This is a digital copy of a book that was preserved for générations on library shelves before it was carefully scanned by Google as part of a project
to make the world's books discoverable online.
It bas survived long enough for the copyright to expire and the book to enter the public domain. A public domain book is one that was never subject
to copyright or whose légal copyright term has expired. Whether a book is in the public domain may vary country to country. Public domain books
are our gateways to the past, representing a wealth of history, culture and knowledge that 's often difficult to discover.
Marks, notations and other marginalia présent in the original volume will appear in this file - a reminder of this book' s long journey from the
publisher to a library and finally to y ou.
Usage guidelines
Google is proud to partner with libraries to digitize public domain materials and make them widely accessible. Public domain books belong to the
public and we are merely their custodians. Nevertheless, this work is expensive, so in order to keep providing this resource, we hâve taken steps to
prevent abuse by commercial parties, including placing technical restrictions on automated querying.
We also ask that y ou:
+ Make non-commercial use of the files We designed Google Book Search for use by individuals, and we request that you use thèse files for
Personal, non-commercial purposes.
+ Refrain from automated querying Do not send automated queries of any sort to Google's System: If you are conducting research on machine
translation, optical character récognition or other areas where access to a large amount of text is helpful, please contact us. We encourage the
use of public domain materials for thèse purposes and may be able to help.
+ Maintain attribution The Google "watermark" you see on each file is essential for informing people about this project and helping them find
additional materials through Google Book Search. Please do not remove it.
+ Keep it légal Whatever your use, remember that you are responsible for ensuring that what you are doing is légal. Do not assume that just
because we believe a book is in the public domain for users in the United States, that the work is also in the public domain for users in other
countries. Whether a book is still in copyright varies from country to country, and we can't offer guidance on whether any spécifie use of
any spécifie book is allowed. Please do not assume that a book's appearance in Google Book Search means it can be used in any manner
any where in the world. Copyright infringement liability can be quite severe.
About Google Book Search
Google's mission is to organize the world's information and to make it universally accessible and useful. Google Book Search helps readers
discover the world's books while helping authors and publishers reach new audiences. You can search through the full text of this book on the web
at http : //books . google . com/|
Digitized by
Googk
HARVARD COLLEGE LIBRARY
in honor of
ARCHIBALD CARY COOLIDGE
1866 - 1928
Professer of History
Lifelong Benefactor and
Rrst Dircctor of This Library
Digitized by
Googk
Digitized by
Googk
Digitized by
Googk
Digitized by
Googk
Digitized by
Googk
A PROPOS DU COMBAT D'EL-M0UN6AR
LA
Légion
Étrangère
UN ANCIEN DE LA LÉGION
IT^ i
R. CHflPCUOT A C"
30, Rue Dauphine
igo4
Digitized by
Googk
Digitized by
Googk
A PROPOS DU COMBAT D'£L-MOUNGAU
LA
LÉGION ÉTRANGÈRE
Digitized by
Googk
PARIS. •— IMPRIMKftlK II. CUAPBLOT BT C*, !i, ftUI CURUTIMI.
Digitized by
Googk
A PKOPOS DU COMBAT D'EL-M0UN6AK
N^«.-S/\^S^«^\'N/W>^sy\^V\^\/S^S^\^^^/\/\/\/\^^S/S/N/N^^^V/S^
LA
Légion
Étrangère
UN ANCIEN DE LA LÉGION
30, Rue Dauphine
tgo4
Digitized by
Googk
^t- 35/./^
Harvard Collège Library
DEr: 1 f; »oio
Gîft of
Prof. A. C. Coolidge
Digitized by
Googk
A PROPOS DU COMBAT D'EL-MOUNGAK
LA
LÉGION ÉTRANGÈRE <''
Objet.
Au lendemain des événements donl le Sud-
Oranais vient d'être le théâtre et auxquels la
Légion Étrangère a pris une si large et si glo-
rieuse part, il n'est peut-être pas sans intérêt
de dire quelques mots de ce corps d'élite, où
se conservent pures et brillent d'un si vif éclat
les traditionnelles qualités de l'armée française,
la bravoure, l'entrain, l'abnégation et l'esprit
d'initiative. Ce sera, en outre, un hommage
rendu à ces vaillants qui, versant leur sang ou
(1) Cette notice a été écrite dans les premiers jours d'oc-
tobre 1903 (terminée le 7), un mois environ après le combat
d*EI-Moungar, qui a eu lieu le 2 septembre.
Digitized by
Googk
— 6 —
donnant leur vie sons le drapeau de la France,
travaillent, obscurs, à augmenter le patrimoine
de gloire militaire de leur pays d'adoption, et
épargnent à bien des mères françaises la dou-
leur de pleurer un de leurs propres enfants.
Digitized by
Googk
I
Notions générales sur la composition
de la Légion.
Considérations morales.
Organisation.
La Légion Etrangère, dont la composition a
souvent varié, comprend aujourd'hui deux
régiments à six bataillons de quatre compa-
gnies, plus deux compagnies de dépôt (quatre
pour les deux régiments), soit, en tout, environ
12,000 hommes. En outre, dans certains cas,
quand les circonstances Texigent, commo à
Madagascar il y a quelques années (après la
conquête et jusque vers 1898 et 1899), des
bataillom de marche sont formés par prélève"
m(3nt sur les différentes unités des deux régi-
ments. Enfin, dans çiiacun de ceux~oi, il existe
une compagnie montée qui fait partie inté-
grante d'un dos bataillons employés dans
roxtrftiiio Sud do rAlgério. — Nous dirons
Digitized by
Googk
- 8 —
plus loin un mot de ces compagnies mon-
tées.
Les corps étrangers actuels datent de la loi
du 9 mars 1831, c'est-à-dire presque du lende-
main de notre débarquement dans la régence
d'Alger. Aux termes de cette loi, « les corps
d'étrangers ne peuvent être employés que hors
du territoire continental de la France » ; — ce
qui n'a point empêché un bataillon de la
Légion Étrangère d'entrer en 1870 dans la
composition de Tarmée de la Loire, où, — il est
presque superflu de le dire, — il fît vaillam-
ment son devoir, comme nous le verrons.
♦ «
Recrutement : engagements et rengagements.
Les régiments de la Légion se recrutent par
voie d'engagements volontaires sans primo.
Aucun Français n'est admis à s'engager
comme tel dans ces corps, sinon à titre excep-
tionnel et par autorisation spéciale du ministre
en vue du recrutement des cadres. Dans les
mêmes conditions et dans le même but, un
militaire français servant dans un corps fran-
çais, peut passer dans un régiment étranger par
Digitized by
Googk
— 9 —
voie de changement de corps. — Ces disposi-
tions exclusives n'ont jamais empêché et n'em-
pêchent point encore nombre de Français de
servir à la Légion; ceux-là usaient et usent
d'un subterfuge, dissimulant leur nationalité
et se forgeant un nom d'emprunt à physio-
nomie étrangère. D'ailleurs, depuis quelques
années (10 février 1892), les Français apparte-
nant à la réserve de l'armée active et à l'armée
territoriale sont autorisés à s'engager à la
Légion pour cinq ans, mais au titre étranger.
