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Full text of "Recherches sur la faune littorale de Belgique : crustacés"

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LA FAUNE LITTORALE DE BELGIQUE, 


PAR 


P.-J. VAN BENEDEN, 


PROFESSEUR A4 L'UNIVERSITÉ CATHOLIQUE DE LOUVAIN. 


CRUSTACÉS. 


Présenté à l’Académie royale de Belgique, 
le 6 mai 1860.) 


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M. HAYEZ, IMPRIMEUR DE L’ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE. 


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RECHERCHES 


FAUNE LITTORALE DE BELGIQUE. 


Extrait du tome XXXIII des Mémoires de l'Académie. 
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RECHERCHES 
LA FAUNE LITTORALE DE BELGIQUE, 


P.-J. VAN BENEDEN, 


PROFESSEUR A L'UNIVERSITÉ CATHOLIQUE DE LOUVAIN. 


CRUSTACÉS. 


(Présente à l'Académie royale de Belgique , 
le 6 mai 1860.) 


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BRUXELLES, 


M. HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADEMIE ROYALE DE BELGIQUE. 


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INTRODUCTION. 


Nous avons publié successivement dans plusieurs mémoires le résultat de 
nos observations sur les diverses classes du rêgne animal qui composent la 
faune du littoral de Belgique. Ce travail n’est que la continuation des re- 
cherches précédentes. 

Nous l'avons déjà dit ailleurs, c’est un point important , dans les sciences 
d'observation surtout, de bien choisir le moment de livrer un travail à la 
publicité. Trop de sévérité fait hésiter et, en différant sans cesse l'heure de 
la publication , l'intérêt du sujet s'émousse quelquefois, l’occasion de conti- 
nuer les recherches fait défaut, et on remet dans ses cartons des études qui 
auraient peut-être épargné à d’autres de laborieuses recherches. D'un autre 
côté, en livrant à l’impression avant la maturité du sujet, on peut ne pas 
satisfaire aux exigences de la science , et, par trop de précipitation, négliger 
l'occasion de lui faire faire un véritable progrès. 

Ces réflexions nous sont suggérées au moment où nous nous décidons à 
communiquer à la Classe le résultat de nos travaux sur les crustacés du littoral 
belge. Nous pouvons dire avec Martial : Quod potui feci, faciant meliora 
polentes. Nous ne sommes pas certain que, d'ici à longtemps, des circon- 
stances favorables nous permettent d'ajouter à ce travail quelques faits nou- 


veaux d’une certaine importance. 


4 INTRODUCTION. 


Du reste, c’est un champ presque entièrement nouveau à explorer, et le 
premier qui aborde une terre peu ou point connue peut fort bien se con- 
tenter, et se contente ordinairement, de tracer un contour, laissant à d’autres 
le soin d'en visiter l’intérieur. Notre Mémoire est le premier travail d’en- 
semble qui se publie sur les crustacés qui hantent nos côtes. 

Il est inutile, pensons-nous, de faire remarquer que, dans la confection 
de ce travail, qui résume plusieurs années d’incessantes recherches, nous 
avons été entièrement abandonné à nos propres ressources. Le naturaliste 
qui doit se livrer lui-même à la fatigue de la pêche, puis disséquer, décrire, 
dessiner les objets et, enfin, les conserver pour les faire servir au besoin 
de terme de comparaison à ses études ultérieures, est loin de se trouver dans 
des conditions favorables et avantageuses. Nous avons plus d’une fois envié 
le sort de ceux qui, à de généreux secours de tout genre, joignent encore 
l'avantage de pouvoir visiter, quand il leur plait, les observatoires où chaque 
espèce « pu étre parquée pour l'étude comme les animaux domestiques *. 

L'étude de ces animaux a été longtemps négligée. C'est surtout grâce aux 
beaux travaux de M. Milne Edwards qu'ils occupent aujourd'hui le rang 
qui leur appartient. Rien n’est plus instructif cependant que de comparer 
les crustacés et l'embranchement auquel ils appartiennent, avec les classes 
qui forment l’embranchement des vertébrés. La fin de ces deux grandes divi- 
sions est formée d'animaux aquatiques, et les poissons comme les crustacés 
présentent entre eux plus d’une analogie remarquable. D'abord les crustacés 
comme les poissons semblent avoir fait en même temps leur apparition sur 
le globe, et les vrélobites comme les ganoïdes représentent, dès le début, 
dans leurs classes respectives , un type assez élevé sous le rapport de l'orga- 
nisation. C’est à peine si les poissons et les crustacés actuels leur sont supé- 

! M. Coste, grâce à sa position exceptionnelle, a pu faire des recherches sur une grande 


échelle et annonce un travail sur les métamorphoses des crustacés. (Comptes rendus de lAcu- 


démie des sciences. Juillet 1858.) 


INTRODUCTION. 5 


rieurs. Ensuite ces deux classes nous montrent, dans l'époque actuelle, des 
genres et des familles descendus tellement bas, sous le rapport anatomique, 
que les plus grands naturalistes en ont méconnu quelquefois le type fonda- 
mental. Les Amphioxæus, quoique véritables poissons, ont été confondus avec 
les lmaces, pendant que les linguatules ont été disséminées jusque dans ces 
derniers temps parmi les vers parenchymateux; les rotifères , autres articulés, 
ont même été placés dans une seule classe avec les infusoires. Les poissons 
et les crustacés ne se ressemblent pas moins par les difficultés que les z00- 
logistes ont toujours éprouvées de circonserire nettement leurs limites supé- 
rieures : ainsi, les lépidosirens ont pu être considérés tour à tour comme 
batraciens et comme poissons , et les pycnogonons ont été assimilés, tantôt aux 
arachnides , tantôt aux crustacés. Il est fort remarquable que, contrairement 
à ce qui existe dans ces types aquatiques, les types aériens, c’est-à-dire les 
oiseaux et les insectes, malgré leur infinie variété de formes spécifiques , 
n'aient pour ainsi dire jamais eu d'espèce ou de genre douteux : autant les 
premiers , ceux qui vivent dans l’eau, sont, sous tous les rapports, divers de 
formes et de caractères, autant les autres, qui sont les derniers venus, sont 
semblables entre eux. On pourrait pousser cette analogie plus loin encore 
dans ces deux groupes parallèles, et trouver plus d’une ressemblance entre 
certains arachnides et les myriapodes d’un côté, les chéloniens et les ophi- 
diens de l’autre; mais la plus haute expression du vertébré , c’est-à-dire 
le mammifère , ne semble pas avoir son correspondant dans le second em- 
branchement, si ce n’est peut-être dans quelques arachnides. 

Les crustacés sont bien les poissons des articulés, comme les insectes sont 
véritablement les oiseaux de cette division. 

Ce qui manque jusqu'à présent pour compléter cette analogie, c’est un 
caractère embryogénique semblable à celui que fournit l’allantoïde dans les 
vertébrés et qui permette de diviser les classes des animaux articulés en un 


type aérien et un type aquatique. 


6 INTRODUCTION. 


Le travail que nous avons l'honneur de communiquer embrasse presque 
toute la classe des crustacés, et tout le monde sait combien la forme, la taille, 
le genre de vie et même l'habitation varient dans ce curieux groupe d’ani- 
maux. Arrêtons-nous un instant à cette dernière considération , c’est-à-dire 
à leur habitation où plutôt à leur station. Aucune classe du règne animal ne 
nous semble présenter, sous ce rapport, une diversité plus remarquable. Tous 
les genres d'habitation possibles semblent avoir été épuisés, et, depuis l’état 
de libre vagabondage en pleine mer jusqu’à la dépendance la plus complète 
de l'hôte qui les héberge ou du gite qui les abrite, toutes les nuances inter- 
médiaires imaginables semblent avoir été épuisées. 

Le morceau de bois flottant, la coque du navire, les pieux qui servent de 
brise-lame ou forment les estacades, la pierre que la vague recouvre à 
chaque marée , ainsi que les animaux les moins sédentaires, comme les tor- 
tues de mer, les poissons et les baleines, leur servent indistinetement de gite. 
Les crustacés envahissent littéralement toutes les surfaces et s’établissent 
d'oflice sur des animaux vivants, tantôt en se logeant à l'intérieur de leur 
appareil digestif ou respiratoire, tantôt en prenant place à l'extérieur, sur la 
peau nue ou écailleuse. Et si plusieurs d’entre eux, en faisant choix d’un 
hôte, jettent par-dessus le bord, au moment de s'installer chez lui, armes et 
bagages, d’autres, mais en moins grand nombre, loin de brüler leurs vais- 
seaux, conservent toute la liberté de leurs allures et changent d'hôte aussitôt 
qu'il ne leur présente plus ni sécurité ni profit. 

C'est évidemment à tort que plusieurs de ces crustacés passent pour des 
êtres parasites : n’est pas nécessairement parasite celui qui s’installe sous le 
toit de son voisin ou qui lui demande une place à son bord. Is s’entr’aident 
souvent et forment une véritable association, ou bien ils font des emprunts 
l'un à l'autre, emprunts quelquefois forcés et qui vont même jusqu'à pren- 
dre, dans certains cas, tous les caractères d’une véritable usurpation. 


Parmi les crustacés podophthalmes, il v en a d’abord qui s'installent sour- 


INTRODUCTION. 


Su 


noisement , les Pinnothères, par exemple, dans la demeure assez spacieuse 
d’une moule ou d’une modiole et vivent paisiblement sous le même toit, sous 
l'apparence d’un bon voisin. Munis d'yeux pédiculés et de pinces puissantes, 
les pinnothères choisissent le moment de faire des sorties heureuses et, riches 
de leur butin, ils se retirent au fond de leur coquille, partageant plus ou 
moins avec la moule, qui n’a ni yeux ni armes. Les débris du festin de 
l'intru sont, du reste, suffisants pour l'entretien de l'acéphale. 

Les pagures, eux, s’y prennent tout autrement. [ls se choisissent pour 
demeure une coquille univalve abandonnée , et s'installent, dans cette maison 
vide, véritable épave, mais pour la quitter aussitôt qu’une autre demeure 
plus spacieuse et plus commode se présente. Cette maison d'emprunt, ils la 
trainent partout avec eux, et, si leurs brigandages provoquent quelques re- 
présailles qui les oblige de battre en retraite, ils sont toujours à l'entrée de 
leur caverne , d’où il est bien difficile de les déloger. Leur abdomen mou ne 
leur permet pas, du reste, d'affronter le danger en pleine campagne ; ils doi- 
vent rester blottis dans une coquille turbinée. Mais, sur le ventre du pagure, 
qui s’est choisi sa demeure, un peltogaster vient s'installer souvent en véri- 
table parasite, et, dans le peltogaster, on voit encore parfois un autre crus- 
tacé, le liriope, élire domicile. Si l’on considère maintenant que, dans cette 
même coquille, à côté de ces crustacés , se loge encore souvent une néréide, 
et que la surface externe de la coquille devient communément le siége de co- 
lonies entières d’hydractinies, on a, sous les yeux, un des exemples les plus 
remarquables de ces singulières associations où des crustacés et des vers vo- 
races vivent en bonne intelligence avec des mollusques paisibles et des po- 
lypes inoffensifs. 

Avant de quitter les podophthalmes, nous pourrions encore citer les singu- 
lières et dangereuses dromies , qui, affublées de quelque alcyon, ou éponge 
vivante, couvert à son tour d’une forêt de plantes marines, se glissent furti- 
vement, comme le loup sous le manteau du berger, au milieu du troupeau, 


8 INTRODUCTION 


et égorgent, sans danger pour elles, tout ce qui leur tombe sous la pince ou 
la dent : c'est une forêt sous-marine qui marche et que la dromie porte sur 
ses épaules comme l'Atlas de la fable porte le globe. 

Les crustacés édriophthalmes nous fournissent ensuite d’autres exemples 
non moins remarquables d'associations le plus souvent forcées. Les Anilocres, 
les Anceus et tant d’autres isopodes , s'installent sur le dos de quelque poisson 
bon nageur et voyagent sans frais et sans fatigue, faisant agréablement la 
pêche en route; mais, arrivés au terme du voyage, ou conduits dans des 
parages peu favorables à leur industrie, ils quittent sans embarras leur hôte, 
et attendent l'occasion de prendre passage à bord d’un autre poisson. Ce n'est 
pas ainsi que vivent certains cirripèdes, qui choisissent pour demeure le dos 
de quelque baleine. Une fois installés, ces cirripèdes se débarrassent de leurs 
organes de locomotion, j'allais dire de leur gréement et, en véritables culs-de- 
jatte, vivent et meurent sur place dans la prison mobile qu'ils se sont choisie. 

Les tubicinelles, ainsi que les coronules et les diadèmes , S'établissent, selon 
leur genre, sur une espèce particulière de baleine, comme tant d’autres cirri- 
pèdes, les anatifs, les otions ou les cinéras, par exemple, choisissent de 
préférence la coque de quelque navire. La baleine ne fournit évidemment, 
comme le navire, que le gîte à ces remarquables animaux, et le mot de para- 
sites, sous lequel on désigne communément ces habitants des baleines, ne 
leur convient pas plus qu'à ceux qui s’établissent sur un morceau de bois ou 
sur la quille d’un vaisseau. 

Quelques édriophthalmes, par exemple , les bopyres, sont toutefois franche- 
ment parasites, dans la véritable acception du mot ; mais , au lieu de s'établir 
sur des poissons , ils se logent sous la carapace de quelque congénère de 
l'ordre des décapodes. Ceux - ei n'ont plus, en général, des cavités aussi 
grandes, et les compartiments propres à servir d'habitation ou de logement 
sont peu spacieux ; aussi le corps des bopyres se modifie-t-il profondément 


pour se caser dans l'étroit habitacle qui leur est destiné, et, comme les 


INTRODUCTION. 9 


cirripèdes adultes, ils sont condamnés à l’immobilité la plus absolue, n'ayant 
d’autres ressources que de se nourrir sur place du sang de leur victime. Les 
premiers de ces édriophthalmes sont encore de vrais crustacés libres, cou- 
rant le monde et vivant de leur brigandage , tandis que les seconds , compléte- 
ment dépouillés de leurs insignes, estropiés et infirmes, ne sont très-souvent 
plus reconnaissables. 

Enfin les derniers rangs des crustacés comprennent des familles entières 
qui, comme les lernéens, ne connaissent plus que la vie parasite; les fe- 
melles , non contentes de s’abreuver du sang de la victime pour leur compte 
propre et celui de leur progéniture, doivent encore nourrir les mâles qui res- 
tent accrochés sous leur ventre. Le plus grand nombre de ces parasites vi- 
vent sur les poissons, aussi bien d’eau douce que de mer, et on peut dire que 
c'est le parasitisme poussé à sa plus haute expression. On voit souvent de 
ces femelles la tête implantée dans les ares branchiaux , un mâle cramponné 
sous l'abdomen, portant deux longs sacs pleins d’embryons, et ayant charge 
à elles seules de pourvoir à l'entretien de toute la famille aux dépens de 
l'hôte qui les héberge. 

Ce travail est divisé en deux parties : la première comprend tout ce que 
nous avons pu constater sous le rapport du développement comme sous le 
rapport de l'anatomie, et cette étude à porté surtout sur les formes plus ou 
moins douteuses, ces types aberrants qui font souvent le désespoir des clas- 
sificateurs. De ce nombre sont : les Hysis, qui ont été tour à tour stoma- 
podes et décapodes !; les Cumacés, qui sont décapodes par l'ensemble des 
caractères, tout en n'ayant pas les veux pédiculés; les Praniza, dont les lar- 


ves, connues sous le nom d’Ancea, ont une forme si remarquable et dont la 


! C’est la partie du mémoire qui a recu la plus grande extension; elle est terminée depuis 
longtemps, et notre intention d’abord était de la publier à part. Nous nous sommes décidé 
ensuite de joindre à l'étude de ces singuliers et curieux crustacés le relevé de ceux qui habitent 
nos côtes où qui se présentent accidentellement dans nos parages. 

2 


10 INTRODUCTION. 


place, assignée avec raison parmi les isopodes, n’est pas moins anormale sous 
divers rapports; enfin ce riche et inépuisable groupe de parasites récurrents, 
qui, comme les Peltogaster, ou plutôt les Sacculina, reculent tellement dans 
le cours de leur évolution, qu’en atteignant le terme de la croissance , ils 
ressemblent plus à un sac où à un réservoir qu’à un animal doué de vie et 
demouvement. 

La seconde partie du travail est consacrée uniquement à l'énumération des 
crustacés que nous avons eu l’occasion d'observer sur notre littoral ou à quel- 
que distance de nos côtes, et qui contribueront à faire mieux connaitre la 
faune si riche de la mer du Nord. 

À chaque espèce nous avons ajouté l'indication d'un ouvrage qui ren- 
ferme où une bonne description ou une figure, et nous avons jugé inutile 
d’allonger le texte par une liste de synonymes. Nous ne croyons pas que, dans 
un travail de cette nature, les recherches synonymiques se trouvent à leur 
place. 

Nous nous sommes borné à joindre, à la citation dont nous venons de 
parler, les circonstances dans lesquelles on observe communément ces ani- 


maux. 


RECHERCHES 


SUR LES 


2 


CRUSTACES DU LITTORAL DE BELGIQUE. 


PREMIÈRE PARTIE. 


RECHERCHES SUR L'ANATOMIE, LA PHYSIOLOGIE ET L'EMBRYOGENIE 
DE QUELQUES CRUSTACÉS. 


LES MYSIDÉS. 


LITTÉRATURE. 


MULLER. Zoolog. Danica, vol. Il, pag. 34, pl. LXVE. 

Joux v. Taoupsox, Zoolog. Researches and illustrations. Cork (1828), vol. L. 

RarTuke, Beobacht. und Betracht. ueber die Entwickelung der Mysis vuzcanis. Wegmann's 

Archiv., 1859, p. 195. 

Rarue, Beiträge zur Fauna Norwegens, Nov. Acr. NAT. CUR., VOL XX, p. [, p. 18. 

Miixe Epwarps, Histoire naturelle des Crustacés, t. I, p. 456. 

Frey uxp Leucrarr, Ueber die Gattung Mysis. Beiträge zur Kentniss… 1847, p. 110. Wreg- 
mans Archiv., A851, p. 416. 

C. Srexce, On the british Edriophthalma, report of the 25 meeting. London, 1856, p. 18. 


12 RECHERCHES 


Du Janniv, Comptes rendus de l’Académie des sciences, 1843, t. XVI, p. 1025. 
Bnanor, Middendorf”s Siberische Reise, ZooLoce, pp. 79-161. 

Lisesorc, Ofversigt af Kongl. Vetenskaps-Akad. forh. 1852. 

Wazkes, United States, Exploring expedition, Cnusracés. Philadelphie, 1855. 


HISTORIQUE. 


Les mysidés sont des crustacés du plus haut intérêt pour le zoologiste. Hs 
appartiennent à cette catégorie d'êtres qui semblent destinés à trahir les 
affinités secrètes que la nature met quelquefois le plus grand soin à cacher. 
Ils sont décapodes véritables, et personne ne se douterait, à la première 
vue, qu'il existe la moindre différence d'organisation entre eux et ces der- 
niers ; néanmoins on en a fait généralement des stomapodes. Les premiers 
zoologistes les ont placés parmi les crangons, et nous ne craignons pas d’a- 
vouer que nous-même nous avions déjà eu plus de cent fois des mysis 
vivants sous les veux sans nous douter de leurs véritables affinités. Nous 
nous rappelons le jour où, pour la première fois, un de ces crustacés nous 
frappa par le développement singulier des pédoncules oculaires et par la grâce 
de ses allures vives et décidées. Cependant, que de différences, même anato- 
miques, quand on les examine de près! Ils ont des pattes doubles, dont un 
rang sert pour la marche et l'autre pour la nage ; ils ne se servent pas de leur 
queue pour la nage comme les autres décapodes, et on ne trouve sous le 
céphalothorax aucune apparence de branchies ou de cavité pour les loger. Ils 
ressemblent beaucoup, sous ce rapport, à de jeunes homards qui viennent 
récemment d'éclore et qui n'ont encore ni leur appareil respiratoire définitif, 
ni leur puissant appareil musculaire de l'abdomen, mais dont l'heure d'arrêt 
a sonné dans la voie de l’évolution. Les mysis, en effet, sont aux crustacés 
décapodes ce que les axolotl sont aux batraciens anoures, et cette seule consi- 
dération caractérise la véritable nature de ces prétendus stomapodes. 

Is ont occupé déjà beaucoup de naturalistes, comme nous venons de le 
voir : S.-F. Müller en a fait mention sous le nom de Cancer fleæuosus, dans sa 
Zoologia Danica; 3. Thompson, Rathke, Frey et Leuckart les ont étudiés 


SUR LES CRUSTACÉS. 15 


sous le rapport du développement et de l'anatomie. C'est Lamarck qui à in- 
troduit le nom et le genre, et, aux nombreuses espèces que l’on connait 
déjà, M. Brandt vient d'en ajouter encore une nouvelle, toute noire, de 
l'Aivatsch-Bay, dans les Middendorf's Siberische Reise, sous le nom de 
Mysis Awatschensis, pendant que Liljeborg, de son côté, en exhibe une nou- 
velle de Suède (de Kullaberg) sous le nom de Hysis mixta. 

On connait des mysis de la côte de Groenland, de la mer du Nord (côtes 
de Suède, d'Écosse et de Belgique), de la Manche et de la Méditerranée. 

Nous allons faire connaitre d’abord ceux que nous avons eu l’occasion d’ob- 
server sur nos côtes ; nous exposerons ensuite le résultat de nos observations 
sur leur structure anatomique , et, en troisième lieu, nous ferons connaitre les 
principales phases de leur embryogénie. Nous mettrons chaque fois en évi- 
dence l’état de nos connaissances pour mieux juger ce qui reste à faire. 

Ce travail sur les mysidés a été fait en grande partie de 1855 à 1857: 
nous lavons exhibé, avec l'atlas, à la réunion des naturalistes allemande, à 
Bonn, en 1857 !; nous en avons retardé la publication, afin de pouvoir 
présenter un travail d'ensemble sur les crustacés de nos côtes. 


DESCRIPTION DES ESPÈCES. 


Nous trouvons cinq espèces de cette famille sur nos côtes : les quatre pre- 
mières, dont deux sont nouvelles pour la science, appartiennent au genre 
mysis; la cinquième appartient à un genre distinet (Podopsis), à cause du 
développement extraordinaire de ses pédoncules oculaires. Cette dernière 
espèce, considérée comme la plus rare des cinq, avait déjà été observée par 
Slabber, qui lui a donné un nom flamand, ainsi que nous le verrons plus loin. 


Mysis vuLGaRIS, Thompson. 
(PL L) 


Caractères. — Antennules assez courtes ; appendice lamelleux des anten- 


{ Amulicher Bericht über die 55 Verzammlung deutscher Naturforscher tm September 
1857. Bonn, 1859, p. 155. 


14 RECHERCHES 


nes garni de soies roides sur les bords interne et externe et pointu au bout; 
dernier segment caudal ou telson terminé en pointe et non échancré. 
Le mâle a le quatrième appendice abdominal très-long et terminé en pince, 
et un article libre, garni de courtes soies en dedans, aux antennules. 
Longueur 0",02, largeur 0,004. 


Synonymie. — Mysis vuzéaris, Thompson, Zoological Researches and illustrations. Cork, 
vol. 1, pl. Let pl. IV, fig. 1-12. 
— — Milne Edwards, Histoire naturelle des Crusiacés, vol. H, 
p. 459. 


Cette espèce se distingue facilement par ses antennules plus courtes, par 
l'appendice lamelleux des antennes, qui est pointu au bout et dont les bords 
interne et externe sont garnis de soies assez roides, faisant l'effet des dents 
d'un peigne; enfin, surtout, par la lame mitoyenne de la queue, le telson, 
qui se termine en pointe au lieu d’être échancrée. À l'endroit de la bifurca- 
tion, le mâle porte, aux antennules, un article libre dont lun des bords est 
garni de courtes soies ; le quatrième appendice abdominal est terminé en pince. 

Cette espèce acquiert généralement une taille moins forte que la suivante 
et se fait aussi très-aisément distinguer par sa couleur d’un gris verdâtre. 

Cette espèce de mysis vit en grande abondance, pendant tout l'hiver, mais 
surtout pendant l'été, au fond du réservoir des pares aux huitres à Ostende, 
et nous en avons trouvé souvent dans l'estomac des éperlans péchés dans 
l’Escaut. Hs sont probablement assez communs à l'embouchure de ce fleuve , 
à en juger d’après le nombre d'individus que renferme quelquefois l'estomac 
de ces poissons. 

Thompson cite cette espèce comme commune sur les côtes d'Irlande. Elle 
est donc également abondante sur plusieurs points, et justifie complétement 
son nom spécifique de vulgaire. Elle est fort utile pour l'étude de l'anatomie 
et se prête fort bien à l'observation des courants artériels et veineux. 


MysiS CHAMELEO, Thompson. 


(PL II-V.) 


Caractères. — Antennules longues, appendices lamelleux des antennes 


SUR LES CRUSTACÉS. 5 


également larges dans toute leur étendue et ne portant des soies que sur le 
bord interne; le segment caudal ou telson est bifurqué à sa pointe et porte 
de petites dents espacées sur le bord. Chaque somite abdominal porte une 
étoile pigmentaire arborescente. 

Longueur totale 0,03, largeur 0,002. 


Synonymie. — Mysis CHAMELEO, Thompson, Zoological Researches, pl V, fig. 1-10. 
— —- Milne Edwards, ist. nat. des Crust., vol. IX, p. 458. 
—  spiNULOSA, Leach, Transact. of the Liniean Society, vol. XI, p. 550. 


Les antennules sont plus longues, les appendices lamelleux des antennes 
véritables également larges dans toute leur longueur et ne portant des soies 
roides que sur le bord interne et au bout; la lame médiane de la queue est 
bifurquée au bout et porte de petites dents espacées très-courtes sur le bord. 

Le corps est généralement pâle et sur chaque segment abdominal on voit 
une étoile pigmentaire d’un noir foncé qui se détache nettement. Ces taches 
de pigment ont le même aspect que ces arborescences qu'on voit commu- 
nément dans certaines variétés d’agate. Quelques individus adultes ont une 
couleur foncée de fumée ou de bistre et quelquefois même sont veinés comme 
du bois de mahoni. 

On en trouve par bandes en été, mais on les confond communément avec 
les crevettes. Bouillis ou conservés dans la liqueur, ces mysis ont une teinte 
rosée comme les palémons et non pas la teinte grise des crangons. 

Le corps est souvent littéralement couvert de bouquets de vorticelles, de 
navicelles , ete., ete., surtout chez les vieux individus, quand ils ont véeu 
dans une eau qui ne se renouvelle pas très-régulièrement. 


MYsis FERRUGINEA, Van Ben. 


(PL VI, fig. 5-12.) 


Caractères. — Antennules des mäles portant une forte brosse; podoph- 
thalme gros et massif; des soies en demi-verticille sur le bord convexe de 
l’appendice pénial; quatrième pléopode très-long et terminé par trois arti- 
cles également longs; telson échancré au milieu ; une tache ferrugineuse sur 
chaque somite abdominal. 


16 RECHERCHES 


La longueur est de 10 à 15". 
Ils vivent en abondance au milieu des autres espèces. 


Le corps est blanc et transparent comme celui des podopsis; seulement 
une petite tache d’un jaune ferrugineux s’étale sur la ligne médiane au-dessus 
de chaque segment, ou, pour me conformer à la nomenclature proposée, 
dans chaque somite abdominal, et une dernière tache semblable un peu plus 
étendue se montre au somite caudal; enfin deux ou trois taches recouvrent 
également la région céphalothoracique. La couleur de la tache est un peu 
plus vive aux pièces de la bouche. On ne voit jamais rien qui ressemble à 
des plaques dendritiques, si ce n’est sur les lamelles de la poche incubatrice, 
qui en portent deux. 

La carapace ne recouvre que les premiers appendices thoraciques : les trois 
dernières paires sont à découvert comme l'abdomen. 

Les podophthalmes sont gros et massifs; le telson, ou la dernière pièce 
caudale , est échancré au milieu, et le bord externe est garni de vingt ou 
vingt et une épines, également espacées depuis la base jusqu'au sommet. 
Le bord de l'échancrure est garni de dentelures très-rapprochées et larges à 
la base. 

Les caractères distinetifs de cette espèce se reproduisent déjà avec une 
complète évidence dans l'œuf et dans l'embryon : ainsi, dans les œufs, même 
avant leur entrée dans la poche, on voit, au milieu de la masse vitelline, une 
grande vésicule plus limpide, qui forme presque le tiers du volume de cette 
masse , et c’est autour de cette vésicule qu'apparaitra le lobe céphalique. L'em- 
bryon montre ainsi entre les appendices oculaires une sphère transparente 
qui pénètre plus avant dans le corps à mesure que la cavité digestive s'orga- 
nise, puis diminue successivement de volume pour se fondre dans la masse. La 
queue de l'embryon n'est pas bifide comme chez les autres mysis; elle est ter- 
minée en pointe et hérissée, ainsi que le reste du corps, de soies fines et 
courtes. 

Les antennules des mäles ont les procérites externes garnies d'un petit 
nombre de soies, formant le peigne, tandis que la lamelle , qui existe seu- 
lement dans ce sexe, est couverte de soies longues et roides : c’est une forte 
brosse que portent les antennules. L'appendice pénial est légèrement courbé 


SUR LES CRUSTACÉS. 17 


el porte, sur son bord convexe, plusieurs soies à la même hauteur formant 
un demi-verticille. Le quatrième pléopode est très-long et se termine par trois 
articles d’une longueur égale, légèrement courbés, fort eflilés et hérissés 
de fines dentelures sur une grande partie de leur longueur. 


Mysis sancTA, Van Ben. 


(PL. VI, fig. 1-4.) 


Caractères. — Corps grêle et incolore; rostre très-court; telson échancré 
en arrière ; uropodes biramés ; appendice pénial portant des soies plumeuses. 

Longueur 20". 

Le corps est grêle, blanc et transparent, sans taches et sans marbrures 
dendritiques. 

Les podophthalmes sont courts et massifs; les antennules sont très-déve- 
loppées et portent, chez le mâle, la lamelle en brosse à la base des procérites. 
La lame des antennes n’a des soies que sur son bord interne et à son som- 
met, qui est terminé par une épine. 

Le céphalothorax a un rostre très-peu proéminent. 

Le telson est échancré en arrière, mais au lieu d’une vingtaine de dents, 
on n’en voit ici, sur le bord externe, qu'une dizaine; elles sont plus fortes 
et elles sont en même temps irrégulièrement espacées. Les uropodes ne dé- 
passent que de très-peu le telson. 

Les cinq paires d'uropodes sont biramées , et la troisième paire est la plus 
longue et la plus complexe, du moins chez les mâles. 

L'appendice pénial ne diffère pas moins, puisque la surface porte diverses 
soies plameuses ; c’est ce que nous n'avons vu encore dans aucun autre mysis. 
Non-seulement il y a des soies plumeuses sur les pléopodes, mais le basopodite 
de la première paire, qui n’est que de deux articles, en est également couvert. 

Nous avons péché cette espèce au milieu des autres. 


| ë = di 
GENRE PODorsis, T'hompson. 


Caractères. — Corps étroit et allongé; carapace proportionnellement 
courte; pédoncules oculaires excessivement allongés. 


18 RECHERCHES 


Popopsis SLABBERI, Van Ben. 


(PL VL) 


Synonymie. — STEURGERNAAL MET TROMPETWHSE O0GEN, Slaber, Natuurkundige Verlustigingen. 
Haarlem, 1778, pl. XV, fig. 5 et 4. 
Popopsis, Thompson, Zoological Researches, 1. Y, p. 59, pl. VIE, fig. 1. 
— Milne Edwards, Histoire naturelle des Crustacés, vol. I, p. 466. 


Caractères. — Corps très-grêle ; rostre peu proéminent; telson excessive- 
ment court, non échancré; uropodes externes fort longs, garnis de soies sur 
les deux bords; appendice pénial obtus, couvert d’un demi-verticille de soies 
roides vers le milieu de la longueur. 

Longueur 0,015, largeur O"m,5. 

Cette espèce, considérée pendant si longtemps comme rare, vit en abon- 
dance dans nos huitrières, à Ostende, et 1e nombre en est souvent si grand 
qu'en pêchant au petit filet, l'eau en devient comme gélatineuse : on pourrait 
en remplir un sac en peu de temps. 

Le 4° août 1768, Slabber fit la pêche d’un petit crustacé qu'il n’a plus revu 
depuis et dont il fait connaitre la merveilleuse structure. Le zélé et religieux 
observateur de la nature fait remarquer, à propos de l’organisation remar- 
quable de ce crustacé, la puissance de la sagesse divine que lon touche au 
doigt à chaque pas, à chaque organe, dans chaque être organisé. Les gens du 
monde, dit-il, et il pourrait ajouter des savants et même des académiciens , 
voient d’un œil de pitié et de dédain ces laborieuses recherches du natura- 
liste qui s'occupe d’un insecte microscopique, comme si ce dernier n'était 
pas sorti des mains du Créateur aussi parfait et aussi admirable que les ani- 
maux des forêts ou les poissons de la mer : ce sont eux, au contraire, qui 
devraient le plus attirer l’attention si souvent distraite du vulgaire.— Si nous 
voyons une locomotive marcher devant nous, montrant son foyer, son piston 
el ses roues, certes, c’est une merveille de l’industrie humaine ; mais si cette 
locomotive était renfermée dans un grain de sable, ou si nous en voyions 
plusieurs fonctionner dans une goutte d’eau avec la même régularité et non 
moins de précision, ne serions-nous pas plus émerveillés encore? Ces élé- 
phants ou rhinocéros en miniature mangent, boivent, respirent comme les 


SUR LES CRUSTACES. 19 


autres et, comme eux aussi, ils se reproduisent avant le terme fixé de la 
mise au rebut. Pour les petits aussi bien que pour les grands, Dieu a fait que 
toutes ces locomotives, vivant en elles-mêmes, renferment un atelier de con- 
struction, et il n’a fallu au Tout-Puissant que lancer un premier couple pour 
en semer indéfiniment l’espace et le temps. 

Slabber a donné à ce crustacé le nom de Steurgernual met trompehwyze 
oogen (Palémon aux yeux en trompette !). 

D'après ce que nous voyons dans l'Histoire naturelle des crustacés de 
M. Milne Edwards, ce crustacé n’est même pas connu, quant à ses caractères 
les plus importants. On ne sait ni le nombre, ni la conformation des pattes, 
et ce qui est dit de deux pattes plus longues que les autres est évidemment 
erroné : à notre avis, les podopsis sont de vrais mysis, pour l’ensemble de 
leur organisation , avec un corps plus allongé, une carapace plus courte et 
des pédoneules ordinaires plus développés. 

Les antennules sont portées sur un pédicule formé de trois articles, dont 
le basilaire ou le coxocérite est le plus développé. Get article porte au bout un 
filament assez fort, presque comme un crochet, et quelques soies fines dis- 
posées en peigne. L'article terminal ou l’ischiocérite, plus large que les autres, 
est muni en dedans de trois ou quatre longues soies plumeuses. La tigelle 
interne est la plus délicate et montre sur le bord en dedans des filaments assez 
longs, espacés et flexibles. La tigelle externe étale, pendant la nage, sur son 
bord interne, qui devient alors antérieur, des soies roides, légèrement cour- 
bées, assez serrées , disposées comme les dents d’un peigne et qui garnissent 
cet appendice jusqu'au bout. 

Ces appendices sont mutilés au bout comme ceux de la seconde paire, de 
manière que nous ne connaissons pas exactement leur longueur. À en juger 
par leur grosseur, nous croyons que la moitié à peu près manque. 

Les antennes véritables montrent également deux tiges, comme dans les 
autres mysis : l’une est lamelleuse, un peu eflilée au bout, garnie de soies 
plumeuses sur les deux bords ; mais ces soies sont plus longues et plus 
nombreuses sur le bord interne ; on en compte une vingtaine, tandis que le 


! Natuurkundige Verlustigingen, pl. XV, fol. 5, 4. 


20 RECHERCHES 


bord externe n’en a que seize : elles sont done un peu plus espacées sur le 
dernier bord. Cette tige lamelleuse est formée de deux pièces articulées, 
dont on ne voit la jointure que quand la lame est étalée de face. A l'endroit 
mince de la jointure, on voit, dans l’intérieur, une masse un peu opaque, d'un 
aspect différent du reste, et qui est probablement le siége du sens de lolfac- 
tion. Ces soies sont placées par étage avec une grande régularité. Dans cha- 
eune d'elles, on voit pénétrer une partie de la masse molle qui remplit la lame. 

La tigelle externe est comparativement fort grêle, très-longue , formée de 
plusieurs articles bien distincts, à la base surtout, et qui ne portent que quel- 
ques soies fines et très-courtes vers l'extrémité. 

Les pédoneules oculaires sont composés d’un article basilaire très-court ou 
basophthalmite suivi d’un podophthalmite très-long , fort gros et atteignant 
au delà de la moitié de la longueur de la carapace. 

Les pattes, ainsi que les pièces de la bouche, sont en même nombre que 
chez les mysis véritables etexactement conformées de la même manière. Nous 
ne comprenons pas ce que des auteurs ont voulu dire en attribuant une cer- 
taine longueur à deux pattes, et en indiquant la manière dont ces organes 
seraient terminés. 

Les cinq appendices abdominaux ou les pléopodes sont gréles et soyeux, 
comme chez les mysis, mais ils sont bien différents entre les mâles et les 
femelles. 

Le segment terminal ou le telson est très-court, de forme triangulaire, et 
n’atteint pas la moitié de la longueur de l'uropode interne. 

L'uropode externe est très-long , courbé en dehors, vers le bout, et garni 
de soies plumeuses sur les deux bords. 

L'uropode interne est à peu près de la même largeur que autre, mais il 
a un tiers de moins en longueur. Les deux bords sont également garnis de 
soies. C’est dans son intérieur et à sa base que loge l’otolithe qui a été signalé 
pour la première fois par Leuckart. Nous lavons dessiné en place. C’est 
une sphère déprimée, du centre de laquelle s'élève une- sphère plus petite 
qui semble enchâssée dans la précédente et qui est disposée , à l'extérieur, 
comme la cornée transparente relativement à la selérotique. 

Cet organe est d’un blanc lactescent. 


SUR LES CRUSTACÉS. 21 


La description qui précède est faite d’après une femelle ; nous allons signaler 
quelques particularités de l’autre sexe. 

L'appendice pénial n’est point eflilé, mais obtus et arrondi comme un 
casque, et, vers le milieu de la longueur, cet appendice porte une demi-dou- 
zaine de soies roides disposées en demi-verticille. 

Sous le rapport de la taille, le mâle diffère très-peu de la femelle. Comme 
elle, il est transparent, et n’a d’autres taches pigmentaires qu'une petite 
ligne très-courte au-dessous de chaque somite abdominal. 

Les antennules portent, comme dans la Hysis vulgaris, une pièce mobile, 
couverte de soies roides et fortes qu'on n’observe pas chez la femelle. 

Les pléopodes ou appendices abdominaux différent notablement entre eux; 
les premiers sont les plus courts et ne comprennent que deux articles; les 
secondes en différent seulement, parce qu'ils sont un peu plus longs ; ceux de la 
troisième paire sont notablement plus longs, et, indépendamment d'un artiele 
qu'ils ont de plus, on voit un rudiment d’appendice biramé; la quatrième 
paire à plus du double de la longueur des autres et dépasse la longueur du 
corps en arrière. Cette quatrième paire est composée d’une pièce basilaire, 
suivie d'un article fort long et étroit, d’un basopodite, puis d’un article rela- 
tivement court, puis enfin d’un quatrième aussi fort long et étroit, qui est 
terminé par une double soie comme le basopodite, Pune fort longue, large 
et courbée, l’autre roide et garnie d’une double rangée de dents roides qui 
le font ressembler à un râteau de jardin. Ces deux dernières pièces forment 
pince en se rapprochant. 

‘La cinquième et dernière paire n’est formée que de deux articles, comme 
les deux premières, mais l'article terminal est fort long et étroit. 

Cette énorme différence sexuelle dans les antennules, comme dans les ap- 
pendices abdominaux, est propre aux mysidés. 


Mœurs des mysis. — Les mysis vivent généralement en masse comme 
les crangons. Ils nagent près de la surface , même quand Peau est profonde, 
mais ils se tiennent quelquefois au fond de l'eau, marchant sur la vase, à 
l’aide de leurs pattes longues et effilées. Ils restent parfois assez longtemps 
dans une immobilité complète. Aussi la carapace se couvre-t-elle souvent de 
vorticelles, de bacillaires, etc. 


22 RECHERCHES 


Pendant les beaux jours d'été, les mysis viennent régulièrement visiter la 
surface de l'eau, quand elle est tranquille. On les voit alors nager sans se- 
cousse, faisant tourner leurs exopodes comme une roue de steamer. C'est, 
en effet, absolument un petit bateau à vapeur vivant. Quand ils nagent ainsi 
dans tous les sens, les filaments des antennes sont entièrement déployés. I 
y en à deux en avant qui dépassent un peu les lamelles et qui donnent l'éveil 
à la moindre résistance qu'ils éprouvent : c’est la sentinelle la plus avancée. 
Ils sont placés dans laxe du corps; puis, à la moitié de la longueur des 
lamelles, on voit, à droite et à gauche, deux autres filaments, beaucoup 
plus longs que les premiers, faisant un angle droit avec ces derniers et se 
recourbant légèrement en arrière : on dirait des gardes qui veillent à la sûreté 
des roues, et empêchent ces appendices mobiles et délicats de se blesser. 
Aussi, comme ce poste est fort important pour la sûreté de Panimal, chaque 
filament tentaculaire est-il double, et le second est fourni par les antennes 
inférieures : il se détache dès la base et se place parallèlement au premier. 
Au moindre obstacle qu'il trouve sur son chemin, le mysis se jette de côté 
avec la rapidité de l'éclair, et continue ensuite tranquillement sa course. Il 
s'élance même hors de l’eau comme un poisson volant, si un danger le me- 
nace, et va retomber à quelque distance de là. Quand on en place de vivants 
dans un vase, dès qu'ils se sentent un peu à l’étroit, ils bondissent avec force, 
s'élancent hors de l'eau, se débattent en frétillant comme des poissons, et 
finissent tous par échouer. On en trouve également collés sur les parois du 
bocal, lorsque les bords en sont trop élevés. C'est par instinct qu'ils agissent 
ainsi quand le hasard les jette dans une flaque d’eau trop petite ou trop pauvre 
pour les nourrir. En s’élançcant à diverses reprises, ils peuvent parcourir un 
assez grand espace et gagner l’eau qui leur convient. 

On trouve ces derniers surtout près de la surface de l'eau , dit Thompson, 
et, à ceteffet, ils ont besoin de puissants moyens de locomotion, tandis que 
les autres crustacés décopodes accomplissent, du moins à l'état adulte, leurs 
pérégrinations au fond de l’eau à l’aide de leurs appendices ambulatoires. 

L'animal rend des fèces qui ressemblent à des bâtonnets droits et conser- 
vent cette forme encore un certain temps dans l'eau. 

Parmi les ennemis les plus redoutables des mysis se trouvent les acti- 


SUR LES CRUSTACÉS. 95 


nies. Ils disparaissent à vue d'œil là où ils rencontrent ces polypes. On peut 
en mettre des centaines, même des milliers, dans un aquarium; s’il s’y trouve 
des actinies d’une taille ordinaire , on ne doit pas s'attendre à en conserver 
un seul vivant vingt-quatre heures après. 

On ne peut rien voir de plus gracieux dans l'eau. Is nagent à toutes les 
profondeurs, mais de préférence non loin de la surface, déploient leurs 
pattes natatoires, qui fonctionnent, ainsi que nous lavons déjà dit, comme 
les roues d’un steamer, et ils s’élancent avec grâce et mesure dans leur étroit 
océan : ce sont des navires vivants dont les longs tentacules servent de sonde, 
les yeux de boussole et la queue de gouvernail. 

Les crustacés en général sont carnassiers et dévorent avec la même avi- 
dité la proie palpitante et le cadavre en pleine décomposition. Les mysis 
semblent, sous ce rapport, faire exception. Représenteraient-ils les herbi- 
vores parmi ce groupe si vorace ? 

Nous avons ouvert un grand nombre de mysis de tout àge, de tout sexe 
et de diverses espèces, et nous n'avons jamais trouvé, dans leur cavité 
digestive, que des débris végétaux ou des végétaux microscopiques des fa- 
milles les plus inférieures. Au milieu de débris rouges et verts de certaines 
algues marines, on voit des clostéries , des bacillaires, etc. 

Thompson s’extasie avec raison sur l'abondance extrême, en été, de ces 
jolis crustacés dont des phalanges entières surgissent tout d’un coup, sur- 
tout là où l'eau est légèrement garantie de la violence des vagues. Dans les 
parcs aux huitres, on les voit communément mélés avec les palémons et les 
crangons. Pendant l'été, on peut les prendre par milliers à l’aide du petit 
filet. 

Les mysis s’accouplent et la fécondation des œufs à lieu dans l'intérieur 
du corps de la femelle. Il n’y a pas de spermatophores. Comme nous le 
verrons plus loin, les œufs sont reçus dans une poche où les embryons par- 
courent toutes les phases de leur développement. Ils ont la forme des adultes 
et ne subissent pas de métamorphoses après la sortie de la poche incuba- 
trice : ils les subissent dans la poche même. 

Nous avons trouvé des œufs déjà au mois de février, mais c'est surtout 
aux mois de juin et de juillet que leur reproduction est le plus rapide sur 


24 RECHERCHES 


nos côtes. Nous croyons aussi qu'ils se reproduisent plusieurs fois dans le 
courant de l’année. 

