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Full text of "Recherches interessantes sur l'origine, la formation, le developement, la structure, &c. des diverses especes de vers à tuyau, qui infestent les vaisseaux, les digues, &c. de quelques-unes des Provinces-Unies. On y a joint les procès-verbaux qui ont été dressez par les inspecteurs des digues, au sujet du dommage causé par ces vers. Avec leurs differentes figures en taille-douce, gravées d'après nature"

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RECHERCHES 
_ INTERESSANTES 
S U Ré; 
L'ORIGINE ; LA FORMATION, Le De- 


| VELOPEMENT, LA STRUCTURE, &cC. 
. DES DIVERSES ESPECES DE 


VERS À TUYAU, 


Qui infeftent les Vaiffleaux , les Di- 
_gues , &c. de quelques-unes des 
PROVINCES-UNIESs. 
Par P. MASSUET, Dr. er Medecine, 
ON Y À JOINT. 


Les Procès-Verbaux qui ont été dreffez, par 
les Infpecteurs des Digues, au fujet du 
Dommage caufé par ces Vers. 


A V2" C 


Leurs differentes Figures en Taille-douce 4 
gravées d’après nature. | 


ï À 
| 9e 
 - 


A AMSTERDAM, 
Chez FRANÇOIS CHANGUION: 
MDCCXX XIII. 


ttes | 
& Es 
RSS TOURAS 
ÉNE SPEE RER SES 


BAPE CA TTON 
Des Figures de la Planche id 


vante. 


| n 1°. Figure reprefente un Ver ä 


Tuyau dont la queuë fe termine par 
deux corps fourchus , placez à la même 
hauteur & à l'oppoñité l’un de l'autre. 
Ils tienhent tous deux à un pedoncule | 
fort delié, aflez court, & que l’on voit 
à peine. Ce pedoncule eft une efpece de 
fibre pliable ; qui donne lieu à chaque 
corps fourchu de pouvoir fe jetter en de« 
hors dans le befoin.  Lé deux ôu trois 
fibres charnues ; qui pendent auffi au bout 
de la queuë , font comme cachées entré 
les deux corps fourchus ; én forte qu’on 
ne peut les voir diftinéterent qu’en écafà 
tant de part & d'autre ces deux corps 
dont ils font couverts (*). 

| La 2°, Figure fait voir une autre fre 
Le de 
_ (*) Voyez la Lettre fuivante , pag. 8. jufqu'à 
B pag. 19. 


 L'OANEUES 
de Pér à nas qui ne differe fente 


lément du précédent , qu'en ce qu'il n’a 


ni corps fourchus ; ni fibres charnues à 


 l’extremité de la queuë. (*) 
. Nous avons oublié de remarquer , en 
donnant la defcription de ces deux efpe- 
ces de Vers, qu'il-y en a un grand nom- 
bre auxquels on voit des rayes blanches , 
rouffâtres & prifâtres ; qui s ’étendent de- 
puis la tête jufques près de la queuë. Il 
y a encore d’autres Vers qui ont la queué 


obtufe ; mais il en eft fait mention dans 


le corps de l'Ouvrage. (+). 


Lx 3e. Figure démontre un Ver d’une 


fruité affez finguliere ; & bien diffe- 


rente de celle des deux précédens. Jen’ai 


pas donné dans ma Léttre la defcription 
des Vers de cette efpece ;: par cequ'elle é- 
toit: prefque entierement imprimée, lors- 
que J’ai eu occafion d’éxaminer de pareils 
Infetes. Voici en peu de mots ce qu’on 
ÿ trouve de plus remarquable. ‘Tous ceux 
que j'ai vus étoient de couleur grifitre. 
Quelques-uns d’entre eux font plus longs 
que le doigt du milieu, & à peu près de 
ls 5 co d’une plume d’ Oye. su y en 


_æ Ibid. pag. 8. & fiv. 
_ (+) éd, pag. 18. 


SZ - #0, 
RÉ ES : « 


w- 

a de moins longs & de moins gros. Leur: 
corps, qui eft un peu applati ; va toû- 
jours en diminuant du côté de la queuë 
qui finit en pointe. On apperçoit de 
chaque côté du corps comme une efpece 
de Scie , (*) qui s'étend depuis le cou 
jufqu’au bout de la queuè. Les dents de 
cette Scie font comme autant de petites 
pattes fort courtes & un peu fourchues. 
Lorfqu’on les confidere de près ou à lat- 
de d’un Microfcope, on remarque à Fex- 
tremité de chacune d’élles deux petits 
éguillons aflez fermes & fort pointus. Il 
reone prefque tout le long du corps ün 
petit filon qui eft également diftant des 
deux fcies. Ce fillon ne fe trouve que 
fur un feul côté , & il eft difficile de 
favoir s’il eft creufé fur le dos ou fur le 
ventre ; parcéqu’on ne voit aucune Mär= 
que qui diftingue ces deux parties l’une 
de l’autre. Il y a des Vers de cette es- 
pece auxquels ôn ne remarque point ce 
fillon. ‘ÆEa tête de ce vilain Infecte eft 
toute d’une feule piece ; telle qu’elle eft 

CSC + 3 re- 


(*) J'avois été mal informé & je n'avois pas 
encore vu ces Vers, lorfque j'ai écriti {pag. 72.) 
qu'ils o4t deux Scies , l’une fur le dos; l'autre 
fous de ventre. 


ÿt 


reprefentée dans la Figure. On appércoit 
un creux au fommet de la tête , qui eft 


‘apparemment l'ouverture de la gueule. Il 


eft du moins certain qu’on ne découvre 


aucune autré cavité , par laquelle ce Ver 
_ puifle donner paflage à ce qui lui fert de 


nourriture. Il n’eft point armé d’un 
cafque , & on ne lui voit ni dents, ni 
vrillé, n1 aucun autre inftrurnent capable 
de faire le moindretrou. Avec quoi donc 
s'ouvre-t-1l un paflage dans le bois ? J’a- 
voue que je l’ignore entierement. Mais. 
ne diroit-on pas que ce Ver a été décapi« 
té , & que ce qui paroit être fa tête, 
n’eft autre chofs que fon coû? C’eft cet- 
te partie néanmoins qui lui tient lieu & 
de coû & de tête. J’avois cru d’abord 
que celui de qui j'ai reçu ce Ver, n'au« 
roit pas pris toutes les précautions neces- 
faires pour le tirer du bois fans le rom 
pre, & que peut-être fon cafque où quels 
2 autre partie équivalente auroit été 
éparée du refte du corps. Mais cette 
perfonne m'a affuré que l’ Animal étoit en 
fôn entier. La même piece de bois dans 
laquelle il s’eft trouvé en renfermoit en- 
core plufieurs autres qui étoient faits de 
k fême maniere, Ils étoient de compa- 
su "A gnie 


| VIx nc 


gré avec un grand nombre de Vers de 
l'efpece précédente , & tous enfemble a- 
voient contribué à cribler un gros pilier 
dans lequel on les a furpris. Dans la fui- 
te j'ai eu occafion de voir encore de pa- 
reils Vers armez de deux fcies , & je les 
ai tous trouvez conformes à celui dont 
je donne ici la figure. f’aurois été cu- 
rieux de favoir s'ils avoient été renfer- 
mez dans des tuyaux , mais je n’a pû 
me fatisfaire à cet égard. Souvent ceux 
qui ont le plus de commerce avec ces 
Vers, ne les connoiffent pas. Ne pour- 
roit-on pas regarder ceux dont nous par- 
! Tons, comme un Peuple nouveau , & com- 
me une Race inconnuë jufqu’à prefent à 


tous les Naturaliftes ? Le feul Infecte qui 


ait quelque reffemblance à celui-ci, c’eft 
une efpece de Scolopendre de Mer , dont 
on trouve la figure dans Jonfton. (*) 

La 4e. Figure reprefente une petite 
piece de bois, rongée par les Vers; mais 
cette Figure ne nous fait connoître que 
très-imparfaitement le degât affreux que 
çaufent ces petits Animaux. Ceux qui 
| | ont 


€) De Imfedtis, Lib. 3. Tab. xvis, Fig. te 


ŸYIIr ' 
ont vu des Gâteaux de Mouches à 
Miel, peuvent fe former une idée de l’é- 
tat où fe trouvent les piliers des Digues, 
‘après qu'ils ont été ainfñ criblez. (*) 
La 5°. Figure fait voir les piliers des 
Digues de ce pays, que les Vagues en- 
trainent dans la Mer , & que le moin- 
dre choc peut faire tomber. Ils { 
rompent ordinairement par le bas ,; qui 
eft l’endroit toûjours le plus endomma- 
gé , & par où commence tout le des- 


‘ordre. (+) 


i (%) Voyez la Lettre fuiv. pag. 21. 22. 23, 
(+) Ibid. pag, 41. 


ET. 


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7 Haignénf mn, 1 Moule rafle de 1 


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DE MONSIEUR 
PIERRE MASSUET.: 


DOCTEUR EN MEDECINE: 


+ A UN DE SES AMIS 


Sur une efpece de Ver a Tuyau, 
qui crible les Vaifleaux , €» 


ronge les Piliers des Digues à de 
L Hollande. 


RES ms L eft difficile. ; Moins 
art ÆS de vous fatisfaire fuf 
Na EN AA . certains articles de vôtre 
Sem Lettre, Vous voudriez, 

fa c tout, que je vu nufle au ee 

6 


dé tout ce qui regarde l'hiftoire 
naturelle des Vers qui font ici tant 
de ravages. Vous tâchez de m'y 
engager. par cette confidération, 
que je fuis dans une Ville où tout 
le monde en parle, & où parcon- 
féquent chacun doit les connoitre. 
Je conviens avec vous, Monfieur , 
‘que’ jamais nous n’avons eu, pour 
ainfi dire, tant de commerce avec 
les Vers, qu’à préfent. Tout: Am- 
‘ fterdam en eft rempli. On nous 
en envoit de Zeeland , du Teffel, 
de Æorn, & de differens endroits. 
Nous recevons ici de gros.pilers 
ui en font tout percez & qui en 
rénferment par milliers. Tout ce- 
la: fe partage :& 1e diftribue enfui- 
te. Les uns en confervent. dans. 
des liqueurs | & d’autres après a- 
voir-fatisfait leur curiofité en:font 
prefent à leurs amis. Je connois 
même des Marchands qui. en ont 
envoyé à leurs Correfpondans dans 
les pays étrangers, Jamais on ge 


(FA je 
fait tant d’ufage des Loupes & des. 
Microfcopes. On veut connoître 
la ftructure de ces petits animaux, 
& on eft curieux de favoir com- 
ment font faits les inftrumens qu’ils 
employent, pour miner dans moins 
de fix mois ce qui devroit fe con- 
ferver pendant plufieurs années. 
On s’emprefle de les voir en vie, 
tandis qu'on cherche tous les mo- 
yens de les faire mourir. Il n’y a 
en effet perfonne qui ne s’'interefle 
férieufement à leur entiere deftruc- 
tion. On les regarde, & avec rai- 
fon, comme des ennemis très-dan- 
gereux. De tout tems on a tou- 
Jours. eu une certaine indifference 
pour des animaux aufli viles | & 
dont la petitefle & la figure n’ont 
rien en apparence que de fort me- 
prifable. Mais ceux-ci fe font re- 
douter de bien des gens, qui crai- 
gnent qu'on ne puifle remedier aux 
dégâts qu’ils font journellement en 
differens endroits. Vous jugez 
ES DURS 0 0 HI 


+ ue 


; + 2e | 
bien, fans doute, que cette crain- 
te eft très-mal fondée. 

Avec tout cela, Monfieur, je 
fuis fort embaraflé de vous répon- 
dre. Vous avez cru que tous ces 
Animaux qui fe trouvent repandus 
en tant de differens endroits, & 
qui nous afliécent de tous côtez,ne 
faifoient qu’un feul, peuple & une 
même race. Vous Îles avez regar- 
dé comme un ennemi étranger 
nouvellement arrivé des Indes dans 
nos propres Vaifleaux , & peut- 
être qu'Eux & leurs Ayeux font 
originaires de ce pays. Vous vous 
été perfuadé qu'aucun N'aturahifte: 
n’avoit jamas fait mention d'une’ 
pareille vermine: vous allez jufqu'à 
diré qué ce n’eft que depuis peu 
qu’on la découverte dans les piliers 
de nos Digues ,. & néanmoins je 
trouve tout le contraire. 

_ Voyez donc, Monfieur, à quoi 
vous m'expofez en voulant m'en- 
gager d'écrire fur cette "+ 

ar 


CFy à 

Carenfin , sil eft vrai qu'il y ait 
plufieurs efpeces de ces Vers , je 
ne puis guère me difpenfer de vous 
donner une idée de chacune d’El- 
les en particulier ; ce qui demande 
alors une infinité de recherches 
qu'il n’eft pas facile de faire fans 
{e tranfporter fur les lieux. S1 je 
vous dis, comme bien des perfon- 
nes le penfent, que ces vers nous 
viennent de lAmerique , jaurai à 
craindre qu'on ne m'objeite qu'ils 
{ont nez ici , que nos Vafleaux 
s’en font chargez dans nos propres 
Ports; qu'ils leur ont fait pañler la 
Mer, les ont tranfporté jufqu’aux 
Indes, & des Indes ici. Croyez 
vous qu'il füt aifé de réduire au f- 
dence un homme qui me feroit cet- 
te objection ? Enfin s'il fe trouve 
que quelques Auteurs ayent déjà 
€xaminé ces vers en Phyficiens, 
n’aura-t-on pas lieu de me repro- 
cher, que je ne fais qu’expofer.des 
chofes que d’autres ont remarquées 

' À 3 long- 


! C6. 
Jlong-tems avant moi. -Toutes ces 
‘raifons, Monfieur , devroient me 
porter à ne vous point parler de 
ces Infeétess; mais vos inftances fur 
-cet article font fi fortes, que jeme 
‘fuis enfin déterminé à vous faire 
“part du peu que j'en fai. 
Les premiers de ces Vers que 
J'ai eu occafion d'examiner, avoient 
tout au plus quatre ou cinq lignes 
de longueur. Ils avoient la tète 
‘un peu pointuë & noirâtre. La 
queuë étoit obtufe & comme cou- 
pée. Depuis la tête jufques près 
de la queuë reonoit une ligne fort 
droite , aflez mince & de couleur 
mnoirâtre. Elle paroïfloit être pla- 
cée dans le corps même du petit 
animal , & non fur la peau. On 
cût pris cette ligne pour un vaif. | 
{eau fanguin , qui fe faifoit voir à 
travers les membranes dont il étoit 
couvert. Ces Vers fe remuoient 
avec aflez d’agilité, à moins qu'ils 
me trouvaflent quelque petit trou 
R qu 


NJ 


où ils puflent fe refugier. Ils a- 
voient été tirez d'uu pilier des Di- 
gues tout criblé, & dans lequel on 
en avoit rencontré de beaucoup 
plus gros, & faits d’une autre ma- 
niere. J’avois grande envie de les 


 Conferver pour les examiner de 


plus près dans la fuite , & remar- 
quer les. changemens qui pour- 
roient leur arriver. Pour cet effet 
je les avois renfermé dans la même 
piece de bois , dans laquelle ils 2- 
voient été trouvez, & les avois mis 
Enfuite dans une grande bouteille à 
demi-remplie de l’eau du canal, 
en telle forte néanmoins que len- 
droit où 1ls fe trouvoient logez, 
étoit élevé au deflus de la fuperf- 
cie de l’eau à la hauteur d'environ 
deux. pouces. ‘: Au bout de trois 
Jours 1l s’en trouva deux de morts 
& comme fondus. Le troifiéme 
étoit encore plein de vie, mais le 
lendemain 1l'eut aufli le même forc 


que les précédens..  -- 


À 4 J'ai 


(8). 

J'ai trouvé dans une autre piece 
de bois de Sapin , qui avoit été 
envoyé de Æorn, des Vers de dif- 
ferente grandeur, mais tous de mé. 
me efpece. En voici la defcrip- 
tion. Ils ont comme ceux dont 
nous venons de parler une ligne 
noirâtre, qui s'étend depuis la té- 
te jufques près de la queuë. Les 
plus grands ont tout au plus deux 
pauses de longueur. La tête eft 
beaucoup plus grofle que le refte 
du corps. On ne leur remarque 
aucune patte fous le ventre, mème 
à l’aide d’un Microfcope. Ils font 
de couleur blanchâtre. Leur chair 
eft mollafle, vifqueufe, & a fi peu 
de confiftance , qu’il étoit prefque 
impoñlible de les dégager des tu- 
aux où 1ls étoient renfermez, fans 
es rompre. Îls ont le cou extré- 
mement mince & delié. Le corps 
eft beaucoup plus gros | mais 1l fe 
rétrécit  infenfiblement vers la 
queué. Cette derniere RTC En 
?Qf- 


D CR 
d'ordinaire ‘par trois fibres char- 
nues qui n’ont aucune adhérance 
les unes avec les autres, quoiqu’el- 
les {e touchent & femblent ne for- 
mer qu’une feule piece. | 

Mais voici ce que j'ai trouvé 
d'aflez remarquable dans ces In- 
fectes. Ce font deux petits corps 
blanchâtres & fort durs , placez 
aux deux côtez des trois fibres 
charnues. Ils font à peu près de 


la longueur de ces fibres , qu'ils 


compriment & qu'ils tiennent com- 
me aflujettiés au milieu d'Eux. ls 
font attachez à un pedoncule fort 
delié & aflez court, qui part com- 
me les fibres de l’extremité de la 
queuë. : Hs font un peu applatis 
& de figure oblongue. On. voit à 
leur extremité une échancrure qui 
reprefente aflez bien un v renverté: 
Chacun de ces petits corps ou 4p- 
pendices eft compolé de deux la- 
mes, entre lefquelles on apperçoit 
dans le fond de léchancrure un 

0 trou 


(ro) 

trou qui pénetre jufqu’aux pedon-: 
culés. Ce conduit forme entre les 
deux lames une efpece de concavi- 
té qui fait qu'elles paroiflent un 
peu relevées en dehors. On con- 
çoit aifément par la maniere dont 
ces corps font taillez qu’ils doivent 
être fourchus, auñli le font ils vers 
leur extremité. Ils font même fort 
durs , fermes , & d’une fubftance 
parcille à celle des yeux d’Ecrevif- 
fes : c’eft du moins ce qui paroit, 
_ Jorfqu'on les à reduits en poudre. : 
Ils ne perdent rien de leur volume 
après la mort du Ver , quoique le 
refte du corps fe reduife prefque 

à rien, lorfqu’on le fait fecher. 
Qui fait Pufage de ces Appendi- 
ces ? Elles en ont un cependant, 
mais à peine oferoit-on faire la 
moindre conjecture fur cela. f’ha- 
Zarderai néanmoins celle-ci. Les 
Vers à tuyaux, tels que font ceux 
dont nous parlons, n’ont rien qui: 
leur fcrve d'appui & de La 
| leur 


CR 
leur corps eft uni , liffé, & on ne 
leur remarque aucune patte., Se- 
condement la furface interne des 


tuyaux dans lefquels ils font ren- 
fermez eft aufli aflez polie, & ce 


n’eft que par le moyen d’un Mi- 
crofcope qu’on y apperçoit de pe- 
tites éminences. - Troifiémement 
nous apprenons de ceux qui ont 
eu plus de familiarité que nous a- 
vec ces Vers , & qui ont eu occa- 
fion de les voir travailler | qu'ils 
attaquent ordinairement les piliers 
par le bas, & montent enfuite jus- 
qu’à l'endroit où ces piliers {e trou- 


vent de niveau avec la fuperficie de 


l'eau. Quatriémement le travail 
de ces Vers doit étre auñli fort ru- 
de & fort penfible , & la tète qui 
fait cout l'ouvrage elle feule , fem- 


_ ble exiger quelque fecours & quel- 


que appui du refte du corps. Je 
crois donc que ces petits corps 
blanchîtres & fourchus leur tien- 
nent lieu de pattes, & qu'ils _ 

| (Qu 


(12) 

fervent pour {€ cramponer & fe 
foutenir le long de leurs tuyaux, 
fur tout lorfqu'ils font obligez de 
monter ou de percer le bois ; car 
on conçoit qu'ils doivent travailler 
beaucoup plus à leur aife lorfque 
leur corps eft anfi affermi Il 
femble que c’eft là le principal ufa- 
ge de ces deux Appendices. I 
faut néanmoins convenir qu'ils 
peuvent aufli fans ce fecours avan- 
cer , fe trainer & même grimper 
le long des tuyaux ; par le feul 
mouvement de contraétion , ‘tel 
qu’eft celui de la plûpart des vers 

eterre, des Limaçons & de plu- 
fieurs autres infetes. Ils font 
d’ailleurs toûjours enduits d’une 
matiere vifqueufe & gluante , qui 
eft capable de les tenir un peu en 
arrêt , lorfqu’elle fe colle & s’atta- 
che aux parois des tuyaux. 

Difons à prefent uu mot de la 
tête de ces vilains Animaux, qui 
eft caufe elle feule de tout le 4 

Of- 


bd (MR. 
fordre. : Cette tête ou l’on ne dif- 
tmgue aucune partie eft renfermée 
entre deux coquilles, qui forment 
enfemble comme un bourrelet. 
Une membrane les joint Pune à 
l’autre par derriere , & les attache 
en même tems à la tête. Par de- 
vant elles font feparées, & un peu 
récourbées en dedans. ELorfqu'on 
les éxamine de près, on voit qu’el- 
les ont à lextremité interieure une 
efpece de bouton extrémement pe- 
tit, qui eft de même fubftance que 
le refte de la coquille. Elles ont 
encore toutes les deux une entail- 
 lure, qui ne femble être faite que 
pour donner lieu à la tête de pou- 
voir s'étendre &. s'élargir fur les 
côtez. En effet le fommet de la 
tête eft tout à découvert & de fi 
gure oblongue , de maniere que 
les deux bouts qui ont le plus d’é- 
tendue , repondent directement 
aux deux entaillures. On voit en- 
je 
core de chaque côté au bas & Lo 
| Ce 


(14) 
defaut du bourrelet une forte d'a 
longement un peu arrondi & tour- 
né vers le dos. Telle eft la forme 
du Cafque dans les plus gros Vers; 
mais Jai vû quelques-uns de .ces 
cafques qui couvroient: preique | 
toute la tête | & n’avoient qu une. 
tres-petite ouverture. … | 
. A l'égard de lufage de ces deux. 
Coquiles , il eft à croire que le 
Ver s’en fert comme de deux Vril- 
les, en forte que chacune d’Elles. 
peut agir feparément & en même 
tems. | 
. Du refte cet inftrament ft of- 
feux , fort dur & tranchant par 
devant. fai vü de gros morceaux. 
de bois tout percez, fans qu'il sy 
trouvat-un. feul ver : 1l y avoit .{eu- 
lement diverfes. coquilles ,. qui a-, 
voient autrefois formé les cafques "1 
& un grand nombre de cès appen- 
dices dont 1l,a été fait mention. 
C'étoit-là les feules depouilles de 
ces vers. Peut-être leur corps Fe 


| (15) 
il de nourriture à d’autres infettes. 
Voici fur quoi je fonde cette con- 
jecture. Ayant reçu une piece de 
bois d’une grofleur confiderable, 
criblée & rongée de toutes parts, 
je louvris me flattant que j'y fur- 
prendrois encore quelques-uns de 
ces vers; mails Je n'y apperçus que 
des cafques, des appendices de la 
queuë, & environ cent cinquante 
petits corps que lon auroit pris 
pour des crotes de fouris. Ils é- 
toient couchez çà & là dans la 
plüpart des tuyaux. C'étoient des 
Nymphes toutes noires, de figure 
oblongue , pointues par les deux 
bouts ,;  & qui avoient chacune 
neuf anneaux. ÆEn ayant ouvertes 


quelques-uns, j'y trouvai des mou- 


ches, qui commençoient à fe de- 
velopper. On leur voyoit déjà 


une grofle tête & de gros yeux. 
_ Leurs ailes étoient couchées fur les 


côtez, & leurs pattes repliées fous 
Je ventre. Plufieurs perfonnes de 
| ma 


t à 
ke 9 SH 


(16) 
fa connoiflance ont rencontré de 
pareilles mouches dans les ruyaux 
de ces vers , & un Curieux m’a 
fait voir à Paide d’un excellent Mi- 
crofcope une de ces mouches, qui 
étoit entiérement formée, & fur le 
point de fe dégager des envelop- 
pes qui la couvroient. (C'eft un 
botte affreux à voir, & qui ren: 
ferme dans fa petitefle, un nom: 
“bre prefque infmi de parties. 

‘doit donc croire que des mouches 
‘ayvoient dépofé leurs œufs fur les 
cadavres des vers à tuyaux, afm 
que ces derniers ferviflent de nour- 
riture aux Embryons qui dévoient 
“naître de ces œufs, & fe métamor- 
phofer enfuite en mouches. 

De tous les Vers à tuyaux 
couverts d’un cafque, que j'ai eù 
‘occafion d’éxaminer , je n’en ai 
point vû de plus gros, n1idemieux | 
formez que ceux dont je vai don- 
ner la defcription, & que je con- 

{erve dans une liqueur. ls avoient 
| | été 


4 A | y) 


& 


| été envoyez de Sravéren , Ville 
_ de la lrovince de Frife, renfer- 
1 mez dans une grofle piece de bois, 


_ Vers font un peu plus longs que 


hat La queuë eft moins grof. 
fe que le refte du corps, & le cou 
. eft encore plus mince quelx queué. 
ls font d'un gris cendré , & on 
Leur remarque quelques rayes noi- 

_ fâtres qui s'étendent vers la queuë. 
D Écé peau eft toute ridée en cer 
4 tains endroits, & forme quelques 
fois de grofles côtes qui regnent 
" depuis le cou jufqu’à l'endroit où 
L: . Le corps commence à fe rétrécir. 
. Leur cafques ne different en rien 
. de ceux des vers précédens. Ils 
ont aufli les mêmes appendices ou 
: éorps fourchus aux deux côtez de 
| Pextremité de la queuë. Il eft 
. bon de remarquer qu'il y a beau 
“kon de ces vers auxquels on ne 
"4 Ne trour 


qui étoit entierement rongée. Ces 


le doigt du milieu, & ont le corps 
us plus gros qu'une plumé 


Ve 


(18) 

trouve point ces corps fourchus; 
& qui ont la queuë obtufe & com- 
me coupée. Cela vient fouvent, à 
ce que je penfe, de ce qu’on n’a 
pas foin ,de les tirer doucement 
des tuyaux dans lefquels ils font 
fort à l’étroit & comme enclavez; 
car alors une grande portion de la 
queuë qui eft vuide, fort mince, 
& tranfparente fe détache facile- 
ment du refte du corps qui et 
plus ferme, plus folide, & renfer- 
me une efpece d'inteitin que l’on 
apperçoit en quelques endroits à 
travers la membrane qui couvre 
tout le ver. 

Il n’y a point de doute que tous 
ces Vers ne foient de la même ef- 
pece. Toute la difference qu’on 
y remarque confifte fur tout dans 
L grandeur, qui n’eft pas toujours 
la mème, & qui ne doit pas l'être 
en effet ; puifqu’un ver qui ne fait 
que de naitre, doit être naturelle- 
ment beaucoup plus petit qu'un 

au- 


(19) 


autre ver de même efpecé, Qui au: 


roit eu tout le tems de croître & 
de groflir. À Flégard des trois 


plus petits dont j'ai parlé en pre 


mier lieu, ils avoient beaucoup de 
rapport avec les autres, quoiqu’ils 
fuflent fans cafque ; mais il eft à 
préfumer que le cafque ne fe fore 
me qu’infenfiblement & que ces 
vers n’en ont point au fortir de 
l'œuf , de même qu'ils naiïflent 
tous fans tuyaux. Je n’ofe cepen- 
dant rien dire de pofitif fur cet at- 
ticle | parceque je n’ai pas tiré 
moi-même ces vers du bois. Ce 
qu'il y a de certain c’eft que les 
coquilles des petits vers ne paroif- 
fent prefque pas , & n’ont que 


très-peu de confiftance ; au lieu 


que celles des plus gros font dures, 
ofleufes, & fort tranchantes. 

On m'a afluré qu'on avoit vû - 
de ces vers , qui avoient jufqu'à 
quatorze pouces de longueur. 
Auroit-on cru, peut-être, que les 

| HS vers 


ON 

vers fuflent effectivement auffi 
longs que les tuyaux où ils fe tien- 
nent, ou que les trous qu’ils ont pér- 
cez. J’ai vu quelques tuyaux difpo- 

ez felon le fil du bois qui avoient 
beaucoup au delà de quatorze pou- 
ces de longueur ; mais il ne faut 
pas juger de la grandeur d’un ver 
par celle de fon tuyau, on trouve 
quelquefois des tuyaux extreme- 
ment longs , quoiqu’ils fervent de 
demeure à des vers aflèz petits. 

Il n’y a cependant pas lieu de 
douter qu'il n’y ait des vers de 
cette longueur , & je crois que 
l’on peut ajouter foi à PExpofé des 
Intendans des Digues de Drech- 
Zerland au fujet des defordres cau- 
{ez par ces vers. Ces Meflieurs 
nous apprennent (*) gwayant fen- 
du un des piliers des Digues a+ 
vec une hache , 1ls y trouverent 

| | des 
| [OR Voyez le Nederlandfche maandelyke 
Poft-Ryder voor de maand Oltober » 1732. 
pag. 465. | | ; 


te: 0 
des vers d'une groffeur extraor- 
dinaire © qui étorent encore en 
vie. Lls avoient, difent-ils, juf- 
qu'a quatorze pouces de longueur, 
mefure d'Amjterdam. Les plus 
gros avoient fuivi le fl du bois, 
© peu s’en faut qu'on ne put imet- 
tre le pouce dans les trous qu'ils 
avoient faits. Îls montent ju/- 
qu'à l'endroit du pilier où la ma- 
rée s'éleve d'ordinaire , &@ lorf- 
qu'ils pi parvenus à cette hau- 
teur ts percent le bois en tra- 
vers, © font enfuite un nouueau 
trou qui les conduit en bas. C’eft 
du moins ce qu'on peut préfurmer 
par la difpolition de ces trous. ‘IL 
paroit que chaque cavité devient 
& plus profonde & plus large à 
nefure que le Ver grofiit davan- 
tage. Il femble encore que l’A- 
mimal groffit à raifon de la force 
avec laquelle il ronge le baïs....… 
Mais ce qui eff fort furprenant 
& tres-digne de remarque , c'eft 

D: B 3 qu’on 


(222 

qu'on n'apperçoit [ur la furface 
des piliers , que des trous extré- 
mement petits © prefque imper- 
ceptibles 3 ce qui eff caufe qu'on 
a de la peine à découvrir s'ils 

font effeifivement endommagez. 
Il eft aflez étonnant que les 
trous qu’on voit fur la furface des 
piliers foient tous extrémement pe- 
tits | tandis qu’on trouve dans le 
cœur du bois des vers d’une grof- 
“eur fi confiderable, Cela prou- 
ve, ce me femble, qu’il n’y a que 
les petits vers qui s’infinuent dans 
ces piliers , qu'ils s’y nourriflent, 
qu'ils y croiflent |, & y meurent 
enfin fans jamais en fortir , lor{- 
qu’ils font une fois parvenus à une 
certaine grofleur. Il y a de ces 
petits trous qui ne font que de la 
profondeur de quelques lignes, 
& dans lefquels on ne trouve ni 
_Çafque , ni aucune autre depouille 
du ver: marque certaine ou qu'il 
eft mort en chemin, ou qu'il eft 
| FE 


(23) 
retourné fur fes pas. Les vagues 
qui viennent fe rompre de tems en 
tems contre les piliers peuvent 
aufli emporter ces vers , lorfqu’ils 
n’ont pas ehcore penetré fort a- 
vant. Quand ces trous font un 
peu plus profonds on y apperçoit 
des cafques infiniment plus petits 
que ceux qui fe trouvent dans lin- 
terieur du bois D’ordinaire ces 
trous font placez obliquement, 
parceque le ver affecte toujours de 
fuivre le fil du bois. Il y a cepen- 
dant des morceaux de bois qui 
_ font percez en tous fens. J'ai mé- 
me vü des nœuds d’une durcté 
extraordinaire , qui étoient entié- 
rement criblez. Quelquefois de 
cent petits trous que l’on apper- 
çoit fur la furface du bois, 1l n’y 
en a pas dix qui ayent un pouce 
de profondeur. Chaque trou sé- 
largit toüjours à mefure qu’il de- 
_ vicnt plus profond , & cette diffe- 
rence cft fur tout beaucoup plus 

B 4 {en- 


He ON 
 fenfible dans les petits trous que 
dans les grands. Ce phénomene 
s'explique de lui-même. | 
Un corps aufli mou & aufli foi- 
ble que left celui des vers. en 
queftion ,; avoit befoin de quelque 
enveloppe particuliere , qui le mit 
à l'abri de toutes les injures des 
corps étrangers. La fageffe dela 
Nature nauroit pas affez fait 
pour la confervation des Ans- 
Maux , fi contente d'avoir tra- 
vaillé avec un art merveilleux 
leurs delicates parties interieu- 
res , elle eût negligé, d'employer 
la mème adreffe à les defendre 
contre des corps qui les environ- 
nent: le trop rude attouchement. 
de ces corps auroit bien-tôt dé- 
truit ces canaux fi déliez , ces 
fibres fé Jubtiles [ur lefquelles. 
eft fondé tout le jeu furprenant. 
des machines animales.  Aujfi 
la Nature a-t-elle pris foin de 
revêtir ces délicates parties ” 
L= 


4 +» UPS, De He - AC 
J Fr. 


