I)( nts de la paire externe représentées
de grandeur naturelle.
Fig. 3c. Dents de la paire interne représentées
de grandeur naturelle.
Fig. 3c'. lîulbe de l'une de ces dents.
Fig. Ml. Tète vue par sa face inférieure.
Fig. 3e. Les dents de la paire externe isolées et
vues dans leur vraie grandeur.
Fig. 4. Os de l'oreille du même sujet vus par
leur face interne; — a. le bulbe auditif; — b. la
caisse tympanique.
Fig. 4c. Les osselets de l'ouïe isolés.
MONODON MONOCEROS. STRUCTURE DENTAIRE.
Fig. 5. Section transversale d'une défense.
Fig. 6. Section transversale de la même dent à
un point plus rapproché de sa racine.
MONODON MONOCEROS.
Fig. 7. Tète vue par la face supérieure et appar-
tenant à un squelette conservé au Muséum de
Paris. L'os incisif du côté droit et une portion du
maxillaire ont été enlevés pour montrer la seconde
dent.
Fig. 8. Tète d'un autre sujet, vue par la face su-
périeure. Pièce envoyée au Muséum de Paris par
le Muséum de Copenhague.
Fig. 9. Tète d'un quatrième sujet avec deux dé-
fenses, vue par la face supérieure. Figurée d'après
M. Clark.
Fig. 10. Tête d'un individu conservé au Muséum
de Paris. Les dents chez cet individu sont complè-
tement cachées. Elles ont été retirées de leurs al-
véoles et figurées de chaque côté du rostre.
Fig. 11. Dent fossile trouvée dans les faluns de
Sort (Landes).
Fig. Ha. La même dent, vue par son extrémité
supérieure.
Fig. 116. La même dent, vue par son extrémité
inférieure.
PLANCHE XLVI.
ORCA CLADIATOR.
Fig. 1. Tète vue de profil. Jeune exemplaire
échoué à Ostende et conservé au Muséum de
Bruxelles.
Fig. 2. Squelette complet moins la tète du mèiiie
sujet, vu de profil.
Fig. 3. Omoplate vue par sa face interne.
Fig. 4. Membre thoracique droit, vu par sa face
externe.
Fig. •">. Sternum vu par sa face antérieure.
Fig. i>- Deuxième vertèbre caudale, vue par la
face antérieure et de protil.
Fig. 7. Vertèbres de la région cervicale, vues par
leur face inférieure.
Fig. lu. Vertèbres île la même région, vues par
la face antérieure de l'Atlas.
EXPLICATION DES PLANCHES.
62a
Fig. S. Première vertèbre dorsale, vue par la face
inférieure.
Fig. 9. Même vertèbre, vue de profil.
Fig. 9a. Même vertèbre vue par la face anté-
rieure.
Fig. 10. Onzième vertèbre dorsale, vue de profil.
Fig. 11. Premièrevertèbrelombaire.vuedeprofil.
Fig. 12. Deuxième vertèbre lombaire, vue de pro-
fil.
Fig. 13. Première vertèbre caudale, vue de profil.
Fig. 14. Neuvième vertèbre caudale, vue de profil
et par sa face antérieure.
Fig. 15. Membre thoracique droit d'un sujet
adulte, vu par sa face externe, d'après un dessin
d'Eschricht, publié par M. Reinhardt.
Fig. 16. Os pelvien d'une Orque trouvée en mer
près de Tanders (Jutland), d'après Eschricht.
Fig. 17. Os pelvien d'une Orque dont le sque-
lette est conservé au Musée de Bergen, d'après
Eschricht.
Fig. 18. Os pelvien.
Fig. 19. Os pelvien d'une Orque femelle très
adulte, d'après Eschricht.
PLANCHE XLVII.
ORCA GLADIATOR (AUSTRALIS).
Fig. 1. Tête vue par la face supérieure et appar-
tenant à un individu pris sur les côtes de Tasmanie.
Pièce conservée au collège royal des chirurgiens
de Londres.
Fig. la. Même tête, vue par la face inférieure.
Fig. 16. Même tête, vue de profil.
Fig. 2. Tète d'un sujet provenant de la baie d'Al-
goa, vue par la face supérieure.
ORCA GLADIATOR (ARCT1CUS).
Fig. 3. Tète vue par la face supérieure. Sujet
pris aux îles Féroë et conservé au Musée de Co-
penhague.
Fig. Sa. Le maxillaire supérieur, vu par sa face
inférieure.
Fig. 36. Le maxillaire inférieur, vu par son bord
alvéolaire.
ORCA GLADIATOR (EUROPEUS).
Fig. 4. Tète vue par la face supérieure d'un sujet
pris dans l'Atlantique et conservée au Muséum de
Paris.
Fig. 4a. Même tète vue de profil.
Fig. 5. Tète vue parla face supérieure. Individu
de Cette /Hérault).
PLANCHE XLVIII.
ORCA CAPENS1S.
