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UNIVERSITY OF
TORONTO LIBRARY
The
Collection
in the History
of Medical
and Related
Sciences
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Ù | SC /0
RECHERCHES
_ INTERESSANTES
S U Ré;
L'ORIGINE ; LA FORMATION, Le De-
| VELOPEMENT, LA STRUCTURE, &cC.
. DES DIVERSES ESPECES DE
VERS À TUYAU,
Qui infeftent les Vaiffleaux , les Di-
_gues , &c. de quelques-unes des
PROVINCES-UNIESs.
Par P. MASSUET, Dr. er Medecine,
ON Y À JOINT.
Les Procès-Verbaux qui ont été dreffez, par
les Infpecteurs des Digues, au fujet du
Dommage caufé par ces Vers.
A V2" C
Leurs differentes Figures en Taille-douce 4
gravées d’après nature. |
ï À
| 9e
-
A AMSTERDAM,
Chez FRANÇOIS CHANGUION:
MDCCXX XIII.
ttes |
& Es
RSS TOURAS
ÉNE SPEE RER SES
BAPE CA TTON
Des Figures de la Planche id
vante.
| n 1°. Figure reprefente un Ver ä
Tuyau dont la queuë fe termine par
deux corps fourchus , placez à la même
hauteur & à l'oppoñité l’un de l'autre.
Ils tienhent tous deux à un pedoncule |
fort delié, aflez court, & que l’on voit
à peine. Ce pedoncule eft une efpece de
fibre pliable ; qui donne lieu à chaque
corps fourchu de pouvoir fe jetter en de«
hors dans le befoin. Lé deux ôu trois
fibres charnues ; qui pendent auffi au bout
de la queuë , font comme cachées entré
les deux corps fourchus ; én forte qu’on
ne peut les voir diftinéterent qu’en écafà
tant de part & d'autre ces deux corps
dont ils font couverts (*).
| La 2°, Figure fait voir une autre fre
Le de
_ (*) Voyez la Lettre fuivante , pag. 8. jufqu'à
B pag. 19.
L'OANEUES
de Pér à nas qui ne differe fente
lément du précédent , qu'en ce qu'il n’a
ni corps fourchus ; ni fibres charnues à
l’extremité de la queuë. (*)
. Nous avons oublié de remarquer , en
donnant la defcription de ces deux efpe-
ces de Vers, qu'il-y en a un grand nom-
bre auxquels on voit des rayes blanches ,
rouffâtres & prifâtres ; qui s ’étendent de-
puis la tête jufques près de la queuë. Il
y a encore d’autres Vers qui ont la queué
obtufe ; mais il en eft fait mention dans
le corps de l'Ouvrage. (+).
Lx 3e. Figure démontre un Ver d’une
fruité affez finguliere ; & bien diffe-
rente de celle des deux précédens. Jen’ai
pas donné dans ma Léttre la defcription
des Vers de cette efpece ;: par cequ'elle é-
toit: prefque entierement imprimée, lors-
que J’ai eu occafion d’éxaminer de pareils
Infetes. Voici en peu de mots ce qu’on
ÿ trouve de plus remarquable. ‘Tous ceux
que j'ai vus étoient de couleur grifitre.
Quelques-uns d’entre eux font plus longs
que le doigt du milieu, & à peu près de
ls 5 co d’une plume d’ Oye. su y en
_æ Ibid. pag. 8. & fiv.
_ (+) éd, pag. 18.
SZ - #0,
RÉ ES : «
w-
a de moins longs & de moins gros. Leur:
corps, qui eft un peu applati ; va toû-
jours en diminuant du côté de la queuë
qui finit en pointe. On apperçoit de
chaque côté du corps comme une efpece
de Scie , (*) qui s'étend depuis le cou
jufqu’au bout de la queuè. Les dents de
cette Scie font comme autant de petites
pattes fort courtes & un peu fourchues.
Lorfqu’on les confidere de près ou à lat-
de d’un Microfcope, on remarque à Fex-
tremité de chacune d’élles deux petits
éguillons aflez fermes & fort pointus. Il
reone prefque tout le long du corps ün
petit filon qui eft également diftant des
deux fcies. Ce fillon ne fe trouve que
fur un feul côté , & il eft difficile de
favoir s’il eft creufé fur le dos ou fur le
ventre ; parcéqu’on ne voit aucune Mär=
que qui diftingue ces deux parties l’une
de l’autre. Il y a des Vers de cette es-
pece auxquels ôn ne remarque point ce
fillon. ‘ÆEa tête de ce vilain Infecte eft
toute d’une feule piece ; telle qu’elle eft
CSC + 3 re-
(*) J'avois été mal informé & je n'avois pas
encore vu ces Vers, lorfque j'ai écriti {pag. 72.)
qu'ils o4t deux Scies , l’une fur le dos; l'autre
fous de ventre.
ÿt
reprefentée dans la Figure. On appércoit
un creux au fommet de la tête , qui eft
‘apparemment l'ouverture de la gueule. Il
eft du moins certain qu’on ne découvre
aucune autré cavité , par laquelle ce Ver
_ puifle donner paflage à ce qui lui fert de
nourriture. Il n’eft point armé d’un
cafque , & on ne lui voit ni dents, ni
vrillé, n1 aucun autre inftrurnent capable
de faire le moindretrou. Avec quoi donc
s'ouvre-t-1l un paflage dans le bois ? J’a-
voue que je l’ignore entierement. Mais.
ne diroit-on pas que ce Ver a été décapi«
té , & que ce qui paroit être fa tête,
n’eft autre chofs que fon coû? C’eft cet-
te partie néanmoins qui lui tient lieu &
de coû & de tête. J’avois cru d’abord
que celui de qui j'ai reçu ce Ver, n'au«
roit pas pris toutes les précautions neces-
faires pour le tirer du bois fans le rom
pre, & que peut-être fon cafque où quels
2 autre partie équivalente auroit été
éparée du refte du corps. Mais cette
perfonne m'a affuré que l’ Animal étoit en
fôn entier. La même piece de bois dans
laquelle il s’eft trouvé en renfermoit en-
core plufieurs autres qui étoient faits de
k fême maniere, Ils étoient de compa-
su "A gnie
| VIx nc
gré avec un grand nombre de Vers de
l'efpece précédente , & tous enfemble a-
voient contribué à cribler un gros pilier
dans lequel on les a furpris. Dans la fui-
te j'ai eu occafion de voir encore de pa-
reils Vers armez de deux fcies , & je les
ai tous trouvez conformes à celui dont
je donne ici la figure. f’aurois été cu-
rieux de favoir s'ils avoient été renfer-
mez dans des tuyaux , mais je n’a pû
me fatisfaire à cet égard. Souvent ceux
qui ont le plus de commerce avec ces
Vers, ne les connoiffent pas. Ne pour-
roit-on pas regarder ceux dont nous par-
! Tons, comme un Peuple nouveau , & com-
me une Race inconnuë jufqu’à prefent à
tous les Naturaliftes ? Le feul Infecte qui
ait quelque reffemblance à celui-ci, c’eft
une efpece de Scolopendre de Mer , dont
on trouve la figure dans Jonfton. (*)
La 4e. Figure reprefente une petite
piece de bois, rongée par les Vers; mais
cette Figure ne nous fait connoître que
très-imparfaitement le degât affreux que
çaufent ces petits Animaux. Ceux qui
| | ont
€) De Imfedtis, Lib. 3. Tab. xvis, Fig. te
ŸYIIr '
ont vu des Gâteaux de Mouches à
Miel, peuvent fe former une idée de l’é-
tat où fe trouvent les piliers des Digues,
‘après qu'ils ont été ainfñ criblez. (*)
La 5°. Figure fait voir les piliers des
Digues de ce pays, que les Vagues en-
trainent dans la Mer , & que le moin-
dre choc peut faire tomber. Ils {
rompent ordinairement par le bas ,; qui
eft l’endroit toûjours le plus endomma-
gé , & par où commence tout le des-
‘ordre. (+)
i (%) Voyez la Lettre fuiv. pag. 21. 22. 23,
(+) Ibid. pag, 41.
ET.
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7 Haignénf mn, 1 Moule rafle de 1
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DE MONSIEUR
PIERRE MASSUET.:
DOCTEUR EN MEDECINE:
+ A UN DE SES AMIS
Sur une efpece de Ver a Tuyau,
qui crible les Vaifleaux , €»
ronge les Piliers des Digues à de
L Hollande.
RES ms L eft difficile. ; Moins
art ÆS de vous fatisfaire fuf
Na EN AA . certains articles de vôtre
Sem Lettre, Vous voudriez,
fa c tout, que je vu nufle au ee
6
dé tout ce qui regarde l'hiftoire
naturelle des Vers qui font ici tant
de ravages. Vous tâchez de m'y
engager. par cette confidération,
que je fuis dans une Ville où tout
le monde en parle, & où parcon-
féquent chacun doit les connoitre.
Je conviens avec vous, Monfieur ,
‘que’ jamais nous n’avons eu, pour
ainfi dire, tant de commerce avec
les Vers, qu’à préfent. Tout: Am-
‘ fterdam en eft rempli. On nous
en envoit de Zeeland , du Teffel,
de Æorn, & de differens endroits.
Nous recevons ici de gros.pilers
ui en font tout percez & qui en
rénferment par milliers. Tout ce-
la: fe partage :& 1e diftribue enfui-
te. Les uns en confervent. dans.
des liqueurs | & d’autres après a-
voir-fatisfait leur curiofité en:font
prefent à leurs amis. Je connois
même des Marchands qui. en ont
envoyé à leurs Correfpondans dans
les pays étrangers, Jamais on ge
(FA je
fait tant d’ufage des Loupes & des.
Microfcopes. On veut connoître
la ftructure de ces petits animaux,
& on eft curieux de favoir com-
ment font faits les inftrumens qu’ils
employent, pour miner dans moins
de fix mois ce qui devroit fe con-
ferver pendant plufieurs années.
On s’emprefle de les voir en vie,
tandis qu'on cherche tous les mo-
yens de les faire mourir. Il n’y a
en effet perfonne qui ne s’'interefle
férieufement à leur entiere deftruc-
tion. On les regarde, & avec rai-
fon, comme des ennemis très-dan-
gereux. De tout tems on a tou-
Jours. eu une certaine indifference
pour des animaux aufli viles | &
dont la petitefle & la figure n’ont
rien en apparence que de fort me-
prifable. Mais ceux-ci fe font re-
douter de bien des gens, qui crai-
gnent qu'on ne puifle remedier aux
dégâts qu’ils font journellement en
differens endroits. Vous jugez
ES DURS 0 0 HI
+ ue
; + 2e |
bien, fans doute, que cette crain-
te eft très-mal fondée.
Avec tout cela, Monfieur, je
fuis fort embaraflé de vous répon-
dre. Vous avez cru que tous ces
Animaux qui fe trouvent repandus
en tant de differens endroits, &
qui nous afliécent de tous côtez,ne
faifoient qu’un feul, peuple & une
même race. Vous Îles avez regar-
dé comme un ennemi étranger
nouvellement arrivé des Indes dans
nos propres Vaifleaux , & peut-
être qu'Eux & leurs Ayeux font
originaires de ce pays. Vous vous
été perfuadé qu'aucun N'aturahifte:
n’avoit jamas fait mention d'une’
pareille vermine: vous allez jufqu'à
diré qué ce n’eft que depuis peu
qu’on la découverte dans les piliers
de nos Digues ,. & néanmoins je
trouve tout le contraire.
_ Voyez donc, Monfieur, à quoi
vous m'expofez en voulant m'en-
gager d'écrire fur cette "+
ar
CFy à
Carenfin , sil eft vrai qu'il y ait
plufieurs efpeces de ces Vers , je
ne puis guère me difpenfer de vous
donner une idée de chacune d’El-
les en particulier ; ce qui demande
alors une infinité de recherches
qu'il n’eft pas facile de faire fans
{e tranfporter fur les lieux. S1 je
vous dis, comme bien des perfon-
nes le penfent, que ces vers nous
viennent de lAmerique , jaurai à
craindre qu'on ne m'objeite qu'ils
{ont nez ici , que nos Vafleaux
s’en font chargez dans nos propres
Ports; qu'ils leur ont fait pañler la
Mer, les ont tranfporté jufqu’aux
Indes, & des Indes ici. Croyez
vous qu'il füt aifé de réduire au f-
dence un homme qui me feroit cet-
te objection ? Enfin s'il fe trouve
que quelques Auteurs ayent déjà
€xaminé ces vers en Phyficiens,
n’aura-t-on pas lieu de me repro-
cher, que je ne fais qu’expofer.des
chofes que d’autres ont remarquées
' À 3 long-
! C6.
Jlong-tems avant moi. -Toutes ces
‘raifons, Monfieur , devroient me
porter à ne vous point parler de
ces Infeétess; mais vos inftances fur
-cet article font fi fortes, que jeme
‘fuis enfin déterminé à vous faire
“part du peu que j'en fai.
Les premiers de ces Vers que
J'ai eu occafion d'examiner, avoient
tout au plus quatre ou cinq lignes
de longueur. Ils avoient la tète
‘un peu pointuë & noirâtre. La
queuë étoit obtufe & comme cou-
pée. Depuis la tête jufques près
de la queuë reonoit une ligne fort
droite , aflez mince & de couleur
mnoirâtre. Elle paroïfloit être pla-
cée dans le corps même du petit
animal , & non fur la peau. On
cût pris cette ligne pour un vaif. |
{eau fanguin , qui fe faifoit voir à
travers les membranes dont il étoit
couvert. Ces Vers fe remuoient
avec aflez d’agilité, à moins qu'ils
me trouvaflent quelque petit trou
R qu
NJ
où ils puflent fe refugier. Ils a-
voient été tirez d'uu pilier des Di-
gues tout criblé, & dans lequel on
en avoit rencontré de beaucoup
plus gros, & faits d’une autre ma-
niere. J’avois grande envie de les
Conferver pour les examiner de
plus près dans la fuite , & remar-
quer les. changemens qui pour-
roient leur arriver. Pour cet effet
je les avois renfermé dans la même
piece de bois , dans laquelle ils 2-
voient été trouvez, & les avois mis
Enfuite dans une grande bouteille à
demi-remplie de l’eau du canal,
en telle forte néanmoins que len-
droit où 1ls fe trouvoient logez,
étoit élevé au deflus de la fuperf-
cie de l’eau à la hauteur d'environ
deux. pouces. ‘: Au bout de trois
Jours 1l s’en trouva deux de morts
& comme fondus. Le troifiéme
étoit encore plein de vie, mais le
lendemain 1l'eut aufli le même forc
que les précédens.. --
À 4 J'ai
(8).
J'ai trouvé dans une autre piece
de bois de Sapin , qui avoit été
envoyé de Æorn, des Vers de dif-
ferente grandeur, mais tous de mé.
me efpece. En voici la defcrip-
tion. Ils ont comme ceux dont
nous venons de parler une ligne
noirâtre, qui s'étend depuis la té-
te jufques près de la queuë. Les
plus grands ont tout au plus deux
pauses de longueur. La tête eft
beaucoup plus grofle que le refte
du corps. On ne leur remarque
aucune patte fous le ventre, mème
à l’aide d’un Microfcope. Ils font
de couleur blanchâtre. Leur chair
eft mollafle, vifqueufe, & a fi peu
de confiftance , qu’il étoit prefque
impoñlible de les dégager des tu-
aux où 1ls étoient renfermez, fans
es rompre. Îls ont le cou extré-
mement mince & delié. Le corps
eft beaucoup plus gros | mais 1l fe
rétrécit infenfiblement vers la
queué. Cette derniere RTC En
?Qf-
D CR
d'ordinaire ‘par trois fibres char-
nues qui n’ont aucune adhérance
les unes avec les autres, quoiqu’el-
les {e touchent & femblent ne for-
mer qu’une feule piece. |
Mais voici ce que j'ai trouvé
d'aflez remarquable dans ces In-
fectes. Ce font deux petits corps
blanchâtres & fort durs , placez
aux deux côtez des trois fibres
charnues. Ils font à peu près de
la longueur de ces fibres , qu'ils
compriment & qu'ils tiennent com-
me aflujettiés au milieu d'Eux. ls
font attachez à un pedoncule fort
delié & aflez court, qui part com-
me les fibres de l’extremité de la
queuë. : Hs font un peu applatis
& de figure oblongue. On. voit à
leur extremité une échancrure qui
reprefente aflez bien un v renverté:
Chacun de ces petits corps ou 4p-
pendices eft compolé de deux la-
mes, entre lefquelles on apperçoit
dans le fond de léchancrure un
0 trou
(ro)
trou qui pénetre jufqu’aux pedon-:
culés. Ce conduit forme entre les
deux lames une efpece de concavi-
té qui fait qu'elles paroiflent un
peu relevées en dehors. On con-
çoit aifément par la maniere dont
ces corps font taillez qu’ils doivent
être fourchus, auñli le font ils vers
leur extremité. Ils font même fort
durs , fermes , & d’une fubftance
parcille à celle des yeux d’Ecrevif-
fes : c’eft du moins ce qui paroit,
_ Jorfqu'on les à reduits en poudre. :
Ils ne perdent rien de leur volume
après la mort du Ver , quoique le
refte du corps fe reduife prefque
à rien, lorfqu’on le fait fecher.
Qui fait Pufage de ces Appendi-
ces ? Elles en ont un cependant,
mais à peine oferoit-on faire la
moindre conjecture fur cela. f’ha-
Zarderai néanmoins celle-ci. Les
Vers à tuyaux, tels que font ceux
dont nous parlons, n’ont rien qui:
leur fcrve d'appui & de La
| leur
CR
leur corps eft uni , liffé, & on ne
leur remarque aucune patte., Se-
condement la furface interne des
tuyaux dans lefquels ils font ren-
fermez eft aufli aflez polie, & ce
n’eft que par le moyen d’un Mi-
crofcope qu’on y apperçoit de pe-
tites éminences. - Troifiémement
nous apprenons de ceux qui ont
eu plus de familiarité que nous a-
vec ces Vers , & qui ont eu occa-
fion de les voir travailler | qu'ils
attaquent ordinairement les piliers
par le bas, & montent enfuite jus-
qu’à l'endroit où ces piliers {e trou-
vent de niveau avec la fuperficie de
l'eau. Quatriémement le travail
de ces Vers doit étre auñli fort ru-
de & fort penfible , & la tète qui
fait cout l'ouvrage elle feule , fem-
_ ble exiger quelque fecours & quel-
que appui du refte du corps. Je
crois donc que ces petits corps
blanchîtres & fourchus leur tien-
nent lieu de pattes, & qu'ils _
| (Qu
(12)
fervent pour {€ cramponer & fe
foutenir le long de leurs tuyaux,
fur tout lorfqu'ils font obligez de
monter ou de percer le bois ; car
on conçoit qu'ils doivent travailler
beaucoup plus à leur aife lorfque
leur corps eft anfi affermi Il
femble que c’eft là le principal ufa-
ge de ces deux Appendices. I
faut néanmoins convenir qu'ils
peuvent aufli fans ce fecours avan-
cer , fe trainer & même grimper
le long des tuyaux ; par le feul
mouvement de contraétion , ‘tel
qu’eft celui de la plûpart des vers
eterre, des Limaçons & de plu-
fieurs autres infetes. Ils font
d’ailleurs toûjours enduits d’une
matiere vifqueufe & gluante , qui
eft capable de les tenir un peu en
arrêt , lorfqu’elle fe colle & s’atta-
che aux parois des tuyaux.
Difons à prefent uu mot de la
tête de ces vilains Animaux, qui
eft caufe elle feule de tout le 4
Of-
bd (MR.
fordre. : Cette tête ou l’on ne dif-
tmgue aucune partie eft renfermée
entre deux coquilles, qui forment
enfemble comme un bourrelet.
Une membrane les joint Pune à
l’autre par derriere , & les attache
en même tems à la tête. Par de-
vant elles font feparées, & un peu
récourbées en dedans. ELorfqu'on
les éxamine de près, on voit qu’el-
les ont à lextremité interieure une
efpece de bouton extrémement pe-
tit, qui eft de même fubftance que
le refte de la coquille. Elles ont
encore toutes les deux une entail-
lure, qui ne femble être faite que
pour donner lieu à la tête de pou-
voir s'étendre &. s'élargir fur les
côtez. En effet le fommet de la
tête eft tout à découvert & de fi
gure oblongue , de maniere que
les deux bouts qui ont le plus d’é-
tendue , repondent directement
aux deux entaillures. On voit en-
je
core de chaque côté au bas & Lo
| Ce
(14)
defaut du bourrelet une forte d'a
longement un peu arrondi & tour-
né vers le dos. Telle eft la forme
du Cafque dans les plus gros Vers;
mais Jai vû quelques-uns de .ces
cafques qui couvroient: preique |
toute la tête | & n’avoient qu une.
tres-petite ouverture. … |
. A l'égard de lufage de ces deux.
Coquiles , il eft à croire que le
Ver s’en fert comme de deux Vril-
les, en forte que chacune d’Elles.
peut agir feparément & en même
tems. |
. Du refte cet inftrament ft of-
feux , fort dur & tranchant par
devant. fai vü de gros morceaux.
de bois tout percez, fans qu'il sy
trouvat-un. feul ver : 1l y avoit .{eu-
lement diverfes. coquilles ,. qui a-,
voient autrefois formé les cafques "1
& un grand nombre de cès appen-
dices dont 1l,a été fait mention.
C'étoit-là les feules depouilles de
ces vers. Peut-être leur corps Fe
| (15)
il de nourriture à d’autres infettes.
Voici fur quoi je fonde cette con-
jecture. Ayant reçu une piece de
bois d’une grofleur confiderable,
criblée & rongée de toutes parts,
je louvris me flattant que j'y fur-
prendrois encore quelques-uns de
ces vers; mails Je n'y apperçus que
des cafques, des appendices de la
queuë, & environ cent cinquante
petits corps que lon auroit pris
pour des crotes de fouris. Ils é-
toient couchez çà & là dans la
plüpart des tuyaux. C'étoient des
Nymphes toutes noires, de figure
oblongue , pointues par les deux
bouts ,; & qui avoient chacune
neuf anneaux. ÆEn ayant ouvertes
quelques-uns, j'y trouvai des mou-
ches, qui commençoient à fe de-
velopper. On leur voyoit déjà
une grofle tête & de gros yeux.
_ Leurs ailes étoient couchées fur les
côtez, & leurs pattes repliées fous
Je ventre. Plufieurs perfonnes de
| ma
t à
ke 9 SH
(16)
fa connoiflance ont rencontré de
pareilles mouches dans les ruyaux
de ces vers , & un Curieux m’a
fait voir à Paide d’un excellent Mi-
crofcope une de ces mouches, qui
étoit entiérement formée, & fur le
point de fe dégager des envelop-
pes qui la couvroient. (C'eft un
botte affreux à voir, & qui ren:
ferme dans fa petitefle, un nom:
“bre prefque infmi de parties.
‘doit donc croire que des mouches
‘ayvoient dépofé leurs œufs fur les
cadavres des vers à tuyaux, afm
que ces derniers ferviflent de nour-
riture aux Embryons qui dévoient
“naître de ces œufs, & fe métamor-
phofer enfuite en mouches.
De tous les Vers à tuyaux
couverts d’un cafque, que j'ai eù
‘occafion d’éxaminer , je n’en ai
point vû de plus gros, n1idemieux |
formez que ceux dont je vai don-
ner la defcription, & que je con-
{erve dans une liqueur. ls avoient
| | été
4 A | y)
&
| été envoyez de Sravéren , Ville
_ de la lrovince de Frife, renfer-
1 mez dans une grofle piece de bois,
_ Vers font un peu plus longs que
hat La queuë eft moins grof.
fe que le refte du corps, & le cou
. eft encore plus mince quelx queué.
ls font d'un gris cendré , & on
Leur remarque quelques rayes noi-
_ fâtres qui s'étendent vers la queuë.
D Écé peau eft toute ridée en cer
4 tains endroits, & forme quelques
fois de grofles côtes qui regnent
" depuis le cou jufqu’à l'endroit où
L: . Le corps commence à fe rétrécir.
. Leur cafques ne different en rien
. de ceux des vers précédens. Ils
ont aufli les mêmes appendices ou
: éorps fourchus aux deux côtez de
| Pextremité de la queuë. Il eft
. bon de remarquer qu'il y a beau
“kon de ces vers auxquels on ne
"4 Ne trour
qui étoit entierement rongée. Ces
le doigt du milieu, & ont le corps
us plus gros qu'une plumé
Ve
(18)
trouve point ces corps fourchus;
& qui ont la queuë obtufe & com-
me coupée. Cela vient fouvent, à
ce que je penfe, de ce qu’on n’a
pas foin ,de les tirer doucement
des tuyaux dans lefquels ils font
fort à l’étroit & comme enclavez;
car alors une grande portion de la
queuë qui eft vuide, fort mince,
& tranfparente fe détache facile-
ment du refte du corps qui et
plus ferme, plus folide, & renfer-
me une efpece d'inteitin que l’on
apperçoit en quelques endroits à
travers la membrane qui couvre
tout le ver.
Il n’y a point de doute que tous
ces Vers ne foient de la même ef-
pece. Toute la difference qu’on
y remarque confifte fur tout dans
L grandeur, qui n’eft pas toujours
la mème, & qui ne doit pas l'être
en effet ; puifqu’un ver qui ne fait
que de naitre, doit être naturelle-
ment beaucoup plus petit qu'un
au-
(19)
autre ver de même efpecé, Qui au:
roit eu tout le tems de croître &
de groflir. À Flégard des trois
plus petits dont j'ai parlé en pre
mier lieu, ils avoient beaucoup de
rapport avec les autres, quoiqu’ils
fuflent fans cafque ; mais il eft à
préfumer que le cafque ne fe fore
me qu’infenfiblement & que ces
vers n’en ont point au fortir de
l'œuf , de même qu'ils naiïflent
tous fans tuyaux. Je n’ofe cepen-
dant rien dire de pofitif fur cet at-
ticle | parceque je n’ai pas tiré
moi-même ces vers du bois. Ce
qu'il y a de certain c’eft que les
coquilles des petits vers ne paroif-
fent prefque pas , & n’ont que
très-peu de confiftance ; au lieu
que celles des plus gros font dures,
ofleufes, & fort tranchantes.
On m'a afluré qu'on avoit vû -
de ces vers , qui avoient jufqu'à
quatorze pouces de longueur.
Auroit-on cru, peut-être, que les
| HS vers
ON
vers fuflent effectivement auffi
longs que les tuyaux où ils fe tien-
nent, ou que les trous qu’ils ont pér-
cez. J’ai vu quelques tuyaux difpo-
ez felon le fil du bois qui avoient
beaucoup au delà de quatorze pou-
ces de longueur ; mais il ne faut
pas juger de la grandeur d’un ver
par celle de fon tuyau, on trouve
quelquefois des tuyaux extreme-
ment longs , quoiqu’ils fervent de
demeure à des vers aflèz petits.
Il n’y a cependant pas lieu de
douter qu'il n’y ait des vers de
cette longueur , & je crois que
l’on peut ajouter foi à PExpofé des
Intendans des Digues de Drech-
Zerland au fujet des defordres cau-
{ez par ces vers. Ces Meflieurs
nous apprennent (*) gwayant fen-
du un des piliers des Digues a+
vec une hache , 1ls y trouverent
| | des
| [OR Voyez le Nederlandfche maandelyke
Poft-Ryder voor de maand Oltober » 1732.
pag. 465. | | ;
te: 0
des vers d'une groffeur extraor-
dinaire © qui étorent encore en
vie. Lls avoient, difent-ils, juf-
qu'a quatorze pouces de longueur,
mefure d'Amjterdam. Les plus
gros avoient fuivi le fl du bois,
© peu s’en faut qu'on ne put imet-
tre le pouce dans les trous qu'ils
avoient faits. Îls montent ju/-
qu'à l'endroit du pilier où la ma-
rée s'éleve d'ordinaire , &@ lorf-
qu'ils pi parvenus à cette hau-
teur ts percent le bois en tra-
vers, © font enfuite un nouueau
trou qui les conduit en bas. C’eft
du moins ce qu'on peut préfurmer
par la difpolition de ces trous. ‘IL
paroit que chaque cavité devient
& plus profonde & plus large à
nefure que le Ver grofiit davan-
tage. Il femble encore que l’A-
mimal groffit à raifon de la force
avec laquelle il ronge le baïs....…
Mais ce qui eff fort furprenant
& tres-digne de remarque , c'eft
D: B 3 qu’on
(222
qu'on n'apperçoit [ur la furface
des piliers , que des trous extré-
mement petits © prefque imper-
ceptibles 3 ce qui eff caufe qu'on
a de la peine à découvrir s'ils
font effeifivement endommagez.
Il eft aflez étonnant que les
trous qu’on voit fur la furface des
piliers foient tous extrémement pe-
tits | tandis qu’on trouve dans le
cœur du bois des vers d’une grof-
“eur fi confiderable, Cela prou-
ve, ce me femble, qu’il n’y a que
les petits vers qui s’infinuent dans
ces piliers , qu'ils s’y nourriflent,
qu'ils y croiflent |, & y meurent
enfin fans jamais en fortir , lor{-
qu’ils font une fois parvenus à une
certaine grofleur. Il y a de ces
petits trous qui ne font que de la
profondeur de quelques lignes,
& dans lefquels on ne trouve ni
_Çafque , ni aucune autre depouille
du ver: marque certaine ou qu'il
eft mort en chemin, ou qu'il eft
| FE
(23)
retourné fur fes pas. Les vagues
qui viennent fe rompre de tems en
tems contre les piliers peuvent
aufli emporter ces vers , lorfqu’ils
n’ont pas ehcore penetré fort a-
vant. Quand ces trous font un
peu plus profonds on y apperçoit
des cafques infiniment plus petits
que ceux qui fe trouvent dans lin-
terieur du bois D’ordinaire ces
trous font placez obliquement,
parceque le ver affecte toujours de
fuivre le fil du bois. Il y a cepen-
dant des morceaux de bois qui
_ font percez en tous fens. J'ai mé-
me vü des nœuds d’une durcté
extraordinaire , qui étoient entié-
rement criblez. Quelquefois de
cent petits trous que l’on apper-
çoit fur la furface du bois, 1l n’y
en a pas dix qui ayent un pouce
de profondeur. Chaque trou sé-
largit toüjours à mefure qu’il de-
_ vicnt plus profond , & cette diffe-
rence cft fur tout beaucoup plus
B 4 {en-
He ON
fenfible dans les petits trous que
dans les grands. Ce phénomene
s'explique de lui-même. |
Un corps aufli mou & aufli foi-
ble que left celui des vers. en
queftion ,; avoit befoin de quelque
enveloppe particuliere , qui le mit
à l'abri de toutes les injures des
corps étrangers. La fageffe dela
Nature nauroit pas affez fait
pour la confervation des Ans-
Maux , fi contente d'avoir tra-
vaillé avec un art merveilleux
leurs delicates parties interieu-
res , elle eût negligé, d'employer
la mème adreffe à les defendre
contre des corps qui les environ-
nent: le trop rude attouchement.
de ces corps auroit bien-tôt dé-
truit ces canaux fi déliez , ces
fibres fé Jubtiles [ur lefquelles.
eft fondé tout le jeu furprenant.
des machines animales. Aujfi
la Nature a-t-elle pris foin de
revêtir ces délicates parties ”
L=
4 +» UPS, De He - AC
J Fr.
