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Full text of "Ostraphie des ccvivants et fossiles, comprenant la description et l'iconographie du squelette et du syst dentaire de ces animaux ainsi que des documents relatifs eur histoire naturelle"

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FOR  THE   PEOPLE 

FOR  EDVCATION 

FOR  SCIENCE 

L1BRARY 

OF 

THE  AMERICAN  MUSEUM 

OF 

NATURAL  HISTORY 


OSTÉOGRAPHIE 


D E S   CETACES 


uni.  —  namjEFOE  jriNous  i>e  rivière,  rue  racine,  £6. 


I  ) 


jV 


Cf.' 


0STÉ06RAPHIE 


DES    CÉTACÉS 


VIVANTS    ET    FOSSILES 


omiiuAwi 


i  ^  DESCRIPTION   ET  l.'l<:n\o<;r.\l'im- 


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s o  1 i  k  i ,  i:  t  t  i :   i:  r  uv    s  \  s  r  i :  m  k   d e n  t  \  i  it  i; 

DE    CES    ANIMAUX 

AINSI  OUE  DES  DOCUMENTS  RELATIFS  A  LEUR  HISTOIRE  NATURELLK 


I'ak     MM. 


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PARIS 

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l  rBRAIRl    Dl    LA  SOCIÉTÉ  Dl    01  OORAI  I 

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s^.ql^.'lf.-,, 


INTRODUCTION 


Destinés  à  vivre  au  soin  dos  mors,  les  Cétacés  ont  une  certaine  ressemblance 
extérieure  avec  les  poissons;  mais  ils  sont  bien  éloignés  d'avoir  la  structure 
anatomique  de  ces  animaux.  Leurs  poumons  conformés  comme  ceux  des  mammi- 
fères, l'élévation  de  leur  température,  leur  cœur  divisé  en  quatre  cavités,  le 
\  diurne  et  la  disposition  de  leur  cerveau,  l'incontestable  intelligence  dont  ils  sont 
doués,  leur  mode  de  reproduction  à  la  fois  vivipare  cl  placentaire:  tout,  dans 
leur  organisation  comme  dans  leurs  fonctions,  démontre  que  ce  sont  bien  des 
mammifères  et  la  présence  de  mamelles,  destinées  à  élaborer  la  première  nourri- 
ture de  leurs  petits,  complète  la  série  des  caractères  qui  les  rattachent  aux  vertébi  es 
de  cette  classe. 

Les  con«litions  spéciales  de  l'habitat  des  Cétacés  expliquent  assez  les  parti- 
cularités qui  distinguent  ces  animaux  'les  autres  mammifères  el  en  font  un 
groupe  à  la  fois  naturel  el  facile  à  reconnaître]  aussi  leur  élude  présente-!  elle  un 
intérêt  véritable.  L'importance  îles  produits  que  plusieurs  genres  Fournissent 
à  l'industrie  justifierait  d'ailleurs  a  elle  seule  les  recherches  multipliées  dont 
les  I  étacés  onl  été  l'objet  depuis  le  commencement  de  notre  siècle,  puisque  h 
notion  'le  leurstructure  ou  celle  de  leurs  mœurs  et  de  leur  répartition  dans  le-  diffé 
rentes  nui-  peut  rendre  leur  capture  plus  facile  et  indiquer  au  comme»  e  'le  nou- 
velles sources  île  richesses. 

Mais  le  naturaliste  qui  veut  entreprendre  de  semblables  recherches  ne  tarde  pai 


ii  INTRODUCTION. 

à  rencontrer  des  obstacles  sans  nombre.  A  cause  de  leur  énorme  taille  autant  que 
par  la  nature  des  parages  qu'ils  fréquentent,  les  Cétacés  sont  difficilement  acces- 
sibles à  nos  moyens  d'observation  et  il  est  bien  rarement  possible  de  préparer 
avec  tout  le  soin  désirable  la  dépouille  des  exemplaires  qu'on  a  réussi  à  se  pro- 
curer. Les  peaux  qu'on  en  avait  d'abord  recueillies  et  conservées  dans  plusieurs 
musées  ne  peuvent  donner  qu'une  idée  fort  incomplète  des  caractères  propres  aux 
différents  genres  de  cet  ordre  et  aux  espèces  qui  composent  ces  genres.  Ajoutons 
que  de  semblables  collections  fussent  elles  toujours  possibles,  peu  de  musées  seraient 
assez  riches  pour  les  entreprendre  ou  assez  vastes  pour  les  loger,  de  manière  à  en 
rendre  l'examen  profitable.  Du  reste,  des  difficultés  souvent  insurmontables 
s'opposent  à  ces  sortes  de  préparations.  Les  squelettes  eux-mêmes  sont  coûteux, 
d'une  installation  également  gênante,  et,  comme  l'importance  des  indications 
que  l'on  peut  en  tirer  a  été  longtemps  méconnue ,  on  s'est  jusque  dans  ces  derniers 
temps  assez  peu  préoccupé  de  les  conserver.  Quant  aux  parties  molles  elles  ont 
rarement  attiré  l'attention  des  naturalistes,  ce  qui  s'explique  par  les  obstacles 
plus  grands  encore  qui  s'opposent  à  leur  préparation.  Aussi  la  cétologie  est-elle 
restée  longtemps  stationnaire,  et  il  y  a  quelques  années  seulement  la  nomencla- 
ture des  baleines  aussi  bien  que  celle  des  cachalots,  des  dauphins  ou  des  genres 
qui  s'en  rapprochent,  était  encore  dans  un  état  d'imperfection  regrettable. 

Cependant  l'examen  ostéologique  des  Cétacés  devait  fournir  aux  savants  les 
moyens  de  faire  accomplir  à  la  science  des  progrès  réels,  et  c'est  à  ses  indications 
que  nous  devons  de  pouvoir  formuler  désormais  avec  certitude  la  diagnose  de  la 
plupart  des  animaux  de  ce  groupe;  elle  a  également  permis  d'en  établir  la  classifi- 
cation d'une  manière  naturelle  et  de  rectifier  leur  nomenclature.  G.  Cuvier  n'avait 
pas  tardé  à  reconnaître  les  avantages  que  l'on  peut  en  tirer,  et  Frédéric  Cuvier  a 
dit  avec  raison,  en  parlant  des  résultats  consignés  dans  le  cinquième  volume 
des  Ossements  fossiles  :  «  Je  crois  que  le  premier  exemple  bon  à  suivre  a  été 
donné  par  mon  frère.  »  Il  est  également  dans  le  vrai  lorsqu'il  ajoute  :  «  Ses  travaux 
seront  longtemps  encore  la  base  de  cette  branche  importante  de  la  zoologie.  »  Kn 
eflet,  les  recherches  du  grand  naturaliste  français  ont  jeté  une  vive  lumière  sur 
l'histoire  d'un  certain  nombre  d' espèces,  et  elles  ont  montré  qu'on  pouvait  arriver 
par  l'étude  ostéologique  des  Cétacés  à  des  résultats  bien  autrement  précis  que  ceux 
dont  Othou  r'abrieius,  Lacépède  et  même  Camper  s'étaient  contentés. 


INTRODUCTION  ,,, 

M sis,  depuis  l'rpoquc  ou  G.  Cnvier  a  écrit,  les  collection-  Be  Boni  enrichies  d'un 
nombre  considérable  de  pièces  relatives  aux  Cétacés  alors  connus,  et  des  espèces, 
«bus  certains  cas  même  des  genres  entièrement  nouveaux  ont  été  découverts. 
Aussi  quoique  toutes  les  lacunes  laissées  par  ce  zoologiste  célèbre  n'aient  pas  pu 
être  comblées,  on  est  des  à  présent  en  mesure  d'ajouter  beaucoup  de  documents 
à  ceux  qu'il  a  publiés,  et  d'asseoir  sur  des  bases  plus  larges  qu'il  n'avait  pu  le  faire 
l'histoire  des  mammifères  marins.  Des  travaux  considérables  consacrés  a  ces  ani- 
maux ont  été  publiés,  particulièrement  en  Danemarck  et  eu  Angleterre,  et  ces  tra- 
vaux ont  notablement  augmenté  la  somme  de  nos  connaissances.  Chaque  jour 
les  musées  continuent  à  s'enrichir  de  pietés  nouvelles,  et  une  histoire  a  peu  près 
complète  du  groupe  entier  peut  maintenant  être  tentée  avec  quelque  chance  de 
su<  ces. 

M.  Fsehricht,  savant  anatomistc  de  Copenhague,  dont  la  science  regrette  la 
perte  récente  a  réussi,  grâce  aux  circonstances  particulières  au  sein  desquelles 
ses  travaux  se  sont  accomplis,  a  fournir  à  la  cétologie  des  documents  dont  la 
valeur  est  réellement  exceptionnelle,  et  la  description  des  Mysticètes  ou  Cétacés  à 
fanons  lui  doit  des  découvertes  importantes.  Les  recherches  de  son  compatriote, 
M.  le  professeur  Reinhardt  et  celles  de  M.  Lilljeborg,  «Il  psal,  méritent  aussi  une 
mention  particulière,  et  il  en  est  de  même  des  importantes  publications  dans  les- 
quelles MM.  .1.  E.  Gray  et  Flower  ont  fait  connaître  les  pièces  les  plus  remar- 
quables conservées  a  Londres,  soit  au  musée  britannique,  soit  au  collège  des 
chirurgiens.  Ces  savants  et  plusieurs  autres  en  France,  en  Belgique,  en  Allemagne, 
aux  l'.tai-l  m- oui  aussi  ajouté  beaucoup  de  faits  curieux  a  ceux  donl  la  cétologie 
était  redevable  aux  travaux  des  auteurs  antérieurs.  Nous  aurons  soin  de  rappeler 
leurs  noms  chaque  fois  que  l'occasion  s'en  présentera,  et  nous  ferons  ressortir 
l'importance  des  recherches  qui  leur  sont  t\u<^. 

Hieux  renseigné  que  ne  l'avaient  ete  ses  prédécesseurs  Lacépède,  I'.  Camper 

et  (1.  Cuvier,  au  sujet  des  iineuis  de  ces  gig  anlesques  animaux ,  H.    Fschrichl    a    pu 

se  faire   une   idée   plus    exacte    de   différentes   espèces  propres   aux  régions 
boréales,  el  la  baleine  du  Groenland  a  été  «le  sa  pari  l'objet  de  recherches  appro- 
fondies.  Les  observations   de   Scoresby,   recueillies  dans  les  parages    menu 
où  se  fait  la  pèche,  ont   été  pour  loi   une  source  d'indications  fécondes,  si  il  ■ 
i  ii  la  boooe  fortune  d'obtenir  de  M.   Holboll,  gouverneur  du  Groenland,  plus 


iv  INTRODUCTION. 

de  matériaux  relatifs  à  l'anatomie  des  Cétacés  que  n'en  avait  jusqu'alors  réuni 
aucun  zoologiste. 

Ces  précieuses  collections  se  seraient  accrues  bien  davantage  sans  la  mort  de 
l'actif  et  intelligent  naturaliste  qui  les  recueillait  avec  tant  de  zèle  ettant  de  dévoue- 
ment; mais  M.  Ilolboll  a  péri  au  milieu  des  banquises  en  retournant  au  Groen- 
land après  être  venu  à  Copenbague  pour  se  reposer  quelque  temps  de  ses  fatigues. 
Depuis  lors  la  science  a  été  privée  des  observations  si  exactes  qu'il  poursuivait 
ainsi  que  des  objets  en  nature,  squelettes  d'âge  et  de  sexes  différents  appartenant 
à  toutes  les  espèces,  préparations  anatomiques  conservées  dans  le  sel  ou  placées 
avec  soin  dans  l'alcool,  etc.,  que  M.  Escbricbt  recevait  de  lui,  et  qui  ont  fourni 
à  ce  savant  le  sujet  de  tant  de  curieuses  remarques  anatomiques.  C'est  grâce  aux 
envois  successifs  faits  par  M.  Holboll  que  plusieurs  des  grands  musées  de  l'Europe 
ont  pu  s'enrichir  de  pièces  relatives  aux  Cétacés  du  Nord,  et  c'est  par  la  publication 
de  toutes  ces  précieuses  récoltes  que  M.  Escbricbt  a  si  heureusement  contribué  aux 
progrès  de  la  science. 

G.  Cuvier  avait  pensé  que  certaines  parties  des  Cétacés,  telles  que  leurs  nageoires, 
changent  de  forme  après  la  naissance,  et  que  le  nombre  des  vertèbres  de  ces  ani- 
maux peut  aussi  varier  avec  l'âge.  Un  des  plus  curieux  résultats  des  études  entre- 
prises par  M.  Escbricbt  a  été  de  démontrer  la  ûxité  des  caractères  propres  à  ces 
différents  organes,  en  faisant  voir  que  le  squelette  des  fœtus,  même  lorsqu'il  est 
encore  cartilagineux,  présente  déjà,  sous  les  rapports  que  nous  venons  d'envisager 
et  sous  d'autres  encore,  les  traits  que  l'on  retrouve  chez  les  adultes.  Malgré  certai- 
nes modiGcations  secondaires,  inséparables  des  progrès  de  l'âge  et  que  l'on  constate 
dans  les  autres  groupes  d'animaux,  chaque  espèce  de  Cétacés  peut  donc  être  recon- 
nue quel  que  soit  l'âge  ou  le  sexe  des  sujets  que  Ton  en  observe. 

Ces  données  et  celles  qui  avaient  été  réunies  à  des  époques  plus  anciennes,  sou- 
vent par  des  observateurs  placés  à  des  distances  considérables  les  uns  des  autres, 
demandaient  à  être  vérifiées  et  discutées  avec  soin;  la  publication  des  documents 
restés  inédits  était  également  désirable  :  aussi  avons  nous  pensé  que  le  moment 
était  venu  de  reprendre  dans  son  ensemble  l'histoire  des  différentes  familles  de 
Cétacés. 

Tout  en  insistant  sur  l'ostéograpbie  de  ces  animaux,  qui  est  la  seule  base  cer- 
taine sur  laquelle  on  puisse  faire  reposer  leur  classification  et  la  distinction  de  leurs 


INTRODUCTION  » 

différentes  espèces,  nous  ne  négligerons  point  les  autres  côtés  de  leur  histoire  na- 
turelle. 

Les  Cétacés,  parmi  lesquels  prennent  rang  les  plus  volumineux  de  tous  les  mam- 
mifères, ne  forment  qu'une  partie  des  espèces  de  cette  classe  auxquelles  on  a 
étendu  la  dénomination  de  Thalassothériens.  Les  phoques,  souvent  classés  auprès 
dés  carnivores,  et  les  Sirénides,  dont  G.  Cuvier  faisait  ses  Cétacés  herbivores,  -ont 
aussi  des  animaux  particuliers  aux  eaux  marines  el  par  conséquent  des  Thalasso- 
tbériens  véritables;  ils  peuvent  toutefois  être  facilement  séparés  des  animaux  dont 
dous  nous  occupons,  bien  qu'ils  semblent  constituer  avec  eux  une  série  a  pari 
dans  la  classe  des  mammifères. 

Les  Cétacés  ne  quittent  jamais  l'eau,  même  pour  accomplir  les  phénomènes 
de  la  parturilion;  ce  sont  les  plus  aquatiques  de  tous  les  mammifères.  Bien 
qu'on  les  ait  souvent  appelés  du  nom  de  souffleurs,  ils  ne  lancent  point  un  jet  de 
liquide  par  les  narines;  c'est  à  la  condensation  de  la  vapeur  d'eau  mêlée  à  1  air 
expulsé  par  leur  respiration  qu'est  due  cette  apparence.  Tous  si'  nourrissent  de  hiI>- 
Btances  animales,  plus  particulièrement  de  poissons,  de  crustacés  ou  de  mollus- 
ques, et  la  pâture  des  plusgros  d'entre  eux,  celle  des  baleines  par  exemple  .  con- 
siste en  espèces  pélagiennes  de  très-petites  dimensions.  Les  quantités considérabli  - 
qu'ils  en  trouvent  réunies  dans  les  parages  qui  leur  sont  habituels  compensent,  il 
esl  mu,  la  petitesse  de  ces  animalcules,  au  nombre  desquels  il  nous  suffira  de  citer 
les  clios  et  les  cétochiles,  les  premiers  du  groupe  desptéropodes,  les  seconds  de<  e 
lui  des  entomostracés. 

Quoique  essentiellement  nageurs,  les  Cétacés  s'éloignent  moin-  qu'on  ne  le  croit 
en  général  des  continents  et  des  iles.  Quelques-uns  suivent  les  grands  courants 
océaniques,  et  la  plupart  sonl  évidemment  cantonnés  dans  leur  répartition  hydro- 
graphique; Us  se  contentent  de  varier  dans  certaines  limites  et  «lune  manière 
régulière  leurs  stations  conformément  à  l'ordre  îles  saisons. 

Il  existe  des  animaux  de  ce  groupe  bous  toutes  les  latitudes,  mais  on  ne  peut 
sijjnaler  qu'un  peiit  nombre  de  leurs  espèces  qui  soient  réellement  cosmopo- 
lites; encore  leurs  représentants  propres  aux  mers  australes  <>u  au  nord  du  Pacifi- 
que offrent-ils  habituellement,  lorsqu'on  les  compare  avec  ceux  de  l'Atlantique 
boréal  ou  tempéré,  des  différences  qui  pourraient  a  la  rigueur  être  considén 
comme  des  différences  spéciGques. 


vi  INTRODUCTION. 

Par  une  exception  remarquable,  quelques  Cétacés  habitent  les  fleuves.  On  sait 
que  le  Marsouin  remonte  parfois  à  une  hauteur  considérable  au  delà  des  embou- 
chures, et  le  Plataniste  ainsi  que  le  Pontoporia  ou  Sténodelphe  vivent  l'un  à  l'en- 
trée de  la  Plata,  l'autre  dans  les  bouches  du  Gange.  Il  y  a  même  des  espèces  qui  ne 
quittent  jamais  les  eaux  douces.  Tels  sont  les  Inias  et  un  petit  nombre  de 
Dauphins  propres  à  l'Amazone  ainsi  qu'à  ses  affluents. 

Tous  les  Cétacés  ont  les  mamelles  au  nombre  de  deux,  placées  de  chaque  côté  de 
l'anus.  Leur  peau  est  nue  ou  garnie  de  quelques  poils  seulement;  encore  n'est- 
ce  guère  que  chez  les  jeunes  sujets  ou  les  foetus  qu'on  en  observe.  Cependant  le 
museau  de  l'inia  en  est  couvert  pendant  toute  la  vie.  La  gestation  est  longue  dans 
toutes  les  espèces,   et  chaque  portée  ne  donne  jamais  qu'un  seul  petit. 

La  forme  en  fuseau  du  corps  des  Cétacés,  l'ample  nageoire  horizontale  et  de  na- 
ture essentiellement  fibreuse  que  porte  la  partie  terminale  de  leur  queue,  la  dis- 
position en  rames  natatoires  dépourvues  d'ongles  de  leurs  nageoires  antérieures, 
les  seuls  membres  qu'ils  possèdent,  permettent  de  les  distinguer  à  la  première  vue 
de  tous  les  autres  animaux.  La  présence  presque  constante  d'une  nageoire  dor- 
sale et  l'absence  des  membres  postérieurs  dont  on  ne  voit  extérieurement  aucune 
trace  complètent  ce  signalement,  auquel  on  peut  ajouter  la  disposition  habituelle- 
ment uniforme  du  système  dentaire  et  la  condition  uniradiculée  des  dents.  Le 
corps  a  la  forme  d'un  double  cône  allongé  à  bases  réunies;  sa  surface  est 
lisse,  et  le  derme  recouvre  une  épaisse  couche  de  graisse  qui  s'oppose  à  la  dé- 
perdition de  sa  chaleur  propre  en  même  temps  qu'elle  suffit  en  partie  aux  dépenses 
de  la  combustion  respiratoire.  Dans  les  mouvements,  la  queue  donne  à  l'animal  une 
impulsion  considérable,  et  les  nageoires  thoraciques  sont  comme  une  paire  de  ba- 
lanciers destinés  à  lui  conserver  son  équilibre  au  sein  des  eaux. 

Le  nombre  des  espèces  de  ce  groupe  approche  de  deux  cents,  et  de  temps  en 
temps  on  en  découvre  encore  de  nouvelles  qui  avaient  échappé  jusqu'alors  aux 
investigations  des  naturalistes.  INos  mers  si  fréquentées  qu'elles  soient  peuvent 
elles-mêmes  en  fournir.  Témoin  le  Dioplodon  européens,  découvert  il  y  a  une 
vingtaine  d'années  à  l'entrée  de  la  Manche,  et  dont  depuis  lors  il  n'a  été  repris 
d'exemplaires  sur  aucun  point  du  globe.  Des  espèces  remarquables  et  qui 
servent  de  types  à  des  genres  particuliers  n'ont  elles-mêmes  été  observées  qu'ac- 
cidentellement;   plusieurs    ne  sont   encore   connues  que  par  des   pièces  uni- 


INTRODUCTION.  \n 

qu68  ,  comme  le  lîerardius  Anuixii ,  le  Dioplodun  demirottri»  et  bon  nombre 
d'autres.  Aus^i  ne  saurait-on  trop  recommander  aux  navigateurs  qui  trouvent 
L'occasion  de  harponner  de  semblables  animaux  ou  d'en  recueillir  des  dépouilles 
même  incomplètes,  de  les  conserver  lorsqu'ils  leur  paraissent  offrir  quelque 
intérêt  scientifique,  afin  de  les  soumettre  à  L'examen  des  savants  en  Les  déposant 
dans  les  collections  publiques. 

Iii a  deux  grandes  divisions  naturelles  qu'il  est  facile  d'établir  parmi  les  Cétacés, 
celle  des  Cétodontes  ou  Cétacés  pourvus  de  dénis  et  sans  fanons  es!  la  plus  nom- 
breuse en  espèces  el  elle  offre  les  caractères  génériques  les  plus  variés.  Ses 
espèces  arrivent  à  des  dimensions  très-diverses,  el  h  les  cachalots,  qui  en  font  partie, 
acquièrent  le  volume  des  baleines,  d'autres  sont  d'une  (aille  déjà  moindre,  comme 
les  Hypérodons,  les  Ziphius,  les  Orques  ou  les  Globiocéphales,  el  il  en  est  comme 
les  Marsouins,  les  Néoméris,  Les  Pontoporia,  etc.,  qui  n'ont  guère  plus  d'un  mètre 
de  longueur  totale.  Les  Cétacés  constituant  l'autre  grande  division  de  cet  cidre, 
sont  les  Uysticètes  ou  Cétacés  à  fanons,  animaux  toujours  gigantesques,  moins 
variés  dans  leurs  caractères  que  les  Cétodonles,  el  donl  on  ne  connaît  qu'un 
moindre  nombre  d'espèces.  C'est  par  eux  que  nous  commencerons  la  partie  des- 
criptive de  cet  ouvrage. 

Les  Cétodontes  et  les  Mysticités  n'ont  pas  uniquement  fourni  des  espèces  à  la 
faune  actuelle.  Il  en  a  aussi  existé  pendant  la  période  tertiaire,  cl  nous  trouvons  des 
débris  d'animaux  appartenante  l'un  et  à  l'autre  de  ces  deux  groupes  dans  les  dépôts 
pliocènes  ainsi  (pie  dans  ceux  qu'on  a  appelés  miocènes.  H  est  vrai  que  les  terrains 
antérieurs  n'en  ont  pas  encore  fourni.  Nous  nous  occuperons  des  <  étacéa  d  esp<  »  i  - 
fossiles  aussi  bien  que  de  ceux  qui  habitent  les  mers  actuelles,  el  nous  ajoute- 
rons également  des  faits  nouveaux  aux  détails  que  l'on  a  déjà  publiés  à  leur  égard. 

lui  ce  qui  concerne  les  espèces  vivantes,  nous  ne  manquerons  pas  les  oc<  usions 
qui  s'offriront  à  nous  de  donner,  au  sujet  de  leurs  mœurs,  de  leur  s\  n<>n\  mie  el  d< 
leur  nomenclature,  ainsi  que  de  leur  répartition  hydrographique,  des  documents 
nouveaux  qui  compléteront  ce  que  nous  aurons  dil  relativement  à  leurs  carac- 
tères anatomiques.  A  l'occasion  ,  la  capture  des  l  étacés  nous  occupera  également, 
puisqu  elle  jel te  quelque  lumière  sur  la  manière  de  vivre  de  ces  animaux,  el  nous 
apprend  le  parti  que  l'on  tire  de  leurs  fanons,  de  leurs  dents,  de  leurs  os  el  d< 
leur  huile,  on  fournil  de  nouvelles  d ies  au  i  ommerce  el  à  l'industrie. 


vin  INTRODUCTION. 

Indépendamment  des  matériaux  réunis  à  Paris  et  à  Louvain,  nous  avons  pu  uti- 
liser pour  cette  publication  ceux  que  l'on  possède  à  Copenhague,  à  Londres,  à 
Bruxelles,  à  Leyde,  etc.  Rien  n'a  été  négligé  pour  rendre  notre  ouvrage  utile  aux 
naturalistes  et  aux  navigateurs,  et  c'est  avec  confiance  que  nous  le  soumettons  au 
jugement  du  public.  Nous  espérons  qu'il  ne  sera  pas  indigne  de  la  place  que  l'édi- 
teur du  monument  élevé  à  l'anatomie  comparée  par  de  Blainville,  sous  le  titre 
A'Ostéographie  des  animaux  vertébrés,  lui  a  donnée  à  côté  de  l'œuvre  entreprise  par 
notre  illustre  maître. 


J.  Van  Beneden  et  Paul  Gervais. 


OSTÉOGKAPHIK 


DES    CÉTACÉS 


DU  SQUELETTE   DES  CÉTACÉS  EN  GÉNÉRAL 


Le  Cétacé  est  un  mammifère  qui  vit  dans  l'eau,  non  comme  le  Phoque  ou  le 
Sirénien,  qui  prend  librement  ses  ébats  sur  le  rivage  delà  mer,  mais  comme  le 
poisson  qui  échoue,  quand  une  vague  le  jette  sur  la  plage.  De  là  résulte  pour  lui 
la  nécessité  d'avoir  des  narines  s'onvrant  à  la  partie  la  plus  élevée  «1  u  corps;  «les 
muscles  ('-normes  transformant  la  queue  en  appareil  de  locomotion;  une  épaissi 
couche  de  lard  remplaçant  partout  les  poils,  pour  conserver  à  l'animal  bs  chaleui 
propre;  enfin  toute  une  série  de  modifications  se  manifestant  dans  tout  les 
appareils. 

Le  corps  des  Cétacés  est  formé,  comme  celui  des  poissons,  de  deux  cônes  placés 
base  à  base,  et  dont  la  surface  lisse  permet  de  fendre  aisément  l'eau  et  de  gl  sseï 
rapidement  dans  cette  atmosphère  liquide. 

Il  n'y  a  aucun  organe  qui  fasse  saillie  a  la  surface  du  corp8;  pas  même  les 
organes  des  sens. 

La  quene  Beule  donne  l'impulsion  au  corps  eq  battant  l'eau  à  droite  et  à  gau<  U<-, 


2  SQUELETTE  DES  CETACES. 

comme  la  rame  unique  qui  fait  avancer  la  chaloupe  par  le  balancement  «le  la 
godille. 

Les  nageoires  antérieures  ne  sont  que  des  balanciers  aquatiques,  qui  ont  pour 
unique  emploi  de  tenir  le  corps  en  équilibre.  C'est  pour  ce  motif  que  le  membre 
n'a  pas  d'autre  articulation  mobile  que  celle  qui  unit  l'humérus  à  l'omoplate,  et 
que  tous  les  autres  os  sont  plus  ou  moins  aplatis. 

La  nageoire  caudale  a  une  direction  horizontale,  pour  battre  l'eau  de  haut  en 
bas  quand  l'animal  vient  à  la  surface,  ou  de  bas  en  haut  quand  il  veut  s'enfoncer 
au  fond  de  la  mer. 

Le  Cétacé,  à  cause  de  sa  forme  effilée  aux  deux  bouts,  n'a  que  des  mouvements 
fort  restreints  dans  ses  diverses  surfaces  articulaires. 

Les  os  des  Cétacés  sont  en  général  très-spongieux  et  fortement  imprégnés  de 
graisse.  Il  est  difficile  d'avoir  des  squelettes  complets  qui  ne  soient  en  partie  gras. 
Ce  sont  les  corps  des  vertèbres  qui  sont  en  général  le  plus  spongieux. 

Les  épiphyses  restent  ordinairement  séparées  fort  longtemps. 

Les  os  n'ont  pas  de  moelle,  c'est-à-dire  que  les  os  longs  sont  pleins  comme  les 
autres. 

Sous  ces  rapports,  comme  sous  tant  d'autres,  les  os  des  Cétacés  sont  le  plus 
éloignés  possible  des  os  d'oiseaux. 

Les  os  du  crâne  et  ceux  des  membres  sont  presque  tous  unis  par  suture  harmo- 
nique; la  mandibule,  les  apophyses  des  vertèbres,  l'humérus  et  la  tète  sont  les  seuls 
os  qui  s'articulent  par  diarthrose  ;  les  phalanges  des  doigts  sont  unies  par  synchon- 
drose. 

Dans  les  Cétacés,  les  os  chevauchent  souvent  les  uns  sur  les  autres  ;  ainsi,  on 
voit  les  pariétaux  des  baleines  glisser  sur  les  interpariétaux,  l'occipital  ensuite 
chevaucher  sur  ces  derniers,  le  maxillaire  supérieur  recouvrir  en  arrière  le 
frontal  (chez  les  cétodontes)  cl  l'intermaxillaire  s'étaler  sur  le  maxillaire  dans  une 
grande  partie  de  sa  longueur. 

Le  défaut  de  symétrie,  si  commun  parmi  les  Cétacés,  n'est  pas  un  fait  acci- 
dentel, et  qui  sur;;it  après  la  naissance;  il  existe  déjà  très-souvent  dans  le  fœtus 
et  principalement  dans  certains  genres.  Ce  défaut  se  fait  surtout  remarquer  dans 
les  os  qui  entourent  les  fosses  nasales,  et  c'est  dans  la  famille  des  ziphioïdes  qu'il 
arrive  à  son  maximum.  On  voit  souvent,  en  effet,  les  fosses  nasales  des  ziphioïdes 


SQUELETTE  DES  CETACES  3 

s'ouvrir  sur  le  côté,  et  les  os  maxillaires,  de  même  que  les  intermaxillaires,  le 
\  orner  et  les  os  nasaux  différer  notablement  à  droite  et  à  gauche. 

.M.  Ilii\l<'\  a  représenté  une  tète  de  fœtus  de  cachalot  dans  laquelle  on  voit  déjà 
très-distinctement  cette  absence  de  symétrie.  Ce  n'est  donc  ni  l'effet  de  l'âge,  ni 
l'effet  de  la  grande  taille.  Les  intermaxillaires  atteignent,  de  très-bonne  heure,  des 
hauteurs  différentes  autour  des  narines,  et  surplombent  irrégulièrement  les  os 
propres  du  nez,  qui  sont  complètement  différents  à  droite  et  a  gauche. 

De  tous  les  Cétacés,  ce  sont  les  baleines  qui  ont  les  os  les  plus  symétriques. 

Certains  os  sont  constamment,  non-seulement  immobiles  les  uns  sur  les  autres, 
mais  complètement  réunis;  les  vertèbres  cervicales  se  trouvent,  dans  ce  cas,  chez 
un  grand  nombre  de  Cétacés.  Cette  réunion  n'est  pas  non  plus  l'effet  de  l'âge, 
comme  on  l'a  cru;  elle  a  lieu  déjà  dans  les  cartilages  mêmes,  et  on  voit  dois  le 
Bquelette  du  fœtus  tous  les  caractères  ostéologiques  de  l'âge  adulte.  Burdach  a  dit 
avec  raison  :  le  cartilage  forme  une  masse  indivise  lorsque  plusieurs  os  se  déve- 
loppent  immobiles  les  uns  sur  les  autres.  C'est  à  tort  que  divers  auteurs  prétendent 
que  toutes  les  pièces  du  squelette,  qui  naissent  cartilagineuses,  apparaissent  tifa- 
rées,  distinctes,  et  se  soudent  seulement  plus  tard  dans  le  cours  du  développement, 
lorsqu'un  seul  os  doit  résulter  de  la  réunion  de  plusieurs  pièces  homotypes. 

Les  Cétacés  nous  montrent  à  la  dernière  évidence  que  certains  os,  à  l'état  os- 
seux mi  à  l'état  cartilagineux  quand  ils  passent  par  celte  phase,  sont  ou  libres  ou 
sépaies  des  le  moment  de  leur  apparition,  comme  ils  le  seront  pendant  toute  la  vie 
on  peut  tire  l'os  des  Cétacés  dans  leur  cartilage.  —  C'est  ainsi  que  l'importance  d'un 
Bquelette  d'embryon  de  cétacé,  même  en  partie  cartilagineux,  est  aussi  grande,  si 
pas  plus  grande,  que  le  squelette  osseux  d'un  animal  adulte. 

TÊTE. 

La  tète  des  Cétacés  se  dislingue  de  celle  des  autres  ordres  par  le  refoulement  des 

narines,  qui  b' ouvrent  près  du  sommet  du  crâne  a  la  base  des  os  maxillaires,  ainsi 
que  p.ii-  le-in— ■-  insdes,  qui  se  dirigent  directement  de  bas  en  haut  on  obliquement 
d  arrière  en  avant,  et  par  la  place  qu'occupent  les  yeux  sur  le  côté  de  la  léte,  au 

dessous  des  nai  im 

Ofl  peut   ;ijuiilri   i|iie  l,i  l-'lc  de-   (dut-   Se    d  isl  i  n;;ue    ein  me  |i;ir    h   dilec  lien   <lu 


i  SQUELETTE  DES  CETACES 

trou  occipital,  qui  s'ouvre  plutôt  en  haut  qu'en  arrière  et  en  bas,  ainsi  que  par  le 
grand  développement  des  condyles  articulaires. 

Il  y  a  cette  différence  fondamentale  dans  la  face,  en  d'autres  termes,  dans  le 
rostre  des  Cétacés,  que  les  fosses  nasales  étant  refoulées  à  la  hase  du  crâne,  les 
maxillaires  avec  les  intermaxillaires  et  le  vomer  forment  une  masse  compacte 
de  trois  os  emboîtés,  au  centre  desquels  on  trouve  ordinairement  la  partie  cartila- 
gineuse de  l'ethmoïde  qui  termine  en  avant  la  colonne  vertébrale. 

Rarement  ce  cartilage  est  ossifié  ;  nous  n'en  connaissons  des  exemples  que  dans 
les  ziphioïdes. 

Les  fosses  nasales  sont  formées  en  dehors  par  le  maxillaire,  en  dedans  et  en  bas 
par  le  ptérigoïdien,  le  palatin  et  le  vomer  ;  en  dedans  et  en  haut,  par  le  sphénoïde 
antérieur  et  l'ethmoïde,  en  arrière  et  en  haut  par  le  frontal. 

Dans  les  baleines,  l'intermaxillaire  forme  en  haut  une  grande  partie  du  cadre 
qui  circonscrit  les  narines.  — C'est  le  ptérigoïdien  qui  constitue  le  cadre  des  ori- 
fices postérieurs. 

Dans  les  baleines,  les  os  propres  du  nez  forment  une  véritable  voûte  au-dessus 
des  fosses  nasales.  Il  n'y  a  pas  de  voûte  chez  les  Cétodontes. 

Les  parois  de  ces  fosses  nasales  sont  à  peu  près  lisses  et  unies  dans  toute  leur 
étendue,  et  les  cornets,  comme  les  sinus,  ne  sont  que  fort  incomplètement  déve- 
loppés. 

On  remarque  autour  des  narines,  en  avant  et  sur  le  côté,  les  maxillaires  et  les 
intermaxillaires;  en  arrière  et  en  haut,  le  frontal,  les  os  propres  du  nez,  et  plus 
bas  l'ethmoïde  ;  enfin,  dans  l'intérieur,  la  cloison  formée  par  le  vomer. 

La  capacité  crânienne  est  comparativement  peu  grande,  et  la  boite  s'étend  sur- 
tout en  largeur;  souvent  elle  est  deux  fois  aussi  large  que  longue. 

Le  cervelet  est  fréquemmeut  entouré  d'une  faux  osseuse. 

La  moelle  allongée,  dès  son  début,  est  placée  comme  le  trou  occipital,  dans  l'axe 
du  corps  et  se  dirige  même  de  bas  en  haut  dans  les  mysticètes. 

L'occipital  forme,  non-seulement  toute  la  partie  postérieure  de  la  lioilc  crâ- 
nienne, mais  souvent  même,  comme  dans  les  baleines,  toute  la  voûte. 

\  cause  de  la  grandeur  et  surtout  de  la  direction  <ln  trou  occipital,  la  portion 
basilaire  est  extrêmement  développée,  et  1rs  fosses  occipitales,  qui  logent  le  cer- 
velet, sont  situées  yers  la    partie  supérieure  et  postérieure.  —  L'occipital  va 


Sol  BLETTE  DES  CETACES. 

B'arliculer  en  avant  avec  le  frontal  en  refoulant  une  partie  de  pariétal  an  dehors. 

\  l'ftge  embryonnaire,   d'après  ce  que  Eschricht  a  vu  sur  la  balasnoptera 

minor,  et  ce  que  nous  avons  parfaitement  vu  sur  un  fœtus  de  marsouin  el  de 

baleine  du  Groenland,  il  existe  un  interpariétal  entre  l'occipital  et  le  frontal;  mais 
cet  interpariétal esl  ensuite  couvert  parles  deux  pariétaux,  qui,  à  leur  tour,  dis- 
paraissent sous  l'occipital,  de  manière  que  l'on  trouve  deux  ou  (rois  os  juxtaposés 
dans  les  parois  de  la  cavité  crânienne. 

Nous  ne  voyons  plus  de  traces  de  cette  juxtaposition  à  l'à|je  adulte,  si  ce  n'esl  à 
l'intérieur  de  la  boite. 

Les  pariétaux  sont  des  os  fort  irréguliers  et  souvent  difficiles  à  reconnaître.  — 
Chez  les  jeunes  balamoptera,  ils  forment  le  côté  et  le  dessus  du  crâne  avec 
l'interpariétal  ;  mais  plus  tard,  comme  nous  venons  de  le  dire,  les  pariétaux 
couvrent  les  interpariétaux,  et  ceux-ci  à  leur  tour  se  couvrent  de  l'occipital,  de 
manière  que  l'on  ne  voit  qu'une  très-faible  partie  de  ces  os  a  l'extérieur. —  Dans 
les  baleines  véritables,  nous  voyons  ces  os  réunis  de  très-bonne  heure  à 
l'occipital. 

Ils  forment  toujours  le  fond  de  la  cavité  temporale,  s'étendent  en  arrière  et  en 
dessus  jusqu'à  la  crête  de  l'occiput,  en  avant  jusqu'au  frontal,  et  en  dessous  jusqu'à 
la  partie  écailleuse  du  temporal. 

Ils  sont  toujours  fort  minces. 

Les  frontaux  sont  en  général  développés  transversalement,  et  s'étendent  loin  en 
dehors  pour  former  la  voûte  orbitaire.  —  Ils  montrent  toujours,  sur  la  face  infé- 
rieure, une  lar{;e  gouttière,  pour  le  nerf  optique,  qui  se  dirige  en  dehors  cl 
davant  en  arrière. 

Le  frontal,  par  son  apophyse  post-orbitaire,  s'articule  souvent  avec  la  portion 

zygrimahijur  du  temporal,  de  manière  qu'il  apparaît  une  double  arcade  :  celle  dont 
non-  venons  de  palier  cl  une  autre  formée  exclusivement  par  le  jugai  en  deSSOUS 

du  globe  oculaire. 

h&  jugai  présente  une  différence  fortgrande  dans  les  mysticètes  et  les  céto- 
dontes  :  il  consiste,  chez  les  premiers,  en  un  os  allongé,  mais  assez  gros  el  légère- 
ment courbé,  qui  forme  toute  la  partie  inférieure  du  cadre  de  l'orbite.      Dans  l< 
cétodontes,  le  jugal  consiste  en  un  stylel  fort  grêlée)  délicat,  légèrement  courl 

UU    pell  ép.'ilr  eu  ;uii.  Te  polll'  •>'.!  I  I  iculel'  d'illl  CÔté    LVeC   I''  temporal     de   1*;MI  f  1  •      > 


6  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

le  maxillaire,  et  dont  la  nature  serait  aussi  difficile  à  déterminer  que  celle  du  tem- 
poral, si  l'on  n'avait  les  rapports  naturels  pour  se  guider. 

Le  lacrymal  n'existe  que  dans  un  petit  nombre  de  Cétacés,  c'est-à-dire,  dans 
les  baleines  et  les  ziphioïdes.  —  Il  est  logé  entre  le  maxillaire  et  le  frontal,  au 
devant  de  l'orbite,  et  consiste  dans  une  lame  assez  mince,  plate  et  droite,  un  peu 
renflée  en  dehors,  comme  un  coin  entre  ces  deux  os  pour  les  tenir  à  distance. 
—  11  n'est  jamais  perforé,  et  si  on  n'était  guidé  par  les  rapports,  on  ne  pourrait 
guère  le  reconnaître.  On  a  déjà  confondu  ces  os,  quand  ils  étaient  détachés,  avec 
les  os  du  bassin. 

M.  Flower  fait  remarquer  que  les  os  lacrymaux  du  mysticetus,  de  la  collection 
du  Collège  royal  des  chirurgiens,  sont  soudés  aux  os  frontaux.  Ayant  reçu  le 
squelette  encore  entouré  de  ses  ligaments,  ces  os  n'ont  pas  été  perdus,  comme  on 
pourrait  le  supposer.  Ils  sont  fort  distincts  et  complètement  séparés  dans  le  mysti- 
cetus de  Bruxelles  et  de  Louvain. 

Les  os  nasaux  sont  fort  remarquables,  tant  par  la  place  qu'ils  occupent  que  par 
la  forme  qu'ils  affectent.  —  Les  baleines  ont  ces  deux  os  parfaitement  symétriques, 
de  forme  rhomboïdale,  et  constituent,  comme  nous  l'avons  déjà  dit,  une  véritable 
voûte  au-dessus  des  fosses  nasales  comme  dans  la  généralité  des  mammifères. 

Dans  les  cétodontes,  ces  os  sont  repoussés  en  arrière  des  narines,  affectent  une 
forme  peu  régulière,  et  ne  contribuent  en  rien  à  la  formation  des  fosses  nasales  : 
s'ils  tombent,  c'est  à  peine  si  l'on  s'aperçoit  qu'ils  ont  disparu.  —  Ils  sont  simple- 
ment placés  au-dessus  de  la  partie  la  plus  reculée  du  maxillaire,  près  de  la  ligne 
médiane. 

Le  basi sphénoïde  ou  sphénoïde  postérieur  s'articule,  comme  toujours,  avec  la 
portion  basilaire  de  l'occipital,  et  porte  deux  ailes  généralement  assez  grandes  et 
fort  distinctes,  du  moins  relativement  aux  ailes  du  sphénoïde  antérieur. 

A  l'intérieur  du  crâne,  la  celle  lurcique  est  très-faiblement  indiquée  et  les  trous 
pour  le  passage  des  nerfs  maxillaires  supérieurs  et  inférieurs  se  confondent. 

L'apophyse  ptérigoïde  externe  esta  peine  indiquée. 

Le  corps  du  sphénoïde  postérieur  se  soude  plutôt  avec  le  corps  basilaire  de 
l'occipital,  qu'avec  le  sphénoïde  antérieur.  Le  corps  des  deux  sphénoïdes  est 
plein. 

Le  presphénoïde  ou  sphénoïde  antérieur  consiste  dans  une   pièce  étendue  en 


soi  i  1 1  i  ir  in  s  i  i.tacks.  : 

largeur,  montrant  de  chaque  cote  une  large  gouttière  pour  le  passage  «In  rteri 
optique. 

Le  corps  du  Bphénoïde  est  recouvert  en  bas  et  en  avant  par  la  lame  du 
vomer.  Il  se  comporte  comme  un  grand  os  en  V. 

Ij  ethmoîdc  se  soude  de  bonne  heurt1  au  Bphénoïde  antérieur,  dont  il  ne  semble 
être  qu'une  dépendance,  et  sa  portion  terminale  reste  pendant  toute  la  vie  a  l'état 
de  cartilage  dans  la  plupart  des  mysticètes  et  des  cétodontes;  on  ne  lui  voit  pas 
d'apophyse  crùtagalli.  —  Cet  os  n'est  ni  plus  spongieux  ni  plus  délicat  que  les 
autres.  —  Il  est  distinctement  percé  d'orifices,  même  dans  plusieurs  cétodontes; 
par  sa  face  inférieure,  ou  plutôt  antérieure,  il  concourt  à  la  formation  des  fosse- 
nasales  en  haut.  11  est  souvent  fort  peu  distinct  à  cause  de  sa  coalescence  avec  le 
presphénoïde  et  le  vomer. 

Le  vom  r  est  très-développé  dans  tous  les  animaux  de  ce  groupe;  il  consiste  dans 
une  lame  carénée,  fort  longue,  qui  prend  son  origine  en  arrière  sous  le  sphénoïde 
antérieur,  longe  le  cartilage  du  rostre  dont  il  forme  pour  ainsi  dire  la  doublure,  et 
se  termine  en  avant  entre  les  maxillaires  et  les  intermaxillaires. 

Le  temporal,  ou  plutôt  la  portion  écailleuse  de  cet  os,  occupe  comme  toujours  1 1 
partie  inférieure  el  latérale  du  crâne;  il  forme,  comme  dans  les  autres  ordres,  la 
fosse  temporale  qu'il  limite  en  bas  par  son  prolongement  zygomatique,  qui  s'unit 
souvent  en  haut  directement  avec  le  frontal,  en  dessous  avec  le  jugal. 

Le  temporal  présente  toujours  en  arrière  une  surface  glénoïde  plane,  pour  s'ar- 
ticuler avec  la  mandibule;  il  laisse  en  dedans  un  espace  pour  le  rocher,  s'unit 
en  avant  avec  l'aile  du  sphénoïde,  en  haut  en  avant  avec  le  pariétal,  en  arrière?  el 
au-dessus  avec  l'occipital. 

Nous    trouvons  un   os  mastoïdien  distinct  dans  les  miçroptérons.  Partout 

ailleurs  que  dans  ce  adphioïde,  l'occipital  descend  plus  bas  derrière  le  rocher  que 
le  temporal. 

Ici,  comme  ailleurs,  le  rocher  justifie  parfaitement  son  nom  ;  a  l'étal  fossile,  on 
le  prendrait  pour  un  morceau  de  silex. 

Le  rocher  est  ordinairement  un  os  arrondi,  un  peu  plus  long  que  large,  mon* 
liant  les  mêmes  tuiliers  «pie  les  rochers  des  mammifères  terrestres  et  conservant 
souvent  en  place,  même  après  une  macération  prolongée,  l'osselet  de  l'étriei .  Dei 
i  i  ère  le  trou  ovale  oo  upé  par  la  base  'le  l'éti  ier,  on  voit  die/  tous  la  saillie  qui ,  01 


8  SQUELETTE  DES  CETACES. 

respond  au  limaçon,  et  derrière  le  limaçon  sont  situés  les  canaux  semi-circulaires. 

Le  rocher  est  articulé  par  suture  harmonique  avec  le  tympanal  dans  les  eéto- 
dontes,  et  soudé  à  cette  même  caisse  dans  les  mysticètes. 

Dans  le  microptéron,  comme  dans  le  ziplrius  indiens,  le  rocher  ne  s'unit  pas 
avec  la  caisse  du  tympan,  mais  glisse  par  un  talon  assez  large  dans  le  mastoïdien 
avec  lequel  il  s'articule. 

L'union  entre  le  rocher,  le  tympanal  et  le  mastoïdien  est  si  intime  dans  les 
ziphius,  qu'en  secouant  la  caisse,  on  fait  mouvoir  le  rocher  et  le  mastoïdien  en 
même  temps  (I). 

Le  rocher  et  le  tympanal  occupent  sur  le  côté,  à  la  base  du  crâne,  un  espace 
dont  les  bords  sont  formés  en  dedans  et  en  arrière  par  l'occipital,  en  dehors  et  en 
avant  par  le  temporal.  Dans  les  cétodontes,  ces  os  ne  tiennent  au  crâne  que  par 
des  parties  molles  et  tombent  facilement  pendant  la  macération  ;  chez  les  baleines, 
le  rocher  est  muni  de  deux  fortes  apophyses  :  l'une  se  dirige  en  dehors  et  en  arrière 
au-dessus  de  la  suture  qui  unit  le  temporal  à  l'occipital  dans  une  espèce  de  gout- 
tière, et  cette  apophyse  s'adapte  parfaitement  à  ces  os  dont  elle  prend  la  forme; 
c'est  par  suture  écailleuse  qu'elle  s'unit.  L'autre  apophyse,  plus  courte,  mais  plus 
massive,  se  dirige  en  dedans  et  en  avant  pour  s'articuler  avec  cette  partie  du 
temporal. 

Dans  une  mégaptera  delà  Nouvelle-Zélande  cette  apophyse  a  pris  un  tel  dévelop- 
pement, que  le  docteur  Gray  a  jugé  bon  de  créer,  à  cause  de  cela,  une  espèce  nou- 
velle pour  la  science  (2). 

On  trouve  souvent  le  rocher  et  le  tympanal  séparés  parmi  les  ossements  fossiles, 
<t  on  éprouve  quelquefois  un  grand  embarras  pour  bien  les  déterminer. 

La  caisse  du  temporal,  ou  pour  mieux  dire,  l'os  tympanal  étant  soudé  au  ro- 
cher, et  celui-ci  étant  articulée  la  basedu  crâne  avec  le  temporal  et  l'occipital  dans 
les  mysticètes,  il  est  très-difficile  de  détacher  cet  os  avec  ses  apophyses  de  la  base 
du  crâne.  La  caisse  elle-même  est  très-fragile  par  ses  points  d'attache. 

Nous  voyons  la  caisse  soudée  au  rocher  dans  les  baleines,  la  caisse  articulée  par 


(1)  Van  Beneden,  A'oi/v.  esp.  de  Ziphius.  Mémoires  couronnés,  col.  8",  Académie  royale  de  Belgique, 
tom.  XVI,  page  16. 

(2)  S.  E,  Gray,  catalogue,  pag.  128. 


SQl  II  KTTK  IH  s  CÉTACÉS.  9 

SUttire  harmonique  dans  les  dauphins,  et  la  caisse  libre,  le  rocher  lui-même  B 'ar- 
ticulant par  suture  avec  le  mastoïdien,  dans  le  micropleron. 

Quant  aux  osselets  de  l'oreille,  l'on  sait  qu'ils  naissent  de  la  mandibule  primi- 
tive (cartilage  de  Meckel  ,  qui  provient  a  son  tour  du  premier  arc  viscéral,  à 
l'exception  parait-il  de  Terrier,  qui  vient  du  labyrinthe. 

I.rsn>selets  de  I sont  au  nombre  de  trois,  en  laissanl  de  i  ôté  le  lenticulaire 

ils  sont  parfaitement  distincts  ;  le  marteau  est  le  plus  volumineux  et  se  soude  à  la 
caisse  dans  les  mysticètes;  la  tète  est  très-grande  et  présente  une  double  surface 
articulaire;  l'enclume  est  moins  grande  et  porte  deux  apophyses;  les  deux 
surfaces  articulaires  du  marteau  correspondent  avec  celle  de  l'enclume;  l'etrier 
n'est  pas  toujours  perforé  et  s'applique  si  bien  à  la  fenêtre  ovale  qu'il  est  souvent 
dans  une  immobilité  complète  et  ne  se  détache  même  que  fort  dillicilement.  H  ne 
présente  jamais  la  délicatesse  de  l'etrier  des  autres  mammifères  et  il  esl  toujours 
plus  long  que  large. 

V intermaxillaire  est très-développé  chez  tous  les  (.etaces  :  il  s'étend  d'avant  en 
arrière  le  long  du  bord  interne  du  maxillaire  jusqu'autour  des  fosses  nasales. 
Souvent,  si  pas  toujours,  il  dépasse  en  avant  les  maxillaires.  Quand  il  ne  touche 
pas  sur  (aligne  médiane  celui  du  côté  opposé,  il  forme  le  bord  d'un  long  canal 
au  fond  duquel  est  logé  le  fort  cartilage  de  Tethmoïde,  qui  continue  en 
ivant  le  corps  des  vertèbres.  — Ces  os  sont  rarement  symétriques,  au  moins 
dans  les  cétodontes,  comme  tous  les  os  qui  concourent  à  la  formation  des 
narines 

Les  maxillaire»  sont  les  os  les  plus  volumineux  de  tout  le  squelette.  Ils  sont 
ordinairement  étroits  CD  avant  et  élargis  à  leur  base,  cl  celle  portion  élargie  est 

tantôt  dirigée  d'arrière  en  avant,  tantôt  de  dedans  en  dehors,  tantôt  d'avant  en 
arrière. 

Chez  les  mysticètes,  le  maxillaire  se  prolonge  en  arrière  au  devant  du  frontal 
laissanl  celui-ci  à  découvert;  chez  les  cétodontes,  le  maxillaire  recouvre  le  frontal 
et  s'étend  jusqu'à  l'occipital. 

I  -os  maxillaires  se  réunissent  au  palais  sur  la  ligne  médiane,  mais  laissent, 
dan-  l.i  plupart  desefpèces,  un  intervalle  entre  eux,  sur  une  étendue  plus  «m 
moins  grande,  qui  laisse  percer  le  vomer  et,  quelquefois  en  avant,  même  l'infer- 


s. 


10  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

maxillaire.  On  voit  quelquefois  le  vomer  au  palais  en  deux  endroits  différents 

Le  maxillaire  concourt  toujours,  au  moins  en  arrière  et  sur  le  côté,  à  la  forma- 
tion du  cadre  des  fosses  nasales  chez  les  cétodontes;  chez  les  mysticètes  les  inter- 
maxillaires les  en  excluent. 

Les  os  maxillaires  sont  percés  à  leur  base  en  haut  d'un  certain  nombre  de  trous 
assez  grands,  qui  correspondent  au  trou  sous-orbi taire  des  autres  ordres.  Ces  os 
n'ont  point  de  sinus,  pas  plus  que  le  frontal  et  les  sphénoïdes. 

Les  maxillaires  logent  les  intermaxillaires  entre  eux,  et  avec  eux  et  le  vomer 
ils  forment  tout  le  rostre. 

Les  platanistes  ont  des  maxillaires  qui  s'élèvent  au  devant  des  narines  et  forment 
une  voûte  au-dessus  de  la  base  du  rostre,  qui  affecte  la  forme  d'un  casque. 

Chez  les  hyperoodons,  les  maxillaires  s'élèvent  de  même  à  la  base  du  rostre, 
ayant  l'air  de  servir  à  la  protection  des  orifices  des  fosses  nasales. 

Les  palatins  sont  parfaitement  distincts  dans  tous  les  Cétacés;  ils  prolongent  le 
palais  derrière  les  maxillaires,  et  derrière  eux  on  voit  les  pterigoïdiens  qui  for- 
ment les  bords  des  fosses  nasales  postérieures.  Dans  les  baleines,  ces  os  semblent 
simplement  border  ces  orifices.  Ils  ont  une  part  moins  grande  dans  la  formation 
du  palais  chez  les  cétodontes. 

Les  pterigoïdiens  sont  toujours  fort  reconnaissables  par  la  place  qu'ils  occupent  : 
ils  forment  vraiment  l'entonnoir  des  arrière-narines,  et  s'étendent  parfois  en  avant 
jusqu'à  l'orbite.  Ce  qu'ils  offrent  de  plus  remarquable,  c'est  qu'ils  montrent  un 
large  sinus  très-variable  selon  les  genres,  et  qui  est  en  communication  directe  avec 
la  cavité  de  la  trompe  d'Eustache.  Les  pterigoïdiens  forment  en  avant  les  parois 
d'une  large  trompe,  qui  établit  \\x\o.  communication  directe  entre  l'oreille 
moyenne  et  les  fosses  nasales.  C'est  par  cette  voie  que  le  son  arrive  directement  à 
l'oreille  des  Cétacés. 

Le  maxillaire  inférieur  est  précédé  du  cartilage  de  Meckel,  autour  duquel  il  se 
développe  et  qui  naît  du  premier  arc  branchial. 

Ce  cartilage  touche  à  celui  du  côté  opposé,  quand  même  les  mandibules  ne  sont 
pas  symphisées,  et  le  lissu  osseux  apparaît  directement  en  dehors  du  cartilage  de 
Meckel.  C'est  un  os  autogenèse. 

Ce  n'est  doue  pas  un  os,  comme  on  l'a  pensé,  qui  se  développe  paT  plusieurs 
points  d'ossification;  il  n'a  qu'un  seul  noyau  osseux. 


SQl  III  III    DES  CÉTACÉS  il 

Le  mu  ni  lu  in  iuf<  rieur  est  double  dans  les  mysticètes,  simple  e(  uni  par  une  sym- 
physe plus  on  moins  longue  dans  les  cétodontes.  Les  deux  os  sonl  toujours  complè- 
tement séparées  et  ne  se  touchent  même  pas  au  bout  dans  aucun  mysticète. 

Les  cétodontes  ontgénéralemenl  le  maxillaire  comprimé,  en  arrii  re  surtout,  et  fort 

élevé,  avec  une  surface  articulaire  verticale,  c'est-à-dire  «  1< » n t  le  c rj  le  el  le  bord 

postérieur  forment  du  angle  droit  avecle  liorJ  inférieur;  il  est  arrondi,  au  contraire, 
dans  les  mysticètes,  non  comprimé,  peu  élevé,  à  surface  articulaire  plutôt  supé- 
rieure que  postérieure,  el  avec  une  apophyse  i  oronoïde  placée  assez  loin  en  avant. 

Il  y  a  toujours  plusieurs  trous  mentonnière  qui  se  succèdent  dans  les  baleines; 
il  n'y  en  a  qu'un  ou  quelques-uns,  en  avant  seulemenl  chez  les  cétodontes. 

L'orifice  postérieur  du  canal  dentaire  est  toujours  très-large  el  Bituéà  côté  du 
condyle  dans  les  baleines  ;  dans  les  cétodontes,  il  est  toujours  situé  beaucoup  plus 
on  ai  i ii i  et  ouvert  sur  toute  la  hauteur. 

Indépendamment  «les  trous  mentonnière,  les  mysticètes  ont  au  maxillaire  infé- 
rieur comme  au  supérieur  une  série  de  trous  qui  correspondent  aux  alvéoles  des 
dents  el  qui  rappellent  la  gouttière  dentaire. 

L'oj  hyoïde  présente  toujours  la  même  composition:  un  corps  au  milieu,  qui 
est,  ou  applati  el  étendu  comme  un  bouclier,  ou  arrondi  et  courbé  comme  un 
os  loir;  ordinaire.  Ce  corps  porte  en  arrière  deux  appendices  qui  se  soudent 
de  bonne  heure,  et  qui  restent  toujours  libres  par  l'autre  boul  ;  ce  sonl 
1rs  grandes  cornes,  l.n  avant,  deux  autres  appendices  plus  longs  et  plus  forts,  ne 
se  soudent  jamais  au  corps  de  l'hyoïde,  et  vont  B'arliculer  «  la  base  du  crâne  en 
dehors  de  la  caisse  auditive  ;  ce  sont  les  petites  cornes,  pour  me  sen  ir  des  déno- 
minations reçues  en  anatomie  descriptive. 

i  .  i  orps  el  les  i  ornes,  Burtoul  les  grandes,  sont  remarquables  par  leur  applatis- 
semenl  dans  tous  les  ziphioïdi  s. 

■*■■■■■_  Les  fanons  représentent-ils  les  dents,  anatomiquemenl  parlant  ' 
Quelques  naturalistes  paraissent  partager  encore  cet  avis  puisqu'il  j  en  a  qui 
figurent  ces  organes  à  côté  des  dents  des  autres  mammifères. 

—  Cependant  ces  organes  i t  à  noire  a\is,  rien  de  commun  avec  elles  sous 

iu<  nu  rappoi  t.  Les  fanons  sonl  des  papilles  cornées  qu'on  trouve  à  l'étal  rudi- 
nient, me  Hir  le  palais  d'un  grand  nombre  de  mammifères,  et  qui  prennent  un 
développement  extraordinain  dans  les  mysticètes. 


12  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

Deuts.  Tous  les  Cétacés  ont  des  dents,  sinon  à  l'âge  adulte,  du  moins  à  l'âge 
embryonnaire.  —  Geoffroy  Saint-IIilaire  a  signalé  leur  présence  dans  un  embryon 
de  ôalœna  mysticetus,  Eschricbt  dans  la  megaptera  longimana  et  dans  la  ùalsenoptera 
rostrata. 

Ces  dents  des  baleines  ont  les  mêmes  caractères  que  les  dents  des  delphinidesen 
général,  c'est-à-dire,  que  ce  sont  d'abord  de  simples  godets  ou  des  cônes  placés 
sur  la  pulpe,  dans  l'épaisseur  même  des  gencives. 

Ces  dents  sont  toujours  implantées  dans  des  alvéoles,  mais  comme  elles  sont 
souvent  serrées  les  unes  contre  les  autres,  les  alvéoles  ne  sont  pas  toujours  très- 
distinctes. 

Ces  animaux  possèdent  les  trois  sortes  de  dents  :  quelques-uns  conservent  leurs 
incisives,  tandis  que  d'autres,  et  c'est  le  plus  grand  nombre,  les  perdent;  mais  les 
incisives,  comme  les  canines  et  les  molaires,  affectent  une  même  forme. 

Les  squalodons  ont  seuls  parmi  les  Cétacés  des  incisives,  des  canines,  des  prémo- 
laires et  des  molaires  de  formes  différentes  ;  les  dernières  ont  même  deux  racines, 
ce  qui  ne  se  voit  dans  aucun  autre  Cétacé. 

A  l'exception  des  ziphioïdes,  les  dents  sont  généralement  en  même  nombre  en 
dessus  et  en  dessous,  mais  ce  nombre  est  très-variable  d'une  espèce  à  l'autre.  — 
Certains  cétodontes  en  ont  jusqu'à  deux  cent  cinquante. 

Vinia  semble  avoir  le  nombre  le  plus  élevé  ;  on  en  compte  jusqu'à  soixante-six 
et  soixante-huit  de  chaque  côté  et  à  chaque  mâchoire. 

Le  delphinus  longirostris  de  la  mer  Pacifique  en  a  de  cinquante-cinq  à  soixante 
de  chaque  côté. 

Les  dauphins  en  général  en  ont  de  dix  à  trente;  les  ziphioïdes,  à  l'exception  des 
physeter,  n'en  ont  qu'une  ou  deux  paires,  et  cela  seulement  au  maxillaire  infé- 
rieur. 

11  y  a  des  Cétacés  qui  perdent,  à  l'âge  adulte,  leurs  molaires,  comme  d'autres 
leurs  incisives  et  leurs  canines ,  et  on  voit  leurs  alvéoles  même  parfois  se 
combler. 

Les  trois  sortes  de  dents  ont  en  général  la  même  forme,  mais  cette  forme  n'est 
pas  toujours  conique  :  Vinia  geoffrcnsis  a  des  dents  globuleuses  à  couronne  fine- 
ment striée  et  une  pointe  au  milieu  ou  un  peu  sur  le  côté;  le  Ponloporia  Blainvillii 
H  un  collier  à  la  base  de  sa  couronne;  le  phocœna  commuais  a  une  couronne  com- 


SQ1  BLETTE  DBS  CETACES  13 

primée,  et,  dans  le  jeune  âge,  ces  couronnes  sont  Latéralement  imbriquées.  A  l'âg< 
adulte,  et  quand  la  couronne  esl  usée,  ces  dents  ont  une  forme  de  massue;  le  aqua- 
todon  a  des  dents  molaires  comprimées  et  a  pointes  étalées. 

Les  dents  des  Cétacés  sont  toutes  à  une  seule  racine,  sauf  L'exception  que  nous 

as  on--  déjà  signalée  dans  les  squalodons. 

I,i-  dents  ne  diltcrent  e;uère  d'un  Bexe  a  l'autre,  si  ce  n'est  dans  les  narvals,  le 
micropteron  et  dans  quelques  ziphioîdes,  eomme  le  cachalot  1 1 1. 

Les  dents  varient  beaucoup  en  nombre,  mais  ce  nombre  n'augmente  pas  avec 
l'Age;  il  y  a  des  Cétacés  comme  les  hyperoodon  qui  n'ont  qu'une  ou  deux  paires  de 
dents  au  bout  du  maxillaire  inférieur  ;  d'autres,  comme  les  micropteron,  qui  n'en 
ont  qu'une  paire  nu  milieu  des  maxillaires;  les  vrais  ziphius  n'ont  également 
qu'une  paire  an  bout  au  maxillaire. 

Dans  le  jeune  âge;  ces  dents  sont  souvent  rapprochées  et  se  recouvrent  même 
quelquefois  les  unes  les  autres,  tandis  qu'à  l'âge  adulte,  elles  sont  toujours 
espacées. 

Les  dent-  de  Cétacés  ne  croissent  pas  indéfiniment  ;  une  fois  formées,  la  racine 
s'épaissit  et  souvent,  a  un  âge  peu  avancé,  elles  sont  poussées,  comme  nous  venons 
de  le  voir,  de  leurs  alvéoles. 

Le  monodon  n'a  qu'une  seule  dent  en  forme  de  défense  au  maxillaire  supé- 
rieur; c'est  la  dent  du  côté  jjauchc  ;  celle  qui  lui  correspond  est  cachée  dans  L'os 
maxillaire. 

C'est  le  seul  exemple  d'asymétrie  que  l'on  connaisse;  ce  n'est  que  la  dent  de 
fjauehe  qui  se  développe,   l'autre  reste  cachée. 

À  Copenhague  on  possède,  en   outre,  une  dent  qui   forme  des   loin-  île  spire, 

comme  le  moule  interne  de  certaines  coquilles  gastéropodes.  Sur  trente  ou  qua- 
rante tètes  que  le  professeur  Reinhardl  a  eu  l'occasion  d'examiner,  il  a  toujours  vu 
la  défense  à  gauche.  On  possède  quelques1  létes  avec  deux  dents  également  déve- 
loppées. Musée  de  Hambourg  —  Musée  de  Vrolik,  à  Amsterdam  —  Musée  <]•■ 


■  On  prétend  que  le  mal''  de  c*  belote  vingt-sepl  dente  et  le  femelle  *ingt-troU.  L'on  -ail  du  reele  que, 

■■■    •■    MiAmeecétacée  il  oxiete  une  grende  différence  entre  lesdeui  texei  que  le  mâle eet  beeu ppUu 

kraml  qœ  la  femelle. 


14  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

Christiania,  Norwège —  Musée  de  Vienne,  Autriche  —  Musée   de  Copenhague). 

Ces  dents  sont  toujours  tournées  dans  le  même  sens  de  droite  à  gauche  (I). 

Les  Cétodontes  conservent  leurs  dents  pendant  toute  la  vie,  sans  montrer  jamais 
des  dents  de  remplacement.  — Il  n'existe  pas  chez  eux  de  véritables  dents  de  lait. 

Quelques  Cétacés  ont  bien  des  dents  frappées  d'arrêt  de  développement,  comme 
les  mysticètes  ont  des  dents  qui  s'atrophient  de  bonne  heure,  mais  ni  les  unes  ni 
les  autres  ne  méritent  le  nom  de  dents  de  lait. 

On  ne  peut  baser  la  division  des  cétodontes  sur  les  différences  des  dents,  par 
la  raison  que  ces  organes  se  modifient,  moins  d'après  le  régime,  que  d'après  des 
besoins  particuliers  ;  malgré  l'énorme  canine,  développée  en  défense  dans  les 
narvals,  ces  Cétacés  ne  peuvent  être  séparés  des  béluga,  qui  ont  plusieurs  dents  aux 
deux  mâchoires;  ils  sont  rapprochés  les  uns  des  autres  par  l'ensemble  de  leur 
organisation,  comme  par  leur  genre  de  vie.  Le  narval  est  l'animal  le  plus  polaire 
de  tous  les  mammifères  connus,  et  en  quelques  instants  il  peut  être  séparé  de 
l'air  par  une  forte  couche  de  glace.  Leur  longue  canine  leur  sert  de  brise-glace 
pour  donner  au  besoin  de  l'air  à  leur  famille. 

Une  classification  des  Cétacés,  basée  uniquement  sur  les  dents,  serait  peu  natu- 
relle. 

Colonne  vertébrale.  La  colonne  vertébrale  présente,  dans  les  Cétacés  ,  un 
aspect  qui  leur  est  propre,  tant  par  sa  courbure  unique  que  par  la  disposition  du 
corps  des  vertèbres  et  de  leurs  apophyses.  —  Ce  sont  les  seuls  mammifères  qui 
n'aient  pas  de  région  sacrée  distincte  des  régions  lombaire  et  caudale. 

Toute  colonne  vertébrale  de  Cétacé,  qu'on  la  regarde  de  profil  ou  de  face, 
s'élargit  vers  le  milieu  du  corps  par  le  développement  de  ses  apophyses  épineuses 
et  transverses. 

Le  corps  des  vertèbres,  toujours  mince  dans  la  région  cervicale,  s'épaissit 
insensiblement  dans  les  régions  dorsale  et  surtout  lombaire,  où  il  acquiert  la 
plus  grande  épaisseur;  jusque  dans  les  premières  caudales  le  corps  continue 
encore  à  se  développer,  dans  son  diamètre  antéro-poslérieur  comme  dans  son  dia- 
mètre vertical. 


(1)  Reindhardl,noglcBenHrrkningcrom  narlivalrnsSlikltand.  Af  naturhist.  Vidcnsk.mcddclrlsrr for  1862. 
D'après  Sir  Evcrard  Home  elles  restent  cachées  toutes  les  deux  chez  la  femelle,  et  à  droite  seulement  chez 
le  mâle. 


SQ1  II  ETTE  DES  CÉTACÉS.  18 

Les  dernières  vertèbres  qui  Boni  logées  dans  la  nageoire  caudale,  affectent 
souvent  la  forme  de  disques,  et  leur  volume  diminue  insensiblement  ;  li  b  dernièi  es 

ne   ressemblent   plus  ;;m«i c  a    des   vertèbres. 

En  général  les  corps  vertébraux  sont  plus  larges  que  hauts  dans  la  région  cer- 
vicale,  .ui>-i  liants  que  larges  dans  les  régions  dorsale  el  lombaire,  el  plus  hauts 
que  larges  dans  la  région  caudale  el  surtout  dans  les  vertèbres  moyennes  de  cette 
région. 

Les  corps  des  vertèbres,  à  l'exception  des  deux  premières,  ont  leurs  deux  races 
antérieure  et  postérieure  planes;  la  dernière  cervicale  et  les  premières  dorsales 
sont  cependant,  dans  quelques  cas,  légèrement  convexes  en  avant  et  concaves  i  n 
arrière. 

La  Face  inférieure  de  chaque  vertèbre  a  sou  contour  régulièrement  arrondi .  saul 
dans  les  dernières  vertèbres  dorsales  et  les  vertèbres  lombaires  qui  sont  ordinai- 
rement carénées.  La  lare  supérieure,  celle  qui  concourt  à  la  formation  du  canal  ver- 
hdiial.  <•>!  -oini'iii  applatie  ou  même  un  peu  concave  el  en  gouttière. 

Les  vertèbres  dorsales  présentent  sur  le  bord  antérieur  de  leurs  corps  une  sur- 
face articulaire  pour  la  tête  des  côtes,  mais  seulement  dans  les  cétodontes.  Cette 
mu  lare  articulaire  manque  chez  ions  les  mysticètes. 

Le  corps  des  vertèbres  augmente,  en  général,  de  grosseur  aussi  bien  d'arrière 
en  avant  que  de  haut  en  lias  depuis  la  troisième  cervicale  jusqu'aux  premières 
lombaires.  Ainsi  que  nous  l'avons  dit,  les  épiphyses  des  vertèbres  sonl  séparées 
fort  longtemps  des  centres  ou  corps  vertébraux,  a  tel  point  que  plusieurs  natura- 
listes ont  cru  qu'elles  restaient  distinctes  pendant  toute  la  vie.  Elles  se  soudent  <m\ 
corps  comme  dans  |e<  mammifères  des  autres  ordres,  mais  plus  tard  «pie  chez  eux  . 
et  chez  des  femelles,  qui  ont  mis  lias,  elles  peuvent  être  encore  séparées. 

Cette  soudure  ne  se  fait  p  is  simultanément  dans  les  diverses  régions  du  corps. 
«  omme  l'a  fait  remarquer  M.  Flower,  les  épiphyses  peux  en I  encore  être  toutes  se 
pnees  dans  les  régions  dorsale  ei  lombaire,  tandis  ipie  dans  les  régions  cervicales 
et  caudales  la  soudure  e>(  déjà  complète.  Il  peut  même  y  avoir  une  difféi  ence  ana- 
logue entre  la  face  antérieure  et  la  face  postérieure  d'une  même  vertèbre. 

Le  canal  vertébral  varie  beaucoup  en  hauteur  comme  en  largeur  selon  lesdivi  ra 
régions  auxquelles  appartiennent  les  vertèbres;  il  s'étend  d'abord,  en  largeur, 
depuis  lef  premières  jusqu'aux  dernières  cervicales,   puis  il  gagne  en  hauteur 


16  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

dans  les  premières  dorsales.  Dans  ces  dernières,  il  n'a  plus  que  la  moitié  de  la 
hauteur  et  de  la  largeur  qu'il  présente  d'abord,  et,  dans  la  dernière  moitié  des 
caudales,  on  ne  voit  même  plus  de  canal  proprement  dit.  Ainsi  il  est  d'abord  plus 
large  que  haut,  puis  plus  haut  que  large,  et  il  conserve  sa  supériorité  en  hauteur 
jusqu'à  la  fin. 

^-^Z^\  Le    canal  vertébral  seul  peut  donc  faire 

jr                   X  reconnaître  la  région  à  laquelle  la  vertèbre 

//  //'           \\\    \\  appartient. 

//    !                  \       \\\  Les  dernières  cervicales,  comme  les  pre- 

//                  f\        \       \\  mières  dorsales,  ont  le  canal  vertébral  le  plus 

il        /        /         \        \        ri  spacieux;  comme  les  cétacés  n'ont  que  des 

'  \\V            //      \\             //  membres  antérieurs,  la  portion  de  la  moelle 

r__^i_.  (  i           )  I     I  ///  qui  fournit  les  nerfs  de  ces  membres  est  la  plus 

XL — «-^             — l/r  épaisse.  Les  trous  de  conjugaisons  sont  ex- 

\.e  canalvertèbralin  Micropleron  Sowerbiensis  dans  les  diverses  .     A  .    .  .  .  .  r,  ,  , 

régions  de  la  colonne  vertébrale:  a.  Septième  cervicale  ;*.  Pre-  Iremement   lai'geS    (JailS  tOUS    lCS    LetaœS. 
mière  dorsale;  c.  Cinquième  dorsale  ;  d.  Dixième  dorsale;  e.  Dixiè- 
me îomba.re;  (.  Qaatrième  caudale.  Les  vertèbres  des  Cétacés  sont  articulées  de 

manière  à  laisser  un  certain  jeu  entre  elles  sans  danger  pour  la  moelle  épinière; 
l'animal  flottant  aies  mouvements  plus  réguliers  et  moins  saccadésque l'animal  ter- 
restre, et  il  fait  naturellement  des  efforts  beaucoup  moins  considérables;  il  ne  lui 
faut  que  des  muscles  comparativement  faibles  pour  mettre  les  leviers  en  mouve- 
ment. Les  mandibules  des  cachalots  ou  des  baleines,  que  huit  ou  dix  hommes  peu- 
vent à  peine  porter,  n'ont  que  des  muscles  très-faibles  pour  les  soulever. 

Les  apophyses  épineuses,  transverses  et  articulaires  ont  cela  de  particulier  que 
les  premières  s'allongent  et  s'élargissent  depuis  la  première  dorsale  jusqu'aux  der- 
nières lombaires  en  s'inclinant  toujours  en  arrière;  que  les  apophyses  transverses 
s'élargissent  et  s'allongent  brusquement  dans  la  région  lombaire;  que  les  apo- 
physes articulaires  n'existent  guère  qu'à  la  région  cervicale  et  aux  premières  dor- 
sales. Les  apophyses  accessoires,  si  caractéristiques  des  vertèbres  des  cétacés, 
consistent  généralement  en  deux  lames  formant  sur  le  bord  antérieur  des  apophyses 
épineuses  une  coulisse  pour  l'apophyse  épineuse  de  la  vertèbre  qui  précède;  on 
les  trouve  surtout  dans  la  région  dorsale  et  lombaire  ainsi  que  dans  les  premières 
caudales. 


SQUELETTE  DES  Cl  FACES  17 

C'est  dans  la  famille  des  ziphioïdes  tjm^  nous  voyons  les  apophyses  épineuses 
1rs  plus  développées  ;  c'est  dans  quelques  myslicètes  que  1rs  apophyses  transverses 
acquièrent  le  plus  de  longueur. 

Les  os  en  Y  ou  en  chewnns  sont  placés  derrière  la  première  caudale;  ils  portent 
généralement  sur  deux  vertèbres.  Los  premiers  sont  souvent  un  peu  plus  petits 
que  les  autres,  puis  ils  augmentent  en  volume  pour  diminuer  de  nouveau  à  partir 
de  la  cinquième  ou  de  la  sixième  caudale;  chaque  os  en  V  appartient  à  la  vertèbre 
qui  le  précède. 

Nous  voyons  aussi  quelquefois  les  premiers  os  en  V  prendre  un  grand  dévelop- 
pement, se  modifier  dans  leur  forme  et  revêtir  un  aspect  tout  particulier;  nous 
en  voyons  dans  certains  squelettes  d'orques  qui  dépassent  la  longueur  du  corps 
de  la  vertèbre  et  prennent  la  forme  d'un  bamac  échancré  en  avant  et  en  arrière. 

Les  drrnii'i  •  <>-  en  \  ne  sont  souvent  représentés  que  par  deux  noyaux  osseux 
juxtaposés.  Le  nombre  de  ces  os  varie  d'une  famille  à  l'autre.  Nous  en  comptons 
onze  à  douze  au  minimum  ,  ce  qui  se  voit  dans  les  Ziphiofdet  et  les  Mas,  et  au 
maximum  jusqu'à  trente.  Les  lagénorbynques  sont  dans  ce  dernier  cas.  Ce  nom- 
lire  correspond  alors  au  grand  nombre  de  vertèbres  dont  se  compose  la  colonne 
vertébrale  de  ces  cétodontes.  Nous  nommons  la  vertèbre  qui  précède  le  premier 
os  on  Y  la  première  vertèbre  caudale,  bien  que  d'autres  auteurs  la  regardent  comme 
la  dernière  lombaire.  L'une  et  l'autre  de  ces  déterminations  sont  d'ailleurs  arbitraires, 
puisque  dans  ici  tains  mammifères  terrestres  il  y  a  des  vertèbres,  entre  le  sacrum 
et  les  vertèbres  caudales,  qui  sont  caudales  sans  porter  de  ces  os. 

La  première  qui  suit  le  sacrum  doit  être  la  première  caudale  quand  il  existe 
un  vrai  bassin. 

Lu  général  les  artères  intercostales  passent  par  le  trou  de  conjugaison  pour 
entrer  directement  dans  le  canal  vertébral;  mais,  dans  la  région  lombaire,  ell<  -  r<  a 
contrent  les  apophyses  transverses,  les  contournent  et  les  traversent  plus  loin  dans 
la  région  caudale  ;  dans  les  dernières  vertèbres  elles  B'élèvenl  vertical)  ment  dans 
le  corps  de  ces  os,  qui  sont  abus  perforés  de  bas  en  haut  de  chaque  <ùie. 

<  in  voit  ces  canaux  se  former,  d'abord  par  la  fusion  des  surfaces  articulaires  anté- 
rieures avec  1rs  postérieures,  puis  par  la  disparition  de  la  gouttière  qui  sépare  le 
canal  précédent  de  celui  qui  traverse  la  base  de  L'apophyse  transverse;  c!esl  sui 
dernières  vertèbres  à  os  en  chevrons  .que  cette  transformation  s'opère. 


lg  SQUELETTE   DES  CETACES. 

Le  nombre  des  vertèbres  varie  dans  les  diverses  familles,  mais  il  ne  change  point 
avec  l'âge,  comme  on  l'a  cru  pendant  longtemps;  la  forme  de  cesosestdéjà  recon- 
naissable  dans  le  cartilage. 

La  famille  des  ziphioides  est  celle  qui  en  compte  le  moins  ;  il  y  a  des  espèces  qui 
n'en  ont  que  quarante-quatre  en  tout.  Les  lagénorbynques  sont,  comme  nous 
l'avons  déjà  vu,  les  cétacés  cbez  lesquels  on  en  compte  le  plus  ;  ils  en  ont  jusqu'à 
quatre-vingt-dix  et  même  Eschricbt  en  a  compté  quatre-vingt-quatorze. 

Les  myslicètes  ont  un  nombre  variable  de  quarante-huit  à  soixante-six  ;  la 
OaUena  mysticelus  en  a  cinquante-quatre,  la  megaptera  ùoops  cinquante-trois,  la 
ôalcnoplera  rostrata  quarante-huit.  Nous  avons  vu  toutefois  un  squelette  à  Bergen 
de  cette  espèce  qui  n'avait  que  quarante-quatre  ou  quarante-cinq  vertèbres,  et  un 
autre  qui  en  avait  quarante-neuL 

Nous  répétons  de  nouveau  ici  que,  si  la  soudure  des  épiphyses  est  un  effet  de 
1  âge,  il  n'en  est  pas  de  même  de  la  fusion  des  vertèbres  cervicales  ;  on  voit  déjà 
dans  le  cartilage  du  fœtus  tous  les  caractères  propres  des  os  de  l'adulte,  et  c'est 
pour  ce  motif  qu'Eschricht  recommandait  surtout  l'étude  des  fœtus. 

L'atlas  est  toujours  formé  d'un  arc  inférieur  et  d'un  arc  supérieur.  Ce  dernier 
porte  ordinairement  une  apophyse  épineuse  plus  ou  moins  développée. 

Il  existe  en  outre,  de  chaque  côté,  une  apophyse  transverse.  La  surface  articu- 
laire antérieure  est  toujours  double  et  fort  grande  ;  elle  circonscrit  le  grand  trou 
vertébral  qui  a  ordinairement  la  forme  d'un  biscuit;  souvent  il  est  un  peu  plu* 
large  en  haut  qu'en  bas. 

On  ne  voit  jamais  en  dedans  de  l'arc  inférieur  une  surface  articulaire  pour  l'apo- 
pbyse  odontoide. 

J.a  surface  postérieure  s'articule  par  la  plus  grande  partie  de  son  étendue  avec 
l'axis,  et  il  n'y  a  qu'une  seule  surface  articulaire  comme  aux  autres  vertèbres. 

L'échancrure  qui  livre  en  avant  passage  à  l'artère  vertébrale  est  tantôt  une  sim- 
ple gouttière,  tantôt  un  véritable  trou  dans  lequel  le  vaisseau  est  parfaitement 
protégé. 

L'apophyse  odontoide,  quand  les  premières  vertèbres  sont  libres,  est  toujours 
logée  dans  la  partie  inférieure  du  trou  vertébral. 

L'axis  est  de  toutes  les  vertèbres  celle  qui  acquiert  le  plus  grand  développement 
<;[  qui  fournit  les  caractères  les  plus  importants. 


SQUELETTE   DES  CETACES  19 

L'apopbyse  odontoïdeesf  moins  développée  que  dans  les  mammifères  terrestres, 
el  consiste  dans  nn mamelon  qui  s'élève  en  avant  et  an  peu  m  haut  au  milieu  de 
la  surface  articulaire. 

Le  canal  oeural  est  comparativement  fort  petit. 

La  face  supérieure  du  corps  de  la  vertèbre  forme  un  plan  incline  qui  descend 
d'arrière  en  avant  et  se  termine  par  le  mamelon  de  l'apophyse  odontoïde. 

Celte  vertèbre  a  une  faillie  apophyse  épineuse  supérieure  ;  mais,  par  contre,  ses 
apophyses  transverses  sont  ordinairement  très-développées,  et  l'on  voit  l'apophyse 
transverse  supérieure  s'unir  par  le  bout  à  l'apophyse  transverse  inférieure,  de 
manière  à  former  an  milieu  d'elles  un  large  orifice. 

On  a  toutefois  exagéré,  «lait- ces  derniers  temps,  l'importance  des  modifications 
des  apophyses  transverses  de  l'axis  el  des  vertèbres  suivantes.  Le  genre  benedenia 
est  tout  simplement  établi  sur  un  jeune  animal,  qui  diffère  sous  ce  rapport  légè- 
rement avec  l'âge  adulte.  Si  l'on  prenait  ces  caractères  an  sérieux,  les  deux  moi- 
nes du  corps  se  rapporteraient  parfois  à  <\v>  genres  différents.  On  semble  perdre 
de  vue  que  ces  grands  animaux  présentent  très-rarement  les  deux  moitiés  du  corps 
semblables  et  qu'il  doit  y  avoir,  par  conséquent,  des  différences  assez  considérables 
d'un  individu  a  l'autre. 

Les  antres  vertèbres  cervicales  ont  en  général  les  apophyses  épineuses  supérieu- 
res peu  développées ,  mais  elles  ont  des  apophyses  transverses,  supérieures  et 
inférieures,  qui  parfois  se  soudent  comme  dans  l'axis  et  forment  un  large  canal  de 
chaque  côté.  Souvent  les  apophyses  transverses  supérieures  persistent  seules,  et  les 
inférieures  disparaissent. 

Les  dernières  cervicales  se  rapprochent  sous  ce  rapport,  i  munie  s,, us  tant  d'au- 
tres, des  premières  dorsales. 

<  »n  voil  raremi  ni  dans  deux  individus  de  la  même  espèce  ces  apoptn  ses  égale- 
ment développées,  et  l'on  ne  les  voit  même  passemblables  des  deux  côtés  du  corps , 
souvent   les  anneaux  sont  plus  avancés  et  plus  complets  à  droite  qu'à  gauche. 

M.  Flower  fut  mention  d'un  squelette  dont  la  sixième  Vertèbre  cervicale  présente 
un  anneau  complet  d'un  cote  et  incomplet  de  l'autre. 

Les  Mil,  lues  dorsales  ont  leur  arc  neural   incline  en   avant  et  elles  ont  toutes 

une  apophyse  transverse  dirigée  d'abord  de  bas  en  haut  et  d'arrière  en  avant,  puis 
insensiblement  de  haut  en  bas  et  d'avant  i  a  arrière,  poui  -  articule!  ave  les  i  61 


20  SQUELETTE   DES  CÉTACÉS. 

Les  dernières  vertèbres  de  cette  région  ne  portent  plus,  en  général,  qu'une 
apophyse  transverse,  partant  du  milieu  du  corps  de  la  vertèbre  et  au  bout  de 
laquelle  on  ne  voit  plus  que  vaguement  une  surface  articulaire  proprement  dite. 

Dans  quelques  cétacés,  comme  les  byperoodons  et  les  microptérons,  on  voit 
même  vers  le  milieu  de  la  région  dorsale,  à  la  septième  vertèbre,  que  ce  n'est  pas 
l'apophyse  transverse  qui  fournit  en  avant  la  surface  articulaire  des  côtes,  puisqur 
cette  apophyse  se  montre  au-dessous  de  l'autre  et  forme  avec  elle  un  canal  véri- 
table (I). 

La  plupart  des  vertèbres  de  cétodontes  portent  sur  le  bord  postérieur  et  non 
sur  le  bord  antérieur  du  corps  la  facette  articulaire  de  la  tète  des  côtes,  qui  manque 
dans  les  mysticèles.  Chaque  côte  ne  s'articule,  par  la  tète,  qu'avec  une  seule  ver- 
tèbre (2). 

Les  vertèbres  lombaires  se  distinguent  toujours  par  le  grand  développement  de 
leurs  apophyses  transverses,  qui  prennent  souvent  une  forme  quadrilatère  comme 
les  apophyses  épineuses;  on  les  distingue  aussi  au  grand  volume  de  leurs  corps. 
Souvent  ces  vertèbres  ont  la  face  inférieure  carénée,  et  l'on  voit  dans  quelques-unes 
les  traces  de  l'artère  intercostale  qui  s'élève  obliquement  vers  le  trou  de  conjugaison. 

Les  vertèbres  caudales  ont  toutes  les  apophyses  de  plus  en  plus  petites,  et  elles 
finissent  par  disparaître  dans  les  dernières  qui  sont  logées  dans  la  nageoire  cau- 
dale (5). 

Les  dernières  n'ont  plus  aucun  mouvement  propre. 

La  dernière  vertèbre  est  souvent  reconnaissable  par  sa  surface  articulaire 
unique  et  par  sa  forme  triangulaire. 

Côte*.  —  Les  côtes  sont  en  nombre  variable  et  diffèrent  de  forme  selon  la  région 
et  selon  les  espèces. 


(i)  Sur  un   foetus  à  teri le  globlceps  de  Loavain,  on  voit  distinctement  l'apophyse  Iransverse  des 

premières  vertèbres  dorsales  naître  de  l'arc  neural,  et,  dans  les  vertèbres  suivantes,  on  voit  ceth 
apophyse  naître  directement  du  corps  sans  passer  del'une  dans  l'autre.  Les  apophyses  trànsverses  des 
premières  dorsales  n'ont  pas  la  même  signification  que  les  apophyses  trànsverses  des  dernières  dorsales 
ri  des  lombaires. 

Z)  Par  cette  mu  race  artii  ulaire  un  peut  (li>tinf,riier  la  vertèbre  dorsale  d'un  phoque,  qui  en  a  deux,  d< 
celle  d'un  cétodontequi  n'en  a  qu'une  et  enfin  d'un  mysticètequi  n'en  a  pas. 

:i)  C'est  h  tort,  que  Pander  et  D'Alton,  dans  leurs  figures  de  cétacés,  ne  représentent  pas  de  vertèbres 
dans  toute  la  longueur  de  la  nageoire  caudale;  il  yen  a  jusqu'à  l'êchancrure. 


5QI  BLETTE  DBS  CÉTACÉS  il 

Leur  nombre  varie  de  neuf  à  quinze. 

Les  premières  sont  toujours  les  plus  larges  et  les  pins  courtes. 

Dans  ions  les  cétodontes,  les  premières  s'articulent  par  leur  tubérosité  avec 
les  apophyses  transverses  et  par  leur  tète  avec  le  corps  de  la  vertèbre  qui  la 
pirct'ile.  Cette  surface  articulaire  correspond  toujours  à  l'apophyse  transverse 
inférieure  de  la  septième  cervicale,  comme  si  la  portion  cervicale  de  la  pre- 
mière côte  lui  appartenait. 

Les  dernières  s'articulent.,  sans  tète  et  sans  col,  aux  apophyse-  transverses. 

Dans  les  mysticèteSj  l'articulation  se  fait  uniquement  parla  tubérosité  ;  quand 
même  il  y  a  une  tète  plus  ou  moins  distincte,  elle  n'aboutit  pas  jusqu'au  corps  de 
la  vertèbre.  Les  côtes  ont,  par  là,  des  mouvements  beaucoup  plus  étendus. 

Dans  les  baleines,  la  première  côte  seule  s'articule  avec  le  sternum  et  sans 
intermédiaire  de  portion  sternale. 

Dans  les  cétodontes  plusieurs  côtes  s'articulent  avec  le  sternum  par  l'intermé- 
diaire d'une  portion  sternale  qui  est  cartilagineuse  dans  les  ziphioïdes,  osseuse; 
mu-  plus  poreuse  que  les  autres,  dans  le  reste  des  cétodontes. 

Le  nombre  des  côtes  est  assez  constant  ;  toutefois,  on  voit  des  individus  avoir 
une  eôte  et  même  deux  de  plus  ou  de  moins  que  le  nombre  propre  à  l'espèce, 
et  l'on  observe  même  que  ce  nombre  diffère  quelquefois  de  droite  à  gauche  I  . 

Les  côtes  les  plus  longues  sont  celles  qui  limitent  le  tiers  antérieur  de  la  r.i\  ii< 
thoraciqne. 

Ceso-  -uni,  en  général,  plus  aplatis  dans  les  cétodontes,  plus  gros  et  plusarrondis 
dans  les  baleines. 

lue  anomalie  qui  se  présente  assez  souvent,  c'est  la  bifurcation  de  la  pre- 
mièrecôte,  ou,  si  on  aime  mieux,  la  présence  d'une  côte  supplémentaire  complet* 
00  incomplète  au  devant  de  la  première. 

Nous  avons  vn  une  côte  supplémentaire,,  correspondanl  a  la  septième  cervicale 
dans  un  marsouin  et  dan-  un  dauphin  commun  (2);  plusieurs  mysticètes  non-  oui 


!    i  spophy se  transverse  de  la  première  lombaire  se  développe  quelquefois  par  un  | td'ossifi 

qui  reste  isolé  du  corps  de  l'os  et  constitue  une  sorte  de  côte  surnuméraire  pour  la  région  loml 

(i)  Un  exemplaire  de  /</<  ctena  communû  rapporte  de  Coocarneau    côte  de  Brctagm    en  1866,  pai 
H.  1..I  Van  Beneden  montre  manifestement  celle  disposition;  un  dauphin  ordinaire  (dclphinus  dclpl 

acheté  »  Paris,  en  chair,  et  préparé  sous  la  direction  de  M.  le  vie le  D  du  Bu?,  pour  le  musée  royal  i  i 

Uruvllc.-,  porte  <  gaiement  de  i  baque  i  oté  ■<  la  leplii  me  i  en  ii  aie,  uni  c6li  rudimenl 


2î  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

présenté  la  même  particularité.  — Dans  une  balénoptère  laticeps  que  nous  avons 
reçue  du  cap  nord,  on  voyait  au  devant  de  la  première  côte  de  droite  une 
petite  côte  supplémentaire  libre,  et,  du  côté  opposé,  également  une  côte 
rudimentaire,  mais  soudée  complètement  avec  la  côte  normale. 

Les  deux  côtés  diffèrent  ordinairement,  et,  dans  le  marsouin  cité  plus  baut,  la 
côte  de  droite  est  seule  complète  ;  elle  s'articule  en  haut  avec  la  vertèbre,  et  en  bas 
avec  le  sternum  par  l'intermédiaire  d'une  partie  sternale,  tandis  que  la  côte 
opposée  est  incomplète. 

Comme  pour  les  apophyses  transverses  des  vertèbres  cervicales,  le  côté  droit 
l'emporte  sur  le  côté  gauche. 

11  est  à  remarquer  que  l'on  a  observé  assez  souvent  une  côte  supplémentaire 
^el]lblable  chez  l'homme,  et  que  celte  anomalie  correspondait  avec  une  déviation 
de  l'artère  sous-clavière.  «  Une  côte  cervicale  surnuméraire  est  une  anomalie  qui 
n'estpas  très-rare  chez  l'homme,  dit  Cruveilhier.  » 

Les  côtes,  à  l'exception  de  la  première  paire  qui  est  toujours  fort  large  et  apla- 
tie, sont  plus  ou  moins  convexes  en  dehors  et  aplaties  en  dedans,  surtout  à  leur 
extrémité  inférieure;  elles  sont  tordues  sur  elles-mêmes  de  manière  que  leur  extré- 
mité supérieure  soit  tournée  en  avant  et  leur  extrémité  inférieure  en  arrière.  — 
La  ligne  oblique  saillante  est  souvent  très-prononcée,  mais  si  elles  ont  un  angle 
costal,  les  côtes  n'ont  -guère  de  gouttière  à  leur  face  postérieure  pour  loger  les 
vaisseaux  et  les  nerfs  intercostaux. 

sternum. —  Le  sternum  présente  des  différences 
fort  grandes  dans  les  mysticètes  et  dans  les  cétodontes, 
aussi  bien  sous  le  rapport  de  sa  composition  que 
sous  celui  de  son  mode  de  formation. 

Il  est  toujours  simple  et  formé  d'un  seul  os  dans 
imd'unfœhudemaM nMxdeui  tiers    les  premiers  de  ces  animaux  ;  dans  les  seconds,  il  est 

i    rr  "      iniv,   ,i     l'uints  il'Ossiliraliuli. 

*■  «na*g«-  toujours  formé  de  plusieurs  os  qui  se  suivent.  Dans 

les  mysticètes  il  n'a  qu'un  seul  point  d'ossification,  et  dans  les  cétodontes  on  lui 
en  reconnaît  toujours  plusieurs  et  ils  occupent  les  deux  moitiés  longitudinales  de 
cet  os. 

Les  mvslicètes  ont  ainsi  un  sternum  formé  d'une  seule  pièce  qui  a  la  forme  d'un 
bouclier,  et  un  seul  point  d'ossification  envahit  successivement  tout  le  cartilage. 


âttfl  !>ten 

r-MraU. 

m  oonu;  '.  I 

evtUagiocaiit 

ttfttl   linlil.l. 


SQUELETTE  l>i:s  CÉTACÉS 

Le  nombre  Je  pièces  qui  entrent  dans  la  compo^iiion  «lu  -t.  i- 
num  peut  varier  de  une  à  cinq;  c'est  dans  le  micropleron  que 
nous  trouvons  ce  dernier  nombre. 

Comme  chaque  pièce  de  sternum  commence  chez  les  céto- 
dontes  par  un  double  point  d'ossification,  on  voit  tantôt  nue 
éebancrure  tantôt  un  trou  au  milieu  de  ces  pièces,  mais  ordinai- 
rement ces  modifications   s'effacent  avec  l'âge. 

Les  pièces  de  droite  et  de  gauche  sont  souvent  fort   peu 
symétriques:  le  micropteron,  le  itphiue  et  d'autres  ziphioïdes 
nous  en  offrent  de  curieux  exemples. 
Il   n'\   a  qu'une  seule  cote  s'articulent  directement  avec  le  sternum,  comme 
DOUS l'avons  déjà  dit,  dans  les  mysticètes,  tandis  que,  dans  les  cétodontes,  il  v  en  a 

toujours  plusieurs. 

Le  sternum  varie  souvent  de  forme  d'a- 
près l'âge  :  ainsi,  il  est  éehancré  en  avant 
chez  les  jeunes  megaptera,  troué  chez  les 
adolescents,  et  forme  un  \  rai  bouclier  chez 
les  adultes. 

BMsta.  —  C'est  par  erreur  que  l'on  a  d'a- 
bord cru  a  l'existence  d'un  os  médian  dans 
le  bassin  des  cétacés;  les  os  de  cette  partie 
du  squelette  sont  toujours  pairs  et  placés 
parallèlement  de  chaque  côté  de  la  région 

pubienne  sans  se  souder  sur  la  ligne  médiane. 

1!  y  en  a  deux  dans  les  cétodontes  qui  correspondent  à  Y  Ischion  ;  leur  volume 
varie  sensiblement  selon  les  sexes.  Dans  les  megaptera,  comme  dans  les  baleines 
véritables,  on  trouve  de  chaque  côté  deux  os,  et  dans  la  baleine  franche,  le  profes- 
seur Reinhardt  et  Eschricht >nt  même  signalé  trois  dont  deux  représentent  di  - 

os  de  membres,  un  fémur  assez  développé  et  un  tibia  à  l'état  rodimi  ntatre.  Les  balé- 
noptères n'ont  que  le  fémur  a  leur  bassin;  M.  Plower  a  signalé  dernièrement  ce  si 
i  ond  os  a  l'état  rudimentaire  dans  la  ùaUenopU  ru  communia. 

Menant  antérieurs.  Les  membres  antérieurs,  les  seuls  qui  soient  apparents 
et  bien  développés,  présentent  une  grande  uniformité  dans  leur  composition    les 


v         •■  ri  priMOUnt, 


24  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

variations  qu'on  y  remarque  ne  portent  que  sur  leur  longueur  et  leur  forme,  ou 
bien  même  sur  le  nombre  des  os  du  carpe  et  celui  des  phalanges. 

On  sait  que  les  cétacés  sont  les  seuls  mammifères  dans  lesquels  le  nombre  des 
phalanges  pour  chaque  doigt  soit  supérieur  à  trois. 

Omoplate.  —  L'omoplate  est  toujours  fort  élargie  d'avant  en  arrière,  et  son  épine 
est  rarement  bien  développée.  Cet  os  présente  ordinairement  deux  apophyses  qui 
semblent  partir  de  son  bord  antérieur;  la  supérieure  représente  Xacromion,  l'infé- 
rieure, le  coracoïde. 

Ces  deux  apophyses  varient  beaucoup  dans  les  divers  groupes.  Quelquefois  l'une 
ou  l'autre  manque,  ou  bien  elles  font  même  parfois  complètement  défaut.  La 
mégaptère  du  Cap  et  la  baleine  des  antipodes  sont  dans  ce  cas.  Dans  les  autres  cé- 
tacés, elles  sont,  au  contraire,  toutes  les  deux  très-développées,  par  exemple  dans 
les  Inias,  les  Bélugas,  les  Monodons  et  en  général  dans  tous  les  animaux  du  même 
ordre  qui  ont  les  membres  courts  et  larges.  C'est  quand  les  membres  atteignent  leur 
plus  grande  longueur  que  les  apophyses  présentent  le  moins  de  développement. 
Les  mégaptères  en  sont  la  preuve. 

L'omoplate  nous  fournit  donc  des  indications  utiles  pour  la  distinction  des 
genres  et  des  espèces. 

Humérus.  —  L'humérus  est  toujours  fort  court  et  très-massif;  quelquefois 
il  est  a  peine  plus  long  que  large.  La  tète  de  cet  os  reste  distincte,  et  ses  deux  sur- 
faces d'articulations  avec  l'avant-bras  le  font  toujours  aisément  reconnaître.  Il  est 
constamment  plus  court  que  le  radius  et  le  cubitus. 

L'humérus  présente  en  dessus  sa  tète  articulaire  pourvu  d'une  grosse  lubérosité, 
et  en  dessous  une  courbure  convexe  décomposable  en  deux  surfaces  plus  ou  moins 
planes  corespondant  au  radius  et  au  cubitus.  La  tubérosité  est  souvent  presque 
aussi  grande  que  la  tête  articulaire;  c'est  elle  qui  fournit  les  principaux  points 
d'attache  aux  muscles  de  l'épaule:  on  y  voit  aboutir  le  sous-scapulairc,  le  petit 
rond,  le  sus-épineux  et  l'omoplato-hyoulien.  Cette  tubérosité  est  située  du  côté 
interne  de  l'humérus,  contrairement  à  ce  que  l'on  voit  dans  beaucoup  de  sque- 
lettes montés  sans  soins.  Elle  est  plus  forte  dans  les  cétodontes  que  dans  les 
myslicètes. 

Le  bord  antérieur  ou  inférieur  de  l'humérus  est  souvent  droit,  tandis  que  son 
bord  postéiieur  ou  supérieur  est  souvent  concave. 


SQUELETTE  DES  CÉTAI  i  S 

L'humérus  se  rétrécil  ordinairemenl  vers  son  milieu  o(  s'élargit  ensuite  vers  les 
deux  surfaces  articulaires.  Comme  il  n'y  a  pas  de  mouvement  de  l'avant-bras  sur  le 

I .f.i— .  l'articulation  est  une  synartbrose. 

Itwrt  fcg— .  —  Le  radius  et  le  cubitus  sont  ordinairement  aplatis  dans  toute 
leur  longueur,  et,  comme  nous  l'avons  déjà  dit,  ils  sont  plus  longs  que  l'humérus. 

Le  radiui  est  presque  toujours  plus  large  en  dessous  qu'en  dessus,  et  la  Burface 
articulaire  supérieure  rappelle  plus  ou  moins  la  tète  de  cet  os.  Le  radius  a  Bouvenl 
une  largeur  double  de  celle  du  cubitus. 

Le  cubitus  porte  une  apophyse  olécrànienne  située  dans  le  même  plan  que  le 
corps  de  l'os.  L'olécràne  est  très-volumineux  dans  quelques  cétodon tes  ziphioïdes 
il  est  radimentaire  ou  presque  nul  dans  quelques  Delphinides  comme  l'Inia,  le 
Narval  et  le  Béluga. 

La  face  inférieure  do  radius  correspond  au  radial  et  à  l'intermédial ;  la  face 
inférieure  du  cubitus,  au  cubital  et  au  même  intermédial.  Chez  les  baleines,  ces 
os  de  l'avant-bras  sont  séparés  du  carpe  par  un  large  cartilage,  et  il  n'y  a  pas  de 
routait  immédiat  avec  les  os  carpiens. 

(«rite.  Les  os  du  carpe  sont  tres-variables  quant  à  leur  nombre  et  quant  à  leur 
volume;  on  compte  habituellement  trois  os  pour  la  première  rangée  et  deux  pour 
la  seconde.  Les  Orques  sont,  de  tous  les  Cétacés,  ceux  qui  s'éloignent  le  plus  du 
t\  pe  ordinaire  par  l'étal  radimentaire  de  leurs  os  carpiens. 

Le  procarpe,  c'est-à-dire  la  première  rangée  des  os  carpiens,  comprend  commu- 
nément trois  de  ces  os  parfaitement  distincts  les  uns  des  autres,  savoir  :  le  radial, 
le  cubital e\  {'intermédial  qui  correspondent,  le  premier  au  scaphoide,  le  second  au 
scmiluuairr,  le  troisième  au  pyramidal.  Le  mésocarpe  ou  la  seconde  rangée  en  a 
communément  deux  :  le  deuxième  earpale  ou  trapémfde,  le  troisième  carpaL  ou  le 
grand  os.  Le  premier  et  le  quatrième  manquent  ordinairement.  Il  y  a  peu  de  céta- 
cés ayant,  comme  VHyperoodon,  quatre  os  à  la  seconde  rangée. 

Tous  ces  os  ont  des  surfaces  rugueuses,  et  leur  texture  est  excessivement  spon- 
gieuse ;  comme  ils  n'ont  pasde  surface  articulaire  distincte  et  que  leur  Forme  est  peu 
arrêtée,  on  les  distingue  aisément  de  tous  les  autres  os  du  squelette.  Ils  ont  com- 
munément leurs  côtés  m  (ci  ne  et  externe  aplatis  et  leur  bord  très-ii  régulier  I  . 

(1)  Gegenbanr,  Untera,  tur  »erg1    Anat.  dei  Wirbelthiere    Van  Bambeke.  sur  le  iquelelta  de  l'eilri 
mité  antérieure  de  Hem.  conronn  parl'acad.  roj   <'■<   I  B*,  1.  XVIII 


26  SQUELETTE  DES   CÉTACÉS. 

Métacarpe.  Il  existe  généralement,  sinon  toujours,  cinq  métacarpiens,  que  le 
nombre  de  doigts  soit  de  cinq  ou  même  de  quatre. 

Les  Cétacés  ont  au  minimum  quatre  doigts;  ce  nombre  est  celui  que  l'on  trouve 
le  plus  communément.  Les  vraies  baleines  en  ont  cinq.  Le  pouce  disparait  le 
premier  et  souvent  il  n'en  reste  que  le  métacarpien  seul. 

Phalanges.  C'est  l'index  qui  possède  le  plus  grand  nombre  de  phalanges,  du 
moins  chez  les  cétodontes,  où  vient  le  médian  et  ensuite  l'annulaire.  On  en  compte, 
par  exemple  chez  le  grindewall  treize  à  l'index,  neuf  au  médian,  trois  au  pouce, 
deux  à  l'annulaire  et  une  seule  au  petit  doigt.  Chez  les  mysticètes,  c'est  le  mé- 
dian qui  parait  en  avoir  le  plus;  nous  en  voyons,  dans  la  baleine  de  Groenland, 
quatre  au  médian,  trois  à  l'index  et  à  l'annulaire  et  deux  au  petit  doigt.  Le  pouce 
est  représenté  par  le  métacarpien  seul. 

Le  petit  doigt  ainsi  que  le  pouce  n'ont  souvent  qu'une  seule  phalange,  encore 
est-elle  presque  toujours  très-peu  développée;  l'index  en  a  ordinairement  cinq  ou 
six,  le  médian  quatre  ou  cinq  et  l'annulaire  deux  ou  trois.  Contrairement  à  ce  que 
l'on  voit  dans  les  autres  mammifères,  le  nombre  de  phalanges  varie  dans  chaque 
doigt. 

La  longueur  extraordinaire  des  nageoires  n'indique  cependant  pas  toujours  qu  il 

existe  un  plus  grand  nombre  de  phalanges.  Les  mégaptères,  par  exemple,  qui  ont  les 

nageoires  excessivement  développées  n'ont  pas  plus  de  phalanges  que  les  Cétacés 
en  général. 

Quand  ces  phalanges  sont  longues  comme  dans  les  mégaptères,  elles  se  rétré- 
cissent au  milieu  et  prennent  la  forme  d'un  clepsidre.  Elles  sont  plus  longues  sur  un 
de  leurs  bords  que  sur  l'autre,  de  manière  qu'elles  semblent  obliquement  tron- 
quées. 

Souvent,  quand  la  phalange  n'est  que  partiellement  ossiflée  dans  sa  longueur, 
le  bord  libre  est  concave,  tandis  que  l'autre  bord  est  convexe,  et  on  voit  alors  des 
phalanges  prendre  la  forme  d'un  croissant.  On  en  trouve  un  curieux  exemple  dans 
les  orques,  qui  ont  toutes  les  phalanges  fort  larges  et  courtes. 

Ces  os  sont  ordinairement  sépares  les  uns  des  autres  par  de  larges  espaces  carti- 
lagineux, et  ces  cartilages  sont  toujours  plus  gros  que  les  phalanges  elles-mêmes; 
ce  qui  donne  un  aspect  noueux  aux  doigts. 


SQUELETTE   DES  CÉTACÉS 

Les  caractères  des  phalanges  se  reconnaissent  déjà  dans  le  cartilage  qui  précèdi 

les  os. 

Comme  les  épiphyses  des  vertèbres  ne  se  soudent  pas  en  même  temps  dans  [<  g 
divers  ions  dn  corps,  de  même  fcssi  les  épiphyses  des  os  des  membres  ne  se 
réunissent  pas  toutes  à  la  lois.  Les  épiphyses  supérieures  du  radius  et  du  cubitus 

sont  soudées  avant  les  épipln  ses  inférieures,  tandis  qu'à  l'humérus,  c'est  l'épiphl  se 
inférieure  qui  se  soude  avant  la  supérieure.  Lorsque  toutes  les  épiphyses  des  os  des 
membres  ont  déjà  opéré  leur  réunion  aux  diaphyses,  celles  des  vertèbres  dor- 
sales et  lombaires  sont  quelquefois  encore  séparées. 


DES    MYSTICÈTES 


OU    CETACKS    \    FANONS 


Jusqu'à  présent,  on  no  connaît  qu'une  seule  espèce  de  cétacé  à  fanons  qui 
entre  ilans  la  Méditerranée,  et  c'est  celle  qu'Aristote  a  nommée  my sticetiu.  La 
bouche  de  cet  animal  est  garnie  en  dedans  de  poils  semblables  à  des  soies  de  co- 
chon, dit  avec  raison  le  philosophe  naturaliste. 

Pline  donne  à  ce  même  animal  le  nom  de  musrulus. 

Le  premier  naturaliste  qui  ait  embrassé  l'ensemble  du  règne  animal,  Linné, 
admet  six  espèces  de  baleines;  mais  comme  le  grand  naturaliste  avait  dû  se  rap- 
porter aux  observations  souvent  incomplètes  des  zoologistes  et  des  voyageurs 
de  son  temps,  il  n'y  a  que  deux  de  ces  espèces  qui  soient  véritablement  reconnais- 
sablés,  celle  qui  entre  dans  la  Méditerranée  et  celle  qui  \  il  au  Spitzberg  et  au 
Gi  oenland. 

I  n  des  élevés  de  Linné,  o.  l'abricius,  ayant  eu  L'occasion  d'observer  cea  ani- 
maux en  vie  pendant  son  séjour  au  Groenland,  a  parfaitemenl  connu  les  espèces 
de  cea  p  ir  iges;  mais,  trop  confiant  dans  L'autorité  du  maître,  il  a  adopté  lea  noms 
donnés  \<  ir  ce  dernier  et  a  ainsi  contribué  à  embrouiller  la  tn  oonj  nue.  Le  boont 
de  F.ibrieiu-  <-i  le  megaptera  (keporkak),  le  rostrata  est  la  ùalsenoptera  rostrata  ou 
minot  dea  auteurs  modernes,  et  non  pas  le  rostrata  de  Linné;  c'est  à  tort  qui 
l  on  i  pris  le  boopi  de  Fabricius  pour  un  jeune  animal. 


30  SQUELETTE   DES  CÉTACÉS. 

Cuvier  a  fort  bien  compris  ces  animaux,  si  l'on  considère  le  peu  de  matériaux 
qu'il  a  eus  à  sa  disposition  :  il  admet  trois  sous-genres,  les  baleines  propres,  les 
finnfisch  ou  giùùars  et  les  rorquals;  mais  c'est  à  peine,  ajoute-t-il,  si  l'existence  du 
deuxième  sous-genre  est  suffisamment  constatée  (I). 

Ce  sont  les  trois  divisions  génériques  que  tous  les  cétologues  admettent  aujour- 
d'hui. Quant  aux  espèces,  Cuvier  est  parvenu  à  en  distinguer  cinq  :  le  mysticète  du 
Groenland,  d'après  la  tête  du  British  Muséum,  la  baleine  du  Cap  et  le  rorqual  du 
Cap,  que  Lalande  avait  rapportés,  le  rorqual  du  Nord  et  le  rorqual  de  la  Méditerranée. 

Cuvier  ne  savait  pas  que  les  os  à  l'état  de  cartilage  présentent  déjà  tous  leurs 
caractères  propres,  et  que  les  vertèbres  ne  se  soudent  pas  plus  entre  elles  qu'elles 
n'augmentent  en  nombre  avec  l'âge. 

C'est  le  grand  mérite  d'Eschricht  d'avoir  démontré  ces  faits. 

De  tous  les  naturalistes,  c'est  Eschricht  qui  a  le  plus  contribué  à  éclaircir  l'his- 
toire de  ces  grands  mammifères,  et  le  savant  professeur  de  Copenhague  a  tiré  un 
grand  parti  des  nombreux  matériaux  qu'il  a  eus  entre  les  mains.  Le  premier,  il  a 
annoncé  que  le  squelette  de  l'adulte  existe  en  miniature  à  l'état  de  cartilage  dans 
le  fœtus.  Il  est  à  regretter  qu'il  n'ait  pu  achever  l'ouvrage  dont  il  avait  commencé 
la  publication  à  Paris. 

Le  docteur  Gray  a  tâché  de  coordonner  les  nombreux  matériaux  qui  sont  aujour- 
d'hui réunis  dans  les  divers  musées,  et  il  a  établi  plusieurs  espèces  et  un  grand 
nombre  de  genres  dans  les  trois  divisions  proposées  par  Cuvier. 

Parmi  les  savants  qui  ont  puissamment  contribué  à  élucider  l'histoire  des  mys- 
licètes,  nous  devons  citer  surtout  M.  Rcinhardt,  professeur  à  Copenhague,  et 
M.  Flower,  directeur  du  beau  Musée  du  collège  royal  des  chirurgiens  à  Londres. 

M.  Lilljeborg  a  également  contribué  à  l'avancement  de  celte  partie  des  sciences 
naturelles  par  diverses  publications  importantes. 

Nous  pouvons  résumer  ainsi  les  caractères  des  cétacés  à  fanons  ou  mysticètes  : 

Ils  ont  des  fanons  au  palais  et  n'ont  de  dents  qu'au  premier  âge  embryonnaire. 

Leurs  narines  sont  à  orifice  double. 


(1)  Cuvier,  en  établissant  trois  sous-genres  dans  les  baleines,  failli  tort  une  différence  entre  fînnfiscli 
elrorqual,  et  c'est  par  erreur  qu'il  donne  comme  caractère  au  sous-genre  Ae&gibbars,  une  nageoire  sur 
le  dos  ri  pas  de  plis  sons  la  gorge  ;  la  gorge  dis  gibbars,  est  cannelée  de  plis  comme  celle  des  rorquals,  et 
au  lieu  d'une  nageoire  les  gibbars  ont  une  bosse  sur  le  dos. 


SQ1  ELI  rTE  DES  CÉTACÉS  31 

l.ntrs  mandibules  oumaxiltaires  inférieurs  sont  fortement  courbés,  bombés  h  leur 
surfaa  externe,  complètement  séparés  F  un  de  (autre  en  avant,  montrant  un  sillon  à  la 
ptaa  </■  ta  gouttière  dentaire  </  en  dehors  de  ce  sillon  une  série  de  trous  mentonnière. 

I  ■  maxillaire  supérieur  s'étend  en  arrière  an  devant  du  frontal,  et  non  au-dessus. 

Le  sternum  est  formé  d'upt  seule  pièce  et  ne  s'articule  qu'avec  une  seule  paire 
</■  côtes. 

I  \  côtes  ne  s'articulent  qu'aua  apophyses  transverses  des  vertèbres  et  par  une  seule 
sur/aie  articulaire;  aussi  le  corps  des  vertèbres  dorsales  ne  présente-t-il  jamais  </-  sur- 
fact  articulaire  correspondant  à  la  tête  de  la  côte. 

Les  os  nasaua  sont  symétriques  et  forment  une  voûte  au-dessus  des  fosses  nasales. 

II  existe  un  os  lacrymal  distinct. 

la  caisse  tympanique  est  soudée  au  rocher,  et  celui-ci  porte  deux  fortes  apophyses  qui 
F  attachent  solidement  à  la  base  du  crâne. 

I.<  marh'ui  est  soudé  au  tympanal. 

On  coiin m  îles  m\  -lit  «  u>  fossiles  depuis  le  mioeone  ;  les  baleines  sans  nageoire 
dorsale  ont  paru  après  les  autres  el  paraissent  avoir  été  partout  moins  nom- 
breuses. 

Les  mysticètes  sont  répartis  en  trois  genres  ;  balœna,  megaptera  el  baUenoptera. 
Le  premier  n'a  pas  de  nageoire  dorsale  ;  le  seconda  une  bosse  au  lieu  de  nageoire 
le  troisième  a  une  nageoire  dorsale  comme  les  dauphins. 

uni,  BAI  l  M 


MYST1I  l  fBS    Du     (        à  bosse,  MEGAPTERA 


■   nag i    i  \i  i  NOPTI  RA 


GENRE     BAL^ENA 


Ce  genre  comprend  les  cétacés  que  l'on  désigne  communément  sous  le  nom 
de  baleines  franches  ;  on  peut  les  caractériser  ainsi  : 

Le  dos  est  uni  et  ne  porte  ni  nageoire  ni  loupe  de  graisse;  il  n'existe  de  plis 
ni  sous  la  gorge  ni  sous  le  ventre.  La  tète  forme  le  quart  ou  le  tiers  de  la  longueur 
totale  du  corps  ;  la  lèvre  inférieure  s'élève  verticalement  à  une  grande  hauteur  pour 
couvrir  les  fanons;  le  rostre  est  fortement  argué,  et  les  fanons  sont  très-longs  ;  ceux  du 
milieu  ont  plus  de  la  moitié  de  la  longueur  du  rostre,  et  ils  laissent  en  avant,  sur  la 
ligne  médiane,  un  espace  entre  eux.  Les  mandibules  sont  très-allongées  et  grêles  en 
avant,  montrant  à  l'extrémité  libre  un  large  sillon  ;  l'apophyse  coronoïde  est  peu  déve- 
loppée ;  les  vertèbres  cervicales  sont  toutes  soudées  ;  l'omoplate  est  peu  développée 
d'avant  en  arrière  et  porte  communément  une  large  apophyse  coracoïde  ainsi  qu'un 
acromion  ;  les  côtes  n'ont  jamais  une  double  surface  articulaire  ;  les  premières  n'ont 
ni  col  ni  tête;  celtes  du  milieu  ont  un  col  rudimentaire,  mais  la  tête  n'atteint  pas  le 
corps  de  la  vertèbre  ;  les  dernières  s'articulent  directement  par  la  tète  seule  aux  apo- 
physes transverses  :  le  sternum,  toujours  large,  a  la  forme  de  bouclier  et  est  formé  d'une 
seule  pièce  ;  les  nageoires  pectorales  sont  courtes,  tronquées  et  fort  étendues  en  largeur. 

La  nourriture  des  baleines  véritables  consiste  en  mollusques  et  en  crustacés  de 
petite  taille. 

Ed  général,  les  baleines  ne  vivent  pas  par  bandes  comme  les  cétodontes  ;  elles 
se  réunissent  par  couple  et  on  en  capture  autant  de  l'un  que  de  l'autre  sexe.  Tou- 
tefois, comme  les  femelles  se  rapprochent  plus  régulièrement  des  côtes,  on  prend, 
dans  certains  parages,  plus  facilement  les  femelles  que  les  mâles. 

C'est  ce  que  l'on  voit  au  cap  dp  Bon  ne-Espérance  comme  à  la  Nouvelle-Zélande  , 


SQUELETTE  [>ES  CETACES.  Î3 

les  lamelles  entrent  dans  les  baies,  disent  les  baleiniers,  tandis  que  les  mâles  se 
tiennent  à  distance.  An  Spitzbeig,  on  voit  le  contraire  :  sur  cent-vingt-quatre 
baleines,  Scoresb]  a  compté  soixante-dix  mâles,  ce  qui  provient  sans  doute  de  i  e 
que  la  poche  se  lail  an  Nord  plus  au  large  que  dans  d'autres  parages. 

I  est  une  erreur  généralement  répandue  que  le  narval  est  L'ennemi  de  la  baleine  ; 
i  es  animaux  vivent  au  contraire  en  lionne  intelligence  avec  elle.  Les  pêcheurs,  en 
entrant  dans  les  saux  des  baleines,  se  rejouissent  de  leur  présence,  dit  Snoresby. 
C'est  l'Orque  qui  est  l'ennemi  de  ces  grands  cétacés, 

A  combien  se  réduit  le  nombre  d'espèces  admises  par  les  baleiniers,  les  mar- 
chands de  fanons  et  les  naturalises  ?  lin  prenant  en  considération  l'expérience  des 
premiers,  les  connaissances  des  seconds  et  l'étude  des  derniers,  il  y  aurait  en  tout 
i  un],  peut-être  six  espèces  vivantes  bien  établies,  trois  dans  l'hémisphère  boréal. 
deux  ou  trois  dans  L'hémisphère  austral. 

Les  baleines  vérifcbles  n'appartiennent  qu'aux  régions  polaires  et  tempérées  des 
deux  hémisphères  ;  elles  ne  passent  jamais  la  ligne  équatoriale. 

lu  nord  on  trouve  la  baleine mysticité,  a  l'ouest  comme  a  l'est  du  Groenland,  au 
Spitzberg  et  au  détruit  de  Behring,  depuis  le  |B"  degré  jusqu'au  7S1'  ;  une  seconde 
espèce,  la  baleine  des  basques,  vit  dans  les  régions  tempérées  de  L'Atlantique,  Be 
répand  dans  toute  la  Largeur  decette  mer  et  habite  depuis  le  '.0'  jusqu'au  65'  degjé  ; 
une  (roipième  espèce  de  l'hémisphère  boréal  habite  le  pacifique  depuis  le  15* 
jusqu'au  60*  degré;  c'est  elle  qui  est  l'objet  principal  de  la  pèche  actuelle,  au  sud 
des  Lies  Méoutiennes:  c'est  [&baUenaJaponica.  Dans  l'hémisphère  austral,  la  baleine 
du  cap,  bahvna  australis  passe  du  Brésil  au  cap  de  Bonne-Espérance,  s'étendani 
depuis  le  25'  degré  jusqu'au  ()0°.  La  secopde  espèce  de  l'hémisphère  austral  est  La 
baUena  antipodarum,  que  les  pécheurs  anglais  ont  poursuivie  avec  tant  d  ardeur  dans 
ces  derniers  temps,  et  qui  parait  périodiquement  sur  la  côte  est  de  la  Nouvelle- 
Zélande.  Il  parait  que  cette  espèce  se  répand  depuis  le  50e  jusqu  au  55'  degré. 
Enfin  entre  le  cap  du  Bonne-Espérance  et  la  Nouvelle-Hollande  habite  une  baleine 
connue  des  baleiniers  sous  le  nom  commun  de  black-whale,  mais  dont  les  carai 
tères  ne  sont  pas  connus  des  zoologistes.  —  On  n'en  trouve  des  i>-  dans  aucun  mu- 
tée, —  Cette  baleine  forme  probablement  une  espèce  particulière  qui  complète 
|es  zones  de  L'hémisphère  austral. 

Outre  ces  espèces  qui  sont,  nous  l'avouons,  bien  loin  d'être  toutes  définitiVf 


34  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

ment  établies,  le  docteur  Gray  en  mentionne  encore  quatre  autres  dont  il  sera  fait 
mention  plus  loin;  ces  espèces  sont  :  la  ùalœna  temminckii ,  du  cap  de  Bonne- 
Kspérance,  la  ôalœna  marginata,  des  côtes  de  l'Australie,  la  balœna  nodosa,  le  Serug- 
Whale  de  Dudley  de  la  côte  de  l'Amérique  du  Nord,  et  la  baUena  cisarctica ,  le  blaek- 
whale  des  baleiniers  de  la  côte  est  des  États-Unis  d'Amérique. 

A  l'exception  de  la  baleine  du  Groenland,  les  espèces  que  nous  admettons  oc- 
cupent à  peu  près  la  même  latitude  dans  les  deux  hémisphères,  et  si  l'on  figure  sur 
une  carie  les  régions  qu'elles  habitent,  l'on  obtient  un  plan  semblable  à  celui  du 
commandant  Maury,  représentant  les  zones  de  calme  à  côté  des  zones  des  vents. 
11  existe  de  vraies  baleines  fossiles,  mais  plusieurs  ossements  ont  été  à  diverses 
reprises  considérés  à  tort  comme  tels.  Nous  avons  reconnu  de  vraies  baleines  dans 
le  crag  à  Anvers,  quoique  le  plus  grand  nombre  d'ossements  de  cétacés  qu'on  y 
trouve  provienne  de  baleines  à  nageoire  dorsale. 

Y  a-t-il  lieu  d'établir  des  genres  parmi  les  baleines  véritables  ?  Trouve-t-on  une 
différence  organique  suffisante  pour  justifier  l'établissement  de  coupes  génériques? 
Il  existe  des  affinités  plus  grandes  entre  les  baleines  des  régions  tempérées,  même 
des  deux  hémisphères,  qu'entre  celles-ci  et  la  baleine  du  Groenland,  mais  ces  diffé- 
rences ne  portent  guère  que  sur  la  proportion  relative  de  la  tète,  les  caractères  des 
fanons  et  la  courbure  du  rostre,  et  nous  ne  les  croyons  pas  suffisantes  pour  réta- 
blissement de  genres.  Nous  avons  fait  faire  la  coupe  de  la  région  cervicale  de  la 
baleine  australe,  et  c'est  à  peine  si  l'ou  trouve  une  différence  avec  la  coupe  de 
mysticetus  de  Groenland,  publiée  par  M.  Flower;  il  en  est  de  même  de  la  cavité 
crânienne  et  par  conséquent  du  cerveau  qu'elle  loge.  Les  megaptera  et  les  buhcnop- 
tera  diffèrent  notablement  sous  ces  deux  rapports  des  balaena. 


BAL.KNA    AUSTRALIS 
(Pi..  I  et  II.) 


Les  premières  notions  positives  sur  cette  baleine,  que  les  pêcheurs  hollandais 
confondaient  avec  leurnordkaper,  sont  dues  à  de  Lalande,  qui  a  rapporté  du  Cap  eE 
ix|',».  un  squelette  de  femelle  adulte  et  un  squelette  d'un  jeune,  qui  sont  conservi  - 
h.us les  dera  an  muséum  de  Paris.  C'est  sur  ces  pièces  que  Cuvier  a  établi  la  ba- 
leine du  Cap.  [Te  grand  zoologiste  do  muséum  avait  reçu  par  Laurillard  un  dessin 
de  la  tête  de  la  baleine  du  Groenland  du  British  Muséum,  qui  lui  a  servi  de  point 
de  comparaison. 
Baleine  du  cap,  Cuvier,  Recherches  sur  les  ossements  fossiles,  vol.  V.  —  Batœna 

atutralis,  Desmouline,  Met.  class.,  art.  Baleine.  —  Bahena  australis,  Temm., 

fauna  Japon.,  t.  2x  et  28.  —  Balsena  myeticetui  antaretica,  Schlegel,   ibhand; 

1844,  57.       EnbaUena  s4Mra7t«  ?  Flower,  unies  <m  tke  Skeletont,  page  12. 

Hwnteriui  Temminckii,  Gray,  catalogue  of  seats  and  Whaleê;  ISGO,  p.  !•*. 

Les  caractères  que  l'on  accorde  au  genre  Hunteriua  ne  sont,  si  non-  ne  nous 
trompons,  que  des  dispositions  individuelles.  Le  Hunterius  Temminckii  est  pour 
nous  s\  nonyme  de  balœna  australis. 

Les  stations  de  cette  espèce  semblent  bien  connues  :  elle  voyage  ordinairement 
de  l'Amérique  du  Sud  a  la  côte  d'Afrique,  entre  le  5Gr  et  le  18e  degré  de  latitude  ; 
de  novembre  à  janvier,  ou  la  trouve  surtout  a  la  première  latitude;  de  février 
eu  avril  a  la  dernière  ;  de  juin  jusqu'en  septembre,  elle  se  rend  a  la  cote  d  Afrique 
pour  mettre  1m-  i  . 


(i    Detmoolioi   Dicf.  c/<u/.,  tri    I  161 


36  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

On  la  trouve  surtout  sur  la  côte  d'Afrique  à  False-Bay,  Algoa-Bay  et  à  la  baie  de 
Simons,  du  10  au  20  juin  jusqu'à  la  fin  d'août  ou  au  milieu  de  septembre,  d'après 
de  Lalande. 

Le  fort  de  la  pèche  aux  iles  Tristan,  dit  Roussel  de  Vauzème,  a  lieu  depuis  le 
mois  d'octobre  jusqu'en  janvier,  par  conséquent  à  leur  retour  de  la  côte  d'Afri- 
que. 

La  baleine  du  Sud  est  très-probablement  répandue  dans  toutes  les  mers,  à  par- 
tir du  55°  de  latitude  sud,  dit  Lesson,  quoique  cependant  elle  paraisse  remonter 
jusqu'à  l'équateur  et  tout  le  long  de  l'Amérique  méridionale  ;  ce  doit  être  cette  espèce, 
dit-il,  que  les  baleiniers  américains  vont  harponner  sur  le  banc  de  Patagonie. 

Le  capitaine  Day  écrit  à  Scoresby,  en  parlant  des  mysticetus  ou  right-whale, 
que  la  plus  grande  partie  de  ces  baleines  parurent  à  la  côte  est  de  l'Amérique  du  Sud, 
Brazil-Bank,  sur  une  latitude  de  56°  à  48"  sud,  à  la  première  latitude  de  no- 
vembre à  janvier,  et  à  la  dernière  latitude,  comme  à  New-Holtand  Dervcnl- River 
et  autour  Trislian-Islands,  en  février  jusqu'en  avril;  enfin  à  la  côte  ouest  d'Afrique 
dans  la  Walwich-Bay,  et  d'autres  baies  de  juin  jusqu'en  septembre. 

On  les  trouve  aussi  à  la  côte  du  Brésil  près  de  Sainte-Catherine,  et  elles  vont 
même  à  l'ouest  du  cap  Horn  et  au  nord  de  Coquimbo  à  la  côte  ouest  de  l'Amérique 
du  Sud,  d'après  le  capitaine  Day,  qui  ne  fait  pas  de  distinction,  comme  les  balei- 
niers en  général,  entre  les  baleines  franches. 

Scoresby  dit,  en  parlant  de  cette  baleine  :  cet  animal  se  trouve  sur  la  côte  ouest 
d'Afrique  et  sur  la  côte  est  de  l'Amérique  méridionale;  il  a  des  fanons  de  0  pieds; 
la  longueur  du  corps  est  de  53  ou  40  pieds.  La  tète  est  couverte  with  a  bed  of  ber- 
nicles.  Atteint,  il  plonge  jusqu'au  fond  rarement  au-dessous  de  deux  cents  brasses, 
revient  à  la  surface  après  quelques  minutes,  et  plonge  une  seconde,  une  troisième 
rt  une  quatrième  fois. — Quelquefois  il  fuit  horizontalement  jusqu'à  20  ou  50  milles 
en  ligne  directe  (I). 

Cette  baleine  porte  toujours,  comme  les  autres  baleines  australes,  des  tubid- 
nella,  et  des  coronula  dans  l'épaisseur  ou  à  la  surface  de  la  peau,  particulièrement 
a  la  tète. 

Les  musées  qui  renferment  des  restes  de  Ralivna  Australis,  sont  les  suivants  : 

H)  Scoresby,  vol.  Il,  p.  535,  d'après  des  observations  faites  par  des  baleiniers. 


SQUELETTE   DES  CÉTACÉS. 

I  Au  Muséum  d'histoire  naturelle  Je  Taris,  il  exisle  un  squelette  complet  el 
adulte,  rapporté  par  de  Lalande  (1); 

2*  Un  autre  squelette  complet  d'un  jeune  animal  nouveau-né,  rapporté  par 
le  même  naturaliste,  se  trouve  également  dans  les  galeries  du  Muséum  d'histoire 
naturelle; 

5'  Un  squelette  complet  de  fœtus  de  1-  pieds  de  long,  provenant  de  Verreaux, 
•  si  conservé  au  musée  du  Collége-Rtyal  des  chirurgiens.  Ce  squelette  est  resté 
longtemps  sans  le  crâne  dans  les  magasins  (2); 

Y  Lue  tète  sciée  transversalement  et  deux  paires  de  mandibules  sont  corner* 
\ées  au  Musée  d'histoire  naturelle  de  Brest; 

'.')'  Au  musée  de  Leyde  se  trouvent  la  tète  d'un  adulte  et  le  squelette  d  un  jeune 
animal,  rapportes  du  cap  «le  Bonne-Espérance  parle  docteur  llarstok  (5  : 

6    La  tête  d'nn  jeune  animal  est  conservée  au  musée  de  Berlin  ; 

7°  Lue  tète  incomplète,  une  omoplate,  une  région  cervicale,  trois  vertèbres 
dorsales  et  lombaires  et  une  côte  appartiennent  au  musée  de  Louvain.  Ces  os 
ont  été  recueillis  et  envoyés  par  de  Castelnau. 

8°  Le  moule  en  plâtre  d'un  fœtus  pris  dans  le  ventre  de  sa  mère,  capturée  aux 
en\irons  de  l'île  Tristan  d'Acunha,  est  conservé  au  musée  de  Bordeaux. 

SQUELETTE. 

I  omme  dans  la  halama  myslicetus,  le  rostre  est  fort  étroit  et  courbé  ,  mais  la 
courhure  est  hicn  moins  forte  que  chez  elle.  Les  haleines  australes  sont  pour 


i    i  .  -i  au  retour  de  mon  premier  voyage,  'lit  de  Lalflnde,  que  je  trouva ■  baleine  èi  bouée  sur  (■ 

-alilc  Cet  animal.  Ion;:  de  " 5  pieds,  avait  <■{,■  j < ■  t «'■  à  la  côte  par  \<  vent  nord-oueat...  J'en  ai  conservé  ton- 

-,  —  J'ai  ajout. •  pai  la  suite  deux  autres  squelettea  de  baleine  à  ma  collecl I  e  premier  <>t  i  elui 

de  la  baleine  h  rentre  plissé  {megaplera  ,  et  le  second  s'est  trouvé  an  très-jeune  individu  appartenant 
.  omme  le  plut  grand,  s  la  baleine  franche.  J  en  avais  encore  préparé  deui  autres,  ajoute-t-il  ;  mais  i 
qu'ils  étaient  presque  terminés,  le  vent  les  jeta  k  la  mer.  Précit  <Tun  voyage  au  Cap  dt  Bonne-Etpérana 
Mémoire* du  Muséum,  1  ■- jj.  p.  153  ,       Cuvier,  OuemenU  fo*tilet,  yo\.  \ 

:  loto-  h  oui  the  south  seas;  la  tète  et  la  région  cervicale  ont  été  décrites  par  m.  it  Owen,  Catal 
mus.  coll.  sur'/,  t  i.tto  .  le  cr&ne  et  la  caisse  tympanique  par  Huxley,  Elem  comp.  Anal.  t".  to7.  p.  27i 
tik'.  tort,  p.  2-;  I. 

i  Ces  squelettes  ont  été  décrits  par  M.  Schlegcl,  Abhandelungen  aut         G  ■'    ■'■  fù  ..  Leidei 

1841 ,  p,  i".  par  M.  Flowersoui  le  nom  dc>  Eubalema  australis?  Notés  m  Uu  ikeletont     noi   1861, et  i 
re  nom  àt  Hunterius  ZVmmnicJrri,  par  le  docteur  Cray,  Catai      •    i-  M 


i<  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

ainsi  dire  des  baleines  moins  bien  épanouies  que  la  baleine  du  Groenland,  c'est-à- 
dire,  qu'elles  sont  moins  éloignées  que  les  baleines  franches  de  l'état  embryon- 
naire. 

Comme  dans  les  vraies  baleines,  les  intermaxillaires  contribuent  pour  une  large 
part  à  la  formation  du  rostre,  et  ils  forment  seuls  toute  son  extrémité  antérieure; 
ils  passent  en  arrière  jusqu'au  frontal,  enveloppant  les  os  propres  du  nez.  Les  inter- 
maxillaires s'écartent  fortement  l'un  de  l'autre  au  devant  de  ces  os  du  nez  pour 
former  les  narines,  autrement  dit  les  évents.  Les  maxillaires  sont  formés  d'une 
partie  longiludinale,  au  milieu  de  laquelle  on  voit  au  palais  en  arrière  le  vomer; 
puis  d'une  partie  transversale  qui  se  dirige  en  dehors  et  d'avant  en  arrière  le  long 
du  frontal.  — Cette  branche  latérale  est  moins  longue  et  moins  dirigée  en  arrière 
que  dans  les  baleines  du  Nord.  — Ici  encore  la  disposition  est  plus  fœtale  que  dans 
les  baleines  du  Groenland. 

Les  os  du  nez  ont  une  forme  rhomboïdale  et  constituent,  comme  dans  les  autres 
mammifères  en  général,  la  voûte  des  fosses  nasales;  ils  sont  régulièrement  enclavés 
entre  les  frontaux  et  les  intermaxillaires.  M.  Flower  fait  remarquer  la  largeur 
excessive  et  la  brièveté  de  ces  os  dans  le  squelette  de  Leyde;  il  en  donne  la  figure 
à  côté  des  os  nasaux  des  autres  baleines. 

Le  vomer  est  très-développé,  s'étend  en  arrière  jusqu'au-dessous  du  sphénoïde 
antérieur,  et  se  termine  en  avant  non  loin  du  bout  du  rostre,  en  formant  une  vraie 
gouttière  dans  toute  sa  longueur. 

Le  palatin  est  très-large ,  situé  fort  loin  en  arrière ,  et  s'étend  en  avant  entre  le 
maxillaire  et  le  vomer. 

Le  ptérigoïdien  ne  se  montre  à  la  base  du  crâne  que  comme  un  cercle  entourant 
le  bord  postérieur  du  palatin. 

Le  frontal  est  remarquable  par  son  grand  développement  en  largeur;  il  ne  forme 
qu'une  bande  entre  le  pariétal  et  le  maxillaire,  s'élargissantun  peu  en  se  dirigeant 
en  arrière  pour  former  la  voûte  de  l'orbite. 

I.c  lacrymal  sous  la  forme  d'une  lame  mince,  un  peu  plus  gros  au  bout  externe 
qu'au  bout  interne,  est  situé  au  devant  de  l'orbite  dans  l'espace  laissé  entre  le 
frontal  et  l'extrémité  postérieure  du  maxillaire.  Cet  os  manque  dans  la  tète  adulle 
•lu  musée  de  Leyde  et  dans  la  tète  du  jeune. 

Le  jugal  dans  toutes  les  baleines  est  très-court,  comparativement  fort  pelit,  el 


SOI  El  Kl  il:  DES  CÉTACÉS.  39 

forme  une  faible  partie  des  parois  latérales  du  crâne.  —  Il  est  soude  de  bonne 
heure  à  l'occipital. 

L'occipital  est  celui  îles  os  qui  prend  le  plus  de  développement  ;  il  forme  toute  la 
partie  supérieure  de  la  boite  crânienne;  c'est  comme  un  bouclier  qui  protège  la 
surface  des  hémisphères. 

La  portion  du  temporal  qui  correspond  à  la  partie  squainmeuse  et  glénoïdale  ea( 
aussi  très-volumineuse;  elle  s'étend  fort  loin  en  dehors  et  en  arriére,  pour  former 
la  surface  articulaire  qui  reçoit  la  tète  de  la  mandibule. 

Là  caisse  tympanique  est  unie  au  rocher  comme  dans  toutes  les  vraies  baleines 
et,  a  l'aide  de  deux  fortes  apophyses,  l'une  qui  se  dirige  de  dedans  en  dehors, 
l'autre  d'arrière  en  avant  et  un  peu  en  dedans,  le  rocher  est  solidement  fixé  à  la 
base  du  crâne. 

Le  marteau  est  uni  au  bord  de  la  caisse;  c'est  le  plus  volumineux  des  trois 
Osselets  de  l'ouïe  ;  l'enclume  s'unit  au  ['recèdent  par  une  double  surface  articulaire. 
I.  etricr  >  -t  as.-e/  Ion;;,  et  dans  lejcuue  âge  au  moins  il  est  perce. 

Il  existe  plusieurs  caisses  tympan  iques  de  l'hémisphère  austral  au  Muséum  d'his- 
toire naturelle  de  Paris,  qui  diffèrent  notablement  entre  elles,  niais  sur  l'origine 
desquelles 00  ne  possède  malheureusement  pas  de  renseignements  précis. 

Le  corps  de  l'os  hyoïde  est  allongé,  arrondi,  légèrement  échanerc  d'arrière  en 
avant  sur  la  ligne  médiane  avec  deux  cornes  assez  grêles  qui  s'attachent  au  tem- 
poral. Il  manque  dans  la  squelette  du  jeune  animal  du  musée  de  Leyde.  —  Nous  le 
trouvons  dans  le  jeune  et  dans  l'adulte  du  musée  de  Taris. 

Les  vertèbres  sont  au  nombre  de  cinquante-huit  ou  cinquante-neuf,  réparties  de 
la  manière  suivante:  sept  cervicales,  quinze  dorsales,  dix  lombaires  et  vingt-sept 
<  tudales.  Nous  considérons  comme  première  caudale  la  vertèbre  qui  précède  le 
premier  os  en  chevron. 

On  compte  dans  le  squelette  du  jeune  animal  du  musée  de  Leyde  cinquante-sept 
ou  cinquante-huit  vertèbres. 

M.  \\  11  v,  ick  11  a  reconnu  dans  une  femelle  adulte  capturée  à  l'aise  li.iy  que  cin- 
quante-deux vertèbres,  mais  il  est  probable  que  les  dernières  son!  restées  log< 
dan-  la  nageoire  i  audale. 

L'atlas,  l'axis  ci  Us  autres  vertèbres  de  la  région  carvicale  sont  unis  ensemble 
par  leur  (  orps,  et  toutes  les  apophyses  épineuses  sonl  Boudées  en  one<  réte  unique. 


Kj  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

La  septième  est  seule  distincte  des  autres  par  le  corps  sans  cependant  en  être 
complètement  séparée.  Les  cinq  premières  sont  seules  soudées  dans  le  squelette 
du  musée  de  Leyde. 

Les  apophyses  transverses  supérieures  des  trois  premières  vertèbres  sont  unies 
entre  elles  dans  le  squelette  du  muséum  de  Paris;  les  suivantes  sont  soudées  égale- 
ment, tout  en  montrant  distinctement  par  l'espace  qui  les  sépare,  tout  ce  qui  se 
rattache  à  chacune  d'elles.  La  dernière  de  ces  apophyses  est  la  plus  développée,  et 
s'avance  en  avant  jusqu'à  l'axis. 

Les  apophyses  transverses  inférieures  diffèrent  beaucoup  de  celles  de  la  ùalu-na 
antipodarum;  dans  la  balœna  australis  on  ne  voit  aucune  trace  de  leur  présence  aux 
quatre  dernières  vertèbres. 

Nous  avons  fait  faire  la  coupe  de  la  région  cervicale  que  nous  possédons  à  Lou- 
vain  et  la  ressemblance  avec  la  coupe  du  mysticetus  donnée  par  M.  Flover  est  fort 
grande,  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut.  Il  n'y  a  de  différence  que  dans  la  sépa- 
ration de  l'arc  neural  en  haut  chez  le  mysticetus  (I),  dans  la  réunion  complète  de 
l'atlas  avec  l'axis  dans  l'australis  et  dans  les  traces  de  séparation  du  corps  de  la 
septième  vertèbre;  dans  l'un  comme  dans  l'autre  cas,  la  face  postérieure  du  corps 
de  la  septième  vertèbre  est  concave  ce  qui  correspond  à  la  surface  convexe  de  la 
première  dorsale.  L'atlas  présente  en  avant,  comme  celui  de  mysticetus  entre  les 
deux  condvles,  à  l'entrée  du  canal  vertébral,  une  cavité  peu  profonde  qui  corres- 
pond  au  ligament  de  l'apophyse  odontoide  de  l'axis. 

Il  y  a  quinze  vertèbres  dorsales;  le  corps  de  chaque  vertèbre  augmente  en  épais- 
seur et  en  hauteur  à  mesure  que  l'on  s'éloigne  de  la  région  cervicale,  et  cette  aug- 
mentation continue  jusqu'au  commencement  de  la  région  caudale. 

Le  corps  des  vertèbres  croît  encore  en  hauteur  quand  leur  diamètre  antéro- 
postérieur  diminue.  De  la  cinquième  lombaire  aux  premières  caudales  le  diamètre 
vertical  est  le  plus  fort. 

Les  apophyses  épineuses  supérieures  sont  dirigées  d'arrière  en  avant  dans  les 
cinq  premières  dorsales,  d'avant  en  arrière  au  contraire  dans  les  autres,  et  elles 
s'inclinent  de  plus  en  plus  à  mesure  que  l'on  approche  de  la  région  lombaire. 

Cette  apophyse  esta  peu  près  verticale  dans  la  sixième  dorsale. 


,\    Dans  le  mysticetus  de  J.ouvain  celle  séparti.on  nV*iste  même  pa*. 


SQUELETTE  I>i:s  CÉTAI  l  S  il 

l.«-s  vertèbres  de  la  région  dorsale  sont  au  nombre  de  quinze,  comme  le  montre 
le  squelette  du  jeune  animal  du  muséum  qui  a  toutes  les  cotes  encore  en  place. 

Nous  trouvons  ce  même  nombre  dans  le  squelette  du  jeune  animal  du  musée 
de  l.eydc. 

Les  apophvses  transverscs  naissent  des  premières  vert,  lues  dorsales  au  milieu 
de  l'arc  ncural  ;  mais,  dans  les  cinq  dernières,  elles  s'elevent  plutôt  du  milieu  du 
corps  lui-même,  surtout  les  dernières. 

On  voit  dans  le  squelette  du  jeune  animal  du  muséum,  que  les  apophyses  trans- 
verses des  cinq  dernières  dorsales  naissent  comme  chez  l'adulte  du  corps  de  la 
vertèbre,  tandis  que  les  autres  proviennent  distinctement  de  l'are  neural  :  ces  apo- 
physes, tout  en  donnant  également  insertion  aux  côtes,  oe  sont  cependant  pas  de 
même  origine;  les  dernières  cotes  sont  comme  les  première-  sans  col  et  sans 
tète. 

Cette  distinction  entre  l'origine  des  apophyses  est  d'autant  plus  facile  a  faire 
dans  ce  jeune  squelette,  que  l'are  neural  est  encore  complètement  sépare  dans  le? 
diverses  régions  du  corps. 

Les  apophyses  épineuses  de  la  jeune  Haleine  sont  comparativement  larges 
d'avant  en  arrière  et  ne  sont  point  aussi  inclinées  qu'à  l 'âge  adulte. 

Les  vertèbres  de  la  région  lombaire  sont  au  nombre  de  dix  et  se  distinguent 
toutes  par  le  grand  développement  du  corps  et  la  longueur  des  apophyses  transver- 
ses.  «  i  -  apophyses  sont  toutes  situées,  à  l'exception  des  deux  ou  trois  premières, 
qui  descendent  insensiblement  plus  bas,  vers  le  milieu  du  corps.  Dans  la  région 
dorsale  elles  partent  de  la  base  du  cerceau  et  se  dirigent  obliquement  de  bas  en 
haut  et  de  dedans  en  dehors. 

Le  corps  de  ces  vertèbres  se  dislingue  ('gaiement  par  la  crête  qu  il  porte  en 
dessous  sur  la  ligne  médiane,  crête  qui  devient  de  plus  en   plus  forte,  a  mesure 

que  l'on  avance  vers  la  queue.  Le  corps  des  vertèbres  est,  au  contraire,  parfaite- 
ment arrondi  a  la  région  dorsale.  La  jeune  baleine  nous  montre  une  diffé- 
rence de  direction  dans  les  apophyses  transverses  entre  la  quatrième  et  la  cin- 
quième lombaire  :  les  premières  se  dirigent  d'avant  en  arrière,  le>  suivantes 
d'arrière  en  avant.  Ces  apophyses  diminuenl  en  longueur  depuis  la  dernière 
dorsale. 

La  ngion  caudale  a  vingt-sept  vertèbres  dont  les  seize  premières  portent  un  os 

6 


42  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

en  chevron.  Il  n'y  a  que  neuf  vertèbres  à  chevrons  dans  le  squelette  de  Leyde;  mais 
ce  squelette  n'est  évidemment  pas  complet. 

La  cinquième  vertèbre  de  cette  région  est  une  des  plus  fortes  pour  le  développe- 
ment du  corps,  et  pour  la  grandeur  de  l'os  en  Y. 

Les  apophyses  transverses  de  cette  vertèbre  sont  horizontales  et  n'ont  plus  que 
la  moitié  du  diamètre  du  corps. 

L'apophyse  épineuse,  y  compris  l'arc  neural,  a  presque  la  longueur  du  diamètre 
vertical  du  corps.  Il  y  a  onze  vertèbres  qui  n'ont  pas  d'os  en  V,  et  à  peu  près 
autant,  qui  n'ont  plus  d'apophyses;  ce  sont  ces  vertèbres  qui  sont  logées  dans 
l'épaisseur  de  la  nageoire  caudale.  Les  vertèbres  à  chevron  ont  des  surfaces 
articulaires  en  avant  et  en  arrière,  mais  ce  sont  toujours  les  surfaces  postérieures 
qui  sont  le  plus  développées. 

Les  apophyses  qui  fournissent  ces  surfaces  se  rapprochent  de  plus  en  plus 
d'avant  en  arrière  et  se  réunissent  dans  les  quatorze  dernières  caudales  en  formant 
une  gouttière  autour  de  l'artère  spinale. 

A  commencer  de  la  neuvième  caudale,  l'artère  spinale  au  lieu  de  contourner 
l'apophyse  transverse,  la  traverse  directement  de  bas  en  haut,  et  le  trou  par  où 
elle  pénètre  parait  sur  le  côté  depuis  la  neuvième  vertèbre  jusqu'à  la  quatorzième. 

Les  côtes  sont  au  nombre  de  quinze.  Il  ne  peut  y  avoir  de  doute  au  sujet  de  ce 
nombre  puisque  nous  voyons  au  muséum  de  Paris  toutes  les  pièces  en  place  dans 
le  jeune  squelette.  Depuis  la  première  jusqu'à  la  septième,  elles  croissent  rapide- 
ment en  longueur  puis  diminuent  insensiblement  jusqu'à  la  dernière. 

Les  cinq  dernières  côtes  sont  incomplètes,  en  ce  sens,  qu'elles  n'ont  pas  de 
portion  cervicale;  les  autres  possèdent  au  contraire  ce  prolongement;  mais  dans 
aucune  d'elles  il  n'atteint  la  longueur  de  l'apophyse  transverse,  de  manière  que  les 
côtes  ne  peuvent  s'articuler,  comme  on  le  voit  du  reste  dans  les  autres  mysticètes, 
avec  le  corps  des  vertèbres.  Le  col  et  la  tète  manquent  du  reste  également  aux 
premières  côtes. 

Dans  le  jeune  âge  tous  ces  os  ont  à  peu  près  le  même  diamètre  dans  toute  leur 
largeur,  tandis  qu'à  L'âge  adulte  les  premières  et  surtout  la  première  s'élargissent 
considérablement.  Dans  la  femelle  adulte  rapportée  par  de  Lalande,  la  première  côte 
de  droite  montre  un  large  trou  près  du  bord  antérieur.  Dans  la  baleine  australe  du 
musée  de  Leyde,  la  première  côte  est  biceps  et  s'articule  avec  les  deux  premières 


SQI  II  II  II    hl  S  i  II  .\t  ES  U 

dorsales.  H  esi  plus  probable,  comme  le  fait  remarquer  M.  Flower,  que  cette 
première  côte  B'articule  avec  [a  dernière  cervicale  et  la  première  dorsale.  C'est  ce 
que  l'on  voit  du  reste  chaque  lois  que  la  première  côte  est  double. 

Cette  bifurcation  de  ta  première  côte  a  déterminé  M.  le  docteur  Gray  à  l'aire 
delà  baleine  conservée  au  musée  de  Leyde  le  type  d'une  espèce  distincte,  qa  il 
a  plus  tord  érigé  en  genre,  sous  le  nom  de  llunterius  Temminckh. 

Celte  première  côte,  qui  n'est  pas  plus  large  en  bas  qu'en  liant  dans  le  squelette 
du  jeune  animal  du  muséum  de  Taris  esl  an  contraire  très  large  es  bas,  chez 
l'animal  adulte,  el  embrasse  presque  toute  la  bauteur  du  sternum. 

La  seconde  côte  se  lait  remarquer  également,  dans  le  Bquelette  de  Leyde,  par 
son  épaisseur  e(  sa  largeur  à  bod  extrémité  inférieure.  Nous  ne  connaissons  pas,  dit 
H.  Lilljehorg,  en  parlant  de  cette  première  côte,  on  seul  genre  qui  ail  cet  os  aussi 
épais  a  sa  partie  inférieure. 

Le  sternum  n'es!  formé  que  d'une  seule  pièce  comme  dans  toutes  les  baleines. 
il  esl  plus  large  en  avanl  qu'en  arrière,  el  ne  s'articule  qu'avec  la  première  paire 
décotes,  commele  Bquelette  du  jeune  animal,  rapporté  par  de  Lalande,  le  montre 
distinctement. 

(  uvier  avail  reconnu  qu'il  n'y  a  de  chaque  côté  qu'une  seule  lace  articulaire 
au  sternum.  Nous  n'avons  qu'un  seul  os  du  sternum,  oôlong,  plus  large  m  avant,  et 
i/ui  parU  de  chaque  côté  une  face  articulaire  pour  une  côte,  a  dit  Cuvier,  et  il  a  eu 
soin  de  figurer  le  sternum  seul. 

Ce  squelette  de  Lalande  a  été  un. nie  m  1822,  sous  la  direction  de  Cuvier,  comme 
l'indique  encore  aujourd'hui  son  étiquette;  on  comprend  à  peine  comment  le  grand 
naturaliste  a  pu  Be  laisser  induire  en  cireur,  ayant  sous  les  \<'u\  le  Bquelette  <^^ 
jeune  animal  donl  les  os  sont  encore  aujourd'hui  réunis  par  leurs  ligaments  natu- 
rels. C'est  è\  idemmenl  par  erreur  que  le  préparateur  a  uni  Irois  paires  de  côtes  au 
Bternum  1 1  ). 

Du  Bar,  en  donnant  sa  description  <h\  grand  squelette  de  Balénoptère  d'Ctetende, 
rvail  reconnu,  comme  d'autres  avanl  lui,  qu'il  n'y  a  qu'une  seule  vraie  côte  qui 
ticule  avec  le  sternum. 


(i    i'  oéi reaurlc  ills,  publié  en  1861,  Duvernoy  adn  •   |r«"' 

l'articulant  avec  le  sternum,  lien  accordi  deui  au  mégaptera  du  Cap    ttm.  «    '"•'•• 

•  w 


44  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

Nous  ne  connaissons  pas  les  os  du  bassin,  ce  que  nous  regrettons  d'autant  plus 
qu'ils  sont  bien  connus  maintenant  dans  la  baleine  de  Groenland  et  qu'il  serait 
intéressant  de  pouvoir  les  comparer. 

Ce  qui  figure  comme  bassin  dans  le  squelette  du  Muséum,  et  ce  que  Cuvier 
reproduit  comme  tel  dans  les  planches,  est  un  fragment  supérieur  de  côte  grossiè- 
rement taillé,  auquel  sont  attachés  deux  autres  os  qui  sont  peut-être  les  os  lacry- 
maux. Les  os  lacrymaux,  en  effet,  manquent  dans  ce  squelette,  ou  du  moins  ils  ne 
sont  pas  en  place. 

Dans  la  baleine  et  le  mégaptera  du  Cap,  Cuvier  croit  que  le  bassin  est  tout 
autrement  fait  que  dans  le  dauphin  ;  il  a  pour  garant,  dit-il,  l'assertion  de  La- 
lande,  qui  a  préparé  les  deux  squelettes,  et  qui  a  enlevé  lui-même  les  os  de  leur 
place  (1). 

L'omoplate  est  comparativement  peu  développée  dans  l'adulte.  Cet  os  a,  dans  le 
jeune  âge  surtout,  une  grande  épaisseur.  Son  diamètre  vertical  est  un  peu  plus 
grand  que  le  diamètre  antéro-postérieur. 

Le  bord  antérieur  est  presque  droit  et  il  n'existe  qu'une  seule  apophyse  bien 
développée  qui  correspond  à  l'acromion.  L'apophyse  coracoïde  est  rudimentaire. 
Dans  le  jeune  animal  de  Leyde,  M.  Flower  signale  une  apophyse  coracoïde  et  un 
acromion,  mais  tous  les  deux  sont  fort  courts. 

Dans  le  jeune  âge  le  bord  antérieur  de  cet  os  est  plus  courbé  que  le  bord  posté- 
rieur et  le  diamètre  antéro-postérieur  l'emporte  notablement  sur  l'autre.  Les  deux 
bords  antérieur  et  postérieur  sont  presque  droits  à  l'état  adulte  et  l'os  affecte  la 
forme  d'un  éventail  ouvert. 

L'humérus  est  comme  toujours  dans  ces  animaux,  très-massif  et  atteint  juste 
la  même  longueur  que  les  os  de  l'avant-bras.  Cet  os  est  plus  gros  comparative- 
ment dans  le  jeune  que  dans  l'adulte. 

Le  radius  est  comme  toujours  plus  développé  en  largeur  que  le  cubitus,  surtout 
chez  le  jeune.  Il  est  plus  large  à  sa  partie  inférieure  que  l'humérus  malgré  ses 
deux  surfaces  articulaires. 

Le  cubitus  n'est  guère  plus  large  en  dessous  qu'en  dessus,  et  c'est  à  peine  si 
on  aperçoit  à  son  extrémité  supérieure  un  prolongement  olécrànien. 


(1)  Loc.  ci/.,  p.  386. 


snl  ELETTE  DES  CÉTACÉS  45 

Nous  n'avons  pas  de  certitude  au  sujet  de  la  composition  du  carpe,  surtout  tjur 
dans  le  jeune  animal  ces  os  n'existent  pas  encore,  du  moins  ils  ne  sont  pas  visibles 
a  l'extérieur.  Dans  la  baleine  adulte  nous  voyons  dans  le  procarjie  trois  08 comme 
i  l'ordinaire  qui  correspondent  au  radial,  au  cubital  et  k  Vintermédial,  et  trois 
os  dans  la  rangée  mésocarpienne. 

La  ùalicna  antipodarum  n'en  montre  que  deux  dans  cette  seconde  région. 

En  dehors  du  cubital,  il  existe  encore  un  os  dans  le  squelette  du  Muséum  qui 
-mitient  dans  cette  région  le  cartilage  du  bord  supérieur  de  la  main,  mais  qui 
pourrait  bien  ne  pas  être  naturel. 

Nous  avons  cinq  os  métacarpiens;  celui  du  [tome  est  le  plus  petit;  les  quatre 
autres  différent  peu  entre  eux. 

Les  doigts  sont  comparativement  courts,  le  médian  est  le  plus  long,  vient 
•  Dsuite l'index,  puis  l'annulaire,  et  enfin  le  petit  doigt.  Le  médian  compte  cinq 
phalanges,  les  deux  autres  qui  l'entourent,  l'index  et  l'annulaire,  chacun  quatre, 
le  petit  doigt  trois,  et  le  pouce  deux. 

Le  quatrième  doigt  ou  l'annulaire  en  a  cinq  dans  le  squelette  de  Leyde,  le  second, 
le  troisième  et  le  cinquième  quatre. 

En  comparant  ce  squelette  du  muséum  de  Taris  à  celui  du  musée  de  Leyde.  nous 
trouvons  une  vertèbre  de  plus  dans  l'un  que  dans  l'autre;  les  six  premières  cervi- 
cales sont  soudées  dans  le  squelette  de  Paris;  dans  celui  de  Leyde  les  cinq  pre- 
mières seules  sont  réunies.  Le  doigt  annulaire  a  cinq  phalanges  dans  le  sujet  de 
Leyde,  tandis  que  ce  nombre  appartient  au  doigt  médian  dans  celui  de  Paris ,  enfin 
la  première  côte  est  bifide  à  Leyde  et  la  seconde  très-grosse  à  son  extrémité  libre, 
tandis  qu'à  Paris  la  première  côte  est  simple  et  la  seconde  assez  mince  en  dessous. 
Les  os  propres  du  nez  sont  extraordinairement  larges  dans  le  squelette  de  Leyde. 


BALŒNA    ANTIPODARUM 

(PL.  III.) 


C'est  le  docteur  Gray  qui  a  proposé  ce  nom  pour  désigner  la  baleine  qui  hante 
les  parages  de  la  Nouvelle-Zélande,  et  c'est  à  Dieffenbach  que  nous  devons  les  pre- 
miers renseignements  sur  leur  pêche  et  leur  genre  de  vie. 

Le  squelette  du  Muséum  de  Paris,  monté  aujourd'hui  au  milieu  de  la  cour  des 
galeries  d'anatomie  comparée  provient  d'une  femelle  et  a  été  longtemps  rapporté 
à  la  même  espèce  que  les  squelettes  rapportés  par  de  Lalande  du  cap  de  Bonne- 
Espérance;  c'est  là  le  principal  motif  pour  lequel  il  est  resté  pendant  si  long- 
temps dans  les  magasins. 

Laurillard  était  si  persuadé  de  son  identité  avec  celui  du  Cap,  que  j'avais  été 
chargé  de  proposer  à  Eschricht,  de  l'échanger  contre  un  squelette  de  la  baleine  de 
Groenland. 

Les  fanons  sont  fort  bien  conservés  et,  pendant  quelques  années,  ils  ont  été 
placés  en  dehors  des  mandibules. 

Syn.  :  Balœna  ans  tr a  lis,  Desmoul.,  Diction. 
Balœna  antarctica,  Gray,  I.Sè»0. 
Balœna  caperea  antipodarnm,  Gray,  4  80^. 

Caperea    antipodarnm,  Gray,    1800;  Catalogue  of  Seals  and  Whalcs, 
]».  105. 

Cette  espèce  habite  la  Nouvelle-Zélande  où,  d'après  Dieffenbach,  les  établisse- 
ments de  pêche  sont  nombreux.  On  en  voit  à  Te-awa-ili,  Clamly  Bay,  Parurua, 
presqu'île  de  Banks,  Entry  island,  Evans 'slsland/faranaki  et  Table-cape. 


SQIKI.1  l  H    DES  CÉTACÉ8  k-, 

Les  soûles  pièces  connues  de  cette  baleine  sont  :  un  squelette  complet  de  fe- 
melle adulte,  monté  au  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris,  sous  la  direction  du 
professeur  Serres,  provenant  d'un  animal  capturé  dans  la  baie  de  Icaroa,  pres- 
qu'Be  de  Banks  (Nouvelle-Zélande);  ce  squelette  a  été  donné  par  M.  le  capitaine 
Berard,  commandant  la  corvette  te  Rhin,  et  le  doctenr  Arnoux. 

Il  en  existe  au  Muséum  de  Paris  un  modèle  en  plâtre,  réduit  au  8e,  d'après  un 
autre  modèle,  exécuté  but  nature  en  1  s:;G  par  M.  Meryon,  enseigne  de  vaisseau. 

Nous  connaissons  de  cette  même  espèce  trois  caisses  tympaniques,  appartenant 
au  Musée  de  Bruxelles,  dont  une  d'un  jeune  animal.  Ces  caisses  ont  été  rappor- 
tées de  la  Nouvelle-Zélande  par  le  docteur  Dechange. 

Dieffenbach  a  donné  on  l">n  dessin  réduit  de  cet  animal.  —  La  tête  du  squelette 
a  été  figurée  dans  l'Encyclopédie  de  Chenu.  Le  docteur  Gray  a  figuré  nue  caisse 
tympanique  de  droite  1 1  . 

B.  Dieffenbach,  dans  son  voyage  à  la  Nouvelle  Zelamle,  voyage  qu'il  a  a<  compli 
comme  naturaliste  de  la  compagnie  de  la  Nouvelle-Zélande,  nous  fait  connaître 
les  laits  les  plus  importants  de  l'histoire  de  cet  animal. 

Cette  baleine  j  es!  désignée  sous  le  nom  de  Black  whale. 

Ils  virent  en  arrivant,  dit-il,  de  grandes  carcasses  de  haleines  coulée»  à   fond. 
La  cote  était  couverte  de  déhris  de  ces  animaux,  têtes,  vertèbres,  omoplates  et  na- 
geoires. —  Il  parle  aussi  de  cadavres  flottants  de  cachalots  dans  ces  mêmes  pa- 
rag( 

<!n  \  connail  également  le  Pinback  e(  le  Bumpl  Bck,  le  pr<  ut  i  »  i  poi  lant  u  lit-  na- 

lire  sur  le  dos  et  l'autre  une  loupe  de  graisse  a  fat  and  cellular  lump,  dil  I'.  Dief- 
fenbach. 

On  prend  a  peu  près  I  Jo  baleines  par  an,  dit-il.  Leur  nombre  diminue  unis  les 
ans,  ainsi  que  leur  dimension  ;  aujourd'hui  une  grande  haleine  ne  donne  plue  qui 
li>  tonnes  d'huile,  tandis  qu'avant  elle  en  donnait  l-  et  même  in. 

Dieffenbach  parle  d'une  femelle  de  60  pieds  de  long.  —  Le  Baleineau  a  terme  a  l  i 
pieds.  A.  six  semaines  il  aurail  -1  pieds,  d'après  les  baleiniers.  Cette  espèce  pré- 
sente Jim  fanons.  La  peau  est  d'un  noire  velouté,  sauf  au  ventre  ou  l'on  voit  une 


ind  Wbalei    1866,  p   ICH 


48  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

tache  blanche.  On  en  a  vu  aussi  dont  la  peau  était  marquetée  et  même  on  a  vu  des 
albinos. 

On  distingue  les  sexes  à  distance. 

Le  top-knot  est  plus  élevé  chez  le  mâle,  et  cette  partie  est  toujours  au-dessus  de 
l'eau. 

Au  commencement  du  mois  de  mai  on  les  voit  venir  du  nord,  ditDieffenbach, 
et  elles  passent  par  Cook's  street,  longeant  les  îles  du  nord  (Northern  Islands).  A  la 
fin  d'octobre  elles  sont  à  l'est  et  puis  retournent  au  nord. 

La  chasse  est  la  plus  productive  au  commencement  de  la  saison  dans  le  Cook's 
street.  Au  mois  de  juin  elles  font  leur  apparition  aux  Chatam  Islands  et  leur  nombre 
augmente  dans  la  même  mesure  qu'à  la  Nouvelle-Zélande. 

La  capture  dure  du  mois  de  mai  jusqu'au  mois  d'octobre. 

Quand  les  baleines  arrivent,  les  femelles  s'approchent  de  la  côte,  tandis  que  les 
mâles  restent  au  large.  —  Elles  approchent  seules  ou  avec  leur  baleineau  de  l'année 
ou  des  années  précédentes.  Ces  baleineaux  sont  connus  sous  le  nom  de  Scrags.  — 
Les  femelles  entrent  dans  les  baies  et  approchent  des  côtes  pour  mettre  bas.  —  Les 
mâles  restent  à  une  certaine  distance  et  sont  plus  difficiles  à  atteindre  que  les 
femelles;  aussi  presque  toutes  les  baleines  capturées  sont  des  femelles  ou  des 
jeunes.  Elles  approchent  des  côtes  et  des  baies  à  marée  haute  et  abandonnent  ces 
lieux  à  marée  basse.  On  les  voit  cependant  dans  des  bas-fonds. 

Elles  ne  mettent  bas  qu'un  jeune  à  la  fois,  et  la  baleine  qui  est  accompagnée 
de  deux  baleineaux  est  regardée  par  les  pêcheurs  comme  un  animal  qui  a  adopté 
un  orphelin. 

Le  black  whale  du  Cap  est  le  même  que  le  black  whalc  de  la  Nouvelle-Zélande, 
dit-il  (I).  On  en  a  vu  au  mois  de  juillet  qui  sont  pleines,  et  on  les  a  vu  également 
s'accoupler  pendant  cette  saison. 

Tendant  six  mois  les  baleines  croissent  dans  les  wlialing-grounds,  et  les  baleiniers 
prétendent  que  ce  sont  des  bas-fonds.  Ces  whafing-grounds  s'étendent  des  îles 
Chatam,  à  l'est,  et  au  nord  de  la  Nouvelle-Zélande  jusqu'aux  iles  Norfolk. 

Leur  migration  pourrait  bien  correspondre  avec  l'apparition  de  leur  pâture,  et 


(1)  Les  baleiniers  hollandais  ont  cru  également  retrouver  leur  nord  caper  dans  la  baleine  du  Cap. 


sut  i  i  il  1 1:  nrs  ci;ï  \rj  s.  i9 

leur  approche  des  cotes  coïncide  évidemment  avec  l'époque  de  la  parhirition. 

Comme  au  Cap,  au  mois  île  juin,  elles  sont  accompagnées  de  leur  baleineau.  On 
dirait  qu'à  la  fin  de  la  période  de  gestation  ces  animaux  choisissent  le  voisi- 
nage d'une  bonne  pâture. 

S'il  est  vrai  que  dans  ce  même  laps  de  temps,  du  mois  de  mai  au  mois  d'octo- 
bre, les  baleiniers  ont  vu  ces  animaux  s'accoupler  et  qu'à  côté  des  femelles  pleines 
on  en  voit  arriver  qui  sont  accompagnées  de  leurs  jeunes,  la  durée  de  la  gestation 
serait  d'un  an  à  peu  près,  et  les  jeunes  accompagneraient  leur  mère  pendant  un  an 
au  moins.  — Cela  s'accorde  assez  bien  avec  ce  que  l'on  a  observé  sur  d'autres 
mystiertes. 

On  ne  connaît  pas  la  manière  dont  les  jeune-  tettent;  et  Dieffenbach  assure 
que  les  baleiniers  ne  croient  même  pas  que  ces  animaux  allaitent  leurs  petits. 

C'e-i  probablement  a  cette  espèce  que  l'on  doil  rapporter  les  baleines  que  le  ca- 
pitaine |ti\  BÎguale  a  l'ouesl  da  cap  Horn  et  au  nord  de  Coquimbo.  —  A  en  juger 
par  analogie,  il  faut  croire  qu'elles  passent  leur  quartier  d'hiver  dans  ces  parages 
de  la  côte  ouest  d'Amérique. 


SQUELETTE. 

Lesquelette  unique  de  cette  baleine  est  monté  à  la  cour  du  Muséum  de  Paris.  Il  a 
conservé  Bes  fanons  en  place. 

La  tête  ne  se  distingue  de  celle  de  la  BaUena  atutralis  que  par  quelques  légères 
différences  :  ainsi,  les  os  incisifs  ou  intermaxillaires  ne  remontent  pas  aussi  baul 
derrière  les  os  nasaux;  la  crête  qui  pari  du  bord  antérieur  de  l'occipital  présente 
une  courbure  plus  forte  en  avant  et  en  arrière,  de  manière  que  la  fosse  tempor  de 
esl  plus  sinueuse;  la  bande  formée  par  le  frontal  derrière  les  os  nasaux  est  plus 
large,  ainsi  que  la  partie  du  maxillaire  qui  le  précède  dan-  cette  région.  Le  fron- 
tal en  formant  la  voûte  de  l'orbite  esl  plus  fortement  courbé  el  pins  massif;  le  pa- 
riél  il  situé  immédiatement  au-dessous  de  l'occipital  esl  notablement  plus  large,  el 
la  bu  tare  qu'il  forme  avec  le  bord  postérieur  du  frontal  esl  pins  Binueuse.  Tout 
l'os  temporal  parait  notablement  plus  massif. 

Le  jugal,  qui  complète  le  cercle  de  l'orbite,  comme  dan-  tous  les  mysticètes      I 


50  SQUELETTE  DES  CETACES. 

formé,  à  droite  et  à  gauche,  de  deux  os  parfaitement  distincts,  qui  pour  le  reste 
ne  nous  offrent  rien  de  particulier.  Il  est  probable  que  c'est  une  disposition  indi- 
viduelle. Au  palais  en  arrière  on  voit  distinctement  le  vomer  au  devant  des  pala- 
tins, qui  sont  tous  les  deux  tronqués  obliquement  surjle  bord  antérieur  :  les  palatins 
sont  assez  étroits  en  avant,  un  peu  plus  longs  que  larges,  et  cachent  presque  entiè- 
rement les  ptérigoïdiens.  —  Ceux-ci  ne  sont  guère  visibles  au  palais  qu'en  arrière, 
et  surtout  en  dehors.  Le  rostre  nous  avait  paru  d'abord  moins  courbé  dans  cette 
baleine,  mais  la  différence  provient  plutôt  de  ce  qu'il  est  difficile  de  se  placer  au 
même  point  de  vue.  La  mandibule  présente  exactement  la  même  courbure  dans  les 
deux  baleines,  mais,  dans  l'espèce  que  nous  décrivons  ici,  la  surface  articulaire 
est  plus  étendue,  et  toute  l'extrémité  postérieure  est  plus  solide. 

Les  trous  mentonniers  sont  moins  nombreux,  et,  en  même  temps,  plus  grands 
dans  Yaustralis  que  dans  celle-ci. 

La  caisse  tympanique  est  très-facile  à  reconnaître  pour  une  caisse  de  vraie  ba- 
leine. —  Nous  avons  eu  l'occasion  d'en  comparer  plusieurs,  et  elles  sont  toutes 
assez  semblables. 

La  caisse  a  son  bord  inférieur  légèrement  courbé  et  tout  ce  côté  de  l'os  est  assez 
fortement  comprimé.  —  La  face  interne  est  très-bombée,  et  son  bord  libre,  qui 
forme  l'entrée  de  la  cavité  tympanique  ou  de  l'oreille  moyenne  est  fort  irrégulier. 
Des  replis  s'étendent  sur  toute  la  longueur.  La  face  externe  est  aplatie  dans  pres- 
que toute  sa  hauteur;  — La  partie  postérieure  qui  loge  la  membrane  du  tympan 
est  assez  étroite,  tandis  que  l'autre  orifice,  correspondant  à  la  trompe  d'Lustache, 
est  fort  grande  et  assez  large. 

Nous  avons  fait  figurer  la  caisse  tympanique  d'un  jeune  animal,  qui  montre 
déjà  tous  les  caractères  de  la  baleine  adulte.  Cette  caisse  est  encore  adhérente  au 
rocher  et  les  apophyses  sont  complètes. 

Dans  la  colonne  vertébrale  nous  comptons  îles  différences  qui  ne  sont  pas  sans 
importance  et  comme  celte  colonne  est  complète,  jusqu'aux  dernières  caudales, 
ces  différences  présentent  un  intérêt  véritable. 

Il  existe  en  tout  cinmiante-trois  vertèbres,  sept  cervicales,  quinze  dorsales, 
trente  et  une  lombo-caudales. 

Les  sept  vertèbres  de  la  région  cervicale  sont  complètement  soudées,  du  moins 
par  le  corps,  et  les  apophyses  épineuses  des  cinq  premières  forment  une  seule  crête 


snl  Bl  IM!    D*S  CÉTACÉS.  M 

unir,  les  den  dernières  forment  ne  eréteà  pari.  Ton  tes  ces  vertébrée  oui  âne  apo- 
physe transverse  supérieure  distincte;  après  celle  de  l'atlas  e(  de  l'axis,  c'esl  celle 
<lc  la  septième  vertèbre  qui  esl  la  plus  forte.— On  distingue  foH  bien  l'arc  oeural 
du  chaque  vertèbre  en  particulier.  —  Ces  arcs  se  recouvrent  forl  régulièrement. 

Toutes  1rs  vertèbres  de  cette  région,  à  l'exception  toutefois  de  la  septième,  ont 
unr  npophvso  transverso  uilVri.  ur.--.  unis  tout  en  lyanl  une  certaine  longueur,  elles 
ne  forment  cependant  pas  d'anneau.  Leur  longueur  aux  Irois  premières  vertèbres 
et  à  la  cinquième  est  à  peu  près  la  môme;  elles  sont  forl  courtes  aux  vertèbres 
quatre  et  ^i\.  La  région  cervicale  de  cette  baleine  diffère  donc  surtout  par  la  pré- 
sence  d'apophyses  transverses  inférieures,  qui  uefont  défaut  qu'à  la  dernière  ver- 
tèbreet  par  let apophyse  épineuses  des  cervicalesqui  forment  deux  crêtes  distinctes. 
La  région  dorsale  compte  quinze  vertèbres  qui,  dans  cette  espèce  comme  dans  1rs 
autres,  se  modifient  d'avant  en  arrière  par  1rs  corps  comme  par  les  apophyses. 

L'apophyse  épineuse  s'allonge  depuis  la  première  jusqu'à  la  dernière  dorsale,  en 
m  me  temps  que  le  diamètre  antéro-postérieur  de  chaque  vertèbre  augmente. 

Les  premières  apophyses  sont  presque  verticales  ;  les  autres  s'inclinent  de  plus 
est  plus  en  arrière.  —  Les  apophyses  transverses  supérieures  naissent  du  milieu  de 
l'arc  oeural,  prennent  leur  origine  de  plus  en  plus  bas  et  aux  dernières  dorsales 
s' insèrent  sur  le  corps  lui-môme.  Le  diamètre  antéro-postérieur  du  corps  aug- 
mente de  même  jusqu'au  milieu  de  la  région  lombaire. 

Les  vertèbres  de  la  région  lombaire  sont  au  nombre  de  onze;  —  celles  do  milieu 
ont  le  corps  assez  allongé,  et  leur  apophyse  épineuse  est  fortement  Inclinée  en  ar- 
rière; lesapoph]  ses  accessoires  sont  très-fortes,  ainsi  que  leurs  apophyses  transverses 
qui  se  sont  développées  en  longueur.  Dans  la  région  caudale,  qui  compte  21  vertè- 
bres, dous  voyons  la  Bixième  percée  i  sa  base  par  l'artère  spinale. 

Les  os  en  \  ne  sont  pas  complets. 

La  première  côte  est  remarquable  par  sa  forme  fort  étroite  en  haut;  elle  s'élargit 
inseusiblemenl  et  devient  assez  large  par  sa  partie  inférieure  pour  embrasser  le 
m  H  dans  toute  sa  longueur.  L'extrémité  inférieure  de  cette  première  côte  i  si 
fortement  échancrée  au  milieu.  Elle  no  présente  a  3on  extrémité  supérieure  au- 
cune apparencede  bifurcation.   Elle  n'est  bifide  qu'en  bas. 

Dans  la  Baleinopb  re  d'Ostende  il  j  avait  une  disposition  pareille  dans  la  partie 
inférieure  de  lapremii  re  côte,  et  Du  Bar,  en  la  décrivant,  faisait  remarquer,  que  cette 


52  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

extrémité  sternale,  pourvue  d'une  grande  échancrure,  reçoit  le  sternum  tout  en- 
tier. —  Il  est  à  remarquer  que  la  côte  de  cette  Baleinoptère  est  bifide  également 
en  haut. 

La  seconde  paire  de  côtes  est  également  fort  large  à  son  extrémité  inférieure, 
mais  elle  ne  montre  plus  de  traces  d'échancrure. 

La  troisième  est  longue  et  dirigée  en  arrière  ;  elle  n'a  pas  la  moitié  de  la  largeur 
de  la  précédente. 

Les  trois  premières  paires  de  côtes  sont  articulées  en  haut  par  leur  tubérosité  à 
l'apophyse  transverse  de  l'arc  neural  et  ne  présentent  qu'un  commencement  de 
portion  cervicale. 

Le  sternum  a  une  forme  très-régulière  :  il  est  élargi  en  avant,  sans  échancrure 
sur  la  ligne  médiane,  et  se  rétrécit  d'une  manière  très-peu  sensible  en  arrière, 
de  sorte  qu'il  est  à  peine  plus  large  en  avant  qu'en  arrière.  Il  présente  sur  le  côté, 
un  peu  en  avant,  une  légère  dépression  qui  indique  que  c'est  avec  cette  partie 
de  l'os  que  la  première  côte  s'articule.  Toute  cette  partie  inférieure  est  entourée 
de  ligaments  à  l'état  frais,  qui  s'étendent  sur  toute  la  longueur  de  l'os. 

L'omoplate  est  d'une  très-grande  simplicité;  plus  longue  de  bas  en  haut  que  d'avant 
en  arrière,  les  deux  bords  antérieurs  et  postérieurs  diffèrent  à  peine  l'un  de  l'autre; 
l'apophyse  coracoïde  n'est  pas  plus  visible  que  l'acromion  et  c'est  tout  au  plus  si, 
à  l'omoplate  droite  surtout,  on  distingue  une  légère  saillie  pour  la  représenter. 
—  La  crête  qui  divise  plus  ou  moins  la  surface  externe  de  ces  os  et  qui  sépare  les 
muscles  sus-épineux  des  sous-épineux,  est  tout  aussi  peu  marquée. 

L'humérus  est  comparativement  fort  court  et  très-gros;  les  deux  os  de  l'avant- 
bras  sont  de  même  fort  massifs  elle  radius,  à  son  bord  inférieur,  est  presque  aussi 
large  que  long.  — Le  cubitus  n'a  qu'une  apophyse  olécranienne  toute  rudimen- 
tairc,  et  se  distingue  également  par  sa  grande  largeur  à  sa  partie  inférieure. 

Le  membre  de  gauche  a  ses  trois  os  procarpiens  :  le  radial,  le  cubital  et  l'in- 
termédiaire ;  dans  le  membre  droit  le  radial  manque  ou  est  caché. 

Sur  la  même  ligne  que  les  procarpiens,  on  voit,  au  milieu  du  fibroearlilage,  qui 

forme  là  une  apopbyse  molle,  un  rudiment  d'osselet  qui  correspond  à  un  pisi- 

forme. 

Le  mésocarpe  a  deux  os  bien  distincts  mais  un  peu  plus  petits  que  les  précé- 
dents. 


SQ1  BLETTI    DES  CBTAI  ES.  ;,3 

Il  \  ,i  cinq  métacarpiens  bien  développés  ;  celui  du  pouce  es!  le  plus  petit  ;  vient 
ensuite.,  pour  la  dimension,  celui  du  petit  «loi;;!  ;  le  métacarpien  du  doigl  annulaire 
est  le  plus  long  et  celui  de  L'index  le  plus  Tort. 

Les  phalanges  correspondent,  sous  le  rapport  du  nombre,  h  la  longueur  des 
doigts;  le  pouce  n'a  qu'une  phalange,  l'index  quatre,  le  médian  cinq,  l'annulaire 
quatre,  et  le  petit  doigt  trois. 

Si  qous  comparons  ces  deux  squelettes  de  baleine  australe  et  de  baleine  des 
antipodes  l'un  avec  l'autre,  nous  trouvons  quelques  différences  dans  un  grand 
nombre  d'os  :  la  mandibule  est  moins  grosse  à  la  hauteur  de  L'apophyse  coro- 

noïde  dans  la  baleine  australe  que  dans  l'autre,  mais  par  contre,  elle  est  plus 
développée  par  sa  surface  articulaire;  le  maxillaire  supérieur  est  plus  fort  dans  la 
baleine  australe  et  le  temporal  est  notablement  plus  massif.  —  11  est  à  remarquer 
aussi  que  le  rostre  esl  en  apparence  un  peu  moins  courbé  dans  la  èakena  anlipo- 
thirum. 

L'humérus  est  de  son  côté  plus  court  dans  l'antipodarum  ainsi  que  les  us  de 
l'avant-bras,  et  les  os  métacarpiens  diffèrent  [dus  entre  eux  dans  cette  dernière  es- 
I   ce  (pue  dans  celle  du  Cap. 

L'omoplate  diffère  notablement  par  son  apophyse  acromion;  c'est  à  peine  si 
cette  apophyse  esl  reconnaissable  dans  la  balsena  antipodarum. 

Le  nombre  de  vertèbres  est  de  cinquante-trois  dans  l'antipodarum,  de  cinquante- 
si  pt  dans  l'autre. 

I.'  premières  côtes  présentent  des  différences  assez  notables  entre  elles,  si  on 
les  compare  les  une-  avec  les  autres,  mais  comme  on  ne  connaît  qu'un  Beul  sque- 
lette, il  serait  difficile  de  faire  la  part  des  modifications  indh  iduelles. 


5t  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 


BAL/ENA    MYSÏICETUS 
(Pl.  IV,  V  et  VI.) 


La  Bahena  mysticetus,  que  les  Hollandais  ont  appris  à  connaître,  en  cherchant 
au  nord  un  passage  aux  Indes  par  l'est,  est  le  même  animal  que  l'on  désigne 
souvent  sous  le  nom  de  baleine  du  Groenland  ou  de  baleine  franche  proprement 
dite  (I). 

Cet  animal  est  devenu  si  rare  aujourd'hui  dans  les  environs  du  Spitzberg,  que 
M.  Malmgren,  dans  un  voyage  fait  récemment  dans  ces  régions,  assure  n'en  avoir 
pas  vu  un  seul  individu.  Cependant  en  4  697  les  Hollandais  seuls  en  capturèrent 
•121)2;  les  Ilambourgeois  et  les  Brémois  ensemble  654.  En  1756,  -191  navires 
hollandais  prirent  encore  857  baleines;  en  4774  ils  n'en  capturèrent  plus  que  500 
avec  254  navires. 

En  1788,  254  navires  sortirent  encore  des  porls  d'Angleterre  pour  se  livrer  à 
cette  pèche  (2). 

Une  compagnie  pour  la  pèche  de  la  baleine  a  (rainé  son  existence  à  Harlingen 
(Pays-Bas),  jusqu'au  commencement  de  notre  siècle. 


(1)  Les  premières  notions  sur  le  mysticetus  se  trouvent  dans  le  précieux  manuscrit  islandais  du 
xii*  siècle  (Kongskug-Sio),  le  miroir  royal,  le  plus  beau  monument  de  la  civilisation  des  anciens  islan- 
dais, dit  Eschricht.  Il  \  esl  appelé  Vordwall,  en  opposition  an  S letbag  qui  y  arrivait  an  printemps 
en  quittant  le  golfe  de  Biscaye. 

(2,  C'est  (ont  an  [ilns  si  quelques  Groënlandais  prennent  encore  de  temps  en  temps  un  île  ces  animaux 
le  li m  île  leurs  côtes.  En  1 837-88,  on  en  a  pris  quatre  à  Holsteiii^lnir|,r,  en  t s:;s--r>'.> ,  un  n'en  a  pas  pris,  el 
en  1859-60  une  seule.  Tous  ces  renseignements  sont  lires  de  la  belle  monographie  d'Eschricht  et  du 
profe    eurJ.  Iteinlian.lt  sur  cette  espèce. 


SOI  I  l  I  I  II    DES  CÉTACÉS. 

/'  Camper.  Observations  anttomiqaes...  Pari-,  1820. 

ir.  -  .  i   •     \  count  of  the  BaJaena  mysticetus.  Werner  society,  voL  1,1811. 

ir.  -  Jim.,  An  acceunt  ofarctic  régions;  s  vol.  in-8.  Edinburgh,  isîo. 

/i.  /     /  ht  et  J.   Reinhardl,  Om  Nordhvalen,  iu-4,  Kiobenhavn,  1861. 

m    /.  /'  .  I  i  of  Szandinnvii  as  bvaldjur,  i 

t.  Reinhardt  tmd LiUjel        H  cent  mémoire  on  tbe  cetacea,  Raj  Bociety,  in-fol.  tond  o,  I8C6. 

I'.  Camper  est  le  premier  qui  ail  donné  le  dessin  d'une  léte  de  baleine  I 
1 1.  de  l'aveu  de  Cuvier  même,  ce  dessin  esl  forl  bon   l  . 

Cuvier  a  connu  la  même  baleine  par  la  tête  qui  esl  conservée  au  Brilisb  muséum 

el  que  Laurillard  a  étudiée  el  dessinée  sur  place.  On  ne  savait  de  quelle  mer  elle 

provenait,  mais  Cuvier  n'hésitai!  pas  à  la  dire  différente  de  celle  du  Cap,  que  le 

muséum  de  Pai  is  possédait.  La  tête  était  plus  bombée,  disait-il,  et,  par  cons  iquent, 

inons  devaient  encore  être  plus  longs  que  dans  la  baleine  du  Cap. 

Cuvier  a  figuré  cette  tète  dans  ses  recherches  Bur  les  ossements  fossib 
d'une  léte  de  Megapteraei  de  Balœnoptera  .  . 

i  li  el  Ratzebourg  5),  puis  Chr.  Pander  el  E.  d'Alton  ont  décrit  et  figuré  la 
tète  '!<'  baleine  de  Groenland  qui  se  trouve  au  musée  de  Berlin    1  . 

Eschrichl  el  le  professeur  Reinhardl  ont   publié  ensuite  leur  beau   livre  <~>m 
nordhvalen  (5),  qui  esl  une  vraie  monographie  «le  cette  espèce  remarquable.  ! 
sonne  n'a  eu  autant  de  matériaux  sous  les  yeux  que  ces  savants  naturali  tes  de 
Copenhague,  el  il  eût  été  forl  difficile  d'en  tirer  an  meilleur  parti  au  profil  de  la 
science. 

Les  -;i\;ini>  professeurs  de  <  Copenhague  se  sonl  associés  pour  faire  cette  publica- 
tion, après  avoir  travaillé  séparément  pendant  plusieurs  années;  ils  ont  mi 
profil  tout  ce  que  les  baleiniers,  les  voyageurs  et  les  naturalistes  ont  fait  connaître; 
ils  ont  consulté  avec  fruit  les  précieux  registres  des  stations  danoises,  poui  la  pêche 

delà  baleine  Burlacote  <lu  Groenland;  ils  ont  d< i  une  descripti ixacte  et 

détaillée  de  l'animal  aux  diverses  époques  de  la  vie,  el  cet  important  i 

été  traduit  eu  anglais,  par  les  soins  de  la  Ray-Society,  en 4 866  <■  M.  W. 


i    ni, -,  iv  niions  anatomiqui  l  in-4,  Pai  i 

iles,  lom.  \ .  i  •  pai lie   pi.  \\\ 

.  ttiiere  io  der  treneimilb  llehre;  i  roL  in-4     Bi  rlin 
,  lab.  IV,  fi     a.  b 
rdhvalen,  Kiobenhavn    • 
l.      ni  nu  nioir?  "t  lh<  i  w  .  II.  I  lo« •      i 


56  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

H.  Flower,  conservateur  du  musée  du  collège  royal  des  chirurgiens  de  Londres. 
Il  mériterait  d'être  traduit  dans  toutes  les  langues  de  l'Europe. 

M.  Flower  a  joint  à  cette  traduction  un  appendice  fort  important,  ayant  pour 
objet  le  beau  squelette  de  mysticetus  femelle,  que  le  conseil  du  Collège  royal  des 
chirurgiens  d'Angleterre  a  acheté  pour  son  musée  en  1865. 

A  la  suite  d'une  visite  faite  en  Hollande  et  en  Belgique,  M.  Flower  a  publie 
encore  la  description  de  plusieurs  cétacés  qu'il  avait  étudiés  à  Leyde,  à  Louvain  et 
à  Bruxelles,  parmi  lesquels  se  trouve  le  squelette  du  mysticetus  du  musée 
royal  de  Bruxelles  (1). 

En  1862  le  professeur  Lilljeborg  a  publié  la  liste  des  cétacés  qui  fréquentent  les 
côtes  de  la  Scandinavie,  et  dans  cette  liste  figure  la  baleine  franche  dont  il  donne 
une  description  (2). 

Il  est  fait  mention  de  cet  animal  dans  un  grand  nombre  d'ouvrages,  mais  la  pre- 
mière description  succincte  et  scientifique  est  due  à  Scoresby.  En  I8I0,  il  publia 
une  première  notice  (Account  of  tbe  balaena  mysticetus  or  great  northern  or 
Greenland  Whale)  (5)  sur  les  caractères  les  plus  importants  de  cette  espèce  et  l'ac- 
compagna d'une  figure,  qui  a  été  souvent  reproduite;  il  l'avait  dessinée  lui-même 
pendant  son  séjour  au  Groenland. 

En  1820,  Scoresby  publia  son  Account  ofthe  arctic  régions,  en  2  vol.  in-8",  avec 
de  nombreuses  figures,  et  c'est  seulement  depuis  cette  publication  du  célèbre 
baleinier,  que  le  naturaliste  a  pu  se  faire  une  idée  précise  de  cette  baleine  de 
Groenland,  qui  passe,  ajuste  titre,  pour  un  des  animaux  les  plus  remarquables 
de  l'époque  actuelle.  Scoresby  consigne  dans  ces  deux  volumes,  le  résultat  de  dix- 
sept  voyages  (4)  qu'il  a  faits  à  la  pêche  de  cette  baleine.  Dans  le  premier  volume 
il  résume  les  découvertes  faites  dans  les  régions  arctiques,  et  dans  le  second  il 
expose  tout  ce  qui  concerne  la  pêche  dans  les  mers  du  Groenland  et  le  détroit  de 
Davis. 

Caractères.  —  La  tète  occupe  le  tiers  de  la  longueur  du  corps;  le  rostre 
est  fortement  courbé  non  en  quart  de  cercle,  mais  en  une  véritable  parabole, 


(i    i' i    zool     oc    1864,  p    116,  et  J.  E.  Gray,  Catalogue  of  seals  and  Whales,  London,  1866,  p.  85. 

[2  Olversigl  al  SI  andinaviens  bvaldyur,  8"  l  p  ala,  I  162,  p.  107. 

(.'))  Wernerian  • i-    vol.  1, 1811. 

(4)  Voi  âges  pendant  \<  quels  il  a  assisté  a  la  pêche  de  :t.'2  baleines. 


SQUELETTE  DES  CÉTACÉS  il 

les  fanons  sont  très-longs,  lisses  à  leur  surface  el  d'un  noir  d'ébène;  ia  peau 
ne  se  couvre  jamais  de  cirripèdes,  elle  ne  loge  que  des  cyames. 

La  longueur  totale  de  l'animal  peut  varier  de  14  à  17  mètres,  mais  il  dépasse 
rarement  1 1  première  mesure,  lui  venant  au  monde  il  a  un»1  vingtaine  de  pieds  ou 
le  tiers  de  la  longueur  totale  el  le  <1<>ul>lc  au  bout  de  deux  ans.  quand  il  quitte  la 
mère. 

La  gestation  est  probablement  de  quatorze  à  quinze  mois. 

La  taille  ne  varie  guère  d'après  le  sexe,  connue  quelques  auteurs  l'ont  cru.  l'n 
moyenne,  taisant  la  paît  îles  erreurs  que  l'on  peut  commettre,  nous  croyons  avec 
M.  Flouer  que  la  longueur  totale,  dans  l'un  comme  dans  l'autre  sexe,  nedépasse 
pas  quinze  mètres. 

1. 1  femelle  qui  est  à  Londres  mesure  I4",65.  Le  mâle  <pii  est  à  Bruxelles  mesure 
1 5, 23.  L''  mil-'  qui  esl  a  Copenhague  mesure  -i-l'V'    (danois). 

La  taille  de  la  femelle  qui  est  a  Louvain  est  de  I3",28;  oous  trouvons  : 

Pour  la  tète 5,45 

—  la  région  cervicale  et  dorsale 

—  lombaire 3,28 

—  caudale 3( 

15,38 

Nousavons  eu  soin  de  mesurer  l'espace  qui  séparait  les  vertèbres  pendanl  qu'elles 
étaient  encore  unies  par  leurs  ligaments;  nous  avons  même  calqué  les  dernières 
caudales  avant  de  les  faire  Bêcher,  et  de  cette  manière  nous  croyons  avoir  obtenu 
la  longueur  véritable;  les  six  dernières  vertèbres  réunies  mesuraient  à  l'étal 
frais  ii,  ;.".,  et  desséchées  h, 38. 

Mutions.  Eschricht  el  le  professeur  Reinhardt  ont  étudie,  avec  le  plus  grand 
-oui,  les  diverses  stations  de  la  baleine  franche,  et  non-  devons  non-  borner  a 
reproduire  les  résultats  les  plu-  remarquables  de  leurs  longues  et  laborieuses  re- 
cherches, lin  hiver,  flic  se  rend  jusqu'au  6  5''  degré  <\<-  latitude,  dans  le  détroit  de 
Davys  et  dans  la  baie  de  Baffin,  tandis  qu'en  été  elle  retourne  au  milieu  desglao 
on  i  pu  la  poursuivre  jusqu'au  78e  degré.  Elle  a  donc  une  étendue  a  parcoui  ir,  nu- 
la  côte  esl  du  Groenland,  d'au  moins  M  degrés,  et  cette  étendue  elle  la  parcourt  à 
chaque  m>\ ace. 

\u  Spitzberg  el  Bur  1 1  cote  du  Groenland,  où  pli  cette  pèche  étail  Bi  Qorissante, 


58  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

elle  est  complètement  abandonnée,  et  c'est  tout  au  plus  si  les  Groènlandais  voient 
approcher  encore  une  ou  deux  baleines  par  an.  Comme  nous  l'avons  dit  plus 
haut,  M.  Malmgren ,  dans  un  voyage  qu'il  vient  de  faire  au  Spitzberg,  n'en  a  pas 
rencontré  une  seule. 

Le  professeur  Reinhardt  nous  a  appris,  d'après  des  documents  authentiques,  que 
les  haleines  apparaissent  régulièrement  en  décembre,  janvier  et  février  près  de 
Sukkertoppen  (05° 5'  côte  ouest  du  Groenland),  et  que  leur  nombre  est  toujours 
plus  considérable  pendant  les  hivers  rigoureux  que  pendant  les  hivers  ordinaires. 

On  ne  les  voit  guère  au  sud  du  64e  degré,  et  celles  que  l'on  a  observées  quelque- 
fois à  cette  latitude  étaient  toutes  de  jeunes  animaux  (I). 

Un  peu  plus  au  nord  elles  paraissaient  plus  tôt  et  quittaient  plus  tôt  aussi. 

Entre  le  05e  et  le  66e  degré  se  trouve  Sukkertoppen ,  et  c'est  là  que  l'on  voit 
l'établissement  de  la  pèche  le  plus  méridional  de  la  côte. 

Entre  le  72e  et  le  75e  degré,  les  baleines  font  déjà  leur  apparition  au  mois  d'oc- 
tobre, et  on  en  voit  encore  au  mois  de  juin.  C'est  à  Uppernavik  que  se  trouve  le 
dernier  établissement  danois. 

Sir  John  Ross  a  vu  plusieurs  baleines  en  \  81 8  entre  le  75e  et  le  76e  degré,  à  la  fin 
du  mois  de  juin  et  au  milieu  du  mois  d'août.  Exceptionnellement  on  en  a  vu 
paraître  un  peu  plus  tôt  et  quitter  un  peu  plus  tard,  dit  le  professeur  Reinhardt. 

Sur  la  côte  d'Amérique,  en  suivant  le  courant  des  glaçons,  on  a  vu  des  baleines 
descendre  beaucoup  plus  bas,  longer  la  côte  de  Labrador  et  même  se  montrer 
dans  les  parages  de  Terre-Neuve. 

C'est  la  même  baleine  de  la  côte  ouest  du  Groenland,  qui  visite  les  parages  du 
Spilzherg.  Il  y  a  un  bon  nombre  d'observations  qui  le  prouvent. 

En  1805,  une  haleine,  harponnée  dans  le  détroit  de  Davys  par  le  capitaine 
Franks,  parvint  a  s  sauver;  mais,  dans  la  même  année,  elle  fut  prise  par  le  fils, 
près  de  Spilzberg,  qui  trouva  le  harpon  de  son  père  encore  logé  dans  les  chairs. 

Paul  Egede  rapporte  le  fait  d'une  baleine  trouvée  morte  dans  le  détroit  de  Davys 
(17H7),  et  qui  portait  dans  ses  lianes  un  harpon  qu'il  reconnut  pour  être  un  harpon 
de  son  frère. - — Au  retour  de  leur  expédition,  il  apprit  que  ce  harpon  avait  été 


(1)  Le  2  décembre  1805,  on  a  capturé  un  jeune  animal  près  de  Frederikshaab,  au  62'  degré;  en  1831,  un 
autre  a  paru  près  de  Tiksaluknœs  ;61°52j,  et  l'année  suivante  on  en  a  vu  encore  à  la  même  place,  le 
23  juillet  (Eschricht  et  Ueinhardt). 


i  II. ri  II    DES  CEI  LCBS  59 

lance  .ni  Spitzlierp  ,  deux  jour-  a\ant  qu'elle  no  tut  rem-onlr Ian<  le  détroit  «le 

Daw-. 

Cette  nême  baleine  de  Groenland  et  de  Spitokerg  visite-i-elle  d'autres  parages? 
N'e-i-ee  pa-  aussi  elle  qui  pénètre  dans  le  Pacifique  par  le  détroit  de  Behring,  et  que 
!■  -  baleiniers  anglais  et  américains  désignent  son-;  le  nom  de  BouvAi  \d? 

Nous  trouvons  une  observation  importante  faite  par  le  capitaine  danois  Sôdring, 
qui  a  capturé  pendant  les  mois  de  juin  el  de  juillet,  dans  la  hum-  de  Behring ,  vis-à- 
vis  de  Petropavlovsk,  deux  baleines  qui  ne  sont  pas,  dit-il,  des  haleines  aus- 
trales, et  que  les  baleiniers  anglais  e(  américains  appellent  Bowhead.  Il  a  vu  ces 
Bowhead  sur  un  point  la  limite  méridionale  où  cette  espèce  se  rencontre  ,  à  côté 
des  autres  baleines,  et  il  a  pu  s'assurer,  par  la  comparaison,  de  la  grande  difierance 
qui  Les  sépare. 

Ce  Bowhead  est,  pensons-nous,  une  baleine  très-voisine,  si  pas  identique,  avee 
le  Myslicetusj  el  voici  les  faits  que  nous  trouvons  à  l'appui  de  cette  opinion.  A  dé- 
faut de  débris  <>n  de  squelettes  de  ces  animaux  ,  non-  devons  recourir  au  témoi- 
gnage des  naturalistes  el  'les  voyageurs. 

Le  professeur  Reinhardt  a  reconnu  dans  le  dessin  d'un  fragment  de  crâne  de 
baleine,  rapporte  de  la  mer  d'Okhotsk  par  Middendorf,  plutôt  un  Mysticetus  que 
toute  autre  espèce. 

\,  cette  observation  viennent  s'en  joindre  d'autres  qui,  quoique  d'une  nature 
différente,  ne  doivent,  à  notre  avis,  pas  être  négligées  :  sur  la  «oie  de  Corée,  on 
trouve,  tous  les  ans,  une  grande  quantité  de  baleines,  écrivaient  à  la  fin  du  siècle 
dernier  des  marins  qui  avaient  fait  naufrage;  et,  dans  le  corps  de  ces  baleines, 
il-  avaient  reconnu  les  croc-  et  les  harpons  des  Hollandais  el  des  Français,  qui  vont 
ordinairement  à  cette  pêche  ans  extrémités  del'Europe,  vers  le  nord-est.  -  Et 
comme  le  font  remarquer  Eschricht  el  le  professeur  Reinhardt,  ces  observa- 
tions Boni  faites  a  une  époque  ou  aucun  baleinier  européen  ne  se  rendait  encore 
dan-  li  mer  Pacifique  I  . 


(\)  «  La  Corée  s'est  bornée  in  coté  du  nord-est  ']"'•  v*r  ,,ni'  *•**•  m,T-  ""  ""  ,r,,"v''  '""s  l,"i  *m 

un>  grande  quantité  de  baleinée  dont partie  porti  eni  ore  les  harpon*  des  Françaie  et  dei  Hollandais, 

qui  vont  ordinairement  .1  cette  pécha,  aux  extrémités  de  1  Europe,  »ew  le  nord-est.     '  •  -1  ainsi  'i'" 

prime  Hendrick  Hamel  van  Gorknm,  qui  avait  (ail  naufrage  dans  oea  psi  I      neil  de  »< 

s     '    i.  IV,  Amsterdam,  1718,  pag.  Si.  Noord  en  0    l Tartarye.  Ed.  S,  é  • i3 


60  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

B.  Klerk  de  Rotterdam,  qui  a  été  prisonnier  en  Corée  pendant  treize  ans,  a  vu 
tirer  un  harpon  hollandais  du  corps  d'une  haleine,  et  comme  il  avait  été  lui-même, 
étant  jeune,  à  la  pèche  de  la  haleine  au  Groenland,  il  ne  pouvait  se  méprendre 
sur  l'origine  de  ces  engins.  —  D'autres  compatriotes  de  Klerk  ont  trouvé  uu  harpon 
hollandais  dans  le  corps  d'une  haleine  morte,  qui  est  venue  à  la  côte,  sous  leurs 
yeux. 

Ces  harpons  sont  faciles  à  distinguer,  disent-ils,  des  harpons  des  Coréens  et  des 
Javanais,  puisqu'ils  sont  trois  fois  plus  grands  que  les  leurs.  —  Les  indigènes  leur 
donnaient,  du  reste,  l'assurance  que  très-souvent  ils  trouvaient  des  harpons  sem- 
blables  dans  les  haleines  qui  venaient  échouer  chez  eux. 

Zorgdrager  fait  également  mention  d'un  harpon  marqué  W.  B.,  tiré  du  corps 
d'une  haleine  près  de  la  côte  du  Japon,  et  qui  provenait  d'une  expédition  faite  par 
Wilhelm  Bastianse  au  Spitzherg. 

Nous  trouvons  encore  d'autres  faits  du  même  genre  mentionnés  par  Eschricht  et 
Reinhardt,  mais  nous  croyons  inutile  d'en  citer  davantage.  Nousferons  seulement 
remarquer  la  manière  dont  Lacépède  s'exprime  d'après  Duhamel  [i)  au  sujet  des 
baleines  que  l'on  a  vues  pendant  longtemps  périodiquement  près  des  côtes  de  la 
Corée,  entre  le  Japon  et  la  Chine,  le  dos  chargé  de  harpons  lancés  près  des  rivages 
du  Spitzberg  ou  du  Groenland. 

Il  est  au  moins  une  saison  de  l'année,  dit-il,  où  la  mer  est  assez  dégagée  de 
glaces  pour  livrer  un  passage  qui  conduisede  l'océan  Atlantique  septentrional  dans 
le  grand  océan  Boréal,  au  travers  de  l'océan  glacial  Arclique  (2). 

Comme  on  a  pu  constater  par  la  présence  des  harpons,  dans  les  haleines  échap- 
pées, que  les  mêmes  animaux  fréquentent  le  détroit  de  Davys  et  les  parages  du 
Spitzberg,  nous  n'avons  pas  cru  que  le  même  fait,  se  présentant  chez  des  haleines 
fréquentant  le  Spitzherg  et  le  détroit  de  Behring,  eût  moins  d'importance. 

Comme  contre- épreuve,  nou?  citerons  quelques  autres  faits  :  on  a  pris,  au  Spitz- 
berg, des  haleines  avec  des  harpons  en  silex,  que  l'on  a  tout  lieu  de  croire  provenir 


M)  Duhamel,  Traité  des  Pêches;  Pèche  delà  baleine. 

[2   Lacépède,  Histoire  naturelle  des  Cétacés,  in-4",  Paris,  l'un  XII. 


SC rE  DES  CÉTACÉS.  61 

de  1'  Amérique  rosse,  où  ces  instruments  primitifs  s<  rnblaient  encore  en  usage,  il 
n'\  .1  pas  longtemps,  s'ils  ne  le  sont  plus  aujourd'hui. 

Scoresby  cite  plusieurs  exemples  de  fers  de  lances  en  pierre  retirés  du  lard  de 
baleines  capturées  au  Spitzberg,  el  que  l'on  suppose  avec  raison  provenir  de 
l'Amérique  russe  :  ...  and  whales  with  stone  lances  slicking  in  their  fat  «  kind  of 
weapon  used  6y  no  nation  nota  known)  having  been  caught  ùoili  in  thé  seaof  Spitz6er~ 
gni,  and  in  Davis'  «trait,  dit  l'intrépide  baleinier  anglais,  dans  son  ouvrage  clas- 
sique sur  la  baleine  du  Groenland. 

Il  n'est  pas  inutile  de  citer  un  autre  fait  raconté  par  Scoresby,  <|ui  a  \  u  également 
un  fii-  de  lance  en  pierre,  de  5  pouces  de  longueur,  de  2  pouces  de  largeur  el  de 
2/lo  dï'paiï-srur,  retiré  du  lard  d'une  baleine  capturée  sur  la  côte  duSpitzberg,  le 
19  juillet  isiT)  I)  et  d'un  harpon  en  os  trouvé,  en  ls|_(,  par  un  baleinier  deHull, 
■  1  ms  le  dos  d'une  baleine,  égalemenl  au  Spitzberg  (I). 

Nous  n'entendons  aucnnemenl  donner  à  ces  faits  plus  d'importance  qu'ils  n'en 
méritent,  mais  nous  ne  croyons  pas  devoir  les  négliger. 

Il  reste  maintenant  à  savoir  si  le  passage  des  baleines  «lu  Spitzberg  au  détroit  de 
Behring  esl  un  passage  régulier;  si  ce  sont  des  stations  véritables  pareilles  à  celle 
que  l'on  observe  sur  la  côte  de  Groenland,  ou  bien  si  ces  haleines,  blessées  par  <les 
harpons,  n'ont  pas  cherché  à  fuir  par  des  rouie-  qu'elles  oe  fréquentent  pas  ordi- 
nairement. Non- aimons  à  croire ,  parce  que  l'analogie  nous  j  conduit,  que  la 
baleine  du  pôle  arctique  \i>iie,  d'un  côté,  le  détroit  de  Davys,  et,  de  l'autre  côté, 
le  détroit  de  Behring. 

Eschrichl  1 1  le  professeur  Reinhardt  ne  croient  pas  que  l'on  esl  en  droit  de  con- 
clure de  ces  faits  que  la  baleine  du  Groenland  visite  régulièrement  ces  régions . 
d'autant  plus,  ajoutent  ces  savants  autorisés,  que  les  baleiniers  ne  rapportent  «les 

CÔleS  du  .lapon  et  de  Corée  <|lie  des  fanons  d'une  haleine    in-!iale.    Il  est   a   lemar- 

quer  que,  au  Groenland  et  au  Spitzberg,  aucun  fail  ne  prouve  qu'une  haleine 
blessée  suive  un  autre  chemin  que  sa  roule  ordinaire,  el  non-  sommes  loul  dis- 
posés a  croire  qu'il  en  esl  de  même  pour  les  baleim  -  qui  passent  par  le  détroit 
de  Behring.  Quant  aux  Canons  qui  sont  tous  de  haleine  australe,  c'est-à-dire  diffé- 


i    Scoreaby,  toc.  cit.,  pa     I 


62  SQUELETTE  DES  CETACES. 

rents  de  ceux  de  Mysticetus,  ii  est  probable  que  l'on  ne  fait  régulièrement  la  chasse 
qu'à  l'espèce  du  Japon. 

Ces  baleines  mysticetus  que  l'on  observe  sur  les  deux  cotes  du  Kamtschatka  et 
même  plus  au  sud,  retournent-elles  régulièrement,  en  été,  par  le  détroit  de  Beh- 
ring dans  la  mer  Arctique?  —  C'est  ce  que  l'on  ne  saurait  dire  aujourd'hui;  mais, 
s'il  faut  en  juger  par  ce  qui  a  lieu  dans  le  nord  de  l'Atlantique,  on  ne  saurait  en 
douter.  —  La  baleine  franche  atteint  au  sud,  dans  l'Atlantique,  la  limite  nord  de 
la  Bala?na  biscayensis;  de  la  même  manière,  dans  le  Pacifique,  elle  atteint  la 
limite  géographique  de  la  baleine  du  Japon.  —  Celle-ci  ne  dépasse  pas,  au  nord,  le 
cercle  formé  par  les  îles  Aléoutiennes. 

On  est  donc  naturellement  conduit  à  admettre,  que  la  baleine  dont  il  est 
question  habite  toute  l'étendue  de  la  mer  Polaire,  au  nord  de  l'Amérique  comme 
au  nord  de  l'Europe  et  de  l'Asie ,  et  que ,  passé  le  détroit  de  Behring ,  elle  suit 
surtout  le  courant  d'eau  froide  le  long  de  la  côte  de  l'Asie ,  comme ,  en  sortant 
du  détroit  de  Davis,  elle  suit  quelquefois  le  courant  d'eau  froide  le  long  de  la 
côte  du  Labrador. 

Ces  baleines,  se  rendant  d'un  côté  au  détroit  de  Davis,  de  l'autre  côté  au  détroit 
de  Behring,  appartiennent-elles  à  une  seule  et  même  espèce,  ou  y  aurait-il,  dans 
les  régions  arctiques,  deux  sortes  de  baleines  franches?  Si  nous  avions\à  exprimer 
notre  sentiment,  nous  dirions  que  nous  partageons  plutôt  ce  dernier  avis,  et  que 
nous  trouvons  de  l'appui  dans  les  observations  d'un  homme,  qui  s'est  acquis,  à  juste 
titre,  une  réputation  parmi  les  baleiniers.  Nous  voulons  parler  de  Zorgdrager.— 
Zorgdrager,  en  effet,  distingue  au  nord,  parmi  les  baleines  franches  du  Spitzbcrg, 
une  baleine  de  l'ouest,  qu'il  appelle Westysvisch,  et  une  autre  du  sud,  Zuydysvisch. 

D'un  autre  côté,  M.  Meyer  de  Hambourg,  qui  a  fait  une  étude  longue  et  appro- 
fondie des  fanons,  croit  également  qu'au  nord  des  îles  Aléoutiennes  et  dans  la  mer 
d'Okhotsk,  il  y  a  un  Mysticetus,  mais  d'une  taille  plus  petite  que  le  Mysticetus 
ordinaire. 

Il  est  vrai,  quelques  baleiniers  comme  Bennett,  par  exemple,  regardent  la  ha- 
leine rie  la  côte  nord-ouest  d'Amérique  comme  identique  avec  l'espèce  ordinaire 
du  Groenland  (\). 


(1   Whaling,  Voyage,  11,  p.  229. 


DELETTE  DES  CÉTACÉS  63 

Il  Be  peut  fort  bien  que  le  Bowktad  des  baleiniers  d'aujourd'hui  ne  soi!  autre 
chose  q u< -  le  Zuydysvuck  de  Zorgdrager. 

Cest  pendant  leur  station  d'été,  au  milieu  desglaces,  qne  le  Ifysticetus  parait 
mettre  bas  ;  et,  su  mois  de  janvier  et  de  février  suivants,  on  voit  les  femelles  re- 
venir dans  les  mêmes  parages  qu'elles  ont  quittés  l'année  précédente,  accom- 
pagnées de  leuT  nourrisson. 

Il  est  a  espérer  qu'avant  la  destruction  complète  de  ces  animaux,  les  grands 
musées  parviendront  è  se  procurer  les  Bquelettes  qui  permettront  de  décider  le 
degré  d'affinité  qui  existe  entre  ces  divers  cétacés  marins. 

OMsemriitM  connus.  —  pendant  longtemps  <>n  n'a  connu  de  cette  baleine  que  la 
tète  qui  est  au  British  muséum  et  que  Cuviera  figurée  dans  se-  recherches  sur 
monts  fossiles. 

t  le  musée  de  Copenhague  qui  a  été  le  premier  en  possession  d'un  squelette 
il»-  baleine  de  Groenland,  grâce  à  l'activité  d'Eschricht  et  du  professeur  R<  inhardt. 

|ji  parlant  de  squelettes  de  Cétacés  el  de  phoques  «I  u  Nord,  Eschricht  m'écrivit 
a  la  date  du  8  décembre  1842:  «  Des  squelettes  de  Mysticetus  je  ne  parlerai  pas, 
puisqu'il  n'a  réussi  encore  à  personne  d'en  obtenir  un  seul,  malgré  tout  ce  qu'on 
.1  -  icrifié  pour  parvenir  au  but.  » 

L'année  suivante  le  major  Fastings  envoya  au  musée  royal  d'histoire  naturelle 
de  Copenhague  le  premier  squelette  d'une  jeune  femelle  qui  venait  de  naître.  Llle 
avait  été  bar] née  le  c>  mai  f  s  1  r>  pri  s  de  Godhavn. 

Quatre  années  plus  tard,  1846,  Bolboll,  gouverneur  du  Groenland,  i  avoya  le 
premier  squelette  adulte  de  cet  animal  extraordinaire;  il  provenait  d'un  mâle, 
i      i  celui  qui  est  à  Bruxelles  aujourd'hui  et  qu'Eschricht  a  figuré. 

Le  second  squelette,  également  d'un  mâle,  a  été  envoyé  dans  l'hiver  de  1859- 
1860  par  le  docteur  liink  et  M.  Elbergau  musée  de  Copenhague,  ou  il  est  monte. 

I  n  troisième  squelette  provenant  d'une  jeune  femelle  de  -22  pied-  i  (  té  envoyé 
pai  M.  Obriken  1857. 

Puis  llolludl  a  encore  envoyé  un  fœtus  femelle  de  s  pieds  I/-J  de  longueur,  dans 
la  liqueur.  —  En  1857-4858,  nn  jeune  animal  a  été  porté  au  musée,  m'  crivait 
I  bi  luiclit  le  t'.i  novembre  1860,  et  m'a  Ben i  beaucoup,  ajcutait-il. 

Indépendamment  de  ces  squelettes,  le  musée  de  Copenhague  i  encore  reçu  de 
Bolboll,  en  is:.  ;,  une  tête  complète. 


64  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

C'est  le  dernier  envoi  qui  a  été  fait  par  cet  énergique  et  infatigable  naturaliste, 
et  il  était  à  supposer  que  la  grande  source  pour  les  animaux  du  Groenland  était 
pour  toujours  tarie,  lorsqu'cn  novembre  1860,  Eschricht  reçut,  presque  sans  s'y 
attendre,  d'un  de  ses  correspondants  du  Groenland,  un  nouveau  squelette  complet 
de  baleine  mâle.  Il  en  avait  demandé  coûte  que  coûte,  m'écrivait-il,  et  cemot  coiitegue 
coûte  avait  produit  le  résultat  qu'autrefois  l'amitié  seule  effectuait.  Eschricbt  pou- 
vant disposer  d'un  squelette  en  faveur  d'un  musée  étranger,  préféra  se  défaire  du 
premier  qui  était  monté  depuis  plusieurs  années  au  musée  de  Copenhague,  et 
conserva  le  dernier  venu  quoiqu'il  fût  un  peu  moins  grand.  C'est  le  squelette 
qui  figure  aujourd'hui  au  musée  royal  de  Bruxelles. 

D'après  les  mesures  d'Eschricbt,  la  tête  du  squelette  quiest  à  Bruxelles  a  \  8  4/2', 
sur  47  1/2',  et  celle  du  squelette  qui  est  resté  à  Copenhague,  -17'  8"  sur  44'  5"  (I). 
C'est  le  squelette  de  l'unique  baleine  qui  a  été  capturée  au  Groenland  pendant 
l'hiver  de  \  859-4860. 

En  -1865,  après  la  mort  d'Eschricbt,  le  musée  royal  de  Copenhague  reçut  le 
squelette  d'une  femelle  adulte,  et  grâce  au  professeur  Reinhardt  le  Collège  royal 
des  chirurgiens  de  Londres  en  fit  l'acquisition  pour  son  musée.  Ce  beau  sque- 
lette est  monté  aujourd'bui  par  les  soins  de  son  savant  directeur  M.  Flower,  et  fait 
un  des  plus  beaux  ornements  de  cette  célèbre  collection. 

Au  mois  de  novembre  1867,  un  dernier  squelette  arriva  de  Groenland  à  l'adresse 
du  professeur  Reinhardt,  et  par  sa  bienveillante  intervention  le  musée  de  l'Uni- 
versité catholique  de  Louvain  en  fit  l'acquisition.  Ce  squelette  provient,  comme 
celui  de  Londres,  d'une  femelle  capturée  près  de  Ilolsteinborg  sur  la  côte  ouest 
du  Groenland.  —  Les  fanons  mesuraient  1 1  pieds  danois. 

On  cite  encore  un  squelette  au  musée  national  de  Stockholm  et  un  autre  d'un  ani- 
mal qui  a  atteint  la  moitié  de  sa  croissance,  au  musée  d'anatomic  d'Edimbourg. 

Ce  sont  les  seuls  squelettes  connus,  mais  les  os  séparés  ne  sont  pas  très- 
rares. 

On  possède  des  têtes  de  haleine  de  Groenland  dans  divers  musées;  indépen- 
damment de  celle  du  British  Muséum,  dont  nous  avons  parlé  plus  haut,  il  en 
existe  une  au  Johanneum  à  Hambourg,  une  autre  forl  grande  à  Kiel,  une  à 

(1)  La  lête  du  squelette  'I'1  Louvain  mesure  19  pieds  danois. 


s.jl  KI.KTTi:   l'I  •>  i  I  I.VCKS. 

Francfort-siir-Mein,  une  à  Berlin,  uno  jeune  à  Leyde,  une  Ebrl  jeune  à  Groningue 
(Pays-Bas),  une  autre  à  Haarlem,  et  enfin  un  crâne  complet  d'un  foetus  à  Louvain, 
Ce  crâne  a  été  retiré,  à  Louvain  même,  d'une  tête  envoyée  du  Groenland  avec 
toute-  ses  parties  molles  conservées  au  sel. 

I).  tontes  les  pièces  de  squelette  les  os  maxillaires  inférieurs  sont  les  os  les  plus 
répandus. — On  en  possède  deux  couples  au  muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris  et 
une  couple  à  la  Sorbonne,  qui  a  été  achetée  par  Blain ville.  On  en  voit  d'autres  à 
l.i  maison  de  ville  de  Haarlem,  deux  énormes  au  musée  de  Berlin.  Autrefois  il  y 
en  avait  en  Hollande  dans  toutes  les  prairies;  en  Frise,  et  dans  la  province  de 
Groningue  surtout,  on  les  fichait  en  terre,  et  le  hétail  allait  se  frotter  contre  elles. 
Souvent  on  les  peignait  avec  des  bandes,  quelquefois  en  spirale,  et  quand  les 
mâchoires  manquaient,* on  en  plaçait  en  bois  que  l'on  peignait  de  la  même  ma- 
nière. —  On  en  voit  encore  en  grand  nombre  à  l'embouchure  de  la  Weser  où 
l'on  en  faisait  des  palissades.  C'est  de  là  que  l'on  tirait  surtout  les  équipages  pour 
li  ]"'(  he  de  la  haleine. 

Nmi-  avons  vu  un  dessin  de  Castelnau,  lait  au  Brésil,  représentant  de  même  des 
palissades  laites  de  mandibules  de  haleines  ou  de  baleinoptères. 

Il  existe  trois  omoplates  de  haleines  adultes  dans  les  galeries  dn  muséum  de 
Paris,  et  a  en  juger  par  le  développement  de  leurs  apophyses  surtout,  ces  os  pro- 
\  i i ■  1 1 1 h •  1 1 (  tous  les  trois  du  Mysticetus. 

l'ne  de  ces  omoplates  est  remarquable  par  la  courbure  de  son  apophyse  acro- 
mion.  Il  est  à  remarquer  que  dans  les  baleines  australes,  dont  la  balœna  biscayensis 
se  rapproche  évidemment  plus  que  du  Mysticetus,  ces  apophyses  de  l'omoplate 
Boni  moins  développées  (pie  dans  la  baleine  tranche  du  Groenland.  —  Dans  la  ba- 
isons antipodarum  elles  manquent  même  complètement. 

Rudolphi  parle,   dans  son   Mémoire   sur   la   UaLenoplera  laticeps,   d'un   bassin 

rapporté  par  Chamisso  de  la  cote  du  Kamlschatka,  et  que  le  célèbre  voyageurs 
donné  au  musée  de  Berlin.  Il  sérail  de  la  plus  liante  importance  de  pouvoir  com- 
parer ci  bassin  avec  celui  du  Mysticetus,  el  mon  ami  Peters,  le  savanl  directeur  du 

musée  zçologiq le  Berlin,  m'a  promis  de  faire  les  recherches  nécessaires  pour 

le  découvrir.  Il  a  été  déposé  au  musée  d'anatomie,  qui  malheureuse nt  est 

encore  séparé  du le  zoologie. 


66  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

Il  existe  divers  fœtus  dans  des  musées  d'Europe,  les  uns  encore  complets,  les 
autres  plus  ou  moins  mutilés. 

11  y  en  a,  entre  autres,  au  musée  Teylerien  de  Haarlem,  au  musée  de  Stockholm, 
au  musée  de  Hull,  au  musée  du  collège  royal  des  chirurgiens  à  Londres,  à  Liver- 
pool,  au  musée  de  Derby,  et  au  musée  de  Groningue  (Pays-Bas).  P.  Camper  en  a 
disséqué  trois,  dont  quelques  parties  sont  encore  conservées  au  muséum  de  Gro- 
ningue. 

A  Paris  se  trouvent  les  os  séparés  du  fœtus  qui  a  été  disséqué  par  E.  Geoffroy- 
Saint-Hilaire.  —  Les  os  sont  encore  conservés  dans  un  cadre  qui  est  exposé  dans 
les  galeries  d'anatomie  comparée  (1). 

Il  y  a  une  peau  montée  d'un  fœtus  de  29  pouces  dans  la  collection  de  Knox,  à 
Edimbourg  (Anat.,  mus.  îiniv.,  Édimb.),  ainsi  que  le  squelette. 


SQUELETTE. 

Tête.  La  tète  occupe  à  peu  près  le  tiers  de  la  longueur  du  corps,  du  moins  à 
l'âge  adulte  ;  elle  est  proportionnellement  plus  petite  dans  les  jeunes  individus.  Le 
rostre  s'accroit  à  mesure  que  l'animal  avance  en  âge,  comme  dans  les  autres  mam- 
mifères à  face  allongée. 

Scoresby  assure  qu'il  y  a  des  différences  assez  grandes  entre  les  individus,  quant 
au  volume  de  la  tête;  mais  toutes  les  tètes  adultes,  conservées  dans  les  collections, 
ont  à  peu  près  la  même  dimension. 

Pour  se  faire  une  bonne  idée  des  rapports  des  os  de  la  face,  el  surtout  des  parois 
du  crâne,  il  est  indispensable  d'en  faire  la  coupe  el  de  faire  ensuite  la  comparaison 
entre  le  jeune  animal  et  l'animal  adulte.  C'est  ce  qui  nous  a  été  permis  de  faire. 

La  tète  adulte,  figurée  par  Eschricht  et  le  professeur  Reinbardt,  comparée  à  celle 


(i  !  l'.n  passant  en  ri ■  \  ue  les  restes  de  Cétacés  consen  es  dans  1rs  magasins  du  muséum  d'histoire  natu- 
relle, nous  avons  trouvé,  M.  P.  Gervais  el  moi,  le  tronc  du  même  fœtus  donl  la  peau  esl  montée  dans 
les  galeries  de  zoologie.  Ce  i  oi  ps  i  si  i  omplel  sauf  la  tête  qui  a  été  disséquée  el  les  nageoin  s  qui  sont 
restées  dans  la  peau.—  Nous  avons  retrouvé  aussi  les  vertèbres  envoyées  de  Drontheim  par  M.  Noël  de  la 

Morinière  dont  Cuvier  parle  dans  ses  liirh.rchi x  sur  les  Ossementi  fossiles,  t.  V,  p.  S68;  ces  os  provien- 
nent réellement  de  Mysticetus.  {Voir  Cuvier,  Recherch.  Ossem.  foss.,  t.  V,  p.  30S.; 


SQIKI.ETTE  l»KS  CETA1  I  5.  67 

de  fœtus  qui"  noi»  possédons  a  Louvain,  nous  montre  quelques  différences  qui 
semblent  résulter  surtout  Je  la  eoelescence  plus  nu  moins  complète  «les  os  de  la  tète 
que  «.os  naturalistes  ont  étudiée.  Noos  trouvons,  en  effet,  dans  leur  dessin,  le  Basai 
enclavé  comme  bu  coin  dans  le  frontal,  ce  qui  u  a  pas  lieu  dans  la  tète  de  Louvain; 
il  y  a  un  espace  plus  grand  entre  le  frontale!  la  portion  antérieure  de  l'occipital; 
le  pariétal  b's  pas  été  bien  distingué,  el  l'on  ae  voit  pas  le  canal  olfactif  entre  le 
frontal  et  le  présphénoïde,  canal  qne,  dn  reste,  M.  Flower  s  l'ait  connaître  depuis. 
La  paroi  antérieure  de  la  boite  crânienne  est  formée,  en  dessous,  par  le  présphé- 
noidal  jusqu'au  canal  olfactif;  an-dessus  «le  ce  canal,  qui  établit  parfaitement  la 
limite,  on  voit  d'abord  le  frontal  qui  va  recouvrir,  en  avanl  sur  la  Ligne  médiane, 
le.  nasal  ;  puis,  au-dessus  du  frontal,  on  distingue  le  pariétal  qui  montre,  en  avant, 
un  espace  entre  Lui  el  le  précédent;  enfin,  au-dessus  du  pariétal,  apparaît  L'occi- 
pital qui  recouvre  ton!  le  pariétal  jusqu'à  son  bord  antérieur.  En  dessous  de  la 
cavité  crânienne  on  aperçoit,  mais  faiblement,  derrière  le  présphénoïde,  le  corps 
du  basisphénoïde,  puis  Le  basilaire. 

nue  L'on  veuille  bien  tenir  compte,  en  comparant  la  planche  publiée  par  Es- 
cortent et  le  professeur  Reinbardt,  e!  «elle  que  nous  publions  ici,  que  dans  aotre 
dessin,  le  cartilage  ethmoïdal  est  resté  en  place  dans  toute  la  longueur  «lu  rostre 
tandis  qu'il  esl  complètement  enlevé  dans  la  tête  de  Copenhague. 

En  dessous  <le  ce  cartilage,  appareil  le  vomer  qui  est  scie  dans  toute  la 
longueur,  ei  derrière  lui  on  voil  le  palatin,  puis  le  ptérigoïdien. 

Eb  dehors  du  cartilage  el  du  vomer,  on  ne  découvre  dans  tout  le  rostre  que  le 
maxillaire  en  dessous,  L'intermaxillaire  el  L'os  nasal  au-dessus. 

Il  nous  a  i  illu  une  tête  de  jeune  animal  pour  nous  rendre  compte  des  divers 
rapports  dont  nous  venons  de  parler,  Burtout  des  os  qui  forment  La  boite  crâ- 
nienne. 

Si  non-  comparons  maintenanl  la  tète  du  fœtus  avec  celle  de  L'adulte,  nous 
trouvons  des  différeaces  aotables  dans  le  volume  de  La  cavité  cérébrale  el  dans 
le  développe  menl  eo  longueur  «pie  prennent  Les  os  de  la  lace.  La  direction  du 
trou  occipital  esl  déjà,  dans  Le  fœtus,  la  même  que  dans  L'adulte. 

«  e  que  nous  voyons  d'abord  de  tri  B-curieux,  c'est  que  La  coupe  du  corps  des 
m  bres  crâniennes  présenti  l  ispect  de  trois  vertèbres  de  poisson,  el  qu'elles 


68  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

sont  toutes  les  trois  parfaitement  séparées  par  un  cartilage.  C'est  la  vertèbre  du 
milieu,  c'est-à-dire  le  corps  du  basisphénoïde,  qui  est  la  mieux  marquée. 

Le  cartilage  ethmoïdal  est  enlevé  dans  la  tête  du  fœtus  que  nous  avons  fait 
figurer;  mais  on  voit  fort  bien  comment  les  corps  des  vertèbres  se  comportent 
entre  elles  et  le  cartilage,  quand  l'animal  approche  de  son  état  adulte. 

Au-dessus  du  présphénoïde,  on  voit  un  espace  qui  se  rétrécit  plus  tard  pour 
former  le  canal  olfactif  dont  nous  avons  parlé  tout  à  l'heure,  et  qui  sépare  cet  os  du 
frontal. 

Le  frontal  présente  un  aspect  lamelleux,  qu'il  perdra  plus  ou  moins  dans  le 
cours  du  développement. 

Au  devant  du  frontal,  on  voit  le  nasal  entièrement  libre;  et  au-dessus  du  frontal, 
au  moins  au-dessus  de  sa  moitié  postérieure,  le  pariétal  est  recouvert  de  l'occipital. 

Nous  avons  fait  figurer  à  part  toute  la  partie  supérieure  de  la  boite  crânienne, 
pi.  IV  et  V,  fig.  4.  En  arrière,  on  voit  la  partie  postérieure  de  l'occipital,  for- 
mant la  partie  du  trou  de  ce  nom  ;  en  avant,  la  partie  antérieure  de  ce  même  os 
qui  recouvre  toute  la  partie  moyenne  du  frontal;  en  dessous,  le  pariétal,  et,  entre 
les  deux  occipitaux,  un  interpariétal,  qui  se  montre  ici  encore  à  l'extérieur,  mais 
qui  est  recouvert,  plus  tard,  comme  d'autres,  par  l'occipital.  —  On  voit  fort  bien 
l'aspect  feuilleté  de  la  face  inférieure  du  pariétal,  qui  recouvre  immédiatement 
l'os  frontal. 

Les  intermaxillaires  sont  deux  os  fort  longs,  assez  minces,  qui,  en  arrière,  em- 
brassent les  os  nasaux  et  forment,  avec  eux,  les  parois  supérieures  et  externes  des 
fosses  nasales.  Ils  vont  derrière  les  os  nasaux  s'unir  à  une  espèce  de  protubérance 
formée  par  l'os  frontal.  — Ces  os  constituent  tout  le  bout  libre  du  rostre.  — Au 
devant  des  os  nasaux,  les  intermaxillaires  s'écartent  assez  brusquement  l'un  de 
l'autre,  puis  se  rapprochent  insensiblement  vers  le  milieu  de  la  longueur  du  rostre, 
au-dessus  du  cartilage  ethmoïdal. 

Les  maxillaires  supérieurs,  à  l'âge  adulte,  sont  fortement  courbes,  très-allongés, 
étroits  en  avant,  développés  en  largeur  surtout  en  arrière,  de  manière  à  protéger 
tout  le  bord  antérieur  du  frontal. 

On  a  dit  que  la  courbe  décrite  par  le  maxillaire  supérieur  forme  un  quart  de 
cercle.   Un  de  nos  meilleurs  élèves   de  l'école  des  mines  à  Louvain,  M.  Emile 


SQUELETTE  DBS  CÉTACÉS.  C9 

Dallemagne,  a  bien  voulu  chercher  son  expression,  el  il  a  trouvé,  non  un  quart 
de  cercle,  mais  la  formule  île  la  parabole. 

A  la  Face  inférieure  du  maxillaire  supérieur,  on  voit  en  arrière,  de  chaque  côté, 
entre  la  ligne  médiane  et  le  bord  externe,  une  gouttière  profonde,  qui  s'élargit  en 
arrière  el  s'efface  insensiblement  en  avant  :  c'est  la  gouttière  dentaire  qui  se  trans- 
forme chez  les  autres  mammifères  en  alvéoles,  et  conserve  ici  des  trous  espaces 
pour  les  vaisseaux  et  les  nerfs,  ('.es  Irons  diminuent  d'arrière  en  avant. 

Les  os  maxillaires  sonl  reunis  sur  la  plus  grande  partie  de  leur  étendue,  sauf  en 
arrière,  au  devant  des  palatins,  où  l'on  \<ut  apparaître  entre  eux  le  vomer. 

Chaque  maxillaire  présente,  en  dehors  de  la  gouttière  dont  nous  venons  de 
parler,  trois  ou  quatre  mamelons  aplati-,  de  forait  ovale,  diminuant  d'avant  en 
arrière,  les  uns  derrière  les  autres  comme  une  rangée  de  dents  palatines.  Non- 
ne \m\ ons  rien  de  semblable  chez  le  fœtus.  - —  Nous  supposons  que  la  peau  qui  les 
recouvre  b' épaissit  avec  l'âge  et  que  ces  mamelons  contribuent,  sinon  a  triturer 
la  pâture,  du  moins  a  l'aplatir  et  à  l'agglomérer. — Ces  saillies  au  palais  rappellent 
les  dents  œsophagiennes  ànColuôerseaèer,  formées  par  le  corps  des  vertèbres. 

Les  mamelons  des  deux  côtés  ne  sont  pas  parfaitement  semblables  ni  pour  le 
oombre,  ni  pour  l'étendue  de  leurs  saillies,  à  tel  point  qu'au  maxillaire  droit 
les  deux  éminences  n'en  font  qu'une  seule.  Ils  sont  situés  sur  le  bord  de  la 
gouttière  qui  loge  les  vaisseaux  et  les  nerfs  dentaires  supérieurs. 

Les  os  propres  du  nez  sont  fort  grands  et  forment  toute  la  partie  supérieure 
des  fosses  nasales;  ils  s'unissent,  par  harmonie,  en  dehors,  avec  le-  os  incisifs 
dans  toute  leur  longueur,  et,  en  arrière,  par  suture  profonde,  aux  os  frontaux. 
Ils  s'accroissent  considérablement  avec  l'Age.  Ces  os  sont  parfaitement  symé- 
triques. 

I  os  palatins  ont  une  forme  assez  régulière,  et  se  terminent  en  avant  par 
une  espèce  de  bec  qui  embrasse  la  partie  du  vomer  qu'on  aperçoit  entre  les 
maxillaires.  En  arrière  ces  palatins  sont  échancrés  au  milieu. 

I.      ptérigoïdiens   forment  le  bord   libre  de  l'entrée  postérieure  des  fo 
nasales.  Dans  les  autres  cétaa  os  sont  généralement  plus  développés,  et  ne 

sont  pas  reculés  aussi  loin  en  arrière.  En  général  aussi  les  ptérigoïdiens  forment 
un  large  sinus  pour  loger  nue  partie  de  la  trompe  d'Eustachej  ce  sinus  est  com- 
paralivement  peu  développe  dans  cet  animal. 


70  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

Les  os  lacrymaux  sont  situés  au  devant  de  l'orbite,  entre  le  maxillaire  et  le 
frontal,  au  devant  et  au-dessus  du  jugal.  —  Ils  ne  sont  pas  percés.  Ces  os  ne  sont 
pas  séparés  dans  le  squelette  du  Collège  royal  des  chirurgiens;  ils  sont  probable- 
ment soudés  au  frontal  comme  le  suppose  M.  Flower.  —  Ils  sont,  au  contraire, 
fort  distincts  dans  le  squelette  de  Louvain,  et  se  montrent  déjà  dans  le  fœtus. 
On  pourrait  tirer  parti  des  os  lacrymaux  pour  la  distinction  des  genres  et  des 
espèces. 

Le  jugal,  comme  dans  tous  les  mysticètes,  est  un  os  long,  courbé  en  arc  de 
cercle  qui  forme  en  dessous  le  cercle  de  l'orbite,  et  s'élargit  en  avant  où  il  s'unit 
au  maxillaire  et  au  frontal,  en  arrière  au  temporal.  Cet  os  diffère  beaucoup  dans 
les  mysticètes  et  les  cétodontes. 

Le  sphénoïde  postérieur  ou  basisphénoïde  reste  séparé  assez  tard.  Le  corps  a 
parfaitement  l'aspect  d'une  vertèbre,  dans  le  jeune  âge  surtout,  et  les  grandes 
ailes  ne  forment  à  aucune  époque  des  pièces  distinctes.  Ce  sont  vraiment  des 
apophyses  transverses. 

Ces  ailes  sont  comparativement  grandes  et  larges  dans  les  baleines,  et  beaucoup 
plus  petites  dans  les  baleinoptères.  Dans  ces  dernières,  les  petites  ailes  sont  les 
grandes,  comme  on  peut  le  voir  par  le  dessin  d'Escbricht  (1).  Chez  l'adulte,  le 
corps  du  sphénoïde  est  complètement  confondu  avec  les  autres  os  qui  forment  la 
boite  crânienne. 

Le  sphénoïde  antérieur  ou  présphénoïde  est  comparativement  peu  développé  et 
affecte  la  forme  d'un  triangle  dont  la  base  se  soude  avec  le  sphénoïde  postérieur. 
—  Los  petites  ailes  sont  à  peine  distinctes;  mais  on  voit  parfaitement  les  trous 
optiques,  et,  autour  d'eux  et  en  dehors,  des  apophyses  rudimentaires  qui  rappellent 
parfaitement  les  apophyses  clinoïdes  antérieures. 

A  l'état  adulte,  le  sphénoïde  antérieur  est  confondu  avec  les  autres  os  du  crâne 
comme  le  sphénoïde  postérieur. 

Comme  nous  l'avons  dit  plus  haut,  la  coupe  de  la  tète  du  fœtus  offre  un  haut 
intérêt,  dans  ce  sens  surtout  qu'il  n'y  a  guère  moyen  de  comprendre  la  composition 
-le  la  tète  adulte  sans  son  secours.  Dans  le  corps  des  trois  vertèbres  crâniennes 
on  voit  une  cloison  formée  de  tissu  osseux  plus  dense,  qui  rappelle  parfaitement 

,1     I..»'.  cit..  pi.  XIII,  fig.   I. 


shI  il  ETTE  Dl  5  CÉTACÉS  7, 

la  disposition  des  vertèbres  biconcaves.  Le  présphénoïde  se  termine  <-n  avant 
par  le  long  cartilage  do  rostre,  donl  il  semble  représenter  l'épiphyse. 

Noos  avons  tronvé  chez  l'adulte  trois  Inné-  osseuses,  logées  en  arrière  au-dessus 
des  parois  des  Fosses  nasales,  donl  les  deux  internes  correspondent  aux  <l<'u\ 
cornets  supérieurs,  I  externe  au  cornel  inférieur.  —  La  membrane  qui  l<^  recouvre 
ne  présente  ni  sillon  ai  saillie,  el  la  surface  de  l'os  qui  regarde  les  fosses  nasales, 
est  parfaitement  nnie. 

Dans  la  tète  <ln  fœtus  loul  l'ethmoïde  esl  représenté  par  !<•  long  cartilage  qui 
rempli!  le  vomer,  el  il  existe  un  large  espace,  qui  s'efface  plus  tard,  entre  le  pré- 
sphénoïde el  !<■  frontal. 

Ce  cartilage  ethmoïdal  s'ossifie  commedans  plusieurs  mammifères,  de  manière 
qu'uni1  partie  seulement  se  transforme  en  os.  Il  ne  concourt  aucunement  a  la  forma- 
tion des  parois  du  crâne,  et  se  réunit,  par  coalescence,  avec  !«•  corps  du  présphénoïde. 
—  Les  l' irties  latérales  qui  se  recourbent  sous  1 1  voûte  des  maxillaires,  correspon- 
dent aux  cornets,  <•(  l'on  observe  forl  bien  sur  le  côté  les  deux  lames  corr<  spondant 
aux  cornets  supérieur  el  médian.  —  Les  cornets  inférieurs  aux  maxillaires  sont 
représentés  par  des  lames  forl  minces  qui  terminent  le  maxillaire  sous  l'os  frontal. 

L<  vomer  esl  énorme  déjà  dans  le  fœtus,  et  forme  toute  la  -aine  dans  laquelle 
se  loge  l<'  cartilage  ethmoïdal.  —  Il  esl  tout  entier  ossifié  de  bonne  heure. 

Nous  croyons,  avec  Gratiolet,  que  le  vomer  esl  un  grand  os  en  \  de  la  premii  re 
vertèbre  cervicale. 

L'occipital  esl  peut-être  l'os  le  plus  remarquable  «le  toute  la  boite  crânienne.  Il 
s  él(  ve  en  avant,  au-dessus  el  entre  les  pariétaux,  et,  sous  la  forme  d'un  bouclier, 
M  constitue  toute  la  partie  supérieure  el  postérieure  «le  la  boite  crânienne.  Il  va 
luvrir  rn  avant  les  os  frontaux,  s'articulanl  avec  eux  par  suture  profonde. 

1  os,  en  apparence  Bimple  au-dessus,  est  formé  de  plusieurs  pièces  qui  sont 
surtout  distinctes  cheï  le  fœtus.  —  Au  milieu  on  remarque,  en  faisant  la  coupe 
des  parois  crâniennes,  un  os  médian  séparé^  qui  ne  peut  être  qu'un  interpariétat j 
•■t.  en  dehors  de  lui,  en  avant  et  Burlecoté,  -'«  i«  n<  I  le  pariétal  véritable  -pii  forme 
toute  li  moitié  de  l'épaisseur  <lc  cette  partie  de  l'occipital.  —  Il  résulte  de  cette 
disposition,  que  toute  la  portion  de  l'occipital,  qui  esl  en  avant  de  l'interpariétal, 
i  ■  ■  ouvre  le  pariétal  proprement  dit.  —  L'occipital  en  avant  est  donc  formé  primi- 


72  SQUELETTE   DES  CÉTACÉS. 

tivementde  deux  lames  osseuses  juxtaposées,  dont  l'inférieure  dépasse  légèrement 
la  supérieure. 

Dans  le  fœtus  presque  à  terme,  les  deux  occipitaux  latéraux  sont  encore  distincts, 
ainsi  que  l'occipital  basilaire. 

L'occipital  basilaire  a  la  forme  d'un  coin  dont  la  base  est  dirigée  en  avant  pour 
se  mettre  en  rapport  avec  le  sphénoïde  postérieur.  Un  épais  cartilage,  repré- 
sentant les  épiphyses  vertébrales,  s'unit  sur  le  côté  avec  les  occipitaux  latéraux  et 
forment  les  condyles  articulaires. 

Les  pariétaux,  à  l'état  adulte,  sont  deux  os  proportionnellement  petits,  qui 
partent  du  bord  de  l'occipital,  et  forment  en  grande  partie  la  face  interne  de  la 
grande  fosse  temporale. 

Ces  os  ne  sont  toutefois  pas  aussi  petits  qu'ils  le  paraissent.  On  voit  dans  la  tête 
du  fœtus  qu'ils  passent  sous  l'occipital  pour  rejoindre  l'interpariétal,  et  forment, 
en  avant,  tout  le  plancher  sur  lequel  l'occipital  antérieur  repose.  —  L'occipital 
recouvre  le  pariétal  dans  toute  sa  partie  moyenne. 

11  existe  un  interpariétal  visible  seulement  pendant  le  jeune  âge.  —  Il  est  placé 
juste  au  centre  du  grand  bouclier  occipital,  et,  dans  le  fœtus  presque  à  terme  que 
nous  possédons,  on  voit  ses  jointures  en  avant  et  sur  le  côté  avec  les  pariétaux, 
en  arrière  avec  cette  portion  de  l'occipital. 

De  tous  les  os  du  crâne  ce  sont  les  temporaux  qui  se  modifient  le  plus  complè- 
tement. —  La  portion  écailleuse  constitue  à  elle  seule  toute  la  partie  latérale  du 
crâne  et  forme  en  dehors  et  en  dessous  une  large  surface  glénoïde. 

Le  rocher  est  soudé  déjà  de  bonne  heure  au  tympanal,  et  à  l'aide  de  deux  fortes 
apophyses -cet  os  est  solidement  enclavé,  comme  dans  tous  les  mysticètes,  à  la  base 
du  crâne,  entre  l'occipital  et  la  portion  écailleuse  du  temporal. 

Ces  apophyses  se  développent  surtout  avec  l'âge,  comme  on  peut  le  constater 
par  la  figure  que  nous  donnons  de  cet  os  du  fœtus  et  de  l'adulte. 

Le  tympanal  est  peut-être  la  pièce  la  plus  importante  du  squelette  pour  la  dis- 
tinction du  genre  et  des  espèces.  11  a  une  forme  carrée  dans  le  Mysticetus,  un  bord 
antérieur  anguleux  en  dessous,  un  bord  postérieur  arrondi,  une  surface  interne 
régulièrement  bombée,  une  surface  externe  irrégulièrement  comprimée  avec  une 
forte  saillie  en  dessus  H  en  arrière.  L'ouverture  est  assez  régulière,  et  c'est  à  peine 
si,  en  avant,  l'entrée  descend  plus  bas  qu'en  arrière. 


BQ1  ELETTE  DES  CETACES.  73 

Cette  ouverture,  qui  fait  ressembler  cel  os  a  cerl  unes  coquilles  >1<'  g  tstéropode, 
est  tournée  en  dedans,  el  se  divise  en  une  moitié  postérieure  couverte  par  la 
membrane  du  tympan,  à  laquelle  aboutit  le  conduil  auditif  externe;  el  une  moitié 
antérieure,  un  peu  plus  grande  que  L'autre,  entièremenl  ouverte,  communiquanl 
en  avanl  <'t  en  dedans  avec  la  trompe  d'Eustacbe.  <>n  pourrai)  nommer  cette  partie 
antérieure  de  l'orifice,  eustachienne,  el  l'autre  moitié  postérieure,  tympanique. 

Nous  avons  vu  un  grand  nombre  deces  os  de  Mysticetus,  dont  il  y  en  a  au  moins 
huit  au  Muséum  de  Paris,  cl  ils  offrent  tous  entre  eux  une  très-grande  ressem- 
blance. Nous  en  avons  plusieurs  à  Louvain,  et  ou  en  trouve  du  reste  dans  la  plu- 
pari  des  musées. 

Les  osselets  de  l'ouïe  du  fœtus  et  de  l'adulte  sonl  tellement  semblables  pour  la 
forme  comme  pour  le  volume  et  la  dureté,  que  l'on  ne  sauraitguère  les  distinguer* 

Le  marteau  a  une  forme  particulière:  allongé  d'un  côté,  très-élargi  au  con- 
(r  dre  du  côté  opposé,  il  ressemble  plus  ou  moins  à  la  coquille  de  certaines  Pyrules. 
Cette  ressemblance  est  d'autant  plus  grande,  que  l'os  semble  enroulé  sur  lui— 
même,  en  formant  une  espèce  de  péristome. 

Il  est  situé  au  devant  <lc  la  membrane  «lu  tympan,  au  bout  d'un  repli  osseux  qu i 
borde  cette  membrane  en  avant.  Cet  os  est  soudé  à  la  caisse  tympanique  par  son 
prolongement  stiliforme  (I),  et  présente  à  son  extrémité  libre  une  surface  articu- 
laire qui  reçoit  la  portion  élargie  de  l'enclume.  Cette  surface  articulaire  forme 
une  excavation  qui  se  remplit  par  la  tête  de  l'enclume. 

Le  m  irteau  n'a  ni  apophyses  distinctes,  ni  manche. 

L'enclume  est  beaucoup  plus  petit  que  !<■  marteau  et  présente,  indépendamment 
de  la  tête,  qui  ressemble  à  lacouronne  d'une  dent  molaire,  deux  apophyses  assez 
semblables  à  des  racines  et  quicomplètentcette  ressemblance.  One  de  ces  apophyses 
s'articule  ivec  l'étrier;  l'autre  esl  libre.  Cette  dernière  est  peu  développée  dans  les 
megaptera. 

L'élrier  esl  le  plus  petil  des  (rois.  Il  esl  en  général  étroil  el  ne  justifie  aucune- 
ment le  nom  qu'il  porte.  —  Celui  que  nous  avons  bous  les  yeux  est  cependant 
encore  perforé. 

i)  Ce  n'es)  pas  frat-fouwni  que  le  marteau  esl  loudé  au  bord  du  cadre  du  tympan,  comme  le  p< 
Coi  erch.  s.  I.  roi.  V,  I™  part.,  pa      176),  m  dans  les  bal 

i  l  étal  de  fœtus  •  ette  soudure  existe 

10 


74  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

L/étrier  est  immobile  sur  la  fenêtre  ovale,  comme  dans  tous  ces  animaux,  et  ne 
se  détache  pas  facilement. 

Comme  dans  tous  les  mysticités,  les  mandibules  sont  complètement  séparées, 
et,  loin  d'être  symphysées  en  avant,  elles  ne  se  touchent  même  pas  sur  la  ligne 
médiane.  Nous  avons  pu  nous  assurer  sur  une  tête  de  fœtus,  qu'il  n'y  a  même  pas 
de  ligaments  à  la  place  de  la  symphyse. 

Chaque  mandibule  est  fort  massive  en  arrière,  mais,  au  contraire,  fort  mince 
en  avant;  et,  par  leur  surface  articulaire  comme  par  leur  fente  dentaire,  ces  os  ne 
sont  pas  difficiles  à  distinguer  de  ceux  des  autres  mysticètes. 

Chaque  os  forme  une  courbe  et  se  tord  sur  lui-même,  de  manière  qu'à  l'extré- 
mité antérieure,  la  face  interne  devient  face  supérieure,  et  la  face  externe  infé- 
rieure. A  l'endroit  où  l'os  se  tord  sur  lui-même,  il  s'élargit  assez  brusquement  et 
n'est  pas  sans  ressemblance  avec  une  spatule  tordue.  Dans  cet  endroit  aussi  les 
deux  lames  internes  et  externes  s'écartent  en  haut  et  en  dehors,  formant  une 
gouttière  dentaire  qui  s'étend  jusqu'à  la  face  externe. 

La  face  externe  de  la  mandibule  est  convexe,  comme  du  reste  dans  tous  les  mys- 
ticètes; et  dans  toute  la  longueur  de  la  moitié  antérieure  on  voit,  près  du  bord, 
des  trous  qui  correspondent  aux  trous  mentonniers  dont  le  nombre  varie  de  six  à 
huit. 

('.os  trous  mentonniers,  qui  sont  échelonnés  ainsi  le  long  des  maxillaires,  sont  en 
rapport  avec  le  grand  développement  de  la  lèvre  inférieure.  Les  cétodonles  n'ont 
qu'un  ou  deux  trous  mentonniers  de  chaque  côté,  pas  loin  de  la  symphyse. 

La  surface  interne  des  mandibules  est  aplatie;  et,  immédiatement  au  devant  du 
condyle  articulaire,  on  voit  le  large  orifice  postérieur  du  canal  dentaire,  qui  se 
termine  en  dessous  par  un  sillon  s 'étendant  le  long  du  bord  inférieur  dans  presque 
toute  la  longueur  de  la  mandibule.  Ce  sillon  correspond,  pensons-nous,  au  sillon 
mylo-hyoïdien  qui  ne  prend  nulle  part  un  développement  aussi  considérable. 

Le  long  du  bord  supérieur,  en  (bilans  des  trous  mentonniers,  on  voit  une  autre 
gouttii Te  avec  des  trous  placés  de  distance  en  dislance  et  qui  ne  sont  qu'un  reste 
du  canal  dentaire  de  l'âge  fœtal.  Chacun  de  ces  trous  correspond  à  une  alvéole 
dont  la  dent  est  avortée.  Vers  l'extrémité  antérieure,  au  moment  où  la  mandibule 
se  tord,  cette  gouttière  devient  supérieure,  s'élargit  considérablement  et  divise  le 
bout  des  mandibules  en  formant  une  forte  échancrure. 


s, ni  11  Ml    DES  CÉTACÉS  "• 

Do  peu  an  devant  du  trou  dentaire  postérieur,  oo  voit  sur  le  bord  supérieur  «le 
chaque  mandibule  une  apophyse  coronoïde,  mais  si  peu  développée  queCuviers 
pu  dire  qu'elle  manque. 

D'après  John  Hunter,  il  H\  aurait  pas  de  capsule  Bynoviale  dans  l'articulation 
de  la  mâchoire  inférieure  l  .  Eschrichl  el  le  professeur  Reinhardl  eu  ont  reconnu 
une  dans  de  jeunes  animaux,  et  bous  pouvons  confirmer  pleinemenl  leur  observa- 
tion. Comme  eux,  nous  n'avons  pas  trouvé  de  cartilage  meuiscotde,  mais  bous 
avons  vu  une  grande  capsule,  occupant  toute  La  largeur  du  condyle  articulaire. 

—  C'est  sur  un  fœtus  que  nous  avons  l'ail  cette  observation. 

colonne  Tortébraie.  —  Nous  comptons,  dans  le  Bquelette  de  Bruxelles,  cin- 
quante-quatre vertèbres  :  sept  cervicales,  quatorze  dorsales,  <li\  lombaires  et  vingt- 
trois  caudales. 

Les  épiphyses  «lu  corps  des  vertèbres  sont  encore  distinctes  quoique  l'animal 
ail  tous  les  caractères  de  l'adulte. 

Le  squelette  de  Londres  a  cinquante-cinq  vertèbres  :  Bepl  cervicales,  douze  dor- 

-  des,  quatorze  lombaires  el  \  ingt-deux  caudales. 

Nous  trouvons  dans  le  squelette  de  Louvain  également  cinquante-cinq  vertèbres 
réparties  de  la  manière  suivante:  sept  cervicales,  treize  dorsales,  onze  lombaires 
et  vingt-six  caudales. 

ipophyses  épineuses.  Les  apophyses  épineuses  «les  vertèbres  dorsales  sont  d'a- 
bord grêles  el  leur  sommet  est  tronqué  obliquement  d'avant  en  arrière  el  de  baul 
en  bas  jusqu'à  la  cinquième  vertèbre.  L'apophyse  épineuse  'I"'  U  sixième  dorsale, 
ainsi  que  les  suivantes,  est  aussi  plus  ou  moins  tronquée  au  sommet,  mais  en  Bens 
inverse  des  précédentes.  Ces  apophyses  acquièrent  brusquement  delà  largeur, 
de  la  hauteur  el  de  l'épaisseur,  puis  conservenl  une  longueur  àpeu  près  égale 
jusqu'au  milieu  de  la  région  lombaire.  \  la  sixième  ou  septième  lombaire,  l'apo- 
physe épineuse  perd  en  hauteur  touf  en  B'étendant  davantage  d'avant  en  arrière. 
Elle  diminue  encore  dans  les  premières  caudales  pour  disparaître  complètement 
avec  l'arc  ueural  à  la  dixième  caudale. 

Ipophyti  i  trauiVi  ru  i.  Les  apopbi  ses  transverses  sonl  doubles  à  la  région  cen  i- 
calt-,  comi lans  les  cétacés  en  général  :  l'atlas,  l'axis  el  la  septième i  1 1  supé- 

i    Philo*  inaaMt,  v.ii  TT, 


76  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

rieureàpeu  près  de  la  môme  longueur;,  avec  une  différence  légère  en  faveur  de  la 
dernière.  Les  autres  vertèbres,  c'est-à-dire  la  troisième,  la  quatrième,  la  cinquième 
et  la  sixième  ont  des  apophyses  transverses  supérieures  étroites,  soudées  entre  elles 
et  notablement  plus  courtes. 

Les  transverses  inférieures  manquent  dans  les  quatre  dernières  cervicales.  Celte 
apophyse  inférieure  de  l'axis  est  un  peu  plus  longue  que  la  supérieure. 

L'apophyse  transverse  de  la  première  dorsale  est  très-développée  en  longueur, 
se  dirige  d'arrière  en  avant  et  un  peu  de  bas  en  haut,  en  suivant  la  même  apophyse 
de  la  vertèbre  précédente  jusqu'à  l'axis.  Cette  apophyse  naît  au  milieu  de  l'arc 
neural  et  se  termine  en  massue. 

Les  apophyses  transverses  des  vertèbres  suivantes  continuent  à  se  diriger  d'ar- 
rière en  avant,  jusqu'à  la  neuvième  vertèbre,  tout  en  s'élevant  par  leur  sommet 
au-dessus  de  celles  qui  précèdent,  et  en  descendant  plus  bas  par  la  racine.  A  la 
quatrième  dorsale,  les  apophyses  transverses  forment  avec  les  apophyses  de  la  pre- 
mière dorsale  un  angle  de  ^50  degrés. 

C'est  à  la  septième  dorsale  que  cette  apophyse  est  la  plus  courte. 

Les  deux  premières  côtes,  ainsi  que  les  deux  dernières,  n'ont  pas  de  traces  de 
col  ni  de  tète;  et  les  vertèbres  auxquelles  elles  s'attachent  sont  les  seules  dont  les 
apophyses  transverses  ne  présentent  pas,  au  bout  en-dessous,  une  espèce  de  gout- 
tière pour  loger  la  portion  cervicale. 

INous  trouvons,  à  commencer  de  la  huitième  vertèbre,  des  apophyses  transverses 
avec  des  surfaces  articulaires  fort  épaisses,  échancrées  en  dessous  comme  une 
fosse  orbi taire. 

Les  dernières  vertèbres  dorsales  ont  ces  apophyses  dirigées  horizontalement,  et 
elles  prennent  leur  origine  vers  le  milieu  de  la  Ti auteur  du  corps  des  vertèbres. 
Aux  dernières  lombaires,  elles  s'abaissent  en  se  recourbant  au-dessous  des  autres. 

Apres  la  septième  dorsale  ces  apophyses  gagnent  en  longueur  jusqu'aux  pre- 
mières lombaires,  et,  à  la  dixième  vertèbre  de  cette  région,  elles  égalent  le  diamètre 
(ransverse  du  corps. 

Les  apophyses  transverses  disparaissent  à  la  septième  ou  huitième  caudale. 

Pour  la  direction  donc,  l'apophyse  transverse  de  la  première  dorsale  se  recourbe 
et  s'élève  de  bas  en  haut;  a  la  quatrième  elle  s'élève  encore  davantage;  à  la  pre- 
mière lombaire  elle  est  horizontale,  et  à  la  dernière  lombaire  elle  se  recourbe  au- 


SQ1  iii  i !S  CÉTACÉS  :: 

dessous  du  niveau  de  la  précédente.  !  es  autres  lombaires  el  caudales  ne  changent 
guère  de  direction  en  diminuant  de  longueur. 

Les  apophyses  musculaires  ou  accessoir  s,  qui  caractérisent  si  éminemment  les 
vertèbn  -  des  cétacés,  naissent  en  dehors  des  surfaces  articulaires  à  la  - le  dor- 
sale, s'étendent  en  Be  rapprochant  de  l'apophyse  épini  use,  el  forment  une  coulisse 
complète,  surtout  les  vertèbres  du  milieu  de  la  région  dorsale. 

Ces  apophyses  musculaires,  au  lieu  de  diminuer  avec  le  raccourcissement  de 
l'apophyse  épineuse,  s'accroissent  plutôt  vers  la  fin  de  la  région  dorsale,  puis 
irlenl  notablement  l'une  de  l'autre,  et,  dans  les  premii  res  i  audales,  elles  ont 
k  peu  près  le  même  développement  que  l'apophyse  épineuse  elle-même.  Dans  la 
Bixièmé  caudale  «Iles  disparaissent  et  on  ne  les  distingue  plus  que  par  une  fail  le 
tubérosité  qui  occupe  leur  place. 

On  voit  encore  l'arc  neural  dans  la  huitième  et  la  neuvième  caudale;  mais  '1  ms 
la  vertèbre  bu  i  van  te  il  disparait. 

Les  vei  I  bres  de  la  région  lombaire  portent  a  leur  face  inférieure  une  crête  qui 
augmente  des  premier»  s  aux  dernières,  et  qui  caractérise  <n  général  celte  ;  égion. 

Les  deux  dernières  vertèbres  que  nous  comptons  dans  cette  région  montrent 
déjà  le  «a nencement  des  apophyses  ai  ticulaires  pour  le-  us  eu  Y. 

Ces  apophyses  articulaires  sont  développées  d'après  l'importance  des  ■  >-  en  V,  et 
ipprochent.dès  la  quatrième  caudalel'une  de  l'autre,  pour  former,  à  laseptiè 
un  véritable  canal  livrant  |  i  l'arti  re  spinal.  Ce  canal  persiste  jusqu'à  la  der- 

tudale. 

L'artère  spinale,  provenant  directement  de  l'aorte,  passe  jusqu'à  la  quatrième 
caudale  au  devant  de  l'apophyse  transverse  avant  de  pénétrer  dans  le  canal  verté- 
Ih.i1;  mais,  à  commencer  de  la  cinquième  caudale,  celte  artère  passe  directement 
àtraversla  basede  l'apophyse  transverse,  el  le  trou  qui  lui  livre  passage  se  rap- 
proche de  pins  en  plus  du  Irou  formé  par  les  deux  apophyses  articulaires  des  <>s 
en  V.  \li  fin,  à  la  neuvième  caudale,  on  ne  voit  plus  entre  eux  qu'une  gouttière 
qui  disparaît  à  Bon  lour,  et  l'artère  spinale  pénètre  en  dessous,  s'élève  verticale- 
ment de  chaque  côté  du  corps  de  la  vertèbre,  i  i  tri  au-dessus  du  point  où  elle  a  fail 
son  entrée.  De  là  résulte  que  les  dernières  caudales  sont  traversées  des  deux 
côtés  par  une  goultii  re  perpendiculaire  à  l'axe  du  coi  ps. 

i  anal  vertébral.  Ce  canal  nous  indique  !i  différem  ur  de  la  moelle 


78  SQUELETTE  TES  CÉTACÉS. 

épinière.  Dans  la  région  cervicale,  comme  dans  toute  la  région  dorsale,  il  varie 
très-peu  :  sur  t5  centimètres  de  hauteur,  il  a  à  peu  près  18  centimètres  de  lar- 
geur et  s'élargit  un  peu  dans  les  premières  dorsales;  à  la  première  lombaire,  il 
diffère  encore  très-peu;  mais  à  la  sixième  vertèbre  de  cette  région,  il  n'a  plus  que 
\\  centimètres  sur  \o  de  largeur,  puis  il  se  rétrécit  rapidement  à  la  dernière  lom- 
baire, où  il  n'a  plus  que  -8  centimètres  et  demi  de  haut,  sur  7  de  large,  et  forme 
encore  une  ogive;  chez  les  suivantes,  l'ogive  se  change  en  plein  cintre,  et  à  la 
sixième  caudale  il  n'a  plus  que  5  centimètres  de  hauteur  sur  5  centimètres  et  demi 
de  largeur,  tandis  qu'à  la  neuvième  caudale,  sur  I  centimètre  et  demi  de  hau- 
teur, il  a  à  peu  près  1  et  demi  centimètre  de  largeur. 

Le  corps  des  vertèbres  s'accroît  insensiblement  à  commencer  delà  première 
dorsale  ou  des  dernières  cervicales,  en  diamètre  autéro-postérieur  aussi  bien  qu'en 
diamètre  vertical  et  transversal. 

Lesépiphyses  indiquent  parfaitement  les  différences  qui  distinguent  les  vertè- 
bres dans  chaque  région  du  corps,  et  quand  elles  sont  toutes  détachées,  on  n'a 
qu'à  les  grouper  selon  leur  dimension  pour  retrouver  tout  de  suite  les  vertèbres 
dont  elles  proviennent. 

Voici  quelques  mesures  : 

La  première  cervicale  mesure   d'avant  en  arrière  (diamètre  antéro  postérieur).     .  0"',095 

La  première  dorsale 0'\075 

La  première  lombaire 0'",i7!i 

La  première  caudale 0*,265 

La  première  cervicale  mesure  en  largeur  (diamètre  transverse) 0a,$1 

La  première  dorsale 0",31 

La  première  lombaire 0",28 

La  première  caudale 0"',:i8 

La  première  cervicale  mesure  en  hauteur  (l'espace  entre  les  deux  surfaces  articulaires).  0"\t  15 

La  première  dorsale 0ra,22 

La  première  lombaire 0"',S:> 

La  première  caudale 0™,38 

Les  os  en  V  ou  hœmapophyses  sont  au  nombre  de  dix;  le  premier  seul  est  formé 
de  deux  pièces  qui  restent  séparées.  —  Ces  os  appartiennent  à  la  vertèbre  qui  les 
précède,  de  manière  que  la  vertèbre  qui  porte  en  arrière  le  premier  os  en  \  est 
pour  nous  la  première  caudale.  — Il  y  a  des  uaturalistes  qui  la  prennent  pour  la 
dernière  lombaire.  —  Cesossonl  formés  de  deux  pièces  soudées  sur  la  ligne  mé- 
diane, a  l'exception  des  premiers. — Les  seconds  elles  troisièmes  sont  les  plus  forls. 


SQ1  III  III.  DES  CÉTACÉS 

—  Les  derniers  Boni  encore  très-grands.    -   rous  ces  os  présentent  une  double 
surface  articulaire  pour  les  deux  vei  tèbres  entre  lesquelles  ils  Boni  situés. 

Les  deux  dernières  vertèbres  lombaires  onl  en  arrière  el  en  dessous  deux  émi- 
■i < ' ii •  es  semblables  aux  caudales. 

Les  os  en  \   -<>nt  au  nombre  <1 ize  dans  le  squelette  du  collège  royal  'les 

chirurgiens,  el  I»'  premier,  comme  les  trois  derniers,  ne  son I  pas  sou  dés  sur  la 
ligne  médiane. 

Eschrichl  el  le  professeur  Reinhardt  en  comptent  dix  dans  deux  de  leurs  gr  inds 
squelettes,  et  quatorze  è  l'étal  cartilagineux  dans  un  fœtus. 

Région  cervicale.  La  région  cervicale  est  comparativement  assez  longue,  el  si 
touti  -  ses  vertèbres  sont  plus  <>u  moins  soudées  ensemble,  on  les  distingue  cepen- 
dant parfaitement  les  unes  des  autres,  en  dessus  comme  en  dessous,  par  les  apo 
physes  comme  par  le  corps. 

En  dessus,  l'arc  de  la  troisii  me  vertébrées!  caché  sous  la  seconde,  de  manière 
que  le  i bre  d'arcs  \isil>le-  n'es!  que  «le  sis. 

Le  corps  des  deux  premières  vertèbres  occupe  presque  une  longueur  égale  à 
celle  des  cinq  dernières.  \  commencer  de  la  quatrième,   le  corps  devient  plus 
épais  de  vertèbre  en  vertèbre,  et  celte  épaisseur  continue  à  augmenter  dans  la 
on  dorsale.  La  séparation  du  corps  devient  en  même  temps  plus  nette. 

Les  apophyses  transverses  supérieures  <le  l'axis  sont  très  développées,  tandis  que 
cell  b  des  vertèbres  suivantes  smii  faibles  el  égales,  celles  de  la  cinquième  moins 
nés,  celles  de  la  sixième  forl  courtes  el  celles  de  la  septième  nulles. 