7 (M2 
diverfes enveloppes qui ne pets 
vent pas, aifément étre alterees 
par les corps qui les entourents 
aan feulement elle les a renfer- 
mées dans. une derniere. peat 
plus ferrée d plus folide que 
les autres, mais elle a encore 
ordinairement couvert cette der- 
niere peau de poils ; de plumes, 
d'écailles ; ou de coquilles. (®) 
Tous les Vers que nous avons vûs 
éroient renfermez dans des tuyaux 
de figure cylindrique ; blanchä- 
tres, quelquefois aflez minces, & 
d’autretois fort durs & fort épais. 
La fuperficie interne de ces tuyaux 
eft beaucoup plus liflée que Pex- 
terne, qui paroit raboteufe en cer- 


tains endroits On droit qu'ils 


font faits de la même matiere qui 
compole les premiers lames de la 
furface interne des écailles d’hui- 

| B Corte tres + 


{#) M, de Reaumur, des Coquilles des A 
“imaux dans les Mamoir. de l'Acad. Roy. des 


Scien, 1709. pag. 475. 


CH 

tres; mais ils font ordinairement 
moins durs & fe brifent plus aifé- 
ment. Ceux des gros vers font 
toüjours beaucoup plus épais & 
pe fermes que ceux des petits. 
l'y a un grand nombre de ces tu- 
yaux dans lefquels on peut intro- 
duire une grofié plume d’Oye. 
Lorfque le bois n’eft pas encore 
fort endommagé, ils font pour la 
plüpart difpoiez felon le fil du 
bois; mais aux endroits où 1l eft 
entiérement vermoulu, on entrou- 
ve qui {ont placez de biais , en 

travers, & prefque en tous fens. 
On doit expliquer la formation 
de ces Tuyaux, à peu près com- 
me on explique celle des Coquil- 
les qui font la demeure des Lima- 
cons. Il faut fuppofer pour cet 
cffet une chofe que l'experience 
demontre d’une maniere bien fen- 
fible. La voici. ‘Tous les ani- 
maux de quelque efpece qu'ils 
fojent tranfpirent , c’eft-à-dire, 
qu’il 


(27) 
qu'il fort de leurs corps par une 
infinité de petits vaifleaux excre- 
toires une humeur plus ou moins 
fubtile, & qui eft differente felon 
la nature de chaque efpece d’Ani- 
maux. Cette excretion fe fait à 
chaque inftant. Les vaifleaux qui 
portent cette matiere hors du 
corps, fe voyent prefque toûüjours 
à Paide d’un microfcope : on les 
découvre même fans le fecours de 
cet inftrument dans la plüpart des 
Limaçons. Lorfque cette humeur 
eft portée hors des vaifleaux, on 
la remarque fouvent fur la fuper- 
ficie du corps où elle s’arrète en 
abondance. Celle des Limaçons 
& des Vers à Tuyau, eft épaiñle, 
vifqueufe & fort tenace. Au lieu 
des’év aporer en l'air, comme cel- 
le des autres animaux, elle s’arrè- 
te autour du Ver, & forme infen- 
fiblement une enveloppe, dont il 
eft lui-même le moule. Cette en- 
 vcloppe eft d'abord extrémement 
: min- 


mince; mais avec le tems de nou: 
velles parties qui s’exhalent du 
corps du Ver , s’entaflent les unes 
fur les autres, & forment de certe 
maniere diverfes couches qui ren- 
, dent le tuyau & plus épais, & plus 
ferme qu'il n’étoit dans fa premie- 
re origine. Jai toûjours. remar- 
qué que ce tuyau étoit comme col- 
lé à toute la furface interne du 
trou que fait le Ver à mefure qu'il 
avance: elle fert donc de borne au 
tuyau , & empèche par confe- 
quent que la matiere qui s’évapore 
continuellement ne fe perde & 1e 
difipe ailleurs. La premiere cou- 
che qui commence à fe former {ert 
pour ainfi dire à enduire & cou- 
yrir la furface interne du trou, la 
feconde couvre cette premiere & 


_ ainfñ de fuite. Nous avons dit, 


en donnant la defcription de ces 
Vers, qu'ils avoient la tête beau- 
coup plus grofle que le refte du 
corps. Î eft encore bon d’obierver 


que 


D. C3) 

que ces Infeétes , qui font en ap- 

arénce les plus ftupides de tous 
és Animaux, ne laiflent pas d’être 
aflez avifez pour percer un trou 
qui puifle donner pañfage à la tête 
& à tout le refte du corps. Or fi 
la tête du Ver eût été moins grof- 
fe , & que le trou eût eùû moins 
de dimenfion en largeur , 1l en fe- 
foit arrivé cet inconvénient que 
les parties les plus élevées de fon 
corps auroient été contigues à la 
furface intérne du trou, & alors 
le tuyau qui doit être placé entre 
l'un & l’autre auroit comprimé le 
ver, & empêché qu’il ne pût fare 
le moindre mouvement. 

- Ï s’agit d'expliquer fuivant cet: 
te théorie qui eft fondée fur ce qui 
fe pañle en effet dans ce cas, com- 
ment il arrive qué ce tuyau ait tant 
de confiftance & fe durcifle, puif- 
que la matiere dont il eft formé 
d'eft qu'un liquide d'autant plus 
fubtil que le diametre des vaif- 

{eaux 


a CE 

feaux par lefquels il pañle eft fort 
étroit. Mais 1l eft facile de ren- 
dre raifon de ce phénomene.. De 
toutes les humeurs qui s’évaporent 
du corps de Animaux , 1l n’y en a 
peut-être aucune qui ne foit mêlée 
avec un nombre infini de parties 
{olides dont le volume eft fi petit, 
qu'il eft du tout impoñlible de pou- 
voir les diftinguer des liquides a- 
vec lefquels 1ls fe trouvent. Cette 
efpece de bave qui s'évapore des 
vaifleaux excretoires du Ver con- 
tient une matiere blanchâtre & 
cretacée , qui fe durcit à mefure 
que les parties les plus liquides fe 
diflipent, & forme enfuite une en- 
veloppe ou un tuyau qui entoure 
tout le corps du ver. 

Tout cela fe comprend facile- 
ment par la maniere dont Mon- 
fieur de Reaumur explique la for- 
mation & l’accroiflement de la co- 
quille du Limaçon. Ce qu'il rap- 
porte eft fondé fur des experien- 

CES 


D (#7 di 
ces qu'il a faites lui-même & réi- 
terées plufieurs fois Voici ce 
qu'il dit de plus remarquable à ce 
fujet (*) ,, La furface exterieu- 
» re de la portion du corps de 
» lanimal qui s’eft trop étendue 
» Pour être couverte par lancien- 
» ne coquille , eft remplie d’un 
» nombre prodigieux dé canaux 
», dans lefquels circulent les li- 
» Queurs neceflaires à la nutrition 
» de Panimal ; beaucoup de peti- 
» tes parties de matiere vifqueufe 
» & pierreufe font moins fluides 
» que celles qui compofent les li- 
» queurs'avec lefquelles elles cou- 
» lent, elles fe trouvent les plus 
» proches des parois de ces vaif- 


» eaux, qui étant remplis d’une 


_ » infinité de pores du côté de la 


» furface ‘exterieure du corps de 
» lPanimal, propres à leur donner 
| ) pafla- 


 (*) Memoires de lAcademie Royale des 
Sciences. An, 1709. pag. 481. 


3) 


29 
5 
35 
55 
5 
3 
3 
59 
35 
35 
39 
29 
5 
95 
95 
55 
35 
> 
$ 


(32) 


pañlage , ces petites parties de 
matiere pierreufe & vifqueufé 


s'échappent aifément des ca- 
naux qui les contenoient ; car 
elles font continuellement pous- 
fées contre leurs parois par la li- 
queur qui les remplit ; & elles 
vont fé placer fur la furface ex- 
terieure de ces canaux, ou plû- 
tôt fur toute celle du corps de 
Panimal qui n’eft point couverte 
par la coquille |; où elles arri- 


vent avec d'autant plus de faci- : 


lité , que tous les pores leur 
donnent une libre fortie ; au 
lieu que plufieurs de ces pores 
peuvent être bouchez fur le res- 
te du corps par la coquille dont 


il eft revêtu. Ces petites par 


ties de matiere pierreufe & viss 
queufé étant arrivées à la dernie- 
re furface du corps de l'animal, 


s’attachent aifément les unes aux 
autres & à lextremité de la co- 


quille ; fur tour lorfque ce qu’il 


2 Ÿ 


= 


(33) 


FR pe" de plus fubtil-parmi el- 
» 3 


s’eft évaporé, elles compo- 


» {ent alors toutes enfemble un 


FL] 
LE 


29 
9 
» 
2 
2 
39 
3 
29 


39 


29 


2 


“petit corps folide qui eft la pre- 


miere couche du nouveau mor- 
ceau de coquille. D’autres pe- 


tites parties de matiere fembla- 
bles à celles de la premiere cou- 


che, dont la liqueur qui circule 


dans les vaifleaux fournit abon- 


dammen® , s’échapent de ces 
vaifleaux par la même méchani- 
que ; car on ne doit pas crain- 
dre que la premiere couche ait 


bouché tous les pores , & elles 


forment une. feconde couche de 
coquille , 1l s’en forme de la 
même maniere une troifiéme, & 
ainfi de fuite, jufques à ce que 
la nouvelle coquille ait une cer- 

taine épaifleur | mais ordinaire- 


ment beaucoup moindre que cel- 


le de Pancienne , lorfque lac- 


_croiflement de l’animal donne 


l'origine à un autre morceau de 
C » C@- 


(34) 


, coquille. C’eft aux experiences 


que je vais rapporter à faire 
voir , fi J’ai véritablement dé- 
crit la maniere. dont la Nature 
agit ; ou fi l'on doit regarder 


tout ce que jé viens d’avancer 
comme un fimple jeu d’imagi- 
, nation. | EPA | 
né. x. ° L 16 | 
‘#5 J'ai commencé par ” 
que Panimal croit à { 


A CO-= 
quille ; ë& c’eft de uoti 1 eft a- 
fé de s’aflurer , fi Pon veut re- 


garder: avec quelque attention 


des Limaçons de jardin dans le 


_tems qu'ils augmentent Péten- 
due de la leur ; on woit.d’une 


maniere très-fenfible qu’elle eft 
trop petite pour les contenir. 
Ïls s’attachent alors contre les 
murs , où 1ls reftent en repos, 


a & donnent la facilité d’obfer- 


ver qu'une portion de leur corps 


-deborde tout autour de la co: 


quille: Cette portion ; comme 


“tout le reite de leur corps, eft 


(359 


» femplie d'une quantité prodii 
» gieufe de petits canaux , les 
3 yeux feuls en appérçoivent un 
» grand noinbre qui leur paroiît 


35 


5 
5) 


augmenter confiderablement » 
lorfqu’on leur donne le fecours 
du Microfcope. Fe 00 : 
, Les pores dént j'ai fuppofé 
ces Canaux remplis font trop 
petits pour être fenfibles aux 


| pe » mäis on fe convainc de 
leur exiftence par leurs effets a- 


véc autant de certitude que fz 
on les apperçevoit fort diftinéte- 


ment ; il ne faut pour cela que 


cafler un morceau de la coquille 


, d’un limaçon fans le bleffer ,. ce 
* qu'il eft toûjours aifé de faire, 


parcequ’elle ne lui et adhéran- 


‘té que dans un feul endroit, & 
, Ôtér le morceau de coquille 


“qu'on a café, on voit dans peu 


couvrit d’une liqueur ; qui n’a 


» PU ‘arriver dés vaifléaux dans 


GC 2 » Îes- 


(36) 


3 lefquels elle étoit conténue jus- 


» qu’à cette derniere furface, fans 


que les pores de ces vaifleaux 
» layent laiflé pañler ; fi même 
» Pour s’aflurer davantage de la 
» route que cette liqueur a prife 
» Pour arriver fur la peau du li- 
5 maçon, on Ôte cette liqueur en 


» Cfluiant la peau avec un linge, 


3 
9 
99 


roiïtre une liqueur femblable à 
-celle que l’on a Ôtée qui vient 
en même tems de toute la par- 
tie découverte , & qui par con- 
féquent ne peut avoir pañlé que 
par les pores. 
» C'eft cette liqueur ou plütôt 
, les parties de matiere moins 
propres au mouvement mêlées 
parmi cette liqueur, qui fervent 
à faire croître la coquille du Li- 
, maçon. On n'aura gueres lieu 
à den douter, lorfque lon faura 
» qu'elles reparent la perte du 
» morceau de coquille qu'on lui a 
HE LT - » CN- 


peu d’heures après on voit repa- - 


39 
> 
39 
9) 
29 
99 
39 
39 
39 
39 
3 
39 
39 
39 


ww 


23. 


5, 
,) 
#5 
» 
>») 
3) 
9) 
9» 
3, 
, 


$ 


(37) 


enlevée ; & c’eft ce qu’on verra 


fort. clairement , fi après avoir 


dépouillé un Limaçon d’une par- 
tie de fa coquille , on le met 
dans quelque endroit ou lon 
puifle le voir commodément, 
dans un vafe par exemple, il 
n’eft pas long tems fans satta- 
cher contre les parois de ce va- 
fe, comme ils s’attachent con- 
tre les murs des jardins dans le 
tems que leurs coquilles crois- 
fent. On voit alors cette li- 
queur s'épaiflir & fe figer , ou, 
pour parler felon des 1dées plus 
claires , .les parties les plus fub- 


tiles s’évaporent , & les plus 


groflieres reftent feules , & for- 


ment fur la partie du corps de 


Panimal qui eft découverte une 
petite croute très-fine ; on peut 
fouvent diftinguer cette croute 
après vingt-quatre heures ; elle 
reflemble aflez alors par fa fi- 
nefle à ces toiles que les arai- 

C 3 >» SNÉES 


(38) 

»» gnées des maïfons font dans les 
» angles des murs. C’eft cette 
» Croute qui forme la premiere 
» couche de la nouvelle coquille. 
» On voit au bout de quelques 
» jours cette croute s'épaifhir par le 
» moyen de differentes couches 
3 qui fe produifént fous cette pre- 
» miere ; & enfin au bout de dix 
5 OÙ ne jours ordinairement, 
5» le nouveau, morceau de coquille 
de qui seit formé a à peu près la 
» même épaifleur de l’ancien mor- 
 Ceau de coquille que lon a ôté 
s au Limaçon. | 
Cet Auteur explique encore ail- 
leurs (*) d’une maniere plus pré- 
cie , comment les Vers dont les 
tuyaux font des coquilles, fe collent 
à la furface des corps où ils font 
appliquez. Nous conf derons , 
ist l'animal sn apres qu'il ejt 
és 


€") Ibid. Année LIL. ds. 166. 


à (39) 
mé, où quelque petit quil foits 
couvert par une coquille. ‘Des 
lors que cet animal commence & 
croître ; ja coquille cef[e de le 
couvrir Lou entier , ne petite 
partié du corps , qui n'eft plus 
crue lppé , fort alors par l'ou- 
verture de la coquille. C’ejt de 
cette partie que s'échappe un fuc 
pierreux © gluant, qui venant & 
s'épaiffir forme un nouveau Mor- 
ceau de coquille autour de l'ant- 
mal. Ceci fuppofe , il eff clair 
que fi la partie qui abandonne 
l'ancienne coquille , à qui lut &= 
_joute de nouvelles bandes ; s’ap- 
plique [ur quelque corps , Comme 
elle le fait dans les Vers qu 
rainpent continuellement : il eff 
clair , dis-je , que la même gla 
qu'elle fournira pour unir entre 
elles fes particules qui compofent 
le nouveau morceau de coquille, 
C> pour attacher ce nonveau m0r- 
ceaw à l'ancienne coquille , que 
pe GC | Cef= 


UT MOQUE RER 
* "dès We 


RL 17 

cette même glu attachera la nou- 
velle coquillé au corps que la 
partie de l'animal découverte tou- 
choit. ‘De forte que ff en croif- 
_ Sant cette partie [uit toujours la 
Surface de ce corps ; > y décrit 
des lignes courbes , la coquille 
Juivra en croiffant la même [ur- 
face, elle y fera collée dans [on 
étendue. C’efl ainfi [ans doute 
que les coquilles des Vers à tu- 
yaux fe collent fur les differens 
corps fur lefquels ces Vers fe 
font trouvez peu apres leur nai[- 
fance. | | 

Mais c’eft aflez parler des tu- 
yaux de ces Vers, qui leur fervent 
d’enveloppe & de demeure, vo- 
yons fi Pon peut découvrir le lieu 


de leur naïffance.  S’engendrent- 


ils dans le bois ou dans l’eau? 
Sont-ils originaires de ce pays, ou 
nous viennent-ils de l’Amerique? 
Toutes ces queftions ne font pas 
faciles à réfoudre , & on — 

c 


D CAR 
de part & d’autre de grandes diffi- 
cultez. 0 "4 

On peut néanmoins prouver 
qu'ils s’engendrent dans la Mer & 
voici comment. {. Tous les pe- 
. tits trous qui paroiflent fur la fur- 
face du bois s’élargiflent à mefure 
qu'ils penetrent plus avant , com- 
- me nous l’avons déjà remarqué. Il 
fuffit d’éxaminer quelques pieces 
de bois pour s’en aflurer. 2°. Cha- 
que pilier eft d’abord piqué par le 
bas , mais dans la fuite 1l eft tout 
percé jufqu’à la hauteur de l’eau, 
c’elt-à-dire , jufqu’à l'endroit où 
elle peut atteindre, lorfque les va- 
gues viennent fe brifer contre les 
Digues. ‘lout ce qui eft mouillé 
& humetté dans un pilier fe trou- 
ve criblé : tout ce qui eft à fec & 
au deffus de la portée de l’eau, 
n'eit point endommagé. La pre- 
miere de ces remarques démontre 
que tous ces petits trous ont été 
faits par des Vers qui n'étoient 

OR) point 


(42) 

point renfermez dans le pilier: au- 
trement chaque trou auroit plus de 
diametre vers la fuperficie du bois 
_ que lorfqu'il a penetré plus avant. 
La raifon en eft que le ver groflit 
toujours à mefure qu'il travaille, 
& que par il rend peu à peu fon 
trou beaucoup plus large qu’il n’é- 
toit à fon embouchure. La fecon- 
de de ces remarques fait voir auffi 
que ces vers ou les œufs d’où ils 
naiflent font repandus çà & là 
dans la Mer, qu’ils font emportez 
par les eaux, & jettez contre la fur- 
ace des piliers auxquels ils s’atta- 

chent, & qu’ils percent enfuite. 
Voilà, ce me femble, tout ce 
qu’on peut avancer de plus proba- 
ble fur cet article. Ces Vers peu- 
vent donc vivre & dans l’eau & 
dans le bois ; mais il paroît que 
ceux qui font une fois entrez dans 
_le bois n’en fortent jamais. En 
effet on trouve leurs cafques dans 
chaque tuyau; ce qui fait voir qu'ils 
| à 


Y font morts. D'ailleurs. ils ne 
peuvent {ortir par l’ouverture qu'ils 
ont faite en ‘entrant, à moins qu'ils 
ne rétrogradaflent, ce qui leur ef 
du tout impofhble , enchaïez 
comme ils font dans leurs tuyaux. 
Suppolé même qu'ils puflent ré- 
trogarder par le même trou , ne 
faudroit-il pas qu'ils rompifient le 
tuyau qui y eft enchaflé, & élar- 
giflent ce trou qui fe trouveroit 
beaucoup trop étroit vers la furfa- 
ce du bois. Enfin dans cette {up- 
polition , on ne devroit apperce- 
voir que des grands trous par dé- 
hors , lefquels auroient donné for- 
tie à de gros vers. On a la même 
difiiculté à réfoudre , fi lon veut 
qu'ils puifient fortir par une ou- 
verture oppolfée. à la premiere, 
car quelque direction que Pon 
donne aux tuyaux , 1l faudroit 


toûjours que cette feconde ouvér- 


ture qui leur ferviroit de {ortie, 
füt infiniment plus large que celle 
| par. 


C4) Le. 
par laquelle ils font entrez |; ce 
qui ne fe remarque point. Puis 
donc qu’on n’apperçoit que des 
petits trous fur toute la furface du 

ois, on doit neceflairement tirer 
ces deux conclufions : Premierc- 
ment, que les gros Vers qui font 
dans l’eau n’entrent jamais dans les 
piliers ; & en fecond lieu , que 
ceux qui y ont une fois penetré y 

trouvent toüjours leur tombeau. 
Mais voici une autre queftion. 
On demande fi ces Vers peuvent 
S’accoupler dans le bois, & y pro- 
pager. Il faut convenir qu'on ne 
peut rien dire de bien certain fur 
cet article. D'un côté on ne con- 
çoit gucres comment ils pourroient 
s’accoupler, puifqu'ils n’ont aucu- 
ne communication les uns avec les 
autres, chacun d’eux étant renfer- 
mé & comme enchañlé dans fon 
tuyau. Cependant ce feroit un 
phénomene aflez rare, que la Na- 


ture eut condammné des ——. 
| | : 


(45) 

de Vers à pañler leur vie dans une 
iece de bois | fans avoir le privi- 
ege de pouvoir s’accoupler , tandis 
que ceux qui vivent dans Peau & 
qui font de mème éfpece , multi- 
plient d’une maniere fi prodigieufe. 
S'il en étoit ainfi on auroit 
de la peine. à décider fi les pre- 
miers font plus ou moins heu- 
reux que les derniers. (Ceux qui 
s’enveliflent dans le bois , y trou- 
vent une nourriture qui leur plait 
& qui ne leur manque jamais : ils 
font à l'abri de toutes les pourfui- 
tes d’une infinité de poiflons qui 
pourroient les devorer s'ils vivoient 
dans l’eau. Mais il leur manque 
ces deux avantages , de pouvoir 
jour de la liberté |, & du plaifir 
de produire leurs femblables. Ceux 
au contraire qui pañlent leur vie 
dans l’eau , ont les deux avanta- 
ges dont les derniers font privez, 
& 1l ne paroït que trop qu'ils fa- 
vent en profiter; mas _—_—_—— 

| a 


ve < 


FE 


si (46) 

fement. pour eux , ils mañquent 
fouvent de nourriture , ils ne peu- 
vent même la chercher qu’au pe- 
ril de leur vie , & dans la crainte 
de devenir à chaque inftant la 
proye de quelque poiflon. Mais 
revenons à notre premiére queftion. 
Pour favoir fi ces Vérs peu- 
vent engendrer, quoiqu’ils foient 
renfermez chacun à part dans leurs 
tuyaux ; voyons d’abord ce qui fe 
pañle dans les autres animaux qui 
font appliquez & collez toute leur 
vie à certains corps, fans qu’il pa- 
roifle qu'ils puiflent jamais avoir 
aucune communication avec. leurs 

{emblables. ae 
_ L'Oel de Bouc (*) eft toû- 
jours attaché fur quelque piérre 
dont il eft très-difhcile de le fepa- 
rer. 


_f*) Efpece de Coquillage qué lon nomme 
en Grec Lepas ; & en Latin Pareille. On 
lui donne encore en François les noms de 
Berdin, Berlin & de Famble. 


ñ bas Et y 
L s 
: ’ 
"1e f 
"Wu , 
ARTE | 
Ù AN AË - 


| (47) | 

rer. Lorfqu'il refte à fec fur je 
bord de la Mer , il change auffi 

u de place que la pierre à la- 
quelle il eft collé. Borelli Pa ran- 
gé dans la clafle des Animaux, qui 
reftent pendant toute leur vie fixes 
dans le même endroit. Tout le 
mouvement qu'on lui voit faire 
quelquefois confifte à élever fa co- 
quille à une ligne ou une ligne & 
demme de diftance de la pierre fur 
laquelle fa bafe eft appliquée, 
mais 11 la rabaifle avec une grande 
vitefle aufli-tôt qu'on letouche. (#) 
Les Pècheurs de Coquillages , 
pour lPenlever de deflus les pier- 
res, fe fervent d’un couteau dont 
als infinuent la lame entre [a bafe 
. deFPocil de bouc & la pierre. A- 
lors on le voit s’oppofer le plus 
qu'il peut au pañage de la lame, 
| | EE 

(*) Memoir. de P Acad. Roy. des Scien. Ans 


1740. p. 6o2. & An. 1711. p.142. /Elian. 
AL A. LO. C.s5. 


(48) | 
en appliquant fortement le contou 
de fa coquille fur la pierre. On 
peut juger de la force de cette ad- 
hefion par lPexperience qu’en a 
faite Monfieur de Reaumur. 42 
placé , dit-il ; des pierres [ur lef- 
quelles des yeux de bouc étoient 
appliquez de telle forte, que les 
coquilles étotent paralleles à l'ho- 
rifon, je veux dire, que l'axe du 
cone qu’elles reprefentent étoit 
dans une fituation horizontale. 
‘fai enfuite entouré chaque. co- 
quille d'une corde, € au bout de 
la corde j'a: fufpendu des poids 
differens , ils ont ordinairement 
été trop fosbles pour [eparer cha- 
que animal de deffus la pierre, 
Drfuils n'ont pas pefeé du moins 
vingt-huit ou trente livres : Pœil 
de bouc foutenoit ce poids de 
vingt-buit à trente livres pen- 
dant quelques [econdes ; néan- 
moins les endroits des pierres 
auxquels ils étoient adhérants, 

M 


À 
: (49) 
étotient, unis + peu capables de 
des arrêter. ‘40 | 
… Les Orties de Mer ne font pas 
moins étroitement attachées aux 
pierres , & c’eft pour cela qu’Ari- 
-ftote (*) prétend 1e quelques- 
unes d’entre elles reftent pendant 
toute leur vie fixées en un même 
endroit comme des plantes. Elles 
ont cependant un mouvement pro- 
greflif |, mais 1l eft aufli lent que 
celui d’une aiguille d'horloge. A 
peine parcourent-elles un pouce 
ou deux dans une heure ; de forte 
qu'on ne peut appercevoir ce 
mouvement que comme on apper- 
çoit celui de ces aiguilles , en re- 
marquant l'endroit où la partie de 
lOrtie la plus allongée eft à une 
certaine heure , & celui où cette 
même partie fe trouve à l'heure 
fuivante. (+) | 

| jus nt 

(*) Hifi. des Animaux, Kiv.s. chap. 16. 


L (+) Mem. de l'Acad. Roy. des Scies. Aa; 
1710. pag. 609. & fiv. à 


{ 


( 
er 
Il arrive encore fouvent à di- 
vers autres Coquillages |, comme 
aux ÂAuîtres ; à pluleurs efpeces 
de Glans marins & de Vers de 
Mer, de mourir dans lendroit où 
ils font nez , après avoir demeuré 
pendant toute leur vie fixes dans 
£ même fituation. Les Vers dont 
les tuyaux font des coquilles font 
tantôt collez fur le fable |, tantôt 
fur les pierres | & tantôt fur les 
coquilles de divers autres coquilla- 
ges. Îls s’attachent d'ordinaire à 
ces corps peu de tems après leur 
maiffance. Il y a d’autres Vers 
qui ne font point couverts de co- 
quilles ; & qui pañlent aufli leur 
vie dans un même trou. 
+ Or je demande comment on 
conçoit Que tous ces animaux puis- 
{ent fé propager , attachez & col- 
lez comme ils font à des corps é- 
trangers, ou renfermez dans leurs 
coquilles & leurs tuyaux. Cepen- 
dant ils fe propagent, & jamais la, 
| ra- 


DOC R 

_ tac dés Orties de Mér , ni celle 
d’aicune forte de Vers à tuyaux 
né s'étéindra Il eft donc auffi 
poñi-le que les Vers dont il eft ici 
ueftion puiflent produire leurs 
émblablés |, quoique la plûpait 
d'eñtré eux pañlènt toute leur vie 
dans lé même trou & le même tu- 

_ au. On peut même dire que ce 
phénotméene auroit quelque chofe 
._ dé moins fingulier que célui de Ia 
_ production de Oeil de Bouc & 
de l'Ortie de Mer , puifque cés. 
Animaux font prefque toüjours 
feuls & collez fur des picrres, 
Mais les Vers dès Digues forment 
 énfemblé une efpece de Republi- 
- que , 1ls font voifins les uns dés 
_ autrés, 1lsS péuvent même {fe ren- 
contrer quelquefois & 1€ tou- 

. cher. ae DÉN GRR Are: 
Après tout qui fait fi ces Vers 

ne font par Hermaphrodites ;: & 
même de l’ordre de ceux qui f 
multiplient independamment des 

| D 2 au 


> 


(52) 
autres animaux de leur efpece, & 
qui font feuls le Pere & la Mert] 
de ce qui vient d'Eux. Ce feroï 
à la verité une idée d’Animal tout: 
a-fait finguliere | mais néanmoins| 
‘élle ne feroit pas nouvelle , puis- 
que la Moule d'Etang a ce privi- 
lege. En effet, Monfieur de Mé- 
r7.(*) prétend qu'elle a des Ovai- 
res & des Veficules feminales. 
Ces deux efpéces d'organes font 
également compofez de tuyaux ar- 
fangez les uns à côté des autres, 
‘tous fermez par un même bout, 
& ouverts par le bout oppofé. On 
ne diftingue pas ces parties par: 
leur ftruéture , qui eft toute pa: 
reille à la vûë , mais par la diffe- 
rence de ce qu’elles contiennent, 
& d'autant plus que les rare 
ont toüjours pleins d'Oeufs en 
. CEE 
(+) HifF. de P Acad. Roy. des Sciences. An. 
1710. p. 38. Voyez aufh les Memoires pag. 


533. & fuir. 


MU te, k 
| CPR ÿ 
Hiver & vuides en Eté, & que les 
Veficules font en toute faifon éga- 
lement peu remplies de leur lait, 
qui par conféquent paroit s’en é- 
couler toûjours. Tous les tuyaux 
fe déchargent dans l'anus , & 
Monfieur Méry conçoit que quand 
les Oeufs vont s’y rendre dans la 
fafon de leur fortie , 1ls ne peu- 
vent manquer d'y rencontrer le 
lait ou la femence qui les féconde. 
Ainfi- cet Animal n’a pas befoin 
du fecours d’un autre pour la gé- 
ON | 
_ Monfieur Poupart nous donne 
le denombrement (*) de plufieurs 
autres Animaux, qui-ont les deux 
fexes tout-à-la fois , & en font les 
_ fonctions en.même tems. Ce font 
les Vers de terre, les Vers à queuë 
ronde qui fe trouvent dans les in-' 
teftins des hommes , ceux qui fe 
| D 3 trou 


(*) Ibid. An. 1699. pag. 46. 


