HX00028509
THE SEGUIN COLLECTION
OF BOOKS RELATING TO THE
NERVOUS SYSTEM
THE BEQUEST OF
EDWARD C. SEGUIN, M.D.
TO THE DEPARTMENT OF PATHOLOGY OF THE
COLLEGE OF PHYSICIANS AND SURGEONS,
NEW YORK.
This book is not to be removed
BOOKZlX-ll (V fromthe Department of Pathology.
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in 2010 with funding from
Columbia University Libraries
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RECHERCHES EXPÉRIMENTALES
CROISSANCE DU CRANE
IMPRIMERIE DE F.. MARTINET, RUE MIGNON,
RECHERCHES EXPÉRIMENTALES
CROISSANCE DU CRANE
LE DR B. GUDDEN
DIRECTEUR DE L'ASILE DES ALIÉNÉS ET PROFESSEUR ORDINAIRE DE L'UNIVERSITÉ A MUNICH
TRADUIT DE L'ALLEMAND
LE D' AUGUSTE FOREL
Avec onze planches photographiques reproduites par la phototypic.
PARIS
V. ADRIEN DELAIIAYE et Cic, LIBRAIRES-ÉDITEURS
PLACE DE L'ÉCOLE-DE-MÉDECINE
1876
<3r<?3
PRÉFACE DU TRADUCTEUR
La présente traduction a été entreprise avec l'assenti-
ment de l'auteur et a été revue par lui. Quelques modifica-
tions insignifiantes, ne servant qu'à rendre çà et là le texte
très-concis de l'original un peu plus explicite, ont été
faites sous ses yeux. Le nom de l'auteur, connu par les
progrès que ses expériences sur le cerveau d'animaux
nouvellement nés ont fait faire à l'anatomie de cet organe,
est à lui seul une garantie suffisante de la valeur de ce
travail. La foule d'expériences originales et laborieuse-
ment préparées qu'il renferme, les lois importantes qui en
découlent et qui jettent un jour tout nouveau sur la ques-
tion si controversée du mode de croissance des os du
crâne, le recommandent particulièrement à l'attention du
public scientifique.
DrAug. Forel.
au
PREFACE DE L'AUTEUR
Le travail que je livre présentement à la publicité est
ancien et a été fait simultanément avec mes expériences
sur le système nerveux central et périphérique (voir le com-
mencement de ces dernières dans Archiv fur Psychiatrie,
Bel. II, H. 3). J'ai dû renoncer à l'amener au terme que je
m'étais proposé, et j'ai été obligé de me poser des limites
pour ne pas devoir renoncer entièrement à sa publication.
Peut-être eût-il été plus exact de mettre en titre « Crois-
sance du crâne chez le lapin ». J'aurai cependant l'occa-
sion de démontrer ailleurs que les résultats obtenus ici
s'appliquent en grande partie aussi au crâne humain.
Toutes les photographies ont été faites sous ma direction
à Werneck, en 1869. Lorsqu'elles furent terminées, il me
parut désirable de les faire reproduire au moyen de la
phototypie. Toute personne s'intéressant au sujet devait
VI11 PRÉFACE DE L'AUTEUR.
pouvoir, avec des épreuves absolument fidèles, se former
un jugement entièrement indépendant, au besoin la loupe
à la main, d'après les planches plutôt que d'après le texte.
Un essai fait dans ce sens à Zurich resta inachevé, mais
une seconde tentative faite par l'entremise de M. Gemoser
ici à Munich, réussit d'autant mieux:. Si j'avais été plus
au fait des procédés de la phototypie lors de l'élaboration
des épreuves photographiques, les planches auraient cer-
tainement encore mieux réussi. Les photographies au-
raient dû être de grandeur double.
Je dois encore faire observer que j'ai montré et expliqué
les préparations originales dans deux communications
faites à la société des jeunes médecins de Zurich. Le
compte rendu de ces communications, fait par moi-même,
mais défiguré par de nombreuses fautes d'impression, se
trouve dans le n° 5 du Correspondenzblall fur Sckweizer
Aerzte, année 1871.
Munich, août 1873.
Dn B. GUDDEN.
DE LA
CROISSANCE DU CRANE
Toutes les expériences qui vont suivre ont été faites sur des lapins
nouveau-nés, deux seulement sur des pigeons fraîchement sortis de
l'œuf. J'ai montré les avantages de celte méthode d'expérimentation
dans Archiv fur Psychiatrie, Bd. Il, H. 3 (I). Ces expériences
se laissent diviser en deux séries : la première se rapporte aux phé-
nomènes concernant l'os seul ; la seconde s'étend à des phénomènes
(1) Le but de cette mélhoile est d'observer sur l'animal devenu adulte les suites de
la lésion dont il a été l'objet aussitôt après sa naissance; ainsi p. ex. d'observer quels
faisceaux de substance blanche et quels centres de substance grise sont atrophiés d'un
côté dans le cerveau d'un lapin adulte auquel on a enlevé un œil immédiatement après
sa venue au monde (Voir v. G raefe's Archiv fur Ophthalmologie, XX, 2; Gudden,
Kreuzung der Fasern im chiasma nervorum opticorum). L'auteur, à l'endroit cité
{Arch. fur Psychiatrie), démontre en outre les avantages inappréciables de toute opé-
ration faite sur un animal nouveau-né, savoir : 1° la sensibilité est encore très-peu dé-
veloppée; l'animal souffre peu et se débat peu; 2° le lapin nouveau-né n'a pas en-
core de poils ; 3° le sang se coagule très-rapidement, de sorte qu'il y a fort peu
d'hémorrhagie ; 4° ensuite de l'activité vitale qui suit la naissance, les plaies faites, si
profondes qu'elles soient, guérissent par première intention, avec une rapidité et une
propreté incroyables, de sorte que chez l'animal devenu adulte on peut voir encore
exactement la ligne d'opération qui n'a été déformée ni par des suppurations, ni par
des cicatrices. (Note du traducteur.)
2
2 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA CROISSANCE DU CRANE.
qu'on doit considérer comme résultant de la concurrence d'influences
ambiantes. Cette division n'est pas tranchée, mais facilite la vue
d'ensemble et l'exposition.
PREMIÈRE PARTIE
PHÉNOMÈNES DE CROISSANCE CONCERNANT LES OS SEULS.
C'est sur la voûte du crâne qu'il est le plus avantageux d'étu-
dier ces phénomènes. D'un côté il est très-facile d'y expérimenter,
de l'autre les phénomènes s'y présentent sous leur forme la plus
simple.
CHAPITRE PREMIER
ORIGINE DES SUTURES DU CRANE. LEUR FORME DÉPEND DE LA DIRECTION
DES CANAUX DE IIAVERS.
Le crâne fœtal du lapin, comme celui de l'homme, se compose à
sa hase de cartilage hyalin, à sa voûte de cartilage membraneux et à
ses côtés de formes intermédiaires qui prouvent l'intime affinité des
deux formes de cartilage. La transformation du crâne membraneux
en un crâne osseux commence, on le sait, aux bosses frontales et
pariétales. A cet endroit se forme, en même temps qu'une riche
vascularisation, un petit noyau irrégulier d'aiguilles osseuses. De ce
noyau partent ensuite dans toutes les directions de fins rayons osseux
allongés qui progressent toujours et qui lors de la naissance de
l'aniinal ont si bien avancé, que les différentes aires d'accroissement
des os du crâne se touchent presque les unes les autres; la fontanelle
lïonlalc seule est alors le plus souvent encore ouverte. Les vaisseaux
sanguins rayonnent dans la même direction que les aiguilles osseuses,
el les dépassenl même, on peut le dire, dans leur croissance. Les
RECHERCHES EXPERIMENTALES SUR LA CROISSANCE DU CRÂNE. 5
sutures ne sont autre chose que les lignes où les aires d'accroissement
des os du crâne se rencontrent les unes les autres; elles ne sont
aucunement préformées.
Partout où les rayons osseux, ou plus exactement les vaisseaux
sanguins de l'os, se dirigent perpendiculairement à la suture, celle-ci
devient dentelée (sutura dentata) ; partout où leur direction est paral-
lèle à la suture, celle-ci devient lisse (sutura simplex). Sur la figure 8
de la planche I on voit dessinés les canaux de Havers du crâne d'un
lapin âgé de six semaines (une fois et demie la grandeur naturelle ;
tous les essais faits pour les photographier ont manqué). Le commen-
cement et la fin de la suture frontale, ainsi que le commencement
de la suture sagittale sont lisses, le parcours des canaux de Havers leur
étant parallèle; le milieu de la suture frontale, la suture coronaire,
le milieu et la partie postérieure de la suture sagittale sont par contre
dentelés, les canaux de Havers les atteignant plus ou moins perpen-
diculairement. Dans ce fait gît une loi fondamentale de la genèse des
différentes formes de sutures (1). Si l'on examine encore les os wor-
miens (pi. II, fig. I, 2, 3, 10, 11; pi. VII, fig. 1), on voit partout
leurs sutures transversales dentelées et leurs sutures longitudinales
lisses, ainsi que les modifications des dentelures aux sutures obliques.
Ce fait correspond aussi au parcours des canaux de Havers ; il suffit
de comparer ces figures à la figure 8, planche I.
(1) Il n'est tout d'abord question que des crânes de lapin. Pour éviter toute confu-
sion, n'oublions pas ne cette loi suppose le tissu osseux formant des rayons allongés.
CHAPITRE II
EXCEPTIONS APPARENTES A CETTE REGLE.
On observe souvent des exeeptions apparentes à la règle qui pré-
cède. Mais une étude attentive les explique toutes, de sorte qu'elles
servent seulement en réalité a confirmer l'exactitude constante de la
loi énoncée. En voici rénumération :
I" Tandis que le milieu de la suture sagittale a régulièrement de
fortes dentelures, il n'est pas rare de voir les dentelures du milieu de
la suture frontale apparemment faibles, quoique les canaux de Ilavers
tombent perpendiculairement à cet endroit. Le fait est dû à une
modification des dentelures. Celles-ci sont en réalité fort bien déve-
loppées, mais elles s'engrènent horizontalement et non verticalement,
ce qui fait qu'elles paraissent moins à la surface. Il suffit de désarti-
culer les os frontaux pour être aussitôt au clair (pi. VII, fig. '.>; com-
parer aussi pi. III, lig. I,à l'aide de la loupe). La cause de celte
modification est, il est vrai, encore inexpliquée. Lorsqu'on examine
au microscope le crâne de lapins âgés de plusieurs jours traité par
RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA CROISSANCE DU CRÂNE. 7
l'alcool et rendu transparent par le baume de Darnar, on dirait que
les canaux de Havers (leurs vaisseaux sanguins), qui ailleurs sont
disposés en séries perpendiculaires, se contournent à cet endroit en
formant des séries plutôt horizontales ou obliques.
2" Une seconde exception apparente se montre le plus souvent à
l'extrémité temporale de la suture coronaire. Elle devrait être den-
telée comme le reste de la suture, et cependant elle est lisse à l'ordi-
naire. Un examen plus attentif montre que cela tient à la formation
d'écaillés. Le bord seul est lisse: on trouve les dentelures, quoique
ordinairement un peu plus faibles, sur les surfaces de contact des
écailles (pi. II, fig. 4). Lorsque la formation d'écaillés fait défaut, l'ex-
trémité temporale delà suture coronaire se montre dentelée comme le
reste (pi. II, fig. 5). La figure 6 de la planche II fait voir une forme
intermédiaire. Les causes qui transforment une suture ordinaire en
une suture écailleuse sont encore à rechercher; ces deux sortes de
sutures ne sont du reste pas rigoureusement distinctes l'une de l'autre;
la figure 6 de la planche II en fait preuve. J'ai fait photographier aux
figures 7 et 8 de la planche II un os wormien chez lequel la forma-
tion d'écaillés a nui au développement des dentelures de la même
façon qu'à l'extrémité temporale de la suture coronaire.
3° Chez les os wormiens, il faut en outre prendre garde à une
autre circonstance. La règle est, il est vrai, que leurs canaux de
Havers suivent en somme la direction de ceux des os principaux limi-
trophes (pi. II, fig. 1, 2, 3, 10, 11). Mais chaque os wormien a aussi
son centre, son noyau osseux propre, d'où partent ses rayons. Des
diverses incidences de ces rayons sur ceux des os voisins résultent di-
verses petites exceptions apparentes à la règle générale. Elles s'expli-
quent néanmoins chaque fois comme celles que nous venons de voir
lorsqu'on examine attentivement, aussi je me dispense d'en dire plus
ici.
Nous venons de démontrer que les exceptions qui semblent infirmer
notre règle sur la formation des sutures ne sont qu'apparentes. Je
S RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA CROISSANCE DU CRANE.
prie ceux qui malgré tout ne seraient pas persuadés que la forme des
sutures dépend de la direction des canaux de Havers, d'examiner
attentivement les figures 4 et 7 de la planche III par exemple, puis en-
core de comparer les figures 9 et 10 de la planche I avec la figure 8
de la même planche. Au moyen de la ligature des carotides opérée
quatre jours après la naissance (je reviendrai plus tard sur cette im-
portante expérience), on obtient un changement dans la direction des
vaisseaux des os du crâne. Ils se dirigent par exemple dans la figure 4
de la planche III obliquement de la suture coronaire droite à la su-
ture sagittale, et dans la figure 7 de la planche III obliquement de la
suture coronaire gauche à la suture sagittale. A ce changement de
direction des vaisseaux correspond exactement un changement dans
la direction des dentelures de la suture sagittale qui deviennent obli-
ques, couchées, l'angle d'incidence des canaux de Havers (vaisseaux)
sur la suture étant devenu oblique dans le même sens. Les figures 9
et 10 de la planche I représentent les crânes des figures 4 et 7 de la
planche III (une fois et demie la grandeur naturelle) avec le dessin du
parcours des canaux de Havers. La figure 8 de la planche I représente
le parcours des canaux de Havers dans le crâne normal, et sert de
point de comparaison.
CHAPITRE III
EXCISION D UNE SUTURE. SA REGENERATION.
On admet assez généralement que le crâne croit par ses sutures.
Les os croissent, dit-on, en longueur et en largeur par leur bord su-
turai; pour ce qui concerne l'épaisseur cependant, la croissance se
l'ait par le pericranium (exceptionnellement par la dure-mère). La
résorption nécessaire à l'adaptation du crâne au cerveau qui non-
seulement grossit mais encore change de. forme, se fait par la face
intérieure de l'os, et suit la croissance du crâne en épaisseur pour
ainsi dire en la corrigeant {Virchow, GesanîmelteAbhatullungen,^. 936).
On conteste ordinairement l'existence d'une croissance interstitielle.
Et cependant ces théories, quoique les travaux qui sont à leur base
soient excellents et fassent époque, ne concordent pas avec la réalité
des faits.
Les crânes de deux lapins adultes sont photographiés aux figures 1
et 2 de la planche I. Chez le premier on avait enlevé la suture sa-
gittale et une partie de la suture frontale immédiatement après la
naissance; chez le second, la suture sagittale seule. L'opération est un
peu délicate et demande une certaine prudence si l'on veut éviter de
10 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SLR LA CROISSANCE DU CRANE.
blesser le sinus longitudinal; la lésion de ce sinus produit une forte
hémorrhagie qui gvne l'opérateur et peut épuiser le petit animal. Il
s'agit de conserver le tranchant du bistouri dans l'os, à côté de la su-
ture, sans cependant enlever plus d'os qu'il n'est absolument néces-
saire pour être sûr d'avoir enlevé toute la suture. Si l'opération a
réussi, et si l'on est parvenu sans enfoncer le bistouri profondément
à couper l'os entièrement ou à peu près des deux côtés avec son pé-
rioste interne, on arrive parfois en tirant doucement à détacher du
sinus longitudinal supérieur, sans déchirer sa paroi, la lanière osseuse
maintenant isolée qui renferme la suture (1). Mais même lorsque le
sinus se déchire dans ce dernier acte de l'opération, le malheur n'est
pas grand, vu qu'on peut recoudre immédiatement la plaie de la peau,
ce qui fait cesser très-vite I'hémorrhagie. Quelles sont maintenant les
conséquences de l'excision de la suture? La figure 9 de la planche XI
montre l'un des résultats possibles (formation d'un écartemenl) dont
nous parlerons plus tard. Les figures 1 et 2 de la planche I font par
contre voir l'autre conséquence possible : les deux os lésés ont conti-
nué à croître et ont formé une nouvelle suture, légèrement irrégulière
il est vrai. On ne remarque pas trace de rétrécissement dans le dia-
mètre transversal du crâne. Il est donc possible d'enlever complète-
ment des sutures; les os respectifs, je le répète, en souffrent à peine,
continuent à croître sans qu'il arrive de perturbation notable dans le
développement du crâne, et forment en se rencontrant une nouvelle
suture.
1 1 1 Cela parail invraisemblable et c'est cependant vrai . Chez le lapin il semble qu'il
y a au moins un commencement de différenciation entre la dure-mùre et le périoste in-
terne, sans quoi le fait du sinus restant intact lors môme qu'on l'a détacbé du périoste
interne sérail incompréhensible. On sail que la dure-mère el le périoste interne sont
distincts dans le canal vertébral. Or nue pareille séparation si; produit aussi chez le
crâne de l'homme dans certaines circonstances; la cause en esl.il est vrai, encore olis-
cure. Je -un en possession, par l'entremise obligeante île M. Grashey, directeur de
l'asile de Deggendorf, d'une tête d'enfanl nouveau-né idiot, chez laquelle cette sépa-
ration '• i forl remarquable. .M. !'• professeur de Bischoffa aussi examiné la préparation
ri confirmé le fait.
CHAPITRE IV
FORMATION DE SUTURES ENTIÈREMENT NOUVELLES
DANS LA CONTINUITÉ DES OS.
J'ai dit plus haut que dans le crâne, là où deux aires d'accroisse-
ment de l'os se rencontrent, il se l'orme une suture. S'il se produit un
noyau osseux surnuméraire, il forme aussi son aire d'accroissement
et partant ses sutures. Sans cette explication du fait, la formation des
crânes en dessin de cartes géographiques (Landkartenschœdel), comme
les représente M. de Bruns dans son excellent ouvrage de chirurgie (1),
serait incompréhensible. Mais l'explication une fois admise, l'idée de
provoquer artificiellement la formation de sutures entièrement nou-
velles se présentait tout naturellement à l'esprit ; et ces nouvelles su-
tures ne devaient nullement influencer l'accroissement ni la forme du
crâne.
(1) Von Bruns, Die chirurgischeU Krankheiten des Gehirns und seiner Umhiil-
lungen.
1-2 RECHERCHES EXPERIMENTALES
Si l'on fend chez un jeune lapin l'un des os de la voûte du crâne par
son milieu à l'aide d'un bistouri ou d'une paire de ciseaux, trois con-
séquences sont possibles. — a) Lorsque les deux bords de la fente
sont trop éloignés l'un de l'autre, il se forme un écartement (pi. I,
fig. 0; pi. VII, fig. 1, 3 et 4; pi. XI, 0g. 1 1). b) Lorsque les deux bords
de la fente sont trop serrés l'un contre l'autre, il se forme une synos-
lose (planche VIII, ligure 3, à l'os pariétal gauche et à l'os frontal
droit, cette dernière si complète qu'on ne voit plus même la place
où fut latente; planche X, figure 4, à l'os frontal gauche ; planche XI,
figure 1 1, aussi à l'os frontal gauche), c) Lorsque les deux bords delà
fente se louchent sans être exactement adaptés ni serrés l'un contre
l'autre, il se forme une suture qui souvent ne se dislingue en rien des
sutures normales (planche I, figures 3 et 4, aux 'deux os pariétaux;
planche I, figure 5, à l'os pariétal gauche où la suture artificielle tombe
presque perpendiculairement sur la suture sagittale; planche I, li-
gure G, à l'os frontal, à l'extrémité de l' écartement ; planche I, figure 7,
à l'os frontal gauche, suture artificielle parallèle à la suture coro-
naire; planche VII, figure I, à l'os pariétal gauche, à l'extrémité pos-
térieure de l'écartcinenl ; planche X, figure 4, aussi à l'os pariétal
gaui he, à l'extrémité postérieure d'un petit écartement).
En examinant les figures, le lecteur aura déjà remarqué que ces
sutures artificiellement produites, ou nouvelles sutures, peuvent se
combiner avec d ss écartements et des synostoscs. Il n'est pas non
plus absolument certain que le degré plus ou moins fort d'attouche-
ment des bords de la lente qu'on a pratiquée dans l'os soit l'explica-
tion complète de ces trois formations. Peut-être y a-t-il encore
quelque autre cause inconnue.
Les synostoscs et les écartements ne nous intéressent pas ici; les
sutures artificielles doivent par contre nous occuper un mi snt.