Les  apophyses  transverses  supérieures  varient  plus  complètement;  elles  sonl 
soudées  dans  les  deux  premières  vertèbres,  libres  el  courtes  dans  la  troisi  me, 
manquent  dans  la  quatrième  et  dans  la  cinquième,  courtes  dans  la  sixième  plus 
courtes  que  dans  la  troisième  el  Irès-développées  dans  la  sentit  me. 

(  ette  septième  apophyse  s'élève  el  se  recourbe  en  dehors,  atteignant  par  son 
extrémité  l'apophyse  transverse  inférieure  de  l'axis. 

i  es  apophyses  forment  sur  le  côté  de  la  région  cervicale  une  large  exi 
protégée  de  tous  côtés  et  renforcée  encore  par  l'apophyse  iransverse  supérieure 
de  la  première  dorsale. 

M.  Flower  ■  donné  la  coupe  de  cette  région  cervicale  dans  Bon  appendii  •■  a  la 
traduction  du  livre  cTEschrichl  el  de  Reinhard!  :  on  voit  l'arc  de  la  première  ver- 


80  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

tèbre  isolé,  comme  celui  de  la  septième,  et  les  cinq  autres  souciées  ensemble.  — 
Ces  arcs  sont  soudés  complètement  dans  notre  baleine  (I). 

En  faisant  mention  d'une  Baleinoptère  capturée  le  50  ventôse,  an  VI,  sur  la  côte 
de  l'île  Sainte-Marguerite,  Lacépède  figure,  à  côté  de  cet  animal,  une  région  cervi- 
cale de  baleine,  dont  il  serait  intéressant  de  connaître  l'origine.  Cuvier  a  repro- 
duit cette  région  cervicale  (PI.  XXVI,  fig.  15),  en  faisant  remarquer  avec  raison 
qu'elle  appartient  au  sous-genre  des  baleines  proprement  dites,  mais  à  une  espèce 
très-différente  de  celles  du  Cap,  et  moins  grande  ("2). 

Les  apophyses  épineuses  supérieures  sont  peu  élevées  et  se  distinguent  parleur 
mode  de  coalescence  :  les  deux  premières  sont  complètement  fondues;  les  quatre 
suivantes  également  ne  forment  qu'une  seule  crête,  tandis  que  la  dernière  reste 
entièrement  libre  comme  la  première  dorsale. 

La  coalescence  des  cinq  vertèbres  cervicales  en  deux  parties  a  pour  effet  de  pro- 
léger efficacement  la  moelle  épinière  dans  cette  région. 

Le  corps  de  la  septième  vertèbre  cervicale  a  son  épiphyse  encore  séparée  à  sa 
face  postérieure;  cette  face  est  notablement  concave. 

Les  vertèbres  de  la  région  cervicale,  surtout  les  premières,  sont  carénées  à  leur 
face  inférieure  comme  les  dernières  lombaires. 

Région  dorsale.  Il  y  a  treize  vertèbres  dorsales,  dont  le  corps  augmente  insen- 
siblement d'avant  en  arrière  depuis  la  première  jusqu'à  la  dernière.  C'est  même 
depuis  la  troisième  cervicale  que  les  vertèbres  gagnent  dans  leur  diamètre  antéro- 
posléricur. 

La  première  dorsale  est  fort  remarquable  par  la  direction  en  avant  de  son 
énorme  apophyse  transverse  supérieure,  qui  longe  celle  de  la  septième  cervicale 
el  entraîne  en  avant  la  première  côte  jusqu'à  la  bailleur  de  l'axis.  —  Cette  pre- 
mière vertèbre  se  dislingue  encore  des  autres,  non-seulement  parce  qu'elle  a  le 
corps  le  plus  mince,  mais  parce  qu'elle  a  sa  surface  antérieurement  bombée.  — 
Elle  est  convexe  en  avant,  comme  la  dernière  cervicale  est  concave  en  arrière.  — 
Ce  sont  les  seules  vertèbres  qui  soient  dansée  cas. 


(1)  La  coupe  de  i  elle  ré  ;ion  cer\  icale  présente  une  ressemblance  très-grande  avec  la  coupe  de  la  balama 
auslralis. 

2  Nous  avons  retrouvé  ces  vertèbres  dans  les  galeries  du  muséum,  el  noua  en  luisons  mention  plus 
loin,  dans  la  description  de  la  balœna  l  ii  a  laquelle  nous  les  rapportons. 


-...I  BLETTE  DES  CÉTACÉS  81 

Le  corps  de  la  quatrième  dorsale  esl  légèremenl  comprimé  en  dessous,  de  ma- 
nière que  la  vertèbre  devient  carénée.  Ce  caractère  augmente  insensiblement  dans 
les  Buivant<  a. 

Les  sept  premières  dorsales  onl  des  apophyses  articulaires  très-développées,  ou 
plutôt  des  surfaces  articulaires  fort  larges,  formant  une  fosse  profonde  au  devant 
de  chaque  arc  neural,  el  dans  laquelle  se  loge  l'apophyse  articulaire  postérieure  de 
la  vertèbre  précédente.  C'est  surtoul  depuis  la  quatrième  dorsale  jusqu'à  la 
Beptième  que  ces  surfaces  articulaires  son!  le  [dus  prononcées. 

Après  la  septième  dorsale  on  ne  remarque  plus  de  fosse  articulaire;  mais  on 
voit  les  apophyses  accessoires  prendre  toul  leur  développement  el  former  une  cou- 
lisse pour  la  vertèbre  qui  les  précède. 

Les  vertèbres  lombaires  Boni  au  nombre  de  onze.  La  premières  leboul  des  apo- 
physes transverses  raboteux  el  élargi,  comme  si  elle  portait  une  côte.  —  C'est  ce- 
pendant une  lombaire ,  mais  différente  des  autres  en  ce  que  la  dernière  côte  s  arti- 
cule également  avec  elle.  —  La  dernière  côte,  en  effet,  est  attachée,  comme  cel  i 
arrive  souvent  dans  les  cétacés,  aux  apophyses  transverses  de  la  dernière  dorsale 
et  de  la  première  lombaire. 

Le  corps  des  vertèbres  de  cette  région  augmente  dans  dur-  les  sens,  surtout  dans 
le  diamètre  antéro-postérieur,  depuis  la  première  jusqu'à  la  dernière,  et  ce  Boni 
les  vei  tèbres  lombaires  qui  ont  les  apophyses,  transverses  surtout,  les  plus  fortes. 

Ces  apophyses  transversi  -  sont  toutes  plus  larges  et  plus  fortes  que  les  apophyses 
épineus 

Région  caudale.  Nous  comptons  vingt-trois  vertèbres  caudales,  dont  les  dix  pre- 
mièi  es  poi  tenl  des  os  en  V. 

Le  di  imètre  vertical,  comme  le  diamètre  antéro  postérieur,  augmente  dans  i  es 
s  .'il-  bres  jusqu'à  la  sixième  caudale,  qui  est  la  \<m  tèbre,  non  précisément  la  plus 
épaisse,  mais  la  plus  élevée.  C'est  elle  aussi  quia  les  disques  épiphyses  les  plus  vo- 
lumineux, el  les  bœniapophyses  les  plus  fortes.  —Les apophyses  épineuses,  comme 
les  autres,  diminuent  insensiblement  d'avanl  en  arrière,  el  l'arc  neural  disparaît 
complètement  à  la  neuvième  <>u  dixième  vertèbre. 

I  dernières  vertèbres,  qui  sonl  logées  dans  l'épaisseur  de  la  queue,  vues  de 
face,  ont  une  forme  c  urée,  et  sonl  traversées  directement,  de  bas  en  haut,  pai 


«2  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

artères  spinales.  Los  vertèbres  précédentes  ont  plutôt  la  forme  d'un  pain,  et  ne  sont 
anguleuses  ni  de  face  ni  de  profil. 

Cotes.  —  Le  nombre  des  côtes  est  de  treize  dans  le  squelette  de  Louvain.  —  Le 
squelette  du  musée  de  Bruxelles  en  a  quatorze  à  gauche,  treize  à  droite.  —  Celui  de 
Londres  n'en  a  que  douze,  et  à  en  juger  par  l'état  général  de  conservation,  elles 
sont  complètes.  11  est  toutefois  à  remarquer  que  dans  le  squelette  de  Bruxelles 
les  apophyses  transverses  delà  quatorzième  vertèbre  présentent  une  surface  élargie 
qui  ferait  supposer  qu'il  existe,  là  encore,  une  côte  rudimentaire.  M.  Flower  fait  la 
même  observation  pour  la  treizième  dorsale  dans  le  squelette  de  Londres,  qui  n'a 
que  douze  paires.  Nous  avons  dit  plus  haut  que  cela  tient  à  ce  que,  comme  dans 
d'autres  cétacés,  la  dernière  côte  s'articule,  en  même  temps,  avec  l'apophyse 
transverse  de  la  dernière  dorsale  et  de  la  première  lombaire. 
Llles  diffèrent  toutes  de  forme. 

Etendues  par  terre,  la  première  touche  le  sol  dans  toute  sa  longueur;  la  seconde 
se  relève  vers  le  quart  supérieur;  la  troisième  se  relève  encore  davantage;  puis  les 
autres  se  relèvent  de  moins  en  moins  jusqu'à  Pavant-dernière. 

Les  deux  premières  s'articulent  par  leur  tubérosité  et  n'ont  aucune  apparence 
de  col  ou  de  tète.  —  Les  suivantes  ont  un  col;  mais  il  e9t  loin  d'égaler  la  lon- 
gueur de  l'apoj  hyse  transverse,  de  manière  qu'aucune  d'elles  n'arrive  par  la  tête 
au  corps  des  vertèbres.  Les  deux  dernières  s'articulent  par  la  tête,  directement  aux 
apophyses  transverses. 

La  seconde  et  la  troisième  côte  s'élargissent  en  haut  depuis  l'angle  qu'elles 
foi  ment  jusqu'à  la  tubérosité  articulaire,  affectant  quelque  ressemblance  avec  une 
mandibule  de  cheval. 

Les  premières  côtes,  mais  surtout  la  première,  forment  un  angle  bien  prononce, 
et  constituent  dans  la  région  dorsale  en  avant  une  large  gouttière  costo-vertébrale. 
A  cet  angle  correspond  une  apophyse  qui  s'éloigne  de  plus  en  plus  de  la  tubé- 
rosité articulaire,  pour  s'en  rapprocher  de  nouveau  aux  dernières  côtes  et  s'effacer 
ensuite. 

La  première  côte  s'avance  en  suivant  L'apophyse  transverse  de  la  première  dor- 
sale, et  s'articule  presque  autant,  si  pas  plus,  à  L'apophyse  transverse  de  l'axis 
qu'à  la  première  dorsale.  C'est,  du  reste,  ce  qui  a  lieu  également  dans  les  Baleinop- 
tères. 


50.1  BLETTE  DES  CÉTACÉS 

Les  côtes  antérieures  son!  forl  larges,  surtout  vers  leur  extrémité  inférieure; 
les  dernières  sont  les  plus  étroites;  les  plus  longues  se  trouvent  de  la  septii  me  ■< 
la  neui  ième. 

Dans  lous  les  Mysticètes  il  n'\  a  que  la  première  côte  qui  s'articule  avec  le  ster- 
num. C'esl  ce  que  l'on  voil  forl  bien  dans  le  fœtus,  e(  c'esl  ce  que  Hunier,  Camper 
et  d'au  1res  avaient  déjà  observé. 

Comme  nos  prédécesseurs,  Eschricht,  Reinhardtel  Flower,  l'onl  reconnu,  les 
côtes  sont  au  nombre  de  treize;  c'esl  le  nombre  normal  dans  le  Mysticetus,  et  la 
quatorzième  côte,  que  l'on  trouve  à  gauche  «lans  le  squelette  de  Bruxelles,  est  une 
côte  supplémentaire,  qui,  du  reste,  esl  forl  courte. 

sternum.  Le  sternum  présente  une  forme  forl  régulière;  élargi  en  avant,  il 
I  m  trie  une  échancrure  sur  son  bord  antérieur,  el  se  rétrécil  insensiblement  d'avanl 
en  arrière,  affectant  la  forme  d'un  bouclier.  —Sur  le  bord,  à  droite  et  à  gauche, 
;i  peo  pn  -  vers  le  milieu,  on  distingue  une  forte  échancrure;  c'esl  la  surface  arti- 
culaire de  la  première  paire  de  côtes. 

Ii  surface  inférieure  esl  bombée,  la  supérieure  notablemenl  creusée  vers  !<■ 
milieu. 

S  >  longueur  esl  de  *>">  centimètres;  sa  largeur  <le  :\"  centimètres;  Bon  épaisseur, 
au  milieu,  esl  <lc  85  millimètres. 

Mans  le  sternum,  figuré  par  Eschricht,  ('échancrure  du  bord  antérieur  n'est  pas 
reproduite,  mais  elle  esl  clairemenl  indiquée  par  M.  Flower. 

Dans  le  jeune  âge ,  le  sternum  montre,  sur  son  bord  antérieur ,  une  saillir  .m 
lieu  d'une  échancrure;  il  esl  proportionnellement  moins  large  el  se  termine,  en 
arrière,  en  une  pointe  plus  ou  moins  aiguë. 

iiiissi.i  Le  squelette  «le  Mysticetus,  que  nous  venons  de  recevoir  à  Louvain, 
a  le  bassin  exactcmenl  formé  comme  celui  figuré  par  Eschricht  el  le  professeur 
Reinbardl    l  . 

I  M.  Reinbardt  qui  a,  le  premier,  reconnu  la  véritable  composition  du  bassin, 
en  décow  rant  la  troisième  pièce,  <|ui  avait  échappé  à  ses  prédécesseurs. 

Le  bassin  proprement  dit  est  formé  de  quatre  os,  et  de  deux  pièces  cartilagineuses 


I)  Vi       i  nposilion  du  bassin  dci  i   '       ,  Oullrl     \   •  i.  roj    de  I  i         \\\ 


SI  SQUELETTE  DES  CETACES. 

que  l'on  ne  voit  bien  que  dans  les  corps  fiais;  deux  de  ces  os,  les  deux  principaux, 
sont  assez  longs,  puisqu'ils  mesurent  jusqu'à  un  pied  de  longueur;  ils  sont  placés 
parallèlement  l'un  à  l'autre,  au  milieu  des  parties  molles.  Ces  os,  d'après  leurs  rap- 
ports et  non  d'après  leur  forme,  sont  des  ischions.  On  les  trouve  dans  tous  les  Cétacés. 

Chacun  de  ces  ischions  porte,  en  dehors,  un  os  aplati,  un  peu  plus  long  que 
large,  terminé  en  bas  par  une  épiphyse,  en  haut  par  une  espèce  de  tète  suivie 
d'un  étranglement,  que  l'on  peut  comparer  à  une  tête  et  à  un  col  de  fémur. 

Au  bout  du  fémur,  le  professeur  Reinhardt  a  découvert  une  troisième  pièce,  qui 
reste  pendant  toute  la  vie  a  l'état  de  cartilage,  et  qui  représente  le  tibia.  Une  cap- 
sule synoviale  le  sépare  du  fémur. 

Quand  les  os  du  bassin  se  dessèchent  complètement,  on  ne  voit  plus  que  deux 
os,  l'ischion  et  le  fémur.  C'est  dans  cet  état  que  l'on  trouve  en  général  le  bassin 
dans  les  collections. 

L'ischion  présente  des  différences  assez  grandes  d'un  individu  à  l'autre  dans  le 
même  sexe;  celui  de  Londres,  comme  celui  de  Bruxelles,  est  assez  court  et  tronqué 
en  avant,  tandis  que  celui  de  Louvain  également  de  femelle  cependant,  comme 
celui  de  Londres,  est  notablement  moins  courbé,  et,  par  conséquent,  moins  caché 
par  le  fémur.  —  La  portion  postérieure  est,  par  suite,  plus  longue  et  plus  étroite 
dans  le  bassin  de  Copenhague  (mâle)  et  dans  celui  de  Louvain  (femelle). 

Membre  thoraelque.  L'omoplate  de  la  baleine  du  Groenland  présente  la  forme 
ordinaire  des  autres  vraies  baleines;  son  acromion  est  très  développé  et  un  cora- 
coïde  très-étendu  existe  à  sa  base.  Le  bord  postérieur  est  presque  droit;  le  bord 
antérieur  est  courbe,  de  manière  à  ce  que  l'angle  antérieur  dépasse  en  avant  le 
bout  de  l'acromion. 

Le  bord  supérieur  forme  une  courbe  régulière,  et  porte  un  cartilage  dans  tout*? 
sa  Longueur. 

Contrairement  à  ce  qui  se  voit  ailleurs,  la  face  interne,  au  lieu  d'être  concave 
est  convexe,  et  h  face  externe  présente  une  dépression  assez  notable  vers  le  milieu. 

L'épine  de  l'omoplate  est  peu  développée,  et  ne  s'éloigne  pas  beaucoup  du  bord 
antérieur,  de  manière  qu'il  n'existe  guère  6' épine  de  l'omoplate,  et  h  fosse  sus- 
épineuse  est  peu  étendue. 

La  cavité  glénoïdc  est  concave,  et  à  peu  près  aussi  large  que  longue;  elle  n'a  pas, 
a  beaucoup  près,  une  étendue  correspondanl  a  l'énorme  tète  de  l'humérus. 


SQUELETTE    DES   CETACES.  8b 

Olivier  a  figuré  une  omoplate  qu'il  attribue  avec  raison  à  la  baleine  de  Groen- 
land, mais  dont  l'origine  est  inconnue  (4).  Son  frère,  dans  l'article  Cétacés,  de  la 
Todd's  cyclopedia ,  voulant  reproduire  cette  figure,  fait  figurer  le  bras  de  la  ba- 
leine du  cap  pour  le  bras  du  Mysticetus  du  Groenland. 

L'omoplate  du  Mysticetus  se  distingue  de  celle  de  la  baleine  du  Cap  par  le  déve- 
loppement de  l'apophyse  caracoïde,  qui  atteint  à  peu  près  la  moitié  de  la  longueur 
de  l'acromion.  La  balaena  antipodarum  n'a  pas  d'acromion. 

L'humérus  a  tous  les  caractères  d'un  humérus  ordinaire  de  Cétacé.  11  est  court 
et  fort  gros,  très-écbancré  au  milieu  et  un  peu  tordu  sur  lui- môme.  — La  tète 
forme  une  éminencc  hémisphérique  énorme,  et,  en  dessous  du  collet,  on  distingue 
en  dedans  et  en  avant,  un  grand  et  un  petit  tubercule.  —  A  l'extrémité  inférieure 
les  deux  surfaces  articulaires  forment  un  angle  obtus,  et  la  surface  qui  correspond 
au  radius  est  un  peu  plus  large  que  l'autre. 

M.  Flovver  signale  une  différence  dans  les  deux  humérus  de  son  squelette, 
différence  qui  consiste,  en  ce  que  celui  de  droite  a  son  bord  supérieur  ou  interne 
deux  pouces  plus  court  que  celui  de  gauche,  tandis  que  le  bord  opposé  a  une  lon- 
gueur égale  dans  les  deux. 

Les  épipbyses  sont  complètement  soudées  aux  deux  extrémités,  dans  notre 
exemplaire,  mais  on  dislingue  encore  la  séparation. 

Contrairement  à  ce  que  nous  voyons  dans  la  baleine  décrite  par  Eschricht,  les 
os  de  l'avant-bras  sont  plus  courts  que  l'humérus  ;  l'humérus  a  0,62  et  le  radius 
0,60.  Aussi  ces  os  sont,  surtout  le  radius,  plus  larges  dans  toute  leur  longueur. 

Les  deux  os  de  l' avant-bras  sont  séparés  l'un  de  l'autre  dans  toute  leur  longueur 
à  peu  près,  et  l'espace  qu'ils  laissent  entre  eux  occupe  au  milieu  plus  de  la  moitié 
de  la  largeur  du  cubitus,  à  la  même  hauteur. 

Le  cubitus  est  plus  fortement  courbé  que  l'os  précédent  et,  par  son  prolonge- 
ment olécrànien,  il  est  un  peu  plus  long. — Cet  olécràne  est  notablement  moins 
long  que  celui  qu'Eschricht  a  figuré,  etque  le  dessinateur  évidemment  a  exagéré, 
en  ne  tenant  pas  compte  de  la  partie  cartilagineuse.  Sa  largeur  aux  deux  extré- 
mités est  à  peu  près  la  même,  et  égale  la  tête  du  radius;  au  milieu  le  cubitus  n'a 


(li  Descrip,  ossem.  foss.,  pi.  XXVI,  fiç.  y. 


<fi  SQUELETTE  ItES  CEI  VCÉS 

qu'un  pou  plus  de  la  moitié  de  l'épaisseur  du  radius;  son  épiphyse  supérieure  est 
complètement  soudée  comme  au  radius. 

Le  radius  est  fort  gros,  épais,  plus  large  notablement  à  son  extrémité  posté- 
rieure qu'à  sou  côté  humerai,  à  bord  inférieur  légèrement  bombé,  à  bord  inférieur 
concave  et  régulièrement  comprimé  de  dedans  en  dehors  dans  toute  sa  longueur 
d'après  Eschricht  et  le  professeur  Reinhardt,  sa  largeur  en  bas  correspond  à  la 
moitié  de  la  longueur  de  l'os;  dans  le  squelette  de  Louvain,  cette  largeur  forme 
les  deux  tiers  delà  longueur. 

Une  capsule  synoviale  sépare  chacun  des  os  de  l' avant-bras  de  l'humérus,  sans 
qu'il  y  ait  aucune  mobilité  de  l'avant-bras  sur  le  bras. 

L'épiphyse  antérieure  est  complètement  soudée,  mais  on  voit,  comme  à  l'extré- 
mité inférieure  de  l'humérus,  la  ligne  de  démarcation,  qui  a  séparé  le  cartilage  de 
l'os. 

Le  carpe  présente  un  véritable  intérêt,  mais  il  est  indispensable  pour  se  faire  une 
idée  de  ses  divisions,  d'avoir  un  membre  non  complètement  desséché.  —  Tout  le 
carpe  cartilagineux,  du  squelette  que  nous  décrivons,  était  en  parfait  état  et  au- 
cune de  ses  parties  n'était  encore  racornie.  —  Aussi  pour  conserver  immédiate- 
ment la  forme  des  compartiments  dans  lesquels  il  se  divise,  nous  avons  fait  mouler 
les  deux  surfaces  en  plâtre,  dans  l'intention  de  les  faire  copier  plus  tard;  c'est  le 
moyen  de  conserver  exactement  les  rapports  qu'ont  les  trois  os  entre  eux  ainsi  que 
les  cartilages  qui  les  logent . 

Avant  de  signaler  les  différences  que  nous  trouvons  dans  la  ligure  publiée  par 
Eschricht  et  le  professeur  Reinhardt;  nous  allons  exposer  ce  que  nous  avons  vu. 

Ui  bout  du  radius,  on  observe  commeau  bout  du  cubitus,  un  large  compartiment 
cartilagineux,  qui  correspond  parfaitement  au  radial  cl  au  cubital,  et  qui,  des  deux 
(•'îles  du  membre,  c'est-à-dire  a  la  face  dorsale  et  à  la  face  palmaire,  présente  le 
même  aspect.  —  Ces  deux  cartilages  n'ont  pas  de  noyau  osseux. 

Entre  ces  deux  cartilages,  on  en  voit  un  troisième,  qui  renferme  un  os  distinct 
assez  volumineux,  le  plus  forl  des  trois,  cl  qui  est  visible  des  deux  côtés;  c' es I 
Vin  ter  médiat. 

En  dessous  de  lui,  deux  autres  compartiments  renfermenl  chacun  un  os,  le 
deuxième  et  le  troisième carpale;  h1  dernier  seul,  situe  en  dessous  du  cubital,  est 
visible  de  deux  ei'iies  comme  le  précédent.  —  Le  deuxième  carpale  n'est  visible  que 


SQUELETTE  l)KS  CÉTACÉS.  87 

d'un  seul  coté  ;  c'est  en  même  temps  l'os  le  plus  petit,  et  l'on  voit  très-bien  à  l'os 
lui-même,  qu'il  ne  perce  le  cartilage  que  d'un  seul  côté. 

Le  cartilage  qui  fait  saillie  du  même  côté  que  le  cubitus,  et  par  conséquent  du 
côté  opposé  au  pouce,  n'a  aucun  os  dans  son  intérieur.  Escbricbt  et  le  professeur 
lieinhardt  ont  ligure  cet  os  qui  est  le  pisiforme.  Nous  l'avons  cherché  en  vain  dans 
le  squelette  de  Louvain;  à  l'extérieur  on  croirait  en  voir  un. 

M.  Flower  fait  remarquer  qu'il  existe,  entre  la  description  d'Eschricht  et  liein- 
hardt et  le  carpe  qu'il  a  étudié,  quelques  différences  parmi  lesquelles  il  signale 
comme  nous,  l'absence  de  l'os  pisiforme. 

La  différence  principale  que  nous  trouvons,  c'est  que  l'os  qui  figure  dans  le 
cartilage,  en  dessous  du  radial,  doit  figurer  dans  le  compartiment  plus  bas,  mais 
comme  il  ne  parait  pas  des  deux  côtés,  cet  os  aura  été  ajouté  après  coup  et  placé 
par  erreur  où  il  se  trouve.  Nous  croyons  que  c'est  l'artiste  qui  est  cause  de 
cette  erreur. 

Entre  le  métacarpien  du  pouce  et  le  radial,  il  existe  encore  un  carpal  distinct, 
mais  sans  os. 

Enfin  un  compartiment  distinct  correspond  à  chaque  os  métacarpien  et  se  com- 
porte envers  ces  os,  comme  le  cubital  et  le  radial  à  l'égard  des  os  de  l'avant-bras. 

Ce  dernier  carpien  est  donc  formé  de  onze  ou  douze  compartiments,  dont 
trois  du  milieu  seuls  renferment  un  os. 

En  somme  il  existe  donc,  et  nous  croyons  que  c'est  chez  tous  les  individus  de 
même,  trois  os  carpiens,  qui  correspondent,  non  à  la  première  rangée  d'osselets, 
mais  plutôt  à  la  seconde;  le  scaphoïde  comme  le  pyramidal,  ou  le  radial  et  le 
cubital  manquent;  le  semilunaire  ou  intermédial,  est  le  seul  de  cette  première 
rangée  qui  soit  développé. 

Dans  le  squelette  du  musée  de  Bruxelles  les  pièces  en  bois  qui  représentent  les 
os  ne  sont  pas  à  leur  place. 

Dans  la  ùalsena  australis,  et  dans Yantipodarum,  il  existe  dans  tous  les  deux  un 
radial  et  un  cubital,  avec  les  deux  carpales  de  la  seconde  rangée. 

Ces  os  présentent  tous  les  trois  la  forme  d'un  baril  ;  ils  sont  placés  en  travers  au 
milieu  du  cartilage,  ont  deux  surfaces  aplaties  et  tout  le  reste  de  leur  surface 
est  couvert  d'orifice  et  d'aspérités  qui  leur  donnent  l'aspect  d'un  fruit. 


88  SQUELETE  DES  CÉTACÉS. 

L'os  carpien  qu'Eschricht  et  Reinhafdt  figurent  (I)  est  le  premier  os  carpal,  re- 
connaissable  parce  qu'il  ne  présente  qu'une  seule  face  aplatie  visible  à  l'exté- 
rieur, l'autre  face  restant  caché  dans  le  cartilage. 

Les  doigts  sont  au  nombre  de  cinq,  comme  dans  toutes  les  vraies  baleines,  et 
chacun  d'eux  a  un  os  métacarpien,  même  le  pouce. 

Les  cinq  os  métacarpiens  sont  fort  inégalement  développés;  celui  du  pouce  est 
le  plus  petit,  tandis  que  celui  de  l'index  est  le  plus  grand;  le  métacarpien  de 
l'index  diffère  surtout  des  autres  par  sa  largeur,  et  son  bord  interne  seul  est 
échancré  au  milieu  ;  son  bord  externe,  c'est-à-dire  celui  qui  regarde  le  pouce, 
est  au  contraire  très-bombé;  les  trois  autres  métacarpiens  ne  se  distinguent  que 
par  leur  épaisseur,  qui  va  en  diminuant  depuis  le  médian  jusqu'au  petit  doigt. 

Il  existe  peu  de  différence  dans  la  longueur  des  doigts,  longueur  qui  est  en  rap- 
port avec  le  nombre  de  phalanges;  le  pouce  n'a  pas  de  phalange  véritable,  l'index 
en  a  trois,  le  doigt  médian  quatre,  l'annulaire  trois  comme  l'index  et  le  petit  doigt 
deux.  — C'est  exactement  la  même  disposition  dans  les  divers  squelettes  connus. 

Si  nous  comparons  la  composition  de  ce  membre  à  celui  de  la  balsena  austratis, 
nous  trouvons  ceci  de  remarquable,  que  les  os  du  bras  et  de  l'avant-bras  sont  tous 
plus  courts  dans  ce  dernier,  tandis  que  chaque  doigt  a  une  phalange  de  plus,  et  la 
région  mésocarpienne  possède  dans  labalaena  australis,  deux  os,  qui  n'existent  pas 
dans  la  balœna  mysticetus. 

La  dernière  phalange  de  chaque  doigt  est  terminée  par  un  Gbrocartilage 
allongé,  qui  est  surtout  fort  développé  au  doigt  médian. 

Mesure  des  principaux  os  du  squelette  de  Louvain  (2)  : 

Maxillaire  inférieur  :  ligne  droite 5"',52 

—  Développement 5°\8!j 

Développement  de  la  courbe  antérieure  a  partir  de  la  base  de  l'occipital.     .    .  6™, 34 

Droite  jusqu'au  trou  occipital  (partie  postérieure) B^iS 

Membre  :  longueur  totale 2"',!i0 

—  Humains 0e",  02 

—  Radius 0",G0 

Omoplate  :  hauteur  sans  le  cartilage 1"',10 

—  largeur  maxima 1",12 


(l)  Oui  nordhvalen..  .,  p.  1  17. 
>   Ces  mesures  ont  été  prises  avec  une  extrême  obligeance,  par  M.  Emile  Dallemagne. 


BALEINES.  sa 

Nous  reproduisons  ici,  à  la  fin  de  l'article  sur  la  Balœna  mysticetus,  la  tète  d'un 
fœtus  de  cette  espèce  qui  est  conservée  à  Louvain  et  la  tète  d'un  fœtus  de  la  Balœna 
antipodarum;  cette  dernière,  dont  les  principales  parties  sont  conservées  dans  les 
galeries  d'anatomie  comparée  du  muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris,  a  été  des- 
sinée par  Werner.  —  Il  est  inutile  de  faire  remarquer,  que,  s'il  existe  déjà  à  cet 


Tête  d'un  fœtus  lie  Balœna  autipodarum. 


Tête  d'un  fœtus  de  Balœna  mysticetus. 


âge  des  différences  tort  grandes  entre  ces  baleines  qui  habitent,  l'une  l'hémi- 
sphère boréal,  l'autre  l'hémisphère  austral,  les  caractères  distinctifs  les  plus 
remarquables  ne  paraissent  cependant  que  plus  tard  dans  le  cours  de  leur  évo- 
lution, surtout  quand  elles  approchent  du  terme  de  leur  développement  complet. 


12 


90 


SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 


On  voit,  dans  l'une  de  ces  tètes  surtout,  les  bulbes  des  poils  qui  tombent  de 
bonne  heure  et  dans  toutes  les  deux  le  bonnet  qui  occupe  à  peu  près  la  même  place 
au  bout  du  rostre. 


BALjENA     BISCAYENS1S 


Pt.  VII. 


Eschricht,  Sur  une  nouvelle  méthode  de  l'étude  des  cétacés,  Comptes  rendus....  13  juillet  1858. 
Eschricht,  Développement  du  questionnaire  relatif  aux  cétacés,    Act.  Soc.   Linnéenne  de    Bordeaux, 

tom.  XVII,  1859. 
Eschricht,  Sur  les  baleines  franches  du  golfe  de  Biscaye,  Comptes  rendus....  1860, p.  924. 
P.  J.  Van  Beneden,  Bull.  acad.  roy.  de  Belgique,  1801,  40:». 
J.  E.  Gray,  Proceed.  Zoolog.  Soc.  1864. 
W,  IL  Flotoer,  Proceed.  Zoolog.  Soc.  1864,  391. 
J.E.Gray,  Catalogue of Seals and  Whales,  London,  1866. 
L.  1).  Cope,  Contribution  to  the  history  ofthe  cetacea....  (Proceed.  ofthe  Academy  ofNatur.  Se.  ofPlnla- 

delphiafor  I86ii;.  Philadelphie,  1866. 

Cette  baleine  a  té  désignée  sous  le  nom  de  nordkaper  (1  )  par  les  baleiniers  hollan- 
dais, de  sarde  parles  Français,  de  stàtèak  parles  Islandais  et  les  Norvégiens,  d'east- 
coast  whale  par  les  baleiniers  qui  visitaient  autrefois  la  mer  de  Baffin  et  les 
cotes  de  Groenland. 

Tous  les  auteurs  s'accordent  à  dire  que  les  Basques  ont  fait  la  pèche  de  la  baleine 
dans  le  golfe  de  Gascogne  et  dans  la  Manche,  dès  le  neuvième  ou  dixième  siècle, 


i    Ce  nom  de  nordeapt  r  au  Noordkaper  a  été  donné  par  erreur  ii  des  animaux  bien  différents  les  un» 

des  autres.— D'après  Bai,  on  désigne  sous  ce  nom,  mu  les  côtes  d'Ecosse,  l'Orque;  ailleurs  le  Tursio;  mais 
le  plus  souvent  ce  sont  des  Balénoptères. 


BALEINES.  91 


et  que  cette  race  agile  et  vaillante,  adroite  à  tous  les  exercices  de  corps,  cou- 
rageuse jusqu'à  la  témérité,  a  appris  aux  Hollandais  à  harponner  ces  animaux. 
Les  Basques  sont  censés  avoir  introduit  le  harpon  vers  1 550.  Ils  ont  conservé  pen- 
dant assez  longtemps  le  monopole  de  cette  pèche,  et  nous  voyons  les  Hollandais, 
lors  de  leurs  premières  expéditions  dans  les  mers  arctiques,  prendre  des  harpon- 
neurs  basques  à  leur  solde.  Ces  harponneurs  n'étaient  engagés  que  pour  la  durée 
de  l'expédition. 

Après  les  hostilités  qui  éclatèrent  au  sujet  de  la  pèche  entre  les  baleiniers  an- 
glais et  hollandais  (1 6 1 2  à  I G 1 4),  il  y  eut,  dans  les  parages  du  Spitzherg,  un  partage 
des  haies  et  des  eaux  les  plus  propres  à  la  capture  des  haleines,  et  après  que  les 
Anglais,  les  Hollandais,  les  Hamhourgeois  et  les  Danois  se  furent  partagés  les 
bonnes  places,  nous  voyons  encore  deux  baleiniers  basques  venir  réclamer 
la  leur. 

Les  Basques  n'avaient  donc  plus  le  pas  sur  les  autres,  et  peu  de  temps  après,  ils 
cédèrent  complètement  la  place  à  ceux  qu'ils  avaient  initiés  dans  l'art  de  manier 
le  harpon. 

Le  baleinier  basque  a  disparu  avec  la  baleine  qui  porte  son  nom. 

Depuis  longtemps  il  n'existe  plus  guère  de  baleines  dans  le  golfe  de  Gascogne 
qui  puissent  faire  l'objet  d'une  pèche  régulière,  et  c'est  tout  au  plus  si,  de  temps 
à  autre,  on  y  voit  apparaître  encore  une  baleine  ou  une  balénoptère  isolée. 

Cuvier  en  avait  conclu  que  cette  baleine,  que  l'on  capturait  autrefois  dans  la 
Manche,  s'était  retirée  insensiblement  vers  le  nord,  devant  les  attaques  incessantes 
de  l'homme,  et  qu'elle  avait  fini  par  se  réfugier  au  milieu  des  glaces  du  Spitzherg 
et  du  Groenland.  Le  grand  naturaliste  en  était  d'autant  plus  convaincu,  que  son 
opinion  était  indirectement  corroborée  par  le  témoignage  de  Scoresby  qui  avait 
pris  part  à  la  capture  de  522  baleines  et  qui  n'avait  observé,  dans  ses  nombreux 
voyages  au  nord,  qu'une  seule  et  unique  espèce  de  baleine;  le  nordeaper  des  pé- 
cheurs hollandais  ne  s'était  trouvé  nulle  part  sur  son  passage.  On  le  comprend 
aisément;  le  nordeaper  avait  déjà  disparu  de  ces  parages  à  l'époque  où  Scoresby 
faisait  ses  voyages,  comme  le  mysticetusa  presque  disparu  lui-même  de  ces  régions, 
où,  dans  le  courant  du  siècle  dernier,  on  en  prenait  encore  par  centaines.  Les 
baleiniers  basques  ont  mis  plusieurs  siècles  à  détruire  le  nordeaper  dans  les  ré- 
gions tempérées  de  l'Atlantique;   les  successeurs  des   Basques  n'ont  mis  qu'un 


92  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

siècle  à  détruire  le  mysticetus  dans  les  parages  du  Spitzberg,  et  à  peu  près  autant 
pour  le  faire  disparaître  de  la  mer  de  Baffin  et  du  détroit  de  Davis. 

Otte  opinion  de  Cuvier,  sur  le  changement  de  station  de  la  haleine  de  la  Manche 
a  été  partagée  par  la  plupart  des  naturalistes;  aux  yeux  de  presque  tous,  le  nord- 
caper  était  devenue  une  espèce  nominale  qu'il  fallait  rayer  de  l'inventaire  général. 
Fen  notre  ami  Eschricht  n'était  pas  de  cet  avis;  il  avait  confiance  dans  le  récit 
des  anciens  baleiniers;  s'étant  assuré  que  la  haleine  franche,  qui  habite  les  glaces 
polaires,  ne  sort  guère,  à  aucune  époque  de  l'année,  du  cercle  polaire,  il  en 
concluait  naturellement  que  la  haleine  chassée  par  les  Basques  dans  la  Manche 
devait  être  un  autre  animal. 

Eschricht  découvrit,  dans  un  précieux  manuscrit  islandais  du  douzième  siècle,  le 
Kongskug-sio,  on  le  miroir  royal  (I),  quelques  renseignements  du  plus  haut  intérêt 
sur  cette  question.  —  La  pêche  de  la  baleine  occupait  beaucoup  les  Islandais  de 
cette  époque,  et  les  pêcheurs  distinguaient  parfaitement  deux  sortes  de  baleines  : 
l'une  au  nord  qu'ils  appelaient  nordwall  (baleine  du  nord),  et  l'autre  au  sud  qu'ils 
désignaient  sous  le  nom  de  slatùag ;  la  première  se  montrait  au  nord  pendant 
l'hiver,  l'autre  n'apparaissait  qu'au  printemps,  et  cette  dernière  seule  avait  la  peau 
couverte  de  coquillages  (Lepades). 

Celte  baleine  qui  se  couvrait  de  lepades  ou  balanes  est  évidemment  l'animal 
auquel  les  baleiniers  hollandais  ont  donné  plus  tard  le  nom  de  nordeaper. 

On  trouve  également  quelques  renseignements,  qui  ne  sont  pas  sans  importance, 
dans  certains  ouvrages  du  seizième  et  du  dix-septième  siècle. 

Ainsi,  Rondelet  a  eu  connaissance  de  cette  baleine,  quoiqu'elle  n'ait  pas  fré- 
quenté la  Méditerranée.  En  parlant  de  la  Balsena  vulgo  dicta  sive  de  musculo,  il  donne 
comme  caractères  distinctifs:  rostroest  ùrevi,  ftstula  caret,  corio  dura  nigro  inlegi- 
tur.  Sine  pilis,  cui  Lepades  ci  ostrea  hœrentia  aliquando  reperiunturfô).  —  On  sait  que 
les  balénoptères  ne  se  couvrent  jamais  de  ces /,e/W<'.v,  el  (pie  la  seule  espèce  de  ba- 
leine à  fanons,  qui  entre  dans  la  Méditerranée,  appartient  à  ce  genre.  Nous  pou- 


(1)  Ce  manuscril  es)  signalé  dans  le  muséum  Wormianum    1888),  et  Lesson  en  fait  mention  dans  soi 
Histoire  uat ut .  1 1 1  des  cél  <       pa  •  31  . 

(2)  Rondelet,  De piscibuslib.  XVI,  p.  471,.  looi. 


BALEINES.  93 

vons  donc  conclure  de  ce  passage  que  Rondelet  a  eu  connaissance  du  nordcaper, 
car  il  n'est  pas  probable  qu'il  ait  connu  des  baleines  australes. 

Du  Hamel  admet  deux  espèces  de  baleines,  la  baleine  franche  et  la  sarde,  qu'il 
considère  comme  le  vrai  nordcaper.  La  sarde  est  plus  petite,  a  moins  de  lard  et  est 
plus  alerte.  —  On  la  voit  à  Terre-Neuve,  où  elle  se  nourrit  de  capellans  (I  ). 

La  connaissance  de  deux  sortes  de  baleines  au  nord  de  l'Atlantique  parait  du 
reste  assez  générale  parmi  les  baleiniers  du  XVIIe  et  du  XVIIIe  siècle.  Après  la 
découverte  du  Spitzberg  (16 H),  Tbomas  Edge  fut  chargé  de  la  première  expédi- 
tion anglaise  pour  la  pêche  de  la  baleine  au  nord,  et  dans  ses  instructions  il  est  fait 
mention  de  deux  sortes  de  baleines,  l'une  tlie  bcardcdwhale,  qui  est  le  myslicefus, 
et  l'autre  la  sarda,  avec  des  fanons  de  six  pieds,  qui  est  sans  doute  la  biseayensis. 

Les  baleiniers  groënlandais  distinguaient  de  mémo  deux  sortes  de  baleines,  l'une 
sous  le  nom  de  easf-coastivhale,  qui  visite  la  côte  d'Amérique  et  Terre-Neuve,  l'autre 
ivest-coast  whale,  qui  ne  se  montre  que  sur  la  côte  de  Groenland. 

Les  deux  sortes  de  baleines  étaient  également  connues  des  marchands,  qui 
reconnaissaient  à  la  longueur  des  fanons  l'espèce  qu'ils  désignaient  sous  le  nom 
de  seven-feet-bone  et  l'autre  qu'ils  appelaient  grcenland  ivhalc  ;  la  première  à 
fanons  courts,  l'autre  à  fanons  longs. 

Dans  un  manuscrit  conservé  à  Pau,  et  qui  a  pour  objet  la  découverte  de  Terre- 
Neuve,  se  trouve  un  passage  qui  mérite  d'être  signalé.  —  Ce  manuscrit  a  été  com- 
muniqué par  le  professeur  Geffroy  à  Eschricht  et  au  professeur  Reinhardt.  Il  y  est 
fait  mention  de  baleiniers  basques  à  la  recherche  des  repaires  des  baleines,  qui 
hantaient  leurs  côtes  au  milieu  de  l'hiver.  D'après  ce  récit  ces  baleiniers  voyaient 
de  plus  en  plus  de  baleines  à  mesure  qu'ils  avançaient  vers  l'ouest,  et  ils  arrivèrent 

ainsi  jusqu'au  banc  de  Terre-Neuve.  —  Là  ils  trouvèrent  des  baleines  différentes 
de  celles  qui  hantaient  leurs  parages,  et  ils  leur  donnèrent  le  nom  desardaco  ba- 
leac,  baleines  de  troupe  (2). 

Le  nombre  de  ces  animaux  ayant  diminué  sur  les  côtes  d'Europe,  les  baleiniers 


(1)  Du  Hamel,  T mile  des  pêches,  sect.  X,  t.  IV. 

.'  ('.os  Sardaco  Baleac  sont  sans  doute  des  mysticetus  du  Groenland,  bien  différentes  des  sVnv/.'v,  que 
les  Basques  avaient  poursuivis  jusque  daus  ces  parages.  Les  mysticetus  descendent  quelquefois,  en  effel, 
jusqu'il  Terre-Neuve. 


94  SQUELETTE  DES  CETACES. 

sont  allés  les  poursuivre  sur  les  côtes  d'Amérique,  et  à  la  fin  du  XVIe  siècle  des 
vaisseaux  de  diverses  nations  prenaient  part  à  la  capture  de  ce  riche  butin.  —  Plus 
de  500  vaisseaux  se  rendaient  dans  ces  parages  vers  cette  époque,  et  il  n'y  avait  pas 
moins  de  15  vaisseaux  anglais,  autant  de  portugais,  150  français,  100  espagnols  et 
20  ou  50  vaisseaux  du  golfe  de  Gascogne  qui  se  livraient  à  cette  pêche,  dit  Antony 
rarkhurst(l578)  (I). 

Pontoppidan  parle  également  de  baleines,  à  fanons  de  cinq  à  sept  pieds,  différen- 
tes des  baleines  de  Groenland,  par  la  largeur  comme  par  la  qualité  de  ces  organes, 
et  que  l'on  prend  dans  les  parages  de  Terre-Neuve.  Mais  à  l'époque  où  Pontoppidan 
écrivait,  cette  pèche  devait  être  à  peu  près  abandonnée,  puisque,  pendant  une 
période  de  dix-sept  ans,  on  n'avait  pris  que  deux  baleines,  dont  un  vieux  mâle. 

Chemnilz  fait  également  mention  d'un  fait  qui  mérite  d'être  signalé.  — Un  ba- 
leinier, après  avoir  fait  la  pêche  du  cachalot  au  Brésil,  se  rendit  au  nord  afin  de 
compléter  son  chargement.  Entre  Terre-Neuve  et  l'Islande,  il  captura  un  nord- 
caper.  —  Il  fait  remarquer  qu'il  n'y  a  pas  de  chasse  plus  difficile.  Le  nordcaper 
est  très-remuant  et  fait  des  sauts  irréguliers  (krumme  Sprungen).  — Il  porte  sur 
sa  tète  noire  des  coquillages  et  l'animal  capturé  en  portait  suffisamment  pour 
remplir  un  sac.  Chemnitz  est  d'avis  que  ces  coquillages  sont  les  mêmes  que 
ceux  décrits  par  Walchs  sous  le  nom  de  Balanus  et  que  Rumphius  a  rangés 
parmi  les  Oursins.  On  peut  reconnaître  ce  nordcaper,  dit  Chemnitz,  non-seu- 
lement à  la  structure  du  corps,  mais  surtout  à  ses  mouvements  désordonnés  et  aux 
balaues  qui  lui  couvrent  la  tête. 

Il  est  donc  généralement  admis  qu'une  baleine,  à  fanons  courts  dans  la  bouche 
et  a  coquillages  sur  la  tête,  était  l'objet  d'une  pèche  régulière  sur  les  côtes  d'Eu- 
rope et,  plus  tard,  sur  les  côtes  d'Amérique  (2).  Aussi  ne  doit-on  pas  être  surpris 
de  voir  Zorgdrager  admettre  une  baleine  des  glaces  (ysvisch)  et  une  baleine  du  cap 
nord  nordcaper.   Le  temps  nous  apprendra  si  Zorgdrager  a  eu  également  raison 


(Ij  En  1858  mi  comptait  encore  aux  Étals-Unis  736  baleiniers;  on  n'en  compte  plus  que  34S  en  18(17,  cl 
en  1868.—  Celte  décroissance  est  constante  depuis  1817.  Los  trésors  que  ces  pêcheurs  tirent  du  fond 
île  la  mer,  dépassenten  importance  la  valeur  des  mines  d'or  de  la  Califoi  me,  dit  avec  beaucoup  de  raison 
le  commandant  Maury. 

(2)  Score  bj  reconnaît  que  la  baleine  des  régions  tempérées  se  couvre  de  lepas  diadema,  et  jamais 
celle  des  régions  arctiques. 


BALEINES.  95 

de  distinguer  son  ysvisch  en  baleine  du  sud,  que  l'on  prend  entre  le  Spitzberg  et 
la  Nouvelle-Zemble,  et  celle  de  l'ouest  que  l'on  prend  depuis  le  Spitzberg  jusqu'au 
détroit  de  Davis. 


Nos  connaissances  en  cétologie  étaient  bien  incomplètes  à  l'époque  où  Lacépède 
écrivit  son  histoire  naturelle  des  Cétacés  ;  et  cependant,  à  côté  de  la  baleine  franche 
du  Groenland,  le  savant  successeur  de  Buffon  admettait  une  espèce  distincte  sous 
le  nom  de  nordcaper,  et  dont  il  produisait  un  dessin  qui  n'est  pas  sans  mérite. 
Une  troisième  espèce  dont  parle  Lacépède  est  évidemment  la  Megaptera  boops,  que 
Cuvier  n'a  pas  connue  non  plus,  mais  la  quatrième  nous  paraît  nominale. 

Cuvier,  en  écrivant  ses  recherches  sur  les  ossements  fossiles,  se  livre  à  l'étude 
des  baleines  et  des  dauphins;  avec  beaucoup  de  raison,  il  n'admet  que  les 
espèces  dont  l'authenticité  est  bien  établie,  soit  sur  des  squelettes,  soit  sur  des 
ossements  séparés.  Malheureusement  le  muséum  de  Paris,  comme  la  plupart  des 
collections  du  reste,  était  fort  pauvre  en  cétacés,  à  l'époque  où  le  grand  natura- 
liste se  livra  à  ces  travaux.  Le  muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris  possédait  un 
squelette  de  baleine  du  Cap  rapporté  par  Delalande  et  un  squelette  de  mégap- 
tère  désigné  sous  le  nom  de  Rorqual  du  Cap.  —  Le  British  muséum  pos- 
sédait une  tête  de  baleine  du  Groenland.  Quelques  squelettes  de  Rorquals  étaient 
également  connus. 

L'animal,  qui  aurait  dû  être  représenté  avant  tout  dans  l'un  ou  l'autre  musée 
par  une  pièce  quelconque,  puisqu'il  avait  été  l'objet  d'une  pèche  régulière  sur  les 
côtes  d'Espagne  et  de  France,  faisait  défaut  partout.  Les  squelettes  que  nous 
venons  de  signaler  étaient  à  peu  près  les  seuls  matériaux  dont  le  naturaliste 
pouvait  disposer  il  y  a  quarante-cinq  ans. 

..«  Quant  à  la  baleine  de  glace,  au  vrai  nordcaper,  au  nordcaper  du  capJ\Tord, 
dit  Cuvier,  le  seul  dessin,  le  seul  document  muni  de  quelque  authenticité  que  l'on 
ait  cru  pouvoir  y  rapporter,  consiste^  dans  les  figures  faites  au  Groenland  par 
Bachstiom,  envoyées  par  sir  Joseph  Banks  à  M.  le  comte  de  Lacépède,  et  que 
celui-ci  a  fait  graver  dans  son  histoire  naturelle  des  cétacés  (PI.  II  et  III).  Il  suffit 


96  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

de  comparer  cette  figure  de  Bachstrom  avec  celle  de  Scoresby,  pour  être  convaincu 
qu  elles  ne  représentent  qu'une  seule  et  même  espèce.  »  Nous  ne  partageons  pas 
cet  avis  de  Cuvier.  —  Ce  dessin  de  Bachstrom  ,  fait  en  1779,  d'après  un  individu 
que  l'on  prétend  provenir  des  mers  du  Groenland,  représente  un  animal  différent 
du  mysticetus,  et,  en  le  comparant  au  dessin  du  docteur  Monedero,  que  nous  repro- 
duisons dans  notre  atlas,  nous  ne  doutons  pas  que  ce  ne  soit  le  même  animal,  c'est- 
à-dire,  le  véritable  nordcaper.  La  courbure  de  la  lèvre  au-dessous  du  globe  de 
l'œil,  aussi  bien  que  la  grosseur  et  la  forme  de  la  tète.,  nous  paraissent  caractéris- 
tiques dans  ce  dessin. 

Dans  son  histoire  naturelle  des  cétacés,  Fr.  Cuvier  n'admet  que  la  baleine 
franche  dans  le  genre  Balaena,  et  il  ne  trouve,  dit-il,  aucune  raison  d'admettre  le 
nordcaper  comme  espèce  distincte.  ..  «  Il  ne  restera  en  dernière  analyse,  dit-il, 
pour  fonder  l'existence  de  cette  espèce,  que  ce  nom  de  nordcaper,  appliqué  par 
les  pêcheurs  à  un  cétacé  à  fanons,  et  auquel  ont  été  rattachés  des  notions  di- 
verses, qui  semblent  autant  appartenir  à  un  rorqual  qu'à  une  baleine  proprement 
dite.  »  Fr.  Cuvier  avait  raison  :  très-souvent  on  a  confondu,  sous  le  nom  de  nord- 
caper, de  véritables  balénoptères  et  peut-être  aussi  des  megaptères;  mais  de  ce 
qu'on  a  souvent  confondu  des  espèces  distinctes,  il  ne  résulte  pas  que  le  nordcaper 
ne  soit  pas  une  baleine  à  caractères  constants  et  particuliers. 

Comme  on  le  comprend  aisément,  la  grande  autorité  de  Cuvier  entraîna  la 
généralité  des  naturalistes,  et  le  nordcaper  fut  rayé  du  catalogue  général  des  zoo- 
logistes.—  Cette  baleine  était  devenue,  aux  yeux  de  tous,  une  espèce  nominale. 

Le  professeur  Eschricht  de  Copenhague,  ainsi  que  quelques  autres  naturalistes, 
avaient  plus  de  confiance  que  Cuvier  dans  le  récit  des  anciens  baleiniers  et,  en  étu- 
diant la  répartition  géographique  de  la  baleine  franche,  Eschricht  avait  acquis  la 
conviction  que  cette  dernière  espèce  ne  quitte  jamais  les  glaces  polaires,  et  ne  peut 
par  conséquent  pas  être  la  même  baleine  que  les  Basques  avaient  chassée  pendant 
des  siècles  dans  le  golfe  de  Gascogne  et  dans  la  Manche.  —  De  son  côté,  le 
professeur  Reinhardt  apportait  des  preuves  plus  décisives  encore. 

En  faisant  le  relevé  des  documents  authentiques  recueillis  dans  les  colonies 
danoises  du  Groenland,  le  savant  professeur  de  Copenhague  fit  voir  à  l'évidence, 
que  la  baleine  de  cette  contrée  visite  exactement  les  mêmes  parages  qu'autrefois, 
etqueson  apparition  dans  les  diverses  stations  a  lieu  absolument  à  la  même  date. 


BALEINES.  97 

—  11  n'y  a  rien  de  changé  depuis  plus  d'un  siècle  dans  les  mœurs  de  cet  intéres- 
sant animal. 

Toutes  ces  preuves  n'auraient  peut-être  pas  suffi  pour  faire  revenir  les  natura- 
listes à  l'opinion  des  baleiniers  des  siècles  précédents,  quand  heureusement, 
le  17  janvier  185-1,  une  baleine,  une  vraie  baleine  accompagnée  d'un  baleineau, 
fit  son  apparition  dans  le  golfe  de  Gascogne.  L'animal  se  montra  à  diverses 
reprises  devant  Saint-Sébastien  ;  il  resta  en  vue  pendant  plusieurs  jours,  et  les 
habitants  de  la  côte  se  décidèrent  heureusement  à  lui  faire  la  chasse;  le  balei- 
neau fût  capturé,  mais  la  mère  échappa. 

Le  docteur  Monedero,  qui  était  sur  les  lieux,  en  fit  un  bon  dessin  en  couleur, 
et  le  cadavre  fut  dépecé  pour  en  conserver  les  os.  —  Le  dessin  fut  ensui'c 
lithographie,  et,  grâce  au  docteur  Bazin  de  Bordeaux  et  au  professeur  Geffroy, 
qui  comprenaient  l'un  et  l'autre  l'importance  de  celte  capture  pour  la  cétologie, 
un  exemplaire  de  la  lithographie  fut  remise  entre  les  mains   d'Eschricht. 

Eschricht  reconnut  à  l'instant  que  le  cétacé  de  Saint-Sébastien  était  une  vraie 
baleine,  et  non  pas  une  balénoptère,  mais  une  baleine  toute  différente  de  l'espèce 
du  Groenland.  Peut-être  est-ce  un  descendant  des  nordeaper,  se  dit-il,  el  Je 
nordeaper  ne  serait  donc  pas  éteint. 

Eschricht  m'écrivit  le  1 f>  octobre  \  857  :  «  Personne  n'a  donc  été  frappé  encore 
par  l'accident  de  Saint-Sébastien.  Ah  !  que  c'est  bien  !  C'est  donc  moi,  je  l'espère, 
qui  en  prouverai  toute  l'importance  pour  l'histoire  de  la  pêche  de  la  baleine.  Mais 
il  me  faut  pour  cela  aller  à  Pampelune  ;  j'espère  trouver  le  squelette  qui  vaut » 

Mon  savant  ami  fit  peu  de  temps  après  ses  préparatifs  de  voyage.  Une  pouvait  pas 
abandonner  à  un  autre  le  soin  d'étudier  les  caractères  de  cette  curieuse  baleine; 
il  quitta  Copenhague  le  18  juin  1858,  s'arrêta  à  Louvain  pendant  quelques  jours, 
annonça  à  l'Académie  des  sciences  à  Paris  le  motif  de  son  passage ,  arriva 
à  Saint-Sébastien  ,  puis  à  Pampelune,  où  son  arrivée  était  officiellement  annoncée 
et  où  les  os  du  squelette  se  trouvaient  déposés.  —  Le  squelette  n'était  pas 
monté. — Eschricht  reconnut  à  l'instantque  la  jeune  baleine  différait  complètement 
de  la  baleine  du  Groenland,  et,  il  n'y  eut  plus  de  doute  pour  lui,  l'animal  qui  venait 
si  inopinément  faire  son  apparition  dans  le  golfe  de  Gascogne,  appartenait  à  ce 
groupe  île  baleines  que  les  Basques  harponnaient  dans  la  Manche,  et  dont  l'espèce 
n'était  heureusement  pas  détruite,  comme  il  v  avait  tout  lieu  de  le  craindre, 


i  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

Eschricht  fit  l'acquisition  du  squelette  par  voie  d'échange  pour  le  Musée  de 
Copenhague,  et  n'éprouva  quelque  repos  que  quand  le  navire  qui  le  porta  fut 
entré  dans  le  port  de  Copenhague. 

Une  de  ses  grandes  préoccupations  en  partant  pour  Saint-Sébastien,  c'était  l'es- 
poir de  trouver  quelque  Balane  tombé  de  la  peau  de  cet  animal  ou  de  quelque 
autre  individu  harponne  près  delà  côte.  — Ses  recherches  à  Saint-Sébastien,  ainsi 
qu'à  Pampelune,  ne  lui  apprirent  rien  à  ce  sujet.  Depuis  la  mort  d'Eschricht, 
nous  avons  été  informés,  grâce  à  l'obligeance  du  docteur  Fischer,  que  cette  baleine 
a  été  observée  par  les  gardiens  du  phare,  lors  de  son  passage  dans  la  baie  de 
Biarritz,  et  qu'ils  ont  parfaitement  reconnu  la  présence  de  ces  crustacés  sur  la 
peau  de  l'animal. 

Eschricht  comptait  publier  la  description  de  ce  squelette  dans  le  nouvel  ou- 
vrage dont  il  avait  commencé  l'impression  à  Paris,  lorsque  la  mort  vint  le  sur- 
prendre. «  Je  joindrai  à  la  seconde  livraison,  pour  les  baleines  franches  [Leioôalsena}, 
mes  recherches  sur  la  baleine  de  Biscaye  et  sur  lajaponica,  dont  j'ai  reçu  un  fœtus 
très-maltraité  »,  me  disait-il  dans  une  lettre  datée  du  25  juin  \  80 1 . 

Le  professeur  Iteinhardt  s'est  engagé  à  publier  la  description  de  ce  squelette 
unique,  qui  se  trouve  au  musée  de  l'université  de  Copenhague.  —  Nous  avions 
compté  sur  cette  publication,  mais  des  travaux  divers  ont  empêché  le  savant  pro- 
fesseur de  Copenhague  de  terminer  son  travail. 

Là  capture  du  baleineau  dans  le  golfe  de  <iascogne  n'est  pas,  du  reste, 
comme  on  pourrait  le  supposer,  un  fait  unique;  on  a  conservé  le  souvenir  de 
quelques  prises  du  même  genre.  En  effet,  à  diverses  époques ,  ou  a  signalé  dans 
ces  mêmes  parages  l'apparition  de  quelques-uns  de  ces  animaux,  mais  jusqu'ici 
ils  n'ont  pas  suffisamment  éveillé  l'attention  des  zoologistes. 

En  1080,  au  mois  de  février,  il  a  échoué  à  file  de  lié,  près  de  la  Rochelle,  une 
baleine  femelle  de  quarante-sept  pieds  et  demi  ;  elle  portait  sur  la  tète  des  traces 
de  Balanes, et,  au  bout  de  la  mâchoire  inférieure,  un  tas  de  moules  (coutelières?)  (I). 
Ce  n'était  donc  pas  non  plus  une  balénoptère.  —  Malheureusement  rien  n'en  a  été 
conservé. 


i    Seignette,  Zniliiicus  nicdii-o-^iillirus,  annusil,  p. 63. 


BALEINES.  99 

Du  Hamel  fait  mention  dune  baleine  qui  est  venu  échouer  avec  son  baleineau 
en  février  1764,  sur  la  côte  de  Saint- Jean-de-Luz. 

Le  24  février  \  8*52,  ainsi  deux  ans  avant  la  prise  du  baleineau  à  Saint-Sébastien, 
une  baleine  décapitée  et  pourrie  est  venue  échouer  sur  la  côte  du  département  de 
la  Gironde,  entre  la  pointe  de  Grave  et  le  vieux  Soulac.  Sa  longueur  était  de  quinze 
mètres,  et  la  nageoire  pectorale,  de  forme  ovalaire,  mesurait  un  mètre.  M  al  heureu- 
sement on  n'en  a  conservé  qu'un  fragment  d'épiphyse  vertébrale;  par  ordre  du 
préfet,  le  cadavre  a  été  brûlé  (I). 

Nous  trouvons  un  autre  cas  dans  les  anciens  auteurs  :  une  femelle,  accompa- 
gnée également  de  son  baleineau,  est  venue  échouer  en  1 764  sur  la  côte  de  Saint- 
Jean  de  Luz.  —  Le  baleineau  avait  25  pieds  de  long. 

Comme  il  est  probable  que  de  temps  en  temps  des  nordcapers  font  encore  au- 
jourd'hui leur  apparition  sur  la  côte  d'Espagne  et  dans  le  golfe  de  Gascogne,  aux 
mois  de  janvier  et  de  février,  il  serait  à  désirer  que  l'importance  de  cette  question 
éveillât  l'attention  des  naturalistes  que  leur  position  met  à  même  de  visiter-  ces 
parages.  —  C'est  surtout  dans  ce  but  qu'Eschricht  a  communiqué  (2),  il  y  a  quelques 
années,  un  questionnaire  à  la  société  linnéenne  de  Bordeaux. 

D'après  ce  qui  précède,  il  n'y  a  plusà  en  douter  :  deux  espèces  de  vraiesbaleines 
ont  vécu  et  vivent  encore  au  nord  de  l'Atlantique;  l'une,  dans  les  régions  tempérées, 
se  couvrant  de  cirrhipèdes,  comme  les  espèces  australes;  l'autre,  vivant  au  milieu 
des  glaces  qu'elle  ne  quitte  jamais  et  qui  ne  loge  sur  la  peau  que  des  cyames. 
La  première  est  le  nordcaper  des  baleiniers  hollandais;  l'autre  la  baleine  de 
Groenland  ou  le  mysticetus  des  naturalistes.  —  On  pouvait  croire  la  première 
espèce  détruite;  mais,  puisqu'il  y  a  de  temps  à  autre  des  individus  qui  font  encore 
leur  apparition  dans  le  golfe  de  Gascogne  à  la  même  époque  de  l'année,  comme 
du  temps  des  Basques,  l'espèce  s'est  conservée  quelque  part,  et  il  est  à  espérer 
que  l'on  découvrira  bientôt  quelles  sont  les  stations  qui  lui  servent  de  dernier 
refuge.  Une  publication  récente  paraît  devoir  nous  mettre  sur  cette  voie. 

Le  professeur  Edm.  C.  Cope,  en  publiant  rémunération  des  squelettes  qui  sont 


(1)  Esohricht,  Recherches  sur  les  Cétacés,  p.  55,  et  Annales  des  sciences  naturelles,  1SG4,  tome  I,  p.  203. 
en  note. 

(2)  Actes  delà  Société  Linnéenne  de  Bordeaux,  tome  XXII,  4'  livraison,  1859 


100  SQUELETTE  DES  CETACES. 

conservés  dans  les  musées  des  États-Unis  d'Amérique  et  particulièrement  à  Phila- 
delphie, indique  sous  le  nom  de  Batœna  cisarctica,  un  squelette  qui  pourrait  fort 
bien  appartenir  à  l'espèce  qui  nous  occupe:  This  species  may  really  occur  on  the 
European  coast,  dit-il,  and  is,  no  douât,  allied  to,  or  the  same  as  the  species  pursued 
by  the  Biscaye  Whalers,  xvhich  Eschricht says  is  related  (<>  thcAustralis. 

Le  savant  professeur  de  Philadelphie  a  eu  l'extrême  obligeance  de  nous  envoyer 
un  os  d'oreille  complet  de  sa  baleine  nouvelle  pour  la  comparer  à  celle  du  balei- 
neau de  Saint-Sébastien,  et  sa  ressemblance  avec  les  baleines  australes  est  frappante. 

Nous  donnerons  plus  loin  la  description  de  cette  pièce  intéressante  que  nous  fai- 
sons figurer  dans  notre  Atlas,  en  attendant  que  le  professeur  de  Philadelphie  pu- 
blie la  description  complète  du  squelette. 

Il  parait  qu'anciennement  cette  espèce  a  été  aux  États-Unis  l'objet  d'une  pèche 
régulière  au  cap  Cod  pendant  l'été,  comme  elle  l'était  en  hiver  dans  la  Manche  en 
Europe,  puis  entre  Terre-Neuve  et  l'Islande.  L'île  de  Nantueket  (Massachusets) 
compte  un  grand  nombre  de  baleiniers,  et  c'est  peut-être  la  présence  de  cette  baleine 
sur  leurs  côtes  qui  a  formé,  dans  le  temps,  les  premiers  baleiniers  américains. 
Comme  en  Europe,  des  individus  font  encore  de  temps  en  temps  une  apparition 
dans  les  mêmes  parages  où  autrefois  ils  étaient  assez  abondants  (I).  Le  pro- 
fesseur Cope  en  a  eu  trois  squelettes  à  sa  disposition.  Les"  baleiniers  américains 
les  désignent  sous  le  nom  de  Black  Whale,  dit  le  professeur  Cope. 

Il  y  a  tout  lieu  d'espérer  que  d'ici  à  peu  de  temps,  nous  saurons  par  la  compa- 
raison des  squelettes  quel  est  le  degré  d'affinité  qui  unit  entre  elles  les  baleines  des 
régions  tempérées. 


Avant  de  finir  celle  revue  historique,  nous  signalerons  quelques  ossements  qui 
pourraient  bien  provenir  de  cette  même  espèce.  Nous  ne  devons  rien  négliger  pour 
réunir  les  débris  d'un  animal  qui  est  sur  le  point  de  s'éteindre,  et  qui  mérite,  sous 
des  rapports  fort  divers,  toute  l'attention  du  naturaliste. 

A  diverses  reprises  (in  a  trouve  sur  la  plage  et  quelquefois  dans  l'intérieur  des 

i    Thcj  were  formerly  abundant  aboul  the  nioulh  ofthe  Delawan   Cope 


BALEINES.  101 

terres,  des  ossements  de  baleine  qui  ne  se  rapportent  pas  à  la  baleine  franche  du 
Groenland,  et  tout  tend  à  supposer,  que  plusieurs  d'entre  eux  appartiennent  à 
l'espèce  qui  nous  occupe.  —  Malheureusement  il  arrive  souvent  que  ces  pièces 
conservées  dans  les  musées  ne  portent  aucune  indication  d'origine. 

Parmi  ces  ossements  nous  comptons  une  région  cervicale  figurée  par  Lacépède 
et  que  ce  savant  attribuait  à  la  Balénoptère  qui  a  échoué,  à  la  fin  du  siècle  dernier, 
à  l'île  Sainte-Marguerite  (Var). —  Les  vertèbres  du  cou  sont  toutes  réunies  et  elles 
ne  peuvent  par  conséquent  pas  provenir  d'une  balénoptère.  —  Cuvier  a  figuré 
cette  même  région  cervicale,  et  il  a  parfaitement  reconnu  qu'elle  n'appartenait  pas 
à  la  balénoptère  de  l'île  Sainte-Marguerite;  qu'elle  devait  plutôt  être  comparée  aux 
vertèbres  cervicales  de  la  baleine  du  Cap,  dont  elle  est  cependant  distincte,  disait- 
il  avec  beaucoup  de  raison.  Elle  n'a  aucunement  l'air  d'avoir  été  enterrée. 

Un  autre  os  remarquable  appartient  au  musée  Britannique  :  c'est  aussi  une 
région  cervicale  et  qui  a  été  déterrée  à  Lyme-Regis  en  \  860.  Le9  surfaces  articulaires 
de  l'atlas  indiquent  une  tète  plus  petite  que  celle  du  mysticetus,  ce  qui  s'accorde  avec 
le  volume  de  la  tète  du  squelette  de  Pampelune,  qui  n'a  que  le  quart  de  la  longueur 
totale  de  l'animal. 

Ces  deux  régions  cervicales  offrent  entre  elles  de  notables  différences;  nous  ne 
connaissons  l'origine  que  de  la  dernière  et,  à  en  juger  par  certains  caractères,  il 
n'est  pas  impossible  que  la  première  ne  provienne  d'un  mysticetus  du  Groenland. 

Escbricbt  nous  a  parlé  d'un  squelette  entier  qui  était  ensablé  quelque 
part  sur  la  côte  du  Danemark;  mais  il  avait  peu  d'espoir  de  l'obtenir,  à  cause  des 
grandes  dépenses  que  ce  déterrement  aurait  occasionnées.  — Escbricbt  rapportait 
ce  squelette  à  une  baleine  et,  probablement  nous  disait-il,  à  la  Oiscayensis. 

Une  partie  de  tête  trouvée  à  Paris  dans  la  rue  Dauphine  et  qui  se  trouve  aujour- 
d'hui au  musée  Teyler  à  Harlem  ainsi  qu'une  vertèbre  trouvée  en  septembre  1859 
dans  la  même  rue,  pourraient  bien  se  rapporter  à  la  même  espèce  (1). 

On  a  également  trouvé  un  squelette  en  Ecosse  et  MM.  Sundevall,  Lovèn  et  Retzius 
ont  signalé  des  ossements  sur  les  bords  de  la  Baltique,  qu'il  serait  fort  important 
de  comparer  avec  la  baleine  qui  nous  occupe  (2). 


[1]  l.a  Baleine  de  Lamanon  dont  Cuvier  a  fait  mention  dans  ses  Recherches. 
(2  Ofversigl  af  Kongl.  Vetensk,  Aka<l.  fôrh.,  1854,  p.  111. 


102  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

Nous  avons  trouvé  dans  le  cabinet  de  Paret,  à  Slykens,  deux  vertèbres  qui  ont 
sans  doute  été  déterrées  dans  les  dunes,  près  d'Ostende  (I).  Une  côte  trouvée  à  une 
profondeur  de  quelques  pieds  dans  des  travaux  faits  à  Fumes,  et  qui,  par  son  épais- 
seur, parait  ne  pouvoir  appartenir  qu'à  une  baleine  véritable,  provient  sans  doute 
également  de  cette  espèce  (2). 

En  passant  à  Carnac  (Morbihan),  au  mois  de  septembre  dernier,  avec  mon  lils, 
pour  nous  rendre  à  Concarneau,  les  douaniers  de  la  localité  apportèrent  acciden- 
tellement à  l'hôtel,  comme  curiosité,  un  corps  arrondi  et  déprimé,  semblable  à  un 
pain,  qu'ils  qualifiaient  de  pain  fossile.  —  C'était  une  vertèbre  de  baleine,  qu'ils 
venaient  de  déterrer  sur  la  plage,  et  qui  provient  sans  doute  de  la  balania  biscayensis. 
C'était  une  caudale  sans  os  en  V  et  sans  aucune  apophyse;  elle  avait  la  grandeur 
d'une  vertèbre  de  balsena  myslicetus;  mais  elle  était  notablement  plus  aplatie 
que  ne  le  sont  les  vertèbres  caudales  de  cette  espèce. —  On  la  destinait  au  musée 
do  Vannes  comme  objet  de  curiosité  archéologique. 

Enfin  nous  avons  reçu  au  musée  de  Louvain  une  omoplate  conservée  depuis 
longtemps  dans  une  abbaye,  et  dont  tous  les  caractères  se  rapprochent  des  ba- 
leines australes,  sans  cependant  s'identifier  avec  elles.  — Cet  os  provient  évidem- 
ment d'une  baleine  vivante,  encore  jeune,  qui  pourrait  bien  être  l'espèce  des 
Basques  (5). 


Nous  mentionnons  ici  les  divers  musées  qui  conservent  des  restes  de  celle 
baleine  ou  que  nous  supposons  lui  appartenir. 

Le  musée  de  Copenhague  est  en  possession  du  seul  squelette  positivement  connu 
de  cette  espèce,  puisque  c'est  lui  qui  provient  du  baleineau  capturé  en  4854,  à 
Saint-Sébastien,  et  qui  a  figuré  pendant  quelque  temps  au  musée  de  Pampelune. 


(1)  Ces  vertèbres  n'étaient  accompagnées  d'aucune  indication  sur  leur  origine;  mais  comme  tout  lu 
musée  était  formé  d'objets  recueillis,  aOstende  et  dans  les  environs,  nous  avons  toutlieu  de  supposer 
qu'elles  ont  été  trouvées  sur  la  plage  ou  dans  1rs  dunes. 

(2)  Notice  sur  la  découverte  d'un  os  de  baleine;  Bull.  \.ad.  roy.  de  Belgique,  2«  Sér.  t.  XXIII,  n'  1,1 807. 
(3,  Les  pécheurs  viennent  de  retirer  du  fond  de  la  mer,  près  de  la  côte  de  Jutland,  une  partie  de  léte  de 

vraie  baleine.  Elle  est  déposée  au  Musée  de  Brème.      Nous  devons  ce  renseignement  a  l'obligeance  du 
docteur  Focke,  à  Brème. 


BALEINES.  103 

Au  musée  de  Paris  se  trouve  la  région  cervicale  d'une  baleine,  attribuée  à  tort  h 
nue  balénoptère  de  la  Méditerranée  par  Lacépède,  et  qui  a  été  figurée  par  ce  savant 
et  par  Cuvier. 

La  région  cervicale  trouvée  sur  la  côte  d'Angleterre  à  Lyme-Regis,  est  dé- 
posée au  musée  britannique,  comme  nous  l'avons  dit  plus  baut  ;  cette  région 
diffère  plus  de  la  baleine  du  Groenland  que  celle  qui  a  été  figurée  par 
Lacépède. 

Nous  possédons  à  Louvain  deux  vertèbres  lombaires  qui  proviennent  du  cabinet 
de  Paret,  formé  à  Slykens,  près  d'Ostende,  et  une  omoplate,  également  d'origine 
inconnue,  qui  a  été  longtemps  conservée  dans  une  abbaye. 

La  vertèbre  caudale  trouvée  par  les  douaniers  à  Carnac  (Morbihan),  et  dont  nous 
avons  parlé  plus  haut,  est  probablement  déposée  aujourd'hui  au  musée  de  Vannes. 

Nous  devons  mentionner  également  une  partie  de  crâne  et  une  vertèbre  déter- 
rées dans  la  rue  Dauphine,  à  Paris;  la  portion  de  crâne  est  conservée  au  musée  Tey- 
ler,  à  Harlem;  la  vertèbre  est  déposée  dans  les  galeries  du  Muséum  d'histoire  na- 
turelle de  Paris. 

Enfin  le  musée  de  Philadelphie  et  d'autres  musées  des  États-Unis  posséderaient 
di;s  squelettes  complets  de  cette  espèce,  si  la  baleine,  décrite  sous  le  nom  de 
Cisarctica  par  le  professeur  Cope,  est  réellement,  comme  nous  n'en  doutons 
pas,  la  ùiscmjensis. 

Grâce  à  l'obligeance  du  professeur  Cope,  le  musée  de  Louvain  est  en  possession 
d'un  os  d'oreille  complet  de  BaLvna  cisarctica  adulte. 


La  connaissance  des  diverses  stations,  que  ces  animaux  fréquentent  dans  le 
courant  de  l'année,  est  un  point  fort  important  de  leur  histoire,  et  fort  heu- 
reusement, quoique  la  baleine  des  Basques  ail  presque  disparu,  l'on  possède 
quelques  renseignements  précis  sur  les  lieux  qu'elle  fréquentait  autrefois  en  hiver 
et  en  été. 

Tous  les  auteurs  s'accordent  à  dire  que  les  Basques  faisaient  la  pèche  de  la 
baleine  sur  la  côte  d'Espagne  et  dans  la  Manche,  et  que  cette  pêche  avait  lieupen- 


104  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

riant  l'hiver;  que  plus  tard,  enhardis  par  le  succès,  ils  sont  allés  les  poursuivre 
jusqu'au  banc  de  Terre-Neuve,  et  qu'à  la  fin  du  mois  de  mai  on  les  trouvait  près 
delà  côte  d'Amérique. 

On  leur  accorde  aussi  en  général  une  station  entre  Terre-Neuve  et  l'Islande,  et 
maint  baleinier,  au  retour  de  la  pèche  du  cachalot  dans  les  mers  australes,  est  allé 
compléter  son  chargement  au  nord  du  banc  de  Terre-Neuve. —  Les  baleiniers  amé- 
ricains faisaient  même  la  pèche  du  nordcaper  dans  Redeliord  et  Foxe-Bay  en  Is- 
lande (I). 

Au  commencement  du  xvnr  siècle,  cette  pèche  se  faisait  régulièrement  vers  la 
fin  du  mois  de  mai,  près  de  la  cote  de  la  Nouvelle-Angleterre,  dit  Dudley,  et  elle 
est  d'autant  plus  aisée,  ajoute-t-il,  qu'elle  ne  se  pratique  que  pendant  la  belle  sai- 
son (2). 

Il  semble  résulter  aussi  des  nombreux  documents  que  Eschricht  et  le  professeur 
Reinhardt  ont  consultés,  que  les  sardes  visitaient  parfois  la  côte  de  Groenland, 
comme  les  mysticetus  descendaient  quelquefois  jusqu'à  Terre-Neuve,  ce  qui  ex- 
plique la  présence  de  deux  espèces  différentes  dans  les  mêmes  eaux.  Il  est  à  remar- 
quer que  le  même  fait  est  signalé  au  nord  du  Pacifique,  où  la  baleine  du  Japon  se 
trouverait  quelquefois  à  côté  du  mysticetus,  venant  de  la  côte  de  Kamschatka.  — 
L'analogie  dans  les  deux  mers  est  assez  remarquable  :  la  àalsena  ôiscayensis  semble 
se  complaire  dans  le  Gulfstream  comme  la  Batœna  japonicadans  le  courant  noir  du 
Japon,  tandis  que  le  mysticetus  dans  les  deux  mers  n'abandonne  guère  le  courant 
glacial,  celui  de  l'Atlantique  longeant  la  côte  du  Labrador,  celui  de  l'Atlantique  la 
côte  de  Kamschatka. 

Le  commandant  Maury  représente  comme  moyenne  équatoriale  de  la  baleine 
qui  nous  occupe,  une  ligne  qui  part  du  détroit  de  Gibraltar,  passe  devant  l'île  de 
Madère,  atteint  le  54e  degré,  puis  se  dirige  au  devant  de  Terre-Neuve  jusqu'au  golfe 
de  Saint-Laurent.  —  Gette  baleine  franche  du  commandant  Maury  est  évidemment 
le  nordcaper  (5). 

La  baleine  (Right-whale)  que  les  Anglo-Américains  capturaient  sur  les  côtes  de 


i  Eschrichl  et  Reinhart,  loc.  cit.,  p.  48  (trad.  angl. 
2  Philosophical  Transactions,  vol.  XXXIII  1724-28 
(3)  Courants  et  mouvements  généraux  de  la  mer. 


BALEINES.  105 

Nantucket  et  de  New-England  est  bien  le  même  animal  que  la  sarde  ou  le  nortl- 
capcr  »  disent  Eschricht  et  le  professeur  Reinhardt. 

Comme  nous  n'avons  été  à  même  d'étudier,  ni  le  squelette  de  la  ùiscayensis 
de  Copenhague  ni  celui  de  la  Cisarctica  de  Philadelphie,  de  façon  à  pouvoir 
en  donner  une  description,  nous  devons  nous  borner  à  reproduire  les  détails 
isolés  qui  en  sont  connus,  et  à  y  joindre  la  description  des  os  que  nous  croyons 
devoir  lui  rapporter. 


La  baleine  des  Basques  diffère  notablement  de  la  baleine  du  Groenland,  et  si  l'on 
répar tissait  les  vraies  baleines  en  deux  groupes  génériques  ou  sous-génériques,  c'est 
évidemment  des  baleines  australes  qu'il  faudrait  la  rapprocher.  —  Par  la 
physionomie  aussi  bien  que  par  les  caractères  ostéologiques,  elle  diffère  compa- 
rativement peu  de  la  baleine  du  Cap,  et  l'on  comprend  aisément  que  les  baleiniers 
hollandais  aient  cru  retrouver  leur  nordcaper  au  cap  de  Bonne-Espérance.  —  Ainsi 
dans  la  ùiscayensis,  comme  dans  t australis ,  la  tète  mesure  le  quart  de  la  longueur 
totale,  tandis  que  la  tête  du  mysticetus  atteint  jusqu'au  tiers  de  la  longueur  du  corps. 
La  lèvre  inférieure  se  comporte  en  arrière,  comme  dans  l'espèce  du  Cap,  et  donne 
à  la  tête  un  caractère  particulier  qui  n'a  pu  échapper  aux  marins  qui  avaient 
fait  la  pêche  au  nord  de  l'Atlantique. 

Cette  baleine  se  distingue  également  par  quelques  autres  caractères  extérieurs  : 
indépendamment  de  la  taille  et  des  proportions  de  la  tète,  elle  a  les  fanons  plus 
courts  et  plus  épais  que  le  mysticetus;  une  peau  bleuâtre,  plus  lisse  et  plus  épaisse, 
et,  s'il  fallait  en  croire  quelques  auteurs,  Pontoppidan  entre  autres,  la  baleine  des 
Basques  aurait  une  bosse  derrière  le  cou  (I). 

Comme  nous  l'avons  fait  remarquer  plus  haut,  la  commissure  de  la  lèvre  infé- 
rieure est  disposée  en  dessous  et  en  arrière  du  globe  de  l'œil  dans  la  baleine  des 
Basques,  comme  dans  les  baleines  australes,  et  son  contour  suffirait  à  lui  seul  pour 
distinguer  les  baleines  des  régions  tempérées.  Le  dessin  du  docteur  Moncdcro, 
montre  fort  bien  celte  disposition. 


(1)  Pontoppidan,  Del  forste  Forscig  paa  norges  naturlige  Historié,  Kjôbenhavn,  1732-1753. 

•  4 


!06  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

La  longueur  totale  moyenne  paraît  être  inférieure  à  celle  des  mysticetus. 
A  en  juger  par  le  squelette  du  baleineau  de  Saint-Sébastien,  qui  est  aujourd'hui 
au  musée  royal  de  Copenhague,  il  présente  des  différences  très-grandes,  si  on  le 
compare  avec  celui  du  mysticetus  de  Groenland  du  même  âge,  tant  dans  la  forme 
que  dans  le  développement  de  certains  os. 

Eschricht  m'écrivit,  aussitôt  que  le  squelette  du  baleineau  de  Saint-Sébastien  était 
arrivé  à  Copenhague  :  l'énorme  différence  d'avec  le  mysticetus  surpasse  tout  ce 
que  j'en  avais  pensé  lors  de  mon  séjour  à  Pampelune  ;  le  squelette  n'est  pas 
plus  développé  que  celui  du  mysticetus  d'à  peine  un  an,  et  l'ossification  des  ver- 
tèbres n'a  pas  atteint  encore  les  apophyses  transverses,  de  sorte  que  les  arcs  sont 
encore  tout  séparés  du  corps  des  vertèbres;  les  deux  côtés  ne  sont  même  pas  unis, 
et  la  colonne  vertébrale  a  la  longueur  du  mysticetus  d'un  an  et  demi. 

Le  corps  des  vertèbres  a  presque  le  double  en  diamètre  de  celui  du  mysticetus. 
Le  nombre  de  vertèbres  diffère  sensiblement  de  celui  de  la  balcena  australis. 
La  tète  n'a  que  les  deux  tiers  de  la  largeur  d'un  mysticetus  d'un  an  et  demi. 
Dans  la  Balœna  cisarctica  décrite  par  le  professeur  Cope  et  que  nous  supposons 
être  l'âge  adulte  de  la  ùiscayensis,  la  colonne  vertébrale  est  composée  de  56  ver- 
tèbres. Les  sept  vertèbres  cervicales  sont  toutes  soudées,  les  trois  dernières  seu- 
lement par  le  corps.  L'atlas  et  la  dernière  cervicale,  sont  unies  aux  autres,  seu- 
lement par  la  partie  supérieure  de  l'arc neural.  Les  quatrième,  cinquième  et  sixième 
vertèbres  sont  unies  par  leurs  diapophyses,  et  séparées  par  le  reste  ;  la  septième 
vertèbre  est  unie  avec  les  trois  vertèbres  qui  la  précèdent.  Les  premières,  deuxième 
et  troisième  vertèbres  portent  seules  une  apophyse  transverse  inférieure. 

Il  existe  quatorze  côtes  et  la  première  est  simple  à  sa  partie  supérieure;  elle  est 
single-headed  pour  me  servir  de  l'expression  des  naturalistes  anglais. 

L'omoplate  est  plus  large  que  haute  et  mesure  29  pouces  en  largeur,  25  seule- 
ment en  hauteur. 

Le  professeur  Cope  a  eu  l'extrême  obligeance  de  nous  envoyer  de  Philadelphie 
un  os  d'oreille  avec  la  caisse,  le  rocher  et  les  apophyses  au  grand  complet. —  Cet 
os  auquel  nous  attachons  depuis  longtemps  une  grande  importance  au  point  de 
vue  de  la  zoologie  systématique,  montre  à  l'évidence,  comme  nous  l'avons  fait  re- 
marquer  plus  haut,  que  cette  baleine  est  beaucoup  plus  rapprochée  des  baleines 
australes  que  de  la  baleine  du  Groenland. 


BALEINES.  107 


M.  le  professeur  Reinhardt  a  eu  l'obligeance  de  comparer  à  Copenhague  cet  os 
avec  celui  de  la  biscayensis,  mais  il  y  a  malheureusement,  entre  les  animaux  dont 
ces  os  proviennent,  une  très-grande  différence  d'âge. —  L'os  d'oreille  de  Bakfna 
cisarctica  du  professeur  Cope  provient  d'un  animal  adulte,  tandis  que  celui  du  sque- 
lette de  Saint-Sébastien  provient  d'un  individu  qui  accompagnait  encore  sa  mère. 
Toutefois  il  résulte  de  la  comparaison,  que  les  os  présentent  entre  eux  trop  peu  de 
différence,  pour  que  l'on  soit  en  droit  d'en  conclure  que  les  animaux  dont  ils  pro- 
viennent, soient  d'espèce  différente.  Le  professeur  Reinhardt  ne  croit  toutefois  pas 
que  la  balœna  biscayensis  soit  synonyme  de  Balœna  cisarctica. 

Ce  qui  frappe  au  premier  abord,  en  comparant  cet  os  d'oreille  avec  celui  des 
autres  baleines,  c'est  la  grande  ressemblance  que  présente  la  caisse  tympanique  avec 
celle  des  baleines  australes;  la  caisse,  au  lieu  d'avoir  son  bord  inférieur  et  libre,  com- 
primé comme  danslemysticetus,  a  ce  bord  presque  arrondi,  de  manière  que  l'os  tym- 
panique a  un  contour  plus  ou  moins  ovale  et  fort  peu  anguleux;  le  bord  inférieur  est 
mince  comme  dans  toutes  les  baleines;  mais,  du  côté  de  l'orifice  (côté  interne), 
aussi  bien  que  du  côté  opposé,  la  surface  est  extrêmement  bombée,  surtout  au 
point  où  la  caisse  adhère  au  rocher  et  à  l'apophyse  postérieure.  C'est  par  cette  saillie, 
aussi  bien  que  par  le  contour,  que  la  caisse  de  cette  baleine  s'éloigne  notablement 
de  celle  du  mysticetus. 

Une  autre  différence  non  moins  importante  provient  de  la  direction  de  l'orifice  qui 
correspond  à  la  terminaison  de  la  trompe  d'Eustache  ;  dans  le  mysticetus,  les  lèvres 
de  cet  orifice  sont  plus  ou  moins  parallèles  au  bord  libre  inférieur,  tandis  que  dans  le 
biscayensis  les  lèvres  descendent  en  avant  beaucoup  plus  bas  qu'en  arrière.  Les 
apophyses  du  rocher  sont  l'une  et  l'autre  fort  peu  développées. 

Nous  avons  retrouvé  au  Muséum  la  région  cervicale  que  Lacépède  attribuait  à 
tort  au  Rorqual  de  l'île  Sainte-Marguerite,  et  dont  Cuvier  a  donné  également 
un  dessin  qu'il  a  accompagné  d'une  courte  description.  Cette  région  pré- 
sente un  très-haut  intérêt,  quoique  l'on  ne  possède  aucune  indication  sur  son 
origine. 

Ce  qui  la  distingue  d'abord  de  toutes  les  vraies  baleines,  c'est  que  non-seulement 
les  sept  cervicales  sont  réunies,  mais  que  la  première  dorsale  est  également  soudée 
à  la  masse,  et  que  son  apophyse  transverse  supérieure  est  la  première  apophyse 
qui  atteigne  un  certain  développement.  — Dan.      Balœna  mysticetus,  une  forte 


108  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

apophyse  transverse  supérieure  est  fournie  par  la  septième  cervicale  unie  avec 
celle  de  la  sixième  et  de  la  cinquième. 

La  première  vertèbre  cervicale  a  une  apophyse  épineuse  distincte,  tandis  que  les 
vertèbres  suivantes,  jusqu'à  la  sixième  inclusivement,  ont  leurs  apophyses  épi- 
neuses supérieures  soudées  en  une  crête  unique.  —  Cette  apophyse  épineuse  est 
isolée  dans  la  septième  cervicale  comme  dans  la  première  dorsale. 

Les  apophyses  transverses  supérieures  des  cinq  dernières  cervicales  sont  à  peu 
près  également  développées,  de  manière  que  celles  de  la  septième  ne  sont 
guère  plus  fortes  que  celles  qui  précèdent.  —  Dans  le  mysticelus  il  n'en  est  pas 
ainsi  et  la  première  dorsale  est  renforcée  par  l'apophyse  transverse  supérieure  de 
la  septième  cervicale.  —  Il  en  résulte  que  dans  les  vertèbres  que  nous  décrivons, 
la  première  dorsale  seule  fournit  une  apophyse  transverse  solide  pour  le  soutien 
de  la  côte,  tandis  que  dans  le  mysticetus  les  dernières  cervicales  concourent  à 
cet  effet  aussi  bien  que  la  première  dorsale.  Dans  cette  région  cervicale  l'apophyse 
transverse  de  la  première  dorsale  est  visible,  quand  on  regarde  l'atlas  d'avant  en 
arrière  ,  tandis  que  chez  le  mysticetus  les  apophyses  transverses  supérieures  des 
dernières  cervicales  la  masquent  complètement. 

Les  apophyses  transverses  inférieures  des  deuxième,  troisième  et  quatrième 
cervicales  sont  également  développées  et  soudées  entre  elles,  tandis  que  la  troi 
sième  cervicale  seule  possède  une  semblable  apophyse   dans  le  mysticetus  de 
Louvain.  —  Nous  voyons  la  même  disposition  dans  le  mysticetus  de  Bruxelles. 

La  cinquième  et  la  sixième  cervicale  portent  encore  des  apophyses  transverses  in- 
férieures, mais  elles  sont  fort  courtes.  La  septième  cervicale  seule  ne  possède  pas 
cette  apophyse.  Dans  le  mysticetus  de  Louvain  et  de  Bruxelles  cette  apophyse 
inférieure  manque  dans  les  quatre  dernières  vertèbres. 

L'apophyse  transverse  supérieure  de  la  première  dorsale  se  porte  obliquement 
en  avant  pour  rejoindre  l'apophyse  transverse  de  l'atlas.  — Dans  le  mysticetus, 
cette  apophyse  de  la  première  dorsale,  comme  celle  des  dernières  cervicales,  lais- 
sent plus  d'espace  entre  elles  et  l'atlas. 

Cuvier  avait  parfaitement  reconnu,  que  la  légion  cervicale  que  Lacépède  figure 
à  côté  des  fanons  de  la  balénoptère  de  l'île  Saint-Marguerite,  appartient  non  pas  à 
une  espèce  de  ce  genre,  mais  à  une  baleine  proprement  dite;  et  en  même  temps  il 
sijmalc  les  différences  que  cette  région  présente  avec  la  baleine  du  Cap. —  Cu- 


BALEINES.  109 

vier  (I)  ne  pouvait  aller  plus  loin  dans  ses  déterminations,  n'ayant  point  les  osse- 
ments nécessaires  pour  faire  une  comparaison  complète. 

La  région  cervicale  qui  a  été  pèchée  à  Lyme- Régis,  et  dont  le  docteur  Gray  a 
donné  un  dessin,  appartient,  comme  la  précédente,  à  une  baleine  véritable,  mais 
présente  quelques  caractères  particuliers  qui  ne  permettent  pas,  pour  le  moment 
du  moins,  de  la  rapporter  au  même  type  spécifique.  Elle  s'éloigne  évidemment  plus 
du  mysticetus  que  la  précédente. 

Ce  qui  frappe  d'abord  dans  cette  pièce,  c'est  la  petitesse  des  surfaces  articulaires 
antérieures  qui  indiquent,  que  la  tête  doit  être  plus  petite,  observation  faite  éga- 
lement par  Cuvier,  en  parlant  de  la  région  cervicale  figurée  par  Lacépède  et  com- 
parée avec  celle  du  Cap. 

Nous  avons  reproduit  le  dessin  du  docteur  Gray  pour  qu'il  puisse  être  comparé 
avec  celui  qui  représente  la  région  cervicale  attribuée  à  la  Balénoptère  de  l'ile 
Sainte-Marguerite. 

En  attendant  que  nous  ayons  des  pièces  de  comparaison,  nous  rapportons  cette 
région  cervicale  à  la  Balœna  ôiscaijensis,  quoiqu'il  y  ait  une  différence  assez  grande 
avec  celle  que  le  professeur  Cope  vient  de  décrire. 

Le  musée  de  Louvain  renferme  deux  vertèbres  provenant  d'une  collection 
faite  près  d'Ostende,  et  que  nous  avons  tout  lieu  de  croire  recueillies  dans  les  dunes; 
ces  deux  vertèbres  appartiennent  à  la  région  lombaire;  elles  sont  toutes  les  deux 
dépourvues  de  leurs  épipbyses,  tout  en  étant  complètement  développées.  Comme 
elles  proviennent  d'une  vraie  baleine,  qu'elles  présentent  des  différences  notables 
avec  les  vertèbres  de  la  même  région  du  mysticetus  et  qu'elles  se  rappro- 
chent sous  plusieurs  rapports  des  baleines  australes,  nous  croyons  devoir  en  faire 
mention  ici. 

L'une  estime  lombaire  antérieure;  comparée  au  mysticetus,  nous  voyons  le  corps 
beaucoup  moins  épais,  toutes  les  apopbyses  moins  longues  et  plus  délicates  et  les 
zygapopbyses  surtout  beaucoup  moins  prononcées. 

L'autre  est  une  des  dernières  lombaires  et  présente  les  mêmes  caractères  dans 


(1)  Los  vertèbres  figurées  par  Lacépède,  PI.  7,  fig.  i,  appartiennent  au  sous-genre  des  baleines  pro- 
prement dites,  et  non  pas  à  celui  des  Rorquals,  eldiffèrent  essentiellement  des  vertèbres  cervicales  de  la 
grande  baleine  du  Cap,  dit  Cuvier  (Ossements  fossiles,  vol.  V,  prem.  partie,  pag.  380,  PI.  XXVI,  fig.  18). 


1)0  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

le  corps  et  les  apophyses;  le  canal  vertébral  est  plus  étroit  et  plus  élevé  tandis 
que  les  zygapophyses  sont  notablement  moins  fortes  et  moins  écartées. 

La  vertèbre  caudale  que  nous  avons  vue  à  Carnac  (Morbihan)  n'avait,  comme 
nous  l'avons  dit,  ni  arc  neural  ni  apophyses  distinctes,  et  se  faisait  remarquer 
par  le  peu  d'épaisseur  du  corps. 

Le  fragment  de  côte  de  baleine  trouvé  à  Furnes,  est  large  de  9  centimètres 
et  épais  de  7  centimètres.  Il  représente  la  partie  supérieure  d'une  des  pre- 
mières côtes.—  Il  est  couvert  de  différentes  entailles  qui  ont  dû  être  faites 
pendant  qu'il  était  encore  frais,  et  qui  ont  eu  principalement  pour  but  d'en  faire 
un  coin.  —  A  l'extrémité  opposée  à  la  pointe,  les  coups  ont  été  donnés  en  travers 
pour  briser  l'os  (1). 

L'omoplate  d'origine  inconnue  dont  nous  avons  parlé  plus  haut  et  qui  a  été 
conservée  longtemps  dans  une  abbaye  (2),  provient  évidemment  d'une  baleine,  et 
comme  elle  diffère  complètement  de  la  baleine  du  Groenland,  nous  sommes  tout 
disposés  à  la  rapporter  à  la  baleine  des  Basques.  Cette  omoplate  provient  d'un 
baleineau  et  se  distingue  par  sa  grande  épaisseur;  sa  forme  n'offre  rien  de  parti- 
culier; son  apophyse  coracoïde  manque  complètement,  et  c'est  à  peine  si  l'on 
y  distingue  un  rudiment  d'acromion.  Par  l'absence  de  ces  apophyses,  cet  os  se  rap- 
proche donc  plus  des  espèces  australes  ou  tempérées  que  de  l'espèce  du  Groenland. 
Il  est  probable  qu'il  aura  été  anciennement  recueilli  sur  nos  côtes. 

Nous  ferons  remarquer,  en  finissant  cet  article,  que  Claas  Mulder,  professeur  a 
Franeker,  qui  s'est  occupé  des  cétacés  échoués  sur  les  côtes  des  Pays-Bas  depuis 
des  siècles, regarde  comme  synonyme  du  nordcaper,  la  Balœna  glacialis  de  Klein  et  la 
Balœna  islandica  de  Brisson,  et  que  le  nordcaper  est  pour  lui  une  Balénoptère. 
—  Ne  connaissant  qu'une  seule  espèce  de  vraie  baleine  au  nord,  le  mot  de  nord- 
caper ne  pouvait  s'appliquer,  d'après  lui,  qu'à  un  mysticèle  du  groupe  des  Balé- 
noptères (5). 


(1)  Notice  sur  la  découverte  d'un  os  de  baleine,  Dullet.  acad.  roy.  de  Belgique,  2e  série,  ton).  XXIII, 
n«  1.  1807. 

(2)  Abbaye  d'Hastiorcs  (province  de  Namur),  Belgique. 

(J  (3)  Claas  Mulder, Iets  over  Wallvischaardigedieren  op  de  Kusten  van  Nederland  van  tyd  tôt  tyd  gestrand 
of  gevangen.Letterbode,  1836. 


BAL/ENA    JAPONICA 


Nous  faisons  mention  de  cette  espèce  moins  pour  la  faire  connaître  que  pour 
attirer  sur  elle  l'attention  des  naturalistes. 

C'est  la  seule  espèce  qui  est  aujourd'hui  l'objet  d'une  pêche  régulière  au 
nord  du  Pacifique. 

Divers  auteurs  en  ont  déjà  fait  mention. 

Balœna  Japonica, Lacépède,  Note  sur  des  cétacés  des  mers  voisines  du  Japon;  Mém.  du  Muséum,  vol.  IV, 

p.  473.  1818. 
Balœna  Japonica,  de  Chamisso,  Act.  nat.  curios.,  vol.  XII,  pi.  xvm,  fig.  3. 
Balœna  Australis,  Temminck,  Fauna  Japonica,  mammif.,  t.  XXVIII  et  XXIX. 
Balœna  mysticetus  antarclica,  Schlegel,  Abhand.  a.  d.  Gebiete,  etc.,  Leide,  1841. 
Balœna  Japonica,  Gray,  Erebus  and  Terror,  on  the  cetacean  animais,  p.  15. 
Balœna  aleoutiensis,  Van  Beneden,  Bullet.  Acad.  roy.  de  Belgique,  2°  sér.,  t.  XX,  n6  12. 
Eubalœna  Sieboldii,  Gray,  Catal.  1866,  p.  96. 

Cette  espèce  n'est  guère  connue  que  par  ses  fanons  (1),  ses  stations  et  un  fœtus 
qui  est  déposé  au  Musée  royal  de  Copenhague. 

Ne  connaissant  rien  du  squelette,  nous  aurions  pu  nous  dispenser  d'en  parler 
dans  une  ostéographie;  mais,  comme  les  stations  de  ces  cétacés  sont  bien  déter- 
minées par  les  pêcheurs  et  que  ses  fanons  ont  un  nom  dans  le  commerce,  nous 
n'avons  pas  cru  pouvoir  passer  cette  baleine  sous  silence. 

Plusieurs  auteurs  ont  parlé  déjà  de  cette  espèce,  mais,  comme  on  le  pense 
bien,  avec  doute.  —  Nous  ne  savons,  disait  Cuvier,  si  les  baleines  que  les  Russes 
et  les  Américains  pèchent  dans  le  nord  de  la  mer  Pacifique  sont  les  mêmes  que 


(1)  Au  British  Muséum  on  possède  desfanons  rapportés  de  la  côte  nord-ouestde  l'Amérique  du  Nord. 


112  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

celles  de  l'Atlantique.  La  baleine  de  l'Atlantique,  chassée  par  les  Basques,  étant, 
aux  yeux  de  Cuvier,  la  même  que  celle  qui  habite  les  glaces  du  Spitzberg  et  du 
Groenland,  une  seule  et  même  espèce  aurait  pu  habiter,  d'après  lui,  comme  d'après 
les  naturalistes  de  son  époque,  l'Océan  arctique,  la  mer  Pacifique  et  l'Atlantique. 

On  voit  par  là  que  les  notions  que  l'on  possédait  alors  sur  la  répartition  géo- 
graphique de  ces  animaux  étaient  bien  incomplètes;  les  naturalistes  sont  restés 
dans  cotte  incertitude  jusqu'au  moment  où  le  commandant  Maury  a  eu  démontré, 
que  les  baleines  ne  se  montrent  jamais  dans  les  régions  équatoriales,  et  qu'elles  ne 
franchissent  pas  l'équateur.  —  Le  cachalot  est  le  seul  cétacé  de  grande  taille  qui 
ne  reste  pas  confiné  dans  l'un  ou  dans  l'autre  hémisphère. 

Temminck  a  donné  une  figure  de  cet  animal,  sous  le  nom  de  Balxna  Australis, 
dans  sa  Fauna  Japonica,  d'après  un  modèle  en  porcelaine  exécuté  par  les  Japonais 
sous  la  direction  de  V.  Siebold  et  d'un  baleinier. 

Nous  avons  vu  entre  les  mains  de  M.  Flower  (1)  un  ouvrage  japonais  contenant 
toute  l'histoire  de  cet  animal,  avec  de  nombreuses  planches  fort  détaillées  repré- 
sentant tout  ce  qui  se  rapporte  à  sa  pêche,  à  la  préparation  de  ses  produits  et  à  son 
histoire. 

Une  des  planches  reproduit  les  cirripèdes  de  la  peau  (diadema),  et  sur  un  diadema 
nous  avons  reconnu  un  autre  cirripède  du  genre  Cincras  (2). 

Nous  disions  qu'un  fœtus  de  cette  espèce  est  déposé  au  Musée  royal  de  Copen- 
hague. Dans  une  lettre,  datée  de  Copenhague  le  4  mai  \ SGI,  Escbricht m'écrivait 
que  cette  jeune  baleine  appartient  au  groupe  des  baleines  franches,  mais  pas  au 
mysticetus. 

Eschricht  a  reconnu  dans  ce  fœtus  59  vertèbres,  dont  7  cervicales,  -15  dorsales, 
\  I  lombaires  et  26  caudales. —  Le  mysticetus  n'a  que  55  vertèbres  et  l'australis  59. 
Ce  sont  donc  deux  vertèbres  lombaires  qu'il  porte  en  plus  que  le  mysticetus  (5). 
Ce  fœtus  a  été  retiré  du  corps  do  la  mère. —  Il  a  ÔG  pouces  de  longueur. 

Au  Musée  de  la  Société  asiatique  de  Calcutta  sont  déposes  quelques  ossements 


1    Ce  livre  a  été  confié  à  M.  Flower  par  M.  Joseph  Allen,  de  Stock  Nemington. 

(2)  Le  Cineras  vitlata  a  été  observé  par  le  professeur  Sars,  aux  îles  Lolbclun,  sur  la  Balœnoptera  com- 
munis. 

(3)  Eschricht,  Nordischc  Wallthiere. 


BALEINES.  I13 

de  baleines:  des  vertèbres,  des  humérus  et  des  omoplates;  mais,  ne  connaissant 
point  leur  origine  ni  leurs  caractères,  il  serait  difficile  de  dire  si  on  doit  les  rap- 
porter à  la  Balœna  Australis  comme  le  suppose  M.  Blyth,  ou  s'ils  appartiennent  à  la 
Balwna  Japonica  comme  le  pensent  d'autres  naturalistes.  —  Il  faudra  probablement 
encore  bien  du  temps  avant  que  l'on  ne  soit  à  même  de  se  prononcer  avec 
quelque  certitude  sur  cette  question. 

Ce  qui  semble  le  mieux  connu  dans  l'histoire  de  cet  animal  ce  sont  ses  stations  : 
il  est  répandu  dans  l'océan  Pacifique  depuis  le  quarantième  jusqu'au  soixantième 
degré,  se  montrant  dans  une  saison  sur  la  côte  d'Amérique,  dans  une  autre  saison 
sur  la  côte  du  Japon  ou  dans  la  mer  Jaune,  et  se  rendant  sur  la  côte  d'Asie  un  peu 
plus  au  sud  que  sur  la  côte  d'Amérique.  —  Cette  baleine  a  pour  limites  au  nord  les 
îles  Aléoutiennes. 

Il  est  à  remarquer  que  la  Baloena  Japonica  au  nord  du  Pacifique,  comme  la  Ba- 
leena  Biscayensis  au  nord  de  l'Atlantique,  en  se  rendant  à  l'ouest,  la  première  vers 
la  côte  du  Japon,  la  seconde  vers  la  côte  de  Terre  Neuve,  se  dirigent  toutes  les 
deux  plus  au  sud  que  quand  elles  retournent  à  l'est,  et  toutes  les  deux  ne  quittent 
guère  le  courant  chaud,  l'une  le  gulfstream  dans  l'Atlantique,  l'autre  le  courant 
noir  du  Japon,  dans  l'océan  Pacifique. 

Une  autre  analogie  qui  mérite  d'être  signalée  entre  ces  deux  baleines,  c'est  que  la 
Japonica  se  rend  au  nord  comme  la  Biscayensis  jusqu'à  la  limite  méridionale  que  le 
mysticetus  atteint  pendant  l'hiver;  les  îles  Aléoutiennes  forment  dans  le  Pacifique 
une  limite  naturelle  à  peu  près  comme  l'Islande  dans  l'Atlantique,  et  ces  limites 
ne  sont  guère  dépassées  ni  par  l'une  ni  par  l'autre  espèce. 

D'après  les  témoignages  des  baleiniers,  on  pratique  cette  pêche  surtout  pendant 
les  mois  de  juin  et  de  juillet. 

La  baleine  du  Japon  paraît  plus  grande  que  la  baleine  australe,  à  laquelle  elle 
ressemble  beaucoup,  mais  elle  en  diffère  cependant  d'une  manière  notable  par  les 
caractères  des  fanons,  qui  sont  plus  épais,  plus  courts  et  plus  crasseux  que  ceux 
de  l' australis.  La  peau,  et  particulièrement  celle  delà  tête,  est  couverte  de  diadema. 

Les  fanons  de  cette  baleine  ne  sont  connus  dans  le  commerce  que  depuis  une 
trentaine  d'années. 


.5 


H  4  SQUELETTE  DES   CÉTACÉS. 

Une  baleine  désignée  par  les  baleiniers  anglais  et  américains  sous  le  nom 
de  black  whale  habite  l'océan  Indien  et  s'étend  depuis  le  cap  de  Bonne-Espérance 
jusqu'à  la  côte  ouest  de  la  Nouvelle-Hollande. 

Ce  black  whale  forme-t-il  une  espèce  distincte?  On  sait  que  ce  même  nom  est 
donné  à  la  baleine  des  côtes  des  États-Unis  d'Amérique,  et  les  baleiniers  le  donnent 
encore  à  d'autres  espèces. 

Dans  la  note  que  nous  avons  publiée  sur  leur  distribution  géographique,  nous 
avons  dit,  qu'à  priori,  il  fallait  admettre  l'existence  d'une  baleine  dans  l'espace  qui 
sépare  l'Afrique  de  l'Australie.  Voici  comment  nous  nous  sommes  exprimé  :  «  Si 
nous  osions  émettre  un  avis  à  priori,  nous  dirions  que  la  baleine  que  l'on  prend  depuis 
le  cap  de  Bonne-Espérance  jusqu'en  Australie  doit  être  nouvelle  pour  la  science.  » 

Mais  avant  de  se  prononcer,  il  faudra  que  l'on  ail  eu  l'occasion  de  comparer  les 
ossements  de  cet  animal,  qu'aucun  musée  n'est  parvenu  encore  à  se  procurer, 
ou  tout  au  moins  que  l'on  connaisse  quelques  traits  positifs  de  son  histoire.  On 
n'en  possède  que  des  fanons,  qui  proviennent  de  l'ouest  de  l'Australie  et  qui  ont 
été  donnés  au  Dritisk  muséum  par  M.  J.  Warwick,  esq.;  c'est  tout  ce  que  l'on  en 
connaît,  et  c'est  d'après  ces  pièces  que  le  docteur  Gray  a  établi  son  Eubalœna  mar- 
ginal a  (1). 


Le  docteur  Gray  admet,  parmi  les  baleines  proprement  dites,  cinqgenres,  qui  sont 
désignés  sous  les  noms  de  Balœna,  Eubalœna,  lluntcrius,  Caperea  et  Macleayius.  Il 
De  nous  semble  pas  que  ces  divisions  génériques  puissent  être  admises  sans  rompre 
avec  tous  les  principes  suivis  jusqu'à  présent  par  les  zoologistes.  Il  n'y  a,  à  notre 
avis,  que  les  deux  premières  divisions,  les  Balœna  elles  Eubalœna,  qui  pourraient 
faire  exception  ;  comme  le  pensait  également  Eschrichl,  on  pourrait  conserverie 
nom  de  Balœna  pour  le  Mysticetus  des  régions  arctiques  et  celui  à! Eubalœna 
ou  de  Leiobalœna  comme  il  le  proposait,  pour  les  diverses  espèces  des  zones  tem- 
pérées.    La  longueur  relative   de  la  tète,  l'étendue  et  la  direction  des  frontaux, 


(1)  Erebus  and  Terror,  tab.  i.  6g.  I,  el  Catalog.  of  Seale  and  Wbales,  1866,  p.  90. 


BALEINES.  H5 

la  forme  des  caisses  tympaniques,  les  apophyses  des  omoplates  et  le  développement 
des  fanons  pourrait  justifier  cette  séparation. 

Le  genre  Hunterius  ne  repose  que  sur  la  bifidité  de  la  première  côte  et  il  ne  nous 
est  pas  démontré  que  ce  caractère  n'est  pas  une  disposition  individuelle.  Nous 
avons  exposé,  dans  une  notice  spéciale,  avec  quelle  facilité  celle  première  côte  se 
bifurque  à  ses  deux  extrémités,  du  côté  du  sternum  aussi  bien  que  du  côté  des 
vertèbres  (I).  En  attendant  que  l'on  possède  un  certain  nombre  de  pièces  de  com- 
paraison, nous  ne  croyons  pas  que  l'on  soit  en  droit  de  faire  avec  le  seul  sque- 
lette connu,  une  espèce  distincte.  Le  squelette  de  la  baleine  du  cap  de  Bonne- 
Espérance  du  muséum  de  Paris  a  cinquante-sept  vertèbres,  celui  de  Leyde,  qui 
provient  également  du  cap,  en  a  cinquante-six;  les  sept  premières  cervicales  sont 
soudées  dans  le  premier,  les  cinq  premières  seulement  dans  l'autre;  le  doigt  médian 
a  cinq  phalanges  dans  le  squelette  de  Paris  tandis  que  ce  nombre  se  trouve  à  l'an- 
nulaire dans  celui  de  Leyde;  il  reste  à  savoir  si  ce  nombre  est  normal  dans  le  der- 
nier ;  les  os  propres  du  nez  sont  très-larges  dans  le  squelette  de  Leyde,  comme 
M.Flower  (2)  l'a  fait  connaître  récemment,  et  enfin  dans  ce  dernier  la  première 
côte  est  bifide  et  la  seconde  très-grosse  à  son  extrémité  libre.  Mais  si  nous  trouvons 
quelques  différences  nous  avons  aussi,  en  faveur  de  l'identité,  quelques  caractères 
qui  ne  sont  pas  sans  importance,  comme  la  seconde  et  la  troisième  vertèbre  cervi- 
cale qui  portent  seules  une  apophyse  transverse  inférieure. 

Nous  ne  pouvons  admettre  davantage  le  genre  Caperea,  qui  ne  présente,  à  notre 
avis,  aucun  caractère  qui  dépasse  les  limites  d'un  caractère  spécifique  ;  on  reconnaît 
dans  l'os  de  l'oreille  le  véritable  faciès  des  baleines  appartenant  aux  régions  tem- 
pérées. 

Quant  au  genre  Macleayius,  il  repose  sur  une  erreur  commise,  on  ne  sait  trop 
comment,  parla  photographie  (5)  d'une  région  cervicale  envoyée  par  M. Kreffl,  de 
Sydney.  Nous  ne  voyons  pas  de  motif  de  ne  pas  rapporter  cette  région  cervicale 
à  la  B aliéna  antipodarum  en  attendant  que  l'on  ait  des  renseignements  précis  sur 
ses  caractères  distinctifs. 


(1)  Bulletin  de  l'Acad.  roy.  de  Belgique,  2e  sér.,  t.  XXVI,  p.  7. 1868. 

(2)  Flower,  loc.  citai.,  p.  8. 

(3)  Macleayius,  Cray,  l'roceed.  Zool.  Soc,  1864;  Macleayius  auslraliensis,  Gray,  Catal.  ni' seuls  and 
whales,  p.  toa  et  371. 


GENRE     MEGAPTERA 


Ici  comme  ailleurs  les  pêcheurs  ou  pour  mieux  dire  les  baleiniers,  ont  été  les  pre- 
miers naturalistes. —  Ils  avaient  observé,  avant  qu'aucun  zoologiste  eût  une  bonne 
idée  d'une  baleine,  que  ces  géants  de  la  mer  n'ont  pas  tous  la  même  conformation  ; 
que  les  uns  sont  plus  faciles  à  capturer  que  les  autres,  que  l'épaisseur  de  la  couche 
de  lard  et  la  largeur  des  fanons  diffèrent  beaucoup  en  valeur  selon  les  espèces,  que 
certaines  baleines  ont  le  dos  lisse  et  uni,  que  d'autres  portent  une  bosse  sur  le 
dos,  que  d'autres  encore  ont,  à  la  place  d'une  bosse,  une  véritable  nageoire.  — 
D'après  cela  ils  avaient  distingué  les  Wallvisch  ou  baleines  véritables,  les  GibOars, 
dont  on  a  fait  ensuite  Juùarle,  et  les  Vinnvisch  quand  au  lieu  d'une  bosse  elles 
portent  une  nageoire. 

Après  une  étude  convenable  de  tous  les  caractères  extérieurs  et  intérieurs,  les 
zoologistes  ont  donné  raison  aux  pêcheurs,  et  leurs  trois  divisions  sont  les  seules 
qui  présentent  une  valeur  scientifique. 

Nous  avons  ainsi  les  baleines  franches  dont  nous  avons  parlé  précédemment,  les 
megaptera  ou  les  gibbars  dont  nous  allons  exposer  l'histoire  et  les  balsenoptères  ou 
les  vinnfisch  que  nous  étudierons  ensuite. 

Les  mégaptères ont  une  ôosse  sur  le  dos  à  la  place  d'une  nageoire  (i),  des  plis  sous  la 


I    Une  jeune  Megaptera  boops,  non  sevrée,  mais  déjà  plus  grande  de  laille  que  la  Dalœnoptera  ros- 


MEGAPTÈRES.  117 

gorge  comme  les  balénoptères,  des  fanons  courts,  des  nageoires  pectorales  très-grandes, 
quatre  doigts,  la  lèvre  inférieure  peu  élevée,  un  rostre  presque  droit,  les  vertèbres  cer- 
vicales séparées,  un  sternum  court  et  terminé  en  pointe  en  arrière,  la  muqueuse  des 
intestins  grêles  formant  des  alvéoles  (\),  et  les  intestins  grêles  séparés  des  gros  intestins 
par  la  présence  d'un  cœcum.  —  Les  deux  rangées  de  fanons  se  réunissent  en  avant  sur 
la  ligne  médiane  (2). 

Ces  mysticètes  diffèrent  également  des  autres  baleines  en  ce  que  pendant  la  tempête, 
comme  pendant  le  temps  ordinaire,  ils  s'élèvent  tout  entiers  dans  l'air,  et  tournent  sur 
eux-mêmes  de  manière  à  tomber  sur  le  dos  dans  l'eau.  —  C'est  ce  que  l'on  ne  voit  pas 
chez  d'autres  mysticètes  (5). 

Ces  animaux  ont  de  cinquante  à  soixante  pieds  «  l'âge  adulte,  de  quatorze  «  dix- 
huit  pieds  en  naissant,  trente  pieds  environ  en  abandonnant  leur  mère. 

Les  nageoires  pectorales  ont  le  quart  de  la  longueur  totale. 

Le  corps  se  couvre  de  diadema,  et  sur  ces  diadema  on  trouve  souvent  des  Otions  et 
des  cyames. 

A  en  juger  par  la  megaptera  de  la  côte  de  Groenland,  ces  mysticètes  ont  leurs 
stations  comme  les  autres  baleines,  et  le  naturaliste  devra  avant  tout  s'enquérir, 
quand  une  espèce  est  établie  ou  à  établir,  des  parages  qu'ils  visitent  comme  des 
quartiers  d'biver  et  d'été  qu'ils  fréquentent. 

On  a  observé  la  présence  des  megaptera  partout  où  il  y  a  des  baleines  :  au  nord 
de  l'Atlantique,  on  en  voit  qui  ont  leurs  stations  régulières  sur  la  côte  du  Groen- 
land, aux  îles  Bermudes  comme  dans  le  voisinage  de  l'Islande,  et  il  en  vient 
éebouer  parfois  sur  les  côtes  de  Norwége,  sur  les  côtes  d'Ecosse,  à  l'embouchure 
de  l'Elbe  et  dans  la  Baltique. 

Au  cap  de  Bonne-Espérance  on  observe  assez  communément  une  autre  espèce, 
mais  nous  ne  savons  si  c'est  la  même  qui  visite  aussi  Madagascar  et  les  eaux  pro- 


rata, avait  une  nageoire  dorsale  en  tout  semblable  à  celle  de  sa  mère  qu'elle  accompagnait  encore;  cette 
ressemblance  était  aussi  complète  pour  la  forme  que  pour  la  place  qu'elle  occupait.  —  C'est  en  1833  que 
Holbôll  eut  l'occasion  de  faire  cette  remarque  tout  près  de  Godthaab. 

'i)  Les  caractères  fournis  parla  surface  de  l'intestin  présentent  un  haut  intérêt  et  une  valeur  incon- 
testable, a  dit  Eschrichl  avec  beaucoup  de  raison. 

(2)  Comme  dans  les  Balénoptères.  Depuis  longtemps  cette  remarque  a  été  faite  par  0.  Fabricius,  et 
Eschrichl  avait  déposé  au  Musée  de  Copenhague  des  préparations  anatomiques  qui  montrent  cette  dispo- 
sition. 

(3)  Eschricbt,  1er.  cit.,  \>.  150 


118  SQUELETTE   DES  CÉTACÉS. 

fondes  de  l'île  Sainte-Hélène,  les  îles  Malouines,  peut-être  les  îles  de  la  Sonde  (I) 
et  la  côte  de  la  Plata. 

Dieffenbach  et  d'autres  voyageurs  signalent  également  des  mégaptères  à  l'est  de 
la  Nouvelle-Zélande,  et  sur  la  côte  du  Chili.  Enfin  on  a  reconnu  encore  ces  mysti- 
cètes  sur  la  côte  du  Japon,  au  sud  de  la  mer  d'Okhotsck  en  compagnie  du  Bé- 
luga (2)  ainsi  que  sur  les  côtes  de  la  Californie  (5).  Sous  le  nom  de  IL  boops,  Pal- 
las  (4)  parle  d'un  mysticète  qui  a  été  vu  par  Steller  au  détroit  do  Behring,  et  qui 
paraît  être  le  Ooops  de  Fabricius.  Parmi  les  trois  espèces  de  cétacés  à  fanons,  que 
M iddendorf  signale  dans  ces  parages,  figure  également  l&  Megaptera  boops  sous  le 
nom  de  Balœnoptera  longimana.  Il  en  est  venu  échouer  sept  dans  le  courant  de 
l'été  au  sud  de  la  mer  d'Okhotsck,  dont  il  a  pu  on  voir  deux.  —  Il  a  vu  les  plis 
sous  la  gorge,  et  la  longueur  extraordinaire  des  nageoires  pectorales. 

On  a  trouvé  des  restes  de  ces  animaux  à  l'état  fossile  en  Europe  et  en  Amérique, 
et  il  y  a  des  squelettes  plus  ou  moins  bien  conservés  qui  ont  été  déterrés  à  une 
assez  grande  distance  des  côtes  actuelles  et  à  des  centaines  de  pieds  au-dessus  du 
niveau  actuel  de  la  mer  (5).  Parmi  des  ossements  recueillis  en  Virginie  dans  le  mio- 
cène, le  professeur  Cope  a  cru  reconnaître  des  os  d'oreille  de  megaptera. 

Nous  ne  croyons  pas  qu'il  y  ait  lieu  d'établir  des  distinctions  génériques  parmi 
les  megaptera,  et  l'espèce  du  Cap,  que  Cuvier  réunissait  avec  les  balénoptères,  sous 
le  nom  de  Rorqual  du  Cap,  ne  présente  certes  aucune  disposition  qui  justifie  la 
création  du  genre  Poescopia.  Nous  avons  étudié  comparativement  le  squelette  de 
l'espèce  du  Groenland  avec  le  squelette  du  muséum  de  Paris  (6),  qui  a  été  rapporté 
par  Delalande  en  \  820  en  même  temps  que  les  deux  squelettes  de  baleine,  et 


(1)  Une  tête,  envoyée  de  Java  au  Musée  de  Leyde,  et  qui  a  été  attribuée  d'abord  a  un  animal  de  ce  genre, 
n  é.té  reconnue,  par  M.  Flower,  pour  une  Balénoptère.  Depuis  peu,  une  autre  baleine  de  45  pieds  de 
longueur,  et  qui  paraît  bien  être  une  megaptera,  a  échoué  près  de  Pekalongan  (nier  de  Java  .  Natuurl. 
ï yilsrbr.,  voor  Nederland.  Indie,  18G4,  p.  423  et  445. 

(2)  Schrenk,  Reisi  a  und  Forschungen  im  Amur-Lande;  Petersburg,  1858. 

3)  Most  ab  un  dan  l  offtlie  bold  eoast  of  cape  Sainl  Lucas,  California;  lien  net,  Wbaling  Voyage,  II,  p.  2."  2. 
Middendorf  fail  également  mention  du  Béluga  dans  les  parages  de  la  mer  d'Okbotsck  :  Sibirische  Reise, 
Wirbelthiere,  pag.  I  -'-'. 

4]  Zool.  Rues.  Asiat.  891. 

(6)  Une  lithographie  dessinée  par  Seharf,  représentant  la  tête  seule,  porte  pour  inscription  :  View  of  an 
c.normous  head  of  un  unknown  animal,  found  in  New  Orléans,  180  miles from  the  sea  and  75  feet  from 
Ihe  earlh's  surface. 

(6)  Bulll  lin  (le  l'Académie  royale  de  lielgiipie,  2"  série,  t.  XVIII,  n"  12. 


MEGAPTERES.  119 

nous  avons  tout  au  plus  reconnu  quelques  différences  spécifiques  dans  ces  deux 
cétacés. 

Il  existe  diverses  espèces,  mais  comme  on  ne  possède  guère  que  les  squelettes 
envoyés  de  Groenland  par  Bolbôll,  ainsi  que  le  squelette  de  quelques  individus 
écboués  accidentellement  en  Europe  et  aux  États-Unis  d'Amérique,  celui  du  Cap, 
rapporté  par  Delalande,  et  celui  de  la  Plata,qui  est  au  Musée  de  Buenos-Ayres,  il 
faudra  bien  du  temps  encore  avant  de  pouvoir  se  prononcer  définitivement  sur  leur 
nombre. 

Pour  le  moment  nous  croyons  pouvoir  admettre  comme  certain  : 

\°  La  megaptera  boops  deFabricius  ou  la  balsenoptera  longimana  de  Rudolpbi, 
qui  est  propre  au  nord  de  l'Atlantique  et  qui  a  une  de  ses  stations  fixe  au  détroit  de 
Davis. 

2°  La  megaptera  Lalandii  qui  appartient  à  l'Atlantique  méridional  et  que  l'on  ob- 
serve au  cap  de  Bonne-Espérance  comme  sur  les  côtes  de  Buenos-Ayres. 

Comme  probable  : 

5°  La  megaptera  Novse  Zelandiœ,  qui  habite  le  sud  du  Pacifique,  mais  dont  on  ne 
connaît  que  l'os  de  l'oreille.  On  la  trouve  à  l'est  de  la  Nouvelle-Zélande  et  sur  la 
côte  du  Chili. 

4°  La  megaptera  Imzira,  du  nord  du  Pacifique,  dont  on  ne  possède  aucun  débris, 
mais  que  l'on  a  signalé  aux  îles  Aléoutiennes,  et  jusque  sur  les  côtes  de  la  Cali- 
fornie (-1). 


[\)  Nous  possédons  à  Louvain  des  Coronula  de  la  côte  de  Californie,  qui  appartiennent  évidemment  à 
une  espèce  différente  de  la  Coronula  diadema  de  la  Megaptera  boops. 


MEGAPTERA     BOOPS 
PI.  X  et  XI,  Fig.  1-8. 


0.  Fabricius,  Fauna  groenlandica,  in-8°;  Hafniae  et  Lipsiae,  1780. 
Pander  et  Dalton,  Die  Skelete  der  Cetaceen,  in-fol.  Bonn,  1827. 
Rudolphi,  Mémoires  de  l'Académie  de  Berlin,  1829. 

Brandt  et  Ratzeburg,  Getr.  Darstell.  und  Beschreib.  d.  Thiere...  in-4°  Berlin,  1829. 
D.  F.  Eschricht,  Die  nordiscb.enWalltb.iere,  in-fol.  Leipzig,  1849. 
Gray,  Catalogue  of  Seals  andWhales.  London,1866. 

Van  Beneden,  Le  Rorqual  du  cap  de  Bonne-Espérance  et  le  Keporkak  des  Groënlandais:  Bullet.  acad. 
roy.  de  Belgique,  2e  série,  t.  XVIII,  n"  12. 

Ni  Linné  ni  Cuvier  n'ont  connu  cette  espèce  et  le  muséum  de  Paris,  malgré  ses 
richesses  en  tout  genre,  ne  possédait  à  l'époque  où  le  grand  naturaliste  du  Mu- 
séum publiait  ses  recherches  sur  les  ossements  fossiles,  aucun  os  connu  de  cet 
intéressant  animal.  Je  n'ai  rien  observé  dans  les  collections  qui  se  rapportât  au 
Gibbar,  dit  Cuvier. 

En  visitant  les  galeries,  surtout  les  magasins  et  les  squelettes  non  montés,  nous 
avons  trouvé  quelques  os,  qui  proviennent  évidemment  de  megaptera,  entre 
autres,  une  omoplate  d'une  fort  grande  dimension. 

Après  David  Cranz  (1761-1762),  0.  Fabricius  (1768)  a  étudié  cette  espèce 
ion  l'appelle  Keporhal,  au  Groenland)  avec  beaucoup  de  soin,  pendant  son  séjour 
sur  la  côte  du  Groenland,  et  il  l'a  désignée  sous  le  nom  spécifique  ùeBalœna  Boops, 
la  croyant  identique  avec  la  Balaena  Boops  de  Linné  (1). 

Dans  le  courant  de  ce  siècle,  le  gouverneur  danois  au  Groenland,  Ilolboll,  en  a 


i)  La  Balaena  Boops  de  Linné  esl  une  Balaenoptera  voisine  sinon  identique  avec  la  Balaenoptera  mus- 
culus. 


MÉGAPTÉRES.  i2l 

fait  une  étude  plus  complète  encore  et  il  en  a  envoyé  à  Copenhague  des  squelettes 
de  tout  âge,  des  fœtus  de  toutes  les  dimensions,  ainsi  que  divers  organes,  y  com- 
pris même  le  cerveau,  dans  un  état  de  parfaite  conservation. 

Cette  espèce  a  été  connue  depuis  longtemps  des  baleiniers  sans  que  les  natura- 
listes en  eussent  la  moindre  connaissance  ;  elle  était  cependant  commune  aux  îles 
Bermudes  et  surtout  dans  le  détroit  de  Davis.  Une  baleine  échouée  à  l'embou- 
chure de  l'Elbe  et  décrite  sous  le  nom  de  Balsenoptera  longimana  par  Rudolphi,  a  été 
reconnue  plus  tard  pour  être  précisément  le  Keporkak  des  Groëulandais  si  commun 
à  l'entrée  de  la  mer  de  Baffin. 

C'est  Eschricht  qui  a  le  grand  mérite  d'avoir  élucidé  l'histoire  de  cet  animal. 

M.  Schlegel  a  reconnu  le  premier,  si  je  ne  me  trompe,  les  rapports  qui  existent 
entre  cette  espèce  et  le  Rorqual  du  Cap  décrit  par  Cuvier. 

Syn.  :  Balœna  boops,  Fabr. 

Balœna  nodosa,  Klein  et  Bonaterre. 

Balœna  longimana,  Rud. 

Megaptera  longimana,  Gray. 

Kyphobalœna  Keporkak,  Eschricht. 

Humpback,  Pflockfisch,  Knotenfisch,  Knobbelfisch  des  baleiniers. 

Keporkak  des  Groënlandais. 

Baleine  à  bosse. 

Ce  mysticète  atteint,  d'après  Holboll,  cinquante  à  cinquante-quatre  pieds,  et 
d'après  0.  Fabricius,  il  atteindrait  jusqu'à  soixante  pieds,  comme  la  baleine  du 
Groenland.  Il  en  a  quatorze  en  venant  au  monde,  dit  Eschricht,  et  trente  en  quit- 
tant la  mère. 

Sa  nourriture  consiste  au  Groenland  principalement  en  mallotus  arcticus,  ammo- 
dytes  lobianus  et  limacina  arctica, etc.;  Holboll  ajoute  encore  le  gadus  agilis  et  divers 
crustacés  à  sa  pâture  ordinaire  (i). 

Cet  animal  n'est  pas  farouche,  et  les  Groënlandais  le  tuent  sans  le  harponner. 


I)  Eschricht  Nord.  Walllh.,  p.  150. 

16 


122  SQUELETTE  DES  CETACES. 

D'après  Eschricht,  le  keporkak  se  rend  au  nord  pendant  les  mois  d'août  et  de 
septembre,  occupant  depuis  le  soixante-deuxième  jusqu'au  soixante-sixième  degré 
et  quitte  ensuite  ces  régions  froides  pour  revenir  vers  le  mois  d'août  et  de  mai.  Il 
n'entre  pas  dans  les  eaux  occupées  par  la  baleine  du  Groenland. 

Dans  le  détroit  de  Davis  le  Keporkak  s'établit  régulièrement  vers  la  fin  d'avril 
dit  Holboll,  et  arrive  en  été  par  bandes  sur  la  côte  du  Groenland  ;  en  automne  on  le 
voit  près  de  Frederikshaab  (62°),  puis  jusqu'à  Pissukùit  (64°  20'),  et  il  quitte  en  no- 
vembre. En  hiver  on  ne  voit  que  des  individus  isolés.  Depuis  le  mois  de  mars  jus- 
qu'à la  fin  de  mai  on  voit  aux  îles  Bermudes,  des  femelles  avec  leur  baleineau.  En 
octobre  4  855  une  baleine  appartenant  probablement  à  cette  espèce,  a  remonté  le 
fleuve  Saiut-Laurent  jusque  près  de  Montréal  (4). 

Schrenk  le  signale  avec  Middendorf,  comme  nous  l'avons  vu  plus  haut,  dans  la 
mer  d'Okbotsk,  en  compagnie  du  Béluga  (2). 

Il  vient  accidentellement  dans  la  mer  du  Nord  et  pénètre  même  dans  la  Bal- 
tique (5). 

M.  Sophus  Hallas  (4)  nous  a  appris  tout  récemment  que  l'on  voit  apparaître  ces 
cétacés  vers  le  milieu  du  mois  de  juin  sur  les  côtes  de  l'Islande,  et  il  en  a  observé 
dans  les  mêmes  eaux  jusqu'à  son  départ,  le  -14  septembre.  Il  en  a  vu  deux  au  mois 
de  juin,  un  au  mois  de  juillet,  deux  au  mois  d'août  et  un  en  septembre. 

M.  G.  0.  Sars  a  reconnu  cet  animal  aux  îles  Lofoten  ainsi  que  les  balœnoptera 
roslrata  et  laticeps  (S).  Un  individu  est  venu  écbouer  il  y  a  quelques  années,  sur 


(1)  Journ.  phil.  d'Edimbourg;  juillet  1824. 

(2  ...  That  the  riglit  whale  of  lîehring's  Strait  and  the  whales  of  Bafïin's  Bay  are  probably  the  samc 
animais;  and  ifso,  the  conclusion  is  almost  inévitable,  that  there  is  at  times,  al  least,  an  open  water 
communication  through  the  polar  régions,  bctwecn  the  Atlantic  and  Pacific  Océans.  M.  F.  Maury,  Expia- 
nations  and  Sailing  Directions;  Washington,  1858,  vol.  1,  pag.  320. 

(3)  La  baleine  qui  échoua  le  9  avril  1851,  prés  de  l'île  Ramusaar,  a  l'est  de  Réval,  et  qui  a  été  envoyée  à 
Saint-Pétersbourg,  est  un  jeune  mâle  de  trente  et  un  pieds  trois  quarts  de  long.  Ilubner,  C.  W.  Th.  iib.  d. 
am  9  April  1851  bei  Reval  aufç/ebr.  Wallthier  (BAL£J(A  longimana,  mas.)  mit  Abbild.  Heval,  1852.  Ilubner 
cite  ensuite  un  autre  animal  qui  aurait  échoué  au  mois  de  mars  1545  prés  de  Greifswalde,  un  autre  en- 
core en  mai  157s,  sur  la  côte  de  Courlande  [fcurlandischen  Kiisle),  et  un  troisième,  de  soixante  pieds 
de  long,  qui  est  venu  se  perdre  près  de  Stetlin,  eu  1628.  Heusche,  Ueber  einem  auf  der  kurischen  Neh- 
rung  bei  NiJdsn  <j>  fuml, mn  Knochen,  in-4°  Schrift.  J.  l'hys.  Oek.  lies,  zu  Koniyxberij.  Jahre  1,  H.  II. 

(4)  Sophus  Ballas, Optegneller  ...  (Vidensk.medd.  fradem  naturhist. Foren.  farl8G7),  Copenhague.  1868. 
(8  G.  0.  Sars,  Beskrivelse af  en  ved  Lofoten....  Balœnoptera musculus;  8*,  Christiania,  1865. 


MÉGAPTÈRES.  123 

la  côte  de  Norvège  près  de  Stavanger  (I  )  et  un  autre  à  l'embouchure  de  l'Elbe  (2).  1 1 
en  est  venu  également  à  la  côte  en  Ecosse  (Frith  of  Forth,  et  en  Angleterre  Newcastle, 
Berwick,  Dee)  (5). 

En  général  ces  animaux  n'échouent  pas  quand  ils  visitent  leurs  stations  habi- 
tuelles et  les  divers  exemples  que  l'on  connaît,  d'individus  égarés  et  morts  sur  nos 
côtes  en  Europe,  indiquent  précisément  qu'ils  n'appartiennent  pas  à  la  faune  euro- 
péenne. 

On  a  trouvé,  à  Heljarp  près  de  Laudskrona  (Suède),  des  ossements  qui  appartien- 
nent au  genre  megaptera  et  peut-être  au  megaptera  boops  d'après  Lilljeborg  (4). 

Ces  animaux  ne  sont  pas  venues  se  perdre  en  se  rendant  du  sud  au  nord  comme 
on  l'a  supposé,  mais  en  se  rendant  du  nord  au  sud. 

Les  baleiniers  qui  vont  à  la  pèche  de  la  baleine  franche,  traversent  les  régions  des 
keporkaks  pour  entrer  dans  l'Océan  glacial  où  cette  espèce  ne  pénètre  pas  (Eschricht). 

Le  keporkak  aime  surtout  les  grandes  profondeurs. 


On  trouve  sur  la  peau,  des  coronula  diadema  et  une  espèce  particulière  de 
Cyame,  cyamus  boopis  d'après  M.  Lutken  (5).  — Sur  les  coronula  diadema  on  trouve 
parfois  des  otion  auritum. 

Sur  l'individu  de  l'embouchure  de  l'Elbe  et  dont  le  squelette  est  au  musée  de 
Berlin  se  trouvaient  des  coronula  avec  des  otions,  qui  ont  été  conservés  par  Bur- 
meister. 


Il  existe   des  squelettes  de  cette   espèce  dans   divers  musées;  grâce  à  Hol- 


(1)  Au  commencement  d'avril,  1846,  une  femelle  de  45  pieds  sur  le  point  de  mettre  bas,  vint  à  la  côte 
en  Norvège,  non  loin  de  Stavanger;  un  fœtus  mâle  de  14  pieds  de  long  sortait  du  corps  par  la  queue.  Il 
était  strié  en  dessous.  (Eschricht).  —  La  même  année  un  mysticète  mâle  de  62  pieds,  qu'Eschricht 
regarde  comme  un  Balénoptère,  échoua  non  loin  de  là. 

(2)  Rudolphi,  Ueber  Balœna  longimana;  1829. 

(3)  Transact.  of  the  Newcastle  Nat.   llist.   Soc,   vol.   I. 

(4)  Retzius,  Fauna  Suecica,  p.  50.  Nillsson,  Ofversigt.  K.  Wetensk.  Akad.  forh.  1860.  p.  105.  Lilljeborg 
On  the  Scandinavian  Cetacea,  p.  290;  en  note. 

(5)  M.  Lutken  a  bien  voulu  nous  faire  part  du  résultat  de  ses  recherches  sur  les  cyanies,  avant  la  pu- 
blication d'un  travail  qu'il  prépare  sur  ces  crustacés  parasites. 


124  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

boll  et  Eschricht  c'est  le  mysticète  dont  les  ossements  sont  aujourd'hui  le  plus  ré- 
pandus. —  On  en  possède  un  squelette  de  quarante-cinq  pieds  à  Copenhague,  un  de 
vingt-huit  pieds  à  Leyde,  un  de  quarante-six  pieds  à  Bruxelles,  un  de  trente-deux 
pieds  à  Louvain,  un  autre  squelette  complet  et  un  crâne  au  British  muséum,  un 
autre  encore  à  Lund  (Suède),  tous  envoyés  par  Holbôll  et  Eschricht.  —  Le  Musée  de 
Berlin  possède  le  squelette  de  l'animal  échoué  en  novembre  4  824  à  l'embouchure 
de  l'Elbe;  le  Musée  de  Saint-Pétersbourg,  celui  de  l'animal  venu  à  la  côte  le  5 
avril  \  85-1  à  l'est  de  Reval  ;  le  Musée  de  Liverpoot  (Derby  muséum)  renferme  un 
squelette  de  trente  et  un  pieds  d'une  femelle  échouée  en  4865  dans  l'estuaire  du 
Dee;  au  muséum  de  Niagara-Falls  (États-Unis),  il  existe  un  squelette  de  cinquante 
pieds  provenant  d'un  animal  trouvé  mort  en  mer  sur  la  côte  du  Maine.  Le  musée 
de  Christiania  possède  une  tête,  celui  de  Paris  une  omoplate  de  grande  dimen- 
sion (•!),  celui  de  Munich  également  une  omoplate. 

Les  musées  de  Philadelphie  et  de  Niagara-Falls  possèdent,  le  premier  des  restes 
de  megaptera  americana  de  Gray,  le  second  de  megaptera  asphyia. 

A  Konigsberg  on  possède  l'occipital  de  l'animal  dont  Aug.  Muller  a  parlé  en 
dernier  lieu  et  qu'il  rapporte  à  une  balamoptera. 

Eschricht  a  eu  à  sa  disposition  pour  l'étude  du  keporkak  cinq  squelettes  com- 
plets, plusieurs  crânes  isolés,  diverses  parties  molles  et  six  fœtus  de  grandeur 
différente.  Ces  fœtus,  deux  mâles  et  quatre  femelles,  étaient  longs  de  trente- 
cinq,  de  quarante-cinq  et  de  soixante-quatorze  pouces  et  demi. 

Le  musée  de  Copenhague  possède  encore  divers  fœtus  dans  la  liqueur.  —  Le 
musée  du  collège  des  chirurgiens  à  Londres  en  possède  également  un. 

Rudolphi  a  publié  le  dessin  du  squelette  (2).  Pander  et  d'Alton,  celui  de  la  tète, 
des  membres,  de  la  région  cervicale,  du  sternum  et  de  l'os  hyoïde  (5).  Eschricht, 
celui  du  membre  pectoral  du  fœtus  (A)  et  de  la  tête  (5).  Brandt  et  llalzeburg  ont 
également  reproduit  la  tête  du  Musée  de  Berlin  (6). 


I    Elle  mesure  i",52  dans  son  plus  grand  diamètre, 
(2  Mi'in.  acad.  Berlin,  1829. 

.')  Die  Skelete  der  Cetaceen. 

i    Nordische  Walltbiere. 
(S)  Oni  nordhvalen. 

(il;  Mnlii  .  ZcinliiL'ir  . 


MÉGAPTÈRES.  125 


SQUELETTE. 


La  tête,  ou  pour  mieux  dire  le  rostre,  a  uoe  forme  distincte,  surtout  quand  on 
la  regarde  de  face  :  les  maxillaires  supérieurs  sont  légèrement  élargis  vers  leur 
milieu  et  à  leur  base;  le  pariétal  montre  sa  suture  avec  le  frontal  dans  toute  la  lar- 
geur de  cet  os,  en  regardant  la  tête  de  face,  ce  qui  permet  de  distinguer  facile- 
ment les  mégaptères  des  balénoptères. 

Les  os  maxillaires  sont  assez  massifs  vers  le  milieu  de  leur  longueur  surtout,  et 
rendent  le  rostre  beaucoup  moins  délicat  que  dans  les  autres  baleines.  —  Autour  des 
narines  ces  os  s'élèvent  au-dessus  des  os  propres  du  nez,  ne  laissant  entre  eux, 
qu'un  bord  étroit  des  intermaxillaires  et  les  os  nasaux.  —  La  portion  dumaxillaire 
qui  loûge  le  bord  antérieur  du  frontal  se  dirige  obliquement  d'avant  en  arrière  et 
non  pas  brusquement  en  dehors  comme  chez  les  balénoptères. 

Au  palais  les  maxillaires  sont  faiblement  écartés  et  laissent  voir  le  vomer  sur 
une  égale  largeur  depuis  les  palatins. 

Les  os  propres  du  nez  sont  plus  larges  que  dans  les  autres  mysticètes  surtout  vers 
le  tiers  supérieur  de  leur  longueur. 

Les  os  nasaux  sont  de  forme  triangulaire  et  sont  bien  moins  développés  que  dans 
les  baleines  véritables;  ils  s'écartent  l'un  de  l'autre  en  arrière,  ce  qui  les  distingue 
aisément  des  deux  autres  genres. 

Les  os  frontaux  présentent  un  très-grand  développement  en  largeur  :  après  avoir 
formé  la  voûte  orbitaire  ils  pénètrent  en  avant  dansle  creux  du  maxillaire  supérieur 
comme  un  véritable  coin.  —  Vus  d'en  haut  ils  ont  la  forme  d'un  éventail. 

L'occipital  est  assez  étroit  en  avant  et  affecte  par  sa  partie  supérieure  une  forme 
triangulaire. 

Le  lacrymal  occupe  sa  place  ordinaire  etconsiste  dans  une  lame  élargie  au  milieu, 
un  peu  étroit  aux  deux  bouts  et  plus  épaisse  vers  le  bord  externe  et  le  cercle  de 
l'orbite. 

Le  jugal  complète  en  dessous  la  cavité  de  l'orbite;  il  est  allongé,  arrondi,  recourbé 
pour  former  le  cercle  orbitaire  ;  il  est  attaché  en  avant  à  l'angle  du  maxillaire,  en 
arrière  à  un  autre  angle  formé  par  le  temporal. 


120  SQUELETTE  OES  CETACES. 

Le  palatin  est  à  peu  près  aussi  large  que  long,  et  il  est  bordé  en  arrière  par  le 
ptérigoïdien  dans  toute  sa  largeur. 

Le  ptérigoïdien  forme  un  sinus  assez  profond  pour  la  cavité  de  la  trompe 
d'Eustacheet  présente  une  échancrure  profonde,  par  laquelle  s'établit  la  commu- 
nication de  l'oreille  moyenne  avec  les  fosses  nasales.  La  distance  est  courte  entre 
la  caisse  du  tympan  et  l'échancrure  dont  nous  venons  de  parler. 

Le  maxillaire  inférieur  est  assez  massif,  à  peine  plus  gros  à  sa  surface  articulaire 
qu'à  la  pointe;  son  apophyse  coronoïde  est  recourbée  en  dehors  et  médiocre- 
ment développée.  —  C'est  vers  le  milieu  de  sa  longueur  que  cet  os  est  le  plus 
fort. 

La  caisse  du  tympan,  au  lieu  d'être  comprimée  et  anguleuse,  est  de  forme  ovale  et 
régulièrement  arrondie  de  tout  côté.  Les  deux  bords  de  l'ouverture  de  la  caisse 
sont  fort  réguliers. 

Le  rocher  a  deux  apophyses  dont  la  grande,  logée  entre  le  temporal  et  l'occipital, 
est  à  peine  plus  longue  que  la  caisse  elle-même.  Comme  dans  les  autres  mysticètes 
ces  deux  apophyses  attachent  solidement  la  caisse  à  la  base  du  crâne  et  l'on  ne 
saurait  la  détacher  sans  la  briser. 

Le  marteau  est  très-volumineux  et  soudé  au  bord  de  la  caisse.  —  L'enclume  est 
petit  et  une  de  ses  deux  surfaces  articulaires  est  peu  développée.  L'étrier  est  court 
et  complètement  immobile  sur  le  rocher. 

Le  nombre  de  vertèbres  est  de  cinquante-deux  ou  cinquante-trois  :  elles  sont 
réparties  en  sept  cervicales,  quatorzedorsales,  neuf  lombaires  et  vingt-deux  caudales. 
Le  squelette  du  musée  de  Bruxelles  en  a  cinquante-trois  comme  le  squelette  de 
Copenhague.  lUulolphi  en  attribue  cinquante-quatre  à  son  squelette,  mais  les  deux 
dernières  sont  en  bois.  — Lilljeborg  en  compte  cinquante-deux  dans  le  squelette 
d'un  jeune  animal  qui  esta  Lund  et  il  suppose  que  la  dernière  manque. 

Le  corps  de  ces  vertèbres  augmente,  depuis  les  premières  dorsales  jusqu'à  la 
troisième  ou  quatrième  caudale,  en  diamètre  antéro-postérieur  comme  en  diamètre 
vertical. 

Les  apophyses  épineuses  croissent  en  hauteur  depuis  la  troisième  cervicale  jus- 
qu'à la  première  lombaire. 

L'arc  neural  disparait  à  la  dixième  ou  onzième  caudale. 

Les  vertèbres  de  la  région  cervicale  sont  toutes  complètement  séparées  les  unes 


MEGAPTEKES.  127 

des  autres  par  le  corps  comme  par  les  apophyses.  Le  docteur  Gray  fait  la  remarque 
que  la  seconde  et  la  troisième  vertèbre  du  cou,  du  squelette  d'un  jeune  animal  qui 
est  à  Liverpool,  sont  réunies  par  le  corps  et  par  l'arc  neural. 

Le  corps  de  l'axis  a  le  double  de  l'épaisseur  de  l'atlas,  et  cette  épaisseur  est  même 
plus  grande  que  celle  des  troisième,  quatrième  et  cinquième  réunies. 

L'axis  a  ses  deux  apophyses  transverses  supérieure  et  inférieure  à  peu  près  égale- 
ment développées  et  non  encore  réunies  dans  le  squelette  que  nous  avons  sous  les 
yeux,  comme  dans  la  plupart  de  squelettes  connus. 

Les  troisième,  quatrième  et  cinquième  cervicales  ont  une  apophyse  transverse 
inférieure  à  peu  près  également  développée;  la  sixième  présente  à  la  place  de  l'apo- 
physe un  tubercule  à  peine  visible;  on  ne  voit  plus  rien  à  la  septième. 

Les  apophyses  transverses  supérieure  sont  assez  développées  et  descendent  pour 
incliner  sensiblement  en  avant  ou  en  arrière;  celles  des  deux  dernières  se  dirigent 
ainsi  que  celles  de  la  première  dorsale  d'arrière  en  avant  et  de  haut  en  bas. 

Nous  comptons  douze  os  en  V;  les  cinquième,  sixième  et  septième  sont  les  plus 
forts. 

Les  côtes  sont  au  nombre  de 
quatorze.  La  troisième  surtout  et  la 
quatrième  diffèrent  des  autres  par 
une  tète  distincte,  mais  qui  est  bien 
loin  d'atteindre  le  corps  des  ver- 
tèbres. 


i 

Les  cinq  premières  côtes. 


La  première  côte  est  assez  étroite  en  haut,  mais  elle  s'élargit  vers  le  milieu  de  sa 
longueur.  A  son  extrémité  inférieure  elle  est  à  peu  près  deux  fois  aussi  large  qu'en 
haut. 

C'est  la  troisième  qui  est  la  plus  longue  et  la  plus  contournée  en  haut. 

Ce  sont  les  cinq  ou  les  six  premières  qui  sont  les  plus  fortes.  Elles  vont  en  aug- 
mentant de  longueur  de  la  première  à  la  sixième  et  diminuent  ensuite  insensible- 
ment jusqu'à  la  dernière. 

Il  y  a  des  squelettes  à  treize  côtes  mais  l'on  peut  supposer  qu'il  y  en  a  une  qui 
manque. 

Les  squelettes  de  Louvain  et  de  Bruxelles  en  ont  quatorze. 


128  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

Le  sternum  varie  beaucoup  avec  l'âge;  il  a  la  forme  d'un  bouclier,  et  il  esta  peu 
près  aussi  large  que  long.  Dans  les  jeunes  individus,  il  est  échancréen  avant,  comme 
dans  le  squelette  que  nous  avons  à  Louvain  ;  plus  tard  il  est  perforé  et  plus  tard 
encore  il  est  tout  plein.  —  Il  affecte  alors  la  forme  d'une  large  pointe  de 
flèche. 

Le  sternum  est  plein  dans  le  boops  de  Ber- 
lin, mais  la  partie  arrondie  doit  être  placée  en 
avant.  Rudolphi  a  fort  bien  reconnu  qu'il  n'y 
a  qu'une  seule  côte  qui  s'articule  avec  le  ster- 
num. 

Le  bassin  est  formé  de  deux  paires  de  piè- 
ces qu'Eschricht  a  reconnu  chez  les  fœtus 
comme  chez  l'adulte,  chez  le  mâle,  comme 
chez  la  femelle;  l'une  de  ces  pièces  est  assez 
grande,  allongée,  pliée  vers  le  milieu,  formant  un  angle  très-ouvert  et  se  termi- 
nant en  pointe  plus  ou  moins  arrondie  aux  deux  bouts;  c'est  vers  le  milieu  de  cet 
os,  que  se  trouve  la  seconde  pièce,  qui  est  relativement  petite,  cl  qui  n'est  pas  sans 
ressemblance  avec  une  rotule.  La  première  qui  est  placée  dans  l'axe  du  corps  est 
l'ischion,  l'autre  le  fémur. 

Rudolphi  a  vu  retirer  le  bassin  des  chairs,  et  il  a  pu  s'assurer  que  les  os  du  bas- 
sin figurés  par  Cuvier,  ne  sont  pas  des  os  de  ce  nom  et  que  le  grand  naturaliste  a 
été  induit  en  erreur  par  de  Lalande. 

L'omoplate  desmegaptera  se  distingue  de  l'omoplate 
des  balama  par  le  diamètre  antéro-postérieur  qui  est 
plus  grand  que  le  diamètre  vertical  et  par  l'absence  ou 
l'état  rudimentaire  de  ses  apopbyscs  acromion  et  cora- 
coïde.  —  Nous  avons  trouvé  une  omoplate  au  muséum 
d'histoire  naturelle,  marquée  15.  iv,  291,  qui  mesure, de 
la  cavité  articulaire  au  bord  libre,  quatre-vingt-dix-sept  centimètres  et  d'un  angle 
à  l'autre  en  ligne  droite,  un  mètre  cinquante-deux  centimètres.  —  La  surface  arti- 
culaire mesure,  dans  sa  plus  grande  longueur,  trente-six  centimètres  et  en  épais- 
seur vingt-quatre  centimètres. 
Dans  li-  fœtus  on  voil  à  l'omoplate  un  rudiment  d'apophyse  coracoïde  (Eschricht) 


MÉGAPTÈRES.  129 

Souvent  les  omoplates  ne  sont  pas  tout  à  fait  semblables  sous  le  rapport  des  apo- 
physes surtout,  à  droite  et  à  gauche. 

L'humérus  est  comparativement  plus  court  et  moins  fort  que  dans  les  baleines; 
mais  ce  sont  surtout  les  osdel'avant-bras  qui  se  distinguent  par  leur  longueur  ;  ils 
ont  le  double  de  l'os  du  bras.  En  même  temps  qu'ils  sont  plus  longs,  ils  ont  perdu, 
le  radius  surtout,  en  largeur,  et  l'apophyse  olécranienne  est  moins  développée, 

Le  procarpe  compte  trois  pièces  à  peu  près  également  développées,  le  radial, 
l'intermédial  et  le  cubital,  et  il  en  existe  également  une  au  mésocarpe;  Eschricht 
figure  deux  mésocarpiens  dans  un  bras  de  fœtus,  mais  nous  ignorons  si  la  figure  qu'il 
en  donne  ne  représente  pas  plutôt  l'apparence  que  la  réalité.  Rudolphi  n'a  figuré 
que  les  trois  os  procarpiens  (I). 

11  n'y  a  que  quatre  doigls;  le  pouce  manque.  L'index  a  la  même  longeur  à  peu 
près  que  le  petit  doigt.  Outre  le  métacarpien,  l'index  a  deux  phalanges,  le  petit 
doigt,  trois.  Le  médian  et  l'annulaire  ont  la  même  longueur;  aussi  ont-ils  tous  1rs 
deux,  indépendamment  du  métacarpien,  chacun  sept  phalanges. 

Le  cartilage  qui  termine  l'index  est  plus  large  que  la  phalange  et  il  est  tronqué 
au  bout. 

Ces  phalanges  sont  en  général  fort  grandes,  surtout  celles  qui  sont  à  la  base, 
et  elles  affectent  généralement  la  forme  d'un  clepsydre,  avec  des  bords  libres 
coupés  obliquement. 

Cette  nageoire  diffère  fort  peu,  dans  son  ensemble  comme  dans  ses  détails,  de 
celle  du  fœtus  de  trente-quatre  pouces  de  longeur,  dont  Eschricht  a  donné  un  dessin 
dans  son  beau  livre  sur  les  baleines  du  nord.  Il  en  est  de  même  de  la  nageoire  dor- 
sale, qui  avant  l'époque  du  sevrage,  est  déjà  en  tout  semblable  à  celle  de  la  mère. 


(I)  La  figure  4,  pi.  X  et  XI  de  l'atlas,  représente  le  membre  pectoral  complet,  et  montre  par  erreur 
des  os  mésocarpiens  qui  n'existent  qu'en  apparence.  —  11  n'y  a  en  tout  que  quatre  os  dans  le  carpe. 


»7 


130  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 


MEGAFTERA  LALAKDII 


Pl.   IX. 


Cuvier,  Recherches  sur  les  ossements  fossiles,  tome  V. 
Van  Beneden,  Bulletin  de  l'académie  royale  de  Belgique,  2e  série,  tome  XVIII,  n°  12. 

Delalande  a  rapporté  le  premier  squelette  de  cet  animal  que  Cuvier  a  décrit  sous 
le  nom  de  Rorqual  du  Cap. 

M.  Sclilegel  a  le  premier  reconnu  l'analogie  qui  existe  entre  ce  cétacé  et  la 
balsena  longimana  de  Rudolphi.  Pendant  plusieurs  années  on  a  même  cru  que  ces  ani- 
maux ne  formaient  qu'une  seule  et  même  espèce,  qui  se  faisait  remarquer  par  le 
grand  développement  de  la  nageoire  pectorale  etpar  la  présence  d'une  bosse  sur  le 
dos  au  lieu  d'une  nageoire. 

Syn.  Rorqual  du  Cap,  Cuvier,  Oss.  foss.,  V.  t.  26,  f.  I,  \  et  19. 

Rorqual  us  anlarclicus,    Fréd.  Cuv.  Histoire  naturelle  des  Cétacés,  p.  547. 

Balsenoptera  Auslralis,  Lesson,  Cétacés,  p.  572. 

Bateinopterc  Poeskop,  Desmoulins,  Dict.  class.  Art.  Baleine,  vol.  Il,  p.  164. 

Megaplera  Poeskop,  Gray,  Erebus  andTerror,  on  the  Cetac.  anim.,  p.  27. 

Poescopia  Lalandii,  Gray,  Catal.  of  Seals  and  Whales,  p.  126. 

Poescop  ou  Humpôack  du  cap. 

Le  poeskop  d'après  Desmoulius  et  d'autres  naturalistes  a  une  bosse  sur  l'occiput  et 
une  nageoire  dorsale  au-dessus  des  pectorales. 


MÉCAPTÈRES.  131 

L'animal  serait  assez  rare  au  Cap  de  Bonne-Espérance  d'après  quelques  auteurs, 
et  des  naturalistes,  qui  ont  séjourné  dans  ce  pays,  assurent  n'en  avoir  vu  que  deux 
ou  trois  par  an. 

On  en  a  pris  sur  la  côte  de  Buenos-Ayres  aux  îles  Malouines,  et  c'est  peut-être  le 
même  animal  que  l'on  a  capturé  dans  la  mer  qui  baigne  les  îles  de  la  Sonde.  Le 
50  juin  -1819  on  en  a  vu  entre  la  pointe  du  cap  de  Bonne-Espérance  et  Hout-Baie,  à 
l'embouchure  de  la  rivière  de  Slangtrop. 

On  le  trouve  entre  le  40"  et  70"  de  latitude  sud. 

Ce  mysticèle  aurait,  comme  la  baleine  du  Cap,  ses  stations  au  cap  de  Bonne- 
Lspérance,  aux  îles  Malouines  et  sur  la  côie  de  Buenos-Ayres.  Il  était  assez  com- 
mun vers  le  cap  llorn,  à  l'époque  du  voyage  de  Forster,  puisqu'il  en  vit  plus  de 
trente  autour  du  navire,  si  toutefois  il  n'y  a  pas  d'erreur  dans  la  détermination 
de  l'espèce  (I). 


Un  squelette  complet  de  trente-cinq  pieds  de  long,  rapporté  du  cap  dcBonne-Es- 
péranec  par  Delalande,  et  un  squelette  d'un  baleineau  du  même  animal,  rapporlc 
par  le  même  naturaliste  voyageur,  sont  déposés  au  Muséum  d'Histoire  naturelle  à 
Paris.  On  trouve  un  Axis,  des  vertèbres  dorsales  et  lombaires,  un  humérus,  un 
radius  et  un  cubitus  au  musée  de  Brest.  Au  musée  de  Buenos-Ayres,  existe  un  sque- 
lette complet  sauf  les  nageoires;  h  Londres  on  voit  au  British  muséum,  des  ver- 
tèbres cervicales.  A  Batavia  on  conserve,  si  nous  ne  nous  trompons,  le  squelette 
de  quarante-cinq  pieds  de  long,  d'un  animal  éeboué  à  Pekalongan  en  I8G5; 
au  musée  de  Calcutta,  on  trouve  une  tète,  une  côte,  une  omoplate  et  plusieurs 
vertèbres. 

Il  parait  que  c'est  une  erreur  dans  laquelle  plusieurs  naturalistes  ont  versé  déjà , 
de  confondre  le  rorqual  du  Cap  avec  la  baleine  du  Cap;  c'est  ce  qui  est  arrivé  à 
Fréd.  Cuvier,  dans  son  histoire  naturelle  des  cétacés,  en  prenant  la  description  de 
la  baleine  du  Cap  de  son  frère,  pour  celle  de  la  megaptera,  et  Rudolphi  a  commis 
la  même  erreur  (2). 


(1)  Quoy  et  Gaimard,  L'ranie,  pag.  8). 

(2)  Schlege),  Fauna  japon ica,  21,  note. 


132  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 


SQUELETTE. 

Les  deux  crânes  de  la  Megaptera  boops  et  de  la  Megaptera  Lalandii  présentent 
entre  eux  une  très-grande  ressemblance,  du  moins,  autant  que  l'on  peut  en 
juger,  quand  on  n'a  pas  le  moyen  de  mettre  les  tètes  en  présence  l'une  de  l'autre. 

D'après  un  croquis  que  nous  avons  fait  à  Paris  et  que  nous  avons  comparé  avec 
la  tète  que  nous  possédons  à  Louvain,  les  os  nasaux  sont  toutefois  un  peu  plus 
allongés  dans  le  rorqual  du  Cap  que  dans  celui  du  Nord. 

Les  vertèbres  sont  au  nombre  de  cinquante-trois;  Cuvier  dit  cinquante-deux; 
elles  sont  réparties,  comme  dans  le  keporkak,  en  sept  cervicales,  quatorze  dorsales, 
neuf  lombaires  et  vingt-deux  ou  vingt-trois  caudales. 

Les  cervicales  sont  toutes  libres.  Le  diamètre  transverse  de  l'atlas  est  à  peu  près 
le  même  que  le  diamètre  vertical.  —  L'axis  est  la  vertèbre  la  plus  épaisse  du  cou  ; 
elle  a  presque  le  double  de  l'atlas  et  jusqu'à  quatre  fois  l'épaisseur  des  troisième  et 
quatrième  cervicales.  —  Depuis  la  quatrième  cervicale,  le  corps  des  vertèbres  aug- 
mente sensiblement  en  épaisseur  jusqu'à  la  vingt-neuvième  ou  jusqu'aux  premières 
caudales. 

On  peut  dire  que  toutes  les  vertèbres,  et  particulièrement  les  lombaires,  sont 
plus  courtes  d'avant  en  arrière  dans  l'espèce  qui  nous  occupe,  que  dans  celle  du 
Groenland. 

Les  lombaires  et  les  premières  caudales  sont  légèrement  carénées  en  dessous  ;  à 
la  sixième  caudale  on  voit  le  corps  des  vertèbres  percées  d'un  trou  pour  le  passage 
des  vaisseaux. 

C'est  dans  la  région  cervicale  surtout  que  se  trouvent  les  différences  qui  séparent 
le  keporkak  de  la  Megaptera  Lalandii.  L'apophyse  transversc  de  l'atlas  est 
moins  allongée  et  moins  élevée  dans  le  Lalandii  que  dans  l'autre  espèce,  et 
l'apophyse  épineuse  supérieure  a  plus  d'étendue  d'avant  en  arrière.  Le  bord 
antérieur  de  l'atlas  du  keporkak  montre  en  outre  une  éebancrurc  en  avant, 
tandis  que  ce  bord  s'élève  verticalement  dans  le  Lalandii. 

L'axis  a  une  apophyse  épineuse  supérieure  moins  allongée  dans  celui  du  nord, 


MECAPTÈKES. 


133 


c'est-à-dire  moins  étendue  d'avant  en  arrière,  de  manière  que  l'apophyse  épi- 
neuse de  l'atlas  est  plus  à  découvert  dans  cette  espèce.  Le  bord  antérieur  de  celte 
apophyse  est  droit  dans  l'espèce  du  Cap  et  sensiblement  lobé  dans  celui  du 
nord. 

Dans  le  keporkak  les  apophyses  épineuses  vont  en  diminuant  de  la  troisième  à 
la  cinquième  cervicale;  ces  apophyses  s'élèvent  au  contraire  régulièrement, 
de  la  troisième  à  la  cinquième  et  même  jusqu'à  la  septième  dans  l'espèce  du  Cap. 
Les  apophyses  transverses  inférieures  sont  moins  développées  dans  le  keporkak 
que  dans  l'autre.  Elles  sont  presque  nulles  dans  la  sixième  vertèbre  et  manquent 
complètement  dans  la  septième.  —  Sous  ce  rapport  il  y  a  peu  de  différence  entre 
les  deux  Megaptera. 

La  seconde  et  la  troisième  cervicale  sont  unies  d'après  Cuvier  par  la  partie 
supérieure  du  corps  et  dans  un  squelette  du  British  muséum,  M.  Gray  a  observé 
que  la  deuxième  est  unie  à  la  troisième  par  un  côté  seulement  du  cerceau  neural. 

Toutes  les  vertèbres,  surtout  les  lombaires,  sont  un  peu  plus  courtes  dans 
l'espèce  du  Cap  que  dans  celle  de  Groenland. 

L'omoplate  montre  une  différence  assez  notable  : 
dans  l'espèce  du  Cap,  comme  l'indique  la  figure  ci- 
jointe;  l'acromion  est  assez  saillant,  surtout  dans  l'o- 
moplate du  côté  droit.  L'espèce  du  nord,  au  lieu 
d'une  saillie,  montre  une  proéminence  plus  bas,  près 
de  la  cavité  articulaire;  son  origine  et  sa  direction  la 
rapprochent  davantage  du  coracoïde. 

La  première  côte  est  assez  étroite  en  haut  mais  elle  s'élargit  vers  le  milieu  de  sa 
hauteur  et,  à  son  extrémité  sternale,  elle  montre  à  peu  près  le  double  de  la  largeur 
qu'elle  possède  à  son  extrémité  vertébrale. 

Les  côtes  sont  un  peu  moins  tor- 
dues sur  elles-mêmes  dans  l'espèce 
du  Cap  que  dans  le  keporkak.  — 
La  troisième  et  la  quatrième  côtes 
moi.trent   une    portion    cervicale 

Premières  cites  do  tiegafttra  Uhniii  dont   l'extrémilé   ne   pCllt   s'uilil'  ai 

corps  de  la  vertèbre  que  par  le  secours  d'un  long  ligament. 


131  SQUELETTE  DES  CETACES. 

Le  sternum  est  assez  semblable  dans  les  deux  espèces  connues,  mais  nous  ferons 
remarquer  que  son  écbancrure  est  dirigée  en  avant,  et  non  en  arrière,  comme  on  le 
croit  généralement.  —  Depuis  longtemps  on  a  signalé  cette  erreur.  —  Rudolpbi 
n'a  pas  réussi  à  faire  placer  dans  sa  position  naturelle  le  sternum  du  squelette 
qui  a  été  monté  sous  sa  direction  à  Berlin. 

On  ne  connaît  pas  le  bassin  de  cette  espèce;  ce  qui  a  figuré  longtemps  sous  ce 
nom  est  un  fragment  d'os  qui  n'a  rien  de  commun  avec  lui.  —  Le  bassin,  à 
en  juger  par  celui  du  Le  par  lui  le,  doit  avoir  de  ebaque  côté  deux  os  parfaitement 
distincts,  l'ischion  et  le  fémur,  mais  qui  ne  se  touebent jamais  sur  la  ligne  mé- 
diane. 

Nous  trouvons  une  grande  ressemblance  dans  la  composition  de  la  nageoire 
pectorale,  et  nous  pouvons  nous  prononcer  à  cet  égard  avec  d'autant  plus  de  certi- 
tude, que  nous  avons  pu  comparer  deux  membres  dont  tous  les  os  étaient  encore 
en  place. 

L'humérus,  le  radius  et  le  cubitus  sont  à  peu  près  les  mômes.  — Le  procarpe 
montre  trois  os  comparativement  petits  et  le  mésocarpe  un  seul. 

Le  nombre  de  phalanges  dans  chaque  doigt  est  exactement  le  même  dans  les  deux 
espèces  et  les  deux  doigts  du  milieu  sont  d'une  longueur  égale;  il  en  est  de  môme 
des  deux  externes. 

L'index  a  deux  phalanges,  le  petit  doigt  trois,  le  médian  et  l'annulaire  cha- 
cun sept. 


Les  deux  espèces  suivantes  ne  pourront  être  considérées  comme  établies  défi- 
nitivement  que  quand  on  aura  eu  l'occasion  d'étudier  comparativement   louis 

caractères  extérieurs  ou  leurs  squelettes  et  que  l'on  aura  reconnu  leurs  diverses 

stations. 

Mecaptera  Wovœ-Zclandlae.  —  C'est  M.  le  docteur  Gray  qui  a  établi  cette  espèce 
sur  une  caisse  tympanique  avec  le  rocher,  envoyée  par  M.Sluart  au  Brilish  muséum 
et  qui  est  remarquable  par  la  longueur  extraordinaire  d'une  de  ses  apophyses. 

Dieffenbach  signale  cette  espèce  à  la  Nouvelle-Zélande,  dans  le  Pacifique  et  au 
cap  Horn. — On  a  vu  également  des  megaptera  près  de  Valparaiso,  et  en  février  18  57 


MEC  APTERES. 

C.  Thornam  a  dessiné  un  de  ces  animaux,  nageant  entre  deux  eaux,  et  que  l'on 
reconnût  facilement  à  sa  bosse  et  à  la  manière  de  courber  le  dos.  —  Escliricht  a 
reproduit  ce  croquis. 

Une  aulre  preuve  de  l'existence  d'une  Megaptera  sur  la  côte  ouest  de  l'Amérique 
méridionale,  a  été  fournie  par  le  professeur  Kroycr  de  Copenhague,  qui  a  rapporté 
de  ce  pays  des  diademn,  trouvées  au  milieu  des  os  d'une  baleine,  qui  avait  échoué 
quelque  temps  auparavant. 

Il  est  à  supposer  que  c'est  la  même  espèce  qui  a  ses  stations  dans  les  parages  de 
la  Nouvelle-Zélande  et  sur  la  côte  de  Chili. 

Est-ce  la  même  qui  a  été  capturée  sur  la  côte  de  Pekalonga  ? 

Le  musée  britannique  est  en  possession  de  la  seule  pièce  sur  laquelle  cette  espèce 
a  été  établie. 

Le  musée  de  la  société  asiatique  à  Calcutta  possède  une  tète,  une  côte,  une  omo- 
plate et  trente-quatre  vertèbres  qui  appartiennent  peut-être  à  ce  même  animal. 

Il  y  a  quelques  années  nous  avons  vu  entre  les  mains  d'un  marchand  naturaliste 
à  Paris,  des  caisses  tympaniques  de  Megaptera  qui  avaient  été  rapportées  de  l'île 
de  Foud  par  le  chirurgien  Jacquinot,  et  qui  étaient  mêlées  avec  des  caisses 
tympaniques  de  vraie  Balscna  et  de  Dugong. 

Megaptera  ttuzira.  —  M.  le  docteur  Gray  a  établi  également  cette  espèce,  donl 
on  ne  possède  point  d'ossements,  mais  dont  V.  Sicbokl  a  rapporté  une  figure  du 
Japon.  Temminck  (I)  a  publié  cette  figure  dans  la  fauna  Japonica,  et  Chamisso  (2) 
a  figuré  également  un  animal  de  ce  genre  comme  originaire  des  îles  Aléoutienncs. 

La  Zta/.rwaqueSteller  a  vu  dansle  détroit  de  Behring  et  que  Pallas  (5)  désigne  sous 
le  nom  de  ùoops  (i),  la  rapportant  au  boops  de  Fabricius,  appartient  peut-être  à  cette 
espèce.  —  11  est  à  remarquer  que  Léop.-V.  Schrenk  signale  sur  les  côtes  des 
A mour-Landen ,  également  une  baleine  qu'il  rapporte  à  la  Balsena  australis,  à  côté 


(i)  Balcnopt.  antarclica,  Schlegel,  d'après  un  dessin  fait  d'une  balénoptère,  prise  sur  [es  côtes  méridio 
nalcs  du  Japon,  dessin  dû  à  M.  Bùrger.  Schlegel  fauna  japonica,  p.  21,  PI.  XXX. 

(2)  Aliomoch,  Chamisso,  N.  act.  nat.  cur.  XII,  258,  t.  18,  f.  '6,  des  îles  Aléoutienncs. 

(3)  Bala?na  allamack,  Pallas,  Zool.  Bosso-Asiat. 

"i    Pallas  reproduit  la  description  que  Steller  a  faite  de  cet  animal  pendant  son  naufrage,  en  1742,  !i 
l'île  de  Behring.  Zoographia  Bosso-asiatica,  Petropoli,  1831. 


136  SQUELETTE  DES  CETACES. 

d'une  autre  qu'il  croit  identique  avec  la  Megaptera  longimana  ou  la  Ba!œnoptera 
boops  de  Fabricius. 

Nous  ne  pouvons  que  signaler  ce  cétacé  à  l'attention  des  baleiniers  et  des  natu- 
ralistes, qui  pourront  décider,  en  apportant  des  ossements  ou  mieux  des  squelettes 
complets,  si  la  Megaptera  du  Japon  forme  une  espèce  distincte. 

Sur  la  côte  orientale  de  la  Nouvelle-Calédonie,  aux  iles  Loyalty  et  aux  Nouvelles- 
Hébrides,  M.  Jouan  a  vu  des  Humpàacks,  qui  sont,  paraît-il,  fort  communs  dans  ces 
parages. 

Forstcr  dans  le  voyage  de  Cook  signale  une  Megaptera  entre  Terra  del  Fuego  et 
Stratten-Island. 


GENRE   BALENOPTERE. 


Comme  nous  l'avons  dit  déjà  plus  haut,  les  baleiniers  ont  distingué  longtemps 
avant  les  naturalistes  les  baleines  à  aileron  ou  à  nageoire  dorsale,  des  baleines  à 
dos  uni,  et  leur  avaient  donné  le  nom  de  Vinnûsch  ou  Finnfiscb,  qui  a  été  traduit 
plus  tard  par  Laeépède  en  celui  de  Balénoptère. 

Mais  existe-t-il  des  Balénoptères  à  ventre  lisse  sans  plis  sous  la  gorge  et  sous  le 
ventre?  Les  Rorquals  diffèrent-il  des  Jubartes  par  la  présence  de  ces  sillons?  On 
l'a  cru  d'après  des  dessins  incomplets  dans  lesquels  on  avait  eu  trop  de  confiance.  Les 
Jubartes,  qui  sont  les  Mégaptères  des  naturalistes  modernes,  ont  sous  la  gorge  et 
le  ventre  les  mêmes  sillons  que  les  Rorquals;  elles  forment  un  genre  distinct, 

caractérisé,  non  par  l'absence  des  sillons  dont  nous  venons  de  parler,  mais  par 
une  bosse,  qu'elles  portent  à  la  place  où  les  Rorquals  portent  leur  nageoire  dorsale, 
ainsi  que  par  le  grand  développement  de  la  nageoire  pectorale. 

C'est  ce  que  Camper  avait  parfaitement  reconnu  et  ce  qui  lui  avait  fait  admettre 
des  mysticètes  à  dos  uni,  des  mysticètes  à  dos  garni  d'une  bosse  et  des  myslicètes 
portant,  à  la  place  d'une  bosse,  une  nageoire  ou  un  aileron  (I). 


(1)  P.  Camper,  loc.  ci/ai.  p.  31.  —  Le  célèbre  évoque  Uno  de  Troile,  admettait,  des  Baleines  a  ventre  lisse, 
Sliidisfis- kur,  et  des  Baleines  a  ventre  sillonné,  Reydasfiskur ;  la  baleine  a  bosse  était  comprise  dans  la 
première  division.  —  Les  Baleines  a  ventre  sillonné  comprenaient  le  Steipercidar,  dont  les  dimensions  rx- 
cédent  celles  du  Slelbach  (Bal.  biscayensis),  le  hrafncidur,  (Bakenoptcra  musculus?;  et  le  Andarnefia  (Baise 
noptera  rostrata). 


138  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

Comme  la  plupart  des  zoologistes  n'ont  eu  l'occasion  de  voir  ces  animaux  qu'en 
dessin  et  qu'il  n'est  pas  aisé  de  reproduire  toujours  fidèlement  leur  forme  (I), 
leurs  proportions,  ou  leurs  caractères  distinctifs,  il  a  régné  et  il  règne  encore  une 
certaine  incertitude  au  sujet  de  diverses  espèces. 

Les  animaux  du  genre  Balénoptère,  ou  Rorqual,  se  distinguent  parles  caractères 
suivants  : 

Ils  portent  sur  le  dos  en  arrière  une  véritable  nageoire;  sous  la  gorge  et  le  ventre  ils 
ont  des  sillons  ou  longues  cannelures;  le  corps  est  effilé;  le  rostre  est  pointu  et  peu 
arqué;  les  maxillaires  supérieurs  sont  plats  en  dessus  et  portent  en  dessous  deux  ran- 
gées de  fanons  qui  se  réunissent  en  avait  sur  la  ligne  médiane  et  se  terminent  en  arrit  r< 
en  formant  un  tour  de  spire;  la  tête  est  comparativement  petite  et  ne  forme  que  le  quart 
ou  le  cinquième  de  la  longueur- du  corps;  la  lèvre  inférieure  est  peu  élevée  et  ne  recouvre 
pas  toujours  complètement  les  fanons;  les  maxillaires  inférieurs  sont  robustes,  ne 
subissent  pas  un  mouvement  de  torsion  en  avant  et  portent  en  arrière  une  forte  apophyse 
coronoïde  courbée  en  dehors  ;  l'omoplate  a  ses  deux  apophyses,  acromion  et  coracoïde, 
tres-dévi'/oppées  et  un  cartilage  sous  forme  de  lobe  au-dessus  de  l'angle  postérieur  : 
I  humérus  est  fort  comprimé  et  les  os  de  H  avant-bras  ont  le  double  de  la  longueur  de 
ceux  du  bras.  Les  nageoires  pectorales  sont  peu  allongées,  étroites,  terminées  en  pointe 
et  ne  portent  que  quatre  doigts;  le  nombre  de  vertèbres  varie  entre  quarante-huit  et 
soixante-quatre  ;  les  vertèbres  cervicales  sont  toutes  libres;  l'axis  et  souvent  les  vertè- 
bres suivantes,  portent  un  anneau  complet  ;  lis  rotes  varient  de  onze  à  seize;  ioslijm- 
panique  est  arrondi  et  de  forme  ovale.  Le  sternum  est  toujours  termine  en  pointe  en 
arrière.  Le  bassin  est  formé  d'un  iléon  de  chaque  côte,  auquel  s'attache  quelque/ois  un 
rudiment  de  fémur. 

Les  fanons  des  Balénoptères  ne  sont  guère  estimés  dans  le  commerce;  ils  sont 
toujours  d'un  blanc  jaunâtre  dans  la  BaUenoptera  rostrata,  noirs  ou  bleuâtres  dans 


i)  Noua  avons  trois  e  qui:  es  des  formes  extérieures  de  notre  exemplaire,  ili-nit  récemment  M.  Malni, 
•  h  parlant  de  la  Balénoptère  ùbbaldii,  l'une  di  ssmèe  par  un  jeune  zoologue,  l'autre  par  un  artiste  el  la 
troisième  exécutée  par  nous-méme.  si  on  publiait  ces  trois  esquisses  et  la  photographie,  on  pourrait 
t  roire  que  l'on  a  pris  ces  figures  d'après  quatre  espèces  différentes. 


BALÉNOPTÈRES.  139 

les  autres  espèces;  on  voit  également  dans  le  même  animal  les  fanons  antérieurs 
blancs  les  autres  noirs  ou  moitié  blancs  moitié  noirs  vers  le  milieu,  ou  bien  encore 
des  fanons  striés  de  blanc  et  de  noir  (l). 

Ces  fanons  sont-ils  toujours  placés  de  manière  que  la  lèvre  intérieure  les  re- 
couvre complètement?  Nous  ne  le  croyons  pas  et  nous  avons  vu  des  exemples  du 
contraire  dans  deux  espèces  différentes.  —  Dans  la  Balsenoptera  musculus  que  nous 
avons  vue  en  chair  àScheveningen,  les  fanons  étaient  placés  obliquement  en  dehors, 
au-dessus  des  maxillaires  inférieurs,  de  manière  que  les  lèvres  ne  pouvaient  au- 
cunement les  recouvrir.  —  Nous  avons  trouvé  la  même  disposition  dans  une 
Balsenoptera  rostrata  qui  a  été  tuée  dans  l'Escaut  en  amont  d'Anvers;  dans  aucun 
des  Jeux  l'animal  ne  pouvait  fermer  complètement  la  bouche;  les  fanons  par 
leur  direction  écartaient  complètement  les  lèvres.  Ceci  nous  explique  comment 
quelques  naturalistes  se  sont  obstinés  naguère  à  placer  les  fanons  des  baleines 
véritables  en  dehors  des  mandibules. 

Les  derniers  fanons  en  avant  comme  en  arrière  ne  consistent  que  dans  des  fila- 
ments semblables  à  des  soies,  de  manière  que  leur  nombre  est  fort  difficile  à  con- 
stater. —  En  arrière  ils  se  terminent,  non  pas  comme  on  l'a  représenté,  en  cessant 
brusquement,  mais  en  formant  un  tour  de  spire  en  dedans;  ces  derniers  ne  sont 
plus  formés  que  de  soies  a  peine  distinctes. 

Le  genre  Balénoptère  comprend  un  nombre  d'espèces  assez  considérable,  qui 
présentent  une  grande  différence  de  taille;  il  y  en  a  qui  ne  dépassent  guère  trente 
pieds  de  longueur,  et  que  l'on  a  pris  souvent  pour  de  jeunes  animaux;  d'autres 
atteignent  jusqu'à  quatre-vingts  pieds,  et  quelques  naturalistes  leur  en  accordent 
même  davantage. 

La  taille  ne  varie  pas  selon  le  sexe  dans  les  Balénoptères;  à  en  juger  par  les  me- 
sures prises  sur  les  individus  échoués  et  capturés,  il  y  a  des  mâles  et  des  femelles  qui 
atteignent  la  grande  longueur  de  quatre-vingts  pieds.  —  La  femelle  trouvée  moite 
en  mer  en  IS27,  par  les  pêcheurs  d'Ostendc,  avait  à  peu  près  quatre-vingts  pieds 
de  long,  et  on  a  vu  des  mâles  à  diverses  reprises  qui  n'avaient  guère  moins. 


(I    Nous  avons  vu  également  des  fanons  striés  de  blanc  dans  les  baleines  véritables,  même  dans  le 
mysticetus  de  Groenland. 


140  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

Les  Balénoptères  ont  le  corps  plus  grêle,  la  tète  moins  volumineuse  que  les  ba- 
leines véritables,  et,  comme  le  danger  de  leur  pècbe  est  plus  grand  en  même  temps 
que  le  produit  est  moins  abondant  et  a  moins  de  valeur,  on  les  a  négligées  jusque 
dans  ces  derniers  temps.  Ce  n'est  que  depuis  quelques  années  que  l'on  a  commencé 
à  s'occuper  de  leur  pècbe  dans  le  voisinage  de  l'Islande  et,  c'est  à  ces  récentes 
expéditions,  que  la  science  est  redevable  de  la  connaissance  définitive  d'une  espèce, 
que  les  Islandais  désignent  sous  le  nom  de  Steypireydr. 

On  peut  dire  que  les  Balénoptères  diffèrent  autant  des  baleines  véritables  par  leurs 
caractères  zoologiques  que  par  la  vivacité  de  leurs  mouvements  et  la  valeur  de 
leur  produit. 

Au  lieu  de  poursuivre  les  crustacés  et  les  mollusques,  il  parait  que  les  Baléno- 
ptères comme  les  Mégaptères  font  uniquement  lacbasse  aux  poissons,  et  il  n'est  pas 
rare  de  les  voir  échouer  à  la  suite  des  bancs  de  harengs  et  de  gades. —  On  n'a  trouvé 
que  des  poissons  dans  l'estomac  des  individus  qu'on  a  eu  l'occasion  d'ouvrir. 

Les  Cétacés,  en  général,  bébergent  de  vrais  parasites  dans  l'intérieur  du  corps 
comme  les  autres  animaux,  mais  ils  fournissent  en  outre  le  gitc  à  un  certain  nombre 
de  faux  parasites  qui  s'établissent  sur  la  peau,  non  pour  se  nourrir,  mais  unique- 
ment pour  se  faire  remorquer.  De  ce  nombre  sont  les  nombreux  cirrbipèdes  qui 
se  colloquent  dans  la  peau  des  baleines,  surtout  les  baleines  des  régions  tempérées. 
—  Les  Balénoptères,  tout  en  appartenant  aux  régions  tempérées,  sont  fort  mal 
partagées  sous  ce  rapport;  pas  plus  que  la  baleine  franebe,  elles  n'ont  aucun  cir- 
rbipède  propre  et  j'ignore  si,  comme  les  autres  mystieètcs,  elles  logent  même 
des  cyames.  Parmi  les  parasites  véritables  M.  Sars  a  signalé  récemment  aux  iles 
Loffoden,  et  M.  Sophus  llallas  dans  les  parages  d'Islande,  des  Penella  gigantesques 
dans  l'épaisseur  de  la  peau,  qui  sont  proportionnées  à  la  (aille  des  hôtes  qui  les 
bébergent  i  |i. 

Leur  distribution  géographique  est  fort  peu  connue  ;  les  baleiniers  n'ont 
eu  jusqu'à  présent  aucun  intérêt  a  connaître  leurs  stations;  aussi  (ont  ce  que 


(i ,  Non-  h,'  parlons  pas  de  leur  endoparasites  qui  logent  dans  le  foie,  dans  l'intestin  et  jusque  dans  le 
ranal  de  l'urèlhre 


BALÉNOPTÈRES.  1H 


l'on  en  sait,  c'est  que  leur  apparition  ne  parait  pas  avoir  une  très-grande  régularité, 
et  ils  ne  semblent  pas  aussi  nettement  confinés  que  les  autres  dans  des  régions 
géographiques  limitées. 

On  peut  dire  toutefois  que  les  Balénoptères  ne  sont  pas  des  cétacés  des  régions 
polaires,  quoiqu'on  en  ait  observé  au  78e  degré;  elles  appartiennent  aux  régions 
tempérées,  et  on  en  voit  qui  vivent  régulièrement  à  quelques  degrés  à  peine 
de  la  ligne  équatoriale.  —  Dans  le  golfe  de  Bahia  comme  sur  la  cùte  du  Pérou 
on  observe  de  vraies  Balénoptères.  —  Il  y  a  même  plus,  contrairement  à  ce  qui 
s'observe  chez  les  autres  Mysticètes,  certaines  espèces  semblent  même  se  com- 
plaire dans  les  eaux  équatoriales;  le  révérend  II.  Baker  nous  apprend  qu'aux  iles 
Seychelles  et  aux  îles  Maldives  il  existe  des  stations  où  l'on  se  livre  régulièrement 
à  leur  pèche. 

Comme  les  baleines  véritables  et  les  Mégaptères,  les  Balénoptères  sont  répandues 
dans  les  deux  hémisphères,  et,  dans  l'un  comme  dans  l'autre  hémisphère,  les 
mêmes  formes  comme  les  mêmes  grandeurs  semblent  se  reproduire;  à  côté  des 
grandes  espèces  de  quatre-vingt  pieds,  on  voit,  des  deux  côtés,  de  petites  espèces 
qui  ne  dépassent  pas  trente  pieds;  on  a  signalé  en  effet  de  petites  Balénoptères, 
semblables  à  la  rostrata  du  Groenland,  aux  iles  Kerguelen  (o0°  lat.  austr.)  et  à  la 
Nouvelle-Zélande,  et  dans  les  mêmes  parages  on  a  vu  des  Balénoptères  de  grande 
taille,  rappelant  par  leurs  caractères  nos  grandes  espèces  du  Nord. 

Au  sud  de  l'Atlantique  les  Balénoptères  ne  sont  pas  moins  répandues  qu'au  nord; 
on  en  voit  abondamment  en  Amérique,  depuis  la  baie  de  Bahia  jusqu'à  la  terre  de 
Feu  et  les  iles  Falkland,  et  sur  la  côte  d'Afrique,  particulièrement  au  cap  de  Bonne- 
Espérance  et  dans  les  parages  de  Table  Bay.  Au  nord  de  l'océan  Pacifique  on  voit 
d'autres  Balénoptères  depuis  le  détroit  de  Formosa ,  les  côtes  du  Japon  et  du 
Kamschatka,  jusqu'au  détroit  de  Behring,  les  iles  Aléoutiennes  et  la  côte  Ouest  de 
l'Amérique;  comme  on  eu  voit  d'autres  encore  au  sud  du  même  Océan  sur  les 
côtes  du  Pérou  et  la  partie  orientale  de  l'Australie.  —  Les  baleiniers  rapportent. 
que  dans  le  voisinage  de  Bolany  Bay  on  aperçoit  régulièrement  des  Sulfurbottom, 
qui  sont  de  grandes  Balénoptères,  nageant  au  milieu  de  petites  espèces,  qui  rap- 
pellent parfaitement,  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut,  pour  la  taille  surtout,  les 
deux  principales  espèces  du  nord  de  l'Atlantique.  On  cite  également  des  Balé- 
noptères dans  la  mer  des  Indes,  sur  les  côtes  d'Aracan,  de  Mekran,  deCcylan,  d  Alipi 


U2  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

(où  ils  sont  communs),  de  Malabar,  aux  îles  Seychelles  et  Maldives,  aux  lies  de  la 
Sonde,  dans  le  golfe  de  Bengale  et  même  au  fond  de  la  mer  Rouge, 

Ces  cétacés  font  des  apparitions  sur  toutes  les  côtes  d'Europe  et  môme  d'Amé- 
rique: il  y  aune  espèce  qui  visite  les  parages  du  Labrador  et  du  Groenland,  et 
qui  se  montre  depuis  le  cap  Nord  jusqu'au  golfe  de  Gascogne;  il  y  en  a  une  autre 
que  l'on  voit  sur  les  côtes  d'Islande  et  de  Norwége  jusque  dans  la  Manche  et  sur 
la  côte  de  Portugal,  qui  pénétre  dans  la  Dallique  comme  do-  la  Méditerranée  et 
quelquefois  remonte  même  les  lleuvcs. 

A  l'exception  de  la  Balœnoptera  rostrata  qui  visite  assez  régulièrement  la  côte  de 
Finmark elles  fjords  des  environs  de  Bergen,  toutes  les  autres  font  leur  appari- 
tion, sans  aucune  régularité,  et  on  les  voit  venir  à  la  côte  dans  toutes  les  saisons,  à 
tout  âge  et  sans  aucune  distinction  de  sexes;  ce  sont  partout  des  individus  isolés, 
tantôt  des  mâles  tantôt  des  femelles,  qui  échouent,  ici  en  hiver,  là  au  printemps 
ou  au  milieu  de  l'été  et  qui,  à  en  juger  du  moins  par  la  vacuité  de  leur  estomac, 
périssent  généralement  par  inanition. 

Bosenthal  avait  cru  remarque!'  (pie  toutes  les  Balénoptères  pénètrent  dans  la 
Baltique  au  printemps;  il  en  était  ainsi  pour  toutes  celles  qui  y  avaient  fait  leur 
apparition  jusqu'alors;  mais  depuis  on  en  a  vu  échouer  dans  l'arrière-saison. 

Il  paraitquelesBalénoptères  ne  hantent  pas  des  latitudes  aussi  élevées  que  les  ha- 
leines proprement  dites.  Les  haleines,  en  effet  se  dirigent  au  printemps  de  l'Est  à 
l'Ouest,  dit  Zorgdrager,  et,  quand  elles  ont  disparu,  on  commence  à  apercevoir  les 
Vinnfisch  a  la  limite  méridionale  des  régions  occupées  momentanément  par  les  ha- 
leines. Zorgdrager  prétend  que  les  Balénoptères  vont  à  la  recherche  d'une  tem- 
pérature plus  modérée.  Cependant  M.  Malmgren  a  vu,  pendant  qu'il  était  à  l'ancre 
au  79°  45'  le  \ "  septembre,  deux  Balénoptères  d'une  très  grande  taille,  qu'il  croit 
devoir  rapporter,  dit-il,  à  l'espère  qui  a  été  désignée  sous  le  nom  de  gigas  (I). 

On  possède  une  longue  liste  des  Balénoptères  qui  ont  échoué  sur  les  côtes 
d'Europe  depuis  la  fin  du  siècle  dernier;  Escbricht  en  a  dressé  le  tableau  indiquant 
la  date,  le  sexe,  la  taille  et  les  divers  caractères  extérieurs  ou  intérieurs;  ce  qui 
frappe  surtout,  quand  on  fait  le  relevé  de  ces  captures,  c'est  le  grand  nombre 
d'individus  que  l'on  a  trouvés  morts  en  mer.   Il  y  en  a  comparativement  bien  peu 

(1)  C'est  probablement  la  Balœnoptera  Sibbaldii. 


BALÉNOPTÈRES.  143 

qui  ont  été  capturés  en  vie!  Aussi  résulte-t-il  de  ces  observations,  qu'aucune  des 
grandes  espèces  n'a  sa  station  propre  en  Europe,  pas  même  celle  que  Cuvier 
croyait  propre  à  la  Méditerranée. 

Nous  l'avons  déjà  fait  remarquer,  les  cétacés  n'échouent  guère  quand  ils 
visitent  leurs  parages  propres,  ou  quand  ils  sent  installés  dans  leurs  stations  na- 
turelles, et  ceux  qui  viennent  se  perdre  sur  nos  côtes,  sont  des  animaux  qui  ont 
perdu  leur  chemin;  ils  se  sont  égarés  probablement  dans  le  cours  de  leurs  péré- 
grinations, les  uns  à  la  poursuite  des  poissons,  les  autres  à  la  vue  de  leurs  redou- 
tables ennemis  les  orques. 

Les  Baleines  à  aileron  sont  de  tous  les  mysticètes  les  plus  anciens  et  en  même 
temps  les  plus  répandus.  Nous  ne  croyons  pas  toutefois  qu'elles  remontent  au  delà 
du  Miocène.  On  se  figure  difficilement  l'extrême  abondance  de  leurs  ossements 
dans  certaines  localités  comme  les  environs  d'Anvers.  —  On  connaît  aussi 
quelques  ossements  qui  ne  diffèrent  guère  de  ceux  qui  vivent  actuellement  et  qui  ont 
été  recueillis  à  une  certaine  distance  de  la  côte  au-dessus  du  niveau  actuel.  On  en 
a  recueilli  dans  ces  conditions  exceptionnelles  sur  les  bords  de  la  Baltique,  de  la 
mer  du  Nord,  sur  la  côte  d'Amérique  et  dans  le  bassin  delà  Méditerranée. 

Les  ossements  du  musée  deKertsch  signalés  par  Rathke  d'abord,  puis  étudiés  par 
d'Eichwald,  Nordmann  et  surtout  par  le  professeur  Brandt  proviennent  sans  doute 
de  Balénoptères  perdus  dans  ces  parages  à  l'époque  où  une  atlantique  séparait  l'Eu- 
rope de  l'Asie. 

Comme  le  dit  avec  beaucoup  de  raison  M.  Flower,  un  des  plus  grands  problèmes 
qui  reste  à  résoudre  par  les  futurs  cétologistes,  est  relatif  aux  distinctions  spéci- 
fiques des  Balénoptères;  la  confusion  dans  laquelle  se  trouve  la  nomenclature  de 
ces  grands  animaux  est  complète  et  leur  histoire  vraiment  incxtricabl". 

Il  existe  évidemment  plusieurs  espèces,  mais  à  combien  ce  nombre  s'élevc-t-il? 
Et  ces  espèces  peut-on  les  ériger  en  genres  comme  quelques  auteurs  l'ont  proposé? 

Cuvier  connaissait  le  squelette  de  la  Balénoptère  de  l'ile  Sainte-Marguerite,  le 
squelette  décrit  par  Rudolphi  de  l'animal  échoué  à  l'embouchure  de  l'Elbe,  et  le 
squelette  de  l'hôtel  de  ville  de  Brème;  Cuvier  fit  du  premier  le  Rorqual  de  la 
Méditerranée,  du  second  le  Rorqual  de  la  mer  du  Nord,  du  troisième   un  jeune 


144  SQUELETTE  DES  CETACES. 

individu.  — Il  est  reconnu  aujourd'hui  que  ces  squelettes  appartiennent  à  (rois 
espèces  différentes  :  le  Rorqual  de  la  Méditerranée  ou  la  Bataenopiera  musculus, 
le  Rorqual  de  la  mer  du  Nord  ou  la  Balsenoptera  ôorealis  [laticeps,  Gray)  et  la  petile 
espèce  que  Fabricius  a  nommée  Balsenoptera  rostrata.  A  ces  trois  espèces  du  Nord 
de  l'Atlantique  parfaitement  établies,  on  vient  tout  récemment  d'en  ajouter  une 
quatrième  qui  porte  un  nom  distinct  sur  les  côtes  d'Islande,  et  dont  un  individu 
est  venu  se  perdre  il  y  a  peu  de  temps  dans  le  Kattegat  près  de  Gothemburg. 

Le  Rorqual  du  Cap  est,  comme  nous  l'avons  déjà  vu,  une  Megaptera,  mais  l'hé- 
mispbère  austral  comprend  également  plusieurs  espèces  de  Balsenoptera  qui  ne 
tarderont  pas  à  êlrc  définitivement  établies. 

Schlegcl,  qui  a  eu  l'occasion  de  voir  des  Balénoptères  en  chair  et  de  comparer  un 
certain  nombre  de  squelettes,  est  d'avis  que  l'on  ne  connaît  avec  certitude  que  deux 
espèces  de  Balénoptères,  la  Balsenoptera  sulcata  arctica  et  la  Balsenoptera  sulcata 
antarctica  (I). 

Ilolbôll  qui  a  vu  beaucoup  de  ces  animaux  en  vie  sur  les  côtes  de  Groenland,  et 
qui  a  pu  recueillir  de  précieuses  observations  de  la  bouche  des  pêcheurs,  est  d'avis 
qu'il  existe  cinq  espèces  de  Balénoptères  au  nord,  en  y  comprenant  la  Megaptera 
ôoops;  le  Keporlca/i  qui  est  la  Megaptera  des  cétologues,  le  TmnotiA  qui  est  à  noire 
avis  la  Balsenoptera  Sibbaldii,  léTékugulik  qui  est  sansdoule  la  Balsenoptera  rostrata 
et  le  Keporkarnak  qui  est  probablement  la  Balsenoptera  musculus.  Les  trois  premières 
espèces  sont  mentionnées  dans  la  Fauna  groenlandica  et  sont  si  faciles  à  distinguer 
des  autres,  dit  Holbôll,  que  celui  qui  les  a  vues  une  seule  fois  ne  saurait  plus  les 
confondre  avec  d'autres. 

M.  0.  G.  Sars  a  eu  l'occasion  d'observer  quelques-uns  de  ces  animaux  au 
nord  de  la  Norwége  (îles  Loffoden)  et,  à  son  retour,  il  a  étudié  avec  un  grand 
soin  les  squelettes  qui  sont  conservés  à  Bergen  et  à  Christiania.  —  Après  avoir 
comparé  et  mesuré  ces  divers  squelettes  et  les  os  séparément,  il  croit  devoir  admet- 
tre cinq  espèces  de  Balénoptères  au  nord  de  l'Atlantique,  la  Balsenoptera  muscu/us, 
la  Balsenoptera  Carolinse,  la  Balsenoptera  gigas,  h  Balsenoptera  laticeps  et  l&  Balseno- 
ptera rostrata. 

Dans  la  faune  du  littoral  de  Belgique  nous  avions  admis  trois  espèces  qui  vi- 

(t)  Mémoires  de  l'Institut  des  Pays-Bas  et  Fauna  japonica. 


BALENOPTERES.  145 

sitent  la  mer  du  Nord  et,  comme  le  fait  remarquer  M.  Flower,  le  docteur  Gray  a 
érigé  ces  trois  espèces  en  genres  sous  les  noms  de  P/iysalus,  Sibbaldius  et  Balœ- 
noptera;  à  ces  trois  genres  le  savant  directeur  du  British  Muséum  en  a  ajouté  un 
quatrième,  qu'il  m'a  fait  l'honneur  de  me  dédier,  le  genre  Benedenia,  et 
M.  Lilljeborg  vient  d'en  ajouter  un  cinquième  sous  le  nom  de  Flowerius,  le  dé- 
diant au  savant  directeur  du  Musée  royal  des  chirurgiens  de  Londres,  M.  Flower. 
EnGn  un  sixième  genre,sous  le  nom  d'Eschrichtius,  a  été  établi  pour  une  Balénoptère 
qui  a  l'apophyse  coronoïde  du  maxillaire  inférieur  peu  élevée  et  dont  les  ossements 
étaient  enterrés  à  \  2  ou  15  pieds  au-dessus  du  niveau  actuel  de  la  mer  et  à  840 
pieds  du  rivage  actuel.  Malgré  l'autorité  parfaitement  justifiée  qui  s'attache  au 
nom  du  docteur  Gray  et  l'importance  des  travaux  dont  le  professeur  Lilljborg  a 
enrichi  la  science,  nous  ne  voyons  jusqu'à  présent  aucun  motif  de  conserver  ces 
divisions  génériques.  Le  genre  Eschrichtius  que  le  docteur  Gray  rapproche  des 
Megaptera,  a  une  omoplate  avec  acromion  et  coracoïde  et  ne  peut  être  séparé  à 
notre  avis  des  Balénoptères,  et  la  Benedenia  Knoxii  n'est  qu'une  jeune  Batsenoptera 
musculus  comme,  du  reste,  on  l'a  déjà  fait  remarquer. 

Quant  aux  genres  Physalus  et  Sibbaldius  ils  ne  reposent,  à  notre  avis,  que  sur 
des  différences  qui  ne  sont  peut-être  que  des  dispositions  individuelles  ou  tout  au 
plus  spécifiques. 


146  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 


BAL/ENOPTERA    ROSTRATA. 


0.  Fabricius,  Fauna  Groenlandica,  in-8°.  Hafniœ  et  Lipsiae,  1780. 

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Scoresby,  An  accounl  of  the  arctic  régions.  Edinburgh,  1820. 
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11.  Kroyer,  Nogle  Bemœrkuinger  med  Hensyn  til  Balœnoptera   rostrata,   Naturhislor.  Tidskrift,  2  Bd. 

1838-1839. 
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Eschricht,  Die  NordischenWallthiere.  1849. 
Serres  et  Gratiolet,  Comptes  rendus  hebd.,  vol.  LU,  p.  612.  1861. 
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Iiarker  and  Macalister,  Proeecd.  of  the  Dublin  natural  liist.  soc.  for  1865. 
Al.  Carte  and  Macalister,  Philosophical  transactions,  1868. 

Van  lieneden,  Note  sur  les  cétacés,  Bull.  Acad.  roy.  de  Belgique,  2'  série,  t.  XX,  n"  12. 
Mailland,  Beriglen  uit  de  Diergaarde,  p.  XXX.  (Nederland.  Tidschrifl  vvor  de  Dierkundc.) 

La  Balœnoptera  rostrata  de  Fabricius,  qui  n'est  pas  la  Balsena  rostrata  de  Linné, 
comme  nous  le  verrons  plus  loin,  est  connue  depuis  les  temps  les  plus  reculés;  il 
en  est  fait  mention  dans  les  plus  anciens  manuscrits  des  Islandais,  et  le  mot  '/V- 
kagulik,  sous  lequel  les  Esquimaux  le  désignent,  correspond  assez  bien  avec 
celui  de  Tschikagulk,  que  donnent  les  babitants  de  l'Amérique  russe  à  une  petite 
baleine,  pour  supposer,  que  le  même  animal  des  côtes  de  Groenland  visite  égale- 
ment le  détroit  de  Behring;  cette  ressemblance  de  nom  semble  même  indiquer  des 
relations  et  des  communications  cuire  des  peuplades  qui  depuis  longtemps  n'ont 
plus  aucun  rapport  entre  elles. 

Eschricht  a  étudié  celte  espèce  avec  le  plus  grand  soin  sous  ses  divers  rapports, 


BALÉNOPTÈRES.  1 47 

et  c'est  en  grande  partie  au  savant  cétologue  de  Copenhague  que  la  science  est  re- 
devable de  tout  ce  que  l'on  en  sait  aujourd'hui. 

Linné  n'a  pas  connu  ce  mysticète;  mais  0.  Fabricius,  pendant  son  séjour  au 
Groenland  (1768-4775),  ayant  eu  l'occasion  de  l'observer  et  de  l'étudier  avec 
soin,  a  cru  reconnaître  en  lui  la  Balœna  rostrata  de  Linné  et  l'a  désigné  sous 
ce  nom. 

Fréd.  Martens  a  parlé  de  ce  mysticète  sous  le  nom  de  petite  baleine  [Kleyne 
Waiviscli);  mais  c'est  à  John  Hun  ter  que  l'on  doit  les  premières  observations  ana- 
tomiques.  Le  savant  anatomiste  anglais  a  eu  l'occasion  de  disséquer  une  femelle, 
capturée  au  Doggersbank  dans  la  mer  du  Nord,  et  il  a  fort  bien  reconnu  que  ce 
cétacé  était  le  même  que  0.  Fabricius  avait  nommé  rostrata. 

Bonnaterre  a  fort  bien  caractérisé  cet  animal  d'après  les  écrits  du  savant  mis- 
sionnaire danois,  et  Lacépèdel'a  fait  connaître  égalementsous  le  nom  de  Baleinop- 
tère  museau-pointu,  d'après  un  jeune  individu  pris  en  avril  1791  dans  la  rade  de 
Cherbourg.  —  C'est  la  moins  grande  des  balénoptères,  dit  Lacépède,  et  elle  ne 
parvient  qu'à  une  longueur  de  8  à  9  mètres.  —  La  gravure  dont  Lacépède  ac- 
compagne le  texte  est  faite  d'après  un  dessin  que  sir  Joseph  Banks  lui  a  en- 
voyé de  Londres. 

Malheureusement,  à  l'époque  où  Cuvier  s'occupait  des  cétacés,  on  ne  possé- 
dait aucun  ossement  de  cette  petite  espèce  au  Muséum  d'histoire  naturelle,  et 
la  balénoptère  à  museau  pointu  de  Lacépède  fut  considérée  comme  un  jeune 
animal  qui  n'avait  pas  atteint  toute  sa  croissance.  Cette  opinion  fut  partagée 
par  son  frère,  Fréd.  Cuvier,  et  parla  plupart  des  zoologistes  de  cette  époque. 

En  1854,  M.  Knox  eut  l'occasion  d'étudierun  jeune  animal  de  9  à  10  pieds  de 
longueur,  capturé  près  de  Queensferry,  Firth  ol'Forth,  qu'il  reconnut  à  ses  ver- 
tèbres pour  la  même  espèce  que  0.  Fabricius  avait  désignée  sous  le  nom  de  ros- 
trata. 

Ce  qui  n'était  pas  connu  de  Cuvier,  c'est  que  sur  la  côte  de  Norwége,  dans  le 
voisinage  de  Bergen,  on  prend  à  peu  près  tous  les  ans  de  ces  petites  baleines 
dans  les  fiords,  qui  y  viennent  mettre  bas.  —  Par  les  soins  du  Stiftsamtmann 
Christie  on  a  monté  un  squelette  à  Bergen,  et,  en  4  857,  Eschricht  en  obtint  ('gaie- 
ment un  squelette,  puis  des  fœtus,  en  même  temps  qu'il  reçut  de  Groenland  de  son 
ami  Holbôll  des  fœtus  de  Megaptera.  Dès  ce  moment,  il  fut  définitivement  établi 


448  SQUELETTE  DES  CETACES. 

qu'il  existe  une  petite  espèce  de  balénoptère,  comme Fabrichis,  limiter,  Lacépède, 
knox  et  d'autres  l'avaient  prétendu  et  Eschricht  reconnut  dans  les  fœtus  tous  les 
caractères  propres  à  l'animal  adulte. 

Eschricht  a  eu  plus  tard  à  sa  disposition,  pour  l'étude  de  cette  espèce,  plu- 
sieurs squelettes  et  sept  fœtus,  dont  deux  mâles  et  cinq  femelles.  Un  des  mâles 
avait  8  pouces  de  long,  une  femelle  avait  54  l/t  pouces,  et  une  autre  femelle 
78  pouces. 

On  peut  dire  aujourd'hui  que  de  tous  les  mysticètes,  c'est  l'espèce  la  plus  fa- 
cile à  distinguer,  tant  par  sa  taille  que  par  son  squelette  et  ses  caractères  exté- 
rieurs. 


La  Balœnoptera  rostrata  a  pour  caractères  : 

La  taille  ne  dépasse  jamais  trente  pieds  de  longueur  ;  la  nageoire  pectorale  est  noire 
avec  une  bande  blanche  au  milieu;  les  fanons  sont  courts  et  d'une  seule  couleur  jau- 
nâtre; la  colonne  vertébrale  ne  compte  que  quarante- huit  vertèbres  ;  les  côtes  sont  au 
nombre  de  onze';  te  sternum  a  la  forme  d'une  croix  latine. 

D'après  Echricht  la  gestation  est  de  dix  mois;  l'animal  a  neuf  pieds  de  long 
en  venant  au  monde  et  atteint  de  24  à  50  et  51  pieds  à  l'état  adulte  [\). 
Eschricht  (2)  a  vu  plusieurs  exemples  de  jumeaux.  Le  plus  jeune  animal  que  l'on 
ait  capturé  jusqu'à  présent  est  celui  qui  a  été  observé  par  Knox  et  qui  ne  paraît  pas 
avoir  plus  d'un  an  ;  celui  de  l'embouchure  du  Havre  et  qui  a  été  étudié  par  Gra- 
tiolet  en  4861,  avait  à  peu  près  la  même  dimension;  dans  le  voisinage  de  Chris- 
tiania on  en  a  pris  un  de  la  seconde  année  et  qui  venait  probablement  de  quitter 
la  mère  ;  les  autres  en  général  étaient  plus  âgés. 

On  voit  ces  animaux  ordinairement  seuls;  rarement  ils  sont  plus  de  deux  ou 
trois  ensemble. 

Leur  pâture  comme  celle  des  autres  Balénoptères  consiste  en  poissons. 


(1)  Melchior  a  vu  un  fœtus  de  8  pieds  2  pouces  qui  n'étail  pas  a  terme,  cl  d'après  les  observations  de 
Knox,  l'animal  n'a  pas  10  pieds  en  naissant. 

(2)  D'après  le  nombre  de  fœtus  que  l'on  a  recueilli,  Eschricht  a  pu  s'assurer  que  ces  animaux  sont 
nionopares  et  que  les  cas  d<-  biparilé  ne  sont  pas  si  raies  que  dans  l'espèce  humaine. 


BALÉNOPTÈRES.  149 


Syn.  —  Balsena  rostrata,  0.  Fabric. 

Balœnoptera  aeuto-rostrata,  Lacépède. 
Ronjualus  minor,  Knox. 
Pteroôatœna  minor,  Escliricht. 
Balœnoptera  rostrata,  Gray. 
Tikagulik  des  Groènlandais. 
Vaagevhal  des  Norvégiens. 
Zivergivatl  des  Allemands. 
Seigval  ou  scival  des  Finmarkois. 

Ce  même  animal  dont  il  y  a  trente-cinq  ans  on  ne  possédait  aucun  fragment 
au  muséum  d'histoire  naturelle  à  Paris,  est  aujourd'hui  représenté  dans  la  plupart 
des  musées  d'Europe,  et  dans  plusieurs  d'entre  eux  on  trouve  même  plus  d'un 
squelette. 

Voici  le  nom  des  principales  villes,  par  ordre  alphabétique,  qui  renferment  des 
squelettes  ou  des  ossements  séparés  de  cette  espèce. 

A  Bergen  (Norwége),  à  Berlin  (un  squelette  des  Fiords  de  Bergen),  à  Bordeaux,  à 

Boulogne-sur-Mer,  à  Brest,  à  Brème  (squelette  d'un  animal  capturé  dans  le  Weser), 

à  Bruxelles  (squelette  d'un  animal  pris  dans  l'Escaut,  un  autre  de  la  côte  de  Jutland, 

et  un  troisième  du  Cap-Nord),  à  Cambridge  (musée  de  l'Université),  à  Christiania,  à 

Copenhague,  à  Édimbourgh,  à  Gand  (squelette  d'un  animal  capturé  près  d'Ostende), 

à  Giessen,  à  Gottingue,  à  Grcifswald  (des  os,  surtout  un  occipital  d'un  animal  échoué 

en  F543,  au  mois  de  mars,  près  de  la  ville),  à  IIull,  à  Heidelberg,   à  Leyde  (un 

squelette  des  Fiords,  de  Bergen),  à  Londresau  muséeBritannique(squelettedeGroën- 

land,  de  la  collection  de  Brandt,  et  un  autre  de  la  Tamise),  au  musée  du  Collège 

Royal  des  chirurgiens  (squelette  de  mâle  adulte  de  25  pieds,  des  côtes  de  Norfolk 

(i862),  et  d'une  jeune  femelle  du  Doggersbank,  de  4  G  pieds  de  la  collection  de 

Uunter),  à  Louvain  (squelette  de  Groenland  et  une  tête  séparée,  d'origine  inconnue 

mais  probablement  de  nos  côtes),  à  Lund  (Suède),  à  Munich,  à  Oxford,  à  Paris 

(squelette  des  Fiords  de  Bergen,  rapporté  par  Gaimard,  et  un  autre  d'un  animal 

capturé  à  l'embouchure  de  la  Seine,  étudié  par  Gratiolet),  à  Rouen,  à  Stuttgard  (un 

squelette  envoyé  directement  des  côtes   de  Labrador),   à  Upsala  (Norwége),  cl  a 

Wurzbourg. 


150  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

En  1827,  il  n'existait  dans  toute  l'Allemagne,  d'après  Rosenthal,  que  quatre 
squelettes  de  grands  cétacés,  deux  à  Berlin,  un  à  Brème  et  un  à  Greifswald. 

Il  existe  un  grand  nombre  de  fœtus  de  cette  espèce  dans  divers  musées.  Depuis 
les  travaux  d'Eschricht  on  apprécie  leur  haute  importance  tant  sous  le  rapport 
anatomique  que  zoologique.  Le  musée  de  Bergen  possède  sept  fœtus  parfaitement 
conservés  de  diverses  grandeurs,  et  parmi  lesquels  on  en  voit  qui  ont  conservé  le 
cordon  ombilical.  — Les  musées  de  Copenhague,  de  Berlin,  de  Hambourg  et  de 
Bruxelles  en  possèdent  également. 

Eschricht  a  eu  entre  les  mains  pour  l'étude  de  cette  espèce  sept  fœtus,  un 
grand  nombre  de  squelettes  de  tout  âge  et  des  parties  molles  conservées  dans  la 
liqueur. 

Un  modèle  en  plâtre  de  la  tête  est  conservé  au  muséum  d'histoire  naturelle  à 
Paris,  d'après  l'individu  qui  a  échoué  sur  la  côte  de  Bretagne  au  mois  de  fé- 
vrier ISGI  m. 


L'animal  a  été  figuré  différentes  fois:  le  dessin  le  plus  ancien  est  celui  qui  est 
conservé  clans  l'église  Sainte-Marie  à  Greifswald;  il  a  été  fait  d'après  un  individu 
échoué  près  de  la  ville  le  50  mars  4  545  ;  un  autre  dessin  fait  à  l'huile,  d'après  un 
animal  échoué  à  l'embouchure  duWesercnmai  1099,  est  conservé  à  la  maison 
de  ville  de  Brème;  c'est  le  même  que  Cuvier  a  mentionné  comme  un  jeune  Borqual 
du  Nord. 

Jobn  limiter  a  publié  une  bonne  figure  de  ce  même  animal  en  4787,  d'après  une 
femelle  de  dix-sept  pieds  de  long,  capturée  au  Doggersbank  (2).  Lacépède  a  publié 
un  bon  dessin  qui  lui  a  été  envoyé  par  sir  Joseph  Banks,  et  qui  a  été  reproduit  par 
F.  Cuvier,  sous  le  nom  de  Rorqual  Jubarlc,  dans  son  Histoire  naturelle  des  Cétacés, 
et  sous  le  nom  de  B.  boops  par  f.oldfuss  dans  son  grand  Atlas. 

Nous  trouvons  également  un  dessin  do  ce  même  animal  dans  Scoresby  (Pi.  XIII, 
fig.  2),  fait  d'après  une  femelle  prise  dans  Scalpa  Bays  (Orcades),  le  44  no- 
vembre 4  808.  Dans  les  actes  de  la  Société  liiineemie  de  Bordeaux,  nous  en  trou- 


,1)  Les  fanons  ne  sont  pas  fidèlement  représentés. 
(2J  Philos.  Transac/.,  vol.  XVI,  1809. 


BALENOPTERES.  151 

vous  également  un  d'après  un  individu  échoué  dans  le  golfe  de  Gascogne,  en 
août  1855. 

Rosenlhal  a  également  publié  celui  d'un  mâle,  qui  a  été  reproduit  par  Brandt 
et  Ilatzeburg  dans  leur  Zoologie  médicale  (PI.  XV,  iig.  4)  (-1). 

Dans  le  New-York  muséum,  de  Kay  a  également  figuré  cet  animai  (PI.  XXX, 

fis-  «)• 

Il  existe  encore  un  dessin  entre  les  mains  de  notre  confrère  le  vicomte  du  Bus, 
d'après  l'animal  qui  a  été  tué  dans  l'Escaut,  au  mois  d'octobre  4865,  en  amont 
d'Anvers. 

Escbrichta  représenté  un  fœtus  de  huit  pouces  de  long. 

Albers  a  fait  graver  le  squelette  de  Brème,  et  Pierre  Camper  a  reproduit  la 
tète. 

Le  squelette  et  les  principaux  os  ont  été  figurés  par  Albers  dans  son  Icônes  ad 
anat.  comp.,  et  dans  le  voyage  en  Islande  et  au  Groenland,  par  Gaimard  (PI.  XIII 
et  XIV)  ;  mais  l'étude  la  plus  complète  a  été  faite  par  feu  notre  ami  Eschricht, 
qui  a  fait  reproduire  tous  les  os  qui  présentent  quelque  importance.  Eschricht 
a  même  fait  dessiner  le  squelette  complet  du  foetus  et  les  divers  os  séparément, 
tels  qu'ils  se  présentent  à  l'âge  embryonnaire.  (PI.  VI,  VII,  IX,  XI,  XII,  XI 1 1 
et  XIV.) 

Nous  voyons  également  le  squelette  de  la  tète  dans  le  voyage,  Ereôus  and  Terror, 
des  vertèbres  cervicales,  l'os  tympanique  et  la  partie  supérieure  des  côtes,  dans 
le  Catalogue  of  seuls  and  wlialcs,  par  le  docteur  Gray. 

On  connaît  quelques  stations  de  ces  cétacés,  mais  indépendamment  des  lieux 
qu'ils  hantent  régulièrement,  nous  mentionnerons  également  les  parages  qu'ils 
visitent  accidentellement  et  les  côtes  sur  lesquelles  on  en  a  vu  échouer. 

On  en  prend  régulièrement  dans  les  Fiords  des  environs  de  Bergen  pendant 
l'été.  —  Les  années  que  l'on  n'en  capture  pas  sont  rares.  —  Pendant  une  période 
de  25  ans,  l'année  -1850  est  la  seule  pendant  laquelle  on  n'en  a  pas  pris.  En  -1855, 
on  n'en  a  tué  qu'un  seul  individu,  en  1854  et  en  1855  trois,  en  4  856  égale- 


(1)  C'est  à  tort  qu'il  représente  les  fanons  en  avant,  montrant  un  intervalle  entre  eux  sur  la  ligne  mé- 
diane et  en  arriére  se  terminant  en  formant  une  courbe. 


tS2  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

ment  un  On  trouve  assez  souvent  des  femelles  pleines,  comme  on  peut  le  voir 
par  le  grand  nombre  de  fœtus  de  toutes  les  grandeurs  que  l'on  possède  au 
muséum  de  Bergen. 

On  la  désigne,  sur  les  côtes  de  Norwége,  sous  le  nom  de  baleine  d'été,  en 
opposition  avec  la  baleine  des  harengs  (Herringwhale),  qu'on  ne  voit  qu'en  hiver. 
—  Le  Herringwhale  est  la  Balsenoptera  musculus,  pensons-nous. 

On  y  prend  plus  souvent  des  femelles  que  des  mâles;  sur  onze  femelles  on 
n'a  capturé  qu'un  seul  mâle.  Il  est  permis  d'en  conclure  que  ces  mysiicètes  visi- 
tent les  Fiords  des  environs  de  Bergen  pour  y  mettre  bas.  —  On  a  tait  la  même 
observation  au  cap  de  Bonne-Espérance  et  à  la  Nouvelle-Zélande.  Les  mâles  se 
tiennent  au  large  pendant  que  les  femelles  pénètrent  dans  les  baies  pour  mettre 
leurs  petits  au  monde.  Elles  peuvent  plus  facilement  se  livrer  au  repos  pendant 
et  après  la  parlurition,  et  le  jeune  baleineau  y  court  moins  de  danger  qu'en  pleine 
mer. 

Les  pêcheurs  des  environs  de  Bergen  voient  approcher  avec  satisfaction  ces. 
mysticètes  de  leurs  côtes,  et  saluent  leur  entrée  dans  les  Fiords  avec  grande  joie. 

La  Balénoptère  qui  nous  occupe  fait  aussi  régulièrement  son  apparition  sur  les 
côtes  de  Finmark  à  la  poursuite  des  gades,  sei,  d'où  on  lui  a  donné  le  nom  de 
Seiqual.  —  Le  professeur  Malmgren  a  vu  trois  de  ces  Balénoptères  poursuivies  par 
des  Orques,  aller  se  jeter  sur  les  côtes  de  Finmark. 

Elle  a  ses  stations  régulières  en  Islande  comme  sur  les  côtes  de  Norwége  et 
dans  le  détroit  de  Davis,  dit  Eschrichf. 

Dans  ces  dernières  années,  M.  Sars  fils  a  signalé  également  cet  animal  aux 
îles  Loffoden,  et  Scoresby  fait  mention  d'un  individu  capturé  dans  le  voisinage  du 
Spifzberg  (1813),  et  dont  il  a  conservé  quelques  fanons. 

Holbôll  nous  apprend  que  ces  Balénoptères  apparaissent  en  hiver  au  Groen- 
land (I),  et  il  y  a  lieu  de  supposer  que  le  détroit  de  Davis  lui  sert  de  station  pen- 

(1)  Cette  espèce  est  très -commune  aussi  bien  au  sud  qu'au  nord  du  Groenland,  (lit  Holbôll  ;  elle  est  tou- 
tefois plus  répandue  dans  la  partie  méridionale.  -  Elle  arrive  à  Godhaab  en  avril  et  quitte  en  décembre. 
Dans  sa  correspondance  avec  Eschricht,  Holbôll  fail  mention  d'une  espèce  plus  petite  encore  que  le  Tilm- 
julih  <■{  pour  laquelle  il  propose  le  nom  Dultrimii/rrit  niirmcephala.  Elle  aie  même  genre  de  vie,  dit-il, 
habite  les  mêmes  parages  et  mange  également  des  Mallotus.  -  -  Elle  n'a  que  dix-huil  pieds  el  diffère  par 
une  tête  plus  petite  et  la  position  de  la  nag<  oire  dorsale.  Comme  on  connaît  déjà  plusieurs  squelettes  de 
ces  parages,  etquejusqu'à  présent  on  n'a  trouvé  aucune  différence  entre  eux,  il  y  a  tout  lieu  de  supposer 
qui    dans  ces  Balénoptères,  comme  dans  la  Balœna  mysticetus,  il  existe  des  individus  à  tête  plus  petite. 


BALÉNOPTÈRES.  153 

dant  cette  partie  de  l'année.  —  Holboll  fait  connaître  à  ce  sujet  un  fait  très- 
curieux,  c'est  qu'il  n'est  pas  rare  de  voir  ces  petites  Balénoptères  prendre  libre- 
ment leurs  ébats  au  milieu  des  grandes  baleines.  On  sait  que  la  Balsenoptera  mus- 
culus  ne  se  rencontre  jamais  au  milieu  des  vraies  baleines  et  que  l'on  considère  lu 
saison  de  la  pèche  unie  quand  elle  apparaît. 

Nous  possédons  à  Louvain  un  squelette  de  cette  espèce  de  la  côte  de  Groenland, 
qui  a  été  envoyé  par  Holboll,  et  le  musée  de  Stuttgard  en  possède  un  autre,  qui 
vient  directement  de  la  côte  de  Labrador.  —  Du  reste,  Eschricht  avait  déjà  reçu 
des  nouvelles  de  leur  apparition  sur  la  côte  est  de  l'Amérique  du  Nord,  et  il  n'y  a 
pas  longtemps,  on  a  fait  mention  de  la  prise  d'un  animal  de  cette  espèce  dans  la 
New-York  Bay  (I). 

Une  petite  espèce  de  Balénoptère  visite  également  la  côte  de  Kamschatka  et 
les  îles  Aléoutiennes,  mais  on  n'en  possède  pas  de  squelette  pour  s'assurer  si  c'est 
la  même.  Eschricht  pense  que  c'est  le  même  animal  qui  habite  le  nord  du  Paci- 
fique et  le  nord  de  l'Atlantique.  Du  reste  Pallas  fait  mention  également  d'une  Balé- 
noptère de  vingt  deux  pieds  de  long,  avec  une  nageoire  pectorale  blanche,  qui  a  été 
observée  par  Merle  sur  la  côte  de  Kamschatka,  et  qu'il  rapporte  à  la  rostrata  de 
Fabricius  (2). 

Si  ces  déterminations  sont  exactes,  on  trouverait  ainsi  au  nord  du  Pacifique, 
une  Balœna  mysticetus,  une  Megaptera  ùoops ,  une  Balsenoptera  rostrata  et  un 
Béluga  catodon,  qui  sont  précisément  les  cétacés  les  plus  communs  au  nord  de 
l'Atlantique. 

Indépendamment  de  ces  apparitions  régulières  sur  les  côtes  de  Norwége  et 
d'Islande  en  été,  et  au  détroit  de  Davis  en  hiver  (5),  il  y  a  des  apparitions  accident 
telles  sur  les  diverses  côtes  d'Europe,  tantôt  d'individus  vivants  qui  sont  évidem- 
ment égarés,  tantôt  de  cadavres  flottants  que  les  courants  viennent  jeter  sur  la 
côte.  —  Nous  allons  faire  l'énumération  des  principales  prises  qui  ont  été  faites 
dans  ce  genre  et  qui  ont  été  consignées  dans  les  annales  de  la  cétologie. 

Au  mois  de  juillet  4824  une  Balénoptère  de  la  petite  espèce,  dont  le  sexe  est 


(1)  De  Kay,  New-York  Mus.,  730,  t.  XXX,  fig.  1. 

(2)  Zoolog.  Ross,  asiat.,  p.  293. 

(3)  Iiob.  Brown  dit  que  cette  Balénoptère  ne  se  voit  que  pendant  les  mois  d'été  dans    le  détroit  de 
Davis,  Proceed.  zool.  Soc.  1868. 

ao 


154  SQUELETTE  DES   CÉTACÉS. 

inconnu,  mais  qui  avait  dix-huit  pieds  de  longueur,  est  venu  échouer  sur  la  côte 
de  Jutland.  Le  squelette  est  conservé  au  musée  de  Halle. 

En  1857,  sur  la  côte  ouest  de  Jutland,  près  de  Varde,  est  venu  échouer  un  in- 
dividu de  vingt-deux  pieds  de  long.  —  Le  bailli  de  l'endroit  a  fait  cadeau  du  sque- 
lette à  Eschricht. 

Nous  avons  aussi  des  exemples  d'individus  qui  ont  pénétré  dans  la  Baltique; 
ainsi  en  15 '«5,  un  animal  de  vingt-cinq  pieds  de  long,  dont  le  dessin  est  conservé 
dans  l'église  Sainte-Marie  à  Greifswald,  est  venu  échouer  dans  le  voisinage  de 
cette  ville  (an  der  Wiek). 

Une  autre  petite  Balénoptère,  du  sexe  femelle,  de  vingt-neuf  pieds  de  long,  et 
que  l'on  a  rapportée  à  tort  à  la  Balœna  ùoops,  a  échoué  dansleWeser,  le  8  mai  1699; 
le  dessin  en  est  conservé  à  l'hôtel  de  ville  de  Brème,  ainsi  que  le  squelette  dans 
lequel  Cuvier  avait  cru  voir  un  jeune  âge  de  son  Rorqual  de  la  Méditerranée. 

Le  20  décembre  1862,  après  un  violent  orage,  un  mysticète  de  cette  espèce, 
de  cinq  mètres  de  long  et  du  poids  de  deux  mille  livres,  est  venu  échouer  dans 
l'Y  (I).  Nous  supposons  que  son  squelette  est  conservé  au  musée  du  Jardin  zoolo- 
gique d'Amsterdam. 

Le  10  juillet  4  858,  une  jeune  femelle  a  été  trouvée  morte  en  mer,  près  d'Os- 
tende  ;  elle  avait  une  longueur  de  cinq  mètres  dix  centimètres  ;  son  squelette 
se  trouve  aujourd'hui  à  Gand.  —  C'est  le  même  animal  dont  parle  Eschricht 
dans  sesNordische  Wallthiere,  d'après  les  renseignements  que  je  lui  avais  fournis. 

En  4865,  au  mois  d'octobre,  une  petite  baleine  de  cette  espèce  a  remonté 
l'Escaut  et  s'est  fait  prendre  en  amont  d'Anvers.  Son  squelette  est  au  musée  de 
Bruxelles;  M.  le  vicomte  B.  du  Bus  a  fait  dessiner  l'animal. 

Dans  la  mer  du  Nord,  au  Doggersbank,  les  pécheurs  ont  pris  en  4765  une  jeune 
femelle  de  seize  à  dix-sept  pieds  de  long;  c'est  la  môme  que  John  Hunier  a  dis- 
séquée, et  dont  le  squelette  est  conservé  au  musée  du  Collège  Royal  des  chirur- 
giens à  JiOndres. 

Les  côtes  des  îles  Orcades  ont  été  visitées  également  par  un  animal  de  cette 


(li   Maitland,  Berigten  ml  de  Diergaardr,  p.  xxx,  1863.  (Nederland.  Tydschr.  voor  de  Dierkunde. 
(2,  Bullet.  dead.  roy.  ,i,  Belgique,  2' série,  I.  XX,  n"l2. 


BALENOPTERES.  155 

espèce,  de  dix-sept  pieds  de  long,  que  l'on  suppose  du  sexe  femelle,  et  dont  Sco- 
resby  a  publié  le  dessin.  Cet  animal  a  été  capturé  le  \\  novembre  1808  (-1). 

Une  jeune  femelle,  de  neuf  à  dix  pieds  de  long,  c'est  la  plus  petite  taille  que 
l'on  connaisse,  s'est  échouée  en  1854,  au  mois  de  février,  près  de  Queensferry 
(Firth  of  Forth).  Elle  a  été  étudiée  avec  soin  par  Rnox.  —  Son  squelette  est  con- 
servé au  musée  d'Edimbourg.  —  D'après  la  taille,  il  y  a  tout  lieu  de  croire  que 
cet  animal  venait  d'être  mis  au  monde. 

Un  mâle  de  vingt-cinq  pieds  de  long  est  venu  à  la  côte  en  novembre  1860,  à 
un  mille  et  demi  S.  E.  de  Cromer  (Norfolk).  —  Il  était  mort  quand  il  a  échoué.  — 
Son  squelette  est  conservé  au  musée  du  Collège  Royal  des  chirurgiens  à  Londres. 
—  Il  avait  l'estomac  plein  de  gadus  œglefinus. 

Sur  la  côte  ouest  de  France,  on  a  vu  à  diverses  reprises  des  Balénoptères  de 
cette  espèce. 

Au  mois  d'avril  1791,  on  en  a  vu  une  de  quatorze  à  quinze  pieds  de  long  qui 
est  venu  se  jeter  dans  les  filets  des  pêcheurs,  près  de  la  rade  de  Cherbourg.  —  Elle 
avait  le  milieu  des  nageoires  pectorales  tout  blanc.  —  Un  médecin  de  Yalogne  en 
a  envoyé  une  description  à  Lacépède,  et  c'est  cet  animal  si  reconnaissable  à  la 
couleur  blanche  de  sa  nageoire  pectorale,  qui  a  servi  de  type  à  sa  Balénoptère 
Museau-pointu. 

La  petite  Balénoptère  qui  est  venu  échouer  au  mois  de  février  1861  à  l'em- 
bouchure de  la  Seine,  et  que  Gratiolet  a  disséquée  au  muséum  de  Paris,  appartient 
à  cette  même  espèce.  —  On  a  conservé  un  modèle  de  la  tète,  mais  l'artiste  a  mis 
les  fanons  comme  dans  les  baleines  véritables.  La  même  année,  au  mois  de  février 
également,  un  autre  individu  est  allé  se  perdre  sur  les  côtes  de  Bretagne. 

Un  mâle  de  vingt-quatre  pieds  de  long  (sept  mètres  et  demi)  a  pénétré  le  26 
août  4  835,  dans  la  Charente,  et  a  été  observé  par  Lesson. 

Une  autre  Balénoptère,  mais  dont  l'espèce  n'a  pu  être  déterminée  avec  certi- 
tude, a  été  rencontrée  flottante  près  de  la  côte  de  Berck  (dép.  Somme)  (2). 

Ainsi,  nous  trouvons  parmi  ces  Balénoptères  échouées,  deux  individus  de  neuf 
à  dix  pieds,  cinq  de  quinze  à  dix-sept  pieds,  et  quatre  de  vinot-quatre  à  vingt-cinq 


(1)  Scoresby,  loc.  cit.,  p.  485. 
(8)  Gervais,  Patria,  p.  506. 


i 56  SQUELETTE  DES  CETACES. 

pieds,  un  seul  de  vingt-neuf  pieds.  Nous  supposons  que  les  premiers  de  neuf  à  dix 
pieds  venaient  de  naître,  que  ceux  de  quatorze  à  quinze  pieds  venaient  de  quitter 
leur  mère,  et  avaient,  par  conséquent,  deux  ans,  et  que  les  autres  de  vingt-quatre 
à  vingt-cinq  pieds  avaient  atteint  à  peu  près  leur  âge  adulte.  —  Toutefois  ils  conti- 
nuent à  croître  jusqu'à  la  longueur  de  trente  pieds. 

Si  nous  tenons  compte  des  dates,  nous  voyons  que  les  premiers  arrivent  au 
mois  de  mai,  qu'on  en  voit  ensuite  en  juillet,  en  août,  en  octobre,  en  novembre  et 
en  décembre.  —  Le  premier  de  l'année  a  écboué  dans  le  Weser,  le  dernier  dans  l'Y. 

La  présence  de  cette  petite  Balénoptère  a  donc  été  constatée  dans  le  détroit  de 
Davis,  sur  les  côtes  d'Islande  et  dans  les  Fiords  de  Bergen  à  des  époques  à  peu 
près  régulières  ;  on  en  a  vu  apparaître  sans  aucune  régularité  sur  les  côtes  de  Da- 
nemark, dans  la  Baltique,  sur  les  côtes  des  Pays-Bas,  de  Belgique,  de  France, 
d'Angleterre  et  d'Ecosse. 

Cette  Balénoptère  remonte  les  fleuves,  pénètre  dans  la  Baltique,  mais  jusqu'à 
présent  on  ne  connaît  pas  d'exemple  de  sa  présence  dans  la  Méditerranée. 

Le  tableau  suivant  indique  la  date,  la  taille  le  sexe  des  individus  échoués,  les 
lieux  où  on  les  a  recueillis,  le  musée  qui  renferme  leur  débris,  et  le  nom  des  au- 
teurs qui  en  ont  fait  mention. 


BALÉNOPTÈRES. 


157 


DATES. 

TAILLE. 

SEXE. 

LIEUX. 

MUSÉES. 

OBSERVATIONS. 

Novembre  1-865.  . 
31  octobre  1863.  . 

8  mai  1863 

20  décembre  1862. 

16' 

20' 
10' 
16' 

a* 

Escaut. 
Saint-Jean  de  Luz. 

Irish  coast  ofl'.,  Cloger  Head. 

Dans  l'Y. 

Bruxelles. 
Amsterdam? 

VauBeneden,Bull.Acad.Belg. 

Illustrated  Times. 

Al.  Carte  aud  Alex.  Macalister. 

Février  1861. .  .  . 
Novembre  1860.  . 

10' 
25' 

à" 

Bretagne. 
Norfolk. 

Pari.-;. 

Londres,  Coll.  des  chirurgiens. 

Graliolet.  comptes  rendus  1861. 

Novembre  1852.  . 

— 

— 

Havre. 

— 

Velins  du  muséum. 

19juin  1850.  .  .  . 
2  juillet  1840.  .  . 
Mai  154S 

16' 
25' 

— 

Morbihan. 

Christiana  fjord. 

Près  de  Greifswald. 

Christiania. 
Greifswald. 

10  juillet  1838.  .  . 
10  juillet  1837.  .   . 

17' 
22' 

2 

Ostende. 
Ouest  Jutland. 

Gand. 
Bruxelles. 

Eschricht,  n"  39'. 
Eschricht,  n"  37. 

2G  août  1835.  .   .  . 
Février  1834. .  .  . 

24' 
10' 

2 

Charente. 
Firth  of  Forth. 

Edimbourg. 

Act.  Soc. lin.  Bordeaux,  1841. 

Knox. 

1825.  .  .  . 
Juillet  1824.  . 

18' 



Ile  deRugen. 
Est  Juttland. 

Halle. 

E.  Roll. 
Eschricht,  n°  20. 

14  novembre  1808. 

17' V, 

2 

Orcades. 

— 

Eschricht,  n"  16. 

Avril  1791 

Février  1764.  .  .  . 
Février  1763..  .  . 
Mai  1669 

15' 
26' 
17' 

27' 
25' 
18' 

2 

2 

Cherbourg. 

Saint-Jean  de  Luz. 

DoggeTsbank. 

Weser. 

Raltique. 

Yarmouth. 

Londres, Coll.  des  chirurgiens. 

Brème. 
Breslau. 

Lacépède. 
Du  Hamel. 
Ihinter. 

Par  le  cap  Ianke. 

1.  C'est  le  numéro  du 

tableau  publ 

ê  par  Esehr 

îcbt  dans  ses  Nùnlisckcu  ^Yal 

(hiere. 

1 

SQUELETTE. 


Nous  avons  eu  plusieurs  squelettes  à  notre  disposition,  mais  cette  description 
est  faite  principalement  d'après  un  squelette  du  Groenland,  qui  appartient  au  mu- 
sée de  Louvain  et  un  autre  du  cap  Nord,  qui  se  trouve  aujourd'hui  au  musée  royal 
de  Bruxelles. 

Nous  avons  reçu  ces  deux  squelettes  encore  entourés  d'une  partie  de  la 
peau  et  de  leurs  ligaments,  les  nageoires  desséchées,  et  les  dernières  ver- 
tèbres de  laqueue  comme  les  dernières  phalanges  des  doigts  dans  leur  situation 
naturelle.  —  La  tète  de  la  Balénoptère  du  cap  Nord  était  dans  un  état  d'intégrité  si 
complète,  que  nous  avons  pu,  non-seulement  nous  assurer  de  toutes  les  particula- 


158  SQUELETTE  DES  CETACES. 

rites  que  présentent  les  fanons,  mais  voir  distinctement  en  place  le  conduit  auditif, 
la  trompe  d'Eustache  et  toute  la  cavité  des  fosses  nasales. 

La  tète  vue  de  face  est  très-effilée  en  avant  et  justifie  fort  bien  ]e  nom  spécifique 
de  rostrata.  Les  maxillaires  s'élargissent  régulièrement  d'avant  en  arrière,  les  inter- 
maxillaires dépassent  les  autres  et  forment  tout  le  bout  du  rostre.  —  Ces  inter- 
maxillaircs  s'écartent  en  arrière  pour  former  la  cavité  des  narines,  et  par  un  mince 
pédicule  ils  remontent  en  dehors  et  le  long  des  os  naseaux  jusqu'au  frontal.  — Le 
frontal,  vu  d'en  haut,  a  de  chaque  côté  une  forme  carrée  et  se  dirige  pour  former  la 
région  orbitaire  de  dedans  en  dehors  et  d'avant  en  arrière,  surtout  par  son  bord 
antérieur.  —  L'occipital  forme  seul  toute  la  partie  supérieure  de  la  voûte  crânienne 
et  le  frontal  qui  le  sépare  des  maxillaires  et  des  intermaxillaires,  ne  montre  ici 
qu'une  bande  transverse  dans  laquelle  on  reconnaît  à  peine  l'os  de  ce  nom. 

Au  palais  on  voit  le  vomer  entre  les  deux  maxillaires  dans  toute  la  longueur;  ce 
n'est  que  derrière  les  palatins  que  cet  os  est  caché.  —  Les  palatins  sont  fort  grands 
et  sont  à  peu  près  deux  fois  aussi  longs  que  larges.  —  En  arrière  ils  montrent,  sur 
leur  bord  libre  une  échancrure  sur  la  ligne  médiane,  qui  a  la  forme  d'un  V  dont 
les  jambes  s'écartent  notablement. 

En  comparant  la  tête  de  la  Batsenoptera  rostrata  du  cap  Nord  avec  celle  des  es- 
pèces voisines,  ùorealis  ou  musculus,  nous  trouvons  le  rostre  plus  efiilé  en  avant  et 
plus  large  vers  le  milieu;  les  intermaxillaires  plus  courbés,  le  frontal  plus  large  en 
dehors  et  le  bord  antérieur  moins  écliancré;  le  temporal  plus  massif  cl  l'occipital 
plus  reculé  en  arrière,  avec  un  bord  antérieur  sans  double  échancrure. 

Les  ptérigoïdiens  forment  un  sinus  assez  large  pour  la  (rompe  d'Eustache,  et 
se  terminent  en  arrière,  et  en  dehors  des  palatins,  sous  la  forme  d'une  lame 
triangulaire.  —  Ces  os  sont  gonflés  en  tambour,  comme  le  corps  de  l'hyoïde  des 
alouates,  pour  loger  l'air  qui  se  rend  des  fosses  nasales  à  l'oreille. 

Les  os  propres  du  nez  sont  fort  étroits  en  haut  au  point  d'insertion  dans  le  fron- 
tal; ils  s'élargissent  lentement  et  sont  tronqués  à  leur  extrémité  libre.  Ils  sont  à 
peu  pics  deux  l'ois  aussi  longs  que  larges.  M.  Flower  a  figuré  ili  comparativement 
ces  os  dans  les  Balœna  mysticetus  et  australis,  la  Megaptera  boops  cl  les  Balsenop- 


i)  Flower,  Notes  i  »  the  squeletom  <■>  n  lm/,  ■,    Proc.  Zool.  soc.',  novembre  1864, 


BALÉNOPTÈRES.  159 

tem  muscutus,  Schlegelii  et  rostrata.  —  On  voit  par  ce  rapprochement  combien  ce» 
os  diffèrent  d'un  cétacé  à  l'autre. 

L'os  lacrymal  est  comprimé  comme  une  feuille,  à  bord  antérieur  un  peu  convexe 
et  garni  d'un  bourrelet  qui  s'étend  du  bord  du  maxillaire  au  bord  du  frontal.  — 
Le  bord  postérieur  est  aminci  et  forme  un  angle  vers  le  milieu  de  sa  longueur.  La 
face  inférieure  est  convexe  en  avant,  concave  en  arrière,  et  la  convexité  de  dessous 
correspond  à  une  concavité  au-dessus. 

Le  jugal  a  la  forme  d'une  virgule,  recourbée  presque  en  demi-cercle,  s' articu- 
lant en  avant  avec  le  maxillaire  supérieur,  se  soudant  avec  le  frontal  en  dedans  et 
en  arrière  avec  la  partie  amincie  du  temporal.  —  Il  forme  la  partie  inférieure  du 
cercle  de  l'orbite. 

Les  osselets  de  l'ouïe,  le  marteau,  l'enclume  et  rétrier  étaient  encore  en  place 
dans  le  squelette  du  cap  Nord.  —  Comme  dans  tous  ces  animaux,  le  marteau  est 
le  plus  volumineux  et  se  distingue  autant  par  ses  formes  que  par  ses  rapports  avec 
la  caisse  auditive.  L'enclume  n'est  pas  sans  ressemblance  avec  une  dent  molaire 
dont  les  racines  représentent  les  apophyses,  et  la  couronne  la  surface  articulaire. — 
L'étrier  est  plein  et  complètement  immobile  sur  la  fenêtre  ovale. 

La  caisse  tympanique  est  caractéristique  de  cette  espèce,  autant  par  sa  dimen- 
sion que  par  sa  forme  et  ses  deux  apophyses.  —  Elle  a  une  forme  ovale,  très- 
régulière  de  tous  côtés  avec  une  crête  faiblement  indiquée  sur  le  bord  opposé  à 
l'orifice. 

Le  maxillaire  inférieur  n'offre  de  remarquable  que  le  développement  assez  grand 
de  son  apophyse  coronoïde. 

De  toutes  les  parties  du  squelette,  c'est  la  colonne  vertébrale  qui  caractérise  le 
mieux  cette  espèce.  —  En  général  on  peut  dire  que  le  nombre  de  vertèbres  est 
de  quarante-huit;  ce  nombre  toutefois  n'est  pas  aussi  constant  qu'on  l'a  cru  : 
M.  Flower  a  compté  cinquante  vertèbres  dans  le  squelette  mâle  qui  est  au  Col- 
lège Royal  des  chirurgiens  à  Londres;  au  musée  de  Bergen,  nous  avons  vu 
un  squelette  de  mâle  qui  a  quarante-neuf  vertèbres  et  dans  la  même  collection 
celui  d'une  femelle  qui  n'en  a  que  quarante-six.  C'est  le  même  nombre  que 
J.  Hunter  a  donné.  —  Le  squelette  du  cap  Nord  en  a  quarante-sept  comme  celui 
de  Cambridge  et  un  des  deux  squelettes  du  musée  de  Leyde.  —  Lacépède  ne 


100  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

signale  que  quarante-six  vertèbres  dans  le  squelette  de  Cherbourg  dont  il  a  reçu 
la  description,  mais  il  est  possible  que  les  dernières  auront  échappé. 

Dans  la  plupart  des  squelettes  nous  avons  compté  quarante-huit  vertèbres,  et  ce 
nombre  peut  fort  bien  être  considéré,  ainsi  que  Eschricht  le  disait,  comme  nombre 
normal. 

Nous  avons  compté  scp(  vertèbres  dans  les  lobes  de  la  nageoire  caudale.  —  Il 
parait  que  dans  la  Batsenoptera  Sibbaldii  on  en  compte  jusqu'à  dix-sept  et  nous 
en  avons  vu  dix  dans  la  Balœnoptera  musculus.  La  dernière  caudale  est  souvent  fort 
petite,  et,  à  moins  de  soins  spéciaux,  elle  se  perd  pendant  la  macération. 

M.  Flower  est  tenté  de  croire  que  la  colonne  vertébrale  est  formée  de  cinquante 
vertèbres,  dont  les  deux  dernières,  souvent,  ne  se  développeraient  pas. 

La  colonne  vertébrale  se  divise  généralement  en  sept  cervicales,  onze  dorsales, 
treize  lombaires  et  dix-sept  caudales.  —  Quand  le  nombre  de  vertèbres  est  au-des- 
sous de  quarante-huit,  ce  sont  celles  de  la  région  caudale  qui  manquent.  — 
Ainsi  le  squelette  de  Bergen  a  quarante-six  vertèbres,  ne  possède  que  quinze  ver- 
tèbres caudales,  au  lieu  de  dix-sept. 

L'atlas,  vu  de  profil,  montre  à  peu  près  la  même  épaisseur  partout  et  une  apo- 
physe transverse  assez  forte  se  dirige  obliquement  vers  la  moitié  de  la  hauteur  du 
corps  de  la  vertèbre,  de  dedans  en  dehors  et  un  peu  d'arrière  en  avant. 

L'apophyse  épineuse  supérieure  de  l'axis  s'élève  au-dessus  de  celle  de  l'atlas; 
elle  est  plus  large  d'avant  en  arrière,  surtout  vers  son  extrémité  libre;  les  deux 
apophyses  transverses  supérieures  et  inférieures  se  soudent  de  bonne  heure  pour 
former  un  anneau  complet;  la  longueur  de  ces  apophyses  ainsi  que  la  largeur  du 
trou  varient  beaucoup  d'un  individu  à  l'autre. 

Les  quatre  vertèbres  cervicales  suivantes  ont  à  peu  près  leurs  apophyses  trans- 
verses supérieures  et  inférieures  également  développées;  elles  sont  dirigées  de 
dedans  en  dehors,  d'arrière  en  avant,  et  sont  comparativement  assez  délicates.  C'est 
du  moins  ce  que  nous  voyons  dans  le  squelette  de  Groenland. 

Ces  six  dernières  cervicales  ont  leurs  apophyses  unies  par  des  ligaments,  et 
servent,  avec  L'apophyse  liansversc  de  la  première  dorsale,  à  soutenir  la  première 
côte.  _  On  dirait,  en  voyant  les  ligaments  en  place,  que  la  première  s'articule 
tout  autant  avec  l'axis  qu'avec  la  première  dorsale. 

Dans  le  fœtus,   Eschricht  a  trouvé  les  vertèbres  cervicales  cinq  et  six  comme 


BALENOPTERES.  161 


la  seconde  pourvues  d'un  anneau  complet,  et  dans  les  squelettes  provenant  de 
Groenland,  il  a  vu  cette  même  disposition  à  l'état  osseux;  il  fait  même  remarquer, 
que  dans  aucun  squelette  d'origine  européenne  il  n'a  trouvé  ces  anneaux  com- 
plets. —  Nous  possédons  un  squelette  de  Groenland  àLouvain  qui  n'a,  comme  les 
autres,  que  l'axis  seul  à  anneaux,  et  le  docteur  Gray,  en  parlant  des  vertèbres  cervi- 
cales d'un  autre  squelette  de  Groenland,  fait  remarquer  également,  que  les  apo- 
physes épineuses  supérieures  et  inférieures  des  troisième ,  quatrième ,  cin- 
quième et  sixième  vertèbres  sont  séparées.  Eschricht  a  fait  dessiner  la  cinquième 
cervicale  avec  ses  anneaux  complets  (1). 

Ces  états  plus  ou  moins  complets  des  anneaux,  du  moins  dans  les  vertèbres 
ossiiiées,  n'offrent  à  notre  avis  aucune  importance  pour  la  distinction  des  espèces  : 
ce  sont  simplement  des  dispositions  individuelles.  Il  n'est  pas  rare  de  voir  un  an- 
neau complet  osseux  à  droite  et  incomplet  à  gauche  dans  l'espèce  qui  nous  occupe 
aussi  bien  que  dans  la  Balxnoptera  musculus  (2). 

La  sixième  cervicale  a  une  diapophyseou  apophyse  transversale  inférieure  que 
l'on  peut  fort  bien  considérer  comme  une  côte  cervicale,  ainsi  que  l'ont  fait  divers 
auteurs,  entre  autres  Eschricht.  —  M.  Van  Bambeke  est  d'avis  qu'il  ne  faut  regarder 
comme  côte  que  la  partie  externe  de  l'apophyse. 

Les  apophyses  accessoires  disparaissent  brusquement  à  la  sixième  cervicale. 

L'apophyse  transverse  supérieure  de  la  septième  cervicale  est  toujours  la  plus 
forte  et  va  rejoindre  l'anneau  de  l'axis.  —  L'inférieure,  comme  nous  l'avons  dit 
plus  haut,  est  toujours  très-faible  et,  comme  Eschricht  l'a  fait  remarquer,  elle  ne 
se  développe  même  dans  aucun  mysticête. 

Les  vertèbres  cervicales  sont  généralement  toutes  séparées,  mais  il  existe  sous  ce 
rapport  des  variations  individuelles  assez  remarquables;  ainsi  Eschricht  (5)  a  vu 
deux  squelettes  de  Groenland  qui  avaient  leurs  axis  soudées  à  la  troisième  cervicale, 
et  un  squelette  du  musée  de  Stockholm  présente  la  même  disposition.  —  Parfois 


(1)  Page  132. 

(2)  Le  squelette  de  Nonvége  du  musée  de  Leyde,  a  l'axis  et  la  sixième  cervicalc>vec  un  anneau  com- 
plet. —  La  sixième  cervicale  du  squelette  de  la  côte  de  Norfolk  (mus.  coll.  chirurg.)  a  un  anneau  complet 
a  droite;  les  autres  cervicales  sont  a  anneau  incomplet.  —  Dans  le  squelette  de  Yarmouth  (femelle  de 
18  pieds)  l'axis  a  seul  ses  anneaux  complets. 

(3)  Loc.  ci(.,  p.  134. 

2  I 


162  SyL'ELETTE  DES  CÉTACÉS. 

aussi  les  apophyses  se  soudent  quand  le  corps  reste  libre.  11  y  a  des  squelettes 
qui  ont  la  seconde  cervicale  unie  à  la  troisième  par  son  arc  neural  (I).  Un  squelette 
d'un  jeune  animal  de  Leyde  provenant  de  l'ancienne  collection  de  l'Université,  a 
également  la  seconde  cervicale  soudée  à  la  troisième  par  son  arc  neural;  d'autres 
ont,  comme  celui  décrit  par  M.  Flower  et  qui  provient  d'un  animal  capturé  au  mois 
de  septembre  1860  sur  les  côtes  de  Norfolk,  la  troisième  cervicale  unie  à  la  qua- 
trième, et  Barkow  a  reconnu,  dans  le  squelette  de  son  musée,  une  réunion  entre 
les  apophyses  transverses  de  la  cinquième  et  de  la  sixième  vertèbre.  —  Il  existe, 
si  je  ne  me  trompe,  au  British  muséum,  un  squelette  de  cette  espèce  qui  montre 
l'axis  réuni  à  la  troisième  cervicale  également  par  les  apophyses,  et  une  réunion 
semblable  se  voit  dans  les  mêmes  vertèbres  de  la  Balœnoptera  swinhoei.  Dans  le 
squelette  du  Doggersbank,  d'une  femelle  non  adulte,  les  apophyses  transverses 
des  sept  vertèbres  cervicales  sont  séparées,  même  les  apophyses  de  l'axis,  ainsi  que 
le  corps. 

A  voir  ces  variations  individuelles  dans  une  espèce  bien  établie,  il  est  inutile  de 
faire  remarquer,  que  nous  ne  croyons  pas  à  l'importance  des  caractères  tirés  des 
anneaux  plus  ou  moins  complets  des  cervicales,  puisqu'ils  ne  sont  même  pas  égale- 
ment dé\eloppés  à  droite  et  à  gauche;  et  nous  ne  croyons  pas  plus  à  l'importance 
de  la  soudure  des  apophyses  de  différentes  vertèbres;  ce  sont  des  différences 
résultant  uniquement  d'une  ossification  plus  ou  moins  complète. 

La  région  dorsale  compte,  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut,  onze  vertèbres, 
dont  le  corps  s'accroit  insensiblement  d'avant  en  arrière,  de  manière  que  le  dia- 
mètre antéro-postérieur  est  quatre  fois  plus  grand  dans  la  dernière  dorsale  que 
dans  la  première. 

La  face  inférieure  des  dernières  vertèbres  de  cette  région  devient  plus  ou  moins 
carénée  tandis  que  les  premières  sont  parfaitement  arrondies. —  Cette  carène  de- 
vient plus  distincte  à  mesure  que  l'on  approche  de  la  région  lombaire. 

Les  apophyses  épineuses  sont  fort  longues  et  s'élèvent  de  plus  en  plus  depuis  la 
troisième  cervicale;  elles  sont  inclinées  d'avant  en  arrière  jusqu'à  la  cinquième  ou 
sixième  vertèbre  de  cette  région.  —  Ces  vertèbres  sont  celles  qui  ont  le  plus  fort 


(! j  Proc.  zool,  si  i    mai,  ISfii. 


BALENOPTERES.  163 

diamètre  antéro-postérieur. —  Les  dernières  apophyses  ont  leurs  bords  antérieurs 
et  postérieurs  à  peu  près  en  ligne  droite,  sauf  à  la  base.  —  C'estdans  les  vertèbres  cinq 
et  six  que  ces  bords  sont  les  plus  irréguliers. 

Les  apophyses  transverses  des  quatres  premières  vertèbres  sont  épaisses  et  se  di- 
rigent d'arrière  en  avant;  à  partir  de  la  cinquième,  ces  apophyses  s'amincissent, 
s'allongent,  se  dirigent  en  dehors  et  se  dilatent  surtout  par  le  bord  antérieur,  de 
manière  à  préparer  la  forme  de  rame  qu'elles  affectent  dans  la  région  lombaire. 

Cesapophyses  s'allongent  depuis  la  première  jusqu'à  la  dernière  vertèbre,  et  dans 
cette  dernière  elles  sont  un  peu  plus  longues  que  l'apophyse  épineuse  mesurée 
depuis  le  corps  de  la  vertèbre. 

Les  apophyses  accessoires  croissent  depuis  la  première  dorsale  jusqu'à  la  der- 
nière et  ne  s'élèvent  guère  sur  l'apophyse  épineuse  môme. 

Les  surfaces  articulaires  postérieures  ne  s'observent  guère  au  delà  de  la  cin- 
quième ou  sixième  dorsale. 

Comme  on  le  voit  ailleurs,  le  corps  des  premières  caudales  gagne  légèrement 
en  diamètre  vertical  non  en  diamètre  longitudinal,  puis  il  diminue  insensiblement 
dans  les  divers  sens;  l'arc  neural  persiste  jusqu'à  la  huitième  vertèbre  et  à  la  neu- 
vième on  ne  voit  plus  qu'une  gouttière  à  la  place.  —  La  dixième  vertèbre  ne  pré- 
sente plus  de  traces  même  de  gouttière.  Depuis  la  quatrième  caudale  l'apophyse 
transverse  est  percée  à  sa  base  pour  le  passage  de  l'artère  spinale;  à  la  septième 
caudale  les  deux  apophyses  articulaires  des  os  en  V  se  soudent  et  forment  un 
canal,  qui  s'ouvre  au  devant  de  l'orifice  qui  perce  la  base  de  l'apophyse  transverse 
et  forme  une  gouttière  verticale  sur  le  côté  de  la  vertèbre;  cette  gouttière  n'existe 
que  dans  celte  seule  vertèbre  ;  à  la  huitième,  l'artère  spinale  passe  directement  de 
bas  en  haut  dans  le  canal  qui  va  s'ouvrir  en  dessus  à  droite  et  à  gauche  de  la  ligne 
médiane.  Le  canal  inférieur  s'abouche  directement  dans  le  canal  diapophysaire, 
après  la  septième  vertèbre,  et  ces  deux  canaux  réunis,  pourraient  être  désignés 
à  cause  de  leur  direction,  sous  le  nom  de  canaux  verticaux. 

La  seconde  caudale  a  le  corps  assez  allongée,  une  apophyse  transverse  forte  au 
milieu  de  la  hauteur  du  corps,  une  apophyse  épineuse  supérieure  à  peu  près  de  la 
même  largeur  que  le  corps,  les  apophyses  articulaires  antérieures  également  larges 
et  dirigées  obliquement  de  bas  en  haut.  —  Le  corps  de  la  vertèbre  est  échancré  au 
milieu. 


164  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

Les  vertèbres,  logées  dans  l'épaisseur  des  lobes  de  la  nageoire  caudale,  sont  au 
nombre  de  sept.  —  Nous  avons  compté  huit  vertèbres  sans  os  en  chevron. —  Le 
volume  de  ces  dernières  vertèbres  décroit  assez  rapidement  —  La  première  des 
sept,  qui  est  la  dixième  caudale,  a  6  centimètres  de  diamètre  antéro-postérieur  et 
\  centimètre  de  plus  dans  son  diamètre  vertical. —  La  dernière  n'a  plus  guère 
qu'un  centimètre  et  se  distingue  comme  toujours  parla  surface  articulaire  unique. 

Il  est  inutile  de  faire  remarquer  que  dans  ces  dernières  vertèbres  toutes  les  apo- 
physes ont  disparu  et  que  le  corps  est  traversé  de  bas  en  haut  par  les  artères  spinales 
q  uis'élevcnt  verticalement  de  l'aorte. 

La  dernière  caudale  n'est  qu'à  2  centimètres  du  bord  postérieur  de  la  nageoire 
caudale,  de  manière  que  celle-ci  est  traversée  dans  toute  sa  longueur  par  le  rachis. 

Ayant  reçu  des  squelettes  encore  enveloppés  de  leurs  ligaments  et  la  plupart 
des  os  en  place,  nous  avons  pu  nous  faire  une  idée  des  os  en  chevron,  tant  sous 
le  rapport  du  nombre  que  de  la  forme  et  des  rapports  qu'ils  ont  avec  leurs  ver- 
tèbres respectives. 

La  quatorzième  vertèbre  qui  suit  la  région  dorsale  est  la  première  caudale;  elle 
porte  le  premier  os  en  V  en  arrière.  —  Ces  os  vont  en  diminuant  de  volume 
depuis  la  seconde  caudale  jusqu'à  la  neuvième.  A  la  dixième  caudale  on  n'aper- 
çoit plus  d'os  de  ce  nom,  de  manière  que  la  dernière  vertèbre,  qui  n'est  pas  logée 
dans  dans  la  nageoire  caudale,  est  la  première  sans  os  libre  en  dessous  et  en  même 
temps  sans  apophyses. 

Les  os  en  V  sont  au  nombre  de  neuf.  C'est  le  nombre  indiqué  aussi  par  mon  sa- 
vant confrère  M.  Flower. 

Sauf  le  dernier,  ils  sont  tous  soudés  sur  la  ligne  médiane;  le  premier  est  propor- 
tionnellemenl  petit  et  tronqué  obliquement  sur  son  bord  antérieur;  le  second  est  le 
plus  long  de  tous,  et  le  troisième  le  plus  large  cl  en  même  temps  le  plus  régulier. 
Les  autres  vont  successivement  en  diminuant  d'avant  en  arrière,  de  manière  que 
l'on  pi'iit  aisément  retrouver,  dans  cette  espèce  au  moins,  la  place  respective  de 
chacun  (1  eux.  — Les  os  en  V  trois,  quatre  et  cinq,  figurés  par  Eschricht  (page  154), 
ont  exactement  la  même  forme  que  ceux  du  squelette  de  Bergen  figurés  dans  le 
voyage  en  Islande  et  au  Groenland. 

Le  nombre  normal  des  côtes  est  de  onze.  —  Le  musée  de  Bergen  possède  un 
squelette  à  douzejcôles,  et,  pour  rentrer  danslarègle,  il  faudrait  dire  que  la  première 


BALENOPTERES.  165 

lombaire  en  porle  une.  En  effet,  les  vertèbres  lombaires  sont  seulement  de  douze 
au  lieu  de  treize. 

Le  squelette  de  Groenland  que  nous  possédons  à  Louvain  n'a  que  dix  côtes  et  treize 
vertèbres  lombaires  comme  celui  du  musée  de  Cambridge.  —  Comme  il  est  pro- 
bable qu'une  côte  manque,  le  nombre  de  lombaires  étant  de  treize,  il  en  manque- 
rait une  dans  cette  région. 

La  première  côte,  est  comme  toujours,  la  plus  courte  et  la  plus  large.  —  Nous 
n'avons  vu  aucun  squelette  avec  une  première  côte  véritablement  bifurquée(l). — 
Elle  s'articule  supérieurement  à  l'apophyse  transverse  de  la  première  dorsale  qui 
se  rapproebe  fortement  de  l'axis,  intérieurement  au  sternum,  en  dessous  des  deux 
prolongements  latéraux.  —  Ce  sont  les  quatrièmes  et  les  cinquièmes  côtes  qui  sont 
les  plus  longues. 

Les  vrais  rapports  entre  la  première  côte  et  les  prolongements  latéraux  du  ster- 
num, ont  été  établis  par  le  grand  cétologue  de  Copenhague  d'après  des  observa- 
tions faites  sur  les  fœtus  et  sur  les  adultes  (2). 

Toutes  les  côtes  s'articulent  directement  avec  les  apopbyses  transverses  de  leurs 
vertèbres  respectives  par  leurs  tubérosilés  et  il  n'y  a  guère  que  la  seconde  qui  est 
pourvue  d'un  prolongement  qui  correspond  au  col.  —  On  sait  que  dans  aucun 
mysticète  il  n'existe  une  tète  qui  s'articule  avec  le  corps  de  la  vertèbre.  Entre  l'extré- 
mité cépbalique  de  la  côte  et  le  corps  des  vertèbres,  il  se  trouve  deux  ligaments  dont 
l'un  s'insère  à  la  vertèbre  correspondant  à  la  côte,  l'autre  à  la  vertèbre  précédente. 

—  Toutes  ces  côtes  sont  plus  larges  à  l'endroit  où  elles  s'articulent  avec  les  apo- 
physes transverses  et  toutes  aussi  sont  plus  ou  moins  tordues  sur  elles-mêmes. 

Eschricbt  a  donné  un  fort  bon  dessin  des  rapports  qui  existent  entre  les  premières 
côtes  et  les  vertèbres,  en  reproduisant  les  principaux  ligaments  qui  relient  ces  os 
entre  eux  (5). 

Le  sternum  est  tout  à  fait  caractéristique  dans  cette  espèce  et  c'est  une  cliose 
bien  remarquable,  qu'il  présente  la  même  forme  dans  tous  les  squelettes  connus. 

—  On  ne  pourrait  pas  le  confondre  avec  celui  d'une  autre  Balénoptère.  Il  a  la 


(1)  Dans  quelques  squelettes,  et  entre    autres  dans  celui  de  musée   de  Cambridge,  la  première  côte 
montre  sur  le  bord  antérieur  et  en  liant,  une  saillie,  qui  fa  ilpenser  à  la  cote  biceps  de  plusieurs  cétacés. 

(2)  Nordischen  Wallthiere,  p.  139. 
(:t;  Loc.  cit.,  p.  137,  fig.  45. 


166  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

forme  d'une  croix  latine,  dont  les  bras  seraient  plus  on  moins  palmés  à  leur  base. 
—  Ainsi  il  y  a  en  avant  un  prolongement  de  la  même  longueur  que  les  deux 
prolongements  latéraux  et  une  longue  pointe  le  termine  en  arrière. —  Ce  sternum  a 
déjà  figuré  comme  bassin  dans  quelques  squelettes,  par  exemple  celui  de  Brème, 
et  très-souvent  il  a  été  placé  la  grande  pointe  en  avant,  comme  dans  le  squelette  qui 
est  figuré  dans  le  voyage  en  Islande  et  en  Groenland. 

Dans  les  jeunes  animaux  le  sternum  présente  déjà  la  forme  caractéristique 
comme  on  peut  le  voir  dans  la  petite  Balénoptère  de  la  Seine,  qui  a  été  disséquée 
par  Gratiolet  et  dont  le  savant  anatoraiste  a  bien  voulu,  dans  le  temps,  nous  com- 
muniquer un  croquis  (-1). 

Les  os  du  bassin  sont  conservés  dans  plusieurs  squelettes,  mais  il  n'y  en  a  pas 
deux  qui  se  ressemblent  complètement.  —  Autant  le  sternum  est  constant  dans 
sa  forme,  autant  les  os  du  bassin,  ou  pour  mieux  dire  les  ischions,  sont  variables. 
Ceux  de  notre  squelette  du  Groenland  sont  droits,  comprimés,  amincis  à  un  des 
bouts,  tronqués,  élargis  et  anguleux  à  l'autre  bout. 

Il  n'y  a  qu'un  seul  os  de  chaque  côté.  —  Eschricht  a  signalé  depuis  longtemps 
que  le  prétendu  bassin  du  squelette  de  Brème  est  le  sternum  que  Rudolphi  avait 
soupçonné  être  l'os  hyoïde. 

Comme  nous  avons  reçu  les  nageoires  complètes  entourées  encore  de  leurs  par- 
ties charnues  et  de  la  peau,  nous  avons  pu  parfaitement  reconnaître  la  bande 
blanche  caractéristique  de  ces  organes,  dont  Eschricht  a  fait  connaître  depuis  long- 
temps l'importance,  et  la  situation  respective  de  tous  les  os  du  carpe,  du  méta- 
carpe et  des  phalanges. 

L'humérus  présente  les  caractères  ordinaires  des  Balénoptères,  c'est-à-dire,  qu'il 
est  relativement  fort  coi'rt,  et  que  son  bord  inférieur  est  notablement  comprimé. 

Le  radius  et  le  cubitus  ont  plus  du  double  de  la  longueur  de  l'os  du  bras.  —  Le 
radius  montre  à  peu  près  le  double  de  l'épaisseur  du  cubitus  vers  le  milieu  de  sa 
longueur,  et  il  s'élargit  encore  légèrement  vers  ses  deux  extrémités.  —  Il  mesure  à 
peu  près  la  même  épaisseur  à  ses  deux  extrémités.  Le  cubitus  a  son  bord  supérieur 
courbé  et  il  s'élargit  notablement  pour  former  l'apophyse  olécranienne. 