(54) 
trouvent dans les inteftins des che- 
vaux ; les Limaçons terreftres, | 
ceux d’eau douce, toutes les efpe- | 
ces de Limaçons & de Sangfues. 
Lors, par exemple , que les Vers | 
de terre veulent s’accoupler , ils fe 
gliflent deux à deux dans un trou 
qui leur convient , ils s’y ajuftent 
de forte que la tête de l’un eft 
tournée vers la queué de Pautre, 
ils s'appliquent Fun contre l’autre. 
en ligne droite |, & un petit bou- 
ton de l’un en forme de petit cone 
s'infere dans une petite ouverture 
de Pautre, & réciproquement. On 
voit commodément linfertion mu- 
tuelle de ces petits boutons , en. 
prenant bien doucement les denx 
Vers, en les tirant peu à peu dans 
Pefpace qui eft entre les boutons, 
& en les regardant au grand jour. 

On. pourroit objecter qu’en fup- 
pofant que nos Vers à tuyaux fiflent 
les fonctions des deux fexes en 
même tems fans le fecours d’aucun 

au- 


{ 
\ 


(55) 

autre animal , ils ne reflemble- 
roient pas pour cela aux Limaçons 
ni aux Vers de terre , puifque ces 
efpeces d'Hermaphrodites ne lais- 
fent pas d’avoir befoin d’accouple- 
ment pour produire. Mais Mon- 
fieur Aomberg ne juge pas impos- 
fible que les Vers de terre s’accou- 
ent à eux mêmes , & foient le 
Pcre & la Mere du même animal, 
parcequ'ils font mâles par une ex- 
tremité de leur corps , & femelles 

ar l’autre. | 

L'Illuftre Monfieur de Fontenel 
hazarde une penlée très-vrailem- 
blable, au fujet des Moules & de 


quelques autres Coquillages , qu£ 


_ produifent ‘fans le fecours d’un 


animal de même efpece. Il croit 


que tous ces Animaux n’ont ce 


privilege qu’à caufe de leur immo- 


 bilité , ajoutant que l’immobilité 


"k 


g 
- 


des Plantes paroïit aufli être la cau- 


fe de ce que les deux fexes réunis 
dans. une mème fleur operent la 


Le | gé- 


À : 
re US PA | 
génération fans le concours d’une 
autre plante. Monfieur Geoffroy 
eft dans les mêmes idées que Mon- 
fieur de Fontenel à cet égard. 
Ainfi ce ne feroit pas s'éloigner 
beaucoup du vraifemblable , de 
croire que la Nature eût renfermé 
dans nos Vers des Digues & quel- 
ques autres efpeces de Vers à tu- 
vaux, toutes les parties qui doivent 
contribuer à la confervation de 
leur efpece , vû qu'ils vivent fepa- 
rez les uns des autres |, & n’ont 
pour ainfi dire de commerce 
qu'avec eux-mêmes. 
Du refte nous ne donnons cefen- 
‘itment que comme une fimple con- 
jeéture qui n’eft pas tout-à-fait fans 
fondement. Suppolé d’ailleurs que 
_ {a chofe füt telle, elle ne feroit pas 
fans exemple, & ne feroit plus une. 
Mervaille, après tant dautres dé- 
couvertes qu'on a faites de cette 
nature. Pour favoir bien certai- 
nement ce qui en eft à cet égard, 


il 


il faudroit fe tranfporter fur les 
lieux ou naïflent ces Vers, obfer- 
ver éxattement toutes leurs demar- 
ches | & mème les furprendre fur 
le fat. Une telle découverte 
n’eft peut-être pas facile à fare: 
fouvent les plus viles infectes font 
les plus myfterieux. Mais ce qui 
fait encore que ces fortes de re- 
cherches deviennent fouvent inuti- 
les , c’eft la grande diverfité qui 
regne entre les differentes efpeces 
d'Animaux à l’ésard de la généra- 
ton. Î/ ya, dit l'excellent Au- 
teur que nous venons de citer, (*) 
des efpeces on tout eff Male à 


Femelle en même tems , d'autres 


où à ny a prefque ni Males nt 
Femelles , x où tout eft [ans 
fexe , à Pexception d'un petit 
nombre d'Isdividus. Il [emble 
que la Nature ait pris plaifir à 

D'$ | fus- 


| (*) Monfieur de Fontenel. 


| (58) 
fuivre Les regles des combimai- 
ons , © plus on comparera en” 
femble [es differens ouvrages» 
plus on trouvera que Re ur de 
combinat{on y domine. ‘Peut-être 
en fuivant cette idée devineroit- 
on quelquefois affez heureufe- 

ment. | 
Il n’eft guère plus facile de de- 
terminer fi ces Vers font originai- 
res de ce pays, ou s'ils nous font 
venus de PAmerique. Bien des 
gens prétendent qu’ils fe font com- 
muniquez à nos vaifleaux dans les 
Indes , d’où ils ont été enfuite 
tranfportez dans ce Continent. 
Tout cela eft poñlible, il n’eft plus 
queftion que d’en donner des 
preuves. Mais il paroïît qu’on ne 
peut rien alleouer de bien fort n1 
pour ni contre ce fentiment. Ce 
qu'il y a. de certain , c’eft que ces 
Vers ou d’aflez femblables font 
connus depuis très-long tems en 
Europe, Les vaifleaux en ont 
pres- 


prefque toljours été attaquez, & 
1l y a déjà un grand nombre d’an- 
nées qu'ils caufoient beaucoup de 
défordre dans ce pays. Il y a en- 
viron 150. ans que cette vermine 
rongcoit les piliers des Digues de 
la Zecland, au rapport d’un cele- 
bre Hiftorien Hollandois. (*#). 
On nous apprend dans l’Extrait 
d’une Lettre écrite d’Amfterdam 
en 1666. que ces Infetes incom- 
modoient fort les Vaiffeaux qui re- 
venoient des Indes. Voici tout le 
contenu de cette piece. (F). 4 
Quoique vous ayes fouvent Ui- 
fité notre port \ je ne fai fi vous 
se remarqué le mauvais état 
au, fe trouvent les Vaiffeaux qui 
reviennent des Indes. Il y 4 
dans. ces Mers une certaine efpe- 
ce de petits Wers ; qui s'atra- 
| chené 


€) P. C. Hooft Nederlandfe Hifforie. 
| (+) Voyez le Fournal des Sçavans. x3 Fe- 
| dWrier, Année 1666, pag, 273 


| . (so, | 
chent aux œuvres vives des 
vaifleaux , © les percent de [or- 
te qu'ils prennent eau de tous cô- 
fez s où s'ils ne les traverfent 
pas entiérement ; ils affotbliffent 
tellement le bois, qu'il et pref- 
que tmpoffiole de les raccommo- 
der. Nous avons prefentement 
ci un homme qui prétend avoir 
trouvé un fecret admirable pour 
remedier à ce mal. 
Ce qui rendroit ce f[ecret 1m+ 
portant , c’efl qu'on a employé 
f#qu'a prefènt tous les moyens 
imaginables pour le faire [ans y 
pouvoir réuffir. Les uns ont dou- 
blé les œuvres ‘vives des vaif- 
feaux de lames de fer blanc où 
de plomb : d'autres y ont attaché 
des tètes de clous fi proches les 
unes des autres ; qu'il ny avoit 
point de place entre deux : quel- 
ques-uns les ont revêtus d'aix de 
fapin , d* ont mis entre les aix 
du bordage &* ceux du doublage 
quan- 


quantité de poil de vache ; dé 
cendres, de chaux, de mouffe & 


de charbon. Mais outre que tout 


cela wempêche pas que les Vers 
ne pénétrent jufqu'au corps du 


_ vailleau, ou a trouvé que ce dou- 


blage en retarde le cours. 

Les Portugais fe font fervis 
d'un autre moyen, qui à la veri- 
lé ne diminue rien de la viteffe 
du vaiflean , mais qui n'empêche 
pas tout-a-fait que ces Vers ne 
l'endommagent. Ils *flambent 
leurs navires jufqu'a ce que le 
charbon en tombe | © qu'il fe 
fafle dans les œuvres vives une 
croute de charbon épaifle d'un 


doigt. Mais ce moyen ne [e pra- 
_ fique pas fans hazard, car 1l ar- 


rive Jouvent qu'on flambe f1 bien 
le varffeau ; qu’on le bräle entié- 
rement : dr fi les Vers s’atta- 
chent moins aux vaifleaux des 
Portugais qu'aux autres , on pré- 
tena que ce n'eft qu'a caufe qu'ils 

, CF}Z= 


j (62) 
€rmployent du bois plus dur que ce- 
du: dont fe fervent les autres na- 
‘T10nS. AU 4 LL 
On attend avec impatience 
quelle fera la propofition que cet 
homme doit faire. Quelques per- 
Jonnes ont déjà donné là deffus 
plufieurs avis. Les uns ont dit 
quil ny avoit qua faire les 
vaiffeaux de quelque forte de bois 
plus dur que celui qu'on a coutu- 
me d'y pmployer. Les autres a- 
yant remarque que ces Vers ne 
s’attachent point à nne efbece de 
Porrier fauvage des Indes , à 
caufe qu’il ejt extrémement amer, 
fe font imaginez que le plus ex- 
_ pedient feroit de chercher du bois 
qui eût les qualitez de cet ar- 
bre. Mais maintenant qu'il ny 
a point de dois propre à batir des 
#“mavtres , qu’on ne connoilfe ; à 
n’y a pas d'apparence qu'on en . 
Due trouver de plus dur, ni de 
be | his 


eo ST 
plus amer, que celui dont on s’eft 
fervi jufqu’a prefent. 

Il y en à qui s'imaginent que 
celui qui prétend avoir trouvé le 
a contre les Vers, veut [up- 
pléer par l'art au défaut de la 
Nature, & qu'il efbere imprimer 
au bois ordinaire par des leffives 
d* des ingrediens une qualité € 
une amertume pareille à celle du 
Poirier fauvage des Indes. Mais 
on a bien de la peine à croire que 
cela puille réujfir. Car il faudroit 
de fortes lefffves pour pénétrer du 
bois anffi épais que celui dont eff 
bâti un vaifleau , © pour confer- 
ver long-tems cette amertume au 
“milieu des flots de la Mer. Néan- 
_ moins em ces fortes de chofts 1 

faut  fufpendre [on jugement 
quiqw'à ce que lexperience nous 
ait fail Voir ce que nous en de- 

VORS Croire. 
… I eft fait mention dans l'Hiftoi- 
_xe de FPAcademie Royale des 
Ke | | SCIEN- 


ne C4) 
ÆSeiences d'une efpece de Ver qui 
ronge les Vaifleaux ;  & qui ne 
.difiere prefque en rien de ceux 
dont on fe plant tant ici. Voici 
Ja defcription qu’en donne le Se- 
_crétaire de cette Academie après 
Monfieur Deflandes. (*). ,, [y 
.» a des Vers de Mer qui rongent 
» les vaifleaux , & qui les atta- 
3» quent en fi grand nombre , & 
;» avec tant de fureur, que le bois 
des bordages en eft tout criblé, 
& que les bâtimens font en 
grand danger de faire eau & de 
» perir. On aflure qu'il n’y a 
qu'environ $0. ans QUE nos vais- 
feaux conrioiflent ces nouveaux 
,; Ennemis , qu'ils les ont pris 
dans la Mer des Antilles, & les 
> en ont rapportez dans nos Mers 
où 1ls fe font prodigieufement 
multipliez. Le remede qu’on y 
4 ss À 
(+) Hifloire de P'Acad. Roy. des Stien. An: 
1720. pag. 34e és 


. 2) 


D Co 
a trouvé eft de doubler les vais 
feaux , c’eft-à-dire d'appliquer 
contre le franc-bord , quand il 
eft frais çcarené , du verre pilé, 
& de la bourre de vache, & de 
revetir ce premier appareil de 


planches de fapin d’environ un 


pouce d’épaifleur , que l’on at- 
tache avec des clous d’un pouce 
& demi de tige , & de ‘près 
d’un pouce de diamètre à leur 


tête. | 
» Monfieur Deflandes, étant à 


Breff examina en Phyficien ces 
dangereux Animaux ; qui n’a- 
voient point encore été obfervez 
par ceux même qu'ils inquié- 
toient & qu’ils allarmoient tant. 


Al prit quelques bordages de 10. 


à 12. pieds de long, & de 4. à 
5. pouces d’épais , qui étoient 


ous l’eau depuis plufeurs an- 


nées. Il vit que la fuperficie en 
étoit toute piquée de petits 


trous ronds de demi-ligne de 


33 dia \ 


| 


"+ 


: ANT 
diametre , & cette fuperficie é- 
tant enlevée , 1l vit le dedans 


, tout mangé par les Vers , & y 


trouva les Vers mêmes. 

»» Hs ont depuis 3. lignes jus- 
qu'à un demi-pied de longueur. 
"Fout leur corps eft compolé de 


differens anneaux , ils ont des 
_ déux côtez du ventre une infini- 


té de petites jambes toutes ar- 
mées de crochets. Ce qu'il y a 
de fingulier, c’eft la tête. Elle 
eft couverte de deux coquilles 
toutes pareilles placées des deux 
côtez , pointuës par le bout 
comme le fer d'un Vilbrequin 
de Menuifier |, ou d’une Ville, 
& qui peuvent jouer feparément 
& difreremment l’une de lautre. 
Cette efpece de Cafque qui en- 


veldppe la tête du Ver eft très- 


dure én comparaïfon du refte 
du corps . qui eft fort mollaïñle, 
qui fe féche bien-tôt à l'air , & 
{e reduit en poufliere. Il n’en 

| » de 


(67) 

demeure que la tête qui a été 
prefervée par fon Cafque. 
» C'eft elle qui fait tout le tra- 
» vail du Ver , qui fournit à fa 
» nourriture & à fon logement, 
» Elle perce le bois par le moyen 
» de fes deux Coquilles, qui fe 
>» difpofent en fer de Vilbrequin, 
5» & comme elle eft plus grofle 
» que le refte du corps ; le pañla- 
» ge quelle a ouvert, fufht toi- 
» jours. Le Ver ronge le bois où 
», 1left entré, s’en nourrit, croît, 
» & fa tête devenue plus grofle 
» lui ouvre enfuite un plus grand 
», paffage dans la fubftance du mè- 
» me bois. Il y avance toûjours 
5 fans retourner en arriere |, & 
5» fans en fortir jamais. L'air lui 
5» Cft fi contraire qu’il n’a garde de 
> le chercher. + 18 

» Î fuit toüjours le fil du bois, 
» & continue fa route en droite 
_» ligne fi ce n'eft que quelque 
» nœud, ou quelque autre obita- 
D | E 2 & cle, 


a 


ÿ) 
39 
39 
99 


2, 


3) 
3) 
29 
32 
3 
3 
39 


23 


29 
932 
D 


39 


33 


29 


3) . 


29 
99 
>) 
93 


LL 


“C68) 


‘ce ;- loblige de fe détourner. 


La pointe de fon cafque, :in- 
ftrument qui lui eft abfolument 


neceflaire , s’émoufleroit contre 


un corps trop dur ; & devien- 
droit inutile, & fi Animal ne 
pouvoit plus travailler , 1l peri- 
roit faute de nouvelle nourritu- 
re, emprifonné dans fa dernie- 
re excavation. Jamais il ne per- 
ce le bois de part en part, ce 
qui diminue un peu le danger 
que feroient courir aux vaifleaux 
une infinité d’excavations diffe- 
rentes faites dans leurs bor- 
dages. 
» Puifque ce Ver fuit toüjours 
le fil du bois, les routes ou ex- 
cavations de differens Vers doi- 
vent-être paralleles , & elles le 
font effettivement à peu-près. 
autant que les fibres du bois, fi 
les detours neceffaires des Vers 
n’ont quelquefois alteré ce pa- 
rallelifme, ‘Ces détours peuvent 
5 CUITE 


S 27 


“Céo) 
être tels que deux ces Vers fe 
rencontreront tète pour tète, & 


alors ils periflent tous deux ; 


parceque les pointes de leurs 
cafques fe brifent lune contre 
Pautre. 

» Ce Ver employe la prodi- 
gieufe multitude de fes jambes, 
ou leurs crochets à {€ qauipor 
ner aux fibres du bois , afin 
qu’étant bien appuyé, 1l travail- 
le de fa tète avec plus de force. 
Monficur Deflandes conjecture 
que quatre crochets qui fortent 
d'entre les deux pieces de fon 


cafque ; de même figure & de 


même confiftence que les jam- 
bes, mais trois fois plus longs, 


lui fervent à fonder l'endroit par 
où 1l peut attaquer le bois plus 


avantageufement. 

>») Les petits trous , dont étoit 

toute piquée la furface du bor- 

dage que Monfieur “Deflandes 

avoit entre les mains, avoient 
E 3 29 {e- 


(70) 


 felon fa penfée contenu les 


Oeufs , d'où étotent éclos les 
Vers habitans & deftructeurs de 
toute cette piece de bois. Ils y 
étoient tous entrez obliquement 


, pour prendre le fil des fibres. A 


ce compte les Oeufs auroient 
été dépofez là par des Vers de 
la même efpece , mais habitans 
de la Mer, car 1l ne paroït pas 
que ceux qui font une fois dans 


le bois, puiflent nt s’accoupler 


emprifonnez chacun à part com- 


me ils font ,; n1 fortir de leurs 


prifons pour aller déhors fur la 
furface du bordage.. Il y à 2p- 
parence que ces Infectes de Mer 
peuvent vivre & dans l'eau & 
dans le bois ,; mais qu'ils ne 


“trouvent que dans le bois une 


nourriture propre à flater beau- 


coup leur goût , & à les faire 


beaucoup groflir, que c'eft pour 
cela que ceux de l’eau le cher- 
chent & y dépofent les Oeufs 
| en | > QUI 


._ + 
Le? 


| (71) Pat 
qui ont été fécondez par un ac- 
couplement fait dans Peau , & 
que les vers éclos de ces œufs 
perdent en entrant dans le bois 
le privilege de s’accoupler , de 
forte que Pefpece n'’eit perpe- 
tuée que par ceux qui demeurent 
dans l’eau, où ils ne font peut- 
être pas reconnoiflables pour 
être de la même efpece. C’eft 
ainfi que quelques vers du corps 
humain , les Zéria par exem- 
ple , ne reflemblent à aucuns 
vers qui fe trouvent fur la terre, 
quoiqu'il y ait tout lieu de croi- 

re qu’ils en viennent. 
» Après tout ce qui a été dit, 
il eft aifé de voir que ce qui 
fauve les vaifleaux doublez, c’eft 
1°, la grandeur de la tête des 
clous du doublage & leur grand 
nombre qui empèchent les vers 
de la Mer de dépofer . leurs 
œufs ; du moins en grande 
quantité , 2° L’obftacle conti- 
E 4 » nucl 


(72) 
» fuel que feroient aux vers en- 
» trez dans le doublage les tiges 
, de ces mêmes clous, 3°. ce ver- 
» te pilé & la bourre de Vache, 
» autres obftacles ; qui les arré- 
» tent ,; ou alimens qui ne leur 
5 COonviennent pas. . 

Ces Vers ont fans doute beau- 
coup de rapport avec ceux qui 
font le fujet de cette Lettre , mais 
Monfieur ‘Deflandes ne nous dit 
point s'ils étoient renfermez dans 
des tuyaux , & il leur donne une 
infinité de petites jambes armées 
de crochets, que l’on ne remarque 
point dans les autres. Il eft cer- 
tain qne les vers deftructeurs des 
vaiffeaux & des piliers des Digues 
nefont pas tous de même efpece. 
On en à fait voir ici qui avoient 
comme deux fcjes, l’une fur le dos 
& l’autre fous le ventre. On en a 
€ncore vü d’autres qui avoient des 
pattes , comme ceux dont parle 
Monfieur Deflandes, Du die ils 

ON 


(739 


font tous, ou du moins la plüpart, 
armez d’un cafque , & c’elt en ce- 
la qu'ils ont beaucoup de rapport 
entre eux. 
n onfton (*) nous dit que des 
Vaiffleaux Venitiens après avoir 
fejourné long tems dans le port : 
d'Alexandrie , en revinrent tout 
percez de Vers |, qui étoient de 
la grofleur du pouce & avoient 
une coudée de longueur. Il nous 
apprend encore (‘f) que le fameux 
François ‘Drakus après avoir erré 
ça & là fur les Mers , revint enfin 
à bon port |, ayant fon vaifleau 
tout criblé. Cet Auteur ajoute 
qu'il avoit vü lui-même de ces 
Vers de Mer de la longueur de 
douze pouces. Ils perçoient les 
vaifleaux & les rongoient entiere- 
ment. Voici la defcription qu'il 
en donne. Ils ont le corps arron- 
di ; & la gueule faite en maniere 
| RUES DE ‘3 td 
(9 Hjff. nat. de Irfe, Lib. IIL. cap. 2. 
# “ab » Infef. Lib. II]. cap 


(74) 

de tenailles. Leur tête eft d'un 
jaune éclatant tirant un peu fur le 
rouge. On leur voit deux petits 
éguillons qui pendent à la machoi- 
re inferieure.  Îls ont trois pattes 
de chaque côté, & onze anneaux 
de couleur rougeitre. Le refte du 
corps eft d’un jaune clair & écla- 
tant. Les plus grands d’entre eux 
font d’un rouge obfcur ; mais les 
plus petits font blanchâtres. Les 
Italiens leur donnent le nom de 
Eyfa ; & les Efpagnols celui de 

Pros. gr 
Les Vers de Mer dont il eft ici 
queftion doivent être neceflaire- 
ment compris fous le genre de 
ceux qu’on nomme en Latin }’er- 
mes tubulati, Ceft-à-dire, Vers à 
tuyaux , parcequ’ils font effective- 
ment renfermez dans des tuyaux. 
Monfieur de Reaumur les range 
tous dans deux clafles principales, 
Les tuyaux dans lefquels font lo- 
gez ceux de la premiere efpece, 
| ne 


A . (A2 

ne font faits que de divers grains 
de fable & de petits fragmens de 
coquille collez enfemble. Les tu- 
aux des autres font d’une matiere 


{emblable à celle des coquilles. 


y a encore des Vers dont les tu- 
aux font d’une fubftance molle. 
es Vers dont les tuyaux font des 

coquilles, font tantôt collez fur le 

fable | tantôt fur les pierres | & 
tantôt fur les coquilles de divers 
autres coquillages. Leurs tuyaux 
font ronds , & d’une figure ap- 
prochante de la conique . c’eit- 
à-dire , que vers leur origine , 1ls 
font moins gros qu’à leur extremi- 
té. Dans le refte leur figure eft 
differente dans prefque chaque 


_ vér different. Non feulement ces 
tuyaux prennent la courbure de la 


furface du,corps fur lequel ils font 
collez, mais outre cela ils forment 
divers S , ou diverfes corbures 
auffi differentes les unes des au- 
tres , que le font les difierentes fi- 

DU- 


& N 


AA RER 

i (76) | 
ures que prend fucceflivement un 
Ve de terre en mouvement. Les 
Vers à tuyaux de l’autre efpece de- 
meurent dans le fable, comme nos 
Vers de terre demeurent dans la 
terre. Le fuc qui s'échappe de 
leur corps n’eft pas en aflez gran- 
de quantité |, ou n’a pas aflez de 
confiftance pour leur former une 
coquille. Mais il eft aflez vis- 
queux pour coller enfemble les di- 
vers grains de fable & les frag- 
mens de coquille qui les entou- 
rent , 1l fait la fonction d’une es- 
pece de mortier ou de ciment qui 
lie enfemble comme autant de pe- 
tites pierres les grains de fable & 
les petits morceaux de coquilles. 
Monfieur de Reaumur nous don- 
ne une exacte defcription de ces 
Vers , mais ils font fort differens 
de tous ceux dont nous avons par- 
lé. Rondelet qui fait aufli men- 
tion de ceux qui font collez fur de 
vielles coquilles prétend qu'ils 

| | nals- 


naiflent dans leurs tuyaux ; & 
qu'ils en fortent lorfqu'ils veulent 
avoir de l’eau. (*) 
.. Quoique nos Vers foient de ve- 
ritables Ÿ’ers à tuyaux ; on ne 
peut néanmoins les rapporter à au- 
cune des Clafles que Monfieur de 
Reaumur en a faites, puifqu’ils ne 
vivent m1 dans le fable , n1 fur les 
pierres , n1 fur les coquilles d’au- 
tres animaux. Ils fe logent dans 
le bois , 1ls y vivent, & y meu- 
rent. Ou bien, ils naïflent dans 
l'eau, & fe’ renferment peu après 
leur naiffance dans le bois, d’où 
ils ne fortent jamais. Il eft vrai 
que la moitie de l’efpece, ou du 
moins une bonne partie doit ne- 
_ ceflairement vivre dans l’eau pour 
y multiplier; mais c’eft encore en 
cela que ces. Vers different de la 
plüpart dés Vers à tuyaux. On 
de à | . ne 


(+) Rondel. de Infeit, cap. ‘z 


CAPTER 

ne nous apprend point fi ceux 
d’entre Eux qui gardent leur liber- 
té, & qui voguent en pleine Mer, 
font renfermez dans des tuyaux; 
mais il eft à croire que les petits 
qui en viennent font débarraflez 
de cette enveloppe: autrement ils 
ne pourroient jamais pénétrer dans 
le bois avec ce fardeau autour de 
léur corps. Du refte nous ne 
donnons cela que pour une con- 
jecture, & ou peut bien en hazar- 
der de telles en pareil cas. 

Nous ne favons rien de la ma- 
nieré dont ces Vers s’y prennent 
pour percer le bois : aufli n’en di- 
rons nous rien. Îl n’y a guère 
que ceux qui font fur les lieux &c 
qui les ont vû travailler, qui puis- 
fent nous donner quelque éclair- 
ciflement fur ce fait. La plüpart 
des Vers qu'on nous envoit ici 
font morts , & ceux auxquels 1l 
refte encore quelque peu de vie, 
n'ont plus la force de nous mi 

eur 


sd 
se ni 


D. (72 
Jeur manœuvre. Du moins je n’ay 
pas été aflez heureux pour en ren- 
contrer un feul de ces gros en vie, 
quoique Jj'aye reçu une piece de 
bois encore toute fraiche, où1ils’en 
eft trouvé plus de deux cent. 

J'ai vû de ces pieces deboistou- 
tes fpongieufes, & aufli pleines de 
trous qu'un gâteau de miel , qui 
n’avoient été mifes en œuvre que 
cinq ou fix femaines auparavant. 
Voilà ce qu’on m'a afluré. Ainfi 
jugez par la de la grande activité 
de ces petits animaux. On ne di- 
roit jamais cela d’un Infeite qui a 
l'air d’être fi phlegmatique. On 
a de la peine à concevoir com- 
ment il éft poflible qu'un Animal 
qui fe fond, pour ainfi dire, en- 
tre les mains, ait la force de per- 
cer les nœuds les plus durs qui fe 

trouvent dans les piliers, ainfi que 

_ je lai remarqué moi-même.  f’a- 
vouë que linftrument dont 1l fe 
dert dans cette occafion , eft fort 

| tran- 


| (80). 

tranchant 5 MAIS d’où vient à cé 
-pctit Infcête fi mou, fi che, & 
{1 foible en apparence, la force de 
faire agir fes deux coquilles? Cet- 
te merveille eft grande fans dou- 
te, mais elle n’eit pas la feule de 
cette nature, que vous dufliez ad- 
muirer dans les Infectes ; & je 
pourrois vous en indiquer de pa- 
reilles, & peut-être de plus furpre- 
nantes encore. On a découvert 
dans le fiecle pañlé une forte de 
Ver qui ronge les pierres, & s’en 
nourrit. (*) Il a comme quatre 
machoires difpofées en fautoir, & 
qui font continuellement en mou- 
vement. Le Chêne qui eft un 
bois très-dur eft fouvent percé & 
tout rongé par des Vers qui s’y 
attachent. (F) Il y a dansles 
| tre sNoix 

(*) Mémoires Philofophig. de la Societé Ro 
yale de Londre. Mois d'Octobre, 1666. 7owr- 
val des Savans, An, 1666. pag. 606. : | 
(+) Qaos Téredini ad perforanda Robora cum 


fono tefle dentes affixit ; potiflimumque e ligno 
-cébatum fecié? Plin. Hift, Nat. Lib. I. c.2. 


(8r) 


Noix de Gale de petits Vers qui 


en rongent la coque , & fe font 
enfuite un chemin pour en for- 
tir. (*) On en trouve mème 
dans les arbres les plus durs, tels 


que font le Noyer , l’Ebénier , le 


Cyprés , le Gayac, & le Géné- 
vrier. Enfin on peut dire que 1a 


_ Nature a donné à une infinité 


d’Infectes des membres particu- 
liers, dont ils favent fe fervir pour 
percer la plüpart des vege- 
MUR) 5 ::: 

Il y a des Infettes qui n’atta- 
quent que certaines plantes | & 
qui s’y trouvent toûjours fans fe 
rencontrer jamais fur d’autres. 