Les plus beaux exemplaires que je possède sont ceux qui sont
•représentés aux figures 3 Cl \ de la planche I. Malheureusement les
photographies sonl très-inférieures aux originaux chez lesquels les
SUR LA CROISSANCE DU CRAME. 13
sutures surnuméraires artificielles ne se distinguent absolument en
rien des naturelles. Ce sont ces crânes qui m'ont fait regretter le
plus vivement de n'avoir pas mieux connu plus tôt les procédés de la
phololypie ni les conditions nécessaires à sa réussite complète. Ils
ont été obtenus de la manière suivante. Pour pouvoir enlever l'un
des tubercules quadrijumeaux antérieurs (Afchiv fur Psychiatrie, 1.
c, p. 718), je commençai par faire une section longitudinale (sagit-
tale) de la peau. Puis je divisai sur toute sa longueur la suture lamb-
doïde avec un bistouri tenu obliquement afin de ne pas blesser la
dure-mère. Après quoi je fis entrer l'une des lames d'une fine paire
de ciseaux dans l'un des coins de la suture divisée, aussi loin que
possible de la ligne médiane du crâne, et après l'avoir fait glisser
entre la dure-mère et le crâne jusqu'à la suture coronaire, je tranchai
l'os pariétal en deux sur toute sa longueur. La même opération une
fois faite de l'autre côté, je pus me servir de la suture coronaire
comme charnière pour retrousser momentanément la partie du
crâne circonscrite par ces trois coupes, et opérer à mon aise sur le
cerveau, ce qui n'a pas à nous occuper ici. Les crânes ont dû être
en partie détruits pour pouvoir sortir les cerveaux sans les gâter.
Aussi n'ai-je pu conserver la suture temporale que dans celui de la
figure 3, à droite. Dans celui de la figure 4, la partie de l'os pariétal
droit située entre la suture artificielle et la suture temporale s'est
perdue pendant la macération. Si l'on avait pu conserver les crânes,
entiers, les figures auraient meilleure façon. Les sutures artificielles
des figures 5, 6 et 7 de la planche I et de la figure 4 de la planche X
se sont formées à la suite de l'extirpation du lobe supérieur d'un
hémisphère cérébral (Arch. fur Psychiatrie, 1. c, p. 708). Une sec-
tion longitudinale de la peau pratiquée dans la ligne médiane met le
crâne à nu. Cela fait on introduit par le côté du crâne, un peu au-des-
sus du niveau du corps strié et des couches optiques, un petit bis-
touri à tranchant convexe qu'on enfonce horizontalement à travers
l'os et le cerveau jusqu'à la scissure inlerhémisphérique en coupant
Il RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA CROISSANCE DU CRÂNE.
d'avant en arrière sur toute la longueur du crâne. La section termi-
née, on tourne un peu le bistouri autour de son axe, et l'on extrait
avec la lame le lobe cérébral coupé. La moitié du crâne qui avait
été soulevée pendant l'extraction du lobe cérébral se referme d'elle-
même en retombant, et l'on coud la plaie extérieure après l'avoir
nettoyée. Dans cette opération on coupe à la fois l'os et la dure-mère,
ce qui n'est pas le cas dans la précédente. L'exemplaire photogra-
phié à la figure i de la planche X n'a pas été ouvert, afin qu'on
pût voir, au moins dans un cas, que le crâne conserve parfaitement
sa forme malgré la lésion cérébrale. Je reviendrai plus tard sur ce cas
particulier. Sur le crâne photographié à la figure 1 de la planche Vif,
je me bornai à pratiquer la section de l'os, sans toucher au cerveau;
nous reviendrons aussi plus loin sur son compte. La suture artifi-
cielle la mieux rendue est celle de la figure 7 de la planche I. Elle
fait suite à un écartement, comme c'est souvent le cas, et se dirige
ensuite parallèlement à la suture coronaire à travers l'os frontal
jusqu'à la suture frontale. Il est donc démontré qu'on peut produire
artificiellement de nouvelles sutures dans le crâne; et, de même que
les sutures naturelles sont les lignes de démarcation et de contact
entre les aires d'accroissement naturelles, les sutures artificielles sont
les lignes de démarcation et de contact entre les aires d'accroisse-
ment artificiellement formées.
Il est plus difficile de démontrer que la production de sutures
artificielles n'altère pas la configuration du crâne; par exemple
qu'une suture artificielle parallèle à la suture sagittale ne provoque
pas de dilatation du crâne. Par la manière dont on obtient les
sutures, il s'y mêle des circonstances étrangères très-perturbatrices.
Les ligures ."{ et 't de la planche I soûl, celles qu'on peut le mieux
utiliser à ce point de vue. L'inlercalation naturelle de grands os
wormiens démontre d'une façon beaucoup plus sûre et plus déci-
sive que le doublement d'une suture est sans influence sur la forme
du crâne.
CHAPITRE V
LE DOUBLEMENT D'UNE SUTURE NE CHANGE EN RIEN
LA FORME DU CRANE.
Welcker (1) a trouvé, à la suite des mesures qu'il a prises, que la
formation entière du crâne est puissamment influencée par la su-
ture frontale, suivant qu'elle reste ouverte tôt ou qu'elle s'oblitère
tard (62). Mais si la suture a vraiment une importance telle que semble
le prouver Welcker, on doit pouvoir démontrer des résultats ana-
logues dans les cas de doublement d'une suture. Sur un certain
nombre de crânes de lapins, j'ai formé six groupes d'après leur lon-
gueur. Après divers essais, j'ai trouvé que le plus simple et le plus
sûr pour mesurer cette dernière était de prendre la distance de la
(1) Welcker, Vniersuchungen iiber Wachsthum und Bau des menschlichen Schâ-
dels, p. 3 et pi. I, ainsi que « Abschnitt 5 ».
(2) Cependant il ajoute aussitôt après : « On devine immédiatement « qu'il ne s'agit
» pas simplement ici d'une suture qui demeure ouverte, mais bien d'une anomalie
» typique de la forme du crâne ».
16 UECHERCHES EXPERIMENTALES SUR LA CROISSANCE DU CRANE.
protubérance occipitale externe au point le plus proéminent de l'os
intermaxillaire. Chacun des six groupes se subdivise en trois: 1° crânes
sans os wormiens (de beaucoup les plus nombreux); 3° crânes avec
un grand os wormien; 3° crânes avec deux os wormiens relativement
grands. Tous ces os wormiens se trouvaient dans la région de la fon-
tanelle frontale, leur siège ordinaire chez le lapin. J'ai mesuré en outre
chez tous ces crânes la longueur des deux sutures coronaires prises
ensemble, en plaçant les points du compas de chaque côté au sommet
de l'angle que forment entre elles la suture coronaire et la suture
temporale. Dans les cas où le sommet de cet angle est arrondi, ce qui
arrive parfois, j'ai mesuré au point de croisement des lignes de direc-
tion moyenne des deux sutures.
SUR LA CROISSANCE DU CRANE.
TABLEAU
17
Groupes
111
r.riANES
SANS OS WORMIEN.
Longueur
les crânes.
75
76
74
76
75
74
86,2\
86
85
84,5/
Longueur
des
sutures
coronaires
CRANES AYANT
UN GRAND OS WORMIEN.
19,5millim
21,3
21,6
23,2\
23-2
23
22, 3|
22,3|
22
22-2
21
24,5>
23,51
23,s(
23,5/
22,1
23,7
Longueur
des crânes,
72
Longueur
des
sutures
coronaires
CRANES AYANT DEUX
GRANDS OS WORMIENS.
Longueur
des crânes.
21,5
21,6
24,3
08
70,5)
76 j
75 }75,3
Longueur
des
sutures
coronaires.
23,51
22,322,5
21,6]
18 RECHERCHES EXPERIMENTALES SUR LA CROISSANCE DU CRÂNE.
Il ressort du tableau précédent que même de grands os wormieiiS)
ou ce qui revient au même le doublement et même le triplement d'une
suture, n'ont pas d'influence appréciable sur la configuration géné-
rale du crâne (1). Cependant, pour rendre le fait encore plus clair,
j'ai fait photographier aux figures 9, 10 et 11 de la planche II les
crânes de trois lapins qui, ayant été mis bas en même temps par la
même femelle, s'étaient développés très-semblablement. Les os wor-
miens avaient été découverts au moment où les petits animaux allaient
être opérés. Je renonçai à l'opération, recousis les sections de la peau,
marquai les lapins et les fis tuer plus tard en même temps. Les crânes
sont, on le voit, comme faits d'un moule. Les mesures prises comme
dans le tableau ci-dessus sont :
Fig. 'J : Longueur du crùne, 61 inill. Long, dos sutures coronaires, 27,5 mill.
Fig. 10 : Longueur du crâne, 60 s Long, des sutures coronaires, 27 »
Fig. 1 1 : Longueur du crâne, 61 » Long, des sutures coronaires, 27,8 »
Les différences sont si insignifiantes qu'on peut dire les trois crânes
éçaux entre eux en longueur comme en largeur.
(1) Ce qui n'est point en contradiction avec le fait que des dilatations du crâne pro-
venant d'autres -causes favorisent la formation d'os wormiens.
CHAPITRE VI
ATROPHIES PARTIELLES DU CRANE PRODUITES
AU -MOYEN DE LA LIGATURE DES CAROTIDES. RÉTRÉCISSEMENTS
SANS SYNOSTOSE. RÉTRÉCISSEMENTS AVEC SYNOSTOSE.
J'arrive au principal argument qui a servi de base à la théorie fai-
sant des sutures du crâne les matrices de l'os, aux synostoses avec
rétrécissements et dilatations complémentaires. Rien n'est plus éloi-
gné de ma pensée que de méconnaître les grands résultats qui ont été
obtenus sur ce terrain. Ce que je crois pouvoir prouver, c'est que les
synostoses des sutures et les rétrécissements du crâne, malgré leur
coïncidence si fréquente, ne sont pas en rapport causal, mais que tous
deux proviennent d'une cause commune plus profonde, savoir la des-
truction d'un nombre considérable d'éléments constitutifs de l'os.
Aussi peut-il se former des rétrécissements du crâne sans synostose
des sutures et vice-versâ. La destruction des éléments constitutifs de
l'os peut avoir lieu de différentes manières; il est possible de la pro-
duire expérimentalement d'une façon très-instructive en pratiquant
la ligature des deux carotides peu de jours après la naissance. Le plus
•20 RECHERCHES EXPERIMENTALES
tôt que l'expérience réussit est le mieux. Mais si Ton opère. avant le
quatrième jour, les lapins meurent par suite d'hébétude trop consi-
dérable. Même lorsqu'ils ont dépassé l'âge de quatre jours ils de-
viennent stupides et paresseux après l'opération ; mais ils se re-
mettent lorsque la circulation collatérale s'établit, et deviennent peu
à peu plus vifs et plus mobiles. On fait un pli longitudinal de la peau
du cou, et Ton pratique une section suffisamment grande. Puis après
avoir enlevé la graisse avec une pince et une paire de fins ciseaux
courbes, et avoir ainsi isolé les deux carotides, on fait leur ligature
avec un fil fin. Pour cette opération je me sers d'une aiguille à coudre
ordinaire que je fais passer sous l'artère de dedans en dehors par son
extrémité obtuse, en laissant le nerf pneumogastrique de côté. Les li-
gatures laites, on coud la plaie et on coupe tous les fils, y compris
ceux des ligatures, ne leur laissant que 5 millimètres de longueur.
Tout guérit ensuite, de soi, sans qu'on ait autrement besoin de s'en
inquiéter. Il est frappant de voir comment le petit animal qui se mou-
vait encore d'une façon normale après la ligature de la première caro-
tide devient tout à coup tranquille et hébété après la ligature de la
seconde qui s'était d'abord violemment distendue sous l'augmentation
de la pression du sang. — La peau de la tête devient un peu livide et
œdémateuse; de petites bandelettes étroites deviennent parfois né-
crosées au bord des oreilles; le milieu de la tète devient chauve,
et souvent aussi les côtés du visage, tantôt plus à droite, tantôt plus
à gauche. Puis une circulation collatérale se forme; l'œdème dispa-
raît, les poils repoussent, et les petits lapins qui s'étaient d'abord
amaigris et ni' grossissaient que lentement se portent bientôt aussi
bien que ceux qui n'onl pas été opérés, .le les fis ordinairement tuer
au bout de six semaines, parfois avant, parfois seulement lorsqu'ils
eureni atteint l'âge adulte; La circulation collatérale s'établit au moyen
des artères vertébrales. Le saui; descend par les carotides internes
dans les carotides externes pour remonter de là dans les ramifica-
tions <\<' ces dernières artères. Une autre partie va par l'artère o'ph-
SUR LA CROISSANCE DU CRANE. 21
thalmique dans l'artère supraorbitale dont les ramifications dilatées
creusent des sillons assez profonds dans l'os frontal. Les figures 12
et 13 de la planche VI représentent l'atlas et l'épistrophée d'un lapin
adulte chez lequel la ligature des deux artères carotides communes
avait été pratiquée 5 jours après la naissance; les figures 14 et 15
de la même planche représentent les mêmes vertèbres chez un lapin
adulte normal.
Les phénomènes qui se passent dans les os du crâne après la liga-
ture des carotides sont les suivants. Les vaisseaux les plus nombreux,
les plus jeunes et les plus délicats se trouvent au bord des os, à la
limite des aires d'accroissement. Leurs pousses les plus avancées se
terminent probablement en cul-de-sac, ce que semblent démontrer
l'examen microscopique et la, grande difficulté que présente leur
injection au moyen de gélatine carminée d'après la méthode de
Thiersch. Des recherches ultérieures devront décider la chose défi-
nitivement. Cette région est par suite de ce que nous venons de dire
la plus sensible aux conséquences de la ligature des carotides qui
provoque dans tout son courant circulatoire une stase plus ou moins
forte. Si celle-ci est partout vaincue par l'établissement de la cir-
culation collatérale, ce qui arrive dans environ un tiers des cas,
il ne demeure aucun trouble durable dans la croissance de l'os.
Par contre, si ce n'est pas le cas, et si la stase devient quelque part
permanente, ce qui a lieu à des endroits fort divers, mais principa-
lement aux régions limitrophes, il s'ensuit qu'un ou plusieurs bords
d'os sont définitivement exclus du courant circulatoire. Les consé-
quences nécessaires de ce fait sont la nécrose des éléments consti-
tutifs de cette région, la cessation de sa croissance, et par suite le
rétrécissement du crâne dans la direction de cette croissance. On
peut aussi suivre les phases de la nécrose au microscope en tuant les
opérés nouveau-nés à des époques consécutives régulières. Les loca-
lités les plus favorables à cette étude sont celles situées dans l'inté-
rieur de l'os où parfois, comme nous l'avons déjà laissé entrevoir,
22 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES
il demeure une stase permanente en un endroit circonscrit. Les
trabécules et les corpuscules osseux se détruisent par une sorte de
macération. Ainsi se sont formées les petites lacunes des crânes
photographiés à la planche III, ligure 1 et à la planche VI, figure 1;
cependant chez celui de la planche VI, figure 1, une autre cause est
peut-être en jeu, savoir la pression du cerveau ; le bord un peu relevé
des lacunes parle pour cette dernière opinion.
Le cartilage suturai lui-même est plus pauvre en vaisseaux et plus
résistant que le bord de l'os. S'il ne se détruit pas, dans le domaine
de la zone nécrosée de l'os, il conserve plus ou moins la forme qu'il
avait lorsque la croissance de l'os qu'il borde fut arrêtée. Nous obte-
nons alors un rétrécissement sans synostose. Si par contre le carti-
lage est aussi détruit, ce qui arrive quand la thrombose atteint un
degré plus considérable, on obtient un rétrécissement avec synos-
tose. Ainsi s'explique pourquoi ce genre de synostoses coïncide dans
la règle avec les rétrécissements les plus considérables. Les rétré-
cissements sans synostose, avec conservation de la suture sous sa
forme fœtale, sont les plus instructifs pour nous.
Les figures I, 2, 3, 4, 5, 0, 7, 8, 9, de la planche III, et les
figures I, 2, 3, \, 5, li de la planche IV représentent cinq de ces
crânes avec rétrécissements sans synostose, chacun dans trois posi-
tions facilitant leur étude. De très-petites synostoses en forme de
ponts étroits n'onl pas été prises en considération. Des passages de
la forme fœtale à la synostose de la suture sont fréquents. L'arrêt de
.Tui-s'iin v se trouve dans la figure I ("2 et 3) de la planche III le
long de la suture temporale gauche, dans la figure i (5 et 6) de la
planche III, le long de la suture coronaire droite, dans la figure 7
(8 el 9) de la planche III le long de la suture coronaire gauche, dans
la (iguiv | (2 el 3) de la planche IV le long de la suture coronaire
gauche et de la suture temporale gauche, dans la figure 4 (5 et ('»)
de la planche IV le long de la suture coronaire droite et de la
suture temporale gauche.
SUR LA CROISSANCE DU CRÂNE. 23
Les photographies représentant des rétrécissements avec synostose
sont les suivantes : planche VI figure 7 (synostose du commence-
ment de la suture sagittale); planche IV figure 9, et planche V figure 2
et 4, le même crâne dans diverses positions (synostose de la moitié
postérieure de la suture sagittale), et pour comparer les figures 8 de
la planche IV, 1 et 3 de la planche V, représentant un crâne normal
dans les mêmes positions; planche V figure 9 (synostose de la suture
sagittale presque entière; planche V figure 6 (et 8) (synostose de la
suture frontale), avec photographies comparatives du crâne normal
dans les mêmes positions aux figures 5 et 7 de la même planche;
planche V figure II (et 10) (synostose de la suture coronaire droite);
planche IV figure 1 (2 et 3) (synostose de la suture coronaire gauche
chez un lapin tué 18 jours après l'opération); planche IV figures 4
et 5 (synostose de la suture située entre l'écaillé et la portion articu-
laire de l'os occipital), avec photographies comparatives du crâne
normal dans les mêmes positions aux figures 6 et 7 de la même
planche (1). Il est regrettable que la plupart des figures de la
planche VI qui ont été empruntées à des objets très-fins et délicats
laissent à désirer sur divers points. — Si, comme il a été dit à la
préface, les premières épreuves photographiques avaient été prises en
grandeur double, diverses lignes très-fines qui se sont perdues se
seraient conservées. Cependant un inconvénient qui parait être insé-
parable de la phototypie, c'est que les lignes trop fortes s'étalent en
largeur par l'impression d'une façon très-fâcheuse.
(1) J'ai fait photographier aux figures 12 et 13 de la planche V, une synostose re-
rquable de la suture coronaire gauche trouvée par hasard chez un crâne de taupe.
mai
CHAPITRE VII
DANS LA RÉGION ATROPHIEE DU CRANE
LES SUTURES NON OBLITÉRÉES DEMEURENT A L'ÉTAT FŒTAL
CONDUITE DES SUTURES VOISINES.
Avant de donner les mesures des rétrécissements et d'entrer dans
de plus amples détails à leur sujet, nous avons à parler de deux autres
points importants, pour autant du moins qu'ils nous touchent ici. Ces
points viennent d'être nommés dans le titre du chapitre.
I" Quoique chez le lapin nouveau-né les divers os du crâne se
soient à peu près atteints les uns les autres, excepté dans la région de
la fontanelle frontale, ils ne sont pas encore en contact assez intime
pour que leurs dentelures, là on il s'en forme, s'engrènent les unes
dans les autres. La suture fœtale parait clone aux endroits en question
plus lisse et moins dentelée que la suture de l'adulte. Lorsque l'ac-
croissement de l'os esl troublé le long d'une de ces sutures fœtales,
les dentelures ne peuvent pas se développer plus, ou ne peuvent plus
se développer que d'une façon limitée, aussi la suture rcsle-t-clle
plus ou moins lisse Des sutures moins dentelées qu'à l'état norma-
RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA CROISSANCE DU CRÂNE. 25
sont donc dans certaines circonstances l'expression Irès-marquée
d'un affaiblissement de l'accroissement. Il serait néanmoins préma-
turé d'en conclure que de pareilles sutures sont toujours dues à une
atrophie des os limitrophes, ou vice-versâ qu'une suture plus dente-
lée qu'à l'état normal est toujours l'expression d'un accroissement
exagéré (1). J'ai fait photographier à la figure 14 de la planche I le
crâne d'un lapin adulte microcéphale; la suture sagittale, la suture
coronaire, et les sutures temporales y sont très-richement dentelées.
La figure 3 de la planche VIII représente la voûte crânienne d'un
lapin auquel les deux grands hémisphères cérébraux avaient été enle-
vés immédiatement après la naissance; la dentelure de ses sutures
n'est nullement amoindrie. Comparée à une autre normale du même
âge (fig. 4, pi. VIII), cette voûte crânienne se trouve pourtant être
beaucoup plus plate et raccourcie dans toutes ses dimensions (com-
parer avec les figures 5 et 6 qui représentent les deux crânes
des figures 3 et 4 sous deux vues de profil différentes). Le crâne
le plus instructif à cet égard est représenté à la figure 2 de la
planche VII. A un lapin, peu de jours après sa naissance, j'avais
extirpé de l'os pariétal gauche une bandelette large de deux milli-
mètres, parallèlement à la suture sagittale et à environ deux milli-
mètres de distance d'elle. La conséquence fut la formation d'un
écartement, ensuite de quoi l'os pariétal droit fut soumis à un retard
de développement, fait que nous traiterons spécialement plus tard.
