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Full text of "Recherches sur la culture de l'asperge dans l'Auxerrois"

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https://archive.org/details/recherchessurlacO0rous 


MÉMOIRES 
SOCIÉTÉ D'ENCOURAGEMENT 


L'INDUSTRIE NATIONALE 


ANNÉE 1906 


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‘19 Ps # 
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MÉMOIRES 


PUBLIÉS PAR LA 


SOCIÉTÉ D'ENCOURAGEMENT 


POUR 


L'INDUSTRIE NATIONALE 


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RECHERCHES 


SUR 


LA CULTURE DE L'ASPERGE 
DANS L'AUXERROIS 


PAR 


E. ROUSSEAUX et CH. BRIOUX 


DIRECTEUR PRÉPARATEUR DE LA STATION AGRONOMIQUE DE L'YONNE 


PARIS 
SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ, RUE DE RENNES, 44 


1906J 


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RECHERCHES 


SUR 


LA CULTURE DE L'ASPERGE. 


DANS L’'AUXERROIS 


PAR MM. EUG. ROUSSEAUX, DIRECTEUR, 
ET CH. BRIOUX, PRÉPARATEUR DE LA STATION AGRONOMIQUE DE L'YONNE 


£ INTRODUCTION 


L’asperge est cultivée depuis un temps immémorial; c’est ainsi que des 
auteurs et des agronomes qui vivaient il y a environ deux mille ans en font men- 
“tion ou s'étendent assez longuement sur sa culture; tels sont Pline, Caton, Colu- 
-melle, Palladius, etc. z 
5 Plus près de nous, Olivier de Serres donne des observations très judicieuses 

:à son sujet dans son « Théâtre d'agriculture ». 

ô Dans tous ces auteurs, et jusqu’à une époque très rapprochée, il n’est ques- 

“tion que de la culture de l’asperge dans les jardins, mais non pas en plem 

;champ. 

(à Aujourd'hui, dans beaucoup de régions où les terrains se prêtent à sa pro- 

-< duction, elle a pris en plein champ une extension considérable. Elle est, en effet, 

z peu aléatoire, compromise beaucoup moins que d’autres par les maladies qui 

= réduisent dans de si notables proportions le rendement de nos récoltes. 

— Les intempéries n’altèrent pas sa vitalité; elles retardent seulement de 
quelques jours sa production, comme la gelée, ou elles n’ont sur elle qu’une 
action très restreinte, comme la grêle. 

Elle n’entraine pas le cultivateur dans l’acquisition de machines coûteuses, 
exige un capital et des frais moins onéreux que les autres cultures les plus 
rémunératrices. 

Ses débouchés se sont très étendus. Longtemps l’apanage des tables seigneu- 


1 


150600 


2 INTRODUCTION. 


riales, sa consommation s’est démocratisée, et elle est actuellement à la portée 
de toutes les bourses. Sa production est surtout entre les mains du petit culti- 
vateur ; c’est encore une raison qui la rend particulièrement intéressante. 

Ces considérations nous ont engagés à lui consacrer quelques recherches. 
Nous devions forcément nous limiter dans notre programme et nous restreindre 
à quelques points spéciaux se rapportant plus particulièrement à l’emploi judi- 
cieux des matières fertilisantes. | 

Ayant constaté combien la plupart des cultivateurs de notre région man- 
quaient de bases précises pour l'établissement de sa fumure, et observé d’autre 
part que les pratiques culturales étaient susceptibles d'améliorations, nous avons 
pensé que des recherches sur ces questions pouvaient leur être utiles. 

Il n’est pas douteux que l'emploi raisonné des engrais a été un des leviers 
les plus puissants, dans les progrès récents qui ont modifié d’une façon si heu- 
reuse notre agriculture. Par son intervention, des régions entières ont vu leur 
agriculture se transformer avantageusement; le rendement et la qualité de nos 
récoltes se sont notablement accrus. Mais de pareils résultats n’ont été possibles 
que grâce à un emploi mieux raisonné des matières fertilisantes, lequel doit 
obéir à des règles déterminées, dont l’ensemble constitue l’un des chapitres les 
plus importants de la science agricole. 

C’est ainsi qu’on doit tenir compte de la composition des sols, de la physio- 
logie de la plante et de ses exigences en principes fertilisants. Ce sont ces divers 
points de vue que nous examinerons. 

Quelques détails ne seront pas superflus au début de cette étude pour fixer 
à ce sujet les idées de nos lecteurs. 

Les plantes sont constituées par un certain nombre d'éléments indispensables 
à leur développement. Les travaux des agronomes ont établi quels sont ces 
éléments et l’importance respective de chacun d'eux. Les végétaux prélèvent 
les uns dans l’atmosphère, et les autres dans le sol par leur système radiculaire. 

Nous n'avons aucune action sur l’atmosphère qui, d’ailleurs, contient en 
proportion inépuisable certains des principes constitutifs des végétaux; mais 
nous pouvons agir sur le sol, lorsqu'il ne contient pas en suffisance les éléments 
nécessaires à une production agricole abondante et rémunératrice. 

Les substances que le sol doit renfermer n’ont pas toutes une importance 
égale; les unes ne sont contenues dans les plantes qu’en proportion infinitési- 
male, et l’agriculteur n’a pas à s’en préoccuper, pas plus qu’il n’a besoin 
d'introduire les matières que le sol contient toujours en très grand excès (sable, 
fer, etc.). Il n’y a en somme qu’un nombre d'éléments restreint qui jouent un rôle 
prépondérant dans la production végétale, et dont le sol est parfois insuffisam- 
ment pourvu; ce sont l’azote, l’acide phosphorique, la potasse, la chaux, 
désignés sous le nom de principes fertilisants. 


INTRODUCTION. 3 


D'autre part, toutes les plantes n’ont pas les mêmes besoins; les unes néces- 
sitent des sols très riches ou d’abondantes fumures; d’autres, au contraire, se 
contentent de sols plus pauvres; les unes préfèrent tel élément à tel autre. Enfin, 
il est certaines plantes qui n’occupent le sol que pendant un court espace de 
temps et n’en emportent pas moins de très grandes quantités d'éléments ferti- 
lisants ; il convient de tenir compte de ces circonstances dans la fumure. 

Dans ces dernières années, des travaux ont été effectués dans le but de déter- 
miner principalement les exigences de nos principales cultures. L’on sait aujour- 
d'hui, pour plusieurs d’entre elles, la nature et la quantité des substances 
qu'elles enlèvent au sol. Les travaux les plus complets qui ont été exécutés sur 
ce sujet sont ceux que M. Müntz, membre de l’Institut, a entrepris sur la vigne, 
avec la collaboration de l’un de nous (4), et ceux de MM. Girard et Rousseaux 
sur le tabac (2). 

Mais, en raison des variations que l’on rencontre dans la culture, Suivant le 
climat, les pratiques locales, la nature des sols, les variétés adoptées, on risque- 
rait de commettre une erreur d'interprétation si l’on généralisait, à toutes les 
régions, des données recueillies en un seul point. Aussi les travaux de ces auteurs 
ont-ils été effectués, durant plusieurs années, dans les diverses régions de la 
France où les conditions de la culture sont nettement différentes. 

Notre travail n’a pu embrasser les nombreuses régions où l’asperge est 
cultivée en grand; nous avons dû nous borner à celle où nous sommes placés; 
c’est donc une étude locale que nous avons entreprise. Il convient de dire que 
plusieurs de nos observations pourront être généralisées, car l’asperge est bien 
loin d'offrir les différenciatiens que l’on constate pour les plantes que nous 
citions précédemment, comme la vigne et le tabac. La variété est à peu près 
unique; les sols qu’on lui destine présentent de grandes analogies de constitu- 
tion, les pratiques culturales sont semblables: nous croyons donc que nos 
conclusions pourront être appliquées dans les nombreuses régions où l’asperge 
se trouve exploitée dans des conditions analogues aux nôtres, et que, par consé- 
quent, d’autres cultivateurs que les planteurs de l’Auxerrois sauront en tirer 
parti. 

Plan du travail. — Nous commencerons par signaler brièvement les pratiques 
culturales, en insistant sur celles qui seraient susceptibles d’améliorations ; nous 
y rattacherons un paragraphe sur les insectes nuisibles et maladies, et un aperçu 
sur les conditions de vente du produit. 

Nous étudierons ensuite les sols qu’on réserve à l’asperge, afin d’en bien 


(1) Recherches sur les Exigences de la vigne en principes fertilisants, par MM. Müntz el 
Eug. Rousseaux, Bulletin du Ministère de l'Agriculture, 1893 et suivantes. 

(2) Recherches sur les Exigences du tabac en principes fertilisants, par MM. A. Ch. Girard et 
Eug. Rousseaux, Annales de la Science agronomique française et étrangère, 1902-1903 ; 1904. 


e RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L’ASPERGE 


connaître leur constitution physique et leur composition chimique, documents 
indispensables pour fixer les quantités, la nature et le mode d’application des 
engrais qui lui conviennent. 

Nous examinerons les exigences de la plante en principes fertilisants, c’est- 
à-dire les quantités qu’elle en enlève au sol pendant le cours de sa végétatjon. 

Dans un autre chapitre, nous discuterons les procédés de fumure employés 
dans la région, et nous verrons s'ils peuvent être avantageusement modifiés ; 
nous établirons une fumure plus rationnelle, basée sur les données étudiées dans 
les paragraphes précédents. 

Enfin, nous rendrons compte des résultats obtenus dans les plantations où 
nous avons expérimenté ces fumures rationnelles. 

Nous espérons que, par une étude approfondie de ces divers sujets, nous 
pourrons en déduire des conclusions pratiques, que nous résumerons succinc- 
tement, en terminant notre travail. 


I. — CULTURE DE L’ASPERGE DANS L’AUXERROIS 


Dès le début de cette étude, nous croyons devoir faire précéder les chapitres 
qui concernent l’étude des sols et des exigences de la plante, d’une courte mono- 
graphie de la culture de l’asperge, telle qu’elle est généralement pratiquée dans 
l’Auxerrois. 

Nous signalerons, au cours des opérations culturales qui vont être énoncées, 
celles d’entre elles qui seraient susceptibles d'améliorations; nous compren- 
drons de même dans ce paragraphe les traitements préconisés pour combattre 
les maladies cryptogamiques ou les insectes qui s’attaquent à la plante; nous 
dirons enfin quelques mots des conditions économiques de la production et de 
la vente des asperges. 

Variétés. — Les variétés les plus cultivées sont l’asperge rose et violette 
hätive d'Argenteuil, et, sur une moindre échelle, la variété dite Grosse de Hol- 
lande. 

Les diverses variétés ne sont d’ailleurs pas aussi distinctes que l’on pour- 
rait le croire; c’est surtout le traitement et les soins eulturaux qui donnent à 
l'asperge son caractère. Ce qui contribue le plus à faire de grosses et belles 
asperges, c’est l’espacement entre les touffes, l’abondance et le choix de la 
nourriture, et surtout la sélection des graines et des griffes. En améliorant 
notablement les conditions de culture, on peut introduire partout les variétés 
améliorées. 

On ne saurait trop appeler l'attention des planteurs sur cette observation et 
leur conseiller d'apporter à la culture et à la fumure les meilleurs soins. 


DANS L’AUXERROIS. 5 


d) CRÉATION D’UNE ASPERGERIE 


Sélection des graines et soins à donner à la pépinière. -- La question du 
choix du plant est à notre avis de première importance. Nous pensons que les 
planteurs de notre région doivent s’attacher beaucoup plus qu’ils l’ont fait 
jusqu’à présent en général, à une meilleure sélection; de celle-ci dépend l’avenir 
de la plantation, laquelle dure d’assez longues années pour qu’on ne néglige 
rien qui puisse en assurer la réussite. 

La sélection est le plus souvent tellement négligée de la majorité des plan- 
teurs, que nous n’hésitons pas à décrire ici la façon d’opérer pour obtenir des 
graines et, par suite, des griffes de première qualité. 

Les pieds choisis comme porte-graines rempliront les conditions suivantes : 
pieds sains, produisant abondamment des asperges les plus hâtives ou les plus 
tardives, suivant la variété recherchée, en tous les cas les plus belles; grande 
régularité dans la forme des turions, dans la couleur, qui doit être rose et 
violacée. 

Les pieds paraissant remplir ces conditions doivent les avoir présentées 
pendant plusieurs années successives, soit de la quatrième à la huitième année. 

On laisse croître librement les asperges et les tiges des pieds femelles et des 
pieds mâles choisis à proximité les uns des autres et devant servir de porte- 
graines. 

On continue à couper les asperges des pieds non marqués pendant environ 
trois semaines de plus que d'ordinaire, afin qu'ils n’arrivent à fleurir que beau- 
coup plus tard, et qu’ils ne risquent pas de fécander les pieds femelles marqués 
dans le voisinage. Er 

On recommande aussi, une fois les fruits noués, de rogner l’extrémité des 
ramilles fructifères des pieds porte-graines, pour obtenir de plus beaux fruits 
avec les graines restantes. 

À l’époque de la maturité des graines, c’est-à-dire quand elles sont complè- 
tement rouges, on coupe les tiges, on en sépare les graines, à la main, et l’on 
débarrasse celles-ci de leur pulpe, de la façon suivante : 

On les verse dans une terrine contenant de l’eau, en quantité suffisante pour 
les recouvrir, on frotte les baies entre les doigts pour isoler les graines de la 
pulpe; on remplit d’eau le vase, on agite le tout et on laisse déposer; la pulpe 
reste à la partie supérieure, on la décante avec précaution, on remplit à nouveau 
le vase avec de l’eau, on recommence l’agitation, puis la décantation, et l’on 
renouvelle cette opération jusqu’à ce que les graines qui se déposent au fond de 
la terrine soient complètement propres. 

On les étend sur un linge placé dans un endroit sec, et on les remue de temps 


6 RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L'ASPERGE 


en temps jusqu'à complète dessiccation. On admet ‘ne cette BRON conserve sa 
faculté germinative pendant environ cinq ans. 

Au lieu de s’astreindre à ces précautions indispensables, la plupart des 
planteurs se bornent à recueillir leurs graines sur les plus belles tiges, mais 
sans se préoccuper qu'elles ont pu être fécondées par des pieds très inférieurs 
placés dans le voisinage. Nous ne saurions done trop insister auprès d’eux pour 
qu'ils suivent les précédentes indications. 

Nous avouons que pour beaucoup de planteurs, une sélection aussi soignée 
paraitra peu praticable, en raison du peu de temps dont souvent ils disposent; 
il y à pour ceux-ci un moyen de se pourvoir de graines de premier choix, c’est 
de les acheter à un asparagiculteur spécialiste d’une réputation depuis long- 
temps justifiée. 

L'un de nos collaborateurs ayant agi de la sorte, et ayant apporté à son 
semis et à sa pépinière tous les soins désirables, en a obtenu des griffes remar- 
quables, et dans la suite une plantation incontestablement très supérieure à 
celles de la région. 

Dans le cas de nouvelles plantations, ce serait un très mauvais calcul que de 
faire des économies soit sur les griffes, soit sur les graines. Le supplément de 
dépense occasionné par l’achat de griffes, ou de préférence de graines sélection- 
nées de premier choix, est très largement compensé, pendant toute la durée de 
l’aspergerie, par la beauté et l'abondance des produits obtenus. 

Que les graines aient été obtenues, comme nous l’avons dit, par le planteur 
lui-même, ou qu'elles aient été achetées dans le commerce, le semis pour l’obten- 
tion des griffes doit être fait dans les conditions suivantes : 

On l’effectue en mars-avril, ea lignes, afin de permettre les façons culturales 
auxquelles il doit être soumis. 

Le sol de la pépinière doit être fin, assez léger, dans le plus grand état de 
propreté et d’ameublissement, fertile ou fumé assez longtemps à l’avance, en 
automne, par exemple; on exécute un deuxième labour au moment du semis: il 
n’est pas nécessaire que le sol soit défoncé, un labour de 15 centimètres suffit. 

La question de la fumure de la pépinière est très discutée: les uns vont même 
jusqu’à prétendre qu'il serait préférable d’effectuer le semis en sol pauvre, afin 
que le plant repousse mieux lors de sa transplantation dans l’aspergerie bien 
fumée. Nous ne pensons pas qu’il soit nécessaire d'agir ainsi, si le jeune plant, 
sortant d’une pépinière enrichie, ne doit pas être transplanté en terre pauvre. 

Il est évident que si le plant produit dans une pépinière particulièrement 
riche était transplanté dans une aspergerie établie en sol très pauvre, comme 
c’est le cas de beaucoup de terres essentiellement sableuses, ou dans une asper- 
gerie insuffisamment fumée, il pourrait souffrir, et l’avenir de la plantation se 
trouverait COMpromis. i 


DANS L’AUXERROIS. 7 


Nous conseillons donc d'effectuer le semis en terre bien fumée, à la condition 
de faire la plantation en sol également enrichi par des fumures appropriées; si 
la pépinière est fertile, les plants n’en auront acquis qu'une meilleure végé- 
tation. 

Les lignes de semis sont espacées de 35 à 40 centimètres, et disposées dans 
de petites rigoles de 20 centimètres de large et de 5 centimètres de profondeur; 
les graines sont distantes les unes des autres, sur les lignes, de 5 à 10 centi- 
mètres ; on les recouvre de 5 centimètres de terre légèrement tassée. 

Jusqu'au mois d’août environ, on effectue de nombreux binages légers, car 
le semis doit être toujours entretenu dans le plus grand état d’ameublissement et 
de propreté, et défendu par des sulfatages ou pulvérisations, contre les insectes 
qui l’attaquent. 

A l’automne, on coupe les petites tiges desséchées à environ 5 centimètres 
du sol, et on ne se préoccupe plus du semis pendant l'hiver. 

Préparation du terrain. — L’aspergerie devra être établie en terre saine, ne 
retenant pas l’eau, et bien ameublie. Les terres trop compactes, trop caillou- 
teuses ou trop calcaires devront être éliminées, si les défauts qu’elles doivent à 
leur nature même sont trop accentués. Le sol choisi aura été cultivé généra- 
lement en légumes pendant les années précédentes; il présente alors toutes les 
conditions de constitution physique et de propreté désirables. 

Dans l’hiver précédant la plantation, il est labouré à la charrue en autant 
de petites planches qu’il doit comporter de lignes d’asperges; au mois d’avril, 
on ameublit le terrain par un hersage, on fend les planches à l’aide d’une 
charrue ordinaire en y ouvrant de petites fosses, dans lesquelles les asperges 
seront plantées. | 

Ces lignes sont espacées les unes des autres de 1 mètre à 1”,10, mais le plus 
souvent de 4 mètre; la profondeur de ces fosses est obtenue à l’aide d’une 
charrue à vigne à deux oreilles, que l’on fait passer plusieurs fois, si c’est 
nécessaire, pour vider complètement la fosse. 

Avec cette façon de procéder, le fond de la fosse est constitué par une terre 
ferme, qui n’a jamais été travaillée par les instruments aratoires; c’est là une 
condition de réussite; les asperges demandent à reposer sur un sol ferme. On a 
l'habitude, dans certaines communes, à Appoigny, par exemple, de laisser au 
fond de la fosse un peu de terre meuble, que l’on y fait tomber avec le soc de 
la charrue butoir débarrassée de ses oreilles. 

On termine ces opérations préliminaires en ratissant la terre des buttes 
pendant qu’elles sont encore fraîches, car il est indispensable de laisser tomber 
le moins possible de terre. 

Quelques jours plus tard, on sème sur les buttes un ou deux rangs de haricots 
ou autres légumes: c’est une habitude très fréquente et très générale d'utiliser 


8 RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L'ASPERGE 


ainsi, pendant les deux premières années de la plantation, la terre des ados. Le 
champ, d’ailleurs, n’a reçu aucune fumure. 

Certains auteurs recommandent de fumer pendant l'hiver précédant la plan- 
tation, à la dose de 1 mètre cube par are, soit environ 60 000 kilogrammes à 
l’hectare; c’est une forte fumure qui doit assurer à la plantation une vigoureuse 
poussée. | CO | 

D'autres, au contraire, ont renoncé à cette fumure; dans l’Auxerrois, on ne 
fume pas avant la plantation; les communes qui cultivent l’asperge sont voisines 
des bois, et l’on craint que la fumure attire les insectes, ou plus particulièrement 
les vers blancs, et d’autre part qu’elle maintienne de l’humidité préjudiciable 
aux Jeunes plants, ou enfin que, pendant les sécheresses, elle isole la griffe. Ce 
dernier inconvénient pourrait se produire avec les fumiers de la région, en 
général insuffisamment décomposés, et dans lesquels entrent des litières de bois 
qui divisent le sol. 

Le fait de la suppression de la fumure précédant immédiatement la plan- 
tation est done justifié, dans ces communes, par les conditions spéciales où 
elles se trouvent placées. 

Mais nous pensons cependant qu’en dehors des régions où on peut craindre 
le ver blanc en raison de la proximité des bois, et lorsque les fumiers sont suffi- 
samment riches et décomposés, la fumure précédant la plantation est recom- 
mandable; si on l’effectue, elle doit être faite aussitôt les fortes gelées passées, 
et enfouie à la charrue. A proximité des grandes villes, les gadoues ou boues de 
villes sont souvent d’un emploi avantageux. 

Choix des griffes et plantation. — Le plant ou griffe est retiré de la pépi- 
nière au printemps qui suit le semis, c’est-à-dire vers mars ou avril, avant toute 
végétation. On l’enlève à l’aide d’une fourche ou d’un crochet à dent plate. 

On choisira de préférence les griffes d’un an les plus saines, à bourgeons 
gros et vigoureux, à racines assez abondantes; la beauté des griffes dépend d’ail- 
leurs beaucoup des soins donnés au semis et à la pépinière. On conseille assez 
généralement de faire la levée du plant quelques jours avant la plantation, et 
de le placer en attendant dans un endroit frais sans être humide, tel un cellier 
ou une cave. On doit rejeter, pour la beauté future de l’aspergerie, toutes les 
griffes faibles ou défectueuses. 

Si nous avons insisté aussi longuement sur la sélection des graines et des 
griffes, c’est en raison de l’importance qu’elle présente et des négligences 
fréquentes qu’on observe souvent à leur égard. 

Voici maintenant, en quelques lignes, comment se pratique la culture dans 
la région qui nous intéresse. 

Les griffes sont plantées au fond des tranchées, à une distance d'environ 
45 à 50 centimètres, dans quelques communes telles qu'Appoigny, mais à dis- 


DANS L’AUXERROIS. 9 


tance supérieure dans d’autres, soit 4 mètre à 1*,10 (Lindry, Charbuy, etc.). 

La griffe est posée à plat, sur un peu de terre meuble, après avoir eu soin 
de rafraîchir à la serpette l'extrémité des jeunes racines; on la maintient à la 
main et on la recouvre d’une petite pelletée de terre bien meuble que l’on tasse 
ensuite assez fortement à la main; il est bon de renoncer au système des petites 
buttes coniques sur lesquelles on étale la griffe; la terre, en s’affaissant, laisse 
un vide sous la griffe, ce qui est préjudiciable à la bonne reprise du plant; en 
outre, les racines prennent une direction trop oblique. 

Une fois la plantation terminée, on a soin de rabattre dans les tranchées un 
peu de la terre meuble des ados, sur une épaisseur de 5 à 6 centimètres, afin de 
retenir une certaine fraicheur favorable au développement des griffes. 


REED TETE 


b} TRAVAUX CULTURAUX 


Première année. — Pendant l’été, on effectue des binages peu profonds et des 
sarclages, faits les uns et les autres avec beaucoup de précaution, pour ne pas 
endommager les jeunes plants et leurs racines, et en ayant soin de laisser couler 
le moins possible de terre dans le fond des fosses. On en pratique trois au 
minimum, pour que le sol des tranchées soit toujours entretenu dans le plus 
grand état de propreté, d’aération et de perméabilité. 

En octobre-novembre, les tiges se dessèchent, on les coupe et on les utilise, 
soit comme litière, soit en les brûlant sur place et en répandant leurs cendres. 
Nous reviendrons plus loin sur l’utilisation de ces résidus. 

C’est également au mois d’ogtobre, alors que les jeunes tiges sont encore très 
visibles, qu’on a soin de marquer les griffes manquantes, soit qu’elles aient été 
pourries, soit que les vers blancs et divers insectes les aient fait périr. On pique 
à leur place de petites baguettes de bois et, au printemps suivant, les manquants 
sont remplacés par de belles griffes d’un an. 

Il arrive que, dans les années dites de vers blancs, les dégâts sont si 
considérables qu’on a avantage à détruire complètement la plantation pour la 
refaire à nouveau l’année suivante; cela est préférable que de s’obstiner à la 
conserver par le remplacement des pieds manquants, car il est rare, dans de 
semblables conditions, qu’une aspergerie ainsi éprouvée donne des résultats 
satisfaisants. 

Au cours de cette première année, il y a d’ailleurs lieu de lutter contre les 
autres ennemis de l’asperge, criocères, etc., par les moyens que nous indique- 
rons plus loin. 

Les asperges ne craignent pas la gelée et ne nécessitent aucun soin parti- 
eulier pendant l’hiver. 

Deuxième année. — Nous avons vu que, lors de la plantation, l’aspergerie 


10 RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L’ASPERGE 


n'avait pas été fumée. C’est, en effet, seulement un an après la plantation, vers 
février-mars, que le fumier est porté dans le champ; à cette époque, la terre est 
encore assez résistante pour que les griffes ne souffrent pas du passage du cheval 
dans la fosse même. 

Les fumerons sont répartis de façon à répandre environ 40 mètres cubes de 
fumier à l’hectare; après les gelées, on approprie le fond des fosses en retirant 
à la pioche la terre que les sarclages y avaient entraînée, et on laisse sur les 
têtes d’asperges le moins de terre possible; la griffe se trouvera alors presque 
au ras du sol pendant toute la seconde année de la culture. 

À cette même époque, on procède à l’épandage du fumier, qui sera simple- 
ment légèrement recouvert par les opérations postérieures de sarclage et de 
ratissage des buttes. 

En mars-avril, on procède au remplacement des pieds manquants et, au 
cours de cette deuxième année, on effectue les binages et les sarclages néces- 
saires pour maintenir le sol en parfait état d’ameublissement et de propreté. 

L’exécution de ces façons d’entretien exige, on le comprend, moins de ces 
précautions minutieuses que dans le cours de la première année où les asperges 
étaient beaucoup plus délicates. 

Après la période active de la végétation, c’est-à-dire en novembre, les tiges 
sont coupées, et on laboure les buttes; l’aspergerie offre alors l’aspect d’une 
surface plane et passe l’hiver sans aucun soin. 

Troisième année. — La fumure de l’aspergerie au commencement de la troi- 
sième année de culture s’effectue d’une façon différente de la précédente; les 
asperges ne sont plus fumées sur la ligne même, mais au contraire entre les 
lignes. A cet effet, la butte est formée sur la ligne, à l’aide de la charrue 
buttoir, et on ouvre ainsi entre les lignes un petit fossé dans lequel le fumier 
est répandu; il est enterré par un ados formé de la terre de deux raies faites 
avec la charrue ordinaire. Quant à Ja terre restant sur la ligne, elle est enlevée 
à la pioche un peu plus tard; puis fin mars ou avril, suivant l’état d’avancement 
de la végétation, on butte les lignes d’asperges en y adossant la terre de deux 
raies de charrue. On fait suivre cette opération d’un coup de rateau pour briser 
les mottes, et, un peu plus tard, on détruit les mauvaises herbes. 

Le buttage a pour but de soustraire les asperges à l’action de la lumière et 
de les conserver blanches sur presque toute leur longueur. 

Vers le 20 avril, les asperges commencent à sortir de terre et on procède à 
la cueillette à l’aide d’un couteau à dents et plus rarement de la gouge. On peut 
procéder à la cueillette sans se servir d’un couteau spécial quand la terre est 
particulièrement meuble: après avoir écarté la terre, on opère une pesée sur la 
base à l’aide du pouce et l’on arrive à décoller l’asperge de la souche sans risquer 
d’endommager la griffe. | 


DANS L’AUXERROIS. 11 


La cueillette s'effectue d’abord tous les trois ou quatre jours, puis tous les 
deux jours en général, suivant les conditions climatériques, les cueillettes étant 
d’autant plus rapprochées que la température est plus élevée. 

Au cours de cette première année de récolte, on ne cueille guère les asperges 
que pendant trois Semaines où un mois, suivant que la plantation est plus ou 
moins bien réussie. 

Quand elle est peu vigoureuse, on se borne à couper très peu d’asperges 
pour ne pas l’épuiser prématurément; il est d’ailleurs recommandable de 
n’effectuer la récolte que sur les pieds de belle venue et de ne couper sur ceux-ci 
que deux ou trois asperges par pied. 

Après la cueillette, fin mai ou commencement de juin, on reforme l’ados entre 
les lignes et, à la fin de juin, on rechausse celles-ci à la charrue buttoir. 

Certains planteurs éciment les tiges aux deux tiers de leur hauteur, lors- 
qu'elles ont atteint leur complet développement, afin d'empêcher que le vent ait 
sur elles autant de prise et ne risque de les coucher par terre; cet écimage 
dispense de l’emploi de tuteurs dont on se sert dans certaines régions, mais qui 
ne sont pas pratiques en grande culture. 

Dans le courant de novembre, les tiges sont coupées à la faux au ras du sol, 
réunies en tas, et le plus souvent brülées sur place; quelques planteurs se 
servent de ces tiges pour couvrir leurs silos et les font entrer après l’hiver dans 
la confection des composts où elles se décomposent. 

Quatrième année et suivantes. — Les lignes d’asperges sont, comme l’année 
précédente, déchaussées par un labour et fumées dans le courant de l'hiver. 

Vers le mois de mars-avril, les lignes sont rebutées comme il a été dit, 
l’aspergerie est considérée alors comme en plein rapport, et la cueillette, qui 
commence vers le 45 avril, se prolonge jusque vers le 24 juin ou les premiers 
jours de juillet. 

Pendant les mois de cueillette, l’aspergerie est l’objet de légers labours, 
ratissages et sarclages qui ont pour but de maintenir l’ados dans un grand état 
d’ameublissement et de propreté qui, d’ailleurs, lui-même, facilite la récolte. 

Pour les années suivantes, les soins à donner à l’aspergerie en plein rapport 
se résument ainsi : buttage vers le mois de mars, avant la végétation des turions, 
cueillette de fin avril à fin juin, le matin de préférence, facons de propreté 
(sarelages, ratissages, pincement des tiges) en août, coupe des tiges (novembre), 
débuttage, fumure, dans le courant de l'hiver. 

L’aspergerie peut durer de dix à douze ans en terre saine, fournissant, lors- 
qu’elle est en plein rapport, 2 à 2 500 hottes, soit environ 4 000 kilogrammes par 
hectare et par an. 


12 RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L’ASPERGE 


C) INSECTES NUISIBLES ET MALADIES. TRAITEMENTS 


L'asperge est attaquée par divers invertébrés (limaces, escargots), et par des 
insectes et leurs larves (criocères, platyparea), qui causent parfois des dégâts 
importants. 

Les limaces et escargots compromettent surtout les jeunes semis et planta- 
tions; il est inutile de les décrire; nous nous bornerons à indiquer les principaux 
modes de destruction auxquels on peut recourir. 

Le matin, et par les temps humides, on les recueille sur le sol des pépinières 
et on les tue par l’eau bouillante ou en les écrasant; on peut encore entourer 
les jeunes plants d’un cordon de chaux vive en poudre d’une largeur de 8 à 
10 centimètres; on emploie aussi à cet effet la sciure de bois, les cendres ou 
encore le sulfate de fer, finement pulvérisés. 

Criocères de l’asperge (crioceris asparagi). — Ce sont de petits coléoptères 
de 4 à 5 millimètres de longueur, à tête bleue, corselet rouge, aux élytres de 
couleur ferrugineuse, avec des barres noires. Ils font leur apparition au mois 
de mai, lorsque les jeunes asperges commencent à sortir de terre. 

Une autre espèce : criocère à deuze points, porte sur chaque élytre six points 
noirs qui la caractérisent. 

Les insectes parfaits déposent leurs œufs sur les asperges; il en sort au bout 
de quelques jours des larves verdâtres qui grossissent assez rapidement, en ron- 
geant les jeunes tiges. Après avoir achevé leur croissance, ces larves dispa- 
raissent dans le sol, se transforment en nymphes et restent dans cet état jusqu’à 
l’année suivante où ils deviennent insectes parfaits. 

Ce sont surtout les larves qui causent le plus de ravages dans les plantations. 

Pour détruire les criocères, on a d’abord recommandé de secouer les tiges, 
garnies d'insectes, au-dessus d’un large récipient à large ouverture contenant 
une certaine quantité d’eau, mais il est préférable de recourir à des pulvérisa-, 
tions solides ou liquides. 

On a essayé, sans beaucoup de succès, des pulvérisations de poussière de 
chaux vive, de cendre, d’un mélange de plâtre et de soufre. M. Zacharewicz, 
professeur départemental d'agriculture du Vaucluse, a obténu d'excellents 
résultats avec la poudre suivante : 


Chaux Enpoudre EEE R TER TER UE 
Soufre Sublime RE 0 
POUdATETUeNDYTE LIRE RP PE l 

100 


Cette poudre à été employée au moyen du soufflet, de très bon matin ; après 
trois poudrages à trois jours d’intervalle, on a complètement détruit toutes les 


DANS L’AUXERROIS. 13 


larves. La poudre doit être préparée au moment de son emploi, pour avoir son 
maximum d'action. 

Nous avons nous-mêmes fait essayer par M. Joly, à Lindry, la formule sui- 
vante, répandue en pulvérisation : 


Justdertdpac riche Fa 1201, 1 litre 
SAYONEN OI 2 2 kgs à 2K6,500 
PAT Pr Pr se se x 12400" litres 


On fait d’abord fondre le savon noir dans l’eau chaude en agitant constam- 
ment, et on ajoute le jus de tabac que l’on se procure en boîtes de un litre ou 
d’un demi-litre chez les entrepositaires de tabac. Les pulvérisations ont été 
faites le matin à l’aide d’un pulvérisateur ordinaire, en évitant l’action directe 
du soleil qui pouvait occasionner des brûlures. Cette solution a été efficace contre 
les larves et contre les insectes parfaits. 

Signalons encore une autre formule recommandable (formule Dufour) : 


SANORMOIR SR 3 kilogrammes 
Poudre de pyrèthre. . . . .. 155,500 
PAT EEE. en dre 400 litres 


Cette formule a l’inconvénient d’être un peu plus coûteuse que la précé- 
dente, en raison de la poudre de pyrèthre qui entre dans sa composition. 

On ne saurait trop engager tous les planteurs à faire usage de ces insecti- 
cides, car le criocère, en déverant avec rapidité les jeunes tiges, arrête la 
végétation et occasionne un grand épuisement de la griffe, qui doit lancer de 
nouveaux bourgeons; la plantation peut être totalement compromise. 

Mouche de l’asperge (platyparea poeciloptera). — Cette mouche, décrite il y 
a déjà longtemps par plusieurs auteurs, notamment par le docteur Brocchi, 
professeur à l’Institut agronomique, a été l’objet, dans le courant de ces deux 
dernières années, d’intéressantes études à la suite des dégâts considérables 
qu’elle occasionna dans les environs de Paris. 