_ Ceux-là peuvent être regardez 
< EF 


com- 


(*) Malpighi de Gallis pag. 112. 
- (T) Voyez fur cela , Eleazar Albin , His 
toire naturelle dès Infecfes d'Angleterre. His: 
zoire de Acad. Roy. des Scien. An. 1705.Ma- 
rie Sibille Merian, Differtation [ur la généra- 


Sion @* les transformations des Infetes de Su- 
… Tina. Pag. 50. | 


(82) 
comme les poux de ces plantes. If 
y en a d'un autre ordre qui font 
difperfez çà & là dans les eaux ou 
fur la terre, & auxquels la Nature 
a accordé pour nourriture la plû- 
part des Vegetaux qu’ils ont à leur 
rencontre. Nos Vers pourroient 
être rangez dans cette derniere 
clafle. Dieu qui les a fait naître, 
n’a pas voulu que la race s’en étei- 
gnit jamais , & peut-être a-t-1l fal- 
lu pour conferver l’ordre ‘établi 
dans l'Univers que ce privilege 
leur fût accordé. Tout ce qui 
exifte , ne femble exifter qüe pour 
le ien-être des Creatures en gé- 
néral. Elles font comme liées les 
unes aux autres , elles fe tiennent 
pour ainfi dire , & sil manquoit 
ici bas une feule des efpeces qui y : 
font placées , 1l en arriveroit de 
très-grands defordres. | 

Cette verité ne fe fait connoitre 
que loriqu'on examine les chofes 
avec quelque attention. En voici 

| un 


De (35 
un exemple , entre cent mille 
qu'on pourroit alleguer à ce fujet. 
Si les arbres étoient fans feuilles 
coutes les efpeces de Chenilles 
qui s’en nourriflent periroient dans 
très-peu de tems. Mais fi ces 
Chenilles n’exiftoient pas qu’en 
arriveroit-1l ? Alors une infinité 
d'Orfeaux qui ne vivent prefque 
que de chenilles & qui en nour- 
riflent leurs petits |; mourroient 
pour la plüpart de faim. Or fi 
ces petits Oifeaux venoient à pe- 
rit, ou du moins fi le nombre en 
diminuoit confiderablement , il 
faudroit de neceflité que la plû- 
part des Oifeaux de proye peris- 
ent aufli par la faim. En effet 
quelle feroit alors la nourriture 
des Faucons , des Milans , des 
Æigles, des Coucous, des Crfra- 
yes, des Laniers, des Vautours, 
des PBufes & des ÆEperviers. 
Vous me direz fans doute que ces 
Oïfeaux carnafliers pourroient a- 
è | F2 lors 


(84) 

lors chafler aux-rats & aux fous 
ris. Je lavouë , & quelques-un- 
d’entre eux le font aufli quelque- 
fois. Mais s’ils étoient obligez de 
fe dédommager fur les rats & les 
{ouris |, combien ne leur en fau- 
droit-1l pas pour fuppléer au dé- 
faut des petits oifeaux. Et alors, 
qu’auroient les Chats, ne fe plain- 
droient ils pas qu’on leur diminue 
leur portion. On fe plaint quel- 
 quefois des mouches , & on en 
maudit la race; mais de quoi vi- 
vroient les Hirondelles , fi elles ne 
trouvoient des mouches. Ces Oi- 
{eaux viennent ici dans le Prin- 
_tems , lorfque les mouches com- 
mencent à paroïtre, & ils fe reti- 
rent dans l’autonne qui eft le tems 
où la mortalité fe met parmi ces 
infectes. Il falloit donc qu'il y 
eût des mouches pour l'entretien 
des Hirondelles. | 
Si les Animaux vouloient vivre 
Cn paix , & avoir certains gris 
| es 


rs 


(85) 
les uns pour les autres, la plüpart 
d’entre eux periroient de faim. 
Ils ne pourroient jamais fubfifter, 
s'ils n’étoient meurtriers les uns 
des autres : aufli eft-ce une neces- 
fité abfoluëè qu'ils s’entre-détrui- 
fent. La loix générale eft que le 
plus foible foit foumis au plus fort, 


fi l’adrefle du plus foible, ne peut 


éviter la puiflance du plus fort. 
Les poux, les puces, les vers, les 
mouches, & les plus viles infectes 
perdent le refpeét pour la majefté 
de l’homme , & ofent linfulter. 
Quand un Loup , un Tigre, ou 
un Loup en fureur recontrent un 
homme, 1ls le dechirent & le met- 


tent en pieces. L’homme en ufe 
à peu près de même à l'égard des 
Animaux , quoiqu'il regarde cette 


_ loix comme une des fources du 


 défordre, lorfqu'elle tourne à fon 


défavantage. Îl n’y a rien , pour 
anfi dire, qu’il ne s’approprie. IL 
fait main bañle fur tout , & on 

| F 3 peut 


(86) 
peut dire que c’eft le plus meur: 
trier d’entre tous les Animaux. 
Les Habitans d’une feule Ifle (*) 
maflacrent par an plus de 675000. 
bœufs ,; & deux ou trois fois au- 
tant de moutons , fans parler du | 
gibier & de la volaille. | 

Ce qui eft la caufe de toutes 
nos plaintes dans les maux que 
nous avons quelquefois à fouffrir . 
de la part des autres creatures, 
c’eft que l’on fe perfuade que tout 
cft fait pour Phomme , & dans 
cette faufle idée on voudroit que 
tout plit fous lui, & qu'il n’y eût 
dans l'Univers que ce qui peut 
contribuer à {on avantage. À quoi 
bon tant d’Infettes, dit-on , qui 
ravagent les campagnes : à quoi 
bon tous ces vermifleaux qui rui- 
nent les digues & criblent les vais- 


feaux. Mais nous devons confi- 
de- 


(*) D’Angleterre. 


D: COX. 
derer que Dieu en créant ces Ani- 
maux, a voulu en conferver la ra- 
ce ; c’eft-lui qui les a deftinez à 
vivre dans les troncs des arbres 
plantez fur le rivage de la Mer; 
& pour cet effet , 1l les a armez 
d’un cafque ou d’un inftrument ca- 
pable de percer le bois, pour pou- 
voir y entrer, y pénétrer, s’y ni- 
cher, s’en nourrir, & par confé- 
quent le cribler & lé miner entié- 
rement. Le bois eft peut-être la 
feule chofe qui puifle leur fervir de 
nourriture. : 
Du refte on feroit fort mal de 
conclurre de ce que je viens de di- 
re , qu'il faut laifler ces Infectes 
en paix. Bien loin de là , nous 
fommes tous intereflez à les dé- 
truire pour notre propre conferva- 
tion, düt-1l en couter la vie à une 
_ infmité de poiflons auxquels 1ls 
fervent de nourriture. II feroit r1- 
dicule que nous eufions le moin- 
dre ménagent pour des infectes 
| EF 4 qui 


(88) 


“qui nous font fi nuifibles | tandis 


que nous mettons à mort fans au- 
cune mifericorde quantité d’autres 
Animaux dont nous n’avons rien à 
craindre. HA 
Bien des gens font curieux de 
favoir fi ces Vers ne fe détruiront 
pas infenfiblement , ou du moins, 
s’il y a lieu d’efperer que le nom- 
bre en doive diminuer. Vous me 
faite vous même cette demande, 
Monfieur , & il me paroït que 
vous témoignez un peu trop d'in- 


re à ce fujet. Penfez vous 


s 


de pareils doutes. Dieu nous ca- 
che l'avenir [ous d'épailfes téne- 


onc que l’on puifle vous éclaircir 


bres ; à fe rit de nos inquiéru- . 


2 


des ; lors qu’elles vont plus loin 
qu'il ne faut. (*) Tout ce qu’on 
peut faire dans des cas de cette 
| —. 

(*) Deus premit nocte caligino[a futuri tem- 


poris exitum  ridetque fi mortalis trepidat ul- 
tra fas. Horat. 


sé 


| (89) 
nature , c’eft de hazarder quelque 
conjeéture , qui foit néanmoins 
fondée , & de joindre le pañlé 2- 
vec l’avenir, afin de pouvoir juger 
par lun de ce que nous avons à 
craindre ou à efperer pour lautre. 
C’eft ce que je vais tâcher d’éxe- 
cuter. Mais ne vous attendez pas 
que je traite ce fujet à fond, il eft 
trop vafte , & m’entraineroit ne- 
ceflairement dans de trop grands 
détails & de trop longues difcus- 
fions. Cependant avant de vous 
rappeller ces exemples , permettez 
moi de faire quatre ou cinq réflé- 
XIONS , que je vous donne pour 
autant de principes , tous démon- 
trez par l’expérience. Vous ver- 
rez dans la fuite l’ufage que j'en 
ferai. | | 
1°. Tous les Infettes qui fe ma- 
nifeftent de tems en tems, & que 
Fon regarde comme de nouvelles 
efpeces , ne peuvent avoir pris 
naffance que par la voye de la gé- 
| FE ÿ __ né- 


- (0 
nération, & il faut de neceñité re- 
monter jufqu’aux premiers Indivi- 
dus que PAuteur de la Nature a 
formez , pour en trouver la pre- 
miere origine. 

2°. Ce qu’on nomme ordinaire- 
ment corruption , peut bien don- 
ner lieu à la manifeftation d’un 
corps organifé, tel qu’eft celui de 
tous les Infectes ; mais il n’eft ja- 
mais la caufe de la formation des 
parties qui le compolent. Ce prin- 
cipe eft une fuite néceflaire du pré- 

cédent. ie: 
3°. Les Oeufs ou Semences des 
Infectes contiennent toûjours les 
premiers rudimens des differens 

Animaux qui en doivent naïtre. 
. 4°. La plüpart des Infeétes dé- 
pofent ordinairement ces œufs 
dans des endroits capables d’aider 
au dévéloppement de l’Embryon, 
& où 1l puifle en naïflant trouver 
une nourriture qui lui convienne. 
La Providence a eu foin de don- 
ner 


(91 ) | 
ner cet admirable inftinét aux in- 
fetes | & c’eft-un des plus füres 
moyens dont elle fe fert pour en 
conferver les efpeces. Si une 
Mouche faifoit fa ponte fur une 
pierre , que deviendroient les pe- 
tits Vers qui en naïtroient enfuite ? 
Ils périroient fans doute un mo- 
ment après leur naiflance. Où la 
pofe-t-elle donc cette ponte ? Sur 
quelque piece de chair, ou fur un 
cadavre, qui puifle fervir de nour- 
riture à tous les vermifleaux qui 
fortiront de ces œufs. Il y a des 
Vers qui ne fe trouvent que dans 
certains fruits , & qui ne pour- 
roient Jamais vivre ailleurs, parce- 
que toute autre nourriture differen- 
te de celle de ces fruits, ne feroit 
pas propre à les faire croître. Or 
ces Vers viennent de certaines 
mouches qui piquent ces fruits, 
lorfqu'ils font encore tendres , y 
font un trou aflez profond , dans 
lequel ils dépofent un ou plufieurs 

œufs 


\ 


” 


(92) 
œufs ; d’où fortent quelque tems 
après de petits vers , qui trouvent. 
en naïflant de quoi fe nourrir. 
Quelle prévoyance dans des mou- 
ches ! On ne veut pas qu’elles rai- 
fonnent , & c’eft juftement pour 
cela que le phénomence en eft d’au- 
tant plus furprénant. Un Animal 
fans raifonnement fe propofe une 
fin , & fait des chofes de l’ordre 
de celles que Phomme n’éxecute 
jamais qu'après bien des réfléxions. 
Quelle merveille! Tout cela, dit- 
on, n’eft qu'un effet de Pinftinét. 
Soit , l'inftint peut donc aller 
aller quelquefois de pair avec la 
raïon, Mais laiflons là ces réflé- 
xions, voyons plütôt ce que dit à 
ce fujet Monfieur Albin Natura- 
lifte Anglois. ,, Depuis, dif-1/, (*) 
» que j'ai fait des Obfervations, 
5 JE n’ai pas rencontré la moindre 

> Cho- 


(*) Eleazar Albin dans fon Hiftoire natu- 
relle des Infectes d’ Angleterre. 


(93) 
chofe qui m’ait donné lieu de 
douter que les Infectes en géné- 
ral ne foient produits d’Ani- 
maux de la même efpece. fa 
été confirmé dans cette penfée 


par les Expériences du curieux 


François Redi | homme d’es- 


prit d’ftalie, qui a écrit fur cet- 


te matiere. Je ne fai néanmoins 


comment il eft arrivé que cet 


habile Obfervateur de la Natu- 
re fe foit trompé f1 grofliere- 


ment que de croire que quel- 


ques Infectes s’engendrent des 
Vegetaux dans les Excrefcences 
° 5 2 ils fe forment. Il pa- 
roitra clairement à quiconque 
voudra fe donner la peine de 
lPéxaminer avec foin , qu'il y a 
des mouches qui font de petits 
trous dans la peau exterieure, 
ou dans l’écorce des plantes afin 
d’y loger leurs œufs; que le tis- 
fu des vaiffleaux étant ainfi rom- 
pu, la feve qui y pañle y a 

>> 1€S 


(94) 
les excrefcences que l’on y re- 
marque ; que ces excrefcences 


fervent de Nid ou de Matrice 


aux Animaux , & leur fournis- 
fent mème des alimens , lors- 
qu'ils ne font que d'éclorre, que 
cela conferve la feve de lAni- 
mal jufqu’à ce qu'il puifle voler, 
après quoi 1l fe fait. à lui même 


une ouverture pour en. forur , 


quelque épaifle que foit l’excres- 
cence ; ce qui eft d'autant plus 
admirable qu'il y a quelques- 
unes de ces mouches qui font 
fort petites , & de ces excres- 
cences qui font fort dures. On 
obferve cela facilement dans la 
Noix de Gale commune ; car 
s’il n’y a point de trou , vous 
trouverez à coup für un Infecte 
mort , foit qu'il fût encore en 
Ver ou en Mouche , lorfque la 
Noix a été cueillie , & f1 vous 
y voyez untrou , c’eft que la 
_5> MmOu- 


| 


(95) 
,, mouche eft parvenue à fon état 
» de maturité, & s’eit envolée. 

5°. Il y a quelques autres Infec- 
tes qui femblent prendre moins de 
foin de leurs produétions, ils jet- 
tent leurs œufs comme à l’aventu- 
re , & fouvent dans des endroits 
où les petits Animaux qui en nais- 
fent , ne trouvent aucune nourri- 
ture autour d’'Eux.. Mais la Natu- 
re a donné à ceux-c1 ou des ailes, 
ou d’autres membres qui les aident 
à {e tranfporter par tout pour cher- 

cher de quoi fe nourrir. 
6°. Le vent enleve de deflus la 
terre une infinité de petits œufs & 
de femences , tant des Animaux 
que des Vegetaux , qu'il difperfe 
çà & là, & auxquels 1l fait traver- 
fer des efpaces immenfes. On eft 
quelquefois furpris de voir.paroï- 
tre tout à coup une quantité pro- 
digieufe d’Infeétes dans des en- 
droits où l’on n’en avoit jamais vû 
de cette cfpece. Souvent aufli on 
SPP | voit 


(96) | 
voit naître des plantes dans un ter- 
rain qui n’en a Jamais produit de 
femblables. D’où viennent ils donc 
ces Infeêtes , d’où viennent ces 
nouvelles plantes ? Ils viennent les 
uns & les autres des œufs & des 
femences que le vent a difperfez. 
Mais rendons la chofe fenfible par 
quelques exemples. | 

On voit naître tous les joursune 
infinité de petits Champignons 
fur du fumier ou plûtôt fur des 
crotes de Cheval. Mais quel rap- 
port y a-t-1l de ces crotes aux 
champignons? Aucun. 1] faut donc 
que la femence des champignons 
fe trouve dans ce crotin ,| qui de 
lui-même n’a pas la vertu de pro- 
duire aucune plante. Mais d’où 
feroit venue cette femence fur ce 
crotin. Etoit elle dans lavoine, 
dans le foin, ou dans la paille que 
le cheval a mangée ? Etoit-elle 
dans Peau qu'il a buë ? Point du 
tout. Comment donc cette fe- 
| | men 


“Re 


Y 


(97) 

mence s’eft elle trouvée & fe troti: 
ve-t-elle prefque par tout fur ce cro: 
tin? L’y feme-t-on? Encoremoins, 


. puifqu’elle eft invifible. Mais vois 


ci de quelle maniere la chofe arri- 
ve. Ces femences qui exiftent cer- 
tainement , doivent être fort me- 


nues & fort legeres ; par confe> 


quent elles peuvent être aifément 


. emportées dans l'air ; & fe repan- 


6 


D: 
, fi | 


| L 


dre enfuite de tous côtez. Or fi 


_ Pon fuppofe comme on le doit, 


que le crotin de cheval , préparé 
d’une certaine maniere , eft une 
terre propre à faire germer ces pe- 
tites graines , ne conçoit-on pas 


- d’abord qu’elles produiront neces- 
fairement des champignons , lors- 
qu’elles feront reçuès dans cette 


matrice. On peut confulter Mon- 
fieur de Zournefort fur cet arti- 
cle. (*) D'ailleurs ce fyftème eft 
en :: d’au- 

(*) Memoir.de l’Acad. Roy. des Scien. An. 
1707. pag: 72. é 


C8) 
d'autant plus vrai-femblable , felon 
la remarque de Monfieur de Fon- 
tenelle (*) LI Qu'il eft certain 
préfentement que les Plantes, 
qu'on croyoit n'avoir point de fe- 
mences, & auxquelles on en a dé- 
couvert, font celles qui en ont le 
plus. 2. Que ces petites femen- 
ces peuvent être plus aifément 
tranfportées en une infinité de 
dieux par mille hazards différens. 
3. Qu'à caufe de leur extreme pe- 
titefle elles font plus à couvert des 
injures du déhors , & fe confer- 
vent plus long tems fans aucune al- 
teration. On peut dire, que, par 
cette mème raifon , elles font plus 
délicates fur le choix des fucs, qui 
les doivent déveloper |, & ont be- 
foin de circonftances plus particu- 
hicres & plus rares. | 

Ces femences s infinuent pres- 
que 


(*) Hiffoire de l Academie Royale des Scie 
ces. Ân. 1707. pag. 57- 


C9) 
que par tout, elles s'introduiferit 
dans les maifons , entrent dans les 
chambres |, & pénétrent jufques 
dans des coffres fermez. On ne 
fauroit dire combien de differentes 
fubftances peuvent leur fervir de 
matrice & leur fournir des fucs 
propres à les faire germer. On 
trouve une infinité de petits cham: 
pignons fur la couverture d’un livre, 
fur de vieux fouliers , fur le plan- 
cher d’une chambre humide , fur 
des confitures | fur du pain, & 


fouvent ce qu’on appelle Mo:fif[u- 


re n’eft autre chofe qu’un amas de 
ces petites plantes , qui forment 
une efpece de parterre. On en 
voit jufques fur les bandes & les 
satelles appliquées aux fractures des 
malades , comme l’a obfervé plu- 
fieurs fois Monfieur 4e Mery àl HG- 
tel-Dieu (#). Monfieur Æo0k (T) 

Le : 0 


(*) Ibidem. RE 
(+) Micros Yournal des Savans 20. Dec. 
n. 1666. 


(xc0) 

dit avoir vû diftin®ement au Mi: 
crofcope, dans unc tache de Moi- 
fiflure , fur la couverture d'un livre, 
des fleurs ; les unes en boutons, 
les autres à demi épanouïes, quel- 
ques-unes entierement fleuries. 

Les femences du Lierre , (*) 
celles des Moufles, des Capillaires 
& de la plüpart des plantes para- 
fites , font aufli portées au hazard 
par les vents dans des lieux fort é- 
loignez de celui ou elles avoient: 
pris naiflance. Aufli rencontre-t- 
on tous les jours ‘une infinité de 
petites plantes fur les toits , les. 
murs, & les tours les plus élevées.: 

La même chofe arrive à la pous- 
fiere des Etamines ou Tefticules 
des plantes mâles ; car cette pous-: 
fiere qui eft la veritable femence 
de ces plantes, eft fouvent enlevée 
dans l'air à une hauteur extraordi- 

| nai- 


(+) AG, Britann. Compend. T. 11. 144. 


(101) 

naire , & retombe enfuite fur la 
terre , lorfqu'il ne regne aucun 
vent.  D’ordinaire cette poufliere 
eft fort jaune ; & c’eft ce qui a 
fait croire au’ peuple & aux igno- 
rans, qu ” tomboit une pluye de 
“ouphre. 

a Dudley (+) à de- 
montré qué dans le Mabiz ou 
Blé des Indes cette femence fe 
portoit toûjours des plantes mâles 
“aux plantes femelles ,; quoiqu’elles 
fuflént fort éloignées les unes des 
“autres. . On remarque qu'aux mois 
de Jañvier & de Fevrier, le Cou- 
drier poufle ce que lon appelle 
<ommunément des Châtons.: Ce 
font de longs bouts compolez de 
-fort' petites eue: lefquelles ,. ‘vers 
Je commencement de Mars:, fe 
couvrent d’une poufliere fine qui 
en cit là femence mâle. ‘Or ceft 

G 3 nl 
(*) Tbid. T'. II. . MI 
(+) Mem. phil. de la Soc. Roy. LA 1724 


| (102) 
juftement dans ce tems:là que les 
parties femelles paroiflent aux. bou- 
tons de cet Arbre, & ceci arrive 
précifément dans la-faifon. la plus 
impétueufe de l’année, afin que la 
pouliére mâle puifle être portée 
plus facilement aux parties femelles 
de la plainte. QT 
. Ce qu'on rapporte..du Palmier 
fait voir à quelle diftance cette 
poufliere eft quelquefois portée par 
le vent. On fait qu'il y a des Pal- 
muers mâles & d’autres qui font .fe- 
melles. Thcophralte, ‘Profper Al- 
pin, & plufieurs autres Botaniftes, 
conviennent que fi.un pied. femelle 
na point: de mâle dans fon voifi- 
nage 1} ne porte. point defruit, ou 
que, silen porte, 1ls ne viennent 
point à maturité ; 1ls font pres, 
de mauvais goût, fans noyau , & 
_par çonfequent fans: gérme. Se 
| r 


(*) M. Gebffroy le Jeune dans les Mer, 
de P Acad. Roy. des Sciénces. An. 1711. 


AR. 


| (103) 
Or ce fait prouve, ce femble, que 
le Vent doit neceflairement porter 
la femence du Palmier mâle fur les 
fruits du Palmier femelle. 

Mais voici un autre fait encore 
plus fingulier.  Yovzanus Ponta- 
aus, Précepteur. d’Æ/phonfe Roi 
de Naples raconte (*) que lon 
vit de fon tems deux Palmiers, 
lun. mâle cultivé à Brindes | & 
l’autre fémelle élevé dans les bois 
d'Ortrante ; que ce dernier fut 
plufieurs . années -fans porter de 
fruits , jufqu'à ce qu’enfin s'étant 
élevé au deflus des autres arbres de 
la Forêt, il pût appercevoir le Pal- 
mier mâle de Brindes ; quoiqu'il 
füt éloigné de plus de quinze 
lieuës | car alors il commença de 
porter des fruits en abondance & 
fort bons. Oril n’y a aucun lieu 
de douter ; qu'il ne commença 
G 4 pouf 


_"* 


(*) Ibidem.. 


Cox) 


‘pour lors de porter des fruits, que 


parcequ’il commença à recevoir {ur 


fes branches & fur les Embryons 


de fes fruits | la poufliere des Eta- 


mines que le vent enlevoit de des- 
fus le palmier mâle par deflus les 
autres arbres. Je pourrois confir- 
mer tout ce que je viens de dire 
fur cette matiere par d’autres exem- 
ples , mais les bornes que je me 
fuis prefcrites | ne me permettent 
pas de m’étendre davantage. 

… Il doit y avoir, & ilya en ef- 
fet toûjours dans l'air une infinité 
de petits œufs invifibles, qui vien- 
nent de ces petits Animaux que 
lon ne découvre que par le moyen 
des meilleurs Microfcopes. C’eft 
ce qu’un grand nombre de Curieux 
ont fait voir par plufieurs expe- 

riences. En voici quelques-unes. 
Leeuwenhock ayant eu en 1676. 
la curiofité de confiderer avec un 
excellent Microfcope , de l’eau de 
puits qui avoit refté long-tems dans 
UuRñ 


} 


Po (7 | 

un pot de terre neuf & verniflé, 1 
y remarqua un nombre prefque 1n- 
finide petits Animaux dix mille 
fois plus petits que ceux que 
Swammerdam avoit vûs autrefois 


fans Microfcope, 


Il y en avoit de plufeurs efpe- 
. ces. Ceux de la premiere fem- 
bloient être compofez de 5. de 6. 
de 7. ou de 8. globules fort clairs. 
On pouvoit remarquer dans l'es- 
pace d’un grain de gros fable plu- 
fieurs centaines de ces petits Ani- 
maux, qui fe trouvoient renfermez 
dans quelque peu de filamens. 
Ceux de la feconde efpece étoient 
un peu plus gros. Ceux de la 
troifiéme qu’il découvrit dans une 
goute d’eau , étoient huit fois plus 
petits que les premiers | & deux 
fois aufli longs que larges. 
Ceux de la quatriéme efpece ont 
_ leur corps mille fois plus petit que 
n’eft l'œil d’un poux. Le 26. de 
May , il fit amañler de l’eau de 
4 G 5 pluye 


(106 }) 

pluye qui couloit des toits de fa 
mafon , & il y trouva quelques 
Animaux fort menus. Mais com- 
me il n’en découvrit point dans 
l’eau de la même pluye qu'il avoit 
amañlée telle qu’elle tomboit du 
ciel, 1l croit que les Animaux qui 
étoient dans l’autre, yétoient tom- 
bez des goutieres de plomb où ils 
s’étoient formez dans l’eau qui y 
étoit reftée des pluyes précédentes. 
Cependant ayant confervé cette {e- 
conde eau , 1l y remarqua quel- 
ques petits Animaux fort tran{pa- 
rens. Le lendemain il y en décou: 
vrit une plus grande quantité dont 
quelques-uns étoient devenus un 
peu plus gros. Un millier de ces 
petits Animaux. . felon cet Auteur, 
n’égalent pas en grofleur un grain 

defable ordinaire... 8 
Le 9. & le 10. de Juin ayant 
plû encore plus fort , 1l amafña de 
leau de cette pluye ; & layant 
gardée juiqu’au lendemain , 1l ap- 
| per- 


RE 17 
| en 


Ê 


| 
| 
| 


id. à 


perçut jufqu'à mille de ces petits 


Animaux dans une feule goute de 


cette eau. . Le 12. le nombre de 


es petits Animaux fe trouva au- 


gmentée dans chaque goute de cet- 
te eau jufqu’à deux mille. Le 13. 
il obferva une nouvelle efpece d’A- 
nimaux huit fois plus gros que les 
autres. Le. 14. 1l y remarqua un 
grand nombre de petits Infectes 
qui avoient une partie tran{paren- 
te, & qui étoient plats au deflous, 
& ronds au deflus. Il y découvrit 
encore d’autres petits Animaux en 
orand nombre, , aufli bien que dans 
quelques goutes d’eau d’une autre 
pluye qu'il avoit gardée du 17. au 
26. du même mois , n’y ayant pü 
rien remarquer dans le tems qu’on 
la ramaña. 
… Le même Auteur ayant eu des- 
fein de découvrir d’où vient que 
le Poivre pique fi fort la langue, 
il en mit tremper dans de l’eau 
lefpace de trois femaines , y ajoüû- 
| tant 


, CPR, ee 
tant par deux fois de Peau de nei- 
ge, parceque lautre étoit exhalée, 
& le 24. d'Avril 1676. 1l décou- 
vrit dans cette eau par le moyen 
du Microfcope un nombre infini 
de petits Animaux de diverfe gros- 
feur, de diverfe figure , & de dif- 
ferente couleur. La plüpart 2- 
voient des queuës comme ceux 


qu'il avoit obfervez dans l’eau de 


pluye. 


‘ Le 26. il mit deux onces & de- 


mi d’eau de neige qu’il avoit gar- 
dée trois ans entiers fans y avoit 
pü Jamais rien découvrir d’animé, 
& y ayant ajoûté demi once dé 
poivre entier, enfin le 6. de May, 
il y découvrit beaucoup d’Animaux 
fort petits qui fe mouvoient lente- 
ment & quelquefois en rond. | 
- Le 7. il en vit un nombre beau- 


coup plus grand , & ayant ajouté 


de l'eau de neige par deux diver- 
{es fois , 1l découvrit le 23. une 
+ nou- 


RL, { SRE 


EN 


(rod). 


_ nouvelle forte d’Animaux parfaite- 


ment ovales dans leur figure. 


. Le 24. il y trouva un pius grand 


nombre de ces petits animaux, 
juiques-là qu'il croit qu’un million 
de cette forte auroit à peine la di- 
menfion d’un grain de fable. 

Le 26. il en vit tant, qu’il croit 
qu'il y en avoit pour le moins fept 
ou huit mille dans une goute 
d’eau. 

. Pour rendre raifon de Îa nais- 
fance de tous cés petits Animaux, 


_ Monficur Ÿoblot fuppole (*) qu'il 


vole ou nage dans Pair voifin de la 
terre , un nombre innombrable de 
de très-petites Animaux de diver- 
fes efpeces | qui s'appliquent fur 
les plantes qui leur conviennent, 
s’y arrêtent, & y dépofent leurs 
œufs , où de nouveaux Infeétes 
font renfermez. Il ajoûte qu’une 

| plan- 


= (9) L. Joblot, Deféription & ufage de plu- 


© feurs nouveaux Microftopes. 


7 . :: CES 
plante peut être la favorite de plu- 
fieurs efpeces d’Animaux , &c dé- 


venir la dépofitaire de leurs œufs; : 
d’où il fuit que fon infufion fera 


fuffifante pour faciliter la naïffance 
de ces Infeétes , & fournir tout ce 


qui fera néceflaire pour leur fub- 


fiftance. 
Ce que dit à ce fujet Monfieur 


Noblot eft bien vrai, mais néan- 


moins 1l n’eft pas néceflaire de fup- 
poler que ces petits Animaux 
foient les mêmes que ceux qui fe 


trouvoient fur ces plantes avant 


leur infufion. Ces œufs doivent 
être d’une petitefle énorme, & par 
conféquent ils peuvent nager dans 
Pair & être tranfportez dans une 
imfinité d’endroits. Comme il y 
en a un nombre innombrable par 


tout & de differentes efpeces, ne 


peut-on pas fuppofer que quel- 
ques-uns d’entre eux peuvent tom- 
ber dans l’eau , dans linfufion de 
certaines plantes, ou dans quelque 

au- 


(111) 
autre liqueur, propre à les faire €. 
clorre & où 1ls trouvent une nour- 
riture convenable. Ce fyfteme eff, 
ce femble , d'autant plus vrai-fem- 
blable que plufieurs de ces petits 
-Animaux fe rencontrent non feule- 
ment dans linfufion des plantes, 
mais encore dans l’eau pure, dans 
l’éau de neige & dans d’autres li- 
queurs. | 
Tout cela démontre invincible- 
ment ; Premierement que l'air eft 
rempli de graines & d'œufs invifi- 
bles des Plantes & des Infettes,; 
& en fecond lieu que ces graines 
où femences qui font toutes d’une 
lecereté extraordinaire peuvent être 
portées çà & là, & fouvent même 
dans les endroits les plus éloignez. 
De cette manière /a Terre ; com- 
me le dit Monfieur de Fontenel- 
le (*) fe trouvera pleine d'une 


(*) Hiffoire de lAcademie Royale des Siiæ- 
ces. An, 1707. L 


_— (Ma 

infinité inconcevable de V'egetaux 
& d'Animaux déjà parfaitement 
formez & deffinez en petit ; à 
qui n'attendent pour paroître en 
grand ,; que certains accidens fa- 
vorables | © l’on pourra imagi- 
ner, quoi qu'encore tres-imparfais 
tement ; combien doit être riche 
la main ; qui les a femeë avec 

tant de profufron. | 
Rien n’eft plus ordinaire que de 
voir dans le Printems une infinité 
de mouches ou d’autres Infectes, 
_ qui paroiflent prefque tout à coup 
fur les Arbres ; qui en mangent 
les feuilles ou les fleurs dans très- 
peu de tems , & fruftrent par là 
les Jardiniers de leur attente. On 
eft alors d'autant plus furpris du 
phénomene , qu’on n’avoit remar- 
qué aucun Animal de cette efpece 
_ les années précédentes. D'où vien- 
nent 1ls donc ces petits Animaux. 
Ce font certains vents qui ont en- 
levé ailleurs les œufs d’où ils ps 
| Or- 


SR (C7 
- fortis , & les ont tranfportez fur 
les Arbres où 1ls fe font arrêtez. 
On s’eft plaint ici d’un pareil acci- 
dent cette année. | | 
Mais rien n’eft plus remarquable 
que ce qui arrive quelquefois dans 
l'Amerique , où 1l tombe des gou- 
tes de pluye d'une grofleur extra- 
_ ordinaire. Si ces goutes tombent 
fur la peau, elles la rongent: fiel- 
les tombent fur les habits , on y 
voit naître peu de tems après une 
infinité de Vers. (*) Sans doute 
que ces Vers viennent dé petits 
œufs , qui après avoir été élevez 
dans lair , retombent enfuite avec 
la pluye fur les habits où ils é- 
_ clofent. | | 
Un jour le Celebre Monfieur 
 Boerhaave attacha à un-fil fort 
. mince & fort long un morceau de 
chair qu'il avoit enduit d’huile de 
HUE H T'e- 


x 


C) 4. Li. fappl. TE p. 415. 


(114) 


Terebenthine à après lavoir fait 
bouillir pendant quelque tems avec 
de l’Alcohol. Il l’expofa enfuite à 
Pair dans un tems humide & un 
peu chaud, & dans un lieu où cer- 
tainement l’on ne devoit pas croi- 
re qu'il y eût un feul Infecte. 
Qu’arriva-t-1l ? Peu de tems après : 
cette chair fé trouva remplie de 
petits Vers , qui achevoient d’en 
ronger les parties les plus fucculen- 
tes. Or les œufs qui ont donné 
naiflance à ces petits Animaux, 
n’ont püû fe trouver fur cette chair, 
que par la moyen de Pair qui les y 
aura portez. C’eft la conclufion 
que tire l’Illuftre Profeffeur de fon 
experience. (*) à 
Sil.eft donc vrai, comme nous 
venons. de le démontrer que l'Air 
contient une infinité de petits œufs 
& de femences, qu'il charie, pour 
ds | Fr _ ainfi 


(*) Ekementa Chemie, Tom. L. pag. 489. 