Quant aux étrangers, ils s'engagent de même
pour cinq ans. Les engagements spéciaux à la
Légion Etrangère se conlraclcnl devant les
sous-intendants militaires, à la différence des
engagements volontaires ordinaires qui sont
reçus par les maires.
Tous les militaires faisant partie des régi-
ments étrangers peuvent se rengager pour une
durée de deux, trois, quatre ou cinq ans, et
atteindre ainsi la retraite à quinze ans de ser-
vices. — Cette disposition ne s'applique pas
aux militaires français, lesquels ne sont pas
plus admis à se rengager qu'à s'engager comme
Français dans les régiments étrangers.
Si arides que ces détails puissent être, ils
sont si pou connus qu'il ne nous a pas paru
Digitized by
Googk
— iO —
oiseux de les donner; on nous permettra de
les éompléter succinctement.
* m^
Conditions 4 remplir- — Moyen» employés pw
l0S candidats qui n'y satisfont pas, pour les
éluder.
. Lès étrangers qui veulent s'engager A la
Légion doivent satisfaire aux conditions sui-
vantes :
i^ Avoir dix-huit ans au moins et quarante
ans au |>Ius;
. 2»* Être sains et robustes ;
39 Avoir la taille de i^.^fi environ.
Us sont tenus de présenter en outre ;
1« Leur acte de naissance ou une pièce équi-
valente ;
2<* Un nortiflcat de bonnes vie et mauirs ;
3« Un certiiicat cracceptation de rautorito
militaire constatant qu'ils ont les qualités
rçquisos pour faire un bon service.
Ces conditions ne sont pas toujours remplies^
Dans les cas d'urgence, quand, sous la pression
des circonstances, on est obligé d'ouvrir large-
ment la porte h ce recrutement spécial, on n'esi
Digitized by
Googk
— 1i -^
pas toujours très regardant, — quelquefois
même pas assez à notre avis, — sur l'âge, la
vigueur, la taille des candidats. Et ceci n'est
pas sans inconvénient.
Quelques-uns, en effet, sont pris en dépit- de
leur usure nettement apparente; ils ne sont
capables d'aucun servico, ne peuvent supporter
aucune fatigue, et ne tardent pas à encombrer
les liApitaux, k moins que Ton ne prenne d'em-
blée vis-à-vis d'eux la sage mesure do les pré-r
senter à la première commission de réforme
qui suit leur aiTivcc au corps. — A vrai dire,
rendus à la vie civile, beaucoup recommencent
aussitôt à tentcîr la chancre d'un nouvel engage-
ment ; et, comme ils peuvent se présenter sous
un nom nouveau au fonctionnaire cbargé de
dresser l'acte, rien ne peut avertir ce dernier
qu'il est victime d'une mystification.
Peut-ôtre conviendrait-il de ne recevoir les
engagements que dans les deux ports où s'em-
barquent les militaires à destination de l'Algé-
rie, Marseille et Port-Vcndres. Là, de vieux
a<1judants do chacun des régiments étrangers,
ayant longtemps appai*tenu aux compagnies de
dépôt, connaissant par suite de vue la plupart
des légionnaires, puisque tous passent d'abord
par les rangs de celles-ci, et étant ainsi à
Digitized by
Googk
- 18 —
même de distinguer les mauvais chevaux de
retour, pourraient déjouer les plans de ces
dcrnici*s, cm découvrant leurs ruses el leurs
supercheries aux sous-intendants.
On éviterait encore, de cette manière, d'en-
gager à nouveau les sujets dont l'inconduite et
Tincorrigibilité sont notoires, et qui parvien-
nent, en se présentant après leur libération
devant un fonctionnaire qui naturellement
ne les connaît pas, à éluder cette disposition
réglementaire en vertu de laquelle les mili-
taires étrangers ne doivent être admis à se
rengager que lorsqu'ils sont présents au corps
et par continuation do service.
Mais les roueries ne se bornent pas là. Sou-
vent aussi certains candidats réussissent à
induire les autorités en erreur, quant à leur
âge. Il nous souvient, entre autres, d'un jeune
Lorrain-Français, qui parvint, malgré ses appa-
rences très juvéniles, à s'engager à quatorze
ans, bien entendu à l'insu de ses parents, aux
recherches desquels il échappa longtemps et
qui, ayant un jour fini par découvrir sa trace,
n'eurent pas de peine à faire annuler adminis-
trativement par le ministre de la guerre l'enga-
gement de leur fils. Celui-ci quitta à son grand
^regret la Légion, — il avait alors dix-huit ans.
Digitized by
Googk
— i3 ~
— et revint, trois ans plus tard, avec le contin-
gent des recrues de sa classe, accomplir son
temps normal de service dans un régiment
français. Malgré sa jeunesse, il avait vaillam-
ment supporté les fatigues parfois très dures
qui sont le lot habituel des légionnaires dans
les régions désolées où ils sont le plus souvent
employés en Algérie, et emportait en partant
le vif chagrin de n'avoir pu, durant les quatre
années qu'il avait passées à la Légion, trouver
l'occasion de s'en aller expéditionner aux colo-
nies. C'était un excellent soldat, d'une tenue
parfaite, d'une conduite irréprochable et iPun
esprit éveillé.
D'autres, enfin, parfaitement malingres,
trouvent moyen, grâce à une substitution de
personne, de se faire accepter en présentant en
leur nom et à leur place quelque gaillard
solide et complaisant, qui, l'engagement signé,
disparait pour toujours.
4e #
Relèvement moral des quelques individualités
déchues.
On est peut-être encore plus coulant en ce
qui concerne les conditions autres que les
Digitized by
Googk
— 14 —
conditions physiques. Et, à notre avis, on n'a
pas tort. Certains, en effet, dont la vie n'a pas
toujours été régulière, et dont la conscience
est plus ou moins lourdement ciiargée, vien-
nent à la Légion chercher Toubli d'un passé
qui leur pèse, et souvent aussi leur réhabilita-
tion. N'est-ce pas une œuvre hautement morale
que de leur tendre la main pour les aider dans
ce relèvement et de leur dire : « Nous ne con-
naissons pas votre passé ; nous ne voulons pas
le connaître ; ou si nous le savons, nous voulons
Foublier. Ne nous l'apprenez pas, ne nous le
rappelez pas. Ici, vous pouvez faire peau
neuve, nettoyer votre conscience et un jour rcr
prendre votre place au soleil, dans la société? »
Et combien, maintenus d'abord par le frein de
la discipline, touchés plus tard par la clémence
do cet accueil, dont le sentinient, vague au
début, finit par se préciser dans leur âme,
gagnés enfin par le contagieux exemple du
devoir simplement mais rigidement pratiqué
devant eux chaque jour, ont fini par se ré-
générer! Les souffrances, les privations, les
dangers, l'esprit d'abnégation et de sacrifice
qu'ils font naître, les réflexions salutaires
qu'ils inspirent, ramènent souvent au bien des
natures quelquefois généreuses, du moins plus
Digitized by
Googk
— IB -
(lovuyées t[Uo corrompues. Le sang courageux
Scmcnt versé lavc bien des souillures^ et la
luort airrontée sousJ ses formes les plus sombres^,
lièvres pernicieuses oU épidémies^ môme lors-
qu'elle ne frappe pas^ apporte dans sa seule
rtiendcO, le pardon de fautes qui parfois n'ont
ét6 que des entratnemcnts passagers ou des
erreurs de jeunesse.