Comme, d’autre part, son apparition a été signalée en quelques points des 
aspergeries de l’Auxerrois, nous croyons devoir entrer dans quelques détails à 
son sujet. 

Voici d’abord la description qu’en donne le docteur Brocchi : « Cette mouche 
est d’un rouge brun sur la tête, les côtés du thorax et les pattes. La partie supé- 
rieure du thorax est traversée par trois raies longitudinales noires; les ailes sont 
noirâtres avec des taches blanches disposées en zigzags, elle est un peu plus 
petite que la mouche d’appartement. » 

Les conditions de son évolution n’en étaient pas moins assez peu connues; 


14 RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L’ASPERGE 


elles furent déterminées en cours de 1904 par des entomologistes distingués, 
MM. Giard, Bouvier, Lesne (1), à la suite d’une communication de M. Vincey, 
professeur départemental d'agriculture de la Seine, qui, en février 1904, avait 
appelé l’attention de la Société nationale d'Agriculture sur les dégâts considé- 
rables occasionnés par cette mouche dans les environs de Paris. 

Il résulte de ces recherches que cette mouche pond depuis le mois d’avril 
jusqu’en juin, et dépose ses œufs non seulement sur les asperges lorsqu'elles 
sortent du sol, mais aussi sur les tiges déjà hautes et ramifiées. 

Les jeunes larves sorties des œufs descendent directement vers la base des 
tiges en creusant une galerie rectiligne, et parviennent ainsi jusque dans les 
parties souterraines de la tige. 

Arrivées au voisinage de la griffe, elles ont généralement atteint toute leur 
taille; elles remontent jusqu'à un point situé un peu en dessous du niveau du 
sol; elles ne tardent pas alors à se transformer en nymphes, qui écloront sous 
forme de mouches au mois d'avril suivant. 

Le signe le plus remarquable et très caractéristique de la présence de la 
larve est l’avortement du sommet de la tige, qui se dessèche, brunit et se 
recourbe en crosse sur lui-même. 

Le remède peut se déduire du mode de développement de la larve qui passe 
l'hiver à l’état de nymphe dans le chicot de la tige, au voisinage du sol. 

Il faut avoir grand soin d’enlever et de détruire par le feu toutes les vieilles 
tiges avant le mois d'avril. 

Rouille de l’asperge (puccinia asparagi). — Cette maladie se présente à la 
surface des asperges atteintes sous forme de taches poussiéreuses de couleur 
rouille; elle est due à un champignon microscopique qui attaque l’asperge 
d'avril en octobre, en présentant successivement trois formes de fructification 
différentes. . 

Les asperges malades prennent un aspect contourné et restent chétives. 

M. Zacharewiez conseille, pour combattre la maladie, la formule suivante : 


Sulfatelde CUVE PR EEE 0.500 
Ammoniaque ordinaire. . . . . . . . Olit,750 
Eau. 2 PR  DUBUTrES 


On fait d’abord dissoudre le sulfate de cuivre dans quelques litres d’eau 
chaude, et après refroidissement on y verse l’ammoniaque; les traitements se 
font à l’aide du pulvérisateur, dès que les asperges montent en branches. On 
effectue deux traitements à huit jours d'intervalle. 


(4) Bulletins de la Société nationale d'Agriculture, n°° 2, 6 et 8 de 1904. 


DANS L’AUXERROIS. 15 


Pour atténuer la propagation de la maladie d’une année à l’autre, il faut 
avoir grand soin de couper et de brûler à l’automne toutes les tiges d’asperges 
attaquées par la rouille. À 

Pourriture des griffes (rhizoctonia violacea). — Cette sorte de pourridié, que 
nous avons observée dans plusieurs communes de l’Auxerrois, a été récemment 
l’objet d’intéressantes recherches de la part de M. le docteur Delacroix, direc- 
teur de la Station de pathologie végétale du Ministère de l'Agriculture ; il a 
adressé à M. le Ministre un long rapport d’où nous extraycns ce qui suit : 

Sous l'influence de cette maladie, le nombre des turions diminue; ils sont 
chétifs et tachetés de jaune sale; les pousses vertes prennent un faible déve- 
loppement et cessent de produire; quant aux racines, la plupart sont mortes et 
présentent les caractères suivants : elles portent à leur surface un revêtement 
de couleur violacée, qui est tantôt mince et peu apparent, tantôt condensé en 
petites masses de dimensions variables. 

La racine d’asperge tuée par le rhizoctone se montre sous l'aspect d’un tube 
creux, flétri, où l’on ne trouve plus que l'enveloppe extérieure couverte de 
petites houppes violacées ou noirâtres. | 

La maladie est propagée par le mycélium souterrain qui, à lui seul, suffit 
pour réaliser indéfiniment l’extension du parasite. Celui-ci s’attaque à un très 
grand nombre de plantes. D'abord observé sur le safran, où il a causé la maladie 
de ia mort, on le trouve aussi sur la luzerne, le trèfle, la betterave, la pomme de 
terre, la carotte, et, dans certains pays, sur le haricot, le chou-fleur, etc. 

Il paraît donc logique, comme le proposait déjà Duhamel du Monceau, 
puisque le champignon se-développe et s’étend dans le sol, à la façon d’une 
tache d'huile, d’arrêter sa progression par l'établissement de fossés, dont le 
fond sera plus bas que le niveau où parviennent les racines des plantes atta- 
quées. 

En les creusant, il sera indispensable de rejeter la terre dans l’intérieur du 
cercle contaminé, pour éviter de propager la maladie à l’extérieur du fossé. 

Le cercle limité par le fossé devra englober au moins deux rangées de plantes 
reconnues absolument saines à la suite d’un examen attentif. Dans l’intérieur 
du cercle, les pieds d’asperges sont arrachés d’une façon complète; tous les 
fragments, racines entières, radicelles, etc., seront réunis en tas, et de suite 
complètement incinérés sur place, en les arrosant de pétrole pour faciliter la 
combustion. 

Malgré ces précautions, il reste dans le sol des foyers d'infection; il con- 
viendra alors, pour plus de sûreté, de procéder à la désinfection du sol à l’aide 
de substances chimiques appropriées. 

Celles qui ont donné le meilleur résultat à M. le docteur Delacroix sont le 
sulfure de carbone et le formol du commerce. Elles sont entièrement volatiles, 


16 RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L’ASPERGE 


et après avoir accompli leur action désinfectante, elles ne laissent subsister 
dans le sol aucun produit capable de gèner la végétation subséquente. 

L'action du sulfure, pour être complète, exige une dose de 250 grammes 
environ par mètre Carré. Pour le formol, une dose de 60 grammes par mètre 
carré est suffisante. 

Le sulfure de carbone ne donne de bons résultats que dans les sols légers où 
il se diffuse facilement et avec rapidité. C’est précisément dans cette catégorie 
de terres que l’asperge est cultivée dans la plupart des régions. 

La qualité physique du sol a moins d'importance pour le formol. 

Ces insecticides sont introduits dans le sol à l’aide du pal injecteur qui sert 
pour le traitement des vignes phylloxérées. Pour le sulfure de carbone, le pal 
déversant 10 grammes par coup de piston doit fonctionner 24 fois par mètre 
carré, à la profondeur moyenne de 35 centimètres environ. On pourra donc faire 
8 trous équidistants par mètre carré et le faire fonctionner trois fois dans 
chacun d’eux sans le retirer. 

Pour le formol, chaque coup de piston déversant 12 à 13 grammes, 5 coups 
de piston par mètre carré sont suffisants. Le prix de revient de ces traitements 
est de 0 fr. 10 à 0 fr. 12 par mètre carré. 

Ces produits se volatilisant vite, il est nécessaire, dès que la tige est retirée 
du sol, de tasser celui-ci d’un coup de talon à l’endroit même où le pal a été 
enfoncé. Pour la même raison, le traitement sera fait à une époque où la tempé- 
rature ne sera pas très élevée (15° au plus); une humidité légère du sol est plutôt 
avantageuse. 

On sait que ces insecticides détruisent les organismes nitrifiants du sol, en 
même temps que les parasites; aussi, lorsqu'on replante peu de temps après 
leur application, est-il nécessaire d’ajouter au sol, au moment du départ de la 
végétation, environ 300 kilogrammes de nitrate de soude par hectare. 

D'ailleurs, M. le docteur Delacroix ne conseille ces traitements que dans le 
cas de foyers bien circonscrits, peu nombreux et de faible surface, car 1ls 
seraient trop onéreux et incertains s’ils devaient être faits sur des surfaces 
considérables; aussi ne saurait-on trop engager les cultivateurs à ne pas 
attendre, pour faire ces traitements d’extinction, que le mal se soit totalement 
propagé. 

D'autre part, M. Zacharewiez a employé avec succès dans le Vaucluse le 
sulfo-carbonate de potassium, à la dose de 300 grammes par 100 litres d’eau. 
On a soin de débutter les plantes atteintes, ainsi que les voisines, et on les 
désinfecte en versant le liquide avec un arrosoir à pomme très fine; un va-et- 
vient suffit. Un deuxième traitement est effectué l’année suivante, avant le 
buttage des plantes. 

Si l’on désire repiquer les places disparues, il faut, dès l’hiver, désinfecter le 


DANS L’AUXERROIS. 17 


sol par un arrosage énergique avec le liquide; puis, au moment de la plantation, 
y tremper simplement les griffes. 

Pour la même raison que celle précédemment indiquée, il est à conseiller, 
quelques jours après le deuxième traitement, d'employer une bonne fumure aux 
engrais chimiques. 

Le sulfate de fer est recommandable dans certains cas. Même employé à 
forte dose, 1l est inoffensif pour les cultures ultérieures, les produits qui résultent 
de sa décomposition (oxyde de fer) n'ayant postérieurement aucune action 
nocive. 

Son emploi exige avant tout, pour être efficace, que le sol soit dépourvu de 
calcaire ou très pauvre en cet élément; c’est heureusement le cas pour la plu- 
part des aspergeries de l’Auxerrois que nous avons examinées. 

La solution de sulfate de fer étant caustique assez fortement, détruit le 
mycélium du champignon, à la condition qu’elle soit assez concentrée; il n’en 
faut mettre que sur les endroits contaminés, après arrachement et incinération 
des pieds atteints. On devra attendre deux ou trois ans avant de replanter et il 
serait nécessaire de circonscrire, comme il a été dit, chacune des places enva- 
hies, par un fossé de 40 centimètres de large, plus profond que les racines de 
l’asperge. 

Dans les places à désinfecter, le sulfate de fer sera employé à la dose de 
100 grammes par mètre carré, en solution, de préférence. 

Cette maladie qui, dans ses effets, a beaucoup d’analogie avec les pourri- 
diés, est particulièrement dangereuse; elle s’étend assez rapidement comme 
une tache d'huile; le mycélium persiste pendant de longues années dans le sol; 
il est par conséquent susceptible d’infecter de nombreuses plantes auxquelles 11 
s'attaque également. Ce sont là des raisons qui justifient des moyens d’extinc- 
tion radicaux, tels que les précédents, auxquels on ne saurait trop engager les 
planteurs de recourir. 


d) VENTE DES ASPERGES 


Nous nous sommes efforcés, dans les chapitres précédents, d’étudier les 
améliorations dont la culture de l’asperge est susceptible, afin que le planteur 
puisse tirer de son sol le meilleur rendement, tant en quantité qu’en qualité. 

Mais le but à obtenir, qui est en somme d’en retirer le bénéfice le plus avan- 
tageux, ne serait pas complètement atteint, si le produit était vendu dans des 
conditions défectueuses. Il ne s’agit pas seulement de récolter plus et mieux; il 
s’agit encore et surtout de vendre à des prix aussi rémunérateurs que possible. 

Cela nous amène naturellement à dire quelques mots des systèmes de vente 
adoptés dans la région, de les comparer avec ceux pratiqués ailleurs; si d’autres 


2 


LS RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L’ASPERGE 


contrées ont réalisé des progrès dans leur système de vente, nous devrons les 
signaler comme exemple à nos cultivateurs. 

Une partie des asperges approvisionne directement les marchés des environs 
immédiats des lieux de production (Auxerre, Joigny, Saint-Florentin, ete.). 

Mais les quantités vendues dans ces conditions sont forcément très limitées. 
Seuls, les maraichers proprement dits fréquentent régulièrement les marchés; 
ils ont chacun leur clientèle attitrée, ils connaissent approximativement les 
besoins probables pour ie marché suivant; ils n’apportent donc que la quantité 
qui peut être vendue; s’il en était autrement, les prix s’aviliraient. 

Ceux-ci sont très variables; ils atteignent ou dépassent même 1 fr. 50 la 
botte d'environ 1*£,500 dès le début de la saison, ou lorsque la production se 
ralentit; mais quand celle-ci bat son plein, le prix de la botte est d'environ 
0 fr. 60 à 0 fr. 80, S’abaissant parfois à 0 fr. 40 ou 0 fr. 50 quand il y a 
surproduction. 

Mais on peut admettre que le prix moyen pendant tout le cours de la cueil- 
lette est de 0 fr. 80 pour la belle et de 0 fr. 65 pour la petite. 

La presque totalité des asperges doit donc être exportée, et jusqu'ici c’est 
Paris qui est de beaucoup le principal débouché, pour nos régions tout au moins. 

La vente directe est l'exception. La végétation de l’asperge étant extrème- 
ment variable suivant les conditions climatériques, le cultivateur ne peut pré- 
voir son rendement d’un jour à l’autre. 

Le restaurateur lui-même ne saurait fixer un écoulement, car il n’est pas 
maitre de la consommation, qui, elle-même, varie à l'infini. Aussi, ni le produc- 
teur, ni le commerçant ne peuvent s’aventurer à prendre des engagements. 

D'autre part, l'abondance et le choix des produits sont tels aux Halles de 
Paris que la consommation préfère venir s’y approvisionner au fur et à mesure 
de ses besoins. Les Halles sont donc le marché où converge la presque totalité 
des asperges cultivées en grand. 

Elles y sont vendues sur le carreau forain; on entend par là l'emplacement 
des ventes qui se font en plein air, autour des pavillons, par les maraïchers et 
cultivateurs des environs de Paris, et par les approvisionneurs qui y apportent 
ou reçoivent leurs marchandises des diverses régions de production. 

Cependant, les asperges de l'Yonne ne se rencontrent pas sur le carreau 
forain:; on les trouve pour ainsi dire exclusivement dans les grandes maisons 
de commission avoisinant les Halles. 

Elles y sont envoyées, soit par des courtiers établis dans les régions produc- 
trices, soit par les cultivateurs qui les y expédient isolément ou en se réunissant 
en plus ou moins grand nombre. 

Le courtier est un commerçant qui achète les asperges chez le cultivateur et 
qui, ensuite, les vend pour son propre compte à la maison de commission. 


DANS L’AUXERROIS. 19 


En raison de la variabilité des rendements, il est contraint de n’effectuer ses 
achats qu’au jour le jour, au fur et à mesure des apports. Il demande à sa 
maison de commission de le renseigner journellement par dépêche sur les cours 
pratiqués et sur les dispositions du marché; ce sont ces renseignements qui lui 
servent de base pour l'évaluation du quantum de ses offres aux propriétaires. 

En outre du bénéfice personnel qu'il se réserve, il se ménage toujours une 
marge suffisante pour le couvrir des frais de vente notables qui sont retenus 
par sa maison, de ses dépenses personnelles, risques ou imprévus. 

C’est à ces commerçants qu'est vendue la majeure partie des asperges récol- 
tées dans notre région. Elles sont achetées par eux le plus souvent au cours du 
jour; quelques marchés se font cependant à l’année, mais surtout pour les 
asperges de qualité supérieure à la moyenne. 

Dans ce cas, le commerçant s’engage à prendre la totalité de la récolte du 
planteur, quelle qu’en soit l'importance, tantôt au prix de tant la botte d’après 
sa qualité, tantôt à un prix unique de tant la botte, petite ou belle. 

Cette dernière forme de marché a l’avantage d’éviter les contestations qui 
se produisent souvent dans le triage; mais elle n’avantage pas ceux dont la 
récolte est constituée par des asperges de qualité supérieure à la moyenne. 

Quoique ces marchés soient conclus verbalement, ils sont en général respectés 
de part et d'autre. 

Voici quelques prix moyens de la botte d’asperges à Appoigny et aux Bries, 
au cours de ces dernières années :« 


Asperges communes. Asperges belles. 

Années, Francs. Frances. 
LUS PTT 0,464 0,756 
x SOS EE 0,430 0,763 
FSDD tp! 0,379 0,720 
A0 OEM 0,445 0,601 
CT) Rene 0,414 0,645 
ILE ESEAREX 0,485 0,718 
IEU, boot 0,417 0,627 
IC ORNE 0,340 0,535 
IA RE 0,400 0,700 


Il est évident que le courtier qui cherche à retirer de son commerce le plus 
grand bénéfice doit acheter aux eultivateurs le prix le plus bas possible. Nous 
avons eu l’occasion de voir chez plusieurs planteurs des asperges classées parmi 
les plus belles de la région, achetées par les courtiers à raison de 0 fr. 55 la 
botte d’environ 4 800 grammes, soit 0 fr. 30 le kilogramme pour toute la saison. 

Pour tout autre système de vente, il est certain que cette récolte, très nota- 
blement supérieure à la moyenne comme qualité, eût été payée plus cher. 


20 RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L’ASPERGE 


Aussi, beaucoup de cultivateurs ont-ils adopté l’un des sytèmes de vente 
suivants : 

Le courtier devant réclamer aux cultivateurs, en outre des frais élevés qui 
lui sont retenus pour la vente par la maison de commission, ceux qu’il prélève 
pour son bénéfice personnel, des producteurs ont cherché à livrer leur récolte 
directement à la maison de commission, sans passer par l'intermédiaire du 
courtier. 

Celle-ci doit la vendre au mieux des intérêts de ses correspondants. 

Les asperges classées en diverses qualités sont vendues au cours du jour. Du 
produit de la vente, il est retranché les frais de transport, de commission (6 à 
8 p. 100), de décharge et de manutention (0 fr. 20 par colis), de location de 
paniers (0 fr. 15), de retour des paniers vides (0 fr. 10), de correspondance. 

Le total des frais, transport compris, est d'environ 20 à 21 p. 100 du pro- 
duit brut de la vente. 

Mais ne peuvent recourir à ce mode de vente que les propriétaires qui ont 
une récolte assez abondante et de qualité satisfaisante; beaucoup de produc- 
teurs ne sont pas dans ce cas et ne sauraient se charger eux-mêmes de leurs 
expéditions; aussi se groupent-ils pour faire leurs envois collectivement. 

Un groupe plus ou moins important de cultivateurs apporte chez l’un d’eux 
(qui est l’agent de la maison de commission) les asperges récoltées. 

Chaque panier ou colis est étiqueté au nom du cultivateur récoltant et expédié 
à la maison de Paris. La vente est faite par les soins de cette dernière, qui 
établit pour chacun des propriétaires une facture indiquant le nombre et le 
poids des colis qu'il a envoyés, le prix de vente, le montant total de la verte. 

De celui-ci, il est déduit les frais afférents à la rétribution de l'expéditeur 
(environ 5 p. 100), au transport des colis par chemin de fer, aux droits de la 
commission (6 à 8 p. 100), et à un tant pour cent pour le vendeur spécial, à la 
décharge et manutention des colis (0 fr. 20), à la location des paniers (0 fr. 10), 
à leur transport (0 fr. 05) et à la correspondance. 

Le total des frais à déduire de la vente s’élève en général de 25 à 28 p. 100. 

L’expéditeur recoit de la maison, avec la facture de chacun des membres du 
groupe, la somme nette à leur verser. 

Des groupements de ce genre existent dans la région; leurs statuts présentent 
quelques variantes dans le détail desquelles nous ne pouvons entrer ici. 


Lu. 

Un dernier système de vente est la vente directe aux Halles, non plus par 
l'intermédiaire d’une maison de commission, mais par le syndicat lui-même, 
représenté sur le carreau forain par un vendeur. Nous citerons comme exempla 
la vente organisée par le syndicat des agriculteurs de Loir-et-Cher. 


DANS L’AUXERROIS. 21 


La culture de l’asperge est très importante en Loir-et-Cher; elle y prit une 
grande extension, surtout lors de l’invasion phylloxérique. A cette époque, 
l’asperge se vendait encore bien, la main-d'œuvre était abondante; aussi sa 
culture enrichit-elle de nombreux cultivateurs. 

Mais l’extension même des plantations amena un encombrement du marché: 
la maladie de la rhizoctone fit de grands ravages, et la reconstitution du vignoble 
raréfiant la main-d'œuvre, la culture devint très onéreuse et les prix peu rému- 
nérateurs. En raison de cette crise, le syndicat des agriculteurs fut amené 
en 1901 à s'occuper de la question de la vente, dans le but de chercher à sup- 
primer une partie des frais énormes résultant des modes de vente en usage. 

Celle-ci est organisée de la manière suivante : dans chacun des principaux 
centres de production, un syndiqué, généralement le dépositaire, a été chargé, 
moyennant une petite rémunération, fixée par les syndiqués eux-mêmes, de la 
centralisation, de l’emballage et de l’expédition. 

Pour faciliter la vente, l’asperge est classée en trois catégories : 4° le balai, 
petites asperges vertes et dures; 2° la qualité courante; 3° l’extra, belles 
asperges d’un diamètre fixé en réunion. 

Chaque syndiqué est muni d’un appareil à botteler de dimensions uniformes, 
donnant des bottes d’un poids à peu près régulier de 1K8,500. 

Chaque jour, à heure convenue, les syndiqués amènent leurs asperges chez 
le dépositaire; celui-ci enregistre sur un carnet à souche la quantité de bottes 
apportée par chaque cultivateur en spécifiant la qualité ainsi que le poids. Un 
feuillet daté et signé par le dépositaire est remis aux syndiqués. 

On comprendra que le paiement s’effectuant d’après le nombre de bottes, 
certains syndiqués aient cherché à en diminuer le poids pour en augmenter le 
nombre. C’est pour parer à ce subterfuge que tous les apports sont pesés; chaque 
manquant est noté pour l’établissement d’une réfaction proportionnelle, lors du 
partage des fonds provenant de la vente. 

L’emballage s’effectue dans un matériel de paniers ad hoc achetés par le 
syndicat, et qui s’amortit par le prélèvement de 0 fr. 10 par panier de 12 bottes. 

Les asperges ainsi centralisées sont pour la plus grande partie expédiées au 
carreau des Halles de Paris, où elles sont reçues et vendues chaque matin par 
une personne spécialement désignée à cet effet; ce vendeur est naturellement 
choisi parmi les personnes qui inspirent le plus de confiance aux syndiqués, car 
il est chargé d’opérations dont le contrôle est presque impossible. 

La rétribution qui lui est allouée est proportionnelle au produit brut des 
ventes. 

Chaque jour, dès que la vente est terminée, le vendeur envoie à chaque expé- 
diteur une feuille de vente sur laquelle sont enregistrés le nombre de colis et le 
nombre de bottes reçues le matin, puis le détail de la vente. 


22 RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L'ASPERGE 


Du total, il est déduit les frais de transport, de camionnage, de décharge- 
ment, la rétribution au vendeur et quelques menues dépenses. La différence est 
envoyée par mandat-poste tous les deux ou trois jours aux dépositaires expé- 
diteurs. 

Chaque dépositaire communique aux syndiqués la feuille indiquant les 
résultats de la vente, et il établit alors le prix net des bottes d’extra, de moyennes 
et de petites. Il fait ensuite le compte de chaque syndiqué et verse à chacun la 
somme qui lui est due, et ce, en échange du récépissé délivré au moment de la 
centralisation de la marchandise. 

Le syndicat se préoccupe enfin de rechercher de nouveaux débouchés, soit 
auprès des fabriques de conserves qui existent en Loir-et-Cher, soit dans les 
principales villes de France ou de l’étranger. 

On voit quels services ce syndicat a rendus en établissant cette organisation 
et en faisant l’avance des fonds nécessaires à l’achat du matériel d'expédition. 

Tels sont les divers systèmes de vente en usage. Nous pensons que, de leur 
exposé, chaque planteur pourra tirer une conclusion. Nous insistons à nouveau 
sur ce fait qu'il ne s’agit pas seulement d'augmenter la production et la qualité 
par les procédés que nous avons décrits ou que nous examinerons plus tard; 
faute d’un système de vente avantageux, ces efforts manqueraient en partie 
leur but, qui est de proeurer aux cultivateurs un rendement argent aussi rému- 
nérateur que possible. 


e) COMPTES DE CULTURE D'’UNE ASPERGERIE 


Nous avons demandé à plusieurs de nos collaborateurs de bien vouloir nous 
établir, de concert avec quelques-uns des meilleurs planteurs de leur commune, 
les dépenses et recettes d’une aspergerie, afin de déterminer approximativement 
le bénéfice qu’elle laisse par hectare. 

La rédaction d’un tel compte est, d’une manière générale, très laborieuse, 
surtout pour les cultures qui, comme l’asperge, nécessitent des frais de premier 
établissement, et, pour chaque année de production, une main-d'œuvre relati- 
vement considérable. Mais nos collaborateurs ont préparé ce travail avec assez 
de conscience pour que nous devions considérer comme aussi exacts que possible 
les chiffres que nous communiquons ci-après. 

Nous devons dire au préalable que les écarts parfois sensibles qu’on observe 
d’un endroit à l’autre sont explicables par les conditions locales plus ou moins 
différentes. 

En ce qui concerne, par exemple, la main-d'œuvre, les frais de celle-ci varient 
avec le morcellement de la propriété, avee la nature des terres; pour tenir Cons- 


DANS L’AUXERROIS. 23 


tamment le terrain en parfait état d’ameublissement, de propreté, les binages 
ou sarclages n’ont pas besoin d’être aussi nombreux dans les terres sableuses 
que dans les terres plus fortes; en outre, ils sont plus faciles dans les premières 
que dans les dernières; par suite, les frais qu’ils nécessitent sont plus faibles 
dans les sols légers. Les circonstances atmosphériques influent également sur 
l’opportunité des opérations, qui seront plus fréquentes dans une année plu- 
vieuse que dans une saison sèche; si une pluie battante et assez prolongée 
survient après une façon, il est utile, dans certains sols tout au moins, de la 
recommencer dès que possible pour empêcher la terre de se prendre et de durcir, 
ce qui rendrait la cueillette plus pénible et augmenterait le déchet dû aux 
asperges rouillées, tordues, cassées, plus nombreuses dans le cas de durcisse- 
ment du sol. 

En ce qui concerne les fumures, les fumiers sont, dans certaines communes, 
à peu près purs; dans d’autres, nous avons vu qu’ils sont mélangés à des litières 
et, dans ce dernier cas, ils sont évidemment moins riches et un peu moins chers; 
mais il en faut employer davantage, d’où une augmentation de frais de trans- 
port. 

Il y a également lieu de signaler des habitudes locales, qui sont à prendre 
en considération dans l’établissement de ces comptes de culture : c’est ainsi que 
dans certaines communes, on plante des légumes (haricots) pendant la première 
année de la plantation et de même pendant les deux dernières; on supprime 
l’apport du fumier pendant celles-ci et on simplifie certaines façons. 

Enfin, un des facteurs les plus importants dans un travail de ce genre, c’est 
le prix de vente du produit, ce prix étant assez variable, d’un endroit à l’autre. 

Nous avons trouvé, dans diverses publications ou articles, des comptes de 
culture dont les chiffres sont assez différents. Nous répétons qu’il n’y a rien là 
qui puisse surprendre. C’est ainsi que, dans quelques-uns, il était fait usage, 
outre le fumier, d’engrais chimiques qui augmentent, comme nous le montre- 
rons, le rendement, et, par suite, le bénéfice net, ou bien encore le kilogramme 
d’asperges est compté sensiblement plus cher. 

Nos chiffres s’appliquent à la culture moyenne de nos régions qui se fait 
jusqu'ici sans l’adjonction d’engrais complémentaires. 

L'un de nos comptes a été dressé pour la culture d’Appoigny, en terres 
diverses silico-argileuses formées de sables mélangés à des alluvions ou d’allu- 
vions presque pures; l’autre, pour la culture de Charbuy, dans des sables plus 
légers que les terres précédentes. Nous nous sommes bornés à ces deux exemples 
et nous remercions vivement MM. Deschamps, des Bries, et Rollinat, de Char- 
buy, grâce à qui nous avons pu les établir. 


19 


RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L’ASPERGE 


1° Comptes de culture d’une aspergerie à Appoigny et aux Bries. 


PREMIÈRE ANNÉE 


Francs. 

EOYeRAUES OL te 70 
Labour préparatoire d’ jt er ts orties d’ onngne 5 de Dena ; 24 
Ouverture des fosses (4 journées, 2 chevaux et deux hommes) . . . . 64 

Obtention des griffes chez le P'N achat de graines, fumures et 
soins à la pépinière . . . . Ro D oousop use 80 
Plantation des griffes (& journées JMNOMMES) EEE 64 
Ratissagetdes bulles éNOURNÉeS) NN EP 16 
Nrois sarclaces 6 0Mran cs EEE ED 
Totale SORA ONE RENAN 05; 

DEUXIÈME ANNÉE 
POYÉRIAUESOIE ESS : RO DES 70 
Remplacement des pieds nant Ë journées). (PCA RSR E 8 
Prix des griffes (1000 à 0 fr. 40 le cent) Share 4 
Rafraîchissement des fosses pour mettre le fumier . . . . . . . . . 40 
Fumienmcompost)P0mEtTeSCuDeSRISATANCS EEE NN SCD 
Dransport \MOMoUrMÉEs avec UNICHE VANNES PTE 80 
Épantdage een OUSSeMeEN RENE 36 
MroisSarclasestejonrnées te TANCs) PE RNPRENR EE RE 96 
Coupase este este AULONNE NN RER 6 
ONE NO A EI) 
TROISIÈME ANNÉE 
Francs. 
POYERUISCIEE EEE fu 8 EX UT M SR ONE LEE ENS 70 
Labour pour déchausser le gr Neo (2 journées d'homme et de cheval). 16 
Débultage la pioche (8journées A SMrancs) NN EN 24 
Eumier (compost) \d6 metres Cubes 8 MrANCS) ES NN 125 
Re (sijournéestdhomme etrdecheval) ER E 48 
Epandage et enfouissement. . . . . Lee TN UE 28 
Bultage à la charrue (2 journées d'homme el Chen SON Re Pr. 16 
Ratissageldestbuttes AMournées A ÆITANCS) EN REEREE 16 
Trois binages à la charrue (6 journées à 8 francs). à 48 
Trois binages à la main (18 journées à 4 francs). . . . . . . . . . . 12 
Coupage des tiges en automne (4 journées à 3 fraucs). 12 
Débultage à la charrue (2 journées à 8 francs) 16 
Hriaisidé récolte JEStASDErE CSP RE 80 
Bottelage. a 2 2 MT NACUSIERR PRE ER EE RER E 24 
Total MEME EEE A VETREUTe MR 508 
QUATRIÈME ANNÉE ET SUIVANTES JUSQU'A LA DIXIÈME INCLUSE 

LoyendussolEeee EE nt pee uee FOR 70 
Débuttage à la pioche nl oo à # francs)! À ne 4 SOU Er ARE 32 
Fumier (compost) M6MmeIreS A8 TANCS NN EC 
Eransport (6Hounnees Ré MEANCS) EE RTE 48 
Épandage, ratissage el enfouisse MEN UNE 28 
Buttage alafcharruel(2Sournéese SET ONCS) EP 16 


Ratissage (4ournées a TAN) ER ER 16 


DANS L’AUXERROIS. 25 


PENDANT LA RÉCOLTE 


HT OISDIN A RES AR AIG ARTU CE PAPE RE 0 ee ne de en ee 48 
RER © 6.8 0 0 HMlor cc ST ER CCE 16 
Deusibna se SNA ER ne ee ee à Go ce on à 32 
RAGE à 6 10 ec GO NS DONC PSM RE EE 
BOL TAC RP MS Rte Elie à 70 


APRÈS LA RÉCOLTE 


Dcs onases IS CHER EE RE RP Ce 32 
Da Jones MERE RE 40 
CONPALES TENUE ES RE M ue on à te 14 
DÉDUttABe AAA EURE LE EL NE . - 16 

OO CAAONG SR. LU LE870 


ONZIÈME ET DOUZIÈME ANNÉES 


Mêmes dépenses que les années précédentes, en diminuant les frais de but- 
tage à la main, qui se font alors à la charrue, et les frais de fumure, laquelle 
est supprimée, soit en moins 232 francs par hectare et par an : 


802292 688NIrANCS, SOI POUMAANNÉCS EE 1276 


En résumé, les dépenses totales sont de : 


Francs. 
AS ADN É EP RRER  0e uet de gen eg es 498 
DROIT q ue à 500 
SC Re PS CR NON ee 598 
4e année et suivantes, jusqu'à la dixième année incluse: 870 fr, X7— 6090 
HÉSELSANTE ES 0) CN D 1 276 
Total des dépenses... 8 962 
RECETTES 
Frances. 
dannéer-lésumes cultivés entreles lignes "0. 400 
2 année : Néant. 
3e année (4 à 600 bottes d’asperges vendues de 0 fr. 70 à 0 fr. 75 en 
HONONNE)c 206 RON SE NE RC TE RES 420 
4° année (2000 à 2400 bottes à 0 fr. 60 la botte, par abonnement) . 1 320 
5°, 6° et 7° années (2 400 à 3 200 bottes) soit : 1680 fr. x 3... . .— 5040 
8°, 9° et 10° années(de 2400 à 1 200 bottes seulement) soit 1200fr.x3— 3600 
11° et 12€ années (1 200 bottes, plus quelques légumes, mème valeur 
quelles annéestprécedentes) M 2002 09 100 
Nota escales. , à Me ; à à 310 
Bénéficenetipour les 142 1ans 13 180r = 8062 up 218 


Soit en moyenne pour une année, #4 218 fr. : 12 . . . . . . . . — 351,50 


26 RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L'ASPERGE 
2° Comptes de culture pour une aspergerie à Charbuy. 


PREMÈRE ANNÉE, 


Francs. 
Lover du:s0l ef MMPOIS LCR PE 10. 
Griftes récoltées par le planteur . As 20 
Défoncage du terrain à planter (3 journées d Lame 7 de Rial) ne 24 
Creusement des tranchées et plantation (15 journées d'homme). . . . 60 
Cinqéhinases {60 journées NOMME) EEE ED 
Total 2. RER enr 
DEUXIÈME ANNÉE 
Loyer du sol et impôts . . . . PE ee LR RE PE 70 
Remplacement des griffes pos, Na 2 D be 5 
Rafraîchissement des fosses pour mettre le he ondes. UE 16 
Achat de 16 mètres cubes de fumier à 6 francs . . . . . . . . . .. 96 
Transport du fumier (4 journées d'homme et de che al). PRE 32 
Épandage et enfouissement (8 journées) . . , . . . . . . . . . .. 32 
CimqbinarestS0NOURNÉES) EN 
ConpasemdestiseseHOUTNCES) NP PNR ET 8 
EOtAL SR O0 
TROISIÈME ANNÉE 
Loyer du sol et impôts. . . .. EUR ut 70 
Achat de 24 mètres cubes de Fee. à 6 Home PR ee Te LUE 
Transport de fumier (6 journées d'homme et de (cheval). à MR Et e 48 
Épandage et enfouissement à la charrue 30 
Trois binages à la main (18 journées d'homme). . . . . . . . . . . 72 
Deux binages à la charrue (6 journées d'homme et de chenal A 48 
Coupage des tiges en automne 2 journées 8 
Total. RS SON CE Nr APTE RE 0 
QUATRIÈME ANNÉE ET SUIVANTES (1) 
Loyeridutsoltet impots RP PE RE 10 
Fumier (30 mètres cubes à 6 ane). no RCI CES, 4180 
Transport (8 journées d'homme et de cheval)... 6% 
Épandage et enfouissement à la charrue . . . . NN Per CURE 30 
Deux hersages (2 journées d'homme et de éheral), SR 16 
Deux binages à la main (12 journées). . . . MES TNT RAP 48 
Deux binages à la charrue (y compris le ra RE D D ENT 48 
Buttage des pieds (3 journées d’homme et de cheval) . . . à 24 
Fraisdelcuerlette edetbolte lise PEER 0 
Coupage des liges . 2 
Total. tie ER MENONEE : 2 


(4) La dernière année, il est d'usage de supprimer le fumier, d’où diminution de frais de 
180 + 64 + 30 — 274 francs. 