Fig. I. Tète vue de profil. Pièce conservée au
Muséum de Paris.
Fig. la. Même tète, vue par sa face supérieure.
Fig. 16. Même tête, vue par sa face inférieure.
Fig. 2. Caisse auditive, vue par sa face interne.
Muséum de Paris.
Fig. 2a. Caisse auditive, vue par sa face externe.
Fig. 3. Région cervicale, vue de profil.
PLANCHE XL1X.
ORCA GLADIATOR.
Fig. 1. Tète vue par la face supérieure. Cette
pièce a été trouvée pendant des fouilles pratiquées
dans le port de Boulogne et dans une couche cor-
respondant il l'époque de la pierre polie; elle esl
déposée au Musée de Boulogne-sur-Mer.
Fig. la Mâchoires supérieure et inférieure vues
par leur bord alvéolaire.
Fig. 2. Tète vue par la face supérieure, des côtes
de Suède. Figurée d'après Otto von Friesen.
Fig. 3. Tète vue par la face supérieure. Elle ap-
partient à un jeune sujet conservé au musée de
Bruxelles.
Fig. 3a. La même tète, vue de profil.
Fig. 4. Dent inférieure droite (5e) d'une denu-
màchoire conservée au Muséum de Paris; pièce
vue par sa face antérieure.
Fig. 4a. Même dent, vue par son bord interne.
Fig. 46. Même dent, vue par sa face postérieure.
Fig. 4c. Même dent, section transversale.
ORCOELLA BREYICEPS.
Fig. 5. Tète vue par la face supérieure. D'après
Owen.
Fig 5a. Même tète vue de profil.
fig. 56. Même tète vue par sa l'ace intérieure.
PLANCHE L.
PSEUDORCA MERIDIONALIS.
Fig. t. Tète vue par la face supérieure, du Mu-
séum de Paris.
Fig. la. Même tète, vue par la face inférieure.
Fig. 2. Vertèbres de la région cervicale, vues par
la face antérieure de l'atlas.
Fig. 2a. Vertèbres de la même région, vues par
1*1 t'icp externe-
Fig 26. Vertèbres de la même région, vues parla
face inférieure. , .
Fig. 3. Première côte, vue par sa face antérieure
Fig. 4. Portion antérieure du sternum, vue parla
face antérieure.
Fig. 5. Omoplate, vue par sa face externe.
Fig 6. Membre thoracique droit, vu par sa face
externe, d'après un exemplaire envoyé par le col-
lège royal de- chirurgiens de Londres.
S i 79
620
EXPLICATION DES PLANCHES.
PSEUDORCA CRASSIDENS.
Fig~. 7. Tète vue par la face supérieure. Appar-
tient au Muséum de Paris.
Fig. 8. Maxillaire supérieur du même sujet, vu
par sa l'ace inférieure.
Fig Ha. Maxillaire supérieur, vu par son bord
alvéolaire.
Fig 9. Vertèbres de la région cervicale, vues par
la face antérieure de l'atlas.
Fig. 9a. Vertèbres de la même région, vues de
profil.
Fig. 96. Vertèbres de la même région, vues par
la face inférieure.
Fig. 10. Vertèbre lombaire, vue par sa face infé-
rieure.
Fig. 11. Première côte, vue par sa face anté-
rieure.
Fig. 12. Partie antérieure du sternum, vue par sa
face antérieure.
Fig. 13. Omoplate vue par sa face externe.
Fig. 14. Humérus vu par sa face supérieure.
Fig. 15. Cubitus vu par sa face externe.
Fig. 16. Radius vu par sa face externe.
Fig. 17. Os du carpe, vus par leur face externe.
PLANCHE LI.
GLOBICEPHALUS MELAS.
Fig. I. Tète vue par la face supérieure. Individu
échoué sur les côtes de la Méditerranée et conservé
au Muséum du Paris.
Fig. 2. Caisse auditive du même sujet, vue par la
face externe.
Fig. 2a. La chaîne des osselets de l'ouïe.
Fig. 3. Vertèbres de la région cervicale vues par
leur face inférieure. Les six premières vertèbres
>ont soudées, la septième est isolée.
Fig. la. Vertèbres de la région cervicale, vues de
profil.
Fig. 4. Septième vertèbre cervicale isolée et \ ne
de profil
Fig. 5. Première vertèbre dorsale, vue de profil.
Fig. 6. Sixième vertèbre dorsale, vue de profil.
Fig. 7. Dixième vertèbre dorsale et première
lombaire, vues de profil.
Fig. 8. Dernière vertèbre lombaire et première
caudale, vues de profil.
Fig. '.). Septième vertèbre caudale, vue de profil.
Fig. 10. Dix-huitième vertèbre caudale, vue de
profil.
Fig. II. Vingt-troisième caudale et dernier os
en V, vus de profil.
Fig. 12. Sternum vu par sa face antérieure.
Fig. 13. Omoplate vue par sa face externe.