7 (M2
diverfes enveloppes qui ne pets
vent pas, aifément étre alterees
par les corps qui les entourents
aan feulement elle les a renfer-
mées dans. une derniere. peat
plus ferrée d plus folide que
les autres, mais elle a encore
ordinairement couvert cette der-
niere peau de poils ; de plumes,
d'écailles ; ou de coquilles. (®)
Tous les Vers que nous avons vûs
éroient renfermez dans des tuyaux
de figure cylindrique ; blanchä-
tres, quelquefois aflez minces, &
d’autretois fort durs & fort épais.
La fuperficie interne de ces tuyaux
eft beaucoup plus liflée que Pex-
terne, qui paroit raboteufe en cer-
tains endroits On droit qu'ils
font faits de la même matiere qui
compole les premiers lames de la
furface interne des écailles d’hui-
| B Corte tres +
{#) M, de Reaumur, des Coquilles des A
“imaux dans les Mamoir. de l'Acad. Roy. des
Scien, 1709. pag. 475.
CH
tres; mais ils font ordinairement
moins durs & fe brifent plus aifé-
ment. Ceux des gros vers font
toüjours beaucoup plus épais &
pe fermes que ceux des petits.
l'y a un grand nombre de ces tu-
yaux dans lefquels on peut intro-
duire une grofié plume d’Oye.
Lorfque le bois n’eft pas encore
fort endommagé, ils font pour la
plüpart difpoiez felon le fil du
bois; mais aux endroits où 1l eft
entiérement vermoulu, on entrou-
ve qui {ont placez de biais , en
travers, & prefque en tous fens.
On doit expliquer la formation
de ces Tuyaux, à peu près com-
me on explique celle des Coquil-
les qui font la demeure des Lima-
cons. Il faut fuppofer pour cet
cffet une chofe que l'experience
demontre d’une maniere bien fen-
fible. La voici. ‘Tous les ani-
maux de quelque efpece qu'ils
fojent tranfpirent , c’eft-à-dire,
qu’il
(27)
qu'il fort de leurs corps par une
infinité de petits vaifleaux excre-
toires une humeur plus ou moins
fubtile, & qui eft differente felon
la nature de chaque efpece d’Ani-
maux. Cette excretion fe fait à
chaque inftant. Les vaifleaux qui
portent cette matiere hors du
corps, fe voyent prefque toûüjours
à Paide d’un microfcope : on les
découvre même fans le fecours de
cet inftrument dans la plüpart des
Limaçons. Lorfque cette humeur
eft portée hors des vaifleaux, on
la remarque fouvent fur la fuper-
ficie du corps où elle s’arrète en
abondance. Celle des Limaçons
& des Vers à Tuyau, eft épaiñle,
vifqueufe & fort tenace. Au lieu
des’év aporer en l'air, comme cel-
le des autres animaux, elle s’arrè-
te autour du Ver, & forme infen-
fiblement une enveloppe, dont il
eft lui-même le moule. Cette en-
vcloppe eft d'abord extrémement
: min-
mince; mais avec le tems de nou:
velles parties qui s’exhalent du
corps du Ver , s’entaflent les unes
fur les autres, & forment de certe
maniere diverfes couches qui ren-
, dent le tuyau & plus épais, & plus
ferme qu'il n’étoit dans fa premie-
re origine. Jai toûjours. remar-
qué que ce tuyau étoit comme col-
lé à toute la furface interne du
trou que fait le Ver à mefure qu'il
avance: elle fert donc de borne au
tuyau , & empèche par confe-
quent que la matiere qui s’évapore
continuellement ne fe perde & 1e
difipe ailleurs. La premiere cou-
che qui commence à fe former {ert
pour ainfi dire à enduire & cou-
yrir la furface interne du trou, la
feconde couvre cette premiere &
_ ainfñ de fuite. Nous avons dit,
en donnant la defcription de ces
Vers, qu'ils avoient la tête beau-
coup plus grofle que le refte du
corps. Î eft encore bon d’obierver
que
D. C3)
que ces Infeétes , qui font en ap-
arénce les plus ftupides de tous
és Animaux, ne laiflent pas d’être
aflez avifez pour percer un trou
qui puifle donner pañfage à la tête
& à tout le refte du corps. Or fi
la tête du Ver eût été moins grof-
fe , & que le trou eût eùû moins
de dimenfion en largeur , 1l en fe-
foit arrivé cet inconvénient que
les parties les plus élevées de fon
corps auroient été contigues à la
furface intérne du trou, & alors
le tuyau qui doit être placé entre
l'un & l’autre auroit comprimé le
ver, & empêché qu’il ne pût fare
le moindre mouvement.
- Ï s’agit d'expliquer fuivant cet:
te théorie qui eft fondée fur ce qui
fe pañle en effet dans ce cas, com-
ment il arrive qué ce tuyau ait tant
de confiftance & fe durcifle, puif-
que la matiere dont il eft formé
d'eft qu'un liquide d'autant plus
fubtil que le diametre des vaif-
{eaux
a CE
feaux par lefquels il pañle eft fort
étroit. Mais 1l eft facile de ren-
dre raifon de ce phénomene.. De
toutes les humeurs qui s’évaporent
du corps de Animaux , 1l n’y en a
peut-être aucune qui ne foit mêlée
avec un nombre infini de parties
{olides dont le volume eft fi petit,
qu'il eft du tout impoñlible de pou-
voir les diftinguer des liquides a-
vec lefquels 1ls fe trouvent. Cette
efpece de bave qui s'évapore des
vaifleaux excretoires du Ver con-
tient une matiere blanchâtre &
cretacée , qui fe durcit à mefure
que les parties les plus liquides fe
diflipent, & forme enfuite une en-
veloppe ou un tuyau qui entoure
tout le corps du ver.
Tout cela fe comprend facile-
ment par la maniere dont Mon-
fieur de Reaumur explique la for-
mation & l’accroiflement de la co-
quille du Limaçon. Ce qu'il rap-
porte eft fondé fur des experien-
CES
D (#7 di
ces qu'il a faites lui-même & réi-
terées plufieurs fois Voici ce
qu'il dit de plus remarquable à ce
fujet (*) ,, La furface exterieu-
» re de la portion du corps de
» lanimal qui s’eft trop étendue
» Pour être couverte par lancien-
» ne coquille , eft remplie d’un
» nombre prodigieux dé canaux
», dans lefquels circulent les li-
» Queurs neceflaires à la nutrition
» de Panimal ; beaucoup de peti-
» tes parties de matiere vifqueufe
» & pierreufe font moins fluides
» que celles qui compofent les li-
» queurs'avec lefquelles elles cou-
» lent, elles fe trouvent les plus
» proches des parois de ces vaif-
» eaux, qui étant remplis d’une
_ » infinité de pores du côté de la
» furface ‘exterieure du corps de
» lPanimal, propres à leur donner
| ) pafla-
(*) Memoires de lAcademie Royale des
Sciences. An, 1709. pag. 481.
3)
29
5
35
55
5
3
3
59
35
35
39
29
5
95
95
55
35
>
$
(32)
pañlage , ces petites parties de
matiere pierreufe & vifqueufé
s'échappent aifément des ca-
naux qui les contenoient ; car
elles font continuellement pous-
fées contre leurs parois par la li-
queur qui les remplit ; & elles
vont fé placer fur la furface ex-
terieure de ces canaux, ou plû-
tôt fur toute celle du corps de
Panimal qui n’eft point couverte
par la coquille |; où elles arri-
vent avec d'autant plus de faci- :
lité , que tous les pores leur
donnent une libre fortie ; au
lieu que plufieurs de ces pores
peuvent être bouchez fur le res-
te du corps par la coquille dont
il eft revêtu. Ces petites par
ties de matiere pierreufe & viss
queufé étant arrivées à la dernie-
re furface du corps de l'animal,
s’attachent aifément les unes aux
autres & à lextremité de la co-
quille ; fur tour lorfque ce qu’il
2 Ÿ
=
(33)
FR pe" de plus fubtil-parmi el-
» 3
s’eft évaporé, elles compo-
» {ent alors toutes enfemble un
FL]
LE
29
9
»
2
2
39
3
29
39
29
2
“petit corps folide qui eft la pre-
miere couche du nouveau mor-
ceau de coquille. D’autres pe-
tites parties de matiere fembla-
bles à celles de la premiere cou-
che, dont la liqueur qui circule
dans les vaifleaux fournit abon-
dammen® , s’échapent de ces
vaifleaux par la même méchani-
que ; car on ne doit pas crain-
dre que la premiere couche ait
bouché tous les pores , & elles
forment une. feconde couche de
coquille , 1l s’en forme de la
même maniere une troifiéme, &
ainfi de fuite, jufques à ce que
la nouvelle coquille ait une cer-
taine épaifleur | mais ordinaire-
ment beaucoup moindre que cel-
le de Pancienne , lorfque lac-
_croiflement de l’animal donne
l'origine à un autre morceau de
C » C@-
(34)
, coquille. C’eft aux experiences
que je vais rapporter à faire
voir , fi J’ai véritablement dé-
crit la maniere. dont la Nature
agit ; ou fi l'on doit regarder
tout ce que jé viens d’avancer
comme un fimple jeu d’imagi-
, nation. | EPA |
né. x. ° L 16 |
‘#5 J'ai commencé par ”
que Panimal croit à {
A CO-=
quille ; ë& c’eft de uoti 1 eft a-
fé de s’aflurer , fi Pon veut re-
garder: avec quelque attention
des Limaçons de jardin dans le
_tems qu'ils augmentent Péten-
due de la leur ; on woit.d’une
maniere très-fenfible qu’elle eft
trop petite pour les contenir.
Ïls s’attachent alors contre les
murs , où 1ls reftent en repos,
a & donnent la facilité d’obfer-
ver qu'une portion de leur corps
-deborde tout autour de la co:
quille: Cette portion ; comme
“tout le reite de leur corps, eft
(359
» femplie d'une quantité prodii
» gieufe de petits canaux , les
3 yeux feuls en appérçoivent un
» grand noinbre qui leur paroiît
35
5
5)
augmenter confiderablement »
lorfqu’on leur donne le fecours
du Microfcope. Fe 00 :
, Les pores dént j'ai fuppofé
ces Canaux remplis font trop
petits pour être fenfibles aux
| pe » mäis on fe convainc de
leur exiftence par leurs effets a-
véc autant de certitude que fz
on les apperçevoit fort diftinéte-
ment ; il ne faut pour cela que
cafler un morceau de la coquille
, d’un limaçon fans le bleffer ,. ce
* qu'il eft toûjours aifé de faire,
parcequ’elle ne lui et adhéran-
‘té que dans un feul endroit, &
, Ôtér le morceau de coquille
“qu'on a café, on voit dans peu
couvrit d’une liqueur ; qui n’a
» PU ‘arriver dés vaifléaux dans
GC 2 » Îes-
(36)
3 lefquels elle étoit conténue jus-
» qu’à cette derniere furface, fans
que les pores de ces vaifleaux
» layent laiflé pañler ; fi même
» Pour s’aflurer davantage de la
» route que cette liqueur a prife
» Pour arriver fur la peau du li-
5 maçon, on Ôte cette liqueur en
» Cfluiant la peau avec un linge,
3
9
99
roiïtre une liqueur femblable à
-celle que l’on a Ôtée qui vient
en même tems de toute la par-
tie découverte , & qui par con-
féquent ne peut avoir pañlé que
par les pores.
» C'eft cette liqueur ou plütôt
, les parties de matiere moins
propres au mouvement mêlées
parmi cette liqueur, qui fervent
à faire croître la coquille du Li-
, maçon. On n'aura gueres lieu
à den douter, lorfque lon faura
» qu'elles reparent la perte du
» morceau de coquille qu'on lui a
HE LT - » CN-
peu d’heures après on voit repa- -
39
>
39
9)
29
99
39
39
39
39
3
39
39
39
ww
23.
5,
,)
#5
»
>»)
3)
9)
9»
3,
,
$
(37)
enlevée ; & c’eft ce qu’on verra
fort. clairement , fi après avoir
dépouillé un Limaçon d’une par-
tie de fa coquille , on le met
dans quelque endroit ou lon
puifle le voir commodément,
dans un vafe par exemple, il
n’eft pas long tems fans satta-
cher contre les parois de ce va-
fe, comme ils s’attachent con-
tre les murs des jardins dans le
tems que leurs coquilles crois-
fent. On voit alors cette li-
queur s'épaiflir & fe figer , ou,
pour parler felon des 1dées plus
claires , .les parties les plus fub-
tiles s’évaporent , & les plus
groflieres reftent feules , & for-
ment fur la partie du corps de
Panimal qui eft découverte une
petite croute très-fine ; on peut
fouvent diftinguer cette croute
après vingt-quatre heures ; elle
reflemble aflez alors par fa fi-
nefle à ces toiles que les arai-
C 3 >» SNÉES
(38)
»» gnées des maïfons font dans les
» angles des murs. C’eft cette
» Croute qui forme la premiere
» couche de la nouvelle coquille.
» On voit au bout de quelques
» jours cette croute s'épaifhir par le
» moyen de differentes couches
3 qui fe produifént fous cette pre-
» miere ; & enfin au bout de dix
5 OÙ ne jours ordinairement,
5» le nouveau, morceau de coquille
de qui seit formé a à peu près la
» même épaifleur de l’ancien mor-
Ceau de coquille que lon a ôté
s au Limaçon. |
Cet Auteur explique encore ail-
leurs (*) d’une maniere plus pré-
cie , comment les Vers dont les
tuyaux font des coquilles, fe collent
à la furface des corps où ils font
appliquez. Nous conf derons ,
ist l'animal sn apres qu'il ejt
és
€") Ibid. Année LIL. ds. 166.
à (39)
mé, où quelque petit quil foits
couvert par une coquille. ‘Des
lors que cet animal commence &
croître ; ja coquille cef[e de le
couvrir Lou entier , ne petite
partié du corps , qui n'eft plus
crue lppé , fort alors par l'ou-
verture de la coquille. C’ejt de
cette partie que s'échappe un fuc
pierreux © gluant, qui venant &
s'épaiffir forme un nouveau Mor-
ceau de coquille autour de l'ant-
mal. Ceci fuppofe , il eff clair
que fi la partie qui abandonne
l'ancienne coquille , à qui lut &=
_joute de nouvelles bandes ; s’ap-
plique [ur quelque corps , Comme
elle le fait dans les Vers qu
rainpent continuellement : il eff
clair , dis-je , que la même gla
qu'elle fournira pour unir entre
elles fes particules qui compofent
le nouveau morceau de coquille,
C> pour attacher ce nonveau m0r-
ceaw à l'ancienne coquille , que
pe GC | Cef=
UT MOQUE RER
* "dès We
RL 17
cette même glu attachera la nou-
velle coquillé au corps que la
partie de l'animal découverte tou-
choit. ‘De forte que ff en croif-
_ Sant cette partie [uit toujours la
Surface de ce corps ; > y décrit
des lignes courbes , la coquille
Juivra en croiffant la même [ur-
face, elle y fera collée dans [on
étendue. C’efl ainfi [ans doute
que les coquilles des Vers à tu-
yaux fe collent fur les differens
corps fur lefquels ces Vers fe
font trouvez peu apres leur nai[-
fance. | |
Mais c’eft aflez parler des tu-
yaux de ces Vers, qui leur fervent
d’enveloppe & de demeure, vo-
yons fi Pon peut découvrir le lieu
de leur naïffance. S’engendrent-
ils dans le bois ou dans l’eau?
Sont-ils originaires de ce pays, ou
nous viennent-ils de l’Amerique?
Toutes ces queftions ne font pas
faciles à réfoudre , & on —
c
D CAR
de part & d’autre de grandes diffi-
cultez. 0 "4
On peut néanmoins prouver
qu'ils s’engendrent dans la Mer &
voici comment. {. Tous les pe-
. tits trous qui paroiflent fur la fur-
face du bois s’élargiflent à mefure
qu'ils penetrent plus avant , com-
- me nous l’avons déjà remarqué. Il
fuffit d’éxaminer quelques pieces
de bois pour s’en aflurer. 2°. Cha-
que pilier eft d’abord piqué par le
bas , mais dans la fuite 1l eft tout
percé jufqu’à la hauteur de l’eau,
c’elt-à-dire , jufqu’à l'endroit où
elle peut atteindre, lorfque les va-
gues viennent fe brifer contre les
Digues. ‘lout ce qui eft mouillé
& humetté dans un pilier fe trou-
ve criblé : tout ce qui eft à fec &
au deffus de la portée de l’eau,
n'eit point endommagé. La pre-
miere de ces remarques démontre
que tous ces petits trous ont été
faits par des Vers qui n'étoient
OR) point
(42)
point renfermez dans le pilier: au-
trement chaque trou auroit plus de
diametre vers la fuperficie du bois
_ que lorfqu'il a penetré plus avant.
La raifon en eft que le ver groflit
toujours à mefure qu'il travaille,
& que par il rend peu à peu fon
trou beaucoup plus large qu’il n’é-
toit à fon embouchure. La fecon-
de de ces remarques fait voir auffi
que ces vers ou les œufs d’où ils
naiflent font repandus çà & là
dans la Mer, qu’ils font emportez
par les eaux, & jettez contre la fur-
ace des piliers auxquels ils s’atta-
chent, & qu’ils percent enfuite.
Voilà, ce me femble, tout ce
qu’on peut avancer de plus proba-
ble fur cet article. Ces Vers peu-
vent donc vivre & dans l’eau &
dans le bois ; mais il paroît que
ceux qui font une fois entrez dans
_le bois n’en fortent jamais. En
effet on trouve leurs cafques dans
chaque tuyau; ce qui fait voir qu'ils
| à
Y font morts. D'ailleurs. ils ne
peuvent {ortir par l’ouverture qu'ils
ont faite en ‘entrant, à moins qu'ils
ne rétrogradaflent, ce qui leur ef
du tout impofhble , enchaïez
comme ils font dans leurs tuyaux.
Suppolé même qu'ils puflent ré-
trogarder par le même trou , ne
faudroit-il pas qu'ils rompifient le
tuyau qui y eft enchaflé, & élar-
giflent ce trou qui fe trouveroit
beaucoup trop étroit vers la furfa-
ce du bois. Enfin dans cette {up-
polition , on ne devroit apperce-
voir que des grands trous par dé-
hors , lefquels auroient donné for-
tie à de gros vers. On a la même
difiiculté à réfoudre , fi lon veut
qu'ils puifient fortir par une ou-
verture oppolfée. à la premiere,
car quelque direction que Pon
donne aux tuyaux , 1l faudroit
toûjours que cette feconde ouvér-
ture qui leur ferviroit de {ortie,
füt infiniment plus large que celle
| par.
C4) Le.
par laquelle ils font entrez |; ce
qui ne fe remarque point. Puis
donc qu’on n’apperçoit que des
petits trous fur toute la furface du
ois, on doit neceflairement tirer
ces deux conclufions : Premierc-
ment, que les gros Vers qui font
dans l’eau n’entrent jamais dans les
piliers ; & en fecond lieu , que
ceux qui y ont une fois penetré y
trouvent toüjours leur tombeau.
Mais voici une autre queftion.
On demande fi ces Vers peuvent
S’accoupler dans le bois, & y pro-
pager. Il faut convenir qu'on ne
peut rien dire de bien certain fur
cet article. D'un côté on ne con-
çoit gucres comment ils pourroient
s’accoupler, puifqu'ils n’ont aucu-
ne communication les uns avec les
autres, chacun d’eux étant renfer-
mé & comme enchañlé dans fon
tuyau. Cependant ce feroit un
phénomene aflez rare, que la Na-
ture eut condammné des ——.
| | :
(45)
de Vers à pañler leur vie dans une
iece de bois | fans avoir le privi-
ege de pouvoir s’accoupler , tandis
que ceux qui vivent dans Peau &
qui font de mème éfpece , multi-
plient d’une maniere fi prodigieufe.
S'il en étoit ainfi on auroit
de la peine. à décider fi les pre-
miers font plus ou moins heu-
reux que les derniers. (Ceux qui
s’enveliflent dans le bois , y trou-
vent une nourriture qui leur plait
& qui ne leur manque jamais : ils
font à l'abri de toutes les pourfui-
tes d’une infinité de poiflons qui
pourroient les devorer s'ils vivoient
dans l’eau. Mais il leur manque
ces deux avantages , de pouvoir
jour de la liberté |, & du plaifir
de produire leurs femblables. Ceux
au contraire qui pañlent leur vie
dans l’eau , ont les deux avanta-
ges dont les derniers font privez,
& 1l ne paroït que trop qu'ils fa-
vent en profiter; mas _—_—_——
| a
ve <
FE
si (46)
fement. pour eux , ils mañquent
fouvent de nourriture , ils ne peu-
vent même la chercher qu’au pe-
ril de leur vie , & dans la crainte
de devenir à chaque inftant la
proye de quelque poiflon. Mais
revenons à notre premiére queftion.
Pour favoir fi ces Vérs peu-
vent engendrer, quoiqu’ils foient
renfermez chacun à part dans leurs
tuyaux ; voyons d’abord ce qui fe
pañle dans les autres animaux qui
font appliquez & collez toute leur
vie à certains corps, fans qu’il pa-
roifle qu'ils puiflent jamais avoir
aucune communication avec. leurs
{emblables. ae
_ L'Oel de Bouc (*) eft toû-
jours attaché fur quelque piérre
dont il eft très-difhcile de le fepa-
rer.
_f*) Efpece de Coquillage qué lon nomme
en Grec Lepas ; & en Latin Pareille. On
lui donne encore en François les noms de
Berdin, Berlin & de Famble.
ñ bas Et y
L s
: ’
"1e f
"Wu ,
ARTE |
Ù AN AË -
| (47) |
rer. Lorfqu'il refte à fec fur je
bord de la Mer , il change auffi
u de place que la pierre à la-
quelle il eft collé. Borelli Pa ran-
gé dans la clafle des Animaux, qui
reftent pendant toute leur vie fixes
dans le même endroit. Tout le
mouvement qu'on lui voit faire
quelquefois confifte à élever fa co-
quille à une ligne ou une ligne &
demme de diftance de la pierre fur
laquelle fa bafe eft appliquée,
mais 11 la rabaifle avec une grande
vitefle aufli-tôt qu'on letouche. (#)
Les Pècheurs de Coquillages ,
pour lPenlever de deflus les pier-
res, fe fervent d’un couteau dont
als infinuent la lame entre [a bafe
. deFPocil de bouc & la pierre. A-
lors on le voit s’oppofer le plus
qu'il peut au pañage de la lame,
| | EE
(*) Memoir. de P Acad. Roy. des Scien. Ans
1740. p. 6o2. & An. 1711. p.142. /Elian.
AL A. LO. C.s5.
(48) |
en appliquant fortement le contou
de fa coquille fur la pierre. On
peut juger de la force de cette ad-
hefion par lPexperience qu’en a
faite Monfieur de Reaumur. 42
placé , dit-il ; des pierres [ur lef-
quelles des yeux de bouc étoient
appliquez de telle forte, que les
coquilles étotent paralleles à l'ho-
rifon, je veux dire, que l'axe du
cone qu’elles reprefentent étoit
dans une fituation horizontale.
‘fai enfuite entouré chaque. co-
quille d'une corde, € au bout de
la corde j'a: fufpendu des poids
differens , ils ont ordinairement
été trop fosbles pour [eparer cha-
que animal de deffus la pierre,
Drfuils n'ont pas pefeé du moins
vingt-huit ou trente livres : Pœil
de bouc foutenoit ce poids de
vingt-buit à trente livres pen-
dant quelques [econdes ; néan-
moins les endroits des pierres
auxquels ils étoient adhérants,
M
À
: (49)
étotient, unis + peu capables de
des arrêter. ‘40 |
… Les Orties de Mer ne font pas
moins étroitement attachées aux
pierres , & c’eft pour cela qu’Ari-
-ftote (*) prétend 1e quelques-
unes d’entre elles reftent pendant
toute leur vie fixées en un même
endroit comme des plantes. Elles
ont cependant un mouvement pro-
greflif |, mais 1l eft aufli lent que
celui d’une aiguille d'horloge. A
peine parcourent-elles un pouce
ou deux dans une heure ; de forte
qu'on ne peut appercevoir ce
mouvement que comme on apper-
çoit celui de ces aiguilles , en re-
marquant l'endroit où la partie de
lOrtie la plus allongée eft à une
certaine heure , & celui où cette
même partie fe trouve à l'heure
fuivante. (+) |
| jus nt
(*) Hifi. des Animaux, Kiv.s. chap. 16.
L (+) Mem. de l'Acad. Roy. des Scies. Aa;
1710. pag. 609. & fiv. à
{
(
er
Il arrive encore fouvent à di-
vers autres Coquillages |, comme
aux ÂAuîtres ; à pluleurs efpeces
de Glans marins & de Vers de
Mer, de mourir dans lendroit où
ils font nez , après avoir demeuré
pendant toute leur vie fixes dans
£ même fituation. Les Vers dont
les tuyaux font des coquilles font
tantôt collez fur le fable |, tantôt
fur les pierres | & tantôt fur les
coquilles de divers autres coquilla-
ges. Îls s’attachent d'ordinaire à
ces corps peu de tems après leur
maiffance. Il y a d’autres Vers
qui ne font point couverts de co-
quilles ; & qui pañlent aufli leur
vie dans un même trou.
+ Or je demande comment on
conçoit Que tous ces animaux puis-
{ent fé propager , attachez & col-
lez comme ils font à des corps é-
trangers, ou renfermez dans leurs
coquilles & leurs tuyaux. Cepen-
dant ils fe propagent, & jamais la,
| ra-
DOC R
_ tac dés Orties de Mér , ni celle
d’aicune forte de Vers à tuyaux
né s'étéindra Il eft donc auffi
poñi-le que les Vers dont il eft ici
ueftion puiflent produire leurs
émblablés |, quoique la plûpait
d'eñtré eux pañlènt toute leur vie
dans lé même trou & le même tu-
_ au. On peut même dire que ce
phénotméene auroit quelque chofe
._ dé moins fingulier que célui de Ia
_ production de Oeil de Bouc &
de l'Ortie de Mer , puifque cés.
Animaux font prefque toüjours
feuls & collez fur des picrres,
Mais les Vers dès Digues forment
énfemblé une efpece de Republi-
- que , 1ls font voifins les uns dés
_ autrés, 1lsS péuvent même {fe ren-
contrer quelquefois & 1€ tou-
. cher. ae DÉN GRR Are:
Après tout qui fait fi ces Vers
ne font par Hermaphrodites ;: &
même de l’ordre de ceux qui f
multiplient independamment des
| D 2 au
>
(52)
autres animaux de leur efpece, &
qui font feuls le Pere & la Mert]
de ce qui vient d'Eux. Ce feroï
à la verité une idée d’Animal tout:
a-fait finguliere | mais néanmoins|
‘élle ne feroit pas nouvelle , puis-
que la Moule d'Etang a ce privi-
lege. En effet, Monfieur de Mé-
r7.(*) prétend qu'elle a des Ovai-
res & des Veficules feminales.
Ces deux efpéces d'organes font
également compofez de tuyaux ar-
fangez les uns à côté des autres,
‘tous fermez par un même bout,
& ouverts par le bout oppofé. On
ne diftingue pas ces parties par:
leur ftruéture , qui eft toute pa:
reille à la vûë , mais par la diffe-
rence de ce qu’elles contiennent,
& d'autant plus que les rare
ont toüjours pleins d'Oeufs en
. CEE
(+) HifF. de P Acad. Roy. des Sciences. An.
1710. p. 38. Voyez aufh les Memoires pag.
533. & fuir.
MU te, k
| CPR ÿ
Hiver & vuides en Eté, & que les
Veficules font en toute faifon éga-
lement peu remplies de leur lait,
qui par conféquent paroit s’en é-
couler toûjours. Tous les tuyaux
fe déchargent dans l'anus , &
Monfieur Méry conçoit que quand
les Oeufs vont s’y rendre dans la
fafon de leur fortie , 1ls ne peu-
vent manquer d'y rencontrer le
lait ou la femence qui les féconde.
Ainfi- cet Animal n’a pas befoin
du fecours d’un autre pour la gé-
ON |
_ Monfieur Poupart nous donne
le denombrement (*) de plufieurs
autres Animaux, qui-ont les deux
fexes tout-à-la fois , & en font les
_ fonctions en.même tems. Ce font
les Vers de terre, les Vers à queuë
ronde qui fe trouvent dans les in-'
teftins des hommes , ceux qui fe
| D 3 trou
(*) Ibid. An. 1699. pag. 46.
(54)
trouvent dans les inteftins des che-
vaux ; les Limaçons terreftres, |
ceux d’eau douce, toutes les efpe- |
ces de Limaçons & de Sangfues.
Lors, par exemple , que les Vers |
de terre veulent s’accoupler , ils fe
gliflent deux à deux dans un trou
qui leur convient , ils s’y ajuftent
de forte que la tête de l’un eft
tournée vers la queué de Pautre,
ils s'appliquent Fun contre l’autre.
en ligne droite |, & un petit bou-
ton de l’un en forme de petit cone
s'infere dans une petite ouverture
de Pautre, & réciproquement. On
voit commodément linfertion mu-
tuelle de ces petits boutons , en.
prenant bien doucement les denx
Vers, en les tirant peu à peu dans
Pefpace qui eft entre les boutons,
& en les regardant au grand jour.