DANS L’AUXERROIS. 27 


DÉPENSES GÉNÉRALES POUR LA DURÉE DE L'ASPERGERIE 


Francs. 
ASUS CR ee à eee. eut voeu ouf 29% 
SP RES à. nca 2 > DO 2 ON ET OO EE 379 
EP ANNÉE + p 6 0 Lo D'OR IT TE CE 420 
annéequequ'alatir inelus)} 27/22 fix AA eme PIN = 8082 
1Bannée (bas tdetumiel) MOTTE RME TN — 458 
LOTAlR MERE EC 009603 
RECETTES 
Francs. 
4rc année : récolle de légumes. . . . . . . . 400 
2e année. Néant. 
3° année. = 
4° année ({ 700 à 1800 bottes à 0 fr. 60 la botte). . AR ST ENA 1 050 
5° année, jusqu’à la 12° inclus, 2 400 à 2500 bottes à O0 fr. 60, soit 
AP DT RE SR ee Cu -n ts eeuus he ‘11 160 
13° année, 14° et 15°, en moyenne 2000 bottes, soit 1 200 fr. x 3 — 3 600 
MOTS  E 161810 
Bénéfice net pour la durée totale de l’aspergerie 16810 — 9603— 7207 
SOU ADOUTUNRAT STE ONEAllDEE RER  U OU. .— 480,40 


Dans les aspergeries particulièrement bien entretenues et mieux fumées, 
comme le sont d’ailleurs celles de nos dévoués collaborateurs, où le rendement 
et la qualité sont supérieurs et le prix de vente un peu plus élevé, le bénéfice 
net par hectare est plus considérable. Mais, par contre, il est aussi des asper- 
geries négligées, d’autres, à Appoigny, par exemple, établies sur des sols qui 
paraissent être fatigués par d’anciennes cultures, où leur production et leur 
durée sont moindres, et qui, par conséquent, donnent un bénéfice inférieur. 

Les exemples que nous avons donnés s’appliquent à la culture moyenne 
d'une aspergerie de production et de durée normales et cultivée comme on a 
l'habitude de le faire, sans engrais chimiques complémentaires. 

À la fin de notre étude, nous aurons le plaisir de constater que l’apport 
d'engrais assimilables est susceptible d'augmenter sensiblement le bénéfice par 
hectare. 

Les bénéfices ci-dessus sont calculés en supposant que le planteur ait recours 
à une main-d'œuvre étrangère payée aux cours du pays, soit 3 francs la Journée 
de femme, 4 francs la journée d'homme, et 8 francs la journée d'homme et 
de cheval. 

Cette façon de comprendre ces comptes de culture est très naturelle. Mais il 
convient d'observer que, dans la pratique, le planteur ne donne pas ces travaux 
à la tâche; il les effectue lui-même avec l’aide de sa famille: dans ces condi- 


28 RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L’ASPERGE 


tions les frais de culture lui reviennent en réalité moins cher que s’il les donnait 
à faire, et les bénéfices nets précédemment indiqués se trouvent par ce fait sensi- 
blement augmentés. 

Pour clore ce paragraphe, nous devons ajouter que la culture de l’asperge 
est notablement moins rémunératrice qu’il y a une vingtaine d’années. A cette 
époque, la main-d'œuvre était moins rare et meilleur marché qu'aujourd'hui, 
en même temps que les recettes étaient plus considérables; la culture ne s’était 
pas encore étendue dans certaines communes qui ne l’ont introduite que récem- 
ment; les marchés, et particulièrement celui de Paris, n’étaient pas encombrés 
comme ils le sont maintenant et les prix de vente étaient bien supérieurs: Il y 
avait donc à la fois de moindres dépenses et plus de recettes, d’où un bénéfice 
beaucoup plus rémunérateur. 

C’est une raison de plus, pour ceux qui se livrent à cette culture, de la pra- 

tiquer plus judicieusement. 
Par une meilleure sélection des graines et des griffes, par un emploi raisonné 
d'engrais assimilables bien appropriés, et par la recherche de meilleurs débou- 
chés, ils augmenteront leur bénéfice. Il nous reste à établir précisément les 
fumures susceptibles d’obtenir ce résultat éminemment pratique. 


I ÉENÉMUDEMDESSOMS 


La culture de l’asperge en plein champ est relativement récente dans le 
département de l’Yonne; il n’y a guère qu’à Appoigny où elle a été introduite 
anciennement. 

D’autres communes s’adonnent à la culture depuis trente à quarante ans. 
Lordonnois (1865), Vergigny et Jaulges (1870), Saint-Florentin et Chéu (1875), 
Rouvray et Héry (1877). 

Plusieurs communes ne la cultivent que depuis peu d’années, telles que 
Fleury (1880), Charbuy (1889), Lindry (1890). 

Enfin, elle s’est introduite tout récemment à Villefargeau, hameau des 
Bruyères (1893), Saint-Maurice-Thizouailles et Saint-Maurice-le-Vieil (1897- 
1898), etc. 

Dans certaines communes, elle couvre des surfaces assez étendues, telles, 
par exemple, Appoigny (près de 100 hectares), Vergigny (50 hectares), Chéu 
(38 hectares), Jaulges (40 hectares), Lindry (25 hectares), Charbuy (20 hec- 
tares), Héry (15 hectares), Lordonnois (15 hectares), etc. 

D’après les renseignements que nous avons recueillis, la culture de l’asperge 
serait faite dans le département de l’Yonne sur une surface totale d’environ 
500 hectares. 


SATA 7 


*SSUINOS FUOS PUTMINO AP SUP ST * CJON 


(S2J67 sajgeS Sep 26e) 
SIoyu3xnv.1 SNvVG S39434SY S3Q 34N11N9 10 
NOI934 V1 30 1101907039 31HV9 


30 RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L'ASPERGE 


Cette superficie n’est pas disséminée dans les diverses régions du départe- 
ment; les communes précédemment citées sont groupées sur une zone bien déli- 
mitée, en raison des caractères particuliers de leurs sols, qui conviennent d’une 
façon remarquable à la culture que nous envisageons. 

Si l’on Jette un coup d’œil sur la carte géologique du département, on observe 
que les communes ci-dessus sont comprises dans la région sableuse de l’étage 
des sables verts. Celle-ci forme une zone inclinée du Sud-Ouest au Nord-Est, 
limitée au Sud par le Néocomien en bordure de la Basse Bourgogne, et au Nord 
et au Nord-Ouest par les assises inférieures de l’étage de la craie, qui forment 
la base des plateaux du Sénonais et du Gâtinais. 

La zone qui nous intéresse, entre Germigny au Nord-Est et Saint-Maurice au 
Sud-Ouest, a environ 22 kilomètres de longueur ; sa largeur moyenne est d'environ 
7 à 8 kilomètres. 

Dans la partie Nord-Est de cette zone, c’est-à-dire de l’Yonne au Serein et 
à l’Armançon, les sables sont gris jaunâtres ou verdâtres, verts à la partie infé- 
rieure, où ils renferment des couches d'argile grise et quelques bancs de grès; 
mais dans la partie Sud-Ouest, au delà de l’Yonne et vers la Puisaye, les sables 
verts se trouvent seulement à la partie inférieure ; quant à la presque totalité de 
la masse, elle est formée par des sables jaunâtres, souvent ferrugineux, renfer- 
mant à diverses hauteurs des argiles le plus souvent jaunes ou rouges. 

En outre des sols essentiellement sableux de cet étage, il y a lieu de signaler 
comme terres à asperges celles, assez légères, constituées par les alluvions des 
principales rivières; le plus souvent, elles sont mélangées aux sables de l'étage 
supérieur qui leur ont donné une légèreté plus grande que celle des alluvions 
proprement dites; beaucoup d’aspergeries d’Appoigny, de Chemilly, de Seï- 
gnelay et des environs de Saint-Florentin, reposent sur ces terrains sablo-argi- 
leux dont nous parlons. 

Nous avons entrepris une étude de ces sols pour nous renseigner sur leurs 
propriétés physiques et sur les ressources qu'ils offrent en éléments nutritifs. 
Par cela même qu’ils ont une origine commune, et que leur composition pré- 
sente une grande analogie, les résultats très nombreux que nous avons recueillis 
nous donneront une idée exacte de la constitution de la grande généralité des 
sols à asperges de l’Auxerrois. 

Propriétés physiques. — Nous commencerons cette étude des terres par 
l'examen de leurs propriétés physiques, qui dépendent des proportions du sable 
grossier, du sable fin, de l’argile et de l’humus qu’elles renferment. 

Nous ferons abstraction des cailloux et des graviers qui, dans les terres à 
asperges de notre région, sont toujours en proportion très peu élevée, comme 
on pourra s’en rendre compte dans le tableau qui suit; nous considérerons done 
spécialement la terre fine passant au tamis à mailles de { millimètre. 


DANS L’AUXERROIS. 31 


On comprend que le sable grossier étant un élément qui divise le sol, plus 
une terre en contiendra, plus elle sera légère et de culture facile. Au contraire, 
une terre sera d'autant plus forte et difficile à travailler qu’elle renfermera une 
plus grande quantité d'éléments fins, tels que le sable fin et surtout l’argile, 
dont dépendent la compacité et l’imperméabilité des sols. 

Pour fixer les idées, nous nous bornerons aux chiffres suivants. On admet 
que les terres franches, c’est-à-dire celles qui ne sont ni trop légères, ni trop 
compactes, renferment environ, pour 4 000 de terre : 


650 parties de sable grossier; 
250 — lin; 

80 parties d'argile; 

et quelques millièmes d'humus. 


Les cailloux et graviers ne s’y trouvent contenus qu’en faible proportion. 

Dans les terres légères, la proportion du sable grossier dépasse sensiblement 
le chiffre précédent, tandis que celle du sable fin et de l’argile sont notablement 
moindres, soit : 


Plus de 700 parties de sable grossier, 
moins de 200 parties de sable fin, 
moins de 70 parties d’argile. 


Quant aux terres fortes, où l’argile prédomine, ainsi que le sable fin, elles 
peuvent renfermer jusqu’à près de 400 parties d’argile, plus de 300 parties de 
sable fin, et une proportion de sable grossier, qui est généralement de 200 à 
300 p. 1 000. 

Enfin, il est bon d’ajouter que certaines terres, dites battantes, qui ren- 
ferment très peu de sable grossier (moins de 200 p. 1 000), et d'argile (moins 
de 50 p. 1 000), renferment une proportion de sable fin extrèmement élevée, 
plus de 700 p. 1 000. 

Les fortes pluies, sur ces sables très fins, ont pour effet de les agglomérer, 
comme s'ils avaient été battus, et de les rendre imperméables à l’air et à l’eau. 

Ces quelques explications préliminaires vont nous permettre d'interpréter 
les résultats de l’analyse mécanique des terres à asperges que nous avons exami- 
nées, et qui sont consignées dans le tableau suivant : 


ÉTURE DE L’ASPERGE 


UR LA CU 


S 


ES 


RECHERCH 


SH9HAHdSV 


Y SAUUAIL 


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DANS L’AUXERROIS. 33 


Nous avons vu précédemment qu’une terre est classée parmi les terres 
légères, lorsqu'elle contient, pour 1 000, plus de 700 parties de sable grossier. 
Or, toutes les terres analysées rentrent dans cette catégorie; l’une d’elles, celle 
des Courlis, renferme même 900 parties de sable grossier siliceux, proportion 
exceptionnellement élevée, qui la range parmi les terres extrèmement légères. 

La proportion de sable fin siliceux qui, dans les terres légères, est inférieure 
à 200 millièmes, ne dépasse pas cette proportion dans les échantillons examinés, 
et elle s’abaisse souvent aux environs de 100 millièmes. 

Enfin, l'argile qui, dans les terres légères, entre dans la proportion d’environ 
50 millièmes, se trouve aux environs de 10 à 40 millièmes, sauf dans quelques 
sous-sols, où elle atteint environ 120 p. 1 000. 

Fréquemment, les sables de la Puisaye reposent ainsi sur des sous-sols moins 
perméables que les sols, et parfois même argileux, comme nous avons eu l’occa- 
sion de le dire plus haut. Ces sous-sols, lorsqu'ils sont à une faible profondeur, 
retiennent parfois l’humidité, au point de S’opposer à l’égouttement du sol. Il 
va sans dire que ces terres trop humides, en raison du sous-sol, sont par cela 
.même froides et ne conviennent pas à la culture de l’asperge, qui redoute tout 
excès d'humidité. 

En résumé, les résultats qui figurent dans le tableau ci-dessus rangent ïes 
terres examinées dans la catégorie des terres légères ou très légères, qui doivent 
à la proportion élevée de sable grossier qu’elles renferment, une grande perméa- 
bilité pour l'air et pour l’eau, et une grande facilité dans l’exécution des tra- 
vaux culturaux; ce sont en somme des propriétés qui conviennent à l’asperge, 
les différentes façons culturales auxquelles elle doit être soumise nécessitant un 
sol d’un grand ameublissement et suffisamment chaud pour permettre une 
production aussi précoce que possible. 

Le sous-sol présente dans la pratique, malgré une constitution très voisine 
de celle des sols, une certaine dureté, qui n’est pas due, comme on pourrait le 
croire, à une proportion trop élevée d'argile, mais à ce fait qu'il n’a pas été 
ameubli par les instruments de labour, et que, d’autre part, le sable est agglu- 
tiné dans certains endroits, par une sorte de ciment ferrugineux. Cette 
propriété de résistance du sous-sol n’est pas nuisible à l’asperge, dont les griffes 
aiment assez reposer sur un sous-sol ferme, sur lequel elles s’étendent et courent 
horizontalement. 

Telles sont les indications qui se dégagent de l’interprétation des analyses 
mécaniques de ces terres. 

Composilion chimique. — Examinons maintenant leur teneur en principes 
fertilisants. Nous ferons précéder les tableaux d’analyse des brèves explications 
suivantes, qui en rendront plus facile l’interprétation. 

On admet, d’après les travaux analytiques et les expériences culturales des 

3 


34 RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L’ASPERGE 
agronomes, qu’une terre est d’une richesse satisfaisante lorsqu'elle renferme : 


1 pour 1 000 d’azote, 
1 pour 1 000 d’acide phosphorique, 
1,5 à 2 pour 1 000 de potasse. 


Quant à la chaux, quelques millièmes seulement suffisent pour l’alimentation 
proprement dite des plantes; mais des quantités plus élevées de chaux sont 
nécessaires pour suffire aux réactions chimiques du sol, et pour assurer à ce 
dernier un certain degré d’ameublissement; et il en faut d’autant plus à ce 
dernier point de vue que les sols sont plus argileux, plastiques et imper- 
méables. 

L'analyse chimique n'indique done que d’une façon incomplète si le sol a 
besoin d’amendements calcaires; ce n’est guère que si le calcaire est en propor- 
tion par trop minime que l’on doit regarder son apport comme réellement utile. 

Enfin, l’on considère comme terres pauvres celles qui ne contiennent qu'en- 
viron 0,5 p. 1 000 d'azote, moins de 0,5 p. 1 000 d’acide phosphorique et moins 
de 1 p. { 000 de potasse. 

Voici maintenant la composition de nombreuses terres à asperges que nous 
avons analysées : 


PROVENANCE DES TERRES. 


4° Champs d'expériences. 


À Sol . 
Lindry (les Ouches). 


Charbuy Sol . 


(La Bretagne). Sous-sol, 


Charbuy Sol . 


(les Courlis). Sous-sol, 


: SO 
Les Bries. 


À N° 1° Sol. 
DER 6 © Ne 2 co. 


Héry Sol . 


(Sables forts). Sous-sol. 


Héry Sol . 


(Sables légers). Sous-sol. 


20 Terres diverses. 


ADDOIZDY.1..... (SOLE 


(Revers des grès), | Sous-sol, 


Appoigny. . . .. Ru : 


(Rue d’en haut). 


Sol . 
Jaulges . 5 : 


DANS L’AUXERROIS. 35 


Analyse chimique des terres à asperges. 


Sous-sol. 


Sous-sol. 


Sous-sol]. 


Sous-sol. 


COMPOSITION DE 1000 KILOS 


Re —— 


FINE. 


DE TERRE FINE. 
TT — 


Acide | Acide | 


TERRE 


phospho-| Potasse.|Magnésie.| Chaux. phospho-|Potasse.|Magnésie. 
rique. rique. 


CAILLOUX ET GRAVIERS. 


940 


| 4,85 
0,67 


1,97 


Chaux. 


36 RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L'ASPERGE 


Analyse chimique des terres à asperges (Suite). 


ü 1 COMPOSITION DE 1000 KILOS 
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PROVENANCE DES TERRES. E - 
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>) Ex Azote. |E % sse. Ca0, CO®. Azote. : ‘|Ca0,c02 
2 S rique. : rique. 
1° APPOIGNY 
a. — Sables de la Puisaye. 
Climats. — La Baillie. 110 | 890 | 0,50 | 0,56 0,46 | traces | 0,4% | 0,50 | 0,41 |traces 
Les Poteaux. . 85 9145 | 0,48 | 0,50 0,43 -— 0,4% | 0,46 CE — 
= Les Courtils. . 90 | 910 | 0,66 | 0,86 0,72 » 0,60 | 0,78 0,65 ) 
La Couarde n° 1. 90 910 | 0,50 | 0,34 0,40 » 0,45 | 0,31 0,36 » 
Concise de Charbuy . 95 | 905 | 0,90 | 0,56 0,55 30MIR0 810 PA 0,50 | 1,17 
Beaulieu. . 375 | 625 | 0,53 | 0,53 0,32 2 0012100331 2033 0,20 | 1,25 
— Les Épinières . 190 | 810 | 0,66 | 0,29 0,36 | traces | 0,53 | 0,23 0,29 | traces 
= Les Bruyères. . 85 | 915 | 0,53 | 0,24 0,27 —- 0,48 | 0,22 (AE 
La Couarde n° 2. 80 | 920 | 0,83 | 0,27 0,24 » 0,16. 0,25 0,22 » 
—- Bois des Demoisellez. . 120 880 | 0,34 0,40 0,80 » 0,31 0,35 0,70 » 
_- Le Poncelof. 65 | 935 | 0,31 0,41 0,38 » 0,29 | 0,38 0,35 » 
_ Billerot. 120 | 880 À 0,62 | 0,47 0,84 » 0,54 | 0,41 0,74 » 
b. — Alluvions anciennes. 
— Les Ruelles . 260 | 740 | 0,70 | 0,80 0,61 1,00 | 0,52 | 0,59 0,45 | 0,74 
— Fossés du Bois. . 70 930 | 0,54 0,38 0,32 traces | 0,50 0,35 0,30 | traces 
©. — Alluvions modernes.! 
= Devant Néron. 210 | 730 | 0,92 | 1,03 2,05 | 41,00 | 0,67 | 0,15 | 1,49 | 0,73 
Le Marais. 125 MST AINO NE 1,10 0,46 | traces | 0,67 | 0,96 0,40 | traces 
20 HÉRY 
— La Prière _. 10 | 930 | 0,61 1,07 1,31 1,20 0,57 | 0,99 122 AA 
Côte chaude . oo 65 935 | 0,23 0,48 0,34 traces | 0,21 0,45 0,32 | traces 
_ Les Criminels. p Un 210 7904100/93 1. "0/62 1,20 3,20: | 0,73 0,49 0,95 | 2,55 
— Cote dorée 2) CES oo 0e 1,10 | traces | 0,65 | 0,67 | 1,02 | traces 
3° LES BAUDIÈRES. 
= Champ de la Médecine. 140 | 860 | 0,65 | 0,40 0,66 = 0,55 | 0,34 0,56 | traces 
Grand-Goulot . 210 | 790 | 0,83 | 14,17 1,50 | 12,0 0,65 | 0,92 1,18 | 9,48 


DANS L’AUXERROIS. not 


Il s’agit maintenant d’interpréter ces résultats. 

Les deux premières colonnes concernent les proportions de cailloux ou 
graviers et de terre fine, que les échantillons renferment par kilogramme de terre 
naturelle sèche. 

On entend par terre fine celle qui passe au travers d’un tamis en fils de laiton 
ayant 10 mailles par centimètre, ce qui présente par suite entre les mailles un 
écartement un peu inférieur à 1 millimètre. Ce qui a passé à ce tamis contient 
les éléments les plus assimilables; si son emploi a été adopté dans la prépa- 
ration des échantillons de terre pour l’analyse, c’est qu'il a servi aux savants 
dont les études sur la terre ont le plus d’autorité. 

L'analyse ne porte que sur la terre fine; mais il est indispensable de faire 
subir aux chiffres trouvés une correction d’après la proportion de terre fine que 
renferment les échantillons. 

Supposons deux champs différents dont la terre fine ait la même composition 
et contient par exemple 1 p. 1 000 d’azote; l’un des champs n’est formé que de 
terre fine, sans aucun caillou ou gravier; le second, au contraire, renferme 
50 p. 100 de cailloux; il est certain que, dans le même poids de terre brute, il 
n’y aura, pour le second champ, que la moitié seulement de terre fine et par 
conséquent 1 000 de terre naturelle ne contiendront que 0,5 d’azote; le second 
champ sera en somme moitié moins riche que le premier, puisqu'il renferme 
90 p. 100 de cailloux, c’est-à-dire d’éléments grossiers et inertes. 

Cet exemple montre pourquoi 4l est nécessaire de faire subir aux résultats 
de l’analyse de la terre fine une correction, pour les ramener à la terre naturelle, 
telle qu’elle est en réalité, avec les cailloux qui y sont mélangés. 

C’est d’ailleurs ces derniers résultats qu’il faut considérer lorsqu'il s’agit 
d'interpréter une analyse de terre. 

Ceci dit, nous pouvons résumer ainsi les documents des deux tableaux pré- 
cédents : 

Azote. — 18 échantillons sur 40, soit 45 p. 100, renferment moins de 
0,5 p. 1 000 d’azote, et devraient être considérés comme très pauvres en cet 
élément; 22 échantillons sur 40, soit 55 p. 100, ont une richesse comprise entre 
0,5 et 1 p. 1 000, et voisine d’ailleurs de 0,6 p. 1 000, ce qui les rangerait dans 
la catégorie des terres pauvres en azote. Aucune n’atteint le taux de 1 p. 1 000 
que l’on considère comme exprimant une richesse moyenne. 

Acide phosphorique. — 25 échantillons sur 40, soit 62,5 p. 100, en renferment 
moins de 0,5 p. 1 000, et seraient classés parmi les terres pauvres en acide 
phosphorique; 15 échantillons, soit 37,5 p. 100, sont compris entre 0,5 et 
4 p. 1 000 d’acide phosphorique, le plus grand nombre étant d’ailleurs très près 
de 0,5. 


Potasse. — 91 échantillons, soit 52,5 p. 100, en contiennent moins de 


38 RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L’ASPERGE 


0,5 p. 1 000 et sont très pauvres en cet élément; 13 échantillons, soit 32,5 p. 100, 
renferment 0,5 à 1 p. 1 000 de potasse, proportion qui les classe parmi les terres 
pauvres en potasse: 6 échantillons, soit 15 p. 100, en renferment de 1 à 
1,6 p. 1 000 et sont moyennement riches. Un seul échantillon est nettement riche 
en potasse, 4,83 p. 1 000; c’est un sous-sol formé par un sable vert d’origine 
feldspathique, d’une constitution très spéciale et exceptionnelle pour la région. 

Quant à la chaux, elle n’existe dans toutes ces terres que dans une propor- 
tion très faible, suffisante peut-être, comme nous avons vu, pour l'alimentation 
des plantes, mais qui ne l’est pas pour les diverses réactions chimiques dont le 
sol est le siège. Cependant, comme les terres considérées sont légères et que 
d'autre part elles sont pauvres en matière organique, la présence de notables 
quantités de calcaire n’est pas aussi utile que dans le cas des terres riches en 
humus, ou encore des terres argileuses, compactes et imperméables. 

Enfin, la magnésie, que nous avons dosée dans nos champs d'expériences 
seulement, est également en faible proportion, ce qui peut rendre utile l’appli- 
cation de matières fertilisantes (telles que la kaïnite), qui en renferment une 
notable quantité. On est d’ailleurs très peu fixé jusqu'ici à son sujet. 

Nous devons enfin faire remarquer que la richesse relative de quelques-uns 
des échantillons qui figurent dans le tableau précédent tient à ce fait qu'ils ne 
sont pas des sables purs, mais qu’il entre dans leur constitution, dans une 
proportion variable, des terres d’alluvion en général plus riches, surtout en 
potasse. D'autre part, plusieurs d’entre eux ont été prélevés à une faible dis- 
tance des villages, et l’on sait que les terres placées à proximité des exploita- 
tions agricoles sont mieux fumées et par suite mieux pourvues d’éléments 
fertilisants. 

Mais, en somme, si l’on envisage ces terres dans leur ensemble, à un point 
de vue général, il n’y a pas de doute qu’on doive les considérer comme des 
terres pauvres en éléments fertilisants; on serait même tenté de s’exagérer leur 
pauvreté, si on prenait trop à la lettre les chiffres exceptionnellement faibles 
qu'a fournis leur analyse; mais, dans l’interprétation des analyses de ce genre, 
il y à lieu de tenir compte d’autres facteurs qui ont parfois une grande impor- 
tance, tels, par exemple, la profondeur du sol, la perméabilité, ete. 

Ces terres sont à la fois assez profondes, et, comme nous l’avons vu, per- 
méables à l’air, à l’eau et aux racines qui peuvent s’y développer avec facilité. 
Les végétaux peuvent y utiliser un cube de terre beaucoup plus grand que s’il 
s'agissait de sols peu profonds, moins perméables et difficilement accessibles 
aux racines. 

Ces terres à asperges possèdent donc certains avantages qui compensent 
dans une assez large mesure leur pauvreté originelle. Ces considérations sur la 
profondeur et l’ameublissement, parfois même sur la fraicheur du sol ou du 


DANS L’AUXERROIS. 39 


sous-sol, expliquent que des terres peu pourvues d'éléments fertilisants n’en 
donnent pas moins des récoltes satisfaisantes. 

Il n’en est pas moins vrai que des terres comme les précédentes, si mal 
pourvues d'éléments de fertilité, nécessitent d’ahondantes et fréquentes fumures, 
pour satisfaire aux exigences de certaines catégories de plantes telles que 
l’asperge, d'autant plus que quelques-unes de ces terres sont d’une perméabilité 
excessive. C’est un inconvénient lorsque le sol renferme très peu d'argile et 
d’humus, en lesquels résident les propriétés absorbantes du sol pour les engrais; 
ceux-ci ont alors une tendance à se perdre dans les couches profondes et à ne 
pas profiter aussi complètement aux cultures auxquelles on les destine. 

Si toutes ces terres à asperges présentent au point de vue de leur compo- 
sition chimique et de leur constitution physique une si grande analogie, c’est 
parce que, ainsi que nous l’avons dit, elles appartiennent à la même formation 
géologique, celle des sables de la Puisaye. 

En résumé, nous pouvons nous faire une idée exacte de l’allure générale des 
terres à asperges de l’Auxerrois; leur origine géologique commune leur a donné 
une constitution et une composition assez homogènes; elles sont essentiellement 
légères, d’une culture facile, perméables, assez profondes, mais peu pourvues 
d’éléments fertilisants. 


III. — DÉTERMINATION DES EXIGENCES DE L'ASPERGE 


La connaissance des exigences des plantes en principes fertilisants nécessite 
la détermination : 1° du poids total de tous les produits de la culture; 2° de la 
composition de chacun de ces produits. 

Pour la détermination du poids des organes végétatifs de l’asperge, nous 
avons donné à nos collaborateurs les instructions suivantes : 

1° Asperges ou turions. — Depuis le premier jour de la cueillette jusqu’à la 
fin de celle-ci, toutes les asperges, sans aucune exception, qui étaient cueillies 
sur une longueur de terrain de 10 mètres, délimitée par deux forts piquets bien 
visibles, devaient être envoyées au laboratoire. Là, elles étaient en totalité 
séchées à 100°, pesées, puis préparées en vue de l’analyse. 

On à done pu obtenir ainsi expérimentalement et dans les conditions de la 
pratique courante, la totalité des asperges sur une longueur et pour un nombre 
de pieds connus et déterminés. Comme, d’autre part, on connaissait le nombre 
de pieds à l’hectare, on en déduisait facilement, pour cette dernière surface, le 
poids total des asperges récoltées. 

2° Tiges. — Au mois d’octobre ou novembre, à l’époque où l’on coupe les 


40 RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L’ASPERGE 


tiges, lorsqu'elles commencent à jaunir et que la végétation est complètement 
terminée, toutes les tiges comprises entre les piquets limitant l'expérience ont 
été coupées au ras du sol. 

On enleva en outre la partie enterrée de la tige restée après le fauchage de 
celle-ci et comprise entre la surface du sol et la naissance de la griffe; nous la 
désignerons sous le nom de chicot. 

Le produit de ce prélèvement fut partagé en trois lots : 1° les chicots des tiges, 
qu'on laisse ordinairement pourrir dans le sol; 2° la partie aérienne, ensemble 
de la tige et de ses ramifications ; 3° les fruits récoltés sur les pieds femelles. 

Nous aurions pu à la rigueur ne faire qu’un lot moyen de ces trois produits ; 
mais nous avons cru devoir effectuer l’analyse séparée de chacun d’eux, dans 
l'espoir que l’examen des résultats de l’analyse respective pourrait nous 
conduire à la constatation de faits intéressants. 

Comme pour les asperges, chacune de ces différentes parties de la plante fut 
séchée à 100°, pesée et préparée pour l’analyse. 

Connaissant d’une part le poids sec de chacun de ces produits, et d’autre 
part leur composition respective, il nous fut possible de calculer la somme des 
éléments fertilisants que la culture avait enlevés au sol, par hectare, dans le 
cours de sa végétation annuelle (1). 

Nos prescriptions ont été suivies par nos collaborateurs avec une rigoureuse 
régularité, et nous nous faisons un devoir de les remercier ici @u précieux 
concours qu'ils ont bien voulu nous prêter. 

De notre côté, nous avons fait de fréquentes visites à nos champs d’expé- 
riences, et procédé nous-mêmes à la récolte des tiges et plus tard à l’épandage 
des engrais que nous expérimentions. 

Nous ne saurions exposer ici, si brièvement que ce soit, le mode opératoire 
que nous avons suivi dans l’exécution des analyses; nous énumérerons seule- 
ment les méthodes employées. 

L’azote total a été dosé par le procédé Kjeldahl; l’acide phosphorique par 
précipitation à l’état de phosphomolyhdate: la potasse par pesée à l’état de 
perchlorate: la chaux par précipitation à l’état d’oxalate de chaux et calemation 
à l’état de chaux vive. 

Quant à la magnésie, elle a été dosée après carbonatation des bases par 
l’acide oxalique, et précipitation à l’état de phosphate ammoniaco-magnésien, 


(1) Dans celte détermination, nous ne tenons pas compte, comme on le voit, des éléments 
fertilisants empruntés au sol et fixés dans les griffes, car nous pouvons admettre que dans le 
cas des aspergeries en plein rapport qui ont fait l’objet de cette élude, la griffe, ayant acquis 
son complet développement, n’absorbe plus pour elle-même d'éléments fertilisants. 

Nous examinerons plus tard dans quelle mesure les exigences que nous aurons déterminées 
comme nous venons de l'indiquer, sont modifiées si l’on fait intervenir la part qui revient à 
l'accroissement de la griffe pendant les premières années de l’aspergerie (voir p. 98 et suivantes). 


DANS L’AUXERROIS. 41 


afin d'éviter les surcharges occasionnées dans la méthode antérieure par les 
impuretés (chaux, baryte, oxyde de fer, etc.), qui avaient échappé aux diverses 
précipitations du dosage. 


a) RÉSULTATS DES EXPÉRIENCES 


Commune de Lindry (hameau des Houches). — C’est une de celles où la 
culture de l’asperge, bien que récente, est pratiquée sur une assez grande 
échelle. Elle y a été introduite vers 1881, mais elle n’a pris de l’extension que 
vers 1890. Actuellement, elle y occupe 25 hectares. 

On lui réserve les terrains siliceux ou argilo-siliceux ; c’est l’asperge hâtive 
d'Argenteuil qui s’y trouve la plus répandue. 

Nos recherches ont été effectuées chez M. Emile Joly, l’un des agriculteurs 
les plus expérimentés de la région. La plantation de M. Joly est faite en sol très 
léger ; les asperges sont plantées à 1 mètre de distance sur les lignes et celles-ci 
sont écartées entre elles de 1°,30, ce qui représente 7 700 pieds par hectare. 

Il convient d'ajouter que dans la majorité des plantations du pays, les 
asperges sont à 0”,80 de distance sur les lignes au lieu de 1 mètre, mais l’écar- 
tement des lignes de #”,30 est général. 

Il n’y a guère d’aspergeries qui ne présentent un certain nombre de pieds 
manquants; notre champ d’expériences en comptait environ un dixième et 
comprenait par conséquent 6 930 pieds par hectare. 

Le sol et le sous-sol du champ d’expériences ont la composition suivante : 


Sol. Sous-sol. 
Cloueee m e R A; 16 9 
CTI NE NP REr en 20 ; 44 13 
RETENIR MN RCA SEE EX 940 978 


L'analyse physique de La terre fine du sol a donné les résultats suivants : 


SADICCLOSSICRISIICEUX D 00592 
— calcaire. . 1 OU RARES LEE A Ï 
SADICRTDESLI CELA EE er sd LD 126,6 
— CNE RS CR 2,4 
ARCS à 8 MSA TONER ER RE 14,4 
HOUSSE RE MEN on, à, 3,4 


Ces échantillons ne sont pas caillouteux. La composition physique de la terre 
fine indique une très grande quantité de sable grossier, assez peu de sable fin 
et très peu d’argile et d’humus. 


12 RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L’ASPERGE 


Il s’agit là d’une terre siliceuse très légère. 
La composition chimique est donnée dans le tableau ci-dessous : 


Pour 1 000 

A 

de terre fine de terre brute 

nr RE TR 

Sol. Sous-sol. Sol. Sous-sol. 