(I) Welcker (Untcrsuchungen iiber Wachsthum und Bau des menschlichen Schd-
dcls, p. 2) dit : i Je ne trouve à ce sujet dans les ouvrages des auteurs qu'une obser-
vation de Stahl (Zeitschrift fur Psychiatrie, 1851, p. 547), d'après lequel les sutures
linéaires et celles à fines dentelures accompagnent les dépressions et les rétrécisse-
ments du crâne, les sutures fortement dentelées par contre ses voussures et ses dilata-
tions. Stahl fait remarquer que le milieu de la suture sagittale et le milieu de la su-
ture coronaire se distinguent par des dentelures très-grandes, très-ramifiées, et que
précisément en ces endroits le crâne est souvent plus fortement voûté qu'ailleurs. Ces
observations sont parfaitement exactes, mais on se tromperait si l'on admettait que la
forte dentelure des sutures ait pour conséquence une augmentation de la croissance du
crâne, s
26 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES
L'extrémité antérieure (coronaire) de la portion conservée de l'os
pariétal gauche adjacente à la suture sagittale fut tirée et déviée
mécaniquement (par l'accroissement en arrière de l'os frontal
gauche), si bien que ses dentelures à la suture coronaire, déjà pré-
formées, s'écartèrent les unes des autres. Au contraire les dentelures
de l'os pariétal droit préformées aussi, furent pressées les unes contre
les autres par suite du retard survenu dans l'accroissement trans-
versal de cet os, ce qui donne ici l'apparence d'une dentelure plus
riche qu'à l'état normal.
2° Dès que la croissance cesse le long d'une suture à la suite de
la nécrose des éléments constitutifs du bord de l'os, le liquide nutri-
tif, le sang, se détourne de la zone nécrosée comme d'une barrière
pour couler vers les régions voisines dont les éléments constitutifs
sont intacts. Ainsi par exemple lorsque la nécrose a lieu le long de
la suture coronaire, le sang se détourne pour couler vers les sutures
sagittale, frontale et temporale. La régularité des courbes que for-
ment les vaisseaux sanguins en se détournant est très-remarquable;
elle donne une preuve intéressante (nous en verrons encore diverses
plus bas) de la faculté qu'ont les os de s'accommoder à des influences
mécaniques du dehors. J'ai déjà fait remarquer au chapitre premier
que la direction des vaisseaux sanguins de l'os (dans les canaux de
Havers) sur la suture coronaire est en somme perpendiculaire. Ils
sont reliés entre eux par des anastomoses qui forment en général avec
eux un angle plus ou moins droit. C'est par ces anastomoses que le
sang se détourne et qu'il se forme une voie (les courbes sus-men-
tionnées) dans laquelle il coule avec le moins de résistance possible,
en aplanissant par sa pression toutes les protubérances et tous les
angles d). Qu'on veuille jeter un coup d'œil sur les ligures 8, 9 et 10
de la planche I qui ont été dessinées avec beaucoup de soin. Or là où
il y a augmentation de l'afflux du sang, il y a aussi augmentation de
(i) C'est une observation qui me charme chaque foi? que je la refais.
SUR LA CROISSANCE DU CRANE. 27
croissance; donc dans l'exemple que nous avons pris, il y a augmen-
tation de croissance au bord des os le long des sutures mentionnées,
et par suite allongement de la suture atrophiée, de la suture coro-
naire; je reviendrai bientôt sur ce point. Lucà dit par contre en par-
lant de l'homme que lorsqu'une synostose dure depuis longtemps, la
suture oblitérée est en même temps aussi raccourcie (Schadel abnor-
mer Formen, p. 11).
CHAPITRE VIII
(Continuation du chapitre VI.)
RÉTRÉCISSEMENTS SANS SYKOSTOSE. RÉTRÉCISSEMENTS AVEC SYNOSTOSE.
Élimination faite des crânes dont la croissance n'a pas été troublée
d'une façon durable par la ligature des carotides, ainsi que de ceux
qui ont servi à l'étude microscopique de la nécrose dans ses phases
successives et qui sont trop petits, il m'en reste 27 qui h la suite de
la ligature des carotides ont subi des atrophies partielles, des rétré-
cissements avec ou sans synostose des sutures. Les régions limi-
trophes de diverses sutures se trouvent atteintes de nécrose; le plus
souvent celles des sutures coronaire et temporale, moins souvent
celles des sutures sagittale et frontale, le plus rarement celles des
autres sutures. Ordinairement les régions limitrophes d'une suture
seulement sont atrophiées; cependant il arrive aussi que celles de
deux sutures aient souffert dans le même crâne. Là où l'atrophie n'a-
mène pas de synostose, les sutures demeurent plus ou moins à l'état
fœtal; plus le rétrécissement est faible, plus leur forme se rapproche
RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA CROISSANCE DU CRÂNE. 29
de la forme normale. Les plus forts rétrécissements se produisent
lorsque la suture s'oblitère; plus la synostose a d'étendue, plus le
rétrécissement est grand. Si nous assimilons pour un moment les
sutures à l'état fœtal aux sutures oblitérées, ce qui peut se faire,
puisque elles ont la même origine, nous trouvons partout la confir-
mation du fond proprement dit de l'aphorisme de Virchow (Gesam-
melte Abhandhmgen, p. 936), savoir que lors de la sijnostose d'une
salure le développement du crâne reste toujours en retard dans la
direction perpendiculaire à la suture oblitérée. Seulement il ne faut
jamais oublier ici qu'entre ces deux faits il n'y a aucun rapport cau-
sal, mais que synostose (ou état fœtal) d'une suture et rétrécissement
correspondant du crâne sont deux conséquences d'un trouble de la
nutrition provenant d'une autre cause plus profonde. Il va de soi que
l'époque à laquelle cette cause a agi est un facteur du degré de la
difformité; plus elle s'est fait sentir tôt, plus son effet est considé-
rable. Mon collègue M. de Hecker a bien voulu me permettre d'exa-
miner un crâne d'enfant nouveau-né lui appartenant et chez lequel
une synostose considérable de la suture sagittale se joint à un émi-
nent rétrécissement du diamètre transversal. C'est le plus beau crâne
de ce genre que j'aie vu chez l'homme; il sera décrit ailleurs en
détail.
Virchow (1) rend déjà attentif au fait que tout rétrécissement pro-
duit une série de rétrécissements secondaires qui ne sont nullement
causés par l'état des sutures. Tout rétrécissement du crâne en un
lieu détermine en outre une série de phénomènes de compensation
qui se produisent ordinairement d'abord sur les confins des sutures
plus ou moins perpendiculaires à la suture oblitérée (ou à l'état fœtal),
et agissent par conséquent parallèlement à cette dernière. Mais ces
phénomènes de compensation s'étendent peu à peu à toute la partie
du crâne non comprise dans la sténose. Nous avons vu que le sang
(1) Virchow s Untersuchungen ilber die Entwicklung des Schâdelgrundes, p. 39.
30 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES
se détourne des bords d'os nécrosés comme d'une barrière, pour se
diriger sur les autres bords les plus rapprochés des mômes os; or ces
bords les plus rapprochés sont ceux des sutures qui tombent perpen-
diculairement sur la suture oblitérée (ou à l'état fœtal). La consé-
quence de ce fait est que la suture oblitérée (ou à l'état fœtal) s'al-
longe, tandis que les sutures parallèles à la ligne de rétrécissement
et bordant l'os qui se rétrécit se raccourcissent. Quand ces dernières
sutures sont au milieu du crâne et qu'il n'y a rétrécissement que
d'un côté (p. ex. sutures frontale et sagittale dans les cas de synostose
ou état fœtal d'une des sutures coronaires, ainsi pi. III, fig. 4 et 7),
elles forment un angle plus ou moins irrégulier, très-obtus, dont l'ou-
verture regarde le côté atrophié du crâne.
1. Rétrécissements sans synostose.
Ils sont pour nous d'un grand intérêt.
Aux figures 1, 2 et 3 de la planche III j'ai fait photographier le
crâne d'un lapin âgé de six semaines (1) chez lequel les bords d'os
situés le long de la suture lemporo-pariétale gauche ont été atteints
de nécrose. La suture gauche est lisse et relativement rcctilignc, la
suture droite plus dentelée et plus courbe. La différence de longueur
est cependant beaucoup moins frappante qu'elle ne l'est dans les
mêmes circonstances chez les sutures coronaires. Le phénomène est
plus caché et le développement exagéré des éléments constitutifs de
l'os provoqué par l'augmentation de l'afflux du sang ne se montre
(I) L'âge de cinq à six semaines est en général celui auquel il est le plus avantageux
de tuer les lapins auxquels on a lié les carotides. Si l'on attend plus longtemps, la net*
t té du parcours primitif des canaux de Havers se perd toujours plus. Les cinq pre-
miers crânes qui sont photographiés aux planches III et IV sont tous de cet âge.
SUR LA CROISSANCE DU CRÂNE. 31
nettement qu'un peu plus bas, dans l'orbite, par l'avancement de l'os
temporal, soit de la suture située entre l'os temporal et la partie pos-
térieure de la petite aile de l'os sphénoïde antérieur (Kraiise). A droite
la surface d'attachement de l'apophyse zygomatique de l'os tempo-
ral (mesurée (1) à partir de son milieu) n'est éloignée de cette suture
que de 3,7 millimètres, à gauche de 5,5. Par contre la suture coro-
naire gauche n'a que 9,5 (2) millimètres de long, tandis que la droite
a 10,7 millimètres de long; et la distance de la racine supérieure de
l'apophyse zygomatique à la suture temporo-pariétale (perpendiculai-
rement à cette dernière) est à gauche de 4, à droite de 6 millimètres.
L'apophyse zygomatique gauche est de 2 mill. plus haut et de 3 mill.
plus en arrière que la droite. La longueur totale de l'arcade zygoma-
tique est de 23,5 mill. à gauche et de 22 mill. à droite. La partie
postérieure de la petite aile gauche de l'os sphénoïde antérieur inter-
calée pour ainsi dire dans l'aréal du rétrécissement formé par atro-
phie, est raccourcie. Sa hauteur, mesurée dans l'orbite, est de 3,7
mill., tandis que la partie correspondante à droite a 4,5 mill. de
haut. Nous parlerons plus loin, à propos des figures 4 de la plan-
che IV et 16 de la planche VI, des proportions du maxillaire inférieur
dont le condyle gauche a dû s'allonger notablement et s'étendre en
haut et en arrière.
Les figures 4, 5 et 6 de la planche III représentent un crâne avec
arrêt de croissance (atrophie des bords) le long de la suture coronaire
droite; les figures 7, 8 et 9 de la même planche en représentent un
autre avec arrêt de croissance le long de la suture coronaire gauche :
Figures 4, 5 et 6. Longueur de la suture coronaire droite, 12 mil-
limètres; de la suture coronaire gauche, 11 millimètres; de la suture
(1) Toutes les mesures ont été faites, cela va sans dire, sur les crânes originaux.
Toutes indiquent la distance en ligne droite. La roulette à échelle de Huschke, repro-
duite plus tard par Schlagintweit, serait il est vrai préférable dans certains cas.
(2) Le raccourcissement atteint surtout la portion temporale de la suture coronaire,
c'est-à-dire l'apophyse temporale de l'os pariétal.
3-2 RECHERCHES EXPERIMENTALES
temporale droite, 13, 5 millimètres; de la suture temporale gauche,
1 4, 5 millimètres. Distance de l'échancrure postérieure de l'arcade
orbitaire à l'angle latéral de l'os interpariétal, adroite, 20 millimètres,
à gauche 23 millimètres.
Figures 7, 8 et 9. Longueur de la suture coronaire droite, 10, 7
millimètres; de la suture coronaire gauche, 12 millimètres; de la su-
ture temporale droite, 14, 5 millimètres; de la suture temporale
gauche, 12, 5 millimètres. Distance de l'échancrure postérieure de
l'arcade orbitaire à l'angle latéral de l'os interpariétal, à droite (1) 22, 5
millimètres, à gauche 18 millimètres.
Dans chacun des deux crânes ci-dessus, la suture coronaire abords
atrophiés est restée à l'état fœtal; elle s'est allongée, tandis que
la suture temporale correspondante s'est raccourcie. Cette dernière
est dans chacun des crânes plus dentelée à son extrémité antérieure
que celle de l'autre côté. L'accroissement exagéré vers les parties plus
fortement dentelées se trahit distinctement par la dilatation des apo-
physes temporales des os pariétaux. L'augmentation de l'afflux du
sang et la modification de l'angle d'incidence des vaisseaux sanguins
qui en résulte se manifestent clairement par le mode de dentelure
de la suture temporale, par le renforcement des dentelures de l'ex-
trémité postérieure de la suture frontale, ainsi que par la direction
anormale des dentelures de la suture sagittale. Tout concorde re-
marquablement (2). Je crois inutile de donner ici d'autres mesu-
râmes relatifs à ces crânes. Je fais cependant encore remarquer que
les rétrécissements, de même que les dilatations compensatoires,
forment des séries entières avec diminution et augmentation suc-
cessive.
(1) Sur le côté pariétal de cet angle se trouve du reste une petite synostose.
(2; Le crâne do la planche III ligure t laisse aussi apercevoir de légers indices d'un
changement correspondant dans la direction des dentelures de la suture coronaire
gauche; mais ers Qnes différences se sont perdues connue beaucoup d'autres dans l'é-
preuve photographique sur papier.
SUR LA CROISSANCE DU CRANE. 33
Les figures 1, 2 et 3 de la planche IV représentent aussi une suture
coronaire (la gauche) relativement à l'état fœtal, et par suite un rac-
courcissement de la moitié gauche du crâne. La distance de l'échan-
crure postérieure de l'arcade orbitaire à l'angle latéral de l'os inter-
pariétal est à gauche de 21 millimètres, à droite de 23, 5 millimètres.
Or malgré cela les deux sutures coronaires sont d'égale longueur,
toutes deux de 11, 5 millimètres. La comparaison des deux sutures
temporales donne aussitôt la clé de' ce résultat qui semble d'abord ne
pas concorder. La suture temporale gauche est aussi à l'état fœtal.
11 s'est donc aussi produit le long des bords de la suture temporale un
trouble de la nutrition qui a empêché l'allongement de la suture co-
ronaire, la raccourcissant à son extrémité temporale d'une quantité
égale à celle dont elle s'allongeait à son autre extrémité, vers les su-
tures sagittale et frontale, par une croissance exagérée. La suture tem
porale gauche a 13 millimètres, la droite 14, 7 millimètres de lon-
gueur.
Un autre cas instructif est représenté aux figures 4, 5 et 6 de la
planche IV.- Ici l'extrémité temporale seule de la suture coronaire
droite est à l'état fœtal. Malgré la faiblesse relative de cette anomalie,
la différence de longueur entre les deux sutures coronaires est consi-
dérable : la droite a 12 millimètres de longueur, la gauche 10, 5 mil-
limètres. Le fait trouve ici comme dans le cas précédent son expli-
cation fort simple dans l'état des sutures temporales. C'est ici la
suture temporale gauche (celle du côté opposé à la suture coronaire
à l'état fœtal) qui est plus lisse et plus droite. D'un côté la suture co-
ronaire droite s'allonge par suite de la croissance exagérée qui a lieu
le long de la suture temporale droite, richement dentelée; de l'autre
côté la suture coronaire gauche se raccourcit par suite de la diminu-
tion de croissance qui a lieu le long de la suture temporale gauche.
L'effet est donc double. Longueur de la suture temporale droite,
12 millimètres, de la gauche 13, 5 millimètres. Distance de l'é-
chancrure postérieure de l'arcade orbitaire à l'angle latéral de l'os
3i RECHERCHES EXPÉRIMENTALES
inlerpariétal, à droite 20, 5 millimètres, à gauche 22 millimètres.
Le crâne dont nous venons de parler est encore intéressant à
d'autres égards. L'apophyse zygomatique gauche est située plus haut
et plus en arrière qu'elle ne devrait l'être, la droite au contraire plus
bas et plus en avant. La distance de la racine supérieure de l'apo-
physe zygomatique à la suture temporale est à droite de 5, 5, à gauche
de 3, 8 millimètres; la dislance du bord inférieur de la cavité glé-
noïde au plan horizontal sur lequel repose le crâne (sans le maxillaire
inférieur) est à droite de II, 5, à gauche de 13, 5 millimètres. L'os
zygomatique droit a 20, 5 millimètres de longueur, le gauche 22, 5.
L'orbite droite a un diamètre vertical de 15, 3 millimètres et un dia-
mètre horizontal de 15, 5; l'orbite gauche a un diamètre vertical de
14, 2 millimètres, et un diamètre horizontal de 19, 5. La partie posté-
rieure de la petite aile droite de l'os sphénoïde antérieur a un diamètre
vertical maximum de 5, 2 millimètres; la partie correspondante
gauche, de 4 millimètres. Ces données suffiront pour montrer quelle in-
fluence profonde ont les phénomènes dont nous nous occupons sur la
configurai ion du crâne entier. Il est assez difficile de mesurer les yeux.
Leurs dimensions subissent peut-être aussi de petites modifications, et
les oculistes devraient s'assurer du fait en étudiant la réfraction de
l'œil dans les cas de difformité analogue chez l'homme. Le maxillaire
inférieur du crâne de la planche IV, figure 4, se trouve photographié
à la figure 16 de la planche VI. La distance du bord antérieur de
l'alvéole des dents incisives au bord postérieur de la surface articu-
laire du condyle est à droite de 33, 5 millimètres, à gauche de 37, 0.
La distance verticale du milieu de la surface articulaire au plan hori-
zontal sur lequel on fait reposer le maxillaire inférieur dans sa posi-
lion normale est à droite de l'.l millimètres, à gauche de 20, 5. La
surface articulaire du condyle droit est située notablement trop lias.
Dans la photographie, la surface articulaire proprement dite est très-
mal délimiter, Mirloiit à gauche; en réalité elle comprend moins de
la moitié antérieure de la surface terminale du condyle. Il est facile de
SUR LA CROISSANCE DU CRÂNE. 35
s'en assurer en comparant la figure avec un maxillaire inférieur de
lapin normal.
Le maxillaire inférieur du crâne de la planche III, figure 1, est
modifié d'une manière analogue à celui que nous venons de voir,
quoique moins considérablement.
2. Rétrécissements avec synostose.
Les crânes de la planche Y, figure 11, et de la planche VI, figures
1, 2 et 3, peuvent servir à démontrer que les rétrécissements com-
pliqués de synostose sont les plus forts. La distance de l'échan-
crure postérieure de l'arcade orbitaire à l'angle latéral de l'os
interpariétal est sur le crâne de la planche V, figure 11 (synos-
tose de la suture coronaire droite), à droite de 19, 0 millimètres, à
gauche de 24, 5; cette même distance est sur le crâne de la planche
VI, figure 1 (synostose de la suture coronaire gauche chez un lapin
âgé de 22 jours), à droite de 20, 0 millimètres, à gauche de 14, 5
seulement. A la planche V, figure 11, la suture coronaire droite (obli-
térée) a 13 millimètres de longueur, la gauche 11, 5; à la planche VI,
figure 1, la suture coronaire gauche (oblitérée) a 11, 3 millimètres de
longueur, la droite 10, 5. La faiblesse de l'allongement de la suture
oblitérée à la planche VI, figure 1, relativement au haut degré de
scoliose du crâne, vient ici de nouveau d'un trouble de nutrition le
long de la suture temporale gauche; on peut s'en assurer sur les
figures 2 et 3 de la planche VI, en comparant les deux sutures tem-
porales, ou mieux, comme elles ont perdu de leur netteté par l'im-
pression, la distance des apophyses zygomatiques aux sutures tempo-
rales de chaque côté. La forme des denticulations des sutures frontale
et sagittale dans les deux crânes dont nous venons de parler est ca-
3G RECHERCHES EXPERIMENTALES
racléristique ; très-instructive aussi est à la planche V, figure 11, la
rétraction mécanique de l'apophyse nasale de l'os frontal du côté rac-
courci (h.
La figure 10 de la planche V représente l'intérieur de la moitié an-
térieure du crâne de la figure 11. Je l'ai lait photographier pour deux
raisons dont l'une sera traitée plus has, mais dont l'autre peut trouver
ici déjà sa place. Comparons les plus grands diamètres verticaux de la
partie postérieure des deux petites ailes de l'os sphénoïde antérieur :
celui de gauche est de 9 millimètres, celui de droite est de 7, 5 seu-
lement. Nous avons déjà signalé un fait analogue chez le crâne de la
planche IV, figures 4, et nous aurions pu en faire autant pour ceux des
figures 1, 4 et 7 de la planche III, ainsi que pour celui de la planche
IV, figure 1. C'est un rétrécissement secondaire qui se trahit par cette
différence des diamètres.
A la page 29 j'ai fait remarquer que tout rétrécissement du cran e
entraîne une série de rétrécissements secondaires. Il serait trop long
et trop difficile de suivre ces derniers dans chaque cas particulier. '
Faisons seulement remarquer ici que la loi des rétrécissements pri-
maires par laquelle ils se produisent toujours dans une direction per-
pendiculaire à la suture oblitérée ou à l'état fœtal n'est pas applicable
sans autre aux rétrécissements secondaires. Déjà nous avons vu la
pu lie postérieure des petites ailes de l'os sphénoïde antérieur cesser
de la suivre. Examinons de nouveau les figures h et 7 de la
planche III, 1 et 4 de la planche IV, 1 1 de la planche V, et 1 de la
planche YI. Le rétrécissement principal se montre il est vrai chez
toutes dans la direction voulue (longitudinale); mais les os frontaux
et pariétaux qui sonl rétrécis dans le sens longitudinal le sont aussi
(I; Comparer avec les ligures 1 et 7 planche III, I et 4 planche V, 1 planche VI i|ui
montrent lu même rétraction, seulement moins forte. Les os pariétaux des mômes
crânes présentent â leur bord postérieur un phénomène analogue. Il en résulte un
avancement de l'os interpariétal «lu coté raccourci et par suit" île l'écaillé île l'os occi-
pital ilu iiiéuie coté.