On. pourroit objecter qu’en fup-
pofant que nos Vers à tuyaux fiflent
les fonctions des deux fexes en
même tems fans le fecours d’aucun
au-
{
\
(55)
autre animal , ils ne reflemble-
roient pas pour cela aux Limaçons
ni aux Vers de terre , puifque ces
efpeces d'Hermaphrodites ne lais-
fent pas d’avoir befoin d’accouple-
ment pour produire. Mais Mon-
fieur Aomberg ne juge pas impos-
fible que les Vers de terre s’accou-
ent à eux mêmes , & foient le
Pcre & la Mere du même animal,
parcequ'ils font mâles par une ex-
tremité de leur corps , & femelles
ar l’autre. |
L'Illuftre Monfieur de Fontenel
hazarde une penlée très-vrailem-
blable, au fujet des Moules & de
quelques autres Coquillages , qu£
_ produifent ‘fans le fecours d’un
animal de même efpece. Il croit
que tous ces Animaux n’ont ce
privilege qu’à caufe de leur immo-
bilité , ajoutant que l’immobilité
"k
g
-
des Plantes paroïit aufli être la cau-
fe de ce que les deux fexes réunis
dans. une mème fleur operent la
Le | gé-
À :
re US PA |
génération fans le concours d’une
autre plante. Monfieur Geoffroy
eft dans les mêmes idées que Mon-
fieur de Fontenel à cet égard.
Ainfi ce ne feroit pas s'éloigner
beaucoup du vraifemblable , de
croire que la Nature eût renfermé
dans nos Vers des Digues & quel-
ques autres efpeces de Vers à tu-
vaux, toutes les parties qui doivent
contribuer à la confervation de
leur efpece , vû qu'ils vivent fepa-
rez les uns des autres |, & n’ont
pour ainfi dire de commerce
qu'avec eux-mêmes.
Du refte nous ne donnons cefen-
‘itment que comme une fimple con-
jeéture qui n’eft pas tout-à-fait fans
fondement. Suppolé d’ailleurs que
_ {a chofe füt telle, elle ne feroit pas
fans exemple, & ne feroit plus une.
Mervaille, après tant dautres dé-
couvertes qu'on a faites de cette
nature. Pour favoir bien certai-
nement ce qui en eft à cet égard,
il
il faudroit fe tranfporter fur les
lieux ou naïflent ces Vers, obfer-
ver éxattement toutes leurs demar-
ches | & mème les furprendre fur
le fat. Une telle découverte
n’eft peut-être pas facile à fare:
fouvent les plus viles infectes font
les plus myfterieux. Mais ce qui
fait encore que ces fortes de re-
cherches deviennent fouvent inuti-
les , c’eft la grande diverfité qui
regne entre les differentes efpeces
d'Animaux à l’ésard de la généra-
ton. Î/ ya, dit l'excellent Au-
teur que nous venons de citer, (*)
des efpeces on tout eff Male à
Femelle en même tems , d'autres
où à ny a prefque ni Males nt
Femelles , x où tout eft [ans
fexe , à Pexception d'un petit
nombre d'Isdividus. Il [emble
que la Nature ait pris plaifir à
D'$ | fus-
| (*) Monfieur de Fontenel.
| (58)
fuivre Les regles des combimai-
ons , © plus on comparera en”
femble [es differens ouvrages»
plus on trouvera que Re ur de
combinat{on y domine. ‘Peut-être
en fuivant cette idée devineroit-
on quelquefois affez heureufe-
ment. |
Il n’eft guère plus facile de de-
terminer fi ces Vers font originai-
res de ce pays, ou s'ils nous font
venus de PAmerique. Bien des
gens prétendent qu’ils fe font com-
muniquez à nos vaifleaux dans les
Indes , d’où ils ont été enfuite
tranfportez dans ce Continent.
Tout cela eft poñlible, il n’eft plus
queftion que d’en donner des
preuves. Mais il paroïît qu’on ne
peut rien alleouer de bien fort n1
pour ni contre ce fentiment. Ce
qu'il y a. de certain , c’eft que ces
Vers ou d’aflez femblables font
connus depuis très-long tems en
Europe, Les vaifleaux en ont
pres-
prefque toljours été attaquez, &
1l y a déjà un grand nombre d’an-
nées qu'ils caufoient beaucoup de
défordre dans ce pays. Il y a en-
viron 150. ans que cette vermine
rongcoit les piliers des Digues de
la Zecland, au rapport d’un cele-
bre Hiftorien Hollandois. (*#).
On nous apprend dans l’Extrait
d’une Lettre écrite d’Amfterdam
en 1666. que ces Infetes incom-
modoient fort les Vaiffeaux qui re-
venoient des Indes. Voici tout le
contenu de cette piece. (F). 4
Quoique vous ayes fouvent Ui-
fité notre port \ je ne fai fi vous
se remarqué le mauvais état
au, fe trouvent les Vaiffeaux qui
reviennent des Indes. Il y 4
dans. ces Mers une certaine efpe-
ce de petits Wers ; qui s'atra-
| chené
€) P. C. Hooft Nederlandfe Hifforie.
| (+) Voyez le Fournal des Sçavans. x3 Fe-
| dWrier, Année 1666, pag, 273
| . (so, |
chent aux œuvres vives des
vaifleaux , © les percent de [or-
te qu'ils prennent eau de tous cô-
fez s où s'ils ne les traverfent
pas entiérement ; ils affotbliffent
tellement le bois, qu'il et pref-
que tmpoffiole de les raccommo-
der. Nous avons prefentement
ci un homme qui prétend avoir
trouvé un fecret admirable pour
remedier à ce mal.
Ce qui rendroit ce f[ecret 1m+
portant , c’efl qu'on a employé
f#qu'a prefènt tous les moyens
imaginables pour le faire [ans y
pouvoir réuffir. Les uns ont dou-
blé les œuvres ‘vives des vaif-
feaux de lames de fer blanc où
de plomb : d'autres y ont attaché
des tètes de clous fi proches les
unes des autres ; qu'il ny avoit
point de place entre deux : quel-
ques-uns les ont revêtus d'aix de
fapin , d* ont mis entre les aix
du bordage &* ceux du doublage
quan-
quantité de poil de vache ; dé
cendres, de chaux, de mouffe &
de charbon. Mais outre que tout
cela wempêche pas que les Vers
ne pénétrent jufqu'au corps du
_ vailleau, ou a trouvé que ce dou-
blage en retarde le cours.
Les Portugais fe font fervis
d'un autre moyen, qui à la veri-
lé ne diminue rien de la viteffe
du vaiflean , mais qui n'empêche
pas tout-a-fait que ces Vers ne
l'endommagent. Ils *flambent
leurs navires jufqu'a ce que le
charbon en tombe | © qu'il fe
fafle dans les œuvres vives une
croute de charbon épaifle d'un
doigt. Mais ce moyen ne [e pra-
_ fique pas fans hazard, car 1l ar-
rive Jouvent qu'on flambe f1 bien
le varffeau ; qu’on le bräle entié-
rement : dr fi les Vers s’atta-
chent moins aux vaifleaux des
Portugais qu'aux autres , on pré-
tena que ce n'eft qu'a caufe qu'ils
, CF}Z=
j (62)
€rmployent du bois plus dur que ce-
du: dont fe fervent les autres na-
‘T10nS. AU 4 LL
On attend avec impatience
quelle fera la propofition que cet
homme doit faire. Quelques per-
Jonnes ont déjà donné là deffus
plufieurs avis. Les uns ont dit
quil ny avoit qua faire les
vaiffeaux de quelque forte de bois
plus dur que celui qu'on a coutu-
me d'y pmployer. Les autres a-
yant remarque que ces Vers ne
s’attachent point à nne efbece de
Porrier fauvage des Indes , à
caufe qu’il ejt extrémement amer,
fe font imaginez que le plus ex-
_ pedient feroit de chercher du bois
qui eût les qualitez de cet ar-
bre. Mais maintenant qu'il ny
a point de dois propre à batir des
#“mavtres , qu’on ne connoilfe ; à
n’y a pas d'apparence qu'on en .
Due trouver de plus dur, ni de
be | his
eo ST
plus amer, que celui dont on s’eft
fervi jufqu’a prefent.
Il y en à qui s'imaginent que
celui qui prétend avoir trouvé le
a contre les Vers, veut [up-
pléer par l'art au défaut de la
Nature, & qu'il efbere imprimer
au bois ordinaire par des leffives
d* des ingrediens une qualité €
une amertume pareille à celle du
Poirier fauvage des Indes. Mais
on a bien de la peine à croire que
cela puille réujfir. Car il faudroit
de fortes lefffves pour pénétrer du
bois anffi épais que celui dont eff
bâti un vaifleau , © pour confer-
ver long-tems cette amertume au
“milieu des flots de la Mer. Néan-
_ moins em ces fortes de chofts 1
faut fufpendre [on jugement
quiqw'à ce que lexperience nous
ait fail Voir ce que nous en de-
VORS Croire.
… I eft fait mention dans l'Hiftoi-
_xe de FPAcademie Royale des
Ke | | SCIEN-
ne C4)
ÆSeiences d'une efpece de Ver qui
ronge les Vaifleaux ; & qui ne
.difiere prefque en rien de ceux
dont on fe plant tant ici. Voici
Ja defcription qu’en donne le Se-
_crétaire de cette Academie après
Monfieur Deflandes. (*). ,, [y
.» a des Vers de Mer qui rongent
» les vaifleaux , & qui les atta-
3» quent en fi grand nombre , &
;» avec tant de fureur, que le bois
des bordages en eft tout criblé,
& que les bâtimens font en
grand danger de faire eau & de
» perir. On aflure qu'il n’y a
qu'environ $0. ans QUE nos vais-
feaux conrioiflent ces nouveaux
,; Ennemis , qu'ils les ont pris
dans la Mer des Antilles, & les
> en ont rapportez dans nos Mers
où 1ls fe font prodigieufement
multipliez. Le remede qu’on y
4 ss À
(+) Hifloire de P'Acad. Roy. des Stien. An:
1720. pag. 34e és
. 2)
D Co
a trouvé eft de doubler les vais
feaux , c’eft-à-dire d'appliquer
contre le franc-bord , quand il
eft frais çcarené , du verre pilé,
& de la bourre de vache, & de
revetir ce premier appareil de
planches de fapin d’environ un
pouce d’épaifleur , que l’on at-
tache avec des clous d’un pouce
& demi de tige , & de ‘près
d’un pouce de diamètre à leur
tête. |
» Monfieur Deflandes, étant à
Breff examina en Phyficien ces
dangereux Animaux ; qui n’a-
voient point encore été obfervez
par ceux même qu'ils inquié-
toient & qu’ils allarmoient tant.
Al prit quelques bordages de 10.
à 12. pieds de long, & de 4. à
5. pouces d’épais , qui étoient
ous l’eau depuis plufeurs an-
nées. Il vit que la fuperficie en
étoit toute piquée de petits
trous ronds de demi-ligne de
33 dia \
|
"+
: ANT
diametre , & cette fuperficie é-
tant enlevée , 1l vit le dedans
, tout mangé par les Vers , & y
trouva les Vers mêmes.
»» Hs ont depuis 3. lignes jus-
qu'à un demi-pied de longueur.
"Fout leur corps eft compolé de
differens anneaux , ils ont des
_ déux côtez du ventre une infini-
té de petites jambes toutes ar-
mées de crochets. Ce qu'il y a
de fingulier, c’eft la tête. Elle
eft couverte de deux coquilles
toutes pareilles placées des deux
côtez , pointuës par le bout
comme le fer d'un Vilbrequin
de Menuifier |, ou d’une Ville,
& qui peuvent jouer feparément
& difreremment l’une de lautre.
Cette efpece de Cafque qui en-
veldppe la tête du Ver eft très-
dure én comparaïfon du refte
du corps . qui eft fort mollaïñle,
qui fe féche bien-tôt à l'air , &
{e reduit en poufliere. Il n’en
| » de
(67)
demeure que la tête qui a été
prefervée par fon Cafque.
» C'eft elle qui fait tout le tra-
» vail du Ver , qui fournit à fa
» nourriture & à fon logement,
» Elle perce le bois par le moyen
» de fes deux Coquilles, qui fe
>» difpofent en fer de Vilbrequin,
5» & comme elle eft plus grofle
» que le refte du corps ; le pañla-
» ge quelle a ouvert, fufht toi-
» jours. Le Ver ronge le bois où
», 1left entré, s’en nourrit, croît,
» & fa tête devenue plus grofle
» lui ouvre enfuite un plus grand
», paffage dans la fubftance du mè-
» me bois. Il y avance toûjours
5 fans retourner en arriere |, &
5» fans en fortir jamais. L'air lui
5» Cft fi contraire qu’il n’a garde de
> le chercher. + 18
» Î fuit toüjours le fil du bois,
» & continue fa route en droite
_» ligne fi ce n'eft que quelque
» nœud, ou quelque autre obita-
D | E 2 & cle,
a
ÿ)
39
39
99
2,
3)
3)
29
32
3
3
39
23
29
932
D
39
33
29
3) .
29
99
>)
93
LL
“C68)
‘ce ;- loblige de fe détourner.
La pointe de fon cafque, :in-
ftrument qui lui eft abfolument
neceflaire , s’émoufleroit contre
un corps trop dur ; & devien-
droit inutile, & fi Animal ne
pouvoit plus travailler , 1l peri-
roit faute de nouvelle nourritu-
re, emprifonné dans fa dernie-
re excavation. Jamais il ne per-
ce le bois de part en part, ce
qui diminue un peu le danger
que feroient courir aux vaifleaux
une infinité d’excavations diffe-
rentes faites dans leurs bor-
dages.
» Puifque ce Ver fuit toüjours
le fil du bois, les routes ou ex-
cavations de differens Vers doi-
vent-être paralleles , & elles le
font effettivement à peu-près.
autant que les fibres du bois, fi
les detours neceffaires des Vers
n’ont quelquefois alteré ce pa-
rallelifme, ‘Ces détours peuvent
5 CUITE
S 27
“Céo)
être tels que deux ces Vers fe
rencontreront tète pour tète, &
alors ils periflent tous deux ;
parceque les pointes de leurs
cafques fe brifent lune contre
Pautre.
» Ce Ver employe la prodi-
gieufe multitude de fes jambes,
ou leurs crochets à {€ qauipor
ner aux fibres du bois , afin
qu’étant bien appuyé, 1l travail-
le de fa tète avec plus de force.
Monficur Deflandes conjecture
que quatre crochets qui fortent
d'entre les deux pieces de fon
cafque ; de même figure & de
même confiftence que les jam-
bes, mais trois fois plus longs,
lui fervent à fonder l'endroit par
où 1l peut attaquer le bois plus
avantageufement.
>») Les petits trous , dont étoit
toute piquée la furface du bor-
dage que Monfieur “Deflandes
avoit entre les mains, avoient
E 3 29 {e-
(70)
felon fa penfée contenu les
Oeufs , d'où étotent éclos les
Vers habitans & deftructeurs de
toute cette piece de bois. Ils y
étoient tous entrez obliquement
, pour prendre le fil des fibres. A
ce compte les Oeufs auroient
été dépofez là par des Vers de
la même efpece , mais habitans
de la Mer, car 1l ne paroït pas
que ceux qui font une fois dans
le bois, puiflent nt s’accoupler
emprifonnez chacun à part com-
me ils font ,; n1 fortir de leurs
prifons pour aller déhors fur la
furface du bordage.. Il y à 2p-
parence que ces Infectes de Mer
peuvent vivre & dans l'eau &
dans le bois ,; mais qu'ils ne
“trouvent que dans le bois une
nourriture propre à flater beau-
coup leur goût , & à les faire
beaucoup groflir, que c'eft pour
cela que ceux de l’eau le cher-
chent & y dépofent les Oeufs
| en | > QUI
._ +
Le?
| (71) Pat
qui ont été fécondez par un ac-
couplement fait dans Peau , &
que les vers éclos de ces œufs
perdent en entrant dans le bois
le privilege de s’accoupler , de
forte que Pefpece n'’eit perpe-
tuée que par ceux qui demeurent
dans l’eau, où ils ne font peut-
être pas reconnoiflables pour
être de la même efpece. C’eft
ainfi que quelques vers du corps
humain , les Zéria par exem-
ple , ne reflemblent à aucuns
vers qui fe trouvent fur la terre,
quoiqu'il y ait tout lieu de croi-
re qu’ils en viennent.
» Après tout ce qui a été dit,
il eft aifé de voir que ce qui
fauve les vaifleaux doublez, c’eft
1°, la grandeur de la tête des
clous du doublage & leur grand
nombre qui empèchent les vers
de la Mer de dépofer . leurs
œufs ; du moins en grande
quantité , 2° L’obftacle conti-
E 4 » nucl
(72)
» fuel que feroient aux vers en-
» trez dans le doublage les tiges
, de ces mêmes clous, 3°. ce ver-
» te pilé & la bourre de Vache,
» autres obftacles ; qui les arré-
» tent ,; ou alimens qui ne leur
5 COonviennent pas. .
Ces Vers ont fans doute beau-
coup de rapport avec ceux qui
font le fujet de cette Lettre , mais
Monfieur ‘Deflandes ne nous dit
point s'ils étoient renfermez dans
des tuyaux , & il leur donne une
infinité de petites jambes armées
de crochets, que l’on ne remarque
point dans les autres. Il eft cer-
tain qne les vers deftructeurs des
vaiffeaux & des piliers des Digues
nefont pas tous de même efpece.
On en à fait voir ici qui avoient
comme deux fcjes, l’une fur le dos
& l’autre fous le ventre. On en a
€ncore vü d’autres qui avoient des
pattes , comme ceux dont parle
Monfieur Deflandes, Du die ils
ON
(739
font tous, ou du moins la plüpart,
armez d’un cafque , & c’elt en ce-
la qu'ils ont beaucoup de rapport
entre eux.
n onfton (*) nous dit que des
Vaiffleaux Venitiens après avoir
fejourné long tems dans le port :
d'Alexandrie , en revinrent tout
percez de Vers |, qui étoient de
la grofleur du pouce & avoient
une coudée de longueur. Il nous
apprend encore (‘f) que le fameux
François ‘Drakus après avoir erré
ça & là fur les Mers , revint enfin
à bon port |, ayant fon vaifleau
tout criblé. Cet Auteur ajoute
qu'il avoit vü lui-même de ces
Vers de Mer de la longueur de
douze pouces. Ils perçoient les
vaifleaux & les rongoient entiere-
ment. Voici la defcription qu'il
en donne. Ils ont le corps arron-
di ; & la gueule faite en maniere
| RUES DE ‘3 td
(9 Hjff. nat. de Irfe, Lib. IIL. cap. 2.
# “ab » Infef. Lib. II]. cap
(74)
de tenailles. Leur tête eft d'un
jaune éclatant tirant un peu fur le
rouge. On leur voit deux petits
éguillons qui pendent à la machoi-
re inferieure. Îls ont trois pattes
de chaque côté, & onze anneaux
de couleur rougeitre. Le refte du
corps eft d’un jaune clair & écla-
tant. Les plus grands d’entre eux
font d’un rouge obfcur ; mais les
plus petits font blanchâtres. Les
Italiens leur donnent le nom de
Eyfa ; & les Efpagnols celui de
Pros. gr
Les Vers de Mer dont il eft ici
queftion doivent être neceflaire-
ment compris fous le genre de
ceux qu’on nomme en Latin }’er-
mes tubulati, Ceft-à-dire, Vers à
tuyaux , parcequ’ils font effective-
ment renfermez dans des tuyaux.
Monfieur de Reaumur les range
tous dans deux clafles principales,
Les tuyaux dans lefquels font lo-
gez ceux de la premiere efpece,
| ne
A . (A2
ne font faits que de divers grains
de fable & de petits fragmens de
coquille collez enfemble. Les tu-
aux des autres font d’une matiere
{emblable à celle des coquilles.
y a encore des Vers dont les tu-
aux font d’une fubftance molle.
es Vers dont les tuyaux font des
coquilles, font tantôt collez fur le
fable | tantôt fur les pierres | &
tantôt fur les coquilles de divers
autres coquillages. Leurs tuyaux
font ronds , & d’une figure ap-
prochante de la conique . c’eit-
à-dire , que vers leur origine , 1ls
font moins gros qu’à leur extremi-
té. Dans le refte leur figure eft
differente dans prefque chaque
_ vér different. Non feulement ces
tuyaux prennent la courbure de la
furface du,corps fur lequel ils font
collez, mais outre cela ils forment
divers S , ou diverfes corbures
auffi differentes les unes des au-
tres , que le font les difierentes fi-
DU-
& N
AA RER
i (76) |
ures que prend fucceflivement un
Ve de terre en mouvement. Les
Vers à tuyaux de l’autre efpece de-
meurent dans le fable, comme nos
Vers de terre demeurent dans la
terre. Le fuc qui s'échappe de
leur corps n’eft pas en aflez gran-
de quantité |, ou n’a pas aflez de
confiftance pour leur former une
coquille. Mais il eft aflez vis-
queux pour coller enfemble les di-
vers grains de fable & les frag-
mens de coquille qui les entou-
rent , 1l fait la fonction d’une es-
pece de mortier ou de ciment qui
lie enfemble comme autant de pe-
tites pierres les grains de fable &
les petits morceaux de coquilles.
Monfieur de Reaumur nous don-
ne une exacte defcription de ces
Vers , mais ils font fort differens
de tous ceux dont nous avons par-
lé. Rondelet qui fait aufli men-
tion de ceux qui font collez fur de
vielles coquilles prétend qu'ils
| | nals-
naiflent dans leurs tuyaux ; &
qu'ils en fortent lorfqu'ils veulent
avoir de l’eau. (*)
.. Quoique nos Vers foient de ve-
ritables Ÿ’ers à tuyaux ; on ne
peut néanmoins les rapporter à au-
cune des Clafles que Monfieur de
Reaumur en a faites, puifqu’ils ne
vivent m1 dans le fable , n1 fur les
pierres , n1 fur les coquilles d’au-
tres animaux. Ils fe logent dans
le bois , 1ls y vivent, & y meu-
rent. Ou bien, ils naïflent dans
l'eau, & fe’ renferment peu après
leur naiffance dans le bois, d’où
ils ne fortent jamais. Il eft vrai
que la moitie de l’efpece, ou du
moins une bonne partie doit ne-
_ ceflairement vivre dans l’eau pour
y multiplier; mais c’eft encore en
cela que ces. Vers different de la
plüpart dés Vers à tuyaux. On
de à | . ne
(+) Rondel. de Infeit, cap. ‘z
CAPTER
ne nous apprend point fi ceux
d’entre Eux qui gardent leur liber-
té, & qui voguent en pleine Mer,
font renfermez dans des tuyaux;
mais il eft à croire que les petits
qui en viennent font débarraflez
de cette enveloppe: autrement ils
ne pourroient jamais pénétrer dans
le bois avec ce fardeau autour de
léur corps. Du refte nous ne
donnons cela que pour une con-
jecture, & ou peut bien en hazar-
der de telles en pareil cas.
Nous ne favons rien de la ma-
nieré dont ces Vers s’y prennent
pour percer le bois : aufli n’en di-
rons nous rien. Îl n’y a guère
que ceux qui font fur les lieux &c
qui les ont vû travailler, qui puis-
fent nous donner quelque éclair-
ciflement fur ce fait. La plüpart
des Vers qu'on nous envoit ici
font morts , & ceux auxquels 1l
refte encore quelque peu de vie,
n'ont plus la force de nous mi
eur
sd
se ni
D. (72
Jeur manœuvre. Du moins je n’ay
pas été aflez heureux pour en ren-
contrer un feul de ces gros en vie,
quoique Jj'aye reçu une piece de
bois encore toute fraiche, où1ils’en
eft trouvé plus de deux cent.
J'ai vû de ces pieces deboistou-
tes fpongieufes, & aufli pleines de
trous qu'un gâteau de miel , qui
n’avoient été mifes en œuvre que
cinq ou fix femaines auparavant.
Voilà ce qu’on m'a afluré. Ainfi
jugez par la de la grande activité
de ces petits animaux. On ne di-
roit jamais cela d’un Infeite qui a
l'air d’être fi phlegmatique. On
a de la peine à concevoir com-
ment il éft poflible qu'un Animal
qui fe fond, pour ainfi dire, en-
tre les mains, ait la force de per-
cer les nœuds les plus durs qui fe
trouvent dans les piliers, ainfi que
_ je lai remarqué moi-même. f’a-
vouë que linftrument dont 1l fe
dert dans cette occafion , eft fort
| tran-
| (80).
tranchant 5 MAIS d’où vient à cé
-pctit Infcête fi mou, fi che, &
{1 foible en apparence, la force de
faire agir fes deux coquilles? Cet-
te merveille eft grande fans dou-
te, mais elle n’eit pas la feule de
cette nature, que vous dufliez ad-
muirer dans les Infectes ; & je
pourrois vous en indiquer de pa-
reilles, & peut-être de plus furpre-
nantes encore. On a découvert
dans le fiecle pañlé une forte de
Ver qui ronge les pierres, & s’en
nourrit. (*) Il a comme quatre
machoires difpofées en fautoir, &
qui font continuellement en mou-
vement. Le Chêne qui eft un
bois très-dur eft fouvent percé &
tout rongé par des Vers qui s’y
attachent. (F) Il y a dansles
| tre sNoix
(*) Mémoires Philofophig. de la Societé Ro
yale de Londre. Mois d'Octobre, 1666. 7owr-
val des Savans, An, 1666. pag. 606. : |
(+) Qaos Téredini ad perforanda Robora cum
fono tefle dentes affixit ; potiflimumque e ligno
-cébatum fecié? Plin. Hift, Nat. Lib. I. c.2.
(8r)
Noix de Gale de petits Vers qui
en rongent la coque , & fe font
enfuite un chemin pour en for-
tir. (*) On en trouve mème
dans les arbres les plus durs, tels
que font le Noyer , l’Ebénier , le
Cyprés , le Gayac, & le Géné-
vrier. Enfin on peut dire que 1a
_ Nature a donné à une infinité
d’Infectes des membres particu-
liers, dont ils favent fe fervir pour
percer la plüpart des vege-
MUR) 5 :::
Il y a des Infettes qui n’atta-
quent que certaines plantes | &
qui s’y trouvent toûjours fans fe
rencontrer jamais fur d’autres.
_ Ceux-là peuvent être regardez
< EF
com-
(*) Malpighi de Gallis pag. 112.
- (T) Voyez fur cela , Eleazar Albin , His
toire naturelle dès Infecfes d'Angleterre. His:
zoire de Acad. Roy. des Scien. An. 1705.Ma-
rie Sibille Merian, Differtation [ur la généra-
Sion @* les transformations des Infetes de Su-
… Tina. Pag. 50. |
(82)
comme les poux de ces plantes. If
y en a d'un autre ordre qui font
difperfez çà & là dans les eaux ou
fur la terre, & auxquels la Nature
a accordé pour nourriture la plû-
part des Vegetaux qu’ils ont à leur
rencontre. Nos Vers pourroient
être rangez dans cette derniere
clafle. Dieu qui les a fait naître,
n’a pas voulu que la race s’en étei-
gnit jamais , & peut-être a-t-1l fal-
lu pour conferver l’ordre ‘établi
dans l'Univers que ce privilege
leur fût accordé. Tout ce qui
exifte , ne femble exifter qüe pour
le ien-être des Creatures en gé-
néral. Elles font comme liées les
unes aux autres , elles fe tiennent
pour ainfi dire , & sil manquoit
ici bas une feule des efpeces qui y :
font placées , 1l en arriveroit de
très-grands defordres. |
Cette verité ne fe fait connoitre
que loriqu'on examine les chofes
avec quelque attention. En voici
| un
De (35
un exemple , entre cent mille
qu'on pourroit alleguer à ce fujet.
Si les arbres étoient fans feuilles
coutes les efpeces de Chenilles
qui s’en nourriflent periroient dans
très-peu de tems. Mais fi ces
Chenilles n’exiftoient pas qu’en
arriveroit-1l ? Alors une infinité
d'Orfeaux qui ne vivent prefque
que de chenilles & qui en nour-
riflent leurs petits |; mourroient
pour la plüpart de faim. Or fi
ces petits Oifeaux venoient à pe-
rit, ou du moins fi le nombre en
diminuoit confiderablement , il
faudroit de neceflité que la plû-
part des Oifeaux de proye peris-
ent aufli par la faim. En effet
quelle feroit alors la nourriture
des Faucons , des Milans , des
Æigles, des Coucous, des Crfra-
yes, des Laniers, des Vautours,
des PBufes & des ÆEperviers.
Vous me direz fans doute que ces
Oïfeaux carnafliers pourroient a-
è | F2 lors
(84)
lors chafler aux-rats & aux fous
ris. Je lavouë , & quelques-un-
d’entre eux le font aufli quelque-
fois. Mais s’ils étoient obligez de
fe dédommager fur les rats & les
{ouris |, combien ne leur en fau-
droit-1l pas pour fuppléer au dé-
faut des petits oifeaux. Et alors,
qu’auroient les Chats, ne fe plain-
droient ils pas qu’on leur diminue
leur portion. On fe plaint quel-
quefois des mouches , & on en
maudit la race; mais de quoi vi-
vroient les Hirondelles , fi elles ne
trouvoient des mouches. Ces Oi-
{eaux viennent ici dans le Prin-
_tems , lorfque les mouches com-
mencent à paroïtre, & ils fe reti-
rent dans l’autonne qui eft le tems
où la mortalité fe met parmi ces
infectes. Il falloit donc qu'il y
eût des mouches pour l'entretien
des Hirondelles. |
Si les Animaux vouloient vivre
Cn paix , & avoir certains gris
| es
rs
(85)
les uns pour les autres, la plüpart
d’entre eux periroient de faim.
Ils ne pourroient jamais fubfifter,
s'ils n’étoient meurtriers les uns
des autres : aufli eft-ce une neces-
fité abfoluëè qu'ils s’entre-détrui-
fent. La loix générale eft que le
plus foible foit foumis au plus fort,
fi l’adrefle du plus foible, ne peut
éviter la puiflance du plus fort.
