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_PRESENTED BY
AS HENRY DURELL JEREMIE ESQ.
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Guetnsep 3eortícultucal Soctetp.
NEW RULES FOR THE LIBRARY. ;
In consequence of several valuable Works being missing
from the Library, the following Amended Rules have
been unanimously adopted, and the Fines modified, in
order to their being strictly enforced in future :—
I.
The Library to be open to Members only, for
reading and reference, every day, except Sundays.
lI,
New Books to remain on the Table, from fourteen
days io one month, according to size, before being cir-
culated. All Periodicals to remain there one month.
111,
Books to be taken out, renewed, or returned
every Wednesday and Saturday, from nine to two
o'clock only ; and, in no case, without the presence of
the Clerk, under a fine of 5s.; and not more than One
Volume to be takea at the same time, under a fine of
2s. 6d.
IV.
Any Books kept out longer than one week, to pay
6d. for the first week, and 1s. for each ensuing week
. beyond the time allowed.
Y.
Any Members lending a Work belonging to the
Society to a non-Subscriber, to forfeit 5s. for each offence.
VI,
Any Member losing a Work or Volume belonging
to the Society, shall be bound to replace it within a
month under a fine of 10s. beyond the value of the Book
lost ; and if the Volume should belong to a series, the
whole Work must be replaced, unless the missing Vo-
lume be procured within the time above stated.
VII.
Any Member who shall appear to have wilfally
or carelessly iojured or defaced any Book belonging to
the Library shall be fined one-third of its value.
HARRY DOBREE, Jun. Treasurer.
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RAISONNES
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à L'AGRICULTURE DÉMONTRÉE PAR LES PRIN-
| CIPES DE LA CHIMIE ÉCONOMIQUE, D'APRÈS
| . LES OBSERVATIONS D& PLUSIFURS SAVANS.
| OUVRAGE TRADUIT EN FRANCAIS, SUR LA
. VERSION LATINE DE JEAN GOTTSCHALK
: V ALERIUS.
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Par J. F. FONTALARD,
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_ . DE L'IMPRIMERIE POLYGLOTT 7;
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PRINCIPES
ih RAISONNÉS "d
DE L'AGRICULTURE
De J. Gottschalk VarÉnivus,publiés par Jean
Francois Fontalard, Traducteur des ou-
wvrages de Trébra, sur la. Minéralogie du
Hartz, in-Fol. Paris, chez Didot jeune...
de la formation des montagnes... des Essais
sur la fusion de toutes les substances, à
l'aide de l'air vital.... du traité d'Ignace de
Born sur l’amalgamation des mines d'or et
d'argent... de l'Essai sur la platine. etc.
INTRODUCTION.
4
boues sur leurs droits politiques et
naturels, les. habitans utiles et laborieux
des campagnes, ne le sont pas encore assez
sur la méthode de diriger avantageusement
leurs travaux rustiques. La routine qu'ils
suivent constamment, dans la culture des
TRUM o7 € € A . ed à «
IV L'N-ÆR YO D USCOT 100
terres, parce qu'elle leur a été transmise par '
leurs peres, se renouvelle chaque année;
et, toujours aux mêmes époques, sans égard
à l'inégalité des saisons, qui influent si évi-
demment sur les plantes.
La Convention nationale, qui accueille
tout ce qui peut contribuer aux progrès des
arts, et au bonheur du Peuple français ja
formé un comité d'agriculture, pour exa-
miner les ouvrages qui peuvent concourir
aux. vues bienfaisantes qu'elle s'est pro-
posées, en encourageant un art si nécessaire
au bonheur de la Nation.
C'est pour donner à mes Concitoyens une
preuve de mon attachement , que je leur
offre aujourd'hui.un ouvrage qui m'a paru
renfermer des vérités utiles, sur-tout pour
ceux qui aiment à profiter des lumieres des
autres. C'est le résultat des observations,
et de nombre d'expériences faites par plu-
sieurs auteurs de diverses nations, sur l'agri-
culture en général, et sur les procédés
particuliers qu'il faut suivre, pour obtenir
de. notre MERE COMMUNE les. richesses
qu'elle ne prodigue qu'à un travail opiniâtre
et raisonné.
La chimie, cette science à qui nous devons
aa
INTRODUCTION. V
tant d'heureuses découvertes dans les arts,
n'a pu rester étrangère à l'agriculture. En
facilitant la décomposition de toutes les
substances des trois règnes , elle nous a ap-
pris à en connoitre les parties constituantes.
Guidé par cette connoissance, on est par-
. * , .
venu à découvrir le genre de culture, propre
à chaque production particulière de la terre.
Après avoir montré, par l'analyse chi-
mique, les principes qui constituent les vé-
gétaux , l'Auteur passe à ceux de la végéta-
tion, et les appuye sur les nombreuses
expériences qui ont été faites à ce sujet. Il
développe ensuite la faculté interne qu'ont
les plantes pour se multiplier: il prouve que
Pair , Peawetla chaleur doivent être consi-
dérés comme les moyens puissans qui favo-
risent la végétation: il parle fort au long
des D icuiés espèces de terres végétales
connues , des anatass qui leur conviennent,
des terreins sablonneux et caillouteux , des
moyens artiñciels de fertiliser la semence,
du mélange des terres pour les rendre fé-
&pndes les unes par les autres , enfin de tout
ce qui peut contribuer à l'amélioration de
l'agriculture.
La précision n'est pas toujours donnée aux
^
VI ENT R O DU CF ON.
auteurs étrangers qui enrichissent les arts
des plus utiles découvertes : le grand nombre
d'excellentes choses que j'ai cru voir dans
l'ouvrage de VALÉRIUS, m'a déterminé à le
rédiger d'une maniére plus concise, sans
en altérer le fond, et à en faire disparoitre
les répétitions trop fréquentes , qui détour-
nent toujours l'attention. du lecteur, de
l'objet qu l’intéresse. La multitude des:
paragraphes et des citations intercalés dans
le corps de l'ouvrage , m'a paru l'entraver,
et en rendre la marche difficile et fastidieuse;
je les ai tous supprimés, afin de rendre le
. discours plus égal et moins coupé.
L'agriculture exige un travail pénible et
soutenu ; mais elle paye avec usure le culti-
vateur intelligent. Cet un est la source de
tous les biens et de toutes les jouissances des
hommes. Ciceron, ce Rép ublicain si zélé
et si ardent pour le bonheur de sa patrie,
apprenoit à ses concitoyens: « Que parmi
« les moyens d'acquérir , il n'en étoit point
« de meilleur , de plus fécond, de plus agré-
« able et de plus digne de l'homme libre que
« l'agriculture. » Si nous la voyons sou-
vent accompagnée d'accidens, qui Ôtent
au cultivateur l'espoir qu'il avoit fondé sur
INTRODUCTION vil
ses moissons, c'est presque toujours au peu
de lumiéres de ceux qui l'exercent, qu'il
faut en attribuerla cause. On verra, dans
le cours de cet ouvrage, qu’il est des
moyens de donner à l'agriculture toute la
perfection dont elle est susceptible , et ces
moyens sont fondés sur les expériences
d'un grand nombre de gens éclairés qui
nous les ont communiquées,
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PRINCIPES
RAISONNÉS
DE L'AGRICULTURE.
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CHAPITRE: t,
Drs PRINCIPES QUI CONSTITUENT LES
FÉGÉTAUX,
BS uo des principes ou parties consti-
tuantes des végétaux , peut seul nous faire
connoître les moyens plus ou moins efficaces de
contribuer à leur eroissance. On parwient à dé-
couvrir ces principes, ou par une méthode
purement mécanique , ou par l'action du feu:
cette derniere est ce qu'on appelle Z'az. alyse
chimique. x
Tous les végétaux donnent; par la première
méthode, des huiles fixes, ou huiles par ex-
pression. On les tire sur-tout des praines ou
semences qui sont susceptibles d'en fournir, des
sels que l'on nomme essentiels, et de la nature
des plantes dont on les extrait, des sues muci-
lagineux , des gommes d'une consistance visqueuse
et poissante ai toucher , des sues savonueux , de
À
-
2 PRINCIPES RAISONNÉS,
la résne et des sucs résineux et ressemblant à du
beurre, de l'air, enfin des parties spiritueuses ,
aromatiques ou odorantes. Toutes ces parties élé-
mentaires ne se rencontrent pas à-la-fois dans
chaque plante; mais il en est, qui en contiennent
trois , quatre , et quelquefois plus.
Lorsqu'on employe l'analyse chimique à la
décomposition des plantes , elles donnent : d'abord
une eau appellée phlegme , sans odeur ni saveur
particulière ; ensuite, des sels acides , ou des sels
alkalins ; ceux-ci, sont presque toujours fixes; les
sels volatiles sont plus rares. Quelques plantes
donnent des sels huileux, des huiles plus ou
moins aromatiques , et combinées avec les parties
spiritueuses ou oderantes; on les nomme huzles
essentielles ou volatiles; d'autres appellées
huiles, empyreumatiques , qui ont une odeur
. désagréable : enfin, une terre vitrifiable , ou une
terre absorbante qui s'unit avec les acides, ou une
-
terre calcaire.
Lorsque les parties aqueuses que l'on tire des
plantes, avec ou sans feu, ont été purifiées,
elles ont les propriétés: de l'eau commune ; elles
ont toutes une saveur particulière , plus ou moins
forte , qui décèle la présence de quelque sel. Ces
eaux rendent , quelquefois , de l'odeur; indice:
certain qu'elles contiennent une substance huileuse -
É
LI
*
NRI A Gates DURE"
et spiritueuse. Cette eau chargée de parties
salines et huileuses , a donc la faculté de dissoudre
d'atténuer ou de diviser, et de se combiner. En
considérant que le feu, en expulsant toutes les
partjes aqueuses et huileuses qui étoient dans
une plante , a rompu la liaison des autres parties
qui la composoient, on est en droit de conclure
qu'elles servoient à les unir ,*ou qu'elles leur
servoient de lien commun. On nomme plantes
aqueüses, celles qui renferment une plus grande
quantité d'eau; et plantes sèches, celles qui ex
contiennent trés peu.
On a trois manières de séparer les parties ter-
reuses des plantes: la putréfaction, l’incinération
et la lessivation , d’où l'on tire trois sortes de terres
"des végétaux, Une terre vitrifiable , provenant des
plantes farineuses et nourrissantes, et en partie
soluble par les acides minéraux. Une terre absor-
bante , plus soluble dans les acides minéraux que
la précédente , mais entrant plus difficilement en
P , P
fusion: telle est celle que l'on tire des plantes aroma-
tiques, exotiques et indigènes. Enfii, une terre
calcaire , que l'on n'obtient que des plantes les plus
solides et. des arbres. Celle-ci a beaucoup : de con-
' formité avec la terre calcaire minérale, et en dif-
fere en plusieurs points ! à un feu violent , elle
entre en fusion, et se change en un verre de cou-
leur verte, À 2
s ,
4 PRINCIPES RAISONNÉS
Souvent on obtient deux terres différentes de
la mêmé plante. L'écorce dure et ligneuse du noyer
et de l'amandier, par ‘exemple, FEU une ferre
calcaire ; tandis que le fruit, ou la parüe fari-
neuse de ces plantes, donne une terre vitrifiable.
Les minéralogistes ont observé que les parties ter-
reuses de cette espèce , nese trouventqu 'àla surface
de la terre; savoit: dans la terre en poussière,
dans la terre végétale, ou dans la tourbe : d’où ils
eoncluent que ces terres doivent être distinguées
de toutes terres minérales.
Les cendres ne rendent pas toutes les parties
terreuses que renferment les plantes elles-mêmes,
parcequ'une grande quantité dissipée ou volatilisée
par la combustion, se trouve dans la suie , tandis
qu'une autres'est combinée avec les parties huileuses-
et aqueuses , pour former les sels, les huiles et les
autres liqueurs. Ces parties terreuses servent de
base aux végétaux , et leur donnent de la solidité.
Les sels huileux que l'on obtient par la distil-
lation de quelques plantes qui croissent dans les
pays chauds, ou qui se déposent au fond de cer-
taines huiles, ou ceux que lon obtient par la
sublinration ou par la coction des résines, sont
des corps très composés , qui existent déjà dans
quelques parties des plantes, ou sont des résultats
de quelque nouvelle combinaison.
DE LASGRICULTÉERTS $
A l'égard. des sels que l'on extrait. sans feu , et
que l'on appelle se/s essentiels ; il faut observer
d'abord, que quelques plantes contiennent un
acide qui se manifeste par un goût piquant , et
qui indique un acide combiné avec des parties ter-
reuses , ou quise décèle par unesaveur doucereuse ,
qui est due à un acide combiné àvec des parties
huileuses : en second lieu , que d’autres plantes
contiennent un acide plus caché , qui paroít lors-
que le jus de ces plantes, tenu quelque temps en
repos , a formé un dépôt et s'est purifié. Car alors,
la limaille de fer rend la couleur de ce jus plus
foncée , et lui communique un goût ferrugineux ;
toute autre substance métallique change même sa
(Y
couleur; l'al&ali fixe le met en effervescence, et
la craie y excite du mouvement. On*observe ces
phénomènes dans le jus du choux , du navet, de
la fumeterre , de la laitue , du persil, etc.
L'acide des végétaux diffère de l'acide minéral,
en ce qu'il est bien plus doux , plus ami du corps
humain, qu'ilest moins corrosif et présente des
allets différens.
Le sel essentiel des plantes n'est que leur acide
combiné avec leurs parties terreuses et huilenses,
qui a pris de la consistance et s'est cristallis£. Ces
sortes de sels exigent communément vingt. fois
leur poids d'eau pour être mis eu XOU. es
;
€ PRINCIPES RAISONNÉS
‘lorsqu'on les met sur des charbons ardens, ils ré-
pandent une fumée, quest occasionnée par leur
partie huileuse , et il reete une substance charbon-
neuse. Les sels essentiels étant composés de parties
qui se volatilisent par l'action du feu , on ne peut
les obtenir par cette voie. Ces mémes sels , com-
posés de parties acides, huileuses et terreuses, ap- :
prochent souvent de la nature des sels neutres ,
fort différens cependant de ceux que produit la
chiinie. :;
La nature des sels essentiels est différehte , dans
lesdivers végétaux. Quelqueschimistesen comptent
cinq espèces; savoir: les seis acides ou tartareux ;
les sels doux , les sels amers; ceux qui sont de la
nature du sel marin ou muriate calcaire; et les
sels vitrioliques. La diversité des saveurs, des cou- .
leurs , et des odeurs des plantes vient, sans doute,
de la diversité des sels, ou de leur combinaison
différente. | À
Le règne minéral ne fournit point de sels essen-
tiels, ou deselsqui leursoientanalogués; ils diffèrent
même considérablemerit de chaque sel minéral.
| Toutes les plantes ne donnent pas des sels essen-
tiels sous une forme cristallisée , puisque les végé-
taux qui contiennent des sucs visqueux et rési-
neux ou gommeux, n'en produisent point par la
cristallisation , parce que les parties salines sont
NU PNG NE CULTURE 350%
retenues dans la substance visqueuse , qui n'a pas
été atténuée et divisée par la fermentation; ear-
alofs , il se fait une nouvelle combinaison. Pareil-
lement , les plantes qui abondent en parties hui-
leuses , ne donnent point de sels essentiels par la
cristallisation. De méme , les plantes aromatiques
donnent à peine des sels de cette espèce, à cause
des parties huileuses qu'elles renferment. Les plantes
sèches privées de parties aqueuses , ne produisent
aucuns sels essentiels cristallisés : mais s'il faut en
croire à de la GARAGE, on peut tirer un sel essen-
tiel de- chaque plante, par la trituratiot dans
l'eau. ;
Les plantes donnent trois espèces d'huiles :
1°. Des huiles essentielles ou volatiles , qn'on retire
par un feu lent, et quelquefois par expression de
l'écorce de quelques fruits. Ces huiles différent
par la couleur, l'odeur, le goût, la consistance
et l'épaisseur , suivant les végétaux dont elles ont
été tirées : elles different eneoré par leur nature
et leurs propriétés, parce qu'elles se montrent à
la distillation , ou sous la forme d’une résine, ou
sous la forme d'une Substance. saline , Ou enfin sous
la forme du camphre,
2°. Des huiles fixes, plus tenáces et moins vola-
tiles que les huiles essentielles , à cause de la quan-
tité de terre et de graisse dont elles sont char 2óes;
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8 PRINCIPES RAISONNÉS
On les obtient par expression de la plápart des
,
plantes, quelquefois par la cuisson: alors on leur
donne le nom d’Auiles cuites. Elles diffèrent entre
elles par le goût, l'odeur et la coxsistance. La
cuisson leur communique une PS rance et dés-
agréable. La longueur du temps leur fait con-
tracter la méme odeur, les rend épaisses et les
gáte.
3? Deshuilesempyreumatiques: ellessont presque
de la méme nature dans touies les plantes , et on ne
les obtient qu'à l'aide du feu. En vieillissant elles
prennent la consistance de la poix ; elles contiennent
beaucoup de terres et un sel épais.
Les huiles sont composées d'une substance in-
flammable , et d'une substance terreuse , combinées
avec de l’eau , à l'aide d'un acide. La diversité des
huiles dépend de la nature des acides, et des pro-
portions des Wonripos qui les re La chimie
a fait voir que les huiles végétales différent des
huiles minérales. On peut 1 Had ici les obser-
vatious de HOMBERS, sur les huiles des plantes,
insérées dans les mémoires de l'Académie des
$ciences , année 1700. |
La substance muqueuse d se trouve dani quel-
ques végétaux , est composée d'eau, d'un acide de
terre, et d'une trés petite portion d'huile. Elle se
dissout dans l'eau , et non dans l'esprit-de-vin. Elle
*
+
p à ;
Dok L^A-GROCURLCOEUS.RE Co
esf très fluide, DL contient une grande
quantité d'eau ct d'acide, et épaisse, quand elle
renferme beaucoup de terre et d'huile. Le règne
minéral n'offre po oint de substance de cette nature.
«La gomme, qui est pareillemeut dissoluble
dans l'eau, et non dans l'esprit de vin , a beau-
coup de ressemblance avec la substdpüg muqueuse ;
sice n'est que la gomme contient moins d'eau,
et est plus compacte.
La substance savonneuse est également Pide
luble dans l'eau et dans l'ésprit de vin. On la tire
de certaines plantes , et l'on peut s'en servir comme
du savon fait par l'art. Cette substance est com-
posée d'eau, de terre, d'huile et de sel, combinés
de manière à se dissoudre dans l'eau, et dans
l'esprit ue Cette subsignce ne se tronve point
. dans le règne minéral. La chimie enseigne la
méthode Tm faire des savons artificiels.
Les résines qui ne se dissolvent que dans l'esprit
de vin, sont, ou fluides , et alors on les nomme
baumes : ou solides, et s'appellent proprement
résines. Elles sont de plus, ou ductiles, ees
tibles de s'étendre , et d'avoir quelque élasticité ,
ou tenaces, et elles portent le nom de cire , ou
cassantes , comme le camphre, Ou grasses et
ouctueuses , et on les nomme benrres. Ces sub-
stances qui diffèrent beaucoup les vnes des autres,
TO
10 PRINCIPES RAISONNÉS-.
ont cependant un grdnd nombre de propriétés:
communes.
Les substances résineuses sont composées d'une
huile et d'un acide, qui les fige , ei les rend com-
pactes. Néanmoins, Boërhave a prouvé , dans
la seconde partie de ses élémens de chimie, que
l'on peut former une substan^e résineuse, en
dégageant la partie aqueuse des parties huileuses,
pures. Cette opération ne peut se faire par la
distillation, parce que l'une de ces parties est non
seulement intimement liée avec l'autre ; mais elle
en est encore altérée , et presque décomposée.
Les résines sont différentes, comme les huiles
qui entrent dans leur composition‘; quoique leur
différence puisse être en partie l'effet de la diver-
Y
sité des acides. Les Tv résineuses ne se
trouvent point dans le règne minéral. A la yénté,
l'ambre et le succin paroissent apr ad de la
nature de la résine ; mais si l'on compare leurs
propriétés , et les expériences qu'on fait sur ces
substances, on trouve des différences palpables,
et qui ont été remarquées par un grand nombre
de chimistes.
L'air que l'on trouve dans les plantes, est un
fluide élastique, ou un gaz, qu'on ne peut en
séparer sans la décomposition totale de la plante ;
ouilest un fluide sans élasticité. HALES et ELLER
MR: L'IACOR I CU:L T OU RE 1
ent fait voir que la partie aérienne ne peut étre
dégagée sans la destruction de la plante. En effet ,
cet air se sépare des corps à l'aide d'un feu violent ;
effervescence et la fermentation produisent le
méme effet. Je ne déciderai pas si cet air se trouve
réellement dans le végétal, et s'il a perdu sa
fluidité et son élasticité , pour y former une sub-
stance compacte , ous'il faut le regarder comme un
nouveau produit. Nous examinerons plus loin les
influences de l'air sur la croissance des plantes.
. La partie spiritueuse, différente dans presque
toutes les espèces de plantes, n'a, pour ainsi.
dire, aucun poids. Cependant elle est dissoluble
dans l'eau comme dans l'esprit de vin , ainsi qu'on
le voit dans les eaux aromatiques distillées. —
Il. paroít que les substances spiritueuses sont
de deux espèces. Les unes ont une odeur agréable,
comme celle que l'on trouve aux huiles éthérées ,
aux baumes et aux résines ; les autres exhalent
une odeur pénétrante et fétide. Les substances
spiritueuses, de même que l'odeur des plantes,
sont augmentées ou diminuées par la culture,
la nature du sol, et par d'autres circonstances.
On voit donc que les plantes peuvent étre privées
de cet esprit, sans être-altérées peur cela. Un
arbre peut aussi perdre son odeur, sans qu'il en
résulte aucun changement dans ses principes." La
; d 4 ' »"
12 PRINCIPES RAISONNÉS
diversité que lon trouve dans ces substances
spiritueuses , parcit venir de la diversité des acides
et des sels combinés avec différentes : huiles.
L'expérience prouve cette opinion, en montrant
que l'acide du sel marin, uni à une substance
infiammable , produit une odeur d'ail. Tous les
acides PA exactemerft. combinés avec de
l'esprit de vin”, rendent une odeur très save 5
les métaux mis dans des acides , répandent une
odeur tantót agréable , et tantót désagréable. De
3 3 unis aux aromates en exaltent
l'odeur , taudis que les alkalis fixes , ou carbonates
de potasse l'affoiblissent, et les huiles distillées
kaki, perde nt leur qualité pénétrante.
Yaiileuzs, on sait que les plantes et leurs huiles
perdent toute leur saveur, quand on les a
privées de cette substauce s spiritueuse, ct que
touie. saveur fem des sels. Cepen ndant on
ne peut se dissimuler que les huiles essen-
tielles , jointes avec des acides trés concentrés ,
perdent leur odeur ; mais ce changement vient
de la conversion de ces huiles en résines, le mdu-
vement violent ayant détruit la combinaison de
leurs parties. Outre que cette substance spiri-
tneuse est bien p lus subtile que celte qui est pro
duite par les fermentations artibcielles , il est
- » T E , WT n 1 4 3 1 Led
ires vraisemblable qu'eile est due à la fermen-
HE ARE
^
DE. LT AS G/RA CU.L^r-U RE. ^£
fation naturelle, qui, pendant la végétation , se
fait dans chaque semence par le concours des
> principes qui constituent cette substance spiri-
tueuse ; l'odeur qui se fait sentir pendant la végé-
tation, en est la preuve. j les expériences de
N. Dalibard viennent à l'appui de cette conjec-
ture.*l a semé des graines de plantes aromatiques
dans un terrein di: les y a laissé croître;
et les plantes qu'il en a recueillies , n'ont eu aucune
odeur ; il y a plus, c'est qu'après les avoir trans-
plantées dans un terrein plus gras, elles ont con-
servé la propriété inodore, tandis que les plantes
de méme espèce qui y étoient venues, avoient une
odeur agréable. En effet, comme la fermentation
‘artificielle est accélérée ou retardée par plusieurs
causes extérieures, il est à présumer que la fer-
mentation naturelle qui se fait dans les semences
des plantes, pendant leur végétation , est de même
augmentée ou diminuée par différentes causes
D bible , d’où il résulte une substance spiri-
tueuse plus ou moins forte. C'est cette substance
que Boërhave a nommée esprit recteur.
On vient de voir, d’après les principes de la
chimie, que les substances résineuses sont compo-
sées d'huile et d'acide ; que les parties savonneuses,
gommeuses et muqueuses sont composées d'eau ,
de terre , d'huile et de sels combinés en différentes
14 PRINCIPES RAISONNÉS
proportions ; il est donc naturel d'en conclure que
ces substances ne doivent pas être regardées
comme les élémens des plantes ; mais qu'elles
eont produites par l'eau, la terre, le sel et l'huile,
diversemént combinés , et élaborés dans les plantes
elles-mêmes, puisque ces substances ne se trouvent
point dans le règne minéral , comme oh la
remarqué.
ES
d
DE CG RUE CU bOEDUIR ED x35
CERTA TL
DES PRINCIPES DE LA V ÉGÉTATION.
O, entend par la végétation , le changement
progressif et la croissance des plantes, que produit
le mouvement des liqueurs , par le moyen duquel
les parties nutritives contribuent à l'augmentation
des plantes, en s'y insinuant de toutes les
maniéres. :
Par principes de la végétation on n'entend pas
seulement les matériaux, mixtes, ou agrécés,
qui entrent comme £élémens dans la combinaison
des végétaux pour € mala àleur croissance;
maison entend encore les choses qui, comme
instrumens , concourent réellement à cette
végétation.
"Un végétal est un corps organisé, qui n'a
point par lui-même la faculté de se mouvoir ;
-mais qui, à l'aide des pores, des ouvertures ou
vaisseaux qui sont à sa surface, peut attirer la
matière qui est propre à le nourrir. On voit,
par cette définition, qu'il ne peut entrer dans le
corps du végétal, que des substances capables
de passer par les plus petits orifices des ouver-
tures ou vaisseaux ; mais, gomme ces vaisseaux;
,
16 PRINCIPES RAISONNÉS
si déliés que l'oeil seul ne peut les appercevoir,
doivent éire proporiionnés aux particules de l'eau
qui y entre imperc ARE ement sous Ja forme d'une: *
vapeur, il faut qu'ils soient de la méme nature
que les pores qui se trouvent sur la peau des
animaux. On sait que la vapeur suffit pour faire
| croître les plantes bulbeuses, et qu'il suffit méme
| de les attacher à la muraille dans un lieu hu-
í mide. Il est donc naturel de conclure que les
plantes n eurent tirer Joni nowrriture que d'une ;
substance trés déliée , très fluidé, et qui est sous
la forme d'une vapeur.
[4 Ji faut pour la végétation et l'accroissement
uer plantes, une substance ropre à les étendre
et à les augmenter: c'est l'opinion de ceux qui
croyent que toute l'agriculture dépend des engrais
ou du fumier.
Je ne prétends point disconvenir que l'eau , en
excitant du mouvement dans le suc muqueux,
et méme dans la substance farineuse, qui se
. trouvent dans la bulbe et dans la semence des
végétaux, ne les fasse contribuer à leur nutrition;
cependant , d’après les expériences que BONNET
a rapportées dans ses recherches sur l'usage
des feuilles, il paroit qu'en enlevant le germe .
d'une féve partagée e deux, le mettent en terre,
et larrosant fréquemment avec de l'eau, il ne
vow
^ r
BET AGRICULTURE 19
laisse pas de pousser et de croître, malgré sa
structure délicate. D'où l’on peut conclure que
les plantes peuvent bien, au commencement de
leur végétation, tirer quelque nourriture de ces
sucs et de cette matière farineuse; mais qu'ils ne
suffisent point pour achever leur croissance. En
effet, peut-on concevoir que d'une trés petite
semence, il püt sortir une grande plante, ou
méme un arbre avec ses branches, ses feuilles e£
ses fruits, sans le concours d'une matière qui
produise de l'accroissement ?
Pour pouvoir pénétrer dans le végétal, par les
orifices et les fibres déliés qui sont à sa surface,
il faut que les substances nutritives soient con-
venablement combinées, dissoutes, et atténuées.
‘il faut méme qu'elles scient unies immédiatement
aux semences et aux plantes qui n'ont point la
faculté de se mouvoir. Voilà ce qu'ont en vue
ceux qui prétendent que c'est en labourant souvent
la terre, qu'on peut la rendre fertile. Il faut
encore une disposition naturelle dans la semence,
pour recevoir la nourriture et pour la porter en-
suite dans la plante. C'est pour augmenter la force
de la semence, que quelques cultivateurs la
trempent , ou emploient d'autres moyens analogues.
Enfin, il faut encore écarter les obstacles qui
peuvent afloiblir ou empêcher la nutrition et la
végétation. B
à
1$ | PRINCIPES RAISONNÉS
Les substances homogènes et similaires pott-
vant seules contribuer à l'accroissement des
plantes , ilest clair que les terres minérales;
ie souffre, les bitumes, les substances métal-
liques et pierreuses ne sont pas propres à la
nouriture des végétaux ; parce que ces substan-
ces n'ont aucune aflinité avec les plantes et
les animaux. Ainsi lorsque la substanee nutri-
tive est d'une nature différente du corps qu'elle
doit nourir , il faut commeneer par dégager
ceite substance de ce au'elle a de contraire,
pau la rendre capable de nourir. Il est bon
d'observer que les E se nourissent et s'ac-
croissent plus vivement et plus promptement
d'une substance qui leur est déja similaire ,
ou analogue , que de celle qui doit être mo-
difiée ou dégagée de ses parties hétérogènes.
L'expérience nous apprend qu'une substance grasse
et huileuse est plus propre que l'eau pure à faire
croitre les végétaux.
J'ai dit plus haut, que les substances nutri-
tives des plantes ne peuvent entrer par leurs
pores , qu'après avoir été dissoutes et atténuées:
or l’eau possède cette faculté en se réduisant en
vapeur ; c'est donc elle qu'il faut employer à ”
cet usage. Les sels ont aussi la méme faeulié ;
car ils entrent dans la combinaison des huiles
BG TOM GAME CU EL TU RE o"
et servent à rendre les parties grasses miscibles
avec l'eau. Ce sont ces moyens que je nomme
instrumentaux , parce qu'ils servent à la divi-
sion et à la combinaison des particules des sub-
stances qui servent à la végétation.
Les substances nutritives et instrumentales
n'ont par elles-mêmes aucun mouvement, et
sont purement passives; il leur faut donc un
agent qui leur imprime le mouvement , les fasse
agir les unes sur les autres, pour opérer la dis-
solution , l'atténuation, et la combinaison, et
les porte à la surface du végétal. Cette puissance
agissante;- qui ne peut être que l'air modifié par
la chaleur, de laquelle dépend tout mouvement
et toute fluidité , méme dans l'air ; je l'appelle
l'agent extérieur.
Quoique les plantes soiént des corps orgánis
sés , elles ne sont point pourvues d'un instru-
ment, qui, comme le cœur des animaux , ré-
pandent les liqueurs jusqu'aux extrémités du
corps. Il leur faut donc un autre principe agis-
saut , par le moyen duquel elles attirent les
substances propres à les nourir, à les distribuer
;et à les multiplier. Mais ce pz rincipe est double:
l'un est intérieuf: il tient à la nature de là
"plante elle-même, il est dà à l'énergie qu'à
chaque plante pour s'accroítre et se multiplier,
B 3
20 PRINCIPES RAISONNÉS
L'autre est extérieur , et dépend de la cause
agissante externe , e'et-à-dire, de l'air modifié
par la chaleur.Ce principe est incapable denerien
effectuer, si le principe intérieur n'est mis en
action , et ces deux principes s'entr'aident mu-
tuellement. |
Il] y a plusieurs obstacles qui contribuent à
afoiblir , à altérer, détruire les causes agissantes
et les causes passives. L'expérience nous apprend |
que ces obstacles sont dus principalement, ou à
la trop grande humidité, ou à la trop grande
sécheresse, ou à une certaine acidité , ou à
quelque altération , ou enfin à des causes qui
empéchent le concours des principes agissans.
Mais ces obstacles varient en raison de la di-
versité des principes actifs ou passifs, et l'on
peut les écarter d’après leurs qualités, et les
effets qu'on leur voit preduire. |
DD OAIGRICU LMUIR:E. 23
CHAPITRE 1I
DE LA FACULTÉ INTERNE QU'ONT LES
PLANTES DE SE MULTIPLIER.