SUR LA CROISSANCE DU CRANE. 37
dans le sens transversal. Voici en chiffres la largeur des os frontaux
dans les figures indiquées (mesurée en tirant une ligne entre l'échan-
crure postérieure des arcades orbitaires de chaque côté, puis en
comparant la longueur de chacune des moitiés de cette ligne divisée
par la suture frontale) :
Planche III, figure 4. État fœtal de la suture coronaire droite.
Largeur de l'os frontal droit 7,0 millimètres; largeur de l'os fron-
tal gauche 7, 5 millimètres.
Planche III, figure 7. État fœtal de la suture coronaire gauche.
Largeur de l'os frontal gauche 6,5 millimètres ; largeur de l'os frontal
droit 7,5 millimètres.
Planche IV, figure 1. État fœtal de la suture coronaire gauche
et de la suture temporale gauche. Largeur de l'os frontal gauche 7,0
millimètres; largeur de l'os frontal droit 7,5 millimètres.
Planche V, figure 4. État fœtal de la suture coronaire droite et de
la suture temporale gauche. Largeur de l'os frontal droit 6,5 milli-
mètres; largeur de l'os frontal gauche, 7,3 millimètres.
Planche V, figure 11. Synostose de la suture coronaire droite.
Largeur de l'os frontal droit 7,0 millimètres; largeur de l'os frontal
gauche 7,5 millimètres.
Planche VI, figure 1. Synostose de la suture coronaire gauche et
état fœtal de la suture temporale gauche. Largeur de l'os frontal
gauche 6,5 millimètres; largeur de l'os frontal droit 7,2 millimètres.
L'os peut donc subir un rétrécissement secondaire parallèle à la
suture oblitérée ou à l'état fœtal.
La figure 7 de la planche IV représente une synostose du com-
mencement de la suture sagittale. Le raccourcissement de la moitié
gauche du crâne est dû à un trouble de nutrition de l'extrémité tem-
porale de la suture coronaire gauche, laquelle par suite s'est allon-
gée et est demeurée à l'état fœtal. A la direction des dentelures de la
suture coronaire droite on voit que le sang s'est détourné de la suture
sagittale. Sur la suture coronaire gauche, les dentelures sont demeu-
38 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES
rées droites, le sang s'étant détourné à la fois de la suture sagittale et
de l'extrémité temporale de la suture coronaire, ce qui a neutralisé
l'effet.
Une synoslose de la moitié postérieure de la suture sagittale est
photographiée à la figure 9 de la planche IV. Le crâne d'un lapin
normal de même âge et environ de même grandeur a été photo-
graphié à la figure 8 comme point de comparaison. Le sang, dans le
crâne de la figure 9, s'est détourné de la suture sagittale pour se
diriger sur les bords des sutures coronaires, temporales et pariéto-
interpariétales qui sont par suite toutes très-richement dentelées (sur-
tout l'extrémité temporale des sutures coronaires). La suture sagit-
tale est allongée, les sutures coronaires sont raccourcies. Longueur
de la suture sagittale, dans la figure 8 : 15 millimètres; dans la
ligure 9: 16,5 millimètres. Longueur des deux sutures, coronaires
ensemble, dans la figure 8 : 21,0 millimètres; dans la figure 9 :
19,5 millimètres.
A la figure 2 de la planche V on voit comment le raccourcissement
de la corde a fait augmenter la convexité du crâne, et à la figure 4
de la môme planche comment l'allongement de l'arc a produit le
même effet. Les figures 2 et 4 de la planche V représentent le même
crâne que la figure 9 de la planche IV, et les figures 1 et 3 de la
planche V le môme crâne que la figure 8 de la planche IV.
La photographie de la planche V, figure 9, est celle du crâne d'un
lapin adulte avec synostose presque complète de la suture sagittale.
[ci aussi nous voyons les mûmes sutures que dans le cas précédent,
surtout l'extrémité temporale des sutures coronaires, plus richement
dentelées qu'à l'état normal. Il y a cependant synostose de la suture
pariéto-interpariétale.
Les figures 6 el 8 de la planche V représentent un crâne avec
synoslose partielle de la suture Frontale. Les figures 5 et 7 sont
prises sur un lapin normal pour servir de point de comparaison.
Distance de l'échancrure postérieure de l'arcade orbitaire d'un côté
SUR LA CROISSANCE DU CRÂNE. 39
à celle de l'autre côté, dans la figure 5 : 12,0 millimètres; dans la
figure 6 : 11,0 millimètres. La figure 8, opposée à la figure 7 (nor-
male), démontre d'une façon fort instructive que la dilatation com-
pensatoire ne s'épuise point « dans la direction de la suture obli-
térée ». — Distance verticale du bord inférieur du corps de l'os
sphénoïde au sommet (point de jonction) des sutures coronaires, dans
la figure 7 : 16,0 millimètres; dans la figure 8 : 17,0 millimètres.
Diamètre vertical de la partie postérieure des petites ailes de l'os sphé-
noïde antérieur (des deux côtés la même chose), dans la figure 7 :
7,8 millimètres; dans la figure 8 : 8,5 millimètres. — On aurait pu
démontrer les mêmes phénomènes sur le crâne des figures 2 et 4
(PI. V) comparé à celui des figures 1 et 3 (PI. V). La distance ver-
ticale de l'origine de l'aile externe de l'apophyse ptérigoïde au som-
met de la voûte du crâne est dans la figure 3 de 19,5 millimètres;
dans la figure 4 par contre de 21,0 millimètres.
Les figures 6 et 7 de la planche VI terminent la série assez longue
que nous venons de parcourir. Les figures 4 et 5 photographiées
d'après un crâne normal servent de point de comparaison. — J'ai
fait faire ces photographies parce que la synoslose anticipée de la
suture qui sépare l'écaillé du corps de l'os occipital paraît être très-
rare chez le lapin. Le rétrécissement est visible ici aussi (1).
(1) Plusieurs des ligures sont malheureusement trop imparfaites pour permettre de
voir nettement tout ce qui est indiqué dans le texte. La satisfaction du lecteur serait
bien plus complète s'il pouvait voir les originaux où tout est parfaitement distinct. Les
mesures ayant toutes été prises par l'auteur sur les crânes originaux ne peuvent pas
non plus être contrôlées d'une façon absolue par des mesures prises sur les figures,
celles-ci n'étant de fait que la projection des crânes sur un plan. (Note du traducteur.)
CHAPITRE IX
LIGATURE DES VEINES JUGULAIRES. SYN0ST0SES SANS RETRECISSEMENT.
Il est évident que l'état fœtal des sutures n'est qu'un premier
degré, pour ainsi dire un avant-coureur de la synoslosc. Cela est du
reste indifférent pour la question qui nous occupe; l'important est
qu'il existe des rétrécissements sans synoslose. Mais ce qui est plus
important encore pour juger de la signification des sutures, ce sont
les synostoses sans rétrécissements. On les obtient en pratiquant la
ligature des veines jugulaires externes et internes chez le lapin deux
ou trois jours après sa naissance. On incise la peau comme pour la
ligature des carotides; puis on lie les veines externes en dessous de
la bifurcation, avec de certaines précautions, car elles sont très-vul-
nérables. Ensuite on enlève la graisse, on pénètre jusqu'à la veine
jugulaire interne, on l'isole de l'artère carotide et du nerf pneumo-
gastrique, puis on l'ail passer sous elle le gros bout d'une aiguille ;i
coudre, comme nous l'avons indiqué | ■ la ligature des carotides.
La ligature des jugulaires internes n'est pas très-facile; ce qui aide
RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA CROISSANCE DU CRANE. 41
pourtant à l'opérateur, c'est que les vaisseaux malgré leur finesse
sont très-élastiques et très-résistants. Une circulation collatérale
s'établit par les veines vertébrales droite et gauche, par de petites
veines cutanées du cou, et principalement par la veine vertébrale
médiane.
A la planche VI, figures 8 et 9, sont photographiés les crânes de deux
lapins auxquels on avait lié les veines jugulaires. Chez tous les deux,
la suture sagittale est relativement lisse ; à la figure 9, elle est inter-
rompue dans sa moitié postérieure par un grand nombre de petites
synosloses en forme de ponts (il y en a 13); à la figure 8 elle n'a pas
de synostoses, Un examen plus attentif montre en outre que les
canaux de Havers ne sont pas détournés de la suture sagittale; ils ne
sont pas non plus en forme de rayons, mais ont un aspect ponctué;
enfin ils traversent les synostoses en forme de ponts que nous venons
de mentionner. A la planche I, figure 11, ils sont rendus d'une façon
un peu grossière, mais en somme exacte (grossissement : une fois et
demie la grandeur naturelle). Si l'on se rappelle quel effet considé-
rable s'est produit à la suite de l'oblitération de la partie postérieure
delà suture sagittale à la figure 9 de la planche IV, on admettra sans
peine que les crânes de la planche VI, figures 8 et 9, n'ont pas de
rétrécissements. On n'en peut du moins pas démontrer; j'ai mesuré
ces crânes, et n'ai pu constater aucune anomalie dans leurs propor-
tions :
Distance du bord antérieur de l'alvéole des dents incisives à la
protubérance occipitale externe, dans la figure 8 (PI. VI) : 50,5 mil-
limètres; dans la figure 9 : 50,0 millimètres. — Le plus grand dia-
mètre transversal est dans la figure 8 de 24,5 millimètres et dans
la figure 9 aussi.
Il est vrai qu'on ne réussit pas souvent à se procurer des crânes
aussi caractéristiques que celui de la figure 9 à la planche VI. Les
phénomènes qui produisent ce genre de synostoses ne sont pas encore
aussi clairs que ceux qui suivent la ligature des carotides. Ce qui pa-
42 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES
rail certain, c'est qu'ici il n'y a pas de nécrose. Si c'était le cas, il se
produirait aussitôt un rétrécissement des os qui en seraient atteints,
et le sang dévierait comme nous l'avons vu plus haut vers les bords
d'os demeurés sains. — On remarque cependant à un aplatisse-
ment (1) des bords (ceux-ci ont crû dans l'intervalle) parallèle aux su-
tures, et se conservant plusieurs semaines après l'opération, que la
nutrition n'a pas été tout à fait suffisante. On peut aussi facilement
constater qu'à la suite de la ligature des jugulaires les canaux de
Havers tombent, comme nous l'avons déjà vu, dans une sorte de con-
fusion, perdent leur direction radiée, se développent irrégulièrement,
et font que la suture devient extraordinairement lisse. — Une con-
jecture s'est souvent présentée à mon esprit, savoir que la pression du
sang, augmentée par la ligature des veines du cou, était capable de
pousser en quelque sorte certains vaisseaux à travers le cartilage su-
turai, ce qui produirait les synostoscs en forme de ponts; les petits
lapins atteignent en effet un notable degré de cyanose après l'opéra-
tion. Je possède un seul crâne chez lequel il se soit formé après la
ligature des carotides une suture sagittale lisse et des canaux de
Havers presque ponctués, comme dans les cas de ligature des jugu-
laires. Je l'ai fait représentera la figure 11 de la planche VI, mais la
presse a écrasé et effacé toutes les finesses de la photographie origi-
nale. Enfin à la planche YI, figure 10, est photographié le crâne d'un
lapin nouveau-né n'ayant subi aucune opération, et chez lequel se
trouve cependant au milieu de la suture sagittale une forte synostose
en forme de pont. On ne peut y constater avec certitude aucun rétré-
cissement, et les canaux de Havers ne se détournent point de la sy-
nostose. Ce môme crâne est dessiné (pas photographié) en grandeur
double à la planche I, figure 12. Aucun fait n'est là pour expliquer la
cause de celte anomalie. Les synostoscs sont moins marquées du
côté cérébral (intérieur) de la suture sagittale que de son côté externe,
ilj Ccl aplatis cmcnl se produit aussi assez souvcnl après la ligature des carotides.
SUR LA CROISSANCE DU CRÂNE. 43
aussi bien dans le crâne de la figure '10 que dans celui de la figure 9
(pi. VI). Ce fait ne concorde pas avec les données de Fick (1) d'après
lequel l'oblitération des sutures commence toujours, quelles que soient
les circonstances, par la surface cérébrale du crâne pour continuer
vers sa surface externe, jamais le contraire.
(1) Neue Untersuchungen uber die Knochenformen, p. 22.
CHAPITRE X
LES SUTURES PROVOQUENT UN ARRÊT DE LA CROISSANCE DE L OS
DONT LE RORD SE GONFLE ALORS ET DÉBORDE.
Il me paraît démontré par les expériences que nous avons vues
jusqu'ici que la croissance des os ne se fait pas par les sutures. Mais
on peut aller plus loin, et prétendre qu'elles occasionnent un arrêt de
la croissance, et même dans certaines circonstances un gonflement et
un débordement des bords de l'os. — Diverses observations militent en
faveur de cette opinion. Lorsque le crâne croît d'une manière exagérée
relativement au développement du cerveau, il se forme parfois une
arête à la suture sagittale (pi. I, lig. 14). Lorsque de deux os contigus
l'un croit plus vivement que l'autre, il le déborde souvent en dépassant
le niveau de la suture (os pariétal droit dans la fig. 7 de la pi. III).
Enfin une série d'expériences démontrent que quand on donne plus
d'espace à l'aréal d'accroissement d'un os en enlevant totalement ou
partiellement son voisin, il se met à croître dans l'espace ainsi fourni.
A la planche VII, figure 6, est figuré un crâne chez lequel, peu
RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA CROISSANCE DU CRANE. 45
après Ja naissance, un petit triangle avait été enlevé à l'os pariétal
droit, à partir de la suture sagittale. L'os pariétal gauche s'est mis à
croître dans le triangle et l'a rempli. J'ai varié de diverses manières
cette simple et facile expérience : j'ai conservé ou enlevé la suture sa-
gittale, conservé ou enlevé la dure-mère, sans arriver à tirer au clair
pourquoi l'essai manque si souvent. Les expériences suivantes sont
beaucoup plus sûres.
Chez les crânes de la planche "VII, figures 2 et 5, on a enlevé une
bande longitudinale aux os pariétaux avec le périoste externe et in-
terne. On a provoqué ainsi un avancement notable des os frontaux
dans les lacunes (à la fîg. 2, aussi de l'os interpariétal à gauche). L'os
interpariétal aux figures 1 et 3 de la planche VII, l'os pariétal à la
figure 4 de la planche VII, et l'os interpariétal à la figure 4 de la
planche X se sont avancés d'une manière analogue à la suite de la
formation d'un écartement plus ou moins grand clans le crâne. Lors-
qu'on enlève l'os interpariétal après avoir soigneusement pratiqué
l'excision de toutes les sutures qui l'entourent, opération qui n'offre
pas de difficulté, les pariétaux et l'occipital se mettent à croître au
delà de leurs limites primitives et referment l'ouverture. Aux figures 7
et 8 de la planche VII sont figurés deux crânes où cette opération a
parfaitement réussi; ils sont on ne peut plus concluants.
Sans cette disposition qu'ont les os du crâne à croître au delà de
leurs limites, l'explication des dilatations compensatoires serait bien
difficile. Or ces dilatations compensatoires, le développement du cer-
veau supposé normal, s'étendent comme nous l'avons vu sur tout le
crâne, hormis l'aréal de rétrécissement donné par les sutures oblité-
rées ou à l'état fœtal.
Fort instructive au point de vue qui nous occupe est encore la con-
currence qu'ont eue à soutenir en croissant les os frontaux et parié-
taux des crânes de la planche II, figures 1, 3, 7, 10, etc., contre un
ou deux voisins inaccoutumés, les os wormiens.
CHAPITRE XI
CROISSANCE DES OS DU CRANE PAR LE PERIOSTE EXTERNE ET INTERNE.
C'est à partir des noyaux ou centres d'ossification que croissent les
os de la voûte du crâne. Ils croissent à leurs bords par prolifération
de leurs éléments constitutifs. Mais ils croissent de même a leurs deux
surfaces. Enfin leur croissance est en outre interstitielle; ce dernier
mode d'accroissement est d'autant plus intense qu'on se rapproche
plus des bords, et, très-probablement aussi, des surfaces.
Il est facile de démontrer que les os de la voûte du crâne croissent
par le périoste externe et interne. Chez un lapin nouveau-né on pra-
tique à travers le péricranium deux incisions longitudinales, une de
chaque côté de la suture sagittale par exemple, sur toute la longueur
de celte suture, cl à 2 millimètres de distance d'elle. Puis on enlève
la bande de péricranium large de 4 millimètres, située cnlre les deux
incisions; on peut encore pour plus de sûreté racler avec précaution
au moyen d'un couteau la surface de l'os mis ainsi à nu. On tue le la-
pin au bout de six semaines ou plus, et l'on trouve à la surface externe
RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA CROISSANCE DU CRÂNE. 47
de la voûte du crâne une dépression correspondant à la bande de pé-
ricranium enlevée, plus ou moins large suivant l'âge du lapin, et dont
le fond atteint le diploé; la face interne de l'os est tout à fait normale.
Quelquefois le diploé est aussi entamé, et s'ouvre alors dans les pa-
rois de la dépression. Ces altérations sont trop fines pour être rendues
par la photographie.
En faisant abstraction d'autres faits, on serait tenté de conclure de
ce qui précède que le périoste externe et le périoste interne contri-
buent chacun pour une part égale à la formation de l'os. Mais deux
faits (1) semblent indiquer que la croissance est cependant plus active
à la surface externe : 4° les sutures dentelées ont beaucoup moins de
dentelures sur la face interne du crâne que sur sa face externe; 2° les
synostoses obtenues par la ligature des veines jugulaires sont, comme
nous l'avons déjà vu, beaucoup moins développées à la surface interne
du crâne qu'à sa surface externe. Je ne puis par contre me décider à
admettre qu'il se produise dans les circonstances ordinaires une ré-
sorption des couches internes du crâne servant à l'adapter au cerveau
à mesure que ce dernier croit et change de forme. — Je rappelle ici
les phénomènes qui se passent dans les os de la voûte du crâne à la
suite de la ligature des carotides; plus loin je donnerai encore de tout
autres exemples dénotant un tel degré de souplesse, de pouvoir d'a-
daptation chez les os qu'une pareille résorption de couches entières
semble parfaitement inutile. Je ne prétends point nier par là que dans
des circonstances extraordinaires, surtout chez les crânes adultes, il
puisse se produire une résorption semblable (voir du reste Lucâ, loc.
cit., p. 7).
Lorsqu'on enlève le péricranium dans l'aréal d'une suture dentelée
chez un lapin nouveau-né, on trouve plus tard, lorsque le lapin est
devenu adulte, cette suture remarquablement riche en dentelures
compliquées. Je possède trois crânes chez lesquels la suture coronaire
(1) Nous en verrons encore un troisième plus bas.
48 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA CROISSANCE DU CRANE.
présente ce phénomène dont la cause ne m'est pas entièrement claire.
Est-ce que, lors de l'excision du péricranium, il reste au bord des su-
tures par suite d'une adhérence plus forte un plus grand nombre d'é-
léments formateurs qui, en proliférant après l'opération pour ainsi
dire par compensation, amènent le résultat qu'on vient de voir? Ce
qui militerait en faveur de cette hypothèse, c'est la proéminence des
circonvolutions delà suture au-dessus du niveau de la dépression de
l'os, proéminence qui s'est produite chaque fois.
CHAPITRE XII
CROISSANCE INTERSTITIELLE.
La démonstration de la croissance interstitielle des os, telle que
nous l'avons indiquée au début du chapitre précédent, est encore plus
facile que celle de leur croissance par le périoste; elle se fait par une
méthode aussi élégante que convaincante. Au moyen d'une pointe
d'acier triangulaire pas trop fine, qu'on soutient légèrement et qu'on
fait tourner autour de son axe, on pratique sur le crâne de lapins
nouveau-nés de petites marques de forme circulaire; il est clair qu'on
doit veiller à ce que la pointe n'entre pas dans le cerveau. Il ne faut
pas attendre plus de six semaines pour tuer les lapins ; jusqu'à ce
terme les marques se conservent extrêmement bien, sauf quelques
rares exceptions. A la figure 9 de la planche VII est photographié un
crâne à quatre marques, afin qu'on puisse se faire une idée claire et
précise de la propreté et de l'exactitude de cette méthode.
Quatre lapins âgés de trois jours, bien nourris et bien soignés par
50
RECHERCHES EXPERIMENTALES
leur mère, ayant tous la suture sagittale longue de 14 raill., furent
marqués comme suit. Sur une ligne parallèle à la suture sagittale et
éloignée d'elle de 3, 5 mill., ou pratiqua quatre marques dont l'an-
térieure a et la postérieure b distantes de 8 mill. lune de l'autre, les
deux médianes c et d distantes de 4 mill. l'une de l'autre. Au bout
de trois semaines on tua les lapins, et l'on constata les mesures sui-
vantes :
LONGUEUR DE LA
DISTANCE DE LA
DISTANCE DE LA MARQUE C
SUTURE
MAI» )UE A
A LA MARQUE D.
SAGITTALE.
A LA MARQUE B.
N° I
14,0 mill.
10,0 mill.
4,5 mill.
IN" 2
14,0 »
10,0 »
4,5 »
N°3
14,7 »
10,5 »
4,7 »
N° 4
13,2 »
10,5 »
marque indistincte.
Trois lapins âgés de trois jours, bien nourris, ayant une suture sa-
gittale à peu près égale à celle des précédents, furent marqués de la
même façon qu'eux; seulement les marques furent faites sur une ligne
située au milieu de l'os pariétal, c'est-à-dire à 5 mill. environ de la
suture sagittale. On les tua au bout de trois semaines, et le résultat
fut le même ou peu s'en faut que dans la série précédente.