Fig. 14. Membre tboracique droit, vu par sa face
citerne.
Fig. 16. Tète vue par la face supérieure (fœtus
conservé au Muséum de Paris).
Fig. 16. Caisse auditive vue par la face externe.
Fig. 16a. Os tympanique et caisse auditive isolés
et vus par la face interne.
PLANCHE LU.
GLOBICEPHALUS MELAS.
Fig. 1. Tête vue par sa face supérieure. Individu
échoué à Saint-Brieuc ;Côtes de Bretagne). Collec-
tion du Muséum de Paris.
Fig. la. Maxillaires supérieur et inférieur, vus
par leur bord alvéolaire.
Fig. 2. Tète vue parla face supérieure. Des côtes
d'Islande. Collection du Muséum de Paris.
Fig. 2a. Même tète, vue par sa face postérieure.
Fig. 26. Région palatine et arrières-narines du
même sujet.
Fig. 3. Tète vue par la face supérieure d'un indi-
vidu échoué sur les côtes de la Guadeloupe et con-
servée au Muséum de Paris.
Fig. 4. Tête vue par la face supérieure d'un
individu provenant de la Nouvelle-Zélande. Collec-
tion du Muséum de Paris.
Fig. 4a. Maxillaires supérieur et inférieur, mon-
trant les dents vues par la couronne.
Fig. 46. Une dent supérieure et une dent infé-
rieure isolées et représentées de grandeur natu-
relle.
PLANCHE LUI.
ORCA GLADIATOR.
Fig. 1. Les trois premières vertèbres de la région
cervicale soudées. Coupe par un plan vertical pa-
rallèle à l'axe du corps.
PSEUDORCA CRASSIDENS.
Fig. 2. Vertèbres de la région cervicale soudées
entre elles. Coupe par un plan vertical parallèle à
l'axe du corps.
PSEUDORCA MERIDIONALES.
Fig. i. Vertèbres de la région cervicale soudées
entre elles. Coupe par un plan vertical parallèle h
l'axe.
GLOBICEPHALUS MELAS.
Fig. i. Vertèbres de la région cervicale soudées
entre elles. Section par un plan vertic.il parallèle
à l'axe.
Fig. :>. Vertèbres de la même région, vuopai
leur face antérieure.
Fig. li. Coupe.
Fig. 6. Onze vertèbres dorsales, vues de profil.
Fig. 6a. Les mêmes vertèbres, vues par leur face
inférieure.
Fig. 7. Treize vertèbres lombaires, vues de profil.
Fig. la. Les mêmes vertèbres, vues parleur tare
inférieure.
Fig. 76. Première vertèbre lombaire, vue par la
face antérieure.
Fig. 8. Les sept premières vertèbres caudales
vues de profil.
Fig. 8a. Les mêmes vertèbres, vues par leur face
inférieure.
Fig. 86. Première vertèbre caudale, vue par la
face antérieure.
Fig. 9. Vertèbre caudale, vue par ses faces anté-
rieure, externe, supérieure et inférieure.
Fit/. 10. Autre vertèbre plus rapprochée de l'ex-
trémité caudale et représentée par les faces ex-
terne, supérieure et inférieure.
Fig. 11. Une des dernières vertèbres caudales,
vue par les faces antérieure, externe, supérieure et
inférieure.
PLANCHE LIV.
l.KAMI'US RISS.OANUS.
Fig. 1. Squelette vu de profil. Collection du Mu-
séum de Paris.
Fig. la. Extrémité symphysaire de la mâchoire
inférieure montrant les six paires de dents en
place.
Fig. 2. Sixième vertèbre caudale, vue par la face
antérieure.
Fig. 3. Portion symphysaire de la mâchoire in-
férieure d'un autre sujet montrant cinq paires de
dents en place.
Fig. 4. Tête du même sujet, vue par la face supé-
rieure.
Fig. 5. Omoplate vue par sa face externe.
Fig. 6. Membre thoracique droit, vu par sa face
externe.
GRAMPUS GR1SEUS.
Fig. 7. Tète vue parla face supérieure. Cette pièce
fait partie des collections du Muséum de Paris.
Fig. 'a. Extrémité antérieure de la même tète,
vue par sa face inférieure.
Fig. 76. Extrémité symphysaire de la mâchoire
inférieure montrant en place deux dents de chaque
côté. Deux alvéoles de droite et une alvéole de
gauche sont privées de ces organes.
La mâchoire de cet animal est armée de quatre
dents à droite, de trois à gauche seulement.
Fig. 8. Vertèbres de la région cervicale, vues de
profil.
Fig. 8a. Vertèbres de la même région, vues par
la face antérieure de l'atlas.
Fig. 9. Sternum, vu par sa face antérieure.
Fig. 10. Omoplate, vue par sa face externe
EXPLICATION DES PLANCHES. 6Ï7
Fig. 11. Membre thoracique droit, vu par sa face
externe.
PLANCHE LV.
l'HOCOENA COHHUNIS.