Nous ferons remarquer également que les mysis, comme la plupart des 
crustacés décapodes , produisent des œufs et se multiplient avant d'avoir at- 
teint complétement leur taille. C’est ainsi qu'on voit des individus, jeunes à 
en juger par la taille, qui ont déjà leur poche incubatrice pleine d’embryons, 
ou le pénis rempli des spermatozoïdes mürs. Sous ce rapport, il y a une 
srande différence entre les crustacés et les articulés aériens. 

Ce n’est pas par milliers ni par centaines d'œufs que les mysis pondent à 
la fois, c'est tout au plus si leur poche incubatrice en renferme une cin- 
quantaine. Elle ne saurait en contenir davantage et encore moins les loger 
quand ils commencent à grandir. Malgré cela, leur fécondité ne le cède pas 
à celle des autres crustacés, par la raison surtout, qu’en venant au monde, 
ils sont doués de tous leurs moyens de défense et n’ont pas besoin de tra- 
verser cet âge critique où , sous une forme transitoire, tant d’autres crusta- 
cés servent de pâture. 


ANATOMIE DES MYSIS. 


Ce n'est pas une description anatomique complète que nous comptons pré- 
senter ; nous nous sommes borné à l'étude des appareils qui nous ont paru 
avoir le plus d'importance et dont un nouvel examen pouvait avoir le plus 
d'intérêt. 

Nous commencerons cette étude par le squelette tégumentaire ; mais, avant 
de décrire les diverses parties qui le constituent, nous nous arrêterons un 
instant à l'examen des diverses théories qui ont été tour à tour proposées. 

L'étude véritablement comparée des pièces du squelette ne date que des 
premières années de ce siècle, et nous devons nous attendre à ne trouver 
des traces de cette étude chez les animaux articulés qu'à une époque très- 
rapprochée de nous. 


SUR LES CRUSTACÉS. 95 


On a d'abord décrit chaque pièce séparément, et ce n'est que fort tard 
qu'on à songé à les comparer toutes entre elles. 

Il en a été de même du squelette des articulés. 

Au commencement de ce siècle, la bouche, les pattes et toutes les parties 
de la charpente des insectes étaient décrites par les auteurs avec plus ou 
moins de soin, mais on ne s'occupait guère des homologies et des ana- 
logies : on faisait de l'anatomie descriptive, et on ne songeait même pas qu'il 
y eùt autre chose à faire. 

Les insectes suceurs étaient censés ne pas avoir de mandibules, et partout 
où un organe ne se développait pas au point de remplir complétement son 
rôle, on le déclarait absent. Cette absence est souvent réelle, mais seule- 
ment sous le rapport physiologique. Une pièce ne manque pas parce qu'elle 
est à l'état rudimentaire : l'enfant peut ne pas avoir de dents, aux yeux de 
la mère, mais il en a aux yeux de l'anatomiste, qu'elles aient percé ou non, 
du moment qu'elles ont surgi même sous les gencives. 

Savigny, le premier, a fait entrer ces intéressantes études dans une voie 
scientifique !. I a trouvé que la bouche des insectes et des apiropodes (my- 
riapodes, arachnides et crustacés) renferme les mêmes éléments anatomi- 
ques, mais que ces éléments se modifient selon les besoins : tantôt les pièces 
s'allongeront, tantôt elles se rapetisseront, conformément aux besoins exigés 
par le régime. 

Il s'est livré aux mêmes recherches à l'égard des pattes. Ces organes ont 
tous la même valeur anatomique; mais, ici, ils vont aider à la mastication , 
là , ils facilitent le saut ou la course , ailleurs , ils se modifient en rames pour la 
vie aquatique. Aussi les travaux de Savigny font-ils époque dans la science, 
et ses recherches sur la bouche des insectes seront-elles toujours son plus 
beau titre de gloire. 

M. Audouin a continué ces travaux ?. Il a approfondi plus encore cet iné- 
puisable sujet des parties homologues, et, dans un travail intéressant sur le 
thorax des insectes , il a coordonné le résultat de ses nombreuses investiga- 


{ Mémoire sur les animaux sans vertèbres. Paris, 1816. 
2? Sur la structure du thorax des insectes (Académie des sciences, 15 mai 1820); Annales 
des sciences naturelles, t. I. 
4 


26 RECHERCHES 


lions. Audouin ne désespérait pas de reconstruire la têle des articulés en 
segments rattachés à leurs appendices relatifs. 

Tous les organes formant un prolongement de segment sont compris sous 
le nom d'appendices, depuis les premières antennes jusqu'aux appendices 
abdominaux et sexuels. Ce n’est que de l'accroissement semblable ou dissem- 
blable des segments, de la réunion ou de la division des pièces qui les com- 
posent, du maximum de développement des uns, de l'état rudimentaire des 
autres, que dépendent toutes les différences qui se remarquent dans la série 
des animaux articulés. 

Audouin et Savigny ont le mérite d’avoir jeté les fondements de cette 
partie de l'anatomie. 

Dans son Æistoire naturelle des crustacés, M. Milne Edwards a traité cette 
même question avec la hauteur de vue qui lui est habituelle : le savant pro- 
fesseur du Muséum y parle de la composition anatomique du squelette tégu- 
mentaire , de la portion annulaire comme de la portion appendiculaire, et met 
en relief tout ce qui est définitivement acquis à la science. L'organisation du 
squelette tégumentaire des crustacés est effectuée d’après un plan uniforme, 
ou du moins beaucoup plus uniforme qu'on ne laurait pensé avant d'en 
avoir fait une étude approfondie et comparative !. 

Chaque appendice, au fond, se compose d'une tige, d'une palpe et d'un 
fouet : la tige est la partie principale. Ces parties sont quelquefois réunies, 
même à l'état adulte, soit autour de la bouche, soit aux organes sexuels ; 
mais le plus souvent il n’y en a qu'une ou deux qui persistent. La dernière 
patte thoracique des mysis porte, en dehors de la tige, ou la patte ou le 
fouet, et en dedans, la palpe , sous la forme d’une lame qui constitue avec les 
palpes voisines la poche incubatrice. 

Dans un travail spécial, le savant professeur du Muséum à repris, dans 
ces derniers temps, ce même sujet pour les crustacés, et propose un système 
de nomenclature qui ne peut que rendre les descriptions plus intelligibles 
et surtout plus laconiques ?. 


list. nat. des crustacés, vol. 1, p- 0. 


? Milne Edwards, Observations sur le squelelte téquim. des crustac. décapodes, AN. sc. 
NATUR., VOÏ. XVI, p. 221; 1851. 


SUR LES CRUSTACES. 


ho 
ST 


La carapace n’est plus considérée dans ce travail comme les pièces tergales 
d'un seul anneau antennaire où mandibulaire, mais plutôt comme la réu- 
nion de deux arceaux tergaux, dépendants du troisième et du quatrième 
anneau de la tête, et la portion thoracique du corps se compose normale- 
ment de sept segments ou somites, qui portent, selon leur place, le nom de 
protosomite, deutosomite, mésosomile , tétrosomite , etc. 

La portion abdominale des décapodes se compose, comme le thorax, 
également de sept somites. 

Les antennes, les pièces de la bouche ou les pattes étant tous appen- 
dices homologues, sont formées de pièces qui se correspondent, et, si les 
articles des antennes sont nommés, à commencer par la base, coxocérithe, 
basicérithe , ischiocérithe, mérocérithe, carpocérithe et procérithe, les ap- 
pendices de la bouche sont formés de coxognathite, basognathite, ischio- 
gnathite, mérognathite, carpognathite; prognathite et dactylognathite, où 
de coxopodite, basopodite , ischiopodite, méropodite, carpopodite ; propo- 
dite et dactylopodite , S'il s'agit des pattes. 

Chaque pièce de ce squelette est comparée à un os, et chaque os a recu 
un nom distinct. 

Un savant entomologiste de Berlin, que la zoologie à eu le malheur de 
perdre bien jeune, Erichson, s’est aussi occupé de cette question. Sa théorie 
est fort simple et assez satisfaisante au premier abord. Les insectes forment 
son point de départ. Il admet la lèvre inférieure comme une paire d’appen- 
dices soudés, et par conséquent les insectes portent régulièrement six paires 
d'appendices, trois à la bouche et trois au thorax. Les arachnides en montrent, 
d’après lui, le même nombre; mais la lèvre inférieure avec sa palpe devient 
pate, ce qui élève ces organes au nombre de quatre paires. Les crustacés 
décapodes montrent les six paires des insectes et des arachnides en même 
temps à la bouche, sous le nom de mandibules, de mâchoires et de preds- 
mâchoires , etles pattes de ces articulés, comme leurs fausses pattes, sont des 
appendices nouveaux qui n'existent pas chez les premiers. Nous ferons re- 
marquer en passant que les pièces de la bouche paraissent simultanément 
avec les pattes thoraciques, sous la même forme, dans les mêmes conditions , 
avec les mêmes caractères, et qu'il est difficile de faire de ces appendices 


28 RECHERCHES 


deux catégories distinctes, Dans les crustacés édriophthalmes, deux paires de 
pattes-mâchoires se transforment en pattes véritables, et, au lieu de cinq 
paires, ils en ont sept. Voilà en quelques mots la théorie d’Erichson, qui ne 
s'éloigne guère de celle de Savigny. 

Selon Zenker !, ee n'est ni la nature, ni la fonction des appendices qui font 
connaitre leur homologie: il faut la chercher dans leur origine et dans leurs 
dispositions anatomiques. Il trouve trois points fixes dans l’économie de ces 
animaux : les yeux , la bouche et l'anus. Les appendices qui naissent entre les 
veux et la bouche sont les antennes, ceux qui naissent entre la bouche et l'anus 
s'appellent mandibules, mâchoires, pattes fausses, pattes incubatrices , ra- 
mes, ele. Is sont done tous sur la même ligne. Les antennes tirent leurs nerfs 
des ganglions sus-æsophagiens, et, comme les mandibules et les màchoires des 
arachnides, reçoivent leurs nerfs de cette même souche : ces appendices sont 
des antennes, comme on lavait déjà dit, du reste. De cette manière les arach- 
nides n'ont que quatre paires d’appendices en dehors des antennes. Zenker 
admet ainsi quinze segments dans le corps des articulés , et, à ses veux, il v 
a quinze paires d’appendices dans les crustacés malacostracés, c’est-à-dire 
six paires de pièces de la bouche, cinq paires de pièces thoraciques ou pattes 
et quatre (sic) paires de pattes abdominales ( After Füsse ). 

Nous verrons qu'il existe une succession dans l'apparition de ces pièces, 
que l'on peut prendre cette succession comme base d’une division, et que 
le nombre quinze ne correspond évidemment pas au nombre de segments 
des crustacés supérieurs. Nous comptons cinq paires d’appendices à labdo- 
men comme au thorax , une paire à la queue, et le nombre normal est, pour 
M. Milne Edwards comme pour nous, vingt et un. 

D'après Agassiz, les régions du corps se divisent par trois ou son multiple 
chez les crustacés. Ainsi, chez l'écrevisse , il compte trois parties pour la 
bouche, six pour la tête, six pour le thorax et neuf pour la queue ?. 

Quelques naturalistes anglais ont traité ce même sujet avec une véritable 
distinction : ce sont surtout MM. Spence Bate et Thomas Huxley 5. 

! Troschels’ Archiv, 1854, p. 118. 
? Proceed. Amer. Assoc. adv. se., 4 meel., p. 122. New-Haven; 1851. 


Spence Bate, Ann. nat. histor., p. 152, 1857, et Thomas Huxley, On the agamic reproduc- 
tion and morphology of Aphis, Transacr. LINNEAN Soc., vol. XXIT, p. 198: 1858. 


SUR LES CRUSTACÉS. 29 


D'après ces savants distingués, chaque crustacé normal comprend vingt 
segments ou somites, et la tête du crustacé, comme celle de l’insecte, est 
formée de six somites unis par coalescence. La carapace des podophthalmes 
est formée de six somites céphaliques et de huit thoraciques, de sorte que 
quatorze éléments sont unis par coalescence. Les yeux, qu'ils soient sessiles 
ou non, ont leur somite, et, en accordant huit segments au thorax et six à 
l'abdomen, on obtient le nombre de vingt somites. 

Ce nombre vingt se trouve même dans beaucoup d'insectes, d'après 
M. Thomas Huxlev, en admettant six segments dans la tête, trois dans le 
thorax et onze dans l'abdomen. 

I n’y à que les branchiopodes et les trilobites qui en aient davantage. 

Dans les crustacés, la carapace est formée évidemment d’un nombre de 
pièces variables, même dans les podophthalmes , et, selon le savant professeur 
de l'École des mines, les podophthalmes en général ont une carapace de qua- 
torze somites , les mysis de douze ou treize, les eumas de neuf et les squilles 
de quatre seulement. 

Sur le nombre total de somites , on est donc à peu près d'accord, quand il 
s'agit des crustacés les plus élevés, mais les divergences deviennent grandes 
du moment qu'on analyse les crustacés inférieurs ou les classes voisines. 

Ce nombre vingt, admis par ces naturalistes au lieu de vingt et un, pro- 
vient de ce que le telson n’est pas compté par eux comme un somite distinet. 
La carapace se terminant en avant par un rostre, ils pensent que le seg- 
ment caudal se prolonge en arrière en telson. 

Ce n'est pas notre avis : le telson correspond à un somite véritable, quoi- 
qu'il n'ait jamais d’appendice et, dès le principe, il est distinet. 

Passons en revue les divers appendices des mysis, en tenant compte sur- 
tout de leur situation, de leur développement et des divers éléments qui les 
constituent. 


La première paire d’appendices, à commencer d'avant en arrière, com- 
prend les appendices ophthalmiques, qui portent les veux. HIS sont toujours 
formés de deux pièces ou sclérodermites , le basophthalmite et le podophthal- 
mite , d’après le système de nomenclature proposé par Milne Edwards. 


50 RECHERCHES 


On pourrait leur donner le nom de podophthalme. 

Dans l’ordre d'évolution embryonnaire, ces pédicules oculaires ne se dé- 
veloppent qu'après les appendices gnatho-thoraciques et après que la pre- 
miére mue s'est complétement effectuée. 

Chez les homards, ces appendices font leur apparition plus tôt que chez les 
mysis, et on les voit surgir en même temps que les antennes. 

Le genre Podopsis est remarquable par l'extrême développement en lon- 
sueur du podophthalmite , c’est-à-dire du second article qui porte Fœil com- 
pose. 

Les deux paires d'antennes se développent simultanément et sont toujours 
les premiers appendices dans l'ordre de leur apparition. Is ont déjà une 
certaine longueur, qu'on ne voit point encore surgir les premiers tubercules 
des appendices gnatho-thoraciques futurs. 

Ils sont tous les deux d’abord simples, c’est-à-dire ne consistant que dans 
une tige unique , et ne deviennent bifides qu'après la première mue. 

Les antennules des HMysis chameleo adultes sont formées d’un pédieule 
composé de trois articles parfaitement distinets et mobiles : le coxocératite , 
le basocératite et l'ischiocératite, et e’est le basocératite qui est le plus large. 
L'ischiocérithe porte à son extrémité deux tigelles d’une longueur égale, 
multi-articulées , les procérithes de Milne Edwards ; ces procérithes atteignent 
à peu près le double de la longueur de la tigelle des antennes véritables. 
La tigelle interne se fait remarquer d’abord parce que, seule, elle se couvre 
de taches de pigment, et qu’ensuite elle ne montre sur son trajet que de 
ioutes petites soies qui ne rappellent aucunement la disposition pectinée de 
l’autre procérithe ; à la base de cet organe naissent plusieurs soies pennées el 
courtes , ainsi qu’à la base du basocératite. 

Le procérite externe se fait remarquer par une longue rangée de soies, 
placées avec la plus parfaite régularité et qui sont alignées, comme les 
denis d’un peigne, sur le bord antérieur , dans presque toute sa longueur : 
ce sont des soies fort roides, recourbées en avant et en haut, et constituant 
une sorte de barrage le long de cet organe. 

Ces deux tigelles ou procérithes ont à peu près le même diamètre et pré- 
sentent les mêmes articulations dans toute leur longueur. 


SUR LES CRUSTACÉS. 51 


Les mâles portent au bout de lischiocérithe , outre les deux procérithes . 
une lamelle terminale hérissée de fortes soies et qui mériterait bien un nom 
particulier. 

La seconde paire d'antennes , ou les antennes proprement dites, est com- 
posée d’abord d’un coxocérithe assez volumineux , qui porte en dedans une 
üigelle montrant trois articles distincts à sa base; cette tigelle est multiar- 
ticulée, couverte de soies très-fines, semblables aux deux tigelles des anten- 
nules; en dehors, le même coxocérithe porte une lame très-large et solide, 
tronquée obliquement au bout, couverte de taches de pigment et garnie sur 
tout son bord interne, mais seulement sur ce bord depuis la base jusqu'au 
sommet, de soies pennées, roides et fortes qui en font un véritable treillage. 
Au bout de cette rangée de soies, on aperçoit une épine assez forte, et le 
bord externe est uni. 

Pendant la natation, ces antennes sont déployées de façon qu'il v a tou- 
jours deux procérithes étendus, placés dans l'axe du corps, et deux autres 
pliés transversalement de chaque côté, à quelque distance l'un de l'autre, 
formant un angle droit avec les premiers, de manière à servir d'éclaireurs 
dans un rayon assez étendu. Chaque poste est doublé. I y à deux filaments 
explorateurs en avant, autant à droite et à gauche, sans compter les lamelles 
des antennes véritables, qui préservent la tête; mais les filaments groupés 
ensemble n’ont jamais la même origine. L’exploration se fait ainsi à une 
grande distance du corps, aussi bien en avant que sur le côté, et les senti- 
nelles sont placées de telle sorte, qu'ils peuvent explorer un vaste rayon en 
demi-cercle au-devant de l'animal. 

Il est même à remarquer que les procérithes plumeuses des antennes des 
podopsis logent toujours un organe opaque, que l'on ne peut s’empécher de 
considérer comme un organe de sens, d'autant plus qu'on en à signalé de 
semblables dans d’autres crustacés. Si, comme nous le supposons, le sens de 
lolfaction réside dans ces lamelles, les appareils qui veillent le plus eflicace- 
ment à la conservation sont portés tous les deux au bout d'une même tige. 

La bouche est limitée en dessus par une pièce médiane ou sclérodermite 
isolé, qui porte en avant, sur la ligne médiane, un tubereule semblable à un 
goupillon couvert de soies courtes et roides. 


52 RECHERCHES 


Les mandibules ou les protognathes, d’après la même nomenclature, sont 
remarquables par leur solidité autant que par la singularité des dents qui 
hérissent la surface libre. Les deux mandibules agissent l'une sur l'autre, 
non comme des dents à couronne aplatie, mais plutôt comme des molaires 
à tubercules épineux. Ces tubercules sont uniques et légèrement courbés, 
du moins les antérieurs ; les autres, qui sont placés en dessous, ont une 
forme différente et ont leur bord dentelé. 

Chaque mandibule est garnie d’une palpe ou d’un exognathe , composé de 
trois articles distincts, dont le médian est le plus volumineux. L'article ter- 
minal est arrondi au bout. Ces deux pièces sont couvertes de soies entremé- 
lées d'épines. 

Les protognathes forment bien un somite distinct, puisque nous les voyons 
armés d’un véritable appendice. Quand même les mandibules dépendraient 
des voies digestives , comme les plaques de l'estomac , il n’y aurait pas moins 
un somile propre. 

Nous avons représenté quelques-unes des soies et quelques-uns des pi- 
quants qui hérissent les pièces de la bouche, ainsi qu'une soie plumeuse. 

Les deutognathes , où les premières mâchoires, recouvrent complétement 
les mandibules, tout en ne prenant pas une grande extension; plusieurs 
sclérodermites entrent dans leur composition. On pourrait bien trouver l'en- 
dognathe, Vexognathe et même l'épignathe, mais aucun d'eux ne prend de 
l'importance. Le selérodermite, le plus important de ces mâchoires, est un 
article terminal , légèrement renflé vers le milieu, et dont le bord libre est 
garni d'une couronne de crochets. Il y a des semences qui lui ressemblent. 
On trouve les divers articles garnis de fortes soies de différente forme. 

La seconde paire de màchoires, ou les itognathes, ne diffère que médio- 
crement de la précédente ; elle la recouvre complétement; il est indispen- 
sable de les isoler si on veut les reconnaitre. 

On peut distinguer toutefois un endognathe dont la pièce terminale est 
bordée de soies pennées; l'appendice médian est formé de deux articles, 
dont le dernier est garni non-seulement de soies, mais d’épines dentelées 
sur le bord comme la scie d’un Préstis. Enfin, en dedans, trois ou quatre 
sclérodermites, hérissés également , forment la bordure de la bouche. 

Les autres appendices qui suivent portent tous, comme les pattes tho- 


SUR LES CRUSTACÉS. 


O1 
O1 


raciques véritables, une tigelle multi-articulée très-soyeuse, et il n'existe pas 
de ligne de démarcation entre les pattes proprement dites et les gnathopodes ou 
pattes-màchoires : c’est à cause de cela que les opinions des auteurs ne s’ac- 
cordent même pas sur le nombre de pattes que portent les mysis. 

Continuons simplement notre description , sans nous arrêter à cette diver- 
gence d'opinions. 

La première paire de pattes-mâchoires, ou le {étragnathe, présente, entre 
les deux appendices paires, une barre qui clôt l'orifice de la bouche de ce 
côté et qui représente la lèvre inférieure. Ce tétragnathe est formé dun 
endognathe véritable , composé de quatre ou einq articles à peu près également 
développés et qui sont tous hérissés de piquants, surtout le dernier; d’un 
talon en dedans, bordé également de fortes soies, et, en dehors, d'un 
exognathe, sous la forme d’une tigelle multi-articulée, ayant pour coxagna- 
thite une pièce assez forte et comparativement très-large. La tigelle est 
garnie, avec beaucoup de régularité et dans un ordre parfait, de soies plu- 
meuses qui s’étalent dans toute la longueur. 

La seconde paire de pattes-màchoires, en envisageant ces appendices au 
point de vue des décapodes ordinaires, c'est-à-dire les gnathopodes ou les 
pemptagnathes, ressemble beaucoup à la paire précédente, et n’en diffère 
même que par un développement un peu plus grand des articles. Ces pemp- 
lagnathes montrent également : un talon en dedans, un erdognathe formé 
de cinq articles, tous un peu plus longs que dans l’'endognathe précédent, mais 
comme eux tous sélifères , surtout le dernier ; enfin un exognathe, dans le- 
quel on compte quinze pièces à soies plumeuses, porté sur un coxagnathe 
solide. 

La paire suivante, c’est-à-dire l'hectognathe, présente une’ modification 
qui n’est pas sans importance, puisque, en s’éloignant des autres pièces de 
la bouche, elle prend tous les caractères d’une patte thoracique véritable. 
Au bout de deux articles qui se suivent, on voit, en dedans, la patte pro- 
prement dite, comme dans les cinq paires de pattes véritables, et, en de- 
hors, une tigelle multiarticulée, un exognathe semblable à celui qui garnit 
les deux paires précédentes, aussi bien que les suivantes. 

Viennent maintenant les cinq paires de pattes proprement dites, qui ont 


L 


) 


54 RECHERCHES 


valu aux crustacés qui les portent le nom de décapodes ou de crustacés su- 
périeurs. Dans les mysis, ces pattes sont toutes doubles ; elles sont formées 
d'un endopode et d'un exopode et représentent la forme embryonnaire des 
homards à la sortie de l'œuf. 

Chaque endopode, indépendamment d’un coxopodite fort court, d'un 
basopodite et d'un ischiopodite assez longs, est formé de plusieurs articles 
d'une importance à peu près égale et qui, au nombre de sept, semblent 
former le tarse. Au lieu de sept, on n’en voit que quatre dans les deux der- 
nières pattes, et cinq ou six dans les autres. Chaque article est entouré de 
soies formant un verticille autour de lui. 

Les exopodes, consistant partout en une longue tigelle multiarticulée , 
sont garnis de soies plumeuses fort longues sur toute leur étendue. Ces ap- 
pendices se meuvent dans l’eau avec une rapidité extrême, et ils la font 
tourbillonner avec force, quand ils mettent ces organes en mouvement : ce 
sont exactement les roues d’un steamer. Hs servent surtout de nageoires pour 
la nage; mais quand le corps est en repos, ils viennent au secours de Ja 
respiration, comme un ventilateur qui change leur air liquide. Ce ne sont 
pas des branchies véritables comme on l'a supposé, puisque leur intérieur ne 
se trouve pas dans le courant qui mène le sang au cœur. La cireulation S'y 
effectue seulement comme dans tous les autres appendices. Les deux ou trois 
premières paires sont habituellement couchées sur le céphalothorax d'avant 
en arrière, se meuvent de manière à balayer la carapace et établissent un 
courant régulier dans le milieu ambiant. 

Combien y a-t-il maintenant de pattes proprement dites dans ces animaux ? 
Faut-il en admettre cinq, six ou huit ? 

On pourræ répondre diversement à ces questions ; mais c’est précisément 
à cause de cela qu'il faudrait partir d’un principe. Ce n’est pas la forme qui 
peut servir de guide; car le scorpion, avec ses palpes en pince, serait un 
décapode; ce n’est pas non plus la fonction, puisque les mêmes pièces en 
changent constamment. Serait-ce donc le développement? Mais nous voyons 
les appendices de la bouche, sauf les mandibules , surgir tous simultanément 
sous la même forme , avec ceux du thorax, et se différencier seulement dans 
le cours de l'évolution. Ne faudrait-il pas considérer comme homologues et 


SUR LES CRUSTACÉS. 55 


désigner sous le même nom tous ceux qui présentent les mêmes caractères 
embryogéniques ? Nous voyons cinq apparitions successives d’appendices 
chez les mysis : l’antennulaire, lophthalmique , la céphalothoracique , la cau- 
dale et abdominale. I n’y à que la formation céphalothoracique qui pré- 
sente des difficultés, puisque, dans les autres, il Y a une véritable succession. 

Il faut nécessairement considérer les mysis au milieu de leurs congénères , 
les décapodes , question sur laquelle il ne peut y avoir de doute, et, si les 
décapodes ont en général cinq paires de pièces à la bouche et cinq paires au 
thorax, c’est-à-dire cinq gnathopodes et cinq péréiopodes, il faut en admettre 
le même nombre dans les mysis. Il y a trois paires de gnathopodes qui pren- 
nent l'aspect de pattes , et, quoiqu'il y ait six paires de pattes exactement sem- 
blables, on ne doit cependant en compter que cinq. C'est d'après cette 
ressemblance totale que beaucoup d'auteurs accordent six paires de pattes à 
ces articulés, mais il faudrait alors admettre aussi cinq paires de pattes dans 
les scorpions. Thompson dit que les mysis sont des schizopodes ou fissipèdes 
à cause de leurs pieds, et comme le nombre est de huit de chaque côté, 
ajoute-t-il, et que tous sont doubles, il en compte seize destinés à la préhen- 
sion et les seize autres à la nage. 

Ainsi on doit, si nous ne nous trompons, accorder cinq paires de pattes 
aux mysis comme à tous les décapodes, et considérer les trois paires de 
pieds-màchoires comme prenant la forme de pattes. 

Avant de quitter ces appendices , nous avons à mentionner les deux der- 
nières paires, à cause des feuillets membraneux qu'ils fournissent pour former 
la poche d’incubation. Ces feuillets correspondent sans doute aux épipodes. 

Chaque épipode s’élargit, prend la forme d'une feuille dont les bords s'é- 
lèvent et se garnissent tout autour de longues soies plumeuses formant 
une véritable galerie. Les deux feuillets de chaque côté s'adaptent de ma- 
nière à ne former avec ceux du côté opposé qu'une seule poche, qui 
ressemble à une nacelle suspendue sous le thorax et dont les bords sont garnis 
tout autour d’un filet, comme on en voit le long du bastingage des steamer. 

C'est dans cette nacelle suspendue que les œufs sont déposés, et, comme 
les embryons y subissent leur évolution complète, iln’est pas sans importance 
de garnir les bords de ce nid d’un filet, pour que la progéniture ne soit pas 


36 RECHERCHES 


lancée par-dessus le bord au premier bond que fait la mère en prenant la 
fuite. Les mouvements de ces crustacés sont en effet si brusques et si dés- 
ordonnés que, sans quelque précaution, cette progéniture atteindrait difi- 
cilement le terme de son évolution. Grâce à ce filet de soies plumeuses, 
l'eau peut se renouveler constamment dans l'intérieur, et les embryons 
y subir leur mue, sans cesser de recevoir en abondance l'oxygène et la 
pature. 

Ces feuillets se flétrissent-ils après l'époque de l’incubation ? Nous le sup- 
posons. On ne trouve pas de femelles avec la poche vide, et les crustacés 
évidemment n'’atteignent pas, comme les insectes, le terme de la vie avec 
l'époque des amours. Ils continuent même longtemps encore à croître , puis- 
qu'on voit souvent des femelles couver déjà des œufs avant d’avoir atteint 
la taille ordinaire. Dans les crustacés, la ponte n’est pas du tout un indice que 
l'animal ne croit plus. 

Nous avons trouvé jusqu'à quarante-six embryons dans une seule poche, 
tous au même degré de développement et non loin d'être mis en liberté. 
A voir la capacité de cette poche, on ne se douterait pas que ces quarante-six 
jeunes mysis aient pu se loger dans un espace en apparence si étroit. 

Sous ce rapport, ces jolis crustacés diffèrent notablement des décapodes 
en général. Les œufs, au lieu d’être attachés les uns aux autres ou collés 
aux appendices abdominaux , sont au contraire déposés librement dans la 
bourse thoracique, absolument comme des œufs d'oiseaux dans leur nid. 

Nous venons de passer en revue les appendices qui dépendent de la tête et 
du thorax ; nous en avons trouvé quatre pour les organes de sens , cinq pour 
la bouche et cinq pour le thorax, et comme chacun de ces appendices dé- 
pend d'un somite, le nombre de ceux-ci est de quatorze à la région céphalo- 
thoracique : c’est aussi ce nombre qui concourt à la formation de la carapace 
des mysis. 

L'abdomen se compose de sept somites parfaitement séparés, dont les 
six premiers sont semblables entre eux et dont le dernier, le telson, termi- 
nant le corps en arrière, affecte une forme particulière. 

Cinq somites appartiennent à la région abdominale et deux à la région 
caudale. 


SUR LES CRUSTACÉS. 57 


Tous ces segments portent leur appendice propre, leur pléopode ou leur 
uropode, sauf le dernier, le telson. 

Les cinq premiers ont de commun d'être couverts de soies plumeuses ou 
pennées dans une partie plus ou moins grande de leur étendue, chez les mâles 
comme chez les femelles. 

La première paire a la forme d’une rame courte et assez large; elle est 
composée d’une seule pièce, garnie sur tout son bord externe de soies plu- 
meuses au nombre d'une vingtaine. 

La deuxième paire est un peu plus longue et moins large; elle porte du 
même côté vingt-sept soies plumeuses d’une longueur à peu près égale. 

La troisième paire est biramée; elle se compose d’un article basilaire et 
de deux articles terminaux, dont lun a plus du double de la longueur de 
l'autre. La portion basilaire a la longueur de l’article le plus court. Les 
soies garnissent les deux bords des appendices. 

La quatrième paire diffère considérablement dans les deux sexes : par sa 
longueur, sa composition et son usage, il s'éloigne de tous les autres. Il est 
biramée chez le màle comme l’appendice de la troisième paire, mais il dé- 
passe en arrière, quand il est étendu, la pointe de l'appendice caudal. 
L'article basilaire très-court est suivi d’un second article unique, plus long 
et assez fort, qui supporte, comme dans les pléopodes précédents, outre deux 
articles pennés placés bout à bout, une patte longue et étroite quinqué-arti- 
ticulé, dont la dernière pièce, la plus longue, porte, vers la pointe, des 
aspérités nombreuses et petites formant des tours de spire. Le sommet de 
l’article terminal est légèrement renflé, et la surface en est lisse ; les aspé- 
rités disparaissent ainsi à une certaine distance de l'extrémité libre. 

Dans la Mysis vulgaris, cet appendice mâle a une tout autre conforma- 
tion : des soies plumeuses assez longues et sur un rang garnissent un des 
bords du long article, et au bout, au lieu d’une pièce terminale unique , il y 
en à deux de longueur égale, dentelées légèrement sur le bord et disposées 
en pince. 

La cinquième paire est formée de deux pièces d'une longueur égale, 
placées bout à bout et garnies de scies plumeuses sur toute leur longueur. 

Voilà pour les appendices abdominaux. 


58 RECHERCHES 


La sixième paire, ou plutôt la première paire caudale , puisqu'elle appartient 
à la catégorie des appendices caudaux, appendices qu'on pourrait appeler 
uropodes , est formée de deux larges rames qui prennent un grand déve- 
loppement en largeur, dépassent en longueur le somite dont elles procèdent, 
et constituent la partie latérale de la nageoire caudale ou l'éventail de la 
queue. Elles sont bordées de soies plumeuses de deux côtés et jouissent 
d'une mobilité fort grande. La rame externe est un peu plus longue et plus 
large que l’interne. 

C'est dans la rame interne que se trouve l'otolithe , que l'on distingue fort 
bien à l'extérieur. 

Ces soies plumeuses sont très-longues et, pour les tenir en respect , il y à, 
de distance en distance, vers le milieu, des piquets ou tuteurs droits et 
roides, sur lesquels elles s'appuient. Nous n'avons pas vu de ces piquets 
sur les pièces latérales. 

C'est dans ce somile que s'ouvre l’orifice anal. 

Le septième somite ou le dernier segment , le £el/son, fait la partie moyenne 
de la nageoire caudale et termine le corps en arrière. Il est échancré au 
bout, un peu plus large à la base qu’au sommet, et porte sur le côté une 
rangée de dents également espacées, à l'exception des deux dernières. La 
forme de ce dernier somite , surtout sa pointe, fournit d'excellents caractères 
pour distinguer les espèces entre elles. Quelques naturalistes ne regardent 
ce telson que comme une dépendance du somite précédent. 

Nous trouvons donc, d’après les appendices, vingt somites dans ces crus- 
tacés ou vingt et un plutôt, puisque nous devons y comprendre le felson. 

Ce nombre est celui des crustacés décapodes. 

Ce qui nous frappe ici, c’est que ces somiles, qui ne sont autre chose que 
les vertèbres des animaux supérieurs, montreraient une régularité si grande 
dans lembranchement qui nous occupe et, au contraire, une variété extraor- 
dinaire dans les poissons comme dans les autres classes de vertébrés. Le 
nombre de vertèbres varie dans les ordres ou même dans les familles natu- 
relles, et si, dans certaines classes, on trouve quelque chose de constant , 
c'est le nombre de vertèbres de certaines régions , comme la région cervicale 
des mammifères et la région caudale des oiseaux. 


SUR LES CRUSTACÉS. 59 


Du reste, dans la classe des insectes même , classe si uniformément ré- 
gulière , si la région céphalique et la région thoracique présentent une com- 
position identique sous le rapport des somites, il n’en est pas de même de 
la région abdominale, puisque, d’après Huxley, on en compte onze dans 
quelques ordres et neuf dans le plus grand nombre. 


Plusieurs auteurs se sont déjà occupés, à diverses reprises , de l'oreille des 
crustacés !. On ne trouve pas de traces d'oreille à la base des antennes des 
mysis, comme dans les autres crustacés décapodes; mais M. Leuckart à 
observé une capsule dans l’intérieur de l’appendice caudal wropode, qu'il 
compare à une oreille interne. Nous partageons cet avis de notre ami Leuc- 
kart : nous avons trouvé cet organe toujours à la même place dans toutes les 
espèces de mysis, ainsi que dans le genre Podopsis. 

Kroyer a étudié également cet organe singulier de l'appendice caudal des 
mysis, et il a même vu un nerf, qu'il considère comme auditif, sortir du der- 
nier ganglion abdominal, puis aller se perdre sur cet otolithe. Le savant 
naturaliste de Copenhague considère done aussi cet organe comme remplis- 
sant les fonctions d'oreille. 

On voit que cet organe de sens est formé d’une capsule contenant, au centre, 
un otolithe, et, si on laisse dessécher d’abord cet appendice auriculaire, qu’on 
l’humecte après et qu’on mette la capsule en liberté, ce qui est très-facile , 
on voit, au grossissement de quatre-vingts à cent fois, le contenu de la cap- 
sule affecter exactement l'aspect d’une géode en agate montrant une régu- 
larité extrême dans la juxtaposition des couches : c’est absolument une de 
ces pierres siliceuses polies, enchâssée dans un chaton comme un bijou. On 
voit, au centre, des granulations , puis, par couches concentriques, des lignes 
d'épaisseur variable. La comparaison que nous venons de faire avec une 
géode est on ne peut plus exacte. 

Dans la Mysis vulgaris, cet otolithe présente les mêmes couches con- 
centriques et montre, de plus, quelques tubercules de différentes gran- 


1 Leuckart, Troschel’s Archiv., 1853, 1, p. 255. — Huxley, Note sur les organes auditifs 
des crustacés, Anx. sc. nar., vol. XV, p. 255, 5° sér., 1851. — Kroyer, Genre SEGESTES, 
Det Kongelig Danske Selskabs Skriften , p. T1, 1856. 


40 RECHERCHES 


deurs disposés en cercle, mais plus gros que Leuckart ne les à figurés. 

La preuve que c’est une oreille manque; mais nous dirons avec Leuc- 
kart que la situation à l'extrémité postérieure du corps n’est pas une preuve 
du contraire, puisque d’autres organes de sens, non moins importants que 
l'oreille, se trouvent quelquefois aux deux extrémités du corps. Ne savons- 
nous pas depuis bien longtemps que les Amphicora sabella, quoi qu'en ait dit 
Ose. Schmidt, portent les yeux à l'extrémité caudale, et que les Polyoph- 
thalmes de M. de Quatrefages ont des yeux sur chaque segment du corps? 
Il est vrai, ce sont des vers, mais il nous suffit de faire remarquer qu'en 
dehors des animaux supérieurs, les yeux comme les oreilles peuvent se loger 
aussi bien dans la queue que dans la tête !. 

Külliker parle d’un ver , le Branchiomma Dalyelli, de la famille des serpules, 
qui porte sur les bras du panache, autour de la bouche, de dix-huit à vingt 
paires d'yeux composés que protégent des couvereles pendant leur retraite *?. 

Du reste, ne voit-on pas, chez les mollusques acéphales, l'oreille se loger 
également à une extrémité du corps qui n’est pas la tête? Il est vrai, ces oto- 
lithes se sont déplacés ici avec les ganglions sous-œæsophagiens. Mais ne 
voyons-nous pas aussi, dans les mêmes acéphales , les peignes, par exemple, 
les yeux se placer aussi loin que possible de la région céphalique et garnir 
le bord libre du manteau ? 

Cet otolithe des mysis n’est pas le même dans les diverses espèces, et il 
nous à paru aussi proportionnellement plus grand dans le Podopsis. 

Dans ce dernier crustacé, nous croyons avoir vu , comme Krovyer, les filets 
nerveux du dernier ganglion se perdre sur lotolithe. 

Un appareil olfactif d’une extrême simplicité est logé dans les procérithes 
plumeux des antennes , etse montre surtout dans les Podopsis. Nous en avons 
fait mention plus haut en parlant de ce genre. 


On peut voir tout le tube digestif à travers les parois du corps comme des 


{ M. Léon Dufour a considéré, dans un travail récent (Comptes rendus de l’Acad. des se., 
15 août 1860, p. 252), le bouton abrupte qui termine les antennes de l'Ascalafus meridio- 
nalis, comme siége à la fois de l’ouïe et de l’odorat. 

2? Amntlicher Bericht uber die 54 Versamm. Deutsch. Naturf. und Artze in Carlsruhe, 
p. 218. Carlsruhe, 1859. 


SUR LES CRUSTACÉS. A 


muscles, et l'estomac forme presque toujours, à cause de son contenu sur- 
tout, une tache noire vers la partie antérieure du céphalotorax. 

L'estomac, membraneux et en forme de ballon, est généralement tapissé, 
chez les décapodes, de plaques calcaires parfaitement ajustées et qui, en se 
rapprochant, broient avec facilité tout corps qui est pris dans cet étau. L’esto- 
mac des mysis fait exception : au lieu de plaques calcaires, on voit, dans leur 
intérieur, des cadres en chitine , hérissés de pointes comme des chevaux de 
frise et qui couvrent toute la surface interne. C’est une chambre dans la- 
quelle la voûte, le plancher et les parois des murs sont littéralement cou- 
verts d'instruments de supplice. Nous aurons bien de la peine à donner une 
idée, soit par une figure, soit par une description , de ce singulier vestibule 
de l'appareil nutritif. 

Plusieurs auteurs ont déjà parlé du canal digestif des mysis, mais on est 
loin de se douter, d’après ces descriptions, de la singulière conformation de 
leur estomac. Nous avons été émerveillé à la vue de ces milliers de piquets, 
de brosses, de dents, de scies et de soies dont la surface interne est tapissée. 
H n'y a pas d’arsenal qui renferme des armes aussi redoutablement variées 
et qui soient disposées dans un ordre aussi parfait. 

Un tube membraneux assez court et large, transparent comme du verre, 
représente lœsophage, qui s'élève perpendiculairement de la bouche dans 
l'estomac. 

L'estomac est petit, globuleux, à parois également minces et comme 
vitrées; placé sur le côté, il se divise en deux compartiments, et montre 
au milieu un appareil de mastication de l'aspect le plus bizarre. 

Cet appareil de mastication consiste, comme nous venons de le dire, 
dans un cadre chitineux qui remplit, de chaque côté, la cavité de l'estomac 
et dont les bords se touchent sur la ligne médiane dans presque toute la 
largeur, Les bords externes soutiennent les parois de la cavité digestive. 

Les bords internes, qui se rapprochent en arrière un peu plus qu'en avant, 
sont garnis d’une palissade de soies serrées et roides, qui font l'effet d’un 
peigne dont les dents seraient attachées par le moyen d'articulations. En 
arrière, des soies se multiplient tellement que le passage en est littéralement 
obstrué. Le bord postérieur se couvre d'instruments que l’on peut comparer à 

6 


CS 
NO 


2 RECHERCHES 


des casse-tête : ce sont des tiges droites, aussi larges à la base qu'au sommet 
et qui montrent, à leur extrémité libre, quatre ou cinq dents qui la couronnent. 
Quelques-uns des plus longs ont leur tige entièrement lisse, mais la plupart 
ont des piquants sur la longueur comme au sommet. Les piquants qui sont 
situés sur l'angle postérieur externe du cadre sont les plus longs : c’est un 
autre genre de palissade à jour et dont chaque pièce peut agir sur celle du 
côté opposé. Ces instruments diminuent en longueur et en force sur le bord 
antérieur du cadre. Les parois, qui sont plus ou moins tendues vers le milieu, 
sont couvertes de petites soies fines dont la pointe est dirigée du même côté 
que les palissades : on dirait une carde. 

En avant sur la ligne médiane, entre les deux cadres, on voit une sorte 
de languette disposée avec symétrie, pointue en avant et hérissée de petites 
soies comme une brosse. 

Au-devant des cadres et à l'entrée de la cavité de l’estomac, on voit deux for- 
tes dents hérissées d’une dizaine de pointes épineuses qui s'adaptent ou se ser- 
vent réciproquement de point d'appui pour défendre vigoureusement l'entrée. 

Puis, en arrière, à l’orifice pylorique, il y a de nouveau des monticules 
couverts de forts piquants très-courts mais solides, qui semblent défendre 
ce second passage. 

L’être vivant qui pénètre dans cet arsenal est bien sûr, quelle que soit sa 
petitesse ou la ténacité de sa vie, de ne pas en sortir entier. 

On connait ces embüches à l’aide de palissades que lon tend aux élé- 
phants pour les prendre vivants. On attire ces animaux dans une impasse, 
au bout d’une galerie bordée de palissades; quand ils sont entrés, on ferme 
le passage derrière eux, et l'animal pris dans cette souricière à ciel ouvert 
ne tarde pas à se laisser dompter. Nous voyons dans l'estomac de ces petits 
crustacés quelque chose de semblable, et des précautions bien plus minu- 
tieuses sont prises pour atteindre le même but. La proie qui pénètre se trouve 
d'abord entre deux monticules couvertes de fortes dents qui s'abattent im- 
médiatement. Si la proie est un peu volumineuse, elle est à l'instant écrasée. 
Mais si elle est plus petite, elle s'échappe du milieu de ces dents, s'engage 
dans la galerie bordée de palissades, et avant de l'avoir traversée, mille 
coups de dents de brosse, de peigne ou de massues microscopiques l'ont ré- 


SUR LES CRUSTACÉS. 


rss 
O1 


duite en pâture. Elle passe. Mais cela ne sufñlit pas encore : il faut pour ainsi 
dire une seconde visite. De nouveaux instruments contondants et déchi- 
rants défendent l'entrée du pylore, et quand celui-ci s'ouvre, ce n'est que 
pour livrer passage à une pulpe homogène qui parcourt ensuite sans difli- 
culté l'intestin. 

Le Mysis vulgaris a l'estomac conformé de la même manière que les au- 
tres mysis. Il faudrait l'étudier avec beaucoup de soin pour y trouver des dif- 
férences. 

Nous avons examiné ensuite l'estomac des crangons, et nous avons trouvé 
au fond cet organe conformé de la même manière à peu près, c’est-à-dire 
que l'intérieur a aussi un appareil particulier, hérissé également de pointes 
et dont toute la surface interne est couverte de soies roides. 

C'est done à tort qu'on a cru trouver cet estomac plus semblable à celui 
des édriophthalmes qu'à celui des décapodes. Une étude comparée de les- 
tomac de ces crustacés serait fort importante et ferait connaitre bien des 
dispositions intéressantes dont la taxonomie zoologique pourrait profiter. 