(r15) | 
änf dire , par tout , il n’eft pas 
moins certain que les vagues de la 
Mer entraitent avec Elles quantité 
_d’Ocufs de Poiflons, qu’elles con- 
duifent çà & là, & qu’elles dépofent 
enfin dans des endroits où ils s’ar- 
rêtent, où ils éclofent & prennent 
naiffance. 

Dans cette fuppoñition , il eft à 
croire qu'il y a une infinité de ces 
Oeufs qui ne prodiifent jamais 
rien , parceque la Mer , les jette 
fouvent dans des endroits où 1ls ne 
peuvent éclorre , & où,, quand 
mème ils écloroient , les petits A- 
nimaux naiffans ne fauroient vivré, 
faute de trouver autour d'Eux une 
nourriture convenable. 

Les petits Ocufs des Infoétes qi 
ne vivent que far terre , font exe 
pofez aux mêmes accidens. Com- 
bien n’y en a-t-il pas que lehazard 
fait tomber dans des endroits où 
ils ne produifent jamais rien ? Com- 
| pa voit-on tous les jours de’ pe- 
FL 2 tits 


(116) 

tits Animaux perir un moment 2- 
près leur naïfflance , lorfqu'ils ne 
rencontrent pas des alimens qui 
leur conviennent. Mais la Nature 
a mille reflources pour réparer tou- 
tes ces pertes. Elle feme par tout 
une fi prodigieufe quantité de ces 
petits Oeufs , ou plütôt de petites 
Créatures. renfermées dans des 
membranes, qu’il y en à toüjours 
un nombre fufhfant que d’heureu- 
fes rencontres font tomber dans 
une Matrice propre à les faire é- 
Cortes | Trad) sb 

.. C’eft de cette maniere qu'un 
Vaifleau, après un long cours, fe 
trouve: quelquefois rempli dune 
infinité. de Vers de Mer , & tout 
couvert par deflous.de differens 
petits Coquillages, qui y fontcom- 
me collez. C’eift ainfi qu'un Na- 
turalifte rend raifon de l’origine 
des Bernucles où Macreufes, que 
l’on dit ordinairèment s’engendrer 
de bois pourri fur. les D'AUEES 
| 2 


DUT 


117) 
Il eftbien vrai, dir-5/, (*#) que 
ces Animaux naïflent dans les 
fentes de quelques pieces de 
bois, qui fe pourriflent, mais il 
n’eft point vrai que ce foit ce 
bois qui fe convertifle en leur 
propre fubftance. Voici com- 
ment fe fait leur génération. La 
Mer étant agitée, poule fes va- 
gues contre ces pieces de bois, 
& comme l’eau de la Mer eft 
toüjours remplie d’une infinité 
d'Oeufs de divers Poiflons , les 
Oeufs qui font pouflez avec les 
vagues dans les fentes du bois, 
s'y arrêtent , & s’échauftrent 
par le Soleil ,; ou par d’autres. 
caufes, & produiflent en peu de 


 tems des Bernucles ou des Mu- 


creufes. J'ai dans mon Cabinet 
deux de ces Oeufs , qui ont eu 
le tems de groflir jufqu’à la lon- 

3 » BUEUr 


( Voyez le Fournal des Savans ,11. Juin, 


1672. Pag: 177. 


(118): 

5 gueur d’un pouce ,» & à la lar- 
» geur d’un décai-poites ils font 
» Encoré attachez par un de leurs 
» bouts. à un morceau de bois, 
» qui a été feparé exprés d’une 
» Plus grande piece ; ils s'ouvrent 
» €n deux comme une Huitre | & 
» lon voit au milieu toutes les par- 
» ties de ces Animaux , qui ont 
déjà bien formées. 
Puis donc qu'il confte par Îles 
deux premiers Principes que nous 
avons donnez pour demontrez, (*) 
qu'il ne fe forme plus de nouvelles. 
cfpeces parmi les Animaux, & que 
le plus vil de tous les Infectes doit 
néceffairement être défcendu par 
la voye de la génération des pre- 
mucrs Individus que PAuteur de la 
Nature à placez dans les Eaux & 
{ur la Terre | nous devons regar- 
der tous ces Vers des Digues, dont 
quelques-uns n’avoient jamais été 

| con- 

(*) Voyez ci-deflus p. 89. & 90. 


th à Re ne — 


(119) 
cohnus, comme une efpece d’Ani- 
maux aufli anciens que le monde, 
& qui ont de tous téms propagez 
dans les eaux de la Mer. On doit 
aufli concevoir , en fe rappellant 
les autres principes qui ont été éta- 
blis enfuite, comment ces Versont 
pu fe trouver en fi grand nombre 
dans la plüpart des Piliers qui fer- 
vent d'appui aux Digues de ce 
Pays. En effet ces Infeites ont 
été d’abord renfermez dans autant 
d'Oeufs ou Semences qui en con- 
tenoient les premiers rudimens, 
comme 1l fuit du troifiéme de ces 
principes. (*) 

Dans les fuivans nous avons de- 


montré premiérement ; qué pres- 
que tous les Infectes dépofoient 


leurs œufs dans des endroits qui 


peuvent aider au développement 


dé PEmbryon, & où il trouvoient 
en même tems de quoi fe nourrir. 
FL 4% "M0 

0 P pe AU 


|  (Ciseh 
Nous avons fait voir enfuite que 
d’autres Infeêtes jettoient quelque- 
fois leurs œufs comme à l’avantu- 
re, & que dès que le petit Animal 
en étoit {orti, 1l fe trouvoit en état 
d’aller chercher fa nourriture. En- 
fin nous avons prouvé que le vent 
& les vagues de la Mer enlevoient 
un nombre anfini de ces œufs, 
qu’elles les entrainoient avec Elles, 
& les tranfportoient enfuite dans 
des lieux fouvent fort éloignez de 
celui où 1ls étoient auparavant. 
C’eft , ce femble , de Pune de 
ces manieres que les piliers des di- 
gues fe feront trouvez infectez de 
cette vermine. Car 1°. les Vers 
qui ont engendré ceux-ci ont pu 
laufler leurs œufs fur la furface du 
bois ,.& les vermifleaux qui feront 
fortis de ces œufs | ayant trouvé 
en naiffant une nourriture capable 
de flatter leur goût , auront rongé 
d’abord ce bois, lauront percé, & 
y feront entrez infenfblement. 3 
| ur 


7 (124) £ , 

2°, Il fe peut aufi que ces œufs 
ayent été jettez à quelque diftance 
peu éloignée du rivage de la Mer, 
& que les petits Animaux qui y é- 
toient renfermez, fe foient rendus 
peu de tems après leur naïffance 
vers les piliers ; fur la furface des- 
quels ils fe feront arrêtez. | 

39. Qui fait fi les Meres de ces 
Infectes n’ont pas fait leurs pontes 
dans des endroits éloignez de plu- 
fieurs lieuës de nos Digues. La 
chofe a pu fe faire de cette manie- 
re ; & il eft. aufli poflible qu'un 
vent favorable pour ces œufs les 
ait jettez. fur nos côtes où 1ls au- 
ront éclos. 

4. On conçoit encore que ces 
petits Vers ont pu prendre naïffan- 
ce dans des endroits fort éloignez 
de nos bords, & qu’enfuite les va- 
gues les ont tranfportez du côté 
des digues. 

5”. On peut croire enfin que ces 
_œuf font difperfez çà & là dans 
| | H les 


(122) 

les eaux , qu'ils s’attachent aux 
vaifléeaux qui fe trouvent en plei- 
ne Mer , & que ces vaifileaux 
les apportent à leur retour fur nos 

CÔTES. | 
Les principes que nous avons é- 
tablis ci-deflus prouvent que ces 
vers ont pu fe communiquer aux 
piliers des digues de quelcune de 
ces maniéres. Ce que nous avons 
dit de divers Infettes dé terre, qui 
paroiflent tout à coup & en grand 
nombre , nous fait aufli compren- 
dre comment il arrive que ces vers 
faflent quelquefois tant de ravage. 
Plufieurs Hazards ficheux pour 
nous & avantageux pour ces vers 
peuvent être la caufe de cette pro- 
digieufe multiplication. Un feul 
vent dans le Printems eft capable 
de perdre tons les fruits d’unecon- 
trée, en portant avec lui des mil- 
lions de petits œufs de mouches, 
de papillons, ou d’autres infectés, 
qui éclofent fur les arbres, & Fe 
mi C= 


Li. : 
144 


À 
#5 


à Cr23) 
depouillent enfuite de leurs feuilles 
& de leurs fruits. 

Mais on voudroit {avoir s’il y a 
lieu d’efperer que ces Vers fe dé- 
truiront bien-tôt ; ou fi l’on doit 


craindre que le défordre qu'ils 


font , n’augmente de plus en plus. 
Vous trouvez tous les jours des 
Curieux qui vous font ces ques- 


nons, & d’autres qui y répondent 


d’une maniere décifive |, comme 
s'ils avoient le don de pénétrer 
dans l'avenir. [Il me femble qu’on 
ne peut rien dire de bien certain 
fur cet article. 11 eft cependant 
plus vrai-femblable que ce defordre 
nc {era pas de longue durée , & 
voici fur quoi 1l me paroit qu’on 


peut fonder cette conjecture. 


Le nombre prefque infini de 
Vers, qui ont criblé les piliers des 
digues cette année , font fur le 
point d’être tous détruits & la 


 plüpart le font déjà. Voici cequi 


me porte à hazarder cette penfée. 
Un 


« 24) 

Un grand nombre de piliers que 
nous avons vüs 1c1 entiérement cri- 
blez , fe font trouvez fans aucun 
Ver. Or nous avons fait vor ci- 
deflus, que ces Animaux n’en for- 
toient Jamais ,; lorfqu’ils y étoient 
une fois entrez & parvenus à une 
certaine grofleur. Ils font donc 
morts dans ces piliers , puifqu'ils 
ne s’y trouvent plus. Ce point ne 
peut être contefté. Mais ce qui 
prouve encore que ceux-là font 2- 
néantis ; c’elt que leurs cafques & 
les 2ppendices de leurs queuës, 
qui font les feules parties qui fe 
confervent après leur mort, fe vo- 
yent encore dans ces piliers. 

Quant aux Vers qui font encore 
pleins de vie, peut-être auront 1ls 
le même fort qu’une infinité d’In- 
fectes, qui naïflent dans le Prin- 
tems, & periflent vers l’arriere fai- 
on. Mais fuppoté que PHyver 
nc les fit pas mourir , il eft toû- 
Jours à prélumer que le nombre -4 

/ 1= 


F (125) 

diminuera confidérablement, d’au- 
tant plus que chacun d'Eux par- 
vient infenfiblement au dernier pe- 
riode de fa vie.  : | 

Il eft vrai , dirat-on, que fi 
nous n'avions à craindre que de la 
part des Vers qui font à prefent 
tout le ravage ; nous aurions lieu 
de nous flatter que ce fleau n’au- 
roit pas de fâcheules fuites ; mais 
la plûpart des Infeétes laiffent 
d'ordinaire avant de mourir une 
infinité de petits œufs , qui éclo- 
fent ou dans le Printems, ou dans 
quelque autre faifon favorable. 

Je conviens du fait, & 1l eft as- 
{ez probable que les Vers en ques- 
tion.fe propagent de cette manie- 
re. Mais voici ce à quoi il faut 
faire quelque attention. La pro- 
digieufe multiplication de ces ne 
cette année , doit être regardée 
comme un de ces cas qui arrivent 
rarement , & auquel quelque mal- 


heureux hazard à donné lieu. Æ 
| Ps à 


(126) 

eflct, cette multiplication ne prou- 
“ve pas que chacun de ces Vers ait 
fait en dernier lieu un plus grand 
nombre. d'œufs que les années pré- 
cédentes ;_ puifque la Nature eft 
ordinairement aflez conftante dans 
fes productions ; & que rarement 
elle va à cet égard au delà des 
bornes qu’elle s'eft une fois pres- 
crites. R . 

Chaque Animal fait un certain 
nombre d’Oeufs ou de Petits, qui 
eft à peu près toûjours le même. 
La Grenouille en fait jufqu’à onze 
cent dans une feule fois , au rap- 
port de Scammerdam. (*) Les 
Poiflons en font un nombre pres- 
que infini , & leur ventre en eft 
quelquefois tout rempli ; felon la 
remarque du célébre Harvée. (T) 

(*) Joan. Swammerdam. -Nox. 2# Horzi 


trodromum. | Ji 
(+) De generatione Animalium , Exercit. 


j (127) 


| 
| 


| 
| 
| 
| 


Leeuwenboek en a trouvé 8 56516. 
dans un feul poiflon , & felon le 


_ galcul de ce même Auteur, un au- 


tre poiflon qui péloit cinq livres 
& demi, devoit en avoir plus de 


neuf millions. (*) Monfieur de 
Reaumur a demontré (f) qu’une 


feule Guèpe eft quelquefois la Me- 
re de près de trente mille mouches. 
Ce même Auteur fait voir encore 
qu'une grofle ÂAraignée de jardin 
produit ordinairement 4 2 500. 
œufs. (+) Dix ou quinze mille 
Abeilles peuvent être produites par 
celle qu'on nomme le Roy , felon 
les obfervations de Monficur M4- 


raldi. ($) 


Les 
(*) Epif. Phoyfiloz. ê 
(+) Mem. de l'Arad. Roy. des Scien. An. 

VAN ES : 
(+) Voyez Experiences on réfiéxions far la 

prodigieufe ductilité de diverfes matieres » pat 
Onfieur de Rezaumur dans les Memoir. de 

l'Acad. Roy. des Scienc. An. 1713. pag. 267. 
(S) Memoir. de P Acad. Roy. des Scien. An. 

1712. pag. 391. €t fuiv. | | 


CI28P : 

Les Animaux les plus voraces, 
les plus carnafiers & ceux qui font 
les moins utiles fur la terre & dans 
—leseaux, produifent ordinairement 
beaucoup moins que les autres. 
_ On peut mettre de ce nombre la 
plüpart des gros poiflons, tels que 
font les Thons, la Balane, le X1- 
phias, & uneinfinité d’autres ; & 
parmi les Animaux terreftres , le 
Lion , le Loup , Ours, la Pan- 
thère , le Tigre , le Léopard , & 
enfin parmi les Oifeaux, les Aigles, 
les Eperviers ‘, les Bufes |, & fur 
tout le Condore, du Perou (*). 
| Ceux; 


(“) Ces Oïfeaux font fort rares , &c font 
bezucoup de ravage parmi le Bétail. Lors- 
qu’ils font deux de compagnie , ils ofent at- 
taquer un Bœuf ou un Taureau, & le dévo- 
rent. Souvent un feul s’eft jetté fur des En- 
fans de 10. à 12. ans, & les # mangez. Ils 
font noirs & blancs , comme les Pies. On 

leur voit fur le devant de la tête une crête, 
| qui eft égale par tout, & reflemble à un ra- 
{oir. Ses pieds fe terminent en griffes com- 
me ceux des poules. Il peut fendre le ven- 
tre 


(129) 

Ceux ; au contraire , qui fervent 
de nourriture aux autres , & qui 
font par conféquent les plus utiles, 
multiplient d'ordinaire d’une ma- 
_niere prodigieufe. Tels font la 
plüpart des Infectes , qui devien- 
nent la proye d’une infinité de pe- 
tits oifeaux. Tels font dans la 
… Mer tous les petits poiflons , & 
_ fur tout les Harans, qui font en- 
 gloutis par de plus gros poiflons, 
_ & dont nous détruifons nous-mé- 
mes un fi grand nombre. 

Or on doit confiderer que le 
nombre des Oeufs ou des Petits 
que chacun de tous ces Animaux 
produit , augmente rarement au 
double, parce qu’autrement le de- 
{or- 


tre à un bœuf avec fon bec. Son Envergu- 
re eft de 15. ou 16. pieds. Une de fes plu- 
mes eft longue de deux pied; , quatre pou- 
ces : le tuyau en:eft long de cinq pouces & 
trois quarts , & large d’un pouce & demi, 
- à l’endroit le plus gros. Tranf. Phil, N° 208. 
. & Derham Theo!, Phyf. | 


(130) 
fordre fe mettroit bien-tôt parmi 
toutes Îles creatures. Lors donc 
que nous remarquons que les Vers 
des digues ont multiplié cette an- 


née d’une maniere fi prodigieufe, 


nous ne devons pas croire pour 


cela, que le nombre des Oeufs de 
ces Infectes ait augmenté au dou- 


ble , au triple,. ou au quadruple 
de ce qu'il eft ordinairement. 
-Pour expliquer ce phenomene, 


4 


il faut recourir à quelque autre 


caufe ; laquelle peut-être nous 
ignorons tous jufqu’à prefent ; & 


je penfe que fur cela nous n’avons: 


guère que des conjeétures à faire. 


Mais quoiqu'il en foit de cette cau- 


fe , on peut regarder cette multi- 


plication comme une epidemie ver- 


mineufe, qui, felon certaines ap-. 


parences, ne doit pas être de lon- 


oue durée. Et de fait, plufeurs. 
cas de cette nature rendent cette 


conjecture aflez vrai-femblable. 


Contentons nous d'en rapporter 


quel- 


| _ (137) 
quelques-uns des plus remarqua- 
D bles -: | He 

On raconte (*) que lan $91. 
il fe trouva en Italie une fi grande 
quantité de Sauterelles , que Pin- 
fection de leurs petits cadavres fut 
caufe de la pefte & de la mortalité 
parmi les hommes. En 874. ces 
mèmes Infectes firent de grands 
ravages en France. Il en parut 
encore un nombre prodisieux en 
1543. MAGA TRE JET 

Les fouris paroiffent aufli quel- 
 quefois en très-grand nombre , & 
font de grands degats. . On doit 
dire là même chofe des chenilles, 
de certaines mouches, & de divers 
autres. infectes. Il y a aufli des 
années ou la pèche de. quelques 
efpeces de poiflons eft beaucoup 
plus abondante qu’à lordinaire. 
On en peut juger par celle du Sau- 
mon & des Harans. 

| LS Mais 


“ 


Gp 


Mais rien n’eft plus digne de re- 
. marque que ce que rapporte le P. 


Pierre François Xavier de Char- 
levoix dans fon Æiftoire de S.‘Do- 


ss 
5) 
9) 
; 


<# 


2 


39 
DL 
29 
9) 
99 
99 
39 
29 
39 
39 


“smimgue. (*)  , I parut tout à 


coup ,; #6 cet Auteur, dans 
lIfle Efpagnole ; & dans celle 
de Portoric ,; une quantité fi 
prodigieufe de Fourmis, que la 
furface de la Terre en fut cou- 
verte. Celles de Portoric a- 
voient des aiguillons , dont les 
picqueures caufoient une dou- 
leur plus vive que celles des A- 
beilles ; dans l’'Efpagnole elles 
n’avoient pas cette incommodi- 
té; mais elles y firent un dom- 
mage infini. Dans lune & dans 
l’autre on étoit contraint, quand 
on vouloit prendre un peu de 

ss TE 


(*) Hiffoire de r'Ifle Efpagnole ou de S: Do- 


mingue. Par le P. Pierre-François Xavier de 


Charlévoix. Tom. 2. Liv. v. pag. 160. € 


. Juiv. 


(133) 


repos , de pofer les quatre pieds 


du lit dans quatre grands bas- 


fins remplis d’eau. Tous les 


Orangers moururent dans PEs- 
pagnole, aufli bien que les can- 
M oucre. 8 lan. | 
La perte des Cañliers , ou Ca- 
neficiers fut encore plus confide- 
rable. C'éroit alors le plus 
grand commerce de Plfle, & 1l 
n'en refta pas un feul pied. On 
avoit beau noyer les fourmis, 
dont on voyoit les arbres tout 
noirs , un moment après C’étoit 


à recommencer. On auroit dit 


que tous les arbres avoient pañlé' 
par le feu : quantité même fé- 


cherent par la racine , & 1l eft 


arrivé plufieurs fois , qu'après 
avoir brülé des monceaux 
d’Oeufs de ces Infettes , qu’on 
trouvoit dans la terre jufqu’à la 
hauteur de quatre palmes , le 
lendemain on voyoit fortir des 
mêmes endroits un aufll grand 

| | QE > nom- 


LA 


«<5T) | | 
nombre de Fourmis, que filon 
n’avoit rien fait. | 
» Les PP. de Saint François à 
rent en cette occafion une expé- 
rience , qui leur réuflit , mais 


que tout le monde n "étroit appa- 


remmenht pas en état de fare. 
Ïls mirent trois ou quatre livres 
de Mercure fublimé fur une ter- 
rafle de leur Couvent , toutes 
les Fourmis d’une demi lieuë à 
la ronde y accoururent , & 


moururent dans le moment, 


qu’elles toucherent à cette com- 
polition. On eut enfin recours 
au Ciel, après avoir tenté tou- 
tes les autres voyes de fe déli- 
vrer d’un fi terrible fleau ; 1l fe 
fit partout des Proceflions géné- 
rales ; mais comme on ne pou- 
voit convenir du Mediateur, 
qu'on devoit fe choifir auprès 
de Dieu pour appaifer fa cole- 
re, on le tira au fort, & le fort 


Loft fur S. Saturnin : on lui 
k fit 
3 


Lé 


| 
| 
| 
| 
| 


FAO 
CAS 
PA) 
# 
ne: 


D” (ess | 
» fit des vœux , & les Fourmis 
» difparurent peu à peu. | 

Tous ces exemples ont, fans 


_ doute , beaucoup de rapport avec 


le cas en queftion. Mas ce que 


_ nous devons fur tout confiderer 


ici, c’eft que tous ces diffcrens A- 
nimaux qui viennent de tems en 
tems/inonder tout un pays, difpa- 


. roiflent d'ordinaire infenfiblement, 
_ foit qu’ils periflent en effet, com- 


me certains infectes qui meurent 


vers la fin de l’Automne; foit qu’ils 


fe retirent ailleurs, comme font les 
Oifeaux de pañfage. 2 
. On n’a jamais vû les mêmes In- 
feêtes ravager un mème pays pen- 
dant plufieurs années de fuite. 
Pourquoi cela ? C’eft que felon 
notre fuppofition , qui eft bien 
vraie , ces prodigieufes multiplica-. 
tions ne font que les effets de quel- 
ques malheureux hazards. Or ces 
hazards font très-rares , comme 
Pexperience le démontre. Il arri- 
HE L 4 | vera 


(ss 7 CRE 
vera peut-être deux ou trois fois. 
dans un fiecle , qu'une Province 
de France ou de quelque autre 
pays , foit inondée & defolée par 
une armée de Sauterelles. ou de 
Fourmis. On a vû des tems, où 
la pêche du Saumon étoit des plus 
abondantes dans certains endroits ; 
mais cela arrive-t-1l fort fouvent 
dans un fiecle? | 

Enfin , pour nous rapprocher 
encore davantage de ce qui fait le 
fujet de cette Lettre, ces Vers qui 
font aujourd’hui de fi grands rava- 
ges, font peut-être les mêmes que 
ceux dont on s’eft plaint en 1666. 
& dans lPavant-dernier fiecle: Ils 
n’auroient donc alors multiplié 
d’une maniere fi prodigieufe que 
trois fois dans trois fiecles. 

On m’abjetter:, peut-être, que 
ces Vers font differens de ceux qui 
ont paru dans les deux dermiers 
fiécles. f’avouëé que Je n’aurois 
rien de fohde à oppofer à une ee 

h reil- 


à Ca37) 


… reille replique , parceque perfon- 
ne, que je fache, ne nous a donné 
la defcription de ces premiers 
Vers, & que par confequent nous 
ne pouvons les comparer avec ceux 

d'aujourd'hui. Mais en laiflant 
lObjettion dans toute fa force, 
qu’en peut-on conclurre? Rien qui 
puifle détruire ce qui vient d’être 

- établi Car enfin , en fuppotant 

. queces Vers paroiflent ici pour la 
premiere fois en fi grand nombre, 
en inferra-t-on pour cela que ce 
fleau nous vifitera fouvent ? Non 

fans doute | puifque mon rai{on- 

> nement auroit encore plus de force 

_ dans cette fuppofition ; que dans 

celle où lon foutiendroit que ces 

Vers font de la mème efpece que 

| ceux qui ont paru autrefois. 

Et de fait, après avoir demon- 
tré , comme J'ai fait, que ces in- 
fectes ont toûjours été Habitans de 
la Mer |, & ont toüjours produit 
leurs femblables | n’y auroit-il pas 

licu 


(138) 

_ heu de s'étonner qu'ils fe manife- 
ftaflent cette année tout à coup, 
& en fi grand nombre pour la pre- 
miere fois. Ne pourrois-je pas 2- 
lors conclurre | qu'une pareille 
multiplication ne s’eit faite que par 
un de ces hazards les plus rares 
qui fuflent jamais. Si ces Vers 
Ont toûjours ‘propagé dans les 
Eaux, pourquoi n'ont-ils pas pa- 
ru pendant près de trois fiecles, 
ou plütôt , pourquoi n’ont-ils ja- 
mais paru. Ce phénomene n’eft- 
il pas alors & plus furprénant, & 
plus rare , que fi l’on prétendoit 
que ce fuflent les mêmes Vers, 
Qui ont été fi abondans dans les 
deux derniers fiecles? Il n’y a per- 
fonne , ce fémble , qui ne doive 
en convenir. 

51 donc le phénomene eft alors 
plus rare, comme il left en effet, 
il faut aufli par la même raifon, 
que le hazard qui le produit le foit 
également ; & par conféquent 

12 nous 


RUE 


Le" 
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R 
] 


À 
ÿ 


4" 


» nous aurons encore moins de fujet 


(139) 


de craindre pour l'avenir. Voici 
à quoi fe réduit tout ce probleme. 
Quel eft le fleau que lon doit 


- craindre le plus pour l'avenir , ou 


celui dont nous avons été afHigez 
deux fois dans trois fiecles, ou ce 
lui qui ne nous a vifité qu’une feu- 
le fois dans le même efpace de 
tems ? Tout le monde dira que, : 
{elon toutes les apparences , Île 
premier eft plus à redouter que 
le dernier ; & c'eft le feul aveuë 
que je demande. Je dis {elon les 
apparences , parcequon ne peut 
répondre de l'avenir , n1 prévoir 
les differens changemens qui peu- 
vent arriver dans l’ordre des éve- 
nemens. On doit fe reflouvenit 
que je fuppofe toûjours que de 
pareils évenemens répondront en 
quelque forte à ceux du pañlé, & 
de telles fuppofitions ne laïflent 
pas d'ordinaire d’être aflez bien 
fondées dans des cas de cette na- 

| ture, 


_ 


(140) 

ture. Pofons le cas, par exemple, 
que deux maladies toutes differen- 
tes, mais également dangereules, 
ayent fait du ravage dans le der- 
nicr fiecle; que l’une ait regné trois 
ou quatre fois, & que l’autre ne fe 
foit manifeftée qu’une feule fois ; 
a’eft-1l pas vrai dans cette fuppo- 
fition, que nous avons plus a crain- 
dre de la premiere que de la fe- 
conde , les caufes qui les produi- 
{ent l’une & l’autre, nous étant é- 
galement inconnuës. 

._ Fout ce que je viens de dire en 
dernier lieu, fait aflez voir que le 
danger auquel ces Vers nous ex- 
polent , n’eft pas fi grand qu’on 
le publie dans les pays étrangers : 
fur tout, fi lon remedie de bonne 
heure, comme on le fait, aux dé- 
gâts qu'ils ont caufez. On s’ima- 
gine que la Hollande eft fur le 
point de fa ruine, & on fait cou- 
rir le bruit que ces Infectes ont pé- 
nétré par tout. Bien plus , des 
gens 


2 
"on 


x \ 
: 
à 


4 


(141) 


gens très-mal-intentionnez ou du 


moins fort imprudens & étourdis, 
ont ofé dire que ces petits Ani- 
maux avoient déjà rongé & miné 
Ja plüpart des Pilotis de la Maifon 
de Ville d’'Amfterdam , en forte 
que ce fuperbe édifice commençoit 
à pancher d’un côté. Se peut-il 
qu'on ajoute foi à des nouvelles 
aufli mal-fondées ! Mais je penfe 


* qu'il eft fort inutile d’entreprendre 


de défabufer le Public à cet égard. 


C’eft au tems à détriure tous ces 
faux bruits. Je fuis, &c. 


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trs Rrrrestre 


AN LCRTISSEMENET. 


Ous avons -crh faire plailir 

au Public en joignant à la 
defcription des Vers à Tuyaux, 
l'expofition fidele du dommage qu'ils 
ont caué dans les Digues , ainfi 
qwelle a été donnée par les perfon- 
nes qui ‘ont drefé le Proces Ver- 
bal dont voici la Tradutrion. 


PR O- 


. Dreflé par ordre des fouflignez & 
communiqué de la part des 1»- 
tendants confeillers & affes: 
Îeurs des Digues du(*) Drech- 
terland à L. N. P. les Seigneurs 
du Corps de la Noblefle de 
Hollande & Wejt-Frile, &à 
L. N. P. les Seigneurs Confeil- 
lers Deputez des Etats de of. 
lande © de Weft-Frife & du 
Quartier du Nord | en qualité 
de Surintendants des Digues dans 

le Drechterland , concernant 
les Decouvertes faites aux di- 
tes “Digues par rapport aux 
Vers trouvez dans les Ouvra- 
ges de Pilotis &c. , comme 

* auffé \touchant les Dommages 
- caufez enfuite par la Tempète 
 & par les Marées. E 


E 15. Septembre 1731., pen | 
_, dant que Mrs. les Intendants 


(#) Territoire ainfi nommé. 