O, a vu dans le chapitre précédent que les
végétaux avoient la double faculté de se nourrir
et de se multiplier. Celle-ci paroît dépendre de la
premiére: car l'expérience a fait voir, que sou-
vent la faculté nutritive étant très forte, la faculté
multiplicative est tres foible, et que cette derniere
venant à cesser, la première n'en est point dé-
truite. Il y a des plantes qui ne donnent du fruit
qu'au bout d'un an et plus; d'autres tendent plu-
tót à se nourrir et à s’aceroître qu'à produire du
fruit. Examinons d’abord en quoi consiste dans les
plantes la faculté de se multiplier.
On connoit par les observations , que les plantes
ne se multiplient pas seulement par la semence,
.mais encore par l'inoculation , par la greffe ,
les feuilles , les racines , par l'écorce ; ou par les
nœuds. On voit par-là que la faculté multi-
plicative des végétaux , est renfermée dans tout
le corps du végétal , comme dans la semence.
. Les expériences de Chrétien WOLF prouvent qu'il
y avoit une faculté multiplianie dans les ar-
ticulations ou jointures inférieures d'un tuyau
B 3
22 PRINCIPES RAISONNÉS
de bled , et que ees jointures peuvent être re-
gardées comme des réservoirs de semence propres
. . X
à produire de nouvelles racines et de nouveaux
épis. La faculté multi plicative qui se troave dans
le corps de la plante et dans ses parties prove-
nant de celle. qui réside dans la^ graine: l'ordre
demande que nous examinions d'abord celle-ci.
En considérant la structure des graines des vé-
gétaux , on trouve qu'elles sont composées, de
pellicules, d'un germe , d'un lobe, et de la racine.
Les pellicules ne sont que des enveloppes qui ne
contribuent pasà la plante qui doit venir, puis-
qu'on les trouve attachées àsa racine. Le lobe com-
posé d'une substance farineuse , sert à la nou-
riture du germe , sur-tout avant son développe- |
ment: mais comme nous avons des expériences
qui prouvent que cette substance farineuse se
vide et disparoît, c'est dans le germe que nous
devons chercher la plante qui doit naître.
^ Par l'analyse chimique des graines des plantes
farineuses de la nature du bled, par exemple,
pour connoître leurs parties constituantes; on
trouve qu'en lavant ces graines avec de l’eau
pure, on n'en tire aucune substance saline, lors-
qu'elles sont parfaitement mûres ; tandis que
celles qui ne le sont point, communiquent un
peu d'acidité à l'eau. On trouve encore, qu'en
-
-—
Dr L'AGRICULTURE. 23
les faisant macérer dans l'eau, on obtient une
grande quantité de substance muqueuse ou gom-
meuse, selon qu'elles sont bien mures et que
la fdrine est plus pure.
En distillant cés graines , on obtient d' abord
un esprit acide huileux , ensuite une huile , et
il reste une terre.
A feu nu, ces graines donnent dela fumée
et noircissent; si l'on augmente le feu, elles.
s'enflamment et se convertissent en charbon;
et après que les parties huileuses et volatiles
en ont été expulsées, elles donnent une petite
quantité d'une terre blanche, qui se change facile:
ment en verre. Cette portion de terre est d'autant
plus petite et plus vitrifiable, que la graine a été
plus nourrissante. Ainsi le riz fournit beaucoup
moins de terre, et plus aisée à fondre, que le
froment , et celui-ci , que l'avoine &c. D'où je
conclus , que la substauee farineuse est com-
posée d'une terre , produite par le mouvement
interne de l'eau, et combinée avec une grande
quantité d'huile, laquelle prend aussi, par le
mouvement, la consistance d'une terre compacte
mêlée d'une eau acide. En effet, les expéri-
ences rapportées dans le vingt-unième volume
des mémoires de lacadémie de Suède, font
*oir, me l'eau se convertit , par le mouvement
B 4
24 PRINCIPES RAISON NÉS
en une terre: vitrifiable , À les huiles en une
terre inflammable. |
Voici ce que l'expérience nous apprend de la
faculté de se multiplier qui réside dañs la
graine des végétaux: elle n'agit point parelle- *
méme, à moins qu'uue cause agissante exté-
rieure, qui est l'air chaud , ne vienne la mettre
en action, ou la développer. L'air et la cha-
leur , sans le concours d'une quantité convenable.
d'humidité qui puisse dissoudre , atiénnuer , et
rendre les parties plus mobiles , ne fercient point
agir cette facylié, parce que les graines n'en-
trent pas en végétation tant qu'elles.sont dans
des lieux secs. Cette faculté multiplicative dé-
pend non seulement de l'humidité, mais encore
de la quantité suffisante et de la propriété in-
terne de la substance farineuse ou de celle qui
sert à la nourriture iniérieure de la graine.
Aussi , ne regarde-t-on comme fécondes, que
les graines qui sont grosses , pesantes, remplies
de farine, qui s'écrasent avec bruit sous les
doigts, et qui tombent au fonds de l'eau ; tandis
qu'on regarde comme peu fécondes, celles. qui
sont petites, ridées, légères, peu remplies, qui
s'aplatiseent sous les doigis sans se crever, et
qui nagent à la surface de l'eau.
In observant ce qui se passe dans la végé-
»
DE L'AGRICULTURE. 25
tation de ces graines , on trouve qu'elles se
gonflent peu à peu par le concours de l'humi-
dité de lair et dela chaleur; preuve que l'hu-
midité est entrée dans leurs pores. On sappercoit
ensuite que la chaleur interne devient! de plus
en plus sensible , phénomène que l'on découvre
aisément dans un tas de bled qui germe, et du
quel il sort une odeur particulière ; il s’y fait
un changement dars le goüt, dans les sucs
intérieurs, et l'on appercoit les premiers vestiges
de la racine et de la feuille. Ce mouvement
continuant , on voit l'enveloppe ou la pellicule
se vider, les racines et les feuilles s'étendre et
s'augmenter dans la méme proportion, et le suc
intérieur prendre un goût différent. Toutes ces
observations et beaucoup d'autres prouvent qu'il
se fait dans les graines, qui végètent, un mou-
vement interne , qui fait subir des altérations
différentes suivant la nature de,chaque plante,
et qu'il se fait une vraie fermentation qui a
toutes les qualités de celle que la Chimie nous
apprend à connoítre: d’où je conclus que la fa-
culté de se multiplier consiste dans un mouve-
ment de fermentation, et dépend de la matière.
fermentative qui, pendant la végétation, se com-
unique à chaque graine, suivant sa nature
particulière.
E
26 - PRINCIPES RAISONNÉS
A la suite de ce qui vient d'étre dit , nous
remarquerons encore que les principes matériels
tant actifs que passifs de la fermentation, sont
dans L A et dans la sbve; que tous les
sucs tirés par expression sont par eux-mêmes
susceptibles de fermentation; que ces sucs ne
peuvent être ni atténués, ni combinés les uns
avec les autres , sans un mouvement interne;
enfin, qu'une substance spiritueuse est produite
par cette fermentation naturelle , comme dans
la fermentation artificielle. Toutes ces observa-
tions conspirent à donner de la certitude à la
doctrine que je viens d'établir. D'ailleurs ce
sentiment a été adopté par plusieurs natura-
listes célèbres , tels que Malpighi, Digby , Rédy,
Lemery , Vallemont , Homberg , Eysfarth ,
Marzuchi , Kiesling , Kraft &c.
Les différentes saveurs et odeurs que rendent
les difiérens végétaux, meitent en droit d'en
conclure , que ces fermentations varient dans
chacun d'eux. C'est sur ce principe qu'est fondé
l'art de greffer. Car je ne vois pas qu'on puisse
expliquer autrement qüe par un changement
qui s'opère dans la fermentation du bob
de la feuille ou de la branche, le change-
ment total dans le goût, et dans les qualités
de la sève d'une branche , ou d'ux arbre à la
MEL AGRICULTURE. 27
suite de la greffe pratiquée par les jardiniers.
D'ailleurs le simple mécanisme ne suffiroit pas
pour rendre raison d'un pareil changement.
Il n'est pas aisé de décider quelle est la ma-
tiere qui met la graine en fermentation , et*
de laquelle dépend la diversité que lon trouve
dans les plantes. S'il m'est permis de hasarder ici
mon opinion, je crois que ce levaiu est la pous-
sière des étamines qui sert à la fécondation des
graines , lorsque les plantes germent: cette pous-
sière aprés avoir été purifice, s'élève de même
que la levure, et se communique à la graine
qui n'est point encore développée.
Ce systóme de la fermentation peut, ce me
semble, expliquer pourquoi les petites racines et
les germes dout les fibres ont pourtant une origine
commune, ont une direction opposée, les plantes
s'élevant tandis que les racines s'enfoncent. En
eflet, par le mouvement de fermentation qui
commence au milieu de la graine , il faut né-
cessairement que la partie la plus légère monte,
et que la plus pesante descende : mais ces par-
ties supérieures et inférieures de la graine ne dé-
pendent point des causes extérieures, il faut donc
qu'elles dépendent de la structure interne et de
- la disposition mécanique des parties et des fibres.
Je laisse à d'autres physiciens plus instruits
|
;
^
28 PRINCIPES RAISONNÉS
que moi, à décider la question. C'est ce mou-
vement de fermentation qui fait que les bleds
recueilis dans un été humide, sont moins dis-
posés à la fermentation, qu'exige le pain; ces
sortes de bleds ayant déjà subi une première
fermentation, ils ont déjà éprouvé du change-
nint dans leurs propriétés originelles. Au reste,
on peut leur rendre le mouvement de fermen-
tation nécessaire pour faire du pain, en leur
joignant un levain plus actif, et en prolongeant
le tems de la fermentation. Ainsi la fermenta-
tion naturelle des plantes de méme que leur fa-
culté multiplicative et la végétation des graines
peuvent êire non seulement changées et diver-
sifiées par l'addition d'un levain différent; mais
on peut encore les augmenter ou les diminuer,
tant par des causes intérieures, que par des
causes extérieures.
La faculté multiplicative des graines peut
être aidée et augmentée , d'abord, par la ma-
turité , qui perfectionne leur. disposition méca-
rique, qui élabore complettement le suc nourri-
cier et les rend plus propres à la fermentation.
Ainsi pour semer, ii faut choisir des ‘graines
bien müres. On ne peut done donzer trop d'é-
loges aux laboureurs , qui, aprés avoir mis leur
2M
bled en gerbe, le mettent à couvert , et le
bua T A-OGORCÜOL TU RE. 29
laissent encore quelque tems exposé à l'air pour
le faire mürir d'avantage.
En second lieu, on augmente la faculté multi-
plicative des graines, par un degré de chaleur
convenable , parce que sans la chaleur on ne peut
exciter ni mouvement, ni fermentation, consé-
quemment point de germination. On verra , dans
le chapitre suivant , quel degré de chaleur il faut
pour cela. Un épi de bled étendu sur la terre,
avant, ou aprés avoir germé, ne donne que des
grains inféconds , ou incapabies de se multiplier.
Cela vient du manque de chaleur , parce qu'étant
près de la terre , ils ne sont pas suffisamment
échauffs de tous les cótés. Les arbres sont ordi-
nairement plus vivans, et plus chargés de feuilles
du côté du midi. Ainsi, quand on voudra semer ,
il faudra choisir la graine, qui a été, autant qu'il
est possible , échauffée et mürie de tous les côtés
par le soleil.
Troisiémement, la faculté multiplicative des
graines est augmentée , par une graisse et une
humidité convenable dans le terrein. Car, toute
fermentation exigeant une quantité proportion-
nelle de parties humides , salines et huileuses, la
faculté multiplicative des graines exige pareil-
lement une quantité convenable de ces principes
et appropriée à leur nature. Il ne faut donc pas
20 PRINCIPES RAISONNÉS.
s'étonner, si trop d'humidité et trop de graisse
étouffent les végétaux , ou ne leur font produire
que des graines infécondes , et qui ne mürissent -
pas. Dans cet état , les plantes surchargées d'hus
midité , ne peuvent parvenir à maturité ; tout se
porte à la croissance et à la paille, et rien à la
fructification. Par la méme raison , les graines
semées dans du fumier , produisent rarement, Ou.
jamais des graines müres. Mais il faut remarquer
que la quantité de graisse et d'humidité varie
considérablement , suivant :la nature de chaque
plante. L'expérience seule peut indiquer celles
qui en demandent plus ou moins. Elle nous ap-
pread, que pius les. graines sont farineuses Let
nourissantes , plus elles exigent d'humidité et de
chaleur: le contraire à lieu, pour les graines:
aoins farineuses. D'après cela , on peut.se faire
une regle pour choisir les graines que l'on veut
semer.
Quatrièmement , enfin, on peut augmenter la
faculté multiplicative, par un levain, ou matière
fermentante convenable, qui, pour se joindre à
la graine, demande un tems serein , lorsque les
plantes cgmmencent à pousser. Ta
Ce qui vient d’être dit, suffit pour faire cons
noftre , s'il est vrai que le changement de terrein
et de climat contribue à la multiplication des
LD PASGRIGQULTURE - 91
plates. Nous en parlerons par la suite avec plus
d'étendue, et nous examinerons si cette multi-
plication peut étre favorisée par l'art.
| oyons maintenant, comment la faculté mul-
tiplicative dans la graine , est diminuée.
19. Par son immaturité > comme nous l'avons
vu plus haut.
29. Par le froid , ou par le "défaut d'une chaleur
convenable. Ainsi, le voisinage des forêts nuit
aux terres, à cause du froid et de l'ombrage
qu'elles occasionnent.
3e. Par la sécheresse et l’aridité du sol: pär-
ce que les plantes qui croissent sur un terrein
stérile , employent nécessairement tout leur tems
à changer la matière nutritive, et la graine en
est moins féconde.
4%. Par le défaut d'un levain, ou d'une ma-
tière propre à exciter la fermentation.
59. Par la vieillesse; en effet , sur ce point les
plantes paroissent avoir de lanalogie avec les
animaux : la vieillesse leur óte de plus en plus la
faculté de se reproduire. Dans. cet état, la partie
humide et huileuse en est dissipée , et il est pos-
sible que le levain soit, à certains égards, sujet
à se corrompre. D'après cela , on ne peut admettre
l'opinion de ceux qui prétendent quil vaut mieux
employer de vieilles graines; pour ensemencer les
^
42 | PRINCIPES RAISONNÉ SN
terres: opinion qui est contredite par l'expérience
et par la raison.
6°. Enfin, la faculté multiplicative des graines.
est diminuée, par le changement du climat ; sur-
tout lorsqu'on fait passer les plantes d'un climat
chaud à un climat froid. I] en est de méme des
animaux , tels que les beeufs et les chevaux que-
l'on transporteici(ez Suède) et qui y dégénèrent
en peu de tems. Les cultivateurs, par exemple ».
qui font venir de la Podolie du bled pour le semer
ici, y trouvent , sans doute, du profit la première
année; mais la suivante , ils perdent tout le fruit
de leurs travaux, parce que la faculté multipli-
cative s'affoiblit , en raison de la diminution de la
chaleur et de la graisse du terrein.
De nombreuses disputes se sont élevées de nos
jours , pour savoir, s'il étoit possible que la diffé-
rence du sol, du climat et de la semence pro-
duisit un changement dans la graine. Pour moi,
je crois que l'expérience et l'observation, bien
pius que le raisonnement , sont faites pour décider
la question. Nous sommes bien loin d'avoir dé-
couvert tous les secrets de la nature. Je pense
qu'une seule expérience, faite avec soin et qui
constateroit clairement ce changement , suffiroit
pour terminer la querelle: certainement, un
grand nombre. d'expériences manquées ne font
DE L'AGRICULTURE 33
rien conclure , si non que cetie sorte de transmu-
tation ne réussit pas en tout tems et en tous
lieux. C'est donc s'opposer aux progrès des connois-
sances , et aux moyens de constater la vérité , que
de, détourner les hommes de ténter de pareilles
expériences. Quel jugement fa@t-il porter de
ceux qui veulent persuader aux autres qu'ils
connoissent suflisamment les voies incompréhen-
sibles qu'emploie la nature pour la génération,
dans les divers régnes , comme dans un seul? De
tout tems le charlatanisme des faux savans a mis
des entraves à la recherche de la vérité; c'est le
fléau destructeur des connoissances humaines.
Espérons que de nouvelles expériences ameneront
la décision de cette importante question.
Li
34 PRINCIPES 'RAISONNÉS
CHAPITRECIY.
DE LA CHALEUR, COMME UN DES AGENS QUI
CONTRIBUENT A LA V ÉGÉTATION.
Js plantes 2 ainsi que les animaux , ne peuvênt
vivre sans chaleur. Dans l'automne, lorsque la
chaleur diminue, la végétation devient languis-
sante, la couleur des plantes disparoit, et se
ranime au retour de la chaleur. Dans les étés
froids, les plantes croissent avec pius de lenteur:
et parviennent plus promptement' à la maturité ,
dans les étés chauds; la chaleur contribue donc
beaucoup à la végétation et à la croissance des
piantes.
Pour connoitre comment s'op?re ce phénoméne,
il faut distinguer deux espéces de chaleur: l'une,
contenue dans l'air, l'autre dans la terrequi s’elève
en haut. Voyons quels effets ces deux espécés de
chaleur produisent sur les plantes, sur la terre,
dans laquelle elles croissent, et sur l'air qui les
environne.
L'expérience et la théorie font voir que la
chaleur agit de deux manières sur les plantes; 1°.
réellement et formellement , en ce qu'elle produit
et favorise le mouvement des sucs: car la cessa-
tion de la chaleur occasionne celle du mouvement ;
conséquemment il v a aussi cessation dans la
= L’'AGRIGUETUREE. 35
nadüebture et dans l'accroissement. L'eau et les sucs
restent sans mouvement dans les fibres, et s'y
corrompent, dés que la chaleur manque, et si
le froid vient à s'y joindre, ils se convertissent
en glace. De plus, sans le secours de la chaleur ,
les substances nutritives ne peuvent être appro-
priées ou assimilées aux végétaux, comme nous
l'avons fait voir plus haut: et sans elle, leurs
principes internes ne sont point mis en action.
2°. La chaleur agit matériellement sur les
plantes, en leur communiquant une substance
nutritive inflammable. La chimie physique dé-
montre que la chaleur consiste dans le mouvement
du calorique , et que la formation d'une sub-
stance grasse et huileuse, n'est due qu'à une
matière inflammable combinée avec l'eau par
l'interméde du sel. Aussi Kulbel , dans son traité
de la fertilité , a-t-il conjecturé que les huileset les
matières grasses, sont produites par la terre grasse
et inflammable. J'aurai occasion, par la suite,
de m'étendre plus amplement sur cet obiet.
La chaleur de l'air et celle de la terre agissent
de deux facons sur la terre elle-même. D'abord
d'une manière réelle et formelle, en résolvant en
vapeur l'eau et la partie grasse de la terre, et en
les poussant vers la surface des végétaux. Cet
eflet est dà particuliérement à la chaleur sou-
C3
36 PRINCIPES RAISONNÉS
terraine, qui, au défaut de l'eau qui vient de
l'air, évapore l'humidité qui se trouve par-tout
dans la terre, et la porte vers la racine des
plantes. Cette chaleur souterraine empêche encore
que le froid ne saisisse et ne glace tous les sucs
végétaux.
En second lieu, la chaleur de l’air et celle de
la terre, agit sur la terre elle-même d'une manière
matérielle , en combinant la partie inflammable, -
qui se trouve , et dans la terre méme et dans
l'air, avec la partie grasse du sol, qu'elle rend
par-là plus fertile et plus nourrissant. Remarquons
encore que la substance spiritueuse du règne végé-
tal se combine avec les susbtances huileuses;
voilà pourquoi les terrains gras sont toujours plus
chauds que les terrains arides et secs: c'est que
dans un terrain qui manque de graisse , la sub-
stance inflammable ne peut point se combiner;
parce qu'alors elie n'a point de substance analogue
àvec laquelle elle puisse former de l'union.
La chaleur agit sur l'air d'une manière réelle,
soit en l'atténuant , pour faciliter son mouvement,
ainsi que celui des sucs dans les végétaux, soit
en favorisant la végétation, à l'aide des vapeurs
qu'elle éléve.
La chaleur agit matériellement sur l'air, de
deux manières; la première , en combinant les
^ edi
DE L'AGATCULTURF 37
molécules aqueuses ou les vapeurs, et les molé-
cules inflammables, de facon à produire un prin-
cipe salin , que quelques-uns ont. nommé sel
aérien ; la seconde, en ce que cette chaleur combine,
à l'aide de ce sel, les molécules aqueuses, de
manière à produire une huile très ténue, que
l'on pourroit appeller avec raison, huile étAérée,
ou vo/atrle. |
La chaleur ne sauroit exercer ses diverses facons
d'agir, sans une force proportionneile à la nature
de chaque plante, parce qu'elles différent toutes
par le degré de froid qu'elles peuvent supporter.
Cette diversité dépend du plus ou du moins
d'énergie dans la faculté multipliante.
En général, la chaleur doit étre à un degré
tel qu'elle pénétre à travers l'écorce dela plante,
et se fasse sentir jusques dans son intérieur. Elie
nuit aux plantes, quand elle est trop forte, parce
qu'alors elle force la substance nutritive de sortir
de la terre en forme de vapenrs ; les sucs et les
fibres des végétaux desséchés, ne peuvent être
atténués , et s'épaississent. La trop grande chaleur
produit le même effet sur les animaux, en épais-
sissant pareillement leurs humeurs. La chaleur
trop foible nuit aussi aux plantes, parce qu'alors
le mouvement des sucs nourriciers est affoibli,
ou méme totalement arrété,
C 3
938 PRINCIPES RAISONNÉS
Quelques philosophes ont nommé esprit du
monde , la substance de laquelle tous les corps
vivans de la nature tiennent la vie, l'accroissement
ct la conservation; mais c'est à la chaleur que ces
citets sont düs. Il paroît que cet esprit du monde
n'est autre chose que la matière de la lumière ou
de la chaleur, le caZorigue ( suivant la nouvelle
nomenclature chimique), combinée avec les parties
invisibles de la matière inflammable. En effet,
la chimie prouve que la matière échauffante,
ou le VY MT est le résultat de la combi-
naison de la lumière avec la substance inflam-
in3ble, on le principe hypothétique de STHAL.
E
DE L'AGRICULTURE. 29
LAILAPITBBZIGE.NXM.
DE L'AIR, CONSIDÉRÉ COMME UN MOYEN
QUI CONCOURT À: LA VÉGÉTATION.
| WES physiciens et les chimistes ont observé ,
depuis long-(ems, que, sans le concours de l'air,
où dans un lieu qui en est privé , les graines ne
peuvent point germer , ni les plantes Po Pour
se faire une idée claire de l'influence de Fair sur
la végétation , il faut le considérer sous deux
aspects différens ; comme pur et dégagé de toutes
substances hétérogènes ; sous cette forme, il prend
le nom de zatére éthérée, ou de gaz oxigène ;
ou comme combiné avec des substances étrangères :
et alors on le nomme arr atinosphérique.
Le gaz oxigène, ou l'air pur et élastique,
contribue à la végétation, parce qu'il favorise
la fermentation intérieure des sucs, par là faculté
qu'il a d'atténuer et de, diviser , qui dépend de
la : chaleur , et par celle de les épaissir, qui
dépend du froid. Il est certain que l'air élastique
est aussi nécessaire à la vie des plantes qu'à la
circulation des fluides, et à la respiration des
animaux.
L’air atmosphérique est celui que les animaux
*
v su
40 PRINCIPES RAISONNÉS
respirent , et dans lequel les’ plantes germent ,
vivent et végètent. Pour connoîire en quoi l'air
contribue à la végétation, il faut en examiner
les parties séparément.
Les molécules, que la respiration, ou léva-
poration a portées dans latmosphere, et qui
viennent , soit de la terre elle-même, soit des
corps qui sont à sa surface , ne peuvent être que
des molécules plus légères que l'air, mais parmi
lesquelles nous ne connoissons que les molécules
inflammables pures, qui soient réduites en va-
peurs , et volatilisées à l’aide de la chaleur. Parmi
ces molécules , l'on doit compter ; 1?. les particules
aqueuses, dont une quantité borne est conti-
nuellement volatilisée et pad » de la mer,
des lacs ; des rivières et de tous les corps de la
nature, par la chaleur ; 2°. les particules inflam-
mables , qui se dégagent d'elles-mómes des. corps,
et sur-tout de la terre, pour se répandre dans
l'air, et lui communiquer toute sa chaleur ; 3°. les
particules huileuses et grasses, qui, aprés avoir
été résolues en vapeurs, et volatilisées par. la
chaleur, passent en si grande quantité dans l'air,
que JUNKER et d'autres chimistes ont regardé
l'air comme le réservoir et le sié(ze naturel des
parties huileuses et inflammables ; cette vérité est
rendue palpable non-seulement par la chaleur;
è
DÆ L’AGRICUETURE. 4i
. mais encore par les éclairs, les tonnerres et les
autres météores; 4?. les particules salines qui
contiennent'un acide trèssubtil et un acide volatil,
et qui sont par elles-mêmes fluides, spiritueuses ,
et sous la forme de vapeurs, mais qui paroissent
s'élever en moindre quantité dans l'air, puisqu'on
n’en trouve que de très foibles vestiges dans l'eau
qui en tombe. C’est une erreur de prétendre que
l'air renferme du nitre, du soufre ou d’autres
substances compactes , parce que les corps de cette
espèce, dans leur état de combinaison , ne sont
pas même susceptibles d'évaporation.
D'après ce principe , je crois que les particules
terreuses, quelque déliées qu'on les suppose , ne
s'élèvent point dans l'air, pour y rester suspendues.
Je coüviens que dans la partie inférieure de notre
atmosphère , il peut voltiger des particules de terre
très déliées; je ne nie pas non plus que la fumée,
qui, par l'analyseque l'on fait de la suie , contient
des particules terreuses, n'en porte une certaine
quantité dans l'air; mais on sait que ces par-
ticules sont , ou inflammables par elles-mêmes,
ou combinées avec quelques parties inflammables,
et qu'en conséquence elles nagent à la surface
de l'eau , sôus la forme d'une poudre très fine.
On sait encore que, lorsque ces particules se
sont élevées jusqu'à une certaine hauteur, par
42 PRINCIPES MAISONNÉS |
le moyen de l'air ou de la chaleur, ou d'une.
substance inflammable, elles retombent eusuite
peu-à-peu. Pour s'en convaincre, il n'y a: qu'à
étendre du linge blane, ou des glaces polies ;
lorsque l'air est serein et tranquille, ils se couvri-
ront deces particules terreuses, sous la forme d’une
poussière très fine. C'est done sans aucun fondement
que quelques écrivains ont supposé que l'air
renfermoit une substance nitreuse, qui étoit le.
principe de la végétation ; et que d'autres ont
cru que les plantes étoient nourries. par des par-
ticules terreuses qui se trouvoient dans l'air, ou
qui y avoient été portées. À
Les corpuscules formés dans l'air, que Ton
découvre dans l'atmosphère , et qui sont produits
par une nouvelle combinaison des particules
évaporées , auxquelles le mouvement et frottement
ont fait subir divers changemens , sont ; 1° des
acides qui sont dûs à une matière inflammable,
très subtile , combinée avec des particules aqueuses
en vapeurs , et pourvues d'élasticité. C'est . de-là
que l'on donne à ces acides le nom d'acide uni-
versel et primitif. Les observations électriques ,
ainsi que l'acide qui se trouve dans quelques
plantes , semblent indiquer que cet acide universel
a de lanalogie avec l'acide sulfurique ; 2°. des
parties grasses et huileuses, formées par une cer-
DT D'AGRTCU LTURE. 43
taine huile; que je nommerai orzzinelle, qui
paroît avoir été produite dans l'air même, d'une
substance inflammable , au moyen de /'acide
carbonique ; mais qui ne se trouve dans l'air
que sous la forme d'une vapeur ; 3?. des particules
sulfureuses et électriques formées par la combi-
naison de l'acide, carbonique avec une matière
inflammable. J'observerai que les parties inflam-
mables ne sout point produites , mais qu'elles
doivent étre regardées comme des élémens, qui,
par la circulation continuelle, sont portées de
la terre dans l'air, et vice versé.
D'après ce qu’on vient de dire, je conclus, que
les particules formées dans l'air, différent de celles
qui ont été formées par l'évaporation, non-seule-
ment parce qu'elles se forment dans des lieux dif
férens et d'une manière différente , mais encore
parla nature et les diverses propriétés de ces par-
Aicules, comme le prouvent assez les effets mer-
veilleux du soufre aérien, et les météores. On
peut donc conclure que l'air , en tant que composé ,
contribue à la végétation de deux manières; pre-
Mmièrement , par les variations qui y surviennent,
et par le mouvement plus ou moins fort que les
vents y excitent. On ne sauroit deuter que les
variations de l'air ne dépendent de la nature des
vapeurs, de l'abondance ou du défaut ‘+ parties
44 PRINCIPES RAISONNÉS
aqueuses, des parties inflammables , du froid et
du chaud. Mais tout le monde sait que les varia- -
tions de l'air, et la diversité des vents contribuent
à la végétation, et que les végétaux ne peuvent
croitreavec vigueur, nidans un air continuellement
sec, ni continuellement humide. Ces variations
servent tantót à favoriser, tantót à retarder
l'évaporation , à purifier les substances nutritives,
et à les faire entrer dans les plantes, ou à les
débarrasser de celles qui sont nuisibles. En second
lieu, l'air, par son mouvement , sert à diviser,
atténuer et combiner, soit les particules qu'il
renferme , soit celles qui y sont portées par l'éva-
poration , scit celles qui se forment en lui.
Enfin l'air contribue matériellement à la végé-
tation , en lui fournissant les substances nutritives
dont il s'est, chargé par l'évaporation ; telles sont,
les parties aqueuses qui tombent , et.qui se joignent
aux plantes, soit sous la forme d'une vapeur , soit
sous une forme épaissie, soit sous celle de la gelée,
dans la rosée, le brouillard, la pluie, la neige, :
etc. , les parties inflammables, qui sont agitées ,
chassées par le mouvement de l'air, et qui sur-tout
éprouvent l'actión des rayons du soleil. Les parties
huilewses subtiles qui sont poussées par le mouve-
ment de l'air, mais qui retombent en méme tems
que les partiesaqueuses , et que l'art est parvenu à
-*
DE L'AGRICULTURE. 45
séparer des eaux aériennes. As oilà pourquoi les eaux
du ciel sont si sujettes à se corrompre, ‘et sont
si propres à fertiliser la terre. STHAL , dans son
traité de la fermentation, a pensé que ce sont
ces parties huileuses et inflammables, qui servent
à l'entretien et à la nourriture des arbres rési-
neux , tels que les pins, les sapins, les genevriers,
etc. , qui croissent dans des terrains maigres, sa-
blonneux et remplis de cailloux , et qui cependant,
contiennent plus de parties grasses que tous les
autres arbres. En effet , d’où pourroient-ils tirer
la partie grasse et inflammable donf ils abondent ?
Enfin les parties salines qui retombent pareille-
ment avec les parties aqueuses, et qui sont peut-
être l'interméde qui sert à lier les parties huileuses
avec les ee aqueuses.
Les expériences d'UnBAIN HIARNE , et de
MaAnGRAF, prouvent que l'on peut tirer une
portion d'acide nitrique, et d'acide muriatique
de soude, des eaux du ciel. On sait qu'après
le tonnerre, on s'appercoit d'un acide sulfurique
trés subtil ; et l'on peut conclure que cet acide
se combine avec les plantes par le su/fate de
potasse, ainsi que par.un acide semblable à
l'acide sulfurique , qui se trouve dans le chêne,
et dans quelques autres arbres.
Les observations font voir, que les plantes que
»
46 PRINCIPES RAISONNÉS
l'on conserve dans les maisons, ne croissent que’
très lentement et demandent l'air libre, quoiqu'elles
ne manquent ni de vapeurs, ni de chaleur, ni
d'air. On voit aussi que les graines des plantes
ne germent que tres lentement , ou*méme point
du tout dans un air stagnant, quoiqu'il y ait des
vapeurs et des exhalaisons. Ajoutons que les ani-
maux ne peuvent vivre long-tems dans le méme
air, qui nuit à la conservation de la vie, lors-
quil a été SR Me la respiration réitérée.
Le sang exposé à l'air, est d’un rouge très vif,
et le perd quand on le prive du contact, de
l'air.