Fig. 1. Tète, vue de profil.
Fig. 2. Squelette, vu de profil.
Fig. i. Vertèbres dorsales et côtes, vues par la
face supérieure.
Fig. .Sa. Vertèbres dorsales et côtes, vues par la
face inférieure.
Fig. 4. Un ostéodesme complet: première ver-
tèbre dorsale, première paire de entes vertébrales,
côtes sternales et sternum, vus par la face anté-
rieure.
Fig. 5. Troisième vertèbre de la région dorsale
et paire de côtes correspondante, vues par la face
postérieure.
Fig. G. Vertèbres de la région sacro-lombaire,
vues par la face supérieure.
Fig. G (.Vertèbres de la même région, vue- par
la face inférieure.
Fig. 7. Vertèbres de la région caudale, vues par
la face supérieure.
Fig. 7 (. Vertèbres de la région caudale, vues pai
la face inférieure.
Fig. 8. Hyoïde, vu par la face antérieure.
Fig. 9. Sternum, vu par la face antérieure.
Fig. 10 Membre thoracique droit, vu par la face
externe.
Fig. 11 . Os pelvien, vu par sa face externe.
Fig. 12. Crâne d'un fœtus, vu par la face supé-
rieure.
Fig. 13. Crâne du même sujet, vu par sa face
inférieure.
Fig. 14. Vomer, vu de profil.
Fig. 14a. Vomer, vu par sa face
Fig. 146 Vomer du même sujet,
supérieure.
Fig. 15. Rostve du même sujet.
inférieure.
Fig. 16. Vertèbres de la région
par la face antérieure de l'atlas.
Fig. tii«- Vertèbres de la même région, vues par
la face externe
Fig. 166. Vertèbres de la même région, vues par
la face postérieure.
Fia. 17- Tète d'un fœtus moins avance en âge,
vue parla face supérieure.
Fig. 17a. La même tète, vue de profil.
Fig. 176. La même tète, vue par la face inté-
rieure.
Fig. 18 Mâchoire inférieure, vue de profil.
Fig. 18a. Maxillaire inférieur droit, vu par son
bord alvéolaire.
inférieure.
vu par sa face
vu par s;i face
cervicale, vues
«28
EXPLICATION DKS PLANCHES.
Fig. 186. Maxillaire inférieur droit, vu par son
bord inférieur.
PLANCHE LV1.
NEOMERIS PHOCŒNOIDES.
Fig. I. Tète, vue par la face supérieure. Collec-
tions du Muséum de Paris.
Fig. 2. Même tète, vue de profil.
Fig-. 3. Mâchoire inférieure, vue de profil.
Fig. 4. Même tète, vue par sa face inférieure.
PHOCOENA COMMUAIS.
Fig. 6. Tète, vue de profil. D'après un individu
pris k Concarneau. Collection du Muséum de Paris.
Fig. 6. La mâchoire inférieure, vue de profil.
Fig. 7. Même tète, vue par la face supérieure.
Fig. 8. Même tête, vue par la face inférieure.
Fig. 9. Caisse auditive, vue par la face externe.
Fig. 9a. Caisse auditive, vue par la face interne.
Fig. 10. Tète, vue par la face supérieure, d'un
individu provenant des côtes du Groenland. Collec-
tions du Muséum de Paris.
Fig. 11. Extrémité antérieure de la mâchoire su-
périeure montrant la face inférieure de l'os incisif,
ainsi que celle du maxillaire supérieur.
Fig. 12. Portion de maxillaire inférieur mon Iran t
les <ix dernières dents, vue de profil.
PLANCHE LVII
CHAMSODELPH1S MACROGENIUS.
Fig. I. Fragment de mâchoire supérieure, vu
de profil. Pièce conservée au Muséum de Paris.
Fig. la. Même fragment de mâchoire, vu par la
face supérieure.
Fig. 16. Même fragment de mâchoire, vu par la
lare inférieure.
CHAMPSODELPHIS ACUT1 s.
Fig. 2. Portion de rostre vue par la face infé-
rieure. Cette pièce, provenant des faluns de la
Drôme, est conservée au Muséum de Paris.
SCH1ZODELPHIS SI LCATUS.
Fig. 3. Crâne presque entier, vu par la face su-
périeure. De la molasse de Cournon-Sec (Hérault).
Fig. 4. Fragment de rostre d'un individu de la
même espèce, vu par la face supérieure. Des ar-
giles sablonneuses de Loupian (Hérault).
lu/, ia. Même fragment, vu par la face infé-
rieure.
J-'ii/. '■>. Autre fragment de mâchoire inférieure
ayant appartenu à un individu de la même espèce
et provenant de la même localité. Cette pièce est
figurée par sa face supérieure.
Fig. 5a. I.e même fragment, vu par la face infé-
rieure.
Fig ti. Autre fragment d'un troisième individu
de la même espèce, provenant du même gisement
e! figuré par sa face inférieure.