(ii  Le  sternum,  qui  s'éloigne  le  plus  de  la  forme  ordinaire,  est  celui  qui  ;i  été  6guré  par  MM.  Carte  el 
Macalister,  dans  les  Transactions  philosophiques,  1868,  pi.  VI.  fig.  1, 


BALÉNOPTÈRES.  167 

Le  procarpe  est  formé  des  trois  os  ordinaires,  le  radial,  Yintermédial  et  le  cubi- 
tal; ces  deux  derniers  ont  à  peu  près  le  même  volume.  —  Le  radial  est  un  peu 
plus  grand  que  les  autres. 

Le  mésocarpe  est  formé  de  deux  os  qui  sont  placés  en  dessous  de  l'espace  qui  sé- 
pare entre  eux  les  procarpiens. 

Il  y  a  quatre  doigts  portés  par  autant  de  mésocarpiens;  le  métacarpien  de 
l'index  est  le  plus  fort;  celui  du  médium  le  plus  long,  celui  du  petit  doigt  le 
plus  court,  de  manière  qu'ils  correspondent  sous  ce  rapport  avec  la  longueur  des 
doigts.  —  Le  doigt  médian  est  le  plus  long,  et  compte  sept  phalanges;  l'annulaire 
qui  suit,  pour  la  longueur,  en  a  six,  l'index  trois  qui  sont  tous  un  peu  plus  allongés 
que  ceux  du  petit  doigt. 

Dans  un  squelette  du  Groenland,  nous  avons  trouvé  une  phalange  de  moins  dans 
le  médian  et  dans  l'annulaire. 


BAL.ENOPTERA    MUSCULUS 

PL.  XII  ET  XIII,  FlG.  11-24. 


Fr.  Rosenthal  et  Hornschucli,  Epistola  de  Balxnopleris...  Gryphiœ,  1825. 

Fr.  Rosenthal,  Einige  naturhist.  Bemerk.  ut>er  die  Walle,  in-fol.  Greifswald,  1827. 

Van  Breda,  Eenige  byzonderheden  omirent  den  Walvisch  die  den  5den  november  1 827,  by  Oostende  gestrand 

is.  Algem.  konst  en  letterbode,  1827. 
Du  Bar,  Osléographie  de  la  baleine,  échouée  à  l'est  du  port  d'Ostende,  le  4  novembre  1827;  in-8°.  Bruxelles, 

1828. 
P.  L.  Van  der  Linden,  Notice  sur  un  squelette  de  Baleinoptère  exposé  à  Bruxelles  en  juin  et  juillet  1828  ; 

in  8°.  Bruxelles,  1828. 
(.li.  Morren,  Observations  sur  la  Bahenoptera  rostrata  de  Fabricius...  Bydragen  tôt  natuurkund.  Weten- 

schappen,  1829. 
Bernaert,  Notice  sur  la  baleine  échouée  près  d'Ostende  le  5  novembre  1827.  Paris,  1829. 
Schlegel,  Over  eenen  in  hetjaer  1826  aen  de  noord-hollandsche kust  gestranden  Vinnvisch,  Niewtoe  Verhan- 

deling  der  eerste  klatse  van  hel  koningl.  ned.  Instituât  ;  3e  deel.  Amsterdam,  1831. 
F.  P.  Ravin,  Observations  anatom.  sur  les  Fanons;  Annale*  des  sciences  naturelles,  183G. 


168  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

Vrolik,  Note  sur  Vanatomie  d'une  Balénoptère  à  bec  (Balaenoptera  rostrata),  échouée  au  mois  de  septembre 

de  Vannée  1835  sur  les  côtes  de  Hollande;  Annal,  des  scienc.  natur.,  1838. 
Schlegcl,  Abhandlun'jen  ans  dem  Gebiete  der  Zoologie.  Leiden,  1841. 
Sweeting,  Magaz.  nat.  hist.  1840. 

Rob.  Heddle,  On  a  Whaleofthe  genus  Physalus,  captured  in  Orkney,  Proceed.Zool.  Soc.  1856. 
Van  Bcncden,  Notice  sur  une  baleine  prise  près  de  Vile  Vlieland  et  dont  le  squelette  est  monté  au  jardin 

royal  de  zoologie  d'Anvers;  Ballet.  Acad.  roy.  de  Belgique,  t.  XXIV.  1857. 
Paul  (".iivais,  Sur  la  baleine  de  la  Méditerranée;  Ballet,  de  VAcad.  roy.  de  Belgique,  2e  série,  t.  XIV,  1862. 
Paul  Gervais,  Cétacés  des  côtes  françaises  de  la  Méditerranée  ;  Comptes  rendus...  28  novembre  1804. 
Aug.  Muller,  Phys.  cecon.  Gesellsch.  zu  Kônigsberg,  IV,  p.  38.  1804. 
Dr  Mûrie,  On  the  anatomy  of  Physalus  antiquorum  ;  Proceed.  Zool.  Soc.  1865,  p.  206. 
\V.  11.  Flower,  Observations  upon  a  Fin-Whale  (Physalus  antiquorum,  Gray)  récent  ly  stranded  in  Pevensey 

Bay.  Proc.  Zool.  Soc.  November  1865. 
G.  0.  Sars,  Beskrivelse  «J  en  ved  Lofoten  indbjœrget  Rorhval  Balœnoptera  musculus.  Vid.  Selskabcts  For- 

handlinger  l'or  1865. 
Prof.  Vincenzo  Diorio,  II  Cetaceodi  P.  Marinella,  Atli  dell'  Accademia  pontificia  dei  nuovi  Lincpi,  1866. 
A.  W.  Malm,  Om  etl  i  Zoologiska  Riksmuseum  befintligt  skelett  af  Balœnoptera  musculus,  fran  Finmarken, 

Ofvcrsigt  af  Kongl.  Vetensk.  —  Akad.  Forhandlingar,  1868,  n"  2. 
G.  0.  Sars,  Om  individuelle  Variât ioner  hos  Rorhvalerne  og  de  deraf  betingede  Uligheder  i  de»  ydre  og  indre 

Bygning.  Vidensk-Selsk.  Forhandlinger  for  1868. 

C'est  évidemment  l'espèce  de  baleine  la  plus  anciennement  connue,  et  c'est 
d'elle  que  parle  Aristotesous  le  nom  de  Mysticetus  (I).  Elle  a  dans  la  bouche  des 
poils  qui  rappellent  les  soies  du  porc,  dit  le  célèbre  Stagirite. 

Pline  rappelle  les  paroles  d'Àristote  et  donne  à  la  baleine  de  la  Méditerranée  le 
nom  de  Musculus. 

Le  passage  suivant  d'un  historien  turc,  se  rapporte  évidemment  au  même  ani- 
mal :  après  avoir  vu  plusieurs  choses  extraordinaires  et  entre  autres  de  grands 
poissons  semblables  à  des  vaisseaux  renversés  dessus  dessous,  qui,  en  respirant,  jetaient 
de  l'eau  à  la  hauteur  de  deux  piques,  le  prince  aborda  dans  un  port  de  la  Savoie, 
dit  Mohammed  Soad  Uddin,  surnommé  Cogia  effendi,  le  plus  célèbre  des  historiens 
turcs,  en  racontant  les  incidents  du  voyage  du  prince  Gem,  fils  de  Mahomet  II,  de 
Rhodes  à  Mec  (2). 

Linné,  dans  son  Systema  naturœ,  a  voulu  rattacher  toutes  les  observations  faites 
par  les  naturalistes,  les  voyageurs  et  les  baleiniers  à  un  certain  nombre  d'espèces, 


i\)  D'après  Camper,  le  monstre  qu'Aristote  appelle  Mysticetus  serait  plutôt  un  poisson  ;  mais  Cuvierfait 
remarquer,  avec  raison,  que  c'est  bien  une  baleine. 

(2)  Michaud,  Bibliothèque  des  croisades,  3'  partie,  p.  470.  Paii^.  1829.  —  C'esl  mon  savant  ami  et  col- 
lègue Thonissen  qui  m'a  coi unique  cet  extrait.  Dans  ses  miles  sur  l'Histoire  naturelle  de  Pline,  pu- 

bliéesa  Lyon,  en  1606,  Dalechamp  parle  d'un  orque  à  peau  striée  (Canaliculatïm  striata),  qui  futrejeté 
par  la  mer  à  peu  de  distance  de  Montpellier,  et  qu'il  a  en  occasion  devoir.  C'est  sans  doute  le  même 
animal  qui  nous  occupe  ici. 


BALÉNOPTÈRES.  169 


et  il  donna  le  nom  de  mysticetus  précisément  à  la  baleine  que  les  anciens  ont  le 
moins  pu  connaître,  c'est-à-dire  à  la  baleine  du  Groenland,  qui  ne  quitte  jamais 
les  glaces  polaires.  —  Ce  nom  aurait  dû  rester  à  l'animal  qui  nous  occupe. 

Linné  a  admis  en  outre  quatre  autres  espèces  de  baleines  qui  appartiennent  au 
genre  balénoptère  et  parmi  lesquelles  il  yen  aune  qui  porte  le  nom  de  musculm.  Est- 
ce  l'espèce  qui  nous  occupe  et  qui  pénètre  dans  la  Méditerranée?  Personne  ne  pour- 
rait le  dire  :  ses  descriptions  ne  sont  pas  assez  complètes,  et  l'on  ne  conservait  point 
de  squelettes  de  cétacé  dans  les  musées  à  l'époque  où  il  a  écrit  son  Systemanaturse. 
Les  premiers  squelettes  de  cétacés,  montés  dans  un  musée,  sont  ceux  de  limi- 
ter et  appartiennent  à  la  Balœnoptera  rostrata  et  à  YHyperoodon  roslratum;  ils  sont 
encore  conservés  aujourd'hui  au  musée  du  collège  royal  des  chirurgiens  à  Londres. 
La  cétologie  n'a  été  assise  sur  une  base  fixe  que  depuis  le  jour  où  l'on  a  pu  con- 
server les  ossements  de  ces  animaux  et  les  comparer  entre  eux. 

Parmi  les  auteurs  qui  ont  le  plus  contribué,  par  leurs  travaux  ostéologiques, 
à  éclaircir  l'histoire  de  cette  espèce,  nous  devons  citer  Knox,  Vrolik,  Eschricht, 
le  docteur  Gray,  MM.  Schlcgel,  Flower  et  G.  0.  Sars. 

Cuvier  a  appelé  cet  animal  Rorqual  de  la  Méditerranée  et,  lorsqu'en  -1854, 
Gaimard  rapporta  de  son  voyage  en  Islande  quelques  caisses  tympaniques  d'une 
grande  Balénoptère,  il  ne  nous  fut  pas  difficile  de  reconnaître,  que  ces  os  prove- 
naient de  l'espèce  qui  fréquente  également  la  Méditerranée.  —  Aujourd'hui  il  est 
connu  que  le  Rorqual  de  la  Méditerranée  habite  l'est  et  l'ouest  de  Groenland,  qu'il 
visite  les  parages  des  îles  Loffoden  et  de  l'Islande,  qu'il  pénètre  dans  la  Baltique 
comme  dans  la  Méditerranée,  et  que,  de  temps  en  temps,  des  individus  isolés,  mâles 
ou  femelles,  jeunes  ou  vieux,  viennent  échouer,  tantôt  dans  ces  mers  intérieures, 
tantôt  sur  les  diverses  côtes  d'Europe,  depuis  le  cap  Nord  jusqu'au  golfe  de  Gascogne. 
Ces  animaux  apparaissent  sans  aucune  régularité;  on  en  a  observé  à  toutes  les 
époques  de  l'année,  et  si  l'on  en  capture  quelquefois  en  vie  dans  le  voisinage  du 
littoral,  le  plus  souvent  on  les  trouve  morts  en  mer  ou  sur  le  rivage. 

Et  ce  n'est  pas  seulement  depuis  les  temps  historiques  que  ces  animaux  sont  ve- 
nus se  perdre  ainsi  sur  le  rivage  ;  on  rencontre  de  temps  en  temps,  à  une  certaine 
distance  de  la  côte  au-dessus  du  niveau  actuel  de  la  mer,  sur  les  bords  de  la  Baltique , 
comme  sur  ceux  de  la  Méditerranée,  en  Europe  comme  en  Amérique,  des  squelettes 
entiers  qui  diffèrent  fort  peu  de  ceux  qui  habitent  encore  aujourd'hui  ces  parages. 


•2  2 


HO  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

Y  a-t-il  une  époque  de  l'année  pendant  laquelle  leur  apparition  est  plus  abon- 
dante? Voit-on  plus  d'individus  d'un  sexe  que  de  l'autre?  Les  individus  qui  vien- 
nent se  perdre  dans  certaines  localités  se  ressemblent-ils  plus  ou  moins  parleurs 
dimensions?  Voit-on  plus  souvent  échouer  des  individus  vivants  que  des  morts? 

Pour  répondre  à  ces  diverses  questions  et  à  bien  d'autres,  il  est  bon  de  faire  le 
relevé  des  divers  échouements  qui  ont  eu  lieu;  mais,  comme  les  indications  en 
général  sont  vagues  et  incomplètes,  parfois  même  exagérées,  surtout  dans  les  an- 
ciens auteurs,  nous  ne  ferons  mention  que  des  individus  de  cette  espèce  qui  sont 
venus  se  perdre  depuis  la  fin  du  siècle  dernier,  et  dont  les  ossements  ont  été  en 
tout  ou  en  partie  conservés.  11  importe  peu  de  savoir  qu'une  baleine  a  échoué  en 
1 189  sur  les  côtes  de  Blankenberg,  qu'une  autre  est  venue  se  perdre  en  4  554  non 
loin  d'Ostcnde,  et  qu'en  -1404  on  en  a  vu  une  bande  entière  de  huit  individus  se 
jeter  sur  la  même  plage;  ne  pouvant  connaître  positivement  ni  l'espèce,  ni  le  sexe, 
ni  les  dimensions,  il  y  a  peu  d'intérêt  à  recueillir  des  faits  aussi  incomplets. 


Nous  ne  connaissons  guère  en  Europe  de  stations  régulières  de  ces  animaux, 
quoiqu'ils  laissent  sur  toutes  les  côtes  des  souvenirs  de  leur  passage.  En  tout  cas, 
c'est  du  Nord  qu'ils  nous  viennent  et  non  du  Midi,  quand  ils  visitent  nos  parages. 

Nous  allons  voir  ce  que  l'on  en  sait  au  Groenland,  en  Islande  et  au  nord  de  la 
Norwége. 

Sous  le  nom  de  Keporkamak,  les  pêcheurs  désignent  au  Groenland  une  lîalénop- 
tèrc  qui  est  probablement  celle  qui  nous  occupe  et  à  laquelle  ils  accordent  une 
longueur  de  00  à  80  pieds  (I).  —  C'est  un  des  plus  grands  cétacés  du  détroit  de 
Davis.  Les  fanons  ont  jusqu'à  un  pied  et  demi  de  large.  11  paraît  fort  commun  au 
nord  du  Groenland,  où  on  le  voit  pendant  tout  l'été  (2).  — Au  sud  de  ce  pays,  on 
ne  le  voit  qu'au  printemps.  Il  parait  qu'on  ne  le  chasse  pas,  quoiqu'il  ne  soit  pas 


(1)  L'autre  grande  espèce  que  h-s  Groëolandais  désignent  sous  le  nom  de  Tunnolik,  est  sans  doute  la 
Balœnoplt  ra  SU  baldii.  —  Fabricius  ;i  déjà  exprimé  cette  idée  que  le  Heporkarnak  des  Groënlandais  esl  la 
Balcenopiera  musculus. 

.'    il  visite  les  cùies  de  Groenland  seulement  en  été,  de  nais  a  novembre,  dit  II.  Brown. 


BALENOPTERES.  171 

difficile  à  capturer,  parce  que  ses  fanons  sont  aussi  peu  estimés  que  son  huile.  Il 
n'est  pas  farouche,  disent  les  pêcheurs,  et  approche  des  chaloupes  en  les  côtoyant 
pendant  des  heures,  — C'est  sans  doute  parce  qu'on  ne  le  chasse  pas  qu'il  montre 
plus  de  confiance  que  les  autres.  —  C'est  de  tous  le  plus  facile  à  ohserver,  à  ce 
qu'il  parait.  —  Il  se  nourrit  surtout  de  gadus  et  de  mallotus  arcticus. 

Holbôll,  comme  nous  l'avons  déjà  fait  remarquer,  signale  sur  la  côte  ouest 
du  Groenland  le  Keporkak  qui  est  la  Megaptera  boops,  le  Tikagutik  qui  est  la 
Balœnoptera  rostrata,  le  Tunnolik  qui  est  la  Balœnoptera  Sibbatdii,  et  le  Keporkarnak 
qui  ne  peut  être  que  la  Balœnoptera  musculus.  —  Les  trois  premières  espèces 
doivent  être  plus  abondantes  dans  ces  parages  que  la  dernière;  Holbôll  n'en  a 
aperçu  que  deux  fois,  c'était  entre  Godthaab  et  Sukkertoppen.  —  Ils  avaient  40  pieds 
de  long,  mais  leur  genre  dévie  comme  leur  apparition  lui  sont  inconnus. 

En  1845,  Môller  a  trouvé  pendant  son  séjour  au  Groenland  une  femelle  de  68 
pieds  morte  en  mer,  dans  la  baie  de  Baffin.  On  en  a  vu  également  flottant  dans  le 
détroit  de  Davis. 

En  1671,  le  9  mai,  Fred.  Martens  aperçut  une  baleine  tout  près  de  leur  navire, 
à  laquelle  ils  auraient  fait  la  chasse  s'ils  n'avaient  aperçu  sa  nageoire  dorsale.  Du 
29  au  51  juillet,  ils  voyaient  tous  les  jours,  des  Finnfisch,  mais  dès  que  ces 
Cétacés  avaient  paru,  il  n'y  avait  plus  de  baleines  à  découvrir. 

Scoresby  fait  mention  de  cette  espèce  sous  le  nom  de  broad  nosed  Whale,  et  Ro- 
bert Brownlecite  également  dans  sa  faune  des  mammifères  de  Groenland  sous  le 
nom  de  Physalus  antiquorum,  à  côté  de  la  Balœnoptera  rostrata. 

M.  G.  0.  Sars  a  constaté  sa  présence  aux  îles  Loffoden,  et  M.  Sophus  Dallas  en 
a  vu  sur  les  côtes  d'Islande,  où  ils  sont  connus  sous  le  nom  de  Finnback.  M.  Sophus 
Dallas  a  séjourné  dans  ces  parages  depuis  le  mois  d'avril  jusqu'au  milieu  de  sep- 
tembre. 

Deux  individus,  que  M.  Malmgren  a  vus  le  17  septembre  1861  entre  l'ile  d'Am- 
sterdam et  le  Spitzbergsous  le  70°  45'  lalitudenord,  pendant  qu'ils  étaient  à  l'ancre, 
sont  rapportés  à  cette  espèce,  à  moins  que  ce  ne  soit  la  Balœnoptera  Sibbaldii.  — 
Ils  avaient  une  dimension  colossale,  ajoute  M.  Malmgren. 

Cette  espèce  serait  également  commune  aux  Beeren-islands  et  à  la  Nouvelle-Zemble, 
si  tant  est  que  sous  ce  nom  de  Sl'àtback,  on  n'ait  pas  désigné  plutôt  la  Bahcna 
biscayensis. 


172  SQUELETTE    DES  CÉTACÉS. 

Les  Balénoptères  n'habitent  pas  les  mêmes  eaux  que  les  baleines  véritables,  et 
tout  en  ayant  leurs  stations  dans  le  nord,  elles  sont  moins  polaires  qu'elles.  Les 
pêcheurs  s'accordent  à  dire,  comme  nous  l'avons  déjà  fait  remarquer,  que  quand 
les  Balénoptères  apparaissent,  les  baleines  abandonnent  les  lieux  et  la  pêche 
touche  à  sa  fin. 

Il  n'y  a  guère  de  Baleinier  qui  n'ait  rencontré  des  Finnfsch  en  se  dirigeant  sur 
les  lieux  que  les  baleines  visitent;  mais  il  n'est  pas  possible  de  reconnaître, 
d'après  leurs  récits,  ni  les  lieux  précis  qu'ils  fréquentent,  ni  l'époque  à  laquelle 
ils  font  habituellement  leur  apparition. 


La  Bala?noptera  musculus  a  pour  caractères  ■ 

Les  vertèbres  ne  dépassent  pas  le  nombre  de  soixante-deux;  l'axis  et  souvent  les 
quatre  cervicales  suivantes  portent  sur  le  côté  un  anneau  complet;  le  sternum  est  trifolié 
et  pas  plus  long  pie  large;  les  côtes  sont  au  nombre  de  quinze,  la  première  simple  ou 
bifide;  les  os  enV  sont  au  nombre  de  seize  ou  dix-sept;  le  frontal  est  plus  large  à  sa 
base  qu'au-dessus  des  orbites;  la  nageoire  pectorale  est  toute  noire,  ainsi  que  les  fa- 
nons, à  l'exception  des  antérieures  qui  sont  souvent  d'un  blanc  jaunâtre  (]). 

Cette  Balénoptère  a  été  désignée  sous  les  noms  suivants  : 

Mysticetos  d'Aristote. 

Musculus  de  Pline. 

Balsena  boops.  Linn. 

Rorqual  de  la  Méditerranée.  Cuvier. 

Rorqual  d'Oslende.  Van  der  Linden. 

Physalus  antiquorum.  Gray,  Flower. 

P/tysa/ttsDuguidii.Heddle. 

Sibbaldius  borealis.  Gray. 

(I)  Los  fanons  antérieurs  do  la  balénoptère  de  l'île  Vlieland  [Jardin  royal  de  zoologie  d'Anvers),  de 
Pevensey  Bay  (Musée  de  Cambridge), de Texel (Musée  royal  de  Bruxelles),  comme  ceux  de  l'île  deWigbt,  de 
Katwyk  aan  Zee  (Musée  royal  de  Leyde  el  de  Saint-Brieuc,  sont  tous  de  couleur  pâle  jaunâtre;  et,  der- 
rière eux,  on  en  trouve  qui  sont  pâles  en  dedans  et  noirs  en  dehors,  ou  quelquefois  striés  sur  toute  leur 
longueur. 


UALÉNOPTÈRES.  173 

Pterobalaena  communis.  Eschricht  et  Van  Beneden. 
Balaenoptera  tenuirostris,  Sweeting. 
Balaenoptera  musculus,  Fleming. 
Balaenoptera  gigas.  Eschricht  et  Beinhardt. 
Pterobalaena  gigas.  Van  Beneden. 


Razorback  des  baleiniers  anglais  et  américains. 

Gewoone  Finnfisch  ou  Vinfisch,  ou  Vinwall,  des  baleiniers  hollandais  ou  al- 
lemands. 
Rolirval,  des  Norvégiens. 
Keporkarnak  des  Groënlandais. 
Capidolio  des  Italiens. 

La  nourriture  de  cette  balénoptère  consiste,  comme  pour  les  autres  espèces  de 
ce  genre,  en  poissons.  B.  Brown  a  trouvé  jusqu'à  huit  cents  gades  (Cod)  dans 
l'estomac  d'un  individu. 


La  taille  de  la  Balaenoptera  musculus  varie  naturellement  avec  l'âge,  mais  on 
n'en  voit  généralement  pas  au-dessous  de  55  ou  de  40  pieds  ni  au-dessus  de  80, 
et  il  n'existe  pas  de  différence  sous  le  rapport  de  la  longueur  entre  les  mâles  et  les 
femelles. 

Claas  Mulder  a  fait  le  relevé  des  balénoptères  de  cette  espèce  qui  ont  échoué  de- 
puis des  siècles  sur  les  côtes  des  Pays-Bas  et  parmi  elles  il  en  compte  de  55,  de  58, 
de  59,  de  52,  de  (iO,  de  70  et  de  85  pieds.  Il  en  cite  une  de  420  pieds,  mais  il  est 
inutile  de  faire  remarquer  qu'il  y  a  de  l'exagération  dans  cette  dimension. 

A  voir  le  grand  nombre  de  balénoptères  de  la  taille  d'une  quarantaine  de  pieds 
qui  échouent,  il  y  a  tout  lieu  de  supposer,  que  les  animaux  de  cette  dimension 
se  sont  perdus  peu  de  temps  après  leur  sevrage,  et  qu'ils  sont  entrés  dans  leur 
troisième  année  d'âge.   Si  l'on  juge  par  analogie,  ces  animaux  ont  de  vingt  à 


174  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

vingt-cinq  pieds  en  venant  au  monde,  et,  si  on  estime  à  80  pieds  l'âge  adulte,  ils 
atteignent  comme  la  baleine  du  Groenland,  le  double  de  la  longueur  qu'ils  avaient 
en  quittant  leur  mère. 

Parmi  les  individus  d'une  quarantaine  de  pieds  de  longueur,  il  existe  à  peu  près 
autant  de  mâles  que  de  femelles,  comme  parmi  ceux  qui  atteignent  de  70  à  80  pieds. 
Nous  pouvons  en  tirer  cette  conclusion  :  que  la  taille  des  mâles  ne  diffère  point  de 
celle  des  femelles;  que  le  nombre  d'individus  des  deux  sexes  est  à  peu  près  le 
même;  enfin  que  ces  animaux  sont  monogames. 

Les  plus  grands  squelettes  connus  ne  dépassent  que  de  fort  peu  80  pieds;  nous 
comptons  parmi  les  plus  grands  celui  d'Ostende,  qui  a  été  exhibé  dans  les  princi- 
pales villes  de  l'Europe  et  qui  provient  d'une  femelle;  celui  d'Edimbourg  qui  en 
a  80  également;  et  celui  de  Plymoutb  qui  provient  également  d'une  femelle  et 
qui  en  a  79  d'après  Couch.  —  Celui  de  Sibbald  n°  2  a  78  pieds  et  provient  d'un 
mâle.  Le  squelette  d'un  autre  mâle  du  musée  de  Cambridge  (Pevensey-bay) 
a  76  pieds.  —  Le  squelette  de  Plymouth  (2  oct.  1851),  auquel  on  avait  accordé 
d'abord  102  pieds  de  longueur,  en  a  74  1/2;  celui  de  l'île  de  Wigbt,  75  ;  celui  de 
Piosberville,  70;  celui  d'Anvers,  d'un  mâle,  70,  comme  celui  de  Jutland. — 
Comme  nous  attachons  peu  d'importance  à  quelques  pouces  déplus  ou  de  moins, 
nous  avons  cru  inutile  de  dire  si  c'est  le  pied  anglais  ou  le  pied  du  Hbin,  mais  on 
pourra  plus  tard  fixer  en  mètres,  les  limites  de  variations  des  individus  reconnus 
comme  adultes  par  la  soudure  complète  de  leurs  épiphyses. 

Puisque  les  baleiniers  qui  allaient  à  la  pèche  du  mysticclus  au  Spilzberg  et  au 
Groenland,  s'accordent  à  dire  que  l'on  trouve  des  baleines  franches,  de  grandeur 
fort  différente,  sans  que  la  différence  puisse  être  attribuée  à  l'âge  ou  au  sexe, 
nous  pouvons  nous  attendre  à  ce  que  parmi  les  balénoptères  il  y  en  ait  également 
de  taille  différente  tout  en  appartenant  à  la  même  espèce. 


On  trouve  des  squelettes  entiers  ou  dos  ossements  séparés  de  cotte  espère  dans 
mi  grand  nombre  de  musées. —  Nous  allons  citer,  dans  l'ordre  alphabétique,  les 
villes  qui  en  renferment. 

Vnvers  (Jardin  royal  de  zoologie),  squelette  complet  de  l'île  Vlieland;  Amster- 


BALÉNOPTÈRES.  175 

dam  (Jardin  de  zoologie);  Arcachon  (France);  Barcelone  (Espagne),  Bergen  (Nor- 
wége,  musée  de  la  ville),  squelette  complet  des  côtes  de  Norwége;  Berlin,  (musée 
anatomique  de  l'Université,  squelette  non  monté);  Bologne  (Italie);  Boulogue- 
sur-mer,  ossements  séparés;  Breslau,  squelette  d'un  animal  échoué  près  de 
Greifswald  en  1 862  ;  Saint-Brieuc  (France),  squelette  d'un  animal  d'une  quaran- 
taine de  pieds,  capturé  dans  la  baie  ;  Bruxelles  (musée  royal),  squelette  complet 
de  la  balénoptère  capturée  par  les  pécheurs  du  Texel  ;  Cambridge  (musée  de  l'Uni- 
versité), squelette  complet  de  l'individu  échoué  dans  la  Manche  à  Pevensey-bay,  et 
tête  avec  ossements  divers  de  Margate  ;  Christiania  (Norwége),  ossements  de  trois 
ou  quatre  individus;  Copenhague  (musée  de  l'Université),  squelette  complet  ;  Edim- 
bourg, squelette  complet;  Frontignan,  ossements;  Gothenbourg,  squelette  com- 
plet de  Finmarken  ;  Greifswald,  squelette  complet  de  l'île  de  Bùgen  ;  Kiel,  osse- 
ments séparés;  Leyde  (musée  royal),  squelette  complet  d'individus  échoués  sur  la 
côte  des  Pays-Bas,  et  une  tête  séparée;  Londres  (musée  britannique),  squelette  com- 
plet de  Plymouth;  (musée  du  collège  royal  des  chirurgiens),  os  séparés  de  la  baléno- 
ptère échouée  à  Margate,  tète  séparée  d'un  autre  animal;  Boshervillc-Garden,  sque- 
lette complet  de  la  Tamise  ;  Gravesend,  (Àlexandra  Park),  squelette  complet  de  Fal- 
mouth;  Louvain,  crâne  et  vertèbres  de  Jutland;  Lyon,  squelette  de  la  Méditerranée; 
Madrid?  squelette  des  Bochers-del-Barro;  Marseille,  squelette  de  la  Méditerranée; 
Munich,  des  ossements  divers;  Paris  (muséum  d'histoire  naturelle),  tête  et  diverses 
parties  du  squelette  de  l'animal  éeboué  à  l'Ile  Sainte-Marguerite  (Var),  en  1798; 
squelette  complet  et  monté,  d'un  animal  échoué  en  1 847  à  l'emboucbure  de  la 
Seine;  squelette  incomplet  d'un  animal  échoué  à  Bayonne  et  un  autre  également 
incomplet  d'Abbeville;  Perpignan,  squelette  d'un  jeune  animal  de  19  pieds,  de  la 
Méditerranée  ;  Pise,  crâne  d'un  animal  capturé  sur  la  côte  de  l'Ile  d'Elbe;  Home, 
squelette  complet  d'un  animal  échoué  à  Civita-Vecchia  ;  Bouen,  squelette  complet 
d'un  animal  éeboué  au  Tréport;  Turin,  squelette  de  la  Ligurie  occidentale; 
Slockbolm,  un  squelette  de  Finmarken;  Wight  (île  de),  Black-gang-chine,  sque- 
lette d'un  animal  éeboué  sur  les  côtes  de  l'île. 

La  balénoptère  qui  nous  occupe,  a  déjà  été  représentée  fort  souvent  :  Martens  a 
donné  la  figure  du  Finnfisch  (Spitz.  125,  t.  2,  f.  c.)  qui  appartient  probablement  à 
cette  espèce,  et  c'est  évidemment  par  erreur  que  les  replis  sous  la  gorge  et  le 
ventre,  n'ont  pas  été  représentés. 


176  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

Le  professeur  F.  Rosenthal,  a  publié  le  dessin  du  mâle  de  45  pieds,  qui  a 
échoué  au  mois  d'avril  1825,  sur  la  côle  de  l'île  de  Riïgen  dans  la  Baltique  (1). 
MM.  Brandt  et  Ratzeburg  reproduisent  ce  dessin  dans  leur  zoologie  médicale  et 
donnent  la  Ggure  d'une  femelle  d'après  Matbiessen. 

Le  professeur  Schlegel  a  publié  le  dessin  de  trois  individus,  qui  sont  venus  se 
perdre  sur  les  côtes  des  Pays-Bas,  à  quelques  années  d'intervalle.  —  Le  premier 
représente  une  femelle  de  57  pieds  de  longueur  qui  est  venu  à  la  côte  en  4  826  (2), 
près  de  117/7.  aan  Zee  ;  le  second  est  une  femelle  également,  de  54  pieds  de  lon- 
gueur (5),  qui  a  échoué  en  4856  et  qui  est  représentée  vue  de  profil  et  couchée 
sur  le  dos;  le  troisième  est  un  mâle  de  40  pieds  qui  est  venu  à  la  côte  également  à 
Katwyk  aan  Zee  et  qui  a  le  corps  plus  grêle  que  les  autres  (4). 

Différents  dessins  de  l'animal  qui  a  échoué  à  Ostende  en  1827,  ont  été  publiés 
séparément;  un  d'eux  a  été  reproduit  dans  l'atlas  de  Goldfuss,  pi.  552.  Un  autre 
dessin  du  même  animal,  mais  fort  médiocre,  a  été  publié  par  Van  Breda,  dans 
YAlg.  Konst  en  letterôode,  1827.  L'animal  est  placé  sur  le  dos. 

Dans  les  Annales  des  sciences  naturelles  (5),  le  docteur  Ravin  a  publié,  en  petit,  le 
dessin  d'un  mâle  qui  a  échoué  le  16  août  4  829  à  l'embouchure  de  la  Somme. 

Dans  les  vélins  du  muséum  se  trouve  un  dessin  d'un  individu  qui  a  échoué  en 
4  852  au  Havre.  —  Un  autre  dessin  qui  n'est  pas  publié  non  plus,  se  trouvait  entre 
les  mains  de  Meyer  et  représente  un  animal  échoué  près  de  Lisbonne. 

Blumcnbach  a  fait  graver  un  dessin  d'une  balénoptère,  qu'il  a  vue  en  Hollande, 
dans  le  voisinage  de  Wijk  aan  Zee,  le  28  novembre  4  791  et  dont  la  longueur  était  de 
52  pieds  (6).  L'animal  est  représenté  vu  aux  trois  quarts.  Un  dessin  original,  fait 
d'après  nature  de  cette  même  balénoptère,  a  été  vendu  à  Leeuwaerden  et  acheté  par 
Van  Bréda  ;  nous  ne  savons  entre  les  mains  de  qui  il  se  trouve  aujourd'hui. 

M.  Sars,  fils,  vient  de  publier  de  fort  intéressants  dessins  d'un  mâle  de 
'(0  pieds  de  long,  qu'il  a  eu  l'occasion  d'étudier  aux  îles  Loffoden  (Norwége)  et  qui 
représentent  l'animal  sous  toutes  ses  faces.  Le  jeune  et  actif  explorateur  des  îles 

(1)  Rosenthal,  ueber  die  Wallo,  in  fol.  Greifswald,  1827. 
(2;  Nieuw.  verhand  nederl.  Instit.  18)8,  III,  pi.  1  et  II. 

(3)  Abhandl.  a.  d.  geb.  d.  Zoologie,  | •  ]  VI. 

(4)  Abhandl.  a.  d.  geb.  d.  Zoologie,  pi.  IX. 
( .".,  Ann.  se.  nal.,  2"  flér.  t.  B,  p.  266. 

(6)  Rlumenbach,  AbbUdungen  naturh,  Gegeratatn.de,  H"  Ileft.  n°  74,  in-8,  Cottingue,  18o:>. 


BALÉNOPTÈRES.  177 

Loflbden  a  eu  soin  d'y  joindre  en  outre  un  dessin  de  la  tète,  des  principales  ver- 
tèbres, du  sternum,  d'une  côte,  de  l'omoplate  et  du  membre  pectoral. 

Eschricht  était  en  possession  d'un  dessin  original  représentant  l'animal  dont 
il  possédait  le  bras  et  qu'il  attribuait  à  la  Pterobalœna  gigas. 


Lacépède  a  figuré  la  tète  de  la  Balénoptère  de  la  Méditerranée  qui  a  été  capturée 
sur  la  côte  occidentale  de  l'île  Sainte-Marguerite  (Var),  en  1798,  mais  c'est  par 
erreur  qu'il  fait  figurer  une  région  cervicale  de  vraie  baleine  comme  appartenant 
à  ce  même  animal.  Cuvier  a  fait  graver  cette  même  tête  (1)  à  côté  de  celle  de 
la  Balœnoptcra  laticrps,  qu'il  appelle  Rorqual  du  Nord  et  de  la  Mégapfère  du  Cap 
qu'il  appelle  Rorqual  du  Cap. 

Pander  et  d'Alton  donnent  le  dessin  d'un  squelette  complet  et  figurent  séparé- 
ment la  tète  vue  de  trois  côtés  différents,  la  région  cervicale  et  l'os  du  bassin, 
d'après  un  squelette  du  muséum  de  Berlin. 

Le  squelette  et  les  principaux  os  du  squelette  d'Ostende  (1827),  ont  été  dessinés 
par  Dubar.  Goldfuss  a  figuré  également  le  squelette  de  cet  animal,  mais  on  voit, 
par  le  bassin  qu'il  a  ajouté,  d'après  le  Rorqual  du  Cap ,  qu'il  n'est  pas  dessiné 

d'après  nature. 

Eschricht  a  publié  le  dessin  de  la  tête,  à  côté  de  la  tête  de  la  Balœna  mysticetus 
et  de  la  Megaptera  boops  (2). 

M.  Malm  a  figuré  l'omoplate,  l'os  hyoïde,  le  sternum,  le  carpe  et  les  premières 
côtes. 

Le  bassin  le  plus  complet  a  été  figuré  par  M.  Flower  (5). 

La  caisse  tympanique  que  M.  Hyrtl  a  figurée  (-4),  nous  paraît  provenir  de  la 
Balénoptère  qui  nous  occupe  plutôt  que  de  la  Balœna  mysticetus. 

Tout  récemment  M.  G.  0.  Sars  a  publié,  outre  le  dessin  de  ranimai  complet 


(1)  Recherches  su)-  les  ossements  fossiles ,  Tom.  V,  pi  XXVI,  fig.  5. 

(2)  Von  Nordhvalcn,  pi.  III. 

(3)  Vroceed.  zool.  Soc.  Lond.,  nov.  18fi5. 

(4)  Vergl.  anal.  Un/ers.  uber  dasinnere  Gehorgan.  PI.  III. 


178  SQUELETTE  DES  CETACES. 

dont  nous  parlons  plus  haut,  un  dessin  do  la  (ête  vue  de  face  et  de  profil,  le  ster- 
num, l'omoplate,  la  première  côte,  les  premières  cervicales  et  le  membre  pectoral. 


Nous  allons  passer  en  revue  les  individus  qui  sont  venus  échouer  depuis  le  nord 
de  la  Norwége  jusqu'à  la  Méditerranée,  en  tenant  compte  de  l'époque  de  l'année  à 
laquelle  ils  ont  été  capturés,  de  la  taille  et  de  leur  sexe  ainsi  que  des  lieux  où  leurs 
ossements  sont  conservés. 

Sur  la  côte  de  Norwége,  non  loin  de  Bergen,  est  venu  échouer  en  1858,  au  mois 
de  novembre,  un  mâle  de  56  pieds  de  long  et  dont  le  squelette  est  conservé  au 
musée  de  cette  ville.  Est-ce  un  vieux  mâle  comme  on  le  dit? 

On  a  signalé  sur  la  pointe  méridionale  de  Norwége,  à  l'entrée  du  Skaggerrak, 
dans  le  voisinage  de  Farsund,  au  printemps  de  1  846,  une  Balénoptère  du  sexe  mâle, 
de  62  pieds  de  longueur. 

A  Christiania,  on  conserve  au  musée  de  l'Université  des  ossements  provenant 
d'un  individu  de  68  pieds,  qui  a  été  capturé  à  Oster  Risor,  au  sud  de  Norwége.  Le 
professeur  Esmark  a  trouvé  une  vertèbre  de  cette  même  espèce  à  Faresuad. 

Un  autre  mâle  de  65  pieds  est  venu  à  la  côte  dans  leKattegat  en  t8il,  et  a  été 
décrit  par  Eschricht. —  La  forme  de  son  sternum  est  extrêmement  remarquable  par 
sa  largeur  et  sa  profonde  échancrure  antérieure.' 

La  Balœnoptera  musculus  pénètre  dans  la  mer  Baltique  comme  la  Balsonoptera 
rostrata  et  la  Megaptcra  ùoops. 

En  avril  1825,  est  venu  échouer  sur  les  côtes  de  l'île  de  Rugen  au  fond  de  la  Bal- 
tique, un  mâle  de  cette  espèce  qui  avait  une  longueur  de  \\  pieds;  son  squelette 
décrit  par  Rosenlhal,  est  conservé  à  Greifswahl.  Bosenthal  pensait  que  les  Balé- 
noptères ne  pénètrent  jamais  qu'au  printemps  dans  la  Biltique;  mais  on  en  a  vu 
échouer  en  automne  depuis  qu'il  a  écrit  son  mémoire.  En  effet  une  Balénoptère  de 
50  pieds  est  venue  se  perdre  en  automne  a  \\  ick  dans  la  Baltique  en  1860  et  a  été 
étudiée  par  M.  Sigm.  Scbultze  et  Au;;.  Mullcr. 

\  ne  autre  Balénoptère  a  pénétré  au  mois  d'août  1X6:2  dans  la  Baltique  et  est  venue 
échouer  près  de  Greifswald.  —  Le  professeur  Mu n ter  l'a  disséquée,  et  son  squelette 
est  aujourd'hui  au  musée  de  Breslau. 


BALENOPTERES.  170 

En  1 856,  un  individu  de  70  pieds  environ  a  été  jeté  sur  la  côte  ouest  du  Jutland, 
la  tëfe  seule  en  est  conservée  et  se  trouve  aujourd'hui  au  musée  de  Louvain.  — Dans 
la  liste  d'Eschricht,  elle  porte  le  n"  56. 

Au  nord  de  Seeland  (Danemark)  a  échoué  en  I84t  un  mâle  de  65  pieds,  dont 
la  tète  et  d'autres  parties  sont  conservées  au  musée  de  Copenhague. 

L'exemple  le  plus  ancien  de  Cétacés  échoués  sur  les  côtes  des  Pays-Bas,  est 
celui  qui  est  cité  dans  la  chronique  de  la  Frise  (I)  :  deux  haleines,  y  est  il  dit,  ont 
apparu  près  de  Oostmahorn  ;  elles  se  poursuivaient,  et  sont  venues  échouer  sur  le 
sable.  —  L'une  avait  58  pieds,  l'autre  29.  —  Claas  Mulder  pense  qu'elles  se 
rapportent  au  genre  Dauphin,  mais  nous  ne  connaissons  pas  de  dauphin  de  cetle 
dimension;  nous  croyons  plutôt  que  ce  sont  des  Balénoptères,  soit  des  rostrata, 
si  les  dimensions,  delà  première  surtout,  ne  sont  pas  exagérées,  soit  des  jeunes 
musculus. 

Claas  Mulder  estime  à  sept  ou  huit  le  nombre  de  Balwnopkra  sulcata  arclica  de 
Sclilegel,  qui  sont  venues  échouer  ou  qui  ont  été  capturées  sur  les  côtes  des  Pays-Bas. 
—  Depuis  qu'il  a  publié  sa  notice,  il  est  venu  encore  divers  individus  à  la  côte  qui 
appartiennent  à  l'espèce  qui  nous  occupe.  Nous  ne  parlons  que  de  celles  sur  les- 
quelles on  possède  des  renseignements  certains  et  dont  en  général  on  a  conservé 
quelques  pièces. 

En  9  novembre  1791,  une  femelle  fut  exhibée  àWyk  aen  Zee  d'une  longueur 
de  52  pieds. — C'est  elle  que  le  célèbre  Blumenbach  eut  l'occasion  de  voir  et  dont  il 
a  publié  un  dessin  (2). 

En  1816  une  Balénoptère  a  été  capturée  dans  la  Zuiderzee,  dont  le  squelette  est 
conservé  au  musée  de  Leyde. 

Le  5  avril  4  826,  une  autre  femelle,  longue  de  L2  mètres,  a  été  trouvée  morte 
sur  les  côtes  également  dans  le  voisinage  de  Wyk  aen  Zee.  Son  squelette  se  trouve 
au  muséum  d'histoire  naturelle  à  Paris.  Il  n'est  pas  monté. —  Il  existe  un  modèle 
réduit  au  56"  parles  soins  de  M.  Sclilegel  (\).  Peut  être  cette  femelle  appartient- 
elle  à  la  Balœnoptera  borenlis  ou  laficeps. 


(1)  Chrimykvan  Friesland,  door  Ockam  Scharlenseni,  Leeuwaerden,  1597,  fol.  "21  <i. 

(2)  Abbild.  nat.  Gegenst.  Gôlting,  1810.  n"7i. 


!80  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

M.  Schlegel  compare  cette  Balénoptère  avec  celle  de  1791,  échouée  à  la  même 
place,  puis  avec  celle  de  1 8t 1 ,  échouée  dans  la  Zuiderzee,  et  enfin  avec  celle  du  Weser, 
du  Holstein,  de  l'île  de  llugen  et  d'Ostende,  et  il  regarde  tous  ces  animaux  comme 
ne  formant  qu'une  seule  et  même  espèce;  il  n'y  a  pour  le  savant  zoologiste  de  Leyde 
qu'une  seule  espèce  au  nord  et  une  autre  au  sud,  et  il  émet  l'avis,  avis  que  nous 
partageons  pleinement  du  reste,  que  les  haleines  du  Groenland  pourraient  se  rendre 
uar  le  détroit  de  Behring  sur  la  côte  du  kamschatka,  de  la  Chine,  du  Japon,  et  sur 
1a  côte  ouest  d'Amérique. 

En  1856,  une  femelle  de  51  pieds  vint  se  perdre  de  nouveau  sur  les  côtes  des 
Pays-lias,  et  au  mois  de  septembre  1840  une  troisième  femelle,  de  65  pieds,  vint 
échouer  à  l'embouchure  de  la  Meuse  (2). 

Schlegel  a  eu  la  chance  d'observer  l'année  suivante,  au  milieu  de  l'hiver  (dé- 
cembre 1841),  un  quatrième  individu,  cette  fois-ci  du  sexe  mâle,  à  la  même  place 
que  celui  qui  a  échoué  au  mois  d'avril  1826.  11  avait  40  pieds  de  longueur. 
Schlegel  donne  un  bon  dessin  de  cet  animal  (5),  qui  est  plus  effilé  que  les  autres. 
Son  squelette  est  resté  longtemps  entre  les  mains  d'un  particulier  à  la  Haye. 
M.  Flower  a  eu  l'occasion  de  l'étudier  au  Boer's  Bazaar  en  septembre  1864. —  11 
est  aujourd'hui  au  musée  de  Leyde. 

Un  autre  mâle  de  70  pieds  a  été  trouvé  mort  en  mer  par  les  pêcheurs  de  l'ile 
d'Lrk,  près  de  Vlieland  le  25  novembre  \  85 1 ,  dontle  squelette  est  exposé  au  jardin 
royal  de  zoologie  à  Anvers  (4).  Ce  squelette  est  complet  à  l'exception  des  caisses 
tympaniques,  de  la  dernière  paire  de  côtes  et  d'une  ou  deux  vertèbres  caudales. 

En  avril  1866,  on  a  trouvé  une  Balénoptère  morte  au  Helder,  une  autre  au 
Nieuven  Dam,  et,  au  mois  de  novembre  de  la  même  année,  les  pêcheurs  du  Texel 
ont  remorqué  jusqu'à  Elessingue  le  cadavre  d'une  femelle  trouvée  en  mer  en  pleine 
putréfaction. —  Cet  animal  avait  le  rostre  mutilé. —  Il  avait  47  pieds  de  long.  Le 
squelette  est  au  musée  de  Bruxelles. —  L'axis  a  été  perdu  pendant  le  transport. 


(i)  Schlegel,  Overeenen  in  het  Jaér 1 826  aen  de  noord  hollandsche  Kust gestranden  Vinnisch,  Mémoires 
de  r  lu*/ il  ut  des  Pays-Bas,  vol.  III.  année  1828,  PI.  1  et  II;  el  Abhandlungen,  a.  <i.  Geb.  d.  Zoolog.,  Leiden, 
1841,  ri.  vi. 

(2;  Abhand.,  p.  39. 

(:(    Abhand.,  p.  10,  il;  II.  PI,  IX. 
i    Van  Beneden,  Bulletin  Acad  Roy  ,h  Belgique,  18u7. 


BALENOPTERES.  181 

On  ne  connaît  qu'un  seul  exemple  de  grande  Balénoptère  observée  sur  les  côtes 
de  Belgique,  mais  il  n'y  en  a  pas  qui  ait  occupé  autant  que  lui  le  public  et  les  natu- 
ralistes. Le  4  novembre  1827,  les  pêcheurs  d'Ostende  trouvèrent  en  mer  le  cadavre 
flottantd'un  énorme  Cétacé  qu'ils  remorquèrent  jusqu'à  l'entrée  du  port.  L'animal 
avait  perdu  ses  fanons.  Acheté  par  Kessels,  la  préparation  du  squelette  fut  confiée  à 
Paret.  11  fut  exhibé  ensuite  dans  les  principales  capitales  de  l'Europe.  Ce  squelette 
revint  ensuite  à  Bruxelles  avant  1830  et  resta  exposé  au  musée  de  l'industrie  jus- 
qu'en 4  855.  —  C'est  à  cette  époque  que  nous  l'avons  examiné.  En  4  854,  si  je  ne 
me  trompe,  il  a  été  exhibé  de  nouveau  au  public,  et  en  1848  il  a  reparu  à  Man- 
chester pour  la  seconde  fois;   de  là  il  a  été  embarqué  pour  l'Amérique. 

Dubar,  chirurgien  à  Ostende,  en  a  laissé  une  description  accompagnée  de 
planches,  et  plusieurs  naturalistes,  parmi  lesquels  nous  citerons,  Van  der  Linden, 
Ch.  Morren,  Van  Breda,  en  ont  fait  l'objet  de  leurs  études.  —  Comme  on  le  pense 
bien,  ces  naturalistes  étaient  loin  d'être  d'accord  sur  le  nom  que  cet  animal  devait 
porter.  —  Van  der  Linden  le  considérait  comme  nouveau  pour  la  science  ;  Van 
Breda  et  Ch.  Morren  le  regardaient  au  contraire  pour  la  Balamoptera  roslrata  de 
Fabricius,  ce  qui  était  une  erreur  évidente  (I). 

Au  mois  de  novembre  1824,  une  jeune  Balénoptère  du  sexe  mâle  est  venue 
échouer  à  l'embouchure  de  l'Elbe;  ses  ossements  sont  conservés  à  Berlin. 

A  diverses  reprises  cette  espèce  est  venue  échouer'  sur  les  côtes  d'Angleterre, 
d'Ecosse  et  d'Irlande. 

Au  mois  d'avril  4  823,  une  femelle  de  70  pieds  de  long  a  été  capturée  sur  la  côte 
ouest  d'Irlande  (2).  —  Scoresby  fait  mention  de  plusieurs  individus  qui  ont  échoué 
sur  la  côte  d'Irlande  en  1762  et  1765. 

On  cite  un  exemple  également  d'un  animal  qui  s'est  perdu  au  nord  du  pays 
de  Galles  et  dont  les  os  sont  conservés,  parait-il,  au  British  muséum. 

On  cite  plusieurs  exemples  de  Balénoptères  de  cette  espèce  échouées  surtout  en 
hiver  sur  la  côte  de  Cornouailles,  dit  le  Dr  Gray. 


(1)  Une  Balénoptère  de  la  même  espèce,  du  sexe  mâle,  blessée  a  Pavant-bras  par  une  balle  explosive, 
est  entrée  dans  l'Escaut  clans  la  uitdu  13  mai  dernier  et  a  été  prise  le  lendemain.  Nous  sommes  en  pos- 
session de  son  squelette  qui  est  d'une  conservation  parfaite. 

(■/)  1)'  Arthur  Jacob,  Dublin  philos.  Journal,  n'2,  novembre  1825;  et  Essays  anat.  Zool.,  Dublin   1 845. 


1S2  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

Scoresby  fait  mention  d'un  individu  de  52  pieds,  échoué  a  Kyemouth,  Le  19  juin 
1752,  et  un  autre  de  70  pieds  échoué  sur  la  cote  de  Cornouailles  le  18  juin  1797. 

Au  mois  d'oùt  1805,  un  mâle  de  70  pieds,  dont  le  squelette  est  conservé  à 
Alexandra  Park,  à  Londres,  est  venu  à  la  côte  près  de  Falmouth. 

Le  27  septembre  1851,  une  femelle  de  79  pieds  a  été  trouvée  morte  en  mer,  et  les 
pécheurs  l'ont  remorqué  à  Ply  mou  th.  —  On  l'avait  vu  quelques  jours  auparavant  à 
la  poursuite  des  harengs. 

Un  squelette  du  British  muséum  provient  d'un  animal  échoué  dans  les  mêmes 
parages  le  2  octohre  1851;  on  l'a  trouvé  en  décomposition  dans  les  environs  de 
Plymoulh.  —  On  lui  accordait  d'ahord  102  pieds  de  longueur  et  75  de  circonfé- 
rence. Le  squelette  a  été  longtemps  exhibé  dans  diverses  localités. —  Les  vertèbres 
cervicales,  à  l'exception  de  la  première  et  de  la  dernière,  ont  toutes  des  anneaux 
complets,  et  c'est  l'anneau  de  la  troisième  qui  est  le  plus  grand. 

Une  autre  a  visité  le  voisinage  de  Plymouth  la  même  année,  également  à  la  pour- 
suite des  harengs,  et  l'on  assure  que  Ton  en  voit  tous  les  ans  dans  ces  mêmes  parages. 

Au  sud  de  l'île  de  Wight  near  the  needles,  a  échoué  au  mois  d'avril  1842,  une 
Balénoptère  de  75  pieds,  dont  on  ne  connaît  pas  le  sexe,  mais  dont  le  squelette  est 
conservé  dans  l'île  (Black  gang  chine). 

Au  mois  de  novembre  ou  de  décembre  1805,  les  pêcheurs  ont  trouvé  eu  mer  un 
mâle  de  07  pieds  à  la  côte  de  Pevensey,  près  de  llastings,  qui  a  été  étudié  par 
M.Flower,  et  dont  le  squeletteaété  acheté  par  M.  Clark  pour  le  musée  deCambridge. 

Un  autre  individu  de  CI  à  05  pieds  a  été  trouvé  mort  en  mer  le  29  dé- 
cembre 1850. 

A  Margate,  à  l'embouchure  do  la  Tamise,  on  a  capturé  en  1850  un  individu  dont 
le  squelette  incomplet  est  conservé  en  partie  au  musée  du  collège  royal  des  chirur- 
giens à  Londres,  en  partie  à  Cambridge. 

Un  autre  mâle  adulte  de  00  pieds  de  long  est  venu  se  perdre  dans  la  Tamise 
devant  Gravesend  en  mai  1859;  son  squelette  assez  complet  est  conservé  à  Londres 
à  Rosherville  garden.  Les  épiphyses  sont  toutes  soudées. 

On  a  l'ail  mention  également  d'une  Balénoptère  qui  aurait  échoué  en  janvier 
1857  à  Wintcrton  (Norfolk)  (1). 

(1i  illn.il i aii d  London  news,  janv.  24,  IH57. 


BALÉNOPTÈRES.  183 

Une  femelle  «:1e  4  I  pieds  de  long  est  venue  échouer  à  Charmouth,  Dorsetshire,  le 
5  février  4  840.  Sa  première  côte  parait  être  bifide,  et  se  trouve  attachée  à  deux 
vertèbres  (I). 

Un  autre  squelette  décrit  par  Sweeting,  sous  le  nom  de  B.  tenuirostris,  et  que 
le  docteur  Gray  rapporte  à  la  B.  Gigas,  comme  la  précédente,  provient  d'une  fe- 
melle de  42  pieds  de  longueur  (2).  Sou  squelette  était  destiné  au  British  muséum, 
mais  il  paraît  être  perdu. 

À  Yarmoulh,  un  individu  est  venu  échouer  en  -1857,  dont  la  tète  est  conservée 
au  musée  du  collège  royal  des  chirurgiens. 

Un  Rorqual  mâle,  long  de  26  mètres,  connu  depuis  vingt  ans  des  pêcheurs  à  un 
trou  de  balle  dans  sa  nageoire  dorsale,  a  échoué  en  septembre  de  l'année  1 092  près 
du  château  d  Abercorn. 

En  -1808,  un  rorqual  du  sexe  mâle  échoua  sur  les  bords  du  Forlh  près  d'Alloa 
(Ecosse);  Patrick  Neill  en  a  donné  une  description.  11  avait  45  pieds  de  longueur. 
Le  squelette  en  est  conservé  à  Edimbourg  (5). 

Sibbald  parle  d'un  individu  de  40  pieds,  qui  est  venu  à  la  côte  près  de  Burntis- 
land  le  L7  novembre  1090  et  le  docteur  Walker  fait  mention  d'un  autre  animal 
de  la  même  dimension,  échoué  le  même  jour  en  1701  sur  la  même  côte. 

Le  5  octobre  1851,  un  autre  individu,  de  80  à  84  pieds  de  long,  est  venu 
échouer  dans  les  mêmes  parages;  le  sexe  n'est  pas  connu;  son  squelette  est 
conservé  également  au  musée  d'Edimbourg. 

M.  Ileddlea  étudié  une  femelle  de  50  pieds  de  longueur,  échouée  aux  Orcades 
le  9  mars  1850,  et  presque  en  même  temps  un  mâle  est  venu  cala  côte. — M.  lleddle 
croit  devoir  placer  cet  animal  entre  \ePhysalus  ùoops  et  le  Phy sains  antiquorum  (4). 
En  4  804  le  docteur  Gray  a  fait  de  cet  animal  une  espèce  nouvelle  sous  le  nom  de 
Phy  sains  Duguidii. 

On  connaît  plusieurs  exemples  d'individus  échoués  ou  capturés  sur  les  côtes  de 
France. 

Une  Balénoptère  a  échoué  à  Abbeville,  et  dont  les  principaux  os  sont  conservés  au 


(1)  Proceed.  Zool.  Soc,  1840,  p.  11. 
v2)  Mag.  nat.  hist.,  1840,  p.  342. 

(3)  Neill,  Mém.  Wern.  Soc,  1,  201;  Gray,  Calai...,  p.  149. 

(4)  Proceed.  Zool.  Soc,  18o(i,  p.  187. 


184  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

muséum  à  Paris.  —  Une  autre  a  été  trouvée  morte,  par  les  pêcheurs  du  Tréport,  à 
six  lieues  de  Boulogne,  en  février  1857;  elle  avait  60  pieds  de  long  et  était  du 
sexe  mâle  (1). 

En  janvier  1S'»2,  les  pêcheurs  de  Berg  (Pas-de-Calais)  ont  trouvé  flottant  en 
mer  un  cadavre  qui  a  été  vu  par  Blainville  et  Gervais. 

Le  4  6  août  1820,  un  jeune  mâle  de  A\  pieds  est  venu  se  perdre  à  Saint- Valéry, 
département  de  la  Somme,  et  M.  Ravin  nous  en  a  fait  connaître  quelques  parti- 
cularités (2).  Le  squelette  est  à  Rouen. 

Un  autre  individu,  échoué,  le  7  février  1812,  près  de  la  pointe  de  Saint-Quentin 
(Somme),  a  été  observé  par  M.  Bâillon  (5).  —  La  partie  postérieure  d'une  tête, 
conservée  au  musée  de  Boulogne-sur-Mer,  provient  peut-être  de  cet  individu. 

En  1847,  au  mois  de  novembre,  un  Rorqual,  long  de  15  mètres  00  centimè- 
tres, a  échoué  à  l'embouchure  de  la  Seine  près  Saint-Vigor;  la  peau  et  le  sque- 
lette sont  montés  au  muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris. 

En  1865,  on  a  pris  un  autre  individu  de  cette  espèce,  sur  les  côtes  de  France, 
mais  sur  lequel  nous  n'avons  pu  obtenir  de  renseignements. 

On  a  annoncé  qu'une  Balénoptère  a  échoué  sur  les  côtes  de  Bretagne  en  juin  1 850, 
mais  nous  n'avons  reçu  aucun  renseignement  positif  ni  sur  ses  caractères 
ni  sur  l'état  de  conservation  de  son  squelette.—  Il  en  est  de  même  d'un  individu  re- 
jeté sur  la  côte  de  Saint-Malo  en  1845. 

Il  n'en  est  pas  de  même  d'une  femelle  de  54  pieds,  qui  fut  jetée  morte  sur  les 
sables  de  l'île  d'Oleron  le  10  mars  1827,  et  dont  Lesson  nous  a  fait  connaître 
quelques  particularités.  Mais  à  en  juger  par  certains  caractères,  nous  croyons  que 
c'est  plutôt  une  Balssnoptera  Sibbaldii,  qu'une  Balœnoptcra  muscuhts.  —  Malheu- 
reusement le  squelette  n'en  a  pas  été  conservé. 

On  voit  au  muséum  d'histoire  naturelle  à  Paris  les  principaux  ossements  d'un 
squelette,  provenant  d'un  animal  qui  est  venu  à  la  côte  à  Bayonne  du  temps  de 
Cuvier,  et  qui  a  été  presque  entièrement  perdu  pour  la  science  malgré  l'interven- 
tion du  ministre  de  la  marine. 

Il  y  a  une  dizaine  d'années  un  mâle  non  adulte,  d'environ  40  pieds  de  longueur, 

(1)  Le  docteur  Gros  en  a  étudié  l'œil.  Annales d'oculistique,  31  juillet  I8Î58. 

(2)  Annales  des  sciences  naturelles,  mai  1836. 

(3j  Haillon,  Catalogue  des  mammifères  de  V arrondissement  d'Abbeville,  sous  le  nom  de  Jubarfe. 


BALENOPTERES.  183 

est  venu  échouer  dans  la  baie  de  Saint-Brieuc.  —  Son  squelette  est  conservé  dans 
cette  ville  par  les  soins  de  M.  Rimier. 

Il  parait  que  l'on  en  observe  assez  souvent  sur  les  côtes  de  Portugal,  et  Meyer 
élait  en  possession  d'un  dessin  fait  d'après  nature  dans  ces  parages. 


Comme  nous  l'avons  dit  plus  haut,  cette  Balénoptère  est  le  seul  mysticète  qui 
pénètre  dans  la  Méditerranée,  et  nous  trouvons  des  traces  de  son  passage  sur  la  côte 
d'Espagne,  de  France  d'Italie  et  d'Algérie. 

Un  gigantesque  Rorqual  femelle  est  venu  échouer  le  20  mars  1797  à  l'île  Sainte- 
Marguerite,  arrondissement  de  Cannes  (Var);  la  tète,  ainsi  que  divers  ossements, 
décrits  par  LacépèJe  et  Cuvier,  en  sont  conservés  au  muséum  d'histoire  naturelle 
de  Paris. —  Il  avait  à  peu  près  26  mètres  de  longueur. 

En  1 853,  un  autre  individu  est  venu  se  perdre  sur  les  côtes  de  Saint-Tropez  dans 
le  même  département,  et  en  1864  un  troisième  a  échoué  sur  les  mêmes  côtes  de  l'ile 
Sainte-Marguerite. 

En  décembre  1 860,  un  animal  de  la  même  espèce  a  été  trouvé  près  de  Toulon,  et 
le  squelette  en  a  été  conservé  à  l'hôpital  de  Saint-Mandrier. 

En  novembre  4  828,  un  Rorqual  mâle  de  25m60  de  long  est  venu  échouer  sur 
le  littoral  des  Pyrénées-Orientales  et  dont  le  squelette  est  monté  à  Lyon  parles  soins 
deMM.Companyo  etBenchet. — Blainvillele  rapporte  à  la  baleine  Jubarte(l),  tandis 
que  MM.  Farine  et  Carcassone  le  désignent  sous  le  nom  de  Batœnoptera  aratjous. 

En  1859,  on  a  pris  à  Port-Vendres  un  Rorqual  de  19  pieds  de  long  dont  le  sque- 
lette se  trouve  au  musée  de  Perpignan  (2). 

Au  printemps  de  1862  on  a  vu  deux  Rorquals,  l'un  adulte,  ayant  environ  20 
mètres  de  long,  l'autre  jeune,  que  l'on  suppose  être  son  petit,  n'ayant  pas  plus  de  6 
mètres,  dans  les  eaux  de  Port-Vendres,  Paulilles,  Collioure,  etc.  (Pyrénées-Orien- 
tales). Ils  sont  restés  plus  d'un  mois  sur  les  côtes,  et  l'on  suppose  que  c'est  la 
même  femelle  qui  est  venue  échouer  quelques  mois  plus  tard  aux  rochers  de  Bor- 
ro  (côtes  d'Espagne)  et  qui  a  été  remorquée  à  Llanza.  M.  Gervais  pense  que  son 

(1)  Séanrc  de  l'Institut,  13  avril  1829. 

(2)  Paul  Orvais,  Sur  la  baleine  de  la  Méditerranée,  Bull.  Acad.  r.  de  Belgique,  2e  sur.,  t.  IV,  1862;  et 
Cétacés  des  côtes  françaises  de  la  Méditerranée,  Comptes  rendus,  28  novembre,  1861. 

»4 


186  SQUELETTE  DES  CETACES. 

squelette  est  conservé  à  Barcelone  ou  à  Madrid.  M.  Carron,  directeur  des  douanes 
à  Perpignan,  a  transmis  les  renseignements  suivants  sur  cet  animal  : 

«  L'un  de  ces  Cétacés,  sans  doute  une  femelle  mère,  mesurait,  environ  20 
mètres  de  long  sur  4  de  large;  l'autre,  qu'on  suppose  être  son  petit,  n'avait 
guère  que  6  mètres  de  long  sur  \  mètre  50  centimètres  de  largeur  dans  sa  partie 
antérieure.  Ils  fréquentaient  plus  particulièrement  l'anse  de  Paulilles. 

«  Là,  comme  sur  plusieurs  points  de  la  côte,  ils  ont  essuyé  des  coups  de  feu.  lis 
ont  alors  gajjné  la  haute  mer,  pour  ne  se  rapprocher  du  littoral  que  quelques 
jours  après.  La  felouque  des  douanes  de  Port-Vendres,  à  bord  de  laquelle  se  trou- 
vaient le  capitaine  et  le  commissaire  de  l'inscription  maritime  de  cette  résidence, 
a  rencontré  les  deux  Cétacés,  qui,àson  approche,  ont  rapidement  gagné  le  large. 
Le  22  février,  ils  ont  encore  été  vus  dans  les  eaux  de  Banuyls.  » 

On  connaît  aussi  plusieurs  exemples  de  rorquals  échoués  sur  la  côte  d'Italie.  Le 
plus  récent  est  celui  d'un  animal  qui  est  allé  se  perdre  à  Civita-Vecchia  et  dont  le 
squelette  est  conservé  à  la  Sapience  à  Rome. 

Au  mois  d'octobre  1865,  une  baleine  qui  aurait  été  harponnée  d'abord  et  aban- 
donnée ensuite,  disait-on,  a  été  jetée  sur  la  plage,  après  une  tempête,  près  de 
Sestri  au  S.-E.  de  Gènes.  —  On  estimait  sa  longueur  sans  la  tête  à  21 -,50.  Dans 
l'intérêt  de  la  salubrité  publique,  il  paraît  que  le  sous-préfet  de  Chiavari  a  fait 
disparaître  ce  cadavre  et  rien  n'en  a  été  conservé. 

Les  ossements  du  musée  de  Bologne,  dont  parlent  Camper  fils  et  l'abbé  Banzani 
et  qui  ont  été  figurés  par  Alessandrini,  proviennent  sans  doute  d'un  animal  échoué 
sur  les  côtes  d'Italie. 

Le  musée  de  l'ise  renferme  un  crâne  et  des  os  séparés  d'une  Balénoptère,  qui 
est  venue  se  perdre  près  de  l'île  d'Elbe. 

Dans  les  environs  de  Tripoli,  à  une  certaine  distance  de  la  côte  et  au-dessus  du 
niveau  de  la  mer,  on  a  déterré  des  ossements  d'une  Balénoptère  très-voisine  si  pas 
identique  avec  celle  qui  nous  occupe,  et  que  l'on  avait  pris  d'abord  pour  un 
Ziphius.  On  en  a  conservé  une  partie  de  la  tète  sans  les  maxillaires  et  plusieurs 
vertèbres,  qui  sont  au  musée  de  Bruxelh  s. 

Nous  résumons  dans  le  tableau  suivant  les  principales  captures  de  cette  espèce, 
avec  l'indication  de  la  date,  du  sexe,  de  la  taille,  des  lieux,  des  musées  qui  ren- 
ferment leurs  restes  et  des  ailleurs  qui  en  ont    fait  mention. 


BALENOPTERES. 


187 


DATE. 

TAILLE. 

SEXE. 

LIEl'X. 

MUSÉES. 

OBSERVATIONS. 

68' 

? 

Civita-Vecchia. 

Rome. 

Chev.  V.  Diorio. 





Au  Nieuwcn-Dam. 





Au  Helder. 

Novembre  1866 

47' 

2 

Côtes  de  Hollande. 

Bruxelles. 

M.  Van  Beneden. 

13    —        1865 

67' 

tf 

Pevensey-Bay. 

Cambridge. 

MM.FloweretMurie. 

—         1864.... 

— 

— 

Ile  Ste-Marguerite. 

— 

Octobre  1863 

— 

— 

Chestrie,  S.-E.  de  Gênes. 

— 

Juin  1863 

75' 



Côtes  d'Espagne. 

Falmoutli. 

Saint-Tropez. 

Barcelone  ou  Madrid. 

M.  Gervais. 

Août  1863 

70' 

ri" 

Alexandra  Park. 

—    1863...    ..... 

M.  Gervais. 

» 

— 

— 

Port-Vendres. 

— 

Idem. 

185? 

45? 

50' 

51' 

tf 

Saint-Brieuc. 

Wiek. 
Greifswald. 

Saint-Brieuc. 

Breslau. 

M.  Nimier. 
Sigm.  Schultze. 
M.  Mùnter. 

Août  1862. 

60' 

2 

Hérault. 

— 

M.  Gervais. 

1er  septembre  1861. 

— 

— 

Groenland. 

— 

M.  Malmgren. 

» 

— 

— 

Kattegat. 

Gothenbourg. 

M.  M  al  m. 

Décembre  1860 

— 

— 

Toulon. 

— 

M.  Gervais. 

Mai  1859 

60' 
50' 

Norwége. 

Rosherville. 
Bergen. 

M.  Mûrie. 

Novembre  1858. . . . 

—        1859.... 

19' 

— 

Port-Vendres. 

Perpignan. 

M.  Gervais. 

Mai  1859. 

60' 

& 

Gravesend. 

Rosherville  Gardon. 

J.  Mûrie. 

Tout  l'été 

60' 

C? 

Tamise. 

Iles  Loffoden. 

Londres,  Rosherville  garden 

M.  Sars. 

1858 

1857 

Yarmouth. 

Londres,  coll.  chirurg.  Crâne. 

Janvier  1857 



— 

Winterton,  Norfolk. 

— 

15  février  1857 

60' 

a* 

— 

Boulogne. 

Ileddle. 

Mars  1856 

50' 

2 

Orcades. 

— 

10  novembre  1854.. 

60' 

(Ligurie  occident.). 

Turin. 

23  novembre  1851.. 

72' 

d* 

Côtes  de  Hollande. 

Anvers. 

M.  Van  Beneden. 

—        1852.... 

— 

— 

Bordigliera. 

— 

28  décembre  1850.. 

— 

— 

Margate. 

A  Londres  et  à  Cambridge. 

Vélins,  du  Muséum. 

1847 

43' 

62' 

a" 

Havre. 
Farsund. 

Paris. 

Printemps  1846 

—        1845.... 

— 

— 

Côte  de  Saint-Malo. 

— 

1844 

40' 
60' 
68' 

a" 
2 

Côtes  de  Hollande. 
Firth  of  Forth. 
Baie  de  Baffîn. 
Pas-de-Calais. 

Edimbourg. 

Sehlegel 
Goodsir. 

MM.  Gervais  et  Blaiuville. 

Août  1843 

1843 

Avril  1842 

75' 
40' 

tf" 

Ile  de  Wight. 
Katwyk  aen  Zee. 

Black  gang  Chine. 

Sehlegel. 

Décembre  1841  .... 

21  septembre  1841 . 

65' 

d" 

Nord-Zélande. 

Copenhague. 

Eschricht. 

188 


SQUELETTE   DES  CETACES. 


DATE. 

TAILLE. 

SEXE. 

LIEUX. 

MUSÉES. 

OBSERVATIONS. 

Septembre  1840.. . . 

65' 

2 

Meuse  Embouchure. 

— 

Schlegel. 

41' 

2 

Yarmouth. 

— 

Proc.zool.  Soc, 1840. 

43' 

— 

Dorsetshire,  prèsCharmontu. 

— 

Sweeting. 

1837 

6.8' 
70' 

Côtes  de  Norwége. 

Christiania. 

Copenhague.  Tête. 

Louvain.  Tète. 

1836 

Ouest-Jutland. 

Eschricht. 

1836 

70' 
51' 
50' 

Jutland. 

1836 

2 
2 

Hollande. 
Wyk  aen  Zee. 

Schlegel. 
Vrolik. 

17  septembre  1835. 

1833 

56' 

— 

Saint-Tropez  (Var). 
Hollande. 

— 

M.  Gervais. 

Vrolik. 

17  septembre  1833. 

7  septembre  1831.. 

79' 

■P 

Plymouth. 

— 

Couch. 

— 

Plymouth. 

British  Muséum. 

5  octobre  1831 

75' 

— 

North  Bervvick. 

— 

Knox. 

1831 

76' 

— 

Écosse-Est. 

— 

Idem. 

1830 

63' 
41' 

<? 

Brighton. 
Somme.  Embouch. 

— 

M.  Ravin. 

16  août  1829 

1829 

72' 

— 

Bfiwick  an  Jer  Tweed. 

Saint  Cyprien. 

Lyon. 

Johnston. 
Companyo. 

27  novembre  1828.. 

4  novembre  1827... 

80' 

wP 

Ostende. 

? 

Dubar. 

Avril  1827 

70' 

*P 

Ouest-Irlande. 

— 

Arthur  Jacob. 

Avril  1825 

44' 
68' 
43' 

*P 

a* 

Ile  Rugen. 

Côtesouest  d'Irlande. 
Elbe.  Embouchure. 

Greifswald. 
Berlin. 

Rosenthal. 
Arthur  Jacob. 
Brandi,  Rudolphi. 

1825   

Novembre  1824 

Hiver  1817-18 

82' 

— 

Shetland. 

— 

Scoresby. 

1816? 

— 

— 

Zuider-Zee. 
Somme.  Embouch. 

Leyde.  Squelette. 

Boulogne.  Fi.iL'uuiits  J«'  M' 

Bâillon. 

23  octobre  1808 

43' 

d" 

Firth  of  Forth. 

— 

Pat.  Neill. 

20  mars  1798 

82' 

vP 

Ile  Ste-Marguerite. 

Paris. 

Lacépède. 

18  juin  1797 

70' 

— 

Cornouailles. 

— 

Scoresby. 

28  novembre  1791.. 

52' 

■P 

Hollande. 

Leyde.  Crâne. 

Blumenbach. 

10  juin  1761 

46' 

— 

Firth  of  Forth. 

— 

Walker. 

52' 

— 

r.crw  ickshire. 

— 

Scoresby. 

Septembre  1750 

101' 

— 

Emb.  de  lTlumbcr. 

— 

Idem. 

Septembre  1692.. . . 

78' 

cf 

Firth  of  Forth. 

— 

Sibbald. 

1690 

46' 

o" 

Firth  of  Forth. 

— 

Idem. 

BALENOPTERES.  189 

SQUELETTE,   (i) 

La  tète  vue  de  face  et  comparée  à  celle  de  la  Balœnoptera  rostrata  et  borealis  ou 
taticcps,  présente  des  différences  notables  surtout  dans  la  forme  de  l'occipital  et  du 
frontal. 

Le  rostre  est  aplati  à  sa  base  où  il  est  en  même  temps  fort  large,  puis  il  se 
rétrécit  insensiblement  jusqu'à  la  pointe. 

Les  os  propres  au  nez,  sont  échancrés  au  milieu  en  avant  du  côté  des  fosses 
nasales,  et  sont  proportionnellement  courts.  M.  Flower  a  montré  tout  le  parti  que 
l'on  peut  en  tirer  sous  le  rapport  zoologique  (2). 

L'intermaxillaire  disparaît  à  l'intérieur  tout  autour  des  os  nasaux. 

L'os  frontal  est  surtout  fort  large  à  sa  bas,  de  manière  qu'il  se  rétrécit  insen- 
siblement d'avant  en  arrière  jusqu'au  bord  sus-orbitaire,  et  que  son  bord  antérieur 
est  fort  oblique. 

L'occipital  est  rétréci  en  avant  entre  les  deux  frontaux,  et  s'élargit  assez  brusque- 
ment en  arrière  ;  il  est  plus  étroit  en  avant  que  dans  les  espèces  voisines,  et  plus 
large  en  arrière. 

Le  maxillaire  inférieur  ne  présente  rien  de  particulier;  son  apopbyse  coronoïde 
est  bien  développée  et  recourbée  en  dehors  comme  dans  les  autres  espèces,  et  l'os 
n'est  pas  tordu  en  avant  ni  élargi  comme  dans  les  baleines  véritables. 

La  colonne  vertébrale  est  formée  de  62  vertèbres,  réparties  en  7  cervicales, 
45  dorsales,  \o  lombaires  et  25  caudales.  Quand  il  y  a  moins  de  soixante 
vertèbres,  on  peut  dire  que  le  squelette  est  incomplet.  —  Le  nombre  ne  dépasse 
pas  62  comme  l'a  fait  remarquer  M.  Flower. 

Comme  la  coalescence  des  épiphyses  vertébrales  est  fort  tardive  dans  les 
cétacées  en  général,  surtout  dans  les  régions  dorsales  et  lombaires,  quelques 
naturalistes  avaient  exprimé  la  pensée,  que  cette  séparation  existe  toujours  dans 


(1)  M.  Flower  a  eu  l'extrême  obligeance  de  mettre  à  ma  disposition  ses  notes  sur  les  squelettes  de  Rosb- 
erville,  d'Alexandra  Park,  de  Leyde  et  de  Cambridge. 

(2)  IVoles  on  the  skeletuns  of  ichales,  proceed.  of  ihe  Zool.  Soc.  novembre,  1864. 


190  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

ces  animaux.  —  C'est  une  erreur.  —  Comme  l'a  fait  remarquer  avec  raison 
M.  Flower,  cette  soudure  est  complète  dans  les  cétacés  adultes,  et  le  savant  di- 
recteur du  Musée  royal  des  chirurgiens  cite  à  l'appui  de  son  opinion  les  squelettes 
du  Jardin  royal  de  zoologie  d'Anvers,  ainsi  que  ceux  des  Brilish  muséum,  de  Ro- 
sherville  Garden,  et  d'Alexandra  Part,  à  Londres,  qui  ont  toutes  leurs  épiphyses 
complètement  soudées  au  corps  des  vertèbres,  même  dans  la  région  dorsale  et 
lombaire. 

De  toute  la  colonne  vertébrale,  c'est  la  région  cervicale  qui  présente  le  plus 
d'intérêt  au  point  de  vue  de  la  systématisation.  —Toutes  les  vertèbres  sont  séparées 
à  l'état  normal,  tant  par  le  corps  que  par  les  apophyses  transverses  et  les  arcs 
neuraux. 

Les  deux  premières  vertèbres  ont  le  canal  vertébral  plus  étroit  que  les  autres 
surtout  pour  le  diamètre  transversal. 

Les  apophyses  transverses  de  l'atlas  sont  assez  fortes  et  ne  présentent  aucun 
caractère  particulier. 

L'axis  a  ses  deux  apophyses  transverses  supérieure  et  inférieure  très-développées 
et,  à  l'état  adulte,  elles  sont  réunies  par  leur  sommet,  de  manière  a  former  un  an- 
neau complet.  L'orifice  de  cet  anneau  est  fort  variable  d'après  les  individus  et 
d'après  l'âge.  Le  docteur  Gray  a  fait  remarquer  avec  raison,  que  la  forme  comme 
le  développement  de  ces  anneaux  est  très-variable. 

Les  vertèbres  suivantes,  c'est-à-dire,  la  troisième,  la  quatrième,  la  cinquième 
et  la  sixième  ont  également  un  anneau  complet,  mais  elles  ont  moins  d'ouverture, 
et  si  le  cadre  est  plus  étroit,  l'orifice  est  beaucoup  plus  large. 

C'est  dans  la  formation  plus  ou  moins  complète  de  ces  anneaux,  qu'il  existe  de 
très-grandes  variations,  auxquelles  on  a  eu  tort  d'attacher  une  grande  importance. 
On  peut  admettre  que  dans  cette  espèce,  comme  dans  la  Balœnoptera  rostrata,  ces 
anneaux  sont  toujours  complets,  à  l'état  de  cartilage,  dans  le  jeune  animal  et  que  les 
différences  ne  sont  que  le  résultat  d'une  ossification  plus  ou  moins  complète.  Ce 
qui  montre  du  reste,  qu'il  existe  de  grandes  variations  indi\  iduelles,  c'est  que  les 
apophyses  des  deux  côtés  ne  sont  pas  toujours  les  mêmes  et,  s'il  fallait  y  attacher 
de  l'importance,  il  faudrait  quelquefois  séparer  zoologiquement  le  côté  droit  du 
côté  gauche.  Dans  plusieurs  squelettes,  en  effet,  on  voit  des  anneaux  complets  d'un 


BALÉNOPTÈRES.  191 

côté  et  incomplets  de  l'autre  côté,  et,  dans  ce  cas,  ils  sont  toujours  plus  complets 
à  droite  qu'à  gauche. 

Dans  le  squelette  du  muséum  de  Paris,  qui  provient  de  l'animal  échoué  à  l'em- 
bouchure de  la  Seine,  les  deux  apophyses  de  l'axis  sont  écartées  à  gauche,  tandis 
qu'elles  sont  réunies  à  droite  et  forment  un  cercle  complet.  —  La  même  chose  se 
voit  dans  le  squelette  des  lies  Loffoden,  que  M.  Sars  a  représenté  et  dans  plusieurs 
autres. 

La  sixième  cervicale  d'une  Balamoptera  rostrata  des  côtes  de  Norfolk  et  dont  le 
squelette  est  conservé  au  musée  du  collège  royal  des  chirurgiens,  présente  égale- 
ment un  côté  seulement  a  anneau  complet. 

Dans  le  squelette  qui  se  trouve  à  Anvers,  les  cinq  vertèbres  cervicales  du  milieu 
portent  un  anneau  complet,  tandis  que  dans  celui  du  musée  de  Bruxelles  (du  Texel) 
l'axis  seul  en  a  un.  Dans  ce  dernier  squelette,  la  troisième  cervicale  a  son  apophyse 
transverse  supérieure  et  inférieure  très-développée  comme  la  sixième,  tandis  que  la 
quatrième  a  une  apophyse  inférieure  fort  courte,  la  cinquième  une  apophyse  un 
peu  plus  longue,  et  la  sixième  une  plus  longue  encore;  comme  toujours,  cette 
apophyse  inférieure  manque  à  la  septième  cervicale. 

Ce  n'est  pas  toujours  l'âge  qui  amène  des  changements  dans  les  dispositions  des 
anneaux  aux  vertèbres  cervicales,  puisque  nous  ne  trouvons,  dans  le  squelette  delà 
balénoptère  fort  âgée  d'Ostende,  des  anneaux  complets  qu'à  l'axis,  exactement 
comme  dans  le  squelette  du  jeune  animal  du  Texel,  qui  est  au  musée  de  Bruxelles. 

Dans  le  squelette  de  Rosherville  comme  dans  celui  d'Alexandra  Paik,  les 
deuxième,  troisième,  quatrième  et  cinquième  cervicales,  sont  à  anneaux  complets 
et  dans  le  premier  squelette,  la  sixième  vertèbre  même  a  son  anneau  comme  celui 
de  Plymouth. 

Dans  le  squelette  de  l'île  de  Wight,  l'axis  et  les  trois  cervicales  suivantes  ont 
seuls  un  cercle  complet. 

Dans  le  squelette  préparé  par  MM.  Gerrard  et  qui  se  trouve  à  Londres,  à 
Alexandra  Park,  les  apophyses  latérales  inférieures  manquent  aux  deux  dernières 
cervicales;  la  septième  n'en  porte  plus  de  trace,  tandis  que  la  sixième  montre 
encore  un  tubercule. 

La  sixième  cervicale  a  généralement  l'apophyse  épineuse  supérieure  plus  déve- 


192  SQUELETTE  DES  CETACES. 

loppée  que  les  précédentes  et  la  septième  a  une  apophyse  encore  plus  longue, 
dépassant  celle  qui  la  précède  d'un  pouce  à  peu  près. 

Le  canal  vertébral  est  également  un  peu  plus  large  dans  la  septième  que  dans 
la  sixième  cervicale. 

Comme  nous  l'avons  fait  remarquer,  c'est  par  erreur  que  Lacépède  a  figuré  une 
région  cervicale  de  baleine,  pour  une  région  cervicale  de  balénoptère  de  l'île 
Sainte-Marguerite,  erreur,  qui  du  reste  a  été  reconnue  déjà  par  Cuvier. 

Les  vertèbres  dorsales  sont  au  nombre  de  quinze;  si  on  en  compte  moins,  c'est 
que  la  dernière  côte  s'est  probablement  perdue.  Toutes  les  vertèbres  de  cette 
région  se  distinguent  par  le  développement  de  leur  arc  neural. 

Il  y  a  quinze  lombaires  dont  le  corps  augmente  successivement  en  volume  et 
dont  les  apophyses  diminuent  d'avant  en  arrière. 

Nous  comptons  vingt-cinq  caudales,  dont  seize  portent  des  os  en  chevrons.  — 
Les  huit  à  neuf  dernières  sont  logées  dans  l'épaisseur  de  la  nageoire  caudale.  La 
dernière  vertèbre  est  petite  et  il  n'est  pas  rare  de  la  voir  soudée  à  l'avant  dernière. 
Les  derniers  os  en  chevron  sont  a  l'état  de  cartilage. 

Nous  avons  eu  l'occasion  d'étudier  toutes  ces  vertèbres  en  place,  sur  une  pièce 
fraîche  à  Louvain. 

Dans  quelques  squelettes,  comme  dans  celui  d'Anvers,  nous  avons  compté 
jusqu'à  dix-sept  os  en  V. 

Quoique  le  nombre  normal  de  vertèbres  soit  de  62,  nous  n'avons  trouvé  ce- 
pendant que  6t  vertèbres  dans  le  squelette  du  Texel,  comme  dans  celui  de  l'em- 
bouchure de  la  Seine,  et  dans  celui  qui  est  au  Jardin  zoologique  d'Anvers. 

M.  Flower  a  compté  60  vertèbres  dans  le  squelette  de  balénoptère  mâle, 
qui  a  échoué  en  4  87H  à  Katwijk. 

11  n'y  en  avait  que  57  dans  le  squelette  de  Margate,  mais  ici  il  est  évident  que 
les  dernières  vertèbres  ont  été  perdues.  Dans  celui  de  Falmouth  il  y  en  a  59. 

Le  sternum  parait  varier  beaucoup  dans  sa  forme  ainsi  qu'on  peut  le  voir  par  les 
fiVures  qu'Eschricht  en  a  donnés.  En  général  c'est  un  bouc  lier  en  forme  de  trèfle, 
terminé  en  pointe  eu  arrière  et  qui  est  d'autant  plus  échancré  en  avant  que 
l'animal  est  plus  jeune.  Après  l'échancrure  il  reste  souvent  un  trou  qui  s'efface  à 
son  tour  avec  l'âge. 

Le  sternum  est  échancré  en  avant  dans  le  squelette  de  Saint-Brieuc,  dans  celui 


BALENOPTERES.  193 

de  Paris  (de  l'embouchure  de  la  Seine)  et  dans  celui  (tr  44  d'Eschricht)  qui  est 
aujourd'hui  à  Leytle. 

Dans  le  squelette  de  la  balénoptère  mâle  de  l'île  de  llùgen,  il  est  court  et  percé 
de  deux  orifices;  dans  celui  des  orcades,  il  a  une  forme  de  losange  et  ne  présente 
qu'un  seul  trou  au  milieu;  dans  le  squelette  de  Margate,  il  est  percé  également 
d'un  trou  sur  la  ligue  médiane. —  Ces  individus  varient  de  40  à  55  pieds  de 
longueur. 

Dans  la  femelle  d'Ostende  comme  dans  le  mâle  de  Ilosherville  (Gravesend),  et  le 
mâle  d'Alexandra  Park  (Falmouth),  il  est  terminé  en  avant  par  un  lobe  plein; 
ces  individus  avaient  de  60  à  80  pieds  de  longueur. 

Comme  on  trouve  assez  souvent  dans  les  squelettes  montés  le  sternum  mal 
attaché  aux  côtes,  il  est  bon  de  faire  remarquer,  que  la  pointe  de  cet  os  est  toujours 
dirigée  en  arrière. 

La  forme  du  sternum  est  directement  en  rapport  avec  la  taille  et  par  conséquent 
avec  l'âge  de  l'animal. 

Les  côtes  sont  au  nombre  de  quinze.  Il  est  probable  que  les  squelettes  qui  n'en 
ont  que  quatorze  ont  perdu  la  dernière  paire.  C'est  que  la  dernière  n'est  pas 
toujours  attachée  par  des  ligaments  (I). 

Dans  quelques  squelettes,  par  exemple  celui  du  musée  de  Cambridge,  il  y  a 
d'un  côté  une  côte  supplémentaire  suspendue  an  milieu  des  chairs. 

La  première  côte,  est  comme  toujours,  distincte  par  sa  brièveté  comme  par  sa 
largeur.  Elle  ne  s'articule  que  par  son  unique  surface  articulaire  et  la  tête  comme 
le  cou  manque. 

La  seconde  et  la  troisième  au  contraire  sont  pourvues  de  col  et  elles  sont,  pas- 
sablement larges  à  leur  extrémité  inférieure. 

Nous  pourrions  faire  remarquer  ici  que  la  première  côte  a  une  grande  tendance 
à'se  bifurquer,  et  si  elle  n'est  pas  à  tète  double,  on  voit  souvent  des  traces  de  cette 
tendance  sur  son  bord  antérieur. 


(1)  Il  paraît  cependant  qu  il  n'existe  réellement  que  quatorze  côtes  dans  quelques  individus 

95 


1H4  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

Dans  la  balénoptère  d'Ostende,  la  première  côte  est  réellement  bifurquée,  à 
tel  point  que  celui  qui  l'a  montée  l'a  attachée,  comme  cela  devait  être,  en  même 
temps  aux  cervicales  et  à  la  première  dorsale.  —  Dubar  n'accorde  à  cause  de 
cela,  que  six  vertèbres  à  la  région  cervicale. 

Cette  première  côte,  sans  être  bifide,  porte  quelquefois  une  saillie  en  haut  et  en 
avant,  qui  rappelle  faiblement  la  bifurcation  C'est  ce  que  nous  avons  vu  également 
dans  quelques  Balsenoptera  rostrata. 

A  Paris,  au  muséum,  on  voit  pendre  au  mur  deux  premières  côtes,  près  de  la 
tête  de  balénoptère  de  l'île  Sainte-Marguerite,  qui  sont  très-larges,  et  l'une  d'elles 
présente,  sur  le  bord  antérieur,  des  traces  d'une  bifurcation  ou  d'une  côte  supplé- 
mentaire. —  Elles  proviennent  d'un  individu  fort  adulte,  probablement  de  celui  de 
l'île  Sainte-Marguerite,  mais  malheureusemt  elles  ne  portent  aucune  indication 
d'origine.  En  tout  cas,  cette  première  côte  nous  montre  un  état  intermédiaire  entre 
la  côte  biceps  de  l'individu  d'Ostende  et  les  autres. 

La  nageoire  pectorale  ressemble  beaucoup  à  celle  de  la  Balœnoptera  rostrata, 
tant  par  la  forme  que  par  la  proportion  des  os  et  sa  grandeur  respective. 

L'omoplate  n'a  rien  de  particulier  en  dehors  des  caractères  du  genre  ;  les  deux 
apophyses  acromium  et  coracoïde  sont  toujours  très-développées,  et  il  est  plus 
étendu  d'avant  en  arrière  que  de  haut  en  bas. 

L'humérus  est  toujours  distinct,  comme  dans  la  balœnoptera  rostrata,  par  sa 
forme  comprimée  et  son  bord  inférieur  qui  est  presque  tranchant. 

Le  radius  et  le  cubitus  ont  plus  du  double  de  la  longueur  de  l'humérus.  Entre 
ces  deux  os  il  n'y  a  qu'un  étroit  espace  qui  s'étend  dans  presque  toute  la  longueur. 

Les  trois  os  procarpiens  sont  à  peu  de  chose  près  également  grands;  les  deux 
métacarpiens  sont  plus  petits.  —  Ces  os  restent  quelquefois  assez  tard  à  l'état  de 
cartilage. 

Les  quatre  doigts  ont  chacun  leur  os  métacarpien  dont  la  longueur  correspond 
avec  la  longueur  du  doigt  auquel  il  appartient.  Sous  ce  rapport  il  y  a  des 
différences  sensibles  avec  la  Balœnoptera  rostrata.  — Dans  cette  espèce  le  méta- 
carpien le  plus  fort  correspond  au  petit  doigtVt  l'index  a  cet  os  fort  court. 

L'index  a  trois  phalanges  toutes  notablement  plus  allongées  que  dans  la 
rostrata.  ■ — Le  médium  qui  est  le  plus  long  comme  toujours,  n'a  que  cinq 
phalanges  et  il  y  en  a  six  dans  le  rostrata.  —  L'annulaire  a  le  même  nombre  et  ne 


BALÉNOPTÈRES.  195 

diffère  que  fort  peu  en  longueur.  —  Le  petit  doigt  en  a  trois  comme  l'index  et  elles 
sont  plus  allongées  que  dans  la  petite  espèce. 

La  main  est  d'une  phalange  plus  longue  quel'avant-bras. 

On  voit  également  que  l'espace  qui  sépare  les  doigts  du  milieu,  est  plus  grand 
que  celui  qui  se  trouve  entre  les  autres  doigts,  de  manière  que  les  doigts  sont  pour 
ainsi  dire  séparés  en  deux  groupes. 

Cette  description  est  faite  d'après  les  nageoires  de  la  balénoptère  du  Texel  que 
nous  avons  pu  étudier  à  Louvain  à  l'état  frais.  Les  deux  nageoires  étaient  parfai- 
tement semblables. 

Le  bassin  est  formé  de  chaque  côté  d'un  os  long  suspendu  dans  les  chairs,  placé 
dans  l'axe  du  corps  et  qui  correspond  à  l'iléon.  —  Dans  le  squelette  qui  est  aujour- 
d'hui à  Cambridge  et  que  M.  Flower  a  étudié  frais,  le  savant  directeur  du  Musée 
royal  du  collège  des  chirurgiens  a  trouvé  des  deux  côtés  un  second  os  à  l'état 
de  cartilage  qui  ne  peut  être  qu'un  fémur  rudimentaire  (4).  —  M.  le  professeur 
Reinhardt  m'écrit  que,  dans  quelques  squelettes,  cette  seconde  pièce  se  trouve  à 
l'état  osseux. 

Dans  l'animal  du  Texel,  dont  nous  avons  étudié  le  bassin  entouré  encore  de  toutes 
ses  parties  molles,  nous  n'avons  pu  découvrir  aucune  trace  de  fémur,  même  à  l'état 
de  cartilage,  mais  nous  avons  pu  constater  sa  présence  dans  la  balénoptère  qui  a 
échoué  dans  l'Escaut. 

Cet  iléon  est  ordinairement  allongé,  légèrement  courbé,  plus  ou  moins  aplati 
et  montre  sur  son  bord  supérieur  une  apophyse  dont  la  longueur  paraît  variable. 

Dans  la  balénoptère  du  Texel,  cet  os  est  beaucoup  moins  allongé  que  dans  l'ani- 
mal disséqué  par  M.  Flower,  et  son  ossification  est  fort  peu  avancée. 

Dans  le  squelette  de  Breslau,  l'iléon  est  notablement  plus  large  que  dans  les 
autres- individus,  d'après  le  dessin  et  la  description  qui  en  ont  été  donnés  parle 
professeur  Barkow. 

Ces  os  sont  toujours  placés  à  une  certaine  distance  l'un  de  l'autre  et  dans  l'axe 
du  corps.  —  C'est  par  erreur  que  l'on  voit  dans  certains  squelettes  ces  os  se  tou- 
cher et  former  un  angle  plus  ou  moins  aigu.  On  les  voit  aussi  placés  sens  dessus 
dessous  dans  quelques  squelettes. 

(1)  Proceed.  zoul.  Soc. 


196  SQUELETTE  DES  CETACES. 

On  a  fait  figurer  à  tort  dans  quelques  squelettes  les  os  lacrymaux  pour  des  os  du 
bassin  et  quelquefois  même  des  côtés  supplémentaires. 


Comme  beaucoup  de  naturalistes,  et  nous  avons  été  longtemps  de  ce  nombre, 
considèrent  la  grande  balénoptère  d'Oslende  comme  une  espèce  distincte,  a  laquelle 
nous  avions  même  donné,  de  commun  accord  avec  Escbricbt,  le  nom  de  Gigas, 
nous  allons  résumer  ici  les  diverses  particularités  de  son  squelette,  et  l'on  verra 
que,  si  l'on  fait  abstraction  de  la  première  côte,  il  ne  peut  y  avoir  aucun  motif  de  le 
séparer  de  l'espèce  commune  de  la  mer  du  Nord. 

Quoique  Dubar  n'accorde  que  six  vertèbres  cervicales,  on  reconnaît  les  sept  ver- 
tèbres dans  la  figure  qu'il  donne  de  la  colonne  vertébrale.  La  septième  est  recon- 
naissable  à  l'absence  d'apopbyse  transverse  inférieure. 

Dubar  accorde  quinze  vertèbres  dorsales  mais  ne  compte  que  quatorze  côtes.  — 
c'est  qu'il  fait  entier  la  septième  cervicale  dans  la  région  dorsale  à  cause  de  la  pre- 
mière côte  qui  est  bifurquée. 

II  est  à  supposer  que  la  quinzième  côte  a  été  perdue. 
Les  vertèbres  lombaires  sont  au  nombre  de  quatorze. 

11  y  a  seize  vertèbres  caudales  avec  des  os  en  V,  puis  il  y  en  a  deux  qui  n'en  ont 
pas.  Dubar  fait  remarquer  qu'il  en  est  resté  quatre  dans  la  nageoire  caudale. 

Les  vertèbres  seraient  donc  au  nombre  de  cinquante-buit,  sept  cervicales,  quinze 
dorsales,  quatorze  lombaires,  vingt-deux  caudales. 

Il  est  probable  que  les  quatre  dernières  vertèbres  ont  été  perdues,  ce  qui 
étonnera  d'autant  moins,  que  la  personne  qui  a  été  chargée  de  consener  les  os 
n'avait  jamais  jusqu'alors  préparé  un  squelette;  Paret  m'a  avoué  lui-même,  que  ce 
n'est  que  depuis  ce  moment  qu'il  a  songé  à  conserver  le  squelette  des  animaux  que 
les  circonstances  lui  procuraient. 

Quoique  la  planche  qui  représente  la  colonne  vertébrale  fasse  supposer  qu'il 
existe  deux  vertèbres  à  anneaux  dans  la  région  cervicale,  ildit  positivement  dans  le 
texle  que  la  seconde  vertèbre  seule  porte  un  anneau,  que  les  troisième,  qua- 
trième el  cinquième  portent  des  apophyses  transverses  doubles  sans  trou. 


BALENOPTERES.  197 

L'atlas,  qu'il  a  représenté  vu  de  face,  porte  sur  le  côté  ses  apophyses  transverses 
ordinaires,  qui  ue  diffèrent  que  par  leur  position,  qui  est  un  peu  plus  bas,  et  par  un 
développement  peut-être  un  pu  plus  fort. 

Dubar  avait  fort  bien  observé  que  la  première  côte  seule  s'articule  avec  le  ster- 
num, et,  sous  ce  rapport,  il  a  été  plus  exact  que  certains  naturalistes,  qui  ont  voulu 
représenter  les  côtes  des  mystieètes,  par  rapport  au  sternum,  comme  dans  les 
cétacés  à  dents. 

Dubar  n'a  pas  moins  bien  reconnu,  que  la  seconde  côte,  ainsi  que  les  trois  sui- 
vantes, portent  en  haut,  au  delà  de  leur  tuborosité  articulaire,  un  rudiment  de  cou, 
mais  sans  tète,  et  qui  ne  s'articule  point  avec  le  corps  des  vertèbres. 

La  quatrième  côte  est  la  plus  longue  de  toutes,  dit  il,  et  les  autres  vont  en  dimi- 
nuant jusqu'à  la  quatorzième.  Cette  dernière  a  encore  l"',90  de  longueur. 

La  première  côte  est  remarquable,  en  haut  par  sa  bifurcation,  en  bas  par  sa  lar- 
geur excessive. 

Le  sternum  qu'il  représente  a  la  forme  ordinaire  des  adultes,  c'est-à-dire  qu'il 
est  plein  en  avant,  élargi  sur  le  côté  et  terminé  par  une  large  saillie  en  arrière. 

Les  os  pelviens  sont  au  nombre  de  deux,  et  n'ont  que  0m, 50  de  longueur.  Leur 
forme  est  triangulaire. — Dubar  les  a  représentés  dans  une  position  verticale  au  lieu 
de  les  mettre  parallèlement  à  la  colonne  vertébrale. 

L'omoplate  a  la  forme  ordinaire  des  balénoptères  par  son  grand  développement 
d'avant  en  arrière  et  porte  en  avant  un  acromion  très-développé  et  sous  lui  un  co- 
racoïde  également  fort. 

Les  os  du  bras  et  de  l'avant-bras  n'offrent  rien  de  particulier. 

Dubar  accorde  six  gros  os  au  carpe  dont  les  uns  sont  cubiques,  dit-il,  les  autres 
cylindriques.  11  est  bien  possible  qu'il  ait  compté  un  os  de  trop  à  en  juger  par  le 
bras  qu'il  a  fait  dessiner. 

Quant  au  nombre  de  phalanges,  l'index  en  a  quatre,  le  médium  sept,  l'annulaire 
six  et  le  petit  doigt  cinq. 


108  SQUELETTE  DES  CETACES. 


BALSENOPTERA    BOREALIS    OU    LATICEPS 
Pl.  X  et  XI.  Fig.  11-35. 


K.-A.  Rudolphi,  Einigr  anatomische  Bemerkdngen    Uber  Balœna  rostrata;  Abhandlungen   der  Kônigl. 

Akademie  der  Wissenschaffen  zu  Berlin,  1820-1821.  Taf.  1-5. 
Cuvier,  Recherches  sur  les  ossements  fossiles,  t.  V,  p.  564,  pl.  XXVI,  fig.  6. 
Schlegel,  Abhand.  a.  d.  G.  d.  Zoologie,  1841. 
•  Pander  et  d'Alton,  Die  skelete  der  cetaceen,  in-fol.  Bonn,  1827,  pl.  II  et  III. 

•  Lesson,  Histoire  naturelle,  Cétacés,  in-8°,  Paris,  1828. 

•  Brandt  et  Ratzebourg,  Med.  Zool.,  in-4",  Berlin,  1829,  p.  119,  pl.  XV,  fig.  3,  et  tab.  XVI,  fig.  1  et  2. 
•J.  Gray,  Zoology  of  the  voy.  oj '  Erebus  and  Terror,  p.  20,  1839-1843. 

'    Eschricht,  unters.  uber  die  nordischen  Wallihiere,  Leipzig,  1819. 

•  H.  Flower,  notes  on  the  skelelons  ofwliales...  Proc.  Zool.  Soc.  Lond.  sept.  1864. 


Cette  troisième  espèce  a  été  longtemps  confondue  avec  les  antres,  parce  que  sa 
petite  taille  la  faisait  toujours  prendre  pour  un  jeune  animal.  —  Elle  est  cepen- 
dant distincte  par  deux  caractères  nettement  accentués  et  depuis  longtemps  les 
pêcheurs  l'avaient  désignée  sous  un  nom  particulier. 

Cuvier,  comparant  le  squelette  décrit  et  figuré  par  Rudolphi  avec  la  balénoptère 
qui  fréquente  la  Méditerranée,  et  dont  il  possédait  le  crâne,  crut  que  ce  squelette 
provenait  d'une  espèce  qui  fréquente  seule  la  mer  du  Nord,  et  proposa  pour  elle 
le  nom  de  Rorqual  de  la  mer  du  Nord,  par  opposition  au  Rorqual  de  la  Méditer- 
ranée. 

Lesson  dans  son  Histoire  naturelle  des  cétacés  (I82S)  admet  dans  le  genre  balei- 
noptère  les  trois  espèces  de  Cuvier,  le  Rorqual  du  Nord,  celui  de  la  Méditerranée  et 
l'austral  (megaptera)  et  y  ajoute  la  balénoptère  museau  pointu.  Le  Rorqual  du  Nord 
repose  sur  la  description  du  squelette  du  rostrata  do  Rudolpbi,  et  il  lui  donne  le 
nom  de  Balsenoptera  ùorealis,  qui  doit  avoir,  pensons-nous,  la  priorité. 

Lesson  considère  à  tort  la  femelle,  qui  fut  jetée  sur  les  sables  de  l'île  d'Oléron,  le 
U)  mars  1827,  comme  une  Balsenoptera  musculus.  Ce  Rorqual,  qui  a  54  pieds  de 
longueur  appartient  probablement,  comme  nous  l'avons  dit,  à  la  Balsenoptera  Sib- 


BALÉNOPTÈRES.  19g 

baldiix  si  nous  en  jugeons  d'après  son  sternum  petit  et  plat  et  ses  65  vertèbres  dont 
\1  sont  logées  dans  la  nageoire  caudale. 

C'est  ce  même  animal  que  le  docteur  Gray  proposa  plus  tard,  dans  le  voyage 
d'Ereùus  and  Terror,  de  désigner  sous  le  nom  de  laticeps. 

Trop  confiant  dans  la  valeur  que  l'on  accordait  à  la  première  côte,  qui  est  parfois 

double  ou  bifurquée  en  haut,  nous  avions  cru  devoir  rapprocher,  après  une  visite 

que  nous  avions  faite  avec  Eschricbt  à  Berlin,  l'animal  du  Ilolstein  de  celui  d'Os- 

tende,  en  les  considérant  comme  des  âges  différents  d'une  seule  et  même  espèce. 

—  C'est  évidemment  une  erreur  qui  a  été  relevée  avec  raison  par  M.  Flovver.  En 

-1864,  le  savant  directeur  du  musée  du  collège  royal  des  chirurgiens  visita  les 

musées  de  Leide,  de  Louvain  et  de  Bruxelles,  pour  y  étudier  les  squelettes  de 

cétacés  et  il   rapprocba  avec  raison  l'animal  du  Holstein,   décrit  par   Budolphi, 

sous  le  nom  de   rostrata,  de  celui  de  Moniken  Dam  et  de   celui  envoyé  du  Cap 

nord  à  Eschricht. 

M.  Flovver  pense  que  le  nom  de  laticeps  du  docteur  Gray  doit  avoir  la  priorité, 

tout  en   faisant  remarquer,  que  ce  nom  est   trop  expressif  :  unfortunately ,  dit 

M.  Flower,  it  is  anything  but  expressive  of the  charactcr  of  the  species,  the  head  nol 

being  broader  than  in  otherfin-w  haies. 

On  ne  connaît  qu'un  petit  nombre  d'individus  de  cette  espèce  qui  se  sont  perdus; 
nous  allons  citer  les  exemples  qui  sont  arrivés  à  notre  connaissance. 

Le  premier  est  celui  d'un  animal  de  52  pieds  de  long  qui  est  venu  à  la  côte  dans 
la  Zuiderzée,  près  de  Moniken  Dam,  en  ISM  et  dont  le  squelette  a  été  acquis  pour 
le  musée  royal  de  Leyde. 

Le  second  exemple  est  celui  d'une  femelle,  à  peu  près  de  la  même  taille  que  le 
précédent,  qui  est  venu  échouer  sur  la  côte  du  Ilolstein,  le  21  février  1819,  près 
de  Gromilz.  —  L'animal  fut  apporté  à  Hambourg,  après  avoir  été  vidé  avec  soin, 
et  pendant  la  durée  de  son  exhibition,  Lichtenstein  en  fit  l'acquisition  pour  le  mu- 
sée de  Berlin.  C'est  lui  dont  Budolphi  a  décrit  et  figuré  le  squelette  dans  les  mé- 
moires de  l'Académie  de  Berlin,  sous  le  nom  spécifique  de  rostrata,  et  dont  Cuvier  a 
reproduit  le  crâne  sous  le  nom  de  Rorqual  du  Nord. 

En  juillet  1865  un  troisième  individu  de  cette  espèce  s'est  perdu  sur  les  côtes 
de  Norwége,  et  son  squelette  est  conservé  au  musée  de  Bergen. 

M.  Sars  fils  pendant  son  séjour  aux  iles  Lofiôden  y  a  reconnu  celte  même  espèce, 


300  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

et  M.  le  professeur  Malmgren  la  signale  également  sur  la  côle  est  de  Finmark. 
Nous  avons  dit  plus  haut  qu'Eschricht  a  reçu  également  un  squelette  de  cette  espèce 
qui  lui  a  été  envoyé  du  cap  Nord. 

D'après  des  ossements  conservés  au  musée  du  collège  royal  des  chirurgiens,  et 
au  musée  de  l'Université  de  Cambridge,  des  individus  de  cette  même  espèce  ont 
échoué  également  sur  la  côte  d'Ecosse  et  probablement  sur  la  côte  d'Angleterre, 
mais  on  ne  possède  pas  de  renseignement  précis  sur  l'origine  de  ceux  qui  sont 
conservés  à  Londres.  CeuxdeCamhridge  viennent  de  l'embouchure  de  la  Clyde  (\). 

Cette  Balénoptère  se  distingue  par  les  caractères  suivants  : 

Le  frontal  n'est  pas  plus  large  à  sa  base  qu'au-dessus  de  l'orbite;  les  vertèbres 
sont  proportionnellement  petites,  au  nombre  de  55  ou  56;  les  os  en  général  sont  plus 
délicats,  et,  eu  égard  à  leur  grandeur,  peu  spongieux.  La  première  côte  a  une  ten- 
dance particulière  à  devenir  biceps;  les  fanons  ne  sont  pas  jaunes;  la  nageoire  pec- 
torale n'est  pas  traversée  par  une  bande  blanche.  L'animal  atteint  une  longueur  de 
trente-cinq  pieds. 

Syn.  Balwna  rostrata,  Rudolphi. 
Rorqual  du  Nord,  Cuvier. 
Balœnoptera  borcalis,  Lesson. 
Sibbaldius  laticeps,  Gray. 
Langr'or,  des  pêcheurs  deFinmarkcn. 

La  taille  des  animaux  de  celte  espèce  ne  paraît  pas  dépasser  55  pieds.  Le  sque- 
lette de  Berlin  indique  une  longueur  de  51  à  52  pieds,  celui  de  Leyde  52  comme 
celui  du  cap  Nord,  et  dans  aucun  de  ces  squelettes  les  épiphyses  des  vertèbres  ne 
sont  encore  complètement  réunies.  M.  Sars  en  a  vu  de  20  à  50  pieds  aux  îles 
Loffoden. 

Nous  ne  connaissons  que  fort  peu  de  choses  sur  la  distribution  géographique 
de  cette  espèce  et  nous  ignorons  complètement  ses  stations.  Comme  nous  l'avons 
dit  plus  haut,  on  en  a  vu  un  échouer  sur  la  côle  de  Norvège,  à  l'embouchure  de 


(l)  Le  squelette  d'un  animal  prH  dans  la  baie  de  Mabzack  [Virginie),  1<'  i  septembre  1858,  et  qui  a  été 
décrit  par  le  professeur  Taliafcrro  (l'rocred.  Acad.  Philadelph  ,1868.  p.  8)  appartient-il  a  cette  espèce? 
Il  est  déposé  au  Musée  de  l'Académie  de  Philadelphie.  -  L'animal  a  été  pris  d'abord  pour  une  megaptera 
à  mains  courtes.  Le  professeur  Cope  pense  nue  c'est  la  Balœnoptera  latiri  ps, 


BALENOPTERES.  201 

l'Elbe,  dans  la  Zuiderzée  et  sur  la  côte  d'Ecosse  à  l'embouchure  de  la  Clyde; 
M.  Sars  a  constaté  sa  présence  aux  îles  Loffoden,  et  le  professeur  Malmgren  as- 
sure qu'on  le  rencontre  fréquemment  à  l'est  de  Finmark  (I). 

Il  existe  à  notre  connaissance  deux  dessins  de  cet  animal  faits  d'après  nature  : 
le  premier  a  été  fait  d'après  l'animal  échoué  dans  la  Zuiderzée,  en  481-1,  et  se 
trouvait  entre  les  mains  du  professeur  Van  Breda  ;  nous  ignorons  le  nom  de  celui 
qui  en  a  fait  l'acquisition  après  la  mort  de  Van  Breda.  Le  second  a  été  exécuté  par 
VonMathiesen,  à  Hambourg,  en  1819,  d'après  l'animal  du  Hollstcin,  et  a  été  repro- 
duit dans  la  Zoologie  médicale  de  Brandt  et  Ratzeburg  (Tab.  XV,  Fig.  5). 

Le  squelette  et  la  tête  surtout  ont  été  dessinés  plusieurs  fois.  —  Nous  le  trou- 
vons d'abord  dans  le  Mémoire  de  Rudolphi,  et  c'est  de  ce  Mémoire  que  Cuvier  a 
pris  le  dessin  de  la  tète,  qu'il  a  figurée  dans  ses  recherches  sur  les  ossements  fos- 
siles. 

Le  squelette  du  même  animal  a  été  figuré  ensuite  dans  Brandt  et  Ratzeburg 
(PL  XVI,  Fig.  4-2),  puis  par  Pander  et  d'Alton,  qui  ont  reproduit  également  la  tête 
séparément,  le  sternum,  le  membre  pectoral  et  l'os  hyoïde. 

Le  docteur  Gray  a  reproduit  également  dans  son  catalogue  la  figure  de  la  tète 
du  même  animal,  ainsi  que  la  première  côte. 


Les  musées  qui  renferment  des  ossements  de  cette  Balénoptère,  sont  :  celui  de 
Berlin,  qui  possède  le  squelette  décrit  par  Rudolphi  ;  celui  de  Leyde,  qui  possède 
le  squelette  de  l'animal  de  Moniken  Dam,  qui  a  été  préparé  sous  la  direction  de 
Reinward;  le  musée  de  Bergen  comprend  deux  squelettes  de  cette  espèce  :  l'un 
provient  des  îles  Loffoden  et  a  été  donné  par  le  docteur  Daniellsen,  l'autre  pro- 
vient de  l'animal  qui  a  échoué  dans  le  voisinage  de  Bergen,  en  4  865.  Le  musée 
royal  de  Bruxelles  possède  le  squelette  envoyé  du  cap  Nord  à  Eschricht. 


(1)  Le  professeur  V.  Bacr  m'informe  qu'il  a  rapporté  une  tète  de  Balénoplère  de  ces  parafes  qui  se  trouve 
aujourd'hui  au  musée  de  Saint-Pétersbourg;  nous  avons  tout  lieu  de  croire  qu'elle  appartient  à  cette 
même  espèce. 

2t> 


202  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

Le  musée  du  collège  royal  des  chirurgiens  possède  des  mandibules,  des  vertè- 
bres, des  côtes  et  des  omoplates  de  deux  individus  distincts,  d'origine  inconnue  et 
qui  appartiennent  évidemment  à  celte  espèce. 

Au  musée  de  Cambridge,  se  trouve  une  tète  et  une  omoplate  d'un  animal  échoué 
à  l'embouchure  de  la  Clyde,  et  que  nous  ne  pouvons  nous  empêcher  de  rapporter 
à  cette  même  espèce,  quoique  les  principales  pièces  du  squelette  manquent. 

Le  squelette  qui  a  été  envoyé  par  le  musée  de  Leyde  au  musée  de  Paris,  et  que 
nous  avons  examiné  dans  les  magasins  du  Muséum,  ne  portait  aucune  indication 
d'origine,  et  provient,  nous  semble-t-il,  également  de  cette  espèce. 


SQUELETTE. 

Cette  description  est  faite  d'après  un  squelette  que  nous  avons  reçu  du  cap  Nord, 
par  l'entremise  d'Eschricht.  —  La  tète  était  encore  entourée  de  la  peau,  ainsi  que 
les  nageoires,  de  manière  que  nous  avons  pu  voir  toutes  les  pièces  en  place.  Mal- 
heureusement le  sternum  et  le  bout  de  la  queue  étaient  perdus. 

Il  n'est  pas  inutile  de  faire  remarquer  qu'Eschricht,  en  me  proposant  décéder  ce 
squelette,  m'écrivait  :  La  Pteroôakine  a  malheureusement  perdu  une  dizaine  de  ses 
vertèbres  caudales,  mais  c'est  un  bel  exemplaire  d'une  espèce  assez  rare,  probablement 
la  même  gui  se  conserve  à  Berlin.  Ces  animaux  [y  compris  un  squelette  de  Balwnoplera 
rostrala)  ont  été  pris  entre  le  cap  Nord  et  la  mer  Blanche,  donc  à  la  pointe  la  plus  sep- 
tentrionale de  l'Europe. 

La  tête,  tout  en  se  rapprochant  plus  de  la  Balwnoplera  musculus  que  de  la  Balœ- 
noptera  rostrala,  en  diffère  cependant  par  quelques  particularités  qui  ne  sont  pas 
sans  importance;  ainsi,  les  os  intermaxillaires  dépassent  notablement  les  maxil- 
laires en  avant  et  en  arrière;  ils  forment  une  doublure  aux  maxillaires  jusqu'au 
frontal,  sans  cesser  d'être  parfaitement  distincts  à  l'extérieur  et  d'occuper  une  lar- 
geur assez  notable. 

Le  frontal  est  beaucoup  moins  large  a  la  base  que  dans  le  musculus,  et  son  bord 
antérieur  se  dirige  presque  transversalement  du  fond  du  maxillaire  jusqu'au  bord 
libre  de  l'orbite. 

Le  frontal  est  surtout  remarquable  par  sa  partie  sus-orbitaire  qui  est  fort  large. 


BALENOPTERES.  203 

Les  os  nasaux  sont  allongés,  tronqués  en  avant  et  présentent  à  peu  près  la  même 
largeur  dans  toute  leur  étendue  (-1). 

En  comparant  les  têtes  du  mustulus,  du  laticeps  et  du  rostrata,  et  nous  sommes 
peut-être  les  premiers  qui  pouvons  juger  ainsi  les  pièces  sous  les  yeux,  nous 
trouvons  le  rostre  sensiblement  plus  effilé  dans  le  rostrata  et,  vers  le  milieu  du 
rostre,  nous  voyons  que  les  deux  maxillaires  sont  un  peu  plus  bombés;  mais,  ce 
qui  frappe  le  plus  au  premier  coup  d'œil,  c'est  la  forme  du  frontal  et  le  contour  de 
l'occipital. 

Le  frontal  est,  comme  nous  venons  de  le  dire,  fort  large  à  la  base  dans  le  muscu- 
lus,  et  va  en  se  rétrécissant  à  mesure  qu'il  approche  de  la  cavité  orbitaire.  —  Le 
bord  antérieur  de  cet  os  est  fort  oblique  d'avant  en  arrière,  presque  aussi  oblique 
que  le  bord  postérieur  qui  est  dirigé  d'arrière  en  avant. 

Le  laticeps  a  l'os  frontal  moins  rétréci  vers  la  cavité  de  l'orbite,  et,  proportion- 
nellement, moins  large  à  la  base. 

Le  rostrata  nous  montre  ce  même  os  presque  aussi  large  au-dessus  des  orbites 
qu'à  sa  base,  où  il  se  réunit  en  avant  avec  le  maxillaire,  eu  arrière  avec  l'occi- 
pital. 

Le  musculus  a  l'occipital  très-étroit  en  avant  et  fort  large  en  arrière;  le  bord  pos- 
térieur est  fort  légèrement  ondulé. 

Le  laticeps  a  la  partie  antérieure  plus  large  en  avant  et  moins  allongée,  avec  un 
bord  postérieur  montrant  une  double  échancrure.  —  Sous  ce  dernier  rapport,  le 
musculus  se  rapproche  plus  du  rostrata  que  de  tout  autre. 

Le  rostrata  a  un  occipital  terminé  en  pointe  en  arrière  sans  échancrure  sur  le 
bord  au-dessus  du  frontal,  et  avec  un  bord  postérieur  légèrement  ondulé. 

L'occipital  est  assez  caractéristique  :  en  avant,  son  bord  est  large  et  arrondi,  et, 
à  la  hauteur  du  bord  postérieur  du  frontal,  il  montre  une  légère  échancrure  qui 
divise  cet  os  en  deux  portions  assez  distinctes.  — Cet  occipital  est  proportionnel- 
lement peu  étroit  en  arrière. 

Son  bord  postérieur  porte  deux  échancrures  de  chaque  côté,  et  qui  sont  passa- 
blement prononcées. 

(1)  La  tête  conservée  au  musée  de  Cambridge  et  qui  provient  d'un  animal  échoué  à  l'embouchure  de 
la  Clyde  (Ecosse)  est  également  remarquable  par  les  os  propres  du  nez  et  les  caractères  du  frontal.  De 
tout  le  squelette  on  n'a  malheureusement  recueilli  que  la  tête  et  une  omoplate. 


204  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

La  partie  du  temporal  qui  est  visible  en  haut,  est  assez  grande,  mais  moins  mas- 
sive que  dans  la  rostrata. 

Lorsque  nous  avons  reçu  ce  squelette,  les  os  de  la  tète  étaient  tous  en  place  et 
une  partie  de  la  peau  les  enveloppait  encore.  Le  palais  avait  conservé  en  avant 
quelques  fanons  qui  indiquaient  leur  réunion  avec  ceux  du  côté  opposé.  Ces  fanons 
sont  de  couleur  pâle. 

Les  plus  avancés  vers  la  pointe  du  rostre  sont  comme  des  soies,  même  à  leur  base, 
et  mesurent  au  plus  trois  centimètres  en  longueur.  — Ils  augmentent  assez  rapide- 
ment, d'avant  en  arrière,  en  longueur  et  en  largeur.  A  quelques  centimètres  du 
bout  du  rostre,  on  voit  des  lamelles  d'un  centimètre  de  largeur. 

M.  Flower  a  mesuré  le  squelette  de  MonikenDam,dumuséede  Leyde,  et  trouve: 
Longueur  du  crâne  6',7",  longueur  totale  du  squelette  29', 7".  Il  est  à  remarquer 
que  l'animal  est  encore  jeune.; 

La  colonne  vertébrale  est  complète,  sauf  les  toutes  dernières  vertèbres,  qui  ont 
été  perdues. 

La  région  cervicale  a  ses  sept  vertèbres  ordinaires,  la  région  dorsale  quatorze,  la 
région  lombaire  quinze  et  la  région  caudale  également  quinze.  —  Cette  dernière 
région  n'est  pas  complète;  les  dernières  vertèbres  manquent.  A  en  juger  par  la 
Balxnoptera  rostrata,  nous  estimons  qu'il  y  aune  longueur  de  M  centimètres 
environ  qui  manque.  —  Et  comme  dans  la  Balœnoptera  rostrata  on  trouve  sur 
cette  longeur  quatre  ou  cinq  vertèbres,  nous  estimons  qu'il  n'y  en  a  que  quatre  ou 
cinq  qui  font  défaut,  ce  qui  élève  le  nombre  total  à  cinquante-cinq  ou  cinquante- 
six. 

Lscbricht  croyait  qu'il  manquait  le  double  ;  il  jugeait  d'après  la  Balxnoptera 
musc  u  lus. 

Il  en  existe  cinquante-trois  dans  le  squelette  de  lîerlin  et,  selon  toute  pro- 
babilité,  les  trois  dernières  manquent  comme  ici. 

Dans  le  squelette  de  Leyde,  qui  est  complet,  nous  en  avons  cinquante-cinq  ou 
cinquante-six.  —  M.  I  lowcr  dit  cinquante-cinq,  mais  en  considérant  les  deux 
dernières  connue  soudées  ensemble. 

Nous  avions  supposé  d'abord  que  les  vertèbres  de  toute  la  nageoire  caudale 
manquaient  et  qu'il  fallait  ajouter,  au  nombre  existant,  celles  qui  logent  habituel- 
lement dans  cet  organe,  —  mais  ce  nombre  est  loin  d'être  le  même  dans  les 


BALÉNOPTÈRES.  205 

diverses  espèces.  —  Nous  en  avons  trouvé  sept  dans  la  Bafwnoplera  rostrata,  et 
le  double,  si  nous  ne  nous  trompons,  dans  la  Batsenoptcra  musculus.  Il  y  en  a 
dix-sept  dans  la  Batsenoptera  Sibbaldii.  —  Nous  aurions  dû  ajouter  au  moins  sept 
vertèbres,  si  toutes  celles  qui  logent  dans  la  nageoire  font  défaut.  —  En  examinant 
de  près,  on  voit  toutefois  que  ce  n'est  pas  toute  la  nageoire  qui  a  été  perdue  et 
nous  ne  croyons  pas  être  loin  de  la  vérité,  en  estimant  le  nombre  de  vertèbres 
qui  manquent,  à  quatre. 

Les  vertèbres  ont  toutes  leurs  épypbyses  encore  séparées. 

Les  sept  cervicales  sont,  comme  on  le  pense  bien,  complètement  séparées. 
L'atlas  et  l'axis  sont  celles  qui  ont  le  corps  le  plus  épais;  l'atlas  a  un  diamètre  de 
6  1/2  centimètres,  l'axis  d'un  centimètre  de  moins  et  les  trois  vertèbres  suivantes 
de  cette  région  ne  mesurent  plus  que  5  4/2  centimètres.  La  dernière  cervicale  a 
presqu'un  centimètre  de  plus  que  les  autres. 

Ces  vertèbres  diffèrent  entre  elles  surtout  par  les  apophyses  transverses.  L'axis  a 
les  deux  bouts  réunis  comme  la  suivante,  de  manière  que  ces  vertèbres  possèdent 
chacune  un  anneau  vertébral  complet.  Les  trois  vertèbres  suivantes  ont  leurs 
apophyses  transverses  supérieures  et  inférieures  séparées,  et  la  septième  cervicale 
n'a  plus  que  l'apophyse  transverse  supérieure. 

Dans  le  squelette  de  Berlin,  l'axis  seul  a  un  anneau  complet,  et  dans  celui  de 
Leyde  les  apophyses  transverses  supérieures  et  inférieures  sont  écartées  encore 
depuis  l'axis  inclusivement  jusqu'à  la  sixième  cervicale.  —  Le  squelette  du  musée 
de  Bruxelles  est  donc  de  tous  les  trois  le  plus  avancé  sous  ce  rapport. 

Au  musée  du  Collège  des  chirurgiens,  on  trouve  une  première  côte  avec  un  atlas, 
un  axis  et  quelques  autres  os  d'un  animal  adulte,  dont  l'origine  est  inconnue. — 
Ces  os  ont  été  achetés  chez  un  marchand.  — L'axis  est  fort  remarquable  par  le 
grand  développement  de  ses  ailes  et  la  petitesse  du  trou  vertébral,  qui  n'est  pas 
plus  grand  que  le  trou  rachidien. 

La  première  vertèbre  dorsale  a  la  même  épaisseur  à  peu  près  que  la  dernière 
cervicale;  elle  mesure  50  millimètres;  la  seconde  60  à  peu  près;  la  troisième 
dorsale  70;  la  quatrième  près  de  80  et  la  cinquième  dorsale  environ  95  ou 
100  millimètres.  Les  vertèbres  suivantes  augmentent  toujours  en  diamètre 
jusqu'au  milieu  de  la  région  caudale,  en  comptant  pour  vertèbres  caudales  toutes 
celles  qui  portent  ou  sont  suivies  de  celles  qui  ont  un  os  en  V. 


206  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

Les  apophyses  transverses  s'allongent  insensiblement,  depuis  la  première 
dorsale  jusqu'à  la  vingtième  de  cette  région,  puis  leur  longueur  diminue  lente- 
ment. La  plus  longue  apophyse  transverse  mesure  21  centimètres.  —  L'apo- 
physe épineuse  supérieure  de  cette  même  vertèbre  a  51    centimètres  de  long. 

En  approchant  de  la  région  caudale,  ces  apophyses  transverses  continuent  à  se 
raccourcir  jusqu'à  ne  plus  mesurer  que  \\  centimètres;  mais  en  perdant  en  lon- 
gueur elles  gagnent  en  largeur. 

L'atlas  ne  nous  offre  rien  de  particulier  si  ce  n'est  son  épaisseur.  L'axis  a  les 
deux  ailes  transverses  très-développées.  —  La  première  et  la  seconde  dorsale  sont 
fort  remarquables  par  la  largeur  extraordinaire  de  l'arc  qui  présente  à  son  bord 
antérieur  des  espèces  de  digitations  que  nous  ne  voyons  dans  aucune  autre  vertèbre. 

On  remarque  généralement,  surtout  chez  les  cétacés  qui  ont  un  petit  nombre 
de  vertèbres,  que  le  diamètre  du  corps  de  la  vertèbre  augmente  à  commencer  des 
premières  dorsales.  —  C'est  ainsi  que  nous  voyons  la  septième  dorsale  s'étendre 
d'un  centimètre  sur  les  précédentes,  la  huitième  et  la  neuvième  gagner  chacune 
autant  sur  celle  qui  la  précède,  tandis  que  la  dixième  et  les  suivantes  restent  à  peu 
près  stationnaires.  La  quatorzième  gagne  de  nouveau  un  centimètre  sur  la 
précédente  et  la  vingt-quatrième  trois  centimètres,  ce  qui  fait  que  le  corps  de 
cette  dernière  mesure  vingt-sept  centimètres  de  diamètre. 

Le  corps  de  la  première  caudale  mesure  dix-neuf  centimètres  de  diamètre,  son 
apophyse  épineuse  vingt  et  une  et  son  apophyse  transverse  onze: 

Delà  quarante-quatrième  vertèbre,  qui  mesure  en  hauteur  dix-huit  centimètres 
il  y  a  une  diminution  assez  rapide,  au  point  que  la  quarante-cinquième  n'en 
mesure  plus  que  quinze. 

La  cinquante  et  unième  vertèbre,  c'est-à-dire,  la  dernière  qui  est  conservée, 
à  une  hauteur  de  cinq  et  demi  à  six  centimètres,  et  sa  largeur  l'emporte  à  peu  près 
de  deux  centimètres  sur  sa  hauteur. 
On  voit  que  cette  dernière  vertèbre  a  été  coupée  par  un  coup  de  hache. 
Les  os  en  V  sont  au  nombre  de  dix  dans  le  squelette  de  Leyde.  —  Nous  en 
trouvons  quinze  indiques  dans  le  squelette  gravé  de  Pander  et  d'Alton. 

Les  côtes  sont  au  nombre  de  quatorze  (1).  — La  première  est  comme  toujours 
la  plus  courte  et  la  plus  large. 

(1)  Un  squelette  à  net^on  n'a  que  treize  paires  de  côtes. 


BALÉNOPTÈRES.  207 

Comme  nous  l'avons  fait  observer  plus  haut,  les  os  étaient  entourés  encore  de 
chair  et  de  ligaments  desséchés,  lorsque  ce  squelette  nous  est  arrivé.  Je  recom- 
mandais donc  spécialement  à  mon  préparateur  de  bien  soigner  les  os  et  surtout  la 
première  paire  de  côtes.  —  Au  bout  de  quelques  jours,  il  vint  me  montrer  un  os 
distinct  accolé  à  la  première  côte,  et  logé  dans  une  gaine  propre;  il  était  allongé, 
entièrement  mobile,  et  je  pus  le  détacher  facilement.  —  C'était  une  côte  rudimen- 
taire  complètement  isolée,  couchée  sur  la  première. 

Comme  le  montre  la  figure,  cette  côte  rudimentaire  ou  cervicale  est  un  os  long, 
comprimé  et  courbé  comme  une  côte  véritable,  élargi  à  son  extrémité  supérieure, 
effilé  du  côté  opposé  et  légèrement  bifurqué.  — Tout  l'os  est  plat  et  montre  en  avant 
une  espèce  de  col  comme  la  côte  qui  la  porte. 

La  première  côte  à  gauche,  en  tout  semblable  à  celle  de  droite,  porte  à  la 
même  place  une  pièce  osseuse,  d'une  forme  fort  irrégulière,  qui  est  complète- 
ment soudée  avec  elle. —  C'est  évidemment  le  rudiment  de  la  côte  supplémentaire 
du  côté  opposé,  qui  s'est  complètement  confondu  avec  l'os  (1). 

Nous  trouvons  ainsi  une  côte  supplémentaire,  couchée  sur  la  côte  véritable  à 
droite,  et,  à  gauche,  une  pièce  complètement  souciée  qui  fait  corps  avec  l'os.  —  Ici 
c'est  le  côté  gauche  qui  semble  plus  avancé  que  le  côté  droit,  contrairement  à  ce 
que  l'on  voit  ailleurs,  quand  les  deux  moites  ne  se  développent  pas  de  la  même 
manière. 

Au  musée  du  collège  royal  des  chirurgiens  à  Londres,  nous  avons  vu  la  première 
côte  de  deux  individus  différents,  qui  sont  régulièrement  biceps,  c'est-à-dire  qu'en 
haut,  elles  sont  véritablement  comme  fendues,  et  à  peine  un  des  bouts  est-il  plus 
développé  que  l'autre.  —  La  côte  du  plus  jeune  est  à  peine  plus  large  en  bas  qu'en 
haut,  tandis  que  celle  de  l'adulte  est  considérablement  élargie  du  côté  du  sternum. 
—  On  dirait  que,  dans  le  premier  cas,  une  côte  supplémentaire  est  venu  se  souder 
à  la  première,  tandis  que,  dans  le  second  cas,  on  dirait  deux  premières  côtes 
réunies. 

Les  côtes  qui  suivent  la  première  ont  presque  le  double  de  la  longueur  de  celle- 
ci.  —  Les  cinq  premières  sont  notablement  plus  larges  que  dans  la  BaUenoplcra 


(1)  Rudolphi  avait  déjà  l'ait  l'observation  que  la  première  côte  est  double  ou  biceps  et  ajoute  :  on  dirait 
une  des  fausses  côtes  de  la  dernière  vertèbre  cervicale  unie  avec  la  première  côte  thoracique. 


208  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

rostrata.  —  La  quatorzième  qui  est  la  dernière  est  beaucoup  plus  mince  que  les 
autres,  mais  elle  n'est  pas  moins  longue  qu'elles.  —  Schlegel  fait  observer  que  dans 
le  squelette  de  Leyde  cette  dernière  était  logée  dans  les  cbairs  et  se  serait  proba- 
blement perdue  si  le  squelette  n'avait  été  préparé  avec  soin.  — C'est  sous  la  direc- 
tion de  Reinhardtque  cette  préparation  a  été  faite. 

M.  Flower  n'indique  que  treize  côtes  dans  le  squelette  do  Leyde. 

Les  troisième,  quatrième  et  cinquième  côtes  portent  un  prolongement  cervical, 
mais  peu  développé. 

L'omoplate  présente  les  caractères  ordinaires  du  genre,  mais  nous  trouvons  son 
apophyse  acromion  fort  large  et  très-allongée.  — Le  coracoïde  par  contre  est  com- 
parativement peu  développé.  —  Ce  même  caractère,  nous  l'avons  trouvé  dans 
l'omoplate  isolée  qui  a  été  trouvée  à  l'embouchure  de  la  Clyde  et  qui  se  trouve 
avec  la  tète  du  même  animal  au  musée  de  Cambridge. 

Comme  les  nageoires  étaient  encore  entourées  complètement  de  leur  peau,  lors 
de  leur  arrivée  à  Louvain,  nous  pourrons  donner  une  description  complète  des  os 
et  de  leurs  rapports.  INous  avons  reçu  en  même  temps  et  dans  les  mêmes  condi- 
tions un  squelette  de  Balœnoptera  rostrata,  ce  qui  nous  a  permis  de  les  décrire  com- 
parativement. 

Le  membre  a  presque  la  même  longueur  dans  les  deux  cétacés  qui  ne  diffèrent 
pas  beaucoup  de  faille;  mais  il  y  a  entre  eux  une  différence  d'âge  :  l'un  est  fort 
jeune,  l'autre  est  presque  adulte. 

Le  membre  antérieur  du  borealis  est  plus  long  de  quelques  centimètres  et  cette 
longueur  ne  provient  ni  du  bras,  ni  de  la  main,  mais  des  deux  os  de  l'avant-bras, 
qui  sont,  non-seulement  plus  larges  que  dans  le  rostrata,  mais  qui  sont  en  même 
temps  moins  massifs. 

L'humérus  nous  semble  aussi  comparativement  un  peu  plus  délicat. 

11  n'y  a  que  quatre  doigts  dans  tous  les  deux.  Le  pouce  n'a  aucune  pièce  solide. 

Le  carpe  a  cinq  os  dont  trois  comme  à  l'ordinaire  pour  le  procarpe,  deux  pour 
le  mésocarpe. 

Le  doigt  interne  est  le  plus  court;  outre  l'os  métacarpien  il  n'a  que  trois  pha- 
langes. 

Le  doigt  suivant  atteint  presque  le  bout  de  la  nageoire;  le  métacarpien  est  assez 
fort  et  il  est  suivi  de  cinq  phalanges. 


BALÉNOPTÈRES.  209 


L'annulaire  est  le  plus  long,  touten  ne  différant  pas  du  précédent  :— Il  comprend 
les  phalanges  les  plus  fortes,  y  compris  le  métacarpien.  Outre  celui-ci  il  y  a  égale- 
ment cinq  phalanges  dont  la  dernière  est  encore  assez  large. 

Le  petit  doigt  a  trois  phalanges  comme  l'index. 


BALŒNOPTERA  S1BBALDII 


Pl.  XII  et  XIII,  Fig.  25-3Zi. 


Camper,  Observations  anatomiques  sur  la  structure  intérieure  et  le  squelette  de  plusieurs  espèces  de  cétacés, 

Paris,  1820. 
Flower,  On  Physalus  Sibbaldii,  Proc.  Zool.  Soc,  1865, 
J.-E.  Gray,  Catalogue  of  seals  and  whales,  London,  1866. 

A.  W.  Malm,  Nagra  blad  om  Hvaldjur  i  allmànhet,  och  Balœnoptera  carolinœ  isynnerhet.  Goteborg,  1866. 
A.-W.  Malm,  Monographie  illustrée  du  Balénoptère,  trouvé  le  29  octobre  1865  sur  la  côte  occidentale  de 

Suède.  Stokholm,  1867. 
J.  Reinhardt,    Nogle   Bœmarkninger   om  lslœndernes  Steypireydr,  Videnskab.  meddels.  f.   d.  naturh. 

Foren.,  1867,  n"  8-11.  Kiobenliavn,  1868. 
W.-H.  Flower,  On  the  probable  identity  of  the  Fin-whales,  described  as  Balœnoptera  Carolinœ.  Proc.  Zool. 

Soc,  mardi,  1868. 
Sophus  Hallas,  Optegnelser  om  nogle  paa  et  Hvalfangsl-Tog Vidensk.  medd.fra  den  naturhist.  Foren. 

for  1867. 

Quoique  Camper  ait  fait  mention  de  cette  espèce  sous  le  nom  de  Steipcreidar, 
ce  n'est  que  dans  ces  dernières  années  qu'elle  a  été  établie  sur  des  caractères 
positifs  tirés  surtout  du  squelette. 

En  4847  un  squelette  de  50  pieds,  conservé  au  musée  de  IIull  et  provenant 

d'un  jeune  animal,  attira  l'attention  du  docteur  Gray,    qui   lui   donna  le   nom 

spécifique  de  Sibbaldii. 

27 


210  SQUELETTE  UES  CETACES. 

Lesson,  dans  son  histoire  naturelle  des  cétacés,  après  avoir  parlé  de  la  Balénop- 
tère du  Nord  qui  a  échoué  sur  la  côte  du  Holstein  en  -1819,  fit  mention  d'une 
femelle  de  o\  pieds  de  long,  qui  fut  jeté  sur  les  sahles  de  l'île  d'Oleron,  le  \  0  mars 
4827;  elle  portait  M  vertèhres  dans  les  lohes  de  la  nageoire  caudale,  lui  écrivit 
M.  Sonty,  son  sternum  était  petit  et  plat  et  dans  la  colonne  vertébrale  il  comp- 
tait 65  vertèbres  au  moins. —  Ces  caractères  nous  font  supposer  que  ce  squelette 
appartient  à  la  même  Bulœnoptcra  Sibbaldii  (F).  —  Malheureusement  les  os  n'ont 
pas  été  conservés. 

Dans  une  visite  faite  à  Utrecht  en  1864,  M.  Flower  fut  frappé  des  caractères 
remarquables  qu'il  observa  dans  un  squelette  qui  faisait  partie  de  la  collection  de 
Lidth  de  Jeude,  et  comme  il  ne  put  l'identifier  avec  aucune  espèce  connue,  il  lui 
donna  le  nom  spécifique  de  Latirostris.  — Ce  squelette  était  en  effet  remarquable 
par  la  largeur  du  rostre,  la  forme  singulière  du  sternum,  le  nombre  de  vertèbres, 
la  coalescence  tardive  des  épiphyses,  etc.  etc. 

Peu  de  temps  après,  M.  Flower  reconnut  que  le  squelette  de  la  collection  de 
Lidth  de  Jeude  appartient  à  la  même  espèce  que  celui  de  Hull,  auquel  Gray  avait 
donné  le  nom  de  Sibbaldii. 

Le  29  octobre  1865,  une  Balénoptère  de  grande  dimension  vint  échouer  sur  la 
côte  occidentale  de  Suède,  non  loin  de  Gothenburg  et  fut  acquise  pour  le  musée 
de  cette  ville. —  Le  superintendant  du  musée,  M.  Malm,  en  fit  l'objet  d'une  étude 
suivie,  et,  croyant  l'animal  nouveau  pour  la  science,  il  proposa  le  nom  de 
Balwnoplera  Carolinx  pour  ce  nouveau  mysticète. 

Le  professeur  Lilljeborg,  ayant  eu  l'occasion  de  voir  ce  squelette,  le  regarda 
non  comme  une  espèce  nouvelle,  mais  comme  une  Bulœnoptcra  musculus,  ce  qui 
évidemment  n'est  pas. 

Au-si  MM.  Flower  et  Reinhardt  ont  émis  leurs  avis  peu  de  temps  après,  et  con- 
sidèrent avec  raison  la  Baleenoptera  Curolinœ,  comme  synonyme  de  Balsenoptera 
Sibbaldii. —  C'est  le  même  animal,  dit  le  professeur  Reinhardt,  que  les  Islandais 
désignent  sous  le  nom  deStcypircyilr. 

Fn  I SOT,  une  tête  'le  Balénoptère  fut  apportée  à  Copenhague  provenant  de  la 


(1)  Le  docteur  Fischer  est  aussi  d'avis  que  cet  animal  est  un  Sibbaldii. 


BALENOPTERES.  211 

pêche  des  Vinnûsch  en  Islande.  —  Le  professeur  Reinhardt,  frappé  de  la  forme 
extraordinaire  de  cette  tète,  ne  sut  d'abord  à  quelle  Balénoptère  la  rapporter, 
mais,  aussitôt  qu'il  eut  fait  la  comparaison  des  espèces  établies,  il  reconnut  que  la 
tête  du  Steypireydr  n'est  autre  chose'que  la  Balœnoptera  Sibbaldii  de  Gray,  ou  la 
Balœnoptera  Latirostris  de  Flower.  —  Le  crâne  a  au  delà  de  -17  pieds  et  l'animal 
doit  avoir  eu  plus  de  70  pieds  de  longueur,  m'écrivit  le  savant  professeur  de 
Copenhague. 

Holbôll,  pendant  son  séjour  au  Groenland,  a  pu  recueillir  quelques  bonnes 
observations  sur  cet  animal.  —  On  ne  le  chasse  guère,  dit  le  savant  gouverneur 
du  Groenland,  ses  fanons  sont  courts  et  sans  usage  et  il  donne  peu  d'huile.  — 
Du  reste,  ajoute-t-il,  sa  pêche  est  difficile  quoiqu'il  soit  peu  farouche  et  qu'il 
côtoie  très-souvent  les  embarcations.  —  C'est  le  mysticète  le  plus  facile  à  observer 
sur  la  côte  du  Groenland,  dit-il. 


Il  se  distingue  par  les  caractères  suivants  : 

Le  rostre  est  fort  large,  surtout  vers  le  milieu  de  sa  longueur;  les  os  propres  du  nez 
sont  très-volumineux;  les  palatins  sont  fort  étendus  en  largeur;  l'apophyse  coronoïde 
est  haute  et  pointue;  les  vertèbres  sont  au  nombre  de  64;  les  cervicales  et  les  dorsales 
sont  fort  massives;  les  côtes  sont  au  nombre  de  -16;  le  sternum  est  court  et  large;  les 
métacarpiens  et  les  phalanges  sont  comparativement  longs. 

Les  fanons  sont  courts  et  fort  larges  à  leur  base  ;  leur  couleur  est  foncée.  La  nageoire 
dorsale  est  peu  élevée,  pointue,  courbée  et  rapprochée  de  la  nageoire  caudale.  —  Les 
nageoires  pectorales  sont  longues  et  pointues.  — La  peau,  est  d'un  brun  foncé  tirant  sur 
le  vert.  —  Des  poils  au  nombre  d'une  trentaine  sont  placés  an  menton  dans  un  espace 
circulaire  [Malm). 

Syn.   Physalus  Sibbaldii,  Gray. 

Physalus  Latirostris,  Flower. 
Balœnoptera  Carolinœ,  Malm. 


212  SQUELETTE   DES  CÉTACÉS. 

Tunnolik  desGroënlandais  (I). 

Steypireydr,  des  Islandais. 

Su/phur  Botiom  des  baleiniers  anglais. 

Holboll  leur  accorde  de  GO  à  80  pieds  (2). 

L'animal  de  Gotbenburg,  qui  est  jeune  comme  celui  de  Hull  et  celui  d'Utrecht, 
mesure  54  pieds  à  peu  près. 

Reinbardt  estime,  que  l'individu  dont  il  possède  la  tète  avait  au  moins  70  pieds. 

Les  baleiniers  anglais  accordent  90  pieds  à  leur  Sulpbur  Bottom. 

Comme  le  fait  remarquer  M.  Flower,  ce  sont  les  espèces  bien  connues  qui 
doivent  nous  renseigner  sur  les  limites  des  variations  que  présente  chacune  d'elles; 
nous  connaissons  trop  peu  d'individus  pour  désigner  positivement  la  taille,  mais 
nous  en  savons  assez  pour  leur  en  accorder  une  très-grande. 

Cette  espèce  ne  loge  pas  plus  de  cirripèdes  que  les  autres  Balénoptères  sur  la 
peau,  mais  à  l'intérieur  elle  nourrit  un  Ecbinorbynque  nouveau,  qui  d'après 
M.  Malm,  ressemble  à  l' Echinorhynchus  porrigens  de  Rudolpbi.  — 11  lui  donne  le 
nom  de  Echynorhynchus  ôrevicollis. 

D'après  Holboll,  sa  nourriture  principale  consiste  en  malotus  arcticus. 


C'est  lemysticète  le  plus  abondant  sur  les  côtes  d'Islande:  M.  Sopbus  Ilallas l'a 
observé  dans  ces  parages  depuis  le  21  avril  jusqu'au  milieu  de  septembre.  —  C'est 
lui  qui  parait  le  premier.  —  Il  en  a  constamment  observé  entre  G5°/i0'  et  G6c/20' 
latitude.  —  Au  printemps  on  le  voit  apparaître  en  abondance  dans  la  partie 
méridionale  du  Groenland,  puis  pendant  l'été  dans  la  partie  septentrionale,  d'après 
Holboll. 


(1)  Le  professeur  Reinhardl  vient  de  démontrer  que  le  Tunnolik  des  Groënlandais  est  le  Steypireydr 

deslslanil.ii    mi  la  Ualœnopicra  Sibbaldii des  ailleurs.  Eschricht  croyait  que  le  Tunnolik  correspondait 
u  la  Ualœnopicra  (jitjas,  c'est-à-dire  au  musculus. 

(2)  Cette   belle    balénoptère  est    évidemment  la   plus  grande   de  toutes   celles  du  Groenland,   dit 
Holboll. 


I5ALEN0PTÈRES.  213 

11  n'y  a  que  fort  peu  d'individus  qui  sont  venus  se  perdre  sur  les  côtes  d'Europe: 
le  premier  est  celui  dont  le  squelette  est  conservé  au  musée  de  la  Société  littéraire 
et  philosophique  de  Hull;  le  second  est  celui  dont  le  squelette  se  trouvait  dans  le 
cahinet  Lidth  de  Jeude  et  qui  est  aujourd'hui  au  British  muséum;  le  troisième  est 
un  jeune  mâle  qui  est  venu  se  perdre  sur  la  côte  de  Suède  et  qui  a  été  étudié  par 
Malm  ;  enfin,  le  plus  méridional  paraît  être  celui  dont  parle  Lesson,  d'après 
Sonty,  qui  est  venu  échouer  sur  les  sables  de  l'Ile  d'Oléron. 


11  n'existe  qu'un  petit  nombre  de  dessins  de  cette  espèce  ;  le  docteur  Gray  a 
publié  d'abord  la  figure  de  l'axis  et  de  la  cinquième  cervicale;  le  professeur 
Reinhardt  a  fait  figurer  ensuite  la  tête,  l'os  hyoïde,  l'atlas  et  les  os  propres  du  nez, 
mais  c'est  dans  la  monographie  de  M.  Malm,  que  l'on  trouve,  indépendamment 
des  photographies,  représentant  l'animal  sous  différentes  faces,  diverses  parties 
du  squelette  :  les  sept  cervicales  vues  de  profil  avec  les  trois  premières  dorsales, 
l'atlas  et  l'axis  vus  de  face,  l'os  hyoïde,  l'extrémité  supérieure  des  côtes  et  la 
nageoire  pectorale. 


SQUELETTE. 


La  tête  et  surtout  le  rostre  s'éloigne  des  autres  Balénoptères  par  sa  largeur  et 
sa  convexité  ;  elle  se  rapproche  sous  ce  rapport  de  celle  des  Mcgaptera.  —  Les  os 
nasaux  sont  remarquables  par  leur  largeur  et  leur  brièveté.  —  Les  os  palatins 
sont  également  fort  larges.  La  mandibule  ne  se  fait  remarquer  que  par  son 
apophyse  coronoïde  qui  est  un  peu  plus  élevée  et  peut-être  un  peu  plus  pointue 
que  dans  les  espèces  voisines. 

La  caisse  tympanique  a  tous  les  caractères  du  genre  et  ce  n'est  qu'en  la  com- 
parant attentivement  avec  les  autres  qu'on  pourrait  la  distinguer.  —  Elle  a  13 
centimètres  de  long;  l'apophyse  externe  du  rocher  en  a  24  et  l'antérieure  \\. 
(Tête  du  British  Muséum.) 


214  SQUELETTE  DES  CETACES. 

De  tous  les  inysticètes  c'est  celui  dont  la  coloune  vertébrale  compte  le  plus 
grand  nombre  de  vertèbres  :  nous  en  trouvons  64,  dont7  cervicales,  4  6  dorsales, 
45  lombaires  et  26  caudales  (I). 

De  toutes  les  vertèbres  du  cou,  l'axis  seul  a  ses  apophyses  trausverses  réunies  en 
cercle  à  l'âge  adulte. 

Dans  le  squelette  de  Gotheubourg,  comme  dans  celui  du  British  Muséum,  les 
ailes  de  cette  vertèbre  sont  très-peu  développées  et,  dans  ce  dernier  squelette,  les 
apophyses  ne  se  touchent  pas  encore  pour  former  l'anneau.  —  Dans  le  squelette 
de  Gotheubourg  ces  apophyses  sont  rapprochées  mais  on  voit  encore  leur 
soudure. 

De  la  troisième  à  la  septième  vertèbre  il  y  a  fort  peu  de  différences.  —  C'est 
la  dernière  qui  est  la  plus  forte  après  l'axis. 

La  septième  cervicale  montre  à  la  place  occupée  par  l'apophyse  transverse 
inférieure,  un  mince  tubercule. 

Le  corps  de  toutes  ces  vertèbres  cervicales  est  comparativement  mince. 

Dans  le  squelette  du  British  muséum  une  des  vertèbres  cervicales  est  malade 
et  présente  le  même  aspect  que  les  vertèbres  caudales  du  mysticctus  de  Bruxelles. 

Les  apophyses  transverses  inférieures  de  la  troisième  à  la  sixième  cervicale  vont 
en  diminuant,  et  leur  extrémité  reste  à  une  grande  distance  du  bout  de  l'apo- 
physe transverse  supérieure. 

L'apophyse  transverse  supérieure  de  la  septième  cervicale  est  beaucoup  plus 
forte  que  les  autres  et  se  dirige  d'arrière  en  avant  et  de  dedans  en  dehors. 

La  septième  cervicale  n'a  pas  d'apophyse  transverse  inférieure. 

L'apophyse  épineuse  de  l'axis  est  fort  étendue  d'avant  en  arrière  puis  elle  va  en 
diminuant  jusqu'à  la  cinquième  cervicale.  Les  arcs  neuraux  de  ces  vertèbres 
se  couvrent  les  uns  les  autres;  à  la  sixième  cervicale,  l'apophyse  épineuse,  dirigée 
d'arrière  en  avant  s'élève  au-dessus  des  précédentes  comme  la  septième,  qui  s'é- 
lève à  la  même  hauteur  et  suit  la  même  direction. 

L'apophyse  inférieure  de  la  septième  cervicale  est  surtout  très-courte  du  côté 
droit.  A  gauche  elle  a  une  hauteur  égale  à  la  longueur  du  corps  de  la  même  ver- 


(1)  Les  verU-bres  sont  au  nombre  de  soixante-quatre  dans  les  deux  squelettes  de  Hullet  du  British 
muséum. 


BALÉNOPTÈRES.  215 

tèbre,  dit  M.  Malm.  Dans  la  photographie  qu'il  a  joint  au  texte  nous  ne  trouvons, 
au  moins  à  droite,  aucune  apparence  d'apophyse,  pas  même  de  tubercule. 

Les  os  en  V  sont  au  nombre  de  dix-neuf;  les  deux  premières  et  les  dernières 
sont  séparés  sur  la  ligne  médiane. 

Les  vertèbres  dorsales  sont  très-massives  tant  par  le  corps  que  par  les  apophy- 
ses; à  commencer  de  la  première  dorsale,  l'apophyse  épineuse  supérieure  s'élève 
insensiblement  et  prend  un  développement  de  plus  en  plus  grand  d'avant  en  ar- 
rière. —  Les  apophyses  transverses  des  deux  premières  sont  fortes,  mais  ce  sont 
surtout  celles  de  la  troisième  dorsale  qui  prennent  brusquement  un  développe- 
ment excessif.  —  Leur  grand  développement  donne  une  physionomie  particu- 
lière à  cette  région. 

M.  Flower  fait  remarquer  que  les  deux  dernières  vertèbres  sont  semblahles  et 
sont  toutes  les  deux  fort  aplaties,  mais  celle  qui  les  précède,  change  brusquement 
de  dimension  dans  tous  les  sens;  si  l'on  ne  rencontrait  pas  la  même  disposition 
dans  les  deux  squelettes,  on  supposerait  qu'il  manque  une  vertèbre. 

Les  côtes  sont  au  nombre  de  seize  dans  le  squelette  de  IIull;  c'est  le  chiffre 
le  plus  élevé  que  l'on  connaisse.  —  Le  squelette  de  Gothenbourg  n'en  a  que  45; 
il  y  en  a  peut-être  une  qui  est  restée  dans  les  chairs. 

La  première  côte  n'est  pas  biceps  en  haut,  mais  elle  se  distingue  par  son  côté 
sternal  qui  est  excessivement  large.  Comme  toujours  elle  est  plus  courte  que  les 
autres. 

La  sixième  et  la  septième  côtes  sont  les  plus  longues. 

C'est  la  troisième  et  la  quatrième  qui  présentent  en  haut  un  rudiment  de  col; 
la  première  n'en  offre  pas  d'apparence. 

Le  sternum  est  plus  large  que  long  et  son  ossification  est  fort  tardive. 

L'omoplate  a  comme  les  autres  espèces,  son  diamètre  antéro-postérieur  très- 
développé,  unacromion  volumineux  mais  un  coracoïde  beaucoup  moins  fort. 

L'humérus  est  proportionnellement  fort  court,  et  présente  sur  sa  face  inférieure 
une  forte  échancrure  au  milieu.  —  La  tète  est  très-grosse. 

Le  radius  a  le  double  de  la  largeur  du  cubitus. 

Les  os  carpiens  sont  au  nombre  de  trois  au  procarpe  :  le  radial,  l'intermédial  et 
le  cubital,  et  de  deux  au  rnésocarpe;  ils  montrent  fort  peu  de  différence  entre  eux. 

Les  métacarpiens  sont  fort  allongés  comme  les  phalanges.  M.  Malm  a  compté 


216  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

ces  os  parmi  les  phalanges.  C'est  pourquoi  le  nombre  de  phalanges  qu'il  accorde 
aux  doigts  est  plus  élevé  que  dans  les  autres. 

L'index  a  quatre  phalanges,  le  médian  six  ou  sept,  l'annulaire  cinq  ou  six  et  le 
petit  doigt,  trois. 

Dans  le  squelette  de  Hull  nous  trouvons  :  4,  6,  5  et  5,  dans  celui  d'Utrecht,  4, 
5,  5  et  5,  dans  celui  de  Gothenbourg,  en  déduisant  les  métacarpiens,  4,  7,  6  et  5. 
—  Dans  les  deux  premiers  squelettes  les  os  des  phalanges  sont  réunis  artificielle- 
ment, dans  le  dernier  ils  sont  restés  en  place. 


BAL/ENOPTERA  SWINHOEI 


J.-E.  Gray,  Short  aceount  of  part  of  a  skeleton  of  a  finner  whale,  sont  )jy  M.  Swinhoe  froni  the  coast  of 
Formosa.  (Proceed.  Zool.  Soc,  18G.'J,  p.  725.  Ami.  nul.  hist.,  1865.) 

Nous  venons  de  faire  connaître  quatre  espèces  de  Balénoptères  propres  au 
nord  de  l'Atlantique.  —  Il  est  à  supposer  qu'il  en  existe  également  plusieurs 
au  sud  de  l'Atlantique  comme  au  nord  et  au  sud  du  Pacifique;  cependant  on  n'en 
possède  guère  d'ossements  dans  nos  musées,  et  nous  n'avons  généralement  d'autres 
indications  que  quelques  dessins  grossiers  faits  à  la  hâte  ou  des  observations  fort 
incomplètes  faites  en  mer 

Cuvier  n'a  connu  aucun  Rorqual  en  dehors  de  ceux  qui  vivent  au  nord  de 
l'Atlantique,  puisque  son  Rorqual  du  Cap  est  une  megaptera. 

Lcsson  dit  avoir  souvent  rencontré  des  Balénoptères  dans  l'hémisphère  sud  cu- 
ire les  quarantième  et  soixante  dixième  degrés  de  latitude,  mais  1rs  faits  positifs 
sur  lesquels  on  doit  baser  la  connaissance  des  espèces,  sont,  de  son  propre  aveu, 


BALÉNOPTÈRES.  217 

très-rares.  Il  cite  tout  au  long  l'observation  de  Quoy  et  Gaimard  (I)  qui  ont  vu 

pendant  leur  séjour  aux  îles  Malouines  une  balénoptère  de  l'espèce  museau-pointu, 

qui  vint  s'échouer  sur  les  rochers  de  la  baie  française,  et  une  autre  morte  dans 

le  détroit  de  Lemaire,  reconnaissable  aux  nombreux  plis  de.  son  ventre  pour  être  de 

la  même  espèce. 

A.  de  Chamisso  a  publié  la  figure  de  la  plupart  des  grands  Cétacés  du  nord  du 

Pacifique,  parmi  lesquels  on  reconnaît  parfaitement  des  baleines  véritables,  des 

mégaptères  et  des  balénoptères,  et  il  a  joint  à  ces  dessins  les  noms  propres  des 

pêcheurs  de  ces  parages  ;  malheureusement  ces  dessins  ne  doivent  pas  inspirer  une 

fort  grande  confiance,  puisque  nous  voyons  figurer  le  cachalot  avec  deux  narines 

séparées  comme  les  mysticètes.  En  tout  cas  on  y  reconnaît  trois  balénoptères  qui 

portent  les  noms  de  Kuliomach,  d'Abugulick  et  d'Agamachtschich,  mais  nous 

ne  savons  si  la  Balsenoptera  rostrata  qui  hante  ces  parages  est  comprise  dans  le 
nombre. 

De  tout  l'océan  Pacifique  septentrional  on  ne  possède  dans  les  musées  européens 
que  les  os  que  le  consul  d'Angleterre  M.  Swinhoe  a  envoyés  de  l'ile  Formose  au 
British  muséum  et  qui  ont  élé  trouvés  sur  les  côtes  de  celte  île. 

Ces  os  consistent  dans  une  partie  du  crâne  (la  base  et  le  maxillaire  supérieur), 
trois  vertèbres  cervicales,  huit  dorsales  et  huit  côtes.  —  A  en  juger  par  l'état  des 
épiphyses,  ils  proviennent  d'un  animal  adulte.  Le  docteur  Cray  estime  sa  longueur 
à  60  ou  70  pieds. 

Le  docteur  Gray  a  représenté  la  plupart  de  ces  os;  il  a  figuré  l'axis  avec  la 
troisième  cervicale,  puis  la  sixième  cervicale,  et  la  première  dorsale  vues  de  face 
et  de  profil.  —  La  Fig.  88  représente  à  tort  les  apophyses  de  droite  non  soudées, 
et  la  Fig.  89  est  renversée  (2). 

Une  autre  balénoptère  des  côtes  du  Japon  est  représentée  au  muséum  du  collège 
médical  de  Calcutta  par  plusieurs  ossements,  mais  qui  ne  sont  pas  suffisamment 
connus  pour  qu'on  ait  pu  en  apprécier  les  caractères  distinelifs  :  c'est  le  physahu 
iwasii  du  docteur  Gray. 

On  a  vu  également  des  balénoptères  sur  la  côte  occidentale  de  l'Amérique  du 


(!)  Voyage  autour  du  monde  de  la  corvette  VUranie,  Partie  zoologique,  p  81. 
(2)  Catal.,  p.  383. 

s  8 


218  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

Nord,  mais  on  ne  sait  pas  positivement  si  elles  appartiennent  aux  mêmes  espèces 
qui  habitent  la  côte  Est  de  l'ancien  continent.  MM.  Lewis  et  Clark  font  mention  de 
balénoptères  de  cent  cinq  pieds  qu'ils  ont  observées  à  l'embouchure  de  la  Colomùia, 
mais  il  est  probable,  pour  ne  pas  dire  plus,  qu'il  faudra  en  déduire  au  moins  une 
vingtaine  de  pieds. 

Grâce  à  l'obligeance  du  docteur  Gray,  qui  a  bien  voulu  faire  mettre  à  notre 
disposition  tout  ce  qui  pouvait  nous  intéresser  pour  cette  publication,  nous  avons 
examiné  les  os  de  la  Buhvnoplera  Swinhoëi  et  nous  avons  pu  juger  par  nous- 
mêmes  du  degré  d'affinité  qui  lie  cette  espèce  aux  autres  balénoptères.  Quoique 
cet  examen  ait  eu  lieu  dans  les  caves  du  Brilish  muséum,  à  la  lueur  d'une  lanterne 
et  que  les  os  se  trouvaient  encore  entassés  dans  des  caisses,  nous  avons  pu  nous 
assurer,  que  la  base  du  crâne  diffère  notablement,  si  on  la  compare  avec  les  espèces 
du  nord  de  l'Atlantique;  l'occipital  ainsi  que  le  temporal  et  la  région  occupée 
par  les  os  de  l'oreille  ne  nous  offrent  rien  de  particulier;  l'apophyse  externe 
du  rocher,  qui  présente  souvent  des  caractères  importants,  est  fort  aplatie  et 
s'allonge  notablement.  Le  maxillaire  supérieur  est  tronqué  en  arrière  le  long  du 
frontal;  il  est  bordé  en  dedans  par  l' intermaxillaire  et  se  termine  en  avant  comme 
dans  nos  espèces. 

L'axis  est  remarquable  par  la  largeur  et  la  grande  étendue  de  ses  ailes  qui 
sont  tronquées  au  bout;  le  trou  annulaire  a  à  peu  près  la  grandeur  du  canal 
vertébral.  —  A  gauche  les  deux  apophyses,  tout  en  formant  un  cercle  complet,  ne 
in I  passoudées ensemble;  du  coté  opposé,  c'est-à-dire  à  droite,  la  soudure  est  com- 
plète. Le  corps  de  cette  vertèbre  a  un  diamètre  transversal  de  2G  centimètres; 
i  haque  aile  a,  à  peu  près,  la  même  longueur. 

L'axis  est  soudé  à  la  troisième  cervicale  par  le  corps,  mais  non  par  les 
apophyses. 

La  troisième  cervicale  a  ses  deux  apophyses  à  peu  près  également  développées 
avec  une  petite  différence  toutefois  en  faveur  de  la  supérieure.  Ces  apophyses 
se  dirigent  de  dedans  en  dehors  cl  très  légèrement  de  haut  en  bas.  —  Elles  ont 
presque  la  longueur  du  plus  grand  diamètre  du  corps  de  la  vertèbre  dont  elle? 
dépendent. 

Le  corps  de  la  troisième  cervicale  mesure  en  hauteur  17  centimètres,  en  largeur 


BALÉNOPTÈRES.  210 

26  centimètres  et  demi;  d'un  bout  à  l'autre  des  apophyses  transverses  de  l'axis  il  y 
a  85  centimètres. 

Comme  nous  l'avons  vu  plus  haut,  certaines  vertèbres  du  cou  se  réunissent 
quelquefois,  tantôt  par  le  corps,  tantôt  par  l'arc  neural,  et  dans  cette  espèce  nous 
trouvons  un  nouvel  exempledc  cette  réunion  parle  corps.  La  seconde  et  la  troisième 
cervicale  sont  en  effet  soudées  comme  dans  quelques  individus  de  la  Bakenoplera 
roslrata.  —  M.  le  docteur  Gray  considère  celte  soudure  comme  un  caractère  du 
genre,  mais,  à  notre  avis,  on  ne  doit  y  voir,  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut, 
qu'un  effet  individuel.  On  ne  la  trouve  que  dans  un  certain  nombre  de  squclcllcs. 

La  cervicale  que  le  docteur  Gray  regarde  avec  raison  comme  la  sixième  a  une 
apophyse  transverse  supérieure  fort  longue,  correspondant  à  peu  près  au  grand 
diamètre  du  corps  de  la  \ertèbre  et  se  dirige  directement  en  dehors  en  s'incli- 
nant  fort  légèrement  vers  le  bout. 

Les  apophyses  transverses  inférieures  ne  méritent  que  le  nom  de  tubercules. 

La  première  dorsale  est  remarquable  par  son  apophyse  transverse  qui  est  très- 
forte,  tres-élargie  et  qui  s'étend  de  haut  en  bas  et  d'avant  en  arrière;  l'apophyse  a 
a  peu  près  une  longueur  égale  au  diamètre  vertical  du  corps  de  la  vertèbre. 

.M.  Gray  trouve  que  ces  os  ressemblent  en  général  à  ceux  de  la  Balœnoptera 
musculus  et  il  pense  que  l'animal  dont  ils  proviennent  avait  une  longueur  de 
GO  à  70  pieds.  Le  savant  directeur  du  muséum  britannique  trouve  en  eux  des  ca- 
ractères des  Physalus  et  des  Balœnoptera. 


220  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 


BAL.ENOPTERA    SCHLEGELII 
Pi..   XVI. 

//.  Flower,  notes  on  the  skeletons  of  whales  in  the  principal  muséums  of  llolland  and  Belgium.  (Proc. 

Zool.  Soc  ,  1864  ) 
J.-E.  Gray,  Catalogue  of  seals  and  whales,  1866,  p.  178. 

D'après  les  renseignements  fournis  par  les  naturalistes  et  ies  voyageurs,  la  mer 
«les  Indes  nourrit  un  grand  nombre  de  balénoptères,  mais  los  observations  aux- 
quelles elles  ont  donné  lieu,  sont  en  général  vagues  et  incomplètes.  Nous  ne  con- 
naissons d'autres  ossements,  recueillis  dans  ces  parages,  que  ceux  du  musée  de 
Leyde  et  peut-être  une  mandibule  de  la  mer  Rouge,  conservée,  si  nous  ne  nous 
(rompons,  au  musée  du  Caire. 

En  18C4  le  musée  royal  de  Leyde  reçut  de  Java  un  squelette  de  balénoptère 
loi  l  remarquable,  provenant  d'un  animal  capturé  sur  la  côte  nord-ouest  de  cette 
île.  C'est  à  M.  Flower  que  l'on  doit  la  description  de  cet  intéressant  squelette. 

Les  caractères  les  plus  saillants  qui  le  distinguent  sont  : 

Des  os  frontaux  fort  larges  surtout  dans  leur  portion  sus- oùilaire,  des  os  nasaux 
longs  fort  étroits  a  leur  base  cl  tronc/nés  en  avant;  des  côtes  au  nombre  de  I  \,  dont 
In  première  est  biceps;  des  vertèbres  au  nombre  de  55. 

Le  squelette  a  45  pieds  de  long.  Comme  nous  venons  de  le  dire,  l'animal  dont 
il  provient,  a  été  pris  sur  la  côte  ouest  de  l'île  de  Java  et,  à  en  juger  par  l'élonne- 
inent  général  que  la  vue  du  cadavre  a  produit  sur  les  habitants  de  la  côte,  ces  ani- 
maux ne  doivent  pas  être  communs  dans  ces  parages. 

Cependant  les  balénoptères  ne  sont  pas  rares  dans  la  mer  des  Indes,  et  on  dit  même 
qu'on  fait  une  chasse  régulière  à  plusieurs  d'entre  elles,  surtout  aux  iles  Maldives 
et  aux  iles  Séclielles.  —  On  trouve  des  balénoptères  à  l'est  de  l'Afrique  depuis  le 
cap  de  Bonne-Espérance  jusqu'au  fond  de  la  mer  Rouge,  sur  les  côtes  de  Ccylan 
et  de  Malabar  jusqu'au  golfe  Pcrsique,  à  l'ouest  des  iles  de  la  Sonde,  et  dans 


BALENOPTERES.  221 

toute  Tétendue  de  la  mer  des  Indes.  Mais  nous  ne  savons  à  combien  d'espèces 
se  rapportent  ces  balénoptères;  on  n'en  connaît  que  les  ossements  dont  nous 
venons  de  parler  et  quelques  autres  qui  sont  conservés  dans  les  musées  de 
Colombo  et  de  Calcutta.  « 

M.  Flower  a  joint  à  la  description  détaillée  qu'il  a  donnée  du  squelette  de 
Leyde,  le  dessin  de  l'atlas,  de  l'axis,  de  la  cinquième  et  de  la  sixième  cervicales, 
de  la  caisse  tympanique,  des  styloïdes  et  du  sternum. 

A  l'exception  des  dernières  vertèbres  caudales,  du  bassin,  des  os  lacrymaux 
et  malaires  ainsi  que  des  os  de  la  main,  ce  squelette  est  complot  et  fort  bien 
conservé. 

L'état  des  epiphyses  qui  sont  en  partie  soudées,  indique  que  l'animal  avait 
atteint  toute  sa  croissance. 

Le  savant  directeur  du  musée  du  collège  royal  des  chirurgiens  de  Londres  fait 
remarquer  avec  raison,  qu'il  existe  une  grande  affinité  entre  cette  espèce  et  la 
BaLvnoptera  ùorealis  (I)  du  nord  de  l'Atlantique.  M.  Edward  D.  Cope  croit  avoir 
reconnu  récemment  cette  espèce  sur  les  côtes  de  l'Amérique  du  Nord  (2). 

A  notre  avis  cette  balénoptère  de  Java  est  de  toutes  les  espèces  vivantes  celle 
qui  se  rapproche  le  plus  des  Plésiocètes  de  nos  terrains  tertiaires,  tant  par  le 
développement  en  longueur  de  la  tète,  que  par  la  conformation  des  os  des 
membres. 

SQUELETTE. 

La  tète  a  une  grande  ressemblance,  comme  du  reste  tout  le  squelette,  avec 
les  balénoptères  d'Europe  et  particulièrement  avec  la  Balwnoptera  ùorealis;  ce  qui 
la  distingue  particulièrement,  c'est  la  grande  largeur  de  l'os  frontal  dans  sa  por- 
tion sus-orbitaire,  qui  est  toutefois  moindre  que  dans  la  ùorealis;  dans  cette  der- 


(1)  Nous  entendons  par  Dalrenoplera  borealis,  non  la  grande  espèce  ii  laquelle  on  a  également  donné 
le  nom  de  gigas  et  qui  n'est  qu'un  grand  musculus,  mais  a  la  petite  espèce  que  le  docteur  Cray  appelle 
laiieeps. 

(2)  Proceed.  oflhe  Academy  d'nat.  sciences  of  Philadrlphia.  Philpdelphia,  1866,  septembre,  octobre  cl 
novembre,  n"  4,  p.  297. 


■222  SQUELETTE   DES  CÉTACÉS. 

^    nière  il  y  a  peu  de  différence  sous  ce  rapport  entre  la  base  et  son  bord  libre.  Le 

frontal  s'étend  très-largement  en  arrière  par  son  angle  postérieur  au-dessus  du 

temporal. 
^     Les  os  propres  du  nez,  comme  le  fait  remarquer  M.  Flower,  sont  fort  allongés, 

tronqués  en  avant,  sans  éebancrure  sur  leur  bord  libre  et  très-étroits  à  leur  base. 

Il  y  a  moins  de  différence  entre  les  deux  extrémités  de  cet  os  dans  la  Balœnopterà 

borealis,  que  dans  l'espèce  qui  nous  occupe. 
/     L'occipital  est  beaucoup  plus  large  à  sa  base  que  dans  le  borealis  et  nolabie- 
fment  moins  étendu  d'arrière  en  avant,  de  manière  que  la  boile  crânienne  gagne 

en  largeur  ce  qu'elle  perd  en  longueur. 

•  Le  rostre  est  comparativement  moins  effilé  que  dans  le  borealis. 

•  Le  maxillaire  supérieur  forme  une  courbe  peu  régulière  autour  du  bord  anté- 
rieur du  frontal. 

Le  maxillaire  inférieur  est  comparativement  massif,  surtout  du  coté  de  sa  sur- 
face articulaire  et  par  contre  plus  mince  en  avant;  les  trous  moutonniers,  au  nom- 
bre de  huit,  s'étendent  tout  près  de  l'extrémité  antérieure. —  L'apophyse  coronoïde 
est  peu  développée. 

Les  os  palatins  sont  peu  larges  et  se  rétrécissent  en  avant  du  côté  du  maxillaire 
au  lieu  de  s'élargir.  —  En  arrière  ils  se  recourbent  assez  fortement  en  dehors. 

Les  os  ptérigoïdiens  sont  fort  larges  à  leur  base  et  se  terminent  en  arrière  et 
en  dedans  par  une  apophyse  étroite. 

La  caisse  tympaniquea  été  figurée  par  M.  Flowcr  avec  les  autres  os  et  le  docteur 
Gray  a  reproduit  ce  dessin  dans  son  catalogue  des  Cétacés.  Elle  a  la  forme  ordi- 
naire des  Balénoptères,  mais  elle  est  comparativement  petite;  nous  trouvons  sept 
millimètres  de  moins  dans  sa  plus  grande  largeur  que  dans  la  borealis. 

La  colonne  vertébrale  a  cinquante-quatre  vertèbres  réparties  ainsi  :  sept  cer- 
vicales, quatorze  dorsales,  quatorze  lombaires  et  dix-neuf  caudales.  —  M.  Flowcr 
suppose  qu'il  y  en  a  trois  ou  quatre  qui  manquent  dans  la  région  caudale  ce 
qui  élèverait  le  nombre  à  cinquante-sept  ou  cinquante-huit.  —  Nous  croyons 
que  c'est  Irop.  — A  en  juger  par  analogie,  il  ne  manque  qu'une  ou  deux  vertèbres; 
le  nombre  normal  de  la  borealis,  qui  est  l'espèce  la  plus  voisine  de  l'Atlantique 
septentrionale,  n'est  que  de  "">:>  ou  *Ki. 

Les  vertèbres  de  la  région  cervicale  sont  fort  remarquables.  —  Les  trois  cervi- 


BALÉNOPTÈRES.  223 

cales  qui  suivent  l'axis  onl  un  large  anneau  complet,  qui  est  comparativement  petit 
dans  l'axis  lui-même.  Ces  apophyses  Iransverses  Je  la  seconde  vertèbre,  qui 
forment  ses  ailes  sont  fortement  recourbées  en  arrière  comme  dans  la  borealis. 
L'atlas  a  son  apophyse  supérieure  tronquée  en  biais,  aux  dépens  du  bord  anti- 
rieur.  —  Les  apophyses  Iransverses  sont  fort  larges  à  leur  base. 

L'axis  est  fort  remarquable  par  le  grand  développement  des  apophyses  trans- 
verses et  le  peu  d'étendue  de  l'orifice  annulaire.  —  L'apophyse  épineuse  supérieure 
est  fort  étendue  d'avant  en  arrière  vers  le  milieu  de  sa  hauteur,  puis  elle  se 
penche  en  arrière  pour  se  terminer  en  pointe  au-dessus  des  cervicales  suivantes. 
Les  trois  vertèbres  qui  suivent  l'axis,  c'est-à-dire,  la  troisième,  la  quatrième 
et  la  cinquième  cervicale,  ont  une  grande  ressemblance  entre  elles,  et  ne  diffèrent 
guère  que  par  l'orifice  annulaire  qui  s'élargit  de  la  première  à  la  dernière.  De 
ers  trois  vertèbres,  c'est  celle  du  milieu  qui  a  l'apophyse  épineuse  la  plus  courte 
et  la  plus  étroite. 

La  sixième  cervicale  a  l'anneau  presque  complet  et  ses  deux  apophyses  sent 
fort  étendues  en  dehors. 

La  septième  cervicale  n'a  que  son  apophyse  transverse  supérieure,  qui  du  reste 
est  très- développée,  et  descend  jusqu'au  bord  inférieur  du  corps  de  la  vertèbre. 
L'apophyse  épineuse  est  grande,  large  surtout  à  la  base,  et  tronquée  à  son  som- 
met. Elle  dépasse  un  peu  en  hauteur  l'apophyse  épineuse  de  l'axis. 

Ces  vertèbres  diffèrent  sensiblement  des  cervicales  de  la  ôorealis,  mais  il  est  a 
remarquer  aussi  que  ce  squelette  de  Java  provient  d'un  animal  adulte.  . 

11  y  a  quatorze  cotes.  —  La  première  est  franchement  biceps  et  leurs  deux 
surfaces  articulaires  ont  à  peu  près  le  même  développement.  —  Elle  a  tout  a  iail 
l'air  d'être  formée  par  la  fusion  de  deux  côtes.  —  Cette  première  côte  est  fort 
large  a  son  extrémité  sternale  et  très-courte  dans  son  ensemble.  Dans  hBalœnopterû 
ùorealis,  il  n'y  a  que  treize  côtes,  à  moins  qu'il  y  en  ait  une  supplémentaire  et 
qui  est  égarée,  comme  on  le  voit  dans  certains  squelettes. 

Les  trois  côtes  suivantes  ont  un  prolongement  cervicale  rudimentaire  et  leur 
surface  articulaire  est  assez  large. 

C'est  la  cinquième  côte  qui  est  la  plus  longue. 

Le  sternum  n'est  pas  sans  ressemblance  avec  celui  de  la  baUenoptera  musculuv, 


22i  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

il  est  toutefois  moins  allongé  d'avant  en  arrière,  ce  qui  le  rapproche  plus  ou  moins 
du  borealis  du  Nord. 

L'os  hyoïde  présente  la  forme  ordinaire,  seulement  les  deux  apophyses 
antérieures  qui  donnent  attache  aux  Styloïdes,  sont  passablement  allongées  et 
présentent  entre  elles  une  forte  échancrure.  —  En  arrière  on  voit  de  môme  deux 
apophyses  assez  fortement  développées. 

Les  styloïdes  sont  fort  larges  et  montrent  une  courbure  assez  prononcée  qui  les 
dislingue  des  autres  balénoptères. 

Ions  ces  os  sont  plus  massifs  dans  l'espèce  de  Java  que  dans  celles  du  nord  de 
1  Ulantique. 

L'omoplate  est  très-développée  dans  son  diamètre  antéro-postérieur.  —  Cet  os 
présente  la  forme  ordinaire  propre  au  genre.  — L'acromion  est  volumineux  et 
occupe  le  quart  du  grand  diamètre  de  l'os,  mais  il  est  comparativement  étroit  et 
fort  peu  courbé.  —  L'apophyse  coracoide  est  distincte  mais  peu  étendue  en 
longueur. 

Le  diamètre  antéro-postérieur  de  l'omoplate  est  de  '«0  pouces,  le  diamètre  ver- 
tical de  22  5/4,  et  la  longueur  de  l'acromion  de  10  pouces,  d'après  M.  Flower. 

L'humérus  a  les  caractères  des  myslicètes  vivants  en  général,  mais  en  l'exami- 
nant de  près  on  voit  cependant  que  par  sa  longueur  comme  par  sa  forme  il  se  rap- 
proche davantage  de  l'humérus  des  Ptésiocèfes;  la  tète  de  cet  os  est  à  peine  plus 
volumineuse  que  le  corps,  et  il  conserve  la  même  épaisseur  à  peu  près  dans  tous 
les  sens. 

Le  radius  et  le  cubitus  nous  semblent  comparativement  moins  longs  (pie  dans 
les  espèces  vivantes. 

M.  Flower  a  soigneusement  comparé  ce  squelette  de  Java  avec  ceux  d'Europe, 
et  il  reconnaît  qu'il  est  difficile  de  déterminer  les  caractères  par  lesquels  il  diffère  de 
la  Balsenoptera  borealis.  Ce  que  M.  flower  trouve  de  plus  caractéristique,  c'est  que 
la  portion  sus-oi  hilaire  du  fionlal  est  plus  étroite  dans  le  crâne  de  Java  que  dans 
la  borealis  d'Europe.  —  Nous  croyons  pouvoir  ajouter  que  les  os  propres  du  nez 
sont  plus  longs  et  plus  étroits  a  la  base  dans  la  Balsenoptera  Schlcgelii,  et  que  l'occi- 
pital est  notablement  plus  large  à  la  base,  moins  étendu  en  avant  et  ne  présente 
pas  cette  forme  lobée  dans  la  partie  qui  recouvre  les  os  frontaux.  —  Nous  trou- 


BALÉNOPTÈRES.  2^5 

vons  des  différences  également  dans  le  maxillaire  inférieur,  dans  les  vertèbres  cer- 
vicales et  le  sternum.  Enfin  les  apophyses  épineuses  des  dorsales  et  des  lombaires 
nous  paraissent  plus  longues  et  plus  fortes. 

Il  est  inutile  de  faire  remarquer,  que  le  squelette  de  Java,  qui  indique  une  lon- 
gueur au  moins  de  45  pieds,  dépasse  notablement  la  taille  de  la  Batœnoptera 
ùorealis  ou  laliceps,  qui  n'atteint  pas  au  delà  de  55  pieds,  et  qu'au  lieu  de  15  côtes 
comme  la  Batœnoptera  ùorealis,  cette  espèce  en  a  14. 


BAL/ENOPTERA  PATACHON  ICA.. 

■*■> 

JI.  Barmeister,  on  a  New  W'hale  [Balœnoptera  palachonicà).    Proc.  zoot.  soc,  1865,  p.  190.  —  Ann.  and 

Magaz.  Nat.  hist.,  1865. 
./.  E.  Gray,  Catalogue  of  Seals  and  Whales,  London,  1866,  p.  374. 

Pendant  leur  séjour  aux  iles  Malouines,  Quoy  et  Gaimard  ont  vu,  comme  nous 
l'avons  fait  remarquer  plus  baut,  une  balénoptère  de  l'espèce  museau-pointu, 
disent-ils  [Balœna  roslrata  auslralis),  échouer  sur  les  rochers  de  la  baie  française, 
après  avoir  essuyé  plusieurs  coups  de  feu.  L'animal  était  de  sexe  mâle  et  avait 
55  pieds  de  longueur. 

Plusieurs  petites  balénoptères  rôdèrent  longtemps  autour  d'elle. 

La  longueur  des  nageoires  pectorales  était  de  6  pieds;  la  largeur  de  la  na- 
geoire de  la  queue,  de  L5  pieds. 

Dans  le  détroit  de  Lemaire,  ils  virent  également  une  baleine  morte  qu'Us  recon- 
nurent aux  nombreux  plis  de  son  ventre  pour  être  de  la  même  espèce. 

On  cite  également  de  nombreuses  balénoptères  dans  les  parages  du  cap  Horn  et 
on  en  vit  plus  de  trente  autour  du  navire  à  l'époque  du  voyage  de  Forster. 

Les  balénoptères  doivent  être  très-abondantes  sur  quelques  points  de  la  côte 
de  l'Amérique  méridionale,  puisqu'il  y  a  des  fanons,  d'après  ce  que  nous  apprend 
le  docteur  Gray,  qui  sont  connus  dans  le  commerce  sous  le  nom  de  Balita  fumer . 

9  9 


:2Î6  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

Nous  avons  entre  les  mains  un  dessin  fait  au  Brésil  d'après  nature  par  le  comte 
de  Castelnau,  qui  représente  une  palissade  faite  de  mandibules  de  ces  cétacés. 
Ces  mandibules  sont  fichées  en  terre  comme  on  faisait  autrefois  en  Hollande 
avec  les  mandibules  des  baleines  franches,  à  l'époque  où  la  pêche  du  Groenland 
était  florissante. 

La  côte  occidentale  d'Afrique  n'est  pas  moins  riche  en  balénoptères  :  pendant 
tout  un  temps  on  a  été  chercher  des  ossements  de  ces  animaux  pour  la  fabrica- 
tion de  guano  artificiel.  —  Nous  avons  vu  en  LS46  une  goélette  chargée  exclusi- 
vement d'ossements  de  ces  cétacés,  dans  le  port  de  Liverpool.  —  On  voyait  que 
ces  os  avaient  été  longtemps  exposés  à  l'action  du  soleil  et  de  la  marée. 
C'étaient  surtout  des  vertèbres.  Le  nom  de  Whale  Bay  indique  du  reste  que 
ces  animaux  doivent  être,  ou  avoir  été  fort  communs  dans  ces  parages. 

A.  Smyth  parle  d'un  animal  de  93  pieds  de  longueur,  qui  aurait  été  capturé 
dans  Table  Day  (I). 

Verreaux  a  observé  des  balénoptères  sur  la  côte  d'Afrique,  portant  les  fanons 
en  dehors  du  maxillaire  inférieur,  et  il  était  parvenu  à  persuader  quelques  natu- 
ralistes à  Paris,  que  tous  les  mysticètes,  même  les  vraies  baleines,  portent  ainsi 
leurs  fanons. 

Ainsi  les  balénoptères  ne  sont  pas  rares  dans  l'Atlantique  méridionale,  ni  sur  la 
côte  ouest  d'Afrique,  ni  sur  la  côte  est  d'Amérique,  mais  si  on  en  excepte  les 
derniers  travaux  du  docteur  Burmeister,  toutes  les  observations  qui  les  concernent 
sont  superficielles,  vagues  et  incomplètes.  Aussi  nous  bornerons-nous  à  faire 
mention  des  balénoptères  dont  les  ossements  sont"  conservés  au  musée  de 
Buenos- Ayres. 

En  LSG3,  à  la  séance  du  \\  février,  le  docteur  Gray  communiqua  à  la  société 
Zoologique  de  Londres,  une  lettre  du  docteur  H.  Burmeister,  datée  de  Buenos- 
Ayrcs,  dans  laquelle  ce  savant  fit  connaître  une  balénoptère  nouvelle,  fort  remar- 
quable surtout  par  la  conformation  du  rostre.  —  On  ne  peut  s'empêcher,  en 
regardant  la  figure  de  la  tète,  qui  est  représentée  de  face,  de  songer  à  la 
Balssnoptera  Sibbaldii  des  parages  de  l'Islande,  que  le  professeur  lleinhardt  a 
figurée  récemment  d'après  une  tète  du  musée  de  Copenhague. 

1)  Afric.  quart,  journal  page  30. 


BALÉNOPTÈRES.  22*7 

Le  rostre  est  fort  large  surtout  vers  le  milieu  ;  les  os  frontaux  sont  également 
fort  larges  à  leur  base  et  comparativement  étroits  dans  leur  partie  sus-orbitaire;  les 
os  propres  du  nez  sont  fort  longs,  larges  à  leur  base  et  tronqués  au  bout  sans 
échancrure  au  milieu;  l'occipital  est  fort  étroit  au-dessus  et  en  avant;  les  man- 
dibules sont  fortement  courbées.  —  Le  canal  vertébral  est  étroit  comparativement 
au  corps  de  la  vertèbre  et  les  apophyses  transverses  des  vertèbres  cervicales  sont 
peu  allongées. 

M.  Burmeister  pense  que  cette  espèce  peut  être  la  même  que  celle  que  le  docteur 
Gray  a  décrite  sous  le  nom  dePhysatiis  australis,  Desmoulins,  et  qui  repose  sur 
un  animal  de  55  pieds  de  longueur,  vu  par  Quoy  et  Gaimard  et  dont  nous  avons 
parlé  plus  haut.  —  Le  docteur  Burmeister  croit  toutefois  plus  convenable  de  lui 
donner  un  nom  nouveau,  n'ayant  jamais  eu  l'occasion  de  voir  l'animal  et  de 
juger  de  ses   caractères  extérieurs. 

Un  squelette  assez  complet  est  conservé  au  muséum  de  Buenos-Ayres  ainsi  que 
la  partie  postérieure  d'un  crâne  d'un  second  individu. 

Il  existe  une  figure  de  la  tète  vue  de  face,  de  l'atlas,  de  l'axis,  de  la  quatrième  et 
de  la  dixième  cervicale,  de  ses  extrémités  supérieures  et  inférieures,  des  quatre 
premières  côtes,  de  l'omoplate  et  du  bout  postérieur  du  maxillaire  inférieur  vu 
en  dedans.  Ces  dessins  ont  été  reproduits  par  le  docteur  Gray  dans  son  catalogue. 

L'animal  provient  de  la  plage,  à  quelques  lieues  de  Buenos-Ayres,  où  il  est 
venu  à  la  côte  il  y  a  une  trentaine  d'années,  sur  les  bancs  du  Bio  de  la  Plata. 

La  tête  dans  son  ensemble  présente  la  conformation  ordinaire  des  Balénoptères 
et  c'est  évidemment,  dit  le  docteur  Gray,  a  typical  specics  of  l/ie  yenus  Physalus. 

L'occipital  est  fort  rétréci  au-dessus  en  avant,  et  le  docteur  Burmeister  fait  remar- 
quer, que  l'on  ne  dislingue  pas  la  carène  longitudinale  qui  caractérise  la  surface 
externe  de  cet  os  dans  la  Megapkra  Latandii;  l'un  ne  voit  pas  non  plus  la  sufure 
du  pariétal  avec  le  frontal  en  regardant  ce  dernier  os  de  face. 

L'os  zygomatique  a  la  même  forme  que  celui  du  Megaptera  du  Cap,  mais  il  est 
un  peu  plus  étroit  que  dans  cette  espèce. 

Les  sept  vertèbres  cervicales  sont  complètement  séparées  les  unes  des  autres 
et  chacune  d'elles  porte  ses  épiphyses. 

L'atlas,  à  en  juger  d'après  le  dessin  du  docteur  Burmeister,  est  comparativement 
élevé,  l'arc  neural  est  fort  robuste,  les  deux  apophyses   transverses   sont   fortes 


'228  SQUELETTE   DES  CÉTACÉS. 

et  placées  assez  bas,  et  le  caual  vertébral  est  rétréci  au  milieu,  plus  large  eu 
dessous  qu'en  dessus.  —  Il  y  a  sous  ce  rapport  une  assez  grande  analogie  avec 
l'atlas  de  la  Balénoptère  des  Orcades. 

L'axis  a  l'arc  neural  très-fort  et  les  anneaux  sont  fort  peu  étendus.  —  L'oriflco 
est  étroit. 

La  quatrième  cervicale  a,  comme  la  troisième,  les  apophyses  transverses  réunies 
au  bout  pour  former  un  anneau.  — Comme  nous  l'avons  déjà  fait  remarquer  pour 
la  Baloenoptera  musculus  de  l'embouchure  de  la  Seine,  l'anneau  n'est  complet  que 
du  côté  droit. 

La  cinquième  cervicale  n'a  pas  d'anneau  complet  et  à  la  sixième  les  apophyses 
sont  assez  fortement  écartées. 

La  septième  cervicale  se  distingue  comme  toujours  par  l'absence  d'apophyse 
transverse  inférieure. 

Toutes  ces  dernières  vertèbres  sont  fort  minces,  surtout  la  troisième. 

Les  vertèbres  dorsales,  au  nombre  de  quatorze,  se  distinguent  par  leur  surface 
articulaire  qui  termine  l'apophyse  transverse.  —  Le  corps  des  vertèbres  va  en 
s'épaississant  d'avant  en  arrière.  — Les  trois  premières  ont  leurs  apophyses  trans- 
verses dirigées  d'arrière  en  avant,  les  autres  se  dirigent  ensuite  directement  de 
dedans  en  dehors. 

Les  vertèbres  lombaires  ont  leurs  apophyses  transverses  plus  délicates  et  ar- 
rondies au  bout.  M.  Burmeislcr  n'en  compte  que  douze,  mais  il  n'en  est  pas  sûr. 

La  région  caudale  est  imparfaitement  connue.  La  première  vertèbre  de  celte 
légion  a  des  apophyses  transverses  plus  courtes  et  plus  étroites. 

Il  n'y  a  que  les  sept  premières  côtes  qui  ont  été  conservées.  — Ces  côtes  par  leur 
extrémité  supérieure  ressemblent  beaucoup  à  celles  de  la  Bal.moplera  musculus, 
en  ce  que  la  seconde  et  la  troisième  ont  seules  un  commencement  de  portion  cer- 
vicale. La  première  n'est  pas  large  à  sa  base. 

Ils  ne  possèdent  au  muséum  de  Buenos-Àyres  que  quatre  os  en  V. 

Le  stornum  manque,  ce  qui  est  vivement  à  regretter,  et  le  corps  de  l'os  hyoïde  est 
tout  à  fait  semblable,  dit  le  docteur  Burmeislcr,  à  celui  que  Cuvicra  figuré  dansses 
recherches  sur  les  ossements  fossiles,  PI.  25,  Fig.  14. 

L'omoplate  est  la  seule  pièce  de  la  nageoire  pectorale  qui  est  conservée.  —  Cet 
os  présente  tous  les  caractères  des  Balénoptères  et  n'indique  aucune  analogie  avec 


BALÉNOPTÈRES.  iM 

lesMégaptères.  —Ce  que  cet  omoplate  offre  de  particulier  c'est  la  courbure  un  peu 
brusque  du  bord  supérieur  en  arrière,  le  grand  développement  de  l'acromion  qui 
est  presque  droit  et  l'apopbyse  coracoïde  qui  est  courte  et  tronquée. 

Celle  description  est  faile  d'après  ce  que  le  docteur  Burmeister  a  fait  connaître 
dans  sa  notice. 


BAL/ENOPTERA    BON^RENSIS 


H.  Burmeister,  Prelim.  descript.  of  a  new  species  of  Finner  whale.  (Bal<Enopterabonu'érensis).  —  V\'occe&. 
Zool.  Soc.  1867,  p.  707.  —  Annales  del  Museo  publico  de  Buenos-Aires,  1868. 

L'animal  qui  est  décrit  sous  le  nom  de  Balœnoptera  Bonœrensis  par  Burmeister, 
a  été  trouvé  mort  dans  le  Rio  de  la  Plata,  près  de  Belgrano,  à  environ  dix  milles  de 
lîucnos-Ayres  le  5  février  1867.  Il  était  du  sexe  mâle.  Le  cadavre  fut  remorqué  à  la 
côte,  et  le  lendemain  le  savant  directeur  du  Musée  deBuenos-Ayres  en  fut  informé. 

Il  ne  put  malbeureusement  se  rendre  immédiatement  sur  les  lieux  et  ce  ne  fut 
que  quinze  jours  après,  quand  l'animal  était  en  pleine  putréfaction,  qu'il  put  s'oc. 
cuper  de  cette  intéressante  capture. 

La  balénoptère  de  50  pieds  de  long,  observée  près  de  l'île  Kerguelen,  appartient 
peut-être  à  cette  même  espèce.  Mais  on  n'en  possède  malheureusement  point  de 
restes.  A  en  croire  les  baleiniers  qui  en  ont  fait  mention,  cette  balénoptère  de 
l'île  Kerguelen  aurait  la  nageoire  dorsale  située  vers  le  milieu  du  dos,  comme  la 
Balœnoptera  rostrata  de  notre  hémisphère;  et  si  nous  considérons  la  taille  et  le 
nombre  de  vertèbres  qui  composent  sa  colonne  vertébrale,  ce  rapprochement  est 
de  plus  en  plus  justifié.- — Il  est  même  à  remarquer  que  ces  deux  espèces  semblent 
te  conduire  de  la  môme  manière  dans  les  deux  hémisphères  relativement  a  l'At- 
lantique et  au  Pacifique  :  la  Balœnoptera  rostrata  passe,  en  effet,  au  pôle  floréal 


-m»  SQUELETTE  DES  CETACES. 

par  le  détroit  de  Behring  et  par  le  détroit  de  Davys,  et  si  cette  espèce  est  la  même 
à  l'île  Kerguelen  et  sur  la  côte  d'Amérique,  elle  se  comporte  à  peu  près  de  la 
même  manière  dans  le  grand  Océan  austral.  —  Cette  balénoptère  est  répandue 
dans  le  grand  Océan  austral  depuis  le  00°  longitude  ouest  jusqu'au  60°  longitude 
est.  —  Il  est  fâcheux,  si  ce  rapprochement  est  exact,  que  le  nom  spécifique  à'Âns- 
tralis  ne  puisse  pas  rester  à  cette  espèce. 

La  colonne  vertébrale  est  formée  de  quarante-neuf  vertèbres;  l'axis,  la  troisième 
et  la  quatrième  cervicale  sont,  réunies;  toutes  les  trois  sont  à  anneaux  complets; 
le  sternum  est  en  croix  latine;  le  rostre  est  étroit  ;  la  taille  est  de  trente-deux  pieds. 

Les  ossements  sont  déposés  au  musée  de  Buenos-Ayres. 

T. a  figure  du  sternum,  de  l'atlas  et  de  l'axis  réunis  à  la  troisième  et  quatrième 
cervicale,  a  été  publiée  dans  les  Proceedings  de  la  société  Zoologique  de  Londres. 

La  longeur  totale  de  l'animal  est  estimée  à  trente-deux  pieds,  et  la  tête  en  a  sept. 
M.  Burmeister  accorde  à  la  région  cervicale  un  pied,  à  la  région  dorsale  trois  et 
demi,  à  la  région  lombaire  douze,  et  à  la  région  caudale  dix. 

La  mandibule  dépasse  le  bout  du  rostre  de  quatre  pouces. 

La  nageoire  pectorale  a  la  forme  ordinaire  et  une  longueur  de  trois  et  demi  a 
quatre  pieds. 

M.  Burmeister,  en  comparant  le  crâne  avec  celui  delà  Ikiltcnoplera  rostrala,  le 
trouve  un  peu  plus  large  et  le  frontal,  dans  sa  partie  sus-orbitaire,  moins  étroit 
f  I  |>lus  fort.  —  La  surface  glénoïdc  du  temporal  est  également  plus  forte. 

La  colonne  vertébrale  est  formée  de  quarante-neuf  vertèbres,  sept  cervicales, 
onze  dorsales,  douze  lombaires  et  dix-neuf  vertébrales. 

L'atlas,  à  en  juger  par  le  dessin  publié  par  M.  Burmeister,  diffère  complètement 
de  tous  les  atlas  connus  par  le  peu  de  développement  des  deux  condyles  occipi- 
taux, l'élroitesse  et  la  forme  du  canal  vertébral,  ainsi  que  par  l'épaisseur  de  l'arc 
neural  et  la  largeur  des  énormes  apophyses  transverses. 

L'axis  a  les  deux  ailes  cxccssivementdévcloppées  et  chacune  d'elles  occupe  une 
fois  et  demie  la  longueur  du  diamètre  Iransverse  du  corps.  Les  deux  orifices  réunis 
ont  tout  juste  la  même  grandeur  que  la  surface  articulaire  du  corps  de  la  vertèbre. 

Les  deux  verlehrcs  suivantes  ont  l'anneau  complet  et  l'apophyse  transverse  in- 
férieure s'abaisse  obliquement  de  haut  en  bas  et  de  dedans  en  dehors. 


BALÉNOPTÈRES.  831 

La  seconde,  la  troisième  et  la  quatrième  cervicale  sont  réunies  par  le  corps  de 
la  vertèbre  et  par  la  portion  centrale  de  l'arc  neural. 

Les  os  du  bassin  ont  7  pouces  1/2  de  longueur  cl  I  pouce  1/2  de  largeur. 

Le  sternum  présente  le  plus  baut  intérêt  et  confirme  complètement  la  supposition 
des  étroites  affinités  qui  lient  cette  espèce  avec  la  Balsenoptera  rostrala  de  l'hémis- 
phère nord.  11  présente  également,  comme  le  sternum  de  cette  dernière  espèce, 
la  forme  d'une  croix  latine,  avec  cette  différence  seulement,  que  la  pointe  eu 
avant,  le  bord  antérieur  est  profondément  vers  le  milieu  de  sa  largeur  et,  qu'en 
arrière  est  élargie  comme  une  pointe  de  flèche  échancré  au  milieu. 

M.  Burmeister  estime  les  fanons  à  250  ou  25o.  Les  premiers  sont  étroits  et  n'ont 
que  trois  pouces  de  largeur.  —  Les  fanons  du  côté  interne  sont  blancs  et  noirs  du 
côté  externe  sur  une  largeur  de  deux  pouces. 

Il  est  à  remarquer  que,  par  la  longueur  totale  comme  par  les  régions  de  la 
colonne  vertébrale,  cette  balénoptère  représente  également  dans  L'hémisphère 
austral  la  Balsenoptera  rostrala  des  côtes  de  Bergen.  —  La  soudure  même  des  ver- 
tèbres cervicales  ajoute  à  la  ressemblance. 


Après  les  quatre  balénoptères  du  nord  de  l'Atlantique,  nous  venons  d'en  faire 
connaître  quatre  autres  du  nord  du  Pacifique  et  de  l'hémisphère  austral,  et  il 
n'est  pas  douteux  que  le  nombre  d'espèces  ne  soit  bien  plus  considérable  ;  mais 
on  ne  possède  sur  elles  que  des  observations  trop  incomplètes  pour  les  considérer 
autrement  que  comme  espèces  imparfaitement  connues  et  qui  réclament  de  nou- 
velles recherches  ;  on  ne  peut  les  accepter  avant  d'avoir  des  renseignements  plus 
précis. 

Nous  savons  par  les  baleiniers  que,  dans  toutes  les  mers  où  il  y  a  des  baleines, 
il  existe  des  balénoptères,  ou,  comme  ils  les  appellent,  des  ùaleines  à  aileron,  et,  à 
en  juger  par  ce  qui  se  passait  au  nord  de  l'Atlantique,  dans  les  mêmes  eaux  où 
vivait  la  baleine  des  régions  tempérées,  habitaient  et  habitent  encore  plusieurs 
balénoptères  de  (aille  très-différente.  La  baleine  du  Groenland  est  la  seule  qui 
fréquente  des  eaux  qui  ne  sont  pas  visitées  par  des  balénoptères,  et  encore  faut-il 


233  SQUELETTE  LES  CÉTACÉS 

l'aire,  d'après  ïlolboll,  une  exception  pour  la  Balsenoptera  rostrata,  qui  se  monlre 
au  milieu  des  grandes  baleines.  —  Nous  l'avons  déjà  fait  remarquer,  la  limite 
méridionale  des  Baliena  mysticetus  est  la  limite  septentrionale  des  Battenoptera 
musculus. 

Une  observation  qui  tend  de  plus  à  prendre  les  caractères  d'un  fait  acquis, 
c'est  qu'il  existe  dans  les  deux  hémisphères  des  espèces  qui  semblent  se  répéter 
pour  la  taille  comme  pour  la  forme  :  Peron  et  Lesueur,  pendant  leur  voyage  aux 
terres  australes,  avaient  déjà  fait  cette  remarque,  et  ils  ajoutaient  avec  raison,  qu'il 
n'est  pas  un  seul  amphibie  marin  austral  qui  ne  se  distingue  essentiellement  des 
espèces  boréales  analogues. 

\  l'exemple  d'autres  naturalistes,  nous  n'admettons  comme  espèces  que  celles 
qui  sont  représentées  par  des  ossements,  et  dont  on  peut,  par  conséquent,  vérifier 
les  caractères. 

L'étude  des  balénoptères  est  bien  plus  difficile  encore  que  celle  des  vraies  ba- 
leines :  on  connaît  l'histoire  de  ces  dernières  par  l'histoire  de  leur  pêche  et  de 
leurs  stations  que  les  baleiniers  ont  tant  intérêt  à  connaître,  tandis  que  l'on  a 
négligé  complètement  sous  ce  rapport  les  balénoptères;  ensuite  chaque  zone  a  son 
espèce  de  baleine  propre,  ce  qui  n'est  pas  le  cas  pour  les  balénoptères.  —  On 
pourra  dire,  d'après  les  parages,  l'espèce  de  baleine  que  l'on  découvre,  mais  on  ne 
pourra  rien  assurer  au  sujet  des  baleines  à  aileron  qui  habitent  à  plusieurs  les 
mêmes  eaux. 

L'histoire  de  la  pèche  de  la  baleine  est  vraiment  l'histoire  des  diverses  espèces 
connues  ;  les  Basques  ont  commencé  la  capture  du  biscayensis  au  ixe  siècle,  et  ont 
mis  plusieurs  siècles  à  le  détruire;  ils  ont  été  aidés  en  cela  des  Normands  et  d'au- 
tres nations;  les  Hollandais  ont  commencé  la  pèche  du  mysticetus  au  commence- 
ment du  xvnc  siècle  au  Spitzberg  et  à  l'île  Jan-Meyen,  aidés  des  baleiniers  anglais 
et  allemands,  au  commencement  du  xvnr"  siècle  au  détroit  de  Davys  et  dans 
la  mer  de  Baffin,  et,  avant  la  fin  du  siècle  dernier,  le  mysticetus  avait  subi  le  sort 
du  biscayensis.  —  Les  Anglo-Américains  elles  Français,  après  avoir  fait  la  pèche 
du  cachalot,  se  sont  occupés  de  la  baleine  du  Cap,  puis  de  celle  de  la  Nouvelle- 
Zélande,  et,  après  avoir  fait  subir  aux  deux  dernières  le  même  sort  qu'au  biscayen- 
sis et  au  mysticetus,  ils  ont  commencé,  il  y  a  vingt  ans,  la  pèche  de  l'espèce  du 
Japon,  dont  le  nombre  parait  avoir  également  beaucoup  diminué. 


BALÉNOPTÈRES.  233 

Du  reste,  cette  dernière  espèce  fait  l'objet  d'une  pêche  spéciale  de  la  part  des 
Japonais,  et  nous  avons  vu  à  Londres  entre  les  mains  de  M.  Flower,  un 
grand  in-folio  représentant  fort  l»ien  toute  l'histoire  de  ces  animaux  et  de  leurs 
produits. 

En  4  847,  on  a  commencé  la  pêche  des  baleines  dans  la  mer  d'Okhotsk,  puis 
dans  le  détroit  de  Behring,  et  le  capitaine  Ross,  en  -18  58,  les  a  poursuivi  le 
premier  jusqu'au  delà  du  détroit  dans  l'océan  Arctique,  où  il  en  a  trouvé  un 
grand  nombre.  —  Ces  baleines  ont  recule  nom  de  Bowhead  de  la  part  des  balei- 
niers américains,  et  appartiennent  à  la  même  espèce  qui  habite  le  Groenland 
el  le  Spitzberg. — On  n'a  pas  reconnu  de  cirripèdes  sur  leur  peau.  Leur  longueur 
est  estimée  de  40  à  65  pieds. 

Nous  allons  mentionner  quelques  espèces  de  balénoptères  imparfaitement 
connues,  persuadé  qu'il  y  en  a  bien  d'autres  sur  lesquelles  on  ne  possède  encore 
aucun  renseignement. 


BALENOPTERES    IMPARFAITEMENT    CONNUES. 

La  Balssnoptera  indica,  le  grand  Rorqual  de  l'océan  Indien,  est  connue  seulement 
par  divers  ossements  qui  sont  conservés  au  musée  du  Collège  médical  de  Calcutta; 
1 1 ii  squelette  parait  se  trouver  au  Muséum  de  Colombo  (I). 


La  Balsenoptera  fasciata  a  été  établie  par  le  docteur  Gray,  d'après  un  anima!  ob- 
servé par  Tschudi  sur  les  côtes  du  Pérou  ;  il  avait  58  pieds  de  longueur  (2). 


La  Batœnoptera  {V  h  y  salua?)  iwasi,  ou  antarctica  de  Schlegel,  habitant  les  côtes 


(1)  Sur  le  .grand  Rorqual  de  l'Océan  indien.  Journ.  asiat.  du  Bengale,  1*00,  p.  451  et  :>93. 

(2)  Tschudi  dans  son  Conspectus  des  mammifères  du  Pérou,  fait  mention  du  Physeter  macrocéphale, 
de  la  Balena  mysticetus,  probablement  l'Antipodum,  de  la  Balena  lunulata,  Lac,  de  la  Balena  punctata, 
Lac,  et  d'une  Balénoptère  de  38  pieds  de  longueur. 


*3i  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

du  Japon,  n'est  représentée  par  aucun  débris  conservé.  Schlegel  en  fait  mention 
dans  la  Faunajaponica. 


La  Balsenoptera  (Physalus?)  antarctica  de  Gray  n'est  établie  que  sur  des  fanons 
d'un  blanc  jaunâtre  (])  provenant  de  la  Nouvelle-Zélande. 

Tous  les  baleiniers  signalent  plusieurs  balénoptères  et  des  mégaplères  dans  les 
parages  de  la  Nouvelle-Zélande;  Quoy  et  Gaimard  en  mentionnent  trois,  el  Dief- 
fenbach,  ainsi  que  le  capitaine  Jouan,  en  ont  reconnu  également  plusieurs. 

Nous  sommes  en  possession,  depuis  peu  de  temps,  de  deux  caisses  tympaniques 
de  balénoptère  de  ces  parages,  qui  ont  la  dimension  de  la  balsenoptera  muscnlus. 
—  Les  deux  os  sont  parfaitement  semblables  et  se  distinguent  surtout  en  ce  que, 
en  arrière  et  en  dedans,  la  caisse,  au  lieu  d'être  arrondie  comme  dans  les  autres 
espèces,  forme  un  angle  droit  par  son  bord  interne  et  postérieur;  la  face  interne; 
comme  le  bord  postérieur,  forment  presque  une  ligne  droite. 


La  Balsenoptera  (Sibbaldius)  antarctica,  que  Burmeister  a  établie  sur  une  omo- 
plate (2)  de  grande  dimension,  a  été  trouvée  sur  la  côte  de  Buenos-  \yres,  à  l'em- 
bouchure de  la  rivière  Salado. 


La  ïïalicnoptera  (Physalus)  Grayi  est  établie  par  M.  Coy  sur  un  squelette  d'Aus- 
tralie qui  a  seize  côtes  et  soixante  vertèbres  (5). 


M.  Cope  désigne  sous  le  nom  de  Sibbaldius  sulfureus  une  balénoptère  de  80 


i)  Il  De  faut  pas  confondre  la  Physalus  anlarclicus  de  (îraj  avec  le  Sibbaldius  anlarcticus  de  Bur- 
meister ni  avec  la  Balœnoptcra  antarctica  de  Schli    el 

(2)  Cet  omoplate  a  6  pieds  de  long  sur  3  pieds  «le  haut.  —  L'acromion  a  i  pied  ;  |  onces  l;2  di  larj  eur, 
cl  a  a  pouce--  de  lai 

(3)  M.  Coy,  on  the  rccenl  Zoology  and  Palœontolog)  of  Victoria,  Melbourne,  1861 


BALÉNOPTÈRES.  235 

pieds  de  long  de  la  côte  ouest  de  l'Amérique  du  Nord  (1),  et  que   les  pécheurs 
désignent  sous  le  nom  de  Sulphurbottom  (2). 


Dans  une  Notice  du  capitaine  Scammon,  publiée  sous  les  auspices  du  profes- 
seur Edward  D.  Cope  (3),  il  est  fait  mention  d'un  mysticète  de  -i-i  pieds  de 
longueur,  qui  a  les  vertèbres  cervicales  séparées  et  les  doigts  au  nombre  de 
quatre  comme  les  balénoptères,  et  qui,  comme  les  vraies  baleines,  n'aurait  pas  de 
nageoire  dorsale. —  M.  Cope  lui  donne  le  nom  de  Rachianectes  glanais.  Il  habite 
le  nord  du  Pacifique,  et  ne  descend  pas  plus  bas  que  le  vingtième  degré.  —  On  le 
voit  sur  la  côte  de  Californie  de  novembre  à  mai,  et  la  femelle  met  bas  pendant  ce 
temps.  —  On  le  voit  rarement  loin  de  terre.  — En  été,  il  se  rend  dans  l'océan 
Arctique  et  la  mer  d'Okhotsch.  — Si  ce  genre  ne  repose  pas  sur  une  balénoptère 
mutilée,  c'est-à-dire  qui  a  perdu  sa  nageoire  dorsale,  c'est  une  des  plus  belles  dé- 
couvertes qui  aient  été  faites  depuis  bien  longtemps  en  Célolologie. 

Il  faudra  comparer  cette  espèce  avec  la  Batœnoptera  Swinhoei. 

Nous  dirons  avec  le  capitaine  Scammon,  qu'il  est  vivement  à  regretter  que, 
parmi  les  actifs  et  intelligents  baleiniers  des  Étals-Unis,  il  n'y  en  ait  pas  eu  qui 
aient  consacré  comme  lui  quelques-uns  de  leurs  moments  de  loisir  à  l'histoire 
naturelle  des  grandes  espèces  de  cétacés. 


Dans  la  liste  des  mammifères  de  Massachusetts,  que  vient  de  publier  M.  J.  A. 
Allen  dans  le  Bulletin  of  tlte  muséum  of  comparative  Zoology,  at  Harvard  col- 
lège (i),  je  vois  cité,  d'après  les  notes  du  capitaine  N.  E.  Atwood  de  Province- 


(1)  The  largest  whale  found  upon  the  coast,  if  not  the  largest  known,  is  the  sulphurbotlom.  On  (lie 
Cetacea  of  the  western  coast  of  norlh  America,  by  capt.  C.  M.  Scammon.  Edited  by  Edward  1).  Cope. 
froceed.  Acad.  nat.  scienc.  Phila.  1SG9. 

(2)  Les  baleiniers  donnent  ce  nom  a  des  animaux  des  deux  hémisphères. 

(3)  Loc.  cit.,  page  20. 

(4)  Mammalia  of  Massachusetts,  by  J.  A.  Allen.  Cambridge,  october,  18G9. 


236  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

town,  et  le  professeur  E.  D.  Cope,  de  Philadelphie,  plusieurs  cétacés,  sous  des 
noms  nouveaux;  il  nous  parait  prudent,  avant  de  les.  admettre,  d'attendre  que 
l'on  ait  fait  une  étude  comparée  de  ces  squelettes.  11  me  semble  que  l'on  ne 
tient  pas  assez  compte,  dans  l'établissement  des  espèces  nouvelles,  des  limites  de 
variations  dans  lesquelles  plusieurs  de  ces  cétacés  oscillent  et  varient  selon  l'âge, 
le  sexe  ou  même  le  milieu  ambiant. 

La  Balsena  cisarclica  y  figure  comme  espèce  distincte;  ainsi  que  nous 
l'avons  dit  plus  haut,  cette  baleine  n'est  autre  que  la  Balœna  biscayensis,  c'est- 
à-dire  l'espèce  que  les  Basques  et  les  Normands  ont  chassée  pendant  plusieurs 
siècles  dans  la  Manche  d'abord,  en  Islande  et  sur  la  côte  est  des  États-Unis 
après. 

On  saura  bientôt,  puisque  le  musée  de  Cambridge  en  possède  un  squelette 
complet,  quels  sont  les  véritables  caractères  de  l'animal  adulte.  Ce  squelette  pro- 
vient d'un  individu  échoué  près  du  cap  Cod  et  a  été  préparé  par  les  soins  intelli- 
gents de  M.  Al.  Agassiz;  malheureusement  la  peau  était  en  partie  enlevée  quand 
M.  Al.  Agassiz  est  arrivé  sur  les  lieux. 

L'Agalepkus  giùbosus,  vulgairement  appelé  Scragg  whale  est,  à  notre  avis,  un 
jeune  animal,  probablement  de  l'espèce  précédente. 

La  Megaplcra  osp/njia  est  une  Megaplera  boops  ;  nous  ne  trouvons  aucune 
différence  de  quelque  valeur  pour  les  séparer. 

Le  professeur  Cope  pense  que  la  Balaenoptera  (Eshrichticus  robustus  Lillg)  a 
été  trouvée  sur  la  côte  de  New-Jersey. 

Il  y  est  question  de  (rois  espèces  de  Sibbaldius  et  d'une  Balœnoptcra  rostrata. 
La  Sibbaldius  teclirostris  est  l'espèce  la  plus  grande  et  la  plus  commune  et  on 
la  voit  en  toute  saison.  Elle  est  désignée  sous  le  nom  de  Finback  whale.  Elle 
fournit  de  \Â  à  20  barils  d'huile.  —  Il  en  existe  un  squelette  de  74  pieds  de 
Ion;;  au  musée  de  Cambridge.  —  C'est  probablement  la  Bahenoptera  musculus. 

La  Sibbaldius  Inberosus  que  l'on  avait  d'abord  rapportée  au  taticeps,  a  été 
capturée  dans  la  baie  de  Mobgack  (Virginie),  en  mai  I8GG;  d'après  les  os  on 
pourra  facilement  s'assurer  si  c'est  le  taticeps. 

Le  Sibbaldius  ùorealis  l'isch  ou  le  Sulphur  boltôm-wliale,  est  censé  fréquenter 
la  côte  des  Etats-Unis,  et  n'est  probablement  autre  chose  que  la  Balaenoptera 
Sihbaldii. 


BALENOPTERES. 


231 


M.  Allen  cite  avec  un  signe  de  doute  la  Balsenoptera  rostrata,  mais  il  exprime 
en  même  temps  la  pensée  que  sous  ce  nom,  il  n'est  pas  impossible  que  l'on  ait 
désigné  une  jeune  Batœnoptera  musculus.  Cette  confusion  serait  bien  difficile,  et 
nous  ne  serions  pas  étonné  de  voir  cette  petite  Balénoptère  parmi  les  animaux; 
de  Massachusetts.  Le  musée  de  Suttgard  en  possède  un  squelette  qui  lui  a  été 
envoyé  de  la  côte  du  Labrador.  — 11  est  à  remarquer  qu'en  Europe  cette  (ictite 
Balénoptère  ne  s'étend  pas  aussi  loin  au  Sud  que  la  Musculus,  puisque  celle-ci 
est  la  seule  qui  pénètre  dans  la  Méditerranée. 


MYSTICETES   FOSSILES. 


Giacomo  Biancani ,  De  Bononiensi  scientiarum  et  artium  lnstituto  atque  Academia,   Commentarii. — 

Tom.  IV.  Bononia?,  1757. 
Bat-on  von  Hiipsch  in  Colin.,  Beschreibung  einiger  neu  entdecklen  versteinten  Theile  gr<  sser  Seethiere. 

Der  Naturforschcr,  3  St.,  p.  178-183.  1794. 
Lamanon,  Journal  de  physique,  mai  1781,  tom.  XVII,  p.  393,  pi.  II. 
Daubenton,  Mém.  de  l'Acad.  des  Sciences,  1782,  p.  211. 

Cortesi.  Sugli  Sceletri  d'un  Bhinoceronte  afric.  et  d'una  balena,  etc.  Milan,  1809. 
Cortesi.  Saggi  geologici,  p.  52,  tab.  III.  Piacenza,  1819. 
Cuvier,  Recherches  sur  les  ossements  fossiles.  Paris,  1825,  t.  V,  2e  partie. 
V.  Baer,  De  fossilibus  mammalium  reliquiis  in  Prussia.  Regiomonti,  1823. 
Baron   d'Eschwege  ri   Al.  Ant .   Vandelli ,  Mémoires   de  l'Académie  des  sciences  de  Lisbonne,  t.  XI, 

I"'  partie. 
Iialhke,  Ueber  einige  aufder  Halbinsel  Taman  gefundene  fossile  Knochen.  —  Mémoires  de  l'Académie 

des  sciences  de  Saint  Pétersbourg  (des  savants  étrang.).  1835,  t.  II. 
Ed.  V.  Eichwald,  Urwelt  Russlands,  I-II  heft,  Pétersbourg,  1848,  in-8". 
Brandi,  Notiz  ùber  die  fossilen  Knochen  des   Celotherium.   Verhaudl.    der  Minerai.  Gesellschaft  zu 

Sl-Pétersbourg,  1844. 
Leidy,  Proceed.  of  the_Acad  of  Philadelphie,  t.  V,  p.  308.  1852. 
Brandi,  Mém.  acad.  de  Saint-Pétersbourg,  1842. 
l'an I  Gcrvais,  Zoologie  et  Paléontologie  françaises.  Paris,  1859. 
Xoidmann,  Paléontologie  von  Sud-Russland.  Ilclsingfors,  1838-1800. 
R.  Owen,  a  History  of  british  fossil  mammals,  in-8°,  In-8°.  London,  1840. 
Hensche  et  D'  Hagen,  Schriflen  d.  phys.  Ock.  Gesells.  Zu  Kcenigsberg,  Iahrg.  I.  II.  Il,  18">'-'- 
Ed.    V.  Eichwald,   Ueber   die  saeugcthier    fauna   (1er    neuern  Molasse   d.   Sud    Russlands.   Mosuka 

1861,  in-8°. 
Capellini,  Balajnotlcra    fossile...  Bologna,  1802.   Rivisla   italiana  di   scienze,   lettere  et  aile,  n"   114. 

-'i  novembre. 
Aug.  Miiller,  ueher  das  Bruchsliïck  vom  Schadel  eines  Finnwalcs,  Balœnoptera syncondylus ,  Schrif! 

d.  phys.  œk.  ges.,  zu  Konigsherg,  jahrg.  IV,  1803. 
Leith  Adams,    Sur  divers  restes  fossiles   de  cétacés    trouvés  dans  l'île  de  Malte.  [Journal  VInstitu 

4  avril  1867.) 
Lilljeborg,  On  two  subfossil  whales  discovered  in  Sweden.  (Nov.  act.  of  the  roy.  Soc.  cl' Sciences  • 

Upsala,  ser.  III,  vol.  VI.)  Upsala,  1807. 


240  SQUELETTE  DES  CETACES. 

On  a  pu  se  demander  dans  le  temps,  si  les  animaux  aquatiques,  grands  et 
petits,  ont  changé  comme  les  animaux  terrestres,  aux  diverses  époques  géolo- 
giques et,  si  leurs  formes  les  rapprochent  également  d'autant  plus  des  animaux 
actuels  qu'ils  appartiennent  à  une  époque  plus  récente.  Cette  question  n'en 
est  plus  une  depuis  longtemps  :  les  Thalassot aériens,  comme  notre  collaborateur 
les  appelle,  ont  subi  à  chaque  époque  géologique  les  mêmes  changements  que 
les  Géothériens,  et  tel  groupe,  qui  a  eu  jadis  une  prépondérance  marquée,  n'est 
plus  représenté  actuellement  que  par  quelques  genres  qui  semblent  perdus 
au  milieu  du  monde  actuel.  Tels  sont  les  Cétacés  Ziphioides,  jadis  si  abondants 
et  aujourd'hui  si  rares  dans  toutes  les  mers,  et  qui,  comme  les  poissons 
ganoïdes,  n'ont  plus  qu'un  nombre  fort  restreint  de  représentants,  devenant 
de  jour  en  jour  encore  plus  rares;  c'est  du  reste  ce  que  l'étude  des  cétacés 
fossiles  avait  déjà  révélé  en  partie  à  Cuvier:  Par  là  se  confirme,  disait  le  grand 
naturaliste  du  muséum,  la  proposition  à  laquelle  l'examen  des  coquilles  fos- 
siles avait  déjà  conduit  :  c'est  que  ce  ne  sont  pas  seulement  les  productions 
de  la  terre  qui  ont  changé  lors  des  révolutions  du  globe,  mais  que  la  mer 
elle-même,  agent  principal  de  la  plupart  de  ces  révolutions,  n'a  pas  con- 
servé, les  mêmes  habitants.  » 

Les  nombreuses  découvertes,  faites  depuis  que  Cuvier  a  écrit  ces  lignes, 
n'ont  fait  que  confirmer  cette  appréciation,  et  il  est  probable  que  les  travaux 
qui  se  poursui\cnt  partout  avec  activité  ne  feront  que  corroborer  cette  opinion. 

Nous  avons  commencé  ces  recherches  sur  les  ossements  fossiles  de  cétacés 
a  une  époque  ou  les  pièces  de  comparaison   étaient   encore  bien  rares  dans  les 

llections,  et  où  les  squelettes  des  animaux  qui  venaient  accidentellement 
échouer  sur  nos  côtes  restaient  en  général  sans  détermination  précise. 

Il  y  a  près  de  quarante  ans  en  effet  que  nous  avons  commencé  à  réunir  les 
premiers  ossements  de  cétacés  et  depuis  cette  époque  nous  n'avons  cessé  do 
rassembler  les  matériaux  dans  l'intention  d'écrire  un  jour  l'histoire  de  ces 
géants  de  la  création. 

VA  comme  il  fallait  connaître  les  cétacés  vivants  avant  d'étudier  les  fossiles 
nous  avons  mis  à  profil  toutes  nos  ressources  pour  créer  à  Louvain  un  musée 
célologique. 

Une  circonstance  heureuse  et  inattendue  s'est  présentée  dans  le  cours  de  ces 


MYSTICÈTES.  2*1 

recherches:  les  travaux  des  fortifications  d'Anvers  ont  mis  au  jour  une  grande 
partie  d'un  ossuaire  de  cétacés  que  le  sahle  recouvre  sur  une  étendue  de  plusieurs 
lieux  et  pendant  quelques  années  on  a  pu  conduire  au  musée  de  l'État  à 
Iïj  uxelles  des  tombereaux  d'ossements  de  Mysticètes  et  de  Cétodontes.  Malheureu- 
sement l'accès  de  ces  richesses  paléontologiques  nous  a  été  interdit  au  moment 
où  nous  croyions  les  mettre  à  profit,  et  nous  devons  nous  borner  à  décrire  et 
à  figurer  ce  que  des  circonstances  favorables  ont  mis  à  notre  disposition 
avant  et  après  ces  travaux. 

Du  reste  nous  ne  croyons  pas,  que  l'étude  des  riches  matériaux  du  musée 
de  Bruxelles  modifieront  beaucoup  le  résultat  auquel  l'examen  de  nos  fossiles 
nous  a  conduit,  surtout  sur  les  mysticètes. 

Avant  d'exposer  le  résultat  de  nos  observations,  nous  allons  jeter  un  coup 
d'œil  sur  les  travaux  qui  ont  été  exécutés  par  nos  devanciers,  en  combinant 
autant  que  possible  l'ordre  des  lieux  où  les  découvertes  ont  été  faites  avec  l'ordre 
des  dates. 


Les  pays  où  jusqu'à  présent  on  a  trouvé  surtout  des  ossements  de  cétacés 
sont  :  l'Italie,  le  Portugal,  la  Crimée,  le  midi  de  la  France,  la  Belgique, 
l'Angleterre,  l'Allemagne,  la  Suède  et  une  partie  de  la  Russie.  II  ne  sera  pas 
difficile  de  distinguer  différents  bassins  en  Europe  où  des  ossements  de  cétacés 
se  sont  entassés  pendant  un  certain  laps  de  temps. 


Les  premiers  travaux  qui  ont  été  entrepris  sur  les  ossements  fossiles  de 
cétacés  à  fanons,  sont  les  recherches  faites  en  Italie  par  Giacomo  Biancani,  au 
pied  du  Monte  Maggiore.  Ils  datent  de  1757.  La  notice  qui  fait  mention  de  ces 
travaux  a  pour  titre  :  De  qnibusdam  animalium  exuriis  lapidefactis.  —  L'auteur 
a  figuré  quatre  vertèbres  de  balénoptères,  parfaitement  rcconnaissables. 

En  novembre  I80G,  sur  le  flanc  oriental  de  Monte  Pulgnasco,  à  environ  six 
cents  pieds  au-dessus  de  la  plaine,  M.  Cortesi  de  Plaisance  découvrit  un  squelette 


01 


242  SQUELETTE  DES  CETACES. 

de  baleine  (balénoptère),  dont  il  donna  une  description  accompagnée  d'une 
bonne  figure,  dans  un  mémoire  publié  à  Milan  en  1809. 

Dans  ses  reeliercbes  sur  les  ossements  fossiles,  Cuvier  cite  les  observations 
de  Cortesi  et  reproduit  même  la  figure  du  squelette. 

La  tête  de  cet  animal  de  Cortesi  est  conservée  au  musée  de  Turin. 

Le  professeur  Car.  Giovanni  Capellini  a  publié  en  1865  un  mémoire  sur  les 
Balénoptères  fossiles  du  Bolonais,  avec  trois  planches  fort  bien  faites;  malheu- 
reusement les  os  ne  sont  pas  dans  un  fort  bon  état  de  conservation.  Cc> 
planches  représentent  la  tête  restaurée,  la  caisse  lympanique,  l'occipital  avec 
les  condyles,  quelques  vertèbres  parmi  lesquelles  on  reconnaît  l'axis  ;  la 
planche  III  donne  la  figure  du  rostre,  du  maxillaire  inférieur  et  de  quelques 
vertèbres.  —  Le  professeur  Capellini  rapporte  ces  ossements  à  la  Balœnoptera 
Cortesii. 

€es  ossements  ont  été  mis  au  jour  à  San  Lorenzo  in  Collina;  ils  étaient  accom- 
pagnés de  dents  de  poissons  Plagiostomes  et  du  fruit  du  Pinus  haidingeri  (4). 

B.  Gastaldi  a  recueilli  dans  les  sables  pliocènes  à  Cortanzone,  dans  l'Aslésan, 
une  tète,  un  atlas,  un  axis,  un  humérus,  des  portions  de  côtes  et  des  vertèbres 
de  balénoptère  avec  une  tète  de  dauphin.  Et  dans  les  escarpements  de  San 
Lorenzo  in  collina  il  a  été  trouvé  sept  vertèbres  d'une   petite  baleine  (2). 

Ces  ossements  étudiés  d'abord  par  Giacomo  liiancani,  puis  au  commen- 
cement de  ce  siècle  par  Cortesi,  et  tout  récemment  par  Capellini,  appartiennent 
selon  toute   probabilité  à  la  même  espèce  de  balénoptère. 


Dans  l'ile  de  Malte  on  a  trouvé  des  ossements  de  mysticètes  avec  des  dents 
dt!  Zeuglodon  et  de  Dugong,  d'après  M.  Leitb  Adams.  -  Ces  débris  auraient  été 


lj  Desmoulins,  dans  un  article  forl  remarquable  pour  l'époque  1822  ,  ènumère  à  pmi  près  toul  ce  que 
l'on  -ail  des  Baleines  fossiles,  mais  il  rapporte  à  tort  les  animaux  pour  lesquels  Cuvier  a  proposé  le  nom 
de  Ziphius,  aux  Mysticètes.  Il  appelle  Baleine  de  Cortesi  l'espèce  fossile  trouvée  par  ce  naturaliste  a 
Mou ii  zaga  dans  le  Plaisantin  (Cortesi,  pi.  .">,  lig.  !),  et  Bah  ine  de  Cuvi  r,  le  squelette  si  bien  conservé  de 
Monte  Pulcbnasco  Cortesi,  pi.  3,  fig.  1).  Dictionnaire  classique,  vol.  II.  p.  165. 

2)  Revue  scientifique  italienne,  1802,  p,  40, 


MYSTICETES.  s«l 

amenés  par  un  courant  dans  les  lieux  où  on  les  trouve  (1).  Il  y  aurait  un  grand 
intérêt  à  étudier  comparativement  ces  ossements.  Y  a-t-il  à  Malte  des  dents 
de  Zeuglodon  ou  de  Squalodon  et  la  dent  figurée  par  Scilla  ne  provient-elle 
pas  d'un  phoque  comme  Agassiz  l'a  supposé?  nous  le  croyons. 


Il  existe  également  des  ossements  de  cétacés  fossiles  dans  la  partie  orientale 
de  l'Europe.  Ainsi  on  trouve  des  ossements  de  cétacés  en  Bessarabie  et  sur 
les  bords  de  la  mer  Noire,  comme  sur  les  bords  de  la  mer  d'Azow,  près 
Kertsch . 

Dans  le  tome  II  des  Mémoires  des  savants  étrangers  de  l'Académie  impériale 
de  Saint-Pétersbourg  (-1855) ,  RatbLe  a  donné  le  premier  la  description  d'un 
fragment  de  crâne  de  cétacé,  qu'il  avait  observé  dans»  le  muséum  des  anti- 
quités de  Kertsch,  et  qu'il  rapportait  au  genre  BalaMioptera. 

Eichwald  fut  d'avis  d'abord  que  cet  animal  était  voisin  des  Dugongs  et  des 
Dinotheriums,  et  en  IS-'iO  il  exprima  l'idée  que  ces  os  appartiennent  à  un  Ziphius 
auquel  il  donna  le  nom  de  Ziphius  frisais.  I.e  savant  académicien  partait  de 
l'idée  erronée  que  les  Ziphius  habitent,  comme  les  Siréniens,  l'embouchure  des 
tleuves,  et  que  ces  localités  ne  peuvent  avoir  été  visités  par  des  cétacés  franche- 
ment pélagiques. 

Comme  la  mer  Noire  et  la  mer  Caspienne  ne  sont  que  des  restes  d'un  ancien 
Atlantique  qui  séparait  l'Europe  de  l'Asie,  nous  ne  trouvons  point  extraordinaire 
que  les  terrains  de  ces  bas-fonds  renferment  des  ossements  de  grands  cétacés  pé- 
lagiques et  qu'à  côté  d'eux  on  découvre  des  débris  de  Siréniens  et  de  phoques,  qui 
hantaient  l'embouchure  des  fleuves  ou  les  plages  du  littoral. 

Eichwald  ayant  eu  l'occasion  d'étudier  plus  tard  un  fragment  de  maxillaire  infé- 
rieur, un  fragment  de  côte,  deux  vertèbres  et  des  os  de  membres,  envoyés  à  la 
Société  minéralogique  de  Saint-Pétersbourg,  crut  devoir  abandonner  sa  première 
opinion.  —  Nous  sommes  surpris  de  voir  qu'il  n'ait  pas  reconnu  un  cétacé  à  fa- 


il)  Journal  ilnslilut,  4  avril  1867. 


244  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

nons  à  la  série  de  trous  mentonniers  qui  percent  la  face  externe  de  ce  maxillaire. 
Les  Ziphius  n'ont,  comme  les  autres  Cétodontes,  qu'un  ou  deux  trous  mentonniers 
de  chaque  côté  et  toujours  à  la  hauteur  do  la  symphyse. 

Le  muséum  de  Saint-Pétersbourg,  grâce  à  l'intelligente  activité  du  professeur 
Brandt,  s'est  enrichi  depuis  lors  de  divers  os  déterrés  près  d'Anapa,  parmi  lesquels 
se  trouve  une  omoplate,  un  humérus  et  une  vertèbre  caudale. 

Le  professeur  Brandt  a  pu  se  livrer  à  une  étude  complète  de  ces  débris:  par  un 
ordre  du  ministre  de  l'Intérieur  au  musée  de  Kertsch,  le  crâne  étudié  d'abord  par 
llathke  a  été  envoyé  à  Saint-Pétersbourg  avec  plusieurs  autres  os,  où  il  a  pu  être 
soumis  à  un  nouvel  examen.  Celte  dernière  étude  a  conduit  le  savant  directeur 
à  former  un  genre  nouveau  auquel  il  a  donné  le  nom  de  Célotlierium. 

Pendant  la  rédaction  de  ce  travail,  le  professeur  Brandt  a  eu  l'obligeance  de  nous 
envoyer  un  croquis  de  la  lète  qu'il  a  restaurée,  et  il  est  de  toute  évidence  que  la 
forme  allongée  l'éloigné  de  tous  les  Mysticètes  connus.  Nous  avons  reproduit  ce 
croquis. 

V.  Nordmann  a  étudié  ces  ossements  en  dernier  lieu  et  il  a  pu  les  comparer  à 
ceux  qu'il  avait  rapportés  lui-même  de  Crimée.  —  11  attribue  ces  débris  à  (rois  Cé- 
totherium  au  moins,  à  une  balénoptère,  à  une  baleine  et  à  deux  espèces  de  dauphins. 
—  Nous  croyons  que  parmi  eux  il  y  a  des  os  de  véritables  Ziphius  (Pi.  XXVI,  hg-  •-» 
et  G),  et  des  vertèbres  qui  appartiennent  sans  aucun  doute  à  des  Siréniens. 

Cesossemenls  découverts  dans  le  diluvium  et  dans  la  molasse,  proviennent  d'une 
espèce  de  Sirénien,  d'un  célacé  du  groupe  des  Cétodontes,  et  le  plus  grand  nombre 
île  Mysticètes  voisins  des  Balénoptères  actuels;  la  réunion  de  ces  ossements  in- 
dique non-seulement  qu'un  atlantique  a  existé  enlre  l'Asie  de  l'Europe,  recouvrant 
probablement  la  plaine  qui  s'étend  à  l'ouest  de  l'Oural,  mais  que  le  soulèvement, 
qui  a  émergé  ce  sol,  ne  s'est  effectué  qu'à  une  époque  assez  récente,  puisqu'on 
trouve  encore  une  vertèbre  de  baleine  dans  le  diluvium,  et  des  vertèbres  de  dau- 
phins à  peine  distinctes  de  celles  du  Marsouin  et  du  Tursio  qui  vivent  encore  ac- 
tuellement dans  la  mer  Noire. 

Ces  Cetotherium  décrits  par  Rathke,  Iichwald,  Brandt  et  V.  Nordmann,  pro- 
viennent surtout  de  la  molasse  du  bassin  de  la  mer  Noire  et  de  la  mer  d'Azov. 


MYSTICETES.  24.) 

Le  Portugal  a  fourni  également  son  contingent  d'observations  sur  ces  animaux. 

Dans  les  mémoires  de  l'Académie  des  Sciences  de  Lisbonne  (1831),  à  la  suite  d'un 
mémoire  géologique  du  baron  d'Eschwege,  Al.  Ant.  Vandelli  a  publié  quelques 
observations  sur  des  ossements  fossiles  du  Musée  de  Lisbonne,  parmi  lesquels 
figurent  des  portions  de  tête  de  cétacés  à  fanons  voisins  des  Balénoptères,  qui  y 
sont  conservés  encore  aujourd'hui  ;  mon  digne  ami  Barbosa  du  Bocage  a  eu  l'ex- 
trême obligeance  de  m'en  envoyer  un  nouveau  dessin  lithographie.  Les  dessins  de 
Vandelli,  quoique  grossièrement  exécutés,  sont  fort  reconnaissantes,  et  les  os 
qu'il  représente  se  rapportent  probablement  à  une  même  espèce.  —  Al.  Ant.  Van- 
delli a  figuré  également  des  dents  de  quelques  Célodontes.  Comme  nous  le  verrons 
plus  loin,  ces  cétacés  à  fanons  sont  remarquables  par  la  longueur  de  leur  rostre 
et  la  distance  qui  sépare  les  fosses  nasales  de  l'occipital. 

Nous  ferons  remarquer  que  ces  ossements  viennent  de  la  molasse  comme  ceux 
qui  ont  été  signalés  sur  le  bord  de  la  mer  Noire. 


En  France  on  a  reconnu  également  des  restes  de  cétacés  dans  diverses  localités, 
et  quelques-uns  même  dans  des  circonstances  assez  curieuses.  En  effet,  en  1799, 
on  découvrit,  dans  l'intérieur  de  Paris  môme,  dans  la  cave  d'un  marchand  de  vin, 
en  y  faisant  des  fouilies,  une  portion  de  tète  de  baleine  que  Lamanon  décrivit  et 
figura  d'abord  dans  le  Journal  de  Physique.  Plus  tard,  Daubenton  s'occupa  à  son 
tour  de  cette  tête,  et  crut  qu'elle  pouvait  provenir  d'un  cachalot  de  cent  pieds  de 
longueur.  —  Il  est  à  remarquer  que  le  muséum  de  Paris  ne  possédait  à  cette  époque 
qu'une  tète  de  dauphin  ordinaire,  une  tèie  de  Gloùiceps  et  une  troisième  tête  du 
grand  cachalot  d'Audiernc,  et  qu'il  était  difficile  de  faire  une  détermination  exacte 
avec  des  matériaux  si  peu  nombreux. 

Cuvier  a  donné  une  nouvelle  description  de  celte  pièce  d'après  un  dessin  que 
Van  Marum  lui  avait  envoyé  de  Harlem.  — Cette  pièce  intéressante  se  trouve  au 
Musée  Taylor  à  Harlem. 

11  y  a  quelques  années  on  a  trouvé  encore  des  vertèbres  de  baleine  dans  la  même 
rue,  et  qui  sont  déposées  au  muséum. 


-'<••  SQUELETTE  DKS  CÉTACÉS. 

Xotre  collaborateur,  M.  Paul  Gervais,  a  fait  connaître  l'existence  de 
grands  cétacés  à  fanons  dans  le  midi  de  la  France.  On  en  a  trouvé  dans  la 
molasse,  à  Saint-Didier  (Vaucluse),  dans  les  sables  marins  pliocènes  près  de 
Montpellier,  dans  le  falun  des  Romans  (Drôme)  et  dans  le  falun  de  Salle  (Gi- 
ronde!. M.  Paul  Gervais  fait  observer  avec  raison  que  l'on  n'a  pas  toujours  su  dis- 
tinguer ces  os,  des  cachalots  qui  vivaient  à  la- même  époque,  comme  le  prouvent 
des  dents  trouvées  à  Montpellier  et  à  Sainte-Foix  (Gironde). 

M.  P.  Gervais  a  recueilli  des  caisses  auditives  et  un  maxillaire  inférieur  qui  ap- 
partiennent sans  aucun  doute  à  la  division  des  balénoptères.  Le  maxillaire  infé- 
rieur présente  sur  sa  face  externe,  en  debors  du  sillon  alvéolaire,  la  série  de  trous 
menlonnicrs  qui  caractérisent  les  Mysticètcs  (cétacés  à  fanons);  et  la  caisse  auditive, 
malgré  ses  dimensions  exiguës,  a  tous  les  caractères  de  ce  groupe. 

M.  Delfortrie  a  eu  l'obligeance  de  nous  communiquer  une  pbolograpbie  d'un 
crâne,  probablement  de  balénoptère,  de  la  mollasse  du  département  de  la  Drùme, 
mais  il  est  trop  mal  conservé  pour  le  déterminer  avec  quelque  certitude. 


Fn  Suisse  on  a  trouve  également  quelques  débris  de  cétacés.  —  Studer  a  signale 
dans  la  mollasse  de  Pîerne,  des  ossements  de  ces  animaux,  et  Cuvier  fait  mention 
d'une  omoplate,  trouvée  dans  le  lac  de  Genève  cl  qui  ne  peut  être  que  de  balénop- 
tère  d'après  lui.  —  Nous  ne  savons  où  cette  omoplate  est  conservée. 


Mais  c'est  surtout  en  Pelgique,  tout  autour  de  la  ville  d'Anvers,  sur  une  étendue 
de  plusieurs  lieues,  particulièrement  sur  la  rive  droite  de  l'Escaut,  que  ces  osse- 
ments sont  répandus  avec  une  profusion  dont  on  peut  à  peine  se  faire  une  idée. 

Ils  y  sont  tellement  abondants,  (pie  l'on  ne  saurait  donner  un  coup  de  bêche  à 
quelques  pieds  de  profondeur,  sans  en  mettre  un  certain  nombre  au  jour.  C'est  un 
vrai  ossuaire,  peut-être  le  plus  grand  qui  existe,  où  des  cadavres  de  cétacés  de 
toutes  les  grandeurs,  des  mysticètes  et  des  cétodontes,  des  Siréniens  et  des  phoques, 


MYST1CÈTES.  24- 

sont  venus  échouer  pendant  des  siècles.  Les  ossements  y  sont  généralement  mêlés 
entre  eux  et  proviennent  tous  sans  distinction  d'animaux  marins.. 

Un  siècle  avant  Giacomo  Bianconi,  dont  nous  avons  parlé  plus  haut,  un  médecin 
d'Anvers  s'était  déjà  occupé  des  ossements  de  ces  grands  animaux  et  avait  soutenu 
avec  raison,  qu'au  lieu  de  provenir  de  géants,  comme  on  le  pensait  généralement, 
ces  ossements  appartenaient  à  des  animaux  de  grande  taille  qui  avaient  vécu  au- 
trefois dans  ces  contrées.  C'est  eu  effet  la  thèse  que  Garopius  Becanus  soutenait 
dans  sa  Gigantomachia. 

Vers  le  milieu  du  siècle  dernier  ces  mêmes  ossements  attirèrent  l'attention  d'un 
naturaliste  plein  de  sagacité,  qui  habitait  Cologne,  le  baron  Von  llupsch.  11  s'était 
procuré,  dit-il,  des  restes  de  grands  animaux  marins,  que  les  travaux  des  fortifica- 
tions autour  de  la  ville  d'Anvers,  à  cette  époque,  avaient  mis  au  jour,  et  il  en  donna 
une  description,  accompagnée  de  considérations  biologiques,  que  l'on  peut  fort 
bien  lire  encore  aujourd'hui  avec  intérêt. 

Parmi  ces  ossements  divers,  appartenant  à  de  grands  animaux  marins,  la  pétri- 
fication la  plus  rare  et  la  plus  remarquable,  dit  le  baron  Von  llupsch,  c'est  un  os 
d'oreille  d'un  animal  inconnu,  dont  la  nature  lui  a  été  dévoilée  par  l'os  de  l'oreille 
des  (apis  manati,  connus  sous  le  nom  de  Seekuhstein.  • —  On  voit  distinctement, 
par  la  description  qu'il  en  donne,  qu'il  a  connu  la  caisse  tympanique  des  mysli- 
cètes  du  crag.  —  11  leur  accorde  trois  pouces  en  longueur  sur  deux  pouces  de  lar- 
geur. C'est  en  effet  la  dimension  ordinaire  de  ces  os  (II. 

11  a  comparé  ces  ossements  d'Anvers  avec  des  os  de  baleine  qu'il  possédait  dans 
son  cabinet,  et  leur  ressemblance  est  complète,  dit-il,  surtout  par  leur  nature  po- 
reuse. 11  ajoute  ensuite  qu'il  a  reçu  des  ossements  fossiles  d'Amérique  et  que  par 
leur  aspect  aussi  bien  que  par  leur  couleur  et  leur  structure,  ces  ossements  sont 
complètement  semblables  à  ceux  d'Anvers. 

Il  est  à  regretter,  dit  le  savant  baron,  que  l'ostéologie  des  animaux  marins  ne  soit 
pas  plus  avancée;  leur  connaissance  incomplète  rend  la  détermination  de  ces  osléo- 
lilhes,  ajoule-t-il,  difficile.  —  Sans  le  mot  ostéolithes  on  ne  croirait  pas  que  ce  pas- 
sage porte  la  date  de  177  i. 


M)  Le  baron  von  llupsch  n'a  pas  moins  bien  reconnu   les  Ichtyodontes,  Qdontopètrcs,  Glossopèlres, 
pour  des  dents  de  Squales. 


248  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

Au  commencement  de  ce  siècle,  le  creusement  de  nouveaux  bassins  à  Anvers  a 
mis  au  jour  divers  ossements  intéressants,  qui  ont  attiré  l'attention  de  plusieurs 
naturalistes.  Nous  pouvons  citer  Lajonkaire  et  surtout  Cuvier.  —  C'est  avec  quel- 
ques-uns de  ces  débris  que  Cuvier  a  créé  le  genre  Ziphius,  et  ce  genre  est  devenu 
depuis  le  type  d'une  grande  famille  qui  a  joué  un  rôle  extrêmement  important  vers 
la  fin  de  l'époque  tertiaire. 

En  I8r>r>,  dans  une  lettre  adressée  de  Paris,  nous  écrivîmes  à  l'Académie  de 
Bruxelles,  que  les  ossements  que  l'on  découvre  en  si  grande  abondance  dans  les  en- 
virons d'Anvers,  proviennent  de  différentes  espèces  de  cétacés,  et  que,  à  en  juger 
par  les  caisses  tympaniques  que  nous  avions  recueillies,  la  plupart  de  ces  ossements 
proviennent  de  baleines  du  genre  Rorqual  (I). 

L'année  suivante  nous  attirions  l'attention  des  zoologistes  sur  l'importance  que 
présentent  les  caisses  auditives  pour  la  distinction  des  genres  et  des  espèces  (2),  à 
propos  de  quelques  os  que  M.  E.  Robert  avait  rapportés  de  son  voyage  en  Islande. 
Parmi  ces  ossements  se  trouvaient  des  caisses  tympaniques  qui  nous  permirent  de 
constater  que  le  Rorqual  delà  Méditerranée  de  Cuvier  s'étendait  jusqu'en  Islande. 
— On  a  reconnu  depuis  que  sa  présence  dans  la  Méditerranée  n'est  qu'un  accident, 
et  que  c'est  dans  le  nord  de  l'Atlantique  qu'il  fait  son  séjour  habituel. 

Ce  n'est  donc  pas  en  1846,  dans  une  note  sur  les  Ziphius  (5),  que  nous  parlions 
pinir  la  première  fois  de  Balénoptère  fossile,  comme  Lyell  le  fait  supposer  dans  son 
mémoire  sur  les  terrains  tertiaires  de  la  Belgique,  mais  en  4855. 

On  trouve  également  des  débris  de  cétacés  fossiles  à  Elsloo,  sur  la  rive  droite  de 
la  Meuse  à  trois  lieues  de  Maastricht,  dans  un  sable  noir  qui  est  situé  entre  une  couche 
de  cailloux  roulés  et  un  sable  argileux  sans  fossiles,  qui  correspond  au  Rupelien  de 
Dumont. 


En  Angleterre,  les  ossements  de  cétacés  sont  également  fort  abondants,  surtout 


(1)  Dullet.  de  l'Acad.  roy.  de  Btltj.,  1835,  vol.  II,  p.  G7. 

t    Comptes  rendus  de  T Institut,  t.  III.  p    101,  26 septembre  1830,  et  Ann.  des  se.  nal.,  1836,  vol.  VI, 
p.  158. 
(3)  Ballet,  dt  VAcad  roy.  di   />'•  Ig     t.  XIII,  1"  part.,  p.  257,  1846.  Noies  sur  deux  cétacés  fossiles. 


MYST1CÈTES.  249 

dans  le  crag  deSuffolk;  mais,  si  on  les  trouve  au  milieu  des  mêmes  coquillages  qu'à 
Anvers,  ils  diffèrent  d'eux  sous  plusieurs  rapports;  ils  sont,  par  exemple,  toujours 
roulés,  et  l'on  trouve  ordinairement  au  milieu  d'eux  des  ossements  de  mammifères 
terrestres  (i).  Plusieurs  naturalistes  distingués  se  sont  occupés  de  l'étude  de  ces 
mammifères  :  parmi  eux  nous  devons  citer  surtout  le  professeur  Owen,  et,  dans  ces 
derniers  temps,  le  professeur  Huxley  et  un  jeune  savant  qui  a  pris  rapidement 
une  belle  position  dans  la  science,  M.  Ray  Lankaster. 

Lé  professeur  Owen  a  décrit  et  figuré  quatre  caisses  tympaniques,  fortement  rou- 
lées, qui  proviennent  probablement  d'une  même  espèce,  plus  voisine  des  Balénop- 
tères que  des  baleines;  et,  sur  le  bord  de  la  Manche,  on  a  trouvé  une  mâchoire 
fossile  qui  est  également  attribuée  à  une  baleine  (2). 

En  Ecosse,  on  a  trouvé,  près  du  Forth,  à  vingt  pieds  au-dessus  du  niveau  actuel 
de  la  mer,  un  squelette  de  72  pieds.  On  a  découvert  également  des  ossements  de 
baleine,  à  DumoreRock,  Stirlingshire,  à40  pieds  au-dessus  du  niveau  actuel. 

Le  docteur  Buckland  mentionne  également  sur  la  côte  de  Cornouailles,  des  osse- 
ments de  mysticète  dans  un  estuaire  qui  est  comblé  aujourd'hui. 

M.  Baker  conserve  une  caisse  tympanique  de  Balsenoptera,  trouvée  avec  des  ver- 
tèbres dans  le  sable  à  Huntshill,  près  de  Dingwall,  à  M  pieds  au-dessus  du  niveau 
actuel,  dans  de  l'argile  contenant  des  coquilles  marines. 

Ces  derniers  ossements  trouvés  à  un  niveau  plus  élevé  que  les  hautes  eaux  ac- 
tuelles, proviennent  d'animaux  très-voisins  de  ceux  qui  vivent  encore  aujourd'hui. 


On  a  découvert  également  des  ossements  de  cétacés  dans  le  Wurtemberg.  Jager, 
en  publiant  en  -1855  les  mammifères  fossiles  de  ce  pays  (3),  signale  des  restes  d'une 
petite  baleine,  d'un  dauphin  et  probablement  d'un  cachalot,  trouvés  avec  des  débris 
de  morse  dans  la  mollasse  deOberschwaben.  Ces  os  sont  en  général  mal  conserves 


(1)  On  ne  trouve  jamais  à  Anvers  un  débris  d'animal  terrestre  avec  les  ossements  de  Cetacéf . 

(2)  Mantcll,  Medals  of  création,  vol.  II,  p.  824. 

(3)  Jager,  fossile  Sàugelhiere  von  Wurtemberg.  Stuttgart,  185b,  in-foî. 

02 


230  SQUELETTE   DES  CÉTACÉS. 

et  sont  par  conséquent  difficiles  à  déterminer.  —  Le  rostre  de  dauphin  est  bien 
reconnaissante  ;  plusieurs  os  ne  sont  pas  sans  ressemblance  avec  les  Ziphius,  et  un 
fragment  de  maxillaire  (Pi.  \,  fig.  26)  semble  bien  provenir  d'une  balénoptère. 


Sur  le  bord  de  la  Baltique,  on  a  découvert  des  ossements  divers  de  baleines  à 
fanons,  parmi  lesquels  se  trouve  une  omoplate  que  lîathke  compare  à  l'omoplate 
de  la  baleine  du  Cap  figurée  par  Cuvier,  mais  dont  elle  s'éloigne  par  son  bord  an- 
térieur qui  est  moins  droit,  et  par  l'angle  de  son  bord  antérieur  et  supérieur  qui 
est  plus  bas.  —  Auguste  Muller  pense  que  cet  os  provient  d'une  baleine  de  Groen- 
land. Mais  la  baleine  de  Groenland  ne  quitte  jamais  les  glaces,  et,  si  cette  déter- 
mination était  exacte,  il  faudrait  admettre  que  cet  animal  eût  échoué  dans  ces  pa- 
rages à  une  époque  où  le  sol  de  la  Scandinavie  était  en  partie  encore  couvert  de 
vastes  glaciers. 

En  Suède,  on  a  trouvé  à  diverses  reprises  des  ossements  de  cétacés,  et  souvent 
au-dessus  du  niveau  actuel  de  la  Baltique.  —  Dans  ces  dernières  années,  le  pro- 
fesseur Lilljeborg  a  fait  connaître  des  ossements  dont  il  a  fait  la  Baleenoptera  ro- 
busta,  qui  ont  été  trouvés  à  Graso  (Upland,  Suède),  à  12  ou  -15  pieds  au-dessus  du 
niveau  de  la  mer  et  à  S  i0  pieds  de  la  côtc;  au  milieu  des  Teltina  baltica,  des  Mytilus 
nl.ilis,  qui  sont  en  tout  semblables  aux  espèces  actuelles. 

Les  ossements  de  baleine  que  Lilljeborg  désigne  sous  le  nom  de  Balœna  Sweden- 
borgii,  ont  été  déterrés  (novembre  1 705)  en  Gothland ,,  à  80  miles  anglais  de  lacôle, 
et  à  550  pieds  au-dessus  du  niveau  actuel  de  la  mer.  On  voit  par  le  sternum  et 
d'autres  pièces  que  ces  os  proviennent  de  vraies  baleines,  du  genre  mysticelus. 

ÎNillson(l)  cite  une  omoplate  d'un  jeune  animal  trouvé  à  5  mètres  delà  côte  à 
Garamelstrop  (Scanic).  A  Sloklosler,  Upland  (Suède),  on  a  déterré  une  omoplate, 
deux  vertèbres  et  deux  côtes  qui  ont  été  enfouies  pendant  longtemps,  à  en  juger 
parleur  état  de  conservation  (2).  —  Dans  la  cathédrale  de  \N  isby  (5)  on  conserve  éga- 


I]  Fauna,  Daggdjeuren  (Balœna  prisca). 
(2)  Lilljeborg,  Oftersigi  of  Skandinaviens  hoaldjur.,  p.  il  3. 

i "i    l.illji ■li'ini,  Dj'rrrxnjl  ni  SkiiKilinavicus  hoaldjur.,  p.  113. 


MYSTICETES.  251 

lement  une  apophyse  transverse  d'une  vertèbre  lombo-sacrée,  mais  dont  l'origine 
est  inconnue.  —  Au  musée  national  de  Zoologie  de  Stockholm  on  conserve  une 
vertèbre  caudale  d'une  baleine  trouvée  près  de  cette  ville;  mais  nous  ignorons  dans 
quelles  circonstances  (I). 

Un  fragment  de  côte  de  baleine  est  conservé  encore  dans  une  église  d'Orberga 
(Osfcrgolhland),  et  d'après  les  traditions  il  proviendrait  d'un  animal  échoué  dans 
ces  parages.  C'est  un  fragment  d'une  côte  du  milieu,  dont  les  deux  extrémités  man- 
quent et  qui  paraitavoir  séjourné  longtemps  dans  l'eau.  M.  Lilljeborg  est  d'avis  qu'il 
se  rapproche  de  la  Balœna  Swedenborgii  (2). 

llelzius  a  fait  mention  d'un  rocher  de  mysticète,  de  la  montagne  de  Kinnckulle, 
en  Vestrogothie(o),  qui  appartient  aux  collections  de  l'école  supérieure  de  Skara. 
—  M.  Lovèn  a  eu  l'extrême  obligeance  de  nous  en  envoyer  un  fort  beau  dessin; 
mais  il  ne  nous  a  pas  été  possible  de  nous  y  reconnaître. 

Il  existe  au  musée  de  Brème  une  portion  de  crâne,  que  les  pêcheurs  ont  retirée 
du  fond  de  la  mer  et  qu'ils  avaient  pris  d'abord  pour  quelque  reste  de  baleine  que 
des  pêcheurs  auraient  jeté  par-dessus  bord  à  leur  retour  de  Groenland.  Cette 
pièce  est  extrêmement  curieuse.  Le  docteur  Focke  a  eu  l'obligeance  de  nous  en 
envoyer  une  photographie,  et,  pour  autant  que  l'on  peut  en  juger,  nous  croirions 
certainement  sans  l'exiguïté  de  la  pièce,  qu'elle  provient  d'un  cétacé  à  fanons; 
nous  espérons  pouvoir  étudier  bientôt  la  pièce  originale. 


Plusieurs  auteurs  ont  fait  mention  d'ossements  fossiles  de  cétacés  trouvés 
en  Amérique,  et,  depuis  la  fin  du  siècle  dernier,  le  baron  von  Hupsch  dit  en  avoir 
reçu,  qui  ressemblent  complètement,  dit-il,  à  ceux  d'Anvers  (-4).  — P.  Camper  en 
cite  également  de  la  Virginie  (S). 


(1)  Lovèn,  O/versigt  of  Kongl-  Wetensk.  Ak.  forh.  1861,  p.  305. 

'2)  Lilljeborg,  O/versigt  of  Kongl.  Wetensk.  Akad.  forhandl ,  1861,  p.  157. 

(3)  O/versigt 1854,  p.  111 

(4)  hoc.  cit.,  IIIe  Stuk. 

(5)  Observ.  anatom.,  p.  15 


252  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

Le  professeur  Leidy  fait  mention  d'une  Balsena  paleatlantica  et  d'une  BaUena 
prisca  (I),  provenant  du  miocène;  la  première  espèce  est  établie  sur  un  fragment 
de  maxillaire  inférieur,  une  vertèbre  dorsale  et  une  portion  de  temporal;  la  seconde 
également  sur  un  fragment  de  maxillaire  inférieur  et  une  vertèbre  caudale. 

M.  Gibbes  fait  également  mention  de  restes  de  cétacés  de  l'époque  éocène  qui  se 
rapprochent  des  Physeter  et  àesBalsena:  among  the  fossils  ofthe  eocene  period  found 
vilh  thèse  relies,  arc  tympanic  ùones  and  teclh  of  cetacea,  resemOliny  Physeter  ma- 
crocephalus  and  Balœna  affinis,  Owen,  as  given  in  Iris  British  fossil  mammatia,  dit-il. 

Dekay  parle  également  de  mysticètes  fossiles  qu'il  rapporte  au  pliocène  de  l'Amé- 
rique du  Nord,  tandis  que  Leidy  les  rapporte  au  miocène  de  Virginie. 

Le  professeur  Cope  m'a  informé  à  la  date  du  tcr  février  1868,  qu'il  a  découvert 
des  ossements  de  mysticètes  dans  le  miocène  des  États-Unis  d'Amérique,  qu'il  rap- 
porte à  deux  espèces  du  genre  Eschrichtius,  et  ajoute  :  That  period  on  our  coast 
abonné  ivith  celaceans. 


Nous  voyons,  d'après  ce  que  nous  venons  de  dire,  qu'au  centre  comme  aux  ex- 
trémités de  l'Europe,  au  bord  de  la  Baltique  comme  sur  le  bord  delà  Méditerranée, 
rie  la  mer  Noire  et  de  la  mer  d'Azow,  sur  les  eûtes  d'Ecosse  comme  sur  les  côtes 
d'Angleterre,  de  France  et  de  lîclgique,  on  trouve  des  restes  de  cétacés  à  fanons  et 
que  l'Amérique  du  Nord  n'en  recèle  pas  moins  que  l'Europe.  —  Les  États-Unis 
d'Amérique  nous  montrent  également  l'apparition  de  ces  cétacés  surtout  dans  le 
miocène,  et  l'existence  d'espèces  très-voisines  des  espèces  actuelles  à  des  distances 
variées  de  la  côte  et  au-dessus  du  niveau  des  plus  hautes  marées. 

En  Australie  on  a  trouvé  également  des  cétacés  fossiles,  mais  nous  ne  connais- 
sons jusqu'à  présent  que  l'humérus  d'un  Cétodonte  trouvé  à  Parimoa  (Nouvelle- 
Zélande)  que  le  professeur  Huxley  rapporte  à  un  genre  voisin  des  Phoarna  sous  le 
nom  de  Phocaenopsis  mantellii  (2). 


(i,  Proc.  ofthe  Acad.  of  Philadelphie,  V,  p.  308. 
(2  Quart.  Journ.  geot.  soc,  feb,  1860. 


MYSTICËTES.  253 

Comme  nous  venons  de  le  voir,  ces  cétacés  n'appartiennent  pas  tous  à  une  même 
époque  géologique;  quelques  paléontologistes  semblent  les  faire  remonter  jusqu'à 
l'époque  tertiaire  inférieure  et  même  au  delà,  mais  ce  n'est  que  dans  le  miocène  et 
surtout  le  pliocène  qu'ils  font  régulièrement  leur  apparition.  — Les  premiers 
mysticètes  se  rapprochent  plus  des  balénoptères  que  des  baleines  véritables,  et  les 
ossements  de  ces  dernières  sont  partout  fort  rares. 

Depuis  le  pliocène,  qui  renferme  des  débris  de  grandes  et  de  petites  espèces  de 
Rorqual,  comme  Cuvier  les  appelait,  les  mysticètes  ont  traversé  l'époque  quater- 
naire jusqu'aux  temps  actuels  et  les  ossements  de  ces  derniers  sont  difficiles  à  dis- 
tinguer des  espèces  vivantes. 

En  effet,  en  Angleterre  on  en  a  signalé  dans  le  Forest-Bed,  qui  est  situé  immé- 
diatement au-dessus  du  crag,  ainsi  que  dans  les  falaises  de  Norfolk  ;  ces  ossements 
ont  même  été  trouvés  mêlés  avec  des  objets  de  l'industrie  humaine.  —  Dans  la 
tourbe  on  a  découvert  également  des  débris  de  cétacés,  qui  se  rapportent  à  des 
espèces  voisines  si  pas  identiques  avec  les  espèces  actuelles.  Nous  en  avons  vu  au 
Musée  de  Cambridge,  dont  les  parties  creuses  sont  encore  pleines  de  tourbe,  et  qui 
sont  en  tout  semblables  à  uneBalsenoptera,  au  Delphinus  tursio  et  à  l'Orca.  Cette 
couche  de  tourbe  se  trouvait  à  quarante  milles  de  la  côte  actuelle. 

Il  n'est  pas  rare  de  trouver  également  des  ossements  de  cétacés  et  surtout  de  mys- 
ticètes à  des  distances  plus  ou  moins  grandes  des  côtes  et  au-dessus  du  niveau 
actuel  de  la  mer. 

En  Ecosse,  en  Angleterre,  sur  la  côte  de  Cornouailles,  en  Suède  et  aux  États- 
Unis  d'Amérique  on  a  trouvé,  comme  nous  l'avons  vu  plus  haut,  des  ossements  de 
haleines  à  de  certaines  distances  de  la  mer,  au-dessus  de  la  ligne  des  hautes  eaux,  et 
on  a  trouvé  souvent,  à  côté  de  ces  ossements,  des  coquilles  provenant  des  mêmes 
mollusques  qui  vivent  encore  dans  ces  parages. — Ces  os  appartiendraient  donc; 
des  couches  soulevées  depuis  l'apparition  de  l'homme,  et  les  animaux  dont  ils  pre 
viennent,  seraient,  sinon  des  espèces  vivant  encore  actuellement,  du  moins  d< 
espèces  de  l'époque  actuelle. 

Le  musée  de  Bruxelles  renferme  les  principaux  ossements  d'une  balénoptère 
tout  semblable  à  celle  qui  fréquente  la  Méditerranée,  et  qui  ont  été  mis  au  jou 


254  SQUELETTE  DES  CETACES. 

une  certaine  distance  de  la  côte,  non  loin  de  Tripoli,  à  quelques  mètres  au-dessus 
du  niveau  de  la  Méditerranée. 

Dans  la  Russie  méridionale,  à  peu  de  distance  de  lu  mer  Noire,  von  Nordmann  a 
découvert  dans  le  diluvium  une  vertèbre  qu'il  rapporte  au  genre  BaLvna  (I);  et 
comme  on  ne  trouve  plus  dans  la  mer  Noire  d'autres  cétacés,  que  le  marsouin, 
le  dauphin  ordinaire  et  le  (ursio,  de  grands  changements  doivent  être  survenus 
dans  ces  contrées  depuis  l'époque  diluvienne. 

Nous  ne  connaissons  en  Belgique  des  débris  de  cétacés  que  dans  les  terrains  ter- 
tiaires supérieurs.  — Nous  en  trouvons  le  plus  souvent  dansle  sable  noir  du  Diestien 
ou  dans  le  crag  gris  ou  jaune. 

A  différentes  reprises,  nous  croyions  avoir  trouvé  des  ossements  de  cétacés  dans 
le  Rupélien,  mais  nous  avons  toujours  appris  par  de  nouvelles  observations,  qu'ils 
provenaient  de  la  surface  de  ce  terrain,  et  gisaient  mêlés  avec  des  coquilles  d'une 
époque  postérieure.  Le  cétacé  le  plus  ancien  que  nous  connaissons  en  Belgique, 
est  le  placoziphius  qui  a  été  mis  au  jour  à  Edeghem  (2). 


Ces  cétacés  fossiles  atteignaient-ils,  comme  en  général  les  animaux  terrestres, 
une  taille  plus  forte  que  ceux  qui  vivent  encore  actuellement?  non  !  Les  baleines, 
comme  les  balénoptères  d'aujourd'hui,  semblent  plus  grandes  que  celles  d'autre- 
fois, et  on  trouve  même  peu  d'ossements  qui  indiquent  des  dimensions  égales 
i  «elles  de  nos  espèces  actuelles. 


Plusieurs  auteurs  ont  fait  mention  définis  longtemps  de  cétacés  fossiles,  mais  il 
v  en  a  fort  peu  qui  ont  figuré  les  os  qui  ont  été  mis  au  jour,  et  il  y  en  a  encore 


i  ;  C'est  une  vertèbre  qui  a  six  pouces  en  largeur  et  en  hauteur  et  trois  en  épaisseur;  l'éprphyse  est 
détachée  d'uD  cûté  seulement.  Elle  a  été  trouvée  à  peu  de  distance  de  l'embouchure  du  Téligul,  gouver- 
nement de  Kherson  (Cherson). 
(2)  Nous  ne  croyons  pas  devoir  faire  mention  d'une  dent,  qui  nous  paraît  provenir  d'un  cétacé,  et  qui  a 
lé  recueillie  dans  l'éocène  par  un  de  nos  savants  ingénieurs,  M.  Cornet. 


MYSTICÈÏES. 

moins  qui  ont  cherché  à  les  déterminer  spécifiquement.  —  Cela  s'explique: 
connaissant  fort  incomplètement  les  espèces  vivantes  on  ne  pouvait  guère  déter- 
miner les  espèces  fossiles  avec  quelque  apparence  de  certitude. 

Vandelli  a  joint  une  planche  àses  observations  (PI.  IV)quireprésentedesporlions 
de  crânes  de  mysticètes  et  quelques  dents  de  Cétodontes  (Pi.  V,  fig.  10  et  II). 

Cortesi  de  Plaisance  a  fort  hicn  représenté  un  myslicète  qu'il  a  découvert  sur  le 
liane  oriental  du  Monte  Pulgnasco,  à  environ  douze  cents  pieds  au-dessus  de  la  plaine. 