L'intestin lui-même est excessivement mince, droit et, comme chez les 
autres décapodes, sans circonvolutions, passant sous les organes sexuels, s'éle- 
vant, dans la région abdominale, au-dessus de la masse musculaire jusqu'au 
segment caudal, où il va s'ouvrir ensuite dans la pièce terminale connue sous 
le nom de telson. Les parois de l'intestin sont très-minces et assez transparentes 
pour reconnaitre les excréments, sous forme de longs boudins, dans linté- 
rieur ; ils sont contractiles dans toute leur longueur, et on peut voir distinc- 
tement le mouvement péristaltique. 

Dans l'eau , les fèces rendues conservent longtemps encore la forme al- 
longée qu’elles ont au moment de leur évacuation. 

Vers son extrémité, l'intestin se dilate légèrement sur une faible étendue, 
se rétrécit de nouveau, puis s'ouvre, comme nous venons de le dire, au- 
dessous de la lame triangulaire caudale du telson. Ce renflement intes- 
tinal reçoit une certaine quantité de liquide dans son intérieur et rappelle 
la disposition des écrevisses. Lereboullet a vu dans ces derniers crustacés 
l'intestin se remplir régulièrement d’eau et suppléer l'appareil branchial. Du 
reste, d’autres crustacés, comme les limnadies, ont un anus qui se con- 


44 RECHERCHES 


tracte et se dilate alternativement vingt-cinq, trente ou même quarante 
fois par minute !. 

Tout ce que nous avons trouvé dans le canal intestinal est extraordi- 
nairement réduit. Nous avons pu reconnaitre dans la pâture des articles de 
crustacés microscopiques à côté de filaments végétaux ?. 

Le canal intestinal qu'on voit si bien pendant la vie, dans diverses es- 
pèces transparentes, montre parfois un mouvement ondulatoire bien remar- 
quable qu'il serait difficile de décrire. Il se dilate, puis se contracte, mais 
chaque dilatation se propage dans toute la longueur de l'intestin pour s'étein- 
dre ensuite à son extrémité, absolument comme le cœur des insectes ou le 
vaisseau dorsal des annélides. La dilatation est suivie d’un resserrement, et 
l'intestin semble serpenter ou bien prendre exactement la forme d'un cha- 
pelet. Les parois externes de l'intestin sont également transparentes comme 
les muscles, tandis que le milieu offre un aspect réticulé ou alvéolaire. Ce 
mouvement ondulatoire intestinal frappe tout observateur qui l'apercoit pour 
la première fois. 

Cet organe peut done présenter un aspect bien différent, selon le degré 
de vitalité que présenté le crustacé qui est en observation. 

Nous avons vu plus haut comment le foie se développe. Quand le vitellus 
est sur le point d'être absorbé, deux courts et larges cœcums surgissent à 
l'extrémité antérieure de l'intestin, qui augmentent insensiblement en lon- 
gueur, diminuent en diamètre, et bientôt plusieurs cæcums semblables sur- 
gissent à côté des premiers. Ils ne différent entre eux que par une certaine 
différence dans leur calibre. On ne voit pas la masse vitelline dans l'intérieur 
de ces organes. Il y à quatre paires, deux en avant assez petites, et deux 
autres plus en arrière notablement plus grandes. 

Dans plusieurs décapodes, on a déjà signalé deux appendices cœeaux à 
côté du foie, qui semblent dévolus à une autre fonction qu'à la sécrétion du 
fiel. Tout récemment Gegenbaur a signalé cette différence dans les jeunes lan- 
goustes ou prétendus phyllosomes. Nous ne pouvons croire que, dans les 
mysis, les cœcums remplissent tous la même fonction. 

{ Milne Edwards, Lecons sur la physiologie, t. 1, p. 158. 
2 C’est à tort que nous avions cru d'abord que les mysis ont un régime exclusivement végétal. 


SUR LES CRUSTACÉS. 45 


Par le foie, les mysis s’éloignent done en général des crustacés décapodes, 
puisqu'on trouve toujours chez eux cet appareil sécréteur formant une masse 
plus où moins considérable autour de l'origine de l'intestin. 


L'appareil circulatoire! des mysis n’est pas sans offrir un haut intérêt, 
et nous avouons que nous avons particulièrement fixé notre attention sur 
les points essentiels. Ces crustacés sont assez transparents et assez petits 
pour les observations microscopiques, et, mieux que les injections, Finspec- 
tion des courants fait parfaitement apprécier la constitution anatomique de 
cet appareil. 

On sait que chez plusieurs crustacés supérieurs, on admet l'existence d'un 
système circulatoire parfaitement clos de toute part. C’est ainsi que, d'après 
Haeckel, l'écrevisse commune a un appareil vasculaire sans lacunes veineuses. 
Comment se comportent, sous ce rapport, les mysis, qui n’ont pas d'appareil 
branchial et qui représentent la période embryonnaire dans un état de per- 
manence ? 

Les mysis ont été étudiées surtout par Thompson et par Frey et Leuckart, et 
si le résultat de nos recherches s'accorde assez bien avec celui de ces savants, 
il y a cependant quelques points sur lesquels nous sommes loin d'être d'ac- 
cord. Ainsi le cœur ne s'étend pas dans toute la longueur du céphalothorax ; 
il ne recoit pas sur le côté un vaisseau, mais plusieurs affluents: diverses 
artères naissent du cœur, et le prétendu vaisseau abdominal n'est qu'un 
courant endigué qui, à chaque segment abdominal, communique, par une 
anastomose lacunaire, avec le courant tergal, au lieu de présenter, à son 
extrémité postérieure, une ouverture avec valvules et deux conduits veineux 
le long de l'intestin. 

Cet appareil des mysis n’est réellement pas conformé de la même manière 
que dans les autres décapodes; la différence toutefois se borne aux modifi- 
cations qu'entraine l'absence des branchies, et l'appareil circulatoire repré- 
sente une des phases de la vie embryonnaire. 

! Thompson, Zoological Rechearches … Frey et Leuckart, Beitr. z. Kentniss. W. T., p. 121. 


— Milne Edwards, Lecons sur la physiologie, vol. HE, p. 197. — Haeckel, De telis quibrsd. 
Astaci fluviatilis. Berol., 1857. 


46 RECHERCHES 


Le cœur occupe la place ordinaire. Immédiatement au-dessous du cépha- 
lothorax , à la hauteur des dernières paires de pattes, on apercoit sur la ligne 
médiane, un vaisseau longitudinal pulsant chez les mysis vivants avec 
une rapidité convulsive qui ne permet même pas d'en saisir immédiatement 
le contour. 

Pour bien l’observer, ou du moins pour apprécier sa forme et'ses dispo- 
sitions essentielles , il faut que le corps soit placé de profil, et attendre que 
l'animal soit sur le point d’expirer. 

Le cœur n'a pas une forme carrée, mais’ ressemble plutôt à un cylindre, 
dont l'extérieur serait garni d’un tissu très-lâche et délicat, formant des 
boulfes, surtout en arrière. 

Il ne s'étend pas, comme on l’a dit, dans toute la longueur du céphalo- 
thorax ; c’est tout au plus s’il en occupe le quart. 

On distingue d’abord le cœur proprement dit, qui se divise en deux com- 
partiments à peu près d’une égale dimension et dont les parois sont doubles 
et complétement transparentes. L'enveloppe a été prise quelquefois pour une 
oreillette, mais elle ne se remplit pas de sang et doit être considérée plutôt 
comme un péricarde. Il n'existe pas d’oreillette véritable. 

Le cœur est attaché à la voûte du céphalothorax par des brides nombreu- 
ses, mais dont il ne nous à pas été possible d'apprécier les dispositions : 
elles échappent à la vue par leur transparence, quand le cœur est en repos. 

On enlève le cœur en détachant la carapace. 

De ce cœur sort en avant une aorte qui longe l'intestin, passe au-dessus 
de l'estomac et se rend aux appendices céphaliques, surtout les podophthal- 
mes. L'animal doit être placé sur le ventre pour bien voir ce tronc. 

Sur le côté nait, à droite et à gauche, un autre tronc qui se dirige obli- 
quement d'arrière en avant, fournit une artère pour les autres appendices de 
la tête, se recourbe en formant une crosse et se dirige ensuite en bas d'avant 
en arrière sur la ligne médiane jusqu’au telson. 

En arrière, on voit très-distinctement une aorte descendante sur la ligne 
médiane, qui longe l'intestin en se plaçant au-dessus de lui et, arrivé au seg- 
ment caudal, se bifurque en coupant diagonalement le dernier somite. Nous 
avons pu suivre cette artère jusqu’à la base de luropode. 


SUR LES CRUSTACÉS. 


CSS 
SN | 


Nous avons étudié attentivement le long podophthalme des Podopsis, pour 
connaitre la manière dont les vaisseaux se comportent dans l'intérieur des 
appendices, el voici ce que nous avons vu. ÎT pénètre dans l’appendice ocu- 
laire un vaisseau parfaitement distinet, mais très-irrégulier, tantôt large, 
tantôt étroit, donnant sur son trajet, à droite comme à gauche, divers ra- 
meaux qui naissent du tronc principal sans le moindre ordre. Tous ces ra- 
meaux se terminent brusquement et fournissent le côté artériel du réseau 
capillaire. 

C’est ainsi probablement que se comportent les vaisseaux dans les autres 
appendices. 

Le sang est incolore, d’une limpidité parfaite, et il ne serait pas possible 
d'en suivre le cours, s’il ne contenait des globules. Ces globules heureu- 
sement, quoique fort petits et transparents aussi, sont aisément aperçus 
quand ils sont en mouvement, et ils se font remarquer par la régularité de 
leur conformation. 

Les veines manquent, cela n'est pas douteux; mais lendiguement du sang 
au milieu de l'interstice des organes a lieu avec tant de soin qu'on le dirait 
enfermé dans un tube clos. On peut parfaitement suivre les courants et on 
peut les décrire comme des veines ramenant le sang vers le cœur. 

La crosse de l'artère latérale du cœur reçoit en avant un courant veineux 
qui revient des appendices céphaliques et qui se mêle à la colonne artérielle ; 
ce liquide mêlé, arrivé au milieu de la région thoracique et s’unissant avec 
celui du côté opposé, pour former un courant médian unique, échappe en 
partie de chaque côté en cinq petits torrents qui confluent au moment même 
de pénétrer dans le cœur, se jetant avec violence dans cet organe vers le 
milieu de sa longueur. Ces canaux correspondent exactement aux vaisseaux 
branchiaux des crustacés plus élevés, et c’est sur leur trajet que se déve- 
loppent les lamelles branchiales des décapodes en général. Il existe ainsi une 
petite eireulation : le sang sort du cœur et, après avoir parcouru la place 
qu'oceupent les branchies dans les autres décapodes et surtout après avoir 
reçu un confluent veineux des appendices céphaliques , retourne rapidement 
au même cœur pour en être chassé de nouveau. 

Le courant médian sous-abdominal continue d'avant en arrière, après 


RECHERCHES 


[ESS 
NN 


avoir fourni les courants branchiaux , et dans chaque somite abdominal un 
courant distinct s'élève de bas en haut et s’'abouche dans une grande lacune 
tergale qui baigne laorte descendante et l'intestin. Dans chaque segment 
abdominal, on voit aussi, à côté de ce courant veineux de bas en haut, un 
courant artériel de haut en bas qui va se mêler avec le courant principal 
médian. 

Le sang veineux du grand sinus tergal se jette dans le cœur par des 
orifices latéraux, placés à l'origine de l'aorte postérieure. À l'origine de 
l'aorte antérieure, il existe des orifices semblables pour recevoir du sang 
venant du cerveau et des pédoncules oculaires. 

En résumé, il ÿ a un cœur pulsatile, entouré d’un péricarde, une aorte 
médiane antérieure, deux aortes antérieures latérales et une aorte médiane 
postérieure. 

Le sang de l'aorte antérieure latérale se réunit en un conduit unique qui 
s'étend le long de l'abdomen, et de ce courant central naissent d’abord 
plusieurs courants secondaires à la région branchiale, qui se rendent directe- 
ment au cœur; puis autant de courants abdominaux qu'il y a de somites et 
qui se réunissent au dos en formant, après leur réunion, un courant en sens 
inverse qui s'abouche dans le cœur à côté de l’aorte postérieure. 

Le cœur présente donc six orifices, deux médians, deux antérieurs et 
deux postérieurs. 

L'aorte antérieure, qui fournit le sang au cerveau et aux pédoncules ocu- 
laires, ne renferme que du sang artériel, tandis que celui qui se rend aux 
autres viscères est plus ou moins mêlé. 

Ce serait donc la répétition de ce qui existe temporairement dans les ver- 
lébrés supérieurs et régulièrement dans les reptiles; une partie du sang seu- 
lement est sans mélange. 

Le plan général de l'appareil circulatoire est, par conséquent, le même que 
celui des homards et des écrevisses, avec cette différence toutefois que les 
veines sont remplacées par des courants et qu'il n'existe pas, comme chez le 
homard, une artère abdominale naissant de la partie postérieure et latérale du 
cœur et s'étendant en avant et en arrière dans toute la longueur du crustacé. 

Il existe aussi, contrairement à ce qui s’observe dans les homards, un 


SUR LES CRUSTACES. 49 


seul courant sous-abdominal d'avant en arrière et un double courant dorsal 
artériel et veineux. 

La totalité du sang qui arrive au cœur à traversé préalablement l'appareil 
respiratoire chez les crustacés supérieurs, dit avec raison Milne Edwards; mais 
comme, dans les mysis, le sang revient au cœur de tout côté, ne faudrait-il 
pas en conclure que le phénomène de la respiration s'accomplit dans di- 
verses régions du corps chez ces décapodes inférieurs? 


Il n'y a pas d'appareil branchial propre, mais l'acte respiratoire s'accom- 
plit principalement à travers les parois de la carapace. En effet, c’est dans 
la lacune de ce grand segment tégumentaire que s’aceumule le plus de sang 
et que l’action de l'oxygène sur ce liquide est le plus facile. À l'extérieur, en 
effet, l'eau se renouvelle constamment , soit par le simple déplacement de 
l'animal, soit par l'action des fouets locomoteurs ; et, à la surface intérieure, 
le renouvellement n’est pas moins actif par le courant sous- carapacique que 
produisent, d'un côté les fouets postérieurs pour faire passer l’eau entre la 
carapace et le premier segment abdominal, de l'autre côté, les fouets de la 
première paire de pieds-mächoires où plutôt du tétragnathe. 

Quand on observe un de ces crustacés encore en vie, étalé sur le porte- 
objet dans une certaine quantité d'eau suffisamment chargée de corpuscules 
suspendus, on voit cette eau se précipiter avec force sous le bord postérieur 
de la carapace, passer entre celle-ci et les somites thoraciques ; puis, à l'appel 
incessant et fébrile de lexognathe de la première paire de pieds-machoires, 
échapper avec force au milieu des appendices de la bouche. 

Dans aucun appendice, le mouvement du sang n'est assez distinct ni la 
masse assez importante pour admettre que le phénomène de la respiration 
s’accomplisse dans leur intérieur, et, puisqu'il + a un renouvellement 
constant dans la cavité branchiale des mysis, nous croyons que c'est dans 
cette région , comme chez tous les décapodes, que s'accomplit en grande 
partie celle importante fonction. 

On ne doit surtout pas perdre de vue qu'il ÿ a une petite circulation qui 
semble avoir exclusivement pour effet de soumettre régulièrement du sang 
parti du cœur à l’action de l'oxygéne dans les feuillets de la carapace. Les 


1 


50 RECHERCHES 


feuillets de la carapace correspondent done physiologiquement aux feuillets 
des ares branchiaux. 

Ainsi rien ne justifie la supposition que les appendices externes des pattes 
servent à la respiration. Quoiqu'il n'y ait pas de feuillets branchiaux pro- 
prement dits, cette fonction s'accomplit en grande partie à la même place 
que dans les autres crustacés décapodes. C'est donc avec raison que l'avis 
de Thompson n'a pas été partagé et que les pattes ont été déshéritées de 
celte fonction. 


Les sexes sont séparés et les femelles deviennent un peu plus grandes 
que les mäles. Les sexes présentent des caractères extérieurs qui permet- 
tent aisément de les distinguer. En dedans des deux derniéres paires de 
pattes thoraciques, on voit paraitre chez les femelles des feuillets qui se 
recourbent en dedans et forment une poche incubatrice pour loger les œufs. 
Nous n'avons pas vu de différence dans le développement de l'abdomen. Les 
mâles ont la quatrième paire de fausses pattes, ou les uropodes, tellement dé- 
veloppées , que leur article terminal aboutit à l'extrémité de la queue. Par cet 
appendice , on peut distinguer les mâles à toutes les époques. Nous ignorons 
son rôle quoiqu'il ait une conformation toute particulière. IF est à remarquer 
aussi que cet appendice sexuel mäle s'observe dans plusieurs crustacés in- 
férieurs. Le mâle des Mysis vulgaris porte en outre aux antennules un article 
libre assez long, légèrement courbé, un peu plus large au sommet qu'à sa 
base, et dont le bord interne est garni de soies nombreuses , courtes et ser- 
rées comme une brosse. 

Le testicule consiste dans une série double de glandes sphéroïdales dis- 
posées en forme de chapelet, au nombre de huit ou dix couples, placés 
immédiatement au-dessus de l'intestin ; à droite et à gauche un canal excré- 
teur se rend , en formant une courbe, directement à la base de la dernière 
paire de pattes. En isolant cet organe, on voit qu'il est formé de vésicules 
pyriformes qui s'abouchent sur un canal excréteur commun, formant une 
anse en avant et s'écartant en arrière pour aboutir à la base de la dernière 
paire de pattes thoraciques. On voit des spermatozoïdes à divers degrés de 
développement dans les vésicules, et on en trouve dans le même animal à 
tous les degrés de développement. 


SUR LES CRUSTACÉS. 51 


n’y a pas de vésicule de dépôt, le canal lui-même en tient lieu. 

Au bout de ce spermiducte se trouve un pénis très-gros légèrement courbé 
et obtus au bout. Nous avons vu la liqueur fécondante s'épancher par son 
orifice. 

Les spermatozoïdes sont extraordinairement grands; ils consistent en un 
très-long filament divisé en deux moitiés à peu près égales en longueur, mais 
dont l’une est un peu plus grosse que l’autre. Ces deux moïitiés sont repliées 
sur elles-mêmes à angle aigu en forme de V : c’est une forme bien singulière 
dans cette classe, si on la compare à celle des autres crustacés. 

On ne trouve quelque ressemblance qu'avec ceux du Gammarus pulex , 
observés par von Siebold. Nous n'avons pas vu de mouvements dans ces 
filaments, et ils sont irrégulièrement éparpillés dans la liqueur. 

Leuckart a étudié leur développement dans ces crustacés !. 

Voici le résultat de nos observations à ce sujet. Dans quelques vésicules , 
on trouve des cellules simples à côté d’autres cellules de même grandeur et 
qui possèdent un noyau. Ces cellules s'allongent à l'un des pôles et prennent 
plus ou moins la forme de tétards. Puis la queue s'élargit, toute la cellule 
s’allonge et prend l'aspect tubiforme. Ces tubes sont enroulés sur eux-mêmes 
et dans leur intérieur surgissent des filaments en faisceaux, qui sont les vrais 
spermatozoïdes. 

I n’y a évidemment pas de spermophores ici comme dans les groupes 
inférieurs de cette classe. 

L'appareil sexuel femelle ne ressemble pas non plus à celui des autres 
crustacés. Au-dessus du canal digestif, à la même place que le testicule du 
male, on voit un ovaire placé en travers et dans lequel apparaissent les 
vésicules germinatives. Cet ovaire est très-petit. Plus tard, il se forme à 
côté de l'ovaire, à droite et à gauche, un tube placé dans l'axe du corps qui 
prend rapidement une extension assez grande pour couvrir entièrement l'ovaire 
proprement dit. Ces tubes sont disposés comme les deux jambes d’un H, et 
l'ovaire placé entre elles forme le trait d'union. Ces deux tubes se remplissent 
rapidement d'œufs juxtaposés et sont assez grands pour en occuper toute 
la largeur. On peut aisément les compter. C’est la matrice qu'on a pris pour 


! Frey et Leuckart, p. 195. 


52 RECHERCHES 


l'ovaire, erreur que nous avions, du reste, commise d'abord nous-même. 
C'est de la partie postérieure et externe que nait, de chaque côté, un 
oviducte qui aboutit à la base de la dernière paire de pattes thoraciques. 

Les œufs contenus encore dans la matrice montrent, au milieu du vi- 
tellus, leurs vésicules germinatives enveloppées de vésicules graisseuses. 

Nous avons déjà dit que les œufs tombent dans une poche formée de 
deux paires de feuillets membraneux très-larges, bordés de franges et qui 
sont attachés aux deux paires de pattes postérieures : c’est une poche incu- 
batrice dont les parois se chargent aussi d’un dépôt de taches pigmentaires 
et dans lesquelles nous avons compté jusqu'à une cinquantaine d'œufs ou 
de jeunes embryons à la fois. 

Dans les Podopsis, dont le corps est d’une transparence complète, on voit 
les œufs en place dans l'ovaire , et il n’y à qu'un seul œuf dans la largeur de 
l'organe. On distingue encore les deux vésicules germinatives, et les glo- 
bules vitellins ne paraissent que quand l'œuf est en place. 


EMBRYOGÉNIE. 


I y a eu un temps, et il n'est pas très-éloigné de nous, où l'on se de- 
mandait si les crustacés subissent des métamorphoses !. Il est toutefois bien 
reconnu aujourd'hui que les crustacés décapodes ne subissent pas tous leur 
évolution de la même manière. Il faudra étudier, sous ce rapport, famille par 
famille pour ne pas dire genre par genre. Les zoés et les mégalopes sont de 
jeunes crabes, mais est-ce à dire que tous les décapodes ont passé par la forme 
de zoé? Évidemment non. Dans ce groupe si naturel des crustacés supérieurs , 
les uns, ceux surtout qui ont les œufs petits et nombreux, comme les lan- 
goustes, changent de forme dans le cours de leur évolution, tandis que les 


! Dans la Physiologie de Burdach, les crustacés décapodes sont considérés comme ne su- 
bissant point de changements semblables et sortant parfaits et complets de leurs œufs. L'em 
ryogénie à fait bien des progrès depuis. 


SUR LES CRUSTACÉS. 53 


autres, à œufs grands et peu nombreux , comme les homards, se développent 
directement. Nous avons déjà relevé cette erreur !, que le homard commence 
par se montrer sous la forme de Zoé, fait qui avait été annoncé avec tant 
d'assurance dans les Comptes rendus de l'Académie des sciences?. À aucune 
époque de la vie, ni avant ni après l’éclosion, le homard n’a rien de commun 
avec cette forme transitoire. À la sortie de l'œuf, le jeune homard a une ca- 
rapace ordinaire et des segments abdominaux légèrement épineux ; mais ce 
qui le distingue des adultes, c’est que les pattes portent des exopodes flot- 
tants et extérieurs, comme les mysis, et qui servent, comme chez eux, de 
rames pour la natation. 

En répétant les observations de Rathke, M. Joly dit s'être convaincu que 
l'écrevisse fluviatile fait également exception à la loi des métamorphoses 5. 
Un intérêt nouveau s'attache donc à l'étude du développement des crustacés, 
et nous verrons bientôt si la règle que nous avons posée sur le nombre et le 
volume des œufs est générale, et si elle nous autorise à reconnaitre à priori 
les crustacés qui subissent des métamorphoses après leur éclosion et ceux 
qui les subissent avant, ou, pour n’exprimer comme on le fait généralement. 
qui n’en subissent pas. 


HISTORIQUE. 


Il est presque impossible de ne pas faire de lembryogénie quand des mysis 
tombent sous la main de l’observateur. On trouve nécessairement des embryons 
en voie de développement dans leur poche incubatrice , et il n’est guère possi- 
ble de résister à la tentation d'étudier cette curieuse et instructive évolution. 

C'est ainsi que O.-F. Müller, à une époque où l’on ne faisait que le relevé 
des espèces et où le besoin des recherches anatomiques et d’embryogénie 
ne se faisait pas encore sentir, figurait, à côté de l'animal adulte, des mysis à 
l’état d’embryons avec un nombre d'appendices différent de celui des adultes. 


Mémoire sur l'HisrriogpezLa, Bulletins de l'Acudémie royale de Belgique. 
29 mars 1858, p. 605. Journal L'Institut, 7 avril 1858, p. 118. 
Mélamorph. des crust. décapodes, Courtes renous, 19 avril 1858, p. 789. 


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RECHERCHES 


Ces figures ne sont pas fort exactes, puisqu'il n'existe pas d'embryons avec 
une paire de ces organes. Ce mysis porte le nom de Cancer flexuosus ‘. 

Thompson, au milieu de tant de belles observations sur les crustacés , s’est 
occupé aussi de ces animaux. Il a donné des détails très-importants sur leur 
structure et il a connu les principales phases de leur évolution. Mais il est à 
remarquer que si les observations suivies sur le développement des principaux 
organes manquent ou ne présentent pas celle exactitude qu'on est en droit 
d'exiger aujourd'hui, c'est que l'attention des zoologistes était fixée avant 
tout sur la question de savoir s’il y a métamorphose ou non. Thompson ne 
peut considérer le développement des mysis comme un développement à 
métamorphoses : à ses yeux, ce n’est tout simplement qu'un développement 
graduel des diverses parties (simply a gradual developement of parts….). 

Le premier phénomène à l'entrée de la poche incubatrice est, d’après ce 
savant, un léger allongement à l'un des bouts et l'apparition de deux courts 
appendices de chaque côté. Il admet huit paires de pattes à l’état adulte. 

Après J. Thompson, M. Rathke publia, en 1829, le résultat de quelques 
observations faites sur des mysis qui lui avaient été envoyés dans la liqueur 
par von Siebold5. IT pense que c’est le Mysis vulgaris. Ces recherches, touten 
portant sur des crustacés conservés , autorisent Rathke à déclarer que les mysis 
se développent d’une tout autre manière que les crustacés décapodes. Les mysis 
se rapprochent, d’après lui, moins des décapodes que des isopodes en général. 

Nous verrons plus loin si Rathke a raison de défendre contre Thompson 
la thèse que les crustacés ne subissent pas de métamorphoses. 

Rathke examine d’abord la conformation des mysis, et, à l'exception des 
appendices, ces animaux ressemblent complétement, selon ce savant, aux 
crangons. Rathke a raison. Nous en avions déjà observé en vie pendant long- 
temps que nous croyions toujours avoir des crangons sous les yeux. Ce n'est 
qu'accidentellement que les pédoneules oculaires nous ont fait voir que nous 
observions d’autres crustacés. 

Les premiers phénomènes du développement consistent, d’après Rathke 

! O.-F. Muller, Zoologia danica, pl. LXVI, p. 5%, vol. I. 


? John Thompson, Zoological Researches and illustrations ; Cork.. vol. I. 
5 Wiegmann's Archiv, 1859. 


SUR LES CRUSTACÉS. 55 


(après le développement du blastoderme sous-entendu), en une ligne primitive 
à côté de laquelle apparaissent les antennes. Nous verrons plus loin que, long- 
temps avant l'apparition des appendices antennulaires , toute l'extrémité cau- 
dale est formée et épanouie. 

Comme nous venons de le dire, les observations de Rathke sont faites sur 
des embryons conservés dans la liqueur: c’est ce qui explique la divergence 
d'opinions sur un bon nombre de points. Ainsi, indépendamment de l’époque 
de l'apparition de la queue, celle-ci ne se transforme véritablement pas. La 
première disparait avec la mue, comme les antennes simples, et une nouvelle 
queue surgit sous la première. Les appendices qui suivent les antennes ne se 
développent pas successivement, mais bien simultanément; toutes les pièces 
de la bouche, ainsi que les pattes, surgissent en même temps et de la même 
manière, sans en excepter les mâchoires. Et cette génération d'appendices 
ne consiste-t-elle qu'en huit paires? Nous verrons plus loin que non. Nous re- 
grettons que Rathke n'ait pas eu l'occasion d'étudier de jeunes mysis en vie; 
depuis longtemps l'embryogénie eût été enrichie d’un beau travail. Rathke 
eût compris immédiatement toute l'importance de ce développement. 

Ici, comme dans les autres crustacés, c’est bien la paroi ventrale qui se 
développe en premier lieu , quoique l'embryon soit enroulé dans son œuf, 
contrairement à ce qu'on voit dans la plupart, si pas dans tous les crusta- 
cés décapodes. 

Frey et Leuckart , dans leurs recherches sur les animaux sans vertèbres ?, 
ont écrit un long article sur l’organisation du genre Hysis. Ce sont eux qui 
ont attiré, les premiers, l'attention sur l'otolithe qui est situé dans l'appen- 
dice du segment caudal, autrement dit l'uropode. Ils pensent que l'estomac 
des mysis se rapproche plus, par sa conformation, de celui des isopodes, des 
amphipodes et des lemodipodes que de celui des décapodes , tout en ayant re- 
connu les piquants et les soies de l'intérieur. Comme nous le verrons plus loin, 
ce n’est pas notre avis. Ce singulier estomac est plus voisin de celui des eran- 
sons que de tout autre, Ils font connaitre avec détail la circulation, mais ils 
arrivent à ce résultat, que cette circulation a plus d’analogie avec celle des 
læmodipodes et des amphipodes qu'avec celle des décapodes. Ils signalent ce- 


! Beilräge zur Kentniss wirbelloser Thiere, 1847, p. 110. 


56 RECHERCHES 


pendant dans les mysis une aorte postérieure qui manque dans les édrioph- 
thalmes. Il y à une circulation lacunaire, selon eux. Les appareils sexuels 
sont exposés aussi avec soin, et surtout le développement des singuliers sper- 
matozoïdes, qui a été observé dans ses diverses phases. C’est avec raison 
que la prétendue bosse des embryons dont on a parlé est attribuée à l'ac- 
tion de la liqueur et non à un effet du développement normal. Cet article est 
terminé par un aperçu intéressant des diverses phases d'évolution des mysis. 


Nous divisons le développement de ces crustacés en trois périodes parfai- 
tement distinctes. 

La première commence au moment de l'entrée de l'œuf dans la poche in- 
eubatrice, et finit avec le développement des antennes. 

La seconde commence avec le développement des pattes et finit avec la 
première mue embryonnaire. | 

La troisième commence à l’époque où l'embryon se dépouille de sa première 
enveloppe comme de sa nageoire caudale bifide , jusqu'au moment où il quitte 
sa poche maternelle, pour se livrer aux hasards de la vie libre et vagabonde. 

Ces crustacés portent-ils des œufs plutôt à telle époque de l'année qu'à 
telle autre; en d’autres termes, y a-t-il une saison pour la ponte? Nous 
pensons que la fécondité est plus grande, comme l'évolution plus rapide , en 
été qu'en hiver; mais on trouve des mysis chargés d'œufs à toutes les époques 
de l’année. Nous en avons observé même au milieu de l'hiver. Du reste, 
les mysis ne font pas une exception dans cette singulière classe de crustacés. 
Nous avons vu le même phénomène se répéter chez les homards. Il n'est pas 
rare de voir des homards avec des œufs sur le point d'éclore à côté d’autres 
homards dont les œufs sont au début de leur évolution, et cela aux mois de 
juin et de juillet aussi bien qu'aux mois de décembre et de janvier. Au mois 
de septembre, des homards de la côte de Bretagne, et au mois de février, des 
homards de Norwége, avaient les uns et les autres des œufs sans embryons 
apparents , et des œufs avec des embryons près d'éclore. Il nous semble qu'il 
en est encore de même pour les crangons comme pour les palémons et les 
crabes. Dans toutes les saisons on trouve des femelles avec des œufs. : 

Îl serait important de suivre le développement en hiver et en été pour 


e 


e 
…! 


SUR LES CRUSTACÉS. 


s'assurer de la différence de temps que met le même animal, aux diverses 
époques de l’année, pour accomplir son entière évolution. 

Il y aurait un travail très-curieux à faire sur les animaux marsupiaux des 
différentes classes, et les secours que la poche incubatrice fournit aux em- 
bryons, ici chez les mammifères didelphes, là chez les poissons syngnhates, 
ailleurs chez les mysis. Il est possible que, chez quelques-uns, la poche 
fournisse, indépendamment du gite, un supplément de nourriture; mais, 
dans la plupart des cas, les œufs sont assez volumineux pour se passer de 
ce supplément, et c’est le cas, pensons-nous, des mysis. 


PREMIÈRE PÉRIODE. 


Les œufs, à leur entrée dans la poche incubatrice !, sont proportionnelle- 
ment grands. On en compte communément de quarante à cinquante. Ils sont 
formés d’un vitellus incolore , à aspect granuleux, et d'une enveloppe ou d’une 
membrane vitelline très-mince et fort délicate, dont la consistance n’est même 
pas assez grande pour la conservation de leur forme. On voit les œufs s’a- 
platir par leur propre poids, quand on les place les uns à côté des autres. 

Ce vitellus est composé de vésicules graisseuses qui enveloppent immédia- 
tement la vésicule germinative et de globules vitellins qui forment presque 
tout l'œuf. Le vitellus est homogène, à l'exception de celui des Hysis ferru- 
ginea. Dans cette espèce , une grande vésicule diaphane , à contours tranchés, 
occupe un des côtés, et c’est autour d'elle que se forme le lobe céphalique. 

Il n'y a pas d’albumen et il n’y a pas même d'espace pour le loger. L’en- 
veloppe membraneuse s'applique immédiatement sur le jaune. 

Sous divers rapports, les œufs de mysis font une exception remarquable 
dans la classe des crustacés , surtout si on les compare avec leurs congénères 
naturels, les décapodes. Ainsi le petit nombre d'œufs indique que le dévelop- 
pement est direct et sans métamorphoses, ce qui n’est pas la règle dans les 
crustacés en général; car on trouve jusqu'à cent mille œufs sous l'abdomen 
des langoustes et même trois cent mille chez les crabes ordinaires ( Carcinus 

! Voyez plus loin le mode d'apparition des œufs dans l'ovaire et la composition de la poche 
incubatrice, 


8 


58 RECHERCHES 


maenas), tandis que la poche des mysis en contient tout au plus une cin- 
quantaine. L'absence d'albumine et leur position libre dans une poche in- 
cubatrice sous le thorax les éloignent également des autres podophthalmes, 
qui ont généralement leurs œufs réunis par grappes, attachés aux appendices 
sous-abdominaux et enveloppés d’une membrane particulière à l’aide de 
laquelle ils sont agglutinés entre eux et attachés aux nageoires abdominales. 

Thompson croit que les embryons se nourrissent de la matière sécrétée 
dans la poche. Nous ne pouvons partager cet avis. 

En isolant un de ces œufs sur le verre porte-objet, les parois s’affaissent 
sur elles-mêmes et, à la moindre pression, le chorion se rompt et laisse 
échapper la masse vitelline. Celle-ci se compose exclusivement de petites 
sphères graisseuses à contours fortement tranchés et de dimensions fort di- 
verses : ce sont ces sphères qui donnent l'aspect granuleux à ces œufs. 

Il est presque impossible de voir un chorion plus délicat et un œuf moins 
bien protégé. 

Au milieu du mois de février, nous avons déjà trouvé une femelle avec la 
poche incubatrice pleine d'œufs, et, comme on en trouve en abondance au 
mois de juillet dans le même état, on peut en conclure que ces crustacés 
pondent plusieurs fois dans l’année. 

Rathke pense que ces crustacés conservent les premières enveloppes de 
l'œuf jusqu'au moment de l’éclosion, contrairement à ce qui a lieu dans les 
poissons et dans d’autres classes !. Cette appréciation n’est pas exacte pour 
ce qui concerne les mysis. 

Le premier phénomène qui surgit dans la poche incubatrice consiste dans 
une légère échancrure et dans l'apparition d’une sorte de lèvre, qui se 
transformera plus tard en queue. Ces premiers phénomènes ont échappé 
à l'attention des embryogénistes, Ce n’est ni au côté tergal ni au côté ven- 
tral que le blastoderme s'organise d’abord, mais à l'extrémité caudale, et 
cela à une époque où il n'existe encore aucune apparence de membrane 
blastodermique sur le ventre. Le blastoderme commence sous la forme 
d’un godet et envahit successivement toute la masse vitelline d'avant 
en arrière. On voit très-bien au début les limites du blastoderme, qui est 


1 Zur Morphologie, p. 16. 


SUR LES CRUSTACÉS. 59 


formé de grandes cellules dans lesquelles on distingue très-bien les noyaux. 

Il parait que cette singulière apparition des premiers rudiments de l’em- 
bryon, non par le ventre mais par la queue , a échappé aux naturalistes qui 
se sont occupés de ces crustacés. 

Cette lèvre caudale , appliquée contre la masse vitelline comme une man- 
dibule inférieure contre la face, est d’abord très-courte et ne consiste que dans 
un repli, que l’on ne découvre qu’en mettant à profit toute sa patience et en 
employant un assez fort grossissement. Cette lèvre est d’abord arrondie 
comme l'embouchure d’un instrument à vent, puis s’échancre vers le milieu 
et montre sur le bord les premiers rudiments des filaments soyeux qui la bor- 
deront plus tard. Nous avons donné une figure de cet appendice eaudal, vu 
de face à cette époque du développement, pendant qu'il est encore appliqué 
contre le vitellus. > 

Il est inutile de faire remarquer que les mysis s’éloignent des crustacés, 
tant par les premiers rudiments de l'apparition blastodermique que par la 
manière dont le corps se replie sur lui-même. En général l'abdomen et la 
queue se plient sous le thorax et se croisent avec les appendices céphalo- 
thoraciques. Dans les mysis, le corps se replie en sens inverse vers le dos, et 
tous les appendices, depuis ceux de la tête jusqu’à ceux de la queue, au 
lieu de se croiser, sont couchés dans le même sens. 

Il n'y a guère que l’/dothea Basteri et la Ligia Brandtii qui semblent 
se replier du côté du dos f. 

Il y a des auteurs qui, en parlant des mysis, prétendent que la région 
ventrale, après l'apparition des antennes, devient convexe, contrairement à 
ce qu'elle a été jusqu'à ce moment. Il est clair que ces savants n’ont pas ob- 
servé l’état antérieur de développement et qu'ils ont parlé par analogie de 
l'apparition du blastoderme. 

C'est après l'apparition de cette échancrure caudale que surgissent, à une 
courte distance, deux paires de mamelons qui sont les premiers rudiments 
des antennes. Ceux-ci ne sont donc pas les premiers organes extérieurs qui 
apparaissent. La queue existe déjà avant eux, et il est évident que le blasto- 
derme, en commençant l'extrémité caudale, s’est étendu d’arrière en avant, 


{ Rathke, Zur Morphologie. Riga und Leipzig, 1857, pl. I et HL. 


60 RECHERCHES 


formant successivement les parois de l'abdomen et du thorax, pour faire 
surgir ensuite les appendices en sens inverse. 

L'appendice caudal s’allonge , par suite de l’échancrure entre le lobe vi- 
tellin et l'abdomen, lequel devient de plus en plus profond, et embryon con- 
serve encore entièrement l'aspeet d’un œuf quand l'extrémité postérieure du 
corps est en pleine voie de développement. La lèvre caudale s’est transformée 
en deux lobes; les soies qui la bordent se sont allongées; la nageoire cau- 
dale s'est dessinée plus nettement, et le vitellus, tout arrondi en avant comme 
une poire, à pénétré dans l’appendice caudal par un prolongement pédicu- 
laire. À cette période de l’évolution , on pourrait comparer la masse vitelline 
à une grosse poire, repliée un peu sur elle-même à l'endroit où elle tient 
à son pédicule. Nous avons tàché de bien représenter l’appendice caudal 
à cette même période et sous divers aspects. 

Une membrane sans structure entoure l'embryon, quand il ne porte 
encore que les deux appendices tentaculaires, et cette membrane tombe 
quelque temps après leur apparition. 

C'est la première mue après la disparition de la membrane vitelline, 
qu'on pourrait appeler la mue vitelline. 

Cette queue n’est pas définitive, comme on l’a cru et comme on est natu- 
rellement tenté de le supposer chez un animal qui ne subit guère de chan- 
gements de forme. Elle va tomber, au contraire, à la première mue suivante 
avec tout le premier appareil tégumentaire, et une nouvelle queue va appa- 
raitre : c'est une métamorphose dans le genre de celles que lon observe dans 
les papillons et qui est commune peut-être à tous les crustacés décapodes. 

Cette queue primitive est pareille dans les divers groupes de crustacés 
décapodes, chez les crabes comme chez les pagures, chez les crangons 
comme chez les palémons. Partout elle a la forme d’un éventail étendu hori- 
zontalement, bordé de soies en arrière, et échancré au milieu comme une 
nageoire caudale de dauphin. 

Pendant ce temps, les deux mamelons, dont nous avons parlé plus haut, 
s’allongent, le blastoderme envahit toute la face inférieure et latérale du 
corps, et le jeune animal peut être comparé, par ses deux paires d'appen- 
dices, à un embryon de calige ou de cyclopide avant l'éclosion. 


SUR LES CRUSTACÉS. 61 


Les mamelons dont nous avons parlé plus haut s’allongent ensuite comme 
une paire de rames de chaque côté du corps, et on ne tarde pas à reconnaitre 
en eux les deux paires d'antennes. Ces appendices sont d’abord semblables 
entre eux, un peu élargis à la base, eflilés au sommet comme une vraie na- 
geoire pectorale, qui n’est pas sans ressemblance avec la nageoire-membre 
des dauphins. 

Ces organes appendiculaires sont bordés en avant de plaques imbriquées 
en guise d’écailles , formées par le tégument , et quelques soies rares garnis- 
sent le bord libre et la pointe. 

Le corps, de globuleux qu'il était, s’est insensiblement allongé, et a pris 
une nouvelle forme : le grand capuchon qui recouvrait l'appendice caudal 
s’est relevé à mesure que celui-ci s’est allongé, et l'embryon par là a changé 
complétement d'aspect. 

Toute l’activité va se porter maintenant sur les appendices antennaires , 
comme sur les deux lames caudales, et la couche blastodermique envahit 
successivement les flancs dans toute leur hauteur. 

Les deux antennes se développent rapidement et prennent une grande 
extension en longueur ; elles se séparent nettement à la base l'une de l'au- 
tre; un pédicule surgit pour chacun d'eux, et des lamelles squammiformes 
envahissent ces deux organes, pendant que des soies de plus en plus distinctes 
s'élèvent vers l'extrémité libre. Ces deux appendices sont terminés en pointe 
el par une soie. 

Les deux lobes de l'appendice caudal se sont développés aussi en longueur; 
le bord interne et le bord externe se sont gaynis de soies assez fortes placées à 
des distances régulières et formant presque autant d’étages qu'il y a de soies. 
Cet appendice caudal n’a aucune analogie avec celui que le mysis portera 
plus tard. C'est à tort que des naturalistes, qui ont étudié ces crustacés avant 
nous, ont supposé que la lame médiane de la queue venait se placer, plus 
tard, entre ces lamelles branchiales primitives. Il est inutile de faire remar- 
quer aussi que, contrairement à l’assertion de plusieurs embryogénistes , la 
queue primitive, au lieu de se former après les tentacules, se forme avant ces 
organes. 

Presque en même temps que les tentacules, surgit derrière et un peu en 


62 RECHERCHES 


dessous d'eux, une paire de moignons qu'on ne découvre que quand on 
place l'embryon sur le dos et qu'on lobserve dans une situation oblique. 
Ces deux moignons sont les futures mandibules. Ainsi ces organes essentiels 
de la mastication ne surgissent pas, comme on l’a dit, après tous les autres 
appendices, mais apparaissent déjà quand les tentacules ont à peine paru 
sous leur forme de nageoire simple. 

A cette époque de son évolution, l'embryon s’est débarrassé de son tégu- 
ment primitif, la membrane vitelline, et on peut dire, par conséquent, que 
l’'éclosion a eu lieu. Cette éclosion est en tout semblable à une mue : c’est 
l'oiseau qui est éclos dans son nid, mais qui a besoin de se compléter davan- 
iage avant d’être à même de prendre son vol. 

Ce n’est que vers cette époque que le blastoderme se joint sur la face 
dorsale et qu'il cesse d’affecter la forme d’une coupe. À cette époque de son 
évolution, tout l'embryon ressemble parfaitement, comme on l’a déjà dit, à 
une cornue de laboratoire. 

A la base de chaque antenne nait, dans lintérieur de la gaine, un tu- 
bercule qui s’accroit rapidement, s'étend bientôt dans toute la longueur, et 
l'appendice est devenu bifide après cette première mue, comme il doit être 
chez le mysis adulté. 

Au-devant des tentacules, le blastoderme s’épaissit ensuite notablement; 
il se forme une plaque distincte dont le contour est nettement tranché et qui 
deviendra plus tard le pédicule oculaire. Ce pédieule n'apparait aucunement 
comme les autres appendices, et semble avoir une autre valeur morpholo- 
gique. 

Ainsi, à la fin de cette première période, le jeune mysis, sous la forme 
d’un tétard et le corps divisé en lobe céphalique et en pédicule abdominal, 
porte deux paires de rames, qui sont les antennes futures, et un prolongement 
caudal bordé de soies, qui n’a rien de commun avec lappendice caudal 
définitif. 

Sauf le mode d'involvation dans l'œuf, nous avons vu une grande ressem- 
blance dans le mode d'évolution des homards , des langoustes, des palémons 
et des crangons ; partout les deux paires d’appendices antennaires ont déjà un 
grand développement quand les autres commencent seulement à surgir, Nous 


SUR LES CRUSTACÉS. 635 


trouvons toutefois, dans le homard , que les pédicules oculaires se développent 
plus tôt et indiquent plus clairement que chez les mysis leur communauté 
d’origine avec les organes appendiculaires. 