Fig. 7. Mâchoire inférieure, vue de profil.
Fig. la. La même mâchoire, vue par son bord
inférieur.
Fui. 8. Caisse auditive, vue par sa face interne.
CHAMPSODELPHIS RENOM.
Fig. 9. Fragment de rostre des dépôts de molasse
coquillière de l'Orne, vu par la face inférieure.
Fig. 9o. Même fragment, vu par sa face supé-
rieure.
Tfig. 96. Même fragment, vu par sa face externe.
DELPHINUS I.OPHOGENIUS.
Fig. 10. Mâchoire inférieure trouvée dans les
marnes miocènes de Montfort près Dax (Landes);
pièce vue par sa face externe.
Fig. \0n. Même mâchoire, vue par son bord al-
véolaire.
DELPHINUS DATIONUM.
Fig. II. Fragment de mâchoire inférieure des
faluns de Dax (Landes); pièce vue par son bord al-
véolaire.
CETHORHYNCHUS CHRISTOLII.
Fig. 12. Fragment de mâchoire inférieure des
faluns miocènes de Poussan Jlérault); pièce vue
par son bord alvéolaire.
PLANCHE LV11I.
EURHYNODELPHIS COCHETEUX1I.
Fuj. I. Tète vue par sa face supérieure. Celte
pièce, provenant du crag d'Anvers, est déposée au
Musée de Bruxelles.
Fig. la. Même tête, vue de profil.
Fig. 16. Section du rostre par un plan perpendi-
culaire à Taxe.
EURHYNODELPHIS LONG1ROSTR1S.
Fig. i. Portion de rostre, vue par sa face supé-
rieure. Cette pièce trouvée dans le crag d'Anvers
est déposée au Musée de Bruxelles.
Fig. i» Même fragment, vu par sa l'ace iule
rieure.
Fig. n>. Section du même rostre par un plan
perpendiculaire â l'axe.
PR1SCODELPHIS PROD1 eus.
Fig. 3. Tête vue par la face supérieure. Du crag
d'Anvers el déposée au Muséi de Bruxelles.
Fig. 3a. Même tète, vue de profil.
Fig. 36. Section du rostre par un plan perpen-
diculaire à l'axe.
PLATYDELPHIS CANAUCULATUS.
Fig. 4. Rostre vu par la face supérieure. Pièce
trouvée dans le crag d'Anvers et déposée au Musée
de Bruxelles.
Fig. ia. Même rostre, vu de profil.
Fig. 46. Portion du même rostre, vue par sa
face inférieure.
Fig. 4c. Section du même rostre par un plan
perpendiculaire à l'axe.
PLANCHE L1X.
CHAMPSODELPHIS TETRAGORHINUS.
Fig. 1. Tète vue par la face supérieure. Cette
pièce, trouvée dans les grès faluniers de Léognan,
fait partie de la collection Delfortrie.
Fig. \a. Même tête, vue par sa face inférieure.
CHAMPSODELPHIS DATIONUM.
Fig. 2. fragment de mâchoire supérieure por-
tant deux dents, vu par la face interne. Cet échan-
tillon trouvé à Sort (Landes) est déposé au Muséum
de Paris.
Fig. 2a. Le même fragment, vu par sa face ex-
terne.
Fig. 3. Squalodon de Malte. Celte pièce conservée
au Musée de Cambridge a été figurée d'après une
photographie communiquée par M. Clark.
ZIPHIUS?
Fig. 4. Dent trouvée dans la molasse marine de
Sainl-Remy (Bouches-du-Rhône).
Fig. ia. Section transversale de la même dent.
TCRSIOPS BROCCHII.
Fig. •'>. Tète vue par sa face supérieure, figurée
d'après un plâtre envoyé par le Musée de Milan.
PLANCHE LX.
DELPHINUS.
Fig. I. Caisse auditive droite, vue par sa face
interne. Pièce trouvée a San Frediano Toscane).
Fig. \a. Même pièce, vue par sa face antérieure.
Fig. 2. Dents inférieures d'un sujet dont la taille
atteignait presque celle du Delphinus Delphis. Du
même gisement que la pièce précédente.
Fig. -i à 7. Dents provenant du même gisement
que les pièces précédentes.
Fig. h. Caisse auditive droite, vue par sa face
interne. Pièce trouvée dans le crag de Suffolk.
Fig. xa. Même pièce, vue par sa face antérieure.
EXPLICATION DES PLANCHES
PACHYACAMTHOS SI I SSI .
628
Fig. 9. Vertèbre trouvée dans les argiles pliocè-
nes du bassin de Vienne (Autriche). Figurée par la
tace antérieure, d'après Brandt
Fig. 10. Autre vertèbre, vue par la face .
Heure.
Fig. II. Autre vertèbre, vue par la face posté-
rieure.
Fig. 12. Autrevertèbre, vue par laface antérieure.
Fig. 11. Autre vertèbre, vue par la face posté-
rieure.