Les poux, les puces, les vers, les
mouches, & les plus viles infectes
perdent le refpeét pour la majefté
de l’homme , & ofent linfulter.
Quand un Loup , un Tigre, ou
un Loup en fureur recontrent un
homme, 1ls le dechirent & le met-
tent en pieces. L’homme en ufe
à peu près de même à l'égard des
Animaux , quoiqu'il regarde cette
_ loix comme une des fources du
défordre, lorfqu'elle tourne à fon
défavantage. Îl n’y a rien , pour
anfi dire, qu’il ne s’approprie. IL
fait main bañle fur tout , & on
| F 3 peut
(86)
peut dire que c’eft le plus meur:
trier d’entre tous les Animaux.
Les Habitans d’une feule Ifle (*)
maflacrent par an plus de 675000.
bœufs ,; & deux ou trois fois au-
tant de moutons , fans parler du |
gibier & de la volaille. |
Ce qui eft la caufe de toutes
nos plaintes dans les maux que
nous avons quelquefois à fouffrir .
de la part des autres creatures,
c’eft que l’on fe perfuade que tout
cft fait pour Phomme , & dans
cette faufle idée on voudroit que
tout plit fous lui, & qu'il n’y eût
dans l'Univers que ce qui peut
contribuer à {on avantage. À quoi
bon tant d’Infettes, dit-on , qui
ravagent les campagnes : à quoi
bon tous ces vermifleaux qui rui-
nent les digues & criblent les vais-
feaux. Mais nous devons confi-
de-
(*) D’Angleterre.
D: COX.
derer que Dieu en créant ces Ani-
maux, a voulu en conferver la ra-
ce ; c’eft-lui qui les a deftinez à
vivre dans les troncs des arbres
plantez fur le rivage de la Mer;
& pour cet effet , 1l les a armez
d’un cafque ou d’un inftrument ca-
pable de percer le bois, pour pou-
voir y entrer, y pénétrer, s’y ni-
cher, s’en nourrir, & par confé-
quent le cribler & lé miner entié-
rement. Le bois eft peut-être la
feule chofe qui puifle leur fervir de
nourriture. :
Du refte on feroit fort mal de
conclurre de ce que je viens de di-
re , qu'il faut laifler ces Infectes
en paix. Bien loin de là , nous
fommes tous intereflez à les dé-
truire pour notre propre conferva-
tion, düt-1l en couter la vie à une
_ infmité de poiflons auxquels 1ls
fervent de nourriture. II feroit r1-
dicule que nous eufions le moin-
dre ménagent pour des infectes
| EF 4 qui
(88)
“qui nous font fi nuifibles | tandis
que nous mettons à mort fans au-
cune mifericorde quantité d’autres
Animaux dont nous n’avons rien à
craindre. HA
Bien des gens font curieux de
favoir fi ces Vers ne fe détruiront
pas infenfiblement , ou du moins,
s’il y a lieu d’efperer que le nom-
bre en doive diminuer. Vous me
faite vous même cette demande,
Monfieur , & il me paroït que
vous témoignez un peu trop d'in-
re à ce fujet. Penfez vous
s
de pareils doutes. Dieu nous ca-
che l'avenir [ous d'épailfes téne-
onc que l’on puifle vous éclaircir
bres ; à fe rit de nos inquiéru- .
2
des ; lors qu’elles vont plus loin
qu'il ne faut. (*) Tout ce qu’on
peut faire dans des cas de cette
| —.
(*) Deus premit nocte caligino[a futuri tem-
poris exitum ridetque fi mortalis trepidat ul-
tra fas. Horat.
sé
| (89)
nature , c’eft de hazarder quelque
conjeéture , qui foit néanmoins
fondée , & de joindre le pañlé 2-
vec l’avenir, afin de pouvoir juger
par lun de ce que nous avons à
craindre ou à efperer pour lautre.
C’eft ce que je vais tâcher d’éxe-
cuter. Mais ne vous attendez pas
que je traite ce fujet à fond, il eft
trop vafte , & m’entraineroit ne-
ceflairement dans de trop grands
détails & de trop longues difcus-
fions. Cependant avant de vous
rappeller ces exemples , permettez
moi de faire quatre ou cinq réflé-
XIONS , que je vous donne pour
autant de principes , tous démon-
trez par l’expérience. Vous ver-
rez dans la fuite l’ufage que j'en
ferai. | |
1°. Tous les Infettes qui fe ma-
nifeftent de tems en tems, & que
Fon regarde comme de nouvelles
efpeces , ne peuvent avoir pris
naffance que par la voye de la gé-
| FE ÿ __ né-
- (0
nération, & il faut de neceñité re-
monter jufqu’aux premiers Indivi-
dus que PAuteur de la Nature a
formez , pour en trouver la pre-
miere origine.
2°. Ce qu’on nomme ordinaire-
ment corruption , peut bien don-
ner lieu à la manifeftation d’un
corps organifé, tel qu’eft celui de
tous les Infectes ; mais il n’eft ja-
mais la caufe de la formation des
parties qui le compolent. Ce prin-
cipe eft une fuite néceflaire du pré-
cédent. ie:
3°. Les Oeufs ou Semences des
Infectes contiennent toûjours les
premiers rudimens des differens
Animaux qui en doivent naïtre.
. 4°. La plüpart des Infeétes dé-
pofent ordinairement ces œufs
dans des endroits capables d’aider
au dévéloppement de l’Embryon,
& où 1l puifle en naïflant trouver
une nourriture qui lui convienne.
La Providence a eu foin de don-
ner
(91 ) |
ner cet admirable inftinét aux in-
fetes | & c’eft-un des plus füres
moyens dont elle fe fert pour en
conferver les efpeces. Si une
Mouche faifoit fa ponte fur une
pierre , que deviendroient les pe-
tits Vers qui en naïtroient enfuite ?
Ils périroient fans doute un mo-
ment après leur naiflance. Où la
pofe-t-elle donc cette ponte ? Sur
quelque piece de chair, ou fur un
cadavre, qui puifle fervir de nour-
riture à tous les vermifleaux qui
fortiront de ces œufs. Il y a des
Vers qui ne fe trouvent que dans
certains fruits , & qui ne pour-
roient Jamais vivre ailleurs, parce-
que toute autre nourriture differen-
te de celle de ces fruits, ne feroit
pas propre à les faire croître. Or
ces Vers viennent de certaines
mouches qui piquent ces fruits,
lorfqu'ils font encore tendres , y
font un trou aflez profond , dans
lequel ils dépofent un ou plufieurs
œufs
\
”
(92)
œufs ; d’où fortent quelque tems
après de petits vers , qui trouvent.
en naïflant de quoi fe nourrir.
Quelle prévoyance dans des mou-
ches ! On ne veut pas qu’elles rai-
fonnent , & c’eft juftement pour
cela que le phénomence en eft d’au-
tant plus furprénant. Un Animal
fans raifonnement fe propofe une
fin , & fait des chofes de l’ordre
de celles que Phomme n’éxecute
jamais qu'après bien des réfléxions.
Quelle merveille! Tout cela, dit-
on, n’eft qu'un effet de Pinftinét.
Soit , l'inftint peut donc aller
aller quelquefois de pair avec la
raïon, Mais laiflons là ces réflé-
xions, voyons plütôt ce que dit à
ce fujet Monfieur Albin Natura-
lifte Anglois. ,, Depuis, dif-1/, (*)
» que j'ai fait des Obfervations,
5 JE n’ai pas rencontré la moindre
> Cho-
(*) Eleazar Albin dans fon Hiftoire natu-
relle des Infectes d’ Angleterre.
(93)
chofe qui m’ait donné lieu de
douter que les Infectes en géné-
ral ne foient produits d’Ani-
maux de la même efpece. fa
été confirmé dans cette penfée
par les Expériences du curieux
François Redi | homme d’es-
prit d’ftalie, qui a écrit fur cet-
te matiere. Je ne fai néanmoins
comment il eft arrivé que cet
habile Obfervateur de la Natu-
re fe foit trompé f1 grofliere-
ment que de croire que quel-
ques Infectes s’engendrent des
Vegetaux dans les Excrefcences
° 5 2 ils fe forment. Il pa-
roitra clairement à quiconque
voudra fe donner la peine de
lPéxaminer avec foin , qu'il y a
des mouches qui font de petits
trous dans la peau exterieure,
ou dans l’écorce des plantes afin
d’y loger leurs œufs; que le tis-
fu des vaiffleaux étant ainfi rom-
pu, la feve qui y pañle y a
>> 1€S
(94)
les excrefcences que l’on y re-
marque ; que ces excrefcences
fervent de Nid ou de Matrice
aux Animaux , & leur fournis-
fent mème des alimens , lors-
qu'ils ne font que d'éclorre, que
cela conferve la feve de lAni-
mal jufqu’à ce qu'il puifle voler,
après quoi 1l fe fait. à lui même
une ouverture pour en. forur ,
quelque épaifle que foit l’excres-
cence ; ce qui eft d'autant plus
admirable qu'il y a quelques-
unes de ces mouches qui font
fort petites , & de ces excres-
cences qui font fort dures. On
obferve cela facilement dans la
Noix de Gale commune ; car
s’il n’y a point de trou , vous
trouverez à coup für un Infecte
mort , foit qu'il fût encore en
Ver ou en Mouche , lorfque la
Noix a été cueillie , & f1 vous
y voyez untrou , c’eft que la
_5> MmOu-
|
(95)
,, mouche eft parvenue à fon état
» de maturité, & s’eit envolée.
5°. Il y a quelques autres Infec-
tes qui femblent prendre moins de
foin de leurs produétions, ils jet-
tent leurs œufs comme à l’aventu-
re , & fouvent dans des endroits
où les petits Animaux qui en nais-
fent , ne trouvent aucune nourri-
ture autour d’'Eux.. Mais la Natu-
re a donné à ceux-c1 ou des ailes,
ou d’autres membres qui les aident
à {e tranfporter par tout pour cher-
cher de quoi fe nourrir.
6°. Le vent enleve de deflus la
terre une infinité de petits œufs &
de femences , tant des Animaux
que des Vegetaux , qu'il difperfe
çà & là, & auxquels 1l fait traver-
fer des efpaces immenfes. On eft
quelquefois furpris de voir.paroï-
tre tout à coup une quantité pro-
digieufe d’Infeétes dans des en-
droits où l’on n’en avoit jamais vû
de cette cfpece. Souvent aufli on
SPP | voit
(96) |
voit naître des plantes dans un ter-
rain qui n’en a Jamais produit de
femblables. D’où viennent ils donc
ces Infeêtes , d’où viennent ces
nouvelles plantes ? Ils viennent les
uns & les autres des œufs & des
femences que le vent a difperfez.
Mais rendons la chofe fenfible par
quelques exemples. |
On voit naître tous les joursune
infinité de petits Champignons
fur du fumier ou plûtôt fur des
crotes de Cheval. Mais quel rap-
port y a-t-1l de ces crotes aux
champignons? Aucun. 1] faut donc
que la femence des champignons
fe trouve dans ce crotin ,| qui de
lui-même n’a pas la vertu de pro-
duire aucune plante. Mais d’où
feroit venue cette femence fur ce
crotin. Etoit elle dans lavoine,
dans le foin, ou dans la paille que
le cheval a mangée ? Etoit-elle
dans Peau qu'il a buë ? Point du
tout. Comment donc cette fe-
| | men
“Re
Y
(97)
mence s’eft elle trouvée & fe troti:
ve-t-elle prefque par tout fur ce cro:
tin? L’y feme-t-on? Encoremoins,
. puifqu’elle eft invifible. Mais vois
ci de quelle maniere la chofe arri-
ve. Ces femences qui exiftent cer-
tainement , doivent être fort me-
nues & fort legeres ; par confe>
quent elles peuvent être aifément
. emportées dans l'air ; & fe repan-
6
D:
, fi |
| L
dre enfuite de tous côtez. Or fi
_ Pon fuppofe comme on le doit,
que le crotin de cheval , préparé
d’une certaine maniere , eft une
terre propre à faire germer ces pe-
tites graines , ne conçoit-on pas
- d’abord qu’elles produiront neces-
fairement des champignons , lors-
qu’elles feront reçuès dans cette
matrice. On peut confulter Mon-
fieur de Zournefort fur cet arti-
cle. (*) D'ailleurs ce fyftème eft
en :: d’au-
(*) Memoir.de l’Acad. Roy. des Scien. An.
1707. pag: 72. é
C8)
d'autant plus vrai-femblable , felon
la remarque de Monfieur de Fon-
tenelle (*) LI Qu'il eft certain
préfentement que les Plantes,
qu'on croyoit n'avoir point de fe-
mences, & auxquelles on en a dé-
couvert, font celles qui en ont le
plus. 2. Que ces petites femen-
ces peuvent être plus aifément
tranfportées en une infinité de
dieux par mille hazards différens.
3. Qu'à caufe de leur extreme pe-
titefle elles font plus à couvert des
injures du déhors , & fe confer-
vent plus long tems fans aucune al-
teration. On peut dire, que, par
cette mème raifon , elles font plus
délicates fur le choix des fucs, qui
les doivent déveloper |, & ont be-
foin de circonftances plus particu-
hicres & plus rares. |
Ces femences s infinuent pres-
que
(*) Hiffoire de l Academie Royale des Scie
ces. Ân. 1707. pag. 57-
C9)
que par tout, elles s'introduiferit
dans les maifons , entrent dans les
chambres |, & pénétrent jufques
dans des coffres fermez. On ne
fauroit dire combien de differentes
fubftances peuvent leur fervir de
matrice & leur fournir des fucs
propres à les faire germer. On
trouve une infinité de petits cham:
pignons fur la couverture d’un livre,
fur de vieux fouliers , fur le plan-
cher d’une chambre humide , fur
des confitures | fur du pain, &
fouvent ce qu’on appelle Mo:fif[u-
re n’eft autre chofe qu’un amas de
ces petites plantes , qui forment
une efpece de parterre. On en
voit jufques fur les bandes & les
satelles appliquées aux fractures des
malades , comme l’a obfervé plu-
fieurs fois Monfieur 4e Mery àl HG-
tel-Dieu (#). Monfieur Æo0k (T)
Le : 0
(*) Ibidem. RE
(+) Micros Yournal des Savans 20. Dec.
n. 1666.
(xc0)
dit avoir vû diftin®ement au Mi:
crofcope, dans unc tache de Moi-
fiflure , fur la couverture d'un livre,
des fleurs ; les unes en boutons,
les autres à demi épanouïes, quel-
ques-unes entierement fleuries.
Les femences du Lierre , (*)
celles des Moufles, des Capillaires
& de la plüpart des plantes para-
fites , font aufli portées au hazard
par les vents dans des lieux fort é-
loignez de celui ou elles avoient:
pris naiflance. Aufli rencontre-t-
on tous les jours ‘une infinité de
petites plantes fur les toits , les.
murs, & les tours les plus élevées.:
La même chofe arrive à la pous-
fiere des Etamines ou Tefticules
des plantes mâles ; car cette pous-:
fiere qui eft la veritable femence
de ces plantes, eft fouvent enlevée
dans l'air à une hauteur extraordi-
| nai-
(+) AG, Britann. Compend. T. 11. 144.
(101)
naire , & retombe enfuite fur la
terre , lorfqu'il ne regne aucun
vent. D’ordinaire cette poufliere
eft fort jaune ; & c’eft ce qui a
fait croire au’ peuple & aux igno-
rans, qu ” tomboit une pluye de
“ouphre.
a Dudley (+) à de-
montré qué dans le Mabiz ou
Blé des Indes cette femence fe
portoit toûjours des plantes mâles
“aux plantes femelles ,; quoiqu’elles
fuflént fort éloignées les unes des
“autres. . On remarque qu'aux mois
de Jañvier & de Fevrier, le Cou-
drier poufle ce que lon appelle
<ommunément des Châtons.: Ce
font de longs bouts compolez de
-fort' petites eue: lefquelles ,. ‘vers
Je commencement de Mars:, fe
couvrent d’une poufliere fine qui
en cit là femence mâle. ‘Or ceft
G 3 nl
(*) Tbid. T'. II. . MI
(+) Mem. phil. de la Soc. Roy. LA 1724
| (102)
juftement dans ce tems:là que les
parties femelles paroiflent aux. bou-
tons de cet Arbre, & ceci arrive
précifément dans la-faifon. la plus
impétueufe de l’année, afin que la
pouliére mâle puifle être portée
plus facilement aux parties femelles
de la plainte. QT
. Ce qu'on rapporte..du Palmier
fait voir à quelle diftance cette
poufliere eft quelquefois portée par
le vent. On fait qu'il y a des Pal-
muers mâles & d’autres qui font .fe-
melles. Thcophralte, ‘Profper Al-
pin, & plufieurs autres Botaniftes,
conviennent que fi.un pied. femelle
na point: de mâle dans fon voifi-
nage 1} ne porte. point defruit, ou
que, silen porte, 1ls ne viennent
point à maturité ; 1ls font pres,
de mauvais goût, fans noyau , &
_par çonfequent fans: gérme. Se
| r
(*) M. Gebffroy le Jeune dans les Mer,
de P Acad. Roy. des Sciénces. An. 1711.
AR.
| (103)
Or ce fait prouve, ce femble, que
le Vent doit neceflairement porter
la femence du Palmier mâle fur les
fruits du Palmier femelle.
Mais voici un autre fait encore
plus fingulier. Yovzanus Ponta-
aus, Précepteur. d’Æ/phonfe Roi
de Naples raconte (*) que lon
vit de fon tems deux Palmiers,
lun. mâle cultivé à Brindes | &
l’autre fémelle élevé dans les bois
d'Ortrante ; que ce dernier fut
plufieurs . années -fans porter de
fruits , jufqu'à ce qu’enfin s'étant
élevé au deflus des autres arbres de
la Forêt, il pût appercevoir le Pal-
mier mâle de Brindes ; quoiqu'il
füt éloigné de plus de quinze
lieuës | car alors il commença de
porter des fruits en abondance &
fort bons. Oril n’y a aucun lieu
de douter ; qu'il ne commença
G 4 pouf
_"*
(*) Ibidem..
Cox)
‘pour lors de porter des fruits, que
parcequ’il commença à recevoir {ur
fes branches & fur les Embryons
de fes fruits | la poufliere des Eta-
mines que le vent enlevoit de des-
fus le palmier mâle par deflus les
autres arbres. Je pourrois confir-
mer tout ce que je viens de dire
fur cette matiere par d’autres exem-
ples , mais les bornes que je me
fuis prefcrites | ne me permettent
pas de m’étendre davantage.
… Il doit y avoir, & ilya en ef-
fet toûjours dans l'air une infinité
de petits œufs invifibles, qui vien-
nent de ces petits Animaux que
lon ne découvre que par le moyen
des meilleurs Microfcopes. C’eft
ce qu’un grand nombre de Curieux
ont fait voir par plufieurs expe-
riences. En voici quelques-unes.
Leeuwenhock ayant eu en 1676.
la curiofité de confiderer avec un
excellent Microfcope , de l’eau de
puits qui avoit refté long-tems dans
UuRñ
}
Po (7 |
un pot de terre neuf & verniflé, 1
y remarqua un nombre prefque 1n-
finide petits Animaux dix mille
fois plus petits que ceux que
Swammerdam avoit vûs autrefois
fans Microfcope,
Il y en avoit de plufeurs efpe-
. ces. Ceux de la premiere fem-
bloient être compofez de 5. de 6.
de 7. ou de 8. globules fort clairs.
On pouvoit remarquer dans l'es-
pace d’un grain de gros fable plu-
fieurs centaines de ces petits Ani-
maux, qui fe trouvoient renfermez
dans quelque peu de filamens.
Ceux de la feconde efpece étoient
un peu plus gros. Ceux de la
troifiéme qu’il découvrit dans une
goute d’eau , étoient huit fois plus
petits que les premiers | & deux
fois aufli longs que larges.
Ceux de la quatriéme efpece ont
_ leur corps mille fois plus petit que
n’eft l'œil d’un poux. Le 26. de
May , il fit amañler de l’eau de
4 G 5 pluye
(106 })
pluye qui couloit des toits de fa
mafon , & il y trouva quelques
Animaux fort menus. Mais com-
me il n’en découvrit point dans
l’eau de la même pluye qu'il avoit
amañlée telle qu’elle tomboit du
ciel, 1l croit que les Animaux qui
étoient dans l’autre, yétoient tom-
bez des goutieres de plomb où ils
s’étoient formez dans l’eau qui y
étoit reftée des pluyes précédentes.
Cependant ayant confervé cette {e-
conde eau , 1l y remarqua quel-
ques petits Animaux fort tran{pa-
rens. Le lendemain il y en décou:
vrit une plus grande quantité dont
quelques-uns étoient devenus un
peu plus gros. Un millier de ces
petits Animaux. . felon cet Auteur,
n’égalent pas en grofleur un grain
defable ordinaire... 8
Le 9. & le 10. de Juin ayant
plû encore plus fort , 1l amafña de
leau de cette pluye ; & layant
gardée juiqu’au lendemain , 1l ap-
| per-
RE 17
| en
Ê
|
|
|
id. à
perçut jufqu'à mille de ces petits
Animaux dans une feule goute de
cette eau. . Le 12. le nombre de
es petits Animaux fe trouva au-
gmentée dans chaque goute de cet-
te eau jufqu’à deux mille. Le 13.
il obferva une nouvelle efpece d’A-
nimaux huit fois plus gros que les
autres. Le. 14. 1l y remarqua un
grand nombre de petits Infectes
qui avoient une partie tran{paren-
te, & qui étoient plats au deflous,
& ronds au deflus. Il y découvrit
encore d’autres petits Animaux en
orand nombre, , aufli bien que dans
quelques goutes d’eau d’une autre
pluye qu'il avoit gardée du 17. au
26. du même mois , n’y ayant pü
rien remarquer dans le tems qu’on
la ramaña.
… Le même Auteur ayant eu des-
fein de découvrir d’où vient que
le Poivre pique fi fort la langue,
il en mit tremper dans de l’eau
lefpace de trois femaines , y ajoüû-
| tant
, CPR, ee
tant par deux fois de Peau de nei-
ge, parceque lautre étoit exhalée,
& le 24. d'Avril 1676. 1l décou-
vrit dans cette eau par le moyen
du Microfcope un nombre infini
de petits Animaux de diverfe gros-
feur, de diverfe figure , & de dif-
ferente couleur. La plüpart 2-
voient des queuës comme ceux
qu'il avoit obfervez dans l’eau de
pluye.
‘ Le 26. il mit deux onces & de-
mi d’eau de neige qu’il avoit gar-
dée trois ans entiers fans y avoit
pü Jamais rien découvrir d’animé,
& y ayant ajoûté demi once dé
poivre entier, enfin le 6. de May,
il y découvrit beaucoup d’Animaux
fort petits qui fe mouvoient lente-
ment & quelquefois en rond. |
- Le 7. il en vit un nombre beau-
coup plus grand , & ayant ajouté
de l'eau de neige par deux diver-
{es fois , 1l découvrit le 23. une
+ nou-
RL, { SRE
EN
(rod).
_ nouvelle forte d’Animaux parfaite-
ment ovales dans leur figure.
. Le 24. il y trouva un pius grand
nombre de ces petits animaux,
juiques-là qu'il croit qu’un million
de cette forte auroit à peine la di-
menfion d’un grain de fable.
Le 26. il en vit tant, qu’il croit
qu'il y en avoit pour le moins fept
ou huit mille dans une goute
d’eau.
. Pour rendre raifon de Îa nais-
fance de tous cés petits Animaux,
_ Monficur Ÿoblot fuppole (*) qu'il
vole ou nage dans Pair voifin de la
terre , un nombre innombrable de
de très-petites Animaux de diver-
fes efpeces | qui s'appliquent fur
les plantes qui leur conviennent,
s’y arrêtent, & y dépofent leurs
œufs , où de nouveaux Infeétes
font renfermez. Il ajoûte qu’une
| plan-
= (9) L. Joblot, Deféription & ufage de plu-
© feurs nouveaux Microftopes.
7 . :: CES
plante peut être la favorite de plu-
fieurs efpeces d’Animaux , &c dé-
venir la dépofitaire de leurs œufs; :
d’où il fuit que fon infufion fera
fuffifante pour faciliter la naïffance
de ces Infeétes , & fournir tout ce
qui fera néceflaire pour leur fub-
fiftance.
Ce que dit à ce fujet Monfieur
Noblot eft bien vrai, mais néan-
moins 1l n’eft pas néceflaire de fup-
poler que ces petits Animaux
foient les mêmes que ceux qui fe
trouvoient fur ces plantes avant
leur infufion. Ces œufs doivent
être d’une petitefle énorme, & par
conféquent ils peuvent nager dans
Pair & être tranfportez dans une
imfinité d’endroits. Comme il y
en a un nombre innombrable par
tout & de differentes efpeces, ne
peut-on pas fuppofer que quel-
ques-uns d’entre eux peuvent tom-
ber dans l’eau , dans linfufion de
certaines plantes, ou dans quelque
au-
(111)
autre liqueur, propre à les faire €.
clorre & où 1ls trouvent une nour-
riture convenable. Ce fyfteme eff,
ce femble , d'autant plus vrai-fem-
blable que plufieurs de ces petits
-Animaux fe rencontrent non feule-
ment dans linfufion des plantes,
mais encore dans l’eau pure, dans
l’éau de neige & dans d’autres li-
queurs. |
Tout cela démontre invincible-
ment ; Premierement que l'air eft
rempli de graines & d'œufs invifi-
bles des Plantes & des Infettes,;
& en fecond lieu que ces graines
où femences qui font toutes d’une
lecereté extraordinaire peuvent être
portées çà & là, & fouvent même
dans les endroits les plus éloignez.
De cette manière /a Terre ; com-
me le dit Monfieur de Fontenel-
le (*) fe trouvera pleine d'une
(*) Hiffoire de lAcademie Royale des Siiæ-
ces. An, 1707. L
_— (Ma
infinité inconcevable de V'egetaux
& d'Animaux déjà parfaitement
formez & deffinez en petit ; à
qui n'attendent pour paroître en
grand ,; que certains accidens fa-
vorables | © l’on pourra imagi-
ner, quoi qu'encore tres-imparfais
tement ; combien doit être riche
la main ; qui les a femeë avec
tant de profufron. |
Rien n’eft plus ordinaire que de
voir dans le Printems une infinité
de mouches ou d’autres Infectes,
_ qui paroiflent prefque tout à coup
fur les Arbres ; qui en mangent
les feuilles ou les fleurs dans très-
peu de tems , & fruftrent par là
les Jardiniers de leur attente. On
eft alors d'autant plus furpris du
phénomene , qu’on n’avoit remar-
qué aucun Animal de cette efpece
_ les années précédentes. D'où vien-
nent 1ls donc ces petits Animaux.
Ce font certains vents qui ont en-
levé ailleurs les œufs d’où ils ps
| Or-
SR (C7
- fortis , & les ont tranfportez fur
les Arbres où 1ls fe font arrêtez.
On s’eft plaint ici d’un pareil acci-
dent cette année. | |
Mais rien n’eft plus remarquable
que ce qui arrive quelquefois dans
l'Amerique , où 1l tombe des gou-
tes de pluye d'une grofleur extra-
_ ordinaire. Si ces goutes tombent
fur la peau, elles la rongent: fiel-
les tombent fur les habits , on y
voit naître peu de tems après une
infinité de Vers. (*) Sans doute
que ces Vers viennent dé petits
œufs , qui après avoir été élevez
dans lair , retombent enfuite avec
la pluye fur les habits où ils é-
_ clofent. | |
Un jour le Celebre Monfieur
Boerhaave attacha à un-fil fort
. mince & fort long un morceau de
chair qu'il avoit enduit d’huile de
HUE H T'e-
x
C) 4. Li. fappl. TE p. 415.
(114)
Terebenthine à après lavoir fait
bouillir pendant quelque tems avec
de l’Alcohol. Il l’expofa enfuite à
Pair dans un tems humide & un
peu chaud, & dans un lieu où cer-
tainement l’on ne devoit pas croi-
re qu'il y eût un feul Infecte.
Qu’arriva-t-1l ? Peu de tems après :
cette chair fé trouva remplie de
petits Vers , qui achevoient d’en
ronger les parties les plus fucculen-
tes. Or les œufs qui ont donné
naiflance à ces petits Animaux,
n’ont püû fe trouver fur cette chair,
que par la moyen de Pair qui les y
aura portez. C’eft la conclufion
que tire l’Illuftre Profeffeur de fon
experience. (*) à
Sil.eft donc vrai, comme nous
venons. de le démontrer que l'Air
contient une infinité de petits œufs
& de femences, qu'il charie, pour
ds | Fr _ ainfi
(*) Ekementa Chemie, Tom. L. pag. 489.
(r15) |
änf dire , par tout , il n’eft pas
moins certain que les vagues de la
Mer entraitent avec Elles quantité
_d’Ocufs de Poiflons, qu’elles con-
duifent çà & là, & qu’elles dépofent
enfin dans des endroits où ils s’ar-
rêtent, où ils éclofent & prennent
naiffance.
Dans cette fuppoñition , il eft à
croire qu'il y a une infinité de ces
Oeufs qui ne prodiifent jamais
rien , parceque la Mer , les jette
fouvent dans des endroits où 1ls ne
peuvent éclorre , & où,, quand
mème ils écloroient , les petits A-
nimaux naiffans ne fauroient vivré,
faute de trouver autour d'Eux une
nourriture convenable.