DEUXIÈME PÉRIODE. 


Pendant cette période, les divers appendices de la bouche et les nom- 
breuses pattes surgissent simultanément et ne montrent d’abord aucune diffé- 
rence entre eux. Toutes ces pièces ont donc bien la même signification. C'est 
vers la fin de cette période que surgissent, simultanément aussi, les appen- 
dices abdominaux et caudaux. On peut dire qu’il y a trois apparitions sue- 
cessives d’appendices chez les mysis. 

Le corps a encore la forme d’une massue, ou plutôt ressemble à une poire 
un peu allongée. 

On voit distinctement l'accroissement du blastoderme par l'apparition d’une 
nouvelle génération de cellules au milieu des premières. 

Le sac vitellin s'étend dans toute la longueur de l'embryon, et tout l’em- 
bryon est représenté par les parois du sac à la surface duquel on aperçoit 
quelques appendices. - 

C'est à cette période de développement que surgissent les appendices de la 
bouche et les pattes. Ce n’est pas, comme on l’a dit, successivement et d'avant 
en arrière que l’on voit apparaitre ces organes : ils se montrent simultané- 
ment depuis le premier jusqu’au dernier, de manière que le blastoderme, vu 
sur le côté, ressemble à une lamelle dentée. On dirait un peigne à grosses 
dents, et, un peu avant l'apparition des dents, l'embryon a l'air d’avoir le 
ventre couvert de dalles. 

Puis de chaque dalle on voit s'élever une éminence sous la forme d’un 
moignon. Tous ces moignons se séparent de plus en plus nettement; chacun 
d'eux présente l'aspect d’une petite pyramide, et les deux rangs de pyramides 
recouvrent tout le bord convexe du mysis embryonnaire. Derrière les man- 
dibules , nous voyons s'élever ainsi en même temps et de la même manière 
dix paires d’appendices qui se différencieront plus tard : ce sont les mâchoi- 
res, les pieds-mâchoires ou gnathopodes et les pattes futures péréiopodes, 


64 RECHERCHES 


trois sortes d'appendices qui sont tout à fait semblables entre elles, au moins 
au début de leur apparition. 

Rathke avait été conduit à un autre résultat en étudiant les embryons de 
mysis dans la liqueur. Il pensait que les premiers appendices qui succèdent 
aux tentacules se développent d'abord et que les autres apparaissent succes- 
sivement. Nous venons de voir que tous ces organes, depuis les mandibules 
jusqu’à la dernière paire de pattes, se développent simultanément. In°y a que 
la seconde série des appendices abdominaux qui surgisse postérieurement. 

Si l'origine de tous ces appendices , les gnathopodes comme les péréio- 
podes , est non-seulement semblable mais encore simultanée; si, abstraction 
faite de la place, on ne pourrait pas les distinguer les uns des autres , il nous 
parait évident que leur homologie doit être complète. Les appendices sur- 
gissent uniformément comme les dents d’un peigne , à la tête comme au 
thorax , quoique cette division du corps ne se soit pas effectuée encore, et 
plus tard seulement la différenciation se manifestera avec plus où moins d'in- 
tensité. I y a done d'abord deux paires d'antennes avec des mandibules 
et des pédicules oculaires rudimentaires, et de ces deux paires d'appen- 
dices le nombre s'élève tout d’un coup à quatorze, par l'apparition de dix 
paires d'appendices. 

Ces différents appendices, qui sont tous simples d'abord comme les an- 
tennes, montrent bientôt un tubereule à leur base qui les rend bifides et, les 
transforme en pièces appendiculaires servant à la fois à la marche, à la nage 
et en apparence à la respiration. 

C'est le pendant de ce qui a eu lieu pour les antennes. 

On a considéré ces appendices comme bifides dès leur début. Cela n'est 
pas : chaque appendice est d’abord simple comme nous venons de le dire. 
Un mamelon se montre à la base et en dehors du pédieule, et ce mamelon, 
en s'allongeant rapidement dans l'intérieur de la gaine primitive, rend 
chaque patte double. 

L'importance de ce mode identique de formation et de la simultanéité d'ap- 
parition de ces dix paires de pièces n'échappera à personne. 

I y a done jusqu'ici deux fournées d’appendices, si nous pouvons nous 
exprimer ainsi 


SUR LES CRUSTACÉS. 65 


Puis, après les pattes et derrière elles, apparait une troisième série d'ap- 
pendices, lesquels forment plus tard les fausses pattes abdominales ou les 
pléiopodes. On en voit distinctement einq. Ceux-là ne se bifurquent pas dans 
les mysis. 

Enfin, tout à l'extrémité postérieure du corps, on voit encore surgir deux 
appendices qui sont d'emblée plus grands et plus forts que les autres : ce 
sont les lamelles latérales de la queue; c'est-à-dire, les uropodes de l'animal 
adulte. Ainsi, comme nous l'avons dit plus haut, la première queue four- 
chue n’a rien de commun avec la queue définitive du crustacé, qui apparait 
seulement à cette période évolutionnaire. La dernière ne surgit de la sorte 
que fort tard, quand la première est mise hors d'usage, sans que cependant 
l'animal en ait fait emploi. 

En même temps ou peu de temps après que les rudiments de pattes font 
leur apparition, il se forme pour chaque appendice un somite distinet qui 
se développe de bas en haut. Ces divers somites forment, lors de l'apparition 
des appendices de la queue, un cercle complet. On les voit, pendant que 
les appendices sont en voie de développement, former une sorte de colonne 
vertébrale représentée par des corps de vertèbres creusés dont il ne reste 
que le pourtour. 

Ce. sont les somites abdominaux postérieurs qui semblent les premiers 
formés. 

Ces somites, tout en faisant ainsi leur apparition dans la région abdominale, 
avant la région thoracique et céphalique, n’acquiérent leurs appendices 
(pléopodes) que quand les autres somites sont pourvus des leurs. Nous trou- 
vons en somme, à en juger par les appendices, le corps du mysis formé de 
trois somites prébuceaux, d’un somite buccal, de dix somites posthuceaux 
et de cinq somites abdominaux , en tout dix-neuf. 

Pendant que l'embryon se perfectionne ainsi en arrière , la bande latérale 
qui à surgi au-devant des antennes à acquis une importance plus grande : 
elle s'est isolée en montrant un étranglement de plus en plus profond à sa 
base. En avant elle est tronquée et bientôt surgissent au milieu d'elle des 
taches de pigment qui ne laissent plus aucun doute sur sa nature : ce sont 


les pédicules oculaires ou podophthalmes. Ils sont attachés par leur base aux 
9 


66 RECHERCHES 


autres segments du corps, mais en dessus, les yeux sont séparés par toute 
la largeur de la masse vitelline. L’embryon présente encore un énorme ren- 
flement en avant qui lui donne une forte bosse à l'extrémité céphalique. 

C'est vers cette époque que la couche muqueuse commence à montrer une 
certaine importance. En arrière on voit déjà une portion d'intestin sans 
vitellus dans son intérieur, tandis qu'en avant toute la cavité digestive ne 
consiste encore que dans un grand sinus vitellin. 

Puis celui-ci se rétrécit de plus en plus, quelques échancrures se forment 
dans sa masse, des lobes apparaissent, et on voit la cavité de l'estomac avec 
plusieurs larges cœcums qui représentent le foie. 

Quoi qu'on en ait dit, nous ne croyons pas qu'il y ait, sous ce rapport, de 
grandes différences avec les crustacés décapodes connus. Ces lobes sont dis- 
posés avec symétrie. 

A l'époque où les yeux apparaissent avec leur pédoncule, des taches de 
pigment se montrent à la base des différentes paires de pattes, et ces taches 
se déposent avec tant de régularité et de symétrie qu'on peut aisément les 
compter et en déduire le nombre d'appendices. 

Les appendices de la bouche et les pattes se sont maintenant différenciés; 
il reste huit paires à peu près semblables. Chacune d'elles à une tige interne, 
qui est la patte proprement dite, puis une tige plumeuse très-mobile, qui 
est située à l'extérieur et que l'animal adulte fait mouvoir pendant la nage 
comme des lamelles d'une roue de bateau à vapeur. Ces organes servent 
en apparence à la respiration, mais au fond sont de véritables rames. Les 
huit paires de pattes ont à peu près le même développement. Pour en faire 
un vrai décapode, ces lamelles auraient à se loger dans une cavité sous le 
céphalothorax. 

Comme les divers appendices portent primitivement ou plutôt idéalement , 
outre la tige principale, un palpe et un fouet, nous devons considérer ces 
organes comme des âges embryonnaires. Les gnathopodes conservent en 
général cette forme première pendant toute la vie, mais les péréiopodes, 
contrairement à ce qui existe dans les mysis, les perdent dans le cours des 
métamorphoses, quand le crustacé décapode acquiert ses branchies défini- 
uüves sous-carapaciques. Les mysis correspondent véritablement par leurs 
appendices thoraciques doubles à une époque embryonnaire. 


SUR LES CRUSTACÉS. 


(= p) 
I 


TROISIÈME PÉRIODE. 


C'est pendant cette période, la dernière de la vie embryonnaire ou les 
derniers jours de la vie marsupiale , que tous les appendices des mysis s’a- 
chèvent et que le grand phénomène de la mue s’accomplit avec un change- 
ment complet dans la forme et l'aspect des caractères extérieurs. L'embryon 
subit une véritable métamorphose dans la bourse de sa mère. 

Un acte important dans la vie de ces êtres , c’est la mue ; elle se prépare de 
longue main, et, lorsqu'elle est accomplie, l'animal se présente sous un aspect 
tout nouveau. Jusqu'ici le jeune mysis avait toutes les apparences d’un 
crustacé inférieur ; voilà qu'il apparait dans son accoutrement définitif. H s'est 
débarrassé de sa vieille queue bifide pour prendre une queue lamelleuse de 
décapode ; au lieu d'antennes simples à la tête, on en voit deux qui sont 
doubles et qui, indépendamment de leur longueur, sont profondément mo- 
difiées dans leur forme et les divers articles qui entrent dans leur composi- 
tion. Ces antennes sont couchées encore sur les flancs du crustacé d'avant en 
arrière, et les pédoncules oculaires sont également encore dirigés de bas 
en haut. I faut que la bosse , formée par la masse vitelline, soit complétement 
rentrée, avant que les pédoncules oculaires puissent prendre leur direction 
naturelle et la liberté de leurs mouvements. 

À mesure que la masse vitelline s’absorbe, le canal digestif prend de plus 
en plus ses caractères propres ; la cavité de l’estomac devient distinete et, à 
l'origine de l'intestin, qui est devenu très-grêle, on voit le foie représenté 
par plusieurs cœcums. La masse qui remplit les cœcums biliaires a pris une 
couleur verte. 

Les antennes, tout en ayant atteint leur développement complet, sont 
encore couchées sur les flancs d'avant en arrière; mais le jeune animal, 
secouant par moments ces appendices, commence à faire l'essai de ces organes : 
il se débat déjà dans la poche, les tentacules se relèvent et s’abaissent, les 
divers appendices s’agitent et frissonnent , comme s'ils étaient sous l'influence 
d'une commotion électrique : il ne faut plus qu'un peu de vigueur dans les 
organes appendiculaires pour voir celte machine vivante prendre son élan et 
déployer toute sa merveilleuse activité. 


68 RECHERCHES 


Nous avons parlé plus haut de taches pigmentaires. Ces taches ont pris un 
plus grand développement encore et ressemblent, par leur forme , aux corpus- 
cules des os. Ce sont des corpuscules noirs, de la surface desquels partent, 
tout autour, de fines ramifications qui parfois se divisent et se subdivisent 
et qui ont une ressemblance assez grande avec ces impressions dendritiques 
si communes dans certaines agates et dans quelques jaspes. On en compte 
une à chaque appendice, sauf à la mandibule ; aussi, comme la tache de la 
première paire de mâchoires est plus grande que les autres, la considérons- 
nous comme deux corpuscules pigmentaires coalescents. 

Plus tard, les corpuscules pigmentaires des appendices abdominaux appa- 
raissent de là même manière et montrent dans leur apparition tout autant 
de régularité, 

Enfin ces corpuscules font leur apparition dans les appendices de la queue , 
et même, chez les femelles, dans les feuillets membraneux de la poche ineu- 
batrice. A la fin, la lame tentaculaire elle-même est envahie par un dépôt de 
pigment qui lui donne un aspect particulier. Il en est de même du pédoncule 
de lantennule et de sa tige, ainsi que du pédoncule oculaire. 

Ces mysis embryonnaires sont-ils nourris dans la poche incubatrice par 
une substance sécrétée qui ferait sur eux l'effet d’un albumen ou de lait? 
Nous ne le croyons pas. Les feuillets de cette poche sont toujours les mêmes, 
et les œufs, comme lesembryons, sont toujours mobiles et libres dans la bourse 
maternelle. S'il était prouvé qu'une matière sécrétée vient au secours du 
vitellus pour nourrir les embryons, ce serait exactement la bourse des mam- 
mifères didelphes avec leur glande mammaire. Mais nous ne trouvons dans 
la poche que des lamelles appendiculaires en tout semblables aux autres 
appendices. Nous ne voyons pas, du reste, ce qui justifierait cette exception 
parmi les crustacés. FH n'existe pas de glande spéciale, nous ne découvrons 
aucun produit dans la poche, le vitellus est assez volumineux pour parfaire 
la nutrition embryonnaire, et rien ne fait croire à la nécessité d’une nutri- 
tion exceptionnelle. Le vitellus des mysis nous parait plus que suffisant, 
pour suflire au développement complet de l'embryon, sans secours supplé- 
mentaire. 


Le mysis, en quittant la poche de la mère, est done complétement déve- 


SUR LES CRUSTACÉS. 69 


loppé, et, pour atteindre le dernier terme de son évolution, il n'a plus qu'à 
prendre ses organes sexuels. Comme nous l'avons fait remarquer, ces organes 
apparaissent enfin et, pendant que la poche est encore pleine d’embryons, 
les mysis continuent régulièrement à croître. 


SYSTÉMATISATION. 


Ce qui a surtout embarrassé les naturalistes qui ont voulu assigner aux 
mysis leur véritable rang dans la hiérarchie zoologique, c’est l'absence de 
branchies et le grand nombre de pattes. On comprend, en effet, que, pour 
des naturalistes qui tiennent avant tout aux caractères indiqués dans les 
livres, un animal, portant au moins six paires de pattes et point de bran- 
chies, ne pouvait trouver place dans les décapodes, IT fallait done l’éloigner 
de cet ordre, quand même il se placerait encore moins bien ailleurs, les 
crustacés décapodes formant un si bel ensemble à caractères nets et précis. 

Aujourd'hui que nous connaissons le développement de plusieurs de ces 
articulés, nous pouvons élablir des séries parallèles de développement et 
d'organisation , et la place des uns , dans le grand cadre zoologique, est aussi 
clairement déterminée par leurs caractères, que l’âge des autres par les phases 
de leur évolution. 

Beaucoup de crustacés décapodes n'ont pas de branchies en naissant, peut- 
ètre même tous en sont-ils privés au moment de leur éclosion ; les dernières 
paires de pattes portent des appendices temporaires externes, des exopodes, 
qui servent à la nage et pourraient être pris pour des branchies temporaires 
ou organes de respiration secondaires. Gela n’est point cependant, nous avons 
eu loccasion de le dire : cette fonction s’accomplit, à cet âge surtout, 
sans organes spéciaux, à travers la peau. A la première mue, ces organes 
locomoteurs disparaissent, le crustacé devient plus sédentaire et l'appareil 


70 RECHERCHES 


respiratoire surgit sous la forme d’un canal, protégé par le céphalothorax. 
La locomotion comme la respiration sont changées en même temps. 

Les mysis représentent ce premier âge des crustacés décapodes , avec leurs 
exopodes qui les rendent de puissants nageurs. 

Leur place n’est done pas douteuse; ils sont podophthalmes décapodes 
macroures , et doivent occuper un rang inférieur à tous ceux qui ont des 
branchies à l’âge adulte. 

Les mysis sont comme les sirènes parmi les reptiles relativement aux 
lézards, dit Thompson; il serait plus exacte de dire, nous semble-t-il, que ce 
sont les anoures des sirènes. Nous ne savons quel rapport Thompson a voulu 
établir entre ces batraciens et ces sauriens : ce sont, en définitive, les axolotis 
des décapodes, la forme larvaire des crustacés supérieurs. 

Pour résumer ce que nous venons d'exposer sur la morphologie des mMYSIS , 
en tenant compte et de leur développement et de leur état adulte, nous 
dirons : 

1° Qu'on peut admettre quatre formations d'appendices , ceux des sens, 
ceux de la bouche et du thorax, ceux de l'abdomen et ceux de la queue ; 

2° Que chaque paire d'appendices à son somite propre au début du dé- 
veloppement ; 

3° Que l’appendice podophthalmique est le seul qui se développe d'arrière 
en avant; tous les autres se développent d'avant en arrière; 

4° Que ce même podophthalme n’acquiert que fort tard la forme d'un ap- 
pendice véritable; 

»° Que tous ces somites, à l'exception du précédent, se ressemblent 
comme les appendices qui en dépendent, au début de leur formation ; 

6° Que tous les appendices, même les plus compliqués, sont d'abord 
simples, et qu'ils ne se bifurquent ou se trifurquent qu'après la première 
mue. Tous aussi sont d’abord unis, et la segmentation n'apparait que dans le 
cours de l’évolution ; 

1° Que le céphalothorax comme le côté tergal de tous les somites ne se 
forme qu'en dernier lieu ; 

8° Que le nombre de somites est de vingt et un, dont quatorze céphalo- 
thoraciques , cinq abdominaux et deux caudaux ; 


SUR LES CRUSTACÉS. 71 


9 Que les somites font leur apparition par le côté sternal en même temps 
que les appendices. 
10° Que les mysis sont des décapodes inférieures. 


LES CUMADÉS. 


LITTÉRATURE. 


MowraGu, Transactions of the Linneaun Sociely, vol. IX. 

Say, Transactions of the Philad. philosoph. Society. 

Mie Epwarps, Annales des sc. natur., 1898 , vol. XIE; — Histoire naturelle des crustacés, 
vol. TT. — Ann. des sc. natur., 1852, vol. XVIII; — L'Institut, 1858, — et Ann, des sc. 
natur., vol. IX, 1858. 

Krover, Aroyer”s Naturhistorisk Tidsekrift, 1841 et 1846,— et Voyages de la commission 
scientifique du Nord, en Scandinavie, en Laponie... (Poissons, crustacés, mollusques et 
acalèphes , par H. Kroyer). Paris, 1842-45, 

Goopsim, The Edinb. new philos. Journal, 1845. 

AGassiz, Proceed. Acad. nat. se. Philad., 1859, — et Silliman’s Journal, septembre 1856. 

SpENCE BaTE, Ann. and Mag. of nat. histor., vol. XVIT, XVII et XIX, 1857. 

Lisesonc, Ofverts. of kongl. Vetensk.-Acad. Fürhandl. (Bulletin de l'Acad. royal de Suède. 
Stockholm, 1856.) 

Sans, Videnskab. Forhandl. in Christiania , A85S. (Drasryris PLuxoSA, Finmarken.) 


HISTORIQUE. 


Si les mysis sont regardés à juste titre comme des formes de transition et 
excitent, à cause de cela, l'intérêt des zoologistes, les cumacés ne leur cèdent 
guère le pas sous ce rapport et méritent même plus qu'eux d'attirer latten- 
tion. Nous voulons parler des naturalistes qui cherchent moins à distinguer 
les groupes par des caractères distincts que les analogies qui font découvrir 
les aflinités véritables. 


72 RECHERCHES 


Les mysis sont reconnus de tout le monde pour des formes adultes; les 
cumacés, au contraire, sont encore, aux yeux de quelques savants, des 
formes embryonnaires, et il importe de faire disparaitre tout doute à ce sujet : 
ils sont également adultes les uns aussi bien que les autres, et si les cumacés 
ne sont ni podophthalmes, ni édriophthalmes, ils sont cependant franchement 
malacostracés : il est temps d'assigner leur place définitive dans le cadre 
carcinologique 

On peut dire que la découverte des Cuma est une bonne fortune pour tous 
ceux qui, comme Buffon, regardent toute classification comme arbitraire. Ces 
crustacés sont en effet un embarras pour certains zoologistes qui ne trouvent 
pas de cases pour certaines formes dans leur cadre systématique. Nous 
sommes , au contraire, heureux de trouver de ces formes sur notre chemin, 
et, loin de penser qu’elles nuisent à nos classifications , elles servent de pierre 
de touche pour en apprécier la solidité. 

Le jour où tous ces êtres, en apparence irréguliers ou anormaux, bizarres 
ou exceptionnels, auront été comparés avec les phases d'évolution du type 
auquel ils appartiennent, le grand cadre sera définitivement établi, et on lira 
dans un vaste tableau la pensée qui a été réalisée aux divers àges du globe et 
que révèle tous les jours l'embryon qui parcourt le cycle de son évolution. 

De même que la formation des monstres peut révéler les lois du dévelop- 
pement normal, les formes heurtées, bizarres ou excentriques sont préci- 
sément celles qui donnent la clef des formes typiques. 


Ces singuliers crustacés ont été découverts plusieurs fois. C'est d'abord 
Montagu, qui croit avoir sous les yeux des crustacés macroures mutilés, et 
les désigne sous le nom de Astacus scorpioïdes ". 

Plus tard Say découvrit les mêmes crustacés ou du moins des crustacés 
très-voisins de ceux de Montagu, et les désigna sous le nom de Diastylis ?. 

Ces travaux avaient été perdus de vue, lorsqu’en 1828 , M. Milne Edwards 
retrouva le même crustacé, pour lequel il proposa le nom de Cuma. C'est à 
cette époque que, avec son ami Audouin, il contribua si puissamment à donner 


1 Transactions of the Linnean Society, vol. IX. 
2 Transactions of the Philadelphia philosophieal Society. 


SUR LES CRUSTACÉS. 


“1 
QI 


la véritable impulsion à l'étude des animaux sans vertèbres et que chacun 
de ses pas fut marqué par une découverte. Par une singularité dont, du 
reste, on trouve plus d’un exemple dans les sciences, M. Milne Edwards 
s’est mis à douter depuis de la valeur du genre Cumna, supposant qu'il pour- 
rait bien être une de ces formes transitoires qui, comme tant d’autres, doi- 
vent être rayées du catalogue des êtres ?. 

M. Kroyer,en 1841 °?, étudie ces mêmes crustacés avec le soin qu'il met 
à tous ses travaux ; il montre que le genre Cumna a été fort bien établi par 
M. Milne Edwards, et, quelques temps après, en 1846, il propose même d'éta- 
blir la famille des cumacés; il fait connaitre quatre espèces nouvelles et crée 
le genre Leucon pour un animal de cette famille 5. M. Kroyer pense que la 
place des cumacés est entre les crangons et les thysanopodes. 

Presque au même moment où Kroyer s'occupait de ce sujet, Henry D. S. 
Goodsir se livrait à la même étude sur des individus pêchés sur les côtes d’An- 
gleterre pendant les étés de 1841 et 1842, et crut devoir établir deux genres 
nouveaux sous les noms de Bodothria et Alauna. Ces observations s'accordent 
entiérement avec celles de M. Kroyer, quant à la nature adulte de ces animaux. 

Il semblerait que la question des Cuma dût être tranchée après cela; et, 
en effet, Goodsir s'était écrié : J have now satisfied myself, that they are 
perfect animals *. 

Il n’en est pas ainsi. 

En 1852, M. Dana revient au doute exprimé par M. Milne Edwards, et, 
s'appuyant sur le résultat d'observations récentes faites par M. Agassiz, il 
émet l'avis que les Cuna pourraient fort bien n'être que des larves d’al- 
phées, de palémons ou d’hippolytes. Agassiz croit avoir vu sortir des Cuna 
véritables des œufs de ces genres, et les Cuma ne seraient que le jeune àge 
de l’un de ces derniers Crustacés ©. 


! Hist. nat. des crustacés, vol. HT, p. 553. — Anx. pes sc. xaTUR., 1898, vol. XIE, p. 294. 

2 Quatre nouvelles espèces du genre Cuma, Xroyer’s Naturhistorisk Tidskrift, vol. HT, 1841, 
pp. 205-554. 

5 Sur la famille des Cumacés, Tidskrift, 1846, t. IT, p. 195. 

# Goodsir, Description of the genus Cua and of two new genera nearly allied to it, Tux 
Eoims. NEW PHiL. JouRNAL , 1845, p. 119. 

5 Agassiz, Proceed. Acad. nat. sc. phil., janv. 1852, n° 10. 


10 


RECHERCHES 


EN | 
CSS 


Sous le titre de British diastylidae, M. Spence Bate a fait paraitre depuis 
un beau mémoire qui a les mêmes crustacés pour objet. Le nom de Déasty- 
lidae n’est pas nouveau , bien au contraire, car il est de Say; mais, comme 
le nom de Cuma est généralement reçu, nous ne voyons pas de mouf de le 
changer. Le principe de conserver le nom le plus ancien est bon, mais il ne 
faut pas toujours chercher à l'appliquer dans toute sa rigueur. Si l'on reprend 
aujourd’hui le nom donné par Say, est-on sûr de ne pas devoir le changer 
demain en un autre plus ancien et encore plus complétement oublié? Il est 
convenable, pensons-nous, d'appliquer ce principe avec une sage mesure : 
la nomenclature varie déjà assez sans que l’on cherche à changer des noms 
généralement reçus. M. Spence Bate fait connaitre sept espèces britanni- 
ques et crée les genres Eudora, Halia et Venilia. Ges deux derniers noms 
génériques, il les change ensuite : Halia en Iphinoë, et Venilia en Cyrua- 
nasse, Le savant carcinologiste anglais affirme également que les Cuna sont 
des crustacés adultes, et il en forme une famille distincte qui se rapproche, 
d'un côté, des macroures et des stomapodes, de l’autre, par les yeux et la 
forme de leurs mandibules, des amphipodes ?. 

Les assertions d’Agassiz, d’avoir vu des Cuma provenir de certains ma- 
croures, ont tellement ébranlé plusieurs carcinologistes, et des plus célèbres, 
que le beau mémoire de Spence Bate n’est pas parvenu à les convaincre. 

En 1852, M. Milne Edwards, dans ses Observations sur les affinités 
zoologiques et la classification naturelle des crustacés ?, tout en parlant des 
mysis comme formes inférieures des décapodes, ne compte pas les Cuma 
parmi les podophthalmaires décapodes, et, dans son Rapport sur les méta- 
morphoses des Praniza en Ancea, rapport fait à l'Académie des sciences le 
28 juin 1858, l'illustre professeur du Muséum met les Cuma sur la même 
ligne que les phyllosomes, les mégalopes et les zoés 5, c'est-à-dire comme 
devant disparaitre du cadre zoologique. 

Il en résulte que, pour Agassiz, ce sont de jeunes macroures voisins des 


Ann. and Mag. of nat. hist on the British Diasryinar, tom. XVI, p. #49; tom. XVIIT, 
p. 187, et On the genus Cum, janvier 1857, p. 106. 

2? Ann. des sc. nat., 1859, €. XVIII, p. 109, et Ann. des sc. nat., 1858, 1. IX, p. 91. 

5 L'Institut, 1858. 


SUR LES CRUSTACÉS. 75 


genres palémon et hippolyte, et que pour Goodsir ce sont des macroures aussi, 
mais des animaux complets qui doivent prendre rang entre ces derniers el 
les stomapodes. Le professeur Bell les place dans les podophthalmaires; mais, 
d’après M. Spence Bate, ce ne sont pas des décapodes : ils doivent se placer 
derrière les mysidés, parmi les stomapodes. Enfin, dernièrement, on à cru 
trouver des affinités entre les Cuma et le genre fossile si remarquable des 
Eurypterus, qui appartient évidemment au groupe des limules, lequel est 
bien éloigné de ceux-ci !. 

On voit par ce qui précède que le doute est aujourd'hui plus grand que 
jamais, puisque l’auteur même du genre propose de le rayer du catalogue des 
êtres, quand Krover, Goodsir et Spence Bate soutiennent au contraire qu'il 
faut Py conserver. 

Pour nous, il n°v a aucun doute possible : les cumacés sont des crustacés 
adultes. On connait les femelles avec leurs œufs et leurs embryons et même 
le développement direct de ces derniers, par les observations de Kroyer et de 
Goodsir, que nous pouvons pleinement confirmer. Parmi toutes les formes 
embryonnaires de podophthalmes ou d’édriophthalmes que nous avons ob- 
servées sur nos côtes, nous n’en avons pas vu une seule qui eût même la 
moindre ressemblance avec un Cuma quelconque. 

Ces crustacés doivent done prendre rang dans le cadre careinologique ; 
mais quelle est leur place? Ils tiennent évidemment aux podophthalmes déca- 
podes par leur ensemble et leur physionomie , aux stomapodes par leurs 
branchies, et aux édriophthalmes par les veux et quelques autres caractères. 
Mais que sont-ils en définitive ? 

Donnons d’abord la description des espèces, après nous verrons mieux 
les liens de leurs aflinités. 


DESCRIPTION. 


ILest évident que les eumacés forment un groupe parfaitement distinct et qui 
deviendra par la suite très-riche. Mais pour l'établissement régulier des genres, 


1 Quarterly Journal of the geol. Soc., 1856, Observations on the structure... of HimANTor- 
TERUS , p. D4. 


76 RECHERCHES 


il nous semble que les travaux, et surtout les recherches comparatives, ne sont 
pas encore assez complets. Jusqu'ici on n’a guère observé que des faits isolés. 

Nous allons faire connaitre trois espèces et toutes les trois appartiennent à 
une division générique distincte : la première est un Bodothria, la deuxième 
un Ciona, la troisième un Leucon. 

Les cumacés ressemblent, par leur céphalothorax, aux décapodes, mais ils 
n'ont positivement pas d'yeux pédiculés , et la carapace ne recouvre pas tous 
les segments thoraciques. Les appendices gnathopodiques sont au nombre de 
huit au lieu de dix, de manière qu'il y a deux paires de somites carapaciques 
qui manquent. Les pléopodes varient, tandis que leurs somites restent au 
nombre de cinq. 


GENRE BODOTHRIA, Goodsir. 


Ce genre à été établi par Goodsir et mérite , sans aucun doute , d'être con- 
servé, quelles que soient les variations des appendices dans les divers mem- 
bres de la famille, Nous tracerons iei un ensemble de caractères qui, à notre 
avis, justifie complétement cette séparation générique. 

Le nombre total d'appendices céphalothoraciques ne varie guère; mais, 
au lieu de trois paires de pieds-mâchoires, comme dans les crustacés voisins, 
la dernière paire passe au thorax, et le nombre de paires de pattes ou de 
péréiopodes est de quatre : ils ne portent pas de flagelle. Les pléopodes, ou 
appendices abdominaux, sont au nombre de cinq paires, tous biramés et en 
méme temps presque aussi développés que ceux du thorax. Le segment caudal 
est moins grand que les précédents, mais les appendices ou uropodes sont 
d'une longueur excessive. Le telson est rudimentaire et tuberculeux. 

Nous croyons cet animal, que nous avons trouvé sur nos côtes avec des 
mysis, nouveau pour la science et, en souvenir du service rendu par le 
savant professeur d'Édimbourg, nous proposons de lui donner le nom de 
BoporuriA Goopsir , Van Ben. 

Les appendices abdominaux et caudaux, les pléopodes et les uropodes 
sont très-longs, surtout les derniers; la carapace est également assez longue 
et étroite, tout l'animal est grêle et délicat. 


1 


—! 


SUR LES CRUSTACÉS. 


Le Bodothria de Goodsir diffère du Bodothria arenosa par plusieurs 
caractères importants et qui ne sont pas difficiles à disuinguer. Nous citerons 
parmi les plus saillants les différences dans les appendices abdominaux et 
caudaux. Dans le B. arenosa, les pièces terminales sont proportionnellement 
courtes, tandis que dans le B. Goodsir elles ont la même longueur que la pièce 
basilaire , et les pièces terminales des appendices abdominaux sont en même 
temps plus allongées. Si nous en jugeons d’après le dessin que Goodsir à 
donné de son Bodothria, 1 existe également une différence assez notable dans 
la carapace, aussi bien chez le mâle que chez la femelle. 

Si maintenant nous comparons ce Bodothria, que nous dédions à Goodsir, 
au Cyrianassa gracilis de Spence Baie, on verra aisément qu'il existe déjà 
trois espèces de cumacés parfaitement distinctes dont l'abdomen porte cinq 
paires de pattes biramées. 

Les différences que l'on observe entre ces deux espèces, du moins à en 
juger par le dessin que Spence Bate en a publié, portent sur iles lobes anté- 
rieurs du céphalothorax, qui paraissent plus proéminents chez le Cyrianassa 
gracilis ; sur les segments thoraciques plus minces dans ce dernier et qui 
justifient le nom spécifique de gracilis ; enfin, sur les segments abdominaux 
qui, par contre, sont plus grands, surtout le sixième ou le dernier. Ce segment 
porte, dans l'espèce appelée gracilis, un tubercule au bout, qui est séparé 
par une légère échancrure et qui a la même dimension que les autres, tandis 
que, dans l'espèce que nous dédions à Goodsir, ce dernier segment n’a guère 
plus de la moitié des autres, aussi bien en longueur qu'en hauteur. Nous 
trouvons encore des différences notables dans les appendices, surtout dans 
ceux de la queue; mais il est prudent de ne pas trop s’en rapporter au dessin 
et aux descriptions , et d'attendre que l'on ait l’occasion de comparer les objets 
en nature. 

Le mâle et la femelle ont la même taille, cinq millimètres de longueur, 
mais ils différent notablement entre eux par presque tous leurs appendices. 
Les antennules des mâles sont multiarticulées, comme celles des femelles, et 
à peu près de la même longueur, mais elles sont terminées par des faisceaux 
de soies qui en font un véritable goupillon. Les mâles ont les antennes lon- 
gues et fort grêles, atteignant par leur sommet, quand elles sont couchées le 


+ 


78 RECHERCHES 


long du corps, le quatrième somite abdominal; chez les femelles, elles n’attei- 
gnent qu'avec peine le premier segment thoracique. Les mâles ont les pléo- 
podes couverts de soies plumeuses, tandis que celles-ci manquent chez les 
femelles, et la présence de ces soies se fait remarquer également aux uropo- 
des, mais chez les mâles exclusivement. La carapace même présente des diffé- 
rences dans les deux sexes: elle est terminée sur le côté et en arrière par un 
prolongement annelé sous forme de corne qui semble protéger ses flancs. 

Ïl parait résulter de ceci que le mäle est bien meilleur nageur que la 
femelle, et qu’à cet effet ses antennules ont été allongées pour informer à de 
plus grandes distances des dangers qu'il peut courir. 

Avant de comparer cette nouvelle espèce au Bodoihria arenosa décrite 
par Goodsir , faisons la description des caractères extérieurs de notre nou- 
velle espèce. 

Ce crustacé est fort allongé ; le thorax et l'abdomen ont deux fois et demie 
la longueur de la carapace. Le corps se rétrécit insensiblement d'avant en 
arrière , et c’est à la partie antérieure de la carapace qu'il a le plus de lar- 
geur. 

La carapace est assez fortement comprimée. La pointe frontale ou Île 
rostre est un peu obtus; les deux lobes latéraux le dépassent légèrement. 
Toute la pointe est couverte de taches de pigment qui représentent Pœil. 

Aprés que M. Kroyer eut décrit ces crustacés avec soin et avec une par- 
faite connaissance de leur structure, M. Goodsir prétendit de nouveau que 
leurs yeux sont pédiculés comme ceux des décapodes et qu'ils avaient échappé 
à l'attention de Kroyer, à cause de leur situation sous la carapace. Comme 
on le pense bien, ce point était excessivement important pour décider la 
question des affinités naturelles de ces animaux. 

Erichson , en rendant compte, dans ses Archives, du travail de Goodsir, 
et acceptant ces faits sans hésitation, erut la question définitivement tranchée 
et mit les cumacés parmi les véritables décapodes. 

M. Kroyer a repris cette question peu de temps après et maintient avec 
raison son opinion. Nous ne savons quelles sont les espèces que M. Goodsir a 
étudiées; mais ce qui est certain , c’est que dans trois espèces, dont une très- 
grande, le Cuma Rathkii, nous avons vu des individus vivants des deux 


SUR LES CRUSTACÉS. 79 


sexes, et qu'aucune d'elles ne présente une apparence d’yeux pédoneulés. 

Sur les flancs, on voit fort bien que la carapace est formée des épi- 
mères qui sont venus se souder avec les pièces médianes et dont on peut re- 
connaitre encore fort bien les jointures. 

Dix somites concourent à la formation de la carapace. Elle est arrondie 
sur le côté en arrière dans le mâle; dans la femelle, au contraire, la cara- 
pace présente de chaque côté une forte pointe qui n’est pas disposée comme 
une véritable épine, mais plutôt annelée sur toute sa longueur, comme un 
appendiee antennaire, 

On voit à la surface de la carapace de fines ramifications de pigment qui 
se groupent avec symétrie et forment des taches ou plutôt des arborisations, 
comme dans les mysis. 

Il y a quatre anneaux thoraciques entièrement à nu et qui sont à peu près 
également développés. Nous ne trouvons guère de différences entre eux chez 
les deux sexes. Chacun de ces somites porte une paire de pattes et présente 
à sa surface comme sur le côté ces fines ramifications que nous avons si- 
gnalées déjà sur le segment carapacique. 

La région abdominale est formée de cinq somites à peu près aussi larges 
que longs, à l'exception du dernier, qui est toujours plus allongé que les 
autres. Chaque segment de cette région abdominale montre également des 
taches dendritiques de pigment. 

Le dernier somite, ou le caudal, est le plus petit; il est pour ainsi dire 
tronqué en arrière et porte deux appendices bifides, qui sont presque aussi 
longs que l'abdomen. 

Les antennules sont petites et formées de plusieurs pièces ; elles atteignent 
à peu près le tiers de la longueur de la carapace. Elles diffèrent beaucoup , 
comme nous l’avons déjà dit, chez les deux sexes. 

Le mâle montre d'abord, dans chaque antennule, trois articles assez forts, 
dont le dernier est un peu allongé; ces trois articles forment en quelque sorte 
un premier étage. Dans le second étage, on compte également trois articles, 
mais qui sont considérablement plus petits. À trois, ils ne dépassent guère 
un autre en longueur. A la base de cet étage, l’article est entouré, d’un côté, 
d'un faisceau de filaments qui forment là un véritable goupillon. Ces filaments 


80 RECHERCHES 


sont aplatis à la base comme des lanières et eflilés au bout; ils sont placés 
irréguliérement. 

La femelle a les trois articles du premier étage un peu plus faibles, et tout 
le second étage est constitué par un article terminal portant à son sommet 
trois petites soies. Le goupillon manque complétement chez elle. 

Les antennes sont formées de trois articles basilaires au moins, le coxocé- 
rithe , le basocérithe et l'ischiocérithe ; le dernier est le plus développé et porte 
une longue tigelle articulée ou procérithes, dont la pointe terminale atteint 
le milieu du quatrième segment abdominal, du moins dans le mâle. Ces 
antennes portent, sur leur bord antérieur, dans toute la longueur et jusqu'à la 
pointe, des soies fort courtes. C'est vers le bout libre qu'on distingue le mieux 
les articles, et ils y sont trois ou quatre fois plus longs que larges. 

Les antennes des femelles occupent la même place; elles sont moins 
longues et plus robustes. Elles ne dépassent pas beaucoup la longueur de la 
carapace. On voit distinetement des traces d’articulations dans son intérieur, 
mais elles sont beaucoup plus rapprochées que dans les antennes mâles. 

Les pièces de la bouche ne sont pas réparties comme dans les Cuma véri- 
tables, puisque, au lieu de trois paires de pieds-mâchoires, il n'y en à que 
deux, une paire ayant passé au service de la région thoracique. Le nombre 
total des appendices de la tête et du thorax reste toutefois le même. 

Les mandibules ou protognathes sont courtes et trapues. La pointe libre 
se couvre de petites soies roides en guise de brosse. 

Sur le côté des mandibules, dans ces pièces détachées, nous avons vu un 
appendice membraneux assez court qui représente peut-être le palpe. 

Nous passons sous silence les deux paires de mâchoires. 

Les deux premières paires de pattes-mâchoires qui suivent sont fort grèles 
et délicates. Elles portent aussi des soies en forme d’épines; quelques-unes 
sont en forme de crochets, et d’autres même sont plumeuses. L'article basi- 
laire est particulièrement long. 

La troisième paire de pieds-màchoires est très-grande, surtout par sa portion 
basilaire ou son basognathite, qui forme la moitié de la largeur. Les cinq autres 
articles qui suivent ne diffèrent que peu entre eux. Les deux derniers portent 
des soies roides recourbées, tandis que, sur les autres, on voit quelques soies 


SUR LES CRUSTACÉS. si 


plumeuses en dedans et en dehors. Getie paire porte un exognathe qui à la 
même longueur, du moins si l’on y comprend les soies. 

La première paire de pattes véritables ou de péréiopodes est exactement 
conformée, comme la précédente, aussi bien la patte même que l’exopode; 
seulement le pénultième article s’est un peu allongé, d’où résulte une lon- 
gueur notablement plus grande. Les deux derniers articles atteignent la 
base des antennes dans leur situation naturelle. 

Les pattes sont au nombre de quatre; il n°y a pas de doute à cet égard, et 
ce même nombre se retrouve dans les deux sexes. La dernière et lavant- 
dernière paire sont les plus courtes ; la seconde, au contraire, est la plus 
longue. Ces appendices se composent en général de cinq articles et portent, 
surtout au bout, des soies plumeuses. 

Les cinq somites abdominaux portent chacun une paire d’appendices 
biramés, dont les antérieurs sont les plus développés. Ces appendices sont 
presque aussi longs que les pattes mêmes. Chez les males, les deux lamelles 
terminales portent de très-longues et fortes soies plumeuses, tandis que chez 
les femelles, ces appendices en sont complétement dépourvus. 

L’appendice caudal, ou l'uropode, est biramé aussi; la pièce basilaire est 
fort longue ; sur toute la longueur, le bord interne est garni de fortes épines 
dentelées. Les deux lamelles terminales sont formées de deux pièces qui 
ont ensembie à peu près la longueur de la pièce basilaire; linterne montre 
sur son bord intérieur de très-fortes épines dentelées, dont une grande est 
terminale; la lamelle externe est armée de longues soies plumeuses, dont une 
est isolée sur la première pièce; les autres sont placées, au nombre de neuf 
ou de dix, sur le tranchant interne et autour du bout libre. Les soies externes 
sont les plus courtes. 


GENRE CUMA. 


Nous comprenons dans le genre Cuma les crustacés qui ont trois paires 
de pattes, le segment caudal très-développé, et chez lesquels les mâles ont 
seuls les deux premiers anneaux abdominaux pourvus d'appendices. 

Une des belles espèces de ce genre est le Cuna Rathkii dont nous allons 


donner une courte description. 
11 


82 RECHERCHES 


Cette espèce a été dédiée par Kroyer à lillustre naturaliste de Kænigs- 
berg, qui à acquis un si beau nom dans la science par la consciencieuse 
exactitude qu'il a mise dans toutes ses recherches. 


Cuma Rarakn, Ær.1. 
(Planche XII.) 


Les Cuma ont un squelette cutané assez solide; par leur abdomen et leur 
physionomie, ils se rapprochent des scorpions. 

La carapace laisse à découvert les deux derniers somites céphaliques, de 
manière que les cinq somites qui suivent le céphalothorax semblent ap- 
partenir à la région thoracique. 

Le thorax véritable est donc formé seulement de trois somites, très-dis- 
tincts à l'extérieur et qui sont parfaitement séparés les uns des autres. On 
ne voit de différence entre eux que dans ce sens, qu'ils perdent en largeur 
d'avant en arrière et que le dernier ne dépasse que de bien peu le pre- 
mier somite abdominal. 

La région abdominale montre ses cinq somites ordinaires, dont le dernier 
est encore le plus volumineux. 

Le somite caudal est remarquable par sa division en trois étages, et le 
telson ressemble à un sabre un peu moins long que les uropodes. 

La disposition des appendices est très-instructive. Les antennules sont en 
partie cachées sous le bord antérieur de la carapace : elles sont composées d'un 
premier article basilaire ou coxocérithe assez long et garni sur son bord in- 
terne, en avant, d'une forte soie plumeuse. Le basocérithe est très-court, 
tandis que lischiocérithe a presque le double sans avoir perdu de son calibre. 
Ce dernier est terminé par un double procérithe, l’un de trois et l’autre, l'ex- 
terne, de quatre articles. Les articles terminaux sont garnis de petites soies. 

Les antennules du Cuma décrit par Spence Bate sous le même nom 
sont simples au bout, c'est-à-dire terminées par un appendice unique formé 


! L'espèce que Spence Bate décrit sous le nom de Diastylis Rathkii et qu’il regarde comme 
synonyme du Cuma Rathkii de Kroyer, nous paraît différente de celle que nous décerivons ici. 


SUR LES CRUSTACES. 85 


de quatre pièces portant toutes une soie. 1} ÿ a done une différence très-grande 
entre ces deux Cuma décrits sous le même nom spécifique. 

Les autres paires d'appendices ne diffèrent pas moins. 

Les antennes sont très-longues dans le mâle et recourbées communément 
en arrière ou en dehors, atteignant, par leur extrémité, à peu près le milieu 
du thorax. Dans ces antennes, on voit le support formé de deux articles, le 
second ayant à peu près le double de la longueur de l’autre, et une bonne 
vingtaine de pièces mobiles un peu plus longues que larges, surtout les 
dernières, dans le procérithe. 

