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Full text of "Poésies de Marguerite-Éléonore Clotilde de Vallon-Chalys"

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••.<• 



FOisms 



DE 



MARGUERITE - ELEONORE 



CLOTILDE 





e ^^affo» - Gê^Çdf^^. 




IMPRIMERIE ET FONDERIE DE J. PINARD , 

ROC D^KJOli'OACPHIMC , li° 8. 



IPOÉSIES 



DE 



xMARGUERITE - ÉLÉONORE 

CLOTILDE 






rtffott - Qê^§<t%5 , 



DEPUIS MADAME DE SURVILLE, 

POETE FRANÇAIS DU XV* SIÈCLE. 

NOUVELLE ÉDITION, 

PUBLIÉE 

PAR CH. VANDERBOURG , 

MBJIBRB DC L^ACA DEMIS DU IlCSCRIPTIOIfS ET BBLLES-LETTRU ; 

ORNÉE DE GRAVURES DANS LE GENRE GOTHIQUE, d' APRES LES 
DESSINS DE COLIN, ELEVE DE M. GIRODET. 




<tn$. 



NEPVEU, LIBRAIRE, PASSAGE DES PANORAMAS, N" 9.6. 



M DCCC XXIV. * 



6ê- f / 






07T7 



AVIS DU LIBRAIRE. 



&«oid éditiouù de cca ^oedîed , ^aviA (eà fotiuaid iu^t 8 , 
îrW-iJi et îtf-8^, iMipûiueed pav ôVb, 9i, (Dtàouy ùonu, 
fuaîuteuawfw epuîdeed. £c 6U€c2d oj cowpfeCetueHk. îu^tî- 
fizj (aj ^tdieôàtj do €?K?. ^etitîc^, qui odoj pu^ftev 
âîutuftau^îueuk. ced ttct6 âîtîoHâ ; eHtteptÎ6o j>re6duc luu- 
ôîteo îud<|u alotd ep (l6taitUj, Si ded Joutuafidte^ itèd 
itidttttîu owfw etei^i^ ded bcuteù tuv tej ^étxtaitu auteutr 
do ce6 ^oeâîed , toud (eu AoiutHe^ d£^ (ciîteà ào 6<mK, uuaul- 
fuetueui^ cuxx7tdéô eu u zecoHuaittij ap uierîto taccj ; cetui 
d ovoîv i^to môfitéeù pav (eô v(u6 put^ àeuilmeuà eu. up 

Il^oud ôouiitied doue cuitotiôeô hjpeuàetx aue ce^ ^oéùieô, 
reptoduîted ai^ec up j>{ud acaud fuxej de atai^utCA eu. do 
tupoacapfito, ôetouiw façotaêCciueuu, accueîdted. 



ç^* ^yheÀv^ci^, 




DES 



PREMIÈRES EDITIONS. 



C'est toujours une entreprise assez hasardeuse 
que de publier les œuvres posthumes d'un auteur 
entièrement inconnu. La critique et la défiance , 
toujours éveillées , ne se bornent pas à chercher les 
défauts de Touvrage ; elles élèvent des doutes sur 
l'existence même de l'auteur , ou du moins sur l'au- 
thenticité des productions qu'on lui attribue ; elles 
réclament l'exhibition des maiviscrits originaux. La 
ressource la plus sûre pour l'éditeur est sans doute 
de les produire : mais combien sa situation n'est- 
elle pas embarrassante lorsque ce moyen n'est pas 
en son pouvoir ! à quelle foule d'objections ne doit- 
il pas s'attendre lorsqu'il est obligé de dire au pu- 
blic : « Une femme vécut au quinzième siècle , et sa 
carrière en égala presque la longueur. L'année de 



sa mort est inconnue; mais, n^e en 1405, elle 
chanta en 149^ les triomphes de Charles \111. Elle 
ne quitta jamais la province où elle ëtoit nëe, et sa 
langue est plus correcte que celle même de Marot : 
elle ne connut des savans de son siècle que leurs 
ouvrages , et ce fut pour les apprécier à leur juste 
valeur , pour s'éloigner de leur mauvais goût. Ma- 
riée à quinze ans à un jeune chevalier qui défendoit 
la cause de Charles VII contre les Anglais et le duc 
de Bourgogne , elle lui écrivit , dès la première an- 
née de leur union , une épitre que Sapho n'eût pas 
désavouée , mais qui , loin de renfermer le moindre 
sentiment capable d'alarmer la vertu la plus sévère , 
ne respire que le feu du patriotisme et celui de Ta- 
mour conjugal. Cette même femme dicta des règles 
de goût et de versification française , qui n'ont été 
en vigueur que deux siècles après elle 9 et qu'elle- 
même observa constamment. Elle fut recherchée 
par Marguerite d'Ecosse , belle-fille de Charles VTI ; 
elle en reçut même des hommages : elle forma des 

élèves qui héritèrent d'une partie de ses talens 

et cependant la trace de son école s'est entièrement 
perdue ; elle-même est demeurée obscure et incon- 
nue à tous nos littérateurs ; et c'est trois siècles après 
sa mort que je viens vous présenter une foible partie 



de ses ouvrages, échappée comme par miracle, dans 
leurs copies , aux outrages du temps et aux désastres 
de la révolution. » 

Certes, il est impossible, en tenant un pareil 
langage , de ne pas s'attendre à trouver beaucoup 
d'incrédules. L'éditeur qui annonceroit ainsi les 
Poésies de Clotilde ne feroit pourtant que donner 
une foible esquisse de sa vie et du caractère de ses 
écrits , prise dans les matériaux que feu M. de Sur- 
ville avoit rassemblés pour faire connoitre son il- 
lustre aïeule. Mais, il faut l'avouer, lui seul avoit 
assez de connaissances , assez de preuves pour dé- 
montrer ce qu'il avançoit. Une mort tragique l'a 
surpris au milieu de ses travaux, et sans doute ce 
n'est que la plus petite partie de ses manuscrits 
qui a été sauvée du naufrage. Chargés par ses hé- 
ritiers d'en recueillir, d'en faire valoir les tristes 
débris, notre tâche devient infiniment plus difficile 
que n'auroit été la sienne; mais qui peut faire 
l'impossible, et qui a droit de l'exiger? L'éditeur 
actuel des Poésies de Clotilde n'a même pas eu 
l'avantage d'en connoitre personnellement le der- 
nier propriétaire : les matériaux qui lui ont été 
remis sont incomplets; la veuve de M. de Surville 
et son frère, avec lesquels il est entré en corres- 



pondance , n'avoient eux-mêmes c[ue des notions 
très insuffisantes sur la première découverte des ma- 
nuscrits. Que peut donc exiger de lui le critique le 
plus sévère? Un exposé sincère des faits dont il est 
instruit, une notice abrégée des travaux de M. de 
Surville , et peut-être une discussion impartiale de 
sa.propre opinion , ou du moins de ses doutes , si son 
opinion, n^a pu se fixer. Nous allons nous occuper 
de satisfaire à ces justes demandes : heureux encore, 
au milieu des difficultés qui nous environnent, de 
n'avoir à faire Tapologie des poésies que nous pu- 
blions que parce qu'elles sont trop belles, trop 
harmonieuses , trop correctes ! heureux de pouvoir 
dire aux lecteurs , plus empressés de jouir que de 
juger, et surtout aux femmes, dont le cœur est en 
général plus tendre et Tesprit moins jaloux que le 
nôtre : « Que vous importent le siècle où vécut Clo- 
tilde , et les corrections que ses ouvrages ont pu 
subir? lisez-les, et si vous y trouvez une mère ten- 
dre, une épouse embrasée de tous les feux de 
Tamour , poëte par sentiment plus que par le désir 
de la gloire, demandez à votre cœur si un froid 
imitateur d'une langue surannée a pu écrire ces 
morceaux pleins de chaleur et de vérité ; si ua 
homme a pu composer ces poésies, où le cachet 



du sexe.' le i plus tendre et lé plus désintéressé dans 
ses. affections est si fortement empreint? Laissez aux 
critiques , aux curieux , la discusûon dans laquelle 
je suis forcé de m'engager , et ne vous occupez que 
de Glotilde. )) 

Ii£ DERNisR propriétaire des poésies que nous pu-> 
blions, Joseph^Ëtiennede Suryille, étoitnéen i755: 
il entra au service à Tâge de seize ans; il fit la 
guerre de Corse et celle d'Amérique. Il étoit capi- 
taine au régiment d'infanterie , ci-devant Picardie , 
et .Colonel-Général lorsqu'il émigra. Il rentra en 
France en 1796 : il émigra de nouveau, revint en- 
core. Arrêté et reconnu en 1798, on le fusilla au 
Puy-en-Vélay , le 27 vendémiaire an VU. Il s'étoit 
marié en 1785, mais il n'avoit eu de ce mariage 
qu'une fille, morte en 1791. 

Tel est Tabrégé d'une vie qui fut sans doute assez 
agitée; mais ni les guerres, ni les voyages, ni les 
malheurs de la révolution, ne purent étouffer le 
goût des belles-lettres et de la poésie , que M. de 
Snrville avoit manifesté dès sa plus tendre jeunesse. 
C'est au genre lyrique qu'il s'étoit attaché particuliè- 
rement. Il avoit écrit un grand nombre d'odes, plu- 
sieurs epîtres ; et ses amis parlent d'un Voyage en 



xij ^téfacu. 

Amérique dont il ëtoit rauteur , et qu^il avoit par- 
semé de descriptions très poétiques ; une entre 
autres de la chute du Niagara. U faut ajouter ce- 
pendant qu^il avoit moins de talent que de zèle 
pour la poésie. Au jugement de son frère, toutes 
ses productions poétiques j fruits dune imagination 
exaltée et souvent bizarre j sont généralement obscu-- 
res ; elles manquent surtout de simplicité j de nahetéc 
et le témoignage d'un de ses meilleurs amis ne lui 
est pas plus favorable ; car en reconnoissant que 
les odes de M. de SurviUe ne manquoient pas de 
chaleur, qui! on y rencontroit des strophes forte^ 
ment frappées , il convient qu'en général elles 
étoient rebutantes par leur trop grande prolixité. 
Nous reviendrons sur ces témoignages lorsqu'il 
s'agira d'examiner si les poésies de Clolilde ont les 
mêmes défauts que celles de son héritier; défauts 
dont au besoin nous sommes prêts à fournir les 
preuves. 

Quant au caractère de M. de Sur ville , on le 
peint comme très original , et surtout très cheva- 
leresque , très patriotique ; car il est permis aujour- 
d'hui d'employer ce mot en parlant d'un homme 
qui a pu se tromper dans ses opinions politiques , 
mais qui a toujours été enthousiaste de la grandeur 



^té^acu. xiij 

et de la gloire de son pays. Un seul trait le prouvera. 
Se trouvant en garnison avec son corps dans une des 
villes du nord de la France , il eiit une discussion 
très vive avec un capitaine de vaisseau anglais, nom- 
me Middleton,. sur la prééminence des deux peu- 
ples : ils se donnèrent un rendez-vous sur la frontière 
pour décider, au jugement de Dieu, qui assoit la 
plus honorable patrie. Le combat fut long et très 
acharné ; mais heureusement les deux, champions se 
servoient de sabres; cette arme fait raremrent des 
blessures mortelles. Nos braves s^écharpèrent ; leur 
foiblesse mutuelle mit fin au combat , et ils furent 
obligés de se séparer laissant la question indécise. 
. Nous ne nous amuserons point à raconter beau-» 
coup d'autres anecdotes dont les tém^oins sont à Pa* 
ris, et qui prouveroientr également . ce que nous 
avons avancé des singidarités de M. de Surville. Il 
est temps d'en venir à la découverte des manuscrits : 
nous la ferons seulement précéder d'une observation 
très importante : c'est que, depuis cette découverte, 
M. de Surville paroît n'avoir eu que la plus pro- 
fonde indifférence pour ses propres productions ; 
qu'il n'a probablement écrit postérieurement à cette 
époque que deux seules . épîtres , qu'il adresse , au 
nom de l'ombre de Qotilde , l'une à l'impératrice 



Xiv ^t/^ÇbOU. 

Catherine II , Tautre auos Femmes poëies depuis 
Pùrigine du Parnasse JrançaiS' .• c'est enfin qu'il 
B^a pris aucun soin pour dérober à Toubli' ses pno- 
pres- ouvi^ges , tandis que deux heurtes ayant sa 
mort ceux de Clotilde étôient encore ^. comme onle 
•veira , Tobjest de sa dernière sollicitude. 

Ge fut en 1 78a , et quatre ans avant son nMariage , 
que M. de Surville découvrit les précieux manuscrits 
de soii aïeule. 11 ne les dut qu^au hasard : aidé d^wa 
féodiste^ il: fouilloit dan» les archives de sa famill^e 
poUr trouver des papiers tout à fait étrangers à la litr- 
tisraturei; les. poésies de Clotilde tombèrent sous sa 
main. Il nfétoit point encore familier avec les an-*- 
cienhes écritures ; et ce ne fut que sous la dictée 
dfti féodisto qu'il put transcrire , dans ces premiers 
momens., les stances de Rosalyre ( "vqye^ page 2S1 
ik. ce. recueil) 9 et un rondeau contre Alain Char^ 
lier. H' en fit la lecture à son frère ( de qui noix^ te*-* 
nomsees^diétails), mais qui, beaucoup plus jeune* et 
inxyins avancé que lui , attacha très peu de: prix^ à 
cette découverte; Cette indifférence est bien natu«~ 
relie sans do^te dans un jeune homm'e à peine sorti 
de l'adolescence , et prêt à s'éloigner de son pays 
pour achever son éducation, mais elle n'en esTp^s 
moins fSinheiise ; elle nous prive d'un «témoignage 



qui supplëeroit çn quelque sorte à rexhibiUon des 
manuscrits originaux ; car M. de Surville ( actuelle- 
ment vivant) a oublie jusqu^au nom du féodiste qu^il 
n^a jamais revu depuis. A son défaut nôu» pourrions 
produire l'attestation d'un ancien officier de Colonel- 
Général qui habite aujourd'hui le voisinage de 
Quimper , et qui a passé autrefois plusieurs- semai- 
nes à Viviers ;avec M. de Surville. M. de F.... assure 
qu'il a eu lui-même entre les mains les manuscrits de 
Clotilde , dont l'écriture étoit extrêmement difficile 
à déchif&ier ^ mais quelque précieux que puisse être 
son témoignage ? lorsque, tous les autres nous man-^ 
quentii la fois , on sent qu'il ne peut avoir le poids de 
celui d'un hotnme versé dans Tétude des anciens maf 
nuscrits , et qui fut présent à la découverte. . 

On va nous demander à présent ce que* sont der 
venus les originaux de Clotilde 9 et cominent ils se 
sont perdus. C'est à quoi nous allons répondre en 
exposant les déjtails qui nous- restent encore sur 
M. de Suryille , et q^i n^Us viennent de. la même 
source que les premiers. ... 

. Il par oit que les poésies deClotide d«çi«lèrefnt 
le goût de son .héritier, d'une manière presque 
exclusive , pour notre ancienne littérature. Soft 
premier soin fut de s'appliquer h étudier la langue 



et l'écriture des anciens troubadours et de leurs 
copistes. Son frère , de retour à Viviers après une 
absence de quelques années, le trouva très avancé 
dans le déchiffrement et la transcription des œuvres 
de leur aïeule commune : M. de Surville lui en mon- 
tra plusieurs morceaux copiés sur des cahiers déta- 
chés ; et ce qu'il est important de remarquer , c'est 
que ces mêmes cahiers ont servi daiis la suite à for- 
mer le manuscrit que nous publions. En effet , la 
révolution suivit de près : M. de Surville émîgra 
dès 1791. Persuadé sans doute 9 comme la plupart 
de ses compagnons, de la promptitude de sa rentrée 
en France , il n'emporta point avec lui ses originaux. 
L'année 1 792 ne lui laissa que peu de loisirs à con- 
sacrer aux belle»-lettres ; et il ne s'occupa qu'en 
1793 de mettre en ordre et de préparer pour l'im- 
pression le recueil qu'il possédoit , commençant 
peut-être alors à désespérer d'en jamais recouvrer le 
reste* Cette crainte n'eût été que trop bien fondée : 
tandis cpie M. de Surville , retiré dans un village à 
deux lieues de Liège , rendoit à son aïeule le seul 
hommage qui fût en son pouvoir , et rassembloit ses 
pièces fugitives dans un manuscrit qu'on peut regar- 
der comme un chef-d'œuvre d'élégance et de correc- 
tion , le génie révolutionnaire détruisoit en France 



j 



tout ce que le temps avoit épargné des productions de 
cette femme extraordinaire. Les sœurs de M. de Sur- 
ville étoient en prison à Viviers ; sa mère , seule 
dans sa maison , et plus que septuagénaire, ne crut 
pas racheter trop cher la vie et la liberté en livrant 
tous les papiers de sa famille , que le comité révolu- 
tionnaire demandoit impérieusement. Tout fut la 
proie des flammes , tout , jusqu'aux actes civils les 
plus nécessaires pour constater l'état des familles. 
C'est ainsi que les derniers restes de Clotilde ont péri. 
Les témoins de ce fait ne nous manqueroient pas : 
nous pourrions même en invoquer un que mille rai- 
sons dévoient éloigner d'un pareil spectacle , si nous 
n'avions conservé plus de respect pour son caractère 
qu'il n'en montra lui-même dans cette occasion. 

A l'époque dont nous parlons , les deux frères se 
perdirent de vue : ils se retrouvèrent à Lausanne en 
1797 ; M. de Surville arrivoit de son pays, qu'il 
avoit voulu revoir malgré les dangers du voyage. 
Mais quels nouveaux manuscrits auroit-il pu y décou- 
vrir , puisqu'aucun n'avoit pu échapper à la destruc- 
tion générale? Il paroît seulement qu'il n'avoit pas 
fait usage , dans le volume de sa main que nous avons 
cité plus haut , de tous les matériaux qu'il possédoit , 
et surtout des mémoires en prose de son aïeule , dont 



xviij ^tétactj. 

il devoit avoir de nombreux extraits. Ce fut princi- 
palement de ces mémoires qu'il s'occupa pendant 
son séjour en Suisse ; il en tira une notice sur les vies 
et les écrits des femmes poëtes antérieures à Clotilde, 
ou ses contemporaines , dont la plus grande partie 
fut insérée dans un journal littéraire que rédigeoit 
madame de Polier. Cette publication fit beaucoup 
de bruit en Suisse; plusieurs critiques attaquèrent 
dès lors Tauthenticité des sources où Téditçur pré- 
tendoit puiser : M. de Mestre , écrivain très connu, 
s'adressa même à madame de Polier , afin d'entrer 
par son entremise en correspondance avec M. de 
Surville. 

Celui-ci reçut la proposition avec joie ; et la dis- 
cussion alloit commencer , lorsque la guerre éclata 
entre la France et la Suisse. M. de Surville rentra 
pour la seconde fois dans son pays. Nous avons déjà 
dit combien ce voyage lui devint funeste : nous ajou- 
terons seulement qu'il conserva jusqu'au dernier 
moment toute sa présence d'esprit; qu'il donna les 
marques du plus grand sang-froid et de la plus par- 
faite tranquillité , en s'occupant à régler ses affaires 
jusque dans leurs détails les plus minutieux. Ce fut 
alors, ce fut quelques heures avant son exécution, 
qu'il écrivit à madame de Sur ville une Jettre qu'elle 



iPtefaco. xix 

regarde comme ^on testament de mort, et dont nous 
allons transcrire quelques lignes qui se rapportent à 
nos manuscrits : « Je ne puis te dire maintenant 
(( (c'est ainsi qu'il s'exprime ) où j'ai laissé quelques 
« manuscrits de ma propre main , relatifs aux œu- 
« vres immortelles de Clotilde, que je voulois dou- 
ce ner au public. Ils te seront remis quelque jour ps^r 
« des mains amies à qui je les ai spécialement re- 
u commandés. Je te prie d'en communiquer quelque 
(( chose à des gens de lettres capables de les appré- 
« ci'er, et d'en faire après cela l'usage qvie te dictera 
(( ta sagesse. Fais en sorte au moins que ces fruits de 
H mes recherches ne soient pas totalement perdus 
«pour la postérité, surtout pour l'honneur de ma 
« famille , dont mon frère reste l'unique et dernier 
«soutien.» Voilà les dernières paroles (^nwissima 
verba ) de M. de Surville , relativement aux œuvres 
de son aïeule ; voilà le dernier témoignage qu'il lui 
rend : il suppléera peut-être, en quelque manière, à 
l'insuffisance de ceux que nous venons de rassembler 
et qui sont les seuls qui npus restent. 

Si l'on demandé maintenant à l'éditeur actuel de 
ces intéressantes poésies, comment il en a eu con- 
naissance et comment il se trouve chargé de les pu- 
blier , voici ce qu'il répondra en^e bornant aux jseids 



détails nécessaires. Un hasard, dont il est inutile de 
rendre compte , fit tomber entre ses mains, en 1 794i 
le premier manuscrit de M. de Surville , celui qu^il 
avoit rédigé auprès de Liège Tannée précédente. 
Aussi surpris que charmé de ce phénomène, qui fut 
vraiment une ûy7^aràïonpourlui(carilne garda le ma- 
nuscrit que vingt-quatre heures), il se permit de pren- 
dre copie de trois morceaux importans. Un voyage et 
un séjour de plusieurs années aux îles de l'Amérique 
détournèrent son attention de tous les objets relatifs 
à la littérature. Revenu en France, il y a deux ans, il 
apprit le sort de M. de Surville ; il craignit que les 
poésies de Clotilde ne lui eussent été enlevées et ne 
fussent perdues sans retour. Un espoir lui restoit ce- 
pendant 2 madame de Surville pouvoit être déposi- 
taire des manuscrits de son mari ; il étoit naturel de 
lui écrire pour s'en informer, pour lui offrir même 
toutes les ressources littéraires et typographiques qui 
ne se trouvent qu'à Paris. Ainsi s'e§t entamée la cor- 
respondance dont on vient de lire les principaux ré- 
sultats. Madame de Surville n'a point voulu d'autre 
éditeur de ses manuscrits que celui qui l'avoit en- 
gagée le premier à en faire la recherche. En effet, 
elle ne les avoit pas entre les mains lorsqu'elle reçut 
sa première lettre ; elle ignoroit même quel en étoit 



^tefaco. . xxj 

le dépositaire , et ne parvint à les recouvrer qu'au 
bout de six mois. Dans l'envoi qu'elle nous en a fait, 
nous n'avons trouvé qu'un volume qui fût digne d'être 
présenté au public , et c'est le même que nous avions 
déjà vu en i794; c'est aussi le seul que nous pu- 
blions. Nous tirerons cependant d'un autre volume 
que M. de Surville a laissé imparfait , tous les ren- 
seignemens relatifs à Clotilde qu'il y avoit déjà ras- 
semblés , ainsi qu'une partie des raisons et des faits 
qu'il allègue , tant pour constater l'authenticité de 
ses productions que pour prévenir les objections 
auxquelles il devait s'attendre. 

Il est probable que les adversaires de M. de Sur- 
ville l'auroient attaqué d'abord sur deux points prin- 
cipaux. Quelle apparence, auroit-on demandé^ qu'au 
quinzième siècle , et lorsque tout étoit barbare au- 
tour d'elle , votre aïeule ait seule échappé à la cor- 
ruption générale du goût? Gomment croire qu'avant 
l'invention de l'imprimerie , ou du moins à sa nais- 
sance , et lorsque la bibliothèque royale ne ren- 
fermoit que neuf cents manuscrits , Clotilde ait si 
bien connu les anciens , dont les savans même en- 
tendoient fort mal les ouvrages ; et qu'elle les ait 
imités avec tant de discrétion et de sagesse , lorsque 



xxij ^té^aoLj. 

ses contemporains les plus habiles ne daignoient pas 
même les copier? Comment ai-t-elle observé dans 
ses vers des règles tout à fait inconnues ?. . . . Nous 
vous faisons grâce des autres difficultés dont nons 
pourrions renforcer cette objection; mais songea 
qu'après que vous Taurez résolue , une autre se pré- 
sentera. Si le phénomène littéraire dont vous nous 
étalez les prodiges a réellemeot existé , comment 
fut- il ignoré de son siècle, comment est -il resté 
inconnu jusqu'à vous? Répondez- nous , s'il est pos- 
sible ; mais n'oubliez pas que tout ce que vous pour- 
rez mettre en usage pour vaincre la première dif- 
ficulté donnera plus de force à la seconde. 

M. de Surville avoit cherché à les prévenir toutes 
deux en esquissant l'histoire de notre ancienne poé- 
sie , et celle de Clotilde elle - même , d'après les 
mémoires qu'il avait entre les mains. 

Selon lui , ou plutôt selon ces mémoires , l'é- 
clipse de la raison et du goût ne fut jamais totale 
en France, depuis Hélôïse. Il nous montre cette 
femme célèbre présidant au berceau des muses fran- 
çaises , chantant ses amours dans la langue romaine 
comme dans celle de Tibulle , et fondant , de con- 
cert avec Abailard , une école de poésie qui se sou- 
tint pendant long-temps. «L'Italie, ajoute-t-il , s'est 



^té^acij. xxiij 

approprié ses chansons tout aussi effrontément que 
celles de son maître ( Abailard ) , et le divin Pé- 
trslrque est plein de ces plagiats. ...» Plus bas il 
lilàme Clotilde d'avoir osé rajeunir les vers d^Hé- 
loïse en les transcrivant; et c'est par cette raison 
qu'il s'interdit de copier lui-même ce qu'il en a 
trouvé dans ses mémoires. Il rapporte à cette époque 
plusieurs ouvrages dont les auteurs , dit - il , sont 
encore problématiques pour la plupart des savants, 
et cite entre autres un poëme héroïque sur la pre- 
mière croisade , par le chevalier Grégoire Beschada 
des Tours de Limoges*; poëme où les divers dia- 
lectes de la langue romane étoient mêlés , et qui 
étoit divisé en vingt-quatre livres. 

Ce mélange de dialectes, qui rappelle celui qu'Ho- 
mère s'étoit également permis , ne trouva point d'i- 
mitateurs : M. de Surville remarque au contraire , 
que l'école d'Héloïse se partagea bientôt en deux 
branches aussi distinctes que la romane française 
et l'idiome provençal. Béatrix d'Arragon , comtesse 
de Provence , devint en quelque sorte la fondatrice 
de cette seconde branche, u Agnès de Bragelongne 
fut à la tête de la première ; elle en transmit le 

* n est cite par La Combe dans la préface du second volume 
de son Dictionnaire : il écrivit en ii3o. 



xxiv ^tej^oco. 

dépôt à son élève Sainle-des-Prez, Sainte^des-Prez à 
Barbe de Verrue , qui réunit les deux successions , 
celles de Béatrix et d^ Agnès , pour ne plus être sépa- 
rées; car avec elle finissent même les troubadours. 
Verrue eut pour successeur immédiat N. de Rose.: 
Rose vécut assez pour voir Amélie de Montendre re- 
cueillir avec son héritage celui de Victoire de la 
Tour et d^Hélène de Grammont , dont elle - même 
éclaira les aimables maîtresses (Blanche de Courte- 
nay et Claire de Parthenay) , filles d'un âge égal au 
sien. Montendre eut Thonneur d'élever Justine de 
Lévis, son amie ; et le feu sacré , confié par Justine 
aux mains de Pulchérie (sa petite-fille) , embrasoit 
dans ses flancs Clotilde de Vallon. » 

Nous avons cm devoir copier mot à mot ce court 
résumé donné par M. de Surville de Thistoire de 
la poésie française, depuis Héloïse jusqu'à son aïeule, 
afin de mettre d'abord sous les yeux de nos lec- 
teurs la filiation poétique qu'il a voulu établir. On 
sera étonné de n'y trouver que des femmes. En par- 
lant en particulier de chacune d'elles , M. de Sur- 
ville n'a cependant jamais négligé de citer ceux 
de leurs contemporains qui cultivèrent Tart des versj 
mais il est vrai qu'entraîné sans doute par son ad- 
miration pour Clotilde ^ il donne la palme de la 



^ze^axxj. XXV 

poésie à son sexe pendant les siècles dont nous par- 
lons. Il termine ses extraits par cette note : « On 
peut être sûr que pas une de ces femmes n'a mé- 
rité d'être confondue avec les poëtes du temps; 
mais depuis elles ont resté constamment inférieures 
aux honunes dignes de célébrité dans leur siècle ; 
et Louise L'Abbé (la belle Cordière) n'est point une 
exception. » 

Il n'est pas de notre plan d'insérer ici les notices 
entières de M. de Surville sur les femmes poëtes 
dont Clotilde avoit fait mention ; mais il ne sera 
peut - être pas hors de propos de nous arrêter 
un moment aux plus intéressantes, et principa- 
lement à celles dont il nous a transmis des mor- 
ceaux. 

BÉATRix d'Arragon étoit contemporaine de Phi- 
lippe - Auguste ; elle épousa Raymond Bérenger , 
comte de Provence , et fit de la cour de ce prince 
aimable l'asile des lettres et des arts : elle composa 
des vers en italien , en espagnol , en provençal , 
et même dans la romane française ; mais ce fut la 
langue où, elle eut le moins de succès. Clotilde lui 
attribuoit le Fabliau de la fée Urgèle^ quelques 
Iqy^s cT amour à stances inégales , et deux complaintes 






xxvj $zé^a<xj. 

adressées à Richard Cœur-de-Lion *. Elle présenta 
à ce prince , ainsi qu'à Philippe-Auguste , Vincent 
de Viviers , troubadour et cheyalier , auteur d'un 
poëme de Charlemagne en vers de dix syllahes, ôîi 
l*akernative des rimes est assez généralement ob- 
servée. M. de Surville le regarde comme le pré- 
curseur de TArioste , qui lui doit beaucoup plus 
qu'à l'archevêque Turpin. 

Agnès de Brageloncne vécut aussi sous Philippe- 
Auguste ; elle étoit fille du comte de Tonnerre , et 
fut mariée très jeune au seigneur de Plancy, qu'elle 
n'aima jamais. Le seul amant dont elle ait partagé 
la tendresse étoit Henri de Craon , qu'elle a chanté 
dans ses poésies , et qu'elle épousa après la mort de 
son premier mari. Agnès écrivit un roman-poëme 
de Gabrielle de Vergy ,• où les vers masculins et 
féminins furent entrelacés pour la première fois 
d'un bout à l'autre de l'ouvrage. M. de Surville en 
a consei^vé douze vers **. Agnès étoit pour lui l'objet 

* La Comibe, dans la préface déjà citée, dit que Rickard 
Cœur-<de-*Lion adressoit aussi ses vers à Béatrix , comtesse de 
Provence: 

** Ces vers, ainsi que tous ceux que M. de Surville a voit insé- 
rés dans sa notjice , sont imprimés à la fin de notre préface : nous 



^zé^a(xj. xxvij 

d'une prédilection particulière. «Ses lays d'amour, 
dit-il , ont presque tous une coupe différente ; elle 
les affranchit de la servitude qui les fixoit à cinq 
couplets , dont trois sur les mêmes rimes. Ils soià;, 
en général , en vers de huit syllabes , coupés de 
petits vers de cinq. Exempts d'hiatus , d'enjambe- 
ments gothiques, et d'e muets superflus, ils ne peu- 
vent être lus sans un indicible étonnement que par 
ceux-là qui ne tiennent compte d'aucun prodige , 
s'il ne leur donne un nouveau plaisir. » M. de Sur- 
ville copie ensuite des couplets et un tenson d'Agnès 
de Bragelongne * ; puis il se demande : «Que com- 
parer à cette molle flexibilité de pinceau, dans tout 
ce qui nous reste du douzième et du treizième siè- 
cle , sans en excepter les chansons de Thibaut? Le 
seul Graon peut-être auroit pu jouter avec son 
amante ; mais , avec plus d'élévation , il a bien 
moins de naturel , de correction , et de sou- 
plesse. » 

les y avons places , non seulement pour ne pas interrompre le 
cours du récit ^ mais encore afin de pouvoir les accompagner de 
notes en regard du texte, comme les poésies mêmes de Glotilde, 
Vojez donc à l'endroit indique l'article >^^g7i^f de Bragelongne. 

* Voyez à la fin de la préface ce tenson et ces couplets sous 
l'article Agnès de Bragelongne. 



xxviij Préface?. 

L'article d'Agnès est terminé par l'indication des 
poètes et troubadours ses contemporains *. On dis- 
tingue parmi les derniers le châtelain de Coucy , 
Blondel de Nesle , et Thibaut de Mailly ; parmi les 
premiers, Alexandre etHélynand. Alexandre chanta 
le vainqueur des Perses dans un poëme à la fois pom- 
peux et barbare ; et c'est de son nom ou de celui de 
son héros que nos grands vers ont été appelés alexan- 
drins. 

D'Agnès de Bragelongne M. de Surville auroit 
dû passer à Sainte-des-Prez , son élève ; mais il in- 
terrompt , sans qu'on sache trop pourquoi , cette 
filiation poétique , par des notices sur deux autres 
femmes qui lui survécurent : nous en dirons aussi 
quelques mots. 

DoETE DE Troyes, qui se trouve citée dans la 
chronique du président Fauchet , était de la ville 
dont elle porte le nom. Elle assista, ainsi que son 
frère Thierry-le -Vaillant , au couronnement du 
jeune empereur Conrad à Mayence ; elle y chanta , 
disent Pasquier et Fauchet d'après le roman de 
Guillaume de Dole , une chanson dont ils ne rap- 

* Voyez la pceface de La Combe. 



^«efaco. xxix 

portent que le premier vers , et que Clotilde avoit 
transcrite entière, M. de Surville n'en a conservé 
que le premier couplet * : il prétend qu^elle est 
bien Touvrage de Doete , mais quelle en chanta 
ime toute différente au couronnement de Tempe- 
reur. Cette chanson du couronnement étoit compo-^ 
sée 9 selon lui, de trois septains, dont il ne cite que 
deux vers , pour prouver que le mot roucouler est 
de l'antiquité la plus reculée ; les voici : 

L^aigle^ ez cieulx^ sans despris | oît dolce palombe 
Cy-bas rouccoulant ses amors **. 

« Doete , dit M. de Surville , savoit donner à ses 
rhythmes une coupe harmonieuse et régulière , sans 
en exclure la variété; elle faisoit de très heureuses 
allusions à la mythologie ; à la richesse et au sage 
enlacement des rimes elle joint un respect con- 
tinu pour la césure et la construction , toutes choses 
absolument étrangères au règne de saint Louis...» Il 
n'hésite pas , après cet éloge , à mettre Doete de 
Troyesbien au-dessus de Thibaut, comte de Cham- 
pagne , qui brilla dans le même temps. A cette oc- 

* Voyez à la fin de la pre'£ace l'article Doete de 'Frojres, 
** L'aigle, du haut des cieux, entend sans mépris la douce 
colombe ici -bas roucoulant ses amours. 



casion , il accuse le président Heoault d'avoir refait 
le couplet de ce prince qu'on lit à la tête du pre- 
mier volume des Annales Poétiques. «Le président, 
dit-il , devoit savoir (entre autres particularités vio- 
lées) que nul présent du subjonctif, alors n'avoit 
une terminaison masculine ^ et que , sa chansonnette 
pessemblàt^elle d'ailleurs en tout, comme elle ne 
ressemble en rien , au style du roi de Navarre , le 
bout de Toreille paroîtroit toujours dans ce petit 
vers, Finirais mon mar(;^re y invraisemblance sau- 
vée en mettant jî/ziroà. » 

Ce passage ne donnera peut-être pas une grande 
idée du style et du goût de M. de Surville ; ntiais 
il pourra faire penser qu'il se sentoit lui-même assez 
fort contre la critique , puisqu'il l'appeloit par cette 
observation sur les poésies qu'il aUoit publier. 

Marie de France traduisit de l'anglais en fran- 
çais un recueil de fables empruntées d'Ésope , sur 
une version latine , par l'auteur anglais; Clotilde 
n'en avoit recueilli que neuf, parce que , disoit- 
elle, le recueil complet se trouvoit partout. M. de 
Surville n'en cite qu'une, qui est un modèle de 
précision * : il prétend que Marie a été connue de 

* Voyez à la fin de la pre'fa^e V Sitticle Marie de France, 



^«éfac€j. XXX j 

Faochet et <le plusieurs biographes; mais il se plaint 
de leur obstination à lui contester sa descendance 
de la race royale des Carlovingiens. Il avoue ce- 
pendant que Clotilde n^a point osé le garantir, 
mais il croit en trouver la preuve dans un témoi- 
gnage de Marie elle-même : c'est une espèce de 
prologue ou d'épilogue que Clotilde plaçoit à la 
fin 4u recueil de Marie , mais qui se trouve quel- 
quefois au commencement *, Cette discussion est 
de peu d'^importance ; ce qui en a davantage c'est 
la ressemblance du style de Marie à celui de Phèdre : 
elle fait pencher M. 4^ Surville pour Topinion ^de 
M. Le Grand, qui soupçonnoit que nos devanciers 
avoient eu connoissance de ce fabuliste. Il <:roit 
aussi que le recueil des fables de Marie n'étoit pas 
inconnu à La Fontaine , et qu'il l'avoit beaucoup 
étudié. 

Nous voici revenus à Sainte-des-Prez : son prin- 
cipal mérite est de remplir l'intervalle qui répare 
Agnès de Bragelongne de Barbe de Verrue dans 
la cl) aine que M. de Surville met sous nos yeux. 
Sainte^des^Prez mourut à vingt-deux ans : ses pro*- 
ductions ne pouvoient donc être fort nombreuses, 

* Voy^z au même lie». 



•*'- "• 



aco. 



xxxij ^té^c 

ni avoir atteint une grande perfection. Clotilde 
n'avoit conservé d'elle que cinq lays amoureux , 
dont aucun n'a été transcrit par M. de Surville : 
c'est à peu près tout ce qu'il nous en dit. 

Il observe à la fin de cet article que rien n'est 
plus embrouillé que l'histoire poétique du règne 
de saint Louis , par la prodigieuse multiplicité des 
trouvères. « Fauchet , dit-il , en a compté plus de 
soixante-dix ; j'en ai découvert au moins cent cin- 
quante , que j'ai divisés comme faisoit Clotilde : 
1°. les chansonniers, auteurs de lays d'amour purs 
et simples , comme le comte de Champagne , à la 
suite duquel on peut en citer huit d'assez bons ; 
ao. les jongleurs , qui , pour l'ordinaire , improvi- 
soient leurs airs , et qui ne laissent pourtant pas 
d'en avoir fait de supportables ; 3o. les romanciers , 
c'est-à-dire ceux qui firent des romans en vers de 
longue haleine ; je n'en ai vu que trois dignes à 
peine d'être lus; 4**. les conteurs, à qui l'on doit 
nos fabliaux , que M. Le Grand a traduits avec tant 
d'intelligence et d'adresse; 5o. enfin les tensonniers , 
chansonniers d'un nouveau genre , auteurs de ques- 
tions d'amour , mais qui , bien que postérieurs , 
peuvent rentrer dans la classe des autres. J'en donne 
une liste à peu près chronologique , d'après laquelle 



^ti^cuxj. xxxiij 

on pourra consulter Fauchet, Pasquier, les abbés 
Goujet et Massieu, MM. de Caylus, de Sainte-Pa- 
laye , La Ravallière, » etc. Cette liste chronologique 
est perdue ; mais il est important pour la bonne foi 
de M. de Surville de voir qu'il avoit eu Tintention 
de la donner. 

Barbe de Verrue est la plus étonnante de toutes 
les femmes poètes dont nous avons à parler. Sa 
naissance étoit obscure et même illégitime ; elle 
ne dut son nom qu'aux bontés du comte de Ver- 
rue, qui Tadopta dans le temps de sa célébrité. 
Barbe vécut jusqu'à un âge très avancé : elle voya- 
gea beaucoup , et trouva de nombreuses aventures , 
dont il est inutile d'entretenir nos lecteurs. Son état 
étoit celui de troubadouresse ; elle parcouroit les 
villes et les châteaux , en chantant ses poésies, qui 
lui prbcuroient partout un bon accueil , et lui ac- 
quirent une fortune considérable : elle eut même 
beaucoup d'amans, quoique sa beauté fût plus pi- 
quante que régulière. M. de Surville lui attribue 
divers fabliaux , dont les auteurs nous sont incon- 
nus, tels que ceux de Grisélidis y de Guillaume au 
Faucon j et à' Jlucassin et Nicoletie. Pour assurer 
les droits de Barbe sur ces ouvrages , il cite le pro- 



XXX iv ^ttfactj. 

logue du dernier , dans lequel elle fait mention des 
autres ^. « Ce n'est point assurément pour les vers , 
dit-*il, que j'ai cité ce prologue , mais comme un 
morceau très précieux dans les annales des trouba-- 
dours, qui peuvent revendiquer le fabliau le plus 
intéressant que Ton connoisse ; pour démontrer 
combien l'ignorance et l'incorrection des copistes 
français de la langue d'oui ont défiguré ce petit ro- 
man , dont les rimes sont constamàient alternatives 
dans les manuscrits primitifs ; enfin , pour rendre à 
leur véritable auteur ceux de Grisélidis et de Guil- 
laume au Faucon , qu'elle n'emprunta de per- 
sonne..*^ 

Mais de tous les ouvrages que M. de Surville at- 
tribue à Barbe le plus étonnant sans doute devoît 
être un roman en vers , ou plutôt une espèce d'é- 
popée intitulée l'Orphée gaulois, ou Upgélinde et 
Oyndàrix : ce poëme avoit pour sujet la civilisa- 
tion des Gaules; le plan en était sage et régulier^ 
et la versification beaucoup plus correcte et plus 
harmonieuse qu'on ne devroit l'attendre de ce siècle; 
si nous en jugeons par le peu de vers que M. de 
Surville nous a transmis **. Clotilde avoit recueilli 

* Voyez h la fin de la preTaee Tarticle Barbe de Verrue^ 
** Voyez le même article à la lin de la preTacc, 



^zé^ÇLC^. XXXV 

des fragmens considérables de cet ouvrage , qui 
étoit divisé en douze chants , et qui dut , non seu- 
lement Tencourager à entrer elle-même dans la 
carrière , mais l'aider à la parcourir. 

Nous ne parlerons pas d'un combat poétique , 
souteîîti par Barbe de Verrue contre quatre trou- 
vères plus jeunes qu'elle , Pierre de Mauclerc , 
Brunel dé Tours , Pèrrin d'Angecourt , et N. de 
Ligne court , qui la défièrent à Soissons , et dont le 
dernier trouva grâce devant elle après sa défaite : 
nous terminerons cet article , déjà trop long , par 
le dernier éloge que M. de Surville donne à Barbe 
de Verrue. « Ses odes , dit-il , sont étincelantes de 
verve , mais très obscures aujourd'hui ; la manière 
enchanteresse d'Hôracé respire assez souvent dans 
ses conàpositions nombi'euses. » Il ne poùvoit mieux 
appiiyer fee rapprochement de Barbe de Verrue et 
du lyHqué latin , que par les stances qu'il rapporte 
à la suite : on les trouvera à la fin de cette préface *, 
ainsi que le portrait de la troubadôuresse par elle- 
même. Le premier de ces morceaux est un chef- 
d'œuvre de grâces et de naïveté. 

A Barbe de Verrue succédèrent trois jeunes 
dames ses élèves , Rose de Créquy , N. de Rose , 

* Voyez l'article Barbe de Verrue, 



xxxvj ^t^aco. 

et Rose d^Estrees , qu'elle appeloit communément 
ses trois Roses, u Elles conservèrent le dépôt sacré 
du goût, dit' M. de Surville , à Tépoque où sa dé- 
pravation sembloit ne pouvoir plus s'accroître ; car 
les règnes des successeurs de S. Louis démentirent 

< 

les espérances qu'il avoit données sur le perfec- 
tionnement de la langue et de la poésie. » Les 
Mémoires de Clotilde ne contenoient que très peu 
de vers de ces aimables trouveresses; et M. de Sur- 
ville n'en cite que quatre , faits par N. de Rose à 
la louange de Guillaume de Lorris. 

Après elles , deux jeunes amies , Claire de Par- 
THENAY , et Blanche de Courtenay , formées par 
N. de Rose , jetèrent encore quelque éclat au mi- 
lieu des ténèbres de leur siècle : Clotilde avoit con- 
servé leurs écrits en totalité ; Mais M. de Survillé 
n'en a rien cité dans sa Notice , quoiqu'il vante la 
pureté de leur style , la suavité de leur pinceau , 
et qu'il leur accorde l'union si rare de la justesse 
des pensées et de la clarté de l'expression. 

Il traite de même les deux disciples de Claire 
et de Blanche , Victoire de la Tour , et Hélène 
DE Grammont; il leur donne en général beau- 
coup d'éloges, mais ne nous transmet rien de leurs 
vers. 



^té^actj. xxxvij 

Amélie de Montendre , Lyonnaise , hérita de 
leurs talens. m La France , dit M. de Surville , 
muoit alors en quelque sorte , et les geais ita- 
liens s'emparoient impunément de ses dépouilles : 
Amélie fit justice de ces larcins , d^accord avec 
Richarde Selvaggi , Tobjet des amphigouris de 
Cino de Pistoie. » On désireroit de plus grands 
détails : il paroit que M. de Surville les avoit 
donnés , car il nous renvoie à un autre de ses 
écrits ; mais cet écrit est malheureusement perdu , 
et nous sommes obligés de suivre Fauteur , qui 
laisse ici assez brusquement Amélie de Monten- 
dre pour s'occuper de son écolière, Justine de 
LÉ VIS, aïeule de Pulchérie, et bisaïeule de Clotilde 
de Vallon, 

Justine naquit à Crémone : elle étoit fille de 
N. de Lévis - Perrot de Sasso - Ferrato , branche 
reconnue de Tillustre maison de Lévis. Elle reçut 
de bonne heure les leçons de Richarde Selvaggi 
et d'Amélie de Montendre, qu'elle surpassa bien- 
tôt toutes d'eux. Il paroit qu'elle écrivit d'abord 
en italien; car sa réputation naissante alarma la 
vanité de Pétrarque. Justine voulut en prévenir 
les suites par un sonnet où elle rendit hommage 



xxxviij ^ti^aixj. 

à Tamant de Laure , et qui commençoit par ces 
vers : 

lo vorrei pur drizzar queste mie piume. . . 

« 

Pétrarque y répondit par un autre sonnet très flat- 
teur sur les mêmes rimes, et dont M. de SurVille ne 
cite également que le premier vers : 

* La gola, e'I sonno, e Toziose piume... 

Quoi qu'il en soit , Justine de Lévis ne se fia point 
aux complimens de Pétrarque. Pour éviter jusqu'à 
Tapparence de la rivalité avec cet homme célèbre ^ 
elle céda aux conseils d'Amélie de Montendre , et 
se décida à ne plus écrire qu'en français. Son pre- 
mier soin fut d'étudier cette langue , qu'elle ne sa- 
voit qu'imparfaitement ; et bientôt sa résolution fut 
affermie par un événement inattendu, qui devint 
par ses suites le plus important de sa vie. Nous ne 
suivrons pas M. de Surville dans tous les détails de 
cet événement, qui sont un peu romanesques ; on 
les retrouve , à peu de chose près , dans le récit de 

* Voyez à la fin de la préface la note sur Justine de Léi^is. Les 
détails intéressans qu'elle renferme sont venus trop tard à notre 
connoissance , pour que nous pussions en faire usage dans le texte 
même ^ dont l'impression étoit très avancée. 



iPrefaco. xxxix 

Colamor, le troisième des plaids d'or de Clotilde ^, 
qui a voulu conserver dans ses vers cette tradition dç 
famille. Justine se promenoit dans une foret avec 
deux de ses parentes ; elles aperçurent un jeune che- 
valier endormi. Sa beauté frappa les trois jeunes 
amies ; Justine surtout en reçut une impression qui 
né s"* effaça jamais. Elle ne put s'empêcher de dépo- 
ser ses tablettes auprès du bel inconnu, après y avoir 
écrit quatre vers italiens qui formoient une espèce 
de déclaration : elle s'éloigna ensuite avec ses com- 
pagnes. On peut juger de Tétonnement du chevalier 
lorsqu'à son réveil il trouva ces tablettes et lut ce 
qu'elles contenoient. Louis de Puytendre ( c'étoit 
son nom) ne s'occupa plus que de la recherche de 
rinconnue : il parcourut inutilement l'Italie entière; 
il eut diverses aventures; enfin, au bout de dix-huit' 
mois , il se rendit à un tournoi que Tes Visconti don- 
nèrent à Modène à l'empereur Charles de Luxem- 
bourg : ce fut là que. Puytendre retrouva Justine , 
qu'il en devint amoureux, qu'il en fut reconnu, et 
l'épousa. Puytendre étoit un damoisel français rive- 
rain du Rhône. Justine n'écrivit plus que dans la 
lapgue de sou époux : ils cultivèrent ensemble la 
poésie , «lui , dit M. de Surville , dans ces élégies 

* Voyez page 2 1 i . 



xl ^tét<uxj. 

si purement cadencées, en hexamètres et pentamé- 
ti*es entrelaces ; elle , dans ces idylles pleines de 
verve , dont la richesse surabondante est le défaut 
le plus saillant, La divine antiquité leur servoit d'u- 
nique modèle ^ » • • . Il fait ensuite un grand ëloge 
des productions de ces deux époux ; mais il trouve 
Justine supérieure encore à Puytendre , qui se lais- 
soit corriger et même embellir par elle , sans jamais 
en être jaloux. Leur union fut très heureuse ; «Leur 
vie entière , dit M. de Surville , fut Timage d'un 
beau jour. » 

Justine de Lévis fut la bisaïeule de Clotilde : mais 

■ 

quoique Tintervalle qui les sépare n'ait point été 
perdu pour les progrès de la littérature et du goi^t, 
il semble offrir une lacune dans cette suite de femmes 
poëtes qui se succédoient sans interruption depuis 
Héloïse ; soit que l'héritier de Clotilde n'ait plus 
trouvé dans ses mémoires des noms dignes d'être 
cités , soit qu'il fût impatient de s'occuper de son 
héroïne. Il est assez naturel de supposer à nos lec- 
teurs cette même impatience. C'est donc de Clotilde 
que nous allons les entretenir : les extraits qui pré- 
cèdent auront servi peut-être à rendre moins invrai- 

* Voyez à la fin de Tîntroduction les vers de Justine et de son 
mari j que nous a conserves M. de Surville. 



^téfaxxj. xlj 

semblables la correction , la régularité , le goût ^ 
rharnionie que Ton remarquera dans ses vers ; ce 
que nous dirons de sa naissance , de son éducation , 
des amies de sa jeunesse , contribuera de même à 
expliquer Tétendue et le bon choix de son érudi- 
tion , à diminuer la force des objections que tant 
d'avantages réunis peuvent fournir à la critique. 

Marguerith-Éléonore-Clotilde de Vallon Cha- 
LYS , depuis Madame de Surville , naquit dans une 
forêt voisine de Vallon , château délicieux sur la rive 
gauche de TArdèche ^ dans le bas-Vivarais , vers 
Tan i4o5. Elle dut le jour à Louis- Alphonse-Fer- 
dinand de Vallon , et à la belle Pulchérie de Fay- 
CoUan , son épouse. Ferdinand nous est représenté 
comme un des preux chevaliers de son temps, mais 
sans aucun mérite particulier qui le distingue. Il n'en 
est pas ainsi de Pulchérie ; née à Paris , elle y passa 
neuf ou dix années de son enfance et de sa première 
jeunesse : le goût des lettres , que durent lui inspi- 
rer de bonne heure Louis de Puytendre et Justine 
de Lévis , dont elle étoit la petite-fille , fut cultivé 
chez elle par le célèbre Froissard. Pulchérie ne sui- 
vit point , il est vrai , la carrière de la poésie , où 
son aïeule avoit brillé, mais elle prépara par ses tra- 



vaux littéraires les suocès plus brillans encore que 
sa fille <4eyoit. obteair. Appelée à Tâge de dix-sept 
ou^ di^Tbuit ans à la cour de Gaston-Phébus , comte 
de Foix et de Béara, elle trouvai Tamie la plus tendre 
dans rëpouse de ce prince 9 Agnès de Navarre , <pû 
avoit pour les belles-lettres un goût aussi vif que le 
sien, avec des ressKHirces bien plus indues pour le 
satisfaire. 

Le palais d'Ortès , où Gaston-Pbebus tenoit sa 
cour, .possédoit un trésor bien peu commun dans ce 
sièAle.9 une bibliothèque : elle étoit composée , dit 
M.: de 5urviUe,.de nombreux manuscrits grecs et 
lajtins éiîbappà^ja Afrique à la barbarie des premiers 
musulmans, transportés en Espagne , où les Maures 
plus polis ies avoient respectés , et devenus la pro« 
priétQ des souverains de la Navarre, Cette biblio- 
^éque s'étoit grossie peu. à peu des .meilleurs ou- 
yrages italiens et de ceux de nos premiers trouvères. 
Agnès engagea Pulchérie , dont l'écriture étoit fort 
belle 9 à.transerireic^ œuvres choisies d'un très grand 
nQmbre de poëtes, et surtoutdes femmes qui avoient 
culûvé la langue fcançaise ou romane depuis Héloîse 
dje J*^ulbert. Pulchérie s'occupa de ces extraits sous 
la dv'ection de Froissard son maître , et en composa 
une ^guirlande poétique > où les chefs-d'œuvre des 



anciens se trouvoient emourés de ce, qui avoit paru 
de meilleur en France et en Italie. Agaès mourut 
aidant que ce travail fût achevé : Pulcherie, qui s'étoit 
mariée pendant sou séjour à Ortès, obtint la permis- 
sion de quitter la cour à la; mort de sa bienfaitrice , 
pour suivre son époux en Vi valais ^ et Gaston lui 
permit d'emporter les copies qu'elle avoit faites. 

Pulchérie avoit déjà deux fils; mais ce ne fut qu'au 
bout de àiiL ans de séjour à Vallon qu'çlle ^onna le 
jourà Clotilde. Nous ne rapporterons pas les circon- 
stances un peu romauesques de sa, naissance , qui lui 
procurèrent une nourrice dont Thistoire. est plus ro- 
manesque encore^ il. suffira de dire qu^ aux malheurs 
communs de la France à cette épqque il se joignit 
pour madame de Vallon des malheurs particuliers 
qui la séparèrent^ long-temps de son époux et de ses 
fils, et. ne lui laissèrent pour .coiisolation, que l'édu- 
cation de Clotilde. 