Les petits Ocufs des Infoétes qi
ne vivent que far terre , font exe
pofez aux mêmes accidens. Com-
bien n’y en a-t-il pas que lehazard
fait tomber dans des endroits où
ils ne produifent jamais rien ? Com-
| pa voit-on tous les jours de’ pe-
FL 2 tits
(116)
tits Animaux perir un moment 2-
près leur naïfflance , lorfqu'ils ne
rencontrent pas des alimens qui
leur conviennent. Mais la Nature
a mille reflources pour réparer tou-
tes ces pertes. Elle feme par tout
une fi prodigieufe quantité de ces
petits Oeufs , ou plütôt de petites
Créatures. renfermées dans des
membranes, qu’il y en à toüjours
un nombre fufhfant que d’heureu-
fes rencontres font tomber dans
une Matrice propre à les faire é-
Cortes | Trad) sb
.. C’eft de cette maniere qu'un
Vaifleau, après un long cours, fe
trouve: quelquefois rempli dune
infinité. de Vers de Mer , & tout
couvert par deflous.de differens
petits Coquillages, qui y fontcom-
me collez. C’eift ainfi qu'un Na-
turalifte rend raifon de l’origine
des Bernucles où Macreufes, que
l’on dit ordinairèment s’engendrer
de bois pourri fur. les D'AUEES
| 2
DUT
117)
Il eftbien vrai, dir-5/, (*#) que
ces Animaux naïflent dans les
fentes de quelques pieces de
bois, qui fe pourriflent, mais il
n’eft point vrai que ce foit ce
bois qui fe convertifle en leur
propre fubftance. Voici com-
ment fe fait leur génération. La
Mer étant agitée, poule fes va-
gues contre ces pieces de bois,
& comme l’eau de la Mer eft
toüjours remplie d’une infinité
d'Oeufs de divers Poiflons , les
Oeufs qui font pouflez avec les
vagues dans les fentes du bois,
s'y arrêtent , & s’échauftrent
par le Soleil ,; ou par d’autres.
caufes, & produiflent en peu de
tems des Bernucles ou des Mu-
creufes. J'ai dans mon Cabinet
deux de ces Oeufs , qui ont eu
le tems de groflir jufqu’à la lon-
3 » BUEUr
( Voyez le Fournal des Savans ,11. Juin,
1672. Pag: 177.
(118):
5 gueur d’un pouce ,» & à la lar-
» geur d’un décai-poites ils font
» Encoré attachez par un de leurs
» bouts. à un morceau de bois,
» qui a été feparé exprés d’une
» Plus grande piece ; ils s'ouvrent
» €n deux comme une Huitre | &
» lon voit au milieu toutes les par-
» ties de ces Animaux , qui ont
déjà bien formées.
Puis donc qu'il confte par Îles
deux premiers Principes que nous
avons donnez pour demontrez, (*)
qu'il ne fe forme plus de nouvelles.
cfpeces parmi les Animaux, & que
le plus vil de tous les Infectes doit
néceffairement être défcendu par
la voye de la génération des pre-
mucrs Individus que PAuteur de la
Nature à placez dans les Eaux &
{ur la Terre | nous devons regar-
der tous ces Vers des Digues, dont
quelques-uns n’avoient jamais été
| con-
(*) Voyez ci-deflus p. 89. & 90.
th à Re ne —
(119)
cohnus, comme une efpece d’Ani-
maux aufli anciens que le monde,
& qui ont de tous téms propagez
dans les eaux de la Mer. On doit
aufli concevoir , en fe rappellant
les autres principes qui ont été éta-
blis enfuite, comment ces Versont
pu fe trouver en fi grand nombre
dans la plüpart des Piliers qui fer-
vent d'appui aux Digues de ce
Pays. En effet ces Infeites ont
été d’abord renfermez dans autant
d'Oeufs ou Semences qui en con-
tenoient les premiers rudimens,
comme 1l fuit du troifiéme de ces
principes. (*)
Dans les fuivans nous avons de-
montré premiérement ; qué pres-
que tous les Infectes dépofoient
leurs œufs dans des endroits qui
peuvent aider au développement
dé PEmbryon, & où il trouvoient
en même tems de quoi fe nourrir.
FL 4% "M0
0 P pe AU
| (Ciseh
Nous avons fait voir enfuite que
d’autres Infeêtes jettoient quelque-
fois leurs œufs comme à l’avantu-
re, & que dès que le petit Animal
en étoit {orti, 1l fe trouvoit en état
d’aller chercher fa nourriture. En-
fin nous avons prouvé que le vent
& les vagues de la Mer enlevoient
un nombre anfini de ces œufs,
qu’elles les entrainoient avec Elles,
& les tranfportoient enfuite dans
des lieux fouvent fort éloignez de
celui où 1ls étoient auparavant.
C’eft , ce femble , de Pune de
ces manieres que les piliers des di-
gues fe feront trouvez infectez de
cette vermine. Car 1°. les Vers
qui ont engendré ceux-ci ont pu
laufler leurs œufs fur la furface du
bois ,.& les vermifleaux qui feront
fortis de ces œufs | ayant trouvé
en naiffant une nourriture capable
de flatter leur goût , auront rongé
d’abord ce bois, lauront percé, &
y feront entrez infenfblement. 3
| ur
7 (124) £ ,
2°, Il fe peut aufi que ces œufs
ayent été jettez à quelque diftance
peu éloignée du rivage de la Mer,
& que les petits Animaux qui y é-
toient renfermez, fe foient rendus
peu de tems après leur naïffance
vers les piliers ; fur la furface des-
quels ils fe feront arrêtez. |
39. Qui fait fi les Meres de ces
Infectes n’ont pas fait leurs pontes
dans des endroits éloignez de plu-
fieurs lieuës de nos Digues. La
chofe a pu fe faire de cette manie-
re ; & il eft. aufli poflible qu'un
vent favorable pour ces œufs les
ait jettez. fur nos côtes où 1ls au-
ront éclos.
4. On conçoit encore que ces
petits Vers ont pu prendre naïffan-
ce dans des endroits fort éloignez
de nos bords, & qu’enfuite les va-
gues les ont tranfportez du côté
des digues.
5”. On peut croire enfin que ces
_œuf font difperfez çà & là dans
| | H les
(122)
les eaux , qu'ils s’attachent aux
vaifléeaux qui fe trouvent en plei-
ne Mer , & que ces vaifileaux
les apportent à leur retour fur nos
CÔTES. |
Les principes que nous avons é-
tablis ci-deflus prouvent que ces
vers ont pu fe communiquer aux
piliers des digues de quelcune de
ces maniéres. Ce que nous avons
dit de divers Infettes dé terre, qui
paroiflent tout à coup & en grand
nombre , nous fait aufli compren-
dre comment il arrive que ces vers
faflent quelquefois tant de ravage.
Plufieurs Hazards ficheux pour
nous & avantageux pour ces vers
peuvent être la caufe de cette pro-
digieufe multiplication. Un feul
vent dans le Printems eft capable
de perdre tons les fruits d’unecon-
trée, en portant avec lui des mil-
lions de petits œufs de mouches,
de papillons, ou d’autres infectés,
qui éclofent fur les arbres, & Fe
mi C=
Li. :
144
À
#5
à Cr23)
depouillent enfuite de leurs feuilles
& de leurs fruits.
Mais on voudroit {avoir s’il y a
lieu d’efperer que ces Vers fe dé-
truiront bien-tôt ; ou fi l’on doit
craindre que le défordre qu'ils
font , n’augmente de plus en plus.
Vous trouvez tous les jours des
Curieux qui vous font ces ques-
nons, & d’autres qui y répondent
d’une maniere décifive |, comme
s'ils avoient le don de pénétrer
dans l'avenir. [Il me femble qu’on
ne peut rien dire de bien certain
fur cet article. 11 eft cependant
plus vrai-femblable que ce defordre
nc {era pas de longue durée , &
voici fur quoi 1l me paroit qu’on
peut fonder cette conjecture.
Le nombre prefque infini de
Vers, qui ont criblé les piliers des
digues cette année , font fur le
point d’être tous détruits & la
plüpart le font déjà. Voici cequi
me porte à hazarder cette penfée.
Un
« 24)
Un grand nombre de piliers que
nous avons vüs 1c1 entiérement cri-
blez , fe font trouvez fans aucun
Ver. Or nous avons fait vor ci-
deflus, que ces Animaux n’en for-
toient Jamais ,; lorfqu’ils y étoient
une fois entrez & parvenus à une
certaine grofleur. Ils font donc
morts dans ces piliers , puifqu'ils
ne s’y trouvent plus. Ce point ne
peut être contefté. Mais ce qui
prouve encore que ceux-là font 2-
néantis ; c’elt que leurs cafques &
les 2ppendices de leurs queuës,
qui font les feules parties qui fe
confervent après leur mort, fe vo-
yent encore dans ces piliers.
Quant aux Vers qui font encore
pleins de vie, peut-être auront 1ls
le même fort qu’une infinité d’In-
fectes, qui naïflent dans le Prin-
tems, & periflent vers l’arriere fai-
on. Mais fuppoté que PHyver
nc les fit pas mourir , il eft toû-
Jours à prélumer que le nombre -4
/ 1=
F (125)
diminuera confidérablement, d’au-
tant plus que chacun d'Eux par-
vient infenfiblement au dernier pe-
riode de fa vie. : |
Il eft vrai , dirat-on, que fi
nous n'avions à craindre que de la
part des Vers qui font à prefent
tout le ravage ; nous aurions lieu
de nous flatter que ce fleau n’au-
roit pas de fâcheules fuites ; mais
la plûpart des Infeétes laiffent
d'ordinaire avant de mourir une
infinité de petits œufs , qui éclo-
fent ou dans le Printems, ou dans
quelque autre faifon favorable.
Je conviens du fait, & 1l eft as-
{ez probable que les Vers en ques-
tion.fe propagent de cette manie-
re. Mais voici ce à quoi il faut
faire quelque attention. La pro-
digieufe multiplication de ces ne
cette année , doit être regardée
comme un de ces cas qui arrivent
rarement , & auquel quelque mal-
heureux hazard à donné lieu. Æ
| Ps à
(126)
eflct, cette multiplication ne prou-
“ve pas que chacun de ces Vers ait
fait en dernier lieu un plus grand
nombre. d'œufs que les années pré-
cédentes ;_ puifque la Nature eft
ordinairement aflez conftante dans
fes productions ; & que rarement
elle va à cet égard au delà des
bornes qu’elle s'eft une fois pres-
crites. R .
Chaque Animal fait un certain
nombre d’Oeufs ou de Petits, qui
eft à peu près toûjours le même.
La Grenouille en fait jufqu’à onze
cent dans une feule fois , au rap-
port de Scammerdam. (*) Les
Poiflons en font un nombre pres-
que infini , & leur ventre en eft
quelquefois tout rempli ; felon la
remarque du célébre Harvée. (T)
(*) Joan. Swammerdam. -Nox. 2# Horzi
trodromum. | Ji
(+) De generatione Animalium , Exercit.
j (127)
|
|
|
|
|
|
Leeuwenboek en a trouvé 8 56516.
dans un feul poiflon , & felon le
_ galcul de ce même Auteur, un au-
tre poiflon qui péloit cinq livres
& demi, devoit en avoir plus de
neuf millions. (*) Monfieur de
Reaumur a demontré (f) qu’une
feule Guèpe eft quelquefois la Me-
re de près de trente mille mouches.
Ce même Auteur fait voir encore
qu'une grofle ÂAraignée de jardin
produit ordinairement 4 2 500.
œufs. (+) Dix ou quinze mille
Abeilles peuvent être produites par
celle qu'on nomme le Roy , felon
les obfervations de Monficur M4-
raldi. ($)
Les
(*) Epif. Phoyfiloz. ê
(+) Mem. de l'Arad. Roy. des Scien. An.
VAN ES :
(+) Voyez Experiences on réfiéxions far la
prodigieufe ductilité de diverfes matieres » pat
Onfieur de Rezaumur dans les Memoir. de
l'Acad. Roy. des Scienc. An. 1713. pag. 267.
(S) Memoir. de P Acad. Roy. des Scien. An.
1712. pag. 391. €t fuiv. | |
CI28P :
Les Animaux les plus voraces,
les plus carnafiers & ceux qui font
les moins utiles fur la terre & dans
—leseaux, produifent ordinairement
beaucoup moins que les autres.
_ On peut mettre de ce nombre la
plüpart des gros poiflons, tels que
font les Thons, la Balane, le X1-
phias, & uneinfinité d’autres ; &
parmi les Animaux terreftres , le
Lion , le Loup , Ours, la Pan-
thère , le Tigre , le Léopard , &
enfin parmi les Oifeaux, les Aigles,
les Eperviers ‘, les Bufes |, & fur
tout le Condore, du Perou (*).
| Ceux;
(“) Ces Oïfeaux font fort rares , &c font
bezucoup de ravage parmi le Bétail. Lors-
qu’ils font deux de compagnie , ils ofent at-
taquer un Bœuf ou un Taureau, & le dévo-
rent. Souvent un feul s’eft jetté fur des En-
fans de 10. à 12. ans, & les # mangez. Ils
font noirs & blancs , comme les Pies. On
leur voit fur le devant de la tête une crête,
| qui eft égale par tout, & reflemble à un ra-
{oir. Ses pieds fe terminent en griffes com-
me ceux des poules. Il peut fendre le ven-
tre
(129)
Ceux ; au contraire , qui fervent
de nourriture aux autres , & qui
font par conféquent les plus utiles,
multiplient d'ordinaire d’une ma-
_niere prodigieufe. Tels font la
plüpart des Infectes , qui devien-
nent la proye d’une infinité de pe-
tits oifeaux. Tels font dans la
… Mer tous les petits poiflons , &
_ fur tout les Harans, qui font en-
gloutis par de plus gros poiflons,
_ & dont nous détruifons nous-mé-
mes un fi grand nombre.
Or on doit confiderer que le
nombre des Oeufs ou des Petits
que chacun de tous ces Animaux
produit , augmente rarement au
double, parce qu’autrement le de-
{or-
tre à un bœuf avec fon bec. Son Envergu-
re eft de 15. ou 16. pieds. Une de fes plu-
mes eft longue de deux pied; , quatre pou-
ces : le tuyau en:eft long de cinq pouces &
trois quarts , & large d’un pouce & demi,
- à l’endroit le plus gros. Tranf. Phil, N° 208.
. & Derham Theo!, Phyf. |
(130)
fordre fe mettroit bien-tôt parmi
toutes Îles creatures. Lors donc
que nous remarquons que les Vers
des digues ont multiplié cette an-
née d’une maniere fi prodigieufe,
nous ne devons pas croire pour
cela, que le nombre des Oeufs de
ces Infectes ait augmenté au dou-
ble , au triple,. ou au quadruple
de ce qu'il eft ordinairement.
-Pour expliquer ce phenomene,
4
il faut recourir à quelque autre
caufe ; laquelle peut-être nous
ignorons tous jufqu’à prefent ; &
je penfe que fur cela nous n’avons:
guère que des conjeétures à faire.
Mais quoiqu'il en foit de cette cau-
fe , on peut regarder cette multi-
plication comme une epidemie ver-
mineufe, qui, felon certaines ap-.
parences, ne doit pas être de lon-
oue durée. Et de fait, plufeurs.
cas de cette nature rendent cette
conjecture aflez vrai-femblable.
Contentons nous d'en rapporter
quel-
| _ (137)
quelques-uns des plus remarqua-
D bles -: | He
On raconte (*) que lan $91.
il fe trouva en Italie une fi grande
quantité de Sauterelles , que Pin-
fection de leurs petits cadavres fut
caufe de la pefte & de la mortalité
parmi les hommes. En 874. ces
mèmes Infectes firent de grands
ravages en France. Il en parut
encore un nombre prodisieux en
1543. MAGA TRE JET
Les fouris paroiffent aufli quel-
quefois en très-grand nombre , &
font de grands degats. . On doit
dire là même chofe des chenilles,
de certaines mouches, & de divers
autres. infectes. Il y a aufli des
années ou la pèche de. quelques
efpeces de poiflons eft beaucoup
plus abondante qu’à lordinaire.
On en peut juger par celle du Sau-
mon & des Harans.
| LS Mais
“
Gp
Mais rien n’eft plus digne de re-
. marque que ce que rapporte le P.
Pierre François Xavier de Char-
levoix dans fon Æiftoire de S.‘Do-
ss
5)
9)
;
<#
2
39
DL
29
9)
99
99
39
29
39
39
“smimgue. (*) , I parut tout à
coup ,; #6 cet Auteur, dans
lIfle Efpagnole ; & dans celle
de Portoric ,; une quantité fi
prodigieufe de Fourmis, que la
furface de la Terre en fut cou-
verte. Celles de Portoric a-
voient des aiguillons , dont les
picqueures caufoient une dou-
leur plus vive que celles des A-
beilles ; dans l’'Efpagnole elles
n’avoient pas cette incommodi-
té; mais elles y firent un dom-
mage infini. Dans lune & dans
l’autre on étoit contraint, quand
on vouloit prendre un peu de
ss TE
(*) Hiffoire de r'Ifle Efpagnole ou de S: Do-
mingue. Par le P. Pierre-François Xavier de
Charlévoix. Tom. 2. Liv. v. pag. 160. €
. Juiv.
(133)
repos , de pofer les quatre pieds
du lit dans quatre grands bas-
fins remplis d’eau. Tous les
Orangers moururent dans PEs-
pagnole, aufli bien que les can-
M oucre. 8 lan. |
La perte des Cañliers , ou Ca-
neficiers fut encore plus confide-
rable. C'éroit alors le plus
grand commerce de Plfle, & 1l
n'en refta pas un feul pied. On
avoit beau noyer les fourmis,
dont on voyoit les arbres tout
noirs , un moment après C’étoit
à recommencer. On auroit dit
que tous les arbres avoient pañlé'
par le feu : quantité même fé-
cherent par la racine , & 1l eft
arrivé plufieurs fois , qu'après
avoir brülé des monceaux
d’Oeufs de ces Infettes , qu’on
trouvoit dans la terre jufqu’à la
hauteur de quatre palmes , le
lendemain on voyoit fortir des
mêmes endroits un aufll grand
| | QE > nom-
LA
«<5T) | |
nombre de Fourmis, que filon
n’avoit rien fait. |
» Les PP. de Saint François à
rent en cette occafion une expé-
rience , qui leur réuflit , mais
que tout le monde n "étroit appa-
remmenht pas en état de fare.
Ïls mirent trois ou quatre livres
de Mercure fublimé fur une ter-
rafle de leur Couvent , toutes
les Fourmis d’une demi lieuë à
la ronde y accoururent , &
moururent dans le moment,
qu’elles toucherent à cette com-
polition. On eut enfin recours
au Ciel, après avoir tenté tou-
tes les autres voyes de fe déli-
vrer d’un fi terrible fleau ; 1l fe
fit partout des Proceflions géné-
rales ; mais comme on ne pou-
voit convenir du Mediateur,
qu'on devoit fe choifir auprès
de Dieu pour appaifer fa cole-
re, on le tira au fort, & le fort
Loft fur S. Saturnin : on lui
k fit
3
Lé
|
|
|
|
|
FAO
CAS
PA)
#
ne:
D” (ess |
» fit des vœux , & les Fourmis
» difparurent peu à peu. |
Tous ces exemples ont, fans
_ doute , beaucoup de rapport avec
le cas en queftion. Mas ce que
_ nous devons fur tout confiderer
ici, c’eft que tous ces diffcrens A-
nimaux qui viennent de tems en
tems/inonder tout un pays, difpa-
. roiflent d'ordinaire infenfiblement,
_ foit qu’ils periflent en effet, com-
me certains infectes qui meurent
vers la fin de l’Automne; foit qu’ils
fe retirent ailleurs, comme font les
Oifeaux de pañfage. 2
. On n’a jamais vû les mêmes In-
feêtes ravager un mème pays pen-
dant plufieurs années de fuite.
Pourquoi cela ? C’eft que felon
notre fuppofition , qui eft bien
vraie , ces prodigieufes multiplica-.
tions ne font que les effets de quel-
ques malheureux hazards. Or ces
hazards font très-rares , comme
Pexperience le démontre. Il arri-
HE L 4 | vera
(ss 7 CRE
vera peut-être deux ou trois fois.
dans un fiecle , qu'une Province
de France ou de quelque autre
pays , foit inondée & defolée par
une armée de Sauterelles. ou de
Fourmis. On a vû des tems, où
la pêche du Saumon étoit des plus
abondantes dans certains endroits ;
mais cela arrive-t-1l fort fouvent
dans un fiecle? |
Enfin , pour nous rapprocher
encore davantage de ce qui fait le
fujet de cette Lettre, ces Vers qui
font aujourd’hui de fi grands rava-
ges, font peut-être les mêmes que
ceux dont on s’eft plaint en 1666.
& dans lPavant-dernier fiecle: Ils
n’auroient donc alors multiplié
d’une maniere fi prodigieufe que
trois fois dans trois fiecles.
On m’abjetter:, peut-être, que
ces Vers font differens de ceux qui
ont paru dans les deux dermiers
fiécles. f’avouëé que Je n’aurois
rien de fohde à oppofer à une ee
h reil-
à Ca37)
… reille replique , parceque perfon-
ne, que je fache, ne nous a donné
la defcription de ces premiers
Vers, & que par confequent nous
ne pouvons les comparer avec ceux
d'aujourd'hui. Mais en laiflant
lObjettion dans toute fa force,
qu’en peut-on conclurre? Rien qui
puifle détruire ce qui vient d’être
- établi Car enfin , en fuppotant
. queces Vers paroiflent ici pour la
premiere fois en fi grand nombre,
en inferra-t-on pour cela que ce
fleau nous vifitera fouvent ? Non
fans doute | puifque mon rai{on-
> nement auroit encore plus de force
_ dans cette fuppofition ; que dans
celle où lon foutiendroit que ces
Vers font de la mème efpece que
| ceux qui ont paru autrefois.
Et de fait, après avoir demon-
tré , comme J'ai fait, que ces in-
fectes ont toûjours été Habitans de
la Mer |, & ont toüjours produit
leurs femblables | n’y auroit-il pas
licu
(138)
_ heu de s'étonner qu'ils fe manife-
ftaflent cette année tout à coup,
& en fi grand nombre pour la pre-
miere fois. Ne pourrois-je pas 2-
lors conclurre | qu'une pareille
multiplication ne s’eit faite que par
un de ces hazards les plus rares
qui fuflent jamais. Si ces Vers
Ont toûjours ‘propagé dans les
Eaux, pourquoi n'ont-ils pas pa-
ru pendant près de trois fiecles,
ou plütôt , pourquoi n’ont-ils ja-
mais paru. Ce phénomene n’eft-
il pas alors & plus furprénant, &
plus rare , que fi l’on prétendoit
que ce fuflent les mêmes Vers,
Qui ont été fi abondans dans les
deux derniers fiecles? Il n’y a per-
fonne , ce fémble , qui ne doive
en convenir.
51 donc le phénomene eft alors
plus rare, comme il left en effet,
il faut aufli par la même raifon,
que le hazard qui le produit le foit
également ; & par conféquent
12 nous
RUE
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’ }
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À
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4"
» nous aurons encore moins de fujet
(139)
de craindre pour l'avenir. Voici
à quoi fe réduit tout ce probleme.
Quel eft le fleau que lon doit
- craindre le plus pour l'avenir , ou
celui dont nous avons été afHigez
deux fois dans trois fiecles, ou ce
lui qui ne nous a vifité qu’une feu-
le fois dans le même efpace de
tems ? Tout le monde dira que, :
{elon toutes les apparences , Île
premier eft plus à redouter que
le dernier ; & c'eft le feul aveuë
que je demande. Je dis {elon les
apparences , parcequon ne peut
répondre de l'avenir , n1 prévoir
les differens changemens qui peu-
vent arriver dans l’ordre des éve-
nemens. On doit fe reflouvenit
que je fuppofe toûjours que de
pareils évenemens répondront en
quelque forte à ceux du pañlé, &
de telles fuppofitions ne laïflent
pas d'ordinaire d’être aflez bien
fondées dans des cas de cette na-
| ture,
_
(140)
ture. Pofons le cas, par exemple,
que deux maladies toutes differen-
tes, mais également dangereules,
ayent fait du ravage dans le der-
nicr fiecle; que l’une ait regné trois
ou quatre fois, & que l’autre ne fe
foit manifeftée qu’une feule fois ;
a’eft-1l pas vrai dans cette fuppo-
fition, que nous avons plus a crain-
dre de la premiere que de la fe-
conde , les caufes qui les produi-
{ent l’une & l’autre, nous étant é-
galement inconnuës.
._ Fout ce que je viens de dire en
dernier lieu, fait aflez voir que le
danger auquel ces Vers nous ex-
polent , n’eft pas fi grand qu’on
le publie dans les pays étrangers :
fur tout, fi lon remedie de bonne
heure, comme on le fait, aux dé-
gâts qu'ils ont caufez. On s’ima-
gine que la Hollande eft fur le
point de fa ruine, & on fait cou-
rir le bruit que ces Infectes ont pé-
nétré par tout. Bien plus , des
gens
2
"on
x \
:
à
4
(141)
gens très-mal-intentionnez ou du
moins fort imprudens & étourdis,
ont ofé dire que ces petits Ani-
maux avoient déjà rongé & miné
Ja plüpart des Pilotis de la Maifon
de Ville d’'Amfterdam , en forte
que ce fuperbe édifice commençoit
à pancher d’un côté. Se peut-il
qu'on ajoute foi à des nouvelles
aufli mal-fondées ! Mais je penfe
* qu'il eft fort inutile d’entreprendre
de défabufer le Public à cet égard.
C’eft au tems à détriure tous ces
faux bruits. Je fuis, &c.
À ne AN ee
DA & a Resa nr
> AN ES
Pig.
ee
pi à
er DA re À
h Æ nu NU?
4, 7
i « %
4 p
valit RCE
AVER-
trs Rrrrestre
AN LCRTISSEMENET.
Ous avons -crh faire plailir
au Public en joignant à la
defcription des Vers à Tuyaux,
l'expofition fidele du dommage qu'ils
ont caué dans les Digues , ainfi
qwelle a été donnée par les perfon-
nes qui ‘ont drefé le Proces Ver-
bal dont voici la Tradutrion.
PR O-
. Dreflé par ordre des fouflignez &
communiqué de la part des 1»-
tendants confeillers & affes:
Îeurs des Digues du(*) Drech-
terland à L. N. P. les Seigneurs
du Corps de la Noblefle de
Hollande & Wejt-Frile, &à
L. N. P. les Seigneurs Confeil-
lers Deputez des Etats de of.
lande © de Weft-Frife & du
Quartier du Nord | en qualité
de Surintendants des Digues dans
le Drechterland , concernant
les Decouvertes faites aux di-
tes “Digues par rapport aux
Vers trouvez dans les Ouvra-
ges de Pilotis &c. , comme
* auffé \touchant les Dommages
- caufez enfuite par la Tempète
& par les Marées. E
E 15. Septembre 1731., pen |
_, dant que Mrs. les Intendants
(#) Territoire ainfi nommé.
TAG
& Confeillers des Digues étoient
occupez à faire la 3" vifite des Pi-
lotis & des Epaulemens d’Algue,
ou l’arech, (forte d'herbe que la
Mer arrache des Rochers en mon-
tant , & dont les Habitans de la
Nort-Hollande fe fervent pour
fouteénir leurs Digues) on vit plu-
fieurs Debris ; ou Troncs fupe-
rieurs de Pilotis, qui, pouflez par
un vent du Nord accompagné
d’une haute Marée ,; vinrent flot-
ter vers les Digues qui font fous -
Pinfpettion d’Énchuyfen & Wes-
ende , Grootebroek & Bovencar-
fpel: les habitans du lieu recueilli-
rent ces debris & les mirent fur la
Digue fuivant la coutume. Com-
me il eft arrivé plus d’une fois que
de pareils Troncs de Pilotis, en-
dommagez par les glacés & déta-
chez enfuite par la f'empète, font
venu flotter vers lefdites Digues,
Mrs. les Intendants & Confeillers
des Digues n’y firent aucune atten-
| 117 MON :
“
(45)
“tion : Ils crürent que le cas rs |
“le même , & n’avoient garde. de
_ s'imaginer que ce. dégar eût été
ÿ _caufé par des Vers qui avoient one
gé ces Pilotis, “ans une chef, JS
| qu "alors inouie. : - |
Mais après qu on eût recu. Avis. ,
que des Vers extraordinaires, ron-
‘ * gcoient le bois des. Ouvrages, de
- Pilotis qui font au TexeZ au Het.
| der & ke long des côtes de: Frife,
LS 1 cet avis elit été : confiemé
lois du Level & ds A D 5. &
K qu'ils
(146)
par un vent de Nord. |
Mais quelques Perfonnes, de-
qu'ils avoient été pouflez jufqu'ici
meurant pres de la Digue fepten-
trionale ; decouvrirent peu après
que la plus grande partie des Pilo-
tis des anciennes Têtes exterieures
“ ont été abandonnées ; & qui
ont fituées près defdites Digues.
d'Enchuyfen & Weflende , Groo-
tebrock & een 00 étoit ron-
ë
gée par de pareils Vers, & que le
dégat commençoit un peu au des-.
fus du fond & continuoit jufqu'à
la hauteur de lendroit du Pilotis
où la Marée monte chaque jour,
mais que cependant le plus grand
dégat étoit vers le fond. Cette
découverte fut confirmée à l’occa-
ion d’une petite tempête , pén-
dant laquelle plufieurs Pilotis des-
dites têtes abandonnées : furent
rompus par la force de l’eau, &
leurs debris ou troncs fuperieurs
ayant été portez vers les côtes; on
rs Y
|
LA Ci47)
| ; y trouva quantité de Vers encore
| « | . : }
* en vie. Ces debris font aétuelle-
ment en grand nombre le long des
|} Digues & des Rivages, de même
| que chez ceux qui les ont ramañlez
| où l’on peut voir le dégat que les
vers y ont fait.
Ce mal , furvenu fi prompte-
ment augmentant de jour en
jour, fut aufli découvert dans les
êtes exterieures qui font en bon
état, & qu'on garnit tous les ans
-de nouvelles perches , (ce qu'on
appelle rafraichir) afin de confer-
ver les rivages qu'on a gagnez &
tacher d’en gagner d’autres. On
_ le découvrit encore vers la mi-No-
_ vembre aux. Pilotis & autres ou-
_ vrages de bois qu'on nomme
Krebbelingen (*), aux N°. 38. &
39. , fituez vis-à-vis le Z’zrechs
ces Pilotis qui font d’un bon bois
Me A : ss à Re
; €) Efpece de Paliffade:
2 a
#3 é F4
af k arte &
£ ARS
7 FT M “en
he M ue.