Lamanon  a  publié  un  dessin  de  l'os  de  la  tête  qu'un  marchand  de  vin  de  la  rue 
Dauphine  à  Paris,  découvrit  dans  sa  cave  en  4779  en  y  faisant  des  fouilles.  - 
Cuvier  a  donné  une  nouvelle  figure  de  cet  os  remarquable  qui  est  conservé  aujour- 
d'hui dans  le  cabinet  de  Tcyler  à  Harlem. 

Fichwald  consacre  la  pi.  XII  de  sa  Lethœa  rossica  aux  cétacés  fossiles.  —  Si  figure 
une  région  caudale  presque  complète,  des  vertèbres  lombaires,  un  os  en  V,  un 
humérus  et  un  fragment  de  côte,  qu'il  rapporte  au  genre  Ziphius,  mais  qui  pro\  ient 
évidemment  d'un  myslicète  voisin  des  Balénoptères. 

A  côté  de  divers  ossements  de  cétodontes  M.  le  professeur  Owen  a  figuré  des 
caisses  (ympaniques  qu'il  attribue  à  des  balœna  et  qui  appartiennent  évidemment 
à  des  mysticètes  à  aileron  et  non  à  des  baleines  véritables. 

Lilljcborg  consacre  huit  planches  à  la  représentation  des  os  de  Y  Eschrichtius 
roôustus;  il  a  fait  figurer  les  mandibules,  les  principales  vertèbres,  une  corne  de 
l'os  hyoïde,  les  côtes,  le  sternum,  l'omoplate,  l'humérus  avec  radius  et  cubitus,  des 
os  du  carpe  et  des  phalanges.  Il  consacre  également  trois  planches  à  YHunlerins 
Swedenborgii,  dont  il  figure  le  sternum,  l'omoplate,  des  côtes  et  plusieurs  vertèbres . 

Aug.  Muller  a  figuré  avec  un  soin  très-grand  la  portion  de  crâne  qu'il  design" 
sous  le  nom  de  Balœnoptera  syncondylus,  et  qui  avait  déjà  été  figurée  par  le  doc- 
teur II.  Hagen,  d'après  une  photographie. 

Les  planches  26,  27  et  28  de  la  Paléontologie  de  la  Russie  méridionale  de 
V.  Nordmann,  sont  consacrées  aux  cétacés  fossiles.  — Ils  proviennent  d'après  lui  de 
irois  espèces  aumoinsdeCetotherium,  d'une  Balœnoptera, d'une  Balœna, et  de  deux 
espèces  de  Delphinus.  (Delphinus?  fossilis  bessarabicus,  Nordm.,  phocœna  euxinica 
fossilis,  Nord  m.) 

M.  Paul  Gcrvais  a  fait  dessiner  la  mandibule  du  Plésiocèle  qu'il  a  décrite  dans  les 
Annales  des  sciences  naturelles. 


256  SQUELETTE  DES  CETACES. 

M.  Capellini  donne  le  dessin  d'une  tète  restaurée  du  Rorc/ualus  Cortesii,  ainsi  que 
les  caisses  tympaniques,  des  vertèbres  de  différentes  régions,  le  rostre  et  une  man- 
dibule. 


Les  mysticètes  fossiles  sont  répartis  comme  les  vivants  en  trois  groupes  géné- 
riques, les  Baleines  véritables,  les  Mégaptères  et  les  Balénoptères.  —  C'est  en  sui- 
vant le  même  ordre  que  nous  allons  les  passer  en  revue. 

Il  est  inutile  de  faire  remarquer,  que  nous  n'attachons  pas  la  même  valeur 
aux  espèces  fossiles  qu'aux  espèces  vivantes  et  que  c'est  plutôt  à  titre  de  ren- 
seignements que  nous  énu nierons  le  plus  grand  nombre  d'entre  elles. 


GENRE     BAL^NA 


11  existe  de  vraies  baleines  fossiles,  mais  elles  sont  très-rares,  comparativement 
aux  Balénoptères,  et  il  ne  faut  pas  s'en  étonner,  puisqu'on  a  pu  croire,  que  les 
vraies  baleines  datent  seulement  de  l'époque  actuelle. 


BALjENA     SVEDENBORGII 
Pl.  VIII.  Fig.  8-16. 


Lilljeborg,  Ofversigt  of  Skandinaviens  hvaldjur,  Upsala,  1862.  (Aftryck  ur  Upsala  universitets  Arsskrift, 

1861-1862.) 
Lilljeborg,  on  two  Subfossil  Whales  discovered  in  Sweden,  Upsala,  1867.  (Nova  actaofthe  roy.  Soc.  ol 

sciences  at  Upsala,  ser.  III,  vol.  VI.)] 

Sous  le  nom  de  Svedenborgska  hvalen  d'abord,  puis  de  Balxna  Svedenborgii  et 

de  Hunterius  Svedenborgii,  le  professeur  Lilljeborg  a  fait  connaître  une  vraie  Ba- 

55 


258  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

leine  ;  la  conformation  du  sternum  et  de  l'omoplate  ne  laisse  aucun  doute  à  cet 
égard. 

Les  ossements  de  cet  animal  ont  été  découverts  au  commencement  du  siècle  der- 
nier et,  pendant  longtemps,  ils  ont  été  attribués  à  un  géant  comme  il  arrivait  sou- 
vent aux  siècles  précédents  quand  on  mettait  au  jour  quelque  débris  d'un  grand 
animal. 

C'est  en  Gotbland  (Suède)  que  l'on  déterra  ces  os  en  I70;>,  à  80  lieues  de  la  côte 
et  à  550  pieds  au-dessus  du  niveau  de  la  mer. 

En  1825,  une  vertèbre,  que  le  professeur  Lilljeborg  attribue  au  môme  animal, 
fut  découverte  dans  la  province  de  Westergotbland  au  fond  d'une  excavation,  et  le 
major  L.  Gullenball  la  présenta  à  l'Académie  des  Sciences  de  Stockholm  (I). 

Ces  ossements  ont  appartenu  successivement  à  divers  établissements  et  sont  enfin, 
d'après  ce  que  nous  apprend  le  professeur  Lilljeborg,  la  propriété  du  musée  zoolo- 
gique de  l'Université  de  Stockholm. 

C'est  au  savant  professeur  d'Upsala  que  nous  devons  les  premiers  renseignements 
détaillés  sur  ces  curieux  débris  ;  dans  son  Synopsis  des  cétacés  Scandinaves,  le  pro- 
fesseur Lilljeborg  fait  avec  soin  l'historique  de  cette  découverte  et  donne  une  des- 
cription détaillée  des  os,  avec  l'indication  de  leurs  dimensions. 

Plus  récemment,  dans  un  mémoire  qui  a  pour  titre:  On  two  Suùfossil  \Y  haies,  il 
a  publié  dans  les  actes  de  la  Société  royale  des  Sciences  d'Upsala  (1867)  une  descrip- 
tion complète  des  os,  description  qu'il  a  accompagnée  de  trois  planches. 

Ces  os  consistent  en  une  cinquantaine  de  pièces  dont  douze  appartiennent  à 
l'Académie  royale  de  Stockholm  ;  ce  sont  pour  la  plupart  des  vertèbres  caudales,  un 
sternum,  une  omoplate  et  plusieurs  côtes. 

Trois  autres  pièces,  consistant  en  une  seconde  omoplate,  une  vertèbre  caudale, 
et  une  partie  de  côte,  découvertes  en  dernier  lieu,  appartiennent  au  musée  zoolo- 
gique de  Stockholm.  Elles  ont  été  présentées  par  le  professeur  F.  Sundcwall. 

MM.  Sundcwall,  Lovèn  et  A.  Retzius  ont  fait  mention  encore  de  quelques  autres 
ossements  de  Mysticètcs  des  bords  de  la  Baltique,  mais  il  serait  fort  difficile  de  les 
rapporter  avec  certitude  à  celte  espèce.  M.  le  professeur  Lovèn  a  bien  voulu  me 


(I ,  A<  tes  dt  l'Académie  royale  des  sciences,  1823,  p.  373.  LiUjeborg,  p.  3G. 


BALEINES.  259 

faire  dessiner  un  rocher  signalé  par  Retzius  (I  ),  niais,  quoique  le  dessin  soit  fort 
beau,  je  n'oserais  même  assurer  qu'il  représente  un  rocher  de  Mysticète  quel- 
conque. 

Nous  avons  reproduit  les  principaux  os  de  cet  animal  d'après  les  dessins  publiés 
par  le  professeur  Lilljeborg. 

Le  professeur  d'Upsala  rapporte  cette  espèce  à  une  période  plus  ancienne  que 
celle  pendant  laquelle,  dit-il,  la  Balœna  myslicetus  visitait  la  Baltique  et  antérieure 
à  YEschriclitius  robustus.  —  C'est  peut-être  pendant  cette  période  tempérée, 
ajoufe-t-il,  quel'Emys  europsea  s'étendait  au  nord  jusqu'à  Gothland. 

M.  Lilljeborg  croit  devoir  rapporter  ces  ossements  au  genre  Hunteriiis  de  Gray 
en  avouant  qu'il  n'a  pas  vu  le  squelette  de  Leyde  sur  lequel  ce  genre  est  établi  ; 
n'ayant  même  pas  vu  la  première  côte,  nous  ne  savons  trop  sur  quoi  l'auteur  se 
fonde  pour  faire  cette  détermination. 


DESCRIPTION    DES    OS. 

Le  sternum  présente  la  forme  ordinaire  des  baleines  véritables,  c'est-à-dire,  qu'il 
est  légèrement  bombé  et  consiste  dans  un  disque  de  forme  ovale  un  peu  plus  long 
que  large,  arrondi  en  avant,  pointu  en  arrière  et  présentant  sur  le  côté  cet  aspect 
particulier  des  surfaces  osseuses  des  cétacés  qui  sont  couvertes  de  cartilages.  — 
D'après  la  situation  de  ces  surfaces  la  première  paire  de  côtes  s'articule  avec  le 
sternum  vers  le  milieu  de  sa  hauteur. 

Ce  sternum  est  très-développé  et  provient  évidemment  d'un  animal  qui  a  atteint 
son  âge  adulte. 

L'omoplate  a  comme  le  sternum  tous  les  caractères  des  vraies  baleines.  Son 
diamètre  vertical  est  beaucoup  plus  grand  que  son  diamètre  antéro-postérieur,  et 
sa  surface  externe  est  légèrement  creusée.  L'acromion  est  fort  allongé,  mais  peut- 
être  n'est-il  pas  encore  développé  complètement;  cette  apophyse  s'étend  en  lar- 
geur comme  en  longueur,  tandis  que  l'apophyse  coracoïde est  assez  peu  développée. 

(1)  OfversUjt  of  kowjl.  vetensk.  akad.fôrh.  1854,  p.  111. 


260  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

La  surface  de  la  cavité  glénoïde  est  de  forme  ovale  comme  le  sternum.  L'épine 
s'élève  verticalement,  et  s'éloigne  fort  peu  du  bord  antérieur. 

Il  y  a  trois  côtes  complètes  de  droite,  que  M.  Lilljeborg  considère  comme  la 
troisième,  la  quatrième,  et  la  cinquième.  —  La  première  est  assez  large  à  son  extré- 
mité sternale  quoiqu'elle  ne  soit  pas  complète  de  ce  côté. 

On  ne  connaît  que  \2  vertèbres  de  ce  squelette  :  la  première  est  une  caudale 
d'après  M.  Lilljeborg;  il  nous  parait  que  c'est  la  première,  ou  plutôt  la  seconde, 
de  cette  région  ;  elle  a  son  apopbyse  épineuse  large  comme  l'apophyse  transverse, 
et  celle-ci,  un  peu  plus  large  au  bout  qu'à  la  base,  montre  sur  son  bord  antérieur 
une  échancrure  pour  le  passage  de  l'artère.  —  Cette  même  apophyse  transverse  est 
légèrement  inclinée  de  haut  en  bas  et  de  dedans  en  dehors,  et  faiblement  dirigée 
d'arrière  en  avant,  en  sens  inverse  de  l'apophyse  épineuse. 

Le  canal  vertébral  est  triangulaire,  et  moins  étendu  en  hauteur  qu'en  largeur.  La 
largeur  correspond  à  la  hauteur  de  l'apophyse  épineuse. 

Les  épiphyses  antérieures  et  postérieures  sont  détachées. 

Une  seconde  vertèbre  est  considérée  par  le  professeur  Lilljeborg  comme  une 
quatrième  caudale;  les  apophyses  sont  naturellement  moins  longues,  le  canal  ver- 
tébral moins  grand,  et  les  surfaces  articulaires  pour  les  os  en  V  plus  saillantes  et 
plus  étendues. 

Les  autres  vertèbres  jusqu'à  la  dix-septième  d'après  le  professeur  Lilljeborg,  per- 
dent peu  en  diamètre  antéro-postérieur,  mais  leurs  apophyses  diminuent  insensi- 
blement, le  canal  vertébral  disparait,  et  la  dernière  n'est  plus  qu'un  disque,  mon- 
trant à  peine,  à  la  face  supérieure,  les  traces  de  canal  vertébral;  à  côté  on  voit 
les  trous  pour  le  passage  des  artères  spinales,  qui  montent  verticalement  dans  le 
corps  de  la  vertèbre. 

Le  corps  de  toutes  ces  vertèbres  se  dislingue  par  leur  forme  angulaire. 

M.  Lilljeborg  l'ait  remarquer  que  dans  la  Balœna  mysticetus,  l'artère  spinale  passe 
jusqu'à  la  quatrième  caudale  au  devant  de  l'apophyse  transverse  et  à  commencer 
de  la  cinquième  traverse  la  base  de  celle  apophyse;  dans  celte  baleine  ce  n'est  qu'à 
la  dixième  caudale  que  l'artère  spinale  traverse  l'apophyse. 

Tous  ces  os  ne  proviennent  évidemment  pas  du  même  animal,  puisque  le  ster- 
num indique  un  individu  adulte,  tandis  que  les  épiphyses  des  vertèbres  sont  encore 
complètement  séparées. 


RAISINES.  261 


BAL^NA    TANNENBEUGII 


Il  existe  au  musée  de  Konigsberg  une  vertèbre  de  baleine  trouvée  dans  l'Aile 
et  une  omoplate  quia  étédéterrée  eiH4J0,àTannenberg,  à  la  distance  de  ^  5  milles 
de  la  Baltique  (I).  —  La  vertèbre  a  été  donnée  au  musée  par  Pancritius. 

A  quel  animal  faut-il  rapporter  cette  omoplate,  que  l'on  a  prise  d'abord  pour  une 
omoplate  de  Physeter,  puis  pour  une  omoplate  de  Balsena  et  enfin  pour  une  omoplate 
de  Balsena  mysticetus? 

Rathke  pense  que  cet  os  provient  d'un  animal  qui  a  échoué,  quand  ce  pays  était 
encore  couvert  par  la  mer,  et  il  la  rapporte  à  une  vraie  baleine  ;  cependant  ce  n'est 
ni  une  omoplate  de  Balénoptère,  ni  de  mégaptère  ni  de  mysticetus,  dit-il. 

Cette  omoplate  a  5  pieds  5  pouces  de  longeur,4  pieds  un  pouce  et  demi  de  hau- 
teur et  parait  toute  pétrifiée;  son  bord  antérieur  est  plus  conique  que  dans  la  baleine 
du  Cap,  dit  Rathke  (d'après  la  figure  donnée  par  Cuvier)  et  l'angle  antérieur  et  supé- 
rieur est  un  peu  plus  bas  que  dans  cette  espèce. — C'est  de  la  baleine  du  Cap 
qu'elle  semble  se  rapprocher  plus  que  de  tout  autre  (2).  Cet  os  a  été  connu 
par  V.  Baer,  d'après  une  communication  qui  lui  a  été  faite  par  écrit,  et  paraissait, 
dit  l'illustre  savant,  complètement  pétrifié.  M.  Auguste  Muller,  aujourd'hui  profes- 
seur à  Konigsberg,  appréciant  la  haute  importance  de  cet  os,  Ta  nettoyé  avec  beau- 
coup de  soin,  et  pense  que  c'est  une  omoplate  du  côté  gauche  de  Balana  mysli- 

cetus. 

Par  une  comparaison  rigoureuse  on  saura  plus  tard  si  elle  doit  appartenir  à  l'es- 
pèce vivante  du  Groenland,  ou  à  un  animal  voisin. 


(1)  Rathke,  Prcuss.  Proc.  Bl.  18  Bel,  1837,  p.  562. 

^Hensche,  ueber  einen  aufdei  Kurischen  Nehrung  bei  Nidden  gefundenen  Knochen. 


262  SQUELETTE  DES  CETACES. 


BAL/ENA    PRIMIGENIUS 


Pl.  VIII ,  Fig.  1-8. 


Depuis  plusieurs  années  nous  avons  reconnu  parmi  les  ossements  du  crag  d'An- 
vers, des  restes  de  véritables  baleines  et,  à  diverses  reprises,  nous  en  avons  fait 
mention. 

En  \  855  nous  avons  signalé  au  milieu  de  ces  débris  des  caisses  tympaniques  et 
des  rochers,  dont  nous  avons  fait  connaître  la  haute  importance  au  point  de  vue 
de  la  détermination  des  genres  et  des  espèces.  Parmi  ces  caisses  il  y  en  a  qui  se  rap- 
portent, disions-nous,  par  toute  leur  conformation  aux  Balénoptères  ou  Rorquals. 
—  Depuis  lors  nous  en  avons  reconnu  qui  proviennent  de  vraies  baleines.  Nous 
répéterons  ce  que  nous  avons  déjà  dit  ailleurs,  qu'il  n'y  a  aucune  de  celles  aux- 
quelles le  professeur  R.  Owen  a  donné  le  nom  dcBaloona  (affinis,  tlefinita,  gibbosa 
et  marginata),  qui  provienne  d'une  vraie  baleine;  ce  sont  toutes  caisses  de  Baleines 
à  ailerons,  ce  qu'il  est  facile  de  voir  à  leur  forme  ovale  et  peu  comprimée. 

Dans  un  discours,  que  notre  savant  confrère  le  vicomte  B.  du  Bus  a  prononcé 
en  1827  à  l'académie  de  Belgique,  il  est  fait  également  mention  d'ossements  de 
baleine  provenant  des  fouilles  d'Anvers,  et  se  rapportant  à  des  animaux  assez  voisins 
de  la  baleine  franche  de  Groenland.  M.  le  vicomte  B.  du  Bus  a  vu  des  vertèbres 
de  la  région  cervicale  qui  étaient  toutes  souciées,  plusieurs  caisses  auditives  ar- 
rondies et  non  comprimées,  et  il  propose  le  nom  générique  de  Protoèalsena  pour 
désigner  les  animaux  perdus  auxquels  se  rapportent  ces  débris. 

Nous  avons  pleine  confiance  dans  la  détermination  de  notre  savant  confrère,  et 
il  est  possible  que  les  os  que  nous  possédons  se  rapportent  au  même  animal  ; 
mais  nous  ne  croyons  pas  jusqu'à  présent  devoir  admettre  la  division  générique 
qu'il  propose. 

Les  pièces  que  nous  possédons  sont  :  un  sphénoïde  postérieur,  plusieurs  caisses 


ISALEINES.  263 

tyrupaniques,  «ne  côte  complète  bien  conservée  et  une  phalange.  —  Le  basi- 
sphénoide  est  remarquable  par  le  grand  développement  de  ses  ailes;  il  diffère  nota- 
blement de  celui  des  Plésiocètes,  et  a  exactement  la  même  forme  que  cet  os  aflecte 
dans  les  vraies  baleines  à  l'âge  embryonnaire.  Malgré  sa  grande  dimension  il  pro- 
vient d'un  jeune  animal. 

Les  caisses  tympaniques  sont  comprimées,  et,  au  lieu  d'être  régulièrement  arron- 
dies elles  sont  anguleuses  et  ressemblent  à  un  porte-monnaie  vidé.  — Nous  en 
connaissons  plusieurs  et  il  y  en  a  parmi  elles  dont  l'intérieur  est  couvert  de  serpules 
et  de  bryozoaires,  de  manière  que  ces  os  ont  dû  se  trouver  un  certain  temps  libres 
au  fond  de  la  mer. 

Nous  possédons  une  côte  toute  entière;  à  en  juger  par  la  tubérosité  articulaire  et 
le  cou  qui  la  prolonge,  c'est  probablement  la  quatrième;  elle  a  un  mètre  soixante 
centimètres  de  long  sur  \o  centimètres  de  large  dans  sa  partie  inférieure.  —  Elle 
est  légèrement  comprimée  dans  toute  sa  longueur. 

Enfin,  nous  avons  trouvé  dans  le  crag  une  phalange  parfaitement  conservée, 
qui,  si  elle  n'appartient  pas  à  une  mégaptera,  genre  que  nous  n'avons  pas  observé 
encore  à  Anvers,  provient  évidemment  d'une  baleine.  Cette  phalange  a  10  cen- 
timètres de  long,  4  centimètres  de  large  au  milieu  et  6  aux  extrémités  et  5  cen- 
timètres et  demi  d'épaisseur  aux  surfaces  articulaires. 

Les  deux  surfaces  articulaires  indiquent  par  leurs  rugosités,  la  présence  des  car- 
tilages qui  réunissent  les  phalanges  entre  elles.  —  La  surface  la  plus  large  qui  est 
sans  doute  l'antérieure  est  tronquée  transversalement,  tandis  que  l'autre  moins  large 
mais  plus  épaisse  est  coupée  obliquement.  La  surface  de  l'os  est  fort  unie. 


2fii  SQUELETTE  DES  CETACES 


BAL^ENÀ    LAMANONI 


En  1779  on  découvrit  dans  la  cour  d'un  marchand  de  vin,  rue  Dauphine  à  Paris, 
une  portion  de  crâne,  pesant  227  livres,  et  qui  fut  décrite  d'abord  dans  \e  journal 
de  Physique  t.  XVII,  p.  595,  fig.  2,  sous  le  nom  àeBalsena  Lamanoni  (1).  Cette  pièce 
se  trouve  aujourd'hui  au  musée  Teyler,  à  Haarlem  où  nous  l'avons  étudiée.  —  C'est 
une  portion  de  temporal  de  baleine,  différente  de  la  baleine  duGroënand,  mais  il 
serait  difficile  de  dire  si  elle  provient  d'une  espèce  nouvelle  ou  si  elle  se  rapporte 
à  un  animal  connu.  On  ne  possède  pas  assez  de  matériaux  pour  se  prononcer  n 
cet  égard. 

Dans  la  rue  Dauphine  à  Paris,  on  a  trouvé  en  septembre  1850  des  vertèbres  qui 
sont  conservées  au  muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris,  et  qui  se  rapportent  évidem- 
ment à  un  grand  mysticète  (1);  il  est  probable  qu'elles  proviennent  de  cette  même 
espèce. 


(1)  Lainanon,  Journal  de  -physique,  t.  XVII,  p.  .193,  pi.  2.  —  Daubenton,  Mém.  acad.  se.  1782,  p.  211  . 
—  G.  Cuvier,  Recherch.  ossem./oss.,  t.  V,  2*  part.,  p.  393,  pi.  27,  fig.  16.— Desmoulins,  Dict.  class.  d'hisl. 
nat.,t.  II,  p.  107.  —  Pictet,  Paléonlol.,  t.  I,  p.  321.  -P.  Gervais,  Zoologie  et  Palëontol.  franc.,  2e  édit. 
Paris,  1859,  p.  313. 

(1  )  Gervais,  Paléontologie  française. 


GENRE     MEGAPTERA 


Près  de  Friederichshall,  en  Norwége,  on  a  trouvé,  d'après  M.  Ilensche,  un  sque- 
lette de  baleine,  à  250  pieds  au-dessus  du  niveau  de  la  mer  et  qui  présente,  à  notre 
avis,  les  caractères  des  Megaptera. 

Eichwald  fait  de  son  côté  mention  d'un  maxillaire  inférieur  semblable  à  celui 
des  Megaptera  et  qui  aurait  été  trouvé  en  Suède. 

D'après  Lilljeborg,  la  Balœna  prisca  de  Nillson  (Fauna  Scandin.),  appartiendrait 
également  à  ce  genre  et  il  croit  même  devoir  la  rapporter  à  la  Megaptera  ôoops. 

A  la  Nouvelle-Orléans,  à  4  60  miles  de  la  côte  et  à  75  pieds  au-dessus  du  niveau 
de  la  mer,  on  a  trouvé  un  squelette  de  Megaptera  dont  la  tète  a  été  figurée  et  qui  ne 
laisse  guère  de  doute  sur  le  genre.  — On  le  reconnaît  à  la  conformation  des  maxil- 
laires supérieurs  et  au  développement  des  os  pariétaux.  —  Nous  sommes  en  pos- 
session d'une  lithographie  de  cette  tête,  mais  nous  ne  savons  si  les  os  sont  con- 
servés quelque  part.  —  Nous  lisons  au  bas  du  dessin  :  View  of  an  mormons  head 
of  an  unknotvn  animal,  found  in  New  Orléans,  160  miles  from  the  sea,  and  75  feet 
from  the  earth's  surface,  iveiglting,  1700  pounds. 

Ce  n'est  qu'après  une  comparaison  rigoureuse  que  l'on  pourra  apprécier  les 
rapports  véritables  qui  se  trouvent  entre  ces  divers  ossements. 


54 


266  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 


MEGAPTERA     SYNCONDYLUS 


Stadlrath  Hensche  et  D'  Hagen,  Ueber  einen  auf  der  kurischen  Nehrung  hei  Niddcn  gefundenen  Kno- 

chen,  Schrift.  d.  CEk.  Gesell.  zu  Kônigsbcrg,  jahr.  I,  H.  II. 
Aug.  Muller,  De  fragmente  cranii  ceti,  quod  maris  Baltici  aestu  anno  1860  ejectum  est.  Regimonti,  1862  4°. 
Aug.  Muller,  Ueberdas  Bruchstiick  vom  Schàdel  cincs  Finnwales,  Balœnoptera  Syncondylus,  Schrift.  d. 

Phys.  OEk.  gesellsch.  zu  Kônigsberg,  jahr.  IV,  1863. 


En  ^860,  après  une  forte  tempête,  la  nier  rejeta  sur  la  côte  de  la  Baltique  la 
partie  postérieure  d'un  crâne  de  grand  cétacé,  couverte  en  partie  de  /lustra  mem- 
ùranacea,  un  des  rares  bryozoaires  de  cette  mer. 

MM.  Hensche  et  Hagen  eurent  soin  de  faire  photographier  ce  fragment  remar- 
quable et  publièrent  ensemble  une  notice  sur  cette  découverte  avec  une  descrip- 
tion anatomique  des  parties  conservées.  —  Le  docteur  Hagen  rapporta  l'animal 
dont  cet  os  provient,  à  une  espèce  de  Megaptera,  voisine  de  la  Megaptera  du  Cap; 

il   la  considéra   comme  fossile  et,  en  même  temps,  comme  nouvelle  pour  la 
science. 

Eschricht  eut  l'occasion  d'étudier  et  de  comparer  ces  pièces,  et  crut  aussi  que, 
si  les  os  ne  proviennent  pas  d'une  Megaptera  longimana  [Boops  de  Fabricius),  ils 
proviennent  en  tout  cas  d'une  espèce  voisine. 

Eu  1 862,  le  professeur  Aug.  Muller  soumit  cette  pièce  à  un  nouvel  examen,  fit  !o 
voyage  de  Copenhague  pour  y  étudier  les  espèces  vivantes,  et  décrivit,  avec  le  talent 
d'un  anatomiste  distingué,  le  fragment  de  crâne  dans  ses  plus  minutieux  détails. 
Après  avoir  comparé  avec  soin  la  manière  dont  se  comporte  la  portion  écailleuse 
du  temporal  (le  squammosal)  dans  les  Bal.vnoplcra  roslrala,  musculus,  laticeps,  et 
la  Megaptera  boops,  il  arrive  à  la  conclusion,  que  le  fragment  de  crâne  provient, 
non  d'une  Megaptera,  mais  d'une  Balsenoptera,  à  laquelle  il  donne  le  nom  spéci- 
fique de  Syncondylus  à  cause  de  la  réunion  des  deux  condyles  occipitaux;  il  sup- 
pose que  celte  espèce  est  peut-être  encore  vivante. 

M.  Aug.  Muller  ne  peut  prendre  ces  os  pour  fossiles  dans  le  sens  ordinaire  du 


BALÉNOPTÈRES.  gffj 

mot;  ils  ne  sont  pas  modifiés  sous  le  rapport  chimique,  dit-il,  et  ils  renferment 
encore  leur  {Gélatine. 

On  voit  également  par  les  Flustra  qui  les  recouvrent  qu'ils  ont  longtemps  séjourne 
au  fond  de  la  mer. 

Le  fragment  principal  consiste  dans  la  partie  postérieure  de  la  boite  crânienne, 
montrant  le  trou  occipital,  les  deux  condyles  articulaires,  une  partie  du  temporal  et 
un  ptérigoulien. 

Aug.  Muller  n'a  pas  fait  figurer  la  vertèbre  lombaire  par  la  raison  que  les  apo- 
physes sont  complètement  coupées  et  que  le  corps  lui-même  a  été  creusé  pour  en 
faire  un  vase. 

Outre  les  fragments  de  crâne  étudiés  par  le  docteur  Hagen  et  le  professeur  Aug. 
Muller,  et  la  vertèbre  que  ce  dernier  a  reçue  du  même  animal,  il  a  été  rapporté  par 
Claudius  un  second  fragment  de  crâne  de  l'île  Sylt,  qui  se  trouve  aujourd'hui  à 
Marburg. 

Ces  fragments  présentent,  à  notre  avis,  tous  les  caractères  de  Megaptera,  comme 
Kschricht  l'a  prétendu. 


GENRE     BAL^ENOPTERA 


Ce  sont  évidemment  les  mysticètes  les  plus  répandus  aujourd'hui  depuis  la 
tin  de  l'époque  tertiaire,  et,  comme  il  existe  des  différences  assez  notables  entre 
elles,  surtout  dans  la  conformation  du  rostre,  nous  avons  cru  devoir  les  répartir 
en  deux  sous-genres  :  Cetotherium  et  Plesiocetus. 


GETOTHERIUM,    BHANDT 


Ralhke,  L'ebcr  einige  auf  der  Halbinsel   Taman  gefundene  fossile  Rnochen.  Mémoires  df  VAcad.  du 
se.  de  Saint-Pétersbourg,  Savants  étrangers,  t.  Il,  1835. 

Kaihke,  Vaterlandiscb.es  Aicbiv  fiir  Wissenschaft,  oder  Preuss.  Provincîalblâlter,  Bd.  18,  Kœnigsberg, 
18.37. 

V.  Eichwald,  Die  Urwelt  Kusslands,  1840. 

V.  Eichwald,  Beschreîbung  einiger  Rnochen  der  Zip/uns  priicus,  Schriftcn  der  K.  mineralogischén 
(îesellschaft.  —  Bulletin  de  VAcad.  roy.  de  Sainl-Pétcrsbonrg,  1812. 

Brandit  Noti/.  ùber  die  fossilcn  Rnochen  des  Cetotherium,  Verhand.  il   R.  li.  minerai  Gesells   zu  Saint- 
Pétersbourg,  1841    Un! h  lin  de  la  classe  physico-mat hém.,  t.  I,  1  s 4  i ,  p,  1  i'i 

V.  Eichwald,  l.ethœa  rossica,  Stullgard,  18o3. 

Al.  von  Nordmann,  Pala.'ontologie  Sûdrusslands,  in-i°,  Helsingfors,  1866 


BALENOPTERES.  269 

Comme  le  fait  remarquer  Al.  von  Nordmann,  les  premiers  renseignements  sur 
ces  Mysticètes  de  Crimée  ont  été  donnés  par  Rathke  en  4  853. 

Le  savant  professeur  de  Kônigsberg  donna  la  description  d'un  crâne  mutilé  du 
musée  de  Kerlscb,  auquel  manquait  le  rostre  et  le  maxillaire  inférieur;  Rathke 
rapporta  le  crâne  à  un  animal  voisin  des  Balénoptères. 

Sur  la  demande  du  docteur  Brandt,  ce  crâne  fut  envoyé  au  musée  de  Saint-Pé- 
tersbourg, et  il  reçut,  presque  en  même  temps,  huit  vertèbres  et  plusieurs  frag- 
ments de  côtes,  ainsi  qu'une  omoplate  avec  acromion  et  coracoïde,  un  fragment 
d'humérus  et  une  vertèbre,  provenant  des  travaux  à'Ânapa. 

Le  musée  de  la  Société  minéralogique  était  en  possession  de  deux  vertèbres  pro- 
venant de  Kertsch,  de  deux  fragments  de  maxillaire  inférieur  et  de  côte  (I). 

En  4855,  le  docteur  V.  Eichwald  avait  reçu  par  M.  Antipoff  de  nouveaux  maté- 
riaux et  donna  une  description  de  ces  os  accompagnée  de  ligures;  il  ne  crut  pas 
devoir  les  séparer  des  Ziphius. 

La  description  du  maxillaire  inférieur,  surtout  la  rangée  de  trous  vasculaires 
pour  la  partie  des  vaisseaux  artériels  et  des  nerfs  de  la  mâchoire  inférieure,  montre 
clairement  que  ce  n'est  pas  un  ziphius  mais  un  vrai  mysticète. 

Les  derniers  os  qu'il  figure  planche  XII  s'y  rapportent  parfaitement  à  l'exception 
peut-être  de  la  figure  première,  qui  ressemble  plutôt  à  une  vertèbre  de  Dugong. 

M.  d'Eichwald  fait  remarquer  avec  raison  que  tous  les  mysticètes  ou  cétacés  à 
fanons  sont  des  animaux  de  l'Océan,  mais  de  ce  que  ces  os  se  trouvent  en  Crimée 
à  l'embouchure  d'une  grande  rivière,  il  en  tire  la  conclusion  que  l'animal  dont  ils 
proviennent  est  plutôt  un  dauphin  ou  un  cétodonte  voisin  des  Ziphius,  qu'un  cétacé 
de  haute  mer.  —  Nous  ne  savons  pourquoi  les  Ziphius  sont  considérés  comme 
des  animaux  moins  pélasgiques  que  les  dauphins  véritables. 

Après  avoir  fait  une  étude  minutieuse  de  ces  pièces,  M.  Brandt,  au  lieu  de 
rapporter  ces  ossements  au  genre  Ziphius,  les  reconnut  comme  des  restes  de  M\s- 
ticètes,  et  créa  pour  eux  le  genre  Cetotherium.  —  Les  Cetotherium  sont,  à  son  avis, 
des  animaux  intermédiaires  entre  les  Siréniens  et  les  mysticètes.  C'est  le  mélange 
de  quelques  os  de  Siréniens  avec  ceux  de  Cetotherium  qui  l'a  conduit,  pensons- 


(1)  Décrites  et  figurées  par  Eichwold,  Die  Urwelt  Russlands,  1S40.  Beschreibung  einiger  Knochen  des 

Ziphius  priscus,  Schriften  de  K.  minerai,  Gescllsch.  Tab.  !  et  II. 


27»  SQUELETTE  DES  CETACES. 

nous,  à  cette  idée,  qui  est  évidemment  erronée.  —  Les  Cetotherium  sont,  sous 
tous  les  rapports,  de  vrais  mysticètes. 

En  ^  860  Al.  v.  Nordmann  publia  le  résultat  de  ses  recherches  sur  ces  ossements, 
et,  d'après  lui,  ils  appartiennent,  non  pas  à  un  Cétodonte  du  genre  Ziphius, 
mais,  comme  l'a  dit  le  professeur  Brandt,  à  un  cétacé  à  fanons.  —  II  a  eu  l'occa- 
sion de  voir  une  tète  de  Ziphius,  rapportée  de  l'île  Saint-Paul  par  le  Dr  Siemaschko, 
et  il  ne  croit  pas  que  le  Ziphius  prisais,  soit  voisin  des  Dauphins. 

Al.  von  Nordmann  reconnaît,  parmi  les  ossements  qu'il  a  étudiés,  des  Cétacés  à 
fanons,  de  véritahles  Dauphins  et  des  formes  qui  se  rapprochent  de  ces  derniers. 

Le  professeur  d'Helsingfors  a  soumis  les  dessins  qu'il  a  fait  faire  des  ossements 
de  l'aman  et  de  Kertsch  à  l'examen  d'Eschricht,  qui  signale  avec  raison  un  humé- 
rus qui  ne  peut  appartenir  à  un  cétacé  véritable  (von  Nordmann,  Tab.  XXVII, fig.  5), 
et  qui  provient  selon  toute  probabilité  d'une  espèce  de  manatus,  voisine  des  Ha- 
lilherium.  —  Par  sa  longueur,  il  s'éloigne  des  Stellères  et  des  Dugongs.  Von 
Nordmann  croit,  à  tort,  que  cet  humérus  provient  d'une  espèce  particulière  de 
Cetotherium.  Eschricht  écrit  à  Nordmann  qu'il  ne  peut  se  prononcer  sur  la  nature 
des  espèces  de  mysticètes  auxquellesces  ossements  se  rattachent,  nes'étant  occupé, 
dit-il,  que  des  cétacés  vivants. 


Ce  genre  Cetotherium  ne  diffère  point  des  Balénoptères,  d'après  Rathke,  tandis 
que  Brandt  le  reconnaît  comme  intermédiaire  entre  les  Siréniens,  et  les  Cétacés 
à  fanons.  —  Ce  sont,  comme  nous  venons  de  le  dire,  quelques  os  de  Siréniens 
mêlés  avec  eux,  qui  ont  fait  songer  à  cette  transition.  —  Nous  ne  voyons 
pas  que  les  vrais  os  de  Cetotherium  présentent  d'autres  caractères  que  ceux  qui 
sont  propres  à  tous  les  mysticètes. 

Le  professeur  Brandt  a  eu  l'obligeance  de  nous  envoyer  un  dessin  de  la  tête 
qu'il  est  parvenu  à  restaurer  et,  d'après  cette  tète,  les  Cetotherium  méritent  d'être 
conservés  comme  division  générique.  Ils  présentent,  en  effet,  une  tête  plus  longue 
et  plus  étroite  qu'aucun  autre  myslicète,  L'occipital  ne  recouvre  en  dessus  que  la 


BALENOPTERES.  271 

moitié  de  la  longueur  du  crâne,  les  parois  latérales  du  crâne  sont  visibles  d'eu 
haut,  le  frontal  est  plus  large  dans  sa  portion  sus-orbitaire  qu'en  se  rapprochant  de 
la  ligne  médiane  et  derrière  les  fosses  nasales  il  se  recourbe  en  arrière  de  manière 
à  laisser  un  long  espace  entre  lui  et  les  os  propres  du  nez.  — Le  bord  postérieur 
du  frontal  est  concave  au  lieu  d'être  convexe.  Les  maxillaires  supérieurs  sont 
tronqués  obliquement  en  arrière  au  devant  des  frontaux.  Les  os  propres  du  nez 
sont  longs  et  non  échancrés  sur  leur  bord  antérieur.  Les  mandibules  sont  fort 
étroites. 

Le  Cetotherium  correspond  probablement  à  cette  catégorie  de  Balénoptères, 
qui  représentaient  ces  animaux  au  nord  de  la  mer  des  Indes. 


CETOTHERIUM    HATHKII 
Pl.  XVII,  Fig.  6-7. 

Syn.  Balsenoptera  Rathkii. 

Le  crâne  a  été  trouvé  daus  du  calcaire  tertiaire  supérieur,  et  il  ne  mesure,  entre 
les  deux  arcades  zygomatiques,  qu'un  pied  et  demi. 

On  l'a  découvert  près  du  promontoire  de  Takale  de  la  presqu'île  de  Taman,  et 
près  de  la  forteresse  à'Anape. 


SQUELETTE  DES  CETACES. 


CET0THER1UM    PRISCUM 


S\n.  Ziphius  priscus,  Eichwald. 
Balsenoplera  prisca. 

lu  fragment  de  maxillaire  inférieur,  provenant  de  Kertsch,  est  décrit  et  figuré 
par  Al.  Von  Nordmann.  — Quoiqu'il  soit  un  peu  plus  épais  que  celui  décrit  par 
Eichwald,  il  est  cependant  tellement  semblable,  dit  le  professeur  d'Helsingfors,  qu'il 
ne  peut  y  avoir  du  doute  au  sujet  de  l'identité  de  l'espèce.  —  Cet  os  est  épais, 
convexe  en  dehors,  aplati  en  dedans,  parcouru  par  un  canal  maxillaire  fort  large, 
et  paraît  présenter  sur  son  bord  supérieur  des  orifices  correspondant  aux  trous 
mentonniers. 

Al.  Von  Nord  m  an  u  décrit  et  figure  une  vertèbre  lombaire  des  vertèbres  caudales 
un  fragment  de  côte,  qui  me  semble  avoir  une  grande  épaisseur  pour  une  côte. 

Von  Nordmann  a  rassemblé  en  Bessarabie  des  ossements  de  cétacés  qu'il  rapporte 
a  une  espèce  naine  du  même  groupe.  — Il  serait  difficile  de  dire,  ajoute-t-il,  qu'ils 
se  rapportent  au  Cetotherium  priscum.  — Les  coquilles  tertiaires  du  bassin  de  lïcs- 
sarabie  sont  différentes  de  celles  de  Tanian  et  des  environs  de  Kertsch. 

Il  décrit  et  figure  des  caisses  tympaniques  qui,  d'après  la  grandeur  et  les  carac- 
res  extérieurs,  ressemblent  assezà  celles  des  Plesiocètes  des  environs  d'Anvers,  et 
[n'il  rapporte  à  deux  espèces  différentes;  on  ne  peut  méconnaître,  dit-il,  que  ces 
os  ont  delà  ressemblance  avec  ceux  que  Owen  a  figuré  sous  le  nom  de  Balicna 
rjibbosa  et  cmarginata. 

Indépendamment  de  ces  caisses  tympaniques  il  a  figuré  et  décrit  une  autre  ver- 
tèbre cervicale,  des  vertèbres  caudales,  et  un  humérus. 

Ces  os  ne  se  rapportent  point  aux  dauphins,  mais  bien  aune  balénoptère,  dit  Von 
Nordmann. 

Von  Nordmann  figure  encore  une  vertèbre  delà  région  lombaire  qu'il  rapporte, 


ie 


BALENOPTERES.  271 

nous  nesavons  Irop  pourquoi,  aune  vraie  balénoptère,  plutôt  qu'à  un  Celotberium. 

—  Il  fait  remarquer  la  longueur  du  corps  de  la  vertèbre. 

M.  de  Verneuil  a  rapporté  de  la  même  localité  une  vertèbre  qui  lui  a  été  remise 
par  un  officier  et  qui  provient  d'un  Celotberium.  — Il  est  à  regretter  que  l'illustre 
géologue  n'ait  pu  déterminer  exactement  la  nature  du  terrain  d'où  elle  provient  (II. 


CETOTHERIUM    PUSILLUM 

Un  axis  de  fort  petite  taille,  et  qui  cependant  se  rapporte  à  un  animal  adulte, 
fait  supposer  qu'il  existe  encore  une  espèce  de  ce  genre  de  fort  petite  dimension,  et 
pour  laquelle  Yon  Nordmann  a  proposé  le  nom  de  Pusillum. 


CETOTHERIUM    VANDELLI 


Pi..  XVII,  Fig.  8. 


La  tête  semble  se  caractériser  principalement  par  la  distance  qui  sépare  le  trou 
occipital  des  fosses  nasales  et  par  conséquent  par  la  situation  beaucoup  plus  en 
avant  de  l'os  frontal  et  des  yeux. 


1    Mémoire  gèognosiique  sur  la  Crimée;  Mém.  Soc.  géol.  de  France,  vol.  III,  pari.  I,  1828. 
(2j   Vandclli  était  directeur  du   cabinet  de  Lisbonne  et  a  écrit  sur  les  poisons  de  la   rivière  .des 
Amazones. 

35 


274  SQUELETTE  DES  CETACES. 

L'occipital  s'étend  également  plus  eu  dehors  comme  dans  les  Plesiocètes. 

Comme  nous  l'avons  fait  remarquer  plus  haut,  les  ossements  des  cétacéi  à  fa- 
nons signalés  par  Vandelli  en  Portugal,  proviennent  de  la  mollasse  et  se  trouvaient 
mêlés  également  avec  des  restes  de  Siréniens  et  de  Cétodontes. 


PLESIOCETUS 


De  Launatj,  Sur  l'origine  dos  fossiles  accidentels  de  Belgique,  Mém.  de  l'Acad.  de  Bruxelles,  l.  Il,  1*80, 

p.  535. 
Aniault,  Sur  des  ossements  fossiles  découverts  dans  les  environs  d'Anvers,  Ann.  des  sciences  physiques, 

t.  II.  1819. 
De  la  Jonkaire,  Notice  géologique  sur  les  environs  d'Anvers,  Mém.  Soc.  d'hist  natur   de  Paris,  t.  I,  1823. 
Van  Beneden,  Buliel  acad.  roy.  sciences,  de  Bruxelles,  t.  III,  1838,  p.  67. 
Van  Beneden,  Observations  sur  les  caractères  spécifiques  des  grands  cétacés,  tirés  de  la  conformation  de 

l'oreille  osseuse.  Comptes  rendus Séance  du  26  septembre  1 8.56.  Journal  l'Institut,  1836,  p.  3lti.  et 

Ann.  des  sciences  natur.,  vol.  VI,  2'  sér.,  p.  188. 
Vohmann  et  Cauchy,  Sur  une  vertèbre  de  cétacé  fossile,  trouvée  à  Stuyvenberg,  Anvers,  Bulletin  acad.  roy. 

sciences..  ..  Bruxelles,  1836.  Journal  de  l'Institut,  1836. 
Rose,  Découverte  de  l'os  lyn: panique  d'une  baleine  fossile  dans  le  crag  d'Ipswich.  Quart.  Journ.  of  Ihe 

geolog.  Soc.  of  Loodon,  11,  3.J. 
Prof.  Owen,  Description  of  the  mannnal.  fossils  of  Red  Crag,  collectëd  by  sir  Ch.  I.yell  at  Newbourn, 

SulTolk,  Aimais  &nd  mag.  nat.  hist.,  vol.  IV,  1840. 
Piof.  Owen,  Ahistory  ofBritish  l'ossil  mammals,  and  birds,  London,  1846. 
Lyell,  On  the  tertiary  -trata  ofBelgium  and  French  Flanders,  London,  1852. 
Paul  Gervais,  Sur  une  espèce  de  Rorqual  fossile,  Ann.  des  scienc.  natur.,  r  ser..  t.  III,  1855. 
Prof.  Owen,  Description  of  sonie  mammals  froni  the  red  crag  of  Suifolk,  8'.  I  ondon,  1856.  Quart.  Journ, 

of  Ihe  Geolog.  soc   ol  London,  t.  XII,  I.  I    Aug.  18.ri6. 
Vnul  Gervais,  Zoologie  et  paléontologie  françaises.  Paris,  1859. 

liay  Lankaster,  On  the  sources  of  the  mammalian  fossils  of  the  red  crag,  Proc.  Geol.  Soc.  1865,  p,  22*. 
Le  vicomte  B.   ""«  Bus,  Sur  quelques  mammifères  do   crag  d'Anvers,  Bull.  acad.  roy.  de  Belgique, 
décembre  IS67. 


Depuis  -1855,  nous  avons  reconnu,  parmi  les  ossements  du  Crag  d'Anvers,  des 
caisses  de  tympan,  indiquant  la  présence  île  rélacés  voisins  des  Balénoptères,  et, 


BALENOPTERES.  275 

peu  de  temps  après,  nous  avons  adiré  l'attention  des  zoologistes  sur  l'importance 
ue  cet  os  au  point  de  vue  de  la  zoologie  systématique.  Comme  ces  cétacés  n'ont 
point  de  dents,  disais-je,  et  qu'ils  fournissent  des  modifications  constantes  remar- 
quables dans  leurs  caisses  tympaniques,  ces  os  pourraient  bien  venir  en  aide  aux 
zoologistes  pour  la  détermination  si  difficile  des  genres  et  des  espèces  (I).  Depuis 
lors  plusieurs  naturalistes  ont  été  conduits  au  même  résultat  par  leurs  ol  servations 
propres  et  on  a  même  proposé  de  créer  des  espèces  sur  des  fragments  roulés  fort 
incomplets. 

Nous  avons  proposé  l'établissement  du  genre  Plesiocetus,  en  nous  basantsurtout 
sur  les  différences  notables  que  présentent  les  os  du  crâne,  particulièrement  les  os 
tympaniques,  et  les  vertèbres  cervicales.  Nous  lui  rapportons  tous  les  débris  de 
mysticètes  que  l'on  découvre  à  Anvers  et  qui  ne  proviennent  pas  de  vraies  baleines. 

On  connaît  aujourd'hui  dans  (oui  le  centre  de  l'Europe  des  ossements  de  ce  genre 
et  ils  se  trouvent  à  peu  près  partout  dansles  mêmes  conditions. 

Mais  la  localité,  sans  comparaison  la  plus  riche  connue,  c'est  la  province 
d'Anvers. — Comme  nous  l'avons  fait  remarquer  plus  haut,  le  baron  Von  Ilupsch 
en  a  fait  mention  au  siècle  dernier  dans  des  termes  qui  dénotent  une  parfaite 
connaissance  de  la  nature  des  os,  et,  au  commencement  de  ce  siècle,  plusieurs 
auteurs,  parmi  lesquels  nous  citerons  surtout,  Arnault  (2),  La  Jonkaire  et  Cuvier 
en  parlent  dans  leurs  écrits. 

On  trouve  des  ossements  de  Plesiocètes  en  Hollande  ;  feu  le  professeur 
Van  Breda  m'a  parlé  d'un  squelette  entier  qu'il  connaissait  en  place  et,  indépendam- 
ment de  ce  squelette,  il  avait  recueilli  plusieurs  os  parmi  lesquels  se  trouvaienc 
des  os  tympaniques.  —  Nous  avons  vu  des  vertèbres  de  cétacés  véritables  dans  les 
collections  de  M.  Bosquet,  provenant  d'Esloo,  à  5  lieues  de  Maestricbt,  dans  la 
vallée  de  la  Meuse,  mêlées  avec  des  ossements  de  Squalodon  et  d'Halitherium. 

M.  Staring  avait  réuni  au  pavillon  de  Harlem  pendant  qu'il  faisait  ses  recherches 
pour  la  carte  géologique  des  Pays-Bas,  une  belle  collection  de  fossiles  provenant 
des  Pays-Bas,  et  parmi  lesquels  se  trouvaient  divers  restes  de  ces  cétacés  (3). 


(\    Comptes  rendus.  26  septembre  1836. 
■2    Ann.  gincr.  des  scknc.  phys.,  t.  Il,  p.  Ii4. 
(3)  Staring,  Rodcm  von  Nederland. 


276  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

Le  sol  de  l'Angleterre  recèle  également  en  abondance  des  ossements  de  ce  genre 
de  mysticètes;  on  y  trouve  les  mêmes  caisses  tympaniques,  des  vertèbres,  des  frag- 
ments de  côtes,  etc.  ;  mais  tous  les  os  y  sont  roulés  et,  contrairement  à  ce  que  nous 
voyons  à  Anvers,  avec  les  ossements  d'animaux  marins,  on  trouve  ordinairement  des 
débris  d'animaux  terrestres.  A  côté  des  mysticètes  et  des  cétodontes  on  découvre 
en  Angleterre  des  os  de  Rhinocéros,  d'Eléphant  et  d'Hyène. 

Dans  le  forest  bed  des  falaises  de  Norfolk,  le  professeur  Owen  a  reconnu  parmi 
les  mammifères,  des  ossements  de  bal een optera  et,  dans  les  lits  flu.io-marins,  à 
Ration,  on  a  trouvé  deux  vertèbres  de  baleines  distinctes  que  le  savant  directeur 
du  Rritish  muséum  attribue  à  un  animal  de  dix-huit  mètres  de  long. 

Nous  avons  trouvé  au  musée  de  Cambridge  une  portion  de  crâne  assez  bien 
conservée  qui  nous  semble  appartenir  au  Plesioectus  Hupschii. —  Elle  a  élé  trouvée 
entre  Southwald  et  Covchylhe,  Suffolk.  —  Les  os  dénotent  un  animal  adulte,  et  ils 
ont  tous  les  caractères  d'un  vrai  célacé  fossile. 

Le  prétendu  crocodile,  trouvé  près  de  Whitby  dans  le  Yorkshirc,  est  sans  doute 
une  baleine,  écrivait  au  siècle  dernier  Pierre  Camper,  en  parlant  des  ossements  de 
Mosasaure  de  Macstricht  (-1).  La  figure  indique  clairement  que  ce  squelette  n'est 
pas  de  Cétacé  mais  bien  de  Reptile. 

Dans  le  nord  de  l'Allemagne,  de  Olfcrs  a  signalé,  à  côté  de  dents  de  squales  et 
de  coquilles  marines,  des  vertèbres  de  cétacés  à  fanons,  qu'il  rapporte  à  des  balé- 
noptères, et  dont  la  découverte  est  due  au  professeur  Recks  de  Munster.  Ces  osse- 
ments se  trouvaient  dans  une  couche  d'argile  entre  Rocholt  et  OEding  (2). 

Dans  le  Meclilembourg,  on  a  mis  au  jour  des  vertèbres  de  cétacés  en  tout  sem- 
blables à  celles  que  l'on  trouve  dans  les  environs  d'Anvers.  —  Nous  en  avons  vu 
au  musée  archéologique  de  Sehwerin,  et  nous  aurions  pu  les  croire  recueillies  à 
Anvers,  si  l'étiquette  ne  nous  avait  indiqué  leur  origine  mccklcmbourgeoise. 

Jàger  a  sigrïalé  également,  dans  son  ouvrage  sur  les  mammifères  fossiles  du 
royaume  de  Wurtemberg,  des  ossements  de  cétacés  qui  ont  tous  les  caractères  de 
niysticètes  (3). 


i)  Pfailos.  Transact.,  vol.  XXVI,  p.  153. 

(2)  V.  Olfers.  Mémoire  sur  1rs  débris  de  cétacés  fossiles  trouvés  dans  les  lilats  prussiens.  Arad    roy   do 
Berlin,  séances  des  12  et  19  décembre  1839.  Institut,  13  août  1848,  p.  298. 
3J  Jàjrr,  ueberdic  fossilm  Sâugothicrc  von  Wurtemberg.  Stuttgart,  183j. 


BALÉNOPTÈRES,  -rr, 

Dans  un  affluent  droit  du  Rhin,  \cNecker,  on  a  trouvé  un  dépôt  célèbre  formé 
d'ossements  de  grands  mammifères  terrestres,  parmi  lesquels  Cuvier  croyait  avoir 
reconnu  de  grandes  épiphyses  oui  pourraient  faire  soupçonner  des  cétacés.  Blainville 
fait  remarquer  avec  raison  que  les  épiphyses  des  vertèbres  d'éléphant  offrent  celte 
même  particularité  que  celles  des  cétacés,  et  que  Cuvier  probablement,  en  émettant 
cet  avis,  ne  se  rappelait  pas  cette  circonstance  (2).  Il  n'y  aurait  rien  de  si  extraor- 
dinaire cependant  do  trouver  là  des  ossements  de  cétacés,  puisque  les  restes  de 
Ilalitheriums  n'y  sont  pas  rares  du  tout,  et  nous  avons  do  la  peine  à  croire 
que  Cuvier,  ayant  eu  sous  les  yeux  des  vertèbres  de  baleines  de  tout  âge,  ait  pu 
les  confondre  avec  d'autres  vertèbres. 

On  a  trouvé  des  ossements  fossiles  de  Plesiocèles  dans  divers  départements  en 
France.  La  pièce  la  plus  importante  est  un  fragment  de  crâne  qui  vient  des  environs 
de  Daycux,  et  qui  a  également  tous  les  caractères  de  nos  cétacés  du  bassin  d'Anvers. 
—  On  en  a  trouvé  aussi  dans  la  mollasse  du  département  de  la  Drôme  (I),  et  on 
en  découvre  encore  à  tout  instant  de  fort  intéressantes  dans  les  Landes  des  envi- 
rons de  Bordeaux. 

Cuvier  cite  une  cote  de  la  vallée  de  l'Aulhie,  près  de  Mon(reuil-sur-Mer,  des 
ossements  du  Havre  et  d'autres  des  environs  d'Angers  (mâchoire,  fragment,  au 
muséum  de  Paris),  mais  on  n'est  pas  certain  qu'ils  ne  proviennent  pas  d'espèces 
vivantes. 

Dans  le  département  de  Vaucluse  on  a  signalé  un  atlas  et  des  vertèbres  qui 
semblent  provenir  également  de  cétacés  à  fanons;  ils  sont  conservés  au  musée 
d'Avignon. 

Les  principales  découvertes  de  ce  genre  ont  été  faites  par  M.  P.  Gervais,  noire 
collaborateur.  —  A  diverses  reprises,  il  a  fait  connaître  des  ossements  fort  im- 
portants trouvés  dans  le  midi  de  la  France,  parmi  lesquels  nous  citerons  surtout 
une  caisse  lympanique  et  un  maxillaire  inférieur  parfaitement  caractérisé. 


(1)  M.  Delfortrie  m'a  envoyé  la  photographie  de  la  partie  postérieure  d'un  eràne  restauré  de  sa  collec- 
tion, mais  qui  n'est  pas  assez  bien  conservé  pour  discerner  ses  caractères  spécifiques. 

(2)  Blainville,  Oiléogrnpliie...  Cravigrades,  p.  123. 


m  SQUELETTE  DES  CETACES. 

A  en  juger  par  les  ossements  qui  sont  conservés,  la  tète  des  Plesiocèles  se  rap- 
prochait beaucoup  de  celle  tics  Balénoptères ,  tout  en  s' éloignant  par  certains  ca- 
ractères; ce  qui  frappe  au  premier  abord,  c'est  la  grande  épaisseur  des  parois  crâ- 
niennes, et  la  fosse  glénoïde  nous  semble  proportionnellement  plus  large  et  moins 
verticale;  la  caisse  lympanique  est  placée  plus  en  avant  que  dans  les  balénoptères 
vivantes,  et  la  tète  paraît  plus  étroite,  quoique  le  crâne  lui-même  semble  plus 
large;  les  os  frontaux  sont  moins  élargis  d'avant  en  arrière  dans  la  région  sus- 
orliitaire,  et  leur  bord  postérieur  est  courbe.  —  Le  nombre  de  vertèbres  serait 
peu  considérable  à  en  juger  par  les  squelettes  de  Cortesi,  les  côtes  sont  au  nombre 
de  douze,  et  l'humérus  est  comparativement  long. 

Tout  semble  indiquer  que  ces  mysticètes  étaient  [dus  effilés  encore  que  ceux 
d'aujourd'hui,  et  que  leur  corps  était  plus  souple.  —  La  longueur  du  cou  fait  sup- 
poser en  effet  que  la  tète  a\ait  les  mouvements  plus  libres  que  ne  l'ont  les  cétacés 
en  général,  mais  ce  que  l'animal  gagnait  en  liberté  de  mouvements,  il  devait  le 
perdre  pour  la  rapidité  à  la  nage. 


DESCRIPTION    DES    OS. 


In  des  os  les  plus  importants  sous  le  rapport  systématique,  c'est  la  caisse  du 
t\  inpan,  et  il  est  d'autant  plus  précieux  que  c'est  de  tout  le  squelette  celui  qui  se 
conserve  le  mieux. 

Cet  os  est  toujours  fort  reconnaissable  à  sa  forme  qui  n'est  pas  sans  ressemblance 
avec  certaines  coquilles  «le  gastéropodes,  surtout  du  genre  Pyrule.  — On  a  pris 
quelquefois  ces  débris  pour  des  coprolithes. 

Ce  qui  le  dislingue  d'abord  des  autres  os,  c'est  qu'on  n'aperçoit  point  dans  sa 
texture  la  disposition  spongieuse  qui  caractérise  surtout  les  os  des  cétacés,  et  la  sur- 
face des  fractures  leur  donne  l'aspect  de  fragments  de  silex. 

Leur  forme  est  tout  aussi  caractéristique;  elles  ressemblent  assez  bien  à  des 
coquilles  de  gastéropodes  ii  columelle  courte  et  dont  le  dernier  tour  de  spire  en- 
veloppe les  autres. 


BALENOPTERES.  279 

Le  bord  qui  correspond  à  la  columelle  présente  de  nombreux  replis  fort  irrégu- 
liers  et  s'élève  toujours  plus  ou  moins  d'avant  en  arrière. 

Le  baron  Von  Hupsch,  comme  nous  l'avons  vu  plus  haut,  avait  déjà  reconnu  la 
nature  de  ces  os  vers  la  fin  du  siècle  dernier,  et  les  avait  rapprochés  des  os 
d'oreille  des  lamantins  (I). 

Comme  dans  tous  les  mysticètes,  la  caisse  tympanique  est  soudée  au  rocher 
qui  est  enclavé  entre  le  temporal  et  l'occipital,  de  manière  que  sans  le  briser  on 
ne  peut  le  séparer  de  la  base  du  crâne. 

Ces  os  tympaniques  sont  toujours  de  forme  ovale  et  présentent  dans  toute  leur 
longueur  une  ouverture  comme  le  périslomc  d'une  coquille  univalve. 

Cet  os  est  attaché  au  rocher,  à  la  base  du  crâne,  de  manière  que  son  ouverture 
est  dirigée  en  haut  et  en  dedans,  et  le  côté  gonflé  dans  lequel  on  croit  voir  parfois 
des  (races  de  tours  de  spire,  est  dirigé  en  arrière.  Nous  avons  de  cette  manière 
une  face  interne,  une  face  externe  et  une  face  inférieure. 

La  face  interne  est  légèrement  bombée,  anguleuse  en  avant  et  en  dessous,  puis 
recourbée  en  arrière  comme  la  quille  d'une  jonque  chinoise. 

La  face  inférieure  présente  une  crête  médiane  d'avant  en  arrière,  puis  sur  le 
coté  deux  crêtes  beaucoup  moins  marquées  qui  se  réunissent  à  la  première  au 
bout  postérieur. 

En  somme,  cet  os  lympanal  qui  a  dans  les  baleines  véritables  la  forme  d'une 
poche  vide  et  aplatie,  est  toujours  bombé  en  dedans  et  en  dehors  dans  les  Plesio- 
cetes  et  dans  les  Balénoptères,  comme  si  elle  était  pleine. 

En  classant  ces  caisses  d'après  leurs  caractères  et  leurs  grandeurs,  nous  finissons 
toujours  par  les  répartir  eu  trois  catégories  qui  se  rapportent  aux  trois  espèces 
que  nous  avons  établies. 

Nous  avons  par  hasard  laisse  tomber  un  rocher,  et  au  lieu  d'un  os  brisé,  nous 
avons  ramassé  une  préparation  anatomique;  toute  l'oreille  interne  était  mise  à  nu, 
et  nous  faisait  voir  une  conformation  exactement  pareille  à  celle  des  espèces 
\i  van  tes. 


(l)  Bfschreibungeiniger  neuenldekctcn  versteinlen  Theile  grosser  Seclhiere,  Der  Nuturforscher,  1774. 
:r  »t.,  p.  no. 


230  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

Dans  les  mysticètes  vivants  le  trou  occipital  s'ouvre  de  bas  en  haut  de  manière 
que  la  moelle  épinière  doit  former  un  coude  en  sortant  du  crâne.  —  Dans  les  ple- 
siocètes  le  trou  occipital  s'ouvre  en  arrière  et  la  moelle  ne  forme  aucune  appa- 
rence de  coude.  —  Ce  qui  dislingue  encore  ces  mysticètes  fossiles,  c'est  que  la 
hase  de  la  cavité  crânienne  est  excessivement  large,  et  que  le  corps  du  sphénoïde 
postérieur  s'étend  considérablement  en  largeur. 

Nous  possédons  des  fragments  de  mandibules  assez  complets  avec  toute  l'extré- 
mité libre  antérieure,  et  ces  os  indiquent,  aussi  bien  que  ceux  du  crâne,  une 
ressemblance  fort  grande  avec  les  balénoptères  vivantes.  —  On  voit  la  même 
courbure,  la  même  face  interne  aplatie,  la  même  face  externe  bombée,  les  mêmes 
trous  mentonniers,  comme  les  mêmes  orifices  pour  les  trous  dentaires. 

Les  mandibules  ne  sont  point  tordues  sur  elles-mêmes  à  leur  extrémité  anté- 
rieure, comme  dans  les  baleines  véritables,  leur  bord  n'est  poiut  coupé  en  biais, 
et  la  gouttière  de  la  face  interne  s'élève  jusqu'au  milieu  de  la  hauteur  de  l'os.  — 
Le  bout  libre  antérieur  de  ces  os  fait  parfaitement  distinguer  ces  cétacés. 

Dans  quelques  fragments  on  voit  aussi  que  l'apophyse  coronoïde  est  très-déve- 
loppée  et  penchée  comme  dans  les  espèces  vivantes,  en  dehors. 

En  arrière,  il  y  a  une  différence  entre  les  deux  mysticètes  que  nous  comparons; 
dans  les  espèces  vivantes,  la  surface  glénoïdale  du  temporal  est  plus  verticale  que 
dans  les  espèces  fossiles. 

Nou^  sommes  en  possession  de  vertèbres  de  diverses  régions  du  corps,  et  surtout 
de  la  région  cervicale. 

Toutes  ces  vertèbres  sont  complètement  séparées. 

Nous  ne  pouvons  donner  le  nombre  de  vertèbres  qui  entrent  dans  la  compo- 
sition de  la  colonne  vertébrale,  mais  nous  ne  craignons  pas  de  dire  que  ce  nombre 
doit  être  peu  élevé  et  qu'il  se  rapproche  plus  de  celui  des  Balœnoptera  rostrata  que 
de  celui  des  Balsenoplera  Sibbaldii. 

L'atlas  a  la  forme  ordinaire  avec  des  apophyses  transverses  placées  horizonta- 
lement et  peu  développées.  Au-dessus  de  l'arc  supérieur,  on  voit  une  apophyse  peu 
développée. 

L'axis  a  toujours  ses  deux  apophyses  transverses  réunies  au  bout  de  manière 
n  former  un  anneau  complet.  L'apophyse  odonloide  est  peu  développée. 

Les  autres  vertèbres  cervicales  ont  leurs  apophyses  transverses,  supérieures  et 


IsaLÉINOPTEKES.  281 

inférieures,  peu  développées,  et  ne  se  réunissent  pas  au  bout,  pensons-nous,  pour 
furmer  un  anneau  complet. 

Les  vertèbres  des  autres  régions  se  comportent  comme  dans  les  balénoptères 
vivantes.  Nous  avons  des  vertèbres  terminales  qui  sont  comparativement  très- 
grandes. 

Nous  n'avons  pas  d'os  que  nous  pouvons  rapporter  avec  certitude  au  sternum. 

Les  côtes  se  comportent  par  leur  extrémité  supérieure  comme  dans  les  balénop- 
tères vivantes,  de  manière  que  celles  du  milieu  ont  un  prolongement  cervical, 
mais  pas  de  surface  articulaire  autre  que  colle  de  leur  tubérosité.  Elles  sont  plus 
larges  et  toujours  tordues  sur  elles-mêmes. 

Sans  avoir  des  omoplates  complètes,  nous  en  possédons  assez  de  fragments  pour 
juger  de  la  conformation  de  cet  os;  l'omoplate  a  un  diamètre  anléro  postérieur 
plus  grand  que  le  diamètre  vertical,  comme  dans  les  balénoptères;  son  apophyse 
acromion  est  très-développée; l'apophyse  coracoïde  est  comparativement  peu  allon- 
gée et  n'est  pas  comprimée.  —  L'épine  de  l'omoplate  est  située  (ouf  près  du  bord 
antérieur  de  l'os,  et  ne  présente  pas  une  forte  saillie,  de  manière  que  la  fosse  sur- 
épineuse est  peu  développée. 

L'humérus  présente  dans  son  ensemble  les  caractères  des  balénoptères  autant 
par  la  tête,  éminence  demi-spbérique  placée  presque  dans  l'axe  du  corps,  que  par 
le  grand  et  le  petit  tubercule  qui  sont  dirigés  en  avant  et  en  dedans.  Cependant 
le  corps  de  l'os  est  plus  long  et  plus  étroit  et  fort  peu  comprimé.  —  Le  corps  de 
l'os  est  légèrement  comprimé.  A  l'extrémité  inférieure  on  voit  la  double  surface 
articulaire  sur  le  même  plan.  Cet  os  est  proportionnellement  plus  long  que  dans 
les  espèces  vivantes.  —  Les  deux  bords  supérieur  et  inférieur  sont  à  peu  près 
droits. 

Le  radius  et  le  cubitus  sont  tous  les  deux  comprimés  de  dedans  en  dehors  dans 
toute  leur  longueur  et  dépassent  de  très-peu  l'os  du  bras.  Ces  os  sont,  comparati- 
vement aux  Baleenoptera,  fort  courts.  L'apophyse  olécrànienne  est  très-grande;  la 
tête  du  radius  est  aplatie  et  de  forme  ovale. 

Nous  possédons  quelques  phalanges  des  doigts,  mais  qui  ne  nous  présentent 
rien  de  particulier,  si  ce  n'est  qu'elles  sont  fort  courtes. 

Nous  n'avons  pas  vu  d'os  du  bassin. 

36 


!82  SQUELETTE  DES  CETACES. 

Les  ossements  de  cétacés  des  environs  d'Anvers  se  trouvent  principalement 
dans  le  sable  noir  ou  le  Diestien  de  Durnont,  et  on  les  rencontre  déjà  à  la  surface 
du  Rupelien.  —  Ils  s'observent  également  dans  le  crag  gris  et  même  dans  le  crag 
jaune. 

Dans  la  vallée  de  la  Meuse  on  trouve  également,  comme  nous  l'avons  dit  plus 
haut,  des  ossements  de  Pléciocèles  mêlés  avec  des  débris  A'Halitherium.  —  Us  se 
rencontrent  immédiatement  sous  une  couche  de  cailloux  roulés,  et  souvent  même 
ils  sont  mêlés  avec  les  cailloux. 


D'après  les  ossements  d'animaux  adultes,  comme  d'après  les  caisses  tympaniques, 
nous  avons  cru  devoir  admettre  trois  espèces,  auxquelles  nous  avons  donné  le  nom 
de  trois  naturalistes  qui  se  sont  distingués  par  leurs  travaux,  Garopius  Becanus, 
médecin  célèbre  au  seizième  siècle;  Burliii,  l'auteur  de  l'oryctographie  des  environs 
de  Bruxelles,  et  le  baron  Von  Ilupsch  de  Cologne,  qui  a  parlé  longuement  des  osse- 
ments d'Anvers  vers  la  fin  du  siècle  dernier. 


PLESIOCETUS    HUPSCIIII 
I'l.   XVI,  Fig.  17-2'2  et  Pi..  XVII,  Fie   1-3. 

Celte  espèce  avait  à  peu  près  la  taille  de  la  BaUvnoptera  rostrata  de  la  mer  du 
Nord,  c'est  à-dire  de  vingt  à  vingt-cinq  pieds.  —  Nous  l'avions  estimée  trop  petite 
dans  notre  première  appréciation. 

Ces  individus  dont  ces  ossements  proviennent  étaient  parfaitement  adultes, 
comme  le  montrent  les  épiphyses  des  os  et  l'état  de  la  boite  crânienne. 


(I)  Nous  avons  dédié  cette  espèce  au  baron  V.  Ilupsch,  qui  a  bien  connu  ces  ossements  fossiles  à  la  fin 
du  siècle  dernier. 


BALÉNOPTÈRES.  2?3 

Nous  sommes  en  possession  d'une  grande  porlion  de  crâne  comprenant  l'occi- 
pital avec  les  deux  condyles  articulaires,  le  temporal  avec  le  rocher, <étc,  de  deux 
individus  différents.  —  Nous  en  possédons  également  plusieurs  atlas  et  axis  avec 
d'autres  vertèbres  cervicales,  des  vertèbres  des  autres  régions  du  corps,  des 
fragments  de  côtes  et  même  des  os  des  membres. 

En  comparant  la  base  du  crâne  dans  ces  deux  espèces,  nous  trouvons  tous  les  os 
de  l'espèce  fossile  plus  massifs  et  les  apopbyses  plus  développées  :  la  portion  basi- 
laire  de  l'occipital  surtout  se  dislingue  par  une  éminence  large  et  forte  qui  laisse 
au  milieu  de  l'os  une  large  gouttière.  Cette  éminence  existe  dans  les  balénoptères 
vivantes,  mais  ne  consiste  que  dans  une  lamelle  qui  se  porte  de  haut  en  bas  et  de 
dedans  en  dehors.  Cette  éminence  est  précédée  en  avant  du  ptérigoïdien  qui  est  fort 
reconnaissable.  Nous  n'avons  pu  nous  assurer  si  cet  os  est  creusé  comme  dans  les 
espèces  vivantes  pour  loger  une  espèce  de  tambour  dépendant  de  la  trompe 
d'Kustache. 

.Mais  ce  qui  caractérise  surtout  le  plesiocète  qui  nous  occupe  c'est  le  développe- 
ment considérable  en  épaisseur  de  l'apophyse  postérieure  et  externe  de  la  caisse 
tympanique.  Cette  apophyse  s'étend  jusqu'au  bord  de  l'occipital,  et  la  gouttière 
qui  la  loge  est  si  profonde  entre  l'occipital  et  le  temporal,  que  le  bord  inférieur 
dépasse  à  peine  la  partio  la  plus  saillante  du  premier  de  ces  os. 

Cette  apophyse  est  de  toutes  les  parties  de  squelette  celle  qui  nous  parait  la  plus 
importante  pour  la  distinction  des  espèces. 

Le  muséum  de  Paris  renferme  une  portion  de  crâne  assez  complète  d'un  ple- 
siocète provenant  du  Calvados,  et  qui  a  tous  les  caractères  de  l'espèce  qui  nous 
occupe.  Ce  crâne  que  nous  faisons  figurer  pi.  XVII,  fig.  \-o,  a  été  trouvé  à  Villiers, 
près  Bayeux  (Calvados),  et  a  été  remis  à  Blainville  pour  le  muséum  de  Paris  par 
feu  M.  de  Roissy  (I). 

Une  portion  de  crâne  trouvée  dans  la  mollasse  du  département  de  la  Drôme  et 
dont  M.  Delfortrie  a  bien  voulu  nous  envoyer  une  photographie,  appartient  pro- 
bablement à  cette  même  espèce;  elle  est  malheureusement  fort  mal  conservée. 

Nous  avons  trouvé  au  musée  de  Cambridge  la  base  du  crâne  d'un  individu  adulte, 


(1)  Gcrvais,  ZooL  et  paléont.  fianç.,  a*  édil.,  p.  31}. 


284  SQUELETTE  DES  CETACES. 

à  en  juger  par  la  soudure  des  os,  qui  a  élé  déterrée  entre  Southwaldet  Covehytli 
(Su ÎTolk),  et  que  nous  rapportons  à  celte  même  espèce. 

La  base  de  l'occipital  est  fort  large;  le  canal  logeant  l'apophyse  externe  du  ro- 
cher c.-t  fort  étroit:  les  apophyses  ptérigoïdes  sont  fort  éloignées  l'une  de  l'autre; 
on  \oit  la  hase  des  sphénoïdes  qui  sont  complètement  soudés;  le  sphénoïde  anté- 
rieur a  conservé  encore  sa  partie  latérale  ou  ses  ailes. 


PLESIOCETUS  BURTINII  (t) 


Pl.  XXI,  Fig.   10-16. 


Cette  espèce  doit  avoir  eu  une  longueur  de  trente  à  quarante  pieds  (2).  — Nous» 
en  possédons  les  principaux  ossements:  des  os  temporaux,  des  caisses  tympaniques, 
des  mandibules,  des  vertèbres  cervicales,  dorsales  et  caudales,  des  fragments 
d'omoplates  et  de  la  plupart  des  os  des  membres. 

L'omoplate  est  représentée  par  plusieurs  fragments,  et  nous  sommes  en  posses- 
sion d'une  surface  articulaire  a  peu  près  complète. 

L'apophyse  corocoïde  est  brisée,  mais  on  voit  parfaitement  qu'elle  existe  et  que 
l'acromion  est  extrêmement  large.  —  Ce  carocoïde  ressemble  plus  à  celui  des  ba- 
leines véritables  qu'à  celui  des  balénoptères,  c'est-à-dire  qu'au  lieu  d'une  lame 


(1)  Burtin  s'est  occupe  des  fossiles  des  environs  de  Bruxelles,  a  la  fin  du  siècle  dernier,  el  a  écrit  u rr 
livra  fort  remarquable  pour  l'époque  :  Oryctographie  des  environs  de  Bruxelles,  in-fol.  Bruxelles,  1781. 

(2)  Nous  lui  avions  accordé,  comme  aux  autres  espèces,  une  taille  trop  petite. 


BALENOPTERES.  288 

comprimée  de  dehors  en  dedans,  c'est  le  bord  antérieur  de  la  cavité  glénoïde  qui 
s'allonge  et  se  recourbe  comme  un  bec  de  corbeau. 

Nous  avons  des  humérus  complets;  ils  se  distinguent  des  humérus  des  Ziphioïdes 
par  leur  largeur  plus  grande,  leur  forme  comprimée  de  dehors  en  dedans,  ainsi 
que  par  la  tète  articulaire,  qui  se  trouve  à  peu  près  dans  la  même  plan  que  le 
corps  de  l'os. 

L'humérus  de  Plesioceius  Burtinii  est  comparativement  long  et  peu  aplati.  —  Il 
diffère  notablement  et  plus  que  les  vertèbres,  des  balénoptères  vivantes. 

Les  radius  et  le  cubitus  présentent  la  conformation  ordinaire  des  balénoptères  ; 
fort  allongés  tous  les  deux  et  comparativement  étroits,  le  premier  a  une  tète  cir- 
culaire, le  second  une  apophyse  olécranienne  très-forte. 

Les  phalanges  que  nous  connaissons  ont  la  conformation  ordinaire  d'un  clep- 
sydre et  sont  comparativement  peu  allongés. 


PLESIOCETUS    GAROP1I 
Pl.  XVI,  Fie  1-9. 


Nous  avons  dédié  celte  espèce  à  un  savant  médecin  d'Anvers  du  seizième 
siècle  (-1). 

Le  Plesiocetus  Garopii  avait  presque  la  taille  de  nos  grandes  espèces  de  balénop- 
tères, à  en  juger  par  la  dimension  de  quelques  vertèbres  fort  bien  conservées. 


(I)  "  Le  savant  médecin  Van  Corp  [Garopius  Becanus)   a  combattu  dés    le  xvi*  siècle,  dit    Cuvier 
Ossements  fossiles,  vol.  I,  p.  11,  nouv.  édit.  in-4",  1821),  les  préjugés,  qui  faisaient  attribuer  à  des  géants, 
des   os   et    des    dents    trouvés    anciennement    aux   environ-  d'Anvers.  »  Orig.  Antw   2ib.  Il,   p.   107. 
Gigantomachia. 


2*6  SQUELETTE  DES  CÉTACÉS. 

Nous  possédons  des  fragments  de  l'occipital  avec  les  condyles  articulaires  du 
maxillaire  inférieur,  des  caisses  tympaniques,  des  atlas ,  des  axis  et  toute  la 
région  cervicale,  des  vertèbres  des  autres  régions  et  des  fragments  de  membres 
pectoraux. 

A  en  juger  par  la  dimension  des  os,  cette  espèce  avait  une  taille  de  50  pieds  au 
moins. 

Ce  qui  caractérise  surtout  ce  plésiocèle,  indépendamment  de  la  taille,  c'est  la 
forme  de  la  grande  apophyse  du  rocher;  cette  apophyse  est  fortement  aplatie, 
étroite  à  la  base,  s' élargissant  insensiblement  vers  le  milieu  pour  s'arrondir  vers 
son  extrémité  libre,  et  montre  à  sa  surface  des  stries  longitudinales  qui  vont  eu 
divergeant  comme  dans  un  éventail.  Nous  en  avons  vu  plusieurs. 

M.  Van  Breda  m'a  envoyé  le  dessin  d'un  grand  fragment  de  temporal  qui  a  été 
déterré  en  Hollande  et  qui  indique  parfaitement  la  même  gouttière  qui  loge  la 
grande  apophyse  du  tympanal. 

Nous  sommes  en  possession  d'une  région  cervicale  presque  complète  et  d'une 
partie  de  l'occipital,  ainsi  que  d'une  grande  partie  du  reste  de  la  colonne  vertébrale. 

L'occipital  est  fort  large  et  la  gouttière,  qui  loge  depuis  la  neuvième  jusqu'à  la 
douzième  paire  de  nerfs  cérébraux,  est  très-allongée.  Celle  gouttière  s'ouvre  géné- 
ralement à  l'extérieur  plus  près  des  condyles  occipitaux. 

Depuis  plus  de  trente  ans  nous  avons  recueilli  une  vertèbre  lombaire  qui  a  été 
déterrée  hors  la  porte  Saint-George  à  Anvers  sur  la  roule  de  Capellen,  et  qui  ne  dif- 
fère guère  pour  la  dimension  des  vertèbres  des  grands  Rorquals  vivants. 

Nous  possédons  également  un  condyle  de  maxillaire  inférieur  du  côté  gauche 
qui  montre  parfaitement  ses  deux  gouttières  caractéristiques  pour  le  passage  des 
nerfs  et  des  vaisseaux  qui  se  rendent  au  canal  dentaire,  et  dont  la  dimension  cor- 
respond avec  celle  <V^  autres  (grands  os. 

Nous  avons  un  atlas  complet  à  l'exception  du  bout  des  apophyses  transverses. — 
On  peut  toutefois  juger  par  la  surface  des  os  à  l'endroit  où  ils  sont  mutiles,  que 
ces  apophyses  sont  comparativement  peu  développées. 

L'axis  est  également  complet  à  l'exception  des  apophyses.  Comme  dans  les  es- 
pèces suivantes  une  apophyse  odontoïde  se  montre  vers  le  milieu  de  la  surface  ar- 
ticulaire et  tout  fait  supposer  que  les  deux  apophyses  trausverscs  se  réunissaient 
au  bout  pour  former  un  anneau  conq  loi. 


BALÉNOPTÈRES.  2S7 

Les  autres  cervicales  ont  toutes  leurs  apophyses  épineuses  supérieures  dépen- 
dant de  l'arc  neural,  les  inférieures  ne  faisant  défaut  qu'à  la  septième. 

L'omoplate  est  représentée  par  plusieurs  fragments  distincts  représentant  la 
cavité  articulaire,  l'apophyse  acromion  qui  est  fort  large  et  le  coracoïde  qui  est 
également  fort  distinct. 


PLESIOCETUS    GERVAISII 
Pl.  XVI.  Fie.   23-24. 


Depuis  plusieurs  années  M.  P.  Gervais  nous  a  communiqué  la  caisse  tympanique 
d'un  cétacé  trouvée  dans  le  miocène  de  Poussan  (Hérault),  et  que  nous  ne  pouvons 
rapporter  qu'au  groupe  de  mysticètes  qui  nous  occupe. 

La  grosse  moitié  de  cet  os  a  été  conservée  et  montre  que  dans  son  ensemble  il 
affectait  la  forme  caractéristique  de  la  caisse  tympanique  des  balénoptères. 

Le  volume  de  cet  os  indique  que  l'animal  était  de  fort  petite  taille  et  était  peut- 
être  le  plus  petit  des  mysticètes.  Nous  avons  proposé  depuis  longtemps  le  nom  de 
Plesiocelus  Gervaisii. 

M.  Gervais  a  décrit  et  figuré  (I)  un  maxillaire  inférieur  des  sables  marins  des  en- 
\  irons  de  Montpellier  (pliocène)  et  qui  appartient  évidemment  au  même  groupe;  il 
a  une  longueur  de  0m,85,  ce  qui  porterait  la  longueur  totale  de  l'animal  à  5m,o0, 
d'après  son  estimation.  Son  apophyse  eoronoïde  est  très-développée  et  courbée 
en  dehors;  les  trous  mentonniers  sont  fort  distincts,  la  rainure  du  bord  dentaire 
est  très-marquée,  l'os  est  peu  courbé  et  tout  fait  supposer  qu'il  provient  d'un  ani- 
mal complètement  développé.  M.  Gervais  lui  a  donné  le  nom  de  Rortjualus  prisais. 

Nous  n'oserions  affirmer  que  ce  maxillaire  appartient  au  même  animal  que  la 
caisse  tympanique  dont  nous  donnons  le  dessin. 

'1)  P.  Gervais,  sur  une  espèce  de  Rorqual  fossile,  Ann.  Se.  nal ,  4'  série,  1855,  t.  III,  p.  338. 


288  SQUELETTE  DES  CETACES 


PLESIOCETUS    CORTESII 
Pl.  XVII,  Fig.  A-5. 


En  1806,  on  a  trouvé  sur  le  flanc  oriental  du  Monte  Pugnasco,  a  600  pieds  an- 
dessous  du  sommet  qui  est  élevé  à  1200  au-dessus  de  la  plaine,  dans  des  couches 
régulières  d'une  argile  bleuâtre,  remplie  de  coquilles  marines,  un  squelette  de 
balénoptère,  placé  dans  la  direction  des  couches  de  la  longueur  de  21  pieds.  Le 
squelette  était  à  peu  près  complet  et  les  os  ont  été  conservés  dans  leurs  rapports 
naturels  (t). 

La  tète  ressemble  complètement  aux  balénoptères  vivantes,  tant  par  les  os  de  la 
face  que  par  ceux  du  crâne;  seulement  les  os  frontaux  ne  semblent  pas  avoir  leur 
largeur  ordinaire  dans  la  partie  qui  longe  les  maxillaires. 

La  mâchoire  inférieure  se  distingue  par  sa  courbure  et  par  la  manière  dont 
elle  se  termine  en  avant  sans  se  tordre  sur  elle-même.  Elle  est  longue  de  6  pieds 
10  pouces  en  suivant  la  courbure  et  dépasse  la  supérieure  de  4  pouces  6  lignes. 

L'omoplate  est  remarquable  par  son  grand  développement  d'avant  en  arrière, 
c'est-à-dire  par  son  diamètre  antéro  -postérieur.  —  L'avant-bras  parait  comparati- 
vement court,  et  l'humérus  présente  les  mêmes  proportions  que  les  Plésiocètes 
d  envers. 

Les  vertèbres  cervicales  sont  toutes  séparées  et  Cortesi  n'a  compté  que  il  ver- 
tèbres et  12  côtes. 

L'os  du  sternum  est  triangulaire. 

On  estime  que  l'animal  pouvait  avoir  une  longueur  de  21  pieds. 

En  t810,  Cortesi  a  trouve  dans  des  couches  de  même  nature  dans  un  vallon 
\oisin,  un  squelette  de  même  espèce,  d'après  lui.  —  La  tète  n'a  que  \  pieds  de 

M)  Cortrsi.  Saggi  geologici.  Piazcnza,  in-i",  1819. 


SQUELETTE  DES  CÉTACÉS.  289 

long  et  il  était  plus  Itas  que  le  précédent.  —  La  longueur  totale  du  squelette  est 
de  12  pieds  3  pouces. 

Cortesi  assure  que  la  forme  en  est  complètement  semblable  à  celle  du  squelette 
précédent,  et  nous  ne  voyons  aucun  motif  d'admettre  l'opinion  de  Desmoulins  sur 
la  différence  spécifique  de  cette  seconde  espèce. 

Gastaldi  a  recueilli  dans  les  sables  pliocènes,  à  Cortansone,  dans  l'Astésan, 
divers  ossements  qu'il  rapporte  au  genre  qui  nous  occupe  (I). 

Depuis  lors,  le  professeur  Capellini  (2;  a  fait  connaître  quelques  ossements  inté- 
ressants qu'il  rapporte  au  même  animal  et  qui  ont  été  déterrés  à  S.-Lorenzo  in  col- 
tina. —  Il  est  à  remarquer  que  les  os  étaient  bouleversés,  les  mandibules  d'un  côté, 
les  maxillaires  de  l'autre,  et  entre  les  deux  la  base  du  crâne  recouvrant  une  partie 
des  vertèbres. 

Ces  os  consistent  dans  de  nombreux  fragments  de  crâne  et  des  maxillaires  su- 
périeurs et  inférieurs  presque  complets  qui  lui  ont  permis  de  restaurer  parfaite- 
ment la  tête;  la  caisse  tympanique  et  des  vertèbres  de  différentes  régions  du  corps 
ont  fort  bien  conservé  leurs  caractères  propres. 

Le  professeur  Capellini  fait  remarquer,  à  la  fin  de  son  mémoire,  que  Giacomo 
Biancini  a  déjà  signalé  depuis  longtemps  la  présence  de  vertèbres  fossiles  de  ces 
cétacés  dans  un  sommaire  intitulé,  de  quibusdam  animalium  exuviis  lapidefactis,  et 
qu'en  4  865  on  a  trouvé  un  fragment  de  mandibule  à  Pradalibno,  provenant  d'un 
animal  d'une  taille  plus  grande  que  ceux  de  S.-Lorenzo.  Le  professeur  Capellini 
fait  en  outre  mention  de  vertèbres  caudales  trouvées  en  \  864  par  le  docteur  Foresti 
dans  les  mêmes  conditions. 

A  Malte  on  a  trouvé  dans  un  dépôt  formé  par  un  courant,  et  dans  lequel  on  dis- 
tinguait quatre  coucbes,  à  côté  des  restes  de  Phocodon  et  de  Dugong,  des  ossements 
de  Mysticôtes.  Il  serait  important  de  pouvoir  les  comparer  à  ceux  qui  ont  été  re- 
cueillis en  Italie. 


(1)  Revue  scientifique  italienne,  1862,  p.  10. 

(2)  Capellini,  Dalenottere  fossili,  in-4".  Bologna,  186.5. 


3? 


290  BALÉNOPTÈRES. 


PLESIOCETUS    IÏGBUSTUS 


W.  Lilljeborg,  foredrag  vid  Naturforsk-Motet  i  Ropenhamn,  1860. 

11'.  Lilljeborg,  Zeits.  f.  d.  ges.  naturwiss.,  Bd.  15.  18G0,  p.  270. 

W,  Lilljeborg,  Ofversigt  af  Skandinaviens  hValdjur,  L'psala,  1862. 

J.E.  Gray,  Catalogue  of  Seals  and  Whales,  London,  1866. 

W.  Lillejborg,  On  Iwo  subfossil  Whales  discovered  in  Sweden.  in-4*.  Upsala,  I8G7. 

En  1800,  W.  Lilljeborg  a  fait  connaître  sous  le  nom  de  Balsenoptera  roôusta  une 
espèce  nouvelle  de  Mysticète  établie  sur  des  ossements  trouvés  à  12  ou  15  pieds 
au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  et  à  840  pieds  de  la  cùle,  à  Graso  (Upland,  Suède), 
au  nord  de  l'île.  —  Ces  ossements  étaient  entourés  de  Tellina  ùaltica  et  de  Mytilus 
cdulis  en  tout  semblables  aux  lellines  et  moules  qui  vivent  encore  dans  la  Bal- 
tique. 

En  IK02  il  a  donné  la  description  cl  la  mesure  des  os;  en  1807,  adoptant  le 
nom  générique  nouveau  proposé  par  le  docteur  Gray,  il  a  accompagné  la  descrip- 
tion du  dessin  des  principaux  ossements  qui  sont  représentés  en  huit  planches 
in-quarto. 

Ces  dessins  représentent  le  maxillaire  inférieur,  une  corne  de  l'os  hyoïde, 
l'atlas  avec  quelques  autres  vertèbres  de  diverses  régions,  les  principales  côtes, 
l'omoplate,  les  principaux  os  des  membres  jusqu'aux  os  carpiens  et  le  sternum.  — 
On  possède  donc  le  squelette  à  peu  près  complet,  sauf  la  tète. 

Le  docteur  Gray  pense  que  des  vertèbres  cervicales  trouvées  à  Babbicombe  lia\ 
etàïorbay,  sur  la  côte  de Devonshire,  doivent  se  rapporter  au  même  animal.  Ne 
sont-ce  pas  plutôt  des  vertèbres  de  Balsenoptera  laticeps? 

Se  basant  Mir  celle  identité  des  vertèbres  de  la  côte  d'Angleterre  avec  celles  dé- 
crites par  Lilljeborg,  le  docteur  Gra^  considère  l'animal  dont  proviennent  les  osse- 
ments  de  Suéde  comme   habitant  la  mer   <lu  Nord   et   la  Manche. 

Ces  ossements  ne  peuvent  se  rapporter,  à  notre  a\is,  à  une  espèce  vivante,  et 
quoiqu'on  trouve  avec  eux  des  coquilles  semblables  à  celles  qui    habitent  encore 


BALENOPTERES.  -291 

aujourd'hui  la  Baltique,  nous  croyons  qu'ils  se  rapportent  au  môme  genre  dont 
nous  trouvons  de  si  nombreux  ossements  dans  le  crag  des  environs  d'Anvers.  — 
Nous  lui  donnons  donc  le  nom  de  Plesiocetus  robustes,  et  comme  synonymes  les 
noms  de  Balssnoptera  robusta  et  Eschrichtius  robustus. 

La  mandibule  est  massive,  l'apophyse  coronoïde  peu  développée;  mais  cepen- 
dant, d'après  sa  terminaison  en  avant,  c'est  une  vraie  mandibule  de  Balénoptère. 

M.  Lilljeborg  convient  que  c'est  le  maxillaire  inférieur  qui  fournit  les  caractères 
les  plus  importants  de  celte  Baleine,  et  il  trouve  que  cet  os  se  rapproche  de  celui 
des  Balsena.  Nous  ne  pouvons  partager  cet  avis  :  la  courbure  de  cet  os,  surtout  l'ab- 
sence de  torsion  sur  lui-môme,  la  grande  largeur  du  bord  libre,  la  gouttière  delà 
face  interne,  tout  indique  que  c'est  un  maxillaire  de  Baleine  à  ailerons,  et  non  de 
Haleine  véritable. 

En  comparant  ces  os  avec  ceux  des  espèces  connues,  nous  trouvons  que  tous 
indiquent  un  animal  appartenant  au  groupe  des  Balénoptères,  et  non  aux  Mé- 
gaptères. 

L'omoplate  a  un  diamètre  antéro-poslérieur  plus  grand  que  le  diamètre  vertical 
et  les  deux  apophyses  sont  fortement  développées,  surtout  l'acromion. 

L'humérus  est  comparativement  long  et  étroit,  et  la  tète  ne  dépasse  pas  la  lar- 
geur de  l'os  au  milieu  de  sa  longueur. 

Les  os  de  l'avant-bras  sont  comparativement  courts,  et  le  radius  conserve  la 
grosseur  qu'il  atteint  dans  les  lîalénopteres. 

Le  sternum  n'est  pas  de  Balsena,  mais  comme  il  est  très-variable  dans  l&Balsenop- 
tera  musculus,  c'est  de  cette  espèce  qu'il  se  rapproche  le  plus.  - —  C'est  du  sternum 
provenant  du  squelette  de  l'animal  capturé  à  katwyk,  en  1841,  qui  était  à  Boer's 
Bazaar,  et  aujourd'hui,  pensons-nous,  à  Leyde,  qu'il  se  rapproche  le  plus.  Il  est  lar- 
gement échancré  sur  son  bord  antérieur. 

Il  compte  soixante  vertèbres  et  quinze  côtes;  ce  nombre  de  soixante  vertèbres 
ne  s'accorde  aucunement  avec  le  nombre  des  Megaptera,  mais  le  rapproche 
également  des  Balssnoptera  musculus, 

P.  .1.  Van  Beneden. 


DES    CÉTODONTES 


OU  CÉTACÉS  POURVUS  DE  DENTS 


Principaux caractère» des Cétodontes.  —  La  dénominalion  Je  Mysticèles,  qui 
servait  à  Aristote  pour  désigner  la  seule  espèce  de  Balénidés,  c'est-à-dire  de 
Cétacés  dépourvus  de  dents  persistantes,  mais  ayant  la  mâchoire  supérieure  garnie 
de  fanons,  qui  lut  connue  de  son  temps,  a  été  appliquée  par  Linné  à  la  Baleine 
franche  (Balsena  myslicetns)  qui,  bien  que  différant  à  plusieurs  égards  du  Mysti- 
céte  de  la  Méditerranée,  rentre  néanmoins  dans  la  même  famille  que  lui.  Cette 
dénomination  a  été  plus  récemment  étendue  à  l'ensemble  des  Mammifères,  ex- 
clusivement marins,  qui  présentent  les  mêmes  caractères  généraux  et  sont  si 
faciles  à  reconnaître  par  cette  double  particularité  qu'ils  manquent  aussi  de  dents 
pendant  la  vie  extra-utérine  et  possèdent  des  fanons,  c'est-à-dire  des  lames 
cornées  de  la  nature  de  celles  qu'on  nomme  Baleine  dans  le  commerce.  C'est  par 
l'histoire  des  Mysticètes  ou  Cétacés  à  fanons  que  nous  avons  commencé  l'examen 
des  animaux  qui  font  l'objet  de  cet  ouvrage.  Les  Cétacés  pourvus  de  dents  per- 
sistantes, qui  présentent  en  outre  la  particularité  de  manquer  constamment  de 
fanons,  doivent  maintenant  nous  occuper. 

On  a  pendant  longtemps  considéré  ces  animaux  comme  formant  plusieurs  di- 
visions distinctes  que  l'on  a  supposées  séparément  équivalentes  de  celle  des  Cé- 
tacés pourvus  de  fanons  (I);  mais  l'importance  des  caractères  qui  unissent  entre 


(I)  C'est  dans  ce  sens  que  Brisson  [Ri'jne  animal,  p.  346)  a  parlai;!''  les  Cétacés  en  quatre  ordres,  suivanl 
qu'ils  manquent  de  dents  {lialuena)  —  ont  des  dents  à  la  mâchoire  inférieure  seulement  [Celus]  —  n'en 
ont  qu'à  la  mâchoire  supérieure  Crraladon)  —  ou  en  possèdent  aux  Arux  mâchoires  [DelpKinus  . 


_>!i',  CÉTODONTES. 

eux  les  Cétacés  don!  il  s'agil  ne  permet  pas  de  les  laisser  ainsi  isolés  les  uns  des 
autres,  et  il  est  convenable  de  les  réunir  en  un  seul  groupe,  quelles  que  soient 
d'ailleurs  les  particularités  secondaires  que  présentent  soit  leur  dentition,  soit 
les  autres  points  de  leur  osléologie.  La  présence  constante  de  dents  étant  le 
caractère  principal  des  Cétacés  de  ce  second  groupe,  j'ai  proposé  de  les  com- 
prendre sous  le  nom  commun  de  Qétodontes  (I)  que  M.  Gray  (2)  a  changé  depuis 
lors  en  Denticètes. 

Les  Cétodontes  diffèrent  des  Mysticètes  par  plusieurs  caractères  importants. 
Leur  tète  est  en  générai  moins  \olumineuse  que  celle  de  ces  animaux,  plus  aplatie 
dans  sa  partie  faciale  et  souvent  plus  effilée.  Outre  qu'ils  possèdent,  comme 
nous  l'avons  déjà  dit,  des  dents  à  tous  les  âges  et  que  leur  mâchoire  supérieure 
ne  porte  jamais  de  fanons,  ils  sont  remarquables  par  l'apparence  habituellement 
sphéroïdale  de  la  partie  cérébrale  de  leur  crâne,  leur  cerveau  n'ayant  pas  la 
même  forme  que  celui  des  Cétacés  à  fanons.  La  plupart  manquent  d'ailleurs  d'os 
lacrymaux;  leurs  os  jugaux  sont  ordinairement  grêles  et  styliformes  dans  la 
plus  grande  partie  de  leur  étendue;  leurs  os  propres  du  nez  sont  inégaux  et  ré- 
duits a  desimpies  tubercules  appliques  en  avant  des  frontaux,  et  leurs  narines, 
qui  sont  séparées  l'une  de  l'autre  par  une  crête  osseuse  remontant  delà  face  su- 
périeure de  l'ethmoiile,  sont  inégales  entre  elles,  ce  qui  entraine  une  prépondé- 
rance marquée  de  l'un  des  côtés  de  la  face  sur  l'autre.  Ces  animaux  ont  de  pins 
li-  deux  maxillaires  inférieurs  réunis  en  avant  par  une  véritable  symphyse,  et 
cette  symphyse  est  parfois  ossifiée  sur  une  étendue  assez  considérable;  leur  canal 
dentaire  esl  largement  ouvert  en  avant  du  condyle  articulaire  qui  unit  la  mâ- 
choire inférieure  avec  le  temporal. 

Leurs  premières  côtes  prennent  insertion  sur  les  vertèbres  et  non  a  la  partie 
terminale  des  apophyses  transverses  seulement,  et  les  vertèbres  correspondantes 
présentent  des  ficelles  articulaires  répondant  a  ces  insertions.  Le  sternum  est 
généralement  de  plusieurs  pièces  et  non  d'une  seule,  et  il  donne  attache  à  plu- 
sieurs paires  de  côtes  au  moyen  de  leur  partie  cartilagineuse.  L'os  pelvien  est 
unique  pour  chaque  côte,  ainsi  que  cela  a  lieu  d'ailleurs  chez  les  Mysticètes,  mais 


(1)  Cétodontes,  I'.  Gerv.,  Zool   et  Pal.  franc.,  \<.  2si;  1859. 
■i   Denticètes,  J.  E.  Gray,  Catal.  ofSeals  and  fVhales  in  Un-  British  Muséum,  \<.  194;  1 86*1. 


CARACTERES    GENERAUX.  29o 

on  ne  lui  reconnaît  |>as  de  pièces  accessoires  comparables  à  des  rudiments  de 
membres  comme  on  eu  voit  chez  certains  Mysticètes. 

A  ces  particularités  principalement  tirées  du  squelette  s'en  joignent  d'autres 
encore  fournies  par  les  différents  systèmes  d'organes. 

AfflnHcs  des  Cctodoutes.  — Cuvier  réunissait  sous  la  dénomination  commune 
de  Cétacés,  non-seulement  les  Mammifères  que  l'on  appelle  encore  de  ce  nom, 
c'est-à-dire  les  Cétacés  ordinaires,  soit  Cétodontes,  soit  Balénidés,  mais  aussi  les 
Sirénides  dont  il  faisait  une  simple  famille  de  son  huitième  ordre,  appelée  par 
lui  Cétacés  herbivores.  Celte  manière  de  voir  a  été  longtemps  adoptée  par  les 
naturalistes.  Cependant  de  Blainville  avait,  fait  remarquer,  des  IKI(>  ili,  qu'elle  ne 
rend  pas  un  compte  exact  des  rapports  de  structure  qui  rattachent  ces  animaux 
aux  Mammifères  ongulés. 

Les  Sirénides,  qui  répondent  à  l'ancien  genre  Manatus  de  Scopoli,  actuellement 
divisé  en  trois,  sous  les  noms  "de  Lamantin,  dugong  et  Ryline,  sont  bien  comme 
les  Cétacés  véritables  des  animaux  cite/,  lesquels  les  membres  postérieurs  ne  se  dé- 
veloppent pas  et  ils  ont  comme  eux  l'apparence  pisciforme,  étant  également 
destinés  à  la  vie  aquatique;  mais  l'ensemble  de  leur  structure  anatomique  les  rat- 
tache aux  Proboscidiens  et  aux  Porcins!  En  réalité  ils  ont  plus  de  ressemblance 
avec  ces  quadrupèdes  qu'ils  n'en  ont  avec  les  Haleines  et  les  Dauphins;  aussi  pa- 
rait-il plus  naturel  de  les  considérer  comme  une  branche  spéciale  de  la  grande 
division  des  Mammifères  à  sabots  destinée  à  vivre  dans  l'eau.  Leur  mode  d'exis- 
tence, qui  comporte  une  forme  particulière  des  organes  Au  mouvement,  rend 
compte  de  la  ressemblance  extérieure  qu'ils  paraissent  avoir  et  qu'ils  ont  en  effet, 
mais  à  certains  égards  seulement,  avec  les  Cétacés  proprement  dits  ;  mais  ces  der- 
niers sont  encore  plus  complètement  aquatiques,  lui  somme,  les  affinités  des  Si- 
rénides les  associent  à  un  groupe  tout  autre  que  celui  des  Cétacés,  et  les  observa- 
tions nouvelles  dont  ils  ont  été  l'objet,  depuis  de  Blainville,  sont  venues  jusliûer 
la  séparation  proposée  par  ce  naturaliste;  l'étude  des  fossiles  laisses  par  la  même 
famille  d'animaux  dans  les  terrains  tertiaires,  plus  particulièrement  celle  des  Si- 


(t)  Prodrome  d'une  classification  des  animaux    inséré  dans  le   Bulletin  <ir  In  Société  phUomaU/jut 
(h  Paris). 


298  CÉTODONTES. 

rénides  du  genre  HaHlherium,  dont  les  débris  abondent  dans  certains  gisements 
européens,  a  aussi  conduit  au  même  résultat. 

On  a  également  proposé  de  rapprocher  des  Cétacés  un  genre  singulier  de  Mam- 
mifères éteints,  dont  les  ossements  sont  enfouis  dans  les  dépôts  tertiaires  inférieurs 
de  l'Amérique  septentrionale.    Ce  genre  est  celui  des  Zeuglodon  ou  Hydrarchos, 
d'abord  attribué  à  la  classe  des  Reptiles  sous  le  nom  de  Basilosaure,  mais  plus  ré- 
cemment reporté,  et  avec  juste  raison,  parmi  lesThalassothériens.  Les  détails  os  - 
téologiques  publiés  à  son  sujet  montrent  bien  que  ce  n'est  ni  un  genre  de  Mysti- 
cètes, quoiqu'il  ait  à  certains  égards  des  affinités  avec  ces  animaux,  ni  un  genre  de 
Cétodonles,  bien  que  ses  mâchoires  soient  garnies  de  dents  fort  semblables,  en 
apparence,  à  celles  des  Squalodons.  Ses  principaux  caractères  le  rattachent  davan- 
tage aux  Phoques,  et  la  forme  de  son  encéphale,  que  nous  connaissons  en  partie 
par  le  moulage  de  l'intérieur  d'une  portion  de  crâne  de  ce  gigantesque  fossile, 
semble  venir  à  l'appui  de  celte  manière  de  voir.  Il  n'en  sera  donc  pas  question 
dans  la  seconde  partie  de  cet  ouvrage,  notre  but  étant  de  compléter  par  la  des- 
cription des  différents  genres  de  Cétodontes  l'histoire  des  Cétacés  dcut  la  première 
division,  c'est-à-dire  les  Mysticètes  ou  Balénidés,  a  seule  été  passée  en  revue. 
Lorsque  l'on  compare  les  Cétacés  à  fanons  avec  les  Cétacés  pourvus  de  dents 
persistantes  et  sans  fanons,  c'est-à-dire  les  Balénidés  ou  Mysticètes  avec  les  Céto 
doutes,  on  est  conduit  à  se  demander  si  ces  deux  sortes  de  Mammifères  aquatiques 
doivent  être  rapportées  à  un  seul  el  même  ordre  ou  si  les  caractères  qui  les  sépa- 
rent l'une  de  l'autre,  et  dont  nous  axons  énoncé  plus  haut  les  principaux,  ne  sont 
pas  au  contraire  d'une  importance  supérieure  à  ceux  que  l'on  observe  d'ordinaire 
(buis  des  animaux  appartenant   à  lune   de  ces  séries  naturelles  de  Mammifères 
auxquelles  on  donne  séparément  la  valeur  d'un  ordre,  quoiqu'elles  aient    une 
extension   moindre  que    les  grands  groupes  regardés  autrefois  comme  consti- 
tuant   les  véritables  ordres,  c'est-à-dire  les  divisions  principales  de  chacune  des 
classes  du  règne  animal. 

La  conformation  du  crâne  des  haleines  et  la  disposition  scutiformedu  sternum 
de  ces  animaux,  toujours  «l'une  seule  pièce  osseuse,  se  joignent  à  la  présence  des 
fanons  et  à  l'avorleinent  du  Système  dentaire  pour  montrer  qu'il  existe  entre 
eux  et  les  Cétodontes  îles  différences  considérables;  or  la  valeur  de  ces  différences 
est  telle,   qu'elles   ne   laissent    pas  entrevoir,   du  moins  dans  l'état  actuel  de  nos 


65    3o 


! 


CARACTERES  GENERAUX.  297 

connaissances,  une  condition  intermédiaire  ou  do  passage  reliant  eu tre  elles  les 
deux  catégories  de  Mammifères  dont  il  s'agit,  et  l'on  n'a  pas  non  plus  constaté 
que  la  double  série  de  genres  qui  les  composent,  étudiée  au  point  de  vue  de  la 
succession  chronologique  des  êtres,  se  rattache  à  un  type  primordial  commun 
qui  les  aurait  précédées  dans  le  temps  et  auquel  ces  deux  branches  se  rattacheraient 
l'une  et  l'autre;  de  même  aussi  nos  deux  grands  groupes  de  Cétacés  sont  com- 
plètement séparés  dans  la  nature  actuelle.  Si  l'on  n'accepte  pas  que  les  Céto- 
dontes  constituent  une  division  assez  différente  de  celle  des  Myslicètes  pour 
que  l'on  doive  la  regarder  comme  justifiant  l'admission  d'un  ordre  à  part,  ce  qui 
semblerait  pourtant  en  rapport  avec  les  particularités  distinctives  de  ces  animaux, 
il  n'est  pas  douteux  qu'il  ne  faille  en  faire  un  sous-ordre  distinct. 

De  Blainville,  qui  ne  croyait  pas  à  la  succession  généalogique  des  espèces, 
mais  qui  a  montré  dans  la  plupart  des  cas  un  sentiment  exquis  de  leurs  affinités, 
réunissait  les  Proboscidiens  et  les  Sirénides  dans  un  même  groupe  naturel  auquel 
il  attribuait  la  valeur  d'un  ordre  ou,  suivant  ses  propres  expressions,  celle  d'un 
degré  d'organisation;  on  dirait  dans  la  théorie  transformiste  que  ces  deux  divi- 
sions de  l'ordre  des  Gravigrades  du  grand  classificaleur  français  dérivent  d'une 
souche  commune.  La  même  question  posée  au  sujet  des  Cétacés,  soit  Mysticètes, 
soit  Cétodontes,  n'est  pas  aussi  facile  à  résoudre,  et  cependant  le  même  auteur 
n'avait  pas  hésité  à  faire  de  ces  deux  importantes  catégories  des  Thalassothériens 
les  représentants  aquatiques  des  Édentés  qui  sont  des  animaux  terrestres.  11  y  a  en 
effet  entre  les  Cétacés  et  les  Edentés,  envisagés  dans  les  caractères  fondamentaux  de 
leur  ostéologie,  des  analogies  qu'on  ne  saurait  contester,  et  leur  cerveau  peut, 
jusqu'à  un  certain  point,  être  invoqué  à  l'appui  de  ce  curieux  rapprochement. 

Mais  les  Thalassothériens  Mysticètes  et  Cétodontes,  ressemblent  bien  plus  à  cer- 
tains ongulés  par  la  forme  allongée  de  leur  œuf  et  par  la  disposition  finement  vil- 
leuse  de  leur  placenta  qu'aux  ïMcntés  tels  qu'on  les  connaît  jusqu'à  présent  dans 
leur  mode  de  développement.  Ils  paraissent  avoir  à  cet  égard  une  analogie  spéciale 
avec  les  chevaux  (I)  ;  cependant  ils  s'éloignent  trop  par  le  reste  de  leurs  caractères 
de  l'ensemble  des  Mammifères  à  sabots  pour  que  l'on  puisse,  en  s'en  tenant  à  nos 


(1)  Voir  Turner,  Gestation  et  membranes  f étales  des  Cétacés  [Trans.  1:  Soc.  Edinburgli,  t.  XXI,  p.  467  : 
1872.  —  Journal  de  Zoologie,  1x7:2,  p.  !■>  et  304.) 

58 


l2!ih  CETODONTES. 

principes  actuels  de  classification,  admettre  que  leur  groupe  doit  être  rapproché 
de  celui  des  Jumentés,  et  surtout  supposer  entre  ces  deux  grandes  divisions  des 
Mammifères,  les  Ongulés  et  les  Cétacés,  des  rapports  de  parenté  dont  on  retrou- 
verait l'expression  dans  leurs  affinités  naturelles.  C'est  donc  là  une  de  ces  ques- 
tions dont  la  science  n'a  point  encore  réuni  les  éléments. 

Principaux  genres  de  Cétodontes. — Quoique  portant  sur  plusieurs  espèces,  les 
notions  que  les  anciens  nous  ont  laissées  au  sujet  des  Cétodontes  sont  tort  incom- 
plètes, et  cependant  ils  avaient  ces  espèces  sous  les  yeux  puisqu'il  s'agit  essentielle- 
ment de  celles  qui  vivent  dans  la  Méditerranée;  mais  il  est  presque  toujours 
impossible  d'établir  la  correspondance  des  noms  qu'ils  nous  ont  laissés  avec 
ceux  que  portent  à  présent  les  animaux  du  même  groupe  propres  à  cette  mer. 
A  part  le  Dauphin  qu'ils  appelaient  Defpliis  (I)  et  qui  répond  à  notre  Delphinus 
delphis,  sans  doute  aussi  au  Tursio,  aucune  assimilation  de  noms  ne  présente1  un 
caractère  rigoureux  d'exactitude,  et  l'obscurité  qui  enveloppe  ce  sujet  est  telle 
que  l'on  ne  peut  pas  même  assurer  que  la  Phalaina  (2)  soit  réellement,  comme 
ou  le  pense  généralement,  l'espèce  de  Haleines  de  la  section  des  Rorquals  que  l'on 
nomme  actuellement  Balxnoptera  musculus  et  non  le  Cachalot. 

Des  doutes  existent  même  au  sujet  du  <eima.iv*,  dont  le  nom  est  habituelle- 
ment traduit  par  Phocœna,  signifiant  le  Marsouin  de  nos  (('des.  Aristote  dit  que  lé 
Pliocène  fréquente  principalement  la  mer  du  Pont,  c'est  à-dire  la  mer  Noire,  et 
Nôrdmann  (5)  le  cite  en  effet  comme  étant  le  plus  commun  des  trois  Dauphins  qui 
entrent  dans  cette  mer.  Cependant  on  n'a  encore  donné  dans  aucun  ouvrage  la 
preuve  que  ce  soit  bien  là  le  Marsouin  des  naturalistes  modernes,  et  nos  collections 
ne  possèdent  aucune  pièce  qui  vienne  à  l'appui  de  cette  assertion.  J'ajouterai  même 
que  ceCétacé  ne  m'est  pas  connu  avec  certitude  dans  la  Méditerranée,  et  je  crois 
pouvoir  assurer  qu'il  n'y  vient  pas  sur  nos  côtes,  (pie  j'ai  visitées  depuis  le  petit 
port  de  Cerbère,  avoisinanl  l'Espagne,  jusqu'à  Menton,  le  point  du  littoral  fran- 
çais le  plus  rapproché  de  l'Italie. 

Le  Cachalot,  le  Ziphius,  qu'on  avait  d'abord  considère  comme  un  Cétacé  d'es- 


i)  4>ataiva.  —  Aristote  [Hist.  ■/<  (  Animaux,  li\.  I,  ch.  15)  distingue  ce  Cètacé  du  Dauphin  ru  ci'  qu'il  a 
l  évenl  Mir  I.-  front  au  Lieu  de  l'avoir  sur  le  dos,  caractère  qui  convient  bien  au  Cachalot. 

(:i    Voy  •■!'  d  int  In  ltn>M<  m, , ,  lionalc  <  i  In  d  imée  d'A,  Demidoff,  t.  II.  ]*    64. 


CLASSIFICATION.  ■><.)') 

pèce  perdue,  l'Orque  ou  Épaulard,  le  Globiceps,  le  Risso,  le  Tursio,  connu  dans 
l'Océan  sous  le  nom  de  Nésarnack,  le  Dauphin  delphis  el  le  Dauphin  de  Téthys 
représentent  dans  ces  parages  la  grande  division  des  Célodontes.  Le  Delphis,  dont 
les  Grecs  et  les  Romains  ont  parlé  si  souvent  et  dont  il  y  a  des  représentations 
fort  exactes  sur  un  grand  nombre  d'anciennes  monnaies,  est  seul  commun,  et 
les  pêcheurs  l'ont  de  tout  temps  redouté  à  cause  des  dégâts  qu'il  fait  à  leurs  filets; 
aussi  est-il  l'unique  espèce  que  l'on  ait  d'abord  bien  connue. 

On  voit  qu'Aristote  est  loin  de  nous  avoir  laissé  un  nombre  de  dénominations  suf- 
fisant pour  établir  la  nomenclature  des  Célodontes  qui  visitent  les  côtes  de  la  Grèce 
et  les  principaux  points  de  la  mer  intérieure.  11  les  réunissait  au  Rorqual  ou  Mysti- 
cète  sous  le  nom  commun  de  Cete  (J)  dont  nous  avons  fait  le  mot  Cétacés,  mais  il 
ne  distinguait  pas  les  Cétacés  les  uns  des  autres  comme  l'état  de  la  science  et  les 
méthodes  auxquelles  nous  avons  recours  aujourd'hui  nous  permettent  de  le  faire. 
Aristolc  donne  d'ailleurs,  au  sujet  des  Cétacés,  des  renseignements  qui  montrent 
qu'il  comprenait  très-bien  les  rapports  que  ces  animaux  ont  avec  les  quadrupèdes 
vivipares,  et  il  les  distinguait  des  poissons  par  des  caractères  certains. 

Les  renseignements  réunis  par  Pline  ont  moins  de  valeur.  Ce  qu'il  dit  du  P/iy- 
seter  de  la  mer  des  Gaules  ne  saurait  être  attribué  au  Cachalot,  ainsi  que  l'ont  fait 
beaucoup  d'auteurs,  plutôt  qu'à  la  Baleine,  alors  plus  commune  dans  le  golfe 
d'Aquitaine  qu'elle  ne  l'est  de  nos  jours,  et  il  n'est  pas  davantage  possible  de 
classer  exactement  son  Pristis  qui  est,  dit-il,  avec  la  Haleine,  un  Cétacé  delà  mer 
des  Indes;  en  effet,  Pline  confondait  les  Sélaciens  avec  les  Cétacés. 

De  même  il  est  difficile  de  se  former  une  idée  exacte  des  animaux  cités  par 
Elieu  comme  étant  le  plus  grands  des  Cétacés,  savoir  :  le  Léon,  le  Zngaina,  le  Par- 
dalis,  le  Phusalos,  le  Pristis,  le  Malte  et  le  Crios  (2).  Cet  auteur  fait  les  mêmes  con- 
fusions que  Pline.  Cependant  Pline  et  lui  avaient  déjà  entendu  parler  du  Cétacé 
qui  vit  dans  le  Gange,  et  le  premier  l'a  cité  sous  le  nom  de  Plat  unis  ta  (5)  qui  a 
été  restitué  à  la  même  espèce  par  les  naturalistes  modernes, 

A  la  fin  du  moyen  âge,  Albert  le  Grand  ajouta,  grâce  aux  documents  venus  par 


(1    KriTïi,  Aristote,  Hist.  des  Anim.,  liv.l,  ch.  5  et(i;  liv.  VI,  ch.  12  et  liv.  VIII,  ch.  2. 
(2,  Mur/,  lû-faivx,  lla^ïAK,  <l>ùai>,oç,  npT|Œi;,  MiaOti,  Kpio;  :  Klicn,  Hist,  des  animaux. 

3)  Pline,  Hist.  nat.,  liv.  IX,chap.  15. 


300  CETODONTES. 

le  Nord,  quelques  faits  exacts  à  ceux  qu'avaient  recueillis  les  anciens,  mais  il  fut 
encore  bien  peu  en  avance  sur  eux.  Le  premier,  il  parla  du  Narwal. 

Quoique  plus  étendus,  les  documents  enregistrés  au  sujet  des  Cétodontes 
par  les  écrivains  de  la  Renaissance,  n'ont  pas  une  plus  grande  utilité,  à  cause  des 
erreurs  qui  s'y  trouvent  mêlées  ou  des  confusions  qui  y  abondent.  Les  figures  jointes 
à  ces  écrits  sont  elles-mêmes  trop  inexactes  pour  que  l'on  puisse  en  tirer  quelque 
parti,  et  le  fantastique  y  joue  un  rôle  considérable.  Aussi,  Cuvier  (I),  lorsqu'il  a 
voulu  dénommer  le  Cétacé,  alors  inédit,  dont  on  venait  de  trouver,  en  1804,  un 
crâne  dans  l'un  des  étangs  du  littoral  de  la  Provence,  a-t-il  employé  sans  scrupule 
le  nom  dont  Gcsner  s'était  servi  pour  désigner  l'une  des  espèces  mentionnées  dans 
son  ouvrage,  le  nom  de  Zipliius,  reconnaissant  sans  aucun  doute  que  le  Ziphius 
du  grand  naturaliste  suisse  (2)  est  un  animal  plus  imaginaire  que  réel.  Le  texte 
consacré  à  ce  prétendu  Cétacé  n'offre  en  effet  rien  qui  puisse  nous  guider,  à  moins 
qu'on  ne  veuille  comparer  à  l'Orque  un  être  marin  assez  vigoureux  pour  tuer  des 
Phoques  et  s'en  nourrir  ;  mais  on  ne  voit  pas  là  une  indication  suffisante,  et  si  l'on 
examine  avec  attention  la  figure  jointe  au  texte,  on  ne  tarde  pas  à  reconnaître 
qu'elle  associe  à  des  détails  de  pure  fantaisie,  lorsqu'on  les  attribue  à  un  Cétacé, 
d'autres  caractères  évidemment  tirés  du  Sphargis,  c'est-à-dire  de  la  Tortue  Luth, 
grande  espèce  des  régions  intertropicales  que  les  courants  amènent  quelquefois 
dans  nos  parages. 

De  longues  années  devaient  s'écouler  avant  que  l'on  eût  réuni  les  documents 
nécessaires  à  une  histoire  réellement  scientifique  des  Cétodontes,  et  sans  les  re- 
cherches  ostéologiques  dont  ces  animaux  ont  été  l'objet  dans  ces  derniers  temps, 
cette  histoire  serait  encore  très-imparfaite. 

Ln  examen  attentif  a  montré  que  les  catégories  établies  par  Krisson  n'avaient 
rien  de  naturel.  En  permettant  d'établir  les  véritables  caractères  des  Cétacés  dont 
nous  avons  a  nous  occuper  maintenant,  cet  examen  a  au  contraire  facilité  leur 
répartition  en  genres,  et  en  même  temps  il  a  permis  d'en  donner  des  diagnoses 
comparatives  plus  conformes  à  la  nature.  C'est  pourquoi  nous  continuerons  dans 
les  pages  qui  vont  suivre  a  rappeler  avec  soin  le  nom  des  voyageurs  auxquels 


I     Ou.  fou.,  I.  V,  pari.  I,  p.  349 
.'   Ilisi.  nat.,  t.  Il,  y,.  248. 


CLASSIFICATION.  301 


on  est  redevable  de  tous  ces  matériaux  réunis  dans  les  musées  anatomiques  où 
les  hommes  de  science  s'efforcent  de  les  utiliser. 

Après  avoir  traité  des  Cachalots  (genre  Physeter]  et  des  animaux  qui  s'en  rappro- 
chent, tels  que  le  kogia,  dont  Blainville  Taisait  son  Cachalot  à  courte  lèle,  nous 
parlerons  des  Hypérodons  et  des  Cétacés  qui  en  sont  voisins,  comme  le  Ziphius,  le 
Dioplodon,  le  Mésoplodon  et  d'autres  encore,  soit  fossiles,  soit  actuellement  vi- 
vants, auxquels  on  donne  souvent  le  nom  de  Ziphioïdes. 

Le  genre  Plataniste,  qui  se  rattache  aux  Cachalots  par  tant  de  particularités  inté- 
ressantes, viendra  ensuite,  et  c'est  à  propos  de  lui  qu'il  sera  question,  non-seule- 
ment de  l'Inie  et  du  Sténodelphe  ou  Pontoporia,  qui  sont  des  animaux  comparables 
à  certains  égards  au  Plataniste  lui-même,  mais  aussi  des  Cétacés  de  genre  éteint, 
ayant  des  dents  si  différentes  de  celles  de  tous  les  autres  Cétodontes,  qui  ont.  reçu 
le  nom  de  Sfualodon. 

Les  autres  Cétacés  pourvus  île  dents  seront  ultérieurement  décrits,  et  cela  con- 
formément à  l'ordre  précédemment  adopté  qui  repose  sur  la  considération  des 
caractères  squelettiques  et  dentaires  de  ces  animaux.  Ce  sont  ces  Cétacés  que 
l'on  réunit  le  plus  souvent  sous  la  dénomination  de  Dauphins  et  sous  celle  de  Mar- 
souins, mais  il  y  a  encore  bien  des  distinctions  à  établir  parmi  eux. 

Les  Delphinoïdes  qui,  sous  ce  rapport,  ont  plus  de  ressemblance  avec  le  Delphis 
ou  Dauphin  ordinaire,  ont  le  museau  plus  long  que  les  Marsouins  ou  Phocénoïdes 
et  leurs  dents  sont  plus  nombreuses.  Ils  se  partagent  en  Lagénorhynques,  Del- 
phinorhynques  ou  Sténo,  Tursio  ou  Nésarnacks,  Dauphins  de  diverses  sortes,  que 
l'on  confondait  autrefois  avec  le  Delphis,  Sotalia  ou  Dauphins  ûuviatiles  et  autres 
encore. 

Les  Marsouins  ou  plutôt  les  Phocénoïdes,  Cétacés  à  museau  plus  court  et  à  dents 
plus  fortes,  mais  moins  nombreuses  que  celles  des  Delphinoïdes,  se  divisent  à  leur 
tour  en  Orques,  Pseudorques,  Globicéphales,  Grampus,  lîélugas  et  Narwals,  genres 
dont  les  espèces  dépassent  en  volume  celles  de  la  catégorie  précédente,  et  l'on 
doit  placer  à  leur  suite  les  Phocènes  proprement  dits  dont  font  partie  le  Marsouin 
de  nos  côtes  et  le  Néoméris  de  la  mer  des  Indes. 

C'est  à  propos  de  chacun  de  ces  principaux  genres  qu'il  sera  question  des  osse- 
ments ou  des  dents  provenant  de  Cétodontes  fossiles,  qui  indiquenl  des  Delphi- 
noïdes et  des  Phocénoïdes  plus  ou  moins  rapproches  de  ceux  de  la  nature  actuelle. 


102  CÉTOD0NTES. 

De  même  que  les  resles  fossiles  des  Mysticèles,  les  fossiles  connus  des  Céto- 
dontes  ne  remontent  pas  au  delà  de  l'époque  tertiaire  moyenne,  et,  en  Europe  du 
moins,  on  n'en  a  pas  encore  rencontré  au-dessous  des  terrains  miocènes. 

Nous  avons  suivi  autant  que  possible  le  même  ordre  général  dans  le  classement 
des  figures  composant  les  planches  qui  nous  étaient  réservées,  mais  sans  qu'il  nous 
ail  été  possible  de  réussir  à  obtenir  constamment  ce  résultat. 

La  sériafion  indiquée  ci-dessus  est  d'ailleurs  discutable  dans  certains  de  ses 
détails,  et  un  examen  plus  approfondi  des  caractères  des  Cétodontes  pourra  seul 
nous  en  faire  comprendre  les  inconvénients  ou  les  avantages.  Lorsque  nous  aurons 
passé  eu  revue  toutes  les  espèces  de  ce  groupe  important  qui  sont  connues  dans 
leurs  caractères  ostéologiques,  il  nous  sera  plus  facile  d'en  faire  ressortir  les  affi- 
nités ou  les  différences. 

Nous  en  donnerons  alors  le  tableau  complet  dans  un  dernier  paragraphe  en 
assignant  leur  place  définitive  aux  genres  qui  figurent  dans  cette  première  énu- 
mération.  Ils  auront  été  mentionnés  et  étudiés  dans  les  chapitres  consacrés  à  la 
description  ostéologique  des  Cétodontes,  et  leurs  affinités  ainsi  que  les  principaux 
caractères  qui  distinguent  chacun  d'eux  auront  pu  être  discutés  avec  soin. 


DU  GENRE   CACHALOT 

(  Phy&eler  ) 

ET  DES  GENRES  QUI  S'EN  RAPPROCHENT  LE  PLUS. 


Parmi  les  Cétacés  pourvus  de  dents,  il  en  est  de  très-grands,  que  l'on  rencontre 
dans  des  parages  fort  éloignés  les  uns  des  autres,  et  que  le  renflement  de  la  partie 
antérieure  de  leur  tète  ainsi  que  le  caractère  de  posséder  des  dents  nombreuses, 
coniques,  fortes,  à  ivoire  protégé  par  une  couche  épaisse  de  cément  éburné  et 
n'étant  implantées  dans  des  alvéoles  profondes  qu'à  la  mâchoire  inférieure  seule- 
ment, ont  fait  distinguer  de  tous  les  autres  et  prendre  pour  type  d'un  genre  par- 
ticulier :  ce  sont  les  Cachalots  (genre  Physeter). 

Ces  gigantesques  animaux  vivent  habituellement  par  bandes,  mais  ils  ne  se 
montrent  qu'accidentellement  sur  nos  côtes.  M  y  en  a  d'ailleurs  dans  le  Pacifique 
aussi  bien  que  dans  l'Atlantique,  dans  l'hémisphère  sud  comme  dans  l'hémisphère 
nord,  et  leurs  troupes  pénètrent  aussi  dans  les  principales  mers  intérieures,  dans 
la  Méditerranée  par  exemple. 

On  recherche  les  Cachalots  pour  leur  huile,  comme  c'est  le  cas  pour  tous  les 
Cétacés,  pour  leurs  dents,  qui  fournissent  un  bel  ivoire,  pour  leurs  os,  dont  quel- 
ques-uns, plus  particulièrement  le  maxillaire  inférieur,  sont  d'une  dureté  remar- 
quable, et  surtout  pour  la  substance  particulière  logée  dans  la  grande  excavation 
surmontant  leur  crâne  et  qui  donne  extérieurement  à  leur  tête  l'apparence  renflée 
qui  esl  un  (les  principaux  caractères  de  ce  genre.  Cette  substance,  \  ulgai rement  ap- 
pelée Blanc  de  Baleine  ou  Sperma-céli,  est  la  cétine  des  chimistes.  Ramenée  a  l'état 
de  pureté,  elle  constitue  un  palmilale  de  cétyle,  résultant  de  la  combinaison  de 
l'acide  palmitique  avec  l'élhal  (alcool  céthylique)  et  régénérant  ces  deux  corps  par 


•'104  CACHALOTS. 

la  saponification  (I).  Leblanc  de  Baleine  constitue  pour  le  commerce  un  article  spé- 
cial, auquel  ses  nombreux  emplois  dans  l'industrie  donnent  un  intérêt  particulier. 

Un  autre  produit  des  Cachalots  se  rencontre  flottant  à  la  surface  des  eaux  et,  en 
beaucoup  d'endroits,  la  vague  le  rejette  à  terre  :  c'est  l'ambre  gris,  sorte  de  con- 
crétion constituée  par  le  résidu  de  la  digestion  de  ces  animaux.  On  y  trouve  encore 
la  partie  chitineuse  du  bec  des  poulpes  qui  sont  un  de  leurs  principaux  aliments. 
Son  odeur  musquée  parait  également  due  à  ces  mollusques,  puisqu'il  y  a  des 
poulpes,  lesElédones  en  particulier,  qui  la  possèdent  à  un  haut  degré.  L'ambre 
gris  est  employé  en  médecine.  On  lui  reconnaît  des  propriétés  analogues  à  celles 
du  castoréum.  Pendant  longtemps  on  s'est  trompé  sur  l'origine  de  cette  substance. 
Avicène  croyait  que  c'était  une  sorte  de  bitume  qui  découlait  de  fontaines  sous- 
marines;  d'autres  l'ont  attribuée  aux  oiseaux,  aux  crocodiles  ou  aux  phoques,  mais 
Albert  le  Grand  savait  déjà  qu'elle  est  produite  par  de  grands  Cétacés,  et  Marco 
Polo  a  confirmé  qu'il  en  est  bien  ainsi.  Madagascar,  les  îles  Moluques,  les  Mal- 
dives, la  Chine  et  les  Antilles  en  fournissent  surtout,  et  il  en  vient  aussi  sur  certains 
points  des  côtes  européennes  parmi  lesquelles  on  cite  le  golfe  de  Gascogne.  On  peut 
également  tirer  directement  l'ambre  gris  des  intestins  de  l'animal.  Un  baleinier  en  a 
extrait  une  fois  50  livres  du  corps  d'un  Cachalot  et  une  autre  fois  150.  La  Compa- 
gnie hollandaise  des  Indes  possédait  une  masse  d'ambre  du  poids  de  082  livres; 
mais  cette  masse  énorme  résultait  peut-être  de  l'agrégation  des  fèces  de  plusieurs 
sujets,  car  à  la  sortie  des  intestins,  ou  lorsqu'on  l'en  retire  artificiellement,  l'ambre 
gris  n'a  pas  ordinairement  la  consistance  que  nous  lui  connaissons  dans  le  com- 
merce. 

Nous  avons  dit  que  le  Cachalot  existe  dans  la  Méditerranée  comme  dans  les 
autres  mers;  il  est  donc  probable  qu'il  a  été  connu  des  anciens,  mais  ceux-ci  ne 
nous  ont  laissé  dans  leurs  ouvrages  aucune  preuve  qu'ils  aient  tenu  compte  des 
caractères  qui  distinguent  ce  grand  Cétacé  des  autres  espèces  propres  à  nos  pa- 
rages, et  Rondelet  qui  le  regarde  comme  le  P/ujseler  cité  par  Pline  dans  la  mer 
des  Gaules,  n'apporte  aucun  fait  à  l'appui  de  son  assertion.  Nous  avons  vu 
d'autre  part,  qu'il  est  impossible  d'affirmer  que  le  Phalaina  d'Aristote  ne  soit  pas 
le  Cachalot  plutôt  que  la  Haleine. 


i    M  Chevreul,  le  premier  a  saponifié  le  blanc  de  Baleine  ol  en  a  extrait  l'éthal. 


GENERALITES.  305 

Ces  synonymies,  telles  que  nous  les  ont  laissées  les  auteurs  de  la  Renaissance,  ont 
été  établies  sans  preuves  et  sans  discussion,  quelquefois  même  avec  une  singulière 
précipitation.  C'est  ainsi  qu'après  avoir  dit  que  le  Physéter  s'appelle  en  Languedoc 
Peis  mular,  c'est-à-dire  poisson  mulet,  ce  qui  est  également  son  nom  sur  les  côtes 
du  Roussillon,  et  avoir  ajouté  que  c'est  aussi  le  Capidoglio  des  Italiens  et  le  Sene- 
defte  des  Saintongeois,  ce  qui  n'est  pas  moins  exact,  Rondelet  ajoute  dans  le 
même  article  :  «  Aucunes  fois  aussi  en  notre  mer  Méditerranée  se  trouvent  de 
semblables  bestes  fort  grandes,  encores  auiourdui  on  en  voit  la  mâchoire  d'une 
à  Mompelier,  à  l'entrée  de  la  grande  église  de  Saint-Pierre,  que  le  vulgaire  pense 
estre  une  coste,  mais  c'est  la  mâchoire  basse.  Les  costes  sont  plus  courtes  é  moins 
grosses(l).  »  Cependant  Rondelet  vient  de  dire  que  le  Physéter  a  «  les  dents  aiguës» . 
La  mâchoire  dont  il  s'agit,  qui  est  la  même  que  l'on  conserve  actuellement  dans 
le  musée  de  la  Faculté  des  sciences  de  Montpellier,  n'est  donc  pas  celle  d'un  ani- 
mal de  ce  genre,  mais  bien  celle  d'un  Rorqual,  puisqu'elle  manque  absolument 
de  dents.  Si  distrait  que  soit  le  vulgaire,  il  n'aurait  pas  longtemps  considéré 
comme  étant  une  côte,  un  os  garni,  sur  une  partie  de  sa  longueur,  de  dents 
semblables  à  celles  des  Cachalots  ou  simplement  pourvu  des  alvéoles  dans  les- 
quelles ces  dents  auraient  été  implantées. 

On  n'a  conservé  le  souvenir  que  d'un  petit  nombre  de  captures  de  Cachalots 
opérées  dans  la  Méditerranée. 

Sous  le  règne  de  Louis  XV,  un  Cachalot  de  60  pieds  de  long  vint  échouer  à  la 
Selva,  près  Collioure.  Un  sieur  Lanquine  (Nicolas)  en  envoya  les  mâchoires  au  roi 
qui,  en  récompense,  lui  fit  une  pension  de  200  livres.  M.  Companyo  (2)  dit  qu'on 
les  voit  encore  «  dans  la  cour  des  salles  d'Anatomie  comparée,  au  Jardin- 
des-Plantes;  »  ce  qui  n'est  pas  exact.  Il  existerait  à  Collioure,  d'après  le  même  au- 
teur, un  dessin  de  ce  Cachalot.  Cependant  M.  Naudin,  de  l'Institut,  qui  habite 
maintenant  cette  ville,  a  bien  voulu,  à  ma  prière,  chercher  ce  dessin,  dont  je  lui 
avais  demandé  une  copie;  mais  il  n'a  pas  réussi  à  le  retrouver. 

Un  second  sujet,  de  moyenne  taille,  a  été  pris  dans  le  golfe  de  Saint-Nazaire  (Var), 


(1)  Ilist.  entière  des  Poissons,  t.  I,  p.  356;  1558. 

(2)  Hist.  nat.  des  Pyrénées-Orientales,  t.  III,  p.  70. 


306  CACHALOTS. 

en  -1856;  j'en  ai  vu  une  moitié  de  mâchoire  inférieure  dans  le  cabinet  des  Pères 
Maristes,  à  la  Seyne,  près  Toulon  (-1). 

C'est,  au  contraire,  sur  un  faux  renseignement  qu'un  semblable  éehouage  a  été 
indiqué  à  Darmon,  dans  le  même  département,  par  M.  Moquin-Tandon  (2). 

Un  peu  plus  à  l'est,  nous  mentionnerons  une  capture  certaine,  faite  en  4726,  à 
Saint-Hospice,  près  Villefranche  (Alpes-Maritimes).  II  s'agit  du  sujet  signalé  par 
Bayer  (5)  et  dont  Risso  (4)  a  fait  le  type  d'une  espèce  particulière  de  Dauphins,  sous 
le  nom  de  Delphmus  Baycri. 

Ce  que  dit  Bayer  de  la  présence  de  fortes  dents  sur  les  deux  côtés  de  la 
mâchoire  inférieure,  et  non  aux  deux  mâchoires,  comme  le  prétend  Risso,  et  la 
figure  qu'il  donne  de  cet  animal,  en  accompagnant  cette  figure  du  dessin  d'une 
dent  de  Cachalot  véritable  prise,  il  est  vrai,  dans  une  collection  et  non  sur  le  sujet 
décrit,  tout  cela  ne  permet  pas  de  douter  que  le  Cétacé  de  Bayer  ne  soit,  comme  le 
dit  d'ailleurs  cet  auteur,  un  animal  du  genre  qui  nous  occupe.  S'il  n'en  était  pas 
ainsi,  il  faudrait  ou  supposer  que  c'était  un  Orque,  ce  que  la  forme  du  corps  con- 
tredit évidemment,  ou  renoncer  à  le  classer,  et  il  n'y  aurait  alors,  dans  l'un  et 
dans  l'autre  cas,  aucun  motif  pour  admettre  l'espèce  proposée  par  Risso. 

Lacépède  (5)  cite  un  autre  Cachalot  pris,  en  -1715,  sur  les  côtes  de  Sardaigne,  et 
il  entre  également  de  semblables  animaux  dans  l'Adriatique. 

Le  squelette  d'un  Cétacé  de  ce  genre,  que  possède  le  musée  de  Vienne,  provient 
de  la  petite  bande  qui  fut  prise  dans  cette  mer  en  1855,  et  il  en  est  de  même  de 
ceux  que  l'on  voit  aux  musées  de  Munich  et  de  Trieste  (6).  Un  crâne  de  jeune  sujet 
conservé  au  musée  de  Berlin  est  également  de  l'Adriatique.  C'est  sans  doute  aussi 
sur  les  côtes  italiennes,  soit  dans  la  Méditerranée,  soit  dans  l'Adriatique,  qu'ont 
été  recueillis  les  ossements  de  Cachalots  que  l'on  voit  dans  les  musées  de  Pise  (7), 


l    I'.  Gervais,  Coin\)hs  rend,  hebd.,  t.  L1X,  p.  877;  1844. 

-'  A.  Frédol  [i-iuilin.ymc  de  Mo<|uin-TandonN  signale,  dans  son  ouvrage  intitulé  lo  Monde  de  In  mer, 
un  Cachalot  du  poids  de  4000  kil.  et  long  de  1-2°, 70  qui  aurait  échoué  en  novembre  1802  à  Darnion  (Var). 
Son  squelette  aurait  été  préparé  et  acquis  par  le  musée  de  Draguignan.  M.  Icard,  bibliothécaire  de  cette 
ville  que  j'ai  consulté,  m'a  écrit,  à  la  date  du  23  juin  1871,  que  cette  indication  élail  inexacte. 

!    .ii  lu  p/ii/Min-nii  ,1.  Acad.  Nat.  Curiosorum,  1734,  p.  2,  pi.  I. 

1    Europe  méridional'-,  t.  III,  p.  22. 

:;    Cétacés,  \>.  201. 

i.    Van  Bcneden,  Bulletin  Académ.  r.  de  Belgique,  i'  série,  t.  XXV,  p.  121. 
17]  Squelette  indiqué  par  M.  Van  Beneden  [lococit.,  p.  116). 


GENERALITES.  307 

de  Florence  (1)  et  de  Bologne  (2).  Nous  en  dirons  autant  de  deux  parties  osseuses, 
provenant  d'un  crâne,  très-mutilées  et  sans  indication  d'origine,  que  l'on  conserve 
dans  la  bibliothèque  de  Modène. 

On  a  gardé  l'indication  de  cinq  des  échouages  de  Cachalots  qui  ont  eu  lieu 
sur  nos  côtes  de  l'ouest  et  du  nord-ouest  (Océan  et  Manche);  ce  sont,  en  allant 
du  sud  au  nord  : 

\°  Le  Cachalot  rejeté  par  la  mer,  vers  le  milieu  de  novembre  4  872,  à  peu  de 
distance  du  phare  de  Biarritz,  dans  la  Conche  d'Amour.  L'animal  était  mort  et 
dans  un  état  de  putréfaction  avancée.  Il  était,  comme  la  plupart  des  Cachalots 
pris  isolément,  du  sexe  mâle;  sa  longueur  était  de  L2  mètres.  M.  Souverbie,  di- 
recteur du  musée  de  Bordeaux,  a  vainement  essayé  d'en  recueillir  le  squelette; 
l'état  de  la  mer  n'a  pas  permis  ce  travail  (5). 

2°  Le  Cachalot  venu  à  l'embouchure  de  l'Adour,  prèsBayonne,  le  -Ie'  avril  4  744, 
et  dont  Despelette,  major  de  l'hôpital  militaire  de  cette  ville,  envoya  un  dessin  au 
célèbre  chirurgien  Lapeyronie  :  l'animal  mesurait  49  pieds  de  long  et  avait 
L2  pieds  \  de  circonférence,  au  niveau  de  l'œil.  C'est  sans  doute  le  dessin  do 
Despelette  ou  une  copie  de  ce  dessin  que  possède  la  bibliothèque  du  Muséum. 
F.  Cuvier  l'a  reproduit  dans  son  Histoire  des  Cétacés  (4),  mais  en  supprimant  la 
nageoire  pectorale  de  gauche  qu'on  ne  devrait  pas  voir,  et  qui  a  fait  croire 
a  un  auteur  récent,  qu'on  avait  attribué  à  l'animal  une  nageoire  ventrale,  qui 
n'existe  d'ailleurs  chez  aucun  Cétacé. 

Deux  autres  dessins,  tirés  du  même  Cachalot,  existent  a  Bayonne  :  l'un  dans  la 
Bibliothèque  de  cette  ville,  donné  par  M.  de  Tolin;  l'autre  dans  les  registres  des 
délibérations  du  conseil  municipal.  Duhamel  en  a  publié  encore  un  autre  (5). 

5°  Les  54  Cachalots  (d'autres  disent  52)  échoués,  le  14  mars  1784,  dans  la  baie 
d'Audierne,  près  de  Primelin  (Finistère),  et  dont  tous  les  auteurs  parlent,  d'après 
la  lettre  de  l'abbé  Lecoz,  alors  insérée  dans  le  Mercure  de  France  et  les  renseigne- 
ments dus  à  quelques  autres  personnes.  C'était  presque  tous  des  femelles,  et  leur 


(1)  Mâchoire  inférieure  d'un  sujet  de  faible  dimension. 

(2)  Squelette  presque  entier,  de  sujet  adulte,  et  quelques  parties  d'un  second  exemplaire. 

(3)  P.  Gervais,  Journal  de  Zoologie,  t.  I,  p.  537;  1872. 

(4)  PI    XIX,  fig.  1. 

(5)  Hist.  nat.  des  Pèches,  part.  2,  section  X,  pi.  XV. 


308  CACHALOTS. 

longueur  variait  de  -Ma  15  mètres.  Deux  de  ces  femelles  mirent  bas,  l'une  deux 
petits,  l'autre  un  seul.  Ces  petits  mesuraient  5m,50.  Une  tête  de  sujet  adulte  et  d'au- 
tres pièces  du  squelette,  telles  que  la  plus  grande  partie  de  la  colonne  vertébrale, 
une  portion  de  l'hyoïde  et  du  sternum,  l'omoplate  et  les  os  longs  des  nageoires, 
furent  envoyés  à  Paris. 

P.  Camper  (4)  et  G.  Cuvier  (2)  ont  décrit  et  figuré  plusieurs  de  ces  pièces,  et 
nous  en  donnons  aussi  quelques-unes  dans  notre  Atlas. 

Bonnaterre  a  publié  une  figure  de  l'un  des  Cachalots  d'Audierne,  qui  lui  avait 
été  envoyée  par  M.  Chappuis. 

Un  crâne  moins  grand  que  celui  de  Paris,  mais  provenant  aussi  de  la  bande 
de  Cachalots  d'Audierne,  est  conservé  au  musée  Lafaille,  à  La  Rochelle. 

4°  Un  Cachalot  échoué  dans  la  baie  de  la  Somme,  près  Saint- Valéry,  le  1 9  jan- 
vier 1 769.  Il  n'est  connu  que  par  la  citation  qu'en  a  faite  Haillon,  sous  le  nom  de 
rhyseter  trumpo  (5)  que  Lacépède  avait  également  employé  pour  celui  de  l'Adour. 

5°  Un  Cachalot  échoué,  le  5  mars  4761,  à  quatre  lieues  de  Boulogne-sur-Mer,  et 
dont  il  y  a  un  dessin  conservé  à  la  Bibliothèque  de  cette  ville  (4). 

Il  était  également  venu,  dans  les  siècles  précédents,  des  animaux  du  même  genre 
sur  les  côtes  de  la  Belgique  et  sur  celles  de  la  Hollande  ainsi  qu'à  l'embouchure  de 
l'Elbe  ou  sur  des  poinls  plus  rapprochés  de  l'entrée  de  la  Baltique.  Le  Cachalot  si- 
gnalé par  Ambroise  Paré  fut  pris,  en  4  577,  à  l'embouchure  de  l'Escaut;  ceux 
qu'a  mentionnés  l'Ecluse  le  furent,  en  4598,  à  Berchey,  et,  en  1001,  à  Beverwïck, 
deux  points  de  la  côte  hollandaise  (5).  Deux  autres  avaient  antérieurement  été  cités 
par  Albert  le  Grand,  l'un  en  Frise,  l'autre  à  peu  de  distance  d'Utrechl.  C'est  ainsi 
que  ce  grand  naturaliste  avait  pu  reconnaître  l'origine  de  l'ambre  gris. 

On  possède  aussi  des  indications  relatives  à  des  captures  analogues  opérées  sur 
certains  poinls  des  côtes  britanniques;  mais  dans  plusieurs  cas  on  a  confondu  avec 
les  Cachalots  véritables  les  Globicéphales  qui  sont  beaucoup  moins  rares  et  dont 


(1)  Cétacés,  pi   XVIII,  XIX  el  XXVII. 

(2)  Ossements  fossiles,  t.  V,  1"  partie,  pi.  XXIV. 

i    CataL  des  l 'ertêbrès  de  lu  Somme  {Mém.  Soc.  r.  d'émulation  d'Abbeville,  1833,  p.  !>i>). 
',    p.  Fischer,  Journal  de  Zoologie,  t.  1,  p.  239;  1872. 

(5)  Camper  ne  nous  dit  pas  si  le  crâne  de  Cachalot,  conservé  dans  ['église  de  Schvelunge,  en  Hollande, 
dont  il  a  d'inné  des  figures  pi.  XVII ,  XX,  XXI  et  XXII  .  a  été  tiré  de  l'un  de  ces  exemplaires,  ce  qui  pa- 
raît néanmoins  assez  probable. 


GENERALITES.  309 

il  vient  régulièrement  de  nombreuses  bandes  aux  Orcades  et  surtout  aux  Féroë.  I.e 
petit  f.acbalot  de  Connaterre  n'e^t  autre  que  le  Globicéphale  ordinaire,  et  il  lui 
donne  même  son  nom  norvégien  de  Svine-Hval  (1).  Daubenton  en  avait  figuré, 
comme  étant  aussi  de  petit  Cachalot,  un  crâne  très-reconnaissable  (2). 

C'est  ainsi  que  Sibbald,  Anderson  et  d'autres  auteurs  plus  modernes  ont  été 
conduits  à  admettre  plusieurs  espèces  de  Cachalots  et,  dans  certains  cas,  plusieurs 
genres  de  ces  animaux. 

Cependant  il  est  venu  en  différentes  circonstances  des  Cétacés  du  genre  des  Ca- 
chalots véritables  sur  les  côtes  de  l'Angleterre  et  de  l'Ecosse.  Un  de  ceux  au  sujet 
desquels  on  possède  les  renseignements  les  plus  exacts  a  échoué  près  de  Witsta- 
ble,  à  peu  de  distance  de  Canterbury,  le  4  6  février  1829  (5). 

Un  autre  Cachalot  avait  été  pris  en  1769  sur  la  côte  de  Kent;  un  autre,  vers  la 
même  époque,  sur  celle  de  Norfolk  et,  dès  1689,  Sibbald,  à  qui  l'histoire  des  Cé- 
tacés est  redevable  de  précieuses  indications,  en  avait  déjà  signalé  un  dans  le  golfe 
de  Forth.  Enfin,  James  Robertson  avait  fait  une  observation  semblable  en  4770. 

M.  W.  Turner  (4)  a  donné  le  relevé  suivant  des  captures  de  Cachalots  connues 
jusqu'à  ce  jour  sur  les  côtes  écossaises  : 


LOCALITÉS. 

DATES. 

r<o»is  u'altelrs 

Limekilns 

ix°  ou  xc  siècle? 
février  1689 

1701 
février  1703 

1756 

1769 

vers  1800 

mars  1829 

juillet  1863 

juillet  1871 

George  Pétrie. 

H.  Sibbald. 

James  Paterson. 

R.  Sibbald. 

W.  Jardine. 

James  Robertson. 

George  Low. 

W.  Turner. 

J.  E.  Gray  et  Flower. 

W.  Turner. 

Koy  Sound,  Orkney 

Oban 

Je  ne  connais  pas  de  liste   analogue  pour  les  côtes   de  la  Scandinavie,   et 


(1)  Le  Delphinus  globiceps  de  Cuvier  ou  Globiocephalus  svineval  de  Gray  dont  il  sera  question  ultérieu- 
rement. 

(2)  Acad.  se,  1782,  p.  211,  pi.  I. 

(3)  H.  Wood,  Mag.  ofnal.  Hist.,  2'  série,  t.  III,  p.  198;  1829. 

(4)  Proceed.  r.  Soc.  Ediuburgh,  1871  72.  p.  644. 


il  il  CACHALOTS. 

M.  Lilljeborg  ne  comprend  pus  le  Cachalot  dans  la  liste  (jn'il  a  donnée  des  Cétacés 
de  cette  région  maritime;  cependant  M.  Malm  (4)  cite  le  Cachalot  parmi  les  Céta- 
cés dont  la  présence  a  été  constatée  sur  les  côtes  de  la  Suède,  et  Linné  (2)  l'avait 
déjà  indiqué  en  Norwége. 

Les  Cétacés  de  ce  genre  viennent  aussi  de  temps  en  temps  sur  les  côtes  des 
Ktats-Unis.  M.  Allen  (5)  les  indique  particulièrement  sur  celles  du  Massachussets, 
mais  comme  y  étant  rares.  M.  Scammon  (4)  dit  cependant  qu'il  en  descend  jus- 
qu'à 56°  de  latitude. 

Les  Cachalots  paraissent  s'étendre  encore  plus  au  nord  dans  le  grand  Océan  que 
dans  les  régions  correspondantes  de  l'Atlantique.  Il  en  vient  même  dans  la  mer 
d'Okhostk,  et,  parmi  les  figurines  en  bois  ou  en  os  employées  par  les  Aléoutes, 
qu'a  publiées  Chamisso,  celle  qui  porte  le  n"  VU  représente  certainement  un  Cétacé 
de  ce  genre  (S),  l'en  donne  de  mon  côté,  sur  la  planche  XX  de  cet  ouvrage,  une 
qui  a  sans  doute  la  même  origine.  Elle  est  en  os  de  Cachalot,  et  m'a  été  remise 
par  M.  le  professeur  Steenstrup. 

Les  mêmes  Cétacés  fréquentent  aussi  les  mers  de  L'hémisphère  austral,  et  ils 
sont  assez  abondants  sur  plusieurs  points  pour  que  les  baleiniers  leur  fassent  une 
chasse  régulière. 

On  n'a  pas  encore  réuni  des  matériaux  suffisants  pour  écrire  une  histoire  com- 
parative de  ces  animaux  qui  habitent  les  différentes  mers,  et  l'on  ne  sait  aussi 
que  très-peu  de  chose  sur  l'étendue  des  voyages  qu'ils  exécutent;  aussi  est-il  en- 
core bien  difficile  de  dire  s'ils  constituent  réellement  plusieurs  espèces,  et  surtout 
quels  sont  les  caractères  respectifs  de  ces  espèces.  Quant  à  leur  séparation  en 
deux  genres  sous  les  noms  de  Physeter  (Linné)  et  de  Catodon  (Arlcdi),  encore  ad- 
mise par  M.  Cray  (6),  elle  ne  repose  sur  aucune  indication  précise,  car  on  ne 
peut  attribuer  une  valeur  générique  au  développement  plus  ou  moins  grand  de 
la  nageoire  dorsale  non  plus  qu'à  la  forme  plus  ou  moins  relevée  du  museau. 


il,  Hvaldjuri  Suerigea  Museer,âr  1869,  p.  20  et  45. 

(2)  Fatum  mi,  ri,  ,,,  2    éd.,  |'.   16;  1761. 

;     Mammalia  of  Massachussets,  p.  239. 

l    On  theCetacea  ofthe  Western  coastof  North  America,  p. 50;  1869. 
Vova  Acta  Nat  nui,, s.,  t.  XII.  p.  1  ;  in-24. 

(6)  Catalogue,  p.   lit.",;  1866.  —  Supplément .  p.  !i8  ;  1871. 


GENERALITES,  :iu 

Toutes  les  pièces  ostéologiqucs  qu'on  a  recueillies  jusqu'à  ce  jour,  aussi  bien 
les  dents  que  les  squelettes  eux-mêmes,  indiquent  des  animaux  évidemment  con- 
génères les  uns  des  autres;  nous  ne  ferons  donc,  des  Cétacés  dont  il  s'agit,  qu'un 
seul  et  même  genre  sous  le  nom  de  Cachalots,  en  latin  Physeter. 

C'est  même  sous  toute  réserve  que  nous  devons  inscrire  ici  avec  leurs  noms  les 
espèces  enregistrées  dans  les  ouvrages  de  zoologie,  même  les  plus  récents. 

Les  Catodons  ou  physétères  à  tète  comprimée  et  coupée  carrément  en  avant,  les- 
quels n'ont  pour  dorsale  qu'une  saillie  en  forme  de  tubercule,  comprendraient 
les  trois  espèces  suivantes  : 

Le  Physeter  macrocephalus  OU  Cachalot  ordinaire,  —  le  Physeter  ausl/alis  ou  Ca- 
chalot des  mers  australes  de  Mac  Leay,  —  et  le  Cachalot  à  bosse  [Physeter  poly- 
cyphius)  de  Quoy  et  Gaimard. 

Aux  Physétères  à  tète  déprimée  et  à  dorsale  falciformc  (le  véritable  genre  Physeter, 
d'après  M.  Cray)  appartiendrait  au  contraire  comme  unique  espèce  le  Trumpo, 
de  Bonnaterre  et  de  Lacépède  [Physeter  trumpo). 

C'est  à  propos  des  Cachalots  des  mers  australes  qu'il  sera  question  du  Meganeuron 
lire/pil  distingué  par  M.  Gray  (I)  sur  l'examen  d'une  région  cervicale  dont  M,  Krefft, 
directeur  du  musée  de  Sidney  a  envoyé  des  photographies  à  l'Exposition  univer- 
selle de  1867. 

Nous  verrons  dans  un  autre  paragraphe  que  le  Cachalot  bréviceps  de  Blainville 
[Physeter  bréviceps),  qui  est  d'ailleurs  de  plus  petite  taille  que  les  Cachalots,  est  au 
contraire  facile  à  distinguer  de  ces  animaux,  et  nous  en  parlerons  sous  le  nom  de 
Kogia. 

Parmi  les  Cachalots  étrangers  aux  mers  d'Europe,  ceux  des  côtes  orientales  de 
la  Nouvelle-Hollande  sont  au  nombre  des  mieux  connus.  On  conserve  à  Sidney 
le  squelette  complet  de  l'un  de  ces  Cétacés,  et  il  y  en  a  également  un,  ayant  la 
même  provenance,  au  collège  des  chirurgiens  de  Londres. 

Ces  belles  pièces  ont  déjà  donné  lieu  à  des  publications  que  nous  devons  citer  : 

Wall,  Hist.  and  Descr.  ofihe Skeleton  of  a  Spermwhalc.  ln-8"  av.  pi.  Sidney;  18j0. 


(1)  Catalogne,  p  387. 


312  CACHALOTS. 

Flower,  On  the  Osteology  of  the  Cachalot  or  Sperme-Whale  (Trans.  Zool.  Soc.  London,  t.  VI,  p.  309,  pi.  LV 
à  LXI;  1868). 

Les  autres  documents  dont  la  science  dispose  ont  été  pour  la  plupart  tirés 
d'exemplaires  pris  sur  les  côtes  d'Europe,  ou  dont  la  provenance  n'est  pas  connue 
d'une  manière  certaine. 

Ils  sont  dus  aux  auteurs  dont  les  noms  suivent  : 

Camper,  Ostùologie  du  crâne  des  Cachalots  (Obsero.  anat.  sur  les  Cétacés,  p.  94  :  pi.  XVII  à  XXII,  pour 
le  crâne  des  Cachalots  d'Audierne  (l)etde  Schevelinge;  pi.  XXIII  a  XXVI,  pour  le  rocher  et  la  caisse  au- 
ditive; pi.  XXVII,  pour  le  maxillaire  inférieur  du  Cachalot  d'Audierne;  pi.  XXVIII,  pour  les  vertèbres  cer- 
vicales; 1820). 

G.  Cuvier,  Des  Cachalots  (Oss.foss.,  t.  V,  1"  partie,  p.  328,  pi.  XXIV,  fig.  1  à  18;  1825.) 

Brandt,  Medizinische  Zoologie,  t.  I,  p.  9,  pi.  XIII,  fig.  7  et  8  (2);  1829» 

De  Blainville,  Sur  les  Cachalots  {Ann.  franc,  et  ètr.  d'Anatomie  et  de  Physiologie,  t.  II,  p.  335;  1838). 

Beale,  Nat.  hist.  of  the  Sperm-Whale,  avec  fig.;  1839. 

R.  Owen  :  Skull  of  a  fœtal  Cachalot  (Descrip.  Catal.  ofthe  osteolog.  Séries  in  the  Muséum  of  the  r.  Col- 
lège of  Surgeons  of  England,  t.  II,  n°  2417).  —  Petro-tympanic  or  ear-bone  of  the  récent  Cachalot  (Brilish 
fossil  Mammals,  p.  526,  tlg.  20.  —  Structure  des  dents,  Odonlography,  p.  353,  pi.  LXXXIX  et  XC. 

Huxley.  Crâne  non  ossifié  d'un  fœtus  de  Cachalot  (A  Manual  of  the  Analomy  of  vertebraled  Animais, 
p.  401,  fig.  106,  in-18;  Londres,  1871). 

Turner,  Détails  sur  le  sternum  du  Cachalot  échoué  à  Skye,  en  1871  {Proceed.  r.  Soc.  Edimburgh,  1871-72, 
p.  636  . 

Nous  traiterons  successivement  dans  les  paragraphes  qui  vont  suivre  de  la  tête 
osseuse  des  Cachalots  —  de  la  colonne  vertébrale  et  des  autres  pièces  constituant 
le  squelette  du  tronc  et  de  la  queue  des  mêmes  animaux  —  de  leurs  membres  an- 
térieurs, en  y  comprenant  les  omoplates — du  labyrinthe  et  de  la  caisse  auditive 
—  et  ensuite  des  dents. 

Un  autre  paragraphe  sera  consacré  aux  fossiles  que  l'on  peut  attribuer  au  même 
genre  de  Cétacés. 

Cette  histoire  des  Cachalots  sera  suivie  de  la  description  des  Cétacés,  les  uns 
vivants,  les  autres  fossiles,  qui  tout  en  différant  génériquement  de  ces  animaux, 
s'en  rapprochent  cependant  par  l'ensemble  de  leurs  caractères  et  ont  pu  être 
classés  pendant  quelque  temps  dans  le  même  genre  qu'eux.  Le  Kogia  des  mers 
australes  rentre  dans  cette  catégorie. 


(1)  Le  crâne  d'Audierne,  qui  appartient  au  Muséum  de  Paris,  avait  été  précédemment  ligure  par  Lacé- 
péde  lllixt.  des  Cétacés,   pi.  11  . 

i>:  Deux  figures  représentant  un  bord  de  mâchoire  inlérieure  avec  ses  dents  et  deux  dents  tics-usées; 
pierrs  du  cabinet  de  Berlin 


SQUELETTE   ET    DENTITION    DU    CACHALOT 

CrAnc  —  La  tèle  osseuse  du  Cachalot,  si  différente  quelle  soit,  aussi  bien  de 
celle  du  Dauphin  proprement  dit  que  de  celle  de  la  plupart  des  Cétodontes, 
par  son  apparence  générale  et  surtout  par  les  traits  secondaires  qui  la  distin- 
guent, se  laisse  cependant  ramener  aisément  au  type  général  des  animaux  consti- 
tuant la  grande  division  des  Cétacés  ayant  les  mâchoires  garnies  de  dents  en  plus 
ou  moins  grand  nombre,  et  il  est  très-facile  de  saisir  les  particularités  fonda- 
mentales qui  l' éloignent  de  celle  des  Balénidés  ou  Cétacés  à  fanons  lorsqu'on 
l'examine  avec  attention  et  qu'on  la  compare  à  la  fois  à  celle  des  autres  Céto- 
dontes et  à  celle  des  Mysticètes;  nous  verrons  même  dans  plusieurs  des 
animaux  qui  se  rapprochent  du  Cachalot,  dans  le  Kogia,  l'Hyperoodon,  les 
Ziphius  et  le  Plataniste,  par  exemple,  un  lien  naturel  rattachant  ce  genre  à  celui 
des  Cétodontes  ordinaires,  et  ce  sera  aussi  l'examen  du  crâne  qui  nous  permettra 
de  juger  plus  sûrement  de  ces  analogies.  La  connaissance  du  squelette  du  Cachalot 
encore  jeune,  ou  même  à  l'état  fœtal,  est  d'un  grand  secours  dans  cette  recherche, 
car  la  forme  si  particulière  du  crâne  de  l'adulte  ne  se  trouve  pas  encore  complè- 
tement réalisée  à  cet  âge  et  les  os,  principalement  les  pariétaux  et  les  fron- 
taux, y  sont  encore  séparés  de  l'occipital  et  des  maxillaires  supérieurs,  aux- 
quels ils  se  joignent  bientôt  en  partie  pour  former  la  grande  muraille  osseuse 
qui  clôt  en  arrière  l'excavation  faciale  destinée  à  loger  la  masse  énorme  de 
sperma-céti  qui  s'accumule  au-dessus  de  la  face  des  animaux  de  ce  genre. 

C'est  principalement  à  cette  excavation,  que  l'on  peut  comparer  à  un  esquif, 
soit  encore  à  un  char  antique,  que  la  tête  du  Cachalot  doit  son  apparence  si  singu- 
lière. Elle  semble  largement  ouverte  en  dessus  et  se  trouve  formée  supérieurement 
et  sur  les  côtés  par  les  os  maxillaires,  qui  en  fournissent  en  partie  le  plancher 
et  les  parois  latérales  et  postérieures,  ainsi  que  par  les  incisifs  ou  intermaxillaires, 
appliqués  au  côté  interne  des  maxillaires  et  les  suivant  jusqu'en  arrière  des  na- 
rines dans  leur  portion  verticale.  Ceux-ci  laissent  voir  entre  eux  le  vomer,  en 

avant  des  narines  qui  sont  séparées  par  la  niasse  ethmoïdienne.   Pris  dans  son 

io 


314  CACHALOTS. 

ensemble,  le  vomer  représente  une   longue  gouttière  logeant  le   cartilage  ici 
aplati  qui  continue  en  avant  l'axe  du  crâne. 

Au-dessus  des  narines  et  accolés  contre  la  paroi  verticale  du  cirque  facial,  se 
voient  les  frontaux  formant  deux  plaques  inégales  séparées  l'une  de  l'autre  par  la 
partie  postérieure  et  montante  des  incisifs  et  en  rapport  par  une  sorte  de  suture 
écailleuse  avec  la  branche  également  montante  et  supranasale  des  maxillaires 
supérieurs.  Ces  os  ont  une  surface  considérable,  mais  ils  sont  inégaux  entre  eux. 

Sauf  la  portion  latéro-externe  des  os  frontaux  qui  constitue  la  partie  supé- 
rieure des  orbites,  le  bord  supérieur  des  os  zygomatiqnes  et  l'apophyse  du 
temporal  à  laquelle  ces  os  s'attachent,  c'est  à  peu  près  là  tout  ce  que  l'on  voit  du 
crâne  du  Cachalot  si  on  l'examine  par  sa  face  supérieure.  Le  bord  externe  des 
maxillaires  ne  commence  à  se  redresser  sensiblement  pour  limiter  latérale- 
ment l'excavation  supra-faciale  qu'en  arrière  des  trous  sous-orbitaires  qui  se 
voient  au  delà  de  l'échancrure  des  mêmes  os  précédant  les  orbites  et  à  peu  près  à 
la  hauteur  de  ces  trous  sous-orbitaires  que  la  déformation  naturelle  subie  par 
le  crâne  rend  ici  sus-orbitaires  contrairement  au  nom  qu'ils  méritent  dans  la 
plupart  des  autres  animaux. 

Eu  arrière  se  trouve  la  muraille  osseuse  limitant  la  cavité  faciale  de  ce  côté.  Les 
branches  montantes  des  maxillaires  ne  la  forment  pas  à  elles  seules.  L'occipital 
supérieur  s'applique  en  arrière  contre  cette  portion  des  os  des  mâchoires,  et  la 
muraille  acquiert  ainsi  une  remarquable  solidité  ;  mais  il  existe  entre  ces  deux 
principaux  éléments  osseux  de  la  partie  postérieure  du  cirque  facial  d'autres 
pièces  du  même  ordre,  dissimulées  chez  l'adulte,  dont  on  peut  retrouver  la  trace 
dans  des  crânes  encore  très-jeunes.  Ces  pièces  sont  à  leur  tour  constituées 
par  les  os  frontaux  et  pariétaux  dont  la  position  est  en  effet  intermédiaire  à  celle 
des  nasaux  et  ils  sont  appliqués  entre  les  maxillaires  et  l'occipital  supérieur,  les 
seconds,  c'est-à-dire  les  pariétaux,  ayant  avec  les  temporaux  des  connexions  qu'il 
importe  aussi  de  retrouver  dans  le  cas  qui  nous  occupe. 

Notre  collection  ne  possède  aucune  partie  susceptible  de  guider  dans  ces  dé- 
monstrations-, mais  il  existe  dans  le  Musée  hunlerien  un  crâne  fort  jeune,  que  j'ai 
pu  observer  avec  soin  cl  qui  permet  d'arriver  à  des  résultats  plus  précis.  Il  avait 
déjà  été  l'objet  d'une  étude  attentive  de  la  part  de  MM.  Owen,  Huxley  et  Flower. 
Les  frontaux   forment,  comme  d'habitude,  le  plafond  de  la  loge   orbilaire, 


CRANE.  3 1  ■> 

mais  chez  l'adulte  on  ne  les  distingue  plus  en  arrière  de  la  partie  postérieure 
et  montante  des  maxillaires  avec  laquelle  ils  se  soudent  pour  former  le  cirque 
entourant  la  masse  du  blanc  de  baleine.  La  face  antérieure  de  l'arrière-mu- 
raille  osseuse  est  due  à  la  réunion  de  ces  deux  sortes  d'os  et  la  postérieure 
à  l'occipital  supérieur.  Toutefois  ils  ne  sont  distincts  en  ce  point  que  pen- 
dant le  premier  âge,  leur  soudure  au  maxillaire  et  à  l'occipital  supérieur 
étant  fort  précoce.  Quant  aux  pariétaux,  ils  s'appliquent  plus  tôt  encore  contre 
la  face  antérieure  de  l'occipital  supérieur,  de  telle  sorte  qu'ils  ne  paraissent 
déjà  plus  le  long  de  la  crête  du  cirque  dans  les  jeunes  crânes  que  l'on  con- 
naît et  ils  n'y  forment  extérieurement  qu'une  très-faible  portion  de  la  fosse 
temporale.  Mais  une  coupe  longitudinale  permet  de  les  retrouver  dans  la  cavité 
cérébrale  en  tant  que  parois  de  cette  dernière;  ils  y  occupent  leur  place  ordi- 
naire, en  arrière  des  frontaux,  remontés  en  crêtes  dans  leur  partie  médiane, 
et  concourant  eux-mêmes,  comme  il  vient  d'être  dit,  à  solidifier  la  paroi  posté- 
rieure du  cirque. 

Ajoutons,  pour  compléter  l'examen  de  la  face  supérieure  du  crâne  du  Cacha- 
lot, que  les  intermaxillaires  font  antérieurement  une  faible  saillie  en  avant  des 
maxillaires  sur  le  bord  interne  desquels  ils  sont  appliqués  et  qu'ils  sont  nota- 
blement moins  larges  qu'eux.  Ils  ont  ensemble  une  apparence  hastiforme.  Un 
trou  répondant  au    trou  incisif   s'y  remarque   un  peu  en  avant  des  narines. 

Celles-ci  sont  très-inégales  en  dimension,  ce  qui  est  en  rapport  avec  la  dissy- 
métrie crânienne;  c'est  la  gauche  qui  est  la  plus  grande.  Entre  elles  se  voit  la 
saillie  elhmoïdienne  et  en  avant,  en  partie  caché  par  les  intermaxillaires,  l'os 
vomer  logeant  le  cartilage  sus-vomérien  qui,  habituellement,  a  disparu  dans  les 
crânes  conservés,  à  cause  de  son  peu  de  résistance. 

Le  vomer  se  montre  également  en  dessous,  entre  les  deux  maxillaires;  il  ne 
disparaît  que  sous  les  palatins  qui  sont  assez  grands  et  fortement  échancrés  en 
arrière  pour  recevoir  une  saillie  du  bord  antérieur  des  ptérygoïdiens,  os  rappro- 
chés l'un  de  l'autre  sur  la  ligne  médiane  et  qui  entourent  complètement  l'orifice 
postérieur  des  narines.  Le  jugal  épais  et  contourné  va  du  bord  postérieur  de 
l'échancrurc  faciale  des  maxillaires  jusqu'à  l'apophyse  ju gale  du  temporal  avec 
laquelle  il  articule,  mais  sans  former  dans  la  partie  par  laquelle  il  se  joint  à  cette 
apophyse  une  tige   grêle  comparable   à  celle  que  l'on  observe  chez  les  Delphi- 


316  CACHALOTS. 

nidés(l);    il  n'existe  plus  sur  notre  crâne  d'Audierne,  mais  on  le  retrouve  sui 
celui  du  squelette  acquis  par  Cuvier. 

On  ne  voit  pas  d'os  lacrymal  et  cet  os  paraît  ne  pas  exister. 

L'alisphénoïde  constitué  par  les  grandes  ailes  sphénoïdales  détachées  de  l'os  de 
ce  nom  existe  en  avant  et  au  dedans  de  la  portion  interne  du  temporal  dont  une 
partie  sert  comme  d'habitude  à  l'articulation  du  maxillaire  inférieur  et  forme  la 
cavité  glénoïde,  laquelle  est  peu  excavée.  On  voit  à  la  hase  du  crâne  en  arrière 
de  l'ouverture  postérieure  des  narines  une  courte  pièce  osseuse  répondant  au 
présphénoïde  ou  sphénoïde  antérieur  et  un  sphénoïde  postérieur  déjà  synostosé 
avec  le  basilaire  chez  les  jeunes  sujets  que  l'on  connaît  doit  être  également 
admis.  La  division  de  l'occipital  en  occipital  supérieur  et  occipitaux  latéraux 
disparait  aussi   de  très-bonne  heure. 

La  longueur  du  crâne  placé  dans  notre  Musée  est  de  4,50  et  sa  largeur  à 
la  région  frontale  de  2,00.  La  muraille  limitant  le  cirque  supra-facial,  est  haute 
de  I  mètre  en  arrière. 

La  tête  osseuse  du  Cachalot  n'est  pas  aussi  pesante  que  son  énorme  volume 
pourrait  le  faire  supposer.  Son  tissu  est  en  général  spongieux,  et  plusieurs  des  os 
qui  la  constituent  sont  creusés  de  nombreuses  cellulosités  de  la  grosseur  d'un 
pois  chiche,  mais  de  forme  irrégulièrement  polyédrique  qui  l'allègent  notable- 
ment. Ces  cellulosités  abondent  dans  les  os  intermaxillaires  et  maxillaires  supé- 
rieurs, structure  qui  a  même  fait  attribuer  à  un  crâne  d'Éléphant  un  fragment, 
osseux  présentant  les  cellules  dont  il  s'agit,  mais  qui  provenait  cependant  bien 
de  la  tète  d'un  Cachalot.  C'est  ce  qui  a  eu  lieu  pour  la  pièce  2  555  a  du  Musée  hun- 
térien.  M.  Flower  n'a  pas  tardé  à  rectifier  cette  erreur,  que  l'observation  du 
nombre  relativement  plus  grand  des  cellules  et  leur  moindre  dimension  permet 
d'éviter.  Ce  caractère  nous  a  aussi  conduit  à  attribuera  un  Cachalot  les  deux  grosses 
masses  osseuses,  sans  dénomination  et  sans  indication  d'origine,  conservées  dans 
la  bibliothèque  de  Kavenne  (2),  dont  nous  avons  parlé  précédemment. 

Le  rocher  est  petit;  nous  en  signalerons  plus  loin  la  partie  formant  le  labyrinthe 
et  nous  parlerons  alors  de  la  caisse  auditive  constituant  l'enveloppe  osseuse  de 
l'oreille  moyenne  qui  y  est  suspendue. 

(1)  L' no  des  figuras  de  Camper  lui  altribuo.  à  tort  cette  disposition. 
\i)  VA  non  de  Modène,  comme  nous  l'avons  dit  a  la  p.  .107. 


CRANE.  317 

Cette  description  abrégée  de  ia  tète  du  Cachalot  nous  conduit  à  parler  aussi 
de  la  mâchoire  inférieure  et  de  l'os  hyoïde  du  même  animal. 

La  mâchoire  inférieure  du  Cachalot  est  fort  allongée  et  se  trouve  ainsi  en 
rapport  avec  l'étendue  du  crâne,  mais  sans  que  ses  branches  aient,  comme  chez  les 
Baleines,  un  écartement  répondant  à  sa  largeur.  Ce  n'est  qu'en  arrière  et  auprès 
de  leur  articulation  avec  le  temporal  dans  la  cavité  glénoïde  qu'elles  montrent  un 
élargissement  comparable  à  celui  de  la  tète.  Elles  se  rapprochent  au  contraire  de 
plus  en  plus  en  avant,  et  leurs  deux  branches  se  symphysent  par  synehondrose  ou 
par  synostose  incomplète,  sur  une  étendue  qui  égale  plus  de  la  moitié  de  leur  lon- 
gueur respective. 

De  fortes  dents  sont  implantées,  sur  leur  bord  supérieur,  dans  toute  la 
partie  symphysée  et  un  peu  en  arrière  d'elle.  Les  condyles  articulaires  sont  peu 
saillants  et  à  peu  près  dans  l'axe  des  branches;  il  n'y  a  qu'un  rudiment  d'apo- 
physe angulaire  et  l'apophyse  coronoïde  forme  un  arc  surbaissé  partant  de  chaque 
condyle  pour  aboutir  â  la  ligne  dentaire.  L'ensemble  de  la  mâchoire  est  relati- 
vement grêle  et  sa  partie  inférieure  opposée  au  bord  dentaire  est  sensiblement 
convexe  et  comme  en  bateau.  L'ouverture  postérieure  interne  par  laquelle  entre 
le  nerf  dentaire  est  considérable  et  dans  la  forme  propre  aux  Cétodontes.  11  y  a 
plusieurs  trous  pour  la  sortie  des  nerfs  et  des  vaisseaux  le  long  du  bord  externe  ;  ils 
répondent  aux  trous  mentonniers  des  autres  mammifères. 

Toutes  les  mâchoires  inférieures  de  Cachalots  que  l'on  a  réunies  dans  les 
collections  ne  sont  pas  exactement  de  même  forme ,  et  les  dents  qui  y  sont 
implantées  présentent  aussi  quelques  différences  dans  leur  apparence  extérieure. 
Cuvier  a  essayé,  mais  sans  succès,  de  reconnaître  les  espèces  de  Cachalots  à  la 
forme  de  leur  mâchoire  inférieure  et  à  celle  de  leurs  dents. 

Cherchant  aussi  à  résoudre  cette  question  de  l'unité  ou  de  la  multiplicité  spéci- 
fique des  Cachalots,  de  Blainville,  qui  ne  possédait  non  plus  d'autre  crâne  en 
bon  état  que  celui  provenant  d'Audierne  (Finistère),  lequel  a  été  plusieurs  fois 
représenté  et  dont  nous  donnons  à  notre  tour  une  figure,  a  eu  aussi  recours 
aux  maxillaires  inférieurs  de  ces  animaux  que  nous  possédons  à  Paris  pour  essayer 
de  reconnaître  si  l'on  doit  admettre  plusieurs  espèces.  Il  a  publié  à  cet  égard 
une  note  que  nous  avons  citée  dans  la  partie  bibliographique  de  ce  chapitre  et 


318  CACHALOTS. 

qui  est  insérée  dans  les  Annales  françaises  et  étrangères  d'anatomic  et  de  physiologie 
pour  l'année  1858. 

Les  mâchoires  inférieures  de  Cachalots  que  de  Blainville  avait  alors  sous  les 
yeux,  et  dont  les  principales  sont  représentées  dans  notre  atlas,  lui  ont  paru  se 
rapporter  a  deux  ou  peut  être  trois  formes  spécifiques  distinctes. 

Voici  le  résumé  de  ses  remarques  à  leur  égard  : 

a.  lue  première  forme  est  indiquée  par  notre  Cachalot  d'Audierne  (PI.  XIX, 
j'kj.  6  et  <i  a)  dont  la  ligne  inférieure,  dit  l'auteur  cité,  est  assez  fortement  en 
bateau.  La  symphyse  va  jusqu'à  la  dix-neuvième  dent,  et  les  dents,  au  nombre 
de  vingt-cinq  tle  chaque  côté,  sont  obtuses,  émoussées  et  verticales,  si  ce  n'est  en 
arrière  où  elles  s'étalent  un  peu;  elles  sont  en  général  médiocres,  petites  même, 
et,  outre  les  latérales,  il  y  en  a  une  paire  beaucoup  plus  petite,  tout  à  fait  terminale 
eu  avant. 

De  Blainville  ajoute  que  l'on  doit  probablement  rapporter  à  cette  espèce,  qui  est 
le  Cachalot  macrocéphale  lui-même,  une  mâchoire  donnée  à  notre  collection  par 
E.  Geofl'roy-Saint-llilaire,  et  qui  ne  diffère  que  parce  que  ses  dents,  au  nombre 
de  vingt-six  d'un  côté  et  de  vingt-sept  de  l'autre,  plus  la  paire  antérieure,  sont  plus 
petites  encore,  parce  qu'elles  sont  sorties  de  leurs  alvéoles.  Plusieurs  autres  pièces 
de  la  collection  de  Paris  semblent  au  même  savant  appartenir  également  à 
cette  espèce,  c'est-à-dire  à  l'espèce  ordinaire,  et  il  serait  d'avis  d'y  réunir 
aussi  le  squelette  monté  dans  la  cour  du  cabinet  d'analomie  comparée. 

I>.  Une  seconde  forme  est  représentée  par  la  partie  dentaire  d'une  mâchoire 
à  bord  inférieur  beaucoup  moin  s  arqué,  presque  droit  et  dont  la  symphyse  atteint 
La  vingtième  dent.  «Toutes  les  dénis  sont  longues,  droites,  coniques,  subaiguës, 
fort  étalées  en  avant  et  presque  horizontales,  plus  courtes,  très-mousses,  obtuses 
sub-verticales  en  arrière.  » 

Cette  portion  de  mâchoire  inférieure  qui  a  été  rapportée  du  Cap  Horn  par 
M.  Daubrée,  de  Nantes,  a  déjà  été  Bgurée  par  Cuvier  dans  ses  Ossements  fossiles, 
I.  V.  p.  542,  PI.  24  [22~*  de  L'édition  in-8),  fig-  8.  Nous  en  donnons  deux  frag*- 
inents  sous  les  n    7  et  7  a  de  notre  Planche  \l\. 

De  Blainville  se  demande  si  l'on  doit  en  distinguer  un  autre  fragment  de 
mâchoire  inférieure,  également  signalé  par  Cuvier  (p.  nil,  même  planche, 
fig,  '.>  el  reproduit  dans  notre  allas  PI.  \l\,  ////.  8),  dont  la  symphyse  répond 


CRANE.  319 

aux  vingt  premières  dents.  Celles-ci  sont  verticales,  coniques,  pointues, 
recourbées  en  arrière,  où  elles  sont  également  plus  petites  «  à  en  juger  du  moins 
par  les  alvéoles  presque  en  contact,  sans  barre  osseuse  intermédiaire,  ce  qui 
indique  évidemment  un  jeune  âge.  » 

c.  Une  troisième  forme  serait  celle  d'une  mâchoire  inférieure  qui  semble  inter- 
médiaire aux  deux  précédentes;  «  elle  a  7  pieds  et  demi  de  long  sur  .">  pieds  \  pouces 
d'écartement aux  coudyles.  Le  symphyse  se  termine  enlre  la  vingtième  etlavingt- 
et-unième  dent;  la  ligne  inférieure  est  assez  arquée.  Ily  a  vingt-cinq  dents  latérales 
sans  paire  terminale  plus  petite;  elles  sont  assez  serrées  et  assez  grandes;  les  anté- 
rieures un  peu  étalées  et  plus  longues,  les  postérieures  presque  verticales, 
mousses  et  très-usées.  » 

De  Blainville  termine  en  disant  :  «  Quoique  nous  connaissions  fort  peu  les  limites 
de  variation  du  système  dentaire  des  Cachalots,  ou  entrevoit  cependant  la  possibi- 
lité que  les  deux  formes  principales  de  mâchoires  que  nous  venons  de  signaler 
indiquent  deux  autres  espèces  distinctes;  mais  la  difficulté  est  de  savoir  à  quelle 
forme  extérieure  chacune  d'elles  peut  répondre.  » 

Nous  reviendrons  sur  ce  sujet  en  parlant  du  système  dentaire  des  Cachalots, 
nous  bornant  à  rappeler  pour  le  moment  que  le  maxillaire  inférieur  des  animaux 
qui  nous  occupent  acquiert  une  très-grande  densité  et  qu'à  des  époques  très- 
diverses  on  s'en  est  servi  pour  la  fabrication  d'objets  d'art  que  leur  dureté  rend 
comparables  à  de  l'ivoire.  Les  Océaniens  eux-mêmes  les  ont  employés  pour  en 
faire  des  armes,  et  les  Européens  qui  se  sont  établis  les  premiers  dans  leurs  îles, 
particulièrement  à  la  Nouvelle-Zélande,  y  ont  trouvé  de  nombreux  instruments, 
tels  que  rames  de  commandement,  easse-tètes,  etc.,  faits  de  cette  substance. 

Un  a  décrit  plusieurs  exemples  de  maxillaires  inférieurs  de  Cachalots  infléchis 
ou  recourbés  sur  un  de  leurs  côtés  par  suite  de  la  torsion  simultanée  de  leurs 
deux  branches.  Ces  maxillaires  ne  devaient  plus  concourir  que  d'une  manière 
incomplète  à  la  mastication.  On  en  voit  un  au  Musée  de  New- York;  les  collec- 
tions de  Londres,  soit  le  Musée  britannique,  soit  le  Musée  hunléiien,  en  pos- 
sèdent aussi  chacune  un  et  il  en  existe  un  quatrième  au  Muséum  de  Paris  qui 
l'a  reçu  de  l'Ile  Maurice  par  les  soins  de  M.  Desjardins.  Nous  donnons  la  figure  de 
ce  dernier  sur  notre  planche  XIX,  sous  le  n°  10.  Ce  sont  la  autant  d'altérations 
pathologiques. 


320  CACHALOTS. 

Beale  (-1)  en  avait  déjà  cité  deux  cas.  Ceux  qui  existent  dans  les  collections  de 
Londres  ont  été  décrits  et  représentés  par  M.  J.  Mûrie  (2)  qui  en  signale  un  troisième, 
d'après  M.  Flower,  dans  le  Musée  de  Hull,  et  parle  aussi  de  celui  de  New- York; 
enfin  celui  du  Muséum  de  Paris  a  fourni  à  M.  P.  Fischer,  le  sujet  d'une  courte 
note  publiée  dans  le  Journal  de  M.  Robin  (5). 

o*  hyoïde.  —  L'hyoïde  du  Cachalot  n'est  pas  moins  singulier  que  plusieurs  des 
pièces  du  même  Cétacé  que  nous  avons  décrites,  mais,  jusqu'à  présent,  on  ne  le 
connaît  encore  qu'en  partie.  La  branche  styloïdienne  est  sans  doute  formée  de  trois 
pièces  successives  et  cylindroïdes  ;  le  corps  est  grand  et  irrégulièrement  scutiforme, 
à  peu  près  penlagonal,  ou  même  si  l'on  veut  hexagonal,  puisque  son  angle  anté- 
rieur est  tronqué,  et  les  deux  cornes  laryngiennes  que  ce  corps  supporte  con- 
stituent des  lames  irrégulièrement  ovalaires  dont  la  surface  est  considérable. 
L'hyoïde  de  Cachalot  dont  nous  figurons  une  partie  est  emprunté  au  Cachalot  de 
Tasmanie  et  tiré  du  Mémoire  de  M.  Flower.  Il  ne  se  distingue  pas  d'une  manière 
notable  de  celui  du  Cachalot  d'Audierne  dont  on  a  conservé  les  mêmes  pièces 
à  Paris.  Dans  ce  dernier  le  corps  mesure  0,40  d'avant  en  arrière,  0,50  trans- 
versalement dans  sa  partie  la  plus  large  et  0,26  en  arrière  des  deux  cornes 
laryngiennes.  Une  seule  de  ces  cornes  est  retenue  au  corps  par  synostose; 
pour  l'autre  l'articulation  n'était  encore  qu'à  l'état  de  carfilage- 

Coionne  vertébrale.  —  Les  vertèbres,  sauf  six  de  celles  qui  composent  le  cou, 
restent  distinctes  les  unes  des  autres  et  simplement  unies  entre  elles  pendant  la  vie 
de  l'animal  par  les  ligaments  fibro-élasliques  propres  aux  autres  animaux.  On  les 
distingue  en  vertèbres  du  cou,  du  dos,  des  lombes  et  de  la  queue. 

Des  sept  vertèbres  eervicales,  la  première  ou  l'atlas  est  seule  distincte,  les 
six  autres  se  soudant  pour  constituer  une  synostose  unique  dont  la  forme  n'est 
pas  moins  caractéristique  que  celle  de  l'atlas. 

Celui-ci  dont  nous  avons  vu  des  exemplaires  dans  un  assez  grand  nombre  de 
collections  est  très-élargi  transversalement  (0,82),  tandis  qu'il  n'a  que  0,42  de 
hauteur.  Son  arc  iieurapophysaire  est  assez  faible  et  surmonté  d'une  saillie  assez 
peu  sensible  ;    l'arc   inférieur    est  plus  épais,    mais  sans  acquérir    pour    cela 

I,  Nat.  Hist.oJ  the Sperm-Wahle,  p. 36;  1839. 

i]   l'roceed.  zool.  Soc.  London,  1865,  p.  390. 

i   Journal  <><■  r  inalomù  et  <!•■  l,i  Physiologie,  p.  382,  PI.  13,  //.</.  1. 


COLONNE    VERTEBRALE.  321 

beaucoup  de  force.  Le  canal  rachidien  y  est  percé  sous  la  forme  d'un  cœur 
dont  la  largeur,  sur  l'atlas  du  Cachalot  d'Audierne,  est  de  0,21.  Quelques 
différences  paraissent  se  manifester  avec  l'âge. 

L'atlas  du  Cachalot  de  Tasmanie  est  moins  large  que  celui  d'Audierne  et  sa 
perforation  rachidienne  est  moins  étranglée;  mais  il  faut  rappeler  que  cette  pièce, 
dont  nous  empruntons  le  dessin  à  M.  Flower,   est  d'un  sujet  moins  avancé  en 
âge,  et  il  en  est  sans  doute  de  même  pour  l'atlas  du  Cachalot  d'Australie  déposé' 
au  Musée  de  Sidney,  que  M.  Gray  attribue  au  Catodon  australis  de  Macleay  (-1). 

Des  modifications  dans  la  forme  de  l'atlas  du  Cachalot,  plus  particulièrement 
dans  son  diamètre  transversal ,  paraissent  avoir  lieu  à  mesure  que  l'animal 
vieillit  et  l'atlas  d'un  jeune  sujet  conservé  au  Musée  de  Berlin,  dont  M.  Flower 
m'a  remis  le  dessin,  est  moins  large  que  les  précédents,  ce  qui  vient  à  l'appui 
de  cette  opinion  ;  son  canal  rachidien  est  en  même  temps  plus  ample. 

On  est  ainsi  conduit  à  penser  que  l'atlas  (PI.  XVIII,  fig.  17)  (2)  et  la  synostose 
cervicale,  recueillis  sur  les  côtes  de  l'Australie,  à  propos  desquels  M.  Gray  a  fondé 
son  Meganeuron  Krefftii  (3),  lesquels  sont  sensiblement  plus  étroits  et  pos- 
sèdent un  trou  rachidien  plus  évasé,  ne  sont  qu'une  région  cervicale  de  Cachalot 
tirée  d'un  sujet  plus  jeune  encore;  cependant  on  ne  peut  émettre  à  cet  égard  que 
des  conjectures  qui  ont  besoin  de  la  sanction  de  l'avenir.  Au  dire  de  M.  Gray, 
M.  Krefft  partage  cependant  la  manière  de  voir  qui  vient  d'être  exposée. 

Les  six  vertèbres  qui  suivent  sont  réunies  entre  elles  par  une  synostose  précoce 
et  ne  constituent  par  conséquent  qu'une  seule  pièce,  dont  la  forme  n'est  pas 
moins  caractéristique  du  genre  Cachalot.  On  y  voit  en  avant  les  deux  facettes 
destinées  à  l'articulation  de  l'atlas  et  cette  partie,  qui  correspond  à  l'axis,  est 
sensiblement  plus  large  que  la  face  postérieure  fournie  à  son  tour  par  la  portion 
répondant  à  la  masse  cervicale  du  corps  de  la  septième  vertèbre,  prise  à  son  point 
d'articulation  avec  la  première  dorsale. 

L'axis  ne  présente  qu'une  faible  saillie  odonloïde. 


(1)  Gray,  Cat.  qf  Seals  and  Whales  in  ihe  brilish  Muséum,  p.  207,  fig.  b5;  1 866. 

(2)  D'après  la  photographie  dont  M.  Krefft  a  bien  voulu  nous  envoyer  un  exemplaire  et  que  M.  Gray  a 
reproduite  de  son  côté. 

.1    Gray,  loc.  cit.,  p.  Zi'i,fig.  94-96. 

4> 


322  CACHALOTS. 

Les  surfaces  antérieure  et  postérieure  de  la  synostose  cervicale  sont  à  peu 
près  dans  le  rapport  de  3  à  \ . 

La  masse  neurapophysaire  est  épaisse  et  les  arcs  latéraux  destinés  à  former  le 
canal  vertébral  restent  incomplets.  Cependant  on  retrouve  la  trace  des  six  vertèbres 
composantes  dans  la  mince  lame  fournie  bilatéralement  par  chacune  d'elles  et 
dans  les  cinq  trous  répondant  aux  trous  de  conjugaison  de  ces  vertèbres  que 
l'on  aperçoit  de  chaque  coté.  Des  indices  de  la  séparation  primitive  des  mêmes 
vertèbres  se  voient  aussi  à  la  face  externe  de  l'os  unique  quelles  forment;  mais  leur 
coupe  par  la  ligne  moyenne  de  la  synostose  exécutée  sur  notre  Cachalot  d'Au- 
dierne  ne  laisse  voir  qu'une  masse  spongieuse  homogène  sans  distinction  des 
corps  vertébraux  de  la  coalescence  desquels  elle  résulte.  C'est  ce  que  montre 
la  ji(j.  4  de  notre  PI.  XX.  Un  sujet  moins  avancé  en  âge  conserverait  cer- 
tainement la  trace  des  éléments  osseux  qui  ont  disparu  dans  la  pièce  ici 
réprésentée  et  on  les  retrouverait  d'une  manière  d'autant  plus  évidente  selon 
que  ce  sujet  serait  pris  à  une  époque  moins  reculée  de  sa  naissance. 

Feu  M.  Guyon,  chirurgien  en  chef  de  l'armée  d'Afrique,  qui  a  recueilli  en 
Algérie  beaucoup  de  curiosités  naturelles  et  les  a  obligeamment  communiquées 
aux  savants  qu'elles  pouvaient  intéresser,  a  envoyé  à  Paris  le  dessin,  exécuté  en 
18 il),  d'une  pièce  osseuse  trouvée  sur  la  rive  gauche  de  l'Oued-Ger,  rivière  qui 
coule  au  pied  de  la  montagne  où  se  trouve  l'hôpital  thermal  d'IIammam-Hiva. 
Cette  pièce,  qui  était  alors  la  propriété  d'un  cabaretier  habitant  le  village  des  Eaux- 
Chaudes,  sur  lafcroutede  Blidah  a  Milianah,  lui  a  paru,  dit-il  dans  la  note  de  lui 
que  j'ai  sous  les  yeux,  être  une  vertèbre  de  la  queue  d'un  gros  Cétacé;  mais  les 
ligures  jointes  à  cette  note  ne  laissent  aucun  doute  sur  la  nature  de  l'objet  dont  il 
s'agit,  lequel  aura  dû  être  porté  en  cet  endroit  par  l'homme  :  c'est  bien  une  syn- 
ostose cervicale  de  Cachalot,  et  elle  a  probablement  appartenu  à  quelque  exem- 
plaire de  ce  genre  capturé  sur  les  côtes  de  la  Méditerranée.  Dans  tous  les  cas,  on 
ne  saurait  y  voir,£dans  l'état  de  nos  connaissances  à  son  égard,  un  fossile  suscep- 
tible de  fournir  des  indications  utiles  relativement  à  la  géologie  du  pays  dans 
lequel  elle  a  été  ramassée. 

Les  Cachalots  paraissent  ne  pas  avoir  un  nombre  absolument  constant  de  ver- 
tèbres pour  les  deux  autres  régions,  soit  la  dorsale,  soit  la  loin bo- sacrée;  mais  la 
variabilité  est  moindre  sons  ce  rapport,  et  le  nombre  total  également  moins  consi- 


COLONNE    VERTEBRALE.  323 

dérable  qu'on  ne  serait  conduit  à  le  penser  en  tenant  compte  du  chiffre  de  qua- 
rante-quatre que  Cuvier  donne  pour  ces  deux  régions  réunies  et  de  celui  de  soixante 
attribué  par  cet  auteur  à  la  totalité  de  la  colonne  rachidienne.  On  a  d'ailleurs 
fait  depuis  longtemps  la  remarque  que  le  squelette  de  Cachalot  monté  sous  les 
yeux  de  Cuvier,  et  qui  est  encore  exposé  dans  la  cour  du  Cabinet  d'anatomie  com- 
parée, réunit  plus  de  vertèbres  que  ne  le  comporte  le  nombre  normal,  ce  qui 
tient  à  ce  qu'il  a  été  composé  de  parties  osseuses  provenant  de  différents  sujets 
acquises  en  bloc,  à  Londres,  en  -1818.  Aussi  les  vertèbres  ne  s'agencent-elles 
pas  toutes  les  unes  aux  autres  avec  la  régularité  que  comporte  le  rangement 
de  semblables  pièces  lorsqu'elles  sont  d'un  seul  et  même  individu.  Elles  paraissent 
cependant  provenir  toutes  du  genre  qui  nous  occupe,  et  je  ne  crois  pas  qu'elles 
soient  en  partie  de  Baleine,  comme  on  l'a  dit.  Quoique  les  Baleines  présentent 
entre  elles  certaines  différences  sous  le  rapport  de  la  forme  des  vertèbres,  elles  se 
rattachent,  sous  ce  rapport,  à  un  type  commun  qui  est  notablement  différent  de 
celui  dont  nous  traitons  ici. 

Comparées  à  celles  des  Balénidés,  les  seuls  Cétacés  avec  lesquels  leur  volume 
considérable  puisse  les  faire  confondre,  les  vertèbres  du  Cachalot,  soit  celles  du 
dos,  des  lombes  ou  de  la  queue,  peuvent  en  être  distinguées  avec  assez  de  facilité 
par  leur  forme.  Sans  avoir  la  partie  épineuse  des  neurapophyses  aussi  saillante 
que  les  Ziphoïdes,  il  l'a  cependant  plus  élevée  que  cela  n'a  lieu  chez  les  Baleines  et 
les  Rorquals  et  ces  apophyses  ont  aussi  une  forme  un  peu  différente. 

Les  apophyses  articulaires  antérieures  que  portent  les  apophyses  épineuses 
sont  courtes,  relativement  amincies,  et  de  moins  en  moins  indiquées  au  fur  et  à 
mesure  que  l'on  avance  dans  la  région  caudale,  région  dans  une  partie  de  laquelle 
elles  sont  au  contraire  écartées  et  sensiblement  épaissies  chez  les  vraies  Baleines, 
plus  particulièrement  chez  le  Mysticète.  Les  corps  vertébraux  offrent  aussi  cela  de 
particulier,  qu'au  lieu  d'être  en  façon  de  cylindres  raccourcis,  ils  ont  leurs  deux 
faces  latéro-supérieures  et  leurs  deux  faces  latéro-inférieures  obliques  et  légère- 
ment excavées.  Il  y  a  des  os  en  V,  dont  les  deux  premiers  et  les  derniers  sont  plus 
petits  que  les  autres,  à  quatorze  des  vertèbres  caudales.  Ces  os  manquent  au  con- 
traire,, ainsi  que  les  arcs  neuraux,  aux  dernières  caudales,  dont  la  forme  se  simplifie, 
mais  sans  devenir  identique  à  celle  des  Baleines  ou  des  Rorquals  et  sans  prendre 
non  plus  la  forme  qu'on  leur  connaît  chez  les  Dauphins. 


324  CACHALOTS. 

Le  nombre  des  dorsales  est  de  onze  dans  les  squelettes  décrits  qui  sont  ceux  de 
Thurso  en  Caithness  (Ecosse),  de  ïhunstall  en  Yorkshire,  de  Sydney  (M.  Wall) 
et  deTasmanie  (M.  Flower).  Je  trouve  toutefois  dans  mes  notes  que  celui  du  Musée 
de  Bologne  n'en  a  que  dis,  et  qu'il  y  en  a  au  contraire  douze  dans  celui  du  Musée 
de  Vienne,  squelettes  qui  proviennent  l'un  et  l'autre  de  sujets  pris  dans  l'Adriatique. 
Le  Cachalot  possède  habituellement  trente-deux  vertèbres  lombo-coccygiennes, 
savoir  :  huit  pour  la  partie  lombaire  comprenant  aussi  les  vertèbres  associées  dans 
les  animaux  terrestres  et  dans  les  Phoques  pour  constituer  le  sacrum,  et  vingt- 
quatre  pour  la  partie  coceygienne  ou  caudale.  Ces  chiffres  ont  été  constatés  dans 
les  squelettes  de  Thurso,  de  Thunsiall,  de  Sydney  et  de  Tasmanie.  Le  nombre 
trente-deux  peut  être  également  assigné  au  squelette  de  Bologne  qui  manque 
de  quelques-unes  des  dernières  caudales,  et  on  le  retrouve  dans  le  squelette 
du  Musée  de  Vienne. 

côtes.  —  Onze  vertèbres  portent  des  côtes  dont  la  dernière  est  beaucoup  plus 
petite  que  les  autres;  ces  côtes  ont  plus  de  ressemblance  avec  celles  des  Baleines 
par  leur  épaisseur  et  l'élargissement  des  premières  qu'avec  celles  des  Rorquals 
qui  sont  au  contraire  faibles. 

sternum.  —  Au  lieu  d'être  scutiforme  et  d'une  seule  pièce  comme  cela  a  lieu 
pour  celui  des  Baleines  et  même  de  l'inia,  quoique  ce  dernier  fasse  partie  des  Céto- 
dontes,  le  sternum  du  Cachalot  résulte,  de  même  que  celui  des  animaux  propres  à 
cette  grande  division  des  Thalassolhériens,  de  la  succession  de  plusieurs  sternèbres 
qui  sont  elles-mêmes  divisées  en  deux  portions  latérales  par  une  fissure  médiane, 
comme  c'est  aussi  le  cas  pour  les  Cétodontes  ziphioïdes.  La  première  paire  de  ces 
pièces  est  fortement  élargie  en  avant  et  elle  présente  dans  sa  partie  moyenne  une 
perforation  considérable  dont  d'autres  animaux  du  même  groupe  naturel  nous 
offrent  aussi  l'exemple.  L'hyoïde  et  le  sternum  du  Cachalot  de  Bologne  ressem- 
blent de  tous  points  à  celui  des  Cachalots  d'Audiernc  et  de  Tasmanie,  et  il  en  est  de 
même  de  celui  de  Sydney,  qui  montre  de  plus  la  troisième  des  pièces  sternébrales. 
L'exemplaire  pris  à  Skye,  en  Lcossc,  était  plus  avancé  en  âge  et  il  avait  les  deux 
premières  sternèbres  fortement  synostosées  par  leur  bord  interne  (1). 


(1)  Turnur,  Addilional  noteson  the  occurrena   oj  Spçrm-Whale  in  i lie  Scotis h.  Seas  (Journal  of  Anal. 
•uni  Pays.,  [>.  f.'ii,  cl  631  . 


MEMBRES.  325 

Os  iliaque.  —  L  ne  dernière  pièce  à  signaler  pour  le  tronc  est  l'os  iliaque,  qui 
paraît  formé  d'une  seule  pièce  comme  chez  les  autres  Cétodontes  et  dépourvu,  de 
même  que  celui  de  ces  animaux,  de  cavité  glénoïde  et  de  traces  de  membres,  tandis 
qu'on  en  observe  des  rudiments  plus  ou  moins  évidents,  suivant  le  genre,  chez  les 
Balénidés.  Nous  ne  possédons  pas  cette  pièce  en  nature,  mais  nous  devons  à 
M.  Flower  d'avoir  pu  en  faire  exécuter  un  moule  d'après  celle  qui  porte  le  n°  2400 
dans  le  Musée  huntérien.  C'est  un  os  cosliforme,  arqué,  rugueux  à  son  extrémité 
antérieure,  un  peu  aminci  en  arrière  et  qui  est  aplati  en  dedans  et  convexe  en 
dehors;  il  est  fortement  caréné  sur  le  trajet  de  son  bord  inférieur,  vers  le  milieu  ; 
sa  longueur  totale  est  de  0,50  (0,50  si  Ton  n'en  prend  que  la  corde),  et  il 
mesure  0,040  de  hauteur  vers  sa  partie  moyenne. 

Il  importe  toutefois  d'ajouter  que  M.  Wall  décrit  la  partie  pelvienne  du  sque- 
lette du  Cachalot  comme  formée,  pour  chaque  côté,  de  deux  pièces  dont  il  donne 
même  la  figure. 

Membres  antérieurs.  —  Si  nous  passons  aux  membres  antérieurs,  les  seuls 
qui  existent  chez  les  animaux  dont  nous  aurons  désormais  à  parler,  puisqu'il  n'y  a 
même  plus  chez  ces  derniers  les  rudiments  de  jambes  observés  chez  les  Balédinés, 
nous  constatons  qu'ils  ne  sont  pas  moins  différents  de  ceux  de  ces  grands  Cétacés 
que  les  pièces  appartenant  à  la  tète  et  au  tronc  ne  le  sont  à  leur  tour  de  leurs 
correspondantes,  prises  chez  les  mêmes  animaux. 

L'omoplate  des  Balénidés,  quoique  présentant  certaines  différences  secon- 
daires de  valeur  spécifique  ou  même  générique,  relève  d'une  forme  générale 
commune  qui  la  rend  facilement  reconnaissante  pour  appartenir  à  ce  groupe,  et 
d'autre  part  il  en  est  de  même  chez  les  Delphinidés,  dont  beaucoup  de  Cétodontes 
se  rapprochent  à  leur  tour  d'une  manière  plus  ou  moins  évidente.  Le  même  os, 
pris  chez  les  Cachalots,  n'est  pas  dans  ce  cas.  Il  a  une  apparence  qui  l'éloigné  sen- 
siblement de  celle  que  l'on  connaît  chez  tous  les  autres  Cétacés,  en  ce  sens  qu'il 
est  .beaucoup  plus  élevé  et  sensiblement  plus  étroit.  Sa  face  externe  est  aussi  plus 
excavée  et  son  acromion  est  surmonté  par  une  ligne  peu  saillante,  il  est  vrai, 
mais  très-apparente,  qui  constitue  une  véritable  épine.  Cet  acromion  est  cultri- 
forme;  il  dépasse  sensiblement  en  longueur  la  saillie  coracoïdienne. 

L'humérus  a  aussi  une  autre  forme  que  celui  des  Balénidés,  qui  est  court,  épais 
et  très-robuste,  surtout  chez  les  Baleines  proprement  diles.  Sa  diaphyse  est  plus 


326  CACHALOTS. 

longue  et  il  s'éloigne  aussi  par  là  de  celui  des  autres  Cétodontes,  plus  particulière- 
ment des  Delphinidés.  Il  est  assez  comprimé  et  l'on  voit  au  milieu  de  sa  face  anté- 
rieure une  forte  saillie  descendante  qui  est  la  saillie  deltoïdienne.  Son  extrémité 
inférieure  s'ankylose  plus  ou  moins  complètement  avec  l'avant-bras.  Elle 
mesure  dans  notre  sujet  d'Audierne  0,2o;  l'humérus  lui-même  est  long  de  0,42. 

Le  radius  représente  un  rectangle  un  peu  arqué  en  arrière;  sa  forme  est  com- 
primée et  il  s'ankylose  supérieurement  par  sa  partie  postérieure  avec  la  partie 
avoisinante  du  cubitus.  Sa  longueur  totale  est  de  0,25  et  il  a  0,15  inférieu- 
rement  d'avant  en  arrière. 

Le  cubitus  est  large  de  0,2G  supérieurement,  en  y  comprenant  l'apophyse 
olécrane  qui  est  forte  et  sécuriforme.  11  a  0,18  inférieurement  mesuré  d'avant 
en  arrière.  Sa  saillie  de  l'olécrane  atteint  0,07;  elle  est  plus  arrondie  chez 
le  sujet  de  Tasmanie  que  l'on  conserve  à  Londres. 

La  partie  terminale  du  membre  a  été  conservée  sur  plusieurs  squelettes, 
et  MM.  Wall  et  Flower  ont  pu  en  donner  la  description  ainsi  que  le  dessin. 

Il  y  a  cinq  pièces  au  carpe  plus  une  sixième  faisant  saillie  au  bord  postérieur 
et  qui  doit  être  regardée  comme  le  pisiforme. 

Les  cinq  pièces  carpiennes  sont  discoïdes  :  elles  restent  engagées  dans  le 
cartilage  formant  cette  région. 

M.  Flower  en  attribue  trois  au  procarpe,  c'est-à-dire  à  la  rangée  carpienne 
supérieure  des  autres  mammifères,  et  deux  au  mésocarpe,  ce  qui  en  constitue 
la  seconde  rangée.  Les  premiers  paraissent  répondre  au  scaphoïde,  peut-être 
confondu  ici  avec  le  trapèze  (trapézio-scaphoïde,  Flower),  au  lunaire  ou  semi- 
lunaire  et  au  pyramidal  ou  cunéiforme.  Les  deux  autres  ou  ceux  du  mésocarpe 
seraient  le  trapézoïde,  peut-être  confondu  avec  le  grand  os  (trapézo-magnum, 
FI.)  et  l'os  crocbu  ou  unciforme. 

Le  reste  de  la  patte,  c'est-à-dire  les  parties  métacarpienne  et  digitale,  con- 
serve d'une  manière  aussi  évidente  que  le  carpe  L'apparence  de  rame  propre  à 
l'embryon  de  tous  les  mammifères,  mais  qui  prend  ici,  comme  dans  les  Sirénides 
et  tous  les  Cétacés,  un  caractère  permanent  par  suite  de  l'arrêt  de  développement 
dont  son  évolution  morphologique  est  frappée.  Ses  parties  squelettiques  n'en 
subissent  pas  moins  leur  évolution,  puisque  les  os  s'\  développent,  mais  en  revê- 
tant, comme  chez  les  animaux  que  nous  venons  de  rappeler,  un  étal  d'infério- 


SYSTÈME  DENTAIRE.  327 

rite  en  rapport  avec  la  condition  imparfaite  de  ces  mammifères  aquatiques.  Il  y  a 
cinq  métacarpiens  et  cinq  séries  de  phalanges,  par  conséquent  cinq  doigts. 

Les  métacarpiens  sont  comprimés,  et  c'est  le  second  qui  est  le  plus  fort;  celui 
du  pouce  n'atteint  pas  eu  dimension  celui  du  cinquième  doigt  et  il  reste  le  plus 
court  de  tous;  les  troisième  et  quatrième  sont  à  peu  près  égaux  entre  eux. 

M.  Flower  ne  donne  qu'une  phalange  pour  le  pouce  (I),  et  attribue  cinq  au 
second  doigt,  un  pareil  nombre  au  troisième,  quatre  au  quatrième,  et  trois  au 
cinquième;  elles  sont  comprimées  comme  les  métacarpiens  et  ne  diffèrent  que 
très-peu  entre  elles  par  la  forme;  toutefois  leur  grandeur  décroit  pour  chaque 
doigt  de  la  première  à  la  dernière. 

Oreille  interne  et  oreille  moyenne.  —  Les  premières  descriptions  relatives  à 
ces  deux  parties  osseuses  sont  dues  à  Camper,  qui  a  donné  des  détails  étendus 
à  leur  égard  et  a  même  indiqué  la  forme  des  osselets  de  l'ouïe.  M.  Owen  a  depuis 
lors  reparlé  du  rocher  et  de  la  caisse.  L'une  et  l'autre  de  ces  pièces  sont  relative- 
ment petites  (2)  et  la  figure  publiée  par  lui  est  de  grandeur  naturelle,  bien  qu'il 
l'ait  donnée  comme  réduite  de  moitié.  On  conserve  plusieurs  pièces  analogues 
au  Collège  des  chirurgiens,  et  grâce  à  l'obligeance  de  M.  Flower,  nous  avons 
pu  en  faire  mouler  une  pour  nos  galeries  (5). 

La  caisse  n'a  que  0,065  de  long  et  0,045  d'élévation.  Son  bord  libre  présente 
une  forte  dépression  médiane,  et  la  face  opposée  a  ses  deux  moitiés  très-inégale- 
ment saillantes.  En  somme,  elle  diffère  notablement  de  la  caisse  des  Balénides,  et  il 
est  même  assez  facile  de  la  distinguer  aussi  de  celle  des  autres  Cétodontes,  même  de 
celle  des  Hyperoodons,  qui  sont  cependant  au  nombre  des  Cétacés  de  cette  division 
qui  sont  les  plus  voisins  des  Cachalots. 

Système  dentaire.  —  Les  dents  du  Cachalot  sont  uniradiculées,  implantées 
dans  des  alvéoles  qui  ne  se  délimitent  bien  qu'avec  l'âge,  fortes,  à  racine  obtuse 
et  épaisse  lorsque  leur  ossification  est  terminée,  à  couronne  saillante  et  formant 
un  cône  à  peu  près  droit  ou  plus  ou  moins  arqué  en  arrière;  elles  sont  grossière- 


(1)  M.  Wall  en  ligure  trois,  mais  il  n'est  pas  probable  que  son  dessin  soit  exact. 

2)  Une  expansion  osseuse,  aliénant  au  labyrinthe,  pourrait  bien  répondre  au  mastoïdien;  c'est  ce  que 
nous  discuterons  ailleurs. 

:i)  Celle  que  porte  sur  le  Catalogue  de  Londres  le  n"  2455  b. 


328  CACHALOTS. 

ment  coniformes,  et  leur  masse  est  assez  volumineuse  pour  qu'on  les  utilise 
comme  ivoire.  Ainsi  employées,  elles  se  distinguent  aisément  de  l'ivoire  tiré  des 
incisives  ou  défenses  de  l'Éléphant,  parce  que  leur  substance  ne  présente  pas  les 
mêmes  figures  losangiques,  et  qu'elles  sont  en  outre  entourées  sur  toute  leur  sur- 
face d'une  forte  couche  de  cément.  On  peut  encore,  à  l'aide  de  ce  dernier  caractère, 
différencier  également  les  dents  du  Cachalot  des  canines  du  Morse,  qui  manquent 
aussi  de  cément  et  ont  d'ailleurs  une  toute  autre  forme.  Les  dents  du  Cachalot  peu- 
vent égaler  0, 1 6  en  longueur  et  avoir  0,06  de  largeur  moyenne  ;  celles  des  parties 
anlérieures  et  intermédiaires  de  la  mâchoire  sont  plus  grandes  que  les  autres;  les 
postérieures  sont  moins  fortes;  et  ce  sont  elles  qui  s'usent  les  premières.  L'ensemble 
de  ces  dents  garnit  les  deux  côtés  du  maxillaire  inférieur  et  s'étend  un  peu  au  delà 
de  sa  partie  symphysaire.  Elles  ne  se  touchent  pas,  mais  laissent  entre  elles  un  inter- 
valle à  peu  près  égal  à  la  longueur  de  leur  couronne.  Le  nombre  n'en  est  pas  abso- 
lument fixe;  il  peut  même  y  avoir  pour  un  même  sujet  une  légère  différence  entre 
les  deux  côtés.  Habituellement  on  en  compte  vingt-cinq  paires,  quelquefois  il  y  en 
a  vingt-quatre,  d'autres  fois  de  vingt-sept  ou  même  vingt-huit;  mais  il  ne  paraît  pas 
que  ce  soit  là  un  caractère  spécifique,  et  jusqu'à  présent  l'étude  de  la  forme  de  ces 
dents  n'a  conduit  qu'à  des  indications  peu  précises.  Elles  peuvent  être  droites, 
oviformes,  à  grand  axe  vertical,  un  peu  fusif ormes,  faiblement  arquées  ou,  au  con- 
traire, plus  notablement  incurvées  en  arrière  et  à  fût  moins  élargi,  comme  c'est  le 
cas  pour  le  fragment  de  mâchoire  de  la  PL  MX,  fig.  S,  qui  provient  d'un  Cachalot 
pris  au  Cap  Horn. 

Certains  Cachalots  ont  la  première  paire  de  dents  notablement  plus  petite  que  les 
autres;  il  peut  se  trouver  des  individus  de  cette  forme  dans  nos  mers,  comme  le 
Cachalot  d' Audierne,  en  partie  conservés  au  Muséum  de  Paris  ;  il  en  est  de  même  pour 
celui,  appartenant  au  Collège  des  chirurgiens  de  Londres,  qui  est  de  Tasmanie. 
La  couronne  des  dents  a  sa  surface  plus  lisse  que  la  racine,  où  l'on  voit  la  trace 
de  sillons  et  de  tubercules  assez  faibles,  il  est  vrai,  et  irrégulièrement  distribués. 

Ces  détails  s'appliquent  aux  dentsdela  mâchoire  inférieure.  Celles  de  la  mâchoire 
supérieure  sont  moins  bien  connues,  mais  leur  existence  est  incontestable,  quoi- 
qu'elles ne  laissent  pas  d'empreintes  alvéolaires  et  qu'on  n'en  sache  pas  le  nombre. 
Elles  sont  plus  petites  que  celles  d'en  bas  et  habituellement  de  forme  irrégulière 
ou  parfois  contournées.  Klles  paraissent  tomber  de  bonne  heure.  Nous  donnons  la 


ESPECES  FOSSILES.  329 

ligure  d'une  de  ces  dents  (I),  ce  qu'ont  également  fait  de  leur  côté  MM.  Owen  et 
Flower. 

La  dentition  de  lait  du  Cachalot,  pas  plus  que  celle  des  autres  Cétodontes,  ne 
nous  est  encore  connue,  aussi  doute-f-on  qu'elle  existe;  mais  de  nouvelles  obser- 
vations pourront  seules  permettre  de  résoudre  cette  question. 


OSSEMENTS  ET  DENTS  FOSSILES  PROVENANT  DES  CACHALOTS 

Cachalot  piiocèue  de  Montpellier.  —  Pendant  mon  séjour  dans  cette  ville, 
j'ai  obtenu  des  sables  marins  qui  l'environnent,  sables  que  l'on  attribue  aux  assises 
anciennes  du  pliocène  et  dont  un  des  fossiles  les  plus  caractéristiques  est  le 
Rhinocéros  megarhinns,  de  Christol,  appartenant  à  l'espèce  trouvée  d'abord  en 
Piémont  par  Cortesi  et  qui  doit  conserver  le  nom  de  Rhinocéros  leptorhinus  (2), 
des  débris  que  l'on  peut  rapporter  sans  hésitation  au  même  genre  que  le  Cachalot 
véritable  (Physeter  macrocephahis).  Peut-être  ne  devront-ils  pas  en  être  séparés  spé- 
cifiquement, lorsque  les  caractères  des  animaux  dont  ils  proviennent  auront  pu  être 
comparés  d'une  manière  suffisante  avec  ceux  du  Cachalot  actuel.  Feu  M.  de  Christol 
avait  fait  antérieurement  la  même  remarque.  J'ai  provisoirement  indiqué  ces 
restes  fossiles  de  Cachalots  comme  provenant  d'une  espèce  éteinte  sous  le  nom 
de  physeter  antiquus  (5).  Parmi  eux  figurent  plusieurs  dents  dont  quatre  sont 
représentées  sur  la  planche  XX  de  notre  atlas,  sous  les  nos  9  à  \'l,  réduites  à  la 
moitié  de  la  grandeur  naturelle.  Quoiqu'elles  aient  sans  doute  appartenu  à  une 
seule  et  même  espèce,  elles  diffèrent  cependant  entre  elles  par  des  caractères  de 
forme  comparables  dans  leur  importance  à  ceux  que  nous  observons  chez  les 
Cachalots  actuels  et  que  l'on  a  été  tenté  dans  certains  cas  d'attribuer  à  plusieurs 
espèces.  Celle  figurée  sous  le  n°  12  s'éloigne  surtout  des  autres  sous  ce  rapport. 


(1     Pi.  XX,  fiq.  5. 

(2)  Voir  P.  Gerv.,  Zool.  et  Pal.  franc.,  p.  91 

(3    Ibid..  p.  285,  PI.  3,  fig.  10-11. 

4a 


330  CACHALOTS. 

I  ii  fragment  considérable  de  mâchoire  inférieure  du  côté  droit  trouvé  au  même 
lieu,  qui  m'a  été  remis  par  M.  Bourlier,  ne  laisse  non  plus  aucun  doute  sur  ses 
caractères  génériques.  J'en  ai  déjà  publié  l'indication  l'Ii  cl  j'en  donne  aujourd'hui 
une  nouvelle  figure  (PI.  \\,  fig.  15  el  15  a).  Il  répond  à  la  fois  à  une  partie  de  la 
symphyse  et  au  commencement  delà  région  où  les  deux  branches  mandibulaires 
s'écartent  l'une  de  l'autre.  On  y  voit  l'empreinte  alvéolaire  de  huit  ou  neuf  dénis; 
sa  longueur  est  de  1,50;  sa  face  externe  paraît  plus  aplatie  qu'elle  ne  l'est 
d'habitude  chez  les  animaux  de  ce  genre,  mais  il  est  bien  difficile  de  dire  que  ce 
soit  là  l'indice  d'une  différence  d'espèce. 

Cachalot  «in  pliocène  <ic  la  Gironde.  —  En  mentionnant  les  Cachalots 
fossiles  de  Montpellier,  j'ai  fait  connaître  l'existence  (2)  de  débris  analogues  trou- 
vés par  feu  M.  Pedroni,  géologue  de  Bordeaux,  dans  un  dépôt  attribué  au  même 
âge,  c'est-à-dire  au  pliocène,  qui  fait  partie  du  département  de  la  Gironde. 

M.  Owen  (3)  avait  figuré  antérieurement  une  dent  de  Cachalot  trouvée  dans  les 
couches  plionnes  récentes  de  la  côte  d'Essex,  mais  que  Ton  peut  attribuer  à  un 
sujet  de  l'espèce  qui  visite  encore  nos  mers  tout  autant  qu'à  un  animal  réel- 
lement fossile. 

On  pourrait  émettre  le  même  doute  au  sujet  de  deux  dénis  de  même  forme 
provenant  du  post-pliocène  de  Holmes,  dans  la  Caroline  du  Sud,  que  M.  Gibbesa 
le  premier  signalées  comme  étant  en  effet  de  Physekr  macrocephalus  (4)  et  dont 
M.  Leidj  lait  aujourd'hui  son  Catodon  velus  (5)  après  les  avoir  décrites  précédem- 
ment sous  le  nom  de  Physeter  antigutis  (6). 

On  suppose  que  des  débris  provenant  de  Cachalots  qui  ont  aussi  été  recueillis 
dans  les  Etats-Unis,  ont  servi  à  l'établissement  des  genres  Megistosaurus  de 
Godmann  l")  et  Nephrosteon  de  Rafinesque  (8),  mais  nous  ne  possédons  d'autres 
renseignements  à  cet  égard  que  ceux  donnés  par  llarlan|9). 


i  H.',,,     Icad.  de  Montp.,  I    V,  p.   L22,  PI.  4,  fig.  8-9  ;  1861. 

>  Zool  1 t  Pal    franc  ,  p.  285 

::  British  fossil    Wammalsanà  Birds,  p.  524,  fia.  217. 

i  Journ    Acad.  nat,  se,  1847. 

5  Extinct  fauna  oj  Dakota  and  Nebraska,  p.  4  36  ;  1869 

6  P  o  ■  i  i     i'  ad   mil.  te;   1860. 

!',  [rm  ,  il  un    Joui  i,    nj    u  ,,  ,,,■,  v  ;    182N. 

H)  Atlantic  Journ.    1833. 

9  Med.  and  phys.  Researches,  p.  279;  1835, 


ESPÈCES  FOSSILES.  331 

Cachalot  fossile  <lu  département  îles  inmliv  - —  Je  suis  porte  à  regarder 
comme  ayant  aussi  appartenu  à  un  animal  de  ce  groupe  un  fragment  d'os  incisif, 
dépose'-  dans  la  collection  du  Muséum  ,  qui  a  été  découvert  à  Tartas,  département 
des  Landes,  localité  (I)  qui  a  fourni  les  ossements  du  petit  Hippopotame  de.Cuvier 
(Hippopotamus  minutus,  id.)  que  j'ai  montré  (2)  appartenir  au  genre  Chœropsis,  ayant 
pour  type  le  petit  Hippopotame  de  Libéria  (//.  (iùeriensis).  Ce  fragment  (PI.  \\. 
fi<j.  14)  (3)  est  la  partie  terminale  de  l'os  incisif  droit;  sa  l'orme  est  à  peu  près 
aplatie  en  dessus,  également  aplatie,  mais  obliquement  inclinée  vers  la  ligne 
interne,  en  dessous  de  la  gorge  qui  longe  son  bord  interne  et  répond  à  l'emplace- 
ment du  cartilage  sus-vomérien  ;  tout  cela  répète  assez  exactement  ce  que  l'on 
voit  dans  le  Cachalot  ordinaire,  mais  avec  uwc  dimension  à  peu  pics  moindre  de 
moitié.  La  Longueur  de  la  partie  conservée  est  de  0,59;  la  base  du  fragment 
osseux  a  0,10  environ  de  largeur  et  0,033  d'épaisseur  à  son  bord  interne. 

Celte  pièce  est  la  dernière,  parmi  celles  que  nous  avons  observées,  qui  paraisse 
provenir  d'une  espèce  du  genre  Cachalot,  encore  cette  supposition  mérilc-t-clle 
d'être  confirmée;  celles  dont  il  va  être  question  maintenant  indiquent  des  animaux 
voisins  de  ceux  dont  nous  venons  de  parler,  mais  qu'on  ne  saurait  considérer 
comme  en  étant  congénères.  La  connaissance  en  est  encore  bien  peu  avancée,  et  il 
est  probable  que  plusieurs  des  dénominations  qu'on  leur  a  imposées  devront  être 
supprimées,  comme  faisant  double  emploi,  à  mesure  qu'on  aura  l'occasion  d'étu- 
dier les  différents  genres  auxquels  ils  ont  donne  lieu  sur  des  matériaux  plus 
complets.  Nous  traiterons  de  ces  genres  dans  les  paragraphes  qui  vont  suivre. 


(1)  J'ignore  si  c*est  le  même  gisement. 

(2)  Zool.  et  Pal.  génér.,  p.  25(1. 

(3)  Figure  retournée  par  l'impression. 


332  GENRES    ÉTEINTS    VOISINS    DES   CACHALOTS. 


CÉTACÉS  FOSSILES  AYA>sT  DES  RAPPORTS  AVEC  LES  CACHALOTS, 
MAIS  DE  GENRES  PARTICULIERS,  TROUVÉS,  POUR  LA  PLUPART,  DANS  LE  CRAG  D'ANVERS. 


§    I. 

DE  L'HOMOCETUS  VILLERSII  [DU  BUS), 
GENRE  DE  PHYSÉTÉR1ENS  FOSSILE  DANS  LES  DÉPOTS  DU  CRAG  D'ANVERS. 

On  distingue  parmi  les  nombreux  débris  fossiles  retirés  du  crag  d'Anvers, 
dont  la  science  doit  en  grande  partie  la  conservation  à  M.  Du  Bus,  de  l'Académie 
royale  de  Belgique,  des  pièces  rappelant  à  beaucoup  d'égard,  par  leurs  princi- 
paux caractères,  celles  qui  constituent  le  squelette  du  Cachalot,  et  il  suffirait,  pour 
démontrer  la  présence  dans  ces  dépôts  d'une  espèce  très-rapprochée  de  ce  dernier, 
mais  non  son  congénère,  du  maxillaire  inférieur,  non  encore  décrit,  indiquant 
un  animal  d'un  tiers  moindre  environ  que  nos  Cachalots  de  moyenne  taille, 
que  le  Musée  royal  de  Bruxelles  a  reçu  des  riches  gisements  dont  nous  venons 
de  rappeler  le  nom. 

Cette  mâchoire  est  longuement  symphysée  et  les  dents  y  ont  une  forme  et  un 
mode  d'implantation  comparables  à  celui  qui  s'observe  chez  les  Cachalots,  bien 
qu'elles  soient  plus  grêles  et  proportionnellement  plus  longues.  Elles  ont  de  0, 1 1 
è  0,1:2,  ont  aussi  l'ivoire  revêtu  de  cément  et  sont  un  peu  en  pointe  à  leurs 
deux  extrémités. 

J'ai  signalé  la  pièce  dont  il  s'agit  dans  mon  Mémoire  sur  les  Mammifères  fossiles 
de  l'Italie  (II,  mais  en  me  bornant  a  appeler  sur  elle  l'attention  des  observateurs. 

M.  Du  Bus  avait  précédemment  parlé  des  Cachalots  ou  animaux  voisins  des 
Cachalots  dont  on  trouve  les  débris  dans  le  crag  d'Anveis.  Il  signale  en  particulier 


I)  Journ.  de  Zooloyii-,  t.  I.  p.  2Ji;  1872. 


GENRE  HOMOCETUS.  333 

quatorze  vertèbres  provenant  toutes  du  même  individu,  qui  ont  été  déterrées  au 
fort  de  Vilryck  en  4  86-1,  et  parmi  lesquelles  se  trouvent  «  un  atlas  libre,  et  les 
cinq  suivantes  intimement  soudées  ».  Il  a  depuis  lors  donné  à  l'espèce  que  ces 
débris  représentent  le  nom  d'HoMOCJETUS  Williersii  (I). 

Peut-être  faudra-t-i!  attribuer  au  même  animal  c'est-à-dire  à  l'IIomocète,  la 
région  cervicale,  privée  de  son  atlas,  que  possède  notre  collection  et  dont  j'ai 
donné  une  coupe  verticale  exécutée  suivant  le  plan  médian,  sous  le  n°  4  b*  de  la 
Planche  XX  de  cet  ouvrage. 

Nous  avons  montré  plus  haut  que  la  trace  des  vertèbres  formant  par  leur  réu- 
nion la  synostose  cervicale  du  Cachalot  actuel  disparaissait  avec  l'âge  et  que 
dans  l'animal  adulte  on  ne  saurait  plus  les  distinguer  les  unes  des  autres. 
Il  n'en  est  pas  ainsi  pour  l'animal  dont  je  parle  maintenant  quoique  l'ensemble 
de  la  pièce  qui  nous  le  représente  indique  une  forme  de  région  cervicale  tout  à  l'ail 
comparable  à  celle  du  Cachalot,  dont  elle  a  même  les  plis  extérieurs  représentant 
les  corps  vertébraux  soudés  entre  eux.  La  coupe  verticale  opérée  par  le  milieu 
de  ses  corps  vertébraux  montre  que  les  vertèbres  ne  sont  pas  entièrement 
confondues  entre  elles,  et  il  est  d'autant  plus  facile  de  les  compter  qu'un  petit 
intervalle  sépare  par  endroits  les  uns  des  autres  les  disques  qui  les  représentent; 
mais  il  existe  par  rapport  au  Cachalot  cette  double  différence  que  la  pièce  dont  nous 
parlons,  tout  en  provenant  d'un  sujet  adulte,  indique  une  moindre  dimension  et 
qu'il  n'y  a  que  quatre  vertèbres  soudées,  les  deuxième  à  cinquième,  au  lieu  de 
six,  les  cinquième  et  sixième  étant  libres  de  même  que  l'atlas. 

La  longueur  totale  de  ces  quatre  vertèbres  synostosées  est  de  0,06o  seulement. 

Nous  avons  donc  affaire  ici  à  un  animal  différant  génétiquement  du  Cachalot, 
quoique  se  rapprochant  de  ce  grand  Cétacé;  mais  cet  animal  est-il  le  même  que 
celui  dont  proviennent  la  mâchoire  inférieure  conservée  à  Bruxelles  et  d'autres 
pièces  osseuses,  appartenant  aussi  à  ce  riche  Musée,  qui  indiquent  un  Cétacé  com- 
parable au  Cachalot,  mais  de  moindre  dimension;  c'est  ce  qu'il  ne  m'est  pas  encore 
possible  de  décider,  n'ayant  pu  faire  de  ces  débris  une  étude  suffisamment 
complète. 


1)  Bull.  Acad.  r.  Belgique,  %'  série,  t.  XXIV,  p.  572;  1  «07. 


334  GENRES  ÉTEINTS   VOISINS    DES   CACHALOTS. 

Afin  donc  de  laisser  cette  question  indécise,  je  me  bornerai  à  signaler  l'espèce 
à  laquelle  appartient  la  synostose  cervicale  dont  il  vient  d'être  parlé  comme 
se  rapportant  à  un  genre  différent  de  celui  des  Physéters  ou  Cachalots  proprement 
dits,  mais  qui  pourrait  être  le  même  que  celui  des  Homocètes.  Rien  ne  nous 
prouve  encore  que  l'espèce  n'en  soit  pas  non  plus  identique  avec  celle  qu'à 
signalée  M.  Du  Bus. 

La  pièce  elle-même  faisait  partie  d'une  petite  collection  d'ossements  fossiles  de 
Cétacés  donnés  à  notre  établissement,  il  y  a  un  certain  nombre  d'années,  par 
M.  Lebreton,  et  qui  ont  été  inscrits  comme  provenant  du  Havre,  quoique  tout 
porte  à  penser  qu'ils  ont  été  extraits  du  crag  d'Anvers  et  que  le  Havre  est  sim- 
plement le  port  français  par  lequel  ils  nous  sont  parvenus(li. 

§  "• 

DU  PHYSODON  LECCENSE  (P.  GERV.),  FOSSILE  PROPRE  AL'  MIOCÈNE  DE  L'ITALIE  MÉRIDIONALE. 

Le  terrain  miocène  de  Lecce,  dans  la  province  d'Otrante  (Italie  méridionale),  a 
fourni  une  série  assez  considérable  de  fossiles,  pour  la  plupart  marins,  carac- 
téristiques des  formations  de  cette  époque.  Parmi  eux  se  trouve  un  certain  nombre 
d'ossements  ou  de  dents  que  nous  avons  reconnus  pour  appartenir  à  l'Hippa- 
rion,  au  Squalodon,  à  un  Dauphin  du  genre  Schizodelphis,  à  un  grand  Croco- 
dile, à  un  Sargue  et  à  un  Chondroptérygien  du  génie  Scie. 

Des  dents  qui  paraissent  indiquer  un  Cétacé  voisin  des  Cachalots,  mais  de  plus 
faible  dimension,  font  aussi  partie  de  ces  trouvailles.  M.  Cuiscardi,  professeur  à 
l'Université  de  Naples  et  directeur  du  Musée  qui  dépend  de  cette  Université,  a  bien 
voulu  nous  communiquer  quelques-uns  des  fossiles  dont  il  s'agit,  ce  qui  nous 
permet  d'en  parler  avec  plus  d'exactitude. 

Ces  dents  que  nous  avons  indiquées  sous  le  nom  de  Physodon  llccensi:  (2)  comme 
indiquant  un  genre  voisin  des  Physéters  ou  Cachalots,  et  dont  trois  sont  représen- 


I     J'ai   inscrit  1rs  ossements   des   lialénides  qui   l'ont    partie  de   cet   envoi  dans  mon  Mémoire  sur  les 
animaux  de  ce  groupe  i|iie  possède  la  collection  du  Muséum.     Xntif.    Inli    Uns.  Paris,  I.  VII,  p,  1)50  ;  1871.) 

_'    Bull. Soc.  gèol  France    J    Bêrie,  i.  \\l\.  p.  101  :  1872.  —  Journ.  de  Zoologie,  I.  I,  p,   ii\. 


GENRE   PALiEODELPÏÏIS.  335 

tées  dans  le  présent  ouvrage  (PI.  XX,  fig.  16  à  18),  ont  0,090  à  0J00  de  longueur 

respective;  elles  sont  arquées  en  arrière;  leur  couronne  proprement  dite  est 
courte  et  recouverte  d'une  couche  d'émail,  au-dessous  de  la  portion  apparente  de 
laquelle  commence  la  partie  cémenteuse  qui  se  continue  jusqu'à  l'extrémité  de  la 
racine,  laquelle  est  plus  longue  que  la  couronne,  mais  ne  commence  qu'à  un 
cinquième  au-dessous  de  la  pointe  émaillée.  D'ailleurs  toutes  n'ont  pas  une 
forme  absolument  identique;  les  unes  sont  plus  fortes  (fig.  17),  les  autres  plus 
faibles  [fig.  16  et  18). 

Ces  dents,  dont  il  y  avait  sans  doute  un  certain  nombre  sur  les  bords  de  la 
mâchoire  inférieure,  ont  été  attribuées  à  un  Phoque  par  M.  Costa,  et  signalées 
comme  telles  dans  le  Mémoire  publié  par  lui  au  sujet  des  fossiles  de  Lecce,  en 
1855(1);  mais  cette  assimilation  ne  me  parait  pas  exacte.  Elle  est  contredite  par  la 
forme  même  des  dents,  et  la  présence  à  leur  surface  d'une  forte  couche  de  cément 
rend  difficile  de  les  attribuer  à  un  autre  groupe  qu'à  celui  des  Physétériens  ou 
des  Cétodontes  les  plus  rapprochés  de  ces  derniers. 

La  plus  forte  de  ces  dénis  est  celle  que  M.  Costa  a  figurée  dans  son  Mémoire 
sous  le  n°  \  de  la  PI.  1.  J'ai  sous  les  yeux  un  fragment  d'une  autre  dent  du  même 
gisement  qui  indique  un  volume  à  peu  près  égal.  Le  diamètre  maximum  y  est  de 
0,040.  D'autres  sont  plus  petites,  et  n'ont  que  0,08  de  long  sur  0,050  de 
diamètre  au  milieu;  leur  fût  est  un  peu  arqué. 


§  m. 

DU  GENRE  PAL.EODELPHIS    DU  BUS),  FOSSILE  DA.NS  LE  CRAG  D'ANVERS. 

Des  Physodons  aux  Paléodelphis  de  M.  Du  Bus,  la  distance  est  bien  faible,  et  je 
n'aurais  certainement  pas  proposé  un  nom  particulier  pour  les  Physétéroïdes  fos- 
siles de  Lecce  si  j'avais  eu  plutôt  l'occasion  d'étudier  en  nature  les  Paléodelphis 
du  naturaliste  belge.  La  dénomination  employée  par  M.  Du  Bus  est  toutefois  posté- 
rieure à  la  mienne  de  quelques  mois;  ce  sera  une  excuse,  pour  ce  savant  et  pour 

Paléontologie  du  royaume  de  Naples,  extrait  des  Atli  tlell'  Academ.  pontaniana,  t.  V. 


336  GENRES  ETEINTS  VOISINS  DES  CACHALOTS. 

moi,  si  les  deux  genres  sont,  comme  je  le  pense,  reconnus  pour  n'en  former 
qu'un  seul.  La  notice  rédigée  par  M.  Du  Ikis  n'a  été  communiquée  à  l'Académie 
de  Bruxelles  qu'en  décembre  1872(1),  tandis  que  la  mienne  remonte  au  mois 
de  janvier  de  la  même  année. 

«  Je  comprends,  dit  M.  Du  Bus,  sous  la  dénomination  générique  de  Palseodet- 
plris  différents  Dauphins  à  courte  symphyse  mandibulaire,  dont  jusqu'ici  on  n'a 
guère  rencontré  que  des  dents.  Ces  dents  sont  toujours  beaucoup  plus  fortes  que 
celles  des  Dauphins  à  longue  symphyse  mandibulaire,  et  s'en  distinguent  aussi  sous 
plusieurs  autres  rapports.  «  Il  faut  ajouter,  par  exemple,  qu'elles  sont  enveloppées 
d'une  épaisse  couche  de  cément,  sauf  à  la  partie  terminale  de  leur  couronne. 

L'auteur  distingue  huit  espèces  de  Paléodelphis.  Les  dents  de  trois  de  ces  espèces 
sont  représentées  dans  notre  atlas  d'après  les  pièces  mêmes  qui  ont  servi  à  leur 
distinction  et  que  nous  avons  fait  dessiner  à  Bruxelles.  Voici  comment  M.  Du  Bus 
définit  ces  espèces  : 

«  Le  Pal.eodelphis  grandis  (2)  est  représenté  par  plusieurs  dents  en  bon  état,  par  quelques  fragments 
de  maxillaire  supérieur  entièrement  corrodés  et  méconnaissables,  et  par  une  partie  de  mandibule.  Ces 
dents  sont  allongées,  assez  minces,  un  peu  renflées  dans  leur  partie  moyenne,  légèrement  arquées, 
surtout  vers  leur  extrémité  supérieure,  un  peu  comprimées  sur  les  côtés.  Leurs  couronnes  sont  usées  et 
tronquées  à  la  pointe;  leur  émail  est  finement  strié  en  longueur;  à  l'extrémité  de  la  racine,  elles  ont  un 
très-petit  cône  vide.  Leur  longueur  varie  entre  10  et  13  centimètres.  Avec  ces  dents,  évidemment  adultes, 
on  en  a  trouvé  deux  paraissant  entièrement  jeunes.  Par  la  couronne  elles  sont  absolument  semblables 
aux  autres,  sauf  que  la  pointe  est  encore  entière;  elles  ont  aussi  une  épaisseur  égale,  mais  la  racine  est 
extrêmement  courte,  et  l'intérieur  forme  un  grand  cône  vide  qui  pénètre  jusque  dans  la  couronne. 

«  Paléodelphis  uinutus  (3).  —  11  y  a  de  cette  espèce  une  série  de  quatorze  dents  avec  quelques 
fragments  de  mandibule.  Ces  dents  ressemblent  beaucoup  a  celles  du  Pal.  grandis,  mais  elles  sont 
notablement  plus  petites  et  très-adultes;  elles  sont  aussi  un  peu  plus  renflées  dans  leur  partie  moyenne, 
un  peu  plus  cylindriques  dans  leur  section  transversale,  et  courbées  vers  leur  extrémité  inférieure,  aussi 
bien  que  vers  la  supérieure.  Leur  longueur  varie  entre  8  centimètres  et  demi  et  9  centimètres  et  demi. 

«  Palkodelphis  A.NM  i.ati  s.  -  Cinq  dents  de  ce  Dauphin  ont  été  trouvées  réunies  sur  un  même  point; 
elles  sont-tout  a  fait  semblables.  L'une  a  la  couronne  entière,  les  autres  l'ont  plus  ou  moins  usée  ou 
cassée.  Ces  dents  sont  épaisses  vers  le  milieu,  leur  axe  est  arqué  surtout  aux  extrémités,  et  l'une  des 
faces  est  renflée;  elles  sont  toutes  plus  ou  moins  tordues  sur  leur  axe  ;  leur  racine  est  comprimée  à  son 
extrémité.  La  couronne  entière  occupe  un  cinquième  de  la  longueur  totale  de  la  dent;  elle  est  cylindrique 
dans  sa  section  transversale  ;  elle  a  a  sa  base  un  anneau  d'émail  un  peu  saillant;  cet  émail  est  lisse  en 
certains  endroits,  et  finement  ponctué  en  d'autres.  La  longueur  totale  de  ces  dents  est  de  10  centimètres 
en  ligne  directe  ;  elles  ont  toutes  les  mêmes  dimensions. 

I'ai.  EODELPHIS  CORONATUS.—  L 'examen  des  séries  complètes  de  dents  des  Dauphins  à  courte  symphyse 
mandibulaire,  adultes,  qui  vivent  ii  notre  époque,  démontre  que  l'on  peut  trouver  réunies,  dans  un  même 
animal,  les  formes  les  plus  disparates  avec  d'énormes  différences  dans  les  dimensions.  C'est  donc  avec  la 


;i    Bull.  dead.  r.  Belgique,  2'  série,  l.  XXXIV,  p.  503.  —  Journal  de  Zoologie,  t.  Il,  p.  107. 
(2]   PI.  \\    Ug.  24. 
(3    PI.  XX.  /«/•  22-23. 


GENRE  PAL/EODELPHLS.  337 

plus  grande  réserve  qu'il  convient  de  procéder  à  la  détermination  des  espèces  de  Dauphins  fossiles, 
d'après  des  dents  isolées,  si  l'on  veut  éviter  la  création  de  nombreuses  espèces  nominales. 

Les  dents  du  Palœodelphis  coronatus  ont  été  trouvées  dans  ces  conditions,  et  il  n'en  existe  au  Musée 
qu'un  très-petit  nombre.  Celle  que  j'ai  prise  pour  type  est  intacte;  elle  est  épaisse,  arquée  dans  toute  sa 
longueur,  renflée  sur  une  des  faces  de  son  axe.  Sa  couronne  est  forte,  avec  un  double  renflement 
circulaire  à  sa  base,  l'un  immédiatement  au-dessus  du  collet,  fort  étroit,  et  l'autre  plus  haut  et  très-large; 
l'émail  de  sa  pointe  est  presque  lisse,  et  celui  des  anneaux  est  finement  strié.  L'extrémité  radiculaire  est 
assez  amincie  et  un  peu  comprimée  sur  les  côtés;  la  pointe  manque  en  partie,  mais  on  peut  y  recon- 
naître un  commencement  de  bifidité.  La  longueur  totale  delà  dent, en  ligne  directe, est  de  14  centimètres. 
«  Une  seconde  dent  trouvée  vers  la  même  époque,  et  à  une  certaine  distance  de  l'autre,  lui  est  tout  à 
fait  semblable  dans  sa  forme  générale  et  ses  dimensions,  mais  sa  couronne  est  complètement  dépourvue 
d'anneaux,  et  l'extrémité  de  sa  racine  est  positivement  bifide.  Je  fais  ici  mention  de  la  seconde  dent,  à 
cause  de  cette  dernière  particularité,  et  sans  me  prononcer  quant  à  son  attribution  spécifique. 

«  Pal/ëodelphis  arcuatus.  —  Parmi  toutes  les  dents  soumises  à  mon  examen,  je  n'en  ai  trouvé  que 
deux  qui  me  paraissent  appartenir  à  cette  espèce  que  je  crois  nouvelle,  et  que  je  désigne  sous  le  nom  de 
Palœodelphis  arcuatus. 

«  L'une  est,  à  peu  près  intacte  l'autre  n'est  qu'une  moitié  de  dent  dont  la  couche  cémenteuse  superfi- 
cielle a  entièrement  disparu.  La  dent  intacte  est  extrêmement  courbée;  dans  son  axe  elle  forme  plus 
d'un  quart  de  cercle;  elle  est  fusiforme,  très-épaisse,  renflée  dans  sa  partie  moyenne,  légèrement 
comprimée  sur  les  côtés;  sa  couronne  presque  intacte  est  forte,  large  à  sa  base,  cylindrique  dans  sa 
section  transversale,  couverte  d'un  émail  très-rugueux.  La  longueur  totale  de  cette  dent,  en  ligne  directe, 
est  de  14  centimètres,  dont  3o  millimètres  pour  la  couronne,  et  de  16  centimètres  en  suivant  la  courbure 
de  son  axe. 

«  Pal.eodelpuis  fusiformis  (1).  —  Parmi  les  dents  de  ce  Dauphin  il  en  est  sept  qui  ont  été  trouvées 
réunies  sur  un  même  point,  toutes  de  même  grandeur  à  peu  près.  Elles  sont  fusiformes,  assez  épaisses, 
régulièrement  et  insensiblement  amincies  a  leurs  extrémités,  presque  cylindriques  dans  leur  section 
transversale;  quelques-unes  sont  courbées  a  leur  extrémité  coronale,  d'autres  sont  droites  dans  toute 
leur  longueur.  Les  couronnes  entières  sont  coniques,  et  le  diamètre  de  leur  base  égale,  à  peu  près,  les 
deux  tiers  de  leur  longueur;  l'émail  est  strié,  sans  renflement  sensible  à  la  base.  La  longueur  totale  de  ces 
dents  entières  varie  de  17  à  19  centimètres,  dont  3  pour  la  couronne  seule. 

«  Pal.eodelphis  zonatus.  —  Les  dents  de  cette  espèce  ont  été  recueillies  en  petit  nombre;  elles  sont 
toujours  plus  ou  moins  corrodées  et  souvent  méconnaissables.  Elles  sont  fusiformes,  assez  épaisses;  la 
plupart  sont  arquées  aux  extrémités,  d'autres  sont  presque  droites;  elles  sont  toujours  un  peu  comprimées 
sur  les  côtés;  l'extrémité  radiculaire  est  toujours  plus  ou  moins  effilée.  La  couronne  est  en  cône  allongé, 
l'émail  est  légèrement  strié  ou  presque  lisse,  avec  un  renflement  circulaire  à  la  base,  en  forme  d'anneau. 
Toutes  les  dents  ont  ce  dernier  caractère,  mais  l'anneau  varie  de  largeur  entre  10  et  18  millimètres;  le 
diamètre  de  la  couronne,  à  sa  base,  est  de  20  à  24  millimètres.  La  longueur  totale  de  ces  dents  varie  entre 
20  et  22  centimètres. 

«  PaL/Eodelphis  pachyodon.  —  11  existe  quelques  dents  trouvées  à  Anvers,  dont  les  couronnes  sont 
très-larges,  dont  la  partie  radiculaire  est  aussi  fort  épaisse,  et  qui  paraissent  appartenir  à  une  espèce 
distincte  de  toutes  celles  dont  il  est  fait  mention  ci-dessus.  Je  désignerai  ce  Dauphin  sous  le  nom  de 
Palœodelphis  pachyodon. 

«  Malheureusement  toutes  ces  dents  sont  brisées  et  incomplètes.  La  plus  forte  a  sa  couronne  presque 
entière,  sauf  la  pointe  qui  est  cassée.  Cette  couronne  doit  avoir,  étant  entière,  de  4  à  4  centimètres  et 
demi  de  longueur,  sur  un  diamètre  de  4  centimètres  à  sa  base;  l'émail  en  est  très-rugueux,  il  a  1  milli- 
mètre d'épaisseur.  La  partie  radiculaire  est  brisée  à  8  centimètres  de  la  couronne,  et  ce  qui  en  reste  est 
presque  entièrement  décortiqué. 

«  Une  seconde  dent  que  j'attribue  à  la  même  espèce,  quoiqu'elle  n'ait  pas  été  trouvée  en  même  temps, 
est  un  peu  plus  petite;  elle  est  brisée  au  môme  endroit  que  l'autre,  mais  elle  a  conservé  son  enveloppe 
cémenteuse.  Sa  couronne  est  usée  transversalement,  vers  le  milieu  de  sa  longueur,  et  sa  partie  radicu- 
laire a,  a  l'intérieur,  un  cône  vide  qui  pénètre  jusqu'à  la  base  de  sa  couronne.  » 

(1)  PI.  X\,fig.  19. 


338  GENRES  ÉTEINTS  VOISINS  DES  CACHALOTS. 

§  iv- 

DU  GENRE  SCALDICETUS  (DU  BUS),  FOSSILE  DANS  LE  CRAG  D'ANVERS. 

Une  forme  peu  différente  de  celle  des  précédentes  et  la  présence  d'une  couche 
relativement  considérable  de  cément,  qui  ne  laisse  apparaître  que  la  partie  ter- 
minale des  dents,  caractérise  les  Scaldicetus  de  M.  Du  Bus.  Comme  celles  du 
genre  nommé  Paléodelphis  par  ce  savant,  ces  dents  ont  aussi  été  découvertes  par 
suite  des  travaux  entrepris  pour  fortifier  Anvers. 

On  en  connaît  de  deux  espèces  :  le  Scaldicetus  Carretti  et  le  Scaldicetus  antwer- 
piensis. 

Le  type  du  genre  est  le  Scaldicetus  Caretti(I),  établi  sur  l'observation  d'un 
groupe  de  quarante-cinq  dents  trouvées  ensemble  à  Borgerhout,  près  Anvers,  et 
dont  une  est  représentée  par  hfig.  24  de  notre  planche  XX.  Leur  largeur  variait  entre 
0,20  et  0,24  et  leur  plus  grande  circonférence  entre  0,1 4  et  0,23.  Elles  sont  en  cône 
appointi  au  sommet  et  faiblement  rétréci  à  la  base;  leur  couronne,  qui  est  courte, 
s'usait  faiblement  par  la  trituration  des  aliments  ;  elle  est  recouverte  d'émail,  mais 
non  séparées  par  un  col  rétréci  de  la  racine  qui  est  beaucoup  plus  longue  et 
épaissie  par  une  forte  couche  de  cément.  L'axe  principal  est  légèrement  incurvé. 

La  seconde  espèce  de  Scaldicètes  est  ainsi  définie  par  M.  Du  Bus,  qui  en  a  recueilli 
un  groupe  de  trente-quatre  dents: 

«  Scaldicetus  antwerpiensis  (2).—  J'ai  t'ait  connaître,  en  1867,  les  dents  d'un  grand  Cétacé  du  crag  que 
j  ai  désigné  sous  le  nom  de  Scaldicetus  Carretti.  Le  Musée  possède  un  second  groupe  de  trente-quatre 
dents  du  même  genre,  provenant  du  même  endroit  que  les  autres,  appartenant  h  un  animal  plus  adulte 
que  le  premier,  et  probablement  d'une  espèce  différente.  Je  propose  de  le  nommer  Scaldicetus 
antwerpiensis. 

«  La  longueur  de  ces  dents  varie  de  14  à  26  centimètres  ;  encore  les  plus  longues  ont-elles  la  couronne 
usée,  de  façon  qu'étant  intactes  elles  auraient  28  centimètres.  La  circonférence  des  plus  grosses  est  de 
25  centimètres,  el  leur  poids  est  d'un  kilogramme  et  demi.  Ces  dents  sont  fusiformes  en  général,  un  peu 
courbées  dans  toute  leur  longueur;  la  plupart  n'ont  aucune  cavité  à  l'intérieur,  quelques-unes  ont  un 
tout  petit  canal  ouvert  a  l'extrémité  de  la  racine  et  qui  s'étend  à  peine  jusqu'au  quart  de  la  longueur  de 
la  dent.  La  racine  est  très-épaisse,  tantôt  elle  diminue  brusquement  à  son  extrémité,  tantôt  elle  est 
amincie  à  partir  de  sa  partie  moyenne,  et  se  termine  en  pointe.  La  couronne  est  usée  le  plus  souvent, 


di  Du  lins.  /;,,//.  Acai.r.  Belgique,  ï  série,  t.  XXIV,  p.  567;  1867. 
2   Bull.  Acad.  r.  Belgique,  1'  série,  t.  XXXIX,  p.  508;    1872.  —  Journal  de  Zoologie,  t.  II,  p.  12. 


GENRE   HOPLOCETUS.  239 

l'extrémité  supérieure  de  la  dent  est  alors  simplement  arrondie  ou  en  pointe  obtuse.    Quelques-unes  ont 
conservé  une  portion  d'émail,  lequel  est  très-rugueux,  un  peu  plissé  longitudinalement  et  d'une  épaisseur. 
d'un  millimètre.  Le  diamètre  de  la  base  des  couronnes,  qui  ont  conservé  une  partie  de  leur  émail,  est  de 
16  il  23  millimètres.  » 

Une  des  dents  du  Scaldicetus  anhverpiensis  est  figurée  dans  notre  atlas,  PI.  XX, 
fig.  24. 

De  même  que  les  précédentes  et  celles  dont  il  nous  reste  à  parler  dans  ce  cha- 
pitre, les  dents  du  Scaldicète  ne  peuvent,  à  cause  de  leur  enveloppe  cémen- 
teuse,  être  comparées  qu'à  celles  des  Cachalots  et  des  autres  Physétéroïdes  ou 
Ziphioïdes,  mais  leur  nombre  doit  faire  supposer  que  l'animal  auquel  elles  ont 
appartenu  avait  plus  d'analogie  avec  les  premiers  de  ces  Cétodontes  qu'avec  les 
seconds.  C'est  là  une  opinion  que  me  semble  confirmer  l'examen  que  j'ai  fait  de 
ces  dents  lors  de  ma  dernière  visite  au  Musée  de  Bruxelles. 


§  v. 


DU  GENRE  HOPLOCETUS  (P.  GERV.),  FOSSILE  DANS  LES  TERRAINS  PLIOCÈNES  ET  MIOCÈNES 
DE  LA  FRANCE,  DE  LA  BELGIQUE  ET  DE  L'ANGLETERRE. 

L'indication  de  ce  geure  remonte  à  une  époque  plus  ancienne  que  celle  des 
précédents,  mais  ses  véritables  affinités  ne  sont  pas  mieux  établies,  et  je  ne  le 
place  à  la  suite  des  Cachalots  que  parce  que  les  dents  sur  l'observation  desquelles 
il  repose  rappellentparleurvolume  celles  de  ces  animaux  et  qu'elles  ont  aussi  la  plus 
grande  portion  de  leur  surface  enveloppée  d'une  forte  couche  de  cément.  Leur 
extrémité  supérieure  constituant  la  véritable  couronne  est  cependant  dépourvue 
de  substance  corticale,  et  la  pointe  s'usait  régulièrement  de  manière  à  fournir 
bientôt  une  surface  plane,  arrondie,  où  le  champ  de  l'ivoire  se  trouvait  entouré 
d'un  cercle  bien  marqué  d'émail  qui  restait  superficiel.  Cette  partie  coronale  ne 
constitue  d'ailleurs  que  la  moindre  étendue  de  la  dent,  dont  la  racine  est  forte 
et  plus  ou  moins  renflée  par  l'application  de  la  couche  cémenteuse  qui  en  protège 
l'ivoire.  Un  étranglement  en  forme  de  col  sépare  cette  portion  de  la  première  ou 
portion  coronale;  l'ensemble  de  la  dent  est  toujours  plus  ou  moins  arqué  et 
l'un  de  ses  côtés  est  plus  renflé  que  l'autre. 

Le  genre  Hoplocetus  a  été  établi  par  moi  et  je  figure  ici  quatre  des  dents  que 


340  GENRES    ÉTEINTS    VOISINS    DES   CACHALOTS. 

j'en  ai  observées  (PI.  XX,  fig.  25-28);  elles  proviennent  de  gisements  différents, 
les  uns  pliocènes,  les  autres  miocènes,  et  ont  toutes  été  recueillies  en  Europe. 

L'Hopiocctascrnsfcidcns  (I)  en  est  la  première  espèce  décrite.  Il  repose  sur 
l'observation  de  deux  dents  extraites  du  falun  de  Romans  (Drôme)  (pue  j'ai  autre- 
fois reçues  de  M.  Chalande. 

La  première  de  ces  dents  (PI.  XX,  fig.  26)  est  fusiforme,  renflée  dans  sa  partie 
radiculaire,  qui  est  relativement  considérable,  courte,  au  contraire,  et  en  cône 
tronqué  par  l'usure,  dans  sa  partie  coronale.  L'axe  principal  du  fût  est  faiblement 
arqué;  une  des  faces  est  plus  renflée  que  l'autre;  la  couronne  est  séparée  de  la 
racine  par  un  étranglement  en  forme  de  col. 

Longueur  de  la  partie  existante  de  la  couronne,  0,01  1  ;  longueur  de  la  racine, 
0,LI0;  circonférence  de  celle-ci  au  point  le  plus  renflé,  0,L15. 

La  deuxième  dent  observée  (PL  XX,  fig.  27)  est  forte,  analogue  dans  son  appa- 
rence générale  à  celle  qui  vient  d'être  décrite  et  la  couronne  en  est  à  peu  près 
semblable,  quoique  plus  veinée  sur  l'émail.  Cependant  la  racine  de  cette  seconde 
dent  est  beaucoup  moins  épaisse  et  elle  est  un  peu  plus  courte. 

Longueur  de  la  partie  restante  de  la  couronne,  0,017;  de  la  racine,  0,094. 

L'Hopiocctns  curvidcns  (2)  repose  sur  l'examen  d'une  dent  analogue  aux  pré- 
cédentes, et  qui  indique  un  animal  du  même  genre;  on  l'a  trouvée  dans  les  sables 
marins  pliocènes  de  Montpellier,  au  faubourg  Figuairolles.  J'en  ai  donné  la  figure 
sous  le  n"  25  de  la  PL  XX.  Elle  est  plus  forte  et  d'une  courbure  un  peu  différente. 
Sa  racine  est  épaisse  comme  celle  de  la  dent  de  la  fig.  26,  mais  sans  être 
cependant  de  forme  absolument  identique  et  elle  est  en  même  temps  plus  grosse. 

J'ai  aussi  vu  une  extrémité  supérieure  de  dent,  indiquant  une  forme  analogue 

à  celle  qui  vient  d'être  décrite,  mais  qui 
parait  plus  comprimée,  à  couronne 
moins  dégagée  du  cément,  quoique  cepen- 
dant semblablement  usée  à  son  extrémité 
triturante,  sans  étranglement  en  manière 

Dent  ™  de  profil  et  en  arrière,  fo    CQj    ^    p[us   engagée     par    Conséquent 


l,  P.  Gerv.,  Zool.  et  Pal.  fr.,  1"  éd.,  t.  I,  p.  20,  PI.   20,  fig.  10  et  11  (libres  reproduites  dans  le 
présent  ouvrage,  l'I.  XX.  —  Ibid.,%'  éd.,  p.  .118. 

2    l'   Gerv.,  Zool. et  Pal.  fr.,  I"  éd.,  i.  I,  p,  161,  l'I.  :i.//</.  12.  -  Ibid.,%*  i-A-,  p.  318. 


GENRE    HOPLOCETUS.  341 

clans  le  cément  dont  la  presque  totalité  de  la  surface  de  ces  sortes  de  dents  se 
trouve  recouverte.  Ce  fragment,  dont  je  donne  ici  la  figure,  est  à  certains  égards, 
comparable  à  la  pointe  des  dents  de  Bérardius  représentées  par  les  fig.  5  et  4  de 
notre  PI.  XXIII;  mais  je  ne  puis  dire  quelles  étaient  les  dimensions  de  la  partie 
radiculaire  qui  en  a  été  détachée  lorsqu'on  l'a  extrait  du  sol.  Je  l'attribue  à  YHo- 
plocetus  curvidens,  sans  pouvoir  affirmer  que  ce  rapprochement  soit  fondé. 

Bopiocctns  borgerhoutciisis  (I).  —  Des  dents  assez  analogues  à  celles  aux- 
quelles j'ai  donné  le  nom  A'Hoplocetus  crassidens  ont  été  découvertes  dans  le 
crag  d'Anvers,  postérieurement  à  la  publication  des  indications  que  nous  venons 
de  rappeler.  Notre  savant  collaborateur,  M.  Van  Beneden,  nous  a  même  remis, 
il  y  a  déjà  plusieurs  années,  le  moule  d'une  de  ces  dents,  que  nous  avons  fait 
figurer  (PI.  XX,  fig.  22)  et  M.  Du  Bus  en  a  signalé  d'autres;  il  en  fait  une  espèce 
distincte  sous  le  nom  que  nous  venons  de  rappeler.  Il  rapporte  que  sur  les  bords 
du  canal  d'Herenthals  on  a  trouvé  un  groupe  de  six  de  ces  dents  réunies  dans 
un  très-petit  espace  de  terrain  et  qui  ont,  selon  toute  apparence,  appartenu  à  un 
même  individu.  De  ces  six  dents,  deux  ont  encore  leur  couronne,  mais  fort  usée, 
trois  n'en  ont  plus  du  tout,  et  la  sixième  a  la  couronne  cassée.  Elles  sont  remar- 
quables par  la  grande  dissemblance  existant  entre  leurs  racines,  ce  qui  vient 
appuyer  l'opinion  qu'elles  sont  du  même  sujet,  et  elles  diffèrent  aussi  à  plusieurs 
égards  de  celles,  provenant  de  France,  que  j'ai  moi-même  fait  connaître. 

L'une  des  plus  complètes  a  une  longueur  totale  de  0,16;  elle  est  fusiforme 
arquée  dans  toute  sa  longueur;  sa  couronne  a  l'émail  lisse,  quoique  l'on  y  dis- 
tingue encore  des  stries  longitudinales;  la  racine  est  épaisse  et  présente  d'un  côté, 
au-dessous  du  collet,  une  dépression  assez  considérable;  son  extrémité  est  amincie 
et  pointue.  Une  autre  est  brusquement  arquée,  et  toute  sa  partie  inférieure  fait 
défaut  sans  qu'il  y  ait  eu  aucune  cassure;  aussi  n'a-t-elle  que  0,09  de  longueur. 
La  dépression  au-dessous  du  collet  existe  ici  des  deux  côtés.  La  plus  forte  des 
dents  sans  couronne  est  un  peu  plus  épaisse  que  les  autres  et  plus  arquée;  elle 
mesure  0,42  en  ligne  directe.  La  dépression  intérieure  au  collet  est  forte,  mais 
n'existe  que  d'un  seul  côté.  Les  deux  autres  dents  sans  couronne  sont  ovoïdes, 
allongées,  droites,  légèrement  comprimées  dans  toute  leur  longueur  ;  leur  extrémité 
coronale  est  arrondie;  la  pointe  de  leur  racine  est  cassée. 

(1)  Du  Bus,  Bull.  Acad.  r.  Belgique,  2e  série,  t.  XXXIV,  p.  502  ;  1872.—  Joum.  de  Zoologie,  t.  Il,  p.  106. 


342  GENRES  ÉTEINTS   VOISINS   DES   CACHALOTS. 

La  collection  de  Bruxelles  renferme  des  pièces  répondant  à  deux  autres  espèces 
de  ce  genre  appelées  par  M.  Du  Bus  H.  crassidens  et  H.  zonatus.  Une  dent  de  cette 
dernière  a  0,24  de  long,  la  couronne  comprise. 

On  a  aussi  indiqué  la  présence  d'Hoplocètes  dans  les  terrains  des  États-Unis. 

Hopiocctus  obcsus  (l).  —  M.  Leidy  a  décrit  sous  ce  nom  une  dent  entière  et 
des  fragments  d'une  autre  dent  recueillis  par  le  professeur  Holmes  dans  le  post- 
pliocène d'Ashley-River,  au  voisinage  de  Charlestone  (Caroline  du  Sud)  ;  mais  il 
n'y  a  pas  de  certitude  que  ces  pièces  appartiennent  bien  à  des  animaux  semblables 
à  ceux  qui  ont  fourni  les  dents  précédemment  décrites  et  leur  ancienneté  parait 
beaucoup  moindre  que  la  leur. 

§  VI. 

DU  GENRE  BAL/ENODON  [OWEN],  FOSSILE  DANS  LE  CRAG  DE  SUFFOLK,  EN  ANGLETERRE. 

Nous  arrivons  ainsi  au  genre  Balœnodon  de  M.  Owen,  qui  est  le  plus  ancienne- 
ment établi  de  ceux  dont  il  est  question  dans  ce  chapitre  et  celui  auquel  plusieurs 
d'entre  eux  doivent  très-probablement  être  réunis  comme  n'en  différant  que  par 
le  mode  de  conservation  des  dents  qui  ont  servi  à  leur  distinction. 

Dans  son  ouvrage  sur  les  Mammifères  et  les  Oiseaux  fossiles  de  l'Angleterre  (2), 
le  savant  anatomiste  décrit  des  portions  de  dents  rappelant  par  la  forme  ainsi  que 
par  la  disposition  de  leur  racine  celles  des  Cachalots,  Quoique  de  moindre 
dimension,  ces  racines  de  dents  sont  également  recouvertes  d'une  forte  couche  de 
cément,  que  M.  Owen  figure,  en  endormant  le  profil,  et  une  coupe  transversale 
qui  est  reproduite  sur  la  PI.  XX,  fig.  48  et  18  a.  Elle  avait  été  trouvée  àFelixtow 
dans  le  red  crag  ou  crag  rouge  de  cette  localité;  il  la  tenait  de  M.  Bowerbank. 

Beaucoup  d'autres  pièces  analogues  ont  été  rencontrées  depuis  lors  au  même  lieu 
ou  dans  des  localités  analogues,  et  j'en  donne  moi-même  une,  coupée  verti- 
calement, qui  montre  la  trace  de  la  partie  non  ossifiée  de  son  bulbe  laquelle 
constitue  une  sorte  d'axe  vertical  au  milieu  de  l'ivoire.  Je  me  la  suis  procurée 


t    Leidy,  Vr<<c,r,\.    i,  .  „,,/.  .sr.,1868,  p.  106.  —  Id.,  Ex/nui  mamm.  Fauna  of  Dakota  and  Nebraska, 
p.  438,  pi.  13-16;  1869 
(2)  A  Hislorij  oj  britishfossil  Mammals  and  Birds,  p.  636.,  fig.  826  et  226;  1846. 


GENRE   HOpLOCETUS.  3ii 

en  \  875  chez  un  marchand  naturaliste  de  Londres  qui  en  possédait  d'autres  encore. 

Ces  dents  ont  acquis,  par  leur  séjour  dans  les  sables  qui  les  renferment,  une 
solidité  remarquable,  et  elles  sont  en  partie  silicifiées.  Toutes  n'ont  pas  absolument 
la  même  forme,  et  il  y  en  a  de  plusieurs  grandeurs.  Peut-être  ne  proviennent- 
elles  pas  d'une  seule  espèce;  cependant  nous  devons  les  attribuer  au  môme  genre. 

Malgré  le  nom  qui  leur  a  été  imposé,  il  ne  serait  pas  impossible  que  ces  dents 
eussent  appartenu  au  genre  de  Cétodontes  qui  a  fourni  celles  qui  servent  de  type  à 
nos  Hoplocètes.  C'est  ce  que  l'on  sera  conduit  à  admettre  si  l'on  remarque  la 
similitude  de  leur  forme  avec  celle  que  présente  la  racine  de  ces  dernières  et  si 
l'on  fait  attention  à  la  facilité  avec  laquelle  la  couronne  des  dents  des  Hoplo- 
cètes se  détache  de  leur  partie  radiculaire  et  cémenteuse.  En  caractérisant  le  genre 
Hoplocète,  j'ai  déjà  fait  ce  rapprochement  (I),  mais  sans  pouvoir  décider,  à  cause 
de  l'imperfection  des  matériaux  que  la  science  possédait  alors,  s'il  devait  être 
accepté  définitivement  dès  cette  époque  comme  il  est  probable  qu'il  le  sera 
ultérieurement.  Rappelons  en  outre  que  M.  Owen  (2)  a  fait  mention,  postérieu- 
rement à  la  distinction  établie  par  lui  du  genre  Balénodon,  de  dents  semblables 
à  celles  de  YHoplocetus  crassidens,  trouvées  dans  le  crag  de  Suffolk  qu'on  lui 
avait  remises  pour  en  faire  l'examen.  H  y  a  une  dent  de  même  origine  parmi 
les  débris  fossiles  de  Cétacés  conservés  au  Musée  britannique  ;  sa  longueur  est 
de  0,075  environ. 