AGO er: et DNA PET MD 60 0,20 0,65 0,19 
Acide phosphorique.. . . . . . 0,37 0,25 0,35 0,24 
Potasse. HO Te ne 701. UROIT 0,26 0,35 0,25 
CHAUL, PRIE Re NN CET 52 1,06 1,26 1,04. 
Magnésie em Pr MRU SZ 0,27 0,32 0,26 


Le sous-sol, qui représente la terre naturelle non transformée par la culture 
et les fumures, est d’une pauvreté tout à fait exceptionnelle et ne renferme 
qu’en proportion presque infinitésimale les éléments de fertilité. 

Le sol, qui a été modifié par la culture, est un peu moins pauvre, surtout en 
azote et en humus, mais il n’en doit pas moins être considéré comme faiblement 
pourvu d’éléments fertilisants. 

Ces terres possèdent cependant, au point de vue de leur constitution phy- 
sique, des avantages, mais en raison de leur pauvreté, elles ont besoin d’abon- 
dantes fumures, surtout organiques, pour y obtenir de bons rendements. 

Nous appliquerons plus loin ces observations lorsque nous discuterons l’appli- 
cation des engrais à ces sols. 

Les données expérimentales, recueillies dans l’aspergerie de M. Joly, sont 
les suivantes : la cueillette de 1902 a commencé le 28 avril; elle s’est poursuivie 
jusqu’au 30 juin. 

Nous nous dispenserons de donner le détail des cueillettes successives, car 
ce serait allonger sans utilité notre travail; nous nous bornerons, tant pour la 
cueillette des turions que pour la récolte des tiges (24 octobre), à indiquer les 
poids totalisés obtenus, considérés à l’état vert et à l’état sec (à 100°), et rap- 


portés à l’hectare : 


Poids frais. Poids sec. Matière sèche. 
Kilos. Kilos. P. 100. 
ASDÉLLES à: M SM 0e 2 CR OIOUONE 278,24 1,69 
CHICOIS AS. NE 895,35 168,74 8,85 
TisessetWramifications Nr 81 891,20 ,62 
FEuIbS. LOL E SAME PIERRE 946,65 365,90 31,97 


DOtaUx ES 2 68785 1 704,08 


DANS L’AUXERROIS. 43 
Voici la composition de ces divers produits : 


COMPOSITION CENTÉSIMALE DE LA MATIÈRE SÈCHE 


Tiges et 

Asperges. Chicots. ramifications. Fruits. 
CÉNARES PEN TE. : 18,47 9,72 6,84 4,TI 
NON RE ec le 95:80 1,27 1,99 2,62 
Acide phosphorique . . . . 1,29 0,29 0,36 0,65 
BOTASSE RER US HN Peu: 1 3,47 1,69 2,08 
CITÉE LE 1,48 2,03 0,13 
MAGTD ESC CR 2 0:10 0,08 0,15 0,05 
SOUTE ner ne le ueticite 012 0,15 0,19 0,06 
Acidetsuliurique te. 000;51 0,48 0,35 0,57 
SUCER MTL tee 00180 0,53 0,29 0,05 


Ces chiffres permettent de calculer les quantités de matières fertilisantes 
absorbées par hectare; nous ne tiendrons compte, dans le tableau ci-dessous, 
que des principaux éléments fertilisants. 


MATIÈRES FERTILISANTES EMPRUNTÉES AU SOL PAR HECTARE 


Acide Acide 

Désignation. Poids sec. Azote. phosphorique. Potasse. Chaux.  Magnésie. sulfurique. 
Kil. Kil, Kil. Kil. Kil. Kil. Kil. 
ASDERTES ER OUR 278,24 *“ 10,573 3,089 9,377 1,280 0,278 1,419 
CRICOLSE EEE ENT 168,74 2,143 0,489 5,890 2,497 0,135 0,810 
Tiges et ramifications. 891,20 APS 3,208 : 15,061 18,091 1,330 3,419 
LUS RE nr: 365,90 9,586 2,318 7,611 0,476 0,183 2,085 
Totaux. . . . 1 704,08 40,037 9,664 37,904 22,344 1,933 7,433 


Nous discuterons ces chiffres après avoir successivement passé en revue les 
déterminations expérimentales effectuées dans nos autres champs d'expériences. 

Nous ajouterons seulement quelques considérations relatives à la fumure que 
répand chaque année M. Joly dans cette aspergerie. Le fumier employé est le 
fumier de ferme, dans lequel domine celui de vaches; on en répand à l’hectare 
chaque année 25 mètres cubes en moyenne et 32 mètres cubes pour une forte 
fumure; le fumier n’étant pas complètement décomposé, on peut admettre que 
le mètre cube pèse approximativement 700 kilogrammes. La fumure annuelle 
par hectare est donc de 17 500 kilogrammes. 

Jusqu'à présent, on n’a pas employé à Lindry, sur les asperges, les engrais 
chimiques, si ce n’est très exceptionnellement le nitrate de soude. 

Voici les résultats que nous avons obtenus de l’analyse de ce fumier, pour 
1 000 de poids frais : 


RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L’ASPERGE 


Le 
+= 


Kil. 
Eau LE RS RE 2 00) 
AVOfE A Ro ne RAR Tia 0 3,84 
Acide Doro PRE Pr Mae ANAL EVMUEN NET 1,71 
Potasse ; ONE CRE SR 4,40 
ChRAUX ;:. uste Pos sne TP CE SSENREE 9,11 
Magnésie. 7 ru 4 ST MR TERRE 1,07 
Acide sulfurique. . . . ES EE ne 0,75 
Matières ee cles. he PE EH AE 


Ce fumier est pauvre en acide phosphorique et en potasse. On sait que la 
richesse des fumiers est très variable pour diverses causes; l’une des. plus 
importantes tient à la composition des sols et à leur origine géologique; c’est 
ainsi que dans les régions granitiques où les sols manquent d’acide phospho- 
rique, mais sont riches en potasse, les fourrages et les pailles sont, de même 
que le sol, peu riches en phosphate et mieux pourvus en potasse. 

Le fumier, résidu de l’alimentation des animaux et de la décomposition des 
litières, ne peut être lui-même que le reflet du sol d’où il provient; par consé- 
quent, il apporte en faible quantité l'élément dont le sol a le plus besoin, et c’est 
là un de ses principaux inconvénients. Aussi, certaines régions, pauvres, par 
exemple, en potasse, et ne disposant, par suite, que de fumures insuffisamment 
riches en cet élément, devaient-elles autrefois recourir à des fumiers produits 
dans des régions plus riches. On cite l’exemple classique de régions de la Cham- 
pagne pouilleuse très pauvre en potasse, et dont les habitants n’hésitaient pas 
à aller chercher les fumiers du Vallage (vallée de l'Aisne), riches en potasse, qui 
produisaient dans les sols calcaires de la Champagne pouilleuse des résultats 
incontestablement meilleurs que les fumiers originaires de cette région. 

Or, dans l’étage des sables verts de l’Auxerrois, que nous considérons ici, 
beaucoup de terres sont, comme nous l’avons vu, particulièrement pauvres en 
acide phosphorique et en potasse. 

Ce fait explique donc, dans une certaine mesure, que le fumier que nous 
avons examiné ne soit pas mieux pourvu de ces éléments de fertilité. 

La composition des fumiers employés par M. Joly nous permet d'établir les 
quantités de matières fertilisantes qu’apporte au sol la fumure moyenne de 
25 mètres cubes de fumier par hectare, soit : 


Kil. 
AZOTe RER Re NET ant Rte 67,20 
Acide adieu UE e ÉASERNNEEE 29,92 
Potasse l'E aie aff RE EE 11,00 
Chaux. PRE CC RER TP RE 5 1 2 
Magnésie.. . . ARR Le MER EEE 18,72 


Acide bete. RE RE  N : : 13,12 


DANS L'AUXERROIS. 45 


Ces documents nous permettent de comparer les quantités de principes ferti- 
lisants apportés par la fumure avec ceux qu’a empruntés la culture de l’asperge 
pendant sa végétation annuelle : 


Acide Acide 
Azote. phosphorique. Potasse. Chaux.  Magnésie. sulfurique. 
Kil. Kil. Kil. Kil. Kil. Kil. 
Emprunté au sol par hectare. 40,0% 9,66 37,90 22,34 1,93 7,43 
Apporté par la fumure , . . . 67,20 29,92 11,00 159,42 18,72 13,412 


On voit que la fumure apporte au sol une quantité de principes fertilisants 
supérieure à celle que lui enlève la culture, mais il est indispensable qu’il en 
soit ainsi, en effet, une partie notable de certains éléments fertilisants, notam- 
ment de l’azote, est entrainée par les eaux, surtout dans ces sols très perméables 
et faiblement doués de propriétés absorbantes. 

En outre, le développement très rapide des turions pendant la courte 
période de la cueillette, exige que l’asperge trouve à proximité de ses racines 
une assez grande quantité de principes facilement assimilables. Nous examine- 
rons en détail ces considérations, lorsque nous devrons établir une formule de 
fumure rationnelle. 

Commune de Charbuy. — La commune de Charbuy cultive l’asperge depuis 
longtemps déjà; mais celle-ci n’y a pris de l’extension que depuis quinze ans 
environ ; les aspergeries y couvrent actuellement environ 20 hectares; la variété 
cultivée est l’asperge violette d'Argenteuil. Les lignes sont distantes de 1”,20 
et les griffes sont espacées de 0,80 sur la ligne. 

Nos déterminations ont été faites dans une aspergerie appartenant à 
M. J. Rollinat, secrétaire du Syndicat agricole, qui nous a prêté un concours 
dévoué. 

Il y avait dans notre champ d’expériences, déduction faite des manquants, 
un nombre de pieds correspondant à 9 000 à l’hectare. 

L'analyse mécanique de la terre a donné les résultats suivants : 


Sol. Sous-sol, 
CANON AUS. A0 PARU T 4 3 
TAN ME ue A4 155 
DETLERID ERP EN 1 ca so 002 842 
Pour 1 000 de terre fine, il y a dans le sol : 
Sable grossien silice nn 812,3 
— CALCAITE SR ER er à 0,2 
Sable fnisilceux ÉTAT 0e à D Me OL ENT EE | 
— CAlCAITE RS SR TT M 28 
s INR PRE RENE MO E NU UE EVE : 11,0 


46 RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L’ASPERGE 


La proportion de 842 millièmes de sable grossier et la très faible proportion 
d'argile, classe cet échantillon parmi les terres très légères, éssentiellement 
sableuses. 

La composition chimique est donnée dans le tableau suivant : 


| Pour 1000 = 
de terre fine de terre brute 
A RO 
Sol. Sous-sol. Sol. Sous-sol. 
Azole. . .. NO AN 0,25 0,63 0,21 
Acide ro Ares. cu SO El 0,32 0,35 0,27 
Botasse te, AR OO RS RENE 0,23 0,32 0,19 
Chaux AN ENNEMIS AZ) 1,42 1,19 0,9% 
Masnésie) 20e SIREN PA PMDS 0,38 0,32 0,31 


Comme pour l’échantillon précédent, le sous-sol, non modifié par la culture, 
est exceptionnellement pauvre en éléments fertilisants; quant au sol, très 
analogue comme composition à celui de Lindry, il est peu riche en azote, pauvre 
en acide phosphorique, et surtout en potasse; la chaux s’y trouve également en 
quantité insuffisante. 

La cueillette a commencé le 28 avril 1902 et s’est prolongée jusqu’au 
& juillet ; on a obtenu par hectare les quantités suivantes des différents produits : 


Poids frais. Poids sec. Matière sèche. 
P. 100. 
Kil. Kil. 
ASDETSOS ML VE RE NN PR RNA NO 2 0720) 655,50 7,95 
CHICOLSEES ee eu PALEE D ) 332,30 15,98 
Tiges et ramifications. 8 de ANR 709510 2 128,20 27,42 
ETUIS rec PRE CRT 173,80 63,00 36,24 
Totaux :$ M0 COPMMIS 240075 3 179,00 


Cette récolte est notablement plus élevée que celle de nos autres champs 
d'expériences; cela tient à ce que l’aspergerie était en plein rapport et conve- 
nablement fumée; dans ces conditions, les chiffres ci-dessus ne sont pas excep- 


tionnels. 
La composition de ces divers produits est indiquée dans le tableau suivant : 


COMPOSITION CENTÉSIMALE DE LA MATIÈRE SÈCHE 


Tiges et 

Asperges. Chicots. ramifications. Fruits. 
Cendres: ME te 58 11,04 HAT 4,63 
AZ EE Water SA 0,89 1,76 2,59 
Acide Dore te 59 0,28 0,32 0,70 
Potase ie RE 4,13 2,05 2,08 
CHAUX ARS RENE A0 1 1,60 170) 0,15 
MADTÉSIE 0/05 0,15 0,21 0,06 
Soude”. 217. 28 RENE DO MIS ES 0,12 0.06 
Acide nr He 040 0 ESS 0,27 0,47 
Silice.. "1". 2.7.1, 0020 EE 0,50 0,06 


DANS L’AUXERROIS. 


Fa 
1 


Les quantités de principes fertilisants exportés par hectare sont donc les 


suivantes : 
MATIÈRES FERTILISANTES EMPRUNTÉES AU SOL PAR HECTARE 
Acide 

Désignation. Poids sec. Azote, phosphorique. Potasse. Chaux. Magnésie. 
Kil. Kil. Kil. Kil. Kil. Kil. 
Asperges. . . . . . (655,50 25,106 7,800 21,369 2,687 0,328 
CROIS EN C. 332,30 2,957 0,930 13,724 5,317 0,498 
Tigesetramifications. 2128,20 37,456 6,810 43,628 38,095 4,469 
PEURÉS EN AR AU 024 | 63,00 1,632 0,441 1,310 0,094 0,038 
ROLAUL EEE 3179,00 67,151 15,981 80,031 46,193 5,333 


Acide 
sulfurique. 


Kil. 
3,212 
1,096 
5,746 


0,296 


10,350 


Nous nous bornerons pour l’instant à faire remarquer que cette exportation 
est la plus élevée de celles que nous avons eu l’occasion de constater au cours 
de nos expérimentations de 1902. Nous pouvons la considérer comme très voi- 
sine de l’exportation maxima que la culture de l’asperge peut fournir dans nos 


régions dans les conditions où elle est généralement cultivée et fumée. 


La fumure ordinairement employée à Charbuy est le fumier de ferme mélangé 
de litière de bois; quelques propriétaires seulement utilisent exclusivement le 
fumier de cheval; d’autres, en petit nombre, commencent à recourir au nitrate 


de soude au moment du buttage. 


Le fumier est répandu à la dose d’environ 32 mètres cubes, soit 22 400 kilo- 
grammes à l’hectare ; l’analyse de ce fumier a donné les résultats suivants : 


Pour 1000 
L de poids frais. 
BE 6 000 te 0 d'or per ue 0190. 0Ù 
AOL A ne ne M Ce ue 3,18 
ACIDE phOSPhOTIQUE MEN NN TRES NN 1,14 
PORASSON LRU EU TARN PALM EM MARNE tr do 4,31 
CT RE EM ee het Mccnienée 0 uie 4,53 
MENENOsr à à à do à VE 0 20 LT UNS 0,85 
AcIdelSUIUrIQUE PES LA ER HS EAN 0,78 
Matières sableuses insolubles.. . . . . . . . . . 134,10 


Ce fumier est, comme le précédent, peu riche en potasse et en azote, pauvre 
en acide phosphorique; la pauvreté du sol n’est pas étrangère à cette faible 


teneur du fumier en principes fertilisants. 
Cette fumure, à la dose indiquée, apporte au sol par hectare : 


Kil. 


NTOTOR RE RU R rares UE UE 1e rie) 
ACITeRDROS POUR AE EC 0. 25,03 
BOTASSE CCE MON CR MR US | 96,54 
CRIE RE ©: toc or 10147 
MALE 0668 a No do 610 tige NU 19,04 


ACIderSUlIUTIQUE EC RE, nc Loue 17,47 


48 RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L’ASPERGE 


Si nous mettons en regard les quantités ci-dessus et celles qu’emprunte au 
sol la culture de l’asperge, on obtient : 


Acide Acide 
Azote. phosphorique. Potasse. Chaux. Magnésie. sulfurique. 
Kil, Kil. Kil. Kil. Kil. KL. 
Emprunté au sol par hectare. 67,15 15,98 80,03 46,19 5,93 10,35 
Apporté par la fumure. . . . 71,23 29,03 96,54 101,47 19,04 17,47 


Ces résultats seront discutés dans un chapitre spécial, en même temps que 
ceux des autres champs d'expériences. 

Commune d’Appoigny. — La commune d’Appoigny est celle où la culture de 
l’asperge s’est introduite le plus anciennement dans le département; elle y 
occupe actuellement environ 100 hectares. C’est de là que cette culture s’est 
étendue aux communes voisines de la région des sables. 

Le finage d’Appoigny comprend des sols assez variés; il n’est pas comme 
celui de Charbuy, par exemple, entièrement situé dans la région des sables de 
la Puisaye; il comprend aussi des terrains d’alluvion de l'Yonne, plus ou moins 
mélangés aux sables, puis des terres beaucoup plus argileuses et calcaires 
(marnes de Brienne), enfin de la craie à peu près pure (craie de Rouen). 

Il va sans dire que c’est dans les sables que l’on rencontre le plus d’asper- 
geries pour les raisons déjà indiquées ; mais les alluvions elles-mêmes permettent 
la culture de l’asperge, surtout lorsque les sables s’y trouvent mélangés en 
proportion notable. 

Lorsqu’elles sont pures, comme par exemple les alluvions modernes, qui 
n’ont pas une légèreté suffisante, l’asperge n’y est pas cultivée. 

Les marnes de Brienne et les terrains formés par la craie de Rouen ne con- 
viennent pas à cette culture. 

Nous avons donné précédemment un grand nombre d’analyses de terres 
d’Appoigny où l’asperge est plus ou moins cultivée; nous n’y reviendrons pas 
et nous nous bornerons à rappeler ici la composition de nos champs d’expé- 
riences, choisis de façon à représenter les déux types les plus importants des 
terres à asperges. 

L'un appartenant à M. Paul Vigreux est situé à proximité du village; l’autre, 
à M. Auguste Deschamps (des Bries), repose sur les alluvions anciennes mélan- 
gées aux sables, et se trouve aux confins des deux communes d’Appoigny et de 
Monéteau. 


La composition de ces sols et sous-sols est la suivante : 
4° ANALYSE MÉCANIQUE 


Champ d'expériences . Champ d'expériences 

de M. Vigreux. de M. Deschamps. 

— 

Sol n° 1. Sol n° 2. Sol. Sous-sol. 
Calloux., 624 PRES «bi 17 7 
Graviers. :: 1 MOIS OR T 39 26 27 


Terre ne Nr 0 0 944 : 957 966 


DANS L’AUXERROIS. 19 


POUR 4000 DE TERRE FINE SÈCHE 


Sable grossier siliceux . . . . . 789,9 149,2 678,1 
— CHICAITER EN Ne 0,6 0,3 0,4 
SaDie tn SIC E e MR ON 11077 196,0 204,3 
— Calcaire "05: 2 4,0 2,5 3,1 

A ROLLER ER nr dr ç 2959 48,7 114,10 
HUTQUS PR TER ES PE De ENS 4, 314) traces 


Les échantillons de sols, d’une constitution physique très analogue, ren- 
ferment une forte proportion d'éléments grossiers, mais une faible proportion 
d'argile. Ce sont des terres légères. Le sous-sol de l’aspergerie de M. Aug. Des- 
champs se fait remarquer par une quantité sensiblement plus élevée d'argile, 
qu'il doit aux alluvions mélangées aux sables. 

Il en résulte une amélioration des propriétés absorbantes, dont nous aurons 
l’occasion de constater l’effet au cours de nos essais d’engrais. 

Voici la composition chimique de ces terres : 


POUR 1 000 DE TERRE FINE 


Champ d'expériences Champ d'expériences 

de M. Vigreux. He Me pescheamps 

SR Cine, Sol. Sous-sol, 
LOTERIE RON tt 0$70 0,6% 0,6% 0,43 
Acide phosphorique. . . . . . 0,81 0,78 0,38 0,40 
RES PR à te -. » 068 0,75 0,48 0,89 
CRE Ce oi 2,92 1,57 1,99 
MÉSNÉSIENR PSE NRC. OO 0,49 0,56 0,58 


Dans le champ de M. Vigreux, il n’a pas été prélevé de sous-sol, celui-ci 
paraissant identique au sol. 

L’échantillon n° 2 à été prélevé à un endroit où quelques pieds mouraient ; 
il pouvait être intéressant de rechercher s’il existait des différences dans la 
composition du sol, portant des pieds sains et des pieds malades. 

Les résultats de l’analyse indiquent qu’il n’existe pas de relations avec l’état 
de santé des asperges; celles-ci étaient atteintes par le rhizoctonia violacea, 
sorte de pourridié très grave, que nous avons décrit dans le chapitre des mala- 
dies. 

Si l’on tient compte des cailloux et graviers mêlés à la terre et si l’on envi- 
sage celle-ci telle qu’elle est en réalité, on trouve la composition suivante : 


POUR 4000 DE TERRE BRUTE 


Champ d'expériences Champ d'expériences 
de M. Vigreux. de M. Deschamps. 
D nn — 

Sol n° 1. Sol n° 2. Sol. Sous-sol, 
NO (D ER EEE ei 206 4 .2,.0,66 0,60 0,61 0,41 
AGIdEPhOSpPhOTIQUe RS MN ONG 0,1% 0,36 0,38 
POLASSE A ee ee ee 06€ 0,71 0,46 0,86 
CALE RER EEE TRADE EI 2,38 1,50 1,92 
MASDES EN de ee = 00,00 0,46 0,53 0,56 


4 


d0 RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L'ASPERGE 


Le champ de M. Vigreux n'est pas sensiblement plus riche en azote; mais il 
est plus riche en acide phosphorique et en potasse que celui de M. Deschamps. 
Il est d’ailleurs situé à proximité du village et il a dû recevoir, depuis de longues 
années, des fumures plus copieuses. 

S'11 n'y à pas plus d'azote dans ce sol, c’est que ce principe est soumis à 
des déperditions, occasionnées par la grande perméabilité des sables et la rapi- 
dité de la nitrification. 

La teneur en potasse est peu élevée; si elle est un peu plus forte dans le 
sous-sol de la terre de M. Deschamps, cela tient à la proportion sensiblement 
plus grande d'argile qu’il renferme, comme nous l’avons vu plus haut. 

Avant de donner les résultats de nos déterminations expérimentales, il con- 
vient de faire remarquer que l’aspergerie de M. Vigreux était en plein rapport, 
tandis que celle de M. Deschamps était une jeune plantation, dans laquelle on 
effectuait la première récolte. 

4° Champ d'expériences de M. Aug. Deschamps. — La cueillette a com- 
mencé le 21 avril et s’est terminée le 6 juin, comme on a l’habitude de le faire 
pour les jeunes aspergeries à la première année de la cueillette. On n’a donc 
récolté qu’une proportion d’asperges plus faible, soit deux à trois fois moins 
qu’une récolte moyenne. 

Voici les résultats obtenus : 


Poids frais. Poids sec. Matière sèche. 
Kil. - Kil. P. 100. 
Asperges. ace neue ct pUU 141,10 8,00 
Chiots PEN RTE EE 885,27 188,19 24,26 
Tiges et ramifications. . . . . . . 4604,19 1 425,79 30,96 
RO nn es orge po SSD 178,21 47,16 
Totaux MR ND 0 02 1.933,29 
COMPOSITION CENTÉSIMALE DE LA MATIÈRE SÈCHE 
Tiges ot 
Asperges. Chicots. ramifications. Fruits. 
Cendres RER EE 0 10,50 7,60 4,02 
ZONE PE cree de Te MO LS. 0,96 1,75 2,30 
Acide phosphorique. . . . 1,22 0,23 0,29 0,59 
Potasse. . ANR à CHUEA 2,92 1,22 1,80 
CHAUSSEE D EU 1,76 2,38 0,15 
Man ES AUUE 0,20 0,24 0,05 
SOU 2 CR LU D 0,24 0,10 0,0% 
ACIde SUIUrIQUeE NO EE 0,67 0,27 0,32 
SINCE. PEN LC UG 4,09 0,45 0,10 


D’après ces données, les quantités de matières fertilisantes absorbées par 
hectare sont les suivantes : 


DANS L’AUXERROIS. 51 


MATIÈRES FERTILISANTES EMPRUNTÉES AU SOL PAR HECTARE 


Acide Acide 

Désignation, Poids sec. Azote. phosphorique, Potasse. Chaux.  Magnésie. sulfurique, 
t} Kil. Kil. Kil. Kil, Kil. Kil. Kil. 
ASDELCES CESR TR 141,10 0,263 A2 4,261 0,705 0,056 0,663 
CRICOS PEN 188,19 1,806 0,433 5,495 3,312 0,376 1,261 
Tiges et ramifications. 1425,79 24,951 4,135 20,246 33,934 3,422 3,850 
REULS RER RE: 178,21 4,188 1,051 3,208 0,267 0,089 0,570 


Totaux. . . . . 1933,29 36,208 7,340 33,210 38,218 3,943 6,344 


2° Champ d'expériences de M. Vigreux. — La cueillette a commencé le 
28 avril et s’est terminée le 27 juin; les tiges ont été coupées le 22 octobre, à un 
état de maturation déjà trop avancé qui a influé sur leur composition, comme 
nous le verrons plus loin. 

Voici les résultats trouvés, rapportés à l’hectare : 


Poids frais. Poids sec, Matière sèché. 
Kil. Kil. P. 100. 
ASDETT OS AR een aile de 19 098,22 291,00 8,00 
COS A A 2 SAT 77 175,74 21,49 
Tiges et ramifications . . . . . . . 3232,31 1 195,39 36,98 
EIROTÉS SR EUR LS EL NE RE 866,06 391,07 45,10 
DOTAURE RE 6 55426 2053,20 


Ces divers produits ont donné à l’analyse : 


COMPOSITION CENTÉSIMALE DE LA MATIÈRE SÈCHE 


Tiges et 

Asperges, Chicots, ramifications. Fruits. 
CÉDArE 0-0 7516 5,99 5,01 2,85 
AOL EN NE IE AIN SENS 0,66 1,22 2,50 
Acide phosphorique. . . . . 1,32 0,45 0,27 0,70 
Potasse . 00 0,93 0,35 1,08 
CHAUX PEER NM EU 0760 4,74 2,18 0,20 
MAPNENER IPN OA 0,11 0,26 0,06 
DOUTE RE 272 - 20:00 0,05 0,17 0,09 
Acide sulfurique. . . . . . 0,35 0,19 0,19 0,24 
SUCER ee. 7 0,01 0,37 0,17 0,11 


Le tableau suivant résume les quantités de ces éléments exportés par hectare : 


Acide Acide 
Désignation. Poids sec. Azote. phosphorique. Potasse, Chaux. Magnésie. sulfurique. 
Kil. Kil, Kil. Ki. Kil. Kil. Kil. 


ASDETDCS nn ee 291,00 10,883 3,841 8,439 4,746 0,320 1,018 
Chicols, =... . . . 475,74 : 1,160. 0,264 1,634 3,058 0,493 0,334 
Tiges et ramilications. 1195,39 14,584 D 22/1 4,184 26,059 3,108 2,032 
RTS ERMERE 391,07 9,771 2,131 4,223 0,782 0,274 0,938 


—  —— 


Totaux. . . . . 2053,20 36,404 10,069 18,480 31,645 3,895 4,322 


52 RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L'ASPERGE 


On se rend compte, dans les deux tableaux qui précèdent, de la modification 
notable dont l’exportation en potasse se ressent particulièrement, du fait de la 
maturation excessive des tiges. 

Alors que, dans nos autres champs d’expériences, la proportion de potasse 
est de 2,01 en moyenne, nous ne trouvons ici que 0,35; cette différence, moins 
accentuée, il est vrai, existe aussi pour les autres parties de la plante. 

L’exportation totale de la potasse n’est alors que de 18*£,48, chiffre bien 
inférieur à la moyenne (58 kilogrammes) qui nous a été fournie par l’ensemble 
de nos autres champs d’expériences. 

(Dans cette moyenne, nous n’avons pas fait entrer le champ d’expériences 
de M. Vigreux, en raison de cette anomalie très marquée que nous signalons.) 

Examinons maintenant la nature et la quantité des fumures distribuées dans 
nos champs d'expériences d’Appoigny. 

La fumure employée couramment est le fumier de vache et de cheval 
mélangés, en proportion variable, avec des litières et des feuilles recueillies 
dans les bois avoisinants. La proportion de ces litières est en général élevée, 
car les cultivateurs d’Appoigny ont grand besoin de fumier pour les cultures 
maraîchères nombreuses dans la commune; ils sont donc obligés d'augmenter 
la quantité de leurs fumures au détriment de leur qualité. Ces litières sont cou- 
pées pendant l'hiver par les cultivateurs, qui louent, à raison de 5 à 11 francs 
l’arpent de bois, le droit de les recueillir. 

Nous nous sommes procuré un échantillon de ces litières que nous avons pré- 
levé chez notre collaborateur, M. Vigreux. Elles sont composées principalement 
de feuilles mortes de chône, de charme, de tiges de bruyère, de mousses, de 
lichens, etc., souillés d’une certaine proportion de terre sableuse. Elles sont 
préalablement répandues pendant quelque temps dans la cour de la ferme, où 
elles sont piétinées et écrasées par les animaux et les voitures, avant d’être 
successivement incorporées au fumier. 

D'autre part, nous avons analysé les composts provenant du mélange de ces 
litières avec le fumier de ferme. 

Le tableau suivant donne la composition de ces produits : 


Pour 1 000 de poids frais. ee 
Compost prélevé  Compost prélevé 


chez chez 
Litière M. Deschamps, M. Vigreux, 
de bois. aux Bries. à Appoigny. 
Eau. DRTE 530,00 688,00 144,00 
IAZOLC EUR re 3,52 3,14 2,86 
Acide nas anse 0,63 1,34 0,79 
Potasse ie 0,180 2,95 2,25 
Chaux 2,10 9,58 3,83 
Magnésie. : » He ne 
Acide sulfurique. . à » 0,59 , de. 
Silice et matières able eee 310,00 179,75 121; 


DANS L’AUXERROIS. 53 


Ces composts sont peu riches; ils renferment une proportion de litière assez 
élevée; c’est surtout en acide phosphorique et en potasse que leur pauvreté est 
caractérisée; ils sont employés à raison de 40 mètres cubes par hectare, soit 
28 000 kilogrammes environ chez M. Deschamps, et de 50 mètres cubes, soit 
39 000 kilogrammes chez M. Vigreux. 

Ces quantités apportent par hectare les proportions suivantes de matières 
fertilisantes : 


Champ d'expériences Champ d'expériences 


de M. Deschamps. de M. Vigreux, 
NES detre ON SN Todd LUTTE 100,10 
AGITSpPEDSDÈOTIQUE ME 37,52 27,65 
BOTASSEMS REA HAN PU SLR 93 04 18,75 
CHAUSSURE A NN 06824 134,05 
MAETÉSIER een 22,40 26,95 
ACIdE SUIUTIQUE EN ER RC 16,52 17,45 


Comparons maintenant les quantités de principes fertilisants enlevées au 
sol par l’asperge, et celles qui sont apportées par la fumure : 


Acide phos- Acide 
Azote. phorique. Potasse. Chaux. Magnésie. sulfurique. 


Kil. Kil. Kil. Kil. Kil. Kil. 
ÉÈmprunté au sol { chez M.Deschamps. 36,208 7,340 33,210 38,218 3,943 6,344 
par hectare. . ( chez M. Vigreux . ., 36,40# 10,069 18,480 31,645 3,895 4,322 


Apporté par la | chezM.Deschamps. 104,72 37,52 93,24" 268,24 22, 
fumure., , . . | chez M. Vigreux, . 100,10 27,65 18/1548 00..02605 19 


Comme précédemment, nous observons que la fumure paraît largement suffi- 
sante, mais nous verrons plus loin ce qu’il faut en conclure. 

Commune d'Héry (champs d'expériences de M. Grapin). — Héry est un 
centre de culture important où l’asperge a pris de l’extension vers l’année 1880; . 
jusque-là elle n’était cultivée que par un petit nombre de propriétaires, princi- 
palement dans le climat appelé « Vignes de la Chapelle », situé au sud de la 
commune et formé d’un sol et sous-sol extrêmement sablonneux. 

À cette époque, on pensait que l’asperge ne pouvait être cultivée avec succès 
que dans les terrains très légers; mais, plus tard, quelques plantations ayant 
été effectuées à proximité du village, dans des terrains sablonneux, à sous-sols 
assez argileux, on constata avec étonnement que ces nouvelles plantations four- 
nissaient une récolte plus abondante et plus précoce d’environ quinze jours 
que celles établies dans les sables légers à sous-sols sableux. 

Ces résultats s'expliquent par ce fait que les terres voisines du village sont 
en général mieux fumées et, par conséquent, plus riches; que, d’autre part, les 
éléments argileux y sont en proportion sensible et que le sous-sol relativement 


f RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L’ASPERGE 


argileux s'oppose dans une certaine mesure à l’entraînement des éléments ferti- 
lisants solubles. 

On sait, en effet, que le pouvoir absorbant du sol à l’égard des engrais réside 
dans l'argile et dans l’humus; or, dans les climats dont le sol et le sous-sol sont 
essentiellement sableux, ce pouvoir absorbant est faible et les engrais sont 
entraînés avec plus de facilité. Nous reviendrons d’ailleurs sur ce fait dans 
un des paragraphes suivants. 

Enfin, le sous-sol argileux retient une certaine quantité d’eau et, sans pour 
cela rendre le sol humide, ÿ maintient une certaine fraîcheur indispensable à la 
fois à la production de l’asperge, en même temps qu’à l’action bienfaisante des 
engrais incorporés au sol. 

Ces considérations expliquent que les terres sableuses à sous-sol suffisam- 
ment argileux et résistant sont parmi celles qui conviennent le mieux à l’asperge ; 
aussi abandonne-t-on une partie des terrains les plus légers produisant moins 
et moins tôt, et que leur éloignement du village rendait en outre désavantageux, 
en raison du temps et des frais nécessités par la cueillette. 

Les variétés cultivées à Héry sont la rose et la violette hâtive d'Argenteuil, 


la première étant un peu plus précoce que la seconde. 

Nos études ont été effectuées chez M. Grapin, qui nous a prêté, pour toutes 
ces recherches, un concours dévoué. 

Nous avons cru devoir expérimenter dans deux champs différents repré- 
sentant les deux principaux types des terres à asperges; l’un, situé dans les 
sables argileux, à proximité du village, l’autre sur les sables légers, dans une 
région plus éloignée, où l’étage des sables verts est à l’état de pureté. 

Voici la composition de ces sols : 


Sables forts. Sables légers. 


SE | EE 

Sol, Sous-s0l. Sol. Sous-sol. 
Cailloux. 41 20 9 14 
Gravier . 19 19 a Al 

970 961 980 976 


Terre fine . 


Pour 1 000 de terre fine, il y a : 


Sables légers. 


Sol. 


Sables forts. 


Sol. Sous-sol. 
Sable grossier siliceux… "781,3 543,00 867,8 
—— CAlCAIRE PM FER 11.2 0 0,2 
Shen eaux, à à: 26 à à à VD 241,00 109,1 
— calcaire. . 3,0 6,3 1,9 
Argile. 34:3 209,7 18,3 
Humus. . 32 {races DAT] 


Il y a dans chacun de ces échantillons des proportions de cailloux et de 


DANS L’AUXERROIS. DS 


gravier très faibles, soit 2 à 3 p. 100 seulement; quant à la terre fine, elle doit 
être considérée comme très légère, surtout dans les sables légers, qui renferment 
à peine 110 p. 1 000 de sable fin, et 18 p. 1 060 seulement d'argile. Le sous-sol 
des sables forts, au contraire, à un caractère nettement argileux, puisqu'il 
contient 209,7 p. 1 000 d’argile et 241,0 p. 1000 de sable fin. 