On fit à deux lapins âgés de trois jours et bien nourris quatre mar-
ques sur l'os pariétal droit. Ces marques furent pratiquées qhacuneà
un niilliinèlie de distance d'une des quatre sutures qui bordent l'os
rie manière à former les quatre extrémités d'une croix, a et & formant
les deux extrémités de l'axe longitudinal (sagittal), c et il les deux cx-
trémités de l'axe transversal (frontal) de la croix. Lors de l'opération
la distance de a à // était élu;/, le premier lapin de 9,5 mill., chez le
SUR LA CROISSANCE DU CRANE. 51
deuxième de 9,3; la distance de c à d était chez le premier lapin de
8,7 mill., chez le deuxième de 8,5. On les tua tous deux au bout
de trois semaines ; les mesures s'étaient alors modifiées comme suit :
distance de a à b chez le premier lapin 11,7 mill., chez le deuxième
-12,0; distance de c à d chez le premier lapin 9,8 mill., chez le deu-
xième 10,0. On avait fait en même temps aux deux mêmes lapins sur
l'os pariétal gauche quatre marques disposées en croix exactement
dans la même direction que les précédentes, mais beaucoup plus rap-
prochées les unes des autres et plus éloignées des sutures, le centre
de l'os pariétal formant le centre de la croix, a et b comme c et (/, dis-
tantes chez les deux lapins de 4 mill. l'une de l'autre lors de l'opéra-
tion, se trouvèrent distantes de 4,5 à 4,6 mill. l'une de l'autre trois
semaines après.
On marqua sept lapins de la même portée à l'âge de deux ou trois
jours. La longueur de la suture sagittale était de 10,5 à 11 mill., la
plus grande largeur de l'os pariétal d'environ 9 mill. Sur chaque lapin
on fit du même côté de la suture sagittale deux marques également
éloignées du milieu de cette suture, et distantes d'elle (par la perpen-
diculaire) de 2,0 mill. La distance des deux marques l'une de l'autre
lors de l'opération était chez le premier lapin de 6 mill., chez le deu-
xième de 7, chez le troisième de 7, chez le quatrième de 7, chez le
cinquième de 8, chez le sixième de 8, et chez le septième de 9. La mère
périt au bout de huit jours, ce qui fit qu'on dut tuer les petits au bout
de ce temps. La distance des deux marques se trouva alors être devenue
chez le premier lapin de 6,5 mill., chez le deuxième de 7,5, chez le
troisième de 7,6, chez le quatrième de 7,8, chez le cinquième de 9,3,
chez le sixième de 9,3, et chez le septième de 10,7. Chez deux des
lapins en question on marqua en outre à deux endroits l'os pariétal de
l'autre côté sur sa ligne médiane transversale. Les marques, distantes
d'abord chez les deux lapins de 7 mill. l'une de l'autre, se trouvèrent
distantes de 7,5 mill. au bout de huit jours.
Les expériences citées suffiront pour prouver que la croissance in-
52 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES
terstitielle des os existe, et qu'elle est d'autant plus forte qu'on se rap-
proche plus du bord des os.
Mais on peut encore utiliser la méthode des marques pour d'autres
expériences. On peut à son aide tirer au clair le rapport qui existe
entre l'intensité respective de la croissance marginale des os du crâne
le long des diverses sutures, en ayant égard à la position et à la forme
(simple, dentelée ou écailleuse) des sutures, ainsi qu'a l'âge de l'a-
nimal. De pareilles recherches devraient cependant être poursuivies
d'une façon méthodique, et ce que je puis rapporter ici n'en est que
les premiers commencements.
Un lapin fut marqué deux jours après sa naissance de la manière
suivante :
1° Deux marques furent faites, une de chaque côté de la suture fron-
tale, chacune à la même distance de cette suture, et à deux millimè-
tres de la suture coronaire.
2° Deux marques furent faites, une de chaque côté de la suture
sagittale (à son milieu), chacune à la même distance de cette suture.
3° Deux marques furent faites, une de chaque côté de la suture co-
ronaire (à son milieu), chacune à la même distance de cette suture.
Dans chaque cas les deux marques furent faites à 3 mill. l'une de
l'autre. Au bout de 18 jours on tua le lapin. Les marques de la suture
frontale se trouvèrent alors être à 4,5 mill. l'une de l'autre, celles de
la suture sagittale à près de 5,0 mill., et celles de la suture coronaire
à 5,5 millimètres.
Un autre lapin âgé aussi de trois jours fut marqué comme suit :
1° Deux marques, une de chaque côté de la suture frontale comme
chez le lapin précédent.
2° Deux marques, une de chaque côté de la suture sagittale, à deux
millimètres de distance de la suture coronaire.
3° Deux marques, une de chaque côté de la suture sagittale, à deux
millimètres de distance de la suture interpariétale.
A chacune de ces trois places les deux marques furent faites à
SUR LA CROISSANCE DU CRANE. 53
4 mill. l'une de l'autre. Le lapin fut tué au bout de 26 jours. Les
marques de la suture frontale se trouvèrent alors être à 5,2 mill. l'une
de l'autre, les marques antérieures de la suture sagittale à 6,3 mill.,
les marques postérieures de la suture sagittale à 6,0 millimètres.
Un lapin âgé de deux à trois jours fut marqué à côté des sutures
frontale et coronaire de la même façon que le premier des deux précé-
dents; mais on ne le tua qu'au bout de huit semaines. Les marques
de la suture frontale se trouvèrent alors distantes de 5,3 mill., celles
delà suture coronaire de 7,2 millimètres.
La même opération fut encore faite à deux autres lapins du même
âge qu'on tua aussi au bout de huit semaines. Les marques de la su-
ture frontale se trouvèrent alors être distantes chez le premier lapin de
4,7 mill., chez le second de 4,2; celles de la suture coronaire chez le
le premier de 6,7 mill., chez le second de 6,0. Ces animaux étaient
moins robustes que le précédent.
A un lapin âgé de deux jours, bien soigné par sa mère, on fit le
long de la suture coronaire : 1° deux marques près des sutures sagit-
tale et frontale, une de chaque côté de la suture coronaire; 2° deux
marques près de la suture temporale, une de chaque côté de la suture
coronaire. Dans chaque cas les deux marques furent faites à 3 mill.
l'une de l'autre; à l'extrémité temporale de la suture coronaire se
trouve comme on sait une écaille. On tua le lapin au bout de 9 jours,
et l'on trouva les marques situées près des sutures sagittale et frontale
distantes de 4,8 mill. l'une de l'autre, celles situées près de la suture
temporale, de 4,6 millimètres.
Un autre lapin marqué exactement comme le précédent ne fut tué
qu'au bout de deux mois ; les marques situées près des sutures sagit-
tale et frontale se trouvèrent alors distantes de 6,3 mill., celles situées
près de la suture temporale, de 6,0.
La différence des deux paires de marques entre elles chez les deux
derniers lapins est si faible qu'on ne peut décider si, comme le prétend
Welcker(/oc. cit., p. 3), la croissance des os est moins active aux écailles
5i RECHERCHES EXPERIMENTALES SUR LA CROISSANCE DU CRANE.
qu'aux autres sutures. Mais ce qui découle avec assez de certitude
des autres expériences précédentes c'est :
1° Que la plus grande activité de la croissance des os par leur bord
a lieu dans le premier âge.
2° Que la croissance par les bords est surtout forte vers la suture
coronaire, moins forte vers la suture sagittale, et le plus faible vers
la suture frontale.
3° Que vers la suture frontale la croissance marginale se réduit
à rien après la quatrième semaine.
Les marques présentent souvent une singulière modification chez
les crânes âgés de sept à huit semaines. Leur forme arrondie qui s'est
conservée à la face interne du crâne, s'est changée à sa face externe
en un triangle dont le sommet est dirigé vers la suture la plus rap-
prochée. C'est à ce fait qu'il est fait allusion dans la note du bas de la
page 47, chap. xi.
La méthode des marques ne peut naturellement pas servir à cons-
tater la croissance interstitielle des os du crâne dans le sens de leur
épaisseur.
En terminant cette première partie, j'ajoute encore que j'ai essayé
en vain jusqu'ici de provoquer des troubles inflammatoires sur les
bords des os du crâne d'animaux nouveau-nés au moyen d'aiguilles
fines chauffées presque au rouge. Je compte cependant reprendre
ces expériences dès que mon temps me le permettra.
DEUXIÈME PARTIE
INFLUENCE D'AGENTS CIRC0NV0IS1NS SUR LA CROISSANCE DU CRANE.
Les causes qui influencent du dehors la croissance du crâne sont
complexes, très-nombreuses et intimement liées les unes aux autres.
Aussi est-il d'un côté difficile d'arracher certaines d'entre elles à leurs
connexions avec les autres pour les étudier à part, et de l'autre
presque impossible de les traiter toutes d'une façon quelque peu com-
plète. Le cerveau, les organes des sens, les muscles et les dents en-
trent surtout en considération. La pesanteur dont l'action est surtout
importante chez le cerveau est l'agent le plus couvert, et par suite
le plus inaccessible à l'expérience, vu qu'on n'est pas en état de main-
tenir assez longtemps un animal dans la même position. Aussi la
laisserons-nous de côté ; je mentionnerai seulement ici un crâne d'en-
fant que possède M. le professeur Eberth à Zurich, afin de donner au
moins, à l'aide d'un cas particulier, l'idée de l'influence que peut avoir
la pesanteur sur la configuration du crâne. L'enfant en question était
atteint d'hydrocéphale à un degré modéré, et était forcé par un ulcère
56 RECHERCHES EXPERIMENTALES SUR LA CROISSANCE DU CRANE.
atteignant jusqu'à l'os et situé sur le côté gauche de la tête de se
tenir couché constamment sur le côté droit. La conséquence de cette
position fut une notable asymétrie du crâne, et, ce qu'il faut remar-
quer, avec conservation parfaite des sutures. La moitié droite du
crâne tout entière, comprimée par la résistance du support (matelas
ou coussin), est rétrécie dans son diamètre transversal ; le diamètre
diagonal qui relie l'os frontal droit à la moitié gauche de l'occiput
s'est par contre allongé. Cette asymétrie est très-frappante lorsqu'on
tient le crâne de façon à ce que son diamètre longitudinal soit placé
verticalement. Lorsqu'on le pose de façon à ce que le diamètre dia-
gonal sus-mentionné soit horizontal, il fait au contraire l'effet à peu
près symétrique. C'est que la plus grande partie de la circonférence
du crâne constitue alors autour de ce diamètre un ovale presque ré-
gulier, seulement un peu aplati vers le bas; on reconnaît aussitôt
dans celte forme l'action de la masse cérébrale qui pendant la vie a
cherché à se placer autant que possible en équilibre.
CHAPITRE PREMIER
DEPENDANCE MUTUELLE DU CERVEAU ET DU CRANE DANS LEUR CROISSANCE.
LÉSIONS DU CERVEAU.
Il s'est formé trois opinions principales sur le rapport qui existe
entre la croissance du cerveau et celle du crâne. Ce n'est pas le cer-
veau, dit par exemple Engel (1), qui forme sa boîte osseuse,; cette
boite se développe sous l'influence d'une nécessité mécanique, et le
cerveau s'accommode à la forme du crâne. La seconde opinion, dia-
métralement opposée à la précédente, est représentée entre autres
par Ludwig Fick (2) dans ses excellentes recherches expérimentales
surles diverses formes des os. D'après cet auteur, c'est le cerveau qui
forme sa boîte, et non la boîte qui forme le cerveau, autant du moins
qu'il n'y a pas d'empêchement de la part de forces situées hors de l'or-
(1) Engel, Untersuchungen iïber Schàdelformen, p. 123.
(2) Ludwig Fick, Neue Untersuchungen ûber die Ursachen der Knochenformen,
p. 28.
9
58 RECHERCHES EXPERIMENTALES
ganisnie. Enfin Virchow (I) dit : on ne peut douter qu'il ne s'agisse
d'une action réciproque; ce n'est pas exclusivement le cerveau qui
détermine la croissance de l'os ou vice-versà. L'influence que les deux
parties exercent l'une sur l'autre doit évidemment être double : mé-
canique et organique. Nous ne pouvons cependant méconnaître que
l'influence organique appartient principalement au cerveau, tandis que
l'influence mécanique appartient à un haut degré aux deux parties.
D'après Lueâ (2), la forme du cerveau et celle du crâne sont la
condition l'une de l'autre; dans chacune sont la cause et l'effet.
Welcker (3) laisse aussi croître ensemble l'enveloppe et son contenu.
Il est clair qu'en croissant le cerveau doit trouver clans le crâne
une forte résistance, si ce dernier ne cède devant lui. La tension pro-
venant du cerveau est en somme excentrique. Mais à coté de cette
tension générale se font aussi sentir, comme l'a déjà fait remarquer
Fick (4), des tensions locales dues à la croissance exagérée de cer-
taines parties du cerveau, ce que nous allons démontrer par des faits.
Pour le résultat final il faut en outre prendre en considération les
modifications des résistances.
Nous ne faisons que rappeler la dilatation extraordinaire du crâne
humain que produit l'hydrocéphale des nouveau-nés. Une dilatation
du crâne relativemenl très-considérable se produisit aussi chez un
jeune lapin par une encéphalite. Au fort de la maladie qui fut mor-
telle, on put observer une véritable folie des mouvements, une foule
d'anomalies de coordination, troublant, croisant et empêchant les
mouvements volontaires, telles que je n'en ai jamais vu de plus nom-
breuses ni de plus compliquées. Le crâne est photographié de dessus
et de dessous aux ligures 1 et 2 de la planche VIII. On avait extirpé
à ce lapin la suture sagittale en enlevant trop des deux côtés, el au
il» R. Virchow, Untcrsuchungen ttber die Eniwiclclung des Schàdelgrunde$,\>. 95.
iïi l.nr;ï, [rchitectur des Menschenschâdels.
(3) Welcker, fo ■. cit., p. 20.
l'u Fick, V"f Untersuchungen, etc., p. '-il
SUR LA CROISSANCE DU CRANE. 59
lieu d'une nouvelle suture il s'était formé un écartement. Jusqu'à la
quatrième semaine la croissance et les fonctions eurent lieu sans
trouble; mais au bout de ce temps des influences nuisibles se firent
sentir sur le cerveau qui se trouvait sans protection, et l'encéphalite
se développa peu à peu. La figure 9 de la planche XI représente le
crâne d'un lapin de la même portée et du même âge, chez lequel, à la
suite aussi d'une extirpation manquée de la suture sagittale, un écar-
tement s'était formé, mais sans qu'il se fût produit d'encéphalite. Ce
crâne sera encore utilisé plus bas, mais il est très-propre à fournir ici
des mesures comparatives.
Le plus grand diamètre transversal du crâne de la planche VIII,
figure 4, est de 29, 5 millimètres; celui du crâne de la planche XI,
figure 9, est de 25 millimètres.
A la base du crâne de la planche VIII (figure 2), la partie des
grandes ailes du sphénoïde qui est ordinairement épaisse et poreuse
se trouve devenue mince comme du papier. Les os de la face, le maxil-
laire inférieur, tout a dû céder et se retirer. Il n'est pas possible pour le
moment de poursuivre ce phénomène jusque dans ses derniers dé-
tails. La grandeur et la ténuité des dentelures à l'os frontal et à l'os
interpariétal présente encore de l'intérêt; c'est un phénomène connu
chez les crânes démesurément dilatés. Les régions marginales situées
le long de la suture coronaire ont été moins mises à contribution que
les autres par suite de la formation de l'écartement.
L'extirpation de la portion supérieure des deux grands hémisphères
cérébraux, expérience mentionnée déjà plus haut, forme le pendant
de l'observation précédente. Chez l'animal devenu adulte après ladite
extirpation on trouve la voûte du crâne aplatie et rétrécie dans toutes
les directions. Il suffit de comparer à la planche VIII la figure 3 et.
les photographies inférieures des figures 5 et 6 avec la figure 4 et les
photographies supérieures des figures 5 et 6. Nous avons déjà fait ob-
server à une autre occasion que les dentelures des sutures se sont
parfaitement développées, malgré la diminution de la pression du cer-
CI) RECHERCHES EXPERIMENTALES
veau pendant un temps fort long. Il n'y a pas trace d'oblitération des
sutures.
Le crâne se dilate donc au delà de ses proportions normales lorsque
la pression de son contenu augmente; son développement demeure
par contre au-dessous des proportions normales lorsque la pression
de ce contenu diminue.
On accusera peut-être l'expérience précédente (extirpation des deux
hémisphères) de n'être pas pure, de comprendre outre la diminution
de la pression cérébrale une lésion considérable du crâne. L'expé-
rience enseigne il est vrai que chez les animaux nouveau-nés de pa-
reilles lésions guérissent dans la règle promptement et bien ; mais au
lieu de discuter ce tlrêïïie, il est plus simple et plus utile de citer
d'autres expériences auxquelles on ne puisse faire aucune objection
analogue.
Dans mes recherches expérimentales sur le système nerveux
(Archiv far Psychiatrie, loc. cit.), j'ai démontré qu'en renforçant ou
en affaiblissant l'activité périphérique des nerfs, on peut augmenter
ou diminuer le développement des centres cérébraux correspondants.
11 est clair que pour atteindre le but que nous nous proposons actuel-
lement on ne doit opérer que sur les nerfs dont le centre se trouve
immédiatement sous le crâne. Tels sont les nerfs olfactifs des Ron-
geurs etles nerfs optiques des oiseaux. Au moyen d'une excision de
la muqueuse qu'on réunit ensuite à l'aide de deux ou trois ligatures,
il est facile de produire l'oblitération complète d'une narine chez un
lapin nouveau-né. Par là on supprime les fonctions des nerfs olfactifs
correspondants, et on force ceux du cùté opposé à une activité plus
grande. Les nerfs olfactifs privés de courant d'air s'atrophient, ce qui
provoque l'atrophie du bulbe olfactif correspondant. Les nerfs et le
bulbe olfactif du côté demeuré ouvert se développent par contre plus
fortement. Le crâne s'épaissit autour du bulbe olfactif qui s'atrophie;
il s'amincil autour du bulbe olfactif qui s'hypertrophie. Quatre beaux
crânes île lapins opéré- de la sorte sont figurés à la planche VIII,
SUR LA CU01SSANCE DU CRANE. 61
figures 7, 8, 9 et 10. Pour clés objets aussi fins, l'examen pur et
simple des photographies donne une idée plus exacte des faits que
les mesures, même lorsqu'elles sont prises à l'aide de la loupe et du
micromètre, aussi je renonce à en donner ici.
Lorsqu'on enlève l'une des rétines à un pigeon éclos depuis peu
d'heures, le nerf et le lobe oplique correspondants s'atrophient; chez
l'animal devenu adulte on trouve la partie du crâne contiguë au lobe
optique atrophié de moitié plus épaisse que celle qui est contiguë au
lobe optique de l'autre côté. — Voir planche VIII, figures 11 et 12;
le crâne est scié par le milieu, la figure 11 représente sa moitié an-
térieure et la figure 12 sa moitié postérieure. L'épaisseur du crâne, là
où il recouvre les lobes optiques, mesurée sur la moitié antérieure,
est à droite de 2 millimètres, à gauche de 3 millimètres.
En extirpant les yeux et en oblitérant les méats auditifs externes
on ôte à un lapin nouveau-né la faculté de se servir de sa vue et de
son ouïe. En le maintenant en outre isolé dans un espace étroit, aussi
loin que possible de toute irritation des sens, on empêche le cerveau
tout entier d'atteindre son complet développement; il demeure un
peu trop petit. Sont cependant exceptés les bulbes olfactifs sur lesquels
se concentre principalement la vie intellectuelle; ils atteignent au
contraire un développement supérieur. Et par suite on trouve chez
l'animal devenu adulte le crâne dilaté et aminci autour des bulbes
olfactifs, épaissi et un peu moins voûté qu'à l'état normal autour du
reste du cerveau. — Le lecteur est prié de comparer entre elles les
deux séries de segments crâniens transversaux à la planche VIII,
figures 15 à 24. La première série (figures 15 à 19) comprend, divisé
en cinq segments, le crâne d'un lapin adulte normal; la seconde
(figures 20 à 24) comprend, divisé aussi en cinq segments, le crâne
d'un lapin sourd et aveugle traité comme ci-dessus (1). Les segments
(I) Pour bien saisir les différences sur les photographies, il faut se rappeler qu'elles
représentent des segments épais du crâne, ayant une profondeur, et non de minces
tranches. (Note du traducteur.)
62 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES
ont été sciés aussi exactement au même endroit que possible, comme
je l'ai fait remarquer ailleurs (Arcliiv fur Psychiatrie) ; quelques petits
défauts ont été corrigés en polissant. Les figures 15 et 20 représentent
la région des bulbes olfactifs. Nous voyons à la figure 15, cbez le
lapin normal, un vide cérébral relativement petit et un crâne relative-
ment épais (1); à la figure 20, chez le lapin aveugle et sourd, un
vide cérébral relativement grand et un crâne relativement mince. Aux
figures 16 et 21 nous avons déjà dépassé la région du bulbe olfactif,
et le rapport devient aussitôt inverse. La figure 16 présente un vide
cérébral relativement grand et des os relativement minces, la figure 21
un vide cérébral relativement petit et des os relalivemcnts épais. Les
figures 17, 18 et 19 concordent avec la figure 16, les figures 22, 23
et 24 avec la figure 21.