M.  Owen  donne  d'ailleurs  sous  le  n°  21 9  du  même  ouvrage  une  coupe  de  la  dent 
type  de  sou  Balénodon  physaloides  en  la  regardant  comme  provenant  d'un  Cétacé 
physétéroïde  {a  fossil  pliyseteroid).  C'est  de  la  même  pièce  que  M.  Brandt  a  parlé 
récemment  sous  le  nom  de  Physeter  physaloides  (5).  Quant  aux  caisses  auditives 
de  Balénidés  que  M.  Owen  a  décrites  dans  le  même  ouvrage  sous  la  dénomina- 
tion de  Cétotolithes  et  qu'il  a  depuis  attribuées  à  ses  Balénodons  (4),  nous  n'avons 
pas  à  nous  en  occuper  ici,  M.  Van  Beneden  en  ayant  déjà  traité  à  propos  des 
Balénidés  (5). 


(1)  Zool.  et  Pat.  franc.,  p.  318. 

(2)  Quarterly  Journ.  geol.  Soc.  London,  1856,  p.  228. 

:i    fnstersuchungen  iiber  die  Jossilen  und  subfossilen  Cetaceen  Europa's,  p.  200    Mêm.  Acad.  Saint- 
l',  /,  rsbourg  pour  1873). 
(4)  Palœotdology,  p.  375. 
5)  Voir  p.  262. 


344  GENRES   ÉTEINTS  VOISINS   DES   CACHALOTS. 

§  VII. 

DU  GENRE  EUCETUS    DU  BUS]  OU  DINOPZIPHIUS  [VAN  BENEDEN '),  FOSSILE  DANS  LE  CRAG  D'ANVERS. 

Nous  n'avons  pas  épuisé  la  liste  des  genres  à  la  distinction  desquels  l'étude  des 
dents  de  forte  dimension  et  pourvues  de  cément,  provenant  des  Cétacés  qui  ont  été 
enfouis  dans  le  crag  d'Anvers,  a  conduit  M.  Du  Bus.  Celui  qu'il  appelle  Eticetus, 
et  qu'il  regarde  comme  appartenant  au  groupe  des  Ziphius,  me  parait  devoir 
être  également  signalé  ici,  quelles  que  soient  d'ailleurs  ses  affinités  avec  les 
animaux  parmi  lesquels  ce  savant  propose  de  le  classer. 

M.  Du  Bus  n'en  décrit  qu'une  seule  espèce,  I'Eucetus  amblyodon  (]). 

Deux  des  dents  sur  lesquelles  l'auteur  s'appuie  plus  particulièrement  pour 
distinguer  ce  Cétacé  de  tous  les  autres  sont  représentées  réduites  à  la  moitié  de  la 
grandeur  naturelle  dans  notre  atlas  (PI.  XX,  fig.  29  et  50).  C'est  de  la  première 
que  M.  Du  lius  parle  lorsqu'il  dit  :  «  Elle  est  fusiforme,  plus  amincie  à  sa  base 
qu'au  sommet,  entièrement  pleine,  légèrement  courbée  aux  extrémités,  à  cou- 
ronne fort  obtuse,  dépourvue  d'émail  et  coupée  en  biseau.  Elle  pèse  -tkiI',50.   » 

La  seconde  que  représente  la  figure  50,  est  brisée,  ce  qui  permet  de  voir 
l'épaisseur  de  la  couche  de  cément  qui  en  recouvre  l'ivoire.  C'est  aussi  une  de 
celles  qu'a  observées  M.  Du  Bus,  et  elle  fait  également  partie  du  Musée  de 
Bruxelles. 

M.  Du  Bus  ajoute  que  YEucetus  ambhjodon  n'a  été  rencontré  que  dans  le  crag 
gris,  et,  ce  qui  tend,  d'après  lui,  à  appuyer  l'opinion  que  ses  affinités  le  ratta- 
chent aux  Ziphioïdes,  c'est  que  ses  dents  sont  isolées  ou  par  paires  dans  les  gise- 
ments où  on  les  trouve,  ce  qui  doit  faire  supposer  que  chaque  individu  n'en 
possédait  en  effet  que  deux  comme  c'est  le  cas  pour  l'Hyperoodon  et  le  Ziphius. 

Les  caractères  de  ces  dents  ne  permettent  guère  de  douter  qu'elles  ne  soient  de 
la  même  espèce  que  celles  indiquées  antérieurement  par  M.  Van  Bencden  sous 
le   nom  générique   de  Dinoziphius,  et  dont  mon   savant  ami  a  appelé  l'espèce 

(1)  Du  Lus,  li'ill.  Acad.  r.  Belgique,  2* série,  i    XXV.  p.  571;  1867. 


GENRE    DIN0PZIPH1US.  348 

Dinozipoius  IIoemdorrii  (I).  Celles-ci  ont  été  découvertes  à  Saint-Nicolas,  qui  est 
aussi  un  des  gisements  du  crag  anversois. 

J'en  donne  deux  Ogures  réduites  à  moitié  de  la  grandeur  naturelle  (Pi.  XX, 
fig.  51  et  52);  l'une  représente  une  dent  à  peu  près  entière,  l'autre  une 
portion  de  la  couche  cémenteuse  détachée  de  l'ivoire  qu'elle  recouvrait;  ce  qui 
permet  d'établir  plus  exactement  la  comparaison  du  Dinoziphius  avec  la  dent 
d'Eucétus  de  notre  figure  50. 

REMARQUES. 

Les  détails  dans  lesquels  nous  venons  d'entrer  au  sujet  des  différents  genres 
de  Cétodontes  établis  par  les  auteurs,  plus  particulièrement  par  M.  Du  Bus,  sur 
l'examen  de  dents  ayant,  par  leur  volume  et  leur  structure  cémenteuse,  de  l'ana- 
logie avec  celles  des  Cachalots,  nous  montrent  que  fous  ces  genres  ne  sont  pas 
aussi  distincts  qu'on  avait  d'abord  été  porté  à  le  supposer;  une  étude  attentive  en 
fera  peut-être  réduire  encore  le  nombre.  Dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances 
le  genre  Homocète  est  celui  dont  les  affinités  avec  les  Cachalots  véritables  sont 
les  plus  faciles  à  saisir;  d'autres  paraissent  tenir  en  même  temps  des  Ziphioïdes, 
mais  leur  description  est  loin  d'être  achevée. 

On  peut  établir  de  la  manière  suivanle  la  liste  synonymique  de  ces  aenres  : 
Bala  notion  (dénomination  fautive)  :  Owen  ;  1846. 

Dinoziphius,    \  an  Bcnedeil. 

Eucctas,  Du  Bus;  1867.  Synonyme  de  Dinozip h lus. 

Homocetus,  Du  Bus  ;  1867. 

ii.»i.i..<<  ius   P.  Gerv.;  1849.  Synonyme  de  Bahenodon. 

Palœodelpbis,  Du  Bus  ;  1872.  Synonyme  de  Physodon. 

iMiysoaion,  P.  Gerv.  ;  1872. 

Scaldlcetus,  Du  Bus;  1867. 


(1)  Van  Bcneden,  Musée  de  Louvain. 

lia 


34fi  CÉTODONTES  FOSSILES  VOISINS  DES  CACHALOTS. 

Les  débris  sur  lesquels  repose  l'indication  de  ces  divers  Cétodontes  ont  été 
découverts  dans  les  dépôts  miocènes  et  pliocènes  de  l'Europe,  particulièrement 
en  Belgique,  dans  le  crag  gris  d'Anvers;  la  France  et  l'Angleterre  en  ont  égale- 
ment fourni.  Il  est  encore  douteux  que  l'Amérique  en  possède. 

Pour  compléter  l'examen  des  Cétodontes  qui  se  rapprochent  le  plus  des  Cacha- 
lots, nous  aurons  à  parler  maintenant  de  l'IIyperoodon  butzkopf,  ainsi  que  du 
Ziphius  cavirostre,  qui  comptent  l'un  et  l'autre  parmi  les  Thalassothériens  propres 
à  nos  mers.  Le  Dioplodon  européen  qu'on  n'y  a  pris  qu'une  seule  fois  nous  occu- 
pera également,  ainsi  que  le  Dauphin  de  Sowerby,  type  du  genre  Mésoplodon,  qui 
vient  échouer  de  temps  en  temps  sur  nos  côtes.  Ces  animaux  ont  pour  repré- 
sentants dans  les  mers  australes,  le  Bérardius,   le  Dioplodon  densirostre,  déjà 
connu  de  Blainville,  le  Dolichodon  de  Layard  et  un  autre  Cétacé  qui  parait  peu 
différent  du  Mésoplodon  de  Sowerby.  Le  groupe  autrefois  mal  connu  de  ces  Céto- 
dontes avait  reçu  de  Blainville  le  nom  d'Hétérodontes  ;  je  l'ai  appelé  Ziphioïdes 
parce  que  le  Ziphius  cavirostre  de  Cuvier  en  est  un  des  principaux  types  et  que 
les  Cétacés  qu'il  renferme   ont  dans  certains   cas  une  ressemblance  telle   avec 
les  fossiles   primitivement  décrits  sous  cette  même  dénomination  de  Ziphius, 
qu'il  est  impossible  de  les  en    séparer,  comme  genres,  parfois  même  comme 
espèces.  Il  existe  en  effet  dans  les  mers  actuelles  des  animaux  tout  à  fait  analo- 
gues aux  Ziphioïdes  fossiles,  et  le  Ziphius  cavirostre  lui-même,  ainsi  que  des 
Ziphius  qui  diffèrent  assez  peu  de  ceux  de  la  période  tertiaire,  sont  aujourd'hui 
connus  dans  des  régions  maritimes  très-éloignées  les  unes  des  autres,  quoique  les 
genres  qui  les  comprennent  aient  passé  pour  entièrement  anéantis. 

Mais  nous  devons  d'abord  parler  du  kogia,  qui  est  une  sorte  de  petit  Cachalot, 
propre  aux  mers  australes. 


DU    KOGIA  (I) 

GENRE  DE  CËTODO.NTES  VIVANTS  QUI  SE  RAPPROCHE  DES  CACHALOTS. 

Le  Cétacé  qui  va  maintenant  nous  occuper  est  bien  inférieur  en  dimensions  aux 
Cachalots  véritables,  et  l'on  ne  peut  guère  estimer  la  longueur  totale  de  son  corps 
qu'à  5  ou,  au  plus,  4  mètres;  mais  il  est  proportionnellement  plus  trapu,  et 
sa  tète,  relativement  moins  allongée,  ne  présente  pas  dans  la  région  moyenne  un 
renflement  aussi  considérable.  L'ouverture  nasale  y  est  reportée  en  dessus  et  le 
dos  présente  une  nageoire  de  dimension  ainsi  que  de  forme  ordinaires.  Le  museau 
du  Kogia  est  saillant  sans  être  pointu,  ce  qui  tient  au  raccourcissement  des 
mâchoires  ;  il  rappelle  celui  de  certains  Dauphins  ou  des  Marsouins;  la  bouche  est 
ouverte  inférieurement  et  le  dessus  de  la  tète  est  chargé  d'une  masse  de  sperma- 
céti  qui,  pour  être  moins  considérable  que  chez  les  Cachalots  n'en  existe  pas 
moins  et  se  trouve  logée,  comme  celle  que  fournit  le  Cachalot  véritable,  dans  une 
excavation  de  la  région  faciale;  de  sorte  qu'il  reste  en  avant  une  saillie,  rappelant 
jusqu'à  un  certain  point  le  bec  des  grandes  espèces  de  Marsouins. 

C'est  de  Ulainville  qui  a  le  premier  fait  mention  de  ce  curieux  Physétérien;  mais 
il  n'en  a  décrit  que  le  crâne,  d'après  un  exemplaire  rapporté,  en  1857,  des  côtes 
orientales  de  l'Afrique  du  Sud,  par  feu  M.  Jules  Verreaux,  et  qui  fait  partie  des 
collections  du  Muséum.  11  l'a  considéré  comme  devant  être  classé  provisoirement 
dans  le  même  genre  que  les  Cachalots,  et  lui  a  donné  le  nom  de  Cachalot  à  tète 
courte  (P/iyseter  ùreviccps)  (2);  c'est  maintenant  le  Kogia  breviceps.  En  effet 
M.  Gray  a  fait  de  cette  espèce  le  type  d'un  genre  à  part  qu'il  a  appelé  Kogia  (3). 

La  gracilité  des  dents  du  Cachalot  à  tête  courte  et  le  manque  de  cément  sur  ces 
organes  fournissent  un  des  principaux  caractères  du  genre  dont  il  a  du  devenir 
le  type. 

Depuis  lois  la  même  espèce,  ou  tout  au  moins  des  espèces  fort  peu  différentes, 


1     I>1.  XX,  fig.  1-3  et  pi.  XXII,  fig.  8. 

(2J  Ann.  franc,  et  élr.  d'anat.  et  de  physiol.,  I.  II.  y.  337,  PI.  10;  183s. 

(3)  Erebus  et  Terror,  p.  22.  —Catal.  british  Muséum;  Celecea,  p.  -'53;   1850. 


348  GENRE   KOGIA. 

bien  qu'on  les  ait  partagées  en  deux  genres  distincts  sous  les  noms  de  Kogia  et 
A'  Euphysetes,  sont  venues  à  la  connaissance  des  naturalistes. 

M.  Wall  a  publié,  en  1854 ,1a  description  de  l'une  d'elles,  comme  constituant  un 
nouveau  genre  voisin  des  Cachalots,  et  il  l'a  appelée  Euphysetes  Grayi  (]  ),  mais  c'est 
bien  un  Kogia.  Il  donne  à  son  égard  des  détails  étendus,  principalement  relatifs  au 
squelette.  L'exemplaire  qu'il  a  observé  avait  été  pris  à  Maroobrah  Beech,  à  peu  de 
distance  de  Sydney;  il  avait  9  ou  10  pieds  anglais  de  long. 

Un  squelette  recueilli  dans  les  mêmes  parages  que  le  précédent  est  devenu  pour 
M.  Gérard  Krefft  le  type  d'une  autre  espèce,  Y Euphy tes  Macleayii ,  dont  l'obligeance 
du  savant  directeur  du  Musée  de  Sydney  nous  a  permis  de  donner  une  figure 
(PI.  XXII,  fig.  8)  (2).  Un  crâne  de  ce  Cétacé,  comparé  à  celui  dont  Blainville  a  donné 
la  description,  ne  laisse  aucun  doute  sur  l'identité  des  deux  genres  Kogia  et  Euphy- 
setes, et,  ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit,  je  serais  très-porté  à  penser  que  la  même  identité 
s'étend  aux  autres  espèces  que  l'on  a  admises  parmi  ces  animaux.  Dans  tous  les 
cas  nous  n'aurions  pas,  dans  l'état  actuel  de  la  science,  le  moyen  de  les  distinguer 
sûrement  entre  elles,  et  M.  Gray,  qui  ne  sépare  pas  génériquement  Y  Euphy- 
setes Grayi  du  Kogia  ùreviceps  dans  son  Catalogue  pour  l'année  4866,  lui  conserve 
au  contraire  son  nom  générique  propre  en  1871,  mais  en  reportant  alors  les 
Euphysetes  Macleayii  et  simus  parmi  les  Kogias  véritables. 

L Euphysetes  simus  est  des  côtes  de  l'Inde.  Il  vient  en  effet  des  Kogias  dans  cette 
région,  et  M.  Owên  a  parlé  sous  le  nom  A' Euphysetes  simus  (5)  d'animaux  de  ce 
genre  d'après  des  documents  et  des  pièces  en  nature  recueillies  par  M.  Walter  Elliot, 
qui,  en  -1855,  a  vu,  sur  la  côte  de  Valtair,  un  mâle  long  de  6  pieds  8  pouces  anglais 
et  une  femelle  longue  de  6  pieds.  Les  pêcheurs  les  y  nomment  Wonga.  M.  Owen 
traite  de  ces  animaux  dans  un  de  ses  Mémoires  en  en  faisant  une  espèce  différente 
des  précédentes. 

L'observation  du  crâne  de  ce  Kogia,  que  j'ai  pu  voir  au  Musée  britannique,  ne 


I  History  ami  description  of  the  skeleton  of  a  new  Sperm-Whale  (Catodon  australis),  lalely  set  up 
m  th£  Australian  Muséum,  together  with  account  of  a  new  genus  of  sperm-Whales  called  Euphyxi  1rs. 
avec  2  PE  ;  in-12.  Sydney;  1851. 

(2)  Plusieurs  figures  de  YEuphyseles  Macleayi  ont  été  envoyées  à  l'Exposition  universelle  de  1867,  à 
Paris,  par  M.  Krefft,  et  sonl  restéessous  les  yeux  du  public  pendant  toute  la  durée  de  cette  Exposition. 
(3   Trans.  zi  ni.  Soc.  London,  t.  VI,  p.  30,  PI.  10,  11  (fig.  1),  PI.  12,  l.'t  et  14  'fig.  1). 


SQUELETTE.  349 

me  permet  pas  de  douter  qu'il  ne  soit  de  la  même  espèce  que  celui  dont 
Blain ville  a  parlé  autrefois  sous  le  nom  àePhyseter  breviceps,  lequel  est  le  véritable 
type  du  genre  Kogia. 

SQUELETTE. 

Crâne.  —  On  doit  à  de  Blainville  une  première  description  du  crâne  de 
son  Kogia  breviceps,  et,  depuis  lors,  MM.  Wall  et  Owen  se  sont  à  leur  tour  occupés 
de  ce  genre  remarquable,  le  premier  par  l'examen  du  sujet  appelé  par  lui  Euphy- 
setes  Grayi,  le  second  par  celui  de  l'un  des  deux  exemplaires  indiens  qu'il  a 
nommés  Euphysetes  simus. 

Le  reste  du  squelette  n'est  connu  que  par  les  détails  que  M.  Wall  a  donnés 
à  son  égard  et  par  les  figures  qu'a  bien  voulu  m'en  envoyer  M.  Krefft,  figures 
dont  la  principale  est  reproduite  sur  la  planche  XXII  sous  le  n°  8. 

Quant  aux  dents  des  mêmes  animaux,  de  Blainville  a  décrit  celles  de  l'exem- 
plaire encore  jeune  qu'avait  rapporté  M.  Verreaux,  et  j'y  ajoute  (PI.  XX,  fig.  5), 
celles  d'un  maxillaire  provenant  d'un  sujet  plus  âgé,  chez  lequel  elles  sont  par 
conséquent  plus  fortes.  Ce  maxillaire  inférieur  est  conservé  au  Collège  des  chirur- 
giens de  Londres;  j'en  dois  la  communication  à  M.  Flower,  qui  m'a  autorisé  à  en 
prendre  un  moule  pour  nos  galeries. 

Les  Kogias  ont-ils,  comme  les  Cachalots,  des  dents  aux  deux  mâchoires?  C'est  ce 
que  l'on  a  déjà  constaté,  ainsi  qu'on  l'a  fait  pour  les  Cachalots,  mais  il  faudrait 
avoir  l'occasion  d'étudier  des  animaux  de  ce  genre  encore  jeunes  et  frais  ou  con- 
servés dans  l'esprit-de-vin  pour  établir  définitivement  la  formule  de  ces  dents. 
En  l'état,  nous  ne  connaissons  d'une  manière  complète  que  les  dents  de  leur 
mâchoire  inférieure. 

Crâne.  —  De  Blainville  n'a  donné  qu'une  courte  définition  du  crâne  du  Kogia, 
dans  laquelle  cette  partie  du  squelette  se  trouve  plutôt  distinguée  à  grands  traits 
de  la  tête  osseuse  du  Cachalot  que  décrite  dans  ses  détails.  M.  Owen  a  fourni  plus 
de  renseignements  à  cet  égard  à  propos  de  X Euphysetes  simus,  mais  les  différences 
qu'il  indique  comme  étant  spécifiques  me  paraissent  dues  à  l'âge  moins  avancé  du 
sujet  observé  par  lui  plutôt  qu'à  toute  autre  cause,  et  c'est  en  particulier  pour  cela 
que  la  mâchoire  supérieure  est  plus  courte.  On  trouverait  d'autres  caractères,  mais 


350  GENRE  KOGIA.. 

dans  une  autre  direction,  si  l'on  étudiait  le  crâne  d'un  sujet  très-avancé  en  âge,  et 
nous  aurons  plus  loin  l'occasion  de  constater  qu'il  en  est  principalement  ainsi  des 
dents  en  place  sur  la  mâchoire  inférieure  du  vieil  exemplaire  que  l'on  conserve  au 
Musée  huntérien. 

Ce  qui  frappe  au  premier  abord  dans  le  crâne  du  genre  de  Cétacés  dont  il 
s'agit,  c'est  sa  grande  ressemblance  avec  celui  du  Cachalot.  Quoique  plus  ramassé 
dans  sa  forme  générale,  c'est-à-dire  moins  long  à  proportion  et  relativement  plus 
large  (0,40  sur  0,34  pour  le  crâne-type),  il  a  la  même  apparence  générale  et  le 
dessus  de  la  face  présente  aussi  une  excavation  destinée  à  loger  un  amas  considé- 
rable de  sperma-céti;  cependant  la  tète  encore  recouverte  de  sa  peau  offre  plus 
d'analogie  avec  celle  d'un  Marsouin  ou  d'unGlobicéphale  qu'avec  celle  du  Cachalot 
lui-même,  et  M.  Elliot  avait  inscrit  cet  animal  dans  ses  notes  sous  le  nom  anglais 
de  Porpoise,  qui  signifie  Marsouin. 

Les  bords  du  cirque  facial  sont  en  effet  moins  relevés  et  en  même  temps  plus 
épaissis  que  chez  le  Cachalot  à  sa  partie  postérieure;  une  forte  crête  qui  se  voit 
dans  la  région  des  narines,  relie  cette  excavation  au  milieu  du  bord  postérieur 
formant  une  muraille  moins  abrupte.  Les  os  maxillaires  et  incisifs  remontent  aussi 
dans  les  deux  vasques  postérieures  du  cirque  facial  du  Kogia,  que  sépare  la  crête 
épaissie  dont  il  vient  d'être  parlé,  et  le  premier  de  ces  os  va  de  même  concourir, 
par  suite  de  son  application  contre  la  face  antérieure  du  bord  montant  de  l'occi- 
pital supérieur,  à  former  la  crête  qui  limite  le  cirque  en  arrière;  entre  les  deux 
parois  antérieure  et  postérieure  de  cette  dernière,  viennent  mourir  les  frontaux  et 
les  pariétaux,  d'autant  moins  apparents  en  dehors,  que  l'animal  est  mort  à  une 
époque  plus  éloignée  de  l'âge  fœtal  et  que  l'ossification  a  pu  suivre  sa  marche.  La 
gouttière  voinérienne  reste  ouverte  et  les  bords  supérieurs  internes  des  inter- 
maxillaires  qui  tendent  à  la  recouvrir  chez  le  Cachalot  sont  encore  moins  rappro- 
ches l'un  de  l'autre  dans  l'espèce  que  nous  citons.  Les  narines  sont  inégales; 
elles  le  sont  même  à  un  degré  bien  plus  grand  que  dans  le  Cétodonte  gigantesque 
dont  le  Kogia  semble  être  une  représentation  réduite;  c'est  la  droite  qui  est  la  plus 
petite,  et  de  Blainville  a  déjà  fait  remarquer  qu'elle  l'est  «  vingt  fois  peut-être  plus 
(pie  l'autre.  »  Les  trous  sous-orbitaires  sont  d'assez  faible  dimension.  Les  parties 
latérales  îles  os  frontaux  forment  au-dessus  des  yeux  une  voûte  arquée  en  arrière 
de  laquelle  est  la  fosse  temporale,  limitée  elle-même  de  ce  côté  par  la  saillie  du 


SQUELETTE.  i.,1 

temporal.  Le  jugal  a  été  perdu  dans  le  crâne  du  Kogia  que  nous  axons  sous 
les  yeux,  et  la  branche  par  laquelle  il  limite  au-dessous  de  l'œil  la  cavité  orbitaire 
n'a  pas  non  plus  été  conservée  sur  le  crâne  déposé  au  Musée  britannique,  de  sorte 
qu'il  n'est  pas  possible  d'en  dire  la  forme.  Ce  n'est  pas  en  ce  point  seulement  que 
le  crâne  type  du  Kogia  qu'a  décrit  de  Ulainville  est  incomplet.  Le  vomer  a  disparu  ; 
toute  la  partie  rostrale  du  maxillaire  supérieur  gauche  a  aussi  été  perdue,  et  le 
palais  a  également  subi  quelques  détériorations. 

La  surface  basilaire  est  large  et  en  forme  de  voûte.  Le  trou  rachidien  estovalaire 
à  grand  diamètre  vertical;  les  condyles  ne  forment  qu'une  très-faible  saillie. 

Le  maxillaire  a  la  forme  générale  de  celui  des  Cachalots  et  il  a  également  ses 
deux  branches  symphysées  dans  une  étendue  assez  considérable  de  sa  partie  den- 
tifère.  Si  sa  forme  générale  rappelle  celle  des  Cachalots,  elle  n'a  pas  le  même  allon- 
gement, et  certaines  autres  différences  secondaires  qu'on  y  remarque  sont  en  rap- 
port avec  les  particularités  présentées  par  le  crâne  lui-même.  Les  figures  que  nous 
donnons  à  cet  égard  permettront  de  les  saisir  aisément. 

M.  Wall  qui  a  observé  l'hyoïde  des  Kogias  le  compare  à  celui  des  Cachalots, 
attendu  que  les  cornes  laryngiennes  y  sont  également  larges,  aplaties  et  discoïdes. 

Colonne  vcr<cl»ral«-   e«  pièces  qui  s'y   rattachent.    —  C'est    aussi  par  M.    Wall 

que  nous  apprenons  que  le  Kogia  possède  au  total  quarante-quatre  vertèbres.  Les  sept 
vertèbres  cervicales  sont  réunies  en  une  synostose  unique,  dans  laquelle  on  dis- 
tingue cependant  l'atlas  et  l'axis  au  moyen  de  leurs  apophyses  transverses;  les 
troisième  et  quatrième  montrent  aussi  des  traces  de  leur  séparation  primitive, 
mais  nous  voyons  par  la  figure  que  nous  donnons  nous-même  de  l'exemplaire- 
type  de  YEuphysetes  Macleayii  que  leurs  apophyses  épineuses  sont  confondues 
avec  celles  des  trois  dernières  et  forment  avec  elles  une  crête  médiane  saillante. 

M.  Wall  compte  quatorze  dorsales  et  autant  de  paires  de  côtes,  tandis  que  nous 
n'en  voyons  que  treize  sur  notre  figure.  Mais  ici  la  quatorzième  paire,  qui  est  libre 
dans  les  chairs,  a  très-probablement  disparu  et  le  nombre  des  dorsales  doit  être  sup- 
posé identique  à  celui  du  sujet  précédemment  décrit.  En  effet,  la  vertèbre  placée  en 
arrière  de  la  treizième  dorsale  ressemble  par  sa  forme  à  celle-ci,  et  non  aux 
vraies  lombaires  qui  la  suivent. 

Les  apophyses  épineuses  des  vertèbres  ne  sont  pas  très-élevées,  et  l'on  ne  voit 
rien  de  particulier  dans  la  forme  des  apophyses  articulaires.   Sous  ce   double 


332  GENRE  KOGIA. 

rapport,  le  genre  Kogia    ressemble  plutôt  aux  Cachalots  qu'aux  Hypéroodons 
et  aux  autres  Ziphioïdes. 

Les  côtes  sont  plates  et  élargies  d'un  bord  à  l'autre  ;  celles  de  la  première  paire 
n'ont  qu'une  seule  facette  articulaire  pour  les  mettre  en  rapport  avec  la  vertèbre 
correspondante,  tandis  qu'il  y  en  a  deux  aux  sept  suivantes.  Une  seule  articulation 
se  voit  ensuite  aux  cinq  avant-dernières.  Quanta  la  quatorzième  ou  dernière,  nous 
avons  déjà  dit  qu'elle  est  libre  et  elle  est,  par  suite,  sans  rapports  avec  la  vertèbre 
qui  lui  correspond  ;  cette  quatorzième  paire  de  côtes  n'a,  dans  le  squelette  examiné 
par  M.  Wall,  qu'un  demi-pouce  de  long. 

Le  sternum  se  compose  de  plusieurs  pièces  successives,  mais  nous  n'en  connais- 
sons pas  les  détails,  celui  qu'a  vu  M.  Wall  étant  incomplet  et  la  figure  que  nous 
avons  reçue  de  M.  Krefft  montrant  la  série  de  ses  pièces  par  le  proGl,  ce  qui 
empêche  d'en  bien  saisir  les  détails. 

L'unique  sternèbre  observée  par  M.  Wall  est  en  deux  pièces  jointes  l'une  à 
l'autre  sur  la  ligne  médiane  comme  cela  a  lieu  chez  les  Cachalots.  M.  Wall  parle 
de  neuf  lombaires,  tandis  qu'il  n'y  en  aurait  que  sept  dans  le  squelette  de 
YE.  Macleayii,  si  les  os  en  V  de  ce  dernier  appartenaient  bien  aux  vertèbres  aux- 
quelles ils  ont  été  attachés  par  le  préparateur.  Toutes  celles-ci  seraient  alors  de 
la  série  des  coccygiennes.  M.  Wall  compte  vingt  et  une  coccygiennes  ou  vertèbres 
de  la  queue,  savoir  dix  avec  os  en  V  et  onze  sans  os  de  cette  sorte. 

La  figure  que  nous  publions  ne  donne  pas  les  mêmes  chiffres;  mais  c'est  là 
une  différence  à  laquelle  on  ne  devra  pas  s'arrêter  tant  que  les  deux  squelettes 
(E.  Grayi  et  E.  Macleayii)  n'auront  pu  être  comparés  entre  eux  autrement  qu'à 
l'aide  des  figures  que  l'on  en  a  exécuté;  il  faudrait  savoir  d'où  vient  cette  diffé- 
rence et  si  elle  est  de  valeur  spécifique. 

Un  caractère  d'ailleurs  plus  important  que  celui-là,  et  dont  ni  M.  Wall  ni 
M.  Owen  n'ont  fait  mention,  réside  dans  la  forme  des  vertèbres  lombaires.  Leur 
corps  présente  inférieurement  deux  saillies  médianes  placées,  l'une  en  arrière, 
l'autre  en  avant  sur  la  ligne  médiane  et  séparées  seulement  par  une  échancrure  plus 
ou  moins  profonde.  Cette  double  saillie  que  je  ne  retrouve  chez  aucun  autre  Cétacé 
est  très-apparente  dans  l'exemplaire  connu  sous  le  nom  de  Macleayi  (PI.  XXII,  fig.  8), 
cl  elle  n'esl  pis  moins  évidente  chez  le  Grayi.  M.  Owen  qui,  ainsi  que  l'a  fait  rcmar- 


SQUELETTE.  353 

quer  M.  Gray  (I),  s'est  servi  de  la  figure  de  ce  dernier,  publiée  par  M.  Wall,  pour 
le  dessin  qu'il  a  donné  du  squelette  de  son  Euphyseles  simus,  reproduit  cette  parti- 
cularité, mais  sans  la  signaler,  et  cependant  elle  me  paraît  devoir  occuper  un  rang 
important  dans  le  caractéristique  du  Kogia. 

M.  Wall  parle  aussi  de  la  forme  des  os  pelviens,  qu'il  dit  composés  de  deux  pièces 
pour  chaque  côté,  ce  qui,  d'après  lui,  serait  aussi  le  cas  du  Cachalot;  mais  dans  le 
Kogia  ces  os  auraient  une  autre  forme,  l'interne  étant  aplati  et  en  carré  long,  et 
l'externe,  avec  lequel  il  s'articule,  plus  court,  ainsi  que  plus  élargi. 

membres.  —  Les  membres  du  Kogia  n'ont  pas  une  conformation  absolument 
semblable  à  ceux  du  Cachalot,  et  ils  paraissent  un  peu  plus  longs. 

L'omoplate,  dont  le  contour  est  différent,  a  cependant  une  saillie  sur  sa  face 
externe  qui  répond  à  une  courte  épine  aboutissant  à  l'acromion  qui  est  forte.  11 
existe  aussi  une  saillie  coracoïdienne,  et  elle  est  proportionnellement  plus  épaisse. 
Le  bord  supérieur  de  cet  os  est  arrondi  en  quart  de  cercle;  ses  deux  bords  anté- 
rieur et  postérieur  sont  échancrés. 

L'humérus  approche  de  celui  des  Dauphins  par  sa  brièveté;  il  présente  toutefois 
une  forte  saillie  deltoïdienne. 

Le  radius  et  le  cubitus  ne  sont  pas  soudés  l'un  à  l'autre.  C'est  le  premier  de  ces 
deux  os  qui  est  le  plus  fort;  l'apophyse  olécràne  du  second  est  peu  considérable. 

M.  Wall  signale  sept  os  au  carpe,  mais  deux  de  ces  os  sont  allongés  et  placés,  l'un 
au-dessous  du  radius,  l'autre  au-dessous  du  cubitus,  et  ils  ne  peuvent  être  regardés 
que  comme  les  épiphyses  inférieures  de  ces  deux  rayons  osseux  de  F  avant-bras. 
Les  autres  sont  en  disques  irrégulièrement  polygonaux  ;  il  y  en  a  un  au-dessus 
de  chacun  des  métacarpiens. 

Les  cinq  doigts  qui  correspondent  aux  cinq  os  métacarpiens  ont  le  nombre- 
suivant  de  phalanges  :  le  premier,  2;  le  second,  G;  le  troisième,  G;  le  qua- 
trième, 4,  et  le  cinquième,  5  ou  4. 

Deniitiou.  —  M.  Elliot  a  constaté  la  présence  d'une  paire  de  dents  supérieures 
placées  tout  à  fait  en  avant,  et  il  est  probable,  ainsi  que  nous  l'avons  fait  remar- 
quer, qu'on  trouvera  un  plus  grand  nombre  de  ces  dents. 

Nous  avons  déjà  rappelé  que  l'on  connaissait  mieux  les  dents  inférieures  des 

(1)  Ann.andMag.  ofnat.  Ris  t.,  4e  série,  t.  XII,  p.  184;  1873. 

45 


354  GENRE   KOGIA. 

Kogia.  Comparées  à  celles  des  Cachalots,  elles  sont  grêles,  cylindro-coniques, 
à  couronne  longuement  sorties  des  alvéoles,  et  terminées  en  pointes  aiguës.  Le 
nombre  en  est  de  quatorze  ou  quinze  pour  l'exemplaire  type  de  l'espèce,  c'est-à- 
dire  pour  celui,  provenant  des  côtes  de  l'Afrique  méridionale,  qui  a  été  décrit  par 
de  Blainville  (Pi.  XX,  fig.  2)  ;  la  couronne  de  ces  dents  mesure  en  moyenne  0,015 
ou  0,016  de  longueur,  et  elle  est  large  de  0,005  ou  à  peu  près  à  son  milieu. 

Une  coupe  des  dents  du  Kogia  préparée  pour  le  microscope  montre  qu'elles  dif- 
fèrent en  outre  de  celles  des  Cachalots  par  l'absence  de  la  couche  corticale  dont 
celles-ci  ont  leur  ivoire  enveloppé.  La  partie  externe  de  cet  ivoire  est  Gnement 
quadrillée  et  non  régulièrement  tubulaire  comme  le  reste,  mais  on  n'y  voit  pas 
d'ostéoplastes  comme  au  véritable  cément. 

M.  Wall  attribue  à  l'exemplaire  décrit  par  lui,  treize  dents  de  chaque  côté  delà 
mâchoire  inférieure,  et  il  n'y  en  a  que  onze  chez  celui  de  M.  Owen  (Euphysetes  simus). 
Dans  ce  dernier  elles  sont  plus  petites  et  ont  leurs  alvéoles  imparfaites,  ce  qui  tient 
à  l'âge  moins  avancé  du  sujet. 

Une  mâchoire  inférieure  de  Kogia  (PI.  XX,  fig.  5),  que  nous  avons  étudiée  dans 
le  Musée  huntérien  et  qui  provient  des  côtes  de  l'Australie,  a  appartenu  à  un  sujet 
plus  avancé  en  âge  que  ceux  dont  il  vient  d'être  question  ;  aussi  les  dents  y  sont- 
elles  notablement  plus  fortes,  mais  elles  sont  toujours  de  forme  pointue;  les  in- 
termédiaires sont  recourbées  en  dedans,  les  postérieures  recourbées  en  arrière; 
leur  fût  a  de  0,050  à  0,045  de  haut  dans  sa  partie  coronale  et  0,005  ou  0,006  de 
diamètre  au  milieu;  leur  sommet  est  également  en  pointe.  Ces  dents  ont  l'appa- 
rence de  celles  des  Pithons  ou  des  Boas  et  elles  indiquent  un  animal  aimant  à  se 
nourrir  de  proie  vivante.  Taudis  que  le  Cachalot  et  l'Hyperoodon,  s'alimentent 
surtout  des  Cépbalopodes,  il  est  probable  que  le  Kogia  poursuit  les  poissons. 

Il  y  a  qualorze  dents  à  gauche  et  quinze  à  droite  sur  la  mâchoire  inférieure 
d'adulte  dont  nous  venons  de  parler,  ce  qui  était  probablement  aussi  le  nombre 
de  ces  organes  pour  l'exemplaire  rapporté  par  M.  J.  Verreaux. 


DES    CETACES    ZIPHIOÏDES 

(Genres  Hyperoodon,  Ziphius,  Chsenoziphius,  Dioplodon,  Belemnoziphius,  etc.) 
ENVISAGÉS   DANS   LEURS  ESPÈCES  VIVANTES  ET  FOSSILES- 


Les  espèces  de  cette  famille  de  Cétodontes  sont,  les  unes  actuellement  vivantes, 
les  autres  au  contraire  anéanties  et  seulement  connues  par  les  débris  qu'on  en  a 
recueillis  dans  les  terrains  tertiaires  supérieurs.  Les  dernières  ont  été  le  plus 
souvent  confondues  sous  le  nom  commun  de  Ziphius,  mais  il  faut  en  séparer  le 
Ziphius  type,  appelé  cavirostre  par  Cuvier,  que  l'on  sait  maintenant  exister  dans 
différentes  mers  et  que  j'ai  le  premier  signalé  dans  la  Méditerranée.  L'Iïyperoodon, 
le  Bérardius,  le  Mésoplodon,  appelé  par  de  Blainville  Dauphin  de  Dale  et  par  Cu- 
vier Dauphin  microptère,  le  Dolichodon  et  le  Dioplodon  sont,  comme  le  Ziphius 
cavirostre,  des  Cétacés  ziphioïdes  propres  à  la  faune  actuelle;  quant  aux  espèces 
réellement  fossiles  que  l'on  avait  d'abord  attribuées  au  genre  Ziphius,  elles  en  ont 
été  retirées  et  l'on  a  établi  pour  les  y  placer  plusieurs  genres  à  part,  dont  le  plus 
ancien  a  été  nommé  Chénoziphius  par  Duvernoy  et  le  second  Bélemnoziphus  par 
M.  Huxley.  Depuis  lors  MM.  Van  Beneden  et  Du  Bus  en  ont  encore  établi  plusieurs 
autres. 

De  Blainville  a  le  premier  compris  la  nécessité  de  séparer  les  Ziphioïdes  des 
Dauphins  proprement  dits,  et  il  en  a  fait  un  groupe  distinct  parmi  les  Cétacés  sous 
la  dénomination  d'IIétérodontes.  Ces  Hétérodontes  ont  été  depuis  lors  l'objet  de 
travaux  étendus  dont  les  principaux  sont  signalés  dans  le  résumé  bibliographique 
qui  suit  : 

De  Blainville,  Ilc/érodwi,  sizirme  sous-genre  des  Dauphins  [in  Desmaresl,  article  Dauphin  du  Xounnu 
Dictionnaire  d'Histoire  naturelle,  t.  IX,  p.  175;  1817). 


356  GENRE  HYPER00D0N. 

G,  Cuvier,  Cétacés  fossiles  voisins  des  Hyperoodons  et  des  Cachalots  (Ossfoss.,  t.  V,  part.  I,  p.  349; 
1825). 

Eschricht,  Zoologish-analomisch-physiologische  Vntersuchungen  iiber  die  Nordischen  Walllhiere.  In -fol. 
Leipzig;  1849. 

P.  Gervais,  Recherches  sur  la  famille  des  Cétacés  ziphioïdes  et  jilus  particulièrement  sur  le  Ziphius 
cavirostris  de  la  Méditerranée  (Compt.  rend,  hebd.,  t.  XXX,  p.  510;  1850.  —  Ann.  se.  nat.,  3e  série,  t.  XIV, 
p.  1  ;  1850.  —  Zool.  et  Pal.  franc.,  1"  édit.,  t.  II,  p.  5.  —  Ibid.,  2<  édit-,  p.  291). 

Duvernoy,  Mémoire  sur  les  caractères  ostéologiques  des  genres  nouveaux  ou  des  espèces  nouvelles  de 
Cétacés  vivants  ou  fossiles  dont  les  squelettes  entiers  ou  les  têtes  seulement  so?it  conservés  dans  les  galeries 
d'anatomie  du  Muséum  d'histoire  naturelle,  suivi  d'un  Tableau  résumé  des  caractères  de  Vordre  des  Cétacés, 
des  familles  qui  le  composent ,  et  en  particulier  des  genres  et  des  espèces  de  la  famille  des  Hètèrodontes 
(Ann.  se.  nat.,  3e  série,  t.  XV,  p.  6  et  G5,  PI.  1  et  2;  1851). 

Huxley,  On  the  cetacean  Fossils  termed  «  Ziphius  »  by  Cuvier  ;  with  a  Notice  of  a  new  species  (Belemno- 
ziphius  compressus)  from  the  red  crag  (Quarterly  Journ.  geol.  Soc.  London,  t.  XX,  p.  38S,  PI.  19;  1864). 

Du  Bus,  Sur  différents  Zipioides  nouveaux  du  crag  d'Anvers  (Bull.  Acad.  r.  Belgique,  2e  série,  t.  XXV; 
1868). 

Owen,  Monograph  on  the  british  fossil  Cetacea  from  the  red  crag;  n°  1  :  genus  Ziphius  [Palœontogra- 
phical  Society  London;  1870). 

Flower,  On  the  récent  ziphioid  Whales,  icith  a  Description  of  the  Skelelon  of  Berardius  arnouxi  (Trans. 
zool.  soc.  London,  t.  VIII,  p.  201,  PL  27  à  29;  1871). 

Brandt,  Ziphince,  in  Vntersuch.  uber  die  fossilen  und  subfossilen  Cetaceen  Europà's,^.  209  (Mém.  Acad. 
se.  Saint-Pétersbourg,  7e  série,  t.  XX,  n°  1  ;  1873). 

Ce  n'est  qu'après  avoir  passé  en  revue  les  caractères  particuliers  des  différentes 
espèces  de  Cétacés  qui  constituent  cette  famille  que  nous  pourrons  en  discuter 
les  affinités  et  en  donner  une  définition  à  la  fois  générale  et  comparative. 


DE  L'HYPEROODON  ROSTRATUS 

Principaux  caractères.  —  L'IIyperoodon  est  le  plus  volumineux  des  Cétacés  de 
la  division  des  Ziphioïdes;  sa  longueur  totale  atteint  de  \  2  à  \  5  mètres.  11  fréquente 
le  nord,  est  commun  au  Groenland  et  dans  les  parages  de  l'Islande,  se  montre 
déjà  en  moins  grand  nombre  dans  l'archipel  des  Feroès  ainsi  que  sur  les  côtes  de 
la  Scandinavie  et  ne  se  voit  plus  guère  que  d'une  manière  accidentelle  sur  le 
littoral  de  l'Europe  tempérée  où  il  ^  ient  échouer  isolément  et  à  des  intervalles  irré- 
guliers; ainsi,  pour  une  soixantaine  d'années  qu'ont  duré  les  observations,  on  n'a 
signale  que  sept  individus  de  celte  espèce  pris  sur  les  côtes  du  Calvados,  le  point  de 
la  France  où  il  s'en  rencontre  le  plus  fréquemment,  et  où,  grâce  aux  travaux  de 
Baussard  et  de  M.  Eudes  Deslongchamp,  l'étude  de  ces  grands  Cétacés  a  été  pour- 
suivie avec  le  plus  de  soin. 


CARACTÈRES  PRINCIPAUX.  357 

Quoique  la  synonymie  de  l'Hyperoodon  ne  soit  pas  l'une  des  plus  difficiles  à 
débrouiller,  elle  ne  laisse  pas  cependant  d'offrir  quelque  complication,  ne  fût-ce 
que  par  la  multiplicité  des  noms  qui  ont  été  donnés  par  les  auteurs  à  cette  espèce 
à  propos  des  différeuts  individus  qu'on  en  a  d'abord  observés;  mais  les  caractères 
extérieurs  de  l'Hyperoodon  autant  que  les  particularités  distinctives  de  son  sque- 
lette sont  aisées  à  saisir. 

Le  rostre  est  pointu  et  la  tète  renflée  par  suite  de  la  présence  d'une  certaine 

quantité  de  sperma-céti  au-dessus  de  la  face  (I);  une  muraille  osseuse  s'élève  de 
chaque  côté  des  maxillaires  et  borde  latéralement  la  partie  qui  précède  les  na- 
rines, sans  se  relier  à  l'élévation  fronto-nasale  qui  limite  en  arrière  le  cirque 
échancré  bilatéralement  qui  occupe  une  grande  partie  de  la  région  faciale;  les 
vertèbres  ont  leurs  apophyses  épineuses  plus  élevées  que  celles  des  Cachalots  ou 
des  Dauphins,  ce  qui  est  un  des  caractères  principaux  des  Ziphioïdes,  et  il  n'existe 
qu'une  seule  paire  de  dents  atteignant  un  développement  quelque  peu  consi- 
dérable; elles  sont  placées  à  la  mâchoire  inférieure  et  en  occupent  la  partie 
terminale.  A  part  le  caractère  de  la  position  de  ces  dents  ainsi  que  leur  nombre, 
leur  structure  cémenteuse  se  retrouve  chez  les  autres  Cétacés  du  même  groupe,  et 
c'est  à  cause  de  cette  singularité  que  de  Blainville  avait  donné  à  la  famille  dont 
l'Hyperoodon  est  une  des  principales  espèces  la  dénomination  d'Ilétérodontes, 
rappelant  que  la  dentition  est  très-éloignée  d'avoir  chez  ces  animaux  l'uniformité 
qu'on  lui  connaît  chez  les  Dauphins. 

Quant  au  mot  Hyperoodon  lui-même,  il  a  été  créé  par  Lacépède  (2)  et  fait  allu- 
sion aux  dents  qu'il  croyait  exister  au  palais  de  ces  animaux.  Ce  nom  est  resté  le 
terme  générique  par  lequel  on  désigne  maintenant  le  genre  auquel  le  Butzkopf, 
c'est-à-dire  l'espèce  dont  nous  nous  occupons,  sert  de  type. 

Répartition  géographique.  —  Les  premiers  Cétacés  de  ce  genre  qui  aient  attiré 
l'attention  des  zoologistes  furent  deux  individus,  l'un  mâle  et  l'autre  femelle, 
égarés  dans  les  eaux  anglaises  en  M\7  et  qui  échouèrent  à  Maldcn,  eu  Essex, 
le  23  septembre  de  la  même  année.  Dale  en  parla  dans  son  Histoire  de  Harwick  (5); 
Klein  en  a  fait  son  Balsena  roslrala. 

(1)  M.  Eudes  beslonchanips  nie  qu'il  existe  du  sperma-céti  dans  le  renflement  qui  donne  il  la  tète  de 
l'Hyperoodon  une  si  singulière  apparence. 

(2)  Hist.  '/es  Cétacés,  p.  319. 

(3)  History  of  Harwick,  p.  411;  1730. 


[58  GENRE  HYPEROODON. 

Un  autre  entra  dans  la  Tamise  en  \  785  et  vint  échouer  au  pont  de  Londres.  Hunter 
y  reconnut  le  Bottk-nosed  Whale  de  Dale,  en  parla  dans  son  mémoire  sur  l'ana- 
tomie  des  Cétacés  (1)  et  en  fit  préparer  le  squelette  pour  le  Musée  anatomique  qu'il 
créait  au  Collège  des  chirurgiens  de  Londres,  et  qui  est  devenu  à  la  fois  si  célèhre 
et  si  utile  à  la  science,  sous  le  nom  de  Musée  hunlérien  (2). 

D'autres  captures  du  même  genre  ont  eu  lieu  sur  les  côtes  de  la  Grande-Bretagne, 
à  des  dates  plus  récentes  (5). 

Si  le  Cétacé  long  de  50  pieds,  que  l'on  trouva  sur  la  plage  auprès  d'Àrcachon, 
en  -1810  (4),  n'est  pas,  comme  le  pensait  F.  Cuvier,  un  Hyperoodon  (5),  et  la  taille 
qu'on  lui  attribue  permet  de  douter  qu'il  appartienne  hien  à  ce  genre,  le  Calvados 
que  nous  avons  déjà  cité  comme  étant  le  lieu  de  notre  littoral  visité  de  préférence 
à  tout  autre  par  les  animaux  dont  il  s'agit,  serait  aussi  le  point  le  plus  méridional 
sur  lequel  il  en  aurait  encore  été  signalé  en  France  et  même  sur  les  côtes  occiden- 
tales du  continent  européen,  et  en  parlant  du  Ziphius  cavirostre ,  je  montrerai 
d'autre  part  qu'il  n'a  été  vu  jusqu'à  présent  aucun  Hyperoodon  véritable  dans  la 
Méditerranée. 

Ln  -1705.  l'abbé  Dicquemare,  à  qui  la  science  est  redevable  de  tant  de  belles 
observations  relatives  aux  animaux  marins  que  l'on  trouve  au  Havre,  avait  vu  un 
Hyperoodon  de  vingt  pieds  qui  était  venu  se  perdre  à  peu  de  distance  de  cette  ville, 
et,  le  \9  septembre  1788,  il  en  échoua  deux,  une  mère  avec  son  petit,  peu  loin 
de  là.  La  mère  avait  25  pieds  de  long  et  le  petit  12;  ils  se  perdirent  à  IIonuYur 
(Calvados).  Baussard,  officier  de  marine  en  retraite,  les  examina  ot  on  fit  le  sujet 
d'une  note  qui  parut  en  4  789  (6).  Le  crâne  de  la  femelle  est  très-probablement  l'un 
de  ceux  que  l'on  conserve  au  Musée  de  Caen.  Un  autre  crâne  de  même  espèce 
appartenant  au  même  Musée  lui  avait  été  offert  par  M.  Touchet  et  provenait  d'un 
exemplaire  trouvé  en  1808  ou  L080  à  Bernière-sur-Mer,  dans  le  même  départe- 
ment. 

Il  existait  également  dans  la  même  collection,  lorsque  M.  Eugène  Deslongchamps 


I,  Philos.  Trans.  r.  Soc.  London,  t.  LXXVII,  p.  370,  PI.  MX;  1787. 
(2)  N"  217'j  du  Catalogue 

;    Voir  Gray,  Catalogue  oj Seals  and  Whales,  p.  331  ;  1806. 
(i    Voir  Bulletin  polymaliqut  du  Muséum  d'instruction  publique  de  Bordeaux,  1810,  p,  106, 
(.')    Hisl.  nat.  des  Cétacés,  p.  246. 
(6)  Journal  â*  Physique,  1.  XXXIV,  p.  201,  avec  2  planches. 


RÉPARTITION  GÉOGRAPHIQUE.  359 

publia  les  renseignements  que  nous  rappelons  ici(-l),  un  troisième  crâne  apparte- 
nant au  genre  qui  nous  occupe,  mais  sans  indication  d'origine;  M.  Eudes  Des- 
longchamps l'avait  reçu  en  don  d'une  personne  de  Caen  qui  en  était  propriétaire. 

Le  premier  des  trois  crânes  d'Hyperoodons  conservés  à  Caen,  c'est-à-dire  celui 
qui  proviendrait  de  la  femelle  décrite  par  Baussard,  a  les  crêtes  faciales  ou  mu- 
railles supra-maxillaires  peu  épaisses  et  de  forme  ordinaire;  elles  sont  plus 
épaisses,  mais  n'arrivent  pas  à  se  toucher  par  leur  face  interne,  dans  le  second,  que 
grâce  à  l'aimable  intervention  de  M.  Eug.  Deslongchamps,  M.  le  maire  de  Caen  a 
bien  voulu,  sur  ma  demande,  offrir  au  Muséum  de  Paris  en  L872.  On  possède 
aussi  à  Caen  un  squelette  d'ilyperoodon  provenant  de  l'un  des  sujets  qui  ont 
échoué  à  peu  de  distance  de  cette  ville  depuis  que  M.  Eudes  Deslongchamps  a  fait 
paraître  ses  Remarques  zoologiques  et  anatomiques  sur  l'IIyperoodon  (2)  et  dont 
il  a  aussi  parlé  dans  une  note  supplémentaire  à  ce  travail  (5).  Il  est  remarquable 
par  un  épaississement  des  crêtes  sus-maxillaires  dépassant  encore  celles  de  l'exem- 
plaire actuellement  déposé  au  Muséum. 

Quant  aux  sujets,  au  nombre  de  trois,  dont  le  lieu  d'échouement  a  été  enregistré, 
ils  ont  été  trouvés,  le  premier  à  Langrune  en  4  840;  le  second,  entre  Sallenelles 
et  Cabourg,  en  \  842,  et  le  troisième  à  Isigny,  en  \  852.  Le  squelette  de  l'exemplaire 
de  Sallenelles  a  été  préparé  par  M.  le  docteur  Sénéchal  pour  la  galerie  d'anatomie 
comparée  du  Muséum.  J'avais  précédemment  publié  la  ligure  de  son  crâne  (4)  et 
je  le  donne  aujourd'hui  en  entier,  en  y  ajoutant  des  détails  tirés  de  plusieurs  de 
ses  parties  dans  les  fit/.  1 1,  L2,  \\,  Vô  et  16  de  la  PI.  XVIII. 

On  cite  deux  Hyperoodons  trouvés  sur  les  côtes  de  la  Belgique.  Le  premier  vint 
à  l'embouchure  de  l'Escaut  en  1840  et  fut  décrit  par  Wesmaél  (.">);  son  squelette  est 
au  Musée  de  Bruxelles.  Le  second,  trouvé  au  même  lieu,  le  M  novembre  1875,  a 
été  préparé  pour  le  Musée  de  Liège  (6). 

La  Hollande  en  reçoit  aussi,  mais  on  n'en  cite  qu'un  petit  nombre-  Celui  dont 
il  est  le  plus  souvent  question  vint  auprès  de  Zantvord  le  24  juillet  1846;  il  a 

(1)  Observations  sur  quelques  Dauphins  appartenant  à  la  section  des  Ziphidés.  Broch.  in-8".  Caen;  1866. 

(2)  Mém.  Soc.  linn.  Normandie,  t.  VII,  p.  19,  PI.  I— II  ;  1842. 
(:i)  Ibitl.,  t.  X,  p.  1;  1856. 

(4)  Zool.  et  Pal.  franc.,  p.  286,  PI.  XXXVIII,  fig.  5. 

(5)  Mém.  Acad.  r.  Bruxelles,  t.  XIII,  14  p.  et  I  pi.;  1841. 

(G)  E.  Van  Beneden,  Bull.  Acad.  r.  Belgique,  2e  série,  t  XXXVII,  p.  23;  1874. 


360  GENRE  I1YPER00D0X. 

été,  de  la  part  de  Vrolik,  l'objet  d'une  monographie  anatomique  (I).  C'est  auprès 
de  Flessing,  petit  port  hollandais,  qu'a  été  harponné  le  sujet  dont  on  a  tiré  le 
squelette  conservé  au  Musée  de  Lille  ;  il  flottait  à  la  surface  mais  n'était  pas  encore 
mort.  Les  pécheurs  qui  s'en  sont  emparés  le  remorquèrent  jusqu'à  Dunkerque, 
et  c'est,  si  mes  souvenirs  sont  exacts,  par  les  soins  du  savant  ornithologiste 
feu  M.  Degland,  qui  habitait  Lille,  qu'il  a  été  acquis  et  préparé  pour  le  Musée  de 
cette  ville.  Il  avait  -10  mètres  de  long  et  a  fourni  une  quantité  considérable 
d'huile. 

Il  faut  sans  doute  aussi  attribuer  à  un  Ilyperoodon  pris  dans  les  eaux  hollan- 
daises le  sujet  dont  Camper  a  décrit  et  figuré  le  crâne  sous  le  nom  de  Balénoptère 
à  museau  pointu  (Balssna  rostrata  de  Linné)  (2).  Le  savant  anatoraiste  avait  vu  ce 
crâne,  en  1785,  dans  la  cour  d'un  négociant  de  Saardam;  c'est  le  même  qui  a 
servi  plus  tard  aux  figures  et  à  la  description  données  par  Cuvier  (5). 

Mais  les  Cétacés  de  ce  genre  se  montrent  plus  fréquemment  dans  les  parages  de 
la  Scandinavie,  et  c'est  dans  les  régions  situées  encore  plus  au  nord  qu'ils  ont  leurs 
cantonnements  réguliers;  aussi  les  naturalistes  danois,  et  en  particulier  Eschricht  (4), 
ont-ils  pu  en  faire  un  examen  pour  ainsi  dire  complet.  Les  Norwégiens  l'appel- 
lent Baleine  à  bec  d'oie.  L'auteur  qui  paraît  en  avoir  parlé  le  premier  est  Ponlop- 
pidan,  évèque  de  Bergen,  dont  l'ouvrage  remonte  cà  F7oo  (5).  0.  F.  Muller,  qui 
a  publié  sous  le  titre  de  Faune  danoise  (6)  un  travail  bien  connu  des  natura- 
listes, y  a  inscrit  l'IIyperoodonsous  ce  même  nom  de  Baleine  à  bec  d'oie  [Balsena  ros- 
trata), emprunté  à  Klein  et  qu'O.  Fabricius  (7)  a,  par  erreur,  attribué  au  petit 
Balénoptère  qui  fréquente  les  mêmes  régions,  c'est-à-dire  au  Balsenoptera  rostrata 
des  auteurs  actuels  (8). 


(1)  Naiuur  en  ontleedkundige  Beschowving  van  die  Hyperoodon.  Harlem;  1848. 

(2)  Cétacés,  p.  78;  1820. 

(3)  Oss.Joss.,  t.  V,  part.  1,  p.  224,  PI.  XXIV,  fig.  10  à  23. 

Camper  et  Cuvier  figurent  la  mâchoire  inférieure  de  l'Hyperoodon  a  l'envers,  c'est-â-dire  en  en  plaçanl 
le  bord  dentaire  inférieurement. 

(4)  Nordischen  Wallthiere,  t.  I,  p.  21.  —  Voir  aussi  Vindensk.  ni  Tavler  lil  Optysning  af  Hvaldrynes 
Bygning  Selsk.  Skr.,  t.  IX,  p.  il,  PI.  VI  et  VII.  Copenhague;  1869),  travail  posthume  d'Eschricht,  publie 
par  les  soins  de  M.  lieiuliardt  et  avec  sa  collaboration. 

(6)  llisi.  nat.  Norvegiœ,  t.  Il,  p.  200. 

(6)  Fauna  danica,  Prodromus,  p.  7. 

(7)  Fauna  groenlandica,  p.  -iO. 

(8)  Voir  p.  146. 


SYNONYMIE.  361 

L'Hyperoodon  n'est  pas  seulement  le  même  animal  que  le  Dogling  et  le  Balsena 
rostrata,  il  faut  encore  rapporter  à  son  espèce  YAnarnack  des  mers  polaires  [Mo- 
nodon  spuimis,  0.  Fabr.)  qui  est  aussi  YAnamakus  groenlandicns  de  Lacépède. 

Rappelons  également  qu'en  4825,  Jacob  a  remplacé  les  dénominations  géné- 
riques imposées  à  ce  Cétacé  par  celle  de  Cetodiodon  (I)  et  que  plus  récemment 
Escbricbt  y  a  substitué  celles  de  Chssnodelphis  (2)  et  Chxnocetus  (5). 

L'espèce  à  laquelle  ces  diverses  dénominations  ont  été  appliquées  s'étend  dans 
le  nord  jusqu'au  détroit  de  Davis  et  à  la  baie  de  Baffin  (4);  c'est  à  son  retour  des 
régions  polaires  que  quelques  individus  s'égarent  dans  nos  parages. 

Escbricbt  nous  apprend  que  les  Feroës  sont  une  des  stations  connues  de  l'Hy- 
peroodon  et  qu'on  les  y  appelle  Dogling;  il  résulte  toutefois  des  renseignements 
recueillis  par  lui  à  cet  égard  que  l'on  n'en  prend  guère  dans  ces  îles  que  cinq 
ou  six  individus  par  an  (S).  Le  même  Célacé  est  cité  par  Gunner  en  4771,  et  on 
le  trouve  déjà  mentionné  sous  ce  nom  de  Dogling  que  nous  venons  de  rappeler 
dans  les  Sagas  islandais  du  douzième  siècle. 

M.Allen  (6),  d'accord  en  cela  avec  M.  F.  Cope  (7),  attribue  à  l'Hyperoodon  le 
Célacé  écboué  en  janvier  1869  à  Nortb  Dennis,  sur  la  côte  des  États-Unis,  dont 
le  squelette  a  été  recueilli  pour  le  Musée  de  Cambridge  (Massacbussets),  mais  je  ne 
connais  pas  de  Cétacés  d'espèce  identique  ou  analogue,  ni  même  de  genre  exac- 
tement semblable  dans  les  régions  intertropicales,  non  plus  que  dans  les  Mers  du 
Sud  ou  dans  le  Pacifique.  Les  collections  anglaises  n'en  ont  pas  reçu  plus  que  les 
nôtres  et  il  n'en  est  pas  question  dans  l'ouvrage  de  M.  Scammon,  publié  par 
M.  Cope.  Quant  à  l'Hyperoodon  que  j'ai  moi-même  signalé  à  la  Nouvelle-Zélande 
d'après  M.  le  docteur  Arnoux  (8),  c'est  un  animal  d'un  genre  un  peu  différent, 
quoique  de  la  même  tribu,  et  Duvernoy  lui  a  donné  avec  raison  un  nom  à  part, 
celui  de  Bcrurdins,  sous  lequel  nous  le  décrirons  dans  un  autre  paragrapbe. 

Synonymie.  —  Telles  sont  les  principales  données  bibliograpbiques  sur  les- 


(1)  Dublin  philos.  Journal;  1825. 

(2)  Tsis,  1844,  p.  805. 

(3)  Die  Nordischen  Wallthiere,  p.  20;  1846. 

(4)  lî.  Iïrown,  Proceed.  Zool.  soc.  Lond.,  1868,  p.  S56. 

(5)  Comptes  rendus  hebd.,  t.  XLVII,  p.  59;  1858. 

(6)  Mammalia  oj  Massachussels,  p.  BOS  [Bulletin  ofthe  Harvard  Collège  , 
(7,  Proceed.  Âcad.  nat.  se.  Philadelphie,  1869,  p.  31. 

(8)  Ann.  se.  nat.,  3'  série,  t.  XIV,  p.  17;  1850. 

i6 


362  GENRE  HYPEROODON. 

quelles  repose  l'histoire  du  genre  Hyperoodon.  Voyons  maintenant  sous  quelles 
dénominations,  soit  génériques,  soit  spécifiques,  les  exemplaires  de  ce  remarquable 
Cétacé  dont  l'examen  a  fourni  ces  documents  figurent  dans  les  catalogues  métho- 
diques et  comment  la  synonymie  doit  en  être  établie. 

Dale  avait  appelé  les  deux  Hyperoodons  observés  par  lui  des  Bottle  nosed  Whales, 
et  c'est  pour  rappeler  sa  découverte  que  l'espèce  de  ces  Cétodontes  a  été  nommée 
par  de  Blainville  (I)  Dauphin  de  Dale  [Belphinus  edentulus,  Schreber).  Quoique 
étant  de  la  même  espèce,  l'exemplaire  signalé  par  Cbcmnitz  est  devenu  à  son  tour 
le  Delphinus  chemnitzianus  du  même  auteur,  qui  lui  attribue  une  dent  latérale  de 
chaque  côté  de  la  mâchoire  supérieure.  Celui  de  limiter,  déjà  nommé  Delphinus 
diodon  par  Lacépède,  et  Dauphin  à  deux  dents  [Belphinus  bidcntatus)  fut  appelé 
D.  Hunteri\>sr  Desmarest,  tandis  que  les  sujets  étudiés  par  Baussard  sont  devenus 
le  Dauphin  de  lion  /leur,  dénomination  qui  s'est  ensuite  changée  en  celles  de  Bel- 
phinus honjlorensis  et  Hyperoodon  de  Baussard  (Fréd.  Cuvier)  ou  Hyperoodon  Baus- 
sardi  (Duv.). 

De  Blainville  a  enregistré  la  même  espèce  comme  Belphinus  buts/code,  nom  qui 
appartient  en  effet  au  Dauphin  butskopf  de  Bonnaterre  et  au  Butskopf  de  différents 
auteurs;  ainsi  que  nous  l'a  appris  depuis  lors  Eschricbt,  c'est  aussi  le  Dogling  des 
Scandinaves. 

Les  Hyperoodons  que  l'on  prend  sur  les  côtes  de  l'Europe  sont  des  individus 
revenant  des  mers  polaires. 

Mais  il  n'y  a  là  qu'une  seule  et  même  espèce,  à  laquelle  on  a  encore  donné 
plusieurs  autres  dénominations.  Celle  de  rostrata,  appliquée  comme  spéciOquc,  est 
une  de  celles  auxquelles  on  a  eu  le  plus  souvent  recours,  mais  M.  Nilsson  a  employé 
de  son  côté  le  mot  borealis,  en  s'en  servant  aussi  pour  désigner  l'espèce  du  Butzkopf. 

Quant  au  genre  de  ces  animaux,  il  n'a  pas  non  plus  toujours  reçu  la  même  ap- 
pellation; voici  la  liste  des  termes  par  lesquels  on  l'a  désigné  : 

Hyperoodon  (modifié  en  Hijperaodon  par  quelques  auteurs),  Lacépède,  Cétacés, 
p.  519;  1804.  Lacépède  croyait  que  les  animaux  de  ce  genre  ont  des  dents  au 
palais. 

Anarnakus,  id.,  ibid.,  p.  IG5. 


(1)  J'oir  de  Blainville,  in  Desm.,  article  Dauphin,  inséré  dans  le  Nouveau  Dictionnaire  d'histoire 
uni  m ■(•lie,  t.  XVI,  p.  \~'->;  1815. 


SYNONYMIE.  363 

A ncylodon  (parlini),  Illiger,  Prod.  System.  MammaL,  p.  142;  -1811. 

Vmnodon,  id.,  ibid.,  p,  -145;  -1811. 

Nodus  (partim),  Wagler,  Naturl.  Syst.  der  Ampli i bien,  p.  54;  -1850. 

Cetodiodon,  Jacob,  Dublin  philos.  Journ.;  1825. 

Chœnodelpliinns,  Eschricht,  Isis,  -1844,  p.  805. 

Cluvnocetus,  id.,  Die  Nordischen  Wallthiere,  p.  2-1;  -1849. 

Lagcnocelus,  Gray,  Proceed.  zool.  Soc.  London,  -1865,  p.  200. 

Tous  les  Hyperoodons  dont  nous  avons  parlé  jusqu'à  présent  rentrent  dans  une 
même  espèce,  pour  laquelle  nous  réservons,  avec  la  plupart  des  auteurs,  le  nom 
d'IlYPEROODON  bctzkopf  [Hyperoodon  rostratum),  dont  il  faut  regarder  comme  sy- 
nonymes toutes  les  dénominations,  de  valeur  également  spécifique,  dont  rénumé- 
ration a  été  donnée  plus  haut. 

Mais  tous  les  crânes  d'Hyperoodons  que  l'on  a  réunis  dans  les  musées  n'ont 
pas  les  crêtes  osseuses  des  maxillaires  étroites  comme  celles  des  exemplaires 
décrits  par  Hunter,  Baussard,  Camper,  Wesmael,  etc.  Chez  quelques-uns  elles 
sont  plus  élargies  et  tendent,  à  cause  de  leur  épaisseur,  à  se  toucher  ou  se 
touchent  même  par  leur  bord  interne.  M.  Gray  a  le  premier  décrit  (1)  un  crâne 
de  cette  forme,  dans  lequel  l'élargissement  des  murailles  osseuses  qui  surmontent 
les  os  maxillaires  est  arrivé  à  son  maximum  de  développement.  Il  en  a  fait  le 
type  d'une  seconde  espèce  appelée  par  lui  Hyperoodon  latifrons  et  dont  il  a  fait 
depuis  lors  un  genre  à  part  sous  le  nom  de  Lagenocetus  (2).  J'ai  toutefois  émis 
l'opinion  (5)  qu'il  s'agissait  plutôt  ici  d'un  excès  du  développement  de  la  crête 
faciale  dû  à  l'âge  très-avancé  des  sujets  chez  lesquels  on  observe  cette  disposition 
et  peut-être  aussi  au  sexe,  mais  qu'il  n'y  avait  pas  lieu  à  la  distinction  d'une  es- 
pèce nouvelle,  encore  moins  à  celle  d'un  genre  particulier,  et  M.  Eschricht  (4)  a 
accepté  cette  interprétation.  Le  crâne  étudié  par  M.  Gray  provient  du  Nord. 
Il  en  a  été  signalé  depuis  plusieurs  autres  offrant  la  même  conformation. 
M.  Reinhardt  en  figure  un,  que  nous  reproduisons  (PI.  XX,  fg.  A),  dans  le  Sup- 
plément aux  travaux  d' Eschricht,  qu'il  a  publié  en  1869;  il  est  des  îles  Feroës,  et, 


(1)  Erebus  et  Terror,  Mamm.,  p.  27,  PL  \. 

(i)  l'roceed.zool.  Soc.  London,  1803,  p.  200. 

(3)  Zool.  et  Pal.  franc.,  p.  286. 

(i)  Ann.andmarj.  of  nat.  Ilisl.,  t.  IX,  p.  407;  1852. 


304  GENRE  UYPEROODON. 

comme  je  l'ai  déjà  fait  remarquer,  le  crâne  provenant  de  Bernières-sur-Mer,  côtes 
du  Calvados,  que  le  Musée  de  Caen  nous  a  cédé  en  1872,  est  aussi  dans  ce  cas, 
mais  à  un  moindre  degré,  tandis  que  le  caractère  d'épaississement  se  trouve 
au  contraire  très-accusé  dans  un  des  sujets  que  ce  Musée  possède  maintenant; 
de  telle  sorte  que  l'on  peut  établir  une  gradation  du  sujet-type  signalé  par 
M.  Gray  vers  ceux  de  moins  en  moins  épaissis  que  l'on  possède  à  Caen,  à  Co- 
penhague et  à  Paris,  et,  de  ces  derniers,  aux  crânes  de  forme  ordinaire.  Eschricht 
pensait,  comme  nous,  que  les  Lagénocètes  ne  sont  sans  doute  qu'une  variété 
d'âge  de  l'Hyperoodon  ordinaire. 

SQUELETTE    ET    DENTITION    DE    L'nYPEROODON. 

Les  renseignements  ostéologiques  que  l'on  possède  au  sujet  de  l'Hyperoodon 
sont  plus  particulièrement  dus  à  P.  Camper  (I),  à  Cuvier  (2),  à  M.  Owen  (5),  et 
surtout  à  Eschricht  et  ainsi  qu'à  M.  Reinhardt  (4);  cependant  ils  n'en  donnent 
pas  la  description  complète. 

Crâne  —  L'apparence  extérieure  du  crâne  de  l'Hyperoodon  a  frappé  tous  les 
naturalistes  qui  ont  eu  l'occasion  de  l'observer.  Le  rostre  formé  par  le  rap- 
prochement de  la  partie  antérieure  des  os  maxillaires  et  des  intermaxillaires  ou 
incisifs  placés  entre  eux,  y  est  étroit  et  allongé.  Ces  os  se  voient  à  la  face  supérieure 
comme  à  l'inférieure,  mais  les  incisifs  occupent  inférieurement  une  place  moindre 
que  les  maxillaires,  bien  que  l'on  puisse  les  suivre  depuis  le  pointe  du  rostre 
jusqu'au  bord  antérieur  des  palatins.  Une  bande  étroite  fournie  par  le  vomer  se 
remarque  entre  eux  dans  presque  toute  leur  longueur;  elle  est  plus  apparente 
dans  le  second  quart  du  palais,  cachée  au  contraire  dans  le  troisième  et  visible  de 
nouveau  dans  le  quatrième,  où  elle  a  plus  d'ampleur  qu'en  avant.  En  arrière  de  la 
partie  inférieure  des  maxillaires  se  voient  les  palatins  peu  développés,  arqués,  et 
dont  la  surface  est  interrompue  à  peu  de  dislance  de  leur  bord  interne  pour 
reparaître  bientôt  le  long  du  bord  externe  des  ptérygoïdiens,  entre  ces  os  et  la 


:    Camper,  Cétacés,  p.  78,  PI.  XIII-XV1   Bal      pi  ra  rostrata). 

I  uv.,  Oss.  foss.,  I.  V.  part,  i,  p.  324,  PI.  XXIV,  //y.  19-23 (Hyperoodon). 
;    h     m.  Muséum  Coll. Surgeons,  Descript.  Catal.  osteol. séries,  l.  II.  p.  ils  [Hyperoodon  bidens). 
'<■    /;"  "  <rdù  hen  n  allthiere,  p.  13  Chœnoc  tut  roslralus).  —  Eschrichl  et  Reinhardt,  Acad.de  Copen 
hague,  t.  IX,  PI.  VI  et  \  II;  1869  Hyperoodon  lattfrons,  Gray,  et  fœtus  d\ET.  rostratus). 


SQUELETTE.  3C5 

partie  élargie  des  maxillaires  ainsi  que  des  frontaux,  qui  répond  à  la  région 
orbitaire.  Les  ptérygoïdiens  sont  considérables,  fortement  en  saillie,  laissant  une 
rigole  médio-longitudinale  sur  leur  ligne  de  contact,  peu  élargis  inférieurement, 
fortement  resserrés  l'un  contre  l'autre,  mais  fournissant  bilatéralement  une  large 
surface  excavée  dont  le  crête  externe  formant  bourrelet  n'a  qu'un  très-faible 
développement,  ce  qui  fait  disparaître  en  grande  partie  l'espèce  d'excavation  ou 
de  fossette  que  les  Daupbins  ont  en  arrière  des  mêmes  os.  A  ces  différents  égards  la 
tète  de  l'IIyperoodon  diffère  notablement  de  celle  du  Cacbalot,  et  elle  est  encore 
plus  éloignée  de  ressembler  à  celle  des  Daupbins.  Un  os  enclavé  entre  le  bord 
antérieur  du  frontal  et  le  bord  postérieur  de  la  base  antérieure  des  zygomatiques 
ou  malaires,  et  dont  le  prolongement  interne  passe  sous  la  partie  latérale  des 
palatins,  mérite  une  mention  particulière.  Escbricht  et  M.  Reinhardt  sont  les 
premiers  anatomistes  qui  en  aient  parlé;  c'est  pour  eux  le  lacrymal,  et  cette  déter- 
mination me  semble  devoir  être  acceptée.  Escbricbt  signale  déjà  le  lacrymal  de 
l'IIyperoodon  dans  son  ouvrage  sur  les  Cétacés  du  Nord,  et  il  pose  cette  conclusion 
sur  laquelle  nous  reviendrons  ultérieurement,  qu'un  semblable  élément  osseux 
doit  exister  aussi  chez  les  autres  Célodontes.  Dans  un  crâne  provenant  du  Groenland 
que  notre  Musée  a  reçu  de  celui  de  Copenhague,  un  prolongement  épassi  du 
lacrymal  remonte  vers  le  maxillaire  supérieur  et  se  laisse  voir  entre  le  saillie  anté- 
rieure du  zygomatique  et  la  grande  apophyse  antérieure  du  frontal. 

Le  crâne  du  fœtus  préparé  sur  le  sujet  qui  nous  en  a  été  adressé  par  le 
même  Musée  présente  une  semblable  disposition  (PI.  XLII,  fig.  7b);  le  lacrymal  y 
est  parfaitement  distinct  en  dessous.  Nous  ne  retrouvons  pas  la  saillie  supérieure 
de  cet  os  sur  nos  deux  sujets  adultes  échoués  sur  les  côtes  du  Calvados. 

Les  autres  pièces  visibles  à  la  face  inférieure  du  crâne  ne  présentent  rien  de 
bien  particulier;  aussi  nous  bornerons-nous  à  ajouter  aux  détails  que  l'on  vient 
de  lire  que  sur  le  crâne  originaire  du  Groenland  dont  il  a  déjà  été  question,  il 
existe  une  autre  particularité. 

Au-dessous  de  la  tubérosité  externe  formée  par  la  queue  ici  considérable  du 
rocher,  entre  cet  os  et  la  partie  externe  de  l'occipital,  existe  une  pièce  à  part, 
mobile  dans  son  enclave,  qui  me  parait  devoir  être  regardée  comme  le  mastoïdien. 
Cette  disposition  se  retrouve  dans  un  autre  de  nos  crânes,  mais  elle  n'existe  pas 
dans  celui  de  Sallenelles,  non  plus  que  chez  le  fœtus  dont  nous  venons  de  parler. 


366  GENRE  IIYPEROODON. 

Dans  ce  dernier,  l'occipital  inférieur,  les  occipitaux  latéraux  et  l'occipital  supé- 
rieur sont  nettement  séparés  entre  eux,  mais  les  deux  condyles  sont  encore  à  l'état 
cartilagineux. 

Ainsi  que  cela  vient  d'être  dit,  le  rocher  est  formé  par  un  long  prolongement 
osseux  plus  ou  moins  large  suivant  les  sujets  (PI.  XIX,  fuj.  1  et  2a),  et  il  diffère 
notablement  de  ce  que  l'on  voit  dans  les  autres  genres.  La  caisse  auditive,  qui 
est  un  peu  déprimée  et  assez  ouverte,  tient  à  la  fois  à  la  base  de  ce  rocher  et  au 
bulbe  osseux  constituant  l'oreille  interne.  Celui-ci  est  appliqué  au  rocher  propre- 
ment dit  par  une  sorte  d'articulation  écailleuse  au  moyen  de  laquelle  il  se  syn- 
ostose  avec  lui  lorsque  l'animal  devient  tout  à  fait  adulte.  C'est  d'ailleurs  ainsi  que 
les  choses  se  passent  chez  les  autres  Cétodontes,  mais  le  rocher  de  ces  derniers 
est  toujours  plus  ou  moins  rudimentaire,  et  les  seules  parties  restantes  sont, 
pour  ainsi  dire,  le  bulbe  auditif  interne  et  la  caisse. 

Le  dessus  de  la  tète  osseuse  de  l'Hyperoodon  n'est  pas  moins  bien  caractérisé 
que  le  dessous.  Nous  avons  déjà  indiqué  plusieurs  des  traits  principaux  qu'il  pré- 
sente dans  la  description  générale  de  ce  genre. 

Les  intermaxillaires  forment  une  paire  de  longues  bandes  osseuses  qui 
remontent  entre  les  maxillaires  supérieurs  jusqu'aux  bords  latéro-supérieurs  des 
orifices  nasaux,  où  ils  s'épaississent  et  s'écartent  de  manière  à  surplomber  en 
partie  la  proéminence  formée  par  les  maxillaires  de  chaque  côté  de  la  partie 
saillante  du  crâne.  Ils  ne  se  touchent  pas  par  leur  bord  interne,  si  ce  n'est  au 
niveau  de  la  saillie  en  forme  de  lame  que  l'intermaxillaire  droit  fournit  au-dessous 
des  narines,  et  par  laquelle  il  touche  à  la  partie  correspondante  du  gauche,  et 
sur  ce  point  même  il  y  a  simplement  rapprochement,  mais  point  de  soudure  : 
aussi  voit-on  au  fond  de  L'écartement  de  ces  deux  os,  lorsque  le  cartilage  sus-vo- 
mérien  a  été  détruit  par  la  macération,  la  face  supérieure  du  vomer  dans  toute 
sa  longueur;  celle-ci  est  disposée  en  gouttière. 

Je  ne  trouve,  d'autre  part,  le  cartilage  sus-vomérien  ossifié  dans  sa  partie  ros- 
trale  chez  aucun  des  sujets  connus,  pas  même  chez  Le  plus  vieux  de  ceux  qui  ont 
reçu  le  nom  générique  de  Lagénocétus. 

Il  a  déjà  été  question  précédemment  de  la  crête  qui  s'élève  du  maxillaire 
supérieur  dans  la  région  médio-faciale  de  cet  os  et  de  la  grande  échancrure 
qu'il  forme  de  chaque  côté.  Lu  arrière  de  cette  crête,  au  niveau  des  narines  et  en 


SQUELETTE.  367 

avant  de  la  grosse  tubérosité  frontale  due  aux  intermaxillaires,  le  trou  sous- 
orbitaire  s'ouvre  à  la  base  interne  de  la  grande  crête  sus-maxillaire.  Quant  aux 
os  du  nez,  ils  forment  deux  masses  subarrondies  cbez  les  adultes;  ils  sont  plus 
apparents  cbez  le  fœtus  que  dans  les  jeunes  sujets,  et  cbez  ces  derniers  ils  sem- 
blent enclavés  comme  des  coins  en  arrière  de  la  partie  montante  des  inter- 
maxillaires. Ils  se  soudent  avec  eux  ainsi  qu'avec  le  crête  supérieure  des  fron- 
taux dans  les  sujets  plus  avancés  en  âge. 

Dans  ce  cas  la  tubérosité  supra-nasale  ne  laisse  voir  de  la  partie  supérieure  du 
frontal  qu'une  bande  étroite  de  cet  os,  serrée  en  avant  par  l'extrémité  coneboïde 
des  os  maxillaires,  et,  en  arrière,  par  la  grande  surface  formée  par  l'occipital 
supérieur;  mais  ce  n'est  là  qu'une  condition  adventive,  car  cbez  le  fœtus 
(PI.  XL1I,  firj.  -'ta),  dont  les  os  frontaux  et  pariétaux  n'affectent  pas  encore 
dans  leur  partie  supérieure  la  disposition  écailleuse,  et  dont  les  sutures  ne  sont  pas 
encore  arrivées  à  l'état  de  superposition  qui  les  caractérisera  plus  tard,  il  n'y  a 
qu'une  simple  application  de  la  partie  postérieure  du  maxillaire  supérieur  contre  les 
parties  antérieures  moyennes  du  frontal,  et  ce  dernier  os  conserve  dans  cette 
portion  de  sa  surface  toute  son  intégrité;  aussi  est-il  articulé  par  simple  approche 
de  son  bord  postérieur  avec  le  bord  antérieur  de  l'os  pariétal,  et  l'un  et  l'autre 
concourent  à  former  en  dessus  une  portion  considérable  de  la  surface  du  crâne. 
Les  frontaux  sont  séparés  l'un  de  l'autre  sur  la  ligne  médiane  par  une  suture,  et 
il  en  est  de  même  pour  les  pariétaux,  entre  les  deux  bords  internes  desquels  se 
voit  même  un  interpariétal  très-distinct,  ayant  à  peu  près  la  forme  d'un  trapèze 
allongé.  Cependant  le  maxillaire  supérieur  est  déjà  appliqué  par  sa  partie  cir- 
cum-nasale  sur  la  moitié  antérieure  des  os  frontaux. 

La  partie  styliforme  du  zygomafique  est  assez  allongée  quoique  un  peu  moins 
grêle  déjà  que  cbez  les  Delphinidés;  elle  passe  comme  cbez  ces  animaux  au- 
dessous  de  l'œil  et  forme  pour  ainsi  dire  la  corde  de  l'arc  osseux  dû  à  la 
partie  supra-oculaire  du  frontal,  en  allant  rejoindre  la  base  antéro-inféricure 
de  l'arc  du  temporal  qui  touebe  ici  la  saillie  postérieure  de  l'arc  orbitairc  de 
ce  même  frontal. 

Le  rostre  de  l'iïyperoodon  n'arrive  pas  au  degré  de  densité  qui  caractérise 
celui  du  Dioplodon  ainsi  que  des  Zipbioïdes  fossiles  qui  s'en  rapprochent,  et  les 
os  concourant  à  former  la  boite  cérébrale  de  ce  grand  Cétacé  sont  épais  et 


368  GENRE   IIYPEROODON. 

spongieux;  aussi  les  trous  nerveux  et  vasculaires  de  la  base  du  crâne  (PI.  XIX,  fig,  5) 
sont-ils  en  môme  temps  plus  nettement  séparés  et  plus  faciles  à  reconnaître  que 
ceux  des  Balénidés  ou  de  la  plupart  des  autres  Cctodontes,  animaux  chez  lesquels 
ils  restent  en  partie  confondus  par  suite  de  l'arrêt  dont  est  frappé  chez  ces  derniers 
le  développement  des  pièces  qui  les  fournissent;  c'est  ce  que  j'ai  déjà  fait  observer 
en  traitant  sous  le  même  rapport  des  animaux  de  la  division  des  Baleines  dans 
mon  Mémoire  sur  les  Cétacés  (I). 

Une  première  remarque  fournie  à  cet  égard  par  l'IIyperoodon,  c'est  que  le 
bulbe  auditif  interne,  dont  la  face  supérieure  se  voit  cependant  très-bien  dans  la  ca- 
vité crânienne  chez  le  fœtus,  n'est  plus  apparente  dans  cette  cavité  chez  l'adulte,  et 
qu'il  existe  à  sa  place  un  trou  distinct  conduisant  au  canal  auditif  interne.  Eu 
arrière  de  ce  trou  se  voient  le  trou  déchiré  postérieur,  qui  est  de  forme  ovalaire 
transverse,  mais  sans  apparence  de  déchirure,  et,  dans  une  position  plus  reculée 
encore,   le    trou    condylien,  qui  occupe  la  première  place,    si  l'on    part  des 
condyles  pour  gagner  la  partie  antérieure  de  la  tète.  Le  trou  déchiré  antérieur 
se  voit  en  avant  de  l'auditif,  et  si  l'on  suit  la  ligne  formée  de  chaque  côté  par  cette 
série  à  peu  près  rectiligne  de  perforations,  on  arrive  à  la  fente  sphénoïdale  et  au 
trou  optique,  lequel  se  trouve  en  avant  de  tous  les  autres.  Dans  le  milieu,  au  centre 
du  sphénoïde  postérieur,  on  observe  deux  autres  paires  de  perforations  répondant 
aux  trous  ovale  et  petit  rond,  également  séparés  entre  eux  et  de  tous  les  autres, 
comme  ces  derniers  le  sont  aussi.  De  grandes  différences  existent  donc  sous  ce 
rapport  non-seulement  entre  l'IIyperoodon  et  les  Balénidés,  mais  aussi  entre  lui 
et  les  Platanistes  (PI.  XXX,  fig.   17)  ainsi  que  les  Delphinidés  (PL  XXVI,  fig.  2) 
dont  nous  avons  fait  aussi  représenter  la  base  de  la  cavité  crânienne  pour  en 
montrer  les  perforations  ;  au  contraire  les  autres  Ziphioïdes  étudiés  sous  le  même 
l'apport  sont  peu  différents  du  genre  qui  nous  occupe,  mais  sans  présenter  ce- 
pendant une  disposition  absolument  identique;  la  configuration  des  trous  ne 
restant  pas  la  même. 

La  mâchoire  inférieure  de  l'Hyperoodon  participe  à  rallongement  du  rostre. 
Sa  symphyse  est  étendue  et  l'angle  formé  par  ses  deux  branches  peu  ouvert;  elle 
est  un  peu  en  carène  à  son  bord  dentaire,  et  présente  en  avant  une  paire  d'al- 


(1)  Nouvelles       •  hives  du  Muséum  d'Histoire  naturelle,  t.  VII,  p.  131. 


SQUELETTE.  369 

véoles  principales.  Camper  et  Cuvier  en  ont  donné  des  figures,  mais,  ainsi  que 
nous  l'avons  déjà  fait  remarquer,  en  la  renversant  de  telle  sorte  qu'ils  ont  pris  le 
bord  supérieur  pour  l'inférieur. 

Os  nyoÏDE.  —  L'os  hyoïde  de  l'Hyperoodon  comprend  comme  celui  des  autres 
Cétodontes,  cinq  pièces  osseuses  dont  quatre  forment  des  cornes  aboutissant  à  la 
cinquième  qui  répond  de  son  côté  au  corps  de  l'hyoïde  humain,  c'est-à-dire  au 
basi-hyal.  Les  cornes  les  plus  petites  sont  les  cornes  laryngiennes  ou  les  ento-hyaux; 
elles  se  soudent,  chez  l'adulte,  avec  le  basi-hyal.  Quant  aux  cornes  styloïdiennes, 
elles  n'ont  d'ossifié  que  leur  troisième  article,  le  stylo-hyal,  qui  est  fort,  costi- 
forme,  et  comme  tourmenté  à  sa  surface.  Sa  mobilité  est  assurée  par  la  présence 
entre  lui  et  le  corps  de  deux  courts  cartilages  qui  répondent  aux  deux  premières 
des  pièces  styloïdiennes  de  la  plupart  des  autres  mammifères,  c'est-à-dire  au 
cérato-hyal  et  à  l'apo-hyal.  L'hyoïde  de  l'IIyperoodon  se  laisse  assez  bien  distinguer 
par  son  apparence  générale  de  celui  des  Dauphins;  celui  du  Mésopolodon  lui  res- 
semble beaucoup  et  il  en  est  de  même  de  celui  du  Bérardius. 

Colonne  v<-rtét»raic  et  cage  tkoraciqnc.  —  Le  nombre  total  des  vertèbres  est  de 
45,  dont  7  cervicales,  9  dorsales,  9  lombo-sacrées  et  20  coccygiennes  dont  les  \0 
premières  possèdent  seules  des  os  en  V. 

Les  vertèbres  cervicales  de  l'Hyperoodon  sont  soudées  les  unes  aux  autres  et 
forment  par  conséquent  une  synostose  unique,  leurs  corps  étant  réunis  en  une 
seule  masse  et  leurs  apophyses  épineuses  coalescentes  dans  leur  partie  ascendante. 
De  chaque  côté  se  voient  seulement  les  six  perforations  servant  au  passage  des  nerfs 
rachidiens  qui  sortent  entre  le  premier  et  le  septième  des  éléments  vertébraux 
confondus  ici  en  une  seule  masse  osseuse.  La  septième  vertèbre  a  aussi  son  apophyse 
épineuse  réunie  aux  précédentes,  mais  elle  reste  apparente  par  suite  de  la  présence 
d'un  double  sillon  qui  descend  au  delà  des  deux  paires  de  facettes  articulaires 
par  lesquelles  elle  est  en  rapport  avec  la  base  antérieure  de  l'apophyse  épineuse 
de  la  première  dorsale,  ainsi  qu'avec  la  saillie  située  sur  la  partie  moyenne  du 
bord  de  l'apophyse  transverse,  en  avant,  par  conséquent,  de  la  facette  terminale  par 
laquelle  celle-ci  est  mise  en  contact  articulaire  avec  la  protubérance  de  la  première 
côte.  La  même  vertèbre,  quoique  soudée  aux  précédentes,  ainsi  que  nous  venons  de 
le  dire,  porte  intérieurement,  au-dessous  de  l'articulation  qu'elle  fournit  de  chaque 
côté  à  la  tèle  de  la  première  côte,  une  forte  saillie  apophysaire,  longue  de  0,000. 

47 


370  GENRE  HYPER00D0N. 

Notre  squelette  de  fœtus  d'Hyperoodon  n'a  pas  les  corps  des  vertèbres  cervicales 
distincts;  ils  sont  confondus  en  une  seule  masse  osseuse  dont  la  partie  postérieure 
donne,  comme  cela  a  lieu  chez  l'adulte,  attache  à  la  tète,  non  encore  ossifiée  à  cette 
époque,  de  la  première  paire  de  côtes  (PI.  XLII1,  fig.  2). 

D'autre  part  les  arcs  neurapophysaires  ne  sont  retenus  à  la  synostose  axile  que 
par  des  fi bro-car filages  et  ils  sont  à  cet  âge  bien  distincts  entre  eux  par  suite  du 
défaut  d'ossiâcation  de  leurs  sommets  et  de  l'isolement  de  leur  base  par  rapport 
au  corps  commun  des  vertèbres,  et  ils  forment  sept  paires  de  demi-chevrons 
(PI.  XLIII,  fig.  2). 

L'état  de  la  pièce  que  j'ai  sous  les  yeux  ne  permet  de  rien  dire  de  positif  au 
sujet  de  l'arc  inférieur  à  l'atlas  que  l'on  regarde  à  tort,  suivant  beaucoup  d'auteurs, 
comme  représentant  le  corps  de  cette  vertèbre,  et  il  n'y  a  pas  non  plus  de  point 
spécial  d'ossification  pour  l'apophyse  odontoïde. 

[I  est  remarquable  que  même  à  cet  âge  les  disques  vertébraux  du  cou  ne  se 
distinguent  pas  les  uns  des  autres,  ce  qui  fait  que  la  partie  axile  des  vertèbres 
cervicales  est  tout  d'une  seule  pièce. 

Le  squelette  du  sujet  observé  par  Hunter  a,  comme  celui  du  Muséum  de  Paris  qui 
provient  de  la  plage  de  Sallenelles,  les  sept  vertèbres  cervicales  (PI.  XVIII,  fig.  L2) 
réunies  en  un  seul  os,  et  il  en  est  de  même  pour  l'un  de  ceux  que  possède  le  Musée  de 
Bruxelles,  qui  est  échoué  de  Horgaluis  et  a  été  décrit  par  Wesmaél.  Mais  dans  l'autre 
squelette  d'Hyperoodon,  également  de  la  mer  du  Nord,  qui  appartient  au  même 
Musée,  la  septième  cervicale  est  indépendante  des  autres  vertèbres  de  cette  région 
aussi  bien  par  son  corps  que  par  son  arc  neurapophysaire.  Ce  squelette,  il  est  vrai, 
est  celui  d'un  sujet  encore  peu  avancé  en  âge;  mais  ce  n'est  pas  à  cette  cause  qu'il 
faut  attribuer  la  différence  dont  il  s'agit,  puisque  nous  venons  de  voir  que  dans  les 
cas  ordinaires  les  noyaux  des  centres  osseux  propres  aux  vertèbres  cervicales  sont 
confond  us  en  une  masse  unique,  sans  séparation  des  disques  propres  à  chacun 
d'eux,  cl  cela  même  pendant  la  vie  intra-utérine. 

I  ne  partie  antérieure  de  région  cervicale  (PI.  XVIII,  fy.  15)  ayant  à  peu  de  choses 
près  la  forme  qui  lui  est  particulière  chez  les  Ilyperoodons,  mais  provenant  d'un 
sujet  très-avancé  en  âge,  a  été  donnée  autrefois  ;i  noire  collection,  et  comme  elle 
ne  porte  |iis  d'indication,  on  pouvait  la  supposer  venue  par  l'expédition  au  pôle  nord 
que  P.  Gaimard  a  dirigée  tout  aussi  bien  que  par  celle  de  la  corvette  le  Rhin,  ce 


SQUELETTE.  371 

qui  conduirait,  dans  ce  dernier  cas,  à  l'attribuer  au  Bérardius  plutôt  qu'à  l'Hy- 
peroodon.  C'est  cette  opinion  qui  me  paraît  devoir  être  préférée. 

On  n'y  voit,  en  les  comptant  au  moyen  des  trous  destinés  aux  paires  rachi- 
diennes,  que  quatre  vertèbres  seulement  dont  les  corps  et  les  arcs  épineux  ou 
neurapopbysaires  soient  coalescents;  le  cinquième  arc  épineux  y  est  lui-même 
adhérent  au  quatrième  arc,  comme  chez  le  Bérardius;  il  a  été  scié  et  est  resté 
incomplet.  Au  contraire,  le  corps  de  la  vertèbre  correspondante  s'est  séparé  natu- 
rellement, de  sorte  que  l'on  peut  assurer  qu'il  était  complètement  distinct  du  cin- 
quième, et  que  dans  ce  sujet  quatre  corps  cervicaux  au  lieu  de  sept  étaient  réunis 
entre  eux  par  synostose. 

La  surface  extérieure  de  cette  pièce  est  d'un  tissu  compacte  et  serré,  surtout 
antérieurement,  et  la  substance  intérieure  en  est  uniformément  spongieuse,  d'un 
tissu  résistant,  mais  dont  les  cellulosités,  quoique  fines,  sont  encore  très-apparentes. 
Lue  coupe  verticale  de  cette  pièce  opérée  par  le  plan  médian  ne  permet  d'aper- 
cevoir aucune  trace  de  séparation  des  corps  vertébraux  comparable  à  celles  que 
montre  la  fig.  4  5  de  la  PI.  XX,  ce  qui  ne  laisse  pas  que  de  jeter  quelque  doute  sur 
l'attribution  que  nous  avons  proposée  de  la  pièce  que  cette  figure  représente.  Ce  n'est 
donc  qu'à  titre  provisoire  que  l'on  peut  y  voir  une  portion  du  cou  d'un  Cétodonte 
physétérien  plutôt  qu'un  débris  de  quelqu'un  des  genres  de  Balénidés  que  l'on 
trouve  fossiles  à  Anvers. 

Le  caractère  principal  des  vertèbres  placées  en  arrière  de  la  région  cervicale 
des  Hyperoodons,  et  cela  jusque  vers  le  commencement  de  la  région  caudale, 
réside  dans  la  hauteur  de  leurs  apophyses  épineuses,  sensiblement  plus  élevées 
que  chez  le  Cachalot,  dans  la  moindre  saillie  des  apophyses  articulaires,  ainsi  que 
dans  l'absence  d'apophyses  articulaires  postérieures.  Les  corps  vertébraux  sont 
aussi  moins  raccourcis  que  dans  les  Dauphins  et  les  vertèbres  occupant  le  milieu 
de  la  colonne  rachidienne  sont  celles  dont  l'arc  neural  est  le  plus  haut.  Cet  arc 
peut  avoir  jusqu'à  0,50,  mesuré  à  partir  du  plan  inférieur  du  trou  médullaire 
et  sa  longueur  égale  0,L1  ou  plus.  Ces  apophyses  sont  relativement  assez  minces; 
au  contraire  immédiatement  en  arrière  du  cou  et  vers  le  milieu  de  la  queue  elles 
sont  plus  courtes.  Quant  aux  corps  vertébraux,  ce  sont  ceux  des  lombaires 
qui  sont  les  plus  longs.  On  constate  mieux  dans  cette  région  qu'ailleurs,  que  les 
quatre  faces  supra  et  infra-vertébrales  sont  un  peu   excavées  et  que  la  ligne 


372  GENRE  IIYPER00D0X. 

médio-inférieure  de  ces  centres  osseux  des  vertèbres  est  sensiblement  carénée. 
A  mesure  que  l'on  s'éloigne  de  lasynostose  cervicale,  on  voit  rapidement  dimi- 
nuer les  saillies  ou  masses  latérales  doublant  en  debors  les  apophyses  articu- 
laires antérieures  et  sur  lesquelles  porte  la  tubérosité  des  premières  paires  de 
côtes.  Ces  saillies  commencent  la  série  des  apophyses  transverses  et  les  dernières 
côtes  ne  s'articulent  plus  qu'avec  elles.  De  leur  côté,  les  apophyses  articulaires  pro- 
prement dites  prennent  bientôt  une  apparence  sécuriforme  qu'elles  conservent, 
quoique  avec  un  développement  moindre,  jusqu'au  milieu  de  la  queue,  là  où  les 
vertèbres  cessent  d'être  surmontées  par  des  arcs  neuraux. 

Il  y  a  neuf  paires  de  côtes  seulement.  Elles  sont  fortes,  assez  aplaties,  surtout 
vers  leur  extrémité  sternale.  Les  six  premières  sont  articulées  aux  vertèbres  à  la 
fois  par  leur  tête  et  par  leur  tubérosité;  les  suivantes  ne  portent  que  sur  la  partie 
saillante  des  masses  latérales  déjà  transformées  en  apophyses  transverses;  aussi  les 
dernières  dorsales  ressemblent-elles  notablement  aux  lombaires.  On  peut  cepen- 
dant les  reconnaître  à  la  surface  costifère  qui  se  remarque  à  l'extrémité  des  apo- 
physes dont  il  s'agit;  mais  cette  surface  spéciale  d'articulation  fait  défaut  aux 
mêmes  apophyses  pour  la  neuvième  vertèbre  dorsale,  la  côte  correspondante,  qui 
est  sensiblement  moindre  que  les  précédentes,  étant  suspendue  dans  les  chairs  et 
retenue  à  l'apophyse  dont  il  s'agit  par  une  simple  attache  ligamenteuse.  C'est  ce 
qui  explique  comment  il  n'a  été  conservé  que  huit  paires  de  côtes,  au  lieu  de  neuf 
dans  le  squelette  préparé  pour  le  Musée  de  Lille.  Cinq  paires  de  côtes  vont  jus- 
qu'au sternum.  La  partie  sternale  de  ces  appendices  reste  cartilagineuse. 

Ainsi  que  l'a  déjà  signalé  Eschricht,  le  sternum  est  aplati  et  composé  de  trois 
paires  de  pièces,  placées  les  unes  à  la  suite  des  autres,  qui  se  soudent  sur  la  ligne 
médiane  lorsque  l'animal  devient  adulte,  mais  en  laissant  un  grand  trou  médian 
entre  la  première  paire  de  ces  pièces  et  la  seconde,  et  un  autre  entre  la  deuxième 
et  la  troisième,  qui  est  échancrée  en  arrière  par  la  disparition  de  la  partie  res- 
tante du  cartilage  dans  lequel  elle  s'est  développée.  (Pl.W  III,  fig.  11). 

On  compte  dix  os  en  V  placés  sous  les  dix  premières  vertèbres  caudales  ;  ils  sont 
insérésau  bord  postéro-inférieur  des  vertèbres  auxquelles  chacun  d'eux  doit  être 
attribué;  leur  apparence  est  sécuriforme.  Ce  sont  les  deuxième  à  quatrième  qui 
acquièrent  le  plus  de  développement.  Les  dernières  vertèbres  n'en  ont  plus  ;  plu- 
sieurs d'entre  elles  sont  de  forme  irrégulièrement  cuboïde. 


SQUELETTE.  373 

membres.  —  L'omoplate  (PI.  XVIII,  fig.  15)  ne  ressemble  pas  à  celle  des 
Cachalots  dont  la  forme  est  assez  particulière;  ses  deux  diamètres  vertical  et  antéro- 
postérieur  sont  peu  différents  l'un  de  l'autre.  On  voit  deux  lignes  verticales 
saillantes  sur  sa  face  externe,  et  ses  deux  apophyses  acromion  et  coracoïde  sont 
assez  fortes;  la  première  est  en  manière  de  hache  et  plus  saillante  que  la  seconde. 

L'humérus  (PI.  XY1II,  fig.  16)  a  une  forme  plus  caractéristique;  il  est  à  la  fois 
différent  de  l'humérus  des  Balénidés  et  de  celui  des  Delphinidés,  et  ne  ressemble 
pas  non  plus  à  celui  du  Cachalot.  Il  est  comprimé,  assez  allongé,  plus  long 
même  que  celui  des  Balénoptères,  mais  sa  tète  est  moins  saillante;  il  a  cependant 
une  tubérosité  interne  assez  forte  et  on  lui  voit  un  indice  de  saillie  deltoïdienne. 
Les  deux  os  de  l'avant-bras  sont  distincts  l'un  de  l'autre  ;  ils  rappellent 
sensiblement  par  leur  longueur  ceux  des  Balénoptères,  et  le  reste  des  membres 
a  aussi  quelque  analogie  avec  celui  de  ces  animaux.  Le  radius  est  le  plus  fort;  il 
est  long  de  0,22;  sa  largeur  est  de  0,07  en  haut,  et  de  0,08  en  bas.  Le  cubitus 
mesure  0,M  supérieurement,  l'olécràne  compris.  Celui-ci  est  saillant,  arrondi  à 
son  bord  postérieur  et  excavé  en  avant,  sa  partie  antérieure  formant  une  articu- 
lation gynglinioïdale  avec  l'extrémité  inférieure  de  l'humérus,  ce  qui  prolonge 
jusqu'à  la  base  postérieure  de  ce  dernier  os  l'articulation  huméro-cubitale. 

La  partie  terminale  du  membre,  incomplète  dans  le  squelette  que  nous  possé- 
dons, par  l'absence  d'une  partie  des  doigts,  a  conservé  huit  os  carpiens:  trois  au 
procarpe,  dont  l'intermédiaire  plus  fort  que  les  deux  autres,  et  cinq  au  mésocarpe, 
un  pour  chacun  des  cinq  doitgs,  le  cinquième  de  ceux-ci  faisant  saillie  comme 
un  pisiforme.  Le  même  nombre  d'os  carpiens  existe  aussi  dans  le  squelette 
conservé  au  Musée  de  Lille.  Les  métacarpiens  ressemblent  aux  phalanges,  mais  sont 
un  peu  plus  grands;  celles-ci,  également  aplaties,  étaient  disposées  conformément 
aux  nombres  suivants  correspondant  à  chacun  des  cinq  doigts  :  2,  4,  o,  5  et  2. 

nents.  —  Le  Cétacé  qui  nous  occupe  est  pourvu  d'une  paire  de  dents  prin- 
cipales dont  la  longcur  peut  avoir  jusqu'à  un  décimètre,  la  racine  comprise,  cl 
qui  sont  placées  à  la  partie  terminale  de  la  mâchoire  inférieure.  Ces  dents  sont 
disposées  en  pointe  à  leur  couronne  et  elles  ont  l'émail  revêtu  d'une  couche 
assez  forte  de  cément.  On  les  a  quelquefois  attribuées  par  erreur  à  la  mâchoire  su- 
périeure (I);  mais  il  est  bien  certain  qu'elles  sont  toujours  placées  inférieurement. 

,    (1)  Owen,  Odonlography,  p.  22,  PI.  88,  fig.  1. 


374  GENRE  HYPEROODON. 

Eschricht  a  montré  qu'elles  n'étaient  pas  les  seules  que  l'on  puisse  observer  chez 
les  Hyperoodons,  et  que  le  long  des  deux  mâchoires  supérieure  et  inférieure  de  ces 


animaux,  il  en  existait  une  série  de  plus  petites,  retenues  seulement  dans  les  gen- 
cives et  qui  sont  très-probablement  caduques.  11  a  publié  une  figure  de  ces  dents, 
faite  de  grandeur  naturelle,  que  nous  reproduisons  ici. 


HYPEROODON    FOSSILE. 

On  ne  possède  encore  qu'une  seule  pièce  provenant  des  fossiles  que  les  Cétacés 
du  genre  Ilyperoodon  peuvent  avoir  laissés  dans  les  dépôts  tertiaires;  elle  a  été 
signalée  par  Al.  Van  Beneden  (1),  et  se  rapporte  à  une  portion  de  région  cervi- 
cale trouvée  dans  le  crag  gris  d'Anvers;  elle  fait  partie  du  Musée  de  Bruxelles, 
où  elle  porte  le  n°  1840.  Cette  pièce  est  un  produit  des  fouilles  exécutées  en  18H4 
pour  la  construction  de  l'écluse  maritime  destinée  au  canal  de  jonction  de  la 
Meuse  à  l'Escaut. 

Six  vertèbres  la  constituent.  Ce  sont  les  six  premières  cervicales.  Elles  sont 
réunies  en  une  synostose  commune,  tandis  que  la  septième  était  restée  indépen- 
dante.  D'après  M.  Van  Beneden  leur  caractère  ne  permet  pas  de  douter  qu'elles 
n'aient  appartenu  au  genre  qui  nous  occupe. 

(1)  Bull.  Acad.  r.  Belgique,  2e  série,  t.  X.  p.  ICI;  18G0. 


DU    ZIPHIUS   CAVIROSTPJS 

ET  DES  ANIMAUX  DE  MÊME  GENRE  AUXQUELS  ON  A  DONNÉ  LE  NOM 
DE  PETRORHYNCHUS. 

Remarques  historiques.  — Le  genre  Ziphius  a  été  signalé  en  \  825  par  Olivier, 
d'après  l'examen  d'une  tête  osseuse  incomplète  et  sans  mâchoire  inférieure  qui 
était,  suivant  lui,  pétrifiée,  et  avait  été  trouvée  sur  la  côte  de  Provence;  il  donna  à 
l'espèce  dont  provenait  cette  tète  le  nom  de  cavirostris  et  publia  quelques  docu- 
ments à  son  égard.  «  Nous  devons,  disait  Cuvier,  ce  morceau  précieux  à  M.  Ray- 
mond Gorsse,  ingénieur  des  ponts  et  chaussées,  qui  le  trouva  en  4  804,  dans  le 
département  des  Bouches-du-IUiône,  entre  le  village  de  Fos  et  l'embouchure  du 
Galégeon,  près  le  canal  qui  réunit  l'étang  de  l'Estomac  à  la  mer.  On  lui  dit  qu'un 
paysan  l'avait  découvert  l'année  précédente  sur  le  bord  de  la  plage  et  l'avait 
apporté  en  cet  endroit.   » 

Dans  le  Mémoire  que  j'ai  publié  en  4  850  (1)  à  propos  d'un  Cétacé,  échoué  sur 
la  plage  d'Aresquiès,  entre  \'illeneuve-lès-Maguelone  et  Frontignan  (Hérault) 
(Pi.  XXI,  fig.  -1-4),  que  j'ai  considéré  comme  étant  de  même  espèce  que  le  Ziphius 
cavirostre  de  Cuvier  jusqu'alors  regardé  comme  un  animal  de  genre  éteint  (2), 
j'ai  cherché  à  établir  que  cet  exemplaire  et  celui  de  Fos  n'étaient  pas  les  seuls 
appartenant  à  l'espèce  qui  va  nous  occuper  que  l'on  eût  dès  lors  recueillis  dans  la 
Méditerranée,  et  bien  que  leur  identité  spéciûque  avec  le  crâne  de  Fos  eût  été  jus- 
que-là méconnue,  j'en  ai  cité  deux  qui  avaient  l'un  et  l'autre  été  décrits  comme 
constituant  des  espèces  h  part.  Le  premier  a  été  pris  dans  le  golfe  de  Nice  et 
est  devenu  le  Dclpltinus  Desmarestii  de  Risso  (5).  que  Lessou  et  Oh.  Bonaparte  ont 
successivement  attribué  aux  genres  Dindon,  Less.  (4),  et  Epiodon,  Raf;  le  second 

(1)  Compt.  rend.  Iwbd.  Acad.  se,  t.  XXXI,  p.  510;  18:i0.  —  Ami.  se.  nat.,  3e  série,  t.  XIV,  p.  o.  —  Zoo!. 
et  Pal.  franc.,  1"  éd.,  t.  I,  p.  loi,  PI.  38,  fig.  1,  et  PI.  39.  —  Ibid.,  V  éd.,  p.  287. 

(2)  Cuvier  s'était  cependant  borné  a  dire  lorsqu'il  a  décrit  la  tête,  osseuse  recueillie  par  M.  Gorsse, 
qu'elle  était  «  très-pesante,  très-dure  et  complètement  transformée  en  calcaire  »,  ce  qui  n'est  qu'en  partie 
exact,  puisqu'elle  n'a  sous  ces  différents  rapports  aucun  des  caractères  propres  aux  fossiles  véritables,  et 
que  son  état  indique  seulement  qu'elle  a  séjourné  sous  l'eau  pendant  un  certain  temps. 

(3)  Europe  méridionale,  t.  III,  p.  24,  PI.  III,  fig.  3;  1826. 

(4)  Comprenant  aussi  le  Physeier  bidens,  Sowcrby,  c'est-ii-dire  le  Mésopolodon,  qui  sert  aussi  de  type 
au  genre  Aodon  du  même  auteur. 


376  GENRE  ZIPHIUS. 

observé  dans  le  détroit  de  Messine  par  M.  Cocco  et  qui  a  été  appelé  Delpltinus 
Pliilippii^ar  ce  naturaliste  (I).  Ces  Cétacés  pourraient  en  outre  faire  double  emploi 
avec  l'Epiodon  urganantus ,  également  observé  sur  les  côtes  de  la  Sicile  et  ainsi 
dénommé  par  Rafinesque  (2);  mais  il  n'y  a  rien  de  démontré  à  cet  égard. 

Quoique  ces  rapprocbements  ne  soient  pas  d'une  certitude  absolue, jusqu'à  ce 
jour  rien  n'est  venu  les  contredire.  Il  ne  faut  pas  oublier  toutefois  que  Rafinesque 
caractérise  ainsi  son  genre  Epiodon:  «  corps  oblong,  atténué  postérieurement; 
museau  arrondi;  màcboire  inférieure  plus  courte  que  la  supérieure;  plusieurs 
dents  obtuses  égales  entre  elles  à  celle-ci;  aucune  à  la  première;  point  de  nageoire 
dorsale  (5).  »  Définition  vague,  peut-être  erronée,  et  qui  ne  s'applique  pas  mieux  au 
Ziphius  qu'au  Grampus  Rissoi,  tel  que  nous  le  connaissons  aujourd'hui,  et  à  qui 
on  ne  peut  cependant  pas  songer  à  l'appliquer. 

Mais  la  complication  dont  la  synonymie  du  Ziphius  cavirostris  se  trouve  embar- 
rassée ne  s'arrête  pas  là.  Un  Cétacé  de  cette  espèce  échoué  sur  les  côtes  de  la  Corse, 
et  dont  le  squelette  a  été  recueilli  par  M.  Doumet  (A)  pour  le  riche  cabinet  qu'il  a 
fondé  à  Cette  et  que  son  fils  accroît  chaque  jour,  est  devenu  Ylhjpcroodon  Dournetii 
de  M.  Gray  (o).  J'en  donne  le  crâne  PI.  XXI,  sous  les  nos  8  et  9. 

Le  Ziphius  de  la  plage  d'Àresquiès,  dont  l'examen  m'avait  conduit  aux  rectifica- 
tions synonymiqucs  qui  précèdent,  a  aussi  fourni  prétexte  à  de  nouvelles  dénomina- 
tions spécifiques;  on  l'a  successivement  appelé  Ihj peroodon  Gerraisii  (G)  et  Epiodon 
Heraullii  (7). 

Mais,  ainsi  que  j'essayerai  de  le  montrer,  les  sujets  assez  peu  nombreux  cepen- 
dant (car  les  Ziphius  n'ont  encore  été  rencontrés  qu'isolément)  auxquels  ces  diffé- 
rentes dénominations  ont  été  attribuées  appartiennent  tous  à  une  seule  et  même 
espèce,  ce  qui  n'a  pas  empêché  les  auteurs  qui  en  ont  observé  d'autres  plusrécem- 

1)  Erkhson's  Archiv,  1840,  p.  204,  PI.  IV,  fig.  G. 

(2)  Précis  de  découverteé  etd<  tomiologie,  p.  13;  1814. 
Desmaresl  remplace  ce  nom  par  celui  de  Delphinus  epiodon. 

(3)  Voir  Desmarest,  Mammalogie,  p.  521. 

(4)  Doumet,  Revue  :",,/.  'par  lu  Société  cuvierienne,  1842,  p.  207,  PI.  1;  1850. —  P.  Gerv.,  Mém.  Acad. 
se.  Moiilp.,  I.  VII,  p.  141,  PI.  5;  1808. 

.-,)  Cal, il.  h,  il.  Muséum,  Ceiacea,  p.  G0;  1850. 

i,    il <ip .  Uni-.,  Duvei noy,  .lun.  se.  uni.,  3'  série,  I.  XV,  p.  40  et  67;  1851.  —  Ziphius  <••  rv.,  I'.  Fischer, 
Nouv.  Arch.  .Uns.,  I.  III,  [i.  55;  1867.  —  Epiodon Gerv.,  Gray, .lun.  and  Mag.  ofnat.  Hisl.,  I.  M.  p,  19; 
1870. 
(7   Gray,  Ann.  <<»</  Mag.  ofnat,  Hist.,  449;  187.'. 


DISTRIBUTION  GÉOGRAPHIQUE.  377 

mont  de  les  regarder  comme  devant  être  également  l'objet  de  désignations  spéci- 
fiques particulières.  Nous  en  constatons  un  nouvel  exemple  sans  sortir  de  la  Médi- 
terranée, dans  l'exemplaire  recueilli  par  P.  Savi,  sur  la  côte  de  Pise,  et  que  l'on 
conserve  dans  l'intéressant  Musée  de  cette  ville  où  j'ai  pu  l'examiner  en  1871. 
C'est  le  même  que  j'ai  signalé  à  M.  Flower  comme  étant  un  Ziphius  eavirostris  et 
qu'il  l'a  inscrit  comme  tel  dans  son  Mémoire  sur  le  Bérardius  publié  en  i872  (1). 
M.llichiardien  a  récemment  fait  figurer  l'osléologie  sur  deux  planches  in-folio  très- 
bien  exécutées,  et  il  a  proposé  de  lui  donner  le  nom  spécifique  de  Ziphius  Savi  (2). 
Citons  encore  un  Ziphius  de  la  Méditerranée,  celui  qui  a  été  pris  en  1867  à  Ville- 
franche  près  Nice,  et  dont  le  squelette  a  été  préparé  par  M.  Ilaeckel  pour  le  Musée 
d'Iéua.  En  comprenant  celui  qu'a  décrit  Cuvier  et  que  l'on  a  bien  à  tort  regardé 
comme  fossile,  ce  serait  le  septième  exemplaire  pris  dans  la  Méditerranée  (5). 

Distribution  géographique.  — La  Méditerranée  n'est  pas  la  seule  mer  qui  nour- 
risse des  Ziphius  analogues  aux  Ziphius  eavirostris  et  de  même  espèce.  Il  existe 
aussi  de  semblables  animaux  dans  l'Océan  Atlantique  et  l'on  en  cite  dans  trois 
localités  appartenant  à  notre  hémisphère.  Voici  les  documents  que  l'on  possède  à 

leur  égard. 

\°  Un  crâne  (PI.  XXI,  fig.  G)  de  Ziphius  sans  mâchoire  inférieure  a  été  trouvé 

sur  la  plage  de  Lanton  (Gironde);  il  est  aujourd'hui  déposé  au  Musée  d'Arcachon  où 
j'ai  pu  le  voir.  Il  a  fourni  à  M.  P.  Fischer  le  sujet  d'une  note  parue  en  1 867  (4). 
2°  Un  autre  crâne  de  Ziphius  cavirostre  a  été  rapporté  des  Shetlands,  en  I870, 

par  M.  Coughtrey,  qui  l'a  trouvé  mêlé  à  de  nombreux  débris  d'autres  Cétacés 

parmi  lesquels  était  un  squelette  de  Balsenoptera  Sibbaldii.  M.  Turuer  a  donné  la 

description  de  ce  crâne  en  I872  (5). 

5°  Un  troisième  exemplaire  a  été  pris  à  Holma,  près  Gullmarsfjard,  en  Suède, 

le  22  août  I867.  Cet  exemplaire  était  une  femelle  dont  le  squelette  est  maintenant 

conservé  au  Musée  de  Gothenbourg.  M.  Malin  en  a  parlé  dans  un  de  ses  Mémoires  (6). 

(1)  Trans.  zool.  Soc.  London,  t.  VIII,  p.  208. 

(2;  Archivio  per  la  Zoologia,  série  2,  t.  III,  PI.  VII  et  VIII;  1873. 

(3)  Ainsi  que  nous  l'avons  déjà  fait  remarquer,  on  n'a  pas  la  preuve  que  YEpiodon  urganantus  de  Rafi- 
nesque  soit  bien  un  Ziphius. 

(4)  Nom.  Arch.  Mus.  de  Paris,  t.  III,  p.  42,  PI.  IV. 

(5)  Trans.  r.  Soc.  Edinlmrg,  t.  XXVI,  p.  759,  PI.  XXX  et  XXXI,  fig.  \,  2,  4,  0,  8,  9,  10,  13  et  14;  1872. 

(6)  Hvaldjur  i  Sveriges  Museer,  iir  1869,  p.  95  (Kongl.  Svenska  Veienskaps-Academiens  Handlingar, 

t.  IX;  1871.) 

48 


378  GENRE  ZIPHIUS 

La  présence  du  Ziphius  cavirostris  n'a  pas  encore  été  constatée  avec  certitude 
sur  les  côtes  des  États-Unis  qui  sont  baignées  par  l'Atlantique;  cependant 
M.  Flower  est  porté  à  penser  que  le  squelette  de  YHyperoodon  semi-junctus  de 
M.  Cope,  qui  est  conservé  au  Musée  de  Charleston,  est  bien  d'un  animal  de 
<■('  genre  (I),  ce  qu'il  établit  sur  ce  fait  que  l'exemplaire  dont  il  s'agit  n'était  long 
que  de  -12  ou  15  pieds,  qu'il  avait  les  quatre  dernières  cervicales  libres  et  que  le 
chiffre  total  de  ses  vertèbres  dorsales  était  supérieur  à  celui  qui  caractérise  l'IIyper- 
oodon. 

Le  même  genre,  peut-être  aussi  la  même  espèce,  se  retrouve  dans  l'hémisphère 
austral.  M.  Burmeister  (2)  a  en  effet  consacré  l'un  de  ses  Mémoires  à  la  description 
détaillée  d'un  Ziphius  encore  assez  jeune  et  du  sexe  femelle,  pris  le  8  août  ISOoà 
l'embouchure  de  la  IMata.  Nous  en  reproduisons  la  région  nasale  (PI.  XXI,  fig.  5). 
Enfin  il  y  a  des  Ziphius  dans  les  parages  du  Cap  de  13onne-Espérance  ;  c'est  sans 
doutede  celte  région  maritime  que  provient  le  crâne  (Pi.  XXI,  fig.  -H -15)  décrit 
par  M.  Van  Beneden,  comme  originaire  de  la  mer  des  Indes  (5),  crâne  qui  a  été 
rapporté  par  M.  Fr.  de  Castelnau;  en  outre,  c'est  elle  quia  sûrement  fourni  celui 
(PI.  XXI,  fig.  I  0)  dont  M.  Gray  a  fait  une  espèce  encore  différente  sous  la  dénomi- 
nation de  Petrorlii/nc/ius  capensis  ('i). 

On  le  voit,  il  n'est  pas  aisé  de  triompher  des  difficultés  que  présente  le  classe- 
ment exact  de  semblables  animaux,  car  les  naturalistes  ne  pouvant  le  plus  souvent 
donner  à  l'égard  des  individus  qu'ils  observent  que  des  renseignements  incom- 
plets, ne  laissent  pas  toujours  à  leurs  successeurs  des  renseignements  qui  leur 
permettent  de  reconnaître  l'espèce  dont  ils  ont  parlé;  quelquefois  même  le  genre 
•  le  cette  espèce  ne  peut  être  déterminé,  cl  il  n'y  a  guère  que  l'observation  du  crâne 
qui  puisse  conduire  à  des  résultais  posilifs. 

Ainsi  il  est  possible  que  YEpiodon  urganantus  soit  la  même  espèce  animale  que 
le  Cétacé  appelé  depuis  Ziphius  cavirostris  par  Cuvier,  mais  nous  n'avons  pas  la 
preuve  matérielle  qu'il  en  soit  ainsi,  l'Epiodon   de  Rafinesque  n'ayant  été  ni 


(\)  Proceed.  dead.  se.  and  arts  Philadelphia,  1865,  p.  380.  -  Ibid.,  1869,  p. 31. 
2j  Dcljihiiiiirlu/iirhiis  auslralis,  Burin. , Zeitschrift f.  </.  yes.  iïaturw.,  t.  XXVI,  p.  Z62.— Ziphiarhynchtu 
cryptodon,  ni.,  Revislafarm.  de  Buenos- Aires,  t.  IV,  p.  363.  —  Epiodon  australe,  «/•,  Ami.  del  Mus. 
publ.di  Buen   t-Aires,  p.  312,  PI.  XV  a XX^  1868. 

(:!)  Acad.  r.  Belgique,  Mém.  couronnés,  t.  XVI,  p.  23 <:t  1  pi.;  1864. 

[i    Pro  eed.  mol.  Soc,  i  mlon,  1865,  p.  B24.—  Calai.  ofSeals  ami  Whales,  p.  346. 


DISTRIBUTION   GÉOGRAPHIQUE.  379 

décrit  en  détail  ni  conservé.  C'est  pourquoi  j'ai  laissé  à  L'espèce  et  au  genre  qui 
nous  occupent  les  dénominations  que  leur  a  imposées  Cuvier. 

Le  delphinus  Desmarestii  signalé  postérieurement  par  Bisso  plutôt  que  décrit, 
ne  peut  être  considéré  que  comme  constituant  un  double  emploi,  et  il  en  est 
sans  doute  ainsi  des  prétendues  espèces  que  l'on  a  proposées  depuis  lors  à  l'occa- 
sion de  quelques-uns  des  sujets  pris  dans  la  Méditerranée  en  leur  donnant  les 
noms  spécifiques  de  Philippii,  Doumetii,  Gervaisii  et  Savi. 

On  ne  saurait  avoir  une  opinion  différente  à  l'égard  des  sujets  recueillis  soit  à 
Lanton  (Gironde),  soit  sur  d'autres  points  de  l'Atlantique  septentrionale. 

Celui  de  Magellame,  dont  nous  devons  la  description  à  M.  Burmeister,  parait 
être  aussi  dans  le  même  cas,  et,  pour,  dire  toute  ma  pensée,  je  ne  serais  pas 
étonné  qu'il  en  fût  encore  de  même  pour  les  Ziphius  indiens  et  capensis.  Nous 
verrons  toutefois  qu'il  est  possible  de  distinguer  deux  formes  de  crânes  parmi  ces 
différents  exemplaires  :  les  uns  excavés  dans  la  région  prénasale  et  ayant  une  partie 
du  cartilage  sus-vomérien  comme  pétreux,  ce  qui  a  été  reproduit  sur  notre  PI.  XXI  ; 
tels  sont  les  exemplaires  de  Fos  [fig.  7),  de  Corse  (fig.  8),  de  Lanton  (fig.  0),  de  la 
mer  des  Indes  (fig.  M),  et  du  Cap  (fig.  40)  ;  les  autres  à  rainure  supra-vomérienne 
évidée  et  sans  ossification  du  supra-vomérien  (\),  ce  qui  se  voit  sur  les  exemplaires 
d'Arcsquiès  et  de  la  Plata  (fig.  fô).  Mais  ne  sont-ce  pas  là  des  différences  d'âge 
plutôt  que  d'espèce  ou  même  de  genre  comme  on  l'a  dit  dans  certains  cas?  Ce  qui 
tendrait  à  le  faire  admettre,  c'est  que  les  exemplaires  de  la  deuxième  sorte  étaient 
encore  jeunes (2)  :  c'est  là  un  point  sur  lequel  nous  aurons  à  revenir  plus  loin.  Bor- 
nons-nous donc  pour  îe  moment  à  rappeler  que  les  genres  dont  les  noms  suivent  font 
double  emploi  avec  celui  dont  nous  allons  décrire  le  squelette  et  que  Cuvier  a 
nommé  Ziphius  (3)  en  4822.  Ce  sont  : 

Aliama, Gra)';  t86'i. — Vetrorliyiichus,  Gray;  1865. — Zipkiorliynclius,  Burmeister. 

L'espèce  elle-même,  dont  nous  ignorons  encore  les  véritables  cantonnements, 
a  reçu  de  son  côté,  entre  autres  dénominations,  les  suivantes  toutes  appliquées  à 
des  sujets  pris  dans  la  Méditerranée  : 


(I;  l'arec  que  le  cartilage  supra-vomérien  n'étail  pas  encore  solidifié  lors  de  la  morl  il<'  l'animal. 

(2)  M.  Burmeister  ajoute  que  celui  qu'il  a  décril  ètail  une  femelle. 

(3)  M.  Gray  a  transporté  h:  nom  générique  de  Ziphius  au  Delphinus  sowerbensis,  qui  d'ailleurs  en  avait 
déjà  plusieurs  autres,  il  nous  est  impossible  d'accepter  une  semblable  transposition. 


380  GENRE  ZIl'HIUS. 

Ziphius  cavirostris,  G.  Cuv.  (I).  —  Defpltinus  Desmarestii ,  Risso. —  D.  Philippii, 
Cocco.  —  Hyperoodon  Gervaisii,  Duveruoy.  —  Hyperoodon  Doumetii,  Gray.  — 
Epiodon  Heraultii,  id.  —  Ziphius  Savi,  Richiardi. 

Des  dénominations  encore  différentes  ont  été  imposées  aux  Ziphius  à  propos 
de  l'exemplaire  pris  sur  les  côtes  de  la  Patagonie  à  peu  de  distance  de  l'embou- 
chure de  la  Plata,  et  des  deux  crânes,  originaires  du  Cap,  que  l'on  continue  à 
attribuer  à  une  espèce  différente.  Ceux-ci  ont  été  appelés  de  leur  côté,  Ziphius 
indiens  et  Pelrorhynchus  capensis;  quant  à  celui  de  la  côte  de  Patagonie,  nous  en 
avons  rappelé  précédemment  la  synonimie. 

Ces  différents  Ziphius  sont,  comme  Cuvier  l'a  admis  pour  celui  qui  a  été  recueilli 
sur  la  plage  de  Fos,  des  animaux  voisins  du  Cachalot,  et  surtout  de  l'Hyperoodon. 
Leur  rostre  est  allongé  comme  chez  ce  dernier,  mais  ils  n'ont  pas  comme  lui  les 
maxillaires  supérieurs  surmontés  par  une  double  muraille  osseuse;  leurs  ver- 
tèbres sont  assez  allongées  et  pourvues  d'apophyses  épineuses  élevées,  ce  qui  leur 
est  également  commun  avec  l'Hyperoodon,  et  leur  dentition  est  tout  à  fait  com- 
parable à  celle  de  ce  dernier,  puisqu'ils  ont  aussi  une  paire  de  dents  inférieures 
terminales,  et,  à  l'une  et  à  l'autre  mâchoire,  d'autres  dents  bien  plus  petites  et  sim- 
plement retenues  dans  des  gencives.  Ils  ont  aussi  le  corps  allongé  et  la  tète  renllée. 

Leur  taille,  quoique  inférieure  à  celle  de  l'Hyperoodon,  n'en  est  pas  moins  assez 
considérable,  puisqu'ils  sont  longs  de  6  à  8  mètres. 

Squelette.  —  Cuvier  n'a  donné  que  peu  de  détails  osléologiques  au  sujet  du 
Ziphius  cavirostris  dont  il  n'a  connu  qu'un  crâne  incomplet;  mais,  depuis  lors, 
j'ai  publié  des  renseignements  au  sujet  du  squelette  de  ce  curieux  Cétacé,  et  plus 
récemment  encore  il  en  a  été  fourni  de  nouveaux. 

En  comparant  le  crâne  de  l'exemplaire  échoué  sur  la  plage  d'Aresquiès  (PL  XXI, 
fit/.  1-1)  entre  Montpellier  et  Cette  (Hérault)  avec  celui  qui  avait  été  trouvé,  près 
de  cinquante  ans  auparavant,  à  Fos-les-Martigues  (fiy.  7),  j'ai  été  frappé  de  la  simi- 
litude que  ces  deux  crânes  ont  entre  eux,  et  il  m'a  semblé  que  l'on  devait  les  attri- 
buer à  la  même  espèce.  L'un  ol  l'autre  ont  le  rostre  allongé  cl  sans  alvéoles  den- 
tifères,  quoique  pourvu  bilatéralement  d'une  longue  rainure  dans  leur  partie 
répondant  au  bord  dentaire;  les  os  incisifs  remontent  au  delà  des  narines  pour 

(1)  Desmoulins  avait  signalé  le  crâne  décrit  par  Cuvier  sons  le  nom  de  Baleine  microcéphale,  dans 
un  article  du  Dictionnaire  classique  d'Histoire  naturelle,  paru  en  18SS  (I.  M,  p.  167). 


SQUELETTE.  381 

contribuer  à  former  l'abri  comparable  à  un  cimier  qui  protège  ces  ouvertures,  en 
avant  de  la  partie  apparente  des  frontaux,  et,  de  chaque  côté  des  os  du  nez,  ils 
sont  plus  étroits  et  en  même  temps  plus  saillants  que  chez  l'Hyperoodon.  Les 
maxillaires  n'ont  qu'une  faible  largeur  en  arrière  dans  leur  partie  rostrale;  mais  ils 
s'élargissent  vers  la  saillie  malaire,  sans  toutefois  fournir  une  muraille  osseuse 
comparable  à  celle  de  l'Hyperoodon,  et,  après  être  remontés  vers  la  région  nasale 
des  intermaxillaires,  ils  constituent  en  dehors  de  ces  deux  os  une  excavation  ana- 
logue à  celle  qui  existe  dans  ce  genre.  Inférieurement  l'apparence  est  aussi  la 
même;  le  palais  se  relève  un  peu  dans  sa  région  incisive,  et  il  se  termine  en 
pointe.  Le  vomer  s'y  montre  entre  le  premier  et  le  troisième  tiers  de  la  longueur, 
mais  on  ne  voit  plus  les  incisifs  en  arrière  comme  cela  a  lieu  pour  l'Hyperoodon; 
des  lignes  longitudinales  saillantes  parcourent  la  face  inférieure  du  rostre  dans  le 
sens  longitudinal,  et  les  os  ptérygoïdiens,  resserrés  l'un  contre  l'autre  et  aplatis  sur 
la  partie  libre  de  leur  bord  symphysaire,  y  montrent  de  chaque  côté  une  large  sur- 
face excavée  également  contournée  en  dessus  par  les  os  palatins.  Ces  deux  crânes 
sont  en  outre  de  même  taille  ou  à  peu  près.  Leur  longueur  totale  dépasse  0,80, 
mais  reste  inférieure  d'environ  un  quart  à  celle  du  crâne  des  Ilyperoodons.  On  ne 
peut  attribuer  qu'à  la  diversité  d'âge  des  sujets  dont  ils  proviennent  les  différences 
que  l'on  remarque  entre  eux.  La  principale  consiste  dans  une  plus  grande  exca- 
vation de  la  partie  circumuasale  chez  le  sujet  recueilli  à  Fos.  Les  bords  de  cette 
excavation  y  sont  plus  saillants,  et  sa  surface  a  une  apparence  conchoïdale,  tandis 
qu'elle  est  plus  aplatie  dans  l'autre  exemplaire.  En  outre,  une  grande  partie  du 
cartilage  sus-vomérien  est  passée  à  un  état  d'ossification  exagérée  et  d'apparence 
pétreuse,  ce  dont  l'autre  sujet  ne  présente  que  l'état  rudimentaire. 

Duvernoy  avait  vu  dans  ces  dispositions  la  preuve  d'une  différence  générique, 
et  pour  lui  le  crâne  d'Arcsquiès  devait  être  attribué  à  un  Hyperoodon  distinct 
de  celui  de  l'Océan  et  qu'il  a  appelé  Hyperoodon  Gervaisii.  M.  Pictet  (I)  a  égale- 
ment pensé  que  ces  deux  animaux  devaient  être  séparés  génériquement,  et  il  s'est 
ainsi  rangé  à  l'opinion  de  Duvernoy;  mais  je  continue  à  croire  que  les  particularités 
dont  il  s'agit  et  quelques  autres  qui  en  sont  la  conséquence,  telle  que  par  exemple, 
le  degré  d'ossification  plus  avancé  du  crâne  de  Fos,  doivent  être  attribuées  à  l'âge 


(1)  Traité  de  Paléontologie,  t.  I,  p.  385. 


382  GENRE  ZIPHIUS. 

des  deux  sujets,  et  ce  qui  m'engage  à  persévérer  dans  cette  manière  de  voir,  que 
divers  auteurs  plus  récents  ont  d'ailleurs  acceptée,  c'est  que  les  Ziphius  les  plus 
vieux  qu'on  a  recueillis  depuis  ressemblent  à  celui  de  Fos,  et  ceux  qui  sont  plus 
jeunes  à  celui  d'Aresquiès.  Le  Ziphius  dit  de  Doumet,  qui  a  été  trouvé  sur  les 
côtes  de  la  Corse  (fig.  8-9),  celui  de  Lanton,  dans  le  département  de  la  Gironde 
{fig.  6)  et  ceux  du  Cap  de  Bonne-Espérance  {fig.  -10)  ainsi  que  de  la  mer  des  Indes 
\fig.  12-13)  sont  dans  le  premier  cas,  c'est-à-dire  plus  ou  moins  semblables  à 
l'exemplaire  de  Fos  décrit  par  Cuvier,  tandis  que  c'est  au  Ziphius  d'Aresquiès  que 
ressemble  le  crâne  de  l'exemplaire  pris  sur  la  côte  de  Patagonie,  auprès  de 
l'embouchure  de  la  Hâta,  qui  appartient  au  Musée  de  Buenos-Ayres  (fig.  5).  Le 
trou  sous-orbitaire  est  aussi  d'une  forme  un  peu  différente  dans  les  sujets  de 
chacune  de  ces  deux  séries. 

Les  Ziphius  sont,  comme  l'IIyperoodon,  pourvus  d'un  os  lacrymal  de  grande 

dimension. 

La  mâchoire  inférieure,  que  Cuvier  n'a  pas  connue,  est  allongée,  un  peu 
excavée  à  son  bord  supérieur  qui  est  parcouru  par  une  longue  rainure  partant  de  la 
paire  d'alvéoles  qui  en  occupe  la  partie  terminale.  Sa  symphyse  est  de  médiocre 
longueur,  forme  intérieurement  une  saillie  au  point  où  les  deux  branches  de  l'os 
maxillaire  inférieur  se  réunissent  l'une  à  l'autre  et  présente  un  peu  plus  d'éléva- 
tion dans  sa  région  postérieure.  C'est  plus  en  avant  et  dans  le  tiers  inférieur  de 
son  bord  externe  que  se  voit  le  trou  mentonnier  (fig.  1  et  9). 

L'os  hyoïde  rappelle  celui  de  l'IIyperoodon  par  ses  principaux  caractères  (I). 

Dans  le  Ziphius  d'Aresquiès,  les  corps  des  cinq  premières  vertèbres  cervicales 
(PL  XXII,  fig.  6)  étaient  soudés  entre  eux,  tandis  que  ceux  de  la  sixième  et  de  la 
septième  étaient  simplement  articulés  et  par  conséquent  distincts  dans  leur  ossili- 
cation.  Les  apophyses  épineuses  des  vertèbres  occupant  les  numéros  1  et  6  étaient 
synostosées,  mais  la  cinquième  et  la  sixième  restaient  en  partie  indépendantes. 
L'apophyse  de  la  septième  était,  comme  le  corps  auquel  elle  répond,  entièrement 
détachée  de  celle  de  la  vertèbre  précédente;  elle  était  aussi  plus  courte  que  les 
autres  et  également  de  moindre  hauteur  que  l'apophyse  épineuse  de  la  première 
dorsale  qui  se  trouve  placée  en  arrière  d'elle  dans  la  figure  à  laquelle  nous  ren- 


i,  Burmeister,  Ann.  Mus.  Buenos- Aires,  p.  329,  PI.  XVI. .//y.  '■>■ 


SQUELETTE.  383 

voyons.  Quant  aux  apophyses  transverses  des  vertèbres  cervicales,  la  première  et 
la  seconde  sont  réunies  en  une  seule  niasse,  tandis  que  celles  des  troisième  à  sep- 
tième sont  indépendantes,  mais  de  formes  et  de  grandeurs  différentes.  La  septième 
ne  s'articule  pas  avec  la  masse  latérale  de  la  première  dorsale,  comme  cela  a  lieu 
pour  l'Hyperoodon. 

Les  vertèbres  des  autres  régions  appartenant  au  même  sujet,  qu'il  m'a  été  pos- 
sible de  recueillir,  sont  au  nombre  de  vingt,  provenant  toutes  de  la  région  dorso- 
Iombaire;  elles  ont  été  déposées  dans  la  collection  du  Muséum.  Ces  vertèbres  crois- 
sent en  volume  et  en  longueur,  aussi  bien  que  leurs  apophyses  épineuses,  à  partir 
de  la  première,  et,  par  la  longueur  de  leur  corps  ainsi  que  par  l'élévation  de  leurs 
apophyses  épineuses,  elles  ressemblent  aux  vertèbres  de  l'Hyperoodon  et  du  Méso- 
plodon,  ce  qui  les  éloigne  au  contraire  de  celles  des  Dauphins.  Les  apophyses 
articulaires,  plus  épaisses  aux  premières  vertèbres,  deviennent  de  plus  en  plus 
minces  et  lamelleuses  sur  les  vertèbres  suivantes.  Elles  ne  sont  pas  en  contact 
immédiat  avec  les  vertèbres  vers  lesquelles  elles  se  dirigent.  La  dernière  de  celles 
que  nous  possédons,  qui  est  encore  une  des  lombaires,  a  le  corps  long  de  0^6  et 
haut  de  0,LI  ;  son  apophyse  épineuse  mesure  0,27  à  partir  de  l'échancrure  basilaire 
de  l'apophyse  articulaire  antérieure. 

J'ai  pu  étudier,  en  -187-1,  le  Ziphius  préparé  par  Savi  pour  le  Musée  de  Pise  et 
dont  M.  Richiardi  a  dernièrement  publié  de  bonnes  figures  ostéologiques,  et  j'y  ai 
compté  neuf  vertèbres  dorsales,  onze  lombo-sacrées  et  seize  caudales.  La  première 
de  celles-ci  a  un  petit  os  en  V.  Les  mêmes  os  pris  aux  trois  vertèbres  suivantes 
sont  les  plus  grands  de  tous,  et  ceux  qui  viennent  ensuite  vont  en  décroissant.  Le 
nombre  total  de  ces  hémapophyses  est  de  neuf.  Les  cinq  ou  six  dernières  caudales 
en  manquent;  elles  continuent  à  diminuer  de  volume  et  sont  de  forme  irrégu- 
lièrement cubique. 

Le  squelette  conservé  à  Buenos-Ayres  possède  dix  dorsales  au  lieu  de  neuf, 
comme  celui  de  Pise,  et  autant  de  paires  de  côtes,  mais  il  n'a  que  dix  lombo- 
sacrées,  ce  qui  s'explique  peut-être  par  ce  fait  que  la  dixième  paire  de  côtes  qui 
est  plus  grêle  que  les  autres  aura  été  perdue  pendant  la  préparation  du  sujet  re- 
cueilli par  Savi  ou  qu'elle  n'est  pas  constante. 

M.  Burmcister  compte  en  tout  quarante-neuf  vertèbres  sur  l'exemplaire  qu'il  a 
décrit  :  sept  vertèbres  cervicales,  dix  dorsales  conformées  comme  il  a  été  dit  plus 


384  GENRE  ZIPHIUS. 

haut,  onze  Iombo-sacrées  (parce  qu'il  comprend  sous  ce  nom  la  première  vertèbre 
pourvue  d'os  en  V)  et,  à  part  cette  dernière,  vingt  et  une  coccygiennes. 

Les  côtes  ne  sont  pas  très-fortes;  six  paires  d'entre  elles  vont  directement  au 
sternum.  Leur  partie  sternébrale  reste  cartilagineuse. 

L'os  iskiatique  est,  comme  d'habitude,  d'une  seule  pièce  pour  chaque  côté. 
Quant  au  sternum,  on  y  compte  cinq  pièces,  tandis  qu'il  n'y  en  a  que  trois  chez 
l'Hyperoodon.  Chacune  d'elles  est  divisible  eu  deux  parties  latérales  par  une 
scissure  médiane  et  qui  présentent  à  leur  jonction  une  ouverture  plus  ou  moins 
grande  qui,  dans  l'étatfrais,  est  occupée  par  du  cartilage.  Une  semblableouverture  est 
placée  au  milieu  de  la  cinquième  sternèbre  qui  est  en  outre  échancrée  en  arrière. 
Dans  le  sujet  de  Buenos-Ayres,  les  deux  moitiés  de  la  même  pièce  sont  encore 
entièrement  séparées  l'une  de  l'autre.  Le  sternum  figuré  sous  le  n°  7  de  notre 
Pi.  XXII  est  celui  de  l'exemplaire  échoué  en  Corse,  conservé  dans  le  Musée  Doumet, 
à  Cette. 

En  parlant  dans  mon  Mémoire  sur  les  Ziphioïdes  de  l'omoplate  du  Ziphius  cavi- 
rostre,  j'ai  dit  que  son  acromion  était  plus  long  et  moins  large  que  celui  de 
l'Hyperoodon;  mais  l'ensemble  de  cet  os  ne  diffère  pas  moins  de  l'omoplate  du 
Cachalot  que  dans  les  autres  Ziphioïdes. 

Les  membres  sont  courts,  semblables  pour  la  forme  de  l'humérus  et  de  l'avant- 
bras  à  ceux  des  genres  qui  précèdent.  Il  y  a  deux  os  à  la  première  rangée  du  carpe 
et  quatre  à  la  seconde.  Les  chiffres  représentant  le  nombre  des  phalanges  sont  les 
suivants  :  1,  5?  Î3,  4  et  1,  du  moins  sur  le  sujet  de  Pisc,  car  M.  Burmeister,  qui  a 
pu  étudier,  avec  plus  de  soin,  le  Ziphioïde  de  Buenos-Ayres,  donne  \,  2,  5,  2  et 
2,  et  il  figure  en  outre  des  rudiments  de  phalanges  encore  cartilagineuses,  ce  qui 
modifie  ces  chiffres  de  la  manière  suivante  :  2,  7,  6,  5  et  5.  Les  doigts  sont  courts. 
D'après  une  Ggure  donnée  par  M.  Ilaeckel  (1  ),  et  qui  se  rapporte  sans  doute  au  Ziphius 
de  Villefranchc,  conservé  à  Iéna,  la  formule  digilaire  serait  :   I,  5,  0,  4,  2. 

Système  dentaire.  —  J'ai  parlé  dans  les  termes  suivants  de  la  dentition  duCétacé 
échoué  en  4 850  à  Arcsquiès  : 

Comme  le  Ziphius  dont  j'ai  trouvé  et  préparé  les  débris  avait  encore  une  partie  de 
ses  gencives,  j'ai  pu,  en  disséquant  celles-ci  avec  soin,  connaître  le  système  dentaire 

(1)  Histoire  de  la  création,  PI.  IV,  fig.  6,  Paris;  1874. 


DENTITION.  383 

de  cette  espèce.  Les  dents  de  la  mâchoire  inférieure  sont  au  nombre  de  deux 
comme  dans  l'Hyperoodon,  une  pour  chaque  côté  (PI.  XXII,  fig.  4).  Chacune  de 
ces  dents  est  située  à  l'extrémité  terminale  de  son  os  mandibulaire  et  implantée  dans 
une  alvéole  qui  en  cache  la  plus  grande  partie.  Elles  sont  longues  l'une  et  l'autre  de 
0,047,  couvertes,  dans  presque  toute  leur  étendue,  d'une  couche  de  matière  cémen- 
toïde  et  appointies  à  leur  extrémité  terminale.  Quoique  ces  dents  ne  fussent  point 
encore  visibles  à  l'extérieur  et  qu'il  n'y  eût  même  aucune  trace  de  perforation  à  la 
peau,  très-épaisse  au-dessus  d'elles,  elles  semblaient  pourtant  un  peu  usées  en 
biseau  à  leur  extrémité  coronale.  Le  reste  de  la  mâchoire  inférieure  ne  m'a  fourni 
aucune  autre  dent,  ce  qui  donne  un  bon  caractère  différentiel  entre  le  Ziphius  ca- 
virostris  et  les  genres  Mésoplodon  et  Dioplodon.  Celte  dentition  pour  la  mâchoire 
inférieure,  le  distingue  donc  génétiquement  des  deux  autres  Cétacés  Ziphioïdes 
que  je  viens  de  nommer  et  elle  est  la  même  que  chez  l'Hyperoodon. 

L'Hyperoodon,  malgré  le  nom  générique  que  lui  a  donné  Lacépède  et  celui 
d'Uranodon  sous  lequel  Illiger  l'a  accepté,  a  été  considéré  quelquefois  comme 
manquant  absolument  de  dents  à  la  mâchoire  supérieure;  mais  M.  Eschiïeht  lui 
en  a  trouvé,  et  il  les  a  fait  connaître  dans  son  ouvrage.  On  n'en  a  point  observé 
d'analogues  à  la  mâchoire  supérieure  du  Mésoplodon  ni  à  celle  des  Dioplodons; 
cependant  les  deux  petites  excavations  que  l'on  voit  au  bout  du  museau  du  Chee- 
noziphius  planirostris  sont  probablement  deux  alvéoles. 

Dans  le  Ziphius  cavirostris,  j'ai  trouvé  plusieurs  dents  supérieures  encore  eu 
place  (I).  Au  bout  du  rostre  il  y  avait  une  paire  de  petites  dents  de  forme  oli- 
vaire,  longues  de  0,009,  entièrement  enveloppées  de  cément,  sauf  vers  leur  extré- 
mité coronale,  qui  laisse  percer  une  petite  pointe  d'émail.  La  partie  terminale  de 
chaque  os  incisif  porte  une  petite  excavation  primitivement  destinée  à  chacune  de 
ces  dents.  Outre  celles-ci,  j'en  ai  môme  constaté  huit  ou  dix  autres  sur  le  côté  dont 
la  gencive  était  le  mieux  conservée.  Elles  étaient  plus  grêles,  plus  petites,  longues 
seulement  de  0,008  ou  à  peu  près,  également  recouvertes,  sur  presque  toute  leur 
surface,  par  une  couche  cémenteusc  épaisse,  et  terminées  à  la  couronne  par  une 
petite  pointe  d'émail  sortant  de  dessous  le  cément. 

Ces  différentes  dents  ne  sont  pas  en  rapport  avec  de  vraies  alvéoles;  elles  sont 

(1)  I>1.  XXI.Ay- 3. 

49 


38G 


GENRE  ANOPLONASSA. 


seulement  implantées  dans  la  peau  des  gencives;  je  ne  puis  en  dire  le  nombre 
exact.  C'est  peut-être  une  disposition  analogue  qui  a  suggéré  à  llaûnesque  le  nom 
d'Epiodon,  qu'il  donne  à  un  Cétacé  des  mers  de  Sicile,  mais,  je  le  répète  encore 
une  fois,  on  ne  saurait  affirmer  que  l'Epiodon  soit  bien  le  même  animal  que  le 
Ziphius. 


DE  L'ANOPLONASSA  FORCIPATA. 


On  doit  à  M.  Cope  (1)  la  description  d'un  fragment  fossile  de  maxillaire  infé- 
rieur de  forme  grêle  et  allongée,  qui  constitue  la  plus  grande  partie  de  la  sym- 
pbyse  mandibulaire  d'un  Cétacé  sans  doute  voisin  de  l'Hyperoodon  et  du  Zipbius, 
mais  qui  avait  des  dimensions  moindres  que  les  leurs.  Quoique  presque  entière, 

cette  région  syinphysaire  n'a  que  0,4  92  de  long  et  sa 
largeur  varie  de  0,022  à  0,026.  Elle  est  faiblement 
excavée,  ce  qui  rappelle  les  deux  genres  que  nous  ve- 
nons de  citer  et,  de  même  que  cbez  eux,  elle  se  termine 
dans  sa  partie  libre  par  une  paire  de  fortes  alvéoles  indi- 
quant qu'il  existait  aussi  dans  le  Cétacé  fossile  dont  nous 
parlons,  une  paire  de  dents  principales  placées  à  l'extré- 
mité de  la  mâchoire,  ce  qui  est  un  nouveau  trait  de  res- 
semblance entre  l'Anoplonassa  et  les  deux  genres  que 
nous  venons  de  décrire.  Une  série  de  petites  impressions 
alvéoliformes,  d'ailleurs  peu  profondes,  règne  de  chaque 
côté  de  la  mâchoire  sur  son  bord  dentaire,  ce  qui  tond 
à  faire  supposer  qu'il  y  avait  en  arrière  des  deux  dents 
principales  dont  il  vient  d'être  question,  d'autres  dents 
plus  petites,  probablement  caduques  et  comparables  à 
celles  qu'Escbricbt  et  moi  avons  observées  le  long  de  la 
mâchoire  supérieure  cbez  l'Hyperoodon  et  cbez  le  Ziphius. 


(1]  Cope,  Prociccl.  muer,  philos.  Soc.  Pkiladelphia,  l.  XI,  p.  171,  PI,  V,  A.y.  •'',  et  :;«;  1809.  —  P.  Gerv., 
Jour/i.  de  Zoohxjie,  t   I,  p.  168. 


GENRE  BERARDIUS.  187 

Le  seul  fragment  connu  a  été  recueilli  aux  environs  de  Savannah  (Géorgie),  dans 
un  dépôt  qui  renfermait  aussi  des  restes  de  Mastodontes;  il  est  de  structure  dense 
et  a  été  silicifié  par  son  séjour  dans  le  sol;  il  appartient  au  Musée  de  Cambridge 
(États-Unis). 

M.  Coppe  appelle  l'animal  que  cette  pièce,  encore  unique,  nous  fait  connaître, 
AnopionasM»  forcipata.  Nous  reproduisons  ici  les  figures,  de  proûl  et  en  dessus, 
qu'il  en  a  données;  elles  sont  réduites  à  la  moitié  de  la  grandeur  naturelle. 


DU  BERARDIUS  ARNUX1I. 

C'est  le  grand  Cétacé  ziphioïde  auquel  j'ai  fait  allusion,  dans  mon  Mémoire  publié 
en  I8o0,  en  disant  :  «  M.  Arnoux  qui  a  fait,  comme  chirurgien-major,  la  cam- 
pagne de  la  corvette  te  Rhin,  commandée  par  M.  l'amiral  Bérard,  alors  capitaine 
de  vaisseau,  a  recueilli  sur  les  côtes  de  la  Nouvelle-Zélande  le  crâne  d'un  Hyper- 
oodon  qui  paraît  différer  de  celui  de  l'Océan  atlantique,  et  dont  je  compte 
m'occuper  dans  un  autre  travail.  »  Celte  note  ayant  appelé  sur  l'animal  auquel 
elle  se  rapporte  l'attention  de  Duvernoy,  ce  savant  examina  la  pièce  dont  elle 
faisait  mention  et  il  en  donna  une  courte  description  accompagnée  de  figures  en  la 
prenant  pour  type  d'un  genre  nouveau  qui  fut  appelé  par  lui  Berardius,  et  dont  il 
nomma  l'espèce  Berardius  Arnuxii  (I).  Des  figures  du  même  crâne  (PI.  XXIII)  ont 
paru  avec  les  premières  livraisons  du  présent  ouvrage,  ce  dont  il  est  fait  mention 
dans  plusieurs  publications,  particulièrement  dans  celles  de  MM.  Gray  et  Flower. 
Le  second  de  ces  savants  naturalistes  a  lui-même  rédigé  à  propos  du  Berardius 
Arnuxii,  dont  il  écrit  le  nom  arnouxi,  un  Mémoire  cité  dans  la  partie  bibliogra- 
phique de  ce  chapitre,  et  dans  lequel  il  décrit  le  squelette  de  ce  Cétacé  d'après  un 
exemplaire  également  pris  sur  les  côtes  de  la  Nouvelle-Zélande  (2). 

Le  sujet  dont  le  crâne  a  été  déposé  au  Muséum  par  MM.  Bérard  et  Arnoux  était 
un  mâle.  Il  était  long  de  10  mètres  environ,  avait,  au  rapport  de  M.  Arnoux,  une 
nageoire  dorsale  assez  étendue,  et  sa  couleur  était  noire,  sauf  sur  la  partie  avoisi- 

(t)  Ann.  se.  nat.,3<  série,  t.  XV,  p.  52  et  6s,  PI.  I;  1851. 

(2)  Traits,  zool.  Soc.  London,  t.  VIII,  p.  217,  PL  XXVII-XXIX. 


388  GENRE  BERARDIUS. 

nant  les  organes  génitaux,  qui  était  grisâtre-clair.  Celui  que  possède  le  Musée 
huntérien  était  de  sexe  femelle  et  moins  avancé  en  âge. 

Le  Bérardius  est  facile  à  distinguer  par  la  forme  de  son  crâne  moins  dissymé- 
trique que  chez  l'Hyperoodon,  par  l'absence  presque  complète  de  muraille 
osseuse  au-dessus  des  os  maxillaires,  par  la  disposition  tubériforme  mais  non  en 
cimier  de  sa  partie  supra-nasale,  et  par  la  présence  de  deux  paires  de  fortes  dents 
à  la  mâchoire  inférieure,  tandis  qu'il  n'y  en  a  qu'une  seule  chez  l'Hyperoodon  et 
chez  le  Zipbius. 

Depuis  la  publication  du  Mémoire  de  Duvernoy,  un  petit  nombre  d'exemplaires 
de  la  même  espèce  de  Cétacés  sont  venus  à  la  connaissance  des  naturalistes,  et 
c'est  aussi  à  la  Nouvelle-Zélande  qu'ils  ont  été  pris;  d'autres  y  ont  été  rencontrés 
à  l'état  sub-fossile. 

Un  premier  exemplaire  s'est  perdu  dans  la  baie  de  Porirua,  en  janvier  -1 862  (I); 
un  second,  près  de  New-Brighton  (Canterbury),  le  ]eT  décembre  4865  (2);  et  un  troi- 
sième, dans  la  baie  de  Vorser,  près  le  Port-Nicholson,  en  janvier  1870  (5).  Un 
autre,  qui  serait  au  total  le  cinquième  de  ceux  qui  ont  été  recueillis,  est  le 
Bérardius  dont  a  parlé  le  D.  Hector  (4)  et  que  M.  Gray  a  appelé  Bérardius  Heclori  (5); 
mais  M.  Flower  fait  observer  qu'on  ne  peut  l'attribuer  qu'avec  doute  à  ce  genre, 
puisqu'il  ne  possède  qu'une  seule  paire  de  dents,  tandis  que  les  vrais  Bérardius  en 
ont  deux. 

Cependant  il  est  bon  d'ajouter  que  son  crâne,  à  en  juger  du  moins  par  les 
figures  qui  en  ont  été  publiées,  est  absolument  de  même  forme  que  celui  de  YAmuxii, 
et  que  la  paire  de  dents  existantes,  qui  est  l'antérieure,  présente  aussi  la  même 
conformation  que  chez  ce  dernier. 

L'exemplaire,  encore  assez  jeune  et  certainement  du  sexe  femelle  dont  a  parlé 
M.  J.  Haast,  a  été  acquis  par  le  Collège  des  chirurgiens  de  Lonrlres.  C'est  celui 
qui  a  fourni  à  M.  Flower  le  sujet  d'une  savante  monographie  osléologiquc  de  ce 
genre  de  Cétacés,  dont  nous  avons  rappelé  le  titre  dans  le  résumé  bibliographique 
inséré  au  commencement  du  présent  ebapitre. 

(1  Knox,  Trans.  and  Proceed.  of  the  New-Zealand  Institute,  t.  III,  p.  126;  1870. 

(2)  Julius  Iluast,  Proceed.  pliil.  Institute  of  Canterbury,  Ncw-Zealand,  18G9. 

(3)  Knox,  loc.  cit.,  p.  12!). 

(4)  Ibid.,  t.  III,  p.  129,  PI.  XVI  et  XVII. 

(6    Ann.  and  May.  oj  nul.  Uni.,  4e  série,  t.  VIII,  p.  lift;  1871.  —  Id.,  Ibid.,  I.  XI,  p.  19;  1873. 


SQUELETTE.  389 


SQUELETTE    ET    SYSTEME    DENTAIRE. 

Squelette.  —  Le  crâne,  seule  partie  d'après  laquelle  cette  grande  espèce  a 
d'abord  été  connue,  est  long  de  I  ,40,  ce  qui  égale  ou  dépasse  même  les  dimensions 
des  Hyperoodons;  il  est  large  de  0,75  à  sa  région  supra-oculaire.  Ses  caractères  prin- 
cipaux le  rapprochent  del'IIyperoodon,mais,  comme  je  l'avais  fait  remarquer  autre- 
fois, on  ne  saurait  l'attribuer  à  l'espèce  de  ce  dernier,  dont  il  diffère  même  assez 
pour  que,  dans  les  conditions  actuelles  de  la  nomenclature,  on  en  fasse  l'objet  d'un 
genre  particulier.  Sa  largeur  plus  grande,  la  disposition  arrondie  de  ses  contours 
en  arrière  du  rostre  et  sur  les  côtés  de  la  cavité  cérébrale,  la  dépression  de  la 
muraille  osseuse  de  ses  maxillaires  qui  est  réduite  à  une  simple  callosité  sub- 
allongée et  comme  renversée  en  dehors,  la  moindre  saillie  de  la  tubérosité  supra- 
nasale  et  l'étendue  au  contraire  plus  grande  des  os  maxillaires  dans  leur  partie 
supra-oculaire,  enfin  le  rétrécissement  un  peu  moindre  du  palais  et  l'apparence  plus 
robuste  de  la  mâchoire  inférieure,  font  aisément  reconnaître  le  Bérardius,  bien 
que  ce  Cétodonte  ait  le  rostre  allongé  des  Hyperoodons,  qu'il  soit,  comme  eux, 
dépourvu  de  dents  persistantes  au  maxillaire  supérieur  et  qu'il  ait  les  ptérygoï- 
diens  également  resserrés. 

Le  Bérardius  a  d'ailleurs  le  crâne  moins  dissymétrique  que  ne  l'est  celui  de 
l'IIyperoodon;  sa  tige  sus-vomérienne  est  ossifiée  dans  la  partie  postérieure  avoisi- 
nant  l'ethmoïde,  mais  à  un  degré  bien  moindre  que  chez  les  Ziphiusde  Lanton, 
de  Fos  et  de  Corse  (PL  XXI,  fig.  6,  7  et  8)  ou  chez  ceux  auxquels  on  a  donné  le 
nom  de  Pétrorhynques.  En  outre,  l'absence  de  crête  sus-maxillaire  fait  paraître  le 
dessus  de  son  rostre  un  peu  plus  convexe;  la  platine  qui  sert  à  l'insertion  du 
zygomatique  entre  le  maxillaire  supérieur  et  le  frontal  est  assez  étendue,  et  la  tige 
de  cet  os  commence  par  une  partie  moins  grêle.  Il  y  a,  comme  dans  les  deux 
genres  précédents,  un  os  lacrymal;  il  est  également  grand,  mais  incomplètement 
séparé  du  frontal  dans  sa  partie  postéro-in terne,  et  les  orifices  des  arrière-narines 
sont  plus  considérables.  Le  vomer  se  montre  en  dessous  entre  les  pointes  posté- 
rieures par  lesquelles  les  os  incisifs  se  terminent  de  ce  côté  avant  d'avoir  atteint 
le  milieu  du  palais,  et  il  forme  entre  la  partie  a  voisinante  des  deux  maxillaires  une 


390  GENRE  BERARDIUS. 

sorte  de  lance  qui  s'interrompt  à  un  décimètre  environ  des  palatins  pour  reparaître 
dans  une  courte  étendue  entre  ceux-ci  et  le  commencement  de  la  symphyse  des  os 
ptérygqïdiens.  Les  palatins  ne  sont  usibles  que  sous  la  forme  d'une  bande  étroite 
et  de  surface  irrégulière;  les  ptérygoïdiens  sont  grands  et  présentent  la  confor- 
mation propre  aux  Ziphioïdes;  enfin  il  y  a  une  expansion  caudiforme  du  rocher 
engrenée  au-dessous  de  la  partie  postéro-inférieure  du  temporal,  mais  elle  n'atteint 
pas  la  même  longueur  que  chez  lllyperoodon,  et  je  ne  vois  pas,  comme  cela 
arrive  quelquefois  chez  ce  dernier,  de  pièce  distincte  destinée  à  représenter  le 
mastoïdien.  La  caisse  auditive  (I)  diffère  à  peine  dans  sa  forme  de  celle  de  l'Hype- 
roodon.  La  rainure  existant  sur  une  partie  de  la  longueur  du  bord  dentaire  des 
maxillaires  supérieurs  permet  de  supposer  qu'il  existe  à  la  même  mâchoire  des 
dents  caduques  comme  il  y  en  a  chez  l'Hyperoodon  et  le  Ziphius,  les  unes  répon- 
dant h  l'os  incisif,  les  aulres  au  maxillaire,  et  dont  une  ou  deux,  plus  fortes  que 
les  autres,  occupent  sans  doute  la  place  où  ces  deux  os  commencent  à  se  toucher. 

Le  maxillaire  inférieur  est  long  de  4,20,  large  de  0,LI5  au  milieu  de  sa  sym- 
physe qui  mesure  elle-même  0,23  de  longueur  et  a  0,24  d'écartement  entre  les 
apophyses  coronoïdes  et  0,42  entre  les  apophyses  angulaires.  La  hauteur  du 
plan  externe  sous  la  saillie  coronoïdienne  est  de  0,25.  Il  existe  plusieurs  trous 
mentonniers  situés  près  de  la  partie  terminale  de  la  symphyse.  Le  bord  inférieur 
de  la  môme  mâchoire  est  légèrement  recourbé  en  dessus  dans  sa  portion  anté- 
rieure. 

L'os  hyoïde  est  formé  par  la  réunion  des  pièces  dont  nous  avons  constaté  la 
présence  chez  les  genres  précédents;  mais  son  basi-hyal  est  rectangulaire. 

Le  reste  du  squelette  est  connu  par  la  pièce  envoyée  par  M.  Ilaast  au  Musée  hun- 
lérien  où  nous  l'avons  étudiée,  et  qui  provient  d'un  sujet  moins  avancé  en  âge  que 
le  Bérardius  du  Muséum  de  Paris.  Il  a  été  décrit  par  Flower  (ï). 

Les  vertèbres  cervicales  ont  la  forme  propre  aux  Ilyperoodons,  mais  sans  être 
toutes  soudées  entre  elles  comme  cela  a  lieu  chez  la  plupart  des  individus  appar- 
tenant à  celle  espèce.  La  synostose  ne  comprend  que  les  trois  premières  de  ces 
vertèbres  (5),  et  les  quatre  autres  restent  séparées.  Il  y  a  dix  dorsales,  douze  lombo- 

(1)  Flower,  Trans.  zool.Soc.  London,  t.  VIII,  p.  21'.),  PI.  XXIX. 

(2)  Ibid.,  p.  223. 

(3)  Elle  en  comprend  cinq  dans  la  pièce  représentée  par  \s.fig.  '■>  de  la  PI.  XVIII,  décrite  p.  370. 


DENTITION.  391 

sacrées  et  dix-neuf  coccygiennes  dont  les  neuf  premières  pourvues  d'os  en  V.  Les 
vertèbres  ressemblent  notablement  à  celles  des  Ziphioïdes  précédemment  décrits, 
mais  elles  ont  leurs  apopbyses  épineuses  un  peu  moins  élevées;  d'ailleurs  la  tran- 
sition entre  celles  des  différentes  régions  est  également  graduée,  et  il  nous  suffira 
de  renvoyer  aux  figures  que  M.  Flower  en  a  données  (I). 

Les  côtes  sont  plus  aplaties  que  dans  l'Hyperoodon  et  plus  longues. 

Le  sternum  résulte  de  l'articulation  de  plusieurs  pièces  successives;  mais  ces 
pièces  sont  au  nombre  de  cinq  comme  cbezle  Ziplnus  et  non  de  trois  comme  dans 
l'Hyperoodon  ;  plusieurs  portent  une  grande  perforation  au  milieu  de  leur 
ligne  de  jonction.  Cette  particularité  existe  entre  la  première  et  la  seconde, 
ainsi  qu'entre  la  seconde  et  la  troisième  et  la  troisième  et  la  quatrième.  Il  n'y 
en  a  pas  entre  la  quatrième  et  la  cinquième,  mais  cette  dernière  est  bifide  en 
arrière.  Une  perforation  arrondie  se  remarque  à  la  base  de  la  fissure  de  laquelle 
cette  disposition  résulte. 

Les  os  ischiatiques  n'offrent  rien  de  particulier;  dans  l'exemplaire  décrit,  leur 
structure  est  spongieuse  et  de  forme  sub-cylindrique,  faiblement  comprimée. 

Quant  aux  membres,  ils  rappellent  par  la  conformation  de  leurs  principales 
pièces  ceux  des  Zipboïdcs  dont  nous  avons  déjà  parlé.  L'bumérus  et  l' avant-bras 
en  sont  également  allongés;  au  contraire  leur  partie  terminale  est  relativement 
assez  courte.  Il  y  a  deux  os  à  la  première  rangée,  mais  l'antérieur  ou  interne 
résulte  de  la  coalescence  de  deux  pièces  que  l'on  doit  regarder  comme  répondant 
au  scaphoïde  et  au  semi-lunaire,  tandis  que  celui  qui  est  placé  au-dessus  du 
cubitus  serait  le  pyramidal.  Trois  os  forment  la  seconde  rangée;  ce  sont  le  trapé- 
zoïde,  le  grand  os  et  l'oscrocbu.  Dans  le  sujet  étudié,  celui-ci  est  soudé  en  partie 
au  pyramidal  par  son  bord  postérieur. 

Les  phalanges  sont  réparties  conformément  aux  chiffres  suivants  :  2,  5,  \,  i  et  5. 

Système  «icniaire.  —  C'est  la  paire  antérieure  des  dents  d'en  bas  qui  se  déve- 
loppe chez  les  Ilyperoodons  et  les  Ziphius;  dans  les  Bérardius  il  y  a  au  contraire 
deux  paires  de  fortes  dents  à  la  même  mâchoire,  la  première  à  peu  près  terminale, 
la  deuxième  un  peu  en  avant  de  la  seconde  moitié  de  la  partie  symphysaire.  Ces  dents 
(PI.  XXIII,  [kj.  5  et  ■'<)  sont  fortes,  en  coins,  comprimées  et  plus  larges  à  la  partie 

1)  Loco  cit.,  PI.  XXVII  et  XXVill,./('y.  1  à  10. 


392  GENRE  MESOPLODON. 

basilaire  de  leur  racine  qu'à  leur  couronne;  aussi  les  alvéoles  {fig.  2)  qui  leur 
donnent  insertion  ont-elles  un  développement  proportionnel.  C'est  la  paire 
antérieure  qui  est  la  plus  forte.  L'une  et  l'autre  sont  revêtues  de  cément  à  leur 
surface  et  l'on  ne  voit  poindre  à  leur  sommet  qu'une  faible  portion  de  l'ivoire  qui 
en  constitue  la  partie  principale.  On  ne  lui  distingue  pas  d'enveloppe  émaillée.  La 
dent  antérieure  a  0,090  de  longueur  maximum  et  0,080  de  haut.  La  surface  de  sa 
partie  radiculaire  est  irrégulière;  ses  deux  bords  antérieur  et  postérieur  sont 
obliques  et  convergents;  l'obliquité  de  l'antérieur  est  moindre  que  celle  du  pos- 
térieure. La  seconde  paire  de  dents  diffère  surtout  de  l'autre  par  ses  moindres  di- 
mensions et  elle  est  plus  oblique.  Sa  hauteur  est  de  0,063  et  sa  largeur  maximum 
de  0,050. 

L'exemplaire  conservé  au  Musée  des  Chirurgiens,  qui  était  moins  avancé  en 
âge  que  celui  du  Muséum  de  Paris,  a  aussi  les  dents  moins  fortes.  Leur  hauteur  est 
0,072  pour  l'antérieure,  et  0,045  pour  la  seconde. 

Un  des  Bérardius  trouvés  à  la  Nouvelle-Zélande  depuis  celui  qu'ont  rapporté 
MM.  Bérard  et  Arnoux  n'a  qu'une  seule  paire  de  dents  apparentes,  la  paire  anté- 
rieure. C'est  celui  dont  M.  Gray  a  cru  devoir  faire  une  espèce  à  part  sous  le  nom 
de  Bérardius  Hector i  (I). 


DU    MESOPLODON    SOWERBENSIS 

Remarque»  historiques.  —  Quoique  sa  taille  dépasse  sensiblement  celle  du 
Dauphin  ordinaire,  cette  espèce  n'a  été  reconnue  que  dans  le  courant  du  siècle 
actuel,  et  encore  n'est-ce  qu'après  quelques  hésitations  qu'elle  a  pu  être  dis- 
tinguée du  Cétacé  observé  par  Dale  en  1717  et,  un  certain  nombre  d'années  après, 
par  Hunier  ainsi  que  par  Baussard,  c'est-à-dire  de  l'llyperoodon  véritable.  Cepen- 
dant elle  n'atteint  pas  tout  à  fait  les  dimensions  de  ce  dernier;  son  crâne  est 
allongé  sans  relèvement  des  os  maxillaires  en  forme  de  crêtes  au-dessus  de  la 

(1)  Trans.  New  Zealand  Inslitule,  t.  III,  I'I.XIV. 


REMARQUES  HISTORIQUES.  393 

régoin  oculaire  et  deux  dents  principales,  qui  sont  en  coin  et  font  saillie  hors  de 
la  bouche  dans  les  mâles,  occupent  )e  milieu  de  sa  mâchoire  inférieure. 

C'est  à  J.  Sowerby  (1),  le  célèbre  conchyliologiste,  que  l'on  doit  la  première 
indication  de  ce  Cétacé,  auquel  de  Blainville  a  proposé  de  donner  son  nom.  Il  en 
avait  reçu  de  James  Brodie  un  crâne  qui  provenait  du  sujet  échoué  sur  la  côte 
d'Elginshire,  en  Ecosse,  et  son  correspondant  lui  avait  en  même  temps  donné  quel- 
ques détails  sur  les  autres  caractères  de  l'animal;  cet  exemplaire  était  un  mâle. 

Ce  qui  frappa  surtout  Sowerby,  ce  fut  l'existence  de  deux  dents  latérales  à  la 
mâchoire  inférieure  de  ce  curieux  Cétacé,  ce  qui  permettait  de  la  distinguer, 
suivant  lui,  du  Balsena  roslrata  de  Gmelin  (l'Hyperoodon),  dont  les  dents 
étaient  alors  décrites  comme  situées  à  la  mâchoire  supérieure,  et  il  ajouta  qu'il 
était  d'une  espèce  différente  de  ce  dernier,  lequel  répond,  disait-il,  au  Delpliinus 
bidens  de  Schreber;  il  le  croyait  nouveau  pour  la  science  (2);  cependant  il  lui 
donna  un  nom  spécifique  appartenant  à  ce  dernier. 

C'est  sur  cette  similitude  de  nom  que  de  Blainville  s'est  fondé  pour  attribuer 
au  Phjseter  bidens  de  l'auteur  anglais  une  nouvelle  dénomination  scientifique, 
et  il  en  a  fait  le  Delphinus  sowerbensis  (5).  Au  même  exemplaire  répondent  aussi  les 
Diodon  bidens  (A),  De/phinorlnjnchus  Sowerbyi  (5)  et  Mesodiodon  Soiverbyi  (6). 

Un  second  exemplaire  de  la  même  espèce  se  perdit  le  0  septembre  4825,  à 
l'embouchure  de  la  Seine,  tout  près  du  Havre,  et  il  fut  de  la  part  de  Blainville, 
qui  avait  pu  l'étudier  sur  place,  l'objet  d'une  première  description,  mais  sans 
<pie  ce  savant  observateur  y  eût  reconnu  son  Dauphin  de  Sowerby.  Il  en  parla,  au 
contraire,  sous  le  nom  de  Dauphin  de  Dale  (7),  comme  étant  de  même  espèce 
que  ceux  qui  avaient  été  vus  en  Angleterre  en  1717;  c'est  en  l'appelant  aussi  de 
ce  nom  que  F.  Cuvier  en  a  traité,  d'après  de  Blainville,  dans  son  grand  ouvrage 
sur  les  Mammifères  (8). 


(1)  The  british  Miscellany,  t.  I,  p.  1,  PI.  I.  Londres,  I80G. 

(2)  «  And  indeed,  ajoute  Sowerby,  as  far  as  we  know  it  is  quite  a  new  species.  » 

(3)  Blainv.,  in  Desmarust,  article  Dauphins  du  Nouveau  Dictionnaire  d'Histoire  naturelle  (t.  IX,  p.  177; 
1817).  —  De/ph.  Sowerbyi,  Desm.,  Mammalogie,  p.  521. 

(4)  Lesson,  Nouv.  Tableau  du  Règne  animal,  p.  200;  1842. 

(5)  Gray,  Ann.  andMag.  ofnal.  Hisl.,  t.  XVII.  p.  84,  1840. 

(6)  Duvernoy,  Ann.  se.  nat.,  3e  série,  t.  XV,  p.  58,  PI.  Il,  fig.  2;  1851. 

(7)  Bull,  soc.philom.  Paris,  1825,  p.  139. 

(8)  Hisl.  nat.  des  Mammifères,  in-fol. 

5o 


394  GENRE  MESOPOLODON. 

Le  crâne  du  Mésoplodon  du  Havre,  conservé  dans  nos  galeries  d'anatomie, 
a  servi  plus  récemment  à  G.  Cuvier  pour  l'établissement  de  son  Delphinus  micro- 
pterus  (I)  et  Lesson  a  fait  de  l'espèce  fictive  dont  il  était  devenu  le  type  un  genre 
à  part  qu'il  a  nommé  Aodon  (2).  Mais  cet  Aodon  porte  les  germes  déjà  très-appa- 
rents des  deux  dents  décrites  par  Sowerby  chez  le  Physeter  bidens,  que  Lesson 
avait  attribué  à  son  genre  Diodon, et  nous  avons  montré  qu'en  réalité  c'est  un  animal 
de  la  même  espèce  (5).  C'est  donc  à  tort  que  Duvernoy  a  continué  à  en  faire  une 
espèce  particulière,  qu'il  nomme  Mesodiodon  mieropterum  (4).  Il  avait  d'ailleurs 
paru  antérieurement  une  très-bonne  description  du  crâne  rapporté  du  Havre 
dans  l'Histoire  des  Cétacés  de  F.  Cuvier,  qui  nomme  alors  le  Mésoplodon  Delphi- 
norhynchus  micropterus  (5). 

Les  deux  exemplaires  types  du  Mésoplodon  soiverbensis  sont  ceux  dont  nous 
venons  de  rappeler  brièvement  l'histoire,  l'un  échoué  sur  la  côte  d'Elginshire, 
recueilli  par  Brodie  et  décrit  par  Sowerby,  l'autre  échoué  au  Havre  et  décrit 
successivement  par  de  Blainville  ainsi  que  par  G.  et  F.  Cuvier,  sous  les  noms  que 
nous  venons  de  citer. 

Sowerby  avait  regardé  son  Cétacé  comme  étant  un  Cachalot  [Physeter  bidens, 

Sow.).  De  Blainville,  en  le  plaçant  parmi  les  Hétérodontes  l'appela  Delphinus 

soiverbensis, mais  aucun  auteur  n'avait  encore  songé  à  le  classer  dans  un  genre  à  pari, 

lorsqu'il  fut  réuni  par  Wagler  au  Delphinus  edentulus  de  Schrcber,  qui  est  un 

Hyperoodon,  sous  le  nom  générique  de  Nodus  (6),  que  Lesson  a  remplacé  plus 

récemment  par  celui  à' Aodon  (7),  tandis  qu'il  a  aussi  placé  le  Physeter  bidens  dans 

son  genre  Diodon. 

Ni  l'une  ni  l'autre  des  deux  dénominations,  Nodus,  Wagler,  et  Aodon,  Lesson, 

impliqaant  l'absence  de  dents,  ce  qui  est  contraire  à  la  réalité,  ne  pouvait  être 

conservée,  et  il  en  était  de  même  du  mot  Diodon,  proposé  par  le  second  de  ces 

naturalistes,  parce  qu'il  a  en  ichthyologie  un  sens  bien  connu  et  plus  ancien.  Il  y 


,1)  Le  Règne  animal,  t.  I,  p.  288;  1829. 

(2)  Nouveau  Tableau  du  Règne  (mimai,  p.  201. 

(3)  Ami.  se.  nat.,  3°  série,  t.  XIV,  p.  16;  18ii0. 
(4]  Ibid.,  i.  Wll,  p.  69. 

(5)  P.  75  et  114,  PL  VII. 

(6)  System  der  dmphibien,  p.  .'i4;  1830. 

(7)  Suppl.  à  Baffon,  p.  155,  PI.  III,  //.'/.  1. 


REMARQUES  HISTORIQUES.  395 

avait  bien  aussi  quelque  objection  à  faire  au  mot  Micropterus ,  Escbricbt  (]), 
cbangé  en  Micropteron  par  Wagner,  qui  est  emprunté  à  Cuvier,  mais  avec  une 
acception  générique  tandis  que,  dans  l'intention  de  cet  auteur,  il  devait  rester 
spécifique.  C'est  ce  qui  m'a  conduit  à  proposer  une  dénomination  nouvelle,  celle 
de  Mesoplodon,  souvent  employée  depuis,  et  qui  fait  allusion  aux  deux  dents  princi- 
pales eu  défenses  placées  à  la  mâchoire  inféreure.  J'établissais  en  même  temps 
un  genre  distinct  pour  le  Delphinus  densirostris  de  Bloinville,  qui  devenait  mon 
Dioplodon  densirostris  (2).  Cette  distinction  a  également  été  acceptée  par  diffé- 
rents auteurs.  Toutefois  Duvernoy,  dans  un  travail  publié  peu  de  temps  après  le 
mien,  a  émis  l'opinion  que  les  deux  genres  Mesoplodon  et  Dioplodon  ne  devaient 
pas  être  séparés  l'un  de  l'autre,  et  il  a  proposé  à  son  tour  une  nouvelle  dénomi- 
nation s' appliquant  à  tous  les  deux,  celle  de  Mesodiodon  (5). 

En  ce  qui  concerne  la  division  des  Mésoplodons  en  deux  espèces,  il  nous 
suffira,  pour  montrer  combien  elle  est  peu  justifiée ,  de  faire  remarquer  qu'elle 
repose  principalement  sur  la  différence  de  force  des  deux  dents  en  défenses  im- 
plantées sur  la  mâchoire  inférieure.  Il  faut  en  effet  considérer  que  l'un  des  exem- 
plaires, celui  de  Sowerby,  est  adulte  et  du  sexe  mâle,  tandis  que  l'autre,  celui  de 
lUainville,  est  femelle  et  encore  assez  jeune. 

Ce  dernier  n'est  pas  le  seul  qu'on  ait  rencontré  sur  les  côtes  de  France.  M.  Eudes 
Deslongchamps  (4)  avait  obtenu  de  la  pointe  de  Sallenelles  (Calvados)  un 
second  exemplaire,  également  échoué  en  1825.  Le  squelette  est  conservé  au  Musée 
de  Caen,  et  M.  Eugène  Deslongchamps,  actuellement  professeur  à  la  Faculté  des 
sciences  de  cette  ville,  a  bien  voulu  nous  en  prêter  le  crâne  ainsi  que  la  nageoire 
pour  les  faire  figurer  dans  cet  ouvrage  (PI.  XXII,  fig.  2-5  et  XXVI,  fig.  \-'t.). 

Un  autre  Mesoplodon  bien  connu  est  celui,  préparé  par  Paret,  qui  était  échoué  à 
Ostende,  à  l'ouest  de  l'entrée  du  port,  sur  le  point  même  où  l'on  prend  les  bains  de 
mer,  le  2 1  août  1 855.  M.  Dumortier  en  a  fait  lesujet  d'un  Mémoire  publié  en  \  859  (5). 
Le  squelette  de  ce  Cétacé  (PI.  XXII,  fig.  1)  est  conservé  au  Musée  de  Bruxelles. 


I    Nordische  Wallthiere,  p.  50;  1849. 

(2)  Compt.  rend,  hebd.,  t.  XXXI,  p.  512;  1850.  —  Ami.  se.  nat.,  3e  série,  t.  XIV,  p.  16;  1851. 

(3)  Ann.  se.  nat.,  3e  série,  t.  XV,  p.  58. 

(i)  Voir  Eug.  beslongcliamps,  Observ.  sur  quelques  Dauphins  zyphidés,  p.  7.  lîroch.  in-8%  Caen,  18(î(». 
(5)  Mém.  sur  le  Delpliinorhynque  microptère  échoué  à  Ostende  {Mém.  Acad.  r.  de  Bruxelles,  t.  XII, 
n"  1,  PI.  1  et  II. 


396  GENRE  MESOl'OLODON. 

Les  côtes  de  la  Grande-Bretagne  ont  été  plus  favorisées  ou  mieux  explorées  sur 
le  même  rapport.  Après  l'exemplaire  de  Brodie,  dont  la  description  a  été  donnée 
par  Sowerby,  un  second  a  été  pris  dans  la  baie  de  Brandon,  comté  de  Kerry,  en 
Irlande,  et  il  a  fourni  à  M.  W.  Andrews  une  notice  parue  en  4869  (I).  C'était  un 
mâle  dont  la  mâchoire  inférieure  était  aussi  pourvue  d'une  partie  de  fortes  dents  en 
défenses;  son  crâne  est  conservé  au  Musée  du  Collège  de  Dublin. 

M.  Turner  en  cite  un  autre  échoué  au  même  lieu,  le  5  mai  1870  (2),  et  il  men- 
tionne en  outre,  à  ce  propos,  un  squelette  de  même  espèce,  entier  et  adulte,  qui 
est  à  Dublin  dans  le  Musée  de  la  Société  royale. 

On  a  aussi  constaté  la  présence  de  Cétacés  de  cette  espèce  sur  les  côtes  de  la 
Scandinavie.  La  première  indication  à  cet  égard  repose  sur  la  découverte  d'un 
maxillaire  inférieur  du  Mésoplodon  de  Sowerby,  aujourd'hui  déposé  au  Musée  de 
Christiania,  qu'on  a  trouvé  sur  la  plage  en  Norwége  (5),  et  la  seconde  sur  un  exem- 
plaire que  des  pêcheurs  suédois  rencontrèrent  entier,  encore  en  chair  et  flottant 
à  la  surface  de  la  mer,  au  printemps  de  \  869.  M.  Beinhardt  avait  bien  voulu  m'in- 
former  de  cette  curieuse  découverte,  dont  M.  Malm  a  parlé  depuis  lors  avec  plus 
de  détails,  en  appelant  l'animal  qui  y  avait  donné  lieu  Micropleron  ùideus  (4).  Le 
squelette  entier  de  ce  Mésoplodon  est  actuellement  au  Musée  de  Gothenbourg. 

La  même  espèce  de  Cétodontes  visite  la  côte  des  États-Unis.  M.  Allen  (5)  en 
mentionne  un  individu  déjà  cité  par  Agassiz  (6)  en  -1867,  qui  a  été  pris  à  l'île  de 
Nantucket. 

Le  même  genre,  représenté  par  une  espèce  très-peu  différente  de  celle  dont  il 
vient  d'être  question,  a  été  retrouvé  dans  les  mers  australes,  et  M.  Krefl't  a  appelé 
cette  espèce  Mésoplodon  i.onghiostius  (7).  M.  Gray  a  employé  depuis  lors  pour  le 
même  animal  le  nom  de  M.  Guntheri  qu'il  a  transformé  plus  récemment  en  Callidon 
Gmtheri,  le  Mésoplodon  australien  lui  paraissant  mériter  d'être  distingué  généri- 


(1)  Trans.  r.  irish.  Soc,  t.  XXIV,  PI.  XXV. 

(2)  Trans.  r.  Soc.  Edinburgh,  t.  XXVI,  p.  771  ;  1872. 

(3)  Van  Beneden,  Bull.  Acad.  r.  Belgique,  2e  série,  t.  XXII,  p.  218;  186G,  d'après  dos  indications  fournies 
par  M.  Iiœck. 

(4)  Sveriges  Museer,  iir  1869,  p.  90. 

(•))  Mamrn.  of  Massachusetts  (Bull,  of  the  Muséum  of  comparative  Zoology  at  Harvard  Collège;  Cam- 
bridge Mass). 

(6)  Boston  Society  ofnat.  Ilist.,  C,  nov.  1867. 

(7)  Trans.  New-Zealand  Iiislitute,  t.  III,  p.  125;  1870. 


SQUELETTE.  397 

queraent  de  celui  qui  précède;  mais  cette  supposition  ne  repose  que  sur  l'examen 
d'une  dent  photographiée  que  M.  Gray  a  reçue  de  M.  Krefft,  et  qui  a  été  trouvée  à 
Little-Bay,  à  peu  de  distance  de  Sydney,  localité  d'où  provient  aussi  le  sujet  type 
du  Mésoplodon  longirostre. 

Synonymie. — H  résulte  des  remarques  historiques  qui  précèdent  que  le  P/iyseter 
ùidens  décrit  par  Sowerby  sert  de  type  au  Delpkinus  sowerùensis  de  Blainville, 
aussi  appelé  D.  sowerùiensis  et  Soiverbyi  par  des  auteurs  plus  récents,  et  que  le 
Delpkinus  Datei  de  Blainville,  également  nommé  D.  micropterus  par  G.  Cuvier  fait 
double  emploi  avec  cette  espèce  de  Cétacés.  On  a  fait  du  Physeter  ùidens  de  Sowerby 
un  genre  particulier  qui  a  reçu  les  dénominations  suivantes  :  Nodus,  Wagler  (par- 
tim);  Aodon,  Lesson  (partim);  Diodon,  id.,  (non  Linné);  Micropterus,  Eschricht;  Mi- 
cropteron,  A.  Wagner;  Mésoplodon,  P.  Gerv.;  Mesodiodon,  Duvernoy  [partim); 
Zip/tins,  Gray  (non  Guv.);  Callidon,  Gray  (pour  l'espèce  australienne,  qui  est  le 
Mésoplodon  longirostris ,  Krefft). 

On  pourrait  considérer  comme  appartenant  aussi  au  genre  Mésoplodon ,  le 
Zipliins  Layardii,  Gray,  espèce  des  mers  du  Cap,  qui  a  servi  à  l'établissement  d'un 
genre  distinct,  que  le  môme  auteur  a  nommé  Dolichodon;  mais  il  nous  paraît 
préférable  de  parler  de  ce  Cétacé  dans  un  paragraphe  spécial;  les  détails  ostéolo- 
giques  qui  vont  suivre  ne  s'appliqueront  donc  qu'aux  Mésoplodons  véritables,  e( 
plus  particulièrement  à  ceux  de  ces  animaux  qui  ont  été  pris  dans  les  mers  euro- 
péennes. 

Squelette  et  dentition. 

squelette.  —  La  première  description  du  crâne  du  Mésoplodon  a  été  donnée  en 
4855  par  Fred.  Cuvier  (1),  qui  en  a  très-bien  indiqué  les  principaux  caractères  et  a 
même  fait  remarquer,  cela  longtemps  avant  que  Eschricht  ne  signalât  la 
même  pièce  chez  l'IIyperoodon,  qu'il  y  existe  un  os  lacrymal  distinct.  «  Une 
chose  particulière  à  cette  espèce,    (2),    ou  qui   ne  tient  qu'au  jeune   âge  de 

(1)  Hisf.  nat.  des  Cétacés,  p.  75,  PI.  VU. 

(2)  Le  Muséum  ne  possédait  alors  d'autre  crâne  de  Ziphioïde  que  celui  du  Ziphius  de  Fos,  trop  mutilé 
pour  que  Ton  songeât  a  y  retrouver  ce  caractère;  mais  nous  en  avons  constaté  la  présence  chez  les  diffé- 
rents Ziphioïdes  dont  nous  avons  parlé  jusqu'à  présent,  et  nous  verrons  qu'il  existe  aussi  chez  les  autres 
Cétacés  de  cette  famille. 


398  GENRE  MESOPOLODON. 

l'individu  qui  la  présente,  c'est,  dit  Fred.  Cuvier,  qu'elle  est  pourvue  d'un  os 
lacrymal  occupant  la  place  où  chez  les  autres  Dauphins  ou  trouve  la  portion 
externe  et  postérieure  du  jugal  (I),  celle  qui  forme  l'angle  antérieur  de  la  fosse 
orbitaire.  Ce  lacrymal  compose  avec  le  concours  du  maxillaire  un  canal  qui  com- 
munique sans  doute,  soit  directement,  soit  indirectement,  avec  la  fosse  nasale,  ce 
qu'il  n'a  pas  été  possihle  de  constater.  » 

Par  sa  forme  générale  et  par  les  diverses  particularités  que  présente  son  crâne, 
le  Mésoplodou  se  rattache  aussi  d'une  manière  non  moins  directe  aux  autres 
Cétacés  ziphioïdes.  11  est  pourvud'un  rostregrèlc  et  allongé, constitué  par  la  réunion, 
dans  leur  partie   antérieure  et  rétrécie,  des  os  intermaxillaires  et  maxillaires 
auxquels  le  vomer  et  le  cartilage  styliforme  continuant  en  avant  l'ethmoïde  qui 
!  e  supporte,  fournissent  son  axe  intérieur.  Ce  rostre  est  un  peu  moins  grêle  chez 
l'adulte  (PI.  XXVI,  fig.  -I)  quedans  un  âge  moins  avancé  (fig.  5);  une  rainure  en 
occupe  en  partie  le  hord  dentaire,  mais  on  n'y  a  pas  encore  observé  de  dents  et  le 
vomer  (fig.  \ù)  n'apparaît  en  dessous  que  dans  une  faible  étendue  delà  longueur  du 
palais.  Il  est  un  peu  incurvé  inférieurement.  Les  os  palatins  forment  une  longue 
bande  arquée  de  chaque  côté  de  la  base  du  palais,  entre  la  partie  pré-frontale  des 
maxillaires  et  le  bord  externe  des  ptérygoïdiens.  Ces  derniers  sont  grands  et 
rappellent  par  leur  forme  générale  ceux  des  autres  Ziphioïdes;  leur  partie  sym- 
physaire  offre  aussi  la  même  disposition  et  elle  est  de  même  marginée  bilatéra- 
lement. Les  orifices  postérieurs  des  narines  sont  relativement  moins  ouverts  que 
dans  le  Bérardius;  quant  au  lacrymal,  il  remonte  sous  la  partie   orbitaire  du 
maxillaire  supérieur  et  sous  la  base  élargie  du  zygomatique,  sans  se  montrer  à  la 
face  supérieure  de  Ja  saillie  pré-orbi taire  et  la  platine  du  jugal  garnit  seule  le  fond 
de  l'échancrure  située  en  avant  de  cette  saillie.  La  portion  styliforme  du  même  os 
n'offre  rien  de  particulier.  Il  existe  un  mastoïdien  distinctà  tous  les  ùges  et  facile  à 
détacher  de  son  enclave  entre  L'occipital  latéral  et  le  temporal.  C'est  lui  qui  forme 
la  saillie  mastoïdienne  par  la  partie  libre  de  sa  surface,  mais  le  rocher  proprement 
dit  est  très-court,  quoique  un  peu  plus  apparent  que  celui  des  Delphinidés,  et 
lorsqu'on  en  sépare  le  bulbe  auditif  auquel  il  n'adhère  encore  que  par  simple 
application  dans  notre  sujet  le  plus  âgé,  au  lieu  d'être  synostosé  avec  lui,  il  s'en 

(1)  il  vaudrait  mieux  dire  «  la  portion  antérieure  ». 


SQUELETTE.  399 

détache  par  sa  face  élargie  comme  cela  a  lieu  chez  les  autres  Cétacés  non  encore 
adultes  et  reste  attenant  à  la  caisse  auditive,  dont  le  bord  interne  est  épaissi,  la 
cavité  assez  ample  et  l'ouverture  élargie  (fig.  A  et  4a).  Ces  dispositions  sont 
d'ailleurs  à  peu  près  conformes  dans  leur  ensemble  à  celles  que  nous  ont  présentées 
les  Ziphioïdes  des  genres  précédents.  C'est  donc  surtout  par  la  brièveté  du  rocher 
proprement  dit  que  les  parties  osseuses  de  la  région  auditive  dont  nous  parlons 
en  ce  moment  se  distinguent  de  celles  qui  leur  correspondent  dans  le  crâne  de 
l'Hyperoodon. 

Examiné  par  sa  face  supérieure,  le  crâne  du  Mésoplodon  se  laisse  également  bien 
caractériser.  La  boîte  cérébrale  y  a  des  contours  arrondis,  rappelant  plutôt  le  Bé- 
rardius  que  l'Hyperoodon.  Les  maxillaires  manquent  de  la  crête  propre  à  ce  dernier 
et  ils  fournissent  de  chaque  côté  de  la  tête  une  ample  surface  demi-circulaire. 

La  coupe  du  rostre  est  convexe  en  dessus.  Le  canal  supra-vomérien  s'y  évide  par  la 
disparition  de  la  tige  cartilagineuse  prolongeant  antérieurement  le  vomer,  laquelle 
tige  n'est  ossifiée  qu'à  sa  base,  même  dans  l'exemplaire  le  plus  avancé  en  âge.  La 
partie  élargie  qui  termine  les  inlermaxillaires  dans  la  région  circumnasale  en- 
cadre l'ouverture  des  narines,  sauf  sur  la  ligne  médio-supérieure,  et  leur  bord 
frontal  n'affecte  pas  la  forme  d'un  cimier  recouvrant  cette  région,  comme  cela  a 
lieu  chez  leZiphius;  leur  saillie  en  ce  point  est  relativement  peu  considérable,  et 
l'on  voit  entre  eux  les  os  propres  du  nez  dont  la  forme  est  celle  d'une  paire  de 
longs  tubercules  comparables  à  des  coins  mobiles  entre  les  divers  os  qui  les  en- 
tourent, c'est-à-dire  entre  les  intermaxillaires,  les  maxillaires  et  la  pointe  mé- 
diane des  frontaux.  L'apparence  de  cette  région  du  crâne  est  également  particulière 
et  l'on  peut  en  tirer  de  nouveaux  caractères  pour  la  distinction  du  Mésoplodon, 
qui  ne  se  laisse  ainsi  confondre  ni  avec  l'Hyperoodon  ni  avec  le  Ziphius,  mais 
devient  d'autre  part  plus  semblable  au  Dolichodon  et  aux  Dioplodons  dont  nous 
nous  occuperons  plus  loin. 

La  mâchoire  inférieure  est  grêle  et  allongée  comme  l'est  de  son  côté  le  rostre. 
La  symphyse  en  forme  le  tiers  antérieur  et  la  portion  coronïodo-angulaire  le 
tiers  postérieur  ;  elle  a  pour  la  symphyse  0,040  de  hauteur,  mesurée  au  bord 
externe  dans  le  sujet  du  Havre,  et  0,050  dans  celui  de  Sallencllcs;  son  bord  in- 
férieur est  sensiblement  excavé  dans  le  milieu  de  sa  longueur  et  sa  partie  postérieure 
a  0,-10  ou  0,1 1,  mesurée  dans  sa  face  externe.  La  partie  postéro-inférieure  de  la 


400  GENRE  MESOPOLODON. 

symphyse  est  plus  saillante  chez  le  sujet  conservé  à  Caeu.  Sa  longueur  totale  peut 
être  évaluée  à  0,70  et  celle  du  crâne  à  0,75  ou  0,80. 

L'os  hyoïde  ne  diffère  pas  dans  ses  principales  particularités  de  celui  des  autres 
animaux  de  la  même  famille.  Dans  le  Mésoplodon  de  Sallenelles,  les  deux  branches 
laryngiennes  sont  soudées  au  corps  c'est-à-dire  au  hasi-hyal,  qui  est  en  même 
temps  à  peu  près  trapézoïde;  les  cornes  styloïdiennes  sont  fortes,  et  leur  surface 
est  irrégulière. 

Le  reste  du  squelette  présente  aussi  les  dispositions  principales  qui  sont  carac- 
téristiques de  celui  des  autres  Ziphioïdes.  La  première  description  un  peu  étendue 
qui  en  ait  été  donnée  est  due  à  M.  Yan  Beneden  (I);  elle  est  tirée  du  sujet  pris  à 
Ostende.  Ce  squelette  est  maintenant  déposé  dans  le  Musée  de  Bruxelles;  c'est 
aussi  celui  qui  a  servi  à  la  figure  donnée  dans  cet  ouvrage  (PI.  XXII,  fig.  \). 

Le  Mésoplodon  a  les  trois  premières  vertèbres  cervicales  soudées  ensemble  et 
les  quatre  suivantes  libres.  La  saillie  apophysaire  des  premières  est  assez  saillante; 
la  septième  dépasse  sous  ce  rapport  les  trois  vertèbres  qui  la  précèdent. 

Viennent  ensuite  les  dorsales,  au  nombre  de  dix,  et  dont  les  apophyses  épineuses 
vont  en  s' élevant  à  mesure  qu'on  se  rapproche  des  lombaires.  Dans  les  lombaires, 
cette  élévation  continue  à  augmenter,  mais  pour  diminuer  vers  les  dernières  et 
s'effacer  ensuite  de  telle  sorte  que  les  mêmes  apophyses  cessent  d'exister  dès  le 
milieu  de  la  région  caudale,  ce  qui  rentre  d'ailleurs  dans  la  règle;  mais  ce  que 
nous  devons  enregistrer  ici,  c'est  un  développement  des  apophyses  épineuses 
absolument  comparable  à  celui  que  nous  avons  signalé  dans  les  Ziphioïdes  dont 
il  a  été  précédemment  question. 

La  forme  des  vertèbres  est  aussi  sensiblement  la  même  et  le  mode  d'articulation 
reste  également  identique  (2). 

11  en  est  de  même  pour  les  côtes  qui  forment  un  total  de  dix  paires  (5).  Ainsi  que 
nous  l'avons  vu  dans  les  genres  qui  précèdent,  les  premières  se  rattachent  au 
rachis  à  la  luis  par  leur  tète  et  par  leur  tubérosité,  tandis  que  les  dernières  sont 
simplement  en  rapport  avec  l'extrémité  des  apophyses  Iransverscs.  Elles  sont  de 

(1)  Mém.de  l'Acad.  r.  de  Belgique,  coll.  in-8",  t.  XVI,  PI.  III. 

2  Voir,  p.  16,  la  coupr  du  canal  vertébral  du  Mésoplodon  (sous  le  nom  de  Microplcron  sowerbiensis) 
pour  les  diverses  ré- ions  do  canal  raehidien  de  cette  espèce. 

(:i)  De  Blainville  n'en  accorde  que  neuf  au  Mésoplodon  du  Havre,  mais  la  dixième  qui  est  plus  courte 
que  les  autres  lui  aura  sans  doute  échappé. 


DENTITION.  401 

largeur  moyenne.  Le  sternum  est  composé  de  cinq  pièces  successives,  échancrées 
à  leur  bord  de  contact,  ce  qui  constitue  des  perforations  intermédiaires  placées 
sur  la  ligne  médiane.  Dans  le  sujet  de  Bruxelles  la  dernière  sternèbre  est  encore 
partagée  en  deux  sur  la  ligne  médiane. 

Le  membre  dont  nous  donnons  des  figures  d'après  l'exemplaire  écboué  à 
Sallenelles  (Pi.  XXII,  fig.  2  à  5)  est  court,  et  c'est  à  cause  de  cela  que  Cuvier,  qui 
n'avait  pas  reconnu  l'identité  spécifique  du  Mésoplodon  du  Havre  avec  celui  delà 
côte  d'Elgin,  avait  appliqué  à  l'espèce  de  ces  Cétacés  le  nom  de  Dauphin  microptère. 
Cette  brièveté  relative  se  retrouve  dans  l'humérus  aussi  bien  que  dans  l'avant-bras 
et  la  main.  On  compte  à  cette  dernière  trois  os  procarpiens,  répondant  au  sca- 
phoïde,  au  semilunaire  et  au  pyramidal,  et  trois  os  mésocarpiens,  le  trapé/oïde,  le 
grand  os  et  l'os  crochu.  Les  phalanges  sont  ainsi  réparties  :  \ ,  5,  5,  5  et  2. 

Dentition.  —  Le  Mésoplodon  échoué  sur  la  côte  d'Llgin,  dont  le  crâne  est 
conservé  au  Musée  d'Oxford ,  porte  vers  le  milieu  du  bord  dentaire  de  sa 
mâchoire  inférieure  une  paire  de  fortes  dents  triangulaires  comprimées,  à  base 
allongée,  à  racine  fortement  implantée  dans  l'alvéole,  et  dont  la  couronne  faisait 
saillie  hors  de  la  bouche;  caractères  que  l'on  a  retrouvés  plus  ou  moins  complè- 
tement développés  dans  d'autres  exemplaires  de  ce  genre,  par  exemple  dans  celui 
qui  se  perdit  à  Sallenelles  (Calvados).  Au  contraire,  dans  les  sujets  trouvés  au 
Havre  et  à  Ostende,  ces  dents,  quoique  étant  à  peu  près  de  même  forme  et  occu- 
pant la  même  place,  sont  beaucoup  moins  fortes. 

Celles  du  sujet  de  Sallenelles  (PI.  XXVI,  fig.  5  et  5a)  qui  approchent  davantage  de 
celles  de  l'exemplaire  de  Sowerby,  mesurent  0,40  de  longueur  totale  dont  0,055 
pour  la  couronne,  tandis  que  celles  du  sujet  du  Havre  (fig.  7  et  la)  n'ont  que 
0,006.  Celles-ci  appartiennent  à  une  femelle,  tandis  que  les  autres  proviennent 
d'un  mâle;  en  outre  leur  développement  n'était  pas  encore  terminé  tout  à  fait,  le 
Mésoplodon  auquel  elles  ont  appartenu  étant  encore  assez  jeune. 

On  ne  saurait  donc  avoir  recours,  comme  on  l'a  fait,  aux  différences  que  ces 
dents  présentent  pour  établir  qu'il  y  a  là  deux  espèces  distinctes,  et  nous  avons 
déjà  dit  que  les  deux  sujets  dont  il  s'agit,  celui  de  Sowerby  et  celui  de  Blainville, 
étaient  non-seulement  congénères  entre  eux,  mais  aussi  de  même  espèce;  l'opi- 
nion contraire,  défendue  par  Duvernoy,  ne  peut  être  adoptée. 

Les  dents  en  défenses  ne  sont  pas  les  seules  que  l'on  connaisse  au  Mésoplodon. 

5i 


402  GENRE  DOLICHODON. 

Quoique  de  Blainville  ait  décrit  celui  du  Havre  comme  n'ayant  «  aucune  trace  de 
dents  sur  le  bord  des  mâchoires  »,  F.  Cuvier,  en  parlant  du  même  exemplaire 
sous  le  nom  de  Delphinorhynque  microptère  (1)  ajoute  que  «  quelques-unes,  à  l'état 
rudimentaire,  ont  été  trouvées  dans  les  maxillaires  inférieurs  après  qu'ils  ont  été 
dépouillés  de  leurs  chairs  »  et  j'ai  de  mon  côté  signalé  la  présence  de  ces  organes 
dans  mon  Mémoire  sur  les  Ziphioïdes  (2).  En  effet,  à  trois  centimètres  à  peu  près 
en  arrière  de  l'alvéole  de  la  dent  principale,  on  voit  encore,  dans  la  portion  des 
gencives  qui  est  restée  dans  la  rainure  du  bord  dentaire,  quatre  petites  dents  sur 
le  côté  droit  (PI.  XXVI,  fig.  6  et  8)  et  deux  sur  le  côté  gauche  (fig.  6)  (5),  peut- 
être  même  y  en  avait-il  un  plus  grand  nombre.  La  lougueur  de  ces  dents  acces- 
soires ne  dépasse  pas  0,005. 


DU   DOLICHODON  LAYARDII. 

Les  mers  du  Cap  possèdent  une  espèce  de  Ziphioïde  fort  semblable  au  Mésoplodon 
deSowerby  par  la  forme  de  son  crâne  et  à  peu  près  de  même  dimension.  On  en 
conserve  la  tête  osseuse  au  Musée  britannique  qui  l'a  reçue  de  M.  H.  Layard.  Ce 
Cétodonte  pourrait  même  être  attribué  au  genre  que  nous  venons  de  citer,  et 
nous  ne  l'en  séparons  que  pour  rendre  plus  facile  à  saisir  la  diagnose  des  animaux 
do  la  même  famille  et  faire  ressortir  les  caractères  particuliers  à  chacun  d'eux. 

Le  rostre  du  Dolichodon  est  cependant  un  peu  plus  grêle  que  celui  de  l'espèce 
observée  dans  nos  mers;  mais  ce  qui  peut  surtout  le  faire  distinguer,  c'est  le 
grand  développement  de  ses  dents  en  défenses.  Quoique  en  même  nombre,  c'est-à- 
dire  une  pour  chaque  côté,  et  occupant  la  même  position  sur  le  milieu  de  la 
màcboire  inférieure  que  celles  du  Mésoplodon  de  Sowerby,  elles  sont  beaucoup 
plus  longues,  sortent  de  la  bouche,  et,  après  s'être  sensiblement  inclinées  en 
arrière,  remontent  de  chaque  côté  de  la  mâchoire  supérieure  pour  se  rapprocher 


(1)  Iliit.  des  Cétacés,  p.  116,  PI.  VII,  fig.  i. 

(2)  Zool.  et  Pal.  franc.,  p.  290,  PI.  XL,  fig.  i. 

(:i)  Le  dessin  D'ayant  pas  été  retourne  lorsqu'il  a  <;lé  lithographie,  la  fig.  G  donne  iices  dénis  une  posi- 
tion inverse  de  celle  qu'elles  ont  en  réalité. 


GENRE  D1L0P0D0N.  403 

l'une  de  l'autre  au-dessus  du  rostre  qu'elles  enferment  comme  dans  un  anneau. 
Mesurées  à  leur  bord  antérieur,  la  racine  comprise,  elles  ont  0,50;  elles  sont  un 
peu  échancrées  en  avant  au-dessus  de  leur  base;  en  outre  il  existe  sur  chacune 
d'elles  une  saillie  subterminale  dans  laquelle  l'ivoire  perce  le  cément  pour  se 
montrer  au  dehors,  dans  une  partie  répondant  au  sommet  de  chaque  dent. 

M.  Gray,  qui  a  le  premier  décrit  ce  crâne,  l'a  attribué  à  son  genre  Ziphius 
(synonyme  de  Mésoplodon),  et  il  en  a  appelé  l'espèce  Ziphius  Layardii;  mais  il  a 
bientôt  après  signalé  la  même  espèce  comme  devant  servir  à  l'établissement  d'un 
sous-genre  particulier,  auquel  il  a  dès  lors  donné  le  nom  de  Dolichodon;  c'est 
aussi  la  nomenclature  que  M.  Owen  a  adoptée  à  propos  du  Mésoplodon  de 
Layard. 

Voici  les  indications  bibliographiques  qui  sont  relatives  à  ce  Cétacé  : 

Ziphius  Layardii,  Gray,  Proceed.  zool.  Soc.  London,  1865,  p.  358.  —  Ziph.  (Dolichodon)  Layardii,  Id., 
Calai,  of  Seals  and  Whales,  p.  Z'oS,fig.  72.—  Z.  (Dolich.)  Layardii,  Owen,  Cetacea  of  (he  red  Crag ; 
p.  12,  PI.  1  (1). 


DES  DIOPLODONS  PROPRES  AUX   MERS  ACTUELLES. 

Les  Cétacés  Ziphioïdes  dont  l'examen  vient  de  nous  occuper,  c'est-à-dire 
l'IIyperoodon,  le  Ziphius  cavirostre,  le  Bérardius,  le  Mésoplodon  et  le  Dolichon, 
ce  dernier  si  peu  difïérent  du  précédent  qu'il  serait  mieux  placé  dans  le  même 
genre  que  dans  un  genre  à  part ,  ne  sont  pas  les  seuls  animaux  de  cette  famille 
qui  existent  aujourd'hui,  et  dont  il  doive  être  question  ici.  Il  en  est  deux  autres 
encore,  appartenant  l'un  et  l'autre  au  genre  que  j'ai  appelé  Dioplodon  et  dont 
l'étude  est  d'autant  plus  intéressante  que,  par  leurs  caractères,  ils  sont  encore  plus 
voisins  des  Ziphioïdes  d'espèces  anéanties  dont  on  recueille  les  débris  en  Europe, 
plus  particulièrement  le  rostre,  dans  les  terrains  tertiaires  supérieurs,  que  ne  le 
sont  les  précédents.  Ce  sont  le  Dioplodon  européens  et  le  Dioplodon  densirostris, 
aussi  appelé  Dioplodon  sechellensis. 

(1)  Nos  figures  du  même  Cétacé  (PI.  XXIV,  fiy.  1-3}  sont  copiées  de  l'ouvrage  de  M.  Owen. 


l04  GENRE  DIOPLODON. 

Ces  Cétodontes  ont  le  rostre  allongé  en  fuseau  un  peu  comprimé  latéralement  et 
très-solide.  Les  différents  os  (intermaxillaires,  maxillaires  supérieurs,  vomer  et 
supra-vomérien)  y  sont  soudés  les  uns  aux  autres  et  acquièrent  une  dureté  si 
considérable  qu'elle  rend  leur  ensemble  comparable  à  de  l'ivoire.  La  mâchoire  in- 
férieure est  symphysée  dans  sa  partie  antérieure;  elle  porte  une  dent  principale 
de  chaque  côté,  et  cette  dent  qui,  de  même  que  celle  du  Mésoplodon,  est  également 
en  défense,  a  sa  couronne  forte  et  de  forme  triangulaire. 

DIOPLODON  EUROPvEUS.  —  Le  peu  de  documents  que  l'on  a  encore  réunis  au 
sujet  de  cette  espèce  peut  nous  donner  une  idée  des  découvertes  qui  restent  à 
faire  au  sujet  des  Cétacés,  même  dans  les  régions  maritimes  les  plus  fréquemment 
visitées.  Elle  a  été  rencontrée  dans  la  Manche  il  y  a  déjà  une  quarantaine  d'années, 
et  cependant  on  n'en  connaît  encore  qu'un  seul  exemplaire.,  dont  le  crâne  (PI.  XXIV), 
est  déposée  dans  le  Musée  de  la  Faculté  des  sciences  de  Caen.  Voici  dans  quelles 
circonstances  il  fut  trouvé. 

A  son  retour  d'un  voyage  aux  colonies,  le  capitaine  de  l'un  des  navires  de  M.  Abel 
Vautier,  négociant  et  armateur  de  Caen,  aperçut  flottant  sur  l'eau,  à  l'entrée  de  la 
Manche,  le  cadavre  d'un  grand  animal  tout  couvert  d'oiseaux  (Goélands, 
Mouettes,  etc.).  Le  navire  s'approcha  de  l'épave,  et  le  capitaine,  sachant 
M.  Vautier  amateur  de  productions  naturelles,  fit  enlever  la  tête  du  Cétacé,  l'amarra 
fortement  à  une  corde,  la  mit  à  la  traîne  et,  arrivé  à  Caen,  en  fit  cadeau  à  M.  Vautier. 
Celui-ci  l'offrit  à  M.  Eudes  Dcslongchamps  qui  après  l'avoir  fait  préparer  la  déposa 
dans  le  Musée  dont  il  avait  la  direction. 

Ce  crâne  de  Dioplodon  n'a  encore  été  décrit  qu'en  partie,  et  il  n'a  été  retrouvé 
nulle  part  ailleurs  aucun  exemplaire  de  la  même  espèce. 

Les  indications  bibliographiques  suivantes  doivent  lui  être  attribuées  : 

Dioplodon  europœus,  P.  Gerv.,  Zool.  et  Pal.  franc.,  1"  édit. ,  t.  Il,  explication  n"  40.  —Id.,  ibid.,  2e  édit, 
p  289.  —  Dioplodon  Gervaisii,  Eug.  Dcslongchamps,  Observ.  sur  quelques  Dauphins  appartenant  à  la  section 
des  Ziptiiidès  {Bull.  Soc.  linn.  Normandie,  p.  11  ;  1866).  —  Neoziphius  europœus,  Gray,  Catal.  of  Seals  and 
Whales,  Supplément,  p.  101  ;  1871. 

M.  Fischer  (I)  a  pensé  qucrexemplaire-type  du  Dioplodon  europœus  n'était  qu'uu 
vieux  mâle  du  Mésoplodon  de  Sowerby;  mais  je  ne  puis  partager  cette  manière  de 
voir  et  M.  Eug.  Dcslongchamps  ne  l'accepte  pas  non  plus. 


(1)  ISouv.  Archives  du  Muséum  d'hist.  nat.,  t.  III,  p.  68. 


DIOPLODON  EUROPÉEN.  405 

Crâne.  —  Le  crâne  du  Dioplodon  européens  est  long  de  0,75  et  large  de  0,54  à  sa 
région  supra-oculaire.  Il  ne  diffère  que  faiblement  par  sa  forme  générale  de  celui  du 
Mésoplodon  et  l'on  y  retrouve  à  peu  de  chose  près  les  mêmes  dispositions  générales, 
par  exemple  l'élargissement  postérieur  des  maxillaires  supérieurs  et  la  saillie 
supra-nasale  des  os  intermaxillaires.  Cependant  plusieurs  particularités  ne  per- 
mettent pas  de  le  confondre  avec  la  tète  osseuse  du  Mésoplodon  :  le  rostre  y  est  plus 
solide  et  à  certains  égards  d'une  forme  un  peu  différente;  il  est  bordé  dans  une 
grande  partie  de  sa  longueur  par  l'élargissement  du  bord  externe  des  maxillaires  et  sa 
partie  palatine  est  plus  saillante  ce  qui  donne  à  sa  section  verticale  d'autres  contours  ; 
en  outre,  le  supra-vomérieu,  qui  est  ossifié  dans  toute  son  étendue,  est  largement 
visible  entre  les  incisifs  depuis  sa  soudure  avec  la  crête  internasale  jusqu'à  la 
pointe  du  rostre.  Le  vomer,  caché  par  lui  en  dessus,  n'est  pas  davantage  visible  en 
dessous,  à  cause  du  resserrement  des  maxillaires,  et  les  sutures  qui  mettent  en 
rapport  les  maxillaires  avec  les  palatins  ou  ces  derniers  avec  les  ptérygoïdiens, 
n'offrent  pas  le  même  dessin  ;  en  outre  la  partie  postérieure  du  palais  est  aussi  plus 
étroite  et  la  gorge  antérieure  des  ptérygoïdiens  plus  excavée.  L'os  lacrymal  est 
distinct  chez  le  Dioplodon  européen  au-dessous  de  la  base  du  zygomatique  entre 
le  frontal  et  la  partie  avoisinante  du  maxillaire  supérieur,  ce  qui  est  aussi  le  cas 
du  Mésoplodon  et  des  autres  Ziphioïdes;  enfin  le  mastoïdien  est  également  séparé 
du  temporal. 

Le  maxillaire  inférieur  tient  à  la  fois  de  celui  du  Mésoplodon  et  de  celui  du 
Dioplodon  densirostre.  Il  a  0,H  de  hauteur  à  sa  partie  coronoïdienne,  0,06 
seulement  dans  son  milieu,  et  0,09  à  sa  partie  alvéolaire  dont  la  table  externe 
dépasse  l'interne  en  élévation;  l'alvéole,  unique  pour  chaque  côté,  est  profonde  et 
allongée.  Il  existe  une  rainure  dentaire  contenant  de  petites  perforations  vascu- 
laires  alvéoliformes  en  avant  et  en  arrière  d'elle.  Enfin  trois  trous  mentonniers  se 
remarquent  au-dessous  de  la  dent  unique  de  cette  espèce,  et,  en  ce  point  encore, 
une  différence  assez  évidente  sépare  le  Dioplodon  européen  du  Mésoplodon. 

ucntitiou.  —  La  seule  paire  de  dents  (fig.  5)  que  possèdent  les  Dioplodons,  ou, 
pour  parler  peut-être  plus  exactement,  la  principale  paire  de  dents  de  ce  genre,  pré- 
sente une  forme  particulière  qui  peut  servir  à  distinguer  à  la  fois  l'animal  dont  il 
s'agit  du  Mésoplodon  de  Sowerby  et  du  Dioplodon  densirostre.  Extraites  de  leur 
alvéole,  ces  deux  dents  montrent  une  partie  radiculaire  assez  longue,  à  peu  près 


406  GENRE  DIOPLODON. 

rectangulaire  quoique  un  peu  curviligne  en  arrière  et  faiblement  oblique  en  avant, 
amincie  au  contraire  dans  le  sens  bilatéral  (0,006  d'épaisseur  au  maximum)  et 
haute  de  0,052  sur  0,030  de  long.  La  couronne  est  triangulaire,  très-faiblement 
convexe  en  dehors,  un  peu  échancrée  en  arrière  et  arquée  en  avant;  sa  hauteur  n'a 
que  0,030  ;  elle  est  en  partie  couverte  de  cément,  et  ce  n'est  que  dans  sa  portion 
supérieure  que  l'ivoire  est  à  nu.  Nous  l'avons  fait  représenter  vue  en  avant  {fig.  o), 
par  sa  face  externe  (fig.  5  6)  et  par  sa  face  interne  (fig.  5  c),  réduite  à  moitié  de  la 
grandeur  naturelle.  On  en  voit  l'alvéole  sur  la  fig.  2  a. 

DIOPLODON  DENSIHOSTRIS. —  De  Blainville  aie  premier  parlé  de  cette  espèce 
dont  il  avait  eu  l'occasion  d'observer  un  bout  du  rostre,  encore  conservé  dans  nos 
collections,  et  dont  nous  donnons  la  figure  dans  cet  ouvrage.  L'apparence  en  est 
comme  éburnée,  ce  qui  engagea  l'auteur  à  donner  à  l'animal  dont  ce  fragment 
osseux  indiquait  l'existence  le  nom  de  Defphimis  densirostris. 

Dans  son  article  Dauphins  rédigé  pour  le  Nouveau  Diclonnaire  d'Histoire  na- 
turelle, de  Blainville  classa  le  Dauphin  densirostre  dans  la  division  des  Hétéro- 
dontes.  Bien  qu'il  ait  donné  la  pièce  sur  laquelle  cette  espèce  repose  comme  ap- 
partenant à  la  mâchoire  inférieure,  c'est  bien  une  extrémité  de  mâchoire  supé- 
rieure sans  dents,et  tous  les  os  dont  se  compose  cette  partie  du  rostre  sont  soudés 
en  une  seule  masse,  d'une  grande  dureté  et  ayant  l'apparence  de  l'ivoire. 

Cette  pièce  représente  une  sorte  de  pyramide  plus  étroite  sur  une  de  ses  faces 
que  sur  les  deux  autres  dont  un  des  angles,  formé  par  la  jonction  du  bord  supérieur 
des  maxillaires,  est  émoussé,  tandis  que  les  angles  latéraux  répondant  au  bord 
dentaire  sont  en  saillie.  Des  perforations  vasculaires  se  remarquent  à  l'extrémité  de 
cette  ligne  et  il  y  en  a  aussi  à  la  face  palatine.  La  face  supérieure  du  supra-vomérien 
ne  se  voit  pas  en  dessus  et  une  section  de  la  pièce  elle-même  (fig.  \  c)  montre  que 
les  divers  éléments  osseux  qui  la  constituent  sont  réunis  en  une  niasse  commune 
et  compacte  que  l'on  prendrait  plutôt,  à  la  première  vue,  pour  la  partie  terminale 
d'une  dent  en  défense  que  pour  l'extrémité  antérieure  d'une  tète  de  Cétacé  (1).  Dans 
aucune  espèce  le  rostre  n'est  d'ailleurs  plus  semblable  à  celui  des  Ziphius  fossiles 
dans  les  terrains  tertiaires  supérieurs  de  L'Europe  tempérée  et  parmi  ces  derniers, 

(1)  Une  coupe  de  ce  rostre  solide  préparée  pour  le  microscope  montre  que  les  ostéoplastes  y  sont  de 
moyenne  dimension,  assez  séparés  les  uns  des  autres,  ne  laissant  entre  eux  que  de  rares  canaliculcs  vas- 
culaires et  englobés  dans  un  plasma  solide  de  nature  trés-compacte. 


REMARQUES  HISTORIQUES.  407 

celui  avec  lequel  il  a  le  plus  d'analogie  est  le  Ziphius  longirostre  de  Cuvier. 
Cependant  la  pièce  décrite  par  de  Blainville  n'appartient  pas  à  la  même  espèce  et 
certainement  elle  n'est  pas  fossile.  Il  est  toutefois  singulier  que  Cuvier  ne  lui  ait 
pas  comparé  l'espèce  décrite  par  lui  comme  éteinte,  dont  nous  venons  de  rappeler 
le  nom. 

Desmarest  a  reproduit  les  indications  données  par  de  Blainville  au  sujet  du 
Delpltinus  densirostris  et  rappelé  que  l'animal  auquel  elles  se  rapportent  devait  avoir 
de  l'analogie  avec  le  Dauphin  de  Honileur  et  avec  celui  de  Sowerby,  c'est-à-dire 
avec  l'IIyperoodon  et  le  Mésoplodon. 

En  1839,  le  Muséum  reçut  de  M.  Leduc  un  crâne  de  Cétacé  provenant  de  l'Ar- 
chipel des  Seychelles  que  de  Blainville  et  moi  reconnûmes  pour  appartenir  à  la 
même  espèce  que  le  fragment  de  rostre  dont  mon  illustre  maître  avait  fait  an- 
ciennement son  Defphinus  densirostris,  et  de  Blainville  a  même  inséré  une  courte 
note  relativement  à  ce  crâne  dans  un  journal  scientifique  qui  paraissait  alors  à 
Paris  (-1).  De  mon  côté,  j'en  ai  parlé  dans  le  Mémoire  que  j'ai  adressé  à  l' académie 
en  4  830,  Mémoire  sur  lequel  Duvernoy  s'est  chargé  de  faire  un  rapport,  et  je  l'ai 
décrit  et  figuré  dans  la  première  édition  de  mon  ouvrage  sur  la  Zoologie  et  la  Paléon- 
tologie de  la  France.  Duvernoy  s'en  est  ensuite  occupé  dans  le  travail  qu'il  a  inséré 
dans  les  Annales  des  Sciences  naturelles  en  1831 ,  travail  dont  mes  recherches  lui 
avaient  donné  l'idée. 

M.  Gray  a  remplacé  le  nom  spécifique  de  densirostris  par  celui  de  sechellensis 
et  depuis  lors  M.  Krefft  nous  amis,  lui  et  moi,  en  mesure  de  faire  connaître  le 
squelette  de  cette  remarquable  espèce  en  nous  adressant  à  l'un  et  à  l'autre  une 
photographie  du  squelette  du  Mésoplodon  densirostre  pris  à  l'île  de  Lord  Ilowe 
(Australie)  qu'il  a  fait  préparer  pour  le  Musée  de  Sydney. 

Voici,  dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances,  les  indications  bibliographiques 
se  rapportant  à  ce  Cétacé  : 

a)  Rostre  signalé  par  de  Blainville  :  Delphinus  densirostris,  Blainv.,  Nouv.  Dict.  d'hist.  nat.,  t.  IX, 
p.  178.  —  Desmarest,  Mammalogie,  p.  522.  —  Dioplodon  densir.,  P.  Gerv.,  Ostéogr.  des  Cétacés,  PI.  XXV, 
fig.  2. 

6)  Crâne  rapporté  par  M.  Leduc  :  Diopl.  densir.,  P.  Cerv.,  Zool.  et  Pal.  franc.,  i"  édit.,  t.  II,  n"  40, 
PI.  XL,  fig.  3-6.  —  Id„  ibid.,  2e  édit.,  p. 289.  —  Mesodiodon  densirostre,  Duvernoy,  Ann.  se.  nat.,  3e  série, 
t.  XV,  p.  58.  —  Dioplodon  sechellensis,  Gray,  Erebus  et  Terror.  —  H.,  Catal.  of  Seals  and  Wahles,  p,  355  ; 
1866.  -  P.  Gerv.,  Ostéogr.  des  Cétacés,  PI.  XXV,  fig.  2-3. 


;l)  L'Echo  du  monde  savant. 


408  GENRE  DIOPLODON. 

c)  Squelette  du  Musée  de  Sydney  :  P.  Gerv.,  Osièogr.  des  Cétacés,  PI.  XXII,  fig.  9.—  Gray,  Ann.  and  Mag. 
ofnat.  Hist.,  i'  série,  t.  XI,  p.  343,  avec  fig.;  1870. 

Squelette.  —  L'extrémité  du  rostre,  examinée  dans  le  crâne  du  Dioplodon 
rapporté  des  Seychelles  par  M.  Leduc  présente  les  mêmes  caractères  de  densité 
et  de  forme  que  la  portion  terminale  de  cette  partie  du  crâne  décrit  autrefois  par 
de  Blainville  comme  type  de  son  Dauphin  densirostre.  Les  accidents  de  structure, 
perforations  vasculaires ,  rainures  et  côtes  ou  saillies  diverses,  y  ont  la  même 
disposition  ;  aussi  paraît-il  impossible  de  ne  pas  attribuer  ces  deux  pièces  à  la  même 
espèce  ou  tout  au  moins  au  même  genre.  La  seule  différence  que  l'on  puisse  indi- 
quer entre  elles  consiste  en  ce  que,  dans  le  fragment  d'abord  observé  par  de  Blain- 
ville, les  deux  bords  supérieurs  des  maxillaires  se  touchent  sans  laisser  voir  entre 
eux  aucune  partie  du  bord  supérieur  de  l'os  supra-vomérien,  tandis  que,  dans  le 
crâne  rapporté  par  M.  Leduc,  ce  même  os  supra-vomérien  est  apparent  dans  toute 
la  longueur  du  rostre  et  par  conséquent  dans  la  partie  où  il  ne  se  montre  pas  dans  la 
pièce  incomplète  avec  laquelle  nous  venons  d'en  établir  la  comparaison.  Quoiqu'il 
n'y  ait  pas  dans  cette  faible  différence  de  raison  pour  faire  du  Dioplodon  des 
Seychelles  une  espèce  différente  du  Dioplodon  densirostre,  nous  l'avons  indiqué 
dans  notre  atlas  par  la  dénomination  de  sechellensis  que  lui  a  donnée  M.  Gray  et 
non  par  celle  de  D.  densirostris  que  porte  seul  sur  nos  planches  le  rostre  ancien- 
nement connu. 

La  bordure  latérale  du  rostre  répondant  à  la  ligne  dentaire  se  continue  jusqu'à 
la  base  de  ce  prolongement.  Cette  base  du  rostre  est  un  peu  plus  amincie  dans  son 
milieu  et  celui-ci  est  renflé  en  dessous  dans  la  partie  correspondante  de  sa  face 
palatine.  Le  reste  du  crâne  diffère  d'ailleurs  fort  peu  de  celui  du  Dioplodon  euro- 
péen ainsi  que  de  celui  du  Mésoplodon  de  Sowerby,  et  il  serait  sans  utilité  de 
revenir  sur  les  particularités,  toutes  de  médiocre  importance,  que  nous  y  avons 
déjà  signalées.  Il  y  existe  aussi  un  os  lacrymal  en  partie  distinct  et  le  mastoïdien 
reste  également  séparé.  Il  a  été  perdu  ainsi  que  le  rocher,  la  caisse  et  le  bulbe 
auditif  dans  l'exemplaire  que  nous  avons  sous  les  yeux.  A  part  ceux  du  rostre,  tous 
les  os  crâniens  du  Dioplodon  densirostre  sont  spongieux  et  comparables  sous  ce 
rapport  à  ceux  qui  forment  la  même  partie  du  squelette  dans  lllyperoodon  et  le 
Ziphius. 

Comme  chez  les  deux  espèces  qui  viennent  d'être  citées,  la  mâchoire  inférieure 


SYSTÈME  DENTAIRE.  409 

présente  des  particularités  différentielles  très-faciles  à  saisir.  La  partie  qui  porte 
les  défenses  est  relevée  au-dessus  du  niveau  de  la  région  coronoïde  et  mesure  près 
de  0, 16  ;  en  arrière,  chaque  maxillaire  forme  un  rectangle  allongé.  En  avant,  c'est- 
à-dire  dans  la  partie  symphysaire,  qui  est  surbaissée  et  à  peine  haute  de  0,06,  la 
même  mâchoire  montre,  de  chaque  côté,  depuis  son  extrémité  libre  jusqu'au 
bord  antérieur  de  la  défense  une  rainure  qui  loge  sans  doute  de  petites  dents  pen- 
dant le  jeune  âge;  mais  ces  dents  ne  doivent  pas  être  enfoncées  dans  de  véritables 
alvéoles,  et,  si  elles  existent,  elles  sont  certainement  caduques. 

Le  Dioplodon  pris  à  l'île  de  Lord  llowe  avait  environ  4  mètres  \j1;  il  était 
adulte  et  le  caractère  de  sa  mâchoire  inférieure  présentait  avec  plus  d'exagération 
encore  l'apparence  signalée  dans  celui  qui  a  été  rapporté  des  îles  Seychelles  par 
M.  Leduc. 

Il  avait  les  trois  premières  vertèbres  cervicales  synostosécs,  la  quatrième  en 
partie  libre  et  les  trois  dernières  de  nouveau  soudées  entre  elles. 

Les  dorsales  y  étaient  au  nombre  de  dix,  et  l'on  en  possède  les  dix  paires  de  côtes, 
celles-ci  assez  fortes,  et  dont  la  dernière  était  plus  petite  que  les  autres.  Cinq  paires 
de  ces  côtes  se  rendaient  directement  au  sternum. 

Le  caractère  de  l'élévation  des  apophyses  épineuses  est,  comme  chez  les  autres 
Ziphioïdes,  très-apparent  aussi  bien  aux  dorsales  qu'aux  lombo-sacrées  et  aux 
premières  coccygiennes. 

Le  nombre  des  lombo-sacrées  est  de  onze  et  il  existe  dix-sept  caudales  dont 
les  sept  dernières  sont  dépourvues  d'os  en  V. 

Ces  détails  nous  montrent  que  la  forme  des  vertèbres  propres  aux  différentes 
régions  squelettiques  du  Dioplodon  densirostre  est  la  même  que  celle  qui  distingue 
les  autres  Ziphioïdes  et  que  leur  nombre  est  aussi  très-peu  différent  par  chaque 
région. 

Quatre  pièces  placées  successivement  composent  le  sternum;  elles  sont  de 
forme  rectangulaire  et  sans  perforations  entre  chacune  d'elles. 

M.  Krefft  a  aussi  eu  la  bonté  de  nous  envoyer  la  photographie  de  l'humérus  et 
des  deux  os  de  l' avant-bras  du  Dioplodon  de  l'île  de  Lord  llowe;  ces  os  ne  s'éloi- 
gnent pas  sensiblement  de  la  forme  qu'ont  leurs  analogues  observés  chez  le  Méso- 
plodon  de  Sowerby. 

Dentition.  —  Dans  le  crâne  donné  à  notre  Musée  par  M.  Leduc,  les  deux  défenses 

5  2 


410  ZIPHIOÏDES   FOSSILES. 

manquaient  et  il  n'était  possible  de  juger  de  leur  volume  que  par  leurs  alvéoles 
[fûj.  3  a);  mais  M.  Krefft  a  pu  voir  ces  dents  en  place  sur  le  sujet  qu'il  a  fait  pré- 
parer et  il  nous  a  également  adressé  la  photographie  de  l'une  d'elles.  Leur  forme 
générale  et  sans  doute  aussi  leur  structure  ont  une  analogie  incontestable  avec 
celles  du  Dioplodon  d'Europe;  cependant  elles  sont  plus  épaisses,  ce  que  leurs 
alvéoles  observées  dans  le  sujet  pris  aux  Seychelles  suffirait  à  indiquer;  en  même 
temps  la  racine  est  moins  régulièrement  quadrilatère  et  la  couronne  est  égale- 
ment un  peu  différente.  Elles  sont  hautes  de  0,14,  la  racine  comprise,  et  mesurent 
0,085,  dans  leur  plus  grande  largeur  qui  répond  à  peu  près  au  milieu  de  la  racine. 
Au  contraire,  la  dent  du  Callidon  dont  M.  Gray  (1)  a  publié  la  figure,  d'après  une 
photographie  qu'il  a,  de  son  côté,  reçue  de  M.  Krefft,  paraît  s'éloigner  beaucoup 
moins  par  sa  forme  générale  de  celle  du  Mésoplodon  de  Sowerby. 


DES    ZIPHIOÏDES 

DONT    LES    DÉBRIS    ONT   ÉTÉ    RENCONTRÉS   A    L'ÉTAT    FOSSILE 
DANS  LES  TERRAINS  TERTIAIRES  DE  L'EUROPE. 


Après  avoir  décrit,  dans  son  ouvrage  sur  les  Ossements  fossiles,  sous  la  déno- 
mination de  Ziphius  cavirostre,  le  crâne  trouvé  sur  la  plage  de  Fos,  dont  nous 
avons  nous-même  parlé  plus  haut  (2),  crâne  qu'il  a  proposé  de  prendre  pour 
type  d'un  genre  nouveau,  ('..  Cuvier  a  parlé  de  deux  rostres  de  Cétacés,  que  l'on 
aurait  pu  croire  hyperostosés  tant  leur  consistance  esl  solide,  qui  avaient  été  retires, 
m  ixoo,  du  crag  d'Anvers,  lors  des  travaux  exécutés  pour  l'agrandissement  de  ce 


\i)  Ann.  and  Mag.ofnat,  Hist.,  I'  série. 

(2    I'.  37:;. 


REMARQUES  GÉNÉRALES.  411 

port.  11  les  considère  comme  indiquant  une  seconde  espèce  du  genre  Ziphius  qu'il 
a  appellée  Ziphius  planirostris  à  cause  de  la  forme  élargie  et  aplatie  de  sa  région 
prénasale.  Dans  un  paragraphe  suivant,  le  célèbre  anatomiste  fait  en  outre  con- 
naître un  rostre  plus  étroit  que  les  précédents  et  en  même  temps  plus  allongé  que 
celui  du  Ziphius  de  Fos,  qu'il  regarde  avec  raison  comme  constituant  une  troi- 
sième espèce,  et  il  attribue  cette  espèce  au  même  genre  que  les  précédentes,  en  lui 
donnant  le  nom  de  Ziphius  longirostris.  L'origine  de  cette  autre  pièce  lui  était 
inconnue. 

Pendant  longtemps  on  a  regardé  comme  constituant  des  animaux  anéantis  non- 
seulement  les  Ziphius  planirostre  et  longirostre,  mais  aussi  le  cavirostre;  cepen- 
dant j'ai  montré  que  le  crâne  qui  a  servi  de  type  à  cette  dernière  espèce  provenait 
d'un  Cétacé  actuellement  existant  dans  la  Méditerranée,  et  en  effet  le  sujet  auquel 
il  a  appartenu  parait  être  mort  à  une  date  peu  reculée.  J'ai  également  fait  voir  que 
plusieurs  autres  Ziphius,  ayant  les  mêmes  caractères,  avaient  été  pris  dans  la 
même  mer.  On  sait  aujourd'hui  qu'il  s'en  rencontre  aussi  dans  différentes  parties 
de  l'Océan,  depuis  les  côtes  de  la  Scandinavie  et  les  Shetland  jusqu'au  Cap  de 
Bonne-Espérance  et  en  Patagonie.  M.  Van  Beneden  en  a  même  signalé,  sous  le 
nom  de  Ziphius  indicus,  un  exemplaire  qui  lui  a  été  remis  comme  ayant  été  pris 
dans  la  nier  des  Indes. 

Ce  n'est  pas  là  l'unique  espèce  de  Ziphioïdes  propre  aux  mers  actuelles.  L'Hyper- 
oodon,  dont  nous  avons  traité  en  premier  lieu  en  passant  en  revue  les  animaux 
de  cette  famille,  mérite  aussi  d'être  classé  parmi  eux,  et  il  en  est  de  même  des 
Cétacés  dont  nous  \enons  de  donner  la  description  sous  le  nom  de  Bentrdius 
Arnuxii,  Mesoplodon  sowerèensis ,  Dolichodon  Layardii,  Dioplodon,  densirostris  et 
Dioplodon  européens,  lesquels  appartiennent  à  des  régions  du  globe  très-différentes 
les  unes  des  autres. 

Le  Ziphius  planirostris,  fossile  dans  le  crag  d'Anvers,  où  il  en  a  été  retrouvé 
un  petit  nombre  d'exemplaires  depuis  que  Cuvier  l'a  signalé  aux  naturalistes,  a, 
par  la  forme  solide  et  comme  éburnée  de  son  rostre,  une  assez  grande  analogie 
avec  le  Ziphius  cavirostre  et  il  se  rapproche  aussi  à  certains  égards  du  Ziphius 
longirostre,  mais  il  offre  également  certaines  particularités  qui  lui  sont  propres, 
et  Duvernoy  a  proposé  d'en  faire  le  type  d'un  genre  à  part  sous  le  nom  de  Chonc- 
ziphius,  ce  qui  a  été  accepté. 


412  ZIPHIOÏDES    FOSSILES. 

D'autre  part,  le  Ziphius  longiroslris  est  beaucoup  plus  semblable  à  une  espèce 
qui  n'a  été  bien  connue  que  longtemps  après  que  ce  zipbius  a  été  signalée  par 
Cuvier  ;  cette  espèce  est  celle  dont  de  Blainville  avait  fait,  dès  \  81 7 ,  d'après  l'examen 
d'une  portion  terminale  du  rostre,  un  de  ses  Cétacés  Hétérodoutes,  proposant  de 
l'appeler  Delphinus  densirostris.  Lorsqu'il  a  été  plus  complètement  observé, 
le  Cétacé  dont  il  s'agit  ici  est  devenu  le  Dioplodon  densirostris.  Son  principal 
caractère  est  d'avoir  la  mâchoire  inférieure  pourvue  d'une  paire  de  dents  en  dé- 
fenses dépassant  encore  en  volume  celle  du  Mésoplodon  de  Sowerby,  quoique 
cependant  moins  longues  que  celles  du  Dolichodon. 

Comme  on  n'a  aucune  notion  au  sujet  de  la  dentition  du  Ziphius  longirostre, 
non  plus  que  de  celle  des  espèces  de  Ziphioïdes  pourvues  de  rostres  analogues, 
qui  ont  été  découvertes  depuis,  principalement  dans  le  crag  de  Suffolk,  et  décrites 
en  partie  par  M.  B.  Owen  comme  appartenant  au  genre  Ziphius,  M.  Huxley  a 
hésité  à  étendre,  ainsi  que  j'avais  proposé  de  le  faire,  le  nom  de  Dioplodon  à  ces 
fossiles,  et  il  a  proposé  pour  eux  la  dénomination  nouvelle  de  Belemnoziphius  (1). 
Mais  on  voit  que  ce  n'est  là  qu'une  diagnose  négative,  et  les  affinités  que  j'avais 
signalées  entre  ces  animaux  et  les  Dioplodons  actuels  ne  méritent  pas  moins  d'èlre 
prises  en  considération  si  l'on  veut  classer  exactement  ces  animaux;  aussi  plu- 
sieurs auteurs  se  sont-ils  servi  du  mot  Dioplodon  aussi  bien  pour  les  Ziphioïdes 

fossiles  ayant  le  rostre  belemnitiforme  que  pour  les  espèces  vivantes  qui  sont  dans 
ce  cas. 

Plus   récemment,    MM.    Van    Beneden   et    Du    Bus   ont    repris    l'étude    des 

Ziphioïdes  de  la  Belgique  d'après  les  pièces  appartenant  à  ce  groupe  qui  ont  été 

trouvées  dans  le  crag  d'Anvers,  et  ils  ont  été  conduits  à  distinguer  parmi  eux 

plusieurs  genres  encore  différents  de  ceux  qu'on  avait  précédemment  reconnus. 

Ces  genres  ont  reçu  les  dénominations  qui  suivent  :  Placoziphius,  Van  Beneden; 

Ziphirostrum,  id.;  Aporotus,  Du  I5us;  Ziphiopsis,  id.  et  Rkinostodes ,  id.  (2).  Nous 

pourrions  ajouter  a  celle  liste,  si  nous  parlions  de  fossiles  étrangers  à  L'Europe, 

YAnoplonassa  forcipata  de  M.  Cope,  mais  nous  devons  nous  en  tenir  en  ce  moment 

aux  Ziphioïdes  propres  aux  anciennes  mers  de  l'Europe,  et  d'ailleurs  ce  fossile 


fi    Quarterly  Journ.  Geol.  soc.  London,  l.  X\.  p.  388;  1864. 
(2    Voir  \>.  344  pour  le  genre  Dinoziphius  de  M.  Van  Beneden. 


GENRE   CH0NEZ1PHIUS.  413 

est  déjà  décrit  dans  notre  ouvrage  (I).  Quant  à  ['Encheiziphius  teretirostris  de 
M.  liutimeyer  (2),  c'est  bien  un  fossile  de  nos  contrées,  mais,  comme  il  n'appar- 
tient pas  à  la  classe  des  mammifères,  il  n'en  sera  pas  question  ici. 


DU  GENRE  CHONEZIPHIUS. 

CHONEZIPHIUS  PLANIROSTRIS.  —C'est  l'espèce  d'Anvers  :  les  premières  pu- 
blications auxquelles  elle  a  donné  lieu  sont  les  suivantes  : 

Ziphius  planirostris ,  Cuv.,  Oss.  foss.,  t.  V,  part.  1,  p.  352,  PI.  XXVII,  fig.  4-8. 
—  Choneziphius  planir.,  Duvernoy,  Ann.  se.  nat.,  5e  série,  t.  XV,  p.  63  et  71, 
PI.  Il,  fig.  5. 

Indépendamment  de  la  forme  de  leur  rostre  dont  les  iutermaxillaires  sont 
soudés  en  dessus  par  leur  bord  interne  et  dont  les  maxillaires  ne  laissent  appa- 
raître intérieurement  entre  leurs  lignes  de  contact  qu'une  étroite  bande  du  vomer 
les  Choneziphius  se  distinguaient,  en  outre,  par  la  non-ossification  de  leur  cartilage 
supra-vomérien,  ce  qui  a  laissé  une  excavation  fistuleuse  suivant  la  longueur  de 
leur  rostre.  L'espace  interoculaire  est  large  et  aplati.  Une  double  fossette  en  enton- 
noir, comme  appliquée  sur  cette  région  et  dont  la  droite  est  plus  considérable 
que  la  gauche,  existe  auprès  des  narines  extérieures,  un  peu  en  avant  d'elles  et 
à  leur  base;  ces  fossettes  aboutissent  à  un  trou  vasculaire  qui  pénètre  dans  le  rostre 
en  s'enfonçant  dans  l'intermaxillaire. 

Le  rostre  n'a  pas  absolument  la  même  forme  dans  les  deux  exemplaires,  prove- 


(1)  P.  366. 

(2)  Mèm.  de  l'Acad.  de  Bâte  pour  1867. 

L'Enchciziphius  repose  sur  l'observation  d'un  rostre,  trouvé  dans  les  sables  marins  pliocènes  de  Mont- 
pellier, qui  appartient  à  une  espèce  de  poissons  de  la  famille  des  Scombéroïdes,  et  que  son  bec  allongé 
rapprochait  des  Xiphias  et  des  Makaires.  C'est  ce  que  MM.  Steenstrup  et  Van  Beneden  ont  fait  remarquer 
les  premiers,  et  j'ai  pu  m'assurcr  de  l'exactitude  de  ce  rapprochement,  M.  Itutimeyer  ayant  bien  voulu 
m'adresser  pour  le  Muséum  un  modèle  en  plâtre  de  la  pièce  qu'il  a  décrite.  M.  Van  Beneden  regarde 
X Encheiziphius  teretirostris  comme  rentrant  dans  le  genre  Brachyrhynchut  qu'il  a  lui-même  établi  a  . 
11  serait  possible  qu'une  vertèbre  provenant  aussi  des  sables  marins  de  Montpellier  dont  j'ai  moi-même 
parlé  (6)  comme  indiquant  un  poisson  voisin  des  Xipliias,  appartint  à  L'espèce  décrite  par  M  Rutimeyer. 

(«)  Uni/.  Acad.  de  Belgique,  V  série,  t.  XXXI,  p.  493;  1871.  —  Journal  de  Zoologie,  t.  Il,  p.  80. 

(//)  Zoul.  et  Pal.  gèn.,  |i.  2â!>. 


414  Z1PHI0ÏDES  FOSSILES. 

nant  d'Anvers,  <jui  ont  été  observés  par  Cuvier.  11  est  plus  élargi,  plus  fortement 
caréné  latéralement  à  sa  base  et  plus  granuleux  dans  la  partie  correspondante 
chez  celui  représenté  par  la  fig.  5  de  notre  PL  XXVII.  Chez  l'autre  (ibid.,  fig.  \), 
outre  qu'il  est  plus  lisse  et  plus  étroit  aux  mêmes  points,  il  a  sa  partie  moyenne 
plus  relevée  à  son  bord  postérieur  et  plus  semblable  à  un  fuseau  ;  aussi  M.  Owcn 
regarde-t-il  ces  deux  rostres  comme  représentant  deux  espèces  différentes,  et  il 
donne  à  la  seconde  (Cuv.,//ry.  7  et  8;  Ostéogr.,  fig.  5)  le  nom  deZiphius  Cuvieri, 
laissant  à  l'autre  (Cuv.,  fig.  4-6;  Ostéogr.,  fig.  4)  celui  de  planirostris. 

Cuvier  avait  déjà  dit  que  ces  deux  fragments  «  offrent  des  différences  qui  pour- 
raient passer  pour  spécifiques  ». 

D'autres  rostres  de  forme  analogue,  et  susceptibles  d'être  attribués  au  genre  Cho- 
noziphius,  ont  été  trouvés  depuis  lors  dans  le  crag  d'Anvers.  De  ce  nombre  est 
celui  dont  M.  Van  Beneden  a  fait  faire  un  modèle  en  plâtre  adressé  par  lui  à  divers 
Musées  et  que  l'on  trouve  cité  et  en  partie  figuré  dans  mon  ouvrage  sur  la  Paléon- 
tologie française  (1).  11  ressemble  surtout  à  celui  que  Cuvier  et  M.  Owen  ont  pris 
pour  type  du  Choneziphius  planirostris  ;  on  trouvera  dans  notre  Allas  une  nou- 
velle ligure  représentant  la  base  de  ce  rostre  vue  de  profil  (2).  Des  pièces  indiquant 
aussi  des  animaux  analogues  proviennent  du  crag  de  SuffolK. 

I .  —  Ziphioïdes  fossiles  que  les  caractères  de  leur  rostre  paraissent  devoir  faire 

rapprocher  des  Choneziphius. 

Parmi  les  rostres  de  Ziphioïdes  retirés  du  crag-  gris  d'Anvers  que  l'on  a  consi- 
déré comme  indiquant  des  espèces  différentes  des  Choneziphius  planirostris  et 
Cuvieri,  mais  dont  quelques-uns  font  peut-être  double  emploi  avec  eux,  nous  ci  fe- 
rons d'abord  ceux  dont  le  supra-vomérien  n'était  pas  non  plus  ossifié  et  qui  avaient 
les  bords  supéro-internes  des  os  intermaxillaires  en  contact  plus  ou  moins  parfait 
dans  toute  la  longueur  de  la  partie  de  ces  os  qui  se  prolonge  en  avant,  ce  qui,  par 
suite  de  la  disparition  du  cartilage  supra-vomérien,  fait  paraître  l'axe  de  ces  rostres 
comme  évidé. 

On  eu  a  l'ail  différentes  espèces. 

Telles  sont  eu  première  ligne  l'ensemble  des  espèces  dont  M.  Van  Beneden  a  fait 

l,  I'.  289,  PI.  10,  fig.  2. 
■    l'I.  XXVII  bis,   fig.  I. 


GENRE   CHONEZIPHIUS.  415 

son  genre  Ziphirostrum  (I),  espèces  dont,  d'après  M.  Du  Bus,  ou  devrait  porter  le 
nombre  à  cinq,  savoir  : 

ZlPIIIROSTRUM    TURNINENSE    (2). 

Du  Bus,  Bull.  Acad.  r.  Bclrj.,  2e  série,  t.  XXV,  p.  622. 

M.  Du  Bus  dit  du  cette  espèce  qu'elle  a  le  rostre  allongé  droit,  presque  aussi  haut  que  large.  La  fosse 
prénasale  est  très-petite,  les  maxillaires  sont  compactes,  très-épais  dans  leur  partie  roslrale;  ils  s'élargis- 
sent h  la  base  du  museau  et  se  relèvent  subitement  sur  les  côtés  de  la  fosse  prénasale,  plus  haut  que  les  os 
jugaux;  les  canaux  vasculaires  qui  les  parcourent  sont  petits.  Le  vomer  est  visible  a  la  surface  du  palais; 
dans  le  tiers  moyen  de  la  longueur  de  celui-ci ,  il  est  étroit.  Le  canal  supra-vomérien  est  petit  et  ovale. 
Les  incisifs  sont  épais  et  forment,  vers  le  milieu  du  museau,  à  peu  près  la  moitié  de  sa  hauteur. 

ZlPIIIROSTRUM    TUMIDUM. 

Du  Bus,   loco  cit.,  p.   023. 

Connu  seulement  d'après  une  partie  moyenne  de  rostre,  comprenant  les  incisifs  presque  entiers,  lesquels 
sont  beaucoup  plus  développés  dans  celte  partie  que  ceux  d'aucune  autre  espèce  de  la  même  famille 
et  y  occupent  une  largeur  a  peu  près  égale  a  celle,  des  maxillaires;  le  canal  évidé  est  un  peu  plus  haut 
que  large;  les  maxillaires  sont  assez  minces. 

ZlPIIIROSTRUM    MARGINATUM. 

Du  Bus,  loco  cit.,  p.  624. 

Le  seul  rostre  qu'on  ail  observé  a  eu  la  pointe  brisée;  il  est  partout  plus  large  que  haut.  Les  incisifs 
sont  étroits  et  médiocrement  élevés  en  avant  de  la  losse  prénasale;  en  dessus  ils  sont  séparés  des  maxil- 
laires par  une  gouttière  très-prononcée,  surtout  vers  la  base  du  museau.  Les  maxillaires  sont  épais, 
horizontaux  en  dessus  sur  les  côtés  des  incisifs,  où  ils  occupent  la  moitié  do  la  longueur  totale  du 
museau  ;  leurs  bords  denlaircs  sont  tranchants  latéralement.  Le  canal  vomérien  est  de  moyenne  longueur, 
ovale.  Le  vomer  apparaît  h  la  surface  du  palais,  un  peu  en  avant  du  point  occupé  par  l'extrémité 
antérieure  des  palatins.  La  fosse  prénasale  est  assez  étroite  et  n'occupe  pas  la  moitié  de  la  largeur  du 
rostre. 

ZlPIIIROSTRUM    L/EVIGATUM  (5). 

Du  Bus,  loco  cit.,  p.  C>2  i. 

Rostre  droit,  allongé,  déprimé  et  plus  large  que  haut  dans  toute  sa  longueur.  Maxillaires  minces  et  en 
partie  composés  de  substance  spongieuse,  notamment  sur  les  côtés,  dans  la  région  des  canaux  deutaircs. 
Vomer  également  spongieux,  étroit  dans  sa  partie  palatine.  Canal  supra-vomérien  grand,  un  peu  plus 
haut  que  large.  Fosse  prénasale  grande;  sa  largeur  en  haut  entre  les  maxillaires  égale  ii  peu  près  la 
moitié  de  la  largeur  totale  du  museau  au  même  endroit.  Incisifs  de  moyenne  épaisseur  dans  leur  partie 
rostrale  où  ils  sont  notablement  plus  étroits  que  les  maxillaires;  leur  plus  grande  épaisseur  est  un 
peu  en  avant  de  la  fosse  prônasale;  ensuite  ils  sont  droits  jusqu'à  la  pointe.  Leurs  bords  inférieurs  sont 
plus  ou  moins  spongieux,  de  même  que  les  parties  avoisinantes  des  maxillaire-. 

ZlPIIIROSTRUM    GRACILE. 

Du   Bus,   loco  cit.,  p.  ()2.'i. 

Connu  seulement  par  des  incisifs  incomplets  et  quelques  fragments  des  maxillaires  indiquant  que  r. 


(1)  M.  Du  Bus,  Bull.  Acad.  r.  Belgique,  ■>'  série,  t. XXV,  p.  621. 

(2)  PI.  XXVI I  bis,  fig.  G. 

(3)  PI.  XXVII  bis,  fig.  S. 


tiii  Z1PIII01DES  FOSSILES. 

os  étaient,  au  moins  en  partie,  spongieux  comme  ceux  de  l'espèce  précédente.  L'un  de  ces  incisifs,  qui 
appartient  au  côté  gauche,  est  plus  petit  que  les  autres  et  provient  probablement  d'un  sujet  plus  jeune;  il 
présente  une  particularité  remarquable  :  un  fragment  du  bord  dentaire  qui  y  est  adhérent  laisse  voir  une 
série  de  dix  ou  douze  alvéoles  assez  profonds,  larges,  très-réguliers,  très-rapprochés  et  qui  permettent 
de  supposer  l'existence,  chez  cette  espèce,  de  petites  dents  comme  il  en  a  été  observé  dans  le  Ziphius 
cavirostre  et  dans  l'Hyperoodon. 
Cette  espèce  et  les  précédentes  appartiennent  au  crag  d'Anvers. 


GENRE  APOROTUS  (1). 

Ce  genre  ne  diffère  du  précédent  que  parce  que  les  bords  supérieurs  des  os 
intormaxillaires  sont  appliqués  l'un  contre  l'autre  dans  leur  partie  rostrale,  mais 
sans  jamais  se  souder  entre  eux;  ce  qui  rentre  davantage  encore  dans  la  disposition 
propre  aux  Choneziphius. 

M.  Dubusy  distingue  trois  espèces,  toutes  trois  du  crag  d'Anvers,  savoir  : 

Aporotds  reccrvirostris. 
Du  Bus,  loco  cit.,  p.  626. 

Hoslre  épais  à  la  base,  s'amincissant  régulièrement  vers  son  extrémité,  qui  est  sensiblement  recourbée 
vers  le  haut.  Maxillaires  peu  épais,  occupant  dans  toute  leur  partie  rostrale  une  plus  grande  largeur  que 
Les  incisifs,  s'élargissant  et  se  relevant  sur  les  côtés  de  la  fosse  prénasale,  qui  est  très-large  et  très- 
profonde.  Incisifs  descendant  très-bas  dans  cette  fosse,  presque  au  niveau  de  la  gouttière  voniérienne  et 
acquérant  ensuite  leur  plus  grande  épaisseur  en  avant  de  celte  fosse,  pour  aller  de  là  en  diminuant 
régulièrement  d'une  manière  brusque  jusqu'à  leur  extrémité  antérieure.  Canal  supra-vomérien  assez 
large.  Le  vomer  apparent  à  la  surface  palatine  depuis  la  base  du  rostre  jusque  vers  le  milieu  de  sa 
longueur. 

Aporotds  àffinis. 

Du  Bus,  loco  cit.,  p.  626. 

Le  peu  que  l'on  connaît  de  celte  espèce  indique  que  le  rostre  était  droit,  légèremenl  relei  é  vers  la  pointe 
et  plus  large  que  haut  partout.  Les  maxillaires  sont  minces,  ii  bords  dentaires  plus  ou  moins  tranchants 
et  sensiblement  relevés  sur  les  côtés  de  la  fosse  prénasale,  qui  semble  avoir  été  large  et  profonde. 
Le  canal  sus-vomérien  est  à  peu  près  aussi  haut  que  large.  Les  incisifs  sont  fort  épais;  ils  sont  très- 
déprimés  et  atténués  dans  la  fosse  prénasale,  mais  relevés  et  brusquement  épaissis  en  avant  de  cette  fosse; 
ensuite  ils  vont  en  diminuant  jusqu  à  leur  extrémité  antérieure. 

Fossile  dans  le  crag  rouge  et  dans  le  crag  gris. 

\l'nliHTl  s    DICYRTl  S. 

Du   lins,  loco  cit.,  p.  i\27  (-2). 


1    Du  Bus,  loco  cit.,  p.  626. 
(2)  PL  XXVII  bis,fig.  7. 


GENRE    ZIPHIOPSIS.  417 

Un  peu  plus  petit  que  le  précédent,  a  en  juger  du  moins  par  le  seul  fragment  qu'on  en  connaisse.  Le 
rostre  est  droit  jusqu'au  bout  et  plus  haut  que  large  dans  sa  partie  moyenne.  Les  maxillaires  sont  assez 
épais;  le  canal  vomérien  est  grand,  presque  aussi  large  que  haut.  Les  incisifs  sont  fort  épais.  A  partir  de 
la  fosse  prénasale,  ils  s'élèvent  et  s'enflent  sensiblement,  mais  leur  plus  grande  épaisseur  est  vers  le 
milieu  de  la  partie  rostrale,  où  ils  présentent  un  second  renflement  plus  considérable  que  le  premier. 
A  partir  de  ce  point,  ils  vont  en  diminuant  jusqu'à  l'extrémité. 


GENRE   ZIPHIOPSIS  (I). 

Caractères  peu  différents  de  ceux  des  deux  genres  précédents,  ainsi  que  des 
Chonéziphius.  M.  Du  Bus  les  exprime  ainsi  :  Rostre  de  moyenne  longueur,  droit, 
à  peu  près  aussi  haut  que  large;  maxillaires  supérieurs  très-épais;  canal  vomé- 
rien petit;  incisifs  médiocrement  développés,  à  bords  internes  soudés  ensemble 
dans  toute  leur  partie  rostrale,  depuis  la  fosse  prénasale  jusqu'à  la  pointe. 

ZiriIIOPSIS    PIIYMATODES. 

Du  Bus,  loco  cit.,  p.  628  (2). 

Région  basilaire  du  rostre,  avoisinant  la  fosse  nasale,  marquée  de  chaque  côté  en  dessus  de  nombreux 
tubercules  qui  rappellent  ceux  du  Chonéziphius  Cucieri.  Cette  région  est  également  aplatie.  Vomer  visible 
en  dessous,  vers  le  milieu  de  la  longueur  du  rostre. 

M.  Du  Bus  attribue  à  la  même  espèce  un  rostre  trouvé  dans  le  môme  gisement,  dont  les  tubercules  sont 
moins  prononcés,  ce  qui  le  rapprocherait  de  la  pièce  regardée  comme  type  du  véritable  Chonéziphius 
planiroslris ,  dont  le  Ziphiopsis  phymatodc  ne  diffère  peut-être  que  par  son  âge  plus  avancé.  Ce  second 
exemplaire  paraît  aussi  plus  semblable  au  C  planirostre  de  la  première  forme,  c'est-à-dire  au  C.  de  Cuvier 
qu'au  véritable  C  h.  planiroslris,  par  la  portion  que  l'on  en  connaît. 

Ziphiopsis  servatus. 

Du  Bus,  loco  cit.,  p.  629  (5). 

Espèce  établie  sur  la  seule  pièce  brisée  que  nous  figurons.  Elle  a  le  rostre  triangulaire  à  sa  base  et  à 
peu  près  aussi  haut  que  large  partout.  Ses  maxillaires  sont  extrêmement  épais;  leur  épaisseur  dans  le 
sens  vertical,  à  la  base  du  fragment,  égale  trois  fois  la  hauteur  du  canal  sus-voméricn,  lequel  est  ovale, 
comme  dans  l'espèce  précédente.  Le  vomer  apparaît  inférieurement  un  peu  au  delà  des  os  palatins;  il  a, 
au  milieu,  plus  d'un  centimètre  de  largeur,  et  il  disparaît  entre  les  incisifs  au  delà  des  orifices  antérieurs 
des  canaux  palatins. 

Dans  son  Mémoire  sur  les  Ziphioïdes  du  crag  rouge  de  Suffolk,  M.  Owen  décrit 
aussi  une  espèce  qui  rentre  dans  la  division  à  laquelle  on  peut  donner  pour  type 

(1)  Du  BUS,  loco  cit.,  p.  (rïH. 

(2)  PI.  XXVII  bit,  fig.  1  et  1  a. 

(3)  PL  XXVII  bis,  fig.  8. 

00 


418  ZIPHIOIDES   FOSSILES. 

le  Choneziphius  planirostris,  et  dont  les  principaux  caractères  consistent  à  avoir 
l'axe  sus-vomérien  non  ossifié  ot  les  os  intermaxillaires  plus  ou  moins  en  contact 
l'un  avec  l'autre  par  leur  bord  interne.  Celte  espèce  est  la  suivante  : 

Ziphius  planus,  Owen,  Monograph  of  the  british  fossil  Cetacea  from  tltc  red 
crag;  Ziphius,  p.  16,  PI.  II,  fig.  I  (-1). 

La  pièce-type  provient  de  Sholley,  en  Suflblk;  elle  a  appartenu  à  un  sujet  adulte 
et  est  complètement  ossifiée.  Son  état  de  conservation  permet  assez  difficilement 
de  la  comparer  avec  celles  qui  ont  servi  à  établir  les  espèces  dont  nous  venons  de 
parler.  On  pourrait  cependant  lui  trouver  quelque  différence  par  rapport  aux  autres 
Choneziphius.  M.  Huxley  a  rangé  le  Ziphius  planus  parmi  ses  Bélemnoziphius,  mais 
il  n'a  pas  l'os  supra-vomérien  visible  entre  les  intermaxillaires  et  la  forme  de  son 


rostre  l'éloigné  de  ces  animaux. 


GENRE   PLACOZIPHIUS. 

C'est  encore  au  même  groupe  que  nous  attribuerons  le  genre  Placozipbius  établi 
par  M.  Van  Beneden  (2)  sur  une  portion  de  crâne  comprenant  une  partie  du  rostre 
qui  appartient  au  Musée  de  Couvain.  Comme  les  os  intermaxillaires  n'y  sont  rap- 
prochés en  dessus  de  la  ligne  médiane  que  sur  une  faible  portion  de  leur  longueur, 
on  reconnaît  qu'il  s'agit  ici  d'un  sujet  encore  assez  jeune,  et  sa  comparaison  avec 
les  autres  pièces  connues  devient  par  cela  même  difficile;  le  cartilage  sus-vomé- 
rien  n'y  est  pas  ossifié,  mais  ce  caractère  est  peut-être  un  effet  de  l'âge  peu  avancé 
de  l'animal;  l'atlas  est  séparé  des  autres  cervicales,  ce  qui  ne  se  voit  pas  dans  les 
Ziphioïdes  actuellement  existants,  les  Dioplodons  compris. 

Plàcoziphids  Diboisii. 

Van  Beneden,  loco  cit.,  av.  2  pi.  (3). 

Ces  débris  de  crâne  ligures  sous  ce  nom  par  M.  Van  Beneden  et  l'atlas  provenant 


(i    PI.  XXVII,  fig.  46  (copie). 

1)    .Iriul.  r.  tir  ItrttJKJiir,  t.  XXXVII;   I8lili. 

i)  PI.  XXVII,  fig.  11  et  il  b  rostre  d'après  naturo)  —  fig.  19  [atlas,  copié  de  M.  Van  Beneden). 


GENRE    DIOPLODON.  419 

du  même  sujet,  qui  a  été   décrit  par  le  même   auteur,  ont  été  recueillis  à 
Edeghem,  près  Anvers. 

2.  —  Zipkioides  fossiles  que  les  caractères  de  leur  rostre  rapprochent 

des  Dioplodons. 

J'ai  iudicpié  depuis  longtemps  l'analogie  remarquable  qui  existe  entre  le  rostre 
de  certains  Cétacés  fossiles  décrits  par  Cuvier  et  par  d'autres  auteurs  sous  le  nom 
de  Ziphius,  et  que  l'on  regardait  jusqu'alors  comme  entièrement  différents  de  ceux 
des  mers  actuelles,  et  celui  du  Dioplodon  densirostre  (I),  et  j'en  ai  conclu  que  ces 
Cétacés  étaient  du  même  genre  que  celui  dont  nous  venons  de  rappeler  le  nom, 
quoique  la  forme  de  leurs  dents  fût  restée  inconnue. 


GENRE    DIOPLODON. 

(Espèces  fossiles.) 

Ces  animaux  ont,  de  même  que  leurs  représentants  actuels,  le  rostre  allongé, 
comme  bélemnitiforme,  et  d'une  solidité  qui  le  fait  paraître  éburné;  en  même 
temps  leur  axe  sus-vomérien,  au  lieu  de  rester  cartilagineux  comme  dans  les 
Chonézipbius  et  toutes  les  espèces  dont  nous  venons  de  parler,  est  ossifié,  et  il  était 
entièrement  soudé  aux  maxillaires,  au  vomer  ainsi  qu'aux  intermaxillaires,  ce  qui 
donnait  au  prolongement  facial  une  solidité  encore  plus  grande;  mais  sans  cesser 
pour  cela  d'être  apparent  sur  la  ligne  médio-supérieure  qu'il  suit  dans  une  partie 
plus' ou  moins  considérable  de  sa  longueur.  J'ai  donc  appelé  Dioplodon  fongiroslris 
le  'Ziphius  longirostris  de  Cuvier,  et,  d'accord  avec  M.  Van  Bencden,  j'ai  décrit, 
sous  le  nom  de  Dioplodon  Becanii,  une  espèce  offrant  des  caractères  génériques 
analogues. 

Dioplodon  recdrvus  (1). 

Belemnoz.  rec,   Du  Bus,  loco  cit.,  p.  (530. 


(1)  Voir  plus  haut,  p.  400. 

(2)  PI.  XXVil  bisjjig.  2  t;t  2  0,  sous,  le  nom  de  Belemnoziphius  recurvus. 


420  Z1PHIOIDES    FOSSILES. 

Dans  cette  première  espèce,  le  sus-vomérien  n'est  visible  que  dans  une  faible 
partie  de  sa  longueur,  et  sous  ce  rapport  cette  espèce  échappe  en  partie  aux  carac- 
tères du  groupe  qui  nous  occupe;  M.  Du  Bus  en  a  fait  un  Bélemnoziphius  sous 
le  nom  de  Bélemnoziphius  recur'vus,  mais  en  rappelant  qu'il  l'attribue  au  même 
genre  que  le  Ziphius  longirostre.  Voici  le  résumé  de  ce  qu'il  en  dit  : 

Connu  par  un  seul  rostre,  lequel  est  mutilé  et  incomplet.  II  est  extrêmement  compacte  et  très-pesant; 
les  différents  os  qui  le  composent  sont  tellement  soudés  entre  eux  qu'il  est  impossible  dans  plusieurs 
endroits  d'en  distinguer  les  brisures;  sa  bauteur  égale  presque  deux  fois  sa  largeur,  et  il  est  recourbé  en 
haut  vers  son  extrémité;  l'os  sus-vomérien  n'est  visible  que  vers  cette  dernière.  C'est  le  contraire  de  ce 
qui  a  lieu  pour  le  bout  du  museau  de  Dioplodon  densirostre  décrit  par  de  lïlainville. 

DiOPLODON   LONGIROSTRIS   (I). 

Ziph.  long.,  Cuv.,  Oss.  foss.,  t.  V,  part.  \,  p.  356,  PI.  xxvn,  fig.  9-10.  — Diopt. 
long.,  P.  Gerv.,  Zoo!,  et  Pal.  fr.,  p.  291). 

Quoique  incomplet  dans  sa  partie  terminale,  le  rostre  sur  lequel  Cuvicr  a  établi 
cette  espèce  est  long  de  0m,50;  mais  il  est  proportionnellement  grêle,  sa  hauteur  au 
milieu  n'ayant  que  0m,06  et  sa  largeur  0'",00i  seulement.  Les  palatins  en  sont  dé- 
tachés, mais  les  différentes  pièces  qui  subsistent  sont  intimement  soudées  entre 
elles  de  manière  à  lui  donner  une  grande  solidité,  et  le  sus-vomérien,  d'apparence 
éburnée,  qui  en  suit  toute  la  ligne  médiane,  bordé  par  les  intermaxillaires  entre 
lesquels  il  se  montre  comme  une  longue  bande  saillante,  égale  en  largeur  près  de 
0,020;  ce  qui  lui  donne  plus  d'importance  qu'à  celui  du  Dioplodon  densiroslris  et 
même  du  Dioplodon  européens.  C'est  d'ailleurs  là  un  caractère  que  nous  allons 
retrouver,  avec  plus  ou  moins  de  développement,  dans  toutes  les  espèces  qui  vont 
suivre.  Ici  il  n'y  a  pas  de  sillon  longitudinal  sur  le  milieu  du  sus-vomérien. 