Fig. 14. Deux vertèbres, vues par la face supé-
rieure.
Fig. 15. Vertèbres de la région eaudale et leurs
os en V, vus de profil.
Fig. 18a. Vertèbres delà même région vues par
la face supérieure.
Fig. 16 et 17. Côtes.
CHAMPSODELPHIS.
Fig. 18. Vertèbre cervicale trouvée à Léognan
(Gironde). Pièce faisant partie de la collection du
Muséum de Bordeaux.
Fig. 19. Frangment de maxillaire inférieur
gauche, vu par sa face externe. Collection du Musée
de Bordeaux.
Fig. 19a. Même fragment, vu par son bord alvéo-
laire.
Fig. 196. Section transversale du même rostre.
SCHIZODELPHIS.
Fig. 20. Fragment de rostre, vu par la face sup< -
rieure. Pièce trouvée dans les faluns de la Tou-
raine.
Fig. 20a. Même fragment, vu par la face inté-
rieure.
Fig. 206. Section transversale du même rostre.
Fig. 21. Portion de rostre des environs de I ecce
(terre d'Otrante).
PLANCHE LXI.
KOGIA BREVICEPS.
Fig. I. Tète, vue parla face supérieure.
Fig. la. Même tète, vue de profil.
Fig. 16. Même tète, vue parla face inférieure.
Fig. le. Même tète, vue par sa face postérieure.
Fig. 2. Os tympanique, caisse auditive ave.- apo-
physe et rocher, vus par la face interne.
Fig. .!. Os tympanique, vu par sa face antero m, .
Fig. i. Os tympanique, vu par -a face externe,
Fig. .'i. Vertèbres de la région cervicale, vue~ par
la l'aie antérieure de l'Atlas.
Fig. 5a. Vertèbres delà mém< région vues
la face externe.
Fig. i.. Colonne vertébrale, vm d< profil.
K.'IO
EXPLICATION DES PLANCHES.
Fig. 7. Os hyoïde, vu par la face antérieure.
Fig. 8. Côtes, vues par leur face externe.
Fig. 9. Omoplate, vue par sa face externe.
Fig. 10. Humérus, radius et cubitus, vus par leur
face externe.
Le squelette dont les principales régions sont
figurées sur cette planche, appartient au Muséum
de Paris.
PLANCHE LUI.
OCLODON GRAYI.
Fig. 1. Tète, vue de profil.
Fig. la. Même tête, vue par la face supérieure.
big. 16. Même tête, vue par la face inférieure.
Fig. le. Section du rostre par un plan perpendi-
culaire à l'axe.
Fig. 2. Fragment de la peau recouvrant le
rostre et portant encore en place les dents du
maxillaire supérieur.
Fig. 2a. Série des dents du maxillaire supérieur
droit, vues de profil.
Fig. 3. Caisse auditive, vue par sa face interne.
Fig. îa. Caisse tympanique avec apophyse et
rocher, vues par leur face interne.
Fig. 4. Maxillaire inférieur droit, vu par sa face
•xterne.
Fig. 4a. Même maxillaire, vu par sa face interne.
Fig. o. Dent du maxillaire inférieur droit, vue
par sa face externe.
Fig. 5a. Même dent, vue par sa face interne.
Fig. 6. Hyoïde, vu par sa face antérieure.
Fig. 7a. Vertèbres de la région cervicale, vues
ili- profil; — a', vertèbres de la région cervicale,
v lies par la lace antérieure de l'atlas; — b, vertèbres
de la région dorsale, vues de profil ; — c, vertèbres
de la région lombo-sacrèe, vues de profil ; — d, ver-
tèbres de la région caudale et os en V, vus de
profil.
Fig. 8. côtes, vues par leur face antéro-externe.
Fig. Ha. Première côte, vue par sa face anté-
rieure.
/. 9. Sternum, vu par sa face antérieure.
Fig. 10. Omoplate, vue par sa face externe.
Fig. 11. Humérus, vu par sa face externe.
big. 12- Radius et cubitus, \u-^ par leur lace
externe.
Fig. 13. [légion du carpe et phalanges, vues par
leur face externe.
lifférentes pièces font partie d'un squelette
i onservé dans les galeries du Muséum de Paris.
PLANCHE LXIII
GLOBICEPHALUS MELAS.
F ,. i. Tète, vue par la face supérieure et appar-
tenant à un fœtus dont le corps est conservé au
Muséum de Paris.
Fig. la. Maxillaires supérieur et inférieur du
même sujet, vus de profil.
BELUGA ALBICANS.
Fig. 2. Tête, vue par la face supérieure. Appar-
tient a un fœtus dont le squelette est conservé au
Muséum de Paris.
Fig. 2a. Maxillaires supérieur et inférieur du
même animal, vus de profil.
STENO?
Fig. 3. Tête, vue par la face supérieure, d'un
fœtus conservé dans les collections du Muséum de
Paris.