L'analyse chimique a fourni les résultats suivants : 


Pour 1 000 de terre fine. 


DEL 
Sables forts. Sables légers. 

A —— —  — Re. M. TES) 

Sol. Sous-sol. Sol. Sous-sol. 
INAGUE ST 18 OO 6 0 CURE 0,56 0,39 0,19 
Aciderphosphorique. "0,72 0,78 0,35 0,15 
BOASSE RARE EN 7 27.2 0:09 1,67 0,32 0,22 
HER TE CNP +. 2,63 3,93 1,18 0,73 
Marnésion een e  : 00,40 0,50 0,28 0,21 


Pour 1 000 de terre brute. 


Sables forts. Sables légers. 

ee Es. ——  — 

Sol. Sous-sol, Sol. Sous-sol, 
AOC ER lee Us 0e re 0,61 0,54 0,38 0,18 
Acide phosphorique . . . . . . 0,70 0,75 0,34 0,14 
Potasse. 0. & . : ,. - =. 0,63 1.60 0,31 0,21 
ODA SR ER CT 20e 2,5 3,39 ES 0,71 
MADDÉSIER M ete ete e 0 je DO EE 0,48 0,27 0,20 


Les sables forts sont sensiblement plus riches que les sables légers, surtout 
en potasse; le sous-sol des sakles forts est nettement plus riche en potasse que 
le sol, ce qui tient, comme dans le champ d'expériences des Bries, à une plus 
forte proportion d'éléments argileux. 

Quant aux sables légers, on doit les considérer comme très peu pourvus 
d'éléments nutritifs. 

Pour ces deux champs d’expériences, les griffes d’asperges sont plantées 
sur des lignes distantes de 1°,33:; elles sont à 1 mètre les unes des autres sur les 
lignes, ce qui représente pour une plantation complète 7 500 pieds à l’hectare, 
soit 7 275 pieds seulement en tenant compte des manquants, que M. Grapin évalue 
à environ 3 p. 100 du nombre total des griffes plantées. 

La cueillette a commencé le 25 avril et s’est prolongée jusqu’au 4 juillet; la 
récolte des tiges a été effectuée le 22 octobre 1902. 

Les quantités produites ont été les suivantes, par hectare : 


19 SABLES FORTS 


Poids frais. Poids sec. Matière sèche. 
Kil. Kil. P. 100. 
ASDERPES. Pre Cadede nt Les lle 0.302,30 541,26 8,21 
(CINNEGIR MS POESIE 2 220,09 347,98 15,67 
Tiges et ramifications, . . . . . . 6 661,47 2 000,62 30,02 
STE RENE RTE ET 260,69 111,67 -42,8% 


ROUE 0 01 3 001,53 


RECHERCHES 


Asperges. 
Chicots.. 


Tiges et ramifications, 


Fruits . 


Totaux. 


SUR LA CULTURE 


29 SABLES LÉGERS 


Poids frais. 


Kil. 


5 224,18 


632,20 


5 077,95 


851,90 


11 786,23 


Poids sec. 


Kil, 
381,35 
131,24 

1 454,42 
351,38 


€ 


2.318,39 


DE L’ASPERGE 


Matière sèche, 


P. 100, 

7,30 
20,73 
28,64 
41,24 


Les sables forts, plus riches, ont donné une récolte un peu plus élevée que 


les sables légers. 
Voici, d’après nos analyses, la composition centésimale de ces divers pro- 


duits : 
Cendres.. 
Azote.. . 


Acide phosphorique. 
Potasse, . 

Chaux... 

Magnésie. . 
Soude.. Re 
Acide sulfurique. . 
Silice (et sable). 


COMPOSITION CENTÉSIMALE DE LA MATIÈRE SÈCHE 


Asperges. 
Sables Sables 
forts. légers. 
Fan NT EG 
3,42 3,51 
1,09 4,13 
3,35 3,36 
043 08 
0,09 0,09 
0,14 0,06 
0,40 0,45 
Dre OND A 


C 


Sables 
forts. 


11,45 
1,00 
0,26 
3,93 
1,96 
0,15 
0,08 
0,45 
0,37 


hicots. 

Sables 
légers 
7,28 
0,71 
0,16 
3,09 
0,52 
0,08 
0,10 
0,24 


0,24 


Tiges et 


ramifications. 


Sab 


les Sables 


forts. légers. 


is CT 


1 60064 


0,33 0,30 
2,29 2,60 
4,93. : 1,38 
0,11 0,10 
0,08 0,13 
0,46 0,32 


0,24 0,36 


Fruits, 
Sables Sables 
forts. légers. 
4,90 4,14 
2.68 2,04 
0,78 0,64 
2,29 1,79 
0,148 0,18 
0,10 0,03 
0,08 0,04 
0,42 0,37 
0,07 0,35 


Le tableau suivant se rapporte aux proportions de matières fertilisantes 
absorbées par hectare : 


Désignation. 


Asperges. . 
Chicots , 


Tiges et ramilications. 


Fruits. 


Totaux. . 


Désignation. 


AISDORCeS Er 
Chicots.. 


Tiges et ramilicalions. 


Fruits. 


Totaux. . 


1° SABLES FORTS 


Kil. 
18,132 
13,675 
45,814 


2,557 


CT 


80,178 


Potasse. 
Kill 
12,813 
4,055 
37,815 
6,290 


Acide 
Poids sec. Azote. phosphorique. Potasse. 
Ki. Ki. Kil. 
41,26 18,511 5,900 
347,98 3,480 0,905 
2000,62 33,810 6,602 
114,67 2,993 0,874 
3001,53 58,794 14,278 
2° SABLES LÉGERS 
Acide 
Poids sec. Azote. phosphorique. 
Kil. Kil. Ki. 
381,35 13,385 24,385 
131,24 0,932 0,210 
4A454,42 23,416 4,363 
351,38 7,168 2,249 
2.318,39 44,901 11,207 


60,973 


Chaux. 


Kil. 
2,327 
6,820 
38,612 
0,201 


47,960 


Acide 
Magnésie. sulfurique 
Ki. Ki 
0,487 2,165 
0,522 1,566 
2,200 9,203 
0,142 0,469 
3,321 13,403 
Acide 
Magnésie. sulfurique, 
Ki, Kil. 
0,343 1,716 
0,105 0,315 
1,454 4,654 
0,140 1,300 
2,042 7,985 


DANS L’AUXERROIS. 


Les fumures employées par M. Grapin consistent en fumier de cheval non 
mélangé de litière, répandu à la dose de 20 mètres cubes par hectare, soit 
environ 44 000 kilogrammes, quantité beaucoup plus faible qu'à Appoigny; 
mais il faut tenir compte que le fumier est plus riche. 

Sa composition est la suivante : 


Pour 1000 de poids frais. 


EN RE EE A AN ER A 199,00 
AT O TOR EN UE ETIENNE UE. 4,72 
ACTE DOS DONC EME A 3,28 
ÉGRASSC SES PP RL Sn 8,58 
CHAURPNRR ERA RENAN NET Je eur 9,00 
MACNÉSTE LS EMA Re AE a 22 ne 4,30 
AGidesuUrIqQUe MM AMD NA. 4,06 
SUICÉLCSAD|E RAR NRA RES NUTRE OC 87,32 


Ce fumier est moyennement riche en azote et en acide phosphorique, mais 
très riche en potasse, ce qui tient principalement à ce fait qu’il est régulière- 
ment arrosé avec le purin qui renferme, comme on sait, une proportion élevée 
de potasse. Sa fumure apporte au sol par hectare et par an : 


Kilogrammes. 


Ie 5 Er STE EE PAGE eo 00:00 
ACIde phOSDIOTIQUE nn 4002 
BOIASSE ER RS RCE me LU; Le 
CHARPENTE NER RES ARE 1 CAT 126,00 
MAP STONE OM PEN Pt 18;20 
Nelde SURESNES GE 


Le tableau suivant concerne la comparaison des matières fertilisantes enle- 
vées par la culture et de celles apportées par le fumier : 


Acide Acide 
Azote, phosphorique. Potasse, Chaux. Magnésie. sulfurique. 
Kil. Kil. Kil. Kil. Kil. Kil. 
Emprunté ( Sables forts... 58,794 14,278 80,178 47,960 3,324 13,403 
au sol. Sables légers. 44,901 14,207 60,973 22,834 2,042 1,985 
Apporté par la fumure., . 66,08 45,92 120,12 126,00 18,20 14,84 


b) INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS 


Dans le chapitre précédent, relatif à la détermination des exigences de 
l’asperge, nous avons déduit celles-ci du poids des différents organes et de leur 
composition respective. [Il nous reste à discuter ces nombreux documents analy- 
tiques pour en déduire une fumure rationnelle, dont la recherche constitue le 
but principal et essentiellement pratique de ce travail. 


8 RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L’ASPERGE 


Nous allons d’abord examiner comparativement la composition de tous les 
produits de la culture recueillis dans nos divers champs d’expériences. 

Composilion comparée des divers produits de la culture : 1° Turions. — Le 
tableau suivant résume la composition des {urions pour 100 de matière sèche : 


CHAMPS 


D'EXPÉRIENCES. 


MATIÈRE 
sèche p. 100 
CENDRES 
phosphorique. 
POTASSE 
MAGNÉSIE 
sulfurique 
SILICE (1) 


PINArYE eee 


Charbuy 

Les Bries PCR 
ADPOIEN Ye + - ee 
Sables forts. 
Sables légers . 


Héry. 


Moyennes. . 


Nous remarquons d’abord que l’asperge renferme en moyenne moins de 
8 p. 100 de matière sèche, soit plus de 92 p. 100 d’eau; d’ailleurs, cette teneur 
en humidité est quelque peu variable; c’est ainsi que l’année suivante, en 1903, 
au cours de nos expérimentations d’engrais, nous n’avons dosé que 6,50 p. 100 
de matière sèche pour 100 d’asperges fraîches, lesquelles contenaient par consé- 
quent 93,5 d’eau. Ces légères variations tiennent principalement à la plus ou 
moins grande humidité du sol et à la rapidité du développement des turions. 

Si l’on examine les chiffres qui concernent les principes fertilisants, il ressort 
nettement que la teneur en ces éléments varie dans des limites très étroites; 
d’autre part, il ne paraît pas y avoir de relations entre la composition des sols 
et celle des asperges correspondantes. 

Les jeunes asperges de la première récolte, telles que celles de l’aspergerie 
de M. Deschamps, ont une composition analogue à celles provenant des asper- 
geries en plein rapport. 

Cette similitude dans tous les résultats des analyses précédentes permet de 
raisonner d’après la moyenne de nos champs d’expériences. 

- On voit que les turions sont très riches en azote; on sait depuis longtemps 
que l’asperge renferme une assez grande proportion d’un principe azoté non 
albuminoïde, l’asparagine, qui entre pour moitié dans la totalité de la matière 
azotée que contient le turion. 

En seconde ligne vient la potasse, qui se trouve contenue dans la proportion 


(4) Y compris traces de sable restant adhérentes aux asperges malgré le nettoyage. 


DANS L’AUXERROIS. 59 


de 3,21 p. 100 de la matière sèche, puis l’acide phosphorique (1,21 p. 100); ces 
éléments sont toujours en assez grande abondance dans les organes jeunes en 
voie de développement comme l’est l’asperge elle-même. 

Par contre, la chaux, et surtout la magnésie, y sont en très faibles propor- 
tions (1). 


(1) Nous avons incidemment examiné l’asperge au point de vue de sa valeur alimentaire et 
nous donnons ci-dessous la composition moyenne de plusieurs échantillons récoltés dans nos 
champs d’expériences de 1903. Dans le même tableau, nous indiquons, à titre documentaire 
et comparatif, la composition centésimale de quelques-uns des principaux types de légumes. 


Matières Cellulose Hydrates Matières 

Légumes, Eau.  azotées totales. Graisse, brute, Sucre, de carbone. minérales. 
Asperges (p. 100 de la — — — — — = — 
matière sèche). , . . Néant 24,21 2,14 14,08 4,90 45,36 9,31 
Asperges (à l’état frais). 93,51 LEE (HS 0,91 0,35 2,92 0,60 


Graines (Pois, haricots, 
lentilles, etc.) : 


HAnICO REP REN 0 70001000 25,50 2,80 2,90 » 53,10 3,20 

Pen Ale 2012 51 24,81 ,85 3,58 » 54,18 2,47 

Tubercules : 

Pomme de terre. . . . 75,48 1,95 0,15 0,75 » 20,69 0,98 

Racines : 

Carottes 14 1... 89144 1,07 0,21 0,98 1,28 6,59 0,73 

Plantes bulbeuses : 

OIÉNOD EE 8509 , 1,48 0,10 0,71 2,18 8,0% 0,70 

Légumes verts herbacés : 

Chou pommé. . . . . 87,09 3:31 0,71 41,23 4,29 4,73 1,64 

DÉSNTE SSPESR LAT 2,42 0,48 0,66 0,37 3,06 0,83 

Épidard==.n.s 1, - 88,47 3,49 0,58 0,93 0,10 4,34 2,09 

Salade (laitue).. . . . 94,33 1,41 0,31 0,73 » 2,19 1,03 
—  (romaine).. , . 92,50 1,26 0,54 16 » 3,55 0,98 


Tous ces légumes contiennent à la fois des matières azotées, de la graisse et des hydrates 
de carbone (amidon, fécule, sucre). 

Les légumes secs, formés des graines dont le haricot et la lentille sont les principaux 
types, contiennent de faibles proportions d’eau (10 à 12 p. 100); ils renferment donc à l'état 
naturel des quantités élevées de substances alimentaires, qui sont surtout des hydrates de 
carbone (amidon), lesquels constituent plus de la moitié de leur poids; il y a en outre 25 p. 100, 
soit un quart, de matières azotées (légumine|.. 

Les tubercules, dont nous donnons comme type la pomme de terre, sont aussi, mais avec 
une teneur en eau beaucoup plus élevée (75 p. 100), des aliments féculents, l’amidon ou la 
fécule s’y trouvant dans la proportion de près d’un cinquième; il en est de même de la patate, 
du topinambour, etc., dont nous nous dispensons de donner la composition. 

Les racines renferment une quantité d’eau encore plus notable que les tubercules, attei- 
gnant près de 90 p. 100; leur valeur alimentaire est donc diminuée d’autant; leurs hydrates 
de carbone sont en majeure partie des sucres, principalement dans le navet et la carotte, et 
surtout dans la belterave, qui en contient, selon les variétés, jusqu’à 8 à 9 p. 100. A ce der- 
nier point de vue, on peut en rapprocher les plantes bulbeuses, telles que l'oignon. 

Dès que nous considérons les légumes herbacés, formés de tiges ou feuilles en voie de dé- 


60 RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L’ASPERGE 


2° Chicots et tiges. — La composition de ces parties de la plante est donnée 
dans les deux tableaux suivants; nous n’avons pas fait figurer la composition 
de ces produits pour le champ d'expériences de M. Vigreux, les tiges ayant été 
récoltées à un état de maturation trop avancée, les résultats de l’analyse se 
sont trouvés anormaux, surtout en ce qui concerne la potasse; nous avons donc 
cru devoir les écarter de nos calculs pour l'établissement des moyennes. 


COMPOSITION DES SOUCHES OU CHICOTS, POUR 100 DE MATIÈRE SÈCHE 


CHAMPS 


D'EXPÉRIENCES. 


MATIÈRE 
sèche p. 100. 
CENDRES. 
phosphorique. 
POTASSE 
MAGNÉSIE 
sulfurique. 


Lindry.. 

Charbuy. . 

Les Bries . PE 
Sables forts. . 
Sables légers . 


Héry. 


Moyennes. 


Ces produits ont une richesse en azote trois fois moindre que celle des 
asperges et contiennent cinq fois moins d’acide phosphorique que ces dernières ; 
leur teneur en potasse est sensiblement la même que celle des turions. 


veloppement, nous voyons la proportion d’eau être plus considérable que dansles précédents; 
ils sont par cela même beaucoup moins nutritifs, et ils perdent encore une partie de certains 
éléments (hydrates de carbone), sous l’action de la cuisson à l’eau. Ils n’en ont pas moins des 
qualités culinaires très réelles : leur principale‘utilité, par exemple, est de servir de véhicule 
à une quantité notable de graisse, avec laquelle on les consomme le plus généralement. 

Pour ce qui concerne l’asperge, afin de mieux se rendre compte des proportions dans les- 
quelles y entrent ses divers éléments, si on la considère à l’état sec, on voit que 24 p. 100, soit 
le quart de la matière sèche, est formé de matière azotée, dont la moitié (12,34), s’y trouve 
à l’état albuminoïde, l’autre à l’élat de composés amidés (asparagine) non alimentaires; 
45 p. 100 sont des matières hydrocarbonées diverses; il y a près de 15 p. 100 de cellulose 
brute, inattaquable par les liquides de l'organisme; près de 10 p. 100 constituent les cendres, 
principalement composées de phosphates et de sels de potasse; le sucre (5 p.100) et la graisse 
(2 p. 100) sont éminemment assimilables. Mais si l’on examine la composition de l’asperge à 
son état normal, on voit qu’elle contient 93 p. 100 d’eau. 

Les substances alimentaires y sont donc par ce fait extrèmement diluées; aussi est-elle 
conséquemment peu nutritive au sens propre du mot; elle n’en est pas moins un légume très 
estimé pour des raisons d’un autre ordre. Abstraction faite des qualités que lui confèrent la 
plupart des hygiénistes, principalement comme diurétique, dans le traitement de diverses 
affections, c'est particulièrement comme légume de primeur qu’elle a été appréciée depuis 
les temps les plus reculés. Apparaissant peu de temps après l'hiver, elle n’en est consommée 
qu'avec plus de plaisir, et c’est là son principal titre, qui la fait largement payer sur certaines 


DANS L’AUXERROIS. 61 


La chaux est en proportion notablement supérieure; la magnésie reste très 
peu abondante. 
Les tiges, avec leurs ramifications, ont la composition suivante : 


COMPOSITION DES TIGES, POUR 100 DE MATIÈRE SÈCHE 


3 e 8 : 3 S 

CHAMPS & © EI & a + | à À 5 g RE & 

us HD ne |) S als 

D'EXPÉRIENCES. £ $ £ S 4 2 S x 2 © < = = 
FINE RE 51-6210 8200 NO 30 M0 60 9108015. 0/1900;35 10:29 
CADET ME TON 0 322 05 ME TON NO 21 NOM241N 0; 250) 0,50 
Éebnes Re | 0 06 CONE TD NO 20 MP 3 800 2 010 NO 27 O 45 
Héry Sables forts. .| 30,02 || 7,78 | 1,69 | 0,33 | 2,29 | 1,93 | 0,11 | 0,08 | 0,46 | 0,24 
Sables légers .| 28,64 || 7,91 | 4,61 | 0,30) | 2,60 | 1,38 | 0,10 | 0,13 | 0,32 | 0,36 
Movennes...1.20/13.\M651N 676 0,321 2,01, "1,90 10,161110,1201" 0:33 1".0,37 


Nous nous bornerons à remarquer que la proportion d’azote dans les tiges 
est la moitié de celle des turions; qu’elle est du quart seulement pour l’acide 
phosphorique, et les deux dixièmes pour la potasse. Mais la chaux est en pro- 
portion beaucoup plus élevée, comme il arrive dans tous les organes foliacés au 
moment de leur maturité. 

Quoique la proportion de magnésie soit le double de celle des asperges, elle 
n’en reste pas moins très faible, puisqu'elle est inférieure à 0,2 p. 100. 

Fruits. — La proportion des pieds femelles, chargés de fruits, par rapport 
aux pieds mâles, est extrêmement variable dans les aspergeries. Pour la déter- 
mination des exigences de la plante, nous aurions pu à la rigueur analyser les 
pieds réservés, sans en séparer les fruits: cela n’aurait en rien influé pratique- 
ment sur le chiffre de l’exportation totale que nous avions à déterminer. Mais 
nous aurions ainsi analysé, dans certâäins de nos champs d’expériences, des 
tiges très chargées de fruits, et dans d’autres des tiges presque dépourvues 
d'organes reproducteurs. Il en serait résulté des écarts de composition assez 
notables, par ce fait que les fruits sont plus riches en azote et en acide phospho- 
rique, et par contre infiniment moins riches en chaux. 


tables. Nous signalerons les asperges du Vaucluse qui, par une culture appropriée, arri- 
vent au Pavillon des Halles dès le commencement de décembre, atteignent 40 francs la botte. 
Elles sont vendues jusqu'à l'apparition des asperges d'Argenteuil à des prix moyens qui, 
d’abord très élevés, s’abaissent progressivement à 2 francs la botte. Mais, même à l’époque 
beaucoup plus tardive où les asperges de nos régions plus septentrionales apparaissent sur 
nos marchés, elles y sont accueillies avec un plaisir d’autant plus grand qu'on a été, dans les 
précédents mois d'hiver, privé de légumes frais d’un prix abordable. A ce point de vue donc, 
l’asperge est particulièrement intéressante pour le consommateur qui l’apprécie à juste titre. 


62 RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L'ASPERGE 


Les chiffres obtenus n'auraient pas eu l'intérêt que présentent ceux des 
tableaux correspondant aux tiges seules et aux fruits séparés de ces dernières. 

En outre, il nous a paru utile, ne fût-ce qu’à titre documentaire, de déter- 
miner la composition des fruits; elle pouvait nous amener à quelques observa- 
tions intéressantes concernant la fumure des pieds destinés à la production des 
graines sélectionnées. 


COMPOSITION DES FRUITS, POUR 100 DE MATIÈRE SÈCHE 


DRE 


er 2 8 É 5 
CHAMPS Ë 2 | £ = 2È 2 É à ë z = : 
D'EXPÉRIENCES. 5 2 & 5 < à 5 3 o 2 * ë 

CS © © Pa = 2 

é à 

Lindry.. . . . . . . .| 37,97 | 4,7 | 2,62 | 0,65 | 2,08 | 0,13 [0,05 | 0,06 | ‘0,57 | “0,05 
Charbuy. . ... . . .| 36,24 || 4,63 |2,59.| 0,70 | 2,08 | 0,43 | 0,06 | 0,06 | 0,47 | 0,06 
Les Bries. . . . . . .| 417,76 || 4,02 | 2,35 | 0,59 | 4,80 | 0,45 | 0,05 | 0,04 | 0,32 | 0,10 
Hér { Sables forts. .| 42,84 || 4,90 | 2,68 | 0,78 | 2,29 | 0,18 | 0,10 | 0,08 | 0,42 | 0,07 
#Y+ { Sables légers .| 41,24 || 4,14 | 2,04 | 0,64 | 4,79 | 0,18 | 0,03 | 0,04 | 0,37 | » 
Moyennes. . .| 41,21 || 4,48 | 2,46 |. 0,67 | 2,01 | 0,16 | 0,06 | 0,06 | 0,43 | 0,07 


La proportion de matière sèche varie un peu, suivant l’état de maturité des 
graines, mais la teneur de la matière sèche en principes fertilisants présente 
une assez grande homogénéité. 

La composition moyenne des fruits se rapproche un peu de celle des turions: 
la teneur en azote et en acide phosphorique est plus élevée que dans les organes 
verts aériens, la chaux et surtout la magnésie ne sont ici qu’en proportion 
extrêmement faible. 

Le tableau suivant réunit les résultats moyens de la composition des diffé- 
rents produits de la plante. : 


COMPOSITION MOYENNE, POUR 400 DE MATIÈRE SÈCHE 


PARTIES 


DE LA PLANTE. 


MATIÉÈRI 
sèche p. 100 
CENDRES 
phosphorique. 
POTASSI 
MAGNÉSIE 
sulfurique 


ASDELRES Re ASS 
CHICOLSE RS MR 50 
Tiges et ramifications.| 29,73 
Fruits. SCAN O0 0 0 41,21 


9 19 


ID 


222 
DS © NN 


DANS L’AUXERROIS. 63 


GRAPHIQUES REPRÉSENTANT LA COMPOSITION MOYENNE DES ORGANES VÉG&@TATIFS DE L'ASPERGE 


4% 


3 % 


2 % 


1 % 


Æ 
= 
== 
= 
+ 
= 
Æ 
| 
FE 
= 
= 
Æ= 
= 
== 
= 


0 7 5; 7 NN A mm 
Az P?0° K20 Ca0 Mg0 S 03 : Az P°0° K°0° Ca0 M$0 S0* 


1° Turions. 2° Chicots, 


N 


RES) 

FR 

a 

. 

60 RE 
RS 

LR 


NN 
N 
N | 
N 


Z 


\ 
N 
\ 
N 
\h 


Az P°0° K°0 Ca0 S0* Az P°0° K0 F0 Më0 S0s 
3° Tiges et ramifications, 4° Fruits, 
LÉGENDE 
Az : Azote. CaO : Chaux. 


P205 : Acide phosphorique. MgO : Magnésic. 
K?0 : Potasse. SO5 : Acide sulfurique. 


64 RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L’ASPERGE 


Les graphiques ci-contre permettent de se rendre compte du premier coup 
d'œil de la différence de composition de ces produits. 

On voit la richesse particulière des turions en azote, en potasse et en acide 
phosphorique, leur pauvreté en chaux et en magnésie; on remarque également 
la grande différence de leur composition, comparée à celle des chicots et des 
tiges, tandis que le graphique de la composition moyenne des fruits se montre 
très ressemblant, comme allure générale, à celui des turions. 

Composition centésimale des cendres. —— Les tableaux précédents concernent 
la composition de la matière sèche; il n’est pas superfiu de donner ci-dessous la 
composition centésimale des cendres des divers produits de la culture, calculée 
d’après les moyennes ci-dessus. 


COMPOSITION MOYENNE CENTÉSIMALE DES CENDRES 


Tiges 
Aspcrges. Chicots. et ramifications. Fruits. 
Acide phosphorique, . . . 15,57 2,41 4,26 15,95 
DOS CMN ST EC LS c 41,31 939,24 26,76 44,96 
Chart: LAMMELReENTE 0,92 14,67 25,29 SON 
MAC SIC PRET TE 1,03 1,30 218 1,34 
ACITeSULITIqQUE RE 5,66 4,32 4,39 9,59 


Il ressort très nettement de ce tableau que les cendres des asperges et des 
fruits se font remarquer par une grande richesse en potasse et en acide phos- 
phorique, mais par une faible teneur en chaux et en magnésie. On sait, en effet, 
d’une façon générale, que les cendres des jeunes organes en voie de développe- 
ment et les fruits sont riches en phosphates alcalins et pauvres en chaux. 

Quant aux cendres des chicots et des tiges, elles sont au contraire pauvres 
en acide phosphorique et moins riches en potasse que les précédentes, mais 
chargées en chaux, ce principe atteignant 25 p. 100 dans les cendres des tiges. 
Ici encore, la magnésie est en proportion très peu élevée. 

Notons enfin la teneur assez élevée des cendres des fruits en acide sulfurique. 


DANS L’AUXERROIS. 65 


c) DES EXIGENCES DE L’ASPERGE ET MARCHE DE L’ABSORPTION 
DES PRINCIPES FERTILISANTS 


Nous avons donné précédemment le détail des déterminations des exigences 
de l’asperge, en tenant compte, pour chacun de nos champs d’expériences, du 
poids des divers produits de la culture et de leur composition. 

Nous réunissons, dans le tableau suivant, les totaux respectifs de eue 
de nos aspergeries. 


MATIÈRES KFERTILISANTES EXPORTÉES PAR HECTARE PAR L'ENSEMBLE DE LA PRODUCTION 


; A POIDS MATIÈRES ACIDE ACIDE 
Es cube SE BÈQUEE AZOTE. phos- |POTASSE.| CHAUX. |[MAGNÉSIE|  Sul- 
D'EXPÉRIENCES. asperges totales à 

fraîches. || produites. phorique. furique. 

Kil. Kil. Kil. Kil. Kil. Kil. Kil. Kil. 
Lindry.. . . . . . . .| 3609,14| 1 704,08] 40,037 | 9,664 | 37,904 | 22,344 | 1,933 | 7,433 
Charbuy.. . . . . . .| 8246,25| 3179,00| 67,151 | 15,981 | 80,031 | 46,193 | 5,333 110,350 
PesiBnies ee .| 1763,70| 1 933,29] 36,208 | 7,340 | 33,210 | 38,218 | 3,943 | 6,344 
Héry Sables iris. .| 6592,36|| 3 001,53] 58,794 | 14,278 80,178 47,960 | 3,321 113,403 
* ( Sables légers .| 5224,18|| 2318,39| 44,901 | 11,207 | 60,973 | 22,834 | 2,042 | 7,985 
Moyennes. . .| 5087,10| 2427,26| 49,418 | 11,694 | 58,459 | 35,510 | 3,314 | 9,103 


Comme on voit, ces chiffres sent différents; nous rappellerons que le champ 
d'expériences des Bries n’était qu'à sa première année de récolte, laquelle fut 
par conséquent très incomplète, ce qui explique les chiffres peu élevés qui le 
concernent; néanmoins, nous avons jugé utile de le faire entrer dans le détail 
du calcul de la moyenne, pour compenser certaines aspergeries (Charbuy, 
notamment), à production particulièrement élevée. Nous pensons donc que nos 
résultats moyens, sur ces cinq champs d'expériences, doivent se rapprocher de 
très près de l’exportation réelle d’une aspergerie en plein rapport. 

La moyenne de la production de ces cinq champs d’expériences ayant été 
de 5087 kilogrammes d’asperges fraîches par hectare, on déduit du tableau 
précédent les quantités de principes fertilisants mis en œuvre au cours de 
l’année pour la production de 1 000 kilogrammes d’asperges fraiches, accom- 
pagnées des produits subséquents de la culture (chicots, tiges et fruits). 

Nous obtenons les résultats ci-dessous, qui nous seront utiles par la suite : 


Kilos. 
AZOTeP EAN Er SR re OA! 
Acide De Doriqne, RTE Ur CU O0) 
POTASSC EPL TT D mo tudf.49 
CRAN RS ne à 0,08 
MARÉES REP PSP: 2-0, 0,65 
AGITENSUUTIQUE PR UN, a ù 


66 RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L’ASPERGE 


Si maintenant nous n’envisageons que les principes fertilisants enlevés par 
les asperges seules au cours de la cueillette, nous trouvons les résultats suivants : 


MATIÈRES VFERTILISANTES EXPORTÉES PAR HECTARE PAR LES ASPERGES SEULES 


Poids 

des asperges Acide Acide 

Champs d'expériences. fraiches. Azote. phosphorique. Potasse. Chaux. Magnésie. sulfurique. 
Kil. Kil. Kil. KI]. Kil. Kil. Kil. 
Lindry. . . . . .. 3609,14 | 10,573... 3,580 9:377 1,280 0,278 1,419 
Charbuy. 68216251 25106 7,800 24,369 2,687 0,328 3,212 
Les Brics V2 04768 1005 30r 0 HS 4,294 0,711 0,037 0,668 
He { sables forts... 6592,36 | 18,511 5,900 18,132 2,321 0,487 2 160 
| sables légers. 522418 | 13,385 4,385 12,813 1,449 0,343 1,716 
Moyenne . . . 5087,10 | 14,576 4,682 13,197 1,691 0,298 1,836 


Le graphique ci-dessous n° 2 figure l'exportation totale d’une aspergerie 
et l'exportation due aux asperges seules. 


N° 2. 
60k 2 


WW DODDIOD 


10k | 
= ; 
L CL C0 Fi 
Az P°0° K0 Ca0 M$0 Ê Az POI OMMCA DONS DINSI0E 


Graphiques représentant : à gauche, l’exportation totale d'une aspergerie; 
à droite, l'exportation due aux asperges seules. 


DD 


Le tableau suivant, où nous rapprochons les résultats moyens des deux 
tableaux qui concernent l’ensemble de la production et les asperges seules, 
donne lieu à d’intéressantes considérations. 


MOYENNE DES ÉLÉMENTS FERTILISANTS EMPRUNTÉS AU SOL PAR HECTARE 


1 par l'ensemble 


de la production. 2 par les asperges seules. 
LR kil. , 
ADS dt ae à 49,42 14,57 soit 29,4 p. 100 de l'exportation totale. 
Acide phosphorique. 11,69 4,68 — 40,0 — = 
BOTASSE RER 58,46 13,20 — 22,5 — == 
CRAURERE ER 35,54 1,69 — 47 — — 
MaUnesIe So 0,30, 9,1 — == 


Acide sulfurique. . . 9,10 4,83 — 20,1 —— =— 


DANS L’AUXERROIS. 67 


Le graphique ci-dessous, déduit de ce tableau, représente la marche de 
l’absorption des principes fertilisants au cours de la végétation. 


Noise MARCHE DE L'ABSORPTION DES PRINCIPES FERTILISANTS 


a | lzote. 
————""." ACide phosphorique. 
CORRE Potasse. 


—.—.—.—.— Chaux. 


kgr. 


cn on CA 
(S) cn S 


F 
Lea! 


Quantité des éléments ferti/isants absorbés 
+ 
o 


Lo 
en 
Me 
à 

es 
Co 

Q 

En 

_ 


Co 
Le] 


D 
Le 


20 


— 
— 
— — 
 — 


_— ju mm 


Fin Avri/ 24 Juin Novembre 
fin de/2 cuerllette Coupe des tiges 


Mais pour mieux juger de l’importance relative de ces divers éléments ferti- 
lisants, prenons pour unité d'exportation l’acide phosphorique, qui est parmi 
les principes fertilisants celui que la plante exporte en moindre proportion; 
nous verrons plus loin que le rôle qu'il joue n’en est pas moins des plus utiles. 

On voit que, pour l’ensemble de la production et pour 1 kilogramme d’acide 
phosphorique, il y a : 

4kil,23 d'azote, 

5 kilos de potasse, 
31,04 de chaux, 
0ki128 de magnésie. 

Il résulte de ces chiffres que la dominante de la culture de l’asperge est la 
potasse, et en seconde ligne l’azote ; la magnésie n’est absorbée qu’en minime 
proportion. 


68 RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L’ASPERGE 


Si, au lieu de raisonner sur l'absorption des éléments fertilisants, exportés 
par l’ensemble de la production, on n’envisage que l’absorption par les asperges 
fraiches seules, on voit que pour 1 kilogramme d’acide phosphorique, il y a : 

Jel1d d'azote, 0k1,36 de chaux, 
2kil,82 de potasse, 0ki1,06 de magnésie. 

Les chiffres exprimant l'importance relative de ces divers éléments sont donc 
différents des précédents; dans le premier cas, la potasse était la dominante, 
dans le second cas, l’azote à pris sa place. D'autre part, proportionnellement à 
l'acide phosphorique, l'exportation de l’azote et de la potasse est moins élevée; 
en somme, si l’on ne considère que la production des turions, on y voit l’acide 
phosphorique intervenir d’une façon plus accentuée que pour l’ensemble de la 
culture. 