Dioplodon  Becanii  (2). 

Ziphius  longirostris,  Van  Beneden,  Bull.  Acad.  Brux.,  t.  XIII,  p.  2SS,  non  Cuv. 
—  Diopl.  Dec,  Y.  Gerv.  et  Van  Ben.,  in  P.  Gerv.,  Zool.  et  Val.  fr.,  Ire  édit.,  t.  Il, 
Explication  a* 38,  p.  2.—  Diopl.  Bec,  P.  Gerv.,  ibid.,  T  édit.,  p.  ^90,  Pi.  XXXVIII, 
fig.  \. 

Rostre  un  peu  plus  large  et  un  peu  moins  long  que  celui  de  l'espèce  précédente, 
et  en  même  temps  un  peu  plus  bombé  vers  son  premier  tiers  et  plus  relevé  à  sa 

(i    PI.  \\\\\,jig.  >•  et 6a. 

[S    PI.  XXVII,  fig.  7  (copie  et  PI.  XXVII  bit,  fig.  3,  sous  le  nom  de  X.  longirostris. 


GENRE    DIOPLODON.  421 

base.  Os  sus-vomérien  également  visible  en  dessus  dans  toute  sa  longueur  entre 
les  intermaxillaires. 

Un  rostre  allongé  que  l'on  conserve  au  Musée  de  Bruxelles  et  qui  provient  aussi 
d'Anvers,  a  le  sus-vomérien  sillonné  dans  toute  sa  longueur  par  uue  ligne  médiane, 
ce  qui  n'existe  pas  dans  le  Diupfodon  longirostris,  mais  se  retrouve  dans  le  D. 
Becanii;  M.  Du  Bus  l'a  attribué  au  D.  longirostris.  11  appartient  sans  doute  au  Dio- 
plodon  Becanii  et  devra  être  également  comparé  avec  le  Ziphius  medilineatus  de 
M.  Owen,  qui  présente  le  même  sillon. 

Fossile  dans  le  crag  gris  d'Anvers.  C'était  un  animal  très-peu  différent  du 
Dioplodon  longiroslre. 

D'autres  pièces  décrites  par  les  auteurs  comme  indiquant  des  espèces  différentes 
de  celles-là,  quelquefois  même  des  genres  à  part,  s'en  rapprochent  par  leur  appa- 
rence générale  et  elles  doivent  èlre  signalées  immédiatement  après  elles. 

M.  Du  Bus  en  décrit  une  première,  également  originaire  du  crag  d'Anvers,  dont  il 
a  cru  devoir  faire  un  genre  particulier  appelé  par  lui  Hhinostodes,  l'espèce  elle- 
même  prenant  le  nom  de  Bhinostodes  antverpiensis  (-1). 

Il  n'existe  au  Musée  de  Belgique,  dit  M.  Du  Bus,  qu'un  fragment  de  tête  de  cet  animal  :  c'est  la  partie 
moyenne  d'un  rostre  extrêmement  mutilé.  Sa  forme  rappelle  celle  du  Belemnoziphius  longirostris  (2), 
mais  il  est  moins  comprimé  sur  les  côtés.  Il  est  tout  entier  formé  de  substance  spongieuse  et  par 
conséquent  léger,  à  la  différence  des  autres  rostres  de  Ziphioïdes,  qui  sont  compactes  et  pesants.  Sa 
longueur  est  de  24  centimètres. 

D'autres  rostres  de  Ziphioïdes  provenant  de  Dioplodons  à  bec  allongé  et 
étroit,  dont  le  sus-vomérien  s'ossifiait  aussi  et  était  visible  entre  les  intermaxillaires, 
ont  vécu  en  Angleterre  pendant  le  dépôt  du  crag  de  Suffolk. 

Les  pièces  que  l'on  en  connaît  ont  servi  à  établir  les  espèces  dont  les  noms 
suivent  : 

Dioplodon  gibbus. 

Ziphius  gibbus,  Owen,  Genre  Ziphius,  p.  17,  PI.  II,  fig.  2  (5),  et  PI.  III,  fig.  3. 

La  bande  sus-vomérienne  est  très-apparente,  quoique  un  peu  rétrécic  entre  le  premier  et  le  second 
tiers;  elle  ne  présente  pas  de  sillon  médian  ;  la  partie  basilaire  du  rostre  est  sensiblement  élargie. 
Fossile  dans  le  crag  de  Suffolk. 

(1)  Du  Bus,  loco  cit.,  p.  629. 

(2)  Le  Ziphius  longirostris  de  Cuvier. 

(3)  PI.  XXVII,  fig.  18  (copie). 


422  ZIPH101DES  FOSSILES. 

DlOPLODON   ANGUSTUS. 

Ziphius  angustus,  Owen,  loco  cit.,  p.  19,  fol.  3,  fig.  1  (1)  et  2. 

Un  peu  plus  étroit  que  le  précédent  et  k  bande  supra-vomérienne  bien  apparente,  mais  plus  égale  dans 
sa  largeur;  point  de  sillon  médian. 
Fossile  dans  le  crag  de  Sufiolk. 

DlOPLODOiN    ANGULATUS. 

Ziphius  angulatus,  Owen,  loco  cit.,  p.  20,  PI.  Vf,  fig.  I  (2)  et  2. 

La  bande  du  sus-vomérien  paraît  plus  saillante;  elle  est  toujours  large,  et  ses  côtés  sont  parallèles 
dans  toute  leur  longueur. 

C'est  encore  un  animal  du  crag  de  Suflblk. 

Je  lui  attribue,  mais  sans  certitude,  un  fragment  de  rostre  assez  étroit,  proportionnellement  assez 
élevé  à  sa  base,  provenant  d'Anvers,  que  m'a  remis  mon  savant  collaborateur  M.  Van  Beneden,  et  dont  on 
trouvera  aussi  la  figure  dans  notre  Allas  (3).  On  n'y  voit  pas  de  sillon  médian  sur  le  sus-vomérien,  et 
cet  os  lui-même  est  difficile  à  séparer  des  intermaxillaires  a  cause  de  l'intimité  de  la  soudure  qui  l'attache 

il   ellX. 

DlOPLODON    MEDILINEATUS. 

Ziphius  medilineatus,  Owen,  loco  cit.,  p.  22,  PI.  XXVII,  fig.  3  (4). 

Rostre  peu  différent  de  celui  du  Dioplodon  Becanii,  et  dont  le  sus-vomérien  est  également  parcouru 
par  un  sillon  médio-longitudinal.  Peut-être  provient-il  de  la  même  espèce. 

Dioplodon  tenmrostris. 

Ziphius  tenuir.,  Owen,  loco  cit.,  p.  24,  PI.  V,  fig.  1-2. 

C'est  encore  un  rostre  peu  différent  de  ceux  des  Dioplodon  Becanii  et  medilineatus,  et  qu'il  me  paraît 
difficile  d'en  séparer  avec  quelque  certitude.  La  figure  donnée  par  M.  Owen  est  reproduite  dans  notre  Atlas  (S] 
ainsi  que  cela  a  été  fait  pour  celle  des  espèces  précédentes,  et  nous  y  avons  joint 'G)  celle  de  deux  pièces 
ayant  des  caractères  analogues,  provenant  aussi  du  crag  de  Suflblk,  dont  le  Muséum  de  Paris  a  fait  l'acqui- 
sition il  y  a  quelque  temps. 

Le  crag  de  Suflblk  a  fourni  un  autre  rostre  de  Ziphius  que  M.  Huxley  a  décrit  comme  différent  de  ceux 
observés  par  M.  Owen,  lesquels  sont  conservés  au  Musée  britannique.  C'est  encore  une  forme  allongée 
ii  sus-vomérien  ossifié  et  bien  apparent,  montrant  sur  sa  partie  la  plus  rapprochée  des  narines  [e 
commencement  d'un  sillon  médian. 

On  peut  en  appeler  provisoirement  l'espèce 

Dioplodon  compresscs. 

C'est  eu  effet  le  Belemnoziphius  compressas,  Huxley,  Quarterly  Journ.  geol.  Soc. 
London,  t.  X\,  p.  393,  PI.  xi\,  fig.  a,  b,  c  (7)  et  d. 

(i)  PI.  XXVII,  frj.  17,  sous  le  noni  de  Z.  angulatus  (copie). 

(2)  PI.  XXVII,  fig.  18  copie). 

(3)  PL  XXVII,  fig  15a. 

(1.   PI.  XXVII,  fig.  14  (copie). 
(5)  PI.  XXVll,  fig.  s  (copie). 
6]  il.  XXVII,  fig.  9  et  10. 
(7)  PI.  XXVll,  fig.  13   copie  . 


DES  ZIPHIOIDES  EN  GÉNÉRAL.  42  ï 

Cette  revue  des  Ziphioïdes  terminée,  nous  devons  chercher  à  nous  rendre  compte 
des  caractères  fondamentaux  qui  distinguent  ces  animaux  et  essayer  de  nous  faire 
une  idée  des  affinités  qu'ils  ont  les  uns  avec  les  autres,  de  manière  à  en  établir  la 
classification  sur  des  bases  naturelles  en  tenant  compte  de  leurs  espèces  fossiles 
aussi  bien  que  de  celles  qui  vivent  dans  les  mers  actuelles. 

Les  Ziphiidés  ou  Cétodontes  ziphioïdes,  dont  la  nourriture  consiste  principalement 
en  Céphalopodes,  prennent  place  dans  la  classification  de  cette  grande  division  des 
Cétacés  après  les  Cachalots,  auxquels  ils  se  rattachent  directement  par  l'Hyperoodon, 
espèce  particulière  à  l'hémisphère  boréal,  qui  est  essentiellement  propre  aux  ré- 
gions circumpolaires  de  cet  hémisphère. 

L'Hyperoodon  se  distingue  du  liérardius,  qui  le  représente  dans  les  mers  du 
Sud,  par  la  présence  d'une  seule  paire  de  fortes  dents  existant  à  la  partie  terminale 
de  sa  mâchoire  inférieure,  tandis  que  celui-ci  possède  deux  paires  de  ces  dents. 

La  disposition  dentaire  caractéristique  de  l'Hyperoodon  se  retrouve  chez  le 
Ziphius  cavirostre,  ce  dernier  posséda  en  outre,  de  même  que  l'Hyperoodon  lui- 
même,  des  dents  de  petite  dimension  et  caduques  placées  le  long  de  ses  mâchoires. 

Au  contraire,  chez  le  Mésoplodon,  c'est  une  des  paires  de  dents  appartenant  à 
la  région  intermédiaire  de  la  mâchoire  inférieure  qui  prend  un  développement 
plus  considérable  que  les  autres,  et,  dans  le  Dioplodon,  cette  paire  de  dents  est 
encore  plus  forte;  dans  le  Dolichodon,  elle  remonte  au-dessus  de  la  mâchoire 
supérieure  et  sort  de  la  bouche  comme  une  double  défense. 

Certains  Ziphioïdes  fossiles  paraissent  avoir  aussi  possédé  des  dents  assez 
fortes  et  placées  en  avant  de  la  mâchoire  inférieure,  comme  celles  de  l'Hyperoodon 
et  du  Ziphius  cavirostre;  c'est  en  particulier  ce  qui  avait  lieu  pour  l'Anoplonassa 
propre  aux  dépôts  à  Mastodontes  de  l'Amérique  septentrionale;  mais  il  est  impos- 
sible de  dire  comment  les  Chonéziphius  étaient  caractérisés  sous  ce  rapport. 

La  même  difficulté  se  présente  pour  les  autres  espèces  fossiles,  lesquelles  ont 
plus  d'analogie  avec  les  Dioplodons  et  ont  fourni  les  genres  Bélemnoziphius 
et  Rhinostodes;  aussi  est-ce  principalement  en  considération  de  la  forme  de 
leur  rostre  que  nous  les  plaçons  dans  la  même  division  que  les  Dioplodons 
actuels. 

Les  Chonéziphius  et  les  Dioplodons  fossiles  constituaient  certainement  plusieurs 
espèces  et  leurs  débris,  de  même  que  ceux  de  tous  les  autres  Cétacés  éteints,  se 


424  DES    ZIPHIOIDES    EN   GÉNÉRAL. 

rencontrent  dans  les  dépôts  miocènes  et  pliocènes,  tandis  qu'ils  paraissent  jus- 
qu'à ce  jour  manquer  à  l'éocène. 

Les  Ziphiidés  sont  facilesà  caractériser,  non-seulement  par  l'allongement  de  leur 
rostre  et  la  solidité  qu'il  présente  dans  la  plupart  des  cas,  surtout  lorsque  le  carti- 
lage sus-vomérien  s'y  ossifiait  et  se  soudait  aux  autres  pièces  dont  ce  rostre  est  con- 
stitué, mais  aussi  par  le  grand  développement  de  leurs  os  lacrymaux  qui  restaient 
distincts  à  tous  les  âges.  Leurs  vertèbres  cervicales  sont  en  partie  soudées  entre 
elles  et  l'atlas  entre  dans  de  cette  synostose,  ce  qui  n'a  pas  lieu  chez  le  Cachalot  (I). 

Le  nombre  total  des  vertèbres  est  moindre  que  chez  les  Dauphins  véritables;  leur 
corps  est  plus  allongé  et  leurs  apophyses  épineuses  sont  sensiblement  plus  élevées. 
Les  os  du  bras  et  de  l'avant-bras  sont  assez  longs,  tandis  que  la  main  reste  courte. 

Les  Ziphiidés  sont  cependant  bons  nageurs.  Ce  sont  des  Cétacés  migrateurs 
dont  on  connaît  peu  les  stations,  si  ce  n'est  pour  l'Hyperoodon  qui  vient 
jusque  sur  les  côtes  de  l'Europe  tempérée  et  pour  le  Bérardius  dont  tous  les  exem- 
plaires connus  ont  été  pris  à  la  Nouvelle-Zélande.  Des  Ziphius  ont  été  observés 
dans  des  parages  très-différents  les  uns  des  autres;  on  a  pris  des  Dioplodons  den- 
sirostres  aux  îles  Sechelles  et  sur  les  côtes  de  l'Australie  méridionale;  au  con- 
traire, le  Dioplodon  européen  n'a  été  vu  qu'une  seule  fois,  et  cela  à  l'entrée  de  la 
Manche. 

Les  Chonéziphius  et  les  Dioplodons  fossiles  paraissent  cependant  avoir  visité 
régulièrement  la  mer  sous  laquelle  se  sont  déposés  les  terrains  de  crag,  soit  dans 
le  Suffolk,  soit  à  Anvers,  et  les  débris  qu'on  en  trouve  montrent  qu'ils  y  étaient 
assez  nombreux. 

M.  Leidy  nous  communique  qu'il  va  prochainement  publier  une  espèce  de 
cette  catégorie  dont  on  a  découvert  un  rostre  fossile  dans  la  région  de  l'Ashley 
Hiver  (Caroline  du  Sud). 

(1;  D'après  une  observation  de  M.  Van  lîencden,  l'atlas  reste  également  séparé  des  autres  cervicales 
dans  le  Placoziphius  Duboisii  (PI.  XXVIII,  fnj.  12). 


DES    DELPÏIINORIIYNQUES 

ENVISAGÉS   DANS   LEURS   DIFFÉRENTS   GENRES,  SOIT   VIVANTS, 


SOIT   FOSSILES. 


Dans  la  classification  des  Dauphins,  que  de  Blainville  a  fournie  à  Desmaresl  pour 
la  rédaction  de  l'article  qu'il  a  consacré  à  ces  animaux,  article  dont  nous  avons  déjà 
parlé  a  propos  des  Ilétérodonles(-I),  figure  au  premier  rang  comme  «  sons-genre» 
le  groupe  des  Delphinorhynques  (2),  dans  lequel  le  célèbre  naturaliste  ne  men- 
tionne que  quatre  espèces,  savoir  :  le  Dauphin  de  Geoffroy  (Delphinus  geoffrensis, 
Hlainv.),  qui  est  devenu  le  genre  Inia;  le  Dauphin  couronné  (Delphinus  coronatus, 
lYéminville),  espèce  restée  douteuse;  le  Dauphin  de  Shaw  (Delphims  schawensis, 
Hlainv.),  qui  est  le  Plataniste  du  Gange,  et  le  Dauphin  de  Pernetty  [Delphinus  per- 
nettensis,  Blainv.),  dont  l'auteur  dit  qu'il  n'appartient  peut-être  pas  à  cette  caté- 
gorie. En  rédigeant  sa  Mammalogie,  Desmarest  n'a  apporté  d'autre  changement  à 
cette  énumération  que  de  rendre  au  Dauphin  de  Shaw  sa  véritable  dénomination,  et 
il  l'a  appelé  Delphinus  gangelicus  (5);  mais  on  ne  sait  pas  encore  ce  que  sont  les 
Delphinus  coronatus  et  pemellensis  ;  d'où  il  résulterait  que  la  division  des  Delphino- 
rhynques se  réduirait  à  deux  espèces  seulement,  aujourd'hui  types  des  deux  genres 
bien  distincts  des  Inia  et  des  Plalanista,  si  plus  récemment  un  autre  genre  de  Del- 
phinorhynques n'avait  été  trouvé  à  l'embouchure  de  la  Plala.  J'ai  appelé  ce  der- 
nier du  nom  de  Slenodelphis,  nom  auquel  M.  Gray  a  substitué  celui  de  Ponto- 
poria,  généralement  adopté  depuis.  L'espèce- type  de  ce  troisième  genre  avait 
d'abord  été  décrite  par  moi  sous  le  nom  de  Delphinus  Blainvillei  (4). 

(I)  V.  355. 

[1]  Non, -nui  Dictionnaire  d'Hist.  nat.,  t.  IX,  p.  1 B1  ;  1817. 

.'!)  Mammalogie,  p.  512. 

(4)  Bull.  Soc.  philom.  Paris,  18U,  p.  38, 

54 


426  (iEIS'RE  SQUALODON. 

Mais  il  s'en  faut  de  beaucoup  que  ces  trois  genres  de  flétodontes  soient  les 
seuls  dont  se  compose,  dans  l'état  actuel  de  la  science,  la  famille  des  Delphino- 
rhynques.  L'étude  des  fossiles  a  fait  connaître  un  certain  nombre  d'animaux 
plus  ou  moins  rapprochés,  par  leurs  caractères,  des  Delphinorhynques  exis- 
tants, et  qui  ont  comme  eux  le  rostre  allongé  et  garni  de  dents  nombreuses.  Un 
autre  caractère  de  ces  Cétodontes  est  d'avoir  les  vertèbres  du  cou  séparées  les  unes 
des  autres;  leurs  vertèbres  dorso-lombaires  sont  habituellement  moins  nom- 
breuses que  celles  des  Dauphins  ordinaires  et  le  corps  de  ces  vertèbres,  ainsi  que 
des  coecygiennes,  est  plus  allongé  que  cela  n'a  lieu  chez  les  Dauphins  proprement 
dits. 

Nous  commencerons  l'étude  des  Delphinorhynques  ou  Delphinorhynchidés,  par 
celle  des  Squalodons?  animaux  qui  s'éloignent  le  plus  des  autres  genres  du  même 
groupe  par  la  diversité  de  forme  de  leurs  dents.  Ce  genre  n'est  connu  qu'à  l'étal 
fossile.  Des  débris  ont  été  recueillis  en  Europe,  dans  l'Amérique  septentrionale 
e(,  assure-t-on,  dans  les  dépôts  marins  supérieurs  de  l'Australie. 


GENRE   SQUALODON. 

Si  nous  faisons  abstraction  des  dents  de  Phocodon  provenant  de  la  molasse 
marine  de  Malte,  dont  Scilla  a  le  premier  parlé,  c'est  en  France  que  l'on  a  d'abord 
recueilli  des  restes  du  Squalodon,  et  le  nom  que  porte  ce  genre  lui  a  été  donné 
par  un  auteur  français,  Grateloup,  savant  conchyliologiste  de  Bordeaux,  auquel 
on  doit  un  ouvrage  sur  les  Mollusques  fossiles  du  bassin  de  la  Gironde.  Il  en  avait 
reçu  un  fragment  de  mâchoire  supérieure  (1)  do  Léognan,  localité  devenue  célèbre 
par  la  variété  des  espèces  que  l'on  y  rencontre.  Mais  bien  que  ce  fragment  fût  encore 
pourvu  de  quatre  dents  implantées  dans  des  alvéoles  du  maxillaire  supérieur;  bien 
qu'il  y  restât  aussi  dans  la  partie  antérieure  les  alvéoles  de  six  autres  de  ces 
organes  et  que  le  fragment  observé  indiquât  un  animal  à  rostre  allongé,  pourvu  de 
longs  maxillaires  et  de  longs  inlermaxillaires,  à  ouvertures  nasales  rejetées  en 
arrière  du  palais,  placées  à  la  base  postérieure  du  rostre  et  dilatées  dans  leur 

i    PL  XXVIII,  fig.  1 


CARACTÈRES    GENERAUX.  427 

partie  pharyngienne,  ce  qui  ne  pouvait  se  rencontrer  que  chez  un  animal  du  même 
groupe  que  les  Dauphins,  l'auteur  de  cette  intéressante  découverte  rapporta  l'espèce 
dont  provenait  la  pièce  décrite  par  lui  à  un  grand  reptile  de  la  division  des  Sau- 
riens qu'on  a  appelés,  depuis  lors,  les  Dinosauriens,  et  il  en  fit  un  genre  particu- 
lier sous  le  nom  de  Squalodon  (I). 

La  forme  crénelée  des  dents  avait  surtout  contribué  à  induire  Grateloup  en 
erreur.  Cependant  il  ne  s'était  pas  arrêté  sans  quelque  hésitation  à  ce  résultat.  Il 
dit  en  effet  qu'il  regarde  l'animal  signalé  par  lui  «  comme  un  carnassier  marin 
pouvant  peut-être  former  le  passage  des  Sauriens  [Lacertiens)  avec  les  Squales  », 
et  il  ajoute  :  «  C'est  pour  cela  que  je  propose  de  lui  donner  le  nom  de  Squalodon.  » 

Toutefois  la  méprise  commise  par  Grateloup  ne  tarda  pas  à  être  rectifiée. 
En  passant  à  Bordeaux  peu  de  temps  après  la  publication  du  travail  dans  le- 
quel le  Squalodon  venait  d'être  décrit,  M.  Van  Beneden  eut  l'occasion  de  voir 
la  pièce  même  sur  laquelle  reposait  ce  nouveau  genre,  et  il  en  reconnut  immé- 
diatement la  ressemblance  avec  la  partie  correspondante  de  la  tète  des  Dau- 
phins. C'est  ce  dont  il  fit  part  à  de  Blainville,  qui  corrigeait  alors  les  épreuves 
du  fascicule  de  son  Ostéographie  consacré  aux  Phoques.  De  Blainville  admit 
l'opinion  de  M.  Van  Beneden;  en  même  temps,  il  consigna  la  remarque  que 
je  lui  avais  soumise  relativement  aux  rapports  que  semble  avoir  le  Squalodon 
avec  le  fossile  déjà  figuré  par  Scilla  en  4  7'<7,  et  dont  L.  Agassiz  venait  de 
former  un  genre  à  part  sous  le  nom  de  Phocodon  (2);  remarque  que  beaucoup 
d'auteurs  ont  acceptée  comme  fondée.  Cependant  nous  montrerons  que  le  Pho- 
codon est  probablement  différent  du  Squalodon  comme  genre. 

Quant  au  Squalodon  même,  sa  synonymie  est  des  plus  compliquées,  attendu 
que  la  plupart  des  débris  qui  en  ont  été  recueillis  postérieurement  à  la  publication  du 
Mémoire  de  Grateloup,  ont  servi  à  l'établissement  d'espèces  nouvelles,  sinon  de 
genres  nouveaux;  ce  qui  tient  à  la  singularité  des  caractères  de  ce  genre  de  Cétacés 
tout  autant  peut-être  qu'à  l'habitude  propre  aux  paléontologistes  qui  s'occupent 
des  animaux  supérieurs,  de  baser  des  distinctions  de  celte  valeur  sur  l'observa- 


[1]  Grateloup,  Description  d'un  fragment  de  mâchoire  fossile  d'un  genre  nouveau  de  reptiles  (Sauriens  , 
dr  taille  gigantesque,  trouvé  dans  le  grès  marin  à  Léognan,  pris  Bordeaux  (Gironde1.  Actes  de  VAcad.  des 
se,  belles-lettres  et  arts  de  Bordeaux,  1840,  p.  201.) 

2)  Blainv.,  Ostéogr.,  g.  Phoca,  p.  51. 


428  GENRE  SQUALODON. 

(ion  de  parties  différentes  du  squelette  qui  peuvent  cependant  provenir  d'une 
même  espèce.  C'est  ce  qui  s'est  trouvé  être  le  cas,  du  moins  en  grande  partie,  pour 
le  Squalodon  et  les  prétendus  genres  établis  sur  des  pièces  lui  appartenant  qu'on 
avait  jugé  d'abord  en  être  distincts;  leurs  caractères  semblent  bien  différents  et 
paraissent,  pour  ainsi  dire,  si  contradictoires  qu'on  se  croit  autorisé  à  admettre 
qu'ils  ne  sauraient  se  trouver  réunis  sur  un  même  animal;  et  en  effet,  il  est  sou- 
vent difOcile  de  supposer  a  priori  qu'il  en  sera  ainsi  puisqu'on  ne  les  a  encore 
rencontrés  dans  aucune  espèce  du  même  groupe. 

Ce  sont  surtout  les  dents  qui  ont  conduit  à  cet  égard  à  des  résultats  singuliers, 
et  en  effet,  comment  supposer,  avant  d'en  avoir  obtenu  la  démonstration,  que 
les  longues  dents  caniniformes  qui  terminent  les  mâchoires  du  Squalodon,  les  dents 
uniradiculées  et  en  cône  incurvé,  qui  viennent  immédiatement  après  et  surtout  les 
dents  suivantes,  toutes  en  forme  d'arrière-molaires  et  à  couronne  plus  ou  moins 
épaisse,  à  bords  crénelés,  à  racines  doubles  ou  même  parfois  triples,  seraient  les 
dents  d'un  même  animal  et  que  cet  animal  appartiendrait  aux  Cétodontes,  Thalas- 
sothériens  à  dents  presque  semblables  entre  elles  et  toujours  uniradiculées?  La 
dentition  du  Plataniste  elle-même,  si  compliquée  qu'elle  paraisse  quand  on 
l'observe  dans  ses  détails,  principalement  chez  l'exemplaire  décrit  par  Everad 
Home  (i),  ne  pouvait  donner  l'idée  d'une  semblable  diversité. 

Après  l'identification  des  parties  dentaires  du  Squalodon  et  la  restauration  bien 
imparfaite  encore  de  quelques  parties  du  squelette  du  même  animal,  il  restait  à 
décider  de  la  place  que  ce  singulier  genre  mérite  d'occuper  dans  la  classification. 
Qu'il  ne  doive  pas  être  rangé  parmi  les  Reptiles  dinosauriens,  ceia  ne  fait  au- 
cun doute;  mais  fallait-il  l'associer  aux  Cétacés  delphinoïdes ,  comme  M.  Van 
lieneden  avait  d'abord  proposé  de  le  faire,  ou  était-il  préférable  de  le  réunir,  comme 
voulait  J.  Muller  (3),  au  Zeuglodon  qui  est  un  Thalassothérien  gigantesque  propre 
aux  terrains  éocènes  des  États-Unis?  C'est  une  question  à  propos  de  laquelle  plu- 
sieurs auteurs  ont  hésité,,  et  M.  Van  Beneden  lui-même,  après  avoir  émis  la  pre- 
mière de  ces  opinions  et  fait  du  Squalodon  un  Delphinidé,  a  cru  devoir  se  rendre 
à  la  seconde.  Mais  le  Zeuglodon  dont  llarlan  avait  aussi  fait  d'abord  un  genre  de 

(1)  Phil.  Tram.,  1818,  p.  117,  PI.  XX. 

(2)  PI.  XXXI,  y/7,  1. 

(3)  Uber  die  fossilen  reste  des  Zeuglodonten  von  Nordamerica  ;  in-i'ol..  Berlin,  1849. 


SYNONYMIE.  439 

grands  reptiles  sous  le  nom  de  Basilosaurus  (1)  a  été  reconnu  pour  un  mammi- 
fère par  M.  Owen  (2)  et  rapproché  tantôt  des  Cétacés,  tantôt  des  Sirénides  ou  des 
Phoques.  C'est  ce  dernier  mode  de  classification  qui  paraît  devoir  être  préféré  (3); 
mais  le  Squalodon  me  semble  n'avoir  rien  de  commun  avec  le  Zeuglodon.  J'ai 
toujours  pensé  que  c'était  réellement  un  Cétacé,  et  ses  dents  prouvent  qu'il  faut  le 
réunir  aux  Cétodontes;  j'ai  fait  remarquer  également  qu'il  se  rapproche  surtout 
des  Inias,  ainsi  que  des  autres  Platanistidés,  c'est-à-dire  des  DeIphinorhynqu.es 
tels  que  nous  allons  les  décrire.  Les  observations  qu'on  trouvera  réunies  dans  ce 
chapitre  donneront,  je  l'espère,  une  nouvelle  force  à  cette  manière  de  voir. 

Synonymie. — Mais  c'est  de  la  synonymie  des  Squalodons  que  nous  devons  premiè- 
rement nous  occuper,  et  je  suis  d'autant  plus  intéressé  à  l'établir  aussi  exactement 
que  possible,  que  n'ayant  pas  saisi  tout  d'abord  la  disposition  entièrement  spéciale 
du  système  dentaire  de  ces  singuliers  Cétodontes,  j'ai  peut-être  plus  qu'aucun  aulre 
naturaliste  contribué  à  accroître  le  nombre  des  genres  faisant  double  emploi  avec 
celui  proposé  par  Grateloup  qui  ont  été  successivement  établis  et,  par  suite,  à  mul- 
tiplier celui  des  espèces  fictives  auxquelles  les  restes  connus  des  mêmes  animaux 
ont  donné  lieu.  Les  rectifications  que  j'ai  proposées  à  cet  égard  ont  d'ailleurs  é(é 
acceptées  par  les  savants  qui  se  sont  occupés,  depuis  lors,  du  même  sujet;  mais 
en  citant  les  erreurs  que  j'avais  commises  à  propros  des  Squalodons  et  en  acceptant, 
d'après  mes  nouvelles  indications,  la  synonymie  de  ces  animaux,  plusieurs  des 
savants  qui  ont  abordé  cette  question  ont  omis  de  rappeler  que  les  rectifications 
qu'ils  reproduisent  se  trouvent,  tout  aussi  bien  que  les  erreurs  qui  ont  nécessité  ces 
rectifications,  dans  les  publications  que  j'ai  successivement  consacrées  au  même 
genre.  Elles  sont  en  partie  consignées  dans  une  lettre  adressée  par  moi  à  M.  Van 
Benedcn,  en  1862  (4),  et  dont  voici  un  extrait  : 

«  Nous  pouvons  affirmer  que  les  genres  nommés  Squalodon,  Delphinoïdes,  Crenidelphinus,  Phocodonlb) 
et Rhizoprion,  ne  doivent  pas  être  séparés  et  que,  probablement,  il  faut  aussi  réunir  au  Squalodon  le  pré- 
tendu Phoque  signalé  à  Léognan  et  la  mâchoire  inférieure  du  même  terrain  que  j'avais  à  tort  regardée 
comme  élan  t  de  Champsodelphis.  Hâtons-nous  de  dire  que  ces  fossiles  ne  sont  pas  les  seuls  dont  la  séparation 
générique  est  aujourd'hui  contestable;  et,  pour  ma  part,  je  ne  serais  pas  très-surpris  que  l'on  dût  ésale- 


(lj  Physical  and  médical  Rescarches,  p.  349,  PI.  XXVI  il  XXVIII;  1835. 
i2)  Proceed.  geol.  Soc.  London,  t.  III,  p.  24. 

(3)  P.  Gerv.,  Journ.  de  Zoologie,  t.  III,  p.  581,  PI.  XIX,  jig.  7;  1874. 

(4)  Bull.  Acad.  r.  Drlgique,  2e  série,  t.  XIII,  p.  469. 

(5)  Voir  plus  loin  l'exposé  de  ce  que  l'on  doit  actuellement  penser  du  Phocodon. 


430  GENRE  SQUALODON. 

ment  voir  une  pièce  appartenanl  aux  Squalodons,  peut-être  la  deuxième  dent  inférieure  de  ce  genre,  dans 
la  dent  que  j'ai  signalée  autrefois,  sous  le  nom  provisoire  de  Smilocamptus,  n'ayant  pu  à  celte  époque 
lui  trouver  quelque  ressemblance  qu'avec  le  fossile  américain,  aujourd'hui  assimilé  aux  Zeuglodons,  dont 
M.  Gibbes  a  fait  son  genre  Dorudon. 

«  l.e  fragment  de  rostre  du  Squalodon  de  lîarie,  que  m'a  remis  M.  Matheron,  me  permet  aussi  d'entre- 
voir comme  possible  une  autre  rectification.  J'ai  donné,  comme  pouvant  faire  soupçonner  un  animal  du 
groupe  des  Otaries,  une  dent  caniniforme  trouvée  dans  la  molasse  d'Uzès  (Gard  ,  et  j'en  ai  reproduit  la 
ligure  dans  la  PI.  VIII  de  mon  ouvrage.  Cette  dent  a  bien  quelque  analogie  avec  la  canine  inférieure  du 
genre  de  Phoques  que  je  viens  de  citer;  mais  en  en  comparant  le  dessin  avec  les  dénis  antérieures  du 
Squalodon  de  Barie,  je  suis  porté  a  me  demander  si  elle  ne  provient  pas  aussi  d'un  animal  de  cette  espèce, 
ou  du  moins  d'un  Cétacé  peu  différent.  Dans  tous  les  cas,  on  ne  devra  plus  citer  qu'avec  une  extrême 
réserve  les  Otaries  comme  avant  été  représentées  parmi  les  animaux  de  l'époque  miocène. 

«  Si  les  rapprochements  que  j'ai  indiqués  dans  cette  lettre  se  vérifient,  le  nombre  des  gisements  du 
genre  Squalodon  déjà  observés,  devra  être  regardé  comme  plus  considérable  qu'on  ne  le  pensait.  En 
même  temps,  plusieurs  des  espèces  inscrites  sur  la  liste  de  nos  Thalassothériens  miocènes  devraient  rire 
rayées  de  cette  liste.  Le  genre  qui  nous  occupe  serait,  en  outre,  une  nouvelle  preuve  des  difficultés  que 
l'on  renconlre  dans  l'appréciation  exacte  des  fossiles  isolés,  lorsque  ces  fossiles  ont  été  laissés  par  dis 
animaux  ayant  réuni  un  ensemble  de  caractères  différents  de  ceux  que  nous  montrent  les  espèces  actuelles 
auxquelles  nous  pouvons  les  comparer.  M.  de  Christol  en  avait  donné  un  exemple  dans  ses  recherches 
sur  le  genre  Malitherium,  cl  j'en  ai  signalé  moi-même  un  autre,  non  moins  curieux,  pour  les  reptiles  du 
trias,  auxquels  on  donne  maintenant  le  nom  de  Simosauriens.  Dans  ces  deux  cas,  et  dans  d'aulres  encore, 
des  pièces  appartenant  a  la  même  espèce  ou  à  des  espèces  très-voisines,  ont,  à  cause  de  la  singularité 
même  des  animaux  auxquels  elles  avaient  appartenu,  été  regardées  comme  signalant  des  espèces  diffé- 
rentes, qu'on  a  classées  dans  des  genres  très-éloignés  les  uns  des  autres,  et  dont  il  a  été  ensuite  très- 
difficile  d'établir  le  rapprochement.  Des  squelettes  entiers  ou  des  parlies  considérables  de  squelettes  ont 
seules  permis  d'arriver  à  ce  résultat.  » 

Une  énumération  des  pièces  appartenant  au  Squalodon,  qui  ont  été  recueillies 
dans  les  différents  gisements,  accompagnée  de  la  mention  des  publications 
auxquelles  elles  ont  donné  lieu,  servira  de  complément  à  la  citation  qu'on  vient 
de  lire;  j'indiquerai  d'abord  celles  qui  ont  été  découvertes  en  France. 

I.  Squalodons  signalés  en  France. 

A.  Bassin  tic  la  Gironde.  —  Diverses  dents,  des  fragments  considérables  de 
mâchoires  et  quelques  os  provenanl  du  l'alun  de  Léognan  (Gironde),  qui  sont  de 
Squalodon,  ont  été  généralement  attribués  à  une  même  espèce  de  ce  genre  (I),  le 
Squalodon  Gratelowpi.  Tels  sont  : 

-1°  La  partie  d'un  crâne  décrite  par  Grateloup  (2),  comme  type  de  l'espèce  et 
dont  nous  reproduisons  la  figure  dans  noire  Allas  (5); 


I)  Laurillard  [Dict.  univ.  d'Hist.  nat,,  p.  636)  a  changé  le  nom  de  Squalodon  en  celui  de  Crenidel- 
phinus,  el  M.  Pedroni   dclet  Soc.  linn.  de  Bordeaux,  l.  XVI,  p.  10.r>;  1845)  en  celui  de  Delphino'ides. 

(2)  Lui"  citato. 

3     PI.  XXVIII.  //.y.  i. 


ESPÈCES  ET  GISEMENTS    DIVERS.  iîl 

2°  Différentes  pièces,  signalées  par  M.  Delfortrie,  qui  ont  donné  lieu  aux 
Notices  suivantes  : 

a)  Ossements  entaillés  et  striés  du  miocène  aquitanien  (Actes  Soc  linn.  Bordeaux, 
t.  XXVII,  p.  261,  PI.  XIV;  4869).  Il  est  question,  dans  cette  Note,  de  côtes  ou 
fragments  de  côtes,  que  l'auteur  attribue  au  Squalodon  et  qu'il  suppose  avoir  été 
striés  par  les  dents  du  Sargus  serratus. 

(>)  Description  d'une  nouvelle  mâchoire  inférieure  de  Squalodon  Gfateloupi,  dans 
les  grès  marins  de  Léognan  (  ides  Soc.  linn.  Bordeaux,  t.  XXVII,  p.  -1 55,  PI.  V;  4  869). 
La  partie  conservée  de  cette  mâchoire  est  longue  de  0,75;  elle  est  pourvue  de  six 
alvéoles  représentant  six  des  dents  de  la  région  moyenne  dont  les  racines  étaient 
ovalaires  et  en  arrière  desquelles  sont  six  dents  en  place  répondant  aux  six  avant- 
dernières;  celles-ci  ont  leur  racine  didyme  et  leur  couronne  festonnée;  elles  sont 
suivies  du  dernier  alvéole  qui  est,  comme  les  leurs,  allongé  et  un  peu  étranglé 
dans  son  milieu.  La  planche  jointe  à  cette  Note  donne  aussi  la  figure  de  deux  dents 
caniniformes  ou  dents  de  la  partie  antérieure  des  mâchoires,  qui  ont  été  trouvées 
dans  le  même  gisement  que  la  pièce  dont  il  vient  d'être  question  et  à  peu  de 
distance. 

c)  Note  sur  quelques  ossements  de  Cétacés  de  Léognan  (Actes  Soc.  linn.  Bordeaux, 
t.  XXVIII,  p.  372,  PI.  XXIII  et  XXIV;  1872).  Dans  cette  Note,  qui  lui  est  commune 
avec  M.  P.Fischer,  M.  Delfortrie  donne  la  description  et  la  figure  d'une  pièce  anté- 
rieure de  sternum  (I),  ainsi  que  celle  d'une  vertèbre  appartenant  à  la  partie 
moyenne  de  la  région  dorsale  (2).  MM.  Delfortrie  et  Fischer  acceptent  l'opinion, 
émise  par  moi,  que  le  Squalodon  avait  des  affinités  avec  les  Platanistidés. 

d)  Lne  autre  moitié  de  mâchoire  inférieure  de  Squalodon  à  peu  près  complète, 
trouvée  par  M.  Delfortrie  à  Léognan,  a  été  signalée  par  M.  Fischer  (5).  Celte  pièce 
fait  partie  de  la  belle  collection  de  M.  Delfortrie,  et  elle  a  été  moulée  par  ses  soins. 
Ce  savant  paléontologiste  a  bien  voulu  m'en  envoyer  un  exemplaire,  dont  on  trou- 
vera la  figure  dans  l'Atlas  de  cet  ouvrage  (4). 

e)  En  lui  comparant  ainsi  qu'à  la  figure  de  celle  précédemment  citée,  la  derai- 


(1)  AcIesSoc.  linn.  Bordeaux,  t.  XXVII,  p.  12,  PI.  II,  fig.  3;  1869. 

(2)  PI.  XXVIII,  fig.  7. 

(3)  PI.  XXVIII,  Jig.  6. 

(4)  PI.  XXVIII,  fig.  i  et  4a. 


432  GENRE    SQLALODON. 

mâchoire  provenant  également  du  grès  de  Léognan,  que  j'ai  décrite  sous  le  nom 
de  Champsodelphis  macrogenius  (1),  je  trouve  une  incontestable  ressemblance  dans 
la  forme  et  dans  l'apparence  générale;  pourtant  quelques  détails,  principalement 
en  ce  qui  concerne  les  alvéoles,  ne  sont  pas  les  mêmes.  Cependant  je  crois  devoir 
rapporter  cette  pièce  au  même  genre  que  les  précédentes,  et  une  semblable 
manière  de  voir  avait  été  antérieurement  émise  par  feu  ML  Pedroni  (2). 

Il  me  semble  qu'on  peut  en  dire  autant  de  la  pièce  analogue,  provenant  du 
même  lieu,  mais  moins  bien  conservée,  que  j'ai  signalée  sous  le  nom  de  Champso- 
delphis Bordée  (5).  On  ne  saurait  toutefois  se  dissimuler  qu'elle  présente  des 
différences  réelles  dans  la  forme  et  dans  la  disposition  des  alvéoles. 

M.  Pedroni  avait  antérieurement  parlé  de  ces  pièces  sous  le  nom  générique  de 
Delph  inoides  Grateloupi. 

Une  remarque  de  M.  Valenciennes  doit  être  rappelée  ici.  Dans  une  Note,  publiée 
en  ^1862(4),  il  a  combattu  avec  raison  l'attribution  au  genre  Champsodelphis  du 
maxillaire  inférieur  signalé  par  M.  Pedroni  dont  il  vient  d'être  parlé. 

/')  Léognan  n'est  pas  la  seule  localité  du  bassin  de  la  Gironde  qui  ail  fourni  des 
dénis  du  Squalodon.  Avant  d'avoir  observé  les  dents  antérieures  de  ce  Cétacé, 
j'avais  signalé  comme  ne  pouvant  être  rapporté  qu'à  un  genre  inconnu  une  dent 
cultrif'orme,  trouvée  par  feu  le  1>.  Burguet,  directeur  du  Musée  de  Bordeaux,  dans 
le  falun  de  Salele.  Tout  en  la  comparant  aux  dents  antérieures  du  Basilosaure  ou 
Zeuglodon,  ainsi  qu'a  cellesdu  Dorudon  de  M.  Gibbes,  je  proposais  d'appeler Smilo- 
camptus  Burgueti  (5)  l'animal  supposé  inconnu  que  cette  dent  indiquait,  mais  en 
ajoutant  que  celle  classification  était  tout  à  fait  provisoire. 

Nous  avons  plus  récemment  reçu  comme  recueillie  aux  environs  de  Bordeaux, 
mais  sans  désignation  précise  de  localité  (6),  une  demi-mâchoire  supérieure 
presque  entière  de  la  taille  de  celle  décrite  par  Grateloup,  dont  les  alvéoles  auraient 
plus  d'analogie  avec  ceux  du  maxillaire  inférieur  signalé  par  AI.  Pedroni.  Ils  sont 


l;  Zool.et  l'ai.  //•..  |i.  311,  PI.  Xl.l.. //.</.  7.  — Atlas,  pi.  XXVIII,  A//.  2. 
(2)  Jetés  Soc.  linn.  Bordeaux.  I.  XIV.  p.  107. 

I-  '     p    IU,     /■  7.       Allas,  l'I    XXVIII.  ft,,.  2. 

(4)  Compf.  n  nd.  lu  '</.,  Acad.  se.  Paris,  l    I.IV,  p.  788. 
(S    Compt.  rendus  hebd.,  I.  XXVIII,  p.  645.  -   Zool.  el  Pal.fr.,  p.  319. 
(6)  Peut-être  cette  pièce  csl  elle  de  Léognan. 


ESPÈCES  ET  GISEMENTS   DIVERS.  i.j! 

séparés  pour  chaque  racine  et  sub-arrondis;  les  deux  ou  trois  derniers  sont  sensi- 
blement moins  profonds  que  les  autres. 

Je  puis  citer  une  autre  localité  propre  au  département  de  la  Gironde. 

Deux  dents  de  Squalodon,  l'une  antérieure,  l'autre  de  la  partie  moyenne  des 
mâchoires,  à  couronne  non  encore  crénelée  mais  finement  serratiforme  à  ses 
bords  (I),  m'ont  été  communiquées  par  M.  Tournouër,  comme  provenant  de  Saint- 
Métlard-en-Jalle,  localité  située  près  de  Bordeaux. 

L'antérieure  (fi g.  a)  ressemble  à  celle  de  ÏArionius  servatus,  qui  est  représentée 
sous  le  n°  25  dans  notre  PI.  XXVIII;  elle  a  aussi  une  grande  analogie  avec  celle 
que  j'ai  signalée  sous  le  nom  de  Smilocamptus;  l'intermédiaire  (fig.  b  et  b')  n'offre 


Squalodon  :  dents  recueillies  à  Saint-Médard-en-Jalli'  (1). 

qu'un  faible  indice  de  la  division  de  sa  racine  en  deux  parties.  Les  ligures  que  je 
reproduis  ici  sont  les  mêmes  que  j'ai  déjà  publiées  dans  un  autre  ouvrage  (2). 

D.  —  Bassin  du  Rhône.  Nous  trouvons  des  fossiles  analogues  à  ceux  dont  il 
vient  d'être  question  dans  plusieurs  localités  situées  dans  le  bassin  de  ce  fleuve  ou 
que  son  lit  a  entamées.  Les  dépôts  qui  les  renferment  remontent,  comme  les  pré- 
cédents, au  miocène  moyen,  et  font  en  général  partie  de  ceux  auxquels  les  géo- 
logues de  cette  contrée  donnent  le  nom  de  molasse  marine. 

Les  gisements  de  Squalodon  que  l'on  a  dès  à  présent  constatés  dans  le  midi  de 
la  France  sont  plus  nombreux  que  ceux  du  bassin  de  la  Gironde.  Le  premier  que 
l'on  ait  reconnu  est  celui  de  Saint-Jean-de-\  édas,  localité  située  à  l'ouest  de  Mont- 
pellier, dont  la  molasse  marine  m'a  fourni  deux  dents  :  l'une  en  pyramide  relevée 


;i    a,  Dent  antérieure.  —  b,  dent  intermédiaire,  vue  en  dehors;  b',  la  même,  vue  par  sa  face  interne. 
(2)  Zool.  et  l'ai,  gén.,  p.  !77,.Av  '  l  <'l  15. 


434  GENRE    SQUALODON. 

et  un  peu  incurvée  ayant  ses  cinq  dentelons  visibles  sur  le  bord  postérieur  de  la 
couronne,  ceux  du  bord  antérieur,  au  contraire,  usés,  ce  qui  laisse  apparaître 
une  rainure  un  peu  excavée,  étendue  le  long  de  remplacement  qu'ils  occupaient. 
Comme  je  l'ai  signalé,  la  racine  de  cette  dent  a  été  brisée,  mais  il  est  facile  de 
voir  qu'elle  se  partageait  en  trois  pointes  et  que  la  dent  elle-même  était  tiradi- 
culée.  C'est  ce -qui  a  conduit  M.  Yau  Beneden  à  prendre  la  pièce  dont  il  s'agit 
pour  type  d'une  espèce  à  laquelle  il  a  donné  le  nom  de  Squalodon  Gervaisii;  je 
l'avais  précédemment  attribuée  au  Squalodon  Gratcloupi  (I).  Cette  dent  fait  partie 
d'une  petite  collection  formée  par  feu  M.  Boucbet  Doumencq,  de  Montpellier, 
dont  j'avais  fait  l'acquisition  en  -1847,  pour  la  Faculté  des  sciences  de  cette  ville. 

L'autre  dent  de  Saint-Jean-de-Védas  dont  la  couronne  dentelée  était  fortement 
comprimée  et  usée,  et  la  racine  au  moins  didyme,  sinon  biradiculée,  a  été  re- 
cueillie par  M.  Paul  Litchlenslcin  et  par  moi  dans  le  même  gisement,  qui  est  riche 
en  dents  de  Squales  et  renferme  aussi  quelques  rares  débris  de  mammifères,  entre 
autres  des  fragments  de  Bbinocéros  (2). 

C'est  encore  à  l'ouest  de  Montpellier,  à  Bregines,  près  de  Béziers,  qu'ont  été 
découvertes  deux  dents  antérieures  de  Squalodon  données  au  Muséum  de  Paris  par 
l'intermédiaire  de  M.  D'Arcbiac. 

11  est  aussi  venu  des  Squalodous  dans  le  petit  golfe  qui  a  déposé,  à  l'est  de 
Montpellier,  les  marnes  et  les  calcaires  dits  de  Castries  et  je  figure  une  dent  de 
cette  localité,  appartenant  à  la  partie  antérieure  des  mâchoires  (5),  qui  provient 
d'un  animal  de  ce  genre.  Elle  a  été  recueillie  dans  cette  localité,  par  M.  le 
1).  Delmas. 

La  dent  caniniforme  ('<),  indiquée  comme  ayant  été  trouvée  dans  le  miocène 
marin  d'Uzès  (Gard)  que  j'ai  vue  au  Musée  d'Avignon,  m'avait  d'abord  semblé 
comparable  aux  canines  de  certaines  Otaries  et  je  l'avais  signalée  sous  le  nom 
à'Otaria? prisca.  Mais  maintenant  que  je  connais  mieux  la  dentition  du  Squalodon, 
je  la  crois  plutôt  l'une  des  dents  antérieures  d'un  animal  de  ce  genre  (S). 

I)  |>.  Gervais,  Zool.  ri  Pal.fr.,  |>.  310,  PI.  XLI,  fig.  î.  —  Sq.  Gervaisii,  Van  Beneden,  Recherches  sur 
[,    Squalodons,  p. 71.  —  Atlas,  PI.  WVlll.  //>/.   12  el  12  a. 

:    P.  Gerv.,  ./"».  se.  nul.,  3'  série,  t.  V,  p.  2us.  -  Zool.  cl  Pal.fr.,  \>.  - î ï < » ,  PI.  XI, I.  fig.  12.  —  Allas 
PI.  XXVIII,  /?.'/•  13  el  i  3  a. 
(3)  PI.  XXVIII.  fig.  11  el  M.', 
l    PI.  XXVlll   fig.  to. 
(5)  Otaria?  p  "    '■  P.  Gerv.,  Zool.  et  Pal.  //..  p.  275,  PI.  VIII,  /';/.  8. 


ESPÈCES  ET  GISEMENTS   DIVERS.  135 

Je  serais  assez  porté  à  penser  que  ce  sont  également  des  restes  de  Squalodon 
qui  ont  donué  lieu  à  la  distinction  du  Stereodelphis  brevidens  signalé  par  Dubrueil 
et  par  moi  (\),  dans  la  molasse  jaune  de  Castries  (Hérault),  d'après  un  fragment 
de  maxillaire  inférieur  et  deux  dents  épaisses  (2),  presque  en  forme  de  ligues 
allongées,  à  couronnes  raccourcies  et  rendues  à  peu  près  hémisphériques  par 
l'usure.  Ce  seraient  alors  des  dents  antérieures  très-usées. 

Un  crâne  presque  entier  de  Squalodon  (5)  a  été  découvert,  il  y  a  assez  longtemps, 
à  Bari,  près  de  Taulignan,  non  loin  de  Saint-Paul-Trois-Châteaux  (Drôrae). 
Cette  belle  pièce,  qui  m'avait  été  signalée  par  Requien,  d'Avignon,  a  été  remise  au 
Musée  de  Lyon  par  M.  le  comte  du  Bord,  propriétaire  des  carrières  où  on  l'avait 
trouvée,  et  feu  M.  Jourdan,  directeur  du  Musée  de  cette  ville  en  a  fait  faire  des 
ligures  de  grandeur  naturelle.  Dans  la  Note  qu'il  lui  a  consacrée  (4),  tout  en  recon- 
naissant bien  qu'elle  appartenait  au  genre  Squalodon,  il  a  changé  ce  nom  en  Rhi- 
zoprion, la  désignation  de  Squalodon  conduisant,  suivant  lui,  à  des  appréciations 

fausses.  Comme  il  a  pensé  que  l'espèce  en  était  différente  du  Squalodon  de  Gra- 
teloup,  il  lui  a  donné  le  nom  de  Rhizoprion  bariensis  rappelant  la  localité  où  le 
crâne  type  de  cette  espèce  a  été  découvert. 

Ce  crâne  conservé  à  Lyon  manquait  malheureusement  d'une  partie  de  son 
rostre,  et  M.  Jourdan  n'a  pu  en  faire  connaître  qu'incomplètement  la  dentition. 
M.  Matheron,  de  Marseille,  dont  tous  les  naturalistes  apprécient  les  beaux  travaux 
relatifs  à  la  géologie  de  la  Provence,  m'a  mis  à  même  de  combler  à  quelques 
égards  cette  lacune  en  me  donnant  l'extrémité  rostrale  encore  pourvue  de  quelques 
dents  du  Rhizoprion  de  Bari  (5);  c'est  ce  qui  m'a  permis  de  faire,  au  sujet  des 
Squalodons,  la  plupart  des  rectifications  dont  j'ai  parlé  plus  haut.  La  pièce  pro- 
venant du  cabinet  de  M.  Matheron  est  décrite  par  moi  dans  une  lettre  à  M.  Van 
Beneden,  et  il  en  a  été  donné  une  figure  lorsque  cette  lettre  a  paru  (6). 

M.  Delfortrie  a  reçu  de  Taulignan  (Drôme)  une  dent  que  nous  devons  rap- 
peler àpropos  du  Rhizoprion  de  Bari.  Elle  est  un  peu  moins  usée  que  la  seconde  de 


(1)  PL  XXVIII,  /hj.  14-16. 

(2)  Delph.  brevidens,   Dubrueil  et  1'.  C.erv.,  Compt.  rend,  hebd.,  PI.  XXVIII,  p.    139;  1849.  —  Stereod. 
brev.,  P.  Gerv.,  Zool.  et  Pal.fr.,  p.  310,  pi,  IX,  fig.  4-7.  —  Allas,  I'I.  XXVIII,  fig.  li-16. 

(3)  PI.  XXV III.  /itj.  8  et  8a. 

(4)  Compt.  rend,  hebd.,  t.  LUI,  p.  959;  1861. 

(5)  PL  XVIII,  fig.  9  et  9  a. 

((>)  Bail.  Acad.  r.  Belgique,  2"  série,  t.  MIL  p.  469  avec  Pi.;  1862. 


436  GENRE   SQUALODON. 

celles  provenant  de  Saint-Jean-de-Védas  que  j'ai  publiées,  mais  ses  deux  racines  sont 
restées  à  peu  près  entières  et  elles  sont  parfaitement  distinctes  l'une  de  l'autre, carac- 
tère que  M.  Van  Beneden  a,  de  son  côté,  observé  sur  une  partie  des  dents  de  Squa- 
lodons  que  l'on  extrait  du  crag  d'Anvers  et  que  les  arrière-dents  trouvées  à  Léognan 
présentent  aussi;  mais  trompé  sans  doute  par  les  altérations  produites  par  l'usure 
dans  les  dentelons  postérieurs  qui  sont  excavés  par  la  disparition  d'une  partie  de 
l'ivoire  que  l'émail  ne  protégeait  plus  suffisamment  et  par  la  formation  en  avant, 
par  suite  de  la  même  cause,  d'une  sorte  de  gouttière  qui  descend  du  sommet 
de  la  dent  jusqu'à  son  collet,  il  y  a  vu  l'indication  d'une  espèce  encore  nouvelle 


Sqnalodon  Yocontiorum. 

à  laquelle  il  a  imposé  le  nom  de  Sqnalodon  Vocontiorum  (1).  Nous  donnons  ici  la 
figure  de  cette  dent  vue  en  avant  (a),  de  profil  (ù)  et  en  arrière  (<■). 

La  molasse  de  Saint-Didier  (Vaucluse),  a  fourni  une  dent  analogue  à  celles  du 
Stéréodelphis  qui  m'a  été  remise  par  M.  Eug.  Llaspail  et  qui  semblerait  indiquer 
un  état  d'usure  également  avancé  (2). 

On  ne  saurait  encore  décider  si  c'est  à  un  Squalodon,  ou  comme  nous  l'avons 
dit  (5)  à  un  Dauphin  voisin  du  Delphimis  Cortesii,  qu'il  faudra  attribuer  un  frag- 
ment de  mâchoire  inférieure  indiquant  une  assez  grosse  espèce  de  Cétodontes 
trouvé  par  M.  Chalande  dans  le  falum  de  Romans  (Drôme).  Quatre  alvéoles 
arrondis  et  séparés  les  uns  des  autres,  mais  qui  paraissent  être  alternativement  plus 
grands  et  plus  petits,  comme  ceux  qui  répondent  aux  arrière-molaires  des  Squalo- 
dons  dont  les  dents  ont  chacune  deux  alvéoles  distincts  se  voient  encore  sur  ce 
fragment.  La  longueur  est  de  0,070,  et  la  hauteur  de  0,0  ï'>.  Dans  le  cas  où  il 


I    Actes  Soc.  limi.  Bordeaux,  1.  XMX,  p.  257,  a\ec  fig, 
[i  Zool.  et  Pal.  franc.,  p.  310.       Atlas,  l'I.  XXVIII.  fig.  17. 
;    Zool.  et  Pal./ra  >>-.,  p.  308 


ESPÈCES  ET  GISEMENTS    DIVERS.  437 

proviendrait  d'un  Squalodon  on  devra  le  rapporter,  à  cause  de  la  disposition  de 
ses  alvéoles,  à  la  forme  que  j'avais  autrefois  réunie  au  Champsodelphis  macrogenius. 

Disons  enfin  qu'une  deut  regardée  comme  étant  du  Squalodon  m'est,  en  outre, 
signalée  comme  trouvée  dans  la  molasse  miocène  des  environs  de  Lyon, 
par  M.  Pascal. 

C.  — Bretagne.  Enfin  je  dois  rappeler,  pour  terminer  la  liste  des  gisements  de 
squalodons  que  je  connais  en  France,  que  M.  Lebesconte,  pharmacien  à  Rennes, 
m'a  communiqué  (I)  une  dent,  appartenant  bien  évidemment  à  ce  genre,  qui 
provient  du  falun  de  Dinan  (Côtes-du-Nord)  (2).  C'est  une  arrière-molaire  bira- 
diculée,  à  couronne  bien  entière  et  dont  ni  la  pointe  ni  les  dentelons  ne  sont 
encore  entamés;  il  y  a  quatre  de  ces  derniers  en  avant  de  la  pointe  et  quatre  en 
arrière. 

II.  Squalodons  signalés  dors  de  France.  —  Si  maintenant  nous  passons  aux 
gisements  signalés  hors  de  France,  nous  en  voyons  plusieurs  qui  appartiennent  à 
différentes  parties  de  l'Europe. 

A.  —  Ainsi,  dans  les  Pays-Bas,  nous  constatons  la  présence  de  débris  assez 
nombreux  qui  provient  du  genre  qui  nous  occupe.  Ils  ont  été  principalement 
observés  par  M.  Van  Beneden  et  font  surtout  partie  du  crag  d'Anvers  (Belgique)  (5). 
11  y  en  a  aussi  dans  les  pays  de  Gueldre  et  d'Elsoo  (Hollande). 

Les  restes  du  Squalodon,  trouvés  à  Anvers,  qui  ont  été  étudiés  par  M.  Van  Be- 
neden,  sont  nombreux  et  d'une  grande  importance  pour  l'histoire  de  ce  genre  ;  on 
y  remarque  une  grande  partie  de  crâne  et  une  série  dentaire  presque  complète. 
La  description  détaillée  en  a  été  donnée  par  mon  savant  collaborateur,  dans  le 
Mémoire  que  j'ai  déjà  cité.  L'ensemble  des  pièces  osseuses  présente  une  confor- 
mation peu  différente  de  celle  qui  caractérise  les  Delphinidés  et  en  particulier 
couforme  à  celle  du  Squalodon  de  Bari;  quant  aux  dents,  elles  sont  rapportées 
par  l'auteur  à  la  formule  suivante  : 


3.1       11        ,    ,     ,4  av. -mol.    .7  . 

-  i  :  T  c.  —  mol.  dont  ; T  et-  arr.-mol., 


3    '  l    '  1 1  4  av.-mol. 

les  dernières  sont  pourvues  de  deux  racines. 


(1)  P.  Gerv.,  Bull.  Soc.  géol.  France,  2e  série,  t.  XXVII,  p.  702. 

(2)  PI.  XXVIII. //#.  19. 

(3)  Van  Beneden,  Recherches  sur  les  Squalodons,  in-4°,  avec  3  PI.  [Mèm.  Acad.  r.  de  Belgique,  t.  XXX 
1865    —  /(/.,  Supplément  au  Mémoire  précédent,  avec  une  PI.  llbid.  t.  XXXVII;  1868.)' 


4:;8  C.ENRE   SQUALODON. 

M.  Jourdan  supposait  l'existence  chez  le  Squalodou  de  Bari  de  24  à  26  paires 

de  dents  uniradiculées  à  chaque  mâchoire  et  de  -  paires  d'arrière-molaires;  mais 

l'état  du  rostre,  dans  la  tête  qu'il  a  décrite,  ne  permettait  aucune  détermination 
précise  à  cet  égard. 

M.  Van  Beneden  regarde  les  Squalodons  qu'on  a  trouvés,  h  Auvers  (I  ),  comme  con- 
stituant une  espèce  différente  de  celles  qu'on  avait  précédemment  observées;  il 
lui  donne  le  nom  de  Squalodon  antverpiensis  (2). 

C'est  aux  environs  d'Eibergen  ,  dans  le  pays  de  Gueldre,  que  les  débris  de 
Squalodons  propres  à  la  Hollande  ont  été  rencontrés  en  partie.  Ils  ont  été  décrits 
par  M.  Staring  (5),  et  ensuite  signalés  à  MM.  Owen  et  Van  Beneden  (4)  par  feu 
M.  Van  Breda. 

B.  —  Angleterre.  D'après  M.  llay-Lancaster,  cité  par  M.  Van  Beneden  (5),  il  s'en 
trouverait  également  dans  le  crag  d'Angleterre.  Mais  je  ne  crois  pas  qu'ils  aient 
encore  été  l'objet  d'une  publication  spéciale. 

C.  —  Autriche.  —  ][  s'en  rencontre  aussi  dans  la  Haute-Autriche.  Ils  ont  été 
découverts  par  M.  Erhlich  à  Lintz,  dans  le  miocène  de  la  vallée  du  Danube,  et  suc- 
cessivement signalés  par  MM.  Klipstein  (6),  Erhlich  (7)  et  Van  Beneden.  Ces  osse- 
ments constituent  le  Squalodon  Erhlichii  de  ce  dernier  naturaliste  (8). 

D'après  M.  Van  Beneden,  la  distinction  spécifique  du  Squalodon  d'Erhlich  serait 
justifiée  par  la  largeur  extraordinaire  et  la  brièveté  du  rostre. 

0.  — Wurtemberg.  —  Les  terrains  marins  déposés  dans  le  Wurtemberg  pendant 
l'époque  tertiaire  moyenne  ont  aussi  enseveli  des  débris  de  Squalodons.  J'en  ai 
remarqué  parmi  les  fossiles  de  Steinheim  que  l'on  conserve  au  Musée  de  Stutt- 
gard  (0),  et  je  pense  que  la  tète  fossile  provenant  de  ce  gisement  que  M.  Herm.  von 


I  Pl.  XXVIII,  fig.  M  cl  >l  copies). 

(2)  Loco  cit.,  p.  70. 

[3  Staring,  Bodem  van  Nederluud,  t.  Il,  p.  2IG,  Pl.  III,  fig.  3  et  l.  —  Van  Beneden,  loco  cil.  p.  S5. 

[i  \  an  Beneden,  Lcico  cit.,  p.  8. 

(o  Van  lirni'ilfi),  L<>ct>  cit.,  p.   10. 

(6)  Karsteris  und  Decken's  Archiv.;  1812.  —  Jarbv.ch.fiir  Minéralogie,  I8i:i,  p.  704. 

(7)  Beitràye  zur  Paléontologie;  Lintz;  1855. 

(8)  Loco  cit.,  p.  72. 

"i  Pl.  XXVIII,  fig.  23  et  24. 


ESPÈCES    ET    GISEMENTS    DIVERS.  439 

Meyer  a  décrite  sous  la  dénomination  à'Ârionius  servatus  (I)  est  aussi  celle  d'un 
animal  de  ce  genre. 

C'est,  ainsi  que  je  l'ai  dit  précédemment,  ce  dont  je  crois  m'être  assuré  par 
l'examen  de  cette  pièce  que  l'on  conserve  au  Musée  de  Stuttgard  où  elle  m'a  été 
montrée  par  M.  le  professeur  Fraas. 

Ce  crâne  (2)  a  été  trouvé  dans  le  terrain  miocène;  sa  forme  générale  est  Irès- 
somblable  à  celle  du  crâne  de  Bari,  décrit  par  M.  Jourdan,  et  l'apparence  de  deux 
dents  que  M.  Fraas  et  moi  avons  dégagées  en  partie  de  leur  gangue,  ainsi  que  le 
caractère  double  des  alvéoles  visibles  sur  un  autre  point  des  mâchoires;  enfin 
l'apparence  caniniforme  des  dents  antérieures  figurées  par  von  Meyer  ne  me 
semble  laisser  aucun  doute  a  cet  égard.  L'Arionius  me  parait  donc  devoir  être 
ajouté  à  la  liste,  déjà  longue,  des  genres  qui  font  double  emploi  avec  celui  du 
Squalodon.  Le  crâne  de  l'Arionius  a  appartenu  à  un  sujet  moins  grand  et  aussi 
moins  avancé  en  âge  que  celui  de  Barie. 

E.  —  Il  me  reste  pour  terminer  la  liste  des  gisements  européens  du  genre  Squa- 
lodon à  rappeler  ceux  qui  ont  été  observés  en  Italie. 

Italie.  — J'ai  vu  au  musée  de  Tienne  (5)  une  dent  crénelée  d'un  animal  de  ce 
genre  qui  était  étiquetée  comme  venant  de  Miniato  (Toscane). 

De  son  côté,  M.  le  professeur  Suess  signale  également  dans  cette  localité  (4),  la 
présence  du  genre  dont  il  s'agit  et  cela  d'après  la  même  dent.  C'est  le  Squalodon 
Suessii  de  M.  Brandt  (5). 

Il  y  en  a  aussi  à  Libano,  près  Bellune,  où  ils  ont  été  signalés  par  M.  Molin  (6). 
Ce  naturaliste  en  fait,  il  est  vrai,  un  genre  à  part  sous  le  nom  de  Vaclnjodon  Calulli  : 
mais  M.  Brandt  rapporte,  quoique  avec  doute,  l'animal  que  ces  fossiles  indiquent 
au  genre  qui  nous  occupe,  et  il  l'appelle  Squalodon  Calulli  (7). 


(1)  II.  von  Meyer,  N.  Jahrbuchf.  Minéralogie,  1841,  p.  31b.—  Id.,  Paleontographica,  I.  VU,  p.  31,  PI.  VI 
(en  partie  reproduite  dans  notre  Atlas,  Pi.  XXVIII,  22-24).  -  -  P.  Gerv.,  Zool.  et  Pal.  gên.,  p.  255. —  Squa- 
lodon Meyeri,  Brandt,  Cetacccn  Europcfs,  p.  .'SIC.  —  Id.,  SuppL,  p.  29. 

(2)  PI.  XXVIII,  fig.  22  (copie). 

(3)  P.  Gerv.,  Zool.  el  l'ai,  gén.,  p.  255. 

(4)  Jahr.  der  Geol.  Reichsans/alt,  Vienne,  t.  XVIII,  p.  290.  PI.  X;  1868. 

(5)  Lococil.,  p.  330,  PI.  XXXII,  fig.  24. 

(G;  yitzunyucr.  der  117  n.  Acad.,  I.  XXXV,  p.   1  17,  PI.  I  et  II  et  t.  XXXVIII,  p.  326,  PI.  I 

(7)  Loco  cit.,  p.  332. 

I.e  nom  de  Pachyodon  est  plus  particulièrement  synonyme  de  Phocodon. 


440  GENRE    SQUALODON. 

J'ai  en  outre  reconnu  la  présence  du  même  genre  parmi  ceux  qui  ont  été 
recueillis  à  Lecce,  dans  la  terre  d'Otrante,  et  que  possède  le  Musée  de  Naples  (-1). 
Enfin  M.  Brandt  a  plus  récemment  appelé  Squalodon  Gaslaldii  (2)  des  restes  ana- 
logues découverts  dans  la  molasse  d'Aquia. 

III.  Squalodons  signalés  en  Amérique. 

États-Unis.  —  Nous  avons  vu  qu'on  avait  quelquefois  regardé,  mais  à  tort, 
les  Squalodons  comme  étant  des  animaux  du  même  genre  que  les  Zeuglodons.  Les 
Zeuglodons,  dont  Harlan  avait  fait  son  genre  Basilosaure,  sont  exclusivement 
propres  à  l'éocène;  c'est  au  contraire  dans  le  miocène  qu'ont  été  enfouis  les 
Squalodons  des  différents  gisements  européens  que  nous  venons  de  citer.  D'après 
MM.  Leidy  et  Cope,  il  n'en  serait  pas  de  môme  dans  l'Amérique  septentrionale; 


Squalodon  atlanticus  (3). 

les  Squalodons  s'y  rencontreraient  aussi  bien  dans  l'éocène  que  dans  le  miocène. 
M;iis  la  preuve  de  cette  assertion  est-elle  bien  réellement  acquise  à  la  science? 

Si  l'on  étudie  les  détails  réunis  avec  tant  de  soin  par  M.  Leidy  dans  un  de  ses  der- 
niers ouvrages  sur  les  Mammifères  fossiles  de  cette  vaste  région  (A),  il  semble  qu'une 
seule  des  cinq  espèces  qui  y  sont  attribuées  au  genre  Squalodon  doive  conserver 
ce  nom,  du  moins  dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances  à  leur  égard,  (.'est  le 
Squalodon  atlanticus  (5)  dont  il  figure  un  fragment  de  maxillaire  supérieur  encore 

i    ;•/.,  Journ.  de  Zool.,  t.  I.  p.  224;  1872. 
(2)  Fossilen  Cetaceen  Europa's,  p.  326,  fig.  \-i.\. 
;    Vrrière-molaire  inférieure,  copiée  de  l'ouvrage  de  M.  Leidy  (PL  XXIX,  y/y.  •'>). 
i    The  extinct  mammalian  Fauna  oj  Dokota  and  Vebraska,  in-4°  avec  PI.  Philadelphie;  1869. 
5    Leidy,  loco  cit.,  p.  416. 


ESPÈCES  ET  GISEMENTS    DIVERS.  Hi 

pourvu  de  quatre  dents  appartenant  à  la  partie  postérieure  delà  mâchoire  et  cinq 
dénis  isolées  qui  sont  caniniformes,  comparables  à  des  fausses  molaires  ou  à  cou- 
ronne denticulée;  il  est  remarquable  que  celte  espèce  soit  précisément  la  seule 
qui  appartienne  à  la  faune  miocène.  Les  arrière-dents  y  sont  plus  serrées  que  dans 
nos  Squalodous  d'Europe,  et  celles  de  la  partie  antérieure  ont  leur  couronne  plus 
guillochée  ;  leur  forme  parait  aussi  offrir  quelques  différences,  quoiqu'elles  soient 
d'abord  caniniformes,  à  longues  racines  et  uniradiculées,  puis  en  coin  et  à  racine 
didyme,  enfin  garnies  de  deux  racines  bien  distinctes  et  pourvues  de  dente- 
lons a  leurs  bords  antérieur  et  postérieur.  Nous  reproduisons  d'après  l'ouvrage 
de  M.  Leidy  un  fragment  de  mâchoire  supérieure  portant  quatre  dents  (4)  ainsi 
qu'une  arrière-molaire  du  Squalodon  atlantique,  celle-ci  vue  isolément. 

Ces  fossiles  proviennent  des  marnes  miocènes  de  Shiloh,  Cumberland,  dans  le 
New-Jersey. 

Quant  aux  quatre  autres  espèces  qui  ont  été  attribuées  au  même  genre  par  les 
naturalistes  américains,  j'en  réserverai  la  classification  jusqu'à  une  connaissance 
plus  complète  de  leurs  caractères.  Ces  espèces  sont  les  suivantes  : 

Squalodon  Holmf.su,  Leidy,  loco  cit.,  p.  418,  PI.  XXVlll,  fig.  15-17,  etP).  XIX,  fig.  9  (Colophonodon 

Holmesii,  id.,  Proceed.  Ac.  nul.  se.  1853,  p.  377). 

De  l'éocène  de  l'Ashley-Iîiver  (Caroline  du  Sud). 

Squalodon  pelagius,  Leidy,  ibid.,  p.  420,  PI.  XIX,  fig.  I. 

De  l'éocène  de  l'Ashley-River,  près  Charlestone. 

Squalodon    pygm.bus,    Leidy,    ibid.,    p.  420,  PI.  XXIX,  fig.  7  et  8.  —  Basilosaurus  pygmœus,  Leidy 
Zeuglodon,  Tuomey;  Dasilosaure,  id.;  Zeuglodon  pygmœus-,  i.  Mull;  Doryodon  pygmœus,  Cope). 

De  l'éocène  de  FAshley-Rîver,  près  Charlestone. 

La  pièce  observée  est  un  crâne  presque  entier,  dont  nous  reproduisons  la  figure  d'après  M.  Leidy  (2), 
comparativement  avec  celle  du  Rhizoprion  de  Barie,  qui  est  bien  certainement  un  Squalodon.  Les  dif- 
férences qui  existent  entre  ces  deux  crânes  n'échapperont  à  personne,  celui  du  Rhizoprion  de  Barie, 
indique,  a  n'en  pas  douter,  un  animal  de  la  grande  division  des  Cétodontcs  delphinoïdes  ;  celui  du  Squa- 
lodon pygmée  rappelle,  au  contraire,  la  même  partie  du  squelette  prise  dans  les  petites  espèces  de  Balé- 
nides  fossiles,  avoisinant  les  Balénoptères,  et  ses  affinités  semblent  le  rapprocher  plutôt  de  ces  ani- 
maux que  des  Zeuglodons  véritables;  mais,  ainsi  que  je  l'ai  fait  remarquer  ailleurs  (3),  une  nouvelle  étude 
de  ce  crâne  est  à  désirer  et  j'ai  déjà  appelé  sur  lui  l'attention  des  naturalistes.  Cette  étude  aurait  d'autant 
plus  d'utilité  que  le  Squalodon  pygmœus  paraît  avoir  été  pourvu  de  dents,  caractère  qui  paraît  cire 
en  faveur  de  l'opinion  soutenue  par  plusieurs  naturalistes  cités  ci-dessus  et  par  M.  Leidy  lui-même,  à 
une  certaine  époque,  que  ce  fossile  appartenait  au  genre  Zeuglodon'.  Nous  avons  d'ailleurs  dit  qu'il  était 
éocène. 

Squalodon  protervus,  Leidy,  ibid.,  p.  123,  PI.  XXVIII,  fig.  18-19  [Cynorca  proterva,  Cope  . 

De  l'éocène  de  l'Ashley-River,  Caroline  du  Sud. 

(1)  PI.  XXVIII,  fig.  ïo  copie). 
i  PI.  XXVIII,  fig,  20  (copie). 
(3)  Nouvelh  v  Archives  du  Muséum,  t.  Vil,  p,  138. 

;>i; 


u_>  genre  squalodon. 

Sqcalodons  signalés  en  Australie. 

D'après  M.  Frédéric  Mac  Coy,  les  terrains  tertiaires  moyens  de  l'Australie  renfer- 
meraient aussi  des  fossiles  provenant  du  genre  Squalodon.  Ce  naturaliste  signale 
en  effet  la  découverte  à  Castle-Cove,  cap  Otway,  côte  de  Victoria,  d'une  dent  cré- 
nelée, pourvue  de  deux  tubercules  en  avant  et  de  trois  en  arrière,  qu'il  regarde 
comme  étant  d'un  Cétacé  de  ce  genre,  et  il  lui  donne  le  nom  de  Squalodon 
Wilkensoni  {\). 

SQUELETTE     ET     DENTITION. 

Squelette.  —  Le  crâne  de  Squalodon  trouvé  à  Bari  (2)  est  presque  complet,  tandis 
que  la  pièce  décrite  par  (Irateloup  était  réduite  à  une  simple  portion  de  cette 
région  du  squelette,  comprenant  une  partie  des  maxillaire  et  intermaxillaire 
droits  avec  le  palatin  correspondant.  Cette  pièce  était  peu  propre  par  conséquent 
à  nous  donner  une  idée  des  caractères  particuliers  de  ce  genre,  mais  elle  sufli- 
sait  pour  reconnaître  l'ordre  auquel  il  appartient.  La  forme  du  crâne  étudiée  sur 
le  sujet  de  Bari  est,  dans  son  ensemble,  comparable  à  celle  du  crâne  des  Del- 
phinidés,  ce  que  Grateloup  avait  déjà  entrevu  pour  le  crâne  moins  complet  de 
Léognan,  mais  sans  s'y  arrêter.  Elle  rappelle  surtout  par  certains  de  ses  détails  le 
crâne  de  l'inie  et  celui  du  Pontoporie.  Au  lieu  que  la  boîte  cérébrale  soit  élargie 
et  bombée  en  arrière,  elle  est  comme  resserrée  entre  les  fosses  temporales  ici 
plus  grau  les  que  dans  le  Dauphin  ordinaire,  ce  qui  est  aussi  le  cas  pour  les 
deux  Cétodontes  que  nous  venons  de  citer,  et  le  plan  de  la  région  occipitale  y  esl 
également  oblique. 

Toutefois  le  crâne  du  Squalodon  n'est  pas  entouré  de  crêtes  aussi  saillantes  que 
dans  le  Plataniste  et  l'inie.  L'apophyse  zygomatique  du  temporal  y  est  d'ailleurs 
épaisse  et  plus  forte  que  dans  les  Dauphins  ordinaires,  ce  que  l'on  observe  aussi 
dans  le  Plataniste,  animal  chez  lequel  ce  caractère  se  montre  même  à  un  degré 
d'exagération  que  nous  ne  voyons  pas  ailleurs.  Le  bord  externe  de  la  partie  anté- 
rieure des  os  zygomatiques  est  ('pais  el  le  bourrelet  extérieur  qu'il  forme  par  sa 
jonction  avec  le  bord  fourni  par  les  frontaux  aux  arcades  or bitaires  occupe  une 

(1)  Geolog.  Magazine,  186 7,  p,  145,  PI.  \  III.  fig.  1. 
j    PI    XWili.  fig.  8  et  *  a. 


SQUELETTE.  443 

longueur  relativement  considérable.  La  région  qui  entoure  les  narines  et  s'étend 
entre  les  yeux  est  formée  comme  d'habitude  par  la  partie  postérieure  des  os 
intermaxillaires  et  maxillaires,  mais  on  n'y  voit  pas  les  crêtes  longitudinales 
propres  aux  Delphinorhynques  actuellement  existant  ;  l'apparence  en  est  celle 
d'un  plan  médiocrement  incliné  qui  descendrait  de  la  crèle  occipitale  pour 
atteindre  la  partie  prolongée  du  museau ,  celle-ci  lui  faisant  suite  sans  inter- 
ruption à  partir  des  échancrures  pré-or bitaires.  Dans  la  partie  postérieure  les 
intermaxillaires  et  les  maxillaires  semblent  remonter  moins  haut  vers  la  crête  occi- 
pitale. Les  intermaxillaires  sont  plus  étroits  que  les  maxillaires  dans  toute  leur 
longueur  et  les  narines  au  lieu  de  représenter,  dans  leur  ensemble,  une  sorte  de 
demi-lune,  sont  plus  rétrécies  et  comme  enfoncées  entre  les  mêmes  os.  Le  cartilage 
sus-vomérien  a  laissé  par  sa  disparition  une  large  rainure  qui  les  sépare,  l'un  de 
l'autre  clans  toute  leur  longueur.  Le  rostre  est  allongé  et  relativement  étroit.  La 
partie  des  os  intermaxillaires  et  maxillaires  qui  les  constituent  est  sillonnée  par  une 
rainure  dont  la  profondeur  parait  variable  mais  qui  n'arrive  pas  au  degré  d'exa- 
gération que  nous  lui  trouvons  chez  les  Glyphidelphis. 

Il  sera  facile  de  compléter  cette  description  lorsque  l'on  aura  dégagé  le  crâne 
de  Bari  des  portions  calcaires  qui  l'encroûtent  encore  et  aussi  en  faisant  subir 
la  même  opération  à  celui  de  l'Arionius  qui  est  conservé  au  Musée  de  Stuttgard. 

Le  maxillaire  inférieur  est  également  dans  la  forme  caractéristique  des  Céto- 
dontes. 

Tous  ces  caractères  sont  en  partie  visibles  dans  le  crâne  signalé  par  Hermanu 
von  Meyer  sous  le  nom  d'Arionius,  mais  ce  dernier  et  celui  de  Bari  auraient  be- 
>-oin  de  subir  une  dernière  préparation  pour  pouvoir  être  décrits  sûrement  et  défi- 
nitivement comparés  entre  eux. 

On  attribue  au  Squalodon  une  vertèbre  atlas  (1)  dont  .1.  Muller  et  AI.  Yun  Beue- 
den  ont  parlé  l'un  et  l'autre.  Elle  est  séparée  de  l'axis,  mais  l'axis  lui-même  n'est 
pas  connu,  non  plus  que  le  reste  des  cervicales. 

J'ai  fait  figurer,  de  mon  côté  (2),  une  vertèbre  dorsale  appartenant  à  la  partie 
moyenne  de  cette  région,  qui  pourrait  bien  avoir  appartenu  à  un  Squalodon;  elle 
a  été  trouvée  dans  le  miocène  de  Fézenas  (Hérault);  le  corps  en  est  plus  long  que 

(1)  PI.  XXVIII,  fig.  5  et  5  a. 

(2)  Zool.  ri  Pal.  franc.,  PL  XIX,  fig.  8. 


444  <;ENRE    SQUALODON. 

large  et  l'on  y  voit  de  chaque  côté  une  surface  articulaire  destinée  à  l'attache  de  la 
paire  de  côtes  correspondantes. 

Une  vertèbre,  trouvée  à  Léognan,  que  m'a  communiquée  M.  Tournouër,  est  du 
commencement  de  la  région  coccygienne;  elle  est  plus  longue  que  large  et  a  ses 
apophyses  épineuses  et  transverses  moins  fortes  que  dans  Finie.  On  en  trouvera 
la  figure  dans  le  Mémoire  de  MM.  Delfortrie  et  Fischer  (1).  Sa  forme  vient  à  l'appui 
de  l'opinion  émise  par  moi  qui  fait  du  Squalodon  un  Cétodonte  de  la  même  famille 
que  Finie  et  le  Pontoporie;  mais  on  ne  lui  voit  pas  la  forte  saillie  articulaire  propre 
aux  \ertèbres  lombo-coccygiennes  du  Plataniste. 

Notre  collection  possède  quelques  aulres  vertèbres  fossiles  provenant  des  faluns 
de  la  Gironde  et  d'autres  localités,  dont  la  forme  indique  des  Cétodontes  analogues 
aux  Delphinorhynques,  mais  auxquels  nous  ne  saurions  donner  dès  à  présent 
des  noms  de  genre  et  encore  moins  de  noms  spécifiques. 

Citons  enfin  une  plaque  sternébrale  antérieure  (2)  également  recueillie  à  Léo- 
gnan, dont  MM.  Delfortrie  et  Fischer  ont  aussi  donné  des  figures  (5).  File  n'a 
rien  de  commun  dans  sa  forme  avec  le  sternum  de  Finie  qui  est  d'une  seule  pièce, 
mais  on  pourrait  lui  trouver  quelque  analogie  avec  la  partie  correspondante  du 
sternum  du  Plataniste ,  si  ses  angles  latéro-antérieurs  n'étaient  pas  écarlés  et 
arrondis;  on  voit  sur  sa  ligne  médiane  la  trace  de  sa  séparation  primitive  en  doux 
moitiés  bilatérales. 

D'après  M.  Van  Beneden  (4),  une  caisse  auditive  trouvée  a  Lintz  pourrait  bien 
provenir  du  Squalodon  d'Frlich;  mais  cette  pièce  n'a  pas  encore  été  décrite  com- 
parativement, et  je  ne  connais  pas  son  analogue  parmi  les  fossiles  appartenant 
bien  au  même  genre  que  j'ai  pu  observer  jusqu'à  ce  jour. 

Dentition.  —  C'est  à  cause  de  la  forme  surélevée  et  crénelée  de  la  couronne  des 
dénis  qu'on  a  d'abord  connues  et  de  l'analogie  apparente  de  ces  dernières  avec 
cilles  de  certains  Squales,  que  les  Squalodons  ont  reçu  le  nom  par  lequel  les  na- 
turalistes ont  continué  à  désigner  ce  genre  si  curieux;  mais  celle  forme,  envisagée 
en  elle-même,  avait  d'abord  l'ail  penser  qu'il  devait  prendre  rang  parmi  les  Sauriens 


il;  Act.6oc.linn.  Bordeaux,  I.  XXVIII,  p.  I,PJ.  XXIII,  fig. 2 a el 2  6. 

(2  PL  XXVIII,  fig.  7. 

(3]  Loco  cil.,  p.  375,  PI.  XXIII,  fig.  1  a-c 

(4  IjOco  cil    p.  76. 


DENTITION.  445 

et  qu'il  avait  quelque  analogie  avec  les  Iguanodons.  Non-seulement  elle  paraîtra 
différente  si  on  l'examine  avec  soin,  mais  les  caractères  mémos  de  l'implantation 
des  dents  montreront  qu'elles  sont  très-différentes  dans  les  Squalodons  de  celles  des 
reptiles  avec  lesquels  on  avait  d'abord  comparé  ces  animaux.  Elles  sont  gompho- 
dontes,  c'est-à-dire  implantées  clans  des  alvéoles  distincts,  ce  qui  constitue  la  dis- 
position dite  aussi  théeodonte,  au  lieu  d'être  appliquées  à  la  face  interne  des  maxil- 
laires, et,  de  plus,  elles  ont  deux  racines  ou  même  trois,  comme  dans  le  Squalodon 
Gervaisii,  qui  repose  sur  une  dent  encore  unique,  trouvée  à  Saint-Jean-de-Vedas 
(Hérault),  laquelle  parait  être  une  dent  supérieure. 

Pour  la  mâchoire  supérieure  les  dents  qui  possèdent  le  caractère  d'être  biradi- 
culées  paraissent  être  au  nombre  de  sept  paires;  c'est  en  effet  le  nombre  indiqué 
par  M.  Van  Beneden,  qui  considère  que  ce  chiffre  est  aussi  le  mèmeà  la  mâchoire  in- 
férieure. Les  doubles  racines  de  celles  de  ces  dents  dont  la  position  est  intermé- 
diaire aux  autres  sont  plus  longues  et  plus  écartées  dans  l'un  des  sujets  recueillis  à 
Anvers  et  qu'a  décrit  notre  collaborateur,  mais  cinq  de  celles  qui  y  sont  conservées 
ont  leurs  deux  racines  bien  séparées  entre  elles;  elles  sont  au  contraire  conni- 
venles  et  seulement  distinctes  en  partie  dans  la  pièce  découverte  à  Léognan,  que 
Grateloup  a  étudiée  le  premier,  et  une  différence  concordante  se  remarque  entre 
les  alvéoles  chez  ces  deux  exemplaires. 

Les  alvéoles  des  deux  premières  molaires  festonnées  des  Squalodons  de  Léognan 
qui  sont  restés  vides  sont  à  peine  didymes  et  celui  de  la  quatrième  de  ces  dents  qui 
est  aussi  dans  ce  cas,  tend  aussi  à  se  confondre  en  une  seule  fosse  alvéolaire,  bien 
que  l'on  y  voie  l'indication  des  deux  racines  en  partie  confondues  de  la  dent  qu'il 
logeait.  Il  se  pourrait  que  ce  fût  là  un  caractère  spécifique,  et  M.  Van  Beneden 
aurait  eu  raison  dans  ce  cas  de  distinguer  le  Squalodon  d'Anvers  [Squalodon 
antverpiensis,  V.  Bened.),  de  celui  de  Léognan  [S.  Graleloupi,  \\  Gerv.). 

Le  Squalodon  de  Bari  paraît  sous  ce  rapport  différent  de  celui  d'Anvers.  A 
en  juger  par  le  moule  qui  en  a  été  exécuté,  les  molaires  festonnées  de  sa  mâchoire 
supérieure  ont  leurs  deux  racines  distinctes  l'une  de  l'autre. 

Parmi  les  mâchoires  inférieures  découvertes  à  Léognan  postérieurement  à  la 
pièce  décrite  par  Grateloup,  il  en  est  qui  ont  les  deux  racines  de  leurs  arrière- 
molaires  bien  séparées.  Cette  disposition  est  très-évidente  dans  une  des  pièces  de 


s 


446  i.ENRE    SQUAL0D0N. 

la  collection  de  M.  Delfortrie,  dont  nous  reproduisons  la  figure  (1);  les  alvéoles 
correspondants  y  sont  presque  complètement  divisés  en  deux,  y  compris  celui  de  la 
dernière  de  ces  dents,  et  l'on  retrouve  facilement  les  deux  cavités  propres  à  chacune 
des  racines  après  la  chute  des  dents  elles-mêmes.  Mais  cette  disposition  est  loin 
d'être  aussi  nette  dans  une  mâchoire  provenant  du  même  gisement,  que  j'ai  autrefois 
rapportée  au  Champsodelphis  macrogenius,  et  que  M.  Pedroni  avait  précédemment 
attrihuée  au  Detphinoides  Grateloupi,  c'est-à-dire  au  Squalodon  ordinaire.  Les 
alvéoles  y  sont  plus  arrondis,  et  il  n'en  est  qu'une  partie  qui  soient  rapproches 
deux  à  deux  pour  recevoir  les  deux  racines  des  molaires  correspondantes,  ('eux 
des  deux  racines  sont  bien  séparés  pour  chaque  dent,  et  l'on  pourrait  croire  qu'ils 
correspondent  à  autant  de  dents  distinctes;  c'est  là  ce  qui  m'avait  fait  attribuer 
ce  fossile  au  Champsodelphis. 

Les  dents  antérieures  des  Squalodons,  au  lieu  d'être  crénelées  à  leur  couronne 
comme  celles  dont  nous  venons  de  parler,  sont  simples  et  d'apparence  plus  ou 
moins  lancéolée;  elles  n'ont  aussi  qu'une  racine  chacune,  et  si  quelquefois  une 
tendance  à  la  séparation  de  celte  racine  en  deux  parties  semble  indiquée,  ce 
n'est  que  pour  celles  qui  sont  le  plus  rapprochées  des  arrière-dents  et  la  division  ne 
s'accomplit  pas  comme  cela  a  lieu  pour  ces  dernières. 

<  >n  a  diversement  interprété  la  nature  des  dents  des  Squalodons  qui  sont  implan- 
tées en  avant  de  leurs  dénis  crénelées;  ces  dernières  ayant  été  regardées  comme 
«les  arrière-molaires,  et  on  peut  leur  laisser  ce  nom  que  leur  position,  a  défaut 
de  leur  forme,  justifierait,  il  a  paru  convenable  à  quelques  auteurs  de  voir  dans  les 
antérieures  des  incisives  et  des  canines,  el  ils  ont  donné  à  celles  qui  précèdent  im- 
médiatement les  arrière-molaires  le  nom  d'avant-molaires  ou  de  prémolaires. 

M.  Van  Beneden  admet  que  l'ensemble  des  dents  antérieures  îles  Squalodons 

.      5  .     .  .         I  4      ,      ,  .  ...  , 

représente  :  -incisives,  -canines  et  ~  prémolaires;  ce  qui,  joint  aux  sept  paires 

d'arrière -molaires  ou  molaires  crénelées,  porterait  à  quinze  paires  le  nombre  des 

dents  de  chaque  mâchoire  el  à  soixante  le  chiffre  total  de  celles  que  présente  chaque 

sujet.  M.  Jourdan  portai t  à  tort  à  2  \  paires  le  nombre  des  dénis  uniradiculées. 

Prenons  d'abord  les  terminales  antérieures  dont  la  forme  esl  si  singulière.  I  n 

(i    P1.XXVI11,  //.  4. 


DENTITION.  417 

examen  attentif  permet  de  les  comparer  aux  dents  correspondantes  des  Platanistes  (4  ) 
qui  seraient  devenues  ici  beaucoup  plus  fortes  que  chez  ces  Delphinorhyncidés. 

Voici  dans  quel  état  elles  se  trouvent  dans  la  partie  terminale  des  mâchoires  du 
Squalodon  de  Bari  (2),  qui  m'a  été  remise  par  M.  Matheron.  J'en  ai  déjà  parlé  dans 
ma  lettre  à  M.  Van  Beneden  et  c'est  à  leur  examen  que  je  dois  d'avoir  été  mis  sur 
la  voie  de  plusieurs  des  rectifications  auxquelles  la  synonymie  des  Squalodons  a 
donné  lieu  de  ma  part. 

La  première  paire  des  dents  supérieures  et,  parmi  les  inférieures,  la  terminale 
du  côté  droit,  ont  leur  couronne  en  partie  usée,  ce  qui  résulte  de  frottements 
actifs  et  fréquents  opérés  par  l'animal  lui-même  sur  ces  dents  les  quelles  avaient 
plus  d'un  décimètre  de  longueur  et  pourraient  presque  être  appelées  de  petites 
défenses.  L'usure  de  la  première  inférieure  droite  est  bien  plus  prononcée  que  celle 
de  sa  correspondante  de  gauche. 

Un  développement  presque  égal  à  celui  des  dents  de  celte  première  paire  se  re- 
trouve dans  celles  qui  leur  succèdent  immédiatement  soit  à  l'une  soit  à  l'autre 
mâchoire  et  qui  constituent  évidemment  la  seconde  paire;  mais  je  suppose  que  les 
dents  suivantes  étaient  moins  grandes,  et  cette  progression  décroissante  devait  évi- 
demment se  continuer. 

Les  premières  dents  du  Squalodon  sont  donc  plus  allongées  que  les  autres  et  leur 
couronne  est  de  forme  un  peu  irrégulière.  Leur  racine  est  couverte  par  une 
épaisse  enveloppe  de  cément  entourant  l'ivoire  que  la  cassure  de  plusieurs  d'entre 
elles  permet  d'observer;  mais  la  couronne  manque  presque  complètement  de  ce 
cément  et  sa  surface  est  protégée  par  une  couche  d'émail. 

La  première  paire  des  dents  supérieures  est  conservée  des  deux  cotés  delà 
pièce.  Elle  est  longue  de  0,105,  dont  0,080  pour  la  racine  et  le  reste  pour  la  cou- 
ronne. L'ensemble  de  la  dent  est  irrégulièrement  fusiforme.  Les  dents  de  la 
seconde  paire  supérieure  sont  à  peu  près  entières  ;  une  cassure  accidentelle  en  a 
cependant  enlevé  la  pointe,  surtout  pour  celle  du  côté  droit.  Ces  dents  sont  plus 
arquées  que  les  précédentes.  La  longueur  totale  de  ces  dents  devait  être  de  0,150 
environ,  dont  0,080  pour  la  partie  radiculaire.  Elles  oui  ('gaiement  dû  servir  à  la 


M     PI.  XXXI,  fig.  1  et  2. 
(2)  PI.  XXVIII,  fig.  9  et  'i  o. 


448  GENRE    SQUALODON. 

défense  de  l'animal,  dont  la  gueule  se  trouvait  ainsi  fortement  armée  en  avant, 
et  le  Squalodon  pouvait  certainement  se  nourrir  d'animaux  dont  le  corps  était  pro- 
tégé par  des  parties  dures;  peut-être  de  Crustacés,  de  Mollusques  ainsi  que  de 
poissons  placoïdes  et  sparoïdes. 

La  première  paire  de  dents  inférieures  est  proclive  comme  la  supérieure, 
mais  d'une  façon  moins  complète.  Des  deux  dents  qui  composent  cette  paire,  celle 
de  gauche  a  sa  couronne  presque  entière,  mais  la  partie  basilaire  de  sa  racine  a  été 
brisée;  à  l'état  complet  elle  pouvait  mesurer  0,15  ou  0,1  i  dont  la  moitié  envi- 
ron pour  la  couronne.  La  couronne  de  celle  de  droite  a  été  en  grande  partie 
usée  pendant  la  vie  de  l'animal.  La  paire  suivante  était  plus  régulièrement  canini- 
forme,  mais  à  couronne  renflée  au-dessous  du  collet;  elle  a  une  moindre  lon- 
gueur. La  troisième  dent  inférieure,  qui  ne  reste  plus  que  du  cote  droit,  pré- 
sente les  caractères  de  la  précédente  d'une  manière  encore  plus  accusée. 

Entre  ce  fragment  des  maxillaires  portant  encore  neuf  des  dents  antérieures, 
quatre  de  la  mâchoire  supérieure  et  cinq  de  l'inférieure,  et  la  portion  considé- 
rable de  crâne  provenant  du  même  sujet  qui  a  été  remise  à  M.  .lourdan,  il  existe 
une  lacune,  plusieurs  paires  de  dents  de  la  région  moyenne  et  la  portion  des  maxil- 
laires auxquels  elles  étaient  attenantes  ayant  été  perdues.  Il  ne  reste  en  effet  sur  la 
tèle  du  Squalodon  que  possède  le  Musée  de  Lyon  qu'une  partie  des  dents  posté- 
rieures, et,  sauf  une  seule  eu  haut  et  une  en  bas,  elles  ont  toutes  les  bords  cré- 
nelés. Or  nous  sa\oiis  par  le  Mémoire  de  M.  Van  Beneden  qu'il  existe  à  chaque 
mâchoire  chez  les  animaux  de  ce  genre  huit  paires  de  «lents  à  couronne  non 
dentelée  et  à  racines  simples,  placées  en  avant  de  celles  dont  la  couronne  est 
festonnée  et  qui  possèdent  deux  racines. 

Les  trois  premières  paires  seraient,  d'après  le  même  naturaliste,  des  incisives; 
la  paire  qui  vient  ensuite  représenterait  une  paire  de  canines,  et  les  quatre  suivantes 
devraient  être  comparées  à  des  prémolaires  après  lesquelles  viendraient  les  sept 
paires  d'arrière-molaires  ou  molaires  à  bords  crénelés. 

Mais  y  a-t-il  réellement  lieu  de  distinguer  chez  les  Squalodons  des  incisives  et 
des  canines?  Si  je  compare  aux  dénis  qui  ont  été  regardées  comme  incisives  les 
trois  paires  de  dents  antérieures  des  Platanistes,  je  remarque  (pu-  ces  dents  ne 
sont  pas  implantées  dans  l'os  incisif,  quoique  cet  os  dans  son  extrémité  terminale 
tende  à  se  confondre  avec  la  partie  correspondante  du  maxillaire;  je  crois  même 


DENTITION.  44«i 

qu'on  peut  les  regarder  sans  hésiter  comme  ayant  leur  racine  dans  les  os  maxil- 
laires. 11  en  est  d'elles,  sous  ce  rapport,  comme  des  dents  suivantes.  L'Inie  a  les 
mêmes  dents  implantées  d'une  manière  plus  évidente  encore  dans  les  os  des  mâ- 
choires; lePontoporie  est  aussi  dans  ce  cas.  D'ailleurs,  il  n'est  pas  inutile  de  rappeler 
que  les  affinités  du  Squalodon  rattachent  ce  mammifère  aux  Homodontes,  malgré 
la  diversité  de  forme  de  ses  dents  et  la  double  racine  que  portent  celles  qui 
occupent  la  partie  postérieure  de  ses  mâchoires;  il  est  donc  préférable  d'assimiler 
aussi  son  système  dentaire  à  celui  des  Cétodontes,  au  groupe  desquels  il  appar- 
tient en  réalité,  tandis  qu'il  s'éloigne  de  celui  des  Phoques. 

Les  dents  antérieures  du  Squalodon  sont  plus  ou  moins  caniniformes  ou  plutôt 
cultriformes,  mais  elles  perdent  ce  caractère  â  mesure  que  l'on  se  rapproche  de 
celles  qui  sont  crénelées,  c'est  à  dire  des  postérieures,  et,  avant  d'arriver  à  celles-ci, 
auxquelles  on  donne  le  nom  d'arrière-molaires,  il  s'en  trouve  déjà  une  ou  deux 
paires,  peut-être  davantage,  dont  la  racine  commence  à  se  dédoubler.  Une  des 
dents  provenant  de  Saint-Médard-en-Jalle  que  m'a  communiquées  M.  Tour- 
nouér  et  dont  j'ai  donné  précédemment  la  figure  (I),  est  dans  ce  cas. 

La  forme  de  chacune  des  dents  du  Squalodon  est  donc  pour  ainsi  dire  spéciale 
chez  un  même  sujet,  et  chaque  dent  se  reconnaît  en  outre  à  quelques-uns  de  ses 
détails,  mais  elle  peut  varier  aussi  dans  les  différents  individus  :  -1°  par  les  rainures 
verticales  qui  existent  parfois  à  la  surface  des  antérieures,  comme  dans  le  sujet  de 
Saint-Médard-en-.lalle,  ou  au  contraire  manquent,  comme  dans  celui  de  lïari ; 
2°  par  les  fines  dentelures  qui  dans  certains  cas  se  voient  au  bord  des  dents  intermé- 
diaires comme  cela  a  lieu  dans  le  Squalodon  antverpiensis ,  quoiqu'elles  y  soient 
faiblement  accusées,  tandis  qu'elles  peuvent,  au  contraire,  manquer  tout  à  fait 
aux  dents  de  la  même  région  dans  d'autres  exemplaires;  5°  par  leur  disposition  qui 
est  plus  ou  moins  serrée  dans  les  diverses  régions  qu'elles  constituent. 

On  remarque  aussi  que  les  alvéoles  de  celles  qui  ont  deux  racines  ne  :-ont  pas 
toujours  disposés  de  la  même  manière,  particulièrement  à  la  mâchoire  infé- 
rieure, et,  dans  un  même  gisement,  il  peut  se  rencontrer  des  mâchoires  qui  sont 
disposées  suivant  l'un  ou  l'autre  mode  :  telles  sont,  parmi  les  mâchoires  recueil- 
lies à  Léognan,  celles  qui  ont  été  signalées  par  M.  Pedroni  et  par  M.  Dellôrtrie, 

(I)  Voir  p.  133. 


iSO  GENRE    PHOCODON. 

Sont-ce  là  des  caractères  spécifiques?  On  est  porté  aie  supposer;  cependant 
il  me  paraîtrait  imprudent  de  chercher  à  arrêter  dès  à  présent  la  liste  réelle  des 
espèces,  et  surtout  la  synonymie  de  chacune  d'elles,  tant  les  renseignements  qu'on 
a  fournis  à  leur  sujet  sont  encore  pour  la  plupart  insuffisants.  De  nouvelles  com- 
paraisons et  la  découverte  de  pièces  plus  caractéristiques  que  celles  que  nous  pos- 
sédons pourront  seules  conduire  à  ce  résultat. 


REMARQUES   AU  SUJET  D'UN   GENRE 
INCOMPLÈTEMENT  CONNU,  OUI  A  ÉTÉ  RÉUNI  AUX   SQUALODONS,   LE  GENRE 

PHOCODON. 

Scilla  a  publié  en  ^ 652  (I)  la  figure  d'un  fragment  de  mâchoire  inférieure 
trouvé  dans  la  molasse  marine  de  l'île  de  Malte  avec  des  dents  du  Carcharodon 
mégalodon  et  antres  espèces  caractéristiques  du  miocène,  et  il  le  cite  dans  son 
texte  comme  un  argument  contraire  à  l'opinion  soutenue  par  Fabius  Columna  (2) 
que  les  fossiles  seraient  des  pierres  figurées,  ajoutant  que  l'on  y  voit  des  dents  en- 
core implantées  dans  l'os  et  quocetos  lui-même  est  brisé  de  façon  à  laisser  voir  sa 
structure.  En  effet,  trois  dents  sont  encore  en  place  sur  ce  fragment  de  mâchoire. 
Elles  sont  toutes  trois  de  même  forme,  à  couronne  comprimée  et  festonnée  à  son 
pourtour  où  l'on  voit  quatre  denticules  sur  le  bord  antérieur  et  cinq  sur  le 
bord  postérieur.  Ces  dénis  ont  chacune  deux  racines  très-manifestement  implan- 
tées dans  un  nombre  égal  d'alvéoles  et  ces  racines  sont  incurvées  en  sens  oppose 
l'une  de  l'autre  (5). 

Dans  son   ouvrage   sur    les   Poissons  fossiles,   de  Blainville,    en  parlant  des 


i    De  Corporibui  manu,.,  lapidescentibus  qua  defossa  reperiuntur,  p.  23  et  54,  PI.  XII,  //.</.  I;   in-i 
Home. 

.'    La  dissertation  de  Fabius  Columna  esl  insi  rée  ;i  la  suite  il'-  l'ouï  i  age  de  Scilla. 
:<    PI.  XNVIII,  A.v.  is    ,:„pir  ,1,    S,  Hl.i). 


HISTORIQUE.  loi 

Squales  tertiaires,  fait  mention  de  la  pièce  signalée  par  Scilla,  mais  en  s' expri- 
mant ainsi  :  «  Je  place  avec  cloute,  parmi  les  dents  de  Squales,  les  trois  que 
Scilla  a  figurées,  contenues  dans  une  sorte  de  mâchoire  (PI.  XII,  fig.  \).  Par  leur 
forme  triangulaire  aplatie,  par  leurs  deux  espèces  de  racines,  fort  longues,  en 
fer  achevai  et  leurs  deux  bords  égaux,  droits  et  divisés  en  cinq  ou  six  grosses 
dentelures  mousses,  il  est  évident  qu'elles  ont  quelque  rapport  avec  les  dents  des 
Squales;  mais  leur  implantation  dans  la  mâchoire,  si  elle  a  lieu,  devrait  les  en 
éloigner  (1).  »  De  Blain ville  n'avait  pas  vu  le  fossile  figuré  par  Scilla,  et  l'on  pouvait 
croire  que  ce  fossile  était  perdu  lorsqu'il  fut  observé  de  nouveau  par  MM.  L.  Agassiz 
et  R.  Owen.  Il  était  passé  avec  la  collection  de  Woodward  (2)  dans  celle  du  Collège 
delà  Trinité,  à  Cambridge  (Angleterre),  où  il  est  encore  maintenant.  M.  Agassiz 
crut  y  reconnaître  les  dents  d'un  genre  particulier  de  la  famille  des  Phoques  auquel  il 
donna  le  nom  de  Phocodon  (5).  Quant  à  M.  Owen  (4),  il  le  regarda  comme  provenant 
probablement  [apparently)  de  Y Hippopotamus  minor  de  Cuvier  (5),  ce  qui  a  été  rec- 
tifié depuis  (6),  et  il  donna  la  figure  de  l'une  des  dents  encore  en  place  sur  le  frag- 
ment fossile  dont  il  s'agit  (7). 

Ainsi  que  je  l'ai  rappelé  en  commençant  l'histoire  desSqualodons,  j'avais  pensé 
autrefois  que  le  Phocodon  ne  devait  pas  être  séparé  génériquement  de  ces  der- 
niers, et  cette  opinion  a  été  partagée  depuis  par  beaucoup  d'auteurs.  Cependant  la 
forme  des  dents  n'est  pas  tout  à  fait  la  même  dans  les  deux  cas,  et  leurs  dentelures, 
quoique  en  apparence  semblables,  ont  en  réalité  une  autre  disposition;  c'est  ce 
que  l'on  reconnaît  bientôt,  même  en  se  bornant  à  consulter  la  figure  donnée  par 
Scilla. 

Quoique  Ton  ne  puisse  dire,  ainsi  que  le  faisait  alors  de  Blainville,  «  Mais  les 


lj  Ichihyolites,  p.  81;  1818.  —  Article  Poissons  fossiles  du  Nouveau  Dictionnaire  d'Histoire  naturelle, 
t.  XXVIII,  p.  385. 

(2)  Woodward  cite  et  ligure  à  son  tour  le  fossile  de  Scilla  dans  son  Catalogue  of  foreign  fossils,  p.  25, 
PI.  Il,  fig.   5;  1728. 

(3)  Repertorium  do  Valentiu,  1841,  p.  336. 

(4)  Udonlography,  p.  564. 

(5)  V Hippopotamus    minutus,  Cuv.,  de  Tartas  (Landes),  qui  esl  un  Chœropsis,  ri  par  conséquent  un 
anima]  congénère  de  Y  Hippopotamus  liber  iensis. 

{i\)  P.  Gerv.,  Sur  le  genre  Squalodon,  Mèm.  Acad.  Montpellier,  t.  VU,  p.  80;  1867.  —  Id.,  Zool.  cl  Pal. 
;/én.,  p.  170. 
(7    Lococit.,  Pl.XCU,  fig.  3. 


452  GENRE    l'HOCODON. 

dents  de  Squalodon  n'ont  certainement  qu'une  racine  (1),  il  est  vrai  implantée 
et  non  appliquée  comme  dans  les  Iguanes,  tandis  que  celles  du  fragment  de 
Scilla  en  ont  deux  fort  longues  et  fort  distinctes,  en  sorte  que  la  certitude  que  le 
Squalodon  serait  un  Dauphin  n'entraînerait  pas  celle  que  les  dents  figurées  par 
Scilla  en  seraient  aussi,  et  qu'alors  elles  ne  proviendraient  certainement  pas  d'un 
Phoque  »,  il  est  certain  que  les  doutes  exprimés  par  ce  savant  ne  sont  pas  dénués 
de  fondement. 

Je  ne  voudrais  pas  assurer  cependant,  comme  l'ont  fait  quelques  naturalistes, 
que  ces  dents  ont  appartenu  à  un  Zeuglodon,  et  c'est  pour  ce  motif  que  j'inscris 
ici  sous  la  dénomination  de  Phocodon  et  non  sous  celle  de  Zeuglodon,  une  dent 
qu'il  paraît  bien  difficile  de  ne  pas  attribuer  au  genre  Phocodon.  Cette  dent  a  été 
trouvée  daDs  le  gisement  de  Saint-Médard-en-Jalle,  près  Bordeaux,  qui  renferme 
aussi  des  débris  de  Squalodon,  et  elle  a  servi  à  M.  Dell'orfrie  pour  établir  son 
Zeuglodon  Vasconum  (2).  J'en  donne  moi-même,  sur  la  page  qui  suit,  une  figure 
faite  d'après  nature  et  de  grandeur  naturelle. 

La  dent  de  Phocodon  de  Saint-Médard-en-Jalle,  mesurée  au  collet,  a  0,052 
d'avant  en  arrière,  et  elle  est  épaisse  de  0,012  au  maximum.  Ses  bords,  son 
sommet  et  ce  qui  reste  de  sa  double  racine  sont  un  peu  plus  minces;  elle  a  un 
côté  sensiblement  plus  renflé  que  l'autre,  et,  en  prenant  ce  côté  comme  l'externe, 
je  la  suppose  gauche,  dans  le  cas,  bien  entendu,  où  elle  aurait  appartenu,  comme 
je  crois  que  cela  a  eu  lieu,  à  la  mâchoire  inférieure.  La  portion  delà  racine  visible  au- 
dessous  du  collet  est  plus  longue  que  la  couronne  elle-même  n'est  élevée  au-dessus 
de  ce  collet,  et  cependant  elle  n'est  pas  complète.  Elle  ne  va  que  jusqu'au  point 
de  sa  division  eu  deux  racines  secondaires,  l'une  antérieure  dont  la  coupe 
mesure  0,015  dans  le  sens  antéro-postérieur  et  0,007  transversalement,  et  l'autre 
postérieure  mesurant  suivant  les  mêmes  lignes  0,015  et  0,010.  L'écartement  entre 
les  deux  racines  pris  à  leur  naissance  est  de  0,000;  entre  ce  point  et  le  collet  la 
hauteur  de  la  partie  basilaire  de  la  racine  est  de  0,052  à  la  face  externe  et  de 
0,055  à  la  face  interne.  La  couronne  est  entourée  de  lésions  qui  vont  en  grand is- 


(i    Lea  arrière -molaires  en  ont  deux  ou  môme  irois  comme  dans  la  dont  que  M.  Van  Beneden  prend 
pour  type  du  Squalodon  Gervaisii. 

i    Delfortrie,  Un  Zeuglodon  dans  les  [aluns  du  Sud-Ouest  de  la  France  (.ides  Soc.  linn.   Borà 
I.  XXIX,  p.  Il  !,  av.  lig.)  —  Td.,  Journal  de  Zoologie, l.  III,  p.  i  »,  av.  fig. 


DESCRIPTION.  453 

sant  à  partir  du  collet  jusqu'au  sommet  ou  dentelon  terminal  supérieur,  qui  est  le 
plus  fort  de  tous,  et  mesure  0,04  0  à  sa  base.  Il  y  en  a  quatre  le  long  du  bord 
placé  au  devant  de  lui  et  cinq  au  bord  placé  en  arrière  ;  en  avant  et  en  arrière, 
celui  de  ces  festons  qui  est  le  plus  rapprocbé  du  collet  est  relativement  très- 
petit  (0,002).  Cette  dent  diffère  des  dents  biradiculées  du  Squalodon,  en  ce 
qu'elle  est  un  peu  plus  longue,  à  couronne  un  peu  plus  élevée  et  plus  amincie,  à 
sommet  moins  rejeté  en  arrière  et  à  bords  antérieur  et  postérieur  moins  inégaux 
entre  eux;  la  partie  basilaire  de  sa  racine  est  aussi  plus  aplatie  et  plus  longue; 
sa  couronne,  à  peu  près  lisse  en  debors,  est  un  peu  guillocbée  en  dedans  au- 
dessous  des  festons;  elle  est  aussi  plus  comprimée. 


Dent  'le  PhocoJon  trouvée  à  Saint-Médard-en-Jalle  (I). 

M.  Delfortrie  a  bien  voulu  me  communiquer  cette  dent  et  m'autoriser  à  en 
prendre  un  moule.  L'examen  que  j'en  ai  fait  ne  me  permet  pas  de  douter  qu'elle 
ne  soit  d'un  animal  génériquement  différent  du  Squalodon;  si  donc  elle  appar- 
tient bien  à  un  Pbocodon,  comme  je  le  suppose,  ce  qui  pourrait  bien  être  aussi 
le  cas  pour  quelques-unes  des  dents  que  j'ai  signalées,  d'après  les  auteurs,  comme 
étant  véritablement  de  Squalodons,  il  restera  démontré  que  les  Phocodons et  les 
Squalodons  doivent  être  eux-mêmes  séparés  dans  la  classification.  Les  Squalodons 
sont  des  Cétodontes  du  groupe  des  Delphinorhynques  ou  Platanistidés,  mais  je 
n'oserais  pas  me  prononcer  encore  au  sujet  des  affinités  des  Pbocodons. 

i    Zeuglodon  Vasconum,  Delfortrie,  loco  citalo. 


154  GENRE    PLATAN1STE. 

A  la  synonymie  du  genre  Phocodon  se  rapporteraient  les  indications  suivantes  : 

Scilla,  De  Corp.  mar.,  PI.  XII,  fig.  1.  —  ld.,  Vana  speculazione  disingannata  dal  senso ,  p.  4,  PI.  XII, 
fig.  I  ;  Naples,  1G70.  —  Woodward,  Calai,  foreignfossils,  p.  25,  PL  II  :  17-28. — Phocodon  Scillœ,  Agass.,  lîe- 
pertorium  de  Valentin,  1841,  p.  236.  —  Hippopotamus  minor,  Owen,  Odoniogr.,  p.  564.  —  Phoca  melitensis. 
antiqua,  de  Blainv.,  Ost.  du  g.  Phoca,  p.  51.  —  Squalodon  Scillœ,  Brandt,  Foss.  Celac.  Europa's,  p.  330. 
—  ld.,  ibid.,  Suppl.,  p.  46.  —  Zeuglodon  Vascomun,  Dellbrtrie,  loc.  cit. 

Je  ne  suis  pas  en  mesure  de  décider  si  la  dent  de  Phocodon  trouvée  aux  envi- 
rons de  Bordeaux  est  bien  de  la  même  espèce  que  celles  figurées  par  Scilla  d'après 
la  pièce  recueillie  à  Malte.  Un  examen  comparatif  des  pièces  attribuées  aux  Squa- 
lodons,  plus  particulièrement  des  dents  considérées  comme  appartenant  à  ce  genre 
qui  ont  été  découvertes  en  Italie,  permettera  seul  de  reconnaître  si  plusieurs 
d'entre  elles  ne  devraient  pas  être  rapportées  de  préférence  à  des  Phocodons. 


DU    GENRE    PLA.TAÏSISTE. 

Tous  les  Cétodontes  dont  nous  avons  parlé  jusqu'à  présent  sont  des  animaux 
essentiellement  propres  aux  eaux  de  la  mer,  et  ce  n'est  que  par  accident  que  nous 
(ii  voyons  quelques-uns  échouer  à  l'embouchure  de  certains  fleuves,  comme  cela 
a  eu  lieu  pour  l'Hyperoodon  décrit  par  Hunier,  lequel  fut  pris  en  1785,  au  pont  de 
Londres,  ou  pour  ceux  au  nombre  de  trois  dont  ont  parlé  Dicquemare  et  Uaussard 
qui  vinrent  se  perdre  a  l'embouchure  de  la  Seine  en  1765  et  en  1788,  soit  au 
Havre,  soit  à  Honlleur;  ou  bien  encore  pour  le  Mésoplodon  signalé  par  deBlain- 
ville,  Mésoplodon  qui  fut  également  capturé  au  Havre,  où  il  se  perdit  en  IK:2:>. 

C'est  la  mer  qui  les  avait  amenés,  et  leurs  espèces  méritent  à  tous  égards  le 
nom  des  Thalassolhériens  par  lequel  nous  avons  proposé  de  désigner  en  commun 
les  Phoques,  les  Sirénidcs,  les  Halénides,  les  Cétodontes  et  les  Zeuglodontes , 
animaux  essentiellement  propres  aux  eau\  salées  cl  qui,  sauf  de  rares  exceptions, 
font  tous  partie  de  la  faune  maritime.  Mais  les  Lamantins  ne  se  rencontrent  pas 
seulement  à  la  mer;  il  en  existe  aussi  dans  les  grands  lleuves  de  l'Amérique  méri- 
dionale et  de  l'Afriqne  intertropicale  et  il  y  a  des  Cétodontes  qui  sont  exclusive- 
ment lluvialilcs.  On  les  observe  dans  l'Inde  et  dans  l'Amérique  méridionale.  Ce 


HISTORIQUE.  4,:> 

sont  pour  la  première  de  ces  régions  les  Platanistes,  animaux  de  la  famille  des 
Delphinorhynques,  ainsi  que  les  Oreelles  plus  rapprochés  des  Marsouins,  et,  pour 
la  seconde,  les  Inies  constituant  un  autre  genre  de  Delphinorhynques  ainsi  que 
les  Soialies  qui  diffèrent  bien  moins  des  Delphi nidés  (4). 

Des  différentes  espèces  de  Cétodontes  fluviatiles,  le  Plataniste  est  celle  qui  s'é- 
loigne le  plus  des  animaux  marins  de  cette  division  des  Cétacés.  Il  a  déjà  été  signalé 
par  Pline  et  par  Elien  qui  le  donnent  l'un  et  l'autre  comme  un  animal  vivant  dans 
le  Gange  (2).  Il  existe,  en  effet,  dans  ce  fleuve  ainsi  que  dans  ceux  qui  versent 
comme  lui  leurs  eaux  dans  le  golfe  du  Bengale  tels  que  le  Brahmaputra  et  l'Ira- 
waddi;  les  cours  d'eau  tabulaires  de  ces  trois  fleuves  le  possèdent  aussi  et  il  est 
particulièrement  commun  dans  les  Bouches  du  Gange;  mais  il  ne  va  jamais  à  la 
mer.  On  le  trouve  au  contraire  à  une  grande  distance  des  embouchures,  même  aux 
pieds  des  grandes  chaînes  propres  à  cette  partie  de  l'Inde,  et  le  général  anglais 
Hardwicke  en  a  fait  autrefois  dessiner  un  qu'il  avait  pris  à  1000  milles  de  l'Océan. 

Le  Plataniste  porte  au  Bengale  le  nom  de  Sisuc/c  que  divers  auteurs  écrivent 
Susu,  Susuh,  Sousou,  etc.  C'est  Lesson  qui  a  repris  comme  générique  le  nom  de  Pla- 
tanistafô),  pour  l'appliquer  au  Delphinorhynquc  du  Gange;  mais  on  doit  à  Henri 
Jules  Lebeck,  missionnaire  danois  à  ïranquebar.  ainsi  qu'à  Boxburg,  d'avoir 
les  premiers  signalé  ce  Cétacé  aux  modernes.  Ils  lui  ont  l'un  et  l'autre  consacré  une 
notice  publiée,  la  première  en  1 80 1  et  la  seconde  en  \  805;  c'est  Shaw  qui  lui  a  d'abord 
assigné  sa  place  dans  les  catalogues  méthodiques  en  l'appelant  Dephinus  roslratus. 
quoiqu'il  eût  déjà  reçu  de  Lebeck  la  dénomination  de  Delphinus  gangeticus.  Diffé- 
rents naturalistes  se  sont  occupés  depuis  lors  de  cette  singulière  espèce,  et  plu- 


(1)  D'autres  Cétodontes  fluviatiles  nous  sont  encore  signales  ailleurs,  mais  nous  n'avons  pas  la  preuve 
certaine  qu'ils  y  existent  réellement,  et  si  ce  sont  bien  des  animaux  de  ce  groupe,  leurs  caractères  nous 
sont  restés  entièrement  inconnus  jusqu'à  ce  jour.  Ainsi,  des  personnes  qui  ont  remonté  le  Mékong,  prin- 
cipal fleuve  de  la  Cochinchinc,  assurent  qu'il  s'y  rencontre  un  Dauphin,  mais  aucune  d'elles  ne  l'arapporté. 
l/abbé  David  nous  en  a  indiqué  un  en  Chine,  dans  l'Aleu,  à  plusieurs  centaines  de  lieues  de  l'embouchure 
de  ce  fleuve,  et  M.  Aucapitaine,  qui  était  excellent  naturaliste,  dit  (Revue  zoolcgiqur,  1859,  p.  23'J)  d'après 
Denham  etClaperton  qu'il  y  a  un  Cétacé  du  menu;  groupe  dans  le  bassin  du  Niger;  mais  ce  sont  là  autant 
d'indications  à  vérifier,  et  je  ne  les  reproduis  que  pour  appeler  sur  elles  l'attention  dis  voyageurs. 

{■2   Pline  le  signale  en  ces  termes  :  •<  In  Gange  Indiae  Platanistas  vocant,  rostro  Delphini  el  cauda 
magnitudine  autem  XV  cubitorum.  »  (Ilinl .  nat.  lib.,  C.  XV). 

Elien  dit  de  son  côté  en  parlantdu  Gange  :  «  Cete  procréât  quorum  adeps  unguentorum  usum  prœstal 
il  donne  aussi  à  ces  Cétacés  le  nom  de  Plataniste  [Plalanista). 

(3)  Nouv.  Tableau  du  Règne  animal,  p.  198;  1842. 


456  GENRE    PLATANISTE. 

sieurs  parmi  eux  ont  fait  connaître  des  particularités  intéressantes  de  sa  structure. 
Rappelons  d'abord  les  détails  synonymiques  suivants,  qui  sont  relatifs  au  Pla- 
taniste  : 

Platanista,  Pline.  —  Delphinus  gangeticus,  Lebeck,  iVeu.  Schriften  der  Berlin  Naturforsch.,  t.  [II,  p.  280, 
PI.  Il;  1801.  —  Roxburgh,  Account  on  a  new  species  of  Dolphin  [Asiat.  Research.,  t.  VII,  p.  170,  PI.  III; 
1801).  —  Delphinus  gangeticus,  Shaw,  Zool.,  t.  Il,  p.  514;  1801.  —  D.  Shawensis ,  Blainv.,  in  Desni., 
Nouv.  Dict.  d'Hist.  nat.,  t.  IX,  p.  153;  1817. 

On  possède  un  certain  nombre  de  Platanistes  dans  les  collections  européennes, 
soit  des  peaux  montées,  soit  des  squelettes  ou  diverses  pièces  séparées  pouvant 
également  servir  a  l'étude  anatomique  de  ces  animaux.  Ils  y  ont  été  apportés  par 
les  voyageurs  depuis  le  commencement  du  siècle  actuel  et  il  en  est  aussi  venu  de 
nouveaux  exemplaires  durant  ces  dernières  années.  Ceux  des  collections  anglaises 
ont  d'abord  été  offerts  par  Roxburgh,  par  le  D.  Wallicb  et  par  Hardwicke;  d'autres 
sont  dus  à  MM.  Blytk,  lilake,  etc.  Ils  ont  servi  aux  publications  d'Everard  Home  (I), 
ainsi  qu'à  celles  de  MM.  Gray,  11.  Oven  et  Flower.  Le  Muséum  de  Paris  en  a  reçu 
d'autres  de  deux  voyageurs  français  qui  ont  beaucoup  contribué  à  faire  connaître 
les  produits  naturels  de  l'Inde,  Diard  et  Duvaucel.  Cuvier  en  a  parlé  dans  son 
ouvrage  sur  les  Ossements  fossiles  (2)  et  ils  sont  devenus  la  base  principale  des 
observations  réunies  dans  ce  chapitre.  Citons  aussi  un  exemplaire,  encore  jeune, 
pris  auprès  de  Calcutta,  en  18-45,  qui  fut  dessiné  frais  par  les  soins  de  M.  Rcinhardt, 
naturaliste  de  l'expédition  danoise  la  Galalhea  à  qui  l'avait  remis  le  D.  Wallich. 
C'est  le  même  qui  a  fourni  à  Eschricht  les  matériaux  du  Mémoire  publié  par  lui  sur 
le  genre  qui  nous  occupe  (5). 

Principaux  caractkkks. —  Le  Plataniste  est  très-facile  à  distinguer  de  tous  les 
autres  Cétodontes,  et  plusieurs  de  ses  caractères  sont  si  singuliers  que  l'on  est 
bientôt  conduit  à  le  regarder  comme  constituant  non-seulement  un  genre  à  part 
niais  une  tribu  bien  distincte  auprès  de  laquelle  viendraient  se  placer  aussi  les  Inies 
et  les  Pontopories.  C'est  à  cette  tribu  que  j'ai  proposé  de  donner  le  nom  de  Plata- 


(1)  Everard  Hume,  Philos.  Trans.,  1818,  p.  'il 7,  PI.  \\  [pièce  déjà  figurée  par  Koxburgh  dans  les  Asialic 
Hesearchet  pour  1801  et  reproduite  dans  m. lie  Allas  Pl.XXXI.^.l).— Ovtm,Descript.Catal.r.  Coll.o/Sur- 
geons,  Osteological  Séries,  t.  II, p.  W8.—  Id.,  Odontography,  p.  352,  PI.  1.XXXVI1  a,  fig.  7.  -  Cray,  Cala- 
logue  "I  Seal»  and  Whales,  y.  220,  et  Supplément,  p.  62.-  Flower,  Trans.  zool.  Soc.  London,  t.  VI,  p.  114. 

(2)  Oss.  foss.,  i.  \.  part.  I.  p.  27!)  d  298,  PI.  XXII,  fig.  .s  a  m. 

(3)  ln-4"  avec  PI-,  Copenhague,  1851.  —  Mémoire  reproduit  snus  le  titre  de  <>n  gangetic  Dolphin,  dans 
!,•>  Annal»  and  Magazine  ofnaiural  History,  i'  série,  t.  IX,  p.  161  ci  279,  Pi.  V-VII  ;  1852. 


CARACTÈRES  GÉNÉRAUX.  .457 

nistins  (1),  mais  il  me  semble  ajourd'hui  que  le  Plataniste  doit  en  former  nue 
à  lui  seul,  tant  les  particularités  qui  le  distinguent  des  autres  animaux  de  cette 
famille  sont  elles-mêmes  prononcées. 

Son  museau  est  en  forme  de  rostre  allongé  et  comprimé,  garni  d'une  trentaine  de 
paires  de  dents  pour  chaque  côté  des  mâchoires,  dents  dont  les  antérieures  sont  rele- 
vées en  cônes  aigus,  tandis  que  les  autres  se  raccourcissent  et  tendent  à  devenir  gem- 
miformes;  ses  lèvres  sont  rudimentaires,  ce  qui  laisse  les  dents  à  découvert  et  donne 
à  l'animal  un  air  de  voracité  tout  particulier;  sa  bouche  est  fendue  jusqu'au-des- 
sous des  yeux,  qui  sont  très-petits;  l'évent  est  dirigé  longitudinalement;  le  front 
est  renflé,  mais  non  séparé  brusquement  du  rostre;  les  nageoires  pectorales,  répon- 
dant aux  membres  antérieurs  des  autres  Mammifères,  sont  comme  flabelliformes, 
elles  s'élargissent  vers  leur  partie  terminale  qui  est  coupée  carrément;  la  nageoire 
dorsale  est  courte  et  surbaissée;  la  queue  est  terminée  par  une  nageoire  élargie 
et  échancrée. 

La  longueur  de  l'animal  semble  pouvoir  acquérir  près  de  4  mètres;  mais  celle 
de  la  plupart  des  sujets  que  l'on  connaît  atteint  au  plus  2  mètres. 

Si  l'on  ajoute  à  ces  caractères  de  valeur  diverse,  mais  dont  plusieurs  ont  une 
importance  considérable,  la  forme  singulière  du  crâne,  la  disposition  longuement 
symphysée  de  la  mâchoire  inférieure,  qui  rappelle  à  certains  égards  celle  du 
Cachalot,  la  présence  au-dessus  du  front  et  retenue  dans  les  mailles  d'un  réticule 
fibreux  d'une  masse  d'apparence  graisseuse  comparable,  sinon  par  sa  nature  chi- 
mique, du  moius  par  la  manière  dont  elle  se  développe,  au  sperma-céti  comme  il 
y  en  a  chez  ce  dernier  genre,  mais  protégée  ici  par  une  expansion  en  forme 
de  coiffe  fournie  par  la  partie  circumnasale  des  maxillaires  supérieurs,  enfin 
le  petit  nombre  des  rénules  dont  les  reins  sont  formés,  on  reconnaît  toute  la 
valeur  des  particularités  distinctives  du  Plataniste,  et  comme  ces  particularités  sont 
loin  d'être  les  seules  qu'il  présente,  on  est  tenté  d'admettre,  ainsi  qu'on  le  fait 
dans  quelques  ouvrages  récents,  que  ce  Cétacé  devrait  former  à  lui  seul  une  famille 
distincte;  mais  la  classification  que  nous  avons  proposée  pour  le  Plataniste 
semble  mieux  rendre  compte  des  véritables  affinités  de  ce  genre,  et  nous  admet- 
trons que  la  tribu  qu'il  constitue  à  lui  seul  doit  rester  associée  dans  une  même 


(I    Ilist.  des  Mammifères,  t.  II,  p.  321  ;  1845. 

58 


458  GENRE    PLANATISTE. 

famille  à  celles  des  Iniens  et  des  Pontoporiens.  C'est  dans  cette  famille  que 
nous  proposons  de  classer  aussi  divers  genres  non  moins  bizarres  propres  à  la 
faune  miocène,  et  dont  un  des  plus  remarquables  nous  a  précédemment  occupés 
sous  la  dénomination  de  Squalodon.  Ainsi  se  complétera  l'histoire  encore  peu 
connue  des  Delphinorhynques  ou  Platanistidés,  Cétodontes  piscivores  particuliers 
aux  eaux  douces,  vivant  à  peu  de  distance  du  littoral,  comme  c'est  encore  le 
cas  pour  le  Pontoporia,  ou  visitant,  ainsi  qu'il  le  fait  lui-même  l'embouchure  de 
grands  fleuves. 

On  rencontre  les  ossements  de  ces  Delphinorhynques  de  genres  éteints  dans 
les  assises  calcaires  ou  marneuses  ainsi  que  dans  les  faluns  laissés  par  la  mer  durant 
les  derniers  temps  de  la  période  tertiaire.  Les  petits  golfes  qu'elle  a  abandonnés 
nous  ont  conservé  de  nombreux  débris,  surtout  en  France  et  en  Belgique;  il  y  en 
a  aussi  aux  États-Unis.  Nous  en  parlerons  après  avoir  terminé  l'histoire  de  trois 
genres  actuellement  existants  de  la  famille  des  Platinistidés  ou  Delphinorhynques, 
savoir  le  genre  Plataniste,  objet  du  présent  chapitre,  le  genre  Inia  ou  Inie  et  le  genre 
Pontoporia  aussi  appelés  Sténodelphis. 

Squelette.  —  La  tète  osseuse  du  Plataniste  est  remarquable  à  plusieurs  égards; 
mais  ce  qui  la  distingue  principalement  de  celle  de  tous  les  autres  Cétacés, 
c'est  l'espèce  de  casque,  fendu  sur  la  ligne  médiane,  que  forme  au-dessus  de  la 
région  faciale  une  expansion  conchoïde  de  la  partie  correspondante  des  os  maxil- 
laires, la  môme  qui  se  joint  à  la  crête  des  os  frontaux  limitant  extérieurement  la 
fosse  temporale. 

Il  en  résulte  une  sorte  de  voûte  ouverte  au-dessus  des  orifices  extérieurs  des  na- 
rines pour  donner  passage  aux  évents,  et  antérieurement,  au-dessus  de  la  base  du 
rostre,  laquelle  se  trouve  surmontée  par  l'appareil  osseux  dont  il  s'agit  et  contient 
entre  elle  et  ce  dernier  le  système  fibreux  riche  en  principes  graisseux  dont  nous 
avons  déjà  parlé,  comme  contenant  une  matière  à  certains  égards  comparable  à 
l'éthal  des  Cachalots  (1).  Derrière  l'échancrure  postérieure  du  casque  osseux  se  re- 
trouve la  branche  montante  des  os  maxillaires,  dont  les  deux  extrémités  vont  se 
rejoindre  sur  la  ligne  médiane  et  concourent  avec  la  partie  voisine  des  frontaux 
à  former  la  saillie  médio-frontale.  Les  deux  moitiés  du  casque  lui-même  portent 

(i ,  L'analyse  d'une  portion  de  cette  Bubslance,  faite,  il  est  \  rai,  d'après  un  fragment  lire  d'un  individu 
qui  avait  séjourné  plus  de  trente  ans  dans  l'alcool,  n'y  a  pas  démontré  la  présence  d'éthal  ou  sperma-céti. 


SQUELETTE.  459 

sur  la  crête,  formée  par  les  frontaux,  qui  limite  en  avant  la  fosse  temporale,  mais 
sans  se  souder  avec  cette  crête,  et  leur  continuité  avec  le  reste  des  maxillaires  est 
facile  à  constater  au  moyen  d'une  coupe  transversale  du  crâne,  allant  du  sommet 
des  ouvertures  nasales  externes  à  celui  des  condyles  occipitaux.  Les  os  intermaxil- 
laires remontent  aussi  dans  la  région  nasale  de  la  face,  comme  cela  a  lieu  chez  les 
autres  Cétacés;  mais  ils  ne  le  font  pas  autant  que  les  maxillaires,  et  ce  n'est  qu'au- 
dessous  des  ouvertures  de  narines  qu'ils  se  touchent  entre  eux.  Au-dessus,  ils 
se  rapprochent  sans  se  mettre  en  contact.  Ces  os  se  continuent  en  avant,  ainsi 
que  les  maxillaires,  et  ils  sortent  de  dessous  la  voûte  conchoïde  en  se  prolongeant 
longuement  en  avant  pour  former  le  rostre  par  leur  jonction  avec  les  intermaxil- 
laires; de  chaque  côté  des  narines  la  partie  interne  de  ces  derniers  est  recouverte 
par  eux  dans  une  certaine  étendue. 

Quant  au  rostre  lui-même,  il  est  comprimé,  moins  élevé  dans  son  milieu  qu'à 
sa  base  et  en  avant,  sillonné  dans  la  presque  totalité  de  sou  parcours  par  une  gorge 
plus  élargie  en  arrière  qu'elle  ne  l'est  en  avant,  et  qui  est  située  auprès  de  son 
bord  supérieur.  La  partie  correspondante  des  intermaxillaires  y  est  entièrement 
unie  aux  maxillaires;  mais  la  suture  des  premiers  entre  eux  persiste  pendant  un 
temps  plus  long  que  celle  qui  les  unit  aux  maxillaires.  La  coupe  verticale  du  rostre 
donne  une  sorte  de  trèlle,  doublement  évidé  dans  ses  parties  latérales  inférieures 
qui  correspondent  aux  os  maxillaires,  simplement  évidé,  au  contraire,  c'est-à-dire 
unicanaliculé  dans  celle  qui  répond  aux  deux  intermaxillaires  réunies.  Les  deux 
faces  de  ces  os  maxillaires  sont  disjointes  dans  leur  partie  pré-oculaire  en  dedans 
des  voûtes  orbitaires,  et  c'est  vers  ce  point  que  sortent  les  nerfs  sous-orbitaires,  à 
peu  de  distance  en  avant  des  trous  optiques.  Les  palatins  sont  grands,  prolongés 
en  pointe  en  avant  et  ils  ont  leurs  deux  faces  dédoublées  inférieurement.  On  ne 
voit  pas  de  ptérygoïdiens. 

La  face  extérieure  des  voûtes  conchoïdes  est  marquée  de  stries  curvilignes,  très- 
apparentes  dans  les  jeunes  sujets;  l'inférieure  est  simplement  rugueuse  à  un  âge 
plus  avancé.  Leur  face  interne  présente  des  vacuoles  ou  excavations  anastomotiques 
en  rapport  avec  la  masse  fibro-graisseuse  qu'elle  recouvre.  La  boîte  cérébrale  est 
petite;  extérieurement,  sa  surface  occipitale  est  contournée  par  une  double  crête 
de  direction  sigmoide  notablement  dissymétrique,  qui  la  sépare  de  la  région  tem- 
po ro-oculaire;  elle  a  l'apparence  d'une  fosse  d'abord  élargie,  mais  qui  se  resserre  en 


460  GENRE  PLATANISTE. 

remontant  vers  la  saillie  syncipitale.  Les  os  pariétaux  et  frontaux  sont  visibles  de 
chaque  côté  dans  une  étendue  considérable,  bien  que  les  pariétaux  soient  en  partie 
doublés  par  les  temporaux.  Les  os  nasaux  sont  au  contraire  très-petits,  représeu  tés 
par  deux  petites  plaques  squamiformes  de  grandeur  inégale,  appliquées  près  du 
bord  interne  des  intermaxillaires  à  la  partie  supérieure  des  conduits  olfactifs  qui 
servent  au  passage  des  évents.  L'apophyse  zygomatique  des  temporaux  est  épaisse 
et  forte;  elle  aboutit  directement  à  la  partie  supra-orbitaire  des  frontaux,  avec 
laquelle  elle  forme   une  articulation  fixe. 

L'os  zygomatique  mérite  une  mention  spéciale  :  on  ne  saurait  mieux  le  comparer 
qu'au  marteau  de  l'oreille  ;  il  est  en  effet  renflé  en  manière  de  tète  à  sa  partie  anté- 
rieure, et,  postérieurement,  il  se  prolonge  en  une  apophyse  assez  courte  rappelant 
le  manche  du  même  osselet.  Ce  manche  est  la  partie  styliforme  de  l'os  qui  nous 
occupe;  il  le  fixe  sous  la  pointe  antérieure  de  l'apophyse  zygomatique  du  tem- 
poral, tandis  que  sa  tète  renflée  et  l'élargissement  qui  lui  fait  immédiatement 
suite,  élargissement  qui  présente  à  son  tour  une  saillie  rappelant  l'apophyse  de 
Raw,  le  mettent  en  rapport  avec  la  partie  antéro-inférieure  de  la  voûte  orbitaire 
du  temporal,  ce  qui  complète  le  cercle  orbitaire  encadrant  l'œil  si  petit  de  ce  sin- 
gulier animal. 

Le  palais  est  étroit,  et  les  deux  séries  dentaires  se  touchent  dans  une  partie  de 
leur  longueur,  surtout  vers  le  commencement  du  troisième  tiers  de  la  mâchoire 
supérieure. 

La  base  du  crâne  est  plus  solide  chez  le  Plataniste  que  chez  la  plupart  des  autres 
Cétacés,  et  les  trous  qu'on  y  remarque  présentent  un  moindre  développement.  On 
voit  cependant  quelques  trous  dans  la  partie  de  l'ethmoïde  qui  répond  à  la  portion 
criblée  de  cet  os,  et,  à  la  base  du  crâne,  on  en  reconnaît  plusieurs  autres  indépen- 
damment des  trous  déchirés  au  bord  externe  desquels  est  attachée  l'oreille 
osseuse;  mais  il  faudrait  en  faire  l'étude  sur  des  sujets  plus  jeunes  encore  que  ceux 
que  possèdent  nos  collections. 

Ajoutons  pour  terminer  cet  exposé  des  os  crâniens  du  Plataniste  que  ces  os  n'ont 
que  peu  ou  point  de  diploé,  et  que  leur  structure  est  en  grande  partie  éburnée  au 
lieu  d'être  spongieuse  comme  elle  l'est  dans  beaucoup  d'autres  espèces  du  même 
ordre. 

On  reconnait  l'os  de  la  caisse  auditive  du  Plataniste  à  la  division  bien  marquée 


SQUELETTE.  4G1 

en  deux  lobes  inégaux  de  sa  partie  renflée  ou  partie  inféro-postérieurc,  et  surtout 
à  la  forme  rétrécie  et  terminée  en  pointe  aiguë  de  sa  portion  antérieure;  eette 
forme  s'éloigne  sensiblement  de  celle  des  Ziphioïdcs,  aussi  bien  que  de  celle  des 
Daupbins  ou  des  Marsouins.  Le  sillon  longitudinal  tracé  sur  la  face  inférieure  ne 
parcourt  pas  la  caisse  en  totalité,  mais  il  laisse  un  volume  bien  plus  considérable 
au  lobe  externe  qu'à  l'interne;  il  n'offre  rien  de  bien  particulier. 

La  mâchoire  inférieure  du  même  Cétacé  a,  de  son  côté,  une  forme  spéciale  :  elle 
rappelle  d'une  manière  singulière  celle  du  Cachalot,  soit  que  l'on  considère  les 
nombreuses  dents  dont  elle  est  armée,  soit  que  l'on  tienne  surtout  compte  de  sa 
longue  sympbyse.  Ses  deux  moitiés  droite  et  gaucbe  sont  entièrement  soudées 
l'une  à  l'autre  dans  toute  leur  partie  dentaire,  mais  plus  loin  les  deux  brandies 
s'écartent  avant  de  fournir  pour  chaque  côté  l'apophyse  coronoïde  qui  est  curviligne. 
Les  condyles,  qui  sont  épaissis  en  dehors  et  situés  dans  le  prolongement  de  la  ligne 
longitudinale  de  l'os,  ont  leur  saillie  angulaire  assez  faible  et  émoussée.  La  moindre 
épaisseur  de  la  mâchoire  est  en  arrière  de  l'insertion  des  dents;  une  ligne  excavée, 
placée  près  du  bord  inférieur,  suit  la  partie  dentifère  dans  presque  toute  sa  lon- 
gueur, à  peu  de  distance  du  bord  symphysaire  inférieur  et  se  continue  en  arrière 
jusque  sous  le  coudyle,  où  elle  s'élargit.  En  pratiquant  une  coupe  verticale  de  la 
même  pièce,  dans  sa  partie  symphysée,  on  constate  que  les  canaux  dentaires,  droit 
et  gauche,  ici  assez  amples  et  excavant  à  leur  point  d'origine  la  partie  antérieure 
des  condyles,  se  continuent  dans  la  longueur  de  la  mâchoire,  ce  qui  occasionne  le 
renflement  plus  ou  moins  prononcé  que  celle-ci  présente,  surtout  dans  la  moitié 
postérieure  de  sa  partie  symphysée,  au-dessus  de  la  cannelure  externe.  Vers  sa 
portion  terminale  la  mâchoire  inférieure  décrit  une  faible  courbure  qui  tend  à  la 
relever  en  avant,  là  où  précisément  ses  dents  sont  le  plus  acérées  et  ont  le  plus 
de  longueur;  ce  recourbement  en  dessus  est  plus  saillant  chez  les  sujets  avancés 
en  âge  que  chez  les  jeunes.  La  partie  antérieure  de  la  même  mâchoire  est  aussi  plus 
comprimée  et  son  apparence  carénée  est  plus  manifeste. 

L'os  hyoïde  ne  nous  est  pas  connu  chez  l'animal  entièrement  adulte;  celui  des 
sujets  encore  jeunes  que  nous  possédons  est  encore  incomplètement  ossihé  ;  il 
a  le  corps  formé  par  un  disque  représentant  un  peu  plus  d'un  demi-cercle  et  dont 
la  troncature  est  en  arrière;  les  cornes  thyroïdiennes  s'y  articulent  par  l'in- 
termédiaire d'un  court  cartilage,  mais  sans  se  souder  avec  lui  ni  prendre  l'appa- 


462  GENRE  PLATANISTE. 

rence,  en  croissant,  habituelle  aux  Dauphins  ;  en  oulre  les  cornes  styloïdiennes  n'ont 
que  leur  articulation  terminale  d'ossiûée;  celle-ci  est,  comme  à  l'ordinaire,  la  plus 
longue  des  trois,  mais  les  deux  qui  la  précèdent  sont  moins  courtes  que  chez  le 
Dauphin  ou  le  Marsouin.  11  sera  bon  d'examiner  la  forme  que  cette  partie  du 
squelette  affecte  chez  les  sujets  adultes. 

Le  rachis  se  compose  de  quarante-sept  vertèbres  en  tout,  savoir  :  sept  cervicales, 
onze  dorsales,  six  lombo-sacrées  et  vingt-trois  coccygiennes. 

Les  cervicales  sont  toutes  séparées  les  unes  des  autres;  c'est  l'atlas  qui  offre  le 
plus  de  largeur.  Les  autres  vont  en  décroissant  sous  ce  rapport  et  les  cinq  pre- 
mières dorsales  continuent  à  diminuer  dans  la  môme  progression  ;  mais  l'élargisse- 
ment des  vertèbres  suivantes  se  continue  jusqu'au  milieu  des  lombes.  Les  deux 
surfaces  articulaires  fournies  par  l'atlas  aux  deux  condyles  occipitaux  sont  grandes, 
assez  fortement  séparées  l'une  de  l'autre  et  situées  latéralement;  le  trou  qui  donne 
passage  à  la  moelle  est  considérable,  il  est  un  peu  plus  élargi  en  haut  qu'infé- 
rieurement  ;  l'arc  supérieur  en  est  presque  droit,  quoique  faiblement  en  voûte  trans- 
versale, il  n'a  que  peu  d'épaisseur  et  manque  de  saillie  médiane  répondant  à  l'a- 
pophyse épineuse;  l'inférieur  décrit  une  ligne  plus  arquée,  il  est  épais,  mais  on  voit 
sur  la  partie  médiane  de  son  bord  supérieur  une  fossette  articulaire  destinée  à 
l'apophyse  odontoïde  de  l'axis;  en  ce  point,  il  présente  une  saillie  dirigée  en  ar- 
rière et  qui  s'applique  sous  la  seconde  vertèbre  en  s' articulant  avec  elle.  L'apo- 
physe épineuse  de  l'axis  fait  une  notable  saillie  qui  penche  en  arrière.  On  ne  voit 
pas  à  cette  vertèbre  de  trou  pour  former  le  canal  vertébral,  mais  une  saillie  existe 
en  arrière  sur  la  base  de  son  apophyse  épineuse,  et  il  y  en  a  une  paire  située  plus 
bas,  et  en  avant,  pour  constituer  les  deux  grandes  facettes  articulaires  destinées 
à  l'atlas  ;  l'apophyse  odontoïde  est  représentée  par  une  tubérosité  irrégulièrement 
conique  qui  prolonge  obliquement  en  avant  la  face  antérieure  du  centrum  ou 
corps  de  cette  vertèbre  comme  une  sorte  de  mamelon  incliné;  elle  contribue 
à  donner  à  l'arc  vertébral  inférieur  un  diamètre  antéro-postérieur  plus  long  que 
celui  (h;  l'atlas,  et  tout  sou  bord  inférieur  est  en  relation  articulaire  avec  le  dessus 
de  la  saillie  postérieure  de  ce  dernier;  elle  est  également  en  contiguïté  avec  les 
doux  glandes  facettes  latérales  au  moyen  desquelles  l'axis  joue  sur  celui-ci. 

Les  vertèbres  qui  suivent,  à  partir  de  la  troisième  cervicale,  sont  courtes,  arti- 
culées entre  elles  par  des  facettes  antérieures  et  postérieures  placées  à  la  base 


SQUELETTE.  463 

externe  de  leurs  arcs  neuraux,  lesquels  manquent  d'apophyses  épineuses  ou  n'en 
ont  que  de  rudimentaires.  Le  trou  bilatéral  destiné  à  l'artère  vertébrale  ne  se  montre 
qu'à  la  troisième,  encore  est-il  petit  et  parfois  il  n'existe  pas.  On  n'en  voit  pas  aux 
trois  autres,  qui  n'ont  de  chaque  côté  qu'un  arc  largement  ouvert  par  suite  de  la 
disjonction  persistante  des  deux  paires  d'apophyses  qui  le  ferment  chez  beaucoup 
d'autres  Mammifères;  en  se  joignant  l'une  à  l'autre  sur  chaque  côté;  celui  de  la  qua- 
trième vertèbre  est  cependant  plus  près  de  se  compléter  que  celui  des  cinquième 
et  sixième,  et  il  est  probable  que  cela  a  lieu  avec  l'âge;  quant  à  la  septième, 
elle  ne  doit  pas  en  avoir,  et  en  effet,  la  saillie  inférieure  manquant  de  chaque  côté 
de  cette  vertèbre,  elle  devient  par  cela  même  plus  semblable  aux  premières  dor- 
sales. 

Les  vertèbres  qui  suivent  depuis  la  première  dorsale  jusqu'aux  premières 
coccygiennes,  celles-ci  comprises,  ont  leurs  apophyses  épineuses  saillantes,  fortes 
et  cultriformes;  mais  après  les  dorsales,  on  ne  constate  plus  la  présence  à  leur  base 
que  d'une  scide  paire  de  facettes  pour  l'articulation  de  cette  partie  des  vertèbres  entre 
elles;  les  saillies  articulaires  antérieures  deviennent  déplus  en  plus  prononcées  àl'en- 
contre  des  postérieures  qui  diminuent  successivement  et  disparaissent  avant  la  fin 
de  la  région  lombo-sacrée.  Vers  ce  point  les  saillies  articulaires  antérieures  se  rape- 
tissent également  peu  à  peu  et  la  plupart  des  vertèbres  coccygiennes  manquent  de 
ces  saillies  ou  n'en  ont  que  de  rudimentaires;  les  coccygiennes  postérieures  man- 
quent aussi  d'apophyses  épineuses;  enfin  les  plus  reculées  des  vertèbres  sont  plus 
larges  que  hautes, percées  verticalement  d'un  trou  sur  leurs  masses  latérales,  et  elles 
décroissent  en  volume  depuis  la  neuvième  avant-dernière  jusqu'à  la  terminale.  C'est 
toutefois  un  caractère  des  vertèbres  du  Plataniste  que  d'avoir  les  facettes  articu- 
laires antérieures  de  ses  vertèbres  portées  par  des  apophyses  plus  ou  moins 
longues  et  qui  sont  plus  épaisses  aux  antérieures,  plus  longues  aux  intermédiaires 
et  plus  grandes  aux  postérieures.  Le  centrum  des  vertèbres  autres  que  les  cervi- 
cales est  à  peu  près  aussi  long  que  large,  notablement  plus  aplati  que  chez  le 
Dauphin  ou  le  Marsouin.  La  forme  en  est  irrégulièrement  cylindrique.  Celles  qui 
portent  les  côtes  et  font  partie  de  la  série  dorsale  ont  d'abord  leurs  saillies  costi- 
fères  raccourcies  et  la  cinquième  dorsale  a  la  sienne  qui  est  plus  particulièrement 
dans  ce  cas;  ultérieurement  les  mômes  saillies  s'allongent  en  s'aplatissant,  pour 
prendre  en  partie  la  forme  de  véritables  apophyses  transverses,  forme  nettement 


464  GENRE  PLAÏAN1STE. 

accusée,  chez  les  suivantes,  sur  leurs  deux  surfaces  articulaires  aplaties.  Enfin,  à 
partir  des  lombes  les  apophyses  des  vertèbres  transverses  recommencent  à  diminuer 
et  elles  sont  rudimentaires  ou  nulles  dans  la  région  caudale  postérieure,  laquelle 
est  caractérisée  à  son  tour,  du  moins  pour  ses  huit  ou  neuf  premières  vertèbres, 
par  la  présence  d'os  en  V  situés  sous  les  corps  vertébraux. 

Les  premières  côtes  s'articulent  avec  les  vertèbres  auxquelles  elles  correspondent 
par  une  tête  et  une  tubérosité  distinctes,  quoique  peu  séparées  l'une  de  l'autre.  Le 
nombre  des  côtes  est  de  onze  paires;  ces  os  sont  peu  épais  et  en  général  plus  ou  moins 
aplatis.  Ceux  de  la  région  intermédiaire  sont  plus  larges  dans  leur  milieu  qu'à  leurs 
extrémités  supérieure  et  inférieure;  ce  sont  aussi  ceux  qui  acquièrent  la  plus 
grande  dimension. 

Le  sternum  résulte  do  plusieurs  pièces  disposées  en  série,  sans  doute  trois  :  la 
première  est  irrégulièrement  carrée,  ayant  le  bord  antérieur  plus  large  que  le  pos- 
térieur et  les  angles  latéro-antérieurs  saillants  pour  servir  à  l'insertion  de  la  partie 
cartilagineuse  delà  première  paire  de  côtes.  Cette  première  sternèbre  n'est  plus 
séparée  en  ses  deux  moitiés  latérales  dans  nos  squelettes,  comme  l'est  au  contraire 
la  suivante  dans  deux  d'entre  eux,  et  celle-ci  présente  une  moindre  surface  ;  ses  deux 
moitiés  sont  inégales  entre  elles;  avec  le  temps  elle  se  soudent  ensemble  pour  ne 
plus  former  qu'une  seule  pièce  (1).  A  la  jonction  de  cette  seconde  sternèbre  avec  la 
première  s'insère  la  seconde  paire  de  cartilages  costaux,  et,  entre  elle  et  la  troisième 
sternèbre,  la  troisième  paire  de  ces  cartilages.  De  même  que  la  seconde,  la  troisième 
sternèbre  est  d'abord  formée  de  deux  pièces  placées  l'une  à  côté  de  l'autre  et  qui 
diffèrent  entre  elles  par  l'étendue  de  leur  surface;  cette  troisième  sternèbre  est  à 
son  tour  moins  large  que  les  deux  précédentes  et  son  diamètre  transversal  n'égale 
guère  que  le  quart  du  bord  antérieur  de  la  première. 

L'omoplate  est  sécuriforme,  plus  allongée  que  haute  et  plus  prolongée  en  arrière 
qu'en  avant  ;  on  n'y  voit  pas  de  partie  coracoïdicnne,  mais  son  acromion  est  très- 
marqué  et  il  surmonte  une  échancrure  arrondie;  en  même  temps  son  bord  infé- 
rieur, d'abord  sensiblement  rectiligne,  descend  obliquement  en  s'élargissant  vers 
son  extrémité.  La  face  externe  est  un  pen  convexe  et  l'interne  concave.  La  partie 
glénoïdienne  du  même  os  est  nettement  dégagée  de  sa  portion  aplatie. 

(I.  PI.  XXX,  fig.  1i). 


SYSTÈME  DENTAIRE.  465 

Quand  à  l'humérus,  il  s'élargit  notablement  à  sa  partie  inférieure,  où  l'on  voit 
deux  surfaces  articulaires,  une  pour  chacun  des  os  de  l' avant-bras. 

Ceux-ci  participent  à  l'élargissement  de  l'humérus,  et  c'est  même  le  cubitus  qui 
est  le  plus  fort  sous  ce  rapport  ;  il  est  presque  carré. 

Au-dessous  du  radius  sont  trois  os  carpiens  formant  une  première  rangée;  une 
seconde  rangée  comprend  quatre  os  :  le  premier,  un  peu  allongé,  portant  le  méta- 
carpien du  pouce,  les  trois  suivants  subarrondis  et  sur  chacun  desquels  porte  aussi 
un  des  métacarpiens;  vient  ensuite  le  métacarpien  du  cinquième  doigt  en  partie 
inséré  sur  la  moitié  postérieure  de  l'extrémité  distale  du  cubitus,  en  partie  sur  le 
métacarpien  du  quatième  doigt. 

Au  delà  des  métacarpiens  nous  trouvons,  toujours  en  recourant  à  l'exemplaire 
jeune  et  tiré  de  l'alcool,  que  notre  collection  avait  autrefois  reçu  par  les  soins 
d'Alfred  Duvaucel  et  de  Diard  :  \ ,  5,  5,  5  et  5  phalanges. 

L'os  ischiatique,  seul  représentant  du  membre  postérieur,  n'offre  rien  de  par- 
ticulier. 

Système  dentaire.  —  La  forme  des  dents  du  Plataniste  traduit  d'une  manière  aussi 
évidente  que  remarquable  le  mode  de  nourriture  de  cet  animal  et  elle  est  plus  parti- 
culièrement en  rapport  avec  la  façon  dont  il  saisit  ses  aliments.  Elles  sont  grêles, 
pointues  et  un  peu  incurvées  en  dedans  ou  en  arrière  sur  toute  la  partie  anté- 
rieure des  mâchoires;  lorsque  la  bouche  se  ferme,  les  supérieures  s'intercalent 
entre  les  inférieures,  ce  qui  donne  lieu  à  une  quadruple  série  de  cônes  ou  fuseaux 
acérés  constituant  autant  de  herses  qui  ne  laissent  échapper  aucun  poisson  si 
glissant  qu'il  soit,  lorsqu'il  a  pu  être  saisi;  les  dents  diminuent  de  grandeur  à 
partir  de  la  portion  terminale  du  rostre  jusque  vers  son  milieu,  mais  en  conservant 
toujours  leur  disposition  en  crochets;  on  constate  cependant  qu'elles  deviennent 
un  peu  plus  épaisses  en  se  raccourcissant,  et  qu'elles  ont  aussi  leurs  deux  côtés, 
antérieur  et  postérieur,  moins  aplatis;  elles  tendent  ainsi  à  devenir  moins  aiguës 
et,  surtout  à  la  mâchoire  supérieure,  elles  sont  plus  comprimées,  en  même  temps 
qu'elles  s'élargissent  davantage,  ce  qui  tend  à  les  rendre  jusqu'à  un  certain  point 
aptes  à  un  commencement  de  mastication. 

Je  compte  au  total  LI7  dents  sur  la  tête  très-entière  et  bien  conservée  du  Pla- 

59 


466  GENRE  PLATANISTE. 

taniste  eocore  jeune  et  de  sexe  mâle  que  j'ai  fait  préparer  et  dont  le  squelette 
vient  d'être  décrit;  elles  sont  ainsi  réparties  : 

27  —  28 
30  —  32" 

Mais  les  chiffres  ne  se  retrouvent  pas  exactement  les  mêmes  dans  tous  les  exem- 
plaires observés,  et  l'on  constate  à  cet  égard  quelques  légères  variations. 

Au  point  de  vue  de  leur  structure,  les  dents  des  Platanistes  diffèrent  de  celles  des 
Cachalots  et  des  Cétodontes  ziphioïdes  en  ce  que  leur  couronne  manque  de  l'enve- 
loppe cémenteuse  propre  à  ces  derniers;  une  couche  brillante  d'émail  en  recouvre 
la  partie  principale,  qui  est  de  nature  éburnée.  Celle-ci  se  continue  dans  la  racine; 
mais  elle  y  est  entourée  par  un  dépôt  considérable  de  véritable  cément,  facile  à 
reconnaître  aux  corpuscules  osseux  qui  le  constituent,  et  dont  la  couche  épaisse 
recouvre  la  partie  éburnée,  c'est-à-dire  l'ivoire  proprement  dit,  en  s'étendant  jus- 
qu'à la  base  de  la  couronne. 

La  forme  des  dents  subit  chez  les  Platanistes  des  changements  très-considérables 
à  mesure  que  les  Cétacés  de  ce  genre  avancent  en  âge.  Outre  que  l'ivoire  et  la 
couche  d'émail  y  sont  entamés  par  l'usure,  ces  organes  se  modifient  dans  leur  forme; 
ils  poussent  en  s'élargissant  par  la  base,  deviennent  ainsi  plus  robustes,  et  pren- 
nent une  apparence  triangulaire  principalement  due  à  l'allongement  antéro-posté- 
rieur  de  la  portion  nouvelle  de  leur  base,  soit  racine,  soit  partie  inférieure  de  la 
couronne,  ce  qui  est  facile  à  constater  malgré  les  pertes  éprouvées  par  la  substance 
dentaire  sur  toute  la  longueur  des  mâchoires.  Les  alvéoles,  plus  particulièrement 
ceux  des  dents  antérieures  et  moyennes,  participent  à  cet  accroissement;  ils  de- 
viennent plus  profonds  et  l'ouverture  rectangulaire  dans  laquelle  sont  fixées  les 
racines  est  plus  considérable;  ceux  des  dents  postérieures  s'élargissent  aussi, 
mais  ils  perdent  de  leur  profondeur  et  les  dents  qui  s'y  adaptent  manquent  de 
solidité  ou  se  déchaussent  même  facilement. 

La  figure  des  dents  du  Plataniste,  donnée  par  F.  Cuvier  (I),  est  tirée  d'un 
sujet  moins  jeune  que  celui  dont  nous  avons  surtout  parlé  dans  cet  article;  c'est 
au  contraire  un  exemplaire  très-avancé  en  âge  qui  a  fourni  celles  dessinées  par 
Everard  Home  (2).  La  pièce  elle-même  qu'a  vue  cet  anatomiste  est  encore  conser- 


i\)  Dents  des  Mammifères,  p.  242,  l'I.  XCIX. 
/2)  Loco  citalo. 


ESPÈCE  DE  L'INDIUS.  467 

vée  au  musée  des  chirurgiens  de  Londres,  et  M.  Flower  a  bien  voulu  nous  la  prêter 
pour  en  faire  un  dessin  pour  notre  Atlas  (4)  et  en  même  temps  la  mouler.  Cette 
pièce  a  aussi  été  représentée  par  M.  Owen(2).  Nous  tenons  de  M.  Anderson,  de 
Calcutta,  que  les  vieux  Platanistes  ont  toujours  les  dents  ainsi  modifiées. 

La  ligne  dentaire  supérieure  du  Plataniste  d'Everard  Home  est  longue  de  0°',50. 

SECONDE  ESPÈCE  DU  GENRE  PLATANISTE. 

PLATANISTA  TND1  (5).  —  Les  détails  qui  précèdent  sont  plus  particulièrement 
tirés  de  Platanistes  originaires  du  Gange  (Platanista  gangetica)  ;  mais  il  est  bien 
constaté  que  le  bassin  de  ce  grand  fleuve  n'est  pas  le  seul  qui  nourrisse  des  ani- 
maux du  même  genre.  S'il  n'est  pas  possible  dédire  encore  si  le  Dauphin  signalé  dans 
le  grand  lac  du  Cambodge  est  ou  non  un  animal  analogue,  il  est,  d'autre  part,  incon- 
testable que  l'on  doit  regarder  comme  tel  le  Cétacé  dont  la  présence  a  été  constatée 
dans  les  eaux  de  l' Indus.  On  l'avait  d'abord  regardé  comme  une  simple  variété  de 
celui  du  Gange  ;  mais  M.  Blyth  croit  qu'il  représente  une  espèce  particulière,  et 
M.  Gray  a  adopté  cette  manière  de  voir. 

J'ai  étudié  à  Londres,  dans  le  musée  du  collège  des  chirurgiens,  la  tête  osseuse 
sur  laquelle  repose  la  distinction  du  Ptatanistalndi,  etil  m'a  été  permis  de  la  faire  des- 
siner pour  cet  ouvrage  (4);  elle  est  d'un  sujet  encore  jeune,  ce  qui  ne  permet  pas  de 
juger  de  la  nature  réelle  de  ses  caractères  spécifiques,  et  comparable,  quant  à  son 
âge,  à  celui  du  Gange  dont  je  donne  moi-même  différentes  parties;  elle  est  même 
un  peu  plus  jeune,  et  ses  dents  n'ont  pas  toutes  été  conservées,  ce  qui  ajoute  aux 
difficultés  d'une  comparaison  suffisamment  exacte.  Quant  à  son  assimilation  géné- 
rique avec  le  Plataniste  du  Gange,  elle  ne  saurait  être  contestée,  et  on  lui  retrouve 
toutes  les  particularités  principales  observées  chez  ce  dernier.  Peut-être  même 
n'y  a-t-il  pas  entre  ces  animaux  de  différence  spécifique  réelle;  mais  c'est  ce  que 
l'examen  de  plusieurs  sujets,  et  surtout  de  sujets  adultes,  permettra  seul  de  décider. 

Le  crâne  type  du  Platanista  Indi  n'a  que  0m,29  de  longueur  totale;  celui  du 
Plataniste  du  Gange  auquel  nous  l'avons  comparé  mesure  0m,57. 

(i)  pi.  •ns.hfig.  i. 

(2)  Odonlography,  p.  3i>2,  PI.  LXXXVII  a. 

(3)  Blyth,  Journ.  asiat.  Soc.  Beng.,  t.  XXVIII,  p.  493.  —  Gray,  Catal.  Seals  and  Whales  in  the  Brit 
Muséum,  p.  224. 

(4)  PI.  XXXI,  fig.  9. 


468  GENRE  INIA. 


GENRE   INIA 


Il  existe  dans  plusieurs  des  rivières  de  l'Amérique  méridionale  qui  portent  leurs 
eaux  à  l'Amazone  ou  appartiennent  au  même  bassin,  et  dans  ce  grand  fleuve  lui- 
môme,  un  genre  particulier  de  Cétodontes  ayant  les  principaux  caractères  extérieurs 
des  Dauphins,  mais  qui  appartient  plus  particulièrement  à  la  série  des  animaux  de 
cette  division  de  Cétacés  à  laquelle  nous  avons  laissé  en  propre  le  nom  de  Del- 
phinorhynques  ;  ce  genre  est  celui  des  Inias,  dont  l'unique  espèce  a  reçu  plusieurs 
appellations. 

En  effet  elle  a  été  mentionnée  pour  la  première  fois  par  Duhamel,  qui  par 
une  singulière  erreur  en  faisait  un  animal  particulier  au  Canada,  et  qui  a  rappelé 
ce  prétendu  habitat  eu  lui  donnant  le  nom  de  Dauphin  blanc  du  Canada  (l);  mais 
le  dessin  original  que  possédait  Duhamel,  dessin  que  j'ai  vu  et  dont  il  a  publié  lui- 
même  la  partie  représentant  la  tête  et  la  moitié  antérieure  du  corps,  ne  parait 
laisser  aucun  doute  au  sujet  de  cette  assimilation.  Cela  admis,  voici  la  synonymie 
de  l'Inia  : 

Delphinus  canadensis,  Desm.,  Mamm.,  p.  516  (d'après  Duhamel). 

Delphinus  geoffrensis,  Iilainv.,  in  Desm.,  Nouv.  Dict.  d'Ilist.  nat.,  t.  IX,  p.  131  ;  1867  (exemplaire  tiré 
du  musée  de  Lisbonne). 

Delphinus  Georffoyi,  Desm.,  Mamm.,  p.  512. 

Delphinus  frontatus,  Cuv.,  Oss.  foss.,  t.  V,  2e  partie,  p.  278  (2). 

Delphinus  amazonicus ,  Spix  et  Maitius,  Reise  in  Brasil,  t.  III,  p.  1 1 19, 1133  et  1831. 


(1)  «  On  m'a  envoyé,  dit  Duhamel  [Traité  des  Pèches,  partie  II,  section  X,  p.  il ,  PL  X,  fig.  4),  sous  le  nom 
de  Dauphin  ///anc,  de  douze  pieds  de  longueur,  le  dessin  qui  avait  le  museau  très-pelitet  tout  le  front  fort 
élevé  ;  la  position  des  yeux  et  des  nageoires  à  peu  près  comme  à  la  ligure  3  (a)  ;  mais  je  prie  que  l'on  fasse 
attention  que  ce  que  je  dis  des  Marsouins  [fig.  3  et  i)  n'est  que  d'après  les  figures  qu'on  m'a  envoyées  ;  car 
je  n'ai  pas  été  à  porlée  de  voir  ces  poissons,  ni  en  vie,  ni  desséchés.  » 
i  Le  Delphinus  Bertini,  Desm., Mamm.,  p.  :;x;. 
la)  Le  cràni'  représenté  par  Cuvier  PI.  XXI,  fig.  7et8),  et  qu'il  a  d'abord  attribué  à  la  même  espèce  que  l'exemplaire  du  musée  do 
Lisbonne,  appartient,  ainsi  qu'il  tst  dit  dans  l'explication  publiée  avec  la  quatrième  édition  de  sou  ouwage,  au  Delphinus  roslralus. 


CARACTERES  PRINCIPAUX.  469 

Inia  boliviensis,  d'Orbigny,  Noue.  Ann.  Mus.  Hist.  nat.  Paris-,  t.  III,  p.  22,  PI.  III. 

Inia  boliv.,  P.  Gerv.,  in  D'Orb.,  Voy.  Amer,  mérid.,  Mamm.,  p.  30,  PI.  XXII  ;  1847. 

Inia  geoffrensis,  P.  Gerv.,  in  Castelnau,  Anim.  rares  ou  nouv.  de  l'Amer,  du  Sud,  Mamm.,  p.  (.I0,  PI.  XIX. 

Iniageoffr.,  Flôwcr,  Trans.  zool.  Soc.  London,  t.  VI,  p.  87,  PI.  XXV-XXVII;  186fi. 


Caractères  principaux.  —  L'inia  dépasse  2  mètres  lorsqu'il  est  arrivé  à  toute 
sa  croissance.  Son  corps  est  assez  épais,  mais  cependant  fusiforme;  il  a  le  front 
renflé;  son  rostre  est  allongé  et  garni  de  poils  pendant  une  partie  de  la  vie;  sur  les 
bords  des  mâchoires  sont  rangées  de  nombreuses  dents  coniques  assez  fortes, 
lesquelles  ont  la  couronne  fortement  grenue  ;  les  postérieures  sont  pourvues  d'un 
talon  interne  saillant,  également  couvert  de  granulations.  Ses  nageoires  pectorales 
sont  sensiblement  élargies,  mais  elles  se  terminent  en  pointe,  au  lieu  d'être  cou- 
pées carrément  comme  chez  le  Plataniste  et  le  Pontoporia.  La  couleur  de  l'animal 
est  rosée,  principalement  sur  le  dessus  du  corps  et  à  la  tète;  la  face  externe  des 
pectorales  est  aussi  de  cette  teinles;  le  desous  est  gris  blanchâtre.  La  nageoire 
dorsale  est  surbaissée  au  lieu  d'être  falciforme  ;  elle  est  comparable  à  une  simple 
crête  ou  à  un  bourrelet  s'étendant  de  la  région  dorsale  postérieure  à  l'origine 
de  la  partie  caudale,  laquelle  se  termine,  comme  chez  les  animaux  du  même  ordre, 
par  une  nageoire  échancrée,  de  nature  cutanée. 

Ce  Cétacé  vit  non-seulement  dans  une  grande  partie  de  l'Amazone,  depuis  les 
environs  de  Para  jusque  dans  les  parties  de  ce  fleuve  qui  arrosent  le  haut  Pérou, 
à  la  hauteur  de  Pébas  et  de  Nauta,  par  exemple,  mais  aussi  dans  ses  principaux 
affluents  et  dans  quelques-uns  de  ses  sous-affluenls.  MM.  Castelnau  et  E.  Deville, 
l'ont  pris  dans  l'Uruguay,  assez  loin  de  son  confluent  avec  le  Tocantin,  lequel  se 
jette  dans  l'Amazone,  à  peu  de  distance  de  Para;  ils  l'ont  aussi  trouvé  dans  l'Ucayale, 
qui  coule  au  Pérou.  D'Orbigny  l'a  signalé  dans  les  grandes  rivières  des  plaines  de 
Moxos  et  de  Santa-Cruz,  particulièrement  dans  le  Rio-Mamoré  et  dans  le  Guaporé, 
qui  versent  leurs  eaux  dans  le  ilio-Madeira,  cours  d'eau  qui  s'étend  aussi  sur  une 
grande  étendue  de  pays  avant  de  rejoindre  l'Amazone. 

11  serait  possible  que  l'exemplaire,  précédemment  au  musée  de  Lisbonne,  que 
l'on  conserve  depuis  longtemps  à  Paris,  ait  fourni  la  figure  publiée  par  Dubamel 
sous  le  nom  de  Dauphin  blanc  du  Canada,  mais  cela  n'est  pas  certain.  Il  est  au  con- 
traire bien  connu  que  le  même  sujet  a  servi  de  type  au  Delphinits  geoffrensis  de  Blain- 
ville  et  que  c'est  bien  à  la  même  espèce  qu'appartient  le  Cétacé  prétendu  nouveau 


470  GENRE  INIA. 

que  d'Orbigny  a  nommé  plus  tard  Inia  ôoliviensis.  En  outre  on  ne  doit  pas  en 
séparer  le  Dauphin  appelé  Delphinus  amazoniens  par  Martius.  La  comparaison 
du  crâne,  tirée  de  la  peau  rapportée  de  Lisbonne  (I),  avec  celle  de  l'exemplaire 
typedel'Inia  (\)  ne  laisse  aucun  doute  au  sujet  de  la  première  de  ces  assertions,  et 
la  seconde  n'est  pas  davantage  contestable,  aussi  est-elle  généralement  admise. 

SQUELETTE. 

Non-seulement  le  crâne  de  l'Inia  est  facile  à  distinguer  de  celui  de  la  plupart 
des  autres  Cétacés  par  l'allongement  considérable  de  son  rostre  et  la  petitesse  rela- 
tive de  sa  caisse  cérébrale,  mais  aussi  par  diverses  autres  particularités,  et  il  offre 
dans  son  ensemble  quelque  analogie  avec  celui  de  certains  Ziphioïdes;  mais  on  ne 
saurait  le  confondre  avec  celui  d'aucun  des  animaux  du  même  ordre  qui  appartien- 
nent à  la  grande  famille  des  Dauphins  et  des  Marsouins.  Une  crête  saillante  part  de  la 
base  supérieure  des  apophyses  zygomatiques  des  temporaux  pour  remonter,  vers 
le  sommet  de  tête,  en  décrivant  une  double  courbure  régulière  qui  sépare  la  surface 
occipitale  d'avec  les  fosses  temporales,  et  touche,  vers  la  région  orbitaire,  la  ligne 
également  saillante  qui  limite  antérieurement  la  fosse  temporale.  Le  bord  supérieur 
de  l'occipital  lui-même  et  le  bord  des  pariétaux,  visible  en  dessus,  forment  la  partie 
postérieure  de  ces  lignes  ou  crêtes,  qui  encadre  la  surface  occipitale  et  va  en  s'épais- 
sissant  relever  la  région  supra-nasale,  où  se  voient  appliquées,  au-dessous  d'elles 
sur  le  plan  postérieur  des  cavités  nasales,  les  os  propres  du  nez.  Ceux-ci,  au  lieu 
de  rester  petits  et  inégaux  comme  dans  le  Plataniste,  constituent  deux  plaques  en 
rectangles,  appliquées  l'une  contre  l'autre  par  leur  côté  interne  et  qui  séparent 
la  terminaison  postérieure  de  la  branche  montante  des  maxillaires. 

De  chaque  côté,  la  région  fronto-nasale  se  continue,  au  moyen  de  la  partie  anté- 
rieure des  frontaux  recouvrant  le  milieu  des  pariétaux,  contre  le  bord  externe  de 
l'extrémité  postérieure  des  maxillaires,  et,  par  le  reste  de  son  étendue,  elle  aboutit 
à  la  saillie  antérieure  des  frontaux;  la  crête  bilatérale  n'étant  plus  fournie,  alors, 
que  par  le  bord  externe  des  os  maxillaires. 

Les  expansions  sus-orbitaires,  formées  comme  d'habitude  par  le  prolongement 


(1)  PI.  XXXIII,  fig.  8-11. 

(2)  Ibià.,  fig.  12. 


SQUELETTE.  47, 

extérieur  des  frontaux  auxquels  se  soudent  en  avant  la  partie  épaissie  des  os  zygo- 
matiques, sont  courtes  et  fortement  arquées;  l'apophyse  post-orbitaire  des  os  du 
front  est  très-sentie,  mais  elle  reste  séparée  de  celle  que  fournissent  de  chaque 
côte  les  temporaux  par  une  distance  assez  considérable,  et  la  portion  élargie  des 
os  zygomatiques  s'associe  antérieurement  à  la  voûte  orbitaire  en  formant  une  sorte 
d'apophyse  orbilaire  antérieure,  ce  qui  donne  à  cette  voûte  une  disposition  assez 
différente  de  celle  qu'elle  a  chez  les  autres  Delphinorhynques.  Nous  ignorons  le 
mode  de  terminaison  de  la  partie  grêle  des  zygomatiques,  os  bien  moins  différents 
ici  de  la  forme  habituelle  aux  Cétacés  que  ne  le  sont  ceux  du  Plataniste. 

La  partie  inférieure  du  crâne  participe  à  l'étroitesse  signalée  pour  sa  face 
supérieure. 

Les  intermaxillaires  sont  soudés  aux  maxillaires  dans  presque  toute  leur  longueur, 
et  l'on  ne  voit  de  trace  de  leur  suture  primitive  qu'auprès  des  ouvertures 
nasales;  encore,  un  seul  des  trois  crânes  que  nous  possédons  les  a-t-il  conser- 
vées. La  synostose  est  complète  dans  tout  le  reste  de  leur  longueur,  et  l'on  n'ob- 
serve point  de  chaque  côté  du  rostre  le  sillon  bilatéral  propre  au  Plataniste,  ainsi 
qu'au  Pontoporia;  l'Inia  rappelle  cet  égard  le  Squalodon.  H  en  est  de  même 
pour  sa  mâchoire  inférieure,  ce  qui  constitue  un  nouveau  point  d'analoaie  entre 
le  genre  éteint  des  Squalodons,  dont  nous  avons  parlé  dans  un  des  précédents 
chapitres,  et  le  Delphinorhynque  du  bassin  de  l'Amazone. 

La  cavité  glénoïde  est  assez  ample.  La  mâchoire  inférieure  s'articule  au 
moyen  d'un  condyle  également  fort  et  dont  la  partie  externe  est  reietée  en 
dehors;  son  apophyse  coronoïde  est  élevée  et  le  contour  en  est  sensiblement 
curviligne.  Une  longue  symphyse  synostosée  rattache  l'une  à  l'autre  les  deux 
branches  de  cette  mâchoire.  Elle  occupe  la  moitié  de  son  étendue,  mais  seule- 
ment les  trois  quarts  de  la  partie  dentifère.  De  même  que  la  supérieure,  la  mâ- 
choire inférieure  est  à  peu  près  rectiligne.  On  voit  sur  le  bord  extérieur  de  sa 
portion  pourvue  de  dents  une  série  de  petits  trous  écartés  les  uns  des  autres 
situés  le  long  de  la  ligne  occupée,  dans  les  deux  genres  voisins,  par  le  sillon 
latéral. 

Les  vertèbres  du  cou  sont  toutes  séparées  les  unes  aes  autres,  et  elles  restent 
sous  cet  état  pendant  toute  la  vie  de  l'animal,  ce  qui  constitue  l'un  des  caractères 
principaux  des  Delphinorhynques,  comparés  à  la  plupart  des  autres  Cétodontes. 


472  GENRE  INIA. 

L'atlas  forme  un  anneau  complet,  disposition  également  propre  anx  six  autres 
cervicales.  Ses  deux  facettes  d'articulation  avec  les  condyles  occipitaux  repré- 
sentent deux  surfaces  ovalaires  assez  considérables,  nettement  séparées  l'une  de 
l'autre,  et  dont  le  grand  diamètre  est  dirigé  obliquement.  En  arrière  de  l'arc  infé- 
rieur se  voit  une  forte  saillie  apophysaire,  déforme  à  peu  près  rectangulaire,  qui 
s'applique  sous  la  face  inférieure  de  l'axis,  avec  laquelle  elle  est  en  rapport  au  moyen 
d'une  articulation  jouant  sur  la  partie  correspondante  de  la  saillie  odontoïde. 
Cette  partie  articulaire  supplémentaire  se  joint,  par  ses  expansions  supérieures, 
aux  deux  surfaces  articulaires  que  présente  l'atlas,  en  arrière.  C'est  l'exagération 
d'une  disposition  que  nous  avons  déjà  observée  chez  le  Plataniste.  Quant  à  la 
saillie  du  bord  postérieur  de  l'atlas,  elle  s'étend  à  0ra,07  au  delà  de  sa  partie  pro- 
prement articulaire. 

L'apophyse  épineuse  de  l'axis  est  considérable  et  aplatie  d'avant  en  arrière. 
Au  milieu  de  sa  hauteur  existent  deux  apophyses  articulaires  postérieures,  une 
pour  chacune  de  ses  branches  neurapophysaires  ;  le  centrum  de  cette  vertèbre 
est  aplati  à  sa  face  postérieure;  ses  apophyses  transverses  sont  plus  saillantes 
que  celles  de  l'axis,  mais  également  privées  de  trou  pour  l'artère  vertébrale, 
tandis  qu'il  en  existe  un  complet  à  la  vertèbre  suivante.  Les  quatrième,  cinquième, 
et  sixième  cervicales  en  portent  également  un,  mais  qui  est  largement  ouvert  laté- 
ralement à  chacune  d'elles,  par  suite  de  l'ossification  incomplète  de  son  pourtour, 
d'où  il  résulte  que  les  expansions  supérieure  et  inférieure,  dont  le  double  canal 
devrait  être  fermé  de  chaque  côté,  restent  disjointes.  La  quatrième  de  ces  dernières 
vertèbres  cervicales  n'a,  comme  la  troisième,  qu'une  faible  épaisseur;  au  con- 
traire, la  cinquième  et  la  sixième  prennent  plus  de  force  et  leurs  apophyses 
latérales  inférieures  sont  également  un  peu  plus  épaisses.  Ces  dernières  apo- 
physes manquent  à  la  septième  cervicale.  Rappelons  aussi  que  les  troisième 
et  septième  cervicales  ont  leurs  apophyses  articulaires  antérieures  et  posté- 
rieures nettement  établies,  mais  que  leur  arc  spinal  ne  se  prolonge  pas  en  dessous 
en  une  apophyse  épineuse  épaissie,  comme  cela  a  lieu  pour  l'axis;  elles  ne  présen- 
tentsupérieurement  qu'une  faible  saillie.  Ces  différentes  vertèbres  sont  d'ailleurs, 
comme  d'habitude,  delà  forme  dite  biplane,  et  il  en  est  de  même  pour  les  autres 
pièces  de  même  ordre  qui  leur  fonl  suite,  quelle  que  soit  la  portion  du  rachis 
que  l'on  étudie. 


SQUELETTE.  473 

On  compte  13  dorsales  ou  vertèbres  costifères,  toutes  surmontées  d'apophyses 
épineuses  fortes,  qu'on  les  mesure  dans  le  sens  de  leur  hauteur  ou  d'avant  en  arrière. 
A  la  base  des  apophyses  épineuses  surmontant  les  vertèbres  dorsales  se  voient  les 
apophyses  articulaires  antérieures;  elles  sont  de  plus  en  plus  distantes  des  saillies 
qui  portent  les  côtes  à  mesure  que  l'on  passe  des  premières  de  ces  vertèbres  aux 
dernières,  et  elles  prennent  sur  celles-ci  la  forme  de  saillies  triangulaires,  tandis 
qu'elles  sont  rudimentaires  aux  vertèbres  lombaires.  Les  premières  vertèbres 
dorsales  sont  seules  pourvues  de  facettes  articulaires  antérieures  et  de  facettes 
articulaires  postérieures.  Les  côtes  qui  s'insèrent  sur  ces  premières  vertèbres  pos- 
sèdent à  la  fois  une  tête  et  une  tubérosité,  ce  qui  leur  permet  une  double  articu- 
lation avec  ces  masses  latérales,  toutes  plus  ou  moins  raccourcies.  D'autre  part, 
les  dernières  côtes  sont  portées  directement  et  par  une  seule  articulation  sur 
les  saillies  latérales  devenues  plus  longues  que  celles  des  précédentes,  et  qui 
prennent  alors  l'apparence  d'apophyses  transverses. 

Il  n'y  a  que  trois  vertèbres  que  l'on  puisse  regarder  comme  des  lombo-sacrées, 
parce  qu'elles  ne  portent  ni  côtes  ni  os  en  V.  Leurs  apophyses  épineuses  ont 
l'ampleur  de  celles  des  dorsales  et  leurs  apophyses  transverses  sont  toutes  grandes 
et  élargies.  Le  corps  de  ces  vertèbres,  comme  aussi  celui  des  dorsales,  est  d'ailleurs 
moins  court  qu'il  ne  l'est  en  général  chez  les  Dauphins  ou  les  Marsouins,  et  elles 
tiennent  aussi  à  certains  égards  de  la  disposition  que  nous  avons  constatée  chez 
les  Ziphioïdes,  sans  cependant  acquérir  une  égale  longueur.  D'ailleurs  la  forme 
des  lombaires,  de  même  que  celle  des  autres  vertèbres,  ne  permet  pas  de  confondre 
ces  pièces  avec  leurs  analogues  tirées  des  Dauphins  ou  des  Marsouins. 

Les  premières  coccygiennes  présentent  l'apparence  des  dernières  dorsales,  mais 
elles  portent  en  arrière  de  la  partie  inférieure  de  leur  corps  une  double  facette 
articulaire  servant  à  l'attache  des  os  en  V,  dont  le  premier  ne  dépasse  pas  le 
onzième  en  volume,  mais  a  ses  deux  moitiés  soudées  entre  elles,  tandis  que  celles 
du  onzième  restent  distinctes  l'une  de  l'autre.  Les  autres  os  en  V  sont  presque 
tous  assez  grands,  surtout  ceux  des  seconde  à  septième  vertèbres  de  cette  région. 
Les  apophyses  transverses  des  coccygiennes  diminuent  peu  à  peu,  à  mesure  que 
l'on  se  rapproche  de  la  partie  terminale  de  la  queue.  Le  corps  ou  centrum  d'un 
certain  nombre  d'entre  elles  devient  plutôt  ovalaire  que  circulaire,  et  les  termi- 
nales prennent  une  apparence  à  peu  près  cubique,  sauf  toutefois  que  leur  diamètre 

(30 


474  GENRE   IN1A. 

transversal  dépasse  leur  diamètre  antéro-postérieur.  Elles  manquent  complète- 
ment d'apophyses  épineuses  et  d'os  en  V,  et  une  double  perforation  vasculaire 
les  traverse  verticalement  de  part  en  part.  Il  y  a  dix-sept  vertèbres  coccygiennes, 

« 

peut-être  plus,  car  il  n'est  pas  certain  qu'une  ou  deux  de  ces  pièces,  parmi  les  plus 
reculées,  n'aient  pas  disparu  du  squelette  qui  figure  dans  notre  collection,  et  que 
nous  devons  à  MM.  de  Castelnau  et  Deville  (1). 

Trois  paires  de  côtes  seulement  vont  des  vertèbres  au  sternum,  sur  le  bord 
duquel  elles  s'articulent  par  une  assez  courte  portion  cartilagineuse;  ces  côtes 
et  les  suivantes  sont  épaisses  et  irrégulièrement  arrondies  plutôt  qu'aplaties. 

Le  sternum  a  une  forme  tout  à  fait  particulière  :  c'est  une  sorte  d'écusson  ova- 
laire,  constitué  d'une  seule  pièce  osseuse,  ce  qui  rappelle  la  disposition  de  cet  os 
chez  les  Balénides.  On  y  voit,  en  avant,  une  profonde  échancrure  médiane,  bordée 
par  une  double  crête  épaissie,  rejoignant,  de  chaque  côté,  une  autre  paire 
d'éminences  placées  un  peu  en  avant  de  la  ligne  qui  va  de  l'une  à  l'autre  des 
insertions  des  deux  premières  paires  de  côtes.  Les  deux  faces  du  sternum  sont 
d'ailleurs  aplaties  et  le  bord  postérieur  de  cet  os  dépasse  l'insertion  de  la  troisième 
paire  de  côtes.  Il  sera  intéressant  de  l'étudier  avant  sa  complète  ossification;  tel 
qu'il  existe  chez  l'adulte,  il  représente  une  sorte  de  bouclier  dont  la  largeur 
égale  à  peu  près  les  deux  tiers  de  la  longueur.  Sa  conformation  se  distingue  de 
celle  du  même  os  envisagé  dans  le  reste  des  Cétodontes. 

L'omoplate  est  sécuriforme  et  sensiblement  excavée  dans  la  partie  médiane  de  sa 
face  externe.  Ses  apophyses  coracoïde  etacromion  font  une  forte  saillie  en  avant 
de  son  bord  antérieur;  la  première  de  ces  apophyses  est  faiblement  arquée  en 
dehors,  la  seconde,  au  contraire,  notablement  courbée  en  dedans,  remontée  au- 
dessus  d'elle,  et  placée  plus  en  dehors.  La  cavité  glénoïde  est  ovalaire  d'avant  en 
arrière. 

L'humérus  est  dans  les  proportions  ordinaires,  mais  moins  court  que  celui  du 
Dauphin  ou  du  Marsouin;  il  présente  supérieurement  une  lubérosité  bien 
marquée,  et  sa  moitié  inférieure  est  comprimée;  disposition  qui  se  retrouve  au 
radius  et  au  cubitus. 

Ces  deux  os,  à  peu  près  aussi  larges  l'un  que  l'autre,  quoique  l'avantage,  sous  ce 


;l)  Le  h.iuelette  conservé  au  musée  des  Chirurgiens  de  Londres  en  possède  18. 


SYSTÈME  DENTAIRE.  475 

rapport,  reste  au  radius,  ont  plus  d'étendue  en  largeur  à  leur  extrémité  carpienne 
que  du  côté  de  l'humérus,  et  leur  longueur  dépasse  d'un  tiers  à  peu  près  celle 
de  ce  dernier.  Il  n'existe  point  d'apophyse  olécrane  au  cubitus. 

La  paitie  osseuse  du  carpe  est  composée  de  sept  os:  deux  situés  au-dessous  du 
radius  forment  pour  ainsi  dire  la  première  rangée;  les  cinq  autres  constituent 
la  seconde.  On  peut  toutefois  considérer  que  le  dernier  de  ceux-ci  répond  au  pisi- 
forme;  il  est  en  effet  situé  au  delà  du  cinquième  métacarpien. 

Les  phalanges,  aplaties  comme  le  reste  des  os  du  bras,  sont  supportées  pour 
chaque  doigt  par  un  os  métacarpien  dont  l'intermédiaire  est  le  plus  large.  Il  y  a 
une  phalange  au  premier  doigt,  cinq  au  second,  cinq  au  troisième,  trois  au 
quatrième  et  deux  au  cinquième.  La  longueur  du  troisième  doigt,  son  métacarpien 
compris,  est  presque  double  de  celle  de  l'avant-bras. 

Je  ne  connais  pas  l'ischion  de  ce  Cétacé  et  ne  puis  par  conséquent  rien  dire  au 
sujet  de  son  bassin. 

Dents.  —  La  dentition  de  l'Inia  n'est  pas  moins  caractéristique  de  ce  genre  de 
Cétodontes  que  son  squelette. 

Les  dents  y  sont  nombreuses,  variant,  chez  les  sujets  connus,  de  407  à  422, 
pour  ce  qui  concerne  l'ensemble  des  deux  mâchoires,  et,  pour  chaque  côté  de 
chaque  mâchoire,  pris  séparément,  de  27  à  54  en  dessus,  ou  de  25  à  55  en 
dessous. 

Leur  couronne  a  un  centimètre  au  plus  de  hauteur,  et  leur  racine  mesure  de 
\  à  2  centimètres. 

Voici  les  nombres  de  ces  dents  observés  sur  les  sept  exemplaires  dont  il  est 
parlé  dans  les  auteurs  : 

l"  Exemplaire  du  musée  de  Lisbonne,  type  de  l'espèce,  actuellement  au  Muséum  deParis:      _T   =  107. 

2°  Appartenant  au  Muséum  et  décrit  par  d'Orbigny  sous  le  nom  à'inia  bol iviensis :  — 53=  132. 

28  --  28 
3"  Appartenant  au  Muséum  et  décrit  par  moi  dans  l'ouvrage  de  M.  deCastelnau  :— —  =  108. 

28 28 

4"  Décrit  par  Martius:  — — =  114. 

29  —  29 

5°  De  Nauta  (Musée  britannique):—! =  104. 

^         2b  —  27 

OQ   90 

6"  D'Ega  (Musée  britannique):-- —  =  109. 

2G 29 

7°  D'Ega  (Musée  britannique;:  — —  =  110. 

*  —  28 


476  GENRE  PONTOPORIA. 

Comme  le  palais  et  la  mâchoire  inférieure,  celle-ci  envisagée  dans  sa  partie 
symphysée,  sont  allongés  et  étroits,  ces  organes  garnissent  chacune  des  deux 
mâchoires  d'une  double  série  d'armes  défensives,  à  l'aide  desquelles  les  Inias 
peuvent  aisément  saisir  au  passage  les  poissons,  que  le  corps  de  ceux-ci  soit 
onctueux  et  glissant,  ou  qu'il  soit  au  contraire  protégé  par  des  écailles  résistantes. 

Toutes  les  dents  sont  grenues  à  leur  surface,  et  elles  représentent  des  sortes  de 
cônes  à  peu  près  droits  pour  la  partie  antérieure  des  mâchoires,  un  peu  courbés 
en  arrière  dans  la  région  intermédiaire.  Les  postérieures,  légèrement  infléchies 
en  dedans,  sont  munies  à  leur  base  interne  d'un  épais  tubercule  ou  talon 
qu'on  ne  retrouve  dans  aucune  autre  espèce  du  même  ordre.  Ce  talon  a  sa  surface 
granuleuse  comme  les  dents  elles-mêmes,  et  celles-ci  peuvent  avoir  leurs  pointes 
plus  ou  moins  usées  par  la  mastication;  il  se  montre  à  partir  du  point  où  les  deux 
branches  du  maxillaire  inférieur  s'écartent  l'une  de  l'autre. 

Les  racines  sont  également  fortes,  et  chez  les  sujets  adultes  elles  s'élargissent 
vers  leurs  extrémités. 


DU  GENRE  PONTOPORIA  OU  STÉNODELPHIS. 


Le  Cétacé  auquel  cette  double  dénomination  a  été  imposée  a  été  signalé  pour  la 
première  fois  par  moi  en  -J84-,i.  Je  l'ai  alors  appelé  lklpkinus  Blainvillei,  en  faisant 
toutefois  remarquer  les  caractères  principaux  par  lesquels  son  crâne,  la^  seule 
partie  que  l'on  en  possédât  alors,  l'éloignent  des  espèces  constituant  la  division  des 
Dauphins  proprement  dits,  et,  bientôt  après  (4 847),  j'ai  montré  qu'il  devait  consti- 
tuer un  genre  à  part  auquel  j'ai  donné  le  nom  de  Slenodelphis.  Voici  en  quels 
termes  j'en  parlais  alors  :  «  In  crâne  de  Dauphin  pris  à  Montevideo,  c'est-à-dire 
à  l'embouchure  de  la  Plala,  et  déposé  au  Muséum  de  Paris  par  M.  de  Freminville, 


PRINCIPAUX   CARACTÈRES.  477 

officier  de  la  marine  royale  et  naturaliste  très-zélé,  démontre  l'existence  d'une 
espèce  de  Dauphin  à  bec  allongé,  qui  était  restée  jusqu'à  présent  ignorée  des  zoo- 
logistes. Ce  crâne  a  des  affinités  avec  ceux  des  Platanistes  et  des  Inias  sous  quel- 
ques rapports,  mais  il  diffère  assez  de  l'un  et  de  l'autre,  ainsi  que  de  tous  les  Dau- 
phins connus,  pour  qu'on  fasse  de  l'espèce  à  laquelle  il  appartient  un  sous-genre 
que  nous  nommerons  Stenodelphis .  » 

M.  Gray,  à  qui  j'avais  montré,  pendant  une  de  ses  visites  à  Paris,  la  tète  osseuse 
du  Delphinus  Blainvillei,  en  lui  faisant  savoir  que  je  me  proposais  d'en  faire  le  type 
d'un  genre  distinct,  n'attendit  pas  que  mon  travail  eût  paru,  et  au  lieu  de  seK-^i' 
du  nom  que  je  voulais  employer,  il  proposa,  vers  la  fin  de  1846,  celui  dePotitapo- 
via,  qui  a  prévalu  et  que  je  ne  fais  d'ailleurs  aucune  difficulté  d'accepter,  le 
mien  n'ayant  en  réalité  été  publié  que  l'année  suivante.  Je  me  bornerai  donc  à 
faire  observer  que  le  savant  zoologiste  du  musée  britannique  a  attribué  à  tort  à 
M.  de  Freminville  d'avoir  dénommé  spécifiquement  le  Delphinus  Blainvillei,  ce 
qui  l'a  conduit  plus  tard  à  donner  à  ce  Cétacé  des  caractères  en  partie  différents 
de  ceux  qui  lui  sont  propres  (I).  En  outre,  il  le  rapproche  des  Sténo,  tandis  que 
c'est  avec  les  Platanistes  et  les  Inias  qu'il  offre,  ainsi  que  je  l'avais  dit,  le  plus 
d'affinités.  L'étude  approfondie  que  MM.  Flower  et  Burmeister  en  ont  faite  récem- 
ment ne  laisse  aucun  doute  à  cet  égard. 

Principaux  caractères.  —  Le  genre  Pontoporia  est  facile  à  distinguer  de  tous 
les  autres.  L'espèce  encore  unique  qui  s'y  rapporte  est  de  petite  dimension;  elle 
n'atteint  guère  que  I  mètre  ou  4 ",20  de  longueur  totale;  son  corps  est  fusiforme 
comme  celui  de  la  plupart  des  Cétacés  ;  elle  prend  place  parmi  ceux  qui  ont  le 
rostre  allongé,  plus  particulièrement  dans  la  section  de  ces  animaux  qui  a  pour 
caractère  de  posséder  un  grand  nombre  de  dents  à  l'une  et  à  l'autre  mâchoire,  et 
auxquels  on  a  donné  dans  plusieurs  occasions  le  nom  de  Delphinorhynques.  Les 
dents  du  Pontoporia  sont  plus  fines  que  celles  de  l'iniaet  leur  couronne  est  lisse; 
en  outre,  les  os  maxillaires  supérieurs  du  même  animal  ne  se  relèvent  pas  au- 
dessus  des  narines  en  manière  de  casque,  comme  cela  se  voit  au  crâne  du  Plata- 
niste;  mais  les  mâchoires  sont  creusées,  à  leur  face  externe  et  dans  toute  leur  lon- 


;  1)  Cutaloyue  oj Seals  and  Wliales  in  the  Brilish  Muséum,  p.  231  ;  1866. 


17s  GENRE   PONTOPORIA. 

gueur,  par  un  sillon  bilatéral  plus  fort  que  celui  del'Inia,etun  peu  différent  dans 
son  apparence  de  celui  du  Plataniste,  ce  qui  est  l'un  des  caractères  que  l'animal 
dont  nous  allons  nous  occuper  présente  également  en  commun  avec  plusieurs 
genres  de  Cétacés  à  rostre  allongé  qui  sont  fossiles  dans  les  dépôts  miocènes  de 
l'Europe. 

Le  Pontoporia,  tout  en  ressemblant  extérieurement  aux  deux  autres  genres  ac- 
tuellement existants  de  Platanistidés,  ne  se  laisse  pas  confondre  avec  eux  sous 
le  rapport  descriptif. 

Ses  nageoires  pectorales  sont  en  forme  de  palettes  coupées  carrément  à 
leur  bord  libre  qui  est  élargi;  à  cet  égard  il  rappelle  ce  que  l'on  voit 
chez  le  Plataniste,  mais  s'écarte  de  la  disposition  propre  à  l'Inia,  qui  a  les 
mêmes  nageoires  appointes.  Sa  dorsale  est,  d'autre  part,  différente  de  celle  de 
l'un  et  de  l'autre;  elle  est  en  demi-croissant  et  s'élève  au-dessus  du  dos  comme 
dans  le  plus  grand  nombre  des  espèces  du  même  ordre  au  lieu  d'être  surbaissée  et 
de  ne  représenter,  comme  chez  les  deux  autres  genres  de  la  famille  des  Platanisti- 
dés, qu'une  simple  carène  plus  ou  moins  épaissie,  située  en  arrière  de  la  région 
dorsale. 

Le  Pontoporia  n'est  pas,  comme  le  Plataniste  et  l'Inia,  un  Cétacé  exclusivement 
lluviatile.  On  le  prend  à  l'embouchure  de  la  Plata  ou  d'autres  fleuves  versant  dans 
l'Atlantique  méridionale  sur  les  côtes  de  la  république  Argentine  ou  de  la  Patago- 
nie,  le  rio  Quequen,  par  exemple;  mais  il  s'étend  aussi  le  long  du  littoral  de  cette 
région  maritime,  tandis  que  les  deux  genres  que  nous  venons  de  citer  ne  quittent 
pas  les  eaux  douces. 

Outre  le  crâne  que  j'ai  signalé  en  1844,  un  exemplaire  du  même  Cétacé  avait  été 
antérieurement  observé  par  d'Orbigny  en  4  829,  pendant  son  voyage  dans  l'Amé- 
rique méridionale;  il  en  avait  conservé  un  dessin,  qu'il  m'a  donné  plus  tard  et 
sur  lequel  se  voit  l'animal  en  peau,  ainsi  qu'une  figure  très-reconnaissable  de  sa 
tète  osseuse. 

Le  crâne  d'un  troisième  sujet,  envoyé  au  musée  britannique  par  M.  Bur- 
meister,  a  été  décrit  par  M.  Flowcr,  et  M.  Burmeister  a  eu  lui-même  l'occasion 
d'en  observer  plusieurs  autres,  ainsi  que  deux  sujets  entiers  qui  avaient  été 
portés  frais  sur  le  marché  de  Buenos-Ayres  pour  y  être  vendus. 


SYNONYMIE.  47» 

Les  indications  qui  suivent  constituent,  clans  l'état  actuel  de  la  science,  la 
partie  bibliographie  de  l'histoire  du  Pontoporia. 

Delpliinus  Blainvillei,  P.  Gerv.,  Bull.  Soc.  philom.  Paris,  1844,  p.  38,  elJoum.  l'Institut,  même  année. 
Delph.  (Stenodelphis)  Blainv.,  id.,  in  d'Orb,  Voy.  Am.  mérid.,  Mamrn.,  p.  31,  PL  XXIII;  1847. 
Pontoporia  Blainvillei,  Gray,  Zool.  Erebus  and  Terror,  Mamrn.,  p.  6,  PI.  XXIX;  1846? 
Pontop.  Blainr,,  Flower,  Trans.  sool.  Soc.  Lond.,  t. VI,  p.  106,  PI.  XXVIII  ;  1866. 

Pontop.  Blainv.,  Burmeister,  Ann.  Mus.  Buenos- Ayres,  t.  I,  p.  389,  PI.  XWl't,  fig.  1,  et  PI.  XXVà  XXVIII  ; 
1869. 

Pontop.  tenuirostris,  Malm,  Kvaldjur  i  Sveriges  museer,  âr  18G9,  p    46,  PI.  II,  fig.  10. 
Pontop.  Blainv.,  Giglioli,  Zoologia  délia  Magenta,  Cetacei,p.l8. 

llappelons  aussi  qu'il  y  a  un  squelette  du  môme  Cétacé  au  musée  de  Gênes,  où  il 
m'a  été  possible  de  l'étudier,  et  que  le  crâne,  décrit  par  M.  Malm,  est  conservé  au 
musée  de  Gothenbourg,  en  Suède. 

Squelette.  —  On  ne  saurait  donner  une  meilleure  idée  du  crâne  du  Pontoporia, 
envisagé  dans  son  apparence  générale,  qu'en  le  comparant  à  celui  de  certains 
oiseaux  de  la  famille  des  Bécasses.  Sa  caisse  cérébrale  est,  en  effet,  globuleuse  et 
son  rostre  est  grêle  et  allongé;  en  outre,  il  est  de  moindre  dimension  que  celui  des 
autres  Cétodontes. 

Toutefois,  l'étude  de  ses  caractères  principaux  permet  bien  vite  de  reconnaître 
les  véritables  affinités  de  l'animal  dont  ilprovient,  soit  que  l'on  tienne  compte  des 
dents  fines  et  nombreuses  qui  arment  ses  deux  mâchoires,  soit  que  l'on  observe 
les  crêtes  temporale  et  frontale  qui  se  remarquent  à  sa  surface. 

L'épaisseur  de  l'apophyse  zygomatique  fournie  par  le  frontal  et  surtout  de 
celle  qui  provient  du  temporal,  ainsi  que  la  saillie  de  la  région  orbitaire,  où  l'on 
voit  la  protubérance  du  zygomatique  avec  ses  relations  habituelles  et  avec  la  forme 
qui  lui  est  particulière  chez  l'Inia,  tandis  que  chez  le  Plataniste  le  même  os  est 
fort  différent  de  ce  qu'il  est  chez  tous  les  autres  Cétacés,  sont  autant  de  caractères 
qui  rendent  facile  à  reconnaître  le  crâne  du  Pontoporia.  Cependant  la  partie  sty- 
liforme  de  ce  zygomatique  ne  parait  pas  aboutir  au  temporal,  ou  du  moins  on  ne 
la  suit  pas  jusqu'à  lui  dans  les  crânes  dont  la  science  possède  des  descriptions.  En 
somme,  la  tète  osseuse  du  Cétacé  que  nous  allons  examiner  indique  évidemment, 
comme  nous  l'avons  déjà  fait  remarquer,  une  espèce  de  la  même  division  que 
l'Inia  et  le  Plataniste,  et  nous  verrons  plus  loin  l'examen  du  squelette  du  même 
animal  confirmer  de  tout  point  ce  rapprochement. 

Les  os  propres  du  nez  ne  forment  pas,  chez  le  Pontoporia,  une  proéminence 


480  GENRE    PONTOPOR1A. 

au-dessus  de  l'orifice  externe  des  narines,  comme  il  s'en  voit  une  chez  l'hua;  mais 
ils  sont  de  grandeur  ordinaire  et  non  réduits  à  de  simples  plaques  de  petite  dimen- 
sion et  inégales  entre  elles,  comme  cela  a  lieu  chez  le  Plataniste. 

Une  rainure,  semblable  à  celle  qui  se  voit  le  long  de  la  mâchoire  au  point  de 
jonction  des  os  intermaxillaires  avec  les  maxillaires  supérieurs,  existe  aussi  à  la 
mâchoire  inférieure,  qu'elle  suit  dans  toute  l'étendue  de  sa  partie  symphysaire, 
mais  en  commençant  un  peu  en  arrière  de  la  région  mentonnière.  C'est  une  dispo- 
sition propre  aux  deux  autres  genres  de  Platanistidés  actuellement  vivants,  et  nous 
la  retrouvons  chez  les  espèces  à  long  bec,  également  pourvues  de  nombreuses 
dents  et  à  symphyse  solide  et  prolongée,  qui  ont  existé  pendant  les  époques  mio- 
cène et  pliocène.  En  effet,  celles-ci  sont  aussi  des  Platanistidés,  ou,  pour  expri- 
mer plus  nettement  notre  pensée,  des  Delphinorhynques,  et  leur  squelette  pré- 
sente des  particularités  fort  semblables  à  celles  qui  distinguent  ces  animaux  des 
Dauphins  et  des  Marsouins. 

C'est  un  caractère  des  Platanistidés  d'avoir  les  vertèbres  cervicales  séparées  les 
unes  des  autres  à  tous  les  âges,  tandis  qu'un  nombre  variable  de  ces  pièces  osseuses 
se  soudent  entre  elles  et  avec  l'atlas  chez  les  Cétodontes  appartenant  aux 
groupes  dont  il  a  été  question  jusqu'à  présent  dans  cet  ouvrage  ou  chez  le  plus 
grand  nombre  de  ceux  dont  nous  aurons  à  nous  occuper  ultérieurement.  Ainsi 
qu'on  le  verra  par  les  figures  que  nous  empruntons  au  travail  de  M.  Burmeister,  le 
Pontoporia  rentre  sous  ce  rapport  dans  la  condition  des  Cétodontes  delpbinorhyn- 
ques;  mais  plusieurs  de  ses  cervicales  sont  assez  différentes  par  leur  forme  de  ces 
vertèbres  envisagées  chez  l'Inia,  ainsi  que  chez  le  Plataniste  lui-même;  ce  ne  sont 
là,  toutefois,  que  des  différences  d'une  valeur  secondaire  et  confirmant  la  distinc- 
tion générique  dont  le  Cétacé  découvert  à  l'embouebure  de  la  Plata  a  été  l'objet. 

Les  vertèbres  des  régions  qui  suivent  ont  aussi  dans  leur  disposition  générale 
une  incontestable  analogie  avec  celles  des  autres  Delpliinorbynques,  leur  diamètre 
transversal  s'élargissant  considérablement  à  partir  des  dernières  dorsales,  ce  qui  se 
continue  jusqu'aux  premières  coccygiennes  inclusivement,  et  leurs  apophyses 
transverses  acquérant  pour  ces  différents  points  une  largeur  bien  plus  grande  que 
chez  les  Cétodontes  des  autres  groupes.  Il  y  a  10  vertèbres  dorsales,  et  par  consé- 
quent iO  paires  de  côtes;  5  vertèbres  existent  entre  la  dernière  dorsale  et  la  pre- 
mière de  celles  qui  portent  un  os  bémapopbysaire  ou  os  en  V,  inséré  à  leur  bord 


SYSTÈME  DENTAIRE.  4SI 

postérieur,  vertèbres  dont  le  nombre  est  alors  de  18,  et  qui  répondent  à  la  région 
coccygienne,  tandis  que  celles  de  la  série  précédente  représentent  a  la  fois  les  lom- 
baires et  les  sacrées.  Les  dernières  vertèbres  coccygiennes  n'ont  plus  d'os  en  V,  et 
deux  ou  trois  de  celles  qui  ne  sont  pas  encore  arrivées  à  ce  degré  de  simplifica- 
tion manquent  déjà  d'arc  neurapopbysaire. 

L'os  hyoïde  ne  présente  rien  de  particulier. 

Toutes  les  vertèbres  de  la  région  postérieure  du  racbis  manquent  d'apophyses 
articulaires;  mais  celles  de  la  région  antérieure  en  ont,  au  contraire,  et  qui  sont 
d'autant  plus  prononcées  qu'on  se  rapproche  davantage  du  crâne. 

Le  sternum  est  de  deux  pièces,  à  la  jonction  desquelles  s'articule  la  seconde 
paire  de  côtes;  il  n'y  a  que  quatre  paires  de  côtes  allant  directement  jusqu'à  lui. 

Quant  aux  membres  antérieurs,  il  faut  y  signaler  une  saillie  acromiale  assez 
élargie  et  une  saillie  coracoidienne  qui,  sans  être  aussi  grande,  est  cependant 
bien  apparente. 

L'humérus  ne  paraît  pas  affecter  une  disposition  spéciale. 

Le  radius  et  le  cubitus  sont  l'un  et  l'autre  assez  forts. 

La  première  rangée  du  carpe  ne  présentait,  dans  le  sujet  décrit  par  M.  Bur- 
meister,  que  deux  os  et  la  seconde  quatre. 

Les  métacarpiens  ne  sont  pas  très-longs  et  l'on  compte  pour  les  cinq  doigts  le 
nombre  suivant  de  phalanges  :  0,  5,  3,  2  et  2.  M.  Burmeister,  qui  accepte  comme 
métacarpiens  les  os  de  la  seconde  rangée  carpienne,  admet,  par  suite,  une  phalange 
pour  le  pouce. 

Le  bassin  est  réduit  à  un  ischion  assez  court. 

La  forme  de  la  caisse  auditive  et  celle  du  rocher  n'ont  point  été  décrites. 

Dentition.  —  Les  caractères  que  présente  sous  ce  rapport  le  Ponloria  peuvent 
être  exprimés  de  la  manière  suivante  :  les  dents  sont  nombreuses,  petites,  de  forme 
aiguë  et  conique  aux  deux  mâchoires;  celles  de  la  partie  postérieure,  un  peu 
moins  appointies  et  un  peu  moins  longues  que  les  autres,  ont  leur  partie  termi- 
nale faiblement  recourbée  en  arrière;  ces  dents  ont  5  ou  6  millimètres  au  plus  de 
hauteur  au-dessus  du  collet. 

Chez  le  sujet  qui  a  servi  de  type  à  l'espèce,  il  existait  au  total  ;»r>  dents  d'un 

côté  et  34  de  l'autre,  supérieurement,  et  autant  à  la  mâchoire  inférieure.  M.  Flower 

61 


482  DELPHINORIIYNQUES  FOSSILES. 

en  a  compté^. — ^—^  sur  le  crâne  conservé  au  Musée  de  Londres.  De  son  côté, 
o4  ! — <>4  ! 

M.    Burmeister  a  constaté  la  présence  de  — -,  de  ces  oraaues  sur  les  crânes  de 

59 

55 

jeunes  sujets  qu'il  a  observés,  et  ~  sur  ceux   des  vieux. 


SUR    DIFFÉRENTS    GENRES   ÉTEINTS 
APPARTENANT  A    LA   FAMILLE    DES   DELPHINORHYNQUES. 

GENRE    CHAMPSODELPHIS. 

Les  premiers  fossiles  connus  de  la  famille  des  Delphinorhynques  sont  ceux 
que  Lacépède  a  signalés  comme  provenant  d'un  Crocodilien  du  même  genre  que  le 
Gavial  du  Gange,  et  dont  Cuvier  a  reconnu  les  affinités  avec  les  Cétodontes  en 
même  temps  qu'il  en  a  décrit  l'espèce  sous  la  dénomination  de  Dauphin  à  longue 
symphyse.  Ces  fossiles  ont  servi  de  type  au  genre  que  j'ai  plus  tard  appelé  Champ- 
sodetph/s  (I).  Ils  avaient  été  trouvés  vers  la  fin  du  siècle  dernier,  dans  le  falun  de 
Sort,  près  Dax  (Landes),  par  de  Borda  d'Ovo,  ancien  magistrat,  parent  du  phy- 
sicien de  ce  nom,  qui  en  possédait  une  mâchoire  inférieure  assez  complète  dont 
Cuvier  a  donné  des  figures,  et  qui  en  avait  envoyé  au  Muséum  un  fragment  de 
mâchoire  supérieure,  le  même  qu'étudia  Lacépède  et  qui  est  également  repré- 
senté dans  le  grand  ouvrage  de  Cuvier  sur  les  Ossements  fossiles.  Je  l'ai  repro- 
duit à  mon  tour  dans  un  précédent  travail,  et  il  est  également  au  nombre  des 
pièces  données  dans  la  PI.  LVII  de  notre  Atlas. 

CHAMPSODELPHIS   MACROGENIUS  (2). 

Voici  les  indications  synonymiques  qui  se  rapportent  à  cette  espèce  : 
Gavial,  des  environs  de  Dax,  Lacépède,  Quadrupèdes  ovipares,  p.  238. — Dauphinà  longue  symphyie,  Cuv., 


(1)  P.  Gerv.,  Zovl.  et  Pal.  franc.,  I"  édit. ,  t.  I,  p.  152. 

(2)  PI.  LVH,  fig.  1. 


GENIIE  CHAMPSODELPHIS.  483 

Oss.foss.,  t.  V,  part.  1,  p.  312,  Pi. XXXIII,  fig.  8-11  (mâchoire  supérieure),  fig.  4-5  (mâchoire  inférieure1. 
—  Dauphin  à  longue  symphyse  et  Gavialis  longirostris,  GrateJoup,  Actes  de  la  Société  linnéenne  de  Bor- 
deaux, 1S40.  —  Delphinus  macrogenius,  Laurillard,  Dicl.  unie.  d'Hist.  nat.,  t.  IV,  p.  634.  —  Champsodelphis 
macrogenius,  P.  Gerv.,  Zool.  et  Pal.  jranc.,%*.  édit. ,  p.  311,PI.XLI,  fig.  6,  non  fig.  T.—  Champs,  macro- 
gnathus  et  Champs.  ?  Valenciennesii,  Brandt,  Celaceen  Europa's,  p.  263  et  266.  —  Platanista  macro  g  en.  et 
PL  Val.,id.,  ibid.,  Suppl.,  p.  20  et  21. 

Le  fragment  de  mâchoire  supérieure  conservé  dans  nos  collections  porte  encore 
trois  dents  plus  ou  moins  complètes  et  l'indice  des  alvéoles  de  quelques  autres;  il 
est  long  de  0m,17  et  il  est  facile  de  constater  qu'il  provient  d'un  animal  dont  la  taille 
dépassait  celle  de  l'Inia  chez  qui  la  partie  correspondante,  mesurée  sur  notre  plus 
grand  exemplaire,  n'a  guère  que  0m,08;  il  répond  au  milieu  du  rostre.  Ses  ca- 
ractères sont  sensiblement  différents  de  ceux  que  présente  ce  genre  sous  le  même 
rapport,  et  il  n'est  pas  davantage  possible  de  les  assimiler  à  ceuxdu  Plataniste,  mais 
une  analogie  plus  réelle  paraît  avoir  existé  avec  le  Pontoporia,  quoique  celui-ci  soit 
bien  moins  grand  et  que  ses  dents  ne  soient  pas  absolument  de  même  forme,  étant 
d'ailleurs  relativement  plus  grêles.  Toutefois  le  rostre  du  Champsodelphis  était 
parcouru,  comme  celui  du  Pontoporia,  par  un  sillon  longitudinal  profond  situé  au 
point  de  contact  des  os  maxillaires  et  intermaxillaires.  La  coupe  transversale  laisse 
voir  un  évidement  considérable  et  de  forme  ovalaire  lancéolée  pour  cette  partie 
moyenne  du  rostre,  évidement  circonscrit  par  les  intermaxillaires  qui  descendent 
inférieurement  entre  les  bords  palatins  des  maxillaires  et  se  montrent  le  long  du 
palais,  entre  ces  derniers  os.  Celte  partie  descendante  des  intermaxillaires  est  ccllu- 
leuse  et  il  en  est  de  même  des  os  maxillaires  au  pourtour  des  alvéoles  dentaires.  La 
même  coupe  donne  0'",040  pour  le  diamètre  transversal  du  rostre  dans  la  partie 
convexe  des  incisives  et  0,055  pour  les  deux  maxillaires  au-dessus  de  leur  bord 
gengival.  La  face  externe  des  os  maxillaires  et  intermaxillaires  est  lisse  et  non  ru- 
gueuse, ce  qui  aurait  eu  lieu  si,  comme  l'a  supposé  Lacépède,  la  pièce  ici  décrite 
provenait  d'un  Crocodilien. 

Quant  aux  dents,  elles  sont  fortes,  un  peu  arquées  en  arrière  et  vers  le  dedans 
de  la  mâchoire  dans  leur  partie  coronale;  on  voit  autour  de  leur  racine  une 
épaisse  couche  de  cément,  au  centre  de  laquelle  l'ivoire  se  termine  en  s'appoinlis- 
sant.  La  longueur  de  la  partie  émaillée  de  la  couronne  est  de  0'",015;  la  largeur 
de  sa  base  mesure  0",010,  et  la  longueur  de  la  racine,  ou  partie  recouverte  de 
cément,  égale  0"',030. 


481  DELPHINORHYNO.LES    FOSSILES. 

La  mâchoire  inférieure  observée  par  Cuvier  dans  le  cabinet  de  Borda  n'était  pas 
entière,  mais  il  en  restait  une  longueur  assez  considérable  et  l'on  pouvait  recon- 
naître qu'elle  ne  se  divisait  pas  en  plusieurs  nièces  pour  chaque  côté  comme  cela 
se  voit  chez  les  reptiles.  Les  dents  y  étaient  semblables  à  celles  de  la  mâchoire 
supérieure  pour  les  dimensions,  mais  pourvues  à  la  partie  postérieure  de  leur  base 
d'une  saillie  que  Cuvier  désigne  comme  formant  «  un  petit  talon  ou  tubercule 
mousse.  » 

Deux  vertèbres  provenant  des  marnes  bleues  de  Sort  que  M.  Michaud  a  données 
au  Muséum  pourraient  bien  provenir  de  l'espèce  qui  nous  occupe,  ou  tout  au 
moins  d'une  espèce  peu  différente.  La  plus  grande  a  0,070  de  long  sur  0,051  pour 
le  corps  ou  centrum  ;  l'autre  est  un  peu  moins  forte.  L'une  et  l'autre  paraissent 
être  des  lombaires  ;  leur  forme  rappelle  celles  de  l'Inia,  mais  elles  sont  proportion- 
nellement plus  longues  et  elles  semblent  provenir  d'une  espèce  de  taille  un  peu 
plus  grande;  elles  ont  la  face  inférieure  du  corps  sensiblement  carénée. 

Deux  vertèbres  caudales,  également  trouvées  au  même  lieu,  s'éloignent  aussi 
de  celles  des  Delphinidés  pour  se  rapprocher,  par  leur  forme,  de  celles  des  Delphi- 
norhynques  et  en  particulier  des  Eurhinodelphis  du  bassin  d'Anvers. 

J'ai  rappelé  ailleurs  que,  d'après  Valenciennes  (1),  il  ne  fallait  probablement  pas 
attribuer  au  genre  Champsodelphis  des  maxillaires  inférieurs  trouvés  à  Leognan 
par  feu  M.  Pedroni,  et  que  ce  savant  avait  mieux  fait  de  les  rapporter  au  Squa- 
lodon  (2);  on  en  jugera  par  ce  que  j'en  ai  dit  plus  haut,  ainsi  que  par  les  figures 
qui  en  ont  été  données  (3). 

La  dent  faisant  partie  de  la  même  collection  et  provenant  du  même  gisement,  que 
j'ai  prise  pour  type  du  Phocn  Pedronii  (4),  devra  être  soumise  à  un  nouvel  examen  ; 
elle  paraît  avoir  une  certaine  ressemblance  avec  celle  du  Champsodelphis,  mais 
comme  ce  dernier  n'a  pas  encore  été  observé  avec  certitude  au  même  lieu,  il 
reste  des  doutes  à  son  égard  et  l'on  pourrait  supposer  qu'elle  a  appartenu  soit  au 
Squalodon,  soit  à  quelque  autre  espèce  du  groupe  des  Delphinorhynques.  La 
plus  grande  partie  des  pièces  réparties  par  M.  Brandi  entre  ses  Champsodelphis 


(1)  Comptes  rend,  hebd.,  t.  LIV,  p.  789  ;  1802. 

(2)  Son  genre  Delphinoïdes. 

(3)  PI.  XXVIII. 

(4)  Zoo/,  et  Valéont.  franc.,  1.  I,  p.  I  in,  |'|.  XU,  fi>j.  1. 


GENRE   CHAMPSODELPHIS.  485 

macrognathus  et  Valenciennesii  appartient  au  contraire  au  Champsodelphis  macro- 
geniuset  elles  sont  au  nombre  de  celles  qui  devront  servira  l'établir  comme  espèce. 

CHAMPSODELPHIS    TÊTRAG.ONORHINUS. 

La  présence  de  Cétacés  de  ce  groupe  dans  les  eaux  au  fond  desquelles  se  sont 
déposés  les  grès  faluniers  de  Léognan  ne  saurait  être  mise  en  doute;  nous  en 
avons  pour  preuve  : 

1°  La  découverte  d'un  crâne  presque  entier  provenant  d'un  Cétacé  offrant  les 
mêmes  caractères  généraux,  dont  M.  Delfortrie  a  publié  la  description  sous  le  nom 
de  Delphinus  tetragorhinus  (]);  c'est  le  même  dont  nous  donnons  des  figures  d'a- 
près nature,  PL  LIX,  fig.  1  ; 

2°  Un  fragment  considérable  de  maxillaire  inférieur  gauche  indiquant  une 
espèce  à  longue  symphyse  qui  était  pourvue  de  dents  nombreuses  ;  fragment  qui 
nous  a  été  communiqué  par  M.  Souverbie,  directeur  du  Musée  de  Bordeaux,  et  que 
nous  avons  pu  faire  figurer  dans  notre  Atlas  (Pi.  LX,  fig.  18)  après  l'avoir  fait  mouler 
pour  la  collection  du  Muséum  ; 

5°  Une  cinquième  ou  sixième  vertèbre  cervicale  (2)  indiquant  une  espèce  un  peu 
plus  grande  que  l'Inia;  cette  vertèbre  est  différente  par  certains  détails  de  sa  cor- 
respondante prise  chez  ce  dernier;  j'en  dois  la  communication  à  M.  P.  Fischer. 
Bien  qu'elle  appartienne  certainement  au  même  groupe  que  les  deux  pièces  précé- 
dentes, je  n'oserais  pas  affirmer  qu'elle  provienne  réellement  du  Delphinus  tetrago- 
rhinus, étant  comparativement  d'une  taille  un  peu  supérieure  à  celle  que  ces  deux 
pièces  semblent  indiquer.  Je  n'y  reviendrai  pas  et  me  bornerai  à  parler  de  la  tète 
osseuse  ainsi  que  du  fragment  de  mâchoire  inférieure  dont  il  vient  d'être  question. 

Le  cràne-type  du  Delphinus  tetragorhinus,  Delf.,  quoique  écrasé,  permet  de  con- 
stater que  le  Cétacé  dont  il  provient  avait  les  crêtes  occipitales  et  temporales  très- 
prononcées,  ce  qui  est  un  des  traits  distinctifs  des  Delphinoryhnqucs,  et  que  la 
cavité  cérébrale  en  était,  comme  cela  a  lieu  chez  ces  animaux,  de  médiocre  capa- 
cité. Les  apophyses  zygomaliques  des  os  temporaux  sont  fortes  et  épaisses,  ce  qui 
se  voit  aussi  à  un  degré  plus  ou  moins  prononcé  chez  les  mêmes  Cétacés;  elles  sont 


(1)  Actes  Soc.  linn.  Bordeaux,  t.  XXX,  p.,  1,  PI.  V;  1875. 

(2)  PI.  LX,  fi'j.  19. 


486  DF.LPIIINORHYNQL'ES  FOSSILES. 

presque  aussi  renflées  que  celles  de  certains  Sirénides;  la  portion  sus-orbitaire  des 
frontaux  et  la  base  antérieure  des  os  zygomatiques  concourant  à  la  formation  de 
la  même  voûte  étaient  également  fort  épaisses;  la  région  médio-frontale  avait 
une  conformation  peu  différente  de  celle  qu'elle  présente  chez  l'Inia,  mais  sans 
fournir  une  saillie  aussi  prononcée  que  chez  ce  dernier.  Les  deux  narines  externes 
étaient  à  peu  près  d'égale  dimension.  Les  os  intermaxillaires  remontaient  de  chaque 
côté  des  narines  sans  se  joindre  au-dessus  d'elles,  et  ils  étaient  séparés  sur  ce  point 
ainsi  que  la  partie  correspondante  des  maxillaires  par  une  double  surface  rectan- 
gulaire fournie  par  les  os  propres  du  nez  aussi  grands  ici  que  chez  l'Inia;  au- 
dessous  d'eux  se  voit  la  crête  montante  du  vomer.  La  partie  rostrale  des  maxil- 
laires et  intermaxillaires  paraît  avoir  été  allongée;  il  semble  que  ces  deux  os 
étaient  séparés  l'un  de  l'autre  à  leur  point  de  contact  extérieur  par  une  rainure 
longitudinale  qui  suivait  le  rostre,  ce  qui  donnait  à  sa  coupe  un  commencement 
de  l'apparence  trilobée  fréquente  chez  les  Cétacés  du  même  groupe.  Toutefois  il 
nous  est  impossible  d'évaluer  au  juste  la  longueur  du  rostre,  dont  toute  la  partie 
précédant  la  dixième  avant-dernière  paire  de  dents  a  été  brisée  et  perdue.  Le 
crâne  entier  devait  être  à  peu  près  égal  en  volume  à  celui  de  l'Inia. 

Il  ne  reste  qu'une  dent  en  place,  encore  est  elle  incomplète  :  c'est  la  dernière 
du  côté  droit.  Elle  paraît  avoir  été  lisse  et  conique,  tandis  que  celles  de  l'Inia  sont 
grenues,  les  postérieurs  étant  en  outre  pourvues  dans  ce  dernier  genre  d'un 
fort  talon  interne;  les  alvéoles  visibles  et  l'unique  dent  en  place  ne  permettent 
pas  de  douter  que  ces  organes  n'aient  été  de  moindre  dimension  que  chez  le 
Champsodelphis  macrogenius ;  ils  étaient  cependant  plus  forts  que  dans  les  Champ- 
sodelphis  Dationum  et  Renovi,  dont  il  sera  question  plus  loin. 

Quant  à  la  mâchoire  inférieure  de  Delphinorhynquc  de  Léognan,  que  je  crois 
pouvoir  attribuer  à  la  même  espèce  que  le  crâne  ici  décrit,  elle  ne  nous  est  égale- 
ment connue  que  d'une  manière  incomplète.  Le  fragment  qu'on  en  possède  est 
long  de  0,27  et  en  partie  emprunté  à  la  région  symphysairc,  mais  sans  comprendre 
cette  région  tout  entière.  Les  dents  manquent,  mais  on  voit  encore  35  alvéoles, 
dont  i\ci\x  seulement  sont  situés  en  arrière  de  la  symphyse.  Ils  sont  assez  serrés 
les  uns  contre  les  autres,  un  peu  moins  grands  qu'à  la  mâchoire  supérieure  et 
séparés  par  des  cloisons  osseuses  moins  ("paisses,  quoique  persistantes.  La  lon- 
gueur occupée  par  ces  alvéoles  est  de  0,25.    La  table  externe  de  l'os  montre 


GENRE  CIIAMPSODELPHIS.  487 

quelques  rainures  allongées,  mais  discontinues.,  répondant  aux  trous  mentonniers; 
il  n'y  a  pas  de  sillon  profond  régnant  le  long  delà  région  dentaire,  comme  cela 
a  lieu  chez  le  PontoporiaetleSchizodelphis. 

CHAMPSODELPHIS  ACUTUS. 

J'ai  fait  représenter  sous  ce  nom  (PI.  LVII,  jîg.  1)  une  région  palatine  allongée 
et  étroite,  ayant  les  os  maxillaires  soudés  entre  eux  sur  la  ligne  médiane,  et  dont 
les  côtés  extérieurs  ont  conservé  chacun  quinze  alvéoles  ou  traces  d'alvéoles, 
lesquels  indiquent  des  dents  assez  fortes  relativement  à  la  taille  de  l'aninal  dont 
cette  pièce  provient,  et  en  effet  on  ne  saurait  mieux  la  comparer  qu'à  la  partie  cor- 
respondante du  rostre  du  Champsodelphis  macrogenius,  quoique  celui-ci  soit  encore 
bien  incomplètement  connu.  Cette  pièce,  qui  est  donnée  ici  de  grandeur  naturelle, 
provient  du  falun  de  Romans  (Drôme);  elle  indique  une  espèce  beaucoup  moindre 
en  dimension  que  ne  l'était  le  Champsodelphis  de  Sort;  c'est  sur  l'examen  delà 
figure  que  nous  en  avons  publiée,  figure  qui  a  paru  bien  avant  le  texte  qui  lui  est 
consacré,  que  M.  Brandt  a  parlé  du  Champsodelphis  acutus  dans  le  Supplément  à 
son  ouvrage  sur  les  Cétacés  fossiles  de  l'Europe  (1). 

Quoique  de  taille  moindre  que  le  Champsodelphis  macrogenius  et  pourvues  de 
dents  moins  fortes,  les  espèces  suivantes  peuvent  rester  provisoirement  classées 
dans  le  même  genre  que  lui. 

CHAMPSODELPHIS    RENOVI. 

C'est  en  effet  à  une  espèce  peu  éloignée  des  précédentes,  mais  dont  les  dents  attei- 
gnaient un  volume  moindre  et  dont  le  palais  s'élargissait  en  arrière  de  la  série  den- 
taire, qu'a  appartenu  le  fragment  de  crâne  (PI.  LVII,  fig.  9),  trouvé  autrefois  par 
M.  Renou,  professeur  d'histoire  naturelle  à  Angers,  dans  les  dépôts  de  molasse 
coquillière  du  département  de  l'Orne,  lesquels  renferment  aussi  des  restes  de 
Y Ilalitherium  fossile,  du  Carcharodon  megalodon  et  des  autres  animaux  marins  ca- 
ractéristiques du  miocène  moyen. 


(I    P.  25. 


488  DELPHINORHYNQUES  FOSSILES. 

Voici  les  données  synonymiquès  se  rapportant  à  cette  pièce  : 
Dauphin  dont  une  portion  de  mâchoire  supérieure  a  été  trouvée  dans  le  calcaire 

grossier  dans   le  département  de  l'Orne,  Cuv.,  Oss.  foss.,  t.  V,   part.  I,  p.  517, 

PI.  XXIII,  fig.  58. — Dclph.  tongirostris,  Auct.,  nonD.  long.,  Gray  nec  Dussnmier. 

—  Delph.  Itenovi,  Laur illard,  Dict.  univ.  d'Hist,  nat.,  t.  IV,  p.  654  —  P.  Gerv., 

Zool,  et  Pal.  franc.,  p.  505,  PL  LXXXII,  fig.  5. 

Le  rostre  était  parcouru  par  une  profonde  rainure  longitudinale  existant  au 
point  de  contact  de  la  partie  inférieure  externe  de  l' intermaxillaire  avec  le  maxil- 
laire. Les  dix-huit  alvéoles  conservés,  qui  répondaient  aux  seize  dernières  dents  du 
côté  droit,  occupent  une  longueur  totale  de  0,17.  Derrière  elles  le  palais  s'élargit 
et  conserve  son  horizontalité  au  lieu  de  descendre  angulairement  comme  il  le  fait 
d'habitude  chez  lès  animaux  du  même  groupe. 

GHAMPSODELPHIS   DATIONUM. 

Cette  espèce  et  la  suivante  ont  été  établies  sur  l'examen  de  pièces  appartenant 
à  la  mâchoire  inférieure,  ce  qui  ne  permet  pas  de  les  comparer  avec  celles  dont  il 
vient  d'être  question  et  rend  en  particulier  difficile  de  décider  si  elles  sont  ou  non 
identiques  avec  la  précédente  bien  que  les  sujets  qui  ont  fourni  ces  pièces  parais- 
sent avoir  eu  à  peu  près  les  mêmes  dimensions.  Le  Champsodelphis  Dationum 
a  été  d'abord  signalé  par  M.  Grateloup  comme  ayant  les  principaux  caractères  du 
Dauphin  vulgaire,  ses  dents  étant,  a-t-il  dit,  semblables  aux  siennes,  mais  d'une 
courbure  différente. 

Dauphin,  Grateloup,  Ann.  gén.  se.  phys.,  t.  III,  p.  58,  av.  Pi.  —  Cuv.,  Oss.  foss., 
t.  V,  V  partie,  p.  310  (1) —  Delph.  Dationum,  Laurillard,  Dict.  univ.  d'Hist.  nat., 
t.  IV,  p.  03  '<.  —  P.  Gerv.,  Zool  et  Pal.  franc.,  p.  505. 

Fossile  dans  le  falun  de  Dax  (Landes). 

A  ne  tenir  compte  que  des  courtes  indications  données  au  sujet  de  cette  espèce 
par  Grateloup  et,  d'après  lui,  par  Cuvier,  il  est  difficile  de  se  faire  une  idée  sufli- 

(1)  Sous  l'indication  suivante  :  «  Dauphin  fort  voisin  de  l'espèce  commune.  » 


GENRE  CHAMPSODELPHIS.  480 

santé  deses  caractères  distinctifset  Lauriilard,  en  lui  donnant  un  nom  particulier, 
n'a  rien  ajouté  à  nos  connaissances  à  son  égard. 

«  C'est,  dit  en  effet  Cuvier,  une  portion  de  mâchoire  inférieure  longue  de  0,08,  haute  de  0,026  et  épaisse 
de0,013,  contenant  huit  dents  et  l'alvéole  d'une  neuvième.  Ces  dents,  hautes  de  0,008  sur  0,00o  de  dia- 
mètre a  leur  base,  et  distantes  entre  elles  d'à  peu  près  0,004,  sont  grêles  et  pointues.  Leur  base  est  un 
peu  renflée,  et  elles  sont  arquées  un  peu  en  arrière  et  en  dedans;  leur  émail  est  d'un  beau  noir,  brillant; 
leur  base  ainsi  que  l'os  entier  est  d'un  brun  ferrugineux. 

«  Leurs  racines,  longues  de  0,01  à  0,013,  sont  renflées  vers  le  haut  et  crochues  a  leur  extrémité  enfoncée 
dans  l'alvéole. 

«  Les  dimensions  de  ce  morceau,  la  grandeur  de  ses  dents  sont  aussi  semblables  qu'il  est  possible  a 
celles  du  Dauphin  vulgaire,  mais  leur  courbure  est  un  peu  différente  et  surtout  je  ne  vois  pas  a  cette 
mâchoire  ce  sillon  profond  dans  lequel  sont  creusés  les  alvéoles  de  celles  du  Dauphin  commun,  ou  en 
d'autres  termes  l'arête  qui  y  règne  le  long  de  leurs  bords  internes  et  qui  manque  aussi  dans  quelques 
espèces  assez  ressemblantes  pour  les  dents,  tels  que  le  Dubius  et  le  Leucorhamphus.  Les  racines  des  dents 
du  Dauphin  vulgaire  sont  aussi  moins  hautes.  Ce  ne  sont  l'a,  au  reste,  que  des  indications,  qui  auront 
besoin  d'être  confirmées  par  d'autres  parties  osseuses,  si  l'on  parvient  a  en  découvrir.  » 

J'ai  attribué  au  Dclphinus  Dationum  (1),  mais  sans  pouvoir  en  établir  la  compa- 
raison avec  la  pièce  observée  par  Grateloup,  un  fragment  du  maxilliaire  inférieur 
d'un  Cétacé  delphinorhynque  qui  a  été  découvert  dans  le  falun  de  Salles  (Gironde), 
par  M.  Lafon,  et  m'a  été  communiqué  par  M.  le  professeur  Raulin,  de  la  Faculté 
des  sciences  de  Bordeaux.  Voici  en  quels  termes  j'ai  parlé  de  ce  fragment,  dont  je 
reproduirai  la  figure  (PI.  LVII,  fig.  1 1). 

«  Il  porte  cinq  dents  en  place,  qui  sont  les  4,  5,  7,  8  et  9e,  en  commençant  leur 
dénombrement  parles  plus  reculées,  et  il  y  a,  outre  les  alvéoles  des  trois  dernières 
molaires,  ainsi  que  ceux  des  6,  10,  1 1  et  12e.  D'autres  dents  existaient  en  avant  de 
celles-ci,  mais  elles  manquent  aussi  bien  que  la  partie  osseuse  qui  les  supportait. 
Les  dents  en  place  ou  les  alvéoles  apparents  de  celles  qui  manquent,  sont  dans  une 
rainure  bien  marquée,  mais  les  alvéoles  sont  entièrement  distincts  les  uns  des  au- 
tres. Ceux-ci  sont  à  peu  près  arrondis  et  de  plus  en  plus  rapprochés  à  mesure 
qu'ils  sont  plus  reculés;  les  douze  pris  ensemble  occupent  une  longueur  de  0,1  I . 
La  partie  osseuse  qui  leur  correspond  nous  montre  antérieurement  une  portion 
de  la  symphyse  mandilmlaire,  qui  était  solidiûée  et  prolongée  jusque  vers  les 
dernières  dents.  C'est  une  disposition  qui  rappelle  les  Champsodelphis,  les  Delphi- 
norbynques  proprement  dits  et,  jusqu'à  un  certain  point,  les  Dauphins  à  longue 


(1)  Delphinorhynchus,  de  Salles,  P.  Gerv.,  Mèm.  Aead.  se.  Montp.,  t.  Il,  p.  313,  PI.  VU,  fig.  4.    — 
Delphvws  Dationum,  id.,  Zoo!,  et  Pal.  franc,  p.  306,  Pi.  LXXXI1I,  //</.  1-2. 

62 


490  DELPHYKORHYNQUES  FOSSILES. 

symphyse,  dont  nous  avons  parlé  à  propos  du  Defphinus  sulcatus ,  et  dont  le 
D.  Dationum  devra  sans  doute  être  rapproché;  toutefois,  les  dents  en  place,  sur  le 
fragment  trouvé  à  Sort,  n'ont  pas  la  même  forme  que  celle  de  Poussan,  représentée 
par  notre  figure  8,  et  elles  sont  petites,  au  lieu  d'être  fortes  et  épaisses  comme 
celles  du  Champsodelphis  macrogenius.  Elles  sont  étranglées  au  collet,  lisses  à  leur 
couronne  qui  est  subappointie,  un  peu  courbées  en  dedans,  et  subrenflées  à  leur 
racine  par  l'addition  d'une  couche  de  cortical  osseux;  elles  n'ont  que  0,006  de 
hauteur  pour  la  couronne,  et  à  peu  près  0,005  dans  leur  plus  grande  largeur, 
mesurée  sur  la  plus  forte  de  celles  qui  subsistent.  Cependant,  il  est  fort  probable 
que  les  dents  placées  plus  en  avant  étaient  plus  fortes  et  plus  élevées. 

«  La  portion  conservée  de  l'os  mandibulaire,  portion  qui  répond  à  celles  situées 
un  peu  en  avant  et  un  peu  en  arrière  du  bord  postérieur  de  la  symphyse,  a  pour 
hauteur,  au  plan  vertical  de  la  mandibule,  sous  les  dernières  dents  molaires,  0,55  ; 
elle  est  un  peu  moindre  en  avant.  Au  niveau  du  bord  postérieur  de  la  symphyse 
elle  a  0,028.  » 

Un  autre  fragment  (PI.  LIX,  fig.  2)  beaucoup  plus  incomplet  que  le  précédent 
et  ne  portant  plus  que  deux  dents  a  été  trouvé  à  Sort  (Landes)  par  M.  Michaux  et 
fait  partie  de  nos  collections;  il  paraît  appartenir  à  la  mâchoire  supérieure. 

C'est  encore  à  un  animal  peu  différent  de  celui  dont  proviennent  les  pièces  ci- 
dessus,  peut-être  même  spécifiquement  identique  avec  lui,  que  je  crois  devoir  attri- 
buer le  fragment  de  maxillaire  inférieur,  également  pourvu  d'une  longue  symphyse 
(PI.  LVII,  fg.  10  et  10a),  trouvé  à  Montfort,  près  Dax,  par  M.  Thore,  dans  une 
marnière  miocène  appelée  Jean-Bouton;  Valcnciennes  l'a  décrit  sous  le  nom 
de  Delplrinus  tophogenius  (1).  Les  dents  y  sont  de  même  forme,  c'est-à-dire  en 
cône  épaissi,  un  peu  incurvées  en  dedans,  à  leur  couronne,  et  un  peu  renflées  au- 
dessus  du  collet,  du  moins  pour  celles  de  ces  dents  qui  sont  placés  le  plus  en  arrière. 
Quant  à  la  racine,  elle  est  également  pourvue  de  cément.  On  compte  douze  dents 
encore  en  place  sur  le  côté  gauche  où  se  voient  en  outre  sept  alvéoles,  dont  deux 
en  arrière  des  dénis  existantes,  les  autres  en  avant;  il  a  six  dents  sur  le  côté  droit; 
mais  ce  côté  ne  montre  pas  la  fln  de  la  série  alvéolaire  et  en  avant  de  ses  dents 

11)  Comptes  rendu  ht'Ldvm.,  I.  I.IV.  p,  7,s7,  1862. 


GENRE  CHAMPSODELPHIS.  491 

existent  quatre  alvéoles  entièrement  vides,  tandis  que  ceux  de  l'autre  branche 
sont  encore  en  partie  remplis  par  les  racines  qu'ils  logeaient. 

La  longueur  occupée  par  les  dix-huit  dents  du  côté  gauche  était  de  0,100, 
mais  le  bout  de  la  mâchoire  manque  et  l'on  ne  saurait  dire  quel  était  l'espace 
occupé  par  la  totalité  des  dents  ni  à  combien  s'élevait  le  nombre  de  celles-ci. 
Toutefois  la  taille  de  l'animal  devait  être  à  peu  de  chose  près  la  même  que  celle 
des  fossiles  de  Salles  et  de  l'Orne,  dont  nous  avons  déjà  parlé. 

11  n'y  a  point  de  ligne  cannelée  le  long  du  bord  de  cette  mâchoire  et  les  alvéoles 
étaient  bien  séparés  les  uns  des  autres  sans  que  les  bords  dentaires  aient  été  relevés 
pour  former  gouttière.  Valenciennes  indique  comme  caractère  principal  de  l'es- 
pèce nouvelle  proposée  par  lui  une  petite  crête  médiane  bordée  bilatéralement 
par  une  étroite  gouttière  qui  règne  sur  un  peu  plus  de  la  moitié  antérieure  de  la 
partie  conservée  de  la  symphyse  synostosée  de  ce  Delphinorhynque.  Bien  que  la 
même  crête  manque  au  fossile  qui  m'a  été  communiqué  par  M.  llaulin,  on  peut  se 
demander  si  la  particularité  qu'elle  indique  présente  assez  de  valeur  pour  carac- 
tériser l'espèce  que  ce  savant  naturaliste  se  croyait  fondé  à  admettre  comme  dis- 
tincte? C'est  ce  que  je  n'oserais  décider  avant  d'avoir  pu  comparer  entre  eux 
d'autres  exemplaires  présentant  ce  mode  de  conformation,  ainsi  que  le  précédent. 

Ici  se  termine  l'énumération  descriptive  des  pièces  recueillies  en  France,  dans 
les  dépôts  miocènes  du  sud-ouest,  qui  me  paraissent  pouvoir  être  attribuées  au 
même  genre  que  le  Champsodelphis  maerogenius,  ou  qui,  du  moins,  doivent  en 
être  rapprochées. 

In  Cétacé  du  genre  Champsodelphis,  regardé  comme  distinct  de  ceux  dont  nous 
avons  déjà  parlé,  est  signalé  dans  le  crag  de  Belgique  sous  la  dénomination  qui  suit  : 

CHAMPSODELPHIS    SCALDEXSIS. 

Du  L5u>,  Bull.acad.  r.  Belgique,  2'  série,  t.  XXXIV,  p.  498,  1872.  —  Journal  de  Zoologie,  t.  II,  p.  103. 

Espèce  établie  sur  Texamen  de  la  portion  symphysaire  d'un  maxillaire  inférieur  lequel  est  un  peu  re- 
courbé vers  le  haut  et  mesure  0,17.  Les  alvéoles  y  sont  grands,  très-rapprochés;  les  cloisons  osseuses 
complètes  et  beaucoup  plus  étroites  que  le  diamètre  des  alvéoles,  dont  quatorze  seulement  ont  étéconser- 
vés  pour  chaque  côté.  Les  alvéoles  antérieurs  paraissent  avoir  été  plus  grands  que  les  autres,  et  de  ceux- 
ci,  les  derniers  sont  les  plus  petits;  ils  sont  aussi  plus  rapprochés  entre  eux. 

J'ajouterai,  pour  terminer,  que  le  même  groupe  est  également  représenté 
parmi  les  animaux  fossiles  delà  molasse  miocène  du  Portugal,  ainsi  que  le  prouve 


492  DELPHINORHYNQUES  FOSSILES. 

un  fragment  de  maxillaire  trouvé  à  Xabregas,  près  Lisbonne,  par  M.  Valentin. 
Cette  pièce  est  conservée  au  Musée  britannique. 


Le  Crag  de  la  Belgique  renferme  les  débris  de  Cétodontes  qui  différaient  peu  des 
Champsodelpbis  et  qui  doivent  certainement  être  classés  dans  le  même  groupe.  La 
onorieur  de  leur  rostre,  le  grand  nombre  de  leurs  dents  toutes  fort  petites,  ainsi 
que  la  dimension  relativement  faible  de  leur  boile  crânienne,  peuvent  faire  regarder 
certains  d'entre  eux  comme  se  rapproebant  du  Pontoporia  plus  que  de  tout  autre 
genre  actuel;  de  ce  nombre  est  plus  particulièrement  le  genre  que  M.  Du  Bus  a 
nommé  Eurbinodelpbis.  Celui  que  le  même  paléontologiste  a  appelé  Priscodelphis, 
dénomination  empruntée  à  M.  Leidy,  n'en  diffère  de  son  côté  que  par  quelques 
caractères  d'une  faible  importance,  et  nous  avons  rappelé  plus  haut  la  présence 
également  annoncée  par  M.  Du  Bus  d'un  Champsodelpbis  véritable  parmi  les  espèces 
enfouies  dans  le  bassin  d'Anvers.  Nous  parlerons  des  deux  genres  Eurhinodelphis 
et  Priscodelphis  dans  les  paragraphes  qui  vont  suivre. 

GENRE   EURHINODELPHIS. 

Le  nom  d'Eurhinodelphis  a  été  proposé  par  M.  Du  Bus(l)  pour  des  Delphino- 
rbvnques,  fossiles  dans  le  crag  d'Anvers,  dont  le  principal  caractère  est  d'avoir  le 
rostre  long  et  étroit,  pourvu  d'un  grand  nombre  de  dents  de  petites  dimensions  et 
la  boite  crânienne  peu  volumineuse;  leurs  os  intermaxillaires  sont  intimement 
coudés  aux  maxillaires  dans  toute  la  longueur  de  la  partie  rostrale  et  ils  ne  s'en 
distinguent  que  par  le  sillon  (jui  se  voit  à  leur  ligne  de  contact.  Les  os  propres  du 
nez  sont  ovalaires  transverses,  à  peu  près  réniformes  ou  en  carrés  irréguliers,  ce 
qui  est  un  commencement  de  la  disposition  propre  aux  Dauphins  et  aux  Marsouins; 
les  os  palatins  sont  apparents  entre  les  bords  iuféro-internes  des  maxillaires;  les 
vertèbres  cervicales  restaient  disjointes  et  celles  des  différentes  régions  du  corps 
étaient  de  forme  relativement  allongée;  les  alvéoles  cessent  d'être  distincts  vers  la 
partie  terminale  du  rostre,  où  ils  ne  sont  plus  représentés  (pu1  par  une] simple 
rainure. 


(ij  Bull.  Acid.  de  Belgique,  i<  s  ri  ,  t.  XXIX,  p.  50;  186' 


GENRE  PRISCODELPHINUS.  493 

Trois  espèces  ont  été  signalées  par  l'auteur;  les  deux  premières  nous  sont  seules 
connues  ;  nous  en  avons  vu  les  pièces-types  au  Musée  de  Bruxelles  ;  on  en  trouvera 
des  figures  dans  notre  Atlas. 

EL'RHINODELPHIS   C0CHETEUX11  (PI.  LV111,  fvj.   1). 

Du  Bus,  loc.  cit. 

Environ  quarante  dents  de  chaque  côté  a  la  mâchoire  supérieure. 

Fossile  dans  le  crag  noir  d'Anvers. 

EHRHINODELPHIS  LONGIROSTRIS  (PI.  LVIII ,  fig.  2). 

Du  Bus,  Bail.  Acad.  r.  Belgique,  2e  série,  t.  XXIV,  p.  491  ;  1872.  —  Joum.de  Zoologie,  1. 11,  p.  97. 

Plus  petit  que  le  précédent.  Son  crâne  a  un  quart  de  moins  dans  tous  les  sens  et  mesure  cependant  1 ,05 
dont  0,20  pour  la  caisse  cérébrale;  son  rostre  est  proportionnellement  plus  long  et  il  a  plus  de  quatre  fois 
la  longueur  du  reste  du  crâne.  Le  nombre  des  dents  s'élève  à  cinquante  au  moins  de  chaque  côté  du 
maxillaire  supérieur. 

EURH1.N0RUYNCHUS   AMBIGUËS. 

Du  Bus,  ibidem. 

Sans  doute  de  la  taille  du  précédent;  sillons  latéraux  du  rostre  plus  profonds;  dents  paraissant  plus 
espacées;  os  incisifs  plus  épaissis  en  quelques  endroits. 
Fossile  dans  le  crag  d'Anvers;  n'est  connu  que  par  quelques  fragments. 


GENRE  PRISCODELPHINUS. 

Ce  genre  a  été  établi  par  M.  Leidy  en  1851  et  nous  aurons  l'occasion  d'y  re- 
venir à  propos  des  espèces  américaines  qui  lui  ont  servi  de  type.  Celles,  provenant 
du  crag  d'Anvers,  que  M.  Du  Bus  lui  attribue  sont  au  nombre  de  dix  ;  nous  représen- 
tons (PI.  LVIII,  fig.  3) plusieurs  parties  caractéristiques  de  l'une  d'elles,  le  Prisco- 
delphinus  produclus,  d'après  des  pièces  conservées  à  Bruxelles  et  que  M.  Du  Bus  a 
déposées  dans  la  ricbe  collection  cétologique  dumusée  de  cette  ville;  elles  indiquent 

une  forme  éteinte  peu  différente  des  Eurbinodelpbis,  tout  en  appartenant  bien 
comme  eux  aux  Delpbinorbynques. 

L'arcade  zygoma tique  y  était  également  épaisse,  le  rostre  fort  long,  sans  ossifi- 
cation du  cartilage  supra-vomérien,  et  les  dents  petites  mais  nombreuses.  Les 
crêtes  occipitale  et  temporale  ne  faisaient  pas  non  plus  une  aussi  forte  saillie  que 
dans  le  Platauiste  ellTnia. 


494  DELPHINORHYNQUES  FOSSILES. 

Les  Priscodelphinus  sont  fossiles  dans  le  crag  inférieur. 

Les  dix  espèces  de  ce  genre  que  M.  Du  Bus  dénomme  sont  loin  d'être  suffisam- 
ment caractérisées  les  unes  par  rapport  aux  autres,  et  les  pièces  attribuées  à  cha- 
cune d'elles  n'ont  probablement  pas  toutes  l'origine  qui  leur  est  attribuée  sous  ce 
rapport;  il  devra  en  être  fait  une  classification  nouvelle,  ce  qui  présentera  sans 
aucun  doute  de  grandes  difficultés,  mais  permettra  d'en  établir  une  caractéris- 
tique plus  exacte  et  en  même  temps  de  décider  si  foutes  les  espèces  à  l'établisse- 
ment desquelles  une  première  étude  a  conduit,  ont  réellement  existé. 

PRISCODELPHINUS  PRODUCTUS  (PL  LVIII,  fig.  3). 

Uu  Bus,  Bull.  Acad.  r.  Belgique,  2e  série,  t.  XXXIV,  p.  493;  1872.  —Journ.  de  Zoologie,  t.  II,  p.  98. 

La  distinction  de  cette  espèce  repose  sur  une  tète  presque  complète  conservée  au  Musée  de  Bruxelles,  et 
dont  la  boîte  cérébrale  mesure  à  clle-seule  0,20.  Le  rostre  dont  la  portion  terminale  manque  est  long  et 
étroit;  on  y  voit  encore  une  partie  des  alvéoles  répondant  à  42  dents  pour  chaque  côté  et  le  nombre  total 
de  ces  organes  peut  être  évalué  à  plus  de  50.  Il  y  reste  encore  une  dent  entière  :  «  La  couronne,  ajoute 
M.  L»u  Bus,  est  assez  mince,  courbée,  pointue  et  déprimée  d'avant  en  arrière;  sa  racine  est  taillée  en 
biseau  a  son  extrémité  »  ;  elle  paraît  indiquer  une  forme  peu  différente  par  sa  gracilité  de  ce  que 
l'on  voit  chez  les  Champsodelphis  à  petites  dents  que  nous  avons  décrits  d'après  les  pièces  recueillies 
dons  le  sud-ouest  de  la  France,  mais  sans  paraître  cependant  identique  avec  elles. 

PRISCODELPHINUS   ROBUSTUS. 

Du  Bus,  Bull.  Acad.  r.  Belgique,  p.  393.  —  Journ.  de  Zoologie,  p.  99. 

Etabli  sur  l'examen  d'un  temporal  gauche  dépourvu  de  sa  portion  écailleuse  et  sur  celui  d'un  occipital 
latéral  du  même  côté  ayant  conservé  le  condyle  correspondant.  La  taille  était  comparable  à  celle  ae 
l'Eurhinodelphis  Cocheteuxii. 

PRISCODELPHINUS  VALIDUS. 

Uu  Bus,  ibidem. 

Connu  seulement  par  un  temporal,  qui  indique  une  taille  un  peu  supérieure  à  celle  de  lespèoe  pré- 
cédente. 

PRISCODELPHINUS    CRASSUS. 

Du  Bus,  Bull.  Acad.  r.  Belgique,  p.  434.  — Journ.  de  Zoologie,  p.  100. 

Ne  repose  que  sur  l'observation  d'une  partie  d'intermaxillaire,  répondant  à  la  portion  moyenne  et  mé- 
diane du  rostre,  pour  une  longueur  de  0,36  et  0,038  de  largeur  vers  son  milieu;  cette  pièce  est  légère- 
ment courbée  et  très-épaisse  en  arrière  ;  on  y  voit  l'indication  du  canal  sus-vomérien  ;  son  bord  interne 
est  arrondi. 

PRISCODELPHINUS  TBRES. 

Du  Bus,  ibidem. 

Établi  sur  l'examen  de  deux  fragments  d'intermaxillaires  droils  provenant  de  deux  individus  différents. 
Us  sont  rectilignes,  assez  épais,  régulièrement  arrondis  dans  le  sens  transversal  en  dessus  et  creusés  en 
gouttière  en  dessous,  ce  qui  ne  permet  pas  de  les  attribuer  ;i  une  autre  partie  du  squelette.  Leur  bord  in- 
terne, dit  aussi  M.  Du  Bus,  est  carré,  très-épais,  offrant  une  surface  plane,  variantentre  10ctl'i  milimèlivs 


PRISCODELPHLNUS  D'ANVERS.  495 

de  largeur,  évidemment  destiné  a  être  appliqué  contre  le  bord  correspondant  de  l'intermaxillaire  opposé 
de  manière  à  former  une  sorte  de  «  trompe  »  (ou  plutôt  de  demi-cylindre)  ;  le  plus  grand  de  ces  fragments 
21  centimètres  de  longueur.  Sa  dimension  indique  un  animal  a  peu  près  du  de  la  taille  précédent.  •• 


PRISCODELMINUS    DECL1V0S. 

Du  Dus,  Bull.  Acad.  r.  Belgique,  p.  495.  •-  Journ.  de  Zoologie,  p.  100. 

Repose  sur  deux  tronçons  de  rostre,  l'un  basilaire,  l'autre  provenant  d'une  partie  plus  avancée,  entre 
lesquels  il  y  a  une  grande  lacune;  taille  inférieure  à  celle  du  précédent. 


PRISCODELFHINUS   M0RCKH0V1ENSIS. 

Du  Dus,  Bull.  Acad.  r.  Belgique,  p.  495. —  Journ.  de  Zoologie,  p.  101. 

On  en  possède  une  tète  bien  conservée,  mais  qui  manque  de  la  plus  grande  partie  du  rostre;  la  boîte 
crânienne  seule  a  0,18  de  longueur  sur  un  peu  plus  de  largeur.  M.  Du  Dus  fait  remarquer  que  «  le  sur- 
occipital a  au  centre  une  gouttière  large  et  assez  profonde,  et  au  sommet,  en  arrière  des  frontaux,  deux 
fossettes  sur  les  côtés.  Les  os  sont  minces  en  général,  notamment  ceux  de  l'arcade  orbitaire.  »  La  partie 
conservée  du  rostre  montre  dix-sept  alvéoles  régulièrement  espacés,  séparés  entre  eux  par  des  cloisons 
complètes.  La  grande  gouttière  médiane  du  palais  est  très-profonde. 

PRISCODELPHINUS   ELEGANS. 

Du  Bus,  Bull.  Acad.  r.  Belgique,  p.  495.  — Journ.  de  Zoologie,  p.  101. 

A  peu  près  de  la  taille  du  précédent  auquel  il  ressemble  beaucoup  par  certaines  partiesdela  tète,  mais 
connu  par  des  fragments  de  crâne  seulement.  Vus  par-dessus,  les  os  propres  du  nez,  très-intacts  etencore 
en  place,  ont  la  forme  de  carrés  irréguliers,  plus  étroits  en  arrière  qu'en  avant,  plus  longs  que  larges,  et 
leur  angle  antérieur  externe  est  muni  d'une  petite  apophyse  de  5  a  6  millimètres  de  longueur,  dirigée  en 
avant  et  appliquée  contre  l'intermaxillaire,  à  l'extrémité  supérieure  du  canal  nasal.  Les  os  temporaux  sont 
à  peu  près  de  même  forme  que  chez  le  précédent. 

PRISCODELFHINUS   PULV1NATUS. 

Du  Bus,  Bull.  Acad.  r.  Belgique,  p.  496.  — Journ.  de  Zoologie,  p.  102. 

Taille  un  peu  supérieure  à  celle  du  P.  morckhoviensis.  Les  fragments  que  l'on  en  possède  permettent 
de  constater  la  longueur  de  la  symphyse  mandibulaire.  Une  dent  inférieure  en  place  mesure  24  mil- 
limètres (ce  qui  dépasse  la  longueur  de  celles  des  petites  espèces  françaises);  sa  couronne  est  assez 
mince,  pointue  et  courbée;  au-dessous  de  la  couronne  est  un  bourrelet  circulaire  assez  développé;  la 
racine  est  légèrement  comprimée  sur  les  côtés  et  elle  a  son  extrémité  crochue. 


PRISCODELPHLNUS   CR1STATUS. 

Du  Bus,  Bull.  Acad.  r.  Belgique,  p.  437. —  Journ.de  Zoologie,  p.  102. 

Les  inlermaxillaires,  qui  étaient  très-compactes  et  assez  épais,  sont  seuls  bien  conservés;  le  rostre 
devait  être  extrêmement  long.  M.  Du  Bus  ajoute  que  les  dents  étaient  très-nombreuses  et  très-rapprochées 
entre  elles.  La  partie  rostrale  des  incisives  d'un  jeune  individu,  plus  petit  que  les  autres  d'environ  un 
huitième,  mesure  0,75  ce  qui  donne  0,90  pour  la  même  partie  chez  les  adultes  et  doit  l'aire  supposer  nue 
taille  égale  à  celle  de  ÏEurhinodelphis  longiroalris.  La  partie  supérieure  du  crâne  offre  un  enfoncement 
assez  considérable  au  sommet  de  l'occipital,  en  arrière  des  frontaux,  lesquels  sont  très-saillants  et  forment 


DELPHINORHYNQUES    FOSSILES. 

une  crètc  transversale  bien  prononcée.  L"ne  série  de  vertèbres  cervicales  montre  que  ces  vertèbres  étaient 
toutes  libres.  L'atlas  était  fort  épais  ainsi  que  l'axis,  dont  l'apophyse  épineuse  avait  son  extrémité  bifide 
dans  le  sens  longitudinal.  La  septième  cervicale  (1),  dit  encore  M.  Du  Bus,  a  des  apophyses  transverses 
inférieures  ou  par  apophyses  très-développées. 


M.  Brandi  a  proposé  de  rapporter  au  genre  Champsodelphis,  non-seulement  le 
Delphinus  lophogenius  Valenciennes,  dont  il  a  été  question  plus  liant,  mais  aussi  les 
espèces  suivantes  : 

Champsodelphis  Letoch.e. 

lîrandt,  Cetaceen  Europas,p.  267,  PL  XXVIII,  et  suppl.,  p.  22,  PI.  111. 

Pieposant  sur  des  pièces  trouvées  fossiles  à  Nussdorft',  bassin  de  Vienne,  conservées  au  Musée  impérial 
de  cette  ville,  dont  on  ne  saurait  nier  l'analogie  avec  les  parties  correspondantes  observées  dans  l'espèce 
du  falun  de  Sort  et  dans  les  Delphinorhynques  actuels.  Ses  alvéoles  indiquent  même  une  dimension  des 
dents  comparable  a  celle  du  C.  macrogenius. 

Champsodelphis  Karreri. 

Brandt,  foc.  aï., p.  277,  PL  XXX,  fig.  1-12. 

De  Nussdorff  ;  espèce  établie  d'après  des  pièces  conservées  dans  le  Hofmineralien-Kabinet  de  Vienne. 

CllAMPSODF.LUIS    BUB'.US. 

Brandt,  loc.  cit.,  p.  280,  pi.  XXX,  fig.  14-16. 

Fossile  dans  le  bassin  de  Vienne;  pièces  conservées  dans  le  Hofmineralien-Kabinet  de  cette  ville. 

Champsodelphis  Fuchsh. 

Brandt,  loc.  cit.,  p.  269, PI.  XXIX,  —  Espèce  répondant  aux  Delphinus fossilis  bessarabicus,  Nordmann, 
Paléontologie  Suedrusslands,  p.  350,  PI.  XXVIII,  fig.  6  et  12  et  Phocœna  euxinica,  id.,  ibid.,  et  p.  351, 
PI.  XXVII,  fig.  9-11. 

D'après  des  pièces  que  Nordmann  avait  déjà  signalées  comme  appartenant  h  deux  espèces  distinctes,  l'une 
voisine  du  Marsouin,  l'autre  plus  rapprochée  du  Dauphin  ordinaire,  mais  en  faisant  remarquer,  à  propos 
de  cette  dernière,  que  ses  vertèbres  cervicales  sont  disjointes,  ce  qui  n'a  pas  lieu  chez  le  Delphinus  delphis, 
qu'elle  a  les  dorsales  plus  longues  et  que  ses  apophyses  transverses  sont  plus  larges  que  celle  du  fossile 
dit  Dauphin  de  Bessarabie. 

Cette  espèce,  si  elle  était  réellement  distincte  de  celles  qui  ont  été  dénommées,  et  si  c'était  bien  un 
Champsodelphis  devrait  être  appelée  C.  bessarabica  ;  mais  il  n'est  pas  certain  que  Nordmann  se  soit 
trompé  en  admettant  qu'il  s'agit  ici  des  animaux  différents. 

Le  Muséum  a  reçu  de  ce  savant  naturaliste  cinq  vertèbres  provennant  du  gisement  qu'il  a  exploré. 

L'une  d'entre  elles,  qui  est  une  septième  cervicale,  indique  un  animal  dépassant  l'Inia  par  ses  dimen- 
sions; elle  se  distingue,  en  outre,  par  le  plus  grand  allongement  de  ses  apophyses  transverses;  elle  est 
sans  doute  du  D.  bessarabicus,  qui  sera  mieux  nommé  Champsodelphis  bessarabicus,  tant  que  l'on  n'en 
connaîtra  pas  le  véritable  genre.  On  pourrait  attribuer  au  même  animal  la  seconde  qui  est  une  der- 
nière  dorsale  ou  une  première  lombaire,  longue  de  0,07:;  sur  o,06.'i,  pour  le  corps  ou  centrum.  Sa 
ressemblance  avec  celles  des  Eurhinodelphis  d'Anvers,  dont  nous  avons  parlé  plus  hauf,  mérite  d'être 


i    Ne  serait-ce  pas  plutôt  la  sixième,  ce  qui  est  le  cas  du  Plataniste  et  de  l'Inia? 


PRISCODELPHINL'S  D'ANVERS.  497 

signalée  dès  a  présent;  c'est  aussi  le  cas  des  deux  vertèbres  trouvées  à  Sort  dont  il  a  été  parlé  plus  haut. 
Les  trois  autres  sont  également  comparables  à  celles  des  mêmes  animaux  :  1°  une  des  premières  dor- 
sales; 2"  une  des  lombaires,  et  3°  une  des  premières  caudales:  elles  proviennent  d'un  Cétodonte  plus 
rapproché  des  Delphinorhynques  que  des  Marsouins,  dont  elles  n'ont  pas  les  caractères,  mais  qui  avait  à 
peu  près  la  taille  de  ce  dernier.  Elles  en  diffèrent  par  un  moindre  raccourcissement  des  corps  vertébraux 
et  par  une  plus  grande  largeur  des  apophyses  transverses  des  régions  lombaire  et  caudale.  Cette  espèce 
parait  répondre  au  Phocœna  euxinica;  on  pourrait  l'appeler  provisoirement  Champsodelphis  euxiniciis. 
Elle  était  inférieure,  en  dimensions,  au  Champsodelphis  dubius. 

C'est  sans  doute  à  la  même  division  des  Delphinorhynques  qu'il  faut  encore 
attribuer  deux  autres  genres  donnés  comme  distincts  par  M.  Brandt,  mais  que 
nous  ne  connaissons  que  par  les  descriptions  que  M.  Muller  et  lui  en  ont  puhliées. 
Ces  deux  genres,  qui  ne  renferment  qu'une  espèce  chacun,  sont  les  suivants  : 

Delphinopsis  Freyeri. 

J.  Mull.  Sitzgberichte  Akad  Wissench.  Wien,  t.  X,  p.  84  (1853),  et  t.  XV,  p.  345,  avec  planches  (1855). 
—  Brandt,  Cetaceen  Europa's,  p.  281. 

Du  terrain  miocène  de  Radoboy,  en  Croatie. 

IIeterodelphis  KuNDEr.i. 

Rrandt,  Cetaceen  Europas,  p.  249,  PI.  XXV  et  XXVI,  fig.  1-26. 

Les  dents  sont  petites,  ce  qui  indique  une  différence  notable  par  rapport  aux  Champsodelphis.  L'espèce 
devra  être  comparée  néanmoins  au  Champsodelphis?  bessarabicus  lorsque  celui-ci  sera  mieux  connu. 
Des  environs  de  Nicolaief,  en  Crimée,  associé  a  des  restes  de  Cétothérium. 