Quelques philosophes ont cru , qu'indépen-
damment de l'air et des diverses exhalaisons ,
l'atmosphère fournissoit encore une substance
nourrissante propre à ranimer la végétation, et
à conserver la vie des plantes et des animaux;
cette substance, ils l'ont nommée, Paprès le
Cosmopolite, la gourriture occulte de la vie ;
mais comme , à l'exception des exhalaisons, il
n'existe, dans l'atmosphère, d'autre substance
ncurrisante que l'acide formé dans l'air, et les
parties huileuses et inflammables ; j'en conclus
que la nourriture occulte de La vie consiste uni-
quement dans les parties huileuses et sulfureuses ,
ou inflammables , ou électriques, qui se forment
^
DTA GREC UÙ L TU RE: 4Y
dans l'air, et qui tirent leur origine de l'ame du
monde.
La substance nourricière cachée , de méme que
les exhalaisons, concourent à la fois à la germi-
nation et à la végétation des plantes, ou immé-
diatement ; car ces substances entrent par la
succion dans le corps de la plante, par les vais-
seaux. propres à les attirer, et se joignent aux
sucs qui y circulent : c'est pour cette raison que
les arbres cessent de croitre, quand on les a
dépouillés de leurs feuilles; et plus ils ont de feuilles,
plus ils sont gras, comme le pin et le sapin ; ou
médiatement, en ce que ces substances sont com-
muniquées à la terre, etla rendent fertile. L'ex-
périence prouve que la terre inféconde , qui est
placée dans la profondeur, devient fertile
en peu d'années, quand elle est exposée à l'air;
preuye que la terre se charge des substances aé-
riennes. Leseaux dn ciel, imprégnées des substances
formées dans l'air et des exhalaisons, possèdent
Ja faculté de fertiliser ; elles ont de plus, la pro-
priété de dissoudre , et de combiner les substances
hétérogènes, pour les rendre propres à la végétation,
L'air et les substances qu'il contient , ne sont
pas de la méme nature en tout temps et en tout
lieu: on y trouve des différences considérables ,
selon le plus eu le moins de chaleur du climat ,
PRINCIPES RAISONNÉS. 48
ou de la température. Cette différence dépend de
la plus ou moins grande quantité de molécules in-
flammables qui produisent la chaleur. C'est peut-
- être la raison pourquoi le zapel est moins vénéneux
dans les contrées du Nord , que dans celles du Midi,
et pourquoi les baies du Fustet et de la Belladone ,
sont moins vénéneuses en Îtalie, etc.
On trouve encore des différences dans l'air, en
raison de l'élévation du terrain au dessus du niveau:
de la mer: car plus on s'éléve dans l'air , moins
on rencontre d'exhalaisons et, par conséquent ,
moins on éprouve de chaleur à proportion que
le lieu est plus éloigné de la mer et des eaux ,
ainsi que des foréts et des terres incultes. En effet ,
plus un terrain est voisin de la mer, plus il est
exposé aux variations de l'air, et plus cet air est
chargé d'exhalaisons et d'humidité. Dans les lieux
incultes et couverts par les foréts, l'action de l'air
et de la chaleur est interceptée : il ne peut donc y
avoir qu'une foible évaporation des molécules in-
flammabies ; conséquemment ces endroits sont com-
munément très froids, selon la nature et les pro-
priétés du sol , parce qu'un terrain aride et sec ne
peut produire les mémes exhalaisons , qu'un terrain
divisé et spongieux. Un sol échauffé par la chaleur
souterraine n'est point le méme qu'un terrain froid.
Une terre inculte et inhabitée n'est pas si propre
DE L AGRICULTURE 49
à produire ,; que celle qui est habitée et cultivée :
et un terrain montueux n'a pas les mémes pro-
priétés ; quune plaine ou un vallon. Enfin, les
différences de l'air dépendent d'un infinité de cir-
constances qu'il ne seroit pasfacile d'indiquer toutes.
Celles qu'on vient de remarquer , jointes à beau-
coup d'autres, qui noussont peut-étre totalement
inconnues , sont cause que souvent, sous un méme
ciel, et dans la même contrée , les mêmes plantes
ne peuvent point croître , et qu'on ne réussit pas
toujours, quand on transplante une plante d'un
leu dans un autre , sous le même climat.
D'après ce que nous avons dit sur les parties
constituantes des plantes, si l'on considère que
toute eau peut se convertir en terre, comme on
le démontrera danslechapitre suivant , noussommes
en droit de conclure que l'air contient tous les
principes dont les végétaux sont composés. Ainsi,
lesplantes prospèrent d'autant plus qu’elles jouissent
du libre contact de l'air, que toutes leurs parties ,
conséquemment leurs racines en sont touchées, et
suivant qu'il est plus adapté à la nature de chaque
plante, d'après sa quantité et sa qualité. Voilà
pourquoi les plantes croissent si bien dans la
mousse.
óo PRINCIPES RAISONNÉS
#
CH API TRE: VE
^
DE L'EAU, CONSIDÉRÉE COMME UN DES
AGENS QUI CONTRIBUENT ALA VÉGÉTATION:
i r n'est personne qui ne sache, par expérience ,
que les plantes ne peuvent végéter sans eau. On
observe journellement que leur accroissement est
proportionnel à la quantité d'eau qu'elles reçoivent
de l'air. Aussi plusieurs naturalistes, anciens et
modernes , ayant remarqué que les plantes croissent
daus l'eau simple, ont prétendu que l'eau seule
suffisoit à la végétation. Mais d'autres n'ont pu
comprendre comment l'eau seule pouvoit fournir
un si grand nombre de substances variées aux
plantes, et ils l'ont regardée plutót comme un
véhicule, que comme la substance nourricière. :
Je vais rendre en peu de mots, la plápart des
expériences qui ont été faites d’après cette idée.
Ces expériences sont de deux espèces : les unes
ont eu pour objet lesespéces de plantes elles-mêmes;
et les autres ont été faites sur l'eau. Jean-Baptiste
Van HELMONT est, je crois, le premier qui ait
prouvé, par une expérience, quela tezre necontri-
bue en rien à la nourriture des plantes. Voici les
paroles de l'Auteur:« J'ai pris un vaisseau de
vov Y Y ox
DEL AGRICULTURE i
terre , dans lequel j'ai niis deux eent livres de
terre séchée au four; je l'ai humectée avec de
l'eau de pluie, et j'y ai piacé une branche de
saule du poids de cinq livres. Au bout de cinq
ans , l'arbre qui s'y étoit formé , pesa neuf cent
livres et environ trois onces. J'avois eu soin
» de remettre, toutes les fois qu'il en étoit besoin,
» de l'eau de pluie, ou de l'eau distiliée dans le
vaisseau quiétoit fort large et que j'avois en-
foncé dans la terre. Pour empécher que la
poussière n'y entrát , j'avois couvert l'ouverture
du vaisseau avec un couvercle de fer-blane ,
rempli de trous, Je ne fis point entrer dans
mon calcul le poids des feuilles qui étoient
tombées chaque année. Enfin, je fis sécher
la terre contenue dans le vaisseau, et je
retrouyai qu'elle pesoit deux cent livres,
moins quelques onces. » Robert Boyle a fait
depuis une expérience semblable à celle de Van
HELMONT , sur une courge, et il à remarqué un
accroissement proportionnel, sans déchet dela terre.
GrEDITSCH. et BONNET s'y sofif,pris d'une autre
manière pour faire des expériences et ils ont trouvé
pareillement que les plantes n'avoient pas besoin
de terre pour croitre , pourvu qu'elles aient une
suffisante quantité d'eau. Ils ont vu que de la
mousse et. ! »s champignons , renfermé: dans un
D 2
55 PRINCIPES RAISONNÉS
vaisseau de verre et humectée avec de l'eau ;
croissent trésbien. Duhamela réitéré des expériences
semblables. Ce savant naturaliste a fait en méme
temps des expériences chimiques sur les plantes
qui croissent dans l'eau, et il a trouvé qu'elles
donnent les mémes produits que celles quicroissent
dans la terre : d’où il a conclu que leurs principes
viennent de l'eau pure. Il a aussi trouvé qu'une
eau saturée avec du nitre, du muriate de soude , et
la lessive de cendres, ainsi que les dissolutions du
fumier et du terreau lavés dans l'eau , contribuent
trés peu à la croissance des plantes, qui viennent
beaucoup mieux dans l'eau simple. Kraft a fait
desexpériences du méme genre , suivantsa méthode ,
eta trouvé les mêmes résultats. Il a semé del'avoine
et du chenevis sur de la terre fertile, sur du sable
desséché , sur des rognures de papier, sur du
drap ou de la laine coupée, sur du foin haché : en-
suite il a humecté ces graines avec de l’eau, et il
a trouvé qu'elles levoient également sur chacune
de ces matières , et à peu prés dans le méme tems.
Au contraire ,-il a trouvé que ces graines ne
levoient point; lorsqu'on les traite de la méme
maniére , en y joignant de la limaille de fer, des
cendres non lessivées , du sable mêlé avec du nitre ,
de la potasse et de la farine. Enfin , Charles Alston
rapporte des expériences faites dans le même goût,
NE: LAÂAGRICGULIT U.RE. 53
et suivies des mêmes succès. Il a vu que différens sels
mêlés avec la terre , non seulement retardent , mais
encore anéantissent la végétation, tandis qu'une
terre maigre et épuisée, étant passée au tamis , a prc-
duit des plantes aussi fortes, qu'auroit pulefairele
terrain le plus gras. Il a , depuis , remarqué qu'en
employant la chaux vive , la croissance étoit plus
foible , et que l'eau de chaux ne rendoit ies plantes
ni plus belles , ni plus fortes.
Concluons de toutes ces expériences qui ont été
faites avec soin, et dont le résultat ne s'est point
démenti, que la terre matériellement ne contribue
en aucune sorte à la nourriture, ou à l’accroisse-
ment des végétaux , et que le suc nourricier des
- plantes , n'est dû qu'à l'eau et à l'air. :
Voici d'autres expériences qui prouvent encore
que les plantes tirent leur croissance uniquement
de l'eau. l'RIEW ALD en a fait decegenre en 1730
en Suède : elles ont été répétées par MiLLARD,
en Angleterre. ELLER en a fait, avec le plus
grand soin, toujours avec les mémes résultats il:
a confirmé celles de VAN HELMONT et de BOYrE,
par l'exemple d'une citrouille qui a crû sans dé-
chet dans toute sa grosseur , et móme ayec augmen-
tation de laterre. De plus, ila misdes oignons de
jacinthes dans de l'eau distillée, et il en a obtenu
D 3
54 PRINCIPES RAISONNÉS
des plantes parfaites, qui, brülées, ont donné une
véritable terre. |
Toutes ces choses prouvent que la terre n'entre
point avec l'eau dans les végétaux , pour enformer
la base solide; mais que l'eau, par le mouvement
qu'elle y éprouvé, se convertit en terre.
Puisque nous venons de voir que les plantes
tirent de l'eau tous leurs principes constituans ,
il est clair qu'elles en tirent aussi leurs parties sa-.
lines , huileuses, mème terreuses. Apuyons encore
cette vérité par un raisonnement: dans une terre
ui pese vingt livres , il peut croître quatre mille
plantes différentes, dans lesquelles on trouvera
des huiles et des sels difiérens. Supposons qu'on
fasse l'analyse chimique de ces plantes; on ob-
tiendra presque de chaque plante à peu prés une
once d'huile et de sel; si cette huile et ce sel
venoient de la terre, il faudroit qu'elle contint
quatre mille onces , ou deux cent cinquante livres
d'huile et de sel, tandis qu'on n'y en trouvera
pas méme un grain de l'un ou de l'autre.
La chimie a trouvé que les eaux peuvent se
convertir en une substance saline et huileuse, à
l'aide de la chaleur, ou de la putréfection. De
l'eau distillée mise dans un vaisseau fermé que
l'on expose aux rayons du soleil, rend, aprés une
seconde distillation, un acide spiritueux et une
substance huileuse.
pE*rA:G RACUSR TU RIE. — 3
D'après ce qui vient d’être dit, on voit que
les plantes se chargent d'une très grande quantité
d'eau, tellement que cette quantité qu'elles at-
tirent chaque jour, est égale et surpasse même
très souvent le poids de la plante ou de la branche
qu'on y met. Cependant, il ne faut pas croire que
toute cette eau demeure dans les plantes: la plus
grande partie s'évapore , et il n'en reste qu'un
petite portion. GUETTARDaremarqué que l'évapo-
ration étoit plus forte dans certaines plantes, et
moins considérable -dans d'autres. Ce savant a
pareillement observé que les plantes qui sont ex-
posées au soleil, évaporeat plus que celles. qui
sont à l'ombre. ila fait voir avec HALES, que le
fluide qui s'évapore est, comme l'eau pure, privé
de saveur et d'odeur ; mais qu'une augmentation
de chaleur lui dohne de la saveur, et le fait entrer
plus promptement en putréfaction. Ainsi, toute
l'eau qui passe dans les végétaux , ne doit point
étre regardée comme servant à leur nourriture:
la plus grande partie de cette eau y est attirée
pour d'autres usages. VV OODYV ARD a examiné la
quantité d'eau qui restoit dans chaque plante; il
a trouvé que, dans quelques unes, ee qui en
restoit, étoit, dans l'espace de soixante et dix
jours, comme 1 à 714, et que dans d'autres , la
poriion restante de l'eau attirée dans un jonr,
D 4
56 PRINCIPES RAISONNÉS
comme 2 et demi à 354. Il est difficile de dé-
terminer la quantité d'eau qui reste dans les
plantes, parce qu'elles n'en évaporent pas en tout
tems la méme quantité , et , qu'indépendamment
de l’eau , elles évaporent encore d'autres parties
excrémentales , qui font aisément entrer cette
eau en putréfaction.
On vient de voir comment l'eau contribue à
la végétation ; mais pour répandre encore plus de .
jour sur cette question , il faut considérer l'effet
qu'elle produit sur les végétaux et sur la terre.
D'abord l'eau agit matériellement sur les plantes
en ce qu'elle est nécessaire pour leur porter la
substance nutritive; et, par le concours d'une
certaine matière aérienne , il se forme des molé-
cules terreuses , salines et huileuses. Par le moyen
de son fluide non élastique , Élle fournit aux
plantes une substance visqueuse , qui favorise, pat
le moyen de l'huile, la réunion parfaite des molé-
cules terreuses: car une partie de l'eau est si
fortement attachée dans l'intérieur du corps
solide de la plante, qu'on ne peut l'en expulser
sans la décomposer et la déiruire totalement.
Mais comme l'eau forme la combinaison de la
plante dans laquelle elle entre elle-même, il faut
nécessairement la regarder comme la vra:e cause
matérielle de la végétation.
i
HR L'AGRICULTURE 5
En second lieu , l'eau agit mécaniquement sur
les plantes; soit en amolissant l'écorce, pour
qu'elle puisse se nourrir et s'étendre, soit en
communiquant à la plante une substance huileuse
et saline aérienne, à l'aide de la chaleur.
Troisièmement l'eau favorise le mouvement de
la fermentation excitée par l'air et la chaleur.
De plus, elle est un véhicule et un dissolvant des
molécules salines et nutritives; puisque c'est par
l'interméde du sel que les parties grasses peuvent
être combinées avec l’eau, élaborées et converties
en une substance fluide, propre à la nourriture
des végétaux. Enfin l’eau est un véhicule qui peut
entraîner les excrémens et les lies, et les faire
évaporer avec les suos ou liqueurs surabondantes.
L'eau agit sur la terre, en la rendant poreuse ,
de maniere que l'air puisse arriver jusqu'aux
racines , et.qu'elles puissent s'étendre. En humec-
tant la terre , l'eau la rend nourrissante : elle lui
fournit une humidité, qui s'élève, par lévapo-
ration , jusqu'à la racine des végétaux; enfin, elle
dissout les substances salines qui sont dans la terre,
à l'aide desquelles elle se combine avec les parties
grasses et huileuses. Pour être en tat de favoriser
la végétation, l'eau doit étre sous une forme de
vapeurs très déliées, autrement elle ne pourroit
point s'insinuer dans les fibres qui doivent
58 PRINCIPES RAISONNÉS
l'attirer. 11 faut , de plus , qu'elle ait un degré de
chaleur convenable, pour pouvoir dilater les
orifices et les fibres, et pour atténuer et diviser les
parties visqueuses et épaisses: car l'eau et les
vapeurs froides Contracteroient ces fibres et: ces
orifices. Aussi les exhalaisons froides des foréts
et des lieux humides, sont-elles comimurément
contraires à la végétation. 1l ne faut donc point
arroser les plantes chaudes avec des eaux trop
froides, et réciproquement. Enfin, il faut que’
l'eau soit dans une quantité suffisante et propor-
tionnée à chaque plante: car son excès est aussi
nuisible que son défaut. Mais, pour rendre nos
idées justes sur ce point , examinons attentivement
les eaux qui sont à la surface de la terre, et celles
qui viennent du ciel.
La trop grande quantité des premières est.nui-
sible. Une nourriture surabondante empéche les
plantes de donner de la graine; du moins celle
qu'elles donnent est irop aqueuse; séchée à la
chaleur, elle se contracte et se gáte dans peu au
grand froid. Une grande quantité de matière nu-
tritive ne doit donc pas donner l'espoir d'une
récolte abondante. La surabondance de l'eau dilate
trop les orifices et les fibres des plantes, elle les
déchire même, et ce déchirement est d'autant plus
considérable , que les orifices ou les pores opposent
| -
biet uA GK icur*ruxmt : 5
plus de résistance à l'eau. Il est certain que la
‘trop grande quantité d'eau gâte la substance
nutritive: en effet, l’eau exposée à la chaleur du
soleilet aux impressions de l'air , ou se corrompt , ou
s'aigrit , comme on le voit dans leseaux dormantes.
Il paroît que c'est dans ces sucs aigris que les
plantes tirent de l'eau, qu'il fant chercher la
cause pourquoi les champs trop humides produisent
'des plantes sujettes à une sorte de maladie gangré-
neuse. ll est vraisemblable que c'est aussi de-là
que viennent cette quantité de nœuds et d'espèce
de galle, que l'on remarque aux tiges et aux
feuilles de quelques végétaux.
Trop d'humidité , jointe à la chaleur du soleil,
produit la poussière , rend les terres marneuses et
argileuses trop compactes, pour que les racines
puissent s'étendre facilement. Enfin, la présence
des eaux empêche, sans contredit , l'air de s'ap-
precher de la racine des végétaus. Donc la trop
grande quantité d'eau sur un terrain, dérange la
disposition intérieure des plantes, et nuit plus à
la végétation, qu'elle ne la favorise.
Le manque d'eau est également nuisible à la
végétation ; parce que , dans ce cas, le terrain est
trop sec et trop brülant. La chaleur dissipe l'hu-
midité de la terre qui s'imprégne alors des
rayons du soleil, et brüle les racines, Les champs
60 PRINCIPES RAISONNÉS
marneux , et ceux sur lesquels on a répandu, ou
des sels alkalis , ou de la chaux , ou du fumier qui
n'est pas assez pourri, sont ex posés à cet incons
vénient. Le défaut d'eau fait manquer tous les
effets qu'elle doit produire sur le terrain , pour la
végétation.
La surabondance des eaux du del peut éga-
lement nuire à la végétation , parce qu'elle
diminue la chaleur dans le terrain et dans les
tuyaux des plantes. On sait, par expérience , que,
pendant une pluie forte et de longue durée, les
plantes ne croissent point; qu'elles prennent une
couleur pále; qu'elles paroissent diminuer , sur-
tout lorsqu'il survient une gelée qui resserre leurs
fibres. Cette trop grande quantité d'eau óte aux
racines leur roideur , et les détache du terrain qui
se trouve trop délayé. Les tiges sont couchées par
terre, sur-tout dans les champs gras où l'on a
économisé la semence; ce qui occasionne souvent
la pourriture de la graine et de la tige. Le trop
d'eau suspend l'opération de la fructification ,
principalement quand la pluie vient dans le tems
de la fleur, parce qu'alors elle entraîne la pous-
sière des étamines , ou elle les met en masses. :
On objectera peut-étre que si la nourriture des
végétaux dépendoit de l’eau, jamais aucun terrain
ne seroit stérile. Je réponds qu'un terrain devient
DE L'AGRICULTURE. 61
stérile en le laissant sans culture, et lorsqu'il
manque d’eau et de graisse. La graisse fait croître
les plantes, mais Peli les fait vivre. En disant
que la végétation est due à l'eau et à l'air, on
ne prétend point exclure les engrais , qui donnent
de la force et de la vivacité aux plantes. D'ailleurs
la graisse est propre à retenir plus long-tems les
parties aquéuses. |
Ea
62 PRINCIPES RAISONNÉS
CORP TI TOR EN THE. '
DE 14 TERRE , CONSIDÉRÉE COMME lux
MOYEN QUI CONTRIBUE A LA VÉGÉTATION
É différence très caractérisée de la terre végé-
tale à la terre minérale, donne lieu de croire que
cette dernière ne contribue pas plus à la: végé-
tation que la première : d'où nous concluroñs
que la terre comme terre , ne fournit aucune
nourriture aux végétaux. Cependant , ce système
est contraire au premier principe de JETHRO
THUL,et ce DUHAMEL du MONCEAU , ainsi que
d'autres naturalistes, qui ont regardé la terre
comme le principal aliment des végétaux. Le
sentiment du chancelier BACON paroít plus pro-
bable , lorsqu'il dit que la terre ne sert que d'appui
ou de charpente aux plantes, ef les garantit de la
chaleur et du froid. On sait à présent que les
végétaux tirent leur nourriture par les feuilles ,
dont la terre n'approche pas autant que des
racines.
| Puisque l'expérience fait voir que les plantes
croisent mieux dans un lerrain, que dans un
autre , on ne sauroit douter que lt terrain ne
contribue beaucoup à la végétation , suivant sa
nature et ses propriétés: c'est méme ce qui cons-
Y
DEN L'A:G À 1 CU E TU RE. 63
titue la différence d'un terrain fort à un terrain
foible. Cette différence vient encore de là diversité
des substances qui s'y trouvent jointes, et qui font
qu'un terrain se nomme fertile ou stérile.
On appelle terre forte celle qui, par sa profon-
deur et sa tenacité , conserve plus long-tems sa
graisse , et résiste plus long-iems à la chaleur et
aux variations de l'air. La terre légère ou foible
est celle qui a moins de profondeur, et qui, par
_sa porosité , perd aisément sa graisse et son humi-
dité, et ne résiste pas aux variations de l'air. Pour
connoître les différens terrains, il est important de
faire attention à leur profondeur. Les terrains pro-
fonds, sont ceüx qui sont composés d'une-couche
marneuse ou glaiseuse, qui a plusieurs. pieds
d'épaisseur : et on appelle terrains minces, ceux
qui n'ont que peu d'épaisseur au dessus d'un lit de
sable, de pierre ou de cailloux.
.. Un terrain fertile est, en général , celui qui est
pourvü. d'une quantité convenable de substances
nutritives , et proportionnée à la nature de chaque
plante. Un- terrain stérile est celui qui ne contient
que peu ou point de substances nutritives. Ce
dernier peut étre rendu fertile , en lui donnant dee
substances propres à la nourriture des végétaux.
Ainsi, l'on voit que la fertilité ne vient pas dirccte-
ament de la nature particulière de la terre , mais
des substances étrangères qui y sont mêlées.
*
64 PRINCIPES HAISOXNÉS
CHAPITRE VELL
DE LA TERRE VÉGÉTALE, COMME.UN
MOYEN QUICONTRIBUE ALAVÉGÉTATION.
La terre végétale est une terre poreuse et di-
visée , qui se trouve en plus ou moins grande
quantité à la surface du globe. Elle est ordinaire-
ment d'une couleur brune ou noirâtre : elle est
sponsgieuse et se gonfle quand on y verse de l'eau;
mais quand elle est sèche, elle s'affaisse et se met
en poussière. Elle procure un passage facile à l'eau
pour se filtrer ou pour s'évaporer. Il n'entre pas
dans mon plan de détailler les genres , les espèces,
ni les propriétés de la terre végétale : je ne con-
sidérerai, quant à présent, que les qualités par
lesquelles elle contribue à là végétation.
Pour connoître les principes constituans de la
terre végétale, on la fait bouillir à un feu modéré;
l’on fait évaporer ensuite la lessive qui en pro-
vient , et elle déposeune poudre jaunátre d'un goût
salin. Si l'on augmente le feu, l'on obtient un
extrait fluide de couleur brune qui, concentré par
l'évaporation , prend une saveur ácre et une odeur
piquante. Si on pousse l'évaporation jusqu'à siccité
il reste une matière visqueuse et saline , soluble dans
l'eau,
DATA CG À 1 C'U'L T'U BR E. 65
l'eau. C'estceque KULBEL a nommé marc onctueux
( magma unguinosum )5 et auquel il prétend qu'est
due la fertilité; mais cette matiére est si épaisse
et si tenace, qu'elle ne peut se faire passage à
travers les fibres, les tuyaux et les orifices des
végétaux. KRAFT a observé que le lait ni le miel,
. me peuvent point pénétrer par les pores des plantes,
à plus forte raison cette matière onctueuse , qui
n'est autre chose qu'une matière qui a servi à lier
les filamens et les particules terreuses des plantes
qui ont formé la terre végétale. Cette matière,
ayant les propriétés de la gonime végétale, je
l'appelle une matière saline et visqueuse.
La partie. saline que l'on tire de la terre végé-
tale par la lessivation, est, suivant les expériences
de KULBEL et d'autres chimistes , tantôt alkaline ,
tantôt de la nature du su/fate de soude, tantôt
de celle du nitre , tantót d'une autre nature. Ce-
pendant, on y trouve toujours une portion de
muriatede soude. Au reste , tous cessels paroissent
accidentels et étrangers à la terre végétale.
Par la distillation, la terre végétale donne ,
1°. Un phlegme , en plus ou moins grande quan-
tité, suivant qu'elle est plus ou moins humide ;
2°. Une liqueur spiritueuse, piquante et âcre,
d'une couleur foncée , ressemblant assez à l'esprit
de tartre;, 3°. Une huile rougeátre. On voit, par
,
"o
66 PRINCIPES RAISONÉS
cette analyse , que la terre végétale provient de
la destruction des végétaux. Puisqu'on ne trouve
nisubstance visqueuse, ni spiritueuse , ni huileuse
is ans le règne minéral , on voit encore que la ma-
tière onciueuse est due à l'huileque l'on obtient par
la distillation. :
TEM la terre végétale est exposée aux rayons
du soleil, elle perd sa substance onctueuse , et la
partie aqueuse dans laquelle elle est enveloppée ,
et il ne reste qu'une terre en poussière. Mais la
terre végétale des lieux humides et du voisinage
des eaux, loin d'éprouver la moindre déperdition ,
s'augmente chaque année par la pourriture des
plantes et des racines. Voilà l'origine de la tourbe
et des tourbieres , dans lesquelles la terre végétale
se trouve comme étouffée. L'expérience a fait con-
noitrequeleschamps engraissés avec de la tourbe di-
visée , n'enéprouvent plus d'utilité au bout de deux
ans. 1l n'y a donc aucun profità se servir de cet en-
grais. Il vaut beaucoup mieux mêler dela terre végé-
tale avec dela glaise, parce quece mélangelesdivise.
Ceux qui prétendent que la terre végétale se con-
vertit en glaise, paroissent n'avoir examiné ni la
nature de cette terre, ni celle de la terre argileuse.
Par ce qui vient d'être dit , on voit que la terre
végétale contribue beaucoup à la végétation.
D'abord , en fournissant une substance grasse,
coo eda, EC ING
NP À;G R I, CU B TU:R EE. 6}
propre à nourrir les plantes, et une substance
saline qui sert à combiner la graisse avec l’eau :
mais l'eau et la chaleur divisent facilement ces
terres ; il faut donc, pour empêcher cette division,
mêler la terre végétale avec la glaise. En second
lieu, elle s'imbibe de la partie grasse de l'air, qui
est disposée à s'unir avec des substances analogues.
Au moyen de sa porosité et de sa solubilité, elle
donne passage à l'air qni s'approche des semences
qui germent et de leurs racines. Enfin , cette terre
végétale est facile à travailler.
Cependant , il faut remarquer que toute terre
végétale n'est pas également fertile. Celle qui se
trouve dans les lieux ombragés , est ordinairement
plus grasse que celle qui est exposée aux rayons du
soleil. L'acide qui se trouve accidentellement en
plus ou moins grande quantité dans les différentes
terres végétales, est de deux espèces ; lun est
de nature végétale , et vient, ou des plantes méme
. ou plutôt des eaux stagnantes: cet acide se dis-
"sipe par le desséchement ; lorsque la terre est
exposée au soleil. L'autre acide participe de l'acide
minéral; il est dà aux eaux qui l'entraínent, et la
chaleur ne sauroit le dissiper. Cet acide minéral
est ou sulfurique , et se trouve dans la touïbe qu'on
rencontre aux piedsdes montagnes , ou dans lespays
montueux. Cette tourbe, mise dans un grand few,
123
68 PRINCIPES RAISONNÉS
ne s'allume pasaisément , et ne fait que se changef
en eharbon; ou bien cet acide est de la nature de
celui du muriate de soude. La tourbe qui le con-
tient, se trouve dans le voisinage dela mer. Aussi
les chimistes, qui ont analisé la tourbe, y ont-ils
trouvé des acides trés différens. C'est à cette diver-
sité qu'il faut attribuer les différens jugemens due
l’on a portés surl'utilité de la tourbe. Il faut observer
que la tourbe qui contient un acide végétal, est
la meilleure pour les terres, pourvü que l'eau n'en
ait pas entièrément emporté la graisse. Ce qui
arrive presque toujours dans les endroits qui sont
alternativement inondés et desséchés ; mais il faut
nécessairement que cet acide en ait préalablement
+ Éié dégagé et expulsé. On voit donc que la tourbe
chargée d’un acide ou d’un sel minéral , est moins
propre à fertiliser la terre.
Quelque pure que soit la terre végétale , et
quelque dégagée qu'elle puisse étre de substances
étrangères , elle n’en à pas moins ses inconvéniens et
ses désavantages. Dansles années sèchés, elle est trop
divisée ; elle s'évapore et ne peut conserver ni l'humi-
dité , nila graisse qui lui sont propres, ou qu'elle tire
de l'air. Cette terre, très élastique , est dilatée par
l'eau dont elle s'imbibe , et est condensée lorsqu'elle
en est privée, conséquemment la semence ne peut
y prendre d'assiette : de-là une végétation foible
DE L'AGRICULTURE 69
et souvent interceptée , parce que cette dilatation
et cette condensation peuvent causer un déchirement
dans les racines des plantes. Cette terre étant
poreuse et peu liée , la gelée la divise en grains ^
au lieu de la mettre en masses: les racines peuvent
donc être endommagées ou déchirées par le froid.
Elle perd trés facilement sa fécondité. Cette terre
est trésutile dans les jardins que l'on arrose toutes
les fois qu'il est nécessaire. Aussi, les naturalistes
Anglais Ja regardent-ils comme destinée par la
nature à produire de l'herbe , et comme plus con-
venable aux jardins qu'aux terres labourables. Ils
observent aussi que dans la terre végétale ou ter-
reau , les plantes donnent plus de tiges et de feuilles
que de graines; ce qu'il ne faut pourtant entendre
que de la terre qui est très grasse et très chargée
d'humidité, |
|
E 3
70 PRINCIPES RAISONNÉS
CHA PIE
DE LA GLAISE , CONSIDÉRÉE COMME CON-
TIBUANT A LA VEGÉTATION.
; RN glaise ou l'argile est , en général , une terre
tenace, grasse au toucher, qui, étant humide,
s'attache aux doigts , compacte, composée de parti-
cules très délices. Celle qui se trouve à la surface dela
terre est très mélangée de terreau ,. de sable et
d'autres substances qui lui sont étrangères ; ce qui
met de la différence dans sa tenacité et sa densité.
La glaise s'imbibe d’eau, s'en charge ,se paítrit
et forme une espèce de pâte molle trés ductile :
elle ne fournit donc pas un libre passage à l'eau
dont elle ne se dégage que par l'évaporation. Ainsi
la glaise devient le principal instrument, pour con-
server l'humidité souterraine. Aussi est-elle tou-
jours humide dans les lieux profonds; c'est elle aussi
qui produit les sources et les fontaines. Elle a la
propriété de se durcir et de se sécherà l'air chaud,
ainsi que dans le feu. Il se forme à sa partie supé-
rieure une croüte qui se gerce et se brise, ou
fait des crevasses qui sont d'autant plus grandes ,
qu'elle est plus mélée de sable ou de substances étran-
gères,
MAMAN GE R POULTUR E. 71
En lavant la glaise dans l'eau , on n'en tire au-
cune substance saline, à moins qu'elle n'y ait té
“portée par quelqu'accident. HIERNE en a tiré une
petite portion de muriate de soude, et KÜLBEL
un peu d'alkali ; mais souvent on n'y trouve rien
de salin : preuve queces sels ne sont qu'accidentels
à la glaise , et ne-font point partie de son essence.