Les taie ns de cette enfant furent très précoces : à 
peine âgée de on^e ans elle traduisit en yers une ode 
de Pétrarque, qui mérita Taipprobation de la célèbre 
Christine de Pi!?an, femme, très estimable par son 
érudition, quoique poëte assez médiocre. «Déjà 
mourante , dit M. de SurvUle , elle s'écria après cette 
lecture: Que de grâces.! que.d'agrémeris! Cette muse 






ïOCtJ. 



xliv «te'fc 

naissante effacera son modèle ; je lui remets tous mes 
droits au sceptre de cet Hélicon. » Clotilde , quoi- 
que si jeune , parut faire peu de cas de rhéritage. 
Elle répondit à ceux qui l'en félicitèrent: «Si du 
rhéteur , je ne le peux ; si du poëte , je n'en veux, m 
Et, pour que Ton ne la soupçonnât plus de vouloir 
effacer Pétrarque , elle se promit bien de ne plus 
rimiter ; elle ne s'attacha plus qu'aux poëtes de l'an- 
tiquité qui nous ont laissé les seuls vrais modèles. 
Tout concourut alors à développer les dispositions 
de Clotilde , à féconder son heureux génie. « C'étoit 
le temps des scènes déplorables qui suivirent la dé- 
mence dé Charles VI : plusieurs familles ji^'îciennes 
et vertueuses se réfugioient de toutes les parties de 
la France, en proie aux déchiremens de l'anarchie, 
dans les provinces riveraines de la Loire et du Rhône, 
ou le jeune dauphin comptoit beaucoup de parti- 
sans. Clotilde eut pour compagnes de son adoles- 
cence et de ses premiers travaux des filles charman- 
tes , dont l'esprit et le goût ne contribuèrent pas 
médiocrement à former le sien propre; entre autres, 
Louise d'Efïîat, Rose de Beaupuy, Tullie de Roy an, 
mais surtout une Italienne adorable qui n'est connue 
dans ces Mémoires que sous le nom de la belle Rocca. 
Tullie et Rocca n'ont pu manquer d'avoir part aux 



^tefaco. xlv 

premières oeuvres de Clotilde ; au moins est-il cer- 
tain qu'elles travaillèrent souvent en commun. » 
Nous avons transcrit ce passage entier de M. de Sur- 
ville , qui a conserve des anecdotes assez piquantes 

• 

sur cette réunion singulière de cinq jeunes person- 
nes , toutes jolies , toutes pleines d'esprit, et vivant 
dans Tamitié la plus parfaite. Les bornes de cette 
préface ne nous permettent pas de les citer. « On 
peut juger, dit-il plus bas , combien Clotilde eut à 
gagner avec de pareilles compagnes. * • II est à peu 
près certain qu'elles travaillèrent de concert à for- 
mer cette langue poétique , jusqu'alors . étrangère 
parmi les Français. D'Effiat et Beaupuy, nées dans 
la capitale , et par conséquent habituées à parler un 
français plus châtié que celui du temps de Pulchérie, 
instruisirent leur amie de Tempire de Tusage sur 
les locutions , et la mirent en état de juger saine- 
ment les écrivains de cette époque bâtarde.., Tullie 
et Rocca étoient de vrais poëtes ; et si ni Tune - ni 
l'autre ne paroissent avoir rien laissé pour leur propre 
compte à l'admiration de la postérité , c'est qu'elles 
sacrifièrent tout au tendre intérêt que leur inspiroit 

Clotilde. 

Pour qu'il ne manquât rien à cette académie nais- 
sante , Jean du Sault , savant distingué , et homme 



xlvj ^tefoco. 

dé beaueotq^ de goût , voulnt bieia en être TAri^ 
starqoe et juger les productions des jeunes amies; 
^ussiest-^ce à cette époque de la vie de Clotilde qu^il 
faut rapporter une grande partie de ses poésies mê- 
lées. Ce fut même alors qu'elle conçut le- plan 
de son poëme de la Phefypéide ^ dont ilne-noufi 
reste pas le moindre fragments Cette époque fut 
pourtant très fertile en événemens : la mort dePuI- 
chérie^ le mariage de Clotilde , plusieurs voyagea 
dans le Vivarais et le Vélay, le départ de Bérenger 
de Surville pour Tarmée, se succédèrent en peu 
d'aniiées : tniaiis Clotilde étoît dans la fleur de Fàge 
et'-du génie ; encouragée par ses compagnes ^ elle 
vouloit sans doute se faire connoître : le désir de la 
gloire étoit uii puissant âiguillpn pour elle , joint à 
ce besoin de produire, qui est le signe d'iin vrai 
talèât. Il paroît que cette grande ard^erar ne se ra*- 
lènut que par le mauvais succès de son hérmde à 
sén épkyux, dont nous allons parler après avoir dit 
un; mot de son mariage. 

Ce fut en i^it que Clotilde connut et aima B4^ 
reiigei^ dé Surville, alors âgé de vingt-deux ans : 
il étoit beau , bien fait , aimable ; Clotilde répoûsà 
la même amiée , malgré la perte encore récente de 
sa raère. Divers morceiiUx de ce recueil dannei^tit 



^téfacu, xlvij 

une idée delà violence de sa' passion. A^einetlia^ 
rie , Bërenger se sépara de son épouàe pour aller 
joindre Charles VII , alors dauphin , au Puy en' Vé^ 
lay. On devine aisément TefFet de. cette prènrièrè 
absence sur le cœur d'une feiiime passidiinéè ; oii 
en jugera encore mieux par rhérôîde dont nou^ 
parlotis : nous TaTons placée au commenéèment 3è 
ce recueil* On y trouvera totis les feut de Sapho , 

< 

qui n'ont rien perdu de leur ardeur pour être de- 
venus légitimes. 

On s'étonnera sans dôtite dé trouver un pareil 
chef-d'œuvre daté de i4^2; mais on dëVra mbiiià 
s'étonner qu'il n'ait point été compris de son siècle. 
M. de Surville , sans donner aucun détail, dit que 
rhéroïde de son aïeule reçût uîi indigné accueil 
au camp même de Qiârlés Vit, En effet, la langue 
de Clotilde , mêlée de beaucoup de mots latins et 
italiens^ devoit être fort obscure pour les cheva- 
liers du dauphin , non moins ignorans que bràVés. 
Ce d^aut ne devoit pas exister pour leà érudits dil 
siècle; mais Âlaiil Chsirtièfr, leur coryphée V se dé- 
clara contre l'héroîfdé , et emporta sans doute les 
voix des autres littérateurs. 

La cause éloignée de ce jugement d'Alain se 
trouve da^ns une anecdote rapportée par M. de SUr* 



xlviij ^téfaxxj. 

ville. Un comte Aymar de Poitiers ^ fit connoissance 
avec Clotilde , deux jours après qu^elle eut donné 
son cœur à Bérenger. Le comte Aymar n^étoit point 
aimable : il colportoit et yantoit beaucoup des vers 
très médiocres de maître Alain; les vers déplurent 
comme sa personne. Clotilde s'en expliqua très 
franchement; et il est probable que le comte , de 
retour auprès du poëte , lui rendit compte de leur 
disgrâce commune , et lui fit partager son mécon- 
tentement. 

Au reste , on peut expliquer sans cette anecdote 
le jugement qu'Alain Chartier porta de Théroîde , 
et qu'il publia dans un recueil intitulé Flour de 
belle rhétorique* « Il n'avoit point, dit M. de Sur- 
ville 9 ni le goût assez sur , ni l'esprit assez vrai , ni 
le sentiment assez vif pour apprécier un tel ouvra- 
ge , tout à fait étranger aux platitudes impertinentes , 
aux subtilités métaphysiques, aux ridicules descrip- 
tions qui remplissoient alors la plupart des pièces 
amoureuses. » Quoi qu'il en soit, Alain eut l'im- 
prudence d'écrire , entre autres sottises , que l'au- 
teur de l'héroïde n'auroit jamais l'air de la cour. 
Clotilde fut piquée d'un jugement qu'elle auroit 

* C'est à lui que sont adresses les rondels Vil et XI de ce 
recueil. 



^zé^cuxj. xlix 

mieux fait de mépriser. Elle répondit au docteur 
par un de ces rondeaux déclinatifs, dont il se disoit 
rinveriteur , et dont elle avoit toujours méprisé la 
difficulté puérile. Ce rondeau *, le premier de 
ceux que nous publions , peut être regardé comme 
un chef-d'œuvre : Clotilde n^ borna pas sa ven- 
geance**; mais la critique du docteur et Tinfluence 
qu'elle eut sur la cour Tavoieht profondément af- 
fectée. Elle fut prête un moment à renoncer à son 
propre goût pour imiter encore les poètes de Tlta- 
lie : Tullie et Rocca l'en empêchèrent; mais il 
paroît qu'elle se résolut dès lors à travailler pour la 
postérité plutôt que pour son siècle , et s'attacha 
principalement à de grands ouvrages faits pour in- 
téresser dans tous les temps. 

Voilà du moins ce qu'il est permis de conjecturer 
d'après les date.s des morceaux qui nous restent , et 
en rapprochant divers passages des manuscrits de 
M. de Surville ; car il n'avoit pas encore rédigé la 
vie de Clotilde , et ne nous a transmis que des ex- 
traits de ses matériaux. Il se plaint lui-même que 
des huit livres qui composoiejgit les Mémoires de 

* Voyez page ii5. 

** Voyez trois autres rondeaux contre Alain Chartier, leDia- 
logue entre Apollon et Clolilde, et l'Epître à Marguerite d'Ecosse, 

d 



1 éPteftxcej. 

son aïeule , trois étoiçnt dé'jh perdus : ils se rappor- 
toient précisément à Tépoque où nous sommes par- 
venus ; époque dont M. de Surville ne nous a laissé 
qu'une esquisse très légère , tracée d'après quelques 
fragmens de Jeanne de Vallon , femme intéressante , 
dont nous parlerons plus bas , et qui auroit publié 
les poésies de Clotilde vers le milieu du dix-sep- 
tième siècle, si la mort n'avoit interrompu ses 
travaux. 

Ce fut pendant les sept années de son union avec 
Bérenger de Surville que Clotilde refondit son grand 
poëme , qu'elle avoit commencé sous le titre de 
Lygdamir , dans le vaste plan de la Phelypéi(le ; ce 
fut pendant ce même temps , le plus heureux de sa 
vie 9 qu'elle entreprit son roman héroïque et pasto- 
ral du Chdtel d amour j d'où sont tirés les stances et 
les triolets que nous publions ^. Elle avoit conru 
l'idée de cet ouvrage dans un voyage au Puy en 
Velay par les sources de la Loire ; Tullie et Rocca 
l'accompagnoient. Leur séjour au Puy fut marqué 
par des fêtes galantes et guerrières ; et la plus bril- 
lante de toutes fournit à Clotilde l'occasion de dé- 
férer à l'aimable Rocca le prix de la beauté. Ces 
détails sont empruntés d'im discours de Jeanne de 

* Voyez pages a5i et 267. 



ÊPtéFaco. Ij 

Vallon , qui nous a transmis le rondeau dans lequel 
Clotilde rendoit homhiage aux charmes de son amie, 
et qu'on peut lire à la fin de cette introductioti. 

Jeanne avoit sans doute ^uisë ces faits dans le 
cinquième livre des Me'moires , le premier de ceux 
dont M. de Surville regrette la perte. Le sixième , 
également petdu , devoit renfermer, dit-il, Thi**- 
toîre des premiers malheurs de Clotilde : le plUs 
grand fut la ttiort de son époux Bérengei* , victime 
de son courage et de son patriotisme , dans une ex- 
pédition hasardeuse qu'il osa tenter pendant le siège 
d'Orléans. Il ne laissoit pour consolation à Clotilde 
qu'un fils unique encore en bas âge : des amies de 
l'intéressante veuve il ne lui restoit plus que Tul- 
lie et Rocca ; Rose de Beaupuy s'étoit retirée dans 
un cloître après la mort du jeune de Liviers son 
ànlant ; Louise d^Ëffiat avoit épotisé le vicomte de 
Loire. Tullie et Rocca se séparèrent même bientôt 
de leùt* amie i Tullie ^ appelée à Gonstantinople par 
les taléologues , dont elle étoit l'alliée , périt au 
sae de cette capitale ; Rocca alla mourir à Venise , 
sans qu'on nous apprenne ni les causée de son dé- 
part , ni les circonstances de sa toort. 

Clôtîlde , a<icablée de tant de pertes , isolée dans 
le Vivarais , et moins capable sans doute de pro- 



aco. 



lij ^^^f<- 

duireque de recueillir et de corriger, dut commen- 
cer à cette époque les Mémoires dont nous parlons, 
et dont les premiers livres contenoient Thistoire de 
Tancienne poésie française : elle s'occupa aussi 
de revoir ses premiers ouvrages, travail qu'elle 
continua toute sa vie , et qui peut expliquer leur 
perfection. Elle songea en même temps à former 
des élèves. Sophie de Lyonne et Juliette de Vivarez 
sont les premières que cite M. de Surville ; elles 
étoient même connues de Clotilde avant la mort de 
Bérenger. Sophie étoit fille d'un seigneur champe- 
nois ; Juliette n'étoit qu'ime bergère obscure que 
Clotilde avoit rencontrée dans les montagnes voi- 
sines de sa terre de Vessaux , et dont elle cultiva 
les dispositions heureuses. Sophie et Juliette se liè- 
rent bientôt de la plus étroite amitié ; elles conso- 
lèrent pendant quelque temps Clotilde de ses pertes ; 
elles Taidèrent dans l'éducation de Jean de Surville , 
son fils : mais des passions malheureuses , que la 
religion seule pouvoit vaincre , et dont l'objet leur 
étoit peut-être commun, arrachèrent encore ces 
deux amies* à leur protectrice; elles se retirèrent 
ensemble à l'abbaye de Villedieu. 

Il est à croire que Clotilde , trompée , comme 
on l'a vu, dans l'espoir de ses premiers succès. 



privée successivement de tous les objets sur lesquels 
son affection s'étoit portée , retirée enfin dans sa 
province avec le dessein de n'en pas sortir , seroit 
demeurée tout à fait inconnue à son siècle , si une 
réunion de circonstances assez singulières ne lui 
avoient donné un moment de célébrité. Deux- évé- 
nemens principaux y contribuèrent , le mariage du 
dauphin , Louis , avec Marguerite d'Ecosse , et le 
retour de Charles d'Orléans , prisonnier en Angle- 
terre depuis la bataille d^A^incourt. 

Le duc d'Orléans, grâce aux recherches assez 
récentes de l'abbé Sallier , est aujourd'hui connu 
de tous les littérateurs pour l'un des meilleurs poètes 
de son siècle. Nous parlerons ailleurs de l'étonnant 
oubli qui enveloppa si long-temps ses poésies. Ce 
prince , pendant vingt-cinq ans de captivité sur les 
bords de la Tamise , se consola , par le commerce 
des muses, de la longue durée de ses malheurs. 
Deux jeunes Ecossaises , Céphyse de Queensburn 
et sa sœur Camille , transplantées fort jeunes dans 
le comté de Kent , se trouvèrent à portée de con- 
noître les chansons de Charles , qui s'étoit aussi 
exercé dans la langue anglaise , toute barbare 
qu'elle étoit alors. Céphyse et Camille , toutes deux 
fort sensibles aux charmes de la poésie , recher- 



raco. 



liv «tefc 

chèrent la société du prince* Il encouragea leurs 
Wens , les aida de ses conseils , et surtout leur don- 
na celui de s'essayer plutôt dans la langue romane 
ou française , déjà plus cultivée , et surtout plus 
douce que Tidiome de leur pays. Charles trouva 
dans les deux sœurs des élèves très dociles. 

Dans le même temps , et même plus tôt , le duc 
d'Orléans était entré en correspondance avec Mar- 
guerite d'Ecosse , et cultivoit ses talens et son goût. 
On prétend qu'il eut quelque part au mariage de 
cette princesse avec le dauphin , qui se fit peu de 
temps après. Quelle meilleure occasion Charles 
pouvoit-il espérer de développer les dispositions 
de ses jeunes élèves, en les familiarisant avec la 
langue qu'il leur avoit fait adopter ? Marguerite al- 
loit vivre en France et tenir le second rang à la 
cour : Charles lui recommanda Céphyse et Camille, 
et Marguerite se les attacha en qualité de filles 
d'honneur. 

Cependant si les espérances du duc d'Orléans se 
réalisèrent, il en fut redevable à des causes qu'il ne 
soupçonnoit pas , et qu'il auroit encore moins devi- 
nées , s'il avoit connu la cour de Charles VII. « Les 
pas rapides vers la perfection qu'avoit annoncés le 
règne heureux de Charles V, dit M. de Surville, 



paroissoient depuis cinquante ans être devenus ré- 
trogrades; rintrigue et refFronterie distribuoient 
les rangs sur le Parnasse comme à la cour : dans 
toute rétendue de Tempire français les vers agréa- 
bles de Charles d'Orléans n'étoient peut-être con - 
nus que de Clotilde. » Clotilde seule étoit restée 
fidèle à la raison et au goût; mais elle-même étoit 
ignorée. Quel événement la feroit connoître? com- 
ment les deux Ecossaises pourraient-elles s'en rap- 
procher? Alain Chartier, dont les premières criti- 
ques avoient déterminé madame de Surville à de- 
meurer obscure , étoit destiné à la faire reparoître 
sur la scène avec éclat , par un nouvel affront qu'il 
tenta pour Ten bannir. 

On n'a point oublié le jugement de maître Alain 
sur rhéroïde de Clotilde , ni la manière dont elle 
s'en vengea* w Ce prétendu docteur universel, dit 
M. de Surville , aspira réellenient à la malheureuse 
réputation du fameux Alain de Lille , son ridicule 
devancier , et renchérit même d'extravagance et 
de mauvais g^ùt sur ce vieux érudit du treizième 
siècle , puisqu'il osa mettre en vers durs la prose 
barbare du Belge , et réduire en poëme son traité 
burlesque sur les «Ailes des chérubins. » Clotilde , 
qu'il avoit irritée , affecta alors de le confondre 



Ivj ^téfaxxj. 

avec le théologien qu'il imitoit ; les ouvrages des 
deux Alains devinrent Tobjet continuel de ses plai- 
santeries* : elle interpola même le nom de Chartier 
dans plusieurs écrits de sa jeunesse ; mais il paroît 
que les ouvrages de Clotilde étant alors un secret 
entre elle et ses amis , le docteur ne fut point at> 
teint de ses épigrammes. 

Les choses en étoient là lorsque la dauphine ar- 
riva en France. Alain fut chargé de la complimen- 
ter : la laideur de ce savant est fameuse ; mais on 
sait aussi que Marguerite n'y prit pas garde et 
rhonora du plus gracieux accueil. Les nouvelles 
filles d'honneur ne lui furent pas aussi favorables ; 
Alain leur parut un pédant très ridicule ; Camille 
osa s'en moquer dans un apologue intitulé le Singe 
rhéteur. La dauphine le désapprouva, quoiqu'elle 
eût la bonne foi d'en rire : mais, peu de temps 
après, Alain eut Timprudence de publier une mau- 
vaise version des Nuits attiques d'Aulu-Gelle , et 
d'attaquer Clotilde dans sa préface : madame de 
Surville répondit encore par un rondeau déclina- 
tif ** ; et , pour le malheur d'Alain , la vicomtesse 

* Voyez les rondeaux ^ pages i47 et 176, sur les Ailes des 
chérubins et le Feu d'enfer. 
** Voyez p.ige i43. 



^zéfaoD. Ivij 

de Loire (Louise d'Effîat) se trouvoit alors à la 
cour. Le rondeau de Clotilde , rendu public par- 
son amie , frappa de mort Touvrage d^Âlain. Le 
succès de cette bagatelle engagea madame de Loire 
à en nommer Tauteur : comme elle jouissoit de 
quelque crédit auprès de la reine , et que la dau- 
phine la distingua bientôt , elle leur communiqua 
plusieurs des écrits de Clotilde ; et c'est ainsi que 
sa réputation se trouva établie tout à coup de la 
manière la plus brillante. 

Ce qui l'augmenta encore , ce qui procura enfin 
à Clotilde un prix digne de ses travaux , ce fut le 
retour de Charles d'Orléans , rendu peu de temps 
après à sa patrie : on sait qu'il dut sa délivrance à la 
générosité de Philippe-le-Bon , duc de Bourgogne. 
Clotilde , au nom des Muses , adressa un remercie- 
ment solennel * à ce prince , qui réparoit ainsi , en 
quelque sorte , les crimes de son père et ses propres 
torts. Le duc d'Orléans fut doublement satisfait de 
la démarche de Clotilde : il engagea ses élèves à par- 
tir incessamment pour aller la remercier en son 
nom , se former à son école ; et surtout il les char- 
gea de ne rien négliger pour la ramener avec*elles. 
La vicomtesse de Loire devant être du voyage , Mar- 

* Ce morceau est perdu. 



guérite lui remit une lettre de sa propre main, dans 
laquelle elle sommoit aussi Clotilde de yenir rece- 
voir , sur un théâtre plus digne de la posséder , la 
récompense due à son génie et à ses talens. 

M. de Suryille , dont nous avons copié ces détails 
presque mot à mot , ràconle fort au long le voyage 
de madame de Loire et des deux Ecossaises , leur 
séjour à Lyon avec Clotilde, leurs voyages en Vi va- 
rais, et rhistoire même de Céphyse et de Camille ; 
car c^est dans la notice qui leur est consacrée que 
tous ces faits se trouvent rassemblés. Il nous est im- 
possible de la copier , ni. même de Textraire avec 
quelque étendue ; nous dirons simplement que ce 

fut là la çlemière époque heureuse de la vie de Qo- 
tilde. Le plaisir de revoir sa chère Louise d'Effiat , 
celui d'acquérir deux jeunes amies dont elle se plut 
à former les talens , les distractions agréables qu'elle 
trouva dans les courses qu'elles firent ensemble , le 
bonheur de porter toutes ces consolations , tous ces 
plaisirs aux deux intéressantes recluses de l'abbaye 
de Villedieu , Sophie et Juliette ; toutes ces jouis- 
sances , qui continuèrent ou se renouvelèrebt pen* 
dant quelques animées , durent adoucir en elle le sou- 
venir de ses pertes , et répandre un charme bien 
doux sur son (existence. Ce fut encore à cette époque 



qu^elle unit son fils unique à une épouse charmante^ 
Héloïse de Goyon de Vergy, qui , joignant les dons 
de l'esprit à ceux de la beauté , devint Tamie des 
élèves de Clotilde , et surtout de Taimable Camille , 
qui donna son nom à son premier enfant. Cepen- 
dant , soit que le premier attrait de la renommée 
fût extrêmement afFoibli chez Clotilde , soit que son 
cœur, véritablement flétri par ses premières pertes, 
ne fût plus capable de s'ouvrir à un bonheur trop 
brillant , ni de goûter une joie bruyante , rien ne 
put la décider à se rendre à l'invitation flatteuse de 
Marguerite et de Charles d'Orléans ; elle résista aux 
pressantes sollicitations de ses élèves et de son amie. 
Il paroît , d'après ce que dit M. de Surville , que les 
intrigues de la cour l'effrayoient , et qu'elle étoit 
encore importunée du reste d'éclat qu'y conservoit 
Alain Charrier. Elle adressa donc à Marguerite d'E- 
cosse une épître en vers de dix syllabes , que l'on 
trouvera dans ce recueil * , et dans laquelle elle 
s'excuse d'accepter ses offres. On verra qu'elle y 
parle beaucoup d'Alain Chartier , et que , sous les 
couleurs de l'apologie et de l'hommage , elle le 
tourne encore en ridicule avec autant de finesse que 
de malignité. Alain le senut , et fut assez maladroit 

* Voyez page 263. 



rcuxj. 



pour s^en plaindre : mais le temps de son crédit ëtoit 
passé; Géphyse plaida la cause de son amie avec tant 
de zèle , qu'elle obtint d'aller porter elle-même à 
Clotilde le prix que la dauphine destinoit à ses ta- 
lens ; c'étoit une couronne de laurier artificiel sur- 
montée de douze marguerites à boutons d'or et à 
feuilles d'argent, deux à deux entrelacées, avec cette 
devise , aussi flatteuse que conforme au goût du 
siècle , Marguerite cP Ecosse à Marguerite dHéli- 
con : on a vu que Clotilde s'appeloit aussi Margue- 
rite. 

Il paroît que M. de Surville n'a eu que très peu 
de renseignemens sur les faits postérieurs à cette 
époque , et que les mémoires de Clotilde lui ont 
manqué tout à fait , car il ne nous apprend plus que 

très peu de chose sur le reste de son histoire. 

* 

Nous voyons d'abord qu'elle n'avoit que quarante 

• 

ans à la naissance de sa petite-fille Camille , qui se 
rapporte au temps où nous venons de parvenir. Les 
deux Ecossaises s' étant mariées, l'une à un chevalier 
français nommé Sainthré , et l'autre à un Anglais , 
du nom de Richemond , Clotilde eut encore le mal- 
heur de perdre sa belle-fille chérie , Héloïse de 
Vergy , qui mourut en i468. Elle n'eut plus alors 
de consolation que dans la société de sa petite-fiUe 



^zéXofxj, Ixj 

Camille, qui ne Tabandonna jamais, et renonça pour 
elle au mariage. Camille mourut à quarante-cinq anSi 
A cette. affreuse privation, madame de Surville, qui 
etoit plus qu^octogénaire , essaya d'aller respirer 
pour la dernière fois Tair pur des lieux de sa nais- 
sance : deux enfans de son petit-fils , élevés par Ca- 
mille , raccompagnèrent à Vallon , où elfe fut ac- 
cueillie avec transport par Louise d'Agoult, sa nièce. 
Ce fut là qu'elle apprit la nouvelle de la victoire de 
Fornoue , et qu'elle écrivit son chant royal à Char- 
les VUE , que Ton trouvera dans ce volume , et dont 
Tessor, vraiment lyrique, est peut-être aussi étonnant 
que la correction. Depuis cette époque , il paroît 
qu'elle n'a plus rien écrit : elle avoit plus de quatre- 
vingt-dix ans ; M. de Surville nous dit cependant 
qu'elle s'occupa encore à corriger ses ouvrages, et 
notamment un poëme de la nature, dont il ne reste 
presque plus rien. La date de sa mort est incertaine; 
on sait seulement qu'elle mourut à Vessaux, et qu'elle 
y fut inhumée dans la même tombe qui renfer- 
moit déjà les cendres de son fils , d'Héloïse , et de 
Camille. 

Pour compléter en quelque sorte ce précis de 
Thistoire de notre poëte , il faudroit peut-être don- 



Ixij ^zéfax>u. 

ner ici uae notice de ses ouvrages , et parler avec 
quelque détail des élèves qu'elle forma. Nous avons 
déjà cité son poëme de la Fhelypéide 9 son roman 
du Ghàtel d'amour, et ses mémoires, qui sont perdus 
en totalité ; ce volume contient tout ce qui reste de 
ses poésies détachées* Si elle a écrit d'autres ouvra- 
ges , ils nous sont tout à fait inconnus. Quant aux 
élèves de Clotilde 5 après Sophie de Lyonne , Ju- 
liette de Vivarez , et les dent Ecossaises , nous pour- 
rions nommer encore Louis de Royan 9 neveu de 
Tullie , Jeanùe Flore , son amante ^ et Gelinde Mil- 
laflor. M. de Surville parle même de quelques autres 
femmes, non pas élèves de Clotilde ^ mais dont elle 
put connoître les écrits , et qui continuent la suite 
de nos poètes jusqu'à Marot, qui naquit en i49^9 
l'année même où Clotilde écrivoit son Chant royal. 
Du nombre de ces femmes sont Marguerite d'Au- 
triche, Ëlisa ou Louise Thibault, les dames Le Mon- 
nier et d'Entraigues. Nous pourrions extraire des 
papiers de M. de Surville quelques particularités sur 
eés poètes et sur leurs ouvrages ^ tels que le roman 
de la belle Rosemonde et du preux chevalier An- 
dro , qu'il attribue à Jeanne Flore , et un poëme hé- 
roïque de Camille de Richemond ; mais cette pré- 
face n'est déjà que trop longue, et nous serons même 



^téfa<xj. Ixiij 

forcés de resserrer autant qu^il sera possible la dis* 
cussion qui doit la terminer. 

On a vu, dans la suite des faits qui précèdent ^ 
comment M. de Surville avoit cherché à prévenir les 
objections que pouvoient fournir 5 contre Tauthenti- 
cité des productions de son aïeule, la correction 
même de sa langue , la régularité de sa versification , 
la délicatesse de son goût. Mais , en supposant la 
critique satisfaite , ou du moins désarmée sur cet ar- 
ticle , par la découverte des femmes poëtes qui pré- 
cédèrent Clotilde, par les singuliers avantages de 
son éducation, par le hasard également heureu}^ qui 
lui donna des compagnes dignes de là seconder , il 
restoit encore à vaincre une difficulté puissante ; il 
falloit répondre à la question déjà indiquée plus 
haut , Gemment Clotilde est-elle restée inconnue à 
son siècle? pourquoi aucun écrivain de son temps 
n'a-t-il prononcé son nom? Ce que nous avons ob- 
servé du mauvais succès de ses ouvrages , Finimitié 
d^AlainChartier, sa retraite à Vessaux, et la circon-, 
stance bien remarquable que depuis Tàge de qua- 
rante ans , époque où elle reçut Thommage de Mar- 
guerite d'Ecosse , elle sembla se plaire dans Tob*-. 
scurité 5. toutes ces raisons, dis-je, serôient propres 



à affoiblir robjection. Cependant M. de "Surville n'a 
point songe à en faire usage, parce qu'il avoit à op- 
poser à rinvraisemblance d'un fait conteste , la vé- 
rité bien connue d'un autre fait qui n'est pas moins 
invraisemblable • 

Charles , duc d'Orléans , oncle de Charles \JSI , 
père de Louis XII , cultiva la poésie dans le même 
siècle que Clotilde , et comme elle il éprouva l'in- 
différence et l'oubli de ses contemporains. « Qu'on 
en cite un seul , dit M. de Surville , qui lui ait 
donné le moindre éloge (comme poëte), qui ait seu- 
lement écrit son nom ! S'il en est un qui pût Tavoir 
fait , c'est sans contredit l'honnête Martial de Paris, 
surnommé d'Auvergne , poëte instruit, modeste, et 
très capable d'en avoir senti le prix. Il ne l'a point 
osé , me dira-t-on , dans la crainte de faire un re- 
proche indiscret au monarque , dont l'apathique in- 
différence abandonnoit cet illustre prisonnier.... 
Quelle excuse ! Martial ne survécut-il pas à Char- 
les VII , dont le successeur dénaturé se plaisoit à 
décrier la mémoire d'ailleurs honorable ?. . . Le ha- 
sard , le pur hasard fit tomber ses manuscrits (trois 
siècles après) entre les mains de feu M. l'abbé Sal- 
lier , qui les jugea dignes d'échapper à la poussière 
de la bibliothèque du roi. Ni Boileau, qui prodigue 



^téXcLou^ Ixv 

à Villon son encens erroné , ni Ronsard , ni du Bel- 
lay , ni Marot , chargé par François I" de rectifier 
et de mettre en lumière les œuvres éparses de Vil- 
lon , n^onl connu les écrits du père de Louis XII , 
quoiqui'il fût THorace des Gaules et le premier prince 
du sang. » 

Après un pareil rapprochement , M. de Surville 
est peut-être excusable de trouver étrange que l'on 
s'étonne de l'obscurité qui a couvert si long-temps 
la réputation d'une femme retirée au fond de sa pro- 
vince , et que son talent seul auroit pu faire remar- 
quer^ Clotilde n'a point à se plaindre d'un oubli 
qu'elle partage avec un prince du sang royal : quel 
intérêt pouvoit-elle inspirer lorsqu'on la négligeoit? 
et comment auroit-on pensé depuis à recueillir ses 
ouvrages, puisqu'un demi-siècle après la mort de 
Charles d'Orléans , François P% successeur de son 
jils j s'occupoit des œuvres de Villon , sans songer 
à celles de son grand-oncle ; ce qui ne peut s'expli- 
quer qu'en supposant qu'il ne les connoissoit pas ? 

Il s'en est peu fallu cependant que les poésies de 
Clotilde n'aient vu le jour avant celles du père de 
Louis Xn. Jeanne de Vallon, qui apparlenoit à la 
même famille que notre poëte, et qui épousa Jacques 
de Surville , son cinquième descendant , prépara 



Ixvj ^t^aou. 

daos le dix-septième siècle une édition de ceux de 
ses ouvrages qu'elle «voit pu recouvrer : elle fut 
dirigée dans ce travail par son beau-père , Jean de 
Surville , qui joigooit a uae vaste érudition beau- 
coup d'esprit et de goût. Jeanne se pennit de faire 
sous ses yeux , dans les poésies de Clotilde, des cor^ 
rections dont nous parlerons bientâc. La préface 
qu'elle devoit meCire à la tête de son recueil existe 
encore ; mais nous n'avons plus ^fuelques aoiManes 
morceaux , où elle «voit rassemblé différens iaits 
relatifs à la vie de Clot&lde, et qui ont sservi à M. de 
Surville à suppléîer , en queiopie manière, aux livres 
des mémoires <qui lui manquoient. Jeanne numnit 
d'un cancer au seîn avant d'avoir acheva aofî eidre- 
|)rise. Pendant les derniers mois de sa maladie , 
on lui déroba même les matériaux de ;son travail 5 
que <:ette précaution de l'amitié , peut-être erudle, 
a dû rendre plus imparfait. Rien n'esit plus touchant 
que la manière dont elle s'ex^ime âur «e sij^ à 
la fin de sa préface , où eUe piMnle de sa mort pro* 
chaine avec une mélancolie mêlée de résignalâon. 
Il paroît qu'après la mort de Jeanne <son projet fut 
abandonné ; et pela ne peut aunprendre que loeux 
qui ne ^îonnoitroient pas <}uelles élmeni , «dos 
Louis XIII et Louis XIV , les mcaurs et le» goûts. 



da la Qoblefse ds proTÎ&ce , cantonnée dans ses cli4* 
teau^. * 

Malgré tout ce qu'on vient de lire en faveur de 
rajgithenticité de nos poésies ^ nous ne nous dissimu- 
lons pas que les objections les plus fortes subsisrr 
tent encore : elles sont les plus fortes, parce qu'elles 
naissenide Fouvrage même ; elles subsistent encore ^ 
parce qu'on ne pourroit les réfuter YictorieuseQi.ent 
que par Texhibition des originaux perdus. M. de 
Surville ^uroiit démontré , ditril , « qu'aucun de» 
mots dont Gotilde s'est servie ne fut inventé poster 
rieurement à Lpuis XII , ou que du moins tous ap- 
partiennent, soit au latin , à l'italien , à l'espagnol , 
ou à l'idiome lianguedocien , romance primitive des 
Gaules » ; il jauroit démontré « que les tours de Glo- 

* M. de SuFviUe a cepewiaat prâ^ncLMi que Voltaire avoît eu 
cpnnoi^^a^cie ,d£s manuscriU de Clq^de ^ ejt qu'il avoit pri$ l'idée 
de ses Trois Manières dans le conte des Trois Plaids d'or. Cette 
supposition ne nous paroît pas absolument nécessaire ; il se peut 
que Clotilde elle-^néme ait emprunta le pian de son ouvrage de 
quelque fabliau plus ancicm^ que V(Jtaire peut avoir connu. Les 
Piçidoirfes iTçLmfiur sont tout k fait dans le goût de nos anciens 
trouvères ^ et nous croyons au contraire qu'on n'en trouve aucun 
modèle dans l'antiquité'. La reine Zulinde, toute romanesque 
qu^elle paroîtra^ nous semble bien mieux faite que Farcbonte 
Ëudamas pour présider un tribunal de ce genre. 






Ixviij ^té^cuxj. 

tilde sont modelés généralement sur ceux de son 
idiome natal, et qu'en écrivant dans une langue 
non fixée , mais dont elle prévoyoit la fortune , elle 
put , à force d'analyse et de combinaison , deviner 
le génie qui lui étoit propre, et. en tirer toutes les 

nuances que Ton remarque dans ses écrits». Cette 

• 

démonstration est au dessus de nos forces. Les tours 
de phrase de Clotilde ne sont pas , il est vrai , ce qui 
nous étonne le plus; ils rappellent les constructions 
latines , dont le français ne s'est dégagé que beau- 
coup plus tard : nous avons même remarqué quel- 
ques phrases qu'il nous paroît impossible d'avoir 
conçues de notre temps , et nous l'avons observé 
dans les notes. L'emploi des mots purement latins 
pourroit aussi se justifier , du moins pour la plus 
grande partie. Les dictionnaires du vieux langage 
sont pleins de mots pareils , dont nous ne nous ser- 
vons plus ; et Clotilde écrivoit à une époque et dans 
un esprit qui lui permettoient également de puiser 
à volonté dans la langue latine. Il y a plus ; en feuil- 
letant Borel et La Combe , nous y avons trouvé des 
termes de ce genre, que tous les deux donnent comme 
surannés, et qui passent aujourd'hui pour très mo- 
dernes , quoique le dictionnaire de La Combe ne 
date pas d'un demi-siècle ; tant est grande la mobi- 



^td^accj. Ixix 

litë de Tusage dans ce qiii regarde les mots ! De 
ce nombre nous citerons incarcération ^ insurrec- 
tion j nubileux , instable y orbiculairCj lénifier ^ dul- 
cijier y édifier ^ édificateur j édulcorer , élabourer 
( élaborer ) , émulateur , endoctriner , eacacteur , 
exaspérer^ expatriation y explorer y dé traction (mé- 
disance) , détresse y dilapider y etc. ; tous mots pris 
au hasard sous un petit nombre de lettres , et dont 
quelques uns ne sont rentrés dans la langue parlée 
que depuis la révolution. Nous ne doutons pas qu'il 
ne fût aisé d'en découvrir beaucoup d'autres, si 
Ton pouvoit donner le temps nécessaire à ce tra- 
vail : nous pouvons assurer du moins qu'on n'en 
trouvera aucun dans Clotilde , qui porte une couleur 
aussi moderne que ceux que nous venons de citer^ 
et dont un seul peut-être {incarcération y nubileux y 
dilapider^ auroit suffi à la critique pour crier à la 
supposition. 

Mais nous n'insisterons pas sur cet avantage , 
parce que Jeanne de Vallon , qui vivoit dans le dix- 
septième siècle , convient elle-même qu'elle s'est 
permis de faire à cet égard quelques corrections aux 
œuvres de sa parente. — Voici ce qu'elle en dit, 
après avoir parlé des secours qu'elle dut à son beau- 
père •: w II n'a pu tenir ainsi que moi contre l'usage 



de certaines locations que la distance des t«mps 
rendoit insignificatives pour le nôtre. Par s^tti ëott- 
seil et sous ses yeux , je les ai remplacées atec au- 
tant d'exactitude que de circonspection , par syno- 
nymes choisis dans les œuvres mêmes de Glotilde^ ou 
par ternies j créés moins que renowelés depuis* » 
Cet aveu de Jeanne suffira peut-être pour elpliqûer 
tout ce qu'on trouvera d'étoimant dunfii la langfiè de 
notre poëte , par rapport au siècle ëù elle « técu. 
Il reste une dernière difficulté qui parôlt {Ifesqtiè 
insurmontable : la régularité de la versiôcation , et 
surtout Tentrelâcement toujours observe dès rimes 
masculines et fêmiiiines \ règle qùë Maf()t semble 
n'avoir point connue , puisqu'il ne s'y côiiforâia ja- 
mais. La Combe, dans la préface dit second volume 
de son Dictionnaire du vieux laiiigagé ^ i'éitiftrqué 
cependant que le roi de Navarre ^ côntétnporain de 
saint Louis , fut le premier qui entremêla tes dtUx 
sôi*tès de rimes : il éti donne tin ëlemple dans la 
fameuse chansôti de ce prince , Lâs I sifm^ois p&U^ 
i^ir d'oublier j qu'on a insérée dans divers recueils. 
Cela prouvërôit quë Ton avoit recdnûu dès lors le 
charme que l'entrelacement des rimes ajoute à ndtfe 
vîsrsification. On le retrouve aussi dans quelques 
chaMons provençales du douzième siècle ^ citées par 



^zé^acu. Ixxj 

le même auteur ; ce qui s'accorde fort bien ayec 
rasserûon de M. de Suryille, au sujet de Barbe de 
Verruje , « que les rimeâ du Fabliau d' Aueassin et 
]^iicolétt6 étoient constamment alternatives dans les 
maûuscirits primitifs, et que les copistes de la langue 
d'ouï les défigurèrent. » Enfin parmi les poètes dont 
La Combe rapporte des fragmexrs j il en est deux 
4|ui appartiennent au siècle de Clotilde , Henri de 
Croie , et Jean Molinel, qui paroissent s'être tou- 
jours conformés à cette règle , oubliée depuis ; car 
elle n'est pas violée une seule fois dans le virelai 
et les deux chansons de Henri de Croie , non plus 
qtke dans le» vers de Molinet. Il est vrai que les autres 
poëtes de ce temps , et Charles d'Orléans lui-mémfe, 
ont souvent entremêlé les rimes, sans égard au genre: 
n^Ls qu'en faudroit'^il conclure ? que la règle dont 
nous parlons étoit inconnue ? comme précepte , sans 
doute 'y mais non pas comme conseil , puisqu'on en 
trouve des exemples dans les poésies du roi de Na- 
varre et des premiers troubadours. Si l'on convient 
de ce fait (et il seroit difficile de le détruire) « qu'elle 
invraisemblance restera-t-il à supposer que Clotilde, 
avec une oreille aussi délicate , un sentiment aussi 
sûr de l'harmonie , ait voulu la première changer le 
conseil en précepte : elle dont l'idiome natal étoit 



Ixxij ^té^aou. 

celte langue (Toc , cette romance provençale , dont 
les auteurs revoient observé le plus constamment ; 
elle enfin qui annonce si positivement, dans son 
épître à Rocca * , la loi qu'elle s'est imposée? On 
ne Ta point suivie après elle : mais qui doit *s'en 
étonner , puisque ses écrits demeurèrent inconnus? 

Si réditeur de ce recueil étoit plus versé dans Té- 
tude de notre ancienne poésie , si ses occupations 
lui permettoient d'y consacrer plus de temps , il 
parviendroit sans doute à fortifier s^ conjectures 
par de nouvelles preuves. Quoi qu'il en soit , les 
poésies de Glotilde existent ; et , quelques raisons 
que l'on puisse alléguer contre leur autlienticité , 
nous demanderons qu'on explique leur existence 
d'une manière plus vraisemblable. 

Si Glotilde n'a point écrit les poésies qui por- 
tent son nom , quel en est l'auteur? Sera-ce M. de 
Surville qui en étoit propriétaire? mais nous avons 
vu que ses productions portoient un caractère tout 
différent de celles de son aïeule ; qu'elles avoient 
des défauts tout opposés. La naïveté , la vérité des 
sentimens, la propriété des expressions, l'excellent 
choix des épithètes, la liaison toujours naturelle des 
idées, beaucoup d'adresse dans les transitions; voilà 

* Voyez page 29. 



^téfa<xj. Ixxiij 

ce qui frappe le plus dans les poésies de Clotilde : et 
dans tout ce qui nous reste de son héritier , on re- 
marque un style emphatique, des sentimens exa- 
gérés , des expressions souvent bizarres , des épi- 
thètes mal choisies 9 et surtout Tincohérence la plus 
choquante dans les idées , une ignorance totale de 
Tart des transitions. On a pu en apercevoir quelque 
chose dans les passages que nous avons cités ; et il 
seroit facile d'en multiplier les preuves , si nous n'é- 
tions retenus par la crainte de fatiguer et d'ennuyer 
nos lecteurs. C'est bien assez du pénible travail au- 
quel il a fallu nous soumettre nous-mêmes pour 
établir un peu d'ordre dans l'extrait des matériaux 
incohérens qu'on nous a transmis. Comment s'ima- 
giner d'ailleurs que vers la fin du dix-huitième siècle 
un homme se soit amusé à feindre des querelles litté- 
raires entre les écrivains du règne de Charles "VU , 
à tourner Alain Chartier en ridicule, non pas en 
passant, mais à plusieurs reprises, dans une poétique 
qui sembleroit faite exprès , et dans ces rondeaux 
déclinatifs assujétis aux règles les plus difficiles et 
les plus bizarres? Comment supposer qu'au bout de 
iro is siècles , il se seroit animé pour les victoires de 
Charles VIEI de ce noble et poétique enthousiasme 
qui respire dans le chant royal sur la bataille de 



Foiurtioue ? Comment croire qu'il ae seroit donne la 
peine d'imaginer une suile de faits et d'êtres chi^ 
meriques ( tek que Ton devrait supposer alors les 
feiiUDes poëtes qu'il nous cite et toute leur histoire), 
dfins la seule vue de' justifier l'authenticité d'un très 
petit recueil de yersP... Un seul motif pouvoit l'y 
engager peut-être , le dësir d'usurper une r^pnta^ 
Uon brillante sous le nom de Qotilde , pour se l'ap- 
proprier après le succès. Mais avec le talent que ce 
recueil suppose» quel besoin auroit-il eu de recourir 
à cet artifice? qui auroit pu l'empêcher d'écrire dans 
sa propre langue et sous son nom?*., le désir de la 
singularité , la prédilection pour le vieux langage j 
l'espoir de trouver plus d'indulgence de la part de 
ses lecteurs ^ en donnant ses poésies sous le nom 
d'une femme , et de la part des autres auteurs » en 
supposant cette femme morte depuis trois siècles ?• . . 
Ces raisons ne sont pas sans vraisemblance , mais 
alors je demanderai comment cet homme j qui au«- 
roit tant fait pour obtenir un peu de gloire, y aurait 
renoncé pour jamais deux heures avant de mourir? 
Car il ne faut pas oublier cette lettre qu'il écrivoit 
à son épouse ^ dans ces momens où Ton ne ment 
plus ^ et où il ne parle que des ceui^res immortelles 
de Cloiilde j An fruit de ses recherches j qu'il veut 



conserver à la postérité^ Et que dirons^-noos des pas- 
sages mêmes de ces poésies ^ des morceau:ft entiers 
qu'il semble qu'mie femme seale puisse avoir écrits? 
qae dira-t-^on de riiéroïde à Bérenger ^ de plusieurs 
rondeaux , des fragniens d'épîtres , des verselets à 
mon premier néj où Tamame , T épouse passiomiée, 
et la mère la plus tendre parle un langage que Ton 
cherefaeroit en vain dsins un autre poëie avec la même 
vérité ? Que Ton compare seulement les versekts 
à la fameuse romance Dors , mon enfant j et que 
Von pronoace» Soyons justes t si les preuves maté-^ 
rielles ^ tirées du style et de la versification , dépo-^ 
sent contre Tauthenticité des poésies de Clotilde ^ 
les preuves morales sont entièrement en sa favenr,. 
On pourroit ajouter ici un mot de Jean-^ Jacques i Si 
c'est xme fable poétique ^ F inventeur en seroit plus 
étonnant que le heros^ 

Mais si M. de SurviUe n'est point Tauteur de ces 
poésies , comme il Ta déclaré en mourant ^ à quel 
autre moderne pourra^ t'^on les attribuer? Si un autre 
les avoit écrites ^ comment M« de Surville en seroitril 
resté Tunique dépositaire? comment auroit-on choisi 
dans sa famille Tauteur supposé ? pourquoi le véri-^ 
table auteur ne se nommeroit^il pas? Il me semble 
que ces questions resteront toujours sans réponse* 



Ixxvj ^téfcuxj. 

On nous demandera peut-être à présent si, à 
l'exemple de Jeanne de Vallon , M. de Surville ne 
s'est pas permis de toucher aux œuvres de son aïeule. 
C'est ce que nous n'oserons nier; nous croyons même 
que s'il l'a fait , il n'a pas suivi la marche de Jeanne : 
nous avons lieu de penser qu'au lieu de chercher à 
éclaircir les passages les plus obscurs, il en a quel- 
quefois altéré de fort simples. Il s'y crut obligé peut- 
être , après avoir perdu ses manuscrits originaux , 
brûlés à Viviers , afin d'assurer l'authenticité de ses 
copies. Nous craignons qu'il n'ait quelquefois défi- 
guré les vers de Clotilde , pour lui en conserver 
l'honneur. Les passages qui nousx>nt donné ces soup- 
çons seront faciles à reconnoitre : nous en avons in- 
diqué quelques uns; on y remarquera les défauts que 
nous reprochons à M. de Surville ; ils sont quelque- 
fois assez frappans pour qu'on puisse le soupçonner 
d'avoir refait des morceaux entiers , d'avoir suppléé 
des laciuies. 

Voilà toutes les notions que nous avons pu réunir 
pour aider nos lecteurs à se former une opinion sur 
l'origine de ces poésies ; mais nous les prions de ne 
prononcer qu'après avoir lu , parce que la lecture 
seule fournira ces preuves morales, sur lesquelles 
nous insistons. Sans vouloir prévenir le jugement de 



^«éfaco. Ixxvij 

personne , nous croyons pouvoir dire que les poé- 
sies de Clotilde nous paroissent vraiment originales 
pour le fond, et même généralement pour le style r 
qu'à elle seule appartiennent, comme disoit Jeanne 
de Vallon , « la texture si parfaite de ses vers , le 
tour facile et pourtant si correct de ses périodes 
nombreuses , évidemment calquées sur celles des 
Latins , la propriété de ses termes et de ses figures, 
la richesse naturelle de ses rimes, et surtout Textréme 
régularité de ses plans. » Nous pensons qu'il faut 
attribuer à Jeanne elle-même toutes les corrections 
heureuses , tout ce qui porte une empreinte un peu 
trop moderne , et à M. de Surville toutes les altéra- 
tions d'un genre opposé , les locutions trop vieilles 
pour le siècle même de Clotilde, les tours trop har- 
dis , et les morceaux qui , par leur manque de liai- 
son avec ce qui suit et ce qui précède , peuvent être 
suspects d'interpolation. 

« 
L'héroïde à Bérenger , que nous avons placée au 
commencement de ce recueil comme le morceau 
le plus recommandable , exige une apologie par- 
ticulière : on y trouvera différentes allusions à ce qui 
s'est passé en France pendant les dernière» années du 
siècle qui vient de finir : ces allusions ne doivent 



surprendre per^oiiQe 9 Ti^oque du règse de Char- 
les YI etoqt û semblable 9 &ous Unit de rapports , à 
la ^ du règne de Lcmis XVI. Qotilde acmok à 
son mnn qui soutenoit b ii^use dm dauphin ; pou-r 
voit-^0 s^abstenîr de j^ter uu coup d'œil sor Peut 
politique de la France , et sur un^ guerre qui la 
«eparoit de Tobjet de ses affections? On ¥oii cepen- 
dant que son amour étcMt le principal siajet de sa 
leti^re ; et cet amour est exprime avec une chaleur 9 
une vérité si grande , quUl servirait seul à mettre 
rfaéroide entière à Tabri de tout soupiçon. Nous ayan» 
observe d'aiUçufS que les extraits d'après lesqueU 
M. de Surville Ta copi^ éitoient &it|^ avant 1789. 

BTous ne dirons que peu de choses sur les notes 
dont nous avons jugé à propos d'accompagner le teste 
de Clotilde : nous les avons placées selon le {H^e^et 
de M. de Surville lui-même 9 qui ^avoit lai^ dam 
son manuscrit des feuilles blanches pour cet usage, 
mais qui en avoit à pyeîne rempli huit ou dix. Ce 
travail , oulire ^'il étoit font ingrat 9 nous présentait 
deux écueils $ nous devions eraîadre également de 
donner tarop peu de inotes 9 ou de les trop muLtifdiieir. 
Cependant 9 icomme les poésies de Clotilde no^s ont 
paru devoir étr^ mises à la portée de toutes les classes 



de ]ei^»iirs, et surtout des femmes, nous avons pré- 
fère de pécher plutôt par excès que par défaut. G9 
parti etoit d'autant plus conrenable, que par la ma- 
nière dont ces notes sont disposées , elles n'împor- 
tuneroi3dt point celui qui n'aura pas besoin d'y re- 
courir. 

Les sources où nous avons pusse sont le TVésor 
de recherches et anÊiquiiés gauloises etjrançaises 
de P. Borel , et le Dictionnaire du n^teuac langage 
français , par La Comibe. Ce dçrni«r , qm écrivoic 
en 1 766^ «jant mis à profit les ouvrages de tous ses 
pnéd<ecesseuRs , tels que Ducange, Fauohet, Frois- 
sart, Goujei, Houart^ Hmet^ Massieu, Mënage, !N4- 
eelt, Pasquier, La Ravalière, Satole-Palaye , no«s 
avons cm pcMivoir nous dispenser de les coUf- 
suiter. 

Oa trouvera «quelque mots dont nme^ n^avons pu 
découvrir la signification, mais ils sont de peu d'im- 
porjtanoe^ Au reste, les notes que Ton va Ure ne «ont 
nullement un ouvrage ^'érudicion : nous «T'y avons 
même «ntoremêlé quis peu de .neinarques Ae goût et 
les seules cpai nous eut paru nécessaires. L'économie 
en ce genre n'est pas le moindre dédommagem«i|t; 
4|^ l'on doÎYje tir<er de la leolare des iàudits du sei- 
zième siècle. 



Ixxx ^téfcuxj. 

Ils devroient aussi nous apprendre à ne pas nous 
perdre en vains éloges des ouvrages que nous pu- 
blions ; mais Féditeur de Clotilde ose croire qu'on 
ne sera pas fâché de trouver ici les louanges que 
Jeanne lui a données : « S'il est vrai , dit-elle , que 
le goût consiste principalement à ne point faire en- 
tre-choquer le style et le sujet , les couleurs et les 
genres ; à marier avec art, mais sans que Fart y pa- 
roisse , des fleurs de tous les pays et de toutes les 
saisons ; à savoir , quand il faut , prendre vol , Ra- 
lentir , tournoyer , s'arrêter enfin ou s'étendre , et , 
sans pour ce épuiser la mine , extraire de l'or ou des 
diamans d'un terrain dédaigné du vulgaire ; eu un 
mot, avec la simple émaillure des champs, simuler 
quelquefois l'éclat et la fraîcheur des roses de l'an- 
tiquité; certes, ou je me trompe fort, ou ce goût, 
tant de fois outragé , fut le partage de ma Clotilde. 
Elle n'a point de ces éclairs qui d'abord éblouissent 
d'une lueur blafarde, et ne font que replonger plus 
tristement dans une obscurité profonde; c'est un jour 
pur et doux, à propos éclatant, mais d'un éclat ami 
de la vue , et qui sait récréer les yeux sans les fati- 
guer, » 

Nous finirons en transcrivant les adieux de Jeanne 
de Vallon à ses lecteurs. Après avoir parlé des ou- 



^«efaco. Ixxxj 

vrages de Clotilde , qu'elle vouloit publier , elle 
s'exprime ainsi : « Mais , hélas ! pourquoi me flatte- 
rois-je d'un tel espoir , tandis qu'un mal affreux me 
dévore (elle étoil attaquée d'un cancer au sein) et 
me ravît jusques au calme du sommeil? la tombe 
s'ouvre sans pitié sous les. pas de ma jeunesse ; et 
cependant que je suis en proie aux plus cuisantes 
douleurs, je cherche à les tromper quelques heures 
en na'' entretenant avec toi. Non , je le sens trop ; 
non , je ne verrai jamais ton suffrage couronner mes 
efforts en faveur d'une tante , gloire de ma famille, 
et d'une aïeule de mon époux ; non , j'ai beau me 
hâter , la publication de cet unique essai ne devan- 
cera point la fin dont je suis menacée. J'eusse bien 
voulu le rendre plus complet; mais, reléguée en ce 
triste séjour , si voisin de ma douce patrie , vaine- 
ment j'ai revendiqué jusqu'ici ces trésor» de génie 
que mon enfance dévoroit, qu'une main chère et 
jalouse m'arrache , et dont j'espérai si long -temps 
d'hériter. Lecteur , toujours présent à ma pensée , 
et qui peut-être n'existeras jamais pour moi , si tu 
vois cet écrit après que j'aurai cessé d'être , donne 
quelques regrets à la mort prématurée qui m'enlève 
au sein de mes plus beaux jours... » 

Lorsque M. de Surville copioit, en 1793, ces 

/ 



rctco. 