Les mandibules, ou les protognathes, n'offrent rien de remarquable, si ce 
n'est qu'elles ne portent pas de palpes. Elles montrent un talon assez fort, 
pour produire le mouvement de bascule ordinaire, et des dents , assez fortes 
aussi, terminent sa pointe libre interne. 

Les deux mâchoires, les deutognathes et les tritognathes, se ressemblent 
beaucoup entre elles. Elles ont la forme d’une patte ordinaire et montrent 
chacune cinq articles, dont le dernier est en forme de griffe. Elles sont toutes 
les deux armées de fortes soies plumeuses très-longues et très-fournies, sur- 
tout le pénultième article. 

Les deux paires de mâchoires sont suivies de trois paires de pieds-mà- 
choires, les tétrognathes et les gnathopodes, qui les recouvrent complétement 
et qui présentent exactement la même composition entre elles. Elles diffèrent 
seulement en longueur, la seconde dépassant toutes les autres et s'étendant 
méme en avant plus loin que le bout des antennules. 

Les protognathes et les deutognathes sont simples, tandis que les trois 
paires de pièces qui suivent et qui complètent les appendices gnathopodi- 
ques sont doubles et biramées. 

Voici la composition du tritognathe. Le fouet ou l’épipode montre d'abord 
une pièce basilaire assez longue et forte, puis une seconde plus faible, qui 
est suivie enfin de cinq autres articles aussi larges que longs. Ces cinq der- 
nières pièces qui vont en diminuant portent toutes sur leur bord interne 
des soies assez fortes, longues et plumeuses. L'appendice principal est formé 
de trois articles. 

Les deux paires de gnathopodes qui suivent présentent une composition 


84 RECHERCHES 


semblable, et c’est la pénultième qui est la plus longue; elle dépasse en 
avant les antennules. 

Tous les appendices précédents sont au service de la bouche et se recou- 
vrent les uns les autres d’arrière en avant. Les trois paires d’appendices qui 
suivent sont des pattes véritables, des péréiopodes, et se dirigent librement 
en dehors. 

Les trois péréiopodes se ressemblent parfaitement, sauf pour Ia longueur ; 
l'épipode ou fouet des deux antérieurs montre en dehors une sorte d'épine. 
Ces appendices vont, en diminuant de longueur, d'avant en arrière , de sorte 
que la troisième ou dernière paire est la plus courte et la plus simple. Les 
dactylopodites sont garnis de soies dans les trois paires. 

Les deux premiers somites abdominaux portent de courts pléiopodes uni- 
articulaires très-distinets, sans soies, tandis que les deux suivants ont des 
appendices plus simples encore; sans un examen très-attentif, ils échappent 
communément à l'attention. 

Le nombre d’appendices céphalo-thoraciques, qui est de quatorze dans 
les crustacés décapodes, est done seulement de onze dans les Cuma, et la 
diminution porte sur les pédoncules oculaires comme sur les véritables paires 
de pattes : c’est là peut-être le caractère distinctif des crustacés de ce groupe. 

Le segment terminal , ou plutôt l’urosomite, diffère notablement des autres 
par sa forme; des deux côtés, vers le milieu, il porte un uropode biramé 
qui masque en partie le telson et le dépasse un peu en longueur. 

Le telson est droit, gréle et en forme de sabre légèrement dentelé sur les 
bords, mais sans soies. 

Au premier abord, les Cuma, sous le rapport des somites surtout, semblent 
rentrer complétement dans la forme normale des décapodes. Leur céphalo- 
thorax est suivi de cinq somites séparés portant appendices, auxquels succè- 
dent cinq autres somites abdominaux , un somite ural et le telson : on dirait 
un décapode dont la carapace n’a pas pris assez d'extension pour couvrir le 
thorax. Mais iei nous trouvons un nouvel exemple de la séparation arbitraire 
des pattes et des pièces de la bouche, puisque les appendices des deux pre- 
miers somites qui suivent la carapace dépendent plutôt de la tête que du 
thorax et se rattachent aux pièces accessoires de la mastication. 


SUR LES CRUSTACÉS. s5 


GENRE LEUCON. 


Nous avons trouvé deux individus d’une même espèce qui se rapportent 
encore, par quelques caractères, au genre Cuma, mais qui semblent cepen- 
dant mieux se rapprocher des Leucon de Kroyer. Nous avons heureusement 
pu observer ces crustacés en vie. 

Le corps est fort grêle et allongé, et l'abdomen avec ses uropodes dépasse 
notablement la longueur de la région céphalo-thoracique. Tout le squelette 
tégumentaire est parsemé de taches pigmentaires régulièrement espacées et 
à peu près également développées. La carapace est courte, mais assez large, 
et montre en avant un rostre obtus séparé par deux profondes échancrures. 
La carapace, dans ses parties latérales, se termine en pointe, et le rostre est 
caché partiellement sous elles. Derrière la carapace, il y a quatre somites 
à appendices libres, dont le dernier est fort étroit. 

Ne trouvant pas à rapporter ce Leucon à une espèce connue, nous lui 
avons donné le nom de 


LEUCON CERCARIA, Van Ben. 


(Planche XIV.) 


Il est long de trois millimètres. 

Nous l'avons péché avec le petit filet en mer devant Ostende. 

L'individu vivant, que nous avons eu sous les yeux pendant que nous 
faisions nos recherches sur les mysis, nous a montré une grande ressem- 
blance avec ces crustacés, surtout par la disposition des principaux appareils. 
Nous avons vu battre le cœur comme chez eux; nous avons vu distinetement 
tout l'appareil digestif et sexuel à travers lépaisseur du tégument, et nous 
aurions pu croire que nous avions recueilli quelque mysis déformé. 

Donnons-en une courte description, du moins pour ce qui concerne les 
parties extérieures. 

La carapace, comme nous l'avons dit plus haut, est remarquable par sa 
brièveté, et le rostre nous montre sur la ligne médiane des taches pigmentaires 
formant un dessin régulier; ces taches pourraient bien remplir le rôle d’yeux. 


86 RECHERCHES 


Des quatre somites libres qui suivent et qui semblent former le thorax, 
les trois antérieurs ont à peu près le même développement, tandis que le 
dernier se rétrécit considérablement, pour faire le passage aux somites ab- 
dominaux. 

Ceux-ci sont assez longs et étroits, et du premier au cinquième, ils gagnent 
en longueur. 

Le somite de la queue est fort court, et montre au bout un telson assez 
large, fort peu développé en longueur et tronqué à l'extrémité. 

Quant aux appendices, nous voyons des antennules assez simples, ter- 
minées par deux soies et formées de plusieurs articles différant entre eux 
seulement par le calibre. 

Les antennes de l'individu que nous avons eu l’occasion d'étudier avec le 
plus de loisir montrent un coxocérithe, un basocérithe et un ischiocérithe 
qui différent bien peu entre eux, mais on y voit au bout un procérithe soyeux 
très-développé, qui atteint à peu près la moitié de la longueur du thorax et 
qui montre un appendice rudimentaire à la base. 

Les mandibules, ou protognathes, sont fortes, mais n’offrent de particulier 
que leur forme trapue et les courtes soies terminales qui servent à la mas- 
tication. 

Les deutognathes sont très-développés, surtout le basognathe, qui occupe 
à peu près la moitié de la longueur totale. IT porte des soies plameuses. Les 
derniers articles sont hérissés de soies en brosse et de soies plumeuses. Les 
tritognathes sont moins complets et n’ont qu'un peu plus de la moitié de la 
longueur des précédents. L'article terminal est garni de fortes soies très-larges 
et serrées. 

Les tritognathes et les deux paires de gnathopodes sont garnis d’un épi- 
pode très-volumineux. Ils se ressemblent beaucoup entre eux ; celui du milieu 
est le plus long. Le dernier est inséré sur le premier somite libre qui semble 
dépendre du thorax. | 

Suivent trois paires de pattes véritables ou de péréiopodes qui montrent 
une composition identique et différent seulement de longueur. La dernière 
paire est la plus courte, et c’est aussi la seule qui ne porte pas un épipode 
rudimentaire. 


SUR LES CRUSTACÉS. 87 


Le premier somite abdominal porte un pléiopode très- court, formé de 
deux pièces seulement. 

Les autres somites n’en ont pas, si ce n’est le somite ural, qui a deux 
longs uropodes formés de longs articles, dont le dernier porte quelques soies 
courtes et fortes. 


SYSTÉMATISATION. 


Au lieu de quatorze somites à appendices , les cumadés n’en ont que onze; 
les podophthalmes et deux paires de péréiopodes manquent. 

Ils ont bien, quoi qu'on en ait dit, les yeux sessiles, comme les édrioph- 
thalmes. Les appendices sont répartis ainsi : deux paires d'antennes varia- 
bles, selon les espèces et même selon le sexe; une paire de mandibules qui 
tiennent beaucoup des mandibules des mysis; deux paires de mâchoires peu 
développées; trois paires de pieds-mâchoires armés d’un long plumet soyeux 
ou d’un épipode ; trois paires de pattes appendues directement à des anneaux 
thoraciques libres; des appendices abdominaux variables, selon le genre et 
les sexes, au nombre de einq chez les Bodothria ; enfin une paire d'appen- 
dices caudaux souvent extraordinairement allongés. Comme les mysis, les 
cumacés n’ont pas une cavité propre pour loger les branchies, et tout l'appa- 
reil digestif ressemble à celui de ces décapodes inférieurs. Nous pouvons en 
dire autant enfin des poches incubatrices, qui sont semblables dans ces deux 
groupes, et les œufs, comme les embryons dans le cours de leur dévelop- 
pement, ont entre eux la plus grande ressemblance. 

En tenant compte de l’ensemble de cette organisation , nous n'hésitons pas 
à placer les cumadés à eôté des mysis, comme un degré inférieur à ces der- 
niers, par l'absence des pédoncules oculaires. 


88 RECHERCHES 


LES IDOTHÉIDÉS. 


LITTÉRATURE. 


M. Szasser, Naluurkundige Verlustigingen behelzende microscopise waarnemingen van 1n- 
en uitlandsche water en land-dieren. Haarlem , 1778. 


Nous ne possédons dans cette famille qu'un seul genre sur lequel nous 
ayons réuni des obervations qui méritent de prendre place ici. 


GENRE SLABBERINA, Van Ben. 


HISTORIQUE. 


Il y a cent ans à peu près que le zélé observateur hollandais Slabber 
découvrit un joli crustacé isopode ayant le corps tout parsemé d'impressions 
dendritiques, comme on en voit si communément dans certains quartz-agates, 
et qu'il désigna , à cause de cela, sous le nom d’Agate pissebet ou Oniscus. 

Il est assez étonnant que personne ne semble plus avoir revu cet Oniscus, 
car nous ne le voyons mentionné nulle part. 

Ce n’est pas sans émotion que le naturaliste retrouve de ces formes, signa- 
lées par ses devanciers, que l’on croyait perdues ou que l’on considérait 
comme imaginaires. Nous avons éprouvé ceite émotion en voyant l'animal 
si curieux décrit et figuré par Slabber, et qui est loin d'être rare sur nos 
côtes, Sa forme gracieuse, jointe à la régularité de ses taches pigmentaires, 


SUR LES CRUSTACÉS. 89 


lui donne une physionomie à part, qui ne permet pas de le confondre avec 
un autre crustacé. 

Les carcinologistes n’ont point assigné un rang à cet Oniscus de Slabber, 
probablement parce que cet observateur, toujours si exact, ne représente 
que quatre pattes, trois antérieures et une postérieure, et qu'il n'accorde pas 
d’onglet terminal à cette dernière comme aux autres. 

Ce crustacé de Slabber ne se place bien dans aucun genre établi. I est 
le plus voisin des idothées, mais l’abdomen est garni en-dessous de cinq 
lames foliacées qui dépassent légèrement, par les soies plumeuses , le seg- 
ment scutiforme terminal, sans se prolonger sur la face dorsale par le côté; 
il ny a pas de lames operculaires simples servant de battant, et les diffé- 
rentes paires de lames sont biramées et imbriquées. 

Ainsi nous aurons pour caractères du genre : Antennules courtes et massives ; 
antennes longues et terminées par un procérithe dont la pointe aboutit au 
quatrième somite thoracique. Sept paires de pattes toutes terminées par un 
ongle crochu; abdomen garni en dessous de cinq lames foliacées, biramées, 
dont aucune paire ne fait office d’opercule, toutes logées en dessous des seg- 
ments abdominaux, sans dépasser le segment scutiforme terminal, si ce 
n'est par les soies plumeuses. 

Nous dédions ce genre à celui qui l'a observé le premier, et nous pro- 
posons, en conséquence, le nom de : 


SLABBERIA AGATA, Van Ben. 


(Planche XV.) 


Synonymie.— Agaar- Pisseer, Oxiscus, Slabber, Natuurkundige Verlustigingen, ete., XVII": 
partie, p. 149, pl. XVIT, fig. 1 et 2. 


Nous l'avons trouvé dans le port d'Ostende et assez abondamment le long 
de la plage, dans les flaques d’eau pendant la marée basse. 

Ce joli crustacé nage avec une célérité incroyable. Placé dans un aqua- 
rium ou un bocal, il s'élance d’un bout du vase à l’autre comme une flèche, 
s'élève à la surface , plonge ensuite jusqu'au fond et se livre aux mêmes évo- 


lutions que certains insectes d’eau douce. 
12 


90 RECHERCHES 


Slabber en a donné une assez bonne figure; mais le corps nous parait 
moins large qu'il ne Fa représenté. 

On le tient facilement en vie pendant quelques jours. Slabber en avait 
déjà conservé durant neuf jours, au mois d'août. 

Ce n’est qu’en été que nous en avons observé. 

Le corps est bombé en ovale allongé, presque linéaire et arrondi aux 
deux extrémités. 

Les segments du corps sont faiblement indiqués, si ce n’est par les dessins 
qui les recouvrent; sous ce rapport, c'est un des plus beaux et des plus sin- 
guliers crustacés de nos parages. Slabber lui avait déjà donné le nom spé- 
cifique d’Agate, et avec beaucoup de raison. La surface du dos est couverte 
de petites taches de pigment qui, vues à un grossissement de quelques dia- 
mètres, font exactement le même effet que les arborisations souvent micros- 
copiques que l'on voit dans certains agates. La comparaison est très-heureuse. 

Le segment céphalique présente, outre les yeux, trois bandes composées 
seulement de deux taches disposées symétriquement : une paire au-devant des 
yeux, une paire entre les yeux et une paire derrière. Ge n’est pas un moyen 
à dédaigner pour connaitre la composition segmentaire de l’anneau cépha- 
lique. Nous avons déjà vu, du reste, ces taches pigmentaires des mysis avoir 
la même importance. 

Les sept somites thoraciques qui suivent la tête portent chacun quatre 
paires de taches, toutes placées à peu près à la même distance les unes des 
autres. Elles ont au microscope l'aspect des corpuscules des os, et sont d’un 
noir foncé. 

Le somite abdominal présente un arrangement pigmentaire tout différent. 
On voit d'abord cinq paires de taches Sur la ligne médiane, assez grandes et 
dendritiques, toutes liées en dehors à une plaque allongée en travers et pré- 
sentant tout l'intérieur plein de stries noires régulières parallèles, de même 
épaisseur : on dirait les fils d’une toile d’araignée formant une échelle. 

Un dernier somite, couvert seulement de quatre taches dendritiques , ter- 
mine les somites pigmentaires. 

Le segment terminal, ou le telson, est scutiforme, aplati où légèrement 
bombé au-dessus, arrondi en arrière et garni sur le bord de quelques fila- 


SUR LES CRUSTACÉS. 91 


ments plumeux. I n'y à aucune apparence de taches pigmentaires à la sur- 
face de cette portion tégumentaire. 

Les sept somites thoraciques ont à peu près la même largeur. 

Les veux sont très-grands, occupent la partie latérale de la tête et s’éten- 
dent autant à la partie inférieure qu'à la partie supérieure, e’est-à-dire que 
ces organes de sens, qui sont d’un noir foncé, s'exercent aussi bien du côté 
du ventre que du côté du dos. On voit très-facilement les facettes. 

L'animal, placé sur le dos, montre distinctement les sept paires de pattes, 
ou péréiopodes , qui se joignent, sur la ligne médiane, à celles du côté opposé. 
Elles «sont toutes terminées par un crochet. Les trois antérieures sont diri- 
gées en avant, les trois autres en arrière. La sixième et la septième paire 
sont les plus longues et atteignent la base du segment caudal. 

Les appendices sous-caudaux, ou pléiopodes, sont biramés et se recou- 
vrent également depuis le premier jusqu'au dernier. Ils diffèrent très-peu 
entre eux. l n'y a point de lames, avons-nous déjà dit, faisant fonction 
d’opercule. 

En avant, on voit, entre les antennes et les yeux, un épistome de forme 
pyramidale qui fait saillie dans cette région du corps. 

Les antennules ressemblent par leur disposition aux antennes des caligiens 
et forment la partie antérieure de la tête. On voit en avant, sur la ligne mé- 
diane , une légère échancrure, puis trois articles placés bout à bout, les deux 
premiers d’une longueur égale à la largeur, le dernier ayant à peu près une 
longueur double. Les articles basilaires portent des piquants sur le bord, 
tandis que l’article terminal est garni tout autour de soies. 

Les antennes montrent, également à leur base, d’abord trois articles ba- 
silaires , à peu près aussi longs que larges, puis un article plus étroit et nota- 
blement plus allongé. C’est au milieu de cet article qu'aboutit la pointe des 
antennules. Le flagelle est ensuite très-long, puisque la pointe aboutit au 
quatrième segment thoracique. Il se compose d’une vingtaine d'articles. Ceux 
de la base sont à peu près aussi larges que longs, tandis que les terminaux 
sont au moins trois fois plus longs que larges. Chaque article porte sur son 
bord, à sa terminaison, des soies. Le dernier en porte deux ou trois un peu 
plus longues que les autres. 


92 RECHERCHES 


Ces antennes sont recourbées en arrière avec la pointe libre légèrement 
en dehors. 

Les pièces de la bouche sont très-rapprochées et occupent à peu près la 
hauteur des yeux. 

Les mandibules, ou protognathes , sont fort grandes, massives , terminées 
en dedans par une forte dent et par quatre ou cinq pointes réunies sur un 
talon, non loin de cette dent finale. Sur le bord postérieur on voit ensuite une 
lamelle en forme de feuille, très-solide et dont le bord interne est réguliè- 
rément denté. Chaque mandibule porte aussi en avant et en dehors une 
palpe composée de trois articles, à peu près également développés et dont le 
dernier porte une dizaine de soies roides. 

Le deutognathe recouvre immédiatement la mandibule. On voit une tige 
assez longue et forte, portée sur un pédoncule, tronquée au bout et termi- 
née par une dizaine de fortes dents recourbées vers la ligne médiane. Vers 
le milieu de la tige, on observe un article assez petit, portant trois forts gou- 
pillons, ou dents droites, fortes, obtuses et hérissées de soies courtes et roides. 

La deuxième paire de mâchoires , ou le tritognathe, est conformée comme 
la précédente qu’elle recouvre entièrement. Le pédoncule qui porte la tige 
principale est plus long, mais il est tronqué et également denté au bout 
comme la première paire. L'article mobile, au lieu de porter des goupillons, 
montre sept où huit fortes dents recourbées dont le bord est aussi légère- 
ment en scie. Le pédoncule porte, en outre, trois fortes dents roides et droites. 

Les gnathopodes dépassent un peu les autres pièces en longueur. Les pé- 
doncules se joignent sur la ligne médiane. Le basognathe est le plus long. 
Il est suivi de quatre autres articles qui diffèrent très-peu entre eux, du moins 
sous Île rapport de leur nature. Le premier qui suit le basognathe est le plus 
petit et porte en dedans une forte pointe hérissée de soies et trois ou quatre 
soies sur le côté. Le bord interne, comme le bord externe des trois articles 
suivants, est armé de dents assez nombreuses et surtout grandes et fortes 
en dehors. 

Les trois premières pattes ou péréiopodes sont assez semblables entre elles. 
Elles sont pliées sur elles-mêmes. La pièce la plus longue est le basopode, qui 
se dirige d'avant en arrière; puis suivent trois articles et un crochet terminal. 


SUR LES CRUSTACÉS. 95 


Ces trois articles semblent partiellement emboités les uns dans les autres. 

Les quatre dernières pattes ont le basopode dirigé de dehors en dedans 
et le reste de la patte d'avant en arrière. Les articles sont un peu plus longs, 
moins emboités, mais plus abondamment hérissés de soies. Le pénultième 
article est à étage et porte, outre les soies, de courts piquants sur le bord 
externe. 

Une particularité digne de remarque, c'est qu'on voit si bien dans toutes 
ces pattes les cordons musculaires, qu'on pourrait faire la myologie même 
chez des individus conservés dans la liqueur. 

L'abdomen porte cinq paires de lamelles biramées, dont le bord est garni 
de soies plumeuses très-longues, disposées, comme ailleurs, avec la plus 
grande régularité. Ces pléiopodes sont de puissants organes de locomotion. 

Le Slabberina est un véritable isopode, dont la place, comme nous l'avons 
dit plus haut, est à côté des édothées et dans la tribu des édothéides ordinaires. 


LES ASELLOTIDÉS. 


Dans cette famille nous ne faisons également mention que d’un seul 
genre. 


GENRE TANAIS. 


Parmi les formes plus ou moins insolites, pour les classifications systé- 
matiques, le genre T'anais réclame une place à côté des Cuma et des 
mysis. 

Nous avons observé un mäle et six femelles, provenant de la carapace 


94 RECHERCHES 


d'une Chelonia mydas, échouée sur nos côtes à Klemskerke, à une lieue 
d’Ostende. 

Ces crustacés rappellent assez bien les décapodes par la présence d'une 
carapace et la transformation en pince de la première paire de pattes, mais 
ils portent, comme les vrais isopodes , sept paires de pattes véritables sur 
la nature desquelles il ne peut y avoir le moindre doute. 

Ce genre a été créé par M. Milne Edwards. Voisin du genre Ahoë, il s’en 
distingue toutefois par les antennes, qui sont courtes et non terminées par 
une tige multi-articulée. 


Taxaïs DuLoGi, Saw. 


La carapace, de forme triangulaire, large et arrondie en arriére, se ter- 
mine en avant en pointe aiguë et présente sur le côté deux échancrures pour 
loger les veux. 

Ces yeux sont très-remarquables : sans être pédiculés comme dans les po- 
dophthalmes, ils sont cependant portés sur une tige courte, mais compléte- 
ment immobile. 

Nous avons déjà fait connaitre quelques particularités de l’organisation 
de ces crustacés !. 


! Bulletins de l’Acad. roy. de Belgique, 2° sér. & VE, n°1 


SUR LES CRUSTACÉS. 


© 


LES CAPRELLIDÉS. 


HISTORIQUE. 


Les Caprella et les genres qui s'y rattachent ne sont pas souvent étudiés, 
quoiqu'on les trouve assez communément sur nos côtes; elles vivent tantôt li- 
brement dans la mer, tantôt au milieu de touffes de sertulariens. Il y en a aussi 
parmi elles, et c’est même le plus grand nombre, qui se font voiturer par quel- 
que cétacé obligeant, prennent, de même que les eyames, le dos d’une baleine 
ou d’un dauphin pour gite, et ne sont pourtant pas plus parasites que ces 
derniers. Nous en avons trouvé même plusieurs sur la carapace d’une chélonée 
échouée à Mariakerke et d’autres sur la peau d'un Scëmnus glacialus, au 
milieu de beaux Dinemoura qui nous ont été remis par notre ami Eschricht. 

Des cinq genres qui composent cette famille, Leptomera, Nauprediu, 
Cercops, Ægina et Caprella, nous avons eu l'occasion d'en étudier deux. 

Comme l’histoire des chevrolles est étroitement liée à celle des eyames, il 
ne sera pas sans intérêt de joindre ici le résultat de quelques observations 
faites sur des cyames de Balaena australis qui nous paraissent identiques 
avec les cyames de Balaena mysticetus. Ces eyames proviennent du mor- 
ceau de peau de baleine, incrusté de tubicinelles, que nous devons égale- 
ment à l’obligeance de M. Eschricht. Autour de l'orifice d’une tubicinelle se 
trouvait, couché sur les valves et encore accroché par les pattes postérieures, 
un màle au milieu de deux femelles et, autour d'eux, quinze à vingt 
jeunes à divers degrés de développement. Une des femelles avait encore un 
œuf dans son sac ; l’autre avait le sac entièrement vide. 

L’embryon le plus petit n’a que deux à trois fois le volume de l'œuf : c'est 
évidemment le dernier éclos et il a déjà tous les caractères de l'adulte. Les 
pièces de la bouche même ne doivent plus subir de modifications notables ; 


96 RECHERCHES 


seulement la tête, en s'allongeant, les éloigne un peu plus les unes des au- 
tres, et, il est presque inutile de le faire remarquer, ces appendices de la 
bouche ne croissent pas dans la même proportion que les pattes véritables. 

Les jeunes cyames qui sont logés autour des femelles sont bien la progé- 
niture de celles-ci; aussi, d’après le nombre d'individus qui sont en voie de 
développement autour d'elles, peut-on admettre que chaque couvée compte 
en moyenne une dizaine d'œufs. 

Il faut conclure aussi de la différence d'age de ces embryons, que les 
œufs sont pondus successivement et que l'éclosion a lieu également à des 
intervalles fixes et réglés. 

Nul doute que les principaux changements de forme de ces embryons ne 
s'effectuent dans l'intérieur de l'œuf avant leur éclosion ; les eyames sont 
bien, par conséquent, des crustacés sans métamorphoses véritables. 

Au milieu de ces cyames se trouvait encore en abondance le cétochile 
australe, le même que Roussel de Vauzème a vu en si grand nombre dans 
l'océan Pacifique, ainsi qu'un Acarus très-poilu d’une physionomie toute 
particulière. Nous parlerons plus loin de ce cétochile. Nous ferons remar- 
quer seulement en passant que Kroyer a trouvé également au milieu de 
Caprella (Ægina longicornus), pris par le capitaine Holbüll, à six milles 
de Frédériks-Haab, un Acarus d’un ‘/6'!! de longueur, voisin de celui dont 
il est question ici et dont il n’a figuré que la partie postérieure du corps !. 


GEexre NAUPREDIA, Larr. 


(Planche XVII.) 


Ce genre, formé par Latreille, n’a été étudié encore avec quelque soin 
par aucun naturaliste. Les nauprédies n’ont que dix pieds, dit Latreille ?, tous 
dans une série continue ; la seconde paire et les deux paires suivantes ont à 
leur base un corps vésiculaire. Latreille ajoute en note : espèce de nos côtes 
qui me parait inédite. Elle appartient également aux côtes de Belgique. 


1 Krover, Vaturhistorisk Tidskrift, vol. IV, p. 515, pl. VIT, fig. 12. 
2 Règne animal, 2° édit, vol. IV, p. 128.— Milne Edwards, AHist. nat. des crust., vol. IE — 
Desmarest, Consid. génér. sur les crustacés. — Kroyer; Naturhistorisk Tidskrift, vol. IV, 


p. 490. 


SUR LES CRUSTACÉS. 97 


M. Milne Edwards, dans son Histoire naturelle des crustacés, fait men- 
tion de ce genre, mais sans rien en faire connaitre de plus. 

Nous l'avons trouvé à diverses reprises sur le littoral de Belgique, et 
nous allons lever tout doute au sujet de son existence et de ses caractères. 

Les caractères génériques assignés par Latreille sont exacts; mais on 
verra, par la description, qu'on peut joindre divers caractères également im- 
portants à ceux que ce savant leur a attribués déjà. Ces Naupredia s’éloi- 
gnent notablement des chevrolles, quoique , par leur physionomie, ils sem- 
blent à peine s’en distinguer. 

Il est inutile de faire remarquer que des carcinologistes ont eu tort de 
supposer que ces Naupredia ne sont que des Leptomera mutilés : ce sont bien 
des crustacés complets, et les genres sont parfaitement caractérisés. 

Nous allons donner ici la description de l'espèce jusqu’à présent unique 
du genre et à laquelle nous donnons le nom de : 


NauPrEDIA TRistis, Van Ben. 


(Planche XVIL.) 


Les antennules comme les antennes sont très-développées; les premières 
ont un quart de plus en longueur que les autres. On voit cinq paires de pattes 
qui se suivent et qui sont insérées sur les premiers somites thoraciques; les 
deux antérieures sont terminées par une main ovalaire; les trois premiers 
segments thoraciques portent, à la base des pattes, chacun une vésicule bran- 
chiale; le cinquième est seul privé d’appendices, tandis que le segment caudal 
en porte deux paires. 

Ce crustacé n’a guère plus de 5 millimètres de longueur. 

Nous l'avons trouvé au milieu de touffes de sertulaires et de tubulaires. 

Le corps est assez grêle, sans être cependant aussi effilé que celui des che- 
vrolles en général ; la physionomie rappelle à l'instant ces derniers. 

Tout l'animal est divisé en sept somites, dont l'antérieur, le céphalique, 
est le plus grand et le dernier le plus petit. L'avant-dernier, comme nous 
venons de le dire, est seul sans appendices. 

Le segment céphalique est bombé, globuleux , sans proéminence frontale. 

15 


98 RECHERCHES 


Sur le côté on voit des yeux assez grands composés d’une douzaine de facettes. 

Les antennules sont très-longues ; elles atteignent à peu près le milieu du 
troisième segment thoracique; elles sont composées de six articles garnis au 
bout de quelques soies , surtout l’article terminal. Le troisième et le cmquième 
article sont les plus longs. Les antennes proprement dites aboutissent par la 
pointe au milieu du pénultième article de l’antennule; leur article basilaire 
est le plus développé, et c’est le quatrième qui est le plus long. Les mêmes 
soies éparses recouvrent ces appendices, et si on les voyait séparés du corps, 
l'on pourrait aisément prendre lun pour l’autre. 

Les pièces de la bouche forment une proéminence assez forte , de maniere 
et que de profil on peut les distinguer entre elles. 

Les mandibules, ou protognathes, sont fortes, armées de plusieurs dents 
et portent chacune une palpe composée de deux articles semblables. 

La première paire de mächoires, ou les deutognathes, est assez simple; 
elle dépasse un peu les mandibules en longueur. 

Le tritognathe est un peu plus court. Le dernier article est dentelé au bout, 
de manière qu'on pourrait bien le comparer à une ratissoire dont les dents 
ne sont plus placées régulièrement. 

Le tétrognathe ressemble à une paire de pattes et recouvre les appendices 
précédents, y compris même les mandibules. Il est composé de quatre arti- 
cles distincts, dont le dernier est légèrement recourbé en griffe. 

Les pattes, c’est-à-dire les péréiopodes, sont au nombre de cinq paires 
qui se suivent sans intervalle. Elles sont insérées sur le segment céphalique 
et les quatre premiers segments du thorax. 

La première paire est insérée à la hauteur de la dernière pièce de la 
bouche. Elle est composée de einq articles bien distincts et d’un article basi- 
laire. L’avant-dernier article, ou le propodite, est comprimé , élargi, à bord 
interne assez fortement dentelé et pouvant servir de main. 

La seconde paire est conformée exactement comme la première , mais tous 
les articles sont plus forts, et la patte est aussi plus longue. Elle porte à sa 
base , comme les deux pattes suivantes, une vésicule branchiale. 

Les trois paires de pattes suivantes, insérées sur le deuxième , le troisième 
et le quatrième segment , sont conformées exactement de même et ne diffèrent 


SUR LES CRUSTACÉS. 99 


entre elles que par leur longueur respective. C’est la pénultième qui est la 
plus longue et la suivante la plus courte. 

Le segment caudal porte en dessous de chaque côté deux paires d’appen- 
dices formés de trois articles qui correspondent à ceux du segment caudal 
des décapodes et des isopodes. 

Nous n'avons rien observé ni sur les organes intérieurs, ni sur les sexes 
et leurs mœurs. 

Ces crustacés ne sont pas rares sur nos côtes, mais on est très-disposé, en 
les voyant, à les prendre pour des Caprella mutilés, ce qui est probablement 
cause que si peu de naturalistes en ont fait mention : ce sont cependant bien, 
comme nous venons de le voir, des animaux entiers. 


CAPRELLA OBESA, Van Ben. 


Cette espèce, qui n’a que deux millimètres de longueur, se trouvait au mi- 
lieu de Dinemoura elongata provenant de Scimnus glacialis. 

La tête est de forme ovalaire, sans épines ni aucune apparence de tuber- 
cules, et à peu près de la grandeur du premier segment thoracique. Les an- 
tennes sont loin d’avoir la ténuité qu’on trouve dans les autres espèces. Les 
segments du thorax sont gros, ramassés, lisses, sans renflement aucun, et 
différent très-peu entre eux sous le rapport du volume. Les cinq paires de 
pattes vont en s’allongeant légèrement d'avant en arrière. Le pénultième 
article n’est pas plus renflé que les autres et sans dents. La griffe est longue 
et fortement courbée, sauf à la première patte. 


100 RECHERCHES 


LES PRANIZADES. 


LITTÉRATURE. 


SLasser, Vatuurkundige Verlustigingen. 

MonraGu, Trans. Soc. Linn., tom. XI, part. I. 

Leacu, Transact. Linn. Soc., 1. XI, 1815. 

Dana, American Journal of science, septembre 1852. 

Hesse, Mémoire sur la transformation des Praniza en Anceus, Comptes rendus de l’Aca- 
démie des sciences, 26 novembre 1855, idem mars 1858. — Annales des sciences naturelles , 
1858, tom. IX, pag. 95. 

Micxe Epwarps, Comptes rendus, 98 juin 1858, pag. 1256. — Rapport sur un travail de 
M. Hesse, relatif aux mélamorphoses des ancées et des caliges, ANNALES DES SCIENC. NATURELLES, 
1858, tom. IX, pag. 89. 

SrimpsoN, Marin. invertebr. of gr. manan. Washington , 1855. 

Knoyer, Voyage scientifique en Scandinavie, en Laponie et aux iles Feroë. 

SPENcE BaTEe, On PRaniza and Anceus, and their affinity to each other, ANNAL. AND. MAG. 0F 
NAT. HisT., 1858, 5, sec. II, pag. 165. — Ann. des scienc. natur., 1858, tom. IX, pag. 224. 


HISTORIQUE. 


Ce n’est pas, comme on le pense généralement, Montagu qui à décou- 
vert, vers le commencement de ce siècle, ces crustacés remarquables, mais 
bien le naturaliste hollandais Slabber, qui en pécha, le 15 juin 1768, et qui 
les fit connaitre le premier sous le nom de Asilus marinus où Zeebrems. On 
les trouve pendant quatre mois de l’année, dit-il, en assez grande quantité 
et ils sont d'une très-grande agilité dans l’eau ?. 


! Slabber, Natuurkundige Verlustigingen, pl. IX, fig. 1-2. 


SUR LES CRUSTACÉS. 101 


Les noms de Praniza et d’Anceus, que tous les naturalistes ont adoptés, 
ont été introduits dans la science par Leach. 

En 1852, Dana considérait les Praniza comme un animal irrégulier et 
anomal, tant par la forme singulière du corps que par le nombre insolite 
des pattes !. 

C'est vers la même époque, le 29 août 1852, qu'un naturaliste francais, 
M. Hesse, commenca, dans le port de Brest, une série d'observations intéres- 
santes sur ces singuliers animaux articulés, et, au mois de novembre 1855, 
il annonça à l'Académie des sciences de Paris, une des plus jolies découvertes 
qui aient été faites dans ce groupe d'animaux. Les Praniza et les Ancea figu- 
raient partout comme des crustacés appartenant au moins à deux genres dif- 
férents, lorsque M. Hesse fit connaitre que les Praniza ne sont qu’une forme 
larvaire, qu’elles deviennent des Ancea sexuelles et adultes ? en subissant 
une véritable métamorphose, semblable à celle qui fait changer la chenille 
en papillon. 

Depuis la publication des observations du commissaire de l'inscription 
maritime de Brest, M. Spence Bate, qui a fait tant de beaux travaux sur les 
crustacés, à prétendu que les Praniza ne se transforment pas toujours en 
ancées, que la métamorphose ne s'effectue peut-être d’une manière constante 
que chez les mâles. M. Spence Bate assure avoir observé des Praniza femelles 
adultes chargées d'œufs et d’embryons assez avancés 5. 

M. Hesse assure, de son côté, que les ancées femelles seules portent des 
œufs; il resterait done encore un doute à éclaircir qui ne tardera pas à être 
levé #, 

! Dana, Appendix, Americ. Journ. of Science, sept. 1852, p. 299. 

? Hesse, Mémoire sur la transformation des Pranizes en Ancées, sur les mœurs et les habr- 
tudes de ces crustacés, Compres RENDUS, 26 novembre 1855; Compres RENDUS, mars 1858, p. 568. 

Milne Edwards, Rapport sur un travail de M. Hesse, relatif aux métamorphes des ancées 
et des caliges, L'Ixsrirur, 14 juillet 1858, p. 252. — Ann. de sc. natur., 1858, t IX, p. 89. 

5 Ann. and mag. of nat. histor., sér. 5, vol. XI, p. 165. — Ann. sc. nal., 1858, L IX, p.224. 

# A la date du 15 février 1860, M. Hesse m'écrit à ce sujet : « Je n'ai qu'un mot à répondre à 
l’assertion de M. Bate: Si vous prenez des pranizes d’une certaine dimension, c’est-à-dire près 
de l’époque de leur transformation, vous n’avez plus, au bout de quelques jours, des pranizes, 
mais des ancées des deux sexes. Ce sont des expériences que j'ai répétées plusieurs fois et sur 
des quantités notables de ces crustacés. 

» Ce qui à pu induire M. Bate en erreur, c'est que, quelques jours avant la transformation 


102 RECHERCHES 


ANCEUS MARINUS, Slabber. 


(Planche XVI.) 


Synonymie. — ASILUS MARINUS où Z£esrens, Slabber, Natuurk. Verlustig., pl. IX, fig. 4-2, p. 75. 
Praniza marina, M. Edwards, ist. nal. crustacés, vol. IT, p. 195. 


Nous l'avons péché avec le petit filet en pleine mer, au mois d'avril. 

Longueur de trois à cinq millimètres. 

Nous donnerons d’abord la description de l’état larvaire ou des Praniza 
que nous ferons suivre de la description de l’état adulte ou des Anceus. 

Etat larvaire. — Par la forme singulière de la tête, le grand développe- 
ment des derniers somites thoraciques et le nombre singulier, peut-on dire, 
de leurs paires de pattes, ces crustacés ont une physionomie qui les éloigne 
de tous les groupes de crustacés connus. Ils ne sont pas moins remarquables 
par leur coloration. Tout le corps, mais surtout le thorax, a une teinte ver- 
dâtre ; toutefois les deux derniers segments de cette région deviennent d’un 
Jaune pâle, tandis que la plupart ont le milieu du corps coloré en rouge, 
comme s'ils venaient d’avaler du sang. 

Le corps est divisé fort distinctement en tête, thorax, abdomen et queue. 

La tête est parfaitement séparée du thorax ; elle a une forme triangulaire. 
Sur le côté, dans la partie la plus large, on voit les grands yeux à facettes 
s'étendre en dessus et en dessous. 

Au-devant de la tête on aperçoit un cône membraneux au bout duquel 
on découvre deux appendices très-petits terminés par de fines soies roides 
qui leur donnent l'aspect d'un goupillon. 

C'est en dessus, entre le cône membraneux et la tête, que sont insérées 
les deux paires d'antennes. 

Le thorax se compose d’abord de trois somites mobiles parfaitement sé- 
parés les uns des autres et portant chacun une paire de pattes. Ils vont en 
des pranizes femelles en ancées, les œufs qui préexistent s’aperçoivent à travers la peau, et si 
M. Bate avait vu la suite de cette opération, il eût constaté que sa pranize était devenue ancée, 
chose qui à pu lui échapper, puisque, à l'exception de la tête et du thorax, qui se modifient 


un peu, le reste de l'animal se maintient dans le même état. J'ai d'ailleurs de nouvelles obser- 
vations. » 


SUR LES CRUSTACÉS. 105 


augmentant légèrement d'avant en arrière, de sorte que le troisième est le 
plus large et le premier le plus étroit. 

Deux autres somites sont très-volumineux et terminent cette région. ls 
sont coalescents. Chacun d'eux porte aussi sa paire de pattes. Ces deux der- 
niers segments thoraciques ont une forme ovale et montrent, au milieu ou au 
centre, une ligne longitudinale coupée par une ligne transverse en forme 
de croix grecque. 

L’abdomen est formé comme le thorax, de cinq autres somites distincts, 
qui sont tous également mobiles les uns sur les autres. Ceux du milieu sont 
un peu plus larges. [ls portent tous une paire d’appendices biramés et 
plumeux. 

Le somite caudal est visible seulement du côté du dos; les appendices 
biramés le cachent en dessous; il a une forme triangulaire dont la base est 
en avant. Il est terminé en pointe arrondie; il porte, comme les segments 
abdominaux , une paire d’appendices biramés un peu plus grands que les 
autres, mais formés de la même manière et qui constituent des rames de 
natation d’une grande puissance. 

Il y à deux paires d'antennes complétement séparées jusqu’à la base. Leur 
insertion a lieu à la partie antérieure et supérieure de la tête. 

Les antérieures, ou les antennules , sont les plus longues , et se composent 
d’abord de deux articles assez courts , puis de deux autres plus longs, et sont 
terminées par un procérithe multiarticulé dans lequel nous avons compté huit 
pièces. Ces pièces diminuent insensiblement de volume vers la pointe, de 
sorte que la dernière, tout en portant trois soies, est fort petite. Chaque 
pièce est armée d’une soie assez forte au bord antérieur. Indépendamment 
de ces organes, le bord antérieur des deux longs articles est encore barbu en 
avant. 

Les antennes sont composées de six articles ; les deux basilaires et les 
deux terminaux sont à peu près également développés. Les deux articles 
moyens sont les plus longs. Ils portent tous des soies, surtout les avant-der- 
niers. L'article terminal en porte trois qui sont assez longs et assez forts. 

L'entonnoir membraneux qui précède la tête diffère par sa direction de 
l’entonnoir membraneux des crustacés suceurs ordinaires. Dans ces derniers, 


104 RECHERCHES 


il est placé d'avant en arrière, et son orifice est dirigé vers la partie postérieure 
du corps. lei l’entonnoir est placé également dans l'axe du corps, mais en 
sens inverse. Cette différence de direction explique ce que la tête des Pra- 
niza offre de particulier. 

Les mandibules, où protognathes, sont formées d’une portion basilaire assez 
large et d'une portion terminale droite, roide et dentelée sur le bord interne 
comme une scie : c’est tout à fait la mandibule des siphonostomes. Elles dé- 
passent très-légèrement le bord membraneux de l’entonnoir, de manière 
qu'elles forment une petite saillie en avant. 

Au-dessous des mandibules, on voit une autre paire de pièces, également 
terminées en scie, mais un peu plus étroites et plus délicates, et dont la 
pointe n’atteint pas l'extrémité des mandibules : ce sont les mâchoires ou les 
deutognathes. 

Une troisième paire de pièces, de la même longueur à peu près que ces 
dernières, mais restant toujours à l’état membraneux et se joignant à la base 
sur la ligne médiane , correspond probablement à la lèvre inférieure des in- 
sectes : ce sônt les tritognathes. 

À la face inférieure de la tête, nous trouvons ensuite deux autres paires 
d'appendices très-développées et qui diffèrent notablement par leur forme et 
leur composition. 

La paire antérieure, qui correspond sans doute au tétrognathe, est com- 
posée d'abord d'un long article basilaire qui touche presque son congénère 
à la base, puis d’un second article plus court mais également gros, et enfin 
d'un article terminal sétifère, obtus, assez semblable à une brosse. L’avant- 
dernier article est terminé par une saillie dentelée sur le bord et qui n’est 
pas sans ressemblance avec une pince de décapode. C’est cet appendice qu'on 
voit saillir à côté de l'entonnoir et qu'on serait fort tenté de prendre pour 
une antenne , lorsqu'on regarde la tête en dessous, si les deux paires d'an- 
tennes n'étaient pas si faciles à reconnaitre. 

La dernière paire céphalique est insérée sur la limite postérieure de ce 
segment, immédiatement au-devant de la première paire thoracique : ce sont 
des appendices forts, composés de six articles, dont le dernier est forte- 
ment recourbé en pointe et semblable au crochet qui termine la troisième 


SUR LES CRUSTACÉS. 105 


paire de pieds-mâchoires chez beaucoup de crustacés suceurs. [ls sont tou- 
jours placés d’arrière en avant, parallèlement l'un à l'autre, de manière que 
le côté convexe de chaque crochet touche sur la ligne médiane celui du côté 
opposé : c’est un gnathopode. 

Les cinq paires de pattes thoraciques, ou les péréiopodes, sont semblables 
entre elles. Elles ne diffèrent en effet que par la longueur. Elles augmentent 
légèrement sous ce rapport d'avant en arrière. La premiére paire est souvent 
en partie cachée sous le thorax. Chaque patte est formée de sept articles, 
dont le dernier, ou le dactylopode, est en forme de crochet. 

Les cinq somites abdominaux portent chacun une paire de pléiopodes 
biramés qui sont tous exactement conformés de la même manière. On trouve 
dans chacun d’eux une pièce basilaire assez large, terminée par une lamelle 
garnie sur son bord postérieur de neuf fortes soies plumeuses formant un 
large éventail et d’une autre lamelle un peu plus grande terminée seulement 
par deux soies plumeuses. 

Le segment caudal porte de même de chaque côté une paire de lamelles 
ou d’uropodes qui sont garnis tous les deux de soies plumeuses ; le bord de 
l'externe est, en outre, garni de trois piquants; on y compte quatre fortes 
soies plumeuses et trois plus petites. L’uropode interne porte le même nom- 
bre de piquants, mais une des soies est placée plus près de la base. 