L'opération à l'aide de laquelle on détruit la rétine a été décrite
ailleurs (Ârch. f. 'Psychiatrie), A l'aide de deux sections ovalaires
très-peu convexes (presque parallèles) atteignant la conjonctive on
circonscrit la fente palpébrale qui est encore oblitérée. Puis on sou-
lève avec la pince le morceau de peau ainsi circonscrit, on détache h
l'aide d'un manche de scalpel la conjonctive des paupières, et on en-
lève d'un même coup avec une paire de ciseaux le morceau de peau,
la conjonctive et la membrane nictitante. Après quoi on pique le
globe de l'œil avec une aiguille à cataracte, on le tire un peu hors de
l'orbite, on en coupe le tiers antérieur avec les ciseaux, et on enlève
le cristallin, le corps vitré et la rétine; enfin on réunit les deux lèvres
de la plaie des paupières. L'oblitération artificielle du méat auditif
exti rne est un peu plus difficile. Après avoir coupé le pavillon de l'o-
reille à sa base, on saisit avec la pince le cartilage du méat auditif
externe, on détache prudemment les muscles à l'aide d'un petit
calpel pas trop tranchant, on pénètre jusqu'au tympan, et ou coupe
le méal auditif externe ainsi mis à nu aussi près que possible Ai' celte
(I) Voir du re te la remarque dan irchiv fur Psychiatrie, loc. ril ., p. 710.
SUR LA CROISSANCE DU CRÂNE. 63
membrane, après quoi on coud la plaie. Si l'on opère bien, il ne
coule presque pas de sang et il ne reste rien du méat auditif externe.
Lorsqu'une portion de ce dernier a échappé à l'extirpation, la sécré-
tion des glandes cérumineuses qu'elle renferme s'amasse souvent en
grande quantité, ce qui peut parfois devenir très-gênant (1).
L'épaississement du crâne que nous venons de décrire comme se
produisant chez les animaux sourds et aveugles élevés jusqu'à l'âge
adulte avec la méthode de Caspar Hauser ne se montre pas tou-
jours d'une façon aussi marquée que chez l'individu de la planche VIII.
Plus le champ sur lequel se produit la diminution de pression est
libre et étendu, plus l'épaississement du crâne se fait indéfini et ef-
facé; au contraire, plus ce champ est étroit, limité et encaissé, plus
l'épaississement du crâne est considérable et frappant. — Cependant
la chose n'est peut-être pas tout à fait aussi simple que nous l'ad-
mettons ici, et il n'est pas impossible que, dans le dernier cas,
d'autres causes que la diminution de pression du cerveau soient
en jeu.
Les oiseaux vivent par la vue, aussi l'extirpation des deux yeux a-
t-elle sur eux l'action la plus profonde; leur cerveau se développe in-
suffisamment et ils deviennent imbéciles. Les figures 43 et 14 de la
planche VIII représentent le crâne d'un pigeon adulte auquel on avait
enlevé les deux yeux peu après son éclosion. Malheureusement la
section du crâne n'a pas été faite aussi exactement que chez celui des
figures 11 et 12; la moitié postérieure a seule pu être égalisée après
coup, de façon à permettre une comparaison avec la figure 12. Tandis
(I) Voici comment. Le lapin nouveau-né n'a pas encore la portion osseuse du méat
auditif externe; son tympan n'est entouré que d'un anneau osseux fort étroit; c'est
pour cela qu'on peut enlever le méat auditif jusqu'au tympan. A mesure que l'animal
devient adulte cet anneau osseux se prolonge en dehors, formant un tube : la portion
osseuse du méat auditif externe. Si lors de l'extirpation on a laissé au fond quelque
portion du méat cartilagineux avec ses glandes, la sécrétion de celles-ci ne peut s'é-
couler que dans le tube osseux en question, lequel se dilate alors énormément sous la
pression continue du cérumen. (Note du traducteur, d'après l'auteur.)
Ci RECHERCHES EXPERIMENTALES
que le crâne de la figure '12 a un diamètre transversal de 21, 5 mil-
limètres et un diamètre vertical de 21, 0 millimètres, celui de la
figure 14 a un diamètre transversal de 19, 5 millimètres et un dia-
mètre vertical de 19, 0 millimètres (1). Par contre les os du dernier
sont plus épais que ceux du premier; celte différence est cependant
moins forte que je ne l'aurais cru.
Déjà maintenant, après les expériences qu'on vient de voir, il ne
peut plus paraître douteux que le cerveau n'ait une action importante
sur le développement et sur la forme du crâne; un crâne parfaitement
conformé suppose nécessairement un cerveau parfaitement conformé.
Mais l'extirpation de la portion supérieure d'un des grands hémis-
phères cérébraux démontre mieux que toute autre expérience l'action
formatrice du cerveau jusque dans ses détails les plus fins. L'objec-
tion encore admissible à l'extirpation des lobes supérieurs des deux
hémisphères tombe ici où nous n'avons affaire qu'à un seul, vu que
dans le premier cas il s'agissait de la voûte du crâne, tandis que dans
le cas actuel il s'agit de sa base à laquelle l'opération ne touche pas.
Les figures 1 et 2 de la planche X donnent l'image très-réussie de
la base du crâne de deux lapins adultes. On leur avait enlevé à tous
deux, deux ou trois jours après leur naissance, la portion supérieure
de l'hémisphère cérébral gauche, et les os s'étaient chez tous deux
refermés sans laisser d'écartement. Le cerveau se mit alors à croître
dans l'espace vide ainsi obtenu. Ses lobes inférieurs, encaissés dans
les cavités de la base du crâne, poussèrent devant eux les parois de
ces dernières, ce qui produisit une forte scoliose de la base du crâne
tout entière (déviation à gauche, en avant comme en arrière) (2). Mais
d'un autre côté le crâne, par suite de la diminution de résistance,
1 1 1 Les deux pigeons opérés étaient de la môme couvée. Je ne possède à mon regret
pas d'autres crânes pareils.
(2) La scoliose du crâne de la planche XI, figure II (nussi un cas d'extirpation de
l'hémisphère gauche), provient d'une lésion de l'os, d'un trouble de nutrition à la
suture coronaire.
SUR LA CROISSANCE DU CRANE. 65
s'avança à l'intérieur du côté où l'extirpation avait eu lieu, et le sillon
sphénoïdal (sulcus sphenoidalis, Krause) gauche se voûta de façon à
devenir un véritable canal. Pour mieux faire comprendre ce phéno-
mène, j'ai fait figurer à la figure 13 de la planche I la surface infé-
rieure d'un cerveau opéré comme nous venons de le voir. Ce cerveau
est celui du crâne de la planche X, figure 3; on l'a extrait en brisant
la base de ce dernier. En l'extrayant de cette manière, ce qui épar-
gnait la voûte du crâne dont j'avais besoin, il fallait à la vérité sacrifier
le pont de Varole, la moelle allongée et le cervelet; déplus le cerveau
a souffert par la rétraction provenant d'un long séjour dans l'alcool.
Malgré tout cela sa déviation est très-visible. Je fais encore remarquer
en passant qu'en extirpant l'hémisphère cérébral gauche on avait sans
le vouloir enlevé en outre le tubercule quadrijumeau antérieur du
même côté, ce qui produisit, comme on le voit sur la figure, une
atrophie partielle du nerf optique droit.
Les cas où l'opération précédente a vraiment bien réussi ne per-
mettent pas de douter que dans certaines circonstances ce soit le
cerveau qui forme le crâne (pi. X, fig. 1 et 2). Et cependant la même
expérience, l'extirpation d'un hémisphère cérébral, fournit une preuve
non moins importante du fait opposé, savoir que dans d'autres cir-
constances c'est le crâne qui forme le cerveau.
Les figures 3 et 4 de la planche X représentent la voûte du crâne
de deux lapins opérés de la même façon que ceux des figures 1 et 2
de la même planche. Autant la base du crâne (fig. 1 et 2) est déviée,
autant la voûte a conservé sa configuration normile, à part un apla-
tissement insignifiant du côté gauche (1). Pourtant un examen atten-
tif démontre que. le cerveau a dévié aussi à sa face supérieure d'une
façon considérable; mais tandis qu'à la base il a poussé devant lui
les cloisons des cavités de l'os, à la voûte il a simplement, vu la résis-
(1) Je reconnais du reste que le contraste que je viens de faire ressortir entre les
phénomènes présentés par la base et par la voûte du crâne n'en est au fond pas un.
10
66 RECHERCHES EXPERIMENTALES
tance moindre, glissé sous l'os vers le côté gauche, se pliant ainsi lui-
même à la forme de l'os sans l'altérer (1).
Au lieu d'extirper seulement la moitié supérieure d'un hémisphère
cérébral, on peut l'extirper tout entier. Dans Archiv fur Psychiatrie,
loc. cit. (p. 709), j'ai recommandé comme premier temps de cette
opération une section horizontale antérieure à travers le crâne allant
d'un côté de la suture lambdoïde à l'autre, de façon à ce qu'on puisse
rabattre en arrière la voûte du crâne tout entière autour de cette su-
ture servant de charnière. 11 est cependant plus avantageux tic ne
pratiquer la section que d'un seul côté et de rabattre la moitié cor-
respondante du crâne sur l'autre autour des sutures frontale et sagit-
tale comme charnière. Après cela (2) on extirpe aussi profondément
que possible l'hémisphère mis à nu, de façon à mettre à découvert les
tubercules quadrijumeaux qui servent à s'orienter pour ce qui suit.
L'iiémorrhagie étant forte, on attend un peu jusqu'à ce qu'elle cesse
et qu'on puisse enlever le caillot. On introduit alors une cuiller de
Daviel sous la convexité postérieure du lobe pyriforme (lobe olfactif);
puis on la soulève un peu, on l'amène en dehors, sur le rebord du
(1) Chez l'homme, des déviations do ce genre, mais modérées, sont relativement
fréquentes. Elles atteignent cependant parfois une importance facilement méconnue,
ainsi lors de la destruction de portions considérables du cerveau par suite de maladies
foetales. On ne peut par exemple pas expliquer sans phénomène de déviation la forme
d'un cerveau comme celui du cas de Cyclopie incomplète publié par Heclcer et llulil
dans le Monatsschrifl filr Geburtskunde, Bd. XXXI, llel't 6. Là l'hémisphère cé-
rébral gauche ayanl été presque entière nt détruit, l'hémisphère droit fut poussé
;\ gauche dans l'espace ainsi devenu libre. Le cerveau de l'enfant nouveau-né idiot
don! nous avons parlé ailleurs (première partie, chap.UI, noie du bas) est encore plus
instructif. L'hémisphère cérébral droit a crû en avant autour du gauche, et a recou-
vert sa base. Par suite, l'artère cérébrale antérieure se trouve sur l'hémisphère droit.
et n'atteint la scissure interhémisphérique qu'arrivée à la surface supérieure du cer-
veau; par suite encore, les deux bulbes olfactifs se trouvent implantés sur l'hémis-
phère droit, une preuve de plus que leur développement se fait à pari, en lieu et
place, el qu'il ne dépend pas du cerveau.
(2) Les expériences sur le système nerveux central sont si intimement liées à celles
bui' la croissance du crâne que quelques répétitions son) inévitables.
SUR LA CROISSANCE DU CRANE. 67
crâne, après quoi on la conduit autour des couches optiques devenues
plus visibles par la manipulation précédente; enfin on pénètre avec la
cuiller dans le corps strié, en en enlevant le moins possible, et on en
sépare le reste de l'hémisphère qu'on extrait entièrement du crâne.
L'opération terminée, on rabat de nouveau le crâne, on le remet exac-
tement en place, et l'on recoud la peau par dessus. Tout guérit à
l'ordinaire bien et vite; puis l'animal se développe sans qu'on puisse
observer le moindre trouble dans ses mouvements, ni dans aucun de
ses sens, ni dans l'expression de ses facultés intellectuelles. Lorsqu'on
tue le lapin après l'avoir laissé vivre quatre à huit semaines ou plus,
on obtient, en ce qui concerne le crâne, le même résultat que dans
l'extirpation partielle, seulement à un degré plus considérable. Ce qui
cependant est nouveau, c'est l'amas de sérosité qui se produit là où le
crâne et le cerveau n'ont pu arriver à se rejoindre. Cette insuffisance
de l'accommodation est plus encore que sa réciprocité une preuve
importante de l'indépendance relative de la croissance du crâne et de
celle du cerveau.
CHAPITRE II
DEPENDANCE MUTUELLE DU CERVEAU ET DU CRANE DANS LEUR CROISSANCE.
LÉSIONS DU CRANE.
Nous avons vu l'action des lésions du cerveau sur le crâne; voyons
maintenant celle des lésions du crâne sur le cerveau. Chez les Indiens
â tète plate de l'Amérique du Nord, chez quelques tribus indigènes
du Mexique et du Pérou, chez les habitants de quelques départements
du midi de la France, on trouve la coutume bien connue de produire
des anomalies de la forme de la tête au moyen de planches, de com-
presses, de bandages ou de bonnets. Les expériences de ce genre que,
je IN chez dos lapins manquèrent, quoùpie les liens devant servir à
resserrer le crâne fussent constitués par la peau même de l'animal,
de sorte que celui-ci ne pouvait pas les enlever. J'avais pratiqué sur
la convexité de la tête deux sections cutanées transversales et pa-
rallèles, éloignées de 5 mill. l'une de l'autre et allant de l'angle du
maxillaire inférieur gauche à l'angle du maxillaire inférieur droit. Puis
j'avais coupé à son milieu (sommet du crâne) la bande transversale
RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA CROISSANCE DU CRÂNE. C9
résultant de cette opération, et raccourci de 7 raill. à partir de ce
point chacune des deux lanières latérales ainsi formées, en enlevant à
chacune d'elles un morceau de cette longueur. Après quoi j'avais dé-
taché du tissu subcutané les deux lanières ainsi raccourcies, et je les
avais réunies l'une à l'autre et au reste de la peau au moyen de liga-
tures, ce qui les avait fortement tendues. L'opération elle-même réussit
tout à fait, mais la lanière de peau qui au commencement produit un
resserrement marqué se détend très-vite, de sorte que bientôt on ne
voit plus trace de resserrement.
Nous avons appris à connaître un autre mode d'augmentation de
l'action compressée du crâne : les atrophies partielles obtenues par
la ligature des carotides.
Les sutures du crâne sont, dit-on, maintenues tendues par la pression
cérébrale; Fick (1) prétend même que l'oblitération d'une suture
ne peut avoir lieu que lorsque la pression cérébrale cesse d'agir sur
elle. Hagen (2) est aussi d'opinion que l'oblitération hâtive des su-
tures est le signe d'un arrêt de la croissance du cerveau dans cer-
taines directions. Il est incontestable que, tant que le cerveau croît,
les sutures qui sont une partie du crâne demeurent ainsi que celui-ci
maintenues dans un certain état de tension. D'un autre côté, on ne se
trompera guère en se représentant cette pression comme étant peu
considérable. Lorsque des écartements même relativement très-larges
se forment dans le crâne d'un lapin nouveau-né, le cerveau ne les
utilise, on peut dire jamais, pour sortir partiellement de sa boîte, tant
que sa pression demeure normale. La figure 9 de la planche XI re-
présente un crâne qui a un écartement fort large; le cerveau n'y
avait cependant jamais pénétré. Quant à l'assertion de Fick, elle est
erronée, ce qui a déjà été démontré par Virchow dans les travaux que
cite Fick lui-même. Nous voyons les sutures continuer d'exister non-
(1) Neue Untersuchungen, p. 27.
(2) Psychiatrische Zeitschrift, 1855, p. 43.
70 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES
seulement après que le cerveau a atteint sa grandeur normale, mais
encore dans certains cas jusqu'à un âge fort avancé, même lorsqu'il
a déjà commencé à s'atrophier et qu'un liquide séreux a rempli à sa
place les vides de la cavité du crâne devenue trop grande. 11 me sera
peut-être permis de rappeler ici le résultat de l'extirpation de la moitié
supérieure des deux hémisphères céréhraux : la voûte du crâne suhit
un aplatissement général, mais conserve ses sutures parfaitement in-
tactes.
Lorsque le long d'une suture il se produit une nécrose des éléments
constitutifs de l'os, ce qui arrête plus ou moins en cet endroit la crois-
sance du crâne et l'empêche par conséquent de se dilater, cette résis-
tance locale exagérée produit une légère augmentation de la pression
cérébrale générale. Le cerveau, cédant à la résistance locale, dé-
termine à l'aide de la pression générale les dilatations compensatoires
dont nous avons parlé plus haut. Chez tous les crânes de lapin par
exemple où la croissance marginale le long de la suture coronaire
droite a souffert, la moitié droite du cerveau, ne pouvant plus demeurer
dans la moitié droite du crâne incapable de se dilater normalement,
dépasse la suture sagittale et envahit la moitié gauche du crâne en
poussant simplement devant elle la faux du cerveau et le sinus longi-
tudinal supérieur. Pour rendre ce fait évident sur la photographie
j'iii fait une raie marquant le parcours du sinus longitudinal à la
surface du crâne figuré planche III, figure 4, immédiatement après
avoir tué le lapin. Je m'assurai cependant plus tard que cette peine
est inutile. On peut en effet toujours, même chez un crâne macéré,
reconnaître la position qu'a occupée le cerveau à l'arête osseuse qui
s'insinue entre les deux hémisphères, ainsi qu'aux deux sillons plats
parallèles à cette arête et servant à recevoir les deux faibles cir-
convolulions longitudinales. Mans la première partie de ce travail,
nous avons déjà vu divers faits relatifs aux dilatations compensa-
toires. Comme les rétrécissements, elles forment des séries entières,
commenccnl aux régions marginales demeurées normales de l'osât-
SUR LA CROISSANCE DU CRANE 71
Icint partiellement d'un trouble de nutrition, vont ensuite plus loin
et s'étendent à toutes les parties du crâne situées en dehors de la
craniosténose; je rappelle ici la figure 8 de la planche V. Nous avons
relevé la règle de Virchow, savoir que la dilatation a lieu dans une
direction parallèle à la suture oblitérée ou à l'état fœtal, et nous
avons ajouté que cette règle, comme celle des rétrécissements, a besoin
de certaines modifications. A ce dernier point de vue je me permets
de renvoyer encore une fois aux figures 8 et 4 de la planche V, dans
lesquelles les diamètres verticaux paraissent ngésallo ; je recommande
aussi de mesurer la figure 10 dans toutes les directions à partir du
milieu du corps de l'os sphénoïde. Dans les cas de rétrécissements par-
tiels avec dilatations compensatoires, la comparaison de chacun des os
correspondants de chaque côté est fort instructive; mais là l'œil à lui
seul est presque meilleur juge en somme que le compas et l'échelle.
Nous avons du reste déjà vu chez le maxillaire inférieur droit de
la planche VII, figure '16, avec sa surface articulaire repoussée en bas,
que le cerveau en croissant vient facilement à bout de résistances qui
paraissaient assez fortes.
D'après Engel (1) la nature a répondu par maint crâne d'idiot à la
question de savoir quelle forme doit prendre un crâne dont les sutures
s'ossifient prématurément tandis que l'os devient épais et résistant.
La chose n'est pas si simple. Il est certain qu'une localité du crâne en
train de s'atrophier ne favorise pas la croissance du cerveau ; s'il en
était autrement on ne verrait pas le cerveau glisser sous elle et croître
dans la direction des résistances moindres. Mais d'un autre côté nous
avons vu que les sutures ne prennent par elles-mêmes aucune part à
l'accroissement des os, ceux-ci ne croissant pas seulement par leurs
bords, mais aussi par leurs surfaces et dans leur tissu même (crois-
sance interstitielle); — nous avons été frappés delà dilatation fabu-
leuse dont le crâne est capable dans l'hydrocéphale infantile, et de la
(I) Untersuchungen iïber Schàdelformen, p. 73.
72 RECHERCHES EXPERIMENTALES
manière admirable dont, après la ligature des carotides, les trous trans-
versaux des vertèbres, qui forment cependant plus tard des canaux
fermés sans sutures, s'élargissent à mesure que les artères vertébrales
augmentent de calibre (pi. VI, fig. 12 et 13); — nous avons appris
quelles dimensions énormes la partie osseuse du méat auditif externe
peut atteindre par suite d'un amas de cérumen lorsqu'on extirpe in-
complètement sa partie cartilagineuse (expérience du lapin sourd et
aveugle, voir au chapitre I de la II0 Partie, note du bas); — nous
nous sommes enfin assurés (pi. V, fig. 10, surface de section des os
pariétaux) que sous la pression du cerveau le crâne, clans le domaine
d'une sténose, se ramincit, malgré la croissance par les surfaces,
ce qui produit une légère augmentation compensatoire de sa cavité
notablement rétrécie d'autre part. — Tous ces faits étant posés, on
ne se sentira guère tenté d'admettre sans autre raison la réponse
qu'Engel met dans la bouche de la nature, soit de rendre l'oblitéra-
tion plus ou moins complète des sutures chez un crâne d'idiot seule
responsable de l'idiotisme.