TAG 
& Confeillers des Digues étoient 
occupez à faire la 3" vifite des Pi- 
lotis & des Epaulemens d’Algue, 
ou l’arech, (forte d'herbe que la 
Mer arrache des Rochers en mon- 
tant , & dont les Habitans de la 
Nort-Hollande fe fervent pour 
fouteénir leurs Digues) on vit plu- 
fieurs Debris ; ou Troncs fupe- 
rieurs de Pilotis, qui, pouflez par 
un vent du Nord accompagné 
d’une haute Marée ,; vinrent flot- 
ter vers les Digues qui font fous - 
Pinfpettion d’Énchuyfen & Wes- 

ende , Grootebroek & Bovencar- 
fpel: les habitans du lieu recueilli- 
rent ces debris & les mirent fur la 
Digue fuivant la coutume. Com- 
me il eft arrivé plus d’une fois que 
de pareils Troncs de Pilotis, en- 
dommagez par les glacés & déta- 
chez enfuite par la f'empète, font 
venu flotter vers lefdites Digues, 
Mrs. les Intendants & Confeillers 
des Digues n’y firent aucune atten- 

| 117 MON : 


“ 


(45) 
“tion : Ils crürent que le cas rs | 
“le même , & n’avoient garde. de 
_ s'imaginer que ce. dégar eût été 
ÿ _caufé par des Vers qui avoient one 
gé ces Pilotis, “ans une chef, JS 
| qu "alors inouie. : - | 
Mais après qu on eût recu. Avis. , 
que des Vers extraordinaires, ron- 
‘ * gcoient le bois des. Ouvrages, de 
- Pilotis qui font au TexeZ au Het. 
| der & ke long des côtes de: Frife, 
LS 1 cet avis elit été : confiemé 


lois du Level & ds A D 5. & 
K qu'ils 


(146) 
par un vent de Nord. | 
Mais quelques Perfonnes, de- 


qu'ils avoient été pouflez jufqu'ici 


meurant pres de la Digue fepten- 
trionale ; decouvrirent peu après 


que la plus grande partie des Pilo- 
tis des anciennes Têtes exterieures 
“ ont été abandonnées ; & qui 


ont fituées près defdites Digues. 


d'Enchuyfen & Weflende , Groo- 


tebrock & een 00 étoit ron- 
ë 


gée par de pareils Vers, & que le 


dégat commençoit un peu au des-. 
fus du fond & continuoit jufqu'à 


la hauteur de lendroit du Pilotis 


où la Marée monte chaque jour, 


mais que cependant le plus grand 


dégat étoit vers le fond. Cette 
découverte fut confirmée à l’occa- 
ion d’une petite tempête , pén- 
dant laquelle plufieurs Pilotis des- 
dites têtes abandonnées : furent 
rompus par la force de l’eau, & 
leurs debris ou troncs fuperieurs 
ayant été portez vers les côtes; on 
rs Y 


| 


LA Ci47) 


| ; y trouva quantité de Vers encore 
| « | . : } 
* en vie. Ces debris font aétuelle- 


ment en grand nombre le long des 
|} Digues & des Rivages, de même 
| que chez ceux qui les ont ramañlez 
| où l’on peut voir le dégat que les 
vers y ont fait. 
Ce mal , furvenu fi prompte- 
ment augmentant de jour en 
jour, fut aufli découvert dans les 
êtes exterieures qui font en bon 
état, & qu'on garnit tous les ans 


-de nouvelles perches , (ce qu'on 


appelle rafraichir) afin de confer- 
ver les rivages qu'on a gagnez & 
tacher d’en gagner d’autres. On 


_ le découvrit encore vers la mi-No- 


_ vembre aux. Pilotis & autres ou- 
_ vrages de bois qu'on nomme 
Krebbelingen (*), aux N°. 38. & 
39. , fituez vis-à-vis le Z’zrechs 
ces Pilotis qui font d’un bon bois 

Me A : ss à Re 


; €) Efpece de Paliffade: 


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de fapin ; y ayant été enfoncez 
Pis RS 
L'avis en ayant été donné à 
Broer Smit, en qualite d’Affeffeur 
de Bovencarfpel, celui-ci en don- 
na, part à Mr. Wouter de Jong, 
comme Prefident du Confeil pen- 
dant l’abfence de Mr. Wynand de 
Nieuftad , qui là-deffus en fit la. 
premiere viñite le 7. Novembre 
pendant que la Marée étoit baffle, 
conjointement avec Mr. Pierre 
Straat | Principal Proprietaire de 
terres dans lé-Ooffer-Cogge , & a- 
vec ledit Broer Smit: étant arrivez 
fur les lieux ; 1ls firent rompre.en 
pieces quelques troncs de Pilotis,. 
tant de bois de chène que de fa- 
pin , & trouverent que le mal y. 
étoit déja confiderablement au- 
gmenté, & qu'il s’étoit principale- : 
ment communiqué aux Pilotis de 
fapin. Ils emporterent quelque 
unes de ces pieces qu'ils firent voir 
le même foir à Mr. de Jong, de 
RDC 


F (Éa 


! 


D ee Ve —— 


| 


LA 


(149) 


: Perfgn Intendant des Digues & le 


lendemain à Mr. de Nieuftad au- 
tre Intendant ; füurquoi il fut pro- 
vifionellement refolu de faire arra- 
cher à la premiere occafion quel 


ques Pilotis des plus endommagez 


afin de voir & de decouvrir le mal 
dans fa fource. ji ageAa Ve 
Sur cette découverte certaine, 


. & fur quelques avis vagues qu'on 
… reçut de tems en tems , Mrs. les 
 Intendans des Digues du Drech- 


terland jugerent à propos d’obfer- 


ver de plus pres ce grand mal , de 
| prendre, en cas de progrès, tou- 


tes les précautions convenables, 
& d'y apporter tout le fecours 
poffible pour conferver le Quartier 
du Norz, dont le foin eft fi fort 
recommandé par L. N.P. ; mais 
comme lintendant des Digues de 
ce Quartier ne püt aflifter en per- 
fonne aux vifites qu'on devoit fai- 
re, à caufe d’une commiflion dont 
il étoit chargé , il pria Mr. Jean 

| En de 


(150) 

de Jong de Perfyn d'exercer fa 
fonétion pendant fon abfence , & 
de continuer les vifites avec toute 
lexaétitude poflible | conjointe- 
ment avec les Mrs. nommez ci- 
deflus , & avec le Secretaire La- 
keman. | A 
= En confequence de cette refolu- 
tion ,; Mr. de Jong de Perfyn & 
lefdits Mrs. accompagnez du Se- 
_cretaire Lakeman, fe rendirent le 
12. Novembre , pendant que la 
Marée étoit baffle, à Pendroit, où 
Fon avoit refolu de faire arracher 
un des Pilotis, ce qui fut executé 
fur le champ. Le Pilotis qu’on 
arracha étoit un de ceux qu'on y 
avoit enfoncé en 1718. Îl étoit 
entier & paroifloit fort bon, mais 
après qu'on l’eut fendu avec une 
hache, on y trouva des vers d’une 
grandeur prodigieufe , dont plu- 
fieurs qui étoient encore en vie 
avoient 14. pouces de longueur 
mefure d’Amjflerdam : chaque 

ver 


moit dans le Pilotis ,| le long du 


b (151) 


_ ver de la plus grande forte for: 


fil du bois , une cavité dans Îa- 
quelle on pouvoit prefque mettre 
le doigt : ces cavitez alloient du 
bas en haut, & 1l y en avoit jus- 
qu’à la hauteur de lendroit du Pi- 


lotis, que la marée inonde chaque 
Re 
| jour : a en juger par le cours de 


ces efpeces de tuyaux , les vers fe 


 détournoiïent enfuite de biais & 


puis defcendoient vers le bas , les 
tuyaux devenants , à ce qn'il pa- 
roit , plus longs & plus larges à 
mefure que le vers croit , & le 
vers devenant plus long à mefure 
qu’il ronge le bois , en {orte qu’on 
ne peut en aucune maniere s’apef- 
cevoir qu'il y ait du vuide dans 
ces tuyaux, aufli longtems que ces 
vers reftent en vie. Ce qu'il yade 
plus furprenant |, & qui rend la 


découverte du mal d'autant plus 


difficile | eft qu'on n’en voit au- 


_ cunc trace fur la fuperficie des pi- 


K 4 lo- 


Jotis ; où l’on n’aperçoit que quel- 
ques troux très-petits & prefque 
imperceptibles. 

Ces Mrs. vifiterent encore le 
mème Jour , autant que la marée 
put le permettre, les ouvrages de 
bois , nommez Xrebbingen , qui 
{ont le long des Digues de Boven- 
carfpel, Grootebroek, Enchuyfen 
& Weffende | mais ils n’y décou- 
vrirent que quelques legers com- 
mencement d’endomagements. 

Sur le bruit qui fe repandoit de 
plus en plus du progrès de ce mal, 
on relolut de faire une vifñite le 
long de toute la Digue du Drech- 
terland, ce que ces Mrs. éxecute- 
rent avec beaucoup d’exaétitude 
par le moyen d’une petite barque, 
cn commençant à Broekerhaven. 

Le: 3. Decembre ils allerent de 

Broëkerhaven juiqu'au Wierdyk 
Gufte de Digue) de Venhuyfen 
vers lift, & trouverent que la té- 
te exterieure qui eft en cet en- 
D} à droit, 


1 FLN ES 


| (153) ‘ 
droit , étoit entierement endom- 
magée, & que les ouvrages, nom- 
nez Krebbimgen ; conftruits de 
_boïs de fapin, qui font le long ou 
… devant le #7erdyk jufqu'àa Schar- 
loo étoient tout à fait ruinez, plu- 
fieurs des Pilotis étant même dé- 
ja renverlez , & les autres fi fort 
éndommagez qu'on pouvoit les 
faire tomber en les tirant avec de 
fimples crochets. Quant aux dits 
ouvrages nommez Xrebbingen, 
conftruits de bois de chêne , ils 
trouvérent qu’en effet ils étoient 
endommagez , mais qu'ils ne lé- 
toient pas aufli confiderablement, 
mi en fi grand nombre que ceux 
de bois de fapin. | 4 
Le 4. Decembre , on alla vers 
POueft juiqu'au Leck , & de 
Brockerhaven jufqu'à la pointe 
nommée Zerfluyfer-Hoek. On y 
trouva le même dommage que 
vers PES de Brockerbaven, mais 
à mefure qu'on avançoit vers le 
; K ; _ Sud, 


(154) 
Sud ; on s’apperçut que le dégat 
étoit moins confiderable. On ne 
vit au delà de la pointe nommée 
T erfluyfer-Hoek que 2.ou 3.troncs 


détachez, qui étoient pareillement 


infeftez. | 

Le $. on vifita toute la Digue 
Occidentale , mais on n’y décou- 
vrit rien , non plus que le 6. que 
l’on retourna de Horn à Leck. 

Le 7. on alla le long de Paile 
d'Oudyk jufqu’à la pointe de Guel- 
dre. Tout s’y trouva endomagé, 
jufques-là qu'on fit tomber plu- 
fieurs pilotis en les tirant avec un 
crochet; mais on s’aperçut que les 
ouvrages nommez Xrebbingen , 
conftruits de bois de chêne ,/ é- 
toicnt moins infeftez |, que cer- 
tains ouvrages , nommez Xrab- 
hoosden ; conftruits de bois de 
fapin. 

: On fut obligé de fufprendre cet- 
ce vifite à caufe du vent qui com- 
mençoit à fe lever. | 
DER | Le 


— , 


TO 0 (ss) 


| 


Le ro. Mr. de Jong, ayant fait 
rapport du refultat de cette vifite 
aux Confeillers & autres Ofhiciers 


des Digues, aflemblez pour aflis- 


ter à la remife des comptes de 


la St. Nicolas , propofa à l’afflem- 


blée de déliberer fur les moyens 
convenables pour arrêter ou pre- 
venir le progrès de ce mal; fur- 
quoi il fut réfolu qu’on feroit la 
vifite de la Digue Septentrionale, 
& quenfuite on prendroit les 
mefures qui conviendroient, felon 
que la fituation des affaires lext- 
eg 0 LS 

Mrs. Jacques Benningbroek, 
Jacques Groes & Dirk Bosjager, 
comme Prefidens aflefleurs , refo- 
lurent d’affifter à ladite vifite, & 
d'y accompagner les Mrs. nommez 
ci-deflus. FA 

On la commença le 12. Decem: 
bre au matin, mais l’eau étant 2- 


_ lors prefque aufli haute qu’elle Peft 


pendant la marée , on fut obligé 
| rec TEE 


dt Cm ï 
d'attendre qu’elle fut plus bañe, 
afin de pouvoir faire avec toute 
Pexactitude requife la recherche du 
mal que Peau cachoit. En atten- 
dant le nommé Nicolas Kangman, 
ancien maitre fort expert dans Part 
de piloter , vint leur dire que le 
10. pendant labfence de Mr. le 
Dykgraaf de Jong, qui s'étoit ren- 
du à la remife des comptes de la 
Sr. Nicolas, 11 avoit fait avec fon 
fils une vifite exacte, &avoit trou- 
vé que Pouvrage , nommé Xreb- 
binger , qui eft vers la pointe de 
Gueldre, de même qu'à l'Eft & à 
 FOueft de cette pointe , étoit 1n- 
fefté, principalement dans les ap- 
puis & dans quelques autres en- 
droits. Que les appuis de fapin 
de la nouvelle tête qui eft dans la 
Mer à la dite pointe , étoient pa- 
rcillement infettez: que la tête ex- 
terieurc vis-à-vis de Zent, étoiten 
très-mauvais état: qu’une autre té- 
te exterieure qui eft abandonnée, 
étoit 


Ê- 
| 


(157) 

étoit entierement ruinée; & que la 
cète exterieure près de la Digue de 
Bovencarfpel étoit infettée, mais 
particulierement dans la ligne exte- 
rieure , &.{ur tout dans l'endroit 
où font les 2. ceintures. | 
L'Eau étant baiflée depuis cere- 


cit, & le mal étant à découvert, 


ces Mrs. virent que le bois detaché 
de la pointe du rivage d’Enchuy- 
fem , & dont une partie étoit de- 
vant & fur da Digue , étoit très- 
infefté,, & que tout ce qui {e trou- 
voit près delà étoit entierement 
rongé. Ils virent que la tête exte- 
rieure de Bovencarfhel étoit par 
tout attaquée de ce mal, & qu'un 
des angles qui eft celui qu refifte 
le plus à la violence des Eaux étoit 
entierement rongé: furquoi il faut 
obferver ici, que le bois d’une des 
têtes nuinées qu’on avoit arraché 
vers la fin d’Août dernier, avoit 


_ été trouvé fort fain dans ce tems- 


D ,comme aufli depuis, re 
| ‘eut 


, CCC 0 
feut travaillé, mais que le refte de 
ce bois qui étoit refté au fond, 
étoit aétuellement rongé d’outre 
en outre. On découvrit aufli que 
certains ouvrages nommez ÿJfer- 
kettings, faits en 1728. & 1729. 
étoient pareillement fort infeftez; 
que la tête abandonnée étoit entie- 
rement ruinée, la plus grande par- 
tie en étant renverfée; que les ou- 
vrages appellez Krebbingen, nou- 
vellement conftruits, de mêmeque 
les pieux qui font devant la Digue 
près de Kathock, étoient dans un 
état plus fâcheux que lorfqu’on en 
fit la vifite le 7. & le 12. Novem- 
bre; que la tête exterieure qui eft 
le long du rivage de Groutebroek 
étroit endommagée; que l’ancienne 
tête étoit prèfque ruinée , .& que 
même la nouvelle tête, conftruite 
au mois de Septembre dermier 
d’un bois neuf du Nord, étoit tel- 
lement attaquée de ces Vers , we 

3 Cÿ 


HET + 
2 
LE 


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À 
d | da 
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1 


* 


Ÿ 


(159) 


fes appuis en font prefque entiere: 


rement rongez. | 
On trouva encore que les ouvra- 


| ges appellez Krebbingen depuis le 


°, 37. jufqu'au N°. 34 étoient 


_très-endommagez : fur quoi il faut 
obferver ici que c’eft dans ces en- 
droits-là qu’eft le plus grand dan- 
ger. Tous les ouvrages nommez 


Krebbingen ; qui {ont toüjours 
fous l’eau, même pendant que la 


_ marée eft bafle , de même que 


ceux qu’on nomme Sferkettingen, 


près de Proekoorderhaven {ont 
aufli infeftez. | | 
Quant aux portes de l’éclufe du 
moulin, on les a trouvées en bon 
état, à la referve de leurs poteaux, 


où l’on trouva quelque dommage, 
de mème que dans les Pilotis qui 


font près delà. 
On ne découvrit aucun mal au 
delà de léclufe, mais il eft à crain- 


dre qu'il n’y en ait aétuellement. 


La plus grande partie des per- 
| _ches, 


(5607 : à 
ches , tant celles. qui font dans les 
ouvrages appellez ÆXrebhingen,. 
que celles qui font aux têtes ‘exte- 
rieures , & que la marée mouille 
jJournellement ; font entierement 
gâtées, & l’on a trouvé dans une 
defdites perches , que lon a con- 
fervée , un tuyau percé par des 
vers d’une telle grandeur qu’une 
balle de moufquet pourroit pres- 
que y pañler. ue 

Sur ces découvertes, 1l fut arré- 
té provilionnellement, qu'outre les 
bois preparés qui fe trouvent dans 
les Magafins bien pourvüs , on en 
feroit faire d’autres pour les diftri- 
buer dans les Magafins de Groote- 
drock | Povencarfpel , Enchuy- 
Jen ,; Weflende & Venkuyfe ; & 
qu’on affembleroit 1 $o.perches ap- 
pellées Yauffers , ou demoïfelles, 
de 30. piez de long , afin que fi 
par quelque accident imprevu, les 
ouvrages appellez Krebbingen,ve- 
_noiïent à être emportez , on püt 
con- 


ELA 


Cu 


conferver encore , au moyen des 


Machines qu'on nomme Kaften, 


les endroits appellez W7ers. 


On réfolut aufi de faire recueil- 


dir dans les canaux au moyen des 


moulins , autant d’eau fraiche, 


qu’il eft neceflaire pour en pou- 


voir mouiller fans cefle les éclufes; 
de faire fonder avec des crochets, 


pendant la bafle marée, les ouvra- 


ges nommez Xrebbingen ;  d'éta- 


 Dlir des perfonnes pour avoir foin 


de ces travaux , & d’ordonner 
qu'on doublit le nombre des tra- 
vailleurs dès qu’on aperçevroit le 
moindre danger foit par quelque 


tempête , où par quelque marée 
extraordinaire. 


Voilà le récit des découvertes 
ui ont été faites concernant les 
ommages çaufez par les Vers, & 

Pexpofé des refolutions qui,ont été 
prifés provifionellement &c par 
précaution. 

L N: P. voudront bien permet- 

Le tre 


(1629 | 
tre qu’on ajoute ici, ce que d'ail: 
leurs on ne fauroit leur cacher, 
favoir ,que ce fleau fubit & imprévû, 
fuppofé qu'il ne fit plus de pro- 
orès ,; a déja caufé aux Digues ma- 
ritimes du Drechterland , dans 
Pintervalle de 3. mois | pour un 
million & demi de dommage , fe- 
lon le calcul qui en a été fait , & 
jui fuppofe que tout fera retabli 

ans létat où 1l étoit ci-devant. 

11 paroit par le compte fuivant, 
que ce calcul a été fait felon la ve- 
rité fans qu’on ait rien exageré. 

” Le mal a commencé à la Digue 
Septentrionale au N°. 19. & finit 
au N°. 66. ce qui fait 47. N°. de 
$o. verges chacun , contenant par 
éonfequent une étendue de 2350. 
Vvérges. Îl commence à la Digue 
Meridionale au N°. 1. & s'étend 
jufqu’au N°. 36. ce qui comprend 
une étenduë de 1800. verges, en- 
femble 4150. verges, en ne comp- 
# | _. fant 


D C7. 
tant que les ouvrages de Pilotis 
qui font le long de la Digue : fi 
l’on y ajoûte tous les Sferketfels, 
“ou traverfes , pour détourner la 
maréc , leur longueur fera pour le 
moins telle , que fi l’on y com- 
prend celle qui a été fpecfiée ci- 
deflus , elle 1ra bien à 5000. ver: 
ges, le tout ayant un double rang 
de Pilotis entrelafléz de poutres 
& de pierres. | 
Si lon y ajoûte encore la lon- 
_ gueur des ouvrages nommez Xreb- 
 bingen, qui font le long de la Di- 
. gue Septentrionale , depuis le N°. 
19. jufqu’au N°. 62. & enfuite 
toutes les têtes ruinées ; qui quoir- 
qu’abandonnées ne laiffent pas que 
d'être d’une grande utilité en di- 
vers endroits ; lefquelles étoient 
garnies de poutres & de pierres, 
on trouvera que tout ce qui eft en- 
dommagé , & dont les poutres 
font entierement ruinées , monte 
| | L 2 au 


(164) 
au MOINS à 8000. verges : En COMP+ 
tant feulement pour chaque verge 
un 44m de poutres (certaine mes 
fure) fur le pié de 6o. fl. le ram, 
cela fait f. 480000 


Les ouvrages de Pilo- 
ts, qu’on fuppoñe à de- 
mi ruinez ,; ont couté 
plus de 280. fl. la verge 
lune portant l’autre, les- . 
quelles multipliées par 
4000. verges , qui font 
la moitié de la lon- . 
gueur, montent à f 1000000 
A quoi il faut ajoûter : 
les pierres ; qui bien 
qu’elles ne foient pas 
ruinées , font tellement 
enfoncées dans le fable, 
au defaut des ouvrages 
de pilotis &-des poutres, 
qu’elles deviennent inu- 
tiles : Il y en a pour … 
ghaque verge 3. laft, & 
cha- 


chaque Jaft PURES - fr à 

le pied -de 10. fl monte 

-à 30. fl. par verge , ce 

_ qui fait pour les 4000. 

. verges | f 120000 


CE re] 


somme f 1600000, 


Il eft vrai que les chofes ne font 

_ pas encore venuës Jufqu’à cette Ex- 
. trêmite que les Pilotis & les pou- 
tres rongez par les Vers , ayent 
tous été emportez par la violence 
des Eaux , mais ceux qui favent 
quels coups de vagues ces Pilotis 
doivent efluyer pendant une tem- 
pète , jufques-là qu’on a vû plus 
d’une fois que des pilotis d’un bois 
fan & neuf , tenant ferme dans 
l'eau , en ont été renverfez , com- 
prendront facilement quel fervice 
on doit attendre , de ces Pilotis, 
qui étant rongez. par les Vers fe 
font pas en état de refifter à la 
force des vagues dans la moindre 
L 3 _ tem- 


(166) 

tempête. On en a déja fait une 
trifte épreuve dans le Drechter- 
land & les 4 Noorder-Corgen 
pendant la courte tempête qui s’é- 
leva le 25. & le 26. Decembre 
1731. Car , après que la Mer fe 
fut un péu retirée le 26. on vit 2- 
vec une furprife extrême les riva- 
ges de la Digue Septentrionale du 
Drechterland couverts de bois 
rompus & de poutres brifées: fi la 
Mer ne fe fut pas retirée aufli fu- 
bitement, qu'elle le fit, & que le 
vent eût continué avec la même 
violence, 1l eft certain que la rui- 
ne auroit été beaucoup plus confi- 
derable , car on a trouvé que Îa 
plüpart des pieux qui étoient en- 
core entiers , & qui n’ont été ren- 
verfez que parce qu'ils n’étoient 
pes foûtenus par ceux qui ont été 
rifez, étoient entierement gâtez, 
ce qui fait craindre | qu’au cas 
qu'il furvienne une tempête de du- 
rée, le tout ne foit emporté. 


On 


F : (167 | 
- On fait aflez que les ouvrages 
- exterieurs, conftruits dans la Mer, 
« à l'endroit de la Digue Septentrio- 
- nale où eft le plus grand danger, 
_ne fervent pas tant à foutenir di- 
 retement la Digue , qu’à confer- 
ver & à augmenter les rivages en 
détournant la marée, comme aufli 
_ à rompre les coups de Mer , en- 
forte que quand ces ouvrages vien- 
droient à être emportez, le Pais, 
à ce qu'il paroit , ne coureroit au- 
cun rifque d’être fubmergé ; mais 
fi ce malheur arrivoit un jour, 
ce qu’à Dieu ne plaie, & que les- 
dits ouvrages exterieurs vinflent à 
être entierement détruits , comme 
il eft déja arrivé en partie pendant 
la courte tempête de Nue/, par la 
quelle plufieurs milliers de pilotis 
ont été renverfez , il s’enfuivroit 
que les rivages gagnez peu à peu, 
avec tant de peine & de depenfes, 
periroient en peu de tems, & que 
par conféquent la Digue , denuée 
L 4 de 


(168) 
de ce rempart , & m'ayant plus 
lPapui des Polotis exterieurs , 1e-. 
roit feule expofée à toute la fu- 
reur de la Mer. E.4 h 
_C’eft la maniere ufitée dans le 
Drechterland (*) de conftruire 
quantité d'ouvrages exterieurs afin 
de gagner des rivages, de confer- 
ver ce qui a été gagné. , comme 
par exemple les terres qui font au 
delà des Digues, & ce qu’on nom- 
me les Pers ou V’arechs, à l’ex- 
ception néanmoins d’un petit nom- 
bre de ces derniers qui n’ont que 
6. 8. 10. ou 12. piez de longueur, 
de quelques ouvrages nommez 
Krebbingen, dont le bois n’a que 
28. a 32. piez de longueur , les- 
quels en cas de haute marée & 
lorfque les rivages & les terres au 
delà de la Digue font fous l'eau, 
ne fervent qu'à couvrir la ee 
| à: 


” 


(+) C'eft un territoire ainfi nommé. 


CE 


{A 


l 


K 


(169) 


_ deterre, qui en quelques endroits 


eft plus haute de 18. pieds de 
Rhinland que les prairies , & de 
13. a 14. pieds plus élevée que la 
marée ordinaire : ainfi ceux qui 


_ ont tant foit peu frequenté les Di- 


gues maritimes , jugeront facile- 
ment, que dès qu'on neglige à en- 


_ tretenir les ouvrages exterieurs , Îa 


profondeur de la Mer doit infalli- 
blement augmenter devant la De 
gue , & que par confequent les 
pieux qui y font , ne tenant que 
peu dans le fond , ne font pas en 
état de pouvoir foûtenir tout le 
poids des Digues de F’arech, qui 
dans le “Drechterland {ont une 
fois plus hautes que larges, en for- 


tes que lorfque ces J’arechs tom- 


bent, ou qu'ils font emportez par 
la Mer, la Digue de terre ne peut 
plus faire la moindre refiftance, 


& par confequent , humainement 


parlant , il eft impoñfible de con- 


derver les Digues du Drechter- 


L ÿ land, 


CARS 
land , quand même les Vers ne 
fero'ent d'autre dégat , que celui 
qu'ils font aux ouvrages exterieurs. 
_Cc dernier article feul couteroit 
plus de 800. mille fl. avant qu’on 
pût le remettre dans fon premier 
état, ce que ce pais ne fauroit éxecu- 
ter, dautant qu’il ne confifte qu’en 
13000. arpens qui contribuent, & 
que parmi ceux-là 1l y en a déja 
plufieurs centaines d’abandonnez 
par les proprictaires , outre ceux 
qui font fur le point de l'être, & 
qui le feront fans doute , vü le 
grand nombre de taxes de diffe- 
rentes efpeces dont ils font char- 
gez. 

Si cependant on étoit obligé 
d'abandonner les ouvrages exte- 
rieurs, & de laifler perir les riva- 
ges, & que néanmoins on voulût 
conferver la Digue , autant qu'il 
feroit poflible ; on ne pourroit le 
faire qu’au moyen d’un large Wer 
& de quelques Eftacades ou hi 2 

| n- 


LL Cr ; 
bingen ,; conftruits d’un gros bois 
de chène : chaque verge de ces 
ouvrages couteroit pour le moins 
800. fl. ce qui, à raifon de 4000. 
verges reviendroit à 3. mullions 
200. mill. fl. par confequent au 
double de ce que couteroient les 
reparations des ouvrages exterieurs 
de toute la Digue Meridionale; 
D'ailleurs fi Pon confidere qu’une 
Digue devant laquelle 1 y a une 
grande profondeur, eft plus expo- 
iée au danger que celle devant la- 
quelle 1l y à un rivage , on com- 
prendra Éitercent que cette der- 
niere entreprile, f1 on léxecutoit, 
outre qu’elle couteroit beaucoup 
plus que la reparation propolée, 
rendroit le danger de l’inondation 
infiniment plus grand. 


L.N. P. auront la bonté de 


confiderer | que tout ce qu’on 
vient de dire . n'eft que dans la 


_ fuppofition que le tout-puiffant 


voudra bien appaifer facolere, car 
| fi 


Ed 


ai APE LE 
fi les Vers continuent à faire les 
mêmes dégats, & que par confé- 
quent on ne puifle plus conferver 
aucun ouvrage de Pilotis, ce qui 
arrivera felon toute apparence, 
quelques moyens qu’on employe 
pour détruire ces Infectes, les af- 
faires feroient alors dans une fitua- 
tion bien plus deplorable, puifque 
dans ce cas-à, on feroit obligé de 
fare une Digue d’une toute autre 
forme & conftruétion | ce qui au 
cas que le mal vint à {e communi- 
quer à toute la Digue coureroit, 
dans le Drechterland feul 6. nul- 
lions, chofe impraticable pour ce 
Ps. 0: 200 
Enfin fi lon n’apporte point du 
* fecours aux Digues de #e/t-Frife, 
_ & qu'on ne contribué point aux 
dépenfes neceffaires pour cet effet, 
ce pais ne pouvant y fubvenir 
tout {eul , faute de moyens fufh- 
fants, quand même le mal ne fe- 
roit plus de-progrès, on doit s’at- 
| ten 


FT POMPES —. 
e A f Nd >= 


(573 )}” 
tendre dans peu à uneinnondation 
irreparable, qui commenceroit par 
le“Drechterland, ou les 4. Noor- 
der-Coggen, (*)& s’étendroit par 
toute la eff-Frife & le Quartier 
du ÂMVord : la Mer venant enfuite 
à rompre les Digues de dparen- 
dam & de Maiden , pénétreroit par 
la Mer de Haerlem ; par les ter- 
res adjacentes jufqu'au cœur du 


Quartier du Sd, ce que lon ne 


fauroit empècher , en forte que la 
plus grande partie de la Æo/lande 
Meridionale en {eroit fubmergée, 
& bouleverfée anfi que les autres 


Quartiers |, qui ont été enfevelis 
fous un Lac d’eau falée. 


Toute l’efperance qui nous refte 
dans cette trifte fituation , éft que 
V. N. P. qui connoïflent ce Quar- 
tier, fon état, & fon impuiflance, 
voudront bien prendre en confide- 

ra- 


(*) 4. Etendue de terrein ainfi nommée: 


_ (174) 
ration une affaire aufli defefperée 
& être convaincuës qu’un Boule- 
vard d’une fi grande importance, 
& qui vcritablement eft une Bar- 
riere, qui couvre la Æo/lande con- 
tre la Mer , merite d’être regardé 
& entretenu , comme les autres 
Forterefles aux depens du Pais en 
général; & que L. N. & G. ER en 
confideration des fuites facheufes 
qui font à craindre, & eu égard à 
Pimpuifiance du Quartier , & aux 
taxes oncreufes dont le Drechter- 
land eft chargé , voudront bien 
Pader puiflamment, foit en exem- 
ptant les habitans & proprietaires 
de terres du payement des taxes, 
{oit en leur accordant de la caïfle 
commune, un fubfide proportion- 
né aux Gommages & au danger, 
comme on a fat & que lon fat 
encore à égard des ifles du Zexe/ 
& du Ye 
Ainfi fait & figné le 12. Janvier 
1732. par les fouflignez inten- 
| dants, 


EP: CARE 
'dants, Confeillers & affeffeurs du 
“Drechterland , après la vifite & 
- les découvertes faites en confé- 
quence. 


7. de Fong de Perfÿr; 

Wouter de Fong, 

7. Benningbroek, 

Jacob Groes, le jeune, 
. Dirk Potjager, 

Broer Smit , 

P. Straat. 


S. Lakenman, 
Secretaire. 


PRO- 


PROCES VERBAL. 

Drefflé par les Intendans Confeil- 
lers & Chefs des Digues des 
Quatre Noorder-Cogeen (*), 
communiqué à L. N P. les 
Seigneurs du Corps de la No- 
bleffe de Hollande'& Weft-Fri- 
fe , comme auffi à Mrs. les 
Baurgemaîtres & ceux de la 
Regence des Villes de Haerlem, 
Amfterdam, Alkmaer, Hoorn, 
Enchuyfen &:Medenblik , ex 
qualité de Surintendans des 
.Digues maritimes des quatre 
Noorder-Cogcen ; concernant 
les découvertes faites à la Di- 
gue maritime des quatre Noor- 
der-Cogoen par rapport aux 

Vers trouvez dans les Pilotis, 

poutres &c. © aux dommages 
caufez enfuite par la Tempête 
&* par les Marées. 


KR. le Dykgraaf Dirk Hout- 

Æ tuyn & les Regens des 

Ve 16 qua 
(+) Terreins ainfi nomme. 