Ce dernier fait résultait nettement d’ailleurs du tableau final de la page 66, 
où l’on voit que pour 100 de l’acide phosphorique, mis en jeu pour la production 
totale, 40 sont absorbés par les asperges seules. Sur le graphique n° 3, on 
s’en rend très bien compte ; l’écart existant entre la quantité (4K£,68) d'acide 
phosphorique absorbée à la fin de ja cueillette pour la production des turions 
et celle (41,69) empruntée au sol par l’exportation totale est moins grand 
que l'écart observé aux mêmes dates pour l’azote et la potasse et surtout pour 
la chaux, celle-ci n’intervenant que faiblement dans les deux premiers mois 
de la végétation de la plante. 

La conclusion pratique de cette discussion est que, pour une production 
intensive de turions, il conviendra de mettre à la disposition des griffes une 
dose assez élevée d’engrais facilement assimilables, que le fumier seul ne pour- 
rait procurer, d'autant plus que le développement des turions se fait pendant 
une période relativement courte d'environ soixante jours. 

Examinons enfin si le rendement, c’est-à-dire l’intensité de la culture, a une 
influence sur le rapport qui existe entre la quantité des éléments fertilisants 
absorbés par les asperges fraîches seules et l’exportation totale de ces mêmes 
éléments (d’après les tableaux pages 65 et 66). 

Pour 100 d’azote, d'acide phosphorique et de potasse exportés par la récolte 
totale d’un hectare, il y a dans les asperges : 


Poids frais. 


des asperges Acide 
Champs d'expériences. récoltées. Azote. phosphorique Potasse. CRUE 
E ou Ki. il. Kil. Kil. 
Lin dE 0 PR SL 00 26,4 Gti 24,7 5,6 
(Dinard en OU Se  S20 31,3 48,8 26,7 »,8 
PeSABEeS HAE NPRPRERRNE 1763 14,6 23,6 12,9 1,8 
Héry Sable SON EE 0? 31,4 41,3 22,6 . 
sables légers. . . : 5224 29,8 39,1 21,0 6,3 


(1) Première année de récolte. 


DANS L'AUXERROIS. 69 


Les rapports entre les quantités de principes fertilisants exportées par les 
asperges seules et celles exportées par la récolte totale sont d'autant plus élevés 
que le rendement des turions est plus considérable. 

Le fait est surtout marquant pour l’acide phosphorique et l’azote. La pro- 
portion de l’acide phosphorique exporté par les asperges fraiches, comparati- 
vement à la production totale, varie de 23,6 p. 100 pour une faible récolte de 
1 763 kilogrammes, à 48,8 p. 100 pour un fort rendement de 8 246 kilogrammes:; 
celui-ci cependant n’est pas exagéré, car nous en avons obtenus d’analogues 
dans deux de nos parcelles d'expériences. 

La proportion de l’azote varie dans des limites un peu moins étendues 
(14,6 à 37,3 p. 100); la potasse se montre moins sensible à l'influence du ren- 
dement. | | 
Ces faits proviennent de ce que le développement foliacé des tiges d’asperges 
après la récolte n’est pas absolument proportionnel au rendement des turions: 
d'autre part, ceux-ci sont nettement plus riches que les tiges, en azote et en 
acide phosphorique; mais la teneur en potasse est, au contraire, à peu près la 
même pour ces divers produits. 

De tout ceci, nous concluons que plus le cultivateur s’efforcera de pousser 
à une production intensive, plus il devra mettre à la disposition des griffes, au 
moment du départ de la végétation, une quantité considérable d’éléments ferti- 
lisants directement assimilables. 

Nous ne saurions trop insister sur l’importance de l’acide phosphorique pour 
la production des turions, importance que l’on serait cependant tenté de mécon- 
naître, si l’on ne considérait que le chiffre brut de l’exportation de cet élément; 
le tableau précédent a mis ce fait en évidence; mais les graphiques n° 4 ci-contre 
le feront encore mieux ressortir (voir page 70). 

On voit nettement que plus le rendement en turions est élevé, plus grande est 
l’absorption relative de l’azote et surtout de l’acide phosphorique au début de 
la végétation. 

Les courbes des rapports de ces deux éléments s’élèvent d'autant plus 
pendant la cueillette, que l’on passe d’une faible production (graphique 1) à 
une production moyenne (graphique 2), et à une forte production (graphique 3). 
Ainsi pour une faible récolte (graphique 1), si l’on représente par 100 kilo- 
grammes l’acide phosphorique exporté par la récolte totale, il n’y en à que 
23k,6 enlevés au sol par les turions seuls jusqu’à la fin de la cueillette: au 
contraire, pour une forte récolte, sur 100 d’acide phosphorique absorbé par 
l’ensemble de la végétation, 48,8, soit près de 50 kilogrammes, sont absorhés 
par les turions seuls. Dans le premier cas, l’acide phosphorique n’intervient, 
jusqu’à la fin de la cueillette, que dans la proportion de 23,6 p. 100, soit 
environ le cinquième de son exportation totale ; dans le dernier cas, dans la 
proportion de 48,8 p. 100, soit environ la moitié. 


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DANS L’AUXERROIS. 71 
IV. — DÉTERMINATION D'UNE FUMURE RATIONNELLE 
&) EXAMEN CRITIQUE DE LA FUMURE HABITUELLE DE LA RÉGION 


Dans un des chapitres précédents, nous avons donné la composition des 
fumiers ou composts employés, et, d’après les quantités qu’on en répand 
annuellement par hectare, nous avons calculé la quantité totale de principes 
fertilisants incorporés au sol par la fumure. 

D'autre part, nous avons mis en regard la somme des éléments fertilisants 
exportés par la production végétale annuelle d’une aspergerie. Nous avons ainsi 
constaté que le sol recevait toujours par la fumure plus d’éléments qu’il lui en 
était enlevé par la récolte. 

Devons-nous en conclure que la fumure couramment adoptée dans la région 
pour les aspergeries est plus que suffisante, et qu’il serait même possible de la 
réduire ? 

Les considérations développées dans le chapitre précédent nous ont fait 
prévoir qu'il ne saurait en être ainsi, puisque nous avons reconnu la nécessité 
d'apporter, au début de la végétation, une assez forte quantité d’éléments faci- 
lement assimilables, conditions que les fumures locales ne sauraient remplir 
d’une façon satisfaisante. 

Nous sommes donc tout d’abord d’avis que ces fumures seront avantageu- 
sement complétées par l’adjonction d'engrais chimiques plus assimilables 
qu’elles. Si, en effet, la fumüre habituellement pratiquée par les planteurs 
d’asperges de l’Auxerrois suffit à la production de récoltes moyennes, toute 
culture intensive donnant de forts rendements et qui nécessite, comme nous 
venons de le constater à la fin du précédent paragraphe, une notable inter- 
vention d’éléments nutritifs, ne sera possible qu’en faisant appel, dans une 
assez large mesure, aux engrais chimiques complémentaires; nous allons en 
déterminer maintenant la nature et les quantités. 

Composition des fumiers et composts. — Examinons tout d’abord la compo- 
sition des fumiers et composts dont nous réunissons les analyses dans un tableau 


L 
d’ensemble. 
COMPOSITION DES FUMIERS ET COMPOSTS POUR 1000 DE POIDS FRAIS 


Acide Acide Silice 
Champs d'expériences. Eau. Azote. phosphorique. Potasse. Chaux. Magnésie. sulfurique. et silicates. 
Linden 3,8% 137 4,40 Cal 1,07 0,75 119,42 
CharbU PE 6 3,18 1,14 4,31 4,53 0,85 0,78 134,10 
Les Bries (1). . 688 3,14 1,34 3,933 9,58 0,80 0,59 A9 
Appoigny(1) . 744 2,86 0,79 2,25 3,83 0,77 0,49 121,89 
ES NERE D'RRTÉ) 4,72 3,28 8,58 9,00 1,30 1,06 87,32 
Appoigny (li- 
tière de bois). 530 3,52 0,63 0,78 2,10 » » 310,00 


(1) Fumiers fortement mélangés de litière de bois. 


2 RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L’ASPERGE 


1 
G 


Le fumier utilisé à Lindry par M. Joly est un fumier mixte non mélangé de 
litière de bois; nous avons montré (page 44) quelle est la cause de sa faible 
teneur en éléments fertilisants, notamment en acide phosphorique, le fumier 
étant le reflet du sol et, comme ce dernier, pauvre en phosphate. 

Le fumier de Charbuy est encore moins riche en acide phosphorique et en 
azote que le précédent. 

Quant aux fumures employées à Appoigny et aux Bries, il y entre, comme 
nous l’avons vu, une notable proportion de litières de bois, qui abaisse très 
sensiblement leur richesse, principalement en acide phosphorique et en potasse. 

L'analyse que nous avons faite des litières de bois montre leur richesse rela- 
tive en azote, mais leur grande pauvreté en acide phosphorique et en potasse: 
elles poussent, en effet, dans des sables très pauvres, ne contenant que quelques 
dix-millièmes de ces éléments fertilisants. 

Il est évident que plus les composts renferment de ces litières, moins grande 
est leur richesse; mais la forte quantité qu’on en répand annuellement compense, 
dans certains cas, leur faible teneur en principes fertilisants, tel pour celui de 
M. Vigreux, d’Appoigny, employé à la dose de 50 mètres cubes à l’hectare. 

Le fumier employé à Héry par M. Grapin est notablement plus riche que les 
précédents; c’est un fumier pur de cheval, et les pailles qui entrent dans sa 
constitution proviennent des alluvions assez riches de la vallée du Serein; sa 
teneur élevée en potasse peut être expliquée par ce fait que M. Grapin l’arrose 
régulièrement avec le purin, riche en sels alcalins, qu’il a soin de ne pas laisser 
perdre. 

Le tableau suivant indique l’apport total de principes fertilisants par hectare 
et par an, pour chacun de nas champs d’expériences. 


MATIÈRES FERTILISANTES APPORTÉES PAR LES FUMIERS OU COMPOSTS, PAR HECTARE ET PAR AN 


PROVENANCE ACIDE ACIDE 

et VOLUME.| poips. | AzoTE. |phospho-| POTASSE. | CHAUX. | MAGNÉSIE. | sulfu- 

NATURE DES FUMIERS. rique. rique. 

me, kil. kil. kil. kil. kil. kil. kil. 

Linpry (fumier de ferme). . . .| 25 17 5001 67,20| 29,92 | 77,00/159,42| 18,72 | 43,12 

CaarBuy (fumier de ferme). 32 224001 71,231 25,53 | 96,54|101,47| 19,04 | 47,47 
Les Bries (fumier et litière de 

DIS) ce NERO 28 0001 104,72] 37,52 | 93,24] 268,24] 22,40 | 16,52 
AProIGNY (fumier fortement ad- 

ditionné de litière de bois). .| 50 35 0001 100,10! 27,65 | 78,75|134,05| 26,95 | 17,15 


Héry (fumier de cheval pur ar- 


rosé au purin), 20 14000! 66,08! 45,92 | 120,12] 126,00! 18,20 | 14,84 


Moyennes. . . . . . .| 33,4 | 23380] 81,86| 33,30 | 93,13|157,80| 21,06 | 15,82 


DANS L’AUXERROIS. 73 


Nous voyons que les fumures annuelles appliquées à ces aspergeries apportent 
des proportions d’azote et de potasse voisines de celles fournies par les fumures 
“ordinaires, mais sensiblement inférieures en ce qui concerne l’acide phospho- 
rique. Si nous rappelons la pauvreté en cet élément des terres à asperges de 
l’Auxerrois, on comprendra combien serait utile l’adjonction à la fumure ordi- 
naire d'engrais phosphatés complémentaires. 

Comparaison entre l'apport fait par la fumure et l'exportation des matières 
fertilisantes. — Dans le tableau de la page 65, nous avons donné, pour 
nos champs d’expériences, l’exportation des principes fertilisants de l’ensemble 
de la production végétale ; nous nous bornons ci-dessous à reproduire la moyenne 
de ces résultats, et en regard les quantités d'éléments apportés en moyenne par 
la fumure. 


Moyenne des éléments fertilisants 
CS | 


Exportés par l’ensemble Apportés 
de la végétation. par la fumure. 
ADEME RS AUE L'ORRANARSE RE EX DS 49,42 81,8 
ACIdephosphonqUue MUR 11,69 289) 
LOUER A TO, DIN ST ME CRE 08,40 93,1 
CEE SEP MREMRE RER 35,51 157,8 
MATE E RE NT ed: 3,31 21,0 
AGIT SUIOLIQUEL AMEN LE 9,10 15,8 
Discussion. Nécessité de fuimures complémentaires. — On voit que l’expor- 


tation est inférieure à l’apport fait par la fumure. 

Mais il convient de faire remarquer que la totalité des matières apportées 
par la fumure n’est pas, tant s’en faut, utilisée intégralement par la plante; 
quelques-unes d’entre elles, notamment l’azote, sont soumises dans le sol à des 
causes de déperdition très notables. 

En outre, les terres à asperges de l’Auxerrois, constituées par l’étage dit des 
sables verts, sont, comme nous l’avons vu, des terres très légères et perméables, 
d’un pouvoir absorbant peu élevé, puisqu'elles sont très pauvres en argile (de 11 
à 48,7 p. 1 000) et en humus (3 à 4,5 p. 1 000) et qu’elles manquent de chaux. 

Elles sont d’ailleurs peu pourvues d’éléments de fertilité ; cependant leur 
perméabilité à l’air et à l’eau, la facilité avec laquelle elles se travaillent, 
leur profondeur assez grande, compensent en partie les inconvénients résul- 
tant de leur pauvreté. 

Dans ces sortes de terres, le fumier se décompose assez rapidement; la nitrifi- 
cation est active quand la chaux s’y trouve en suffisance; mais comme le pouvoir 
absorbant du sol est faible, les eaux qui le traversent à la suite de fortes pluies 
entraînent une partie de l’ammoniaque du fumier et une forte proportion de 
l’azote nitrique formé ultérieurement ; la potasse elle-même, énergiquement 


74 RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L’ASPERGE 


retenue lorsque les sols sont mieux pourvus d’humus et d’argile, doit disparaître 
partiellement dans les couches profondes. 

Nous nous proposons d’ailleurs d’étudier expérimentalement la faculté 
d'absorption de ces sables presque purs vis-à-vis des matières fertilisantes (1). 

Entrons maintenant dans le détail des causes de déperdition et de l’utilisation 
par la plante des principaux éléments fertilisants. 

Azote. — Tous les agronomes sont d’accord pour reconnaître que la totalité 
de l’azote d’une fumure au fumier de ferme est loin d’être utilisable au cours 
de la première année; l’azote ammoniacal du fumier se trouve d’abord absorbé, 
soit directement, soit après nitrification, puis la matière organique azotée se 
nitrifie ensuite plus ou moins rapidement, suivant son état de décomposition et 
la nature physique des sols où il a été enfoui. 

On admet généralement qu’un cinquième seulement de l’azote total du 
fumier est utilisable la première année; le reste se nitrifie pendant les années sui- 
vantes, d’autant moins vite que le sol est plus compact. 

Une partie des nitrates formés sert à l’alimentation des récoltes, l’autre 
partie, souvent plus considérable, est entraînée par les eaux de drainage. 

Des expériences poursuivies pendant plus de vingt ans à Rothamsted par 
Lawes et Gilbert ont montré que, pour la culture du blé, si on compare la récolte 
des parcelles n’ayant reçu aucun engrais depuis vingt ans et celle des parcelles 
régulièrement fumées au fumier de ferme pendant le même temps, on ne retrouve 
dans l’excédent de récolte dû à l’action du fumier que 14,6 p. 100 de l’azote 
apporté par la fumure; une autre partie assez faible a servi à enrichir le sol, le 
reste a été entraîné par les eaux dans le sous-sol. 

Il se produit donc à Rothamsted, où les pluies sont abondantes, une énorme 
déperdition de l’azote du fumier. 

L’azote du nitrate de soude répandu au printemps est l’objet d’une déper- 
dition beaucoup moindre. Lawes et Gilbert ont trouvé dans les mêmes conditions 
d’expérience (sur une période de vingt ans) que, dans l’excédent de récolte dû 
au nitrate de soude, on retrouve de 40 à 50 p. 100 de l’azote apporté. 

Des expériences exécutées à Grignon par M. Dehérain confirment ces chiffres. 

Dans les aspergeries de l’Auxerrois, où la fumure, au lieu d’être triennale, 
est annuelle, on doit compter non seulement sur une dose d’azote disponible du 
cinquième de 81K£,8, soit 16 à 17 kilogrammes, mais aussi sur l’azote nitrique 
formé aux dépens des résidus non encore décomposés des fumures précédentes, 
et de la réserve d’azote organique du sol (humus et débris végétaux provenant 
des récoltes). “He 

Quelle peut être approximativement.cette dose d’azote provenant de la nitri- 
fication des fumures précédentes, et de la réserve des fumures récentes et 


(4) Nos recherches en cours d'exécution confirment les prévisions ci-dessus. 


DANS L’AUXERROIS. 16) 


anciennes, que les griffes d’asperges puiseront dans le sol annuellement ? Nous 
allons essayer de nous en rendre compte. 

Les aspergeries de la région étant fumées régulièrement de la même façon 
depuis un certain nombre d’années, nous pouvons admettre qu’il s’est établi 
une sorte d’équilibre entre l’azote apporté par les fumures, la réserve d’azote 
du sol qui s’augmente très peu dans ces sols légers, et la quantité d’azote exporté. 
Le chiffre moyen que nous donnent nos cinq Champs d’expériences pour l’expor- 
tation totale de l’azote, soit 49K8,4, doit donc, pensons-nous, représenter assez 
exactement la fraction de l’azote utilisable annuellement. 

Par conséquent, pour un apport annuël moyen de 81“£,8, on n’en retrouve 
que 49,4 dans la récolte, le reste étant entraîné par les eaux, sauf la faible 
portion qui sert à l’enrichissement du sol. 

Et encore ces 495,4 ne sont pas dus exclusivement au fumier; une partie 
provient de la réserve ancienne du sol, et l’autre de l’ammoniaque et des nitrates 
apportés par les eaux pluviales. 

Cette fraction, qui ne provient pas du fumier, nous croyons pouvoir l’évaluer 
d’une façon approchée, grâce à des essais que nous avons entrepris en 1903 et 
en 1904 dans une aspergerie située en sol très pauvre et épuisée par plusieurs 
années (six ans au moins) de culture sans fumier ni engrais d’aucune sorte. 

En 1903, la récolte de la parcelle sans engrais n’a été que de 1148 kilo- 
grammes et, en 1904, de 975 kilogrammes. 

Nous basant sur les chiffres de la page 65, qui donnent la quantité totale de 
principes fertilisants mis en œuvre pour une récolte de 1 000 kilogrammes 
d’asperges fraîches, nous voyons qu’une aspergerie cultivée sans engrais, en 
terre pauvre, peut encore trouver dans le sol environ 98,7 à 10 kilogrammes 
d'azote. 

En retranchant cette quantité d’azote des 498,4 représentant la moyenne de 
l’azote exporté dans une aspergerie régulièrement fumée, nous trouvons que la 
quantité attribuable au fumier (fumier de l’année et résidus des fumures anté- 
rieures), est de 49k£,4 moins 10—39K8,4, pour un total de 81K£,8, soit environ 
48 p. 100. : 

Nous arrivons donc à cette conclusion que pour 100 kilogrammes d’azote 
apportés annuellement par le fumier, les griffes d’asperges sont capables d’uti- 
liser 48 kilogrammes environ, chiffre qui ne doit pas être très éloigné de la 
vérité. 

La portion de l’azote utilisé par l’asperge en sol léger serait donc beaucoup 
plus élevée que celle trouvée à Rothamsted pour le blé; ce fait peut s’expliquer 
par le plus grand développement des griffes d’asperges, qui forment un feutrage 
presque continu et permanent à la surface du sous-sol; en outre, par la rapidité 
plus grande de la nitrification en sol sablonneux léger, qui met à la disposition 


76 RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L’ASPERGE 


de la plante une plus grande quantité d’éléments assimilables dont elle s'empare, 
enfin par cette circonstance que la fumure est donnée peu de temps avant le 
départ de la végétation (vers février) et qu’on évite ainsi les déperditions notables 
qui se produisent forcément au cours de l’automne et de l’hiver. 

Partant de ces données, et conservant la fumure habituelle au fumier, qui 
permet d'obtenir une récolte moyenne de 5 000 kilogrammes d’asperges fraîches 
par hectare, dans une aspergerie bien cultivée, nous voyons qu’il sera néces- 
saire de recourir à l'emploi d'engrais azotés commerciaux pour élever le rende- 
ment, et cela d'autant plus que le turion d’asperge, comme nous l’avons vu, a 
besoin de trouver une grande quantité d’azote directement assimilable au moment 
de la cueillette. 

Si, par exemple, nous voulons porter la récolte de 5 000 à 6 000 kilogrammes, 
il faudra fournir en plus 9*£,7 à 10 kilogrammes d’azote; comme les racines ne 
parviendront à utiliser, d’après ce qui a été dit précédemment, que 45 à 50 p. 100 
de l'azote apporté, si l’on emploie du nitrate, c’est 20 kilogrammes d’azote 
environ qu'il faudra ajouter, soit 130 kilogrammes de nitrate de soude. 

Une fumure complémentaire est donc indispensable dans le cas de la culture 
intensive. 

Nous examinerons plus loin à quelle dose et sous quelle forme cet azote devra 
être apporté d’après les divers essais que nous avons entrepris. : 

Acide phosphorique. — La quantité d’acide phosphorique absorbée annuel- 
lement par la production végétale d’une aspergerie est relativement faible, puis- 
qu’elle ne s’élève qu’à 41K6,7. 

Les fumures annuelles apportant en moyenne 33 kilogrammes de cet élément, 
il semble au premier abord qu’il n’y ait pas lieu de se préoccuper de faire inter- 
venir les engrais phosphatés dans une fumure complémentaire. 

Mais les nombreuses analyses que nous avons faites des sols à asperges de 
la région des sables de l’Auxerrois nous ont montré leur pauvreté générale en 
acide phosphorique (tableaux pages 35 et 36). et la nécessité de les enrichir 
en cet élément. 

D'autre part, nous avons insisté assez longuement sur l’importance du rôle 
de l’acide phosphorique dans la végétation de l’asperge, particulièrement en ce 
qui concerne la production des turions. 

Nous rappellerons que, pour une récolte moyenne, les turions prélèvent, 
pendant la durée de la cueillette (soixante jours), environ 40 p. 100 de la tota- 
lité de l’acide phosphorique absorbé pendant toute la végétation. 

En outre, les tableaux et graphiques des pages 68 et 70 nous ont montré que 
la marche de l’absorption de l’acide phosphorique est bien plus rapide que celle 
des autres éléments fertilisants lorsque s’accroît le rendement en turions. 

Il ressort donc que, pour l’asperge, le besoin d’acide phosphorique se fait sur- 


DANS L’AUXERROIS. 


I 
1 


tout sentir dès le début de son développement et qu’il faut mettre une dose 
convenable d’acide phosphorique assimilable à la disposition de la griffe pour 
satisfaire à ses exigences au cours de la cueillette. 

Nous devons faire remarquer en outre que l'acide phosphorique est un 
élément qui doit circuler dans le sol moins facilement que la potasse et surtout 
que l’azote. 

L'acide phosphorique soluble apporté par les engrais minéraux redevient 
insoluble, ou à peu près insoluble, en se fixant sur l’oxyde de fer et sur l’alu- 
mine, sur l'argile et la matiere humique, et aussi, comme cela résulte des expé- 
riences de M. Schlæsing, en passant à l’état de phosphate tribasique de chaux 
ou de magnésie, en présence des bicarbonates terreux. 

Les eaux qui circulent dans le sol tiennent, il est vrai, de l’acide phospho- 
rique en dissolution, mais en quantité extrèmement faible, quoique non négli- 
geable pour l’alimentation des plantes, comme l’a montré M. Th. Schlæsing fils; 
aussi est-il nécessaire d’introduire de l’acide phosphorique facilement assimi- 
lable pour satisfaire aux exigences de la plante, qui en est plus particulièrement 
avide au début de la végétation. 

Des recherches analogues à celles que nous avons entreprises, et portant sur 
d’autres cultures, ont permis de constater qu’il existe en général une dispro- 
portion entre les quantités relativement faibles d’acide phosphorique exporté et 
celles beaucoup plus élevées que la pratique a reconnues utiles pour obtenir de 
forts excédents de récoltes. | 

Cette discussion nous amène à considérer comme insuffisants pour une pro- 
duction abondante, les 33 kilogrammes environ d’acide phosphorique fournis 
annuellement par la fumure au fumier, où il se trouve à un état moins assimi- 
lable que dans ies engrais commerciaux. 

Nous pensons qu’une dose d’environ 30 kilogrammes d’acide phosphorique 
assimilable, en supplément de la fumure habituelle, n’a rien d’exagéré, d'autant 
plus que l’excédent servira à l’enrichissement du sol. 

Nous déterminerons plus tard sous quelle forme l’acide phosphorique doit 
être apporté. 

Potasse. — Si l’azote est la dominante de l’asperge pendant la période de 
développement des turions, c’est cependant la potasse qui est exportée en plus 
grande quantité, si l’on envisage l’ensemble des organes végétatifs. 

Nous avons vu que tous les organes de la plante en renferment une propor- 
tion assez élevée, et que l'absorption de cet élément suit une marche à peu près 
régulière depuis le début jusqu’à l’arrêt de la végétation. Le rendement influe 
peu sur la courbe de l'absorption de la potasse, comme le montrent les tableaux 
(page 68) et les graphiques correspondants (page 70). 

Une aspergerie de production moyenne exporte chaque année 58 kilogrammes 


RECHERCHES SUR LA CUETURE DE L’ASPERGE 


1 
2 


de potasse, et, pour un fort rendement, 80 kilogrammes, tandis que la fumure 
en apporte annuellement 93 kilogranimes. 

Si les aspergeries de l’Auxerrois étaient plantées en sols riches en potasse, 
suffisamment humifères et d’un pouvoir absorbant convenable, nous pourrions 
à la rigueur conclure que les fumiers employés annuellement en incorporent 
suffisamment pour satisfaire aux exigences d’une récolte moyenne. La potasse, 
en effet, n'est pas soumise aux mêmes causes de déperdition que l’azote, et les 
dissolutions du sol la mettent plus facilement que l’acide phosphorique à la 
disposition des racines. 

Mais nous devons considérer que les sols des aspergeries de notre région 
sont tous très pauvres en potasse et qu'il y a lieu d’y introduire cet élément. 

D'autre part, ces sables ne contiennent que très peu d’argile (15 à 45 p. 1 000) 
et seulement quelques millièmes d’humus. 

Il y a lieu de croire que, dans ces conditions, la potasse des fumures n’est 
pas énergiquement retenue comme dans les terres franches, et que sous l'influence 
de fortes pluies, elle peut être partiellement entraînée dans les couches pro- 
fondes. 

M. Dehérain, en étudiant les eaux de drainage s’écoulant des sols argilo- 
calcaires de Grignon, d’une richesse moyenne en potasse, et douées d’un pou- 
voir absorbant satisfaisant, a trouvé que, pour une année et pour un bectare, 
l’eau de drainage pouvait entraîner 9*£,3 de potasse. 

C’est peu pour un sol riche; mais nous croyons (des expériences en cours 
nous fixeront à ce sujet) que la perte est beaucoup plus considérable dans des 
sols très légers, qui se laissent traverser avec la plus grande facilité par les 
eaux pluviales, qui ne renferment que très peu de chaux, nécessaire aux réac- 
tions qui déterminent la fixation de la potasse, et qui n’ont qu'un faible 
pouvoir absorbant. 

Il ressort de ces données que les 93 kilogrammes de potasse apportés annuel- 
lement par les fumures doivent se réduire sensiblement et devenir insuffisants 
pour satisfaire aux exigences d'une culture intensive, sans qu’il y ait un appau- 
vrissement de la faible réserve de potasse du sol. 

Il nous paraît donc nécessaire de compléter la fumure au fumier de ferme 
par l’apport d'engrais potassiques, et nous pensons qu’une dose de 25 à 50 kilo- 
grammes, suivant le cas, nous permettra d'obtenir des excédents de récolte 
rémunérateurs. EyÈeE 

Chaux. — Les turions d’asperges, comme tous les organes jeunes en voie de 
développement, renferment très peu de chaux et n’exportent, comme nous 
l'avons vu, que 1*£,7 en moyenne de chaux par an et par hectare, quantité tout 
à fait minime. Mais les tiges, qui se développent dans le courant de l’été, sont 
beaucoup plus riches, et nous avons trouvé que l’exportation totale de chaux 


DANS L’AUXERROIS. t9 


atteint en moyenne 35%£,5 par hectare et par an, tandis que la fumure au fumier 
de ferme en apporte près de 160 kilogrammes, soit cinq fois plus environ. 

La quantité de chaux qui se trouve dans les fumures habituelles pourrait 
donc suflire largement aux besoins de la plante, dans des sols suffisamment 
riches en carbonate de chaux. 

Mais nous devons considérer que les terres à asperges de notre région ne 
renferment en général que des traces de calcaire et de 1 à 2 p. 1 000 seulement 
de chaux totale, et que la chaux du sol est soumise à des causes de déperdition 
considérables. 

On trouve dans les eaux de drainage beaucoup de uitrate et de bicarbonate 
de chaux, et la quantité qui est entraînée annuellement peut atteindre plusieurs 
centaines de kilogrammes par hectare. Cette quantité varie avec le degré d’inten- 
sité des fumures; plus les fumures organiques sont abondantes, ‘et c’est le cas 
pour les aspergeries, plus il y a de bicarbonate et de nitrate de chaux formés 
dans le sol et dissous par les eaux souterraines; l'application des engrais 
chimiques, tels que nitrate de soude, chlorure ou sulfate de potasse, provoque 
également la mobilisation, par suite des réactions qui se produisent, d’une 
quantité correspondante de sels de chaux, tous très solubles, et susceptbles 
d'entrainement. 

La réserve de chaux de nos sols à asperges, déja si pauvres en cet élément, 
risquerait donc de s’épuiser peu à peu, si la culture intensive y était poursuivie 
longtemps, sans autre apport de chaux que celle contenue dans les fumiers. 

L'emploi des engrais phosphatés complémentaires, dont nous avons reconnu 
précédemment la nécessité, fournira heureusement au sol une dose de chaux 
notable, puisque les scories de déphosphoration renferment jusqu’à 50 p. 100 
de chaux totale et les superphosphates de 25 à 30 p. 100 environ. 

Un marnage ou un chaulage viendra compléter de temps à autre cet apport. 

Magnésie. — Le dosage de la magnésie n’accuse qu’une très faible proportion 
de cet élément dans les divers organes de l’asperge, soit 0,08 p. 100 dans les 
turions, et 0,16 p.100 dans les tiges et feuilles. Aussi, les quantités de magnésie 
exportées sont-elles peu importantes, puisqu'elles n’atteignent en moyenne que 
3*£,3 par hectare et par an. 

D'autre part, il y a une élimination de magnésie par les eaux de drainage; 
mais les analyses de ces dernières, faites par divers auteurs, ont montré que 
la teneur de ces eaux en magnésie est faible (de 4 à 11 grammes par mètre cube 
pour un champ de blé de Rothamsted) et que, par conséquent, cette élimination 
est peu importante (de 5 à 20 kilogrammes au maximum par hectare). 

Nous concluons donc que l’apport fait chaque année par les fumures locales 
et par les engrais complémentaires, dont quelques-uns contiennent de la 
magnésie, suffit aux exigences si minimes de la production, et que, par suite, il 


80 RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L'ASPERGE 


n’y à pas lieu de se préoccuper de l’emploi d'engrais magnésiens proprement 
dits. 

Acide sulfurique. — En ce qui concerne l’acide sulfurique, l'exportation n’est 
que de 9 kilogrammes. Les fumiers n’en apportent que 15 kilogrammes, ce qui 
est peu; mais les quantités d’acide sulfurique introduites par les superphosphates 
ou le sulfate de potasse des fumures complémentaires que nous conseillerons, 
dépasse notablement celles qui sont exportées par la culture. Le surplus non 
retenu par le pouvoir absorbant du sol est entrainé par les eaux de drainage. 

L'acide sulfurique ainsi incorporé dans les fumures complémentaires dispen- 
sera avec avantage de l'emploi du plâtre qui, dans ces sols particulièrement 
pauvres en potasse, aurait l’inconvénient de mobiliser une partie de la réserve de 
potasse, et par conséquent de contribuer à leur appauvrissement en cet élément 
fertilisant. 


V. — ESSAIS D’ENGRAIS ENTREPRIS EN 1903, 1904, 1905 
a) CHOIX DES ENGRAIS COMPLÉMENTAIRES 


Les documents précédents sur l’exportation en principes fertilisants d’une 
aspergerie et les discussions que nous avons développées sur l’opportunité de 
l’adjonction d'engrais complémentaires à la fumure locale, nous permettent 
d’être très brefs dans l’exposé de l’établissement des formules d'engrais que 
nous avons mises en expérience. 

On à vu que l’asperge doit produire ses Lurions dans un laps de temps rela- 
tivement court, soit environ deux mois, pendant lesquels elle se fait remarquer 
par une absorption notable en éléments fertilisants, qui doivent lui être donnés 
à un grand état d’assimilabilité. 

Nous avons déjà déterminé, aussi approximativement qu'il nous était pos- 
sible, les quantités de principes fertilisants qu'il convient d’adjoindre à la 
fumure locale; il nous reste à examiner rapidement sous quelle forme ces 
éléments doivent être apportés. 

L'azote peut être fourni, soit sous forme d’azote organique par Île sang 
desséché, la corne torréfiée, les poudrettes, etc., soit sous forme d'azote ammo- 
niacal (sulfate d’ammoniaque), ou nitrique (nitrate de soude et nitrate de 
potasse). 

Parmi les engrais organiques, le sang desséché et la corne torréfiée ont eu 
nos préférences, en raison de leur nitrification facile. 

Quant au sulfate d’ammoniaque, il convient plus particulièrement, d’une 
façon générale, aux climats humides et aux terres suffisamment argileuses et 
fraiches. Ce n’est pas le cas pour les terres sableuses, exposées à la sécheresse, 


DANS L’AUXERROIS. 


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dans lesquelles les dissolutions de sulfate d’ammoniaque peuvent prendre un 
certain degré de concentration qui les rend caustiques et préjudiciables aux 
plantes. 

Pour éviter cet inconvénient, on a coutume de répandre le sulfate d’ammo- 
niaque d'assez bonne heure; mais alors, étant données sa rapide nitrification et 
l'extrême perméabilité des sables verts, il serait exposé à de très notables déper- 
ditions avant le départ de la végétaticn. Aussi avons-nous jugé à propos de 
l’écarter. 

Nous avons également éliminé de nos formules le nitrate de potasse, qui 
fournit la potasse dans une proportion très supérieure à celle de l'azote 
(13 p. 100 d’azote contre 44 p. 100 de potasse), et qui nous entraînerait à 
incorporer au sol une proportion de potasse supérieure à celle qui doit entrer 
dans nos formules. Dans les sols si légers et perméables qui nous occupent, cet 
engrais pourrait donner lieu à des déperditions d’azote et de potasse. En outre, 
le nitrate de potasse n’est pas économique, car il fournit l’azote et la potasse à 
un prix sensiblement supérieur à celui auquel on peut se les procurer dans les 
autres engrais. 

Pour ces diverses raisons, nous avons préféré recourir au nitrate de soude. 