Ces rames plumeuses sont, pour ces crustacés, de puissants moyens de lo- 
comotion, et il serait difficile de dire s'ils sont mieux organisés pour la vie 
libre et indépendante que pour la vie sédentaire. C'est peut-être le seul 
exemple d'animaux réunissant à un appareil locomoteur aussi important des 
amarres aussi solides. C’est un excellent voilier qui peut en toute sécurité jeter 
ses ancres. Celui qui doit l'héberger le remorquera aussi longtemps qu'il lui 
plaira de lui fournir un gîte, mais il ne sera aucunement en danger de périr, 
quand il sera abandonné à ses propres ressources. 

Nous avons vu aussi quelques organes internes. 

Le cœur est situé non au-dessous des derniers segments thoraciques , mais 
sous les premiers anneaux de l'abdomen. El est fort allongé et s'étend jus- 
qu'aux derniers segments de la région abdominale. On ne voit toutefois dis- 


tinctement les pulsations que dans la partie antérieure. 
14 


106 RECHERCHES 


Vers le milieu de chacun des segments de l'abdomen , on aperçoit un cou- 
rant remonter des flancs et se jeter à angle droit dans la cavité du cœur. 

En avant, ce cœur donne naissance à deux aortes qui se côtoient sur la 
ligne médiane et que l’on peut suivre à travers les parois des deux grands 
segments thoraciques. En dehors de ces aortes, on apercoït en outre, à 
droite et à gauche, une autre artère assez large qui gagne les flancs vers 
le milieu de la dilatation thoracique. 

Le sang est incolore et montre des globules régulièrement arrondis et 
transparents. 


État adulte. — Les changements les plus notables portent sur les mandi- 
bules, la tête et le thorax , ainsi que sur la taille et la couleur. 

Notre Anceus a une longueur totale du double du Praniza ; la teinte verte 
a complétement disparu ; la tête tend à se confondre avec les deux premiers 
segments thoraciques, tandis qu'il existe un étranglement entre le deuxième 
et le troisième segment. L'abdomen est comparativement petit, puisqu'il ne 
dépasse pas le volume de la tête avec les deux premiers segments. 

Sauf la modification profonde du troisième somite thoracique, les cinq 
paires de pattes, comme l'abdomen et ses dépendances, ne présentent pas de 
changement notable, tandis que les pièces de la bouche, indépendamment 
des mandibules, sont très-notablement modifiées. 

En résumé donc, ces crustacés portent cinq paires de pattes, comme les 
décapodes, mais le somite céphalique est distinet, et il n’y a pas d'apparence 
de céphalothorax. Les yeux sont sessiles; ils ont des antennules et des an- 
tennes simples et cinq paires de pléiopodes portés par autant de somites dis- 
tinets et des uropodes biramés très-développés. Les pièces de la bouche sont 
au nombre de cinq paires, y compris les mandibules, de manière que tout 
l'animal, d’après ses appendices, est formé de dix-huit somites, deux pour 
les antennes, cinq pour la tête, cinq pour le thorax, cinq encore pour l'ab- 
domen et un pour la queue. 


SUR LES CRUSTACÉS. 107 


SYSTÉMATISATION. 


Les ancées ont été placées tour à tour dans les amphipodes et les iso- 
podes. Aux yeux de quelques-uns, ces crustacés doivent prendre place à 
côté des sphéroniens, mais ce rapprochement ne résiste pas à un examen 
comparatif, soit sous le rapport de la structure, soit sous le rapport du 
développement : la physionomie même de ces crustacés les en éloigne. On 
pourrait se demander si on les connait suffisamment pour leur assigner une 
place définitive. Nous pensons qu'oui. 

Selon Dana , les Praniza sont une forme irrégulière des anisopodes avec 
un nombre anomal de pattes, et il les place, après les Tanaïs, à côté des 
Serolis 1. 

M. Hesse croit devoir retirer les ancées des isopodes nageurs, pour les 
intercaler entre les cymothoadiens parasites avec lesquels ils ont, dit-il, 
des rapports de conformation et de manière de vivre ?. 

Il nous semble que les ancées n’appartiennent aucunement aux cymothoa- 
diens, mais qu’ils doivent former plutôt un groupe à part, à cause de la con- 
formation et du nombre de leurs appendices : ce sont les siphonostomes des 
malacostracés ; ils doivent occuper le dernier rang de ce grand groupe, qui 
commence par les décapodes véritables, comprend les mysis, les squilles et 
les Cuma, et finit par les amphipodes et les isopodes. 


l American Journal of Science; Appendix, septembre 1852, p. 299. 
? Ann. se. nat., 1858, vol. IX, p. 117. 


108 RECHERCHES 


LES SACCULINIDES. 


LITTÉRATURE. 


Cavoux:, Reprod. des poiss. et des crab., trad. all., 1792, pp. 161-169. 

Tuowpson, Vatur. hist. and metam. of an anomal. crust. paras. of carcin. mœn., the Saccurina 
carani, The Entom. Mag., vol. IT, 1856, p. 452. 

Kroyer, Monografisk Fremstelling of Slegten hippolyte. Kibenhavn , 1842, p. 56.— Vid. Selsk. 
Naturg. og Math., Aft. IX, D. — Oversigt Kongl. Danske Vidensk. Selsk. Forhandl., 1855, 
pag. 127.— Zeits. f. d. gesammt. Naturwissensch., VIT, p. 419. 

Rarure, Reisebemerkungen.— Neueste Dantziger Schriften, Bd. IX, St. 4, p. 105.— Beiträge 
zur Fauna Norwegens, Act. nar. cur., 1840, vol. XX, pl. I, pag. 244. 

Du Jarni, Helminth., p. 480. 

Bezz, Hist. Brit. crustac., 1845, p. HI, pag. 108. 

Os. Scuwor, Le Peltogaster est un crustacé et non pas un Trématode, Zerrs r. GEsamur Narur- 
wissexscn. Halle, 4855, vol. IL, pag. 401. — Handatlas d. Vergl. Anat., Taf. X, fig. 7, et 
Zeitschr. Weltall., 1854; pag. 19. 

Sreensraur, Archiv. für Naturg., 1855, pag. 15. 

Diesixé, Syst. helm., vol. T, pag. 455.— Revision der Myzhelminten, SirzuxassericuTe, 1858, 
vol. XXXII, pag. 507. 

Livpsrnüw, Ofvers. De l'Académie royale de Suède, pour 1855. Stockholm, 1856, in-8°, traduit 
dans le Zeits. [. d. gesammt. Naturwiss., VII, pag. 419. 

Waaicur et AxpersoN, Vew Edinb. phil. Journal, VI, pag. 512. 

Leuckarr, Carcinologisches, Troschel’s Archiv., 1859, pag. 252. — Morphologie, S. 72. 

Liuesorc, On the genus Peltogaster and Liriope of Rathke, ANN. an Mac. or NaTUR. nisr., 
septembre, 1860, p. 162. 


HISTORIQUE. 


Parmi les nombreux phénomènes que les recherches sur le parasitisme 
animal nous ont dévoilés dans ces dernières années, la découverte des Ento- 
concha, par Müller, n’est pas un des moins remarquables. Un mollusque vi- 
ant avec une holothurie dans un état de fusion si complétement intime , qu'on 


SUR LES CRUSTACÉS. . 109 


croyait devoir admettre un instant que lun descendait de l’autre, est en effet 
un phénomène bien extraordinaire, on pourrait dire presque insolite. Des 
savants plus philosophes que naturalistes croyaient avoir mis la main sur un 
de ces grands secrets de la nature qui devait nous dévoiler le mode d'ap- 
parition successive des diverses classes d'animaux. 

Celui qui visite la plage sablonneuse d'Ostende à marée basse et qui ne 
recule pas devant une visite des Æateyen, S'il veut bien remuer quelques 
pierres ou fouiller dans les anfractuosités des flaques d’eau, ne tardera pas 
à voir des crabes quitter brusquement leur paisible retraite et fuir à leur 
facon l’importun visiteur. 

Ces crabes peuvent nous rendre témoin d’un phénomène au moins aussi cu- 
rieux que celui des Entoconcha. Les trois quarts d’entre eux portent sous leur 
abdomen, de manière à ne pas pouvoir coller celui-ci contre leur sternum, 
une petite boule, de la grosseur d’une aveline, de couleur jaunàtre et qu'un 
étroit pédicule attache, sur la ligne médiane, à la portion molle de cette ré- 
gion : l’on croit voir un sac à œufs de l’animal lui-même, une dépendance 
de l'appareil incubateur ou quelque excroissance morbide qu'une mauvaise 
diathèse a engendrée. 

Cette galle ou cette tumeur, tout en ressemblant à un sac informe, n'est 
cependant autre chose qu'un crustacé parasite, et ce parasite s’est si bien 
. confondu dans les chairs de son hôte, il a dépouillé si complétement lhabit 
de son ordre, que sa progéniture seule peut trahir sa nature véritable : il est 
en effet si intimement uni, soudé et greffé dans les chairs de sa victime, sa 
forme à changé si complétement, les caractères de l’animalité ont disparu si 
intégralement , qu'il n’est plus qu'un fardeau incommode que le crabe traine 
à sa suite comme un boulet. L'union est si intime, avait déjà dit Cavolini, 
que le crabe peut, par l'action de ses propres muscles de l'abdomen , faire 
pondre les œufs à son hôte parasite : c’est le coucou qui se métamorphose en 
nid, après s'être greffé lui-même dans les chairs de l'oiseau qui couve ses 
œufs. 

On voit par là que nous avons affaire à un phénomène bien autrement 
important que celui des Entoconcha et, qu'indépendamment du parasitisme , 
il y à ici un exemple de développement récurrent tellement remarquable 


110 RECHERCHES 


qu'aucune autre classe du règne animal ne nous offre un exemple semblable. 

L'on comprend que si les Entoconcha avec leurs hôtes les synaptes ont 
attiré, pendant un certain temps, l’attention des naturalistes et des philoso- 
phes, les crabes et leurs Sacculina, ou Peltogaster, méritent bien davantage 
d'occuper leurs loisirs. Le goût du merveilleux et des spéculations hardies, 
se basant sur l'observation directe, ne fera découvrir nulle part un phéno- 
mène aussi favorable aux élucubrations en apparence scientifiques. 

Comme ces crustacés ont été le sujet de nombreuses recherches, nous 
jetterons d'abord un coup d'œil sur la partie historique. Il est assez remar- 
quable, comme nous allons le voir, que ce sont précisément les premiers 
naturalistes, Cavolini et Thompson, qui ont le mieux apprécié la nature 
véritable de ces crustacés parasites. 

Cavolini, qui a fait tant de belles observations, dont plusieurs commencent 
seulement à être comprises maintenant, parle, dans son mémoire Sulla 
Generazione dei Pesci e dei Granchi (Napoli, 1787), de trois espèces de 
crabes sur la région abdominale desquels il a observé une tumeur dans 
laquelle étaient logés de jeunes crustacés portant trois paires de pattes. 

Ces crabes sont le Portunus puber, le Granchio piloso et di Pertugio, es- 
pèce voisine du Cancer arenarius de Linné, et le Cancer (Grapsus) Messor 
ou Granchio Spirito des Napolitains. 

Î! à vu un orifice à ce sac, et ce sac devient quelquefois gros comme une . 
noix. Il pense que c’est par cet orifice et à l’aide des contractions des mus- 
cles de la queue du crabe que les jeunes sont évacués. 

Cavolini sait fort bien que ce ne sont pas de jeunes crabes, mais 1l com- 
pare le sac à l'excroissance produite par un gallinsecte et, à ses yeux, le 
parasite des crabes n’est pas un animal distinct : c'est un crustacé étran- 
ger qui dépose ses œufs dans la peau délicate des intestins du crabe, et 
les embryons qui en proviennent se nourrissent du sang de hôte qui les 
héberge. 

Il a mis en expérience quelques crabes portant de ces sacs, mais ils 
sont tous morts au bout de quelques jours, et les ovisacs comme les Hono- 
culus qu'il a observés à la place n'avaient rien de commun avec cette pro- 
géniture parasite. Nous en avons tenu en vie pendant plusieurs semaines, 


SUR LES CRUSTACÉS. 111 


C’est en un mot, comme nous l'avons dit plus haut, l'histoire du coucou qui 
déposerait ses œufs, non dans le nid d’un autre oiseau, mais qui se logerait 
lui-même dans les tissus vivants d’un hôte qui doit forcément le nourrir. 

Ces observations de Cavolini, malgré les bonnes figures qui les accompa- 
gnent, ont passé complétement inaperçues jusqu'au jour où Steenstrup les à 
signalées à l'attention des carcinologistes. Nous avions déjà les mêmes obser- 
vations en portefeuille, quand Steenstrup a fait connaitre son travail. 

En 1836, sans connaitre les recherches de Cavolini, un naturaliste anglais, 
excellent observateur, Thompson, étudia ce même parasite ; il en observa 
sur des crabes mâles et sur des crabes femelles. II donne une description 
détaillée de ce qu'il voit à l'intérieur et à l'extérieur; mais il croit à tort 
reconnaitre la jeune larve de ces crustacés dans l'Argulus armiger de Slab- 
ber (c’est une larve de cirripède). Le sac est, pour Thompson, un animal 
distinet quoique bizarre , auquel il donne le nom de Sacculina, … tts body 
being entirely filled ivith the ovaria, and an enormous testicular gland, 
ajoute-t-il. The Saccuuina, dit-il ailleurs, furnishes the only exemple on 
nature of an animal all generation organs, to the apparent exclusion 0f 
every other. 

Le consciencieux naturaliste de Belfast dévoile donc d'emblée tout le secret 
de cette bizarre existence et ne se trompe nullement sur la nature de ce para- 
site et de ses œufs. Malheureusement ces travaux de Cavolini, et surtout ceux 
de Thompson, ne sont connus que d’un petit nombre de naturalistes, et c'est 
grâce à la bibliothèque de notre confrère Lacordaire que nous avons pu pren- 
dre connaissance des mémoires de ce dernier. 

Rathke, le savant et illustre professeur de Kænigsberg, a publié le résul- 
tat de quelques observations faites peu d'années après, mais, sans avoir eu 
connaissance des recherches dont nous venons de parler, il a parfaitement 
reconnu la nature animale de la singulière exeroissance des crabes. Il désigne 
cet animal, qui est nouveau pour lui, sous le nom générique de Peltogaster. 
Rathke observa, en premier lieu, sur le corps de quelques pagures, une 
masse jaunâtre adhérant à la partie molle du corps par une sorte de ventouse 
et qui porte une bouche distincte; il ne doute pas que ce ne soit également 
un animal, et, à cause de son mode d’adhérence, il le place parmi les vers 


112 RECHERCHES 


trématodes. I a vu cette bouche communiquer avec une poche qui contient 
des œufs et, à côté de ces œufs, un petit crustacé nouveau qu'il désigne 
sous le nom de Liriope : ce sont des amphipodes microscopiques que Rathke 
suppose avoir servi de pâture au Peltogaster. Ainsi il considère le Peltogaster 
comme fixé seulement sur d’autres crustacés, et qui, sans vivre aux dépens 
de leur hôte, cherchent au contraire leur nourriture dans de petits crustacés 
microscopiques qui les entourent. Pour expliquer la présence dans l'estomac 
des œufs et des liriopes, Rathke pense que le tube digestif sert en même 
temps de canal alimentaire et de poche incubatrice ( Der Darmschlauch dient 
zugleich zum ausbrüten der Eier). L'ovaire est situé entre la peau et les 
parois du tube digestif, et, vers le milieu du corps, on voit de chaque côté 
un ovaire avee un court oviducte qui s’'abouche dans l'intérieur de l'organe 
de la digestion. Cet animal n’a ni cirres, ni yeux, et Rathke n’a pu y dé- 
couvrir aucune trace de système nerveux !. 

En 1843, Rathke décrivit une seconde espèce de Pelogaster, trouvée sur 
le Carcinus moenas, et donna une diagnose de ces deux singuliers parasites. 
Il n’ajouta rien de nouveau au sujet de l'organisation de ces êtres eurieux , 
mais un doute lui était venu sur leur nature de ver trématode ?. 

En 1842, Kroyer parle également de ces parasites dans sa Monographie 
du genre Hippolyte : il en avait observé sur les Pagurus et même sur FHip- 
polyte pusiola 5; mais si la nature animale de ces crustacés fut parfaitement 
reconnue par le professeur de Copenhague, il ne se prononça pas cependant 
sur leurs affinités ou sur la place qu'ils devaient occuper dans la série des 
animaux. 

M. Mor. Diesing a cru voir une hirudinée dans ces Peltogaster de Rathke 
et a proposé, dans son Système des Helminthes, de les désigner sous le nom 
de Pachybdella. Plus tard, il a vu que les Peltogaster et les Pachybdella , qu'il 
ava itplacés dans les hirudinées, sont de véritables crustacés #. 

Tout récemment, 0. Schmidt a reconnu que le Peltogaster de Rathke est 


! Veueste Dantziger Schriften, vol. HI, Heft. IV, p. 105. 

2? Now. act. acad. nat. curios., t. XX, p. I, p. 242, 1845. 

5 Zeils. f. gesammt. Nalurwiss., Halle, p. 101, 1855. 

# Diesing, Revision der Myzhelminthen, Srrzuxessericure, vol. XXXII, p. 507, 1858. 


SUR LES CRUSTACÉS. 115 


non pas un trématode, mais un crustacé dont l'embryon ressemble à lem- 
bryon des crustacés parasites et des lophyropodes ?. 

La même année, Lindstrôm découvre les larves des Peltogaster et signale 
leur nature erustacée. O. Schmidt et Lindstrôm arrivent ainsi, chacun de son 
côté, au même résultat que Cavolini et Thompson. 

M. Steenstrup a reconnu le premier que, depuis longtemps, Cavolini avait 
vu et très-bien figuré les Peltogaster de Rathke; mais M. Steenstrup fut 
induit en erreur au sujet de leurs affinités en les rattachant aux bopyres 
parmi les isopodes. C'est la présence des Liriope pygmea, observés dans 
la cavité commune par Rathke et l’aflinité de ceux-ci avec les bopyres qui 
ont fait croire au professeur de Copenhague que les liriopes pourraient bien 
être des Peltogaster mâles. 

Depuis lors, Kroyer, en 1855, et Lindstrôm, en 1856, ont de nouveau 
confirmé les observations de Thompson et de O0. Schmidt, et M. Kroyer fait 
méme connaitre encore un genre nouveau sous le nom de Sylon, qui s’im- 
plante de la même manière sur un autre crustacé décapode, Hippolyte pusiolu. 

Kroyer trouve des différences dans les embryons des divers Sacculina et 
admet trois genres, dont un, le Peltogaster, aurait déjà quatre ou cinq espèces, 
le Pachybdella deux et le Sylon une. Il à reconnu lovaire et une glande 
particulière, mais il n’a vu ni bouche, ni canal digestif, ni muscles, ni nerfs, 
et il ne pense pas qu'ils soient hermaphrodites, comme on la supposé. 

En 1858, à son retour des iles Baléares, M. Carl Semper nous a remis 
un dessin de Peltogaster, provenant du Grapsus varius qu'il a trouvé sur 
les côtes de ces iles et qu'il suppose appartenir à une espèce nouvelle. IT m'a 
assuré que ces parasites sont grands comme un œuf de pigeon. 

Enfin, dans un numéro des Archives de Troschel, qui vient de paraitre 
(1859), M. Leuckart, dans un article intitulé Carcinologisches ?, résume 
parfaitement tout ce qui a été écrit sur ces singuliers parasites et compare 
avee soin ses observations propres avec celles de ses prédécesseurs. M. Leuc- 
kart a étudié ces crustacés, à deux reprises différentes, d'abord à Helgoland 


l Zeits. f. gesammt. Naturwissensch., Halle, 1855, p. 101. 
? Leuckart, Carcinologisches. Einige Remark. über Saceurwa, Thomp., Troschel’s Archiv., 
1859, p. 282. 


15 


114 RECHERCHES 


puis à Nice, et il signale à son tour une nouvelle espèce sous le nom de 
Sacculina inflata, vivant sur un autre crabe, le Æyas aranea. Leuckart 
reconnait le premier, et depuis longtemps il avait eu la bonté de m'en in- 
former par écrit, que Thompson a bien connu les Peltogaster de Raïhke, et 
il propose avec raison de leur rendre le nom de Sacculina que le naturaliste 
anglais avait proposé. C'est aussi par cette notice que nous venons d'ap- 
prendre que MM. Wright et Anderson se sont occupés de ces mêmes «r- 
ticulés 1. 

Ainsi, aux yeux de Cavolini, le Sacculina n’est qu'une espèce de galle 
qui contient des larves de cyelopides; mais, aux yeux de Thompson , c'est 
un animal véritable qui vit en parasite et qui se rapproche des lernéens. 
Rathke reconnait aussi sa-nature animale et le désigne sous le nom de 
Peltogaster, croyant avoir affaire à un trématode. Kroyer reconnait, comme 
Rathke et ses prédécesseurs, la nature animale, mais il ne se prononce pas 
sur les affinités, lorsque enfin O. Schmidt aperçoit les embryons et vient con- 
firmer les observations de Thompson depuis si longtemps négligées. 

Après tant de travaux conduits par des naturalistes aussi éminents, on 
comprend qu'il n’y a plus guère qu'à glaner dans le champ de lobservation ; 
mais, sous le rapport de l'interprétation des faits, tout reste pour ainsi dire 
encore à faire. Ces parasites ont-ils une bouche et un anus, et, dans le cas 
affirmatif, où sont situés ces orifices ? Possèdent-ils encore un autre appareil , 
soit de la vie de relation, soit de la vie végétative, qui soit reconnaissable ? 
Trouve-t-on autre chose qu'une gaine vivante et contractile contenant un 
oviducte ramifié et des œufs ? Sont-ils dioïques et où est le mâle ? Voilà les 
points principaux qui restent à décider. 

Nous avons observé, à Ostende, l'espèce des crabes et l'espèce des pagures, 
et c’est d’après les observations faites sur ces deux parasites que nous juge- 
rons de leur structure et de leurs affinités. Nous ferons d’abord la description 
des deux genres, en énumérant tout ce que nous avons pu observer et en 
évitant autant que possible de regarder les organes comme déterminés ; nous 
verrons ensuite comment il faudra interpréter leur composition anatomique. 

Ces parasites sont-ils pourvus d’un tube digestif, d’un orifice de la bouche , 


! New Edinb. phil. Journal, VIE, p. 512. 


SUR LES CRUSTACÉS. 115 


d’un estomac et d’un intestin ? Il est évident que l'orifice extérieur, que des 
naturalistes ont pris pour l’orifice buccal, n’a pas cette signification : l'eau du 
dehors pénètre par cet orifice dans une grande cavité et en sort par l'effet de 
la contraction des parois, entrainant les œufs qui ont été déposés dans son 
intérieur. 

Nous avons parlé plus haut d’une espèce d'entonnoir dont les bords se 
prolongent en ramifications, qui plongent dans les tissus mêmes de leur 
hôte, de manière à se baigner dans le sang de celui-ei. Au milieu de cet en- 
tonnoir existe un trou par lequel le sang du crabe ou du pagure pénêtre 
dans une excavation plus ou moins grande, mais sans issue. 

S'il existe une bouche dans ces crustacés, c’est cet orifice au fond de l’en- 
tonnoir qui doit en tenir lieu, puisque c’est par là que le liquide nourricier 
doit pénétrer. 

C'est aussi l'avis de Rud. Leuckart et de Bell. 

L’analogie vient à l'appui de cette interprétation. La Lernea branchialis 
a, comme les parasites dont nous parlons , au bout d’un prolongement sous 
forme de cou , une expansion également ramifiée et dont les diverses ramiti- 
cations plongent comme des racines dans le tissu osseux de l'arc branchial 
du poisson qui la nourrit. C’est par cette tête bizarre que la lernée se procure 
la nourriture, et c’est par conséquent dans cette région que doit se trouver 
l'orifice de la bouche. Les Lerneonema et plusieurs autres, qui plongent 
de la même manière leur région céphalique comme une racine dans le sol 
vivant, sont dans le même cas. 

Une excavation dans laquelle s’abouche cet orifice tient lieu d'estomac et 
d’intestin. Nous ne croyons pas qu'il existe un intestin complet, et, comme 
dans les vers trématodes , toute la matière nutritive, qui est la matière nutri- 
tive de lhôte lui-même , est consommée sans laisser de résidu. Dans tous les 
trématodes, qui sont bien les vers parasites par excellence, on sait que le 
tube digestif est incomplet. 

Ces parasites n’ont donc ni ventouse, ni suçoir, ni aucun organe qui \ 
ressemble pour soutirer le fluide nourricier de leur proie : on dirait que la 
nutrition du parasite s'effectue comme dans une galle et que la présence de 
cet hôte étranger suffit pour y faire affluer le sang et la nourriture. La vie 


116 RECHERCHES 


propre de l’animal disparait à tel point qu'il n'y a plus que les phénomènes 
de l'accroissement et de la reproduction qui s’accomplissent encore. 

L'appareil sexuel est, pour ainsi dire, le seul appareil qui persiste dans 
cette évolution rétrograde ; quand partout ailleurs la construction s’embellit 
à mesure qu'elle avance, ici au contraire elle recule à un tel point, que les 
caractères de lanimalité sont presque effacés. 

Lits body being intirely filled with the ovaria, and an enormous testicular 
gland , dit Thompson, qui a reconnu le premier leur nature et leurs aflinités. 
Les Pellogaster seraient-ils donc des crustacés hermaphrodites ? 

Jusqu'à présent, les lernéens sont tous dioïques, mais la différence entre 
les sexes est si grande que, si l’on peut considérer la femelle comme un sac 
à œufs ou une excroissance semblable à une galle, le male n’est le plus sou- 
vent qu'un sac à spermatozoïdes greffé sur le corps de la femelle. 

Il est évident qu'il existe un ovaire sous forme de disque à côté de l'orifice 
commun et qu'à cet ovaire aboutissent, non deux tubes, comme c’est ordi- 
nairement le cas, mais plusieurs tubes qui à leur tour se divisent en se 
ramifiant et se perdent en de fines branches entortillées toutes également 
remplies d'œufs : ce sont les tubes ovifères qui ne flottent jamais à l'extérieur 
dans ces parasites. 

Le Peliogaster du pagure à un ovaire plus allongé formé de bandes pa- 
rallèles, et les œufs ne sont pas aussi régulièrement logés dans des tubes vi- 
siblement ramifiés. 

Quant au mâle ou à un organe mäle, nous n’en avons pas trouvé de traces. 

Il serait extrêmement curieux de suivre pas à pas ce développement ré- 
current et de connaitre comment, en se dépouillant successivement de tous 
les attributs de l’animalité , la larve cyelopide devient Sacculina. 

En attendant que des observations directes viennent combler les lacunes, 
nous croyons pouvoir nous rendre compte de ces transformations par le sin- 
gulier genre Nicothoë. 

Que l’on se figure, en effet, des Vicothoë dont les deux poches s’étendraient 
tout autour du segment qui leur donne naissance, en d’autres termes, dont 
le segment tout entier se prolongerait en arrière de manière à envelopper 
l'abdomen et la queue ; il v aura un orifice postérieur d'évacuation, un vé- 


SUR LES CRUSTACÉS. 147 


rilable cloaque d'oiseau; en supposant ensuite que la tête s'allonge comme 
dans les Lernea branchialis et plonge de la même manière dans les chairs, 
que les segments en arrière et en avant s’effacent pour ne plus laisser place 
qu'au segment sexuel, nous aurons une idée de cette transformation sin- 
gulière d’un animal régulier et symétrique en sac informe et gaine à œufs. 

Il semblerait au premier abord que ces singuliers crustacés ne doivent 
plus présenter aucune apparence de mouvement, puisqu'ils sont condamnés 
à vivre et à mourir comme les plantes qui ont pris racine. Il n’en est pas 
tout à fait ainsi. En regardant attentivement le Sacculina du crabe surtout , 
au sortir de l’eau etavant d’avoir perdu de sa vitalité, on voit toute la surface 
du corps onduler à la manière des vagues de la mer et la forme de l'animal 
changer notablement sous les yeux de l'observateur. L'orifice lui-même est 
tantôt au milieu, tantôt sur le côté, et si parfois la surface est toute lisse et 
unie, on la voit aussi se couvrir de bosses et se rider comme la peau de la 
main gonflée par le séjour dans l'eau. 

Nous devons nous attendre à voir bientôt ce groupe de crustacés nota- 
blement s'enrichir et former une famille à part sous tous les rapports d’une 
haute importance. 

Il reste à dévoiler les péripéties des transformations, depuis l’âge em- 
bryonnaire jusqu'à sa transformation en sac à œufs, et à faire connaitre le 
sexe mâle ainsi que l’époque et le lieu de la fécondation. 


PELTOGASTER PAGURI. 


(Planche XXI.) 


Au milieu de nombreux pagures logés dans la coquille du Buccinum un- 
datuin (Pagurus pubescens), nous en avons trouvé deux qui portaient des Pel- 
togaster : ils avaient été pris le long de la côte par des pêcheurs de crevettes. 

Ces pagures ont vécu une huitaine de jours avec leurs parasites. Ces der- 
niers sont placés tous les deux vers le tiers antérieur de l'abdomen, sur le 
côté, à la hauteur de la première paire d’appendices abdominaux. 

Kroyer en signale sur les Pagurus bernhardus, Pagurus pubescens et 
Hippolyte pusiola. 


118 RECHERCHES 


Ils ont une forme ovale très-régulière et une couleur rouge qui est due au 
vitellus des œufs. 

L'un est complétement adulte, tandis que l’autre est encore en voie de 
développement. 

Commençons par le premier. 

Au point d'adhérence, on voit une plaque étoilée assez irrégulière, chi- 
tineuse, de couleur brunâtre, qui rappelle complétement la tête des Lernea 
branchialis. Cette étoile est percée au centre, et il s'établit par elle une com- 
munication avec la cavité périgastrique du Pagurus. 

Cette cavité dans le Peltogaster n’a pas d’issue. 

Sous la plaque étoilée, il y a une autre lamelle chitineuse , assez consis- 
tante aussi, qui se modifie en peau de l'animal d’une manière insensible. 

Il faut entamer la peau du pagure ou celle du parasite pour les séparer 
l'un de l'autre. 

Près de l'extrémité antérieure, on voit à l'extérieur du Peltogaster un 
orilice assez grand, bordé d’une lèvre circulaire, légèrement frangée, qui 
fait l'effet d’une bouche. 

Cet orifice communique avec une large cavité dont tout l'animal ne semble 
former que les parois. 

Nous n'avons rien vu dans cette cavité, si ce n’est des œufs qui y étaient 
tombés à la suite de lincision que nous avions dû faire pour l'ouvrir : c’est 
absolument un sac. 

A l'extérieur du sac on voit, à partir de l’orifice dont nous venons de 
parler, une bande de couleur et d'aspect différents de la masse et dans les 
parois de laquelle se trouvent des œufs en voie de formation : c’est l'ovaire. 
On voit ces œufs disposés en bandes transversales. 

Tout le reste des parois est plein d'œufs contenant des embryons en voie 
de développement, serrés les uns contre les autres. 

Ces embryons ont deux paires d’appendices biramés et en arrière deux 
courts appendices non articulés en forme de sabre. 

La coque de l'œuf consiste dans une enveloppe très-minee. 

Thompson et Ose. Schmidt ont vu des embryons plus avancés portant 
l'œil au front et une épine latérale au bouclier. 


SUR LES CRUSTACÉS. 119 


Le second individu est une femelle plus jeune dans laquelle on distingue 
encore quelques caractères de la disposition symétrique du jeune âge. Il 
occupe sur son hôte la même place que le précédent ; la taille est un peu 
moins grande; les parois semblent moins consistantes et la surface de la 
peau est plus unie. 

Ce parasite adhère comme le premier, mais on voit un rudiment de tête 
et de cou, et une sorte de collerette sépare même l'extrémité céphalique du 
thorax , ainsi qu'on peut le voir dans une des figures de la pl. XXI. 

L'animal semble ensuite courbé sur lui-même, et, près de l'extrémité, 
en apparence postérieure, on voit deux appendices rudimentaires, dont le 
supérieur n’est indiqué que par la peau, qui est un peu plus consistante ; 
elle est en même temps un peu plus blanche. 

Dans une autre figure, nous avons représenté l'animal détaché ou vu de 
face et montrant ces mêmes organes disposés avec symétrie. 

Il n'y à pas encore d’orifice externe dans eet individu. 

Cet orifice se forme-t-il plus tard quand les œufs sont mürs? C’est probable. 

Cette femelle est également rouge et renferme des œufs avec des embryons 
très-rudimentaires. 


SACCULINA CARCINI. 


(Planche XX.) 


On la trouve communément sur le Cancer mœnas. La moitié des crabes 
pris dans les kateyen à Ostende, pendant le mois d'août, portent des Suc- 
culina. On en voit indistinetement sur les femelles et sur les mâles. Nous en 
avons trouvé jusqu’à deux réunies sur le même animal. Au mois d'avril, sur 
cent cinquante crabes de diverses grandeurs et de sexes différents, nous en 
avons vu quatre sur des femelles et une sur un mâle. Dans ce nombre se 
trouvait un jeune crabe logeant une Sacculina au tiers de sa croissance, mais 
qui avait déjà complétement la forme adulte et des œufs dans son intérieur. 

Les Sacculina se logent sur un grand nombre d’autres décapodes bra- 
chyures. Cavolini en a trouvé, avons-nous dit, sur les Portunus puber, les 
Grapsus messor (Granchio spirito des Napolitains) et sur le Cancer arenarius 
(Granchio piloso des Napolitains, quand ils sont jeunes et adultes Granchio di 


120 RECHERCHES 


Pertugio); Bell en a reconnu sur le Portunus marmoreus ; M. Steenstrup sur 
le Portunus hirtellus ; M. R. Leuckart en a signalé sur lÆyas aranea, à Hel- 
goland, qu'il croit former une espèce nouvelle (Sacculina inflata); M. Carl 
Semper en a vu sur le Grapsus varius, aux iles Baléares (Palma), et il a bien 
voulu me communiquer le dessin qu'il a fait sur les lieux; enfin, nous en 
avons trouvé nous-méême sur le Cancer mœnas et sur les Portunus mar- 
moreus. 


CÉTOCHILIDES. 


LITTÉRATURE. 


Rousse DE VAUZÈME, Description du CérocmiLus AuSTRALIS, nouveau genre de crustacé bran- 
chiopode, ANNALES DES SCIENCES NATURELLES, 1834, sér. 2, vol. I, p. 555. 
Goopsir, New Edinb. phil. Journal, vol. XXXV, p. 559, pl. VI. 


HISTORIQUE. 


Roussel de Vauzème, pendant la traversée des iles Tristan d’Acanha au 
cap Horn, vit la surface de la mer sillonnée de bandes rouges de plusieurs 
lieux d’étendue et comme ensanglantées : c'était au mois de février. Ces ban- 
des rouges, formées de petits crustacés de deux lignes de longueur, annon- 
cèrent aux hommes de l'équipage qu'on arrivait dans le parage des baleines. 
En effet, c'était leur pâture. 

Roussel de Vauzème a donné à ces crustacés le nom de Cetochilus australis. 

Nous avons eu l’occasion d'étudier cette espèce sur des individus que 
nous avons découverts au milieu des cyames et de tubicinelles provenant 
d’une baleine australe. Nous avions une petite faune sur un morceau de peau 


SUR LES CRUSTACÉS. 421 


de cet animal. Des cyames de tout âge remplissaient l'orifice du tube des 
tubicinelles, et, au milieu de ces cyames, étaient logés encore de singuliers 
Acarus, méconnaissables au premier abord par les longs poils qui les recou- 
vrent complétement. Ces petits crustacés, que Roussel de Vauzème a trouvés 
en masse dans la mer Pacifique, sont remarquables par la longueur excessive 
de leurs antennes. 

Nous devons ce morceau de peau à lobligeance extrême de notre illustre 
confrère et ami Eschricht. 

Nous avons eu l’occasion d'étudier depuis un cétochile de la mer du Nord, 
qui n’est pas sans ressemblance avec l'espèce australe, et dont nous allons 
faire la description. 

Cette espèce du nord n’est pas nouvelle pour la science, puisqu'elle a été 
décrite déjà par M. Goodsir, mais plusieurs organes, surtout ceux qui four- 
nissent des caractères distinetifs, nous semblent demander un examen nou- 
veau !, Ainsi M. Goodsir prend pour première paire d'antennes, comme, du 
reste, Roussel de Vauzème l'avait fait également, des appendices qui ont 
évidemment une autre signification, et, au lieu de cinq paires de pieds-mà- 
choires, nous trouvons chez eux, sous la carapace céphalique, outre les deux 
paires d'antennes, une paire de fouets mandibulaires, deux paires de mà- 
choires et une paire de pieds-mächoires. 

Roussel de Vauzème ne nous parait pas plus heureux dans sa description. 
Il admet, sous le premier segment, la bouche avec un labre, deux mandi- 
bules et une paire de mâchoires. Ces màchoires ne méritent pas ce nom, 
et il n'existe pas cinq paires de pieds-mâchoires, comme il le pense. Il arrive 
à ce nombre cinq en comptant comme pieds-mâchoires les antennes infé- 
rieures et les palpes des mandibules. C’est ainsi qu'il donne aux deux pre- 
mières paires une direction d'avant en arrière et aux autres paires la direc- 
tion d'arrière en avant, 

L'histoire de cet animal se rattache directement à l'histoire de la baleine 
australe. En octobre et en novembre, ces animaux restent cachés dans la 
profondeur des mers, dit Roussel de Vauzème, mais à l'époque de la ponte, 
ils paraissent à la surface. Ils sont d’abord tout rouges, puis deviennent 


! New Edinb. phil. Journal, vol. XXXV, p. 559, pl VI. 
16 


122 RECHERCHES 


jaunes, sans doute après la ponte, et les baleines émigrent vers le nord. 

M. Goodsir fait mention de bandes rouges semblables sur les côtes 
d'Écosse (isle of May), formées également de cétochiles qui apparaissent 
surtout pendant les mois d'été. Cette maidre, comme l’appellent les pêcheurs 
anglais, attire à cette époque des banes de poissons (harengs, ete.) et même 
des cétacés, des dauphins et des rorquals !. 

Il parait que ces petits crustacés méritent encore l'attention sous un autre 
rapport, et produisent un phénomène que l’on serait peu tenté d'attribuer à 
des êtres aussi microscopiques : ils nagent avec une rapidité si grande, leurs 
mouvements sont tellement rapides et incessants que toute la surface de Ja 
mer semble venir à la vie. Nous apercevions autour de nous, dit Roussel de 
Vauzème, l’eau de la mer comme en ébullition continuelle par le rapide 
mouvement des molécules vivantes. 

Nous citerons aussi les paroles de Goodsir : 

On one of my occasionnal visits to the isle of May, L'observed that, at « 
considerable distance from the Island, the sea had a slightly red colour, that 
this became deeper and deeper as me neared the Island ; and also that the 
surface of the water presented a very curious appearence, as if a quantity 
of fine sand were constantly folling on it. 

Qui sait si, par des causes qui nous échappent, ce n’est pas à la disparition 
ou à la diminution de cette #aidre dans la Manche, que l’on doit léloigne- 
ment des baleines que les Basques y harponnaient depuis le neuvième et le 
dixième siècle, et qu'Eschricht vient de distinguer comme une espèce nou- 
velle pour la science, par l'individu qui a échoué, en 1834, à Saint-Sébas- 
tien ?, 


CETOCHILUS SEPTENTRIONALIS. 
(Planche XVIIL.) 


Le corps est distinctement divisé en carapace, thorax et abdomen. La ca- 


1Toc: cit 1p: 4102: 

= Comptes rendus des séances de l’Académie des sciences, t. XLVIT, séance du 12 juillet 1858. 
— Oversigt Kql. Danske V.S. fürh, traduit dans Giebel et Heintz Zeitschrift, 1859, t. XTIT, 
p. 518. 


SUR LES CRUSTACÉS. 195 


\ 


rapace occupe à peu près la place de deux anneaux thoraciques. Elle est 
obtuse en avant et se termine en dessous, au-devant des antennes, par un 
double prolongement dermique ou tégumentaire qu'on à pris à tort pour des 
antennes. Ces organes ne contiennent rien dans leur intérieur et ne sont pas 
plus articulés que les soies qui garnissent quelquefois le thorax ou les autres 
segments. 

On voit en avant un œil au milieu du céphalothorax. Ce n’est toutefois 
qu'en hésitant que nous affirmons ce fait contrairement à nos devanciers, qui 
ont peut-être eu de meilleures occasions que nous d'étudier des animaux frais. 

Cette région céphalique, unique en dessus, se divise nettement en dessous 
en plusieurs segments dont il importe de tenir compte pour la détermination 
des appendices. On voit d'abord un segment distinet pour les antennules, puis 
un second segment pour les antennes, et c’est le bord de ce dernier segment 
qui se transforme en labre. Le troisième somite correspond au protognathe 
avec les palpes, et derrière celui-ci, on en voit encore trois autres correspon- 
dre aux mâchoires et au pied-mâchoires. Nous avons donc distinctement six 
somites dans la région céphalique, dont les deux antérieurs sont antennaires. 
Nous eroyons que cette disposition , bien claire ici, pourra jeter quelque jour 
sur la composition du squelette tégumentaire. 

La carapace est suivie de cinq somites thoraciques qui diminuent , d'avant 
en arrière, en hauteur comme en largeur. Ils se séparent facilement entre 
eux. [ls portent chacun une paire de pattes biramées. Le dernier segment est 
fortement échancré en arrière pour donner la liberté de mouvement à 
l'abdomen. On distingue à travers le tégument plusieurs cordons muscu- 
laires qui passent directement des derniers somites thoraciques à la région de 
la carapace. Chaque segment présente sur le côté un double cordon festonné. 

L'abdomen se compose de quatre somites proportionnellement étroits et 
dont le second est le plus long. Ils sont plus mobiles que ceux du thorax. 

Le dernier somite ou le quatrième porte une double lamelle ceaudale, et 
chaque lamelle est garnie, au bord libre, de cinq soies très-longues, fortes 
et plumeuses. 

Il en résulte que l'abdomen est bifurqué en arrière. 

Passons à la description des appendices. 


124 RECHERCHES 


I existe d’abord une paire d’antennules , excessivement développées, dé- 
passant la longueur du corps, plus grosses que les appendices les plus forts 
et montrant vingt-quatre articles dans leur longueur. Ces divers articles ont 
des soies, mais ce sont surtout les deux avant-derniers qui portent des soies 
tellement fortes qu'on peut à peine les désigner sous ce nom. En effet, on 
dirait que cet appendice se divise en trois branches. Ces soies ont à peu près 
la moitié de la grosseur de l'article dont elles naissent et mesurent la lon- 
gueur de plusieurs de ces organes. L'article terminal porte aussi plusieurs 
soies au bout. 

On aperçoit très-bien les faisceaux musculaires dans lintérieur des an- 
tennes, et on voit clairement deux rubans assez gros au milieu d'eux et sur 
le côté deux rubans moins développés. Les uns et les autres montrent fort 
distinctement les fibres transverses. 

I est à remarquer que les antennules dont parlent les auteurs ne sont 
à nos yeux que des prolongements de la partie frontale de la carapace. Au 
lieu d’un bec unique et médian, comme dans plusieurs crustacés, il y a 
un double prolongement flexible du tégument. Ce ne sont pas des appendices, 
ni par leur situation ni par leur structure anatomique. 

La seconde paire d'appendices, ou les antennes, sont biramées ; elles sont 
situées en arrière et un peu en dehors des antennules ; elles ont à peu près 
la longueur des pattes et présentent aussi les mêmes mouvements. Ces an- 
tennes portent de longues soies plumeuses sur leur article basilaire et des 
soies plumeuses plus longues encore sur l'article terminal. Ces dernières 
atteignent jusqu'aux premières paires de pattes, en passant au-dessus de tous 
les autres appendices buccaux. 

Après les antennes, on voit les protognathes, qui sont très-fortes et qui 
portent chacune une palpe biramée. Cet appendice est semblable en tout aux 
antennes précédentes, mais il est plus petit. Outre l'article basilaire unique, 
il y a deux articles soyeux et garnis au bout également de longues soies. Les 
mandibules elles-mêmes sont assez longues, fortes et étendues en éventail à 
l'orifice de la bouche. Le bout de l'éventail est formé par des dents solides. 

C'est en comptant les antennes et les palpes mandibulaires avec les mä- 
choires et la patte-mächoire qu'on arrive à cinq paires de pieds-mâchoires, 


SUR LES CRUSTACÉS. 195 


nombre évidemment faux et qui doit induire en erreur tous ceux qui vou- 
draient assigner à ces crustacés leur véritable place. 

La première paire de mächoires, ou deutognathes, consiste en un appen- 
dice très-large présentant une assez grande complication. On voit en dehors 
une pièce à trois bouts libres, terminés tous les trois par des soies fortes, 
surtout le bout externe. Une quatrième lamelle, plus large que les autres, est 
garnie de même sur son bord libre de soies assez longues. Les soies de la la- 
melle externe sont courtes et fortes. 

Goodsir a comparé cet organe à une main dont les doigts porteraient de 
nombreuses et longues soies. Roussel de Vauzème en a donné une figure 
qui est loin de représenter exactement cette singulière formation. 

La seconde paire de mâchoires est plus difficile à voir en place. Elle recou- 
vre la base de la précédente et elle est comparativement moins développée. 
Elle est aussi moins large et moins compliquée. Il existe une pièce basilaire 
et des pièces terminales, dont la plus large a le bord libre formé de cré- 
neaux, au nombre de cinq. Le bout seul des cinq éminences digitiformes 
porte des soies plameuses. 