Celle qui se trouve dans l'intérieur de la terré ,
est toujours plus pure que celle qui est à sa sur-
face. On voit donc que c'est aux eaux du ciel et
de la terre que sont dues les parties salines qui
s'y. trouvent quelquefois.
: + En distillant de la glaise , on obtient un phlegme
très différent ; dits unes en donnent un très
pur, d’autres en donnent qui contient un peu
d'alkali volatil.
Enfin ; on tire un phlegme un peu acide dela glaise
qu'on trouve dans les pays montueux, ou qui a
été long temps exposée à l'air , et qui s'est imbibée
d'eau de pluie ou de neige. De ce phlegme on
obtient un peu de sel qui se sublime , ou qüi est
ou ammoniacal ou urineux.
La glaise ne donne aucune substance grasse par
le lavage , ni par la distillation. Cependant , il faut
bien qu'elle contienne quelque partie grasse, pour
produire des parties salines , et qu'à force de la laver
on en tire une portion de graisse , comme ÉTLER
I4
7* PRINCIPES RAISONNÉS
dit en avoir trouvé ; mais c'est en si petite quan-
tité, que l'on doit à peine y faire attention, et
qu'on peut laregarder comme une terre entièrement
privée de graisse. On ne peut concevoir une colle
sans parties huileuses et inflammables ; ainsi, la
glaise ne contient point de matière collante ou
glutineuse. C'est de la facilité qu'a cette terre
des'imbiber d'eau , et de se charger des substances
qu'elle contient, que vient, probablement , la pro- :
priété qu'elle a de céder sous les doigts , ou d'étre
tenace. |
La glaise se durcit à une chaleur continue. Il
n'est donc passurprenant que la chaleur de l'atmos-
phère, jointe à d'autres causes, lüi donne la con-
sistance d'une pierre , ou la pétrifie. Mais comme
l'expérience prouve qu'elle ne perd sa tenacité et
sa ductilité qu'à un feu violent , ou à l'aide des
acides minéraux très concentrés , nous croyons pon-
voir douter que cette terre puisse , naturellement
et d'elle-même , se convertir en une terre divisée.
Il y a des espèces de glaises moins tenaces que
d'autres, et que l'on nomme glaises courtes, ou
glaises de la nature du tripoli; mais leur divisi-
bilité est due à des substances étrangéres.
La glaise contribue mécaniquement à la ferti-
lité , parce qu'elle se charge de l'eau , des vapeurs,
souterraines et de la substance grasse contenue
DIE! L'!: AG RH ŒU LITU RE; 73
dans l'air; de plus, elle les conserve et les retient
plus long temps que toute autre terre , au dessous
de la croûte qui se forme à sa surface , et ne s'en
dégage que par l'évaporation. Aiasi les plantes
trouvent dans la glaise de quoi se nourrir *dans
l'été et les tems de sícheressé. C'est pour cette
raison qu'elle est appellée terre forte. Elle retient
pareillement et conserve les parties grasses du
fumier , ou celles qui viennent de l'air , et les
empêche d'être entraînces et dissoutes par les
eaux. Par les gercures ou fentes qui se font à sa
surface en séchant , elle laisse un libre passage à
|air, pour porter la nourriture à la racine des
plantes. Par la faculté qu'elle a de se lier, elle
affermit la terre végétale qu'on lui mêle ou qui
se forme, et celle-ci conserve plus long temps sa
substance visqueuse et onctueuse. La glaise garantit
la racine des plantes du froid et de la gelée,
parce que la gelée la met en une masse continue,
La grande sécheresse , ni la grande humidité , ne
changent point sa nature ; elle conserve toujours
ses mêmes propriétés , malgré les variations de l'air.
La glaise pure nuit à la végétation par sa
tenacité , parce qu'elle a peine à se séparer de
la partie aqueuse et de la partie grasse. Elle
empéche l'air de s'approcher des semences qui
germent et de leurs racines: elle écarte la cha«
74 PRINCIPES RAISONNÉS
lear par son humidité. Sa dureté est également
pernicieuse à la végétation, puisqu'elle óie à l'air
la facilité d'approcher des racines, et celles-ci
ne peuvent ni s'étendre, ni recevoir leurs sucs
nourficiers. Si les gercures facilitert l'accès de.
l'air, elles augmentent aussi l'évaporation pendant
l'été, et les racines se desséchent. Si ces gercures
n'ont été ep ve par les pluies d'automne , elles
donnent passage au froid qui nuit aux racines.
Les terres g!aises sont d'une culture difficile.
Quand elles sont amollies par trop d'eau, elles
s'attachent fortement à la charrue. D'ailleurs,
elles forment de grandes croûtes en se durcissant.
Le manque d'ean , au contraire, les durcit; elles
ne peuvent se diviser , et forment de grosses
mottes. C'est par toutes ces causes qu'il ne croît
que peu ou point de végétaux dans la glaise
pure. Plus les terres glaiseuses ou argileuses
sont mélangées avec des substances étrangères
qui empéchent le rapprochement de leurs par-
ties , moins elles sont en état de retenir la partie
aqueuse et la partie grasse. Cependant , elles
sont alors moins sujettes à se durcir par la cha-
leur ; elles se travaillent plus facilement; elles sont
plus propres à la végétation , plus en état de
donner passage à l'air, et plus susceptibles de
prendre le degré de chaleur convenable. Une glaise
—— M MÀ
DESEE Rh kcrgGCULTURXE 75
sujette à fermenter , ne convient point aux
terres : leau s'y aigrit et y passe comme par
des tuyaux, ce qui lui a fait donner le nom de
terre fistzleuse. Cette terre a donc des incon-
véniens qui lui sont propres, et d'autres qui lui sont
communs avec l'argile.
36 PRINCIPES RAISONNÉS
UH ATFLITHEA
DE LA CRAIE ET DES TERRES CALCAIRES:
LEUR INFLUENCE SUR LA FÉGÉTATION.
LO dines auteurs ont beaucoup vanté les terres
crétacées et calcaires comme d'excellens engrais.
Avant de prononcer sur cette opinion assez gé-
néralement reçue , il est à propos de faire
quelques recherches sur la nature et les pro-
priétés de ces substances. C'est toujours par l'a-
nalyse chimique que nous nous sommes proposé
d'examiner les divers objets de la nature qui
peuvent intéresser l'agriculture.
Les Chimistes ont fait voir qu'il y avoit quel-
que différence entre la Craie et la Chaux : néan-
moins , les différences ne sont point assez con-
sidérables ; pour que nous distinguions ces
substances , par rapport à leur influence sur la
fertilisation. La craie et la chaux absorbent l'eau
qu'on y verse ; mais elles la laissent passer tres
promptement. En lavant avec de l'eau l'une et
l'autre de ces substances, il s'en dissout une
portion. C'est de-là que l'eau de chaux possède
la propriété de faire effervescence avec les acides
et celle de dissoudre les substances grasses et
huileuses. , |
DIE LÀ G'RÉC'ULTUNRIE. 79
On sait, par expérience , que la chaux mélée
avec de l'eau , enfacilite et accélère l'évaporation.
Ce phénomène est dà probablement au degré de
chaleur que prend l'eau, en se combinant avec
là chaux.
Par la distillation, ón n'obtient rien de la
crâie, sinon un peu de sel volatil, ou de car-
bonâté ammoniacäl ; mais si l'ón mêle de la
craie dans une quantité suffisante d'eau , pour
lui denner une consistance de bouillie, et qu'on
distille ensuite ce mélange , on en obtient une
eau qui participe de la nature de la craie, en
ce qu'elle montre dés vestiges d'alkali.
La chaux distillée toute seule, ne rend aucun
sel; mais quand on la mêle avec de l'eau avant
la distillation , elle rend une liqueur qui a le
goüt de chaux, et dans laquelle on trouve des
vestiges de sel alkali. Ainsi la craie et la chaux
contiennent une substance miscible à l'eau, et
qui s'évapore avec elle.
D'après les observations qu'on vient de faire sur
la craie et sur la chaux , et qui suffisent pour notre
objet, nous pouvons conclure que ces espèces de
terres sont avantageuses aux champs et aux se-
mences, L'avantage:qu'elles procurent n'est point
matériel, puisqu ‘elles ne fournissent aucune sub-
$tauce grasse et nutritive. Les gens qui sont dans
59 PRINCIPES RAISONNÉS
la persuasion que la terre calcaire-entre dans la
combinaison des végétaux, et que sous cet aspect
la chaux est pour eux une substance nourriciere,
n'ont pas fait attention qu'on ne rencontre point
de terre calcaire dans les grains, ni dans les plus
petites plantes , et que d'ailleurs , la terre calcaire
que l'on tire de quelques plantes dures , est très
différente dela chaux , ou de la terre calcaire mi-
nérale avec laquelle elle n'a que peu de conformité.
Ces terres agissent mécaniquement sur le sol et
sur la semence, en ce qu'elles attirent l'acide hu-
mide et la partie grasse de l'air. Elles commu-
niquent au terrain et aux eaux un plus grand
degré de chaleur, en s'échauffant elles-mêmes, et
attirent les substances inflammables. A l'aide de
la chaleur , ces terres résolvent l'eau et la graisse
en vapeurs. La chaux accompagne les vapeurs
humides , et peut , par ce moyen , se faire passage
dans la semence des végétaux , et en dissoudre les
parties huileuses. Elle absorbe l'acide: elle favorise
la fermentation qui s'excite dans la germination,
la tempere et l'adoucit.
Bien des gens employent avec succès la chaux,
pour les mélanges dans lesquels ils veulent exciter
des fermentatiôns spiritueuses artificielles ; mais
ils ignorent la maniere dont la chaux favorise
cette fermentation.
BN I) RE CU ET URE | 7
ALSTON prétend que l’eau de chaux ne nourrit
point les oignons des plantes , et ne contribue point
à augmenter la croissance des végétaux: mais
cette assertion n'est vraie, que lorsqu'on emploie
une eau de chaux toute pure, et qui n'est pas
mélée d'aucune auire substance nourriciere. La
chaux et la eraie absorbent l'acidité surabondante
qui se trouve dans le'sol. Sous ce point de vue,
elle est encore propre à détruire les insectes nui-
sibles qui se forment , communément , dans les
terrains qui ont de l'acidité , puisqu'elle anéantit
cette mauvaise qualité. Âu reste, je ne puis assu-
rer que la chaux détruise les mauvaises herbes, en
enlevant l'acidité. Ces mêmes terres dissolvent la
graisse du sol, et la rendent plus miscible à l'eau
en l'atténuant. Elles sont , de plus, d'une culture
facile.
S'ilest vrai , comme il est dit dans les mémoires
de l'académie de Suede , année 1741, que la chaux
fasse grossir la semence et l'empéche de noircir
ou prévient la nielle , il faut attribuer ces effets
aux qualités que nous lui avons trouvées ci-devant:
car la nielle ne vient pas des insectes , mais de
l'acreté de la partie huileuse qui brûle la semence
de la méme manière que pourroit faire le feu. On
peut faire cesser cette maladie de la terre , en lui
enlevant son ácreté qui vieut de l'acide , comme
e
H
——À -—
8o PRINCIPES RAISONNÉS
les expériences chimiques l'ont prouvé.
Quoi qu'il en soit , la chaux et la craie ont de
inconvériens. La propriété qu'ont ces terres de
s'échauffer , les rendent capables de brüler la se-
mence ét la racine des plantes. C'est la raison qui
a fait dire à quelques chimistes, que le sel cal-
caire étoit brálant. Il est donc tout simple qu'un
terrain déjà maigre, lesoit encore devenu davan-
tage par l'addition de la chaux , suivant la re-
marque d' ALSTON. Ces terres, en accélérant l'éva-
poration , desséchent le terrain , et privent les
plantes de leur nourriture humide. Elles s'at-
tachent à l'enveloppe de la semence , bouchent
en grande pariie les orifices des fibres, durcissent
lécorce des graines , et obstruent les passages du
suc nourricier. Elles dissolvent et absorbent
promptement la graisse du sol. C'est ce qui a fait
dire à quelques pe;sonnes , qu'il n'y a que les
vieillards qui profitent , ou s'enrichissent du pro-
duit d'un terrain fertilisé par la chaux.
Il est donc aisé de voir que la chaux et les
terres calcaires ne sont pas propres à la croissance
des plantes; mais qu'elles sont trés avantageuses
aux terres labourables quand on ies emploie con-
venablement , sur-tout en les mêlant avec du
fumier, ou bien en les mettant sous une forme
fluide. Il n'est pas douteux que la chaux ne soit
d’une
DE UAGRICULTUREIT- Et
d'une très grande utilité sur un terrain aigre et
froid , quand on y en met une quantité conve-
nable : cependant il faut convenir que , mêl£e
avec ]la glaise et le sable , elle ne prenne la
dureté d'une pierre : mais d’après les observations
. que nous avons faites, chaque cultivateur pourra
connoitre les circonstances , dans lesquelles l'usage
. de la chaux deviendra avantageux aux terres, ,
82 PRINCIPES RAISONNÉS
CHAPITRE "XL
DE LA MARNE ET DE SON INFLUENCE
SUR LA FÉGÉTATION.
,
; B marne, espèce de mélange de la terre glaise
ou de l'rgile et de la terre calcaire, qui par-
ticipe parconséquent de la nature de l'une et de
lYautre, ne se trouve que très rarement à la
surface de la terre : mais puisque les anciens
etlesmodernes ont beaucoup vanté cette substance,
je vais d'abord parler de ses usages dans l'agri-
culture.
Toute espèce de marne mise dans l'eau, se
divise et perd sa liaison; et quelque compacte
qu'elle ait été dans le sein de la terre, exposée
à l'air, elle se réduit plus ou moins víte en une,
poudre semblable à de la farine. Néanmoins, elle
a cela de commun avec la glaise , qu'elle se charge
de l'eau et la retient, mais moins fortement. La
marne caleinée devient plus compacte, mais
ensuite elle absorbe l'eau avec plus d'avidité, et
elle perd sa liaison à l'air. Si on la lave dans l’eau,
on n'en obtient ni parties salines, ni parties grasses*
Je l'ai fait bouillir long-tems dans l'eau, et sa
i]
KIA 17 A QUALI C UPSL TOU R E, 83
décoction n'a point changé la couleur du sirop de
violettes, ni précipité le mercure dissout dans
lacide nitreux: mais cette méme décoction , aü
bout d'un long tems, a précipité une petite
portion de muriate de mercure corrosif d'une
couleur blanchátre. S'il est vraique KULBEL ait
tiré une matière onctueuse de la marne, il est
certain qu'elle venoit de quelque substance qui
6 y tronvoit mêlée accidentellement. Par la dis-
tillation de la marne, on n'en obtient ni subs-
tance grasse, ni huileuse: on n'en retire pas
davantage en la distillant avec de l'eau.
Puisque la marne par la distillation, ni par le
lavage , ni dans l'aleohol, ni dans l'acide nitrique,
ne donne aucun vestige de graisse, il n'est pas
aisé de voir sur quoi se fonde l'opinion de ceux
qui prétendent qu'elle en contient, à moins que
ce ne soit sur la propriéié qu'elle a d'étre douce
au toucher. La méme observation doit avoir lieu
relativement au prétendu sel fertilisant qu'on lui
attribue sans preuve , attendu que jamais on n'en
a pu tirer la moindre quantité. La marne fait
effervescence avec tous les acides, les attire for-
tement et les absorbe, sans pourtant les décom-
poser entièrement : à son tour, elle n'en est pas
totalement dissoute. J'aifait bouillir deux onces
d'acile nitreux avec deux drachmes de marne;
TIRE D^
21 PRINCIPES RAISONNÉS
et il ne s'en est dissout que douze grains. L'acide
ritreux retiré par la distillation, a fait efferves-
eence-avec le se! alkali; mais la marne restante
éioit en poussière, et rude au toucher comme
du sable. :
In général, la marne absorbe et dissout la
graisse: c'estce qui la rend propre à ôter les taches
des habits. Quand elle est fine, on l'employe à
fouler les étoffes. La marne ne contribue pas
maiériellement à fertikser, puisqu'elle est "He
vue de toute graisse et de tout ce] propre à
éconder la terre, mais elle y contribue mécani-
euement, en attirant l'humridité, l'acide et la
graisse de l'air. Comme elle déploye cette faculté
evec plus de force après qu'elle a été calcirée,
en voit la-raison pour laquelle les Angleis l'eme
ployent souvent ainsi dans l'agriculture. Deplus,
il est eonstant que plus on la remue pour lir-
corporer avec le terrain, plus elle lui est avantae
geuse. Elle contribue encore à la fertilisation,
en détruisant toute l'acidité du terrain , ou celle
que les eaux stagnantes pourroient produire; et
eu empéchant par-là qu i n'entre agit d'acide
dans la semence. Elle dissout la graisse du sel
et produit une substance savonneuse et soluble
dans l'eau, qui peut pénétrer dans les pores des
végétaux. Elle enlève au terrain sa tenaciló, et
la propriété qu'elle a de se décomposer à l'air,
De LA GRICPLTURE 83
diminue la liaison des parties de la glaise, et la
rend: plus facile à travailler, et plus propre à la
végétation. Enfin, elle donne de la consistance
aux terres lésères et sablonneuses, et leur procure
une fertilité mécanique. Les expériences que les
Anglais ont faites sur la marne, contredisent
l'opibion de ceux qui prétendent qu'il ne fau£
point marner les terrains sablonneux,
La-trop grande: quantité’ de marne, et lé trop:
long: stjour qu'on lui laisse faire sur là terre, læ
rend nuisible à l'agriculture. Par sa propriété
alkaline, qui lui donne beaucoup dé rapport avec:
la chaux, elle desséche trop fortement, comme
les anciens l’avoient déjà remarqué; elle dissouf
et absorbe promptement la graisse de la terre, et
l'épuise :-elle détruit la liaison de là terre glaise ;.
et la rend incapable de retenir leseaux. Les marues
diffèrent considérablement dans les avantages oi
les inconvéniens qu'elles apportent, Cette diversité”
vient dece qu'elles sont plas ou moins argileuses.
ou calcaires. I1 est donc aisé de reconnoitre ,, qu'il?
n'est pas indifférent d'emplóyer toute espèce de-
marne sans avoir examiné la nature du terrain ef
la qualité de. la nrarne elle-mème. Ainsi, Pline-
.& eu raison de dire que la marne étoit Bonne dans-
un terrain humide et froid , et qu'elle prodüisoir.
les meilleurs effets pour la végétation quand og
‘>
la mêloit avec de la graisses. | E à
S6 PRINCIPES RAISONNÉS
! CH APPPRP (xL
DES TERRAINS SABLONNEUX ET
CAILLOUTEUX.
LEUR INFLUENCE SUR LA VÉGETATION.
ges sable et le gravier sont cemposés de
petites pierres, ou d'une poussière pierreuse ,
et n'ont aucune liaison , soit secs , soit humides.
J'ai trouvé que l'espéce de gravier, employé pour
ciment ou pour mortier par les gens de la
campagne, étoit mêlé de glaise que les eaux en
séparent, de parties calcaires qui se décèlent par
leur effervescence avec les acides, et de parties
ferrugineuses que l'acide nitro-muriatique en
extrait. Ainsi cette espèce de gravier peut être
regardé comme un ciment naturel: l’eau ne dé-
tache rien du sable et du gravier; et comme ils
“sont des substances vitrifiables, les acides n'ont
point de prise sur eux. il y a du gravier qui,
étant mêlé de parties glaiseuses , ne laisse pas de
prendre de la liaison jusqu'à un certain point en
y meltant de l'eau: ce mélange, qui se durcit en
séchant, se fait avec l'espèce de gravier dont nous
avons parlé plus haut.
———À és
LEN "D ÁÀAGCNRLICULTUREÉE 97
Le sable et le gravier ne peuvent fournir aucune
substance nutritive aux végétaux, et, si cela arrive
quelquefois, ils ne doivent cette propriété qu'à
d'autres terres qui sont mêlées avec eux: ils
servent à diviser les terres, et à les rendre moins
compactes et moins tenaces ; ils dennent plus de
consistance aux terres végétales et à celles qui
sont de la nature de la tourbe; car l'expérience
nous apprend que les terrains bas et humides
preunent de la solidité, lorsqu'on y joint du sable 5
c'est, sans doute, parce que le sable se lie avec la
partie grasse dela tourbe : ils favorisent le passage
de lair, qui se porte sur les racines; enfin les
terres mélées de sable sont d'une culture facile.
C'est une erreur de croire que le gravier et les
pierres contribuent à la fertilité de la terre, en
vertu d'une substance saline que quelques personnes
leur supposent sans raison. Elles peuvent étre
de quelque utilité aux terres, en les garantissant
des ardeurs du soleil , et en laissant couler sur les
végétaux et leurs racines, l'eau qui y tombe:
aussi voyons-nous l'herbe croître à souhait au-
dessous des pierres, lorsque la terre y est assez
profonde. |
Les terrains sablonneux, remplis de gravier
et de cailloux , ne sont pas favorables à la végé-
tation, parce que ces terrains s'échauffent trop,
88 PRINCIPES RAISONNÉS
les pierres conservant long-tems la chaleur du
soleil; n'étant pas assez serrés, ils perdent promp-
tement l'eau et la graisse qui filtrent à travers,
ou que la chaleur fait évaporer; de plus, ils
laissent trop de passage au froid pour frapper les
racines des plantes. La dureté de leurs parties est
cause qu'ils n'attirent que peu ou point l'humidité
oula graisse de l'air: ils ne peuvent donc con-
tribuer en rien à la nourriture des plantes.
L'expérience prouve que le sable est utile aux.
terres froides et humides: mais la tourbe n’a pu
fertiliser une butte de sable, comme l'avoit tenté
Charles Boizes. Pour bien connoître la qualité
d'un terrain, ilest important de faire attention
aux couches de terre qui sont audessous; quel-
quefois le couche inférieure vaut mieux que la
couche supérieure, et réciproquement. ÂAinsi,ce
qu'on vient de dire des avantages et des incon-
véniens des terrains sablonneux et remplis de
Aia Les dE
Ee et de cailloux, ne doit s'entendre que
de la couche supérieure , parce que celle-ci peut
être bonifiée, ou détériorée par celle de dessous.
selon leurs qualités respectives.
+
DE L'AGRICULTURE. 89
CHAPITRE KILL
Dv SEL, ET DE SON INFLUENCE SUR LA
FÉGÉTATION.
P LUSIEURS auteurs, tant anciens que modernes;
qui ont écrit sur l'agriculture et sur l'économie
_ rurale, ont attribué aux sels une vertu particulière
pour favoriser. la végétation. Il:se sont persuadés
que non-seulement js sels devoient étre regardés
| comme propres à nourrir les végétaux, mais
encore comme la cause unique de la fertilité,
Pour savoir si cette opinion est fondée, ilest à
propos d'examiner les sels en général, et en par-
. ticulier.
D'après les expériences. de. KRAFT , on. voit;
qu'ayaut semé des graines dans un sable bien sec ,
que les ayant ensuite arrosées avec.de l'eau. com^
. mune , il a remarqué que dés le cinquième jour,
elles avoient levé aussi bien que dans le terreau,
ou dans la. terre végétale. Danus un autre vaisseau,
il mêla du sable sec avec du muriate de soude;
dans un troisième, du méme sable avec du nitre ;
dans un quatrieme , toujours du méme avec de la
potasse, et il les arrosa avec de leau, mais ik
trouva que la graige n'y avoit pas levé. ASTON,
go PRINCIPES RAISONNÉS
rapporte aussi avoir trouvé , qu'en mêlant différens +
sels avec de la terre, loin .de favoriser la végé-
tation , ils faisoient même périr les plantes. Les
expériences de BONNET prouvent la même vérité.
Ii fait voir qu'une eau pure qui ne contient point
de sels, est la plus propre à la végétation ; tandis |
que celle qui est chargée de parties ácres , sul-
furenses, urineuses , laiteuses , ou de substances
spiritueuses, nuit à la croissance des plantes.
L'analyse des végétaux nousa fait/ voir qu'ils
ne contiennent point de sels minéraux , à l'excep-
tion seulement de quelques plantes marines, dans
lesquelles on trouve un peu de muriate de soude ,
ou de sulfate de sonde ; car les sels quise trouvent
dans un trés petit nombre de plantes, sont d'une
nature tout-à-fait différente. A l'égard desgraines;
dont il est iei question, je n'y ai pas trouvé
le moindre vestige de sel dans toutes les expé-
riences que jai faites. D'ailleurs, comme les
sels n'entrent ‘pas dans la composition des fibres
des végétaux , on doit en conclure qu'ils ne
contribuent pas plus à leur vie, qu'à celle des
animaux. On sait que les sels minéraux ont
plutôt la propriété de durcir que de nourrir.
PLINE étoit déjà persuadé de cette vérité. Mais,
pour ne plus laisser aucun doute sur ce point H
j'ai fait dissoudre dans de l’eau, du nitre, auquel
*
DE m^ AcnrguuTuht 9I
on attribue si Bene: alement la vertu de fertiliser ;
j'ai fait tremper des graines dans cette solution,
et j'ai remarqué que ces graines ne se gontloient
pas, se durcissoient , et ne levoient aucunement.
C'est le sel qui durcit les viandes. Ces mêmes sels
ne sont pas plus appropriés à la nature des végé-
taux, qu'à celle des animaux , par le corps des quels
ils passent sans altération, même quand ils
s'unissent avec les humeurs.
Le froid , que les sels neutres et sur-tout le
nitre et le muriate de soude excitent dans la terre
et dans l’eau, diminue non seulement l'évaporation,
mais il contracte encore les pores des végétaux, et
les rétrécit. Ce qui prouve qu'ils sont plus propres
à les empêcher de pousser, qu'à faciliter leur dé-
veloppement. Plusieurs éxpériences prouvent que
les plantes ne réussissent pas dans les endroits
imprégnés de certains sels; tels sont les terrains
bas qui sont chargés de sels neutres, et ceux
qui sont placés prés des sources d'eaux minérales
acidules,
Voyons les expériences de ceux qui ent vanté
la vertu du muriate de soude , du nitre, du sel
alkali, pour la fertilisation, et les conséquences
qu'ils en ont tirées. On a dit que le muriate dé
-soude contribuoit à féconder , parce que les
Anglais sont dans l'usage de fertiliser leurs
E-—
01 PRINCIPES RATSONNÉS
terres avec des plantes maritimes mélées aveé
le limon glaiseux de la mer, comme CAMBDEN
assure que le font les habitans de Cornouailles
ou avec le sable dela mer, suivant CniILDREY ,
qui prétend que ce sable est d'autant meilleur
à cet usage , qu'il est tiré des endroits les
plus avaucés de la mer, parce qu'alors il est
pius. chargé. de. muriate de soude. On assure
de méme que les habitans de la Gothie ferti-
lisent leurs terres avec de l'algue, ap es l'avoir
o
entassé pour les faire nourrir. POTT prétend que
le muriate de soude calciné avec dela chaux,
ou mêlé avec du nitre ou de l'urine, peut
contribuer à la fertilisation. On a cra pareil-
lement qu'en lavant le grain dans une dissolutiom
de muriate de soude , on prévient la nielle.
I] faut observer que les plantes pourries, pro-
Venant de la terre ou dela mer, diffèrent très
peu du fumier, et doivent, conséguemment,
produire les mêmes effets que lui, et qu'ainsi
l'on a attribué au muriate de soude, ce qu’on
devoit attribuer à une substance pourrie. En
second Heu, que le sable de la mer, quand if
est employé. à propos, peut aecidenteilement con-
tribuer à la fertilisation. Je conviens que le sable‘
de la mer, par l'humidité qu'il renferme, et:
privé comme il est des partios fezruzineuses qui
DUM A GRIQUILTURE 93
blorent les terres, peut avoir des avantages ;
nais cela ne conclut rien en faveur du DROP
le soude. On lit dans les éphémérides des curieux
le la nature, que nombre de gens qui ont pré-
'eindu feriiliser leurs champs , en v répandant
lu muriate de soude, ont été obligés, au bout
le 7 ans, de les laisser en jachère. L'expérience
ieule décidera s'il est vrai que l'eau salée pré-
menne la nielle ; car il n'est pas question ici
les maladies des végétaux, mais de la facon de
les faire croîire.
Cependant le muriate de soude employé dans
ane proportion convenable, sert à diviser méca-
niquement les terrains gras ; il les atténue , et
les rend miscibles à l'eau. En effet, on a quel-
quefois remarqué que des inondations de la mer
avoient contribué à fertiliser des terres ; ce qui.
a pu venir par l'humidité, ou par la graisse que
ces inondations y ont portée , tandis que c'est au
muriate de soude tout seul qu'on a voulu attri-
buer ces efleis. Les débordemens du Nil pro-
duisent les eífets que nous venons de voir.
. On est encore plus prévenu en faveur du nitre
pour la fertilisation des terres. Mayou, Glauber,
Bacon, Digby, Lémery , Vallemont, Nienwentyt,
et ceux qui les ont copiés sans examen, prétendent
que le nitre est l'ame de la vég étation de la
94 PRINCIPES RAISONNÉS
génération et de la multiplication des plantes,
et que sans nitre , elles ne croitroient point. Ceux
qui ont écrit sur l’agriculture, cherchent à ap-
puyer ce sentiment par le témoignage des anciens,
qui ont beaucoup vanté le nitre ; parce que 1
nitre vient du ciel, et se trouve répandu partout;
qu'on en trouve dans les plantes, et qu'en les
brülant , il s'alkalise, lacide en étant alors
expulsé ; enfin, parce que sa vertu fécondante
est constatée par un grand nombre d'expériences,
et que le fumier , après s'étre changé en une
terre nitreuse , montre une propriété singuliere
à fertiliser les terres. á
Mais, les fondemens sur lesquels reposent les
avantages du nitre, sont trós foibles. Il faut
bien remarquer que le nitre des anciens étoit une
substance très différente du nitre des modernes.
Celui des premiers étoit le za/ron ou carbonate
de soude , ou le sel alkali minéral. Nous verrons
dans peu jusqu'à quel point il favorise la végé-
tation. Nous pouvons accorder que le nitre , par]
rapport à son-acide, vient de l'air ; mais nous
ne conviendroné pas que l'on rencontre du nitre
dans l'air. Les acides du muriate de soude, du
nitre, du vitriol, se trouvent en égale quantité
dans latmosphére ; mais jusqu'ici personne n'y
a jamais trouvé le plus petit atóme de sel neutre,
n^. UT A. — ed
?* p" , , ,
DE L' AGRIC Lt tU RE. 95
D'ailleurs, les plantes qui contiennent un sel essen-
tiel nitreux , ou semblable au nitre, sont extrê-
mement rares, et nous avons vu plus haut qu'on
me trouve point ce sel, ni aucun autre dans les
grains. Le sel alkali, qu'on obtient en brülant
les plantes, n'est pas formé par le nitre, qui y
étoit déjà lui-móme; mais il est produit par une
nouvelle combinaison des parties , telles que l'acide,
l'huile, la terre. Quant à l'expérience, j'avoue -
que la terre nitreuse favorise la fertilisation , et
que le fumier est changé en une terre nitreuse,
par sa putréfaction ; mais il ne s'en suit pas de-là
que cette fertilisation soit due à la graisse de
cette terre, par le moyen du nitre qui n'y con-
tribue que mécaniquement , tandis qu'il est
prouvé qu’elle vient immédiatement de la
graisse.
Les terres retirent du nitre à-peu-pres les
mémes avantages que du muriate de soude;
c'est-à-dire, qu'il atténue les parties huileuses
et grasses, de manière à les rendre miscibles à
l’eau. Ona remarqué que les terres fertilisées
par le nitre, étoient plus sujettes à geler. Dans
ce cas, le nitre est nuisible, comme par la pro-
priété qu'il a de durcir. Le muriate de soude
produit le même inconvénient , parce que ces
deux sels produisent du froid. Nous voyons que
$6 FRINCIPES RAISONNÉS
des champs fertiles sont devenus stériles par l'ad-
dition du nitre.
Quelques personnes vantent l'usage des alkalis -
fixes, ou des cendres non lessivées. Elles donnent
pour garant l'expérience des anciens et des mo-
dernes, et sur-tout le témoignage de VinGILE , de
COLUMELLE, de PLINE, et de beaucoup d'autres, «
parce qu'il est décidé que le natron ou carbonate
de soude des anciens est un:sel alkali. Flies al-
léguent en outre l'exemple des Anglais, qui fer-
tilisent leurs terres avec des cendres de plantes |
brülées qu'ils mêlent avec du sable. Elles en citent
d'autres qui ont engraissé leurs terres avec dela
mousse brülée, ou avec des cendres de bois, etc.