Les engrais phosphatés complémentaires pouvaient être essayés sous forme 
de superphosphates ou de scories de déphosphoration, qui présentent l’un et 
l’autre des avantages spéciaux. 

Les scories de déphosphoration nous paraissaient tout indiquées pour ces 
sols pauvres à la fois en acide phosphorique et en chaux; mais nous n’avons pu 
les essayer en 1903, parce que la saison était trop avancée pour leur épandage, 
au moment où, à l'issue de nos analyses, nous fûmes à même de composer nos 
formules. Nous eûmes donc recours au superphosphate dans nos premiers 
essais. 

Pour ce qui est des engrais potassiques, nous avons employé comparative- 
ment le sulfate de potasse et la kaïnite, en éliminant le chlorure de potassium, 
malgré son plus bas prix. 

Le chlorure a en effet, par lui-même, une certaine causticité, qui peut être 
préjudiciable aux jeunes asperges en voie de développement, surtout lorsqu'il 
séjourne assez longtemps dans le sol sous forme de chlorure, et c’est le cas pour 
ces sols sablonneux manquant de calcaire. La transformation en chlorure de 
calcium et en carbonate de potasse, qui est fixé par le pouvoir absorbant du sol, 
y est lente. ; 

Le sulfate de potasse, qui est peu caustique, ne présente pas le même incon- 
vénient, et il a en outre l’avantage d’incorporer au sol une dose notable d’acide 
sulfurique, que les fumiers et composts n’apportent pas en quantité tout à fait 
suffisante ; il agit donc à la fois par sa potasse et par son acide, 


6 


82 RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L'ASPERGE 


L'emploi comparé de la kaïnite, dans quelques parcelles, nous fournira des 
indications sur l'effet que pourrait avoir le sulfate de magnésie accompagnant 
dans cet engrais le sulfate de potasse. 

Nos essais ont été entrepris chez les mêmes planteurs, qui avaient bien voulu 
nous prêter leur concours pour la détermination des exigences de l’asperge, et 
dans les mêmes champs d'expériences dont nous avions analysé les sols et sous- 
sols. Nous y avons joint un autre champ d'expériences situé sur le territoire de 
la commune de Branches, et appartenant à M. Lambin, du hameau des Courlis. 

Notre but a été de comparer les résultats fournis par la fumure habituelle au 
fumier de ferme où aux composts avec ceux que donne cette fumure complétée 
par des engrais chimiques appropriés, appliqués à dose variable. 

Pour certains champs d'expériences, nous avons également voulu nous 
rendre compte si la fumure aux engrais chimiques seuls était susceptible de 
donner de bons résultats, malgré la pauvreté des sols en humus et leur faible 
pouvoir absorbant; enfin, dans certains cas, nous avons substitué dans nos 
formules la kaïnite au sulfate de potasse (à dose égale de potasse). 

Il nous était impossible de faire tous ces essais pour chacun de nos champs 
d'expériences, car le travail imposé à nos collaborateurs eût été au-dessus de 
leur bonne volonté, par suite de la multiplicité des cueillettes dans chaque par- 
celle. Aussi, pour parer à cet inconvénient et pour posséder néanmoins un 
nombre suffisant de résultats expérimentaux, nous avons réparti nos essais chez 
nos divers collaborateurs, en faisant varier pour chaque champ d’expériences 
la formule d'engrais mise à l’étude. 


b) RÉSULTATS DES EXPÉRIENCES. ANNÉE 1903 


41° Champ d'expériences de M. Joiy, de Lindry. —- Ce champ comprenait 
trois parcelles de 2 ares chacune, ayant toutes trois reçu la fumure ordinaire 
de 25 mètres cubes ou 18 000 kilogrammes de fumier à l’hectare. L’une d’elles 
servit de témoin, les deux autres reçurent des engrais complémentaires, à dose 
variable de nitrate de soude. 

L’engrais chimique fut semé à la volée, tardivement, le 21 mars; le mélange 
répandu ne contenait qu'un quart de la dose totale du nitrate. Les trois autres 
quarts furent répandus en trois fois au cours de la cueillette des asperges; le 
deuxième quart au début de la cueillette, et le dernier quinze jours environ 
avant la fin. 

Nous avions pour but, en opérant ainsi dans {ous nos champs d’expériences, 
d'obtenir une meilleure utilisation de l’azote du nitrate et de réduire au minimum 
les pertes dues à l’entraînement par les eaux de drainage. 

Le tableau A résume la composition des fumures, leur valeur et les résul- 


tats obtenus rapportés à l’hectare (page 84). 


DANS L'’AUXERROIS. 83 


La terre du champ d’expériences de M. Joly est, comme nous l’avons vu, 
très légère et très perméable (voir l’analyse, page 41) ; son pouvoir absorbant 
est faible; aussi, comme après l’épandage des engrais complémentaires, de 
nombreuses averses survinrent, une partie des éléments fertilisants apportés 
purent être entrainés par les eaux. Cette déperdition expiiquerait le peu d’effet 
des engrais complémentaires, qui n’ont donné lieu qu’à une faible plus-value 
sur le témoin. 

Remarquons cependant que l’excédent de la parcelle #° 3 (ayant reçu une 
dose double de nitrate) sur la parcelle n° 2, soit 115 kilogrammes, valant environ 
40 fr. 25, paie largement l’excédent de 100 kilogrammes de nitrate de soude, qui 
ne vaut que 24 fr. 50. L’asperge se montre nettement sensible à la fumure azotée. 

2° Champ d'expériences de M. J. Rollinat, à Charbuy. — Sol sablonneux 
grisâtre, un peu plus graveleux que celui des autres champs d’expériences (se 
reporter à l’analyse, page 45). Le sol est pauvre en acide phosphorique et par- 
ticulièrement pauvre en potasse. 

Nous avions dans ce champ deux parcelles en expérience, l’une fumée au 
fumier seul (32 mètres cubes ou 22 400 kilogrammes); l’autre ayant reçu une 
fumure complémentaire. L’engrais fut répandu sur les lignes, le 21 mars, et 
recouvert aussitôt par un labour léger; la dose de nitrate fut fractionnée comme 
précédemment. 

Le tableau ci-contre résume l'ensemble de nos observations rapportées à 
l'hectare (tableau B, page 84). 

Remarquons tout d’abord que les quantités d’engrais chimiques complémen- 
taires employées pour les champs d'expériences de M. Joly et de M. Rollinat 
sont relativement faibles, surtout en ce qui concerne les doses d’acide phospho- 
rique et de potasse, que nous avons cru devoir augmenter en 1904. 

Les rendements obtenus äans cette aspergerie sont plus élevés que chez 
M. Joly et l'excédent de récolte devient notable; l’opération se chiffre par un 
bénéfice net de 100 francs par hectare, pour une dépense d’engrais de 40 francs. 

Les asperges de la parcelle n° 2 furent plus hâtives, et, pendant toute la 
durée de la récolte, M. Rollinat compta et pesa les asperges de chaque cueillette, 
ce qui nous permit de calculer leur poids moyen; celui-ci passa de 302,1 pour 
le témoin à 38%,8 pour la parcelle ayant reçu les engrais chimiques, soit une 
augmentation de plus d’un cinquième. 

C’est un fait que nous avons constaté aussi bien en 1903 qu'en 1904, dans 
tous nos champs d'expériences où les asperges furent comptées, les parcelles 
avant reçu la fumure complémentaire aux engrais chimiques donnent des 
asperges plus belles que les carrés témoins. 

L’engrais complémentaire a donc pour effet. en mettant à la disposition des 
griffes des aliments très solubles et directement assimilables, d'augmenter nota- 


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DANS L’AUXERROIS. 85 


blement leur grosseur, conséquence qui, en dehors même de l’augmentation de 
rendement, à son importance, puisque les belles asperges, à poids égal, se 
vendent mieux et plus cher que les petites. 

3° Champ d'expériences de M. Lambin. — Nous avous choisi ce champ 
comme étant situé sur des sables particulièrement légers et pauvres; l’asper- 
gerie était âgée de 7 ans en 1903, et, par suite de manque de fumier, n’avait 
reçu aucun engrais depuis plusieurs années. Elle se trouvait donc épuisée, 
dépourvue d’humus, et dans des conditions particulièrement désavantageuses. 

Les analyses du sol et du sous-sol, figurant aux tableaux des pages 32 et 35, 
montrent que cette terre contient 90 p. 100 d'éléments grossiers; elle est extrê- 
mement pauvre en argile et dépourvue d’humus; par conséquent, son pouvoir 
absorbant vis-à-vis des engrais est très minime. 

Au point de vue chimique, elle est pauvre en acide phosphorique et très 
pauvre en azote et en potasse. 

Comme au moment de l’application de nos formules d’engrais, il était déjà 
trop tard pour répandre du fumier, nous essayâmes l’effet des engrais chimiques 
seuls, curieux de voir comment ils se comporteraient dans ces sables purs. 

L’azote fut donné moitié à l’état de sang desséché, moitié à l’état de nitrate 
de soude; dans une parcelle, le sulfate de potasse fut remplacé par de la kaïnite, 
à dose égale de potasse. Chaque parcelle mesurait 2 ares. 

Les fumures employées rapportées à l’hectare furent les suivantes 
(tableau C, page 86). 

Ces engrais furent répandus entre les lignes le 21 mars (le nitrate en quatre 
fois, comme d'habitude). 

La récolte des trois parcelles fut très faible : 


Témoin... . . . . . . . 1148 kilos d’asperges fraiches. 
Parcelleno dE — 
Parcelle OS ES 2 CR — 


Les deux formules d’engrais n’ont donné lieu entre elles à aucune diffé- 
rence appréciable; la plus-value sur le témoin, égale à 117 kilogrammes, est 
peu élevée et ne paie pas les engrais employés. 

Le printemps très pluvieux de 1903 fut peut-être cause qu’une bonne partie 
des matières fertilisantes incorporées au sol furent entraînées par les eaux; 
mais, en dehors de cette considération, nous pouvons conclure que, dans les 
terrains sablornneux analogues, fumés irrégulièrement au fumier de ferme, et 
par cela même épuisés en humus, la fumure aux engrais chimiques seuls ne 
devra jamais être pratiquée. 

Il faut, par contre, recourir à des fumures organiques abondantes, suscep- 
tibles de modifier avantageusement les propriétés absorbantes du sol. Ajoutons 


. par anticipation que ce ne sont pas les sables les plus légers qui conviennent 
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DANS L’AUXERROIS. 87 


le mieux aux asperges, mais ceux auxquels se mêle une certaine dose d'argile, 
ainsi que nous le verrons plus loin. 

4° Champ d'expériences de M. Aug. Deschamps, aux Bries. — Ce champ, 
situé sur le territoire de la commune de Monéteau, repose, comme nous l'avons 
dit, sur les alluvions anciennes de l'Yonne mélangées avec les sables (voir l’ana- 
lyse, page 49). 

. Le sol est léger, mais le sous-sol est mélangé d'argile (114 p. 1 000) et se 
rapproche des terres franches; la composition chimique se ressent d’ailleurs de 
cette constitution physique, puisque le sous-sol renferme environ deux fois plus 
de potasse que le sol. 

L'aspergerie de M. Deschamps, qui était à sa première récolte en 1902, lors 
de nos premiers essais, commençait à entrer en plein rapport en 1903. 

Le tableau D, page précédente, donne le plan des essais effectués et les 
résultats obtenus rapportés à l’hectare. 

Nous n'avons pu avoir une parcelle sans engrais d'aucune sorte, comme 
nous le désirions, car, par erreur, il ne fut réservé qu’un carré sans fumier, 
dans lequel nous appliquâmes la fumure complète aux engrais chimiques. 

A chaque cueillette, les asperges furent pesées, ce qui nous permit de cal- 
culer leur poids moyen, et nous voyons qu'ici encore, en même temps que leur 
nombre, leur grosseur croît avec la dose d’engrais chimiques employés. La 
précocité des asperges fut plus grande dans les parcelles n°” 2 et 3. 

La valeur de l’excédent de récolte fut calculée en se basant sur un prix 
moyen de 0 fr. 35 le kilogramme. M. Deschamps a, en effet, trouvé, à la suite 
de nombreuses pesées, que les grosses bottes d’asperges pèsent 1 800 grammes 
et les petites bottes 1 450 grammes, soit pour la moyenne générale 1 600 grammes 
environ. 

Aux Bries, en 1903, les bottes d’asperges se sont vendues par abonnement 
0 fr. 60 la botte, petites et grosses, ce qui fait ressortir le prix du kilogramme 
à 0 fr. 37. Nous avons adopté le chiffre de 0 fr. 35 pour tenir compte des déchets 
et rognures au moment de la confection des bottes. 

L'application des engrais chimiques complémentaires sur la parcelle n° 2 a 
permis de réaliser un bénéfice brut de 430 fr. 50 par hectare, ce qui est déja 
très avantageux, et la parcelle n° 3, aux engrais chimiques seuls, donne sur la 
parcelle n° 4, au fumier seul, un bénéfice brut de 693 francs, si l’on tient 
compte de la différence de valeur des deux engrais. 

Nous ne voudrions pas généraliser ce dernier cas, puisque nous avons vu 
précédemment que, dans le champ d'expériences de M. Lambin, les résultats 
furent négatifs; mais nous constatons cependant que, dans une aspergerie jeune, 
bien cultivée, ayant reçu les années précédentes de bonnes fumures organiques, 
et dont le sol présente des propriétés absorbantes normales, les engrais chi- 


88 RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L'ASPERGE 


miques seuls, employés de temps à autre pour remédier à la pénurie de fumier, 
sont susceptibles de produire des excédents de récoltes élevés et très rémunéra- 
teurs. 

M. Deschamps à cherché de plus à se rendre compte de la proportion des 
asperges non marchandes (trop petites, tordues ou rouillées), récoltées dans 
chacune des trois parcelles. Il n’a effectué ces déterminations que du 21 mai 
au 30 juin. 

Pendant cette période, le poids total des asperges récoltées et le poids des 
non-valeurs ont été respectivement pour l’hectare : 


Non-valeurs 


Récolte totale. Non-valeurs. p. 100 de la récolte. 
Kilos. Kilos. Fi 
ParcellentA fumier seul ee 3 453 173 5,01 
— 2, fumier et engrais complé- 
MENTALE ER 4755 212 4,45 
Parcelle n° 3, engrais chimiques seuls . 4 808 149 3,09 


On voit que plus les griffes ont eu à leur disposition d'éléments fertilisants 
solubles et directement assimilables, plus la végétation a été vigoureuse, et 
par conséquent moins 1l y a eu de déchets parmi les turions. 

5° Champ d'expériences de M. Grapin, à Héry (sables légers). — Cette 
aspergerie, située à environ 2 kilomètres d'Héry, sur le sommet des coteaux 
qui séparent la vallée du Serein de celle du ru de Sinote, repose sur des sables 
très purs dont nous avons donné l’analyse physique et chimique (pages 54 
et 55). En résumé : sol excessivement léger et perméable, très chaud et sec 
en été, et pauvre en éléments fertilisants. 

Dans ce champ d'expériences, nous avons étudié l’action de fumures unique- 
ment composées d'engrais chimiques. Les fumures empioyées sur des parcelles 
de 2 ares furent les mêmes que chez M. Lambin, aux Courlis, mais notons en 
passant que l’aspergerie y était moins âgée et qu’elle avait reçu régulièrement du 
fumier les années précédentes. 

Le tableau suivant E résume nos observations : 

L'engrais chimique fut répandu sur les lignes le 22 mars, époque un peu 
tardive, car dans ces sables chauds bien exposés, on voyait déjà poindre quelques 
têtes d’asperges (avant le buttage). Le nitrate fut réparti en quatre fois. 

La cueillette commença vers le 25 avril; mais M. Grapin constata une pré- 
cocité nettement marquée en faveur des parcelles ayant reçu l’engrais chimique. 

Dans ce sol pauvre, analogue par sa constitution physique et sa teneur brute 
en principes fertilisants, à celui de M. Lambin, aux Courlis, mais moins dépourvu 
d'humus, l'emploi des engrais chimiques seuls a donné cette fois des résultats 
avantageux et un bénéfice qui, sans être élevé, est cependant assez notable. 


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90 RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L’ASPERGE 


Gela tient certainement à ce que l’aspergerie avait été précédemment régu- 
lièrement fumée au fumier. 

Néanmoins, dans ces sortes de sols, nous ne recommanderons jamais la 
fumure aux engrais chimiques seuls, mais, en cas d'insuffisance de fumier, une 
fumure mixte, dont nous avons recherché l'effet en 1904 sur ce même champ 
d'expériences. 

En résumé, nous voyons que nos essais d'engrais effectués en 1903 nous don- 
nèrent des résultats favorables, parfois même très avantageux, si nous élimi- 
nons l’aspergerie de M. Lambin, qui se trouvait dans un état d’épuisement trop 
accentué, et celle de M. Jolly, où il y à eu une cause d’insuccès qui nous échappe. 

Dans cette dernière aspergerie cependant, l’action du nitrate de soude, ajouté 
à plus forte dose, s’est montrée très sensible pour la parcelle n° 3. 

La kaïnite qui, dans certaines formules, a remplacé le sulfate de potasse, ne 
s’est pas montrée supérieure à ce dernier engrais, le léger excédent constaté en 
sa faveur dans le champ d’expériences des sables légers d’Héry (43 kilogrammes 
à l’hectare) ne nous permettant pas de conclure à sa supériorité. 

Enfin, les asperges furent plus précoces là où furent répandus des engrais 
chimiques et leur poids moyen plus élevé, ce qui est un double avantage au point 
de vue de la vente. 

Nous rappelons que l’épandage des engrais n’avait pu être effectué que tardi- 
vement, nos déterminations analytiques n’ayant été terminées que dans le cou- 
rant de mars; l’établissement de nos formules n’était pas au point. Nous avions 
cependant tenu à entreprendre ces essais d’engrais dès 1903, quittes à les modi- 
fier légèrement dans la suite. 


ANNÉE 1904 


En 1904, nous avons quelque peu modifié nos formules d'engrais, surtout en 
ce qui concerne les doses d'éléments fertilisants apportés par les fumures complé- 
mentaires, doses que nos essais de 1903 nous font considérer comme un peu 
faibles (surtout pour l’azote). 

D'autre part, nous avons étudié l’action comparée des scories de déphospho- 
ration et du superphosphate, ce que nous n’avions pu faire en 1903; enfin, dans 
les sols les plus légers et les plus pauvres, l’effet des demi-fumures au fumier 
complétées par des engrais chimiques, comparé à l’effet de fortes fumures au 
fumier seul. 

Les champs d’expériences furent les mêmes que l’année précédente : 

4° Champ d'expériences de M. Joly, à Lindry. — M. Joly, avant que nous 
ayons pu lui donner nos instructions, fuma l'ensemble de son aspergerie dans 
Je courant de l'hiver, à raison de 33 mètres cubes de fumier bien décomposé, 


DANS L’AUXERROIS. 91 


environ 26 400 kilogrammes à l’hectare, et 1 600 kilogrammes de scories (très 
forte fumure), pour remédier à la pauvreté du sol en acide phosphorique. 

Nous ne conservâmes que deux parcelles d'expériences de 2 ares chacune; 
la parcelle n° 1 ne reçut rien en dehors du fumier et des scories, la seconde reçut 
une forte fumure azotée et potassique complémentaire. Il est à regretter qu’une 
parcelle sans scories n’ait pas été réservée comme témoin, ce qui nous aurait 
permis de chiffrer l'influence notable qu’eurent les scories sur l’ensemble de 
l’aspergerie. À 

Les résultats de nos essais sont résumés dans le tableau F, de la page 89. 

L’engrais chimique complémentaire fut répandu au début de mars 1904, en 
réservant les trois quarts de la dose de nitrate qui furent appliqués ultérieu- 
rement en trois fois (43 avril, 4 mai, fin mai). 

M. Joly remarqua que les asperges récoltées furent plus belles qu’en 1903, 
ce qu'il faut attribuer pour l’ensemble de l’aspergerie à l’effet des scories de 
déphosphoration; la récolte passa, d’ailleurs, pour les parcelles témoins, de 
2 700 kilogrammes en 1903 à 3 758 kilogrammes en 1904. 

Les asperges de la parcelle ayant reçu l’engrais complémentaire surpassèrent 
encore celles de la parcelle témoin. 

Ayant remarqué qu’au début de la cueillette, leur poids moyen était très 
élevé, nous avons recherché leur variation de poids depuis le début jusqu’à la 
fin de la récolte, par périodes moyennes de dix jours, et nous avons obtenu les 
résultats suivants : ; 


Poids moyens 
I 


Parcelle témoin Parcelle n° 2 

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Début de la cueillette (28 avril au 7 mai). 05,9 65,3 
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3° ne RE - 54,2 68,1 
ee. 50,7 51,9 
CORRE RATE ENS ARNO RON EN 46,8 48,8 
Dernièrepériode seen Un 33,8 40,0 


On voit que les asperges atteignent leur poids maximum du 7 au 17 mai, 
aussitôt après l’épandage de la troisième dose de nitrate; puis elles diminuent 
progressivement de grosseur jusqu’au 24 juin; l’écart entre les deux parcelles 
persiste jusqu’au bout. 

L’excédent de récolte dû à l’engrais azoté et potassique complémentaire fut 
de 465 kilogrammes par hectare, ce qui est relativement peu, puisque l’opéra- 
tion, une fois la valeur de l’engrais déduite, se chiffre par un bénéfice de 53 fr. 50 
environ par hectare. 

Nous pensons, avec M. Joly, que cela est dû à la très grande légèreté du sol 


92 RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L’ASPERGE 


aussi bien que du sous-sol; les engrais chimiques ne trouvent pas dans ces sables 
purs des propriétés absorbantes suffisantes; ils ne profitent pas aux asperges 
comme dans les sables un peu plus argileux. Nous retiendrons ce fait. Cette 
différence ne concerne d’ailleurs que l’engrais azoté et potassique. Il est 
certain que si nous avions eu une parcelle témoin sans scories, elle eût donné 
un rendement très inférieur aux parcelles fumées. 

2° Champ d'expériences de M. J. Rollinat, à Charbuy. — Mêmes parcelles 
qu'en 1903. Nous forçàmes légèrement la dose des engrais chimiques faisant 
partie de la fumure complémentaire, et les superphosphates furent remplacés 
par des scories de déphosphoration. 

L’aspergerie reçut, à la fin de l'hiver, une dose de fumier de 32 mètres cubes 
à l’hectare, soit environ 22 400 kilogrammes et les scories furent répandues vers 
la même époque sur la parcelle n° 2; le reste de l’engrais complémentaire fut 
répandu au début de mars. 

Voici les résultats obtenus, rapportés à l’hectare : (Tableau G, page sui- 
vante). 

Si l’on compare ces essais à ceux de 1903, on voit que les doses d’engrais 
complémentaires furent doublées; le poids moyen des asperges fut augmenté de 
près d’un tiers et le bénéfice brut obtenu passa de 100 francs à 324 francs par 
hectare. 

La fumure complémentaire que nous avons mise en expérience en 1904 chez 
M. Rollinat paraît donc convenir parfaitement à ce genre de sols; de plus, ces 
engrais ayant été appliqués sur la même parcelle qu’en 1903, leur effet s’est 
ajouté à celui des résidus laissés par la précédente fumure. Les résultats obtenus 
grâce aux fumures complémentaires seront done d'autant plus beaux qu'ils 
seront poursuivis pendant plusieurs années; les asperges se montreront très 
sensibles à l’enrichissement progressif du sol en éléments fertilisants assimi- 
lables. 

3° Champ d'expériences de M. Aug. Deschamps, aux Bries. — Chez M. Aug. 
Deschamps, nous avons effectué nos essais sur trois parcelles : l’une, servant de 
témoin, n’a reçu que la fumure habituelle de 40 mètres cubes de compost, soit 
28 000 kilogrammes à l’hectare; la seconde a reçu en plus une fumure complé- 
mentaire à base de scories et la troisième une fumure à base de superphosphate 
(200 kilogrammes de scories contre 150 kilogrammes de superphosphate, c’est- 
à-dire à prix égal). 

Le fumier et les scories furent répandus pendant l'hiver, et les engrais com- 
plémentaires le 18 mars. 

Le tableau H rend compte des résultats obtenus, rapportés à l’hectare : 

Comme en 1903, l’application des engrais chimiques complémentaires a 
donné lieu à de forts excédents de récolte, principalement pour la parcelle n° 3, 


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RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L'ASPERGE 


où l'acide phosphorique a été fourni par les superphosphates. La récolte, qui 
est très élevée, car nous avons affaire à une jeune aspergerie très bien soignée 
et en plein rapport, passe de 6 674 kilogrammes pour le témoin, à 8 858 kilo- 
grammes l’hectare pour la parcelle n° 3. On réalise, du fait de l'apport d'engrais 
chimiques complémentaires, un bénéfice brut de 656 francs par hectare, ce qui 
est superbe. 

L'avantage paraît être nettement en faveur du superphosphate qui l’empor- 
terait ainsi sur les scories de déphosphoration; mais M. Deschamps a remarqué 
que l’une des lignes d’asperges de la parcelle à scories, se trouvant en bordure 
du champ, s’est toujours montrée plus faible que les autres. Il y a là une cause 
d'infériorité accidentelle que nous ne pouvions prévoir, et l’écart entre les 
rendements des parcelles n° 2 et 3 aurait été certainement moins considérable. 

Par suite de ce fait, nous ne pouvons, avec autant de certitude que s’il ne 
s'était rien produit d’anormal, recommander de préférence l'emploi des super- 
phosphates sur les aspergeries des sables; les scories produisent également de 
très bons effets et nous croyons même qu’elles sont préférables dans les sols les 
plus légers et les plus dépourvus de chaux. 

Pour élucider définitivement cette question, nous avions décidé d’entreprendre 
de nouveaux essais en 1905, dans l’aspergerie de M. Deschamps, et aussi chez 
M. Rollinat, à Charbuy. 

Malheureusement, par suite de circonstances indépendantes de sa volonté, 
M. Deschamps n’a pu nous continuer son concours dévoué, et nous ne pourrons 
nous baser que sur les seuls résultats obtenus chez M. Rollinat. 

4° Champ d'expériences de M. Grapin, à Héry (sables légers). — En 1904, 
nous avons voulu comparer, dans l’aspergerie de M. Grapin qui repose, comme 
nous l’avons vu, sur un sol et un sous-sol exclusivement sablonneux, l’effet de 
la fumure au fumier, et celui d’une demi-fumure au fumier complétée par des 
engrais chimiques. L’acide phosphorique a été fourni par des scories. 

Les résultats obtenus sont mentionnés dans le tableau I. 

On voit que l’avantage est pour la fumure mixte, fumier et engrais chimiques ; 
le bénéfice réalisé sur le témoin n’est pas considérable, surtout si on le compare 
aux résultats obtenus chez M. Deschamps; mais nous devons remarquer que 
l’aspergerie est déjà âgée et que le sol en est assez différent, quant aux pro- 
priétés physiques. Les sols sablonneux les plus légers de notre région né sont 
donc pas ceux qui conviennent le mieux pour la culture de l’asperge. Leurs 
propriétés absorbantes vis-à-vis des éléments fertilisants laissent beaucoup à 
désirer, et les engrais n’y produisent pas tout leur effet utile. D’autre part, ils 
ne peuvent emmagasiner qu'une proportion d’eau minime et sont, au point de 
vue de la fertilité, beaucoup trop sous la dépendance des conditions climatolo- 
giques. 


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96 RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L’ASPERGE 


ANNÉE 1905 


Champ d'expériences de M. I. Rollinat, à Charbuy. — Nous avions pour but, 
dans ce dernier essai, de comparer l’action des scories à celle des superphos- 
phates, non pas à dose égale d'acide phosphorique, mais à prix égal, afin de 
voir si les résultats obtenus confirment ceux que nous avait fournis en 1903 le 
champ d'expériences de M. Deschamps. Nous avons un peu forcé la dose 
d’engrais phosphatés. | 

Les scories furent enfouies dans le courant de l’hiver, vers la même époque 
que le fumier, et les autres engrais pendant le mois de mars. Les deux parcelles 
choisies n'avaient pas reçu d'engrais chimiques les années précédentes. 

Nos observations sont résumées dans le tableau J (page précédente). 

On voit que la parcelle ayant reçu les scories a produit un excédent de récolte 
de 120 kilogrammes qui, sans être élevé, représente cependant un bénéfice sup- 
plémentaire de 38 fr. 50 à l’hectare. 

Remarquons toutefois que la récolte de 1905 a été, par suite des conditions 
chimatologiques, beaucoup moins forte que celle de 1904 qui a atteint, dans le 
même champ d'expériences, près de 6 400 kilogrammes; le même essai effectué 
en 1904 eût sans doute permis de constater un écart plus considérable entre la 
récolte des deux parcelles. 

Ce résultat confirme notre opinion sur l’emploi des engrais phosphatés dans 
les aspergeries de l’Auxerrois: les scories seront réservées pour les sables les 
plus légers: elles apporteront, outre l'acide phosphorique, une dose notable de 
chaux qui sera très utile dans ces sols. Les superphosphates donneront d’excel- 
lents résultats dans les sables légèrement argileux, où la culture des asperges 
tend maintenant à se faire de préférence. 


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EMPLOI DU SEL MARIN 


Nous devons dire quelques mots d’une pratique usitée dans la région, notam- 
ment à Appoigny, qui consiste à répandre sur les vieilles aspergeries, arrivées 
à la limite de leur production, une assez forte dose de sel marin (4 à 5 000 kilo- 
grammes à l’hectare); on donne ainsi un coup de fouet à la végétation et l’on 
obtient une récolte plus abondante. Cette augmentation de rendement s’expli- 
querait par l’action bien connue qu’exerce le sel en mobilisant la potasse du sol. 

Le fait a été suffisamment démontré à notre avis par une expérience directe 
due à M. Dehérain. Il cultiva des haricots d’Espagne dans un pot contenant de 
la bonne terre de jardin, et les arrosa avec des dissolutions de sel marin de plus 
en plus concentrées, jusqu’à faire périr la plante, 


DANS L’AUXERROIS. 97 


Celle-ci fut ensuite incinérée et les cendres analysées. On y trouva beaucoup 
de chlore et de potasse, mais pas de soude; les haricots étaient morts d’une 
pléthore de chlorure de potassium. 

Le chlorure de sodium s'était transformé, en présence des dissolutions du 
sol, en sel de potasse, par suite d’une double décomposition; c’est ce qui doit 
se produire dans les aspergeries qui reçoivent une fumure de sel marin; l’opé- 
ration revient à l’application d'engrais potassiques. Il y a mobilisation d’une 
partie de la potasse constituant la réserve du sol. 

Cela peut être avantageux dans les sols riches en potasse; mais nous pensons 
que cette pratique n’est guère recommandable dans des terrains aussi peu 
pourvus en cet élément que ceux qui nous occupent. Si l’application du sel marin 
était trop souvent répétée, .on arriverait à épuiser assez rapidement la faible 
fraction de potasse assimilable du sol, au détriment des récoltes futures. 

L'abus du sel serait comme l’abus du chaulage qui enrichit le père, mais 
ruine les enfants. Nous ne saurions donc en recommander l'emploi dans ces 
terres pauvres en potasse, pour lesquelles il est plus rationnel de recourir aux 
engrais potassiques assimilables. 


UTILISATION DES RÉSIDUS DE LA CULTURE 


A l’automne, la surface des aspergeries bien soignées est couverte par une 
végétation exubérante formée par les tiges d’asperges arrivées à maturité. 

D’après les documents recueillis dans nos champs d’expériences, cette pro- 
duction végétale accessoire qui, pendant tout l’été, a travaillé à emmagasiner 
dans les griffes des réserves nutritives pour l’année suivante, peut être évaluée 
à 6 500 kilogrammes en moyenne par hectare. 

Elle renferme une quantité assez importante d'éléments fertilisants, soit 
environ les deux tiers de l’azote total mis en œuvre par l’ensemble de la végé- 
tation, un peu plus de la moitié de l’acide phosphorique et près des trois quarts 
de la potasse. 

Que doit-on faire de cette masse végétale, après qu’elle a été fauchée en fin 
d'octobre ou au début de novembre ? 

Doit-on la faire entrer dans les litières et ensuite dans les composts qui servi- 
ront à la fumure de l’année suivante, ou bien doit-on la brûler sur place, ce qui 
détermine la perte totale de l’azote qu’elle contient, et répandre ensuite les 
cendres sur l’aspergerie ? 

Nous avions d’abord pensé que la première solution était la meilleure, 
comme évitant la déperdition d’une dose d’azote d’environ 25 à 30 kilogrammes 
par hectare, soit l’équivalent de près de 200 kilogrammes de nitrate de soude. 

Mais l’étude des ennemis de l’asperge (insectes ou cryptogames) et des pro- 


7 


98 RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L'ASPERGE 


cédés employés pour les combattre, nous a conduits à envisager la destruction 
par le feu des tiges müres et jaunissantes, comme l’un des meilleurs moyens 
d’enrayer la propagation d’ennemis dangereux comme la mouche de l’asperge 
(platyparæ asparagi), la rouille, et peut-être la pourriture des griffes {rhizoctonia 
violacea). 

Lorsqu'une culture persiste sur le même sol pendant dix à quinze ans, comme 
l’asperge, ses parasites végétaux ou animaux, d’abord faibles ou peu nombreux 
au début, prennent de la force et se multiplient sur un milieu qui leur est favo- 
rable. 

Les vieilles tiges atteintes de la rouille sont couvertes de milliers de spores 
qui conserveront leur activité dans les composts et seront prêtes à propager 
abondamment la maladie l’année suivante; les larves de la platyparea hivernent 
dans les galeries qu’elles se sont creusées à la base des tiges, au voisinage du 
sol, et en sortent au printemps, à l’état d'insectes parfaits, pour pondre sur 
les jeunes turions et causer les dégâts énormes que l’on a eu à déplorer ces 
années dernières à Argenteuil et aux environs. 

Le feu détruit radicalement les spores des champignons et les larves des 
insectes, et c’est un avantage qui compense très largement, à notre avis, la perte 
de 25 à 30 kilogrammes d’azote. 

Partout où il y a de la rouille sur les tiges, partout où la mouche de l’asperge 
(qu’il ne faut pas confondre avec le criocère) a fait son apparition, là aussi où 
la pourriture des griffes fait la tache d'huile, nous conseillerons de brûler, non 
seulement les vieilles tiges, mais aussi d’extirper et de brüler les souches ou 
chicots qui restent après le fauchage des tiges, car ce sont eux surtout qui 
recèlent les larves de la platyparea. 

L’acide phosphorique et la potasse se retrouvent intégralement dans les 
cendres, qui seront non pas laissées sur place, mais répandues uniformément 
sur toute l’aspergerie; elles représentent un apport d'engrais phosphaté et sur- 
tout potassique qui n’est pas à dédaigner (environ l'équivalent de 50 kilogrammes 
de superphosphate ou de scories, et de près de 100 kilogrammes de sulfate de 
potasse). 


MATIÈRES FERTILISANTES CONTENUES DANS LES GRIFFES 


Dans les déterminations des exigences de l’asperge, qui nous ont amenés à 
l'établissement d’une fumure rationnelle, nous n’avons envisagé que l’aspergerie 
en plein rapport, abstraction faite des griffes qui acquièrent leur développement 
complet au cours des cinq ou six premières années. 