Le soUveiiir nous revient de tel sous-oflider,
d'allures distinguées et de haute mine, ayant
Vaillamment fait son devoir en cent rencontres
AU Tonkin, lors de Id conqufite, et répondant
à un des officiers de sa compagnie, qui, étonné
de ses manières — capables de surprendre
dans un pareil milieu — et flairant un mystère
sous Ténigme du nom d'emprunt, lui deman-
dait, avec cette indiscrètô sollicitude que
peuvent autoriser la vii^ de campagne et la
prati([ue journalière du péril bravé en com-
mun, la secrète raison de sa présence parmi
les légionnaires : •< Ah ! mon lieutenant, la
Légion, c*est le refughim peccatomm! » Qui
était-il? On ne le sut jamais. Qu'avait-il fait
avant de s'engager? On l'ignora toujours. Ce
qu'on put dire, sans crainte de faire erreur ni
d'être démenti, grAce î\ l'épreuve d'une cam-
pagne de trois années, c'est que c'était un
Digitized by
Googk
— 16 —
honnête homme, qui, après un faux pas, dont
en tout autre milieu il fût peut-être à jamais
demeuré boiteux, s'était relevé sous ce drapeau
et redressé pour toujours.
Et plus récemment, cet autre, ancien officier,
condamné par un conseil de guerre à la desti-
tution, pour une faute qui, au dire de ses cama-
rades, n'atteignait point son honneur et pour-
tant Favait terni, engagé sous un nom supposé,
forçant par dix années d'une conduite exem-
plaire, de services appréciés et d'une probité
méticuleuse, l'estime de tous ses chefs, conqué-
rant ainsi de haute lutte sa réhabilitation et
regagnant avec oUc le <lroit de reprendre son
véritable nom.
Enfin ce dernier exemple; il date de ce
mois -ci. Nous le relatons dans les termes
mêmes où les journaux viennent de le publier.
« Le sergent-major L. B..., du 162* d'infan-
terie, déserta en 1889, après avoir commis des
détournements.
« En 1890, il s'engagea à la Légion Étran-
gère sous le faux nom de D..., fit les cam-
pagnes d'Algérie, du Dahomey, du Siam et du
Tonkin, et devint adjudant et médaillé mili-
taire.
« Après quatorze années de service, L. B...
Digitized by
Googk
— 17 ~
rentra en France et vint se constituer prison
nier au 162« à Verdun.
« En 1890, il avait été condamné par contu-
mace à vingt ans de travaux forcés, à la dégra-
dation militaire et à vingt ans d'interdiction de
séjour, pour faux et vols comptables militaires.
« Il comparaissait hier (l) devant le conseil
de guerre de CliAlons pour purger sa condam-
nation et être jugé pour désertion.
« L. It . . . , ayant remboursé r<argent détourné,
a été acquitté à l'unanimité . »
N'avons-nous pas le droit de dire, après. de
tels exemples, que la Légion Étrangère, école
de bravoure, est aussi une école d'honneur?
4c H^
Les officiers.
Les officiers se classent çn deux catégories :
1° Les Français;
2^ Les étrangers ou les Français servant au
titre étranger.
Les premiers sont soumis au droit commun,
c'est-à-dire aux règles qui régissent le recrute-
(1) Goiiimenccment d*octobre 1903.
Digitized by
Googk
— 18 —
ment, ravanconiont, Tétai dos autres officiers
de Tarmée nationale ; il proviennent des corps
do cette armée et y rentrent indiderenmient.
Quant aux officiers étrangers, leur condition
est régie par Fordonnance du IG mars 1838. Ils
no peuvent enti'cr dans la Légion qu'avec un
grade égal ou inférieur à celui dont ils justi-
fient avoir été en possession au service d'une
autre puissance. Ils ne peuvent obtenir d'avan-
cement que dans la Légion, et les services dans
les corps <lont elle se compose déteiminent
seuls cet avancement.
Tout Français sorti du service étranger et
admis commie officier à la Légion est également
soumis aux dispositions de l'ordonnance do
1838. Il en va de môme pour tout officier ayant
quitté l'armée nationale et admis à servir avec
son ancien grade au titre étranger à la Légion.
C'est le cas de beaucoup d'officiers démission-
naires de l'armée active et d'un certaiti nombre
d'officiers de réserve.
Les officiers étrangers ou servant au titre
étranger sont susceptibles d'obtenir de l'avan-
cement au tour du choix et au tour de Tan-
cienneté. Ils ne bénéficient toutefois de l'avan-
cement sur toute l'arme que lorsqu'une vacance
existe et peut leur être afl^ectée dans l'un des deux
Digitized by
Googk
— 19 —
régiments étrangers au moment où ils sont
aptes à être promus. — Les officiers de cette
catégorie qui sont reconnus indignes de servir
sont purement et simplement révoqués.
Le passage d'un officier du cadre étranger
dans le cadi^e français peut être accordé à titre
de récompense ; cette faveur est tou^jours con-
cédée par décret.
Au nombre des officiers étrangers ainsi
admis à servir la Franco, était le lieutenant
danois Selchauhansen, qui vient de tomber
glorieusement au combat d'El-Moungar,
***
Les nationalités; leurs proportions et leurs
caractères respectifs.
Au point de vue des nationalités, les mili-
taires qui composent la Légion se répartissent
comme il suit (1 ) :
FiiANÇAis (servant comme tels ou au titre étranger) «
Alsacibns-Lorrains (annexés) :
Environ 53 p. 100.
(I) Les proportions qui figurent au tableau que nous pré-
sentons au lecteur sont des moyennes qui résultent d'une
statistique établie à deux reprises, à trois ans de distance^
dans un bataillon de la Légion»
Digitized by
Googk
— ÎO -
Allemands (y compris ceux de 1* Autriche) :
Environ 30 p. lUO.
AuTRKS NATiOiNALiTKS (Italiens, Belges, Polonais, Luxem-
bourgeois, Tchèques, Hongrois, Suisses, Espagnols,
Grecs (I) :
Environ 15 p. 100.
Russlts et Anglais :
Quelques raixîs individualités.
Chaque nationalité so présente ici avec les
qualités particulières de sa race, et aussi, cela
va de soi, avec ses défauts.
Il est superflu de parler des Français.
Les Allemands sont généralement vigoureux,
un peu lourds de corps et d'esprit, braves,
propres, disciplinés.
Les Alsaciens-Lorrains participent des Fran-
çais et des Allemands.
Polonais, Tchèques, Suisses, Espagnols sont
intelligents, soumis, dui*s à la peine.
Le Luxembourgeois tient de rAUemand.
Les Italiens, les Belges, les Grecs, forment
le moins bon élément. Italiens et Belges, sou-
vent plus vaillants en paroles qu'en actions, ont
un penchant à la hâblerie et à la mollesse. Les
(I) ils sont classés dans c^tte énumération par ordre
d'importance numérique.