La patte-mâchoire est grande et presque aussi forte que les pattes elles- 
mêmes. On voit distinctement, indépendamment de la pièce basilaire, deux 
longs articles assez bien proportionnés, suivis de trois articles à soies plu- 
meuses à peu près également développés, et tous les trois beaucoup plus 
courts que les précédents. Le terminal est le plus long des trois. De fortes et 
longues soies garnissent le bord et le sommet. 

Il y a cinq paires de pattes ayant la même direction d'avant en arrière; 
elles sont composées de même et toutes biramées. La paire antérieure seule 
est un peu plus courte que les autres. 

Chaque patte ou péréiopode est formée d’une première pièce basilaire assez 
grande et armée d’une très-forte épine, qui est suivie d’un second article 
assez long et fort, puis d’un troisième très-court. Ce dernier est également 
armé d’une épine. Ces pattes sont biramées. La branche principale est formée 
de trois articles très-solides qui portent chacun une épine sur le bord ex- 
terne. Au bout du dernier article, on voit une soie plus forte que les autres 
et sur son bord interne plusieurs soies plumeuses régulièrement espacées. 


126 RECHERCHES 


L'autre branche est formée de trois pièces plus courtes et moins solides, qui 
sont garnies surtout de Soies plumeuses à leur extrémité libre : la pièce ter- 
minale est la plus longue. 

Ces pattes sont au fond conformées de la même manière dans les deux 
espèces de cétochiles, sauf quelques légères différences dans la disposition 
des épines. 

La bouche est située à peu près vers la moitié de la hauteur du thorax. 
Entre chaque paire d’appendices, on voit très-bien les jointures des segments. 
Le bord inférieur du deuxième segment s’'échancre sur le côté et montre sur 
la ligne médiane une lamelle régulièrement arrondie comme une lèvre supé- 
rieure : on dirait un bec dans les broderies des dames. C’est bien la lèvre 
supérieure, qui n’est pas un appendice distinct, mais une dépendance du 
segment antennaire. 

Le troisième segment thoracique est fendu sur la ligne médiane pour for- 
mer l'orifice de la bouche. Cet orifice est fort étroit. À droite et à gauche, 
on voit les lamelles, les dentelures des mandibules et un peu en dehors 
deux lobules entre lesquels on distingue une petite lamelle en forme de V 
pour représenter la lèvre inférieure. Ce sont ces deux lobules que Roussel de 
Vauzème a pris pour des mâchoires. 


CALIGIDÉS. 


HISTORIQUE. 


Nous avons déjà publié des observations sur plusieurs genres de cette fa- 
mille, dans les Bulletins de l Académie royale de Belgique et dans les Annales 
des sciences naturelles. Nous consignons ici quelques remarques sur un animal 
qui nous à paru nouveau et pour lequel nous avons dû former une nouvelle 
coupe générique. 


SUR LES CRUSTACÉS. 197 


GENRE CALIGINA, Van Ben. 


Nous avons créé ce genre pour un crustacé peltocéphale, vivant sur la peau 
d’une jeune sole, de six lignes de longueur seulement et qui se fait remarquer, 
au milieu de tous ces parasites, par l'élégance et la régularité de sa forme. 

Cette jeune sole vivait dans une flaque d’eau pendant la marée basse, et 
logeait, indépendamment de cette caligine, deux distomes encore enkystés 
dans son intestin, qui provenaient probablement des cétochiles qu'elle venait 
d’avaler, et un singulier rotifère vivait, en outre, à l'extérieur. 

À cause de son séjour, nous désignons ce crustacé sous le nom de 


CALIGINA SOLEÆ, Van Ben. 


La tête, au lieu d’avoir la forme d'un bouclier, ressemble plutôt à une 
cuiller allongée un peu eflilée en avant et régulièrement arrondie. En ar- 
rière , elle est large et tronquée. Sa surface est lisse et unie. 

Vers le milieu, à une assez notable distance du bord libre frontal, on 
aperçoit une grande tache de pigment symétrique, concave en arrière, 
tronquée en avant et légèrement creusée sur le côté portant à droite et à 
gauche, au milieu de cette excavation latérale , un globule solide et transpa- 
rent comme un véritable cristallin : ce sont les yeux qui se sont ainsi fondus 
l'un dans l’autre sur la ligne médiane, tout en conservant cependant encore 
chacun son appareil optique. 

Le thorax est formé de deux segments nettement séparés en dessus et en 
dessous et portant chacun une paire d’appendices biramés. [IS ont des ta- 
ches de pigment en arborescence. 

Le segment abdominal, à peu près de la longueur du thorax, montre une 
échancrure rudimentaire en avant sur le côté, et se termine en arrière par 
deux lobes portant chacun quatre fortes soies. Ce segment est également 
veiné de pigment brunâtre. 

Les antennes sont robustes, à peine eflilées à leur sommet et sont garnies 
de fortes soies sur leur bord antérieur, surtout au sommet. 

La première paire de pieds-mächoires est située fort en avant et recou- 
vre la base des antennes ; ces pieds-mächoires sont terminés en pince très- 


128 RECHERCHES 


solide, dont deux articles dépassent le bord antérieur du bouclier céphalique. 

La troisième paire, sans être aussi forte, conserve encore une certaine 
importance : les deux articles terminaux sont de longueur égale, replient 
l'un sur l'autre en formant également pince, et le dernier se termine en pointe 
légèrement recourbée. 

Il y a quatre pattes thoraciques biramées toutes semblables, les deux an- 
térieures insérées en arrière sous le segment céphalique, les deux posté- 
rieures implantées dans leur segment propre. Chaque article terminal porte 
trois ou quatre fortes soies à son extrémité libre. 

On aperçoit le canal digestif à travers les parois; il est très-contractile 
et plein de boulettes d’une teinte verdâtre. 

Ce genre nous semble devoir prendre place entre les frébies et les no- 
gaques. 


LES PANDARIDES. 


GENRE LOEMARGUS. 


LITTÉRATURE. 


H. Kroyer, Naturhistorisk Tidskrift, vol. 1, 1837, p. 587. 
Mizxe Evwarps, Hist. nat. de crustacés, vol. IIT, pag. 474. 
Van DER HOoEvEN, Mém. d’entomol., publiés par la Soc. entom. des Pays-Bas, vol. 1, p. 67. 


HISTORIQUE. 


Ce genre a été créé par Kroyer, en 1837, d’après des crustacés recueillis 
par le docteur Sommerfeldt sur l'Orthagoriscus mola. 


SUR LES CRUSTACÉS. 129 


On n’en connait pas d’une autre origine, et tous les exemplaires mentionnés 
jusqu’à présent proviennent, si je ne me trompe, de cette même récolte faite par 
le docteur Sommerfeldt. Tous ceux que l’on possède ont donc passé par le mu- 
sée de Copenhague. 


LOEMARGUS MURICATUS, A7. 


(Planche XIX, fig. 1-4.) 


Ce genre, qui n’est pas sans analogie avec les cécrops, a été établi surtout 
parce que la femelle n’a pas la seconde paire de pieds plus grande que le 
mâle et que cette seconde paire est chéliforme. Quoique nous n’ayons pas 
observé ce caractère, ni sur nos cécrops, ni sur ceux qui sont déposés au 
muséum de Paris, nous croyons toutefois que le genre mérite d’être conservé. 

Nous faisons mention de ce crustacé , non parce que nous lavons observé 
vivant, mais parce qu'il habite la cavité branchiale du poisson-lune, qui 
visite nos côtes, et que nous en avions fait une étude lors de la publication de 
notre notice sur le cécrops. 

Depuis J. Van der Hoeven à fait un intéressant mémoire sur ces deux 
beaux genres !, et si notre travail n’était pas terminé, nous nous serions 
dispensé d'en parler après lui. 

Voici le résultat de nos observations : 

Comme les cécrops, les Loemarqgus ont des lames frontales avec des an- 
tennes sur le côté, mais, au lieu de deux articles, on en compte trois; 
l’article basilaire, qui est très-grand , est inséré un peu en dessous. 

Les trois paires de pieds-mâchoires sont assez semblables, sauf quelques 
légères différences dans le contour; mais le sucoir est beaucoup plus volumi- 
neux, et les palpes, au contraire, sont plus petites et insérées sur sa longueur. 

Le céphalothorax est plus large que long, divisé en régions et haussé de 
boucles symétriquement éparpillées. Le bord est dentelé. 

Les deux premiers anneaux thoraciques sont séparés l'un de l'autre en 
dessus et en dessous et portent chacun une paire de pattes visibles du côté 
du dos. Les cécrops ont ces anneaux et les pattes logées en arrière et au- 
dessous du céphalothorax. 


1 Over Cecrors en LorwanGus, twee geslachten van parasitische schaaldieren, MÉMOIRES D'EN- 
TOMOLOGIE PUBLIÉS PAR LA SOC. ENTOM. DES Pays-Bas, I, p. 67. 


17 


130 RECHERCHES 


Les deux derniers anneaux thoraciques portent, en dessus, chacun une 
grande lamelle en forme d'élytre, qui recouvre toute la partie postérieure du 
corps et qui donne un singulier aspect à ces parasites. 

Cette lamelle élytroïde est dentelée sur le bord comme le céphalothorax. 

Dans une des deux femelles, la plus adulte, j'ai trouvé un spermatophore 
en place à la face supérieure de l'abdomen, immédiatement en arrière de 


la quatrième paire de pattes. 


Le siphon buccal est fort grand , unique, assez large à la base, et porte sur 
son trajet les deux palpes qui, dans le genre cécrops, sont situées au pied. 

Il y a une grande lèvre fendue dans sa longueur, spatulée au bout et 
hérissée de petites pointes sur le bord libre. 

Deux longues mandibules sont insérées entre la lèvre et le cône buceal : 
elles sont dentelées en scie au bout. 

Le cône buccal proprement dit est renflé légèrement au bout, se termine 
comme un goupillon et porte de deux côtés un petit tubereule soyeux. Au- 
dessous du tubercule, on voit, à droite et à gauche , une épine longue comme 
le diamètre du cône à cette hauteur. 

Les palpes sont formées de deux pièces articulées; la première, grande, 
de forme triangulaire et portant sur une éminence antérieure deux ou trois 
épines; le dernier article est très-court et se termine en pointe arrondie. 


LES LERNÉADÉS. 


LERNEA BRANCHIALIS. 


(Planche XIX, fig. 5-12.) 


LERNEA BRANCHIALIS, Lin., Syst. Natur. 
—  Gania, Müller, Zoo. Dan., pl. CXVIT, p. 4 — Enc. méth., pl. LXXVHT, fig. 2. 
LERNEOCERA BraNCHIALIS, De Blainville, Journal de physique, tom. XCV, pag. 376, fig. 2, 


Dict. scienc. nat. 
LenNEA 8rancHtALIS, Guérin, /conographie du règne animal, Zoorn., pl. IX, fig. 1. 


SUR LES CRUSTACÉS. 151 


Sur les branchies, ou plutôt sur les ares branchiaux du Gadus morrhuu. 
Des individus en tout semblables mais plus petits habitent les branchies du 
Gadus barbatus. 

La longueur totale est de 40 à 50", 

Le cou avec les cornes a 25" de long. 

Les tubes ovifères, au lieu d’être droits et flottants, sont entortillés très- 
irrégulièrement sur eux-mêmes et forment deux pelottes assez volumineuses 
logées en partie dans une excavation formée par le corps. 

Le cou est long, grêle, corné, peu flexible et terminé en avant par trois 
cornes rameuses enchàssées dans les os des arcs : c’est ce qui rend ces para- 
sites difliciles à obtenir entiers. 

Le corps est assez large, recourbé en forme d'S. Les tubes ovifères ne 
sont point attachés au bout. 

Ce parasite n’est pas rare. 

Un des lernéens les plus singuliers par la forme, par la taille et par le 
genre de vie, est ce Lernea branchialis, qui envahit les arcs branchiaux de 
différentes espèces de gades (Gadus morrhua, Gadus aeglefinus, Gadus bar- 
batus, Gadus merlangus), de callionymes, ete. 

On croirait que le crustacé est une portion de l’are osseux dégénéré, telle- 
ment la tête et le cou sont solidement soudés dans la substance osseuse du 
poisson. 

Ces poissons sont envahis de bonne heure par ces hôtes incommodes : dans 
un Gadus morrhua, qui n’a pas plus de quinze centimètres de longueur, Farc 
branchial portait un Lernea branchialis adulte dont les replis des tubes 
ovifères étaient déjà pleins d'œufs. 

Jusqu'à présent, on ne connaissait que des femelles adultes entièrement 
déformées dans lesquelles on ne voit plus aucun des caractères du jeune âge. 
Nous avons eu le bonheur de trouver un individu femelle en cours de déve- 
loppement et dont les pièces de la bouche étaient encore très-reconnaissables. 

Voici ce que nous avons écrit sur ce parasite : 

À la surface interne d’un opercule de callionyme de deux pouces de long, 
nous avons trouvé une lernée très-intéressante montrant la forme transitoire 
entre le jeune crustacé symétrique nageant librement dans Peau et la lernée 


152 RECHERCHES SUR LES CRUSTACÉS. 


bizarre et contournée, qui ne ressemble plus guère à une forme animale 
régulière. 

Voici dans quelles conditions elle se trouvait : 

La tête était déjà profondément engagée dans les os de lopereule, et ce n’est 
pas sans peine que nous avons réussi à dégager le parasite sans le mutiler. 

Le corps est allongé, arrondi, présentant vers le milieu une courbure qui 
augmente avec l’âge et qui lui donne cet aspect particulier. Il est seulement 
un peu plus mince à l'extrémité caudale. 

Tous les caractères du jeune âge se retrouvent encore. 

À la tête, on voit encore l'œil au milieu du front, et on distingue deux 
énormes pinces qui seront sans usage, comme l'œil, du moment que l'animal 
sera définitivement fixé. 

En regardant la tête de profil, on voit un prolongement en forme de casque 
semblable aux tubérosités qui recouvrent le bee des Buceros parmi les oiseaux. 

Immédiatement derrière la région céphalique, on aperçoit quatre paires 
d’appendices également développés, légèrement contournés vers leur sommet 
et qui portent sur leur article terminal des filaments soyeux indispensables 
pendant la vie vagabonde. 

La région thoracique ne diffère de la suivante que par la présence des 
appendices. 

L'extrémité caudale est terminée par deux lobes garnis également de 
soies, mais qui n'ont probablement plus leur largeur primitive. 

C'est l'espèce qui est peut-être la plus anciennement connue, la plus facile 
à distinguer par la bizarrerie de sa forme et qui se fait remarquer, en outre, 
par sa forte taille. C’est à peine si l’on prend cet organisme pour un animal, 
lorsqu'on le voit pour la première fois’. 

! Une notice intéressante vient de paraitre, pendant la correction de ces épreuves, sur cette 


famille de lernéens, sous le titre de Ueber die Familie der Lernœæen; par le professeur C. Claus. 
dans les Würzhurger naturwissenschaftl. Zeitschrift, I Band, 1861. 


SECONDE PARTIE. 


CRUSTACÉS OBSERVÉS SUR LE LITTORAL DE LA BELGIQUE. 


1. CORYSTE DENTÉ. — Corystes dentutus, Latr. 


ConysTE DENTÉ. — Diction. sc. nalur., CRusraCÉs, pl. IT, fig. 2.— Pennant, Brit, zool., tom. IV, 
pl. VIL. 


On le trouve dans les grandes profondeurs. Rarement on en voit des dé- 
bris sur la plage. 
2. PLATYONIQUE LATIPÈDE. — Platyonichus latipes, Penn. 


PLATYONIQUE LATIPÈDE. — Règne animal illustré, pl. VIIT, fig. 3. 
PoRTUMNUS VARIEGATUS. — Leach, Maluc., pl. IV. 


On le trouve quelquefois sur la plage. 


3. CARCIN MOENADE. — Cacinus moenas. 
1] 
CaRCINUS MOENAs. — Baster, Op. subs. 9, pl. IT, fig. 19. 


C'est l'espèce la plus commune sur nos côtes. Ces crabes se logent surtout 
entre les pierres. On les mange principalement pendant l'été, Quand ils sont 


154 RECHERCHES 


jeunes, la carapace est bien marquée de taches noires et quelquefois brunes. 

Les femelles ont toujours la carapace molle ou le tégument tendre pen- 
dant laccouplement. J'avais un mâle depuis plusieurs jours dans un aqua- 
rium; j'y placai une femelle à carapace molle, et au bout d’un quart d'heure 
l'accouplement avait lieu. Le surlendemain, ils étaient encore dans la même 
situation. 

On trouve sur la carapace des tubulaires, des balanes, des Laguncula et 
sous l'abdomen très-souvent des Sacculina où Peliogaster. 

Les femelles portent environ deux cent mille œufs, et il n’est pas rare de 
trouver au milieu d'eux le joli némertien tubicole, si intéressant pour l'his- 
toire du développement de ce ver, connu sous le nom de Polia involuta. 

On peut conserver ce crabe avec son némertien en vie assez longtemps 
hors de l’eau ou dans une petite quantité d’eau de mer. Nous en avons tenu 
ainsi pendant plusieurs mois dans un bocal placé dans la cave. 


4. PoRTUNE ÉTRILLE. — Portunus puber, Linn. 


PORTUNE ÉTRILLE. — Dict. Sc. natur., Crusracés, Malac., pl. V, fig. 4. 
2 ? 2 Oo 


Cette espèce n’est pas rare, mais on ne la trouve pas souvent sur la plage. 


9. PORTUNE MARBRÉ. — Portunus marmoreus, Leach. 
PARTUNUS MARMOREUS. — Leach, Diction. sc. natur., Crustacés, Halac., pl. V, fig. 2. 


Cette espèce n’est pas très-rare. 


6. PORTUNE HOLSATIEN. — Portunus holsatus. 


Ponruxus Livinus. — Leach, Halac., pl. IX, fig. 5 et 4. 
SLABBEREYN, en ostendais. 


Cette espèce est plus commune encore à Ostende que le carein mœænade. 
On ne la mange pas. On en prend en quantité considérable dans les filets 


SUR LES CRUSTACÉS. 1355 


pendant la pêche des crevettes. Ces crabes ne quittent pas l'eau comme l'es- 


pêce dont nous venons de parler. 
Nous avons trouvé aussi des Sacculina sous son abdomen, mais on trouve 


rarement d’autres animaux implantés sur sa carapace. 
T. PORTUNE NAIN. — Portunus pusilus. 
Porrunus pusiLus. — Leach, Malac., pl. IX, fig. 5 à 8. 


Cette petite espèce n’est pas commune. 


8. CRABE TOURTEAU. — Cancer pagurus, Linn. 
Cancer paGurus. — Diction. sc. nalur., Crustacés, Malac., pl. VU, fig. 1. 


C'est la grande espèce de crabe que les pêcheurs au poisson frais trou- 
vent dans leurs filets, quand la drague passe, dans un endroit rocailleux , à 
une certaine profondeur. On n’en voit jamais sur la côte. La carapace du 
mâle atteint une dimension assez grande. La femelle reste toujours plus petite. 


La chair de cette espèce est très-estimée. 
On trouve souvent sur la carapace des anomies, des serpules, des aleyons 


et quelquefois des tubulaires. 
9, LiTHODE ARCTIQUE. — Lithodes arctica , Lamk. 
Lrrnones Mara. — Leach, Malac. Brit., pl. XXIV. 


A de longs intervalles, nous avons vu quelques individus de cette belle 


et curieuse espèce. 


10. PINNOTHÈRE pois. — Pinnotheres pisum. 
PinnoTuerEs pisum. — Baster, Opus. subs., tab. IV, fig. 4 et 2. 


Ce petit crabe vit dans les moules. Il n’est pas rare. C’est à tort qu'on lui 
a attribué les accidents que produisent quelquefois ces mollusques. 


156 RECHERCHES 


A1. PINNOTHÈRE DES MODIOLES. — Pinnotheres modioli, Van Ben. 


Nous n'avons presque jamais ouvert des modioles sans trouver un couple 
de ces crabes dans la coquille. La femelle devient grande comme une noisette. 


12. Mara SQUINADE. — Maia squinado. 


Mara SQUINADE. — ÆEncylop., pl. CCLXXVIT, fig. 4 et 2. 
Zero, en flamand, d’après Seba. 


On ne le voit qu’accidentellement sur nos côtes. 


43. PISE ARMÉE. — Pisa armata. 


Mara courrTeux. — Blainville, Faune, pl. X, fig. 1. 


Nous en avons recu un exemplaire de nos côtes en 1850. 


44. HYADE ARAIGNÉE. — Ayas aranea, Linn. 


Hyas aranEUs. — Leach, Malac., pl. XXI, «. 


On ne le trouve qu'à de certaines profondeurs, mais là il se rencontre 
en abondance. 


15. HYADE CONTRACTÉE. — /yas courctata. 


Hyas coarcraTa. — Leach, Malac., pl. XXI, b. 


Nous en avons observé dans les mêmes conditions que l'espèce précédente. 
Elle est commune. 


16. Ixacaus scorpion. — Jnachus Scorpio, Fabr. 


Inacnus scorpion. — Latr., Encyclop. méth., pl. CCLXXXI, fig. 3, copiée de Pennant. 


On trouve cette espèce en abondance à de certaines profondeurs. 


SUR LES CRUSTACÉS. 157 


17. STÉNORHYNQUE FAUCHEUR. — Stenorhynchus phalangium, Penn. 
STÉNORHYNQUE FAUCHEUR. — Latr., Enc. méth., pl. CCLXXVIIT, fig. 2, copiée d'après Pennant. 


Très-commun dans les régions profondes. 


18. STÉNORHYNQUE LONGIROSTRE. — S{enorhynchus longirostris, Fabr. 


MacRopoDIA TENUIROSTRIS. — Leach, Halac. Brit., pl. XXII, fig. 1-5.— Blainville, Faune fran- 
caise, pl. VII, fig. 1. 


Cette espèce habite en abondance les régions profondes. 


19. ÉBaue DE Brayer. — Ebalia Brayerü, Leach. 
Egaria Braveri. — Leach, Zool. miscel., vol. HT, p. 20, et Malac. Brit., pl. XXV, fig. 19-15. 
Ce joli petit crabe se trouve souvent sur la coquille de lhuitre pied-de- 
cheval; ainsi il habite les régions profondes. 
20. ÉBazte DE Crancu. — Ebalia Cranchii. 
Egaria Crancui. — Leach, Malac. Brit., pl. XXV, fig. 7-11. 


Cette espèce, un peu plus grande que la première, vit dans les mêmes 
conditions. 


21. ÉBALIE DE PENNANT. — ÆEbalia Pennantir. 
EgaLia PENNaNTI. — Leach, Malac. Brit., pl. XXV, fig. 1-6. 


On le trouve avec les deux espèces précédentes. 


18 


158 RECHERCHES 


22, PILUMNE SPINIFÈRE. — Pilumnus spinifer. 
PILUMNE SpINIFÈRE. — Savigny, Egypte, pl. V, fig. 4. 
Ce crabe, long d’un pouce, à été pris quelquefois sur nos côtes. 
23. PORCELLANE LONGICORNE. — Porcellana longicornis. 
PORCELLANE LONGICORNE. — Latr., Enc. méthod., pl. CCLXXV, fig. 5, copiée d'après Pennant. 


Ce crabe, long de quelques lignes seulement, est assez commun sur nos 


côtes. 
24. PAGURE BERNARD. — Pagurus bernhardus, Linn. 
PAGURE BERNARD. — Lin., Règne animal illustré, pl. XLIV, fig. 2. 


KokerLors, en flamand. 


Cette espèce est fort commune. A l’état adulte, on la trouve toujours dans 
la coquille du Buccinum undatum ; et souvent dans la même coquille, à côté 
du crustacé, on voit la Nereis bilineata, pendant qu'il porte sur l'abdomen 
le Peltogaster paguri, et dans celui-ci le Liriope pygmea. La coquille est 
presque toujours couverte d'hydractinies vivantes ou mortes. 

La chair des pagures est fort délicate. 

Les pagures sont extraordinairement abondants dans la mer du Nord, à 
une profondeur de soixante à cent brasses. Quelques poissons plagiostomes , 
surtout le Scillium canicula, en ont ordinairement leur estomac rempli. 

Aux îles Cocos , Kuhl et Van Hasselt ont vu, comme Bose en Amérique, 
les pagures non-seulement vivre sur le rivage, mais sortir de l’eau, grimper 
sur les arbres et détruire les œufs et les jeunes oiseaux dans leur nid !. 


! Konst- en Letterbode, 1822, n° 6, p. 82. 


SUR LES CRUSTACÉS. 159 


25. GALATHÉE STRIÉE. — Galathea strigosa. 


GaLATHÉE SrRIÉE. — Règne animal illustré, Crusracés, pl. XLVIT, fig. 1. 


On trouve encore de temps en temps cette jolie espèce, mais seulement 
dans les régions les plus profondes. 


26. HomarD comMux. — Æomarus vulgaris. 


Howarus vuLéaris. — Pennant, Brit. Zool., tom. IV, pl. X, fig. 21. 
KReerT, en flamand. 


Cette espèce ne se trouve qu'accidentellement dans nos parages. I lui faut 
une eau limpide et un fond rocailleux. 

On la trouve en abondance sur les eôtes du Calvados, de la Bretagne, 
de l'Écosse et surtout de la Norwége. 

Les branchies nourrissent toujours en abondance des Nicothoë astaci. 
Entre les œufs sous l'abdomen, on trouve en non moins grande abondance 
les singuliers Æistriobdella que nous avons décrits dans les Bulletins de 
l’Académie de Belgique *. La carapace se recouvre aussi quelquefois d’une 
grande quantité de spirorbes et d’anomies. 


27. NÉPHROPS NORWÉGIEN. — Nephrops norvegicus. 
Néparops NORWÉGIEN. — Guérin, Zconogr., Crusracés, pl. XIX, fig. 1. 
De temps en temps, on nous apporte des individus isolés de cette belle 
espèce, qui s'étend de la côté de Norwége au fond de l'Adriatique. 


28. CRANGON COMMUN. — Crangon vulgaris. 


CRANGON VULGARIS. — Baster, Opusc. subs., IT, p. 11, pl. IT, fig. 1-4. 
GEERNAERT , en flamand. 


On en pêche, pendant toute l’année, le long de nos côtes et dans l'Escaut, 
et toujours on les trouve avec la même abondance. Ils se tiennent de préfé- 


Tome V, 2*série, 


140 RECHERCHES 


rence tout près des lieux où les vagues viennent expirer, surtout quand la 
mer est calme. Ils s’éloignent quand les vagues s'élèvent. Ce sont ces crus- 
tacés qui tiennent, le long de nos côtes, l’eau de mer dans un état de pureté 
convenable, en dévorant, comme les vautours dans les pays chauds, tout 
cadavre où débris de chair qui menace d'entrer en décomposition. 


29. HiprozyTE DE CRANCH. — Hippolyte Cranchii. 
Hippozyre Crancun. — Leach, Malac. Brit., tab. XXXVUHI, fig. 47-21. 


Ce crustacé vient des régions profondes, Il n’est pas commun. 


30. PALÉMON SERRÉ. — Palemon serratus. 


PALEMON SERRATUS. — Pennant, Brit. Zool., tom. IV, pl. XVI, fig. 28. 
STEURKRAB, en flamand. 


On en trouve au milieu des crangons, mais il faut les chercher surtout 
dans les flaques d’eau de mer ou dans le réservoir des huitrières. On en 
prend beaucoup dans PEscaut. 

Ce crustacé bouilli a une couleur rosée, et sa chair est plus ferme que celle 
des crangons. 

Sur certaines côtes de France, il n’y a presque pas un individu qui ne 
porte un bopyre sur ses branchies. Nous n’en avons jamais trouvé sur les 
branchies des palémons de nos côtes. 


31. PALÉMON sQuILLE. — Palemon squilla. 


PALEMON SQUILLA. — Baster, Opus. subs., pl. HI, fig. 5. 


On ne le distingue pas de l'espèce précédente comme objet de consomma- 
ion ; 11 se vend également sous le nom de steurkrab. 
tion ; il se vend également sous le nom de steurkrab 

Cette espèce est moins commune. 


LD] 
nm 


SUR LES CRUSTACÉS. 1 


32. PALÉMON VARIABLE. — Palemon varians. 
PALEMON varians. — Leach, Malac. Brit., pl. XLHI, fig. 14-16. 


Cette espèce est aussi confondue sous le même nom avec les deux espèces 
précédentes. 
On la trouve dans les mêmes conditions. 


39. MYsis CAMÉLÉON. — Mysis chamaeleo. 


(Planche IL.) 


Cette espèce vit en abondance, pendant l'été, dans les pares aux huitres 
à Ostende, au milieu des crangons et des palémons. 

Ils sautent avec facilité à une assez grande hauteur hors de l'eau. Si l’on en 
place de vivants dans un bocal, on les voit bientôt collés aux parois du verre. 


34. Mysis FERRUGINEUX. — Mysis ferruginea, Van Ben. 


(Planche VI, fig. 4-12.) 


Nous avons distingué cette espèce pour la première fois en 1859. Nous 
la trouvons depuis en abondance mélée aux autres espèces, ainsi qu'aux 
Podopsis. C'est avec ces derniers qu'on peut facilement les confondre, si 
lon ne fait attention au podophthalme. 


39. Mysis saixT. — Mysis sancta, Van Ben. 
(Planche VI, fig. 1-5.) 


Nous n'avons encore trouvé, ou plutôt distingué, qu'un seul individu , et 
c’est un mâle. Il diffère assez des autres pour justifier Pétablissement d'un 
genre nouveau. 


36. Mysis commux. — Mysis vulgaris. 
(Planche L.) 


On trouve cette seconde espèce dans les mêmes conditions que la premiére. 


142 RECHERCHES 


37. Popopsis DE SLABBER. — Podopsis Slabberi, Van Ben. 


(Planche VII.) 


Ce petit crustacé, si remarquable par la longueur de ses podophthalmes, à 
le corps souvent si transparent dans l’eau, qu'on ne le distingue que par les 
pédoncules oculaires. 

Pendant l'été, ces crustacés sont très-abondants sur nos côtes et s’intro- 
duisent en masse dans les parcs aux huitres. 


38. LEUCON CERCAIRE. — Leucon cercaria, Van Ben. 
(Planche XIV.) 


Cette espèce, qui mesure seulement trois millimètres, vit le long de nos 
côtes ; nous en avons pêché au petit filet. 


39, CuME DE RATHKE. — Cuma Rathkii, Kr. 
(Planche XIL.) 
L'individu unique qui nous a servi dans ces recherches nous le devons à 
la générosité de M. Eschricht, 
40. BoDOTRIE DE Goopsir. — Bodotria Goodsirii, Van Ben. 
(Planche XIII.) 
Nous l'avons pêché au petit filet pendant l'été, à Ostende. 
41. ANCÉE MARINE. — Anceus marinus. 
(Planche XVI.) 


ANCEUS MARINUS. — Slabber, Natuurkundige Verlustigingen, pl. IX, fig. 1-2. (Larve.) 


Nous avons pris des larves { Praniza) et des adultes en pleine mer dans 
le petit filet. 


SUR LES CRUSTACÉS. 145 


42. IDOTÉE LINÉAIRE. — Idotea linearis, Penn. 
Oxiscus ENTOMON. — Baster, Opusce. subs., tom. Il, pl. XII, fig. 2. 


On le trouve assez communément dans les touffes de sertulaires. 


43. Tanaïs DE DuLoxG. — Tanais Dulongii, Sav. 


Tanaïs DuLONGu. — Van Ben., Votice sur la tortue franche, Buzuer. Acap. ROY. DE BELGIQUE, 
2° série, tom. VI, n° 1, pl. I, fig. 1-8. 


Nous en avons trouvé plusieurs exemplaires sur la carapace d’une chélonée 


mydas, qui est venue échouer à Klemskerke près d'Ostende. 


44, SLABBÉRINE AGATE. — Slabberina agata, Van Ben. 


(Planche XV.) 


Omiscus. — Slabber, Natuurkundige Verlustigingen, tom. XVH, pl. XVI, fig. 1 et 2. 


Ce joli crustacé n’est pas rare. On le trouve communément , à marée basse, 
dans les flaques d’eau et nageant à la manière des coléoptères aquatiques. 


45. ÆGA ENTAILLÉE. — Æga emarginatu. 
ÆGa EMARGINATA. — Pennant, Brit. zool., vol. IV, pl. XVII, fig. 1. 


Nous avons trouvé ce crustacé en abondance dans l'estomac du Scémnus 


glacialis. 
46. NÉROCILE À DEUX RAIES. — ÂNerocila bivittata. 
NéROCILE À DEUX RAIES. — Milne Edwards, Règne animal illustré, Crusracés, pl. LAVE, fig. à. 


Nous l'avons trouvé sur le corps de la Sczena aquila. Nous avons recu quel- 
q € 


144 RECHERCHES 


ques individus, pris à Blankenberghe sur divers poissons, d’après ce qu'on 
nous à assuré. 
4T. LYGIE OCÉANIQUE. — Lygia oceanica, Linn. 


Oxiscus aquaricus. — Baster, Opuse. subs., tom. IT, pl. XIE, fig. #. 


Cette espèce est abondante partout entre les pierres des écluses ou la 
maçonnerie dont le pied baigne dans l'eau. 


48. TALITRE SAUTEUSE. — T'alitrus saltator. 
Oxiscus LocusTa. — Pallas, Spic. Zool., fase. IX, tab. IV, fig. 7. 


On trouve cette espèce en abondance sur la plage. 


49. ORCHESTIE LITTORALE. — Orchestia littore«. 
ORCHESTIA LITTOREA. — Baster, Opusc. subs., pl. IT, fig. 7 et 8. 


Cette espèce est fort commune sur nos côtes. 
| 


50. CREVETTE LOCUSTE. — Gammarus locusta. 
Gammarus Locusra. — Milne Edwards, Hist. nat., Crustacés, vol. IT, p. 44. 
Cette espèce est três-commune sur nos côtes. On la trouve en abondance 
dans les flaques d’eau et sur le sable. 
C'est dans cette espèce, si je ne me trompe, que J'ai trouvé les kystes de 
l'Echinobothrium typus, et c’est elle qui sert principalement de première 
nourriture aux raies après leur éclosion. 


51. LYSIANASSE ATLANTIQUE. — Lysianassa atlantica , Edw.? 
LysrANASSA ATLANTICA. — Milne Edwards, Aist. nat., Crustacés, vol. III, pag. 22. 


Nous l'avons trouvé souvent dans l'estomac de l’éperlan de nos côtes et 
de lEscaut. 


state nn 


SUR LES CRUSTACÉS 145 


52. AMPHITHOË DE JURINE. — Amphithoë Jurinii, Edw. 
AupuiruoE Jurini, — Milne Edwards, Hist. nat., Crusracés, vol. HI, pag. 50, pl. I, fig. 2. 


Il se trouve sur nos côtes et dans l'Escaut. Nous l'avons rencontré régu- 
lièrement dans l'estomac de léperlan. 


99. COROPHIE LONGICORNE. — Corophium longicorne. 
CoroPmiun LONGIcORNE. — Milne Edwards, Règne animal illustré, Crusracés, pl. LXT, fig. 1. 


Cette espèce est assez commune. On la voit sur la côte et dans l'Escaut. 
Nous l'avons souvent trouvée dans l'estomac de l'éperlan. 


04. HYPÉRIE DE LATREILLE, — Hyperia Latreillii, Edw. 
Hyperta LarreiLLu. — Milne Edwards, Règne animal illustré, Crusracés, pl LV, fig. 1. 


Il n’est pas rare en été. Nous en avons pris souvent avec le petit filet. H 
nage avec une rapidité extrême et fait les plus singulières évolutions dans 
l’eau. Nous en avons conservé en vie pendant deux jours. 


55. CHEVROLLE LINEAIRE. — Caprella linearis. 
CaPRELLA LiNEARIS, Baster, Opus. subs., pl. VI, fig. 2. 


On en trouve souvent sur des sertulariens et des tubulaires. 


56. CHEVROLLE FRONT POINTU, — Caprella acutifrons. 


CAPRELLA ACUTIFRONS. — Milne Edwards, Æist. nat., Crusracés, vol. IE, pag. 188. — Van Be- 
neden, Votice sur la tortue franche, Buzer. Acao. Roy. pe BELGIQUE, 2° série, tom. VI, n°1, 
pl. 1, fig. 9-11. 


Trouvé en abondance au milieu de touffes de conferves avec des tanais, 
sur la carapace de la Chelonia mydas. 
19 


146 RECHERCHES 


57. CHEVROLLE ÉPAISSE. — Caprella obesa , Van Ben. 


(Voyez plus haut page 99.) 


Nous avons trouvé cette espèce sur la peau de Scimnus glacialis, au milieu 
de Dinemoura elongata. 


58. NAUPRIDIE TRISTE, — Naupridia tristis, Van Ben. 


(Planche XVII.) 


Nous avons trouvé ce curieux crustacé sur des touffes de polypes ( Sertu- 
laria, Tubularia, ete.). 
99. PYCNOGONON LITTORAL. — Pycnogonum littorale. 


PYCNOGONUM LITTORALE. — Müller, Zoo!. Danic., tom. HI, pl. CXIX, fig. 10-12. 


Nous en avons souvent trouvé sur des huitres et quelquefois dans des 
touffes de sertulariens. Cette espèce n'est pas rare. 
60. PHoxICHILE ÉPINEUX. — Phoxichilus Spinosus. 
PHALANGIUM SPINOSUM. — Montagu, Transact. linn., vol. IX, pl. V, fig. 7. 


Nous avons trouvé assez souvent cette espèce sur des sertulariens. 


GT. CÉTOCHILE SEPTENTRIONAL. — Cetochilus septentrionalis, Goodsir. 
(Planche XVII.) 
CETOCHILUS SEPTENTRIONALIS. — Goodsir, New Edinb. philos. Journ., vol. XXXV, p. 539, pl. VI. 
Ces petits crustacés sont d’une abondance extrême sur nos côtes, au prin- 
temps. 


62. NoTODELPHE AsciDicoLE. — Notodelphis ascidicolu. 


Allmann, Ann. and Mag. of nat. hist., vol. XX, 1848, p. 1. 


Très-commun et s’introduit partout. On en trouve souvent dans la poche 
respiratoire de diverses ascidies. 


SUR LES CRUSTACÉS. 


63. ARPACTE CHELIFER. — Arpacticus chelifer, Müll. 


ARPACTICUS CHELIFER. — Müller, Entomostraca, pl. XIX, fig. 1-5. 


Se trouve le long de la côte en abondance et devient surtout la proie des 


jeunes Clupea. 
64. CALIGE DU FLÉTAN. — Caliqus hippoglosst. 


CauiGus HirpoGLosst. — Kroyer, Tidskrift, vol. 1, pl. VE, fig. 5. — Van Beneden, Ann. s 


nat., 3" série, vol. XVI, pag. 95. 
On en trouve toujours et en abondance sur le flétan et sur d'autres es- 
pèces de pleuronectes. 


65. CALIGE ÉLÉGANT. — Caliqus elegans, Van Ben. 


CaLieus currus. — Kroyer, Tidskrift, vol. 1, pl VE, fig. 2. — Van Beneden, Ann. sc. nal., 


5e série, vol. XVI, pag. 91. 
Ce calige se trouve en abondance sur les cabillauds. 
66, CaLiGe GRAGILE. — Caliqus gracilis, Van Ben. 


CauiGus GRAGILIS. — Van Beneden, Ann. sc. natur., 3" série, tom. XVI, pl. I, fig. 1-7 


Cette espèce habite le corps et la cavité branchiale du turbot et de la 
barbue. 
67. CaLiGE couRTE. — Caliqus curtus, Müll. 
CauiGus currus. — Müller, Entomostraca, pl. XXI, fig. 1-2. 


On le trouve sur le Gadus callarias et sur le Gadus aeglefinus. 


RECHERCHES 


me 
ESS 
A 


68. CALIGE DIAPHANE. — Caliqus diaphanus, Nordm. 


CaLIGUS DIAPHANUS. — Nordmann, Microg. Beitr., vol. I, pag. 26. — Kroyer, Tids., vol. T, 
Pl VIE et). 


Trouvé sur le corps des trigles. 


69. SCIÉNOPHILE GRÈLE. — Scienophilus tenuis, Van Ben. 


SCIENOPHILUS TENUIS. — Van Beneden, Note sur un nouveau genre de crustacé parasite, 


BULLET. ACAD. ROY. DE BELGIQUE, tom. XIX, n° 11. 


Dans la cavité branchiale du maigre d'Europe (Sciaena aquila). 


10. KROYERIA LINÉAIRE. — Aroeyeria lineata, Van Ben. 


KROYERIA LINEATA. — Van Beneden ,Bullet. Acad. roy. de Belgique, tom. XX, n° 1. 
Genre Loncmiun, Gerstæcker, Troschel°s Archiv., 1854, p. 185. 


Entre les lamelles branchiales du milandre ( Galeus canis). H est fort 
commun. 


71. CONGÉRICOLE PALE. — Congericola pallida, Van Ben. 


CONGERICOLA PALLIDA. — Van Beneden, Notice sur un nouveau genre de siphonostome, BuLLer. 
ACAD. ROY. DE BELGIQUE, tom, XXI, n° 9. 


Sur les branchies du congre. 


12. CALIGINE DE LA SOLE. — Caligina solace, Van Ben. 


Ce curieux parasite vit sur le corps des jeunes soles. 


( Voyez plus haut page 127.) 
13. PANDARE BICOLORE. — Pandarus bicolor, Leach. 


PANDARUS BICOLOR. — Van Beneden, Ann. sc. nat., 5° série, vol. XVI, pag. 94. 


Il se trouve sur le corps des milandres, surtout à la base des nageoires 
pectorales. 


SUR LES CRUSTACÉS. 149 


14. DINÉMOURE ALLONGÉE. — Dinemoura elongata, Van Ben. 


DiNEMOURA ELONGATA, — Van Beneden, Motice sur un nouveau dinémoure, BuLL. Acap. Roy. 
DE BELGIQUE, tom. XXIV, n° 2. 


Sur la peau du Scimnus glacialis. 


15. CECROPS DE LATREILLE. — Cecrops Latreillir. 


Cecrops LaTREILLI. — Van Beneden, Sur les vers parasites du poisson-lune (Onraacoriscus 
moLa) et le CEcrops LATREILLU , Bullet. Acad, roy. de Belgique, tom. XXI, n° 10. 


Sur les branchies du poisson-lune. 


76. LoEMARGUE MuRIQUÉ. — Ldemarqus muricatus, Kr. 
(Planche XIX, fig. 1-4.) 
LoEmaRGUs MuricaTus. — Kroyer, Wat. Tidskrift, vol. 1, 1837, p. 487. 
Vit sur le poisson-lune (Orthagoriscus mola). Jusqu'à présent les seuls 
individus qui ont été observés proviennent du musée de Copenhague. 
17. DICHÉLESTION DE L'ESTURGEON. — Dichelestium sturionis. 


DicHELESTIUM STURIONIS. — Van Beneden, Ann. sc. nat., 5° série, vol. XXI, pag. 96. 


On le trouve assez communément sur les branchies de l'esturgeon. 


AS 


18. ÉRGASILINE ROBUSTE. — Ergasglina robusta, Van Ben. 
ErGasiLiNa RoBusTA.— Van Beneden, Ann. sc. nat., vol. XVI, 5% série, pl. HT, fig. 1 et 2, pag. 97. 


On le trouve régulièrement sur les branchies du Trygon pastinacu. 


150 RECHERCHES 


19. EuDACTYUNE AIGUË. — Eudactylina acuta, Van Ben. 
EupacryLina AcuTA. — Van Beneden, Bullet. Acad. roy. de Belgique, t. XX, n° 2. 


On le trouve sur le squatine-ange (Squatina angelus) et le Spinax acan- 
thias, entre les lames branchiales. 


80. ENTÉROCOLE ÉCARLATE. — Ænterocola fulgens, Van Ben. 


ENTEROCOLA FULGENS. — Van Beneden, Bullet. Acad. roy. de Belgique, tom. IX, 2° série, 
févr. 1860. 


Dans la cavité respiratoire de l’Aplidium ficus et de l'Aplidiu ficoides. 


81. PAGODINE ROBUSTE. — Pagodina robusta, Van Ben. 
PAGODINA ROBUSTA. — Van Beneden, Bullet. Acad. roy. de Belgique, tom. XX, n° 4. 
Sur les branchies du squale milandre (Galeus canis) et du squale bleu 
(Carcharias glaucus). 
82. NicoTHoË pu Homarp. — Wicothoë astaci, Edw. 


Nicoruoë asracr. — Van Beneden, Mémoire sur le développ. et l’org. des nicothoëés , Méu. Acan. 
ROY. DE BELGIQUE, tom. XXIV, 1848. 


Sur les branchies du homard. On en trouve en quantité sur tous les ho- 
mards. 


83. CLAVELLE DE MULLE. — Clavella mulli, Van Ben. 
CLAVELLA MULLI. — Van Beneden, Ann. sc. nat., 5% série, vol. XVI, pl. IT, fig. 5-4, pag. 99. 


Il vit sur les branchies du mulle (roi des harengs). Il n’y est pas rare. 


SUR LES CRUSTACÉS. 151 


84. CLAVELLE DU FLÉTAN. Clavella hippoglossi, Kr. 


CLAVELLA HiPPOGLOSsI. — Van Beneden, Ann. sc. nalt., 5% série, vol. XVI, pag. 100, pl. HI, 
fig. 5-6. 


On en trouve sur tous les flétans, entre les lames branchiales. 


85. LERNANTHROPE DE KRoYER. — Lernanthropus Kroyeri, Van Ben. 


LERNaANTHROopus KroyERI. — Van Beneden, Ann. se. nat., 5% série, vol. XVI, pag. 102, pl. HIT. 
fig. 7-9. 