Mais pendant leur accroissement, elles ont évidemment emprunté au sol une 
quantité notable de principes fertilisants. Nous avons cru devoir les déterminer 


DANS L’AUXERROIS. 99 


afin de nous rendre compte s’il n’y aurait pas lieu de modifier la nature et la 
quantité de fumure durant les premières années de la plantation. 

Comme la composition des divers organes végétatifs de la plante a présenté 
une homogénéité suffisante dans nos divers champs d’expériences, nous nous 
sommes crus autorisés à ne prélever des griffes que chez un de nos collaborateurs, 
M. Rollinat, de Charbuy. 

Le prélèvement fut effectué le 3 avril, quelques semaines seulement avant le 
départ de la végétation, époque où les racines ont accumulé quelques réserves 
pour le premier développement des turions. 

Une griffe de force moyenne fut choisie dans une parcelle n’ayant été fumée 
qu’au fumier, une autre dans une parcelle qui, depuis deux ans, recevait, outre 
le fumier, une fumure complémentaire aux engrais chimiques. 

Chacune d'elles fut divisée et pesée après un nettoyage minutieux, et l’on 
détermina à part le poids du rhizome ou tige souterraine portant les œilletons, 
et celui des racines fasciculées. 

L'analyse porta sur les griffes entières, c’est-à-dire sur la réunion de la 
souche et des racines. 

Voici les documents recueillis : 


Fumures, 
7 
Fumier seul. Kumier et engrais 
— chimiques. 
à Kil. Kil. 
PotdsidelaroniffeTaiche ee NN NE 2,300 2,600 
out SouCHeOUThIZOMEN.D. EN IE CUITE 0,590 0,330 
D'AIDES AE en RTC AR M NE QT: 1,710 2,270 
Matière sèche (pour 100 de griffes fraiches). . . . 28,26 26,27 


La griffe provenant de la parcelle ayant reçu la fumure complémentaire était 
plus belle, et les racines manifestement plus vigoureuses et plus charnues. 
L'analyse a donné les résultats suivants : 


COMPOSITION DES GRIFFES POUR 100 DE MATIÈRE SÈCHE 


Matière 
sèche Acide Acide Silice 
Nature des griffes. p.100. Cendres. Azote. phosphorique. Potasse. Chaux. Magnésie, sulfurique. et sable. 


1° Griffe avec 
fumier seul. 28,26 6,90 1,20 0,50 1223 0,31 0,0% 0,33 3,82 
20 Griffe avec 
fumier et en- 
grais chi- 
MIQUES 20,2 1,22 4°, 73 0,48 1,517 0,41 0,05 0,36 3,34 


Moyennes, 27,26 7,06 1,46 0,49 1,40 0,36 0,045 0,35 3,98 


La griffe de la seconde parcelle est sensiblement plus riche en azote et en 
potasse, mais le taux de l’acide phosphorique est le même. 


100 RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L'ASPERGE 


La teneur moyenne des griffes en azote se rapproche de celle des tiges vertes 
leur teneur en acide phosphorique est un peu plus élevée, mais la teneur en potasse 
est notablement plus faible que celle de toutes les autres parties de la plante 
(voir le tableau page 62). 

Nous avons, d’autre part, constitué un échantillon moyen de souche et un 
échantillon moyen de racines: leur composition respective est la suivante : 


POUR 100 DE MATIÈRE SÈCHE 


Matière LEP EURE, Mer, sh # 
Parties sèche Acide Acide Silice 
de la griffe. p.100. Cendres. Azote.  phosphorique. Potasse, Chaux. Magnésie. sulfurique. et sable. 
Souche ou 
rhizome. 31:63 10,70 14,76 0,39 14,13 0,33 0,05 0,52 7,74 (1) 
Racines. . 27,13 7,922 1,44 053 1,52 O,41 0,04 0,29 3,43 


La souche est un peu plus riche en azote et moins riche en acide phosphorique 
et en potasse que les racines; les différences cependant ne sont pas très sensibles, 
et il n’y à pas lieu de s’appesantir sur ces chiffres que nous donnons seulement 
à titre de document. 

Etablissons maintenant l’emprunt fait au sol par les griffes ayant atteint leur 
complet développement. 

Le poids moyen des griffes a été trouvé de 25,450; mais comme il échappe 
forcément à l’arrachage quelques radicelles, on peut admettre que le chiffre de 
2k8 600 se rapproche beaucoup de la vérité, et c’est celui que nous adopterons. 

Dans l’aspergerie de M. Rollinat, il y a environ 10 000 pieds d’asperges à 
l’hectare, représentant un poids de 26 000 kilogrammes de griffes fraîches ou 
7 087,6 de matière sèche. 

En appliquant à cette production la composition moyenne des griffes donnée 
page précédente, on arrive aux chiffres suivants pour la totalité des matières 
fertilisantes qu’elles renferment par hectare : 


AZOLE CE AR NICE CRC . 403,5 
ACTE DhOSPhONUQUE RER OT 
Potasse PNA EE AUD 
Cha, LR ER CPE 25,5 
Magnésie.. RE 3,5 
ACITeSUUTIQUE CPR RSR LEE 


On peut admettre que lorsque l’aspergerie est en plein rapport, la griffe ne 
subit plus que des changements peu sensibles. Certaines racines se vident et se 
décomposent, comme nous avons pu nous en rendre compte, d'autres se reforment 


(4) Notablement de sable adhérant à la souche malgré les netloyages. 


DANS L’AUXERROIS. 101 


et les remplacent. La masse des matières fertilisantes contenues dans la griffe 
reste donc à peu près stationnaire. 

Lorsque la puissance productive de l’aspergerie est épuisée et que le sol est 
retourné pour faire place à d’autres cultures, les griffes, déchirées à plusieurs 
reprises par la charrue, se décomposent et les principes fertilisants qu’elles 
avaient fixés font retour au sol; cependant, il,n’y a pas moins eu au début une 
exportation momentanée. 

Jusqu'au moment où les griffes sont complètement développées, le sol a dû 
fournir, en sus des éléments exportés par les organes végétatifs aériens, 
103K2,5 d’azote, 34,7 d’acide phosphorique, 998,2 de potasse, etc., qui se 
répartissent sur une période d'environ cinq ans après la plantation, ce qui, pour 
une année, représente : 


Kil. 
AO BTS EEE EU EN ONE 20,7 
ACITEIPhOSPhOTIQUE NE 6,9 
POLASS CT ES Poe cr Le 19,8 
GRADE APAPARE PER PAUM ALIEN 4 À 0,1 
MANS OR LE nt. lle cie 0,7 
ACIdeSUIUrIQUES NU | 4,9 


Cette absorption notable est-elle de nature à nous faire modifier les formules 
de fumure précédemment expérimmentées pour une aspergerie en plein rapport ? 

Nous ne le pensons pas, car si durant les premières années la croissance des 
griffes exige une quantité assez élevée d’éléments fertilisants, par contre l’expor- 
tation due aux organes aériens est encore peu considérable ; il y a compensation. 
En appliquant dès la seconde année les formules que nous avons essayées, on 
pourvoira à la fois au développement des racines, des turions et des tiges. 

Le maximum des exigences de l’aspergerie doit se produire pendant les qua- 
trième et cinquième années, alors que la production des turions est déjà très 
abondante et que les griffes continuent encore à s’accroître rapidement. 

Aussi dans les aspergeries des sols sablonneux pauvres, peu fournis de 
réserves nutritives, peut-être serait-il bon d'augmenter un peu, à ce moment, la 
dose des fumures azotées et potassiques. 

Cette précaution ne nous paraît pas nécessaire pour les aspergeries créées en 
sols suffisamment riches. 


6. 


102 RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L’ASPERGE 


RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS 


Nous avons exposé dès le début de cette étude que la culture de l’asperge a 
pris dans ces dernières années une grande extension dans beaucoup de régions 
de la France, entre autres dans celle des sables infra-crétacés du département 
de l’Yonne. 

Nos observations et nos rapports avec les planteurs de l’Auxerrois nous ont 
convaincus que des améliorations culturales, particulièrement l'application des 
engrais, pouvaient être apportées à cette plante intéressante. C’est dans ce but 
que nous avons entrepris ces recherches qui ont nécessité quatre années d’études 
de laboratoire et d’expérimentations directes. Il nous reste maintenant à les 
résumer dans leurs grandes lignes et à en tirer des conclusions. 

Les pratiques que nous avons été amenés à recommander reposent sur la 
connaissance approfondie de la culture et du mode de développement de 
l'asperge, sur l’étude physique et chimique des sols qui lui sont réservés, sur 
la détermination de ses exigences en principes fertilisants, enfin sur l’examen 
critique des fumures qu’on lui consacre habituellement. 

De la discussion de tous ces documents analytiques, nous avons déduit des 
améliorations diverses qu’il s’agissait ensuite de mettre en expérience avant de 
les recommander définitivement aux planteurs de la région. 

Nous croyons avoir rempli ce programme, et nous pensons que nos conelu- 
sions peuvent être considérées comme parfaitement judicieuses. 


<"s 

Dans l’examen des pratiques culturales, nous devions être très sobres de 
conseils, car celles-ci sont généralement justifiées par des conditions locales, et 
il n’y a souvent guère intérêt à les modifier. 

Cependant, nous avons signalé qu'une des améliorations les plus importantes 
réside dans la sélection des graines et des griffes; c’est là le point de départ du 
succès. Comme cette sélection est ignorée ou très négligée de la grande majorité 
des planteurs, nous insistons auprès de ceux-ci pour qu'ils y apportent plus de 
soins, soit qu'ils pratiquent eux-mêmes cette sélection d’après les indications 
que nous leur avons données, soit qu'ils préfèrent se procurer des griffes ou 
plutôt des graines de choix, auprès d’asparagiculteurs spécialistes. 

L’asperge est attaquée par divers insectes qui l’exposeraient à des dommages 
s'ils n'étaient efficacement combattus. 

Les cultivateurs s’exagèrent beaucoup les difficultés de l’emploi des traite- 
ments insecticides et n’y recourent presque jamais; nous leur indiquons des 
formules qui ont été essayées avec succès par d’autres que nous et par nous- 
mêmes, et qu’ils auront intérêt à appliquer. 


DANS L’AUXERROIS. 103 


Quant aux maladies cryptogamiques, la plus dangereuse, la pourriture des 
racines /rhizoctonia violacea), qui commence à se propager et à inquiéter 
très sérieusement les planteurs de notre région, à fait l’objet d'importantes 
recherches de M. le D° Delacroix. Nous ne saurions trop engager nos lecteurs à 
recourir aux traitements qui leur sont recommandés, et que nous avons exposés 
dans un paragraphe spécial. 


* à *# 

Avec l’étude des sols et des exigences de la plante, nous entrons dans la 
partie technique de nos recherches. 

La culture de l’asperge est réservée à une région de sables infra-crétacés qui, 
orientée du Sud-Ouest au Nord-Est, s'étend sur une longueur d’environ 22 kilo- 
mètres entre Lindry et Saint-Florentin, et sur une largeur d’environ 7 à 8 kilo- 
mètres. 

En de nombreux points de cette zone, nous avons prélevé des échantillons de 
sols et de sous-sols, dont l’analyse nous a permis de nous faire une idée exacte 
de la valeur de ces terres. 

Celles-ci, de même origine géologique, sont très analogues entre elles, tant 
au point de vue de leur constitution physique que de leur composition chimique. 
Elles ne contiennent que de très faibles quantités de cailloux et graviers, et sont 
plus ou moins légères en raison ‘de la proportion élevée de sable grossier qu'elles 
renferment, et de leur faible teneur en argile et en sable fin. 

Elles sont donc pour la plupart très perméables et de culture facile; le sous- 
sol à une constitution voisine, mais doit une certaine fermeté à ce fait qu'il n’a 
pas été ameubli par les instruments de labour, condition d’ailleurs favorable à 
l’asperge, dont les griffes aiment reposer sur un sous-sol ferme; elles s’y étalent 
horizontalement, formant un épais feutrage qui s’oppose dans une certaine 
mesure à l’entraîinement des engrais auxquels ces terres sont exposées, en raison 
de leur perméabilité et de leur faible pouvoir absorbant. 

Au point de vue chimique, à l’exception de celles partiellement formées 
d’alluvions, ces terres sont pauvres, et même quelques-unes très pauvres en 
azote, en acide phosphorique et en potasse; la chaux n’y existe qu’en très faible 
proportion, qui peut être suffisante pour l’alimentation des plantes, mais non 
pour les diverses réactions dont le sol est le siège. 

Ces terres sont heureusement profondes, bien ameublies, perméables à l'air, 
à l’eau et aux racines qui s’y développent avec facilité; les végétaux peuvent 
done y utiliser un cube de terre plus grand. Il y a là un ensemble de conditions 
favorables, qui compensent en partie leur pauvreté originelle. 

Il n’en est pas moins vrai que des terres aussi peu pourvues d’éléments ferti- 


104 RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L’ASPERGE 


lisants ont besoin de fumures assez abondantes et bien appropriées, pour fournir 
des rendements plus rémunérateurs que ceux qu’elles produisent d'ordinaire. 

La détermination de ces fumures doit être déduite non seulement de la 
connaissance du sol, mais aussi de l'étude de la plante, considérée au point de 
vue de ses exigences et de son mode de végétation. 


L 
* + 


Nous avons établi ces exigences dans plusieurs centres importants de l’Auxer- 
rois, d'une part d’après la détermination pondérale de tous les produits de la 
culture, d'autre part d’après l’analyse de chacun de ces produits. 

De nos analyses résultent les principaux faits suivants : 

Les turions sont riches en azote, en potasse et en acide phosphorique, comme 
tous les jeunes organes en voie de développement; la chaux, et surtout la 
magnésie, y sont en très faible proportion. 

Nous avons donné incidemment, à propos des turions, leur analyse au point 
de vue alimentaire ; leur teneur en eau, qui dépasse 92 p. 100, les rend par cela 
même peu nutritifs; mais si ce n’est pas un légume riche, l’asperge n’en jouit 
pas moins d’autres qualités qui la font apprécier. 

Les chicots et les tiges elles-mêmes sont notablement moins riches en azote 
et en acide phosphorique que les turions, d’une richesse analogue en potasse; 
mais la chaux, comme dans tous les organes foliacés, s’y trouve en proportion 
très notablement supérieure; la magnésie y reste très peu abondante. 

La composition des fruits se rapproche un peu de celle des turions. 

Si maintenant on examine la composition centésimale des cendres, on voit 
que celles des asperges et des fruits sont très riches en potasse et en acide 
phosphorique, très pauvres en chaux et en magnésie; c’est l’inverse que l’on 
constate pour les chicots et les tiges, dont les cendres sont chargées de chaux. 

A l’aide des données recueillies au laboratoire et dans nos champs d’expé- 
riences, nous avons dressé, pour chacun de ceux-ci, l'exportation par hectare 
en principes fertilisants et nous avons trouvé qu'une aspergerie exporte: en 
moyenne par hectare et en chiffres ronds,. #9 kilogrammes d’azote, 12 kilo- 
grammes d’acide phosphorique, 58 kilogrammes de potasse, 35 kilogrammes de 
chaux, et seulement 3 kilogrammes de magnésie et 9 kilogrammes d’acide sulfu- 
rique. 

On constate que cette culture est relativement peu épuisante, si on la 
compare à la culture des plantes fourragères, et surtout à celle des plantes 
industrielles, qui enlèvent au sol beaucoup plus d'éléments fertilisants. C’est 
pourquoi l’asperge peut être cultivée avec avantage dans ces sols n’ayant qu’une 
assez faible réserve d’éléments nutritifs. 


DANS L’AUXERROIS. 105 


Mais, pendant la période de coupe des asperges, alors que les turions se déve- 
loppent avec la rapidité que l’on connait, la plante cst plus exigeante. 

En effet, si l’on considère les asperges seulement (abstraction faite des autres 
produits culturaux : tiges, etc.), on trouve que les 5 087 kilogrammes d’asperges 
fraiches qui ont représenté la moyenne de production par hectare, ont enlevé 
au sol 148,5 d’azote, 4X8,6 d'acide phosphorique, 13,2 de potasse, 1*£,7 de 
chaux, 0,3 de magnésie et 1'#,8 d'acide sulfurique. 

Si l’on établit la part proportionnelle de ces quantités, comparativement avec 
les précédentes, exportées par la végétation totale, on observe que la marche de 
l'exportation n’est pas régulière, mais qu’elle est, pour certains éléments, beau- 
coup plus considérable au début de la culture. 

Ainsi, la production des turions exporte à elle seule les 40/100 de la quan- 
tité totale de l’acide phosphorique, les 29/100 de l’azote et les 22/100 de la 
potasse; c’est là un fait important au point de vue pratique, car il révèle que 
l’asperge se montre particulièrement avide d’acide phosphorique et d'azote 
pendant les premiers mois de sa végétation, d’où la nécessé de les lui fournir 
à un grand état d’assimilabilité. 

D'ailleurs, ce besoin de l’asperge en acide phosphorique et en azote est 
encore proportionnellement plus grand pour les récoltes intensives; par exemple, 
pour une faible production de 1763 kilogrammes d’asperges, les 23/100 de 
l’acide phosphorique se retrouvent dans les turions; pour. une forte production 
de 8 246 kilogrammes, les 49/100 de l'acide phosphorique, soit la moitié, sont 
exportés pendant la courte période de production des turions. 

Nous avons indiqué les raisons de ce fait, nous en avons tiré cette conclu- 
sion que plus le cultivateur s’efforcera d'augmenter son rendement, plus il devra 
mettre à la disposition des griffes des éléments assimilables. 


ce". 

Dans un chapitre spécial, nous examinons la fumure telle qu’elle est pratiquée 
dans nos régions, soit à l’aide de fumier pur, soit à l’aide de composts, mélangés 
de fumier et de litières de bois. 

D’après nos analyses, ces fumiers sont pauvres, surtout en acide phospho- 
rique ; la composition des sols en est une des principales causes. Les composts 
sont plus pauvres encore; les litières de bois qui entrent dans leur préparation 
étant particulièrement pauvres en acide phosphorique et en potasse. 

Cependant, les matières fertilisantes apportées par ces fumures, aux doses 
relativement élevées auxquelles elles sont utilisées, apportent plus de principes 
fertilisants que la plante en emprunte au sol. 

Il semblerait donc au premier abord qu’il n’y aurait pas lieu de leur adjoindre 


106 RECHÉRCHES SUR LA CULTURE DE L'ASPERGE 


des engrais complémentaires. Ce serait là une très grande erreur, pour les pr in- 
Cipales raisons suivantes : 

Certaines des matières fertilisantes, et principalement l’azote, sont dans le 
sol l’objet de notables déperditions, particulièrement par entraînement par les 
eaux pluviales, dans ces terres légères, perméables, et d’un faible pouvoir 
absorbant. C’est ce que nous confirment des expériences directes en cours 
d'exécution. 

Nous basant sur des données recueillies par divers agronomes pour d’autres 
cultures, et sur des observations personnelles, nous avons pu établir que sur 
100 kilogrammes d'azote apportés annuellement par les fumures ordinaires, les 
griffes d’asperges sont capables d’en utiliser 48 kilogrammes, soit environ la 
moitié. C’est une utilisation plus élevée que pour les cultures de céréales; elle 
s'explique surtout par le plus grand développement des griffes d’asperges qui 
forment un feutrage presque continu et permanent à la surface du sous-sol. 

Comme, d’autre part, nous avons déterminé qu'une augmentation de 
1 000 kilogrammes de turions exporte AU kilogrammes d'azote en plus, c’est 

20 kilogrammes de cet élément qu'il faut apporter à la culture, puisqu'elle n’en 
utilisera que la moitié. 

Quant à l’acide-phosphorique, il joue, comme nous l’avons vu, un rôle très 
important au début de la végétation pour la production des turions. Quoique 
les fumures en apportent une quantité totale plus élevée que celle exportée, il 
n’en faut pas moins aux asperges, à cette époque, une quantité notable à l’état 
assimilable, que nous fixons à 30 kilogrammes environ. 

En raison de la pauvreté en potasse des sols à asperges de l’Auxerrois, et 
pour des considérations que nous avons exposées, nous pensons qu’une dose 
de 25 à 50 kilogrammes de potasse assimilable permettra d’obtenir des excé- 
dents de récoite rémunérateurs. 

Dans ces sois également pauvres en chaux, et en raison de l’entraînement de 
cet élément par les eaux de drainage, il est bon d’en faire un apport de temps 
à autre, malgré l'emploi des engrais phosphatés (superphosphates ou scories) 
qui introduisent une certaine dose de chaux. 

La magnésie n’étant enlevée au sol qu’en proportion presque négligeable, il 
n’y a pas lieu de se préoccuper d’engrais magnésiens proprement dits. 

L’acide sulfurique enfin, exporté également en faible proportion, est fourni 
en suffisance par le fumier et les engrais complémentaires (superphosphate et 
sulfate de potasse) que nous conseillons. 

Nous avons enfin examiné sous quelle forme ces éléments fertilisants doivent 
être introduits dans les fumures complémentaires aux engrais chimiques, en 
tenant compte de la nature des sols et des exigences particulières de la plante. 

L’azote sera employé partie sous forme de sang desséché ou de corne 


DANS L’AUXERROIS. 107 


torréfiée, partie sous forme de nitrate de soude, lequel sera répandu en plusieurs 
fois avant et au cours de la cueillette, pour réduire au minimum les pertes par 
entraînement. 

L’acide phosphorique sera mis sous forme de superphosphates ou de scories, 
en réservant de préférence celles-ci pour les sables les plus légers et les plus 
pauvres en chaux. 

C’est le sulfate de potasse qui a nos préférences comme engrais potassique, 
le chiorure pouvant avoir dans ces sols non calcaires et souvent secs, un effet 
peu favorable en raison de sa causticité. 


se 

Bien que ces déductions reposent, comme on l’a vu, sur des bases scienti- 
fiques et sur des observations minutieuses, nous n’avons pas voulu les recom- 
mander d’une façon définitive aux planteurs, sans les avoir soumises au préa- 
lable, pendant plusieurs années, à des expérimentations directes dans nos 
champs d’expériences. 

Aussi, avons-nous organisé, de 1903 à 1905, un certain nombre d’essais 
d'engrais, que nous avons répartis entre nos collaborateurs pour étudier compa- 
rativement l’emploi du fumier seul, l’emploi du fumier complété par une adjonc- 
tion d’engrais chimiques, enfin les engrais chimiques sans fumier. 

Dans nos essais, nous avons fait varier les doses d’engrais; nous avons expé- 
rimenté comparativement scories et superphosphates, sulfate de potasse et 
kaïnite, et nous en avons tiré les conclusions pratiques suivantes, que nous résu- 
mons en quelques lignes. 

Nous avons pu constater que l’asperge se montre très sensible à l’apport des 
engrais chimiques complémentaires; leur application a procuré, sauf dans deux 
cas très spéciaux, des bénéfices notables, parfois très élevés, comme dans 
l’aspergerie de M. Deschamps. 

Nous avons fait cette remarque intéressante que les engrais chimiques ont 
donné les excédents de récolte les plus élevés, là où le sol et principalement le 
sous-sol renfermaient une dose d’argile susceptible de tempérer l’excès de 
perméabilité du sol et surtout d'augmenter ses propriétés absorbantes vis-à-vis 
des éléments fertilisants. 

D’où cette conclusion, qui concorde parfaitement avec la tendance qui se 
manifeste dans les centres de culture, qu’il faut, pour établir de nouvelles 
aspergeries, préférer aux sables les plus légers que l’on avait d’abord recher- 
chés, les sables légèrement argileux, à sous-sol un peu compact, qui, tout en 
restant suffisamment perméables et faciles à travailler, utilisent beaucoup mieux 
que les premiers les engrais que l’on y incorpore, et sont moins sensibles à la 
sécheresse. 


108 RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L’'ASPERGE 


La base de la fumure des aspergeries devra rester le fumier de ferme. I1 leur 
faut des fumures organiques abondantes fournissant au sol l’humus qui lui fait 
naturellement défaut, et dont la présence, tout en modifiant avantageusement 
les propriétés physiques du sol, est nécessaire pour la bonne utilisation des 
éléments fertilisants apportés par les engrais chimiques. 

Les quantités à employer seront celles que nous avons notées pour nos diffé- 
rents champs d'expériences, en augmentant la dose suivant que l’on aura 
mélangé au fumier une plus ou moins forte proportion de litière de bois. 

Cette fumure sera complétée par l’adjonction d’engrais chimiques, et nous 
n’hésitons pas à recommander les formules ci-dessous, dont nous avons reconnu 
les bons effets pendant nos expériences culturales de 4904 à 4905 : 


FORMULE N° { 


Scories de déphosphoration . . . . . . 250 à 300 kilos par hectare. 
Nitrate idetsoude EN REEESEE DO RLITOS: — 
Sulfate/de /potAsS ENT EMI ON — 


Cette formule sera principalement utilisée pour les sols les plus légers, à 
sous-sol perméable ; nous avons reconnu que, pour ces sols, il est bon de ne pas 
trop forcer la dose d’engrais chimiques. 

Les scories de déphosphoration seront enfouies en même temps que le fumier, 
dans le courant de l’hiver (1). 

Le sulfate de potasse et une partie du nitrate de soude seront semés en cou- 
verture sur les lignes, dans les premiers jours de mars, et seront recouverts par 
un labour très léger. Si cette période était pluvieuse, il serait bon de retarder un 
peu leur épandage. 

Il est inutile d'exposer à nouveau les raisons qui nous ont décidés à répandre 
le nitrate en plusieurs fois, au lieu de le semer en une seule dose; nous nous 
sommes de plus en plus convaincus des avantages de cette méthode, en ce qui 
concerne les sables de l’Auxerroïs. 

Un tiers du nitrate sera donc employé en même temps que le sulfate de 
potasse, le deuxième tiers au début de la cueillette, et le reste vers la fin du 
mois de mai. 

Les déperditions d’azote seront ainsi réduites au minimum. Pour les sables 
moins purs, et à sous-sol un peu argileux, constituant ce que l’on appelle à 
Héry les sables forts, et qui sont analogues à ceux sur lesquels repose notre 


(1) Pour remédier à la pauvreté originelle en acide phosphorique des sols de l’étage de 
sables verts, nous recommandons même de faire, avant la plantation de l’aspergerie, une forte 
fumure phosphatée qui constituera une réserve précieuse pour le développement ultérieur des 
griffes. Il serait bon d’enfouir par les labours préparatoires, comme l’a fait notre collabora- 
teur de Lindry, M. Joly, une dose d'environ 800 à 1 000 kilos de scories de déphosphoration à 
l’hectare. Les effets obtenus sont remarquables. 


DANS L’AUXERROIS. 109 


champ d'expériences des Bries, les doses d’engrais indiquées ci-dessus pourront 
être forcées sans crainte, et les superphosphates pourront remplacer les scories 
de déphosphoration. 

La formule ci-dessous était pour 1 hectare : 


FORMULE N° 2 


Superphosphate minéral 14/16. 200 à 250 kilos 
Nitrate de soude . . . . . . . 200 à 300 — (répandus en 3 fois). 
Sulfate de potasse. . . . . . . 100 à 150 — 


La dose maxima sera donnée lorsque l’aspergerie est en plein rapport ou 
lorsque la dose de fumier incorporé annuellement aura été un peu réduite. 

L'effet maximum ne sera pas obtenu la première année, mais les années sui- 
vantes; les griffes auront pris alors une plus grande vigueur sous l’influence 
d’une nourriture plus abondante, dont la partie non utilisée l’année même 
enrichira la réserve du sol en éléments assimilables. 

Nous ne sommes pas partisans de la fumure aux engrais chimiques seuls, 
mais le planteur d’asperges qui manquera de fumier une année pourra fort 
bien y recourir pour ses aspergeries les mieux pourvues d’humus et d’argile. 
Témoins nos essais culturaux de 1903, chez M. Deschamps, aux Bries, où la 
parcelle aux engrais chimiques seuls a fourni l’excédent de récolte le plus élevé 
(1 625 kilogrammes à l’hectare), soit un bénéfice brut de 693 francs. 

Dans ce cas, nous recommantons l’une des deux formules suivantes : 


N°3 Ne4(l) 

Kilos, Kilos. 

Superphosphate minéral. . . . . 300 Scories de déphosphoration, . . 400 
Sang desséché ou corne torréfiée. 250 SANPITESSÉCOE RER A O2 5 0 
Nibratetdersoude MMA SE 250 Mitratede Sud REENeMrR 000200 
Sulfate de potasse 200 Sulfatede potasse A 200 


(1) On remarquera que dans nos formules d’engrais, nous avons laissé de côté le plâtre, 
ou sulfate de chaux, qui d'habitude entre dans la composition des engrais spéciaux recom- 
mandés jusqu'ici pour la fumure des aspergeries. 

Il en est de même pour le chlorure de potassium, moins coûteux cependant que le sulfate 
de potasse. Nous avons expliqué, dans un chapitre précédent, les raisons qui nous ont fait 
préférer ce dernier engrais au chlorure de potassium. Mais lorsque le planteur se trouvera en 
présence de sols argilo-calcaires, craignant peu la sécheresse, il n’aura plus à redouter la 
causticité possible du chlorure, et pourra le substituer, à poids égal, au sulfate de potasse. 

Quant au sulfate de chaux, ce dernier pourra aussi dans les terres silico-argileuses et 
même dans les terres argilo-calcaires suffisamment riches en potasse, devenir partie consti- 
tuante de la fumure complémentaire, à la dose d’environ 200 kilogr. à l’hectare. 

Dans ces sortes de sols, on n'aura plus à craindre de provoquer, par son emploi, une dimi- 
nution de la réserve de potasse assimilable, réserve par contre déjà trop faible dans les sols 
sablonneux que nous avons étudiés. 

Enfin les superphosphates seront préférés aux scories de déphosphoration pour la fumure 
des aspergeries situées en sols silico-calcaires ou argilo-calcaires. 


110 RECHERCHES SUR LA CULTURE DE L’ASPERGE 


Les scories étant répandues de bonne heure pendant l’hiver et le nitrate de 
soude en trois fois, comme précédemment. 

L'effet de ces engrais, constaté plusieurs années de suite, a été d'augmenter 
non seulement le nombre des asperges récoltées, mais aussi leur poids moyen et 
leur précocité : double avantage pour la vente. 

Certains cultivateurs nous ont manifesté la crainte d’avoir des aspergeries 
de moindre durée s’ils faisaient usage d’engrais chimiques pour augmenter leur 
récolte. Cette appréhension ne repose sur aucune base sérieuse, ni sur aucun fait 
d'observation. Au contraire, la culture intensive, loin d’épuiser les griffes, met 
continuellement à leur disposition une copieuse nourriture, qui accroît encore, 
s’il est possible, leur développement naturel. Il n’y a donc pas lieu de s’arrêter 
à cette objection. 

Nous venons de voir que l’emploi judicieux des engrais chimiques complé- 
mentaires est susceptible de procurer des bénéfices élevés, en augmentant nota- 
blement le rendement des aspergeries, et, dans une certaine mesure, la beauté 
et la précocité des produits récoltés. Mais ce n’est pas l’unique condition du 
SUCCÈS. 

Par suite de l’accroissement rapide de la surface des aspergeries, durant ces 
dernières années, les marchés des grandes villes reçoivent, à certaines époques 
de la cueillette, des quantités énormes d’asperges, dont le prix de vente subit 
de ce chef une dépréciation notable, surtout pour les moyennes et les petites 
asperges. Celles de qualité et de grosseur supérieures résistent en général beau- 
coup mieux à la dépréciation des cours. 

Au lieu de se préoccuper uniquement d'augmenter sa récolte ou la surface 
de ses aspergeries, le planteur doit aussi chercher à obtenir des asperges pré- 
coces et de belle grosseur, il arrivera à ce résultat, à la fois par l’emploi judi- 
cieux des engrais chimiques et par la sélection, comme nous l’avons indiqué au 
chapitre spécial concernant la culture. 


TABLE DES MATIÈRES 


INTRODUCTION . 


ÏJ. — CULIURE DE L'ASPERGE DANS L'AUXERROIS, . 
. Création d’une aspergerie. 


Sélection des graines et soins à Garon à 1e re ' 


Préparation du terrain. . . . . 
Choix des griffes et plantation . 
b. Travaux culturaux. 
Première année. 
Deuxième année. . 
Troisième année. . . e 
Quatrième année et LV ANIES, À . 

c. Insectes nuisibles et maladies. Traitements : 
Criocères (crioceris asparagi). s : 
Mouche de l’asperge (platyparea poeciloptera) . 
Rouille (puccinia asparagi). ë 
Pourriture des griffes (rhizoctonia violacea). 

d. Vente des asperges. ee 

e. Comptes de culture d'une Bspercerie. 


II. — ÉTUDE DES sors . : 
Propriétés Shane 
Composition chimique. 


LIL. — DÉTERMINATION DES EXIGENCES DE L'ASPERGE EN PRINCIPES FERTILISANTS. . 


a. Résultats des expériences. 


Commune de Lindry, champ d’expériences de M. E. Joly . 
— de Charbuy, — de M. J. Rollinat. . 
— d’Appoigny, — de M. Aug. Deschamps. 


— de M. Vigreux . 


— d'Héry, — de M. Grapin.. 


b. Interprétation des résultats. 


Composition comparée des divers te £ la tre inione, cree, 


tiges et ramifications, fruits). 
Composition centésimale des cendres . 


Des exigences de l’asperge et marche de PAbeon tien de) De ferti- 


lisants. 


142 TABLE DES MATIÈRES. 


Pages. 
IV. —- DÉTERMINATION D'UNE FUMURE RATIONNELLE . . . . 7. à COTE 71 
a. Examen crilique de la fumure habituelle de + région 07 TT CRE. 71 
Composition des fumiers et composts. . . . . 71 
Comparaison entre l'apport fait par la fumure et D des ma- 
tières fentilisantes "7 A n 73 
Discussion, nécessité de Fonnee aomalinontres PR ee eue r 73 
V.— ESSAIS D'ENGRAIS ENTREPRIS EN 41903, 1904, 4905... aa 80 
dACNoix desieneraisicoMPléMeENtANES ERNEST 80 
b. Résultats'des expériences PEN EP RR CR 82 
ANNÉE 1903. — 1° Champ d'expériences de M. Joly, à Lindry. . . . . . . 82 
— 29 —— de M. Rollinat, à Charbuy. . . . 83 
_ 39 — de M. Lambin, aux Courlis.. . . 85 
— 40 — de M. Aug. Deschamps, aux Bries. 87 
— bo - deMAGRAPIN A HER EP RES 88 
ANNÉE 190%. — 10 Champ d’expériences de M. Joly, à Lindry.. . . . . . 90 
— 20 - de M. J. Rollinat, à CRE 5 5 2 
— 30 — de M. Aug. Deschamps,aux Bries. 92 
— 40 — dé MA IGra pin ANTERYENEESS 9% 
ANNÉE 4905. — Champ d'expériences de M. J. Rollinat, à Charbuy. . . . 96 
Emploi du sel marin . . . . RU ol 9 Lio de 96 
Utilisation des résidus de re Bot 0 Lions à Moser 97 
Matières fertilisantes contenues dans les ATEs nes TOR IEC 98 
IV: =" RÉSUMÉNET CONCLUSIONS. MN ER EN RC TC RC DE 


Paris — Typ. PaiziPpe RENouARD, 19, rue des Saints-Pères. — 45986. 


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