Fig. 3a. Maxillaires supérieur et inférieur du
même sujet, vus de profil.
HYPEROODON BUTZKOPF.
Fig. 4. Tête, vue par la face supérieure et appar-
tenant à un fœtus conservé au Muséum de Paris.
Fig. 4a. Même tête, vue de profil
Fig. 46. Même tête, vue par la face inférieure.
Fig. 4c. Maxillaire inférieur, vu par le bord al-
véolaire.
PLANCHE LXIÏ.
ORC/ELLA BREYIROSTBIS.
Fig. 1. Tête encore recouverte par la peau, vue
par la face supérieure. Collections du Muséum de
Paris.
Fig. la. Même tète, vue de profil.
Fig. 2. Tête osseuse, vue de profil.
Fig. 2a. Même tète, vue par la face supérieure.
Fig. ib. Même tête, vue par la face inférieure.
Fig. ic Maxillaire inférieur, vu par son bord al-
véolaire et montrant les dents vues par la cou-
ronne.
PSEl DORCA?
Fig :î. Mâchoire inférieure, vue par le bord al-
véolaire ef montrant les dents, vues par la cou-
ronne.
GRAMP1 s GRISEUS.
Fig. 4. Tête, vue parla face supérieure.
Fig. 4a. Même tète, \ue par salace inférieure.
Fig. 46. Portion symphysaire delà mâchoire in-
férieure montrant les quatre paires de dents en
place.
GRAMPUS.
Fig, •> Tète, vue par la lace supérieure.
Fig. '->a Portion symphysaire de la mâchoire
inférieure montrant les deux paires de dents en
laee.
TABLE DES MATIERES
Pages.
Introduction i
SQUELETTE DES CÉTACÉS EN GÉNÉRAL.
Tête 3
Fanons II
Dents 12
Colonne vertébrale 14
Côtes 20
Sternum 22
Bassin 23
Membres antérieurs 23
DES MYSTICÈTES
OU CÉTACÉS A FANONS.
Des Mysticètes 2'J
GENRE BAL^NA.
Des Balœna 32
Balœna Australis 35
Balœna Antipodum 46
Balœna Mysticetus 5-4
Balœna Biscayensis !I0
Balœna Japonica III
Balœna, Eubalœna, Hunterius Caprera et
Macleajius 114
GENRE MEGAPTERA.
Des Mégaptères 1 10
Megaptera Boops 120
Megaptera Lalandii 130
Megaptera Novae Zelandiœ 134
Megaptera Kiuzïra 135
GENRE BALÉNOPTÈRE.
Des balénoptères 137
Page!
Distribution géographique des Balénoptè-
res 143
Balœnoptera Bostrata 1 17
Tableau des individus échoués 137
Balœnoptera musculus 167
Tableau des individus échoués IM7
Balœnoptera Borealis ou Laticeps I!t8
Balœnoptera Sibbaldii 209
Balœnoptera Swinhoei 210
Balœnoptera Schlegelii 220
Balœnoptera Patachonica 225
Balœnoptera Bonœrensis 229
Balénoptères imparfaitement connues. . . 233
Balœnoptera Indica 233
Balœnoptera Fasciata 233
Balœnoptera Iwasi 233
Balœnoptera Antarctica 231
Balœnoptera Grayi 234
Sibbaldius Sulfureus 234
Rachianectes Glaucus 235
Balœna Cisartica 236
Agalephus Gibbosus 236
Megaptera Osphyia 236
Sibbaldius Tectirostris 236
Sibbaldius Tuberosus 236
Sibbaldius Borealis 236
MYSTICÈTES FOSSILES.
Des Mysticètes fossiles 23!»
Localités 2'.l
Mysticètes en Italie 241
Mysticètes à Malte 2'r2
Mysticètes dans la Russie méridionale. . 243
Mysticètes en France 215
Mysticètes en Suisse 246
Mysticètes en Belgique 246
Mysticètes en Angleterre 2 IN
Mysticètes en Allemagne 2VJ
Mysticètes sur les bords de la Baltique. . 250
Mysticètes en Amérique 251
Mî
Pages.
Ani'ienneté 252
Taille des Mysticètes 254
Figure de Mysticètes 254
GKNRE BAL.ENA.
TABLE DES MATIERES
Pages.
Os iliaque 325
Oreilles 327
Système dentaire 327
Ossements et dents fossiles 329
Balsena Svedenborgii 257
Balœna Tannenbergii 261
Balfena Primigenius 262
Ralaena Lamanoni 264
(iENBE MEGAPTEBA.
Vlegaptera Syncondylas
266
6ENRE BALJENOPTBHA.
Getotherium Brandt 268
Cetotherium Rathkii 271
Celotherium Priscum 272
Cetotherium Pusillum 273
Cetotherium Vandelli 273
Plesiocetus 274
Plesiocetus Hupschii 282
Plesiocetus Burtini 284
Plesiocetus Garopii. 285
Plesiocetus Gervaisii 287
Plesiocetus Cortesii 288
Plesiocetus RobuMu-. 290
DES I lËTODONTES
OU CÉTACÉS POURVUS DE DENTS.