Ixxxij ^«efc 

adieux touchans de sa grand'tanle , il ne prévoyoil 
pas sans doute que cinq ans après il auroit pu en 
adresser de semblables , en son propre nom , aux 
lecteurs des œuvfes de Clotilde. 



iV. B. L'orthographe de ce recueil offrira des variations qu'il 
nous est impossible de justifier autrement y qu'en disant que nous 
avons suivi avec fidélité les manuscrits de M. de Surville. 11 est 
probable qu'il auroit établi plus d'uniformité dans cette partie, 
s'il avoit publie lui-même les poésies de son aïeule. Il est bien 
difficile en copiant du vieux français de ne pas faire des fautes 
de ce genre ; mais ce n'etoit point k nous de les rectifier. 



Ixxxiv ^*«f 



ace>. 



ACMÈS DE BRÀGELONGNE DE PLAHCT. 



Vers I . ... oui , reprit-elie , il est temps qae j^apaise 
a . ... un preux qui même à présent {ores) embrase , 

3. Du noir séjour, un cœur tout fait pour lui ! 

4. {Solace, consolation , de solatium.) 

5. Seul digne amant, seul.... 

6. Dites y TOUS m^ayez... (Ceci s'adresse à Fayel , à qui Gabrielle re- 
proche sa barbarie). . . . épouvantable , 

7. A quoi cela aura-t-il seryi... (mors, mort.) 

8. Qud j'eusse trouvée de regrets et d'amour ? 

9. ... chère ombre , ne te désole pas ! 

1 1 et 1 2 . ... déjà le trépas enveloppoit {invohoit), . . 

COMPLETS. 

(Nous ayons conservé ces couplets d'Agnès , malgré le peu de liaison 
qui existe entre le premier et le second , entre le second et le troisième. 
Chacun pris à part fait un sens , et il est probable que ces couplets 
étoient liés par d'autres qui se sont perdus.) 

I . Par le tendre Amour, qui est jaloux de toi , 
3 . Par les Grâces . . . 

3. ... qui te préfère 

4. A celui qu'elle nourrit... 

5. Dieu de mon cœur... 



$té^acu. Ixxxv 




jttJs U ^^tajefottjne U ^£.fan^. 




^0%^i^^^^%f^0^ 



De voix estaincte , « Oui , reprist , tans qu'appaise 
« Preulx qu'adoray, preulxqu'ore mesme embraise , 
« Ez noir séjor, un cuer tôt faict por luy ! 
« Perd Gabrielle espoir, solace, appuy, 
« Sol digne aymant y sol espous véritable ! ... 
« Dictes m'avez... ô crime espoantable , 
« Qu'aura servy, sinon haster la mors 
« Qu'osse trovc di regrets et d'amors? 
« Noble Coucy, chiere ombre ^ ne t'adole! 
« Vergy reçoi , dont l'ame a toy s'envole ! 
« Pardonne luy ! pardonne ! » Et tant d'appaz 
Jà, de son crespe, involvoit le trespaz. 

COUPLETS. 

Par tendre Amors qui te jaloze , 
Par li Grâces qui t'ont parfaict , 
Et par Vénus qui te prespoze 
A cil que norrist de son laict , 
Craon ^ bieau Craon que j'adore , 
Diex de mon cuer, deffends ma foy ! 



lO 



Ikxxvj ^«^< 



aoc. 



yers 9. Que m'eût serri d'essayer les charmes 

10. ... les cieux? 

II et I a. Le rayon jaillissant de tes beaux yeux eût brisé les armes 
d'AchiUe. 

i3. Mais si, en dépit de ma louange , 
i4* Tu ne yeux croire à leur pouvoir. 



18. Au cœur des Hélëaes et des Sapbos , 

19. Des Paris , des Phaon , qui sont morts {sous lame^ sous la tombe). 
3o. Va consoler... 

aa. Que le ciel, pour le bonheur de tes beaux jours, 
a3. Ressuscite de ma cendre. 



TEMSON. 



I . Tantôt dans les plaisirs , tantôt en larmes (Jermes). 

a. Je TOUS prie de me dire , ô cœurs malades , 

3. S'il en est comme le mien , 

4. L'amour est-il mal? est-il bien? 



iPtej'acej. Ixxxvij 

Ce&t toy qu'elle implore, 
Toy qu^elle implore encontre toy ! 

Que m'ot servy tenter li charmes 

Par quoy Circé dompta li cieulx? lo 

Ot d'Achillés brizé leiz armes 

Rays jaillissant de ti bieaulx yeulx ; 

Maiz , s'en despriz de ma lozange , 

Tant ne veulx croire à lor povoir, 

Tu n'hazy mon bel ange, i5 

Bel ange , n'haz rien qu'à te veoir ! 

Vaz , loing d'Agnès portant la flamc 

Au cuer d'Héleines et Saphos, 

Deiz Paris , deiz Phaon soubz lame , 

Consoler filles de Paphos ! 30 

Non, phénix d'attraicts! deigne attendre 

Que ciel , por l'heur de tes bieaulx jors, 

Ravive ez ma cendre , 
Ez ma cendre ung phénix d'amors I 

TENSON. 

Ore en déduict , ores en lermes , 
Voz prî me dire , ô cuers infermes , 
(Se tant en est, comm' est li miens) 
Amors est-il malz? est-il biens?... 



Ixxxviij ^ti^cuxj. 



Vers 5. S*il est un mal , d^où yieut que nul ne Fempéche 

6. D^enchalner tendre jeunesse... 

7. Je sais que contre ses flèches (correct ^ diminutif de carrd^ 
flèche). 

8. Foiblissent écus , casques , bourrelets. 

9. ... qui en guérisse. 

10. Ni d'enchanteur qui le bannisse par ses conjurations. (Tel doit 
être au moins le sens du mot jorir, qui ne se trouve ni dans Borel , ni 
dans La Combe.) 

11. Le maudire?... il a... • 
la. ... il court... 

i3. Si c'est un bien, pourquoi toujours... 

14. Et même quand il sourit... 

i5. De son pouvoir (delittable, délectable). 

Ne murmure (gromer, gronsonner, groncer, ont tous la même signi- 
fication ). 

17. Du plaisir au milieu (enm^eu)des peines. 

18. Il n'est pas de jeu (gieux) qui dure moins. 

19. Toute saison ne produit pas les fleurs , 
ao. Après les ris viennent les pleurs. 



^zéJ^ofxj. Ixxxix 

S'est malz y d'où vient que nuz l'empesche 5 

D'enchaîner tendre josnesche ? 

Sçay contre li siens carrelé tz 

Foibleut escus, casques, borletz; 

Mais n'est-il plante qu'en guarisse 

Ny d'encan tor qui le jorisse? lo 

Le maugréer?... ha l'air si dous! 

Le fuyr?... cort plus viste que nous ! 

S'est biens , porquoy tosjors le creindre , 

£t mesmes quant sobrit, se pleindre 

De son délittable povoir ?. . . ^ 

Ha 1 ne gronce , qui peult avoir 

Déduict enmyeu paynes qu'endure ! 

Car n'est pas de gieux qui meins dure ; 

Tote seyzon ne pond li flours ; 

Emprez deiz riz viegnent deiz plours. ^^ 

Ore en déduict , ores en lermes 
Voz pri me dire , ô cuers infermes , 
(Se tant en est comm' est li miens) 
Amors est-il malz? est-il biens? 



xc ^té^aou. 



DOtTE DE TROTSS, 



f^ers 2. {Fléons, ruisseaux^ ahtie, du latin almu^.) 

3. Que les oiseaux réjouissent... 

4. Les bois , la prairie , et les... 

5. ... seulettes. 

6. Chercher sur les gazons les dernières... 

7. ... qui ne mord pas... 

8. Pour cela , il n*en est. . . 




^tétactj. xcj 



oefe hc ^^ro^ts. 



^^^^^'^f^^^^^t%^ 



Quant reyient la seyzon que l'herbe reverdoie , 

Que di fléons clérets , la terre aime s'ondoie ; 

Qu'esjoïssent oysels , de lors gracieux chantz , 

Li bois , et la prée , et li chamz ; 
Soir et matin , filles y n'allez solettes , 

Quierre y ez gazons , derraines violettes ! 

Serpent y gist , que n'y mord au talon ; 

Por ce n'esl-il , tendres poulettes , 

Por ce n'est-il que plus félon. 



xci ^tctcuxj. 



MARIE DE FftÂlIGE. 



( Ce morceau se trouve dans le Dictionnaire de La G)mbe , qui Ta 
copié dans Mouskes et Pasquier, au mot Finement^ mais il est bien 
moins correct et moins agréable que dans la leçon de M. de Surville.) 

yers I. A la fin 

3. (JUanenbranoe , souyenir). 



6. {Yssirent, du yieux laotjrssir, sortir). 



8. (firieux. Grecs.) 



0. {Aorner, adorner, du latin /idornare.) 

1 . Pour Pamour . . . 

3 • • B ■ Ui? l-iC • • • 

3. Cent fois mieux décrit en mon copur 

4. Qu^à la fin... 



d 



»«ejaco. xciij 





atu be c^^rdnce» 



Au finement de cet escript , 

Qu'en françois d'anglez ay transcript y 

Me nommeray par remembrance ; 

Marie ay nom ; je suis de France : 

En France née , aussy, me crois 

Du sang dont yssirent les rois : 

Socratès , tout ce présent livre 

D'Esope , en vers grieux , fist revivre ; 

Puis , en latins , on le torna ; 

Et ma rime y enfins , l'aorna 

Por Tamor du comte Guillaume y 

Le plus vaillant de cy royaume ; 

Miex y en mon cuer, cent fois , descript 

Qu'ez finement de cet escript. 



lO 



xcxiv ^t/^acxj. 



LA MORT ET LE BUCHERON. 



f^ers 3. {Clamer y aj[ipeler.) 

3. Toujours un pauvre... 

4. Qui n'eut... 

5. Que ne yiens-tu , disoit-il... 

6. Finir ma douloureuse. . . 

7. Tant cria (brama) qu'elle arriya... 

8. {Carguer, charger.) 



d 



îPreftico. 



xcxv 






0rs et ri ^^oiijtttflon, 



^^f*0^>^^i%^^%f 



Tant de loing que de prez n*est laide 
La mors. La clamoit à son aide , 
Tosjors , ung povre bosquillon 
Que n'ot chevance ne sillon : 

a Que ne viens , disoit^ â ma mie, ^ 

tt Finer ma dolorouse vie ! » 
Tant brama , qu'advint ; et de voix 
Terrible , « Que veux-tu ?» — « Ce bois 
« Que m'aydiez à carguer, madame ! » 
Peur et labeur n'ont mesme game. lo 



xcxvj ^«ef 



aco. 



BARBE DE TERRVE. 



Vers 1, ... et le Flacon , 

3. Et le Palais de dame... 

4. Où nul autre n'a la moindre part (qui sont entièrement de moi). 

5. J'ai entrepris (emprins) hier un petit conte (not^ellel ). 

6. Qui ne doit pas être compris (comprins) parmi les miens. 

8. ... qui en belle rime 

9. ... il y a un siècle. 

1 1 . Pour l'amour d'une... 

la. Qui aima beaucoup... 

1 3 e£ 14. Depuis qu'il (Jéronpne) eut fait du fol époux de cette dame 
le sire... 



16. Que Marseille eût yu dans un si jeune âge j 

17. Si bien.., 

18. Il ne fut plus fou que d'amour. 

r 

30. Frappée au cœur d'un même coup. 




^tc^aoLj. xcxvij 



(ttte U ^^ertue* 



Je qui fiz Guillaume au faulcon , 

Griselidys , et le Flasquon , 

Et le Pallaiz Dame Fortune , 

Ou que nuz aultre ha part aulcune : 

Ung novellet ay, d*hier, emprins , 5 

Qu'entre li miens ne soict comprins , 

Car l'ay tiré de Jéronyme , 

Dict l'Africain , qu'en belle rime 

De nos pays , ung siècle en çà , 

Le mist, deyans qu'il trespassa, lo 

Por Famor d'ugne vicomtesse 

Que molt aima s^ gentillesse ; 

Despuyz qu'icel , d'ung fol espous, 

Ot faict le sire le plus dous , 

Le plus discret et le plus saige i5 

Qu'ot veu Marseille en si josne eaige; 

Sy qu'en ses longs , mais très biaux jors , 

Fol onc ne fu^t plus que d'amors. 

Or donc , je , Barbe de Verrue, 

D'ung mesme cop au cuer ferrue , etc. elcr. ao 



xcxviij *«éfac«j. 



PORTRAIT DE BARBE DE VERRUE. 



Ver* I . ... f ai de hautcnr 

3. Plus qu'il n'en faut pour n'élM'paf petite (brtç/*p«^ courte). 

3. Et, bien que je marche en sénatevr, 

4. Pour cela ne m'en oroyes pas plus grave. 

5. ... pour éblouir, 

6. ... ne m'a fleuri les joues (^nes, du latin genœ). 

7 et 8. Et, si j'ai pu le bien entendre (Voir), Protogènea^ n'eût pas 
choisi en moi son Hébé. 

9. Mes yeux fureut. .. 

1 1 . A présent {ors) plus doux et moins... 



i3. ... et front ouvert. 
14. (Sy que, ainsi que.) 

1 5. (Le sens de ce vers joint au suivant nous parolt inei^licaUe.) 

16. Du philtre qui arrose (trrore) mes sens. 

1 7 . Pour mon sein, quoiqu'il ne soit pas blanc conine la neige (neix), 

18. Qui ne brûleroit... (arsU, à! ardre y brûler.) 

19. ... comme le phénix , 

30. Je crois qu'il n'a pas son pareil... 




^tejuco. xcxix 



orfratt be ^^arte be ^Perrne. 




Du chef aux piedz j'ay de haltor 
Plus que n'en faut por n'eslre briefve , 
£t y bien chemeine en sénator, 

Por çà , ne m'en cuydez plus griefve. 

N'est faict mon teyn por esbloïr, i 

Rose onc ne m' ha flory 11 gènes ; 
Et sienne Hébé , s*ay peu Toir, 
Choisy n'eût , en moy , Protogenes. 

Feurent mes yelx trop pétillanls 
De veyne et d'amorose flame ; ,o 

Ors , plus doleets , meins scintillants , 
Disent la paiz qu'est en mon ame. 

J'ay nez romain et fort appert, 
Grand , serain , sy que belle aurore ; 
Bouce riante , k rose oppert 1 5 

Du phyltre que mes sens irrore. 

Por mon seyn (ne soict blan de neix) , 
Qui n'arsit , rien qu'a sa peincture ? 
Donc est biau ? non , maiz , comm' phëneix , 
Croy n'ha sien pair en la nature. 20 



iPrefacej. 

f^trs a I . A plusieurs (rnoUz) ma chevelure (cosme) fut un lieu , 
aa. Quoique (^jaçoit) elle ne fût (mot à mot/ie iombdi) noire... 
'j3. En quelle couleur.se change-t-ellc? 

aS. Bref... à Fair... 

37. .r* col droit, pied féminin... 
a8. (f^c^^cz , voyei.) 



«'«>■«••» «■ ^«-^^ «'%^%''%^ 



3. Un roi barde , antique honneur... 

3. Depuis que , pour le bonheur et la gloire des Celtes... 

4. L'hymeu mit dans ses bras... 

5. Jusqu'à ce qu'après qu'il eut péri comme... 

6. Un génie dominateur de tous les peuples. 

7. (Nous n'avons pas trouvé le mot affle dans nos dictionnaires.) 

8. Pour en dérober Thistoire (estoire) à la nuit du temps. 

9. ... si j'ai tant écrit sur les... 

10. ... les signes... 

11. Si le crystal de ta grotte profonde retentit 
la. Des sons... {tresmoya , tremblsi y frémit). 
i3. Donne-moi de prouver... comme autour de... 

i4* Que par ruisseaux ( ^on«) inconnus (insceus) des... 

i5 et 16. Ton onde ainsi que tes sables (orene) vont toujours se mê- 
lant (s*immisçani ) aux sources de l'Hippocrène mieux qu'aux flots da 
Pactole. (Ce compliment à la nymphe du Gard n'est pas trop intel- 
ligible.) 



^tefaccj. ci 



A moltz y fut ma cosme ung lyeu , 
Jaçoit ne cheust neyre ne blonde ; 
En quoy se meue ? ha ! sçay trop bien ! 
Mais ne vay le conter au monde. 

Brief , face auguste , à Ter bénin ; 
Taille ne gresle , ne membrue ; 
Bras ronds , col drect , pied féminin : 
Cy veyez Barbe di Verrue. 



*<'%'«>'V«^«<%«V«/«/%.>%%/«< 



'2i 



Chante ,■ 6 Muse du Gard , en langaige du trosne , 
Koy barde , antic honour de la Gaule et du Rosne , 
Dez quant , à Theur y gloir di Celtiques ingratz , 
Hyméné mist , du Nord , la Vénus en ses braz ; 
Jusqu'emprez ot péri sy qu'Orphé du Rhodope , ^ 

Ung génye , hault régent de toz poples d'Europe , 
D'affle sien y ranima ses membres jà flottants , 
Por qu'en ravist Testoire à nuict sombre di tams... 
Nymphe , ô s'ay tant escript , sor tes sables dorez... 
Di tyrans de mon cuer, li signes adorez ; *® 

Se crystal retentist de ta grotte parfonde 
Ez sons dont tresmoya ma lyre vagabonde ; 
Donn'-moy prover, au loing , comm' entor nos chastels, 
Que y par iléons insceus di profanes mortels , 
Vont, tosjors , s' immisçant tienne onde sy qu'arène 
Miex qu'à flotz Pactolins, à sorces d'Hippocrenc ! 



cij 



«tef 



o-ce-j. 



STANCES. 



(Ces stances ont déjà (té imprimées dans la Décade Philosophique, 
diaprés une copie que nous en ayions donnée ; et dans le Ma^atin des 
Dames, qui les a empruntées de la Décade.) 

Vers I . Le sage (Ji saiges) voit venir son hiver 
a. Comme à la fin d'un beau jour... 

3. n sait qu'il est des roses pour tous les èiges , 

4. Si pour tous les âges il est des ennuis. 

5. De ma saison printaniëre (tempeste est là pour s4iton, OQmmeld 
mot latin tempestas). 

6. Je ne me souviens pas... 

7. Mais qui dansa beaucoup... 

8. {Grézir, de jacere, se coucher.) 

9. Avant que (Jont) j'aie vu tomber les feuilles d'automne. 

10. (Tretoz, tous.) 

1 1 . {Adez , à présent , adtsso.) 
13. {Amé, aimé.) 

1 3 . Bonheur ne dépend pas . . . 

i4* Contre le temps je n'ai pas de rancune {rancœur). 

i5. L'air m'a changé... ^ 

16. Pour (celui ou celle) de qui n'a pas changé... 

1 7 . Bien que je sois déjà. . , ( L'entassement des deut diminutifs tantet 
et vieillotte donne à ce vers une graoe et une vérité particulière.) 

18. Me platt (^i4icf ) la compagnie (cort) des jouvenceaux j 

19. Mais je n'ai pas de regret que gente fillette 

20. M'enlève (emble) à son tour les jeunes serviteurs (ancels, d'dn- 
cilla, servante). 



^téfactj. ciij 




ian«s. 



Voyd sien hyvert venir li saiges 
Comme als fins biau jor, belle nuict; 
Scet que sont roses por toz eaiges , 
Si por toz eaiges sont ennuict. 

De ma primevère tempeste 5 

Ne me remembre sans plézir ; 
Ains qui dança molt à la feste , 
Au soir n'ha regret de gézîr. 

Dant que vy cheoir foilles d'altomne , 
Belle tretoz m'ont proclamé ; «" 

Tretoz , adez , me dizent bonne ; 
Ne sçay le nom qu'ay plus amé. 

Heur ne despant de gentillesse ; 
Contre li tams n'ay de rancœur ; 

L'er m'ha changié ; n'est de vieillesse , '^ 

Por de qui n'ha changié le cœur. 

Bien soye ung tantet jk vieillotte 
Me duict la cort di jovancels; 
Ains n'hay regret que gent* fiUotte 
M'emble , au sien tor, josnes ancels. ao 



civ ^tétaco. 

Vers 21. Il me plattde Toir... 

33. Menant leurs... 

3 3 . Cueillir. . . fleurettes . 

34' (EnmyeUf au milieu de... cortUz, petit jardin, du latin Aor- 
tulus,) 

36. Couple défiant les feux du jour. 

37. (jOyr, entendre ; vilaneUe, Tillageoise , viiandla,) 

3g. ... bien qu^ayec leurs dames 

3o. Ils se moquent ( gober, railler) de mes récits longuets. 

3i. Si je conte des récits {plaids).,. 

33. H me platt (me duict: y. 2g.) de voir sourire nos jolis galans 
(frùjfueU). 

33. Il leur est avis que rien ne change. 

35. Ils ricanent si je leur raconte^ encore émue , 

36. Que j'eus leurs pareils... 



38 . ... papillons étourdis . 

39. Ainsi narguer (narguiUant , de nargmller, diminutif de narguer.) 

40. Un flambeau... 



$téf acdj. cv 

Me duict veoir doulces pastourelles 
Maynant lor bergierol genlilz , 
Cœillir aveline et flourelles , 
Enmyeu fuslayes el cortilz. 

Me duict veoir, soubz vertes tonnelles , ^^ 

Coulple adfyant les feulx du j or ; 
Me duict oyr chant des vilanelles 
Appeller au combat d'amor. 

Me duict (bien qu'avecque lor dames 
Gabent di miens rescits longuetz ) , 3o 

Si conte plaids d'antiques fiâmes , 
Soubryer nos jolys friquetz. 

Lor est adviz que rien ne meue ; 
Ont en pitié mes cheveulx blancs ; 
Riottent, si lor conte , esmeue , 35 

Qu'heuz lors pairs à mes pieds tremblants. 

Et y de ma part , me rys sans faindre , 
De veoir parpeillons esvolez 
Sy narguillants , prest à s' es teindre 
Flammel qui tant en ha bruslez ! 4^ 



cvj ^«éf( 



aou. 



JV^TIHE DE LEYIS. 



Vers I. (Encharmée, charmée.) 

3. Que pour son bel Adonis... 

4. Et que le dieu du jour pnadrMt pour Orphée. 

5. Pardonne , Amour (Ehu est le bobi grec de FArnow) si paimi 
eux.... 

6. Mais je ne sais pas comparer Tenfant au jeune homme. 

7. Je t'aurois yu sans émotion ^ je ne Pai pas^ tu... 

8. (FrémoUir, qui se trouve une fois dans les poésies de Qotilde , 
est un mot inconnu de Borel et de La Combe.) 




^zétacçj. cvij 



nitinc be hêLm$. 



C'est icy qu'apparust à ma veue encharmée 

Le héroz que seulet tiens Tesgal d'ugne armée , 

Que , pour sien bel Adon , eust prins mère d'amour, 

Et diroit Orphéos , dieou que lance le jour ! .. . 

Pardonne , à tendre Eros ! s'entr'iceux ne te nomme ; 5 

Maiz ne sçay Fenfançon comparer au jeune homme : . 

Teusse veu sans esmoy ; ne le vy sans paslir, 

Me troubler, perdre voix , palpiter, fresmollir ; 

Languir de yolupté , sentir en ma poictrine , 

Toute en rapides feulx , circuler ta Cyprine , etc. etc. »o 



CVllJ 



fiPre'f. 



ac(u. 



NOTE 





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t ♦ 



epxSj 



PUUR LA PAGE XXXVII DE LA PREFACE*. 



La goU e^l sonno e Tozioie piume. 

Pendant que l'on travailloit à Timpression de cette préface , un ha- 
sard très heureux nous a mis sur la voie d'une découTerte qui réjouira 
comme nous tous ceux qui auront pris intérêt à l'authenticité des poé- 
sies de Clotilde et à la honne foi de son héritier. Non seulement le 
sonnet de Pétrarque , dont le premier yers Tient d'être cité , se trouye 
dans le recueil de ses poésies , mais le sonnet de Justine s'y trouve 
aussi tout entier (tom. a, pag. 1 84 delà petite édition, Londres, 1784): 
il est accompagné d'une note assez courte , où l'on expose les sentimeos 
des critiques sur les auteurs à qui l'on attribue ce sonnet ; et Justine 
de Léyis est du nombre. Le commentateur cite Ménage (^Mescolanze 
^Egidio Menagio, sec. edit., Rotterdam, 1692^ p. 376 et seq.)'^ et Mé- 
nage, à l'endroit indiqué, s'appuie de l'autorité de Tomasini ÇPe- 
trarcha rediwiuus, Patai^ii , j65o ,p, 108 et seq.). Nous ayons consulté 
et comparé ces diyers témoignages j et il en résulte que Ménage a en 
pleinement raison de suiyre le sentiment de Tomasini , qui attribue 
le sonnet , 



lo Torrei por driuar quelle mie piume , 

à Justine de Leyis-Perotti , de Sasso-Ferrato. Tomasini , qui l'a pu- 
blié le premier, le tenoit de Torquato Pcrotti , évéque d'Amerino , qui 



^téfactj. cix 

étoit de la même famille que Justine. Si le nouveau commentateur de 
Pétrarque avoit eu recours à Tomasini , il n'auroit point élevé de doutes 
sur le sentiment que Ménage a emprunté de lui , et ne Fauroit point 
combattu , sous prétexte que le sonnet est au dessus du talent poétique 
d^une femme , et d'une femme du quatorzième siècle. 

Tomasini raconte que Justine de Léyis étoit restée long-temps in- 
connue , même dans sa patrie. Ce fut , dit-il , le pape Clément VIII 
qui , ayant eu connoissance de quelques unes de ses poésies , chargea 
son camerlingue (cuhicuU prœfectus), Antoniani^ de prendre des rensei- 
guemens sur sa famille et sur ses ouvrages. Antoniani s'adressa lui- 
même à un autre officier du pape , Odoard Santarellus , natif de Sasso- 
Ferrato : mais Odoard , malgré toutes les recherches qu'il fit dans les 
archives publiques et particulières de cette ville , ne put jamais rien 
découvrir ^ et ce fut Tomasini qui trouva , sans le chercher, ce qui étoit 
échappé à la diligence de Santarellus. Quoiqu'il ne s'explique pas po- 
sitivement sur le hasard qui le servit si bien , il paroit qu'il dut ses 
découvertes à sa liaison avec Torquato Perotti , dont nous avons déjà 
parlé. Torquato lui apprit et lui prouva par des documens authenti- 
ques y que la famille de Lévis Perot , établie à Sasso-Ferrato , avoit 
été reconnue (comme le dit M. de Surville) par les Lévis de France ; il 
lui apprit que le père de Justine portoit le nom d'André (M. de Sur- 
ville l'ignoroit , puisqu'il l'indique par une N ) \ que cet André s'étoit 
distingué par ses talens militaires sous le pape Innocent VI ^ qu'un 
autre individu de cette'Tamille , Nicolas de Lévis Perotti , avoit été 
l'ami intime et le conclaviste du cardinal Bessarion , etc. etc. : enfin il 
lui envoya , comme nous l'avons dit , le sonnet adressé par Justine à 
Pétrarque. 

Voilà donc encore une femme assez distinguée par ses talens poé- 
tiques pour avoir reçu des éloges de Pétrarque , et qui tomba dans un 
tel oubli , que trois siècles après on ignoroit sa famille , et pour ainsi 
dire jusqu'à son nom ; qu'il ne restoit dans sa ville natale aucune trace 
de sa renommée et de ses écrits ; voilà une femme qu'un commentateur 
du dix-huitième siècle veut priver des foibles débris de sa gloire ' 



parce qu^il la trouYe trop au dessus de son sexe et du siècle où elle 
TÎToit; Yoilà enfin une seconde Clotilde dontrezistence et les talens se 
trouyent heureusement attestés par les garans les plus certains. 

Bien plus , Justine de Lévis étoit la bisaïeule de Qotilde ^ et M. de 
Suryille , en nous parlant d'elle d'après ses mémoires , ne songe pas à 
s'appuyer d'autres témoignages; il ne cherche ni le sonnet de Pé- 
trarque , ni celui de Justine : il remarque que les vers de Pétrarque 
étoienttré^ guindés^ comme si ses lecteurs ne pouyoient pas juger de 
ce qui est entre les mains de tout le monde I II fait une faute dans 
chacun des yers qu'il cite , en écriyant dans le premier e sonno pour 
e^l sonno , et en omettant la particule pur dans le dernier \ il laisse eo 
blanc le prénom du père de Justine , tandis que la moindre recherche 
pQuyoit lui faire corriger ses fautes , et lui fournir les éclaircissemeos 
que ses mémoires ne lui donnoienvpas. Il falloit donc qu'il se crût 
bien fort de l'autorité de ses seuls mémoires , qu'il fût bien sur de son 
fait. L'homme qui inyente et qui yeut tromper n'a pas cette sécurité 
de conscience \ il ne néglige aucun des appuis que le hasard lui peut 
fournir. 

Malgré la longueur de cette note , nous ne pouyons nous refuser à 
une dernière obseryation. On a yu qu'Odoard Santarellus n'avoit pu 
déoouyrir à Sasso-Ferrato la moindre trace de l'existence et des ou* 
yrages de Justine de Léyis ; on a yu que Torquato Perotti lui-même 
n'ayoit pu rien apprendre à Tomasini sur l'histoire de cette femme 
poè'te : tout cela s'explique par le récit de M. de Suryille. Justine de 
Léyis y mariée à Louis de Puytendre , transplantée en France , et n'écri' 
yaot plus qu'en français , deyint étrangère à l'Italie \ et lorsque le pape 
Clément VIII s'occupa d'elle , on ne put retrouyer qu'un petit nombre 
de ses écrits dans une langue qu'elle ayoit abandonnée de si bonne 
heure. Ainsi ce qui faisoit l'étonnement de Tomasini deyient simple 
et naturel » par les détails que nous a transn^is M. de Suryille , qui 
n'ayoit aucune connoiasance de l'ouyrage de Tomasini. EsVil rien qui 
puisse mieux confirmer un fait principal que le concours de deux té. 
moins inconnus l'un à l'autre , et dont le^ assertions établissent les dif~ 



*«<(f- 



ace. 



cxj 



fërentes parties de ce fait ? Nous ne doutons pas qu'il ne fût possible de 
justifier ainsi la plupart des faits ayanoés par M. de Suryille , s'il nous 
aToit laissé les indications nécessaires : sa négligence à cet égard est 
bien fâcheuse, mais elle prouve sa bonne foi. Peut-être est-il permis 
d'espérer que quelque autre basard , aussi beureux que celui-ci , nous 
procurera par la suite de nouvelles découvertes. 



cxij ^tef 



aotj. 



LOU1.H DE PUTTENDRE. 



f^ers I et 3. Soit que les brûlantes ardeurs de l'été chasseut le prin- 
temps , où les fleurs s'enlacent aux fleurs , 

3. Soit que de l'automne en pleurs. . . 

4. Viennent couvrir... 

5. Que font... 

7 . Si Justine sourit. . . 



1 1 . ( Amphore > le Verseau , ampkora. ) 



1 3 . Tant que dans les bras . . . 



^tefctco. cxiij 





onxs be ^£tt(ytettbre. 



Oui , soict que primevère , ou âour à flour s'enlace , 

Chassent d'esté li bruslantz ardeors ; 
Soict que d'altomne en plours, luysants crespes de glace, 

Viegnent cœuvrir li bigarrez thrésors ; 
Quoy font à noz amours THyade ny TArcture, 

Chien de Procris ny quatre vents di cieulx ? 
Se Justine sobrist , tout rit en la nature , 

N'estmoïide engtier pour moy, qu'en ses beaux yculx : 
Grondez , fougueulx Typhons ! de Gadès au Bosphore , 

Faictes mugir li Syrthes dévorants ! 
Redoublez , noirs frimaz ! et toi , sinistre Amphore , 

£spand2 à flotz tristes et froids torrants ! . . . 
Tant qu'ez braz adorez de ma tendre Justine , 

Seyn contre seyn, bousche a bousche accolez, etc^ etc. 



10 



cxiv ^tefaco. 



CLOTILDE. 



( Ce morceau est un de ceux dont nous primes copie en 1794. H ne 
s'est pas retrouyé dans les manuscrits qui nous ont été envoyés par ma- 
dame de Suryille ; ce qui prouve que beaucoup d'autres peuvent aussi 
s'être perdus depuis cette époque. Nous le plaçons hors du recueil , 
parce que nous n'en avons pas d'autre copie que la nôtre ; c'est d'ailleurs 
la seule traduction de Clotilde que nous connoissions.) 



Vers I. Qu'à mon gré celle-là l'emporte {prime) sut les dieux. 

3. (Encharmer, pour charmer.) 

5 et sui%>. . . . Vénus que j'ai toute dans l'âme , qui étouffoit mes 
acoens sur mes lèvres embrasées ^ Vénus aux feux subtils , mais pêne- 
trans jusqu'aux os , court dans mon sein en fleuves de flamme. (Q y a 
un grand désordre dans cette construction , mais elle est peut-être ex- 
cusable.) 

9. Mes yeux se couvrent de nuages... je n'entends plus qu'au mi- 
lieu de bruits confus (rumeurs)... 

( Cette dernière strophe , où la mesure du vers est brisée à chaque 
instant , rend mieux peut-être le mouvement de l'original , qu'aucune 
des nombreuses traductions déjà connues.) 



^zé^aczj. cxv 



GLOTILDE. 



^jrabttctiott b'tine obe be (^g)<tf^o* 



Qu'a mon gré ceste-là va primant sur les dieux , 
Qu'eny vre ton soubriz , sur qui ton œil repoze , 
Qu'encharment , résonnant de ta bouche de roze , 

Les sons mélodieux ! 

Je t*ai vu... dans mon seyn, Vénus, qu'ay toute en l'ame, 5 
Qui y sur lèvre embrasée , estouffoit mes accents, 
Yénus à feux subtils , mais jusqu'ez os perçants , 

Court en fleuves de flame. . . ^ 

S'ennuaigent mes yeulx ; n'oy plus qu'enmy rumeurs ; 
Je brusle , je languis ; chauds frissons dans ma vayne 10 
Circulent : je paslis , je palpite , Thaleine 

Me manque ; je me meurs... 



cxvj îPte'f- 



qxxj. 



RONOEL A LA PLU» pELLE. 

s 

Il est dit que dans une fête où toutes les deux (Glotilde et 

Rocca) se trouyërent au Puy en Velay , comme on dansoit sous une 
Toùte de verts feuillages couYrant un terrain spacieux , il en tomba 
tout à coup un bouquet en couronne tissu des plus rares et des plus 
odorantes fleurs \ sur le ruban on lut ces mots brodés en or : « A la plos 
belle. » Clotilde mit fin aux débats subséquens... {Fragment et un dis- 
cours de Jeanne de Vallon rapporté par M. de SurtâUe.) 

Vers 4« Qui charme également , et même. . . . 

5. Celui qui 9,,. 

6. (Itfof^, beaucoup.) 

7. Que dès l'abord elle n'ait... 

8. Règne-t-elle partout? 



10. ... qui peut assez se^tromper soi-même. 



iS. Donc , quoi qu'il en coûte à notre orgueil de le dire. 



1 




^tCJOLCCJ. CXTij 



onbef k k ;f(us M(c 



La plus belle est ugne qui ne s'en double ; 

Dont l'œil ravist quiconque Tapperçoit^ 

Le doux parler tout chascung qui Tescoute ; 

Qui charme , au pair, voire enflame , où que soit 

Cil qu'ha bons yeux et cil qui n'y voit goûte. 5 

Est-il d'humain si fier ou molt adroit 
Que dez l'abord n'aye miz en déroute ? 
Reigne partout ? — Eh ! n'est-ce dont le droit 

De la plus belle ? 

Belle Rocca , quelle prou se déçoit , lo 

Pour, avec toi , vouloir entrer en jouste ? 

Cœurs si divers sont un a ton endroit : 

A notre orgueil , donc , quoi que dire en couste , 

Le prilx est tien , s'il est vrai qu'on le doit 

A la plus belle l i5 



mx<i$ 



Bl (CILOTIILIIE, 



AVIS. 

Ces notes ont été disposées de manière à se trouver toujours 
en regard des passages qu'elles éclaîrcissent : cette précaution 
et le numérotage des vers nous ont dispensés des renvois, qui 
auroient produit un effet désagréable dans le texte. Nous y 
ayons trouvé un autre avantage : c'est que rindication des 
notes n'importunera point à la lecture ceux qui n'en auront 
pas besoin , et qu'elles seront cependant sous les yeux de ceui 
qui voudront y recourir. Voyez ce qui en est dit dans la 
préface. 



VERSELETS A MON PREMIER ME. 



p^ers I vrai portrait. 



3 et 4* Dors, petit j ferme (cloz, PimpeVatif du verbe dorey- 
ton doux petit œil.... 



YERSELETS 





tnon sSKotmur 




REFRAIN. 



O CHER enfantelet , vray pourtraict de ton pere , 
Dors sur le seyn que ta bousche a pressé ! 

Dors , petiot ; cloz , amy , sur le seyn de ta mère , 
Tien doulx œillet par le somme oppressé ! 



Vers 5. ... que ta tendre prunelle (^pupille, du latin pupiUa). 



8. Mais quUI m'est doux... (^ainz, de Titalien anzi). 



9. Dors , mon enfant... 



1 1 . Le son de ta parole ne me réjouit... (^esjouir, pour réjouir). 
1 3 . Bien que ton souris. . . 
i3. Tu me souriras... 



i5. Ton œil m'a déjà dit assez (^prou)... 
16. Tu as déjà bien appris... 



17. (^Doigtelets , diminutif de doigts^ mamme , pour mameUe, àe 
inamnta. ) 

18. Où ta petite bouche vient puiser... 

19. ... dusses-tu la dessécher... 
ao. Tu n'y saurois puiser... 



a3. Je te yois... 

34. ... pour te Yoir.... (6riç^, bref , court.) 



OI 



Bel amy, cher petiot , que ta pupille tendre 

Gouste ung sommeil qui plus n'est fait pour moy ! 

Je veille pour te veoir, te nourrir, te défendre... 
Ainz qu'il m'est doulx ne veiller que pour toy ! 

Dors , mien enfantelet , mon soulcy, mon idole ! 

Dors sur mon seyn , le seyn qui t'a porté ! 
Ne m'esjouit encor le son de ta parole, 

Bien ton soubriz cent fois m'aye enchanté. 
cher enfantelet, etc. 



Me soubriraz, amy, dez ton réveil peut-estre ; 

Tu soubriraz à mes regards joyeulx.. . *^ 

Jà prou m'a dict le tien que me savoiz cognestre , 

Jà bien appriz te myrer dans mes yeulx. 

Quoy ! tes blancs doigtelets abandonnent la mamme , 
Où vingt puyzer ta bouschette à playzir ! ... 

A.h ! dusses la seschier, cher gage de ma flamme , 30 

N'y puyzeroiz au gré de mon deziri 

Cher petiot , bel amy, tendre fils que j'adore ! 

Cher enfançon, mon soulcy, mon amour ! 
Te voy toujours ; te voy et veulx te veoir encore : 

Pour ce trop brief me semblent nuict et jour. 
cher enfantelet, etc. 



6 ^oe^iiei 

Vtri a 5. Il étend ses petits bras \ — le sommeil se répand {s'etpamij 
sur lui ) 

26. Son œil se ferme, il ne bouge plus... 
37. Si son teint n*ctoit pas Ûeuri... 
a8. Ne le croiriez-rous pas... 

39. ... toute entière. (Rien de si touchant et de si vrai que ce mou- 
vement ^ il nous parott impossible quUl ait été dicté par aucune autre 
inspiration que par celle de Famour maternel. ) 

3o. (Propoz, idée.) 



34. Songe.s légers... 

35 . ... quand yerrai-je celui .. . 

36. A mes cotés... 



37. Quand te yerra-t-il celui dont tu as...? 

39. Oui , ta mère... croit (cujrde)dé^k voir. 

40. Que tu tends vers lui... 



41 • Gomme il ira se complaisant (dufzanl) à ta première. 
4a. Comme il te disputera Çfira disputant) à mes baisers ! 
43. Mais ne compte pas épuiser seul sa tendresse. 
44' ••• il en garde... 



Ëstend ses brasselets ; s'espand sur lui le somme ; ^^ 

Se clost son œil; plus ne bouge... il s'endort... 

N'estoit ce tajn floury des couleurs de la pomme , 
Ne le diriez dans les bras de la mort?... 

Arreste , cher enfant !.. - j'en frémy toute engtiere ! . . . 

Réveille-toy ! chasse ung fatal propoz ! ... 3o 

Mon fils ! ... pour ung moment... ah ! revoy la lumière ! 

Au prilx du tien , rends-moy tout mon repoz ! ... 

Doulce erreur ! il dormoit... c'est assez , je respire ; 

Songes lëgiers , flattez son doulx sommeil ! 
Ah 1 quand voyray cestuy pour qui mon cœur souspire , 35 

Aux miens costez , jouir de son réveil ? 
O cher enfantelet , etc. 

Quand te voyra cestuy dont az receu la vie , 
Mon jeune espoulx , le plus beau des humains? 

Oui , desjà cuyde voir ta mère aux cieulx ravie 

Que tends vers luy tes innocentes mains ! 4o 

Comme ira se duysant à ta prime caresse ! 

Aux miens bayzers com't'ira disputant ! 
Ainz ne compte, à toy seul , d'espuyser sa tendresse , 

A sa Clotilde en garde bien autant. . . 



8 ^oe4tt< 

P^ers^$. Qu'il aura de plaisir à Toir (^cerner, du lalia cemere) en 
toi son image , 

46. (... F'airf yert, yerdatre , suivant le dictionnaire de La Combe , 
qui obserre que les yeux verts étoient à la mode dans les douzième , 
treizième et quatorzième siècles : il faudroit , d'après ce passage , que la 
mode eût continué jusqu'au quinzième. Nous croyons que voir ne si- 
gnifie pas précisément vert, mais la couleur que les Grecs et les Latins 
rendoient par le mot gUuicus, et que madame Dacier traduit par pers, 
en parlant de Minerve. ) 

48. ( JF'ors, peut-être. ) 

49. ( One, jamais. ) 

50. Comment ferois-je moins que les partager (^partir, de partiri) 
avec toi ? 

5i. Fais un jour comme lui le bonheur d'une... 

53. Mais autant que lui ne la fais pas languir. 

53. Je te parle , et tu ne m'entpnds pas... 

54* Il n'entendroit , ne comprendroit pas davantage , quand même 
il seroit très éveillé.. 

55. Pauvre cher... 

55 et 56. Le petit écheveau ( Vesdievelet) des fils de ta pensée n'est 
pas encore débrouillé. ( Quelle naïveté , quelle propriété dans cette 
figure ! il nous semble qu'une femme pouvoit seule la trouver. ) 

57. Nous avons tous été , comme tu es , toi... 

58 n'arrivera. 

59. Dans la paix dont tu jouis , s'il est possible... 



61. Voilà les traits de mon époux... 

63. Pourquoi m'en étonner ? un enfant qui ne seroit pas en tout 
lui-même» qui ne lui ressembleroit pas parfaitement, 

64. Auroit-il pu naître de moiP 



U dlotiliL 9 

Qu'aura playzir, en toy, de cerner son ymaige, ^ 

Ses grands yeulx yairs y vifs , et pourtant si doulx ! 
Ce front noble, et ce tour gracieulx d'ung vizaige 

Dont TAmour mesme eut fors esté jaloux l 
O cher enfantelet , etc. 

Pour moy, des siens transportz onc ne seray jalouse 

Quand feroy moinz qu'avec toy les partir : 5o 

Faiz amy, comme luy, Theur d'ugne tendre espouse , 
Ainzy tant que luy, ne la fasses languir ! ... 

Te parle 9 et ne m'entends... eh ! que dis-je? insensée ! 

Plus n'oyroit-il, quand fust moult esveillé... 
Povre chier enfançon ! des filz de ta pensée 

L'eschevelet n'est encor débroillé... 



55 



Tretouz ayons esté , comme éz toy, dans ces te heure ; 

Triste rayzon que trop tost n'adviendra ! 
En la paix dont jouys , s'est possible , ah ! demeure ! 

A tes beaux jours mesme il n'en souviendra. 6o 

O cher enfantelet, etc. 

Ce quatrain isolé se lit au long dune marge : 

Voylà ses traictSé*. son ayr ! voylà tout ce que j'aime ! 

Feu de son œil , et roses de son tayn... 
D'où vient m'en esbahyr ? aultre qu'en tout luy-mesme 

Pust-il jamais esclore de mon seyn ? 



lo ^oeâiei 



HEROÏDE A SON BSPOUX BERfiNGER. 



Bérenger de Sttr??ille étoit allé joindre Ckades YJIaa Pay en Yelay : 
ce roi Farina cheyalier l'année suirante , quoiquUl n^eût pas vingt- 
cinq ans. Glotilde écriyit donc cette pièce en i^^2, (JVote de AT. <2e 
Surville. ) 

Cette héroïde est peut-être le morceau de tout le recueil qui fit crier 
le plus vivement à la supposition , lotsqu^il parut pour la première 
fois* Les ailosions à -la révolution y «ont, isi frappantes , qu'on crut 
rhéroïde écrite à Tépoque de la Convention. Cependant , je me pro- 
curai alors une copie de cette pièce , que M. le comte de Gibon de 
Kérisoet,. aujourd'hui lieutenant-général -et grand-croix de Tordre de 
Saint-Louis, possédoit depuis vingt ans au moins (c'est-à-dire de- 
puis 1763, ) et j'annonçai cette découverte dans ma défense des Poésies 
DE Clotilde, inséx^^au Moniteur àxx 24 novembre i8o3. (Notede i8!x3.) 

Vers 1 . Qotilde à son ami , etc. 

4. Je te cherche la nuit , etc. 

5. Que dfvien^-tu? où coars-tn? loin... 

6. Où les destins entralnent-ils ?. . . 

7. Il faut que je le dise... si j'en crois (5e pour si: se j'en crois , 
se en crois , s'en crqjis ). 

8. ... je ne te «verrai pas . 

9.... au front d'airain. 

II . ( Cette phrase n'est pas terminée , et les points qui suivent le 
point d'exclamation qui est.. à la fin ne suffisent pas pour excuser 
cette incorrection. Il eût été facile d'y remédier en commençant ainsi 
le vers i^ : Se voit présent , etc. ; mais nous avons miénx aimé rester 
fidèles au manuscrit.) 

i5. Clercs: gens de plume en général... troupes serviles. 



16. Jusdmenl... jugement. 



beëlotfibe* II 



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• • 



HEROIDE 




^on e^i^ottr* ^^iten^tt 



Clotilde au sien amy doulce mande accolade , 

A son espoùlx , salut, respect , amour ! 
Ah 1 tandiz qu'esplorée et de cœur si malade , 

Te quier la nuict, te redemande au jour , 
Que deviens, où cours-tu? loing de ta bien-aymée 

Où les destins entraisnent donc tes pas ? 
Faut que le dize , hélas ! s'en croy la Renommée , 

De bien long^temps ne te revoyrai pas ! 

Bellone, au front d'arhain , ravage nos provinces; 

France est en proye aux dents des léoparts : 
Banny par ses subjects , le plus noble des princes 

Erre , et proscript en ses propres remparts , 
De chastels en chastels et de villes en villes , 

Contrainct de fuyr lieux où devoit régner, 
Pendant qu'hommes félons , clercs et tourbes serviles i5 

L'ozent , ô crime ! en jusdment assigner ! . . . 



y 



10 



f^ers 17 et 18. Telétx>it le langage de tout bon Français à une époque 
où Ton craignoit de tomber sous la domination des rois d'Angle- 
terre, dont les droits prétendus ayoient été reconnus par le parle- 
ment. 

19. ... quand il faudroit un prodige. 

ao. Je Fattends... desrojr, desarrojr, désordre. 

31. Jamais le dlTÎn secours n'en a vengé de pareils. (^Vengié pour 
vengé : on disoit aussi vengison pour vengeance. ) 

a4* Plus ils sont... plus je crois , etc. , 

a5. Tu Pas donc vu... il ne s'éloigne pas, etc. 

27. ... reconquérir un trâne. 

38. {^Séquaniques.,, les fureurs de la Seine, en latin Sequana, ou 
des Bourguignons de Sequani , nom que portoient autrefois les peuples 
de la Franche-Comté. ) 

ag. Nous aUons faire l'exacte construction de cette phrase très 
longue et un peu embarrassée par les inversions : Pour toi , fils d'un 
héros si digne de ta race , que mon siècle a vu payer de son sang le 
bonheur de lui retracer le triomphe d'Horace qui fit plier les Albains 
sous le joug de Rome ; pour toi , dis-je , soit que la victoire suive on ne 
suive pas nos li9( hélas ! elle ne peut que trop balancer encore), je sais 
que tu ne resteras pas moins fidèle ai| maitre qui peut seul dispenser 
la gloire , qu'à la gloire elle-même. (Il paroitroit par cette comparaison 
du père de Bérenger au vainqueur des Guriaces , que le beau-père de 
Qotilde avoit aussi vaincu seul trois guerriers. Cette phrasé est une 
de celles qui me semblent n'avoir pu être conçues dans nos derniers 
temps.) 

37. Même hardiesse d'inversion; voici la phrase naturelle: Le 
maitre est en péril : ah ! tu dois immoler tout , et , s'il est besoin 
( voyez vers 7 ) ,. moi-même à ce rejeton royal. ( La comparaison de la 
phrase poétique et de la mienne fera sentira tous ceux qui ont réfléchi 
sur l'art d'écrire combien cette liberté de tours donnoit d'énergie à la 
langue, et combien notre timidité actuelle nous a fait perdre de 
beautés. ) 



beSIotilbe. i3 

Non, non ; ne peult durer tant coulpable vertige : 

O peuple Franc, reviendraz à ton roy ! 
Et, pour te rendre à luy, quand faudr oit d'ung prodige, 

L'attends du ciel en ce commun desroy. ^^ 

De tant de maulx , amy, ce penser me console ; 

One n'a pareils vengié divin secours : 
Comme desgatz de flotz , de volcans et d'Éole , 

Plus sont affreux, plus croy que seront courts. 

L'az donc veu ce daulphin ! ne s'esloingne du Rosne ^^ 

Qui roule encor ondes franches d'horreurs ! 
Par luy, puysse Yaloys reconques ter ung trosne 

Qu'ont esbranlé séquaniques fureurs ! 
Pour toy , né d'un héroz si digne de ta race , 

Que , de son sang , mon siècle a veu payer 3o 

L'heur de luy retracer le triomphe d'Horace 

Qui fist Albainz soubz les aigles ployer ; 
Pour toy, dis-je, nos lys suibve ou non la victoire , 

( Ne peult que trop , las ! encor balancer ! ) 
Sçay, ne resteraz moins fidelle qu'à la gloire ^^ 

Au maistre seul qui peult la dispenser. 
Est en péril : ah ! tout , et , s'est besoing , moy-mesme 

Doibz immoler à ce surgeon royal ! 
Te l'escrips a regret ; mais plus sens que je t'ayme , 

Plus rougiroy de t'y veoir déloyal. 4<* 



i4 ^oeiiei 

Vtrs t\i. Déjà... 

43. ... Ta cherchant ralliance. 
33. Plus d'un , séduits , etc. 

45. Qu'étouffés de honte, au défaut de la foudre, ils périssent 
tous , etc. 

47. Un François qui veut aider à la dissolution de la France, ré- 
ponds-moi , n'a-t-il pas mérité mille morts ? 

49. Ainsi le ciel permet de telles calamités . 



55. Mais, s'épurant au feu au milieu {enmyeu, enmy) de scories 
sans yaleur, il reprend, etc. 

57 . Tels .... nous yerrons les François fid^e». . . . apparc^tre comaie 
l'or pur. 

59 Et l' avenir lira sur leurs nobles écus ( rondelle , écu rond et large : 
voyez le Trésor de Borel. ) 

61. Je n'ai pas de doute, ami, que cette devise ne soit la tienne. 

63. Mais, que dis^je? et d'où, vient qu'orgueilleuse je. te conseille 
(^adinser, conseiller^. 

65. ... à celle qui t'adore. (Cette transition nous parott extrêmement 
heureuse. ) 



*fr@totiH)e» i5 

Jà , dict-on , ta beaulté , ta supresme vaillance , 

Loing de noz bordz , â porté ton renom ; 
Bedford , de tes pareils ya querrant alliance ; 

Plus qu'ung, séduicts, ont desmenty leurnom.^. 
De vergongne estouifez, qu'à deffault de la fouldre ' 4^ 

Périssent touz soubz le faix des remords ! 
François qui veult la France ayder à se dissouldre 

N'a-t-il , responds , mérité mille morts ? 
Xinsy permest le ciel telles mésadventures 

Et laysse ourdyr si noyres factions^ ^® 

Pour que soyent , humains , vos diverses natures 

En ung plain jour myses par actions ! 
Tel , avecques la terre , escloz soûbz ses entrailles , 

L'or confondu , n'en diffère en couleur ; 
Maiz , au feu s'espurant, enmyeu viles scorailles, ^^ 

Tout son esclat reprent et sa valeur : 
Telz, en ces temps de feu, voyrons François fidelles , 

Comme l'or pur, entre escume, apparoir ; 
Et lira l' advenir, sur leurs nobles rondelles : 

« Mourir p^ustost que trahyr son debvoir ! » 60 

N'ay doubte , amy, que soict tienne icelle devise ; 

Rien qu'à ce prilx n'auray trefve ou repos... 
Maiz , que dye? eh ! d'où vient orguillouze t'advise , 

Toy l'escolier, toy l'enfant des héroz? 
Pardonne maintz soulcys à ceste qui t'adore ! 65 



i6 '^otiUi 



y ers 67. ... dès que Tolympe se dore chaque matin. 

68. Si tu me Yoyois montant sur le beffroi. ( Beffroi , tour de Teille 
arec une cloche qui serroit à sonner l'alarme et le tocsin.) 

69. Promenant. . . tant qu'ils peuyent. . . 

7 1 . Folle que je suis. . . Il me semble t'altendre. 



74. Je crois te yoir. 



77. ... près d'un ormeau entouré d'aubépine. 

78. (^vit le... déjà courohnoit. . . 



81. ... images. 

83. Je crois, m'enfon^nt au plus épais des bois. 

83. ... ramages. 



85. ... oyr, ouïr, entendre j de même qu'ose a signifié l'oreille^ et 
oyementy l'ouïe. 

87. Mais je vois... 



be dhtiliL 17 

A tant d'amour est permys quelqu'effiroy : 
Ah ! dèz chasque matin que l'olympe se dore y 

Se me yoyoiz montant sur le beffroy, 
Pourmenant mes regards tant que peuvent s'estendre , 

£t me livrant à d'impuyssans désirs! 70 

Folle que suis y hëlaz ! m'est adviz de t' attendre ; 

Illusion me tient lieu de playzirs ! 
Lors nul n'est estrangier à ma vive tendresse ; 

Te cuyde veoir ; me semble te parler : 
«Là , me dis-je , ay receu sa dernière caresse... » 75 

Et jusqu'aux oz soudain me sens brusler. 
« Icy, les ung ormeil cerclé par aubespine 

« Que doulx printemps jà coronoit de fleurs , 
tt Me dict adieu » ; sanglotz suffoquent ma poictrine , 

Et dans mes yeulx roulent torrents de pleurs. 80 

D'autres foiz escartant ces cruelles imaiges, 

Croy 9 m' enfonçant au plus dense des bois , 
Mesler des rossignolz aux amoureux ramaiges y 

Entre tes braz y mon amoureuse voix : 
Me semble oyr, eschappant de ta bouche rosée , 85 

Ces mots gentils que me font ti^essaillir ; 
Ainz Yoyds y au mesme instant y que me suis abusée , 

Et y souspirant y suis preste à desfaillir. 
Soubvent aussy le soir, lorsque la nuict my-sombre 

Me laisse errer au long des prez penchantz , 9^ 



i8 ^oe^ie^ 



y ers 93. Je laissois mes mains folâtres s Vgarer doucement. 