: LEA PA: AE 9 PUIS
Éd RÉ se Rat Es Ve di
un + “ M 2 fe PR
à x é ASE Gares FN: &
sp * F Pa pH EN ART
Foy it Nr Ag GA
de fapin ; y ayant été enfoncez
Pis RS
L'avis en ayant été donné à
Broer Smit, en qualite d’Affeffeur
de Bovencarfpel, celui-ci en don-
na, part à Mr. Wouter de Jong,
comme Prefident du Confeil pen-
dant l’abfence de Mr. Wynand de
Nieuftad , qui là-deffus en fit la.
premiere viñite le 7. Novembre
pendant que la Marée étoit baffle,
conjointement avec Mr. Pierre
Straat | Principal Proprietaire de
terres dans lé-Ooffer-Cogge , & a-
vec ledit Broer Smit: étant arrivez
fur les lieux ; 1ls firent rompre.en
pieces quelques troncs de Pilotis,.
tant de bois de chène que de fa-
pin , & trouverent que le mal y.
étoit déja confiderablement au-
gmenté, & qu'il s’étoit principale- :
ment communiqué aux Pilotis de
fapin. Ils emporterent quelque
unes de ces pieces qu'ils firent voir
le même foir à Mr. de Jong, de
RDC
F (Éa
!
D ee Ve ——
|
LA
(149)
: Perfgn Intendant des Digues & le
lendemain à Mr. de Nieuftad au-
tre Intendant ; füurquoi il fut pro-
vifionellement refolu de faire arra-
cher à la premiere occafion quel
ques Pilotis des plus endommagez
afin de voir & de decouvrir le mal
dans fa fource. ji ageAa Ve
Sur cette découverte certaine,
. & fur quelques avis vagues qu'on
… reçut de tems en tems , Mrs. les
Intendans des Digues du Drech-
terland jugerent à propos d’obfer-
ver de plus pres ce grand mal , de
| prendre, en cas de progrès, tou-
tes les précautions convenables,
& d'y apporter tout le fecours
poffible pour conferver le Quartier
du Norz, dont le foin eft fi fort
recommandé par L. N.P. ; mais
comme lintendant des Digues de
ce Quartier ne püt aflifter en per-
fonne aux vifites qu'on devoit fai-
re, à caufe d’une commiflion dont
il étoit chargé , il pria Mr. Jean
| En de
(150)
de Jong de Perfyn d'exercer fa
fonétion pendant fon abfence , &
de continuer les vifites avec toute
lexaétitude poflible | conjointe-
ment avec les Mrs. nommez ci-
deflus , & avec le Secretaire La-
keman. | A
= En confequence de cette refolu-
tion ,; Mr. de Jong de Perfyn &
lefdits Mrs. accompagnez du Se-
_cretaire Lakeman, fe rendirent le
12. Novembre , pendant que la
Marée étoit baffle, à Pendroit, où
Fon avoit refolu de faire arracher
un des Pilotis, ce qui fut executé
fur le champ. Le Pilotis qu’on
arracha étoit un de ceux qu'on y
avoit enfoncé en 1718. Îl étoit
entier & paroifloit fort bon, mais
après qu'on l’eut fendu avec une
hache, on y trouva des vers d’une
grandeur prodigieufe , dont plu-
fieurs qui étoient encore en vie
avoient 14. pouces de longueur
mefure d’Amjflerdam : chaque
ver
moit dans le Pilotis ,| le long du
b (151)
_ ver de la plus grande forte for:
fil du bois , une cavité dans Îa-
quelle on pouvoit prefque mettre
le doigt : ces cavitez alloient du
bas en haut, & 1l y en avoit jus-
qu’à la hauteur de lendroit du Pi-
lotis, que la marée inonde chaque
Re
| jour : a en juger par le cours de
ces efpeces de tuyaux , les vers fe
détournoiïent enfuite de biais &
puis defcendoient vers le bas , les
tuyaux devenants , à ce qn'il pa-
roit , plus longs & plus larges à
mefure que le vers croit , & le
vers devenant plus long à mefure
qu’il ronge le bois , en {orte qu’on
ne peut en aucune maniere s’apef-
cevoir qu'il y ait du vuide dans
ces tuyaux, aufli longtems que ces
vers reftent en vie. Ce qu'il yade
plus furprenant |, & qui rend la
découverte du mal d'autant plus
difficile | eft qu'on n’en voit au-
_ cunc trace fur la fuperficie des pi-
K 4 lo-
Jotis ; où l’on n’aperçoit que quel-
ques troux très-petits & prefque
imperceptibles.
Ces Mrs. vifiterent encore le
mème Jour , autant que la marée
put le permettre, les ouvrages de
bois , nommez Xrebbingen , qui
{ont le long des Digues de Boven-
carfpel, Grootebroek, Enchuyfen
& Weffende | mais ils n’y décou-
vrirent que quelques legers com-
mencement d’endomagements.
Sur le bruit qui fe repandoit de
plus en plus du progrès de ce mal,
on relolut de faire une vifñite le
long de toute la Digue du Drech-
terland, ce que ces Mrs. éxecute-
rent avec beaucoup d’exaétitude
par le moyen d’une petite barque,
cn commençant à Broekerhaven.
Le: 3. Decembre ils allerent de
Broëkerhaven juiqu'au Wierdyk
Gufte de Digue) de Venhuyfen
vers lift, & trouverent que la té-
te exterieure qui eft en cet en-
D} à droit,
1 FLN ES
| (153) ‘
droit , étoit entierement endom-
magée, & que les ouvrages, nom-
nez Krebbimgen ; conftruits de
_boïs de fapin, qui font le long ou
… devant le #7erdyk jufqu'àa Schar-
loo étoient tout à fait ruinez, plu-
fieurs des Pilotis étant même dé-
ja renverlez , & les autres fi fort
éndommagez qu'on pouvoit les
faire tomber en les tirant avec de
fimples crochets. Quant aux dits
ouvrages nommez Xrebbingen,
conftruits de bois de chêne , ils
trouvérent qu’en effet ils étoient
endommagez , mais qu'ils ne lé-
toient pas aufli confiderablement,
mi en fi grand nombre que ceux
de bois de fapin. | 4
Le 4. Decembre , on alla vers
POueft juiqu'au Leck , & de
Brockerhaven jufqu'à la pointe
nommée Zerfluyfer-Hoek. On y
trouva le même dommage que
vers PES de Brockerbaven, mais
à mefure qu'on avançoit vers le
; K ; _ Sud,
(154)
Sud ; on s’apperçut que le dégat
étoit moins confiderable. On ne
vit au delà de la pointe nommée
T erfluyfer-Hoek que 2.ou 3.troncs
détachez, qui étoient pareillement
infeftez. |
Le $. on vifita toute la Digue
Occidentale , mais on n’y décou-
vrit rien , non plus que le 6. que
l’on retourna de Horn à Leck.
Le 7. on alla le long de Paile
d'Oudyk jufqu’à la pointe de Guel-
dre. Tout s’y trouva endomagé,
jufques-là qu'on fit tomber plu-
fieurs pilotis en les tirant avec un
crochet; mais on s’aperçut que les
ouvrages nommez Xrebbingen ,
conftruits de bois de chêne ,/ é-
toicnt moins infeftez |, que cer-
tains ouvrages , nommez Xrab-
hoosden ; conftruits de bois de
fapin.
: On fut obligé de fufprendre cet-
ce vifite à caufe du vent qui com-
mençoit à fe lever. |
DER | Le
— ,
TO 0 (ss)
|
Le ro. Mr. de Jong, ayant fait
rapport du refultat de cette vifite
aux Confeillers & autres Ofhiciers
des Digues, aflemblez pour aflis-
ter à la remife des comptes de
la St. Nicolas , propofa à l’afflem-
blée de déliberer fur les moyens
convenables pour arrêter ou pre-
venir le progrès de ce mal; fur-
quoi il fut réfolu qu’on feroit la
vifite de la Digue Septentrionale,
& quenfuite on prendroit les
mefures qui conviendroient, felon
que la fituation des affaires lext-
eg 0 LS
Mrs. Jacques Benningbroek,
Jacques Groes & Dirk Bosjager,
comme Prefidens aflefleurs , refo-
lurent d’affifter à ladite vifite, &
d'y accompagner les Mrs. nommez
ci-deflus. FA
On la commença le 12. Decem:
bre au matin, mais l’eau étant 2-
_ lors prefque aufli haute qu’elle Peft
pendant la marée , on fut obligé
| rec TEE
dt Cm ï
d'attendre qu’elle fut plus bañe,
afin de pouvoir faire avec toute
Pexactitude requife la recherche du
mal que Peau cachoit. En atten-
dant le nommé Nicolas Kangman,
ancien maitre fort expert dans Part
de piloter , vint leur dire que le
10. pendant labfence de Mr. le
Dykgraaf de Jong, qui s'étoit ren-
du à la remife des comptes de la
Sr. Nicolas, 11 avoit fait avec fon
fils une vifite exacte, &avoit trou-
vé que Pouvrage , nommé Xreb-
binger , qui eft vers la pointe de
Gueldre, de même qu'à l'Eft & à
FOueft de cette pointe , étoit 1n-
fefté, principalement dans les ap-
puis & dans quelques autres en-
droits. Que les appuis de fapin
de la nouvelle tête qui eft dans la
Mer à la dite pointe , étoient pa-
rcillement infettez: que la tête ex-
terieurc vis-à-vis de Zent, étoiten
très-mauvais état: qu’une autre té-
te exterieure qui eft abandonnée,
étoit
Ê-
|
(157)
étoit entierement ruinée; & que la
cète exterieure près de la Digue de
Bovencarfpel étoit infettée, mais
particulierement dans la ligne exte-
rieure , &.{ur tout dans l'endroit
où font les 2. ceintures. |
L'Eau étant baiflée depuis cere-
cit, & le mal étant à découvert,
ces Mrs. virent que le bois detaché
de la pointe du rivage d’Enchuy-
fem , & dont une partie étoit de-
vant & fur da Digue , étoit très-
infefté,, & que tout ce qui {e trou-
voit près delà étoit entierement
rongé. Ils virent que la tête exte-
rieure de Bovencarfhel étoit par
tout attaquée de ce mal, & qu'un
des angles qui eft celui qu refifte
le plus à la violence des Eaux étoit
entierement rongé: furquoi il faut
obferver ici, que le bois d’une des
têtes nuinées qu’on avoit arraché
vers la fin d’Août dernier, avoit
_ été trouvé fort fain dans ce tems-
D ,comme aufli depuis, re
| ‘eut
, CCC 0
feut travaillé, mais que le refte de
ce bois qui étoit refté au fond,
étoit aétuellement rongé d’outre
en outre. On découvrit aufli que
certains ouvrages nommez ÿJfer-
kettings, faits en 1728. & 1729.
étoient pareillement fort infeftez;
que la tête abandonnée étoit entie-
rement ruinée, la plus grande par-
tie en étant renverfée; que les ou-
vrages appellez Krebbingen, nou-
vellement conftruits, de mêmeque
les pieux qui font devant la Digue
près de Kathock, étoient dans un
état plus fâcheux que lorfqu’on en
fit la vifite le 7. & le 12. Novem-
bre; que la tête exterieure qui eft
le long du rivage de Groutebroek
étroit endommagée; que l’ancienne
tête étoit prèfque ruinée , .& que
même la nouvelle tête, conftruite
au mois de Septembre dermier
d’un bois neuf du Nord, étoit tel-
lement attaquée de ces Vers , we
3 Cÿ
HET +
2
LE
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À
d | da
+
L
1
*
Ÿ
(159)
fes appuis en font prefque entiere:
rement rongez. |
On trouva encore que les ouvra-
| ges appellez Krebbingen depuis le
°, 37. jufqu'au N°. 34 étoient
_très-endommagez : fur quoi il faut
obferver ici que c’eft dans ces en-
droits-là qu’eft le plus grand dan-
ger. Tous les ouvrages nommez
Krebbingen ; qui {ont toüjours
fous l’eau, même pendant que la
_ marée eft bafle , de même que
ceux qu’on nomme Sferkettingen,
près de Proekoorderhaven {ont
aufli infeftez. | |
Quant aux portes de l’éclufe du
moulin, on les a trouvées en bon
état, à la referve de leurs poteaux,
où l’on trouva quelque dommage,
de mème que dans les Pilotis qui
font près delà.
On ne découvrit aucun mal au
delà de léclufe, mais il eft à crain-
dre qu'il n’y en ait aétuellement.
La plus grande partie des per-
| _ches,
(5607 : à
ches , tant celles. qui font dans les
ouvrages appellez ÆXrebhingen,.
que celles qui font aux têtes ‘exte-
rieures , & que la marée mouille
jJournellement ; font entierement
gâtées, & l’on a trouvé dans une
defdites perches , que lon a con-
fervée , un tuyau percé par des
vers d’une telle grandeur qu’une
balle de moufquet pourroit pres-
que y pañler. ue
Sur ces découvertes, 1l fut arré-
té provilionnellement, qu'outre les
bois preparés qui fe trouvent dans
les Magafins bien pourvüs , on en
feroit faire d’autres pour les diftri-
buer dans les Magafins de Groote-
drock | Povencarfpel , Enchuy-
Jen ,; Weflende & Venkuyfe ; &
qu’on affembleroit 1 $o.perches ap-
pellées Yauffers , ou demoïfelles,
de 30. piez de long , afin que fi
par quelque accident imprevu, les
ouvrages appellez Krebbingen,ve-
_noiïent à être emportez , on püt
con-
ELA
Cu
conferver encore , au moyen des
Machines qu'on nomme Kaften,
les endroits appellez W7ers.
On réfolut aufi de faire recueil-
dir dans les canaux au moyen des
moulins , autant d’eau fraiche,
qu’il eft neceflaire pour en pou-
voir mouiller fans cefle les éclufes;
de faire fonder avec des crochets,
pendant la bafle marée, les ouvra-
ges nommez Xrebbingen ; d'éta-
Dlir des perfonnes pour avoir foin
de ces travaux , & d’ordonner
qu'on doublit le nombre des tra-
vailleurs dès qu’on aperçevroit le
moindre danger foit par quelque
tempête , où par quelque marée
extraordinaire.
Voilà le récit des découvertes
ui ont été faites concernant les
ommages çaufez par les Vers, &
Pexpofé des refolutions qui,ont été
prifés provifionellement &c par
précaution.
L N: P. voudront bien permet-
Le tre
(1629 |
tre qu’on ajoute ici, ce que d'ail:
leurs on ne fauroit leur cacher,
favoir ,que ce fleau fubit & imprévû,
fuppofé qu'il ne fit plus de pro-
orès ,; a déja caufé aux Digues ma-
ritimes du Drechterland , dans
Pintervalle de 3. mois | pour un
million & demi de dommage , fe-
lon le calcul qui en a été fait , &
jui fuppofe que tout fera retabli
ans létat où 1l étoit ci-devant.
11 paroit par le compte fuivant,
que ce calcul a été fait felon la ve-
rité fans qu’on ait rien exageré.
” Le mal a commencé à la Digue
Septentrionale au N°. 19. & finit
au N°. 66. ce qui fait 47. N°. de
$o. verges chacun , contenant par
éonfequent une étendue de 2350.
Vvérges. Îl commence à la Digue
Meridionale au N°. 1. & s'étend
jufqu’au N°. 36. ce qui comprend
une étenduë de 1800. verges, en-
femble 4150. verges, en ne comp-
# | _. fant
D C7.
tant que les ouvrages de Pilotis
qui font le long de la Digue : fi
l’on y ajoûte tous les Sferketfels,
“ou traverfes , pour détourner la
maréc , leur longueur fera pour le
moins telle , que fi l’on y com-
prend celle qui a été fpecfiée ci-
deflus , elle 1ra bien à 5000. ver:
ges, le tout ayant un double rang
de Pilotis entrelafléz de poutres
& de pierres. |
Si lon y ajoûte encore la lon-
_ gueur des ouvrages nommez Xreb-
bingen, qui font le long de la Di-
. gue Septentrionale , depuis le N°.
19. jufqu’au N°. 62. & enfuite
toutes les têtes ruinées ; qui quoir-
qu’abandonnées ne laiffent pas que
d'être d’une grande utilité en di-
vers endroits ; lefquelles étoient
garnies de poutres & de pierres,
on trouvera que tout ce qui eft en-
dommagé , & dont les poutres
font entierement ruinées , monte
| | L 2 au
(164)
au MOINS à 8000. verges : En COMP+
tant feulement pour chaque verge
un 44m de poutres (certaine mes
fure) fur le pié de 6o. fl. le ram,
cela fait f. 480000
Les ouvrages de Pilo-
ts, qu’on fuppoñe à de-
mi ruinez ,; ont couté
plus de 280. fl. la verge
lune portant l’autre, les- .
quelles multipliées par
4000. verges , qui font
la moitié de la lon- .
gueur, montent à f 1000000
A quoi il faut ajoûter :
les pierres ; qui bien
qu’elles ne foient pas
ruinées , font tellement
enfoncées dans le fable,
au defaut des ouvrages
de pilotis &-des poutres,
qu’elles deviennent inu-
tiles : Il y en a pour …
ghaque verge 3. laft, &
cha-
chaque Jaft PURES - fr à
le pied -de 10. fl monte
-à 30. fl. par verge , ce
_ qui fait pour les 4000.
. verges | f 120000
CE re]
somme f 1600000,
Il eft vrai que les chofes ne font
_ pas encore venuës Jufqu’à cette Ex-
. trêmite que les Pilotis & les pou-
tres rongez par les Vers , ayent
tous été emportez par la violence
des Eaux , mais ceux qui favent
quels coups de vagues ces Pilotis
doivent efluyer pendant une tem-
pète , jufques-là qu’on a vû plus
d’une fois que des pilotis d’un bois
fan & neuf , tenant ferme dans
l'eau , en ont été renverfez , com-
prendront facilement quel fervice
on doit attendre , de ces Pilotis,
qui étant rongez. par les Vers fe
font pas en état de refifter à la
force des vagues dans la moindre
L 3 _ tem-
(166)
tempête. On en a déja fait une
trifte épreuve dans le Drechter-
land & les 4 Noorder-Corgen
pendant la courte tempête qui s’é-
leva le 25. & le 26. Decembre
1731. Car , après que la Mer fe
fut un péu retirée le 26. on vit 2-
vec une furprife extrême les riva-
ges de la Digue Septentrionale du
Drechterland couverts de bois
rompus & de poutres brifées: fi la
Mer ne fe fut pas retirée aufli fu-
bitement, qu'elle le fit, & que le
vent eût continué avec la même
violence, 1l eft certain que la rui-
ne auroit été beaucoup plus confi-
derable , car on a trouvé que Îa
plüpart des pieux qui étoient en-
core entiers , & qui n’ont été ren-
verfez que parce qu'ils n’étoient
pes foûtenus par ceux qui ont été
rifez, étoient entierement gâtez,
ce qui fait craindre | qu’au cas
qu'il furvienne une tempête de du-
rée, le tout ne foit emporté.
On
F : (167 |
- On fait aflez que les ouvrages
- exterieurs, conftruits dans la Mer,
« à l'endroit de la Digue Septentrio-
- nale où eft le plus grand danger,
_ne fervent pas tant à foutenir di-
retement la Digue , qu’à confer-
ver & à augmenter les rivages en
détournant la marée, comme aufli
_ à rompre les coups de Mer , en-
forte que quand ces ouvrages vien-
droient à être emportez, le Pais,
à ce qu'il paroit , ne coureroit au-
cun rifque d’être fubmergé ; mais
fi ce malheur arrivoit un jour,
ce qu’à Dieu ne plaie, & que les-
dits ouvrages exterieurs vinflent à
être entierement détruits , comme
il eft déja arrivé en partie pendant
la courte tempête de Nue/, par la
quelle plufieurs milliers de pilotis
ont été renverfez , il s’enfuivroit
que les rivages gagnez peu à peu,
avec tant de peine & de depenfes,
periroient en peu de tems, & que
par conféquent la Digue , denuée
L 4 de
(168)
de ce rempart , & m'ayant plus
lPapui des Polotis exterieurs , 1e-.
roit feule expofée à toute la fu-
reur de la Mer. E.4 h
_C’eft la maniere ufitée dans le
Drechterland (*) de conftruire
quantité d'ouvrages exterieurs afin
de gagner des rivages, de confer-
ver ce qui a été gagné. , comme
par exemple les terres qui font au
delà des Digues, & ce qu’on nom-
me les Pers ou V’arechs, à l’ex-
ception néanmoins d’un petit nom-
bre de ces derniers qui n’ont que
6. 8. 10. ou 12. piez de longueur,
de quelques ouvrages nommez
Krebbingen, dont le bois n’a que
28. a 32. piez de longueur , les-
quels en cas de haute marée &
lorfque les rivages & les terres au
delà de la Digue font fous l'eau,
ne fervent qu'à couvrir la ee
| à:
”
(+) C'eft un territoire ainfi nommé.
CE
{A
l
K
(169)
_ deterre, qui en quelques endroits
eft plus haute de 18. pieds de
Rhinland que les prairies , & de
13. a 14. pieds plus élevée que la
marée ordinaire : ainfi ceux qui
_ ont tant foit peu frequenté les Di-
gues maritimes , jugeront facile-
ment, que dès qu'on neglige à en-
_ tretenir les ouvrages exterieurs , Îa
profondeur de la Mer doit infalli-
blement augmenter devant la De
gue , & que par confequent les
pieux qui y font , ne tenant que
peu dans le fond , ne font pas en
état de pouvoir foûtenir tout le
poids des Digues de F’arech, qui
dans le “Drechterland {ont une
fois plus hautes que larges, en for-
tes que lorfque ces J’arechs tom-
bent, ou qu'ils font emportez par
la Mer, la Digue de terre ne peut
plus faire la moindre refiftance,
& par confequent , humainement
parlant , il eft impoñfible de con-
derver les Digues du Drechter-
L ÿ land,
CARS
land , quand même les Vers ne
fero'ent d'autre dégat , que celui
qu'ils font aux ouvrages exterieurs.
_Cc dernier article feul couteroit
plus de 800. mille fl. avant qu’on
pût le remettre dans fon premier
état, ce que ce pais ne fauroit éxecu-
ter, dautant qu’il ne confifte qu’en
13000. arpens qui contribuent, &
que parmi ceux-là 1l y en a déja
plufieurs centaines d’abandonnez
par les proprictaires , outre ceux
qui font fur le point de l'être, &
qui le feront fans doute , vü le
grand nombre de taxes de diffe-
rentes efpeces dont ils font char-
gez.
Si cependant on étoit obligé
d'abandonner les ouvrages exte-
rieurs, & de laifler perir les riva-
ges, & que néanmoins on voulût
conferver la Digue , autant qu'il
feroit poflible ; on ne pourroit le
faire qu’au moyen d’un large Wer
& de quelques Eftacades ou hi 2
| n-
LL Cr ;
bingen ,; conftruits d’un gros bois
de chène : chaque verge de ces
ouvrages couteroit pour le moins
800. fl. ce qui, à raifon de 4000.
verges reviendroit à 3. mullions
200. mill. fl. par confequent au
double de ce que couteroient les
reparations des ouvrages exterieurs
de toute la Digue Meridionale;
D'ailleurs fi Pon confidere qu’une
Digue devant laquelle 1 y a une
grande profondeur, eft plus expo-
iée au danger que celle devant la-
quelle 1l y à un rivage , on com-
prendra Éitercent que cette der-
niere entreprile, f1 on léxecutoit,
outre qu’elle couteroit beaucoup
plus que la reparation propolée,
rendroit le danger de l’inondation
infiniment plus grand.
L.N. P. auront la bonté de
confiderer | que tout ce qu’on
vient de dire . n'eft que dans la
_ fuppofition que le tout-puiffant
voudra bien appaifer facolere, car
| fi
Ed
ai APE LE
fi les Vers continuent à faire les
mêmes dégats, & que par confé-
quent on ne puifle plus conferver
aucun ouvrage de Pilotis, ce qui
arrivera felon toute apparence,
quelques moyens qu’on employe
pour détruire ces Infectes, les af-
faires feroient alors dans une fitua-
tion bien plus deplorable, puifque
dans ce cas-à, on feroit obligé de
fare une Digue d’une toute autre
forme & conftruétion | ce qui au
cas que le mal vint à {e communi-
quer à toute la Digue coureroit,
dans le Drechterland feul 6. nul-
lions, chofe impraticable pour ce
Ps. 0: 200
Enfin fi lon n’apporte point du
* fecours aux Digues de #e/t-Frife,
_ & qu'on ne contribué point aux
dépenfes neceffaires pour cet effet,
ce pais ne pouvant y fubvenir
tout {eul , faute de moyens fufh-
fants, quand même le mal ne fe-
roit plus de-progrès, on doit s’at-
| ten
FT POMPES —.
e A f Nd >=
(573 )}”
tendre dans peu à uneinnondation
irreparable, qui commenceroit par
le“Drechterland, ou les 4. Noor-
der-Coggen, (*)& s’étendroit par
toute la eff-Frife & le Quartier
du ÂMVord : la Mer venant enfuite
à rompre les Digues de dparen-
dam & de Maiden , pénétreroit par
la Mer de Haerlem ; par les ter-
res adjacentes jufqu'au cœur du
Quartier du Sd, ce que lon ne
fauroit empècher , en forte que la
plus grande partie de la Æo/lande
Meridionale en {eroit fubmergée,
& bouleverfée anfi que les autres
Quartiers |, qui ont été enfevelis
fous un Lac d’eau falée.
Toute l’efperance qui nous refte
dans cette trifte fituation , éft que
V. N. P. qui connoïflent ce Quar-
tier, fon état, & fon impuiflance,
voudront bien prendre en confide-
ra-
(*) 4. Etendue de terrein ainfi nommée:
_ (174)
ration une affaire aufli defefperée
& être convaincuës qu’un Boule-
vard d’une fi grande importance,
& qui vcritablement eft une Bar-
riere, qui couvre la Æo/lande con-
tre la Mer , merite d’être regardé
& entretenu , comme les autres
Forterefles aux depens du Pais en
général; & que L. N. & G. ER en
confideration des fuites facheufes
qui font à craindre, & eu égard à
Pimpuifiance du Quartier , & aux
taxes oncreufes dont le Drechter-
land eft chargé , voudront bien
Pader puiflamment, foit en exem-
ptant les habitans & proprietaires
de terres du payement des taxes,
{oit en leur accordant de la caïfle
commune, un fubfide proportion-
né aux Gommages & au danger,
comme on a fat & que lon fat
encore à égard des ifles du Zexe/
& du Ye
Ainfi fait & figné le 12. Janvier
1732. par les fouflignez inten-
| dants,
EP: CARE
'dants, Confeillers & affeffeurs du
“Drechterland , après la vifite &
- les découvertes faites en confé-
quence.
7. de Fong de Perfÿr;
Wouter de Fong,
7. Benningbroek,
Jacob Groes, le jeune,
. Dirk Potjager,
Broer Smit ,
P. Straat.
S. Lakenman,
Secretaire.
PRO-
PROCES VERBAL.
Drefflé par les Intendans Confeil-
lers & Chefs des Digues des
Quatre Noorder-Cogeen (*),
communiqué à L. N P. les
Seigneurs du Corps de la No-
bleffe de Hollande'& Weft-Fri-
fe , comme auffi à Mrs. les
Baurgemaîtres & ceux de la
Regence des Villes de Haerlem,
Amfterdam, Alkmaer, Hoorn,
Enchuyfen &:Medenblik , ex
qualité de Surintendans des
.Digues maritimes des quatre
Noorder-Cogcen ; concernant
les découvertes faites à la Di-
gue maritime des quatre Noor-
der-Cogoen par rapport aux
Vers trouvez dans les Pilotis,
poutres &c. © aux dommages
caufez enfuite par la Tempête
&* par les Marées.
KR. le Dykgraaf Dirk Hout-
Æ tuyn & les Regens des
Ve 16 qua
(+) Terreins ainfi nomme.
(177)
quatre Noorder-Coggen ayant re:
cû au mois de Septembre dernier,
des avis certains que les ouvrages
de Pilotis & autres, tant au Texel
qu’au Aelder , ‘avoient été rongez
par une efpece de ver inconnu,
& ruinez enfuite en très-peu de
tems par les vagues de la Mer;
craignant avec raifon que ce mal,
qui augmentoit de jour en jour,
ne vint à fe communiquer a leurs
Digues, comme étant les plus ex-
poiées ; s’aflemblerent le 17. du
même mois à Æarswoud , ‘con-
Jointement avec les principaux pro
prietaires des terres fituées fous les
Digues de Æejt-Frife. ls y ap-
prirent .que plufieurs troncs fupe-
rieurs de Prlotis de bois de chêne,
encore en bon état, avoient été
pouflez vers cet endroit par la der:
niéte haute marée ; venant à ce
qu'on fuppoloit du Texel-ou du
Hélder | ce qui a été verifié-en-
fuite après une plus exaéte recher-
| M che.