D'autres se fondent sur des riches moissons que
quelques cultivateurs ont obténues, en mettant
le feu à des bruyères. Eufin, elles insistent
sur ce qu'on trouve dans tout terrain fertile un
sel alkali, suivant les expériences de HIÆRNE et
de KULBEL. |
Pour se faire une idée claire des avantages du
eel alkali, il faut examiner sa nature, et voir
de. quelle manière il peut être utile ou nuisible
au sol. Les sels alkalis attirent l'humidité et la
graisse de l'air, ainsi que son acide, et se com-
binent fortement avec eux ; c'est pour cela qu'ils
se résolvent en eau à l'air. Ces sels dissolvent
entièrement
-
* 9
DE L'AGRICULTURE. 97
entièrement la graisse de la terre ;et la divisent,
"ce qui produit une substance say onneuse , soluble
dans l'eau. Ces sels retiennent enccre ri 'umidité
Tdu- terrain, et l'einpéchent de s'évaporer. En ab-
sorbant les acides, ili facilitent dans la semence
“la fermentation qui accompagne la germination;
ils rendent la terre plus divisée et plus spoa-
^gieuse , effet que produisent surtout les cendres
Pa
mon lessivées. |l faut cependant observer que,
Morsqu'on en met une trop grande quantité pour
opérer cette division, il en résulie de grands ia-
lconvéuiens , parce qu'on risque d'épuiser la graisse
Let à cause de la qualité brûlante des alkalis. D'oà
l'on voit que les sels alkalis ne font que pro-
"duire-avec plus de force, les mêmes effets que
produit la chaux,
Ces mêmes sels alkalis deviennent nuisibles,
parce quiis atlirent tcuie la partie grasse du
"erraim , et ne laissent qu'une terre. maizre et
“épuisée. On peut s'en convaincre par les combus-
“tions réitérées des bruyères, et où la terre ne
“produit que très lentement des arbres. Ces sels
"échauffent et desséchent la terre. Enfin, ils dur-
“cissent l'enveloppe dela graine comme les autres
msels. D'après ces observations, on voit que les
sels aikalis employés avec préc 'auiion , 50nt utiles
jpuurdes terrains 2685; mais qu’ils leur sont plus
G.
LA
98 PRINCIPES RAISONNES
nuisibles que tous les autres sels , si on les y met
en trop grande abondance. Ainsi les sels miné-
raux et artificiels ne contribuent que peu, ou
point à la fertilisation; mais comme il n'existe
pas une seule plante, ni un seul arbre, dans les
quels on ne trouve une portion d’une substance
saline , je ferai voir ici que ce sel est acide par
sa nature, et qu'il vient immédiatement de l'air
ou de l'eau qui, pendant la fermentation, s'est
combinée daus la plante même avec une subtance
inflammable. Ce sel est différent pour le goüt et
dans ses propriétés , suivant la différence du mou
vement de fermentation, et de ]a proportion des
parties qui le constituent.
J'expliquerai en peu de mots la maniere dont
je concois que l'air et l'eau peuvent produire les
différentes parties constituantes que l'on trouve
dans les végétaux. Il se forme un acide différent
dans les diverses plantes , par un mouvement
interne de fermentation d'une substance inflam-
mable , qui vient, ou de l'air, ou de l'eau, on
qui a été commuriquée au ferrain , ou enfin qui
se trouve dans chaqüe semence , ou qui vient de
l'air et de l'eau à la fois. A l'aide des mêmes prin-
Y
cipes, je veux dire de l'eau, de la matière in- -
flammable et de l'acide qui s'est formé , quand
la fermentation est continuée, il se forme une
DE L'AGRICULTURE, 99
liuile spiritueuse et ténue , que l'odeur appercoit ,
st qui est différente dans chaque plante, en raison
le son acide. Quand cette huile ténue a été de
ôlus en plus concentrée par l'acide, et, pour ainsi
lire, rapprochée par la décoction , il se forme
ime huile véritable, volatile et spiritueuse , qui
rarie suivant la diversité de la partie spiritueuse.
l'elle est la voie lente et simple, dont la nâture
ie sert, pour former les parties constituantes des
végétaux , qui, de simples deviennent très com-
»osés. Nous avons fait voir plus haut comment ces
;»arties produisent de la farine.
Mais dans la crainte qu'on ne regarde cette
loctrine comme une simple conjecture , je prie
mes lecteürs de parcourir les expériences rap-
»ortées par plusieurs chimistes , et je cite, à cette
>ccasion, l'exemple des eaux de pluie, de la rosée,
les eaux dormantes , qui se couvrent , sui-tout en
Sté, d'une couleur verte, et desquelles, mème
quand elles sont pures, après avoir été exposées
iu soleil, on peut tirer les substances dont ou
rient de parler. On voit donc, d’après ce qui a
Sté dit, que les sels minéraux et étrangers, ainsi
que les terres minérales, ne peuvent contribuer à
nourriture des végétaux,
G. 2.
100 PRINCIPES RAISONNES
CHA PETER ELEMENTS
DES MOYENS ARTIFICIELS DE FERTILISER
LA SEMENCE.
j. SQU'ICI nous avons vu les moyens que |
nature emploie pour favoriser la végétation?
voyons maintenant les secours que l'art peut lui
fournir, Commencons par la semence ; nous exa-
minerons eusuite les moyens de fertiliser le terrain.
Les auteurs qui ont écrit sur l'agriculture , onf
empiové trois voies, pour favoriser par l'art ]
multiplication de la semence, dont nous avon:
parlé au troisième chapitre de cet ouvrage. Quel
ques-uns ont prétendu que, pour obtenir des se-
mences très fécondes , il falloit semer les plante
dans des pépinières prépa1ées exprès. D'autres oni
"
cru qu'on pouvoit rendre la semence fécondes
en la faisant tremper , et ont nommé cette opé-
ration la fécondation immersive. Enfin d'autre
»nt pensé qu'on pouvoit parvenir à cette fin par
le moyen des fumigations, ou en environnant la
semence de quelques matières pulvérisées.
Ceux qui cherchent à rendre la terre fécondes
en la semant dans des pépinières, fondent leur
MES ESL
ET
DEN" AUCRAICUB Lut U'/R'E. rot
Spinion sur l'expérience et sur l'analogis, qui
font voir que la faculié multiplicative dans la
semence , est fortibée et augmeniée par l'humidité
et par la graisse convenable du terrain, ainsi qu'on
l'a vü pius hant. Par la méme raison , les semences
produites sur un terrain brûlé, sont souvent tr
fécondes; comme les animaux les plus forts sont
plus féconds que les plus foibles. C'est sur ce prin-
"ipe , que les partisans de cette opinion regardent
comme utile et nécessaire de former des pépi-
jieres , que l'on cultive avec soin , pour cbienir
des semences bien pleines, et dans lesquelles la
faculté de germer soit très forte.
Je dirai sur cette méthode , que je regarde
comme une vérité incontestable , que l'abondance
de la récolte dépend beaucoup de la bonté et de
la force de la semence; mais comme les plantes
pe vivent et ne s'accroissent pas seulement de la
nourriture qui se trouve déjà dans la semence,
mais la tirent encore de l'air et du terrain, il
faut avoir égard à d'autres circonstances exté-
rienres qui peuvent contribuer à la bonté de la
semence , et desquelles nous avons parlé plus haut.
De plus, suivant les observations de VVorr, ia
paille, ou les tiges qui sont à égale distance les
unes des autres, tirent leur force, non de la :e-
menee elle-même , mais des nœuds de la tige, qui
h G. E
102 PRINCIPES RAISONNÉS
Ji
doivent leur force à la qualité et à la force du
terrain, comme un poulet sorti de sa coque né
tire plus sa force de l'œuf qui l'a produit, mais
d'une nourriture étrangère qu'il se procure. On
voit par là qu'il n'est pas encore décidé , si la
bonté de la semence est préférable à celle du
terrain , et réciproquement. Si les deux causes se
trouvent réunies, l'on seroit en droit d'attendre
une trés bonne récolte; sans cela, je crois que les
cultivateurs doivent apporter tous leurs soins à
bien préparer les terres, et à les fumer convena-
blement. |
ll suit de-là , que ceux qui veulent former des
pépinières, doivent bien faire. attention, s'il y
a une quantité suffisante de graisse, tant pour la
pépinière, que pour le terrain qu'on veut ense-
mencer; et si les avantages que procure cette mé-
thode, dédommagent du travail et des frais.
Pour moi, qui suis assuré que les semences des
végétaux peuvent être endommagées par le froid ,
par la vieillesse , par le climat , ou par d'autres
causes étrangères, je pense que cette méthode
pénible et laborieuse , ne peut point donner à la
semence une vertu suffisante , pour dédommager
du travail, et qu'il vaut mieux s'oecuper de l'en-
grais et de la préparation du terrain. Cependant;
il est très nécessaire que la semence ait les qua
DES P AGRIGUILT.UTRIEÉE. : roi
lités , que nous avons indiquées ci-devant Chap. IIT
et soit de la meilleure espéce que l'on puisse se
procurer. Indépendamment des inconvéniens qui
accompagnent la méthode des pépinières, l'on a
souvent remarqué que des semences qui n'étoient
pas bien pleines, germoient beaucoup plus vîte,
que celles qui étoient plus fortes et plus pleines;
mais que la graine qui en provenoit étoit très
foible. Il faut encore observer que, dans un terrain
trop gras, les plantes sont plus nourries que
rendues propres à se multiplier : aussi ont-elles de
plus grandes feuilles, des tiges plus fortes , tandis
que les graines sont petites, et ne parviennent
point à maturité. 1
Les*partisans de l'immersion semblent se pro-
poser deux objets fort opposés. Quelques-uns ont
pour but de garantir la semence des vers et des
maladies : de-là , quelques anciens ont nommé ces
opérations médicamens, remèdes ou guérisons.
D'autres ont pour but de rendre les graines plus
propres à se multiplier. Quelques-uns , pour y par-
venir, croyent qu'il faut amollir l'éceorce ou
l'enveloppe; et d’autres espèrent par-là joindre
aux semences des substances qui favorisent leur
croissance et leur maturité. Il se présente done
ici trois questions à résoudre : 1°. S'il est vrai
que par ce détrempement on guérisse re maladie
4
104 PRINCIPES RAISONNÉS
des semences, et si on les ga srantit des vers et des
ieseetes. £9. S'il est avantageux d'amollir l'en-
veloppe de la semence avant de la mettre en terre.
39. S'il est possible de communiquer à la semence.
quelque chose. qui favorise sa croissance et sa
ryalturiic.
ÜLINE nous apprend queies anciens, par la pre-
raière méthode
aux maladies de Ja semence, d'en écarter les in-
secies , et même les oiseaux; sur quoi il cite l'au-
lorité de VincirE et de DÉMOCRITE. Parmi les
modernes, plusieurs se servent, pour le même effet
de chaux , de suie, de jus d'ail, ou d'autres ma-
tières. 1l seroit à souhaiter quel'on püt découvrir
nn panacée ou remède universel, qui pát étarter
des graines les maladies et les insectes. Quant aux
maladies, je peuse que les semences n'en ont point
d'autres que celles qui viennent de la corruption
de leurs sucs, et celle-ci vient , on de la vieillesse
ou des vices qu'elles contractent du terrain ou de
Fair. Dars le premies cas , il n'est aucun remède;
Gans le second, il faut cbrtiges le terrain, sans
quoi on travailleroit en vain à la guérison de la
semence. Il est moins question ici des maladies
de la semence, que de celles des plantes produites
par la semence : cn écartera les premières, en
choisissant une boure semence, pour remplacer la
, ont eu pour objet de remédier
—o
-
"^46 re —.
NR BUOAcGmrcóT T'UntE 105
mauvaise; les dernières viennent du terrain et de
L'air. Il peut se faire que l'ussge de la chaux ou
de la marne prévienne la nielle ou la rouille: quant
aux insectes et aux vers, ils endommagent et la
semence et la plante. Aureste, c'est hors de la
semence qu'il faut chercher l'origiue de ces vers.
KRAFFT en a trouvé des longs et couverts de
| poils, qui avoient déjà mangé les feuilles à peine
écloses de fèves plantées depuis qnatre jours: d'un
autre côté, MUSCHFNBROCK paroíi Cire d'un
avis contraire; il dit avoir placé desfêvesei d'autres
"semences, dans un terrain bien sec, les avoir
ul
arrosées avec de l'eau distillée, et avec ces pré-
cautions n'avoir point vu de vers. C'est donc dans
la qualité du terrain qu'il faut chercher l'origine
des vers qui dévorent la semence; il faut bien que
ce terrain leur serve de retraite. J'incline fort à
croire que ces vers n'attaquent que les semences
qui ont déja quelques défauts : l'expérience apprend
aux cultivateurs , que les vieilles semences sont
beaucoup plus sujettes aux vers que les nouvelles:
» c'est d’après cette observation que CHR. VVor rre
écivoit à KRAFFT , qu'il attribuoit Ja présence
4
des vers dans la semence , ou à la vieillesse , on
..à quelque suc corrompu, occasionné par l'air, ov
| par quelqu'autre cause. C'est donc en corrigeant
les défauts du terrain , qu'on peut parvenir a ex-
lirper les vers qui dévorent la semence.
106 PRINCIPES RAISONNÉS
Je suis loin de croire que tous les remèdes contre
les vers sont inutiles: je les crois au contraire trés
nécessaires, sur-tout lorsqu'on ne peut connoître
parfaitement, ni les défauts du terrain, ni les
remèdes qu'il faut y porter , ou lorsque ces défauts
viennent de l'air ou du climat. L'expérience seule
fera connoitre si c'est par l'immersion de la se-
mence , ou par la fumigation, ou par quelqu'autre
moyen, que l'on peut remédier à ces inconveniens.
On a découvert que l'odeur de là poudre à canon
mêlée avec la semence, étoit ux remede assuré
pour detruire les vers qui attaquent la graine des
navets. On vante aussi l'odeur de l'ail, qui seroit
d'un grand secours, si elle se conservoit long-tems
parcequ'elle tue toute espece de vers. Quelques-
uns font usage du chanvre, pour écarter les pa-
pilons; d'autres de la tourbe humide que l'on
répand sur les champs; et d'autres de la fiente
de poules. On conseille la suie, la chaux etc.
contre les vers et les mouches qui s'attachent aux
plantes ; mais il faut user de précaution, quand
on employe ces remèdes; car j'ai quelque-fois
remarqué que la chaux tamisée sur des plantes
tendres, les détruisoit totalement.
La seconde question , à la quelle nous avons
promis de répondre, est: s’il est avantageux
d'amollr la semence, avant de la mettre en
terre ?
rj
HN L'AGIOMLEGUI.IUOE . 197
Il est naturel de croire que le germe et les
petites racines sortent avec plus de facilité d'une
enveloppe tendre, que d'une enveloppe dure. Il
n'est pas douteux non plus que les sucs nourri-
ciers ne passent plus aisément par des pores élar-
gis et par une enveloppe amollie. Aiusi, une
découverte qui produiroit ces eílets, ne seroit
point à rejetter. Examinons cependant si cette
pratique n'a pas des désavantages inévitables ,
et plus grands que les avantages qu'on s'en pro-
met. Il est aisé de voir que la semence ainsi
amollie, est plus exposée aux impressions du vent
et à l'intempérie de l'air , qui peuvent l'endom-
mager ou la gáter totalement. S'il survient une
trop grande chaleur, il est constant que toute
l'humidité, tant de la semence que du terrain,
doit s'évaporer: ainsi, la semence en perd plus
qu'elle n'en recoit; conséquemment , elle doit se
dessècher, se flétrir et périr. S'il survient du froid
l'eau intérieure se gèle, et les fibres se déchi-
rent. Si l'air est trop humide, les fibres sont
trop dilatées et se gátent. Il faut remarquer de
plus, qu'une trop grande quantité d'eau versée
sur la semence, peut autant lui Óter de sa force
que lui en donner, si le détrempement ne se
fait pas avec précaution. En efet, si on laisse
tremper la semence jusqu'à ce qu'eiie se gonfle
"
o8 PRINCIPES^ RAISONNÉS
fan
et se remplisse d'eau, il doit arriver que l'eau
hui enlève de sa veriu, comme le prouve le
^ t ] ] - s * À.
goût et la couleur que prend la liqueur ,dans
laquelle elle à trempé. Je conclus que la mé-
thode de tremper la semence , peut, à certains
égards, étre utile , mais que l'usage en est peul-
^ x Ts s E
ótre tres dangereux. Si quelques tentatives de
cefte esoèce ont pu avoir du succes, il étoit dû
sans doute, à la température de l'air, ou à la
bonté du terrain, qui a pu fenrnir une nour-
riture sufiüsante, et qui a conservé son Hanni-
dité; ou enfin aux soins du cultivateur et du
jardinier, qui, en arrosant souvent, ont préve-
nu les effets de la sécheresse.
Nombre de gens ont cru qu'on pouvoit com-
muniquer à la semence la faculté de croitre et
de se multiplier jusqu'a ]a maturité. CARDAN
prétend qu'on y réussit en versant de l'huile sur
la semence. Ce sentiment est confirmé davs Île
journal des savans, année 1684; on y trouve
encore, année 1635 qu'un nommé HDME WILD,
a fait croître en deux heures, une salade dans
vme terre préparée d’une certaine facon. Le P.
REGNAULT dit qu'on peut faire la méme chose,
en faisant tremper la graine de salade dans de
leau de vie, et en la mélant ensuite avec de
BENTL LA C.H H.CADSE Go oU BEN 109
m
Y
la chaux et de la fiente de pigeons. Voici les
raisons qui ine font douter de ces expériences,
Je suis convaincu qu'on ne peut pas plus com-
muniquer à la semence la faculté de croître,
qu'à l'embryon dans le corps de la mère, parce-
qu'il est: contraire à l'expérience que la plante
puisse paryerir à maturité, en vertu de la nour-
riture qu'elle a recue dans ses premiers filamens.
A l'appui de ce que je viens d'obsérver, BACON
dit que la semence trempée dans le vin de Mal-
yoisie et dans l'eau. de vie ne peut croître en
aucune facon. KRAFFT , a pareillement observé
que, ni l'eau de vie, ni le lait, ni l'urine ne
contribuent point à faire croítre les plantes. Il
en est de méme de l'opinion de LE GRAND ,
qui prétend que les plantes acerbes s'adoucissent,
quand on fait ramoliir leur semence dans du miel:
assertion dont HALLES a fait voir la fausseté,
daus sa Statique des végétaux. Enfin tout cela
est contraire aux expériences de BONNET , qui
a remarqué que les feuilles abreuvées de liqueurs
viueuses et spiritueuses se dessèchent. Je me
suis convaincu moi-même que les semences trem-
pées dans l'huile se durcissent , et ne peuvent
peint du tout germer. Concluons douce que les
plantes ne tirent leur nourriture que de l'eau
e«t de la graisse réduite en vapeurs, et qu'elles
110 PRINCIPES RAISONNÉS
n'en tirent aucune des autres substances tenaces
et spiritueuses.
Il y a six espèces de matières simples , que
lon employe pour la fécondation des terres par
la macération, et trois espèces de matières com-
posées. Les premières sont, l'Alkali , le Nitre,
lUrine, lHuile,le Vinaigre et le Vin. Les
secondes sont, le Savon , le Nitre combiné avec
des substances grasses, et les subtsances hui-
leuses et spiritueuses. La méthode dont les jar-
diniers se servent, en trempant leurs semences
dans leau, me paroit étre la meilleure , sur-
tout si la macération doit avoir lieu, parce que
l'eau du cielest le meilleur aliment pour les
végétaux, comme étant pourvu d'une substance
saline et d'une graisse fort divisée , et que cette
opération ne dérange pas la fermentation in-
terne. Mais je crois qu'il est important de pren- .
dre garde aux inconvéniens qui peuvent résul-
ter de cette méthode. Je mets au nombre des fé-
condations alkalines, celles qui se font. avec la
lessive des cendres, ou les solutions des sels al-
kalis, ou avec de l'eau de chaux. On voit ce
qu'il faut penser de cette méthode, par ce quá
a été dit précédemment de la chaux , et du sel
alkali. J'ajouterai seulement, qu'on auroit tort
d'attendre de la macération de la semence dans
f
^
DE nA cnrcuLTUn:—r9 1I
des solutions alkalines on calcaires, les mêmes
avantages que du méiange du fumier ou de la
terre avec ces solutiens: car l'expérience nous
a appris que les sels alkalis, et la chaux, ont
vne qualité caustique, plus propre à nuire, qu'à
faire fructifier , et que leur contact extérieur
doit durcir les semences.
DicBv , HOMBERG et d'autres ont beaucoup
vanié la méthode de macérer les plantes dans
une dissolution de nitre; mais j'ai trouvé leurs
expériences fausses. Les semences ainsi trempées
se durcissent , et sont exposées aux effets de la
gelée, qui arrête plàtot le mouvement interne
qu'il ne l'excite. Quelques auteurs attribuent une
grande vertu à l'urine. STRIDSBERG prétend qu'elle
contient un sel végétal ou tartrite de potasse et
pénétrant, quoique les chimistes n'y aient jamais
trouvé que du sel microcosnique et volatil, qui
ressemble au muriate ammoniacal. Je conviens que
l'urine peut contribuer à la fécondation, par la
substance huileuse et savonneuse , mais caustique ,
qu'elle contient. En effet , elle est nuisible à l'eau,
et l'on voit les avantages que le fumier imprégné
d'urine , procure aux terres, Mais les expériences
de KRAFFT prouvent que l'urine, par elle-même
ne contribue à féconder ni le terrain, ni la se-
meuce que l’on y fait tremper , et tout nous in-
122 PRBINCIPES RAIBONNEÉS
dique qu'elle fait jaunir et périr les plantes: et, si
elle sert à amollir les semences, elle ronge en
méme iems leurs enveloppes et leurs fibres, et
doit troubler leur fermentation interne. Ainsi
l'urine seule ne peut être employée, ni à dé--
iremper les semences, ni sur le terrain: il faut
qu'elle soit intimement combinée avec l'engrais |
ou le fumier, afin de modérer et adoucir sa caus- |
iicité , et qu'elle puisse former une substance
savonneuse avec les parties huileuses. du fumier. 4
nous verrons ci-après si l'urine putrifiée est préfé-
rable à l'urine fraiche,
La méthode de faire tremper la semence dans
l'huile n'est plus en usage. Ainsi, nous ne pou-
vous rien dire de certain sur la manière usitée
par les anciens, de faire tremper leurs semences
daus la lie .de l'huile. Il est certain que les
parties huileuses doiveut boucher les pores des
végétaux, intercepter le passage de l'eau, et les
; EO. RP AOI ed gingen eA RECS Stats hi Cunt an is
empècher de tirer leur nourriture. |
L'usage des acides sur le terrain, et pour faire,
tremper les semences, est rejeité avee raison par
tous les cultivateurs modernes , qui savent trés.
bien que tous les acides arrêtent toute fermenta-
tion, et par conséquent celle qui procure le dé-4
veloppement du germe et sa croissance. On voit.
ces effets dans les fruits coufts dans le vinaigre
Plusieurs#
*
DE EAemRICULTunuEt 113
Plusieurs ont cru que le vin étoit utile aux
plantes , et servoit à les ranimer: mais BACON,
KRAFFT et BONNET ont fait des expériences
qui démentent cette opinion.
H faut mettre au rang des macérations savon-
neuses , celles qui se font par les alkalis, la chaux,
la lessive tirée des cendres mêlées avec le jus du
fumier ou l'urine, auxquels on joint quelquefois
d'autres sels, tels que le muriate de soude, ou le
nitre. Daws ces sortes de mélanges, la Pare
grasse se combine avec l'eau, par le moyen de ja
chaux ou des sels; ce qui forme une substance
propre à nourrir les plantes. Mais il faut remar-
quer , que les semences trempées dans de pareils
mélanges , sont exposées aux inconvéniens qui ac-
compagnent en général la méthode de tremper,
que , lorsqu'il survient de la chaleur, les grains
que l’on obtient sont peu féconds, parce que,
placés dans un terrain gras, ils jettent de fortes
racines et de larges feuilles , qui attirent une
grande portion de la nourriture ; ce qui fait que
les fibres et les pores sont de plus en plus dilatés;
que la tige se courbe , et que le grain est plus
aqueux que farineux , et contracte apres l'éva-
poration de l'humidité.
Quelquefois l'on fait tremper la semence dans
des solutions nitreuses et grasses, composées de
i)
is
114, PRINCIPES, RAISONNÉS,
nitre et de quelques matières grasses, auxquelles
on joint souvent d'autres substances. BrcHER,
SALANDER , VALLEMONT et TRANTMANN
vantent beaucoup cette méthode. Elle consiste à
mêler du fumier, ou des matières grasses ana-
logues, avec une dissolution .d*s nitrate de po-
tasse. Mais quand même le nitrate de potasse seroit
un tartrite de potasse ou sel végétal, je crois tou-
jours que c'est prodiguer inuliiement ce sel, qui
est plutôt nuisible qu'avantageux. Si, après avoir
suivi cette méthode, l'on s'est appereu d'une vé= 4
gétation plus abondante , on devroit plutót l'at-
tribuer à la graisse et à l’eau qu'au nitre. Au
reste , ces mélanges sont de la méme espèce que
ceux dont nous avons parié précédemment.
Qn pratique diversement la méthode de tremper |
les semences dans des liqueurs spiritueuses; Les
uns prétendent extraire l'essence du fumier avec
le vin on le tartre. D'autres ont eru tirer quel-
que chose du nitrate de potasse. D'autres ont #
cru pouvoir tirer des semences des végétaux, une |
vertu propre à être communiquée à d'autres se- |
mences; mais j'ai fait voir plus haut que les li-
1
|
queurs spiritueuses sont plus prepres à détruire |
P » L 3
qu'à nourrir les végétaux. On sait, de plus, que .
les liqueurs spiritueuses, par leur volatilité , ne |
peuvent point long-tems demeurer unies aux se-
ME LAC RICU CT U. RE it
| mences. Ces procédés ne servent donc qu'à faire
perdre inutilen ent le vin ou l'esprit-de-vin. On
voit, par tout ce qui vient d'être dit, que les
méthodes de tremper la semence sont peu süres,
et que chacune d'elles est sujette à des incon-
véniens. Si pourtant quelqu'un étoit eucore
tenté d'employer ces méthodes, il feroit sagement
de prendre celle qui se fait avec de l'eau. de
pluie, où avec des matières grasses et savonneuses.
— D'apres ce que nous avons và dans le chap. X
ilest facile de juger des effets que l'on doit at-
tendre de la chaux sèche mêlée avec la semence.
J'ajouterai seulement ici, que la chaux séche
s'attache difficilement à la semence sèche, ou
qu 'elle s'en détache aisément: ainsi, lon doit
sen promettre moins d'effet, qu'en la mêlant
avec la terre.
Par l'analyse chimique , on trouve que la suie
ést composée de parties huileuses, salines,
áqueuses et terreuses , que l’on sépare par la dis-
tillation, ou par extraction. L'eau commune fait
l'extrait ou se charge de près de la quatrième
partie de la suie. Mais on trouve dans la suie
une amertume qui est due à l'alkali uni avec
l'huile, ce qui prouve qu'elle est savonneuse: l'u-
iion de Falkali avec l'huile la rend propre à dis
sóudre les sucs épais et tenaces de la semence;
H a
Ld
116, PRINCIPES RAISONNÉS
c'est cette amertume qui en éloigne les vers.
Ue pius, la grande quantité de substance hui-
leuse et inflammable que contient la suie, la fait
résister au froid, et attirer la chaleur de l'air.
File a encore la fzculté de conserver long-tems
l'eau et l'humidité, et de la même manière que
la poussière de charbon mouillé.
Ainsi, la suie favorise la végétation matériel- .
lement et de la méme He que le meilleur fu-
per : et ensuite mécaniquement , puisqu'elle
attire la chaleur et la conserve ; qu'elle s'imbibe
iain lement à l'humidité de l'air et la retient ;
qu'elle dissout les substances visquetises de la se-
inence ; phe écarte les vers et les insectes ;
enbn, que par sa qualité alkaline, elle absorbe |
l'acide du terrain , et celui de la semence.
D'un autre côté, la suie peut nuire à la
végétation , lorsqu'on en met une trop g grande
quantité, à cause de sa dtu corrosive , qui
peut arrêter toute fermentation dans la se-
imence , et ronger les végétaux. On voit donc que
ia suie emplovée avec mesure et en petite quan-
tité, est d'une grande utilité comme engrais de
la terre; mais qu'elle ne procure pas le méme
avantage en la mélant simplement avec la se-
mence, parce qu'étant sèche, elle s'en détache
BN ULAGHIiON LTUmR;E 117
promptement , et parce que c'est dans la terre
que doit se faire l'extrait , dont on peut attendre
du profit. On assüre que les Anglais font un
grand usage de la suie, quoique celle qui pro-
vient du charbon de terre ne puisse pas avoir
les mêmes vertus que celle du bois. Mais il y a
de là différence , méme entre les différentes sortes
de suies qui viennent du bois. Celles qui se forment
dans les cheminées des cuisines sont plus grasses
et sont bonnes pour les terrains sablonneux: les
autres sont plus alkalines, et peuvent être em-
ployées sur les terres glaiseuses. Les Anglais font
autant de cas d'un boisseau de suie , que d'une
charretée de fumier.
Puisque la suie est produite par la famée, il
ne doit pas y avoir une grande différence entre
elles deux: aussi quelques personnes vantent-elles
l'usage des fumigations des semences, comme con-
tribuant à les rendre fécondes. Mais en se rap-
pelant ce qui a été dit de la suie , je crois que
par la méthode de la fumigation, on détruit
la trop grande acidité qui pourroit être dans
la semence, l'on procure de la chaleur et l'on
écarte les vers. Si lon considère en même tems
que ce moyen chasse l'humidité de la semence
et que la fumée est d'une nature corrosive , il
sera facile de comprendre que la fumigation
H 3 |
118 PRINCIPES RAISONNÉS
peut empêcher, plus où moins, la fermentation
qui fait germer , suivant que la semence a été
plus on moins desséchée. Nous avons déjà observé
que la vieillesse et la trop grande acidité em-
pêchoient les graines de germer. Ainsi, quand
on veut appliquer la fumigation aux semences ,
il faut les exposer à une fumée peu chaude,
et voir si les avantages que l'on attend de la
fumigalion, répondent à la dépense que cette
méthode entraîne,
DI" A € À É CMILTUR €. 119
EUH ATWWIEPNES OV.
*
DE L'ENGRAIS DES TERRES, OU DE LA
MÉTHODE DE LES FUMER.
CE entend par l'engrais des terres, les opé-
rations , par lesquelles on joint au terrain des
sabstances que l'on croit propres à favoriser la
végétation. On sait que les végétaux demandent
pour leur accroissement , le.secours de quelques
substances étrangères; mais, comme ni les terres
ni les sels ne peuvent être regardés comme
propres à nourrir les végétaux, il ne peut y
avoir dans le sol d’autres matières nutritives
des végétaux, et analogues à eux, que la
graisse et l'humidité. Je ne parle ici que des sub-
stances qui viennent du sol, et qui contribuent
à la croissance des plantes, parce que j'ai par-
lé ci-devant des matiéres nutritives qu'elles re-
coivent de l'air.
Les meilleurs engrais sont ceux qui contiennent
une substance huileuse combinée avec de l'eau.
Mais comme la graisse et l’eau, dans l'état. de
fluidité et en trop grande abondance , sont plus
nuisibles qu'utiles, et comme, lorsque ces sub=
PR à H 4
120 PRINCIPES RAISONNÉS
sfances ne sont point atténuées et dissoutes en
vapeurs , elles ne peuvent point entrer par les
Fr
pores des végétaux , il faut conclure que les
matiéres les plus propres aux engrais, sont
celles qui fournissent une substance atténuce et
nne eau réduite en vapeurs. Dans les substances
sujettes à une putréfaction ou à un mouvement
iüterne , la substance buileuse étant divisée et
atténuée, et ]a partie aqueuse réduite en vapeurs,
il est clair que les matières qui sont sujettes,
à des mouvemens internes de cette nature, sont
les plus propres à fournir la nourriture aux vé-
ectaux.