96. En moissonnoient. 



99. ... la br&lante coupe. 



io3. Ah! pouvois-4u faire moins qu^enlever (em^/er) vivante aux 
eieux celle que tu embrases de tous les feux de Pamour , quoique 
absente ! 

io5. Quand reverrai-je.\. ton visage si charmant ( t2u^5a/!t , seyant). 

106. ... myrer , contempler. 

107. Frément, frémissant. 



1 09. Mieux quMl ne convient à présent ( ores, à présent ). 

110. Que plus long-temps... 

111. ... si la rose s'épanouissoit. . . 

112. Plutôt elle tomberoit. . . 

II S. Non pas que je craigne de cesser jamais de te plaire... 
114. Ils m'ont assez dit que je n'avois rien à redouter. 



lOO 



be Êlotilbe* 19 

De tels soirs me soubyient , où libres , grâce à Tombre , 

L'ung prez de Taultre assiz en mesmes champs , 
Doulcement s'esgarer layssoiz mes mains fotastres 

Sur le contour de tes aymables traicts , 
Tandiz que de mon seyn tes lèvres idolastres 9^ 

En meyssonnoient les pudiques attraicts. 
Lors n'avoit tendre amour de tant secret mystère 

Que pust celer à nos dezirs croissantz ; 
Playzir, dont espuysions la bruslante cratère 

Rien qu'en ung seul congloboit tous nos sens. 
T4ray-je rappellant ces nocturnes extases, 

Du lict d'hymen fruictz tant délicieulx ? 
Ah ! ceste que , si loing , de touz les feulx embrases , 

Moinz pouvoiz-tu qu'embler vivante aux cieulx ? 

Quand revoyray, diz-moy, ton si duyzant vizage? io5 

Quand te pourray face à face myrer? 
T* enlacer tellement à mon frément corsage , 

Que toy, ni moy, n'en puyssions respirer ? 
Mieulx qu'ores ne convient, te diray mainte chose 

Qu'oultre ne sçait contenir mon ardeur : no 

Amy, se tout d'un coup s'espanoyoit la roze 

Plustost cherroit sans vie et sans odeur. 
Noncreigne , à tes beaux yeulx , oncques cesser de plaire! 

Assez m'ont dict que n'avoye à doubter ; 



F'ers 1 1 5. Bien qu'ils soient pour jamais le Phare. . 

117. Je Toudrois donner au tien... 

118. Et quand tu Taurois tari jusqu'à la source. 

119. T'oter le souvenir de ce bonheur. 



I a I . ... comment arrivera. . . ( adira , du latin adiré). 

I a3. ... il estdangereux delà transmettre ( tramettne pour trausmettre : 
voyez Borel au mot tramezé ). 

ia4* Nous ne trouvons ni foi ni pitië. 

I a5 . Des phalanges . . . errent. 

I a6. Cherchant le butin , sans ordre ( arroy ) et sans chefs. 

137. ... horg^ bourg. 

ia8. Et tous les jours s'entendent (5'o^eitt) de nouveaux dégâts 

IQ9. ... quand nos inquiétudes (cur&v) auront-elles fiin?... 
i3o. Le temps ne reviendra-t-il pas où , sûres de pâture... {hTOvi£i 
pâture ). 

i33. n n'est point de loups rapaces qu'on puisse désormais com- 
parer aux troupes bourguignonnes. 

i35. Nous croyons qu'au lieu de brugue , il faut lire bruiUe. 
BruiUet , selon Borel , a est un petit bois ou brossaille , dit ainsi 
R parce qu'on a accoustumé de les brusler, et puis de les défricher 
« pour y semer des bleds »... Les champs couverts de broussailles et 
les pi*és fleuris réduits en bourbiers marqueront à jamais les brigan- 
dages des Bourguignons. 

137. Quelque confiance que nous mettions (boutions) tous dans le 
dauphin , le gouffre de nos revers est si profond... 



be glottlbe* 21 

Bien soyent, à jamaiz , le Phare qui m'esclayre , > i^ 

Au mien bonheur que peuvent adjouster? 

Vouldroy bailler au tien d'heure en heure croyssance ; 
Et quand tary Tauroiz jusqu'à Tessor, 

D'icel , fust-ce à mon dam , t'oster réminiscence , 

Pour , au mien gré , t'en assouvyr encor ! 1 20 

Ne sçay , jusques à toy , comme adira ma lettre; 

Charles on dict vers Poic tiers cheminant : 
Par fraudeleuses mains , risque est de la tramettre ; 

Foy ne pitié ne treuyons maintenant. 
Errent par tout pays désastreuses phalanges , i ^5 

Quierrant butin , sans arroy ne sans chiefs ; 
Plus n'ont de seureté borgs , villages , ne granges ; 

Et, chasque jour , s'oyent nouveaulx meschiefs. 
Hé Dieu ! quand fin auront nos cures lamentables ? 

Ne reviendra temps où , seures de brouts, i3o 

Brebiettes , au sortir de leurs chauldes es tables , 

D'aultre ennemy ne creignoient que nos loups ? 
A.h ! ne sont loups rapalx qu'aux Bourguignones tourbes 

Comparager on puysse deshormaiz ! 
Champz en brugues réduicts et prez flouris en bourbes i35 

Leurs brigandatz marqueront à jamaiz. 
Combien que boutions touz au dauphin de fiance ^ 

Tant est profond gouffre de nos revers , 



Vers iSg. Qu'eùt-il même la fortune et la sagesse de^^alomon... 
i4o. Pour combler cet abime, il n'a pas trop... 

i4i sUl n'avoit contre lui que Torgueilleuse Angleterre. 

i4a. Le duc de Bedford avec Tenfant royal (Henri VI). 
143. . . . dlz^ ceux-là... 

i^^. Sjr. . . cependant , oui ; c^est une affirmation plus forte , comme 
lorsqu'on répond à non par 5t. 

146. Il soutient ses droits , ils sont faux ; il ne les croit pas tels. 

i47« Ainçois.,. au contraire. L^honneur pointe chaque trait , etc. 

1 49. n falloit qu'en son propre sein la France. . . 
i5o. (Le duc de Bourgogne , qui fut tué sur le pont de Montereau 
par les gens qui aocompagnoient le dauphin. ) 

i52. Qn^au milieu (enmyeu) des tourments et par le glaive... 

i53. Voici la oonstrnction de cette phrase : A présent (ors) que 
tous les crimes sont commis sans peur , ta juste récompense (guerdon) 
auroit , tes longs supplices auroient peut-être (possible) ému le cœur 
de tant d'affreux complices. 

i56. Par qui les Bretons (Brittons) ont soumis notre Gaule. 
157. De m^e que de fourbes Troyens 



1.59. Ainsi des François plus vils que soudoya Lancastre (Henri V ). 



161 Je te le redis . . . déjà je l'entrevois . . . 



be €(otilbe. 23 

Qu'eusi mesme de Salmon fortune et sapience , 

Pour le combler, n'a trop de vingt hyvers. '4<* 

Ëncor y se contre luy n'eust qu* Albion superbe , 

Bedfort , à tout le royal enfançon ! 
Au moinz de nostre sang , cilz n'ont rougy que Therbe 

N*ont guerroyé que de noble façon.... 
Sy tousjours envers nous fust l'Anglais sans reproche, i45 

Ses droits soustient ; sont faulx ;.ne les croit lelz : 
Ainçois poincte F honneur chascuns traicts qu'il descoche 

Sans oultragier les roys ne les autels. 
Faut. qu'en son propre seyn France te donnast l'estre , 

Prince félon, l'opprobre des Valoys ! i5o 

Monstre esgorgé trop tard , et qui n'aurois dû l'estre 

Qu'enmyeu torments et par giaifve des loix î 
Eust ton juste guerdon, eussent tes longs supplices, 

Ors que, sans peur, touz crimes sont commys. 
Possible, esmeu le cœur de tant d'afiFreux complices i55 

Par qui Brittons nostre Gaule ont soubmys. 
Ainsy fourbes Troyens , heureulx de son désastre , 

Aux soldats grecs vendirent Ilion ; 
Ainsy François, plus vils, que soldoya Lancastre, 
Ouvrent Lutece aux vaultours d'Albion. i6o 

Te le redys, amy ; jà l'entrevoy ceste heure 
Où , triomphant de si noirs attentat?: , 



24 ^oe<ie< 

Vtrt i63. La oonstraciionde ce qui suit demanderoit que Ton écrmt : 
Va purger la demeure , etc. ' 



167. Quand il auroit refusé des miracles au monde entier. 

169. ... «iuhieii.... de son trône. 

170. . . . s'il rompoit. ^ 

171. Quand tu te verras marcher. 

173. n ne m'entend pas (le peuple ). 

1 74. Il attise. . . ( tyser pour attiser). 



177. Partout où tu suivras ton roi , ne mets pas ta douce amie. 

178. Dans un tel oubli , qu'elle puisse ignorer où est ce lieu. 

179. ... elle n'aura plus de calme , de repos. 
189. ... qu'il t'en souvienne. 



Charles de ses ayeulx va purgeant la demeure , 

Et libérer ses coulpables estatz ! 
L'Eternel d'un regard brize enfin mille obstacles, i65 

Des cieulx ouverts veille encor sur nos lys : 
£ust-il au monde engtier desnyé des miracles y 

Il en debvroit au trosne de Clovis. 
Puysse l'auguste paix du sien icy descendre ! . . . 

Ah ! se rompoist ton funeste sommeil , 170 

Quand te voyraz marchier sur taz fumants de cendre , 

Peuple esgaré... quel sera ton réveil?... 
Ne m'entend ; se complaist à s'abreuver de larmes , 

Tyze les feulx qui le vont dévorans... 
Mieulx ne vauldroit, hélas! repos que tant d'alarmes, 1^5 

Et ray si preulx que cent lasches tyrans? 

Où que suyves ton roy, ne mets ta doulce amye 

En tel oubly qu'ignore où gist ce lieu : 
Jusqu'alors en soulcy, de calme n'aura mye. 

Plus ne t'en dy ; que t'en soubvienne! Adieu. >^«> 



a6 ^oeitr^ 



ÉPISTRE A SA DOULCE AMYE ROCGA. 



Rooca étoit Italienne : c'est tout ce qa*on en sait. Giotilde Taima ten> 
drement : toutes denx n'a:Toient pas «eiae ans lors de cette épitr« , ea 
i4ai. (Note de M, de SurviUe.J 

Vert 3. Ces traits qui ne sont pas connus de l'amour seul 

4. Ton amie reconnoit à présent (adez) et par ton secours 

5. qu'il est un vrai beau; il n'appartient qu'à lui de te plaire 
6 et d'attirer. 



8. Ce n'est pas que tous puissent compter sur le travail.., 



1 1 . N'est pas donné. . . et même celui qui l'obtient 

13 ...... sans saroir ce qu'il en possède. 



I?. Tel voudra suivre... 



i5. Et celui-là... 



U eiotilie. 37 



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EPISTRE 




sa bottfce atn^> (^occa^ 



Belle Rocca , dont les yeulx plains de flame y 

Plus qu'ugne fois lancèrent en mon ame 

Ces traicts perçants qu'amour seul ne cognoist. 

Ta mye adez et par toy recognoist 

Estre ung vray beau : n'est qu'à luy de te plaire ; 5 

N'est rien qu'à luy de charmer et d'actraire; 

Par grand labeur il se doibt achepter : 

Non sur labeur que touz puyssent compter , 

Seroit abus : l'esprit, ce don supresme, 

Ce feu sacré , l'esprit à touz de mesme lo 

Ne se despart ; yoire aussi qui l'obtient 

N'en doibt user sans sçavoir ce qu'en tient. 

Tel des aiglons suibvra le vol superbe , 

Qui mieulx eust fait de ne razer que l'herbe ; 

Et cestuy-là qui craint l'esclat des cieulx , 1 5 

Pouvoist tonner dans le conseil des dieulx : 



a8 ^i>tiiti 



Vtr» 3o. Car il ii*est plus de ces... 

a I . Nous croyons qae mollement est mis là poar faiblement : c'est 
une restriction que met Clotilde à l'éloge de quelques vieux poètes 
français , qu'on ne nomme point ici , mais dont on trouyera Ténumé- 
ration dans le dialogue intitulé Apollon et Clotilde. 

34 faisant revivre... 

35 et a6. Savoient unir et séparer sans effort chaque fleur des 
rives d'Hippocrène. 

37. A présent nous n'avons plus... 

38 oïr (entendre) : il est ici de deux syllabes , quoique plus bas 

il n'en fasse qu'une , ainsi qu'au vers 85 de l'héroïde. 



33. Voudroit tout abaisser un cran plus bas. 



33 par hasard. 



35 et suiv. Qu'un petit vent souffloit entre mes cheveux , et faisoit 
voler leurs petites ondes de couleur claire, comme des bandelettes, 
sur mon sein , qui , déjà tendre , s'enfloit au nom d'amour. 



4o ainsi que dans nos vers. 



Peu sont dostés du trop rische adyantage 

De varier leur séduysant ramage 

Par mille sons tousjours doulx et nouveaulx; 

Car ne sont plus ces fertiles cerveaulx , ^^ 

Qui mollement soustinrent au Parnasse , 

En divers temps , les couronnes d'Horace : 

Il n'en est plus de ces divines mains 

Qui, ravivant le cygne des Romains , 

Chascune flour des rives d'Hyppocreine ^^ 

Sçavoient ugnir et disjoindre sans payne ; 

Cy n'avons plus que foibles oyselets , 

Faysant oïr leurs concerts aygrelets , 

Ne regrettant de l'antique Ausonie 

Que les thrésors et non pas le génie , 3o 

Maiz dont l'orgueil, bruslant de s'exhausser, 

Ung cran de plus tout vouldroit abaisser. 

Or il advint qu'ung beau jour, de fortune , 

Lors que n'avoy soulcy ne payne aulcune, 

Qu'ung ventelet entre mes crins souffloit, 35 

Et sur mon seyn , qui , jà tendre , s^enfloit 

Au nom d'amour , ainsy que bandelettes , 

Fezoit voler leurs claires ondelettes , 

Je me disoye : « Est-ce qu'en l'univers 

Tout se ressemble atail que dans nos vers? 40 



3o ^otiiti 

F'ers^a, Ne devroient-ils pas... 
43. Qui est toujours jeune. 
44 différer les appas. 

45. Pendant que je parlois. 
47. De branche en branche... 



49 et 5o. Ceci n'est pas très clair; Toiei commeat on ponrroit Ten- 
tendre : Leurs airs étoient si doux, (|u^on n'auroit pu élire ^ choisir 
de préférence celui que Linus même auroit accordé , chanté sur sa 
lyre. 

5i et 53. La chërre^IblU sembloit appendue a«. rocher. Cette ex- 
pression nous paroit plus heureuse qu'aucune de celles que Ton a 
employées pour rendre cette image empruntée de Virgile. 

53 et 54 prêts à préserverde la nourricière de Jupiter (a/me ,<ia 

latin aima) la sè^ve printanière des jeunes arbres... 

56. Mes yeux... qui ontyu... 

57. Plus d'une fois , s'étonnèrent cette fois-ci. 

58. Qu'en-deçà des monts , aucun de ceux qui entonnèrent. 
59 n'eût pris pour modèle. 

60. Ce grand tableau dont nous voyons tous... 

61. C'est pourquoi je me dis : Clotilde qui es jeune , 

6a. Si ce n'est pas tm tort, si tu n^as pas tort d'être un pes orgueil- 
leuse. 

63. Des dons si beaux... 



S'ib doibvent estre en effect sa paincture , 
Debvroient-ils pas suibvre en tout la nature , 
Jeune tousjours , et dont l'œil , jamais las, 
Yoyd chasque moys dissembler les appas?» 

Comme parloye y erroient dans la prairie 4^ 

Blancs agnelets, broustant Therbe flourie; 

De rame en rame oy sillons voletoient, 

Et du printemps le retour se contoient 

En sy doulx airs, que n'auroit peu s'eslire 

Cil qu'eust Linus accordé sur sa lyre ; 5o 

Plus loing sembloit appendue au roschier 

La chefvre folle ; et bergers d'approschier , 

Prompts à garder de Talme nourricière , 

Des arbres nains la seyve prin tanière , 

Et boutons frais trop pressés de s'ouvrir... 55 

Mes yeulx riants qu'ont yeu nos champs flourir 

Plus qu'ugnefois, ceste-là s'estonnerent 

Qu'en çà des monts nul d'iceubL qu'entonnèrent 

Le chant de may , pour model n'eusse priz 

Ce grand tabel , dont veyons touz le prilx : 6o 

Pourquoy medy : Clotilde qu'ez jeunette, 

Se n'est méfaict quant fusse orguillouzette 

De si beaulx dons que Phœbus et l'Amour 

T'ont fait, te font, et feront tour à tour, 



3a ^otiiti 

F'ers 65. G)mment seroit-ce un tort , comment aurois-tu tort de fuir 
la troupe... 

66. qui se soulage du travail , 

67. Pour finir bien vite. (La fin du vers n'est pas claire.) 

68. Se lamente , s'attriste, se tourmente... 

69. Pour piller ce qu'il n'auroit pu imaginer (feindre ,yÈR^e). 
70 et 7 1 . Puis n'a aucun souci de colorer ses larcins par nn peu 

d'art, tellement qu'à les entendre... 

73 je crois ayoir tu ailleurs... 

73 et envoie leurs sornettes 

74. Faire au chauffoir l'usage d'allumettes. 



77. Sont-ce des rondeaux faits à la vieille (et bonne) manière? 

78. (C'est Froissard, si célèbre comme historien)... Nul ne joâte... 

79. Ni ne joutera... (Nous croyons qu'il faut lire... joste eljostera 
pour toste et testera : tester ne se trouve pas dans Borel, ni dans 
La Combe.) 

81 jusqu'à sa dernière heure (^derrain) , dernier : voyet 

La Combe. 

83 et 84* Oh ! qu'il seroit aimable à mes yeux celui qui nous ren- 
droit... 

85. Ce bel ami (Froissard). 

86. .... sa récompense. 

87 S'il ramenoit auprès . . . 

88. Ce tendre berger qui n'a point laissé d'habits 

89. Ni de manteau... 



be glotilbe. ^ 33 

D'où vient seroit, quant fuyrois le collège ^^ 

De plats rimeurs que de labeur s'allège 

Pour tost fenir ; qui, d'ung et d'aultre las, 

Infortuné, tant se guermente, hélas! 

Pour desrober ce que n'auroit sceu feindre ; 

Puis d'ung peu d'art de ses pillages teindre 70 

N'ha le soulcy ; tellement qu'à les oyr 

Chascun se dict : « Ailleurs cuydai-je voir 

« Touz ces propos ! » et mande leurs sornettes 

Faire ez chauffoir usage de brouquettes?... 

Car , en eifect , que choysir , sur ma foy , 75 

Dans ces recœils de si chestif aloy ? 

Sont- ce rondels , faicts à la vieille poste 

Du beau Froissart? contre luy nul ne toste , 

Ne tostera, m'est advis, de long-temps, 

Grâces , esprit, et frescheur du printemps ^o 

L'ont accueilli jusqu'à sa derraine heure ; 

Le vieulx rondel habite sa demeure 

A n'en sortir. Oh! que gentil seroit 

A mes regards cil que nous le rendroit 

Ce bel amy , ma Rocca , quant j'y pense ! 85 

Que dans nos cœurs bien auroit sa compense , 

Se ramenoit emprez de ses brebiz 

Tendre pastour , que n'ha laissé d'habiz 

Ou de mantelz , comme aultrefois Elie , 

3 



34 ^oeéteé 

V^&rs 91. Car dès que sa muse entendit... 
93. Elle rompit sa lyre... 

93. Si du moins tous me disiez... 

94. Quel droit tous ayez... 

95. Seroit-ce un droit que de toujours louer Çlozangier, de loi, 
louange ). 

96. Ceux que yous voulez par là changer en flatteurs. 

98. Que moins on est , d'autant plus on veut parottre. 

99. Je regarde en pitié Forgueilleux embryon. 
100 et qui n'est qu'un piéton , qu'un soldat. 



io3 et 104 il y gagner oit, ma foi!... je ne me souviens de 

lui que lorsque je le vois. (Cette transition nous parott bien brusque.) 

io5. Vous écrivez trop... 

106 et suw. Celui-là n'est pas fort de jarrets qui pour y monter 
(au Pinde) se guindé (s'attacbe) aux frêles arbrisseaux qui bordent 
le pied... (ceux qui imitent les auteurs médiocres). 

109 et suit^ celui qui rampe plusieurs années dans la cam- 
pagne ne doit pas compter qu'il sautera (qu'il s'élèvera) d'un élan 
au faite des montagnes. 

iiu qui veux jouer le milan. 

iiS eC ii4> Il falloit, étouffant... ne point user tes forces, t'épuiser 
en cris ridicules. 



U aiotilU. 35 

Aux vains amans de sa muse jolie ; 90 

Car dez qu'oit leur insipide voix , 

Rompist sa lyre, et l'Amour son carquois. 

Se me disiez , grands autheurs de cest aage y 

Quel droict avez à tant bel héritage? 

Seroit ce droict que tousjours lozangier g5 

Ceulx qu'en flatteurs ainsy voulez changier? 

Debvez sçavoir, à vos dépends'peult-estre , 

Que moinz on est, quant plus on veult parestre. 

M'est en pitié le superbe embryon 

Qui faict son prince et sy n'est qu'un pion : 100 

Seroy d'acTviz que, vendant ses eschasses, 

Il n'affligeast de tant sottes grimaces 

L'œil du proschain; y gagneroit, mafoy ! 

Ne m'en soubvient qu'au moment où le voy. 

Trop composez , povres bastards du Pinde ! 1 o5 

Fort de jarrets n'est cettuy qui se guindé, 

Pour y monter, aux fresles arbrisseaulx 

Bordans le pied des deux sacrés costeaulx. 

Trop composez : qui rampe en Ces campagnes 

Nombre d'hyvers , au faiste des montagnes 1 10 

N'aille compter saltera d'ung eslan ! 

Stupide oyson, qui jongles du milan, 

Falloit, d'orgueil estouffant les amorces. 

En cris fallotz ne poinct user tes forces. 



36 '^otiiti 

ï^er$ ii5 ef ii6. Nous n^en tendons qu^une fois., 



ii8 la grenouille... 

119. La chouette dans les vieux murs, 
lao. Vous faîtes ainsi... 



\ii. Car cVst au point qfie je ne puis... 

133 et \il\ à quelles règles sévères je me suis assujettie par 

suite de nos doux entretiens. 

135. Ton goût, qui fut mon guide... 

13^. Et cependant ton goût ne se contenteroit pas 

138. D'un vers qui seroit dénué {^dcsnù,^ de cet appas, quoique 
frivole. 

139. Et même cette rime... 

i3i et i33. Quand je veux après deux vers Ç carmes, de carmen) 
masculins en accoupler deux féminins Çpucellins^ '^ 

i33 et i34> et bien me garder de faire marcher ensemble plusieurs 
vers dont les rimes soient de même genre (par exemple, féminines ), et 
qui cependant ne riment pas entre eux. 

i35 et i36. (Ceci est fort obscur : il faut croire que par vers im- 
pairs Clotilde entend ceux à rime féminine , qui ont une syllabe de 
plus que les pairs ou vers masculins ; mais alors ces deux vers ne 
disent pas autre chose que les deux précédents.) 

137. Je ne puis souffrir, eu faisant ces vers de dix syllabes, 

i38. Que nos maîtres ne soient point occupés de plusieurs soucis 
que je me donne , 



beSIotilbe. 37 

Rien qu^ugne fois du cygne harmonieulx "^ 

N'oyons le chant tendre et mélodieulx; 
Et chasque nuict , en Tonde croupissante , 
Croasse en vain la rayne assoupissante , 
Chouette ez vieulx murs , corbeaulx dans les déserts : 
Sy faictes-Yous 9 Aristarques diserts! '^^ 

Chascun vous prosne ; et moy n'en peulx que dire : 
Car tant y a que ne sçauroy vous lire. 

Tu sçais , Rocca , quels sévères liens 

M'ont asservie en nos doulx entretiens ; 

Ton goust, mien guide en cette folle escrime , '^^ 

M'a faict au sens sacrifier la rime ; 

Et toutesfois ne se contente pas 

D'ung vers desnû de ce frivole appas; 

Mesme la rime , à chustes si diverses , 

Combien nous faict essuyer de traverses, ^ *^° 

Quant veulx, après deulx carmes pucellihs, 

Sans nul effort coulpler deux masculins; 

Et bien garder qu'ensemble ne cheminent 

Genres pareils que sons divers terminent, 

Pour n'aillent pairs , sans rime appariés , * ^^ 

Par doulx impairs, se ne sont variés? 

Ne peulx souffrir, quant faiz ces pentamètres. 

Que maintz soulcys n'embesognent nos maistres , 



38 



^oejteé 



yers 139. Tels que de briser à la fin du second pied 

i4o. Mon yers, qui sans cela boite estropié. 

i4i* De choisir des mots... 

143. Partout où je yeux... 

143* D'écarter enfin les mots... 

i44* Q^ rendent la phrase traînante. 

145. A moins qu'ils ne se terminent par un e muet , 

lêfi. Et qu'ils ne soient élidés par une voyelle. 



148. Si je Youlois, comme toi, que tout fût parfait. 



149 n'embrouillent... 



i53. Tant bien que mal arrivent... 



i54 se proclament les merveilles. 



i56. Que chacun voudroit bien... 

167 et i58. Si le nom seul du travail ne donnoit une telle e'poa- 
vante à leur troupe... 



160 {hrief, bref, de peu de durée. ) 

161. Gloire éternelle Çpérenne, du latin perenrUs.) 



Telz que brizer ez fin du second pie 

Mon vers , sans ce , clospinant , estropié ; 1 40 

D'eslire motz de chuste masle et plaine 

Partout où veulx, comme icy, prendre halaine; 

Carter enfin verbes sourds et muets 

Par qui discours sont fiasques et fiuets ; 

A moins pourtant qu'^ sombre les fenisse , i4^ 

Et qu'à voyelle en mourant ne s'unisse... 

Nepeulx souffrir... Maiz quant aurois-je faict, 

Se tout vouloye, ainsy que toy , parfaict? 



Tant de soulcys n'embroillent la cervelle 

Des grands suppotz de la forge nouvelle , i So 

Qui, sans payer aux Grâces nul tribut, 

Que bien, que mal, ad viennent à leur but ; 

Et, desclarant la guerre à nos oreilles , 

Du monde engtier se clasment les merveilles ; 

Nulz n'ont tel soin : seroy d'advis pourtant ,55 

Que bien vouldroit chascun en faire aultant, 

Se du labeur à leur tourbe sçavante 

Tant le nom seul ne bailloit espouvante , 

Qu'ils ayment mieulx barboter en l'esgoust, 

Que d'achepter par quelque brief desgoust 160 

Gloire pérenne. Or moy, qui n'ay , povrette, 



4o ^oeéjeé 



Vers 164. Jusqu'à ce que je n'entende plus... 
i65. Bramer, crier fort, du languedocien brama. 

167. Pour nous ouïr... 

168. Pantois^ respirant à peine. 

170. Ne vous souvient-il pas...i' 



176 vous aurez la gloire d'assoupir. 



177. Que dirons-nous de plus... 



181. Digne de louange^ mais c'est autre chose que mon livre... 

183 ou que je lui survive. 

i83. Nous n'en avons pas dit assez (^prouy^ c'est pourtant beaucoup 
en discourir. 

i84* La force me manque pour courir si loin. 



U (Elotiltt. 4i 

Que pieds légiers de la jeune chevrette, 

M'en serviray pour fuir à travers champz , 

Tant que n'oyrai leurs misérables chantz. 

Tant que vouldront y lors que brament à l'aize : i65 

a Sommes plus doulx que miel , plus chauds que breze ; 

« Pour nous oyr se taist le rossignol ; 

« L'aigle pantois ne nous acteint au vol... » 

Vous tayrez-vous, grenouilles insolentes? 

Ne vous soubvient , bestioUes turbulentes , 170 

Que de Phœbus, et d'Hécate aux trois fronts 

La mère ung jour essuya vos affronts ? 

Qu'en advint-il? le dieu de la lumière', 

En vous laissant vostre audace première , 

Vous condamna pour jamaiz à croupir : 175 

Croassez donc; loz aurez d'assoupir. 



Que plus dirons, Rocca, ma doulce amye? 

C'est que du beau paresse est l'ennemye ? 

Non que par -fois souple et facile esprit 

En se jouant ne fasse maint escript 180 

Bien louangié ; mais aultre est que mon livre 

Vive après moy, que moy de luy survivre. 

Prou n'avons dict ; c'est moult en discourir : 

Vigueur me fault pour trop au loing courir. 



4a ^otiie* 

Vers i85. Viens, et tu verras oc que peut... 

i86 Tesprit de Léonore. (Elle se oommoit Marguerite - Ëlëo- 

nore Clotilde.) 

187 qui ouvris mon cœur. 

188. (On- n^entend^pas bien quel est ce Tainqnenr. .Il,parolt que 
Rpcca forma le goût de Clotilde pour la poésie, mais le mot de vain- 
queur est assez impropre s'il n'est question ici que de ce goût. Se- 
roit-ce aussi Rocca qui auroit ouvert le cœur de Qotilde à l'amour? 
Mais, comme . le reste de l'épttre .n'en dit rien , la condusion seroit 
un peu brusque.) 



De eiotilbc* 43 

Vîenz , et voyras que peult, à son aurore, ^^^ 

Tenter de grand Tesprit de Léonore , 
Pour toy , Rocca , pour toy qu'ouvris mon cœur 
Aux doulx transportz qu'espuyse mon vainqueur. 



44 ^otiiti 



CBANT d'amour AU PRINTEMPS. 



« Ung chant d'amour doibt paindre aux sens moins que parler à 
« Famé... Cettuy du printemps , fiz ung matin Séjour de mars 1431. » 
Mém. de Clotilde, li\f. 5 et >] des Ch. â^ amour. 10. 



Vers 3 pâturages . 

4 et même autour. 

5 répand ces vives couleurs. « 

7. C'est une apostrophe : Arbrisseaux que les autans ont courbés. 
9. Bordez ces tapis que la nature décore. 



i3. II n^est rien que ton regard ne fasse reverdir et ne colore. 

i4* Saison.... empire... 

i5. Tu réjouis celui qui déplore leur perte (des jeux et des amours). 

16. Mais, si des vieillards tu rends serein le déclin... 

17. Pour nous, jeunes gens, les soucis suivent tes traces... 
a8. Tu sais éclaircir un front déjà courbé vers la terre... 



U dhtilit. 45 



CHANT d'amour 




Il ^^rinfemp^. 



Quels doulx accords emplissent nos boscages ! 

Quel feu secret de fécondes chasleurs 4 

Va pénétrant sillons , arbres , pascages ^ 

£t , mesme entour des tristes marescages , 

Quel charme espand ces vivaces couleurs ! ^ 

Oui , tout renaist , s'anime ou se réveille : 

Arbustelets , qu'ont ployez les aultans , ; 

Redressez-vous de perles éclatants I 

Bordez tapyz que nature appareille , 

Pour y pozer les trosnes du printemps. '® 

Gentil matin de Fan qui vient d'esclore , 

Type riant du matin de nos jours , 

Rien que ton œil ne verdysse et coulore ! 

Seyzon des jeulx , empeyre des amours , 

Cil resjouîs qui leur perte desplore 1 i5 

Ainz , se des vieulx seraines le desclin , 

Soulcys pour nous jeunetz suy vent tes traces ; 

Sçaiz esclaircir front vers la terre enclin ; 



46 "^otiUi 

Vers, 19. Tu Tas obscurcissant celui... 

Qo. Sous le bandeau du petit s^rcher malin ( l'Amour ). 

31. Nous... elle Tiendrai,. 

iZ, Jamais Pkilomèle ne racontera les siens. . . 
a4* Sans que nous regrettions... 
a 5 . Le droit précieux . . . 

27. Bien que F Aurore arrose Fherbe de ses pleurs , 

28. Elle se plait assez. 

29. Elle songe... quand elle Toit... 

30. S'épanouissant... 

3 1 . (Il nous semble que la liaison des idées seroit meilleure si , à la 
place de ces mots, De vray, on lisoit Ainqois ou Pourtant : le tourment 
où je me liTre me duit , me conTient mieux que son bonheur j car enfin 
à quoi lui sert !... 

33. Se rappeler quelqu'un qui ne peut... 

34. Au moins nous , que la Parque frappe (Jlert, de/erire. ) 
3 5 . Nous aTons Fespoir. de. . . 

36. L'un plus tôt , l'autre plus tfurd ; mais ne nous l^Mons pas 
trop. 

à8. n faut l'orner. .. (^a4prner, du lat^q adomart}). 
4o. Le triste loisir de ïfld.v^lfi& Gâtons (jongler ,, jouer. ) 

42 . ... s'il peut aToir des faisans ,' 

43. Il est sot... celui qui s'en tient à la gesse ( mauTais légume. ) 



Vas obscuraiit cettuy qu'ornent les Grâces 

Soubz bandelet de Farcherost malin ! ^^ 

Te pardonnons : viendra F heure cruelle 

Qu'à trez hault prilx vouldrions payer ces maulx ; 

Oncques les siens ne dira Philomelle, 

Sanz que plaignions , à Tombre des rameauk , 

Droict précieulx de souspirer comme elle. ^^ 

Plus ne vivrons que par des soubvenirs : 

Bien qu' Aurora de plours Therbette arroze , 

Prou se complaist en son char de saphyrs ; 

Songe à Tython y quand veoit la jeune roze 

S'espandyssant aux souffles des zéphyrs... 3» 

De vray, me duict le tourment où me livre 

Plus que son heur : car enfin que l'y siert 

Remémorer ung que ne peult revivre ? 

À. tout le moinz nous, que la Parque fiert, 

Espoir avons en la tombe nous suy vre , 35 

Qui tost,- qui tard ; ainz trop ne nous hastons : 

Doulce est encor la coupe de la vie : 

Faut Tadorner de gracieulx festons ; 

N'aurons que trop , pour désarmer l'envie , 

Triste loysir de jongler des Gâtons. 4o 

Temps nous soubrit ; uzons de sa largesse , 

Maiz sans abus : se faizans peult avoir, 

Sot est, ma foy, qui s'en tient à la gesse; 






48 ^oeétcé 



Vers 46. ... quel qu*en soit... 
47. Il nous attend ici... 



49 et 5o. ... même dans la yieillesse, qui froudroit se venger de 
l'Amour, awprix d'en perdre le souvenir? 



54. ...n'en crois jamais... 

55. Elles sont de plaisir. 



58. Puisque Mars a chassé... ( le mois de Mars. ) 



61. Autour de 'ces lieux mille oiseaux peints de couleurs variées 
(^pieUs volucres. Virg.). 

63. Ou donnent chasse à des papillons dorés. 



65. Qu'ont déjà sucée les aiguillons des abeilles (^avetes, abeilles: 
Yojez La G)mbe). 

66. Vertumne , aux ailes diaprées , yous tend. . . 

68 et 69. Là , d^ que les violettes pourprées auront disparu avec U 
fraîcheur des prairies , je veux. . . 



U (Elotiliu 49 

ligne vertu par défaut de pouvoir 

Se pare en vain du beau nom de sagesse. 4^ 

Suy vons l'amour^ tel en soit le danger ! 

Cy nous attend sur litz charmants de mousse : 

A des rigueurs.., qui vouldroit s'en venger, 

Qui ( mesme alors que tout dezir s'esmousse ), 

Au prilx fatal de ne plus y songer ? 5o 

Règne sur moy, cher tyran dont les armes 

Ne me sçauroient porter coups trop puissants ! 

Pour m'espargner, n'en croiz onc à mes larmes ; 

Sont de playzir : tant plus auront de charmes 

Tes dards aigus, que seront plus cuysants. 55 

Témoins plainctifs des seuls maulx que j'endure , 

O tourtereaulx , et vous , rossignoletz , 

Puisqu'a chassé Mars glaçons et froidure , 

Meslez vos chantz au bruict des ruisseletz 

Qui roulent clairs sur la molle verdure ! 6o 

Entour d'icy mille painctz oysillons 

Vont becquetant aubespines flouries , 

Ou baillent chasse à dorés parpeillons , 

Se balançant sur la flour des prayries 

Qu'ont jà suscée ave tins éguillons. 65 

Vous tend Vertumne , aux esles diaprées , 

Sombres abrys en l'espaisseur des bois : 

Là veulx , dès-lors qu'avec frescheur des prées 

4 



1 



5o ^otiiti 



f^ers 70. ... à vos yoix défaillant&s . 



73. Si un ardent baiser de ta bouche... 



75. Comme , toute entière à ma flamme , je dirois bien. 



Disparoistront violettes pourprées , 
Respondre encore à vos faillantes Yoix ! . . . 70 

Maiz j bel amy, dont le penser m'enflamme , 
Se de ta bousche ung bayser chaloureulx 
( Qui sur la mienne appellerait mon ame ) 
Coupoit soudain mes accents amoureulx , 
Coin'diroy bien , toute engtiere à ma flame , 7^ 

« Quek doulx accords ! » 



5a "^oeéteé 



CHAKT O^ÀMOVR EN l'eSTÉ. 



« Ce n'est tant Pesté qu'ay voulu paindre que Testât de mon coeur. 
« ce 20 juillet , vers deux heures , soubz le rocher. i4aa* » 

Mém. de Clotilde , Uv. 5 et 7 des Ch. é^ amour. 



yersi I . Autour de moi il n'est rien.. . 

Q . Et cependant l'œil du jour dore tout. 

3. Déjà Thestylis remplit la cinquième corbeille. . . ( Ce nom est pris 
de Virg. , ecl. II , v. 10.) 

4 et 5. Pour les moissonneurs , que l'aurore n'a pas devancés dans ce 
brûlant séjour. 

6. ... ils reposent... 

7. Le solage (l'action du soleil ) direct et brûlant les frappe (/zert) 
en vain. 

8 . Çà et là . . . répandus . 

9. Sont les jeunes bergers sous les roses... 

10 parmi leurs troupeaux fraîchement tondus. 

II. Ce n'étoitpas ainsi, soleil... 
13. Qu'il y a deux mois tu... 

i3. ... l'Arcture glacial (étoile de la constellation du Bouvier, voi- 
sine de l'Ourse). 



U Slottlbe. 53 



fc'V%>^^>^>^y«.*»<>^.V%-^*»%f»i^^i»«^<.%»m>^m.^^'%«%-»»^%<^%<V^^>^*^»*»* «•«r*'»' 



CHANT D^AmOUR 








Ëntour de moy n'est rien qui ne sommeille , 

Et cy pourtant tout dore Tœil du jour : 

Jà Thestylis emplist quinte corbeille 

Pour mestiviers, qu'en ce bruslaut ses jour 

N'a desvancé la courriere vermeille : 5 

Prez leurs oustils repozent estendus ; 

Les fiert en vain le droict ardent solage : 

De cy , de là , sur ces monts , espandus 

Sont bergerosts , soubz rozes du bel aage, 

Dormantz seule tz enmy troupeaulx tondus. . lo 

N'estoit ainsy, foyer de la nature , 

Que , sont deux moys, earessoiz l'univers; 

Lorsque , vainqueur de glaciale Arcture , 

Au fond du nord enchaisnant les hyvers , 



54 ^oe<t« 

Ver» i5. Tu rendois nos champs à la floraison (/ZouWture, ,/Zeum- 
attre, de flour, fleur). 

17. A présent... 

18. Tu sèches les bosq«eis que tu aTOts rendua fleuris. 

19 et aa Les cœurs que tu raviras de ta clarté première languis- 
sent , et accusent ton ardeur présente. 

a I . Contre tes rayons cherchent de vains ahris . . . 

11, Les habitants... 

a3. ... l'hirondelle. 

24 e< a5. G>uchée loin de ses chevreaux , la chèvre vagabonde broute 
le cytise amer... 

36. Je ne vois pas non plus( ny poi^'e,., tournure allemande) les 
poissons muets... 

37. Frétiller à fleur d'ean , ni les grenouilles {rajrnes) sautil- 
lantes... 

38. Se réjouir. ( Tel est le sens d'^sbanoyer , selon Borel , qui dte le 
Roman de la Rose. ) 

39. Ni les taupes souterraines sortir... 

3o. Ni le lézard vert fuir ailleurs que parmi les buissons... 

33. Rase... du sentier. 

33. Il va... le creux d'un antique tronc. 

34. Un crapaud le voit... 

35. Bientôt aminci , il entre. . . 

37. Sous une grotte... j'ai relâche... 

39. Le jour se cache ( s'iAseomi , du latib abstoMkre : royes 
Borel ). 



Nos champs tout nuds rendoiz à flouriture ! i ^ 

Lors ton esclat évigiloit nos sens ; 

Ores nos sens accable ta lumière ; 

Sesches bosquetz que rendiz flourissants , 

£t ton ardeur accusent languissants , 

Cœurs qu'avivaz de ta clarté première. qo 

Contre tes rays quierrent de vains abrys 

Hostes de Fair, de la terre et de Tonde; 

Hors de son nyd ne sort mesme Thy ronde ; 

Brouste , couschiée j au loing de ses cabrys , 

Cytise amer la bique vagabonde. a 5 

Ny frétiller vois-je muets poissons 

A fleur d'estang , ni sautillantes raynes 

S'esbanoyer en aygres unissons ; 

Ny s'exhaler les talpes soubterraines , 

Ny verds lézards fuyr qu'entre verds buyssons. 3o 

Seul inquiet, le céraste farousche 

Haze , haletapt, la poudre du semptier ; 

Va regagnant creux d'ugne antique soulche; 

Le veoit crapeaulx ; en Fesçumante bousche , 

Tost amincy, se glisse tout engtier... 35 

Maiz quoy ! tandye qu'^n ce vaste silence , 

Soubz grotte obscure ay trefve à mes ennuicts, 

Quel tourbillon dans le vuyde s'eâlance ! 

S'abscond le jour entre voyles des nuicts ; 



56 poésie* 

Ver* 4o. ... combat la yiolenoe. 

4i. La foudre marche au milieu... 

43. (Ce vers nous parott admirable par sa précision et sa chule 
imitatiye. ) 

43. Dieux ! elle tombe sur ce roc... 

44- ••• le sommet où la colombe sauyage (^sjrhfestre,àe sylifeslns). 

45. Près de... 

46. Elle Ta tu périr. . . 

47. Tu vis à peine, et tu crois t^envoler. 

49. Il étoit moins barbare de t'immoler, 

50. Que te forcer à vivre ainsi douloureuse (dans la douleur). 

5i. Que cherches-tu autour de... 

5a et 53. Tu ne peux t^enfuir de ta demeure encore toute iumaoïe , 
et tu trembles d'en approcher. 

54. ... d^une amante. 

55. Qu^à régal de toi, autant que toi... 

56. ... il n'est plus temps ^ tes ailes s'affoiblissent (^s'allangiur, forme 
comme languir, de languescere ). 

57. Ton seul ami... 

58. Tu sais qu'il n'est plus , et pourtant. . . 

59. ... vous m'apprenez, couple d'oi$eaux>.. 

61 . Mais cependant les nuages s'éclaircissent. 
63. Il perce... 

63. Celui ( le soleil ) dont les traits brillent plus vifs. 
. 64 . • • • dont ces collines . . . 






uaiotmc 57 



40 



5o 



Des quatre vents jouste la turbulence ; 

Marche la fouldre enmyeu nuaig^es noirs; 

Gronde 9 reluict, esclate, hélaz! et tombe... 

Dieulx ! sur ce roc , le plus fraiz des manoirs ; 

Frappe la creste où sylvestre palombe 

Prez son ramier rouccouloit touz les soirs : ^ 

L'a veu périr; s'enfuyt... Ah ! malheureuse, 

A peyne viz, et cuydes t* envoler ! 

Me fend le cœur ta plainote langoureuse ; 

Et moinz barbare estoit de t'immoler, 

Que te forcier vivre ainsy douloureuse ! 

Que quierz en tour ce funeste roscher'.^ 

De ta demeure encor toute fumante 

Ne peulx t'enfuyr, et trembles d'approscher ! 

Vole plustost sur le seyn d'ugne amante , 

Qu'au pair de toy tes maulx doibvent touscher ; 

Laz ! n'est plus temps : s'allanguissent tes esles ! 

Tien seul amy pouvoist te secourir : 

Sçaiz qu'il n'est plus, et sy tousjours l'appelles! 

Oui , m'apprenez y coulple d'oyseaulx fidèles , 

Qu'en pareil cas ne reste qu'à mourir. 

Ainz toutesfois s'esclayrcissent les nues : 

Perce à travers les humides forests 

Cil dont plus vifs resplendissent les traicts , 

Sur les torrents, dont ces costes chesnues 



55 



60 



58 ^oc^tel 

Ver* 65. Meaaqoientdéjà... 

66 et 617. Quoique (Jaçoit) vos rameaux s'égouttent encore en jierles 
de cristal , bois argeotés... 

68 . Vous m^ombragerez cueillaot . . . 

69 et 70. Tant que l'ombre en croissant ne tombera pas des collines 
sur les toits fumans de nos hameaux. 

7 1 et 7a. Mais il est un feu qui , partout où je yais me cacher, sans 
pitié me consume jour et nuit. 

73. Si le sommeil yient Fassoupir avec mes sens. 

75 et 76. Autour 4le moi, 4Somme au dedans, chaqae objet le 
rallume. 



be ^lotilt>t. 59 

Jà menaçoient d'inonder nos guérests. ^5 

Jaçoit encor qu'en perles crystallines , 
Bois argentés , s'esgouttenl vos rameaulx , 
M'ombroyerez cueillant des avelines, 
Tant que y sur toictz fumantz de nos hameaulx 
L'ombré croyssant ne tombe des collines , 70 

Maiz est ung feu , soict où m'aille tapir , 
Qui , sanz pitié , jour et nuict me consume : 
S^avec mes sens somme vient l'assoupir , 
Dès mon réveil, suivy de maint souspir, 
Comme au dedans, chasque object le rallume ^5 

En tour de moy. 



6o ^oe«te« 



CRAMT D^AMODR EN ALTOMUE. 



a Lors estoyent descoloiu'ez les foillages j donc Altomne jà s^ea- 
« fuyoit. Eslît mon cœur ce temps grisastre, le i5 novembre de cet 
a an i^^a. » 

Mém. de Clotilde, liv 5 et 7 des Ch. d'amour. 



y ers 3. Troncs erwieiUis.,,. (Ce vers, qui rime avec le premier, 
semble indiquer que Clotilde suivoit la prononciation des provinces 
méridionales , et disoit denture comme chevelure. ) 

6. le soleil sortait du sein des mers 

7. Pour sourire. 



10. (Ce vers, moins correct que les précédens , pourroit bien avoir 
été altéré dans Tintention de le rendre plus moderne. ) 

II et 13. S'encor, si encore : si toujours encore il ranimoit de sa 
flamme amortie nos bocages tremblans ^ 

i3. Mais il nous laissera. 

14. libelleront, arracheront (du latin aveUere). 



be eiottlbe. 6i 



CHANT D^ AMOUR 




. M«..«,. 



Où fuyez-vous, charmes de nos demures? 

Toietz verdoyants, azyles du sommeil? 

Troncs envieillys, où sont vos chevelures, 

Qui m'abritoient quand le char du soleil 

Rouloit bruslant sur le palaiz des heures ? 5 

N'aguere, au moinz, sailloit du seyn des mers. 

Pour soubrier à Tamant d'Erigone, 

Et, se jouant parmy les pampres verds, 

Doroit, ainsy que les dons de Pomone, 

Mille nectars de leurs grappes couverts. »<> 

S'encor tousjours, de sa flamme amortie, 

Rassérénoit nos boscages tremblants! 

À.inz nous layra quand les fils d'Orythie 

Avelleront Thyver aux cheveulx blancs 



6a ^oeite< 

Veri i5. Hors du fond glacé... 

i6. n y a ici une inversion \ voici le sens : Or, bien que sien (son) 
éclat soit prêt à finir. . . 

i8. Non sans pUisir'^ii... (cemtr, de mmertf voir, regarder.) 

ao. (La charmante réflexion de ce vers nous semble former une 
transition très heureuse à ce qui suit. ) 

3 1 . (Cet exemple , qui n^est pas le seul dans ces poésies , prouve 
qu'alors on pouvoit séparer dès de que : dès que pour nous Tautomne 
est arrivée. ) 

a 3. La vieillesse chenue fond sur nos têtes. 

a 4 sous rimpitoyable autour 

a5. Nos foibles cris se perdent... (se spargerU, se dispersent, de 
spargere. ) 

37. Que n'usons-nous mieux... 

a8 ne pouvant y rester Çdans mon logis^ vers suivant). 

39. Je ne plaint mon logis. . . (me doutt ou me deuJU, de douiair; non 
me dolet. ) 

3o qui peut jouter, combattre? (Même observation que sur le 

vers 79 de TEpitre à Rocca.) 

3 1 . La terre n'a-t-elle pas eu aussi sa jeunesse ? 

3a et «uiV. Tout ce que les humains obtiennent à peine de la terre à 
force d'art , etc., elle le pondoit ( le produisoit ) d'elle-même sous leurs 
mains. 

35. Alors les humains n'eurent de souci que... 

36. ( Voici la première fois que la troisième personne du pluriel de 
l'imparfait d'un verbe se trouve employée selon l'ancienne et dure pro- 
nonciation de trois syllabes , vin^o^ent : on la retrouve dans les stances 
du Chàtel-d' Amour : Plaisirs voloj-ent à l'entour. On sent combien il 
.seroit facile de refaire ces deux vers selon la prononciation actuelle. ) 



Ez fond glacé des antres de Scythie. ' 

Or y sien esclat bien soict prest à fenir , 

Ma veue au loing doulcement esgarée , 

Non sans déduit, cerne les champs brunir: 

Nature plaist , mesme ainsy bigarrée ; 

Et si vieillisty saura bien rajeunir. jo 

Or dèz pour nouz qu'est Taltomne advenue , 

Nos vains actraicts se fasnent sans retour ; 

Fond sur nos chiefs la vieillesse chesnue ; 

Et, francs linotz, soubz Timpiteulx altour , 

Nos cris foibletz se spargent dans la nue. ^5 

Hé Dieu I plustost que nouz en attrister, 

Que n'uzons mieulx du moment qui s'escouie? 

Hoste joyeulx, ne pouvant y rester, 

Point ne me doult mon logis qui s'escroule. 

Contre le temps, eh ! quoy donc peult toster? 3o 

La terre aussy n'eust-elle sa jeunesse ? 

Tout ce qu'à payne en obtiennent humains 

A force d'art, de labeur et d'adresse. 

De soy pondoit soubz leurs heureuses mains : 

Lors de soulcy n'eurent que leur tendresse ; 35 

Et cependant vivoyent dix fois plus 

Que ne faizons! ... ( ce n'est trop quand on ayme , 

Et qu'on n'est sourd, aveugle , ny perclus : ) 

Seur de cœillir n'est ores qui la seme..^. 



64 ^otéteé 

Vers 39. Celui qui la sème (la terre) n'est point à présent s&r de cueillir 
(recueillir). (On trouvera que ce vers est bien éloigné du 3i°>«, le 
seul où la terre soit nommée, et quUl manque ici une transition : ce 
sont des fautes ; mais aussi que de beautés ! ) 

4a. Prend au bameau... 

43. Tout ce qui est sans reproche n*est pas sans péril. 

44* Entendez les cris que , palpitans d'effroi , 

45. Vos petits enfans poussent du baut de la roche. 

46 et 47* •••• ^^j^ ^^ jaunâtres tourbillons dévorent de leur flamme 
active , etc. (Voilà deux vers féminins de suite qui ne riment pas r 
cette faute ne se trouve que dans ce seul endroit. Clotilde a posé la 
règle de la manière la plus expresse dans son Epitre à Rocca : il semble 
que les réviseurs auroient pu corriger aisément ce passage. ) 

49 et 5o. (La construction naturelle demanderoit qu'on lût le se- 
cond vers avant le premier. ) 

5i. Du pourceau (^glandwors, qui se nourrit de gland). 
5a. (Ce vers désigne sans doute une cbienne qui a mis bas nouvel- 
lement. ) 

55 au seuil de la bergerie... {^ovile, c'est le mot latin ovdle^. 

56 et suw, (Ce passage n'offre point de difficultés pour le sens lit- 
téral ; mais les deux parties du tableau semblent se contredire. Clo- 
tilde dit d'abord : Familles bêlantes , qu'espérez-vous pour échapper , 
c'est-à-dire pour être échappées , à des abris mortels ? Là mort plane 
sur ces débris fumans.... ce qui nous représente le troupeau sortant 
du bercail , mais exposé à être atteint par les matières embrasées qui 
s'en détachent , soit poussées par le vent , soit par la violence du feu. 
Mais ce qui suit semble , au contraire , nous représenter les brebis se 
pressant pour rentrer dans la bergerie , malgré les cris des specta- 
teurs. ) 

61. Elles veulent périr ! qu'elles périssent donc... 

62. C'est un bonheur... 

63. En cela de vous... je diffère. 

64* Que je n'ai pas pour certain (que je ne suis pas sure) de ne 
pas survivre. 



t>t @(ottlbe. 65 

Ciel ! à douleur ! ô regrets superflus ! ... ^*° 

D'ung bois de pins le feu, de prosche en prosche 

Prend au hamel... Paisibles habitants, 

N'est sanz péril tout ce qu'est sanz reproche ! 

Oyez clamours que, d'eifroy palpitants, 

Vos enfançons poussent d'en hault la rosche! 4^ 

Viste accourez ! jà de leur flamme active , 

Vont dévorant jaunastres tourbillons , 

Fruicts de vos prez , trézors de vos sillons ! 

Loing de Festable où les nourrist captive 

Voyez lo chassant ses bouvillons ; 5o 

Du glandivors la compagne hérissée , 

Et sa voysine aux traisnants mammelots , 

A pas divers , fuyr leur hutte escrasée , 

Tandiz que Tair retentit des sanglots 

Du pastre au sœil de Tovile embrasée ! ' 55 

Pour eschapper à de mortels abris, 

Qu'espérez- vous, ô familles beslantes? 

Plasne la mort sur ces fumants débris... 

Clamons en vain : soubz les poultres bruslantes , . 

Plus elles vont se pressant à nos cris ! 6o 

Veulent périr î périssent donc ensemble ! 

C'est heur ainsy d'affronter le trespas. 

En ça de vouz , brebiettes , je dissemble , 

Que pour certain n'ay ne survivre pas 

5 



66 ^oe«te«. 

Vers 66. Et qui n^est pas... 

67, En quel gouffre de noires |)ensées. 



7 1 . Que dUci à son retour j^aurai une longue oisireté. 



74 au printemps. 



be autiltu 67 

Au preulx que j'ayme et pour qui tousjours tremble , 65 

Que n'est tesmoin du sort de ces beaux lieulx. 

De noirs pensers en quel gouffre il me plonge ! 

Ah ! que le deuil de la terre et des cieulx 

A mes regards s'accroysse et se prolonge ^ 

Tant que l'amy sera loing de mes yeulx! 70 

Que d'icy lors auray longues fériés! 

Vienz à mon ayde, ô puyssante rayzon !... 