(178)
che. On alla vifiter ces troncs que
les habitans du. lieu avoient mis
fur la Digue. Je. paroifloient a-
voir été. rompu .vers le fond : on
en fendit un entrautres , dont le
bois. qui étoit de chène fembloit
encore. neuf. On trouva qu'il
_ était percé par tout, .que les cavi-
tez..qu'on ÿ:voyoit en quantité
étoient larges d'environ la grofleur
d'une pipe. à -tabac & remphes de
certains Infetes encore vivants;
aÿant la formeexterieure de-vers;
dune fübftance glaireufe.., : mais
dont Ja. tête étoit- dure & paroiffoit
affez. femblable. à. celle d’une- tor-
tuë ;; & que ces Infectes avoiént
tellement. rongé ce:.bois , -qu’on
pouvoit le rompre, facilement. avec
les doigts. aps ee fps d'ange An+
ftrüment.…
>; Get: Soit avoit. f- Éomt: Se
les fpectateurs ;; qu'en fe regardant
aÿec 3 air sontiqne ils s'écrie-
4% du à
ds À LE vas
… (799)
ent tous, Dieu veuille nous prés
ÿ Jerver d'un femblable fleau!.
f
La
ÿ
Sur cette découverre le Dyk-.
graaf & les Chefs des Digues fé.
donnerent tous les fois ppilibles.
pour découvrir fi:ces troncs, a+.
voient: point été dérachez des Pi
lotis de cette Digue, & fi ce! mal
ne s’y étoit point comimumiqié ;; ils
crûürént ‘enfin :$ 'appercevoif que
quelques : Pilotis : nétoient point
fermes; & f doutant qu ils bas
roient bien être infeftés on refolüt,
de vifiter toute da: Digue ; ; dang:
une étendue d'environ 3900.:ver-
ges, ‘&, d’exanuner autant qu'il-fer:
. soit poñfible, les’ Effacades , têtes:
& autres ouvrages conftruirs dans;
la Mer : certe vifite fe fit lezrs
Novembre, lorfqu” après avoir hâ+,
ché lé bois des Piloris: «en divers
endroits, on trouva que plufieurs
des’ Eftacades, : "Fêtes ;: Eclufes de
Mer; & autres ouvrages devant da
Digue , étoient infeftez de ces vêrs:
2: - (00
{180)
dans l'efpace d'environ 2700. ver:
ges, & que le bois étoit rongé de-
puis le fond jufqu’à la hauteur de
Fénérois ou leau monte avec la
marée , n’y ayant d’exempt de ce
mal que le bois de quelques en-
droits ; qui font à fec ; pendant
que la marée eft baïfle, & qui font
en petit nombre. |
Le Dykgraaf Houttuyn refolut
là-deflus de convoquer pour le 26.
du même mois, tout le corps, qui
confifte en 17. membres ou depu-
tez de la Regence de Medenblick,
& en 16. villages, afin de leur fai-
re part de cette découverte, & dé-
libérer enfemble fur cette affaire,
& fur les moyens où précautions
qu’on trouveroit à propos de pren-
dre pour conferver la Digue,
dont le foin leur a été confié par
E'NEPC'oUr |
Les dits membres s'étant aflem-
blez au jour fixé , furent extraor-
dinairement furpris de cet acci-
dent:
| 9
"OR |
dent : après avoir deliberé là-deflüs,
ils refolurent de faire arracher quel-
ques Pilotis aux endroits ou Peau
avoit le plus de profondeur, afin
de voir fi les chofes y étoient dans
un état aufli facheux, & qu’en at-
tendant on feroit faire certaines
Machines nommées Kattem , fai-
tes de poutres de 36. piez de long,
afin de conferver par ce moyen la
Digue de l’arech (forte de Digue
qui foutient la Digue de terre) au
cas que les Pilotis vinflent a être
renverfez on emportez par quelque
tempète. sc
_ En conféquence de cette refo-
lution on fit arracher quelques Pi-
lotis dans les endroits fpecifiez, &
on les trouva tous infeftez.
Sur cette découverte on refolut
d’obferver le progrès que feroit ce
fleau, ce qui fut executé, de tems
en tems , avec toute l’exactitude
pofñlible, par le Dykgraaf, les Chefs
des Digues , & les maîtres des
QE M 3 Cog-
. C4)
Coggen , qui ont Pinfpeétion fur les
-Eclufes; l’on obferva de cette:ma-
mere jufqu’au 25. Decembre ; au
quel temps le vent Nord-Oueft
qui avoit commencé la nuit précé-
dente avec beaucoup de violence,
continua tout le Jour avec la même
force; la nuit fuivante on s’apper-
çût avec une furprife extrême que
diverfes Eftacades avoient été em-
‘portées avec leurs poutres, pierres
&c. & que les Wers, qui foutien-
nent les Digues ,; depouillées de
lcurs appuis , menaçoient de tom-
ber dans la Mer , mais on prevint
cé malheur à force de bras, & au
moyen de ces Machines qu’on
nomme Kaften , dont on a fait
mention ci-deflus. Le lendemain,
le vent ayant un peu ceffé on vit
la Mer le long de la Digue, cou-
verte d’une quantité extraordmaire
de Pilotis rompus , & de poutres
brifées, qui étant venu flotter vers
les côtes, furent jettées fur la Di-
QUE:
L
|
#
Pis
| (183)
gue. On les éxamina & lon trou-
va qu'ils avoient été tous rompus
près du fond , qui étoit Pendroit
où les vers avoient fait le plus de
dégat. Le Dykgräaf, les Repens
& les principaux proprietaires ju-
gerent , après uñe exaéte recher-
che , qu'il étoit péri en 6o. en-
droits différents au devant dela Di-
gue, pour le moins 250. vergesen
étendue d’Eftacades , avec toutes
leurs poutres & dépendances.
Si le vent n'eut point ceflé aufli
fubitement , & que la Mer ne fe
fut point retirée , le dommage au-
roit fans doute été beaucoup plus
confiderable , ce qui fait craindre
avéc raifon , {1 l'on n’y remedie
promptement ; que le tout ne foit
_€mporté à la premiere tempête qui
fera de quelque durée. |
Dans une fitrifte circonftance,
& pendant une faifon aufli peu fa-
vorable , le Dykgraaf & les Re-
_ gens crürent que rien ne feroit
M 4 plus
(184)
plus convenable , pour arrêter les
_Narechs des endroits emportez,
que d’enfoncer de demie verge en
demie verge, devant la Digue, un
Pilotis de 30. a 40. piez de long,
d’en enfoncer un autre dans la Di-
gue & de les lier enfemble au mo-
yen d’une poutre ou tenaille. En
conformité de cette refolution, on
acheta le 2. Janvier ces materiaux,
-& l’on convint avec un entrepren:
neur pour léxecution de louvra-
gc ,; auquel on travaille actuelle-
ment avec toute la diligence pofii-
ble, cet ouvrage devant être ache-
vé dans peu. ‘ho
Voilà le recit des découvertes
faites touchant les dommages cau-
{ez par lés Vers , & de ce qui a
été refolu pour prevenir de plus
grands dégats. 1, 41,4
Qu'il foit permis au Dykgraaf &
aux Regens de mentionner 1c1 les
raifons qui font craindre que ce
fleau, fi Dieu par fa grace n’en ar-
FE Re rète
1
+ ét OP
"7
;
«
À 4. A
4
4
»
(185)
_ rête le cours, n’ait des fuites très:
funeftes pour ce territoire. Pre-
mierement parce que le progrès
qu'il fait eft très promt : cela con-
te parce qu’on n’a trouvé aucun
indice ni apparence de ce mal,
dans plus de 6000. Pilotis qui ont
été arrachez, au mois de Juillet &
d’Août derniers, de quelques viel-
les Eftacades qu’on devoit reparer,
ce qui eft une preuve évidente que
c'eft depuis ce tems-là , que ce
fleau eft parvenu au point où 1l eft
à prefent.
En fecond lieu parce que la plus
part des Eftacades , & autres ou-
vrages font en pleine Mer , ayant
aux endroits les moins profonds,
5. 6.7.a 10. piez d’eau , & ail-
leurs 12, 14. 15. 18. a 20. piez,
enforte qu'ils font tout à fait expo-
{ez à être rongez par les vers.
Enfin parce que le dommage ,
fuppofé même que ce mal ne fit
plus de progrez, monte déja, fui-
D, vant
(186)
vant le calcul qui en a été fait, 2
plus d'un million ; : car pour les
feules poutres ou tenailles , au nom:
bre de ÿ4. employées pour arrêter
le V’arech, on a du achetter 1122.
Pilotis ,| ce qui avec les frais mon-
te à 1: f 26440-13-0
; Four | és autres: Soon 2:
materiaux comme DIU OE
fer, planches &c. f 3000. 0-0
Les fraix inévitas 7
bles qu'il a fallu fai-
rè pendant & après -::4 11 1.
latempêtemontentà ff 6880-0-0
Les Machines, de
nommées Xaften,
dont on 2 fait men-
tion , ont couté ‘ f 2000
Somme f 38320-13-0
Les reparations Jp S17
qu'il faudra faire
aux ouvrages déja
emportez , fur lé-
_ tendue de 250.ver-
Tea gs,
(187)
Pges , «mentionnées: #1, ‘ot
. ci-devant, fur lepié
- de ÿoo. fl. par ver- |
| ge monteront à 71125000
Somme f 163320-13-0
|. Car chaque verged’Efta-
cade confifte en 16. pilotis
de bois de chène depuis
24. piez jufqu’à 50: a rai-
fon de 13. fl. lun portant
l'autre, ce qui. fait: ::1 f 208.
14. planches de $.à 6.fols f 4 .
Pour les ouvriers qui en-
foncent les pilotis f 100
Pour 2. raams de poutres
chaque raam à 60. fl. jf +28.
Pour la voiture F 61.
Pour 21. laft de pierres f 30
Pour le fer | ur
Somme f 00
Le mal commence R
depuis le N°. 2. 'jus-
qu’au N°. 9. & depuis jt /
(188)
le N°.13. jufqu'au N°.
80. chaque N°. con-
tient 50. verges , ce
qui fait en tout 3700 verges,
De plus 150. ver- |
ges , pour des dou-
bles têtes ou jettées
qui font dans la Mer,
garnies de poutres,
près de la Ville de
Medenblick , lefquel-
les compofées au dou-
ble font 300
ti Somme 4000 verges,
_ Il y a encore envi-
on 22 5. verges de jet-
tées fimples à lOueft,
& 800. verges des
fus-dites à PEft de la
Ville de Medenblick.
Sans compter le dommage caufé
aux Elufes, lefquelles fi on venoit
à les reparer, couteroient chacune 8.
à 10000. fl. en forte que les mr
| | €<
COR
{eroient inexprimables , fi tous les
ouvrages de bois qui fervent à re-
fifter à la Mer alloient perir, ce
qui arrivera fans doute fi ce fleau
ne difcontinue pas.
Quoique les chofes ne foient
point encore venuës à cette extre=
mité qu’à l'égard des Eftacades,
contenués dans le 2 ÿo. verges dont
on a fait mention, ceux qui favent
combien ces ouvrages extcrieurs
font déja gâtez | à quelle force
d’eau ils doivent refifter,, & com-
bien ils font expofez aux rudes
coups des glaces détachées après le
degel , comprendront facilement
ce qu'on doit attendre de {eurs
pilotis. | |
_ Quant au danger auquel on fe:
roit expofé après que les Digues
de Varech, (forte de Digue pour
foutenir l1 Digue de terre) feront
denuées de leurs appuis ; par la
perte des ouvrages exterieurs , il
eft impoflible qu’elles puiflent fub-
| VS TT ANEES
… CU
_fifier, d'autant que ces Digues de
Varech, qui ont été pofées fur le
bord de a Mer pour prévenir la
profondeur qui fe forméroit fans
cela devant la Digue de terre, doi-
vent être foûtenués par les Eftaca-
des & autres ouvrages , autrement
<lles tomberoient d'elles mêmes
dans la Mer , fans parler du dan-
ger où les expoferoit une tempête
par un vent de Nofd-Oueit, puis-
que la Mer en furie haufle pen-
dant une feule marée , de 9. a 10.
piez plus qu’à l'ordinaire & dans
ce Cas-là , il pourroit y avoir de-
vant la Digue une profondeur
d’eau de 24. 25. a 30. piez , ce
qui cauferoit une imnondation 1irre-
parable dans ce Quartier.
La fuperficie des terres en de-
dans & près de la Digue feroit a-
lors plus bañle' que l’eau de 13. à
14. piez ; celles qui font près
d’'Aardswond étant à prefent plus
bafles que la marée ordinaire de 3.
< , piez
(191)
» piez.& 1. quart ; celles qui font
près de Lambertfchaag ,de 3. piez
& dem; celles de Coppershorn de
3. piez; celles de Z'wzskerweg de
2. piez & demi, & celles qui font
près de la Villé de Medenblick de
3. piez & 3. quarts. Une telle 1-
nondation, dont Dieu veuille nous
préferver ; ne fe borneroit pas dans
les quatre Noorder-Coggen ; elle
s'étendroit. aufli dans les autres
quartiers de #eff-Frife & de tou-
tes les Digues interieures, tant an-
ciennes. que nouvelles ; de forte
que les Polders (*) dans la Nord-
Hollande. y {croient ‘pareillement
: Lefdits : Dykgraaf: & Repens
prennent la hberté de reprefenter à
V. N:P: en peu -de mots ,. & le
plus-fuccinétement qu'il: leur et
pofhble , Pimpuiffance où font les
“HO 220 XÉHOTE: \" 04 con-
C7 Marais deffechez dont on à fait dés
MONO UD « 11572D-19 i
(192)
contribuans de ce quartier ; de
continuer, comme ils ont fait jus-
qu’à prefent , lentretien ordinaire
_ des Digues , bien loin qu'ils puis-
fent fournir aux reparations de ces
dommages immenfes, où entrepren-
dre la conftruction d’une nouvelle
forme de Digue, qu'on pourroit,
eu qu’on feroit obligé d'inventer.
_ Car on a depenfé depuis plus
de 30. ans 170. mille fl. par année
pour Fentretien de la dite Digue
maritime ; quelque œconomue
qu'on ait tâché d’y aporter.
Les quatre Noorder-Coggen,
confiftant en 11000: arpens de ter-
re ,; y ont dû contribuer pour le
tiers, fans comprendre l'entretien
des ouvrages intérieurs des Pol
ders | comme 24. grands moulins
à eau, avéc leurs dependances, 8.
orandes Eclufes de Mer , Pentre-
tien des ponts, canaux &c. com-
me aufli les interêts des capitaux
négociez ci-devant , qui font fort
| en
(193)
€n arriere; enforte que chaque ar-
pent de terre ; a dû contribuer
pendant lefdites années 11. fl. par
an, Ce qui joint aux taxes ordinai-
res & extraordinaires | nommées
Verponding , égale en quelques en-
droits la ferme de la terre , & la
furpañle même en certains en-
droits, ce qui eft caufe qu'il y en
a déja une fi grande quantité aban-
données ; & que plufieurs autres
font fur le point de Pêtre.
L’unique efperance qui nous
refte dans cette circonftance , eft
que V. N. P. convainçuës de nô-
tre trifte & dangereule fituation;
voudront bien, felon leur puiffan-
ce, leur fagefle | & leur bonté or-
dinaire diriger les chofes d’une tel-
le maniere , que L. N. & GP.
les Etats de Hollande & de We/t-
Frife, perfuadez de limportance
d’un tel rempart , -puiflent le re-
garder comme une Barriere où une
Forterefle , qui couvre toute la
ne ( ï 94) ;
Hollande contre un dangereux en
nemi , & ordonner. quil foit en-
tretenu aux depens de la Genera-
lité, ainfi qu’on entretient les au-
tres Forterefles : . & que L. N. &
G: Pen confideration- de cette fi-
dele expoñtion de l'état des 9w4-
tre Noorder-Coggen :, aideront
graciéufement ; {oit. en-exemptant
des taxes les habitañs-& contri-
| goomnt ‘la,plus convenable , {lon
ES À
contribuer 4dux fraix, des Eftacades
qu'on <onftruufit de la longueur
de 1200: vergés depuis le Port de
Medenblick juiqu'à Tawrsmarge,
qu'on nomme à prefent Zwzsker-
eg. Mon. 0 CO ONCINRS
AE Sut-
NE da un dt 2 FT
Ne coeur
| Sur uoi les D AH C=
gens. qi de V. N..P. les
très-obéiflans Serviteurs. Les Jri-
tendants Conféillers & Chefs des
Digues > “ONf figné la prefente au
nom de tous. Fait à 2 VASE le
29. Fevrier LYS.
D. NDS OE |
Corn. Van der M, :
Dirk Jan/z Keorn,
| Fean Sal, 1e
= Pro. Berts, .
_ À. Rootjes,.
Szmor Pieter, rlE. ps ms»
Ar1S Renfe us,
Corn. Groot,
G. Re
'Becretairq
or 4
bis. d
PROCES. VERBAL'
Dreffé par ordre du Dykgraaf où
Intendant des Digues & des
Regens des territoires nommiez
Geéeftmer-Ambacht, Schager &
Niedorper-Coggen , pour être
communiqué aux Séigneurs du
corps de la Nobleffe de Hollan-
de & Weft-Frife , ou à l'un
d’entre eux , & à L. N. P. Zs
Jeigneurs Confeillers-Deputez
des Etats de Hollande & Weit-
Frife , dans la Weft-Frife &
dans le quartier du Nord, en
qualité de Surintendans des
Digues maritimes de Welt
Frife. | |
Le Dykgraaf & Regens
ont dit qu’en lannée 1731.
& en dernier lieu le 19. le 20. &
le 21. Fevrier 1732. ils ont obfer-
vé & examiné leurs Digues & ou-
vrages fervant à refilter aux A
|
#7. C7 |
&e la Mer, avec autant dediligen:
ce & d’exattitude que ceux des
territoires du Drechterland & des
quatre Noordér-Coggen, & qu'ils
ont trouvé que généralement tou-
tes les Eftacades , les Pilotis , les
Eclufes & autres ouvrages qui font
dans la Mer, étoient infeftez par
les Vers, aux endroits qui ne font
jamais à fec pendant la bafle ma-
rée , & que le tout y étoit telle-
ment rongé ,; qu'il eft à craindre
que ces ouvrages ne foient empor-
tez par la premiere tempête , où
par quelque marée extraordinaire.
Les territoires de Geeftmeram-
bagt, Schager & Niedorper-Cog-
gen ont enfemble 5. grandes Eclu-
{es fervant à décharger l’eau du
pays dans la Mer. On 2 trouvé
que non feulement les ouvrages de
Pilotis |, fervant de remparts au
Wier ou Varech , & à la Digue
de terre ,; étoient entierement in-
fcitez , & prefque ruinez par les
N°$: 1. vers
NU... em hi
vérs ; mais même que cé mal sé
toit auf Communiqué aux pieux
& autres ouvrages qui font devañit
les Eclufes, qu’on n’éléve que pen-
dant fa baffle marée, & lorfqi’elles
péuveñt s'ouvfir pour y faire pafler
l’éau, Enforte que fi ce mal conti
fuë , les Eclufés refpectives de-
iiéuréront expofées à un dañgér
ctrème , & l’on né pourfa éviter
de lès enfermer par dés Digues où
par dés chauflées, auquel eas élles
déviéñdront inütiles, puifqu’on ne
pourroit plus s’en fervir pour dé-
chatgéer léau dâäns la Mer , au
grand préjudice du Païis.
" H éft vrai que s’il né furvenoit
point d'inondation dofit Dieu
veuille nous preférver par fa gfa-
ce ; les fusdits territoires féroient
én état de fubvenif , pat eux mé:
és; aux fraix des réparations dé
fous ces dommages, s'ils h’étoient
pas obligez de contribuer pour
Penttetien des Digues refpectives ;
+ | | rte
1 1: (tom
_& autres ouvrages du territoire de
_ Drechterland & des quatre Noor-
der-Coggen; mais on fait que jus-
qu'à prefent ces territoires ont dû
payer 29. fl pour cent de toutes les
depenfes faites pour lentretien des
Digues maritimes de /72//-Frife,
dont celui de Geeffmerarmbagt pa-
ye 15. fl & Schager, & Nicdor-
per-Coggen 14. fÎ. |
Les fupplians ajoûtent, que c’eft
une chofe furprenante que la quan-
tité de terres qu’on eit obligé d’a-
bandonner de tems en tems & de
laifler en friche : on n’en donnera
qu'un feul exemple; la jurifdition
de Schager confifte en 1766. ar-
pens de terre contribuables, on en
a laiflé en friche 350. par confé-
quent près d’un cinquieme, .ce qui
_confte par les liftes particuleres.
Enforte que les perfonnes commi-
fes à recevoir les contributions ne
pouvant fe fure payer , &c les ter-
res qui ne rapportent rien , étant.
| N 4 à
à Pabri d’être éxecutées | les arrez
rages des taxes montent fi. haut
qu'il eft impofñlible d’y pouvoir fa-
tisfaire. set A Lt
_ On en fera moins furpris fi l’on
confidere qu'on n’a jamais fait la
moindre remife aux dites terres,
mais qu’au contraire elles ont été
furchargées par de nouvelles taxes
qui leurs ont été impofées par le
Souverain , pendant les guerres &
autres defaftres , jufques-là que
fouvent on a levé én une feule an-
née 3. fois le huitieme denier des
rien AS di Pr re fie
Si lon obferve la chofe de plus
près on trouvera , qu’outre les
charges infupportables qu’ils doi-
vent fupporter pour lentretien de
toute la Digue de Weft-Frife, les.
fupplians font encore obligez d’en-
tretenir plufieurs Digues interieu-
res d’une étenduë de 5000. ver-
ges ; 76. moulins a eau, 5. dou
bles Eclufes de Mer , gris de
ou:
|
DES
Snhiei cloifons & autres ouvra=
ges » dont l'entretien coute plus
que celui de 10. fimples Eclufes 3.
Éclufes fimples pofées fur le Canal
de Schermeer Ringfloot, 16. dites
abandonnées; plus de 100. portes
&c. Ils font encore obligez de pa-
ver, outre les fraix pour lentretien
des Digues & les huitiemes de-
niers ; les taxes qu’on nomme
Raaxmaat & Molen Gelden , &
celles de Hondsbofch &c. lefquel-
les depuis ce fiecle , ont été au-
gmentées de la moitié & même des
3. quarts.
Lefdits diftrits avoient déja: re
folu, avant même qu’on fe fut ap-
perçû de ce nouveau fleau , de re-
prefenter au Souverain , qu ils ne
peuvent plus fupporter des fraix fi
normes: car il eft certain que de-
puis ce qu’on appelle le Redrès de
Vannée 1632. les 16148. arpens
de terre, compris dans cesdiftriéts,
ont payé annuellement , outre les
N' 5 char
(202)
chargés ci-deflus mentionnées,
107270 f ÿ-8. pour la feule taxe
qu’on nomme ’erponding où hui-
tiéme denier ; & à prefent chaque
atpent doit fournir pour cette taxe
& autres, au moins 20. fl.
Si Pon remarque combien peu
valent aétuellement les denrées, on
trouvera que les habitans font
moins en état que jamais de fup-
pléer à tant de charges; & ce qui
rend la chofe plus defesperée eft
que les habitans & les proprietai-
res abandonnent peu à peu le
pais. Da
Ils doivent reprefenter à cette
occafion ; à leur grand regret,
que leurs terrés qui confiftent en
16148. arpens, favoir 9548. dans
le territoire Gec//merambacht &
6600. dans ceux de Schager &
_ Niedorper-Coggen ; étoient déja,
pour ainfi dire , reduites à rien,
avant même que les vers ayent pa-
ru ; c’eït-à-dire que fi on les ven-
STE doit
| (203) “V3
doit Puñe portant Vautré , élles
né produiroient rien , parcéque
les charges, furpañlent la ferme où
revenu de ces terres. |
. Les fupplians font encore char-
géz du payement des intérêts pour
des fommes confiderables qu'ils
Ont émpruntées : le courage leur
manque lorfquw’ils fongent à ce nou-
veau fleau dont ils viennent d’être
frappez. Ils fe referent à ce qui
a été reprefenté à ce fujet, dans
les procès verbaux des territoires.
de “Drechterland & des quatre
Noorder-Coggen. Hs ne feront
point mention de ce coup fatal
dont ils ont été accablez à Pocca-
ion de la mortalité parmi les bés-
tiaux, Payant fait amplement par
leur Requête à L. N. & G. P. de.
Pannée 1718. à laquelle L. N. P:
les Seigneurs Confeillers-Deputez
donnérent le 15. Avril 1719. une
favorable reponfe : c’eft pourquot
ls fe flattent que V.-N. P. vou-
dront
(204)
dront bien appuyer leur Requête
commune prefentée au Souverain,
conjointement avec le Drechter-
land & les quatre Noorder-Cog-
pre de |
Ils ne peuvent pafler fous filen-
ce une chofe qui leur eft très-fen-
fible , favoir que chaque proprie-
taire tache de fe defaire autant
qu’il lui eft pofhble , des terres
qu’il poflede dans les territoires
nommez Geeffimerambacht, Scha-
ger & Niedorper-Coggen ; on la
même déja fait avant la decouver-
te des vers; ce qui eft d’une très-
dangereufe confequence.
_. Enfin on ne peut s'empêcher
de faire remarquer combien les
chofes ont changé depuis 80. ans
_& même moins : car on trouve
dans les Livres des Colleftes des
40% & 8”. deniers, que les terres
dans Geeflmerambachbt , Schager
& Niedorper-Coggen ont été ven-
duës dans les années 1650. & 1655.
in-
OR ©
inclufes 13. à 1400. fl. lParpent
l’un poîftant l’autre. A
Les fupplians prient très-hum-
blement V. N. P. de vouloir , en
confideration des raïfons alleguées
ci-deflus , les maintenir & les {e-
courir promtement , afin de pre:
venit leur totale ruine: furquoi ils
demeurent avec uni très-profond
refpect de V. N. P. très-humbles
Serviteurs. Les Dykgraaf & Re-
gens de Geeflmerambacht , Scha-
ger & Niedorper-Coggen.
T: Saskerus,
FH. van der Oort ;
Facob Lansb, |
G. Warmenhbuyfens
7: D, H OP 5
C. van der Bees,
P. Lagedyk,
7. Langeboer,
P.van der Beek,
L. van der Beets.
Fait à Alemar le 14. Mars’ 1732;
REQUETE
A L.N. @G. P. les Etats de
… Hollande & Waff-Frife.
Æ Es Intendants , Confeillers ,
_. &, Aflefleurs , & propricetaires
de terres , du Drechterland ,
guatre Noorger-Coggen » Geejt-
merambacht, Schager & Nicdor-
per-Coggen , compofant le Cercle
des Digues Maritimes de Wejf-
Frife ,; remontrent très-humble-
ment, que PEtat & la haute Re-
gence du pais de Hollande & de
Wet-Frife, ont de tout tems été
très attentifs a la! conférvation des
Digues de Wefi-Frife , & autres
ouvrages fervant, à refifter aux
efforts de la Mer, les regardant
comme le rempart & le foutien,
non feulement de la Æe/f-Frife,
_ & du Quartiér du Nord. mais
aufli de la Æollande Meridionale
qu reflentiront les fuites 1rrepa-
ra-
(207)
rables d’une: inondation dans. la
Weft-Erile & le quartier du Nord,
dont Dieu veuille nous preferver.
C’eft pour cette raïfon, N. G. &
P.. Seigneurs qu’en l’année 1466.
se Province de Hollande,
(à da. refervye des Quartiers de
Defland &Schieland) fachant de
quelle importance 1l étoit de con-
ferver la Digue maritime des ter-
ritoires nommez les gwatre Noor-.
der-Coggen, qui, dans ce tems-là
n'étoit pas fi fort expolée ;\ qu’elle
left à prefent , aux rudes coups
des vagues de la Mer , a contri-
bué, aux depenfes de 1200. ver-
Le d'Éftacades, conftruites pour
a fureté de cette Digue | une fi
grande ;depenfe ayant été jugée
trop jongrcufe non feulement pour
les: terres contribuables fituées {ous
la jurifdiction de cette digue,
mais même pour tout le quartier
Que le danger ayant confide-
| r
a-
(208)
rablement augmenté depuis ce
tems-là , & dans la crainte que
cette précieufé reparation faite à
la dite Digue ne fufhroit pas pour
mettre ce Quartier ,; & toute 12
Hollande à Vabri d’une inonda-
tion ; d'autant que Peau dela
Mer du Nord pañflant , pendant
une haute marée ou flux extraor-
dinaire , fur le terrain nommé
Koe-Gras ; tomboit avec impe-
tuofité dans la Mer du Sud , &
alloit fe jetter contre la dite Di-
gue & contre celles de Gee/fmer-
ambacht, Schager & Niedorper-
Coggen | qui par là étoient obli-
gées d’efluyer les rudes attaques
de l’eau de la Mer |; on 2 jugé
à propos vers l’année 1610. dé
conftruire une Digue de fable,
qui s'étendoit depuis Keefen jus-
qu'à Huysduynen de la longueur
d'environ 2000. verges |, & que
pour mieux empêcher , comme on
l'efperoit, la chute fubite de à
é
+
{
(109)
de la Mer dans la Mer du Sud,
on a conftruit en 1629. une autre
digue de fable entre lIfle du 7e.
xel & l'Eyerland ; mais que ce-
pendant toutes ces précautions
n’avoient pas produit l'effet dont
on s'étoit flatté , puis que l’expe-
rience a fait voir que leau de la
Mer, privée de fon cours ordinai-
re par deflus le Koe-Gras , à cau-
fe des digues de fable qu’on y 2-
voit conftruites, a dù chercher un
autre cours & le prendre par les
-Embouchüres de la Mer. Ces
pañlages étant plus étroits ils ont
rendu par confequent le cours de
Peau plus rapide , en forte que
non feulement ces Embouchüres
en font devenuës plus larges &
plus profondes | mais même que
l'eau y pañle avec beaucoup plus
de rapidité ; fur tout pendant 12
tempête , premierement fur les
Digues des quatre Noorder-Coc-
£en, sb aCi : sé » SChager
ad
| (210) |
& Niedorper-Coggen | & enfuite
fur les Digues plus avancées de la
Wejt-Frife. | #4
Afin de prevenir, s'il étoit pos-
fible ce flux & attaques extraordi-
naires, empêcher cette fubite chu-
te d’eau, & diminuer le fein de la
Mer du Sud, V.N. & G. P. ont
accordé en 1629. 1657. & 1663.
un Oktroi pour enfermer par une
Digue le terrain , nommé Koe-
Gras , & mème elles ont offert
d'accorder 200. mille fl. de la cais-
fe de l'Etat pour encourager cctte
entreprife, mais cela n’a eu aucu-
ne fuite.