Digitized by
Googk
— 21 —
Belges, en outre, sont parfois sournois et indis-
ciplinés.
Los Russes et les Anglais, en raison de leur
très petit nombre, comptent i\ peine ; il n'y a
rien à en dire.
***
L'élément dominant; caractère qui en résulte.
Les qualités du Légionnaire.
Les Français, les Alsaciens-Lorrains et les
Allemands dominent; cela ressort du précé-
dent tableau. Ce sont eux qui donnent le ton h
Légion et lui impriment sou caractère. Leurs
qualités respectives s'amalgament, passant des
uns aux autres, réagissant sur chacun, et
arrivent à faire de l'ensemble un merveilleux
corps de troupe, qui possède au plus haut
degré le sentiment militaire et les vertus guer-
rières.
D'esprit aventureux et d'humeur vagabonde,
le légionnaire en général est peu fait pour la
vie régulière et monotone de la garnison ; il la
supporte avec peine, s'y adapte mal et en
secoue quelquefois les entraves. Mais en cam-
pagne il se retrouve ; n'ayant souvent plus de
famille, ou n'étant attaché à la sienne que par
Digitized by
Googk
- M -
des liens assez lâches, rien ne le i*etient en
face du danger, il fait aisément le sacrifice de
sa vie, et peut ainsi déployer au combat toutes
les ressources d*un esprit libre de préoccupa-
tions, toutes les audaces d*un tempérament
valeureux, toute Fénergie d*une volonté qui ne
s*applique qu*à vaincre. Ce sont là de puissants
gages de succès.
*•*
Les défauts des Légionnaires; moyens de les
amender : le sentiment de l'honneur, la disci-
pline.
Sans doute, il y a des ombi*es à ce tableau ;
le légionnaire n'est point sans défauts, voire
même sans vices. Dans ce troupeau, il se ren-
contre des brebis galeuses ; panni ceux que,
hors de Tannée, le manque d'ardeur à cher-
cher du travail ou l'impossibilité de s'en pro-
curer ont privés do moyens réguliers d'exis-
tence, plusieurs ont glissé et ont failli ; il y a
certes, deci delà, des tares morales. Un pen-
chant excessif pour la boisson est le péché
mignon du plus grand nombre. Mais il est pos-
sible d'amender la plupart de ces natures, qui
n'ont souvent de rebelles que les apparences.
Digitized by
Googk
— 23 —
La corde de riioimeur vibre encore en elles ; il
suffit de savoir s'y prendre pour la toucher.
Un stimulant puissant d'ailleurs est la perspec-
tive d'une r61ud)ilitation, qu'on ne refuse
jamais à ceux qui persévèrent dans leur effort
vers le bien. L'exemple aussi du devoir régu-
lièrement accompli sous leurs yeux par les
braves gens qui abondent autour d'eux, ramène
beaucoup de ces égarés.
Pour les autres, il reste un moyen infaillible,
quand il est employé avec discernement et
dans un esprit élevé de justice : la discipline,
ffit-nlle de fer. Ces révoltés, qui, comme les
primitifs, les sauvages, ne reconnaissent guère
que la force, et ne cèdent que devant elle,
apprécient et aiment le chef qui, indilférent à
la fausse popularité, mais plein d'une véri-
table sollicitude, pour ces êtres qu'il veut et
qu'on peut relever, frappe sans crainte et sans
faiblesse et s'occupe avec conscience de leurs
besoins matériels et moraux. Après plus de dix
ans, le souvenir était resté vivant au cœur des
vieux légionnaires, — un souvenir fait d'une
sorte de vénération dévouée et affectueuse, —
de tel colonel, dont la main vigoureuse avait
toujoui'S omis de se ganter de velours.
Digitized by
Googk
^ 24
***
Fusion des nationalités; Tftme de la Légion.
Le drapeau de la Légion.
Nous avons dit que les qualités respectives
des uns et des autres s'amalgament par le fait
de la vie en commun. C'est là le résultat de la
fusion des races pratiquée dans les différentes
unités, quelque échelon que Ton considère,
depuis la compagnie jusqu'à l'escouade. En
effet, on a heureusement dérogé aux disposi-
tions de l'ordonnance constitutive de 1831,
d'après laquelle « chaque compagnie dovail-,
autant que possible, être composée d'hommes
de même nation et parlant la même langue ».
C'eût été organiser à plaisir l'antagonisme et
la rivalité de ces divers éléments tout prêts à
devenir ennemis, et préparer ainsi d'intermi-
nables conflits, qui eussent pu produire les
conséquences les plus graves. Au contraire,
dans l'état actuel de l'organisation, cette Babel
qu'est une compagnie de légionnaires arrive à
s'unir et à s'entendre sur le terrain du fran-
çais et se laisse docilement commander en cette
langue. L'âme diverse de toutes ces races
s'uniformise et se mue en une âme nouvelle.
Digitized by
Googk
unique, Tâuie de la Légion, sous la sobre
devise de son drapeau empruntée à la Médaille
militaire : « Valeur et discipline » ; car il ne
pouvait s'agir pour les régiments étrangers
d'arborer la devise du drapeau national :
« Honneur et Patrie », puisque la France
n'est pour leurs soldats qu'une patrie d'occa-
sion, une patrie en quelque sorte provisoire,
laquelle ne deviendra définitive que pour ceux
— assez rares — qui, par leurs mérites, auront
conquis leur droit de cité et obtenu ainsi cette
haute récompense qu'est pour quelques élus la
naturalisation.
Digitized by
Googk
Digitized by
Googk
II
Historique succinct de la Légion.
Les campagnes de la Légion pendant
les 50 dernières années.
L'ftmo de la Légion ! — Façonnée par d'hé-
roïques souvenirs, par des traditions glorieuses,
par les privations, par les souffrances, par les
périls affrontés ensemble, que de nobles
actions, que de dévouements, que de sacri-
fices n'a-t-elle pas enfantés ! Sans remonter
au delà des quarante dernières années, au
Mexique, au Tonkin, au Dahomey, au Soudan,
à Madagascar, au Siam, en France môme, et
surtout dans le Sud-Oranais à toutes les
épo([Ucs, que d'admirables pa^cs écrites avec
le sang, au Livre d'Or de la Légion Ktran-
gcre !
Digitized by
Googk
- 28 -
***
La Légion an Mexique.
La Salle d'honneur de la Légion.
•
Au Mexique^ le plus beau fleuron de celte
couronne de gloire, c'est Camarorij — Cama-
ron, où une petite compagnie, une soixantaine
d'hommes à peine, sous le héros que fut le
capitaine Danjoti, tiennent sans défaillance,
comme à Sidi-Brahim les Chasseurs d'Orléans,
dans la proportion de un contre trente, et suc-
combent jiisqu'au dernier, derrière les murs
éventrés d'une hacienda rie rencontre! (1) Il
faut lire dans V Historique de la Légion les
péripéties émouvantes de cette lutte; il faut
voir, entre cent autres, dans la salle d'honneur
du l®' régiment étranger, héritier des souve-
nirs de l'ancienne Légion, le portrait du capi-
taine Danjou , appendu au mur auprès du
tableau qui fait revivre la journée sanglante,
(I) A. Gamnron, 63 légionnaires luttèrent contre les
:2,000 fantassins ou cavaliers du colonel mexicain Millan,
qui plusieurs fois les somma de se rendre après avoir tenté
(le les intimider. — Le cjipitainc et les deux lieutenants tom-
bèrent les premiers. Après eux, tous leurs soldats — hiessés
ou morts.