Caractères principaux 293
Affinités 295
Genres principaux 298
PHYSÉTÉMDÉS.
ClBNRE Cachalot 3U3
Généralités 303
Gràne 313
Colonne vertébrale 320
Côtes 324
Sternum 32'i
Membres antérieurs 325
CÉTACÉS FOSSILES AVANT DES RAPPORTS AVEC LES
CACHALOTS.
Genre Homocetus 332
Genre Physodon 334
Genre PaljŒodelphis 335
Genre Scajldicetus 338
Genre Hoplocetus 339
Genre Bal^nodon 'A'il
GENRE El'CETUS OU DlNOZIPHIUS 344
Nota. — Voir les additions à la page 51 \.
Genre Kogia 347
Généralités 347
Crâne - 341»
Colonne vertébrale, côtes, etc 351
Membres 353
Système dentaire 353
Nota. — Voir les additions à la page 514.
zipiumÉs.
Genre Hyperoodon 355
Généralités 355
Caractères principaux 356
Répartition géographique 357
Synonymie 361
Crâne 361
Os hyoïde 369
Colonne vertébrale et cage thoracique. . . 369
Membres 373
Dents :\r.\
Hyperoodon fossile 374
Genre Ziphius 37.~i
Remarques historiques ;{7.">
Distribution géographique :f~7
Squelette :<«(»
Système dentaire 381
GeNre Anoplonabsa 3S7
Genre Bbrardius .'(HT
Remarques historiques 387
Squelette 389
Système dentaire 391
Genre Mesoplodon 392
TABLE DES
Pages.
Remarques historiques 392
Synonymie 397
Squelette. . . : 397
Système dentaire 401
Genre Dolichodon 402
Genre Dioplodon 403
Généralités 403
Gràne 405
Système dentaire 405
Squelette 408
Z1PU10ÏDES FOSSILES.
Remarques générales 410
Genre Choneziphius 413
Genre Aporotus 416
Genre Ziphius 417
Genre Placoziphius 418
Genre Dioplodon 419
Caractères fondamentaux, affinités et clas-
sification des différents ziphioïdes fos-
siles 423
Nota.— Voir les additions à la page 515.
DELPHINORHYNQUES.
Généralités 425
Genre Squalodon 426
Synonymie 429
Espèces et gisements divers 430
Squelette 442
Système dentaire 444
Genre Phocodon 45O
Historique et description . . . 450
Genre Plataniste 454
Historique 454
Caractères principaux 456
Squelette 458
Système dentaire 465
Genre Inia 4gg
Caractères principaux 169
Squelette 470
Système dentaire 475
Genre Pontoporia 47(j
Caractères principaux 477
Squelette 479
Système dentaire 481
MATIÈRES. 633
DKLPH1NORHYNQUKS FOSSILES EUROPÉENS.
Page*
Genre Champsodelphis 482 et 496
Genre Eurhinodelphis 492
Genre Priscodei.phinus 493
Genre Pachyacanthus 497
Genre Schizodelphis 503
Genre Cétorhynchus 508
Nota. — Voir les additions à la page 51'.».
DELPHINORHYNQUES FOSSILES AMÉRICAINS.
Genre Priscodelphinus 510
Genre Tretosphys 511
Genre Zaracuis 512
Genre Lophocetus 512
Genre Rhabdosteus 513
Genre Ixaoanthus 513
CÉTACÉS DKLPHINOÏDES.
Généralités 521
TRIBU DES BÉLUGINS.
Genre Monodon ?>■!'■'•
Squelette 525
Système dentaire 528
Genre Béluga 531
Squelette '">32
Système dentaire 534
TKIBU DES PHOCÉNINS.
Genre Orca 536
Remarques synonymiqu.es 538
Squelette 543
Système dentaire 546
Fossiles attribués au genre Orque 547
Genre Pskudoeca o48
Squelette 549
Système dentaire 550
Genre Orc i-i.i.a 550
Squelette 552
Système dentaire 553
Genre Gi.obicephalus >•>'•
Remarques historiques, caractères spéci-
liques »«"
Squelette
80
634
FABLE DES MATIÈRES.
Pages.
Système dentaire 562
Genre Grampus 363
Squelette 566
Système dentaire 368
Genre Phociena 370
Distribution géographique 570
Caractères génériques 572
Squelette 373
Système dentaire 380
GENRE NEOMERIS 581
Remarques synonymiques 581
Squelette 582
Système dentaire 583
TRIBU DKS DKLPH1N1NS.
rages.
Généralités 584
Genre Tursiops 586
Caractères génériques 586
Squelette 389
Genre Sténo 592
Genre Sténo 594
Genre Sotai.ia 596
Squelette 598
Genre Cephalorhynchus 599
Genre Eidelphinus 600
Genre Prodelphints 604
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