Il y a des graisses de cinq espèces différentes,
savoir: celles qui sont aëriennes et minérales;
les végétales , les animales, et celles qui en sont
composées. Or,les graisses minérales different
considérablement, par leur nature, des graisses
végétales. Nous avons déjà traité de la graisse
aérienne ou contenue dans lair.
Plus l'engrais à d'analogie | avec la graisse
animale, plus il est utile. La graisse végétale
est préférable à la graisse mélangée, et celle-
ci à la graisse animale, lorsque toutes choses
d'ailleurs sont dans un ordre convenable. Plus
la partie grasse contenue dans l'engrais est fa-
cile à décomposer, moins elle est avantageuse
v,
sind gor RP NE d RE grid Sr GRAS A rt Sade
T -
I
/
DEUL À CRICWLTURE 121
. au cultivateur. Mais comme d’après l'expérience
la graisse végétale n'est pas de la méme . durée
- que celle qui est mêlée, et la graisse ani-
male de moindre durée que la graisse végétale,
i| s’en suit que la graisse mêlée est préférable.
Plus il y aura de parties grasses daus un en-
grais, plus il sera durable et avantageux pour
la végétation; aussi la graisse mixte ou méian-
gée est-elle meilleure que les autres, et le fu-
mier produit par des animaux bien nourris, vaut
mieux que celui des bestiaux maigres; plus l'en-
grais sera disposé à la putréfaction , plus’ sa
graisse sera divisée et dissoute en vapeurs. Ainsi,
la graisse animale est préférable à la graisse
^
mélangée , et celle-ci à la graisse végétale.
Voilà pourquoi le fumier, dans le quel il entre
de l’urine , est préférable à celui qui en est:
privé; il acquiert par là une plus grande quan-
tité de parties grasses.
Les corps morts des animaux ne doivent pas
être Jettés sur des terres labourables, parce
grands iuconvéniens.
On engraisse bien mieux les terres, en y faisant
qu'il en résulte de très
passer la nuit aux bestiaux, ou en les y fai-
sant parquer. Ils engraissent la terre de leur
fumier , de leur urine, et des émanations qui
sortent de leurs corps. On réussit mieux encore
LA
x
122 PRINCIPES RAISONNÉS
en couvrant la terre avec de la paille, parce.
qu'elle empêche l'évaporation jusqu'à un certain
point. Le fumier est, par la paille dont il est
composé, une matière véséiale, humectée, im-
bibée , mélangée avec les liqueurs et sécrétions
qui sortent des intestins des animaux. Il est
donc un mélange disposé à la putréfaction qui
contient une substance grasse analogue à celle
des végétaux ; il leur communique une graisse
durabie, que l’on peut obtenir aisément, et
sans beaucoup de dépense. 1l est conséquem-
ment indubitable que le fumier est un des prin-
Clpaux engrais.
C'est sans aucun fondement, que quelques
personnes ont cru que les vertus du fumier lui
venoient d'une substance saline qui s'y trouve
en plus ou moins grande quantité. . Les expé-
rences que DALMAN ESKILSSON a faites sur
les eaux tirées par le lavage de difiérens fumiers
qu'il a traitées avec des acides, des sels alkalis
et d'autres substances, ne donrent rien moins
qu'une grande quantité de sel alkali, de soufre,
de nitre, comme il l'a prétendu: elles rendent
uniquement une très petite portion d'alkali vola-
til, qui vient de la putréfaction plus ou moins
avancée et une graisse qui s'est unie avec l'eau,
à laide de ce sel. Ainsi, toute la différence
!
b
4
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Ü
nos ripa ra E uai
J e LA ty
6DEMLDAGcHIPCHLTUnRnÉ 123
qui se trouve entre les fumiers ne dépend que
de la quantité de parties grasses, et de leur
solubilité dans l'eau. La distillation fait voir la
uantité de cette sraisse, et elle diffère en rai-
e 2
son de la nourriture, ou des alimens qui l'ont
produite. Plus le fumier est gras ,plus il est
chaud. Ainsila fiente des oiseaux qui ne se nour-
rissent presque que de graines, est plus chaude
que celle de cheval, et celle-ci plus chaude que
la fente de vache.
DUHAMEL DU MONCEAU, dans son traité de
la culture desterres, cà il suit JÉTHRO Turr,
n'a pas donné la vraie théorie de l'usage du fumier.
ll dit que le fumier n'agit sur les terres , que par-
ce que par sa pourriture ou sa fermentation interne
il divise ou brise les particules de sable, et quà
mesure que la surface de la terre s'augmente,
les pores intérieurs de la même terre sontmultipliés,
et que plus ils sont multipliés, plus on les suppose
capables de fournir aux végétaux leur nourriture
terreuse: mais comme, suivant lui, la division
des grains de sible se fait beaucoup mieux avec
la charrue , il conclut que la méthode usitée d'en-
-graisser les terres par le fumier, n'est d'aucune
utilité.
llest aisé de démontrer que cette conclusion
| | 1 l
porte sur trois principes bazardés. i?.Cet auteur
:
124 PRINCIPES RAISONNÉS
suppose que les plantes tirent leur nourriture
uniquement de la terre, ou d'une substance
terreuse , et il regarde cette opinion comme un
- principe constant: mais nons avons déjà fait voir
que ce sentiment FRDEUE au mécanisme des
'égétaux l AH d
be ul iT. ainsi qu'à £XBR érience. 2 préten
que le fumier contribue à la végétation d'une facon |
purement mécanique et qu'il divise les grains de
sable, au moyen de sa pourriture. Tout le monde
sent eombien cette assertion est contraire à l'ex-
périence, sans parler que souvent on se sert pour
l'engrais d'un fumier déjà pourri, et que d'ailleurs
cetie putréfaction est un mouvement interne , qui
ne s'étend pas aux corps exlérieurs. 3°. Kufin i]
suppose que la division des grains de sable est.
aussi avantageuse que le fumier, tandis que les
gens de la campagne et les jardiniers savent la
Busclé de ce principe. J'ai fait voir plus haut
ju'un terrain trop poreux, ou trop léger, est
dé:avantageux, à cause de la grande évaporation
à laquelle il est sujet.
DUHAMEL prétend que le fumier communique
une odeur désagréable aux végétaux. Ila donc
ignoré que les substances qui servent à la nourri-
ture des plantes, sont pendant la végétation ,%
assi puc à elles, ou cbangées en nne matiere
P iat aga moe
AL MERI Rm M ER
DES AC R'1 CU TU R À 125
corrompus ne peuvent facilemeut entrer dans les
pores des végétaux ? C'est ce que prouve une
expérience de COLUMELLE: ildit qu'une vigne,
dont la racine avoit été arrosée avec de l'urine
putréfiée, a produit du raisin et du vin, qui
n'avoient aucunement ce goût. KRAFFT, que
nous avons souvent cité, prouve la même vérité.
DUHAMEL suppose aussi que les sucs du fumier
entrent daas les végétaux, et les auteurs que nous
venous de citer, nient directement ce fait: ainsi
que sa prétendue faculté de diviser lesgrains de
sable. Il prétend que le fumier est nuisible à la
santé , parce qu'il sert de retraite à des animaux
venimeux. Pour écarter ce soupcon , je dirai que
l'expérience nous apprend, que les plantes les
plus vénéneuses plantées dans du fumier, perdent
beaucoup de leurs mauvaises qualités, ou du
moins n'en deviennent pas plus dangereuses. 1l
n'est pas vrai non plus, que le famier soit d'une
nature vénéneuse, ni qu'il serve de retraite à des
animaux venimeux.
DUHAMEL assure que le fumier remplit les
terres de chien-dent et de mauvaises herbes. Je
réponds que les mauvaises herbes sont plutôt
dues au travail de la culture, qu'au fumier. Je
' conviens que le fumier de cheval produit souvent
ceteffet; attendu qu'il estordinairementrempli de se-
195 PRINCIPES RAISOÓNNÉS
mences non décomposées; mais les cultivateurs
savent que le travail remédie à cet inconvénient.
Enfin, il prétend que le fumier attire des vers
et des insecles aux semences et aux végétaux.
J'avoue que cela est vrai à quelques égards; mais
comme la présence des vers est presque foujours
due à la négligence du cultivateur, il est vrai-
semblable qu'on pourtoit prévenir cet incon-
vénient , en travaillant convenablement la terre.
Les substauces végétales, dont on se sert pour
l'engrais , sont ou fraîches , ou pourries. Les
fraîches sont des feuilles de pin ou de sapin, des
écorces d'arbres, des coupeaux ou de la sciüre
de bois, ete. Elles sont à la vérité d'une matière
analogue aux végétaux; mais comme étant ré-
pandues sur la terre , clles n'entrent pas aisément
cn putréfaciion et que d’ailleurs elles ne con-
tiennent pas beaucoup de graisse et d'humidité ;
i| est clair que leur usage est inférieur à celui
du fumier. Cependant , ces substances ont la
propriété d'absorber l'acide , quoiqu'en trop
1
*
erande quantité, elies peuvent rendre au terrain
une portion de l'acide dont elles sont imbibées , !
‘est ce qui fait que quelques personnes éroÿent |
que ces substances rendent le terrain aigre.
Au nombre des substances végétales pourries 4
ou décomposées , je mets le terreau, ou la terre
des -
2
X DIE 0h A.G R1 GC W,L TU R & 127
des jardins, la suie, la poussière de charbon
qu'on croit qui se charge de l'acide et de l'humi-
dité du terrain et les retient: car elle ne peut
point contribuer matériellement à la nourriture
des plantes, puisque cette poussière ne ‘contient
rien de gras , et que l'eau n'en peut rien tirer de
.salin.
Nous ne déciderons pas en quel tems il est le
plus à propos de fumer les terres; mais il est de
la plus grande importance que l'on prenne le
"tems où le terrain est sec, par conséquent dis:
posé à saisir la graisse et,à la conserver. Il faut
aussi bien étendre sur le terrain le fumier qu'on
y a répandu , l'enterrer bientót aprés, le méler
avec la terre à l'aide de la charrue,
Cc i
et assez
profondément, pour que les parties aqueuses et
huileuses ne puissent pas aisément se dissiper. Tl
"paroit que l'automne, lorsqu'il est sec, est le
tems le plus propre à fumer les terres.
Une trop grande quantité de fumier peut nuire
sur un terrain chaud, parce qu'il en augmente la
chaleur et brûle les végétaux. Il ne faut pas le
prodiguer non plus sur une terre forte , parce qui
fait croître beaucoup de plantes qui ne parvien-
À nent pas à maturité: les feuilles sont épaisses , les
tiges fortes , tandis que les semences sont petites.
D'où l'on voit au'il faut que l'engrais soit pres
. sera facile de juger de l'engrais et de la quantité
celle des oiseaux a plus de chaleur que celle des
L4
&
128 PRINCIPES RAISONNÉS
portionné à la nature du terrain qu'on veut fumer.
Pour y párveni r, il faut observer les regles sui-
vantes. » |
19. Plus le terrain sera froid et humide , plus |
il aura besoin de graisse; car il faut que sa froi-#
hens soit corrigée par la chaleur du fumier.
. Un terrain un peu sec demande moins de.
Fami er, de peur qu'une trop grande quantité de |
chaleur ne brûle les plantes.
3°. Un terrain glaiseux, et, les autres terres -
d'une nature frcide , veulent un fumier qui ne soit À
pas pourri, tel que les excrémens humains, la |
fiente d'oiseaux , de brebis , de chèvre, de cochon. 1
49. Le terreau un peu sec demande peu de
fumier. ;
59. Un terrain sablonneux , qui est d'une na- .
ture plus chaude, et qui est audessus d'un terrain |
chaud , exige un fumier pourri ,.ou du moins un -
peu de celui qui ne l'est point , e£ que l'on renou-.
vellera souvent. |
D'après ce qui vient d'étre dit sur le plus ou
le moins de chaleur du terrain et du fumier, il:
E . \ : f :
qui convient à chaque terre. Les excrémens hu- |
mains sont le plus chaud de tous les engrais: la
fiente de bœuf est regardée comme le plus froid:
rebis
D'EUL’ A GR Fc U LTU KE. 3%
brebis , et celle-ci est plus chaude que le fumier
de cheval. Cependant, il est rare que l'on emploic
d'autre fumier que celui des chevaux, des bœufs,
des brebis et des cochons.
6°. ]l faut ordinairement six ans pour épuiser
la graisse de la terre ; après ce tems-là on la fume
de nouveau: on est obligé de fumer plus souvent
les terres sablonneuses , sur-tóut quand on fume
avec des substances végétales.
On voit ce qu'on doit penser du mélange des
substances végétales fraîches, ou décomposées ,
d'après leur nature. Il faut seulement observer,
que le mélange de matières étrangères, telles que
la chaux, les cendres etc. est plutôt nuisible
qu'avantageux à la bonté du fumier, au moins
lorsqu'on y en mêle ure trop grande quantité,
vít que ces matières salines et corrosives détruisent
la graisse.
130 PRINCIPES RAISONNÉS
CHAPITRE JXVAL.
Dv MÉLANGE DES TERRES.
t
Li terre que lon destine à produire des |
grains doit être PRE ettrès divisée , afin que !
m racines puissent s'étendre avec facilité; que.
l'air puisse les toucher; et que la substancenu- #
tritive puisse environner de toutes parts les ra- 3
cines. DUHAMEL DUMONCEAU a traité au long
cette dernière circonsiance, en partant toujours
du principe que c'est sur-tout dela tezre que vient
la nourriture des végétaux. (C est de 1à qu il pense
que; la porosité ou la division de la terre, est
pius nécessaire que tous lesfumiers ouengrais, que
l'on peut y joindre. Mais ce que nous avons dit
suffit, pour faire voir ce que l'on doit penser 2
de cette ihéorie , et ce que nous en dirons en-
(s
core servira à fixer notre ra d )
NIC LUTTE s dab ey? fr » 2».
(:2 ) ÆArertissement essentiel du Redacteur.
SITE ANA JE t
Nos lecteurs sont sans doute indignés de la maniere dés-
oblgeante et peu polie, avec laquelle W ALLERIUS rélute
ct combat l'opinion. prétendue de DunauEers DuMONCEAU,
sur lesængrais des terres. [ls seroient en quelque sorte au-
torisés à ge croire d'iutellizence avec ce savant du nord,
nt t.
n 4 | e
DwuL'"«amocUPTURE HM
. Ceux qui mettent la chaux , et la marne, et des
substances semblables au nombre des engrais,
confondent ceux-ci avec le mélange des terres.
lls ne. font pas attention, ou ils ignorent que
les récoltes abondantes que l'on obtient en. mé-
langeant les terres , ne sont pas dues à un en-
grais ou matière nulritive , mais qu'elles viennent
de la porositó du terrain. C'est toujours Du-
HAMEL DUMONCEAU que l'on fait parler ici:
voyons la réfutation. |
Un terrain trop divisé est exposé à diffrens
mauvais effets de l'air, parce qu'il perd aisément
pour affoiblir les droits que notre Savant académicien s'es
L]
cr
acquis à la reconnoissance de la Nation Frangaise et à celle
‘de tous les peuples qui connoissent ses ouvrages , si j allo:s
plus loin , sans avertir que je donnerai,à la fin du livre de
WALLERIUS, un extrait en forme d'appendice du travail de
DunaAnEL sur l'agriculture. On y verra, ou. que l'écrivain
suédois n'a pas entendu notre compatriote, ou qu’il a été
trompé dans la traduction qui a été faite de ses œuvres.
J'aime à le croireau moins, car quelle apparence qu’il ait
voulu étre injuste envers un auteur dont le nom seul an-
nonce un bienfait. Tavré par gout, et par amour pour ses
semblables à l'étude de agriculture, personne n’a Tontri--
bué plus efficacement aux progrès de cet art. Après ce court
avertissement que jai cru indispensable pour ne point abuser
de la patience des lecteurs, je reviens à la suite. de l'ouvrage
de VV ALLERIUS. |
à 3g
132 PRINCIPES RAISONNÉS
sa graisse et son humidité par l'évaporation.
Il laisse passer trop directement la chaleur et
le froid, pour frapper les racines des plantes ,
ce qui fait qu'elles sèchent ou gèlent. Ainsi,
un terrain trop léger ou divisé a peu de force,
et ne peut être avantageux. Les Jardiuiers aiment
un terrain frès divisé , parce qu'ils préviennent
les mauvais effets de l'air en arrosant fréquem-
ment , et par d'autres moyens. Les cultivateurs
au contraire, préfèrent avec raison, une terre
plus compacte.
Une terre trop compacte est désavantageuse,
parce qu'elle est sujette aux inconvéniens aux-
quels la porosité remédie. Il faut donc observer
des proportions dans le mélange des terres; nous
allozs en donner des règles. 1°. Les terres com-
pactes doivent être divisées et rendues poreuses,
de manière cependant, qu'elies conservent tou-
jours une certaine tenacité. Ainsi, plus une
glaise sera compacte et froide, plus il faudra
iui Joindre de sable, ou de terreau. Plus cette
tgfre sera aigre, plus on sera sûr de remédier
à cette mauvaise qualité, en la mêlant avec
de la marre, des cendres, de la chaux, ou
avec des substances propres à absorber et à pro-
curer de la chaleur. Si cette terre est trop hu-
mide, on pourra bien lu: joindre de la poussière
5.255
(Ü
$
Ux LA CRKDCULTURE 133
de charbon ou des substances végétales, non
encore pourries et décomposées. Voici la manière
dont il faut s'y prendre pour savoir combien
il faut de terres de cette espèce, pour rendre
léger et divisé un terrain compacte. Que l'on
mêle par exemple, de la terre d'un champ avec
une portion de sable ou de terreau; que l'on pé-
trisse le mélange avec de l'eau: si en le fai-
sant sécher ou chauffer , le tout devient dur
et compacte, c'est ui sigue que l'ondoit y remettre
encore plus de sable ou de terreau; si au con-
ttaire , le mélange ne prenoit plusaucune liaison , il
faudroit augmenter la quantité ou proportion
de la terre qu'on y joint , jusqu'à ce que le tout
étant séché prít un degré de consistance tel,
qu'il n'y eût que çà et là quelques parties qui
se lieut en petites masses ; et ce sera un signe
que la glaise aura été suffisamment divisée.
2°. La terre trop légère et trop divisée , doit être
rendue plus compacte. On produit eet effet avec
de la glaise , ou même avec de la marne, quiservent
toutes deux à donner de la liaison à un terrain
trop sablonneux.
3°. Un terrain trop humide doit être rendu plus
sec avec du sable, s'il est marécageux; mais si le
terrain est aigre, on emploiera ou de la marne,
ou des substances végétales non pourries, ou de
124 PRINCIPES RAISONNÉS
la poussière de charbon. On sait que quelques
plantes exigent un terrain humide, et d’autres
un terrain plus sec: il faut donc avoir égard à
ces deux circonstances.
4^ On humecle un terrain trop sec avec de la
glaise ou de la marne, qui ont la propriété d'at-
tirer et de retenir l'humidité.
Le mélenge des terres peut se faire en trois
manisres. 1?. En transportant la terre sur un
champ. 2^. En Ja mêlant préalablement avec de
l'engrais ou du fumier , afin de lui communiquer
de la graisse, et la portant ensuite sur le champ.
39. En la retournant, lorsqu'elle se trouve au-
dessous de la terre du champ, et en la mélant
ainsi avec la couche supérieure.
]] n'est pas douteux qu'une terre chargée de
graisse ne soit favorable à la végétation, et
ne contribue à la fertHité. Ainsi la meilleure
méthode est celle des cultivateurs, qui, quand les
circonstances le permettent , font de la terre
qu'ils veulent joindre à leur champ, des tas”
avec du fumier, pour les porter ensuite sur Jes
terres qu'ils veulent bonifier. Il est vrai que la
terre qu'on y mêle augmente le volume du tas
de fumier: cependant i| ne faut pas croire que
cette terre serve à lui donner plus de graisse;
je conviens que les parties grasses sont mieux
ML AGRIGCUETUXRXE, 139
retenues dans la terre qu'on y joint , et que sans
cela elles pourroient aisément se dissiper; mais
il ne s'en suit pas que la terre contribue par
elle-même à l'augmentation de l'engrais. C'est
done une erreur de croire, qu'en mêlant de la
terre au fumier, on multiplie la matière propre
à engraisser.
Quelques auteurs ont appellé ferre sauvage ,
et d'autres ferre vierge celle qui n'a point encore
été exposée aux impressions de l'air et du soleil,
et qui n'a point encore produit de végétaux;
mais qui étoit au-dessous de la terre travaillée ,
sans avoir été touchée par le soc de la charrue.
. C'est cette terre qui sert de support aux terres
labourables. Elle varie suivant les lieux où
elle se trouve. Quelquefois elle est de la même
nature que le terrain qui est audessus : quelque-
fois elle forme une couche d'une nature toute diffé-
rente : souvent elle est sablonneuse et fait un lit de
gravier ; d'autrefois elle est argileuse ou marneuse.
Ainsi l'on voit aue souvent cette terre peut être
meilleure que celle qui la couvre et qu'on travaille,
comme quand l'une est glaiseuse ou marneuse, tandis
que.celle qu'on laboure est sablonneuse; souvent
aussi elle est d'une plus mauvaise qualité lorsque
la terre de dessous est sablonneuse, et celle de
dessus glaiseuse. Mais il se. trouve Fréquég MM
126 PRINCIPES RAISONNÉS
que la terre inférieure est de la même nature et
de la même bonté que la terre sup£rieure. L'on
voit qu'il faut user de précaution, quand il s'agit
de retourner , ou de mettre celte terre en dessus.
Nous pouvons dire, en général, que plus cette
terre est remplie de parties grasses et huileuses,
plus elle est gg. et plus elle est capable de
Fépagipenser le cultivateur de la peine qu'il prend
à la retourner , soit en labourant plus protondé-
ment, soit par d'autres moyens qui la transpor-
tent en haut et qui la mélent avec la couche
supérieure.
On ne s'est point accordé sur la nature de
cette zZerre Sauvage. HOFFMANN , et sur-tout
JEAN FRÉDERIC NEUMANN , ainsi que beaucoup
d'autres, ont pensé que cetle terre éloit inió-
t
conde et sauvage, et qu'il étoit dangereux de
la metire au jour. lis ont cherché à fonder
eur sentiment sur l'expérience, qui, suivanteux,
fait voir que la bare portée de desious à la
surface des terres, les rendoit infécondes, on
1
inême d'une pius mauvaise quaiité. DENSO en,
fournit un exemple , lorsqu'il cite quelqu'un qui
s'est très mal trouvé d’avoir mis en. dessus un
sable qui étoit au dessous de son champ. Ces
auteurs ont encore voulu confirmer leur eer. x
en disant quil n'y a point de parties grass
v
Li
DEQL'ÀAGnICUL T,U RE. 137
qui puissent descendre jusqu'à cette terre; mais
que lorsqu'elle est mêlée avec la couche supéri-
eure, sa graisse se dissipe en haut, et rie des-
cend point. J. A. HERTZOG, ainsi que ORTH,
prétendent que non seulement des terres, uni-
quement pour avoir été labourées plus profondé-
ment et sans fumier, ont donné une récolte,
mais encore que des terrains maigres sont deve-
nus tres fertiles après avoir été ainsi retournés,
et ont conservé leur fécondité, plus que s'ils
eussent éié. fumés. LA QUINTINIE semble être
aussi de cet avis de même que PIERRE KRETS-
.CHMAR. Ils disent que par un double labourage,
ou endoublant par un labour profond la hauteur
des sillons , les terres sont singulièrement boni-
fiées. Pour pouvoir juger dans cette dispute , il
faut avoir égard aux circonstances suivantes.
1°. Lorsque cette terre vierge ou sauvage n'est
pas meilleure que la terre supérieure, ou du-
moius n'est pas d'une égale bonté, le plus sur
sera de n'y point toucher.
2?. Lorsque cette même terre n’a pas plus d'un
pied de profondeur, on fera pareillement trós
bien de la laisser en repos, quelque bonze qu'elle
puisse être; parce qu'en ja portaut en baut, la
graisse et l'humidité ne seroient plus arrêtées,
et se dissiperoient , tant par le haut, que par le
138 PRINCIPES RAISONNÉS *
bas: d’où l'on voit que l'on ne doit pas Ja porter
totaiement à la surface; mais qu'il n'en faut
íra insporter qu ‘une TRI US
3°. J'accorde à NEUMANN , que là graisse ct.
l'humidité etis être poussées én hant, ou
dissipées par la chaleur; mais je crois qu'il a
tort de n'avoir pas fait attention que les parties,
tant grasses qu'humides, qui sont très-bien re-
o
tenues et conservées dans un terrain gras, puis
qu'eles sont mises à couvert de la chaleur du
e st
soleil par ia couche supérieure , aprés qu'elles ont
été dissoutes par la pluie et la neige, se rendent
‘en bas, par leur pu iété
i 1
1i
ive.de la terre. Ainsi
té et par la force attrac-
Orsque cette terre vier 'ge
Al
est sablonnéuse et trop pati e, il ne faut pas Ta
transporter à la surface; elle n’en vaut pas la
Wu |
| faut observer que cette terre vierge , qui
n 'est pas à portée de sentir les*mpressions de l'air,
‘quand eile est compacte et serrée , contient cont-
munément un acide minéral nuisible aux végé-
taux , et est privée des ibit que l'air com-
munique aux dificrentes espèces de terres, et
r
qu'eile ne peut pas acquérir le degré de division
indi ic:
ou de lézereté convenable par un , ou même par
plusieurs labours. Il est donc nécessaire que cette
terre vierge reste quelque tems ex posée aux inr
ect M
UD BEA GR CULTURES. 139
E |
pressions de l'air, afia que ses parties nuisibles
sen dégagent , et qu’elle se charge de celles qui
sont plus analogues et plus favorables à la nature
des végétaux. Il est encore nécessaire que cette
terre soit divisée par des labours réitérés. C'est la
raison pourquoi ces sortes de terres sont stériles
la première année , et deviennent très fertiles par
la suite; và qu'elles attirent avec plus de force
les substances eontenues dans l'air , que des terres
qui ont été lon
|
g-tems exposées à ses impressions.
5°. Comme cette terre favorise la végétation
pour deux raisons; savoir, au moyen de la graisse
qui est descendue en elle de la couche supérieure,
et au moyen des substances qu'elle attire for-
tement de l'air, il ne faut réitérer l'opération
de transporter cette terre à la surface quand elle
a les qualités requises, qu'au bout de dix ans,
et méme plus tard. Cela est encore nécessaire à
cause de la densité de la couche de terre qui est
au-dessous ; mais nous tácherons dans le chapitre
Suivant, de jetter encore plus de jour sur cette
matiere.
/
E
140 PRINCIPES RAISONN tÉS.
CHAPITREOXVLE
:
DU LABOURAGE, DE LA SEMAILLE ET DÉ
LA CULTURE DU TERRAIN. i
T i
N OUS avons vuci-devant , que c'est de l'air qu&
la terre tire sur-tout les substances propres à
nourrir les végétaux, et même qu'une terre sté
rile pouvoit étre rendue féconde lors qu'elle a été
exposée à l'air. Nous avons encore démontré que
la terre devoit être divisée : si neus ajoutons &
cela que dans une terre non travaillée , il croît
de mauvaises herbes qui attirent beaucoup de
nourriture , et dout les racines contribuent à lier
des moites, et que souvent l'eau, retenue dang
ices de la terre, s'aisrit et devient nui-
sible aux plantes, on verra la nécessité du la-
bourage , et qu'il est fondé sur quatre raisons,
1°. Afin que chaque molécule de terre soit exe
posce aux impressions fertilisantes de l'air. 2%
Pour que l'acide nuisible soit expulsé: car, plus
la terre est retournée , plus elle expose ses parties
à l'air, plus les substances nuisibles peuvent en
être dégagées, et plus elle se charge de celles
qui sont utiles. Cependant , nous ne pouvons
nier que la terre ne pcrde par-là quelques-unes
D ET AP G R 1:C Ü LOT SUE. Lii
le ses parties nutritives. 3°. Pour détruire le
hiendent et les mauvaises herbes. 4?. Pour que
e terrain devienne léger et divisé, moyen qui
rocure les avantages attachés à cette espèce de
erre.
On se propose encore un,objet particulier en
abourant. C'est de mêler plus intimement les
ngrais ou les terres avec le champ; mais il n'est
as nécessaire de faire sentir ces cheses. Si l'on
soit que l'on peut, en faisant des tranchées,
lélivrer les terres de l'acide qui vient des eaux,
f que par conséquent il ne seroit pas nécessaire
le labourer pour cette fin; je répondrois, qu'il
L a une espèce d'acidité qu'on ne peut pcint en-
ever eu faisant des tranchées, mais seulement
ar le labour. C'est ce qui arrive, lorsque cette
icidiié , fortement combinée avec le terrain, ne
eut être chassée ou détruite que par le moye:
le l'air.
On voit, par ce qui vient d'étre dit, qu'un
errain poreux et divisé n'a pas autant besoin
Pêtre labouré qu' un terrain compacte , parce que
rop de légóreté pent être suisibles DUnAMEXL,
u cer ; dans la première partie de l'ou-
rage que nous avons cité, assure qu'un terraiu
Éger, ainsi qu'un terrain plus fort et compacte,
oit être également labouré; ( On en jugera ci-
142 PRINCIPES RAISONNÉS.
apres ): mais il n'a point fait attention aux
inconvéniens qui résultent d'un terrain trop di-
visé ; en quoi il parcit avoir été induit en erreur
par les principes dont nous avons parlé. ;
Je ne me suis pas proposé de décrire les diffé-
rentes manières de labourer, ni les instrumens
dont on se sert pour cela : je me contenterai de
pas des principes sur lesquels se fondent les:
différentes méthodes du labourage: je les réduirai
aux règles suivantes. 1°. Pius le terrain est aigre
et rempli de mauvaises herbes, plus il faut le
retourner, aíin que la terre de dessous soit. exe
posée à l'aetion de l'air et du soleil , et pour dé-
pictae les herbes inutiles ;
. En labourant , il faut faire en sorte qu'il
ne reste point de terre non.divisée entre les
sillous. On reconnoît que le labour a été ‘mal
fait, quand les sillons sont tortueux, parce que
les sinuosités indiquent une terre qui n'a pas été
divisée.
$^. I] faut labourer de manière gque la terre,
coupée et relevée par le soc, soit prise moitié
: : de an
dans l'ancien sillon, et moitié dans la partie.
ui est à Jabourer. De cette manière da terre.
. > PLUS 1
sera bien divisée, les racines seront arrachéesé
hamp sera unie. | j|
4? Dans le second labour, il faut que les pres:
rdum Lon
DAR À GR 1GDEMQUR EU MI
niers sillons soient tranchés transversaleent
par la charrue, afin que les mottes qui n'au-
roient pas été divisées la première fois , puissent
l'être la seconde. Ce labour divise la terre, la
rend bien plus légère, et les sillons se pré-
sentent de biais, aux rayons du soleil: ce qui
les empéche d'être aussi fortement desséchés par
la chaleur du midi.
1
. 59. Dans le troisième labour, il faut que la
charrue traverse les premiers et es seconds si-
lous. Ce troisième travail divise de plus eu plus
les mottes, pourvü que
RE soit propre
remplir cet objet.
- 69. Lorsqu'on commence à labourer dans le
milieu du champ, il est haussé dans cet endroit,
et s'abaisse vers les côtés.
| . Cette dernière manière de labourer est plus
avantageuse pour les terrains humides ,que pour
Tes terrains secs et placés sur les hauteurs. Dans
le premier cas, les eaux peuvent s'écouler; dans
| c second , dans les années pluvieuses, le milieu
roduit quelque chose, tandis que les côtés qui
sont noyés d'eau ue produisent rien du tout, et
éciproquement pour les années sèches. Ajoutez
à cela que: comme on est continuellement obligé
i
le terre qui n'a jainais
de remettre de nouvel i
E.
Eté exposée aux impressions de l'air, pour re-
| ee
*:
=
ET mec Ja à ES
144 PRINCIPES RAISONNÉS
hausser les côtés, il faut nécessairement quele
brings produise moins par ces mêines côtés. .
8°. Pour que le terrain soit divisé convena-
blement, il faut qu'il soit labouré ou sillonné,
d'abord en ligne droite, ensuite de biais, et enfin
transversalement. Cependant , il faut observer
qu'un terrain gras doit être labouré bien plus sou-
vent qu'un maigre; parce que celui-ci seroit
bientót privé de sa nourriture , et deviendroit
stériie : d’ailleurs, un terrain maigre est moins
rempli de mauvaises herbes.
viser les mottes de terre , il faut recourir à d’au-
tres iustramens pour les briser et les diviser.