Digitized by
Googk
— 29 —
et surnioutant la main articulée, la main de bois
du glorieux mutilé. Il n'y a qu'à passer dans
cette salle d'iionncur lorsqu'on porte un cœur
de soldat dans la 2)oitrinc, pour sentir courir
sur soi, comme un vent de fierté et un souffle
de vaillance. Qui pourrait se défendre contre
de semblables émotions ! L'arrivant, le déliar-
qué d'hier, oflicier ou homme de troupe, sor-
tira un autre homme de ce modeste musée
militaire; de cette visite, dé cette sorle de
pèlerinage date comme une manière d'ini-
tiation : on était soldat, on est devenu légion-
naire !
La Légion en 1870.
Après le Mexique, voici 1870. La France est
envahie, Paris investi, l'armée impériale pri-
sonnière; pour essayer d'arrêter l'ennemi,
une armée s'improvise derrière la Loire : rareâ
débris de nos vieux régiments; jeunes soldats
des nouvelles levées, mobiles,, ces deux der-
nières catégories presque sans instruction
militaire. Il faut à ces jeunes gens, pleins de
bon vouloir sans doute, mais nécessairement
sans discipline, sans cohésion, sans consistance,
c[uelques anciens pour leur servir de modèles
Digitized by
Googk
— 30 -
et leur doimcr la leçon suprômc qui apprend
comme on doit mourir. C'est un bataillon de la
Légion qui donnera cette leçon et sera ce
modèle, le bataillon du commandant Arago.
Demeuré engagé le dernier dans la forêt
iVOrléans^ lors de la seconde tentative des
Allemands contre cette ville, il recule à son
tour et couvre la retraite de son corps d'armée.
Aux premières maisons du faubourg des
Aydes, il s'arrôte et fait tète ; il lutte assez
longtemps pour permettre au gros des troupes
de se retirer vers la Sologne par l'unique pont
d'Orléans. Le faubourg se prête mal à la
dcfeiisivo. C'<îst un boyau long, étroit, oii l'on
ne peut présenter à Tcnnemi qu'un front res-
treint; l'attaque déborde, étend ses bras et les
referme pour envelopper. Le combat est opi-
niâtre : reculant pied à pied, de maison on
maison, le bataillon des légionnaires résiste à
outrance. Le commandant tombe blessé à
mort, le bataillon tient encore; il tient aussi
longtemps qu'il le faut pour permettre à
l'armée de s'écouler par le pont. Enfin, elle est
sur l'autre rive ; elle est sauvée. Alors, à son
tour, le bataillon, extrême arrière-garde, se
décide à rompre la lutte, entame sa retraite et
parvient à rejoindre le gros.
Digitized by
Googk
— 31 —
Une plaque commémorative, placée sur une
maison des Aydes, indique l'endroit où le
commandant Arago est tombé mortellement
frappé.
ne
* *
La Ifégion dans le Sud-Orânais (1881-82).
L'Algérie dure école.
L'insurrection du Sud-Oranais (1881-1882)
marque la phase où la Légion Étrangère a mis
le sceau à sa perfection militaire.
Régiment unique, à quatre bataillons, opé-
rant presque entièrement réuni sous un seul
chef, doublé lui-môme d'un second dont
l'énergie a depuis continué à faire ses preuves,
elle a, dans ces conditions particulièrement
propices à leur développement, porté au plus
haut degré ces qualités de premier ordre qui
l'avaient toujours signalée et que nous énumé-
rions on tête de cette notice : bravoure, entrain,
endurance, abnégation, initiative. Et après
cette suprême épreuve, elle était préparée à
accomplir comme choses que l'habitude lui
avait rendues naturelles , ces étonnantes
prouesses qui soulevèrent deux ans plus tard
l'admiration de tous au Tonkin.
Digitized by
Googk
- 32 -
C'est que l'Algérie est l'école par excellence
de la discipline, qui se trouve à la base de
toutes les vertus militaires et qu'uiie phrase
désormais consacrée d'un de nos plus anciens
règlements pose comme la pierre angulaire
de la force des armées. Nulle part, les priva-
tions et les souffrances ne sont plus dures à
supporter que dans le Sud algérien ; nulle part
on ne trouve réunis, comme sur les hauts
plateaux, des climats extrêmes qui, dans les
mêmes vingt-quatre heures, exposent l'homme
aux rigueurs d'un froid intense et aux ardeurs
d'une chaleur que le contraste rend plus
cuisante encore (i).
Là, dans ces plaines désolées à la maigi'e
végétation et aux arbres rares, comme dans les
pierres du Hamada ou les dunes de rErg, on
subit la brûlure «aiguë d'un soleil qu'aucun
nuage ne voile ; puis, sans transition, lorsque
la nuit tiunbo, dès lo crépuscule, la morsure
cruelle du froid prodifit parle rayonnement, —
si fort sous rimmensité d'un ciel presque per-
pétuellement pur. Pour abri, la mince toile de
la petite tente; pour nourriture, les conserves
(1) Djebel-Amour, liiver 1881-82 : — 13* la nuit, -f 35*
le jour suiviint.
Digitized by
Googk
- 33 —
dii sac ou du convoi; pour boisson, Teau des
redir (1) ou des oglat (2), et quelle eau I Que de
fois, après la longue étape, ne faut-il pas curer
le puits où l'on s'abreuvera, laisser se déposer
la vase qu'on a tainsi remuée, et attendre de
longues heures que les sentinelles chargées de
la garde du précieux liquide, permettent aux
corvées des différentes unités de venir puiser à
tour de rôle les quelques gouttes qui, après
cette dure attente, prolongée maintes fois
jusqu'à une heure avancée de la nuit, forme-
ront la mince ration de chaque soldat dans la
distribution parcimonifMise ! Eau sanmAtre,
magnésiemie, souillée de mille impuretés, con-
taminée par les déjections des chameaux et des
auti*es botes qui hantent ces solitudes, souvent
corrompue par des cadavres d'animaux, d'oi-
seaux ou de sauterelles ! Heureux quand on ne
doit pas avoir recours à la provision de l'équi-
page d'eau qui a chauffé tout le jour dans des
tonnelets disjoints par l'action solaire, avec
tous ces germes putrides, et qu'on remplace,
dès qu'on le peut, par un approvisionnement
(1) Rcdir, dépression du sol où s'amussc Tnau de pluio.
(2) Oglat y réunion de Irons creusés de main d'hommes,
sortes de |uiits priinilifs sans maçonnerie.