MaisYOuz, hélas I illusions chéries, 

Qui me suy viez en la verte seyzon , 

Doulces erreurs , charmantes resveries , 

Où fuyez-Touz? ^S 



G8 



Spotiiti 



CHANT dVmOUR EN L^HTYER. 



« Soit l'hyTcr achoison non sujet (^queVhjfver soit V occasion et non 
« le sujet) de tels chantz': espandez-y vostre ame engtiere.... Ainsy 
a fis>je au dernier jour de Tan 1 4^ i • » 

'Mém. de Chtilde , iiV. S et 'j des Ch. d'amour. 



y ers 1, Amoncelez-Yous. 

3. Quoi ! lorsque Thirondelle passe la mer (le bleu Nérée ^ figure 
hardie et prise^ des anciens. Horace appelle Thétis cœrula mater, 
Lyric, lib. V, ep. i3. 

4. Pour ne pas languir... 

5. (On attële quelquefois des moineaux au char de Vénus.) 

8. Puis, quand yotre aile... 

9. Tombe... (gelides glaçons est un pléonasme : il est rare que 
Clotilde tombe dans ce défaut; elle est au contraire très heureuse 
dans le choix des épithëtes.) 

10. Vous fixez, pauvres petits... 

11. Suspendez vos cris (^pioisy gazouillement); 
la. Retournez... 

i3 elles sont de si doux abris. (Pavois, mot à mot bouclier,) 






be eiotilbe* 69 



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CHANT D^ AMOUR 




n r 




pcr» 



Grondez , tyrans de la plaine éthérée ! 

Moncelez-Touz , brouillards, neige el frimatz! 

Quoy ! quand Progné franchist le bleu Nérée , 

Pour ne languir soubz nébuleux climatz , 

Bruns passer^aulx qu'attela Cythérée, 5 

Seuls saultillez encor sur ces buyssons ! 

Seuls voletants poussez maint cry débile ; 

Puyz, quand vostre esle, à voler inhabile, 

Chest soubz le poids des gélides glaçons , 

Fixez , povretz , la nature immobile ! . . . 10 

Francs oysillons , suspendez vos piois ; 

Tornez au nyd rasseurer vos compagnes ; 

Contre Thyver sont de si doulx pavois ! 

Tant que froydure attriste les campagnes , 



70 ^oe^tei 

Ver* i5. Est-il d'autre plaisir que... 
i6. Autour de œs lieux... 



i8 quand les autaua sifflent. 

19. Pour les autres oiseaux... 

3 1 . Mais , comme tous , je ne trouye pas toujours. 

a 3 et ^4. (Il faut lire le second yers ayant le premier.) 

a5. Celui-là que seul j'adore augmente ma flamme. 
36. n est... 

a8. L'amour ne l'auroit-il asseryi sous sa chatne 
ag. Que pour épouser les débats des princes ? 



3i. n est possible , à présent que je t'appelle... 
3a. Qu'en terre étrangère tu sois chargé de liens. 
33. Il est possible aussi {^aXout,^ 

35 l'espérance me dit que tu reyiens 

36 près de ta bien-aimée. 

37. Si tu as encore souci de... 

38. Il faut si peu pour qu'elle soit.. 

39. Car ici jamais il n'est question de l'armée. 



be ëlotilbe. 71 

Aultre déduit est-il que soubz nos toiets? i5 

En tour d'icy venez, petitz volages 1 

Ce feu divin qui renais t au printemps, 

Ce feu qui meurt quand sifflent les aultans, 

(Pour vos pareils) vouz suyt dans nos villages . 

A.insy que moy bruslez en tous les temps. ao 

Ainz , comme vouz , tousjours ne treuve encore 

A qui conter mes amoureulx désirs ! 

D*abord estaint brazier qui vous dévore 

Toute femelle aperte à vos playzirs; 

Accroist le mien cil seulet que j'adore. aS 

Est loing de moy. Mars qui me Ta ravy 

Le faict errer en loingtaines provinces : 

L'auroit Amour soubz sa chaisne asservy 

Pour n'espouzer que les desbatz des princes? 

Barbare, hélas! que ne t'ay-je suivy! 3o 

Possible , alors que t'appelle tremblante , 

Qu'en terre estrange ez chargé de liens! 

Possible atout que , sur l'amaz des tiens , 

Entre les morts... ta despouille sanglante... 

Arreste ! espoir me dict trop que reviens ! 35 

Ah ! reviens donc emprez ta bien-aymée , 

S'az cure encor de ses mortels ennuicts ! 

Tant peu faut-il pour que soict alarmée '. 

Car onc icy n'est propoz de l'armée ; 



n-à "^ttiiti 



Vers 4i« Lorsque j'entends {oy) retentir {bruyr) les tempêtes de 
i*Ourse. 

4a d'Orion... 



45 me dis-je... 

46. Ne se pourroit-il pas... sans habits. 

48. Aperçu par eux {cerné, de cemere), il en soit peut-être (^Jors) 
la pâture. (Cerné peut aussi signifier entouré^ de cerne, cercle, en- 
ceinte. Voyez le glossaire de M. de Roquefort. ) {Note de i8a3. ) 

5o cherche sa nourriture. 

5i. Autour du feu... lorsque nous parlous. 

5a. De yoyageurs. 



56. Si nous entendons un cri... 

57 quelque loin que cela soit , 

58. Soudain tout mon sang... 

59 et 60. (Je ne puis m'empécher de faire remarquer ici la beauté 
et la Terité de ce mouvement poétique , de ce cri de la nature , ^U 
étoitlh!) 

61. Des pensers plus doux viennent... 

6a. Se mêler... 

63. Alors je te vois... 



45 



5o 



Et maintes fois, durant ces longues nuicts, 

Du sombre Arcas, quand oy bruyr les tempestes, 

Ou que d'Oryon tombent les froids torrents, 

Que toicts , battus de cent coulps diifférents , 

Semblent aller s'escroulant sur nos testes : 

« Où porte-t-il , me dis , ses^ias errants ? 

a Ne se pourroist que seul et sans vesture , 

o A travers champs, à la mercy des loups, 

a Cerné d'iceuls en soict fors la pasture , 

« Ou que , jouât d'ung sort non moins jaloux, 

« Comme eulx en vain quierre sa nourriture ? » 

Ëntour du feu , mesme au soir , que parlons 

De voyagiers esgarez loing des routes , 

Au fond des bois , dans le creulx des vallons , 

Ou s' abritant soubz les obscures voultes 

De vieulx chastels ouvertz aux aquilons, 

S' oyons un cry tout-à-coup dans la plaine , 

Ung bruict confus, tant soict au loing cela. 

Soudain le sang tout se fige en ma veyne ; 

Retiens mon souffle , et ne reprends haleine 

Que pour me dire : « O ciel ! s'il estoit là! » 

Plus doulx pensers viegnent, en la nuict sombre. 

Se meslanger à mon trop court sommeil ; 

Lors bien te voy : mais ung affreux réveil 

De mon bonheur chasse encor la vaine ombre. 



55 



60 



74 ^oetieé 

Vers 65 et 66. Aussi je n^attendt pus qa« les rayons tremblaos du 
soleil réjouisseat ma couche. (L^épithëte rare donnée au soleil est har- 
die, mais elle me semble heureuse. ) 

68. Mais les oiseaux sont mueU... 

69. Si un , si celui qu'appelle ma bouche , 

70. Soudain la baisant , étjQpffoit mes clameurs \ 

71. Si TOUS répargnes... 
7a. Je pardonne tout. 

73. En le Yoyant je défierai 



75. A présent grondez, tyrans de Pair... 



be €IotiIbc^ 75 

Aussy n'attends que du rare soleil ^^ 

Rays tremblottants esjouïssent ma cousche y 
Pour au dehors entonner chantz d'amours ; 
Ainz sont muetz oysels , échoz sont sourds : 
Tout revivroit s'ung qu'appelle ma bousche , 
Test la bayzant , estouffoit m^s clamours ; 7<^ 

Se Tespargnez^ preulx vaillants d'Angleterre, 
Pardonne tout à vos mais très ingrats : 
En le veyant desfieray le tonnerre; 
£t m'eserieray , le serrant dans mes bras : 
« Ores de Tair , de Tonde et de la terre, 7 5 

« Grondez , tyrans. » 






76 ^ottiti bc ^(pttlbc. 



APOLiX)H ET GLOTILDE. 
OlkVOOVE. 



Cette poétique date de la vingtième année de Tauteur, mariée depuis 
cinq ans , en i4a6. (Note de M, deSurviUe.) 



Vers 1 . Je sais ce que je vous dois . 



3. Jeune encore , j'ai su. . . 



APOLLON ET CLOTILDE 



xaio^ne. 




CLOTILDE. 



Sçay que vouz doy , grand maistre du Parnasse ! 
Youz fis tes rheur de mes premiers beaux ans ; 
Jeunette ay sceu , par vos divins présents , 
Du temps qui fuyt des tourner la menace : 



7d ^oeéiej 

Vers 5. Ce que j*ai d^humain (de mortel) peut... 

6. Quand il plaira au sort; mais... 

7. Que TOUS m'inspirez. . . 

8. Leur enlèvera... (au sort et au tombeau... toQir^ de toUere) ce que 
j ai... 

9. Je le sais... cependant (^) je Toudrois qu'on me dise. 

10 je me trouve... 

II couvre de ses manteaux (de ses voiles.) 

la. (Qotilde avoue qu'elle étoit inconnue de son siècle.) 
i3 et i4* Moi , qui en secret brûle seulement sur vos autels des par- 
fums capables , etc. (Cette figure est hardie et peu agréable; on en trou- 
vera peu de semblables dans ces poésies. ) 

i5. Un voile... me cache... 

16. Je n'ai vu qu'hier... 

17 je suis encore assez vaine. 

19. Cest que tu n'as pas craint... 

ao. Que dès le berceau... (dans les langes.) 

aa. Mais à moi seul as confié ta gloire... ( loz, louange , gloire. ) 



a4. Voit chaque jour se fortifier son courage. 
a5. Tu as franchi du premier bond... 



'J9. Tu as bien connu que jen'aurois jamais ]Yermis, 



J 



Ce qu'ay d'humain peult aller au tombeau , ^ 

Quand plais t au sort ; ainz la subtile flamme 

Que me soufflez, compaigne de mon ame. 

Leur toUira ce que tiens de plus beau ; 

Le sçay trez bien. Sy vouldroye qu'on me dye ><> 

Pourquoy desja me treuve si hardie , 

Moy que la nuict cœuyre de ses mantels » 

Moy sans renom ( dans cet aage où nous sommes ) , 

Moy qu'en secret, rien que sur vos autels , i5 

Brusle parfums à suffoquer des hommes ! . . . 

Ung Yoyle obscur me casche à tous les yeulx ; 

N'ay veu qu'hyer s'envoler mon aurore ; 

Et toutesfois suis-je prou vaine encore 

Pour n'avoir peur d'interroger les dieulx ! ^® 



APOLLON. 



C'est que n'az craint de desvancer tes maistres , 
Qu'ez langes mesme instruite en l'art des mètres , 
Au maulvaiz sens n'az point sacrifié , 
Ainz à moy seul ton loz az confié : 
Qui sçait ainsy se roydir contre orage 
Voyd chasque jour viriler son courage : 
Du premier bond az franchy ces torrents 
Qu'un long amaz de siècles ignorants 
* Tente , au mespris de ma loy soubveraine, 



8o ^oedieé 



yera^o. (Entre les ondes de PHippocrèoe et les torrens du mau- 
yais goût : VimmitU de ces ondes et de ces torrens nous paroft encore 
une figure répréhensible. ) 

3i. Qu^il ne restoit... 

33. Tu en eus le courage; je t^en ai bien récompensée... 

34. Qu'aurois-tu désiré que je ne t^aie accordé? 



35. n*est-ce pas la gloire 

36. Que de laisser un riche souyenir de soi ? 

37 . Pour j paryenir ( à la gloire ) il ne faut point acheter 

38. Les éloges ( loz') des rimeurs , que je ne daigne pas 

39 et 40 garde-toi bien de courtiser l'armée (exercite^ d^ezer- 

citttj) bâtarde de ces gens-là. 

41 que j'ai quelquefois . . . 

4^. n en est plus de mille expirés en un monceau. 
44* Et si ce n'étoit que tu deyiues les premiers , 



45. Je les nommerois. 

GLOTILDfi. 

Oh ! ne yous arrêtez pas : 

46. Bien que je prévoie qui eut part à vos grâces , 

47. Je voudrois savoir... 






U Siottlbe. 8i 

De meslanger aux ondes d'Hippocrene : 

Bien az cogneu que n'eusse oneques permys 

Telle alliance entre telz ennemys ; ^° 

Que ne restoit partant d'aultre ressource 

Qu'aller puysant mes bienfaicts à leur source ; 

En euz le front ; bien t'en ay compensé ; 

Qu'eusses voulu que ne t'ay dispensé? 

CLOTILDE. 

La gloire. 

APOLLON. 

Eh quoy ! ne seroit-ce la gloire 35 

Que de laysser de soy risclie mémoire ? 
Pour y venir , sy ne faut achepter 
Loz des rimeurs , que ne deigne compter 
Entre mes filz ; de ceux-là bien te garde 
De courtiser l'exercite bastarde ! 4® 

Pour deux ou tyois qu'ay par fois inspirez, 
Sont plus de mille en ung taz expirez , 
Comme Python , soubz mes flesches divines ; 
Et se n'estoit que les premiers devines, 
Les nommeroye. 

CLOTILDE. 

Oh ! ne vouz empeschez : 45 

Bien que prévoy qui part eust à vos grâces , 

Vouldroy sçavoir de qui suyvre les traces, 

6 



8a "^ûtiiti 

f^ers 48. Pour ne pas m'égarer en des seutiers si cachés. 

49. Tu le yeux : eh bien ! je commence par celui 

50. Qui fut à la fois rornement... 

5i . Et son fléau {fltigely mot languedocien , du latin ^^jisUiim : on 
trouve yloeZ dans Perceyal). 

53 et 54» On dut Tappeler, à non moins bon titre , bouche d^abeille. 
54 comme on le dit d^un philtre 

55. Qui fait courir dans les veines les feux de Tamour ^ 

56. Tels, quand vous lisez... (Gomme tels se rapporte au/eu^ui 
le consume , vers 58 , il vaudroit mieux lire tel au singulier.) 

57 et 58. Vous sentiez que le feu qui le consume coule {Jbte) à flots 
brûlans de sa plume ardente. 

59. Il ne lui manqua... 

60. Pour être aussi l'un des rois du Parnasse. 

61. Je ne dis pas ce qu^il fut, mais ce qu'il pouvoit être. 

6a . Mais il n'en faut pas moins qu'il baisse le sceptre ( estre , 
sceptre^ négligence de rimes , d'autant plus remarquable , que Glotilde 
ne pèche pas par ce défaut. ) 

63. (Guillaume de Lorris , auteur du Roman de la Rose. ) 

64. Mais qui n'est pas toujours... 

65. De sorte que dans les vallons... 

66. ... les vents effeuillent sa Rose (allusion au titre de son roman). 

67. Cependant ils y laisseront bien assez de feuilles. 

69. Passent plus légers au temps futur ( à l'avenir ). 

70. Très épurés et exempts de taches. 

7 1 . Je voudrois placer au même rang Jean de Meua ( continuateur 
du Roman de la Rose). 



U eioHIbe. 83 

Pour ne faillir en semptiers si caschez. 

APOL LON. 

Le veulx : adonc par cettuy je commence , 

Qui fust ensemble ornement de la France 5o 

Et son flagel ; c'est le roy d'Albion , 

Richart, qu'on dict prince au cœur de lyon ; 

Bousche d'abeille , à non moins digne tiltre ^ 

Dust s'appeller. Comme il se dict d'un phyltre 

Qui faict courir en vaynes feulx d'amour, 55 

Telz , quand lizez le royal troubadour; 

Sentez que flue ez son ardente plume 

A flotz bruslants le feu qui le consume : 

Ne luy manqua que de naistre François , 

Pour au Parnasse estre aussy l'ung des roy s. 60 

Ne dy quel fust, ainz quel pouvoit-il estre; 

Sanz pour cela que ne baysse le sceptre 

Devant Lorris, ce chantre si playzant, 

Maiz non tousjours esgal et bien dyzant; 

Sy qu'ez vallons que le Permesse arroze , 65 

De cy, de là, ventz esfœillent sa Roze; 

Ainz y layront de fœilles bien assez 

Pour que ses chantz , des Muses caressez , 

Passent légiers à la sey zon future , 

Moult espurez et francs de flestrissure. 70 

Vouldroy placer de Meung au mesme rang : 






84 ^oeéteé 

f^ers 73. Son seia ne brûloit pas de la même ardeur : 

73 II prouTc quUl faut une double part d'esprit ( de talenl) 

74. Pour achever Pouvrage d'autrui , tel qu'il soit ^ 

75. ïïy succomba. Qu'un coup pareil puisse frapper 

76. Celui qui ue craindra pats de courir même danger ! 

77. Je crois que je puis bien passer sous silence leurs imitateurs 

78. Et leurs deyanciers^ tels que ceux qui.. . 

79. ( Le roman de Rou , le roman de Brut : ces ouvrages sont cités 
par Borel. ) 

79 et 80. Et qui ont mis en lafigue romance jusqu'au testament 
d'Alexandre... 

81. J'en ferai autant de neuf auteurs que dans l'armée (To^t) 
immense 

8a. Des joueurs de vielle ( vieleor) , des poètes, ma clémence dis- 
tingua. 

83. J'en ferai autant. . . ( Agnès de Bragelongne : vojez la préface. ] 

84. ( Barbe de VeiTue : voyez la préface. ) 

85. (Blanche de Courtenay : voyez la préface. ) 

86. Gomme dans leur temps... (Justine de Lévis et Louis de Puy- 
tendre : voyez la préface). 

87 . Je ne me tairai pas sur Thibaut. (Il parolt singulier que Thibaut 
obtienne une mention particulière, pour être plutôt blâmé que loué.) 

88. Le Pinde n'a pas encore prononcé s'il avoit une muse. 

90. (Le dernier hémistiche de ce vers renferme une pensée char- 
mante ; c'est dommage qu'elle ne soit pas mieux liée à ce qui précède.) 

91. ... si l'amour ne veut pas... 
9a . Que fait-il , dis-moi . . . 

93. Te parlerai-je d'un autre prince... 

94. Du comte de Champagne. (Il y a encore ici une apparence de 
contradiction ^ car, après avoir dit qu'on ne parlera pas de ce prince , 
on lui consacre plusieurs vers). 

9$ et 96. Je ne puis ranger en si haute ligne celui qui portoit le nom 
de Phébus ( Gaston-Phébus , comte de Foix et de Béarn ). 



be eiotilbe- 85 

Mesmes chaleurs ne luy battoient au flanc ; 
Preuva que faut d'esprit double partage , 
Pour mettre à fin d'aultruy tel soict l'ouvrage ; 
Y succomba. Tel coup puysse férir 
Qui ne craindra mesme dangier courir ! 
De leurs échoz croy que me puys bien taire , 
£t desvanciers ; telz ceulx qui d'Angleterre 
Ont faict le Rou , le Brut , et qu'en rommant 
Miz d'Alexandre ont jusqu'au testament. 
Ainsy feray de neuf, qu'en l'ost immense 
Des viélors , discerna ma clémence ; 
Ainsy d'Agnès aux tant doulces chansons ; 
De Barbe encor, cygne entre mille oysons ; 
De Courtenay, tour-à-tour vive et tendre ; 
Comme, à leur temps , de Justine et Puy tendre : 
Non de Thibault. Sa muse , par accez , 
( Si muse avoit au Pinde pend proucez ) 
Sans s'esmouvoir en gentilles paroUes 
Va s'esgayant : Grâces ne sont si folles... 
Puys , se l'amour ne veult galants plus chauds , 
Que faict dy-moi , de ses ardents fesceaulx ? 
Te parlcray d'aultre prince condigne 
Du Champaignois ? non ; en si haulte ligne 
Ne peulx ranger cil qu'a porté le nom 
Phœbus; argent sy vault-ii mieulx que plom. 



7^ 



80 



85 



>o 



95 



86 '^9tiui 

f^ers 98, Or , s*il eut des glaçons dans la veine , au lieu de brasiers. 
99. Je ne puis nier que jamais. . . 



io3. ... de si tendres rayons, 

1 04. Que Tamour n'a point eu de si redoutables traits \ 
I o5. Il sembloit par son teint une rose. . . 

107. Son parler noble et doux ressembloit au mien. (Cest Apolioa 
qui parle. ) 



III. Dirai-je aussi 

1 13. De ce Froissard, avide de tant de gloire. 

II 4* Bien plus l'égal d'Ovide par ses fauxbrillans 

11 5. Que par la solidité de son esprit... Non que je veuille dé- 
primer 

116. Un homme qui doit s'estimer très haut au-dessus de tant 
d'autres. 

117. ( Traduction de ce demi-vers , Disjecd membra poetai. ) 

119. Du vieux rondeau . . . 

1 2 1 . Vous diriez qu'il.est toujours ce qu'il veut paroitre. 



I oo 



be eiottlbe* 87 

Thibault chantoit ; flusta Gastou à payne ; 

Or, s^heut glaçons pour brayzier en la vayne , 

Ne peulx nycr qu'onc mortel soubz les cieulx, 

Mieulx ne soustint renom plus* graeieulx ; 

Des Riz badins , sur sa bousche rozée , 

On eust dict veoir la troupe repozée ; 

De ses beaux yeulx partoient si tendres rays y 

Que n'eust T Amour de si doutables traicts; 

Sembloity par teinet , roze que vient d'esclore , io5 

Par droict corsage , ung des amants de Flore ; 

Rendoit le mien son parler noble et doulx ; 

Tel fust enfin que treuves ton espoulx ; 

Et par sa foy, sa bonté , sa faconde , 

Estoit Tesclaty Theur et Tamour du monde. ' »" 

Diray-je atout, pour la gloire de Fart, 

Qu'il fust Tamy du volage Froissart? 

D'icel Froissart, de tant de loz avide, 

En faux esclairs bien plus Tesgal d'Ovide 

Qu'en bel avoir-?... Non que veuil desprimer ' ' ^ 

Ung qui sur tant doibt trèz hault s'estimer ; 

Membres espars du poète d'Horace 

Pour ses e&cripts encor demandent grâce ; 

Du vieulx rondel gentil conservateur, 

Soubz rhumble amant celant le grave autheur, i'^<' 

Diriez tousjours qu'est tel que veult parestre : 



88 Spoeéie^ 

Vers laa. Ce rondeau , qa*il vit nattre, meurt ayec lui. 
ia3. De sorte qu'où pourroitlui dire, non sans se chagriner. 
ia4* ( La fin de ce yers et le suirant sont sans doute le refrain d'une 
ballade de Froissard. ) 



ia8. Qui gémit dans les fers... 

I a9. ( Charles , duc d'Orléans , fils du duc d^Orléans , assassiné à 
Paris , et père de Louis XII : yoyez la préface. ) 



i3i et i3a. Pour tracer les malheurs duquel je n'ai pas de cou- 
leurs assez tristes. 



i35. Si dans tes liens les enfans de ton pinceau 
i36. Tiennent des lis que tu répandois.... 
137. ... et fleurie. 

139. ... si tu ne peux... 



1 4 1 • Quoi ! seroit>ce là tous ceux que je dois choisir ( pour modèles) .' 

143. Et vous ne parlez pas... (Alain Chartier : voyez la préface. ) 
i44* Q^^ est... 



U Slottlbe. 89 

Meurt avec luy ce rondel qu'a veu nestre ; 

Sy qu'on pouvoit luy dyr, non sans douloir, 

Comme sa mye : «Adieu, jusqu'au revoir; 

« Qu'amour bientost devers nouz te ramaine »! i^S 

Mais ce qui plus enrischit mon domaine , 

C'est ce héroz, victime d'Azincourt, 

Qu'ez fers gesmit et que nul ne secourt ; 

Charles , ce preulx que Bourguignon redoute , 

Parent des roys , non plus heureulx sans doute ; i3o 

Ce d'Orléans , de qui n'ay de couleurs 

Tristes assez pour tracer les malheurs. 

Reviens à nouz , ah ! reviens , prince ay mable , 

Des francs Valoys rejecton lamentable ! 

S'en tes lyens les filz de ton pinceau i35 

Tiegnent des lys qu'espandoiz au berceau , 

Que ta musette élégante et flourye 

Consoleroit ton ingrate patrie , 

Dont se ne peulx. abrégier les revers , 

Pourroiz du moinz les charmer par tes vers ! 14» 

GLOTILDE. 

Quoy ! seroientlà touz ceulx que doibs-je eslire? 
Plus n'en est-il qu'a conduicts vostre main? 
Et ne parlez, je croy, de maistre Alain 
Qu'est tant festé ? 



90 ^oe£ie< 



F'ers 146. Je croyoi§ qn^ Alain étoit tout, ft les aolref neo. 
1 47 • Chacun le lui dit ^ et il le croit si bien 

1 48. Qu*il ajoute à la fin de ses prières : 

149. Louange au créateur... 

i5o. ... Qu'il a refusé au reste du monde. 

1 5 1 . Je me doutois fort. . . 

iSa. Apres qu'il a fait je ne sais combien de livre» , 

i53. S'il y Yojroii., yojoit bien des fois double. 



i56. Quand il eut quitté se% hants»de^^ausses pour un cotillon. 
157. Pour se trop presser... 

iSq. n est fort savant (Alain Chartier), je le crois ^ il ne m im- 
porte guère , 

160. Lorsque j'entends ses vers , si le son ne m'en plaît : 

x6i. Et puis qu'est-il besoin... 



164. Il oublieroit sur-le-champ la moitié de ce qu'il sait ; 
i65. Que lui sert de semer de la poussière. 



A POLLON. 

C'est que n'en peulx que dire. 

CLOTI LDE. 

Avez tout dict?... M'esbahyssez vrayment; 14^ 

Cuydoye Alain estre tout , rien les aultres ; 

Chascung luy dict ; et le croit tellement 

Qu'adj ouste ez fin des siennes pastenostres : 

« Loz au facteur qui m'a gratifyé 

a De tout l'esprit qu'au mond^a desnyé ». *5o 

Me doubtoy fort que sa viziere trouble 

Ëmprez qu'a faict livres ne sçay combien , 

Se l'y veyoit, veyoit moulte fois double... 

Tant n'escripra qui veult escripre bien. 

Guerrier vaillant , ainz galant ridicule , * ^^ 

Quand pour jupette eust quitté ses houzeaulx, 

Pour trop bas ter y l'infatigable Hercule 

Rompoity dict-on, quenouilles et fuzeaulx... 

Moult est sçavant, le croy ; ne m'en cbault guère , 

Quand oy ses vers , se ne m'en duict le son : 160 

Puys , qu'est besoing , pour fayre ugne chanson , 

De s'abreuver à la crusche d'Homère ? 

Que dis-je? hélaz ! que n'a-t-il ce penser ? 

Moitié que sçait oublierait tout-à-l' heure; 

Car que luy siert poussière ensemencer, "65 



9^ ^otiiti 



Vers 167. ... mais je ne puis... 

168. Qu'aucun de ceux que je daigne... 

169. Faute d'ayoir puisé... 

170. Ne luttera... 

171. Qu'autant qu'il faudra... 
17a. Ce n'est pas que... 

173. De bons appuis . . . aux siècles futurs Çposterey du latin posteras). 



175. ... trébuche . . .sentiers . 

176. ... lieu r... dangers. 

177. Ils se rebutoient. . . 

178. Ils tournoient le dos... 

179. Kt, désespérant d'atteindre au mérite des beaux écrits 

180. Tous ont fini... 



i8a. ...lubies. 



186. Qui des froids romans... 



u autiiu. 93 

Au fond du sac si le bon grain demeure ? 



APOLLON. 



Voylà le mot ! A.iuçoiz ne peulx celer 

Que nul d'iceulx que deigne démesler, 

Faulte à puyser en ceste source pure , 

N'ira luctant contre la nuict obscure *7<> 

Qu'aultant faudra pour n'estre anéanty : 

Non que plus d'ung ne fust trez bien nanty 

De bons appoys pour, aux siècles posteres , 

Laysser renom ; maiz , sans guides sévères , 

Qui ne trébusche en perfides semptiers, 17^ 

Où chasque flour celé nouveaulx dangiers? 

Se rebutoient. A ma voix infidèles 

TornoîenjL le doz à d'antiques modèles; 

Et despérant d'actaindre aux beaux escripiz , 

Tous ont fine par n'en sentir le prilx. ^^^ 



De là sont nés tant d'estres amphébies ,' 

De cerveaulx creulx infécondes lobies... 

Stérile champ , de ronces bigarré ; 

Vices , vertus , tout s'en est emparé : 

Là sont escloz ces abstrus personnages , ^^^ 

Qu'ez froids rommants vont emplyssant les pages, 

Géants, sorciers, gloutons, ogres, lutins; 



94 ^ociteé 



yers 190. Cent pauvres noms.., 



193. Depuis que j*ai tu. 



196. Jamais ne fut le pajs natal des poètes. 



1 97 . Qu'entends-je ? Donc je n^étois pas . . . 

1 98 . Quand je pr osor i vis . . . 

199. Et qu^en dépit de la troupe... 

aoi. Je dirigeai mon vol... 

ao3. Là je vous connus... 
ao4. Cygne da Tibur (Horace). 

3o5etao6. Là cette Sapho... mVnseigna.., 



ao8. Je suis toute. . . 



be Slotîlbe. 95 

Tels sont les motz qu'on oppoze aux Destins , 

A la Gorgone , aux Parques , aux Furies ! 

Cent povres noms d'insipides féeries M)^ 

Chassent les dieulx de TOlympe escroulë ; 

Voire desjà s'est maint aage escoulé, 

Despuys qu'ay veu la stupide ignorance , 

Par mille affronts , bannir Muses de France , 

Qui toutes fois (n'en veulx dire aultre mal ) , *9^ 

Oncques des miens ne fust pays natal. 



GLOTILDE. 



Qu'est-ce qu'entends ? Donc n'estoy si fallotte 

Quand proscrivy ces atours maigrelets , 

Et qu'au despriz de la tourbe ostrogotte 

Des revenants , démons , et farfadets , ^00 

Dressay mon vol aux montz de Thessalie , 

Bords de Lesboz j et plaines d'Italie ! 

Là , vous cogneuz y Homère , A.nacréon , 

Cygne en Tybur, doulx amant de Corynne ! 

Là m'enseigna les secrets de Cyprinne , ^^^ 

Ceste Sapho qui brusla pour Phaon... 

Dèz ce moment , m'escriay dans l'yvresse : 

« Suis toute à vouz , dieulx charmants de la Grèce ! 

« O du génie invincibles appuys , 

uBandeaulx heureulx de l'Amour et des nuicts , '^10 



96 ^oeitel 



Vers 91 4* Mon délire n'implore plus que tous seuls. 



ai 5. Tu peux t'en serrir; mais il... 
a 1 6. ... il n'est pas permis . . . 

317. Garde-toi surtout... 

318. ... défigurent les vers ( carmes , du latin cannen). 

a 19. Ne te ûe pas trop à des secours étrangers ; 

330. Ne cherche pas dans autrui... 

331. Tu auras pour guide, quel que soit son tahleau.... (Voilà 
plus de vingt yers qui ne sont que trop beaux pour Tépoque où TiyoU 
Qotilde.) 



333 Ainsi tous ayes mis dans la fange. 
334- ••• Tant amis de nos yers. 

335. Que deviendrez-yous ?. . . (Suivent les noms de divers person- 
nages allégoriques , qui jouoient un grand rôle dans les romans ou 
poè'mes de ce temps-là. ) 



339. Vous ne valez rien ^ il est trop juste... 

aSo et 33i. Si cependant maint railleur, dont à bon droit, etc. 
vous rayoit de ses écrits , 



be Slohlbe* 97 

« Chars de Venus ^ de Phœbé , de l'Aurore , 
« Aisles du temps et des tyrans des airs^ 
«Trident sacré qui soulesves les mers , 
« Rien pluz que vous mon délire n'implore ! ... » 



APOLLON. 



T'en peulx servir, ainz n'en faut abuzer; ^*^ 

Eln tout propoz n'est permys d'en uzer : 

Garde sur-tout d'y mesler ces faux charmes 

Qui des rimeurs enlaydissent les carmes : 

Trop n^ te fie à d'estranges secours ; 

Ne quiers d'aultruy matière à tes discours ; jao 

Pour guide auraz, telle soict ta paincture^ 

Deux livres seurs, ton cœur et la nature. 



CLOTI LDE. 



Or donc , pluz baz que la fange avez mys 

Ces beaux enfants des mètres tant amys 1 

Que deviendrez , Franc-vouloir, Male-bousche , q25 

Craincte qui suict, Bel-accueil qui soustient , 

Honte qui dort , Playzant-parler qui tousche , 

Espoir qui fault , et Dangier qui retient? 

Rien ne valez ; trop juste est qu'on l'advoue : 

Jaçoit pourtant vouz rayoit maint gabeur, !23o 

Dont à bon droict , nostre Gaule se loue , 



98 ^9tiiti 

Vers a3a. Que resieroit-il... 

a33. Et TOUS, pauyres enfans (les personnages qu'elle vient de 
nommer...) 

a34> Si, par malheur, nous étions tous convertis (au bon goût}. 
a 35 . ... que feries-yous . . . 



a37. ... d'une veine... 



a 39. ... d'un léger aquilon. 



a4o. Mais si j'ai pour but.. . 

a4 1 . . • • comme en-deçà ( comme jusqu'ici ). 

a4a . Qu'en arrivera-t-il ? je. . . 

a43. Je vais... 

a45. ... je n'entends plus que des reproches. 
a46. n te convient bien.... (^xj^^ert, d^afférir, appartenir), 
a47. Toi , qui dans ce métier t'accroches à toutes les difficultés, 
a 48 . ... d'oser donner . 

a49> En ceci nous faisons. . . 

a 5o . Ne sais-tu pas . . . 

a5i . A la cour des rois trouvent. . . 



be (Slotilbe. 99 

Que resteroit de son triste labeur ? 
Et vouz , povrets , que pour treuver on sue , 
Se , par meschief, touz estions convertys , 
Banniz des vers , que feriez dans la rue ? 



APOLLON. 



Ils rentreroient aux lieulx d'où sont sortys. 
Fruicts ténébreux d'ugne vayue grossière, 

Us s'enfuyroient , comme faiet' la poussière , 

Au souffle pur d'ung légier aquilon. 



CLOTILDE. 



« 



•i 



35 



Maiz s'ay pour but vostre sacré vallon , -i^o 

Si de Yoz loix , comme en ça , suis esclave , 

Qu'en adviendra ? frémy de le prévoir ! 

Vaiz estre en butte au party qui vous brave ; 

Va m'escrazant de son rude sçavoir. 

De touz costés plus n'entends que reprosches : '^i^ 

« T'y bien affiert ( ainsy me dira-t-on ) , 

« Qu'en ce mestier à touz buyssons t'accrosches , 

« A. ton pays d'ozer bailler le ton? 



« Cy fayzons-nous comme faysoient nos pères ; 

« Et ne sçais-tu que nos rimes prospères , aSo 

« En cour des roys treuvent joyeulx accueil ? 

« C'est vérité ; le disons sanz orgueil : 



loo ^oeéie* 

Vers a 53. Quand tout Paris admire notre érudition... 

a54> Se trompe-t-il ? (^s*enganner, de Titalien ingannare) il a*a 
mire pas moinâ. 

355. ... qui enflent... 

a56. Pour nous changer tu prends... 

a 57. Si telle eût été la volonté d'Apollon, 

a58. Il en resteroit... 

aSp. Ne ya pas croire... 



a6 1 . Nous sommes . . . pour tenter de . . . 

a6a. Donc il est... 

a63 . ... que me conyient-il de . . . 



364. Il n'est jamais... 



a65. ... tu me disois . . . 
a66. Quand tu vis . . . 
367 . Qui , dans l'art des yers. . . 
_a68 . ... me dis- tu . . . 

369. Il ne doit pas... 

370. La nature seule enfle. 

37 1 « ( VoUdie ou hoiscUe, tromperie , infidélité : yoyez Borel. ) 
373; Tige de payots ne produit pas les fleurs du rosier. 
373. Si tu n'as pas senti. 
374' ••• qui est... 



J 



b( Slotilbe* loi 

« Quand tout Paris myre nostre doctrine , 

« S'enganne-t-il? non ; sy ne faict-il mq^ns 

« Pour les beaux sons qu'enflent nostre poictrine : a55 

« De nouz changier prends d'inutiles soins. 

ΠSe d'ApoUo telle fust la voulance , 

« En resteroit icy-bas soubvenance : 

« N'aylles cuyder qu'aprez tant de soleils , 

« Perdions la trace où marchoient nos pareils : q6o 

« Sommes trop vieulx pour tenter nouz refondre : 

« Donc est trop tard pour suyvre ta leçon... » 

A ces propoz que me convient respondre ? 

APOLLON. 

« One n'est trop tard pour suyvre la rayzon. » 

Ainsy jadiz me disoiz , ô ma mère ! a65 

Quand viz ta fille errant parmy les bois 

Qu'en l'art des vers n'embrassoit que chymere : 

« Du rossignol , me fiz , entends la voix I 

« Ne doibt à Fart tant doulce mélodie ; 

« Rien que nature enfle son beau gozier, 270 

« Du sien amy par l'absence ou voydie. 

« Tige à pavotz ne pond flours de rozier ; 

« Se n'az senty la poétique flame , 

« Ce vif esclair qu'est l'esprit de l'esprit , 



I02 ^otiiti 



Vers 276. Ne vas pas compter... 

277. n se pourroit que tu jetterois . 

278. ... et qu^accouplant. . . 

279. Tu penseroisToir... 

280 . Ce seroient des . . . 

281 . Grarde-toi donc bien , si tu coai|>oses seule , 

282. De prendre ces pavots pour des roses. 

283 et 284. Il est possible que tes yeux trompeurs voient en eii"^... 

285. Il est possible aussi que Todeur ne t'éclaire pas... 

286. Tant l'orgueil est puissant ! mais. . . 

287. Fais sentir ces rejetons... 

288 . Tu verras que cela seul est beau qui . . . 

289. ... pourtant tu ne dois pas t'iuquiéter 

290. De ce que dira celui qui à tout déprécier 

291 . Met son plaisir (sans doute Alain Chartier ) : il ue jugeroit pa» 
lui-même ; 

292. Geseroit son humeur... mauvaise foi. 

293. Dans cet emploi-ci plus que dans tout autre. 

294. Cest le crapaud qui ambitionne (^ambit , du latin arnbire). 

295. Je n'oublierai pas ce que tu m'as.... 

296. Toi qui la première.... te fis entendre. 



299. Je te cherche.... 



be aiotilhL io3 

« L'ame des sens, voire les sens de Famé, 375 

« N^aille compter sur ce qu'estude appris t. 

« Bien se pourroist.que jecteroiz des lignes 

« Sur le papier, et que , couplant des motz , 

« Cuyderoiz voyr rimer œuvres insignes... 

« Seroient enfants qui resteroient marmotz. ^^^ 

« Donc gardes bien , seule tte si compozes , 

« Qu'iceulx pavotz ne pregnes pour des rozes ! 

« Possible , en eulx , que tes yeulx engeoleurs 

« Voyant l'esclat de la rayne des fleurs ; 

« Possible atout que Todeur ne t'esclaire ; ?.85 

A Tant faict Torgueil ! ainz à de mieulx flairants 

M Baille à sentir ces jects mal odorants ; 

« Yoyraz qu'est beau cela seul qui sait plaire 

« Â. tout chascung : ne doibz, pour ce advizer 

« Que chantera cil qu'à tout desprizer 390 

« Mest son déduit : ne jugeroit luy-mesme; 

« Seroit humeur, envie , ou malefoy ; 

M En cettuy-cy plus qu'en tout aultre employ 

« C'est le crapauld qu'ambit le diadesme... » 

Ne l'oublieray que m'az si bien fait voir, 39^ 

Toy qui première à moy se fist entendre ! 

O mère , hélas ! des mères la plus tendre , 

En te perdant , perdy tout mon espoir ! 

Te quier tousjours en ce triste boscage ; 



jo4 "^otiiti 

Vers 3oo. Je n^entends plus le son qui alloit.... 



3o3 et 3o4. Fasse le ciel au moins que ta Clotilde n^offre de rains 
regrets qu^à ton ombre seule, 

3o5. Et que de long-temps , dans ce lieu sombre , ses pleurs n^ar- 
rosent d^autres cyprës que ceux de ton tombeau ! 



H — - 



be 6(ott(be« io5 

Plus n'oy le son qu'alloit jusqu'à mon cœur ; 3oo 

Progné, le jour, de nuict, le marescage 

Respondent seuls au cry de ma douleur ! 

Ah ! veuille au moinz le ciel , rien qu'à ton ombre 

Que ta Clotilde ofire de vains regrets ! 

Que de long- temps ses pleurs , en ce lieu sombre , 3o5 

D'aultre que toy n'arrozent les cyprès I 



io6 ^oe^iej 



BALLADE A MON ES POUX , etC. 



Transcrite par Clotildc en i468ydepuis i4^3. (IVote de M. deSiuviUe.) 



.... lorsque, quand il reloilrnoit après.... je mis en ses bras. 



f^ers 3 naissoient (issoient , d'issir, mot à mot sortir). 

4. Tous de regarder.... 



7. (^Frémollir est un yerbe que nous ne connoissons pas : sa signifi- 
cation dans cet endroit est assez facile à deviner. ) 



la. Si je ne te vois pas , ce me seroit folie 



fct eiotiitt. 107 



»- -% '%'^'^ «»<*■»'< 



BALLADE 





mon (^g^^f Ottx 



Lors , quand tornoit emprez un an d'absence , miz en ses bras nostre 

fils enfancon. 



Aux premiers jours du printemps de mon aage , 

Me pavanoy, sans craincte et sans dezir ; 

Rozes et lys yssoient sur mon yizage ; 

Tous de mirer, et nul de les cœiUir : 

Maiz quand Tautheur de mon premier souspir 5 

Les fust livrant au plus tendre ravage , 

Lors m'escriay, me sentant frémoUir : 

« Faut estre deulx pour avoir du playzir ; 

« Playzir ne l'est qu'autant qu'on le partage ! » 

Tousjours despuys, caressant le servage ^^ 

Que par tes yeulx l'amour m'a fait subir, 
Se ne te voy, me seroit affolage 



io8 ^oe^ieé 

yers i3. D'espérer de la joie hors de ton souvenir j 
14. Mais si tu reviens. . . . 



30. (Il semble qu'il manque ici un mot, tel qu'outrefoù , au- 
paravant^ pour rendre le sens complet , tel que le voici : Or, avaut la 
naissance de ce fils, si tu allois partant , si tu partois de ce triste rivage , 
le zéphyr emportoit. . . . ) 

a a n'avoitpas coutume de les apaiser {blandir, du latin hlan- 

diri. Souloir a ici le même sens que dans Pépitaphe de La Fontaine : 

Deux paru en fil , dont il soidoit paner ). 

a 5. Je me croirai enlevée entre les tiens. {Cuider, croire; toUir, de 
toUere,) 



ag. Contraignoicnt encore. . . . 

3o. De montrer à ton fils dans son petit langage. 



n 



be ëlotilbe* 109 

Joye espérer, fors de ton soubvenir, 

Maiz se reviens, soudain de tressaillir, 

De tè presser à mon tremblant corsage , ^5 

Et m'esgarer, pour trop bien le sentir. 

Qu'il n'est qu'à deux d'espuyzer le playzir ; 

Playzir ne Test qu'autant qu'on le partage! 

Or toutesfois , de ce triste rivage, 

S'alloiz partant , emportoit le zéphir ao 

Mes longs regrets ; et ce précieulx gage 

De tant d'ardeurs , ne les souloit blandir : 

Maiz , grâce à luy, plus ne sçauroy languir; 

Lors qu'en mes bras serreray ton yfaiage , 

Entre les tiens me cuyderay toUir : ^^ 

Ung tiers si doulx ne faict tort au playzir ; 

Playzir ne l'est qu'autant qu'on le partage. 

ENVOY. 

Gentil espoulx , si Mars et ton courage 

Plus contraignoient ta Clotilde à gesmir. 

De luy monstrer, en son petiot langage , 3o 

A. t'appeler, feray tout mon playzir ; 

Playzir ne l'est qu'autant qu'on le partage. 



iro "^otiiti 



RONDBL A MAI8TRE ALAIN CffARTIER. 
( Voyot U Préface. ) 

Sur sa Fleur de belle rhétorique (ouvrage d'Alain Chartier), où il 
laisse entendre que je n^ai pas Fair de cour. 



yers 2. Cher 

3 que TOUS tous cro jez poète. 



6. Mais comme vous présentiez. . . . 

7 devinez un peu , pour voir 

8. Ce qu^il y trouva quand il 

^. Du vent. 

fo. Il s'en ébahissoit 



. ^ . •'- 



be Slotilbe. m 



^^/%»^^. ^ %<'m«'^'%'%»%<%'*>%^M%>*>%«»%<%'»^^<»%'%»^%^»%'0^^>»^>»^^'%»*'*<%'*>%'%«^»l»'*^l>%^i^>*^'*'*^^»^'^>*''*'^^'*'*^<'^>^^ 



RONDEL 




taaisiu ^llatn. 



De sienne flour de belle rhélorique où laisse oïr quen'ay mye air de 

cour. i443> 



L'air de la cour y youz le diray-je ? enteste , 

Chier maistre Alain ; c'est ung dogme receu 

Despuys le jour que youz cuidez poëste , 

En cheYeulx gris , et qu'on s'est apperceu 

Que d'Hélicon projectiez la conqueste. 5 

Ainz comme ofiriez yos œuYres pour requeste 
Au blond Phœbus, deYinez Yeoir ung peu 
Ce qu'y treuYa, quand en eust faict l'enqueste? 

De l'air. 

S'en esbayoit; à bien rire estoit preste «o 



112 ^oeéic^ 

Vers II et 12 quand un médecin très entendu {physicitn, mé- 
decin : c*est encore le mot anglais) mouU , beaucoup.... 

1 3 ue vous en moquez pas ( gober, railler) . 



1 



be aiotmu 

Toute sa cour ; quand moult fort entendeu 
Phesycien y lors présent à la feste, 
Dict : « N'en gabez ; ung jour de lune indeu, 
« Par fascheux cas, il s'endormit nud-teste 

• \ l'air. » 



n3 



i5 



8 



ii4 ^oeâtcé 



AU CHOEUR DES MUSES , 



Alors qu'une amie m'appeloit Vallon d'Amour (jeu de mot sur 
le nom de notre poète, Glotilde de Vallon). 



P^ers I et suiu, ( Voici la construction naturelle de ces quatre pr^ 
miers vers : Muses, qui ayez occupé mon enfance, j'ai cmicuyàef) 
jusqu'à cette heure que le Vallon de l'amour étoit le même que œliu 
qui touche à ce mont escarpé où s'éleya.... ) 

5. Et je crus que le Permesse arrosoit la yallée de Tempe. 



8 en quelque lieu que je demeure (admeurer nous semble un 

mot forgé par le poëte ). 



lo. L'archer m'atteint, sans qu'assez tôt me secoure (^sequerir, pour 
secourir: ce mot est encore suspect). 



^( SUtilbc. ii5 



■^•^■•^*^»'^>^%»^^'^>^^^^%»^*^f%»'^^ ^%»%»^^^^»^^i^^%»%i'^»%i%»^»^^^^^^%>^'^^'%^^^^%^ %^^^^^^^f^^0%^^t^i^%^b^^^'%f'%^b^'%^^^tr'%0%f%^^ 



RONDEL I* 



u cÇoenr Us ^^useSj 



Alors que me clamait ugne amye Vallon d*amoiir. i4ao. 




Vallon d'amour, euyday jusqu'à ceste heure, 
Muses y qu'avez mon enfance occupé , 
Mesme qui tousche à ce mont escarpé . 
Où s'esleva yo3tre auguste demeure , 
Et crus Permesse onduler à Tempe. 

De mon erreur jà ne suys que trop seure ; 
Voire, en despit de mon œil destrompé, 
Treuye tousjours , en quelque lieu qu'admeure , 
Vallon d'amour. 

L'archier m'actaint , sans que tost me sequeure 
Vostre pouvoir qu'a le traistre usurpé ; 




lO 



ii8 ^oeite^ 



A LA FILLE DES T., 



Qui me disoit que je brùlerois un jour comme paille sèche. 



Vers I à 4* l'u ™c âisois que je brÀlerois ainsi que.... quand ce 
malin m'auroit prise en ses lacs , qui jamais ne trouva de cœur revéche 
à ses lois : je n'y voulois pas croire.^.. 



6. De même qu'en été la pèche se colore ^ 

7. Ainsi se colora mon front : dès lors plus de plaisir, 

8. Sans celui pour qui je serois au milieu de l'Ardéche ( rivière du 

Viyarais ). 

9. Que je brùlerois. 

10. Telle flamme ne t'embrasa point, 6 Myrrha ! 

1 1 . (L*amant d'Hylas , Hercule. ) 



^e (Slotilbe. 119 



RONDEL II. 



fa ftfle Us ^♦j 



Me dizant : Ainsy qae paille sesche qu'iroy bruslant ung jour. 1430. 




Que brusleroye ainsy que paille sesche , 

Me dizois-tUy quand m'auroit en ses laz 

Prinz le malin , qu'onc ne treuva revesche 

Cœur à ses loix : n'y vouloy croire, hélaz! 

Tant qu'ung beau jour le feu prist à la mesche. 5 

Comme en Testé se coulore la pesche , 
Sy fist mon front ; dès-lors plus de soulaz 
Sans cil, pour qui (serois-je enmy TÂrdesche) 

Que brusleroy. 

Telle , ô Myrrha , ne t'embraza flammesche ; 10 

Soubz moindres feulx périst Tamant d'Hylaz. 



i:2o ^oejiej 

13. N^est-ce pas assez ? eh bien ! je ne t^empéche 

i3. De m'unir.... à ceux que tu.... 

i4* Si tu crois que mourante sous ta flèche, je brûlerois davantage. 



Ce n'est assez ? suz adonc ne t'empesche 
M'ugnir, Amour, àceulx que t'immolaz, 
Se cuydes, plus, mourante soubz ta flesche, 

Que brusleroy. *^ 



122 "^otiiti 



A LA DEMOISELLE D^ONS, 



Qui disoit Unt , qu'il est facile de lutter contre.... 



f^ers I dont je ne fais pas.... 



4. Je la suis enfin : il faut bien qu'il règne., 



6 dans sa prison , bien qu'elle soit un peu obscure , 

7 . Que risqué-je ? pour tous les ayeugles , 

8. Lesenfans etles fous. 



10. Mais jamais celui-là n'a craint le courroux de l'Amour 

11. Qui se plia y comme je fais.... 



, 



U «Utiltoe. ia3 



> »<*^^»<'^-»<V*^-'*'*'%'*'*'*^*'» ■» V V%^%'*' %^%'-%'*'*'**-< 



RONDEL III. 



ia Um0xsi((e b'^)n-$, 



Que dizoit tant qu'est facile de lucter encontre le tout-puissant 

Amour. i43o. 




Il est ung dieu , dont ne fais la paincture ; 
Jeunes et vieulx, garçons, filles, espoulx , 
Qui tost, qui tard , sont de droict sa capture ; 
La suys enfin : bien faut reigne sur nouz 

Quand de ses feux embraze la nature. 5 

« 

Or dans sa geôle , ung tantet soict obscure , 
Que vay risquant? pour aveugles tretouz , 
Enfantz et folz , quoi que cbante Épicure , 

Il est ung dieu. 

Ainz du premier onc n'a craint le courroulx >«> 

Qui s'apploya , comme fais , sans murmure ; 



ia4 ' ^oeéieé 

la. Et dût le plaisir ne pas nous récompenser de ses coups 
i3. Ayec les pareils de Pamour.... 
i4< Car que suis-je, moi? 



be dhtnu. 



ia5 



£t dust playzir n'en guerdonner les coulps. 
Avec ses pairs on gagne à filer doulx ; 
Car que suys moy ? ... chestive créature; 

Il est ung dieu. 



i5 



138 ^oe«te< 

I a . Je TOUS jure par le chef. . . . 

1 3 . Si elle épargne. . . . 

1 4 . Qu'elle ne pourra .... 



Vouz jure , moy, par le chief de ma muze , 
(S'espargne au ^ars la moitié du chemain) 
Que ne pourra jurer , au lendemain , 

Foy de pucelle. '^ 



9 



^ 



i3o ^oeétej 



A L* AMANT DE BEAUPUY. 



Vers 1 À 3. Amant tendre, mais par trop fier, vous dites ^oe 
cœur de Beaupuj est pire à votre égard que celui d^une tigresse...' 

4 et 5 pour celui qui voudroit ainsi conquérir une mattresse.- 



6. Si donc Beaupuy vous charme , quoique fière , 

7 . Quoique tous ii'en a jiez jamais requ dons ni caresse. . . • 

8. Jugez combien victorieux seroit l'attrait (l'aimant) 

9. De Beaupuy devenue tendre ! 

10. Mais pour Tattendrir . . . . 



(Rose de Beaupuy, l'une des premières amies de Clotildc. Voyei a ^ 
préface. ) 



\ 



be autmu i3i 



>%|%|'%'^|»^>^X» V**>^» >»%«^>^»^%»%»^>^»'%>*»»'%>%»0^^^%<»^'^>*>'<»*'^»^«*'*'*'*»^^ 



RONDEL \. 




Vamant be ^^^<tuj)ti^ 




Q ui , d'elle se plaignant , rouloit en estre aimé , sans ayoir onc ioulcy 

de luj plaire. i4ai. 



De Beaupuy , tendre , ainz par trop fier amant ^ 
Dictes le cœur pire que n'ha tygresse , 
A vostre endroit : plus dur que diamant 
Seroit le mien , pour qui vouldroit mestresse 
Conquierre ainsy , sans paine et sans torment. ^ 

Se fiere donc , va Beaupuy vous charmant , 
Dons n'en ayez onc receu ny caresse ; 
Songez combien vainqueur seroit Taymant 
De Beaupuy tendre ! 

Maiz pour cela ne comptez seulement i o 

Sur vos actraicts ; usez ung peu d'adresse : 



i 



i3a ^oe^tel 



Vers 1 3. Et ne croyez pas qu'il se trouve à tout momeot 

i5. Un beau Puytendre. (Louis cîe Puy tendre, époux de Justine de 
Léyis. L'aventure à laquelle ce rondeau fait allusion est racontée dans 
la préface.) 



\ 



\ 



\>t motilbt, i33 

Par quelques soings acheptez sa tendresse ; 
£It ne cuydez que soict, à tout moment, 
Pour enflammer nos belles , en dormant , 

De Beau Puy tendre. » 5 



i34 "^otiiti 



A LOYSON D*EFFIAT. 



A Louise d'£ffiat...sur ce que mon bel ami... menoit un jeune loap. 
(Louise d'Effiat étoit , comme Rose de Beaupuy, Famie de Gotilde. 
Voyez la Préface.) 



Vers 2. Ma mëre me le dit si souvent, qu^ensuite (^ocondrois j en- 
suite : rojez le Dictionnaire de Lacombe). Ce mot ne se trouve plus 
dans le Glossaire de M. Roquefort , mais ||ien celui à^orendroU , oran- 
droit , doresenayant. Peut-être étoit-ce la leçon du manuscrit original , 
et M. de Surrille , dans sa révision , Faura remplacé par le mot de 
Lacombe, pour rétablir la régularité des rimes ( i8a3). 