GENRE    PACHYACANTHIJS. 

Un  trouve  dans  les  argiles  miocènes  du  bassin  de  Vienne,  à  Nussdorf  et  à 
Ilcrnals,  localités  peu  distantes  de  cette  ville,  des  ossements  indiquant  un  Cétacéde 
la  taille  de  ceux  qui  nous  occupent  dans  ce  chapitre;  il  en  existe  dans  la  galerie 
géologique  du  Musée  impérial  de  très-belles  pièces.  Elles  m'ont  paru,  lorsque  je  les 
ai  vues,  en  1 868,  provenir  d'un  Cétodonte  de  la  grande  division  autrefois  comprise 
sous  la  dénomination  commune  de  Dauphins,  et  je  suis  porté  à  les  rapprocher  de 
préférence  des  animaux  de  la  même  catégorie  qui  possèdent  un  rostre  allongé 
et  sont  pourvus  d'une  longue  symphyse  osseuse;  mais  la  plupart  sont  re- 
marquables en  ce  qu'elles  présentent  la  singulière  particularité  d'être  épaissies 
comme  chez  des  sujets  anormalement  hyperostosés,  et  certaines  vertèbres  sont 
arrivées  à  un  tel  degré  d'hypertrophie  osseuse  que  le  trou  raehidicn  y  est  réduit 

à  une  très  petite  ouverture,  ce  qui  a  dû  comprimer  fortement  la  moelle  et  altérer 

63 


498  DELPHINORHYNQUES  FOSSILES. 

d'une  manière  notable  les  mouvements,  sinon  occasionner  la  mort.  Les  apo- 
physes épineuses  et  transverses  sont,  de  leur  côté,  renflées  et  comme  bour- 
souflées jusqu'au  point  de  prendre  un  aspect  piriforme,  tout  en  étant  devenues 
denses  et  compactes  dans  leur  tissu;  les  côtes  elles-mêmes,  dans  l'intérieur 
desquelles  on  ne  trouve  plus  de  cellulosités5  ont  acquis  une  consistance  tellement 
solide  qu'elles  rappellent  celles  des  Sirénides,  en  même  temps  leur  forme  a  pris 
une  apparence  rbopaloïde  qui  rappelle  souvent,  en  l'exagérant,  celle  des  larmes 
bataviques.  C'est  ce  dont  on  se  fera  une  idée  exacte  en  examinant  les  figures  de 
notre  planche  LX,  qui  sont  empruntées  à  l'ouvrage  de  M.  Brandt  (I)  que  nous 
avons  déjà  cité  plusieurs  fois. 

J'ai,  de  mon  côté,  signalé  quelques-unes  de  ces  pièces  hyperostosées  (2), 
que  le  Musée  de  Vienne  a  bien  voulu  me  donner,  et  j'ai  montré  que  la  disposi- 
tion qui  les  caractérise  constituait  bien  réellement  un  état  pathologique,  ce  qui  se 
rencontre  d'ailleurs  dans  certains  autres  animaux  appartenant  à  différentes  classes 
de  l'embranchement  des  vertébrés. 

Quelque  évidente  que  soit  la  condition  pathologique  de  ces  vertèbres  et  de  ces 
côtes,  M.  Brandt  n'en  a  pas  moins  tiré  de  la  disposition,  à  mon  avis  exceptionnelle 
qu'elles  présentent,  le  nom  générique  de  Pachyacanthus,  rappelant  l'épaississement 
des  apophyses  vertébrales,  nom  par  lequel  il  a  désigné  en  \  87 1  (3)  les  fossiles  hyper- 
osfosés  de  Nussdorf  et  d'IIcrnals,  et  il  les  a  décrites  comme  indiquant  un  genre 
particulier  appartenant  à  la  division  des  Balénides.  Mais  tous  ne  sont  pas  dans  ce 
cas. 

Certaines  pièces  de  la  catégorie  de  celles  qui  viennnent  d'être  indiquées  ont 
conservé  l'apparence  normale,  et  en  outre  celles  qui  proviennent  du  membre 
pectoral  paraissent,  comme  le  sternum,  être  restées  constamment  normales. 

Toutefois  tel  n'est  pas  le  côté  difficile  des  questions  soulevées  par  1  élude  du 
Pachyacanthus  :  il  s'agit  avant  tout  de  savoir  à  quel  groupe  naturel  l'animal  de  ce 
nom  appartient  réellement  et  si  l'on  n'a  pas  confondu  sous  une  appellation  unique 
des  pièces  provenant  de  genres  et  même  d'ordres  divers. 


(1)  Ceiaceen  Eumpa's. 

(2)  De l'hyperost08e  chez  l'homme  h  chez  les  vertébrés  (Journal  de  Zoolwjie,  i.  IV,  p.  282,  PI.  Vil; 
1875  . 

(3)  Bull.  Acad.  de  Sainl-Pélersbourg,  t.  XVI. 


GENRE  PAÇHYACANTHDS.  499 

En  effet,  il  ne  serait  pas  sans  intérêt  de  constater  si  certaines  portions  osseuses  de 
celte  espèce  prétendue  distincte  de  toutes  les  autres  n'ont  pas  été  attribuées  à  des 
groupes  différents  et  quels  sont,  en  réalité,  les  caractères  propres  du  Pachyacan- 
thus,  en  supposant,  comme  l'a  fait  M.  Brandt  et  comme  je  suis  disposé  à  l'ad- 
mettre, qu'il  ne  s'agit  ici  que  d'un  seul  et  même  animal. 

Pour  M.  Brandt,  ce  genre  appartient  à  la  division  des  Cétacés  à  fanons,  c'est-à- 
dire  aux  Balénides  ou  Mysticètes,  et  dans  son  travail  il  le  classe  entre  les  Plésiocètes 
de  M.  Van  Beneden  et  les  Baleines  proprement  dites;  au  contraire,  M.  Van  Be- 
neden  (\)  estime  que  le  savant  anatomiste  de  Saint-Pétersbourg  a  confondu  sous 
un  même  nom  des  pièces  ayant  appartenu,  les  unes,  principalement  les  vertèbres 
et  les  côtes,  à  un  Sirénide,  les  autres  (sternum  et  os  du  membre)  à  un  Delphinoïde. 

Est-ce  là  la  solution  à  laquelle  on  doit  définitivement  s'arrêter?  Il  me  semble 
que  l'on  ne  peut  l'accepter  comme  jugeant  la  question,  et  je  demanderai  la  per- 
mission d'en  proposer  une  plus  complète,  sans  cependant  affirmer  qu'elle  soit 
définitive,  bien  que  je  la  regarde  comme  étant  fort  probable. 

Le  Pacbyacanthus  a  les  vertèbres  cervicales  séparées  les  unes  des  autres,  ce  qui. 
non-seulement  est  un  des  caractères  propres  au  Dugong,  animal  aux  vertèbres  cervi- 
cales duquel  celles  du  Pachyacantbus  ont  été  comparées,  mais  constitue  en  même 
temps  une  des  particularités  les  plus  caractéristiques  des  Delphinorhynques. 
Dans  ce  genre  l'atlas  est  pourvu  en  arrière  de  l'arc  inférieur  d'une  forte  apophyse 
récurrente  manquant  au  Sirénide  que  nous  venons  de  citer  (2),  tandis  que  la  présence 
de  cette  apophyse  est  un  signe  distinctifde  l'atlas  des  Delphinorhynques;  c'est  là 
en  même  temps  une  disposition  en  rapport  avec  la  flexibilité  du  cou  plus  grande 
chez  le  Cétacé  du  bassin  de  Vienne  et  chez  tous  les  autres  Delphinorhynques,  que 
cela  n'a  lieu  que  chez  les  Dauphins  et  les  Marsouins;  aussi  le  Pachyacanthus  pos- 
sédait-il, comme  les  autres  Delphinorhynques,  une  large  facette  articulaire  de 
l'atlas  destinée  à  l'apophyse  odontoïde  de  l'axis,  caractère  qui  se  retrouve,  il  est 
vrai,  chez  le  Dugong,  ainsi  que  dans  l'Halithérium,  mais  sans  affecter  chez  eux  une 
apparence  tout  à  fait  semblable. 

Les  autres  traits  distinclifs  de  son  atlas  n'excluent  pas  davantage  la  possibilité  de 


(1)  Les  Pachyacanthus  du  Musée  de  Vienne  [Bull.  Acad.  roy.  Belgique,  2*  série,  t.  LX;  1875). 

(2)  L'atlas  de  l'Halithérium  est  conformé  comme  celui  du  Dugong. 


500  DELPHINORHYNQUES  FOSSILES. 

réunir  le  Pachyacanthus  aux  Delphinorhynques,  et  son  axis,  tel  qu'il  est  décrit  et 
tel  que  le  représente  M.  Brandt,  rappelle  aussi  celui  de  l'Inia.  En  outre,  sije  com- 
pare les  autres  cervicales  du  fossile  à  celles  de  ce  dernier  genre,  je  trouve,  en  m'en 
rapportant  aux  données  fournies  par  M.  Van  Beneden,  qu'elles  ont  au  moins  autant 
de  ressemblance  avec  celles  du  Delphinorhynque  propre  au  bassin  actuel  de  l'A- 
mazone, c'est-à-dire  de  l'Inia,  qu'avec  les  mêmes  pièces  osseuses  examinées  chez 
le  Dugong.  Sont-elles  réellement  au  nombre  de  six  comme  chez  celui-ci?  C'est  là 
une  supposition  sur  laquelle  je  ne  saurais  me  prononcer  et  que,  jusqu'à  preuve 
du  contraire,  je  ne  saurais  admettre.  Je  crois  aussi  que  la  forme  des  autres  ver- 
tèbres, soit  les  dorsales,  soit  celles  des  régions  plus  reculées,  vient  à  l'appui  de 
mon  interprétation  plus  qu'elle  ne  la  contredit,  surtout  si  l'on  ne  tient  pas  compte 
de  l'épaississement  maladif  de  ces  parties  osseuses.  Sous  ce  rapport  les  affinités  du 
Pachyacanthus  le  rapprochent  donc  de  l'Inia  et  du  reste  des  Delphinorhynques 
beaucoup  plus  que  des  Sirénides;  on  en  jugera  en  comparant  les  pièces  décou- 
vertes aux  environs  de  Vienne  avec  les  os  correspondants  empruntés  au  squelette 
de  l'Inia  qui  sont  représentés  sur  nos  planches  XXIX  et  XXXII. 

Parlons  maintenant  des  côtes  du  Pachyacanthus.  Nous  eu  avons  déjà  indiqué  la 
forme  et  l'épaisseur  ;  sous  cedouble  rapport,  elles  présentent  plutôt  une  exagération 
de  la  disposition  propre  à  l'Inia  qu'une  similitude  réelle  avec  celles  du  Dugong,  et, 
si  elles  manquent,  comme  chez  ce  dernier  et  comme  chez  les  Lamantins,  du  tissu 
spongieux  intérieur  habituel  aux  mêmes  pièces  osseuses,  il  faut  en  rechercher  la 
cause  dans  l'altération  pathologique  que  la  plupart  d'entre  elles  ont  subie.  Il  serait 
bon  de  voir  si  parmi  celles  dont  l'épaisseur  est  normale  il  ne  s'en  trouve  pas  qui 
possèdent  un  véritable  tissu  spongieux,  tissu  qui  est  d'ailleurs  très-réduit  chez 
l'Inia.  Leur  forme  n'est  pas  non  plus  celle  qui  caractérise  les  côtes  des  Sirénides 
et  leurs  caractères  histologiques  ne  sont  pas  les  mêmes  (I). 

M.  Brandi  s'est  fondé  sur  le  sternum  de  l'animal  qui  nous  occupe  pour  faire  de 
celui-ci  un  Balénide;  mais  ou  doit  faire  remarquer  avec  M.  Van  IJeneden  que  cet 


ij  Si  l'on  compare  sous  <■<■  rapport  des  lamelles  osseuses  de  eûtes  provenant  du  Dugong,  de  l'Inia  et 
du  Pachyacanllius  préparée*  pour  le  microscope,  on  arrive  aux  résultais  suivants  :  la  ressemblance 
paraît  plus  grande  entre  lé  Pachyacanthus  et  l'Inia  qu'entre  lui  et  le  Dugong,  que  l'on  tienne  compte 
de  la  disposition  des  canalicules  de  Havers  ou  de  l'apparence  des  ostéoplastes.  I.escanalicules  sont  plus 
épais  et  moins  sert  es  dans  1  i  Dugong,  et  les  ostéoplastes  ont  leurs  radicules  plus  allongées. 


GENRE  PACHYACANTHUS.  501 

os  n'est  pas  d'une  seule  pièce  chez  les  Pachyacanthus,  comme  il  devrait  l'être  s'il 
s'agissait  d'un  Cétacé  à  fanons,  et,  le  fût-il,  on  ne  saurait  en  induire  que  c'est 
avec  ces  derniers  qu'il  doit  être  classé,  puisque  c'est  un  caractère  de  l'Inia  d'avoir 
le  sternum  en  forme  de  plastron  indivis,  du  moins  chez  les  deux  sujets  adultes 
appartenant  à  cette  espèce  que  possèdent  les  collections  de  Paris  (1)  et  de  Londres. 
Le  sternum  du  Pachyacanthus  est  d'ailleurs  formé  de  plusieurs  sternèbres  succes- 
sives qui  sont  larges  et  aplaties.  On  en  connaît  deux,  dont  la  première  est  plus 
élargie  que  la  seconde,  avec  laquelle  s'articulent  les  deuxième  et  troisième  paires 
de  côtes. 

L'omoplate,  le  bras  et  l'avant-bras  du  Pachyacanthus  conviennent  aussi  très- 
bien  par  leur  forme  et  leurs  principaux  caractères  à  un  Cétacé,  plus  particuliè- 
rement à  un  Cétodonte,  et  je  partage  entièrement  l'avis  de  M.  Van  Beneden,  lors- 
qu'il attribue  les  pièces  osseuses  qu'il  en  a  observées  à  un  animal  de  ce  groupe  ;  je 
crois  même  pouvoir  aller  plus  loin  et  dire  qu'elles  justifient  le  rapprochement  que 
je  fais  du  Pachyacanthus  avec  les  Delpbinorhynques,  mais  je  ne  voudrais  pas  en 
distraire,  comme  il  propose  de  le  faire,  les  vertèbres  et  les  côtes,  et  je  ne  les  crois 
pas  des  Sirénides.  Ne  pourrait-on  pas  continuer  ce  raisonnement  et,  s'il  était  reconnu 
que  ces  deux  séries  de  pièces,  vertèbres  et  côtes,  d'une  part,  sternum  et  membres, 
de  l'autre,  ont  appartenu  à  un  Delphinorbynque,  ce  qui  ne  me  paraît  pas  contes- 
table, pourquoi  n'attribuerait-on  pas  à  ce  Cétodonte  les  mâchoires  à  longue  sym- 
physe, pourvues  d'un  grand  nombre  de  dents,  que  l'on  trouve  avec  les  ossements 
àÏNUSsdorf? 

Ces  mâchoires  ont  en  effet  des  caractères  comparables  à  celles  des  Cbampso- 
delphis  dont  nous  avons  parlé  précédemment,  et  M.  Brandt  les  a  lui-même  attri- 
buées à  une  espèce  de  ce  genre  qu'il  a  appelée  Champsodelphis  Leloclue  (2),  du  nom 
de  M.  Letocha,  naturaliste  viennois,  qui  possède  une  belle  collection  d'ossements 
appartenant  aux  Cétacés  de  Nussdorf. 

Je  suis  donc  porté  à  admettre  que  si  l'animal  qui  a  fourni  ces  mâchoires  n'était 
pas  le  Pachyacanthus  lui-même,  il  en  était,  du  moins,  peu  éloigné  par  l'ensemble 
de  ses  caractères,  et  comme  on  peut  ajouter  à  ces  remarques  qu'aucun  fragment 


(1)  PI.  XXXII,  .^.i  8. 

(2)  Voir  ci-dessus,  p.  49fi. 


:i02  DELPHINORHYNQUES   FOSSILES. 

de  la  tète  d'un  véritable  Balénide  n'a  été  encore  rencontré,  soit  à  Nussdorf,  soit 
à  llernals,  il  est  évident  que  ce  rapprochement  mérite  d'être  pris  en  sérieuse  con- 
sidération. 

Nous  sommes  ainsi  conduit  à  persévérer  dans  notre  opinion  que  les  ossements 
trouvés  dans  ces  deux  localités,  qui  ont  servi  de  type  au  genre  Pachyacanthus  de 
M.  Brandt,  sont  bien  ceux  d'un  animal  du  groupe  des  Delphinorhynqucs,  et  qu'il 
en  est  sans  doute  ainsi  des  mâchoires  sur  l'examen  desquelles  M.  Brandt  s'est  fondé 
pour  établir  son  Champsodelphis  de  Letocha,  mâchoires  qui  nous  paraissent 
devoir  être  provisoirement  attribuées  au  même  Cétacé  que  les  vertèbres,  les  côtes, 
le  sternum  et  les  os  des  membres  provenant  des  mêmes  gisements.  Il  resterait  à 
établir  une  comparaison  rigoureuse  du  Pachyacanthus  avec  les  autres  espèces 
de  ce  groupe  qui  ont  déjà  reçu  des  noms  particuliers,  et  à  constater  dans  quelles 
limites  il  en  diffère;  mais  c'est  ce  que  l'état  de  nos  collections  ne  nous  permet 
pas  de  faire.  Nous  ne  saurions  pas  davantage  décider  si  le  nouveau  genre  proposé 
par  M.  Brandt  comprend,  dans  l'état  actuel  de  la  science,  plusieurs  espèces,  comme 
ce  savant  naturaliste  est  conduit  à  l'admettre,  ni  distinguer  avec  exactitude  quelles 
sont  ces  espèces  ;  à  plus  forte  raison  sommes-nous  dans  l'impossibilité  de  dire  quels 
caractères  sont  propres  à  chacune  d'elles  ni  sous  quelles  dénominations  elles  de- 
vront rester  inscrites  dans  les  catalogues  méthodiques.  Qu'il  nous  suffise  de  rap- 
peler, pour  le  moment,  les  noms  suivants  que  M.  Brandt  a  imposés  à  celles  qu'il 
admet  : 

Pachycanthus  Suessii,  Brandt,  Celaceen  Etiropa's,  p.  469,  PI,  XIV,  fig.  6-25, 
PI.  XV,    XVI,  XVII. 

Pachyacanthus  traciiyspondylcs,  id.}  iOid.,\>.  187,  PI.  XVIII, fig.  \-\. 

Pachyacanthus  LEToeniE,  id.,  ibid.,  Suppl.,  p.  H.  (1) 


(1)  Séparé,  bien  entendu,  par  M.  Brandt, de  son  Champsodelphis  Letochœ,  bien  que  l'on  puisse  admettre 
que  celui-ci  ne  repose  que  sur  des  portions  de  mâchoires  provenant  du  même  animal  que  les  os  attribues 
au  genre  Pachyacanthus. 


(IENRE  SCH1Z0DELPHIS.  503 


GENRE  SCHIZODELPHIS 


Un  autre  genre  de  Cëtodontes  delphinorbynques  propre  à  la  faune  miocène, 
dont  la  présence  a  été  constatée  en  France,  est  celui  des  Schizodelphis  (1)  qui  avait, 
comme  les  précédents,  le  rostre  étroit  et  allongé,  mais  déprimé  et  marqué  dans  sa 
longueur  de  trois  sillons  aussi  bien  à  la  mâchoire  supérieure  qu'à  l'inférieure.  Des 
sillons  supérieurs,  le  médian  est  placé  au  point  de  contact  des  intermaxillaires 
entre  eux;  les  deux  latéraux  sont  entre  les  intermaxillaires  et  les  maxillaires; 
ceux-ci  sont  très-apparents.  Quant  au  médian,  il  disparait  plus  ou  moins  complè- 
tement dans  sa  longueur  et  les  deux  intermaxillaires  tendent  par  suite  à  former 
une  bande  longitudinale  unique  et  de  forme  élargie.  Le  sillon  inférieur  médian 
est  encore  mieux  marqué,  et  il  ne  persiste  qu'incomplètement  chez  les  sujets 
adultes,  par  suite  de  la  condition  avancée  de  la  synoslose  symphysaire  ;  les  latéraux 
restent  distincts  et  profonds;  l'espace  qui  les  sépare  l'un  de  l'autre  est  large  et 
représente  uue  sorte  de  bande  subaplatie  qui  rend  cette  portion  du  squelette  très- 
reconnaissable. 

Les  dents  sont  petites,  nombreuses,  lisses  à  leur  couronne  et  implantées  dans 
des  alvéoles  séparés  par  des  intervalles  osseux. 

La  caisse  auditive  se  prolonge  un  peu  en  bec  à  sa  partie  antérieure,  ce  qui  rap- 
pelle la  disposition  caractéristique  des  Platanistes. 


(1)  Schizodelphis,  P.  Gerv.,  Uérn.,  Acad.  se.  Montpellier,  t.  V,  p.  124;  1861.  —  Platydelphis,  Du  Bus, 
Bull.  Acad.  r.  de  Belgique,  2*  série,  t.  XXXIV,  p.  498,  1872.  —  Platyrhynchus,  Van  Beneden.,  Bull.  Acad. 
r.  Bely.,  2e  série,  t.  XLI,  1876. 


504  DELPHINORHYNQUES  FOSSILES. 

SCHIZODELPHIS    SULCATUS. 
(PI.  LVII,  fig.  3-7.) 

Detphinus  pseudo-delpMs,  P.  Gerv.,  Bull.  Acad.  se.  Montp.,  J840,  p.  Il,  et 
journal  l'Institut,  \  840,  p. 400,  non  D.  pseudo-delphis,  Schlegel. — Delphinorhynchus 
sutcatus,  id.,  /Wm.  ,lcflf/.  se.  Mon*/?.,  t.  II,  p.  320,  PL  \U,fig.  5-7.  —  Id.,  Zool.  et 
Val.fr.,  p.  506,  PI.  IX,  /fy.  2  et  PI.  LXXX,  fig.  5-7.  —  Sclihod.  suie,  id.,  M». 
y4cflrf.  se.  l/o»//>.,  t.  V.,  p.  12',,  PI.  IV,  fig.  1-3. 

Taille  du  Dauphin  ordinaire,  mais  avec  le  rostre  beaucoup  plus  long. 

Espèce  fossile  dans  les  dépôts  miocènes  des  environs  de  Montpellier,  ainsi  que 
dans  les  faluns  de  la  Touraine. 

Le  curieux  Cétacé  auquel  j'ai  donné  ce  nom  m'est  connu  par  des  fragments  de 
crâne  recueillis  àVendargues,  à  La  Vérune,  à  Cournonsec  et  àPoussan,  localités 
miocènes  du  département  de  l'Hérault,  dont  trois  appartiennent  à  la  molasse  ou 
aux  sables»  et  dont  l'autre  est  formée  de  marnes  bleues.  Parmi  les  pièces  que  j'avais 
déjà  représentées  et  qui  sont  en  partie  reproduites  dans  l'Atlas  du  présent  ouvrage, 
la  plus  remarquable  est  un  crâne  presque  entier  provenant  de  la  molasse  de  Cour- 
nonsec. 

Ce  crâne  (PI.  LVII,  fig.  9,  3)  est  presque  entier  (1).  En  en  donnant  précédemment  la  description,  j'ai  fait 
remarquer  qu'on  pouvait  le  comparer  sous  certains  rapports  à  ceux  du  Delphiuus  plumbeax  et  ros/ralus 
dont  le  premier  sert  de  type  au  genre  Sténo  de  M.  Gray;  il  présente  de  même  à  la  surface  palatine  une 
forte  rainure  médiane  située  au-dessous  du  vomer  et  qui  s'étend  en  avant,  entre  les  incisifs,  mais  il  n'offre 
pas  la  grande  rainure  bilatérale  que  l'on  voit  chez  le  Delphinus  delphis.  Il  a  conservé  une  partie  de  sa 
région  occipitale,  les  maxillaires  supérieurs  presque  entiers  en  dessus  comme  en  dessous,  et  les  inter- 
maxillaires, mais  la  partie  terminale  du  rostre  a  été  perdue.  Celui-ci  était  allongé  et  les  intermaxillaires 
y  étaient  Séparés  des  maxillaire*  par  un  large  sillon  régnant  dans  la  plus  grande  partie  de  leur  longueur, 
ce  qui  donne  à  la  section  résiliant  de  la  coupe  du  rostre  une  figure  particulière,  constituant  l'un  des 
principaux  caractères  du  genre. 

Les  dimensions  de  ce  crâne  sont  les  suivantes  : 

Longueur  de  la  léte  sans  le  rostre 0,16 

Longueur  du  rostre  (partie  conservée O.^ii 

Longueur  du  rostre  (partie  manquante),  au  moins 0,10 

Largeur  au-dessus  îles  orbites 0,18 

Largeur  du  rostre  il  sa  base 0,u7'j 

Largeur  à  son  milieu 0,046 

1 1   l'en  avais  donné  précédemment  des  figures,  Zool.  et  Pal.  franc,  PI.  LXXX1II,  fi<j.  3-7. 


GENRE  SCHIZODELPHIS.  505 

Le  Glyphidelphis  sulcalus  était  pourvu  de  nombreuses  dents,  mais  aucune  n'a  été  conservée  sur  la 
pièce  dont  il  s'agit.  Un  de  ces  organes,  qui  a  été  trouvé  à  Poussan  (1),  et  qui  m'a  alors  paru  pouvoir  appar- 
tenir à  la  même  espèce,  était  grêle  et  sa  couronne  était  bicarénée,  presque  à  double  tranchant;  je  doute 
aujourd'hui  de  cette  assimilation. 

Plus  récemment,  M.  Paul  Mares  a  découvert  à  Loupian,  dans  un  terrain  argilo- 
sableux  remontant  au  même  âge  que  les  précédents,  des  fragments  (PI.  LVII, 
fig.  4-6),  qui  m'ont  permis  de  reconstituer  une  portion  considérable  de  la  mâ- 
choire inférieure;  la  forme  en  est  très-singulière.  Ce  qu'il  m'a  été  possible  d'en 
restaurer  commence  un  peu  en  arrière  de  la  partie  sympbysaire,  qui  était  fort 
longue  et  mesure  0m,40,  mais  ici  incomplète  en  avant  aussi  bien  qu'en  arrière.  Les 
dimensions  de  cette  pièce  répondent  assez  exactement  à  celles  du  crâne  trouvée 
Cournonsee;  elle  m'a  mis  à  même  de  décrire  la  mâchoire  inférieure  que  je  ne 
connaissais  pas  encore. 

Par  son  faciès  général,  par  sa  forme  et  par  son  étroitesse,  cette  mâchoire  inférieure  rappelle  sensible- 
ment la  parlie  correspondante  étudiée  dans  le  Gavial;  mais  on  ne  saurait  cependant  l'attribuer  à  un 
animal  de  ce  genre,  attendu  qu'e'le  est  d'une  seule  pièce,  et  que  c'est  un  des  caractères  des  reptiles  d'a- 
voir chaque  moitié  de  la  mandibule  décomposée  en  plusieurs  os. 

Sa  partie  symphysaire  est  aplatie  à  sa  face  dentaire  et  présente  un  fort  sillon  médian;  elle  est  à 
peu  près  demi-cylindrique  à  sa  face  inférieure,  qui  se  divise  en  trois  régions  longitudinales,  une  mé- 
diane et  deux  latérales  séparées  de  la  précédente  par  un  très-fort  sillon.  La  bande  médiane  ne  présente 
plus  de  trace  apparente  de  la  symphyse  articulaire,  si  ce  n'est  vers  la  base  même  de  la  même  région. 
La  coupe  de  cette  mandibule  est  également  remarquable,  à  cause  de  la  disposition  trilobée  des  parties 
qu'elle  laisse  voir.  Le  lobe  médian  est  représenté  par  la  bandelette  médio-inférieure  qui  vient  d'être  dé- 
crite, et  les  lobes  latéraux  répondent  aux  parties  latérales  de  la  mâchoire.  Chacun  d'eux  est  séparé  du 
lobe  médian  par  le  sillon  profond  déjà  signalé,  et  ils  laissent  entre  eux  et  ce  lobe  un  canal  évidé  presque 
aussi  large  que  lui,  le  surmontant,  et  au-dessus  duquel  les  bords  externes  des  deux  lobes  latéraux  se 
rapprochent,  mais  sans  se  souder.  Entre  eux  se  voit  le  sillon  mèdio-supérieur  qui  longe  toute  la  sur- 
face palatine  de  la  mâchoire  inférieure. 

L'allongement  et  la  disposition  de  la  mandibule  chez  l'exemplaire  recueilli  à  Loupian  par  M.  P.  Mares, 
répondent  d'une  manière  exacte  aux  caractères  que  j'avais  déjà  signalés  dans  le  rostre  du  Schizodel- 
phis sulcalus,  et  il  est  bien  évident  que  nous  avons  affaire  ici  à  une  pièce  appartenant  à  la  même 
espèce. 

la  soudure  des  deux  moitiés  de  la  mâchoire  inférieure  n'était  ni  moins  intime  ni  moins  solide  que 
chez  llnia,  le  Plataniste  et  le  Pontoporia;  mais  la  coupe  de  la  mandibule  était  différente,  l'Inia  et  les 
espèces  actuelles  manquant  des  sillons  longitudinaux  qui  caractérisent  le  Schizodelphis. 

Aucune  des  dents  n'est  restée  en  place  sur  la  mandibule  que  nous  décrivons,  et  les  alvéoles  y  sont 
tous  obturés  par  la  substance  marneuse  dans  laquelle  la  pièce  elle-même  a  été  enfouie,  on  peut  constater 
cependant  qu'ils  étaient  de  petite  dimension,  ce  qui  permet  de  conclure  que  les  dents  elles-mêmes  étaient 
grêles  et  aiguës  ;  la  même  disposition  avait  sans  doute  également  lieu  pour  les  dents  supérieures. 

Avant  de  recevoir  les  débris  fossiles  de  Schizodelphis  trouvés  à  Cournonsec  et  à  Loupian,  j'avais 
signalé  une  tète  du  même  animal  (2)  dont  on  voit  la  coupe  dans  une  de  ces  dalles  que  l'on  débite  dans  les 


(1}  Zool.  et  Pal.  franc.,  p.  308,  PI.   LXXXIII,  fig.  8. 
(2    Ibid.,  p.  307,,  PI.  IX,  fig.  2  et  ia. 

64 


506  DELPHINORHYNQUES  FOSSILES. 

carrières  de  Vendargues,pour  en  garnir  le  sol  des  habitations,  dalles  qui  sont  très-usitées  a  Montpellier, 
ainsi  que  dans  les  environs. 

C'est  par  l'examen  de  cette  pièce  que  j'ai  d'abord  distingué  l'espèce  qui  nous  occupe  en  ce  moment; 
elle  appartient  aux  collections  de  la  Faculté  dps  sciences  de  Montpellier. 

Des  débris  fossiles  du  même  animal  se  rencontrent  aussi  dans  le  miocène  de 
Castries  (Hérault),  soit  dans  les  marnes  bleues,  soit  dans  la  molasse. 

J'ai  vu  récemment  chez  M.  Delmas,  médecin  de  Castries,  qui  a  recueilli  avec  beaucoup  de  soin  les  fos- 
siles de  cet  endroit,  les  deux  mâchoires  supérieure  et  inférieure,  ainsi  qu'une  partie  de  la  boîte  crâ- 
nienne d'un  Schizodelphis  sulcatus  ;  elles  sont  longues  de  0m.95  et  larges  de  0°,04  ou  0m,05  seulement  ;  on  y 
distingue  environ  60  alvéoles  de  chaque  côté.  Les  mâchoires  sont  droites  et  comme  spadiformes;  leur 
extrémité  se  rétrécit  un  peu.  Elles  n'ont  conservé  que  quelques  dents,  lesquelles  sont  coniques,  un  peu 

arquées  et  faiblement  comprimées  à  leur  couronne  qui  est  lisse 
et  a  le  bord  externe  un  peu  aplati.  La  racine  n'est  pas  de  forme 
bien  régulière,  elle  est  forte.  Les  figures  ci-contre  représentent 
deux  de  ces  dents  vues  de  grandeur  naturelle  par  leurs  faces  in- 
terne et  externe  ;  l'une,  indiquée  par  la  lettre  A,  vient  de  la  mâchoire 
supérieure;  l'autre  (B)  est  de  la  mâchoire  inférieure.  Il  suffira  de 
les  comparer  a  celles  du  Champsodelphis  Dationum  pour  recon- 
naître qu'elles  en  diffèrent  assez  notablement.  La  boîte  crânienne 
du  sujet  dont  elles  proviennent  est  de  médiocre  dimension  ;  quoiqu'elle  soit  en  mauvais  état,  on  peut 
constater  que  ses  apophyses  zygomatiques  du  temporal  étaient  fort  épaisses,  ce  qui  est  un  des  caractères 
du  genre.  Cette  belle  pièce  a  été  tirée  des  marnes  bleues. 

C'est  peut  être  au  Schizodelphis  canaliculatns  qu'il  faudra  rapporter,  lorsqu'on 
le  connaîtra  mieux,  le  Dauphin  fossile  que  j'ai  également  signalé  dans  les  marnes 
miocènes  de  Pézénas  (Hérault). 

Un  fragment  de  maxillaire  inférieur  (PI.  LX,  fiy.  M)  nous  démontre  la  pré- 
sence parmi  les  fossiles  enfouis  dans  les  faluns  de  la  Touraine  d'un  animal  appar- 
tenant certainement  au  même  genre  que  ceux  des  terrains  de  molasse  de  l'Hérault, 
mais  qui  pourrait  bien,  à  en  juger  par  la  grandeur  un  peu  plus  considérable  de  ses 
alvéoles,  ne  pas  avoir  été  de  la  même  espèce. 

Des  fossiles  analogues  aux  Schizodelphis  de  France  et  appartenant  au  même 
genre  se  rencontrent  également  en  Allemagne,  à  Baltringen,  entre  Ulm  et  Biberach 
(Wurtemberg),  en  Suisse,  à  Othmarsingen  et  à  Niederstotzingen  (canton  d'Argovie), 
ainsi  qu'en  Belgique,  dans  le  crag  d'Anvers,  où  ils  ont  été  signalés  par  MM.  Her- 
mann  de  Meyer  et  du  Bus. 

C'est  à  ces  gisements  que  se  rapportent  les  indications  bibliographiques  qui 

suivent  : 

Delphinus  canaliculaius,  II.  v.  Meyer,  Palœontographica, t.  VI, p.  44,  PI.  VIL  -  Platydelphù  canal,:., 
du  Bus,  Bull.  Acad.  r.  Belgique,  2'  série,  t.  XXXIV,  p.  498, 1872,  et  Journ.  de  Zoologie,  t.  II,  p.  103.  (Atlas, 
pi.  LVl'll,  fig.  4).  —  l'lahjrhynchus  canalicul.,V&x\  Bencden,  Bull.  Acad.  r.  Bchj.,  2e  série,  t.  XLI  ;  1876. 


GENRE  SCHIZODELPHIS.  507 

SCHIZODELPHIS    PLANUS. 

M.  Chalande  a  découvert,  dans  les  terrains  tertiaires  moyens,  un  morceau  de 
maxillaire  supérieur  long  de  0m,245  et  large  de  0ra,05  qui  porte  encore  les  alvéoles 
des  vingt-deux  dernières  dents,  rangés  en  ligne  droite  et  indiquant  des  dents 
d'assez  faible  dimension,  mais  qui  étaient  peut-être  un  peu  plus  fortes  que  celles 
du  Schizodelphis  canalkulatus ;  les  deux  derniers  de  ces  alvéoles  sont  réunis  en- 
semble de  manière  à  former  une  courte  rainure.  Le  maxillaire  est  aplati  dans 
toute  sa  longueur,  même  au  delà  du  point  où  il  cesse  de  porter  des  dents,  ce  qui 
pourrait  faire  rapprocher  l'espèce  dont  il  provient  du  Champ&odelphis  Renovi  si 
la  forme  de  la  partie  postérieure  était  tout  à  fait  la  même,  mais  la  séparation  des 
deux  espèces  est  d'ailleurs  rendue  évidente  par  le  fait  que  les  os  incisifs  du  S. 
planus,  au  lieu  de  rester  séparés  comme  dans  l'espèce  découverte  par  Renou,  se 
soudaient  entre  eux  pour  former,  ainsi  que  j'ai  pu  le  constater,  par  l'examen  d'une 
seconde  pièce  provenant  du  même  animal,  et  qu'on  avait  recueillie  au  même  lieu 
que  la  précédente  et  en  même  temps  qu'elle,  une  bande  longitudinale  unique  ne 
conservant  qu'une  faible  trace  linéaire  de  la  soudure  des  deux  os  qui  la  constituent, 
tandis  qu'elle  se  trouve  au  contraire  séparée  des  maxillaires  droit  et  gauche  par 
une  double  rainure  comme  il  s'en  voit  une  chez  les  autres  Schizodelphis;  cette 
bande  est  large  de  0m.025. 

Delphinus  planus,  P.  Gerv.,  Zool.  et  Pal.fr.,  p.  305,  PL  W,fig.  13. 

Du  Falun  de  Romans  (Drôme)  qui  fournit  aussi  des  ossements  de  Listriodon 
splendens  et  de  Dinothérium  (I). 

On  conserve  au  Musée  de  l'Université  de  Naples,  une  portion  de  rostre  (PI.  LX  , 
fifj.  16)  dont  il  m'a  été  permis  de  prendre  le  moule,  laquelle  parait  être  aussi  de 
Schizodelphis.  Ce  fossile,  dont  j'ai  déjà  fait  mention  ailleurs  (2),  provient  du  gise- 
ment de  Lecce,  terre  d'Otrante. 


(1)  Ce  sont  des  ossements  de  ce  genre  de  Proboscidiens  provenant  de  Romans  qui  ont  été  attribués 
au  roi  des  Cimbres  Teuthobochus  et  montrés  comme  tels  dans  plusieurs  villes  sous  le  règne  de  Louis  XIII. 
Ceux  auxquels  de  Blainville  avait  d'abord  supposé  cette  origine  appartiennent  au  Mastodon  Humboldtii, 
qui  est  une  espèce  sud-américaine,  mais  notre  savant  maître  a  rectifie  cette  méprise  dans  une  note 
insérée  dans  les  Comptes  rendus  hebdomadaires  de  l'Académie,  cl  j'ai  moi-même  reçu  de  l'eu  M.  Dubreuil, 
professeur  d'anatomie  a  la  Faculté  de  médecine  de  Montpellier,  un  des  os  qu'on  avait  supposé  être  de  géant, 
et  qui  avaient  donné  lieu  a  l'exhibition  faite  par  Habicot. 

(2)  Zool.  et  Pal.  yen.,  t.  II,  p.  24. 


508  DELPH1NORHYNQUES   FOSSILES. 

Enfin  on  devra  attribuer  à  un  Schizodelphis  de  préférence,  ou  tout  au  moins  la 
considérer  comme  provenant  sans  doute  d'un  genre  de  la  même  famille,  la  portion 
de  rostre  trouvée  à  Felixtow,  dans  le  crag  de  Suffolk,  que  M.  Owen  a  mentionnée 
dans  une  Note  relative  aux  Mammifères  fossiles  de  ce  gisement  en  la  donnant 
comme  d'un  Ziphius  du  groupe  des  Dioplodons  (-1),  ce  que  les  rainures  longeant  le 
rostre  ne  permettent  guère  d'admettre. 

Ajoutons  encore  que  M,  Cope  (2)  signale  la  présence  de  ce  groupe  de  Delphi— 
norhynques  parmi  les  fossiles  miocènes  des  États-Unis.  11  regarde,  en  effet,  l'es- 
pèce dont  il  avait  d'abord  fait  un  Priscodelphinus  sous  le  nom  de  P.  acutidens 
comme  devant  être  classée  dans  le  même  genre  que  le  Delphi  nus  eanaticulatus  ; 
il  est  vrai  qu'il  n'en  connait  qu'une  seule  dent,  trouvée  dans  le  comté  de  Charles, 
Maryland,  ce  qui  laisse  bien  planer  quelque  doute  sur  celte  indication. 


GENRE  CETORHYNCHUS. 

Si,  comme  cela  semble  probable,  c'est  à  la  famille  des  Delpbinorbynques  que 
doivent  être  rapportés  les  Cétodontes  propres  aux  mers  miocènes  qui  avaient  le 
rostre  très-allongé  et  dont  les  deux  moitiés  de  la  mâchoire  inférieure  se  soudaient 
entre  elles  dans  une  grande  partie  de  leur  étendue,  de  manière  à  fournir  une 
longue  symphyse  osseuse,  c'est  aussi  à  ce  groupe  qu'il  faudra  attribuer  le  genre 
Cetorhynchus  qui  m'est  indiqué  par  une  portion  de  mâchoire  inférieure  présentant 
en  effet  ce  double  caractère  (5). 

Les  alvéoles  n'y  étaient  point  séparés  les  uns  des  autres  par  des  cloisons  osseuses, 
mais  confondus  en  une  gouttière  commune,  où  ils  se  reconnaissent  cependant  de 
manière  à  pouvoir  être  comptés  parla  concavité  externe  qui  contribuait  à  former 


1)  Quarterly  Journ.  geol<>:/.  Soc.  London,  1 856,  p.  230  /ig.  24,  et  24a. 

2)  Proceed.  Acad.  nat.  .sr.  Pkiladtrlphin,  18IJ7,  p.  145. 

(3)  P.  Gerv.,  Comptas  rend.  hebd.    tcad  se,  t.  LUI,  p.  156;  1801. 


GENRE  CETORHYNCHUS.  !i09 

chacun  d'eux.  Les  dents  devaient  être  assez  fortes,  mais  on  n'en  possède  aucune. 

La  pièce  sur  laquelle  ce  genre  a  été  établi  a  été  découverte  dans  le  midi  de  la 
France  par  feu  M.  Jules  de  Christol,  dont  les  naturalistes  connaissent  les  utiles 
travaux  relatifs  à  la  géologie  de  cette  contrée. 

Elle  manque  de  la  partie  terminale  et  ne  s'étend  pas  en  arrière  jusqu'à  la  région 
condylienne;  cependant  elle  est  longue  de 0,51,  dont  0,27  pour  ce  qui  reste  de  la 
symphyse  et  0,24  pour  ce  qui  dépend  de  la  partie  post-symphysaire;  la  largeur 
des  deux  branches  au  point  où  cesse  la  symphyse  est  de  0,09;  elles  ont  encore  de 
0,07  à  0,20  près  de  leur  terminaison. 

On  constate  les  traces  d'une  quarantaine  d'alvéoles  incomplets  qui  se  dessinent 
dans  la  gouttière  dentaire;  ils  s'élargissent  à  mesure  que  l'on  passe  des  plus 
reculés  à  ceux  qui  sont  placés  plus  en  avant;  ceux-ci  ayant  jusqu'à  0,020  de  large 
sur  0,0H  de  long  si  on  les  suppose  séparés  dans  ce  sens,  ce  qui  n'a  cependant 
pas  lieu. 

La  partie  symphysaire  est  aplatie  en  dessus  c'est-à-dire  sur  sa  face  dentaire; 
sa  coupe  transversale  décrit  en  dessous  un  arc  de  cercle. 

11  n'y  a  pas  de  canalicule  ou  sillon  longitudinal  sur  le  bord  externe  de  cette 
mâchoire,  ce  qui  rappelle  la  disposition  propre  aux  Champsodelphis  à  grosses  et  à 
petites  dents,  malgré  la  différence  sensible  de  la  courbe  donnée  par  la  coupe  de 
cette  pièce,  et  sépare  nettement  le  Cétorhynchus  des  Schizodelphis. 

CET0RHYNCH0S    CHRIST0LII. 

P.  (ierv .,  Comptes  rendus  hebrlom.,  t.  LUI,  p.  456  ;  18(*il .  —  ld.,  Mém.  Acad.  se. 
Montpellier,  t.  V,  p.  122,  PI.  IV,  fig.  5-7. 

N'est  connu  que  d'après  la  seule  pièce  (PI.  LVIII,  fig.  12)  découverte  par 
feu  M.  Jules  de  Christol  et  qui  provient  du  falun  miocène  de  Poussan  (Hérault).  On 
peut  lui  supposer  une  taille  peu  inférieure  à  celle  du  Bérardius  ou  même  de  l'Hy- 
peroodon. 


510  DELPHINORHYNQUES    FOSSILES. 

Delphinorhynques  fossiles  dont  on  a  trouvé  les  ossements  dans  F  Amérique 

septentrionale. 


GENRE  PRISCODELPHINUS. 

Les  terrains  tertiaires  supérieurs  des  États-Unis  ont  fourni  des  ossements  qui 
paraissent  provenir  de  Cétodontes  delphinorhynques.  Le  premier  de  ces  fossiles 
qui  ait  été  observé  a  été  recueilli  dans  le  comté  de  Gloucester,  New-Jersey.  Le 
D.  Harlan  (1),  qui  l'a  signale  aux  naturalistes,  le  croyait  de  Plésiosaure  et  il  le  don- 
nait comme  extrait  du  Grès-Vert  (Green  Sand). 

M.  Leidy,  ayant  eu  l'occasion  d'étudier  la  pièce  dont  il  s'agit,  y  a  reconnu  une 
vertèbre  d'un  Cétacé  allié  aux  Dauphins,  mais  plus  longue  que  ne  le  sont  les  os  de 
cette  sorte  dans  les  espèces  ordinaires  du  même  groupe;  aussi  a-t-il  proposé  de 
faire  de  l'animal  indiqué  par  cette  vertèbre  un  genre  auquel  il  a  donné  la  dé- 
nomination de  Priscodelphinus  (2),  appelant  L'espèce-type  de  ce  genre,  c'est-à-dire 
celle  de  Harlan,  du  nom  de  cet  anatomiste,  Priscodelphinus  Harlani  et  proposant 
celui  de  Priscodelphinus  grandœvus  pour  une  seconde  espèce  établie  par  lui  sur 
l'examen  de  deux  vertèbres  caudales  qui  provenaient  d'un  sujet  encore  jeune  re- 
cueillies dans  le  même  gisement;  mais  M.  Cope  reporte  cette  seconde  espèce  dans 
son  genre  Trétosphys. 

M.  Leidy  y  voyait  un  représentant  de  la  classe  des  Mammifères  parmi  les  ani- 
maux delà  période  crétacée;  mais  cette  opinion  a  dû  être  abandonnée  plus  tard, 
le  dépôt  qui  a  fourni  les  fossiles  décrits  dans  cette  occasion  ayant  été  reconnu 
appartenir  à  la  formation  miocène.  D'autres  espèces  ont  été  ensuite  ajoutées  par 
les  naturalistes  américains,  particulièrement  par  M.  Cope,  à  celles  dont  il  vient 
d'être  question. 


(1)  Joum.  Acad.  nat.  se.  Philadelphie^,  t.  IV,  p.  2'M,  PI.  XIV, 7/7.  I.  —  l<l.,  Médical  and  phys.  Itest  ar- 
ches, p.  382,  PI.  san*  numéro,  fig.  i. 

(2)  Leidj ,  l'roeeed.  0/  the  .  Icad.  nat.  sciences  Philadelphia,  t.  V,  p.  326  ;  1851 .  —  /(/.,  Extinct.  Mamma- 
lian  Fauna  oj  Dacota  and  Nebraska,  p.  4:t:i  ;  INiiy. 


GENRES  AMÉRICAINS.  511 

C'est  sur  les  indications  qui  précèdent  que  M.  du  Bus  a  été  conduit  à  étendre 
la  dénomination  générique  de  Priscodelphinus  à  une  partie  des  Delphinorhynques 
enfouis  dans  le  crag  d'Anvers,  dont  nous  avons  parlé  plus  haut(-l);  il  est  inutile 
d'insister  sur  ce  qu'une  pareille  assimilation  présente  encore  d'incertain.  Les  autres 
genres  américains  ne  sont  pas  mieux  déûnis,  et  la  diagnose  de  leurs  espèces  n'a 
point  encore  été  donnée  comparativement  avec  celle  des  espèces  européennes; 
c'est  en  particulier  ce  qui  m'a  empêché  de  donner  un  nom  générique  aux  petites 
espèces  de  Delphinorhynques  voisines  du  Champsodelphis  macrogenius,  mais  très- 
prohablement  différentes  par  le  genre,  qui  sont  fossiles  en  Europe. 

Les  Priscodelphinus  américains  ont  reçu  les  noms  suivants  : 

PRISCODELPHINUS  CONRADI. 

Delph.  Conradi,  Leidy,  Proceed.  Acad.  nat.  se.  Philad.,  1852,  p.  35.  —  Prise.  Conr.,  Cope,  ibid.,  1868. 
p.  183. 

Établi  d'après  des  vertèbres  découvertes  dans  le  miocène  de  la  Virginie  et  dans  le  comté  de  Charles, 
Maryland. 

PRISCODELPHINUS  SPINOSUS. 

ld.,ibid,  1868,  p.  187. 

Établi  sur  des  vertèbres  trouvées  au  même  lieu. 

PRISCODELPHINUS  ATR0P1US. 
Id.,  ibid,  1868,  p.  187  et  188. 
Établi  sur  des  vertèbres  trouvées  au  même  lieu. 

PRISCODELPHINUS  STENUS. 

/(/.,  ibid,  1868,  p.  188. 

Établi  sur  des  vertèbres  trouvées  au  même  lieu. 

Le  Priscodelphinus  'jrandœvus  de  M.  Leidy  est  devenu  pour  M.  Cope  (2)   le  type  d'un  second  genre  de 
Delphinorhynques  fossiles  en  Amérique,  dans  lequel  prennent  également  place  plusieurs  espèces. 

Ce  genre  et  les  suivants  ne  sont  pas  mieux  connus  que  celui  des  Priscodel- 
phinus; il  nous  suffira  de  mentionner  les  espèces  signalées  dans  chacun  d'eux. 

GENRE  TUETOSPHYS. 

TRETOSPHYS    GRAND.EVUS. 

Priscodelphinus  grand.,  Leidy,  Proceed.  Acad.  nat.  se.  Philadelphia,  1851,  p.  327.  —  Tretosph.  grand.. 
Cope,  ibid.,  1868,  p.  191. 

(1)  Voir  p.  493. 

(2;  Cope,  Proceed.  Acad.  nat.  se.  Philadelphia,  p.  190;  1868. 


512  DELPH1N0RHYNQUES  FOSSILES. 

Du  comté  de  Gloucester,  New-Jersey. 

TRETOSPHYS  LACERTOSUS. 

Delphinapterus  lacert.,  et  D.  Hawkiiisii,  ibid.,  1868,  p.  190.—  Tret.  lacert.,  id.,  ibid;  1869,  p.  7. 
Miocène  de  Charles.  Maryland. 

TRETOSPHYS  GABBII. 

Delphinapterus  Gabbii,  Cope,  ibid.,  1868,  p.  191.  —  Tret.  Gabb.,  id.,  ibid.,  1867,  p.  7  et  8. 
Du  même  gisement  que  le  précédent. 

TRETOSPHYS  URjEUS. 

Cope,  ibid.,  1869,  p.  7  et  8. 

Du  Miocène  de  Shilot,  Cumberland,  dans  le  New-Jersey,  et  de  celui  de  Patuxent,  Maryland. 

TRETOSPHYS  RUSCHENBERGER1. 

Delphinapt.  Rusch.,  Cope,  ibid.,  1868,  p.  189.—  Tret.  Rusvh.,  id.,  ibid,  1369,  p.  7  et  9. 
Miocène  de  Charles,  Maryland. 


GENRE  ZARACH1S  (1) 

M.  Cope  en  distingue  trois  espèces,  toutes  les  trois  fossiles  dans  les  dépôts  miocènes  des  Etats-llnis; 
nous  nous  bornerons,  vu  le  peu  de  renseignements  que  l'on  possède  encore  à  leur  égard,  a  en  rappeler 
les  noms  : 

ZARACHIS  FLAGELLATOR. 

Cope,  Proceed.  Acad.  nat.  se.  Philadelphia,  1868,  p.  189.—  Id.,  ibid.,  1869,  p.  9. 
Comté  de  Charles,  Maryland. 

ZARACH1S  TYSOMI. 

Cope,  ibid.,  1869,  p.  9. 

De  l'embouchure  du  Patuxent,  Maryland. 

ZARACHIS  VELOX. 


Cope,  ibid.,  1869,  p.  10. 

Miocène  de  Shiloh,  en  Cumberland,  New-Jersey. 


GENRE  LOIMIOCETUS  (2) 


LOPHOCKTUS  CALVERTENS1S. 


Delphinus  calvertensis,  llarlan,   Proceed.  nat.inst.   Washington,  184S,  p.  195,  av.  3  pi.—    Pontoporia 
calv.,  Cope,  Proceed.  Acad.  nat.  se.  Philadi  Iphia,  1866,  p.  297.—  Loph.,calv.,id.,  ibid,  1867,  p.  141  et  146. 
Etabli  sur  L'examen  d'un  crâne  découvert  dans  les  marnes  miocènes  de  Calvert,  Maryland 


I  )  Cope,  Proceed.  Acad.  nat.  se.  Philadi  Iphia,  1868.  p.  9. 
(2)  Cope,  Ibid.,  1867,  p.  146. 


GENRES  AMÉRICAINS.  ;,l  t 

GENRE  RHABDOSTEUS  (1) 

RHUBDOSTEUS  LATERAD1X. 

Cope,  loco  cit. 

Du  comté  de  Charles,  Maryland.  Espèce  connue  d'après  des  fragments  de  mâchoires  et  des  dents  dont 
il  n'a  pas  été  publié  de  figures. 

.     GENRE    IXACANTHUS    (2) 

IXACANTHUS  COELOSPONDYLUS. 

Cope,  loco.  cit. 

Espèce  fossile  dans  le  miocène  du  Maryland.  On  n'en  a  découvert  qu'un  petit  nombre  de  vertèbres. 

(1)  Cope,  Proceed.  Acad.  nat.  se.  Philadelphia,  1867,  p.  145. 
(21     /<*.,    Ibid.,  1868,  p.  159. 


05 


ADDITIONS 

RELATIVES  AUX  CÉTODONTES  DONT  IL  EST  QUESTION 
DANS  LES  CHAPITRES  PRÉCÉDENTS. 

Avant  de  nous  occuper  des  Delphinidés,  plus  particulièrement  des  Bélugins, 
animaux  de  cette  famille  qui  ressemblent  encore  aux  Delphinorhynques,  par  l'in- 
dépendance de  leurs  vertèbres  cervicales,  il  ne  sera  pas  inutile  de  rappeler  quelques 
observations  ou  remarques  nouvelles  relatives  aux  familles  de  Cétodontes  dont  nous 
avons  traité  jusqu'à  présent,  c'est-à-dire  aux  familles  des  Physétères  (I),  des 
Ziphioïdes  (2)  et  des  Delphinorbyuques  (5). 


FAMILLE  DES    PHYSÉTÈKES 

GENRE  CACHALOT   {Physeter) . 

Page  308.  -  Deux  Cétacés  de  ce  genre,  appartenant  à  l'espèce  du  Cachalot  ordinaire  (Physeter  macro- 
cephalus),  ont  été  vus  dans  les  parages  de  Guéthary  (Basses-Pyrénées)  en  1875.  L'un  était  du  sexe  mâle, 
l'autre  du  sexe  femelle.  Le  mâle  seul  a  pu  être  capturé;  son  squelette  a  été  acquis  par  le  musée  de 
Hayonne  (4). 

GENRE  HOMOCETUS. 

Page  333.  —  La  portion  de  synostose  cervicale  (PI.  X\,  /iy.  15)  que  nous  avons  attribuée  provisoirement 
à  Y Homocetus  Villersii,  pourrait  bien  provenir  du  genre  Balœnulu  de  M.  Van  Heneden;  cette  pièce  est  trop 
incomplète  pour  que  nous  nous  prononcionsàson  égard  avant  d'avoir  pu  en  faire  de  nouveau  la  comparaison. 

GENRE  EUCETUS. 

Page  344.  —  Une  dent,  trouvée  dans  les  faluns  miocènes  de  la  Bretagne,  que  M.  Sirodot  m'a  montrée 
dans  le  musée  de  la  Faculté  des  sciences  de  Hennés,  rappelle  assez  exactement  par  ses  caractères  celle-. 
provenant  du  crag  d'Anvers  dont  on  a  fait  le  genre  Eiteetits-,  aussi  appelé  Diiioziphius  (D.  Roemdonkii, 
Van  Bcned.). 

GENRE  tOGIA. 

Page  347.  —  Nous  persistons,  malgré  les  particularités,  d'ailleurs  peu  importantes,  qui  les  distinguent, 
à  regarder  le  Physeter  breviceps  de  lSlaiuville,  type  du  genre  Koyia  de  Cray,  VEuphysetes  simus  de 
M.  Owen  et  VEuphysetes  Grayii  comme  se  rapportant  a  un  seul  genre;  peut-être  même  devra-ton  n'en 
faire  qu'une  seule  espèce  lorsqu'ils  seront  mieux  connus  dans  les  caractères  qui  les  distinguent  suivant 

(1)  P.  303 

(2)  P.  355. 

(3)  P.  425. 

(4)  Journal  de  Zoologie,  t.  V,  p.  462. 


PHYSÉTÈRES  ET  ZIPIII01DES.  515 

l'âge  ou  le  sexe.  M.  Gill  (1)  signale  sous  le  nom  de  Kogia  Floweri  un  animal  d'espèce  analogue  sur  la 
côte  de  Mazallan  et  il  y  a  aussi  des  Kogia  au  Japon. 

Le  squelette,  malheureusement  incomplet  a  quelques  égards,  d'un  Cétacé  qui  nous  a  été  envoyé 
par  le  gouvernement  de  ce  pays,  sous  le  nom  à'Uki-Kuzira,  est  fort  semblable,  par  la  forme  de 
son  crâne,  à  YEuphysetes  simus,  dont  il  possède  la  brièveté,  en  étant  également  disposé  en  forme  de 
cirque  dans  sa  région  faciale,  en  même  temps  qu'il  en  offre  la  crête  supra-nasale  et  les  deux  murailles 
externes,  formées  par  la  partie  supra-orbitaire  des  os  maxillaires.  La  rainure  alvéolaire  des  dents  supé- 
rieures y  est  aussi  placée,  en  dedans  du  bord  externe  des  maxillaires,  sur  les  parties  latérales  de  leur  face 
palatine,  et  les  autres  os  y  ont  une  disposition  identique.  Nous  ne  possédons  que  25  dents  de  ce  sujet, 
et  il  est  probable  quelles  appartiennent  à  la  mâchoire  inférieure  plutôt  qu'à  la  supérieure.  Leur  bulbe 
était  loin  d'être  entièrement  ossifié  et  indiquait  par  conséquent  un  sujet  assez  peu  avancé  en  âge.  Le  crâne 
lui-même  est  long  de  0,33  et  large  de  0,30  a  la  région  interorbitaire.  La  caisse  osseuse  de  l'oreille 
moyenne  n'est  pas  sans  analogie  avec  celle  du  Cachalot,  et  elle  est  également  de  petite  dimension,  eu 
égard  h  la  grosseur  de  la  tête.  Sa  face  antérieure  est  aplatie,  son  bord  inférieur  divisé  en  trois  saillies 
surbaissées  par  deux  faibles  échancrures  et  sa  face  supérieure  sub-aplatie;  la  communication  avec  la 
trompe  d'Eustache  forme  une  échancrure  elliptique  ouverte  du  côté  du  labyrinthe  osseux,  qui  est  égale- 
ment peu  volumineux  et  s'attache  par  une  articulation  fixe  au  mastoïdien,  auquel  la  caisse  adhère  de 
son  côté  par  sa  portion  opposée  à  l'orifice  de  la  trompe.  Le  mastoïdien  est  celluleux  et  en  forme  de 
champignon  irrégulier;  il  est  léger,  très-encastré  dans  les  échancrures  occipitales  latérales,  mais  ne 
présente  pas  l'apparence  flabelliforme  qui  le  distingue  chez  l'Hyperoodon  et  le  Beradius.  Nous  possédons 
la  région  cervicale,  dont  toutes  les  vertèbres  sont  synostosées  entre  elles,  par  leurs  corps  aussi  bien 
que  par  leurs  neurapophyses.  Il  y  a  13  vertèbres  dorsales,  reconnaissables  à  leurs  facettes  d'articulation 
costale,  mais  il  pourrait  bien  avoir  existé  quatorze  paires  de  côtes  dont  la  dernière  libre  dans  les  chairs. 
Ces  vertèbres  montrent  un  rudiment  de  carène  h  la  face  inférieure  de  leur  corps;  les  lombo-sacrées,  au 
nombre  de  8,  sont  plus  fortement  carénées,  et  l'on  retrouve  l'indication  de  l'échancrure  divisant  cette 
carène  en  deux  parties  dans  le  sujet  de  notre  figure  8  de  la  planche  XXII,  sujet  qui  est  d'origine  austra- 
lienne. Les  apophyses  épineuses  ne  sont  pas  aussi  élevées  que  dans  les  Ziphioïdes;  elles  ne  sont  pas  non 
plus  aussi  allongées;  sous  ce  rapport,  elles  sont  plus  comparables  à  celles  du  Cachalot.  Les  os  en  V 
manquent  en  partie  à  notre  exemplaire,  mais  les  facettes  articulaires  des  vertèbres  qui  leur  sont  des- 
tinées sont  très-apparentes.  Les  dernières  vertèbres  n'ont  plus  ni  neurapophyses  ni  hémapophyses  ou 
os  en  V.  Les  côtes  ne  sont  pas  aussi  fortes  que  dans  YEuphysetes  Macleayii,  ce  qui  tient  sans  doute  à 
l'âge  du  sujet.  L'omoplate  a  ses  apophyses  acromion  et  coracoïde  distinctes.  Nous  ne  pouvons  rapporter 
qu'a  un  os  hyoïde  incomplet  quatre  pièces  dont  trois  ont  une  apparence  scutiforme  el  paraissent  repré- 
senter le  corps  de  cet  os  et  ses  apophyses  thyroïdiennes,  tandis  que  la  quatrième  serait  un  des  stylo- 
hyoïdiens;  cette  disposition  rappelle  d'ailleurs  celle  qui  caractérise  les  Cachalots  (PI.  XVIII,  fig.  3). 

Notre  planche  LXI  est  consacrée  au  squelette  du  Kogia  des  mers  du  Japon,  dont  il  vient  d'être  question. 


FAMILLE   DES   ZIPHIOÏDES 

GENRE  HYPEROODON. 

Page  358.—  La  Note  relative  au  Ziphioïde  échoué  auprès  d'Arcachon,  en  1810,  que  nous  avons  citée 
d'après  F.  Cuvier,  donne  à  ce  Cétacé  22  pieds  8  pouces  de  long  (soit  7,50)  et  non,  comme  nous  l'avons  laissé 
imprimer  par  erreur,  50  pieds,  ce  qui  n'exclut  pas  la  possibilité  que  ce  soit  un  Ilyperoodon  ;  mais  il  est 
bon  de  rappeler  que  la  présence  du  Ziphius  sur  le  même  point  de  notre  littoral  a  été  également 
constatée. 

GENRE  RERARDIUS. 
Page  392.  —  Nous  avons  reçu  de  M.  von  Haast,  de  Christchurch  (Nouvelle-Zélande),  un    squelette  de 


(1)  An.  Naf.,  t.  IV,  p.  738,  fig.  167  et  168;  1871.  —  Dali,  in  Scammon,  American  Mammals,  p.  301. 


516  ZIPHI01DES. 

l'espèce  type  de  ce  genre,  provenant  des  parages  de  cet  archipel,  et  des   ligures  en  ont  été  données  dans 
l'Atlas  du  présent  ouvrage  (PI.  XXI  bis,  fig.  1-4,  et  XXIII  bis). 

Le  Berardius  Hectori,  double  emploi  du  B.  Arnuxii,  est  inscrit  par  M.  Hector  dans  son  Catalogue  des 
Baleines  et  des  Dauphins  de  la  Nouvelle-Zélande,  sous  le  nom  de  Mesoplodon  Knoxi  (1). 

GENRE    MESOPLODON. 

Page  402.  —  M.  Ray  Lankaster  a  donné  des  détails  sur  la  structure  des  dents  du  .)/.  Sowerbense , 
étudiées  au  microscope  (-2). 

GENRE   ZIPHIUS. 

Page  379.  —  Il  existe  des  Cétacés  de  ce  genre  dans  les  mers  australes  aussi  bien  que  dans  les  parties 
septentrionales  de  l'Atlantique.  M.  Hector  a  décrit,  sous  le  nom  A'Epiodon  Chathamiense,  le  crâne  d'un 
animal  très-semblable  au  Ziphius  cavirostris  pris  à  l'île  Chatham,  et  il  en  cite  un  autre  conservé  au  musée 
de  Canterbury,  également  a  la  Nouvelle-Zélande,  qui  présente  les  mêmes  caractères  principaux.  Je  dois 
à  l'obligeance  de  M.  Hutton,  de  Dunedin,  un  pareil  crâne  dont  on  trouvera  la  représentation  sur 
notre  planche  XXI  bis,  fig.  5-6.  Quoique  plus  robuste,  il  rappelle,  à  certains  égards,  celui  du  Ziphius 
cavirostris,  provenant  d'Aresquiès  (Méditerranée),  qui  est  une  des  deux  formes  de  cette  espèce  telle  que 
nous  l'avons  décrite.  Le  sujet  de  M.  Hector  paraît,  au  contraire,  plus  semblable,  par  l'excavation  de  sa 
région  pré-nasale,  a  celui  de  Fos,  qui  a  été  donné  par  Cuvier  comme  type  du  Ziphius  cavirostris.  Le 
crâne  offert  par  M.  Hutton  est  déposé  dans  les  galeries  anatomiques  de  notre  musée. 

Les  Ziphius  dont  il  s'agit  ont  reçu  de  M.  von  Haast  la  dénomination  de  Ziphius  Nowœ-Zclandi<p  [3). 

GENRE  DOLIGHODON. 

Page  403.  —  Le  Dolichodon  Layardi  visite  aussi  la  Nouvelle-Zélande.  M.  Hector  en  fait  mention  dans 
sa  Notice  sur  les  Baleines  et  les  Dauphins  de  cet  archipel  (4). 

MM.  von  Haast  et  Flower  s'en  sont  également  occupés,  le  premier  sous  le  nom  de  Mesoplodon  Flowt 
ri  (5),  le  second  sous  celui  de  Mesoplodon  {Dolichodon)  Layardi  (6). 

GENRE  OULODON. 

Le  Mesoplodon  Grayi  de  M.  von  Haast  (7),  qui  sert  de  type  au  genre  Oulodon  du  même  auteur  (8  ,  esl 
un  Ziphioïde  nouveau,  propre  aux  mêmes  parages,  qui  présente  pour  caractère  principal  d'avoir  en 
outre  de  la  forte  paire  de  dents  inférieures  distinctive  du  Mesoplodon  Soioerbeme,  ainsi  que  du  Dio- 
plodon  densirostre,  des  dents  fines  et  aiguës,  rangées  le  long  d'une  partie  de  sa  mâchoire  supérieure, 
ce  qui  rappelle,  mais  avec  une  autre  forme,  les  dents  signalées  par  nous  a  la  même  mâchoire  chez  le 
Ziphius  cavirostris,  et,  à  la  mâchoire  inférieure,  chez  le  Mesoplodon  Sowerbense. 

C'est  aussi  un  animal  de  la  Nouvelle-Zélande. 

M.  von  Haast  a  bien  voulu  nous  adresser  le  squelette  d'un  exemplaire  de  cette  remarquable  espèce, 
ce  qui  nous  donne  l'occasion  d'en  faire  connaître  les  caractères  dislinctifs;  on  en  trouvera  des  ligures 
sur  notre  planche  LXU. 


(1)  Trans.  of  the  New  Zeland  Instilute,  t.  V,  p.  14;  1872. 

(2)  Quarlerley  Journ.  of  microsc.  science,  t.  VII,  p.  55,  pi.  V-VI  ;  1867. 

(3)  Proceed.  zool.  Soc.  London,  1876,  p.  466,  pi.  XLV,  fig.  2,  et  pi.  XLVI,. //,'/.  2.—  Flower,  Ibid.,  p.   177. 

(4)  Trans.  New  Zealand  Instilute,  t.  V,  p.  164,  pi.  III;  1873. 

(5)  Proceed.  zool.  Soc.  London,  1876,  p.  477. —  Flower,  Ibid.,  p.  185. 
(6.i  Loco  citalo,  p.  485. 

(7)  Loco  citalo,  p.  7. 

(8)  Loco  cilato,  p.  457. 


ZIPH101DES.  .,17 

S«(uelelte.  —  Le  crâne  de  cet  animal  est  long  de  O"^,  très-effilé  dans  sa  partie  rostrale.  subglobu- 
leux dans  sa  région  occipitale,  et  subarrondi  suivant  la  coupe  qui  irait  du  trou  occipital  au  trou  sous- 
orbitaire  en  passant  par  les  arcades  frontales;  les  os  nasaux  y  sont  comme  étranglés  entre  la  partie 
montante  des  intermaxillaires  formant,  de  chaque  côté  des  narines,  une  double  surface  concave  il  peu  près 
en  forme  de  8  Les  intermaxillaires  se  continuent  dans  le  rostre  dont  ils  constituent  la  partie  supérieure 
sans  s'accoler  par  leur  bord  supéro-interne,  de  manière  a  laisser  libre  la  place  occupée  par  le  cartilage 
supra-vomèrien  que  la  macération  a  fait  disparaître.  La  coupe  du  rostre  est  k  peu  près  triangulaire, 
quoique  un  peu  renflée  inférieurement  dans  sa  partie  rapprochée  des  palatins,  qui  sont  étroits  à  ce 
point,  mais  plus  larges  en  dehors  de  lui.  Un  sillon,  d'abord  fort,  creusé  dans  la  saillie  externe  des  os 
maxillaires,  longe  de  chaque  côté  les  angles  externes  du  rostre,  en  se  rétrécissant  vers  le  milieu  du  prolon- 
gement de  la  face  pour  s'élargir  de  nouveau  dans  son  tiers  antérieur  qui  est  principalement  formé  par  la 
pointe  terminale  des  os  intermaxillaircs;  on  ne  voit  pas  d'alvéoles  et  la  gouttière  dont  il  vient  d'être 
question  ne  répond  pas  à  l'insertion  des  dents.  Le  vomer  est  visible  il  la  face  palatine  dans  le  tiers 
moyen  de  cette  dernière  sous  la  forme  d'un  losange  étroit  et  allongé.  Les  fosses  ptérygoïdiennes  sont  peu 
différentes  par  leur  forme  de  celles  du  Mésoplodon  et  du  Dolichodonetil  en  est  de  même  desptérygoïdiens; 
mais  la  région  des  palatins  n'est  pas  aussi  aplatie  que  dans  le  Dioplodon  et  la  face  ptérygoïdienne  est 
plus  excavée,  ce  qui  rapproche  aussi  l'Oulodon  du  Doliahodon.  Un  élargissement  dû  aux  maxillaires 
existe  entre  la  partie  antérieure  des  os  zygomatiques  et  la  base  du  rostre  ;  l'arcade  zygomatique  est  formée 
par  la  portion  grêle  et  allongée  des  os  de  ce  nom  ;  les  os  lacrymaux  sont  grands  et  bien  distincts,  ce  qui  est 
aussi  l'un  des  caractères  propres  aux  Ziphioïdes.  Les  mastoïdiens  restent  séparés  des  temporaux  comme 
chez  les  Cétodontesdu  même  groupe;  ils  jouissent  aussi  d'une  certaine  mobilité  dans  l'état  de  dessiccation. 
C'est  sur  leur  partie  interne  que  s'insère  l'os  de  la  caisse  comme  cela  se  voit  chez  le  Herardius,  mais  les 
mastoïdiens  n'ont  pas  ici  la  disposition  flabelliforme  propre  a  ce  dernier  genre  (PI.  XXI  bis,  firj.  4);  ils 
sont  toutefois  plus  forts  que  chez  le  Mésoplodon  (PI.  XXVI,  Jig.  4  et  4").  La  caisse  elle-même  diffère  peu  par 
son  apparence  de  celle  qu'elle  présente  dans  ces  deux  genres;  il  en  est  de  même  pour  l'oreille  interne. 

La  mâchoire  inférieure  a  ses  deux  branches  attachées  l'une  à  l'autre  par  une  symphyse  assez  longue; 
son  bord  inférieur  montre  une  double  courbure  saillante  dans  la  partie  postérieure  et  au-dessous  de 
l'insertion  de  la  défense;  rentrante,  au  contraire,  dans  la  région  placée  au-dessous  du  bord  dentaire  et  un 
peu  plus  en  arrière;  elle  remonte  un  peu  de  bas  en  haut  dans  la  portion  symphysaire. 

Des  sept  vertèbres  cervicales,  les  deux  premières  sont  soudées  l'une  à  l'autre  par  leur  corps  ou  centruni 
et  par  leurs  apophyses  épineuses  et  elles  ne  laissent  entre  la  base  de  ces  dernières  que  deux  trous  ova- 
laires  pour  le  passage  de  la  seconde  des  paires  nerveuses  du  cou.  Les  cinq  autres  sont  libres,  dans  notre 
exemplaire  du  moins,  car  la  troisième  de  la  série  totale  est  également  associée  à  l'atlas  et  à  l'axis  dans 
le  squelette  d'une  femelle  vieille  que  M.  v.  Haast  a  fait  préparer  pour  le  Canterbury  Muséum.  Les  apo- 
physes épineuses  des  troisième  à  septième  cervicales  vont  en  augmentant  de  hauteur  a  mesure  qu'on  se 
rapproche  de  la  région  dorsale;  la  saillie  qui  répond  a  leurs  apophyses  transverses  est  plus  forte  que  celle 
qui  termine  inférieurement  les  apophyses  épineuses  et  une  échancrure  placée  entre  ces  deux  apophyses 
indique  la  place  du  canal  vertébral,  lequel  est  plus  près  d'être  complet  k  la  troisième  de  ces  vertèbres 
qu'a  aucune  autre;  la  septième  a  son  apophyse  transverse  courte,  allongée  de  haut  en  bas  et  pourvue  d'une 
facette  articulaire  destinée  k  la  té  te  de  la  première  paire  de  côtes  dont  la  tubérosilé  porte  sur  la  facelte  sous- 
épineuse  delà  première  vertèbre  dorsale;  les  corps  vertébraux  n'ont  qu'une  médiocre  épaisseur. 

Il  existe  10  vertèbres  dorsales.  Les  sept  premières  présentent  de  chaque  côté  une  double  facette  articu- 
laire destinée  a  autant  de  paires  de  côtes  ;  celle  de  ces  facettes  qui  est  portée  par  l'apophyse  tranverse,  la- 
quelle apophyse  est  toujours  raccourcie  aux  huit  premières  dorsales,  sert  d'attache  k  la  tète  des  deuxième  à 
huitième  côtes;  k  la  base  des  apophyses  épineuses  des  mêmes  vertèbres,  se  voit  la  facette  donnant  insertion 
k  la  tubérosité  des  première  k  septième  paires  de  côtes. 

Tandis  que  les  tubérosités  des  sept  premières  côtes  prennent  leur  appui  sur  les  saillies  placées  k  la 
base  extrême  des  apophyses  épineuses,  la  huitième  côte  manque  de  tubérosité,  ce  qui  a  lieu  aussi 
pour  les  deux  suivantes,  et  l'apophyse  épineuse  sur  laquelle  elle  s'insère  fait  k  peine  saillie  :  c'esl 
elle  que  nous  avons  dit  être  située  près  l'extrémité  antérieure  du  centrum  vertébral  et  non  en  arrière.  Au 
contraire,  les  9e  et  10'  côtes  sont  supportées  par  les  apophyses  transverses  des  deux  dernières  vertèbres 
dorsales,  lesquelles  forment  une  saillie  considérable;  c'est  aussi  ce  que  l'on  voit  chez  le  Ziphius  cavi- 
rostre  et  chez  lllyperoodon. 


r,)R  ZIPHIOÏDES. 

Les  apophyses  épineuses  des  vertèbres  dorsales,  de  même  que  celles  de  la  région  lombo-sacrèe  ei  de  la 
plus  grande  partie  de  la  queue,  sont  hautes  et  plates;  ce  qui  rappelle  aussi  l'une  des  dispositions  les  plus 
caractéristiques  des  Ziphioïdes,  particulièrement  des  Mésoplodons  et  des  Dioplodons.  11  y  a  H  lombo-sa- 
crés  et  19  coccygienties  dont  les  plus  reculées  sont  de  forme  à  peu  près  cubique,  dépourvues  d'apophyses 
épineuses  et  d'os  en  TT;  quelques-unes  sont  percées  de  part  en  part  de  deux  trous  perpendiculaires  dans 
les  deux  moitiés  de  leur  masse. 

Le  sternum  indique  aussi  par  sa  conformation  un  animal  du  groupe  des  Ziphioïdes.  Il  reste  décom- 
posé en  cinq  pièces  successives  diminuant  de  grandeur  de  la  première  à  la  dernière  et  dont  les  articula- 
tions intermédiaires  présentent  une  forte  échancrure  dans  leur  point  de  contact. 

Le  membre  est  conformé  suivant  le  même  plan  que  celui  des  genres  cités  plus  haut,  mais  il  est  un  peu 
plus  allongé.  Il  existe  sept  os  au  carpe,  dont  quatre  au  procarpe  et  trois  au  mésocarpe.  Le  premier  mé- 
tacarpien est  grêle;  il  ne  porte  pas  de  phalange  ;  celui  du  second  doigt  en  présente  6;  celui  du  troisième  5; 
celui  du  quatrième  4  et  celui  du  cinquième  2. 

Système  dentaire.  — L'Oulodon  deGray  appartient  à  la  division  des  Ziphioïdes,  qui  n'ont  pas  une 
paire  de  foi  tes  dents  terminales  à  la  mâchoire  inférieure  et  chez  lesquels  les  dents  de  cette  paire  ne  sont 
même  pas  signalées:  tels  sont  les  genres  Mèsoplodon,  Dolichodon  et  Dioplodon,  que  le  Berardius,  animal 
pourvu  de  deux  paires  de  fortes  dents  près  la  même  extrémité  des  mâchoires,  semble  d'ailleurs  relier  h  ceux 
chez  lesquels  la  mâchoire  inférieure  porte  à  son  extrémité  deux  dents  de  dimension  plus  ou  moins  consi- 
dérable, ainsi  que  cela  se  voit  chez  les  Ziphius  et  les  Hyperoodons;  mais  c'est  particulièrement  auprès  du 
Mèsoplodon  Sowerbense  qu'il  doit  prendre  place,  et  dans  la  rangée  de  dents  qu'il  présente  dans  une  partie 
de  la  longueur  de  sa  mâchoire  supérieure,  on  ne  trouverait  aucune  bonne  raison  pour  le  séparer  généri- 
quement  de  ce  dernier,  encore  moins  du  Dolichodon.  Ces  petites  dents  sont  antagonistes  par  leur 
position  de  celles  que  le  Mèsoplodon  présente  inférieurementdans  l'exemplaire  échoue  au  Havre  (PI.  XXVI, 
fig.  6  et  8),  mais  elles  sont  plus  nombreuses.  On  en  voit  18  à  gauche  et  17  à  droite;  encore  toutes 
ne  se  sont  peut-être  pas  conservées  et  ces  chiffres  ne  sauraient  être  considérés  comme  définitifs;  elles  sont 
petites,  pointues,  sans  enveloppe  cémenteuse  et  implantées  dans  la  peau  seulement:  la  parlie  correspon- 
dante du  maxillaire  ne  présente  pas  d'alvéoles.  Chez  l'Oulodon,  ces  petites  dents  ont  d'ailleurs  une  forme 
régulière  ;  elles  sont  faiblement  arquées  à  leur  couronne  et  leur  diamètre  transversal  dépasse  le  diamètre 
anléro-postérieur,  de  sorte  que  la  coupe  en  est  ovalaire  ;  elles  sont  recouvertes  par  une  couche  très-appa- 
rente d'émail,  mais  on  ne  leur  voit  de  cément  que  dans  leur  partie  radiculaire.  Les  petites  dents  du 
Mèsoplodon  de  Soworby  ont  également  la  couronne  dépourvue  décernent. 

La  grosse  dent  de  l'Oulodon  est  placée  à  peu  près  au  milieu  du  bord  dentaire  du  maxillaire  inférieur  ; 
i'lle  est  de  forme  triangulaire,  un  peu  inclinée  en  arrière  à  son  sommet:  dans  le  sujet  que  nous  décri- 
vons, elle  était  encore  loin  d'avoir  pris  son  entier  développement  et  était  restée  sous  la  forme  de  triangle 
èquilatéral  mesurant  0"',015  sur  chaque  côté  ;  son  bulbe  n'était  qu'incomplètement  ossifié.  Une  partie  de 
sa  couronne  est  protégée  par  du  cément,  mais  son  sommet  laisse  apercevoir  la  couche  vitreuse  de  l'émail 
sur  une  partie  de  la  couronne.  Cette  dent  est  comprimée;  elle  est  logée  dans  un  grand  alvéole  qui  se  res- 
serre au  point  correspondant  a  son  collet,  de  manière  à  la  maintenir  plus  aisément  en  place;  cet  alvéole 
communique  largement  avec  le  canal  dentaire. 

Page  410.  —  .le  regarde  provisoirement  comme  ayant  appartenu  a  des  Cétodonles  du  groupe  des 
Ziphioïdes,  sans  doute  voisins  des  Ziphius  et  des  Hyperoodons,  deux  dents  provenant  de  la  molasse  miocène 
du  département  des  Bouches-du-Rhône.  L'une  [PI.  LIX,  fig.  4  et  4a,  de  grandeur  naturelle),  a  été  re- 
cueillie à  Saint-Rémy  et  m'a  été  donnée  par  M.  le  professeur  Marion,  de  la  Faculté  des  sciences  de  Mar- 

i 
seille;  l'autre  (PI.  XXI,  fig.  14  et  14a,  réduite  a  -)  est  des  environs  de  Roue.  Os  dents  ont  toutes  deux  leur 

il 

partie  éburnée  recouverte  d'une  forte  couche  de  cément. 


FAMILLE  DES  DELPHINORHYNQUES 


GENRE   SQUALODON. 


Page  438.  —  M.  Van  Beneden  confirme  l'opinion  que  nous  avons  émise  au  sujet  de  l'identité  de 
i'Arionius  de  Meyer  avec  les  Squalodons,  et  il  parle,  dans  une  Note  spéciale,  des  pièces  ayant  servi  à 
rétablissement  de  ce  genre  que  l'on  conserve  au  musée  de  Stuttgard.  11  donne  à  l'espèce  à  laquelle  elles 
se  rapportent  le  nom  de  Squalodon  servalus  (1);  ces  pièces  proviennentdu  miocène  de  Baltringen.  M.  Zittel 
appelle  au  contraire  Squalodon  bariensis,  l'espèce  à  laquelle  ont  appartenu  quelques  pièces  une  portion 
de  crâne  et  de  côtes)  trouvées  dans  la  basse  Bavière  (2). 

Page  439. —  M.  A.  de  Zigno  vientdedécrire  (3),souslenom  àcSqualodon  Catulli,  une  très-belle  pièce  trou- 
vée dans  le  Bellunais,  qui  provient  de  la  mâchoire  supérieure  d'un  animal  de  ce  genre,  et  il  en  a  publié  de 
très-bonnes  figures.  On  y  voit  encore  8  dents  d'un  côté  et  6  de  l'autre.  Elles  ressemblent,  par  les  lignes 
saillantes,  dirigées  de  haut  en  bas,  qui  en  parcourent  la  couronne,  ainsi  que  par  la  fine  serrature  de 
leurs  bords,  a  celles  provenant  de  Saint-Médard-en-Jalle  (Gironde),  que  nous  avons  nous-mènie  fait  re- 
présenter (4/,  et  pourraient  bien  provenir  de  la  même  espèce  que  ces  dernières. 

Page  438.  —  Trois  dents  découvertes  dans  le  crag  de  Suffolk,  que  possède  le  Musée  britannique,  sont 
des  dents  de  Squalodon;  elles  ont  appartenu  à  la  partie  des  mâchoires  dont  les  dents  sont  biradiculées. 

Page  440.  —  Le  Squalodon  atlaniicus  avait  été  précédemment  signalé  par  M.  Leidy  sous  le  nom  de 
Macrophoca  atlantica  (5). 

Page  450.  —  Le  genre  Phocodon,  L.  Agassiz,  ne  me  paraît  pas  devoir  être  distingué  de  celui  des  Squa- 
lodons,  si  on  ne  le   fait  reposer  que  sur  les  dents  recueillies,  il  y  a  déjà  si  longtemps,  dans  la  molasse 

de  Malte,  et  que  Scilla  a  figurées  dans  son  ouvrage  sur  les  Corps  pé- 
trifiés. Une  photographie  de  la  pièce  trouvée  à  Malte,  que  l'on  con- 
serve au  musée  de  Cambridge  l'Angleterre),  m'est  parvenue  par  les 
soins  de  M.  Clark;  on  la  trouvera  reproduite  sur  notre  planche  LIX, 
figure  3.  Sa  comparaison  avec  la  figure  copiée  de  Scilla  lui  même 
(PI.  XXVIII,- fig.  18)  montre  que  cette  pièce,  dont  nous  reprodui- 
sons ci-contre  la  dent  intermédiaire,  a  beaucoup  souffert  depuis 
qu'elle  a  été  publiée  par  cet  auteur,  mais  on  reconnaîtra  en  même 
temps,  je  pense,  que  la  forme  des  dents  qu'elle  porte  ne  s'éloigne 
pas  autant  qu'on  l'avait  supposé  de  celles  qui  caractérisent  leurs  cor- 
respondantes chez  les  Squalodons  proprement  dits. 

Page  453.  —  Quant  à  la  dent  du  Zeuglodon  Casconum  de  M.  IJel- 
fortrie,  que  m'a  communiquée  ce  savant  naturaliste,  je  continue  à 
penser  qu'elle  n'est  pas  d'un  véritable  Zeuglodon  et  qu'il  ne  faut  pas 
davantage  l'attribuer  à  un  Squalodon;  c'est,  je  crois,  ce  qui  ressor- 
tira de  la  comparaison  de  la  figure  que  j'en  donne  avec  celles  des 
différents  Squalodons  représentés  dans  cet  ouvrage  (PI.  XXVIII).   Il 

nia  paru  convenable  d'y  voir,  provisoirement  du  moins,  l'indice  d'un  genre  particulier,  et  j'ai  donné 

k  ce  genre  le  nom  de  Phococetus  (6). 


(1)  Bull.  Acad.  r.  de  Belgique,  2e  série,  t.  XLI,  PI.,  fig.  1-14;  1876. 

(2)  Bericht  des  Naturislorischen  Vereins  Augsburg,  1877,  p.  21,  pi.  I. 

(3)  Sopra  i  resli  de  uno  Squalodonle  scoperli  nelV  arenaria  miocena  del  Bellunese    Mùm.  de  l'inst.  de 
Venise,  t.  XX;  av.  1  pi.;  1876). 

(4)  P.  433. 

(5)  Proceed.  Acad.  Philadelphia,  1856,  p.  220. 
6    Journal  de  Zoologie,  t.  V,  p.  70;  1876. 

L'espèce  elle-même  à  laquelle  cette  dent  a  appartenu  deviendra  le  Phococetus  Vasconum. 


1*0  DEI.PH1N0RHYNQUES. 

GENRE    PLATAMSTE. 

Page  4SS.  —  Le  Muséum  vient  enfin  de  recevoir  deux  tètes  en  chair  du  Célacé  fluviatile  signalé  plu- 
sieurs fois  dans  le  Mékong,  et  que  nous  avions  recommandé  à  différents  voyageurs,  ses  caractères  étant 
restés  inconnus;  elles  lui  ont  été  envoyées  par  M.  le  b'  Roux,  grâce  à  l'obligeante  intervention  de  M.  le 
commandant  Vignes.  Ce  n'est  point  un  Plataniste,  comme  on  aurait  pu  le  croire,  mais  une  espèce  plus 
semblable  aux  Phocénins  et  ayant  les  dents  de  forme  aigué.  Son  apparence  rappelle  d'une  manière 
remarquable  celle  de  YOrceellaJlmnînalis,  espèce  de  Delphinidé  propre  à  l'Irraouaddi,  au  sujet  rie  laquelle 
M.  Anderson,  de  Calcutta,  a  donné  des  détails  (1). 

Nous  y  reviendrons  plus  loin,  k  propos  de  ces  animaux,  dont  le  Phocœna  brevirostris,  Owen,  est  cer- 
tainement congénère. 

Page  467.  —  M.  le  professeur  Anderson  vient  de  nous  adresser,  pour  le  Muséum,  un  squelette  rie  Plata- 
niste du  (lange  provenant  d'un  sujet  adulte,  mais  non  encore  avancé  en  âge.  La  dentition  y  est  dans  un 

OQ  OO 

état  parfait  de  conservation.  On  y  compte  '— —  dents. 

(1)  Proceed.  zcol.  Soc.  London,  1871,  p.  142. 


DES   CETACES    DELPIIINOIDES 

(Bélugiiis,  Phocénins  et  Delphinint) 

ENVISAGÉS  DANS  LEURS  ESPÈCES  VIVANTES   ET  FOSSILES. 


Celte  famille  de  Cétodontes,  la  plus  nombreuse  de  celles  que  nous  avions  à  dé- 
crire dans  cet  ouvrage,  présente  clans  les  caractères  des  genres  qui  la  composent 
des  différences  considérables,  que  l'on  en  examine  les  formes  extérieures  ou 
certaines  particularités  anatomiques  propres  aux  organes  internes;  elle  n'est  pas 
moins  intéressante  à  étudier  dans  cbacune  de  ses  espèces,  si  l'on  se  préoccupe  de 
sa  distribution  hydrographique.  En  effet,  quoiqu'elle  soit  représentée  dans  les 
divers  Océans,  les  animaux  qui  lui  appartiennent  sont  souvent  particuliers  à  des 
régions  maritimes  déterminées.  Le  Narval  vit  dans  l'Océan  glacial  arctique;  les 
Marsouins  du  genre  Pbocœna  sont  de  l'Océan  atlantique;  leNeomeris  se  trouve  dans 
la  merdes  Indes  et  dans  le  nord  du  Pacifique.  Au  contraire,  d'autres  genres  peuvent 
être  considérés  comme  cosmopolites;  un  des  plus  remarquables,  sous  ce  rapport, 
est  celui  des  Globicéphales,  dont  les  pectorales  semblent  mieux  appropriées  que 
celles  des  autres  Cétodontes  pour  l'aider  dans  ses  lointains  voyages;  il  est  vrai 
qu'on  a  admis  l'existence  de  plusieures  espèces  dans  ce  genre  et  que  certaines 
d'entre  elles  paraissent  propres  à  des  parages  différents. 

Quelques  Delphinidés  sont  exclusivement  propres  aux  eaux  douces;  les  Orcelles 
habitent,  comme  les  Platanisles,  plusieurs  des  grands  fleuves  de  l'Asie  méridionale, 
et  il  existe  dans  l'Amazone,  ainsi  que  dans  ses  principaux  affluents,  des  Cétodontes 
appelés  Tucuxis,   qui   sont   très-peu   différents   des  Dauphins   proprement    dits. 

Les  Delphinidés  ont,  en  général,  les  vertèbres  assez  courtes,  et  leurs  premières 
cervicales  ou  même  la  totalité  des  vertèbres  de  la  même  région  s'unissent  en- 
semble de  manière  à  ne  former  qu'une  seule  pièce.  Les  uns  ont  le  museau  ter- 
miné extérieurement  en  manière  de  bec,  et  leur  rostre  est  allongé;  ils  ont  aussi 

68 


822  DELPHINIDÉS  BÉLUGINS. 

les  dents  nombreuses  et  aiguës;  ce  sont  les  Delphinins  des  auteurs  actuels,  ayant 
pour  type  le  Dauphin  proprement  dit  ou  AsXot;  des  anciens.  Chez  d'autres,  le 
dessus  de  la  tête  est  renflé,  par  suite  du  dépôt,  dans  cette  région,  d'une  masse 
plus  considérable  de  substance  huileuse;  le  rostre  est  plus  ou  moins  raccourci 
et  il  est  sensiblement  élargi;  l'enveloppe  cutanée  de  la  mâchoire  supérieure 
ne  se  termine  pas  en  forme  de  bec.  Comme  ces  Delphinidés  tiennent  du  Marsouin 
(Pliocxna)  à  certains  égards,  et  qu'on  les  appelle  souvent  du  même  nom  que  lui, 
nous  en  ferons  la  tribu  des  Phocénins.  Il  est  une  troisième  tribu  de  la  même 
famille,  laquelle  ne  se  compose  que  des  deux  genres  Narval  et  Béluga. 

Quoique  différents  les  uns  des  autres  par  la  disposition  de  leur  système 
dentaire,  les  animaux  qui  rentrent  dans  ces  trois  tribus  ont  cependant  une  incon- 
testable ressemblance  dans  leurs  caractères  principaux,  et,  ce  qui  les  distingue  sur- 
tout des  Cétacés  qui  précèdent,  c'est  la  forme  de  leur  crâne  et  souvent  aussi  la  dis- 
position de  leur  dentition.  Les  Bélugins  sont  les  seuls  qui  se  fassent  remarquer 
par  l'état  indépendant  de  leurs  vertèbres  cervicales.  Leur  atlas  n'est  pas  même 
soudé  à  l'axis,  et  il  joue  sur  lui,  comme  cela  a  lieu  chez  les  Delphinorhynques. 

Linné  a  réuni  presque  tous  les  animaux  dont  nous  aurons  à  parler  maintenant 
dans  un  seul  et  même  genre  sous  le  nom  commun  de  Delphinus;  un  seul,  le 
Narval,  faisait  exception.  C'était  le  type  du  genre  Monodon,  et  il  est  resté  l'unique 
espèce  de  ce  genre.  Une  nouvelle  étude  des  Delphinidés  et  la  comparaison  des 
nombreuses  espèces  dont  cette  famille  se  compose  les  unes  avec  les  autres  a 
permis  d'y  établir  des  divisions  assez  multipliées  qui  se  laissent  cependant  pour  la 
plupart  nettement  différencier  et  rapporter  à  l'une  des  trois  catégories  ou  tribus 
établies  dans  ce  grand  groupe  de  Cétacés. 

C'est  par  la  tribu  dite  des  Bélugins  que  nous  commencerons. 

I. 

TRIBU  DES  BÉLUGINS. 

Des  deux  genres  composant  cette  première  division  des  Delphinidés,  le  premier, 
celui  des  Narvals,  présente  une  disposition  si  particulière  des  dents  qu'on  l'a 
presque  toujours  éloigné  des  Cétacés  de  cette  famille;  l'autre,  ou  celui  qui  a  pour 
type  le  Béluga,  en  diffère  aussi  à  plusieurs  égards,  quoique  sa  formule  dentaire 


GENRE  MONODOiW  523 

ne  soit  pas  aussi  singulière;  mais,  ainsi  que  nous  l'avons  dit,  ce  qui  doit  surtout  les 
en  faire  séparer  l'un  et  l'autre,  c'est  que  chez  tous  deux  les  vertèbres  cervicales 
restent  distinctes. 

Au  lieu  de  faire  du  Narval  une  famille  à  part  et  de  réunir  le  Béluga  seul  aux 
Dauphins,  comme  on  l'a  fait  à  tort  pendant  longtemps,  on  a  proposé,  dans  ces 
dernières  années,  de  les  placer  tous  deux  dans  une  même  tribu  à  la  fois  différente 
de  celles  qui  comprennent  les  Delpbinins  et  les  Phocénins  de  toutes  sortes.  Ce 
rapprochement  du  Narval  et  du  Béluga  paraîtra  plus  naturel  encore  si  l'on  re- 
marque que  ces  animaux  ont  en  réalité  une  conformation  du  crâne  presque  iden- 
tique, et  que  si  l'on  ne  tenait  compte  de  l'absence,  du  moins  apparente,  des  dents 
chez  la  femelle  du  premier  et  de  la  présence,  pour  ainsi  dire  normale,  de  ces 
organes  dans  les  deux  sexes  du  second,  on  serait  tenté  de  se  demander  s'ils  n'ap- 
partiennent pas  à  la  même  espèce  ou  tout  au  moins  au  même  genre,  et  cela  est 
si  vrai,  que  les  Groènlandais  confondent,  dit-ton,  sous  une  même  dénomination, 
le  Narval  femelle  et  les  deux  sexes  du  Béluga;  aussi  avons -nous  conseillé  de 
l'approcher  ces  deux  genres  dans  la  classification  (\). 

M.  Flower  acceptant  cette  manière  de  voir,  a  établi,  pour  y  placer  le  Narval  et  le 
Béluga,  une  tribu  particulière  à  laquelle  il  a  donné  le  nom  de  Beluginue  (2)  et  qu'il 
a  caractérisée  par  la  disposition  libre  des  vertèbres  cervicales.  M.  Gray  a  été  plus 
loin  encore  en  proposant  d'élever  ce  groupe  au  rang  de  famille,  et  il  l'a  appelé 
Beluginidse  (5). 

GENRE    MONODON. 

Le  Narval  ou  Narwhal  est  une  espèce  remarquable  des  Cétacés,  facile  a  recon- 
naître extérieurement  a  sa  tête  ronde  et  courte,  à  ses  pectorales  obtuses,  à  la 
forme  surbaissée  de  sa  dorsale  et  surtout  à  la  grande  dent  lancéolée  dirigée  en 
avant  qui  arme  sa  mâchoire  supérieure  dans  le  sexe  mâle.  Il  n'a  été  connu,  pen- 
dant longtemps,  que  par  cette  dent,  à  laquelle  on  attribuait  des  propriétés  parti- 
culières, sans  toutefois  décider  si  c'était  bien  une  dent  véritable  ou  au  contraire 
une  corne.  On  l'appelait  même  Eenhioming,  Einhorn,  Vnicorne,  et  on  l'attribuait 
à  la  Licorne  des  anciens.  C'est  par  les  Scandinaves  qu'on  l'obtenait,  et  c'est  par 


(1)  P.  Gerv.  et  Van  Beneden,  Zoologie  médicale,  l.  I,  p.  87;  18o9. 

(2)  Trans.  Zool.  Soc.  London,  t.  VI,  p.  115;  1866. 

(3)  Supplément  to  the  Catalogue  qf  Seals  and  Whales  i»  llir  British  Muséum,  p.  93;   1871. 


524  GENRE  MONODON 

suite  de  leurs  relations  avec  les  peuples  pêcheurs  des  régions  polaires,  (els  que  les 
Islandais,  les  Groénlandais,  les  Kamtsehadales,  que  ceux-ci  s'en  procuraient  des 
exemplaires.  Albert  le  Grand  en  parle  déjà;  niais  ce  n'est  qu'au  xvne  siècle  que 
l'on  a  su  quel  était  l'animal  qui  porte  cette  prétendue  corne. 

Worms  (1),  professeur  en  médecine  à  l'Université  de  Copenhague,  réussit  à  se 
procurer  un  dessin  de  la  prétendue  Licorne  de  mer.  ainsi  qu'un  crâne  dépouillé  de 
ses  chairs  qui  provenait  de  la  même  espèce,  et  il  lit  voir  que  c'était  un  Cétacé  ;  les 
renseignements  qu'il  avait  reçus  en  même  temps  lui  apprenaient  que  les  noms  des 
Nar-hual  ou  Nar-whal,  employés  parles  Islandais  qui  étaient  en  relation  avec  les 
riverains  de  l'Océan  glacial  ou  qui  péchaient  le  Narval  sur  leurs  côtes,  avaient 
pour  racines  deux  mots  signifiant  cadavre  et  haleine,  ce  qui  était  une  allusion 
à  l'habitude  attribuée  au  Narval  de  se  nourrir  de  cadavres;  aussi  les  anciens 
Sagas  islandais  défendaient-ils  d'employer  la  chair  de  cet  animal  comme  aliment. 

Artedi  et  Linné  ont  les  premiers  distingué  le  Narval  comme  genre,  et  ils  ont 
donné  à  ce  genre  le  nom  de  Monodon  (2),  qui  fait  allusion  à  la  longue  dent  de 
l'animal  qui  en  est  le  type;  on  l'a  aussi  appelé  Ceratodon  (3),  Narwatus  (A), 
Oryx  (o)  et  Tachynices  (6). 

Il  paraît  n'exister  qu'une  seule  espèce  de  Narval,  le  Monodon  monoceros  des  au- 
teurs. Ce  Cétacé  peut  atteindre  4m,50  de  longueur  pour  la  totalité  du  corps,  la 
nageoire  caudale  comprise,,  et  sa  dent  hastiforme,  qui  est  implantée  dans  le 
maxillaire  gauche,  a  jusqu'à  2", 50;  elle  est  parcourue  par  plusieurs  grandes 
rainures  spirales,  marchant  de  gauche  à  droite,  et  il  en  est  également  ainsi  pour 
la  seconde  dent  lorsqu'elle  prend  le  même  développement,  ce  qui  est  un  fait  pu- 
rement accidentel. 

Lacepède  admettait  plusieurs  espèces  de  ces  animaux,  mais  son  opinion  à  rcl 
égard  n'est  pas  fondée;  ses  Narvals  microcéphale  (7)  et  d'Anderson  (8)  ne  dif- 
fèrent pas  du  Monodon  monoceros,  qu'il  appelle  Narval  vulgaire  (9). 

(1)  Peyrère,  Relation  du  Groenland,  publiée  en  1617.  — Wormius,  Description  de  son  Muséum,  1655. 

(2)  Artedi,  G'e».,  p.  78.—  Linné,  Syst.  Nul.,  éd.  XII,  t.  I,  p.  105. 

(3)  Brisson,  Bègn.  anitn.,  p.  231;  1782. 

(i)  Lacppède,  Ilisl.  nat .  des  Cétacés,  p.  112. 

(5)  Oken,  Lehrb.  Natur//.,  p.  672;  18i:>. 

(6)  1.  Brookes,  Calai.  Mus.,  p.  40;  1828. 

(7)  JVarvalus  microceplialus,  I.acep.,  loco  cit.,  p.  \'o9. 

(8)  iV.  Andersoniensis,  id.,  ibid.,  p.  163. 
■i    .v.  vulgaris,  id.,  ibid.,j>.  14^. 


CARACTÈRES  PRINCIPAUX.  525 

Habituellement  ce  Cétacé  ne  s'éloigne  pas  des  régions  polaires.  Cependant  il  en 
a  été  vu,  quoique  très-rarement,  dans  quelques  parages  plus  rapprochés  des  pays 
tempérés,  par  exemple  à  Boston,  en  Lincolnshire  (Angleterre),  où  en  1800  on  en 
prit  un,  le  même  dont  Lacepède  a  parlé  sous  le  nom  de  Narval  microcéphale. 
En  autre,  décrit  par  Fleming,  échoua  aux  Sehetlands,  en  -1808  (-1).  Il  en  avait  déjà 
été  capturé  un,  à  l'embouchure  de  l'Elbe,  en  -1756;  c'est  celui  dont  s'était 
occupé  Anderson  (2),  et  qui  répond  au  Narval  d'Anderson  de  Lacepède. 

Un  des  premiers  Narvals  qui  furent  observés  avec  exactitude  avait  été  trouve 
en   1648  à  l'île  de  May  ;  Tulpius  en  a  parlé  de  visu  (3). 

On  n'a  pas  la  preuve  que  !a  même  espèce  de  Cétacés  ait  été  moins  rare  dans  nos 
mers  à  des  époques  plus  anciennes,  mais  une  connaissance  plus  complète  des  fos- 
siles de  l'époque  glaciaire  que  celle  que  nous  possédons  maintenant  permettra  de 
résoudre  cette  question.  Rappelons,  en  attendant,  que  Cuvier  a  signalé,  d'après 
Parkinson  (4),  deux  fragments  de  dents  de  Narval,  conservés  dans  le  cabinet  de 
Sir  Ashton  Lever,  que  l'on  supposait  avoir  été  déterrés  sur  la  côte  d'Essex; 
M.  Owen  a  donné  plus  récemment  une  figure  de  ces  débris  (o).  Peut-être  aussi 
a-t-il  été  transporté  dans  nos  contrées  de  l'ivoire  de  Narval  par  les  premiers  habi- 
tants de  l'Europe.  Ainsi  s'expliquerait  l'origine  du  fragment  de  dent  de  l'un  de 
ces  Cétacés,  qu'on  a  signalé  dans  la  caverne  du  Bauman,  située  sur  les  bords 
du  Hartz,  en  Blakenbourg,  laquelle  caverne  est  mentionnée  par  Eeibnitz  (6). 

Squelette.  —  Le  Narval  présente  plusieurs  particularités  ostéologiques  faciles  à 
constater.  Si  nous  examinons  d'abord  le  crâne  de  ce  Cétacé,  nous  remarquons  qu'il 
est  de  forme  plus  déprimée  que  celui  des  Dauphins  ou  des  Marsouins,  malgré  l'élé- 
vation cependant  assez  considérable  de  sa  région  frontale,  élévation  principale- 
ment due  à  la  saillie  des  os  nasaux,  lesquels  sont  intimement  unis  aux  frontaux, 
et  celle  de  la  partie  médiane  des  mêmes  os.  far  son  aspect  général,  il  s'éloigne 
cependant  un  peu  moins  de  celui  du  Grampus  que  de  toute  autre  espèce,  le  Béluga 
excepté.  Toutefois  il  n'est  pas  arqué  dans  sa  partie  faciale  comme  chez  ce  dernier; 


(1)  D.  A.,  37. 

(2)  l.illjeborg,  Note  sur  la  distr,  géogr.  des  Narvals  (Proceed.,  1860,  p.  559). 

(3)  Observ.  med.,  p.  376,  pi.  8. 

(4)  Organic  Remains,  I.  III,  p.  309;  1811. 

(5)  Brilish fossil  Mammals  and  Birds,  p.  5-21,  p!.215. 
(6;  Pru/ogœa. 


526  GENRE  MONODON. 

il  y  est  en  même  temps  plus  élargi  et  plus  court  :  la  partie  antérieure  des  maxil- 
laires offre  aussi  plus  d'élargissement.  La  ligne  de  séparation  des  intermaxillaires 
avec  les  maxillaires  présente  d'ailleurs  une  direction  un  peu  différente,  d'où  ré- 
sulte le  rétrécissement  des  premiers  de  ces  os  en  avant  de  leur  partie  renflée  pré- 
cédant les  narines.  La  fosse  temporale  est  allongée.  Les  saillies  pré  et  post-orbi- 
taires  sont  fortes,  et  il  en  est  de  même  de  l'apophyse  zygomatique  du  temporal. 
Le  zygomatique  est  grêle  dans  la  plus  grande  partie  de  son  étendue,  ce  qui  est  une 
disposition  fréquente  chez  les  Cétodontes.  11  s'élargit  à  son  point  d'articulation 
avec  le  temporal  et  d'une  manière  plus  considérable  encore  en  avant,  où  il  prend 
la  forme  d'un  quadrilatère  appliqué  sous  la  partie  antérieure  du  frontal  et  la  dé- 
bordant un  peu  en  avant.  La  surface  occipitale  est  moins  renflée  que  cela  n'a  lieu 
d'ordinaire  :  les  ptérygoïdiens,  séparés  l'un  de  l'autre  non-seulement  par  la  base 
du  vomer,  mais  aussi  par  les  palatins,  sont  peu  élargis,  non  dilatés  en  ampoules 
dans  leur  partie  palatine  et  simplement  prolongés  en  arrière  en  uue  lame  aliforme 
qui  soutient  les  arrière-narines.  La  surface  palatine  des  maxillaires  est  élargie; 
elle  ne  laisse  apercevoir  entre  les  deux  os  qui  la  constituent  qu'une  faible  partie 
des  intermaxillaires,  visible  près  de  la  région  antérieure  sous  la  forme  d'un  double 
triangle  étroit  ayant  son  sommet  dirigé  en  arrière. 

La  mâchoire  inférieure  est  obtuse  en  avant,  très-brièvement  mais  solidement 
svmphysée.  On  constate  déjà  chez  le  fœtus  un  commencement  de  cette  disposition. 

À  cette  époque,  le  crâne  du  Narval  (PL  XLV,  fig.  5)  n'a  pas  tous  les  caractères 
de  l'adulte.  11  ressemble  davantage  à  celui  des  Marsouins  et  autres  genres  de  la 
même  tribu;  le  renflement  général  des  os  maxillaires  et  intermaxillaires  ne  s'y 
observe  pas  encore,  et  la  platine  antérieure  du  zygomatique  n'a  pas  une  forme 
aussi  régulière  que  dans  l'adulte;  les  os  du  nez  ne  sont  pas  encore  soudés  à  la  partie 
antérieure  des  frontaux,  et  ceux-ci,  dont  la  suture  est  alors  apparente,  ne  se  ren- 
flent pas  sur  la  ligne  médiane  comme  ils  le  font  dans  l'âge  adulte. 

Lin  os  particulier,  que  l'on  peut  considérer  comme  le  lacrymal,  se  voit  de 
chaque  côté  au  milieu  de  la  fosse  orbito-temporale;  comme  son  analogue  chez,  le 
Marsouin  (PL  LV,  fig.  15),  cet  os  est  en  rapport  avec  la  saillie  postérieure  du  pala- 
tin et  avec  le  bord  inférieur  du  frontal. 

L'os  hyoïde  du  Narval  ne  présente  pas  de  particularité  notable,  et  il  en  est  de 
même  de  celui  du  Béluga. 


SQUELETTE.  Wi 

Le  Narval  a  les  vertèbres  du  cou  séparées  pendant  toute  la  vie,  et  par  conséquent 
susceptibles  de  se  mouvoir  les  unes  sur  les  autres,  comme  celles  du  reste  du  corps. 
Toutes  les  sept  n'ont  qu'une  faible  épaisseur.  L'arc  supérieur  de  l'atlas  est  à  peine 
saillant,  et  il  en  est  de  même  de  ses  facettes  articulaires  antérieures  et  postérieures 
qui  occupent  cependant  une  surface  assez  considérable  ;  l'arc  inférieur  se  prolonge 
en  arrière  dansson  milieu,  et  il  présenteàsa  surface  de  contact  avec  la  saillie  odon- 
toïde de  l'axis  une  facette  articulaire  spéciale  de  forme  à  peu  près  arrondie.  Le 
corps  de  l'axis  descend  obliquement  d'arrière  en  avant  depuis  la  surface  articu- 
laire postérieure  jusqu'à  la  saillie,  d'ailleurs  peu  considérable,  formée  par  son 
apophyse  odontoïde;  on  voit  de  chaque  côté  de  celle-ci  une  grande  surface  arti- 
culaire en  rapport  avec  celles  placées  à  droite  et  à  gauche  sur  la  face  postérieure 
de  l'atlas  et  dont  les  contours  sont  ovalaires,  comme  nous  savons  qu'ils  le  sont 
dans  ces  dernières.  Sous  la  partie  antérieure  et  médiane  du  corps  vertébral  et  ré- 
pondant plus  particulièrement  à  la  face  antérieure  de  celui-ci  ou,  mieux  encore,  à 
son  apophyse  odontoïde,  est  une  facette  articulaire  médiane  et  circulaire  sur  laquelle 
joue  la  facette  correspondante  de  l'atlas  que  nous  avons  signalée  tout  à  l'heure,  et 
il  y  a  en  arrière  de  la  facette  odontoïdienne,  qui  est  un  peu  oblique,  une  saillie 
longitudinale  médiane  cariniforme  placée  sous  le  corps  de  la  vertèbre  elle-même. 

L'atlas  et  l'axis  sont  les  plus  épaissies  des  sept  cervicales.  L'axis  présente  en 
arrière  et  au  milieu  de  sa  neurapophyse  une  paire  de  facettes  articulaires  jouant 
sur  les  facettes  de  même  ordre,  mais  antérieures,  de  la  troisième  cervicale  et  cha- 
cune des  vertèbres  suivantes,  appartenant  à  la  même  région,  porte  également  en 
avant  ses  facettes  articulaires  antérieures,  et  en  arrière  les  deux  postérieures;  les 
apophyses  transverses  y  sont  raccourcies,  sauf  à  la  septième,  dont  la  partie  atte- 
nante à  la  neurapophyse  forme  une  saillie  en  arc  de  cercle,  tandis  que  la  saillie 
située  au  bas  de  la  même  hémapophyse  manque.  Le  corps  vertébral  présente  au 
point  correspondant  une  petite  surface  articulaire  destinée  à  la  tête  de  la  première 
côte,  tandis  que  la  tubérosité  du  même  côté  porte  la  saillie  de  la  première  dorsale 
qui  répond  à  la  saillie  en  arc  de  cercle  de  la  septième  cervicale. 

Les  troisième  à  sixième  ont  chacune  une  saillie  supérieure  et  une  saillie  infé- 
rieure, sans  que  ces  saillies  se  réunissent  à  chaque  vertèbre,  même  dans  notre 
exemplaire  le  plus  âgé,  pour  constituer  un  canal  vertébral  fermé;  l'échancrure 
répondant  à  ce  canal  reste  largement  ouverte. 


52*  GENRE  MONODON. 

Dans  notre  second  squelette,  une  partie  des  arcs  destinés  au  même  canal  ne 
s'est  développée  que  d'une  manière  moins  complète  encore. 

C'est  à  tort  que  M.Gray  (I)  a  attribué  des  vertèbres  cervicales  ankyloséesau  sque- 
lette du  Narval  conservé  au  Collège  des  chirurgiens  sous  le  n°  252t .  M.  Owen  (2) 
avait  dit  qu'elles  sont  libres  \unanclnjlosed),  ce  qui  est  exact,  ainsi  que  M.  Flower 
vient  de  me  le  confirmer. 

Les  dorsales  sont  au  nombre  de  11,  et  il  y  a  autant  de  paires  de  côtes,  dont  six 
vont  jusqu'au  sternum,  s'y  joignant  par  leurs  fausses  côtes  qui  sont  ossifiées.  On 
compte  8  lombo-sacrées  et  24  caudales  (5).  La  description  qui  sera  faite  plus 
loin  des  mêmes  os  chez  le  Béluga  en  donnera  une  idée  assez  exacte,  mais,  ici 
elles  sont  en  général  moins  fortes  que  dans  le  second  de  ces  genres. 

Le  sternum  rappelle  celui  des  autres  Delphinidés.  Il  est  plus  élargi  en  avant  que 
celui  du  Béluga  et  présente  à  la  hauteur  de  la  deuxième  paire  de  côtes,  une  paiie 
de  saillies  plus  fortes  que  cliez  ce  dernier.  Chez  le  fœtus,  il  montre  plusieurs  points 
d'ossification  formant  trois  paires  principales  de  demi-sternebres  qui  vont  en  dé- 
croissant de  la  première  à  la  troisième. 

L'omoplate  est  élevée  antérieurement,  et  l'apophyse  acromion  s'y  avance  entre 
deux  échancrures  que  bordent  supérieurement  la  partie  antérieure  saillante  du 
même  os  et  inférieurement  l'apopbyse  coracoïde.  Elle  est  moins  allongée  que  celle 
du  I5élu;>,a.  L'humérus  est  renflé  dans  sa  partie  articulaire  supérieure  et  plus  long 
que  chez  les  Dauphins,  le  cubitus  est  aussi  moins  aplati  et  plus  séparé  du  radius 
que  chez  ces  animaux.  Il  y  a  trois  os  à  la  première  rangée  carpienne  et  deux  à  la 
seconde  :  l'os  intermédiaire  du  procarpe  est  plus  gros  que  tous  les  autres.  Les  doigts 
sont  courts  et  la  nageoire  elle-même  est  comme  tronquée.  Les  métacarpiens  por- 
tent :  le  premier  1  phalanges,  le  second  h,  le  troisième  4,  le  quatrième  2  et  le  cin- 
quième 2.  Ces  phalanges  sont  plus  courtes  et  moins  aplaties  que  chez  les  Dauphins. 

Système  «i«-ntaire.  —  On  connaît  la  particularité  remarquable  offerte  par  les 

Narvals  mâles.  Dans  ces  animaux,  une  longue  dent  qui  peut  avoir  jusqu'à  2  mètres 
ou  2'°, 50  (4)  est  implantée  dans  le  maxillaire  supérieur  gain  lie.    Ainsi  que  nous 

(1.  fat.  Dnl.  Bltis.,  p.  312. 

(2)  Cat.  Coll.  of  Surgeon,  p.  45(i. 

(3  lin  fœtus  nous  montre  11  dorsales,  loinbo-sacrées  9,  et  25  caudales. 

1  l.a  plus  grande  de  celles  que  nous  possédons  mesure  2,27.  • 


SYSTEME  DENTAIRE.  529 

l'avons  rappelé,  cette  dent  est  connue  depuis  longtemps  :  elle  constitue  un  cylindro- 
eône  ressemblant  à  la  hampe  d'une  lance  et  qui  se  rétrécit  peu  à  peu  de  manière  à 
se  terminer  en  pointe  à  son  extrémité  libre.  Son  plus  grand  diamètre  est  d'environ 
<K07.  Cette  dent  se  dirige  en  avant  en  ligne  droite;  elle  conslilue  une  arme 
puissante  dont  ces  animaux  se  servent,  dit-on,  pour  percer  la  glace  et  donnera 
leur  famille,  ainsi  qu'à  eux-mêmes,  la  possibilité  de  venir  à  la  surface  de  l'eau  cher- 
cher l'air  nécessaire  à  leur  respiration.  Elle  est  marquée  de  forts  sillons  disposés 
eu  spirale  sur  plusieurs  lignes  assez  serrées  les  unes  contre  les  autres.  Une  coupe 
(PI.  XLV,  fig.  6)  montre  bien  les  deux  substances  dont  se  compose  cette  défense  : 
l'intérieure,  qui  est  la  plus  considérable,  est  formée  par  l'ivoire,  elle  est  percée  dans 
une  grande  partie  de  sa  longueur  par  un  trou  qui  représente  la  place  qu'occupait 
lu  partie  restante  du  bulbe;  l'extérieure,  plus  mince,  se  compose  de  cément;  au- 
cune couche  d'émail  ne  se  dislingue  entre  ces  deux  substances. 

IJeaucoup  d'auteurs  ont  successivement  décrit  la  défense  dont  il  s'agit. 

C'est  la  dent  maxillaire  gauche  du  Narval;  seule  elle  acquiert  un  pareil  dévelop- 
pement, du  moins  dans  la  majorité  des  cas,  car  on  prend  quelquefois  des  sujets 
dont  la  dent  de  droite  présente  le  même  allongement  que  la  gauche,  et  qui  sont 
ainsi  pourvus  de  deux  défenses  pouvant  avoir  une  égale  longueur.  Cette  particu- 
larité est  facile  à  comprendre  :  il  existe  dans  l'os  maxillaire  droit  des  Narvals 
mâles  une  dent  (fig.  7)  correspondant  à  leur  défense,  mais  qui  ne  prend  pas  la 
grandeur  exagérée  à  laquelle  celle-ci  parvient;  elle  reste  ordinairement  cachée  à 
tous  les  âges,  comme  cela  a  également  lieu  pour  les  dents  gauche  et  droite  chez  la 
femelle  (fig.  10),  chez  laquelle  les  deux  dénis  restent  rudimentaires;  tel  est  le  cas 
ordinaire.  La  surface  n'en  est  pas  striée,  mais  plus  ou  moins  rugueuse;  leur  ivoire 
s'ossiûe  de  bonne  heure  par  la  solidification  de  son  bulbe,  et  la  base  en  est  ordi- 
nairement renflée.  Le  bulbe  de  la  dent  gauche  continue,  au  contraire,  à  pousser 
pendant  toute  la  vie  chez  les  mâles,  ce  qui  explique  le  développement  considérable 
auquel  elle  peut  arriver.  L'ivoire  de  la  dent  rudimentaire,  ou  des  deux  dents,  s'il 
s'agit  des  femelles,  est  revêtu  de  cément  comme  celui  de  la  dent  gauche  des  mâles. 

Lorsque  la  dent  droite  sort  a  son  tour  de  l'alvéole,  ce  qui  est  l'exception,  ainsi 
(pie  nous  venons  de  le  dire,  elle  est  tantôt  lisse  ou  faiblement  rugueuse  à  sa  sut  face, 

ce  qui  est  aussi  le  cas  de  celles  dont  le  développement  reste  peu  considérable 

r>7 


530  GENRE  MONODON. 

(fig.  8),  tantôt,  au  contraire,  striée  comme  celle  de  gauche.  Ces  stries  ont  la  même 
direction,  c'est-à-dire  qu'elles  marchent  aussi  de  gauche  à  droite. 

M.  W.  Clark  a  relevé  les  cas  de  cette  sorte  d'anomalie  dans  une  Note  spéciale  (1), 
rédigée  à  propos  d'un  très-hel  exemplaire  qu'il  en  avait  reçu  du  Musée  de  Co- 
penhague et  que  nous  reproduisons  {fig.  9)  d'après  le  dessin  qu'il  en  a  donné.  Les 
mâles  ne  sont  pas  seuls  à  présenter  cette  disposition  ;  dans  certains  cas,  un  égal 
développement  des  deux  dents  maxillaires  peut,  à  ce  qu'il  parait,  se  rencontrer 
aussi  chez  les  femelles. 

Lacepède  (2)  figure  sous  le  nom  de  Narval  microcéphale  un  crâne  de  Narval  à 
deux  dents,  quoiqu'il  dise  dans  le  texte  relatif  à  cette  prétendue  espèce  qu'on  ne 
lui  voyait  qu'une  défense. 

Habituellement  la  dent  droite  du  mâle  et  les  deux  dents  gauche  et  droite  de  la 
femelle  restent  cachées  dans  les  maxillaires  et  leur  longueur  ne  dépasse  guère 
0,20. 

Désirant  observer  le  premier  état  des  dents  du  Narval,  je  me  suis  adressé  à 
M.  lleinhardt.  l'un  des  directeurs  du  Musée  de  Copenhague,  qui,  avec  sa  complai- 
sance habituelle,  m'a  communiqué  un  fœtus  presque  à  terme  et  encore  en  chair 
de  cette  espèce.  Ainsi  que  je  l'ai  signalé  dans  une  Note  parue  en  4875  (5),  les  deux 
dents  droite  et  gauche  (fig.  5  c)  y  sont  apparentes  et  de  même  grandeur;  l'extré- 
mité terminale  de  chacune  d'elles  fait  une  petite  saillie  en  avant  du  bord  antérieur 
du  maxillaire  dans  lequel  elle  est  implantée  (fig.  5);  elles  sont  en  cône  allongé,  a 
pointe  sensiblement  émoussée  et  longues  de  0,065  (fig.  H  c).  Le  bulbe  (fig.  3  c) 
remonte  dans  l'intérieur  jusqu'auprès  de  leur  pointe,  et  l'on  voit  sur  cette  dernière 
l'ivoire  se  prolonger  en  une  courte  saillie  au  delà  de  l'enveloppe  cémenteuse 
(fig.  5  c). 

Outre  ces  deux  dents  (fig  5  a),  qui  répondent  aux  dents  connues  des  Narvals  et 
sont  de  même  implantées  dans  les  os  maxillaires,  j'en  ai  trouvé  deux  autres  (fig  5  f> 
et  5  c)  une  pour  chaque  côté,  n'ayant  que  quelques  millimètres  de  long  et  placées 
en  arrière  de  celles  que  l'on  avait  observées  jusqu'à  ce  jour.  Ces  dents  étaient  à  peu 
près  piriformes  ou  plutôt  en  toupies,  et  elles  avaient  déjà  leur  bulbe  entièrement 


(1)  Proceed.  zool.  Soc.  Lond.<  1871,  p.  42. 
1    Cétacés,  p.  160,  pi  IX,  fig.  i. 
(3)  Journal  de  Zoologie,  t.  Il,  p.  498. 


FOSSILES  ATTRIBUÉS  A  CE  GENRE.  531 

ossifié.  Llles  n'existent  pas,  à  un  âge  plus  avancé,  ou  du  moins  nous  ne  les  avons 
pas  retrouvées  chez  les  sujets  adultes  et  chez  ceux-ci  on  ne  voit  pas  même  la  trace 
de  leurs  alvéoles.  L'examen  du  même  fœtus  ne  m'a  montré  aucun  germe  d'autre 
organe  de  môme  sorte,  et  je  n'en  ai  pas  non  plus  trouvé  à  la  mâchoire  inférieure. 
On  sait  d'ailleurs  que  celle-ci  manque  de  dents;  il  en  est  déjà  ainsi  même  pen- 
dant la  vie  intra-utérine  et  dès  les  premiers  moments  qui  suivent  la  naissance. 

D'UN  FRAGMENT  DE  DENT  FOSSILE  QUI  A  ÉTÉ  ATTRIBUÉ  A  UiN  ANIMAL  VOISIN 

DU   NARVAL. 

M.  Delbos  a  trouvé  dans  le  l'alun  de  Sort  (Landes)  une  portion  du  cône  dentaire 
d'un  animal  que  j'ai  regardé  (I)  comme  pouvant  avoir  appartenu  au  même  genre 
que  le  Narval  actuel,  mais  dont  l'espèce  devait  être  certainement  différente;  j'en 
reproduis  ici  la  figure  (PI.  XLV,  fig.  II).  Ce  fragment  est  long  de  0°,(i90,  en  forme 
de  cône  tronqué  au  sommet;  il  a  0n',052!  de  diamètre  à  sa  base,  qui  est  également 
fracturée.  C'est  une  portion  d'un  cône  allongé  d'ivoire  enveloppé  d'une  seconde 
matière  qui  est  du  cément.  A  la  cassure  basilaire,  le  rayon  de  la  circonférence 
de  l'ivoire  est  de  0,n,02o.  Par  sa  structure,  ce  fragment  est  comparable  à  la  dé- 
fense du  Narval  ou  aux  dents  des  Cachalols,  mais  il  n'en  a  pas  tout  à  fait  la  forme. 
Il  ne  nous  est  pas  possible  de  dire  s'il  provient  bien  d'un  animal  du  genre  Narval, 
et  comme  sa  surface  ne  présente  pas  de  lignes  spirales,  des  doutes  subsistent  au 
sujet  de  l'espèce  dont  il  indique  l'ancienne  existence.  Aucune  autre  pièce  trou- 
vée dans  le  même  gisement  ne  saurait  nous  guider  à  cet  égard. 


GENRE  BELUGA. 


Ce  genre  a  pour  caractères  principaux,  indépendamment  de  la  forme  arrondie 
de  sa  tête,  de  la  brièveté  de  ses  pectorales  et  de  l'absence  de  nageoire  dorsale, 
d'être  pourvu  de  dents  aux  deux  mâchoires.  Il  a  reçu  de  divers  auteurs  le  nom  de 
Béluga,  qui  est  celui  de  son  espèce  la  plus  anciennement  connue;  mais  Lacepède 
l'a  remplacé  par  celui  do  Delphinapterus,  qui  n'a  pas  été  accepté,  d'autres  Céto- 

(1)  Mém.  Acad.  se.  Montpellier,  t.  II.  p.  U4,  pi.  VI,    fig.  i.  —  Xool.  el  l'ai,  franc.,  p.  319,  pi.  I. XXXII 
fig.  2. 


632  GENRE  BELUGA. 

dontes  faciles  à  disliuguer  <ies  Bélugas  étant  d'ailleurs  privés,  comme  eux,  de  na- 
geoire dorsale. 

Le  Béluga  (Béluga  albicans),  souvent  appelé  en  anglais  White  Fish,  à  cause  de 
sa  couleur  blanche  ou  blanc  jaunâtre,  est  long  d'environ  7  mètres. 

Ce  Cétacé(-I)  vit  par  troupes,  principalement  sur  les  côtes  du  Groenland,  sur 
celles  du  Spitzberg,  et  au  nord  de  la  Sibérie.  Bien  qu'il  s'éloigne  rarement  de  ces 
parages,  on  le  cite  aussi  auprès  du  Saint-Laurent,  à  la  hauteur  du  Canada;  c'est 
alors  le  Béluga  canadensis  accepté  comme  espèce  distincte  par  M.  Allen  (2)  et  dont 
on  en  a  monté  un  squelette  pour  le  musée  de  Boston. 

D'autre  part,  le  Béluga  entre  dans  le  détroit  de  Davis  et  dans  la  mer  de  Baflin  ;  il 
passe  par  le  détroit  de  Berhing  pour  venir  dans  le  nord  du  Pacifique,  sur  la  côte 
nord-ouest  d'Amérique  ;  on  le  cite  dans  la  mer  d'Okhosk  et  même  jusqu'au  Japon  ; 
mais  il  se  pourrait  qu'il  fût  représenté  dans  ces  différents  parages  par  des  espèces 
différentes  les  unes  des  autres,  et  M.  Cope  donne  comme  tels  les  Béluga  rhinodon, 
anguslata  et  declivis  ou  voncreta,  dénommés  par  lui  (5). 

Une  espèce  de  Béluga  parait  même  avoir  été  observée  dans  les  mers  australes, 
jusqu'à  la  Nouvelle-Zélande;  M.  Gray  lui  a  donné  le  nom  de  B.  Kingii(A). 

L'état  actuel  de  nos  collections  ne  nous  permet  pas  de  contrôler  ces  indications, 
et  nous  devons  nous  borner  à  les  rappeler  ici  en  renvoyant  aux  auteurs  cités  pour 
la  description  des  espèces  admises  par  eux  dont  nous  venons  de  rappeler  les  noms. 

Des  Bélugas  sont  signalés  comme  ayant  été  trouvés  enfouis  dans  des  terrains 
post-tertiaires  aux  Etats-Unis,  et  M.  Thompson  a  regardé  comme  indiquant  une 
espèce  particulière  de  ce  genre  sous  le  nom  de  Béluga  vermontana  (5),  des  por- 
tions de  deux  squelettes  d'animaux  déterrés  à  Charlotte,  comté  de  Chettenden 
(Vermont),  ainsi  qu'à  Monl-Iîeal  (Canada). 

Squelette.  —  Gomme  nous  l'avons  dit,  le  crâne  du  Béluga  s'éloigne  peu,  par 
sa  forme  générale,  de  celui  du  Narval;  cependant  il  est  facile  de  l'en  distinguer, 

1)  Balcena  albicans,  Klein,  miss.  Pisc,  II,  \i. —  Cetui  alb.,  Brisson,  Règne  anim.,  359.  -  Physete) 
Catodon,  l.inn  ,  Syst.  nu/.,  édit.  XII,  p.  10.  —  Delphinus  léucas  Pallas,  Rei.se,  III,  92.  —  Delpli.  albicans, 
O.  Kabr.,  Fauna  groe.nl. —  Delphinaplerus  Béluga,  Lacep.,  Cétacés,  p.  !i0.  —  Catodon  albicans,  id.,  ibid., 
p.  218.  —  Béluga  Catodon,  Gray,  Cal.,  p.  307. 

(2)  Mammalia  qf  Massachusetts,  p.  206  (Muséum  at  Harvard-Collège,  Bulletin  n°  8J. 

(3)  Proceed.  Acad.  nal.  se.  Philadelphia,  186.'},  p.  5,  et  1869,  p.  20. 

(4)  Catal.  S.  and  W.,  p.  300.  —  Synopsis  of  Whales  and  Dolphins,  pi.  VII  —  Proceed.  zool.  Soc. 
London,  1873,  p.  114.  —  Voir  aussi  Hector,  Ami.  and  ttag.  mil.  Ilixl  ,  t.  IX.  p.  438;  1872. 

15)  Hist.  of  Vermont,  appendice,  p.  1!;.  //y.  1-13:  1853. 


SQUELETTE.  533 

même  en  ne  tenant  pas  compte  de  la  présence  des  dents  dont  il  est  armé.  Il  est 
moins  relevé  en  arrière,  un  peu  plus  étroit  et  plus  long,  et  en  outre,  légèrement 
arqué  dans  sa  région  faciale;  sa  fosse  temporale  est  encore  plus  longue. 

La  mâchoire  inférieure  est,  de  son  côté,  presque  semblable  à  celle  du  Narval, 
et  sa  symphyse  présente  particulièrement  la  même  disposition:  c'est  surtout  la 
présence  de  dents  qui  peut  servir  à  la  faire  reconnaître. 

Les  vertèbres  cervicales  sont  indépendantes  les  unes  des  autres,  comme  le  sont 
aussi  celles  du  Narval.  Elles  sont  toutes  sensiblement  plus  épaisses,  mais  leur 
forme  ne  diffère  pas.  L'atlas  présente  de  même,  sur  la  face  rachidienne  de  son  arc 
inférieur,  une  facette  d'articulation  pour  l'apophyse  odontoïde,  et  cette  facette 
est  elliptique,  ayant  son  grand  diamètre  longitudinal  plutôt  que  circulaire.  Les 
deux  facettes  d'articulation  de  l'axis  avec  la  partie  postérieure  de  l'atlas  ne  sont 
plus  semi-lunaires,  mais  irrégulièrement  ovalaires,  et  la  partie  épineuse  de  la 
neurapophyse  est  plus  forte;  la  facette  odontoïdienne  est  un  peu  plus  allongée  et 
la  partie  médiane  inférieure  du  corps  vertébral  qui  lui  fait  suite  ne  présente  pas 
de  caractère  bien  saillant.  Les  masses  latérales  des  troisième  et  quatrième  ver- 
tèbres, c'est-à-dire  de  celKs  immédiatement  placées  après  l'axis,  tendent  à  se 
rapprocher  par  leurs  pointes,  et  elles  ont  une  tendance  à  s'unir  pour  former  le 
canal  vertébral  d'une  manière  plus  évidente  que  sur  aucune  autre,  surtout  au 
côté  gauche  de  la  troisième;  par  contre,  l'apophyse  épineuse  de  ces  troisième  et 
quatrième  cervicales  cesse  au-dessus  de  leur  facette  articulaire,  et  ses  deux  moitiés 
se  trouvent  disjointes.  Les  masses  latérales  des  cinquième  et  sixième  sont  épaisses, 
niais  courtes,  et  l'on  ne  voit  à  la  septième  que  la  paire  la  plus  élevée  de  ses  masses 
latérales  ossifiées  dont  le  trajet  diffère  d'ailleurs,  à  quelques  égards,  de  la  saillie 
correspondante  observée  dans  le  Narval.  Comme  chez  celui-ci,  la  paire  infé- 
rieure des  masses  transverses  est  remplacée  par  une  paire  de  facettes  articulaires 
destinées  à  la  tète  de  la  première  paire  de  côtes. 

Il  y  a  14  vertèbres  dorsales  (I),  9  lombo-sacrées  et  22  caudales  coccygiennes. 

Les  corps  vertébraux  vont  en  grandissant  depuis  la  première  dorsale  jusqu'aux 
premières  coccygiennes,  après  quoi  ils  deviennent  plus  trapus  sans  être  sensible- 
ment plus  grands;  ils  diminuent  ensuite  prenant  d'abord  une  forme  plus  cont- 


(1)  Il  n'y  en  a  que  10  sur  le  squelette  de  fœtus  représenté  sur  notre  planche  I  XIV;  le  nombre  des  lomho- 
sacrées  y  est  de  11. 


534  GENRE  BELUGA. 

primée,  puis  l'apparence  de  disques  épaissis,  el  enfin  celle  de  petits  carrés  élargis 
perforés  en  dessus  et  en  dessous  par  une  paire  de  trous  vaseulaires,  mais  manquant 
lorsqu'ils  commencent  à  devenir  discoïdes  de  neurapophyses  et  d'hémapophyses. 

Les  côtes,  dont  la  première  paire  est  plus  large  que  les  autres,  vont  en  aug- 
mentant de  longueur  jusqu'à  la  huitième;  les  sept  premières  ont  une  tète  et  une 
tubérosité  séparées  l'une  de  l'autre  et  s'articulent  chacune  par  ces  doubles  saillies 
sur  deux  vertèbres  différentes,  la  tète  costale  portant  sur  une  facette  articulaire  si- 
tuée au  bord  postérieur  du  corps  vertébral,  la  tubérosité  sur  la  saillie  latérale  qui 
répond  aux  apophyses  transverses.  La  tête  de  la  première  paire  de  côtes  porte  sur  le 
corps  de  la  septième  cervicale.  Les  quatre  dernières  paires  de  côtes  n'ont  pas  de  tète 
séparée  de  la  tubérosité  et  elles  ne  portent  que  sur  les  apophyses  transverses.  C'esl 
un  caractère  des  côtes  du  Béluga  que  d'être  plus  fortes  que  celles  du  Narval. 
Aux  lombes,  les  apophyses  épineuses  ne  sont  que  faiblement  élevées;  les  apo- 
physes transverses  sont  au  contraire  larges,  aplaties  et  sécuriformes.  Le  mode 
d'articulation  des  apophyses  épineuses  soit  pour  cette  région,  soit  pour  les  autres, 
ne  présente  rien  de  particulier  à  ce  genre;  c'est  ce  qui  se  voit  d'ailleurs  sur  la 
(if/.  \  de  notre  planche  XLÏV. 

Les  fausses  côtes  sont  de  nature  osseuse;  cinq  d'entre  elles,  pour  chaque  côté, 
sont  articulées  directement  avec  le  sternum  ;  celui-ci  se  rapproche,  par  sa  forme 
générale,  du  sternum  des  Delphinidés. 

Le  bord  supérieur  de  l'omoplate  est  en  arc  surbaissé,  en  rapport  avec  la  forme 
assez  allongée  de  cet  os.  L'acromion  et  l'apophyse  coracoïde  y  sont  assez  forts. 

Cette  seconde  apophyse  y  est  en  particulier  plus  développée  que  dans  le  Narval, 
et  elle  est  coupée  obliquement  en  avant  au  lieu  d'être  terminée  en  arc  saillant. 

Les  pièces  composant  les  nageoires  paraissent  peu  différentes  de  ce  qu'elles  sont 
dans  le  genre  précédent.  Celles  que  nous  possédons  ne  sont  pas  suffisamment  com- 
plètes et  nous  ne  pourrions  en  donner  la  description  sans  craindre  de  nous  trom- 
per à  propos  de  quelques-unes  d'entre  elles.  Nous  ne  saurions  également  assurer 
quel  est  le  nombre  des  os  du  carpe,  ni  celui  des  phalanges  pour  chacun  des 
doigts  (li. 

Système  dentaire.  —  Les  dents  du  Béluga   n'ont  d'autre    ressemblance  avec 

(1)   M.  Van  Bembeke  (Acad.  r.  Deh/.,  âfèm.  couronnés,  I.  XVIII,  p.  14)  donne  les  chiffres  suivants  pour 
les  phalanges  du  Béluga  :  2,  6,  4, 1  et  1. 


SYSTÈME  DENTAIRE  5!!Ji 

celles  du  Narval,  que  d'être,  comme  elles,  garnies  d'une  couche  de  cément.  Quoique 
différentes  à  quelques  égards  des  dents  des  autres  Delphinidés  par  leur  forme,  elles 
sont  disposées  d'après  une  formule  qui  rappelle  sensiblement  celle  de  certains  de 
ces  animaux.  On  en  compte  de  7  à  10  paires  supérieures  dans  les  crânes  que  nous 
avons  sous  les  yeux;  mais  le  nombre  ne  s'en  répète  pas  toujours  régulièrement  à 
droite  et  à  gauche;  le  plus  généralement  il  existe  8  paires  de  dents  inférieures. 
Les  supérieures  sont  penchées  en  avant,  les  inférieures  en  arrière. 

Les  alvéoles  dans  lesquels  sont  implantées  les  dents  supérieures  sont  larges,  peu 
profonds  et  disposés  obliquement;  ceux  des  dents  inférieures  sont  plus  creux. 
Toutes  les  dents  ont  d'abord  la  couronne  conique  et  terminée  à  son  extrémité 
libre  par  une  petite  saillie  de  l'ivoire  qui  est  le  sommet  du  cône  éburné  dépassant 
un  peu  la  partie  cémenteuse;  mais  l'usure  fait  bientôt  disparaître  cette  portion 
terminale  de  la  dent  et  la  couronne  est  presque  toujours  entamée  largement  et 
d'une  manière  oblique,  soit  en  dehors,  soit  en  dedans,  soit  d'avant  en  arrière, 
plus  rarement  d'arrière  en  avant  ou  horizontalement.  La  première  paire  de  dents 
inférieures  est  plus  petite  que  les  autres. 

Certains  exemplaires  possèdent  une  paire  d'incisives  supérieures,  c'est-à-dire 
une  dent,  ici  de  forme  peu  différente  des  autres,  mais  cependant  plus  petite,  qui 
est  insérée  dans  un  alvéole  spécial  creusé  au  bord  extéro-antérieur  de  chaque  os 
intermaxillaire  ;  d'autres  n'ont  plus  que  les  alvéoles  de  ces  incisives,  celles-ci 
étant  caduques. 

Les  alvéoles  sont  en  général  élargis  et  peu  profonds,  aussi  les  dents  tombent- 
elles  facilement. 

Je  trouve  9  germes  de  dents  maxillaires,  plus  le  germe  d'une  incisive  à  la  mâ- 
choire supérieure  du  fœtus  du  Béluga  (PL  LXIV,  fig.  I)  et  9  germes  de  dents 
inférieures. 

II. 

TRIBU    DES  PHOCÉNINS. 

Bien  qu'il  soit  difficile  d'établir  encore  une  classification  absolument  naturelle 
des  différents  genres  de  la  famille  des  Delphinidés,  nous  croyons  que  l'on  peut 
réunir  sous  une  dénomination  commune  ceux  qui  ressemblent  le  plus  aux  Mar- 


}!6  GENRE  ORCA. 

souins  (Phocsena)  et  qui  ont  comme  eux  les  dents  moins  nombreuses  que  cela  n'a 
lieu  pour  les  Delphinins;  ils  ont  aussi  la  tète  plus  courte  que  ceux  ci,  le  front  plus 
renllé  et  l'extrémité  de  la  mâchoire  peu  ou  point  séparée  de  ce  dernier,  au  lieu  de 
simuler  le  bec  d'une  oie  ou  d'un  cygne.  C'est  à  ces  animaux  que  nous  avons  pro- 
posé de  réserver  le  nom  de  Phocénins;  ils  se  divisent  génériquement  en  Orca, 
Pseudorca,  Orcxlla,  Globicephalus ,  Grampus,  Phoaena  et  Neomeris. 

GENRE  ORCA  (1). 

Les  Orques  appelés  Épaulards  par  les  marins  français  et  Killers  par  les  Anglais. 
sont  de  très-grands  Delphinidés,  remarquables  par  leurs  fortes  dents,  au  nombre  de 
10  à  13  paires  à  chaque  mâchoire.  Ce  sont  les  plus  carnassiers  de  toute  la  division 
des  Cétacés  et  par  leur  voracité,  ils  jouent  sous  ce  rapport,  parmi  ces  mammifères, 
le  même  rôle  que  les  Requins  parmi  les  Plagiostomes.  On  en  trouve  dans  toutes  les 
régions  maritimes  et  partout  ils  se  font  redouter,  dévorant  les  autres  Cétacés,  les 
Phoques  et  les  animaux  terrestres  voire  même  les  hommes,  lorque  ceux-ci  tombent 
à  la  mer.  Ils  ont  une  nageoire  dorsale  et  dans  quelques-uns,  particulièrement  dans 
VOrca  recti/rinna,  des  parties  septentrionales  du  Pacifique,  cette  nageoire  est  droite 
et  élevée;  chez  les  autres,  sa  forme  ne  diffère  pas  sensiblement  de  ce  qu'elle  est 
chez  les  autres  Phocénins  et  les  Delphinins.  Leurs  pectorales  sont  de  médiocre  lon- 
gueur et  obtuses  a  leur  extrémité.  Ils  sont  le  plus  souvent  colorés  de  noir  et  de 
blanc  d'une  manière  assez  caractéristique,  le  blanc  s'étemlant  sur  le  dessous  du 
corps  depuis  la  lèvre  inférieure  jusqu'auprès  de  l'anus,  où  il  se  bifurque  pour  re- 
monter en  un  large  fer  a  cheval  de  chaque  côté  de  la  base  de  la  queue;  une  grande 
tache  blanche  allongée  se  voit  sur  les  tempes;  une  demi-lune  de  même  couleur 
existe  parfois  en  arrière  de  la  dorsale. 

Les  navigateurs  ont  souvent  parlé  des  Orques  ou  Épaulards,  et  la  présence  de 
ces  redoutables  Cétacés  sur  les  côtes  européennes  de  l'Océan  ainsi  que  dans  la  Médi- 
terranée est  déjà  signalée  par  les  naturalistes  de  la  Renaissance.  Ils  n'en  distin- 
jmaientqu'uneseule  espèce.  C'est  ce  que  firent  Rondelet  et  Aldrovande,  et  Linné  a 
appelé  cette  espèce  Delphinus  Orca.  Lacepède  a  cru  devoir  en  admettre  deux  sous  les 

1    Orca,  Rondelet,  De  Piscibus,  p.  183;  1 554. 


REMARQUES  SYNONYMIQUES.  537 

noms  de  Dauphins  Orque  et  Gladiateur  et  il  y  ajoute  Y  Orque  de  Duhamel  (1),  qui 
repose  sur  un  sujet  pris  à  l'embouchure  de  la  Loire,  dont  il  est  question  dans  le 
Traité  des  pèches  de  Duhamel  (2). 

En  outre,  la  comparaison  de  figures  d'Orques  faites  d'après  des  animaux  de  ce 
genre  observés  dans  différentes  régions,  les  unes  plus  rapprochées  du  cercle  arc- 
tique, les  autres  situées  dans  les  parties  tempérées  des  mers  d'Europe,  ou  dans  des 
régions  éloignées,  au  cap  de  Bonne- Espérance  par  exemple,  en  Australie,  en  Tas- 
manie,  et  même  plus  près  du  pôle  Sud,  ou  bien  encore  sur  des  points  de  l'Océan 
Pacifique  fort  distants  les  uns  des  autres,  a  conduit  les  zoologistes  à  admettre  un 
assez  grand  nombre  d'espèces  parmi  ces  animaux.  Les  travaux  que  la  science  pos- 
sède à  cet  égard  sont  principalement  dus  à  MM.  Eschricht  (5),  Reinhardt(4),  Lillje- 
borg(5),  Cope,  Scammon  (6),  Flower(7),  Burmeister  (8),  Gray(9),  Fischer  (10), 
Souverbie,  etc.,  auteurs  dont  les  derniers  ont  pu  utiliser,  pour  les  com- 
paraisons qu'ils  avaient  à  faire,  les  planches  publiées  par  nous  dans  cet  ouvrage 


(1)  Delphinus  Duhameli,  Cétacés,  p.  314. 

(2)  Traité  des  pêches,  t.  IV,  2e  partie,  p.  39,  PI.  IX,  fie/.  1 . 

(3)  Acad.sc.  Copenhague,  1862.  —  Ray  Society,  Cetacea,  p.  151. 

(4)  Ray  Society,  Cetacea,  p.  188  (Orca  Eschrichtiï). —  Idem,  différents  Mémoires  sur  ce  sujet.  M.  Rein- 
hardt  a  signalé  une  autre  espèce  du  même  genre  sous  le  nom  à'Orca  minor;  nous  n'en  possédons  encore 
aucune  pièce. 

(5)  Orca  Schlegelii  [Ray  Society,  p.  235). 

(6)  Proceed.  philos.  Acad.  Philadelphia,  1860  :  Orca  destructor,  0.  reclipinna  et  O.  atra  des  parties  nord 
du  Pacifique.  —  Voir  aussi  pour  ces  espèces  :  Scammon,  Marine  Mammals  N.  W.  coast  of  North  Ame- 
rica (Orca  or  Killers),  p.  88,  PI.  XVII,  1874  et  Dali,  Ibid.,  p.  296. 

(7)  Orca  méridionales,  de  Tasmanie  (Proceed  zool.  Soc.  London,  1864,  p.  470,  et  1865,  p.  420). 

(8)  Orca  magellanka  (Ann.  Mus.  pub.  Buenos-Aires,  t.  I,  p.  373,  PI.  XXII,  fig.  1-3(1869). 

(9)  Gray,  Proceed.  zool.  Soc.  London,  1870,  et  Catal.  Brit.  Mus.,  1871.  M.  Gray  admet:  Orca  stenorhyn- 
cha,  Gray;  l'O.  gladialor,  Lacép.  —  O.  capensis,  Gray  ;  le  Grampus  gladiator  d'A.  Smith.  —  Orca  africana, 
d'après  la.  fig.  2  de  la  PI.  XLVIII  de  notre  Osiéographie.  —  Orca  latirostris,  autre  espèce  comprenant, 
d'après  l'auteur,  outre  le  crâne  de  D.  Orca,  Cuv.,  Oss.foss.,  t.  V,  part.  1,  PI.  XXII,  fig.  4,  qui  est  le 
même  que  celui  figuré  par  Lacépède  sous  le  nom  de  Gladiator  (Cétacés,  PI.  XVI)  et  dans  notre  ouvrage, 
PI.  XLVII,  fig.  4,  le  crâne  d'un  sujet  des  îles  Feroô,  qui  nous  a  été  remis  par  le  musée  de  Copenhague 
comme  étant  l'un  des  types  de  l'Orca  Eschrichlii.—Orca  magellanica,  Burm.— Orca  tasmanica,  ayant  pour 
type  l'O.  glad.  australis,  de  Tasmanie  (Osiéographie,  PI.  XLVII,  fig.  1,  d'après  un  crâne  du  Collège  des 
Chirurgiens  que  nous  a  communiqué  M.  Flower  et  qui  est  de  l'espèce  appelée  Orca  meridionalis  par  ce 
savant).  —  Orca  reclipinna,  Cope.  —  0>-ca  atra,  id.  —  O.  Pacifica,  objet  du  nouveau  genre  Ophysia,  Gray. 
Cet  Ophysia  aurait  pour  types  connus  l'O.  capensis,  Gray,  Erebus  and  Terror,  PI.  IX,  non  O.  cap.,  id., 
Synops.  Whales  and  Dolphins,  PI.  IX,  et  l'O.  capensis,  Ostéogr.,  PI.  XLVIII,  fig.  1,  1  a  et  1  b. 

(10)  Journ.  de  Zoologie,  t.  V,  p.  146  :  Orca  antarctica,  espèce  établie  sur  l'examen  d'une  figure  d'Orque 
faite  au  voisinage  des  îles  Powel  et  des  Nouvelles-Shetland  par  Dumoutier.l'un  des  naturalistes  de  l'Ex- 
pédition au  pôle  Sud  commandée  par  Dumont  d'Urville. 

68 


538  GENRE  ORCA. 

(nos  XLVII  à  XLIX),  planches  qui  sont  même  citées  dans  le  Catalogue  supplémen- 
taire rédigé  par  M.  Gray  en  1874  (1). 

Indépendamment  des  détails  relatifs  au  squelette  (PL  XLVI  et  XLVIII,  fig.  5),  on 
trouvera  sur  ces  planches  les  crânes  de  différents  animaux  du  genre  Orque,  savoir: 

Orca  Giatitator,  des  côtes  de  l'Europe.  — PI.  XLVI, XLVII  et  XLIX. 

1°  PI.  XLVII,  fig.  \  et  4  a  :  Crâne  du  sujet  adulte,  sans  doute  des  côtes  de  l'Océan, 

1 1  —  1 1 

déjà  décrit  et  figuré  par  Lacépède  et  Cuvier.  Il  a  — — —  dents.  Un  de  ses  carac- 
tères distinctifs  consiste  dans  le  peu  de  différence  que  présentent  sur  la  longueur 
de  leur  partie  rostrale  les  os  incisifs,  os  moins  étroits  dans  leur  portion  médiane 
et  moins  grêles  qu'ils  ne  le  sont  dans  le  crâne  de  la  fig.  3,  lequel  est  l'un  des  types 
de  Y  Orca  Eschriclitii. 

2"  PL  XLIX,  fig.  \  :  C'est  un  crâne  d'Orque  fort  semblable  au  précédent  qui  appar- 
tient au  musée  de  Boulogne;  il  nous  a  été  communiqué  à  la  demande  de  M.  le  D. 
Hamy.  Ce  crâne  a  été  trouvé  dans  un  terrain  argileux  (vase  bleue),  du  port  de  cette 
ville;  on  suppose  que  son  enfouissement  remonte  à  l'époque  de  la  pierre  polie,  ou 
tout  au  moins  à  l'époque  du  bronze,  et  qu'il  est,  par  conséquent,  antérieur  à 
l'occupation  romaine. 

Si  je  compare  à  ces  deux  crânes  celui,  provenant  des  côtes  d'Angleterre,  dont 
M.  Gray  fait  son  Orca  s  ténor  ligne  ha,  et  dont  il  donne  la  figure  (I),  je  suis  porté  à  l'at- 
tribuer à  la  même  espèce  qu'eux;  il  en  est  de  même  du  crâne  de  l'Orque  de  la  côte 
de  Bohulanska  (Suède),  que  M.  Otto  von  Friesen(2)  a  fait  représenter  depuis  lors  en 
l'accompagnant  de  la  figure  de  l'animal  tel  qu'il  était  au  moment  où  l'on  s'en  est  em- 
paré. La  figure  de  cet  Orque  nous  offre  un  double  intérêt;  elle  nous  donne  les  ca- 
ractères extérieurs  du  Cétacé  dont  provient  le  crâne  décrit  et  nous  en  permet  la 
comparaison  avec  celui  pris  à  l'embouchure  de  la  Gironde,  à  Bordeaux  même, 
que  M.  Souverbie  a  eu  l'occasion  d'observer  en  4  876  et  dont  il  a  aussi  donné  un 
dessin  (5),  mais  en  le  rapportant  à  Y  Orca  Duhameli  de  Lacépède.  Ces  figures  repré- 
sentent évidemment  des  animaux  de  même  espèce  (i). 

(1)  Proceed.  zool.  Soc.  London,  1870,  p.  74-76.  —  Calai.,  Suppl.,  p.  60,  fig,  7  et  !);  1871. 

(2)  Acad.  se.  Stockholm,  1872,  n°  10.  Le  crâne  étudié  par  M.  V.  Friesen  est  reproduit  dans  notre  Atlas, 
PI.  XLIX,  fig.  2.  Le  dessinateur  a  évidemment  donné  trop  de  saillie  aux  condyles  occipitaux. 

(3)  Act.  Soc.  linn.  Bordeaux,  1876,  p.  61,  pi.  III.  — Journ.  de  Zoologie,  t.  VI,  p.  69. 

(4)  Le  squelette  de  l'Orque  observé  par  M.  Souverbie  est  conservé  au  musée  de  Bordeaux.  11  indique  un 


REMARQUES  SYNONYMIQUES.  539 

PI.  XLVII,  fig.  5.  Crâne  d'un  Orque  encore  assez  jeune,  pris  dans  la  Méditer- 
ranée, auprès  de  Cette  (Hérault);  j'en  avais  déjà  donné  la  figure  {Zoologie  et  Paléon- 
tologie française,  PI.  XXVIII,  fig.  3-4).  Il  paraît  devoir  être  attribué  à  la  même 

JO M 

espèce  que  les  précédents.  Sa  dentition  est  la  suivante  :  — — — -,  et  je  considère 

qu'il  en  est  également  ainsi  pour  celui,  plus  jeune  encore,  qui  est  figuré  PI.  Ll,  fig.  15, 
du  présent  ouvrage.  Ce  crâne  provient  du  sujet  échoué  sur  la  plage  de  Palavas,  aussi 

H 

dans  le  département  de  l'Hérault.  Il  présente  comme  dentition  jj-,  ce  qui  s'écarte 

peu  des  chiffres  donnés  dans  les  formules  rappelées  ci-dessus.  Il  doit  être  d'un 
sujet  qui  venait  de  naître. 

Le  crâne  d'un  Orque,  un  peu  moins  jeune  (1*1.  XLIX,  fig.  5),  échoué  à  Ostende, 
dont  on  conserve  le  squelette  au  musée  de  Bruxelles,  est  à  peu  près  semblable  à 
celui  de  l'animal  du  même  genre,  mais  déjà  plus  âgé,  que  nous  donnons  comme 
ayant  été  capturé  auprès  de  Cette.  La  même  remarque  s'applique  au  jeune  exem- 
plaire du  musée  de  Louvain  (PI.  XLVI,  fig.  1).  Celui-ci  provient  aussi  des  côtes 
de  Belgique. 

Orca  Eschrichtii  —  PI.  XLVII,  fig.  5. 

Ce  crâne  est  celui  d'un  exemplaire  des  îles  Feroë;  il  nous  a  été  remis,  ainsi  que 
cela  est  dit  plus  haut,  par  M.  Ueinhardt,  comme  appartenant  certainement  à  l'espèce 
décrite  par  M.  Steenstrup,  sous  le  nom  qui  vient  d'être  rappelé.  Les  caractères  par 
lesquels  il  se  distingue  de  Y  Orca  gladiator  ordinaire  n'offrent  pas  une  importance 
considérable,  mais  cependant  si  on  l'attribuait  à  cette  espèce,  on  ne  saurait  douter 
qu'il  ne  provienne  d'une  variété  différente  de  celle  à  laquelle  se  rapportent  les  crânes 
énumérés  plus  haut.  La  partie  rostrale  y  est  un  peu  plus  longue  et  un  peu  moins 
large;  en  outre,  les  os  incisifs  présentent  plus  d'étroitesse;  ils  sont  surfout  plus 
rétrécis  dans  leur  partie  moyenne.  D'ailleurs  levolumede  ce  crâne  est  sensiblement 
le  même  que  celui  des  crânes  figurés  sous  le  n°4  de  la  PI.  XLVII  et  sous  le  n°  I 

sujet  à  peu  près  du  même  âge  que  celui  de  Cette,  cité  plus  loin,  et  dont  les  dents,  encore  creuses  intérieu- 

II  —  1 1 

rement  par  défaut  d'ossification  de  leur  bulbe,  sont  au  nombre  de .  Les  trois  premières  cervicales 

11  — 12 

sont  soudées  entre  elles,  l'axis  et  l'atlas  plus  intimement  que  la  troisième.  On  compte  11  dorsales,  10  lom- 

bo-sacrées  et  23  coccygicnnes  ;  le  sternum  est  composé  de  trois  paires  de  pièces  séparées  les  unes  des 

autres;  le  crâne  est  long  de  (P. 73  et  large  de  (T. 35  a  l'implantation  des  os  malaires. 


540  GENRE   ORCA. 

de  la  PI.  XLTX,  et  il  indique  un  animal  de  même  taille.  Sa  formule  dentaire  est 

M — M 

la  suivante  :  r^ — rr(^)- 
12 — M  K 

Orca  ansfralis  11°  1 . —  PI.  XLVII,  fig.   I . 

C'est  kYOrca  Eschrichtii  tout  autant  qu'au  gladiator  que  semble  devoir  être  com- 
paré uncràne  d'Orque  provenant  deTasmanie,  qui  appartient  au  Collège  des  chirur- 
giens de  Londres(2);  en  supposant  qu'il  doive  être  distingué  de  l'un  et  de  l'autre,  je  ne 
saurais  établir  avec  précision  les  caractèresde  l'espèce  dontildeviendraitalorsle  type, 

à  moins  que  l'on  ne  se  fie  à  la  formule  dentaire.  On  compte  en  effet  -r- r-r,  dont 

la  première  paire  supérieure  est  bien  plus  petite  que  les  autres.  Ce  crâne  m'a  été 
adressé  en  communication  par  M.  le  professeur  Flower.  Je  retrouve  les  caractères 
ostéologiques  de  la  pièce  dont  il  est  question  ici  dans  une  photographie  de  tête 
osseuse  tirée  d'un  animal  du  même  genre  que  M.  Krefft  a  fait  faire  au  musée  de 
Sydney  et  qui  provenait  de  la  même  partie  des  côtes  de  l'Australie. 

Orca  australls  n°  2.  —  PI.  XLVII,  fig.  2. 

Ce  crâne  ne  s'éloigne  pas  non  plus  suffisamment  des  autres  pour  que  l'on  puisse 
établir  qu'il  doit  servir  de  type  à  une  espèce  à  part,  comme  M.  Gray  a  proposé  de 
le  faire;  il  est  cependant  plus  étroit  que  celui  du  sujet  de  Cette  et  rappelle  sous  ce 
rapport  Y  Orca  Eschrichtii.  Il  provient  d'un  exemplaire  qui  n'était  pas  encore  com- 
plètement adulte.  Aussi  continuerai-je,  comme  je  l'ai  fait  sur  la  planche  où  l'on  en 
trouvera  la  figure,  à  l'appeler  Orca  gladiator  australis,  dénomination  que  j'ai  égale- 
ment appliquée  à  l'Orque  deTasmanie.  On  ne  saurait  en  effet  y  voir  encore  le  repré- 
sentant d'une  espèce  particulière.  Ce  crâne  a  été  autrefois  rapporté  d'Algoa  Bay  par 
MM.  J.  et  E.  Verreaux;  M.  Gray  l'a  pris  pour  type  de  l'espèce  plus  que  douteuse 
à  laquelle  il  donne  le  nom  A' Orca  africana. 

Orca  magcllanlca. 

Une  disposition,  également  différente  a  quelques  égards,  se  voit  dans  l'étrangle- 
ment des  os  intermaxillaires  de  YOrca  magellanica  de  M.  lîurmeister.  Le  crâne  lui- 
même  de  cette  espèce  supposée  paraît  être  un  peu  moins  allongé,  surtout  si  on  le 


(1)  Les  fig.  3  et  3  6  de  la  PI.  XLVII  n'ont  point  été  faites  a  la  glace,  ce  qui  a  transposé  la  formule. 

(2)  n"  2517. 


REMARQUES  SYNONYMIQUES.  541 

compare  à  celui  àeYOrca  Eschrichtii;  mais  est-ce  là  encore  un  caractère  réellement 
spécifique  et  doit-on  y  voir  autre  chose  que  l'indice  d'une  variété  individuelle? 

Oroa  Capcnsls.  —  Pi.  XLVIII,  fig.  1  . 

Si  nous  passons  à  l'examen  du  crâne  rapporté  au  Muséum  par  F.  Eydoux,  à  la 
suite  de  l'expédition  de  la  Favorite,  crâne  que  ce  zélé  naturaliste  s'était  procuré  sur 
la  côte  du  Chili  (I),  mais  qu'il  tenait  peut-être  de  quelque  baleinier,  nous  nous 
trouvons  en  face  de  particularités  plus  faciles  à  saisir  et  qui  ne  permettent  pas  de 
douterqu'il  ne  s'agisse  bien  ici  d'un  Cétacé  distinct  comme  espèce  de  tous  ceux  aux- 
quels ontappartenu  les  crânes  dontilvientd'être  question.  Cette  tète  osseuse  indique 
un  animal  des  plus  robustes  et  qui  dépasse  notablement  en  dimensions  l'Orca  yla- 
diator  et  ses  variétés  précédemment  énumérées;  elle  a  \  "'.25  de  long  et  0°'.60  de 
large,  mesurée  avant  le  rétrécissement  facial.  Les  saillies  et  les  crêtes  osseuses  y 
sont  encore  plus  accusées  que  dans  les  Orques  ordinaires  arrivés  à  l'âge  adulte,  et 
les  lignes  des  os  intermaxillaires,  pour  la  partie  faciale,  dessinent  une  figure  assez 
différente  de  celle  qu'elles  forment  dans  ces  derniers,  tout  en  conservant  à  l'en- 
semble des  deux  os  auxquels  nous  faisons  allusion  la  forme  en  fer  de  lance  ;  c'est 
d'ailleurs  ce  que  l'on  constatera  aisément  en  comparant  la  figure  de  ce  crâne  avec 
celles  de  ceux  qui  sont  aussi  représentées  sur  nos  planches.  Le  dessous  de  cette 
partie  du  squelette  participe  aussi  à  l'élargissement  de  sa  face  supérieure. 

Les  dents  sont  au  nombre  de  j^ — r-r.  Celles  de  la  première  paire  pour  chacune 

des  mâchoires  sont  plus  petites  que  les  autres,  surtout  à  la  mâchoire  inférieure,  où 
cette  paire  n'est  pas  représentée  du  côté  gauche;  aussi  ne  peut-on  donner  à  la 
formule  dont  il  vient  d'être  question  une  valeur  absolue. 

On  voit  quelquefois  de  ces  énormes  crânes  d'Orques  soit  dans  les  collections, 
soit  chez  les  marchands  d'histoire  naturelle,  mais  on  n'en  connaît  encore  qu'un 
petit  nombre.  Celui  qu'a  rapporté  F.  Eydoux  est  depuis  4  852  dans  les  collec- 
tions du  Muséum  et  il  y  a  été  étudié  par  plusieurs  cétologues.  Sa  comparaison  avec 
la  figure  de  \'Orca  capensis  de  M.  Gray  {])  nous  avait  engagé  à  l'attribuer  à  cette 
espèce,  ce  qu'avait  d'ailleurs  adopté  M.  Gray  lui-même  (2);  mais  ce  rapprochement 


(1)  Erebus  and  Terror,  Mammals,  p.  34,  PI.  IX. 

(2)  Gray,  Catal.,  édition  de  1850,  p.  95.  —  /</,  ibid.,  édition  de  1866,  p.  283. 


542  GENRE   ORCA. 

a  été  contesté  par  le  naturaliste  célèbre  qui  nous  l'avait  inspiré  et,  en  4  874,  il  a 
réservé  le  nom  d'Orca  capensis  au  Grampus  gladiator  de  A.  Smith  (\)  qu'il  n'avait 
pas  attribué  précédemment  à  cette  espèce,  et  il  l'a  retiré  au  crâne  qu'il  avait  lui- 
même  figuré  sous  ce  nom  (2);  en  même  temps  il  l'a  appliqué  à  un  autre  crâne 
rapporté  du  Cap,  dont  il  a  alors  donné  une  figure  (5).  On  comprend  combien  ces 
changements  sont  loin  d'avoir  simplifié  la  synonymie  de  l'animal  qui  nous  occupe. 

En  résumé,  M.  Gray  a  retiré  à  l'espèce  dont  Eydoux  avait  rapporté  un  crâne, 
considéré  par  lui  comme  un  des  types  de  cette  espèce,  le  nom  d'Orca  capensis 
pour  lui  substituer  celui  d'Orca  Pacifica,  et  il  a  lait  de  cette  espèce  l'objet  d'un 
genre  à  part  sous  le  nom  d'Ophysia;  mais  c'est  encore  là  un  genre  dont  la  né- 
cessité reste  douteuse.  D'après  M.  Gray,  le  capitaine  Delville,  de  la  marine 
anglaise,  aurait  constaté  l'existence  de  YOrca  capensis  ou  Opliysia  Pacifica,  dans  le 
nord  du  Pacifique.  Il  serait  donc  intéressant  d'établir  quels  sont  les  rapports  de 
cette  espèce  avec  YOrca  rectipinna  de  MM.  Cope,  Scammon  et  Dali,  dont  il  existe, 
assure-t-on,  un  crâne  au  musée  de  l'Académie  des  sciences  de  Californie,  à  San 
Francisco;  mais  personne  ne  nous  a  encore  rien  appris  à  cet  égard,  quoique  la 
figure  donnée  par  nous  du  crâne  dû  à  Eydoux,  et  qui  reste  le  vrai  type  de  YOpliysia 
Pacifica,  ait  paru  avec  les  premières  livraisons  du  présent  ouvrage. 

L'Orca  rectipinna  ne  présente  pas  de  blanc  sur  les  surfaces  du  corps  que  nous 
avons  dit  être  ainsi  colorées  dans  les  autres  espèces  que  les  zoologistes  ont  admises 
parmi  les  Orques  des  différentes  mers. 

L'Orca  atrat  également  du  Pacifique,  est  remarquable  par  la  lunule  blanchâtre 
qui  se  voit  en  arrière  de  la  base  de  sa  dorsale;  mais  il  est  difficile  de  se  prononcer 
sur  la  valeur  de  ce  caractère,  la  conformation  ostéologique  de  cet  animal  n'ayant 
pas  encore  été  décrite. 

Les  espèces  créées  dans  le  genre  Orque  par  les  auteurs  devront  sans  doute, 
comme  nous  le  supposons,  être  réduites  à  quelques-unes  seulement.  On  pourra, 
dans  ce  cas,  admettre  que  la  principale  d'entre  elles,  c'est-à-dire  I'Épaulard  ou 
Orque  gladiateur  (Orca  gladiator),  possède  une  extension  hydrographique  plus 


1 1    South  African  Zoolo'jy,  p.  126. 

(2)  Erebus  and  Terror,  loc.  cit. 

(3)  Proceed  zool.  Soc,  1870,  p.  71,  fig.  >  et  4.  -  Calai.  1871,  p.  90,  fiçj.  8  et  10. 


SQUELETTE.  543 

grande  qu'on  ne  l'avait  d'abord  supposé,  et  la  plupart  des  distinctions  spécifiques 
admises  dans  le  genre  qui  nous  occupe  devront  être  regardées  comme  ne  reposant 
que  sur  des  doubles  emplois  ou  dans  certains  cas  sur  des  variétés  plus  ou  moins 
accentuées,  tout  au  plus  sur  des  sous-espèces  de  l'Épaulard  lui-même.  L'Orque 
d'Esehricht  serait  une  de  ces  sous-espèces  les  mieux  caractérisées,  mais  la  forme 
ordinaire  de  l'espèce  ou  des  variétés  peu  tranchées  de  cette  espèce  s'étendrait 
jusque  dans  les  mers  australes,  depuis  les  parages  du  cap  de  Bonne-Espérance 
jusqu'à  la  Tasmanie,  etc.  Tel  serait  le  cas  des  Orca  africana,  magellanica,  tasma- 
nica  et  de  quelques  autres  encore  qu'il  est  bien  difficile  de  distinguer  nettement 
des  Orques  épaulards,  plus  particulièrement  classés  jusqu'ici  dans  la  variété  sep- 
tentrionale ou  typique;  c'est  à  des  Orques  de  notre  hémisphère  et,  par  suite,  â  des 
Épaulards,  que  l'on  a  donné  les  noms  d'Orca  Duhameli.  stenorliyncha,  latirostris, 
Schlegelii,  etc.  L'Orca  minor  (-1)  serait  une  variété  d'Épaulard  également  propre  aux 
régions  septentrionales  qui  resterait  au-dessous  de  la  taille  ordinaire  à  cette  espèce. 

Une  seconde  espèce  bien  distincte  des  autres  est  POphysie,  d'abord  appelé  Orca 
capensis  par  M.  Gray  (2).  Il  conviendra  de  l'appeler  désormais,  pour  éviter  toute 
confusion  dans  sa  synonymie,  Orca  Pacifica,  ainsi  que  ce  célèbre  cétologue  l'a  lui- 
même  proposé;  à  moins  qu'on  ne  démontre  quelque  jour  son  identité  avec  Y  Orca 
destructor  (3)  de  M.  Cope,  qui  a  été  signalé  à  Payta  (Pérou)  par  ce  dernier  natu- 
raliste. 

Un  examen  attentif  des  caractères  jusqu'à  présent  mal  connus  de  certaines 
autres  formes  d'Orques  devra  être  fait  avec  soin,  si  l'on  veut  constater  leurs 
relations  spécifiques  et  décider  s'il  convient  de  les  séparer  de  celles  qui  précèdent. 
Il  sera  particulièrement  utile  de  comparer,  a  défaut  de  leur  squelette  entier,  les 
crcànes  de  ces  animaux  avec  ceux  des  Orques  dont  l'ostéologie  est  dès  à  présent 
connue  sous  ce  rapport. 

Sqnciette.  —  Le  crâne  des  Orques  a  une  longueur  a  peu  près  double  de  sa  lar- 
geur; il  est  bombé  dans  la  région  cérébrale,  mais  ne  conserve  pas  sous  ce  rapport 
un  volume  aussi  considérable  en  cet  endroit  que  celui  des  Marsouins  et  surtout 

(1)  Reinhardt,  Mus.  Copenhague.  —  Malm,  Hvaldjur  i  Sveriges  Museer,  Ar  1869,  p.  81  (Svenska 
Vetenskaps-Akademiens  Handlingar,  t.  IX,  n°  2;  Stockholm,  1871. 

(2)  Gray,  Catal.,  édit.  1850,  p.  95. 

(3)  Proceed.  Acad.  Philadelphin ,  1866,  p.  293. 


544  GENRE  ORGa. 

des  Dauphins  ordinaires,  ce  qui  tient  au  grand  développement  que  prennent  avec 
l'âge  les  crêtes  bordant  les  fosses  temporales  et  la  crête  occipitale  supérieure  qui 
relie  au-dessus  du  front  les  deux  angles  de  ces  dépressions.  Rétréci  dans  sa  partie 
faciale  en  avant  de  la  platine  des  os  zygornatiques,  il  y  prend  un  aspect  lancéolé 
tout  en  conservant  le  caractère  trapu  distinctif  des  Phocénins. 

C'est  ainsi  qu'il  se  modifie  sensiblement  dans  son  apparence  générale,  à  me- 
sure que  l'animal  vieillit.  On  pourra  se  faire  une  idée  de  ces  changements 
en  comparant  la  fig.  \ 5  de  la  PI.  LI  aux  fig.  4  et  5  de  la  PL  XLVII,  figures  qui 
appartiennent  toutes  trois  à  des  exemplaires  de  même  espèce  et  de  même  race, 
l'Orque  gladiateur  provenant  de  nos  côtes,  mais  différents  par  leur  âge  des  sujets 
de  la  même  espèce  auxquels  est  consacré  le  reste  de  nos  figures.  En  mettant  ces 
figures  en  regard  les  unes  des  autres  et  à  côté  de  celles  qui  représentent  des 
crânes  d'Orques  adultes,  les  changements  que  ces  animaux  subissent  avec  l'âge 
paraîtront  considérables. 

Un  des  caractères  des  Orques  est  d'avoir  la  face  supérieure  des  intermaxillaires 
lancéolée  à  une  certaine  distance  en  avant  des  trous  sous-or bitaires,  de  largeur 
moindre  que  la  partie  des  maxillaires  qui  les  borde  et  plus  ou  moins  rétrécie  dans 
son  milieu,  ce  qui  permet  de  distinguer  aisément  et  au  premier  abord  leur  crâne 
de  celui  des  Pseudorques  chez  lesquels  ce  rétrécissement  est  situé  plus  près  des 
narines  et  qui  ont  la  partie  faciale  des  mêmes  os  plus  large  et  plus  rectiligne  (PI.  L, 
fig.  \  et  7).  On  voit  dans  certains  exemplaires  une  petite  partie  du  vomer  sous  le 
palais;  chez  d'autres,  il  est  caché  entièrement  par  la  suture  interne  de  la  portion 
palatine  des  maxillaires  et  des  intermaxillaires.  L'Orca  minor  du  musée  de  Copen- 
hague est  dans  ce  dernier  cas. 

La  mâchoire  inférieure  des  mêmes  animaux  est  très-robuste  cl  les  alvéoles  y 
sont  larges  et  profonds. 

Quant  à  leur  colonne  vertébrale,  elle  offre  aussi  plusieurs  particularités  distinc- 
tives  et  qui  méritent  d'être  signalées.  Les  vertèbres  sont  un  peu  moins  raccourcies 
que  chez  les  Lagénorbynques,  les  Dauphins  et  les  Marsouins;  les  apophyses  épi- 
neuses y  sont  moins  saillantes,  mais  plus  robustes,  et  les  apophyses  transverses 
présentent  aussi  des  particularités  distinclives. 

Les  vertèbres  des  Orques  sont  aussi  moins  nombreuses  que  celles  de  ces  diil'é- 
rents  genres.  INous  en  comptons  51  sur  le  squelette  du  jeune  exemplaire  con- 


SQUELETTE.  545 

serve  au  musée  de  Louvain  (Pi.  XLVJ,  fig.  \),  savoir  :  7  cervicales,  dont  trois  sont 
soudées  entre  elles,  1  \  dorsales ,  -1 0  lombo-sacrées  et  23  coccygiennes,  dont  les  \  2 
premières  possèdent  des  os  en  V. 

Le  même  nombre  de  vertèbres  dorsales  et  de  lombo-sacrées  s'observe  aussi  sur 
d'autres  squelettes  d'Orques,  provenant  de  localités  différentes.  Il  existe  égale- 
ment Il  dorsales  et  10  lombo-sacrées  sur  un  squelette  d'ailleurs  incomplet,  qui 
fait  partie  de  notre  cellection;  mais  celui  du  musée  de  Copenhague  en  a  -12  et  il 
en  est  de  même  pour  celui  du  musée  de  Bruxelles,  qui  possède  cependant  4  0  lom- 
bo-sacrées. Ce  dernier  squelette  provient  de  l'exemplaire  échoué  à  Ostende.  On 
retrouve  H  dorsales  à  YOrca  minor. 

Les  trois  premières  vertèbres  cervicales  sont  en  partie  soudées  par  leurs  apo- 
physes épineuses  ;  les  deux  premières  de  ces  vertèbres  ont  aussi  leurs  apophyses 
transverses  qui  sont  fort  saillantes  unies  à  leur  base,  tandis  que  celles  de  la  troi- 
sième sont  petites,  échancrées  et  séparées  de  l'axis  ;  les  quatrième  à  septième  cervi- 
cales ont  peu  d'épaisseur,  ce  qui  est  aussi  le  cas  de  la  troisième,  mais  elles  restent 
distinctes  à  tous  les  âges  et  leurs  apophyses  sont  peu  saillantes;  les  quatrième  à 
sixième  sont  échancrées  latéralement;  la  saillie  inférieure  de  la  septième  est  rem- 
placée par  la  facette  articulaire  destinée  à  la  tête  de  la  première  paire  de  côtes. 

La  première  paire  de  côtes  de  YOrca  Eschrichtii  m'a  paru  plus  longue  que  celle 
des  Épaulards  ordinaires. 

Le  sternum  présente  la  forme  caractéristique  des  Delphinidés.  Dans  le  jeune 
âge,  il  se  divise  en  trois  pièces  sternébrales  placées  successivement,  et  l'on  voit 
encore  dans  celui  du  squelette  jeune  appartenant  au  musée  de  Bruxelles  la  division 
en  deux  pièces  latérales  de  la  sternèbre  postérieure  (fig.  5);  ainsi  que  nous 
l'avons  rappelé  plus  haut,  cette  division  existe  pour  les  deux  moitiés  de  chacune 
des  trois  sternèbres  dans  le  squelette  décrit  par  M.  Souverbie,  qu'il  nous  a  été 
possible  d'étudier  récemment. 

Six  paires  de  côtes  s'attachent  au  sternum. 

Les  membres  sont  forts,  larges  et  courts.  Les  os  du  carpe  ne  se  solidifient  que 
tardivement  et  parfois  en  partie  seulement.  M.  Van  Bembeke  dit  qu'il  n'en  existe 
qu'un  seul;  cependant  Eschricht  rappelle  dans  son  mémoire  qu'il  y  en  a  5,  et  il  a  donné 
une  figure  que  nous  reproduisons  (fig.  15).  Trois  sont  nettement  ossifiés  dans  le 
jeune  squelette  de  Louvain;  ils  répondent  aux  nos  2,  \  et  S  du  sujet  de  Copenhague. 

69 


P46  GENRE  ORCA. 

Les  métacarpiens  sont  courts  et  il  en  est  de  même  des  phalanges;  le  nombre  de  ces 
dernières  pour  les  différents  doigts  est  de  1,  6,  4,  5  et  2  pour  l'exemplaire  d'Es- 
chricht.  Il  n'en  a  été  conservé  que  4,  A,  5,  2  et  4  dans  celui  de  Louvain,  dont  le 
degré  d'ossification  est,  comme  nous  l'avons  dit,  beaucoup  moins  avancé. 

Eschricht  a  observé  l'os  pelvien  de  plusieurs  Orques  et  il  en  a  donné  des  figures 
que  notre  Atlas  reproduit  [fig.  4  6-19). 

Ils  proviennent: 

1°  D'un  Orque  trouvé  en  mer  près  de  Randers  (Jutland)  en  juillet  4861,  par 
M.  E.  Benzon  {fig.  4  6); 

2°  D'un  sujet  dont  le  squelette  est  conservé  au  musée  de  Bergen  (fig.  17); 

3°  De  l'exemplaire  femelle,  capturé  à  Aarhuns  par  M.  Thompson,  en4  8o5(/fy.  48); 

4°  De  celui  qu'a  observé  Bloch,  et  qui  était  d'un  âge  assez  avancé,  mais  aussi  de 
sexe  femelle;  il  avait  été  péché  au  Groenland  (fig.  4  9). 

La  caisse  auditive  des  Orques  rentre,  par  ses  caractères  généraux,  dans  la  même 
forme  que  celle  des  Dauphins  et  des  Marsouins;  toutefois  le  labyrinthe  osseux  y 
est  proportionnellement  plus  volumineux  et  la  caisse  a  sa  face  inférieure  plus 
aplatie,  en  même  temps  que  son  échancrure  antérieure  est  plus  arrondie 
(PL  XLVIII,  fig.  2). 

Système  dentaire.  —  Les  dents  des  mêmes  Cétodontes  (PL  XLIX,  fig.  4)  sont 
pour  la  plupart  fortes,  arquées,  pouvues  d'une  racine  volumineuse,  à  couronne 
de  moindre  longueur  que  cette  racine,  et  plus  aplaties  à  leur  face  postérieure 
qu'à  l'antérieure.  Les  plus  grandes  atteignent  0,n.4  0  de  longueur  totale,  sur  0m,04 
d'épaisseur  transversale  etOm.02o  dans  le  sens  antéro-postérieur;  celles  qui  sont 
placées  en  avant  et  en  arrière,  surtout  la  première  antérieure,  sont  plus 
petites  que  les  autres  et  celle-là  est  parfois  cachée  dans  les  gencives. 

Toutes  sont  dépourvues  de  cément,  et  leur  couronne  est  protégée  par  une 
couche  d'émail;  l'ivoire  en  est  compacte  et  de  belle  apparence,  quand  elles  sont 
ossifiées,  et  il  pourrait  être  utilisé;  elles  s'usent  tantôt  par  le  sommet,  ce  qui  est 
plus  rare,  tantôt  par  la  face  antérieure,  principalement  celles  d'en  bas,  ou  par  la 

face  postérieure,  surtout  celles  d'en  haut. 

4  4      4  5  41 

Ces  dents  sont  disposées  d'après  une  formule  qui  varie  de  —  à  —  et  peut-être  j-r, 

\  y)       I o  1 4 

mais  d'une  manière  irrégulière,  ce  qui  rend   impossible  d'employer  les  diffé- 
rences qu'elles  présentent  sous  ce  rapport  comme  caractères  spécifiques. 


FOSSILES  ATTRIBUÉS  A  CE  GENRE.  547 

Les  alvéoles  sont  le  plus  souvent  en  partie  confondus  dans  une  même  gouttière, 
mais  qui  laisse  entre  chaque  dent  des  cloisons  incomplètes.  Les  deux  côtés  d'une 
même  mâchoire  n'ont  pas  toujours  le  même  nombre  de  dents,  comme  on  le  voit 
par  les  chiffres  qui  suivent: 

\\ \\  42 — 42 

Epaulard:  77^ —  (crâne  adulte  du  Muséum  de  Paris).  —  — —   (musée   de 

42 — \,\  v  4o —  42 

]2  4  4 15 

Boulogne,  PI.  XLIX,  fig.  4  a). —  -^  (musée  de  Bruxelles). —     (musée  de  Co- 

\\ \\  45 

penhague).  —  j~ — j-r  (0.  Eschrichtii,  Mus.  Paris).  —  —  (O.  minor,  mus.  Copen- 

44  4  5 

hague.  —  —  (d'Àlgoa,  Mus.  Paris;  PI.  XLVII,  fig.  2).  —  -j^,  la  première  paire  est 

très-petite  (de  Tasmanie.  Coll.  des  chirurgiens;  Pi.  XLVII,  fig.  \).  Un  très-jeune 
Epaulard  échoué  à  Palavas,  dont  le  crâne  est  représenté  sur  notre  PI.  Ll,  fig.  45, 

présentait  la  formule  — j-;  celui  de  la  Gironde,  décrit  par  M.  Souverbie,  portait 

44—44         .  . 
TT—n  molaires. 

Aucun  Orque  ne  nous  a  montré  de  dents  insérées  dans  les  os  intermaxillaires. 

Ofuysie  :   Vî~Vï-,  (du  Chili,  par  M.  Eydoux;  Mus.  Paris;  PI.  XLVIII). 

FOSSILES    ATTRIBUÉS    AU   GENRE    DES    ORQUES. 

Cuvier  (4)  considérait  comme  un  Delphinidé  intermédiaire  à  l'Épaulard  et  au 
ïursio  ou  Nésarnack,  mais  qu'on  ne  devait,  suivant  lui,  confondre  ni  avec  l'un  ni 
avec  l'autre  de  ces  animaux,  l'espèce  découverte  en  1795,  par  Cortesi,  dans  la 
colline  de  Torazza  (Apennins)  ;  il  en  sera  question  à  propos  des  Tursiops.  Quant 
à  YOrca  Meyeri  de  M.  Brandt  (2),  qui  répond  au  Delphinus  acutidens  de  H.  de 
Meyer,   il  nous  est  encore  impossible  de  nous  prononcer  à  son  égard. 


(1)  Oss./oss.,  t.  V,  partie  1,  p.  309,  PI.  XXIII, ^.  1-2. 

(2)  Delphinus  acutidens,  H.  V.  Meyer,  Paleeontogr.,  t.  VII,  p.  105,  PI.  XIII.  —  ?  Orca  acutidens,  H.  Brandt, 
Cetacea  Europa's,  p.  227. 


S48  GENRE   PSEUDORCA. 


GENRE   PSEUDORCA. 


Les  Pseudorques  (1)  sont  des  Phocénins  se  rapprochant  des  Orques  proprement 
dits  par  leurs  dimensions;  il  ont  les  habitudes  voraces  de  ces  animaux  et  ne  se 
distinguent  d'eux  que  par  des  caractères  peu  tranchés.  C'est  à  M.  Reinhardt  que 
l'on  doit  d'avoir  reconnu  qu'ils  doivent  cependant  en  être  séparés  générique- 
ment. 

Il  a  pensé  que  le  squelette  presque  entier  d'un  Cétacé  voisin  de  l'Orque  qui  fut 
trouvé  en  -1845  dans  une  grande  tourbière  située  dans  le  Lincolnshire,  auprès  de 
Stamford  (Angleterre),  et  que  M.  Ovven  avait  décrit  en  en  faisant  figurer  le  crâne  ainsi 
que  la  synostose  cervicale  comme  provenant  d'une  espèce  voisine  de  l'Orque  à  la- 
quelle il  avait  donné  le  nom  de  Pliocxna  crassidens  (2),  appartenait  à  une  espèce 
dont  il  venait  lui-même  de  constater  la  présence  dans  la  faune  maritime  du  Dane- 
mark, espèce  qui  lui  paraissait  devoir  constituer  un  genre  à  part. 

Depuis  lors,  M.  Flower  (5)  a  signalé  sous  le  nom  de  Pseudorca  meridionalis 
uue  seconde  espèce  du  même  genre. 

Ayant  reçu  de  M.  Reinhardt  une  tête  osseuse  et  quelques  ossements  de  son 
Pseudorca  crassidens  (PI.  L,  fig.  7-17),  et,  de  M.  Flower,  des  pièces  analogues  tirées 
du  Pseudorca  meridionalis  (PI.  L,  fig.  1-6),  il  nous  a  été  possible  de  constater  que 
ces  animaux  doivent  être  en  effet  séparés  des  Orques  et  qu'ils  appartiennent  bien 
à  deux  espèces  distinctes.  C'est  aussi  au  moyen  de  ces  éléments  de  comparaison 
que  nous  avons  été  conduit  à  reconnaître  dans  le  Globiocephalus  Grayi  de  M.  Rur- 
meister,  pris  à  l'embouchure  de  la  Plata,  un  animal  du  même  genre,  et  nous  avons 
publié  à  cet  égard  une  Note  spéciale  (5).  M.  Reinhardt  était,  de  son  côté,  arrivé  à  la 
même  conclusion,  ainsi  qu'il  s'en  est  expliqué  dans  un  travail  paru  à  Copenhague 
en  1872  (6).  Tout  porte  même  à  penser  que  ce  Pseudorque  des  côtes  de  Patagonie 


(1)  Pseudorca,  Reinhardt,  Acad.  r.  se.  Copenhague,  1862.  —  ld.,  Ray  Society,  Cetacea,  p.  189. 

(2)  Fossil  Mammals  and  Dirds,  p.  516,_/fy.  213  et  21 4;  1846. 

(3)  Proceed.  zool.  Soc.  London,  1864,  p.  420,  fig.  1  et  2. 

(4)  Ann.  Mus.  publ.  Buenos-Aires,  t.  1,  p.  367,  PI.  XXI,  fig.  3-6;  1869. 

(5)  Journ.  de  Zoologie,  t.  I,  p.  68. 

(6)  Videnskabelige  Meddelelser  natur.  Forening.  —  Journ.  de  Zoologie,  t.  II,  p.  36. 


CARACTÈRES  PRINCIPAUX.  549 

ne  diffère  pas  comme  espèce  de  ceux  qui  ont  été  pris  sur  les  côtes  du  Danemark. 
La  partie  dentaire  de  la  mâchoire  inférieure  d'un  Cétacé  approchant  des  Pseud- 
orques  par  ses  dimensions,  mais  cependant  moins  grand  qu'eux  et  qui  portait 
\  0  paires  de  dents,  toutes  plus  semblables  par  leur  forme  conique  à  celles  des  ani- 
maux de  ce  genre  qu'à  celles  des  Orques  proprement  dits  dont  le  lut  est  comprimé 
et  qui  m'a  été  remise  par  M.  le  professeur  Crova,  de  Montpellier,  pourrait  bien 
provenir  du  genre  dont  nous  parlons  actuellement.  Sa  région  symphysaire  est  aussi 
de  même  forme;  cependant  de  nouvelles  observations  permettront  seules  de  dé- 
cider s'il  existe  réellement  des  Pseudorques  dans  la  Méditerranée.  Cette  màcboire 
est  celle  d'un  individu  échoué  entier  sur  la  côte  d'Elue  (Pyrénées-Orientales)  en 
1857.  On  trouvera  la  figure  de  cette  pièce  dans  la  PI.  LXIV,  fig.  5. 

Squelette.  —  Le  crâne  des  Pseudorques  est  plus  court  que  celui  des  Orques  et 
plus  large  dans  sa  partie  faciale.  Son  principal  caractère  consiste  dans  la  forme  des 
os  intermaxillaires,  qui,  au  lieu  d'être  hastiformes  dans  leur  partie  faciale,  sont  plus 
élargis,  plus  obtus,  rétrécis  plus  près  du  trou  sous-orbitaire  et  élargis  un  peu  en 
avant  du  même  point  au  lieu  d'y  être  resserrés  comme  cela  a  lieu  chez  les  Orques, 
plus  particulièrement  chez  l'Épaulard.  Les  crêtes  temporales  y  sont  moins  sail- 
lantes que  chez  ce  dernier,  et  la  crête  cérébrale  conserve  plus  d'ampleur.  La  forme 
de  la  mâchoire  inférieure  envisagée  dans  sa  portion  symphysaire  est  sensiblement 
différente  à  certains  égards.  La  forme  de  la  partie  faciale  des  intermaxillaires,  qui 
est  à  peu  près  la  même  dans  les  deux  espèces  n'est  cependant  pas  identique.  Ces 
os  sont  un  peu  moins  larges  et  plus  bombés  dans  le  Psendorca  meridionalis  et 
ils  s'éloignent  déjà  moins  de  ceux  des  Ophysies  que  ceux  du  Pseudorca  cras- 
sidens. 

Les  Pseudorques  ont  les  vertèbres  à  peu  près  semblables  à  celles  des  Orques, 
cependant  les  apophyses  y  sont  déjà  un  peu  plus  faibles  et  un  peu  plus  longues. 
Les  cervicales  antérieures  de  ces  animaux  ont  les  apophyses  épineuses  moins  sail- 
lantes. Chez  le  Pseudorca  meridionalis  (PI.  L,  fig.  5,  et  LUI,  fig.  2),  les  cinq  pre- 
mières des  vertèbres  de  cette  région  ont  ces  apophyses  synostosées  sans  que  la 
partie  neurapophysaire  postérieure  de  la  cinquième  ni  son  centrum  se  soudent 
avec  la  face  antérieure  de  la  sixième,  et,  chez  le  P.  crassidens  (PI.  L,  fig.  0,  et  Ll, 
fig.  3),  le  centrum  de  la  sixième  fait  partie  de  la  synostose   formée  par  ces 


550  GENRE  ORCdSLLA. 

vertèbres  sans  que  son  apophyse  épineuse  soit  coalescente  avec  les  leurs  (\). 

Dans  les  deux  espèces,  la  septième  cervicale  reste  libre,  mais  son  corps  ne 
fournit  pas  de  facette  costale  apparente. 

La  pectorale  de  ces  animaux  (pi.  L,  fig.  6  et  15  à  16)  est  courte  sans  l'être  autant 
que  celle  des  Orques  ;  il  y  a  cinq  os  carpiens  et  les  phalanges  sont  disposées  con- 
formément aux  nombres  suivants  :  1,  6,  6,  5  et  \ . 

Système  dentaire. —  Les  Pseudorques  ont  les  dents  fortes  à  la  manière  de  celles 
des  Orques,  mais  plus  régulièrement  coniques  et  un  peu  inclinées  en  dedans;  ces 
dents  ont  aussi  la  racine  plus  grande  que  la  couronne,  laquelle  manque  de  cément. 

g Q 

Notre  crâne  de  Pseudorca  crassidens  possède^ — ^,  et  a  ses  alvéoles  bien  dis— 

q e 

tinctes;  on  trouve  la  même  formule  :  ^ — ^  chez  le  Pseudorca  meridionalis ,  mais 
ici  la  première  paire  supérieure  est  bien  plus  petite  que  dans  l'espèce  précédente. 


GENRE   ORCELLA. 

C'est  un  genre  propre  à  l'Inde;  il  est  fondé  sur  l'examen  d'un  petit  nombre 
d'exemplaires  dont  on  a  fait  deux  espèces,  mais  qui  n'en  constituent  peut-être' 
qu'une  seule.  M.  Owen  en  a  d'abord  décrit  un  sous  le  nom  de  Phocxna  brevi- 
rostris  (2),  un  crâne  provenant  des  parages  de  Visagapatam,  près  Madras,  recueilli 
par  M.  Elliot;  MM.  John  Anderson  et  Blyth  (5)  signalent,  de  leur  côté,  l'Orcella  dans 
les  estuaires  du  Gange,  et  le  premier  de  ces  naturalistes  l'a  également  reçu  de 
l'irrawaddy,  où  il  vit  dans  les  branches  profondes  de  ce  fleuve  depuis  500  jus- 
qu'à 1 ,000  milles  de  la  mer;  c'est  alors  son  Orcœlla  jluminalis  (A). 

Nous  attribuons  au  môme  genre,  sinon  à  la  même  espèce  (5),  le  Dclphinidé  flu- 


(I)  Dans  la  figure  de  Pseudorca  crassidens,  donnée  par  M.  Owen,  les  cinq  cervicales  antérieures  sont 
seules  soudées  entre  elles. 

>)  Trans.  zool.  Soc.  London,  t.  VI,  p.  24,  PI.  IX, fig.  1-3  (reproduites  dans  l'Atlas  du  présent  ouvrage, 
PI.  XI. IX,  fig.  Bet8  bis). 

(3)  Cités  par  M.  Gray,  Calai.  1871,  p.  80. 

(4)  Vroceed.  zool.  Soc.  London,  1871,  p.  42  (avec  figures  reproduites  ci-dessous). 
:.)  P.  Gervais,  Journal  de  Zoologie,  t.  VI,  p.  157;  1877. 


CARACTÈRES  PRINCIPAUX.  551 

viatile  du  Meï-Kong,  dont  M.  le  D.  Roux,  chirurgien  de  la  marine  française,  en 
ce  moment  sous  les  ordres  de  M.  le  commandant  Vignes,  a  récemment  envoyé  au 
Muséum  de  Paris  deux  têtes  en  chair  dont  les  crânes  ont  été  préparés;  la  figure 
que  l'on  en  voit  sur  notre  PI.  LXIV  est  celle  de  l'un  de  ces  exemplaires;  on  y 
a  joint  le  dessin  de  moule  extérieur  de  cette  portion  de  l'animal  lorsquelle  était 
encore  revêtue  de  ses  chairs  et  de  sa  peau. 

M.  Roux  s'est  procuré  plusieurs  de  ces  Dauphins,  et  il  compte  envoyer  bientôt  à 
Paris  le  squelette  complet  de  l'un  d'eux. 

Dans  une  lettre  écrite  à  M.  le  commandant  Vignes,  et  dont  celui-ci  a  transmis 
copie  à  M.  A.  Edwards,  il  rappelle  que,  d'après  les  pêcheurs  cambodgiens,  les  Dau- 
phins du  Meï-Kong  ne  vivent  que  dans  l'eau  douce.  Lorsqu'à  l'époque  des  inonda- 
tions, le  fleuve  entre  en  crue,  on  en  trouve  à  Phnum-Pente  et  même  au-dessous  ; 
mais  lorsque  la  baisse  arrive  et  que  les  effets  de  la  marée  commencent  à  se  faire 
sentir,  ces  animaux  remontent  vers  le  haut  du  Meï-Kong,  fuyant  les  eaux  saumà- 
tres.  Les  deux  exemplaires  dont  M.  Roux  nous  a  envoyé  les  têtes  ont  été  pris  à 
260  milles  marins  de  l'embouchure  du  fleuve,  en  un  point  où  l'eau  est  toujours 
douce,  et,  bien  que  ce  fût  à  l'époque  des  basses  eaux,  bien  que  l'énorme  colonne 
d'eau  que  débite  le  Meï-Kong  ne  fût  plus  en  ce  moment  un  obstacle  aux  effets  de 
la  marée,  jamais  l'eau  n'a  été  saumàtre  au  point  où  ils  vivaient;  déjà  même  il  en 
est  ainsi  à  moitié  de  la  distance  de  ce  point  à  l'embouchure  du  fleuve. 

Il  est  difficile  de  décider  si  l'Orcella  de  Meï-Kong  est  de  la  même  espèce  que 
celui  de  l'Irrawaddy,  attendu  qu'on  ne  connaît  pas  les  caractères  ostéologiques 
de  ce  dernier;  mais  rien  ne  nous  autorise  non  plus  à  dire  qu'il  en  diffère.  Ses 
rapports  génériques  avec  ce  Cétacé  nous  sont  démontrés  par  la  forme  exté- 
rieure de  la  partie  que  nous  avons  pu  en  observer,  c'est-à-dire  par  la  tête 
encore  recouverte  de  sa  peau,  et  la  comparaison  de  cette  portion  de  l'animal, 
dont  nous  donnons  d'ailleurs  la  figure,  ainsi  que  celle  de  son  crâne  (PI.  LXIV), 
avec  les  petites  figures  publiées  par  M.  Anderson,  la  ressemblance  extérieure  de 
l'Orcella  de  l'Irrawaddy  (Orcxlla  fluminalis)  avec  YOrcxlla  brevirostris ,  espèce 
également  reproduite  ici,  d'après  le  même  naturaliste,  ne  laissent  aucun  doute 
sur  son  identité  générique  avec  l'Orcella  du  Gange.  En  effet,  M.  Anderson  a 
eu  l'occasion  de  comparer  entre  eux  les  deux  animaux  dont  il  s'agit,  et,  sans 
doute  aussi,  leurs  crânes  avec  celui  qu'a  décrit  M.  Owen.  Or,  le  crâne  de  l'Orcella 


552  GENRE  ORC^ELLA. 

du  Meï-Kong  ne  différant  pas  sensiblement  de  celui  qui  sert  de  type  à  YOrcœtta 
brevirostris ,  du  moins  à  en  juger  par  la  figure  qui  a  été  publiée  de  ce  dernier, 

le  classement  de  ce  Dauphin 


dans  le  genre  qui  nous  occupe 
ne  nous  paraît  pas  contes- 
table. Cependant  les  éléments 
nous  manquent  encore  pour 
décider  si  ces  animaux  sont, 
comme  on  pourrait  le  croire, 
d'une  seule  et  même  espèce, 
ou  s'il  faut,  au  contraire,  les 
séparer  les  uns  des  autres,  ce 
qui  est  moins  probable;  aussi 
parlerons-nous   de    l'Orcella 


Orcïlla  flumiualis. 


de  Cochinchine  sans  lui  donner  de  nom  spécifique  particulier. 

Squelette.  —  Ainsi  que  uous  l'avons  dit,  nous  ne  possédons  que  le  crâne  des  Or- 
cella  du  Meï-Kong,  et  c'est  aussi  une  pièce  analogue,  conservée  au  musée  de  Lon- 
dres, où  il  nous  a  été  possible  de  l'étudier,  qui  sert  de  type  à  YOrcœlla  brevirostris. 

M.  Owen  a  accompagné  d'une  longue  description  la  figure  donnée  par  lui  de 
cette  dernière  pièce. 

Les  crânes  dont  nous  parlons  n'indiquent  pas  un  animal  appartenant  au  genre 
Phoesena,  tel  qu'on  le  définit  aujourd'hui.  Ils  sont  plus  renflés  et  plus  larges  dans 
la  région  cérébrale  et  la  partie  rostrale  en  est  plus  élargie  ;  les  côtés  en  sont  aussi 
plus  convexes.  On  ne  saurait  pas  davantage  comparer  ces  crânes  à  celui  des 
Céphalorhynques,  dont  une  des  formes  les  mieux  connues  répond  au  Phoca-na 
capensis  de  F.  Cuvier,  et  ceux-là  s'éloignent  à  leur  tour  des  Marsouins  propre- 
ment dits  par  la  forme  conique  et  non  en  palmettes  de  leurs  dents;  ce  qui  est 
aussi  le  cas  du  Phoesena  breviroslris  et  des  autres  Orcella. 

L'analogie  est  bien  plus  grande  avec  le  crâne  des  Globicéphales,  quoique  le 
rostre  soit  moins  élargi  à  la  partie  correspondante  de  ses  os  iutermaxillaires  qui 
reste  ainsi  notablement  plus  étroite. 

Ln  réalité,  c'est  avec  celui  des  Orques  du  groupe  de  l'Épaulard  que  le  crâne  du 


CARACTÈRES  PRINCIPAUX.  553 

Delpbinidé  fluviatile,  particulier  aux  grands  fleuves  de  l'Inde,  doit  être  comparé, 
bien  qu'il  soit  de  forme  plus  raccourcie  et  que  les  sutures  des  os  maxillaires  et 
intermaxillaires  n'y  présentent  pas  exactement  les  mêmes  lignes.  D'ailleurs,  des 
figures  (1)  mettront  mieux  en  relief  ces  caractères  que  ne  pourrait  le  faire  une 
description  même  détaillée. 

Le  plus  fort  de  nos  deux  crânes  mesure  0,50  depuis  l'extrémité  des  os  inter- 
maxillaires jusqu'à  la  saillie  des  condyles  occipitaux.  Sa  largeur,  prise  entre  les 
cavités  glénoïdes,  est  de  0,21  et  de  0,4  85  aux  saillies  préorbitaires. 

La  mâchoire  inférieure  est  longue  de  0,24  ;  sa  symphyse  est  courte,  mais  solide  : 
elle  occupe  0,030. 

C'est  par  allusion  à  la  ressemblance  du  crâne  du  Phocssna  breviroslris ,  Owen, 
avec  celui  des  Orques,  que  M.  Gray  avait  proposé  de  donner  à  ce  curieux  Dauphin 
le  nom  iVOrcéel/d  (2),  qui  est  un  diminutif  du  mot  Orca.  Cette  dénomination  a 
dû  être  étendue  aux  animaux  analogues,  propres  aux  grands  fleuves  de  l'Inde,  qui 
ont  été  découverts  ces  dernières  années. 

Nous  avons  dit  que  les  Orcelles  avaient  les  dents  déforme  conique;  elles  sont 

courtes  et  pointues;  leur  couronne  est  dépourvue  de  cément.  Sur  celui  de  nos 

19 17 

deux  sujets  qui  les  possède  en  totalité,  il  y  en  a  j^ — r^;  chez  le  second,  elles 

ont  été  pour  la  plupart  cassées  au  collet,  sans  doute  lorsque  l'animal  a  été  capturé. 
Leur  nombre  paraît  avoir  été  sensiblement  le  même. 
Les  autres  crânes  observés  ont  pour  formule  dentaire  : 

Orcœlla  brevirostris  :  —,  d'après  MM.  Owen  et  Gray;  r^,  d'après  M.  Anderson. 

14 
Orcxlla  fluminalis  :  — ,  d'après  M.  Anderson. 

(1)  Voir  pi.  LXIV,  fig.  3  et  3'. 

(2)  Calai.  Seals  and  Whales  Brit.  Mas.,  p.  283;  1866. 


70 


GENRE  GLOBICEPHALUS 

Remarques  historiques.  —  Il  existe  en  quantité  dans  l'Océan  Glacial,  ainsi  que 
dans  les  régions  septentrionales  de  l'Atlantique,  une  grande  espèce  de  Phocénins, 
qui  est,  après  l'Épaulard,  le  plus  gros  des  animaux  fournis  par  la  même  famille 
à  ces  parages  :  c'est  le  Svineval  des  Scandinaves  (1).  Elle  est  différente  de  l'Epau- 
lard par  ses  dents  plus  petites,  moins  solidement  implantées,  et  qui  ne  lui  fournis- 
sent pas  des  armes  aussi  redoutables;  en  outre,  le  Svineval  se  distingue  extérieu- 
rement par  la  forme  renflée  et  comme  globuleuse  de  sa  tête;  ses  pectorales  sont 
aussi  beaucoup  plus  longues  que  celles  des  Orques  et  comme  falciformes,  ce  qui, 
à  défaut  des  autres  caractères,  fournis  par  le  squelette,  le  reste  des  organes  et  la 
forme  extérieure  du  corps,  ne  permettrait  de  le  confondre  ni  avec  ces  animaux,  ni 
avec  aucun  autre  des  genres  que  l'on  doit  aujourd'hui  admettre  parmi  les  Céto- 
dontes.  Le  renflement  de  sa  tête  tient  à  la  présence  au-dessus  des  os  de  la  face 
d'une  substance  d'apparence  huileuse,  renfermée  dans  les  mailles  d'un  tissu  de 
nature  fibreuse,  que  l'on  donne  comme  étant  analogue  au  sperma  ceti. 

Quoique  les  principaux  traits  distinctifs  de  l'animal  dont  il  s'agit  n'aient  été 
décrits  qu'à  une  époque  récente,  il  a  dû  être  observé  et  séparé  des  autres  espèces 
de  la  même  grande  division  des  Cétacés  depuis  bien  longtemps.  Il  passe  réguliè- 
rement en  bandes  considérables  dans  certains  parages,  ou  s'y  montre  constam- 
ment, et  l'on  en  tire  à  l'occasion  un  grand  profit,  particulièrement  sur  les 
côtes  d'Islande  et  dans  les  îles  qui  sont  situées  au  nord  de  l'Ecosse.  Le  Svineval 
vient  aussi  clans  les  eaux  de  la  Norwége,  dans  celles  de  la  Hollande  et  de  la  Belgique, 
sur  certains  points  du  littoral  de  la  Grande-Bretagne,  mais  il  y  est  moins  abondant. 
On  l'observe  également,  quoique  d'une  manière  purement  accidentelle,  sur  certains 
points  de  nos  départements  maritimes,  soit  dans  l'Océan,  soit  dans  la  Méditer- 
ranée (2),  et  l'espèce  va  jusque  dans  l'Adriatique.  Le  plus  souvent,  elle  apparaît 


(1)  Grmd-Whale  des  habitants  des  Feroës;  Ca'uitj-Whale  de  ceux  des   Shetlands;   Nesar~Nack  des 
Islandais  (d'après  Eschricht). 

(2)  Risso,  Europe  mérid.,  t.  III,  p.  23.  —  P.  Gervais,  Comptes  rendus  hebd.,  t.  LIX,  p.  878  ;  186i. 
Le  squelette  d'un  exemplaire  pris  à  San-Rossorc  esteonseivé  au  musée  de  Pise. 


DISTRIBUTION  GÉOGRAPHIQUE.  555 

par  troupes  et  ces  troupes  peuvent  être  composées  d'un  très-grand  nombre  d'in- 
dividus. 

JI  y  en  avait  70  dans  celle  qui  échoua  en  1807  dans  la  baie  de  Paimpol  (Côtes- 
du-Nord),  et  dont  G.  Cuvier  (F)  a  parlé  d'après  les  renseignements  accompagnant 
quelques  crânes  tirés  de  ces  animaux,  que  lui  envoya  M.  Lemaout,  pharmacien 
de  Saint-Brieuc,  dont  le  fils  s'est  fait  connaître  très-avantageusement  comme 
botaniste. 

En  4  871,  une  bande  d'au  moins  cent  Globicéphales,  mais  dont  quelques  sujets 
purent  seuls  être  capturés,  s'est  montrée  dans  la  baie  de  la  Forêt,  située  dans  le 
département  du  Finistère.  Le  crâne  d'un  de  ces  Cétacés  que  M.  Guillou  conserve  à 
Concarneau,  où  je  l'ai  examiné,  ne  laisse  aucun  doute  sur  leur  identité  spécifique 
avec  les  animaux  dont  nous  parlons. 

Une  autre  troupe,  composée  de  quelques  individus  seulement,  se  perdit  en 
\  804,  sur  le  littoral  des  Pyrénées-Orientales  (2).  Nos  planches  LI,  fig.  M4  et  LUI, 
fig.  4-1 1 ,  sont  tirées  d'un  deces  exemplaires,  appartenant  à  la  Faculté  des  sciences 
de  Montpellier,  et  j'ai  remis  à  différents  musées  des  crânes  de  sujets  provenant  de 
la  même  capture. 

En  général,  c'est  l'échouement  du  chef  de  la  troupe  avant  qu'ils  n'aient  lou- 
ché terre,  qui  détermine  la  perte  de  tous  les  autres  ou  de  la  plupart  d'entre  eux  ;  ils 
le  suivent  et  restent  impuissants  sur  la  plage,  où  ils  ne  tardent  pas  à  être  pris. 
Leurs  cris  plaintifs  attirent  les  gens  du  littoral,  et  l'on  peut  aider  à  cette  chasse 
en  les  poursuivant  au  moyen  de  bateaux.  C'est  à  l'habitude  qu'ont  les  Globiceps 
de  suivre  leur  conducteur,  que  fait  allusion  le  nom  de  Delphims  deductor  donné 
à  l'espèce  européenne  de  ce  genre,  par  Scoresby  (5). 

D'autres  fois,  ce  sont  des  individus  isolés  qui  viennent  à  la  côte;  tel  est,  entre 
autres  cas,  celui  d'un  animal  de  cette  espèce  pris  au  Havre  en  \SV>6  et  qui  a  été  des- 
siné pour  la  collection  des  Vélins  du  Muséum.  Son  squelette  est  conservé  dans 
le  même  établissement. 

C'est  aussi  un  sujet  isolé  qui  fut  capturé  sur  les  côtes  de  la  Belgique,  à  Anvers, 


(1)  Ami.  Muséum,  t.  XIX,  p.  1,  PI.  l,Jlg.  2  et  3.  -  Oss.foss.,  t.  V,  part.  1,  p.  2S5,  PI.  XXI,  Jig.  11-13. 

(2)  L'èchouage  a  eu  lieu  à  Barcarès  et  sur  quelques  points  peu  éloignés.  Je  parle  de  ces  Globicephalus 
dans  la  communication  que  j'ai  adressée  a  l'Académie  des  sciences  pendant  la  même  année. 

(3)  An  account  qf  thf  arclic  régions. 


556  GENRE  GLOBICEPHALIS. 

en  -1 859 .  Celui-ci  a  fourni  à  M.  Van  Beneden  ( I)  le  sujet  d'une  note  spéciale;  on 
cite  d'autres  exemples  de  pareils  échouements  en  divers  autres  lieux  et  à  diffé- 
rentes époques. 

Malgré  les  facilités  que  donnait,  pour  l'étude  de  cette  espèce,  la  fréquence  de 
ces  échouements,  elle  n'a  été  distinguée  des  autres  animaux  du  genre  Delphinus,  tel 
que  l'avait  compris  Linné,  que  parles  naturalistes  du  siècle  actuel.  0.  Fabricius 
et  0.  F.  Muller  ne  semblent  pas  l'avoir  connue  et  aucun  des  Dauphins  men- 
tionnés par  Gmelin,  dans  son  édition  du  Systema  naturx,  ne  paraît  non  plus  lui 
correspondre.  ïraill  l'a  nommée  Delphinus  mêlas  (2)  par  allusion  à  sa  couleur 
noire,  avant  que  Scoresby  ne  l'appelât  D.  deductor;  ce  n'est  qu'à  une  date  plus 
récente  qu'elle  est  devenue  le  D.  globieeps  de  Cuvier  (3).  • 

On  rencontre  des  Cétacés  de  la  forme  duSvineval,  noirs  comme  lui  et  fréquem- 
ment pourvus  d'une  bande  blanchâtre  qui  s'étend  en  dessous  du  corps  depuis  la 
gorge  jusqu'à  l'anus,  non-seulement  dans  l'Océan  Glacial  et  dans  les  parties  septen- 
trionales ou  tempérées  de  l'Atlantique,  soitcelles  qui  dépendent  de  l'Europe,  soit  le 
long  de  l'Amérique  septentrionale  (4);  il  s'en  prend  aussi  dans  la  Caroline  du  Sud 
et  aux  Antilles  (5);  il  en  existe  aussi  dans  les  régions  les  plus  chaudes  de  l'Atlan- 
tique (6);  et  l'on  en  retrouve  dans  le  Pacifique,  au  nord  comme  au  sud;  il 
y  en  a  également  à  la  Nouvelle-Zélande  (7). 

Toutefois  les  caractères  de  ces  Globicéphales,  animaux  souvent  appelés  Black 
fis  h  par  les  navigateurs,  à  cause  de  leur  couleur  noire,  ne  sont  pas  absolument  les 
mêmes,  dans  toutes  les  régions  maritimes  où  on  les  observe  et  il  est  évident  qu'il 


(i)  Bull.  Acud.  r.  de  Belgique,  2e  série,  t.  VIII,  p.  312.  —  Mêm.  Acad.  r.  Belgique,  t.  XXII,  p.  18. 
(2)  Niclwlsons  Journal,  t.  XXII,  p.  21,  PI.  III  ;  1809. 
(3j  Loco  cit. 

(4)  Delphinus  intermedius,  Harlan,  Journ.  Acad.  nat.  se.  Philadelphia,  t.  VI,  p.  51,  PI.  I  et  Médical  and 
physical  Eesearches,  p.  72,  av.  fig. —  Globiocephalus  mêlas,  Allen,  Mammals  of  Massachusetts,  p.  30. 

(5)  PI.  \A\,fig.  3  (Muséum  de  Paris).—  Gl.  intermed,  Gray,  Cal.  1866,  p.  318.—  Gl.  brachypterus,  Cope, 
Proceed.  Acad,  nal.  se.  Philadelphia,  1876,  p.  10  avec  fiy.  (de  la  baie  de  Delaware). 

(6)  Globiocephalus  propinquus,  Malm,  Hvaldjur  i  Sveriges  Museer  (Musée  de  Gothembourg). 

(7)  PI.  1,11,  fig.  i.  C'est  le  Globiocephalus  macrorhynchus,  Gray,  dont  nous  possédons  au  Muséum  plu- 
sieurs crânes  et  des  squelettes,  rapportés  ou  envoyés  pardiverses  personnes  (MM.  le  D.  Arnoux,  le  capitaine 
de  vaisseau  de  Lavaud,  von  Ilaast,  le  1).  H  Filhol,  etc.).  Un  velin  de  la  collection  du  Muséum  représentant 
l'exemplaire,  encore  jeune,  iiu'a  rapporté  M.  de  Lavaud,  montre  que  le  Globicéphale  de  la  Nouvelle-Zélande 
manque  delà  bande  blanchâtre  médio-inférieurc  qui  se  voit  chez  les  Svineval  de  l'Atlantique  septen- 
trionale et  môme  chez  les  exemplaires  que  l'on  prend  dans  la  Méditerranée  ainsi  que  dans  l'Adriatique  et 
aux  États-Unis. 


CARACTERES  SPÉCIFIQUES  357 

existe  parmi  eux  plusieurs  espèces  ou  tout  au  moins  plusieurs  races  bien  dictinctes 
que  l'on  peut  même  reconnaître  à  certaines  particularités  de  leur  forme  crânienne. 

Des  Cétacés  du  même  genre  ont  été  signalés  au  cap  de  Bonne-Espérance  (-1),  dans 
l'Inde  (2),  en  Chine  (5),  au  Japon  (4),  sur  les  côtes  de  la  basse  Californie  (o)  et 
dans  le  voisinage  d'Honolulu,  aux  îles  Hawaii  (6). 

Doit-on  accepter  autant  d'espèces  parmi  les  Globicéphales  que  M.  Gray  a  été  porté 
■  à  l'admettre?  C'est  ce  que  nous  n'oserions  affirmer,  des  crânes  provenant  de  toutes 
ces  espèces  supposées  n'ayant  pas  encore  pu  être  comparés  les  uns  aux  autres. 
Nous  sommes  porté  à  penser  qu'il  est  peu  probable  qu'il  en  soit  réellement 
ainsi.  Cependant  plusieurs  de  ces  animaux  diffèrent  les  uns  des  autres  d'une 
manière  très-appréciable,  principalement  par  la  forme  de  leurs  os  incisifs  exami- 
nés dans  la  partie  faciale,  c'est-à-dire  au  rostre,  et  il  est  facile  de  les  distinguer 
par  ce  caractère  du  Svineval  qui  reste  le  type  du  genre  et  devra  conserver  la  déno- 
mination de  Globicephalus  mêlas;  c'est  ce  que  nous  essayerons  de  montrer  en  dé- 
crivant le  crâne  des  Globicéphales. 

Mais,  très-probablement,  ce  ne  sont  pas  là  autant  d'espèces  différentes  les  unes 
des  autres,  et  si  l'on  se  bornait  à  en  juger  par  les  nombreuses  dénominations  que 
l'on  a  imposées  aux  Cétacés  de  ce  genre,  on  serait  certainement  conduit  à  exagérer 
le  nombre  de  celles  qui  existent  réellement. 

Les  caractères  communs  des  Globicéphales  sont  tirés  de  la  forme  globuleuse  de 
leur  front,  de  la  conformation  générale  de  leur  crâne,  de  l'apparence  de  leurs  dents  et 
du  médiocre  développement  ainsi  que  du  nombre  de  ces  organes  qui  sont  le  plus 

\  0    12 

souvent  établis  d'après  la  formule  j7»ày~.  La  disposition  falciforme  des  pecto- 
rales et  leur  allongement,  la  forme  de  la  nageoire  dorsale  qui  est  peu  différente  de 

(1)  Musée  de  Bordeaux  :  exemplaire  rapporté  des  environs  du  cap  de  Bonne-Espérance  par  MM.  J.  et 
E.  Verreaux.  C'est  peut-être  le  Phocœna  Edwardsii,  A.  Smith  {Globiocephalus  Edwardsii,  Gray). 

(2)  Globiocephalus  indicus,  Blyth.  Journ.  asiatic  Soc.  liengal,  t.  XIX,  p.  246. 

(3)  Delphinus  chinensis,  Blyth,  Report  Asialic  Soc,  11. 

(4)  Delphinus  globiceps,  Schlegel,  Faunajap.,  p.  17,  PL  XXVII  {Globiocephalus  Sieboldii,  Gray).  M.  Schle- 
gel  dit  que  c'est  le  Golô  des  Japonais  qui  en  distingueraient  trois  variétés,  savoir:  le  Naisa-Golô,  entière- 
ment noir;  le  Siho-Golô,  de  couleur  pourpre,  avec  une  tache  blanche  derrière  la  dorsale  et  plusieurs  plis 
à  la  mâchoire  inférieure,  et  YOhonau-Gotô,  noir,  à  gueule  spacieuse  et  à  museau  très-large.  Rien  ne 
prouve  toutefois  que  ce  sont  bien  là  des  animaux  de  môme  espèce. 

(5)  Globiocephalus  Scammoni,  Cope,  Proceed.  phil.  Acad.,  1869,  p.  22.  —  Scammon,  Marine  Wammals 
p.  85,  PI.  XVI. 

(6)  Muséum  de  Paris;  envoi  de  M.  Ballieu,  consul  de  France  à  Honolulu. 


558  GExNRE  GLOBICEPHALUS. 

celle  des  Dauphins  ou  des  Marsouins,  enfin  certaines  parties  du  squelette,  four- 
nissent aussi  de  bons  caractères  qui  ne  permettent  pas  de  réunir,  comme  on  l'a 
fait  longtemps,  les  Delphinitlés  dont  nous  parlons  aux  Orques  ou  aux  Grampus, 
et  il  est  certainement  convenable  de  faire  de  ces  animaux  un  genre  à  part, 
comme  l'a  proposé  Lesson.  Le  nom  de  Globicepliala  a  d'abord  été  donné  à  ce  genre 
par  cet  auteur  (1),  et  ce  nom  a  été  remplacé  bientôt  après  par  M.  Gray  (2)  par  celui 
de  Globiocephalus,  auquel  on  a  substitué  depuis  celui  de  Globicephalus,  qui  paraît 
avoir  prévalu  comme  plus  correct.  Wagler  avait  précédemment  réuni  les  Globicé— 
phales  aux  Grampus  sous  la  dénomination  de  Cetus  (5). 

Quoique  nos  collections  ne  possèdent  pas  des  crânes  de  Globicépbales  recueillis 
dans  toutes  les  localités  citées  plus  haut,  elles  en  ont  reçu  d'un  certain 
nombre  d'entre  elles  et  il  nous  sera  possible  de  décider,  avec  quelque  certitude, 
de  la  valeur  de  quelques-unes  des  espèces  admises  par  les  auteurs  qui  viennent 
d'être  mentionnées.  La  mieux  connue  de  ces  espèces  est  la  suivante  : 

»ioMcepBs>»Eii3  oiteias  (le  Svineval).  —  Cette  première  race  ou  espèce,  à  laquelle 
appartiennent  les  Globicépbales  propres  à  l'Océan  Glacial,  à  l'Atlantique  septen- 
trionale et  à  la  Méditerranée,  a  pour  caractères  constants  la  couleur  presque  en- 
tièrement noire  de  son  corps  et  la  bande  blanchâtre  qui  s'y  dintingueà  la  partie 
inférieure.  Cette  espèce  (PL  Ll,  fig.  I ,  et  LU,  fig.  \  et  2),  dont  Lacépède  (4)  a  parlé, 
sous  le  nom  de  Catodon  Svineval,  et  V.  Camper  (6)  sous  celui  d'Aodon  ou  Narval 
édenté,  répond,  ainsi  que  nous  l'avons  déjà  dit,  au  Delphinus  deductor  deScoresby 
ou  I).  gbbiceps  de  Cuvier  et  fait  par  conséquent  double  emploi  avec  le  Delphinus 
mêlas  de  Trail. 

On  doit  sans  doute  attribuer  aussi  à  ce  Globicéphale,  le  Globiocephalus  a  finis  de 
M.  Gray,  et  même  le  Sphserocephalus  incrassatus  du  même  auteur,  genre  pré- 
tendu nouveau,  établi  par  lui  sur  un  crâne  trouvé  à  Bridpoi  t,  côtes  d'Angleterre, 
qui  est  aujourd'hui  conservé  au  Musée  britannique.  Ce  crâne  m'a  paru  être  celui 


(1)  Nouv.  Tabl.  Règne  anim.,  p.  200;  1842. 

(2)  Catalogue  of  ihe  spécimens  of  Mammalia  in  llw  coll.  of  thn  Brit.  Muséum,  pari.  1  :  Celacea,  p.  86; 
1846. 

(3;  System  der  dmphibien,  j>.  33;  1830. 

(4)  Cétacés,  p. 216,  PI.  IX,  fig.  2. 

(5)  Cétacés,  p.  120,  PI.  XXXU-XXXIV. 

(6)  Calai,  oj Seuls  and  Whales  m  the  British  Mmeum,  p.  137  (de  la  mer  du  Nord). 

(7)  Ibid.,  p.:!'23,.//y.  63  et 64. 


SQUELETTE.  559 

de  quelque  Globicéphale  ordinaire,  roulé  par  les  eaux  et,  par  conséquent,  ayant 
ses  contours  émoussés  sur  différents  points. 

L'anatomie  du  Globicepltalus  mêlas  a  été  faite  plusieurs  fois;  nous  citerons  par- 
ticulièrement comme  s'en  étant  occupés  MM.  Macalister  (4)  et  Mûrie  (2).  On  voit 
dans  les  galeries  d'anatomie  du  Muséum  quelques  bonnes  préparations  relatives  au 
même  animal. 

Scgucictte.  —  Les  Globicéphales  possèdent  des  caractères  assez  importants  pour 
justifier  la  séparation  de  ces  animaux  en  un  groupe  à  part  dans  la  grande  famille 
des  Delphinidés,  et  il  nous  eût  été  facile  d'en  faire  une  sous-tribu  particulière  plutôt 
qu'un  simple  genre;  mais  cela  nous  eût  conduit  à  la  distinction  d'un  nombre  de 
catégories  bien  supérieur  à  celui  que  nous  nous  sommes  proposé  d'adopter,  car 
la  même  remarque  est  également  applicable  à  d'autres  genres  de  la  même  série. 
L'examen  du  squelette  justifierait  au  besoin  cette  assertion;  il  nous  montre  que  ces 
animaux  diffèrent  déjà  notablement  des  Orques,  mais  leurs  caractères  ne  sont 
encore  ni  ceux  des  Marsouins  ni  ceux  des  Dauphins  ordinaires  ;  on  ne  saurait  pas 
davantage  les  associer  aux  Grampus,  comme  quelques  auteurs  ont  cependant 
conseillé  de  le  faire. 

Leur  crâne  est  très-élargi  dans  sa  région  cérébrale  et  sa  partie  rostrale  ne  se 
rétrécit  pas  autant  que  chez  les  Marsouins  ou  les  Grampus,  animaux  qui  l'ont  ce- 
pendant moins  appointie  que  les  Dauphins  ordinaires.  La  région  fronto-nasale  est 
également  plus  relevée,  mais  la  face  reste  aplatie  et  les  os  intermaxillaires  en  occu- 
pent en  grande  partie  le  dessus  ;  leur  largeur  y  excède  de  beaucoup  celle  des 
maxillaires;  parfois  même  ces  derniers  ne  sont  plus  apparents  au-dessus  delà  ligne 
dentaire.  C'est  en  particulier  ce  qui  arrive  chez  les  sujets  avancés  en  âge,  princi- 
palement chez  ceux  de  la  race  propre  aux  mers  de  la  Guadeloupe  et  des 
Etats-Unis,  race  sur  laquelle  repose  l'espèce  que  M.  Gray  a  proposé  de  désigner 
par  le  nom  de  Globiocephalus  inter médius. 

Le  crâne  des  animaux  de  ce  genre  acquiert  en  même  temps  une  dimension 
relativement  considérable.  L'un  des  plus  gros  que  nous  possédions  a  0"',70  de 
long  et  0m,48  dans  sa  partie  la  plus  large.  La  même  région  osseuse  subit  quel- 
ques légères  modifications  dans  sa  forme  à  mesure  que  l'animal  avance  en  âge,  et 

(1)  Proceed.  zool.  Soc.  London,  1867,  p.  47. 

(2)  Trans.  zool.  Soc.  London,  t.  VIII,  p.  235,  PI,  XXX  à  XXXVI11  ;  18G7. 


560  GENRE  GLORICEI'HALUS. 

nous  l'avons  représentée  non-seulement  telle  qu'elle  est  chez  les  adultes,  mais 
aussi  chez  le  fœtus  (PI.  LXI1I,  fitj.  I),  où  l'espace  occupé  en  dessus  par  les  maxil- 
laires est  bien  plus  large  qu'il  ne  le  sera  plus  tard. 

Il  est  intéressant  devoir  que  tous  les  sujets  adultes  ne  sont  pas  absolument  sem- 
blables entre  eux  sous  ce  rapport.  Dans  les  Globicéphales  de  l'Atlantique  septen- 
trionale, la  partie  antérieure  des  intermaxillaires  devient  rugeuse,  mais  les  maxil- 
laires continuent  à  rester  visibles  de  chaque  côté  de  ces  os,  à  droite  et  à  gaucbe, 
bien  qu'ils  aient  perdu  en  ce  point  beaucoup  de  leur  étendue.  Cependant  l'exem- 
plaire de  la  Méditerranée  dont  nous  donnons  la  figure  (Pi.  LI,  fig.  \)  a  la  ligne  de 
séparation  de  ces  deux  pièces  osseuses  (os  intermaxillaires  et  maxillaires)  moins 
arquée  au-dessus  de  la  région  dentaire  qu'elle  ne  l'est  chez  nos  autres  Globicé- 
phales européens,  dont  l'un  (PI.  LU,  fig.  \)  est  du  nombre  de  ceux  que  Le- 
maout  père  a  pris  autrefois  sur  les  côtes  de  Bretagne,  et  dont  un  autre  [fig.  2)  fait 
partie  de  ceux  qui  ont  été  rapportés  d'Islande  par  P.  Gaimard. 

A  ne  considérer  également  que  la  région  faciale,  on  trouve  un  aspect  différent 
chez  les  Globicéphales  du  golfe  du  Mexique  et  de  la  Guadeloupe  (PI.  LU,  fig.  5)  que 
notre  collection  a  reçus  de  MM.  de  Castelnau  et  Lherminier;  cette  disposition 
résulte  d'un  élargissement  encore  plus  grand  des  os  intermaxillaires,  dont  le  bord 
externe,  encore  plus  arqué,  recouvre  en  totalité  la  partie  correspondante  des 
maxillaires.  Par  une  singularité  digne  de  remarque,  nous  trouvons  une  disposition 
à  peu  près  identique  dans  le  crâne  de  Globicépbale  que  M.  Ballieu  nous  a  dernière- 
ment adressé  des  îles  Hawaii.  M-  Copel'a  également  signalée  dans  son  Globicépbale 
brachyptère. 

Chez  tous  ces  exemplaires  et  chez  ceux  qui  sont  arrivés,  comme  eux  à  l'âge 
adulte,  la  partie  faciale  des  intermaxillaires  a  acquis  l'apparence  rugueuse  que  nous 
avons  précédemment  signalée.  Au  contraire,  cette  disposition  manque,  ou  n'est  que 
très-légèrement  indiquée  sur  les  os  intermaxillaires  des  crânes  provenant  de  la  Nou- 
velle-Zélande (Pi.  LU,  fig.  A),  lesquels  répondent  à  l'espèce  appelée  Globiocephatusma- 
crorltyncltus  par  M.  Gray,  et  le  bord  externe  des  mêmes  os  affecte  une  direction  plus 
rectiligne,  caractère  que  nous  avons  retrouvé  chez  l'exemplaire,  originaire  des 
mers  du  Cap,  que  possède  le  musée  de  Bordeaux. 

Si  l'on  admettait  comme  réelle  la  multiplicité  des  espèces  du  genre  Globicé- 
pbale, on  pourrait  ajouter  ces  caractères  à  ceux  que  l'on  a  tirés  de  la  couleur  de 


SQUELETTE.  561 

ces  animaux:  mais  nous  ne  craignons  pas  de  répéter  qu'il  s'agit  bien  plutôt  ici  de 
simples  races  que  d'espèces  véritables. 

Six  des  vertèbres  cervicales  sont  en  général  soudées  entre  elles  (Pi.  LI,  fig.  5 
et  5a,  et  LUI,  fig.  4)  chez  les  Cétacés  du  genre  Globicéphale;  ce  sont  les  six  pre- 
mières. Leur  synostose  s'opère  à  la  fois  par  les  centrums  et  par  les  apophyses 
épineuses,  mais  à  partir  de  la  quatrième,  le  centrum  tend  à  rester  distinct  et  il 
l'est  presque  entièrement  pour  la  sixième,  du  moins  chez  les  sujets  qui  ne  sont 
pas  encore  arrivés  à  un  âge  avancé.  Nous  possédons  8  régions  cervicales  affec- 
tant cette  disposition.  Deux  autres  de  nos  exemplaires  ont  non-seulement  la 
septième  vertèbre  séparée,  mais  aussi  la  sixième,  et,  chez  l'un  d'eux,  qui  pro- 
vient des  mers  de  la  Nouvelle-Zélande,  ces  sixième  et  septième  cervicales  sont 
réunies  entre  elles.  Un  autre  sujet,  également  Nouveau-Zélandais,  rentre  dans  le 
cas  ordinaire  :  6  +  \  (1). 

On  compte  \\  vertèbres  dorsales,  L5  lombo-sacrées  et  25  coccygiennes,  dont 
les  M  premières  portent  des  os  en  V. 

Ces  vertèbres  diffèrent  de  celles  des  Orques  et  des  Grampus  par  leur  forme,  mais 
en  tenant  à  la  fois  de  ces  deux  genres  de  Delphinidés.  Elles  sont  un  peu 
moins  robustes  que  chez  les  premiers  et  moins  raccourcies  que  chez  les  seconds  ; 
leurs  apophyses  épineuses  et  transverses  sont  en  même  temps  moins  semblables  à 
celles  d  s  Dauphins  ordinaires  que  dans  les  Grampus;  on  en  jugera  par  les 
ligures  composant  la  PL  LUI. 

Les  côtes  n'offrent  rien  de  particulier;  bornons-nous  à  rappeler  qu'elles  sont  en 
partie  aplaties,  et  que  la  première  paire  dépasse  les  autres  sous  ce  rapport.  Il  y 
en  a  cinq  qui  vont  jusqu'au  sternum. 

Le  sternum  affecte  une  forme  qui  lui  est  propre.  Sa  première  sternèbre,  dont 
les  contours  sont  à  peu  près  arrondis,  est  échancrée  bilatéralement,  et  son  bord 
postérieur  présente  deux  fissures.  En  outre,  elle  est  percée  à  son  milieu  d'un  trou 
plus  ou  moins  graud  qui  est  le  reste  de  sa  division  primitive  en  deux  moitiés.  La  se- 
conde sternèbre  est  un  peu  plus  longue  et  sensiblement  plus  étroite,  elle  est  fendue 
longitudinalement  sur  une  partie  de  la  ligne  médiane,  et  il  en  est  de  même  de  la 
troisième. 


(1)  Je  retrouve  la  disposition  5  +  2  dans  le  Globicéphale  des  mers  du  Cap  que  possède  le  musée  de 
Bordeaux,  signalé  plus  haut  comme  pouvant  être  un  Globicephalus  macrorhynchus. 


562  GENRE  GLOBICEI'HALUS. 

L'omoplate  a  ses  deux  apophyses  coracoïde  et  acromion  bien  développées  et  la 
première  est  laminiforme. 

La  nageoire  pectorale  est  remarquable  par  sa  grande  longueur  et  par  le  nombre 
considérable  de  phalanges  composant  ses  second  et  troisième  doigts. 

Le  carpe  comprend  six  pièces  osseuses  irrégulièrement  disposées  sur  deux 
rangs.  Le  nombre  des  phalanges  portées  par  les  cinq  métacarpiens  est  le 
suivant:  5, 4  5,  8,  2  et  I . 

Le  radius  est  plus  large  que  le  cubitus;  la  forme  de  ces  deux  os  [fîg.  14)  est 
assez  particulière. 

Quant  à  celle  des  parties  osseuses  de  l'oreille  moyenne  et  de  l'oreille  interne,  il 
nous  suffira  de  renvoyer  aux  fîg.  2  et  2a  de  la  PI.  LI,  représentant  ces  parties. 

Système  dentaire.  —  La  dentition  des  Glohicéphales  offre  des  caractères  par- 
ticuliers, soit  que  l'on  considère  la  forme  des  dents  de  ces  Delphinidés,  soit  que 
l'on  ne  tienne  compte  que  de  leur  nombre.  Elles  sont  subfusiformes,  plus  épaisses 
à  la  racine  qu'au  sommet  de  la  couronne,  qui  se  termine  en  cône,  et  longues  au 
plus  de  0m,050.  Leur  insertion  dans  les  alvéoles  n'est  pas  solidement  établie,  aussi 
tendent-elles  avec  l'âge  à  être  expulsées  de  ces  cavités,  qui  se  remplissent  en  partie 
de  substance  osseuse,  ou  à  n'être  plus  retenues  que  dans  les  gencives.  Leur  cou- 
ronne n'a  pas  de  cément,  mais  elle  est  garnie  d'une  couche  d'émail.  On  en  compte 

le  plus  souvent  jj,  dont  les  antérieures  et  les  postérieures  sont  moins  fortes  que  les 

intermédiaires;  d'autres  fois,  il  n'y  en  a  que  10  et  même  9,  et  leur  nombre  peut 
être  différent  pour  chaque  côté,  ce  qui  doit  tenir  à  leur  condition  caduque,  mais 
ne  semble  pas  être  en  rapport  avec  les  caractères  que  nous  avons  rappelés  à 
propos  des  os  intermaxillaires  envisagés  dans  leur  partie  faciale. 

—  Deux  crânes  de  Glohicéphales  ont  été  découverts  dans  les  argiles  remaniées 
du  Havre;  et  l'on  a  trouvé  avec  eux  des  débris  de  pyrogues  indiquant  un 
enfouissement  très-ancien.  Un  troisième,  déterré  sur  les  bords  de  la  Seine,  à 
peu  de  distance  de  Saint-Germain-en-Laye,  aurait  également  pu  être  regardé 
comme  fossile,  mais  il  ne  mérite  pas  davantage  cette  qualification.  Des  débris 
du  même  animal  ont  été  rencontrés  dans  les  tourbières,  en  Angleterre  et  ailleurs, 
ce  qui  prouve  que  les  hommes  utilisent  depuis  longtemps  le  Globicéphale. 


GENRE   GRAMPUS 

Le  nom  de  Grampus,  appliqué  par  Hunter  à  l'une  des  espèces  dont  cet  anatomiste 
célèbre  a  parlé  dans  son  Mémoire  sur  les  Cétacés  (1),  a  été  repris  par  M.  Gray  (2) 
et  employé  par  lui  pour  désigner  un  genre  de  Phocénins  dans  lequel  prennent 
place  les  Dauphins  gris  et  de  Risso,  le  premier,  observé  d'abord  à  La  Rochelle  et  à 
Brest,  le  second,  dans  le  golfe  de  Nice,  et  signalés  l'un  et  l'autre  comme  encore 
inconnus  des  naturalistes,  par  Cuvier  (3),  quoiqu'il  en  eût,  depuis  Hunter, 
été  déjà  question  dans  plusieurs  ouvrages. 

Ainsi  le  Delphinus griseus  parait  bien  être  le  Marsouin  a  museau  arrondi  repré- 
senté par  Duhamel,  dans  la  fig.  o  de  sa  PI.  X,  quoique  cette  figure  lui  attribue 
des  dents  supérieures,  et  c'est  plus  certainement  encore  le  Delphinus  ventricosus  de 
Bonnaterre  (4)  ainsi  que  de  Lacepède  (5),  puisque  ce  qu'en  disent  ces  auteurs  est  en 
partie  emprunté  à  Hunter.  Plusieurs  naturalistes  ont  même  donné  le  Delphinus 
Rissoanus  comme  étant  l'Àries  d'Aldrovande;  c'est  en  particulier  l'opinion  de 
Risso  (6). 

Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  indications  synonymiques,  les  Grampus  des  côtes  de 
l'Europe  et  leurs  analogues  observés  en  Amérique,  dans  les  mers  du  Cap  (7),  au 
Japon  (8)  et  dans  le  Pacifique  (9),  se  laissent  aisément  distinguer  des  Cétodontes 
propres  aux  autres  genres,  et  il  en  est  sans   doute  de  même  de  l'animal  d'ori- 

(1)  Philosophical  Transactions,  1787,  PI.  XVII. 

(2)  Erebus  and  Terror  ;  1847. 

(3)  Ann.  Muséum,  t.  XIX,  p.  12.  —  Oss.foss.,  t.  V,  1"  partie,  p.  297,  PI.  XXII,  fig.   1-2. 

(4)  Cétologie,  p.  21,  pi.  XII,  fig.  2  (copiée  de  Hunter). 

(5)  Cétacés,  p.  311. 

(6)  Europe  méridionale,  t.  III,  p.  23. 

(7)  Grampus  Richardsonii,  Gray,  Calai.,  p.  299. 

M.  Hector  (New  Zealand  Instdute,  t.  V,  p.  163)  parle  aussi  de  cette  espèce. 

(8)  PI.  LXIV,  fig.  5.  —  Peut-être  est-ce  le  Grampus  Sakamata,  Gray,  dont  M.  Schelegel  l'ait  un  Orque, 
mais  que  l'auteur  anglais  rapporte  au  genre  Grampus,  parce  que  M.  Schelegel  a  dit,  d'après  les  Japonais, 
que  ce  Cétacé  n'a  des  dents  qu'à  la  mâchoire  intérieure,  et  qu'il  existe  au  Musée  britannique  une  mâ- 
choire inférieure  de  Grampus,  provenant  du  Japon,  qui  a  pour  formule  dentaire  f  dents.  Notre 
exemplaire  n  en  porte  que-; — -. 

(9)  Grampus  Stearnsii,  Dali,  in  Scammon,  Marine  Mammals,  p.  299. 


564  GENRE  GRAMPUS. 

gine  inconnue  dont  M.  Gray  signale  le  crâne  sous  le  nom  de  Grampns  a/finis  (J).La 
tête  de  ces  Delphinidés  n'est  pas  renflée  dans  sa  région  frontale  comme  celle  des 
Globicéphales  ou  celle  des  Orcelles,  et  la  partie  répondant  a  leurs  lèvres  ne  se 
distingue  pas  de  la  région  avoisinante,  de  manière  à  former  ce  qu'on  appelle  le  bec 
d'oie  chez  le  Dauphin  ordinaire.  En  outre,  les  dénis  sont  beaucoup  moins  nom- 
breuses. 11  n'y  en  a  que  quelques  paires  seulement,  toutes  placées  au-dessus  de  la 
région  symphysaire  de  la  mâchoire  inférieure  et  variant  dans  les  sujets  connus  de 
1  à  6  (PI.  LXIV,  fig.  Sa)à  G — 6  (PI.  LIV,  fig.  \a).  Les  nageoires  pectorales  n'ont 
pas  la  longueur  qui  les  caractérise  chez  les  Globicéphales;  elles  sont  obtuses  au 
lieu  d'être  falciformes. 

Diverses  particularités  importantes  caractérisent  aussi  le  squelette  des  Grampus. 

Ces  animaux  sont  moins  grands  que  les  Orques  et  même  que  les  Globicéphales, 
leur  longueur  totale  ne  dépasse  guère  5",o0.  On  les  a  donnés  comme  consti- 
tuant plusieurs  espèces  distinctes  les  unes  des  autres.  Nous  ne  possédons  pas  le 
Grampus  Sleamsii  et  il  nous  est  par  conséquent  impossible  de  décider  de  la  valeui 
des  particularités  ostéologiques  qu'il  peut  présenter,  mais  à  en  juger  par  ce  que 
nos  collections  renferment  de  pièces  provenant  des  Grampus  griseus  etRissoanus, 
nous  pensons  que  ces  deux  prétendues  espèces  doivent  être  réunies  en  une  seule. 
Cette  opinion  semble  se  confirmer  si  l'on  compare  entre  elles  les  pièces  que  nous 
avons  fait  figurer  de  l'un  et  de  l'autre  de  ces  animaux  sur  notre  PI.  LIA'. 

Le  Grampus  du  Japon,  que  nous  appellerons  Grampus Sakamata  pour  nous  con- 
former à  la  nomenclature  de  M.  Gray,  devra  peut-être  être  considéré  comme  for- 
mant une  espèce  à  part,  ou  tout  au  moins  une  variété  bien  distincte,  et  celte  interpré- 
tation trouve  un  argument  en  sa  faveur  dans  la  forme  de  la  partie  faciale  des  os 
intermaxillaires  étudiés  dans  leurs  rapports  avec  la  partie  correspondante  des 
maxillaires  (PL  LX1V,  fuj.  S);  c'est,  comme  on  le  voit,  une  différence  de  l'ordre 
de  celles  que  nous  avons  signalées  chez  les  Globicépbalcs. 

Les  Grampus  européens  sont  au  contraire  presque  entièrement  semblables  les 
uns  aux  autres  sous  le  même  rapport,  et  la  disposition  qui  est  commune  aux  ani- 
maux adultes  de  celte  espèce,  se  retrouve  à  peu  près  identiquement  la  même 
chez  les  sujets  plus  jeunes  ainsi  qu'on  peut  s'en  assurer  par  le  crâne  d'un  exem- 


(1)  CataL,  p.  300. 


REMARQUES  GÉNÉRALES.  565 

plaire  encore  peu  avancé  en  âge  (PI.  LXIV,  jig.  4  et  4a),  quoique  déjà  long  de 
2m,250,  qui  a  été  pris  par  les  pêcheurs  de  Concarneau  le  Ier  septembre  1877  et 
que  M.  Guillou  a  bien  voulu  me  faire  parvenir,  ce  qui  a  permis  d'en  faire  figurer 
aussi  les  vertèbres  cervicales  et  la  nageoire  pectorale  dans  cet  ouvrage. 

Les  Grampus  dits  de  Risso,  c'est-à-dire  ceux  de  la  Méditerranée,  viennent  régu- 
lièrement au  printemps  et  en  automne  dans  le  golfe  de  Nice  et  dans  la  baie  de 
Villefrancbe  (I).  J'en  ai  signalé  un  crâne  provenant  d'un  sujet  pris  à  Carry 
(Bouches-du-Rhùne),  qui  est  conservé  au  musée  de  Marseille  (2),  et  le  musée  de 
Bruxelles  a  fait  l'acquisition  d'un  sujet  entier  de  cette  sorte  de  Delphinidés,  péché 
en  1876  à  Alger,,  qui  avait  été  expédié  de  cette  ville  à  Marseille.  Une  Note  a  été 
publiée  par  M.  Van  Beneden,  sur  ce  Grampus  qui  était  de  sexe  femelle  (5). 

Nous  avons  déjà  cité  des  côtes  occidentales  de  la  France  comme  étant  visitées,  à 
l'occasion,  par  les  Cétacés  de  cette  espèce.  Les  premiers  connus  ont  été  appelés 
Grampus  griseus  par  Cuvier,  qui  a  parlé  de  deux  de  ces  animaux  pris,  l'un  à 
l'Aiguillon,  près  la  Rochelle,  et  l'autre  à  Brest. 

Il  en  a  aussi  été  capturé  auprès  d'Arcachon,  mais  ce  n'est  pas  à  l'un  de  ces  der- 
niers que  feu  M.  Burguet,  ancien  directeur  du  musée  de  Bordeaux,  a  donné  le  nom 
de  Dclphinus  f/uadridens  (4);  un  squelette  de  Grampus  véritable  se  voit  en  ce 
moment  au  musée  d'Arcachon  (5).  De  semblables  animaux  ont  été  pris  sur  les 
côtes  du  Schleswig-Holstein  (6).  Enfin  il  en  a  été  signalé  sur  plusieurs  points  des 
côtes  de  l'Angleterre  (7)  et  au  Massachusetts  (8).  Ils  avaient  extérieurement  les 
mêmes  caractères  que  les  précédents  ou  que  ceux  du  Risso  et  présentaient  jus- 
qu'aux gerçures  de  la  peau  qu'on  a  signalées  chez  ces  derniers. 

M.  Flower  a  décrit  ostéologiquement  un  Grampus  des  côtes  d'Angleterre, 
pris  le  28  février  4870,  à  Eddystone  Lighthouse,  lequel  fut  transporté  à Plymouth, 
et  il  en  a  établi  la  comparaison  avecles  figures  données  sur  notre  PI.  L1V.  M.  Mûrie 


(1)  P.  Gerv.,  Zool.  et  Pal.  franc.,  p.  300,  PI.  XXXVII,  fig.  1. 

(2)  Comptes  rend.  Acad    se.,  t   LIX,  p.  879;  1864. 

(3)  Bull.  Aead.  de  Belgique,  2e  série,  LX1I,  av.  PI.  ;  1876. 

(4)  Soc.  linn.  Bordeaux;  1845.  Ce  D.  quadridens  est  un  Ilyperoodon.  Voir  p.  388  et  515. 

(5)  Fischer,  A/m.  se.  nat.,  5e  série,  t.  VIII,  p.  363. 

(6)  Mobius,  Schriften  der  Naturwiss.  ;   1873. 

(7)  Trans.  zool.  Soc.  London,  t.  VIII,  p.  1,  PI.  I  et  II. 

(8)  Cope,  Proceed.  Acad.  nat.se.  Philade/pliia,  1876,  p.  120,  PI.  III. 


566  GENRE   GRAMPUS. 

a  eu  également  l'occasion  de  faire  l'examen  anatomique  de  ce  genre  de  Cétacés  (4). 
Il  résulte  de  ces  détails  que  les  Grampus  Aries  ou  Grampus  ventricosus  et  G.  gri- 
seus,  appelé  aussi  G.  Rissoanus  et  d'autres  noms  encore,  par  exemple  Grampus 
Cuvieri  (2),  etc.,  n'ont  été  vus  qu'individuellement  et  en  petit  nombre  dans  l'Océan 
Atlantique,  tandis  qu'il  paraissent  se  montrer  plus  abondamment  dans  certains 
parages  de  la  Méditerranée,  particulièrement  dans  la  baie  de  Nice.  Ils  s'étendraient 
dans  le  nord  jusque  sur  les  côtes  de  la  Suède  si  l'on  devait  leur  attriber,  ainsi 
que  cela  a  été  proposé,  un  Delphinidé  de  ce  pays,  décrit  par  M.  Nilsson  (5),  comme 
ne  constituant  qu'une  simple  variété  du  Delphinus  globiceps,  c'est-à-dire  du  Svi- 
neval;  mais  ni  M.  Lilljeborg  ni  M.  Malm  n'en  font  mention. 

Squelette.  —  Les  Grampus  sont  faciles  à  reconnaître  à  leurs  caractères  exté- 
rieurs et  à  leur  système  dentaire,  sur  lequel  nous  aurons  d'ailleurs  l'occasion  de 
revenir  plus  loin;  ils  ne  le  sont  pas  moins  si  l'on  tient  compte  des  particularités 
que  présente  leur  squelette. 

Leur  crâne,  tout  en  ne  différant  de  celui  des  autres  Delpbinidésque  par  des  dispo- 
sitions de  valeur  purement  générique,  rappelle  encore,  mais  par  son  faciès  seule- 
ment, celui  du  Béluga  bien  qu'il  soit  aisé  de  l'en  distinguer.  En  l'examinant  avec 
quelque  soin,  on  voit  qu'il  se  rapproche  davantage  de  celui  des  Globicépbales,  mais 
on  reconnaît  alors  qu'il  est  moins  large  entre  les  insertions  des  os  zygomatiques  sur 
les  os  maxillaires,  que  la  saillie  fronto-nasaley  est  moins  considérable  et  que  la 
partie  faciale  des  intermaxillaires  est  d'une  moindre  largeur,  en  même  temps  qu'elle 
s'allonge  un  peu  plus.  La  ligne  d'application  de  ces  deux  paires  d'os,  l'un 
sur  l'autre,  n'y  est  pas  non  plus  entièrement  semblable,  étant  moins  convexe  en 
debors.  En  même  temps  la  partie  pré-nasale  des  intermaxillaires  tend  à  se  rentier 
avec  l'âge. 

Le  Grampus  Sakamata  s'éloigne  sous  ce  double  rapport  des  Grampus  de 
L'Atlantique;  il  a  la  partie  basilaire  des  intermaxillaires  aplatie  et  la  ligne  de 
jonction  de  ces  os  avec  les  maxillaires  presque  droite.  C'est  une  disposition  que 
nous  avons  rappelée  plus  haut  et  dont  nous  avons  déjà  discuté  la  valeur.  Le  rostre 


(1)  Journal  of  Anulomy  and  Physiology,  t.  V,  p.  118,  PI,  V;  1870. 

(2)  Gray,  Ann.  and  Mag.  mil.  Hist.,  1846. 
(3,i  Skand.  Fauna,  p.  608. 


SQUELETTE.  567 

est   aussi  moins  large  dans  l'espèce  japonaise  dont  il   vient    d'être    question. 

La  symphyse  des  deux  moitiés  du  maxillaire  inférieur  entre  elles  est  courte. 

L'os  de  la  caisse  rentre  dans  les  tormes  propres  à  la  famille  des  Dauphins; 
l'échancrure  antérieure  en  est  assez  large. 

Les  vertèbres  cervicales  sont  en  grande  partie  soudées  ensemble;  l'axis  et  l'atlas 
le  sont  très-intimement,  dans  presque  toutes  leurs  parties,  et  les  cinq  vertèbres  sui- 
vantes le  sont  dans  leurs  corps  ou  centrums,  ainsi"que  dans  leurs  arcs  neuraux 
qui  se  confondent  avec  ceux  des  deux  vertèbres  précédentes.  La  septième  seule  reste 
indépendante  ;  elle  fournit  une  petite  facette  articulaire  à  la  tête  de  la  première  paire 
de  côtes.  Chez  les  Grampus  de  nos  pays,  étudiés  encore  jeunes,  les  six  premières 
cervicales  sont  déjà  réunies  en  une  synostose  unique  et  il  en  est  de  même  chez  le 
Sakamata. 

11  existe  12  paires  de  côtes  ou  peut-être  15,  à  en  juger  par  la  petite  facette  articu- 
laire que  porte  l'apophyse  transversede  la  vertèbre  qui  suit  celle  sur  laquelle  s'in- 
sère la  dernière  des  paires  de  côtes  du  squelette  de  Grampus  griseus,  reçu  de  Brest 
parDuméril.La  vertèbre  correspondante  du  Grampus  de  Hisso  ne  présente  pas  une 
semblable  facette  (-1).  Celle-ci,  de  même  que  celles  qui  la  précèdent,  diffère 
d'ailleurs  peu  deslombo-sacrées;  ces  dernières  ont  aussi  les  apophyses  transverses 
grandes,  et  leurs  apophyses  épineuses  sont  dans  le  même  cas,  ce  qui  éloigne  déjà 
sensiblement  les  Cétacés  du  genre  qui  nous  occupe  des  Globicéphales  et  plus  encore 
des  Orques,  pour  les  rapprocher  de  la  plupart  des  Delphinides  dont  il  nous  reste  à 
parler. 

Les  six  premières  côtes  ont  seules  une  double  articulation  avec  la  colonne  ver- 
tébrale :  l'une  par  la  tubérosité,  l'autre  parla  tête  costale.  La  cinquième  s'y  an- 
kylose  par  ces  deux  points.  Les  six  ou  sept  dernières  des  côtes  ne  portent,  au 
contraire,  que  sur  les  apophyses  transverses  et  celles-ci,  de  même  que  les  neur- 
apophyses,  sont  plus  élevées  pour  les  parties  moyennes  du  corps  ou  antérieures 
delà  queue. 

Quant  au  nombre  des  vertèbres,  il  est  plus  considérable  que  chez  les  genres 
dont  nous  avons  parlé  jusqu'ici.  On  y  compte  16  ou  17  lombo-sacrées  et 
50  caudales  environ,  dont  les  dernières  sont  dépourvues  d'os  en  V;  ce  qui  fait, 


(i)  M.  Flower  (loco  cit.,  PI.  II,  fig.  \  et  2)  ne  figure  aussi  que  12  paires  de  côtes. 


568  GENRE  GIUMPUS. 

en  ajoutant  à  ces  chiffres  les  dorsales  et  les  cervicales,  à  peu  près  70  vertèbres 
en  tout. 

Le  sternum  commence  par  une  sternèbre  plus  grande  que  les  deux  suivantes  et 
de  forme  irrégulièrement  hexagonale.  On  ne  voit  chez  les  adultes  aucune  trace 
de  division  sur  sa  partie  médiane. 

Les  deux  portions  de  chacune  des  côtes  sont  osseuses.  Cinq  paires  costales  vont 
des  vertèbres  au    sternum;   elles  sont  subarrondies. 

Les  omoplates  ont  leurs  deux  apophyses  très-accusées  et  dont  l'acromiale  est 
en  lame  remontante  ne  laissant  entre  elle  et  le  bord  antérieur  de  l'os  dont  il  s'agit 
qu'un  intervalle  triangulaire  peu  ouvert,  au  lieu  d'une  échancrure  élargie  comme 
dans  les  genres  voisins. 

Le  membre  est  assez  court.  Le  cubitus  et  le  radius  participent  à  ce  caractère.  Les 
os  carpiens  sont  au  nombre  de  5  dans  les  adultes  et  de  7  dans  le  jeune  sujet  pris  à 
Concarneau.  Dans  le  premier  cas,  il  existe  2,  7  ou  8,  6  ou  7,5  et  1  phalanges. 
Nous  en  avons  compté  1 ,9,  6,  2  et  0  dans  le  jeune;  mais  ces  différences  tiennent 
à  des  degrés  plus  ou  moins  avancés  de  l'ossiûcation,  et  elles  n'ont  qu'une 
valeur  individuelle. 

L'os  pelvien    reste  dans  les  conditions  ordinaires. 

Système  dentaire. —  Un  des  caractères  principaux  du  genre  Grampus  est  de  ne 
posséder  qu'un  très-petit  nombre  de  dents,  habituellement  de  deux  à  six  paires 
seulement,  lesquelles  sont  toutes  implantées  dans  la  partie  symphysaire  de  la  mâ- 
choire inférieure;  il  peut  même  arriver  qu'elles  fassent  entièrement  défaut  comme 
par  exemple  dans  le  sujet  mâle  étudié  par  M.  Môbius,  mais  il  paraît  probable 
que  c'est  par  le  fait  de  la  caducité  de  ces  organes  et  non  par  suite  de  leur  absence 
primitive.  On  retrouve  en  effet  des  traces  des  alvéoles  oblitérés  dans  lesquels 
étaient  implantées  les  dents  tombées  et,  dans  l'état  normal,  ces  alvéoles  ont  une 
tendance  à  se  combler  pour  expulser  la  dent  qui  s'y  trouve  implantée. 

Les  dents  sont  de  forme  conique  et  deviennent  irrégulièrement  cylindriques 
avec  l'âge.  Leur  couronne  s'use  alors  et  parait  obtuse  au  sommet;  elle  n'est 
pas  enveloppée  de  cément. 

Voici  les  différentes  formules  de  ces  dents  qui  ont  été  constatées:  0 — 0  (mâle 
observé  par  M.  Môbius);  2 — 2  (de  Brest,  par  Dumeril);  2 — 2  (Grarnpus  Sakainala, 
du  Japon);  5 — 3  et  4 — 4  (de  l'Aiguillon,  près  la  Rochelle,  par  D'Orbigny  père); 


SYSTEME  DENTAIRE.  569 

5 — 4  (jeune,  de  Concarneau,  et  exemplaire  de  M.  Flower),  4 — 4  (d'Areaehon, 
M.  Fischer);  5  —  4  (d'Algérie,  M.  Van  Beneden);  S  —  5  (de  Nice,  par  Laurillard); 
6 — 6  (de  Nice,  par  Laurillard). 

Le  jeune  sujet  provenant  des  parages  de  Concarneau,  que  nous  avons  étudié, 
ne  nous  a  montré  que  5  —  4  dents,  mais  on  voit  sur  sa  mandibule  gauche  l'indica- 
tion du  quatrième  alvéole. 

En  arrière  des  dents  existantes  et  du  troisième  alvéole  de  gauche,  la  rainure 
dentaire  est  étroite  et,  malgré  le  soin  avec  lequel  nous  l'avons  examinée,  nous 
n'y  avons  trouvé  aucun  germe  dentaire. 

Il  en  était  de  même  pour  la  mâchoire  supérieure  de  l'exemplaire  dont  il  vient 
d'être  question,  bien  que  la  partie  terminale  des  os  incisifs  et  la  moitié  anté- 
rieure de  la  région  dentaire  des  maxillaires  supérieurs  présentassent  une  forte 
rainure  qui  eût  pu  faire  supposer  qu'il  s'y  développe  des  dents  caduques,  comme 
nous  voyons  que  cela  a  lieu  chez  certains  autres  Cétodontes,  les  Hyperoodons  et 
les  Ziphius  par  exemple;  aussi  sera-t-il  bon  d'observer  un  certain  nombre  de 
sujets  du  même  âge  avant  d'affirmer  qu'il  n'en  est  point  ainsi.  On  voit,  en  effet, 
au  Musée  de  Bordeaux  un  crâne  de  Grampus  dont  les  deux  maxillaires  supé- 
rieurs présentent  chacun  des  impressions  alvéoliformes,  à  la  vérité  presque  obli- 
térées, mais  au  nombre  de  4 — 5  et  que  l'on  ne  peut  considérer  que  comme  lais- 
sées par  ia  chute  d'autant  de  dents  qui  auraient  ainsi  disparu,  chute  qui  se  serait 
opérée  un  certain  temps  avant  la  mort  de  l'animal.  Ce  fait  intéressant  m'a  été  si- 
gnalé par  MM.  Souverbieet  P.  Fischer,  et  j'ai  pu  en  vérifier  l'exactitude  pendant 
le  voyage  que  je  viens  de  faire  dans  le  sud-ouest  de  la  France. 


(lj  La  même  formule  se  retrouve  dans  l'exemplaire  de  la  Nouvelle-Zélande   cité  par  M.    Hector,  dans 
son  Mémoire  sur  les  Cétacés  de  cet  archipel. 


7  * 


570 


GENRE   PHOC/ENA 

Distribution  géographique  —  Le  nom  de  Phocœna  est  employé  par  Ron- 
delet  (-1)  pour  désigner  l'espèce  type  du  genre  qui  va  nous  occuper.  11  l'a  tiré 
d'Aristotequi  l'écrit  (^wmnm,  et  l'a  appliqué  à  l'une  des  deux  espèces  (Pliocène  et 
Dauphin)  signalées  par  lui  dans  la  mer  Noire  ou  mer  du  Pont.  Après  avoir  rappelé 
la  rareté  des  grands  poissons  voraces  de  cette  mer,  il  ajoute  :  «  On  n'y  en  trouve 
pas  d'autres  que  le  Dauphin  et  la  Pliocène,  encore  le  Dauphin  y  est-il  petit;  dès 
que  l'on  sort  du  Pont,  on  trouve  de  grands  Dauphins  (2).  »  Cependant,  comme  le 
Marsouin  n'existe  pas,  du  moins  à  ma  connaissance,  dans  la  Méditerranée  (5), 
j'hésite  à  voir  dans  la  Phocène  de  la  mer  du  Pont  la  même  espèce  que  lui,  quoi- 
qu'il y  ait  été  cité  plusieurs  fois.  Aristote  ne  semhle  pas  lui  attribuer  des  dimen- 
sions inférieures  à  celles  du  Dauphin;  il  dit  même  que  le  vrai  Dauphin  y  est 
plus  petit  qu'ailleurs.  On  pourrait  se  demander  si  cette  Phocène  n'est  pas  le  Tursio. 
Nordmann  (4),  en  rappelant  que  Pallas  a  mis  le  Marsouin  au  nombre  des  animaux 
aquatiques  vivant  dans  la  région  dont  il  s'agit,  place  avec  eux,  d'après  Ralke, 
le  Tursio,  ce  qui  lui  fait  porter  à  trois  le  nombre  des  Cétacés  de  la  môme 
catégorie  qui  fréquentent  les  côtes  de  la  Crimée.  Il  est  vrai  qu'il  ne  donne  pas 
la  caractéristique  des  animaux  dont  il  parle,  et  il  faut  bien  reconnaître  qu'il 
reste  encore  quelque  doute  au  sujet  de  la  manière  dont  il  applique  les  noms 
qu'il  emploie  et  du  nombre  des  espèces  qu'il  admet.  Celles-ci  devront  donc  être 
examinées  avec  soin. 

Quoi  qu'il  en  soit,  la  dénomination  AePhocxna,  telle  que  l'a  définie  Rondelet 
et  telle  que  l'ont  acceptée  les  autres  naturalistes  de  la  Renaissance,  a  été  conservée 
au  petit  Delphinidcde  l'Atlantique  septentrionale  que  nous  appelons  Marsouin  et 


(1)  De  Piscibus,  p.  473  ;  1554. 

(2)  Livre  XII,  chap.  xui  (trad.  de  Camus,  t.  I,  p.  491). 

(3)  Je  n'en  ai  vu  prendre  aucun  sur  les  côtes  de  France  pendant  le  long  séjour  que  j'ai  fait  a  Mont- 
pellier, et  mes  excursions  sur  le  littoral,  depuis  Cerbère  et  Collioure  jusqu'à  Menton,  ne  me  l'ont  point  fai 
rencontrer  encore.  Il  n'existe  pas  non  plus  dans  les  collections  italiennes  que  j'ai  visitées,  particu- 
lièrement dans  celles  de  Ilologne,  de  Pisc  et  de  Naples,  et  je  ne  le  trouve  pas  davantage  parmi  les  Del- 
phinidés  qui  m'ont  été  envoyés  des  côtes  de  l'Algérie. 

(4)  Voyage  d'A.  Demidoff  dans  la  Russie  méridionale,  t.  III,  p.  61;  1840. 


DISTRIBUTION  GÉOGRAPHIQUE.  571 

que  les  Anglais  appellent  Porpoise,  les  Allemands  Meerschwein,  les  Flamands  Tuy- 
melaer,  les  Suédois  Tumelare  (I). 

On  rencontre  en  abondance  des  Marsouins  de  cette  espèce  sur  les  côtes  de 
France  et  d'Angleterre;  il   s'en  trouve  aussi  dans  le  Nord  jusqu'au  Groenland 
(PI.  LVII,  fig..  -1 0—1 2) ,  et  l'on  en  cite  aussi  dans  la  mer  de  Baffin,  mais  on  ignore 
si  ceux  de  cette  dernière  mer  sont  entièrement  semblables  aux  nôtres. 

Des  bandes  de  ces  petits  Cétacés  entrent  cbaque  année  dans  la  Baltique  par  le 
Sund,  à  la  poursuite  des  Harengs,  et  ils  en  sortent  par  le  petit  Belt. 

Les   Marsouins  sont    des  animaux  littoraux,   qui  aiment  à  se  jouer  dans  les 
baies  et  jusque  dans  les  ports;  ils  remontent  même  quelquefois  les  rivières  et 
l'on  en  a  pris  dans  la  Tamise  à  peu  de  distance  de  Londres;  un  exemplaire  a 
■    \  même  été  vu  dans  la  Seine,  àNeuilly,  près  de  Paris. 

La  chair  des  Marsouins  était,  au  moyen  âge  et  à  la  Renaissance,  plus  usitée 
quelle  ne  l'a  été  depuis,  à  mesure  que  l'alimentation  publique  est  devenue  plus 
délicate  et  plus  variée.  Belon  rapporte  que,  de  son  temps,  il  été  apporté,  un 
vendredi,  cinq  Marsouins  à  la  halle  de  Paris. 

.  Les  Marsouins  de  la  côte  du  New-Jersey  (États-Unis)  ont  été  donnés,  par  L. 
Agassiz  et  par  M.  Cope  (2)  comme  constituant  une  espèce  particulière  sous  le  nom 
de  Phocsena  americana.  M.  Cope  a  aussi  distingué  ceux  de  la  baie  de  New-York  (5) 
et  l'on  en  peut  dire  autant,  plus  sûrement  peut-être,  du  Marsouin  des  parages 
de  la  Patagonie,  que  M.  Burmeister  a  décrit  sous  le  nom  de  Phoaena  spini- 
pinnis  (4)  et  dont  M.  Gray  a  même  proposé  de  faire  un  genre  à  part  qu'il  a  appelé 
Acanthodelphis  (5),  parce  qu'il  a  le  bord  antérieur  de  la  dorsale  garni  de  tuber- 
cules épineux;  mais  ce  caractère  s'observe  parfois,  quoiqu'à  un  moindre  degré, 
chez  nos  Marsouins. 

Une  étude  attentive  des  animaux  de  ce  genre  qui  viennent  dans  la  mer  de  Baffin 


(1)  Delphinus  Phocsena,  Linné.  —  Phocsena  commuais,  Lesson,  Man.  Mammal.,?.  413.  —  Phocœna 
Linnei,  Malm,  Zool.  Observationes,  p.  40;  Golhembourg,  1873. 

[2)Ph.amer.,  L.  Agass.,  in  Allen,  Mammals  of  Massachusetts,  p.  206;  1869.  —  Ph.  brachycium,  Cope, 
Proceed.  Acad.  nat.se.  Philadelp/iia,  1866,  p.  294. 

(3)  Phocœna  lineola,  Cope,  Proceed.  .le.  nat.  se.  Philadelphia,  1876,  p.  135  (de  la  baie  de  New-York). 

(4)  Proceed.  zool.  Soc.  London,  1865,  p.  228,  fig.  1-4.  -  Ann.  .Vus.  Buenos-Aiies,  t'asc.  VI,  p,  380,  PI.  XXIII 
et  XXIV;  1869. 

(5)  Calai.  oJSeals  and  Whales,  Suppi.,  p.  81  ;  1871. 


572  GENRE  PHOCyENA. 

serait  d'autant  plus  utile  qu'il  existe  dans  la  partie  septentrionale  du  Pacifique  des 
Marsouins  que  l'on  a  donnés  comme  différant  spécifiquement  des  autres;  ils  ont  été 
pris  dans  la  baie  de  San  Francisco  (1). 

Quoiqu'il  soit  souvent  question  dans  les  récits  des  navigateurs,  sous  le  nom  de 
Marsouins,  de  certains  Phocénins  d'une  taille  supérieure  à  celle  des  Marsouins 
véritables,  nous  n'avons  pas  à  nous  en  occuper  ici;  ce  sont  des  Globicépbales, 
des  Grampus  ou  des  animaux  de  genres  encore  différents. 

Caractères  séiieriqucs.  —  Les  vrais  Marsouins,  à  quelque  espèce  qu'ils  appar- 
tiennent, sont  des  Cétacés  de  petite  dimension;  les  individus  les  plus  forts  ne  dé- 
passent point  2  mètres.  Ces  animaux  se  reconnaissent  à  leur  tète  peu  renflée  et  au 
manque  de  la  rainure  existant  chez  le  Daupbin  entre  la  partie  naso-frontale  et  la 
lèvre  supérieure,  ce  qui  forme  le  bec  d'oie  de  cette  dernière  espèce.  Leur  nageoire 
dorsale  est  peu  élevée  et  d'apparence  ordinaire;  elle  est  située  à  la  partie  moyenne 
du  corps.  Les  pectorales  sont  médiocres  et  subarrondies.  Les  dents  fournissent 
un  bon  caractère;  elles  ne  sont  pas  aussi  nombreuses  que  celles  des  Daupbins  et 
l'on  n'en  compte  en  moyenne  que  23  paires  à  ebaque  mâchoire.  La  plupart  ont 
la  couronne  élargie  en  palme tte;  la  première  paire  est  insérée  dans  les  os 
intermaxillaires.  Le  crâne  se  reconnaît  assez  aisément  et  l'on  remarque  quelques 
autres  caractères  particuliers  au  squelette;  telle  est  entre  autres  la  réunion  des  six 
premières  cervicales  entre  elles,  du  moins  dans  l'espèce  européenne  qui  est  le 
type  du  genre. 