égard du temps propre à labourer , il faut
simplement observer de choisir un tems où il soit
disposé à se diviser. Ainsi, on ne doit paslabou-
rer la terre quand elle est tro p mouiilée, ni quand:
elle est trop sèche: dans le premier cas, elle se
Lorsque le labour n'a pu suffisamment di- |
He t 2 ^ jq ae3Yr-fot d ] te jins |
le et se met en masse , sur-tout dans ies terrains
slaiseux ; dans le second cas’, le labour ne sert à
rien pour la divisicn du terrain. Un champ hu-
Es E iie d a. ^ À
mide par sa nature et par sa position, doit être
labouré dans un tems sec, pour dissiper son hu-
midité. Ui
terreau et léger , ou mêlé de aeu de terre
Re:
tenace et d'une glaise dure, ne doit être labouré,
- que
A"
n champ sec, sablonneux , rempli de?
DETTA GR'L1CUE TU RE. 145
que quand il a été bien détrempé par la pluie. Un
terrain, poreux et divisé par sa nature , peut être ;
labouré de meilleure heure et plus promptement
qu'un terrain compacte. Un terrain élevé peut
étre labouré pluiót qu'un terrain bas. D'aprés
ce qu'on vient de dire , on jügera s'il est avan-
tageux de labourer au printems , lorsque la
terre intérieure n'est pas encore dégelée , comme
l'a prétendu un anonyme Suédois. |
Quant à la profondeur du labour , je crois
qu'elle doit être proportionnée à l'extension des
racines , afin que l'air puisse pénétrer jusqu'à
elles. Il est inutile de labourer trop profondément,
và qu'on peut parveuir sans cela au but de cette
opération. Cette méthode peut méme devenir
nuisible , parce qu'elle divise la terre inférieure,
"et la rend plus sujette à s'évaporer , ce qui fait
tort à la racine des végétaux.
Les Modernes ont été fort partagés sur la pro-
fondeur du labour. L'expérience de Woif a fait
conclure à quelques personnes , qu'il étoit ab-
“solument nécessaire de labourer profondément ,
afin qu'un plus graud nombre de nœuds , ou
“d’articulations des végétaux püt avoir le contact
de a ter:e, et pousser de nouvelles racineS et de
nouveaux germes lorsqu'ils en sont couverts. C'est
sur ce principe que KRETSCHMAR a regardé
K
346 PRINCIPES RAISONNÉS
comme tres-nécessaire l'usage du double labour ;
dont il a été parlé ci-devant. D'autres, au contraire,
regardent comme inutiles les labours profonds,
en voyant que des grains, tombés par hasard
sur la terre, ne laissent pas d'y germer très-bien,
Nous remarquerons à cette occasion, que tout
les terrains n'ont pas une égale profondeur , et
que c'est à quoi l'on doit avoir égard en labourant;
en effet, il y a des terrains qui, au premier coup-
d'œil, parcissent profonds et; épais, mais qui.
ont à peine, à un pied au-dessons, une couche de
sable ou de gravier. Ou leur nuiroit en labourant
irop avant. Dans tous les végétaux les racines
ne s'étendent pas également, suivant leur plusou
moins de longueur. Ainsi, pour déraciner par-
faitement lechiendent et les herbes inutiles, et
pour défoncer suffisamment le terrain, et donner
la facilité aux racines de s'étendre, il faut con-
sulter les circonstances pour ouvrir le terrain
d'une facon convenable, afin que l'air pénètre
jusqu'aux racines. ll faut encore régler la pro-
fondeur du labour sur celle à laquelle on a
semé.
Le but qu'on se propose en mettant la semence
eu térre, se borne à la mettre en sureté coutre
les oiseaux etlesinsecies ; à la garantir des vents
et des injures de l'air, dela pluie qui épuiseroit
DE L'AGRICULTURE. 147
les sucs, et de la chaleur qui les dissiperoit ; à
lui fournir une retraite où elle puisse germer et
se développer en liberté; enfin à fournir, selon
. les expériences de VVOLFF, aux nœuds ou articu-
lations, un moyen de germer et de pousser des
racines. Eu effet, l'expérience prouve que nulle
semence ne peut germer et croitre, sielle n'est
mise à couvert de l'air et placée dans la terre.
TULL a éprouvé que des semences qui avoient été
mises à neuf pouces en terre, y sont demenrées dix
ans sans souitrir la moindre altération ; d'autres
semences mises à six pouces en terre, ont très-bien
germé; d'autres qui n'ont été mises qu'à un ou
deux pouces, ont encore mieux germé. DALMAN
ESKILSSON confirme cette dernière expérience.
De tout cela je conclus que la semence des végé-
taux doit êire semée plus on moins profondément ,
suivant la différence de sa nature, mais jamais
au delà de cinq ou six pouces, et que souvent trois
pouces sout une profondeur suffisante, pour que
l'air y pénètre sans obstacle; ce qui est de la plus
haute importance, pour que la semence germe.
Pour ce qui est dela quantité de semence
nécessaire gon: easemencer les terres, il faut con- .
sulterla bonté de la semence et la nature du terrain.
Il est donc à propos d'observer, que plus le ter-
rain est gras et plus il a été soigné et
148 PRINCIPES RAISONNÉS
plus il doit être semé légèrement; car, en semant
en trop grande quantité, non seulement on nuit à
la croissance des prodi mais encore la tige ou
la plante est sujette à se courber aprés s'étre FAI
et l'épi n'est pas fourni. Plus le terrain est maigre
moins il faut épargner la semence, parce que dans
une pareiile terre la croissance et la multiplication
ne sont*pas à craindre.
Quelques personnes pensent qu'il se trouve moins
de substance nutritive dans un terrain maigre que
dans un terrain gras: d'où elles concluent qu'il
faut y semer en moindre quantité. Cependant il
faut observer que dans un terrain maigre, un
seul grain de semence ne produit qu'un seul épi,
aulieu que dans un terrain gras, où un grain
produit plusieures tiges on épis , en semant peu,
on peut en obtenir beaucoup. C'est donc en se-
mant abondamment dans un terrain maigre,
qu'on peut obtenir l'équivalent d'un terrain plus
gras.
On se régle ordinairement sur la nature du ter-
rain même, ou sur des signes extérieurs, pour le
tems des semailles; mais sans nous y arrêter pour
le présent, nous dirons simplement qu il ya deux
saisons pour semer , l'automne et le printems. Pour
semer en automne , il faut seulement, selon moi, se
réeler sur la maturité de la semence, qui doit fixer
. na
DEL AGRICULTURE. 149
le tems où elle doit être miseen terre. Dans un été
froid les grains ne mürissent que fort tard, et quand
on semetard,les plantesn'ont pu, à l'entrée de l'hi-
. Ver jettev des racines assez fortes pour résister aux ri-
gueurs de la saison, et aux mauvais temsde l'hiver
et du printems : ainsi on fait fort bien, dans ce
cas, d'employer de l'ancien bled pour ensemencer
Ja terre, Pour semer au printems, on ne peut se
régler que sur l'état du terrain: il faut voir s'il
n'est ri trop see ni trop humide, et s'il a le degré
de légèreté ou de division qui eonvient: tous les
autres signes qu'on puisse alléguer , ne sont d'au-
cune valeur. Un bon cultivateur sera quelquefois
dans le cas d'ensemencer la partie la plus élevée
. d'un champ, et attendra quelque tems pour en-
semencer la partie la plus basse. Nous avons déjà
indiqué la semence qu'il falioit choisir, et nous
ayons exposé en général, quelles doivent être les
qualités du terrain que l'on doit enseinencer.
Aprés les raisons qui ont inspiré aux hommes
de mettre les semences dans le sein de la terre;
je dirai qu'on remplit cetobjet, scit avec la
€harrue , soit avec la herse, soit avec toutes les
deux à-la-fois. Au moyen du labour, la semence
rest mise plus avant en terre, que par la here,
mais on peut la mettre à la même profondeur 4
en semant sur des sillons ouverts, Si on sèms
a
150 PRINCIPES RAISONNÉS -
avec la charrue, il faudra dans les champs qui
vont en pente , former des sillons transversaux ,
pour que les pluies fortes ne puissent pas entraîner |
la semence, de la partie haute dans la partie
basse du champ. Pour que les germes et les
feuilles des végétaux puissent passer sans obstacle
au travers de la terre qui les couvre , d'autant
plus que l'expérience nous montre que ces feuilles |
: $
et ces tiges se courbent , quand elles rencontrent
une croûte dure , et sont méme étouffées et se
dessèchent, il faut que l'on divise beaucoup la
terre qui doit couvrir la semence; briser ensuite
la croûte qui se forme par la terre empátée
avec leseaux de pluie, ou par d’autrescanses , après
que le champ a été ensemencé. Dès que les feuilles
sont sorties de la terre, il n'y a plus de rai-
son qui engage à diviser le terrain : "car alors
il est nécessaire que la terre se resserre et devienne
compacte , afin de pouvoir retenir les substances
humides et grasses nécessaires à la nourriture des
végétaux. Ainsi, ceux qui, aussitôt que les
feuilles sont sorties, pressent et égalisent le ter-
rain, font très-bien ce qui peut contribuer à mul-
]
E
tiplier les tiges, par le moyen E nœuds qui sont.
recouverts de terre. |
Mon objet, dans cet ouvrage, n'étant que. de
| ,
DR À CGR L'CRLE TU RE 153
trailer des principes chimiques des productions
qni sont dues à l'agriculture, je laisse à d'autres
à parler des instrumens nécessaires à l'exploitation
des terres.
4
K 4:
152 PRINCIPÉS RAISON NÉS
CE API ER TV EC
DE QUELQUES INCONVÉNIENS QU'IL FAUT
ÉCARTER DANS L AGRICUITURE.
À
IN OUS avons parlé des principaux inconvéniens |
qui s'opposent à la nourriture et à la croissance
des végétaux, ou qui les affoiblissent , nous allons
encore examiner en peu de mots, ceux que l'in-
dustrie humaine peut écarter, tels qi ueflles forêts —
les eaux, les neiges , les pierres et les animaux.
Les arbres, par l'ombre qu'ils jettent , em-
péchent les rayons du soleil d'agir sur les terres;
iis interceptent l'action des vents, et en même
tems , la circulation de la graisse aérierne. Aussi
les forêts conservent-elles loug-tems la neige et la
glace ; et dans les pays couverts de bois, le froid
dure pius long-tems qu'ailleurs, et les exhalaisons
y sont plus fra iches. Ainsi, il est nécessaire d'é-
ner les terres labourables, le plus qu'il est
le , des forêts, ou de détruire celles qui se
trouvent dans leur, voisinage. Un bon économe
doit calculer si Poe 0 lui rapportent plus que
ses terres , et se régler là-dessus pour sa culture.
Il faut déraciner 13 arbres et les buissons qui
"
DE UE Aoc n/CUL"rUv RE 5B
se trouvent dans les champs, parce qu'ils Ótent
aux grains leur nourriture , et que par leur ombre ,
et par leurs feuiiles qui tombent , ils étouffent les
pios d et conmnitiquent de l'aigreur au terrain,
pár les eaux qu'ils arrêtent. Il. paroît cependant
que l'on peut tolérer le bouleau et le bois blanc;
_và qu'ils croissent sur des terrains secs, et que par
leur distance , ils n'interceptent point la nourri-
ture de Ja semence.
Pour écarter les inconvéniens qui 1 résultent des
eaux, ilefaudra former des tranchées dans les
champs, suivant la nature et la position des lieux,
à l'occasion de quoi, on observera les regles
suivantes. |
. Par rapport à la position, ou les champs
sont en pente, ou ils sont unis: il faut donc que
l'on forme les tranchées, de manière que le champ
aitle moins de pente possible. Car sur les champs
qui ont de la pente , les eaux e itrafnent toute la
graisse et l'humidité vers Ja partie la plus basse,
et en privent la partie la plus élevée. Ainsi, l'on
doit former des fossés transversaut , et non des
fossés en pente dans ces sortes de champs. Quel-.
ques cultivateurs mettent leur champ en pente,
sur-tout lorsqu' ils ônt exposés au levant ou au
midi, mais j'ai souvent observé, qu'en donnant
üne' pente forte aux eaux de pluie, elles entraînent
154 PRINCIPES RAISONNÉS
avec violence les {erres, elles détruisent les fossés ;
elles se font des passages au travers des champs,
et leur causent un dommage irréparable , sans
parler des autres inconvéniens qui résultent de la
perte. i
29. Plus un champ est bas et humide, plus on
peut y faire de tranchées; et plus il est sec et
élevé, moins il faut y en faire. Car dans un ter-
rain bas et humide, il y a tonjours une grande
quantité d'eau qui s'écoule avec d'autant plus
de peine, que le champ a plus de largeur et
d'étendue, E
3°, Les fossés ou tranchées doivent avoir de
li grandeur et de la profondeur , lorsqu'ils tournent
autour du champ , et qu'ils sont destinés à recevoir
toutes les eaux dont il doit être débarrassé. Les
tranchées destinées à faire couler les eaux du
milieu du champ, deivent être pius petites que
4°. Les petites tranchées dont je viens de
parler , ne doivent avoir que la profondeur des
racines , à moins que le champ ne soit disposé
de manière à être souvent inondé. En effet, nous
avons vu , dans le cours de cet ouvrage , que les
végétaux se nourrissent de vapeurs aqueuses qui
s'élèvent de la terre. Ainsi, plus on fera écouler
les eaux par des tranchées profondes, plus on
”
"d PORC à dqd sur rvd* 155
Giera de cette nourriture aux végétaux. Consé-
quemment , il paroit nécessaire de ne point faire
ces tranchées plus profondes qu'il ne faut , pour
dégager les racines de la trop grande quantité
des eaux.
5°. Enfin il faut que tous les fossés soient
.. faits de manière que les peiites tranchées con-
-duisent l'eau dans les plus g'andes , et que celles-
ci la conduisent hors du champ. Pour que l'eau
ne puisse pas séjourner sur un champ , il ne suftit
pas d'y faire des fossés ; il faut encore l'égaliser ,
pour ns n'y ait point d'endroiis où l'eau puisse
s'arréler; et apres avoir semé, il faudra former
des silluns plus grands que les autres, et: qui
puissent conduire les eaux dans les fossés.
æ Dans un pays nni, où l'on ne trouve ni có-
teaux , ni montagnes, comme en Pologne, il
.me semble que lon pourroit se passer de faire
des fossés ; au lieu que dans un pays inégal et
montueux , où les champs vont en pente , et qui
sont exposés à de grandes fontes de neige au pziu-
temps, on ne peut se dispenser de former des fossés
et des tranchées, La neige est nuisible, parce
qu'en tombant sur un terrain non gelé ,elle em-
pêche le froid de pénétrer jusqu'à la racine et à
la terre, et que quand elle vient à fondre , elle
déchire les racices. La neige, en fondant au
4 nt |
156 PRINCIPES RAISONNÉS
printems , augmente le volume des eaux qui sont
dans les champs. D'ailleurs, elle est entassée par
les vents, et s'attache autour des haies, des
buissons et des arbres du voisinage. D'après ces
observations , on voit qu'il est bon , pendant
l'hiver, d'ôter les neiges de dessus les terres; ce
qui s'exécute en Suéde avec un instrument ap-
pellé charrue de neige. On peut écarter l'eau de
neige des champs , en formant des fossés et des
tranchées. On voit aussi, qu'il faut óter les ar-
bres, les buissons et les pierres , et que. les haies
doivent être dans un certain éloignement de la .
terre labourée, afin de laisser de la’ place à la
neige.
Autant qu'il est possible , on détruira les buttes
les roches et les inégalités dans un champ, pars
ce que non seulement elles sont nuisibles par leur
ombre , mais encore par la neige qui s'y amasse,
et qui est long-tems sans se fondre. De plus,
l'eau qui s'en écoule pour se porter vers les en-
droits plus bas, peut causer du dommage. Je re-
garde les cailloux et les petites pierres comme
plus utiles que nuisibles, suivant la nature du
terrain : c'est ce que confirme l'expérience.
Pour garantir les plantes contre les animaux ,
il faut environner les terres de fossés, de haies,
de retranchemens, afin que les bestiaux ne puis-
DE L'AGRICULTANRE 157
sent point y entrer. Je finis par la maxime de
. PLATON , au neuvième chapitre du dix-huitième
livre. « Par où faut-il commencer ? Par bien tra-
« vailler le terrain. Que faut-il faire ensuite? Bien
« labourer. Que faut-il faire en troisième lieu?
« Bien fumer. Ne labourez pas inégalement, et
« labourez au tems propre. Tout champ doit
« étre labouré d'abord en sillons droits , et ensuite
« en sillons transversaux.
158 PRINCIPES RAISONNÉS
-
A PP END
M ALLERIUS prétend, et a publié dans l'ou-
vrage qu'ou vient de lire, que DUHAMEL DU-
MONCEAU recommande aux agriculteurs , de
bannir tout engrais de leurs terres: je ne puis |
mieux réfuter cette assertion , au moins hasar-
dée, qu'en mettant sous les yeux des lecteurs,
l'analyse succincte des ouvrages d'un citoyen, qui
n'a cessé de bien mériter de sa patrie, par son
zèle infatigable pour le bien public, auquel il
s'est dévoué la plns grande partie de sa vie.
Je le répète, si VVallerius a bien entendu les
élémens d'agricuiture et du labourafe de notre
compatriote, dans quelie vue lui a-t-il attribué
me doûtrine qui est si loin d’être la sienne?
Pour combattre l’assertion de l’auteur suédois,
je vais rapporter l'excellent extrait des ouvrages
de DUHAMEL , fait par un homme de lettres
distingué , le citoyen B...
Dans un siècle où toutes les vues se portent
vers l'utilité pubiique, on a vu une foule de
bons citoyens s'empresser de ranimer par leurs
écrits, le goüt et lamour de l'agriculture en
France; chacun a proposé scs observations et
D E IF A*6 n 1"C UT, TU R'E. 159
ses expériences, et il en est résulté un avan-
tage réel et des succès dont l'influence com-
mence déjà à se faire sentir ; mais aucun n'a.
contribué plus efficacement aux progrés de cet
art, que DugBaMwErL DuMwoNcEaU. Ce savant
S'est, pour ainsi dire, consacré à cette partie, et
ha engagé par son exemple tous les physiciens
à diriger leurs recherches vers un objet si
intéressant. Après avoir donné un traité. sur les
arbres et les arbustes qu'on peut naturaliser en
France, une physique des arbres, et plusieurs
volumes sur le semis, les plantations et l'ex-
ploitation des forêts, tous enrichis d'expériences
exactes et détaillées: il publia en 1763 ( v. s. )
ses élémens d'agriculture et du labourage. Il
a réuni dans cet ouvrage ses principes sur
l'agriculture avec le système de TUIL Anglais,
sur la nouvelle culture. Les matières y sont
traitées dans l'ordre suivant. Il cherche quel est
en gros le mécanisme de la végétation; quels
sontles meilleurs moyens de défricher les terres;
en quoi consistent les bons labours, et ce qu'on
doit en espérer; quels sont les diflérens engrais,
la meilleure manière de les employer; le choix
et la préparation des semences , les différentes
maniéres de les répandre; les soins qu'exigent
2 d 3121 117 ‘nc 3 1. 1 M
les grains pendant qu'ils sont sur pic d : ia facon de
160 PRINCIPES RAISONNÉS
de les récolter, de les battre, de les nettoyer;
de les conserver; quels sont les meilleurs ins-
trumens propres au labourage: l'utilité des prés
naturels ou artificiels , les moyens de les former
et de les améliorer; la culture particulière de
quelques planies utiles; enfin, il expose et com-
bat quelques abus qui forment un obstacle aux
progres de l'agriculture etc.
Connoissances préliminaires. Pour travailler
mát hodiquement aux progrès de l'agriculture, pour
se mettre en état de juger sainement de la
culture des terres, et pour sentir les avantages
jr une méthode peut avoir sur une autre, Dü-
EAMEL recommande d'examiner l'organisation
des plantes, les secours qu'elles recoivent de
leurs racines et de leurs feuilles, la qualité de
la substance qui les nourrit et la nature des
terres qui leur fournissent ce suc nourricier.
Ensuite il observe séparément. les parties qui
constituent les plantes, leur influence réciproque
par rapport à la végétation; il ajoute des ob-
servations sur la nature et le mouvement de la
«ève , et il termine ce premier livre par quelques
considérations sur les difíérenies qualités des
ierres.
Terres franches. DUHAMEL donne ce nom à
celles qui contiennent plus de suc nourricier, et
qui
LN
AN rLr'"Avemnufc'ut£u uar 161
qui sont parconséquent plus propres à la végé-
tation. Il en distingue trois espèces: les
blanches, les brunes et les rousses.
Les terres blanches sont ainsi appelées parce
qu'en se desséchant elies prennent un oil blan-
chátre: ce sont les meilleures pour le froment.
Les terres brunes sont celles qui, en se des-
séchant, conservent encore un peu de leur cou-
.leur. Quoique peu inférieures aux précédentes,
eles sont néanmoins encore fort bonnes pour
les grains.
Les terres rousses sont assez bonnes pour le
froment dans les années humides; ro si peu
. que la sécheresse se fasse sentir, elles deviennent
alors fort inférieures aux terres brunes et aux
terres blanches.
Toutes ces terres natureilemert très fertiles,
font effervescence avec les acides. Lorsqu' elles
sont sèches, si on les humecte, elles répandent
une odeur de pluie d'été: eiles s'ameublissent
aisément par les labours, et fournissent aux ra-
cines une nourriture abondante.
Les autres terres qui contiennent moins de sucs
nutritifs , sont l'argile ou glaise, le sable pur,
la marne, la craie et le tuf.
La glaise, que l'on nomme aussi argile , con-
fient quelque sue nourricier; mais ses pores
L
162 PRINCIPES RAISONNÉS
étant trop serrés , les racines la pénètrent difficile-
ment.
Le sable pur admet l'eau entre ses parties,
tandis qu'elles-mémes sont impénétrables à ce
fluide: en sorte qu'elles laissent entr'elles des
espaces qui servent de passage à l'eau, sans en
retenir ; ce qui fait que le sable est bientót des-
séché. Les sables permettent aux racines de
s'étendre; mais ils ne fournissent par eux-
mêmes aucune substance nutritive: ainsi, tout y
périt par le hále , d'autant plus promptement,
que le sable s'échauffe beaucoup.
La marne est une terre qui par elle-même,
est aussi iufertile que le sable pur; mais lors-
qu'elle est mêlée avec d'autres terres, elle les
rend aussi fertiles que le sable gras. On dis-
tingue les marnes coquillières , les graveleuses et
celles qu'on nomme crayons. Les premières sant :
communément très-bonnes: les marnes graaeleuses
sont d'autant moins propres à fertiliser, qu'elles
contiennent plus de. gravier: excepté qu'on les
répande sur des fonds glaiseux: celles qu'on ap-
pelle crayons, fertilisent promptement et puissam-
ment ; mais leur eïlet ne dure pas aussi long-
tems que celui des marnes grasses.
La craie est une pierre tendre , dans laquelle
les racines ne peuvent pénétrer, ct qui ne paroît
IN 1 Ac RUN CU*L TU R'E 163
pas contenir beaucoup de substance, propre à
la végétatioh ; néanmoius, quand on entame
la craie à force de bras, la pluie, le soleil,
la gelée ne laissent pas de la diviser, et avec:
le secours des fumiers, elle devient capable de
nourrir des végéiaux.
Le tuf est une terre vierge , ou qui n'a point
été remuée, parce qu'elle est au-dessous des
labours. Par sa nature, elle n'est pas propre à
la végétation ; cependant, à force;d'avoir été
labourée , et d'avoir recu l'impression de la gelée
et du soleil, et étant aidée par des engrais, on
peut la rendre fertile.
Terres trop fortes ou trop légères. Le suc
nourricier des plantes seroit inutilement répandu
dans le sein de la terre , si les plantes ne ponvoient
pas le recevoir. C'est ce qui arrive dans les terres
trop compactes, et daus celles dont les molécules.
sont rapprochées les unes des autres, les racines
ne peuvent s'étendre ; c'est un défaut des terres
fortes. Si, au contraire, les interstices sont trop
grands, les racines les traversant, sans presque
toucher la terre , n'en tirent aucun secours, Voilà
ce qui constitue les terres trop légères.
- On peut , par une bonne culture , éd en
partie à tous ces inconvéniens : il suffit.pour cela
de diviser les molécules de terre ; de facon qu'elles
L9
16% — PRINCIPES RAISONNÉS
laissent entr'elles une infinité de petits espaces,
dans lesquels les racines puissent s'insinuer. Alors
cuchant immédiatement les molécules de terre,
elles en pomperont tous les sucs nourriciers. Il
est facile d'opérer celte division par les labours
et par les engrais. -
Préparations qu'on doit donner aux terres,
jour se procurer de bonnes récoltes. Ges prépa-
: e 22d; Sosa cr dq E 4 4m
raíions conusisieni à Gciricuer la terre rode précé-
demment, elle n'a pas Cié mise en culture ; à jui
donner les labonurs nocossalres ; si c'est une terre
E LA 1
qui esten rapport depuis long-tems ; à lui fournir
b SEA pP ELO TUE PERPE le VP I-A PK 1. , $5
es eng&rai55 à GIStTIOUCT 1ES saisons d ure maniere
|
convenable; à faire un £on choix des grains qu'on
r 1 , £
doit semer ; et-à les Géposer, quand ii le fant ,
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1° " + TTE xi» .
encore a extir Der les Iüuauvoises berbes.
De/richen nent des terres. &)n peut ranger sous
1 = 1 *
quaire Ciasse M:crentes, les terres quon veut
on
|n)
défrieler ; savoir, celies qui sont en bois, celles
«qui sont en landes, ceiles qui sont en friches,
et celles qui sont humides,
Quand en veut défricher un terrain qui est en
. 1 1 : j
bois, on arrache les souches avec soin, et les
fouilles qu'on est obligé de faire pour en tirer
"les racines, retournent et focousent avanlageu-
sement la terre; quand le terrain est bien dressé
vien ——
Lot
MEET" À CRTC UN TU À EF. 165
il re faut vs donner, dans l'automne, un bon
labour avec la charrue à versoir. Les gelées d'hi-
ver font périr les herbes , elles divisent les mottes;
et, après un second labour fait au printems
peut ensemencer ces terres en grains de mers
et compter sur une récolte très abondante: car jd;
arbres n'ayant point épuisé la ferre de ja super-
ficie, l'ayant même fzmee avec]
* jc i»
> (os Lx * ^ 6A EN T et l 3 be les *y 13 LA EU
on peut porn , peudant Dien des années, ui
produit considérab
3 re . 3 1 . €»
Pour é£fricher ies landes, Hi
. » Pl
les mauvaises sal quis'v trouvent. Noñ-
hok A oA ai
senleiment parce que leurs cendres améliorent !
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LA RCE M UE ^ nA MASA
terre un; mais encore | parce que io TC PIDPCEC EH
2 fl à E EN 3 T^ sit nreace
partie le rejet ae 3 racines ; ct qu 1 Goiruült ores
que toutes les semences nuisibles, qui n'auroier
pas manqué de germer: quelquefois mème il fait
péric plusieurs insectes. La saison la pis propre
pour brüler ces landes, c'est vers ja lin de Téte:
-
. IT. CEA Et
on choisit , à cet eut , un jour Caine et serelu.
i * CRI CRUE Oe Ao ANE
Quand toute la sûperficie de la i2nde est bruiée »
1 M UNE » ^£ IAS xy ^ ( AC eue ] vhs .
ou arrache avec la pioche ies racines des arpustess
on attend ensuile que ir terre toit humeciée pac
les pluies d'auiomue, pour la libourer par gros
sions avec une forie chacrue à versoic t et ayant
donné un sceond la
r,
904 , H . EXIT la mp: T3 [^ *YY
lensemencer eu 2voinc. La seconós znnee, om
166 PRINCIPES RAISONNÉS
lui donne trois bons labours; et la troisième , elle
est en état de fournir une bonue récolte de froment.
Sous le nom de terres en friche, on doit com-
prendre les sainfoins, les luzernes, les trèfles , et
généralement tous les prés qu'on veut mettre en
labour pour les ensemencer. On renferme aussi
sous cette dénomination les terres qu'on ne la-
boure que tous les huit ou dix ans.
À l'égard des prés de toute espèce , on se con-
tente ordinairement de les labourer , aprés que les
terres ont été bien ramollies par les pluies d'au-
tomne. Lorsquele priatems n’est pas fort humide,
un second labour donné à propos , les met en état
d'être ensemencées en avoine; mais il ne faut y
metire du froment, qu'après que la terre aura
éié assez affinée, par des labours répétés, pour
recevoir cette plante, qui demande plus de nour-
riture que l'avoine. se
Quant aux terres qu'on ne laboure que tous
les huit ou dix ans, on les égobe de cette ma-
nière: des ouvriers vigoureux culèvent , avec une
piocue courbe , toute la superficie de la terre par
gazons qu'on dresse et qu'on appuie l'un contre
l'autre ea faitière , mettant l'herbe en dedans.
Lorsque ces gazons ont €lé desséchés par les ar-
deurs du soleil, on y met le feu: et au bout de
vingt-quatre , ou vingt-huit heures , quand le feu
DEÉXL'AGRÍÉCUELTU RE. 167
est éteint , toutes les mottes sont réduites en
poudre. Lorsque les fourneaux sont refroidis, on
attend que le tems se mette à la pluie, afin que
la cendre ne s'envole pas: alors on répand la
terre cuite le plus uniformément qu'on peut , n'en
laissant point aux endroits oü étoient les four-
neaux , qui malgré cela donneront des grains
plus beaux que le reste du champ. On donne
aussitót un labour fort léger , pour commencer à
mêler la terre cuite avec celle de la superficie. Si
lon peut donner le premier labour au mois de
juin, et s'il est survenu de la pluie, il sera pos-
sible de retirer tout d'un coup quelque profit de
la terre, en y semant du millet, des raves où
des navets, ce qui n'empéchera pas de semer du
seigle ou du froment dans lautomne suivant.
Néanmoins, il vaut mieux se priver de cette pre-
mière récolte , pour avoir tout le tems de préparer
la terre à recevoir du froment. Il y en a qui
aiment mieux semer du seigle que du froment ,
parce que les premières productions étant très
vigoureuses, le froment est plus sujet à verser
que le seigle.
Cette manière de brûler les terres les épuise-
à la longue: attendu qu'il y a toujours une
partie de la terre qui se cuit en brique, et
qui perd dès-lors toute sa fertilité. :
| ^A
168 PRINCIPES RAISONNÉS
,
Lorsqu'on veut dessécher les terrains humides,
c'est-à-dire, ceux qui, étant dans des fonds re-
coivent l'eau des terres voisines, il faut envi-
ronner la pièce d'un bon fossé pour égouter
l'humidité de la pièce qn'on se propose de la-
bourer; ce qui est aisé pour peu qu'elle ait de
peste ) mais s'il y avoit un fond au milieu de
la pièce, il seroit nécessaire de la refendre
ar un bon fossé qui conduiroit l'eau dans le
fossé du contour; et méme, ilseroit expédient
de faire de petites rigoles en pattes d'oie, qui
iroient aboutir au second fossé. Le terrain étant
desséché , on le défriche en suivant le moyen
dont nous avons déjà parlé.
Lubours.en suivant les principes de DuxA-
MEL DUMONCEAU , on peut augmenter la ferti-
lié des terres , de deux manières différentes:
par les Zaóours et parlesfumiers. Le premier
moyen est souvent préférable, và la difficulté
qu'on a de trouver assez de fumier, et les in-
convériens qui résultent. de l'usage de cet en-
grais. Les plantes qui croissent dans le fumier,
n'ont Jamais la saveur agréable de celles qui
croissent dans une bonne terre médiocrement
fumée. Le fumier qui agit par voie de fermen-
tation, fait à la vérité, une division intérieure
des molécules, qui doit êire fort mtile: mais
DAS À (GR 2 EU LIT ER Ë. 169.
il ne renverse pas le terrain, et ne change pas
de place les molécules de terre: ce. qui est ce-
pendant très nécessaire, pour qu ‘alles soient pé-
nétrées par l'eau de pluie et des rosées, et par les
rayons du soleil: on a remarqué ‘aussi que le
fumier attire les insectes qui rongent les plantes.
Les labours peuvent pt ea aux avantages que
procurent les fumiers, soit dans les terres fortes,
soit dans les terres légères. A force de labourer
la terre on écarte teliement ses molíeules, qud
les racines ayant la liberté de s'étendre, sont
en état de fournir aux plantes ia nourriture
qui leur est nécessaire. Les préceptes que donne
4 auteur à ce ER sont Confirinés par une suite
d'expériences.