En 1666. afin de mieux aflurer
& conferver la Digue maritime des
quatre Noorder-Coggen ; on a
propofé à V. N. & G. P. d'anne-
xer. par une Digue FPlile de /ze-
ringen , à la terre ferme du Koe-
Gras, pour former par ce moyen
un bañlin à fec devant Co/borm,
tout le Geefmerambacht ; Scha-
| | ger
. oi (ait) .'k
ger & Niedorper-Cogréh, vomine
Auïli dévant la Digüe marititié des
quatre Noorder-Coggen ; mais
cètte éhtreprife n’a poitit éu d’ef:
fét |, quoique par ordre de V. N°
& G. P. on en eut dreflé le Plañ
& les Cartes, & qu'on eut fait uñ
état des fraix néceffaires. :
‘En 1690. vù le danger éinént,
- cette affare à été rémife fur le ta-
pis par Mrs. de Medenblick, avec
cé fuccès qu'après plufiéurs délibe-
fations | & après avoir intéffogé
plufieurs experts dans les affaires
de la Mer, Pilotis, &c. & fondé
ëh 1689. par ordre de V.'N. &
G.P. & en prélence de leurs Com:
fmiflairés | la Mer du Sud & fes
Embouchüres, on à enfinen 1699.
dreffé un nouvel état-dés fraix ne-
ccilairés pour une telle éntréprife,
lequel a été préfenté à V. N. & G:
P. par les Séigneurs CGonfèillers-
Deputez en #2/f-Frife ; fuivant
Kur avis du 7. Janvier dé h mêmé
| ii Ne an
Ga) |
année ; mais cette entreprife fü
de nouveau fufpenduë , ou rejet:
tée, foit à caufe des fraix exceflifs,
qui felon ledit avis montoient à 2.
millions 808. mille 244. fl. foit
parce qu'on ait jugé qu'il étoit 1m-
pofñlible d’executer cette entreprife
avec 25. a 26000. hommes (qui
devoient lachever en peu de 1e-
maines, où même en peu de jours, )
& d’amañler un fi grand nombre
de bâtimens & de materiaux dont
on avoit befoin pour une telle en-
treprife , foit enfin parce qu’on a
craint qu'un ouvrage fi important
m'eût pas le fuccès qu’on en atten-
doit , enforte que ces Digues font
reftées dans la même fituation pe-
rilleufe. |
… Ileft vrai, que ces Digues ont
été entretenues jufqu’à prefent au
moyen des charges exceflives ;
mais elles ne l'ont été qu'aux dé-
pens & à la ruine des proprietai-
res des terres; on en voit de triftes
res=
| Fr. CA
reftes par mulliers , en ces Quar:
tiers, favoir des pauvres orphelins
dont les parens, riches autrefois,
ont été ruinez à caufe des taxes
exorbitantes dont leur terres étoient
chargées, & qui ne pouvant payer
les arrerages defdittes taxes aban-
donnent tous les jours leurs terres,
lefquelles reftent à la charge du
pais au grand préjudice du pu-
blic. we | AS
Dans cette trifte fituation où les
peuples font épuifez par la trop
grande quantité de trop fortes ta-
_xes dont ils ont été furchargez
pendant les guerres continuelles
que PEtat a dû foûtenir ; comme
nous lavons plus amplement re-
prefenré à V. N. & G. P. par
notre Requête de l’année 1718, 1f
a plu à Dieu de nous preferver jus-
qu’à prefent d’une inondation 1rre-
parable ; mais depuis l'automne
derniére il nous à frappé d’un nou-
veau fleau, par des vers inconnus,
‘0 3 les:
# ah
lefquels dans un fi court intervalle
de tems , ont rongé & percé la
plüpart des gros Pilotis de Mer
depuis lé commencement de la
Digue de Nzedorper., dés quatre
INoorder-Coggen & du Drechter-
land jufqu’à a pointe de Ter/luys,
_& au delà du Village de Venhuy-
er, dans une étendue de 12050.
verges, OUIrE 5400. autres, verges,
qu'on craint qu'ils n’ayent déja en-
dommagées enforte que pendant la
tempête & la haute marée du 25,
& 26. Decembre 1731. les Eftaca-
des. de la feule Diguc, des quatre
Noorder-Coggen , pourvuës de
perches , pierres &c. ont été ém-
portées en, divers endroits dans Pé-.
tendue d’environ 250, verges, par
où ce quartier demeure expolé au
dañger dêtre fubmergé; fans com-
pter les. dommages. confiderables
arrivez. à, la Digue du. Drechter-
land & autres, Comme on le trou-
v£, plus. amplement deduit ns les
a ro-
mm.
| … Cap)
Procès Verbaux annexés à la pré*
fente. Ainfi quand mème on par-
viendroit à detruiré ces Vérs, ileft
cépéndant certain que la plüpart
_ dés ouvrages de Pilotis ; qui fub=
fiftent encore font én général très
cndommagez | & rongez par les
Vers ; enforte qu’ils doivent tous
être reparez, ce qui demande une
fomme très-confiderable, tant pour
l’achapt des pieux & autres mate-
riaux , que pour le falaire des ou-
vriers ; laquellé fomme furpañlérx
fans doute le produit annuel des:
térrés | & même leur valeur. Et
comme les habitaris. & lés proprie-
taires ne font pas en état de porter
‘un fe grand fardeau; &c qué les
fupplians né favent plus quels mo:
yéns employer ; 1ls ont récours à
V. N. & G: P. & les fupplient
trèsthumblemenñt. de: vouloir confi
dérér qu'à moins d’une promté re-!
päfation abfolument neceflaire
dont les fraix feront exceififs , la’
O 4 Di-
ee ON
Digue fera emportée & le païs fub-
merocé; d'où s’enfuivra la perte de
tant de belles Terres |, Eglifes &
Maïfons , la ruine de tant de peu-
ples , & la diminution des finan-
ces de V. N. & G. P. C’eft pour-
quoi les fupplians, n'étant pas en
état d'entreprendre une telle repa-
ration , & n'ayant pas d’ailleurs
aflez de credit pour acheter une fi
grande quantité de materiaux , 1ls
{e trouveroient obligez de remettre
à V.N. & G.P. toute la Digue
de Weft-Frife, comme étant leur
domaine ; ainfi ils implorent &
fupplient V. N. & G. P. de les fe-
courir dans une neceflité fi preflan-
te, & d'employer des moyens qui
puiflent reparer ce rempart , com-
me étant par rapport à la Mer, la
Fortérefle la plus avancée & la
plus expofée de PEtat, & de pre-
venir que la Mer , venant à per-
cer par quelque endroit, n’englou-
tifle tout d’un coup une Province
‘ ens
:
k
5:
» (2879 Fi
entiere , laquelle on ne pourroit
plus recuperer n1 par les armes ni
par d’autres moyens, puifque tout
{eroit emporté , hommes, églifes,
mailons , terres & beftiaux , car
S'il n’y a point de Digues , 1l n’y
aura plus de terres & par confe-
quent plus d’habitans. Aïnfi com-
me cette affaire merite l'attention,
les foins & les fages déliberations
de V.N. & G. P. les fupphans
attendront avec refpeét la favora-
ble KRefolution de V. N. & G.P,
Ce que Jai[ant , ÊTCe
Day cè RE
RELATION.
Du dommage qu'ont fait Les Vers,
aux Digues de Leelmde € de
WPff-Frife.
NE fleau s'eft manifefté en
4 Zeclande, dans les mois de
Septembre &, d'Octobre 1730.Sui-
vant une Relation authentique. de
Middelbourg , les Vers avoient .
fai & rongé quelques Piliers de
la Digue de e/f-K appel, qui fut
rompuë par une petite tempète ;
& les Piliers qui reftoient ayant
été cxaminez ainfi que les autres
ouvrages de charpente , furent
aufli trouvez faifis des Vers , &
dans un état pitoyable. |
F On ne seft apperçu de cett
verminc dans la Nort-Hollande,
que vers la fin de l'Eté en 173 se
| É
4 ( 219 )
. Ce dangereux Infecte- s'attache
aux bois & aux Pilotis des Digues,
les penetre & les ronge én tout
{ens, tellement que ces bois refem-
blent à des rayons de miel & de-
viennent par la fi foibles qu'ils
tombent d'eux-mêmes, ou que le
moindre vent les emporte. “
Il eft neceflaire pourtant de re-
marquer que le mal n’eit pas fi
grand qu’on le publie ; & que
ceux-mêmes qui font chargez du
fon de l'entretien des Digues en-.
dommagées font) de leur mieux
pour perfuader que le dommage,
eft plus confiderable qu'il, n'eft en
| ra
_ Dans l'examen qui 2.été fait au
commencement de. cette année,,
de la Digue de Weft-Frife , on à
remarqué que tous les Piliers. n’é-
toient point attaquez de ces. Vers,
qu'il y en avoit plufieurs. parmi
ceux qui étoient tombez; qui n’en.
_avoient point été touchez , mais
qu'ils
(220)
qu'ils avoient été ruinez par le tems
ayant été employez depuis près de
50. ans. |
On à encore remarqué que ces
Piliers ou Pilotis ne font attaquez
& rongez que dans la partie , qui
cft dans l’eau ,. dont la hauteur eft
d'environ trois pieds, fans que les
Vers pénétrent dans la partie qui
eft dans le fable, ou dans la Vaze,
n’y qu'ils s’attachent à celle quieit
au deflus de PEau, ne pouvant pas
vivre fur l’Eau , ayant été obfervé
au contraire qu'aufli-tôt qu'ils vo-
yent l'air , 1ls meurent & rendent
peu après une mauvaife odeur. On
a experimenté qu’ils vivent encore
moins dans le fond de la Mer, par
un bois d’ancre qu’on en a tiré, a
la rade du Zexel , le bout qui a-
voit été enfoncé dans le fable n'é-
toit aucunement endommagé , au
lieu que l’autre bout étoit entierc-
ment criblé. - ee.
Il ÿ a divers opinions fur l’origi-
| | nc
=.
(221)
ne de ces Vers ; mais fi deftituées
de fondement qu’oneft reduit à di-
re, que liniquité & le grand nom-
bre des pêchez énormes de ce Païs,
ont pour ainfi dire ; forcé la main
de Dieu de frapper ; &c d’avertir
par cet Infette , fes habitans adon-
nez au vice, de fe convertir.
_ Qui pourroit depeindre le trifte
état ou fe trouveroit la Province
de Nort-Hollande ? qui pourtoit
donner une idée des miferes qui
defoleroient la Sud-Hollande &
particulierement les Villes d’Ams-
terdam & de Haarlem, sil arrivoit
une inondation générale que nous
devons toûüjours apprehender ?
Il y a quelques perfonnes en Zee-
lande , qui foutiennent qu'il fe
trouve ordinairement en Eté fur les
bois des Digues des petits Ani-
maux nommez dpringertijes ou
Petits [auteurs | de la grandeur
_ d'un poux de brebis, que ces Ani-
maux étant examinez avec un Mi-
Ni CTOS«
a, a: PET
Crofcope , paroïflenit d'uñè foutre
extraordinaire ; & avoir quantité
de pattes, qu’à la Vérité, ils ne pé-
nétrent pas dans le bois, mais que
jettant de leur fémence dans les
fentes, il s’en engendre des Vers.
D’autres penfént que les Vers
viennent d’une cértaine ordure ou
moufle , que produit Ia Mer dans
les jours caniculaires | & qui flot-
te contre les Piliers & les bois des
_ Digues. | A do
-- Enfin il y en à qui prétendent,
que le vent de Nord qui a regné
séndant deux Etez confecutifs a fait
venir ces Infeétes {ur nos côtés , y
en ayant eu dans la Mer du Nord
depuis 40. à 50. annéés. |
Dans la Province de Hollandé
on a eu aufli diverfés opinions,
qu'il eft inutile de rapporter: of
cru entr'autres chofes que la Mer
étant devenuë plus falée en Pannée
1731. à caufe qu'on a manqué dé
pluyes & de neiges, & que les Ri-
| ViC-
(223)
vieres n’y abondant pas a beaucoup
près, tant qu’il auroit été neceffai-
re ; pour rafraichir & temperer
P£au falée , elle avoit produit ces
vers plus abondamment que les au-
tres années & leur avoit donné
plus de force par le fel & les cha-
leurs fuperflues. Comme on s’atta-
cha à cette opinion on efperoit
que l’abondance des pluyes & des
neiges & les gelées du cemmence-
ment de Pannée 1 73 2. chafleroient
ou feroient perir la vermine, &
pour cet effet , on fit continuelle-
ment tirer de l'Eau de toutes les
Rivieres qui coupent le Païs, par
les moulins fituez vers les Digues,
afin que les Eclufes pourvues
d'Eau douce | puflent plus facile-
ment en communiquer à la Mer &
la rafraichir autant qu'il feroit ne-
ceffaire.
Ce qui donnoit cette Efperan-
ce, c’elt que Mrs. les Deputez de
la Vile de Horn avoient raporté a
| ceux
(224)
teux des autres Villes de Nort-
Hollande , avoir remarqué que le
-acht avec lequel ils avoient fait
Ja vifite des Digues, avoit été at-
taqué des Vers, dans le tems qu'il
étoit dans PEau falée, mais qu’aufli-
tôt qu'ils furent rentrez dans le Pais
fur l'Eau douce, tous ces Vers fe
trouverent morts, ce qui leur faifoit
conjecturer qu'ils ne peuvent pas
vivre dans PEau douce.
Quoiqu'il ait paru par les avis
des Provinces de Zeelande & de
Weft-Frife qu'il y a eu des inter-
valles ou lon fe flattoit que f1 les
Vers n’étoient pas tous morts , 1ls
étoient au moins , confiderable-
ment diminuez. Quelque recher-
che qu’on ait faite , on n’en a pu
decouvrir la jufte caufe, n1 celle
des progrès qu'ils ont faits peu
de tems après ,' ainfi qu’il eft ex-
pliqué dans une lettre d’un des In-
#pecteurs des Digues de la Provin-
ce de Zeelande, portant que cette
| Vers
D (on
_ Vermine fut découverte dans lés
‘mois de Septembre & d'Otobre
1730. & qu'ayant diminué :enfui-
te ,. on ne s'en étoit plus aperçu
que dans le mois d’Août 1731.
qu’elle avoit confiderablement mul-
mie, enmonce at gare
- On a obfervé que lors de la: dé-
couverte de cés Vers, a la Digue
de Weft-Frife , 1ls y étoient en
plus grande quantité ,- qu’ils n’ont
été dans la fuite, puifqu’on trouva
parmis. les Pilotis qui en étoient
attaquez & qu’on tira hors de pla-
ce:,, plufieurs de ces bois qui n’y
étoient que depuis fept ouhuit fe-
maines, entierement criblez. Quel-
que tems après au contraire, on ÿ
fit placer deux Pilotis dont l’un :-
voitété feché au feu pour en tirer
toute l'humidité & on les en ôtx
quelques femainës après , dans le
mème état où 1ls étoient lorfqu'on
les avoit placez & fans la moindre
piqueure. On:a appris neanmoins,
toc M: « dans
Case : ::
dans fa fuite que les Vers, yétoient
revenus en grande quantité. |
On n’a encore trouvé aucun re
mede pour faire perir ces Infectes,
n’y pour en garantir le bois, com-
me 1l paroit par les avertiflemens
mis dans les gazettes ; afin que
ceux qui aufont cru trouver quel-
que remede à ce mal puiflent s’ad-
drefler aux Infpecteurs des Digues ;
de forte que nous ne nous arrête:
rons point aux diverfes propofii-
tions qui leur ont été faites | aucu-
nc des compofitions dont on a fait
Feflai ,: n’ayant été approuvée, n’y
acceptée.» ! 41100 TO
| Où a cependant eu foin, des la
découverte de ces Vers ; aux Di-
ues de Zeelande & de Weft-Fri+
fe, d’en faire une exacte vifite & de
raccommoder les. endroits les plus
endommagez & les plus foibles.
Dans cette derniere Province on
employa par provifion, des ancres
de fer & des quyrages à tenaille,
(351)
pour faifir la Digue d’'Algue où
de Varech qui étoit fans enceinte,
& l'empêcher de culbuter dans la
Mer , ce qui auroit mis la Digue
de terre en peril d’être emportée
par les vagues. D
On a prefenté divers projets afin
de prévenir une inondation , ce-
pendant nous n’en placerons 1ct
qu'un feul qui a été trouvé le plus
convenable. … : À: 30
. On propofe de faire une contre
Digue d’Algue ou de Varech du
côté de la Mer , & tout contre la
Digue de terre , & d’y enfoncer
un rang de groffes poutres de bois
de chêne attachées l’une à lPautre
par des chevilles & boutons de fer,
de faire affefler la Digue de Va-
rech. & d’en attacher les paliffa-
dés à ces poutres. - DElues
On compte avoir trouvé par la
un moyen für: pour garantir les
Digues des Vers , puifque les Pi-
lois & les autres ouvrages de
P 2 char-
| (2:28)
_€harpenté, fe trouveront couverts
par la Digue de Varech, que cet:
te vermine ne pourroit pas péné-
trer. On croit avoir furmonté par
cette methode , tous les dangers
auxquels la vicille Digue a toû:-
Jours été expolé & qui confiftoient
en ce que la pefanteur & les di-
vers morceaux, qui fe font déta-
chez de la Digue de terre ‘bres-
doient & faifoient pancher la Di:
gue de Varech, qu'on étoit obligé
de fortificr pour l’empêcher de
tomber dans la Mer, ce quinefera
plus neceflaire ; encore moins de
fe fervir d'ouvrages à tenailles ‘&
de pallffades ou fafcines filon fuit
la methode qu’on vient d'indiquer.
f\ égard des dépenfes neceflaires
pour cette operation 1l eft bon de
remarquer que les Intendants des
_Digues auront beloin, pour les re-
parer par le moyen des ouvrages à
tenaille dont on .fe fert à prelent,
d’unc fomme de 375025. —
HR (229)
de laquelle deduifant les fraix des
Ouvriers, 1l leur en coutera 306540.
florins ; mais alors on ne pourra
pas foutenir que les Digues foient
en état de ne plus rien craindre;
au contraire on a remarqué que
fi on ne remedioit au panchant
que la Digue de terre fait faire a
celle de a , tout l’ouvragé
feroit inutile ; & que tôt ou tard
on feroit obligé de faire encore
des dépenfes qui ne finiroient pres-
que jamais. | “a
= Au lieu q’on pretend que le pro-
jet ci-deflus étant executé , coute-
roit tout au plus 621. florins & 8.
dols la verge, |
La Digue de Varech f 450:
Les Pilotis f\x2x
Ceintrage | 5-6
Boutons, chevilles &c. f 5
Salaire des ouvriers f° 40.
62 1-8 |
Ps Nous
M. OLD
_ Nous avons dit que la repara-
tion eft évaluée à 306540. florins,
avec cette fomme on pretend qu’on
pourroit faire $oo. verges de Di-
gues par lefquels les endroits les
plus endommagez pourroient ètre à
couvert, & lon épargneroit ce que
coutéroit une quantité confiderable
d'ouvrages à tenaille. | |
On fuppofe qu'il y a dix mille
deux cent vingt cinq vérgés à la
Digue de tout le Cercle de Weft-
Frie | qu'il faudroit faire racco-
moder ou entretenir. En faifant
cette reparation ou entretien En 40.
années, favoir de 256. verges par
an en commençant par les endroits
les plus faibles, 1l en couteroit les
prémieres années la fomme de
159078. florins par an , Ce qui
n’égale pas les fraix que la Provin-
ce de Weft-Frife à fupportez, de-
pus plus de treñte années , mon-
tant à 170000. florins par an, fc-
lon le verbal qui en a été fait &
G'iO fi AE. de CE pre
(2317: |
prefenté a L.N.P. les Etats d'Hofs
lande. Il eft vrai que dans le
cour de ces quarante années, on
fera obligé de garder & de racco-
moder les autres endroits des Di-
gues , que cela ne laifléra pas de
couter encore des fommes: miais 1}
eft vrai aufli qu'avec 2 56. verges dé
nouveaux ouvrages on profitera de :
23075. florins, qui étaient emplo-
vez pour les ouvrages à tenaille
dont on n’aura plus befoin, & qui
Pun portant l'autre revenoient à
quarante cinq florins Îa piece; &
comme on aura foin d’ôter les pre-
miers ceux qui coutent le plus , la
fomme qu'on épargnera par la de-
viendra de tems en tems plus
grande , fi lon ajoute à celz
10922. florins que les 256. verges
de cet ouvrage coutent moins que
170000. florins ,; il en reviendra
33997. florins ; dont on pourroit
4e fervir à entretenir les vieilles Di-
gues, durant les quarante années,
ÿ | P4 _ pen-
C32) |
pendant que cet entretien dimi-
nuera d'année en année de 256.
vergés jufqu’à ce que tout foit fini,
alors on épargnera tout à fait cha-
que année ces f 33997..& on au-
ra des Digues qui couteront fort
peu à entretenir , n’y ayant point de
Prlotis n1 de bois expofez aux Vers.
On pretend ainfi que c’eft-là le
moyen, qui coutera le mains & le
plus für pour la reparation les Di-
gues & par lequel elles feront dans
un tel état , qu’on pourra vivre en
repos dans le pais & l'habiter fans
inquietude. ù |
-. Depuis peu on parle d’un reme-
de pour exterminer cetté vermine ,
ou du moins ; pour faire en forte
que les Pilotis foient dans un telétat
que les Vers, qui, felon [a fuppofi-
tion faite ci-devant , ne les ron-
gent qu’à une certaine hauteur, ne
puiflent pas y pénétrer : ce feroit
de faire fécher ces Pilotis-au feu,
où autrement , pour en tirer lhu-
1914 R ” d #11
midité , eomme on fait a l'égard
des cordes avant de les soudron-
ner , afin que Île goudron puifle
mieux les pénétrer , on feroit de
mème à l'égard de ces Pilotis en les
enduifant d’une compofition morti-
fere pour cette vermine, qui n’y
toucheroit point fans y trouver la
mort. e
On dit qu’on fera l'éffai de ce
projet, & le tems nous aprendra
de quel avantage il pourra être.
Ps _ CA:
“:)
D
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12. 15 vol. | HAAUEL 0 à
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la]
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re Silvain Revis. 4. 3 vol. fg- 1e
Contes à Rire & avantures plaifantes, ou Re-
creations Françoïfes. 8. 2 vol, fig. |
Caractéres de T'heophraîfte , traduits du
Grec , avec les Caracteres ou les mœurs
de ce fiecle par Mr. de la Bruyere , N.
Edition avec la clef à la fin augmentée de
la defenfe de Mr. de la Bruyere & de fès
caracteres par Mr. Cofte. 12. 2 vol.
Catechifme Hiftorique & Dogmatique fur
Jes conteftations qui divifent maintenant
PEglife. 12. 2 vol. |
Choix
&GAT AL O G:U E
Choix des bons mots. 12.
Ceremonies & Coutumes Religieufes de toits
les Peuples du Monde. fol. 4 vol. énri-
- -chies de figures en taille douce gravées
par B. Picard le Romain. |
Chine Illuftrée du P. Kircher. fol. avec fig.
Contes &c nouvelles de Bocacce. 8. 2 vol. fg.
Cent nouvelles nouvelles. 8. 2 vol. fig. \
D.
Four Hiftorique, Critique , Chra-
nologique PÉOPAPA ue ]. era de la
Bible par le Pere À. Calmet. fol. 4 vol.
avec fig.
le même. 4. 4 vol. fans figures.
: de la Langue Françoife ancienne &
.. moderne de Pierre Richelet. 4. 2 vol.
ee Italien-François & F rançois Italien :
__ de Veneroni 4. 2 vol. N. Edit.
Univerfel de Furctiere. fol. 4 vol.
(le Grand) Géographique & Criti-
“que » par Mr. Bruzen de la Martiniere.
fol. Tom. L. IL. III. & IV. qui font. 5 vol
: k fuite fous prefle.
À Hiftorique & Critique de Mr. Bay-
le. fol. 4 vol. 1731.
Defcription de Arch el par Dapper- fol. fig.
des tableaux du Palais Royal.
E. En:
Ntretiens phyfques d’Arifte & d’Eudoxe;
ou Phyfique nouvelle en Dialogues,
. qui renferme précifément ce qui s’eft de-
* couvert de plus curieux & de plus utile
das EmNature. ‘ |!’ dé
État militaire de l'Empire Ottoman, fes pro-
_ grès &c fa decadence par Mr. le Comte de
Marfigh. Ouvrage enrichi de planches en
taille-douce. fol. 2 vol. en Îtalen & Fran-
is. ne”
Expoñtion Anatornique de la ftructure du
corps humain par J. B. Winflow. 4. |
= la même 12. 4. tomes.
Eflais für la noblefle de France ; contenant
une Difiertation fur fon origine & abaïfle-
ment par feu Monfr. de Boulainvilliers. 8.
Effais de Theodicée fur la bonté de Dieu la
liberté de homme & l’origine du mal;
+ par Mr. Leibnitz. N. Ed. augmentée dela
Vie de lAuteur. 12. 2 vol. fous preflé.
——— Philofophique fur lame des Bêtes;
. ou lon traite de fon Exiftence & de fa
nature ,. & ou l’on mêle par occañon di-
-verfes Réflexions fur la nature de la liber-
té, fur celle de nos{enfations, {ur l’union
de lame , &cc. & où l’on refute diverfes
Objeétions de Mr. Bayle. 8.
——— fur la bonté de Dieu , la liberté de
- Fhomme-& Porigine du mal: traduit de
‘ PAnglois de Mr. Chubb. 12. E
GATALOGUE
Rprit des converfations agréables , OU nou<
veau melange de: penfées, choifies par
ml de Pitaval. 3 vole
EF.
L'Emmes des XII. Cefars ; contenant la
Vie & les Intrigues fecrettes des impe-
ratrices & femmes des premiers Empe-
reurs Romains ; ou l’on voit les traits les
plus intereflans de l’Hiftoire Romaine,
… par Mr. de Serbies. 12. 3 vol.
Fonctions des Officiers de Cavallerie & d’In-
fanterie; par Birac 42.3 vol. fig.
Fables choiïfies mifes en Vers par Mr. de la
Fontaine. 8. avec fig. |
g—— par Mr. de la Motte. 4. Paris. bel-
le Édition avec figures.
G.
Grrri à des Lignes par Me Croufi.
2 vol.
pe prie de Clermont.
Géographie univerf{elle de N oblot. 12. 6. vol.
sem Dar de la Croix. 5 vol. fig.
Grammaire Efpagnole & Françoife de Sobri-
no. 8. N. Edition.
H. |
ftoire de: la Fable conferée avec l'Hiftoi-
D NORGE CCR
es
LA]
CATALOOUE
Hiftoire des Conciles par Heriflant. 12: %
vol.
———— de la Mere & du Fils , ou de Ma-
rie de Medicis, Femme de Henri le Grand
& cms de Louïs XIII. par Mezeray. 12.
2 VO
=——— de la Guerre des Hufites & ds
Concile de Bafle par J. Lenfant. 4. 2 vol.
avec ‘fig.
——— & Memoires de PAcademie Roya-
le des Infcriptions & belles Lettres ; den
puis {on établiffement juqu’à prefent. 12.
12 vol avec fig.
——— de lle” Ef gnole où de St. Do:
mingue par le P. à Charlevoix. 4 2 vol,
avec fig.
HN EL: ainême: ‘12: 4 vol. avec fig:
———— de la Ville de Paris, compoiée par
D. Michel Felibien mife au jour par D.
Guy-Alexis Lobineau. Enrichie de figures
& d’une Carte Topographique. fol. $ vol.
———— des Rois de Chypre » de la gr
_ de Lufignan. 12. 2 vol.
de Charles XII. Roi de Suede par
Mr. de Voltaire, 8. 2 vol.
“naturelle , civile & Ecclefaftique
de PErmpire du Japon. fol. 2 vol grand
êc petit papier.
———— de Polybe ; nouvellement traduit
du Grec par Douche Vinc. Thuillier , avec
un commentaire OÙ un cor s de Science
militaire , enrichi de notes I x En &
Cris
CATALOGUE
# Critiques par Monffr: de Follrd. 4: 6 on
avec fig.
Hiftoire du Vieux & N ouveau Teftament,
_ avec des Explications édifiantes tirées des
: S.::9: Pi P:parile Sicur, de Rpyaumont.
fol. avec fig. 4
= la même. 4.-avec figures:
des Chevaliers de Malthe par PAb-
bé de Vertot. 4 4 vol. avec les Portraits
- de tous les Grands-maîtres.
=——— de France par le Pere Daniel. N.
: Edit. 4. ro vol. Paris. avec fig.
——— du Theatre Italien par Riccobout.
8. 2 vol. fig.
æ——— de Pancien Gouvernement de la
France par le Comte de Boulainvilliers. 8.
; vol. %
us mévetlle de Juftin. 12:
de Turfielin. 12. 3 vol.
J-
Pre dE nids par Madame de Gomez:
| ASS AU GI
8. vol.
troduction générale & politique de PUni-
vers , par Mr. de Puffendorf. 12. 7 vo},
: continuée jufqu’ à PAR 1732. |
xvuo8 EL
7. fur les Campagnes de Eouis XIV.
4 par Pelliflon. 12. 3 vol.
—— du Roi Henri IV. de Meffieurs de
æ
b +
G AT AL OGUE :
Villeroy & de Puifeux, a Mr. Antoine le
Fevre de la Boderie. Ambañladeur de Fran.
_ce en Angleterre. Depuis 1606. jufqu’en
1611. 8. 1733- Mon
| écrans de la Monarchie Françoife ;
s qui comprennent l’Hiftoire de Fran-
ce, avec les figures de chaque Regne que
linjure des tems.a épargnées, par le R. P.
B. de Montfauçon. fol, Tom. 1. 2. 3. 4
& la fuite fous preffe. |
- Maniere d’Enfeigner & d’Etudier les belles
Lettres, par rapport à l'Efprit & au Cœur
par Mr. Rollin, 12. 4 vol. 1732.
Memoires de l’Accademie Royale des Scien-
ces , contenant les ouvrages adoptez par
cette Academie avant {on renouvellement
en 1699. 4, 5 tomes.
d’un homme de qualité. 7 tomes.
———— pour fervir à l’Hiftoire d'Anne
d’Autriche Epoufe de Louis XIIT. Roi de
_ France ; par Mad. de Motteville, 12. ÿ
oi.
vol
N.
| MN l'Ouveau Teftament du P. Quefnel, avec
des Réflexions morales fur chaque
verfet. 12. 8 vol.
om —— traduit de Poriginal Grec
F . le Clerc. 4. 2 vol.
Toy if: de + FES Nous
CEATAL-OGUR
_ Voyage d'Efpigne & d'Italie par le même:
8 tomes. Le :
——— du Chevalier Desmarchais en Gui-
. née, aux Îfles voifines & à Cayenne fait en
© * 1725. 1720..@c 17274 par le P. Labat. 12.
A vol. fig | De.
———— de l'Afrique Occidentale par le P.
"he Labal 12, 2 V8 DR 0
———— auiour du Monde par G. Dam-
…DictiE2. .5 VOLE |
——— en Anglois & en François d’A. de
la Mottraye en diverfes Provinces de la
Pruffe Ducale & Royale , & de la Rus-
. fe, de la Pologne &c. fol. 1731.
Vie de Mahomed par Mr. le Comte de Bou-
. lainvilliers. 8. 1731. |
—— du Pape Alexandre VI. & de Cefar
Borgia, {on fils. 8. 2 vol. 1732.
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