3
Digitized by
Googk
— 34 —
semblable, aussi pauvre en quantité que mé-
diocre en qualité ! Heureux surtout quand on
n'a pas à endurer les tortures de la soif 1
Courses à la poursuite de Bou-Âmama vprs
Méchcria, Aïn-Bcn-KhelU^ Ain-Sefra^ Sfissifa^
dans le licni-Smir; camp d'observation de Sal-
rfana; meurtrière surprise du Chott Tigri : tel
est à grands traits le bilan de ces expéditions
où la Légion s'e^t entraînée et fortifiée eji 188i
et 1882. — C'est l'époque où Ton fit revivre
l'emploi fécond de l'infanterie montée, merveil-
leux instrument de guerre contre rennemi
mobile, fluide, insaisissable, qui échappait jus-
qu'alors aux atteintes de i)(is (colonnes trop
lourdes et trop lentes.
* if
Lee compagnies montées.
Aujourd'hui (1), chaque régiment étranger
est doté d'une compagnie montée, destinée à
former l'élément de résistance de l'f^vant-
(1) Depuis que ccttp notice a ^té écrite, le noipbr^ des
compagnies montées u été augmenté dp deux unités nou-^
vellcs.
Digitized by
Googk
— 35 ~
garde, du groupe léger des colonnes, aussi
apte à la prise de contact qu'à la poursuite,
— évcnluellcmcnt employée à l'escorte des
convois, mission à laquelle d'ailleurs elle con-
vient fort mal.
Ici doit se placer une remarque importante.
L'infanterie montée n'est point destinée à com-
battre à cjieval, pas même à se porter à une
allure vive, trot ou galop, au point oii elle
devra combattre. Pour elle, la monture de ses
hommes n'est qu'un moyen de transport
rapide, permettant de faire de longs trajets en
un temps relativement court, mais toujours à
l'allure du pas. C<dlo-ci, du rosle, n'est point,
dépourvue de vitesse : les mulets la sou-
tiennent à raison de 7 kilomètres à l'heure, et
les chevaux ont grand'peine à les suivre.
La compagnie montée, à l'elfectif de 250 à
275 hommes, est encadrée comme une com-
pagnie ordinaire. 11 serait à souhaiter que
chaque section fût commandée par un officier.
Chaque officier est à cheval et dispose en
outre d'un mulet comme monture. Tous les
sous-officiers sont montés à mulet. Enfin les
caporaux et les soldats ont un nmlet pour
deux honmies. C(5lui-ci porte une selle qui
sert au cavalier-faiitassm et sur laquelle sont
Digitized by
Googk
— 36 —
arrimés les oflcts des deux hommes dans un
bissac (une poche du bissac pour chacun),
les vivres des deux honmios et de Tanimal, la
toile de tente et ses piquets, les outils de pion-
nier, les moyens d'attache. L*homme n'a sur lui
que son fusil, son épée-baïonnette, ses muni-
tions, son bidon de deux litres et son étui-mu-
sette contenant un repas froid. Ainsi équipées,
les compagnies montées peuvent faire des étapes
de 60 à 80 kilomètres, avec haltes horaires de
cinq minutes et une grand'halte, pendant les-
quelles se fait réchange des cavaliers, chaque
homme n'ayant au bout de la journée fait à
pied que 30 à 40 kilomètres, sans sac, reposé
par l'alternance des pauses de marche accom-
plies tour à tour sur ses jambes et sur la sellei
— Ainsi, en cas de rencontre de l'ennemi, la
moitié des hommes qui est à bas des mon-
tures est toujours prête à faire immédiatement
face à Fattaque, pondant que l'autre moitié,
sous la protection de la première, met pied à
terre, attache les mulets et peut ainsi rapide-
ment venir prendre part au combat. Le mode
d'attache employé est l'anneau italien, fait
d'une corde à fourrage ; tous les mulets d'une
section sont attachés ensemble, par la longe du
licol, à la même corde roulée en anneau ; un
Digitized by
Googk
— 37 —
seul homme suffit à en assurer la garde. Un
petit convoi de quelques mulets de bât porte
les tentes des officiers, leurs bagages et une
petite réserve de vivres et de munitions. — La
troupe- campe en carré j suivant le procédé
usité-, dans le Sud pour les autres troupes.
Chaque section forme une face de ce carré,
les tentes. en première ligne, les mulets der-
rière; dans les angles, les selles; au centre,
les tentes des officiers, les munitions, vivres et
bagages.
* *
La Légion en Extrême-Orient :
Tonkin et Formose.
Admirablement préparée par les colonnes
du Sud-Oranais en 1881 et 1882, la Légion prit
partj en 1883, à l'expédition du Tonidn,
On connaît les faits qui motivèrent la guerre.
Au mois de mai 1883, Faudace des Pavillons-
Noirs croissant chaque jour et Hanoï, la capi-
tale, se trouvant menacée par leurs entre-
prises, le commandant Rivière marcha contre
eux. Tombé dans une embuscade, il périssait
avec la majeure partie de sa colonne. Les
débris du petit corps d'occupation français
devaient s'enfermer dans la citadelle et dans
Digitized by
Googk
— 38 -
la Concession. Un corps expéditionnaire, formé
en toute h&te, était coiifié au Coiltrë-timirâl
Courbet et s'embari^tiait en septembre. Daiis
la composition de ce corps expéditionnaire
entrait un régimeht d*Algérie (délit bataillons
de tit*ailleurs algérieiis, un batailloh de la
Légion Étrangère); le !•' bataillon de la
Légion , commandant Dontiier , en faisait
partie. Il s'illustrait à Id prise de Sontay. Là,
le capitaine adjudant-major Méhl tombait avec
une ample moisson de légionnaires.
Au mois de décembre suivant, partaient,
avec un nouveau commandant en chef, le
général Miilot, et do nouvelles troupes, deux
autres bataillons de la Légion, 2« et 3« ; leur
arrivée au Tonkin côrriEJsJlond aux àiFaires de
Bàc-ninh et de tlong-hoa fcontrë les troupes
régulières de la Chiné et les PAvillôiis-Noirs, à
Foccupation du Delta, aux expéditions cohtre
le^ pirates.
La Légion est alors dédoublée. ÛéUx régi-
iilelits sont créés (décret du 14 décembre 1884).
AjirèS Tàffàire de Bdc-lé (juillet 1885), qui
reiiiet toiit en Question, la cainpâgne active
recommence en octobre. Les combats de Kep^
Chuj Lam^ Nuûbop^ marquent cette période,
ptéludc de la marche sur Lang-son,
Digitized by
Googk
^ 39 -
On coiinalt aussi cette prestigieuse et auda-
cieuse aventure : deux petites brigades refou-
lant jusqu'à Lahg-son uUe armée chinoise dix
fois plus iiombreuse, à traveris les difficultés
d'Uh pays hérissé d*obstacles naturels et de
fortifications. Thanh-fhoï^ Dong-song et bien
d'autres rcucohlrcs jalonnent cette route ; puis
Bat-mûif ouvre enfin Lâng-son aU corps expé-
ditionnaire. Après, e*est Dông-dang, la porte
de Chine ^ au delà de laquelle les Célestes sont
rejetés; la sanglante et désastreuse affaire de
Barig-bo; le retour à Lang-son et le combat de
Ki'liia^ enfin la retraite. . . Partout la Légion a
joué le grand premier rôle et aU rétoUr^ dans
le corps expéditionnaire, on entendait ce con-
cert UUaiiime : « Certes, tous les corps engagés
se sont vaillamment conduits ; les tirailleurs
algériens, Tinfantcrie de marine, le bataillon
d'Afrique, les bataillons de ligne, les Tonki-
nois ont brillamment fait leur devoir ; mais il
est une troupe qui reste au-dessUs de toutes les
autres, devant laquelle tout le monde s'incline,
c'est la Légion. » QUel plus bel éloge à faire de
ces admirables soldats que de citer simplement
l'hommage qui leur fut alors rendu par le corps
ejtpédilionnaire tout eiitier ?