3. Je tremblois toujours , à moins que je ne menasse une jeune fille , 

4 . Ou même un valet ( varlet) .... 



7. .... pour la première fois. 



10. Il m'accosta promptement : à sod parler..., 

11. Je crus ouïr.... 



/ 



U <Ehtmu i35 



k««*>V^«^«*>«>^^WV«>^%>«.«>^«>«'V'^««r%-«'^«^-«^«>%-^%-«.«.%/%^K«r««>^>'«'%'«^»'^'V^^«' 



RONDEL YI. 





0^«nl>*^^ffî(i{, 



Sur ce que menoit ung jeune loup , mon bel amy Tenant la fois 

première. i4a3« 



« De peur du loup , n'allez oncques seulette » 1 
Tant me le dict ma mère , qu'ocondrois 
Trenibloy tousjours , sans que menoy fillette y 
Mesme variez , aux champz et dans les bois , 
Chasque printemps cueillir la violette. 

Suivy d'ung loup , privé comme levrette , 
Droict au chastel vint pour la prime fois 
Mon bel amy : pensay m'enfuyr, nicette , 

De peur du loup. 

M'accosta brief : au sien parler courtois , 
Cuyday-je oïr dieutelet d'amourette ; 



lO -' 



i36 



^oe4ie^ 



y ers i3 depuis quUl est abseat. 



j 



be aUtiltL i37 

Voulus respondre , et ne treuvay de voix : 
Tremble plus fort despuys que ne le vois ; 
Maiz ce n'est plus (Tay trop senty, povrette! ) 
De peur du loup. 



38 SpitiHi, 



A MOIfS£I6IfEUR AYMABD DE POICTIERS. 



.... quel jeune ami je lui préférois. 



yers I quel est l'amant qui m'atlire ? 

a écoutez-moi .... sans restriction . 



5 Adonis.... 



6. Poui* son autour, s'il est tel que celui qu'il m'inspire , 

7. Je dis qu'il est sans pareil : le vôtre est fort aigrelet. 

8. Sera-t-il constant (son amour)? 



1 1 . C'est bien fait à vous qui éus son seigneur banncrel ; 



U Slottlbt. i39 



^^^^^''^l^^i^^i^^^^%^^^^^^i^i^^^^'*^^^^^^^^^^^^^^^k0^^^^^^^^%^^^^%^^^%^^^%^^^^^^^%^^^^^^^^/^^^^^^^^^^^^^^^^'^^^ 



RONDEL TH. 






* ^ * 



monscx^ntut ^yjtnatb U ^^Jotctter^, 



S'enquerrant de moy trop fièrement , quel jeune amy iuj prëposoye ? 

14^1. 



Voulez sçavoir qu'est Tamant qui m'actire ? 
Comte y oyez-moi ; le diray sanz retrait : 
Non moinz que vouz de hault rang fust extrait ; 
En droict corsage esgaleroit Zéphyre ; 
En grâce Adon; Cëphale en doulx actrait. 

Pour sien amour, s'est tel que m'en inspire , 
Le dis sans pair : le vostre est moult aygret. 
Sera constant?... Âh ! plus que n'en peulx dire, 

Voulez scavoir ! 

Que de mon cœur luy disputiez l'empire , 
Bien faict à vouz , qu'estes son banneret : 



10 



l/|0 



^0tiiti 



Vers 19. Mais allez seulement lui conter Totre martyre j 
i3. Je TOUS réponds, quelque discret qu'il soit, 
i4* Que vous en apprendrez.... 



be eiotîlbe. 

Ainz rien qu'à luy contez vostre martyre ; 
Vouz suis garant , tant soict Tamy discret , 
Qu'en apprendrez plus que ne çroy, beau sire , 

Voulez scavoir. 



i4i 



■ 5 



c 



y 



RONDEL SUR ALAIN CHARTIER. 

. livre qu'il a traduit , dit-on , au gré de tout le monde. 



Vers I qui admire.... 

3. Quel que soit Fauteur. Je me plais (me duis) à redire 

3. Ce que j'en ai dit j et ce n'est pas un gtand courage. 

4. Qui que ce soit ou ne soit pas qui.... 



6. Bien que je n'aie vu le jour que par un trou (que je sois igno- 
rante, obscure). 

7 je ne vends pas mon suffrage 

8. Aux dépens du vrai.... 



J 



be Slottibt. 



143 



RONDEL 




«r r^frttn oSjÇrtrtter , 



Touchant les Nuits Attiques qu'a traduict ; liyre , dict-on , au gré de 

lout le monde. i440' 



i^»A«»i 



Le inonde est sot qu'admire ung sot ouvrage , 

Tel soict l'autheur : à redire me duicts 

Ce qu'en ay dict ; et n'est-ce grand courage : 

Qui soict , qui non , telz fatraz a traduicts^ 

Est-il de nef à Tabry du nauffrage ? 5 

Bien n'ay-je veu jour que par ung pertuys , 
Fidèle au vray , ne vends le mien suffrage 
A ses despends ; et me nargue des bruicts 
Du monde. 

Ils n'ont qu'ung temps ; mais les œuvres produicts 10 
Par la rayson survivent à leur aage. 



'•• j 



"V ^ 



i44 



^oeiteit 



Vers m sur ma tête.... 

i3. Je tiens le recueil des Nuits de maitre Alain. 



".::^ 



>•. * 



U (EUtiliL i45 

Donc y sur mon chief dust esclater Forage , 
De maistre Alain tiens le recueil des Nuicts 
Pour le plus sec que fust oncques d'ennuicts 

Au inonde. i5 



lO 



i46 ^oe«tt« 



ROMDEL SUR ALAIN CHARTIER. 



(L'écrit d'Alain Chartier, dont il est ici question , étoit une para- 
phrase en vers d'un ouvrage d'Alain de Lille , théologien du i3' siècle, 
sur les ailes des chérubins. ) 



p^ers iet2. Les ailes que ce docteur qu'on renomme a faites pour 
couvrir les chérubins... 

3. Ne doivent plus étonner... 

4. Puisqu'il eut le secret de rouvrir. . . (Ceci fait sans doute allusioa 
à un autre ouvrage d'Alain Chartier sur le Paradis terrestre.) 



6 et 7. Or je ne puis tuer un tel maître d'un propos , en disant qn<! 
notre homme étoit trois fois heureux... 

S. Pour lequel propos il veut me raccourcir les plumes. 



10 à i5 mais lorsque, pour s'acquérir de la gloire, il assomme 

son monde... je tiens certainement pour cent fois heureux celoi. • 



v^■ é 



b( aiétilit. 147 



RONDEL 





gg)ttt ^î^fain câfe^Çrtrficr, 



Touschant Tescript dont ay dict à la Rayne qa^estoit l'autheur trois 

fois heureux. 1454. 



Les esles qu'ha cil docteur qu'on renomme 

Faict galamment pour chérubins couvrir , 

Plus n'estonner doibyent Paris ne Romme, 

Puisqu'eust secret de la porte rouvrir 

Du beau vergier où se mangea la pomme. S 

Or d'ung propoz , ne peulx tel maistre occir, 
Trois fois heureulx dizant qu'estoit nostre homme , 
Pourquoy me veult les plumes accourcir 

Des esles. 

Et bien fera. Maiz ( pour loz conquérir , 10 

Quand , à huyz clos , d'escriptz son monde assomme ) 



i48 ^oe^teé 

qui pourroit recourir aux ailes de Dédale. (Ce rondeau ne paroitra 
pas très piquant : nous l'avons conservé comme un des morceaux qui 
attestent le mieux Tauthenticité des poésies de Qotilde. Il seroit bien 
exti'aordinaire qu'on se fût occupé dans le dernier siècle à faire ua pa- 
reil rondeau contre Alain Ghartier. Il en est de même des trois autres.) 



*-'.> 



Tiens pour certain qu'à moins de faire un somme , 
Cent fois heureulx ( cil qui n'en veult mourir ) 
£>u bon Crestois, se pouvoist recourir 

Aux esles. i5 



i5o ^oc«<e« 



À MA DOUCE AMIE ROCCA. 



m^ioierrogeant si j^aTois. 



Veri 1. S'il m'en souvient... 



' 



4 5'tfruimoiiraRt, aujourd'hui «'omourocA/mf ^ quelle differenn 

entre ces deux mots ! 
5. Dans les mois... 



6. Lorsqu'il... 

7. Autre plaisir. 

8. Tu yis mon émotion... 

9. S'il m'en souvient! 



10. Pour cette autre heure... (Ce qui suit jusqu'au pénultième Ters 
forme une sorte de parenthèse : après qu'il m'eut dit... après que,eou' 



U eiottlbe. i5[ 



> »•% «'%' % %/*r%r^f%i^ 



RONDEL YIII* 




ma bottfce tn^ij< ^^occ(t, 



M'interpellant s'ayoye souyenance du premier tiatemeDt d*amour 

1433. 



ixOggi» 



Se m'en soubvient de ceste heure tant belle , 

Où mon amy vers moy vint accourant , 

Plus beau cent fois que la roze nouyelle , 

Ne Toyd zéphyr d'elle s' énamourant , 

Ëz moys gentilz que chante Philomelle 1 5 

Lors que me dict : « Plus ne veulx , damoyselle , 
« Aultres desduicts qu'estre pour vouz souffrant, » 
Yyz mon esmoy : puys demandes , cruelle , 
Se m'en soubvient I 

Pour ceste y emprez qu'eust dict : « Fiere pucelle , 10 
« Estes à moi , » qu'eust , de bayzers couvrant 



■^" * ^.- *' 



i5a "^otiiti 

▼rant de baisers , etc., il eut fait que je seatis que j^allois mourir eu 
seê bras. ) 

P^ers i4* n ne me souvient pas trop de cette heure-là. 

i5. SUl m^en souvient. 



'^i — ' ■**.',:r-^ 



U aiotiliL i53 

Secrets appaz que traistre Amour décelé , 
Faict qu'en ses braz senty qu'alloy mourant, 
Pas trop , ma foy , ne me soub vient d'icelle , 

Se m'en soubvient. i5 



'^ V^Kr* • " '*^''' '*^'** ' '* » 



i54 ^oe«te« 



A TULLIF. DE R. 



( Ce rondeau s'adresse probablement à Tullie de Roy an , Tune des 
amies de Clotilde. Voyez la préface. ) 



Vers I et a. .... qui'ont promptement (feriç/*) triomphé de Chlore 
et Flayie. 

3. Que chacune aime le sien... 
4 je les convie^ 



6. Ce n'est pas que je craigne qu'elles... 

7. Si mon avis penchoit pour... 



10. (^Phésycien est pris sans doute ici pour naturaliste.) 



U dhmt, i55 



|i'%''«''^^'% «r% -%«% •%f'^ %'%-'%r'W'^ ^f ^"^r 



RONDEL IX. 



'(biniCxe ^t 



Cy voulant que dispose du prix de beaulté enire amants de deux belles 

diyers. i4a3. 





Entre ces deulx qu'ont de Chlore et Flavie 

Brief triomphé , par contraire moyen , 

Ne jugeray : chascune ayme le sien 

Par dessuz tout ! c'est à quoy les convie ; 

Soict blond , soict brun ; les couleurs n'y font rien. 5 

Non qu'aye peur que me taxent d'envie , 

Pour brun ou blond se panchoit l'aviz mien , 

Car est Tespoulx dont mon ame est ravie 
Entre ces deulx. 

Plus beau seroit, dira phésycien , lo 

L'ung chez l'Ibère et l'aultre en Batavia : 



^. 



i56 ^oeéic* 

Vers la. Mais lequel doit le plus contribuer au bonheur (de son 
épouse). 

i3 et suiV. C^est ce que je vous dirois si (se) dans un doublclien 
ma Tie couloit de jour comme de nuit... 



*N • 



be Slotilbe^ 157 

Maiz quel doibt plus faire au soubverain bien , 
Vous le diroye y en ung double lien , 
Se com' de jour, de nuict couloit ma vie 

Entre ces deulx. i5 



iS3 ^otéîéé 



A MA DOUCE AMIE ROCCA. 



( C'est la même à qui s'adressent le roacfel- VIII et Téptire que Ton a 
déjà yue.) 



Vers I . Que j'ai de plaisir au clair de lune si je me vois 
1 aux bords... 



5. Et cependant... 

6. Je me courrouçai^ il... 

7. Mais bien... (Cette parenlbëse est charmante. ) 



to comme il se tint tranquille. 



be S(etUbe. iSg 



► %>^^^'%»».'%<^>%<^|'%»^%'%^-V^'^-^ %>%%«•»*■%> 



RONDEL X. 




ma Î^Ottfce m^e ^^occa, 



Sur ce que -vinct ung soir le bel amy bayzer me desrober à la 

fontaine, i^^^. 



_*_- 



Qu'au cler de lune ay déduict , se me voy 

Seulette ez bords d'ung crystal de fontaine ! 

Ung soir y vint mon espoulx et mon roy ; 

Bayzer m'y prist ; ne le sentys qu'à payne , 

Et sy pourtant fus-je toute en esmoy. 5 

Me courroueiay : n'avoit encor ma foy 
( Sy bien mon cœur y car Teust de prime aubaine ) ; 
Oncques n'ozions nous dire Tu ny Toy, 
Qu'au cler de lune. 

Donc me faschay ; puys y comme il se tint cby , 10 

Luy pardonnay ; sur ce dict : « O ma rayne ! 



i62 ^oeétei 



A^ONSEIGNBUR AYMAR D£ POITIERS. 



(Il aToit eu des vues sur Clotilde. ) 



Vers I on s^est de vous moqué. 



5. Je n'eus pas... 



7 . Mon doux ami , dont tous seriez. . . 

8. Cnaignoit de s'éloigner \ mais il partit. . 



1 1 . Autant par les amours que celui qui m'a donné naissance (le ma- 
riage de mes parens). 



U eiotîlbe. i63 



^'^»%»%^^'»^»m»^i^<%»^i^^'%^<^^'%<^^^»»^^^»%^'%^<»<%^^»'»<%<»«%'%»»^»^^%<^'<('v%^»%«w%'%>»%'%»w%^%'v%»^'^^'^%'^^<%» 



ROl^DEL XI. 






monscx^ntw ^^^tnatb U 



Feignant ne youloir croire à Thymen qu'en son absence avoy conclu. 

1433. 



Sur ma parole , on s'est de youz gaudy y 

Mon irez chier sire ; et cettuy n'est qu'ung traistre 

De quel tenez , encor tout estourdy , 

Que je youloye , en touz , m'esiire ung maistre ; 

N'heus le droict sens à tel point engourdy. 5 

Lorsque m'avez de yœulx tant assourdy , 
Mien doulx amy y dont seriez-youz Tancestre , 
Trembloit nous fuyr ; ainz partist enhardy 
Sur ma parole. 

Bientost revint ; nostre hymen fut ourdy , 10 

Tant par amours que cil qui m'a faict nestre : 



i64 ^otiiti 

.y ers la. Jamais peut-être il ne futd^époux si beau. 

i3 mon corsage... 

i4 > si TOUS ne croyez pas ce que j'en dis. 



'4W 



u aiotmu i65 

Oncques d'espoulx ne fust si beau peult-estre , 
Voire sy prompt ; mien corsage arrondy 
Vouz en faict foy , se ne creyez qu'en dy 

Sur ma parole. 



i66 '^otiiti 



Vers 4* Si tu n'ayois eu que ces attraits de passage... 



6. Comment donc irois-je risquer mon jugement... 

7. (Sur les amans de Chlore et de Flayie, Fun brun et Tautre 
blond : voyez le dernier rondeau à Tullie de R.) 

* 

8 et 9. (n nous semble qu'ici le refrain n'est pas très heureusement 
amené. ) 



10. Si même avec eux tu étois compris (mis en comparaison). 
II dont la vue me cause une folle ivresse. 



beSIotilbe» 167 



m»'^»^ » ^>%<^>%>^>«%X»^^^»%^^^^^^^>^^X^^»^^>»r%»%»%>^V%<^V^<%i^^>^^^^»%«^V^^V^i^^^%%»%^^<^^%i>^^»VW^ 



RONDEL XII» 




won M ^^tn^y 



Tousjours m'angariant pour accorder entre amants de Chlore et 

Flayie. i^^S. 



TSy des couleurs qu'aux lys de ton vizage 
Amour mesla , ny de ton doulx soubriz y 
Ny des beaux crins flottants sur ton corsage 
( Se n'ayoiz qu'heu cilz actraicts de passage) , 
Mon tendre cœur ne se fust tant espriz. 

Comme iroy donc risquer le mien présage 
Sur ces deulx-là? ne les tiens à mespriz, 
Ainz des cheveulx ne m'est cogneu l'uzage 

Ny des couleurs. 

S'avecque iceulx mesme estoiz-tu compriz , 
Toy beau chastaing qu'yvre-folle envizage ; 



10 



i68 ^Ptiiii 

Vers 13. Si même alors chacune donnoit le prix à son amant , te le 
préféroit , 

i3. Je ne m*en plaindra îs pas; car j'appris , encore très jeune. 



bc dhmu 169 

Chascune au sien quand eust baillé le prilx , 
Ne m'en plaindroy ; car trez jeunette appriz 
Qu'oncques des gousts ne dispute le sage, 

Ny des couleurs. 



170 ^oe«ité 



Vers a. Quoi de si parfait a jamais éclairé... 

3 qui à présent gisent dans le cercueil (/anie^ tombeau :TO]rei 

La Combe). 

4* ( yainqueroat, apparemment de vainqueur , comme arcf*^^^' 
d'archer. ) 

5 son amoureuse dame. 

6. Quelle femme parle de lui... 

7. Qui résiste aux rayons... 

8. Lui seiil ne sait pas , quoique... 



10. Pour moi , je ne demande... d'autre bonheur 
Il et 13. Sinon qu'il m'enivre toujours d'un souris... 



be Slotilbe» 171 



*v*'<»%»»^>%»^»V%»'%>^>%«%<%'%»%>v<^x»<>»>%»%'%>v»>fc«%>%»v^»^%<^«/^»%»%>^»^%<i^%^ ^'^%>^^%»^>%»^^%yw^v»^^^<»v»/V»>**^ 



RONDEL XIII. 




^nfite be ^^<\))an 



Sur la beaulté céleste de mon espoulx , à qui nulle aultre n^est 

comparable. i4a3. 



Gomme il est beau cettuy-là qui m'enflamme I 

Quoy sy parfaict esclayra Fœil des cieulx ? 

Quel d'entre iceulx qu'ores gissent sous lame y 

Et qu'on dict pairs du vainquerost des dieulx , 

Tant eny yra sienne amoreuse dame ! 5 

Quelle en discourt qui d'abord ne se pasme ? 
Qui tient aux rays dont scintillent ses yeulx? 
Tout seul ne sçait, bien chascung le proclame, 

Comme il est beau ! 

Pour moy , d'aultre heur du sort je ne réclame lo 

Sinon , toujours d'un soubriz gracieulx. 



173 ^^tiiti 



Ver$ 1 3 et smV. Mais plus je Padore , et plos je suis inquiète que 
ma flamme ne soit pas encore aussi yive qu'il est beau. (P&tf (/ m'est 
soucieux, pour plus je me tomàe; touatnire siagiiiftre.) 



H dhtil^L 173 

M'aille enyyrant les sens, le cœur et Tame : 
Ainz, plus l'adore, et plus m'est soulcieulx 
Qu'encor ne soict autant vive ma flamme 

Comme il est beau ! 1 5 



174 ^otiiti 



BONDEL A HAISTRE ALAIN, 

sur récrit où il dit que le feu d^enfer luit et n'édaire cepen- 
dant pas. (Cet ouvrage d'Alain n'a jamais été imprimé ^ selon M. de 
Suryille.) 



F'ers i et 2, Maître Alain , vous contez fort bien... comment le feu 
d'enfer luit sans éclairer. 

3 ce n'est point sorcellerie. 

4. Le Dante connut, presque... (quaz', pour quasi). 



6 et 7. On ne contrarie plus ni vous ni lui sur ce grand fait... 

7 etsuiv si le prochain trouvoit du feu dans votre bavardage 

comme dans ses vers. (Il n'y aucune liaison entre ceci et ce qui pré- 
cède. Ce rondeau est assez médiocre ; nous ne l'avons conservé que 
comme pouvant contribuer à prouver l'authenticité de ce recueil.) 

10. Au demeurant votre rêverie (votre éci'it)est bien en cour. 



U aiotiliu 175 



%»«i<»%%<VV'%*»*'^*^^'^^>'*^»***^<**^»^*'^»*>^^'*^^^»»^>*«*^»*'^>*»<'^^^^>*»*^^^^*«*^^»*^^^^^<*^^^^'<^^'*^ 



RONDEL 





naUtti ^^(ain^ 



Du sien escript où dict le feu d^enfer lujre et pour ce non esclayrer. 



Le feu d'enfer , sans notoire hâblerie , 
Contez bien long comme luict y maistre Alain ^ 
Sanz esclayrer : point n'est sorcellerie ; 
Dante cogneust , quaz' en ung tour de^main y 
Tous les secrets d'icelle diablerie. 

Sur ce grand faict, plus on ne contrarie 
Ne Youz ne luy , se treuToit le proschain y 
Comme en ses vers y dans vostre parlerie y 

Du feu . 

Au demourant , bien est la resverie 

En cour ; beau livre onc ne fist tant de train : 



10 



176 ^9tiiti 

^ffers la. Quand Apollon Tous^yerra^ je parie 

i3. Qu'il TOUS baisera (allusion au baiser qu'Alain Gharûer, en- 
dormi dans la galerie du Louvre , reçut de Marguerite d'Ecosse). 

14. Mais quand il l'entendra (€lotilde parle-t-^lle du livre d'A- 
lain ? il y a apparence ; mais le mot est bien éloigné)... j'ai grand'peur 
qu'il ne crie. 



I 

/ ! 



t>t dhtmu 



177 



Quand Ta vouz veoir Apollo, je parie 
Vous bayzera ; de quoy moult serez yain... 
Maiz quand Toyra , grand' peur ay que s'escrie : 

a Au feu ! i5 



12 



. • 




.. i» 






178 ^oe«ie« be Slottlbe. 



BALLADE A MON ESPOULX f 

Transcrite par Qotilde en 1468, depuis 1^2^' 
lorsqu'il fut... 



F'ers a. Vient de recevoir la palme,., * 



» V 



.^■•flft' 



BALLADE 

mon ^sf,n(x, 

Lors fut admiz des propres mains du roy en l'ordre et corps de la 

Cheyalerie. 




Quoy ! mon espoulx, à payne hors de F enfance 
Vient des guerriers la palme recevoir , 
Et son aurore obtient la récompense 
Qui ne s'atteinct qu'à Testoyle du soir ! 






r8o ^oedtcé 

Kers 5 et 6. Pourquoi ne Tauroit-il pas obtenue? les hauts faits, 
non la triste sagesse , veulent receyoir ce prix. 

7. Que de succès je yerrai... 



10. Celui qui... (Scipion Ëmilien). 

1 1 . Celui qui soumit l'Asie à son pays (Alexandre). 



14. Comme eux tu joins le ferme vouloir au droit , à la justice. 



17. Tu te feras paroitre {apparoir) digne du sang des rois. 



19 que je youdrois , quand tu tWmeras ... 

Qo. {Varlety écuycr.) 

aa. Comme je saurois bien soigner {chaloir) ton armure ! 
a3. Si cela ne se peut , je te fais ressouvenir 
a4> Que nous avons tissu... (On ne voit pas bien comment ceyers 
se lie à ce qui précède et à ce qui suit.) 

a 5 que le sort soit favorable ou contraire , 

a6. Quand tu [devrois forcer ma tendresse à gëmir. 



beSIottUe. i8i 

Pourquoy n'auroit? icel prilx percevoir 5 

Veulent haults faicts j non triste sapience : 
Que de succès sur toy voyray pleuveoir , 
Si ( car mon cœur ne peult me décevoir ) y 
M'est ton amour garant de ta vaillance ! 

Cil qui vainquist et Carthage et Numance, lo 

Cil qui soubmist F Asie au sien manoir, 
Vantez chascung de rare continence , 
Furent du monde, à tonnage, Tespoir: 
Comme eulx, au droict joinz le ferme vouloir, 
Humain propoz, sagesse et bienveillance ! i5 

Si naistre roy ne fust en ton pouvoir , 
Du sang des roy s te feraz apparoir... 
M'est ton amour garant de ta vaillance. 

Dieulx ! que vouldroy , quand t'armeraz de lance , 

Varlet féal, te suibvre aux champs du Loir ! 20 

Qu'à te servir auroy de vigilance ! 

Com' sauroy bien tienne armure chaloir! 

Se ne se peult , te fays ramentevoir 

Qu'avonz tisseu plus estroite alliance, 

Et qu'en tous lieulx, soict le ciel blanc ou noir , a5 

Dusses forcier ma tendresse à douloir. 

M'est ton amour garant de ta vaillance. 



i8!2 ^oeiiei 



Vert a8. De t^embrais^er. 

39. ..... ne peux mVccoummer, m^hsibitufr. 

3i et 3a. Si un baiser, dont je sens déjà rémotion (que je sens déjà 
mVmouYoir), me dit. . . 



. * 



' i 



UaiotilU. i83 



ENVOY. 



De t'accoler me meurs d'impatience ; 

Seulette icy plus ne peulx me souloir : 

Reviens, amy; seray sans desfiance, 3o 

Se dict bayzer , que jk sens m'esmouvoir , 

Que ton amour ne cède à ta vaillance. 



>:v- 



i84 S|>oe«ie« 



LES TROIS PLAIDS d'or. 



Vtri I . Qui me donra, . . Ce mot , quUl faudroit plutôt écrire ainsi , 
don'ra, étoit employé dissyllabiquement encore au dernier siècle... Sous 
le nom de chantre d^ArcaBie, c'est Théocrite qu'on désigne spéciale- 
ment. {Note de M. de SutvilleJ) 

3. Subnonique pastour,,. C'est Ovide , qui naquit à Sulmone. 

5 il me semble que je ne serai point assez hardie. 

6 un de ces plaids (une de ces plaidoiries devant la cour 

d'Amour). 

8. (Ce héros est Ly gdamir , le personnage favorisé du poème épique 
de Ootilde.) {Note de M, de Siuville.) 

9. (n sortoit de Clovis par les rois d'Austrasie.) (Note de M. de 
SurviUe,) 

10. Dont la renommée. 

1 1 . (Cette invocation s'adresse à son mari , qui n'étoit encore que son 
amant ; alors elle n'auroit pas eu quinze ans quand elle entreprit oe 
charmant ouvrage : mais il en est de celui-ci comme de tous les autres 
de la même époque ; elle a eu soixante-quinze ans pour le perfectionner.) 
{NoU de M, de Surville.) 



*i 



LES 

^roU ^^fittiis ît'^y,''- 



Qui me donra ta voix, ô chantre d'Arcadie, 

Ou tes mètres divins , Sulmonique pastour? 

Faut icy, sur ma foy, diverse mélodie , ' 

Ou, pour conter les plaids du beau conseil d'à 

Jeunette , m'est advis, prou ne suis-je hardie : 

Toutesfoîs en Touldroye ung eslire en ces vers ; 

Et, par tel doulx labeur, ayguiser mon courage 

A paindre ce héroz qui vint d' en-là les mers, 

En France , de Clovis perpétrer le lignage 

Dont loz ira tousjours croyssant en l'univers. 

Gentil bouton de lys, mon soulcy, ma tendresse , 

Toy que ne peulx nommer , quand pour toy seul je vis , 

Quand pourray m' enquérir , si quelqu' ennui te presse , 

Bientost aux miens costés, lisant ce mien devis. 

Des trois façons d'aymer quelle plus t'intéresse? 



• 86 <|)ot8Jei 

fert i6. Je te coalsrai... je n'en sais pas... 



a3. Quand elle avoil fouïemé le m 



37. Déjà tous... 

38. Il falloit qu'elle aîmàt, disoieot-ils.,.. 
3g amoureiues images. 

3d. Rossignol* , elle se pâmoit quand elle eoteudoit [oyoil]... 

33. (/■fcurij pour Jïeurw.) 

33. (Orei, i présenti ilest misU pour tantôt, comme le moUnglii' 
now. Il nous reste encore iForei en avant et désormais,) 

34. ( Enamourèi, mot charmant , que lei Italiens ont consem, ^ 
que nous arons perdu.) 

36. ( Réponàre la musetU , etc. , pour riponâre par; tournure luri' 
qui ressemble à un hellénisme. Anacréon dit que sa lyre loi rèpani"^ 
les Amours. 

3;. Elle vil bientôt. 

39. Bien qu'elle s'égarât... 

40. Ils la suivoient : enfin ses jeux lui senibltrent UllemEDt uor 



ï)e (EUtilU. 187 

Te conteray (pourtant ne sçay le temps précis) 

Que na^ere , en ces lieux que , par son eau féconde , 

A rendu l'Éridan les délices du monde , 

On yist , jeunette encor, rayne fuyant les cours , 

Unique de son rang sur la machine ronde , 30 

Aux poyres laboureurs prodigant des secours y 

Et y soubz Fombrage fraiz des champestres feuillées , 

Quand avoit ses estats gouverné le matin , 

Partageant des hameaulx les soins et les veillées. 

Nul prince, tant fust-il preulx et franc paladin , 2 5 

Rose ne pust cœillir en si noble jardin : 

Jà tretous se lassoient d'inutiles hommages ; 

Falloit, se disoient-ils , qu'aymast, car aultrement, 

Tant ne la charmeroient amoureuses images... 

Se pasmoit , rossignolz , quand oyoit vos ramages ; 3o 

Maiz pour qui ? nul jamais ne lui cognent d'amant. 

Sur des gazons flouris , sur dés tapiz de mousse , 

Ores soubz des tilleuls , ores dans ses vergiers , 

Sans cesse énamourés accourant les bergiers , 

Aux accords de sa voix harmonieuse et douce ^^ 

Respondoient la musette et les pipeaulx légiers. 

Vist bientost qu'aux despends de leurs jeunes compagnes, 

De ces volages cœurs triomphoit sa beaulté : 

Bien s'esgarast aux bois, au faicte des montagnes, 

La suyvoient ; tant ses jeulx luy semblent cruaultc 40 



i88 '^ttiiti 

Ver$ 4 1 • Qu'elle eut honte. . . . 

43 qu'ils respirent.... 

43. Je suis leur idole, et n'en suis pas moins à plaindi^. 
44* Seule je veux gémir : qu'ils.... 

45. Le feu que je veux éteindre ne me brûleroit pas moins (o/i/e; 
brûler). 

46. Quand j'aurois désuni. . . . 
47 tusais.... 

48. Le trait dont tu m'as percée a tant fait. 



5o. Elle dit.... 

Sa. Mais.... 

5S. De Cadix au Danemarck. 



56. (^Guerdon, récompense.) 

57. Qu'elle ne yeut couronner ni la plus fière.... 

58. Mais la plus tendre y qui sera aussi la plus fidèle. (Cette con- 
struction n'est pas correcte; il faut deviner le sens. Atout, pour 

59. (Sy, pour ainn,) 



63. D'autres.... 



i 



J)e Slotilbe, 189 

Qu'a vergongne , à tel prix , d'embellir les campagnes. 

« Ah ! dict-elle , sans moy que respirent heureulx ! 

« Suis r idole de tous, et non moins suis à plaindre ; 

a Seule icy veulx douloir ; que s'adorent entre eulx ! 

« Pas moinz ne m'ardroit-il feu que ne puis estaindre 45 

« Quand tous aurois disjointz ces coulples amoureulx ! 

« Dieu cruel ! sçais combien facile est ma victoire ! 

« Tant fist le traict sans pair dont m'as sceu transpercer 

« Qu'à tout aultre ennemy peulx résister sans gloire. » 

Dict Zulinde ; et soudain par-tout fait annoncer 5o 

Qu'à ses courses des champs va dès lors renoncer : 
Âins qu'un jour, chasque moy s , de l'Escosse à la Grèce , 
De Gadès aux forests que Cimmer a soubmiz , 
Viennent devers son trosne , en sa présence admiz , 
Ceulx qui plus seront vains des feulx de leur mestresse ^^ 
De ses mains recevoir guerdon qu'elle a promiz : 
Que ne veult couronner plus fiere y ny plus belle , 
Ains y que soit la plus tendre , atout la plus fidelle. 

Sy vist-on sur le Pô , de tous coings , accourir, 
Chasqne fois que s'ouvroit ugne jouste nouvelle , ^^ 

Mille amants fortunés, bruslant de concourir: 
Ceulx-là viennent des bords où serpente la Sayne ; 
Aultres des verds costeaux de la double Albion ; 



y^rs 64* ^ ^^ irient.... oJii )c Tage se promené. 

65. (Les lies où régna le triple GéryoQ sont les trois tles Baléares , 
prises pour TEspagne en général ^ il faut entendre aussi extensiye- 
i^ent les autres désignations.) (Noie de M. de Suruille.) 

67. Je crois même qu'il en sortit.... 

68. (Pérerme, étemel, de perennis; kispide, de hispidus....) 

*»■ 

70 je le crois ^ on aime là comme aux vallons de Tempe- 



71. Au plus épais 

72 le laurier à l'ormeau . 

73. (MouH, beaucoup.) 



76 et 77. £n face du trâne, etc., sont trois rangs. (Plaisamment , 
pour agréàblemeist^ £n anglais on dit encore pleasant, pour agréable,) 

78. De sièges disposés en forme.... (Sédiles, de sedilia.) 



81. Pour que la reine ne troublât pas les discoureurs par ses re- 
gards.... 

8q. (Pers, vieux mot qui exprime une coulem- entre le vert el le 
bleu.) 



86. Siégeoient. . . en robes — 

8; regrettant le vieux temps. 






be Slotilbe. 19Î 

En yienl des sables d'or où le Tage pourmeine y 

Des isles où régna le triple Géryon ; 65 

D'où fuit le Rosne enfant, soubz les murs de Lyon ; 

Mesme en sortit encor de ces monts où la neige 

Dans un pérenne hyver tient Thispide Norwege , 

Soubz un ciel de brouillardz sans cesse enveloppé... 

Le croy ; là s'ayme ainsi qu'ez vallons de Tempe. 7<> 

Au plus dense d'ung bois où le myrte aux platanes y 

L'oranger aux tilleuls , et le lors à l'ormeil , 

Prestent y moult enlacés , leur parfum non pareil , 

Ung temple à ceinctres verds , interdict aux profanes , 

S'élève y et des Amours abrite le conseil. 75 

Au trosne , où plaisamment l'or s'unist à l'albastre , 

En demi-rond parfaict, sont en face trois rangs 

De sédiles dispos en tour d'amphithéastre ; 

Au plus bas sont vieillars ; puys les preulx et les grands , 

Et se presse, au dernier , la jeunesse folastre. 80 

Pour n'esmeut discoureurs la rayne , d'ung regard , 

Gomme en Pair , devant elle , ugne perse texture 

Nuaiges figuroit : tel chief-d'œuvre de l'art 

Ainsy leur desroboit cestuy de la nature. 

Juges estoient rangez et d'ugne et d'aultre part : 85 

Seyoient icy mamans , en toges violettes , 

Sévères , sans pitié , plaignantes du vieulx temps ; 









192 ^oUiti 

^er«B8 mais par mallieur.... 

89 habillées de la couleur des roses , 

90. Doucement sourioient.... (^Ccytemeni, de coi, adjectif qui se 
trouye encore dans La fontaine : Ces ombrages si cois. Joconde.) 



93. Trois qui ayoient en partage.... 

94. (Pions, piétons, pour dire gens de peu de valeur : voyez Bord.) 

96. Celui qui s'avança le premier.... (L'amant d'Eglé , dans les 
Trois Manières , se nomme aussi Lygdamon. On peut voir, dans la 
préface , que Voltaire , selon M. de Surville , avoit eu oonnoissance de 
ces manuscrits : C'est là , dit-il , que ce grand poète avoit pris l'idée du 
conte charmant que nous venons de citer. Ces deux ouvrages sont éri- 
demment calqués l'un sur l'autre. M. de Surville observe que Voltaire 
n'a cependant que trois vers imités de Clotilde : nous les indiquerons 
dans ces notes.) 

97. Jamais un plus beau jeune homme... à Paphos.... 

98 que son langage. 

99. Dès qu'il eut incliné son jeune front. . . . 

100. n fit croire qu'Apollon.... 

loa. {Partant^ on voit par ce qui suit que ce seul mot est là pour 
lorsque nous partîmes pour la guerre. Ce laconisme outré rend le sens 
très obscur.) 

I o3 en alliance étemelle . 

1 07 . (JYos parens ont sur nous un pouvoir despotique^ . . .) Voltaire. 
loS. Je cachai.... je tremblois.... 






^e 6Iotilbe« ig3 

Grogn.oient;amz,parmeschief9tousjoursgrognoientseulettes: 
Yiz-à-yizy soubz couleur des rozes du printemps , 
Coytement soubrioient gentilles bachelettes. 90 

Telle s'ouvrit des jeulx la lice aux champions. 

Trois f ce m'a-t-on conté , le mesme jour advinrent , 

Trois f qu'en partage avoient lyre des Amphions; 

Et, bien qu'en irez haults faicts ne fussent des pions , 

De parler à leur tour, sans débatz, ils convinrent. gS 

Cil qu'avança premier Lygdamon s'appeloit ; 

Plus bel onc ne se vist à Paphe ny Cy there , 

Et d'un air simple et doulx que langage esgaloit , 

Dès qu'eust sien jeune front incliné vers la terre , 

Fist penser qu'ApoUo par sa bousche parloit. 100 

LYGDAMON. 

Tristan , ce père mien que nul aultre en vaillance 

N'effaceroit, partant , jura ne m'accorder , 

Moy son bien-aymé fils, en pérenne alliance , 

Qu'à fille qui sçauroit le javelot darder , 

Dompter coursiers fougueulx et magnier la lance. io5 

Ismene m'adoroit , l'adoroy sans espoir ; 

D'ung père, en tous les temps , sacré fust le vouloir : 

Celoy mes tendres feulx , trembloy de luy desplaire ; 

Me faut enfin partir, renoncer à la voir , 

i3 



194 ^oe^ied 

Vers iio. Le saleil qui m*éok^ (6^^^ ^}^^ ^ ^^ ^^ S'^ 

de ce temps-là). 

III sur DOS chefs déjà siffle.... 



II 5. Il s'écrie.... (On ue yoit pas trop si c'est Ljgdamon ou le 
guerrier ioc(nm« qui fait tomber le bras leyé mx son père : «e récit ^ 
trop resserré.) 



119. Et le courroux qui Penflamme le guide si bien , 
iQo. Que son fer ne donne que.... 



1^9. Si«r ks oorpg qu'ctte Hnjaela elle tombe.... 
'35 trmiTe à peine.... 



1 



be 6IottIbe« 195 

Et fuyr , aux champs de Mars, le soleil qui m'esclayre. no 
Cependant sur nos chiefs jà siffle le trespas ; 
A mille combattants jà Tristan est en butte ; 
Jà , prest à succomber , tout chascun se disputte 
Qui porte ung dernier coup à ce dieu des combats. 
S'escrie : « A moy , mon fils ! » Tombe soudain le bras < < ^ 

« 

Du preulx qui de ses jours alloit couper la trasme ; 

D'un guerrier non connu la flamboyante lame 

Disperse tout-à-coup les nombreulx assaillants , 

Et le guide si bien le courroulx qui Fenflamme , 

Que ne baille son fer que sur les plus vaillants. lao 

Du héroz abattu le coursier se redresse ; 

Tout est calme alentour. Ainzque yois-je , grands dieulx! 

Quel spectacle d'horreur y de respect , de tendresse I 

Ismene , des beaultez la première à mes yeulx y 

Ismene soubz le casque ! Ismene dans ces lieulx ! ia5 

En quel horrible estât la voyois-je apparoistre ! 

L'œil mesme d'un amant pouvoit la mécognoistre : 

Ugne large blessure a deschiré son flanc ; 

Le mal à chasque pas faict ses forces décrois tre ; 

Ses cheveulx sont souillez de poussière et de sang ; 1 3o 

La pasleur de la mort accable son yisage : 

Sur les corps qu'immola tombe , hélas ! à son tour , 

Et sa mourante yoix treuve à payne ung passage : 

« Cruels, dict-elle enfin , voicy mon plus beau jour I 



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196 Spocéieé 



Vers i39 et i4o. Que toi , pour qui je chemine.... tu recueilles (cW- 
UgeSy de coUigere), Lygdamon , mes derniers soupirs. (^Postremty de 
postremus. ) 

i4a. Vers celui.... il n^est pas temps.... 
143. Du yieillard que tu as sauvé je — 
i44' ^^ s^ ^u meurs.... que je lui reste ? 



147. Voulez- vous.... 

149. Je vous le dis , puisque le ciel.... 

i5o si vous consentez à vivre. 

i5q. Son teint se ranima.... 

i53 et i54> {Ensemble la portons.... Lygdamon et son përe^ c^est 
encore ici le même défaut que dans le reste du récit , trop de brièveu.) 



i56. Cest là que Phymen attend, ou qu'elle attend Thymen.... 

157. (^Fiance, pour confiance.) 

i58. Que , devançant la science des médecins , 

iSg. Nature el jeunesse.... 



it Slotilbt* 197 

« Je te voy , je vous sers ;... rendez grâce à l'amour. * 

« Qui f sans ce tendre amour dont brusle ma poictrine , 

« D'ugne timide amante eust faict ugne héroïne? 

« Heureuse , en renonçant à mes plus chauds désirs , 

« Que toy y pour qui trop tost vers la Parque chemine , 

« CoUigeSy Lygdamon, mes postremes souspirs !... n ^4^ 

a Ah ! yiz , viz, m'escriai-je , ange pur et céleste ! 

a Vers cil qui t'a créé n'est temps d'aller encor : 

a Du yieillar t qu'as sauvé suis l'unique thrésor , 

« Et y se meurs dans nos bras , penses-tu que luy reste ? » 

Mon père desploroit son caprice funeste : 145 

a N'ay plusquevous y dict-il , pour charmer mes vieulx ans; 

Voulez qu'au désespoir vostre abandon me livre ? 

o Plustost , loing de ces bords hastez-vous de mesuibvre. 

« Vous le dy ; quant le ciel a doublé mes enfantz , 

a Deulx fois tout vous debvray , se consentez de vivre !» 1 50 

Ismene y à ce parler , sentit moins ses douleur^ ; 

Se ranima son tayn de vivaces couleurs : 

Puy$ ensemble , à travers l'amaz de ses victimes , 

Lentement la portons , en l'arrosant de pleurs , 

Où commande Venise aux ondes maritimes... ,55 

C'est là qu'attend l'hymen pour couronner ses feulx. 

( Ciel , ne veuilles tromper en toy nostre fiance î ) 

Que , des phésiciens devançant la science , 

Nature et juvaison la rendent à nos vœux ! 



198 ^otiiti 

Vers 161 tous garçons de regarder. 

i63. Que si elle (cetlevue) ne leur étoitôtée (toZ/oe) incontinent, 

164. Pour d'autres que lui, elles.... 

165. Dit s'appeler.... celui.... {clamer, appeler, de clamare). 

167 son air agréable. (^Soladeùlx est expliqué dans JBorel par 

récréatifs il rient du latili êoiàtium), 

168. Et dàs que Lygdamon eut déduit.... 

169. II raconte oeci en petits Ters.... 

170. ie crois bien.... 



17s et 173. Chaque jour j'entends des friquets {/riqunt, 
amoureni^ : Yoyez Borel) glapissans importuner {^an^forier') TAurorc 



1 76 et j 77 . Que si la beauté , dont ik demandent en vain . . . 



178. Juge de leurs.... 

1 79. Par leur pitoyable éloquence. 



181. Je n'irai pas. 



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Stancks nRÉES DU Chastel d'Amour. 

Muà^e de H Berton , . 
JfeniSre du Con^ervaùnre deJliuiçMiedelrance. 



Cnnto .ÂMf^finj . 



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N.B. Oji trouvera ce^r .Jtr^ avec aecompa^ienient de^Barpe ouRano ùfarw au 
Maffaxw de Mwriqiie de HBerton etZorau,rJetme rue Fat/deuu pràr te Utéâùr . 



be ^lotiliu 199 

Ainsy dict Lygdamon : Zulinde d'estre esmeue ; 160 

Beau conseil d'applaudir ; tous garçons de mirer ; 
Et belles de sentir à sa tant doulce veue 
Que y se ne leur estoit incontinent toilette , 
Pour d'aultre qu'iceluy ne pourront souspirer. 

Dict se clamer Tylphis cil que vint à la suite ; i65 

S'approscha leste et gay , l'œil vif et gracieulx : 

Reâjouit tout chascun son air solacieulx ; 

Et dès qu'eust Lygdamon son affaire desduite , 

Cy conte en yerselets , sans tours ambitieulx. 

# 

TYLPHIS. 

Croy bien que de ma vie encore 170 

N'ay souspiré vers languissants : 

Chasque jour entends glaspissants 

Friquets angarier l'Aurore , 

Vénus , Hébë , Zéphyre et Flore , 

En airs sy peu divertissants , 17^ 

Que , se la beaulté sans seconde 

Dont quîerrent en vain les faveurs , 

Va prisant leurs folles ardeurs , 

Par leur tant piteuse faconde , 

Ne m'esbahys de ses rigueurs. 180 

Moy n'iray vous rompre la teste 



Vers 1 83 . QuMle est. . . . 

184. Qu'elle a 

i85. Les grâces qui.... 

186. Nous nous caressions.... 

188. Nous pensions.... 



190 sous k bocage {tonne y dont il nous reste le diminutif 

tonndU), 

1 9Q . .... malgré son âge. 



1 96. Je tournai , retournai .... 



199. Si tant est.... 



202 . Il n'étoit pas de ces gens. . . . 

203. n Youlut (voukist , prétérit suranné de vouloir : yojei Borel). 

205. Troquer.... 

206. Vous croyez peut-être.... (C'est le même mouvement que dans 
les Trois Manières : 

Pensez-vouf alors qu'Agaihon 
S^amusit à verser des larmes? ele. ) 



De ma Chloé : diray pourtant 
Qu'est gentille, accorte et bien faicte; 
Qu'a y sinon la beaulté parfaicte , 
Grâces y que valent bien aultant. '^^ 

Nous caressions ung soir d'altomne; 
Estoy jeunet , elle encor plus ; 
Cuydions n'estre veus de personne. 
Le prince , oncle mien , vieil Argus , 
Dormoit, Fœil ouvert soubz la tonne: 190 

De moy sur-tout estoit jaloux ; 
Youloist-il pas , maugré son aage , 
De sa pupille estre Tespoux?... 
Me hastay , pour fuyr son courroux, 
De franchir le Rosne à la nage; '9^ 

Viray, reviray, bens soubvent, 
Tant qu'enfin gagnay Taultre rive : 
Luy disoit : a N'ira guère avant ; 
tt Se tant est que le drosie arrive , 
a Bien seur, n'af rivera vivant. » 200 

Toutesfois , sans plus de remise 
( N'estoit d'iceulx trop délicats ) , 
Voulcist, de peur de nouveaulx cas, 
Que vinst Chloë viste k Féglise , 
Muer beaulx jours contre ducats. 3o5 

Créyez peut-estre que ma belle 



aoa ^otiiti 



F'ers 209. ( MangsdTi pour ttuaigir: comnle vengitTy pout venger.) 



31 a. Or, pour n^âtre pas mariée. (Telle doit être ici Tacception du 
mot nubile } mais nous n'eu i^dniioissous pas d^autre exeniple. ) 

31 3. Elle mourut.... 

214. Quand je dis qu^elle mourut. . . . elle f tÉt si adroite. 

3 16. Dès qu'il n'eut plus sou côseau.... 

318. Que je restois seul. . . . 
330. A qui laisser.... 



334. Il craint que je ne sois plus malade que lui (enferme pour in- 
Jirme). 

335. Il s'en f alloi t peu que cela .... • 

336. Car à peine ayois-je embrasse le sable , 

338. Qu'une troupe {troupel , troupeau) d'avchers.... 



23 1. De mon sang il etoit 



y 



Se meurtrit le seyn à grands coups , 

Court les bois sur ugne haridelle, 

Pour se faire mangier des loups, 

Ou se jecte à Teau sans nacelle?... 310 

Nenny ; fille n'est ung garçon : 

Or 9 pour n'estre au matin nubile , 

Mourust ; n'y fist d'aultre façon : 

Quand dy mourust, tant fust habile 

Qu'en terre on ne mist qu'un tronçon. 3i5 

Dez que n'heut soxi oysel en cage , 

Ne vist mon oncle sans esmoy 

Que restoy seul de son lignage , 

Et que partant n'avoit que moy 

A qui layrer sien héritage. aao 

C'est aux barons commun soucy 

Quand voyent s'avancer leur terme : 

A joinctes mains crioit mercy ; 

Craint plus que luy ne soye enferme ; 

A peu que ça ne fust ainsy. 2a5 

Car n'avoye embrassé l'aresne 

Où fus jecté par le courant , 

Que d'archiers ung troupel m'entraisne, 

Lié, perclus, quasy mourant. 

Au cruel baron de Caresne. 33o 

De mon sang es toit Tennemy , 



1 

I 



I 



2io4 ^oediej 



Vers a33. U ne voulut pas n'être méchant qu'à demi , et 

335. J'aurois gémi dans une captivité étemelle. (Jusqu'ici la brièveté 
du récit de Tylphis n'avoit servi qu'à l'animer davantage ; elle tombe 
à présent dans le défaut du récit précédent. ) 

a36. Au point du jour.... 

237. Je vois Cbloé conduisant.... 



340. Donne tes fers à ce tyran. (Tout ceci est trop brusque.) 
341* n m'a vue errante au dair de lune^ 
343. U descend.... 

344* Je crois que la fortune n'a pas pris, soin de vous. 



346. Monseigneur, dis-je , n'a qu'à parler, 

347 . Paccepte se& dons .... 

348. Pour m'enlever.... 



35 1 il redouble d'audace. 



354* J'enlace son cou dans ma ceinture (^zone, c'est le mot latin 
zona). 

355. Je l'étreins ^ déjà il ne peut.... 



yî/y. ji>.'t. 



« 



Triolets Dr Cuastel d'Amour 

J\f asiune de H . Berton , 
Jietnhre tin Coné'ervaiifire JeJfu^^ie de franae . 

[ûraae ^ar JtùkoJimteJ 



Cmtu . Jindantmp 



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N.B. <7/i trouvera ce^ jifinf avec aecompaffnatuttt de Haiw ouMarpe alleaita» 
Maaaxm de Jlu^çue deS-Berton et Lonuucjrane rue Fmfdeau preif leThè^e . 



be eiotilbe. 



2o5 



Ayec mon oncle n'avoit tresve; 

Ne voulust, meschant à demy, 

Me faire périr soubz le glaifve ; 

Tousjotirs captif auroy gesmy. 

Jour poignant , dans ma tour qui s'ouvre , 

Voy Chloé maynant le pervers : 

« Amy f sçay les maulx qu'as souiferts , 

« Dict-elle , amour tout nous descouvre ; 

« A ce tyran laisse tes fers : 

« M'a veue errante au cler de lune ; 

« Descend, m'enlève sans efforts; 

« Puys dict » : « Ne couscherez dehors : 

« Croy que ne vous choya fortune , 

« Vous oilre tous les miens thrésors. » 

« Monseigneur , fiz , n'a que son dire ; 

« Ses- dons reçoy. Prist ce moment 

« Pour me toUir, ne sçay comment, 

a Urig bayser , l'impudique sire , 

« Que ne debvoy qu'à mon amant. 

« L'ay repoussé ; double d'audace ; 

« Seuls estions : me sens inspirer 

« Par les dignes preulx de ta race ; 

« Son col dans ma zàne j'enlace; 

« L'estreings , jà ne peult respirer ; 

« S'enfle et se tord sa layde face : 



335 



240 



345 



a5o 



955 



ao6 ^oe<t(< 

f^ers a58. Vite il est lié {loyé, pour Ué : voyei Borel, qui cite 
Pierre Gentien ). 

359. Tu li'auras.... 

a6o. Que cette épée.... 

a6a. Il m'ft suivi.... 



365. De ce fort.... 

366. n n'en faut tortir que ses mat très {baron , seigneur). 

367 . Elle dit , et $ omie .... 



370. Pense voir un couple.... 

373. Pendant que le traître... (Tout ceci est encore trop sen'é.) 

374. {Despartir, partager, distribuer.) 

375. Et tourne oontre. ... 

376. Jusqu'à l'appui {appoim-, asppjxytr : TOjeft Borel). 

377. Tous s'écrient qu^il faut. , . . 

378 deson forfait, (TorsfaiU se disoit pour farffàt», selon Borel . 

qui cite le Songe du verger*) 



381. Celui-là.... 



« A mes pieds tombe le magot; 

« Yiste est loyé ; prends son espëe : 

« Suy-moy, félon , dis-je, au caschot! 

« N'auraz gauchy, n'auraz dict mot, 360 

« Qu'icelle en ton sang est trempée... 

o M'ha suivy. Viens, éveillerons 

« Sa garde entière que sommeille : 

Ci Àrme-toy; sortir en larrons, 

« D'icel fort ne seroit merveille ; 365 

« N'en faut sortir que ses barons. » 

Dict ; et soudain sonne l'alarme : 

La garde accourt ; tout le ohastel 

Me prend pour céleste gendarme , 

Cuyde yeoir ung coulple immortel 370 

D'en hault introduit par ung charme. 

Le traistre quand rugist en bas , 

Chloé , de l'or dont fust avare 

S'en va despartissant l'amas , 

Et tome encontre le barbare 3^5 

Jusqu'à l'appoy de ses soldats. 

Clament tretouz que faut qu'il meure : 

« Non , dict Chloé ; de son torfet 

« Mieulx sera pugny dans ugne heure ; 

« De nostre oncle sera subject ; a8o 

« Cettuy marquera sa demeure. 



d 



ao8 ^Potiiti. 

Vert 383 ef a83. Il s'en faut peu que Toncle en sa colère ne t^ait 
fait boire au fleuve noir. ( Ceci s'adresse à Tylphis , mais Tindication 
manque. ) 

384* Tu dois t'en venger.... 



387. {Nopder ou noder, 'comme l'écrit La Combe, épousenr, ma- 
rieur.) 

388. A promis une partie de son bien. 

389. Je n'en veux pas ; j'adoucirai sa douleur {Unir, de lenire). 

390 et 391. Il verra... que tu m'as su... (]V*est-il sorcier n'a pas de 
'i sens bien dair... On pourroit lire : verra le vieux sorcier.) 

393. Si vous destinez, comme je l'ai compris. 

393 qui entendez.... 

394< Le prix.... 

r 

396. Si , à qui plus fit pour le bonbeur , je le lui dispute. (Con- 
tendre, de conterulere, débattre, disputer.) 

397. n est certes beau d'avoir... (d'être reçu chevalier). 

398. Mais mieux me plaît.... 

399. (Mourante oeillade est là pour le coup d'oeil d'une mourante.) 
3oo. Après tout , il n'est pas si sûr du sien (de son bonheur). 



303. Le jeune Tjlpbis n'avoit pas fini de conter.... 

304. Que déjà.... tous ceux qui étoient présens.... 



a k peu que boire au fleuve noir 

a T'aye faict Tonde en sa cholere ; 

u T'en doibz vengier : allons le veoir ; 

tt Me croit au ténébreulx manoir , ^65 

« Sçaura que revy pour te plaire. 

a Au tien sauveur le vieulx nopcier 

« Part a promis de sa chevance ; 

a N^en veulx; léniray sa grevance 

« Gratis : voyra , n'est-il sorcier , 290 

« Que m'as bien sceu payer d'avance. » 

Se destinez, comme l'entends , 

O dames qu'oyez mon histoire, 

Prilx à qui plus fist pour la gloire , 

L'emporte Ismene ; n'y prétends ; ^9^ 

Se , pour le bonheur , luy contends : 

Beau certes avoir Faccolade ! 