(177) 

quatre Noorder-Coggen ayant re: 
cû au mois de Septembre dernier, 
des avis certains que les ouvrages 
de Pilotis & autres, tant au Texel 
qu’au Aelder , ‘avoient été rongez 
par une efpece de ver inconnu, 
 & ruinez enfuite en très-peu de 
tems par les vagues de la Mer; 
craignant avec raifon que ce mal, 
qui augmentoit de jour en jour, 
ne vint à fe communiquer a leurs 
Digues, comme étant les plus ex- 
poiées ; s’aflemblerent le 17. du 
même mois à Æarswoud , ‘con- 
Jointement avec les principaux pro 
prietaires des terres fituées fous les 
Digues de Æejt-Frife. ls y ap- 
prirent .que plufieurs troncs fupe- 
rieurs de Prlotis de bois de chêne, 
encore en bon état, avoient été 
pouflez vers cet endroit par la der: 
niéte haute marée ; venant à ce 
qu'on fuppoloit du Texel-ou du 
 Hélder | ce qui a été verifié-en- 
fuite après une plus exaéte recher- 
| M che. 


(178) 

che. On alla vifiter ces troncs que 
les habitans du. lieu avoient mis 
fur la Digue. Je. paroifloient a- 
voir été. rompu .vers le fond : on 
en fendit un entrautres , dont le 
bois. qui étoit de chène fembloit 
encore. neuf. On trouva qu'il 
_ était percé par tout, .que les cavi- 
tez..qu'on ÿ:voyoit en quantité 
étoient larges d'environ la grofleur 
d'une pipe. à -tabac & remphes de 
certains Infetes encore vivants; 
aÿant la formeexterieure de-vers; 
dune fübftance glaireufe.., : mais 
dont Ja. tête étoit- dure & paroiffoit 
affez. femblable. à. celle d’une- tor- 
tuë ;; & que ces Infectes avoiént 
tellement. rongé ce:.bois , -qu’on 
pouvoit le rompre, facilement. avec 
les doigts. aps ee fps d'ange An+ 
ftrüment.… 

>; Get: Soit avoit. f- Éomt: Se 
les fpectateurs ;; qu'en fe regardant 


aÿec 3 air sontiqne ils s'écrie- 


4% du à 


ds À LE vas 
… (799) 
ent tous, Dieu veuille nous prés 


ÿ Jerver d'un femblable fleau!. 


f 
La 


ÿ 


Sur cette découverre le Dyk-. 
graaf & les Chefs des Digues fé. 
donnerent tous les fois ppilibles. 
pour découvrir fi:ces troncs, a+. 
voient: point été dérachez des Pi 
lotis de cette Digue, & fi ce! mal 
ne s’y étoit point comimumiqié ;; ils 
crûürént ‘enfin :$ 'appercevoif que 
quelques : Pilotis : nétoient point 
fermes; & f doutant qu ils bas 
roient bien être infeftés on refolüt, 
de vifiter toute da: Digue ; ; dang: 
une étendue d'environ 3900.:ver- 
ges, ‘&, d’exanuner autant qu'il-fer: 


. soit poñfible, les’ Effacades , têtes: 


& autres ouvrages conftruirs dans; 
la Mer : certe vifite fe fit lezrs 
Novembre, lorfqu” après avoir hâ+, 
ché lé bois des Piloris: «en divers 
endroits, on trouva que plufieurs 
des’ Eftacades, : "Fêtes ;: Eclufes de 


Mer; & autres ouvrages devant da 


Digue , étoient infeftez de ces vêrs: 
2: - (00 


{180) 
dans l'efpace d'environ 2700. ver: 
ges, & que le bois étoit rongé de- 
puis le fond jufqu’à la hauteur de 
Fénérois ou leau monte avec la 
marée , n’y ayant d’exempt de ce 
mal que le bois de quelques en- 
droits ; qui font à fec ; pendant 
que la marée eft baïfle, & qui font 
en petit nombre. | 
Le Dykgraaf Houttuyn refolut 
là-deflus de convoquer pour le 26. 
du même mois, tout le corps, qui 
confifte en 17. membres ou depu- 
tez de la Regence de Medenblick, 
& en 16. villages, afin de leur fai- 
re part de cette découverte, & dé- 
libérer enfemble fur cette affaire, 
& fur les moyens où précautions 
qu’on trouveroit à propos de pren- 
dre pour conferver la Digue, 
dont le foin leur a été confié par 
E'NEPC'oUr | 
Les dits membres s'étant aflem- 
blez au jour fixé , furent extraor- 
dinairement furpris de cet acci- 

dent: 


| 9 


"OR | 
dent : après avoir deliberé là-deflüs, 
ils refolurent de faire arracher quel- 
ques Pilotis aux endroits ou Peau 
avoit le plus de profondeur, afin 
de voir fi les chofes y étoient dans 
un état aufli facheux, & qu’en at- 


tendant on feroit faire certaines 
Machines nommées Kattem , fai- 


tes de poutres de 36. piez de long, 
afin de conferver par ce moyen la 
Digue de l’arech (forte de Digue 
qui foutient la Digue de terre) au 
cas que les Pilotis vinflent a être 
renverfez on emportez par quelque 


tempète. sc 


_ En conféquence de cette refo- 
lution on fit arracher quelques Pi- 


lotis dans les endroits fpecifiez, & 


on les trouva tous infeftez. 

Sur cette découverte on refolut 
d’obferver le progrès que feroit ce 
fleau, ce qui fut executé, de tems 
en tems , avec toute l’exactitude 
pofñlible, par le Dykgraaf, les Chefs 
des Digues , & les maîtres des 
QE M 3 Cog- 


. C4) 
Coggen , qui ont Pinfpeétion fur les 
-Eclufes; l’on obferva de cette:ma- 
mere jufqu’au 25. Decembre ; au 
quel temps le vent Nord-Oueft 


qui avoit commencé la nuit précé- 


dente avec beaucoup de violence, 
continua tout le Jour avec la même 
force; la nuit fuivante on s’apper- 
çût avec une furprife extrême que 
diverfes Eftacades avoient été em- 
‘portées avec leurs poutres, pierres 
&c. & que les Wers, qui foutien- 
nent les Digues ,; depouillées de 


lcurs appuis , menaçoient de tom- 


ber dans la Mer , mais on prevint 
cé malheur à force de bras, & au 
moyen de ces Machines qu’on 
nomme Kaften , dont on a fait 
mention ci-deflus. Le lendemain, 
le vent ayant un peu ceffé on vit 
la Mer le long de la Digue, cou- 
verte d’une quantité extraordmaire 
de Pilotis rompus , & de poutres 
brifées, qui étant venu flotter vers 
les côtes, furent jettées fur la Di- 


QUE: 


L 


| 
# 


Pis 


| (183) 
gue. On les éxamina & lon trou- 
va qu'ils avoient été tous rompus 
près du fond , qui étoit Pendroit 
où les vers avoient fait le plus de 
dégat. Le Dykgräaf, les Repens 
& les principaux proprietaires ju- 
gerent , après uñe exaéte recher- 
che , qu'il étoit péri en 6o. en- 
droits différents au devant dela Di- 
gue, pour le moins 250. vergesen 
étendue d’Eftacades , avec toutes 
leurs poutres & dépendances. 

Si le vent n'eut point ceflé aufli 


 fubitement , & que la Mer ne fe 


fut point retirée , le dommage au- 
roit fans doute été beaucoup plus 
confiderable , ce qui fait craindre 
avéc raifon , {1 l'on n’y remedie 
promptement ; que le tout ne foit 


_€mporté à la premiere tempête qui 


fera de quelque durée. | 
Dans une fitrifte circonftance, 
& pendant une faifon aufli peu fa- 


vorable , le Dykgraaf & les Re- 


_ gens crürent que rien ne feroit 


M 4 plus 


(184) 
plus convenable , pour arrêter les 
_Narechs des endroits emportez, 
que d’enfoncer de demie verge en 
demie verge, devant la Digue, un 
Pilotis de 30. a 40. piez de long, 
d’en enfoncer un autre dans la Di- 
gue & de les lier enfemble au mo- 
yen d’une poutre ou tenaille. En 
conformité de cette refolution, on 
acheta le 2. Janvier ces materiaux, 
-& l’on convint avec un entrepren: 
neur pour léxecution de louvra- 
gc ,; auquel on travaille actuelle- 
ment avec toute la diligence pofii- 
ble, cet ouvrage devant être ache- 
vé dans peu. ‘ho 
Voilà le recit des découvertes 
faites touchant les dommages cau- 
{ez par lés Vers , & de ce qui a 
été refolu pour prevenir de plus 
grands dégats. 1, 41,4 
Qu'il foit permis au Dykgraaf & 
aux Regens de mentionner 1c1 les 
raifons qui font craindre que ce 
fleau, fi Dieu par fa grace n’en ar- 
FE Re rète 


1 


+ ét OP 
"7 
; 
« 
À 4. A 
4 
4 
» 


(185) 


_ rête le cours, n’ait des fuites très: 


funeftes pour ce territoire. Pre- 
mierement parce que le progrès 


qu'il fait eft très promt : cela con- 


te parce qu’on n’a trouvé aucun 
indice ni apparence de ce mal, 
dans plus de 6000. Pilotis qui ont 
été arrachez, au mois de Juillet & 
d’Août derniers, de quelques viel- 
les Eftacades qu’on devoit reparer, 
ce qui eft une preuve évidente que 
c'eft depuis ce tems-là , que ce 
fleau eft parvenu au point où 1l eft 
à prefent. 

En fecond lieu parce que la plus 
part des Eftacades , & autres ou- 


vrages font en pleine Mer , ayant 


aux endroits les moins profonds, 
5. 6.7.a 10. piez d’eau , & ail- 
leurs 12, 14. 15. 18. a 20. piez, 
enforte qu'ils font tout à fait expo- 
{ez à être rongez par les vers. 

Enfin parce que le dommage , 
fuppofé même que ce mal ne fit 
plus de progrez, monte déja, fui- 
D, vant 


(186) 
vant le calcul qui en a été fait, 2 
plus d'un million ; : car pour les 
feules poutres ou tenailles , au nom: 
bre de ÿ4. employées pour arrêter 
le V’arech, on a du achetter 1122. 
Pilotis ,| ce qui avec les frais mon- 
te à 1: f 26440-13-0 
; Four | és autres: Soon 2: 
materiaux comme DIU OE 
fer, planches &c.  f 3000. 0-0 
Les fraix inévitas 7 
bles qu'il a fallu fai- 
rè pendant & après -::4 11 1. 
latempêtemontentà ff 6880-0-0 
Les Machines, de 
nommées Xaften, 
dont on 2 fait men- 
tion , ont couté ‘  f 2000 
Somme f 38320-13-0 
Les reparations Jp S17 
qu'il faudra faire 
aux ouvrages déja 
emportez , fur lé- 
_ tendue de 250.ver- 
Tea gs, 


(187) 
Pges , «mentionnées: #1, ‘ot 
. ci-devant, fur lepié 
- de ÿoo. fl. par ver- | 
| ge monteront à 71125000 

Somme f 163320-13-0 
|. Car chaque verged’Efta- 

cade confifte en 16. pilotis 
de bois de chène depuis 
24. piez jufqu’à 50: a rai- 
fon de 13. fl. lun portant 
l'autre, ce qui. fait: ::1 f 208. 
14. planches de $.à 6.fols f 4 . 


Pour les ouvriers qui en- 


foncent les pilotis f 100 
Pour 2. raams de poutres 

chaque raam à 60. fl. jf +28. 
Pour la voiture F 61. 
Pour 21. laft de pierres f 30 
Pour le fer | ur 


Somme f 00 
Le mal commence R 
depuis le N°. 2. 'jus- 
qu’au N°. 9. & depuis jt / 


(188) 

le N°.13. jufqu'au N°. 
80. chaque N°. con- 
tient 50. verges , ce 
qui fait en tout 3700 verges, 
De plus 150. ver- | 
ges , pour des dou- 

bles têtes ou jettées 

qui font dans la Mer, 

garnies de poutres, 

près de la Ville de 

Medenblick , lefquel- 

les compofées au dou- 

ble font 300 

ti Somme 4000 verges, 
_ Il y a encore envi- 

on 22 5. verges de jet- 

tées fimples à lOueft, 

& 800. verges des 

fus-dites à PEft de la 

Ville de Medenblick. 

Sans compter le dommage caufé 
aux Elufes, lefquelles fi on venoit 
à les reparer, couteroient chacune 8. 
à 10000. fl. en forte que les mr 
| | €< 


COR 
{eroient inexprimables , fi tous les 
ouvrages de bois qui fervent à re- 
fifter à la Mer alloient perir, ce 
qui arrivera fans doute fi ce fleau 
ne difcontinue pas. 

Quoique les chofes ne foient 
point encore venuës à cette extre= 
mité qu’à l'égard des Eftacades, 
contenués dans le 2 ÿo. verges dont 
on a fait mention, ceux qui favent 
combien ces ouvrages extcrieurs 
font déja gâtez | à quelle force 
d’eau ils doivent refifter,, & com- 
bien ils font expofez aux rudes 
coups des glaces détachées après le 
degel , comprendront facilement 
ce qu'on doit attendre de {eurs 
pilotis. | | 
_ Quant au danger auquel on fe: 
roit expofé après que les Digues 
de Varech, (forte de Digue pour 
foutenir l1 Digue de terre) feront 
 denuées de leurs appuis ; par la 
perte des ouvrages exterieurs , il 
eft impoflible qu’elles puiflent fub- 

| VS TT ANEES 


 … CU 
_fifier, d'autant que ces Digues de 
Varech, qui ont été pofées fur le 
bord de a Mer pour prévenir la 
profondeur qui fe forméroit fans 
cela devant la Digue de terre, doi- 
vent être foûtenués par les Eftaca- 
des & autres ouvrages , autrement 
<lles tomberoient d'elles mêmes 
dans la Mer , fans parler du dan- 
ger où les expoferoit une tempête 
par un vent de Nofd-Oueit, puis- 
que la Mer en furie haufle pen- 
dant une feule marée , de 9. a 10. 
piez plus qu’à l'ordinaire & dans 
ce Cas-là , il pourroit y avoir de- 
vant la Digue une profondeur 
d’eau de 24. 25. a 30. piez , ce 
qui cauferoit une imnondation 1irre- 
parable dans ce Quartier. 

La fuperficie des terres en de- 
dans & près de la Digue feroit a- 
lors plus bañle' que l’eau de 13. à 
14. piez ; celles qui font près 
d’'Aardswond étant à prefent plus 
bafles que la marée ordinaire de 3. 
< , piez 


(191) 
» piez.& 1. quart ; celles qui font 
près de Lambertfchaag ,de 3. piez 
& dem; celles de Coppershorn de 
3. piez; celles de Z'wzskerweg de 
2. piez & demi, & celles qui font 
près de la Villé de Medenblick de 
3. piez & 3. quarts. Une telle 1- 
nondation, dont Dieu veuille nous 
préferver ; ne fe borneroit pas dans 
les quatre Noorder-Coggen ; elle 
s'étendroit. aufli dans les autres 
quartiers de #eff-Frife & de tou- 
tes les Digues interieures, tant an- 
ciennes. que nouvelles ; de forte 
que les Polders (*) dans la Nord- 
Hollande. y {croient ‘pareillement 
: Lefdits : Dykgraaf: &  Repens 
prennent la hberté de reprefenter à 
V. N:P: en peu -de mots ,. & le 
plus-fuccinétement qu'il: leur et 
pofhble , Pimpuiffance où font les 
“HO 220 XÉHOTE: \" 04 con- 
C7 Marais deffechez dont on à fait dés 
MONO UD « 11572D-19 i 


(192) 
contribuans de ce quartier ; de 
continuer, comme ils ont fait jus- 
qu’à prefent , lentretien ordinaire 
_ des Digues , bien loin qu'ils puis- 
fent fournir aux reparations de ces 
dommages immenfes, où entrepren- 
dre la conftruction d’une nouvelle 
forme de Digue, qu'on pourroit, 
eu qu’on feroit obligé d'inventer. 

_ Car on a depenfé depuis plus 
de 30. ans 170. mille fl. par année 
pour Fentretien de la dite Digue 
maritime ; quelque œconomue 
qu'on ait tâché d’y aporter. 

Les quatre Noorder-Coggen, 
confiftant en 11000: arpens de ter- 
re ,; y ont dû contribuer pour le 
tiers, fans comprendre l'entretien 
des ouvrages intérieurs des Pol 
ders | comme 24. grands moulins 
à eau, avéc leurs dependances, 8. 
orandes Eclufes de Mer , Pentre- 
tien des ponts, canaux &c. com- 
me aufli les interêts des capitaux 
négociez ci-devant , qui font fort 

| en 


(193) 

€n arriere; enforte que chaque ar- 
pent de terre ; a dû contribuer 
pendant lefdites années 11. fl. par 
an, Ce qui joint aux taxes ordinai- 
res & extraordinaires | nommées 
Verponding , égale en quelques en- 
droits la ferme de la terre , & la 
furpañle même en certains en- 
droits, ce qui eft caufe qu'il y en 
a déja une fi grande quantité aban- 
données ; & que plufieurs autres 
font fur le point de Pêtre. 

L’unique efperance qui nous 


refte dans cette circonftance , eft 


que V. N. P. convainçuës de nô- 
tre trifte & dangereule fituation; 
voudront bien, felon leur puiffan- 
ce, leur fagefle | & leur bonté or- 
dinaire diriger les chofes d’une tel- 
le maniere , que L. N. & GP. 
les Etats de Hollande & de We/t- 
Frife, perfuadez de limportance 
d’un tel rempart , -puiflent le re- 


garder comme une Barriere où une 


Forterefle , qui couvre toute la 


ne ( ï 94) ; 
Hollande contre un dangereux en 
nemi , & ordonner. quil foit en- 
tretenu aux depens de la Genera- 
lité, ainfi qu’on entretient les au- 
tres Forterefles : . & que L. N. & 
G: Pen confideration- de cette fi- 
dele expoñtion de l'état des 9w4- 
tre Noorder-Coggen :, aideront 
graciéufement ; {oit. en-exemptant 
des taxes les habitañs-& contri- 


| goomnt ‘la,plus convenable , {lon 


ES À 


contribuer 4dux fraix, des Eftacades 
qu'on <onftruufit de la longueur 
de 1200: vergés depuis le Port de 
Medenblick juiqu'à Tawrsmarge, 

qu'on nomme à prefent Zwzsker- 
eg. Mon. 0 CO ONCINRS 

AE Sut- 


NE da un dt 2 FT 


Ne coeur 

| Sur uoi les D AH C= 
gens. qi de V. N..P. les 
très-obéiflans Serviteurs. Les Jri- 
tendants Conféillers & Chefs des 
Digues > “ONf figné la prefente au 
nom de tous. Fait à 2 VASE le 
29. Fevrier LYS. 


D. NDS OE | 
Corn. Van der M, : 
Dirk Jan/z Keorn, 

| Fean Sal, 1e 

= Pro. Berts, . 

_ À. Rootjes,. 
Szmor Pieter, rlE. ps ms» 
Ar1S Renfe us, 
Corn. Groot, 


G. Re 


'Becretairq 


or 4 


bis. d 


PROCES. VERBAL' 


Dreffé par ordre du Dykgraaf où 
Intendant des Digues & des 


Regens des territoires nommiez 
Geéeftmer-Ambacht, Schager & 


Niedorper-Coggen , pour être 
communiqué aux Séigneurs du 
corps de la Nobleffe de Hollan- 
de & Weft-Frife , ou à l'un 
d’entre eux , & à L. N. P. Zs 
Jeigneurs Confeillers-Deputez 
des Etats de Hollande & Weit- 
Frife , dans la Weft-Frife & 


dans le quartier du Nord, en 


qualité de Surintendans des 
Digues maritimes de Welt 
Frife. | | 


Le Dykgraaf & Regens 


ont dit qu’en lannée 1731. 
& en dernier lieu le 19. le 20. & 
le 21. Fevrier 1732. ils ont obfer- 
vé & examiné leurs Digues & ou- 


vrages fervant à refilter aux A 


| 


#7. C7 | 

&e la Mer, avec autant dediligen: 
ce & d’exattitude que ceux des 
territoires du Drechterland & des 
quatre Noordér-Coggen, & qu'ils 
ont trouvé que généralement tou- 
tes les Eftacades , les Pilotis , les 
Eclufes & autres ouvrages qui font 
dans la Mer, étoient infeftez par 
les Vers, aux endroits qui ne font 
jamais à fec pendant la bafle ma- 
rée , & que le tout y étoit telle- 
ment rongé ,; qu'il eft à craindre 
que ces ouvrages ne foient empor- 
tez par la premiere tempête , où 
par quelque marée extraordinaire. 

Les territoires de Geeftmeram- 
bagt, Schager & Niedorper-Cog- 
gen ont enfemble 5. grandes Eclu- 
{es fervant à décharger l’eau du 
pays dans la Mer. On 2 trouvé 
que non feulement les ouvrages de 
Pilotis |, fervant de remparts au 
Wier ou Varech , & à la Digue 
de terre ,; étoient entierement in- 
fcitez , & prefque ruinez par les 
N°$: 1. vers 


NU... em hi 
vérs ; mais même que cé mal sé 
toit auf Communiqué aux pieux 
& autres ouvrages qui font devañit 
les Eclufes, qu’on n’éléve que pen- 
dant fa baffle marée, & lorfqi’elles 
péuveñt s'ouvfir pour y faire pafler 
l’éau, Enforte que fi ce mal conti 
fuë , les Eclufés refpectives de- 
iiéuréront expofées à un dañgér 
ctrème , & l’on né pourfa éviter 
de lès enfermer par dés Digues où 
par dés chauflées, auquel eas élles 
déviéñdront inütiles, puifqu’on ne 
pourroit plus s’en fervir pour dé- 
chatgéer léau dâäns la Mer , au 
grand préjudice du Païis. 

" H éft vrai que s’il né furvenoit 
point d'inondation dofit Dieu 
veuille nous preférver par fa gfa- 
ce ; les fusdits territoires féroient 
én état de fubvenif , pat eux mé: 
és; aux fraix des réparations dé 
fous ces dommages, s'ils h’étoient 
pas obligez de contribuer pour 
Penttetien des Digues refpectives ; 
+ | | rte 


1 1: (tom 
_& autres ouvrages du territoire de 
_ Drechterland & des quatre Noor- 
der-Coggen; mais on fait que jus- 
qu'à prefent ces territoires ont dû 
payer 29. fl pour cent de toutes les 
depenfes faites pour lentretien des 
Digues maritimes de /72//-Frife, 
dont celui de Geeffmerarmbagt pa- 
ye 15. fl & Schager, & Nicdor- 
per-Coggen 14. fÎ. | 
Les fupplians ajoûtent, que c’eft 
une chofe furprenante que la quan- 
tité de terres qu’on eit obligé d’a- 
bandonner de tems en tems & de 
laifler en friche : on n’en donnera 
qu'un feul exemple; la jurifdition 
de Schager confifte en 1766. ar- 
pens de terre contribuables, on en 
a laiflé en friche 350. par confé- 
quent près d’un cinquieme, .ce qui 
_confte par les liftes particuleres. 
Enforte que les perfonnes commi- 
fes à recevoir les contributions ne 
pouvant fe fure payer , &c les ter- 
res qui ne rapportent rien , étant. 
| N 4 à 


à Pabri d’être éxecutées | les arrez 
rages des taxes montent fi. haut 
qu'il eft impofñlible d’y pouvoir fa- 
tisfaire. set A Lt 
_ On en fera moins furpris fi l’on 
confidere qu'on n’a jamais fait la 
moindre remife aux dites terres, 


mais qu’au contraire elles ont été 


furchargées par de nouvelles taxes 
qui leurs ont été impofées par le 
Souverain , pendant les guerres & 
autres defaftres ,  jufques-là que 
fouvent on a levé én une feule an- 
née 3. fois le huitieme denier des 
rien AS di Pr re fie 
Si lon obferve la chofe de plus 
près on trouvera , qu’outre les 
charges infupportables qu’ils doi- 
vent fupporter pour lentretien de 
toute la Digue de Weft-Frife, les. 
fupplians font encore obligez d’en- 
tretenir plufieurs Digues interieu- 
res d’une étenduë de 5000. ver- 
ges ; 76. moulins a eau, 5. dou 
bles Eclufes de Mer , gris de 

ou: 


| 


DES 


Snhiei cloifons & autres ouvra= 
ges » dont l'entretien coute plus 


que celui de 10. fimples Eclufes 3. 
Éclufes fimples pofées fur le Canal 
de Schermeer Ringfloot, 16. dites 
abandonnées; plus de 100. portes 
&c. Ils font encore obligez de pa- 
ver, outre les fraix pour lentretien 
des Digues & les huitiemes de- 
niers ; les taxes qu’on nomme 
Raaxmaat & Molen Gelden , & 
celles de Hondsbofch &c. lefquel- 


les depuis ce fiecle , ont été au- 


gmentées de la moitié & même des 
3. quarts. 

Lefdits diftrits avoient déja: re 
folu, avant même qu’on fe fut ap- 
perçû de ce nouveau fleau , de re- 


prefenter au Souverain , qu ils ne 


peuvent plus fupporter des fraix fi 
normes: car il eft certain que de- 
puis ce qu’on appelle le Redrès de 
Vannée 1632. les 16148. arpens 
de terre, compris dans cesdiftriéts, 
ont payé annuellement , outre les 

N' 5 char 


(202) 


chargés ci-deflus mentionnées, 
107270 f ÿ-8. pour la feule taxe 
qu’on nomme ’erponding où hui- 
tiéme denier ; & à prefent chaque 
atpent doit fournir pour cette taxe 


& autres, au moins 20. fl. 

Si Pon remarque combien peu 
valent aétuellement les denrées, on 
trouvera que les habitans font 
moins en état que jamais de fup- 
pléer à tant de charges; & ce qui 
rend la chofe plus defesperée eft 
que les habitans & les proprietai- 
res abandonnent peu à peu le 
pais. Da 

Ils doivent reprefenter à cette 


occafion ; à leur grand regret, 


que leurs terrés qui confiftent en 
16148. arpens, favoir 9548. dans 
le territoire Gec//merambacht & 
6600. dans ceux de Schager & 
_ Niedorper-Coggen ; étoient déja, 
pour ainfi dire , reduites à rien, 
avant même que les vers ayent pa- 
ru ; c’eït-à-dire que fi on les ven- 
STE doit 


| (203) “V3 
doit Puñe portant Vautré , élles 
né produiroient rien , parcéque 
les charges, furpañlent la ferme où 
revenu de ces terres. | 
. Les fupplians font encore char- 
géz du payement des intérêts pour 
des fommes confiderables qu'ils 
Ont émpruntées : le courage leur 
manque lorfquw’ils fongent à ce nou- 
veau fleau dont ils viennent d’être 
frappez. Ils fe referent à ce qui 
a été reprefenté à ce fujet, dans 
les procès verbaux des territoires. 
de “Drechterland & des quatre 
Noorder-Coggen. Hs ne feront 
point mention de ce coup fatal 
dont ils ont été accablez à Pocca- 
ion de la mortalité parmi les bés- 
tiaux, Payant fait amplement par 
leur Requête à L. N. & G. P. de. 
Pannée 1718. à laquelle L. N. P: 
les Seigneurs Confeillers-Deputez 
donnérent le 15. Avril 1719. une 
favorable reponfe : c’eft pourquot 
ls fe flattent que V.-N. P. vou- 


dront 


(204) 
dront bien appuyer leur Requête 
commune prefentée au Souverain, 
conjointement avec le Drechter- 
land & les quatre Noorder-Cog- 
pre de | 
Ils ne peuvent pafler fous filen- 
ce une chofe qui leur eft très-fen- 
fible , favoir que chaque proprie- 
taire tache de fe defaire autant 
qu’il lui eft pofhble , des terres 
qu’il poflede dans les territoires 
nommez Geeffimerambacht, Scha- 
ger & Niedorper-Coggen ; on la 
même déja fait avant la decouver- 
te des vers; ce qui eft d’une très- 
dangereufe confequence. 
_. Enfin on ne peut s'empêcher 
de faire remarquer combien les 
chofes ont changé depuis 80. ans 
_& même moins : car on trouve 
dans les Livres des Colleftes des 
40% & 8”. deniers, que les terres 
dans Geeflmerambachbt , Schager 
& Niedorper-Coggen ont été ven- 
duës dans les années 1650. & 1655. 
in- 


OR © 
inclufes 13. à 1400. fl. lParpent 
l’un poîftant l’autre. A 

Les fupplians prient très-hum- 
blement V. N. P. de vouloir , en 
confideration des raïfons alleguées 
ci-deflus , les maintenir & les {e- 
courir promtement , afin de pre: 
venit leur totale ruine: furquoi ils 
demeurent avec uni très-profond 
refpect de V. N. P. très-humbles 
Serviteurs. Les Dykgraaf & Re- 
gens de Geeflmerambacht , Scha- 
ger & Niedorper-Coggen. 


T: Saskerus, 

FH. van der Oort ; 
Facob Lansb, | 
G. Warmenhbuyfens 
7: D, H OP 5 
C. van der Bees, 

P. Lagedyk, 

7. Langeboer, 
P.van der Beek, 

L. van der Beets. 


Fait à Alemar le 14. Mars’ 1732; 


REQUETE 


A L.N. @G. P. les Etats de 
… Hollande & Waff-Frife. 


Æ Es Intendants , Confeillers , 
_. &, Aflefleurs , & propricetaires 
de terres , du Drechterland , 
guatre Noorger-Coggen » Geejt- 
merambacht, Schager & Nicdor- 
per-Coggen , compofant le Cercle 
des Digues Maritimes de Wejf- 
Frife ,; remontrent très-humble- 

ment, que PEtat & la haute Re- 

gence du pais de Hollande & de 

Wet-Frife, ont de tout tems été 

très attentifs a la! conférvation des 

Digues de Wefi-Frife , & autres 

ouvrages fervant, à refifter aux 

efforts de la Mer, les regardant 

comme le rempart & le foutien, 

non feulement de la Æe/f-Frife, 

_ & du Quartiér du Nord. mais 
aufli de la Æollande Meridionale 

qu reflentiront les fuites 1rrepa- 
ra- 


(207) 
rables d’une: inondation dans. la 
Weft-Erile & le quartier du Nord, 
dont Dieu veuille nous preferver. 
C’eft pour cette raïfon, N. G. & 


P.. Seigneurs qu’en l’année 1466. 
se Province de Hollande, 
(à da. refervye des Quartiers de 
Defland &Schieland) fachant de 
quelle importance 1l étoit de con- 
ferver la Digue maritime des ter- 
ritoires nommez les gwatre Noor-. 
der-Coggen, qui, dans ce tems-là 
n'étoit pas fi fort expolée ;\ qu’elle 
left à prefent , aux rudes coups 
des vagues de la Mer , a contri- 
bué, aux depenfes de 1200. ver- 
Le d'Éftacades, conftruites pour 
a fureté de cette Digue | une fi 
grande ;depenfe ayant été jugée 
trop jongrcufe non feulement pour 
les: terres contribuables fituées {ous 
la jurifdiction de cette digue, 
mais même pour tout le quartier 

Que le danger ayant confide- 

| r 


a- 


(208) 
rablement augmenté depuis ce 
tems-là , & dans la crainte que 
cette précieufé reparation faite à 
la dite Digue ne fufhroit pas pour 
mettre ce Quartier ,; & toute 12 
Hollande à Vabri d’une inonda- 
tion ; d'autant que Peau dela 
Mer du Nord pañflant , pendant 
une haute marée ou flux extraor- 
dinaire , fur le terrain nommé 
Koe-Gras ; tomboit avec impe- 
tuofité dans la Mer du Sud , & 
alloit fe jetter contre la dite Di- 
gue & contre celles de Gee/fmer- 
ambacht, Schager & Niedorper- 
Coggen | qui par là étoient obli- 
gées d’efluyer les rudes attaques 
de l’eau de la Mer |; on 2 jugé 
à propos vers l’année 1610. dé 
conftruire une Digue de fable, 
qui s'étendoit depuis Keefen jus- 
qu'à Huysduynen de la longueur 
d'environ 2000. verges |, & que 
pour mieux empêcher , comme on 
l'efperoit, la chute fubite de à 

é 


+ 


{ 


(109) 
de la Mer dans la Mer du Sud, 
on a conftruit en 1629. une autre 
digue de fable entre lIfle du 7e. 
xel & l'Eyerland ; mais que ce- 
pendant toutes ces précautions 
n’avoient pas produit l'effet dont 
on s'étoit flatté , puis que l’expe- 
rience a fait voir que leau de la 
Mer, privée de fon cours ordinai- 
re par deflus le Koe-Gras , à cau- 
fe des digues de fable qu’on y 2- 
voit conftruites, a dù chercher un 
autre cours & le prendre par les 
-Embouchüres de la Mer. Ces 
pañlages étant plus étroits ils ont 
rendu par confequent le cours de 
Peau plus rapide , en forte que 
non feulement ces Embouchüres 
en font devenuës plus larges & 
plus profondes | mais même que 
l'eau y pañle avec beaucoup plus 
de rapidité ; fur tout pendant 12 
tempête , premierement fur les 
Digues des quatre Noorder-Coc- 
£en, sb aCi : sé » SChager 
ad 


| (210) | 
& Niedorper-Coggen | & enfuite 
fur les Digues plus avancées de la 
Wejt-Frife. | #4 

Afin de prevenir, s'il étoit pos- 
fible ce flux & attaques extraordi- 
naires, empêcher cette fubite chu- 
te d’eau, & diminuer le fein de la 
Mer du Sud, V.N. & G. P. ont 
accordé en 1629. 1657. & 1663. 
un Oktroi pour enfermer par une 
Digue le terrain , nommé Koe- 
Gras , & mème elles ont offert 
d'accorder 200. mille fl. de la cais- 
fe de l'Etat pour encourager cctte 
entreprife, mais cela n’a eu aucu- 
ne fuite. 