On emploie ordinairement quatre es peees d'a-
nimaux pour ' Jabourer la terre , les ânes, les
mulets , wi chevaux et les bœuis. DUHAMEL
recommande aux fermiers d'avoir ua attelage de
bœufs pour eutre-hiverner les terres , défricher
les prés et faire tous les autres ouvrages fatizans;
et d'acheter un bon attelage de chevaux pour
faire les derniers labours.
Le nombre des labours et la manière de les
exécuter , varie suivaut les différentes provinces,
et selon que la différente nature des terres l'exig
:
mais toutes tendea tà un inmême but, qui consiste
€
M
170 PRINCIPES RAISONNÉS
à détruire les mauvaises herbes, à briser et à
soulever la terre, et à la mettre en état de
recevoir la semence. Lorsque la terre ne retient
point l'eau , il faut labourer à plat pour ne point
perdre inutilement du terrain: si, au contraire,
les terres retiennent l'eau, il faut labourer par
sillons , ou au moins par planches plus ou moins
larges, selon qu'il est plus ou moins nécessaire de
donuer un écoulement aux eaux: de sorte que ,
suivant la nature des terres , ou leurs situations,
on pratique quelquefois dans une méme ferme,
l'une et l'autre méthode.
Le premier labour s'appelle lever les guérets
ou Zes jachères : il consisie à retourner les
chaumes d'avoine. On le donne depuis le mois
de janvier jusqu'au mois de juin. 1l y a des pays
où l'on ne commence qu'au mois d'avril ; mais
par-tout il est fini avec le mois de juin: il y
a quatorze mois que la terre n'a été remuée ; en
conséquence ce labour est plus pénible que les
autres. |
La seconde facon qu'on nomme binage , com-
mence quand les guérets sont levés, et finit dans
le mois de Septembre (. v.s). On le commence
par la raie qui a fini le labour des guérets. H
faut observer que, dans ces labours, un des che-
vauximarche toujours dans la raie que le soc
v
"p E f'AGRIGULITU m .tÉE. 17
'va remplir, tandis que l'autre cheval marche
sur la terre qui n'est pas encore labourée, et
le soc suit entre les deux chevaux, pendant
que le charretier marche dans le sillon qui se
forme, de sorte que le guéret n'est. point trépigné.
Le troisième labour , qu'on nomme dans quei-
ques endroits, Zabour à demeure, prépare la
terre à être semée sur le gnéret: dans ce cas
le grain est enterré à la berse. ll y a des
pays ou cette troisieme facon ressemble tout-à-
fait à la première, excepté que, la terre étant
très meuble, il se fait avec facilité; alors on
seme sur ce guéret, et on enterre la semence
avec la charrue, ce qui fait un quatrieme la-
bour; mais il est bon de le faire léger, afin
que la semence , n'étant pas trop enterrée, les
germes puissent sortir de terre.
A Fégard des mars, suivant un usage reçu,
on donne deux labours aux terres qu'on destin
à recevoir de l'orge, et un seulement à celies
où l'on veut semer les avoines. Si l'on est décidé
à donner deux labours aux mars, on commence
le premier, peu de tems après les semailles du
fronient ; et le second , immédiatement avant les
semailes des mars; et lorsqu'on ne veut donner
qu'un labour aux mars, on le fait en janvier,
ou février € V. S. ).
172 PRINCIPES RAISONNÉS
La maniere de labourer les terres, varie selon:
leur situation, c'est-à-dire, selon qu'eiles retiens
nent, ou ne reliennent pas l'eau : et encore selon
leur nature, c est-à-dire selon qu'elles sont lé-
géres ou fortes, et suivant qu'elles produisent
peu ou beaucoup d’herbe. 250
Les terres maigres et légères, qui n'ont point,
de fond, ne peuvent jamais donner vn grand
produit; on ne laisse pas cependant de les culs
liver ; ii -à- peu on leur donne de la profondeurs
en enlamant sur le {uf ou la craie ; et à force
de les "Re on en tire quelque avantage. -
Il y a d'excclentes terres à froment, qui ne
forment qu'ua lit d'environ quatre pouces d'épaise!
seur , sous lequel oa trouve une terre rouge
sitrile. Conime ces sortes de terre s'imbibent de
l'eau des pluies, aussitôt qu'elles sont tembéesg
on les laboure à plat , et l'on a soin que la
charrue ne pique pas jusqu'à la terre ronge;
à la récolte suivante , à moins quà
force de fumier, l'on ne rendit à la terre sa)
fécondité naturelle.
On hdi se ces terres avec les petites char-
rues, qu'on nomme à oreille, ou à tournc-oreilic,
4 1 f + i Ju :
Quand les terres sont fortes, telles qu'un sable
SP 2 e c #3 -- li X. 2 Y
Bras, on se sert de charrues plus solides, qu'on
EAS 1 E 3 "
appeic Ciidii uts à VCESU la
DIRE G RL ICUILITEU R'ES 193
L Nos cultivateurs n'emploient ordinairement que
deux principaux instrumens pour le labourage,
la bêche et la charrue.
La béche est un instrument très propre pour
aire un excellent labour ; elle retourne là terre
à dix ou douze pouces de dose Cette opé-
ration est longue, pénible et coûteuse : de sorte
Qu'on n'en peut faire usige que dans certains
Cantous, où se trouvent beaucoup d'ouvriers et
peu de terrain.
La charrue est plus nee ive ; mais commu-
s la
nément elle ne remue pas à une si grande
profondeur ;souvent eile i renverse: fout d'une
pièce, sans briser les mottes, et contre-coupe
le gazon verticalement , le soc qui suit,.le co nupe
horizontalement, et le versoir cu l'oreille le ren-
Merse tout d'une piece sur ie côté.
Quelquefois on rompt les mottes avec des
maillets; cette opération sercit exceliente , si elle
m'étoit pas si longue. Dans certains cantons, on
fait passer un rouleau plus ou moins pesant sur
es champs où il y a des mottes. Cette pratique
est très bonne; lorsque la terre n'est ni trop
sèche, ni trop humide ; mais il est plus avan-
tagcux meyer un roulean a e dents de
fer, qu'on appelle une herse rou!: parce que
cet instrument , baril est un peu PC est
174 | PRINCIPES RAISONNÉS
très propre à briser les mottes, et à détruire les
racines des mauvaises herbes. |
Engrais. Pour recueillir d'abondantes récoltes,
il ne suffit pas d'avoir donné des labours à propos,
i de les avoir souvent répétés, il est encore
nécessaire d'en améliorer le fond par de bons
engrais. DumAMwEL pU MONCEAU estici d'um
sentiment opposé à celui de TULL, qui prétend.
que le fumier peut produire des mauvais effets,
et qu'on peut se dispenser d'en faire usage, sans
craindre de diminuer la fertilité de la terre.
Notre auteur, loin de désapprouver l'emploi du:
fumier pour engraisser les terres , ne cesse , au
contraire, d'exhorter ceux qui s'intéressent aux
progrès de l'agriculture, à essaver de les rendre
moins coüteux et plus abondans. En conséquence ,
il assigre les différentes espèces d'engrais qu'on
peut tirer des trois régnes de la nature.
Le règne minéral fournit les terres neuves, les,
curures des mares, le sable, la chaux vive, la
glaise, les coquilles fossiles, les cendres de tourbe
et celles du charbon fossile. Toutes ces diverses
substances forment autant d'engrais particuliers
Les terres neuves qui ont été long-tems sans.
rodnire, étant répandues sur les guérets , forment.
un très bon engrais. | ÿ
Les curures des mares, sur-tout celles qui sont;
rion: pn
duni a nn.
DE L'AGRICULTURE. 175
fréquentées par le bétail, sont encore très estimées
pour le même objet. Il n’en est pas de mème de
la vase qu'on retire des petites rivières d'eau vive
et de source. Leur limon se dessèche à l'air; se dur-
;eit au soleil, et n'est point du tout propre à la
"végétation. Le limon des étangs rend la culture
trop difficile, s'il est resté en tas pendant plu-
sieurs années avant de le répandre. La vase
de la mer est très fertile ; mais on ne doit
employer cet engrais qu'en médiocre quan-
tité.
Le sable du voisinage de la mer qui a recu une
impression de sel , celui qui est formé des fragmens
de pierre calcaire , augmente beaucoup la fertilté.
La chaux vive peut être fort avantageuse,
pourvu qu'on s'en serve avec précaution, et sui-
vant la méthode que l’auteur prescrit. Quelque
temsaprès avoir donné en mars un premier labour
,àunpré qu'on veut ensemencer en grain, on portela
chaux sortant du four dans le champ, à raison de
dix milliers pesant par arpent, et on la distribue
de facon qu'il se trouve un tas de cent livres au
milieu de chaque perche. On relève ensuite la
terre autour de chaque tas en forme de dóme; on
en met un demi-pied d'épaisseur. La chaux fuse
sous cette terre, et se réduit en poussière. Alors
on la mêle bien avec la terre qui la recouvre, et
176 PRINCIPES RAISONNÉS
on la laisse en cet état pendant six semaines où
deux mois. Vers le mois de juin ( v. S. ) on
répand uniformément ce mélange sur les guérets :
on laboure ensuite une fois, si l'on veut semer du
q^ foc
sarrasin;et deux ou trois, s1l'on se propose desemer
du froment. Le den et les vieux mortiers en?
démolition engraissent singulièrement les terres
fortes. à
La slaisequi aura resté deux ans exposée aux
impressions de l'air, du soleil, des pluies et du
Ja
r
v E] Re Ki os
froid, est bonne pour améliorer les terres légeres;
c
]i faut prendre sd quil y ait des glaises nui
sibles à la vég gétation.
£a marne dertilisa les terres: mais toutes les
,
espèces ne sont pas eg
cet avantage. AG on a trouvé de la marne,
—-4 eb
tement propres à proeurer
il est à propos de faire des épreuves en petit, et
d'attendre deux ou trois ans avant de s'enservir,
puisqu 'ilest certain que le bon effet de cet engrais
re commence à se manifester qu'au bout de ce
lenis.
Aux environs de Tours, on tronve des banes
de coauilles connues sous le nom de Falur , dont
1 3
les cultivateurs se servent pour améliorer leurs”
and toot de suite sur les gnéirets, qui deviennent.
ies féconds.
ec a
rres. On les fonille en automne, et on les ré.
On
bd cus scu
à
DE L'AGRICULTURE, 177
On a découvert dans le Hainaut, l'Artois, et
dans quelques cantons de Picardie, une espèce de
tourbe, qui, étant brûlée, donne une cendre qui
engraisse prodigieusement : soixante ou quatre-
vingt livres de ces cendres suffisent pour fumer un
arpent. Les cendres du charbon fossile, qu'on
brüle dans les verreries, les brasseries et autres
manufactures, fournissent un engrais excellent.
pour les prés, soit naturels, soit artificiels.
Le régne végétal produit des cendres qui en-
graisent la terre; la suie, la charrée , la
tannée, la sciñre de bois, le marc de raisin,
les feuilles des arbres, le marc des graines de
lin, de colzat et le varec, ont la mème pro-
priété. Les cendres des végétaux sont beaucoup
meilleures que celles des tourbes.
La suie des cheminées fait un effet admirable
dans les prés, à la quaniiié de trois ou quatre
septiers par arpent.
La charrée , qui est la cendre de la lessive,
mélée avec du fumier, fertilise les terres: on
sen sert communément pour les potagers.
La tannée ou le tan, qui sort des fosses des
tanneurs, feroit encore un bon engrais, si l'on
ne préféroit pas de l'employer à faire des mottes
à brûler.
La. sciüre de bois peut s'employer comme
D
1728 PRINCIPES RAISONNÉS
engrais, quand on la méle' avec. du fumier ou
de la cendre. '
Le mare du raisin seul est trés-bon. Celui
de pommes ou de poires doit étre mélé avec
d'autre fumier.
Les feuilles des arbres et les tontes des charmilles
sont très-estimées pour faire un bon engrais;
r LI f 2 3 > . * à
néanmoins on prétend que les fumiers faits avec
la paile , sont meilleurs que ceux qu'on fait
avec les feuilles et les herbes sèches.
Le marc des graines de lin, de colzat, de
chenevis, dont on a exprimé l'huile, est un excel-
lent engrais. À cet effet, ou le réduit en poudre,
et on le EO sur la terre, de la méme maniére
que l'on sen e le grain.
Le Val. à les E. et généralement toutes
les plantes mar ont la vertu de fertiliser les
on asd fasse pourrir avec les fu-
miers, soit qu'on les réduise en cendres pour les
répandre sur les prés.
Le règne animal fournit encore plusieurs sub-
$lances qui fertilisent la terre: telles sont la chair
pourrie des animaux., les boyavx, les curures des
boncheries, le
et de cuir ; ur Md den le plus commun pro-
vient des excrémens des animaux , connus sous
le noni de urn .,cGont on distingue quatre es-
sd ires Pila Mg
es raciures de corne, de parchemin |
DEL AGRICULTURE 179
| péces: savoir, les excrémens humains; la colom-
bine, qui est le fumier de toute espèce de vola-
tile; le fumier des brebis, des moutons et le
fumier de cour, qui comprend la litière qui a sé-
journé sous les chevaux, les mulets &c. De tous
les fumiers , le meilleur est la vidange des latrines;
mais il communique une mauvaise odeur aux vé-
gétaux: les chevaux délicats ne veulent pas manger
l'avoine qu'on a recueillie daus les champs qui ont
été fumés avec cet excrément.
La colombine est très-recherchée pour les prés;
le froment, encore plus pour les chenevières. Ce
fumier détruit la mousse et le jonc, plantes si
funestes aux prairies, et il donne une grande vi-
gueur aux bonnes herbes, Il est si rempli de
molécules nutritives, que pour engraisser un
champ que l'on destine au froment, on sème ce
fumier à poignée comme le grain, à raison de
“vingt sepliers par arpent
Le fumier des brebis ; des chèvres et des mou-
tons a beaucoup d'action, sur-tout daus les
terres fortes: on a remarqué que le crottin d'été
est meilleur que celui d'hiver, parceque les
moutons fientent et urinent beaucoup plus,
quand ils mangent de l'herbe, que quand on
les nourrit au sec.
Pour avoir une excellente cour à fumier,; og
M a
180 PRINCIPES RAISONNÉS
aura soin: 1°. de mêler le fumier des vaches avee
celui des chevaux , ainsi que celui des cochons;
2°, De placer les bergeries de manière que le trou-
peau passe sur le fumier , toutes les fois qu'il va
aux champs, ou qu'il en revient. 39. Il est à
propos de déposer le fumier dans un lieu humide
afin qu'il pourrisse plus promptement : observant
néanmoius que l'eau ne s'y rassemble en trop
grande quantité, parce qu'une grande abondance
d'eau empéche la corruption. 49. Il est absolument
nécessaire que ces fumiers soient garantis des ar-
deurs du soleil par les bátimens , ou par des arbres.
Ainsi, quand les litières sont en partie pourries
dans les fosses à fumier , on les en tire avec les
crochets , et on les met en tas fort épais dans
l'angle de deux murs qui les couvrent contre les
ardeurs du soleil. |
Exploitation des terres. Apres avoir préparé les
terres par les défrichemens, les labours et les en-.
grais , notre auteur recommande de choisir la ma-
niére la plus avantageuse de les exploiter:
Celui qui semeroit tous les ans du froment dans
un méme champ, n'auroit assurement que de
médiocres récoltes. On en attribue la cause à ce
que la terre ayant été épuisée par ce premier pro-
duit, elle ne pent suffire a nourrir perpétueliement
cette méme plante, Ainsi, il y a un avantage
DE L'AGRICULTURE: 18x
. à semer- successivement différentes plantes dans
. une méme terre; soit parce que toutes les plantes
n'out pos également besoin d'une méme quantité
de nourriture ; soit parce que leur constitution
est différente, les unes étant plus délicates que
les autres ; soit euin parce que les unes ont plus de
facilité à étendre leurs racines dans la terre dure;
ce qui fait que celles-ci se passent plus volontiers
des labours que les autres. Ce sont-là les principaux
motifs qui obligent le cultivateur de diviser les
terres par saison, et qui le déterminent à semer.
alternativement différens grains sur une méme
terre. ,
Dans toute la France on ne suit pas la même
méthode à l'égard de l'exploitation des terres :
daus quelques contrées, on les divise en trois
sols, et dans d'autres, on ne les partage qu'en
deux. Dans la Beausse, par exemple, et dans
plusieurs autres pays fertiles , un tiers des terres
d'une ferme est’ semé en froment au commen-
cement d'octobre, sur des guérets qui out recu
trois ou quatre labours; un'autre tiers est semé
en menus grains au printems , sur des chaumes
de froment qu'on a labourés une ou deux fois,
et l'autre tiers reste en jachéres. —
Tout cultivatéur doit se diriger sur l'obser-
- vation et l'expérience , rélativement aux différens
M 3
182 PRINCIPES RAISONNÉS
produit qu ‘il attend de son domaine ; si ses terres
sont plus propres pour l'avoine que pour les grains,
il doit s'attacher particulièrement à la culture
de cette plante: carilest toujours plus avan-
.tageux de faire une abondante récolte d'un grain
d'une espèce médiocre , qu'une plus petite récolte
d'un grain plus précieux.
LE
Semences. Une expérience souvent répétée.
prouve qu'en certaines années , la même espèce
de grains est plus menue que dans d’autres. Lors-
que cela arrive , les laboureurs peuvent , sans au-
cune difficulté, en faire leurs semailles; le semeur
aura seulement l'attention de marcher un peu
plus vite dans le siilon , parce que sa main con-
tiendra alors un plus grand nombre de grains,
1l arrivera souvent que, lors que les années seront
favorables pour les fromens, ces grains menus pro-
duiront d'abondantes récoltes. Malgré les expé-
riences qu'on a faites sur ces mêmes grains , et
l'usage où sont les fermiers de les semer, quand ^
ils les ont recueillis tels, DUHAMEL pense qu'il
faut toujours donner ‘la préférence aux grains, bien
conditionniés dans leur espèce, et qu'il faut
changer de. tems en iems les semences , en les;
irant des pays où les fromens sont nets d’herbes et
vigoureux. li fonde son arci sur ce qu'il y a
des plantes qui s'accommodent mieux d'un cli-
DE L AGRICULTURE. 183 -
mat que d'un autre. Celles-]à vierment plus par-
faites dans le climat qui leur est , pour ainsi dire;
naturel, que dans celui qui est étranger. Une
plante qui végète sous une température qui n'est
pas analogue à son organisation , languit et donne
des plantes mal constituées. La qualité de la terre
peut produire le même effet sur les graines , que
le climat. Car les plantes devenant chétives et
languissantes dans une terre maigre , on doit
craindre avec fondement que les graiaes ne parti-
cipent du mauvais tempéramment des plantes qui
les ont nourries, et qu'elles ne soient pas en état
de faire d'aussi belles productions, que si elles
venoient de plantes plus parfaites en leur genre.
Il est encore une raison qui autorise notre auteur
à prescrire de changer de semence. Il y a, dit-
il, de mauvaises herbes qui se plaisent particu-
lièrement dans certaines terres , et qui ne réus-
sissent pas si bien dans d'autres: ainsi, lorsqu'un
fermier sème le bled qu'il a recueilli, il multiplie
les mauvaises herbes, dont les graines se trouvent
mélées avec celles du froment ; et elles ne man-
queront pas de devenir vigoureuses, parce qu'elles
seront dans un sol analogue à leur constitution;
au lieu qu’en changeant son froment , les mMat-
vaises graines qui s'y trouveront mélées, n'étant
pas dans le sol qui jeur convient le mieux, ne
feront qu'un tort médiocre à la récolte.
M 4
184: PRINCIPES RAISONNÉS-
À la suite de ce que nous venons de rapporter;
DUHAMEL traite des liqueurs prolifiques qui ont
été imaginées dans différens tems, pour développer
les germies , et procurer des moissons prodigieu-
sement abondantes : il conclut que l'effet de ces
prétendues liqueurs est une pure chimère , et ille
prouve par beaucoup d'expériences qui ont été
faites à ce sujet. | |
Semailles. l/'ensemencement des terres est
un article si important pour le succèsdes récoltes ,
que les laboureurs doivent y prêter une attention
singulière. Il faut 1° faire les semailles dans une
saison convenable. 2? se mettre en état de les exé-
yw us 1 .
cuter avec précision. 3° placer les grains en terre ^
à une profondeur convenable. 4? n'en répandre
ni trop , ni trop peu. 5? les distribuer de facon
quil y ait entre chaque plante , un intervalle
proportionné àla quaniiié de nourritüres qui lui
est nécessaire.
Quoi qu'on ne puisse pas fixer un tems précis
pour faire les semailles , parce que cette saison
doit varier , selon que les pays sont plus ou moius
méridionaux , il est toujours avantageux d'avancer
les recoltes ; cette raison doit engager de semer
d'assez bonre-heure, sur-tout dans les provinces
septentrionales , où les gelées se font sentir plutôt
que dans les pays méridionaux.
——
| acc
Wa DR T7 AÀ:G RAC LM U RE. 185
L'usage le plus ordinaire , c'est de semer le
bled à la main ; et l'habitude des semeurs fait
qu'ils le répandent assez uniformément. Dans les
terres légères, on l'enterre avec la herse ordi-
naire , et, par cette méthode, on a l'avantage
de faire les semailles en trés peu de tems; mais
cet instrument ne pouvant pas bien enterrer le
grain , lorsqu'il y a des mottes et des pierres , on
emploie quelquefois des herses roulantes.
Toutes les plantes ne doivent pas être semées
à la même profondeur: on doit s'assurer, par des
épreuves réitérées , quelle est celle qui convient
à chaque espèce de graine. On peut poser , comme
un prineipe assez général , que les semences
menues doivent être semées plus près de la super-
ficie de la terre , que celles qui sont grosses.
La pratique du semoir étant une fois adoptée;
.on remédie à tous les inconvéniens qui peuvent
résulter des sema;lles qu'on a faites à la main. 1*,
Par le moyen de cet instrument, on fait des ri-
goles à la distance qu'on desire , et à peu prés à
la profondeur qu'on a trouvé par expérience être
convenable. 29. Les semoirs remplissent de terre
toutes les rigoles, il n'y a presque aucun grain
E 2
qui ne soit enterré. 3°. Enfin les semoirs versent,
dans chaque rigole, la quaatiióé précise de se-
pience qu'Ou a ju2é nécessaire.
186 PRINCIPES RAISONNÉS "
IF n'est pas possible de donner une règle géné-
vale sur la distance qu'il doit y avoir entre les
grains qu'on confie à la terre. Si l'on póuvoit
être assuré que la saison du printemps fût favo-
rable pour faire taller les grains, on pourroit
supprimer beaucoup de semence; mais, comme
il n'y a que des incertitudes sur ce point ,' il faut
se borner à répandre la semence proportionnel- .
lement à la fertilité du sol. Ainsi, plus la terre
est propre à la végétation , plus elle a été amen-
dée et labourée ; moins il faut répandre de semence.
Lorsque les bleds sont semés, ils demeurent ex-
posés aux dommages que peuvent leur causer les
mauvaises herbes, les insectes et les oiseaux: ce
sont autant d'accidens qu'il faut prévenir, en ar-
rachant les mauvaises herbes, et en éloignant ou
détruisant les animaux. 4
Maladies des grains. Le troisième livre des élé-
mens d'agriculture de DUHAMEL a pour objet les
ite avec soia la nature
maladies des grains. Il discu
de chacune de ces maladies en particulier, et
donne des moyens pour les pi révenir.
Le charbon se reconnoît aux caractères suivans ;
i9. Cette maladie détruit totalement le germe et
la substance du grain. 25.Elle n'attaque pas le
$enl épi; toute la plante s'en trouve un peu
affectée , quand elle a fait de grands progrés,
DE" "1'ÀAGRTCULTU'TARE 187
3°. Il est rare, lorsqu'un pied en est attaqué, de
trouver sur une des talles qui en dépendent ,
un épi qui en soit exempt. 4°.Dès le mois d'avril,
eh ouvrant avec attention les graines qui enve-
loppent l'épi, Duhamel à trouvé cet embrion déjà
attaqué de cette maladie. 5°: Quand l'épi attaqué
sort des enveloppes que forment les feuilles, il
paroit menu et maigre. Les enveloppes communes
€t propres des grains sont tellement altérées et
amincies, que la poussière noire se manifeste au
travers; et dès-lofs on ne trouve à la place du
grain , qu'une poussière noire et de mauvaise odeur,
qui n'a nulle consistance.
Pour prévenir cette maladie, l'auteur prescrit
la pratique de M. AIMEN. Il est d'avis qu’on
choisisse, pour la semence, le plus beau grain
et le plus mür: qu'on le batte sans différer , et que
sur le champ on le passe à la chaux, soit pour
empécher qu'il ne s'y forme de.la moisissure ,
soit pour détruire celle qui seroit déjà formée.
Suivant ce principe , la lessive que le C. TirrET
‘a proposée , seroit également avantageuse pour
guérir la contagion du charbon.
ll est une esp?ce de maladie des grains qu'on
nomme bosse ou carie. Voici les caractères aux-
quels on la reconnoit 1?. Les plantes que,doivent
produire des épis infectés de la bosse, sont fortes
et vigoureuses. 2?. Lorsque la saison de la fleur est
188 PRINCIPES RAISONNÉS!
passée, les épis prennent la couleur d'un vert
foncé tirant sur le bleu, ils deviennent ensuite
blanchátres. 3° Tous les épis qui viennent d'un
méme grain, ne sont pas également viciés. 4° Les
bulles des épis attaqués de la bosse, sont presque
toujours assez saines, elles paroissent seulement
plus arides et plus séches. 5°. Le ton, qui forme
lenveloppe propre du grain, n'est point détruit
comme il l'est dans le charbon. 6°. Les grainscariés
sont plus cours, plus ronds, plus légers que les
grains qui ne sont pas atfteinfS de cette maladie
7?. On n'appercoit point le germe à l'extrémité
inférieure des grains cariés. 8? Jusqu'au tems de
Ja fleur, il y a peu de différence entre les: grains
cariés, et ceux quisont sains; ils sont uniquement
un peu plus renflés. Dans le tems de la floraison
les épis malades prennent une couleur bleuâtre,
et les balles sont plus ou moins mouchetées de
petits points blancs. g^. Si on ouvre les grains,
on les trouve remplis d'une matière grasse brune,
tirant sur le noir, et de mauvaise odeur. Cette
poudre n'est pas légère , comme dans les épis
charbonnés. 10°. Quelque tenis avant la floraison,
les grains paroissent remplis d'une substauce
blanche, qui commence à brunir auprès du
support, et cette couleur s'étend peu-à-peu sur
tout lépi. 119. Les grains fortement attaqués^
L * ; 3 - ,
de carie, sont incapables de germer ; iorsqu on
dh Ee
^
4
DENT" AUC mc HW Lb T OUR E 189
les bat, il sort une poussière noire , qui se
répand sur les autres grains qui sont sains : ce qui
suffit pour brunir la farine , et lui donner un goût
désagréable.
Pour prévenir cette fàcheuse maladie ;
DUHAMEL adopte le procédé de M. TIÉLET;
qui consiste à laver dans plusieurs eaux claires
la semence mouchetée, jusqu'à ce qu'elle n'ait
plus aucune impression de noir; ensuite on la
passe dansla lessive. Sielle n'est point tachetée ,
on la met tremper dans la décoction suivante.
On fait, dans un euvier , une lessive , comme pour
blanchir le linge, mettant quatre livres d'eau pour
chaque livre de cendres: si on employe cent livres
de cendre et deux cens pintes d'eau , on aura cent-
vingt pintes de lessive, à laquelle on ajoutera
quinze livres de chaux ; ce qui suffit pour préparer
soixante boisseaux de froment. Lorsqu'on veut
faire usage de cette lessive , il faut la faire chauffer
au point de ne pouvoir y tenirla main: alors on
y plonge le grain , et on le remue avec une spa-
tule.
L'ergot est encore une espèce de maladie qui
attaque asséz fréquemment le seigle, et qui
endommage aussi quelquefois le froment. Voici
les caractères de cette maladie. 1°. Les grains
ergotés sont plus gros et plus ‘longs que les
autres ; ils sortent ordinairement de la balle
Ts
A
xj0 PRINCIPES RAISONNÉS
se montrent droits,. et quelquefois plus ou
moins courbés. 2?. À l'extérieur ils sont bruns
ou noirs; leur surface, est raboteuse et l'extrémité
supérieure des grains e&t constamment plus grosse
que celle qui est attachée à la paille. 3°. Quand
on rompt l'ergot, on apperçoit dans laxe une
farine assez blanche, recouverte d'une farine rousse
ou brune. 4?. Les grains étant mis dans l'eau,
surnagent d'abord, et tombent ensuite au fond.
5°, Les balles paroissent saines, quoique celles
qui sont extérieures soient un peu plus brunes
]
que quand les épis sunt sains. 6°. Tous les grains
d’un épi ne se trouvent jamais attaqués de l'ergot.
7°. L'ergot est moins adhérent à la paille que
que le bon grain. " |
Il est toujours aisé de séparer la plus grande
partie des grains ergotés , par le secours du crible ,
parce que la plupart de ces grains malades sont
beaucoup plus gros que les grains qui sont sains.
1l résulte des expériences de l'auteur , que le pain
fait avec la farine de bled ergoté, est une nourri-
ture tres-dangereuse. DUHAMEL divise en trois
articles ce qu'il a à dire sur la récolte des grains;
les préparatifs nécessaires, le tems convenable et la
manière de couper les bleds. Ces préparatifs consis-
tent à se pourvoir d'un nombre sutusant d'ouvriers
proportionellement à la quantité des grains qu'on a
"^ d
" " *3
y
B
i HE LA CGRICULTURE 1gs
T wa récolter. Ces ouvriers sont des scieurs pour
couper le froment; un broqueteur qui aide à
mettre les gerbes en zriaz ou en Zzpeau ; un , ou
deux calvaniers, qui arrangent et entassent les
gerbes dans les granges. En général, la couleur
de la paille et des épis devenus jaunes ou blancs,
fait connoítre que les grains sont parvenus à
leur parfaite maturité, ;
D'après les fatigues qu'éprouvent les scieurs,
* les maladies auxquelles ils sont sujets, et qu'ils
contractent par leur attitude gênante, DUHAMEL
propose de substituer la faulx à la faucille , en
attendant que quelque mécanicien ait trouvé un
"instrument plus commode. Voicile précis de sa
méthode pour conserver les grains.
Le fond de cette méthode qu'il a développée
‘dans un traité particulier, sur Za conservation
des grains, se réduit : 1°. à dessécher les grains
dans des étuves, et à y faire périr les insectes
et leurs œufs. 1l faut pour cela une chaleur de
80 ou go degrés du thermomètre de RÉAUMUR :
2°, à déposer ces grains dans des endroits exac-
tement fermés : 3°. à construire ces greniers dans
sun lieu frais et sec : 4°. à les rafraîchir de tems
en tems, par l'air des grands souíllets que dif-
férens moteurs peuvent faire agir. Par ces moyens,
on pourra conserver les grains aussi long-tems
que l’on voudra.
+ T
v"
4, 4
L | -
LE
. yog PRINCIPES 'RAISONNÉS 4
DUHAMEL , dans le second volume des élémens:
d'agriculture, donne la description des instrumens .
du labourage, des charrues , des semoirs, ete. 5 |
i] y traite de la culture des différentes espèces
de grains, des prairies, de plusieurs herbages
qui servent à la hourriture du bétail, soit en
verd, soit en sec ; de la culture des légumes,..
et de quelques plantes potagères ; de la manière
de cultiver les plantes qui servent à la teinture.’
Æufin il termine par des réflexions judicieuses
sur plusieurs objets importans de l'agriculture.
Quant à la nouvelle culture de Turr, dont:
VV ALLERIUS reproche à DUHAMEL d'avoir accré-
dité et approuvé les principes ; nous invitons nos
lecteurs à lire, dans l'ouvrage même de motre
concitoyen , la manière dont ila développé le
sysiéme de l'auteur anglois, en conseilant aux
cultivateurs de ne point l'adopter généralement.
L'analyse des élémens d'agriculture de notre
auteur, fera voir, s'il est vrai qu'il ait voulu
bannir tout engrais. de la culture des terres. En
rendant justice au profond savoir de VV ALLERIUS,
nous avons cru qu'elle étoit due , à aussi juste
vt
titre, à un francais qui a voué la plus grande
partie de sa vie à servir sa patrie,
FIN. j À
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