U faut dire qu'au même moment s'accom-
Digitized by
Googk
— 40 -
plissait l'héroïque défense de Tuyen-quang pur
deux compagnies de la Légion et un peloton de
Tonkinois, sous Dominé y ce chef au caractère
antique, dédaigneux de toute réclame, trop
modeste pour revendiquer sa légitime gloire
et se laissant magnanimement éclipser dans
Fopinion par la renommée hyperbolique d'un
de ses subordonnés, d'un mérite réel sans
doute, mais combien au-dessous du sien !
Un autre bataillon de la Légion, le 4', avait,
aussi, en 1884, quitté l'Algérie pour l'Extrême-
Orient. Celui-là fut de l'expédition de For-
mose, sous.le commandement supérieur de
Courbet, promu vice-amiral, et sous les ordres
immédiats du colonel Dttches'nc. Kélimg est
encore une glorieuse page du Livre d'Or de la
Légion Étrangère. Bien d*autres devaient y
être ajoutées par la suite durant la répression
de la piraterie, c'est-à-dire pendant les dix ou
douze années qui suivirent la fin de la guerre
de conquête et assurèrent définitivement l'oc-
cupation. Il n'est pas dans le cadre de cette
notice déjà longue de retracer les exploits de
ces poignées de légionnaires qui, dans les
territoires militaires, vers Lang-son^ Cao-hang^
Ha-giang et Lao-kay^ arrosèrent de leur sang
et semèrent de leurs tombes ignorées la brousse
Digitized by
Googk
— 41 —
sauvage, les cirques rocheux, les défilés et les
montagnes de la Haute-Région. Le dernier de
ces exploits est la défense (1 ) du . poste de
NuoC'haï (cercle de Cao-bang) en 1900, où
quelques légionnaires avec un petit groupe
de Linli-Co (miliciens) résistèrent victorieuse-
mont pendant trente-six heures, dans un mau-
vais lilockhaus, à l'attaque soudtaine d'une
forte bande de pirates et à ses assauts répétés.
4:
Autres campagnes de la Légloii :
Flguig et El-Moungar.
: Citons encore pour mémoire le Dahomey ^ le
SoiidaUj , Madagascar^ le . Siam , la ; colonne
d'Igli. Il y en aurait trop long à dire.
Enfin, terminons cet aperçu rapide par un
mot des événements qui ont eu pour théâtre
Figuig et El-Moungar^ au cours de ces derniers
mois.
Ceux-ci sont dans la mémoire de tous. Là,
comme partout, la Légion a noblement tenu le
(1) Par le lieutenant P. Du for, du !•' étranger.
Digitized by
Googk
- 42 —
drapeau de la France. La compagnie montée
du !•' étranger (caiiitaine lionnelei)^ à Zenaga^
a excité Fadliiiration par sa bravoure. Son chef,
aussi calme qu'intrépide, dut rester à cheval,
sous les balles, pour mieut diriger les fractions
éparsôs de sa compagnie, obligée de faire tôtc
silr (Plusieurs points à la fois pour protéger le
gouverneur général de l'Algérie et le général
commandant la division d'Oran, assaillis, pen-
dant leur entrevue avec l'amel de Figuig, par
les contingents de ces farouches tribus maro-
caines que fanatise encore le vieil agitateur
Bou-Amama.
Saluons en terminant les braves d'Iîl-Moun-
gar (1), les morts glorieux tombés au champ
d'honneur et parmi eux, cet officier danois, si
Français ]par le cœur, le lieutenant Selchau-
hansen, doiit « les dernières pensées furent
pour ses hommes et pour ses camarades »,
lisons-nous dans une lettre qui relate son ago-
nie: Il laisse à tous ceux qui l'ont connu le
souvenir d'une noble et sympathique nature
et un gentiment d'estime profonde pour son
courage et son oubli de lui-môme. Bon regret.
(i) Sur 120 hommes, 84 hors de combat, dont 37 tués
(y compris les 2 officiers) et 47 blessés.
Digitized by
Googk
— 43 —
en 1897, au retour d'une campagne de deux
années au Tonkîn, était de n'avoir point obtenu
la médaille coloniale comme souvenir de son
passage au service de la France. Cette fois c'est
la croix qu'il avait méritée et que sa mort si
prompte l'a seule cmpcchc de recevoir. —
Inclinons -no us aussi devant les survivanls;
honorons en particulier les derniers chefs de
cette phalange, ceux qui, jusqu'au bout et
malgré leurs blessures, dirigèrent la résistance
et sauvèrent l'honneur, le fourrier Tisserand{\)j
le caporal Detz, Ce fait d'armes prend place à
côté des plus glorieux de notre histoire mili-
taire coloniale dans le dernier demi-siècle; il
égale Bcni-Mercd, Sidi-Brahmi, Camaron,
Tuyen-Quang !
(i) Vient d'être promu sous-lieutenant au titre étranger.
Digitized by
Googk
I
Digitized by
Googk
III
Considérations finales.
L'ascendant des gradés inférieurs sur leurs
hommes; ses causes.
Qu'on nous permette ici une reflexion que
nous suggère ce combat d*El-Moungar. Ne
nous étonnons pas que, à la Légion, des grades
subalternes, de rang inférieur, se révèlent tout
d'un coup, à un moment donné dans les cir-
constances les plus graves, de véritables chefs.
L 'habitude des responsabilités forme les carac-
tères. Détachés souvent au loin avec quelques
hommes, investis de missions indépendantes,
ces responsabilités, de simples caporaux, des
sous-officiers en assument fréquemment. L'Age
et Texpérience, parfois douloureuse, de la vie
ont mûri ces hommes, qui depuis longtemps
pour la plupart ont passé TAge de la jeunesse,
Digitized by
Googk
- 46 —
et leur donnent un ascendant incontestable sur
leurs subordonnés. Combien de sous-ofTiciers
et de caporaux approchent de la quarantaine !
Un journal illustré (1) vient de publier le por-
trait de Tisserand ; les cheveux déjà rares, le
port de la tête, Fassurance du regard, l'attitude
révèlent un homme fait et sûr de lui. L'entraî-
nement physique, résultat d'une vie de fatigues
constantes, a endurci les corps de ces hommes;
la fréquence du danger a trempé leur moral.
C'est là le secret de cet ascendant sans conteste
qu'exercent à leur heure, sur leurs subor-
donnés, ces chefs de circonstance, improvisés
par la mort des véritables chefs.
Kn(ia les Iradilions, les souvenirs d'un p<issé
légendaire, en créant un esprit de corps pi^is-
sant, engendrent une soUdaritp pli'oi|,e entre }e
légionnaire d'(iujourd'hiii et ses devanciers, et
le rendent capable, pour les égaler, des plus
beaux triaits d'héroïsme. Nulle part peut-être à
nptfe époque, on ne trouve à un plus haut
degré que dans les régiments étrangers cet
inappréciable éléiuppt de forcp, à savoir la
pqnnaissancp réciproque, coufirmée par des
(1) Vniustraiion du 3 octobre 1903.