On le trouve sur les branchies du Labrax lupus. 


86. LERNANTHROPE DE GISLER. — Lernanthropus Gisleri, Van Ben. 


LERNANTHROPUS GiSLERI. — Van Beneden, Vole sur quelques parasites d'un poisson rare sur 
nos côtes, Buzzer. Acap. ROY. DE BELGIQUE, tom. XIX, n° 9. 


Sur les branchies du maigre d'Europe. 


A 


87. CHONDRACANTHE BOSSU, — Chondracanthus gibbosus, Kr. 
CHONDRACANTAUS G1BBOSUS. — Van Beneden, Ann. sc. nat., vol. XVI, 5° série, pl IE, fig. 10-15. 


On le trouve en abondance sur les branchies et dans la cavité branchiale 
des baudroies (Lophius piscatorius). Nous en avons toujours trouvé sur tous 
les individus. 


88. CHONDRACANTHE CORNU. — Chondracanthus cornutus, Müll. 


, 


CHONDRACANTHUS CORNUTUS. — Van Beneden, Ann. se. nat., 5% série, vol. XVI, pl. IV, fig. 1-4. 
pag. 108. 


On trouve cette espèce communément sur les branchies des plies ( Pleu- 
ronectes platessa) et sur le flet ( PI. flesus ). 


152 RECHERCHES 


89. CHONDRACANTHE DE LA SOLE. — Chondracanthus soleae, Kr. 
CnoNDRACANTHUS SOLEÆ, —- Van Beneden, Ann. sc. nat., 3% série, vol. XVI, pag. 109. 


Il se trouve sur les branchies de la plie (Pleuronectes platessa) et la sole 
( PI. Solea ). 


90. CHONDRACANTHE DES TRIGLES. — Chondracanthus triglae, Blainv. 
CHONDRACANTHUS TRIGLAE. — Van Beneden, Ann. sc. nat., 5% série, vol. XVI, pag. 109. 


Il habite les branchies de 7rigla hirundo. 


94, CHONDRACANTHE DE ZEUS. — Chondracanthus Zei, Quer. 
Cuoxpracanraus Zer. — Van Beneden, Ann. se. nat., 5% série, vol. XVI, pag. 110, pL. IV, fig. 5-7. 
Cette grande et belle espèce vit sur les branchies du poisson N'-Pierre, 
Zonnevisch des pêcheurs. 
92. ANCHORELLE ÉMARGINÉE, — Anchorella emarginata, Kr. 


ANCHORELLA EMARGINATA. — Van Beneden, Ann. sc. nat., 5% série, vol. XVI, pag. 115, pl. VI, 


fig. 4-6. 


Sur les branchies de l’alose (Alosa finta). Très-commun. 


93. ANCHORELLE RUGUEUSE. — Anchorella rugosa, Kr. 
ANCHORELLA RUGOsA.— Van Beneden, Ann. se. nat., 5"° série, vol. XVI, pag. 114, pl. VE fig. 7-10, 


Sur les branchies du loup de mer (Anarrhicas lupus). 


SUR LES CRUSTACÉS. 153 


Anchorella uncinata, Müll. 


9%. ANCHORELLA À CROCHETS. 


ANCHORELLA UNCINATA.— Van Beneden, Ann. se. nat., 5° série, vol. XVE, pag. 116, pl. VE, fig. 2-3. 


Sur les branchies de Gadus aeglefinus, barbatus et merlangus. 


95. ANCHORELLE PARADOXALE. — Anchorella paradoxa, Van Ben. 


ANCHORELLA pARADoxA. — Van Beneden, Ann. se. nat., 3° série, vol. XVI, pag. 117, pl. VE, fig. 1. 
Sur les branchies du maquereau. 
l 


96. ANCHORELLE BRÉVICOLLE, — Anchorella brevicollis. 


ANCHORELLA BREVICOLLIS. — Milne Edwards, ÆHist. nat. des crustacés, vol. HT, pag. 518. 


Nous l'avons trouvé sur des Gadus. 


97. BRACHIELLE DU TRYGON. — Brachiella pastinaca, Van Ben. 


BRACHIELLA PASTINACA. — Van Beneden, Aux. sc. nat., 5° série, vol. XVI, pag. 118, pl. IV, 


fig. 8-9. 


Dans les fosses nasales du Trygon pastinaca. 


98. BRACHIELLE DU THON. — Brachiella thynni. 


Le 


BRACHIELLA THYNNI. — Guérin, {conograph. Zooph., pl. IX, fig. 6. 
Sur le corps du maigre d'Europe (Sciaena aquila ). 


99. LERNÉOPODE DU MILANDRE. — Lerneopoda galer, Kr. 


14 SÎ 
= BJ le 


LERNEOPODA GALEL. — Van Beneden, Ann. se. nat., 5° série, vol. XVE, pl V, fig. 1-15. 


Sur la peau, à la base des nageoires, du milandre (Galeus canis), de la 


roussette (Scillium canicula), du Mustelus vulgaris et du Trygon pastinaca. 
20 


154 RECHERCHES 


100. LERNÉOPODE ALLONGÉ. — Lerneopoda elongata , Gr. 


LERNEOPODA ELONGATA. — Grant, Journal of sciences, tom. VIT, pag. 14, pl. IF, fig. à, july, 
1827, n° 12. 


Sur le Scinnus glacialis, attaché au globe de l'œil. 


101. LERNÉE BRANCHIALE. — Lernea branchialis, Linn. 


(Planche XIX, fig. 3-13.) 


LERNEA BRANCHIALIS. — Van Beneden, Ann. sc. natur., 5"° série, vol. XVI, pag. 127. 


Sur les branchies du Gadus morrhua, du G. barbatus et du G. callionynie. 


102. LERNÉONÈME DU MUSTELUS. — Lerneonema musteli, Van Ben. 


LERNEONEMA musTELI. — Van Beneden, Bullet. Acad. roy. de Belgique, tom. XVI. — Ann. se. 
nal., 3%° série, vol. XVI, pag. 195. 


Sur les branchies du Mustelus vulgaris. 
103. SAGCULINE pu caRGIN. — Sacculina carcini, Thomp 
(Planche XX.) 


SACCULINA CARCINI, — Thompson, Wat. hist. and metam. of an mal. crust. parasite of Carcinus 
moenas, Tue Extom. Mac., 1856, vol. IT, pag. 452. 


Il vit soudé aux parois abdominales du crabe commun (Carcinus moenas ). 


104. PELTOGASTRE DES PAGURES. — Peltogaster paguri, Rathke. 


(Planche XXI.) 


PELroGaster PAGURI. — Rathke, Beïtrage zur Fauna Norwegens, AcT. Nat. curlos., vol. XX, 
part. 1, pag. 244 (1840). 


Sur l'abdomen des pagures ( Pagurus bernhardus ). 


SUR LES CRUSTACÉS. 155 


109. ANATIFE POUCE-PIED. — Lepas anatifera, Linn. 


On en trouve quelquefois sur des morceaux de bois flottants et régulière- 
ment sur la quille des navires. J'ai vu un morceau de bois, il y a quelques 
années, pris en mer par les pêcheurs de la panne, couvert de Lepas, ayant 
des tiges au moins de quatre pieds de longueur. 


106. BALANE ovuLaire. — Balanus ovularrs. 
Celte espèce recouvre les pierres, les pieux de lestacade, et se fixe aussi 


sur les coquilles des moules, des huitres ou même quelquefois sur la cara- 
pace des crabes. 


FIN. 


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EXPLICATION DES PLANCHES. 


PLANCHE 1. 
Mysis vulgaris. 


(Les mêmes lettres désignent les mêmes organes dans les quatre premières figures.) 


Fig. 4. La partie antérieure du corps d'un mâle, vue à un faible grossissement du côté du dos. 
montrant : les bulbes oculaires complets, ou les podophthalmes, la partie basilaire 
des antennules et des antennes, toute la carapace ainsi que le premier somite abdo- 
minal. Le squelette tégumentaire est assez transparent pour voir les principaux vis- 
cères à travers les parois, ainsi que le cours du sang. On voit en avant le rostre de 
la carapace; un peu en arrière, l'estomac et l'intestin, qui a une teinte jaune; un peu 
plus en arrière encore, également sur la ligne médiane, le cœur, les artères princi- 
pales et les affluents veineux. 

a. La carapace; 

b. Son rostre; 

d. Podophthalme; 

e. Antennule; 

[: La tigelle, procérithe, externe ; 
g. La tigelle interne; 

hk. La lamelle propre au sexe mâle ; 
. Lamelle de l'antenne; 

k. Son procérithe; 

l. Estomac; 

m. Intestin; 

n. Cœur avec son enveloppe: 


158 


= 


RECHERCHES 


0. Tronc aortique postérieur ; 

p. Tronc aortique antérieur; 

4. Tronc aortique latéral correspondant à l'artère branchiale (la planche porte un 
g par erreur); 

r. Tronc qui conduit le sang dans le thorax et l'abdomen ; 

s. Le grand sinus qui conduit le sang au cœur; 

t. Orifice auriculaire latéral; 

u. Orifice auriculaire postérieur; 

v. Courant transverse abdominal; 

w. Double courant dans les antennules ; 

x. Idem dans le podophthalme. 

La partie antérieure de la carapace vue de profil, montrant, au-dessus de l'estomac, un 
courant centrifuge dans l'aorte, et au-dessus de l'aorte un courant lacunaire centri- 
pède. On voit en même temps l'entrée et la sortie du sang dans le podophthalme. 
Ces deux courants se croisent à leur entrée dans cet appendice. 

Le bord postérieur du céphalothorax et les premiers somites abdominaux, vus égale- 
ment de profil, pour montrer la disposition de l'intestin, qui est couvert par l'aorte 
descendante et le courant veineux interstitiel. 

La partie postérieure de l'abdomen, vue encore au même grossissement et de profil, 
comme dans les deux figures précédentes, pour montrer surtout la terminaison de 
l'aorte descendante, les courants interstitiels inférieur, supérieur et latéral, ainsi que 
l'anus, qui s'ouvre dans le telson. 

Le bout libre de la lamelle antennulaire, pour montrer la disposition des soies plu- 
meuses sur sa longueur et sa terminaison en pointe. 

Terminaison de la lame caudale ou telson, pour montrer les dents latérales espacées et 
les dents terminales, dont deux de même grandeur sont insérées aux angles et deux 
autres plus petites au milieu. 


. Appendice mâle ou pléopode du quatrième somite abdominal, vu au même grossisse- 


ment que les deux figures précédentes, avec une partie des soies plumeuses qui le 
garnissent sur le côté. 


. Appareil sexuel femelle complet : au milieu on distingue l'ovaire, sur le côté, les ma- 


trices pleines d'œufs et leurs oviductes; une arborisation pigmentaire recouvre tout 
le milieu de l'appareil. 

La partie moyenne du même appareil femelle, vue à un plus fort grossissement. Les 
vésicules germinatives sont encore en place sur la ligne médiane dans l'ovaire. Les 
œufs sur le eôté sont complets. Il n'y a que le milieu de la matrice qui soit repré- 
senté; c'est par erreur que le contour indique le contraire. 

Deux vésicules germinatives isolées. 

Les vésicules graisseuses et vitellines de l'intérieur de l'œuf. 

L'appareil sexuel mäle avec les deux canaux déférents, pleins de spermatozoïdes mûrs. 

Une des vésicules du testicule isolée, vue à un plus fort grossissement, montrant les 
œufs males avec les spermatozoïdes en voie de développement. 

Diverses formes de spermatozoïdes en voie d'évolution. 


SUR LES CRUSTACÉS. l 


Dé 
Le 


PLANCHE H. 
Mysis chameleo. 


Fig. 1. Mysis femelle, vu un peu obliquement du côté du dos, pour montrer les divers appen- 
dices abdominaux dans leur situation respective; on distingue en avant : 
a. Les deux tiges oculaires ou les podophthalmes; 
b. Les antennules; 
c. Les antennes; 
d. Céphalothorax; 
e. Le cœur; 
f: Huit paires de fouets, dont les deux antérieurs sont couchés sur le céphalothorax : 
g. Cinq somites abdominaux; 
hk. Le somite caudal; 
i. Le telson; 
k. Les cinq pléopodes ; 
L. Les deux derniers appendices ou uropodes qui constituent, avec le telson. la 
queue; 
m. Estomac; 
n. Intestin; 
o. Des taches de pigment avec ramifications sur la ligne médiane. : 

» 2, La moitié d'un estomac ouvert d'un Hysis chameleo, montrant tout un appareil parti- 
culier de mastication. 

* 5. Infusoires et plantes de divers genres ayant choisi la carapace de certains mysis pour 
domicile et la recouvrant littéralement. Ce sont surtout des Podosphenia qui domi- 
nent, avec des vorticelles. 

» 4. Un Podopsis Slaberi, vu de profil pour montrer tout l'appareil circulatoire dans les 
diverses régions du corps. 

a. Cœur ; 
b. Artère antérieure où ophthalmique ; 
ce. Artère latérale ; 
«d. Artère abdominale ; 
e. Estomac; 
f. Intestin. 
» _). Trois piquants isolés appartenant à l'estomac. 


PLANCHE II. 


Mysis chameleo. 


( Cette planche représente les diverses sortes d'appendices de la partie antérieure du corps. Les mêmes lettres 


désignent les mêmes organes.) 


a. Podophthalme ; 
b. Antennule; 

c. Antenne; 

d. Lèvre supérieure; 


160 RECHERCHES 


e. Mandibules ou protognathes; 

f. Mächoires premières ou deutognathes ; 

g. Mâchoires secondes ou tritognathes ; 

h. Premières paires de pieds-mâchoires ou tétragnathes ; 
i. Gnathopodes. 

Fig. 1. La partie antérieure du céphalothorax, vue en dessus, montrant les premières paires 
d'appendices dans leurs rapports respectifs, c’est-à-dire les podophthalmes, les anten- 
nules et les antennes. 

» 2, Les pièces de la bouche depuis la lèvre supérieure; la lèvre et les mandibules sont un 
peu écartées pour montrer leurs rapports entre elles et avec les pièces voisines. 
Les dents des mandibules sont portées en avant, au lieu d’être dirigées transversale- 
ment. Les deux paires de mâchoires deutognathes et tritognathes avec les deux 
paires de pieds-mächoires ou tétragnathes et gnathopodes, sont dans leur situation 
respective, avec toutes leurs dépendances. 

. Tous les appendices qui avoisinent la bouche, vus dans leur situation respective, mais 
complétement isolés. En avant, on voit les antennules suivies des antennes, puis la 
lèvre supérieure, puis les mandibules avec leurs palpes: suivent ensuite la première 
paire de mâchoires avec une pièce unique dentelée au haut; la seconde paire dans 
laquelle on reconnait, outre la tige, l'appendice à filaments plumacés; la première 
paire de pattes, fermant par une sorte de lèvre la bouche en dessus et portant un 
véritable appendice à filaments comme toutes les autres pattes; enfin une autre paire 
semblable à la précédente et derrière laquelle viennent se placer les six autres paires 
de pattes véritables. 

4. Les dents des mandibules, ou protognathes, vues au grossissement de 500. 


5. Pointe isolée d’une tigelle à soies plumeuses ou exognathe. 
» 6. Épine dentelée du tritognathe. 

» 7. Épine dentelée du tétragnathe. 

» 8 et 9. Autres formes de piquants des pièces de la bouche. 
10. Goupillon de la lèvre supérieure fortement grossi. 


PLANCHE IV. 


Mysis chameleo. 
(Cette planche représente les appendices postérieurs du corps, depuis le thorax jusqu'à la queue.) 


Fig. 1. Les deux dernières paires de pattes thoraciques, ou péréiopodes avec leurs exopodes, 
vues en-dessous. 
2. La première paire d'appendices abdominaux ou pléopode. 
5. La seconde idem. 
4. La troisième idem. 
». La quatrième paire de pléopodes chez les mâles. Le dernier article doit être droit. Il 
a été courbé pour la place. On voit en haut une soie plumeuse isolée. 
». Get 7. Le dernier article du quatrième pléopode des mâles vu dans deux endroits diffé- 
rents, au grossissement de 500, pour montrer la disposition des soies en spirale 
qui le recouvrent. 


Fig. 8. 


5 LE 


SUR LES CRUSTACÉS. 161 


La cinquième ou dernière paire de pléopodes. 
Le dernier segment caudal ou le telson, vu de face au grossissement de 80. 


» 40. Uropode appartenant au segment caudal, logeant un otolithe. 


» 11. 
» 12! 


Appendice externe du même somite. 
Les deux derniers somites constituant la queue avec les uropodes, vus en place au 
début de leur formation. Le telson b, vu de face à la figure 9, est vu ici de profil. 
a. somite caudal; 
b. Telson; 
c. Uropodes. Le somite, comme le telson, portent des taches de pigment. 


» 45, Un otolithe isolé. 


» 4%. 
Fig. 1. 
DS 
DR 

» 4. 

D ON Te 
Fig: A: 


L'extrémité libre d’un exopode avec ses soies plumeuses, au grossissement de 300, 


PLANCHE V. 


Mysis chameleo. 


Le thorax d’un mysis mâle avec tout l'appareil sexuel, dépouillé des appendices anté- 
rieurs; on voit en place l’estomac avec son appareil chitineux; le repli pylorique; 
les cœcums biliaires et une grande partie de l'intestin. Derrière les cæœcums pylo- 
riques et immédiatement au-dessus de l'intestin, on apercoit tout l'appareil sexuel 
mâle : le testicule, formé de plusieurs capsules, le canal déférent, un réservoir et le 
pénis évacuant des spermatozoïdes. Ce pénis est tout imprégné de pigment, comme 
la carapace et les autres parties du tégument. Les deux premiers somites abdomi- 
naux avec le premier pléopode sont également représentés avec une partie du der- 
nier péréiopode. 

La même partie du corps d’une femelle, vue du côté opposé. Au-dessus de l'intestin et 
derrière l'estomac, on voit l'appareil femelle tout plein d'œufs en voie de dévelop- 
ment et qui se distinguent par leur volume. Ces œufs sont serrés dans leur gaine 
comme dans l’ovisac des lernéens. En dessous et en arrière, on voit la poche ineu- 
batrice formée par les feuillets des deux dernières paires de pattes. La base du der- 
nier péréiopode est également représentée. 

Un des feuillets de cette poche isolé pour montrer comment les œufs sont logés dans 
son intérieur. Ce feuillet est attaché en haut à l’article basilaire de la patte, c'est-à- 
dire, au coxopodite. 

Spermatozoïdes évacués librement. [ls forment un V avec une jambe forte et une autre 
gréle : on dirait des tricocéphales. 

Cæcums biliaires et intestin isolés. 


PLANCHE VI. 
Fig. 1-5, Mysis sancta. — Fig. 4-12, Mysis ferrugineu. 


La partie antérieure de la carapace d’une Aysis sancla montrant le rostre, les anten- 
nules, les antennes et les podophthalmes. Ces figures sont toutes vues à un faible 
grossissement. 


21 


Fig. À. 


Si 


RECHERCHES 


La région abdominale du même, vue obliquement , montrant les cinq paires de pléo- 
podes dans leur situation respective. 

Le telson vu de face et les deux uropodes sur le côté avec leurs soies et leurs épines. 

La moitié antérieure du corps d’une Aysis ferruginea femelle, montrant surtout les 
épipodites qui forment la poche incubatrice, deux paires de pléopodes couverts de 
soies plumeuses, les podophthalmes et les antennes, ainsi que l'estomac avec les 
cœæeums biliaires et l'intestin. Les taches pigmentaires ferrugineuses si caraetéristi- 
ques de cette espèce sont figurés en place. Cette figure est légèrement grossie comme 
les suivantes. 

Antennule du mâle. 

Pléopode du quatrième somite du mâle également. 


. Le dernier article du même pléopode isolé et vu à un plus fort grossissement. 


Le telson avec un uropode un peu plus écarté dans l’une que dans l’autre figure. 
Un œuf isolé de Mysis ferruginea avec ses vésicules limpides au centre. 


. L'apparition du blastoderme. 


Un embryon de Hysis ferruginea vu du côté du dos. 

Un embryon du même vu de flanc, un peu plus avancé : on voit en avant la calotte 
ophthalmique, les antennules et les antennes, ainsi que l'apparition des somites , 
du thorax et de l'abdomen. On distingue déjà le canal intestinal dans toute son 
étendue, 


PLANCHE VII. 


Podopsis Slabberi, Van Ben. 


Une femelle, vue à un faible grossissement et de profil, montrant sa poche ineubatrice 
et les divers appendices en place. 


. La partie antérieure du céphalothorax vue de face, avec les deux paires d'anten- 


nules et d'antennes, ainsi que les podophthalmes en place. Les antennules montrent 
leur coxo-, baso- et ischiocérithe. Les ischiocérithes sont terminés par des procé- 
rithes. 

Une partie de l’antennule droite isolée montrant les soies plumeuses au sommet de 
l'ischiocérithe. 

Une antenne également de droite. 

Partie postérieure du corps, vue de face au même grossissement que la figure 2. On 
voit le dernier somite avant le telson, et les deux uropodes, dont l’'interne montre à 
sa base l’otolithe en place. 

Le même somite vu de profil, un peu plus grossi, avec les uropodes en place. On voit 
plus distinetement l’otolithe. 

L'otolithe, fortement grossi, vu de profil dans l'intérieur de l'uropode. 


. Lamelle interne où procérithes de l'antenne, vue de face, montrant, à la jointure des 


deux articles, une masse opaque, arrondie, qui est probablement le siége du sens 
de l’olfaction. Ce procérithe porte seize soies sur un bord, vingt sur l'autre. 
Soie plumeuse isolée. 


PE Vu 


Fig. 


Fig. 


» 


SUR LES CRUSTACÉS. 163 


10. Appendice pénial. 

11. Premier pléopode du mâle. 

12. Deuxième. 

145. Troisième. 

14. Quatrième. 

15. Cinquième. 

16. La partie abdominale d'un mâle, vue de profil, pour montrer en place le pénis, les 
pléopodes et la base des uropodes. 


PLANCHE VIIL 


Mysis chameleo. 


1. Un embryon en voie de développement pris dans la poche incubatrice, montrant une 
échancrure en dessous d’où va sortir le pédicule caudal : c’est la première modifica- 
tion après l’apparition du blastoderme. 

2. Un embryon entouré encore de sa membrane vitelline et dont le blastoderme a formé 
l’utricule caudal. 

5. La membrane vitelline est tombée; l'embryon est libre; l'utricule a grandi, et l'appen- 

dice eaudal montre dans son intérieur des globules vitellins qui changent de place. 

. Les trois appendices antérieurs ont paru avec le podophthalme; le blastoderme s’est 

épaissi en dessous pour faire surgir les appendices gnathothoraciques. Le double 
filament caudal est formé. 

>. Le même un peu plus avancé. 

6. Le même vu en dessous, montrant de face sa nageoire caudale embryonnaire. 


EN] 


Le même embryon un peu plus avancé. Le vitellus s’est étendu d'avant en arriére, la 
tige oculaire est devenue évidente; les antennes et les antennules, quoique encore 
simples, ont acquis tout le développement de cet âge; les appendices gnathothora- 
ciques apparaissent distinetement, au point qu'on peut les compter; on ne voit pas 
encore les appendices abdominaux ou les pléopodes. 

8. Le même vu un peu obliquement en dessous; la tige oculaire avec le pigment a paru. 
Les somites de l'abdomen se montrent et les uropodes sont développés. L'embryon 
se prépare à subir sa première mue. 

9. Le même, vu du côté du dos avec l’appendice caudal relevé. On voit déjà le vitellus, 
les cæœeums biliaires et l'intestin séparés l'un de l'autre. 

10. Le même vu par les flancs. ! 

11. Il s'apprête à la mue; les antennules et les antennes montrent la bifureation; les ap- 
pendices abdominaux et caudaux définitifs apparaissent. 

12. Le même avant la mue; il porte encore la première queue, et les tiges oculaires sont 
tout formées; le tube digestif se montre avec ses cæeums, et les taches de pigment 
apparaissent dans les téguments à la base de chaque paire d’appendices. 

15. Le même qui vient de subir la mue. Les appendices thoraciques, les péréiopodes, sont 
libres. 

14. Le même plus avancé; le cœur est formé et tous les appendices sont distincts. 

15. Le même plus avancé encore; il est près de vivre librement. 


CS 


RECHERCHES 


PLANCHE IX. 
Mysis chameleo. 


(Toutes ces figures sont dessinées à un fort grossissement.) 


Fig. 4. Embryon encore contenu dans sa première enveloppe et chez lequel on voit poindre 


Fig. 


l'utricule d’où sortira la partie postérieure du corps. On ne distingue encore aucun 
autre organe. 
2. Le même, un peu plus avancé, vu obliquement. 
5 et 4. Encore le même, mais montrant l’utricule caudal plus avancé. 
5. L’embryon vu de face pour montrer l’échancrure médian de lutricule caudal, ainsi 
que les soies qui le bordent. On ne distingue encore rien d'autre. 
6. Le mème, plus développé, vu du même côté. 
. Embryon dont l’appendice caudal a pris un certain développement. On voit la queue 
primitive bifide et l'épaisseur de la peau qui entoure l’utricule abdominal. 
. Le même. Ces deux derniers embryons sont à peu près au même degré de développe- 
ment que celui qui est indiqué sous le n° 2 de la planche précédente. 


1 


(ee) 


PLANCHE X 
Mysis chameleo. 


(Le grossissement de ces figures est le même que pour la planche précédente.) 


. Embryon dans la première phase de son développement avec son appendice caudal 
provisoire, les premiers appendices céphaliques et la peau d’où sortiront plus tard les 
appendices thoraciques et abdominaux. L’embryon est débarrassé de sa première en- 
veloppe vitelline. On voit en avant la tige oculaire, ou podophthalme, qui n’est pas 
détachée encore, les antennules et les antennes primitives, c’est-à-dire avant l’époque 
de la mue et de leur bifurcation, ainsi que les mandibules qui viennent poindre en 
dessous ou plutôt en arrière. 

2, Les antennules, les antennes etles mandibules vues en dessous séparément. 

5. L'embryon plus avancée, montrant les mêmes organes, mais on distingue déjà la 

cavité digestive et intestinale, et le renflement céphalique a diminué. Les antennules 


et les antennes montrent sous leur gaine primitive un tubercule qui indique le com- 
mencement de la bifurcation de ces organes. Cette gaine est provisoire comme la 
queue qu'il porte encore. Derrière ces appendices, on en voit surgir dix nouveaux 
ayant une même origine, mais avec une destination différente dans le cours du dé- 
veloppement. Les deux premiers qui suivent les mandibules sont les mâchoires, puis 
viennent deux pieds-mâchoires et enfin six paires exactement semblables et jouant le 
même rôle. Chacun de ces appendices est unique au moment de poindre, mais se 
bifurque ou trifurque plus tard pour former lexopode et l’épipode. La peau abdo- 
minale ne présente encore que des échancrures. 
. Appendice caudal primitif vu de face. 


eS 


SUR LES CRUSTACÉS. 165 


PLANCHE XI. 


Mysis chameleo. 
(Ces objets sont également vus au même grossissement.) 


Fig. 1. Un embryon sur le point de subir sa première mue. Les antennes et les antennules 
sont libres; la queue définitive est formée et se montre sous la queue primitive; 
tous les appendices sont plus ou moins distinetement développés. On voit en avant: 
le bulbe oculaire, puis les antennules et les antennes, les appendices gnathotho- 
raciques, les appendices abdominaux et ceux du segment caudal qui doivent former 
l'éventail de la queue. On apercoit aussi distinctement les somites auxquels corres- 
pondent les appendices. 

» 2, Les appendices du corps, avec la tache de pigment ramifié que l’on aperçoit à la base 
de chacun d’eux dans le jeune âge. En arrière, on aperçoit le premier segment ab- 
dominal; ainsi nous voyons : 

1. Les tiges oculaires ou podophthalmes; 
2,5. Les antennules et les antennes, qui ont subi une mue; 
1’. La mandibule ou protognathe avec son palpe; 
1,2”. Les deux paires de mâchoires, c’est-à-dire le deutognathe et le tritognathe; 
1,27”. Les deux paires de pieds-mâchoires, le tétragnathe et pemptagnathe; 
1,9,5, 4,5, 6. Les six paires de pieds ou péréiopodes, et 1 en arrière, le premier 
appendice abdominal, le péréiopode. 


PLANCHE XII. 


Cuma Rathkri. 


Fig. 1. Individu complet, vu de profil etla queue relevée, montrant les trois paires de pattes , 
les deux paires d’appendices abdominaux, les deux paires de pattes-mâchoires posté- 
rieures et les deux paires d'antennes. La deuxième paire de pieds-mâchoires montre 
ses deux articles terminaux au-devant des grandes antennes. 

» 2, La carapace vue d'en haut : à gauche on reconnait les antennes postérieures, à droite 
c’est le bout de la seconde paire de pieds-mâchoires qui passe. 

» 5. L'extrémité caudale terminale, vue du côté du dos comme la carapace, montrant la 
forme et les rapports des deux derniers somites avec les uropodes. 

» 4. Les divers appendices dans leurs rapports respectifs, vus au même grossissement, à 
l'exception des deux derniers, qui sont beaucoup moins grossis : ils auraient exigé 
trop de place : 

a. Lèvre supérieure ou antérieure et le bout du rostre; 
b. Antennules; 

c. Antennes; 

d. Mandibules, protognathes; 

e. Première paire de mächoires, deutognathes: 


4166 


Fig. 


Fig. 


RECHERCHES 


{- Deuxième paire de mâchoires, tritognathe; 

g. Première paire de pieds-mächoires, ou tétragnathe, vue encore au même gros- 
sissement ; 

h. Deuxième paire de pieds-mâchoires, pemptagnathe; 

i. Troisième paire de pieds-mâchoires, hectognathe ; 


PLANCHE XII 


Bodotria Goodsirii, Van Ben. 


Un mäle vu du côté du dos, montrant les antennules et les antennes dans leur situation 
respective et quatre paires de péréiopodes. On peut juger surtout, dans cette posi- 
tion, du grand développement des appendices de la queue. 

Le même vu de profil pour montrer surtout la physionomie propre du erustacé dans 
cette position, ainsi que les péréiopodes, les gnathopodes, les antennules et les an- 
tennes en place, et enfin les curieux pléopodes biramés. 

Antennules du mâle. 

Antennes du même. 

Dernière paire de pléopodes du mâle. 


i. La partie antérieure du corps d’une femelle, vue de profil pour montrer surtout la 


disposition des antennules, des antennes et l’épine de la carapace. On apercoit les 
quatre somites thoraciques et le premier somite abdominal. 

Une antennule de la femelle , isolée. 

Une antenne de la femelle. 

Dernière paire de péréiopodes de la femelle. 

Le protognathe. 

Le deutognathe. 

Le tritognathe. 

Première paire de gnathopodes. 

Deuxième et dernière paire de gnathopodes. 

Première paire de péréiopodes. 

Uropode droit d'un mâle, isolé. 


PLANCHE XIV. 
Leucon cercaria, Van Ben. 


Animal complet vu de profil, montrant, en avant, les antennes, les gnathopodes et les 
péréiopodes; en arrière, on distingue les deux uropodes. On reconnait le tube digestif 
à travers les parois de la carapace, c’est-à-dire l'œsophage, l'estomac, les cæcums 
hépathiques et une partie de l'intestin. Enfin on apercoit un pléopode sur le premier 
somite abdominal. 

Le céphalothorax comprimé vu d’en haut, montrant en avant les antennes et les taches 
de pigment oculaire. 


SUR LES CRUSTACÉS. 167 


Fig. 5. Les divers appendices céphalothoraciques, à l'exception des antennes, des deutogna- 
thes et des tritognathes, placés dans leur ordre respectif. Immédiatement derrière les 
protognathes «, on distingue : 

b. Les deutognathes; 
e, d. Les tritognathes et les tétragnathes ; 
e, f. Les pentagnathes et les hectognathes ; 
g. Le premier somite thoracique et son péréiopode. 

Le protognathe seul est placé de face; tous les autres appendices sont vus de 
profil. Les appendices g, h, à et j de la figure 5 devaient suivre les appen- 
dices a-g de la figure 5, mais la place sur la planche fait défaut. 

Somite caudal terminal. 

Les antennes étalées en avant et, au milieu d'elles, f représente le somite de l'hecto- 
gnathe comme dans la figure 5, et g, h, à correspond aux trois paires de pattes 
thoraciques postérieures ou aux péréiopodes; les deux premières sont seules armées 
d’un fouet rudimentaire; j appendice abdominal où pléopode. 


» 4. 
À 
LD: 


PLANCHE XV. 


Slabberina agata, Van Ben. 


Fig. 1. L'animal légèrement grossi, vu du côté du dos, montrant les deux paires d'antennes 
en place, les yeux sur le côté et les cercles de taches pigmentaires. De côté, on voit 
la grandeur naturelle. 

2. La partie postérieure du corps, plus fortement grossie, vue du côté du dos aussi, pour 
montrer la singulière disposition des taches pigmentaires sur les somites abdomi- 
naux. Le dernier somite seul n’en a pas. On voit sur le côté, en avant, le bout de la 
septième paire de pattes, et, plus en arrière, on voit dépasser le bout de la cin- 
quième rame sous-abdominale. 

. La tête grossie, vue en dessous, montrant les antennes, les yeux et l'épistome. 

Les pièces de la bouche : en avant, d’abord, les mandibules ou protognathes avec 
leur palpe; les deutognathes, les tritognathes et les tétragnathes: toutes conservent 
leur situation respective. 

5. Première paire de pattes thoraciques ou péréiopodes. 

» 6. Quatrième paire de péréiopodes. 

» 7. Septième ou dernière paire de péréiopodes. 

8. Appendice pléopode biramé, montrant à côté une soie isolée fortement grossie, pour 
indiquer les barbes soyeuses. 

» 9. Les filaments spermatiques logés dans le testicule. 

» 10. Les mêmes en partie déroulés. 


# ot 


PLANCHE XVI. 
AnCeus Marinus. 
Fig. 1. L'animal entier à l’état du larve, vu du côté du dos, faiblement grossi. 


» 2, La tête et le premier somite thoracique, vus du même côté, pour montrer surtout 
l'insertion des antennes et le bec. 


= 


19 


J 
1. 


D. 


RECHERCHES 


5. La tète, vue du côté opposé, pour montrer les divers appendices qui s'y insérent. On 


voit très-distinctement, en avant, les deux mandibules qui terminent le bec; en des- 
sous, d’un côté, une mâchoire, également dentelée au bout, la grosse paire et les 
crochets. Ces organes sont placés dans leur situation respective. 

Les pièces principales de la bouche, un peu plus fortement grossies, pour mieux mon- 
trer encore les mandibules, les mâchoires et les deux grands appendices céphali- 
ques. La dernière est dessinée à un grossissement relativement moins fort. 

La première paire de péréiopodes. 

La première paire de pléopodes. 

La nageoire biramée terminale ou le dernier pléopode. 

Le cœur tel qu'il se montre en place à travers les téguments. 

Le cœur en place, montrant, par les flèches et les globules, les courants transverses 
qui y aboutissent. 

Un animal adulte que nous supposons appartenir à la même espèce, dessiné après 
la mort. La tête, ainsi que les deux premiers anneaux thoraciques qui tendent à se 
confondre avee elle, sont les parties les plus dures du squelette, 


PLANCHE XVII. 
Naupredia tristis, Van Ben. 


La grandeur naturelle de l'animal. 
. L'animal complet, vu de profil, montrant les antennules, les antennes, les principaux 
appendices de la bouche, les péréiopodes, les vésicules branchiales et les uropodes. 
La tête isolée, vue de profil, pour indiquer plus distinctement la position relative des 
appendices céphaliques. La première paire de péréiopodes est indiquée par ses arti- 
cles basilaires. 
Les pièces de la bouche isolées, dans leur situation respective, c'est-à-dire : 
Le protognathe; 
Le deutognathe ; 
Le tritognathe ; 
Et le tétragnathe. 
Le somite caudal et les uropodes, vus en dessous. 


PLANCHE XVII. 


Cetochilus septentrionulis. 


Fig. 1. L'animal complet, vu de profil, légèrement grossi, montrant les divers appendices dans 


leurs rapports naturels; en avant on apercoit les antennules, les antennes vérita- 
bles avec leurs fortes soies non articulées, les palpes mandibulaires, deux paires de 
mächoires lamellaires, une paire de pattes-mâchoires, et cinq paires de pattes véri- 
tables ou péréiopodes. On voit des rubans musculaires s'étendre dans presque toute 
la longueur de l'animal. 


SUR LES CRUSTACES. 169 


Fig. 2. La face inférieure du thorax pour montrer les appendices dans leur situation respective. 
On voit en avant : 

a. Les fausses antennes ; 

b. Les antennules désarticulées à leur base, laissant flotter deux faisceaux muscu- 
laires fléchisseurs qui font hernie. C’est à tort que le graveur leur a donné la 
roideur d'épines; 

c. La limite du somite antérieur ; 

d. Les antennes, montrant une pièce basilaire, armée de deux fortes soies plu- 
meuses et au bout, de deux rames formées chacune de deux articles garnis 
de soies plumeuses. L'article terminal supérieur est celui qui porte les plus 
longues soies ; 

e. La limite de ce somite formant la lèvre supérieure ; 

{: L'orifice de la bouche ; 

g. Le bout dentelé des protognathes ; 

h. Le corps des protognathes ; 

i. Les palpes biramées et soyeuses ou exognathes ; 

k. Deux lobules latéraux dépendant des protogna thes ; 

L. Échancrure formant la lèvre inférieure ; 

m. Le deutognathe, formé de quatre lamelles séparées, toutes garnies de soies plu- 
meuses au bout; 

ñ. Le tritognathe, formé d’une lame large digitée et d’une lamelle séparée. Les einq 
digitations, aussi bien que la lamelle, portent des soies plumeuses ; 

0. Tétragnathe couvert de soies plumeuses très-fortes. 

» 5. Le bout de l'antenne vu au même grossissement. On voit le procérithe terminal couvert 
de soies ordinaires, et les deux précédents armés chacun d’une soie excessivement 
forte. Des fibres musculaires parcourent l'intérieur. 

La partie frontale du céphalothorax vue d'en haut, pour montrer les fausses antennes 
et la tache oculaire médiane. 

» D. L'abdomen vu de face et une partie du dernier segment thoracique. Les uropodes 

montrent leurs fortes soies plumeuses. 
» 6. Un péréiopode isolé et ses soies plumeuses. 
». 7. Un animal vu du côté du dos. Le graveur n'a pas donné aux antennes leur délicatesse 


« 


ESS 


naturelle. 
8. Des exopodes isolés. 


PLANCHE XIX. 


1-4. Lœmarqus muricatus. 3-8. Lernea branchialis, femelle adulte du merlan. 9-15. Lernea 
branchialis, femelle jeune d'un callionyme lyre de cinq centimètres de long. 


Fig. 1. Une femelle faiblement grossie, vue du côté du dos. On voit deux anneaux thoraciques 
entre le céphalothorax et la partie postérieure du corps. Toute la région abdominale 
est couverte par les élythroïdes postérieures. 

» 2. Une autre femelle vue du côté du ventre. On distingue les antennes, les trois paires de 
pieds-mâchoires, la bouche avee ses palpes, les deux premières paires de pattes 
929 


170 


Fig. 5. 


10. 


» 12. 
» 13. 


RECHERCHES 


biramées et les deux dernières avec leurs lobules extraordinairement développés. 
A la base de l'abdomen, on voit un spermatophore en place. 

Le cône buccal isolé, dans sa position normale. La lèvre, fendue dans sa longueur, re- 
couvre tout le cône et en grande partie les mandibules. On voit des palpes en place 
sur le trajet du cône. 

Le bout de la lèvre montrant le bord libre et ses soies microscopiques. 

Une femelle adulte isolée de Lernea branchialis. 


. Portion de tube ovifère contenant quatre œufs. 


Un œuf isolé avec un embryon. 

Un autre œuf avec un embryon moins avancé. 

Une jeune femelle de Lernea branchialis vers le milieu du terme de son développe- 
ment, montrant, en avant, le rudiment de la trompe, la tache oculaire, quatre 
paires de péréiopodes et la disposition du somite caudal avant l'apparition des tubes 
ovifères. 

Portion de tête isolée du même animal, pour montrer l'œil et les pattes-mächoires, 
qui disparaissent plus tard. 


. Troisième et quatrième paire de péréiopodes du même. 


Deux paires du côté opposé du même. 
Segment caudal avec les soies du même. 


PLANCHE. XX. 


Sacculina carcini, Rathke. 


Des œufs en voie de développement, depuis a jusqu'à /. 

Sacculina attaché encore à l'abdomen du crabe. 

Le même isolé vu de grandeur naturelle. 

Le même grossi, pour montrer surtout, en &, le point d'adhésion et, en b, l'orifice. 
Le même ouvert, montrant les ramifications de l'ovaire et de la matrice. 


j. Ces ramifications isolées montrant les œufs et les embryons en place. 


Le crabe vu du côté du sternum, montrant le Sacculina vivant, complet et en place, 
tel qu'on l’observe dans la nature. 
Un embryon dans l'œuf. 


. Le même isolé. 


Un Saceulina encore attaché à l'abdomen du crabe, ouvert dans la longueur depuis 
l'orifice a. 

Un Sacculina de grandeur naturelle, attaché à un Grapsus varius, femelle de Palina, 
d’après un dessin original communiqué par M. Carl Semper, avant son départ pour 
les iles Philippines. L'orifice b est en communication avec la cavité du corps du Grap- 
sus, et la membrane chitineuse de l’un est continue avec celle de l'autre. 


SUR LES CRUSTACÉS. 171 


PLANCHE XXI. 


Peltogaster paguri. 


Fig. 4. Le Peltogaster paguri de grandeur naturelle, en place sur l'abdomen du pagure, mon- 
trant son orifice en avant au milieu. Ce sont les vitellus rouges qui donnent cette 
couleur au parasite. 

» 2. Le même détaché, légèrement grossi, montrant les fibres musculaires du pagure qui 
pénètrent dans le corps du parasite. On voit un organe rubanaire depuis le pédieule 
jusqu'à l’orifice. 

» 5. Le Peltogaster isolé, vu de face, montrant sa couronne chitineuse qui lui tient lieu de 

racine. 

%. Le même animal ouvert, pour montrer la grande cavité centrale et l'organe rubanaire 

vu en dedans. 

» 3, Un œuf en voie de formation. 

6. Un embryon vu du côté du dos entouré des membranes de l'œuf. 

7. Un embryon isolé, vu de profil, montrant les pattes soyeuses et l'appendice caudal. 

8. Un Sacculina jeune, vu de profil, montrant encore des vestiges de sa forme régulière 

et symétrique. 

» 9, Le même détaché, vu de face, montrant sur le côté les vestiges d'appendices avortés. 

- et sur la ligne médiane, un repli qui semble indiquer la terminaison caudale. 


FIN DE L'EXPLICATION DES PLANCHES. 


TABLE DES MATIÈRES. 


INTRODUCTION. 


Choix du moment pour livrer un travail à l'impression, page 5.— Comparaison des œrticulés 
avec les vertébrés, page 4. — Station des crustacés, page 6. — plusieurs passent à tort pour 
des parasites, page 6.— Choix que font plusieurs d’entre eux, page 7. — Quelques-uns sont 
toutefois franchement parasites, page 8. — Division de ce travail, page 9. 


PREMIÈRE PARTIE. 


Recherches sur l'anatomie, la physiologie et l'embryogénie de quelques crustacés. 


Les Mysnés, page 11. Mysis vulgaris, page 15. Mysis chameleo, page 14. Mysis ferrugineu, 
page 15. Mysis sancla, page 17. Podopsis Slabberi, page 18. — Mœurs des Hysis, page 21. 
Anatomie des Mysis, page 24. Squelette tégumentaire, page 24. Historique, page 25. — 
Appendices ophthalmiques, page 29. Les antennules, page 30. Antennes, page 51. La bouche 
et ses appendices, page 51. Les pattes, page 53. Les épipodes, page 55. Les somites de l’ab- 
domen, page 56. Leurs appendices, pléopodes, page 57. Somite caudal et ses uropodes, 
page 58. Le telson, page 58. Capsule de l'oreille, page 59. Appareil olfactif, page 40. Tube 
digestif, page 40. Estomac, page 41. Intestin, page 45. Foie, page 44. Appareil circulatoire, 
page 45. Appareil branchial, page 49. Appareil sexuel, page 50. — Embryogénie, page 52. 
— Historique, page 53. — Division du développement des crustacés, page 26. Première 
période, page 57. Deuxième période, page 65. Troisième période, page 67. Systématisation , 


page 69. 


174 TABLE DES MATIÈRES. 


Les Cuuanés, page 71. Descripuon, page 73. Genre Bodothria, page 76. Genre Cuma, page 81. 


Genre Leucon, page 85. Systémalisation, page 87. $ 
Les Inoruéipés, page 88. Genre Slabberina, page 88. Slabberina agata, page 89. 
Les ASsELLOTIDÉS, page 95. Genre Tanaïs, page 93. 
Les CarreLLipés, page 95. Genre Naupredia, page 96. Caprella obesa, page 99. 
Les PraniZADÉs, page 100, — Historique, page 400. — Anceus marinus, page 102. 
Les SaccuLinipés, page 108.— Historique, page 108. — Peltogaster paguri, page 117. Sac- 


culina carcini, page 119. 
Les CérocmiLinés, page 120. Celochilus seplentrionalis, page 122. 
Les CazLiGinés, page 126. Caligina soleae, page 127. 
Les Panparipés, page 128. Genre Loemarqus, page 128. 
Les LerNÉéanés, page 150. Lernea branchialis, page 150. 


SECONDE PARTIE. 


Crustacés observés sur le littoral de Belgique, pages 155 et suivantes. 


FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES. 


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