On  a  quelquefois  associé  au  Marsouin  commun  le  Delphinus  phoeœnoides  de 
M.  Dussumier  dont  les  dents  sont  de  même  apparence  que  les  siennes,  mais  ce 
Phocénin  manque  de  nageoire  dorsaleet  son  crâne  n'est  pas  entièrement  de  même 
forme  que  celui  des  Phocrena;  nous  en  parlerons  séparément  sous  le  nom  de 
Neomeris  que  lui  a  imposé  M.  Cray. 

Ce  petit  groupe,  auquel  le  nom  de  Pbocénins  s'applique  mieux  encore  qu'aux 
autres  génies  de  la  même  tribu  dont  nous  avons  traité  précédemment,  parait 
avoir  des  représentants  parmi  les  fossiles.  En  effet,  M.  Huxley  a  décrit,  comme 
indiquant  un  genre  voisin  des  Marsouins,  un  humérus  trouvé  par  M.  W.  Mantell 


I)  l'hocœna  vomerina,  Gill,  Proceed .  philos.  .4 cad.,  186.';,  p.  178.  —  Dali,  in  Scamnion,  Marine  Main- 
mal.--,  p.  298. 


DISTRIBUTION  GÉOGRAPHIQUE.  573 

dans  le  terrain  tertiaire  de  Parimosa,  localité  située  à  cinq  milles  au  nord  de 
Kakaunui  (Nouvelle-Zélande),  et  il  a  proposé  d'appeler  ce  genre  phocjenopsis.  Quanl 
à  l'espèce  encore  unique  et  si  imparfaitement  connue  qui  en  serait  le  type,  elle 
devient  le  Pkocsenopsis  Mantelli  []).  L'humérus,  sur  l'examen  duquel  repose  cette 
espèce,  est  celui  du  côté  gauche;  l'auteur  eu  donne  une  figure.  Ses  dimensions  dé- 
passent sensiblement  celle  des  autres  animaux  de  la  même  division. 

On  a  également  signalé  la  présence  de  Marsouins  parmi  les  fossiles  du  crag 
rouge  de  Suffolk,  en  Angleterre,  et  M.  R.  Lankesler  a  décrit,  sous  les  nomsdeUet- 
phi/tus  (Phocsena)  uncidens  (2)  et  de  Delpkinus  (Phocsena)  orcoides  (3),  des  dents  et  des 
oreilles  internes  provenant  de  ce  terrain;  mais  les  figures  qu'il  a  données  des  dents 
des  animaux  dont  il  parle  ne  permettent  pas  une  semblable  assimilation.  Llles  in- 
diquent une  plus  grande  ressemblance  avec  les  Champsodelphis,  lesTursio  et  le  Del- 
pkinus  Droccliii  ou  avec  les  Dauphins  fossiles  en  Italie  que  nous  publions  sous  les 
nos  o  à  7 de  notre  PI.  LX.  Quand  au  labyrinthe  osseux,  également  figuré  par  M.  Lan- 
kesler, il  est  semblable  à  celui,  provenant  aussi  du  Suffolk,  qui  fait  l'objet  de  la 
I'hj.  8  de  la  même  planche.  Le  mot  Phocsena  est  pris  par  M.  Lankester  dans  un 
sens  différent  de  celui  qu'on  lui  donne  actuellement. 

Je  ne  puis  que  mentionner,  sans  le  décrire,  le  genre  Sagmatias  de  M.  Cope  (4) 
que  M.  Dali,  dans  son  énumération  des  Cétacés  du  Pacifique,  classe  entre  les  Mar- 
souins et  les  Néomeris.  L'espèce,  encore  unique  de  ce  genre  (5),  est  mal  connue  dans 
ses  caractères  et  l'on  ignore  dans  quels  parages  elle  vit;  c'est  le  Sagmatias  amblodon, 
animal  dont  le  museau  ne  présente  pas  de  ligue  déprimée  au-dessus  de  la  lèvre 
supérieure,  «  no  triangle  »,  et  quia  les  dents  nombreuses,  arrondies,  obtuses  et 
épaisses.  11  n'en  a  pas  été  donné  de  figures. 

Squelette.  —  Les  parties  osseuses  appartenant  au  genre  Phocsena  que  nous 
avons  sous  les  yeux  (6)  proviennent  toutes  du  Ph.  communis  et  sont  tirées  d'exem- 
plaires pôchéssur  les  côtes  de  la  Bretagne,  dans  la  Manche,  dans  la  mer  du  Nord  ou 


(1)  Quarlerly  Journal  geol.  Soc.  London,  t.  XVI,  p.  67,  avec  2  fig.  ;  1859. 

(2)  Ami.  and  Mag.  nat.  Hist.,  3e  série,  t.  XIV,  p.  356,  PI.  VIII,  fig.  2-3  (l'otique)  elfig.  12-13  (les  dents). 

(3)  Ibid.,fig.  14-16. 

(4)  Proceed.  philosoph.  Acad.,  1866,  p.  294. 

(5)  Scammon,  Marine  Mammals,  p.  298. 

(6)  I'].  XLIII,  fig.  5-7,  LV  et  LVI,  5-12. 


574  GENRE   PHOC.€NA. 

au  Groenland;  nous  possédons  de  cette  dernière  localité  deux  tètes  qui  ont  été 
données  à  nos  collections  par  le  musée  de  Copenhague. 

Le  crâne  du  Marsouin  a  environ  0m,24  de  long  sur  Om,Li  dans  sa  plus  grande 
largeur,  c'est-à-dire  entre  les  apophyses  zygomatiques  des  os  temporaux.  L'espace 
interzygomatique  est  plus  étroit  et  le  rostre  l'est  encore  davantage.  Les  maxillaires 
et  les  intermaxillaires,  envisagés  dans  leur  partie  faciale,  sont  à  peu  près  d'égale 
largeur;  cependant  la  surface  transversale  des  premiers  de  ces  os  l'emporte  un 
peu  sur  celle  des  seconds,  qui  ont  le  bord  externe  à  peu  près  droit,  quoique  un 
peu  courbé  en  dedans  à  la  racine  du  rostre,  et  très-faiblement  élargi  à  son  milieu. 
La  coupe  du  rostre  ne  présente  qu'une  faible  convexité  et  la  partie  pré-nasale  des 
intermaxillaires  est  renflée,  de  manière  à  former  deux  saillies  longitudinales  qui 
se  terminent  en  avant  par  un  aplatissement  en  forme  de  triangle  aigu  que  l'on 
prendrait  d'abord  pour  une  paire  d'os  particuliers  en  forme  de  coins  enclavés 
entre  les  intermaxillaires  eux-mêmes,  dont  cette  double  surface  fait  néanmoins 
partie.  Les  os  propres  du  nez  sont  carrés  et  placés  au-dessus  de  la  sallie  en 
forme  de  crête  de  la  partie  basilaire  du  vomer  ;  au-dessus  d'eux  est  une  autre  saillie 
fournie  par  la  jonction  des  bords  internes  des  frontaux  dont  les  bords  externes 
forment,  comme  à  l'ordinaire,  le  dessus  de  l'arcade  sourcilière. 

Comme  c'est  également  le  cas  pour  tous  les  autres  animaux  du  même  sous- 
ordre,  la  portion  élargie  des  maxillaires  recouvre  les  frontaux  dans  une  grande 
partie  de  leur  étendue,  et  ces  derniers  sont  articulés  en  arrière  avec  les  pariétaux, 
lesquels  ne  remontent  pas  jusqu'à  la  ligne  médiane,  où  ils  sont  séparés  l'une  de 
l'autre  par  une  saillie  de  l'occipital  supérieur. 

Le  vomer  se  laisse  voir  en  dessous,  dans  une  petite  étendue  de  la  surface  pala- 
tine entre  les  os  incisifs,  et,  un  peu  plus  en  arrière,  entre  les  maxillaires  propre- 
ment dils;  sa  forme  en  ce  point  est  à  peu  près  losangique.  Les  palatins  sont  assez 
grands  et  l'on  voit  en  arrière  d'eux  les  ptérygoïdiens  formant  une  lame  repliée  dont 
l'ouverture  est  dirigée  en  arrière.  Les  zygomatiques,  grêles  et  slyliformes  dans 
presque  toute  leur  longueur,  portent  en  arrière  sur  l'apophyse  zygomatique  des 
temporaux,  antérieurement  sur  la  face  inférieure  des  maxillaires,  en  avant  de 
l'arcade  sourcilière  des  os  temporaux;  en  ce  point,  ils  s'élargissent  et  donnent 
ainsi  à  la  tige  grêle,  dont  ils  sont  en  grande  partie  formés,  une  attache  solide. 

Ces  dispositions  sont  d'ailleurs  celles  qui  distinguent  les  mêmes  os  dans  presque 


SQUELETTE.  575 

tous  les  autres  Cétodontes;  elles  ne  sont  pas,  du  moins  pour  la  plupart,  spéciales 
aux  Marsouins. 

L'examen  de  crânes  provenant  de  très-jeunes  Marsouins  (PI.  LV ,fig.  L2  à  45) 
ou  de  fœtus  d'animaux  delà  même  espèce  [fiij.  17-18)  montre  plus  clairement 
ces  caractères  et  il  nous  explique  les  changements  qu'ont  à  subir,  avant  de  les 
présenter,  les  différentes  pièces  osseuses  dont  le  squelette  de  la  tète  est  formé. 

Les  occipitaux  latéraux  sont  séparés  les  uns  des  autres  ainsi  que  du  basilaire  et  ils 
sont  pendant  un  certain  temps  distincts  de  l'occipital  supérieur.  Il  existe  on  avant 
de  la  ligne  sur  laquelle  ils  s'affrontent  un  interpariétal,  qui  sépare  le  pariétal 
droit  et  le  pariétal  gauche;  mais  cet  interpariétal  lui-même  se  réunit  bientôt  à 
l'occipital  supérieur.  Les  frontaux  ont  une  étendue  considérable  ;  ils  portent, 
en  avant  de  leur  suture  médiane  et  appliqués  auprès  de  leur  bord  interne,  deux  os 
de  forme  quadilatère  qui  sont,  comme  nous  l'avons  déjà  dit,  les  nasaux  (fig.  12). 

La  boîte  cérébrale  se  trouve  complétée  inférieurement  (fig.  13)  par  un  double 
sphénoïde  dont  le  corps  postérieur  est  situé  en  avant  du  basilaire  et  l'antérieur  en 
arrière  du  vomer.  Les  ptérygoïdiens  (ailes  du  sphénoïde  postérieur)  sont  alors 
complètement  séparés  du  ccntrum  aplati  de  cet  os  et  chacun  d'eux  est  en  rapport 
latéralement  avec  un  os  aplati,  de  forme  quadrangulaire,  un  peu  oblique,  qu'on 
ne  peut  regarder  que  comme  répondant  au  lacrymal,  os  que  nous  avons  vu 
acquérir  une  si  grande  surface  chez  les  Ziphioïdes,  Cétodontes  chez  lesquels  il 
reste  distinct,  tandis  qu'il  se  soude  ici  aux  temporaux,  aux  ptérygoïdiens  et  aux 
frontaux;  au-dessus  de  chacun  d'eux  s'ouvre  le  canal  lacrymal.  Entre  les  occipitaux 
latéraux  et  les  apophyses  ptérygoïdiennes  se  voient  les  parties  osseuses  de  l'oreille. 
A  son  tour,  le  basilaire  les  soutient  en  arrière  et  le  pariétal  en  dehors;  il  n'y  a 
qu'une  faible  trace  du  mastoïdien,  mais  le  temporal  occupe  déjà  sa  place  ordi- 
naire et  son  apophyse  zygomatique  est  très-apparente.  Le  zygomatique  lui-même 
a  déjà  sa  forme  définitive,  soit  que  l'on  envisage  la  platine  par  laquelle  il 
s'applique  sous  l'apophyse  préorbitaire  du  frontal,  soit  que  l'on  considère  la 
tige  allongée  et  grêle  qui  le  relie  au  temporal. 

Le  reste  des  os  crâniens  concourt  à  former  la  face,  plus  particulièrement  sa 
partie  allongée  que  nous  avons  appelée  le  rostre.  Ce  sont  d'abord,  pour  le  dessus, 
les  maxillaires  supérieurs  et  les  os  incisifs  ou  intermaxillaires,  les  premiers 
remontant  jusque  sur  les  frontaux  qu'ils  recouvrent  en  s' étalant  en  dehors  des  os 


576  GENRE  PBOCiEXA. 

du  nez,  les  seconds  allant  jusqu'au  bord  antérieur  des  ouvertures  nasales  et 
presque  jusqu'aux  os  nasaux.  On  revoit  en  dessous  les  maxillaires,  principalement 
entre  eux  et  les  palatins,  et  ces  pièces  forment,  avec  les  ptérygoïdiens,  la  face  infé- 
rieure ou  palatine  du  rostre  comprenant  aussi  la  partie  terminale  des  intermaxil- 
laires; de  leur  réunion  résulte  le  palais.  Le  vomer  {fig,  14),  os  en  fer  de  lance 
allongé,  aplati  vers  sa  base,  qui  s'applique  sous  le  sphénoïde,  est  creusé  en 
gouttière  dans  la  plus  grande  partie  de  son  étendue.  Dans  cette  gouttière  vomé- 
rienne,  est  logé  un  axe  cartilagineux,  qui  paraît  être  la  continuation  de  l'elhmoide 
et  auquel  on  a  étendu  ce  nom  quand  on  ne  lui  a  pas  appliqué  celui  de  vomer 
[fig.  \~2  et  -14).  Cet  axe  supravomérien  nous  a  déjà  occupé,  particulièrement  chez 
les  espèces  où  il  s'ossifie,  ce  qui  se  voit  surtout  pour  certains  Ziphioides. 
Deux  noyaux  osseux  situés  près  de  l'ouverture  par  laquelle  le  sphénoïde  antérieur 
et  les  frontaux  sont  en  rapport,  paraissent  être  les  premiers  représentants  de 
l'ethmoïde.  La  face  inférieure  du  vomer  est  visible  en  dessous  entre  les  intermaxil- 
laires et  les  maxillaires,  mais  dans  une  petite  étendue  seulement  {fig.  \l\).  Sur  le 
bord  palatin  des  maxillaires,  s'articulent  les  os  palatins  et,  en  arrière  de  ceux-ci,  les 
ptérygoïdiens  souvent  repliés  en  oublis  qui  concourent  à  former  l'encadrement 
des  arrière-narines. 

On  sait  que  chez  les  Marsouins  et  chez  les  Dauphins,  la  caisse  auditive  est 
soudée  avec  le  labyrinthe  osseux,  mais  que  cette  soudure  n'est  qu'adventive.  Ces 
deux  pièces  sont  d'abord  séparées  l'une  de  l'autre  et  simplement  accolées,  la  caisse  at- 
tenant à  une  tubérosité  osseuse,  aplatie  et  élargie  à  sa  surface  de  contact  avec  le  bord 
inférieur  du  rocher.  La  caisse  est  repliée  en  volute  et  son  ouverture  s'étend  en  avant 
sous  la  forme  d'une  échancrure  dont  les  deux  lèvres  sont  diflerentespour chaque  côté, 
l'interne  étant  élargie  et  aplatie  dans  la  partie  de  son  étendue  que  surplombe 
le  rocher,  l'autre  ou  l'externe,  au  contraire,  amincie.  C'est  par  deux  points 
que  la  caisse  auditive,  appelée  tympanic  bouc  par  les  anatomistes  anglais,  adhère 
au  labyrinthe  (periotic  bone),  et  ces  deux  points  sont  séparés  l'un  de  l'autre  par 
l'ouverture  tympanique  qui  manque  ici  de  cadre  osseux.  Quant  au  labyrinthe,  ses 
deux  portions  doivent  être  distinguées  l'une  de  l'autre.  L'une  est  le  véritable 
labyrinthe,  puisque  l'on  voit,  à  sa  superficie,  la  fenêtre  ronde,  la  fenêtre 
ovale  sur  laquelle  est  soudée  la  platine  de  l'étrier,  les  méats  auditifs  interne  et 
externe  et,  intérieurement,  le  limaçon,  ainsi  que  les  canaux   semi-circulaires; 


SQUELKTTE.  577 

l'autre,  simplement  tubériforme,  est,  en  réalité,  le  mastoïdien.  Chez  les  Ziphioïdes 
et  les  Physétéroïdes,  elle  s'allonge,  devient  flabelliforme,  et,  dans  les  crânes 
desséchés,  jouit  d'une  mobilité  particulière,  quoique  servant  de  point  d'appui  au 
labyrinthe  et  à  l'oreille  moyenne.  Le  Cachalot  (Pi.  XIX,  fig.  Il),  i'Hyperoodon 
(PI.  XIX,  fig,  2),  le  Kogia  (PI.  LXI,  fuj.  2),  le  Pierardius  (PI.  XXI  bis,  fig.  A),  le 
Mésoplodon  (Pi.  XXVI,  fig.  4),  nous  en  ont  principalement  montré  des  exemples. 
M.  Flower  avait  déjà  signalé  sous  ce  rapport  le  Cachalot  et  le  Berardius;  M.  Clau- 
dius  (I)  et  M.  Hyrtl  (2)  se  sont  occupés  antérieurement  des  parties  osseuses  de 
l'oreille  moyenne  et  de  l'oreille  interne  des  Delphinidés. 

Les  osselets  de  l'ouïe  ne  sont  qu'au  nombre  de  trois,  le  lenticulaire  faisant  défaut. 
Le  marteau  est  appliqué  contre  la  caisse;  sa  forme  est  compliquée  et  son  volume 
relativement  considérable.  L'enclume,  placée  entre  lui  et  l'étrier,  est  notablement 
plus  petite  et  pourvue  d'une  apophyse  pointue;  l'étrier  a  la  forme  d'un  fût 
de  colonne  sub-ovalaire;  il  se  termine  vers  l'oreille  interne  en  un  élargisse- 
ment qui  répond  à  la  platine  du  même  osselet  chez  les  autres  Mammifères,  mais 
ici  la  perforation  de  cet  étrier  est  bien  plus  petite  que  d'habitude  et  elle  est  placée 
notablement  au-dessus  de  la  platine,  laquelle  s'enfonce  dans  une  sorte  d'enton- 
noir, au  fond  duquel  est  la  fenêtre  ovale;  elle  y  est  maintenue  fortement,  aussi 
retrouve-t-on  fréquemment  l'étrier  en  place,  même  sur  les  oreilles  internes  qui  ont 
été  soumises  à  la  macération.  Les  mêmes  faits  s'observent  d'ailleurs  dans  la  plu- 
part des  autres  Cétodontes,  et  si  l'on  remarque  certaines  différences,  elles  ne  sont 
que  d'une  valeur  secondaire. 

Des  sept  vertèbres  constituant  la  région  cervicale,  six  sont  soudées  entre  elles  : 
ce  sont  les  six  premières  ;  la  septième  seule  est  libre.  Leur  soudure  a  lieu  à  la  fois 
parlescentrumsetparles  arcsneuraux,et  c'est  au  moyen  des  trous  intervertébraux 
ou  de  conjugaison  qu'elles  restent  distinctes  les  unes  des  autres.  L'atlas  et  l'axis 
se  confondent  en  une  masse  plus  volumineuse  que  le  reste,  élargie  latéralement 
par  suite  du  grand  développement  pris  par  leurs  apophyses  transverses  qui  ne 
forment  de  chaque  côté  qu'une  sorte  de  saillie  acuminée.  Leurs  parties  neu- 
rales,  également  en  saillie,  sont  couchées  en  arrière  au-dessus  des  vertèbres  qui 


(1)  Phys.  Remark  uber  das  Gehorgan  der  Cetaceen  und  der  Labyrinth  der  Saugethiere. 

(2)  Gehorgan. 

73 


578  GENRE    PHOCjENA. 

suivent.  L'extrémité  en  est  bifurquée  et  reçoit,  dans  l'espèce  de  fourche  qu'elle 
constitue  par  suite  de  cette  bifurcation,  la  pointe  montante  de  l'apophyse  épineuse 
de  la  sixième  vertèbre.  Les  troisième  à  cinquième,  dont  les  arcs  sont  moins  soudés 
entre  eux  que  ne  lesontlescentrums,  paraissent  comme  resserrées  dans  cet  inter- 
valle. La  septième,  libre  comme  nous  l'avons  dit,  asoncentrum  plus  épais  que  celui 
des  précédentes,  mais  sans  que  ses  lames  transverses  soient  constamment  plus 
grandes;  celle  du  côté  gauche  est  cependant  longue  de  0ra,03  dans  un  de  nos 
exemplaires.  Cette  vertèbre  fournit  un  appui  à  la  tête  de  la  première  paire  décotes. 

Si  l'on  observe  les  mêmes  parties  chez  des  sujets  encore  jeunes  et  dont  les  os 
soient  épiphysés,  on  remarque  que  les  six  vertèbres  synostosées  des  adultes  ont 
déjà  leurscentrums  soudés  entre  eux,  quoique  moins  complètement,  et  que  les  arcs 
supérieurs  de  l'atlas  et  de  l'axis  le  sont  aussi  d'une  manière  notable.  L'atlas  est  alors 
composé  de  trois  pièces,  l'une  inférieure,  en  forme  d'arc,  et  deux  supérieures, 
qui  sont  ses  apophyses  épineuses;  les  apophyses  transverses  ne  se  voient  pas  encore. 
Quoiqu'un  commencement  d'ankylose  réunisse  l'arc  inférieur  de  l'atlas  au 
centrum  de  l'axis,  centrum  avec  lequel  se  confond  l'apophyse  odontoïde  de  ce 
dernier,  il  a,  à  cette  époque  de  la  vie,  la  double  lame  de  son  apophyse  neurale 
distincte  inférieurement  de  celle  de  l'atlas,  quoique  se  réunissant  avec  cette  dernière 
par  sa  portion  supérieure  qui  devient  contluente,  c'est-à-dire  ankylosée  avec 
celle  de  l'axis.  L'apophyse  odontoïde  n'est  pas  représentée  par  un  noyau  osseux 
distinct. 

Pendant  la  vie  intra-utérine,  alors  que  l'ossification  des  vertèbres  cervicales  est 
moins  avancée  encore,  on  ne  distingue  qu'une  seule  masse  en  voie  de  solidification 
pour  représenter  les  centrums  des  six  premières  cervicales,  mais  celui  de  la 
septième  est  des  lors  séparé.  Quant  à  l'atlas  et  à  l'axis,  ils  ont  déjà  leurs  apophyses 
épineuses  soudées  entre  elles  et  l'on  voit  en  dessous  du  premier  un  noyau  osseux 
comparable  aux  sésamoïdes  hypapophysaires  qui  existent  sous  les  vertèbres  lom- 
baires de  certains  Mammifères  insectivores  (1).  Le  fœtus  de  l'IIypcroodon  (pie 
nous  avons  étudié  sous  le  même  rapport  (2)  ne  nous  a  pas  présenté  cette  pièce,  qui 
semble  devoir  être  assimilée  à  l'arc  sous-ncural  de  la  même  vertèbre  que  l'on  a 


(1)  Voir  Journal 'de  Zoolo/jir,  t.  V,  p.  Hfj. 
'2,1  I».  :i-0,  I'I,  Xl.lll,  fig.  i. 


SQUELETTE.  57S 

considéré  pendant  longtemps,  mais  à  tort,  suivant  M.  Ch.  Robin,  comme  consti- 
tuant le  centrum  de  cette  vertèbre. 

Les  vertèbres  sont  au  nombce  de  65  environnes  cervicales  comprises. 

On  compte  le  plus  souvent  \ 2  dorsales,  mais  quelquefois  15,  comme  c'est 
le  cas  du  sujet  représenté  PL  LV,  fig.  2  et  5. 

Il  y  a  15  lombo-sacrées  et  50  ou  52  caudales,  dont  17  ou  48  sont  pourvues 
d'os  en  V. 

La  plupart  des  vertèbres  dorsales,  de  même  que  les  lombo-sacrées  et  les 
premières  caudales,  ont  la  partie  moyenne  de  leur  centrum  sensiblement  ré- 
trécie  et  les  bourrelets  répondant  à  leurs  épiphyses  forment  un  rebord;  elles 
présentent  sur  la  ligne  médio-inférieure  une  carène  qui  a  l'apparence  d'une 
courte  crête.  Les  apophyses  épineuses  des  lombaires  sont  moins  saillautes  que 
chez  les  Dauphins,  mais  en  même  temps  un  peu  plus  robustes,  et  elles  ont  les 
facettes  articulaires  plus  rapprochées  entre  elles  que  cela  n'a  lieu  dans  les  es- 
pèces de  la  troisième  tribu  de  la  grande  famille  des  Delphinidés. 

Les  vertèbres  de  la  région  moyenne  de  la  queue  sont  comprimées;  les  dernières, 
au  contraire,  ont  la  forme  de  petits  carrés  un  peu  élargis  et  présentent  chacune 
une  paire  de  perforations  allant  de  la  face  supérieure  à  l'inférieure. 

De  semblables  caractères  se  retrouvent  d'ailleurs  en  partie  dans  la  plupart  des 
autres  Cétodontes,  et  il  est  inutile  d'ajouter  qu'il  en  est  également  ainsi  de  la 
condition  épiphysaire  des  corps  vertébraux  pour  les  jeunes  sujets;  les  doubles 
épiphyses  discoïdes  qui  s'observent  alors  restent  même,  pendant  un  temps  assez 
considérable,  sans  se  souder  aux  centrums  contre  les  faces  antérieure  et  posté- 
rieure desquels  elles  sont  applicpaées.  On  peut,  pour  ainsi  dire,  assister  à  la  formation 
de  ces  vertèbres  en  étudiant  des  Marsouins  ou  d'autres  Cétodontes  à  des  époques  en- 
core moins  avancées  de  leur  développement.  On  voit  par  exemple,  chez  les  fœtus,  les 
lames  latérales  des  apophyses  épineuses  être  d'abord  séparées  l'une  de  l'autre  aussi 
bien  que  du  centrum  ;  leur  apparence  est  alors  réniforme  et  les  apophyses  trans- 
verses ne  sont  encore  que  très-incomplétement  ossifiées  ;  c'est  ce  que  l'on  constate 
chez  le  sujet  avant  terme,  représenté  par  la  fig.  5  de  notre  PL  XLIIL 

Quant  à  l'hyoïde  (PL  LV,  fig.  8  et  19),  nous  nous  bornerons  à  rappeler  que 
son  corps  se  soude  de  bonne  heure  aux  cornes  thyroïdiennes,  pour  former  une 
pièce  unique,  échancrée  en  arrière  et  dont  la  pointe  antérieure  est  tronquée;  sa 


580  GENRE  PHOCjENA. 

corne  styloïdienne,  assez  grêle  en  avant,  est  plus  forte  à  la  partie  la  plus  rappro- 
chée du  crâne;  elle  est  jointe  au  corps  de  l'hyoïde  par  une  portion  cartilagineuse 
de  moitié  moins  longue  qu'elle,  et  qui  se  fixe  sur  le  bord  tronqué  de  cette  partie 
du  même  os. 

Le  sternum,  plus  élargi  au  point  où  il  donne  insertion  à  la  première  paire  de 
côtes,  commence  à  se  rétrécir  vers  son  articulation  avec  la  seconde  et  il  est  plus 
étroit  encore  à  la  troisième;  il  devient  ensuite  cartilagineux. 

Cet  os  est  d'abordforméd'un  longcarlilage  dans  lequel  on  ne  distingue  que  deux 
paires  de  noyaux  osseux  de  grandeur  inégale  (PI.  XLIÏI,  fig.  6);  il  se  durcit  à 
mesure  que  l'animal  avance  en  âge,  mais  on  voit  souvent  près  de  son  bord 
supérieur  une  perforation  qui  est  le  reste  de  sa  séparation  primitive  en  deux 
moitiés,  l'une  droite,  l'autre  gauche,  pendant  l'état  cartilagineux  qui  précède  son 
état  osseux.  Son  bord  antérieur  est  échancré  (PI.  LV,  fig.  9). 

Les  côtes  sont  sub-aplaties,  particulièrement  les  antérieures,  et  leur  partie 
répondant  aux  cartilages  costaux  s'ossifie.  Quatre  d'entre  elles  vont  jusqu'au 
corps  du  sternum.  Les  sept  premières  sont  rejointes  aux  vertèbres  par  deux  points 
articulaires  fournis  par  leur  tubérosité  et  par  leur  tète;  les  autres  le  sont  par 
leur  tèfe  seulement.  Les  premières  côtes  dépassent  un  peu  les  autres  en  largeur. 

Le  nombre  des  côtes  varie,  comme  celui  des  vertèbres  dorsales,  de  12  à  \'.\. 
Les  antérieures  sont  plus  aplaties  que  les  postérieures. 

Aux  membres  antérieurs  nous  signalerons  l'omoplate,  dont  les  deux  apophyses 
acromion  et  coracoïde  sont  nettement  accusées  ;  la  courbure  de  leur  bord  supé- 
rieur est  surbaissée. 

L'humérus  est  assez  court  et  le  cubitus  est  serré  contre  le  radius,  qui  est  plus 
large  que  lui. 

!l  y  a  six  os  au  carpe;  ils  sont  rangés  sur  deux  lignes,  et  les  phalanges  affectent 
les  nombres  suivants  :  \ ,  G,  5,  5,  0. 

Système  dentaire. —  La  forme  des  dents  présente  un  caractère  qui  les  rend 
faciles  à  reconnaître  et  n'a  d'analogue  que  celles  du  ftéoméris  ;  au  lieu  d'être  co- 
niques, elles  ont  la  racine  plus  étroite  que  la  couronne,  et  celle-ci  s'étale,  dans 
la  presque  totalité  de  ces  organes,  en  une  sorte  de  disque  ou  palmette  subcircu- 
laire dirigé  d'avant  en  arrière,  qui  présente  dans  certains  d'entre  eux  une  ou  deux 
ligne-;  verticales,  presque  marginales,  disposés  en  sillon  sur  la  face  externe  des 


GENRE  NE0MEKIS.  581 

supérieures  et  une  ou  deux  lignes  situées  au  milieu  sur  la  face  interne  des 
inférieures.  Ces  sillons  tendent  à  diviser  la  surface  coronale  de  chaque  dent  en 
deux  parties. 

Le  nombre  des  dents  est  de  25  paires  environ,  pour  chacune  des  mâchoires, 
chez  le  Marsouin  de  nos  mers,  et  une  paire  des  supérieures,  quelquefois  deux,  est 
implantée  dans  l'os  intermaxillaire.  La  couronne  manque  de  cément;  on  n'y 
voit  que  de  l'ivoire  enveloppé  par  une  couche  d'émail. 

M.  Burmeister  ne  donne  au  Marsouin  spinipenne  qu'il  a  découvert  à  l'embou- 

chure  de  la  Plata,  que  j^ ^f  dents,  et  la  figure  qu'il  en  publie  indique  qu'elles 

ont  en  outre  une  forme  moins  discoïde  à  leur  couronne  que  cela  n'a  lieu  chez 
le  Marsouin  commun. 


GENRE    NEOMERIS 

Remarques  synonymiques.  —  M.  Dussumier,  ancien  armateur  de  Bordeaux, 
à  qui  le  Muséum  est  redevable  de  précieuses  collections  d'animaux  recueillis  par 
lui  au  cap  de  Bonne-Espérance  et  dans  l'Inde,  ainsi  que  dans  les  mers  qu'il  a 
traversées  pour  se  rendre  dans  ces  régions,  a  découvert  sur  la  côte  de  Malabar  un 
petit  Delphinidé  de  couleur  noire,  assez  semblables  extérieurement  au  Marsouin, 
dont  il  se  rapproche  aussi  par  la  forme  en  palmettes  de  ses  dents,  mais  qui  a  la 
tête  plus  raccourcie  et  manque  de  nageoire  dorsale,  ce  qui  en  ferait  unDelphin- 
aptère,  si  son  crâne  et  sa  dentition  nel'éloignaient  des  Cétacés  auxquels  on  a  appli- 
qué cette  dénomination.  M.  Dussumier  a  appelé  cette  espèce  Delplnnus  phoesenoïdes 
et  elle  a  été  indiquée  sous  le  même  nom  par  G.  Cuvier  (1),  ainsi  que  par  F.  Cuvier  (2). 

Le  même  animal  a  été  retrouvé  dans  d'autres  parages  de  la  mer  des  Indes  ;  ainsi 
M.  Blyth  le  signale  au  Bengale,  et  il  est  probable  que  le  Delphinapterus  Molagan  de 
Madras,  dénommé  par  M.  Owen  (3),  d'après  M.  VV.  Elliot,  n'en  diffère  pas.  11  existe 


(1)  Règne  animal,  2'édit.,  t.  I,  p.  291. 
1)  Hist  nat.  des  Mammifères. 
(3)  Trans.  zoo/.  Soc.  London,  t.  VI,  p.  24;  1.S65. 


582  GENRE   NEOMERIS. 

aussi  au  Japon;  MM.  Temminck  etSchlegel  (I)  ont  donné  à  cet  égard  des  renseigne- 
ments circonstanciés,  tirés  d'exemplaires  rapportés  de  cet  archipel  par  M.  de 
Siebold.  Ils  appellent  le  Phocénin  dont  il  s'agit  Delphinus  mêlas,  quoique  cette  déno- 
mination ait  déjà  été  employée  par  Traill  pour  le  Globicéphale  des  mers  d'Europe. 

M.  Gray  a  proposé  d'établir  pour  le  Dauphin  phoeénoïde  un  genre  à  part,  et 
il  a  nommé  ce  genre  Neomeris  (2).  J'ai  usé  de  la  même  expression  lorsque  j'ai  eu 
à  signaler  cette  espèce  (5),  et  M.  Pucheran  l'a  également  employée  dans  une 
Notice  relative  à  plusieurs  Cétacés  de  la  collection  du  Muséum,  qu'il  a  publiée 
en   1856  (4). 

I.o  ttcomcris  piioctcuoïdes  (5)  a,  comme  nous  l'avons  déjà  dit,  le  corps  de 
couleur  noire;  il  manque  de  nageoire  dorsale  et  sa  tête  est  plus  courte  encore 
que  celle  du  Marsouin,  dont  il  se  rapproche  par  la  forme  de  ses  dents  et  par  quel- 
ques-uns de  ses  principaux  caractères;  il  est  toutefois  de  taille  un  peu  moindre. 

Squelette.  —  Le  crâne  de  ce  Cétodonte  est  plus  court  et  plus  large  que  celui 
du  Marsouin;  les  bosses  occipitales  y  sont  perforées;  les  os  nasaux  ont  moins  de 
saillie  et  ils  sont  moins  remontés;  chacun  d'eux  présente  au  milieu,  près  de  son 
bord  externe,  une  saillie  tuberculeuse;  la  partie  sous-nasale  de  chacun  des  inter- 
maxillaires montre  une  double  saillie  dont  la  forme  diffère  à  quelques  égards  de 
celle  qu'elle  présente  chez  le  Marsouin;  le  rostre  est  plus  large  et  plus  court,  et  en 
même  temps  il  est  plus  aplati  ;  enfin  les  deux  interma\illaires  ainsi  que  les  deux 
maxillaires  dans  leur  partie  visible  à  la  face  supérieure  participent  de  cette  dispo- 
silion,  et  ils  sont  séparés  l'un  de  l'autre  par  une  ligne  droite  plus  régulière  ; 
l'élargissement  du  crâne  se  retrouve  aussi  eu  dessous;  l'excavation  sphéno-basilaire 
esl  plus  ample  et  les  crêtes  latérales  en  sont  moins  relevées;  les  arrière- 
narines  sont  plus  élargies  et  la  pointe  postérieure  des  palatins  est  plus  obtuse; 
ces  os  n'ont  pas  les  mêmes  contours  que  chez  le  Marsouin,  et  le  palais  est  plutôt 
demi-ovalaire  qu'en  forme  de  triangle  isocèle  allongé  comme  chez  ce  dernier;  le 
vomer  ainsi  que  les  intermaxillaires  n'y  sont  visibles  que  sur  une  moindre  étendue, 


D  Fauna  Japonica,  p.  il,  PI.  23  cl  :>ii. 
[2    Erebus  and  Terror,  Mammals,  p.  30;  1846. 
;    //,  ■     ,,!.  des  Mammif  res,  t.  II.  p.  Ml. 
(i)  Revue  et  Magasin  de  Zoologie,  p.  545. 
f.    Pl.LVI, fig.  \-k 


SYSTÈME    DENTAIKE.  583 

à  quoi  il  faut  ajouter  encore  que  la  fosse  orbitaire  est  plus  excavée  et  plus  com- 
pliquée dans  les  détails  de  sa  surface  que  dans  le  genre  qui  nous  a  précédemment 
occupé. 

Chacun  de  nos  deux  crânes  de  Néoméris  mesure  un  peu  plus  de  0,18  en  lon- 
gueur et  de  0,12  en  largeur. 

La  mâchoire  inférieure  a  près  de  0,1 4  ;  elle  ne  possède  qu'une  courte  symphyse. 

La  caisse  auditive  est  plus  élargie  que  chez  le  Marsouin  et  elle  a  son  tubercule 
postéro-externe  plus  saillant. 

MM.  Temminck  et  Schlegel  ont  donné  quelques  détails  au  sujet  des  autres  par- 
ties du  squelette  du  Néoméris. 

11  résulte  de  l'examen  qu'ils  en  ont  fait  que  deux  des  vertèbres  cervicales  seule- 
ment sont  coudées  entre  elles,  ce  que  nous  verrons  être  le  cas  ordinaire  pour  les 
Delphinins.  La  septième  a  son  apophyses  transverse  surmontée  d'un  point  épiphy- 
saire  costiforme. 

On  compte  15  dorsales,   14  lomho-sacrées  et  29  coccygiennes. 

Le  sternum  est  élargi  et  échancré  en  avant;  il  est  court  et  présente  en  arrière 
une  large  fissure. 

Le  bord  supérieur  de  l'omoplate  est  moins  arrondi  que  chez  le  Marsouin,  mais 
les  apophyses  coracoïde  et  acromion  ne  sont  pas  sensiblement  différentes. 

Système  dentaire.  —  Ainsi  que  nous  l'avons  déjà  fait  remarquer,  les  dents  du 
Néoméris  ressemblent  plus  par  leur  forme  à  celles  du  Marsouin  qu'à  celles  d'au- 
cune autre  espèce  de  Cétacés  ;  leur  apparence  palmiforme  ou  en  disque  pédicule 
est  même  plus  prononcée  encore,  et  elles  sont  plus  serrées;  d'ailleurs  les  deux 
paires  de  dents  antérieures  sont  également  implantées  dans  les  os  incisifs;  celles- 
ci  passent  à  la  forme  conique.  On  compte  en  tout  \  8  ou  20  dents  pour  chaque 
côté  et  à  chaque  mâchoire;  quelques-unes  d'entre  elles  ont  le  bord  de  leur 
couronne  légèrement  crénelé;  mais  il  n'en  est  qu'un  petit  nombre  qui  présentenl 
la  (race  des  sillons  que  nous  avons  signalés  aux  dents  du  Marsouin. 


58i 


m 

TRIBU    DES   DELPHININS 

Les  Cétodontes  dont  il  nous  reste  à  parler  ont  pour  représentant  le  plus  connu 
le  Dauphin  ordinaire  (De f plu' nus  delphis  de  Linné),  qu'Aiïstote  signale  déjà,  en  lui 
donnant  le  nom  de  AeX<piç  ;  c'est  le  même  animal  que  nos  pêcheurs  appellent  sou- 
vent le  ùcc-d'oie,  par  allusion  à  la  forme  de  son  rostre,  dont  la  lèvre  supérieure 
est  comme  séparée  de  la  partie  avoisinant  les  évents  par  un  sillon  très-profond,  ce 
qui  diffère  notablement  de  la  disposition  propre  au  Marsouin  et  ressemble  en 
même  temps,  jusqu'à  un  certain  point,  au  bec  d'une  oie. 

Le  Delphinus  delphis  sert  de  type  à  un  genre  distinct  qui  renfermerait,  si  l'on 
devait  en  croire  les  naturalistes  qui  se  sont  occupés  des  Cétacés  de  ce  groupe,  un 
nombre  assez  considérable  d'espèces,  répandues  elles-mêmes  dans  les  différentes 
mers.  On  en  a  séparé,  dans  ces  derniers  temps,  les  Cétacés  très-peu  distincts 
d'ailleurs,  qu'on  appelle  aujourd'hui  Clangula  ou  Prodelphinus.  Les  Delphininsles 
plus  voisins  du  Delphis  conservent  clans  ce  mode  de  classilication  le  nom  de  Delphi- 
nus auquel  nous  avons  cru  devoir  substituer,  pour  éviter  toute  équivoque,  celui 
à'Eudelphinus.  On  doit  également  placer  dans  la  tribu  des  Delphinins  les  Sotalies 
(genre  Sotalia),  les  Lagénorhynques  (genre  Lagenorhynchus),  les  Tursiops,  ayant 
pour  tvpe  le  Nésarnak  ou  Delphinus  Tursio,  et  les  Slcno,  qui  sont  de  tous  ceux 
dont  le  museau  est  le  plus  grêle,  et  cela  à  tel  point,  qu'on  les  a  quelquefois  rap- 
prochés des  Delphinorhynques  bien  qu'ils  n'en  aient  pas  les  véritables  caractères. 

Ces  Cétacés  sont  loin  d'atteindre  les  dimensions  des  Balénidés  ou  celles  des  plus 
gros  Cétodontes,  des  Cachalots,  par  exemple,  des  Orques  ou  de  certains  Zipbioï des, 
et  si  quelques-uns  d'entre  eux  arrivent  encore  à  une  taille  moyenne,  il  en  est  qui 
ne  dépassent  pas  en  longueur  le  Marsouin  ;  quelques-uns  paraissent  même  plus  petits 
que  lui.  C'est  en  particulier  le  cas  pour  l'espèce  propre  aux  mers  australes  à  la- 
quelle on  a  donné  le  nom  de  delphinus  roseiventris,  et  il  en  serait  plus  évidemnn  ni 
ainsi  du  Delphinus  miniums  de  Lesson,  auquel  cet  auteur  n'accorde  que  soixante  et 
quelques  centimètres,  si  ce  qu'il  dit  à  son  égard  avait  été  confirmé  par  de 
nouvelles  observations. 


DELPHININS.  —  GÉNÉRALITÉS.  585 

Les  Delphinins,  quel  que  soit  le  genre  auquel  ils  appartiennent,  ont  le  museau 
étroit  et  allongé;  leur  mâchoire  supérieure  se  termine  en  bec  d'oie  et  ils  ont  les 
dents  à  la  fois  plus  ou  moins  nombreuses  et  déforme  aiguë  :  caractères  auxquels 
il  faut  ajouter  que  leur  vertèbre  atlas  se  soude  seule  avec  l'axis.  On  trouve  ce- 
pendant des  cas  où  les  trois  cervicales  sont  ankylosées  mais  cela  se  voit  rarement. 

Quoique  ces  animaux  possèdent  en  général  une  nageoire  dorsale,  tous  ne 
sont  pas  dans  ce  cas;  on  en  signale  qui  en  manquent  complètement;  c'est  à  eux 
que  semble  revenir  en  propre  le  nom  de  Detphinapterus.  L'espèce  la  moins  impar- 
faitement connue  de  ce  genre  est  le  Delphinus  Peronii  (-1),  qui  a  été  signalée  dans 
plusieurs  parties  de  l'hémisphère  sud,  depuis  les  côtes  du  Brésil  jusqu'à  la  terre  de 
Diémen,  mais  au  sujet  de  laquelle  il  reste  encore  beaucoup  d'incertitude.  D'Or- 
bigny  et  moi  en  avons  publié  une  figure. 

•   Par  contre,  le  Dauphin  de  Mongitore  aurait  le  dos  surmonté  de  deux  appendices 
de  cette  sorte;  on  l'a  distingué  génériquement  sous  la  dénomination  i'0xypterus(2). 

Il  a  été  signalé  un  grand  nombre  de  Delphinidés  de  la  tribu  des  Delphinins,  sur- 
tout parmi  ceux  qui  se  rapprochent  le  plus  des  Dauphins  ordinaires,  soit  de  ceux  que 
nous  nommons  Eudelphinus,  soit  des  Prodelpliinus,  animaux  qui  constituent  en 
effet  deux  genres  distincts.  Mais  dans  la  plupart  des  cas,  les  espèces  de  cette  caté- 
gorie qui  ont  été  dénommées,  n'ont  pour  la  plupart  été  décrites  que  d'une  manière 
incomplète;  elles  n'ont  pas  été  comparées  suffisamment  entre  elles  et  leur  syno- 
nymie est  d'autant  plus  difficile  à  débrouiller  que  beaucoup  d'entre  celles  qui 
rentrent  néanmoins  dans  les  genres  de  Delphinins,  autres  que  ceux  dont  nous 
venons  de  rappeler  les  noms,  ont  aussi  été  appelées  génériquement  du  nom  de 
Delphinus,  ce  qui  devient  une  nouvelle  source  de  complication.  Nous  ne  parlerons 
que  des  espèces  qui  sont  suffisamment  connues,  ou  qui,  l'étant  moins  bien,  peuvent 


(1) Delphinus  leucorhamphus,  Péron,  Voy .  aux  Terres  austr.,  1. 1,  p.  217  ;  1807,  non  kucl.—Delph.  Peronii. 

Lacépède,  Cétacés,  p.  517;  1804.  —  Cuvier,  Oss.foss.,  t.  V,  p.  295,  PI.  XXI,  fig.  5-6  (crâne  qui  est  peut- 
être  d'une  autre  espèce).  —  Detphinapterus  Peronii  et  Delphinus  bicolor,  Stephenson,  Gray,  Calai.,  1866, 
p.  276.  —  Leucorhamp/ms  Peronii,  Dali,  in  Scanimon,  Marine  Mammals,  p.  296.  —  F.  Cuv.,  Cétacés, 
p.  162. — Delphinapt.  Peronii.  A.  d'Orb.  et  P.  Gerv.,  Voyage  ded'Orbigny  dans  l'Amer,  mèrid.,  Mammif., 
p.  31,  PI.  XXI,  fig.  5. 

(2).  Les  auteurs  indiquent  comme  tels  les  deux  Delphinidés  suivants  dont  les  caractères  ostéologiques 
nous  sont  complètement  inconnus:  Oxypterus  Mongitori,  Rafinesque,  Précis  de  sémiologie,  p.  13  (Mé- 
diterranée). —  Delphinus  Rhinocéros,  Voy.  autour  du  Monde,  de  l'Uranie,  Zool.,  p.  8S,  PI.  XI,  fig.  1 
(aperçu  entre  les  Sandwich  et  la  Nouvelle-Galle  du  Sud1.  On  le  cile  également  à  la  Nouvelle-Guinée. 


586  GENRE  TURS10PS. 

cependant  être  classées  avec  quelque  précision  ;  ce  serait  perdre  son  temps  et 
s'exposer  à  commettre  de  nouvelles  erreurs  que  de  parler  longuement  des  autres. 


GENRE   TURSIOPS 

Il  existe  dans  l'Océan  Atlantique  et  dans  les  mers  qui  en  dépendent,  depuis  les 
côtes  du  Groenland  et  celles  de  la  Scandinavie  jusqu'à  la  hauteur  du  détroit  de 
Gibraltar  et  encore  plus  au  Sud,  une  grosse  espèce  de  Delphinidés,  à  bec  séparé  du 
front  par  une  rainure  bilatérale,  rainure  dont  les  deux  moitiés  se  rejoignent  en 
dessus  en  avant  de  la  pointe  du  rostre,  ce  qui  est  l'un  des  caractères  distinctifs  de 
tous  les  Delpbinins. 

Celte  espèce,  qui  se  retrouve  dans  la  Méditerranée  et  que  l'on  signale  jusque  dans 

la  Mer  Noire,  n'a  pas  le  corps  aussi  svelte  que  la  plupart  des  autres  animaux  de  la 

même  tribu,  et  son  museau  est  plus  épais;  la  plus  grande  partie  de  son  corps  est 

brun  noirâtre;  sa  nageoire  dorsale  n'est  pas  très-élevée;  la  partie  étalée  de  sa 

queue  est  dune  médiocre  largeur  ;  ses  dents,  moins  grêles  que  celles  des  autres 

animaux  de  la  même  tribu,  sont  cylindro-coniques,  lisses,  appointies  au  sommet 

2 1      %'i 
et  au  nombre  de^r  a  ^=  au  plus.  C'est  l'Orque  ou  grand  marsouin  de  Bellon  (I), 

mais  le  nom  d'Orque  ne  lui  convient  pas;  peut-être  cette  espèce  répond-elle  à  la 
Pliocène  d'Aristote  (2);  on  l'appelle  fréquemment  Soi/flleur,  du  moins  sur  nos  côtes 
de  la  Méditerranée  ;  elle  n'est  autre  que  le  Nesarnak  ainsi  que  l'Anarnak  des  au- 
teurs (5).  Les  anglais  l'appellent  Bottle  nose  Dolphin  et  les  suédois  Oresvin.  Fabri- 
cius  en  a  fait  son  Delphinus  Tursio  ou  du  moins  l'a  associée  aux  Dauphins  qu'il 
nomme  ainsi  ;  enfin  pour  Montagu  c'est  le  D.  truncatus,  ce  qui  fait  allusion  à  l'usure 
fréquente  des  dents  chez  les  sujets  avancés  en  âge,  lesquels  ont  souvent  la  cou- 
ronne de  ces  organes  comme  tronquée  ou  rasée  jusqu'à  son  milieu  et  même  audelà. 
Les  caractères  ostéologiques  de  ce  Cétacé  se  modifient  insensiblement  lorsqu'il 


(1)  De  Aquatilibus,  p.  18  av.  fig.  i. 

(2)  Voir  p.: 571. 

(M  Lacépède,  Histoire  des  Cétacés,  p.  163.  —  F.  Cuv.,  Histoire  des  Cétacés,  p.  215. 


GÉNÉRALITÉS.  587 

devient  vieux,  et  cela  par  suite  de  la  solidité  croissante  des  os  ainsi  que  de  la  force 
qu'acquièrent  à  leurs  épiphyses,  ce  qui  arrive  aussi  chez  d'autre  Cétodontes. 

Le  Delphinus  Tursio  (\)  doit  servir  de  type  à  un  genre  à  part,  dont  il  existe  des 
représentants  dans  des  parages  très-éloignés  de  nos  côtes;  on  en  voit  par  exemple 
sur  les  côtes  de  l'Afrique,  au  cap  de  Bonne-Espérance,  en  différents  endroits  de  l'o- 
céan Indien  et  jusque  dans  la  mer  Rouge,  dans  les  eaux  de  la  Chine  et  dans  celles  du 
Japon  ainsi  que  du  Pacifique  et  jusqu'à  la  Nouvelle-Zélande,  ce  qui  a  conduit  les 
Cétologues  à  établir  parmi  eux  différentes  espèces  ;  mais,  a  considérer  les  caractères 
des  animaux  dont  il  s'agit  le  nombre  de  ces  espèces  a  été  certainement  exagéré. 

Si  j'en  juge  par  les  crânes  et  les  mcàchoires  provenant  de  plusieurs  de  ces  localités 
que  possède  la  collection  du  Muséum,  il  n'y  a  que  peu  ou  point  de  différence  parmi 
eux;  le  plus  nettement  distinct  des  autres,  est  celui  rapporté  des  mers  du  Cap  qui 
nous  a  été  communiqué  par  M.  le  professeur  Eug.  Deslongchamps,  de  la  Faculté  des 
sciences  de  Caen  et  dont  on  trouvera  la  figure  dans  cet  ouvrage  (2).  Il  est  moins 
élargi  et  plus  allongé  que  le  grand  Tursiops  que  nous  avons  reçu  de  Cette;  ses 

24 

dents  sont  au  nombre  de  ^j.  Nous  l'avons  appelle  Tursiops  aduncus,  du  nom  donné 

par  Hemprich  et  Ehrenberg  à  une  espèce  de  la  mer  Rouge  avec  laquelle  nous 
le  supposons  identique  et  qui  paraît  être  aussi  le  Delphinus  abusalam  de  Ruppel  (5). 
Parmi  les  autres  Delphinidés  qui  ont  été  attribués  avec  quelque  certitude,  à  la 
même  coupe  générique,  on  peut  citer  les  suivants  : 

Tursiops  erebenus,  Cope,  Proceed.  Acad.  nat.  Philadelphia,  1865,  p.  199.  (Côtes  des  États-Unis,  près  de 
Philadelphie). 

Tursiops  eurynome,  Gray,  Cat.  1866,  p.  261  ;  id.,  Erebus  and  Terror,  p.  17.  (Baie  du  Bengale). 

Tursio  Gillii.  Dali,  in  Scammon,  Marine  M  animais,  p.  288,  1874.  Monterey,  (Californie). 

Tursio  métis,  Gray,  Cat.  1866,  p.  216;  id.  Erebus  and  Terror,  PI.  XVIII.  —  J.  Hector,  Trans.  N.  Zeeland 
Institut,  t.  5,  p.  162;  1872.  —  Hutton,  Trans.  N.  Zeeland  Institut,  VIII,  180,  1876. 

Tursio  Catalama,  Gray  Cat.  1866,  p.  262.  —D.  cœrulescens  Giglioli,  Expêd.  du  Magenta,  Cétacés,  p.  88. 
(Côte  nord-est  de  l'Australie). 

On  pourrait  aisément  augmenter  cette  liste,  mais  en  y  ajoutant  des  espèces  dont 
les  caractères  distinctifs  sont  restés  plus  douteux  encore  et  qui  ne  sont  probable- 
ment pas  toutes  de  la  même  division. 


(1)  Atlas,  PI.  XXXIV,  fig.  3  à  6  (de  la  Méditerranée),  et  7  à  9  (delà  Manche). 

(2)  PI.  XXXIV,  fig.  1-2. 

(3)  Hempr.  elEhr.,  Symbole physicœ,  fasc.  II. 


588  GENRE  TURS10PS. 

Le  Delphinus  tursio  et  les  Delphinidés  qui  s'en  rapprochent  le  plus  par  leurs 
principaux  traits  dislinctifs  ayant  paru  devoir  être  groupés  dans  un  genre  à 
part,  M.  Gray  a  appliqué  à  ce  genre  la  dénomination  de  Tursio  (I);  mais,  outre 
que  cette  appellation  revient  à  l'espèce  type  elle-même,  il  ne  faut  pas  oublier 
qu'elle  avait  déjà  été  employée  par  Wagler  (2)  pour  un  groupe  de  même  valeur 
auquel  le  Delphinaptère  de  Péron  sert  de  type,  ce  qui  m'a  engagé  à  lui  préférer  le 
mot  Tursiops  (5)  qui  échappe  à  ce  double  inconvénient.  Plusieurs  Cétologues  l'ont 
adopté. 

Les  Tursiops  sont  reconnaissables  à  leurs  dents  au  nombre  de  21  à  25  à  chaque 
mâchoire  ;  ces  dents  sont  plus  fortes  que  celles  des  autres  Delphinins.  Ils  ont  en 
outre  pour  caractère  d'avoir  les  deux  premières  cervicales  soudées  entre  elles  (4). 

Le  Delphinus  Brochii,  espèce  fossile  dans  les  terrains  tertiaires  supérieurs  de 
l'Italie  leur  ressemble  sous  le  premier  rapport,  c'est-à-dire  par  sa  dentition  (5), 
mais  sa  synostose  cervicale  comprend  les  trois  premières  vertèbres  de  cette 
espèce,  tandis  que  l'atlas  et  l'axis  sont  seuls  réunis  dans  les  Tursiops  actuels,  du 
moins  dans  le  Tursiops  tursio,  dont  plusieurs  exemplaires  nous  ont  tous  présenté 
cette  particularité  (5)  ;  il  est  vrai  que  cette  espèce  est  la  seule  que  nous  ayons  pu 
encore  observer  à  cet  égard. 

Le  Delphinus  Brochii  dont  M.  Brandt  fait  son  Detphinapterus  (Ilemisyn- 
thrachelus)  Brochii  (6)  mérite  d'ailleurs,  si  l'on  tient  également  compte  de  la  force 
de  ses  dents  et  de  la  largeur  plus  grande  de  ses  os  incisifs,  d'être  distingué  spéci- 
fiquement des  véritables  Tursiops;  son  crâne  égale  en  dimensions  celui  du  T. 


(1)  Gray,  CaM8G6,  p.  254. 

(2)  Naturliches  system  der  Amphibien,  p.  34,  1830. 
(3j  Hisl.  nat.  des  Mammif.,  t.  II,  p.  283;  1865. 

(4^  Je  dois  cependant  faire  remarquer  que  dans  un  des  quatre  exemplaires  que  je  me  suis  procurés  à  la 
Nouvelle  (Aude),  grâce  au  concours  de  M.  le  lieutenaut  de  vaisseau  Trotabas,  qui  commandait  alors  le 
«arde-cùte  le  Favori,  les  troisième,  quatrième  et  cinquième  cervicales  ont  leur  corps  en  partie  soudés 
entre  eux;  le  corps  de  la  troisième  se  rattache  par  une  semblable  soudure  à  la  face  postérieure  de  l'axis 
et  en  môme  temps  son  apophyse  épineuse  et  celle  des  quatrième  et  cinquième  vertèbres  se  joignent  aux 
apophyses  épineuses  des  deux  premières. 

Dans  le  squelette  provenant  de  Cette  que  nous  décrivons  plus  loin,  la  sixième  et  la  septième  cervicales 
sont  soudées  ensemble  par  leurs  apophyses  épineuses  ;  mais  c'est  encore  un  fait  accidentel. 

(5)  PI.  XXXIV,Ay.  10. 

(6)  Celaceen  Europas,  p.  241. 


SQUELETTE.  589 

aduncus.  Cette  espèce  fossile  de  Delphinidés  a  été  distinguée  en  premier  lieu  par 
M.  Balsamo  Crivelli  (I). 

Indépendamment  de  ceux  recueillis  sur  les  côtes  de  France  et  de  celui  que  nous 
avons  dit  provenir  des  mers  du  Cap  [Tursiops  aduncus),  les  crânes  de  Tursiops  que 
nous  possédons  sont  originaires  :  -1°  des  côtes  de  la  Chine  (crâne  acquis  à  un  mar- 
chand d'histoire  naturelle  de  Paris)  ;  2°  des  îles  Seychelles  (don  de  M.  Plate);  5°  de 
la  Nouvelle-Zélande  (rostre  envoyé  par  M.  Ilutton)  (2). 

Bien  que  ces  pièces  osseuses  ne  soient  pas  absolument  semblables  entre  elles, 
je  ne  leur  trouve  pas  des  caractères  suffisants  pour  les  attribuer  à  des  espèces  diffé- 
rentes les  unes  des  autres.  Un  nouvel  examen,  portant  sur  un  plus  grand  nombre 
de  sujets,  permettra  seul  de  décider  de  ce  qu'il  faut  penser  à  cet  égard. 

Des  Tursiops  ont  été  encore  rencontrés  dans  d'autres  localités  :  au  Cap-Vert 
(musée  de  Bordeaux),  sur  les  côtes  de  Gambie  (musée  de  Liverpool),  au  Brésil 
(musée  de  Liège),  dans  la  mer  des  Indes  et  ailleurs. 

Squelette.  —  Je  prendrai  pour  sujet  de  la  description  ostéologique  qui  va 
suivre,  le  squelette  d'un  vieux  Tursiops  tursio,  de  sexe  mâle,  qui  m'a  été  envoyé 
entier  de  Cette  (Hérault),  en  novembre  1869  et  qui  venait  d'être  capturé  parles 
pêcheurs  de  cette  ville  (5). 


(1)  Delph.  phocœna,  Cortesi  Nuava  Scella  d'apusculi.  —  Delph.  Brochii,  B.  Crivelli,  Giornale  delV,  I.  if. 
Lomb.,  t.  II,  p.  132;  1842.  —  Capellini,  Mem.  acad.  de  Bologna,  2e  série,  t.  III,  p.  256,  PI.  II  et  111;  1864. 

(2)  Un  crâne  de  Tursiops  de  forte  taille  se  voit  au  musée  de  Lyon  ;  un  autre,  a  dents  très-usècs,  existe  à 
Cette,  dans  la  collection  Doumet. 

(3)  Voici  quelques  mesures  prises  sur  cet  exemplaire  du  sexe  mâle  : 

Longueur  totale 3,05 

Id.        de  la  fente  de  l'évent  jusqu'au  renflement  frontal 0,29 

Id.        de  l'angle  postérieur  de  l'œil  au  trou  auditif. 0,06 

Id.        du  rostre  au  renflement  frontal 0,11 

Id.        de  l'angle  postérieur  de  l'œil  a  la  naissance  de  l'aileron 0,32 

Id.        de  l'aileron  (nageoire  pectorale) 0,45 

Id.        du  bout  du  museau  à  la  naissance  de  la  nageoire  dorsale 1,27 

Id.        de  la  nageoire  dorsale  mesurée  à  sa  base 0,45 

Hauteur  verticale  de  cette  nageoire,  qui  est  éebancrée  en  arrière 0,35 

Diamètre  transversal  de  la  nageoire  caudale 0,70 

La  queue  est  comprimée  et  carénée  à  ses  bords  supérieur  et  inférieur. 

Ëcartement  des  deux  ailerons 0  22 

Distance  des  organes  génitaux  k  l'anus 0  10 

Longueur  de  l'orifice  génital 0  17 

Longueur  de  l'orifice  anal 0  05 

Hauteur  verticale  de  la  partie  terminale  de  la  queue  mesurée  dans  sa  portion 

carénée ,  0  29 

Poids  total  de  l'animal  :  322  kilogrammes. 


590  GENRE  TURSIOPS. 

Quoique  les  Delphinins  de  cette  espèce  soient  assez  loin  d'être  les  plus  sveltes 
de  la  tribu  à  laquelle  ils  appartiennent,  ils  nous  donnent  une  idée  assez  exacte  de 
la  physionomie  des  Cétacés  qui  s'y  rapportent  :  rostre  moins  élargi  queceluides  Pho- 
cénins  et  garni  d'un  nombre  plus  considérable  de  dents,  que  l'on  retrouve  à  peu 
près  le  même,  quoiqu'avec  une  autre  forme  chez  les  marsouins  proprement  dits; 
boite  crânienne  renflée;  os  zygomatiques  grêles  sauf  la  portion  par  laquelle  ils 
s'attachent  aux  maxillaires;  os  pétreux,  tout  à  fait  rudimentaires;  vertèbres  courtes 
et  nombreuses,  surtout  si  on  les  compare  à  celles  des  Delphinorhynques,  pour- 
vues pour  la  plupart  d'apophyses  épineuses  saillantes;  les  dernières  vertèbres 
caudales  en  forme  de  disques  quadrilatères,  aplades,  plus  larges  que  hautes 
et  pourvues  de  deux  fortes  perforations  vasculaires.  Sauf  des  différences  secon- 
daires existant  dans  le  nombre  des  pièces  ainsi  que  dans  les  détails  de  leur  forme 
ou  dans  leur  grandeur,  nous  retrouvons  les  mêmes  caractères  principaux  dans  les 
autres  Delphinins;  déjà  plusieurs  espèces  des  autres  tribus  et  plus  particulièrement 
de  celle  qui  précède,  nous  les  ont  montrés  en  partie,  surtout  en  ce  qui  concerne 
la  conformation  de  la  partie  terminale  de  la  queue. 

Le  crâne  du  grand  Tursio  de  Cette  (4),  dont  nous  donnons  le  squelette  (2)  est 
long  de  0m,51  depuis  les  condyles  occipitaux  jusqu'à  la  pointe  des  os  incisifs; 
il  est  large  de  0"',26  entre  les  apophyses  zygomatiques  des  temporaux  (5). 

Nous  avons  déjà  parlé  des  vertèbres  cervicales  (4)  dont  les  deux  premières  sont 
soudées  par  leur  corps,  par  leurs  apophyses  épineuses  et  par  la  base  de  leurs  apo- 
physes transverses,  ne  laissant  de  passage  entre  elles  que  pour  les  nerfs  de  la 
seconde  paire. 

Les  quatre  premières  dorsales  présentent  seules  deux  surfaces  articulaires 
pour  recevoir  les  côtes  correspondantes,  côtes  dont  la  tête  et  la  tubérosité  sont 
bien  distinctes  l'une  de  l'autre  et  assez  distantes  entre  elles.  Ces  surfaces  articu- 
laires vont  en  augmentant,  aussi  bien  celles  qui  donnent  appui  aux  tètes  costales 
que  celles  sur  lesquelles  portent  les  tubérosités,  mais  la  cinquième  côte  ne  prend 
attache  qu'aux  quatrième  (tète  costale)  et  cinquième  vertèbres  (tubérosité  costale). 

(1)  PI.  XXX\\,.fig.  3-6. 

(2)  PI.  XXXV,  fig.  1  à  M. 

!   PI.  XXIV,  fi<j.  G.  Celui  du  Tursiops  aduncus  mesure  0,60  sur  0,2!).  —  Pour  le  Tursiops  Brochii,  du 
musée  de  Milan,  cette  distance  est  égale  à  O.fiO  sur  0,205. 
(4)  Voir  pour  les  différentes  régions  du  squelette  dont  il  va  être  question,  pi.  XXXV.  fig.  t  a  14. 


SQUELETTE.  591 

La  cinquième  vertèbre  manque  de  surface  articulaire  pour  la  tète  de  la  côte  sui- 
vante, celle-ci  commençant  par  la  partie  dite  tubérosilé  et  n'ayant  dès  lors  d'at- 
tache quesur  l'apophyse  transverse  de  cette  sixième  vertèbre.  C'est  aussi  le  cas 
pour  les  autres  côtes  dont  le  nombre  est  de  6,  ce  qui  ferait  en  tout  12  paires  de 
côtes,  5  sternales  et  7  asternales  s'il  n'existait  une  côte  libre  en  arrière  de 
celles-là  ;  il  y  a  donc  en  tout  L5  paires  de  côtes.  L'apophyse  transverse  de  la 
douzième  dorsale  est  presque  semblable  à  celles  des  lombaires. 

On  compte  M  lombaires  dont  les  apophyses  épineuses  égalent  ou  dépassent 
même  un  peu  en  élévation  les  mêmes  saillies  osseuses  des  dernières  dor- 
sales; à  mesure  qu'on  se  rapproche  de  la  région  caudale,  les  apophyses  trans- 
verses décroissent  petit  à  petit,  mais  elles  sont  encore  très-apparentes,  ainsi  que 
les  apophyses  épineuses,  dans  une  grande  partie  de  cette  région. 

Les  apophyses  articulaires  antérieures  existent  seules,  mais  pas  à  toutes  les  ver- 
tèbres; elles  sont  nulles  ou  à  peine  développées  dans  le  milieu  de  la  région  dorso- 
lombaire  et  aux  dernières  vertèbres  de  la  queue  ;  les  apophyses  épineuses  ainsi  que 
les  transverses  sont  fort  réduites  dans  cette  seconde  région  ou  même  tout  à  fait 
nulles.  Les  apophyses  épineuses  des  vertèbres  de  la  dorsale  penchent  en  arrière; 
celles  de  la  partie  de  la  région  postérieure  lombaire  et  les  premières  caudales, 
sont  au  contraire  dirigées  en  avant. 

Il  existe  27  caudales,  les  premières  ont  la  forme  de  disques,  les  huit  dernières 
ont  laforme  des  parallèlipipèdes,  doublement  perforés,  dont  nous  avons  déjà  parlé  ; 
elles  diminuent  graduellement  à  mesure  qu'elles  sont  plus  voisines  de  l'extrémité 
postérieure;  les  deux  dernières  ou  la  dernière  seulement  sont  très  petites  et  leurs 
trous  vasculaires  à  peine  marqués. 

Ainsi  qu'il  a  déjà  été  dit,  les  dernières  caudales  ont  une  forme  particulière,  on 
n'y  voit  plus  d'arc  spinal,  et  les  os  en  V  manquent  ou  ne  sont  plus  représentés  que 
par  deux  très-petits  os  disciformes,  l'un  droit  l'autre  gauche,  articulés  aux  corps 
vertébraux,  mais  séparés  l'un  de  l'autre  sur  la  ligne  médiane. 

Il  y  a  \  5  paires  de  côtes  dont  8,  les  antérieures,  sont  pourvues  de  chondropleures 
ossifiées;  5  de  ces  derniers  seulement  aboutissent  au  sternum.  L'ostéopleure  for- 
mant la  partie  principale  delà  première  côte  est  arqué  et  aplati,  son  chondropleure 
presque  aussi  large  mais  moins  recourbé  et  plus  court.  L'ostéopleure  présente  une 
tète  et  une  tubérosité,  caractère  qu'on  retrouva  jusqu'à  la  cinquième  paire  des  os  de 


592  GENRE  STENO. 

cette  sorte,  lesquels  sont  d'ailleurs  plus  longs  et  moins  larges  et  vont  en  grandissant 
en  même  temps  qu'ils  diminuent  d'épaisseur  jusqu'à  la  sixième  paire  exclusive- 
ment. En  effet  celle-ci  est  déjà  un  peu  moins  longue  que  la  cinquième,  et  de  même 
que  les  suivantes  elle  n'a  plus  de  tête  articulaire.  Ainsi  que  nous  l'avons  dit 
précédemment,  la  treizième  côte  est  flottante,  c'est-à-dire  libre  dans  les  chairs. 

La  première  pièce  du  sternum  est  plus  large  que  les  autres,  faiblement  écbancrée 
en  avant  et  comme  ailée  de  chaque  côté  ;  elle  est  suivie  de  trois  autres,  ce  qui 
fait  au  total,  quatre  articulations  sternales.  Dans  les  sujets  âgés,  ces  quatre  pièces 
sont  pleines,  mais,  à  une  époque  moins  avancée,  l'échancrure  présternale  forme 
une  fissure  profonde  aboutissant  à  une  perforation  de  forme  ovalaire  et  la  qua- 
trième sternèbre  est  encore  incomplètement  formée.  A  cette  époque  les  sternèbres 
sont  d'ailleurs  disjointes  et  simplement  réunies  par  synchondrose. 

Les  membres  ne  sont  pas  allongés,  mais  plutôt  un  peu  élargis  et  assez  obtus. 
L'humérus  est  court  et  pourvu  de  tubérosités  saillantes,  en  même  temps  que 
presque  confondues  entre  elles.  Il  se  soude  à  peu  près  complètement  par  son  extré- 
mité inférieure  aux  os  de  l'avant-bras,  dont  le  cubitus  présente  une  saillie  olé- 
crànienne  qui,  sans  être  volumineuse,  est  cependant  très-marquée.  Le  radius  est  le 
plus  large  des  deux  os  de  cette  partie  du  bras;  son  extrémité  inférieure  l'emporte 
sensiblement  sous  ce  rapport  sur  la  supérieure.  Il  existe  cinq  os  au  carpe,  dont 
quatre  sont  en  rapport  avec  les  doigts  par  l'intermédiaire  des  métacarpiens, 
l'autre  étant  placé  entre  cette  rangée  et  l'avant-bras.  Le  pouce  n'a  qu'une  pha- 
lange, le  second  doigt  en  a  7,  le  troisième  6,  le  quatrième  2  et  le  cinquième  1 .  A 
tous  les  doigts  la  phalange  terminale  est  constamment  de  petite  dimension. 

Nous  ne  possédons  pas  l'os  pelvien  de  ce  cétacé. 

Système  dentaire.  —  Ce  que  nous  avons  déjà  dit  dans  ce  chapitre  des  dents 
des  Tursiops  nous  dispense  d'y  revenir  ici. 


GENRE    STENO 


La  coupe  générique,  ainsi  dénommée  (I)  ne  réunit  qu'un  petit  nombre  d'es- 
pèces, autrefois  annoncées  et  quelques  autres  alors  mal  définies,  mais  aujourd'hui 


(1)  Gray,  El  bus  and  Terror,zool.,  p.  13 j  1847. 


SQUELETTE.  593 

mieux  connues,  sous  la  dénomination  DelpAinorkynchus  dont  nous  avions  con- 
tinué nous  même  à  nous  servir  (I),  mais  qui  ne  doit  plus  être  appliquée.  Les 
Sténos  vivent  de  préférence  dans  les  mers  des  pays  chauds;  cependant  nous  en 
avons  un  qui  fréquente  les  côtes  de  l'Océan,  où  il  se  montre  de  préférence, 
bien  qu'assez  rarement,  sur  les  côtes  de  Hollande  ;  c'est  le  V  Iphinus  rostratus 
aussi  appelé  D.  Bredaensis,  dont  j'ai  fait  de  mon  côté  un  genre  distinct,  sous 
le  nom  de  Glyphidelphis  (2),  parce  que  la  surface  de  ses  dents  est  finement  guillo- 
chée,  ce  qui  n'a  pas  lieu  pour  les  autres  animaux  de  la  famille  qui  nous  occupe. 

Les  Sténos  out  le  crâne  allongé  et  grêle  dans  ses  parties  faciales;  la  coupe  de 
cette  partie  de  la  tète  devient  ainsi  assez  régulièrement  ovalaire. 

Leurs  dents  sont  toujours  acuminées  ;  elles  sont  d'ailleurs  moins  nombreuses  que 
celles  des  Dauphins  ordinaires,  plus  fortes  et  plus  épaisses,  sous  ce  rapport  elles 
ont  encore  une  certaine  analogie  avec  celles  des  ïursiops  et  des  Sotalias,  mais 
dépassent  en  épaisseur  les  dents  de  ces  derniers  pour  ressembler  davantage  aux 
dents  des  Tursiops. 

A  en  juger  par  la  Delphinus  sinensis,  espèce  de  Sténo  dont  M.  Flower  a  pu  ob- 
server le  squelette  (5),  les  animaux  de  ce  genre  ont  aussi  l'atlas  et  l'axis  soudés 
ensemble. 

Un  des  Sténos  dont  il  est  le  plus  souvent  question  dans  les  auteurs,  est  le 
suivant  : 

Sténo  plumbeus  :  Dussumier,  in  G.  Cuv.,  Règne  animal,  t.  I,  p.  288.  —  F.  Cuv.,  Mamm.  lith.  —  Puche- 

ran,  Revue  et  Mag.  de  Zool,  1856,  p.  18.  —  Giglioli,  Cet.  délia  Magenta,  p.  83.  —  D.  malayanus,  Les- 

son,  Voyage  de  la  Coquille,  Zool.,  p.   184,  1'].   IX,  fig.  5.  —  D.  Capensis.   Rapp.,  Cétacés,  PL  II,  fij.  \ 

[nonauctorum).  —  D.  Rappii,  Reinschenb.,  t.  III,  p.  48,  PL  \\U\,/ig.  5-7  (Océan  indien).  Les  dents  de  ce 

38 
Sténo  sont  au  nombre  de  —  • 
34 

Sténo  CHlNENSiS    :    Delphinus  chinensis,  Osbeck,  Voyage   ci  la  Chine,  t.  1,  p.  7.—  D.  sinensis,  Desm. 

Mamm.  p.  514.  —  Flower  loco  cit.  (des  mers  de  la  Chine  et  de  Formose).  Dans  le  crâne  ou  la  partie  de 

39       33 
crâne  que  j'ai  fait  figurer  comme  appartenant  à  cette  espèce  (4),  on  compte  '—  et  —  dents.  L'exemplaire 

OU  DO 

23  31 

décrit  par  M.  Flower  en  possédait— d'un  côté  et  —  de  l'autre.  Je  n'oserais  affirmer  que  j'ai  eu  sous  les 

yeux  des  exemplaires  de  la  même  espèce  que  celle  étudiée  par  ce  savant,  mais  ce  sont  en  tous  cas  des 
animaux  très  voisins. 


(1)  Zool.  et  Pal.  franc.,  p.  301. 

(2)  Trans.  zool., soc.  Lond.,  t.  VII,  p.  151,  PI.  XVII-XVIII;  1869. 

(3)  PL  XXXVII,  fig.  1-5. 

(4)  PL  XXXVII,  fig.  G-7. 

75 


594  CEXRE  SOTALIA. 

M.  Gray  cite  d'autres  Sténos,  mais  qui  tous  ne  méritent  pas  ce  nom.  Le  Delphinus  perspicillatus  de 
M.  Peters  (1),  provenant  de  l'Atlantique,  appartient  plus  sûrement  au  groupe  qui  nous  occupe. 

Gi/vphidblphis  rostratl'S  :  Del phinus  frontatus,  Cuv.,  Oss.foss.,  t.  V,  lre  partie,  p.  296,  PI.  XXI,  fig.  7-8 

et  XII,  /(tf.  8  (partim).  —  D.  bredaensis,  id.,   ibid.,  p.  400.  —  D.  rostratus,  F.   Cuv.,   Cétacés,  p.    157, 

PI.  X,  fig.  2.  —  Lesson,  Cétacés,  t.  i,  p.  237.  -  P.  Gerv.,  Zool.  et  Pal.  franc.,  lococit.  (Côtes  occiden- 

21 
taies  de  l'Europe),  —  dents. 

A  cause  du  nombre  de  ses  dents  qui  c-st  moindre  que  chez  les  véritables  Sténos  et  de  la  disposition 
guillochée  de  ces  organes,  je  continuerai  à  faire  du  Delphinus  rostratus  (2!  l'objet  d'un  genre  particulier, 
auquel  on  pourra  laisser  le  nom  de  Glyphidelphis. 


GENRE    SOTALIA 

Voici  encore  une  dénomination  générique  proposée  par  M.  Gray  (5),  qui  s'ap- 
plique au  Delphinus  guyanensis  décrit  par  M.  Van  Beneden  (4),  d'après  un  squelette 
envoyé  à  ce  savant  par  le  Musée  de  Stuttgard  et  qui  provient  de  l'embouchure  du 
Surinam.  M.  E.  Van  Beneden  y  a  associé  un  Dauphin  du  Brésil,  dont  il  a  donné  la 
description,  en  l'appelant  Solalia  brasiliemis  (5)  ;  c'est  de  même  que  le  D.  Guyanensis, 
une  espèce  qui  ne  quitte  pas  le  littoral  et  M.  E.  Van  Beneden  se  l'est  procuré,  pen- 
dant son  séjour  au  Brésil,  dans  la  baie  de  Rio  de  Janeiro. 

Le  Delphinus  microps  de  Gray  (6)  se  tient  à  l'embouchure  de  la  Plata  et  paraît, 
d'après  le  D1  Dickie,  exister  aussi  sur  les  côtes  du  Brésil,  doil  rentrer  dans  le  genre 
qui  nous  occupe,  et  son  espèce  ne  diffère  peut-être  pas  de  celle  de  D.  brasiliensis. 

Le  crâne  de  ces  Dauphins  (7)  a  encore  dans  son  apparence  générale,  quelque 
chose  de  celui  des  Tursiops,  mais  sans  être  identiquement  conformé  et  il  lui  res- 
semble aussi  sous  le  rapport  des  dents  qui  sont  un  peu  plus  fortes  que  celles  i]v< 
autres  Delphinins,  sauf  toutefois  les  Sténos. 

La  colonne  véritable  se  compose  de  54  vertèbres  :  7  cervicales,  I  I  dorsales, 
10  lombaires  et  25  caudales.  Leur  forme  est  à  peu  de  chose  près  la  même  que 
celle  des  autres  Cétacés  de  la   même  tribu;  l'axis  est  également  soudé  à  l'atlas. 


(I     Monatsbericht  dkad.  Wissensch  ften  Berlin,  1876,  p.  360. 
[2]  PI.  XXXVII,  fig,  12. 
(3   Calai,  of  Seuls  and  W/iales,  p.  lui  ;  1866. 
(4)  Bull.  acad.  de  Belgique,  2'  série,  t.  Il,  p.  27  ;  1863. 
i.',)  M: m.  acad.  de  Bruxelles,  t.  XI. I.  p.  1.  PI.  1  et  -';  1874. 
{G)  Calai.  1866,  p.  240  et  395. 
7  PI.  I.l. 


SQUELETTE.  69o 

Quelques  particularités  de  valeur  secondaire  distinguent  le  Dauphin  du  Brésil  du 
Sotalia  guyanensis. 

Les  vertèbres  du  Sotalia guyanensis  sont  au  nombre  de  55  et  cette  espèce  possède 

12  côtes. 

ô2  54 

On  compte  -^  dents  au  Sotalia  guyanensis  et'^m  B/asiliensis.  Elles  sont  plus 

épaisses  et  moins  aiguës  que  chez  les  Dauphins  et  rappellent  à  quelques  égards 
celle  des  petites  espèces  de  Delphinorhynques  ;  elles  sont  aussi  moins  nom- 
breuses. 

Peu  de  temps  après  la  publication  du  genre  Sotalia,  P.  Gervais  a  associé  à  ce 
genre  (1)  deux  espèces  lluviales,  rencontrées  dans  le  Haut-Amazone  par  MM.  Fran- 
cis de  Castelnau  et  E.  Deville,  dont  il  avait  antérieurement  donné  la  description  (2) 
dans  l'ouvrage  publié  par  le  premier  de  ces  zélés  voyageurs  à  la  suite  de  l'expé- 
dition dont  il  avait  été  le  chef. 

De  ces  deux  espèces,  la  Sotalia  pallida,  est  celle  dont  nous  possédons  le  plus 
grand  nombre  de  parties;  nous  en  avons  un  squelette  presque  entier,  aussi 
a-t-il  été  possible  d'en  Ggurer  un  certain  nombre  de  pièces  :  le  crâne  avec  sa 
mâchoire  inférieure,  le  labyrinthe,  la  région  cervicale,  le  sternum  et  la  nageoire 
pectorale. 

L'axis  et  l'atlas  sont  soudés  ensemble  ;  les  deux  vertèbres  qui  suivent  ont  le 
canal  de  l'artère  vertébral  fermé  et  la  septième  a  l'apophyse  transverse  très  déve- 
loppée, mais  du  côté  gauche  seulement  (5).  Le  sternum  diffère  peu  de  celui  du 
Sotalia  guyanensis,  mais  on  reconnaît  à  son  degré  plus  avancé  d'ossification 
qu'il  provenait  d'un  sujet  plus  avancé  en  âge  ;  l'omoplate  a  ses  apophyses  acro- 
mion  et  coracoide  sensiblement  plus  grêles  que  dans  les  Delphinins  ordinaires,  ce 
qui  est  conforme  avec  la  disposition  caractéristique  des  Sotalia  guyanensis  et  brasi- 


(1)  Pi.  XLI,  fit/.  6-17. 

(2)  Delphinus  fluviatilis  et  D.  pallidus,  P.  Gerv.,  in  Castelnau,  Amer,  du  Sud,  Mammif.,  p.  92  et  '.14, 
PI.  \IX,  fig.  1  et  2;  1855.  C'est  très-probablement  au  même  groupe  que  ces  deux  espèces  qui  d'ailleurs 
diffèrent  très-peu  l'une  de  l'autre  que  l'on  devra  rapporter  le  Dauphin  du  Brésil  rapporté  par  Spix  et 
Martins,  et  qui  a  reçu  de  Natterer  le  nom  de  Delphinus  tuchuschi  transformé  par  M.  Gray  en  Tucaxi  m 
en  faisant  son  Sténo  Tucaxi. 

(3)  Une  septième  cervicale  inférieure  (PI.  \lA,fig.  \H),  qui  faisait  partie  du  lot  de  fossiles  remis  par  M.  Du- 
puis  de  Buenos-Ayres  au  Muséum  de  Paris  paraît  fort  semblable  a  celle  dont  il  est  ici  question  et  pourrait 
bien  avoir  appartenu  a  un  animal  du  même  genre. 


596  GENRE  LAGENÛRHYNCHUS. 

liensis;  enfin  la  nageoire  est  à  peu  près  conformée  comme  chez  ces  derniers,  bien 
qu'on  y  remarque  quelques  légères  différences  faciles  à  constater  par  la  figure 
que  nous  donnons  de  ces  parties  (I  ) . 

Les  mâchoires  qui  sont  courtement  symphysées  et  réunies  seulement  par  un 
ligament  portent  50  paires  de  dents. 

Dans  le  Sotalia  fluviatilis  (2),  espèce  qui  ne  doit  pas  être  séparée  de  la  précédente, 
la  mâchoire  supérieure  à  51  dents  et  l'inférieure  29. 


GENRE   LAGENORHYNCHUS. 

Les  Delphinidés  auxquels  on  a  imposé  ce  nom  générique,  sont  à  quelques 
égards,  intermédiaires  aux  Tursiops  et  aux  Dauphins  proprement  dits.  Ils  ont  le 
crâne  assez  élargi,  surtout  dans  sa  partie  cérébrale  et  leur  rostre  est  moins  long 
que  celui  des  Tursiops,  en  môme  temps  qu'il  est  relativement  plus  large;  en  outre 
ces  Delphinins  ont  les  dents  plus  grêles  que  celles  des  Tursiops,  dont  ils  se  rap- 
prochent par  la  taille,  et  ils  possèdent  un  nombre  variable  de  dents,  soit  22  à  58 
pour  chaque  mâchoire  selon  les  espèces,  sans  toutefois  en  avoir  autant  que  les 
Dauphins  ordinaires,  soit  les  Eudelphinus,  soit  les  Prodelphinus.  Ces  dents  sont 
moins  fines  que  chez  les  Dauphins  ordinaires. 

Les  Lagénorhynques  dont  il  existe  différentes  espèces  sont  répandus  dans  des 
mers  assez  distantes  les  unes  des  autres,  mais  nous  ne  possédons  pas  des  pièces 
osseuses  de  toutes  celles  qui  ont  été  décrites,  ce  qui  ne  nous  permettra  pas  d'en 
discuter  la  valeur.  Ce  sont  ceux  des  régions  arctiques  qui  ont  le  plus  de  dents.  La 
planche  XXXVI  du  présent  ouvrage  qui  a  paru  il  y  a  quelques  années  déjà,  donne 
la  figure  du  crâne  de  plusieurs  de  ces  espèces. 

C'est  encore  M.  Gray  qui  a  le  premier  proposé  la  dénomination  générique  im- 
posée à  ces  animaux (5),  mais  il  les  a  partagés  depuis  lors  en  quatre  groupes,  dans 
le  supplément  à  son  Catalogue  Cétacés  paru  en  1874  ;  il  les  divise  en  effet  en  quatre 
genres  différents  sous  les  noms  à'Electra,  de  F<>resa,  de  Leucopleurus  et  Lagenor- 


0)  PI.  TOA,Jlg.  5  d  17. 
I   PI.  \\.\,'/iy.l. 
13)  Ert  bus  and  Ternir,  Zool.,  p.  34;  1846. 


GÉNÉRALITÉS.  597 

hynchus  (I),  ce  qu'il  n'avait  pas  fait  antérieurement.  Le  genre  Cephalorhynchus 
quoique  différent  peu  des  Lagénorbynques,  nous  parait  cependant  devoir  en  être 
distingué,  mais  c'est  dans  la  même  section  qu'il  doit  être  classé. 

Les  deux  premières  vertèbres  cervicales  des  Lagenorhynquos  sont  seules  soudées 
ensemble.  À  l'extérieur  ces  CétaJontes  se  font  remarquer  par  une  moindre  longueur 
de  la  partie  en  forme  de  bec  d'oie  terminant  leur  museau,  que  cela  n'est  habituel 
aux  Delpbinins;  l'aspect  plus  trapu  de  leur  tête  est  en  rapport  avec  le  volume  de 
leur  crâne,  ainsi  que  le  raccourcissement  plus  ou  moins  prononcé  de  leur  région 
faciale.  On  possède  plusieurs  bonnes  figures  de  ces  animaux. 

Certains  d'entre  eux  sont  propres  aux  parties  septentrionales  de  l'Atlantique, 
particulièrement  les  Lagenorhynchus  Eschrichtii  (2).  L'Alùirosiris  (5)  et  d'autres 
habitent  les  parages  de  la  Patagonie  (4),  sur  les  côtes  des  Etats-Unis  (3),  dans  la 
mer  des  Indes  (6),  dans  l'Océan  Pacifique  et  les  parages  de  la  Nouvelle-Zélande  (7). 
La  côte  occidentale  d'Afrique  possède  le  Lagenorhynchus  Asia  (8),  dont  la  présence 
a  été  constatée  aux  îles  Bissagos,  situées  dans  le  golfe  de  Guinée  ;  un  crâne  rap- 
porté des  îles  Hawaï  au  Muséum  par  M.  Ballieu,  paraît  aussi  lui  appartenir.  Cette 
espèce  est  un  peu  plus  grande  que  les  autres;  nous  possédons  un  crâne  (9)  dont 

58       57 
les   dents,   plus  fines,  paraissent  avoir  été  au  nombre  de^ou  — . 

DO  0^4 


(1   Suppl.  Catal.  Seuls  and  Whales,  1871,  p.  7">. 

(2)  Lagenorhynchus  Eschp.ichïii.  —  PI.  XXXXVI,  fig.  4.  —  Schlegel,  Abhandl.  Zool.  und  Vergleischende 
Anal.,  p.  23,  PI.  I,  II,  fig.  4  et  IV,  fig.  b;  1811.  —  D.  leucopleurus,  II.  Rasch,  Nova  spec.  descripta,  p.  97. 
Christiania  ;  1843.  —  D.  acutus,  Gray,  Spicil.  Zool.,  p.  1,  des  îles  Feroe  el  de  Scandinavie. 

(3   Lagenokhyxchus  albip.ostris,   PI.   XXXVI,   fig.   5.  Delph.  albir.  ou  Ibsenii,  Esch.  In.  — Claudius, 

Dissertatio  de  Lagenorliynchis;  Kiel,  18i3:i.  —  Clark,  Froceed.  Zool.  soc.  London,  1871!,  p.  G8G.  —  Mûrie, 

38 
Linn.  Soc.  Jour».  (Zool.),  t.  XI,  p.  141,  PI.  V  (des  côtes  de  la  Scandinavie).  Denis  — ;   (des  côtes   d'An- 

29 

gleterrcet  de  la  mer  du  Nord).  Dents  ^-  . 

(4)  LAGb.NOr.HYNCHUs  THICOLEA,  Gray,  Proceed.  Zool.  Soc.  London,  1849,  p. 

(b)  Lagenouhynchus  coeulleo-albls,  Meyen.  Acla  Nat.  Curios,  t.  XVI.,  p.  G09,  PI.  XLIII,  fig.  1. 
(G)  Lagenorhynchus  clanculls,  Gray,  Proceed  Zool.  Soc.  London.  l  s  i 9 ,  p.  2.  —  Delphinus  fusi/ormis, 
Owen,  Trans.  zool.  Soc.  London,  t.  VI,  p.  1,  pi.  VII. 

(7)  Lagenorhynchus  clanculus.  Dali  et  Hector,  Trans.  Neiv-Zealand  Institut,  1870,  p.  £ï. 

(8)  Lagenoriiynchls  asia  (PI.  XXXXVI,  fig.  G).  —  Lag.  Asia,   Gray,  Catal.,    1866,  pr.   2G9.  Dents  de 

22  22 

^exemplaire  de  M.  Ballieu  jt;  de  notre  second  exemplaire  -=- . 

S  I  l 

(9)  PI.  XXXVI,  fig.  G. 


598  GENRE  LAGENORHYNCHTS. 

Il  semble  que  l'on  doit  aussi  attribuer  au  même  groupe  le  Delphinus  (>rcriceps(\) 
de  l'embouchure  de  la  Plata,  dont  le  crâne  est  figuré  dans  notre  Atlas  (2),  ainsi 
que  le  Delphinus  crueiger  (5)  du  cap  Horn,  espèces  qu'il  nous  a  été  possible  d'ob- 
server et  de  comparer  avec  celles  qui  fréquentent  le  nord  de  l'Europe,  ainsi 
qu'avec  le  Lagenorhynchus  [s/a. 

M.  Van  Beneden  signale  sous  le  nom  de  Lagenorhynqde  de  Castelnac  (4)  une 
autre  espèce  du  genre  dont  il  vient  d'être  question  ;  elle  a  pour  habitat  le  cap  de 
Bonne-Espérance  et  repose  sur  l'examen  du  dessin  fait  par  Francis  de  (las— 
telnau  pour  en  prendre  le  nom. 

Squelette.  —  Nous  nous  bornerons  à  quelques  remarques  relativement  au 
squelette  du  Lagenorhynque,  dont  nous  donnons  d'ailleurs  des  figures  PI.  XXXV, 
fig.  15  à  55.  C'est  chez  eux  que  l'on  rencontre  le  plus  grand  nombre  de  vertèbres. 

On  en  compte  91  chez  le  Lagenorhynchus  allrirostris,  savoir  :  7  cervicales,  14  dor- 
sales, 20  lombo-sacrées  et  49  ou  50  coccygiennes.  Chez  le  L.  Eschrichtii,  il  n'y  en 
a  plus  que  81  :  7  cervicales,  \\  dorsales,  20  lombaires  et  59  ou  50.  Le  h.  Leuco- 
pleurus  possède  comme  les  deux  précédents  14  dorsales;  c'est  celui  dont  les  apo- 
physes épineuses  et  transverses  sont  les  plus  fortes.  Ses  quatre  premières  cervicales 
sontsoudées.  Le  L.  Eschrichtii  est  dans  le  même  cas  ;  au  contraire  le  L.  ilbirostris 
a  seul  l'atlas  et  l'axis  réunis. 

Les  omoplates  sont  assez  fortes,  assez  élevées  et  en  forme  d'éventail. 

Les  sternums  ont  les  caractères  de  ceux  des  Dauphins.  Signalons  dans  ceux  que 
ii;  us  possédons  une  faible  échancrure  antérieure  el  deux  cornes  latérales  dirigées 
en  arrière  dans  la  première  pièce  osseuse  du  L.  Alùirostris,  dont  les  autres  pièces 
ont  leurs  bords  externes  faiblement  concaves;  un  trou  antérieur  incomplètement 


i.  Lagenorhynchus  breviceps.—  Dauphins  à  museau  court,  Hombron  etJaquinot,  Voyage  au  Pôle  Sud 
et  dam  VOcéanit ,  Zool.,  p.  39,  PI.  XXII,  fig.  I.  —  Delphinus  breviceps,  Wagner,  in  Schreb.,  Sâugelhiere 

ni,'  l'embouchure  de  la  Plata).  Dents  ~. 

±)  PI.  x\\vi../vy.  ■>. 

(3)  Lagenorhynchus  cruciger  (PI,  KXXXV1,  fig.  3).  —  Delphinus  crueiger,  Qiioy  et  Gaimard,  Voy.  de 

l'Vranie,  Zool.,  p.  87,  PI.  Il,  fig.  1-4.  —  D.  bivittatus,  Les*.,  Bull., se.  nat.,  par  Férussac,  I.  VII,  p.  373. 

—  Id.,  Voy.  delà  Coquille,  Zool.,  t.  I,  p.  178,  PI.  IX,  fig.  :t.  —  l>    crueiger  et  l>.  bivittatus,  V.  Cav. , 

Cétacés,  p.  225.  --  D     rm  iger,  à  Drb.  et  P.  Gerv.,  in  d'Orb.,  Voy.  Amer,  mérid.,  t.  IV,  p.  83,  PI.  XIII, 

26        _"' 
fig.  i  a  4.  -  Dent;.  ^  _  ^. 

(4)  Bull.Acad.  r.  Bely.,  2'  série,  t.  XXXVI,  p.  266,  PL  \,fig.  2:  1873. 


GENRE  CEPHALORHYNCHl  S.  59!> 

fermé  de  la  première  pièce;  plus  de  gracilité  dans  l'ensemble  des  pièces  et  une 
simple  obliquité  des  bords  latéraux  des  pièces  suivantes  chez  le  L.  Esehrkhlii. 
Signalons  enfin  une  forme  encore  différente,  caractérisée  par  les  deux  saillies  an- 
térieures recourbées  en  arrière  et  l'allongement  des  autres  sternèbres  chez  le 
L.  Leucoplcurus . 

La  première  paire  de  côtes  est  large,  curviligne  et  aplatie  dans  la  dernière 
espèce  que  nous  venons  de  nommer;  plus  longue  et  moins  élargie  dans  le  L.  Alôi- 
rosfnis.  Les  chondropleures  ou  parties  ordinairement  cartilagineuses  tles  côtes, 
sont  ossifiées  comme  dans  les  autres  Delpbinidés.  On  trouve  aux  L.  itbirortris  et 
L.  Esekrichtii  des  tubérosités  et  des  tètes  costales  aux  six  premières  côtes,  et  aux 
cinq  premières  seulement  chez  le  L.  Leucoplcurus.  V Etidelphinus  delphis  en  a  aux 
six  premières,  le  Prodetphinus  marginatm  est  dans  le  cas  du  L.  Leucopkurus. 


GENRE    CEPHALORHYNCHUrv 

Les  Céphalorhynques  sont  des  Delphinidés  assez  faciles  à  distinguer  des 
autres  animaux  de  cette  famille,  quoique  se  rapprochant  sensiblement  à  cer- 
tains égards  des  Lagenorhynques.  Leur  crâne  (I)  est  sensiblement  plus  étroit, 
et  la  coupe  de  ses  côtés  est  davantage  en  ligne  droite  dans  la  partie  enveloppant  le 
cerveau  ;  en  outre,  leur  rostre  n'est  que  médiocrement  allongé,  et  il  est  moins 
élargi  que  celui  des  espèces  auxquelles  nous  venons  de  les  comparer  ;  enfin  ils  ont 
les  os  incisifs  moins  larges  que  les  leurs.  Les  Lagenorhynques  ont  d'ailleurs  les 
deux  premières  vertèbres  cervicales  soudées  entre  elles.  Ce  sont  des  animaux  de 
taille  médiocre,  à  dents  assez  fines  mais  moins  nombreuses  que  celles  des  Dau- 
phins ordinaires,  aiguës  comme  celles  de  tous  les  animaux  de  la  même  famille, 
bien  que  Cuvier,  qui  a  le  premier  parlé  d'eux,  les  ait  rapportés  aux  animaux  du 
genre  des  Phocènes  ou  Marsouins  (2),  qui  ont  des  dents  d'une  toute  autre  forme. 
Le  nombre  de  ces  organes  varie  suivant  les  différents  sujets  entre  25  et  51 . 

Lne  des  premières  descriptions  de  ces   Dauphins  est  due  à  F.   Cuvier  (5); 


I    PL  XXXVI,  fig.  1. 
(2   Règru  animal,  t.  I,  p.  289; 
(3   Mammif.  L  sson,  livr.  58. 


600  GENRE  EUDELPHINUS. 

M.  Gray  en  a  publié  une  autre  peu  de  temps  après  (1).  D'autres  auteurs  s'en  sont 
ensuite  occupés  et  leur  ont  assigné  des  noms  différents  (2),  auxquels  il  faut  ajouter 
celui  à'Orca  capensis  proposé  plus  récemment  par  M.  Van  Beneden  (5). 

Des  nouvelles  espèces  différentes  de  celles-là  avaient  aussi  été  indiquées  sous  les 
dénominations  suivantes  : 

Delphinus  eotropia,  Gray,  Proceed  zoal.  Soc.  London,  1819,  p.  t.  —  Cephalorhynchus  eulrop,  Dali, 
in  Scammon,  Marine  mammals,^.  389  Pacifique  du  Sud,  Chili). 
Edtropu  dickibi,  Gray,  Proceed,  18G6,  p.  213;  1868,  p.  7,  PI.  XXX1V;1S37,  p.  75. 
LvGEiNOiuiYNCHUS  clan'Colus,  Gray,  Catal.,  1866,  p.  271.  —  Ileoctor,  Trans.  New Zeeland Institut,  t.  Il, 

p.  27,  1870. 

Ces  Cétacés  vivent  au  cap  de  Bonne-Espérance,  dans  le  Pacifique  et  jusqu'à  la 
Nouvelle-Zélande.  La  distinction  en  espèces  diverses  qu'on  a  cherché  à  établir, 
ne  nous  paraît  pas  démontrée;  nous  en  avons  reçu  de  plusieurs  localités, 
particulièrement  du  Cap  par  M.  Fournier  et  de  la  Nouvelle-Zélande,  d'où  ils  nous 
ont  été  envoyés  par  MM.  llaast  et  rapportés  par  II.  Filhol;  M.  Eug.  Deslong- 
champs,  professeur  à  Caen,  nous  en  a  prêté  plusieurs. 

Les  Céphalorhynques,  si  rapprochés  qu'ils  soient  des  Lagénorhynques,  s'en  lais- 
sent séparer  comme  genre,  ou  tout  au  moins  commesous-genre,par  leur  plus  petite 
taille,  ainsi  que  par  la  forme  de  leur  crâne  ;  leur  mode  de  coloration  paraît  égale- 
ment offrir  un  caractère  particulier.  Le  nom  générique  sous  lequel  nous  en  par- 
lons a  été  employé  par  F.  Cuvicr  comme  spécifique,  mais  plusieurs  auteurs  l'ont 
accepté  avec  la  valeur  que  nous  lui  attribuons. 

Le  seul  squelette  que  nous  possédions  des  Céphalorhynques  a  au  total 
(12  vertèbres,  savoir  ;  7  cervicales,  (2  dorsales,  17  lombo-sacrées,  20  coxygiennes. 


GENRE   EUDELPHINUS. 

Les  espèces  comprises  dans  ce  genre  sont,  avec  celles  du  genre  suivant,  les  plus 
nombreuses  de  cette  tribu  et  en  même  temps  les  plus  semblables  entre  elles,  aussi 

i   Specilegia  zoologica,  fasc.  II,  PI.  Il,  fig.  .'  el  6   sous  le  nom  de  Delphimn  Heavisidii). 
(2)  Delphinui  cephal  rhynchus,   F.  Cuv.,  Cétacés,  p.  138.   —  Detjih.  hastatus,  /</.,  ibid.,  p.  161.  — 
Il <<t,,  1.  U.  tridens,  Ch.  Smith.  —  Delph.  Homsi,  Fischer,  Synopsis  Mammals,  p.  656.  — Delph.,  pliocee- 
'..  p.  657. 
(3    lSnll.  Acad.  r.  Il  Ig  ,  2'  séné,  I    \W\  I,  p.  !-'.  av.  pi.;  \s:  ;. 


GÉNÉRALITÉS.  601 

les  a-t-on  associées  à  ces  dernières  sous  la  dénomination  commune  de  Delphinus, 
manière  de  voir  que  quelques  auteurs  ont  partagée  jusque  dansces  derniers  temps, 
et  qui  fait  encore  appeler  Delphinus  ceux  de  ces  animaux  que  l'on  ne  connaît  pas 
d'une  manière  suffisante.  11  est  cependant  facile  de  les  diviser  en  deux  catégories 
par  la  simple  inspection  de  la  base  de  leur  rostre.  Dans  celles  de  ces 
espèces  qui  se  rapprochent  le  plus  du  De Iphis  des  anciens,  la  partie  palatine  des 
maxillaires  est  sillonnée  par  un  double  sillon  longitudinal  de  forte  dimension  qui 
ne  se  retrouve  pas  chez  les  autres.  Les  premiers  sont,  ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit,  les 
Delphis  de  M.  Gray  (I)  que  j'appelle  Eudelphinus  (2),  pour  éviter  toute  confusion, 
et  je  désigne  les  seconds  par  le  nom  de  Prodelphinus  ;  le  même  auteur  les  appelle 
Clymène,  mais  un  des  Dauphins  qu'on  y  classe,  le  Delphinus  Clymene  a  déjà  reçu 
cette  dénomination  à  titre  de  désignation  spécifique. 

Les  Eudelphinus  et  les  Prodelphinus  sont  d'ailleurs  des  animaux  très-peu  dif- 
férents par  leurs  caractères  tant  extérieurs  qu'intérieurs,  et  sans  la  double  fissure 
palatine  qui  les  distingue  et  que  je  crois  avoir  le  premier  signalée,  on  aurait  beau- 
coup de  peine  à  les  séparer  entre  eux. 

Ce  sont  eux  qui  ont  le  plus  grand  nombre  de  dents,  et  ces  organes  sont  toujours 
lisses  et  acuminés;  ils  sont  en  outre  de  faible  épaisseur  et  l'on  ne  voit  entre  eux 
sous  ce  rapport  que  des  différences  si  légères,  qu'il  est  difficile  de  considérer  ces 
différences  comme  des  caractères  réellement  spécifiques.  Le  nombre  de  ces  or- 
ganes offre  cependant  quelques  variétés,  mais  jusqu'à  quel  point  peut-on  en  tirer 
parti  pour  la  distinction  des  espèces  elles-mêmes,  c'est  ce  qui  ne  se  voit  encore  d'une 
manière  certaine.  Le  plus  grand  nombre  des  dents  est  en  rapport  avec  la  lon- 
gueur du  rostre;  V Eudelphinus  longiroslris,  de  la  côte  de  Malabar,  est  à  ce  point 
de  vue  une  des  espèces  les  plus  remarquables  que  nous  connaissions,  et  il  est 
difficile  d'hésiter  à  la  considérer  comme  devant  être  séparé  des  autres. 

L'espèce  type  de  cette  division  générique  et  la  mieux  connue  de  toutes  celles  qui 
appartiennent  à  la  grande  tribu  des  Cétacés  que  nous  étudions  et  auxquels  on 
étendait  autrefois  le  nom  générique  de  Delphinus  ou  Dauphin,  d'ailleurs  pris  dans 
ce  cas  clans  une  acception  trop  étendue,  est  le  Delphinus  delphis  de  Linné,  ainsi  que 


(1)  Calai.  I8BI5,  p.  339. 

(2)  PI.  XXXIX. 


7.i 


602  GENRE  EUDELPHINUS. 

des  auteurs  plus  récents.  Elle  est  devenue  le  type  d'un  petit  groupe  pour  lequel  j'ai 
proposé  le  nom  d'EudelpIiinus.  Ces  Dauphins  dont  la  taille  égale  àpeu  près  la  moyenne 
de  cellesdes  animaux  de  la  tribu  desDelphinus  envisagés  d'une  manière  générale,  ont 
les  mêmes  caractères  extérieurs  qu'eux,  mais  leur  rostre  est  assez  allongé  et  les  dents 

qui  s'y  insèrent  ont  une  formule  habituellement  représentée  par  les  chiffres  —  à  — . 

Ces  dents  sont  pointues  et  grêles  sans  être  très-longues  et  la  surface  de  leur  cou- 
ronne est  lisse  comme  d'habitude.  Sous  ce  double  rapport  elles  ressemblent  nota- 
blement à  celles  des  Clangula  de  M.  Gray  (Prodelphinus,  P.  Gerv.),  dont  on  fait 
aussi  une  petite  division  générique  distincte;  quelques  exemplaires  ont  les  dents 
encore  plus  fines  que  les  autres. 

V  Etui  cl  phi  nus  delphis  s'étend  depuis  les  eûtes  de  la  Scandinavie  jusque  sur  celles 
de  la  Hollande,  de  l'Angleterre,  de  la  France  (1)  et  de  l'Espagne,  pour  ce  qui  re- 
garde l'Atlantique.  On  le  trouve  aussi  dans  la  Méditerranée  (2),  et  il  a  donné  lieu, 
chez  les  anciens  à  des  récits  qui  pour  être  souvent  très-intéressants  n'en  sont  pas 
moins  de  pure  imagination,  du  moins  dans  la  plupart  des  cas.  Une  fouille  faite 
près  de  Moulins,  a  mis  à  jour  une  terre  cuite  représentant  un  Dauphin  qui  porte 
un  enfant  sur  son  dos  (3).  C'est  une  allégorie  du  passage  des  iles  Fortunées  des 
mortels  qui  avaient  vécu  vertueux.  «  Les  Celtes,  dit  Alfred  Maury,  cité  par 
M.  Tudot  (i),  avaient  connu  cette  ancienne  tradition  et  aujourd'hui  on  sait  que  les 
îles  bretonnes  sont  précisément  ces  iles  Fortunées  dont  les  anciens  s'entre- 
tenaient.  » 

Les  récits  que  nous  out  transmis  les  Grecs  et  les  Romains  au  sujet  du  Dauphin  or- 
dinaire, sont  loin  d'être  exacts,  c'est  ce  dont  nous  avons  des  preuves  certaines 
dans  ce  qu'ils  rapportent  au  sujet  de  l'enfant  du  lac  Lucrin,  avec  lequel  un 
Dauphin  s'était  lié  d'amitié  et  qui  le  promenait  sur  les  Ilots. 

Dans  les  temps  reculés  on  a  également  cherché  à  représenter  les  caractères  des 
animaux  qui  nous  occupent,  et  dans  certaines  circonstances  ils  nous  ont  été 
transmis  sur  des  médailles  avec  assez  d'exactitude.  Certaines  monnaies  dont  on 


(i)  Pi.  xxxix,  fig.  i-:;. 

(2)  PI.  XXXIX,  fig.  6-7. 

(3)  E.  Tudot,  Collection  des  figures  en  argile,  œuvres  pre  mières  de  l'art  gaulois,  p.  42,  PI.  XLVII  ;  18C0. 

(4)  Ibid.,  p.  42. 


SQUELETTE.  003 

voit  de  nombreux  exemplaires  dans  les  collections  numismatiques,  sont  en  parti- 
culier dans  ce  cas. 

Le  squelette  àeYEudelpkinm  delphis(i),  possède  7fo  vertèbres,  savoir  :  7  cer- 
vicales, 45 dorsales,  21  lombo-sacrées  et  52  caudales;  la  forme  générale  est  peu 
différente  de  celle  ànProdelpkinus  marginatus  que  nous  figurons  (2),  et  dont  lesos 
vertébraux  sont  d'ailleurs  en  même  nombre.  Toutefois  des  différences  peu  impor- 
tantes se  remarquent  dans  quelques-unes  des  pièces  du  squelette;  citons  seu- 
lement lesapopbyses  transverses  du  Dauphin  marginé  qui  sont  le  plus  souvent  très 
allongées.  La  partie  antérieure  du  sternum  n'est  pas  non  plus  tout  à  fait  de  même 
forme  dans  les  deux  espèces  que  nous  venons  de  nommer,  celle  du  D.  Marginatus, 
étant  bien  plus  élargie.  Les  autres  espèces  du  même  groupe  dont  nous  possédons 
ces  pièces  ostéologiques,  ne  les  ont  pas  non  plus  identiquement  semblables  à  celles 
de  ces  deux  Dauphins. 

En  ce  qui  concerne  les  vertèbres  cervicales,  nous  constatons  que  :  les  deux  pre- 
miers de  ces  os  sont  seuls  soudés  entre  eux,  dans  le  plus  grand  nombre  des  espèces 
ou  variétés  qu'il  nous  a  été  possible  d'observer,  mais  il  n'en  est.  pas  toujours  ainsi. 
La  troisième  vertèbre  est  réunie  avec  l'axis  dans  un  Dauphin  du  Sénégal,  que  nous 
devons  à  MM.  Perrotet  et  Leprieur,  mais  la  réunion  ne  s'est  opérée  que  par  les 
apophyses  épineuses  ;  il  en  est  de  même  pour  une  région  cervicale,  d'origine 
inconnne,  qui  appartient  à  un  autre  sujet.  Dans  un  exemplaire  dont  nous 
ignorons  également  la  provenance,  l'apophyse  épineuse  de  la  quatrième  cervicale  se 
joint  à  la  synostose  des  trois  premières.  Le  Dauphin  rapporté  par  MM.  Perrotet  et 
Leprieur  a  comme  plusieurs  de  nos  Prodelphinus,  les  apophyses  de  la  septième 
cervicale  allongés  et  styliformes. 

Des  variations  comparables  à  celles  que  nous  avons  signalées  plus  haut  se  voient 
dans  les  sternums.  La  pièce  autérieure  est  tantôt  élargie  comme  dans  YEudel- 
phinus marginatus,  tantôt  moins  élargie  et  de  ligure  assez  diverse;  les  pièces  ster- 
nales  qui  suivent  varient  également  en  largeur. 

L'omoplate  montre  aussi  quelques  particularités  suivant  les  espèces  que  l'on 
étudie  ;  elle  est  tantôt  plus  raccourcie,  tantôt  un  peu  plus  allongée,  et  ses  deux 
apophyses  ne  sont  pas  toujours  absolument  semblables  entre  elles. 

"  (1)  PI.  XL,  fig.  1-17. 
(2)  PI.  XL,  fig.  18-24. 


604  GENRE  PRODELPHINUS. 

Il  existe,  dans  d'autres  mers  que  celles  que  nous  venons  de  citer,  des  Dauphins 
du  groupe  des  Eudelphinus,  ayant  comme  YE.  delphis  le  palais  sillonné  par  une 
double  rigole  suivant  la  face  interne  des  dents,  et  dont  les  deux  larges  sillons  sont 
séparés  l'un  de  l'autre  par  une  forte  élevure  longeant  le  milieu  de  la  surface 
palatine  des  os  maxilaires.  Nous  en  possédons  des  individus  provenant  de  localités 
très-éloignées  les  unes  des  autres,  mais  aucun  animal  de  ce  genre  ne  nous  est 
encore  connu  avec  certitude  à  l'état  fossile. 

Nous  citerons  parmi  ceux  que  possède  le  Muséum  : 

E.  Tasmaniensis  (I),  de  Tasmanie,  rapporté  par  M.  Jules  Verreaux. 

E.  fulvio  fasciatl's  (2),  Hombrone  et  Jaquinot,  Voyage  au  Pôle  Sud,  Zool.,  p.  37,  PI.  XXI,.  fiy.  i, 
D'Hobart  Town  (Tasmanie).  Peut-être  le  même  que  le  Delphinus  Norœ-Zelavdite  de  Quoy  et  Gayniard.  — 
E.  Longiuostris,  Dussumiertre  F.  Cuv.,  Mamm.  lithoy.fi),  espèce  plus  distincte  de  l'Eudelphinus  delphis 
et  remarquable  par  le  plus  grand  allongement  ainsi  que  par  l'étroitesse  plus  sensible  de  son  rostre  (côte 

55  55 

de  Malabar).  Les  dents  sontau  nombre  de  ^ '^-  . 

04    —   oi 

M.  Hector  donne  aussi  comme  appartenant  aux  Eudelphinus  le  Uei.phinls  Forsteri,  Gray  (de  la  Nou- 
velle-Zélande;, et  M.  Lai),  en  dit  autant  du  D.  Baikdii  (du  Pacifique,  qu'il  a  lui-même  décrit  (4). 


GENRE    PRODELPHINUS. 

Autres  Dauphins  à  symphyse  courte  et  non  soudée,  dont  le  crâne  est  à  peu  près  de 
même  forme,  bien  que  parfois  plus  large  que  celui  des  animaux  qui  appartiennent 
au  genre  précédent;  leurs  dents  sont  également  de  même  forme  et  en  même  nombre 
et  leurs  caractères  extérieurs,  sont  tellement  semblables  qu'on  a  confondu  jusque 
dans  ces  derniers  temps  ces  Cétacés  avec  ceux  qui  précèdent.  Toutefois  ils  man- 
quent du  double  sillon  longitudinal  qui  se  remarque  au  palais  des  Eudelphinus, 
et  c'est  sur  cette  remarque  faite  par  moi  il  y  a  déjà  longtemps,  que  repose  leur 
distinction  en  un  groupe  particulier.  M.  Gray  les  a  nommés  Cfymenia  (5)  et,  pour 
plus  de  régularité  dans  la  synonymie,  je  les  ai  appelés  Prodetphinus . 


(1)  PI   XXXIX,  fig   9. 

(2j  PI.  XXXIX,  fig.  8. 

Ci    PI.  XXXIX,. Ay.  10  11. 
'  (4)  Prelim.  Descripl.  Proceed.  Cal.  Acad.  Se.  t.  V  ;  1878. 

(ij)  Clymene,  (iray,  Cotai.,  1866,  p.  249  (nom  d'une  des  espèces  du  genre).  —  Clymenia,  id.,  Synopsis 
Whales  and  Delphins,  p.  6;  I8C8. 


DISTRIBUTION  GÉOGRAPHIQUE.  603 

Nous  avons  des  Dauphins  de  celte  catégorie  sur  nus  côtes,  en  particulier  les 
suivants  : 

Prodelphinus  marginatus. —  Delphinus  marginatus  (1),  Duvernoy,  1854. —  Pucheran,  Reçue  et  Mag.  de 
ZooL,  1886,  p.  346,  PL  XXV.  —  E.  Desmarest.  Enrycl.  d'Hist.  nat.  de  Chenu  (Manche  ;  exemplaire 
prisa  Dieppe  par  le  D'  Guiton. 

Prodelphinus  dubius.  — D.  dubius,  Cuv.,  Ann.  Mus.  d'IIisl.  nat.,  t.  XIX,  p.  14.  —  F.  Cnv.,  Cétacés, 
p.  199  (Océan  Atlantique,  côtes  d'Europe;  va  peut  être  jusqu'au  Cap  Vert  et  plus  au  sud).  C'est  une  espèce 
plus  petite  que  la  précédente  et  que  l' Eudelphinus  delphis. 

Prodelphinus  Tethyos.  —  D.  Thelhyos,  P.  Gerv.  (2),  Bull.  soc.  agric,  Hérault,  1853,  p.  1 40,  PI.  I  (Médi- 
terranée; embouchure  de  l'Orb,  Port-Vendres,  Alger). 

Des  crânes  appartenant  à  d'autres  animaux  de  la  même  division  se  voient  au 
Muséum,  nous  y  remarquons  plusieurs  espèces  et  plusieurs  d'entre  elles  sont 
précisément  les  types  décrits  par  les  auteurs.  Citons  seulement  les  suivants  : 

Prodelphinus  frontalis  (3). 

Prodelphinus,  species?  du  Sénégal,  par  MM.  Lepiieur  etPerrotet. 

Prodelphinus,  species?  du  Cap  de  Bonne-Espérance. 

Prodelphinus  frœnatus  (4),  du  Cap  Vert,  par  M.  Dussumier  (5). 

Prodelphinus,  species?  de  la  mer  des  Indes,  par  M.  Berlhelot,  rostre  étroit  rappelant  celui  des  Eudel- 
phinus des  mers  du  Sud. 

Prodelphinus,  species?  à  rostre  moins  long;  de  la  mer  des  Indes,  par  M.  Lantz,  de  Madagascar. 

Prodelphinus,  *pec('es?par  M.  Dussumier. 

Prodelphinus,  species?  de  la  Vera-Cruz,  par  M.  Poulain. 

Prodelphinus,  species?  des  îles  Honolulu,  par  M.  Ballieu. 

Prodelphinus  brevimanus,  Hombron  et  Jaquinot,  Voyage  au  Pôle  sud,  zool.,  t.  1,  p.  38,  PI.  XXI,  fig.  2 
(Délroitde  Bancaet  mer  de  Singapour). 

Prodelphinus  roseiventris  (6)  Id.,  ibid.,  p.  39,  PL  XXII,  fig.  2.  —  Pucheran,  ibidem  (mer  des  Malaques 
et  en  vue  de  la  côte  de  la  Nouvelle-Guinée).  C'est  la  plus  petite  de  nos  espèces,  ainsi  qu  on  peut  le  voir 
par  la  figure  que  nous  donons  (7),  et  l'on  pourrait  peut-être  le  regarder  comme  identique  avec  le  Delphi- 
nus minimus  de  Lesson  (8),  si  ce  dernier  n'était  pas  aussi  incomplètement  connu. 

Il  est  une  autre  espèce  de  Prodelphinus  de  plus  forte,  taille  que  celle-là  et  que  celles  qui  précèdent,  à  rostre 
plus  élargi  et  plus  aplati,  dont  nous  possédons  plusieurs  crânes  étiquetés  Delphinus  leucorhamphus  (9),  et 
qui  proviennent  d'envois  faits  par  diftérents  voyageurs.  Les  crânes  dont  il  s'agit  méritent-ils  bien  ce 
nom  et  doit- on  les  admettre  avec  la  plupart  des  Cétologues. 

Paul  Gervais. 

Les  pages  585  à  la  fin,  ainsi  que  les  deux  tables, 
ont  été  rédigées  par  M.  Henri  Gervais,  d'après 
les  notes  laissées  par  son  père. 

(1)  PI.  XXX\Ul,jig.  1. 

(2)  PL  XXXVIII,  fig.  2. 

(3)  PL  XXXVIII,  fig.  6. 

(4)  PL  XXX\Ul,/iy.  4. 

(5)  Dussumier,  in  Fred.  Cuv.,  Mammif.  litlwyr.  —  F.  Cuv.,  Cétacés,  p.  155,  PL  X,  fig.  1. 

(6)  PL  XXXVIII,  fig.  6. 

(7)  Le  crâne  est  long  de  0,39  et  large  de  0,14  entre  les  apophyses  zygomatiques.  Le  rostre  est  effilé. 

(8)  Voyage  de  la  Coquille,  Zool.,  p.  183.  —  F.  Cuv.,  Cétacés,  p.  229. 

(9)  PI.  XXXVIII,  fig.  3.  


EXPLICATION    DES   PLANCHES 


PLANCHES    I    ET    II 
BALiENA  AUSTRAL1S. 

Les  squelettes  représentés  ici  ont  été  rapportés 
en  1820  du  cap  de  Bonne-Espérance  par  La- 
lande;  ils  se  trouvent  dans  la  galerie  d'anatomie 
comparée  du  Muséum  d'histoire  naturelle  de 
Paris. 

Les  figures  1  à  6,  puis  13,  V.  19  repré- 
sentent la  baleine  adulte;  les  autres,  le  jeune 
animal. 

Les  réductions  des  os  sont  indiqués  à  côté  du 
chiffre. 

Fig.  1.  Squelette  complet,  à  l'exception  du  bas- 
sin. 

Fig.  2.  Sixième  vertèbre  dorsale,  vue  de  l'ace. 

Fig.  3.  Sixième  vertèbre  lombaire,  vue  égale- 
ment de  face. 

Fig.  4.  Sixième  vertèbre  caudale,  vue  du  même 
côté  que  les  précédentes. 

Fig.  li.  Corps  de  l'os  hyoïde. 

Fig.  6.  Sternum  avec  la  première  paire  de 
côtes,  vu  de  face. 

Fig.  7.  Squelette  complet  d'une  jeune  Baleena 
ausiralis.  Le  bassin  manque,  comme  dans  l'a- 
dulte; et  quelques  os,  comme  les  épiphyses  des 
vertèbres  sont  encore  en  partie  au  moins  à  l'état 
de  cartilage.  La  nageoire  pectorale  est  dessinée 
telle  qu'on  la  voit  avec  les  phalanges  en  place,  mais 
sans  os  du  carpe  visibles. 

Fig.  8.  La  tête  du  même  animal,  vue  d'en  haut, 
montrant,  d'arrière  en  avant,  l'occipital,  le  parié- 
tal, le  frontal,  les  os  nasaux,  les  intermaxillaires  et 
les  maxillaires. 

Fig.  9.  La  tète  du  même  animal,  vue  par  la  face 
postérieure,  montrant  en  dessous  les  cornes  de 
l'hyoïde  et  la  manière  dont  cet  os  est  attaché  au 
crâne.  Ces  os  sont  tous  en  place. 

Fig.  10.  Une  caisse  tympanique,  dessinée  au  1/3 
avec  le  rocher  et  les  apophyses,  du  même  squelette, 
vue  par  la  face  externe. 

Fig.  11.  La  même  caisse,  vue  par  la  face  interne. 

Fig.  12.  La  chaîne  d'osselets  de  l'oreille,  le  mar- 
teau, l'enclume  et  l'étrier,  de  grandeur  naturelle. 

Fig.  13.  Caisse  tympanique  du  squelette  adulte, 
dessinée  au  1/3,  avec  ses  deux  apophyses,  vue  par 
sa  face  interne 


Fig.  14.  La  même,  vue  du  côté  opposé. 

Fig.  15.  Sixième  vertèbre  dorsale  du  jeune  sque- 
lette, vue  de  face. 

Fig.  1G.  Sixième  dorsale  du  même  squelette,  vue 
également  de  face. 

Fig.  17.  Sixième  lombaire  du  même  squelette, 
vue  de  face  comme  les  deux  précédentes. 

Fig.  18.  Sternum,  avec  la  première  paire  de 
côtes  encore  en  place,  au  1/6,  du  jeune  squelette. 

Fig.  49.  Région  cervicale  isolée  du  squelette 
adulte,  dessinée  au  1/10. 

PLANCHE  III 

BAL.EN'A    A.NTIl'ODUl. 

i 

Fig.  I.  Tète  isolée  d'un  squelette  qui  est  monte 
dans  la  cour  des  galeries  du  Muséum  d'histoire  na- 
turelle de  Paris.  Il  a  été  placé  sous  la  direction 
du  professeur  Serres.  —  L'Amiral  Bernard,  com- 
mandant la  Corvette  le  Rhin,  en  a  fait  cadeau  au 
Muséum.  —  L'animal  a  été  capturé  dans  la  baie 
d'Acaroa,  presqu'île  de  Banks,  Nouvelle-Zélande. 

Fig.  2.  Sternum  et  premières  côtes,  vus  de  face, 
dessinés  au  1/10. 

Fig.  3.  Sternum  et  une  première  côte,  vus  de 
profil. 

Fig.  4.  Région  cervicale  du  même  squelette,  vue 
de  profil. 

Fig.  5.  La  même  région,  vue  par  la  face  infé- 
rieure. 

Fig.  6.  Membre  du  côté  droit,  complet  avec  les 
os  en  place,  sans  en  excepter  les  os  du  carpe. 

Fig.  7.  Omoplate  du  même  côte  droit;  les  apo- 
physes acromion  et  coracoïde  sont  a  peine  indi- 
quées. 

Fig.  8.  Os  hyoïde,  vu  de  face. 

Fig.  S.  Sixième  vertèbre  dorsale. 

Fig.  10.  Sixième  vertèbre  lombaire. 

Fig.  11.  Sixième  vertèbre  caudale. 

Fig.  12.  Caisse  tympanique  (côté  gauche)  d'un 
jeune  animal,  avec  ses  apophyses,  d'après  une 
caisse  du  Musée  royal  de  Bruxelles. 

Fig.  13.  La  même,  vue  du  côté  opposé. 

Fig.  14  La  caisse  tympanique,  du  côté  droit, 
appartenant  au  squelette  du  Muséum  de  Paris  (1). 


(1)  C'est  la  caisse  que  M.  le   docteur  Gray  croyait 
perdue. 


603 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


PLANCHES  IV  ET  ï. 

BALjENA  mysttcetus. 

Fit/.  1  Têle  de  femelle  adulte,  vue  du  côté  droit, 
montrant  le  maxillaire,  l'intermaxillaire,  le  nasal, 
le  frontal,  le  lacrymal,  le  jugal,  l'occipital,  le  pa- 
riétal et  une  partie  du  temporal.  La  mandibule 
montre  les  trous  mentonniers,  comme  le  maxil- 
laire montre  ses  trous  sous-orbitaires.  Toutes  ces 
figures,  a  l'exception  des  fig.  3  et  4,  sont  faites 
d'après  un  squelette  du  Musée  de  Bruxelles  (1). 

Fig.  2.  La  coupe  de  la  môme  tête;  en  avant  on 
voit  le  maxillaire,  l'intermaxillaire  et  le  vomer, 
qui  forment  le  rostre.  —  Dans  toute  la  longueur, 
le  cartilage,  représentant  FEthmoïde,  occupe  l'es- 
pace entre  le  vomer  et  les  deux  autres  os.  En 
arrière  et  en  dessous  du  vomer,  on  voit  le  palatin 
et  le  ptérigoïdien.  En  haut,  le  nasal,  l'interpariétal, 
l'occipital,  le  frontal,  puis  en  arrière  la  coupe  de 
l'occipital  basilaire,  du  basiphénoïdal  et  du  pré- 
sphénoïdal.—  Ces  trois  derniers  sont  unis  parcoa- 
lescence.  —  On  voit  en  arrière  et  en  dessous  le 
squamal  avec  sa  surface  glénoïde.  La  mandibule 
montre  en  arrière  l'entrée  du  canal  dentaire  et  en 
dessus  le  sillon  qui  correspond  aux  alvéoles  den- 
taires. En  dessous  du  canal  dentaire,  on  voit  le 
sillon  mylo-hyoïdien  qui  longe  la  mandibule  dans 
toute  son  étendue,  et  qui  caractérise  les  vraies 
Baleines. 

Fig.  .1.  Coupe  d'une  tète  de  fœtus  de  la  col- 
lection de  Louvain;  on  voit  en  avant  l'inter- 
maxillaire, le  maxillaire,  le  vomer,  le  nasal,  le 
frontal,  le  pariétal  et  l'occipital  qui  le  recouvre, 
l'interpariétal,  la  partie  postérieure  de  l'occipital, 
puis  en  dessous  et  en  arrière,  le  basilaire,  en 
avant  le  basisphénoide  et  le  présphénoïde.  Ces 
trois  derniers  ris  portant  tous  les  caractères  du  corps 
des  vertèbres.  Derrière  le  vomer,  on  voit  le  palatin 
et  b'  ptérigoïdien.  —  Dans  l'intérieur  de  la  boîte 
crânienne,  on  voit  les  sutures  de  l'interpariétal  et 
du  pariétal.  —  On  aperçoit  en  mitre  la  partie  du 
maxillaire  qui  concourt  h  la  formation  de  l'orbite, 
le  jugal,  le  lacrymal,  et  en  arrière,  le  squamal,  avec 
sa  surface  articulaire  glénoïdale. 

Fig.  4.  La  calotte  occipitale  entière  du    même 

fœtus  montrant  tout  l'espac ;cupé  par  le  pariétal, 

la  place  et  les  sutures  de  l'interpariétal.  Ce  dernier 
est  couvert  et  enveloppé  par  l'occipital.  Ces  os  sont 
déjà complétemenl  réunis.  On  voit  bien  en  avant 
que  toute  cette  partie  de  l'occipital  recouvre  le  pa- 
riétal 


(1;  Le  musée  de  Paris  ne  possédait  pas  de  squelette 
de  Baleine  franche  à  l'époque  où  ces  dessins  ont  été 
faits, 


Fig.  5.  Région  cervicaledu  squelette  adulte,  vue 
du  côté  antérieur. 

Fig.  6,  La  même,  vue  du  côté  postérieur,  mon- 
trant la  grande  cavité  formée  sur  le  côté,  par  les 
apopbyses  transverses  supérieures  et  inférieures. 

Fig.  7.  La  même  région  cervicale  vue  par  des- 
sus; la  troisième  vertèbre  est  couverte  de  ce  côté 
par  la  seconde;  l'arc  de  la  septième  vertèbre  est  seul 
complètement  séparé  ;  on  voit  les  arcs  de  toutes  les 
autres  vertèbres  avec  leurs  apophyses  transverses. 

Fig.  H.  La  même  région  vue  en  dessous;  on  dis- 
tingue fort  bien  la  limite  du  corps  de  toutes  les 
vertèbres  et  de  leurs  apopbyses. 

Fig.  9.  La  même  région  vue  de  profil,  montrant 
les  apophyses  transverses  supérieures  et  infé- 
rieures. 

Fig.  10.  Huitième  vertèbre  dorsale  vue  de  profil. 

Fig.  11.  La  même  vertèbre  vue  de  face. 

Fig.  12.  La  dernière  vertèbre  dorsale  vue  de 
profil. 

Fig.  13.  La  même  vertèbre  dorsale  vue  de  face. 

Fig.  14.  La  première  vertèbre  lombaire  vue  de 
profil. 

Fig.  lis.  La  cinquième  vertèbre  lombaire  vue  du 
même  côté. 

Fig.  16.  La  même  vertèbre  vue  de  face. 

Fig.  17.  La  dernière  vertèbre  lombaire  vue  de 
profil. 

Fig.  18.  La  même  vue  de  face. 

Fig.  19.  La  première  vertèbre  caudale  avec  son 
os  en  V,  de  profil. 

Fig.  20.  La  troisième  vertèbre  caudale  vue  de 
profil. 

Fig.  21.  La  même  vertèbre  caudale  vue  de  face. 

Fig.  22.  Trois  vertèbres  caudales,  avec  le  der- 
nier os  en  V,  en  place. 

Fig.  23.  Les  dernières  vertèbres  caudales. 

Fig.  24.  Le  sternum  avec  la  première  côte  de 
chaque  côté,  en  place. 

Fig.  25.  L'os  hyoïde. 

Fig.   26.   L'omoplate 

Fig.  27.  Membre  antérieur  complet  avec  tous  les 
os  en  place  :  Humérus,  radius  et  cubitus,  intermé- 
dial,  premier  carpale,  second  carpale,  quatre  méta- 
carpiens, trois  phalanges  à  l'index,  quatre  au  doigl 
médian,  trois  a  l'anulaire  et  deux  au  petit  doigt  (1). 

Fig.  28.  Le  bassin  vu  du  côté  gauche  :  on  dis- 
tingue l'ischion,  le  fémur  et  le  tibia. 

Fig.  29.  La  caisse  tympanique  avec  le  rocher 
et  ses  deux  apophyses,  d'après  le  squelette  de 
Bruxelles. 


(1)  Ce  dessin  est  fait  d'après  l'exemplaire  de  Louvain, 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


60(1 


planche  vi. 

BALjENA  mysticetus. 

Une  partie  des  figures  de  cette  planche  son! 
faites  d'après  une  tète  de  fœtus  du  muséum 
d'histoire  naturelle  de  Paris,  fig.  2,  3,  10,  H, 
12,  13,  14  (1).  d'autres  d'après  un  fœtus  du 
musée  de  Louvain,  fig.  I,  i,  5,  7,  8,  '.i  _>  .  el 
quelques-unes  d'après  des  os  du  musée  de  Co- 
penhague, fig.  6  et  15. 

Les  fig.  2,  3,  7,  10,  11,  12,  13,  14  sonl  de 
grandeur  naturelle;  les  fig.  I,  5,  6,  8,  9  sonl 
demi-grandeur  naturelle;  la  fig.  1S  es1  vue  au 
quart  et  la  fig.  1  au  sixième. 

Fig.  1.  Squelette  de  la  tète  d'un  fœtus  entouré 
de  la  peau;  la  lèvre  inférieure  n'est  pas  assez  éle- 
vée vers  le  milieu.  Ce  fœtus  a  été  retiré  du  corps  de 
la  mère  sur  la  côte  ouest  du  Groenland.  On  voit 
sur  le  côté,  dans  toute  la  longueur  du  rostre,  le 
maxillaire  supérieur;  en  haut  l'intermaxillaire;  au- 
dessus  des  narines  les  os  naseaux;  en  haut  et  en  ar- 
rière l'occipital;  sur  le  côté  le  squammeux  (tempo- 
ral); au  devant  de  lui  et  en  haut  le  pariétal  ;  entre 
le  pariétal  et  le  maxillaire,  le  frontal  ;  en  dessous  du 
cadre  de  l'orbite,  le  jugal  ;  et  un  peu  en  avant  entre 
le  maxillaire  et  le  frontal,  le  lacrymal  sous  la  forme 
d'un  tubercule.  Ce  dessin  est  fait  d'après  la  même 
tète,  dontles  coupes  sont  reproduites  sur  la  planche 
précédente,  (fig.  3)  la  tète  entière,  [fig.  4)  une  par- 
tie de  la  boîte  crânienne. 

Fig.  2.  Mandibule  inférieure  gauche  de  gran- 
deur naturelle,  vue  par  sa  face  interne,  montrant 
le  sillon  niylo-hyoïdien  qui  part  de  l'orifice  pos- 
térieur du  canal  dentaire  et  qui  s'étend  dans  toute 
la  longueur  de  l'os;  en  haut,  on  voit  le  sillon  den- 
taire presque  entièrement  ouvert  encore,  dans  le- 
quel se  sont  trouvées  les  dents. 

Fig.  3.  La  même  mandibule  montrant,  outre 
l'orifice  postérieur  du  canal  dentaire,  le  même 
sillon  dentaire  correspondant  à  l'arcade  alvéolaire, 
et  en  dehors,  le  long  du  bord  convexe,  les  trous 
mentionnées. 

Fig.  4.  La  caisse  tympanique  de  droite  vue  du 
côté  interne,  avec  le  rocher,  ses  apophyses  telles 
qu'on  les  trouve  a  cet  âge,  et  la  chaîne  d'osselets 
de  l'ouïe  en  place  ;  le  marteau  en  bas  est  soudé  à 
l'os  tympanique,  au-dessus  de  lui,  on  voit  l'en- 
clume, et  au-dessus  de  l'enclume  on  distingue 
l'étrier.  —  Le  contour  pointillé  indique  la  place  de 

(1)  Tète  disséquée  par  G.  Geoffroy-Saint-IIilaire,  et 
dans  laquelle  il  a  reconnu  les  dents. 

(2)  Tète  envoyée  du  Groenland  à  Copenhague,  et  de  là 
i.  Louvain,  dans  le  sel. 


la  membrane  du  tympan  que  l'on  ne  peut  voir  de 
ce  côlé. 

Fig.  5.  La  même  caisse  de  droite,  vue  par  sa 
face  externe,  avec  la  membrane  du  tympan  en 
place.  Cette  membrane  a  sa  face  externe  fortement 
bombée  et  ressemble  a  un  dé  a  coudre. 

Fig.  6.  Une  caisse  tympanique  isolée  adulte,  de 
droite  également,  d'après  une  pièce  du  musée  de 
Copenhague.  Le  rocher  et  les  apophyses  sont  brisés. 

Fig.  7.  Chaîne  d'osselets  de  l'ouïe,  de  gran- 
deur naturelle:  ce  sonl  les  mêmes  que  nous  voyons 
en  place  dans  la  fig.  4.  —  En  dessous,  on  voit  le 
marteau,  au  milieu  l'enclume,  au-dessus  l'étrier. 

Fig.  8.  Os  hyoïde  de  fœtus,  demi-grandeur  natu- 
relle. Le  corps  montre  son  point  d'ossification  uni- 
que au  milieu,  et  les  deux  paires  de  cornes  ne  sont 
également  ossifiées  qu'au  centre.  Tout  ce  qui  est 
strié  est  a  l'étal  de  cartilage. 

Fig.  9.  Les  deux  os  nasaux,  également  demi- 
grandeur  naturelle,  vus  d'en  haut;  ils  sont  articu- 
lés au  frontal  par  le  bord  inférieur;  le  bord  anté- 
rieur est  libre  et  correspond  aux  fosses  nasales. 

Fig.  10.  Les  vertèbres  crâniennes  du  fœtus  dis- 
séqué par  G.  Geoffroy  Saint  llilaire,  et  qui  sonl 
conservées  au  Muséum  d'histoire  naturelle  avec  les 
autres  os  du  crâne;  elles  sont  représentées  dans 
leur  situation  respective  montrant  leur  face  supé- 
rieure ou  interne.  En  dessous,  on  voit  l'occipital 
hasilaire  et  l'occipital  latéral,  au  milieu  le  basis- 
phénoïde,  et  avant,  le  présphénoide,  avec  l'éth- 
moïde  cartilagineux, 

Fig.  11.  Le  vomer  isolé,  vu  d'en  haut;  c'estdans 
la  gouttière  qu'il  forme  qu'est  logé  le  cartilage, 
figuré  au  devant  du  présphénoïde.  Le  vomer  forme 
en  dessous  uue  sorte  de  gaîne  osseuse  dans  laquelle 
loge  le  cartilage. 

Fig.  12.  Les  os  nasaux,  placés  en  sens  contraire 
de  ceux  représentés  fig.  9. 

Fig.  13.  Le  frontal  de  droite  isolé,  dans  la  même 
direction  que  les  os  du  nez. 
Fig.  14.  Le  pariétal  du  même  fœtus. 
Fig.  15.  Le  bassin  de  l'adulte,  d'après  Eschricht 
et  le  professeur  Iïcinhardt.  On  peut  le  comparer  au 
bassin  que  nous  avons  figuré  sur  la  planche  précé- 
dente, d'après  le  squelette  de  Louvain. 

PLANCHE   VII. 

BALiENA  BISCAYEKSIS. 

Fig.  1.  Baleineau  capturé  auprès  de  sa  mère  sur 
la  plage  de  Saint-Sébastien,  le  17  janvier  1834  et 
dont  le  quelette  est  au  musée  de  Copenhague.  Ce 
dessin  a  été  publié  par  les  soins  du  docteur  Mo- 
nedero. 

Fig.  2.  Vertèbre  lombaire  que  nous  croyons  de- 
voir rapporter  ;i  cette  espère.  —  Nous  devons  sup- 

77 


610 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


poser  que  cette  vertèbre  a  été  déterrée  dans  le  voi- 
sinage de  la  côte  d'Ostende. 

Fig.  3.  Autre  vertèbre  lombaire  qui  a  la  même 
origine  que  la  précédente  et  qui  provient  proba- 
blement du  même  individu. 

Fig.  4.  Caisse  tympanique  gauchi',  vue  par  sa 
face  externe;  c'est  la  balcpna  cisarctica,  du  pro- 
fessur  Cope,  de  Philadelphie,  que  nous  croyons 
synonyme  de  Balsena  biscayensis.  —  Les  apophyses 
sont  complètes. 

Fig.  5.  La  même  caisse  vue  du  côté  antérieur. 

Fig.  fi.  La  même,  vue  par  sa  face  interne. 

Fig.  7.  Région  cervicale  trouvée  sur  la  côte,  en 
Angleterre,  et  déposée  au  British  Muséum. 

'Fig.  8.  Région  cervicale  figurée  par  Lacépède  et 
Cuvier,  et  attribuée  à  tort  à  une  Balénoptère  de  la 
Méditerranée  par  le  premier.  Elle  est  vue  par  sa 
face  antérieure. 

Fig.  9.  La  même,  vue  de  profil. 

Fig.  10.  La  même,  vue  pardessus. 

Fig.  il.  La  même,  vue  par  dessous. 

Fig.  12.  Fragment  de  côte  déterré  à  Fumes. 

PLANCHE  VIII. 
BAL.ENA  PRIMIGENICS. 

Fig.  l.  Caisse  tympanique  de  gauche,  de  gran- 
deur naturelle,  provenant  du  sable  supérieur 
d'Anvers. 

Fig.  2.  Caisse  tympanique  de  droite,  également 
de  grandeur  naturelle,  provenant  du  même  sable 
d'Anvers,  vue  par  le  boni  inférieur. 

Fig.  3.  La  même  caisse  de  droite,  vue  pur  sa 
face  interne. 

Fig.  4.  Une  autre  caisse  tympanique  de  gauche, 
de  la  même  localité. 

Fig.  5.  Un  basisphénoïde  d'un  jeune  animal,  vu 
par  sa  face  supérieure. 

Fig.  6.  Une  phalange  de  grandeur  naturelle. 

Fig.  7.  Une  côte.  Ces  trois  derniers  os  sortent 
également  du  sable  des  environs  d'Anvers. 

Bit  ENA   SVEDENBORGU  (1  . 

Fig.  8.  Omoplate  de   />'■■■  denborgii,  vue 

par  sa  face  externe. 

Fig.  9.  Le  même  os,  vu  par  sa  surface  articu- 
laire; on  voit  la  disposition  de  l'acromion  connue 
dans  la  figuri  nte. 

Fig.  10.  Sternum,  vu  par  sa  face  antérieure. 

Fig.  H.  Côte  entière,  probablement  la  cin- 
quième, d'après  l    professeur   Lilljeborg. 


(1)  Ce  figures  3-16  sonl  reproduit  d'aprè  les  des- 
sins du  professeur  Lilljebo  '  o  mente  ont  été 
déterrés  en  Oothlauii  (S  déposé    au  musée 

i      isal 


Fig.  12.  Vertèbres  lombaires  vues  de  profil. 
Fig.  13.  Une  de  ces  vertèbres  lombaires,  vue  de 
face. 
Fig.  14.  Premières  vertèbres  caudales. 
Fig.  15.  Dernières  vertèbres  caudales. 
Fig.   16.  Vertèbres  caudales  moyenne-, 

PLANCHE  IX. 

MEGAPTERA   LALANDII. 

Tous  ces  dessin-  sont  faits  d'après  le  squelette 
rapporté  par  Lalande  et  qui  esl  conservé  dans 
les  galeries  d'anatomie  comparée  du  .Muséum 
de  Paris. 

Fig.  i.  Tète  vue  de  prolil  et  mandibule. 

Fig.  i    Vertèbres  de  la  région  cervicale. 

Fig.  3.  Membre,  avec  les  doigts  el  les  phalanges 
au  complet.  Le  nombres  correspond  parfaitement  it 
celui  de  megaplera  boops  de  notre  hémisphère. 

Fig,  4.  Omoplate  vue  par  sa  face  externe. 

Fig.  5.  Sternum  et  premières  côtes. 

Fig.  6.  Sternum  et  premières  eô  tes  vus  de  profil. 

Fig.  7.  Os  hyoïde. 

Fig.  8.  Sixième  vertèbre  dorsale. 

Fig.  9.  Sixième  vertèbre  lombaire. 

Fig.  10.  Sixième  vertèbre  caudale. 

Fig.  II.  Caisse  tympanique,  vue  par  sa  l'ace  in- 
terne, avec  ses  apophyses. 

Fig.  12.  Caisse  tympanique  sans  rocher  et  sans 
apophyses,  vue  par  sa  face  supérieure. 

PLANCHES  X  ET  XI. 

BlEfiAPTERA   LGNGIMANA    OU   BOOPS. 

Fig.  I.  Squelette  complet. 

Fig.  2.  Coupe  de  la  tête. 

Fig.  3.  Région  cervicale  complète. 

Fig.  4.  Sixième  vertèbre  dorsale. 

Fig.  5.   Membre  complet,  d'après  le  squelette  du  ■ 
musée  de  Bruxelles  (t).  Tous  les  os  sont  encore  en 
place  avec  leurs  cartilages. 

Fig.  G.  Omoplate,  d'après  le  squelette  du  musée 
de  Bruxelles. 

Fig.  7.  Caisse  tympanique  complète,  avec  see 
apophyses  et  le  rocher,  vue  par  sa  l'ace  interne. 

Fig.  8.  Autre  caisse  tympanique  de  droite,  vue 
par  sa  face  externe,  montrant  les  osselets  de  l'ouïe 
en  place. 

Fig.  8'.  Osselets  de  l'ouïe  isolés:  a,  marteau; 
b,  enclume;  C,  ('trier. 

BAL  BB  \    Al  s  TUA  M  S. 

Fig.  9.  Coupe  de  la  région  cervicale  de  lialœna 

(1)  C'est  par  erreur  que  le  dessinateur  a  figuré  ainsi 
les  os  du  carpe,  La  nature  «lu  cartilage  l'a  induit  en 
erreur. 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


611 


australis,  d'après    un  exemplaire    du    musée   de 
Louvain. 

Fig.  10.  Coupe  du  crâne  du  même  animal,  con- 
servé au  musée  de  Louvain. 


Fig. 


BALENOPTERA   LAT1CEPS. 
11.  Tète  de  Balenoptera  laliceps,  d'après  le 


squelette  conservé  au  musée  de  Bruxelles. 

Fig.  12.  Tète  de  Balenoptera  laticeps,  vue  de 
profil,  d'après  la  tète  du  musée  de  Leide. 

Fig.  13.  Membre  de  gauche,  d'après  le  squelette 
de  Bruxelles. 

Fig.   14.  Omoplate,  d'après  le  même. 

Fig.  15.  Os  hyoïde,  d'après  le  squelette  de 
Leide. 

Fig.  16.  Les  cornes  du   même. 

Fig.   17.  Sternum,  d'après  le  squelette  de  Leide. 

Fig.  ls.  Première  côte  de  droite,  d'après  le 
môme  squelette. 

Fig.  I!).  Première  côte  de  gauche  du  même  sque- 
lette. 

Fig.  20.  Région  cervicale,  d'après  le  squelette  du 
musée  de  Bruxelles. 

Fig.  31.  Région  cervicale,  d'après  le  squelette  du 
musée  de  Leide.  On  voit  qu'il  provient  d'un  animal 
plus  jeune. 

Fig.  22.  Sixième  vertèbre  dorsale,  d'après  le 
squelette  du  musée  de  Bruxelles. 

Fig.  23.  Dernière  vertèbre  dorsale  et  première 
lombaire,  d'après  le  mémo  squelette,  ainsi  que  les 
vertèbres  suivantes,  jusqu'à  la  fig.  28. 

Fig.  24.  Dernière  vertèbre  lombaire. 

Fig.  25.  Première  vertèbre  caudale. 

Fig.  26.  Huitième  vertèbre  caudale. 

Fig.  27.  Neuvième  vertèbre  caudale. 

Fig.  28.  Dixième  vertèbre  caudale. 

Fig.  29.  Sixième  vertèbre  dorsale  ,  d'après  le 
squelette  de  Leide.  Les  vertèbres  suivantes  sont 
du  même  squelette. 

Fig.  30.  Deux  vertèbres  dorsales. 

Fig.  31.  Dernière  vertèbre  lombaire. 

FÏJ7.  32.  Première  vertèbre  caudale. 

Fig.  33.  Huitième  vertèbre  caudale. 

Fig.  34.  Neuvième  vertèbre  caudale. 

Fig.  35.  Dixième  vertèbre  caudale. 

PLANCHES    XII   ET  XIII. 

BALENOPTERA   ROSTRATA. 

Fig.  1.  Balenoptera  rostrata,  squelette  complet 
sans  le  sternum  et  le  bassin. 

Fig.  2.  Coupe  de  la  tète  d'après  un  exemplaire  du 
Musée  de  Louvain. 

Fig.  3.  Région  cervicale. 

Fig.  i.  Os  hyoïde. 

Fig.  ">.  Sternum. 

Fig.  6.  Omoplate. 


Fig.  7.  Membre  complet. 
Fig.  8.  Os  du  bassin. 

Fig.  9.  Rocher  et  apophyses  de  la  caisse  tympa- 
nique. 
Fig.  10.  Caisse  tympanique  isolée. 

BALENOPTERA    MUSCCLUS. 

Fig.  11.  Balenoptera  musculus,  squelette. 

Fig.  12.  Tète  d'un  individu  adulte,  du  Musée  de 
Louvain. 

Fig.  13.  Coupe  delà  même  tète. 

Fig.  14.  Sternum  du  Muséum  de  de  Paris. 

Fig.  14.  Sternum,  d'après  un  jeune  animal  du 
Musée  de  Bruxelles. 

Fig.  15.  Os  hyoïde. 

Fig.  15'.  Os  hyoïde  d'après  le  même  jeune  ani- 
mal du  Musée  de  Bruxelles. 

Fig.  16.  Allas,  d'après  un  jeune  animal  du  Mu- 
séum de  Paris. 

Fig.  17.  Axis  du  même  animal. 

Fig.  18.  Quatrième  vertèbre  cervicale  du  même 
animal. 

Fig.  19.  Omoplate,  vue  par  sa  l'ace  externe. 

Fig.  20.  Membre  complet  d'un  jeune  animal. 

Fig.  21.  Bassin  d'après  M.  Flower. 

Fig.  22.  Os  du  bassin  du  jeune  anima]  du  Musée 
de  Bruxelles. 

Fig.  23.  Première  côte,  partie  supérieure. 

Fig.  24.  Caisse  tympanique  isolée  et  étrier  du 
même  animal. 

BALENOPTERA   SIBBALDII. 

Fig.  25.  Tête  de  Balenoptera  Sibbaldii,  d'après 
un  dessin  du  professeur  Reinhardt.  —  Ce  dessin, 
ainsi  que  les  trois  suivants,  sont  faits  d'après  des 
pièces  conservées  au  Musée  de  Copenhague. 

Fig.  26.  Os  nasaux. 

Fig.  27.  Os  hyoïde. 

Fig.  28.  Atlas. 

Fig.  29.  Autre  atlas,  d'après  un  squelette  du 
Musée  de  Gotenburg,  photographie  et  publié  par 
M.  Malm;  les  figures  suivantes  sont  faites  d'après 
le  même  animal. 

Fig.  30.  Axis. 

Fig.  31.  Région  cervicale. 

Fig.  32.  Sternum. 

Fig.  33.  Omoplate. 

Fig.  34.  Membre  complet. 

PLANCHES  XIV  ET  XV. 

BALENOPTERA  SCHLEOEL1I. 

Ce  squelette  est  déposé  au  musée  de  Leide. 
Il  a  été  envoyé  de  Java  en  IStii. 

Fig.  I.  Tète  vue  de  face. 

Fig.  2.  La  même  vue  de  dessons. 


612 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


Fig.  3.  La  même  vue  de  profil. 

Fig.  4.  Mandibule  vue  par  sa  face  externe. 

Fig.  5.  Région  cervicale  complète. 

Fig.  6.  Atlas  isolé. 

Fig.  7.  Axis  isolé. 

Fig.  8.  Troisième  vertèbre  cervicale. 

Fig.  9.  Quatrième  vertèbre  cervicale. 

Fig.  10.  Cinquième  vertèbre  cervicale. 

Fig.  H.  Sixième  vertèbre  cervicale. 

Fig.  12.  Septième  vertèbre  cervicale. 

Fig.  13.  Sixième  vertèbre  dorsale  vue  de  profil, 
comme  les  précédentes. 

Fig.  li.  La  même  vertèbre  vue  de  l'ace. 

Fig.  15.  La   dernière  vertèbre  dorsale  et  la  pre- 
mière lombaire. 

Fig.  16.  La  première  vertèbre  lombaire,  vue  de 
face. 

Fig.  17.  La  dernière  vertèbre  lombaire  et  la  pre- 
mière caudale. 

Fig.  18.  La  première   vertèbre  caudale,   vue  de 
face. 

Fig.  19.  La  quatrième  vertèbre  caudale,  la  plus 
forte  de  toutes. 
Fig.  20.  La  même  vertèbre  vue  de  face. 
Fig.  21.  La  treizième  vertèbre  caudale. 
Fig.  22.  La  quatorzième  vertèbre  caudale. 
Fig.  23-26.  Quatre  os  en  chevron. 
Fig.  27.  Os  hyoïde. 
Fig.  28.  Cornes  du  nièniP. 
Fig.  29.  Sternum. 
Fig.  30.  Omoplate. 
Fig.  31.  Humérus. 
Fig.  32.  P.adius. 
Fig.  33.  Cubitus. 

Fig.  34.  Première  côte  gauche,  vue  par  le  bord 
interne. 
Fig.  33.  La  même  vue  parle  bord  externe. 

PLANCHE  XVI    1). 

PLES10CETUS   (iOROPIl. 

Fig.  1.  Occipital  du  Plesiocetus  goropii. 
Fig-  2.  Caisse  tympanique. 
Fig.  3.  Caisse  tympanique,  vue  du  côté  opposé. 
Fig.  4.  Atlas  vu  par  la  face  antérieure.  Les  apo- 
physes transverses  sont  artificielles. 

/  ig.  5.  Axis  complet  seulement  d'un  côté. 
Fig.  6.  Vertèbre  cervicale. 
Fig.  i    V  erlèbre  dorsale. 

(1)  Ces  dessins  de  la  planche  XVI  et  XVII  ont  été  exé- 
i   une  époque  où  les  ossemements  du  muxV  do 
Bruxelles  n'étaient  point  à  noti  tion.  L'étude 

de  ces  matériaux  nombreux  ont  fait  changer  plu       un 
détermination. 

Louvain,  octobre  1877, 


Fig.  8.  Vertèbre  lombaire. 
Fig.  9.  Vertèbre  caudale. 

PLESIOCETUS  BURTINII. 

Fig.  10.  Caisse  tympanique  de  Plesiocetus  bur- 
tini. 

Fig.  11.  Atlas. 

Fig.  1 2.  Axis,  dont  les  apophyses  transverses  sont 
brisées,  vu  par  sa  face  antéiieure. 

Fig.  13.  Vertèbre  dorsale,  une  des  premières. 

Fig.  14.  Une  autre  vertèbre  dorsale. 

Fig.  15.  Une  troisième  vertèbre  dorsale. 

Fig.  16.  Humérus. 

PLESIOCETUS    HUPSCHII. 
Fig.  17.  Plesiocetus  hupschii,  partie  postérieure 
du  crâne  vue  en  dessous. 
Fig.  18.  Caisse  tympanique. 
Fig.  19.  Une  autre  caisse  tympanique. 
Fig.  20.  Atlas. 
Fig.  21.  Axis. 
Fig.  22.  Troisième  cervicale. 

PLESIOCETUS   GERVAISII. 

Fig.  23.  Os  tympanique  de  Plesiocetus  gervaisii. 
Fig.  21.  Le  même  vu  du  côté  opposé. 

PLANCHE  XVII. 

PLESIOCETUS   HUPSCHII, 

d'après  un  crâne  du  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Pa 
provenant  de  Villiers,  près  Baveux  fCalvadnsi. 

Fig.  1.  Crâne  vu  par  dessus. 

Fig.  2.  Le  même,  vu  par  dessous. 

Fig.  3.  Le  même,  vu  de  profil. 

PLESIOCETUS    CORTESII. 
i  e    pièi  es  -"»i  au  musée  'le  Bologne. 

Fig.  i.  Partie  postérieure  du  crâne  d'après  Ca- 
pellini. 
Fig.  5.  Caisse  tympanique  du  même  animal. 

CETOTHERIUM  RATHKEI, 
d'après  des  ossements  conservés  a  Satnl  Pétersbourg. 

Fig.  6.  Crâne    restauré  par  le    docteur    Brandi, 
d'après  des  ossements  de  Ciimée. 
Fig.  7.  Caisse  tympanique,  d'après  Nordmann. 

CET0THERIDM   VANDELLII. 
conservé"  us le  Lisbonne. 

Fig.  -s.  I  i'Tc  \  ne  par  dessus,  montrant  une  partie 
de  la  face. 

PLANCHE    XVIII. 

PHYSETEli    AUSTRAL  IS. 

Fig.  1.    Squelette  complet   provenant   de    Tas 
manie  et  conservé  au  Musée  des  chirurgiens  de 
Londres.  Figuré  d'après  un  dessin  de  M.  Flouer. 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


i.l  : 


Fig.  2.  Atlas  du  même  sujet,  vu  par  sa  face  an- 
térieure. 
Fig.  3.  Os  hyoïde,  vu  parla  face  antérieure. 
Fig.  3a.  Corne  de  l'hyoïde. 
Fig.  4a.  Sternum,  vu  par  sa  face  antérieure. 

PHYSETER    MACROCEPHALUS. 

Fig.  5.  Atlas  du  sujet  d'Audierne,  vu  par  sa  face 
antérieure.  Pièce  conservée  au  Muséum  de  Paris. 

Fig.  (i.  Région  cervicale,  vue  de  profil. 

Fig.  7.  Atlas  et  région  cervicale  synostosés  trouvés 
sur  les  côtes  d'Australie,  d'après  une  photographie 
communiquée  par  M.  Krefft. 

Fig.  la.  Région  cervicale  du  même  sujet,  vue 
par  la  face  postérieure. 

Fig.  8.  Omoplate,  vue  par  sa  face  externe. 

Fig.  9.  Membre  antérieur  incomplet  (humérus, 
radius  et  cubitus'  du  sujet  conservé  autrefois  au 
Muséum  de  Paris. 

MEGRANEURON    KREFFT1I. 

Fig.  10.  Atlas,  vu  par  sa  face  antérieure,  d'après 
une  photographie  envoyée  par  M.  Krefft. 

HYPER00D0N    BUTZKOPF. 

Fig.  11.  Squelette  d'un  individu  échoué  entre 
Sallenelles  et  Cabourg  et  conservé  au  Muséum  de 
Paris. 

Fig.  12.  Région  cervicale,  du  même  sujet,  vue  par 
la  face  antérieure. 

Fig.  13.  Région  cervicale,  vue  par  la  face  pos- 
térieure. 

Fig.  14.  Sternum,  vu  par  sa  face  antérieure. 

Fig.  15.  Omoplate,  vue  par  sa  face  externe. 

Fig.  16.  Membre  antérieur. 

PLANCHE   XIX. 
BYPEROODON  BUTZKOPF. 

Fig.  1.  Tète,  vue  par  la  face  supérieure,  d'après 
le  sujet  échoué  à  Sallenelles  et  conservé  au  Mu- 
séum de  Paris. 

Fig.  2.  Rocher  et  caisse  auditive  du  même  ani- 
mal, vus  par  la  face  externe. 

Fig.  2a.  Rocher  et  caisse  auditive  du  même  ani- 
mal, vus  par  la  face  interne. 

Fig.  3.  Base  du  crâne  du  même  animal,  vue  par 
la  face  interne.  On  y  voit  :  le  trou  optique,  le  trou 
déchiré  antérieur,  le  trou  grand  rond,  le  conduit 
auditif  interne,  le  trou  déchiré  postérieur,  le  trou 
condylien  antérieur,  etc. 

IIYPEROODON    LVTlFIiONS. 

Fig.  4.  Tête,  vue  par  la  face  supérieure,  appar- 
tenant au  sujet  échoué  aux  îles  Féroë,  figurée 
d'après  un  dessin  d'Eschricht,  publié  par  M.  Rein- 
hardt.  Appartient  au  Musée  de  Copenhague. 


PHYSETEB    MACROCEPHALUS. 

Fig.  5.  Tète  du  sujet  d'Audierne,  vue  par  la  face 
supérieure.  Appartient  au  Muséum  de  Paris. 

Fig.  6.  Mâchoire  inférieure;  les  dents  sont  vues 
par  la  couronne. 

Fig.  6a.  Même  mâchoire,  vue  de  profil. 

Fig.  7.  Extrémité  antérieure  d'une  mâchoire 
inférieure  rapportée  du  Cap-tforn.  Appartient  ai 
Muséum  de  Paris. 

Fig.  7.  Portion  symphysaire  de  la  même  mâ- 
choire. 

Fig.  8.  Portion  symphysaire  d'une  mâchoire 
inférieure  déposée  au  Muséum  de  Paris. 

Fig.  9.  Mâchoire  inférieure,  vue  de  profil.  Appar- 
tient au  Muséum  de  Paris. 

Fig.  10.  Mâchoire  inférieure  d'un  sujet  échoué 
à  l'île  Maurice  et  déposée  dans  les  collections  du 
Muséum  de  Paris.  Cas  pathologique. 

Fig.  11.  Caisse  auditive  droite,  figurée  d'après 
R.  Owen. 

Fig.  12.  Colonne  vertébrale,  vue  par  la  face  su- 
périeure et  appartenant  au  sujet  figuré  sur  la 
planche  précédente  Cet  exemplaire,  provenant  des 
côtes  de  Tasmanie,  est,  comme  nous  l'avons  dit, 
déposé  au  Collège  des  chirurgiens  de  Londres. 

PLANCHE  XX. 
K0G1A   BREVICEPS. 

Fig.  1.  Tète,  vue  par  la  face  supérieure.  Appar- 
tient au  Muséum  de  Paris. 

Fig.  la.  Même  tête,  vue  par  la  face  inférieure. 

Fig.  \b.  Même  tête,  vue  de  proGl. 

Fig.  2.  La  mâchoire  inférieure. 

Fig.  3.  Portion  de  mâchoire  inférieure,  vue  par 
son  bord  supérieur.  Cette  pièce,  provenant  des 
côtes  d'Australie,  est  conservée  au  Collège  des 
chirurgiens  de  Londres. 

Fig.  3a.  Même  mâchoire,  vue  de  profil. 

PHYSETER   MACROCEPHALUS. 

Fig.  4.  Région  cervicale  du  sujet  d'Audierne, 
section  longitudinale. 

Fig.  3.  Dent  de  la  mâchoire  supérieure.  Pièce 
conservée  au  Muséum  de  Paris. 

Fig.  6.  Dent,  vue  de  la  face  externe.  Muséum  de 
Paris. 

Fig.  7.  Dent,  section  longitudinale.  Même  Musée. 

Fig.  8.  Dent,  section  transversale.  Même  Musée. 

PHYSETER    ANTIQ1  l  S. 

Fig.  9  h  12.  Dents  fossiles  des  sables  pliocènes 
de  Montpellier. 
Fig.  13.  Portion  de  mâchoire  inférieure  trouvée 

dans   les  sabler  pliocènes    de    Montpellier.    Celle 


61- 


EXPL1CAT10N  DES  PLANCHES. 


pièce  est  déposée  dans  les  collections  du  Muséum 
de  Paris. 

Fiy.  13a.  La  même  mâchoire  vue  par  la  face 
interne. 

Fig.  14.  Fragment  d'os  incisif,  trouvé  a'Tartas 
dans  les  Landes. 

Fig.  14a.  Môme  fragment,  vu  parla  face  infé- 
rieure. 

Fig.  146.  Coupe  transversale  du  même  os. 

PROPHYSETER    CERVICAL1S. 

Fin.  15-  Région  cervicale,  coupée  par  un  plan 
vertical. 

PHYSOUO.N    LECCE»SE. 

Fig.  16  à  18.  Dent  provenant  du  miocène  de 
Lecce  (Italie  méridionale).  Ces  pièces  sont  déposées 
au  Musée  de  Naples. 

PAL.E0DELPH1S    FUS1F0RME. 

Fig.  19  et  20.  Pièces  appartenant  au  Musée  de 
Bruxelles. 

PA1..E0DELPH1S    GRANDIS. 

Fig.  il.  Dent  ligurée  d'après  l'original  déposé  au 
Musée  de  Bruxelles. 

PAL.EODELPHIS  MINOTUS. 
Fig.  22  et  23.  Dents  appartenant  au  même  Musée. 

SCALDICETUS    CARETTI. 

Fig.  24.  Dent  trouvée  dans  le  cragd'Anvers.  Mu- 
sée de  Bruxelles. 

I10PL0CET.US    Cl'RVIDENS. 

Fig.  25.  Dent  trouvée  dans  les  sables  pliocènesde 
Montpellier. 

HOPLOCETUS   CRASSIDEHS. 

Fig.  26  et  27.  Dents  provenant  des  faluns  de 
Romans  Drôme). 

HOI'LOCETBS   BORGERHOUTENSIS. 

Fig.  28.  Dent  provenant  du  crag  d'Anvers.  Ap- 
partient au  Musée  de  Bruxelles. 

EUCETUS    AMBLIODON. 

Fig.  29  et  30.  Dents  du  crag  d'Anvers.  Musée  de 
Bruxelles. 

DIH0Z1PHIUS    RAEMDOMKII. 

Fig.  3t  et  32.  Denis  du  crag  d'Anvers.  Pièces 
déposées  au  Musée  de  Bruxelles. 

PLANCHE  XXI. 
Z1PH11S. 
Fig.  1.  Télc.  vue  par  la  face  supérieure,  d'un 


sujet  échoué  aux  Aresquiès  département  de  l'Hé- 
rault). 

FUj.  la.  Même  tète,  vue  de  profil. 

Fig.  2.  La  mâchoire  inférieure,  vue  par  sa  face 
externe. 

Fig.  3.  Dents  de  la  mâchoire  supérieure. 

Fig.  4.  Dent  de  la  mâchoire  inférieure. 

Fig.  '■>.  Région  supra  vomérienne,  vue  par  la  face 
supérieure  d'un  sujet  échoué  sur  les  côtes  de  Pala- 
gonie  et  appartenant  au  Musée  de  Buenos-Aires. 

Fig.  6.  Tête,  vue  par  la  face  supérieure  d'un  su- 
jet échoué  à  Lanton  (Gironde!. 

Fig.  7.  Région  supra  vomérienne  d'un  sujet 
échoué  à  Fos-les-Martigues. 

Fig.  8.  Tête,  vue  parla  face  supérieure  d'un  su- 
jet échoué  dans  l'île  de  Corse;  appartient  au  Musée 
de  Cette. 

Fii/.  8a.  Môme  tète,  vue  de  profil. 

Fig.  9.  La  mâchoire  inférieure  vue  de  profil. 

Fig.  10.  Ziphius  du  cap  de  Bonne-Espérance. 

Fig.  11.  Tête  vue  par  la  face  supérieure  d'un 
sujet  provenant  de  la  mer  des  Indes. 

Fig.  lia.  Région  supra  vomérienne  du  même 
animal. 

Fig.  12.  La  mâchoire  inférieure  vue  de  profil. 

Fig.  13.  Dent  de  la  même  mâchoire,  sortie  de 
l'alvéole. 

Fig.  13a.  Môme  dent,  section  transversale. 

Fig.  14.  Dent  fossile  trouvée  à  BoucBouches-du- 
Bhôno). 

Fig.   I4a.  Môme  dent,  section  transversale. 

PLANCHE  XXI  BIS. 
BERARDIUS    A.RN00XII. 

Fig.  I.  Tôte  vue  de  profil  d'un  sujet  appartenant 
au  Muséum  de  Paris. 

Fig.  2.  La  mâchoire  inférieure  vue  par  sa  face 
l'xterne. 

Fig.  3.  Tète  du  môme  sujet  vue  par  si  face  su- 
périeure. 

Fig.  t.  Caisse  tympanique  et  rocher  du  même 

sujet. 

ZIP  H 11!  S    CHATAM.ËNSIS. 

Fig.  S.  Tète  vue  par  la  face  supérieure,  appar- 
tient au  Muséum  de  Paris. 

Fig.  6.  Même  tête,  vue  par  la  face  inférieure. 

PLANCHE   XXII. 
MESOPLODO.N    S0WERB1ENSIS. 

Fig.  I.  Squelette  complet  du  sujet  échoué  a  Os- 
tende,  conservé  au  Musée  de  Bruxelles. 

Fig.  2.  Omoplate  du  sujet  échoué  il  Sallenelles 
(Calvados)  et  conservée  au  Musée  de  Caen. 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


6  I  ', 


Fig.  3.  Humérus  du  même  sujet. 

Fit/.  4.  Radius  et  cubitus  du  môme  sujet. 

Fig.  5.  Extrémité  du  membre  du  même  sujet. 

ZIPHIUS   CAVIROSTRIS. 

Fi;/,  (i.  Région  cervicale  du  sujet  échoué  aux 
Aresquiès  (Hérault1. 

Fig.  7.  Sternum  du  même  sujet,  vu  par  sa  face 
antérieure. 

EUPHYSETER    MACLEAYII. 

Fig.  8.  Squelette  complet  sauf  les  membres,  d'a- 
près une  photographie  communiquée  par  M.  Krefft, 
directeur  du  Musée  de  Sydney. 

DI0PL0D0N   SEYCHELLENS1S. 
Fig.  9.  Squelette  complet  sauf  les  membres. 

PLANCHE   XXIII. 

BERARDIUS   ARNOUXII. 

Fig.  i.  Tête  vue  de  profil  du  sujet  échoué  sur 
les  côtes  de  la  Nouvelle-Zélande  et  dont  le  squelette 

est  déposé  au  Muséum  de  Paris. 

Fig.  \a.  Tête  du  même  sujet,  vue  par  la  face 
supérieure. 

Fig.  16.  Tête  du  même  sujet,  vue  par  la  face 
inférieure. 

Fig.  2.  Maxillaire  inférieur  vu  de  profil. 

Fig.  2a.  Portion  symphysaire  de  la  mâchoire 
inférieure,  vue  par  le  bord  alvéolaire. 

Fig.  26.  Même  région  montrant  les  dents  en 
place. 

Fig.  .'i.  Dent  de  la  1"  paire  sortie  de  son  alvéole 
et  vue  par  sa  face  externe. 

Fig.  4.  Dent  de  la  2e  paire  sortie  de  son  alvéole 
et  vue  par  sa  face  externe. 

PLANCHE  XXIII  BIS. 

BERAUDIVS    ARNOUXII. 

Fig.  1.  Vertèbres  delà  région  cervicale  vues  par 
leur  face  inférieure.  Les  trois  premières  vertèbres 
de  cette  région  sontsoudées  entre  elles. 

Fig.  2.  Os  synostosé  des  trois  premières  vertè- 
bres cervicales,  vu  de  profil. 

Fig.  2a.  Mêmes  vertèbres  vues  par  la  face  anté- 
rieure de  l'atlas. 

Fig.  26.  Mêmes  vertèbres,  vues  par  la  face  pos- 
té'ri  cure. 

Fig.  3.  Quatrième  vertèbre  cervicale,  vue  par  la 
face  antérieure. 

Fig.  t.  Cinquième  vertèbre  cervicale,  vue  par  la 
face  antérieure. 

Fig.  '■<.  Sixième  vertèbre  cervicale,  vue  par  la 
face  antérieure. 


Fig.  6.  Septième  vertèbre  cervicale,  vue  par  la 
face  antérieure. 

Fig.  7.  Vertèbres  delà  région  dorsale,  vues  par 
la  face  inférieure. 

Fig.  8.  Vertèbres  de  la  même  région,  vues   d< 
profil. 

Fig.  9.   Vertèbres  de  la  région  sacro-lombaire  , 
vues  de  profil. 

Fig.  te.  Vertèbres  de  la  région  caudale  et  os  en 
V,  vus  de  profil. 

Fig.  10a.  Les  six  dernières  vertèbres   caudales 
vues  par  leur  face  supérieure. 

Fig.  11.  Dernière  vertèbre  lombaire,  vue  par  sa 
face  postérieure. 

Fig.  \i.  Première  vertèbre  caudale,  vue  parla 
face  antérieure 

Fig.   13.   Hyoïde  vu  par  la  face  antérieure. 

Fig.  14.  Sternum  vu  par  la  face  antérieure. 

Fig.  15.  Les  cinq  premières  côtes,  vues  par  leui 
face  externe. 

Fig.  15a.  Les  cinq  dernières  côtes,  vues  par  leur 
face  externe. 

Fig.   16.  Omoplate  vue  par  sa  face  externe. 

Fig.  17.  Membre  thoracique  droit,  vu  par  sa  face 
externe. 

Les  différentes  pièces  représentées  sur  celte 
planche  apparliennent  à  un  squelette  envoyé  au 
Muséum  de  Paris  par  M.  V.  Haasl  de  la  Nouvelle- 
Zélande. 

PLANCHE  XXIV. 

DIOPLODOH   EUR0P0EHS. 

Fig.  1.  Tète  vue  par  la  face  externe.  Figuréi 
d'après  Owen. 

Fig.  la.  Tète  du  même  sujet,  vue  par  la  faci 
supérieure. 

Fig.  16.  Tête  du  même  sujet,  vue  par  la  face 
inférieure. 

Fig.  1c.  Tète  du  même  sujet,  vue  par  la  faci 
postérieure. 

Fig.  2.  Le  maxillaire  inférieur  (côté  droit  .  vu 
de  profil. 

Fig.  2a.  Son  extrémité'  antérieure,  vue  par  le 
bord  alvéolaire. 

Fig.  3.  Dent  du  maxillaire  inférieur,  vue  par  son 
bord  antérieur. 

Fig.  3a.  La  même  dent  sortie  de  son  alvéole  et 
vue  par  sa  face  externe. 

Fig.  36.  La  même  dent,  vue  par  sa  face  interne. 

PLANCHE  XXV. 

DIOPLODOH   DENSIROSTRIS. 

Fig.  1.  Extrémité  du  rostre  vue  par  la  face  ex- 
terne droite. 


i] 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


Fi//,  la.  Extrémité  du  rostre  vue  par  sa  l'ace  su- 
périeure. 

Fig.  16.  Extrémité  du  rostre  vue  par  sa  face  in- 
férieure. 

Fig.  le.  Section  transversale  de  la  même  région 
pratiquée  près  de  L'extrémité,  suivant  par  un  plan 
perpendiculaire  a  l'ave. 

DI0PL0D0X    SECHELLENSE. 

Fig.  1.  Tète  vue  de  profil.  Cette  pièce  rapportée 
des  îles  Seychelles  est  conservée  dans  les  galeries 
du  Muséum  de  Paris. 

Fig.  lu.  Tête  du  même  sujet,  vue  par  sa  face  su- 
périeure. 

fig.  2b.  Tête  du  même  sujet,  vue  par  sa  face  in- 
férieure. 

g.  2c.  Section  transversale  du  rostre. 

Fig.  :î.  Le  maxillaire  inférieur  du  côté  droit,  vu 
par  sa  face  externe. 

Fig.  3a.  Portion  du  même  maxillaire,  vu  parson 
bord  alvéolaire. 

PLANCHE  XXÏI. 

MESOPLODON   SOWERBIENSIS. 

,  l.  Tète  vue  de  profil  de  l'individu  échoué  à 
Sellenelles  et  conservécau  Musée  de  Caen. 

Fig.  lu.  Tète  du  même  sujet,  vue  par  la  l'ace 
supérieure. 

Fig.  16.  Tète  du  même  sujet,  vue  parla  face  in- 
férieure. 

Fig.  2.  La  mâchoire  inférieure  vue  de  profil. 

Fig.  2a.  Portion  symphysaire  delà  même  mâ- 
choire, vue  par  le  bord  supérieur. 

Fig.  3.  Dent  de  la  mâchoire  inférieure,  vue  par 
sa  face  externe. 

Fig.  3a.  La  même  dent,  vue  par  son  bord  anté- 
rieur. 

Fig.  4.  Caisse  auditive,  vue  par  sa  face  externe. 

Fig.  4a.   Caisse  auditive  et  rocher,  vus  par  leur 

e  interne. 

Fig.  5.  Portion  du  rostre  d'un  sujet  échoué  au 
Havre  et  dont  la  tète  es!  déposée  au  Muséum  de 
Paris,  pièce  vue  par  le  côté  droit. 

Fig.  6.  Portion  symphysaire  de  la  mâchoire  in- 
férieure du  même  sujet,  vue  parson  bord  alvéo- 
laire. En  arrière  de  l'alvéole  de  la  dent  principale 
se  voient  du  côté  gauche  sur  la  ligure  quatre  petites 
dents;  il  n'y  a  que  deux  de  ces  organes  du  côté 
gauche.  La  pièce  n'ayant  pas  été  retournée  lors- 
qu'elle a  été  dessinée  sur  pierre  la  figure  repré- 
sente le  contraire  de  ce  qui  a  lieu  sur  nature. 

Fig.  7.  Dent  du  maxillaire  inférieur,  \  ne  par  sa 
face  externe. 

Fig.  la.  Même  dent,  vue  par  son  bord  antérieur. 

Fig.  s.  Dents  situées  en  arrière  de  la  dent  prin- 


cipale du  côté  droit,  représentées  de  grandeur  na- 
turelle et  renversées  par  le  dessin  comme  il  a  été 
dit  plus  haut. 

PLANCHE  XXVII. 

D0L1CH0D0N    LAYARD1I. 

Fig.  I.  Tète  vue  de  profil  de  l'individu  conservé 
au  Musée  Britannique.  Représentée  d'après  Owen. 

Fig.   la.   Même  tête,  vue  par  la  l'ace  supérieure. 

Fig.  Ib.  Extrémité  du  rostre,  vue  par  sa  tace  in- 
férieure. 

Fig.  16'.  Section  du  môme  rostre  par  un  plan 
perpendiculaire  a  l'axe. 

Fig.  i.  Mâchoire  inférieure  ,  vue  par  sa  face 
externe. 

Fig.  3.  Extrémité  supérieure  de  la  dent  droite 
du  même  maxillaire,  représentée  dans  sa  vraie 
grandeur  et  sur  laquelle  on  voit  le  petit  cône  d'é- 
mail s'élevant  au  dessus  du  cément  qui  revêt  l'or- 
gane. 

Fig.  3a.  Section  transversale  delà  même  dent. 

Z1PHIUS    PLAN1R0STRIS. 

Fig.  i.  Portion  de  crâne  et  rostre  provenant  du 
crag  d'Anvers.  Appartient  au  Muséum  de  Paris. 

Fig.  la.  Même  pièce  vue  de  profil. 

Fig.  '■>.  Portion  de  crâne  et  rostre  d'un  deuxième 
sujet  provenant  du  même  gisement.  Appartient  au 
même  musée. 

Fig.  Sa.  Même  pièce,  vue  de  profil. 

ZIPHIUS    LONGIROSTRIS. 

Fig.  6.  Extrémité  de  rostre,  vue  de  profil.  Col- 
lection du  Muséum.  Pièce  provenant  du  crag  d'An- 
\  ers. 

Fig.  6  .  s.  lion  du  même  rostre  par  un  plan  per- 
pendiculaire il  l'axe. 

Fig.  (>a.  Même  rostre,  vu  par  sa  face  supérieure. 

ZIPHIUS   BECANII. 

Fig.  ',.  Extrémité  du  rostre,  vue  par  la  face  su- 
périeure. Même  gisement  que  les  pièces  précé- 
dentes 

ZIPHIUS   TEXUIROSTRIS. 

Fig.  s.  Extrémité  du  rostre  vue  par  la  lace  supé- 
rieure, figurée  d'après  Owen.  Pièce  provenant  du 
ei  ag  de  Suil'olk. 

Fig.  9.  Extrémité  de  rostre  d'un  sujet  de  lamême 
espèce  provenant  du  crag  d'Anvers  et  conservée  au 
Muséum  de  Paris. 

Fig.  10.  Portion  de  rostre  d'un  deuxième  sujet 
provenant  du  même  gisement.  Appartient  au  Mu- 
séum de  Paris. 

Fig.  lOo.  Même  pièce,  vue  par  la  face  inférieure. 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


617 


PLACOZIPHIIIS   DUBOISII. 

Fig.  11.  Portion  de  rostre  recueilli  a  Edeghem, 
près  d'Anvers. 

Fig.  Ma.  Portion  de  rostre  provenant  d'Emixen, 
également  près  d'Anvers. 

Fig.  Mb.  Portion  de  crâne  et  rostre,  vue  de  pro- 
fil. Pièce  déposée  au  musée  de  Louvain. 

Fig,  12.  Atlas  provenant  du  même  gisement,  vu 
parla  face  antérieure.  Figuré  d'après  M.  Van  Be- 
neden. 

BELEMNOZIPHIUS  COMI'RESSUS. 

Fig.  13.  Extrémité  de  rostre  du  crag  de  Suft'olk. 
Pièce  figurée  d'après  Huxley. 

Z1PH1US    MEDILINEATUS. 

Fig.  14.  Extrémité  de  rostre  provenant  du  crag 
de  Suffolk.  Pièce  figurée  d'après  Owen. 

ZIPHIÏÏS    ANGULATUS. 

Fig.  15.  Extrémité  de  rostre  provenant  de  la 
même  localité.  Figuré  d'après  Owen. 

Fig.  15a.  Fragment  de  rostre  du  crag  d'Anvers. 
Pièce  faisant  partie  des  collections  du  Muséum  de 
Paris. 

ZIPH1US   PLANUS. 

Fig.  16.  Portion  de  rostre  trouvé  dans  le  crag 
de  Suffolk.  Figuré  d'après  Owen. 

ZIPHIUS  ANGUSTUS. 

Fig.  17.  Portion  de  rostre  du  crag  de  Suflolk. 
Figuré  d'après  Owen. 

ZIPHIUS   GIBBUS. 

Fig.  18.  Portion  de  rostre  du  crag  de  Suffolk. 
Figuré  d'après  Owen. 

PLANCHE  XXVII  BIS. 

ZIPHIOPSIS  PHYMATODES. 
Fig.  1.  Base  du  rostre,  vue  de  profil. 

BELOMNOZIPHIUS   RECURVUS. 

Fig.  2.  Bostre  vu  de  profil. 
Fig.  2*.  Coupe  du  rostre. 

ZIPHIUS  LONGIRASTRIS. 

Fig.  3.  Rostre  vu  par  sa  face  supérieure. 
Fig.  3*.  Coupe  du  rostre. 

ZIPHIUS  PLANIROSTRIS. 
Fig.  4.  Rostre  brisé,  vue  de  profil. 

ZIPHIROSTRUM  LEVIGATTCM. 

Fig.  o.  Rostre  vu  par  sa  face  supérieure. 


Fig.  5*.  Coupe  du  rostre. 

ZIPHIROSTRUM  TURNINENSE. 

Fig.  6.  Rostre  entier  vu  par  sa  face  antérieure. 
Fig.  6*.  Coupe  du  rostre. 

APOROTUS  DISCYRTUS. 
Fig.  7.  Rostre  vu  par  sa  face  supérieure. 
Fig.  7*  Coupe  du  rostre. 

ZIPHIOPSIS  SERVATUS. 
Fig.  8.  Haut  du  rostre  vu  par  la  face  supérieure. 
Fig.  8*.  Coupe  du  rostre. 

PLANCHE   XXVIII. 
SO.UALODON  GRATELOUPI. 

Fig.  1.  Fragment  de  mâchoire  supérieure,  vue 
par  sa  face  externe.  Pièce  découverte  a  Léognan. 

Fig.  2.  Portion  de  mâchoire  inférieure  prove- 
nant delà  même  localité.  Pièce  vue  par  son  bord 
alvéolaire. 

Fig.  3.  Mâchoire  inférieure  gauche,  vue  par  sa 
face  interne.  Musée  Graleloup. 

Fig.  4.  Mâchoire  inférieure,  vue  de  profil.  De 
Léognan,  collection  de  M.  Delforlrie. 

Fig.  4a.  Même  mâchoire,  vue  par  son  bord  al- 
véolaire. 

Fig.  5.  Atlas,  vu  par  sa  face  antérieure.  De  Léo- 
gnan. 

Fig.  5a.  Même  vertèbre,  vue  par  sa  face  posté- 
rieure. 

Fig.  6.  Vertèbre  dorsale,  vue  par  la  face  anté- 
rieure. Pièce  provenant  du  miocène  de  Pézénas 
(Hérault). 

Fig.  7.  Plaque  sternébrale  antérieure.  De  Léo- 
gnan (Gironde). 

RHIZOPRION   BARIE.NSIS. 

Fig.  8  Crâne  trouvé  a  Bari  (Drôme)  et  faisant 
partie  des  collections  du  Muséum  de  Lyon,  vu  de 
profil. 

Fig.  Sa.  Le  même  crâne  vu  par  la  face  supé- 
rieure. 

Fig.  9.  Extrémité  du  rostre  du  même  sujet,  vue 
par  sa  face  externe  gauche;  pièce  appartenant  au 
Muséum  de  Paris. 

Fig.  9a.  La  même  extrémité,  vue  par  lecôtédroit. 

Fig.  10.  Dent,  vue  par  sa  lace  externe.  D'Uzès 
(Gard). 

Fig.  11.  Dent  supérieure,  vue  par  la  face  ex- 
terne. De  Castres  (Hérault). 

Fig.  lia.  Même  dent,  vue  par  sa  face  interne. 

SftUÀLODON  GERVAISII. 

Fig.  12.  Dent,  vue  par  sa  face  externe.  Pièce 
provenant  de  Saint-Jean-de-Vé  la-    lié.  nuit . 

78 


618 

Fig.  12a.  Même  dent,  vue  par  sa  face  iDterne. 
Fig.  13.  Dent  provenant  de  la  même  localité,  re- 
présentée par  sa  face  externe. 

Fig.  13a.  Même  dent,  vue  par  sa  face  interne. 

STEREODELPHIS  RREY1P.ENS. 

Fig.  14.  Portion  de  maxillaire  inférieur,  vue  par 
sa  face  externe.  Pièce  découverte  il  Fonmagne. 

Fig.  14a.  Même  pièce,  vue  par  son  bord  alvéo- 
laire. 

Fig.  15.  Dent  supérieure,  vue  par  sa  face  ex- 
terne. Même  localité. 

Fig.  16.  Dent  supérieure,  vue  par  sa  face  externe. 
De  Saint-Didier  (Vaucluse). 

Fig.  17.  Dent  de  Saint-Didier. 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 

l'Ëocènede  l'Ashley-River,  près  Charleston.  Figuré 
d'après  Leidy. 

PLANCHE   XXIX. 

INIA  GEOFFRENSIS. 

Fig.  1.  Vertèbres  de  la  région  cervicale,  vues  par 
leur  face  supérieure. 

Fig.  2.  Les  sept  premières  vertèbres  dorsales, 
vues  par  leur  face  supérieure. 

Fig.  3.  Dernières  vertèbres  dorsales,  vertèbres 
lombaires  et  les  huit  premières  caudales,  vues  par 
leur  face  supérieure. 

Fig.  4.  Dernières  vertèbres  caudales,  vues  par 
leur  face  supérieure.  Ces  différentes  parties  du 
squelette  appartiennent  a  un  individu  conserve  au 
Muséum  de  Paris. 


PHOCODON. 

Fig   18.  Trois  dents  trouvées  à  Malte  et  figurées 
d'après  Scilla. 
Fig.  19.  Dent  trouvée  à  Dinan  (Côtes-du-Nord  . 

SQUALODON  ANTVERPIENSIS. 

Fig.  20.  Mâchoire  supérieure,  vue  de  profil. 
Pièce  trouvée  dans  le  crag  d'Anvers  et  figurée  d'a- 
près M.  Van  Beneden. 

Fig.  21.  Portion  antérieure  de  mâchoire  infé- 
rieure portant  les  dents  en  place.  Au-dessus  d'elles 
se  voient  en  place  les  trois  premières  dents  de  la 
mâchoire  supérieure.  Pièce  trouvée  dans  le  crag 
d'Anvers. 

ARIONUS   SERVATUS. 

Fig.  22.  Portion  du  crâne  et  base  du  rostre,  vues 
par  la  face  supérieure.  Cette  pièce,  découverte  à 
lîaltringen  (Wurtemberg),  est  déposée  au  Musée  de 
Stultgard.  Figurée  d'après  II.  de  Meyer. 

Fig.  22a.  Le  même  crâne,  vu  par  sa  face  infé- 
rieure. 

Fig.  23.  Dent  inférieure,  vue  par  son  bord  anté- 
rieur. D'après  II.  de  Meyer.  De  la  même  localité  que 
la  pièce  précédente  et  déposée  dans  le  même  Musée. 

Fig.  23a.  La  même  dent,  vue  par  sa  face  posté- 
rieure. 

Fig.  21.  Dent  inférieure,  vue  par  la  face  anté- 
rieure. Figurée  d'après  II.  de  Meyer.  Musée  de 
Stutlgard. 

Fig.  24a.  La  même  dent,  vue  par  sa  face  posté- 
rieure. 

SQUALODON'  ATLANTIU  s. 

Fig.  25.  Portion  de  maxillaire  supérieur  pourvu 
de  quatre  dents,  trouvée  dans  le  New-Jersey  et 
figurée  d'après  Leidy. 


SQUALODON?  PYGMd  !  S. 

Fig.    2(i.    Crâne    presque   complet  trouvé 


dans 


PONTOPORIA  RLAINVILLEI. 

Fig.  5.  Squelette  complet,  appartenant  au  Mu- 
séum de  Paris. 

Fig.  6.  Atlas,  vu  par  la  face  antérieure. 

Fig.  7.  Axis,  vu  par  la  face  antérieure. 

Fig.  8.  Troisième  vertèbre  cervicale. 

Fig.  9.  Quatrième  vertèbre  cervicale. 

Fig.  10.  Cinquième  vertèbre  cervicale. 

Fig.  1 1.  Sixième  vertèbre  cervicale. 

Fig.  12.  Septième  vertèbre  cervicale. 

Ces  différents  os  sont  vus  par  leur  face  anté- 
rieure. 

Fig.  13.  Base  du  rostre  et  portion  correspondante 
du  maxillaire  inférieur,  vues  par  leur  face  externe. 

Fig.  14.  Môme  portion  du  maxillaire  inférieur, 
représentée  dans  la  figure  précédente,  vue  par  le 
bord  alvéolaire. 

PLANCHE  XXX. 
PLATAMSTA  GANGETICA. 

Fig.  1.  Squelette  complet,  sauf  les  membres, 
d'un  jeune  sujet  conservé  au  Muséum  de  Paris. 

Fig.  2.  Vertèbres  de  la  région  cervicale,  vertèbres 
dorsales,  etc.,  vues  par  leur  face  inférieure. 

Fig.  3.  Atlas,  vu  par  sa  face  antérieure. 

Fig.  4.  Axis,  vu  par  sa  face  antérieure. 

Fig.  5.  Troisième  vertèbre  cervicale,  id. 

Fig.  6.  Quatrième  vertèbre  cervicale,  id. 

Fig.  1.  Cinquième  vertèbre  cervicale,  id. 

Fig.  8.  Sixième  vertèbre  cervicale,  id. 

Fig.  9.  Septième  vertèbre  cervicale,  id. 

Fig.  10.  Sternum  d'un  sujet  adulte,  vu  par  sa 
face  antérieure. 

Fig.  11.  Sternum  d'un  autre  sujet,  vu  également 
par  sa  face  antérieure. 

Fig.  12.  Sternum  du  jeune  sujet  dont  le  sque- 
lette est  figuré  sur  cette  planche  (face  antérieure). 

Fig.  13.  Omoplate  d'un  sujet  adulte,  vue  par  la 
face  externe. 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


619 


Fig.  14.  Membre  du  même  sujet,  vu  par  sa  face 
externe. 

Fig.  15.  Omoplate  du  jeune  sujet  représenté 
fig.  1,  vue  par  sa  face  externe. 

Fig.  16.  Membre  du  même  sujet,  vu  par  sa  face 
externe. 

Fig.  17.  Base  du  crâne,  vue  par  la  face  supé- 
rieure. 

Fig.  18.  Base  du  crâne,  vue  parla  face  inférieure. 

Fig.  19.  Crâne,  vu  par  la  face  supérieure,  et  dont 
les  apophyses  du  maxillaire  supérieur,  formant  les 
expansions  conchoïdes,  ont  été  détachées. 

Fig.  19a.  Apophyse  conchoïde  du  côté  droit,  vue 
par  la  face  interne. 

Fig.  196.  Apophyse  conchoïde  du  côté  gauche, 
vue  par  la  face  interne. 

Fig.  20.  Crâne,  vu  par  la  face  postérieure. 

PLANCHE  XXXI. 

PLATANISTA  GANGETICA. 

Fig.  1.  Rostre,  vu  de  profil.  Pièce  faisant  partie 
des  collections  du  Collège  royal  des  chirurgiens  de 
Londres. 

Fig.  2.  Tète,  vue  de  profil.  Sujet  rapporté  par 
Duvaucel,  et  conservé  au  Muséum  de  Paris. 

Fig.  2a.  Même  tète,  vue  par  sa  face  supérieure. 

Fig.  26.  Môme  tête,  vue  par  sa  face  intérieure. 

Fig.  3.  Région  postérieure  de  la  mâchoire  infé- 
rieure, vue  parle  bord  supérieur. 

Fig.  4.  Région  antéro-supérieure  du  crâne  mon- 
trant :  n  l'os  nasal  ;  — /  le  frontal  ;  —  i  l'os  incisif; 
—  e  l'ethmoïde,  etc. 

Fig.  5.  Os  zygomatique,  en  rapport  avec  les  os 
maxillaire  supérieure,  frontal  et  temporal. 

Fig.  6.  Le  même  os,  vu  isolément. 

Fig.  7.  Caisse  auditive,  vue  par  sa  face  interne. 

Fig.  la.  Caisse  tympanique,  vue  par  sa  face  ex- 
terne. 

Fig.  76.  Caisse  auditive,  vue  par  sa  face  interne. 

Fig.  8.  Section  transversale  du  rostre  dans  un 
point  voisin  de  sa  base. 

Fig.  8a.  Section  transversale  de  la  symphyse  du 
maxillaire  inférieur  à  une  petite  dislance  de  la  par- 
tie intérieure  de  la  symphyse. 

PLATANISTA  INDI. 

Fig.  9.  Tète,  vue  de  profil. 
Fig.  9a.  La  même  tête,   vue  par  sa  face  supé- 
rieure. 

PLANCHE  XXXII. 

INIA    GEOFFRENSIS. 

Fig.  1.  Atlas,  vu  de  profil. 

Fig.  \a.  Même  vertèbre,  vue  par  sa  face  anté- 
rieure. 


Fig.  16.  Même  vertèbre,  vue  par  sa  face  posté- 
rieure. 

Fig.  le.  Même  vertèbre,  vue  par  sa  face  supé- 
rieure. 

Fig.  2.  Axis,  vu  de  profil. 

Fig.  la.  Même  vertèbre,  vue  par  sa  face  anté- 
rieure. 

Fig.  3.  Troisième  cervicale,  vue  de  profil. 

Fig.  3a.  Même  vertèbre,  vue  par  la  face  anté- 
rieure. 

Fig.  4.  Quatrième  cervicale,  vue  de  profil. 

Fig.  5.  Cinquième  cervicale,  vue  de  profil. 

Fig.  6.  Sixième  cervicale,  vue  de  profil. 

Fig.  6a.  Même  vertèbre,  vue  par  sa  face  anté- 
rieure. 

Fig.  7.  Septième  vertèbre  cervicale,  vue  de  profil. 

Fig.  la.  Môme  vertèbre,  vue  de  face  postérieure. 

Fig.  8.  Première  vertèbre  dorsale,  vue  par  la 
face  antérieure. 

Fig.  9.  Vertèbres  de  la  région  dorsale,  vues  de 
profil. 

Fig.  10.  Treizième  vertèbre  dorsale,  vue  par  la 
face  postérieure. 

Fig.  11.  Première  côte,  vue  par  la  face  externe. 

Fig.  12.  Neuvième  côte,  vue  par  son  bord  anté- 
rieur. 

Fig.  13.  Dernière  fausse  côte,  vue  par  son  bord 
antérieur. 

Fig.  14.  Première  vertèbre  lombaire,  vue  par  la 
face  antérieure. 

Fig.  15.  Première,  deuxième  et  troisième  ver- 
tèbres lombaires  vues  de  profil. 

Fig.  15a.  Les  mêmes  vertèbres,  vues  par  la  face 
inférieure. 

Fig.  16.  Vertèbres  de  la  région  caudale,  vues  de 
profil.  Au-dessous  du  corps  de  ces  vertèbres  sont 
figurés  les  os  en  V. 

Fig.  17.  Dernières  vertèbres  caudales,  vues  par 
leur  face  supérieure. 

Fig.  18.  Sternum,  vu  par  la  face  antérieure. 

Fig.  18a.  Sternum,  vu  par  la  face  postérieure. 

Fig.  186.  Sternum,  vu  de  profil. 

Fig.  19.  Omoplate  droite,  vue  par  la  face  ex- 
terne. 

Fig.  19a.  Même  os,  vu  par  la  face  interne. 

Fig.  20.  Membre  droit,  vu  par  sa  face  externe. 

Les  différentes  parties  du  squelette  représentées 
sur  cette  planche  appartiennent  it  un  sujet  rap- 
porté du  Haut-Amazone  et  conservé  dans  les  galeries 
du  Muséum  de  Paris. 

PLANCHE   XXXIII. 

INIA  GEOFFRENSIS. 

Fig.  1.  Tète,  vue  de  profil.  Appartient  au  sujet 


620 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


rapporté  du  Haut-Amazone  et  conservé  dans  les  ga- 
leries du  Muséum  de  Paris. 

Fig.  la.  Même  tète,  vue  par  la  face  supérieure. 

Fig.  16.  Même   tête,  vue  par  la  face  inférieure. 

Fig.  le.  Même  tète,  vue  par  la  face  postérieure. 

Fig.  2.  Avant-dernière  dent  du  maxillaire  supé- 
rieur, vue  de  profil. 

Fig.  3.  Dent  de  la  région  médiane  du  même  os 
supérieur,  vue  de  profil. 

Fig.  4.  Deuxième  dent  du  même  os,  vue  de 
profil. 

Fig.  5.  Avant-dernière  dent  du  maxillaire  infé- 
rieur, vue  de  profil. 

Fig.  G.  Dent  de  la  région  médiane  du  même  os, 
vue  de  profil. 

Fig.  7.  Deuxième  dent  antérieure  du  même  os, 
vue  de  profil. 

Fig.  8.  Maxillaire  supérieur,  vu  par  son  bord 
alvéolaire  et  montrant  les  dents  en  place.  D'après 
une  tête  donnée  au  Muséum  de  Paris  par  le  Musée 
de  Lisbonne. 

Fig.  9.  Le  maxillaire  inférieur,  vu  par  son  bord 
alvéolaire  et  montrant  les  dents  en  place. 

Fig.  10.  Dernières  dents  du  maxillaire  supérieur 
du  même  sujet,  vues  par  la  couronne. 

Fig.  11.  Dernières  dents  du  maxillaire  inférieur 
du  même  sujet,  vues  par  la  couronne. 

LMA    BOLIVIENSIS. 

Fig.  12.  Tète,  vue  par  la  face  supérieure.  Collec- 
tions du  Muséum  de  Paris. 

PLANCHE  XXXIV. 
TPRS10PS   ADUNCUS. 

Fig.  1.  Tète  vue  par  la  face  supérieure.  Appar- 
tient au  Musée  de  Caen. 

Fig.  2.  Le  maxillaire  supérieur,  vu  par  sa  face 
inférieure. 

Fig.  2a.  Le  maxillaire  inférieur,  vu  par  son  bord 
alvéolaire. 

TURSIOPS  TURSIO. 

Fig.  3.  Tète  vue  par  la  face  supérieure  d'un  in- 
dividu pris  a  Cette  (Hérault)  et  conservéeau  Muséum 
de  Paris. 

Fig.  4.  Caisse  auditive  du  même  sujet,  vue  par 
la  face  interne. 

Fig.  4a.  Caisse  lympanique,  vue  parla  face  ex- 
terne. 

Fig.  <kb.  Caisse  lympanique,  vue  par  la  face  anté- 
rieure. 

Fig.  '■>.  Maxillaires  supérieur  et  inférieur  du 
même  sujet,  vus  de  profil. 

Fig.  6.  Partie  antérieure  du  crâne  et  du  rostre 
du  même  sujet,  vus  par  la  face  inférieure. 


Fig.  7.  Tète  vue  par  la  face  supérieure  et  appar- 
tenant a  un  individu  échoué  sur  les  côtes  de  la 
Manche.  Musée  de  Caen. 

Fig.  8.  Le  maxillaire  supérieur  vu  par  sa  face 
inférieure  et  montrant  les  dents  vues  par  la  cou- 
ronne. 

Fig.  8a.  Le  maxillaire  inférieur,  vu  par  son  bord 
alvéolaire. 

fig.  9.  Maxillaires  supérieurs  et  inférieurs  du 
même  sujet,  vus  de  profil. 

DELPMNUS  BROCHII. 

Fig.  10.  Série  des  dents  inférieures  d'un  individu 
pris  à  San  Lorenzo. 

PLANCHE  XXXV. 

TURSIOPS  TURSIO. 

Fig.  1.  Région  cervicale  d'un  vieux  mâle  échoué 
ii  Cette  (Hérault)  et  dont  le  squelette  est  conservé 
au  Muséum  de  Paris.  Les  deux  premières  vertèbres 
de  cette  région  sont  soudées  entre  elles  ;  l'os  unique 
qu'elles  forment  est  représenté  a  droite  de  la  figure 
par  la  face  antérieure  de  l'atlas.  Les  3e,  4e,  5%  6' 
et  7e  vertèbres  cervicales  sont  également  figurées 
par  leur  face  antérieure. 

Fig.  2.  Vertèbres  de  la  région  cervicale  du  même 
sujet,  vues  par  leur  face  inférieure. 

Fig.  3.  Première  vertèbre  dorsale,  vue  par  la 
face  antérieure. 

Fig.  4.  Dernière  vertèbre  dorsale,  vue  par  la 
face  antérieure. 

Fig.  S.  Première  vertèbre  lombaire,  vue  par  sa 
face  antérieure. 

Fig.  6.  Dernière  vertèbre  lombaire,  vue  par  sa 
face  antérieure. 

Fig.  7.  Première  vertèbre  caudale,  vue  par  sa 
face  antérieure. 

Fig.  8.  Neuvième  vertèbre  caudale,  vue  par  sa 
face  antérieure. 

Fig.  9.  Colonne  vertébrale  représentée  par  sa 
face  inférieure.  Pour  compléter  cette  région,  ajou- 
tez la  région  cervicale  du  même  sujet  représentée 
fig.  2  de  cette  planche. 

l<ig.  9a.  Région  caudale  du  même  sujet,  vue  de 
profil. 

Fig.  10.  Première  côte,  vue  par  sa  face  anté- 
rieure. 

Fig.  11.  Dernière  fausse  côte,  vue  par  sa  face 
externe. 
Fig.  12.  Sternum,  vu  par  sa  face  antérieure. 
Fig.  13.  Omoplate,  vue  par  sa  face  externe. 
Fig.  14.  Membre  antérieur  droit,  vu  par  sa  face 
externe. 

Les  diflérentes  parties  du  squelette  représentées 
de  1  à  14  appartiennent  toutes  au  sujet  pris  il  Cette 
et  conservé  au  Muséum  de  Paris. 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


(i-21 


LAGENORHYNCHUS  LEUCOPLEURUS. 

Fit/,  15.  Vertèbres  de  la  région  cervicale,  vues 
par  leur  face  antérieure. 

Fig,  16.  Première  vertèbre  dorsale,  vue  par  sa 
face  antérieure. 

Fig.  17.  Dernière  vertèbre  dorsale,  vue  par  sa 
face  antérieure. 

Fig.  18.  Première  vertèbre  lombaire,  vue  par  sa 
face  antérieure. 

Fig.  19.  Dernière  vertèbre  lombaire,  vue  par  sa 
face  postérieure. 

Fig.  20.  Première  vertèbre  caudale,  vue  par  sa 
face  antérieure. 

Fig.  21.  Seizième  vertèbre  caudale,  vue  par  sa 
face  antérieure. 

Fig.  22.  Sternum,  vu  par  la  face  antérieure. 

Fig.  23.  Omoplate,  vue  par  sa  face  externe. 

Toutes  les  pièces  figurées  de  15  a  23  appartien- 
nent à  un  sujet  conservé  au  Muséum  de  Paris. 

LAGENORHYNCHUS  ESCHRICHTH. 

Fig.  24.  Vertèbres  de  la  région  cervicale.  Les 
quatre  premières  vertèbres,  confondues  en  une 
seule  masse,  sont  représentées  vues  par  la  face  an- 
térieure de  l'atlas,  sur  la  figure  de  droite  ;  elles  sont 
représentées  par  leur  face  externe  sur  la  seconde 
figure.  Les  autres  vertèbres  sont  vues  par  leur 
face  antérieure. 

Fig.  25.  Première  vertèbre  dorsale,  vue  par  sa 
face  antérieure. 

Fig.  26.  Dernière  vertèbre  dorsale,  vue  par  sa 
face  antérieure. 

Fig.  27.  Première  vertèbre  lombaire,  vue  par  sa 
face  postérieure. 

Fig.  28.  Dernière  vertèbre  lombaire,  vue  par  sa 
face  antérieure. 

Fig.  29.  Première  vertèbre  caudale,  vue  par  sa 
face  antérieure. 

Fig.  30.  Seizième  vertèbre  caudale,  vue  par  sa 
face  antérieure. 

Fig.  31.  Colonne  vertébrale  complète,  vue  par 
sa  face  inférieure. 

Fig.  32    Sternum,  vu  par  sa  face  antérieure. 

Fig.  33.  Membre  thoracique  droit,  vu  par  sa  face 
externe 

Les  pièces  figurées  de  24  à  33  appartiennent  à  un 
sujet  conservé  au  Muséum  de  Paris. 

PLANCHE  XXXVI. 
CEPHALORHYNCHUS   HEAVIS1DII. 

Fig.  1.  Tète  vue  par  la  face  supérieure.  Pièce 
conservée  au  Muséum  de  Paris. 

Fig.  la.  La  même  tète  vue  par  la  face  infé- 
rieure. 


Fig.  \b.  Maxillaires  supérieur  et  inférieur,  vus 
de  profil. 

LAGENORHYNCHUS  BREYICEPS. 

Fig.  2.  Tête  vue  par  la  face  supérieure.  La  ca- 
lotte crânienne  a  été  sciée  pour  montrer  la  face  su- 
périeure de  la  base  du  crâne.  Pièce  conservée  au 
Muséum  de  Paris. 

LAGENORHYNCHUS  CRUCIGER. 

Fig.  3.  Tète  vue  par  la  face  supérieure.  Pièce 
conservée  au  Muséum  de  Paris. 

Fig.  3a.  La  même  tête,  vue  par  sa  face  infé- 
rieure. 

LAGENORHYNCHUS  LEUCOPLEURUS. 

Fig.  4.  Tète  vue  par  la  face  supérieure.  Appar- 
tient au  sujet  conservé  au  Muséum  de  Paris  et  dont 
les  parties  caractéristiques  du  squelette  sont  repré- 
sentées sur  la  planche  précédente. 

Fig.  4a.  Les  mâchoires  supérieure  et  inférieure, 
vues  de  profil. 

LAGENORHYNCHUS  ALBIROSTRIS. 

Fig.  5.  Tète  vue  par  la  face  supérieure.  D'après 
Reinhardt. 

LAGENORHYNCHUS   ASIA. 

Fig.  6.  Tète  vue  par  la  face  supérieure.  Appar- 
tient au  Muséum  de  Paris. 

PLANCHE    XXXVII. 

DELPHLNORHYN'CHUS  (STENO)  PLUMBEUS. 

Fig.  1.  Tête  vue  de  profil.  (Collection  du  Muséum 
de  Paris.) 

Fig.  2.  La  mâchoire  inférieure,  vue  de  profil. 

Fig.  3.  La  même  tête,  vue  par  sa  face  supé- 
rieure. 

Fig.  4.  La  même  tète,  vue  par  sa  face  infé- 
rieure. 

Fig.  5.  Caisse  auditive  du  même  sujet,  vue  par 
sa  face  interne. 

DELPHINORHYNCHUS  (STENO)  SINENSIS. 

Fig.  6.  Maxillaire  supérieur,  vu  de  profil. 

Fig.  6a.  Le  maxillaire  supérieur,  vu  par  sa  face 
inférieure. 

Fig.  7.  Maxillaire  inférieur  du  même  sujet,  vu 
de  profil. 

Fig.  la.  Le  même  maxillaire,  vu  par  son  bord 
alvéolaire. 

DELPHINORHYNCHUS  ROSTRATUS. 
Fig.  8.  Crâne  vu  de  profil. 
Fig.  9.  Le  maxillaire  supérieur,  vu  par  sa  face 
inférieure. 


622 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


Fig.  10.  Le  maxillaire  inférieur,  vu  de  profil. 

Fig.  10a.  Le  même  maxillaire,  vu  par  son  bord 
alvéolaire. 

Fig.  11.  Dents  supérieure  et  inférieure  représen- 
tées de  grandeur  naturelle. 

DELPHINORHYNCHUS  FRONTATUS. 
Fig.  12.  Tète  vue  par  la  face  supérieure. 

PLANCHE   XXX VIII . 
PRODELPHINUS  MARGINATUS. 

Fig.  1.  Tète  vue  par  la  face  supérieure,  d'un  in- 
dividu pris  sur  la  plage  de  Dieppe.  Collection  du 
Muséum  de  Paris. 

Fig.  la.  La  même  tête,  vue  par  sa  face  infé- 
rieure. 

Fig.  16.  Caisse  auditive,  vue  par  sa  face  interne. 

Fig.  le.  Caisse  auditive,  vue  par  sa  face  interne. 

PRODELPHINUS  TETHYOS. 

Fig.  2.  Tête  vue  par  la  face  inférieure  d'un  in- 
dividu échoué  ii  Port-Yendres.  Collection  du  Mu- 
séum de  Paris. 

PRODELPHINUS?  LEOCORAMPHUS. 

Fig.  3.  Tète  vue  par  sa  face  inférieure.  Muséum 
de  Paris. 

Fig.  3(i.  Le  maxillaire  inférieur,  vu  par  son  bord 
alvéolaire. 

PRODELPHINUS  FR^NATUS. 

Fig.  4.  Tète  vue  par  la  face  inférieure.  Pièce  rap- 
portée du  Cap-Vert  et  conservée  au  Muséum  de 
Paris. 

Fig.  la.  Le  maxillaire  inférieur  droit,  vu  par  son 
bord  alvéolaire. 

PRODELPHINUS  FRONTALIS. 

Fig.  S.  Tète  vue  par  la  face  inférieure.  Muséum 
de  Paris. 

PRODELPHINUS  ROSEIVENTRIS. 

Fig  6.  Tête  vue  par  la  face  supérieure.  Collec- 
tion du  Muséum  de  Paris. 

Fig.  Ga.  La  même  tète,  vue  par  la  face  infé- 
rieure. 

PLANCHE  XXXIX. 

EUDELPHINUS  DELPHIS. 

Fig.  I.  Tête  vue  de  profil  et  appartenant  à  un 
sujet  pris  sur  les  côtes  de  l'Océan.  Collection  du 
Muséum  de  Paris. 

Fig.  i.  Tète  du  même  sujet,  vue  parsa  facesupé- 
rieure. 


Fig.  3.  Tête  du  même  sujet,  vue  par  sa  face  infé- 
rieure. 

F/g.  4.  Os  de  l'oreille,  vus  par  leur  face  interne. 

Fig.  4a.  Caisse  auditive  montrant  le  trou  auditif 
interne. 

Fig.  46.  Caisse  tympanique,  vue  par  sa  face  in- 
terne. 

Fig.  4c.  Les  osselets  de  l'ouïe  isolés. 

Fig.  5.  Le  maxillaire  inférieur  gauche,  vu  par 
son  bord  alvéolaire. 

Fig.  6.  Portion  antérieure  de  la  base  du  crâne  et 
rostre  d'un  individu  pris  dans  la  Méditerranée,  vus 
par  la  face  inférieure.  Collections  du  Muséum  de 
Paris. 

Fig.  7.  Le  maxillaire  inférieur  droit,  vu  par  son 
bord  alvéolaire. 

EUDELPHINUS  FULYO-FASCIATUS. 

Fig.  8.  Rostre  vu  par  la  face  inférieure.  Collec- 
tion du  Muséum  de  Paris. 

EUDELPHINUS  TASMAN1ENSIS 

Fig.  9.  Rostre  vu  par  la  face  inférieure,  d'un 
individu  provenant  d'Hobart-Town  (côles  de  Tas- 
manie).  Collection  du  Muséum. 

EUDELPHINUS  LONGIROSTRIS. 

Fig.  10.  Tête  vue  parla  face  supérieure.  Collec- 
tion du  Muséum. 
Fig.  11.  Même  tète,  vue  par  sa  face  inférieure. 

PLANCHE  XL. 

DELPHINUS  (EUDELPHINUS)  DELPHIS. 

Fig.  1.  Série  des  vertèbres  cervicales,  vues  par 
leur  face  antérieure.  Collection  du  Muséum. 

Fig.  2.  Première  vertèbre  dorsale,  vue  par  la  face 
antérieure. 

Fig.  3.  Quinzième  vertèbre  dorsale,  vue  par  la 
face  postérieure. 

Fig.  4.  Dernière  vertèbre  lombaire,  vue  par  la 
face  postérieure. 

Fig.  5.  Quinzième  vertèbre  dorsale,  vue  par  sa 
face  antérieure. 

Fig.  6.  Première  vertèbre  lombaire,  vue  par  sa 
face  antérieure. 

Fig.  7.  Dernière  vertèbre  lombaire,  vue  par  sa 
face  antérieure. 

Fig.  a.  Première  vertèbre  caudale,  vue  par  sa 
face  antérieure. 

Fig.  9.  Colonne  vertébrale,  vue  de  profil,  (l'un  su- 
jet acheté  il  la  halle  de  Paris  et  dont  les  différentes 
parties  du  squelette,  figurées  sur  cette  planche,  sont 
conservées  au  Muséum  de  Paris. 

Fig.  9a.  Même  colonne  vertébrale,  vue  par  sa  face 
inférieure. 


EXPLICATION  DES   PLANCHES. 


623 


Fiff.  10.  Hyoïde  vu  parla  l'ace  antérieure  et  appar- 
tenant à  un  sujet  dont  le  squelette  est  conservé 
dans  les  galeries  du  Muséum  de  Paris. 

Fi(/.  11.  Hyoïde,  vu  par  la  face  antérieure,  d'un 
sujet  pris  à  Concarneau. 

Fig.  12.  Sternum  du  même  sujet,  vu  par  sa  face 
antérieure. 

Fig.  13.  Première  côte,  vue  parla  face  antérieure 
(sujet  des  Halles). 

Fig.  14.  Sixième  côte  du  même  individu,  vue  par 
son  bord  antérieur. 

Big.  15.  Quinzième  côte  du  même  sujet,  vue  par 
son  bord  antérieur. 

Fig.  16.  Membre  antérieur  droit,  vu  par  sa  face 
externe,  de  l'individu  pris  à  Concarneau. 

Fig.  17.  Membre  antérieur  droit,  vu  par  sa  face 
externe,  de  l'individu  pris  à  Cette. 

Fig.  18.  Les  deux  premières  vertèbres  cervicales 
soudées,  vues  par  la  face  antérieure  de  l'atlas.  Col- 
lection du  Muséum. 

Fig.  19.  Vertèbres  delà  région  cervicale,  vues  de 
profil. 

Fig.  20.  Vertèbres  de  la  région  cervicale  d'un 
jeune  individu  de  la  même  espèce,  vues  par  leur 
face  antérieure.  Muséum  de  Paris. 

Fig.  21.  Première  vertèbre  dorsale,  vue  par  sa 
face  antérieure. 

Fig. 22.  Sternum  d'un  sujet  pris  à  Dieppe,  vu  par 
sa  face  antérieure. 

Fig.  23.  Omoplate  du  même  sujet,  vue  par  sa  face 
externe. 

Fig.  24.  Membre  tboracique  droit  du  même  sujet, 
vu  par  sa  face  externe. 

DELPHINUS  BREV1MANUS. 

Fig.  25.  Omoplate  vue  par  sa  face  externe.  Mu- 
séum de  Paris. 

Fig.  20.  Membre  thoracique  droit  du  même  sujet, 
vu  par  sa  face  externe. 

DELPHINUS  ROSEIVENTRIS. 

Fig.  2".  Atlas  et  axis  soudés,  vus  par  les  faces 
antérieure  et  externe. 

Fig.  28.  Sternum  vu  par  sa  face  antérieure.  Col- 
lection du  Muséum. 

Fig.  29..  Omoplate  du  môme  sujet,  vue  par  sa  face 
externe. 

Fig.  30.  Membre  thoracique  droit  du  même  sujet, 
vu  par  sa  face  externe. 

PLANCHE  XLI. 

SOTALIA  GUYANENSIS. 

Fig.  1.  Squelette  complet  d'un  individu  rapporté 
de  la  Guyane  et  conservé  au  musée  de  Louvain. 


Fig.  2.  Mâchoires  supérieure  et  intérieure,  vues 
par  leur  bord  alvéolaire. 

Fig.  3.  Sternum  vu  par  la  face  antérieure. 

Fig.  4.  Omoplate  droite,  vue  par  la  face  externe. 

Fig.  5.  Membre  thoracique  du  même  côté,  vu  par 
sa  face  externe. 

Fig.  6.  Tête  vue  par  sa  face  supérieure.  Collec- 
tion du  Muséum  de  Paris. 

Fig.  6a.  La  même  tête,  vue  par  sa  face  inférieure. 

Fig.  7.  Maxillaires  supérieur  et  inférieur, tus  par 
leur  bord  alvéolaire. 

Fig.  8.  Caisse  auditive,  vue  par  la  face  externe. 

Fig.  8a.  Caisse  auditive,  vue  par  la  face  interne. 

Fig.  9.  Vertèbres  de  la  région    cervicale,  vues 
par  leur  face  inférieure. 

Fig.  9a.  Vertèbres  de  la  même  région,  vues  par 
la  face  antérieure  de  l'atlas. 

Fig.  10.  Troisième  vertèbre  cervicale,  vue  par  la 
face  antérieure. 

Fig.  1 1 .  Quatrième  vertèbre  cervicale,  vue  par  la 
face  antérieure. 

Fig  .12.  Cinquième  vertèbre  cervicale,  vue  par  la 
face  antérieure. 

Fig.  13.  Sixième  vertèbre  cervicale,  vue  par  la 
face  antérieure. 

Fig.  14.  Septième  vertèbre  cervicale,  vue  par  la 
face  antérieure. 

Fig.  15.  Sternum,  vu  parla  face  antérieure. 

Fig.  16.  Omoplate,  vue  par  la  face  externe. 

F/g.  17.  Membre  thoracique  droit,  vu  par  la  face 
externe. 

Fig.  18.  Septième  vertèbre  cervicale  incomplète 
envoyée  de  Buenos-Ayres  au  Muséum  de  Paris. 

PLANCHE    XL1I. 
BELUGA  ALBICANS. 

Fig.  1.  Squelette  vu  de  profil,  d'après  un  fœtus 
faisant  partie  des  collections  du  Muséum  de  Paris. 

Fig.  2.  Squelette  du  même  sujet  vu  par  sa  face 
supérieure. 

Fig.  3.  Atlas  vu  par  sa  face  antérieure. 

Fig.  4.  Axis  vu  par  sa  face  antérieure. 

Fig.  5.  Membre  thoracique  droit,  vu  par  sa  face 
externe. 

F,g.  6.  Atlas  d'un  individu  adulte,  vu  par  sa  face 
antérieure. 

Fig.  7.  Axis  du  même  sujet,  vu  par  sa  face  anté- 
rieure. 

Fig.  8.  Septième  vertèbre  cervicale,  vue  par  sa 
face  antérieure. 

Fig.  9.  Les  deux  premières  vertèbres  cervicales 
et  la  septième  vues  de  profil. 

MONODON  MONOCEROS 

Fig.  10.  Atlas  d'un  individu  adulte,  vu  par  sa  Face 
antérieure.  Collection  du  Muséum  de  Paris. 


624 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


Fig.  11.  Axis  du  même  sujet,  vu  par  sa  face  anté- 
rieure. 

Fig.  12.  Septième  vertèbre  cervicale,  vue  par  sa 
face  antérieure. 

PLANCHE  XLIII. 

HYPEROODON  BUTZKOPF. 

Fig.  1.  Squelette  d'un  f.etus  appartenant  au  Mu- 
séum de  Paris. 

Fig.  2.  Dents  vues  dans  leur  vraie  grandeur. 

Fig.  3.  Sternum  du  même  sujet  vu  par  la  face 
antérieure. 

Fig.  4.  Le  membre  thoracique  droit,  vu  par  sa 
face  externe. 

PHOCOENA  COMMUNIS. 

Fig.  5.  Squelette  d'un  fœtus  conservé  au  Mu- 
séum de  Paris. 

Fig.  6.  Sternum  du  même  sujet,  vu  par  sa  face 
antérieure. 

Fig.  7.  Membre  thoracique  droit,  vu  par  sa  face 
externe. 

PLANCHE   XLIV. 

BELUGA  ALBICANS. 

Fig.  1.  Squelette  complet  moins  le  bassin.  Sujet 
conservé  au  Muséum  de  Paris. 

Fig.  2.  La  tète  vue  par  la  face  supérieure. 

Fig.  2a.  Même  tète,  vue  par  sa  face  inférieure. 

Fig.  3.  Caisse  auditive,  vue  par  les  faces  interne 
et  externe. 

Fig.  4.  Sternum  vu  par  sa  face  antérieure. 

Fig.  5.  Membre  thoracique  droit,  vu  par  sa  face 

externe. 

MONODON  MONOCEROS. 

Fig.  6.  Squelette  d'un  sujet  conservé  au  Muséum 
de  Paris. 

Fig.  7.  Tète  vue  par  la  face  supérieure. 

Fig.  la.  La  même  tète,  vue  par  sa  face  inférieure. 

Sternum  vu  par  sa  face  antérieure. 

Membre  thoracique  droit,  vu  par  sa  face 


Fig.  8. 
Fig.  9. 

externe. 


PLANCHE   XLV. 

MONODON  MONOCEROS. 

Fig.  1.  Squelette  de  fœtus  à  terme  conservé  dans 
les  galeries  du  Muséum  île  Paris. 

Fig.  2.  Membre  thoracique  droit,  vu  par  sa  face 
externe. 

Fig.  3.  Tète  vue  par  sa  face  supérieure. 

Fig.  3a.  Itostre  vu  par  la  face  supérieure  et  mon- 
trant les  dents  en  place. 

lui  :s/<.  I)(  nts  de  la  paire  externe  représentées 
de  grandeur  naturelle. 


Fig.  3c.  Dents  de  la  paire  interne  représentées 
de  grandeur  naturelle. 

Fig.  3c'.  lîulbe  de  l'une  de  ces  dents. 

Fig.  Ml.  Tète  vue  par  sa  face  inférieure. 

Fig.  3e.  Les  dents  de  la  paire  externe  isolées  et 
vues  dans  leur  vraie  grandeur. 

Fig.  4.  Os  de  l'oreille  du  même  sujet  vus  par 
leur  face  interne;  —  a.  le  bulbe  auditif;  —  b.  la 
caisse  tympanique. 

Fig.  4c.  Les  osselets  de  l'ouïe  isolés. 

MONODON  MONOCEROS.  STRUCTURE  DENTAIRE. 

Fig.  5.  Section  transversale  d'une  défense. 
Fig.  6.  Section  transversale  de  la  même  dent  à 
un  point  plus  rapproché  de  sa  racine. 

MONODON    MONOCEROS. 

Fig.  7.  Tète  vue  par  la  face  supérieure  et  appar- 
tenant à  un  squelette  conservé  au  Muséum  de 
Paris.  L'os  incisif  du  côté  droit  et  une  portion  du 
maxillaire  ont  été  enlevés  pour  montrer  la  seconde 
dent. 

Fig.  8.  Tète  d'un  autre  sujet,  vue  par  la  face  su- 
périeure. Pièce  envoyée  au  Muséum  de  Paris  par 
le  Muséum  de  Copenhague. 

Fig.  9.  Tète  d'un  quatrième  sujet  avec  deux  dé- 
fenses, vue  par  la  face  supérieure.  Figurée  d'après 
M.  Clark. 

Fig.  10.  Tête  d'un  individu  conservé  au  Muséum 
de  Paris.  Les  dents  chez  cet  individu  sont  complè- 
tement cachées.  Elles  ont  été  retirées  de  leurs  al- 
véoles et  figurées  de  chaque  côté  du  rostre. 

Fig.  11.  Dent  fossile  trouvée  dans  les  faluns  de 
Sort  (Landes). 

Fig.  Ha.  La  même  dent,  vue  par  son  extrémité 
supérieure. 

Fig.  116.  La  même  dent,  vue  par  son  extrémité 
inférieure. 

PLANCHE  XLVI. 
ORCA   CLADIATOR. 

Fig.  1.  Tète  vue  de  profil.  Jeune  exemplaire 
échoué  à  Ostende  et  conservé  au  Muséum  de 
Bruxelles. 

Fig.  2.  Squelette  complet  moins  la  tète  du  mèiiie 
sujet,  vu  de  profil. 

Fig.  3.  Omoplate  vue  par  sa  face  interne. 

Fig.  4.  Membre  thoracique  droit,  vu  par  sa  face 
externe. 

Fig.  •">.  Sternum  vu  par  sa  face  antérieure. 

Fig.  i>-  Deuxième  vertèbre  caudale,  vue  par  la 
face  antérieure  et  de  protil. 

Fig.  7.  Vertèbres  de  la  région  cervicale,  vues  par 
leur  face  inférieure. 

Fig.  lu.  Vertèbres  île  la  même  région,  vues  par 
la  face  antérieure  de  l'Atlas. 


EXPLICATION  DES   PLANCHES. 


62a 


Fig.  S.  Première  vertèbre  dorsale,  vue  par  la  face 
inférieure. 

Fig.  9.  Même  vertèbre,  vue  de  profil. 

Fig.  9a.  Même  vertèbre  vue  par  la  face  anté- 
rieure. 

Fig.  10.  Onzième  vertèbre  dorsale,  vue  de  profil. 

Fig.  11.  Premièrevertèbrelombaire.vuedeprofil. 

Fig.  12.  Deuxième  vertèbre  lombaire,  vue  de  pro- 
fil. 

Fig.  13.  Première  vertèbre  caudale, vue  de  profil. 

Fig.  14.  Neuvième  vertèbre  caudale,  vue  de  profil 
et  par  sa  face  antérieure. 

Fig.  15.  Membre  thoracique  droit  d'un  sujet 
adulte,  vu  par  sa  face  externe,  d'après  un  dessin 
d'Eschricht,  publié  par  M.  Reinhardt. 

Fig.  16.  Os  pelvien  d'une  Orque  trouvée  en  mer 
près  de  Tanders  (Jutland),  d'après  Eschricht. 

Fig.  17.  Os  pelvien  d'une  Orque  dont  le  sque- 
lette est  conservé  au  Musée  de  Bergen,  d'après 
Eschricht. 

Fig.  18.  Os  pelvien. 

Fig.  19.  Os  pelvien  d'une  Orque  femelle  très 
adulte,  d'après  Eschricht. 

PLANCHE  XLVII. 

ORCA  GLADIATOR  (AUSTRALIS). 

Fig.  1.  Tête  vue  par  la  face  supérieure  et  appar- 
tenant à  un  individu  pris  sur  les  côtes  de  Tasmanie. 
Pièce  conservée  au  collège  royal  des  chirurgiens 
de  Londres. 

Fig.  la.  Même  tête,  vue  par  la  face  inférieure. 

Fig.  16.  Même  tête,  vue  de  profil. 

Fig.  2.  Tète  d'un  sujet  provenant  de  la  baie  d'Al- 
goa,  vue  par  la  face  supérieure. 

ORCA   GLADIATOR    (ARCT1CUS). 

Fig.  3.  Tète  vue  par  la  face  supérieure.  Sujet 
pris  aux  îles  Féroë  et  conservé  au  Musée  de  Co- 
penhague. 

Fig.  Sa.  Le  maxillaire  supérieur,  vu  par  sa  face 
inférieure. 

Fig.  36.  Le  maxillaire  inférieur,  vu  par  son  bord 
alvéolaire. 

ORCA  GLADIATOR  (EUROPEUS). 

Fig.  4.  Tète  vue  par  la  face  supérieure  d'un  sujet 
pris  dans  l'Atlantique  et  conservée  au  Muséum  de 
Paris. 

Fig.  4a.  Même  tète  vue  de  profil. 

Fig.  5.  Tète  vue  parla  face  supérieure.  Individu 
de  Cette  /Hérault). 

PLANCHE  XLVIII. 

ORCA  CAPENS1S. 

Fig.  I.  Tète  vue  de  profil.  Pièce  conservée  au 
Muséum  de  Paris. 


Fig.  la.  Même  tète,  vue  par  sa  face  supérieure. 
Fig.  16.  Même  tête,  vue  par  sa  face  inférieure. 
Fig.  2.  Caisse  auditive,  vue  par  sa  face  interne. 
Muséum  de  Paris. 
Fig.  2a.  Caisse  auditive,  vue  par  sa  face  externe. 
Fig.  3.  Région  cervicale,  vue  de  profil. 

PLANCHE  XL1X. 
ORCA  GLADIATOR. 

Fig.  1.  Tète  vue  par  la  face  supérieure.  Cette 
pièce  a  été  trouvée  pendant  des  fouilles  pratiquées 
dans  le  port  de  Boulogne  et  dans  une  couche  cor- 
respondant il  l'époque  de  la  pierre  polie;  elle  esl 
déposée  au  Musée  de  Boulogne-sur-Mer. 

Fig.  la  Mâchoires  supérieure  et  inférieure  vues 
par  leur  bord  alvéolaire. 

Fig.  2.  Tète  vue  par  la  face  supérieure,  des  côtes 
de  Suède.  Figurée  d'après  Otto  von  Friesen. 

Fig.  3.  Tète  vue  par  la  face  supérieure.  Elle  ap- 
partient à  un  jeune  sujet  conservé  au  musée  de 
Bruxelles. 

Fig.  3a.  La  même  tète,  vue  de  profil. 

Fig.  4.  Dent  inférieure  droite  (5e)  d'une  denu- 
màchoire  conservée  au  Muséum  de  Paris;  pièce 
vue  par  sa  face  antérieure. 

Fig.  4a.  Même  dent,  vue  par  son  bord  interne. 

Fig.  46.  Même  dent,  vue  par  sa  face  postérieure. 

Fig.  4c.  Même  dent,  section  transversale. 

ORCOELLA  BREYICEPS. 

Fig.  5.  Tète  vue  par  la  face  supérieure.  D'après 

Owen. 

Fig   5a.  Même  tète  vue  de  profil. 

fig.  56.  Même  tète  vue  par  sa  l'ace  intérieure. 

PLANCHE  L. 
PSEUDORCA  MERIDIONALIS. 

Fig.  t.  Tète  vue  par  la  face  supérieure,  du  Mu- 
séum de  Paris. 

Fig.  la.  Même  tète,  vue  par  la  face  inférieure. 

Fig.  2.  Vertèbres  de  la  région  cervicale,  vues  par 
la  face  antérieure  de  l'atlas. 

Fig.  2a.  Vertèbres  de  la  même  région,  vues  par 

1*1  t'icp  externe- 

Fig  26.  Vertèbres  de  la  même  région,  vues  parla 

face  inférieure.  ,  . 

Fig.  3.  Première  côte,  vue  par  sa  face  antérieure 

Fig.  4.  Portion  antérieure  du  sternum,  vue  parla 
face  antérieure. 

Fig.  5.  Omoplate,  vue  par  sa  face  externe. 

Fig  6.  Membre  thoracique  droit,  vu  par  sa  face 
externe,  d'après  un  exemplaire  envoyé  par  le  col- 
lège royal  de-  chirurgiens  de  Londres. 
S      i  79 


620 


EXPLICATION  DES   PLANCHES. 


PSEUDORCA  CRASSIDENS. 

Fig~.  7.  Tète  vue  par  la  face  supérieure.  Appar- 
tient au  Muséum  de  Paris. 

Fig.  8.  Maxillaire  supérieur  du  même  sujet,  vu 
par  sa  l'ace  inférieure. 

Fig  Ha.  Maxillaire  supérieur,  vu  par  son  bord 
alvéolaire. 

Fig  9.  Vertèbres  de  la  région  cervicale,  vues  par 
la  face  antérieure  de  l'atlas. 

Fig.  9a.  Vertèbres  de  la  même  région,  vues  de 
profil. 

Fig.  96.  Vertèbres  de  la  même  région,  vues  par 
la  face  inférieure. 

Fig.  10.  Vertèbre  lombaire,  vue  par  sa  face  infé- 
rieure. 

Fig.  11.  Première  côte,  vue  par  sa  face  anté- 
rieure. 

Fig.  12.  Partie  antérieure  du  sternum,  vue  par  sa 
face  antérieure. 

Fig.  13.  Omoplate  vue  par  sa  face  externe. 

Fig.  14.  Humérus  vu  par  sa  face  supérieure. 

Fig.  15.  Cubitus  vu  par  sa  face  externe. 

Fig.  16.  Radius  vu  par  sa  face  externe. 

Fig.  17.  Os  du  carpe,  vus  par  leur  face  externe. 

PLANCHE   LI. 
GLOBICEPHALUS  MELAS. 

Fig.  I.  Tète  vue  par  la  face  supérieure.  Individu 
échoué  sur  les  côtes  de  la  Méditerranée  et  conservé 
au  Muséum  du  Paris. 

Fig.  2.  Caisse  auditive  du  même  sujet,  vue  par  la 
face  externe. 

Fig.  2a.  La  chaîne  des  osselets  de  l'ouïe. 

Fig.  3.  Vertèbres  de  la  région  cervicale  vues  par 
leur  face  inférieure.  Les  six  premières  vertèbres 
>ont  soudées,  la  septième  est  isolée. 

Fig.  la.  Vertèbres  de  la  région  cervicale,  vues  de 
profil. 

Fig.  4.  Septième  vertèbre  cervicale  isolée  et  \  ne 
de  profil 

Fig.  5.  Première  vertèbre  dorsale,  vue  de  profil. 

Fig.  6.  Sixième  vertèbre  dorsale,  vue  de  profil. 

Fig.  7.  Dixième  vertèbre  dorsale  et  première 
lombaire,  vues  de  profil. 

Fig.  8.  Dernière  vertèbre  lombaire  et  première 
caudale,  vues  de  profil. 

Fig.  '.).  Septième  vertèbre  caudale,  vue  de  profil. 

Fig.  10.  Dix-huitième  vertèbre  caudale,  vue  de 
profil. 

Fig.  II.  Vingt-troisième  caudale  et  dernier  os 
en  V,  vus  de  profil. 

Fig.  12.  Sternum  vu  par  sa  face  antérieure. 

Fig.  13.  Omoplate  vue  par  sa  face  externe. 

Fig.  14.  Membre  tboracique  droit,  vu  par  sa  face 
citerne. 


Fig.  16.  Tète  vue  par  la  face  supérieure  (fœtus 
conservé  au  Muséum  de  Paris). 

Fig.  16.  Caisse  auditive  vue  par  la  face  externe. 

Fig.  16a.  Os  tympanique  et  caisse  auditive  isolés 
et  vus  par  la  face  interne. 

PLANCHE    LU. 
GLOBICEPHALUS  MELAS. 

Fig.  1.  Tête  vue  par  sa  face  supérieure.  Individu 
échoué  à  Saint-Brieuc  ;Côtes  de  Bretagne).  Collec- 
tion du  Muséum  de  Paris. 

Fig.  la.  Maxillaires  supérieur  et  inférieur,  vus 
par  leur  bord  alvéolaire. 

Fig.  2.  Tète  vue  parla  face  supérieure.  Des  côtes 
d'Islande.  Collection  du  Muséum  de  Paris. 

Fig.  2a.  Même  tète,  vue  par  sa  face  postérieure. 

Fig.  26.  Région  palatine  et  arrières-narines  du 
même  sujet. 

Fig.  3.  Tète  vue  par  la  face  supérieure  d'un  indi- 
vidu échoué  sur  les  côtes  de  la  Guadeloupe  et  con- 
servée au  Muséum  de  Paris. 

Fig.  4.  Tête  vue  par  la  face  supérieure  d'un 
individu  provenant  de  la  Nouvelle-Zélande.  Collec- 
tion du  Muséum  de  Paris. 

Fig.  4a.  Maxillaires  supérieur  et  inférieur,  mon- 
trant les  dents  vues  par  la  couronne. 

Fig.  46.  Une  dent  supérieure  et  une  dent  infé- 
rieure isolées  et  représentées  de  grandeur  natu- 
relle. 

PLANCHE  LUI. 

ORCA  GLADIATOR. 

Fig.  1.  Les  trois  premières  vertèbres  de  la  région 
cervicale  soudées.  Coupe  par  un  plan  vertical  pa- 
rallèle à  l'axe  du  corps. 

PSEUDORCA  CRASSIDENS. 

Fig.  2.  Vertèbres  de  la  région  cervicale  soudées 
entre  elles.  Coupe  par  un  plan  vertical  parallèle  à 
l'axe  du  corps. 

PSEUDORCA   MERIDIONALES. 

Fig.  i.  Vertèbres  de  la  région  cervicale  soudées 
entre  elles.  Coupe  par  un  plan  vertical  parallèle  h 
l'axe. 

GLOBICEPHALUS  MELAS. 

Fig.  i.  Vertèbres  de  la  région  cervicale  soudées 
entre  elles.  Section  par  un  plan  vertic.il  parallèle 
à  l'axe. 

Fig.  :>.  Vertèbres  de  la  même  région,  vuopai 
leur  face  antérieure. 

Fig.  li.  Coupe. 

Fig.  6.  Onze  vertèbres  dorsales,  vues  de  profil. 

Fig.  6a.  Les  mêmes  vertèbres,  vues  par  leur  face 
inférieure. 


Fig. 7.  Treize  vertèbres  lombaires,  vues  de  profil. 

Fig.  la.  Les  mêmes  vertèbres,  vues  parleur  tare 
inférieure. 

Fig.  76.  Première  vertèbre  lombaire,  vue  par  la 
face  antérieure. 

Fig.  8.  Les  sept  premières  vertèbres  caudales 
vues  de  profil. 

Fig.  8a.  Les  mêmes  vertèbres,  vues  par  leur  face 
inférieure. 

Fig.  86.  Première  vertèbre  caudale,  vue  par  la 
face  antérieure. 

Fig.  9.  Vertèbre  caudale,  vue  par  ses  faces  anté- 
rieure, externe,  supérieure  et  inférieure. 

Fit/.  10.  Autre  vertèbre  plus  rapprochée  de  l'ex- 
trémité caudale  et  représentée  par  les  faces  ex- 
terne, supérieure  et  inférieure. 

Fig.  11.  Une  des  dernières  vertèbres  caudales, 
vue  par  les  faces  antérieure,  externe,  supérieure  et 
inférieure. 

PLANCHE  LIV. 

l.KAMI'US  RISS.OANUS. 

Fig.  1.  Squelette  vu  de  profil.  Collection  du  Mu- 
séum de  Paris. 

Fig.  la.  Extrémité  symphysaire  de  la  mâchoire 
inférieure  montrant  les  six  paires  de  dents  en 
place. 

Fig.  2.  Sixième  vertèbre  caudale,  vue  par  la  face 
antérieure. 

Fig.  3.  Portion  symphysaire  de  la  mâchoire  in- 
férieure d'un  autre  sujet  montrant  cinq  paires  de 
dents  en  place. 

Fig.  4.  Tête  du  même  sujet,  vue  par  la  face  supé- 
rieure. 

Fig.  5.  Omoplate  vue  par  sa  face  externe. 

Fig.  6.  Membre  thoracique  droit,  vu  par  sa  face 
externe. 

GRAMPUS  GR1SEUS. 

Fig.  7.  Tète  vue  parla  face  supérieure.  Cette  pièce 
fait  partie  des  collections  du  Muséum  de  Paris. 

Fig.  'a.  Extrémité  antérieure  de  la  même  tète, 
vue  par  sa  face  inférieure. 

Fig.  76.  Extrémité  symphysaire  de  la  mâchoire 
inférieure  montrant  en  place  deux  dents  de  chaque 
côté.  Deux  alvéoles  de  droite  et  une  alvéole  de 
gauche  sont  privées  de  ces  organes. 

La  mâchoire  de  cet  animal  est  armée  de  quatre 
dents  à  droite,  de  trois  à  gauche  seulement. 

Fig.  8.  Vertèbres  de  la  région  cervicale,  vues  de 
profil. 

Fig.  8a.  Vertèbres  de  la  même  région,  vues  par 
la  face  antérieure  de  l'atlas. 

Fig.  9.  Sternum,  vu  par  sa  face  antérieure. 
Fig.  10.  Omoplate,  vue  par  sa  face  externe 


EXPLICATION  DES  PLANCHES.  6Ï7 

Fig.  11.  Membre  thoracique  droit,  vu  par  sa  face 
externe. 


PLANCHE  LV. 
l'HOCOENA  COHHUNIS. 

Fig.  1.  Tète,  vue  de  profil. 

Fig.  2.  Squelette,  vu  de  profil. 

Fig.  i.  Vertèbres  dorsales  et  côtes,  vues  par  la 
face  supérieure. 

Fig.  .Sa.  Vertèbres  dorsales  et  côtes,  vues  par  la 
face  inférieure. 

Fig.  4.  Un  ostéodesme  complet:  première  ver- 
tèbre dorsale,  première  paire  de  entes  vertébrales, 
côtes  sternales  et  sternum,  vus  par  la  face  anté- 
rieure. 

Fig.  5.  Troisième  vertèbre  de  la  région  dorsale 
et  paire  de  côtes  correspondante,  vues  par  la  face 
postérieure. 

Fig.  G.  Vertèbres  de  la  région  sacro-lombaire, 
vues  par  la  face  supérieure. 

Fig.  G  (.Vertèbres  de  la  même  région,  vue-  par 
la  face  inférieure. 

Fig.  7.  Vertèbres  de  la  région  caudale,  vues  par 
la  face  supérieure. 

Fig.  7  (.  Vertèbres  de  la  région  caudale,  vues  pai 
la  face  inférieure. 

Fig.  8.  Hyoïde,  vu  par  la  face  antérieure. 

Fig.  9.  Sternum,  vu  par  la  face  antérieure. 

Fig.  10  Membre  thoracique  droit,  vu  par  la  face 
externe. 

Fig.  11 .  Os  pelvien,  vu  par  sa  face  externe. 

Fig.  12.  Crâne  d'un  fœtus,  vu  par  la  face  supé- 
rieure. 

Fig.  13.  Crâne  du  même  sujet,  vu  par  sa  face 
inférieure. 

Fig.  14.  Vomer,  vu  de  profil. 

Fig.  14a.  Vomer,  vu  par  sa  face 

Fig.  146    Vomer  du  même  sujet, 
supérieure. 

Fig.  15.  Rostve  du  même  sujet. 
inférieure. 

Fig.  16.   Vertèbres  de  la  région 
par  la  face  antérieure  de  l'atlas. 

Fig.  tii«-  Vertèbres  de  la  même  région,  vues  par 
la  face  externe 

Fig.  166.  Vertèbres  de  la  même  région,  vues  par 
la  face  postérieure. 

Fia.  17-  Tète  d'un  fœtus  moins  avance  en  âge, 
vue  parla  face  supérieure. 

Fig.  17a.  La  même  tète,  vue  de  profil. 

Fig.  176.  La  même  tète,  vue  par  la  face  inté- 
rieure. 

Fig.  18    Mâchoire  inférieure,  vue  de  profil. 
Fig.  18a.   Maxillaire   inférieur  droit,  vu  par  son 
bord  alvéolaire. 


inférieure. 

vu  par  sa  face 
vu  par  s;i  face 
cervicale,  vues 


«28 


EXPLICATION  DKS  PLANCHES. 


Fig.  186.  Maxillaire  inférieur  droit,  vu  par  son 
bord  inférieur. 

PLANCHE  LV1. 

NEOMERIS   PHOCŒNOIDES. 

Fig.  I.  Tète,  vue  par  la  face  supérieure.  Collec- 
tions du  Muséum  de  Paris. 
Fig.  2.  Même  tète,  vue  de  profil. 
Fig-.  3.  Mâchoire  inférieure,  vue  de  profil. 
Fig.  4.  Même  tète,  vue  par  sa  face  inférieure. 

PHOCOENA  COMMUAIS. 

Fig.  6.  Tète,  vue  de  profil.  D'après  un  individu 
pris  k  Concarneau.  Collection  du  Muséum  de  Paris. 

Fig.  6.  La  mâchoire  inférieure,  vue  de  profil. 

Fig.  7.  Même  tète,  vue  par  la  face  supérieure. 

Fig.  8.  Même  tête,  vue  par  la  face  inférieure. 

Fig.  9.  Caisse  auditive,  vue  par  la  face  externe. 

Fig.  9a.  Caisse  auditive,  vue  par  la  face  interne. 

Fig.  10.  Tète,  vue  par  la  face  supérieure,  d'un 
individu  provenant  des  côtes  du  Groenland.  Collec- 
tions du  Muséum  de  Paris. 

Fig.  11.  Extrémité  antérieure  de  la  mâchoire  su- 
périeure montrant  la  face  inférieure  de  l'os  incisif, 
ainsi  que  celle  du  maxillaire  supérieur. 

Fig.  12.  Portion  de  maxillaire  inférieur  mon  Iran  t 
les  <ix  dernières  dents,  vue  de  profil. 

PLANCHE  LVII 

CHAMSODELPH1S  MACROGENIUS. 

Fig.  I.  Fragment  de  mâchoire  supérieure,  vu 
de  profil.  Pièce  conservée  au  Muséum  de  Paris. 

Fig.  la.  Même  fragment  de  mâchoire,  vu  par  la 
face  supérieure. 

Fig.  16.  Même  fragment  de  mâchoire,  vu  par  la 
lare  inférieure. 

CHAMPSODELPHIS  ACUT1  s. 

Fig.  2.  Portion  de  rostre  vue  par  la  face  infé- 
rieure. Cette  pièce,  provenant  des  faluns  de  la 
Drôme,  est  conservée  au  Muséum  de  Paris. 

SCH1ZODELPHIS  SI  LCATUS. 

Fig.  3.  Crâne  presque  entier,  vu  par  la  face  su- 
périeure. De  la  molasse  de  Cournon-Sec  (Hérault). 

Fig.  4.  Fragment  de  rostre  d'un  individu  de  la 
même  espèce,  vu  par  la  face  supérieure.  Des  ar- 
giles sablonneuses  de  Loupian  (Hérault). 

lu/,  ia.  Même  fragment,  vu  par  la  face  infé- 
rieure. 

J-'ii/.  '■>.  Autre  fragment  de  mâchoire  inférieure 
ayant  appartenu  à  un  individu  de  la  même  espèce 
et  provenant  de  la  même  localité.  Cette  pièce  est 
figurée  par  sa  face  supérieure. 


Fig.  5a.  I.e  même  fragment,  vu  par  la  face  infé- 
rieure. 

Fig  ti.  Autre  fragment  d'un  troisième  individu 
de  la  même  espèce,  provenant  du  même  gisement 
e!  figuré  par  sa  face  inférieure. 

Fig.  7.  Mâchoire  inférieure,  vue  de  profil. 

Fig.  la.  La  même  mâchoire,  vue  par  son  bord 
inférieur. 

Fui.  8.  Caisse  auditive,  vue  par  sa  face  interne. 

CHAMPSODELPHIS    RENOM. 

Fig.  9.  Fragment  de  rostre  des  dépôts  de  molasse 
coquillière  de  l'Orne,  vu  par  la  face  inférieure. 

Fig.  9o.  Même  fragment,  vu  par  sa  face  supé- 
rieure. 

Tfig.  96.  Même  fragment,  vu  par  sa  face  externe. 

DELPHINUS    I.OPHOGENIUS. 

Fig.  10.  Mâchoire  inférieure  trouvée  dans  les 
marnes  miocènes  de  Montfort  près  Dax  (Landes); 
pièce  vue  par  sa  face  externe. 

Fig.  \0n.  Même  mâchoire,  vue  par  son  bord  al- 
véolaire. 

DELPHINUS  DATIONUM. 

Fig.  II.  Fragment  de  mâchoire  inférieure  des 
faluns  de  Dax  (Landes);  pièce  vue  par  son  bord  al- 
véolaire. 

CETHORHYNCHUS  CHRISTOLII. 

Fig.  12.  Fragment  de  mâchoire  inférieure  des 
faluns  miocènes  de  Poussan  Jlérault);  pièce  vue 
par  son  bord  alvéolaire. 

PLANCHE  LV11I. 
EURHYNODELPHIS  COCHETEUX1I. 

Fuj.  I.  Tète  vue  par  sa  face  supérieure.  Celte 
pièce,  provenant  du  crag  d'Anvers,  est  déposée  au 
Musée  de  Bruxelles. 

Fig.  la.  Même  tête,  vue  de  profil. 

Fig.  16.  Section  du  rostre  par  un  plan  perpendi- 
culaire à  Taxe. 

EURHYNODELPHIS  LONG1ROSTR1S. 

Fig.  i.  Portion  de  rostre,  vue  par  sa  face  supé- 
rieure. Cette  pièce  trouvée  dans  le  crag  d'Anvers 
est  déposée  au  Musée  de  Bruxelles. 

Fig.  i»    Même  fragment,  vu  par  sa  l'ace   iule 
rieure. 

Fig.  n>.  Section  du  même  rostre  par  un  plan 
perpendiculaire  â  l'axe. 

PR1SCODELPHIS  PROD1  eus. 

Fig.  3.  Tête  vue  par  la  face  supérieure.  Du  crag 
d'Anvers  el  déposée  au  Muséi  de  Bruxelles. 

Fig.    3a.    Même  tète,  vue  de  profil. 


Fig.  36.  Section  du  rostre  par  un  plan  perpen- 
diculaire à  l'axe. 

PLATYDELPHIS  CANAUCULATUS. 

Fig.  4.  Rostre  vu  par  la  face  supérieure.  Pièce 
trouvée  dans  le  crag  d'Anvers  et  déposée  au  Musée 
de  Bruxelles. 

Fig.  ia.  Même  rostre,  vu  de  profil. 

Fig.  46.  Portion  du  même  rostre,  vue  par  sa 
face  inférieure. 

Fig.  4c.  Section  du  même  rostre  par  un  plan 
perpendiculaire  à  l'axe. 

PLANCHE  L1X. 

CHAMPSODELPHIS  TETRAGORHINUS. 

Fig.  1.  Tète  vue  par  la  face  supérieure.  Cette 
pièce,  trouvée  dans  les  grès  faluniers  de  Léognan, 
fait  partie  de  la  collection  Delfortrie. 

Fig.  \a.  Même  tête,  vue  par  sa  face  inférieure. 

CHAMPSODELPHIS  DATIONUM. 

Fig.  2.  fragment  de  mâchoire  supérieure  por- 
tant deux  dents,  vu  par  la  face  interne.  Cet  échan- 
tillon trouvé  à  Sort  (Landes)  est  déposé  au  Muséum 
de  Paris. 

Fig.  2a.  Le  même  fragment,  vu  par  sa  face  ex- 
terne. 

Fig.  3.  Squalodon  de  Malte.  Celte  pièce  conservée 
au  Musée  de  Cambridge  a  été  figurée  d'après  une 
photographie  communiquée  par  M.  Clark. 

ZIPHIUS? 

Fig.  4.  Dent  trouvée  dans  la  molasse  marine  de 
Sainl-Remy  (Bouches-du-Rhône). 

Fig.  ia.  Section  transversale  de  la  même  dent. 

TCRSIOPS   BROCCHII. 

Fig.  •'>.  Tète  vue  par  sa  face  supérieure,  figurée 
d'après  un  plâtre  envoyé  par  le  Musée  de  Milan. 

PLANCHE    LX. 

DELPHINUS. 

Fig.  I.  Caisse  auditive  droite,  vue  par  sa  face 
interne.  Pièce  trouvée  a  San  Frediano  Toscane). 

Fig.  \a.  Même  pièce,  vue  par  sa  face  antérieure. 

Fig.  2.  Dents  inférieures  d'un  sujet  dont  la  taille 
atteignait  presque  celle  du  Delphinus  Delphis.  Du 
même  gisement  que  la  pièce  précédente. 

Fig.  -i  à  7.  Dents  provenant  du  même  gisement 
que  les  pièces  précédentes. 

Fig.  h.  Caisse  auditive  droite,  vue  par  sa  face 
interne.  Pièce  trouvée  dans  le  crag  de  Suffolk. 

Fig.  xa.  Même  pièce,  vue  par  sa  face  antérieure. 


EXPLICATION  DES  PLANCHES 

PACHYACAMTHOS    SI  I  SSI  . 


628 


Fig.  9.  Vertèbre  trouvée  dans  les  argiles  pliocè- 
nes  du  bassin  de  Vienne  (Autriche).  Figurée  par  la 
tace  antérieure,  d'après  Brandt 

Fig.  10.  Autre  vertèbre,  vue  par  la  face  . 
Heure. 

Fig.  II.  Autre  vertèbre,  vue  par  la  face  posté- 
rieure. 

Fig.  12.  Autrevertèbre,  vue  par  laface  antérieure. 

Fig.  11.  Autre  vertèbre,  vue  par  la  face  posté- 
rieure. 

Fig.  14.  Deux  vertèbres,  vues  par  la  face  supé- 
rieure. 

Fig.  15.  Vertèbres  de  la  région  eaudale  et  leurs 
os  en  V,  vus  de  profil. 

Fig.  18a.  Vertèbres  delà  même  région  vues  par 
la  face  supérieure. 

Fig.  16  et  17.  Côtes. 

CHAMPSODELPHIS. 

Fig.  18.  Vertèbre  cervicale  trouvée  à  Léognan 
(Gironde).  Pièce  faisant  partie  de  la  collection  du 
Muséum  de  Bordeaux. 

Fig.  19.  Frangment  de  maxillaire  inférieur 
gauche,  vu  par  sa  face  externe.  Collection  du  Musée 
de  Bordeaux. 

Fig.  19a.  Même  fragment,  vu  par  son  bord  alvéo- 
laire. 

Fig.  196.  Section  transversale  du  même  rostre. 

SCHIZODELPHIS. 

Fig.  20.  Fragment  de  rostre,  vu  par  la  face  sup<  - 
rieure.  Pièce  trouvée  dans  les  faluns  de  la  Tou- 
raine. 

Fig.  20a.  Même  fragment,  vu  par  la  face  inté- 
rieure. 

Fig.  206.  Section  transversale  du  même  rostre. 

Fig.  21.  Portion  de  rostre  des  environs  de  I  ecce 
(terre  d'Otrante). 

PLANCHE  LXI. 
KOGIA  BREVICEPS. 

Fig.  I.  Tète,  vue  parla  face  supérieure. 

Fig.  la.  Même  tète,  vue  de  profil. 

Fig.  16.  Même  tète,  vue  parla  face  inférieure. 

Fig.  le.  Même  tète,  vue  par  sa  face  postérieure. 

Fig.  2.  Os  tympanique,  caisse  auditive  ave.-  apo- 
physe et  rocher,  vus  par  la  face  interne. 

Fig.  .!.  Os  tympanique,  vu  par  sa  face  antero  m, . 

Fig.  i.  Os  tympanique,  vu  par  -a  face  externe, 

Fig.  .'i.  Vertèbres  de  la  région  cervicale,  vue~  par 
la  l'aie  antérieure  de  l'Atlas. 

Fig.  5a.  Vertèbres  delà  mém<  région   vues 
la  face  externe. 

Fig.  i..  Colonne  vertébrale,  vm  d<  profil. 


K.'IO 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 


Fig.  7.  Os  hyoïde,  vu  par  la  face  antérieure. 
Fig.  8.  Côtes,  vues  par  leur  face  externe. 
Fig.  9.  Omoplate,  vue  par  sa  face  externe. 
Fig.  10.  Humérus,  radius  et  cubitus,  vus  par  leur 
face  externe. 

Le  squelette  dont  les  principales  régions  sont 
figurées  sur  cette  planche,  appartient  au  Muséum 
de  Paris. 

PLANCHE    LUI. 

OCLODON  GRAYI. 

Fig.  1.  Tète,  vue  de  profil. 

Fig.  la.  Même  tête,  vue  par  la  face  supérieure. 

big.  16.  Même  tête,  vue  par  la  face  inférieure. 

Fig.  le.  Section  du  rostre  par  un  plan  perpendi- 
culaire à  l'axe. 

Fig.  2.  Fragment  de  la  peau  recouvrant  le 
rostre  et  portant  encore  en  place  les  dents  du 
maxillaire  supérieur. 

Fig.  2a.  Série  des  dents  du  maxillaire  supérieur 
droit,  vues  de  profil. 

Fig.  3.  Caisse  auditive,  vue  par  sa  face  interne. 

Fig.  îa.  Caisse  tympanique  avec  apophyse  et 
rocher,  vues  par  leur  face  interne. 

Fig.  4.  Maxillaire  inférieur  droit,  vu  par  sa  face 
•xterne. 

Fig.  4a.  Même  maxillaire,  vu  par  sa  face  interne. 

Fig.  o.  Dent  du  maxillaire  inférieur  droit,  vue 
par  sa  face  externe. 

Fig.  5a.  Même  dent,  vue  par  sa  face  interne. 

Fig.  6.  Hyoïde,  vu  par  sa  face  antérieure. 

Fig.  7a.  Vertèbres  de  la  région  cervicale,  vues 
ili-  profil;  —  a',  vertèbres  de  la  région  cervicale, 
v  lies  par  la  lace  antérieure  de  l'atlas;  —  b,  vertèbres 
de  la  région  dorsale,  vues  de  profil  ;  —  c,  vertèbres 
de  la  région  lombo-sacrèe,  vues  de  profil  ;  —  d,  ver- 
tèbres de  la  région  caudale  et  os  en  V,  vus  de 
profil. 

Fig.  8.  côtes,  vues  par  leur  face  antéro-externe. 

Fig.  Ha.  Première  côte,  vue  par  sa  face  anté- 
rieure. 

/.  9.  Sternum,  vu  par  sa  face  antérieure. 

Fig.  10.  Omoplate,  vue  par  sa  face  externe. 

Fig.  11.  Humérus,  vu  par  sa  face  externe. 

big.  12-  Radius  et  cubitus,  \u-^  par  leur  lace 
externe. 

Fig.  13.  [légion  du  carpe  et  phalanges,  vues  par 
leur  face  externe. 

lifférentes  pièces  font  partie  d'un  squelette 
i  onservé  dans  les  galeries  du  Muséum  de  Paris. 

PLANCHE   LXIII 

GLOBICEPHALUS  MELAS. 
F  ,.  i.  Tète,  vue  par  la  face  supérieure  et  appar- 


tenant à  un  fœtus  dont  le  corps  est  conservé  au 
Muséum  de  Paris. 

Fig.  la.  Maxillaires  supérieur  et  inférieur  du 
même  sujet,  vus  de  profil. 

BELUGA  ALBICANS. 

Fig.  2.  Tête,  vue  par  la  face  supérieure.  Appar- 
tient a  un  fœtus  dont  le  squelette  est  conservé  au 
Muséum  de  Paris. 

Fig.  2a.  Maxillaires  supérieur  et  inférieur  du 
même  animal,  vus  de  profil. 

STENO? 

Fig.  3.  Tête,  vue  par  la  face  supérieure,  d'un 
fœtus  conservé  dans  les  collections  du  Muséum  de 
Paris. 

Fig.  3a.  Maxillaires  supérieur  et  inférieur  du 
même  sujet,  vus  de  profil. 

HYPEROODON  BUTZKOPF. 

Fig.  4.  Tête,  vue  par  la  face  supérieure  et  appar- 
tenant à  un  fœtus  conservé  au  Muséum  de  Paris. 

Fig.  4a.  Même  tête,  vue  de  profil 

Fig.  46.  Même  tête,  vue  par  la  face  inférieure. 

Fig.  4c.  Maxillaire  inférieur,  vu  par  le  bord  al- 
véolaire. 

PLANCHE    LXIÏ. 

ORC/ELLA  BREYIROSTBIS. 

Fig.  1.  Tête  encore  recouverte  par  la  peau,  vue 
par  la  face  supérieure.  Collections  du  Muséum  de 
Paris. 

Fig.  la.  Même  tète,  vue  de  profil. 

Fig.  2.  Tête  osseuse,  vue  de  profil. 

Fig.  2a.  Même  tète,  vue  par  la  face  supérieure. 

Fig.  ib.  Même  tête,  vue  par  la  face  inférieure. 

Fig.  ic  Maxillaire  inférieur,  vu  par  son  bord  al- 
véolaire et  montrant  les  dents  vues  par  la  cou- 
ronne. 

PSEl  DORCA? 

Fig  :î.  Mâchoire  inférieure,  vue  par  le  bord  al- 
véolaire ef  montrant  les  dents,  vues  par  la  cou- 
ronne. 

GRAMP1  s  GRISEUS. 

Fig.  4.  Tête,  vue  parla  face  supérieure. 

Fig.  4a.  Même  tète,  \ue  par  salace  inférieure. 

Fig.  46.  Portion  symphysaire  delà  mâchoire  in- 
férieure montrant  les  quatre  paires  de  dents  en 
place. 

GRAMPUS. 

Fig,  •>   Tète,  vue  par  la  lace  supérieure. 
Fig.  '->a  Portion    symphysaire    de    la    mâchoire 
inférieure  montrant  les  deux   paires  de  dents  en 

laee. 


TABLE    DES   MATIERES 


Pages. 

Introduction i 

SQUELETTE  DES  CÉTACÉS  EN  GÉNÉRAL. 

Tête 3 

Fanons II 

Dents 12 

Colonne  vertébrale 14 

Côtes 20 

Sternum 22 

Bassin 23 

Membres  antérieurs 23 


DES    MYSTICÈTES 

OU      CÉTACÉS      A       FANONS. 

Des  Mysticètes 2'J 

GENRE    BAL^NA. 

Des   Balœna 32 

Balœna  Australis 35 

Balœna  Antipodum 46 

Balœna  Mysticetus 5-4 

Balœna  Biscayensis !I0 

Balœna  Japonica III 

Balœna,  Eubalœna,  Hunterius  Caprera  et 

Macleajius 114 

GENRE    MEGAPTERA. 

Des  Mégaptères 1 10 

Megaptera  Boops 120 

Megaptera    Lalandii 130 

Megaptera  Novae   Zelandiœ    134 

Megaptera   Kiuzïra 135 

GENRE   BALÉNOPTÈRE. 

Des  balénoptères 137 


Page! 

Distribution  géographique  des  Balénoptè- 
res   143 

Balœnoptera  Bostrata 1 17 

Tableau  des  individus  échoués 137 

Balœnoptera    musculus 167 

Tableau  des  individus  échoués IM7 

Balœnoptera  Borealis  ou  Laticeps I!t8 

Balœnoptera  Sibbaldii 209 

Balœnoptera  Swinhoei 210 

Balœnoptera  Schlegelii 220 

Balœnoptera   Patachonica 225 

Balœnoptera    Bonœrensis 229 

Balénoptères  imparfaitement  connues.  .  .  233 

Balœnoptera  Indica 233 

Balœnoptera  Fasciata 233 

Balœnoptera   Iwasi 233 

Balœnoptera  Antarctica 231 

Balœnoptera  Grayi 234 

Sibbaldius  Sulfureus 234 

Rachianectes  Glaucus 235 

Balœna  Cisartica 236 

Agalephus  Gibbosus 236 

Megaptera    Osphyia 236 

Sibbaldius  Tectirostris 236 

Sibbaldius   Tuberosus 236 

Sibbaldius  Borealis 236 

MYSTICÈTES     FOSSILES. 

Des  Mysticètes  fossiles 23!» 

Localités 2'.l 

Mysticètes  en  Italie 241 

Mysticètes  à  Malte 2'r2 

Mysticètes  dans  la   Russie  méridionale.   .  243 

Mysticètes  en  France 215 

Mysticètes  en  Suisse 246 

Mysticètes  en    Belgique 246 

Mysticètes  en  Angleterre 2  IN 

Mysticètes    en  Allemagne 2VJ 

Mysticètes  sur  les  bords  de  la   Baltique.  .  250 

Mysticètes  en  Amérique 251 


Mî 


Pages. 

Ani'ienneté 252 

Taille  des  Mysticètes 254 

Figure  de  Mysticètes 254 

GKNRE    BAL.ENA. 


TABLE    DES  MATIERES 

Pages. 

Os  iliaque 325 

Oreilles 327 

Système  dentaire 327 

Ossements  et  dents  fossiles 329 


Balsena  Svedenborgii 257 

Balœna  Tannenbergii 261 

Balfena  Primigenius 262 

Ralaena  Lamanoni 264 


(iENBE    MEGAPTEBA. 

Vlegaptera  Syncondylas 


266 


6ENRE   BALJENOPTBHA. 


Getotherium   Brandt 268 

Cetotherium  Rathkii 271 

Celotherium   Priscum 272 

Cetotherium   Pusillum 273 

Cetotherium    Vandelli 273 

Plesiocetus 274 

Plesiocetus  Hupschii 282 

Plesiocetus  Burtini 284 

Plesiocetus  Garopii. 285 

Plesiocetus  Gervaisii 287 

Plesiocetus  Cortesii 288 

Plesiocetus  RobuMu-. 290 


DES    I  lËTODONTES 

OU     CÉTACÉS     POURVUS     DE     DENTS. 

Caractères  principaux 293 

Affinités 295 

Genres  principaux 298 

PHYSÉTÉMDÉS. 

ClBNRE  Cachalot 3U3 

Généralités 303 

Gràne 313 

Colonne  vertébrale 320 

Côtes 324 

Sternum 32'i 

Membres  antérieurs 325 


CÉTACÉS    FOSSILES    AVANT     DES    RAPPORTS    AVEC    LES 
CACHALOTS. 

Genre  Homocetus 332 

Genre  Physodon 334 

Genre  PaljŒodelphis 335 

Genre  Scajldicetus 338 

Genre  Hoplocetus 339 

Genre  Bal^nodon 'A'il 

GENRE   El'CETUS   OU    DlNOZIPHIUS 344 

Nota.  —  Voir  les  additions  à  la  page  51  \. 

Genre  Kogia 347 

Généralités 347 

Crâne - 341» 

Colonne  vertébrale,  côtes,  etc 351 

Membres 353 

Système  dentaire 353 

Nota.  —  Voir  les  additions  à  la  page  514. 

zipiumÉs. 

Genre  Hyperoodon 355 

Généralités 355 

Caractères  principaux 356 

Répartition  géographique 357 

Synonymie 361 

Crâne 361 

Os  hyoïde 369 

Colonne  vertébrale  et  cage  thoracique.  .  .  369 

Membres 373 

Dents :\r.\ 

Hyperoodon  fossile 374 

Genre  Ziphius 37.~i 

Remarques  historiques ;{7."> 

Distribution  géographique :f~7 

Squelette :<«(» 

Système    dentaire 381 

GeNre  Anoplonabsa 3S7 

Genre  Bbrardius .'(HT 

Remarques  historiques 387 

Squelette 389 

Système  dentaire 391 

Genre  Mesoplodon 392 


TABLE  DES 

Pages. 

Remarques    historiques 392 

Synonymie 397 

Squelette.  .  .  : 397 

Système  dentaire 401 

Genre  Dolichodon 402 

Genre  Dioplodon 403 

Généralités 403 

Gràne 405 

Système  dentaire 405 

Squelette 408 

Z1PU10ÏDES    FOSSILES. 

Remarques  générales 410 

Genre  Choneziphius 413 

Genre  Aporotus 416 

Genre  Ziphius 417 

Genre  Placoziphius 418 

Genre  Dioplodon 419 

Caractères  fondamentaux,  affinités  et  clas- 
sification des  différents  ziphioïdes  fos- 
siles   423 

Nota.—  Voir  les  additions  à  la  page  515. 

DELPHINORHYNQUES. 

Généralités 425 

Genre  Squalodon 426 

Synonymie 429 

Espèces  et  gisements  divers 430 

Squelette 442 

Système  dentaire 444 

Genre  Phocodon 45O 

Historique  et  description .  .   .  450 

Genre  Plataniste 454 

Historique 454 

Caractères  principaux 456 

Squelette 458 

Système  dentaire 465 

Genre  Inia 4gg 

Caractères  principaux 169 

Squelette 470 

Système  dentaire 475 

Genre  Pontoporia 47(j 

Caractères  principaux 477 

Squelette 479 

Système  dentaire 481 


MATIÈRES.  633 

DKLPH1NORHYNQUKS    FOSSILES    EUROPÉENS. 

Page* 

Genre  Champsodelphis 482  et  496 

Genre  Eurhinodelphis 492 

Genre  Priscodei.phinus 493 

Genre  Pachyacanthus 497 

Genre  Schizodelphis 503 

Genre  Cétorhynchus 508 

Nota.  —  Voir  les  additions  à  la  page  51'.». 

DELPHINORHYNQUES    FOSSILES    AMÉRICAINS. 

Genre  Priscodelphinus 510 

Genre  Tretosphys 511 

Genre  Zaracuis 512 

Genre  Lophocetus 512 

Genre  Rhabdosteus 513 

Genre  Ixaoanthus 513 

CÉTACÉS    DKLPHINOÏDES. 

Généralités 521 

TRIBU    DES    BÉLUGINS. 

Genre  Monodon ?>■!'■'• 

Squelette 525 

Système   dentaire 528 

Genre  Béluga 531 

Squelette '">32 

Système  dentaire 534 

TKIBU    DES    PHOCÉNINS. 

Genre  Orca 536 

Remarques  synonymiqu.es 538 

Squelette 543 

Système  dentaire 546 

Fossiles  attribués  au  genre  Orque 547 

Genre  Pskudoeca o48 

Squelette 549 

Système   dentaire 550 

Genre  Orc  i-i.i.a 550 

Squelette 552 

Système  dentaire 553 

Genre  Gi.obicephalus >•>'• 

Remarques  historiques,  caractères  spéci- 

liques »«" 

Squelette 

80 


634 


FABLE  DES   MATIÈRES. 


Pages. 

Système  dentaire 562 

Genre  Grampus 363 

Squelette 566 

Système  dentaire 368 

Genre  Phociena 370 

Distribution    géographique 570 

Caractères  génériques 572 

Squelette 373 

Système  dentaire 380 

GENRE   NEOMERIS 581 

Remarques  synonymiques 581 

Squelette 582 

Système  dentaire 583 


TRIBU    DKS    DKLPH1N1NS. 


rages. 

Généralités 584 

Genre  Tursiops 586 

Caractères  génériques 586 

Squelette 389 

Genre  Sténo 592 

Genre  Sténo 594 

Genre  Sotai.ia 596 

Squelette 598 

Genre  Cephalorhynchus 599 

Genre  Eidelphinus 600 

Genre  Prodelphints 604 


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