Une troisième méthode d'expérimentation consiste à diminuer la
pression du crâne en provoquant la formation d'écartements (pi. VII,
fig. 1 et 2). Chez un premier lapin nouveau-né on pratiqua sur la
moitié gauche du crâne une section horizontale à travers l'os frontal
et l'os pariétal; chez un second on enleva à l'os pariétal gauche une
bandelette d'os, parallèlement à la suture sagittale. Chez tous les deux
il se forma un écartement qui est certainement dû à la tension pro-
venant du cerveau; d'un autre côté il est tout aussi certain que là où
esl l'écartement la résistance du crâne est plus faible. En effet, le
crâne est dans les deux cas un peu plus convexe à gauche, du côté
de écarlements, l'os pariétal droit est trop peu développé, cl les su-
turcs frontale et sagittale forment un arc dont la concavité esl à
gauche. Et cependant, si l'on excepte la convexité un peu plus forte
du côté gauche que nous venons de voir, la configuration générale
des deux crânes esl h fort peu de chose près normale. On obtient en
SUR LA CROISSANCE DU CRANE. 73
somme les mêmes résultats — toujours en supposant qu'il se forme
un écartement — quand on enlève du côté opéré la moitié supérieure
de l'hémisphère cérébral (pi. VII, fig. 3 et 4). La figure 9 de la
planche XI s'applique aussi à ce que nous disons, ainsi que les re-
marques faites plus haut à son égard.
Nous n'avons pas besoin d'autres expériences. Toutes celles que
nous venons de voir dans ces deux chapitres démontrent, me semble-
t-il, plus que suffisamment que le crâne influence la forme du cerveau
et que réciproquement le cerveau influence la forme du crâne. Le
cerveau et le crâne sont dès le commencement pour ainsi dire modelés
l'un sur l'autre; ils croissent ensemble, et portent cependant en eux-
mêmes chacun les conditions fondamentales de leur forme respective.
CHAPITRE III
INDÉPENDANCE RELATIVE DE LA CROISSANCE DU CRANE,
AINSI QUE DE CELLE D'AUTRES OS.
Je viens de dire que malgré leur dépendance mutuelle le cerveau
et le crâne portent en eux-mêmes les conditions fondamentales de
leur forme respective. Bon nombre d'observations contenues dans les
deux chapitres précédents parlent pour la justesse de cette proposition.
Je ne rappelle ici que l'extirpation d'un hémisphère cérébral entier
et l'amas subséquent de sérosité aux endroits où le cerveau et le
crâne n'arrivent pas à se toucher. — Mais la tête d'enfant nouveau-
né idiot déjà deux fois citée offre une preuve à divers égards encore
plus concluante de ce que j'avance. Le crâne s'est développé d'une
façon remarquablement normale. Sur le milieu de sa base repose le
cerveau proprement dit qui est cylindrique, assez solidement enfermé
dans sa dure-mère (la pie-mère et l'arachnoïde se trouvent sous celle-
ci;, et atrophié à un très-haut degré. L'espace situé entre la dure-
RECHERCHES EXPERIMENTALES SUR LA CROISSANCE DU CRANE. 75
mère et le périoste interne du crâne (non point celui situé entre la
dure-mère et l'arachnoïde ou entre cette dernière et la pie mère) cons-
titue la plus grande partie de la cavité crânienne; il était rempli de
sérosité. Le plus grand diamètre transversal du cerveau est de 39 mil-
limètres, tandis que le plus grand diamètre transversal du crâne est
de 89 millimètres. Les cavités latérales de la base du crâne sont si
parfaitement conformées qu'on peut à peine les distinguer de celles
d'un crâne normal ; et cependant elles ne contiennent aucune portion
du cerveau. C'est difficile, il est vrai,, de déterminer l'époque exacte à
laquelle a commencé l'affection embryonnaire qui a troublé la crois-
sance du cerveau. Il n'est pas improbable que pendant les premiers
mois le cerveau ait rempli ces cavités, mais il est certain que pendant
plusieurs mois avant la naissance cela n'a pu être le cas ; la taille et la
constitution interne du cerveau en sont la preuve. On ne peut donc
s'empêcher de penser que la pression de la sérosité a suffi pour per-
mettre au crâne d'atteindre un développement relativement normal
malgré l'état rudimentaire auquel demeurait le cerveau. Si cette ex-
plication était la vraie, l'hypothèse de l'influence du cerveau sur la
configuration du crâne, hypothèse que nous avons admise plus haut
et qui ne manque certes pas de preuves effectives, aurait sans doute
besoin d'une réduction importante. D'un autre côté, la nature aurait
par une expérience, si j'ose m' exprimer ainsi, livré une preuve de l'in-
dépendance relative du développement du crâne telle que la science
n'avait pas été capable de la livrer jusqu'ici.
Mais nous devons laisser de côté la période embryonnaire ; la pro-
position « le cerveau et le crâne portent en eux-mêmes les conditions
fondamentales de leur forme respective » a trait tout d'abord à l'ani-
mal dès sa naissance à l'âge adulte, et ne peut pas s'appliquer avec
certitude à la période qui précède la naissance, surtout pas à sa pre-
mière partie. Il faut que le cerveau et le crâne soient formés et dis-
tincts avant qu'ils puissent se développer ultérieurement d'après leurs
conditions intrinsèques respectives. Du reste, les conditions internes
70 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES
comme les conditions externes sont et demeurent l'objet de l'obser-
vation et de l'expérience.
Fick (Ueber die Ursachen der Knochenformen, p. 2°2) dit : « Les
faits présents nous suffisent cependant pour dénier h l'os une fois
donné toute force organoplastique propre, et pour reconnaître qu'au
contraire, dans sa transformation de la forme fœtale en la dimension
agrandie de sa forme définitive, le squelette lui-même ne trahit pas
d'autres forces propres que les intensités histoplasliques de ses ma-
trices par la force desquelles il s'agrandit dans toutes les directions
jusqu'à épuisement complet, pour autant qu'il ne rencontre pas de
résistance de la part d'organes dont les forces histoplasliques sont
plus grandes que les siennes. » Même après avoir relu plusieurs fois
cette phrase dont je suis loin de méconnaître la raison d'être relative
et le sens profond, je crois pouvoir continuer tranquillement la série
de ces expériences. Comme ce dont il est question n'a pas trait seu-
lement au crâne, mais à chaque os, et que les observations faites sur
un os quelconque sont utiles à l'étude de tous les autres, je vais dé-
crire ici, comme nouvelles preuves de l'indépendance relative de la
croissance des os du crâne et de l'existence de conditions internes à
1 ur formation, quelques expériences faites sur d'autres os.
Lorsqu'on désarticule à l'épaule la patte antérieure d'un lapin nou-
veau-né, on paralyse, ou pou s'en faut, tous les muscles qui vont de
l'omoplate à la patte. Leur développement se limite par suite de la
restriction de leurs fonctions. Le développement incomplet des muscles
réagit il est vrai, comme nous le verrons plus lard, sur la forme des
os mus par eux; mais eus derniers se développent cependant et con-
servenl en toute circonstance leur forme fondamentale. Il suffit pour
s'assurer de la chose de comparer à la planche X, figures 5 et 6, les
deux omoplates d'un lapin opéré à gauche de la façon qu'on vient de
voir.
L'expérience suivante faite primitivement dans un autre but peut
aussi s'appliquera la question qui nous occupe :Un aide tient l'animal
SUR LA CROISSANCE DU CRANE. 77
qui va être opéré. A partir de l'articulation de l'épaule on pratique
le long du bord supérieur de l'omoplate une section à travers la
peau, le muscle basio-humeralis (transverso-scapulaire de Straus-
Dùrkheim), le muscle angulaire de l'omoplate et le muscle trapèze.
Au fond apparaît le plexus brachial. Un second aide tire d'une
main l'omoplate en bas et en arrière, tandis qu'avec un doigt de
l'autre main appuyé contre le fond de la fosse axillaire il soulève
le plexus hors de la plaie. On passe alors prudemment et en évitant
les vaisseaux un fil autour de chaque tronc nerveux, puis on le noue.
Cela fait, on coupe les nerfs aussi près que possible de la colonne
vertébrale, et, après les avoir tirés à l'aide des fils dans l'angle de
la plaie, on les y coud pour les empêcher de s'unir de nouveau à
eurs tronçons centraux. Cette opération n'est pas très-facile. Au bout
de 4 ou 5 jours, la plaie étant suffisamment guérie, on fend la peau
de l'avant-bras sur toute sa longueur, puis on coupe l'avant-bras lui-
même à l'aide d'une paire de ciseaux sous la peau aussi près que pos-
sible du coude et du carpe, on l'extrait avec muscles, nerfs, ten-
dons, etc., de son manchon de peau, et cela, fait, on coud la plaie. De
cette façon le. pied antérieur se trouve presque complètement isolé du
reste de l'organisme auquel il n'est plus relié que par quelques vais-
seaux cutanés, et par suite toute fonction est impossible. Malgré cela
il continue à croître, et lorsqu'on tue l'animal devenu adulte les os de
ce pied isolé, un peu moins gros seulement qu'à l'état normal, ont
exactement la même forme qu'ils auraient eue s'ils avaient fonctionné
toute leur vie. Comparer à la planche X les figures 19 et 20 avec les
figures 17 et 18.
On peut reprocher pas tout à fait sans raison à la première des
deux expériences précédentes (moins déjà à la seconde) le fait que les
muscles n'ont pas été extirpés totalement, tout en accordant qu'ils ont
été mis hors de fonction et se sont atrophiés. Ce reproche ne peut
être fait à l'expérience suivante. Après avoir fendu la peau sur toute
la longueur de l'avant-bras droit à un lapin nouveau-né, on enleva
78 RECHERCHES EXPERIMENTALES
avec le plus grand soin toutes les parties molles (muscles, nerfs, ten-
dons, vaisseaux sauf les cutanés, etc.), de façon à ne laisser de l'avant-
bras absolument que l'ulna et le radius tout nus, et la peau avec ses
vaisseaux. On ne lésa pas le plexus brachial, et on n'enleva rien au
pied antérieur. La plaie fut très-vite guérie, et le lapin marcha plus
tard sur sa patte opérée comme sur une jambe de bois, le dos du pied
reposant sur le sol. Lorsqu'on le tua, on trouva à un endroit où le
périoste du radius et du cubitus avait été un peu lésé une légère sy-
nostose entre ces deux os. L'avant-bras est un peu moins développé
que du côté non opéré, et aussi un peu différemment courbé, le lapin
ayant marché sur le dos du pied; en somme cependant sa forme est
remarquablement normale (planche X, figures 7 et 8, les os des deux
avant-bras) (1).
On désarticula l'avant-bras à deux lapins nouveau-nés. Il se forme
en cas pareil sur la face articulaire de l'humérus une nouvelle capsule
articulaire qui reçoit l'attache de tous les muscles du bras destinés à
l'état normal à mouvoir l'avant-bras. L'innervation de ces muscles
ne cessant pas tout à fait, ils se contractent de temps à autre. On au-
rait donc certain droit de supposer qu'en conséquence, sous la pres-
sion de la nouvelle capsule, l'extrémité articulaire de l'humérus de-
vrait s'arrondir et devenir plus ou moins hémisphérique chez l'ani-
mal adulte. Mais lorsqu'on a tué l'animal, on trouve l'extrémité arti-
culaire de l'humérus relativement normale : trochlée, condyle, cavité
coronoïde, cavité olécrânienne, condyle médian (bourrelet situé entre
les deux portions de la surface articulaire), tout y est; la seule res-
triction qu'il faut accorder, c'est que les formes ne se sont pas déve-
(I) Dans cette expérience, les os qui ont crû indépendamment (cubitus et radius)
avaient élé entièrement privés de leurs muscles et de leurs tendons, tandis que dans
l'expérience précédente, celle des figures 19 et 20, les muscles et autres parties
molles se trouvant dans le pied lui-même n'avaient pas été enlevés; on avait seule-
ment coupé le plexus brachial et extirpé tout l'avant-bras, moins la peau.
{Note du traducteur.)
SUR LA CROISSANCE DU CRANE. 79
loppées d'une façon aussi accusée, aussi nette qu'elles l'auraient fait
sous la pression et l'action polissante des extrémités articulaires du
radius et du cubitus. Pour s'assurer de ce que nous venons de dire, il
suffit de comparer à la planche X les figures 9 et 11 (côté normal)
avec les figures 10 et 12 (côté opéré), puis les figures 13 et 15 avec
les figures 14 et 16 (second lapin). On obtient le même résultat en
désarticulant l'humérus ou l'omoplate. Dans le premier cas c'est la ca-
vité glénoïde, dans le second la surface articulaire de l'humérus dont
le développement se fait d'une façon presque normale.
CHAPITRE IV
INFLUENCE DES ORGANES DES SENS SUR LA CROISSANCE DU CRANE.
Je ne parlerai plus des expériences du bulbe olfactif ni de celles du
lobe optique. N'ayant pas fait les recherches nécessaires je suis obligé
de limiter ce chapitre dans d'autres directions encore, et je ne trai-
terai que de l'œil ; c'est du reste le sens le plus important relativement
à la forme du crâne.
Les figures 1,2 et 3 de la planche IX représentent chacune un
segment transversal vertical du crâne d'un lapin adulte. Le premier
lapin (figure I) était normal, au second (figure 2) on avait enlevé peu
après la naissance les deux yeux, et au troisième (figure 3), l'œil droit
seulement. Je n'avais pas énucléé le bulbe de l'œil; je m'étais con-
tenté d'en extirper le tiers antérieur et de vider le contenu du reste;
les paupières avaient été simplement fendues et n'avaient pas été re-
cousues. Les figures montrent le résultat de ces opérations relative-
ment au crâne : à la figure 2 les deux orbites sont resserrées, rétrécies;
â la figure 3 l'orbite droite est seule rétrécie. A la figure3 on voit déjà
RECHERCHES EXPERIMENTALES SUR LA CROISSANCE DU CRANE. 81
assez nettement l'asymétrie des parties du crâne destinées à recevoir
les bulbes olfactifs; c'est une conséquence de l'atrophie de l'orbite
droite.
Les conséquences de l'énucléation complète sont beaucoup plus im-
portantes. Les figures 4, 5, 6, 7 et 8 de la planche IX représentent
dans diverses situations le crâne d'un lapin adulte auquel on avait
énucléé l'œil gauche immédiatement après la naissance. La déviation
en bas et en dedans de l'arcade orbitaire et du crochet de l'os lacry-
mal vient de la pression qu'ont exercée les paupières raccourcies,
cousues l'une à l'autre et tirées à l'intérieur de l'orbite par la cica-
trisation. Cette déviation se produit aussi, quoique moindre, lors-
qu'on détermine un simple ankylo'blepharon, sans léser le bulbe de
l'œil (pi. IX, fig. 13). UankyloUeph'aron artificiel pratiqué assez
longtemps à l'avance est, soit dit en passant, le meilleur moyen de
protéger l'œil lorsqu'on veut couper le nerf trijumeau. Voici les
mesures du crâne des figures 4 à 8 de la planche IX : diamètre ver-
tical de l'orbite droite, mesuré du bord supérieur de l'arcade zygo-
matique à la ligne d'attache de l'arcade orbitaire, 17,5 mill.; dia-
mètre vertical de l'orbite gauche, 41 mill. Diamètre horizontal de
l'orbite droite, 20 mill.; diamètre horizontal de l'orbite gauche 17 mil'.
L'arcade zygomatique droite a 29,5 mill. de long; la gauche, 26 mill.
Ce que cette dernière a perdu eu longueur, elle l'a plus ou moins re-
gagné dans ses autres dimensions (expression de son « intensité de
croissance »). L'arcade zygomatique droite a 6,5 mill. de haut, la
gauche, 7,5 millimètres.
La différence entre les deux orbites est donc très-considérable ; nous
devons par conséquent nous attendre à une influence du rétrécisse-
ment de l'orbite gauche sur le reste du crâne. Aux figures 4 et 5 nous
voyons très-distinctement la déviation en avant des parties postérieures
du crâne, et la déviation en arrière de ses parties antérieures. Il suffit
de comparer à la figure 4 l'apophyse temporale des os pariétaux (à
la suture coronaire) et l'apophyse latérale (postérieure) des os nasaux,
8-2 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES
à droite et à gauche. La distance de l'une à l'autre est à droite de
20,3 mill. et à gauche de 19 mill. A la figure 5 on peut comparer le
bord alvéolaire du maxillaire supérieur à l'apophyse ptérigoïde : dis-
tance de l'extrémité antérieure du bord alvéolaire à la scissure ptéri-
goïdienne, à droite 18 mill., à gauche 17 mill. Même les sutures fron-
tale et sagittale forment un arc, très-faible il est vrai, concave du cùté
opéré.
D'après Ludwig Fick (1), l'élimination d'un groupe considérable de
muscles ainsi que celle du bulbe de l'œil produit à vrai dire des modi-
fications essentielles dans la transformation du squelette de l'état fœial
à l'état adulte; mais ces modifications ne s'étendent pas, selon lui, à
tout le squelette, elles se limitent à certaines de ses parties; il prétend
par exemple, qu'après l'énucléation de l'œil la cavité du crâne ne
devient pas notablement asymétrique (2). Un coup d'œil jeté sur la
figure 8 de la planche IX, qui représente l'intérieur du crâne de notre
lapin, montre aussitôt combien cette opinion est erronée. L'idée de
Diderot, d'après lequel (3) l'effet de toute lésion faite à un os se con-
tinue à partir du point lésé comme une vague d'impulsion sur tout le
squelette, sans être rigoureusement exacte, est donc plus que simple-
ment ingénieuse. La portion antérieure de la cavité du crâne est asy-
métrique, ce qui sur la photographie ne se voit il est vrai qu'indistinc-
tement; il en est de même de la portion qui renferme les bulbes
olfactifs, ce qui ne se voit pas du tout sur la photographie vu le manque
de lumière. L'inégalité de la partie postérieure des petites ailes de l'os
sphénoïde antérieur s'y voit, par contre, d'autant plus nettement. Le
plus grand diamètre vertical de l'aile droite est de 9,5 mill., celui de
l'aile gauche de 8,5 mill. Le plus grand diamètre transversal (a partir
de la ligne médiane de la base du crâne) est pour l'aile droite de
(1) Ueber die Ursachen dur Knochenformen, y. II).
(2) Fick, /or. cit., p. 16 pour Ggure 2, et p, I* pour figures 12, 13 cl M.
(3) Fick, loc. cil., ]>. 20.
SUR LA CROISSANCE DU CRANE. 83
13,5 mill, pour l'aile gauche de 13,0 mill. Le préjudice porté à la base
du crâne par le rétrécissement de l'orbite ne peut naturellement pas de-
meurer sans influence sur la forme du cerveau. Les portions de cet or-
gane qui ne peuvent se développera la base du crâne sont repoussées
vers le haut, ce qui occasionne un renflement unpeu plus fortàla con-
vexité de l'hémisphère cérébral du côté de l'orbite atrophiée. Ce renfle-
ment ne peut être méconnu lorsqu'on examine soigneusement. C'est un
fait important à connaître pour ceux qui cherchent à découvrir dans
la substance corticale du cerveau des organes circonscrits ayant une
relation précise avec les organes des sens, car ils pourraient être tentés
de prendre un simple phénomène de déplacement pour une hypertro-
phie due à la fonction exagérée de l'œil (rétine) demeuré normal.
Le trou optique à la figure 8 (pi. IX) n'est pas non plus sans in-
térêt. La moitié gauche en est plus petite, il est vrai, que la droite;
mais elle est beaucoup plus grosse que le très-petit nerf optique atrophié
auquel elle sert de passage. Quand on détruit les deux rétines, il se
produit cependant un rétrécissement proportionnellement plus con-
sidérable du trou optique que lorsqu'on n'en détruit qu'une. Je suis
redevable à mon collègue, M. Hubrich, directeur de Werneck, du cer-
veau et du crâne d'un porc aveugle-né (privé du bulbe des deux yeux),
normal du reste, chez lequel le trou optique ne forme plus qu'une
étroite fente transversale. Le diamètre vertical de l'orbite proprement
dite est chez ce porc de 28 mill. seulement, le diamètre horizontal de
21,5 mill.; chez un porc normal (non aveugle) de la même portée
envoyé pour comparaison, le diamètre vertical de l'orbite proprement
dite est de 43 mill., le diamètre horizontal de 32 mill.; les deux porcs
étaient âgés de 7 mois. Ici, l'on peut aussi suivre dans tout le crâne
l'effet produit par l'atrophie des deux orbites. L'épaisseur du crâne
entre le cerveau et les yeux atrophiés est augmentée. Ce dernier fait
se retrouve aussi, quoique moins marqué, chez le crâne du lapin au-
quel on n'avait énucléé qu'un œil.
CHAPITRE V
INFLUENCE DES MUSCLES SUR L.V CROISSANCE DU CRANE.
Désirant prouver d'abord à l'aide d'un exemple très-frappant avec
quelle facilité on peut faire dévier les os par un changement des trac-
lions et pressions qui agissent sur eux sans cependant que leur forme
fondamentale caractéristique souffre d'une façon notable, j'ai fait pho-
tographier, aux figures 10 et 12 de la planche IX, deux omoplates de
lapins dont les processus hamatus (4) se sont développés d'une façon
fort différente (les figures 9 et 11 représentent les omoplates normales
correspondantes du côté opposé).
Lorsqu'on coupe et qu'on disloque, delà façon indiquée plus haut,
les nerfs cervicaux VII et VIII, on paralyse principalement l'action
des muscles extenseurs; par suite, la patte antérieure du coté opéré
s'applique totalement contre la partie antérieure de la poitrine (llexion
(1) Krause l)ic Analomie des Kaninchens. Leipzig, bei Engelmann, 18GS, p. 7(î.