Digitized by
Googk
— 47 -
épreuves sûres, qu'ont les uns des autres les
légionnaires et leurs officiers, et d'où résulte
une confiance inébranlable à Fheure du péril ;
— puissant levier d'action morale aux mains
des chefs qui commandent à de pareils soldats !
***
L'homogénéité de la Légion; ses causes.
Un instant on aurait pu craindre que l'aug-
mentation considérable accomplie en peu d'an-
nées du nombre des compagnies de la Légion
Étrangère, nombre aujourd'hui supérieur à
cinquante, n'eût, en dispersant les individus
dans les unités nouvelles, rendu à peu près
impossible cette connaissance prolongée du
soldat par l'officier et de l'officier par le soldat,
et que cette cause, jointe à la nature du service
de la Légion aux colonies qui, en multipliant
les circonstances où les légionnaires sont em-
ployés isolément ou par fractions infimes sous
les ordres de caporaux ou de sous -officiers,
trop souvent en dehors du commandement ou
du contrôle indispensable de leurs officiers,
vient les soustraire à leurs chefs naturels et
relâche la discipline ; — jointe aussi à la subs-
Digitized by
Googk
— 48 —
titution de la relève individuelle à la relève par
fractions constituées, qui rompt le lien tac-
tique, — on pouvait craindre que cette cause
n'eût produit un affaiblissement de la valeur
morale de l'ensemble du corps. — L'événement
vient de prouver qu'il n'en est rien. Et le fait
s'explique : la Légion a conservé le moule où,
périodiquement, se refondent et se remettent
en forme ses éléments divers, épars aux quatre
coins du monde ; c'est l'Algérie, cette terre qui
fut son berceau et où elle retrouve ses tradi-
tions, les souvenirs et les exemples du passé,
l'action reconstituante d'un commandement
supérieur permanent, la cohésion et la disci-
pUiie que favorisent les groupements plus
considérables qu'aux colonies d'unités réunies
sous un chef unique, enfin cette rude vie du
Sud-Oranais qui, avec ses fatigues, ses privar
tions et ses dangers, fera toujours trouver plus
douce et plus large aux légionnaires la vie qui
les attend dans les autres colonies et les lais-
sera sans étonnement devant les ennemis,
quels qu'ils soient, qu'ils pourront avoir à y
combattre.
Digitized by
Googk
CONCLUSION
Le passé répond de T avenir et noblesse
oblige. U est donc permis d'affirmer que, flèrc
de ses exploits et jalouse d'en conserver la
renommée intacte, la Légion Étrangère ne
faillira jamais à la devise de son drapeau et
restera la troupe d'élite qu'elle fut toujours.
Partout où ils porteront les couleurs de la
France, les légionnaires se montreront dignes
d'elle et de son armée, et si d'aventure la vic-
toire, comme en 1870, leur refusait son sourire,
leur héroïsme du moins saurait sauver l'hon-
neur et jetterait encore sur leur défaite un
rayon glorieux.
Digitized by
Googk
Digitized by
Googk
TABLE DES MATIÈRES
Objet ; 5
I
NotlofiR tfénértAen sor la composition de la
Lëfflon. — Considérations morales.
Organisation 7
Recrutement : Engagements et rengagements 8
Conditions à remplir. — Moyens employés par les
candidats qui nV satisfont pas, pour les éluder... 10
Relèvement moral des quelques individualités déchues. 13
Les ofOciers 17
Les nationalités; leurs proportions et leurs caractères
respectifs 19
L'élément dominant; caractère qui en résulte. — Les
qualités du Légionnaire 21
Les défauts des Légionnaires; moyens de les amender :
le sentiment de Thonneur, la discipline 22
Fusion des nationalités; ^^me de la Légion. — Le
drapeau de la Légion 24
Digitized by
Googk
— 62 -
II
Historique suoolnot de la Légion.
Les campagnes de la Légion pendant les 50 dernières
années 27
La Légion au Mexique. -- La salle d'honneur de la
Légion 28
La Légion en 1870 29
La Légion dans le Sud-Oranais (1881-82). — L'Algérie
dure école ^*
Les compagnies montées 34
La Légion en Extrême-Orient : Tonkin et Formose. . . 37
Autres campagnes de la Légion : Figuig et El-Moungar. 41
III
Considérations finales.
L'ascendant des gradés inférieurs sur leurs hommes;
ses causes 45
L'homogénéité de la Légion ; ses causes 47
Conclusion 49
Paris, ~ imprimerie R. Ghapelot et C«, S, rue GhrUline-
Digitized by
Googk
Digitized by
Googk
LIBRAIRIE MILITAIRE R. CHAPELOT ft C*
30, Rae et Passage Daaphine* à Paris.
L'ARMÉE JAPONAISE
NOTICE
publiée par le 2* Bureau de l'Etat-MaJor de l'Armée
FÉVRIER 1904
Paris, 1904, broch. iii-8 75 c.
LA PËNËTRATIOIN RUSSE EN ASIE
Par le eolonel eomte TORCK DE WARTENBUR6
Chef de seotion au Orand £2tat-Major allemand
Traduit par le capitaine BÊGOUBN
des spahis sénégalais, breveté d*dtat-inajor
Paris, 1900, hror.li. iii-8 avor. une rarlo 2 fr.
Le Transsibérien; par le capitaine Sauvage,
breveté d'état-major. Paris, 1904, broch. in-8 avec
nombreuses photogravures. 2 fr.
La Chine et les Alliés (1900-1901); par M. S. Paris,
1903, broch. in-8 avec nombreuses photographies.
1 fr. 60
La guerre sino-japonaise (1894-1895); par le lieu-
tenant Sauvage, du 43* régiment d'infanterie.
Paris, 1897, 1 vol. in-8 avec atlas in-folio, comprenant
7 cartes et pi. tirées en 5 couleurs. 10 fr.
La Chine. — Expansion des grandes puissances en
Ecctrème-Orient (1895-1898). Paris, 1899, 1 vol. in-8
avec carte. o fr.
L'infanterie russe dans ses rassemblements
d'été ; par le lieutenant Vergé, du 15* régiment
d'infanterie. Paris, 1900, broch. in-8 avec figures.
1 fr. 50
:-v\'i
Paris. — Imprimerie R. Ghafilot et G«, %, me GliriftiM.
j
Digitized by
Googk
This book is a preservatioii photocopy.
It was pfoduced on Hammennill Laser Print natural v^te»
a 60 # bock wei^t acid-firee archivai paper
v^ch meets die requirements of
ANSI/NISO Z39.48-1992 (permanence of paper)
Préservation jdiotocopying and binding
by
Acme Bookbinding
Charlestown, Massachusetts
a
1995
Digitized by
Googk
Digitized by
Googk
Digitized by
Googk
Digitized by
Googk
Digitized by
Googk
Digitized by
Googk
I
Digitized by
Googk
Digitized by
Googk