En 1666. afin de mieux aflurer 
& conferver la Digue maritime des 
quatre Noorder-Coggen ; on a 
propofé à V. N. & G. P. d'anne- 
xer. par une Digue FPlile de /ze- 
ringen , à la terre ferme du Koe- 
Gras, pour former par ce moyen 
un bañlin à fec devant Co/borm, 
tout le Geefmerambacht ; Scha- 

| | ger 


. oi (ait) .'k 
ger & Niedorper-Cogréh, vomine 
Auïli dévant la Digüe marititié des 
quatre Noorder-Coggen ; mais 
cètte éhtreprife n’a poitit éu d’ef: 
fét |, quoique par ordre de V. N° 
& G. P. on en eut dreflé le Plañ 
& les Cartes, & qu'on eut fait uñ 
état des fraix néceffaires. : 
‘En 1690. vù le danger éinént, 
- cette affare à été rémife fur le ta- 
pis par Mrs. de Medenblick, avec 
cé fuccès qu'après plufiéurs délibe- 
fations | & après avoir intéffogé 
plufieurs experts dans les affaires 
de la Mer, Pilotis, &c. & fondé 
ëh 1689. par ordre de V.'N. & 
G.P. & en prélence de leurs Com: 
fmiflairés | la Mer du Sud & fes 
Embouchüres, on à enfinen 1699. 
dreffé un nouvel état-dés fraix ne- 
ccilairés pour une telle éntréprife, 
lequel a été préfenté à V. N. & G: 
P. par les Séigneurs CGonfèillers- 
Deputez en #2/f-Frife ; fuivant 

Kur avis du 7. Janvier dé h mêmé 
| ii Ne an 


Ga) | 
année ; mais cette entreprife fü 
de nouveau fufpenduë , ou rejet: 
tée, foit à caufe des fraix exceflifs, 
qui felon ledit avis montoient à 2. 
millions 808. mille 244. fl. foit 
parce qu'on ait jugé qu'il étoit 1m- 
pofñlible d’executer cette entreprife 
avec 25. a 26000. hommes (qui 
devoient lachever en peu de 1e- 
maines, où même en peu de jours, ) 
& d’amañler un fi grand nombre 
de bâtimens & de materiaux dont 
on avoit befoin pour une telle en- 
treprife , foit enfin parce qu’on a 
craint qu'un ouvrage fi important 
m'eût pas le fuccès qu’on en atten- 
doit , enforte que ces Digues font 
reftées dans la même fituation pe- 
rilleufe. | 
… Ileft vrai, que ces Digues ont 
été entretenues jufqu’à prefent au 
moyen des charges exceflives ; 
mais elles ne l'ont été qu'aux dé- 
pens & à la ruine des proprietai- 
res des terres; on en voit de triftes 
res= 


| Fr. CA 
reftes par mulliers , en ces Quar: 
tiers, favoir des pauvres orphelins 
dont les parens, riches autrefois, 
ont été ruinez à caufe des taxes 
exorbitantes dont leur terres étoient 
chargées, & qui ne pouvant payer 
les arrerages defdittes taxes aban- 
donnent tous les jours leurs terres, 
lefquelles reftent à la charge du 
pais au grand préjudice du pu- 
blic. we | AS 
Dans cette trifte fituation où les 
peuples font épuifez par la trop 
grande quantité de trop fortes ta- 
_xes dont ils ont été furchargez 
pendant les guerres continuelles 
que PEtat a dû foûtenir ; comme 
nous lavons plus amplement re- 
prefenré à V. N. & G. P. par 
notre Requête de l’année 1718, 1f 
a plu à Dieu de nous preferver jus- 
qu’à prefent d’une inondation 1rre- 
parable ; mais depuis l'automne 
derniére il nous à frappé d’un nou- 
veau fleau, par des vers inconnus, 
‘0 3 les: 


# ah 
lefquels dans un fi court intervalle 
de tems , ont rongé & percé la 
plüpart des gros Pilotis de Mer 
depuis lé commencement de la 
Digue de Nzedorper., dés quatre 
INoorder-Coggen & du Drechter- 
land jufqu’à a pointe de Ter/luys, 
_& au delà du Village de Venhuy- 
er, dans une étendue de 12050. 
verges, OUIrE 5400. autres, verges, 
qu'on craint qu'ils n’ayent déja en- 
dommagées enforte que pendant la 
tempête & la haute marée du 25, 
& 26. Decembre 1731. les Eftaca- 
des. de la feule Diguc, des quatre 
Noorder-Coggen ,  pourvuës de 
 perches , pierres &c. ont été ém- 
portées en, divers endroits dans Pé-. 
tendue d’environ 250, verges, par 
où ce quartier demeure expolé au 
dañger dêtre fubmergé; fans com- 
pter les. dommages. confiderables 
arrivez. à, la Digue du. Drechter- 
land & autres, Comme on le trou- 
v£, plus. amplement deduit ns les 
a ro- 


mm. 


| … Cap) 
Procès Verbaux annexés à la pré* 
fente. Ainfi quand mème on par- 
viendroit à detruiré ces Vérs, ileft 
cépéndant certain que la plüpart 


_ dés ouvrages de Pilotis ; qui fub= 


fiftent encore font én général très 
cndommagez | & rongez par les 
Vers ; enforte qu’ils doivent tous 
être reparez, ce qui demande une 


fomme très-confiderable, tant pour 


l’achapt des pieux & autres mate- 
riaux , que pour le falaire des ou- 
vriers ; laquellé fomme furpañlérx 
fans doute le produit annuel des: 
térrés | & même leur valeur. Et 
comme les habitaris. & lés proprie- 
taires ne font pas en état de porter 


‘un fe grand fardeau; &c qué les 


fupplians né favent plus quels mo: 
yéns employer ; 1ls ont récours à 
V. N. & G: P. & les fupplient 
trèsthumblemenñt. de: vouloir confi 
dérér qu'à moins d’une promté re-! 
päfation  abfolument neceflaire 


dont les fraix feront exceififs , la’ 


O 4 Di- 


ee ON 


Digue fera emportée & le païs fub- 
merocé; d'où s’enfuivra la perte de 
tant de belles Terres |, Eglifes & 
Maïfons , la ruine de tant de peu- 
ples , & la diminution des finan- 
ces de V. N. & G. P. C’eft pour- 
quoi les fupplians, n'étant pas en 
état d'entreprendre une telle repa- 
ration , & n'ayant pas d’ailleurs 
aflez de credit pour acheter une fi 
grande quantité de materiaux , 1ls 
{e trouveroient obligez de remettre 
à V.N. & G.P. toute la Digue 
de Weft-Frife, comme étant leur 
domaine ; ainfi ils implorent & 
fupplient V. N. & G. P. de les fe- 
courir dans une neceflité fi preflan- 
te, & d'employer des moyens qui 
puiflent reparer ce rempart , com- 
me étant par rapport à la Mer, la 
Fortérefle la plus avancée & la 
plus expofée de PEtat, & de pre- 
venir que la Mer , venant à per- 
cer par quelque endroit, n’englou- 
tifle tout d’un coup une Province 

‘ ens 


: 
k 
5: 


» (2879 Fi 
entiere , laquelle on ne pourroit 
plus recuperer n1 par les armes ni 
par d’autres moyens, puifque tout 
{eroit emporté , hommes, églifes, 
mailons , terres & beftiaux , car 
S'il n’y a point de Digues , 1l n’y 
aura plus de terres & par confe- 
quent plus d’habitans. Aïnfi com- 
me cette affaire merite l'attention, 
les foins & les fages déliberations 
de V.N. & G. P. les fupphans 
attendront avec refpeét la favora- 


ble KRefolution de V. N. & G.P, 


Ce que Jai[ant , ÊTCe 


Day cè RE 


RELATION. 


Du dommage qu'ont fait Les Vers, 
aux Digues de Leelmde € de 
 WPff-Frife. 


NE fleau s'eft manifefté en 
4 Zeclande, dans les mois de 
Septembre &, d'Octobre 1730.Sui- 
vant une Relation authentique. de 
Middelbourg , les Vers avoient . 
fai & rongé quelques Piliers de 
la Digue de e/f-K appel, qui fut 
rompuë par une petite tempète ; 
& les Piliers qui reftoient ayant 
été cxaminez ainfi que les autres 
ouvrages de charpente , furent 
aufli trouvez faifis des Vers , & 
dans un état pitoyable. | 
F On ne seft apperçu de cett 
verminc dans la Nort-Hollande, 
que vers la fin de l'Eté en 173 se 
| É 


4 ( 219 ) 
. Ce dangereux Infecte- s'attache 
aux bois & aux Pilotis des Digues, 
les penetre & les ronge én tout 


{ens, tellement que ces bois refem- 


blent à des rayons de miel & de- 


viennent par la fi foibles qu'ils 


tombent d'eux-mêmes, ou que le 
moindre vent les emporte. “ 

Il eft neceflaire pourtant de re- 
marquer que le mal n’eit pas fi 


grand qu’on le publie ; & que 


ceux-mêmes qui font chargez du 


fon de l'entretien des Digues en-. 


dommagées font) de leur mieux 


pour perfuader que le dommage, 
eft plus confiderable qu'il, n'eft en 


| ra 
_ Dans l'examen qui 2.été fait au 
commencement de. cette année,, 
de la Digue de Weft-Frife , on à 
remarqué que tous les Piliers. n’é- 
toient point attaquez de ces. Vers, 
qu'il y en avoit plufieurs. parmi 


ceux qui étoient tombez; qui n’en. 


_avoient point été touchez , mais 


qu'ils 


(220) 
qu'ils avoient été ruinez par le tems 
ayant été employez depuis près de 
50. ans. | 
On à encore remarqué que ces 
Piliers ou Pilotis ne font attaquez 
& rongez que dans la partie , qui 
cft dans l’eau ,. dont la hauteur eft 
d'environ trois pieds, fans que les 
Vers pénétrent dans la partie qui 
eft dans le fable, ou dans la Vaze, 
n’y qu'ils s’attachent à celle quieit 
au deflus de PEau, ne pouvant pas 
vivre fur l’Eau , ayant été obfervé 
au contraire qu'aufli-tôt qu'ils vo- 
yent l'air , 1ls meurent & rendent 
peu après une mauvaife odeur. On 
a experimenté qu’ils vivent encore 
moins dans le fond de la Mer, par 
un bois d’ancre qu’on en a tiré, a 
la rade du Zexel , le bout qui a- 
voit été enfoncé dans le fable n'é- 
toit aucunement endommagé , au 
lieu que l’autre bout étoit entierc- 
ment criblé. - ee. 
Il ÿ a divers opinions fur l’origi- 
| | nc 


=. 


(221) 

ne de ces Vers ; mais fi deftituées 
de fondement qu’oneft reduit à di- 
re, que liniquité & le grand nom- 
bre des pêchez énormes de ce Païs, 
ont pour ainfi dire ; forcé la main 
de Dieu de frapper ; &c d’avertir 
par cet Infette , fes habitans adon- 
nez au vice, de fe convertir. 

_ Qui pourroit depeindre le trifte 
état ou fe trouveroit la Province 
de Nort-Hollande ? qui pourtoit 
donner une idée des miferes qui 
defoleroient la Sud-Hollande & 
particulierement les Villes d’Ams- 
terdam & de Haarlem, sil arrivoit 
une inondation générale que nous 
devons toûüjours apprehender ? 

Il y a quelques perfonnes en Zee- 
lande , qui foutiennent qu'il fe 
trouve ordinairement en Eté fur les 
bois des Digues des petits Ani- 
maux nommez dpringertijes ou 
Petits [auteurs | de la grandeur 
_ d'un poux de brebis, que ces Ani- 
maux étant examinez avec un Mi- 

Ni CTOS« 


a, a: PET 
Crofcope , paroïflenit d'uñè foutre 
extraordinaire ; & avoir quantité 
de pattes, qu’à la Vérité, ils ne pé- 
nétrent pas dans le bois, mais que 
jettant de leur fémence dans les 
fentes, il s’en engendre des Vers. 
D’autres penfént que les Vers 
viennent d’une cértaine ordure ou 
moufle , que produit Ia Mer dans 
les jours caniculaires | & qui flot- 
te contre les Piliers & les bois des 
_ Digues. | A do 
-- Enfin il y en à qui prétendent, 
que le vent de Nord qui a regné 
séndant deux Etez confecutifs a fait 
venir ces Infeétes {ur nos côtés , y 
en ayant eu dans la Mer du Nord 
depuis 40. à 50. annéés. | 
Dans la Province de Hollandé 
on a eu aufli diverfés opinions, 
qu'il eft inutile de rapporter: of 
cru entr'autres chofes que la Mer 
étant devenuë plus falée en Pannée 
1731. à caufe qu'on a manqué dé 
pluyes & de neiges, & que les Ri- 
| ViC- 


(223) 
vieres n’y abondant pas a beaucoup 
près, tant qu’il auroit été neceffai- 
re ; pour rafraichir & temperer 
P£au falée , elle avoit produit ces 
vers plus abondamment que les au- 
tres années & leur avoit donné 
plus de force par le fel & les cha- 
leurs fuperflues. Comme on s’atta- 
cha à cette opinion on efperoit 
que l’abondance des pluyes & des 
neiges & les gelées du cemmence- 
ment de Pannée 1 73 2. chafleroient 
ou feroient perir la vermine, & 
pour cet effet , on fit continuelle- 
ment tirer de l'Eau de toutes les 
Rivieres qui coupent le Païs, par 
les moulins fituez vers les Digues, 
afin que les Eclufes pourvues 
d'Eau douce | puflent plus facile- 
ment en communiquer à la Mer & 
la rafraichir autant qu'il feroit ne- 
ceffaire. 

Ce qui donnoit cette Efperan- 
ce, c’elt que Mrs. les Deputez de 
la Vile de Horn avoient raporté a 
| ceux 


(224) 

teux des autres Villes de Nort- 
Hollande , avoir remarqué que le 
-acht avec lequel ils avoient fait 
Ja vifite des Digues, avoit été at- 
taqué des Vers, dans le tems qu'il 
étoit dans PEau falée, mais qu’aufli- 
tôt qu'ils furent rentrez dans le Pais 
fur l'Eau douce, tous ces Vers fe 
trouverent morts, ce qui leur faifoit 
conjecturer qu'ils ne peuvent pas 
vivre dans PEau douce. 

Quoiqu'il ait paru par les avis 
des Provinces de Zeelande & de 
Weft-Frife qu'il y a eu des inter- 
valles ou lon fe flattoit que f1 les 
Vers n’étoient pas tous morts , 1ls 
étoient au moins , confiderable- 
ment diminuez. Quelque recher- 
che qu’on ait faite , on n’en a pu 
decouvrir la jufte caufe, n1 celle 
des progrès qu'ils ont faits peu 
de tems après ,' ainfi qu’il eft ex- 
pliqué dans une lettre d’un des In- 
#pecteurs des Digues de la Provin- 
ce de Zeelande, portant que cette 
| Vers 


D (on 
_ Vermine fut découverte dans lés 
‘mois de Septembre & d'Otobre 
1730. & qu'ayant diminué :enfui- 
te ,. on ne s'en étoit plus aperçu 
que dans le mois d’Août 1731. 
qu’elle avoit confiderablement mul- 
mie, enmonce at gare 
- On a obfervé que lors de la: dé- 
couverte de cés Vers, a la Digue 
de Weft-Frife , 1ls y étoient en 
plus grande quantité ,- qu’ils n’ont 
été dans la fuite, puifqu’on trouva 
parmis. les Pilotis qui en étoient 
attaquez & qu’on tira hors de pla- 
ce:,, plufieurs de ces bois qui n’y 
étoient que depuis fept ouhuit fe- 
maines, entierement criblez. Quel- 
que tems après au contraire, on ÿ 
fit placer deux Pilotis dont l’un :- 
voitété feché au feu pour en tirer 
toute l'humidité  & on les en ôtx 
quelques femainës après , dans le 
mème état où 1ls étoient lorfqu'on 
les avoit placez & fans la moindre 
piqueure. On:a appris neanmoins, 
toc M: « dans 


Case : :: 

dans fa fuite que les Vers, yétoient 
revenus en grande quantité. | 

On n’a encore trouvé aucun re 
mede pour faire perir ces Infectes, 
n’y pour en garantir le bois, com- 
me 1l paroit par les avertiflemens 
mis dans les gazettes ; afin que 
ceux qui aufont cru trouver quel- 
que remede à ce mal puiflent s’ad- 
drefler aux Infpecteurs des Digues ; 
de forte que nous ne nous arrête: 
rons point aux diverfes propofii- 
tions qui leur ont été faites | aucu- 
nc des compofitions dont on a fait 
Feflai ,: n’ayant été approuvée, n’y 


acceptée.» ! 41100 TO 
| Où a cependant eu foin, des la 
découverte de ces Vers ; aux Di- 
ues de Zeelande & de Weft-Fri+ 
fe, d’en faire une exacte vifite & de 
raccommoder les. endroits les plus 
endommagez & les plus foibles. 
Dans cette derniere Province on 
employa par provifion, des ancres 
de fer & des quyrages à tenaille, 


(351) 
pour faifir la Digue d’'Algue où 
de Varech qui étoit fans enceinte, 
& l'empêcher de culbuter dans la 
Mer , ce qui auroit mis la Digue 
de terre en peril d’être emportée 
par les vagues. D 
On a prefenté divers projets afin 
de prévenir une inondation , ce- 
pendant nous n’en placerons 1ct 
qu'un feul qui a été trouvé le plus 
convenable. … : À: 30 
. On propofe de faire une contre 
Digue d’Algue ou de Varech du 
côté de la Mer , & tout contre la 
Digue de terre , & d’y enfoncer 
un rang de groffes poutres de bois 
de chêne attachées l’une à lPautre 
par des chevilles & boutons de fer, 
de faire affefler la Digue de Va- 
rech.  & d’en attacher les paliffa- 
dés à ces poutres. - DElues 
On compte avoir trouvé par la 
un moyen für: pour garantir les 
Digues des Vers , puifque les Pi- 
lois & les autres ouvrages de 
P 2 char- 


| (2:28) 

_€harpenté, fe trouveront couverts 
par la Digue de Varech, que cet: 
te vermine ne pourroit pas péné- 
trer. On croit avoir furmonté par 
cette methode , tous les dangers 
auxquels la vicille Digue a toû:- 
Jours été expolé & qui confiftoient 
en ce que la pefanteur & les di- 
vers morceaux, qui fe font déta- 
chez de la Digue de terre ‘bres- 
doient & faifoient pancher la Di: 
gue de Varech, qu'on étoit obligé 
de fortificr pour l’empêcher de 
tomber dans la Mer, ce quinefera 
plus neceflaire ; encore moins de 
fe fervir d'ouvrages à tenailles ‘& 
de pallffades ou fafcines filon fuit 
la methode qu’on vient d'indiquer. 
f\ égard des dépenfes neceflaires 
pour cette operation 1l eft bon de 
remarquer que les Intendants des 
_Digues auront beloin, pour les re- 
parer par le moyen des ouvrages à 
tenaille dont on .fe fert à prelent, 
d’unc fomme de 375025. — 


HR (229) 

de laquelle deduifant les fraix des 
Ouvriers, 1l leur en coutera 306540. 
florins ; mais alors on ne pourra 
pas foutenir que les Digues foient 
en état de ne plus rien craindre; 
au contraire on a remarqué que 
fi on ne remedioit au panchant 
que la Digue de terre fait faire a 
celle de a , tout l’ouvragé 
feroit inutile ; & que tôt ou tard 
on feroit obligé de faire encore 
des dépenfes qui ne finiroient pres- 
que jamais. | “a 
= Au lieu q’on pretend que le pro- 
jet ci-deflus étant executé , coute- 
roit tout au plus 621. florins & 8. 
dols la verge, | 


La Digue de Varech f 450: 


Les Pilotis f\x2x 
Ceintrage | 5-6 
Boutons, chevilles &c. f 5 
Salaire des ouvriers  f° 40. 
62 1-8 | 


Ps Nous 


M. OLD 

_ Nous avons dit que la repara- 
tion eft évaluée à 306540. florins, 
avec cette fomme on pretend qu’on 
pourroit faire $oo. verges de Di- 
gues par lefquels les endroits les 
plus endommagez pourroient ètre à 
couvert, & lon épargneroit ce que 
coutéroit une quantité confiderable 
d'ouvrages à tenaille. | | 
On fuppofe qu'il y a dix mille 
deux cent vingt cinq vérgés à la 
Digue de tout le Cercle de Weft- 
Frie | qu'il faudroit faire racco- 
moder ou entretenir. En faifant 
cette reparation ou entretien En 40. 
années, favoir de 256. verges par 
an en commençant par les endroits 
les plus faibles, 1l en couteroit les 
prémieres années la fomme de 
159078. florins par an , Ce qui 
n’égale pas les fraix que la Provin- 
ce de Weft-Frife à fupportez, de- 
pus plus de treñte années , mon- 
tant à 170000. florins par an, fc- 
lon le verbal qui en a été fait & 
G'iO fi AE. de CE pre 


(2317: | 
prefenté a L.N.P. les Etats d'Hofs 
lande. Il eft vrai que dans le 
cour de ces quarante années, on 
fera obligé de garder & de racco- 
moder les autres endroits des Di- 
gues , que cela ne laifléra pas de 
couter encore des fommes: miais 1} 
eft vrai aufli qu'avec 2 56. verges dé 
nouveaux ouvrages on profitera de : 
23075. florins, qui étaient emplo- 
vez pour les ouvrages à tenaille 
dont on n’aura plus befoin, & qui 
Pun portant l'autre revenoient à 
quarante cinq florins Îa piece; & 
comme on aura foin d’ôter les pre- 
miers ceux qui coutent le plus , la 
fomme qu'on épargnera par la de- 
viendra de tems en tems plus 
grande , fi lon ajoute à celz 
10922. florins que les 256. verges 
de cet ouvrage coutent moins que 
170000. florins ,; il en reviendra 
33997. florins ; dont on pourroit 
4e fervir à entretenir les vieilles Di- 
gues, durant les quarante années, 
ÿ | P4 _ pen- 


C32) | 
pendant que cet entretien dimi- 
nuera d'année en année de 256. 
vergés jufqu’à ce que tout foit fini, 
alors on épargnera tout à fait cha- 
que année ces f 33997..& on au- 
ra des Digues qui couteront fort 
peu à entretenir , n’y ayant point de 
Prlotis n1 de bois expofez aux Vers. 

On pretend ainfi que c’eft-là le 
moyen, qui coutera le mains & le 
plus für pour la reparation les Di- 
gues & par lequel elles feront dans 
un tel état , qu’on pourra vivre en 
repos dans le pais & l'habiter fans 
inquietude. ù | 
-. Depuis peu on parle d’un reme- 
de pour exterminer cetté vermine , 
ou du moins ; pour faire en forte 
que les Pilotis foient dans un telétat 
que les Vers, qui, felon [a fuppofi- 
tion faite ci-devant , ne les ron- 
gent qu’à une certaine hauteur, ne 
puiflent pas y pénétrer : ce feroit 
de faire fécher ces Pilotis-au feu, 
où autrement , pour en tirer lhu- 
1914 R ” d #11 


midité , eomme on fait a l'égard 


des cordes avant de les soudron- 
ner , afin que Île goudron puifle 
mieux les pénétrer , on feroit de 
mème à l'égard de ces Pilotis en les 
enduifant d’une compofition morti- 
fere pour cette vermine, qui n’y 
toucheroit point fans y trouver la 
mort. e 


On dit qu’on fera l'éffai de ce 
projet, & le tems nous aprendra 


de quel avantage il pourra être. 


Ps _ CA: 


“:) 


D 


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is. ne” 
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corps humain par J. B. Winflow. 4. | 
= la même 12. 4. tomes. 
Eflais für la noblefle de France ; contenant 
une Difiertation fur fon origine & abaïfle- 
ment par feu Monfr. de Boulainvilliers. 8. 
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liberté de homme & l’origine du mal; 
+ par Mr. Leibnitz. N. Ed. augmentée dela 
Vie de lAuteur. 12. 2 vol. fous preflé. 
——— Philofophique fur lame des Bêtes; 
. ou lon traite de fon Exiftence & de fa 
nature ,. & ou l’on mêle par occañon di- 
-verfes Réflexions fur la nature de la liber- 
té, fur celle de nos{enfations, {ur l’union 
de lame , &cc. & où l’on refute diverfes 
Objeétions de Mr. Bayle. 8. 
——— fur la bonté de Dieu , la liberté de 
- Fhomme-& Porigine du mal: traduit de 
‘  PAnglois de Mr. Chubb. 12. E 


GATALOGUE 


Rprit des converfations agréables , OU nou< 
veau melange de: penfées, choifies par 
ml de Pitaval. 3 vole 


EF. 


L'Emmes des XII. Cefars ; contenant la 
Vie & les Intrigues fecrettes des impe- 

ratrices & femmes des premiers Empe- 
reurs Romains ; ou l’on voit les traits les 
plus intereflans de l’Hiftoire Romaine, 

… par Mr. de Serbies. 12. 3 vol. 

Fonctions des Officiers de Cavallerie & d’In- 
fanterie; par Birac 42.3 vol. fig. 

Fables choiïfies mifes en Vers par Mr. de la 
Fontaine. 8. avec fig. | 

g—— par Mr. de la Motte. 4. Paris. bel- 
le Édition avec figures. 


G. 
Grrri à des Lignes par Me Croufi. 


2 vol. 
pe prie de Clermont. 
Géographie univerf{elle de N oblot. 12. 6. vol. 
sem Dar de la Croix. 5 vol. fig. 
Grammaire Efpagnole & Françoife de Sobri- 
no. 8. N. Edition. 


H. | 


ftoire de: la Fable conferée avec l'Hiftoi- 
D NORGE CCR 


es 
LA] 


CATALOOUE 

Hiftoire des Conciles par Heriflant. 12: % 
vol. 

———— de la Mere & du Fils , ou de Ma- 
rie de Medicis, Femme de Henri le Grand 
& cms de Louïs XIII. par Mezeray. 12. 
2 VO 

=——— de la Guerre des Hufites & ds 
Concile de Bafle par J. Lenfant. 4. 2 vol. 
avec ‘fig. 

——— & Memoires de PAcademie Roya- 
le des Infcriptions & belles Lettres ; den 
puis {on établiffement juqu’à prefent. 12. 
12 vol avec fig. 

——— de lle” Ef gnole où de St. Do: 
mingue par le P. à Charlevoix. 4 2 vol, 
avec fig. 

HN EL: ainême: ‘12: 4 vol. avec fig: 

———— de la Ville de Paris, compoiée par 
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# Critiques par Monffr: de Follrd. 4: 6 on 
avec fig. 

Hiftoire du Vieux & N ouveau Teftament, 
_ avec des Explications édifiantes tirées des 
: S.::9: Pi P:parile Sicur, de Rpyaumont. 

fol. avec fig. 4 

= la même. 4.-avec figures: 

des Chevaliers de Malthe par PAb- 
bé de Vertot. 4 4 vol. avec les Portraits 
- de tous les Grands-maîtres. 

=——— de France par le Pere Daniel. N. 
: Edit. 4. ro vol. Paris. avec fig. 

——— du Theatre Italien par Riccobout. 
8. 2 vol. fig. 

æ——— de Pancien Gouvernement de la 
France par le Comte de Boulainvilliers. 8. 


; vol. % 
us mévetlle de Juftin. 12: 
de Turfielin. 12. 3 vol. 


J- 
Pre dE nids par Madame de Gomez: 


| ASS AU GI 


8. vol. 
troduction générale & politique de PUni- 
vers , par Mr. de Puffendorf. 12. 7 vo}, 
: continuée jufqu’ à PAR 1732. | 


xvuo8 EL 


7. fur les Campagnes de Eouis XIV. 
4 par Pelliflon. 12. 3 vol. 
—— du Roi Henri IV. de Meffieurs de 


æ 
b + 


G AT AL OGUE : 
Villeroy & de Puifeux, a Mr. Antoine le 
Fevre de la Boderie. Ambañladeur de Fran. 
_ce en Angleterre. Depuis 1606. jufqu’en 
1611. 8. 1733- Mon 


| écrans de la Monarchie Françoife ; 

s qui comprennent l’Hiftoire de Fran- 
ce, avec les figures de chaque Regne que 
linjure des tems.a épargnées, par le R. P. 
B. de Montfauçon. fol, Tom. 1. 2. 3. 4 
& la fuite fous preffe. | 


- Maniere d’Enfeigner & d’Etudier les belles 


Lettres, par rapport à l'Efprit & au Cœur 
par Mr. Rollin, 12. 4 vol. 1732. 
Memoires de l’Accademie Royale des Scien- 

ces , contenant les ouvrages adoptez par 
cette Academie avant {on renouvellement 
en 1699. 4, 5 tomes. 
d’un homme de qualité. 7 tomes. 
———— pour fervir à l’Hiftoire d'Anne 
d’Autriche Epoufe de Louis XIIT. Roi de 
_ France ; par Mad. de Motteville, 12. ÿ 
oi. 


vol 


N. 


| MN l'Ouveau Teftament du P. Quefnel, avec 


des Réflexions morales fur chaque 
verfet. 12. 8 vol. 


om —— traduit de Poriginal Grec 


F . le Clerc. 4. 2 vol. 
Toy if: de + FES Nous 


CEATAL-OGUR 
_ Voyage d'Efpigne & d'Italie par le même: 
8 tomes. Le : 
——— du Chevalier Desmarchais en Gui- 
. née, aux Îfles voifines & à Cayenne fait en 
© * 1725. 1720..@c 17274 par le P. Labat. 12. 
A vol. fig | De. 
———— de l'Afrique Occidentale par le P. 
"he Labal 12, 2 V8 DR 0 
———— auiour du Monde par G. Dam- 
…DictiE2. .5 VOLE | 
——— en Anglois & en François d’A. de 
la Mottraye en diverfes Provinces de la 
Pruffe Ducale & Royale , & de la Rus- 
. fe, de la Pologne &c. fol. 1731. 
Vie de Mahomed par Mr. le Comte de Bou- 
. lainvilliers. 8. 1731. | 
—— du Pape Alexandre VI. & de Cefar 
Borgia, {on fils. 8. 2 vol. 1732. 


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