Ainz plus me duict mon doulx lien 

Qu'à Lygdamon mourante œillade : 

Tant seur y après tout, n'est du sien ; 3oo 

Car est Ismene encor malade , 

£t ma Chloé se porte bien'. 

N'avoit jeune Tylphis conté ses adventures , 
Que jà battoient des mains tous les préisents ravis ; 

14 




4 



•2IO ^oeéte^ 

y ers 3o5. {La gi'dce en s'exprîmant vaut mieux tfue €eipi*on dit.,.. 
yers des Trois Manières que M. de Surrille cite à propos de celui-ci.) 

3o6 et 307. A peine le jeune essaim qui sourioit.... étouffoit le 
murmure.... (arrioit, de arridAat, comme sourioit, de suhridebat. 
Nous n'ayons pas yu ce mot ailleurs). 

308. (Barrettes ou birettes, bonnets , béguins : yoyez Borel.) 

309. Un petit ceryeau qui tournoit.... 

3 10. Un petit libertin prodigue de fleurettes^ 
3i I . Et là-dessus elles ajouioient qme.... 

3ia. En ce monde dégénéré nous ne yerrionë.... 

3i3 tu trouyas (il faudroit : Tu ayois trouyé). 

3i5. Ce n'est pas ainsi que chantoient ceux qui sont dans le tom- 
beau (lame, tombeau : yoyez La Combe , qui cite Marot). 

3 16. Dirent-elles : ils faisoient... (« Pour peu qu'on ait une idée des 
anciens rimeurs , prédécesseurs ou contemporains de Ootilde , on sen- 
tira combien est juste , ingénieuse et solide , la critique renfermée 
dans ces yers. Depuis le Roman delà Rose , les poètes n^ayoient d'au- 
tres interlocuteurs que oes êtres métaphysiquement ridicules , Faux- 
semblant, Bel-Accueil , Fol-cuyder, Doulx-regard^ Mal-honte, etc. etc.; 
et ce qui put être assez agréable une fois , deyint froid et même in- 
soutenable.» (Note de M. deSurviUe.) La même critique se trouye en- 
core dans le Dialogue entre Apollon et Clotilde.) 

3 1 8. (Flume, flum et fluix, fleuye j essour^ sottroe : v<sytt La Combe.) 

3a o. (LoquencCy éloquence.) 

3a I. Ni le feu.... ni le langage.... 

3a3 qu'il à bien.... 

3a3. (Emprès, pour après ^ sùilkr, sortir deferabgs.) 

3 a 5 . (Gaston fut surnommé Pbébus , à raiscm de son éclatante beauté'.) 
(Note de M. de Surville.) 
3a6. Ni le bel Adonis.... 

337. Ni Paris , lorsqu'il déposa aux pieds de Vénus.... 
3a8. Il n'ayoit pas , comme ses compagnons.... 






Hl 



iiii 



i 



N'est sans gentil maintien faconde à mon advis. "^"^ 

A payne toutesfois étouffoit les murmures 

Des mamans , jeune essaim qu'arrioit viz-à-vis : 

Disoient entre leurs dents les antiques barrettes, 

Qu'estoit ung cervelet que tornoit à tout vent, 

Petiot libidineux, gaspilleur de flourettes , Sio 

Et sur ce , « Que jamais , telles que cy-devant , 

« En ce monde descheu, ne voyrions amourettes. » 

Modeste Lygdamon , treusvas bien aultre escueil ! 

Trop simple en ton parler ne peus touscher leur ame. 

a N'est ainsy que chantoient cilz que gisent soubz lame , ^<^ 

« Dirent : fesoient agir Faux-semblant , Bel-accueil , 

« Doulx-regard , Fol-cuyder ; oncques eux ne leur dame. 

« N'est de flume, en ses vers, qui remonte à l'essour» 

u De soleil qui recule , ou de lune qui danse ; 

a N'aura cest enfançon la sublime loquence , 3:)o 

« Ne feu du temps passé, ny langage de cour... » 

Jeunes disoient tout bas : « Qu'a bien celuy d'amour ! » 

Emprez veist on saillir un Calabrois jeune homme : 
N'en paindray les beaultés ; non , tel ne se monstra 
Gaston le Béarnois , que Phœbus on surnomme , ^^^5 

Bel Âdon , quand Vénus aux champs le rencontra , 
Ny Paris , apposant d'ic^Ue aux pieds la pomme : 
N'avoit, comme consorts, l'œil joyeulx ne serain^ 






212 ^oe^teé 

Vers Sag. Triste, il scmbloit lutter.... * 

■ 33o. Tellement qu'il eût peut-être {fors) attendri.... 

33 1 . (Amphore est sans donte là pour le Verseau , Amphora } mais 
on ne parle pas ordinairement de son influence pendant Pété.) 

33a le phare souverain des cieux. 

* 334. Et son char platt davantage pâle à son coucher.... 



340. (M. de Surville dit , dans une de ses noies , que le récit de 
Colamor n'est en effet autre chose que l'histoire de Louis de Puytendre 
et de Justine de Lévis : il renvoie à la notice qu'il en a faite , et qui a 
été imprimée dans le journal de Lausanne. On trouvera , dans la préface 
de ce recueil , ce qu'il est nécessaire d'en savoir. ) 

34a. Reine , comme eux , j'ai été jeune à la guerre ^ 

343 que la guerre eût terminé. . . . 

344* Leur cours n'auroit pas été.... 

345. Ma terre natale n'auroit pas.... 

346. Et de si funestes amours ne me htiÛeroiejït(ardroient) pas. 

347. Déjà je n'étois.... (Ce commencement de récit est encore trop 
brusque.) 



. < 



^^ 



Triste, sembloit luctant contre angoisse profonde , 

Tant qu'eust fors attendry cœur de rosche ou d'arhain. 33o 

Tel, en ung soir d'esté qu'Amphore nous inonde , 

Reparoist des haults cieulx le phare soubverain ; 

La nature soubrit à sa flamme amortie , 

£t plus esmeut son char, pasle en sa despartie , 

Que quand roule esclatant sur des nuages d'or ; 335 

Tel pasle et plus touschant l'agité Colamor, 

Le front chargé d'ennuicts , s'avança yers le trosne ; 

Là y contant sans destour, ces mètres employa 

Par qui doulce élégie aultre fois larmoya, 

Et qu'en France despuis sur les rives du Rosne , 

A Puy tendre ApoUo pour Justine octroya. 



COLAMOR. 



3/io 



Rayne, ay comme eulx esté jeunet en guerre; 

Et pleust au ciel qu'eust terminé mes jours ! 

Moins glorieulx n'auroit esté leur cours; 

N'eust soubz mes yeulx fuy ma natale terre, 345 

Et ne m'ardroient tant funestes amours ! 

Jà n'estoy plus environné que d'ombres , 

Parents, amys, rien que n'eusse perdu; 

Tout mon pays plus n'estoit que descombres , 

Et m'enfuyois solitaire, esperdu , 35o 

Des Tarentins parmy les forêts sombres ; 






2l4 



^otjtci 



Vers 353 (^Jiner, iBnir). 



358. Me fit apparoltre une dame à traits si merveilleux. 
359 du beau garçon.... (Ganymède). 

36 1 . Je crois qu^en un visage (vis) elle rassembloit les portraits. 
363. Celle qui ainsi.... 

365. Si ce n'étoit pas une fée (Borel écrit ce mot faée) ou peutrétre.... 

367 et 368. En baudrier, une ceinture (zéne) de pourpre ceignoit 
son corsage altier.... 

369. (L'amazone Penthésilée.) 

370. (Tricois : j'ignore la signification de ce nom ; Borel ne la donne 
pas , et cite seulement ce passage de G>quillard : De baudriers qui ont 
beaux tricojrs.) 

37a. Elle sembloit, avec un souris amoureux 



375. Je t'ai vu, tu me plais.., 



4'* 



m 



Quand espuisé, cédant à mon malheur, 

Prest à finer ugne ingrate carrière , 

Je succombay d'angoisse et de chasleur : 

Le doulx sommeil vint clorre ma paulpiere , 355 

£t pour ung temps fist trefve à ma douleur. 

Ung songe ( hélas ! trop estoit véritable ) 

Fist m'apparoir dame à tant mireulx traicts , 

Que du beau gars qui sert les dieulx a table , 

Et de Cyprine au soubriz délectable , 36o 

Croy qu'en ung viz rassembloit les pourtraicts. 

Des miens pensers d'abord fust soubveraine 

Cette qu'ainsy se monstroit à mes yeulx ; 

Non , tant d'esclat ne brilla soubz les cieulx! 

Se n'es toit faye , ou fors image vaine , ^^^ 

Telle jamais n'embellit ces bas lieulx. 

En bauldrier, ceignoit pourprine zone 

Corsage altier, d'où pendoit un carquois , 

Comme en soustint Penthésile amazone , 

Et voltigeoit tel superbe tricois 370 

Que n'eust, chassant, la fille de Latone : 

Sembloit vers moy, d'ung soubriz amotireulx, 

En inclinant son angélique teste , 

Me dire : « Amy, plus ne sois malheureulx , 

« T'ay Veu , me plaiz ; veulx estre ta conques te ; 375 



2l6 



SpotJte^ 



Vers 377 . Déjà tu m^achevois. . . . 

378. Lorsque tout d'un coup 

379. Le traître sommeil!... 



383 mais je vois.... 

383. Une petite boucle épaisse de cheveux blonds (ondeletU, dimi- 
nutif d'on^) 

384. Tout fraîchement ôtés d'une si belle tête , 

385. Et qui lioient.... 



389 si je ne résiste pas 

390 si TOUS étiez ouverts. 



39a. Ces fers ne me laisseront.... 

393. Mais j'aime mieux. 

394 et 395. Que si j'exposois à perdre sans espoir sa liberté celui qui 
m'a ravi la mienne. 

é 
t 

396 je ne yeux pas le tromper. 

397. Si un fatal intervalle nous sépare.... 



it Slottltc. 31 

n Réveille-toy !... « D'ung bayser chaloureulx, 
Jà m'achevois, divinité barbare ! 
Lors, lout-à-coup m'enlevant ses pavotz , 
Traistre sommeil, de ses faveurs avare, 
Fist mon bonheur fuyr avec mon repoz , 
Et me rendit aux horreurs du Ténare. 
Vouluz mourir; ainz vôids à mes costés, 
De cheveulx blonds ugne cspaisse ondelette 
A si beau chief tout freschement ostés , 
Et qui loyoient ung fragment de tablette 
Où le stylet ces mots avoit nostés : 

« S'il faut, hélas i que vous rende les armes, 

•I Beaulz yeulx, tandiz qu'estes d'ombres couverts, 

« Ainsy fermés, se ne tiens à vos charme-s, 

° Que feriez donc s' estiez possible ouverts? 

« Au loing de vous m'en vay traisnant des fers ; 

« Ne me lairont qu'au terme de ma vie : 

« Ainz ayme mieulx renoncer à vous voir, 

» Que s'exposoye à perdre sans espoir 

» Sa liberté , cil qui me l'a ravie ; 

« Par fol appast ne veulx le décevoir. 

« Se nous disjoint ung fatal intervalle , 

n Seulette au moins, en proie aux vains regrets , 

1 Jusqu'en l'azile où croistront mes cyprès, 



ai8 ^otéteé 



y^ers 4o I si ce n^est ses attraits. 

4oa . (. . . . cette écorce^ le poète suppose apparemment que les tablettes 
étoient faites d^écoroe d'arbre.) 

4o3. Je crus que mes yeux alloient fondre en pleurs. 

4o4 je me surprenois.... 

406. Je sentis que déjà mon cœur alloit se fendre.... 

407. Tantôt (ores), à rentour, jectierGhoi$(^iierroj^).... 

408. Qui ayoit ouvert. .. . 

409. Tantôt je croyois qu'ua fantôme infernal.... 

41 1 . Pour me brûler (adurer, du latin adurerp). 

4i3 et siàu, (Ce n'est peut-éti*e pas saqs dessein que la méqie rime ter- 
mine ici trois vers de suite. C'est le seul exemple de ce genre dans tout 
le recueil.) 



417. Jusqu'à cç qu'enfin je f^enie mes genoux plier.... 

418. (Om&ro^er, oinbrager.) 



* ^21. Pourquoi m'aç-tu fu}.... 
43a. Si je deyois être à jamais. 



yt je im.tKi 



be ëlotilbe. 2119 

u Aux seuls échoz diray que rien n'esgalle 4o(> 

« Mes tendres feulx, se ne sont ses attraicts. » 



Comme arrosay de larmes ceste escorce ! 

Cuydai mes yeulx qu'en plours iroient fondant ; 

Contre le ciel me surprenoy grondant , 

Qui m'alleschoit d'ugne perfide amorce : * 4^^^ 

Sentis le cœur jà que m'alloit fendant. 

Ores y entour, querroy la belle amye 

Qu'avoit ouvert mon jeune aage aux plaizirs ; 

Ores cuydoye infernale lamye 

Par les enfers avoir esîté vomye , 4"o 

Pour m'adurer d'indomptables dezirs. 

Dans mon deslire au bazar d je m'esgare. 

J'appelle en vain... O dieulx ! et que de fois. 

Tout m'enfonçant en Tespaisseur des bois, 

Faiz retentir ma douloureuse voix 4>5 

Contre le sort dont Farrest nous sépare ! 

Tant qu'à la fin sens mes genouils ployer ; 

Pasleur de mort ombroye ma figure ; 

Plus n'est en moy pouvoir de larmoyer, 

£t du trespas ce m'est propice augure. 4^0 

Pourquoy m'as fuy, tant désiré trespas , 

Se devoye estre à jamais la victime 

D*ugne beaulté que je ne cognoy pas ? 



•r ^- 



220 ^otiiti 

Vers 4^5. (On ne voit pas d'abord quel est ce désespoir: il yeut 
parler sans doute de la situation qu'il annonce au commencement de 
son récit , et qui n'est point assez développée.) 

4^7 nos moissons. 

4^8 et 4^9. Trois fois il a même tari , jusqu'aux antres de l'Oorse , 
les neiges et les glaces de l'hiver.... ( Il y a sûrement ici une lacune , 
quoique le manuscrit de M. de Suryille n'en indique pas.) 

43o. Quel soin youlez-yous qui m'ait conduit ici? 

43a. Non pour trouver consolations ni plaisirs (blandîces, de blan- 
ditUe, caresses , flatteries , soulagement). 

433. J'ai même du dégoût pour la vie. 

434. Il n'est point pour' moi de jours sereins. 
435 nulle autre que toi, dont.... 

436. {Flecteras , -poMi fléchiras; yrasconde, colère : voyez Borel.) 

437. S'il est vrai que.... 

438. Que ne parois-tu? il faut que tu n'existes pas. 



44 !• Viens arracher.... 

44^ ^ 443* (Inversion qui rend le sens difficile à saisir : Ou bien 
celui {cit) dont la déplorable image te suit , va éteindre sa flamme dans 
les flots.) 

444* (Elle ne put finir ; mms ses larmes parlèrent..,, vers des Trou 
Manières , cité par M. de Surville.) 

44^* Il étoit temps qu'il achevât.... 

447 6< 44^* (Ç^^ deux vers sont très obscurs ^ en voici le sens : L> 
reine , touchée d'un même souvenir que Colamor, n'étoit pas moins ac- 



* 



\ 



J mé 



Pourquoy, Destin, combler ce noir abysme 

Que désespoir entr'ouyroit soubz mes pas? 4^^ 

Troiz fois despuis le soleil en sa course '^ 

A redoré nos fruits et nos meyssons , 

Troiz fois Thy ver jusqu'aux antres de TOurse 

Voire a tary les neiges et glaçons... 

Quel soiug voulez que céans m'ay conduict? 43o 

N'ay peu venir que pour tromper ma payne, 

Non pour treuver blandices ne déduict ; 

Mesme en desgoust ay le jour que me luict ; 

A mes regards n'est de clarté seraine. 

Non y rien que toy dont traisne les liens 4^^ 

Ne flecteras des astres Tyrasconde ! 

Se dans mes fers est vray que te retiens , 

Que non parois ? faut que ne sois au monde , 

Ou que tes feulx n'approschent pas des miens ! 

Du cœur au moins, dont vas fuyant l'hommage , 44» 

Viens arrachier les sanglanz javelots... 

Ou va sa flamme estaindre dans les flots 

Cil dont te suit la desplorable ymage... » 

Ne peust fenir ; se tust : parlèrent ses sanglots : 

Temps estoit qu'achevast sa tant doulce complainte ; 445 

La rayne en Tescoutant jà n'y pouvoit tenir ; 

Ne s'allanguissoit moinz d'un mesme soubvenir, 






câblée que lui , et depuis le moment quUl avoit paru ne sVtoit que 
trop contrainte.) 

y^ 4^^* ^llc veut.... mais.... 



454. Elle laisse tomber sa tête.... 

456. (^ux #/9ec<âi»t«, aux spectateurs.) 

457 le diadème orner ( adorner , adomaré). 

458-. .... dont il garde une part.... ( la boucle de cbereux dont 
il est parlé yers 383). 

460. Il reconnoit que son rêve... 

46a. Mais il n'ose trop goûter.... 

463. Qui lui semblent.... ^ 

454. Zttlinde éclaircit tout.... 

465. Pour faire droit.... dit qu'il faut.... 

467. Les matrones sans pitié dirent de Colamor 

468. Que pour avoir tant cbercbé {^quierre, quérir) la mort , il avoit 
long-temps vécu. 

469. Si je dois Tavouer.... 

470. Je ne sais pourtant laquelle.... 






be Slottibe. a2i3 

Et f dès-lors qu'apparust y ne s'est que trop contrainte : 

Jà sur le trosne altier ne se peult soustenîr ; 

Veult parler, ainz Tamour dont se sent eschaufiëe 45o 

En soupirs inégaulx s'exhale de ses flancs ; 

Sa voix dans le palayz meurt soudain estouffée ; 

Et , comme Eurydice quant revist son Orphée , 

Laisse tomber son chief sur ses genouils tremblants. 

On accourt : disparoist la magique voilure ^S5 

Qui sa face aux spectants ne laissa discerner : 

Ciel! que veist Colamor? diadesme adorner 

Le beau front dont retient part de la chevelure! 

Toutesfois aux transportz craint de s'abandonner ; 

Cognoist que resve sien n*avoit esté mensonge , 4^o 

Voyd mesmes traicts qu'alors luy peignist le sommeil , 

Ainz trop n'oze gouster les charmes d'ung réveil 

Que luy semblent tenir des prestiges d'un songe. 

Tout Zulinde esclaircist : conseil quasy d'accord , 

Pour droict faire à chascun, dict que faut trois couronnes. 465 

Néantmoinz ( cette fois se peult que n'eussent tort ) 

Dirent du Calabrois impiteuses matrosnes , 

« Qu^avoit long-temps vescu pour tant quierre la mort : » 

Se doibz le confesser, belles n'estoient ny bonnes. 

Ne sçay pourtant d'amour quelle emporta le prix : 47^ 

Ne pouvoit à Chloé le disputer qu'Ismene 5 



:^^ ' V' ••^".. -^ 



224 ^orjîei 



•t 



Vers 476. Vous ne serez pas moins fêtés que lui.... 

477. Si, loin des bords où vous prîtes naissance, tous daignes. 

479. ( . . . . viegne , vienne .) 



483. Nous aimerons ces bergers (nos sujets).... 

484. Que pour les ombrager de nos ailes.... 

486. Et , s^il étoit possible qu'ils ne fussent pas.... 

/| 88 . S'ils étoient . . . . 
489. Tout au moins. 

491 . Si ton flambeau s'éteint.... 

493. (Glotilde a traduit ce vers délicieux dans une de ses chansons 
languedociennes : 

S^aprës ma mort , boul^avon meï cendré , 
L^y trouTarien âé belugos dé fiol...) 

( Note de M. de SurviUe, ) 

494* Clotilde , ainsi tu chantois. . . . 
495. (^Joui^ette on jowette, jeunesse.) 






be Slottibe* 225 

Tylphis et Lygdamon furent trop attendris 

Pour s'envyer ung don que méritoit la rayne : 

« Venez, dict-elle , amants si justement espriz î 

u Quand le seul Colamor a droict à ma puissance , 47^ 

« Non moinz que luy choyez serez en ceste cour, 

« Se degnez , loing des bords où pristes-vous naissance , 

« Avec nous habiter ce gracieulx séjour : 

u Que de chascun de vous y viegne la mestresse ! 

i< Ensemble y redirons nos déduicts amoureulx ; 480 

« Ensemble y coulerons nos soleils tant heureulx , 

« Que plus n'ira troublant la fortune trais tresse : 

« Aymerons ces bergiers ; ne régnerons sur eulx 

« Que pour les obombrer de bienfaisantes esles, 

« Pour les entretenir de nos chaisnes fidèles ; ^85 

c( Et , se possible estoit que ne fussent jaloux 

<t De brusler à Tenyy de si parfaicts modèles; 

« S'estoient amants trompeurs et parjures espoux ; 

a A tout moinz laisserons à qui vouldra Tentendre 

« En r obscur advenir récit de nos ardeurs. 490 

« Se ton flambeau s'estainct, Amour, sèche tes pleurs; 

a Pourraz le rallumer aux feulx dont soubz la cendre 

« Scintilleront encor les restes de nos cœurs. » 

Clotilde , ainsy chantois en ta seison première , 
Quand jouvette , en soucy, n'a que jeulx enfantins , 49^ 

i5 




.r 






yers 496. (^Balletons , danses j obniere , allée dWmeaux , ulmus .) 

497 . Dès iors au triple trio. ... (aux neuf Muses ). 

498. Tu laissois embellir.... 

499. (fÀngilée, réveille'e. ) 



5oa. Mais qui est 

5o3. Ce que les perles., 



^ "*- - ^ 



t^e aïoiiliu 



aay 



Caquets ou balletons soubz verdoyante olmiere ; 
Lors , au triple trion des Filles de lumière , 
Jà laissois embellir tes gracieulx matins. 
Par doulx besoing d'aymer, dès Taube évigilée, 
Dans leur noble entretien , si tost allois calmant 
Ce feu qui du plaizir tient plus que du tourment , 
Ainz qu'est aux vrays plaizirs dont ta course est filée 
Comme ondins emperlés sont au vray diamant. 



5oo 



3 




BK[*1*«^**^I^J^ 






-.LULii-. 




228 ^oeite^ 



Vers I. Qu'est-ce que F Amour 

a. (Nous croyons qu'il yaudroit mieux lire , ce qu'est l'Amour.) 
3. ( Un ^ pour quelqu'un. ) 
4 que sait-on ?. . . 



7 jusqu'à la moelle.... 

8. Il brûle, et brûle même.... 
9 il va lançant ses flammes. 

II rien qui échappe 

12. (.... ses traits croisent les forêts^ expression hardie, mais qui 
nous paroU très heureuse, ainsi que tout ce morceau.) ' 

i3 dans l'onde il s'en allume. 

i4 Cyclope, il en jaillit. 






be (Elotiliî. 229 



»%<%/^»%<^><^^^«'%'^i*'^'%'V^*>^<»'V%>^<>%«»>^<«V^<^<%<^^»%/%»%«'V^'%<V^/V'V^>%r^»%>'W%»^»^^/^^'%<^»%'V'V'»»'*»^^ 



DIALOGUE. 



Qu* est-ce TAmour? demandois-je naguère : 

« Pourquoy voulez savoir de qu'est TAmour ? 

« C'est à fillette ung qui faict rude guerre ; 

« A vouz , que saict? bien fera quelque tour 

« De son mestier. » Voudroy bien qu'on mo die 5 

Comme s'y prend. « Pucellette estourdie , 

<* Trop le sçaurez : jusqu'ez moelle des oz 

« Il brusle , mesme en le crystal des eaulx ; 

« En tout pays va dardant ses flammesches ; 

« Tout va perçant de ses ardentes (lesches ; 10 

« En l'univers rien qu'eschappe à ses^traicts; 

« Pour la Dryade , ils croyzent les forests , 

« Pour la Nayade , en l'onde s'en allume; 

« Pour le Cyclops , en jaillist de l'enclume 

« Que faict gémir de son poing vigoureulx : i5 

« Tel perce Faune au fond des antres creulx ; 

« Tel Egypan , dans les vertes campagnes ; 

V Qui , rOréade au sommet des montagnes, 




23o ^oeitté 



y as 2a. Le dauphin brûle... 



a4- (Ce vers nous paroU avoir une beauté particulière.) 



27. On dit même 

a8. Il s^abreuve des pleurs.... 

Se ah ! flèches cruelles ! " 

3i. JTai bien payé.... 

33. Mais si tu nous rends 

33 . Je t'excuse. ... je crois .... 

34> Cessa du moment que je trouvai.... 

35. Comment régnerois-tu. . . . 

36. Lorsque tu t'es blotti.... 

37 et 38. Je parlois ainsi , et alors j'entendis celui dont l'image.; 

39. Offrant plus vivement son hommage 

40. Au petit dieu qui certes avoit. . . . 
4i . Tu le connois donc? lui dis -je 



i^-j 



« Qui , les Trytons en Tabysme des flotz. 

(t Dez qu'ont sifflé ses traistres javelotz , :io 

u L'aigle empenné languist au hault des nues ; 

« Ard le daulphin soubz des mers incognues ; 

«« Lion sou$pire en ses vastes dézerts ; 

« Sylphe esperdeu fend le vague des airs , 

« Gnome se meurt au centre de la terre , ^5 

u Et Salamandre aux sources du tonnerre. 

a Voire, dict-on, qu'au mespriz des autels, 

« S'abreuve encor des plours des Immortels... » 

£t des humains? a m'en direz des nouvelles 

« Quand y serez. » Ah ! sagettes cruelles ! 3o 

Moult est payé mon curieulx propoz. 

Maiz se nous rends délices pour repoz , 

T'excuse, Amour! Croy qu'ailleurs ton empire 

Cessa dez-lors que treuvay mon vainqueur : 

Com' reigneroiz sur tout ce qui respire , 35 

Quand t'ez blotty tout engtier dans mon cœur? 

Ainsy disoye ; et cettuy dont l'ymage 

Me suyt par-tout, lors ouys , sur mes pas , 

Plus vivement offrant le sien hommage 

Au dieulelet qu'eust certes moinz d'appas. 4" 

« Le cognoiz donc ? luy fis-je : est-il , ce traistre ; 



.* 



^34 ^oelîcé 



ELEGIE SUR LA MORT D^HELOYSA. 



Charloite-ReDee-Héloïse de Goyon de Vergy épousa Jean de Surrille , 
fils de Béreoger et de Clolilde : elle en eut quatre garçons et ti'ois filles , 
nommées dans cetécrit. Héloïse mourut en 1 468, à Vessaux, en Pabseuce 
de son mari, à Tàgc de quarante-deux ans. 



Vers 3. {Ir^idele espoir , expression heureusement empruntée de la 
poésie latine. ) 

3 ^iorer, pleurer. 

5 à ceux qu* ainsi tu délaisses. 

6. (Monfils..,. Le fils de Clotilde étoit le mari d'Héloise. ) 

7 il n'attend pas.... 

S il sait trop.... 



lo sur tout ce qui existe d'animaux insensibles..., 

1 1 . Que leur sert.... qu'ils ont seuls. 

i3. Encore si nous en usions pour 

1 4 sous le sort (/ors ) persécuteur. 



U (il(ytilt>c. 235 



K ^r^»**^ ^^^^^-"^^^ 



ÉLÉGIE 



^ )ttt fa mort b'^^éCo^tjsa, 



Tu nex donc plus, hélas! doulce et tendre colombe. 

De mes vieulx ans, toy T infidèle espoir ! 
Tu n'ez donc plus ! ... Le ciel de plorer sur ta tombe 

Me réseryoit le funèbre debvoir ! 
Que reste- t-il encore à ceulx qu'ainsy deslaysses ? 5 

Que reste encore à mon filz esperdu ? 
De ta cendre , ô Phœnix ! n'attend que tu renaysses ; 

Et, te perdant, sçait trop qu*a tout perdu ! 

O des foibles humains pitoyable advantage 

Sur tout ce qu'est d'impassifs animaulx ! lo 

Que leur siert la rayzon qu'ont seule ts en partage , 

Synon de veoir tout l'excès de leurs maulx? 
Ëncor se d'elle uzions à souslever nos chaisnes, 

À respirer sous le fors harponneur ! 



• 






36 ^otiiti 

Vers i5 pour apprécier nos peines. 

17. Tous nous glissons.... comme. 

18. Que dis-je ? que ne restons-nous 

19. Leur joie n^a que des élans inégaux , mais. 

3 1 . Il est heureux que de Tavenir 

a a . Car sUl lisoit 

a3. Qui Youdroit 



a6^ Pour qu^il soit de chacun — 

37. Rien qu'à Pentendre prononcer 

29 si c'est votre terme commun , 

30. Si dans les bras de la mort.... 

3 1 , Qu'importe y arriver . . . . ( enferme , infirme) ? 

33. Et ne faut-il pas mieux faire la route. ... 

34. {Flours, fleurs.) 

36. (^Folour ou /oleur, cuisson, ardeur, et aussi folie, égarement 
voyez Borel. ) 

38. Pour les jeunes jgens.... 



Maiz non ; sommes vieillarts pour appryzer nos paynes ; i^ 

Sommes enfants pour gousler le bonheur ; 
Tretouz glissons dessuz com' sur Tonde glacée : 

Que dye ? enfants que ne restons tousjours ? 
N'ont qu'eslans inégaulx d'ugne joie insensée , 

Ainz nuls regrets n'empoyzonnent leurs jours. 10 

Heureulx que d'advenir T homme n'ait cognoissance ; 

Car se lyzoit dans les décrets du sort, 
Quel vouldroit achepter si courte jouissance 

Par desplayzirs qui n'ont fin qu'à la mort? 

La mort ! . . . ce nom fatal , qu'a-t-il de si terrible a 5 

Pour d'ung chascung soit l'éternel effroy ? 
Rien qu'à Toyr prononcier, trémoussement horrible 

Froysse le cœur du bergier et du roy... 
Infortunez ! quoy donc ? s'est vostre commun terme , 

Se dans ses bras tous attend le repoz , 3o 

Que diffère y venir abattu , vieux , enferme , 

Ou y de tout poinct , trez jeune et bien dispoz ? 
Et cheminer enfin n'est-il plus désirable 

Par ung vent fraiz , sur odorantes flours , 
Qu'à pas lents , mesme but actaindre , misérable > 35 

Entre serpents et soubz d'aspres folours ? 
Oultre qu'ainsy desja moins est longue la route 

Pour jouvetons, n'a que rayons de miel; 



4%.>-.*.*-l 



a4o ^oedied 

Kers 63 et 64. Mais celle que j'ai rue mourir ne partage pas [partù-, 
partager; nous disons encore ci^^artir); à présent (ors) 



66. Qui à tant d'esprit unit.... 

67. (^Hfie ou rn^Cy point du tout.) 

69 qui dans un seul visage ( viz) offre le trio ( trion). . . 

70. Soit qu'elle ait le regard. . . . 

71. Soit qu'elle compatisse.... 
7Q. (Plours, pleurs.) 

73 se place à la tête (au chief) de mon lit.... 

75. Qu'elle va collant. . . . 

77. (^Sans plus , sans parler. ) 

79. (^Autres deux, les deux jeunes sœurs de Camille; entour, au- 
tour. ) 



Bi . Viennent. ... tu sais que l'aine est à la guerre. 

82. {Brief, bientôt. ) 

83 . Ils Tiennent. . . . qui .... 



85 pour savoir ce qu'est sa perte. 

86. Tout en m'embrassant. . . . 



Mais d'iceulx les torrents d'innocentes caresses 

Ors lie partit ces te qu'ay veu mourir. 
Camille , de ton port , de ta voix héritière , 65 

Qu'à tant d'esprit ugnit tant de doulceur , 
Que deux fois neuf printemps ne rendent mye altiere 

Envers puynez dont est plus que la sœur ; 
Camille qu'en ung viz o£Fre trioâ des Grâces , 

Qu'ait le regarz noble , ou tendre , ou joyeulx , 70 

Que du poyre opprimé compastisse aux disgrâces , 

Ou que des plours inondent ses beaux yeulx ; 
Camille de mon lict d'abord au chief se pose; 

Et sur la main , qu'aussitôt je lu y tends , 
Que va collant au fraiz de ces lebyres de rose 7$ 

Où le soubriz habita si long-temps , 
Laysse tomber > sans plus , de ces larmes bruslantes , 

D'un cœur brizé muettes cautions , 
Quand semblent aultres deux , entour demoy tremblantes. 

N'oser troubler nos lamentations. 80 

Viegnent tes garçonnets ( sçaiz l'aisné qu'est en guerre ; 

Fasse le ciel qu'en soit brief de retour I ) , 
Viegnent ; et, d'ung bayzer que m'eust charmé n'aguere , 

Rouge poignart m'enfoQceQt tour-à-tour. 
Antoyne , trop jeunet pour sçavoir qu'est sa perte-, 85 

Tout m*embrassant , maintes fois me soubrist; 

16 



242 ^oeéieé 

Vers 87. Vous diriez. . . . ( aperie , ouverte ). 
88. Un rejeton d^amandier qui' fleurit. 



90 qu'as-tu tant à pleurer . . . . 



93 . Tu me Tas .... il ne t'en souvient. . . . 

94. Cependant, dès qu'il- fait jour, du haut de.... 

9$. Je vais toujours regardant (e5^ar<2anr) en bas (ama/). 

96. Si je ne la vois pas.... 

97 . Là où elle m'a conduit si souvent. . . . 
98 elle ne parott pas,... 



loi. Il n'en croit pas.... 

« 

io3. Ainsi jasent.... (Scylla, fille de Nisus, changée en oiseau). 
104. Les petits qui ne sont pas encore sortis.... 

io5. Ils ne savent pas que l'épervier, si ce n'est pas la flèche {sa- 
getté)o\k,.,. 

106. (Lepoëte a nommé plus haut Scylla, Philomèle , et Progné*, 
il nomme ici le rossignol et l'hirondelle , qui se rapportent aux deax 
derniers noms. Il paroi t donc croire que Scylla fut changée en ca- 
lendre (en alouette ). Ovide dit que Scylla fut changée en ct'/rs, oiseau 
qui nous est inconnu. Calandre, calandron est l'alouette , selon La 
Combe. ) 

108. (^Imphunes , sans plumes , comme imberbes , sans barbe. ) 

1 09. ( Cujrder, croire , ojrr, ouïr. ) 

iio. (Pioi«, gazouillis d'oiseaux: voyez Borel.) 



Diriez , au vif esclat de sa figure aperte , 

D'amanglier ung scyon qui flourist: 
De ses doigts enfantins veult essuyer mes larmes ; 

Et sus me faict : « Qu'az donc tant a plorer? 9^ 

a Viendra doulce maman y viendra ; n'ayonz d'alarmes, 

« Si le bon Dieu ne cessons dMmplorer : 
« Me Paz toy-mesme dict ; ne t'en soubyient peut-estre ; 

« Sy y quand fait clair , d'en haut mon jardinet , 
« Vay-je aval esgardant tousjours par la fenestre , 95 

« Se ne la voy devers le moulinet, 
« Là que tant m'a conduict avec Rose et Nantilde ; 

« Maiz ne paroist... » Lors tombe sur mon seyn 
Tout attendry. Pourquoy, malheureuse Clo tilde, 

Le vaz trompant, et quel est ton desseyn ? 100 

De ses frères n'en croit à la plaincte jumelle , 

Ny de ses sœurs aux lugubres sanglots... 
Tels jazent de Scylla , Progné et Philomelle , 

Fruicts non saillyz des nyds où sont esclos. 

Ne sçavent qu'épervier , se n'est sagette ou fronde , io5 

Peult immoler calendre en nos sillons, 
Rossignol aux forets , soubz portiques l'hyronde ; 

N'ont tels soulcys, implumes oy^illons : 
Cuydént leur mère oYr ; leurs aislerons s'agitent, 

Vont s'espuyzant en piois superflus. . . no 



a44 ^oedtej 

V&'s III. Sous le bec de Pautour (/z/tour), elle n^a déjà plus.... 

1 13. Ainsi , bel enfant, tu ne rererras plus. 

1 15. Mais qu^une autre t'apprenne ton sort ! 

1 16 à lao. Je n' éprouvai pas sitôt la blessure du sort (je ne perdis 
pas ma mère si jeune ) ^ mais je ne résisterois pas à celle qu^il m'en- 
Toie (la perte d^Héloïse) , s'il ne m'ejkt fait payer avec usure son délai 
perfide, en me frappant ensuite coup sur coup (s'il ne m'ayoit ac- 
coutumée au malheur). Ces quatre vers sont embarrassés.:. on -poar-. 
roit les retrancher sans faire aucun tort à l'ouvrage. 



121. Il m'arrive.... le soir.... dès que l'ombre répand.... 

12a. De me promener.... 

ia3. Là se mire parmi l'amas.... 

125 et 126 car Rose tient compagnie à Camille (s'entre 

quierrera, s'en tre-demanden t) . 

127. Ces clous d'or, dont nous voyons des milliers , ne serviroient... 
129. Je ne fais pas semblant.... 

i3i. (// n'affiert^ il ne convient pas.) 

1 32 . ( Parfond ^ profond ; Roman de la Rose. ) 

i33. Si par toi.... (s'ils n'empruntent pas de toi leur éclat, soleil), 

134. Ils lancent de si loin.... 



be aiotilU. 245 

Jà plus , soubz bec d'altour, n'ha membres que palpitent , 

Et les povrets ne la revoyront plus. 
Ainsy plus> bel enfant, ne revoyras ta mère, 

Toy son ymage et son tendre soulcy ! 
Mais qu'ugne aultre du sort t'oiFre la coupe amere ! 1 1^ 

Las ! n'en seraz que trop vis te esclaircy ! 
Sitost n'en épreuvay la poignante blessure ; 

Ainz ne tiendroye à ces te que m'envoy ! 
Se y frappant coup sur coup, ne m'eût avec usure 

Faict expier son perfide renvoy ! lao 

M'adyient aussy du soir, dez l'ombre espand ses voyles. 

De pouripener au long du gros canal ; 
Là se myre , entre amaz de loingtaines estoyles , 

Front argentin du nocturne fanal. 
Guy, Nantilde et Loys ( car sans Rose , Camille «^S 

N'est au logis ) s'entrequierrent comment 
Ne servil^oient clouz d'or , dont yeyons mille et mille , 

Rien qu'à parer l'azur du firmament : 
N'ay semblant d'escouter ; et le confesse esmeue , 

Ung tel propoz, en effect, me confond; i3o 

Sçay trop bien que n'affiert à ma débile veue 

D'aller sondant abysme si parfond : 
Se par toy n'ont d'esclat , œil du monde où nous sommes , 

De tant au loing lancent feulx si vermeils , 



a46 ^oeiieé 

Vert i35. Qu*à des mondes trop éloignés.... 

i36. Je crois qne chacun en particulier ils serrent.... 

i38. Je consens que celle-là.... 

i39 Pourquoi celui dont les œuvres.... 



i4i* Il est possible que vous.... 

143* Dans la partie qui sWfre... 

143 dans ses rochers tantôt (^ore) glacés, tantôt brùlans 

(tfuiiAftef). 

i44' (^L* opposite y la face opposée; empLun, rempli.) 

145 voyant.... tout ce qui respire.... 

i47> Derrière elle (dans la partie inférieure de la lune). 

1 49 et 1 5o. Rien de ce qui arrive d'agréable aux siens. . . . n'y échappe 
aux regards célestes (de la vertu ). 

i5i. Tandis que de l'autre côté le vice n'entend.... 

i53. La vertu n'apprend de nous que ce qui.... 

i54* Le vice rien que ce qui.... 

i55. De la vertu.... 

i56. Du vice au contraire.... 



be Slotilbe» ^47 

Qu'à inondes, trop distants pour estre veus des hommes , > 35 

Croy , tous à part, que servent de soleils ; 
Prèz d'eul^, qu'est de Phœbé l'orbite pasle et morne ? 

Yeulx ceste-là rouler exprès pour nous ; 
Ëncor pourquoy cettuy , dont œuvres n'ont de borne , 

De la peupler ne seroit-il jaloux ? i4o 

Possible qu'y reignez, masnes sacrez des justes , 

En ce costé qu'à nos yeulx s'offre en plain , 
Tandys qu'en ses roschiers , ors glacez^ ore adustes , 

De reprouvez est l'opposite emplain : 
Là, veyant s'agiter tout ce qu'icy respire, 145 

L'humble Vertu , quitte envers le cercueil , 
Arrière soy , rampant soubz son tardif empire y. 

Tient la Fureur , l'Injustice et l'Orgueil ; 
One rien de gracieulx n'y fuit regards célestes 

Qu'arrive aux siens en ce mortel séjour ; i5o 

Quand Vice, en l'aultre bord, n*6yt que récits funestes, 

Trahir les vœux que fist quittant le jour : 
Ne sçait elle de nouz que ça qui la console ; 

Luy rien que ça qu'aygrit son désespoir : 
D'icelle ceinct le front doulce et vive auréole ; i55 

D'icel , encoys , crespe sanglant et noi^ 

Non , plus ne te voyrai ,' courriere des nuicts sombres , 

Sans t'adresser mes pitoyables chantz , 



Vers iSg. Sans croire que.... tant d^ombres amies. 



1 6 1 . Que ce penser dure . . . . 



164. Comment.... 



167. Soit que la chouette. 

168. (^Ululant, à^uhdare, hurler, pousser des cris.) 
1 69 que tu contemples ce globe . 

171. (^L'hjrzour : nous n'ayons pu découvrir ce que le poëte entend 
par ce mot ; un seul passage de M. de Surville , relatif au grand poëme 
de Barbe de Verrue , Urgelinde et Cjmdorix , peut faire supposer 
que Vhjrzour est cette ancienne divinité gauloise connue des Romains 
sous le nom d^Hésus, et à laquelle on sacrifioit des victimes hu- 
maines.) 

173. ( Celse , de celsus , élevé. ) 

174. Entends (o^) les cris.... d'une personne que tu aimas. 



177. {H&Loys , pour Héloïse. ) 

178 et 179. Passant^ ne pars point sans t'étonner que Clolilde 
ait été si lente à descendre dans l'asyle. 



Sans cuyder que , yers moy , tant d'affectives ombres 

Tendent leurs mains , d'en hault tes heureulx champs. 160 

Ah ! dure ce penser , dure , fu6t-il mensonge ! 

Et toutes fois , 6 perle d'amitié y 
Divine Héloysa , si ce n'est ung vain songe , 

Comme exposer mon sort à ta pitié ? 
Comme ira jusqu'à toy son des plaintes funèbres i65 

Dont vay sans cesse importunant les airs , 
Soict Nyctimene , en paix y s'abandonne aux ténèbres , 

Soict qu'ululant y rentre en ses creulx déserts? 
Maiz quoy ! se peult-il donc que ce globe contemples 

Sans démesler mes accents douloureux ? 170 

Telle qu'on dict l'hyzour layssant emmy nos temples 

S'esvapourer l'encens des malheureux... 
Adieu , chère ombre y adieu ! De la cebe demeure 

D'ugne qu'aymaz oy lamentables crys ! 
SouJDfre qu'ung mesme roc nous joignant tout à l'heure 17^ 

Dans l'ad venir porte ces motz escriptz : 

« Aux cendres d'Héloys Clo tilde ugnit sa cendre ; 

«Sans t'esbahyr , ô passant y ne départz y 
« Pourquoy fust sy tardive en l'azyle descendre , 

« Qui, de son cœur, jà tenoit les deux parts. » 180 



;5o ^oeiie^ 



STA/IGBS. 

Gorydon , deyenu roi de Crimée , fait appeler une chanteresse qui 
paroouroit ses états : c'étoit Rosalyre. Il feint de la méconnoitre : elle 
lai chante en pleurant ces couplets. {Note de M. de SunHlle. ) 



F'ers I qu'as-tu fait.... 

a. Que ton cœur ayoit jurée au mien. 
3 il n'est donc pas.... 

4. (^Togette, diminutif de toge, robe, du latin toga, ) 

5. Qu'as-tu fait? 

6. Idem, 

7. Si tu vois (demeurant) étranger à mes tonrmens , 

8. Les pleurs qui inondent.... 

g, 10 et II. Seigneur, faites grâce à l'inquiétude d^une bergerette 
insensée, si elle a cru (se cujrdoit, si elle croyoit) retrouyer ici celui 
(un) qui est toujours dans sa pensée. 



i3. Ce n'est pas lui; trop clairement je m'en aperçois. 



U ^lotiliu a5i 



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STANCES 



TIREES DU ROMAN HEROÏQUE ET PASTORAL INTITULE 




^ ^)^asU( h'^^mont. 



Coridon , qu'az faict de la foy 

Qu'au mien ton cœur avoit jurée? 

Laz ! n'est donc soubvenir en toy 

Soubz ugne togette empourprée ! 

Qu'az faict de tes premiers serments, 5 

Qu'az faict de ta flamme première y 

Se voydzy estrange à mes torments. 

Les plours qu'inondent ma paulpiere? 

Grâce y seigneur! grâce au soulcy 

D'ugne bergerotte insensée. ^ 

Se cuydoist retreuver icy 

Ung qu'est tousjours dans sa pensée; 

N'est luy ; trop cler m'en apperçoy ; 



Vtra i4* Je Faurois fait changer.... 
i5. Tiens, quand tu étois.... 



1 7 . Les plaisirs yoloient ( volojrent doit ayoir ici Fancienne pro- 
nonciation , pour compléter les syllabes du vers ). 



30. Tu trouvois un trône.... 



3a. Que tu voyois suiyie sans appel. 

33 et a4- Quel prince eut jamais droit de mort et de yie autant 
que tu Fayois sur moi ? 



37. Tu yis mon àme s'enyoler yers toi. 

38. (Z>e^Raz, daignas. ) 

39 tu me remplissois d'émotion. 

3i. Et bien qu'alors tu ne.... 

33. Dans tes bras j'étois plus que reine. 

33 n'attends pas à demain.... 

35 et 36. L'œil ni la main n'ont yu ni touché rien de rare autant 
qu'ici (jamais on n'a yu ni touché tant de choses rares que dans ce 
palais). 



L'auroy faict changier de vizage... 

Tiens ! quand fuz Corydon , je croy . . . ' 

Me revenoiz bien davantage ! 

Playzirs voloyent à Tentour 

De nostre demeure champestre; 

Ta Rosalyre fust ta cour ; 

Treuvois ung trosne soubz le hestre : ^^ 

De tes beaux yeubL partoit ma loy, 

Que , sans appel, Teyoiz suibvie : 

Quel prince , autant qu'avoiz sur moy, 

One eust droict de mort et de vie ? 

Tes matins s'en alloient coulant ^5 

Soubz le doulx ciel qui nous vist croistre ; 

Mon ame à toy viz s' envolant 

Chasque fois que degnaz paroistre : 

D*ung regard m'emplissoiz d'esmoy, 

D'ung mot , ou de joie ou de payne ; 3o 

£t bien que lors ne fusses roy; 

Plus dans tes bras j'estoy que rayne ! 

Viens çà, Tamy ! n'attends demain ! ... 

Ah ! pardon y seigneur ! ... je m'esgare : 

Tant comme icy, l'œil ne la main 35 

N'ont veu, ny touschié rien de rare. 



a54 ^otiiti 

VersZ*], Qu'un... doit... 
38. Cueilli... 

40. De ceux que nous prenions. (L'idée première de ces couplets 
est évidemment la même que celle des Vous et des Tu; mais l'épltre 
de Voltaire respire (disons le mot) le libertinage le plus spirituel, et 
les stances de Qotilde l'amour le plus naïf : c'est bien en effet le ca- 
ractère de leurs siècles... du moins si l'on s'en rapporte aux romanciers 
qui en onjt décrit les mœurs. ) 

43 . De celui dont je fus . . . 

43. . . . malgré tout ce que je vois... 

44- Je n'en voudrais pas être... 

47. Les souvenirs me charment trop 

48. Pour que je ne lui sois pas encore chère. . . 



JPa</. jo5 



VKJISE1.KTS À MON PREMIER NÉ, 
J<ONJ}KAV 
Musique de U.Berton, 
Me/n/tre //tt Coîitrervft/owe ffe MtMt'^ue (fe France . 

vifcy^M — (Gratté par 



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^(.^.Ort trouvera /w-<iSrcr avec accon^^ementde Barpe ouPianoaFar^ <m . 
Jfa^axm deMwi^ie de Hlwrtvn et LarmtJt jettne rue Fat/tfeatt prw le Théâtre.. 



t)(61ott(be. 255 

Qu'nng bayzer doibt ayoir d'appas 

Cœilly dans ce palais superbe ! ... 

Maiz il ne te soubvient donc pas 

De ceux-là que pregnions sur F herbe? 40 

O cieulx ! quel afiront je reçoy 

De cestuy dont fus adorée ! 

Pourtant, maugré tout ce que voy, 

N'en vouldroye estre séparée : 

Que dis-je ? ah ! de ces doulx moments 4^ 

Où me fezoit dissouldre engtiere, 

Trop soubyenirs 19e vont charmants 

Pour qu'a luy ne soye encor chiere ! 

Viens çà , Tamy ! n'attends demain ! . . . 

Ah ! pardon , seigneur ! ... je m'esgare ! etc., etc. 



a56 spoedici 



TRIOLETS. 



Rosalyre et Corydon , éUrés ensemble > sont sépares après quinze 
ans : c'est lorsqu'elle s'attend encore èrle revoir que Kpsaljrre l'appelle 
par ces stances amoureuses. (iVote de M, de Surville.) 



Veri I. Si loin... 



5. n n'a donc pas pitié... 

6. Lui qui n'écoutait... 



9. Depuis le jour où j'ai vu. 

i-i. Je crois que les ailes du temps se ralentissent. 



be Srottibe. a57 



TRIOLETS 



EXTRAITS DE LA PASTORALE HEROÏQUE 




< ^^^^<t^^^ ^i (^ot^'^on. 




Tant au loing du roy de mon cœur 

C'est trop f hélaz ! languir seulette ! 

N'ay plus ny parler, ny couleur, 

Tant au loing du roy de mon cœur ! 

N'a donc pitié de ma langueur 5 

Luy qui n'oyoit que sa poulette? 

Tant au loing du roy de mon cœur 

C'est trop f hélaz ! languir seulette ! 

Du jour qu'ay veu mon roy partir, 

Yoyle des nuicts couvre le monde : lo 

Aisles du temps croy s'allentir, 

Du jour qu'ay veu mon roy partir ; # 



a58 ^Hiiti 



Vers i4> Qu'autour de moi... 
i5. Du jour quMle a vu... 



19. ... ainsi fais- je, moi (c'est ce que je fais). 



31 . A présent (^ors^ qu'il est si loin , malgré... 



a3. Lui qui disoit. . . 



a5. Pour l'aimer , il suf&t de le voir... 
36. (O/ic, jamais.) 



39. La plus fiëre... 

3o. {Seri^age, esclaTa|;e.) 



Ne peulx rester, ne peulx sortir, 

Qu'en tour de moy tout ne responde : 

« Du jour qu'a veu son roy partir, »5 

« Yoyle des nuicts couvre le monde. » 

Il me dizoit : « Je vy pour toy , 

« Que la mort seule nous sépare ! » 
Je respondoy : « Sy fais-je moy. » 

Quand me -dizoit : « Je vy pour toy: » ^® 

Ors qu'est si loing, maugré sa foy, 

Sçay-je le sort qu'il me prépare ? 

Luy que dizoit: « Je vy pour toy ; 

« Que la mort seule nous sépare ! » 

N'est pour Taymer, que de le voir ; ^^ 

Qui le vist, onc ne fust voilage : 

Dust-on l'adorer sans espoir, 

N'est pour l'aymer, que de le voir : 

Tant fiere qu'acteinct son pouvoir, 

Se complaist en si doulx servage : 3o 

N'est pour l'aymer, que de le voir; 

Qui le vist, onc ne fust voilage. 

Les fleurs esclozent soubz ses pas ; 
Parfum de roze est sur sa bousche ; 



i6o ^otiiti 

Vers 35.... de ses appas. 

4o. (Ce couplet est délicieux. En supprimant Pancienne orthogra- 
phe on le croiroit écrit de nos jours. £n revanche il est suivi dans le 

manuscrit d'un autre couplet, que nous retranchons, parce qu^il nous 
a été impossible de l'entendre. C'étoit un témoignage de l'authenti- 
cité de ces poésies , que nous sacrifions à la crainte de fatiguer nos 
lecteurs ; mais nous espérons* qu^ils voudront bien nous en tenir 
compte.) 

4i. Si loin. 



Tout s'embellist des siens appas ; 35 

Les fleurs esclozent soubz ses pas : 

Est-il de grâces qu'il n'ayt pas , ' 

Ou qu'il ne preste à ce qu'il tousche? 

Les fleurs esclozent soubz ses pas ; 

Parfum de roze est sur sa bouscbe. 



Tant au loing du roy de mon cœur, 

C'est trop y hélaz! languir seulette ! etc. etc. 



4o 



^6i "^ptiiti 



ÉPITiUË A MARGUERITE d' ECOSSE. 



Marguerite d'Ecosse , e'pouse de Louis XI , et dauphine de France, 
appela Glotilde à sa cour : oeIIe-<i refusa cet honneur, et répondit par 
cette e'pltre. {lYotede 3Î, de SunUle. Ployez ce que nous en avons dit 
dans la préface,^ 



y ers I. Reine éprise du vrai.... 
a. {Despriser, mépriser.) 

3. Hier sournois , mélancolique, aujourd'hui (a<2ez).... 

4. ( Il faut qu'un cœur soit hien effronté (jnouU eshonté ) pour cfaan* 
ger aux yeux d'une reine.) 

5. Recevez de mon cœur ce trihut qui lui pèse (poize). 

6 ayant que je m'en aille , que je meure {yoize, vieux subjonctif 

formé de vais : voyez Borel). 

7. Si.... celui.... 

8. Remue , ébranle les rochers. 

10 et II. Ma main veut pour vous seule... ranimer. (Là parenthèse 
qui précède est trop longue : la comparaison qui suit l'est encore bien 
plus. Tout le commencement de cette épitre , jusqu'au vers 5a , Sus 
donc y me parolt moins correct et d'uu goût moins pur que le reste de 
ce recueil.) 

I a . De même qu'il souvient à Philomèle , 

i3. Lorsqu'elle fuit à tire-d'aile loin des cités. 



U eiotUbe. a63 



^»^»<»^%/^»»»V«»^»^'%«/^^»X^^X«'^^»%^^%'^^^^^^^X»%<»'^«^%^<%<^^'^^»%i^'%'%V^<»^^^^^%<^»*^»^'^%i^^^^^^'<'0 



EPISTRE 





dt^ttenfe y^^coss^. 



Rayne, du vray, sans Ceinte aulcune, esprise , 

Qui justement tout cœur changeant desprise , 

D'hyer sournois , adez fol et joyenlx , 

Moult eshonté pour muer k vos yeulx ; 

Tenez du mien ce tribut que lu y poyse ! 5 

Ma foible main, devant que je m^en voyze , 

( Se toutesfois cil que dompte les mers , 

Meust les roschiers , et reigne dans les airs , 

En sa prison laysse enclose mon ame ) ; 

Pour vous, sans plus, pour vous, franche de blasme, i» 

Veult raviver des accords expirants 



Comme il soubvient à tendre Philomele , 
Loing des cistes fuyant à tire d'esle , 



a64 ^oejte^ 

yert 1 4 • Commeot Térée .... 

i5. Dans une tour lui rayit.... 

i6. G>mment ensaite avec une lame aiguisée {acustée, à'acutus). 