(Noie du traducteur.)
RECHERCHES EXPERIMENTALES SUR LA CROISSANCE DU CRANE. 85
et adduction). Lorsqu'on coupe et qu'on disloque les nerfs cervi-
caux V et VI, on paralyse au contraire les fléchisseurs ; la patte entière
s'étend et vient s'appliquer horizontalement sur le côté de la partie
postérieure du thorax. Dans les deux cas l'omoplate, de même que la
patle entière, se développe un peu moins qu'à l'état normal. Mais le
processus hamatus dévie en avant dans le premier cas et eh arrière
dans le second.
Je n'ai pas fait photographier les os des trois pattes d'un lapin au-
quel j'avais désarticulé l'une des cuisses postérieures. Les lapins
opérés de la sorte ne se tiennent qu'avec peine en équilibre. A mesure
qu'ils avancent en âge la patte postérieure restante se meut de plus
en plus diagonalement, et les pattes antérieures dévient de plus en plus
du côté qui a perdu son appui derrière pour lui servir de soutien. La
conséquence de cela est pour tous les os des extrémités une profonde
déviation qu'il serait difficile de décrire brièvement.
Extraction du nerf facial. — Une incision commencée à la base du
pavillon de l'oreille et continuée vers l'angle du maxillaire inférieur
découvre le nerf. Deux ou trois coups de bistouri suffisent pour l'isoler
des organes voisins. Cela fait, on glisse sous lui, d'après la méthode
de Schiff, un crochet émoussé, et on le tire de toute sa longueur hors
du conduit de Fallope. Lorsque l'opération réussit, le nerf se rompt à
sa sortie du cerveau entre le pont de Yarole et le corpus trapezoïdes.
A la suite du nerf sortent ordinairement quelques gouttes de liquide
cérébro-spinal ; parfois aussi il se produit de légères convulsions qui
disparaissent très-vite. Le nerf facial innerve le muscle buccinateur;
or la langue et la joue dirigent les aliments dans la bouche. Lorsque
le buccinateur est paralysé, les aliments poussés entre les dents par la
langue ne trouvent plus de résistance; il se forme une poche flasque
clans la joue, ce qui empêche totalement la mastication du côté opéré.
Par suite de l'activité exagérée des muscles masticateurs du côté de-
meuré normal et de l'inaction des mêmes muscles du côté où le nerf
facial a été enlevé, il se produit une scoliose très-marquée du crâne
86 RECHERCHES EXPERIMENTALES SUR LA CROISSANCE DU CRANE.
et de la face, ayant sa concavité du côté de la joue paralysée (pi. XI,
fig. 1, 2 et 3). Ce sont les os de la face et la mâchoire inférieure qui
forment principalement cette scoliose, mais il n'est pas une portion
du crâne qui n'y prenne aucune part. Je fais remarquer en passant la
différence frappante qui existe entre les dents des deux côtés. Celles
du côté qui ne mâche pas sont plus longues et plus minces que
celles du côté qui mâche; de plus elles sont striées transversalement.
En coupant et en disloquant du même côté le nerf infra-orbital et
le nerf mandibulaire, on obtient d'une manière autre, quoique plus ou
moins analogue, une scoliose identique mais plus faible. Les animaux
traités de la sorte n'ont plus de sensations tactiles d'un côté de la
bouche, aussi prennent-ils l'habitude de saisir leurs aliments surtout
avec l'autre côté, et de mâcher aussi avec cet autre côté surtout; de
là la scoliose. Il est probable qu'on peut obtenir un résultat analogue
en opérant sur le nerf lingual. Les lapins auxquels je coupai et dis-
loquai l'un des nerfs hypoglosses périrent.
L'avantage des expériences que nous venons de citer est que l'opé-
ration par elle-même n'est pas grave, et que son effet est aussi pur que
certain. On peut aussi obtenir une déviation en extirpant l'un des
muscles masséters. Lorsqu'outrc le masséter on enlève le condyle et
l'apophyse coronoïde du maxillaire inférieur, la diminution encore
plus considérable de la contre-pression qui en résulte produit une
voussure exagérée du crâne du côté opéré. Ces deux dernières opéra-
tions sont beaucoup plus graves que les aures cl accompagnées (rime
plus forte hémorrhagie.
Lorsqu'on enlève à un lapin nouveau-né une patte antérieure avec
l'omnphiii', l'effet principal est unescoliose considérable delà colonne
vertébrale ayant su concavité du côté opéré. Mais l'arrêt de l'activité
du muscle trapèze produit aussi une déviation de l'écaillé de l'os occi-
pital vers le côté opposé (pi. XI, fig. 4). Cette déviation n'est du reste
pas irès-frappante.
CHAPITRE VI
INFLUENCE DES DENTS SUR LA FORME DU CRANE.
L'extraction des dents est une opération assez difficile et assez
compliquée. On incise le long de la portion buccale du maxillaire in-
férieur, on pratique à deux endroits la ligature de la veine faciale, et
on met à nu la portion de l'os qui porte les alvéoles. Cela fait on enlève
au maxillaire inférieur une bande longitudinale large d'un millimètre,
ce qui donne accès dans les alvéoles. Les alvéoles ainsi ouvertes, on
introduit dans chacune d'elles un instrument fin en forme de cuiller
avec lequel on soulève la dent et sa pulpe. Lorsque toutes les dents
ont été ainsi extraites on recoud la plaie. Les figures 5 et 6 et les fi-
gures 7 et 8 de la planche XI représentent les crânes de deux lapins
auxquels on avait enlevé les dents molaires de la mâchoire inférieure
gauche. L'opération n'a du reste pas tout à fait réussi chez le lapin
dont le crâne est photographié à la figure 5, et le lapin de la figure 7,
chez lequel l'opération avait été très-bien faite, a dû être tué trop tôt.
Si deux dents n'étaient pas restées au lapin de la figure 5, et si le
lapin de la figure 7 avait pu demeurer en vie jusqu'à l'âge adulte, la
scoliose aurait très-probablement atteint un plus haut degré chez
88 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA CROISSANCE DU CRANE.
tous les deux. Telle qu'elle est, il faut pour s'assurer de son existence
tirer une ligne droite du milieu de la protubérance occipitale externe
à la cloison des alvéoles des dents incisives supérieures. Le bord al-
véolaire du maxillaire supérieur du côté opéré est atrophié; ses alvéoles
forment une ligne droite et ses dents sont longues et minces, tandis
que le bord alvéolaire du côté non opéré est fortement arqué et porte
îles dents courtes et robustes.
On pourrait faire encore des séries entières d'expériences. Les ré-
sultats seront certainement d'autant plus considérables, se compléte-
ront et se corrigeront d'autant plus les uns les autres qu'on opérera
sur des points plus nombreux et plus divers. Il est à peine nécessaire
de répéter ici que les conditions internes de la croissance, dont j'ai
parlé plus haul,ïi'ont rien de commun avec les idées organoplasliqucs
(organoplastische Ideen) condamnées par Fick. Elles semblent cepen-
dant être pour le momentencore inaccessibles. D'où vient, par exemple,
la singulière disproportion entre les os frontaux et pariétaux droits et
gauches chez le crâne de la planche XI, figure 10? Il n'est pas im-
probable que le champ d'action de ces conditions internes, tel qu'on
peut se le représenter chez l'animal au moment de sa naissance, se
rétrécisse d'autant plus qu'on remonte plus haut dans la période em-
bryonnaire. On ne peut se faire une idée de tout ce qu'il y aurait en-
core à rechercher dans celte direction.
Mes deux anciens médecins-adjoints, M. le docteur Râbus et M. le
doc leur (iiashey, actuellement médecin-directeur de Deggcndorf, m'ont
secondé de la manière la plus obligeante et la plus prévenante dans
!c cours des expériences qui font l'objet de ce travail.
FIN
EXPLICATION DES PLANCHES
PLANCHE 1
Figure 1. Sutures frontale et sagittale régénérées après leur excision.
Figure 2. Suture sagittale régénérée après son excision.
Figures 3, i, 5, 6 et 7. Sutures entièrement nouvelles produites dans la continuité
de l'os au moyen d'incisions faites à ce dernier.
Figure 8. Dessin du parcours normal des canaux de Havers (1 fois et demie la gran-
deur naturelle).
Figures 9 et 10. Parcours des canaux de Havers après la ligature des carotides (1 fois
et demie la grandeur naturelle).
Figure 11. Trouble survenu dans le parcours des canaux de Havers à la suite de la
ligature des veines jugulaires (1 fois et demie la grandeur naturelle).
Figure 12. Parcours des canaux de Havers dans un cas de synostose partielle congé-
nitale de la suture sagittale (2 fois la grandeur naturelle).
Figure 13. Déviation du cerveau à la suite de l'extirpation de la portion supérieure
de l'hémisphère cérébral gauche.
Figure 14. Crâne de lapin microcéphale chez lequel les sutures se sont conservées.
PLANCHE II
Figures 1, 2 et 3. Os wormiens. Forme et direction de leurs dentelures.
Figures 4, 5 et 6. Dentelures et écailles à l'extrémité temporale de la suture coro-
naire.
13
90 EXPLICATION DES PLANCHES.
Figures 7 et S. Sutures écailleuses autour d'un os wormien.
Figures 9, 10 et 11. Trois crânes de lapin de même diamètre; figure 9 sans os wor-
mien, figure 1 avec un os wormien, figure 11 avec deux os wormiens.
PLANCHE III
Figures 1, 2 et 3. Crâne de lapin avec état fœtal de la suture temporale gauche à la
suite de la ligature des carotides. Vu de trois côtés différents.
Figures 4, 5 et 6. Crâne avec état fœtal de la suture coronaire droite à la suite de la
ligature des carotides. Vu de trois côtés différents.
Figures 7, 8 et 9. Crâne avec état fœtal de la suture coronaire gauche et synoslose
de la suture pariéto-interpariétale droite à la suite de la ligature des carotides. Vu de
trois côtés différents.
PLANCHE IV
Figures 1, 2 et 3. Crâne avec élat fœtal des sutures coronaire et temporale gauches
à la suite de la ligature des carotides. Vu de trois côtés différents.
Fimres i, 5 et 6. Crâne avec état fœtal de la suture coronaire droite et de la suture
temporale gauche à la suite de la ligature des carotides. Vu de trois côtés différents.
Figure 7. Synoslose de la portion antérieure de la suture sagittale, et état fœtal de
l'extrémité temporale de la suture coronaire gauche à la suite de la ligature des caro-
tides.
Figure 8. Crâne normal à comparer avec celui de la figure suivante.
Figure 9. Synostose de la portion postérieure de la suture sagittale, à la suite de la
ligature des carotides.
PLANCHE V
Figure 1. Crâne de la planche IV, figure 8, vu de devant.
Figure 2. Crâne de la planche IV, figure 9, vu de devant.
Figure 3. Crâne de la planche IV, figure 8, vu de côté.
Figure 4. Crâne de la planche IV, figure 9, vu de côté.
Figure 5. Crâne normal â comparer avec celui de la figure suivante.
Figure 6. Synostose partielle de la suture frontale à la suite de la ligature des caro-
tides.
Figure 7. Moitié antérieure du crâne de la figure 5 vue de dedans.
Figure 8. Moitié antérieure du crâne de la figure 6 vue de dedans.
Figure 9. Synoslose de la suture sagittale.
Figure 10. Moitié antérieure du crâne de la figure II vue de dedans.
Figure 11. Synostose de la suture coronaire droite à la suite de la ligature des caro-
tides.
EXPLICATION DES PLANCHES. 91
Figures 12 et 13. Synostose de la suture coronaire gauche du crâne d'une taupe. Vu
de dessus et de dessous.
PLANCHE VI
Figures 1, 2 et 3. Crâne de lapin avec synostose de la suture coronaire gauche, état
fœtal de la suture temporale gauche et deux lacunes dans les os frontaux, à la suite de
la ligature des carotides. Vu de trois côtés différents.
Figures i et 5. Crâne normal vu de dessus et de derrière. A comparer avec les ligu-
res 6 et 7.
Figures 6 et 7. Crâne avec synostose des sutures qu séparent la portion articulaire
de l'os occipital de son écaille. Vu de dessus et de derrière. (La lacune qu'on voit à
ces figures comme aux deux précédentes dans les os pariétaux est artificielle.)
Figure 8. Suture sagittale lisse, conséquence de la ligature des veines jugulaires.
Figure 9. Synostoses en forme de ponts à la suture sagittale, conséquence de la liga-
ture des veines jugulaires (comp. pi. I, fig. 11).
Figure 10. Synostose partielle congénitale de la suture sagittale (comp. pi. I, fig.
12).
Figure 11. Suture sagittale lisse, conséquence de la ligature des carotides.
Figures 12 et 13. Atlas et épistrophée dont les trous transversaux (pour l'art, verté-
brale) se sont agrandis à la suite de la ligature des carotides.
Figures 14 et 15. Atlas et épistrophée d'un lapin normal. A comparer avec les deux
figures précédentes.
Figure. 16. Maxillaires inférieurs du crâne de la planche IV, figure i.
PLANCHE VII
Figure 1. Formation d'un écartement à la suite d'une incision pratiquée à travers
l'os frontal et l'os pariétal.
Figure 2. Formation d'un écartement à la suite de l'excision d'une bandelette d'os
enlevée à l'os pariétal.
Figures 3 et i. Formation d'un écartement du crâne à la suite de l'extirpation de
l'hémisphère cérébral gauche.
Figure 5. Excision d'une bandelette d'os dans chacun des os pariétaux. Avancement
des os frontaux dans l'écartement produit.
Figure 6. Excision d'un petit triangle d'os dans l'os pariétal droit. La lacune ainsi
formée a été comblée par l'os pariétal gauche.
Figures 7 et 8. Extirpation de l'os interpariétal. La lacune ainsi formée a été comblée
par les os limitrophes.
Figure 9. Marques faites aux os pariétaux et frontaux.
9-2 EXPLICATION DES PLANCHES.
PLANCHE VIII
Figures 1 et 2. Crâne dilaté à la suite de l'excision de la suture sagittale, de la for-
mation d'un écartement, et d'une encéphalite consécutive. Vu de dessus et de dessous.
Figure 3. Voûte crânienne rétrécie et aplatie dans toutes les dimensions à la suite
de l'extirpation des deux hémisphères cérébraux. La plaie de l'os s'est cicatrisée et
toutes les sutures se sont conservées.
Figure i. Voûte crânienne normale. A comparer avec la figure précédente.
Figure 3. Voûtes crâniennes des figures 3 et i vues de côté.
Figure G. Les mêmes vues de devant.
Figures 7, 8, 9 et 10. Segments transversaux du crâne (région du bulbe olfactif)
d'un lapin auquel on avait oblitéré la narine droite, ce qui avait occasionné l'atrophie
do bulbe olfactif droit.
Figures 11 et 12. Moitié antérieure et moitié postérieure du crâne d'un pigeon au-
quel on avait détruit la rétine droite. La cavité du crâne destinée à recevoir les lobes
optiques est beaucoup plus petite à gauche qu'à droite.
Figures 13 et 1-i. Moitié antérieure et moitié postérieure du crâne d'un pigeon auquel
on avait enlevé les deux rétines.
Figures 15, 16, 17, 18 et 19. Segments transversaux d'un crâne de lapin normal. A
comparer avec les figures suivantes.
Figures "20, 21, 22, 23 et 21. Segments transversaux du crâne d'un lapin auquel on
avait détruit les deux rétines et oblitéré les deux méats auditifs externes.
Les figures 15 et 20 représentent la région des bulbes olfactifs. Dans la figure 15
l'espace cérébral est plus petit, le crâne plus épais; dans la figure 20 l'espace cérébral
est plus grand, le crâne plus mince. Dans les ligures suivantes les rôles sont intervertis.
PLANCHE IX
Figure 1. Segment du crâne renfermant la partie antérieure de l'orbite. Lapin nor-
mal.
Figure 2. Même segment du crâne chez un lapin auquel on avait enlevé les deux
rétines après avoir extirpé le tiers antérieur du bulbe de l'œil.
Figure 3. Même segment du crâne chez un lapin auquel on avait enlevé la rétine
droite seulement.
Figures î, 5, 6 et 7. Crâne d'un lapin auquel on avait énucléé l'œil gauche. Vu de
dessus, de dessous et de chaque côté.
Figure N. Moitié antérieure du même crâne vue de dedans.
Figures 9 et 10. Les deux omoplates d'un lapin auquel on avait paralysé les fléchis-
seurs de la patte antérieure gauche en coupant et disloquant les nerfs cervicaux gau-
ches •"> et 6.
EXPLICATION DES PLANCHES. 93
Figures 11 et 12. Omoplates d'un lapin auquel on avait paralysé les extenseurs en
coupant et disloquant les nerfs cervicaux gauches 7 et 8.
Figure 13. Segment du crâne d'un lapin dont l'arcade orbitaire d'un côté a été dé-
viée en bas à la suite d'un ankyloblepharon artificiel.
PLANCHE X
Figures 1 et 2. Scoliose de la base du crâne à la suite de l'extirpation d'une portion
de l'hémisphère cérébral gauche. Le sillon sphénoïdal (sulcus sphenoidalis, Krause) a
été recouvert par l'os et transformé en canal.
Figures 3 et i. Voûte du crâne de deux lapins opérés de la même façon que ceux
des figures précédentes.
Figures 5 et 6. Omoplates d'un lapin auquel on avait désarticulé l'humérus gauche.
Figures 7 et 8. Os de l'avant-bras d'un lapin auquel on avait enlevé toutes les parties
molles de l'avant-bras droit, en ne laissant que les os et la peau.
Figures 9, 10, 11 et 12. Les deux humérus d'un lapin auquel on avait désarticulé
l'avant-bras gauche. Vus de devant et de derrière.
Figures 13, 14-, 15 et 16. Les deux humérus d'un second lapin traité comme celui
des figures précédentes (9-12).
Figures 17, 18, 19 et 20. Les deux pattes antérieures d'un lapin auquel on avait
coupé et disloqué le plexus brachial gauche, puis extirpé les os de l'avant-bras gauche.
PLANCHE XI
Figures 1, 2 et 3. Crâne (vu de dessus et de dessous) et mâchoire inférieure d'un
lapin auquel on avait extirpé le nerf facial gauche. Scoliose du crâne.
Figure i. Crâne d'un lapin auquel on avait extirpé la patte antérieure droite avec
l'omoplate. Déviation à gauche de l'écaillé de l'occipital.
Figures 5 et 6. Crâne d'un lapin auquel on avait extrait incomplètement les dents
molaires du maxillaire inférieur gauche.
Figures 7 et 8. Crâne d'un lapin auquel on avait extrait complètement les dents
molaires du maxillaire inférieur gauche.
Figure 9. Formation d'un écartement au crâne à la suite de l'excision de la suture
sagittale. Du reste le développement du crâne est normal.
Figure 10. Légère scoliose du crâne à la suite d'un développement inégal des os
frontaux et pariétaux.
Figure 11. Scoliose du crâne à la suite de l'extirpation de l'hémisphère cérébral
gauche. Formation d'un écartement, et synostose partielle de la suture coronaire
gauche.
TA 11 LU II KS IIATI lillHS.
TABLE DES MATIÈRES
PREFACE DU TRADUCTEUR V
PRÉFACE DE L' AUTEUR VU
DE LA CROISSANCE DU CRANE
PREMIÈRE PARTIE
PHÉNOMÈNES DE CROISSANCE CONCERNANT LES OS SEULS.
Chapitre I. Origine des sutures du crâne. Leur forme dépend de la direction
des canaux de Havers 4
— II. Exceptions apparentes à cette règle fi
— III. Excision d'une suture. Sa régénération 9
— IV. Formation de sutures entièrement nouvelles dans la continuité des
os 11
— V. Le doublement d'une suture ne change en rien la forme du crâne 15
— VI. Atrophies partielles du crâne produites au moyen de la ligature
des carotides. Rétrécissements sans synostose. Rétrécissements
avec synostose 19
— VII. Dans la région atrophiée du crâne les sutures non oblitérées de-
meurent à l'état fœtal. Conduite des sutures voisines 24
— VIII. Continuation du chapitre VI. Rétrécissements sans synostose. Ré-
trécissements avec synostose 28
1 . Rétrécissements sans synostose 30
2. Rétrécissements avec synostose 35
— IX. Ligature des veines jugulaires. Synostoses sans rétrécissement. . . 40
— X. Ralentissement et arrêt de la croissance aux sutures 44
96 TABLE DES MATIERES.
Chapitre XI. Croissance des os du crâne par le périoste externe et interne. ... 46
— XII. Croissance interstitielle 49
DEUXIEME PARTIE
INFLUENCE D'AGENTS C1RCONVOISINS SUR LA CROISSANCE DU CRÂNE.
CiuriTRE I. Dépendance mutuelle du cerveau et du crâne dans leur croissance.
— Lésions du cerveau. . „ 57
— IL Dépendance mutuelle du cerveau et du crâne dans leur croissance.
Lésions du crâne 68
— III. Indépendance relative de la croissance du crâne, ainsi que de
celle d'autres os 74
— IV. Influence des organes des sens sur la croissance du crâne 80
— V. Influence des muscles sur la croissance du crâne 8i
— VI. Influence des dents sur la forme du crâne 87
FIN DE LA TADLE DES MATIERES
PARIS. — IMPRIMERIE DE E. MARTINET, RUE MIGNON, 2.
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