17. n arracha sa langue.... 

18. Ce que voyant, sa sœur.... (Nous conseillons aux lecteurs que 
fatiguera cette période de passer au yers 5a.) 

19 (embler, enleyer.) 

20. (^trc, noir; yiSric*, fêtes.) 
31. Ne furent éclairées que par les torches... 
aa. (Elle^ Progné.) 

a3. Dans le flanc, blanc comme neige, de son ^is(soula*, plaisir, 
consolation). * 

34. Et , trompant Térée , père de ce fils , 

a5. Le donna pournourriture à cet époux cruel (^fel, f die, et félon, 
cruel , colère , selon Borel , qui le dérite du latin fel, fiel). 

# 

a6 , 37 et a8. C'est pourquoi maPhilomële, cr oy ami (cujrdant) traî- 
ner.... s'euTole au fin fond des déserts.... 

On ne s Vtendoit guère 
A Toir Te'ree en cette affaire. 

Je ne sais si le poète aura été entraîné parle mauvais exemple d^Horaoe, 
qui , dans Fode i a du livre 4 > où il invite Virgile à souper , consacre 
quatre vers sur vingt-huit à cette même fable , et la raconte encore 
moins intelligiblement. 

30. (jCurder, au lieu de croire, doit signifier ici songer, sans quoi 
on ne peut trouver de sens à ce qui suit. On ne sait quel est la bar- 
bare main dont parle Clotilde.) 

3 1 . n paroit que Floridor est ici Fépoux de Clotilde ^ mais elle ne 
lui donne ce nom dans aucun autre passage. 

3 a . Pour Tenvo jrer 

33 plût au ciel que Clotilde eût péri ! 

35. La noblesse... (H s'agit sans doute d'un combat près d'Orléans 
où périt l'époux de Clotilde.) 



U @(oti(be. 265 

Quand Téreos y ce profane voleur, 

Eu noyre tour, ravis t sa chiere fleur, i5 

Puys d'ugne lame aux forfaicts acustëe 

Langue arrascha de bousche ensanglantée : 

Ce que veyant sa germaine Progné , 

Dans sa fureur, emblant le premier né 

D'ung atre hymen dont les tristes fériés ao 

Jour ne prenoient qu'aux torches des furies , 

Elle plongea barbare coutelas 

En flanc neigeulx d'ung qui fust son soûlas , 

Et , décevant paternelle nature , 

Au fel espoulx Tabandonne en pasture : aS 

Pourquoy s'envole au fin fond des déserts , 

Cuydant traisner ung reste de ses fers , 

Ma Philomele ; et , par sa voix touschante , 

Nous attendrit alors que nous enchante : 

Telle cuydant à la barbare main 3o 

Qui , Floridor, arrascha de mon seyn , 

Pour le mander en ceste bouscherie , 

Où , plust au ciel , Clotilde fust périe I 

Où la beaulté , la jeunesse et Tardeur, 

Le hault lignage et la verte candeur, 35 

De cent héroz la précieuse trame 

Ont expiré soubz le fer et la flamme ; 



a66 ^e««te« 

Vers 38. Alors , en songeant à tout eeU, le désespoir m'égare.... 
4o je crois , la mAin armée d^oD poignard. 



43. (^Meyssonnéj moissonné.) 

44 qnand Poiseau . 

45 sous leurs manteaux 

47. Mort trop lente. 

48. Pourquoi prendre sois (ehoyrer) d'une vie importmiie 

49. Qui n'ouvre plus la paupfèie d'un autre moi-même ? 

50. (PlourSf pleurs.) 



Sa. {Fejrez, voyez.) 

53 si celle qui n'a plus 

54. (Solace, consolation.) 



57. (Lors, lauriers.) 

58. Vis... sans jamais. 



be (Ehtiliu 267 

Lors, m'esgarant le sombre désespoir, 

La voix me fault ; je vois tout , sanz rien voir ; 

Lors , d'ung poignard cuyde ma main armée 40 

Aller vengeant mon espoulx et l'armée... 

O Tains transportz qui ne me rendrez pas 

Ce qu'a trop tost meyssonné le trespas ! 

Puys, quand Toysel, vil courrier des ténèbres, 

S'en va tapir soubz leurs mantes funèbres, 4^ 

Las ! je t'implore en mes cruels ennuicts, 

Yoyle tardif des éternelles nuicts ! 

Pourquoy choyer l'importune lumière 

Qui d'aultre moy plus n'enfreint la paulpiere , ^^ 

Et t'inonder d'interminables plours , 

O lict glacé , témoin de nos amours ? 

Suz donc, veyez, rayne, ma seule amye. 

Mon seul espoir ! si ces te que n'a mye 

Joye et solace , en ce monde à gouster, 55 

Vos offires peult , sanz remords , accepter ! 

Moy qui , sept ans , de myrthe environnée , 

Ceincte de lors , de roses couronnée , 

Vys feulx d'amour, sans oncques s'attiédir, 

De mon hymen la tige reverdir, ^^ 

Chasque soleil ; qui , sans fard , tousjours belle , 

N'avoy soulcy qu'estre tousjours fidèle... 



a68 "^otiiti 

Ver» 62 et à qui aurois-tu été fidèle ! (Voici encore quatre vers 

qui retardent la marche de cette pièce : on pourroit passer de suite au 
yers 66 : Itajrne, ah ! pardonne. . . .) 



66. (Enfle, pour enflé , enflée.) 

67. D'un court... qui ne peut.... 

69. Irai-je tratner.... 

70. Des serpens qui entourent sa tête (chief ) pÀle? 

71. Affronterai-je... 

73. Et sur ces fleurs... 

74. {CœilUst, cueillit.) 

75 répandre son yenin . 



Bo. Rien ne me convient (iluict) miwux que de voir ma douleur 
s'éteindre. 



8a un seul m'est encore cher. 



85. Dont j'ai, par un nœud.... 



be aiotiliu 269 

Clotilde ! à qui Feusses-tu donc esté y 
Si tant de cœur joint à tant de beaulté , 
Si tant d^actraitZy de vertus et de grâces 

« 

Ne t'eussent point enchaisné sur leurs traces? 65 

Rayne , ah ! pardonne ; enfle du soubvenir 

D'ung court printemps que ne peult revenir. 

Dans ung climast , où me suibvroit Tenvie y 

J'iroy traisnant ma languissante vie ! 

Des noirs dragons , son chief pasle entourants 7^ 

J'affronteroy les souffles dévorants ! 

Et 9 sur ces flours , qu'au desclin de mon aage, 

Pour adoulcir l'horreur d'ung tel veufvage , 

Cœillist pour moy vostre royale main , 

Je la verroye espandre son venain ! .. . 7^ 

Non , non ; périsse ung penser qui m'alarme ! 

Donnez, princesse , à mon sort ugne larme; 

Il me suffit : heureuse en mon malheur 

Que partagiez le failx de ma douleur ! 

Rien plus me duict que de la veoir s'estendre , ^^ 

Et mes playzirs sont de n'en plus attendre. 

• 

Que dis-je? ung seul en soulcy m'est encor ; 
Mon tendre filz , ma gloire et mon thrésor , 
Pourtraict vivant d'ung trop malheureux père , 
Dont ay-je moy, par ung nœud tout prospère, ^^ 



y ers 86. Lié le sort.... (Héloïse de Goyon de Vergj, épouse de Jean 
Suirille , fils de Bérenger et de Clotilde.) 

87 et 88. Puisse-t-il retourner (torner) bientôt (brief ) sain et sauf 
des lieux près de celle (emprès cesté) qu*H aime ! 

89. Et puisse celui (cil ) qui m'est déjà. . . . 

90. (Leur fils aine,) 

91 . Etre un jour pour eux ce qu'ils me sont. . . . 

93. Et, comme Jean. 

94* (Le reste de cette épitre n'a aucun rapport ayec le oommenœ- 
ment , ni dans le sujet , ni dans la manière : tout ce qui suit nous pa- 
roit une satire extrêmement adroite , et Surtout pleis/e de naturel.) 

96 Long-temps naissent les fleurs 

97. En plus grand nombre qu'en nos prés.... 

98. Feuilles dans les bois.... 



loi. A cette douce gloire.... 

103. Je crains qu'en effet son salaire ne se borne là : mon Alain.... 

1 o3 . Ne songe pas . . . 



106. Parce que... 

107 auront fait le contraire (n'auront pas assez soigné leurs 

vers). 

108. Je ne parle pas de lui; que mes vers {carmes , yeri, de car- 
tnen^.... 



be Slottibe* 271 

Lyé le sort à fille des Vergys ; 

Puysse f des lieulx du sang des siens rougis , 

Brief tomer sain emprès ceste qu'il ayme ! 

Et cil que m'est jà plus cher que luy-mesme , 

Le fruict premier de leurz pudiques feulx , 90 

Tels que me sont, ung jour, estre pour eulx ! 

Comme Héloyse, honneur dez bords du Rosne, 

Et, com' Jehan , digne soustien du trosne ! 

Au docte Alain , cygne de vostre cour, 

Hommage faiz de mon loingtain séjour ; 95 

Que , sur ses pas, long-temps naissent flourettes. 

Plus qu'en nos prez ne croyssent violettes , 

Fœilles ez bois , blonds espics dans noz champs ! 

Puysse ma rayne enfin gouster les chants 

D'ung tel Orphée , envieux de luy plaire ; 100 

A si doulx loz qu'il borne sien salaire ; 

Crain que Ty soict : mon Alain trop vanté 

Ne songe mye à la postérité , 

Monstre aux cent yeulx , qui , des plus beaulx ouvrages. 

Au froid Léthé jectera maintes pages , io5 

Pource que , loing d'en lescher trop les vers , 

Lestes autheurs auront faict à l'envers. 

Ne dy pour luy ; que miens carmes subissent 

Ung tel affront, ne m'en plainz ; qu'ils périssent, 



a72 ^oe*ie« 



Vers 112. Mais je ne Toudrois pas.... 



114. {Ores, à présent.) 



1 17 et suw. Ne sait-il pas que quelque tison que Ton voie jeter ces 
binettes folles , il s^éteint sans luire et meurt sans échauffer ? {S'ts- 
bouffer en hluguettes,,,, s'esbouff'er, selon LaCSombe^ signifie rejaillir, 
éclabousser.) 



131. Si orgueilleux .... 

133. n ne se met plus en peine décrire d^un style pur. 

I sS . Car que lui manque-t-il .... 



138. Nul ne demande ce que dira sa ballade. 

139. Son plat rondeau, sa burlesque.... 

i3i siffleront nos neyeux, 

iSd. Si d'eux alors, par hasard.... 

iS3 et i34* ^ n'est pas par cette voie que d'Orléans auroit.... 
(Charles d'Orléans, père de Louis XII).... Villon, aussi décrié pour 
ses mœurs que célèbre par les vers de Boileau , étoit contemporain de 
ClotUde. 



£t qu'à jamais ignore tout esprit , > ^ ^ 

En l'univers que Clotilde aye escript. 

Ainz ne vouldroy que le poupart des Muses , 

Qui f sans uzer de complotz ny de ruses , 

Au premier rang ores pouvoit briller , 

Soict 9 sans chasleur , content de scintiller. < i^ 

Luy y de qui d'or on diroit les paroUes y 

Ne sçait-il donc qu'en ces bluguettés folles 

Quelque tyzon qu'on voye s'esbouffer , 

S'estaiuct sans luyre et meurt sans eschau£Per? 

Du grand Alain telle seroit la chance , 1 ^o 

S'orguillouzet d'ugne sesche abondance , 

De style pur n'est plus embesoigné ; 

Car que luy fault , que d'estre mieulx soigné ? 

C'est quazy tout, en cet aage barbare, 

Non d'escrivains , maiz de génie avare , ia5 

Où de la rîme esclaves morfondus, 

Tant d'estourneaulx riment... et rien de plus. 

Nul ne s'enquiert que dira sa ballade , 

Son plat rondel , sa borlesque enfilade 

De mesmes sons ; sotz enfants qu'avec eulx, «^o 

A fort bon droict pifferont noz nepveux, 

Si d'eulx alors, d'hazart est quelque trace. 

JN'eust d'Orléans conquiz sceptre au Parnasse 

18 



^74 ^oe<te« 



Vers 1 35 et suit*. Et Villon n'auroit pas non plui réusâi par cette Toie, 
lui qui tout jeune n'auroit pas trouyé sans guides des sentiers fleuris 
dans le sacré yallon , où nos deyanciers , etc. 



1^9. Au nom de Villon déjà.... 

i4o. De ce que je donne aux écrits d'un poète ( trouvère) criminel. 

1 4.1 • Louange qui n'est due. . . . 

14^ daigne le ciel bienveillant... 

i44* Il ^ trouye encore.... (yayne, yeine , talent poétique.) 
146. Mais s'il falloit que j'appelasse (damasse).... 

i48. J'aurois bientôt dit : Ils ne se comptent pas.... 

i49< (Camille de Richemond , jeune Ecossaise, élëye de Cloiilde: 
y oyez la préface.) 

1 50 . Des neuf Muses .... 

1 5 1 . Toi que Sapho auroit choisie. . . . 

i5a. Comme... 

i53. (Christine de Pisan, célèbre Italienne qui fut appelée eu 
France par Charles V, ayec son père, Thomas de Pisan; die désigna 
Clotilde pour tenir, après elle , le sceptre de l'Hélicon : yoyez la pré- 
face. ) 

154. Ne seroit-ilpas plus ayantagenx.... (cho>yeulx, de cAo^^ mé- 
nager , conseryer : voyez La Combe.) 

1 55 s'il s'accoutumoit. . . . (soidoir, de solere, ayoir habitude.) 

i56. {Chief, tête.) 



be êUttIbe. 275 

Par telle voye ; et desloyal Villon , 

Qui tant jeunet dans le sacré vallon , i35 

Où n'ont foulé que des ronces arides 

Nos desvanciers, n'auroit trouvé sans guides , 

Semptiers flouris, par nul aultre liattus : 

Au nom d'icel jà s*indignent vertus , 

Que baille aux dictz d'un trouverre profane ^o 

Loz que n'est deu qu'à leur fidèle organe. «. 

M'en tayrai donc : daigne ciel bienvolent 

Mettre son ame au pair de son talent! 

Se treuve encor mainte agréante vayne , 

Du sec terroir ne se sentant qu'à pftyûe ; ^4^ 

Ainz se falloit clamasse , par son nom , 

Chasque rimeur digne d'ung vray renom , 

Brief auroy dict : Ne se comptent par mille ; 

Serois en te»te y 6 toy , belle Camille ! 

Des Vierges neuf, toy la dixième seenr \ 1 5o 

Toy qu'eust Sapho choysi pour sttccés^ur , 

Com' sur l'essay de ma muse enfantine y 

M'osa le sien prosner fiere Christine. 

Donc ne seroit pluz choyeulx mille foiz 
A vostre amy , s'il souloit faire ung choix i55 

Des beaux discours , que de son ckief descouknt 
Sanz nul effort, ainz trop nombret»lx s'esbo«lent 



F'ers i58e£ iSq ainsi des flots qui se précipitent troublent le 

cristal... 

1 60 un mur éleyë jusqu'aux nues . . . 

i6q. Ne feroit-il pas mieux de corriger et d*élaguer ses ouvrages, 
que de.... 

i63. (Glotilde rappelle ici deux ouvrages d'Alain Chartier^sur le 
feu d'enfer, et sur les ailes des Chérubins , dont elle s'est déjà moquée 
dans ses rondeaux.) 

i65 qu'il peut croire si belles ! 

166. Sans y aller voir... 

167. (Ojrant , entendant.) 

168. Ne croira certainement (jeur) pas qu'un homme ait été tenté... 

169. Et je te les citerois , si je le pouvois.... 



172. Il te convient (affiert) bien en effet de reprendre 

173. Celai qui d'un mot.... 

174 t'en voyer , vil roseau . 

175 et tourner le fuseau. 

176. Je ferai plus sagement de m'en tenir là. 
177 qu'il n'est jamais.... 



180. Or donc que sa muse... 

181. Trouve le secret de paroUre éloquente ! 



D'entassement : ainsy troublent des flotz 

Précipitez , le crystal des ruysseaulx ; 

Ou tel ung mur , haussé jusqu'au tonnerre , 160 

Croule y et devient ung yain poids à la terre. 

Mieulx ne feroit , que de perdre le fruict 

D'ung gros labeur, à conter comme luict 

Le feu d'enfer? à composer des esles 

Aux chérubins y que peult cuyder tant belles , i65 

Sans aller yeoir? et tant d'aultres propoz , 

Que Fadyenir , ôyant leurs premiers motz , 

Ne croyra, seur, humain tenté d'escrire... 

Et cisteroy , se le pouyoy , sans rire. 

Maiz que t^en prend , Clotilde , à censurer 170 

Ung qui desjà s'ose aux roys mesurer? 

T'y bien affiert, en effect, de sémondre 

Cil que , d'ung mot , soudain peult te confondre ; 

Et y cèdre altier, te mander, yilrozel, 

Prendre Fayguille et torner le fuzel ! 175 

Là m'en tenir, je croy, feray plus sage ; 

Car bien appriz que n'est oncques d'usage , 

Par bons adyiz et touschantes rayzons , 

De corriger ceulx-là qu'applaudissons. 

Or donc sa muse , en chascun lieu du monde, '^^ 

Treuve secret de paroistre faconde ! 



278 ^^tiUi 

Vers 18a. Qu^aprës mille ans il çn soit.... 

i83.' Qa'on le célèbre ! 

i84« Qu'on des sujets de ses yers..,. 

i85. Il ne peut manquer de mérite^ il.... 

186.... dût la critique aboyer. 

187 une si digne récompense! (de chanter Marguerite.) 



Qu'après mille ans en soict comme aujourd'huy , 

Qu'on le festoyé ! et si ce n'est pour luy , 

Qu'un sien subject fasse tout son mérite : 

N'en peult manquer ; il chanta Marguerite ; iB5 

Trois fois heureulx , dust critique aboyer , 

Qui se promet ung si digne loyer ! 



a8o ^oeiicé 



FRAGMENS D^EPITRES. 



Vers \, J'ai déjà vu.... (moiUt^ beaucoup.) 
d. Déjà sous le poids accablant.... 

4* Sur quinze lustres.... (douloir, gémir, souffrir, du latin dolere.) 
5. (Fineront, àejiner, qui se disoit autrefois pour jf?/ur.) 

7. Je cède 

8. IN'ai-je donc pas mérité que tu en termines.... 

9. Avant quatorze ans je te perdis.... 

10. Tu ne tardas point à la suivre (sujrr, suire, suivit, se sont dit 
également pour suivre : voyez La Combe.) 



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r«jin<n<« b'(^^wtr<4. 




FRAOMEJ^T I. 



Jà moult ay veu courir le Temps qui ne repose , 
Jà soubz lé failx grevant qu'à ma foiblesse impose 
Des astres ennemys le rigoureulx vouloir , 
Sur quinze , n'ay compté troiz lustres sans douloir ! 
Ne fineront les maulx dont la chaisne m'accable ? 
Ah I si sans murmurer y Destinée implacable , 
Cède au fatal arrest porté contre mes jours , 
N'ay-je donc mérité qu'en termines le cours? 

Devant quatorze estes , te perdiz , ô ma mère ! 

Point ne tardaz la suyr , noble et valereux père ; 

Toy dont les tendres soings y par les nœuds les plus doulx, 

Me soubmirent Tamour , soubz le nom d'un espoulx ; 

O nom cher et cruel... soubvenance terrible ! 

Aprez tant beau soleil , fust-il nuict plus horrible ? 



lO 



28a speejie^ 



Vtrs 1 7 . Qui m'eût dit que je ^errois . . . {ver raye, pour verrois, selon 
l'ancienne conjugaison , doit se prononcer ici comme il est écrit). 

i8. Un bonheur que tu n'as fait oonnoitre si accompli (plein).... 

19. Que je me oonsumerois en douloureux.... 

ao. Dans ce lit que tu arois rendu.... 

ai À a5. (Qotilde semble se plaindre dans ces vers d'être persécutée 
par l'ombre de son mari , qui lui apparott cbaque soir. Elle le prie 
de lui épargner ses cris , son aspect ; elle l'appelle barbare. Il est im- 
possible de deviner pourquoi , car il ne parott pas qu'elle eût eu à 
se plaindre de lui pendant le cours de sa vie : par quelle raison Bé- 
renger la tonrmenteroit-il ? D'ailleurs dans ces mêmes vers ce spectre 
sanglant Vembrate iP amour,,.. Cette contradiction , cette incohérence, 
nous rendent ce passage très suspect.) 

37. Je n'ai flotté que d'inquiétudes en douleurs (pasmes ^ientsims 
doute de ^asmer, pâmer.) 

ao tu partageas.... 

aQ. Si tu ne les réparois, tu adoucissois.... (blondir, adoucir, sou- 
lager, flatter. ) 

3o. Et bien que.... (apertes, ouvertes). 

3i. (BiUme, baume; arrùUâer, arroser.) 



33 à la fleur de ton âge. 

34* (Manage ou manaige, maison, demeure : voyez La Combe.) 

37. J'avois un jeune fils , mais.... 

38. Déjà esclave (serf) au milieu (enmjreu) des camps , d'une 
gloire.... 



De Clotilbe. a83 

Ah I quand jeunette encore, au pied de tes autels, i5 

Hymen , receus la foy du premier des mortels , 
Qui m'eust dict qu'en sept ans Terroye disparoistre 
Heur qu'à nulle icy ba^ , si plain u'az faict cognoistre ; 
Que me consumeroye en douler^ux souspirs, 
Au lict qu'avoiz rendeu le temple des playzirs ! ^o 

£t qu'un spectre sanglant chasque soir... Ah! barbare , 
Espargne n^oy tes cris, ton aspect !... je m*esgare..» 
Aprèz cinquante hyvers , il trouble ma rayzon ; 
Cepdre froide , il m'emhraze en ma froide seyzon : 
Que ne fist, tout de feulx , au printemps de ma vie? 

Dèz lors , par les Destins sans cesse poursuyvie , 

N'ay flotté de soulcys qu'en pasmes et douleurs : - 

Belle Rocca ! long-temps partageaz noz malheurs ; 

Se ne les réparoiz , blaadissoiz tant de pertes ; 

Et bien fussent tousjours mes blessures apertes , 3o 

D'ung balme si divin sçavoiz les arrouser , 

Qu'encor pust , grâce à toy , mon sort se jalouser. 

Enfin nouz deslaysstz , en la flour de ton aage ; 

Tenvolaz , loing de nouz , au céleste manage , 

Tandiz qu'en ces bas lieulx , ta Clotilde aux aboys , 35 

De ses plaintes lassoit les échoz et les boys. 

Ayoye ung jeune filz ; ainz , en terre estangiere , 

Jà serf, enmyeu les camps, de gloire mensongiere, 



a84 ^oe:Jîeé 

Vers 39. D'une mère sans appui, dédaignant.... 

40. n cherchoit la mort autour de^nos étendards ternis {^pdUs). 

41. Il ne latTQUYa pas; je le reyis.... 

43 et 44* ^ ^^^^^ ^ P^ jo^ P^u^ long-temps que moi ; jamais 
(onc^uei) les hommes n'eurent de compagne telle qu'il la reçut alors... 

45. O chère.... quand je t'aurois donné.... 

46. Je n'aurois pas autant béni le.... 

47. Je crus que tu me rendrois tout.... 

49. Je sentis que j'aimois ta fille plus que mon fils ne l'aoroit 



aimée. 



5i. Au plaisir que je prenois auprès (emprez)..,, 

5a. Je crus {cuyday) possible d'écarter les glaces de l'âge. 

53. Tes enfants me restent presque tous j mais je les rois sans allé- 
gresse {lytssè), 

54. La tendre Gojron n'est plus, qui eût charmé,... (Héloïse de 
Goyon de Vergy , bru de Clotilde. ) 

55. Elle n'est plus : je le leur dis souvent; et alors ils pleurent en- 
semble {^plorer, pleurer). 

57. Ainsi , laissant en arrière tout ce que j'aimai.... 

58. Je me tratne solitaire. ... (prbue, ou orbe, du latin orbus, privé de 
quelque chose. ) 



De mère , sans appoy , desdegnant les regarts , 

Quierroit la mort, en tour nos paslys estendarls^ 40 

Ne la treuya ; le yy : moy-mesme d'hyménée 

Soudain luy fiz ourdyr la trasme fortunée : 

Plus que moy n'a jouï ; n'eurent oneques humains 

Telle que receut lors compaigne de mes mains. 

O chiere Héloysa ! quand t'eusse donné Testre , 45 

Tant n'aurois-je bény moment qui t'a veu naistre ! 

Creus que tout me rendoyz , parents , espoulx , amys : 

A mes plus chers secretz , seule tte , je t'admis ; 

Plus que n'eust faict mien gars , senty qu'aimoy ta fille; 

Et dèz-lors que s'accrust ta riante famille , So 

Au desduiet que prenoye emprez tes eufançons , 

Des ans y cuyday possible escarter les glaçons. 

Me restent quazy tous ; ainz les voy sans lyesse : 

N'est plus tendre Goyon qu'eust charmé ma vieillesse , 

N'est plus! leur dy soubvent; ensemble de plorer^ 55 

Et moy y d'ung prompt trespas la grâce d'implorer ! 

Ainsy, tout ce qu'aymay deslayssant en arrière, 

Yay me traisnant , orbue , au bout de ma carrière ; 

Aux blaffardes lueurs de lugubres flambeaulx , 

Plus n'ose interroger que la nuict des tombeaulx. 60 



a86 ^otiici it ai^tilU, 



Vert t. {EapmiaM, r^panchart, qtaocfant.) 
3. (/{â^j^ rajtms. ) 

5. Lorsque , me portant sans dessein vers le haut du mont , 
6 j'atteignis.... 



FRAGMENT II. 



Telle y hyer, espandant mon ame, sans contraincte y 
Dans les champs souspiroy tant piteuse complaincte , 
A ceste heure où Phœbus, dardant plus foibles rays, 
Aux bergiers haletants promest Tombre et le frays. 
Quand) vers le hault du mont, d'ungpas involontaire, $ 
Lentement j'atteigny la forest solitaire , 



i88 ^ocitei 

Vers 8. N'offrent même pas d'abris au ▼oyageur {vojragier). 
9 dit la renommée.... 



la. Là, sons d*épais monceaux.... 



i4> Dont les marbres brisés, faisant plier.. 



17 près d'un amas de pierres noircies par le temps. 

18. {lierres, lierres.) 

19 et ao. Le vieillard qui ronge tout (le Temps) semble, en enla- 
çant les ruines et le lierre , joindre la yiyante nature.... 

a I et SMiw. Ailleurs , se faisant jour par les crevasses (intorses, tor- 
tues) cent bouquets d'amandiers en fleurs , attachés aux murailles , co- 
lorent de rubis ces murs (paroys, de paries) qu'ombragea (pbombra)U 
dépouille sanglante des rois. 

a5 et a6. Les -fruits nourrissans {des amandiers) pendent près de 
ces murailles, où les traits suspendus des guerriers lançoient des éclairs 
homicides. (Cette épithète est outrée; ce n'est pas la seule trace de 
mauvais goût que présente ce fragment , et l'on peut soupçonner M. de 
Surville d'avoir voulu le compléter.) 

29. Au centre de la cour , où jaillissoit une source perpétuelle (pt- 
renne. ) 



^e aiotinu a89 

Où des toictz délabrés et d'antiques débriz 

A Ferrant voyagier n'offrent mesme d'abriz ; 

£t qui f dict le renom y furent à leur naissance 

Palaiz où des Romains esclatoit la puyssance : lo 

En contemple, au hazard, les restes confondus. 

Là y soubz d'espaiz moncels de cresneaulx pourfendus, 
S'estendent tristement colonnades superbes , 
Dont les marbres rompuz , fayzant ployer les herbes , 
Ne layssent entrevoir de leurs vains ornements, iS 

Que fleurons mutilez , que difformes fragments ; 
Icy y lez ung amaz de sombres rangs de pierres , 
Serpentent verds buyssons et tenaces ly erres ; 
Semble , iceulx enlaçant , joindre Yieulx qui tout mord 
La vivante nature à l'art frappé de mort. ao 

D'aultrepart, eslancez, par in torses crevailles, 
D'amangliers en flours , inhérauts aux murailles , 
Cent bouquets, de rubys colorent ces paroys 
Que , sanglante , obombra la despouille des roys : 
Pendent fruicts nutritifs d'où traicts de mille Alcides ^^ 
Lancèrent suspendus, tant d'esclairs homicides i 

Dans la cour, et parmy cent portiques déserts , 
De^ ormes non plantez s'élèvent dans les airs ; 
Au centre , où creut jadiz ugne source pérenne, 

19 



290 '^oe^ie* 

V^en 3o, 3i et 3a. Des txitoas , et même une sirène , qui s'embras- 
soient , soutenoient l'urne d'où cette source s'épanchoit \ jamais de 
mémoire d'homme on ne crut voir si mollement respirer le bronze. 

33 s'il respire encore, ce n'est pas.... 

34. (siert, sert). 

35. Et la nymphe , sans tète , loin du réservoir épuisé (ayguier, d'oi- 
gue, eau ; nous disons encore aiguière). 

36. {Ores, à présent.) 

37. {Esseschcj desséché; amphore on amphoure, à^amphora, cruche, 
urne. 



40. Sur ce bel ouvrage.... étendre.... (espandir, ^expandere^ de là 
vient épanotdr). 

41 . Au lieu des petits poissons (/restins, fretins) qui remplissoient le 
bassin. 

4a. Il n'est pas de mauvaise herbe qui n'y prenne racine. 
43. Ni reptiles, ni taupes.... ( L'épithète terreux est mise sans doute 
par opposition aux premiers habitants aquatiques du même lieu.) 
44* Qui cessent d'y outrager..., 

45. Je veux aussi pénétrer dans l'intérieur.... 

46. (Tremeur, frayeur , de trenwr^ sosil, seuil , entrée ; atre, noir, 
ater, ) 

47. Où le cyclope dévora les compagnons d'Ulysse ((7/^Mm*). 

50. (JVocUde ou noctuo, chouette : voyez La Combe.) 

5 1 . A peine entendez-vous .... 



53. Rats , belettes , blaireaux , sanguinaires fouines. 

54. Cherchent leur proie à travers les décombres et les ruines. 



L'urne d'où jaillissoit, trytons voire et syrenne ^o 

Sous tinrent enlacés ; ainsy, d'humain sçavoir. 

Mollement respirer brunze on ne cuyda voir. 

Ah ! se respire encor^ n'est-ce y au moins , sans fracture ; 

Maint arbuste aux trytons siert de verte ceincture , 

Et la nymphe y sans chief ^ loing du stérile ayguier, 35 

Ores n'embrasse plus qu'ung sauvage figuier. 

Du cylindre essesché de l'inutile amphore , 

Saillissent tendres jects de jeune sycomore , 

Dont le tronc destructeur doibt , rival des ormeaulx , 

Sur tant bel œuvre , ung jour, espandir ses rameaulx. 4^ 

En place de frestins qu'emplirent la piscine , 

N'est d'herbaiges maulvaiz que n'y pregne racine , 

Ny reptiles terreulx , ne talpes , ne lézarts , 

Qu'y cessent d'oultragier ce prodige des arts. 

Veulx à tout pénestrer dans l'édifice interne : 4^ 

Plus n'inspira tremeur sœil de l'atre caverne, 

Où Cyclops Ulyssins dévora palpitants ; 

Icy, monstres de nuict, éternels habitants, 

Tapys en nids obscurs , n'errent qu'en les ténèbres ; 

En hault, de la noctule et des hyboulx funèbres , ^o 

A grand payne oyez-vous les criz sourds et plainctifs ; 

Plus bas , à petit bruit , féroces et crainctifs , 

Ratz, mustelles, tayxons, sanguineuses fouynes, 

Quierrent proye , à travers comblements et ruynes ; 



Fers 56. Sous des portiques qui abritoient {porges ou ponJtesj 

portiques ). 

57. On arrive.... par maints détours.... (yire-^oultes, mot composé 
de vouUe , voûte , et virer ^ tourner. Virevolter étoit un terme de fau- 
connerie). 

58. Une salle , où je crois que s^ouvroient de galants combats. 

59. {Ceinctres, ceintres; travajf%ons, entablements : vo jez La Combe.) 

60 Fœil étonné par des trous.... Çdovoyé , dérouté; pertiUSf 

trou ). 

61. n n'est pas de pierre qui ne vous menace.... 

63. Si le moindre vent y siffle , le sang se glaoe dans les veines* 

63. Autour ressortent encore des parties de gradins. 

65. (Ymmges, images.) 

66. {Conquester, pour conquérir,) 

67. Où un seul regard faisoit.... 

69. (JJlidemetUs, hurlements , du latin ululare.) 

71 qu'elle étend.... 1 

i 

73. Croulent les forteresses de Bellone et les réduits.... 

73. Son œil (de la Destruction) ne voit rien d'entier 

74. (Convenant, convertissant.) 

75. {S'accointer, se lier, faire alliance.) 



77. {Gravatz, décombres; toictz, toits.) 

78. Elle n'a pas besoin.... 

79. Ni de déchaîner les vagues.... 



Yilz hostes y vont creusant leurs fétides terriers ^^ 

Soubz porges qu'abritoient d'invincibles guerriers. 

On actainct, tastonnant, par maintes vire-voultes , 

Salle f où croy que jadiz s'ouvroient galantes joustes ; 

Là ceinctres entr' ouverts, travayzons sans appuys , 

Frappent l'œil dévoyé par d^effrayants pertuys ; 60 

N'est pierre que de mort icy ne vouz menace ; 

Y sifflast moindre vent , sang ez vaynes se glace : 

Entour, saillent encor parcelles des gradins 

Où dames de hault rang jugeoint les paladins; 

Où supresme beaulté soubz diverses ymaiges , 65 

De l'altiere valeur conquestoit les hommaiges ; 

Où fezoit ung regard , de ces cœurs chaloureulx 

D*intrépides héroz et des amantz heureulx. 

Tristes ululements en chassent à ceste heure : 

De la Destruction c'est l'affreuse demeure ; 70 

Et, soubz les mains de fer qu'estand là, sans retour, 

Crouslent fortz de Bellone et réduicts de l'Amour. 

Rien d'engtier, sanz frémir, ne voyd son œil farousche ; 

Et ce monstre, en desbriz convertantquoy qu'il tousche, 

S'accointe , en vieulx chastels , de paniques terreurs , 7^ 

Pour, en paix assouvyr ses bizarres fureurs. 

Pour entasser gravatz, pour toictz réduire en poudre , 

N'a besoing des volcans , de feulx , ny de la foudre , 

Ne vagues deschaisner, ne les fougueux aultans: 



294 ^ociieé 

f^^ers 80. (Le sens est clair, mais je ne connois pas le yerbe ^rffiUr. 11 
faudroit peut-être lire s'affide (se fie), ou même ^ affine ^ le yerbe cffiner 
sigaiùe joindre, unir, selon le glossaire de M. de Roquefort. (^Note 
de i8a3.) 

81. (Le Temps et la Destruction , qui sont personnifiés dans ce pas- 
sage. Je laisse aux gens de goût à décider s^il est dans la manière de 
Qotilde , et si Ton ne peut pas sanpçonner des altérations dans tout ce 
fragment.) 

84. Aux ardeurs de la canicule.... 

85. Ils ne laissent que pour un peu de temps.... {bri^i^ment , briè- 
vement ; ce mot est ici de deux syllabes , et très dur). 

86. Eux.... l'admirable structure. 
87 débondés (débordés). 

88. {Avellent, du latin auellere , arracher.) 

89. Tantôt (or^) du globe entr'ouvert (crç/W, crevé).,.. 

91 . Tantôt en rochers (sous la forme de rochers, il est question sans 
doute des éruptions volcaniques ). 

93. Tantôt.... 

93. Dans ses gouffres profonds*... 

94* {Cémentieres, pour cimetières^ il est encore d^ usage dans certaines 
provinces.) 



be Stotilbe. ^gS 

Pour si foibles exploitz ne s'affile qu'au Temps : 80 

L'enfer les accoupla dans Fhorreur du silence ; 

Et despuis j endormant Thumaine vigilance , 

Impatients démons , plasnent sur l'univers : 

Au chien fol de Procrys y au soufiQc des hyvers. 

Ne layssent que briefvment attrister la nature ; 85 

Eulx y du monde attaquant la mirable structure , 

A l'ayde des torrents à i'envy desbondez , 

Bois avellent touffus de nos champs inondez ; 

Ors, du globe crefvéy soulesvant les abysmes, 

Le renferment tremblant sur des taz de victimes ; 90 

Ors, en roschiers bruslants , dévorent vingt cistes; 

Ors, en flotz de Thétys, tout-à-coup suscitez. 

Dans ses goufirez parfonds , de nations engtieres 

Monstrent aux nautonniers les vastes cémentiereB. 



^96 Spoe^iet 



Vtrê I. Vous, petits ionoœnts.... 
a touchante progéniture. . . . 

3. Petits-fils de celui.... (de Jean'de Surville , fils de Clotilde et de 
Bérenger). 

4. Puisse le soleil ne paroitre. . . . 

6. Et qu'il m'eût semblé doux de tous voir grandir. 

7. (Dans les bras d'Héloïse!) 

8. (Lénir, adoucir.) 

10. Je vous dois ]e peu qui me reste de mes jours.... 

IX et 13. (Voici une de ces pensées ou plutôt de ces sentiments dont 
la profonde yérité et l'expression naturelle et touchante nous parois- 
sent témoigner a-vec le plus de force en fayeur de l'authenticité de ces 
poésies.) 

i3. Vous ne tarderez.... où je marche la première. 

14 et 1 5. Qu'un rayon delà lumière , dont l'éclat fugitif brille sur 
vos matins , suive au loin.... (Cela n'est pas clair. Il paroît , par ce qui 
suit , que Clotilde veut parler ici de son génie poétique , dont elle tou- 
droit léguer quelque chose à ses arriëre-petits-enfans ; mais alors suivre 
n'étoit pas le mot 5 il faudroit plutôt demeure.) 

16. Si mes jeux tous plaisent, imitez le jeune aiglon; 

1 7 . Ayant qu'il en puisse soutenir la yue (yoydie^ vue , qu'il ne faut 
"pas confondre ayec voisdie oU boisdie, trahison : yoyez Borel ). 



it (ElotfUe. 297 



FRAGMENT III. 



Vouz, petiotz innocents y doulcettes créatures , 

Du filz d'Héloysa , touschantes génitures ; 

Petitz-filz d'iceluy qu'ay porté dans mon seyn , 

Soleil puysse , à voz yeulx , ne poindre que sereyn ! 

Qu'auroit Héloysa de joie à vouz cognestre ! ^ 

Et que doulx m'eust semblé se vouz eusses veu crestre 

Dans les bras adorez de Tange gracieulx 

Que f pour noz maulx lényr, croy que firent les cieulx I 

Maiz que dis-je?... escàrtons ung penser trop funeste : 

De mes jours orageulx vouz doy peu qui me reste ; *** 

Timides enfançons , ne vouz rebute paz 

Le soubriz de Clo tilde aux portes du trespaz. 

Ne tarderez venir où chemeine première : 

Ainz pour vouz suyve , au loing, un raiz de la lumière 

Dont luict sur voz matins le fugitif esclat ; '^ 

Se vouz duysent mes jeulx, imitez jeune aiglat; 
Devant qu'en puysse bien soustenir la voydie, 



3oo ^otiiti 

f^ers 43* Grl^ à ma longue vie , Il sejpeut.... 

44* ^ celui,... 

45. Je ne corrige pas sans- peine tel ouvrage que je Es sans effort. 

47. Je n'aurois pas cru qu'il en faudroit bannir (septénaire est là 
pour septuagénaire)» 

48. Des mots {vocables) dont j'aimois.... 

49. Ainsi le veut l'usage. 

50. Je l'ai bravé bien des fois : il n'est pas de jour que je n'oppose... 

53. Des mots que je puise.... (Ceci ]ieut expliquer comment il se 
trouve tant de mots latins dans ces poésies j et le passage entier peut 
faire voir pourquoi il y a tant d'égalité dans le style de Clotilde : 
malgré la longueur de sa carrière , elle a corrigé ses ouvrages toute si 
vie.) 

53 et 54. En faisant ainsi , nous devrions , comme l'italien , à la 
langue de Rome ce que celle-ci dut à la grecque. 

55. Et pourquoi [n'oserois-je pas glaner. 

56. Où Dante dès long-temps osa bien moissonner? 

59. Il fait beau te voir jeter le gant pour de si graves querelles {ten- 
son ou tençon , querelle , différent). 

60. Tu veux apprendre.... et tu ne rêves.... 



Il est certain que l'un de ces fragmens ( le second ) est antérieur aux 
deux autres ; il appartient au poème de la Nature : il en reste encore 
bien des vers. Le dernier semble tenir au premier ; Clotilde l'adresse à 
ses petits-enfants ,eni/fii. (Note de M, de SurviUe.) 



be Slottlbt* 3oi 

Grâce au temps qu'ay vescu , se peult que les povrets 

De cil que tout destruit , n'appréhendent les traicts : 

Tel que fiz sans effort , ne corrige sanz payne ; 4^ 

Ainz quand simples et doulx coulèrent de ma vayne , 

N'eusse dict qu'en fauldroit^ septénaire, bannir 

Vocables dont jeunette aymoye à les garnir. 

Ainsi veult le tyran qui des langues dispose ! 

L'ay bravé moultefoiz : n'est de soir que n'oppose 5o 

A ces caprices yainz , comme sacrés remparts , 

Verbes que vay puyzant au siècle des Cézarts : 

Ce faizant, que dust Rome au langaige d'Attique, 

Au romain le debvrions , comme a faict l'italique ; 

Et d'où vient n'oseroye , indigente, glesner 55 

Où Dante , jà long-temps , bien oza meyssonner ?... 

Hé Dieu ! de quel soulcy te vaz rompre la teste , 

Clotilde? à te sayzir quand la Parque s'appreste , 

Beau veoir jecter le gant pour si graves tansons ! 

Veulz apprendre à mourir ?... ne resves que chansons! 60 



3oa ^ce^ieé 



CHANT ROYAL A CHARLES YIII. 

(Cest la bataille de Fornoue.... On sait que Charles YIII , en sortant 
d'Italie, battit et dispersa Parmée combinée des puissances belligé- 
rantes de PEurope , liguées en faveur de Ludovic , usurpateur du Mi- 
lanois. Le duc de Mantoue étoit leur généralissime. Clotilde écrivit 
donc ce chant en i49^} âgée de quatre-vingt-dix ans et plus, (^ote de 
M. de Surville.) 



Vers 1, Pourquoi tes flots.... roulent-ils avec tant de fierté? 
3. (Sayne , pour Seine.) 



13. (Cette première strophe est sans doute ce qu'il y a de plus in- 
concevable dans tout ce recueil ^ en écrivant ^urû au lien àeflouris 
et en supprimant l'ancienne orthographe , onpourroit la croire faite de 
nos jours. Il n'en est pas ainsi des suivantes , et surtout de la troisième, 
dont les cinq premiers vers sont presque barbares. Il faut que Jeanne 
de Vallon ou M. de Surville ait grandement retouché cette première 
strophe.) 

i3. ... dont la troupe (tourbe y de tur&a) abonde^ 

14. Autour (sur les bords) du Pô , dont les vagues se soulèvent d'ef- 
froi. 



be glotilbe. 3o3 




Çattf ^^(\J)<tf 



A CHARLES TIII 

1495. 



Qui fait enfler ton cours, fleuve bruyant du Rosne ? 

Pourquoi roulent si fiers tes flotz tumultueux ? 

Que la nymphe de Sayne , au port majestueulx , 

De ses bras argentins aille entourant le trosne ; 

Tu luy faiz envyer tes bonds impestueulx ! 5 

Des fleuves , tes esgaulx , coulent en assurance 

Parmy des champs flouris , des plaines et des bois : 

Toy, qu'un goufire profond absorbe à ta nayssance , 

Mille obstacles divers combattent ta puyssance ; 

Tu triomphes de tous. Tel, vengeur de ses droicts, 10 

Charles brave FEurope et fait dire à la France , 

«Rien n*est tel qu'ung héroz soubz la pourpre des roys! » 

Où courent ces guerriers' dont la tourbe foyzonne 
Entour du PA, d'effroy soudain tourmentueulx? 



3o4 ^otiiti 

• 

F'ers 1 6. Derant l'armée ( Vost ). . . . 

1 7 . Pensent'ils donc l'arrêter. . . . 

i8. (RescerUs, récents ^ remembranoe, souvenir.) 

19 n'enchatne-t-il pas? 

ao. Leur ligue parjure n'a-t-elle pas assez reconnu.... 

ai. Que pour rebuter.... 

33. Les Alpes , même les Apennins, sont de fragiles remparts (par 
rois, de paries, mur ). 

33. Va, frappe-les.... parte ce cri.... 

35 k 39. (Pour entendre ces cinq yers , il faut passer tout de suite 
du premier au cinquième : Tel Jupiter écrasa les enfants de la terre; 
Toilà le sens résumé de cette phrase si longue et si embarrassée : nous 
allons à présent l'expliquer dans ses détails.) 

35. Hésios, Hésiode j le cygne de Sidmone, Ovide. 

36. Plutôt effrontés que voluptueux. 

37 . Ont peints vindicatifs .... 

38. Qui eut son temple.... (Voici donc la construction de la phrase 
entière : Tel l'arbitre souverain des dieux plutôt libertins que volup- 
tueux , qu'Hésiode et Ovide ont peints vindicatifs.... tel , dis-je , l'ar- 
bitre souverain de ces dieux , qui eut son temple à Dodone , écrasa....) 

3o l'auguste demeure , l'Olrmpe. 

33. Mais Jupiter sejit. 

34 ce qu'à présent (ores) voit.... (La force et l'harmonie imi- 

tative de ces derniers vers sont sans doute un ample dédommagement 
de l'entortUlage des premiers. Ces défauts , au reste, etf jusqu'à la pa- 
renthèse du second vers , paroissent imités d'Horace : voyez l'ode 
Quidem ministrum,) 

37 votre sang ne bouillonne- t-il pas ? 

38. (Glotilde , dans ce vers et les suivans , personnifie les armoi- 
ries des puissances liguées contre Charles VIII.) 



U eiotilbf. 3o 



J 



i5 



20 



N'aguere ils courboient touz un front respectueulx 

Devant Fost où des lyz la trompette rezonne : 

Pensent donc t'arrester, conquesrant vertueulx ? 

De tes haults faitz rescents la seule remembrance 

Desjà , par la terreur, n'enchaisne leurs exploiets ? 

N'a donc assez cogneu leur parjure alliance 

Que pour desconforter nos preulx et ta vaillance, 

Alpes , voire Apennins sont fragiles paroys? 

Va ! les frappe d'ung coup ! parte icel cry de France , 

a Rien n'est tel qu'ung héroz soubz la pourpre des roys! » 

Tel, des dieulx, qu'Hésios et cygne de Sulmone ^5 

(Trop souvent deshontez plus que voluptueulx) 

Ont despainct vindicteurs , poltrons , incestueulx , 

L'arbitre soubverain qu'eust sien temple à Dodone . 

De la terre écraza les enfantz monstrueulx. 

£n vain ils menaçoient l'auguste demeurance ; 3^ 

En vain sur Pélion , Ossa jusqu'à trois fois 

Entassé , surmontoit l'Olympe en apparence : 

Ainz se rist Jupiter de leur persévérance ; 

Et , des montz fouldroyés les broyant soubz le poids, 

Apprist à l'univers ce qu'ores voyd la France, 

« Rien n'est tel qu'ung héroz soubz la pourpre des roys ! » 

Aux armes , paladins ! vostre sang ne bouillonne ! 

Des Romains desgradez l'Aigle tempestueulx , 

20 



35 



3o6 ^otiiti 

Vers 39. ( Nous igAoroQS quelles puissances SQnt désignées par le 
Griffon , la Licorne et TOurs blanc.) 



44> Le ciel ne vous auroit pas confié.... 

45. Si , n^ayanf. qu^une vaine re.ssemblance ayec vos ancêtres... 

47 n^entendez-yous pas.... 



49. {Jà, déjà.) 



5i. (Le pape Alexandre VI. ) 



55. Les dieux.... 

57. (Le marquis et non pas le duc de Mantoue , comme le prétend 
M. de Suryille ^ plusieurs autres princes de la maison de Gonzagne 
étoient aussi à cet Le bataille. Nous ne pouyons nqus çmpépher de citer 
ici une note de M. de Surville sur ce vers : « Lance, dit-il est pris au 
« figuré pour bataillon , ou plutôt escadron. » Qui croira jamais que 
ce cbant royal ait été composé par celui qui le commentoit de celte 
manière ? ) derraine , dernière. 

58. ( Ludovic Sforce. La manière dont Clotilde amène ici son refrain 
nous paroit également heureuse et poétique.) 



be S(ottIbf* 3o7 

Le Griffon , la Licorne aux palaiz soniptueulx , 

L'Ours blanc , et de Saint-Marc la superbe Lyonne , 4^ 

Soustiennent de Milan le Dragon tortueulx. 

L'Eridan , de vos bras , attend sa délivrance ; 

Hastez-vous ! disputez ces passages estroicts I 

Ne vous auroit le ciel confié sa vengeance, 

Si de vos devanciers portant vaine semblance , 4^ 

Vous ne sçaviez jouster qu'en spacieulx tournoys... 

Â.UX mains! n'oyez quel son rendent échoz de France , 

« Rien n*est tel qu'un héroz soubz la pourpre des roys ! » 

Ainsy, bravant la mort qui jà vous environne, 

Fondez sur Fennemy lasche et présomptueulx. 5o 

Tu ne t*attendoiz pas , pontife fastueulx , 

Aux affronts qu'en ce jour, sur ta triple couronne , 

Yerseroient tes efforts tousjours infructueulx ! 

Quoy ! se peut-il encor que Victoire balance ? f 

Dieulx seroient incertains où se montre Valoys ? 55 

Non , non : sur l'hydre mesme , en Hercule il s'eslance ; 

Perfide Mantouan , rompz ta derraine lance ! 

L'air au loing en mugist : Ludovic , aux aboys , 

Palist, tombe ets'escrye : « O trop heureuse France, 

« Rien n'est tel qu'ung héroz soubz la pourpre des roys! » 6o 



3o8 «pot«i(« 



Vers 6 1 en qui brillent la valeur. . . . 

6a. Du premier Charles (^Charlemagne) , qui , en dépit de Tempire 
grec, 

63. ATempire.... comme au royaume.... (JReigne^ pour royaume, 
comme le latin regnum.) 

64 leur première splendeur, 

65. Je tWfre.... qui échappent.... 



be Slottlbc» 3o9 

ENVOY. 

Prince , en qui luict valeur, sagesse el tempérance , 

Du premier de ton nom , qu'en despriz du grégeois , 

A Tempeyre romain comme au reigne gaulois 

Rendist , en deulx hy vers , leur prime transparence , 

T*ofFre les derniers sons qu'eschappent à ma voix , 65 

Fiere que de tel chant retentisse la France : 

« Gloire à Charles héroz soubz la pourpre des roys ! » 



>»»>%<'%<%>»■%> »!%/%> »V%.*'«ll»%>%»»^%'»^^*%'^>^**»*«^*'^'^'*'^**^ 



TABLE 



DES MATIERES CONTENUES DANS CE VOLUME. 



Avis du Libraire , derrière le titre. 

Préface des premières éditions yij 



POESIES DE CLOTILDE. 

Verseietsà monpremi£r né 3 

Héroïde à son espoulx Bér^ng^r ii 

Epistre à sadousce amye Rocc^...., 3^ 

Chant d'ampar au Printemps , , 4^ 

Chantd'amour fin FEsté 53 

Chant d^amour en Automne ,...., 61 

Chant d'amour en VKyyer , 69 

Apollon et Clotilde. Dialogue , ^tj 

Ballade à mon espoulx... .*........... ..?•?• * * 107 

Rondel à m^istre Alain. De sienne flqurdfs bellp rhétorique où laisse 

oïr que n^ay mye air decour..............,....,...,,,,,.,., m 

Rondel I. Au chœur des ])Iuses. Alors qfie me ctafpglt ugnQ amye : 

Vallon d'amour...... ........,,...., , ii5 

Rondel II. A la Fille des T., me disai^^ : Ainsy quig paille sesche 

quUroy bruslant ung jour.. ....... .v***v^*^***.y •••«• 119 

Rondel III. A la damoiselle d'Ons , que dizoittant qn'est facile de 

lucier encontre le tout-puissant amour. Iii3 

Rondel IV . A monseigneur Jacques de Toulon , qui maintes fois 

nous demandoit , se gaban^ , qt^'estoit cela : Foy de pucelle. ... 127 
Rondel Y. A F Amant de Beaupuy , qui , d'elle se plaignant , you- 

loit en estre aimé , sans ayoir onc soulcy de luy plaire i3i 

Rondel VI. A Loyson d'Effiat , sur ce que menoit ung jeune loup , 

mon bel amy venant la fois première i35. 



\ 



3i2 Zahh it& matkvti. . 

Rondel VII. A monseigneur Aymard de Ppictiers , s enquerrant de 

moy trop fièrement , quel jeune amy luy préposoye ? i Sq 

Rondel sur Alain Ghartier , touschant les Nuits Attiques i4'3 

Rondel sur le même , touschant Fescript dont ay dict à laRayne 

qu'estoit l'autheur trois fois heureux i47 

Rondel Vm. A ma doulce mye Rocca , m'interpellant s'ayoye 

souvenance du premier tintement d'amour i5i 

Rondel IX. A TuUie de R. , cy youlant que «dispose du prix de 

beaulté entre amants de deux belles divers i55 

Rondel X. A ma doulce mie Rocca , sur ce que vinct ung soir le 

bel amy bayzer me desrober à la foutaine i5g 

Rondel XI. A monseigneur Aymard de P. , feignant ne vouloir 

croire à Fhymen qu'en son absence avoy conclu i63 

Rondel XII. A mon bel Amy, tousjôurs m'angariantpouracoor- 

der entre amants de Chlore et Flavie 167 

Rondel XIII. A Tullie de Royan , sur la beaulté céleste de mon 

espoulx, à qui nul altre n'est comparable 171 

Rondel à maistre Alain , du sien escript où dict le feu d'enfer 

luyre et pour ce non esclayrer 175 

Ballade à mon espoulx , lors fut admiz des propres mains du roy 

en l'ordre et corps de la Chevalerie 179 

Les trois plaids d'Or i85 

Dialogue. Qu'est-ce qu'Amour? 339 

Elégie sur la mort d'Héloysa 235 

Stances tirées du roman héroïque et pastoral intitulé : Le Chastel 

d'Amour , .- a5i 

Triolets extraits de la pastorale héroïque de Rosalyre et Corydon.. q57 

Epistre à Marguerite d'Ecosse a63 

Fragmens d'Epistres. Fragment I a8i 

Fragment II , 286 

Fragment III 297 

Chant royal à Charles VIII 3o3 

FIN DE LA TABLE. 



IMPRIMERIE ET FONDERIE DE J. PINâRD , 

RDE D^ARJOU-DAVPBIirE, Jt^ 8. 



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